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DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FKANÇAISE
D'APRÈS LES RÉSULTATS DE LA SCIENCE MODERNE
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DEPOSE AU VŒU DE LA LOI
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DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
I) APRES
LES RÉSULTATS DE LA SCIENCE MODERNE
AUGUSTE SCHELER
DOCTEUR BN PHfLOSOVHIB ET LETTRES
MEMBRE DR L'aCADÊMIE ROYALE DE BELGIQUE
BIBLIOTHÉCAIRE DU ROI DES BELGES ET DU COMTE DE FLANDRE
PROFESSEUR A l'UNIVERSITÉ DE BRUXELLES
TROISIÈME ÉDITION
REVUR ET AUGMENTÉE
* oscggfci <
BRUXELLES
LIBRAIRIE EUROPÉENNE C. MUQUARDT
TH. FALK, ÉDITEUR, LIBRAIRE DE LA COUR
18-20-S2, RUK DES PAROISSIBNS
PARIS
F. VIEWEG, LIBRAIRE-ÉDITEUR
E. BOUILLON ET E. VIEWEG. SUCCESSEURS
67, RUE I>B RICflFLIBU, 67
TOUS DROITS RÉSERVÉS
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THE NEW YOFK
PUBLIC LIBRARY
911427A
ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOU N DATIONS
i< 1937 L
i^* BRUXELLES
-«^P.WEISSENBRUCH,IMP.DO
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PRÉFACES.
PREMIÈRE ÉDITION.
L'origine des mots français a, depuis trois siècles, occupé, en France et ailleurs,
un grand nombre de savants, et la bibliographie des ouvrages consacrés à cette
matière est passablement longue. Et cependant, j'ose me flatter qu*en publiant
le mien, j*ai non seulement fait une œuvre utiles mais comblé en quelque sorte
une lacune dans la littérature philologique française.
Précisément en présence de la multiplicité des livres qui traitent d*étymologie
française, soit d'une manière générale ou théorique, soit sous forme de recueils
embrassant les faits en détail, il était désirable qu*il en surgît un qui, réunissant
en un faisceau les résultats partiels de ces investigations diverses, les résumant,
pour la facilité de l'usage, sous la forme d'un dictionnaire alphabétique, permît
de saisir d'un coup d'œil l'état de la science en ce qui concerne chaque vocable
de la langue. A ce titre seul, la composition de mon dictionnaire me semble
pleinement justifiée ; c'est un manuel qui dispense de longues recherches, qui
renseigne promptement sur tous les points du vaste sujet.
Toutefois, le but prédominant que je poursuivais n'était pas de fournir un
simple relevé des solutions variées émises successivement sur des questions d'éty-
mologie française. Ce que j'avais à cœur, ce n'était pas de remettre en circulation
une foule d'erreurs évidentes, d'accorder l'honneur d*une nouvelle publicité à des
bévues trop longtemps accréditées. Je tenais plutôt à présenter au public lettré,
d*une manière substantielle et concise, les fruits nouvellement acquis à la science,
et aie familiariser avec les conquêtes récentes de la linguistique française.
En effet, toute une phalange de philologues capables a pris à t&che, dans le
cours du dernier quart de siècle, de faire profiter à la science lexicologique, d'un
côté, les progrès réalisés en ce qui concerne la théorie générale de la formation
et du développement des langues et l'étude des idiomes romans en particulier ;
^ d'autre part, les matériaux mis au jour par la publication d'intéressants monu-
«< ments littéraires enfouis jusque-là dans Tobscurité des bibliothèques, ainsi que
c^ les ressources importantes offertes par les études qui, dans ces derniers temps,
g se sont portées sur les dialectes et les patois. Appuyés sur un système de lois et
c^ de principes généraux, qui constituent en quelque sorte la grammaire étymolo-
gique, — fortifiés par de longues observations, — placés assez haut pour dominer
du regard tout le vaste domaine des langues indo-européennes, et surtout pro-
cédant avec la sévérité du juge consciencieux, — les travailleurs auxquels je fais
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— Vï —
allusion sont parvenus, en matière d*étymologie française, à dissiper enfin la
défiance et le discrédit qu'avaient justement attirés à cette branche d*étude les
assertions aventureuses d'hommes plus spirituels que soucieux de la vérité, ou
les pédantesques et subtiles discussions de savants réels, qui s'avançaient sans
boussole dans le fouillis des matériaux amoncelés autour d'eux. Malgré toute
Testime que doivent inspirer les efforts des Nicot, des Ménage, des Caseneuve,
des Du Gange, etc., et quelque justes qu'aient été, en mainte occasion, leurs
jugements et leurs conjectures, on ne peut plus, en présence des théories nou-
velles, les placer au rang d*autorités scientifiques, comme continuent à le faire
la plupart de ceux qui, jusqu'à ce jour, se sont occupés, incidemment ou accessoi-
rement, des origines des mots français. Montaigne disait : « Ne regarde pas qui
est le plus savant, mais qui est le mieux savant d ; c'est en suivant ce conseil
que je me suis tourne vers la nouvelle école allemande, fondée par les Bopp, les
Grinim, les Pott, les Diez, etc., sans dédaigner pour cela les philologues français
que je viens de citer et qui conservent un incontestable mérite.
Comme l'énonce le titre de mon ouvrage, le point de vue où je me place est
celui de la science moderne. Tout ce qui ne peut être scientifiquement démontré
par des preuves soit historiques, soit physiologiques, est relégué dans le domaine
du caprice, de la fantaisie, de l'arbitraire. Ces éléments ont longtemps prévalu
en matière étymologique; tantôt on les trouve mêlés à infiniment d^esprit et de
grâce, t intôt à une prodigieuse érudition. Mais, à la suite du mouvement général
de l'activité sociale de nos temps, et grâce h l'élargissement progressif de
rhorizon scientifique, k la multiplication continuelle des observations, la critique
âprc! et minutieuse est venue s'emparer du sujet, la synthèse des faits a dégagé
des principes, et ce sont ces principes, vérifiés, éprouvés, sanctionnés, qui sont dès
lors appelés à régner. De patientes et consciencieuses recherches ont révélé les lois
d'après lesquelles les vocables se constituent, se développent, se dégradent. Ces
lois veulent être respectées; il ne suffit plus, pour s'occuper des origines de nos
mot43, d'être doué d'un esprit fin et délicat, il faut passer par un long apprentis-
sage pour s'initier à la physiologie du langage. Bref, la divination a fait son
temps, et l'étymologie est parvenue au rang d'une science positive, nous dirons
même d'une science exacte. Cette science, à la vérité, n'est pas faite encore,
mais en pleine élaboration.
Tirer au grand jour d'une publicité plus large, mettre à la portée de tous ceux
qui ont reçu quelque culture littéraire, les fruits déposés par les savants de la
nouvelle école dans des publications éparses et peu répandues dans le public
auquel je destine ce livre, tel est le principal objet que j'avais en vue en entre-
prenant ce dictionnaire.
C'est, avant tout, à l'homme éminent à qui revient la gloire d'avoir le premier
fixé et méthodiquement exposé les lois qui président à la formation des langues
néo-latines, au vénérable professeur Diez, de Bonn, que j'ai voulu rendre hom-
mage, en consignant dans mon livre, pour mieux les faire valoir en dehors des
frontières de sa patrie, ses heureuses découvertes, ses judicieuses démonstrations,
ses habiles et prudentes conjectures. Les deux principaux ouvrages du philologue
allemand, savoir : Grammatik der romanischen Sprachen (3 vol., 1™ éd.
Bonn, 1836-1844; 2» éd., entièrement refondue. Bonn, 1856-1861) «, et Etymo-
* Une troisième édition a paru en 1869; MM. Au g. Brachet, Morel-Fatio et Gaston
Paris en ont entrepris la traduction française, publiée à Paris de 1874 à 1876, en
3 volumes.
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— VII —
logisches Wôrterhiich der romanischen Sprachen (Bonn, 1853) ', ne sont pas,
il est vrai, restés inaperçus en France. Un homme d'une science reconnue et plus
compétent, peut-être, en ces matières qu'aucun de ses compatriotes, M. Littré,
de rinstitut français, a* mis en lumière les grandes et solides qualités qui les
distinguent, dans une série d'articles insérés, en 1855, dans le Journal des
Savants. Néanmoins, en jugeant d'après ce qui, dans ces dernières années, a été
jeté dans la grande circulation par des éditeurs français en fait de travaux
lexicographiques, j'ai lieu de croire que Diez et son système ne sont pas encore
naturalisés en France, n'y jouissent pas encore, dans le monde érudit, de toute
l'autorité qu'ils méritent et qui, j'ai hâte de le dire, leur a été franchement
accordée par les philologues belges : les Grandgagnage, lesBormans, les Cachet,
les Chavée et autres «.
Il va de soi qu'en exposant, par ordre alphabétique, l'origine des vocables
français, je n'ai pas voulu me borner au rôle de simple compilateur et enregistreur
des opinions d'autrui. Tout en m'appliquant à être bref, substantiel, dans les
articles sujets à discussion, je me suis permis parfois d'énoncer mon avis, de
proposer, avec toute la modestie qui convient en ces matières, la solution d'un
problème ou d'émettre une conjecture personnelle.
L'objet essentiel de chacun de ces articles, c'est d^établir letype immédiat d'où
procède le mot français en question ; je me suis fait une règle de ne donner des
développements, de ne discuter ou raisonner que lorsque ce type était contesté
ou que le rapport de forme ou de sens entre le primitif proposé et le vocable en
question présentait de l'obscurité ou soulevait des doutes légitimes. J'éprou-
vais souvent la tentation de faire quelque excursion sur le domaine de l'étymologie
latine ou germanique, mais à part de fugitives indications, je suis resté fidèle à
ma règle. En générale, on remarquera que j'ai visé à être aussi bref dans la
rédaction de mes articles que le permettait la clarté, écartant tout ce qui ne
concourt pas, directement ou indirectement, à établir ou à confirmer une étymo-
logie mise en avant. Je me suis abstenu ainsi de reproduire les diverses applica-
tions passées ou actuelles d'un mot, quand des considérations tenant à mon sujet
ne m'y engageaient pas. Les lecteurs auxquels je m'adresse possèdent suffi-
samment le grec et le latin pour que j'aie pu me dispenser de traduire ou de
définir chaque fois les vocables de ces langues que je cite ; ils sont également
censés être en état de vérifier les nombreuses citations tirées des autres langues
européennes.
Le cadre de mon travail ne comprend, en principe, que les vocables de la
langue actuelle entrés dans lu circulation commune ; il exclut par conséquent les
mots appartenant à la terminologie des sciences spéciales, des arts et métiers,
et qui sont restés en dehors de l'usage général. Toutefois, dans l'intérêt du lecteur,
ce principe ne pouvait être observé dans toute sa rigueur; mieux valait, en
pareille matière, fournir trop que trop peu.
En vue de tant de méprises commises pour avoir négligé ces rapprochements,
j'ai attaché une grande importance à la mention et à l'examen, à propos d'un
* 2«éd., 1861.62; 3«ôd.* 1869-70; 4« éd., augmentée d un appendice par Aug. Scheler,
1878 ; 5* éd., avec le même appendice, revu et augm., 1887.
^ A 1 apparition de la l'*' éd. de mon livre, je n avais pas encore pu mettre A profit l'acti-
vité prodigieuse déployée depuis en France par toute une école d explorateurs forte-
ment armés et en tète desquels je nommerai toujours, avec une respectueuse gratitude,
MM. 0. Paris et P. Meyer, deux coryphées de la science auxquels toute l'Europe rend
hommage.
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— VIII —
grand nombre de vocables français, des formes collatérales à ces vocables dans
les autres langues ou dialectes de souche romane.
Je ne me cache pas les imperfections de ce livre ; j'ai, dans le cours de mes
recherches, trop bien appris que chaque journée d'étude fournissait de nouveaux
enseignements, pour que je me fasse illusion sur la valeur de mon travail. Quelque
solides que soient les principes sur lesquels la science étymologique est assise,
que de fois l'occasion ne vient-elle pas se présenter où il faut humblement revenir
sur une assertion carrément énoncée, démolir une conjecture péniblement
élaborée, et émise, pour ainsi dire, avec triomphe ! D'autre part, je ne méconnais
pas Tutilité que j'aurais pu tirer de certains ouvrages qui ne se trouvaient pas à
ma portée ; bien des choses ont du m'échapper que tel livre aurait jju me révéler.
Cependant, encouragé par le jugement bienveillant de quelques hommes
compétents, et fort de la conviction que, tel qu'il est, l'ouvrage pent rendre des
services, j'ai osé braver la publicité, résolu du reste de continuer à consacrer mes
loisirs au perfectionnement de l'œuvre. Mon ambition ne va pas plus loin que
d'avoir fourni un livre utile et qui ne soit pas trop indigne du rôle éle^ assigné
à l'art étymologique dans Tensemble des connaissances qui ont pour objet la
génération et la manifestation des idées.
Bruxelles, l"' novembre 1861.
DEUXIÈME ÉDITION.
L'accueil très favorable que mon livre a rencontré, tant auprès des critiques
exercés que parmi les lecteurs qui l'ont acquis dans un but d'instruction, — l'im-
possibilité où se trouvait l'éditeur, depuis plusieurs années, de satisfaire aux
personnes qui cherchaient à se le procurer, — enfin, le désir légitime de le per-
fectionner en mettant à profit les enseignements nouveaux provenant soit de mes
propres études, soit de source étrangère— m'ont fait un devoir et un plaisir d'en
entreprendre une seconde édition.
Tous les articles de la première ont été soumis à un soigneux examen, à la
suite duquel j'ai retranché ce que j'ai reconnu comme inutile ou erroné et ajouté
les solutions nouvelles qui me semblaient dignes d'être présentées.
Un grand nombre d'articles nouveaux ont été intercalés; quelques-uns, relatifs
à des mots abandonnés par l'usage, ont été éliminés; d'autres ont reçu de
notables développements.
Une des principales sources d'information où j'ai puisé pour mettre mon œuvre
au courant de la science, est le gigantesque Dictionnaire de M. Littré, dont la
publication, commencée en 1863, deux ans après l'émission de mon livre, est
enfin sur le point d'arriver à son terme. L'illustre académicien, dont le nom
figurera désormais au premier rang parmi les lexicographes français du xix* siècle,
en exposant sous une rubrique spéciale l'historique de chaque mot, a singulière-
ment facilité la tâche de l'étymologiste. Pour établir rationnellement la provenance
d'un vocable, rien n'est plus fructueux que la connaissance de l'époque et du
terrain où il apparaît pour la première fois. D'autre part, le Dictionnaire de
M. Littré m'a non seulement renseigné sur un bon nombre d'étymologies qui
m'étaient inconnues et méritaient toute mon attention, mais il m'a suggéré aussi
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— IX —
des indications propres à confirmer ou à invalider celles que j*avais posées ou
adoptées.
Si, par-ci, par-là, je me suis vu dans le cas de révoquer en doute les assertions
ou les conjectures du maître, le plus souvent j'ai pu fortifier de son autorité ma
propre manière de voir ou fonder sur elle Tabandon de certains passages de ma
première édition.
En relevant ici Tappui que j*ai trouvé dans l'œuvre magistrale du linguiste
français, je ne puis résister au désir de déclarer aussi que la bienveillance et
Testime témoignées à l'égard de mon livre par M. Littré et par un autre coryphée
de la science, M. Diez, m'ont été la plus douce satisfaction pour les peines qu'il
m'a données, et un puissant encouragement à lui conserver la bonne réputation
qu'ils ont concouru à lui créer.
La deuxième et la troisième édition du Dictionnaire de Diez ont également
fourni des éléments précieux à l'amélioration et au complètement du mien.
L'ouvrage publié il y a deux ans par M. Aug. Brachetsous le titre: Dictiœinaire
étymologique de la Imigue française, a été moins abondant sous ce rapport ;
l'auteur, aussi apte, cependant, que tout autre à se mêler à la discussion critique
des faits controversés, s'est tracé un plan qui l'engageait à ne recueillir dans son
livre que les étymologies définitivement reçues, en s'attachant surtout à en
démontrer la justesse au point de vue phonéfiquc. Visant plutôt à faire
connaître la science faite que la science en élaboration, il s'est abstenu de
consigner les solutions sur lesquelles la certitude n'est pas encore acquise et qui
pouvaient prêter matière à contestation.
Mon intention avait été de faire précéder mon livre d'une introduction, dans
laquelle auraient été méthodiquement exposées les lois principales qui ont présidé
à la formation et à la transformation successives des mots français. Elle devait en
quelque sorte servir d'appui aux faits étymologiques énoncés dans l'ouvrage;
mais comme des aperçus de ce genre se rencontrent ailleurs et qu'un travail
développé sur cette matière, traitée d'ailleurs en substance dans la grammaire
de Diez, eût considérablement grossi le volume, j'y ai renoncé pour en faire, plus
tard, l'objet d'une publication spéciale'.
Bruxelles, !•' novembre 1872.
Auo. SCHELER.
TROISIÈME ÉDITION.
Quinze années se sont écoulées depuis l'apparition de la dernière édition de ce
dictionnaire ; quinze années fructueuses en résultats scientifiques dans l'explora-
tion du terrain spécial dont la culture est ma tâche. Que d'auxiliaires nouveaux
ont surgi dans cet intervalle pour m'éclairer et me fortifier dans le travail que
je poursuis depuis plus d'un quart de siècle! Puissé-je, en lançant cette nouvelle
• Ce sera lamplification de mes Études sur la transformation française des mots latins
qui ont paru en 1869 dans la Retue de V instruction publique en Belgique (tirées à part en
un vol. de 199 pages in-8°). — Cet ouvrage a paru depuis sous le titre : Exposé des lois qui
régissent la transformation française des mots latins. Bruxelles et Paris, 1875, in- 12.
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— X —
édition, et c*est là mon unique ambition d'auteur, être jugé ne pas avoir décliné
et ne pas avoir démérité des encourageants éloges accordés à mes efforts, tant de
la part des critiques autorisés que du public qui leur a voué sa confiance; puisse
la qualification de revue, corrigée et augmentée être reconnue pleinement justifiée.
Rien dans le plan ni dans l'ordonnance et la méthode de mon livre n'a été
modifié ; des suppressions d'un côté, des ajoutes et des rectifications nombreuses
de l'autre, suivant que l'intérêt du sujet et le respect de la critique me les com-
mandaient. Visant surtout à la concision, j'ai peut-être souvent compromis la
précision, et je n'hésite pas à reconnaître le côté faible de ce travail : une allure un
peu trop libre, parfois même désordonnée, dans la rédaction des articles.
Je ne puis clore cet avant-propos sans faire mention de mes deux principaux
nouveaux auxiliaires dans l'élaboration de cette troisième édition ; ce sont deux
recueils périodiques de philologie romane, sous l'impulsion desquels la science
que je cultive a réalisé des progrès surprenants dans ces derniers temps et qui
continuent à la féconder de la noble émulation qu'ils ont suscitée : en France,
la Romania de MM. P. Meyer et G. Paris, créée à Paris en 1872, et en Alle-
magne, la Zeiischrift fur romanische Philologie, fondée en 1877, et dirigée
depuis par le professeur D^* Gustave Grôber, à Strasbourg. Presque chaque page
de mon livre témoignera des ressources qu'ils m'ont fournies.
Bruxelles, en octobre 1887.
Auo. SCHELER.
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ABRÉVIATIONS USITÉES DANS LE LIVRE.
ags.
— anglo-saxon.
m.
— littéralement.
alL
— allemand.
loc.
— locution.
anc.
— ancien ou anciennement.
mha.
— haut allemand du moyen
angl.
— anglais.
âge.
ap.
— apud.
ML.
— latinité du moyen âge.
art.
— article.
mod.
— moderne.
auj.
— aujourd'hui.
m. s.
— même signification.
autr.
— autrefois.
n.
— nouveau.
BL.
— basse latinité
; le signe com-
néerl. ou ni.
— néerlandais (terme géné-
prend aussi
la latinité du
rique pour flamand et hol-
moyen âge,
par-ci, par là
landais).
indiquée' par
Ml..
nfr.
— nouveau français.
bret.
— breton.
nha.
— nouveau haut allemand.
c.-à'd.
— c'est-à-dire.
nord.
— nordique (ancien Scandi-
cat.
— catalan.
nave).
cfr.
— confer (comparez).
norm.
— dialecte normand.
champ.
— champenois.
opp.
— opposé.
comp, ou cp.
— comparez.
P-
— pour.
cps.
— composé.
part.
— participe.
cymr.
— cymrique.
pic.
— dialecte picard.
D.
— dérivé.
port, ou pg.
— portugais.
DC. ou Duc.
— Du Gange.
pr.
— proprement.
dan.
— danois.
prov.
— provençal.
dér.
— dérivé.
qqch.
— quelque chose.
dial.
— dialecte.
qqn.
— quelqu'un.
din\>
— diminutif.
rac.
— racine.
écoss.
— écossais.
rom.
— - roman.
tsp.
— espagnol.
se.
— scilicet.
cxpt.
— expression.
s. e.
— sous-entendu.
fig-
— figuré ou figurément.
3, V.
— sub verbo.
flam.
— flamand.
suéd.
— suédois.
fr.
— français.
syn.
— - synonyme.
fréq.
— fréquentatif.
t.
— terme.
gaél.
— gaélique
V,
— vieux.
goth.
— gothique.
•
val.
— valaque (roumain)
gr*
— grec.
V. c. m.
— voyez ce mot.
hM,
— hollandais.
vfîr.
— vieux français.
irl.
— irlandais.
vha.
— vieux haut allemand.
it.
— italien.
V. pi, h.
— voyez plus haut.
L.
— latin.
toall.
— wallon.
Rom. — Romania : Recueil trimestriel publié par Q. Paris et P. Meyer.
Zeitschr. ou Ztschr, — Zeitschrift fÛr roraanische Philologie, herausgegebeii von
D' G. Grôber.
Vcutérisque placé auprès d'un mot français indique la forme antérieure du mot actuel ou
un mot appartenant à lancienne langue; placé auprès d'un mot latin, il fait entendre que ce
mot est fictif.
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DICTIONNAIRE
D'ÉTYMOLOGIE FRANÇAISE
A. Cette préposition, dans la plupart de
ses emplois, se rattache ôtymologiquemcnt à
la prôp. ad des Latins. Elle est devenue, dans
le système des langues néo-latines, un instru-
ment important pour suppléer aux inflexions
casuelles de la langue latine. On a prétendu
(voy. Chevallet, III, 349) que le fr. à repré-
sentait également dans certaines tournures,
telles que : « ôter l'écorce à un arbre » , la pré-
jiosition latine ab. Cela est erroné. Aussi bien
vaudrait dire que le latin constniisait mal en
disant : « vitam adimere cUiciii » . Evidemment,
le datif dans cette phraiio est aussi logique
que dans la tournure française eu question.
Dans les phrases telles que : •♦ l'homme à la
jambe de bois n, à représente le pix)v. ab, lui-
même issu, comme l'it. appo, du L. apud
(voy. avec). — La langue française a maintenu
le ad latin comme élément de composition,
comme préfixe. Elle s'en sert surtout pour
ci-écr des verbes factitifs (ex. attrister, assour-
dir, alourdir^ adoucir ^ aviver, resp. de
triste, sourd, lourd, doux, vif, ou à renforcer
des verbes simples sans modification sensible
de leur signification (ex. : a-baisser, a-tourner,
vfr. a-deoitier), ou enfin, comme moyen de
dérivation (ex. : a-joumer àejour;a-dosser, do
dos). Quant à la préposition latine ab, on n'en
trouve plus de trace, en ce qui concenie dos
compositions verbales nées sur le terrain
roman; même dans abattre, il n'est pas sûr
que a soit issu du lat. ab. Dans arracher, il y
a une transformation phonétique do lancicn
esrachier = exradicare.
ABAISSE, morceau de pâte qui a été abaissé
ou aminci par le rouleau.
ABAISSER, forme extensive de baisser, cp.
vfr. arnœUer. — En angl. abase.
ABAIT, appât, vfr. et prov. abet, action
d^abeter (attirer avec une amorce), fig. ruse,
tromperie; l'anc. verbe abeter, qui a survécu
dans Tangl. to abet, instiguor, se rapporte à
Yags. baeteii, mha. beizen, mnl. beeteti, faire
mordre. Cp. amorce de a-mordre.
ABAJOUE, de à bqjoue f Peut-être l'élément
a est-il le résultat d'une confusion entre l'aba-
joue et la bajoue? Cp. abée.
ABALOURDIR, factitif do balourd.
ABANDONNER, verbe formé de l'ancienne
locution à baiidon, à volonté, à merci, donc
pr. mettre à la merci. Quant au mot bandon,
c'est un dérivé àcbati, BL. bannum, banditm,
prcxîlamation publique, j)ormission (voy. ce
mot). « Mettre à bandon » voulait dire :
mettre à discrétion, exposer, livrer, laisser
aller, sacrifier, délaisser; « bestcs à bandon »
étaient des bêtes sans gardes. Le subst. verbal
abandon a amené la conversion de l'anc.
à bandon en à abandon, ou à V abandon.
ABAQUE , du L. abacus, venu lui-même du
gr. «êaÇ, buflet, table.
ABASOURDIR, assourdir, étourdir. Ce verbe
parait assez nouveau ; il semble être formé
d'assourdir, pour produire l'idée à bas, à
tei*re (cfr. les expressions allemandes yiieder-
schmettem, niederdœmern), ou plutôt n'est-ce
qu'une assimilation do forme à abalourdir.
Nicf>t ne connaissait encore ni l'un ni l'autre.
Le Dictionnaire historique de l'Académie, par
une singulière méprise, fait venir abasourdir
de l'acy. latin absurdus.
ABATTRE, composé de battre, Cp. pour lo
sens fig., l'ail, niederschlagen, le lat. affli-
gère. Notre verbe entre dans les substantifs
composés abai-jour, abat-vent, abat-voix. Dér.
abattage, -is, -oir, — Cps. r-abaUre. Le terme
de marine abatée est, par sa terminaison, de
mauvaise formation.
ABBAYE, voy. abbé.
ABBÉ, vfr. abbet, prov. abbai, angl. abb(^,
ail. abt, du L. abbatem, ace. do abbas; ce
dernier est tiré du syriaque abba, père, titre
do respect donné primitivement aux moines.
Du iémminabbatissa, prov. abbadessa, se pro-
duit abbe-esse et par contraction abbesse. Le
dérivé abbaiia s'est ronianisé en prov. c^at.
esp. abadia, it. abbadia, fr. abbeïe, ortho-
graphié plus tard abbaye, quoique prononcé
a-bé-ïe.
1
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ABl
— 2 —
ABO
ABC, nom donné à la collection des signes
d'écriture que l'on emploie dans une langue.
Le mot est formé du nom des trois premiers
de ces signes. C'est ainsi que alpha, beta, les
deux premières lettres de la collection grecque,
ont donné naissance au mot alphahet, — D.
abécédaire, prov. becedari, L. abecedarius;
dans ce mot la 4*^ lettre d est venue aider à la
dérivation.
ABCiS, L. abscesstis (non pas alxessus,
comme dit Littré) ; subst. de abs-cedere, qui
lui-même a été reçu, dans .son acception médi-
cale, sous la forme abcéder; cp. l'analogue
grec àitôvTTj/iXf fr. apostômc, de ànosTiivxi.
ABDIQUER, L . abdicare (se dédire, renon-
cer). — ■ D. abdication, L. àbdicatio.
ABDOMEN, transcrit du latin abdomen,
ventre.
ABECQUER, aussi abéqtcer et abécher,
forme extensive de becquer, prendre ou don-
ner la becquée ; voy. bec,
ABÉE, ouverture par laquelle coule Teau
qui fait tourner un moulin. Ménage dérive ce
mot à tort du L. abitus, issue, sortie; YoJbée
n'est qu'une fausse orthographe p. la bée.
Bée de moulin se dit encore; c'est le subst.
verbal du verbe béer^ être ouvert (v. c. m.).
ABEILIiE, prov. abelha, esp. abefa, it. pec-
chia (p. apecchia), est régulièrement formé
de apicula, apic'la, dimin. de apis. On sait
que pour se romaniser, un grand nombre de
primitifs latins ont revêtu la forme diminutive
(p. ex. oreille, oiseau, soleil, sommeil). Le
primitif apis a laissé des traces dans l'an-
cienne langue et dans les patois, sous les
formes é (cas-sujet es), ef, abe, etc. On y trouve
aussi ks dimin. aveUe, avilie. Le dérivé apia-
rium, ruche, existait en vfr. sous la forme
achier (pi devant une voyelle fait^*, d'où ch,
cfr. ache, de apium^ sache, de sapiam).
ABERRATION, L. 'aberratio, écart (errare).
Le mot a été d'abord employé dans un sens
exclusivement astronomique.
ABÊTIR, factitif de béte. La langue fran-
çaise forme des verbes inchoatifs et factitifs en
ir, de primitifs ac^jectifs ou substantifs, au
moyen du préfixe a, modifié diflféremmcnt
suivant l'initiale du primitif; ex. : adoucir
(doux], asservir (serf), attendrir (tendre), avi-
lir (vil), abâtardir (bâtard).
ABHORRER, L. ab-horrere. On disait autre-
fois de préférence abhorrir (cp. prov. aborrir,
aorrir, it. aborrire),
ABIOiAT, du L. ahigeatus (de abigem =
qui abigit).
ABÎME, ABISME\ prov. abis et ahisme. On
rapporte généralement ce mot au L, abyssus,
goufifre (lui-même tiré du grec fieweroj), mais
cette étymologie ne peut s'appliquer qu'à la
fonne prov. dbis et à l'it. abisso. L'explication
la plus heureuse est incontestablement celle
de Diez, qui dérive abisme, par l'efiet d'une
contraction tout à fait régulière (cfr. vfr.
bonisme, aliisme, etc.), d'un substantif super-
latif abissimus, formation analogue au domi-
nissimus de la moyenne latinité, et à oculis-
simus, employé par Plante. — D. abîmer; la
sign. précipiter dans im abîme s'est généra-
lisée en celle de détruire, anéantir, ruiner
(cfr. en ail. su grund richten), comme, dans
un sens inverse, l'acception générale de necare,
tuer, s'est spécialisée en celle de noyer.
ABIMER, voy. abime.
ABJECT, L. abjectus{paLTt. passé àeabjicere,
jeter loin), bas, commun, vil. — Subst. abfec-
tion, L. abjectio, état de ce qui est abject;
autrefois, on avait aussi le néologisme abjecter,
humilier, avilir.
ABJURER, L. abjurare. Le mot latin tout<2-
fois impliquait l'idée de parjure; cette idée
s'est effacée dans le mot français.
ABLATIF, sixième cas de la déclinaison
latine, exprimant éloigncment, séparation,
du L. ablativus, formé de ablatum, supin de
au ferre, enlever.
ABLE, petit poisson à ventre blanc ; ce mot
devrait sonner alble (les Suisses et les Autri-
chiens disent, en effet, albele, albel), car il vient
de l'adj. albulus (dim. de cUbus, blanc). Les
Romains désignaient Fable par un autre dérivé
A'albus, savoir : alburnus, d'où l'asp. albiir
(Rob. Estienne cite auboiirfie comme employé
en Saintonge). — Dimin. ablette (angl. abl^).
Autres dérivés : ablière* et son dimin. ableret,
filet pour pêcher des ables.
...ABLE, suffixe, = lat. abilis; ce suffixe
est appliqué en français :
1° A des verbes de toutes conjugaisons avec
un sens tant actif que passif [adorable, rede-
vable, veixdable, convenable, aidable, sccou-
rable, péi*issable)\
2° A des substantifs en té [charitable, équi'
table, véritable, amistable*),
ABLÉ6AT, L. ablegcUus, envoyé [ab-legare).
La terminaison cU pour é (cfr. relégué, d^}lé-
gué) dénote le caractère non vulgaire, non
populaire, ou l'introduction relativement ré-
cente d'un vocable ; nous citerons ici à l'appui
les mots Ugat, délicat, rosai, renégat; ces
mots n'appartiennent pas au vieux fonds de la
langue. Aussi bien ablégat est-il un terme de
chancxilleric romaine.
ABLERET, ABLETTE, voy. able.
ABLUER, L. abluere [ab, luo), enlever en
lavant. — Ablution, L. ablutio, action de
laver, purification.
ABNÉGATION, L. ab-negatio, de ab-negare,
refuser, dénier.
ABOI, voy. aKoyer.
ABOLIR, L. abolere, arrêter dans sa crois-
sance, faire dépérir, anéantir. — abolition,
L. abolitio; de là le néologisme abolition-
niste, adversaire de l'esclavage.
ABOMINER, L. obominari, propr. repous-
ser une chose de mauvais augure [omen), puis
en général, abhorrer. — abomination, L. abo-
minatio; abominable, L. abominabilis.
ABONDER', L. abundare [imdn,), pr. débor-
der, couler en abondance, être en grande
quantité. — abondant, -anck. L. abundans,
•a7itia. — Cps. surabonder, L, superabun-
dare.
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ABO
— 3 —
ABR
ABONNER, anc. aussi abîmer, abosna^
signiiic pr^pr. limiter, et vient do bonne^ anc.
forme de binme^ limite. S'est employé parti-
culièrement dans le sens de fixer ou régler,
au moyen d'une convention, une redevance à
payer; de là abonnement^ accord entre un
propriétaire et son fermier, puis convention
quelconque relativement à un senice à ren-
dre d'une part et à payer de l'autre. Cette éty-
mologie, approuvée par Littré, est parfaite-
ment acceptable; cependant l'acception mo-
derne du mot pourrait tout aussi bien être
ramenée au primitif bon; s'abonner n'est
autre chose que se faire bon, c. à d. fort (cfr.
en ail. (/lU stehen, et en français u donner un
bon »), s'engager à payer au prix convenu
une marchandise, dès que celle-ci sera pi'é-
sentôe, ou à l'échéance convenue. Diez allègue
à l'appui de cette dernière manière de voir le
terme espagnol abo7iar, répondre pour quel-
qu'un, assurer.
ABONNIR, inchoatif et factitif de bon. —
Cps. r-a-bonnir.
ABORDER, V. n., prendre terre; v. a., s'aj)-
procher de, arriver à; dérivé de bord, dans
la signification de rivage (cfr. arriver). Dér.
abmxlage, -ée, -able et subst. verbal abord,
action d'aborder, d'approcher, puis lieu où
l'on aborde; par extension aussi action d'en-
tamer, d'attaquer une chose; de là les locu-
tions : de prime abord, et sirapl. d*abord =
dès le principe, au commencement, cp. les
anciennes locutions de venue*, de première
venue*.
ABORIGENES, L. ahorigines (ab, origine,
dès l'origine), habitants primitifs. On en a dé-
gagé un adjectif aborigène, — Le mot est de
formation peu correcte.
ABORTD*, L. abortivus, formé de aborius,
part, de ab-oriri, ne pas venir U l'existence,
avorter. Ce terme est scientifique ; un autre
dérivé du latin aboriri, savoir le fréq. abor-
tare, s'est, par l'adoucissement habituel du b
en V, romanisé en avorter.
ABOUCHER, pr. mettre boucT^e à bouche,
face à face. Autrefois, s'aboucher signifiait
tomber le visage en avant sur quelque chose.
ABOUT, voy. abouter.
ABOUTER, joindre deux objets bout à bout
(voy. bout). De là le subst. verbal about, l'ex-
trémité par laquelle on aboute. Les marins
disent ahuter de but, qui est étymologique-
mcnt identique avec bout. — Un autre dérivé
de bout est le verbe neutre aboutir (angl.
abut), toucher par un bout à qqch., fig. se
terminer par. De là : les aboutissants,
ABOUTIR, V. l'art, prôc.
ABOTER, anc. bayer, abayer. L'étym. reçue
porto sur lat. baubari, m. s.; Forster (Gro-
ber, Ztschr. V, 95) la conteste par des raisons
phonologiques et prétend que ad-baubari n'a
pu donner la forme ancienne a-bnier, tandis
que de celle-ci a régulièrement surgi aboyer,
c<imme citoyen do cilei-ien, soudoyer do sol-
dei-ier, (hnoi du vf r. esmai. Quant à * bayer,
il l'identifie avec l'it, b(yare, qui a le môme
sens et ramène tous les deux à L. badare,
otivrir la bouche ; bayer ne serait donc (pi'une
variété de bée?'. Pour l'analogie des sens, il
compare en ail. klaffenjÀro béant, eikiàffen,
japper, clabauder. Boucherie explique ainsi :
adbaubare, d'où par syncope de la médialo b
et conversion de au en a (cp. augustus de-
venu 'a-oût), abayer, d'où aboyer. — Subst.
verbal aboi, dont le pluriel exprime, au pro-
pre, l'extrémité où est réduit le ceif forcé,
lorsque les chiens l'entourent en aboyant; au
figui-é, dernière extrémité.
ABRÉGER, d'où l'angl. abridge. Ce mot se
rattache au L. brevis, comme alléger à lecis;
l'un et l'autre dérivent directement des formes
latines abreoiare et aUeoiare; cp. encore le
vfr. assouager de suavis. On sait que dans
les syllabes finales eus {ea, eum) ou tu; (ia,
ium) les voyelles e et i se transforment, après
des consonnes, en consonnes chuintantes;
après une forte, en ch, après une douce, cnj
ou g. Exemples : somniare, songer; simia,
singe; cambiare, changer; vindemia, ven^
dange ; Yineua, linge; commeatus, congé; ru-
peus, roche; propius, proche; apiarium,
achier *. — D. abrégé.
ABREUVER, faire boire, forme transposée
du vfr. abeuvrer, abevrer, prov. abeurcr^ it.
abbeverare. Le fond de ce vocable est le verbe
lat. bibere, romanisé d'abord en bevre, puis en
boivre et définitivement en boire. On trouve
du reste dans l'ancienne langue, au lieu de la
forme dérivative abeuvrer, une forme plus
primitive, aboicre. Voy. aussi breuvage.
ABRI, prov. a&ric.,esp. abrigo, La forme
du verbe esp. abrigar, couvrir, protéger, a
amené Dicz à recourir, pour l'étymologio de
ce mot, à un verbe vha. sujqKJsé bi-rilum,
couvrir (on trouve ant-rihan, découvrir),
auquel on aurait adapté le préfixe roman a.
Le .savant linguiste croit devoir repousser
l'étymologie qui se présente le plus natiu'cl-
lement, savoir colle du L. apriclis, vu la signi-
fication contraire de ce mot : ouvert, exp(^sé
(aperire) au soleil, tandis qu'aôri veut dire
un lieu couvert et ombragé. « Quidquid in
occulto est. in apricum proferet aotas »
(Horace). Diez invoque en outre contre l'ori-
gine latine la circonstance que le mot fait
défaut en italien dans le sens d'abri ; puis la
signification couvrir qu'a le vfr. abrier dans
certains passages du Roman de la Rose et de
Guill. Guiart. Ces scrupules ne semblent pîis
fondés à d'autres, comme Mahn, Littré et les
auteurs du Dictionnaire historique ;rt/)rîCMm,
disent-ils, désignait bien aux Latins un lieu
qui garantissait de l'ombre, du froid, do l'hu-
midité ; mais do cette acception première i)OU-
vait fort bien se déduire et se fixer le sens
général de « lieu protecteur". — Diez, enfin,
croit aussi digne de quoique considération
l'ail. 6m/<;«, mettre en sûreté, à couvert (qui
en vha. fait au présent birgu), lequel, par la
métatlièso ordinaire de l'r, pourrait fort bien
avoir fourni le mot roman. Insistant surtout
sur les acceptions bien constatées qu'avait
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ABS
4 —
ABU
apricits dans la basse latinité, savoir : •* jiiciin-
dus, delectabilis, locus sino frigorc, locus
temperatus sine vento »,et se fondant, en
outre, sur l'oxistcnco bien démontrée du verbe
apricare au sens do « protéger, garantir » ,
Bugge (Rom. IV, 348) appuie décidément
Vétym.apricum, Pour ma part, je crois aussi
que la série génétique : apricus-apricare^
d'où vfr. ahrier, d'où subst. abri^ est tout à
fait plausible. Le dér. abriter est en tout cas
de foimation moderne et arbitraire. — Il est
curieux encore de noter que le wallon et le
bourguignon emploient la locution « être à
l'abri » dans le sens du lat. apricus, pour « être
exposé à " .
ABRICOT, appelé chez Pline pntnum
Armeniacum. Les formes esp, et port, albari-
coque, albriœquej ainsi que l'it. albercocco,
albicoccOy v. angl. apricok (ail. aprikose),
donnent la clef de l'origine de ce mot. Elles
se rattachent, comme le font voir les mots
grecs du moyen âge ^rpatxoxxiov et Trpfxoxxioy
(Dioscoride), au latin prœcoquus (cp. Mar-
tial, 13, 46), prœcox, cuit ou mùrî &vant la
saison, précoce, hâtif. L'arabe ayant emprunté
le mot grec, en a fait birqùq et burqii'tq, et
avec son article al, aîberqùq, qui, on défini-
tive, parait être l'original direct du fr. abri-
cot (cp. gr. mod. ^tpOxoxov). — D'autres (Jolm-
son et le P. Labbe) ont songé à apricus,
exposé au soleil, que les formes correspon-
dantes des autres langues ne permettent abso-
lument pas d'accepter.
ABRITER, voy. abri,
ABROGER, L. àb-rogare, pr. demander
l'annulation d'une loi.
ABROUTI, part, d'un verbe inusité aôroutiV,
dér. de brout,
ABRUPT, L. abruptus (nimpere), rompu,
rapide, escarpé. C'est, à ce qu il parait, tant
au propre qu'au figuré, un mot d'introduc-
tion toute moderne. — La locution latine ex
abrupto, brusquement, est passée dans le dic-
tionnaire français.
ABRUTIR, factitif de brute,
ABSCISSE, L. abscissus, part, de abscin-
dere, retrancher.
ABSENT, L. absentem; verbe s absenter, L.
absentare; subst. absence, L. absentia,
ABSDE et apside, du L. apsis, gén. apsi-
dis (flc^ftç), arceau, voûte. • /
ABSINTHE, L. absintkium (à^tyOïov).
ABSOLU, vfr. assolu, du L. ab-solutus,
d'où aussi lesnéologismesa^^o/ua'^me, -iste, —
ABSOLUTION, L. absolutio; absolutoire, L.
absolutorius.
ABSORBER, absorbir, vfr. assmber, du L.
absorbere, engloutir.
ABSOUDRE, vfr. assoudre, L. absolvere,
devenu d'abord absolre, puis par l'intercala-
tion euphonique de d (cfr. «vô/aa p. 5v«/5a)
absoldre, enfin par la i)ermutation habituelle
de / (suivi d'une consonne) en i«, absoudre.
De la même manière s'est produit moudre de
molere, poudre de pulverem. [Une ancienne
forme fr. assaillir, a laissé l'angl. assoil.] VI
radical i*eparait, ainsi que le t, dans les
flexions : absolvons, absolves, etc. Le part,
passé absolutus, accentué absôlutus et devenu
absoVtus, a donné absout et par le maintien
de Vs caractéristique du nominatif, absous; le
fém. obsoVta est devenu absolte, absoute, fém.
du part, passé, et à la fois, par l'habitude
propre aux langues romanes de former des
subst. abstraits au moyen du participe passé
— p. ex. : alUe, venue, perte (perdita), vente
(vendita), chute (caduta), saiUie, etc. — le
substantif absoute, La forme primitive abso-
lutus s'est maintenue dans l'adj. absolu. On
trouve de même du part, revolutus, dans la
langue actuelle, à la fois révolu, adj., et le
subst. participial révolte, formé par la syncope
de u, de revoluta. Le substantif absoute est,
au fond, la même chose que absolution, qui
est directement tiré du L. absolittio; l'usage
seul les a distingués, comme il est ariivé à
révolte et révolution.
ABSTÊME, L. abstemius, qui s'abstient de
boire des liqueurs enivrantes; racine iemum
= fikBv, primitif de temetum, vin.
ABSTENIR (S'), vfr. astenir, du L. abs-
tinere. — Dér. savants : abstinent, L. absti-
nens; abstinence, L. abstinentia. Nous avons
tort de ne pas dire abstenant, abstenance,
conmie on disait jadis, et comme on dit encore
aJttenaiVt, contenance,
ABSTENTION, h.absieniio(ïk\ sM^inabsten-
tum).
ABSTERGER, L. abs-tergere {tergere ,
essuyer). — D. abstergetU, L. abstergens ; A\x
supin latin abstersum viennent abstersion, L.
abstersio, et abstersif.
ABSTINENCE, voy. abstenir,
ABSTRAIRE, du L. abs-trahere; le parti-
cipe abstractus a donné abstrait.
ABSTRUS, du L. abstrusus, part, passé
d^abstrudere, litt. poussé loin, enfoncé, éloi-
gné, difiicile à aborder ou à comprendre. Pour
l'idée, cp. abstrait, qui originellement signi-
fie également tiré loin, détaché, puis impé-
nétrable, difficile à saisir.
ABSURDE, L. absurdus; subst. absurdité,
L. absurditas.
ABUS, mauvais usage(anc. aussi «erreur),
du L. abusus (ab, utor^; cfr. us de usus. Le
verbe abuser ne vient pas directement du
subst. fr. abus, mais du fréquent, abiisari,
tiré par la moyenne latinité du supin aftw^wm,
de abuti. C'est ainsi que user, raser, oser, aie.,
viennent, par les supins usum, rasum, au-
sum, de uti, radere et audere. M, de Cheval-
let (Orig.II, 96, 97) commet une grave erreur
en établissant à l'égard de ces verbes une per-
mutation do d ou t Qii s doux. C'est un trait
caractéristique do la langue romane, que de
tirer ses. verbes de la forme fréquentative
plutôt que de la forme primitive. — Abuser,
c'est aussi bien faire abus do quelque chose
que do «piclqu'un en le ti*ompant, mais dans
le sens do tromper, le verbe a pris la construc-
tion active. — Cps. désabuser, détromper. —
Le part, abusus a donné à l'ancienne langue
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ACC
— 5 —
ACC
un adj. iibuSf =» qui se trompe, fourvoyc^,
troublé.
ABUSER, voy. abiis,
ABUSIF, L. ab-usimis (abusus).
ACABIT, qualité bonne ou mauvaise ; ap-
pUqué d'abord aux fruits, légumes, œ mot a
fini par devenir tout à fait synonyme do qua-
lité, caractère, genre. Quant à son origine, il
est formé du BL. accapitum (ad, capere), prise
de possession, achat; de bon acabit voulait
dire de bonne prise, de bonne possession,
avant de signifier : de bon genre ou do bonne
condition.
ACACIA, L. acacia (ixax(a).
ACAJOU^ d'après Dovic, le mot provien-
drait bien do l'Asie orientale, mais serait
dorigine malaise. (Voir Littré, suppl.).
ACANTHE, du L. acaiUhus (xxay6o«).
ACARIATRE, d'une humeur £àcheuse,
aigre ; ce mot, qui ne remonte pas au delà du
xvr siècle, est, selon Diez, de la même ori-
gine que les vieux vetbes acarer, acarier
(esp. carear, acarar), confronter (mettre face
à face). Le primitif serait donc le mot roman
cara (voy. chàre), têtxi, visage, et le sons fon-
damental « qui tient tête dans une confronta-
tion », diflîcile à convaincre. A cette étymol.,
Tobler(ZeitiJchr. IV, 375) objecte qu'un verbe
acarier n'a jamais existé et que acarei\ con-
fronter, était un terme réservé à la langue
juridique et n'est d'ailleurs guère propre à
engendrer la forme acariâtre. Mais .sans
insister sur la forme, l'éminent prof, de Berlin
appuie sur la disparité des sens « confronter »
et « diflficile, grondeur, hargneux » , et s'adresse
à une autre source. Il reconnaît dans acariâ-
tre une création de Rabelais ou de quelque
autre érudit, fondée sur le gr. âx^pii, bas-
lat. acaris, trad. par un gloss. du xv® siècle
par « mal gracieulx » (voy. mon 011a Pa-
tcUa, 1879, p. 12), auquel on aurait joint,
très bien à sa place, le suffixe astre (cp. opi-
mâtre). — G. Paris (Rom. X, 302) n'est pas do
cet avis. « La folie, dit-il, s'appelait jadis le mal
sailli Acaire parce que saint Acaire, évêquo
de Noyon, en guéri.ssait; de là, à mon avis,
acariastre, qui signifiait jadis « fou furieux ».
(Voy. Saint€-Palaye aux mots Acaire et aca-
ria^tre.) Sylvius, dès le commencement du
XV* siècle, a rapproché les deux mots, mais il
semble, d'après ce qu'en dit Sainte-Palayo,
qu'il ait attribué à saint Acaire la renommée
de guérir les acariastres à cause de la res-
semblance de srm nom au leur, tandis que le
leur me semble dérivé du sien ; la terminaison
a sans doute été influencée par folastre. » —
Rappelons encore que Ménage se tirait d'af-
feire en imaginant un ty^K) aceriaster de acer.
ACCABLER, dérive d'un vieux mot fr. cada-
ble, caabie, chaable, BL. cadahula, qui signi-
fiait machine de guerre pour lancer des pierres,
puis action de jeter par terre, et que Diez
rapporte justement à xaTa6o^>î, renversement.
Accabler a donc signifié en premier lieu jet<îr
bas, atterrer, puis abattre au sens figuré. Le
mot fr. chablis, arbres abattus dans la forêt
par le vent, est de même origine et suppose
un verbe chabler; il s'est anglisé en cablish^
bois chablis.
ACCAPARER (mot d'introduction moderne),
arrher ou acheter tout ce qui se trouve ofibrt
en vente pour se rendre le maître du cours,
fig. prendre tout pour soi, vient du BL. ca-
pan^a (it. esp. capa'i'ra)^ arrhes. Ce subst., à
son tour, paraît composé de capere et arrhae.
ACCASTILLER, terme de marine, de castel-
lum, château (dans son acception maritime).
ACCÉDER, du L. accedere, marcher vers
(cp., pour le sens figuré de Cjq verbe, Tall.
beitreten, consentir). — Accessit, mot latin,
sign. « il s'est approché (du prix) ». — Dérivé
moderne du mot latin : accessoire, pr. ce qui
se joint à.
ACCÉLÉRER, L. accelerare (de celer, vite).
ACCENT, pr. intonation, du L. accentus
(rac. cano, chanter, cp. le grec w/99;-«3(a). —
D. accentuer, formé do accejiiiis, comme ffrà-
. duer, statuer^ àe-ffradus, status.
ACCEPTER, L. acceptare (fi^ôq. de accipere^.
ACCEPTION, action ou manière de prendre,
d'admettre, du L. acceptio (accipere).
ACCÈS, L. accessus (ac-codere), approche.
ACCESSIBLE, L. accessibilis (accedere),
dont on peut approcher.
ACCESSIT, voy. accéder.
• ACCIDENT, du L. accidens, ce qui tombo
ou arrive, en bien ou en mal, « quod casu ac-
cidit » ; accidere, advenir, est un composé de
cadere, verbe simple qui a donné le fr. choir;
cp. l'ail, jgu-fall, fait acx^identel. hasard.
L'acception « manière d'être fortuite, impré-
vue, irrégulière » a donné lieu au terme acci-
dent de terrain, d'où l'a^j. participial acci-
denté, inégal, d'aspect varié. — D. accidentel
(on trouve le L. accidentalis dans Boëce). —
Le mot accident, pour l'origine et le sens,
rappelle incident (v. c. m.).
ACCISE, BL. accisia, dér. du part, accisus
(de accidere, composé de caedere, couper). Les
Anglais disent, avec un autre préfixe, excise;
cp. le tei-me taille, de tailler. D'autres (Du
Cange, Diez) prennent accise pour une variété
orthographique de assise, fixation ou assiette
de l'impôt ; nous pensons qu'ils ont tort.
ACCLAMER, L. ac-clamare, ôrier vei*s.
ACCOINTER, prov. «coinc/ar,angl. acquaint,
BL. accognitare, faire faire c^nnai.**.sance,
mettre en rapport, vient du L. cognitus,
connu (lequel, par cogn'tus, congtus, a donné
l'ancien a^j. cointe = qui i«'y connaît, habile,
bien appris, de bonnes manières. L'ail. huy\d
n'a rien à voir ici. — D. accointance (angl
acquaintance). Notons encore vfr. acointe, it.
acconto, familier, ami intime.
ACCOISER, tranquilliser, prov. aquezar,
du L. quietus (par une dérivation verbale
quietiare; voy. coi),
ACCOLADE, voy. le mot suiv.
ACCOLER, prendre au cou, embrasser, puis
joindre, réunir; do col, cou. — D. accolage,
-lire, -ode, et racola, qu'il faudrait, par
analogie, écrire avec deux c. Quant à la ter
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ACC
— 6
ACC
minaison ode dans accolade, nous prenons
(K'casion de remarquer ici qu'elle représente
d'abord l'ital. aia et le prov. ada^ et par là le
féminin participial aia des Latins, qui a servi
de moyen dérivatif pour faire des substantifs
verbaux. La tennin. ade a un caractère,
étranger ; elle est introduite dans la langue
par imitation, son correspondant vraiment
français est ée. Accolade est un terme relative-
ment moderne ; les anciens disaient accolée,
comme on disait colée pour le prov. colada
(coup sur le cou). Aujourd'hui encore, nous
disons à la fois escapade et échappée.
ACCOMMODER, pr. rendre commode, conve-
nable, puis arranger, ajuster, apprêter, mettre
d'accord, concilier, L. ac-commodare (com-
modus) ; composé : r-accommoder, remettre
en état, réconcilier.
ACCOMPAGNER, dérivé du vfr. compaing,
primitif de compagnon (v. c. m.). — D. accom-
pagnateur^ -airice, -ement. Accompagnateur
est un mot mal fait. On ne peut appliquer la
terminaison ateur (= lat. aior) à un mot
essentiellement roman, c'est-à-dire non latin ;
c'est comme si du verbe owrrer, romanisation
du L. operari, on voulait faire un subst.
ouvrateuVi au lieu de ouvreur. Pour satisfaire
à la loi étymologique, il fallait dire acoom-
pagneur et non accompagnateur, comme on
dit dégraisseur et non pas dégraissaieur,
ACCOMPLIR, L. complere, avec préfixion
romane de la particule ad, cp. vfr. a-emplir,
do implere,
ACCORDER, BL. accordare, réunir les cœurs
(corda), concilier, mettre en harmonie. De
l'anc. acception neutre consentir, être de
mémo sentiment relativement à un deman-
deur, s'est dégagé le sens actif concéder,
conférer, octroyer. Cp. le môme mouvement
de sens dans consentir une chose. — L'ex-
pression accorder un instrument a fait déri-
ver accorder de chorda, corde; mais cette
dérivation, justifiable à la lettre, ne se re-
commande pas en vue des diverses applica-
tions du mot. Accorder appartient à la même
famille que concorde et discorde. — D. subst.
verbal accord (en vfr. aussi le fém. accorde),
rapport harmonieux, concordance, assenti-
ment, convention; accordailles (terminaison
assimilée à fiançailles, épousailles). Compo-
sés : désaccorder, désaccord; raccorder, rac-
cord.
ACCORE, t. de marine, est prob. *= escore
(conversion de préfixes fréquente), donc dans
.<40s diverses applications, le même mot que le
nord, skora, ni. schoor, angl. shore;c^. csp.
escoi^a = accore.
ACCORT, avisé, subtil, adroit, insinuant.
L'emploi de cet adj. ne remonte pas au delà
du XVI® siècle. L'acception première, d'après
Nicot, était : avisé d'entendement, claiiToyant,
de bon esprit et jugement, et dans la suite il
a pris celle de conciliant, d'humeur facile.
II est directement tiré de l'it. accoHo, avisé,
l(M|uol so rattache au verbe accorga^si, s'aper-
cevoir (formé do ac-coi*i'igere). Reste à ex pli»
quer le passage de l'ancienne signification à la
moderne; n'y aurait-il pas eu ici quelque
malencontreuse influence du mot accord, ou
quelque faux rapport avec corte, d'où cortese,
fr. courtois t Cependant l'idée d'adre.sse peut
fort bien engendrer, au [X)int de vue des rela-
tions sociales, celle de complaisant, d'un
commerce facile. Voltaire, en commentant
Corneille, s'est fourvoyé en rattachant sans
plus accort au verbe accorder. — D. Accori a
produit deux formes .substantivales : ax:cor-
tesse et accortise ; toutes deux répondent à l'it.
axicoriesjsa.
ACCOSTER, BL. accostare, formé de costa,
cAte, comme aborder do bord. — D. accos
table, abordable, d'un accès facile.
ACCOTER, V. a. appuyer, v. n. (en pari,
d'un navire) être couché sur le côté, n'est pas
une variété du précédent et ne vient pas de
côte. Le mot, très fréquent dans l'ancienne
langue dans le sens tantôt d'appuyer, accou-
der, tantôl de se coucher, reproduit un type
latin accubitare, qui à son tour représente
au.ssi bien le fréq. de accubare (cp. doter*,
douter, de dubitare), qu'un dérivé de cubitus,
l'original de coûte*, coude. Notre verbe mod.
accouder no fait que remplacer l'anc. acoter
ou acouter, comme coud^ s'est .substitué à
coûte. — Il se peut que dans « chemin d'ac-
cotetnent » l'idée de côte se soit mêlée au .sens,
qui d'abord est appui.
ACCOUCHER ou s*accoucher, pr. se mettre
en la couche (v. c. m.), tomber malade, et par
métaphore au sens actif, délivrer d'enfant.
Le terme est donc au fond identique avec ali-
ter et a subi une restriction de sens. — Le
vfr. disait de même agesir p. ac<*oucher;
c'est le latin ad-jacere{\. gésir). On y emploie
aussi gésine = couches, puerperium, et qui
gist d'enfant «= puerpera.
ACCOUDER, vfr. acouter, voy. accoter. —
D. accoudoir.
ACCOUER, pr. suivre à la queue, de coe\
coue*, anciennes formes de queue.
ACCOUPLER, dér. de couple.
ACCOURCIR, dér. de co\iH. Quant à la ter
minaison en cir, nous remarquons ici qu'elle
correspond à l'esp. et au port, ecer (a ne. escer)
et au prov. ezir, et qu'elle reproduit la ter-
minaison inchoative latine escere. Le sons
inchoatif a, dans les langues nouvelles, fait
place au sens factitif. C'est ainsi que se sont
produites les formes noircir (esp. negrccer,
prov. negrejsir, lat. nigrescere), obscurcir,
évlaircir, durcir. — L'anc. forme acorcier se
rapporte à un type roman accurtiare, dérivé
de cui'tus (comme aliiare, fr. h-aucier*, Imus-
ser, do altus).
ACCOURIR (vfr. acorre, acourre), L. ac-air-
rere.
ACCOUTRER, acoustrer*, prov. acotrar;
d'après Diez, pour accouturer, de couture (it.
costura); .selon d'autres, de constre, coutre,
sacristain chargé de la toilette de la Viei^o
et de l'arrangement du mobilier d'une église.
La seconde étymologio n'a aucune valeur ; la
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ACC
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ACH
première se recommande davantage, et cepen-
dant nous n'oserions l'admettre, surtout en
présence des expressions anciennes : « Accx)us-
trer des cheveux, un lieu, un repas, des
navires, ». etc. Une origine tirée de cuUura,
pris dans le sens de cuUiis, soin, arrange-
ment, mise, toilette, no serait-elle pas plus
probable ? L'* de la forme accoustrer peut fort
bien n'être que prosodique, comme dans
trosne, pasle^ (p. trône, pale), etc.; d'ailleurs,
il n'existe pas dans la forme provençale.
Notre supposition est coriX)borée par l'expres-
sion « un champ bien accoutré >» = bien tenu,
bien cultivé, que nous avons rencontrée dans
Noël du Fail. Pour la forme, cp. cintrer de
cincturare, — Une explication parlât, culcitra,
vfr. coutre, couverture {accoiUrer serait pr.
couvrir), a été mise en avant par M. Ulrich
(Ztschr. in, 266), mais elle ne me sourit guère.
— D, accoidrement, habillement. — Cps.
raccoutrer,
ACCRÉDITER, terme moderne, mettre en
crédit,
ACCROC, subst. verbal do accrocher.
ACCROCHER, suspendre ou attraper, saisir
au moyen d'un croc (v. c. m.); en termes de
maiine, jeter les grappins pour l'abordage.
Au fig. attraper adroitement. Raccrocher,
.s'attacher à quelque chose de crochu, puis en
général s'attacher; cp. se cramponner. — D.
accroc, subst. verbal, exprimant à la fois l'acte
de s'accrocher ou d'accrocher, et le résultat
do cet acte, une déchirure ou bien encore un
embarras, un obstacle. — Cps. raccrocher
(d'où raccroc).
ACCROIRE, du L. ac-credere, ajouter foi.
Anciennement, accroire signifiait aussi con-
fier ; accroire (de l'argent) =» donner (et par
corrélation, aussi prendre) à crédit; cp. L.
credero pecuniam.
ACCROÎTRE, verbe neutre et actif, du L.
acci'escere. — D. accroissement, accrue.
ACCROUPIR, voy. croupe,
ACCUEILLIR, BL, accoUigere; extension
du simple ci<€j7/tr. Comparativement t cueillir
et à recueillir, le sens primitif de réunir,
assembler des objets multiples (res collectas),
s'est élargi dans accueillir en celui de rece-
voir en général. L'idée de collection s'en est
donc eifacée (cp. le verbe ramasser). — Dans
l'ancienne langue, le verbe avait pris des sens
plus variés : prendre, saisir, attaquer ; p. e.
acueillir un chemin, prendre un chemin; être
accueilli par l'ennemi, par la tempête. On
dit encore à Liège acoï p. assaillir. — D.
subst. verbal accueil.
ACCULER, pr. pousser qqn.. le cul contre
un mur, pousser au pied du mur ; lat. in an-
gustias, vel in arctum redigere. — D. subst.
verbal accul, d'abord action d'acculer, puis
lo lieu où on est acculé, lieu sans issue.
ACCUMULER, du L. accumulare (cumulus).
La vraie forme française acombler s'est perdue,
tandis que l'introduction de cumuler n'a point
fait disparaître combler,
ACCUSER, L. accusare (causa).
-ACÉ, suffixe introduit par la science mo-
derne, en imitation du latin aceus, et con-
trairement aux l'ègles, Ve n'étant pas tonique
en latin . La vraie francisation de aceus, acea est
as, ace on asse ou ac?ie, formes appliquées dans
fatras, fouace, cuirasse, rondache, etc. Aussi
bien cétacé, rosacé, liliacé et sembl. sont-ils
exclusivement du domaine scientifique, tandis
que rosace appartient à la bonne souche fran-
çaise.
ACENSER, anc. acensir, donner à ccnj (cp.
arrenter do rente), — Subst. acens, t<îrre
tenue à c<îns.
ACERBE, L. acerbus, m. s.
ACÉRER, voy. acier.
ACÉTATE, terme de chimie, représentant
un part, latin acetatus, de acetare, verbe formé
de acetum, vinaigre. Ce dernier substantif a
donné encore à la langue savante les a(\j.
acétique et acétenx,
ACHALANDER, pourvoir do chalands
(v. c. m.).
ACHARNER, propr. donner le goût et l'ap-
pétit de la chair, anc. chaim, char (v. c. m.),
fig. irriter : mot appliqué d'abord aux chiens
ou aux loups " qui s'addentent sur Quelque
bosto sans qu'on les puisse retirer » (Nicot).
— D. acharnement, fureur, animosité.
ACHAT, subst. verbal de achaJter, anc.
forme de acheter.
ACRE, pr. api, esp. apio, du L. apium
(5Tri9y); cp. saclie do sapiam, /jrocAtf de pro-
pius.
ACHEMINER, mettre dans lo chemin
(v. c. m.), fig. mettre en bonne voie pour
réussir. En i^r. on disait aussi s'aroiUer, se
mettre en route.
ACHETER, anc. achater, acater, it. accat
tare = emprunter, v. esp. acabdar, du BL.
accaptare, litt. prendre à soi. Le radical est
donc le verbe capere. [D'autres, toutefois,
voyant dans accaptare une forme syncopée de
accapitare, prendre en possession, partent
d'un radical caput dans son sens de bien
meuble ou capital.] — Ac-captare s'est sub-
stitué au latin classique emere^ qui se prêtait
mal à la romanisation. D'ailleurs, .le rapport
idéal entre prendre et acheter se révèle déjà
dans le latin emere, qui, en premier lieu,
signifiait prendre, comme son composé su-
mère (= sub-emere), et sumere lui-même n'a-
t-il pas également signifié acheter, acquérir I
Les Espagnols, les Provençaux et les Italiens
ont remplacé emere par le verbe comparare,
acquérir, devenu comprare et comprar, —
D. achaJt, subst. verbal se rattachant à la
forme première achater, — Cps. rac?ieter(à*o\x
rachat).
ACHEVER, esp. port. prov. acabar, angl.
achieve, mener à fin, à chef (v. c. m.) ; on
disait aussi veitir à chef, p. venir à bout. —
Cps. parachever {cîr . les formations anciennes
paraimer, paremplir et sembl.).
ACHOPPER, heurter du pied. vfr. assouper;
de a -\- chopper, donc chopper contre, — '
D. achoppement.
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ACT
— 8
ADI
AGHORES, croûtes de lait, du grec iyw.o.
ACHROMATIQUE, non chromatique, du
gr. xf«/*«» couleur, et de Va privatif.
ACIDE, -ITÉ, L. acidits, -itas. Dimin. aci-
dulé, L. acîduhis, d'où le verbe aciduler.
ACIER, it. acciajOf esp. acero, prov. aciers
vfr. achr, BL. aciarium, dér. de actes se. forri,
fer durci. — D,acérer, fig. rendre plus tran-
chant, plus vif (de la fonne ancienne ace)*),
et aciérer, convertir en acier (do la forme
nouvelle acier).
ACOLYTE, lat. acoliUhus et acolythus, du
gr. àxo>ouôo«, celui qui suit, sen'itcur. La ter-
minaison yie p. ou6o$ est incorrecte : il fau-
drait acoliUhe ou -lythe; cp. le t. de gramm.
an-acolutJie (pr. manque de suite).
ACOMPTE, terme commercial, payement
fait à compte.
ACONIT, L. aconitum (àxovirov).
ACOQUINER, propr. allécher, attirer à la
cuisine, apprivoiser, fig. faire contracter une
habitude basse, du L. coquina, cuisine. Littré
y voit un factitif do coquin ; cela ne me semble
pas probable.
ACOUSTIQUE, gr. àxou^nxo^, de àxouuv,
entendre.
ACQUÉRIR, vfr. aquerre, du L. acquirere.
Les composés conquérir, acquérir, enquérir,
requérir ont tous été adaptés au verbe simple
quérir (v. c. m.), — D. acquéreur. Le subst.
acquisition est tiré directement de acquisitio;
mais le roman a créé un autre dérivé syno-
nyme au moyen du particii^o acquisîtus, con-
tracté en acquistus ; c'est acquêt (comparez
quête, requête, etc.), anc. = gain, profit.
ACQUET, voy. acquéinr. — D. acquêter.
ACQUIESCER, L. acquiescere (m sign.).
ACQUITTER, rendre ou tenir, quitte de qqch.
(v. c. m.), dégrever; de l'idée se libérer en-
vers quelqu'un, se dégage le sens de payer.
•— Subst. verbal acquit,
ACRE, BL. acra, acrum. Les uns font venir
ce mot de acker, mot ail. signifiant champ,
et désignant aussi une mesure de t«rre ; les
autres l'expliquent par une transformation
du L. acna, mesure agraire (cfr. diacre, pam-
pre, de diaconus, pampinus),
ACRE, L. acris; mot d'origine savante, fai-
sant double emploi avec aigre, qui reproduit
le même mot latin. Le circonflexe dans acre
n'a pas de raison étymologique. — âcrph'é,
vfr. aigreté, L. acritas ; acrimoxik, L. acri-
monia, d'où acrimonieux.
ACROBATE, mot fait sur un type gr.
à/po^àrrii {ixpoi, extrême + /SÀTTïî, qui mar-
che), prim. du verbe gr. àx/jo^aréw, marcher
sur la pointe des pieds.
ACROSTICHE, du gr. àxpo^rixo^, propr.
pointe, extrémité, commencement de vers
{xxpoi + vrlyoi).
ACTE. Ce mot représente à la fois le L. ac-
tus, opération, action, acte d'une pièce de
théâtre, et le lat. adum, cliose faite (p. ex.
dans acta apostolorum, actes dcB api^tros) et
l'exposé écrit de ce qui s'est passé ou do ce
qui a été discuté ou négocié. — D. verbe ac-
ter (néologisme), actuaire, BL. actuarius,
greffier.
ACTEUR, actrice, L. actor, actrix (agere).
ACTIF, L. arfiViw (figerc), qui agit. En hitin
chussique, cependant, activus n'avait pas encore
le sens de « solcrs, industrius »». Sénôque
l'emploie dans le sens de pratique, opposé à
speculativus. — D. activité, L. activitas; verbe
activer (néologisme) f
ACTION, L. actio (rad. agere). Déjà le mot
latin possédait les deux acceptions princi[mles
du français, savoir : \. opération, 2. pour-
suite en justice (d'où actionner). Quant à la
signification commerciale et industrielle du
mot action, titre de créance, etc. (D. action-
naire), elle est tout à fait moderne ; c'est en
Hollande, à ce qu'il jmrait, que le mot actie,
forme hollandaise de actio, a été en i)remier
lieu employé pour désigner la quittance \KH\r
le vei*sement effectué d'une somme contribu-
tive à quelque entreprise do société. — Cps.
inaction,
ACTUEL, propr. effectif, réel, puis syn. de
présent, L. (Ktualis (de actus), — D. actua-
lité, actualiser (néologismes).
ACUITÉ, mot f<n'gé au xvi« siècle, pour
donner un subst. abstrait à l'adj. acutus (fr.
aigu). Il est mal fuit ; aussi bien vaudrait tirer
minuité de minutus.
ACUPONCTURE, piqûre à l'aiguille; terme
technique formé au moyen du L. acus, aiguille,
et de pungere, poindre, piquer.
ABA6E, L. adagium (ad-agendum)
ABA6I0, terme de musique; c'est Fit. ad-
agio, pr. à Vaise, Voy. aise,
ADAPTER, L. acfa/>^are (aptus) ; cp. le terme
analogue approprier de propre, et l'ail, an-
passen de pass,
ADDITION. L. additio (de addere, ajouter).
— D. additionnel, additionner.
...ADE, suffixe de subst. ; voy. accolade,
ADENS, terme adverbial du vfr. , k plat
ventre, de à dents, litt. sur les àcnXs ; de là
vfr. adenter, renverser, coucher par terre.
Cp. l'art, aboucher,
ADEPTE, L. adeptus (part, de adipisci),
qui a obtenu, trouvé, saisi, qui s'est initié. Se
disait particulièrement dos alchimistes qui
croyaient avoir trouvé la pierre philosophale.
ADÉQUAT, L. adaequatus, mis de niveau,
mis on juste proportion.
ADEXTRÉ, terme de blason, accompagné
du cAté droit, du L. dexter, droit. En \'fr.
adestrer était syn. d'accompagner.
ADHÉRER, L. ad-hcerere, s'attacher à. [Ad-
ha*i'e)*e, traité d'après la 3' conjugaison, a
donné aussi le vfr. acrdre et ahierdre, s'atta-
cher à, prendre, saisir.] — adhérent, L. ad-
hœrens; adhkrknck, L. adhœre^Uia. — adhé-
sion. L. adhœsio (du iîupin ad-hœsum).
ADIEU, = à Dieu ! cfr. it. addio, ail. Goit
befohlen ! La locution pleine est à Dieu soyes
(prov. a Dieu siatz) ou à Dieu vous com-
mande, qu'on rencontre souvent dans la
vieille langue.
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ADM
— 9
ADR
ABIPEUX, L. euliposus (de culeps, graisse).
ADIRER, terme do palais, perdre, égarer
une pièce de procôdui'e, anc. perdre en géné-
ral, BL. adirare; l'origine en est obscure.
Du Cange propose les étyraologies ad-cerare,
fixer le prix de la pièce i)erdue, qu'il s'agit
de réparer, ou l'it, ad-irato, « nam qui sunt
irati seu quonim ira provocatur, ab eorum
consortio abstinent qui bus irascuntur, ut
aniplius non compareant uti prius cum iis »;
fidtré serait, d'après cette manière de voir,
propr. celui qui, par colôi'e, ne se présente
plus. C'est par trop subtil ! Henschel préfère
adexiraiiis, éloigné de la main; Ckevallet
invofjue aderrare, orrer, aller çà et là ; tous
deux sans se soucier de l'impossibilité phoné-
tique d'une pareille transformation. Selon
Nu blé (dans Ménage), de l'expr. à dire, eu
défaut, dans la locution : « Il s'y est trouvé
à dire un écu. « Cette locution est fréquente
en vfr., cp. Chron. de Norm^f. 169 : « Aisi
cunh nef n'en fu à dtre^ i arrivent à sauve-
ment. » C'est C45tte dernière manière do voir
qui parait être dans le vrai.
ADinON, L. aditio (ad- ire); cfr. ail. cine
erbs^îliaft arUreten.
ADJACENT, L. adjacei^s, situé près.
ADJECTION, L. adjectio (jacei^) ; adjectif,
L. cidjectivus, qui s*ajoute, traduction du gr.
iitlQiTOi, épithète.
ADJOSrôRE, L. adjungere (voy. joindre).
— ADJONCTION, L. odjuiKiio.
ADJUDANT, terme moderne, ail. adjutant,
aide de camp, du L. adjutans, qui arde, ser-
viteur. Voy. aide.
ADJUGER, L. adjudicare, voy. juger ; à
loriginal latin se rattachent directement les
dérivés : adjudication, -atif, -cUaire.
ADJURER, L. ad'jurare,
ADMETTRE, L. ad-mittere (cfr. ail. sulas-
sen), — Du supin cuJmissum : L. admissio,
fr. admission. Néologisme : admissible.
ADHINIGULE, L. adminiculum^ appui,
soutien.
ADMINISTRER, vfr. amenistrer, L. admi-
nistrare (minister).
ADMIRER, L. ad-mirari.
ADMONÉTER ou admonester, \îr. amones-
ter, du L. admonitare, fréq. • de admonere.
L'insertion de Vs (cfr. esp. prov. amonestar,
port, amoestar) devait avoir pour effet, selon
la conjecture de Diez, d'empêcher monitare
de ^ romaniser en monter (cfr. L. vanitare,
fr. va7iter), ce qui eût produit une confusion
avec monter = ascendere. — Cette manière
de voir a trouvé des contradicteurs. Cornu
s*est prononcé en faveur de *admolestare
(ennuyer, fatiguer) ; n p. / ne ferait pas diffi-
culté, et il rapproche monaostà, qui .s'emploie
à Montbovon (Haute-Gniyôre) dans le sens de
« dire à quelqu'un qu'il a mauvaise conduite,
Tennuyer de reproches. » (Voy. Rom. 111,377.)
Quelques années plus tard (ib. VII, 365),
traitant de la mutation d en n, le mémo
savant se montre favorable à un type *admO'
destare, ce qui me semble par trop .subtil. On
a beaucoup invoqué encoi*e (voy. Littré et
Rom. VIII, 264) roxistence d'un part, bas-latin
monestusy analogue à de nombreux part, en esto
dans les dialectes nord-italiques et qui expli-
querait aisément prov. monestar, amonestar
et les autres formes romanes citées, mais il se
trouve qu'on n'en rencontre aucune trace dans
les dialectes italiens. D'ailleurs, il est pro-
bable que comme submonitus a donné au
prov. somos, somost, admonitiis eiit fait amos,
amost, donc aussi amostar. En partant môme
d'un thème participial mo^ist, il faudrait, sans
être appuyé d'aucun précédent, admettre qu'il
s'en soit dégagé une forme allégée, monest.
Ni Diez, ni Mussafia (voy. son étude sur les
part, en -ect et -est, Grôb. Ztschr. III, 267 et
suiv.) ne sont disposés à sanctionner cette
explication. — On a relevé un subst. vfr.
moneste, « admonestation » (Théâtre fr., p.
Monmerqué et Michel, p. 446), mais ce mot a
tout l'air d'un simple subst. verbal de mones'
tare, dont il s'agit préci.sément d'élucider la
formation. — D. admonestatio^x, coexi.stant
avec admonition, qui est tiré directement du
L. admonitio; admoniteitr, L. admonitor.
ADOLESCENT, -ENCE,L. adolescens, -entia;
le participe passé du même verbe adolescet'e
(grandir, pousser), adultus, a donné adulte.
AD0NI3ER, parer, faire beau comme un
Adonis.
ADONNER (S*), extension de donner; cfr.
en ail. sich hingeben.
ADOPTER, L. ad-optare, fréq. d'un primi-
tif inusité ad-opere ; c'est du supin de ce der-
nier que s'est déduit le subst. ac/qp<io,fr. adop-
tion, et l'adj. adoptivus, fr. adoptif.
ADORER, vfr. a-ourer, du L. ad-orare (par
1er à). .
ADOSSER, mettre le dos contre qqch.
En vfr. ce verbe avait aussi la signification de
jeter derrière .soi, abandonner, mépriser. —
D. ados (terme de jardinage).
ADOUBER, it. addobbare, esp. adobar, BL.
adobare. Diez, suivant en ceci les bénédictins
éditeurs de Ducange, part de l'anglo-saxon
diibban, angl. dud, v. nord dubba (wallon de
Namur dauber), toucher de la main, frapper ;
do là adouber à cheoalier, frapper, c.-à-d.
armer chevalier. L'idée primitive toucher (cp.
le wallon adobé «=■ qui a reçu un fort coup),
mettre la main à qqch., s'est étendue et
développée en celle d'équiper, arranger, répa-
rer, raccommoder (dans ce sens, le fr. se sert
plutôt du cps. r-adouber). — D. vfr. adoub,
armure, harnais, équipement.
ADOUER, accoupler, dér. de deu*, deux.
ADRA6ANT, corniption de T/aa/àxaveat, tra-
gacanthe, pr. épine de bouc (r/^àyoç, ox^vOoî).
ADRESSE représente : 1» le subst. verbal
de adresser*, diriger, donc au fond direction
(anc. = chemin); 2" le subst. abstrait de
adroit = habile (v.. c. m.).
ADRESSER, it. addiriszare, esp. aderesar,
pr. diriger vers, d'un type ad-directiare, déri-
vîition romane de ad-directus (cp. dresser). —
D. adresse (v. c. m.).
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AFF
10 —
AFF
ADROIT, pr. bien dirigé, du type ad-direc-
tiis. — D. adresse, habileté (v. cm.). — Ladv.
vfr. adroit peut être envisagé soit comme notre
adj., dépourvu de la désinence adverbiale, ou
comme la réunion des mots à droit « recto,
convenablement.
ADULBR, L. adulari, flatter.
ADULTE, voy. adolescent.
ADULTÈRE, adj., L. aduUer (rac. aUer).
Le vieux français avait transformé ce mot en
aoultre, puis (par rintcrcalation euphonique
do c) avoultre, avoidre. — adultèrk, subst.,
vfr. avontierffe, avoiitire, angl. advoutry, du
L. adulterium; adultérin, L. adulterimts ;
ADULTÉRER, L. adulterave.
ADUSTE, L. adustus (part, de adiirere,
brûler), subst. adustion, L. adiisito. Le part,
présent adurensai donné l'adj. adiirent (dans :
fièvre adurente).
ADVENIR, forme concurrente et savante de
avenir (v. cm.).
ADVENTICE, L. adventicius (ad-venirc).
ADVENTIP. L. adveiitivus' (quod advenit).
ADVERBE, L. adverbium.
ADVERSE, vfr. avers, du L. ad-versiis, pr.
tourné contre ; advkrsairk, L. -arius( lo vfr.
avcrsier ou aversaire se di.sait particulière-
ment du diable) ; adversité, L. adversitas.
AÉRER, L. aerare (aër). — akrikn, du L.
avriamis, extension de acxtus.
AÉROGRAPHIE, grec àtpoyp^^lx, descrip-
tion 4p l'air ; aéorologie, iipoXoyU, science de
l'air; aàromaiicie, iipofi^vrtlx, divination par
le moyen de Tair; aéromHre, litt. mesureur
de l'air ; aérolithe, pierre (itôoç) tombée de
l'air ; aéronaute, qui navigue (vxùtvh) dans
l'air ; a&i'ostat, qui se tient ('s-zkr-m de 2TA-w)
dans les aii's,
AÉTITE. gr. àtxirru, pierre d'aigle (iiTo;).
AFFABLE, L. affabilis(fiin), pr. d'un abord
facile.
AFFABULATION, L. affabulaiia (fabula),
Priscicn, p. 1330. Ce grammairien a forgé
ce mot d'après le terme gr. s:ri/iû&i9v, mora-
lité ajoutée au ft-'j^o^.
AFFADIR, rendre fade.
AFFAIRE, subst. formé de à faire, comme
avenir de à venir, La différence du genre ])ro-
vicnt de la terminaison respective dos deux
substantifs. L'italien affare, d'ailleurs, est mas-
culin, comme l'était anciennement aussi le
mot français. — D. affairé^ qui a beaucoup
d'affaires, anc aussi affaireux = embarrassé
dans ses affaires.
AFFAISSER, de faix, poids; propr. faire
courber, ployer sous le faix.
AFFAITER; anc. préparer, instruire, dres-
ser, élever (vfr. afaitié = bien élevé, cour-
tois), auj. t. do fauconnerie pour apprivoiser;
romanisation du L. affectare, ou i)lutùt. stric-
tement, du type af-factare, préparer, appro-
prier à l'usage voulu. Froissart emploie
affaitier dans le sens de mettre au fait : « mes-
sages (mc.s.sagers) affaitiés de ce faire. » Voy.
aussi affecter.
AFFALER, abaisser, du néerlandais afTui-
len, tirer en bas. D'autres y voient un com-
posé do l'allemand fall^n, tomber. — Voy.
aussi rafai-e.
AFFAMER, dér. do faim (L. famés),
AFFECTER, du L. affectare. Le roman a
ajouté aux acceptions déjà propres au verbe
latin (rechercher, viser à) celle de destiner,
ap])roprier, inhérente aussi à la forme a/7àft<îr
{affectare, fréq. de afficere signifie, en effet,
très convenablement faire ou produire une
chose dans un but déterminé^ et celle d'im-
pressionner, toucher, affliger (=* L. afficere).
— D. adj. affecté et affété (pour la syncoi>e
du c, cp. refliHer); affétei*ie, formé à l'imita-
tion de sensiblerie, pruderie, etc. , et faisant
double emploi avec affectation.
AFFECTIF. L. affectivits (quod afficit).
AFFECTION, L.affectio, inclination, amour.
— D. affectionner, dont le participe affectionné
signifie à la fois, activement, « qui a de l'af-
fection « , et passivement, « qui en est l'objet » ;
désaffection, désaffectionner.
AFFECTUEUX, L. affectuosus (affectus).
AFFÉRENT, qui revient, qui est dû ; c'est
le part. ])rés. du verbe vfr. afferir, convenir,
appartenir (prés, il affiert). Quanta ce dernier,
il ne représente pas le verbe L. afferre, ou,
selon le type roman, affei'ere, mais, comme lo
pi'ouve le participe afférissant, un composé
de férir, frapper, toucher; on pourrait en
rapprocher le terme similaire ail. anschlaffen
= prodesse. — Cette ét3rmologie à'afférent,
que nous donnons sur les traces de Littré,
n'est cependant pas à l'abri de tout doute;
d'abord, le terme n'est pas dans la vieille langue;
puis, il faudrait afférant; enfin, le latin affe-
rens \)Q\\t fort bien avoir dégagé le sens de •• .se
rapportant «, (jui, au fond, est bien cehii du
mot dans l'expression « la paii afférente «.
En tout cas, le terme d'anatomio afférent est
bien =« lat. afferens.
AFFERMER, anc. = affirmer; auj. = don-
ner ou ])rendre à fei'me (v. c. m.) ou à bail.
AFFERMIR, factitif do fei-me. — Cps.
r-affermir.
AFFÉTÉ, AFFÉTERIE, voy. affecter.
AFFICHER, coller \\n placard contre un
mur. dans un but do publicité, fig. exposer
en public, étaler; extension de ficher. En
vfr. le mot était synonyme de affirmer, comme
fixns cM. syn. de firmiis ; safichier s'y ren-
contre p. s'attacher, s'appliquer, s'engager,
promettre. — D. subst. verbal ay/îrAe, placard.
AFFIDÉ. vfr. afié, du BL. affidatus (fides),
« qui fidem suam alicui obstrinxit ».
AFFILER, donner le fil(v. c m.).
AFFILIER, du BL. affiliare, in fllium
ado])tare, par extension, recevoir dans un
ordre ou une corporation. La vieille langue
disait aussi affrérir (de fr'âre) pour as.«^ocier,
rendre participant.
AFFINER, rendre fin, c. à d. pur (BL.
afpnare, purgare, exeoquere metalla) ; /?»=
rusé a donné, d'autre part, affiner, avec lo
s<»ns do tromper, duper. En vfr. le mot signi-
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AFF
— 14 —
AGA
fiait aussi certifier, aflirmer (de fin =« vrai).
Cps. r-affiner,
AFFINITÉ, L. affinilaslûnisj. On avait anc.
aujssi Tadj. affin (L. affinis), allié par mariage.
AFFIQUET, dimin. du vfr. affique, dér. do
affiquer, qui n'est qu'une variété do afficher;
cp., pour le sons et la forme, le mot colifichet.
AFFIRlOiR, vfr. a fermer, afremer, L.
affinnare (firmus).
AFFLEURER, être ou mettre à fleur
(v. c. m.), c. à. d. de niveau : cfr. effleurer.
AFFLIGER fvfr. aflire qui est la vraie
forme française), du L. affligere ^rac. klag,
d'où flagellum). — affliction, L. afflictio;
AFFUCTiF, L. afflictiuus.
AFFLUER, L. affluere, 1. couler vers,
2. couler en abondance; — affluent, L.
afflae-tis; affluenck, L. affluentia.
AFFOLER, rendre fol ou fou. Composé
raffoler^ sens neutre, être fou. — En ce qui
concerne l'ancien verbe affola, « endom-
mager, blesser «, Tobler a péremptoirement
démontré qu'il « ne doit pas être séparé du
môme verbe au sens de rendre fou « (voy.
Kulm, Ztschr. XXIII, 419). G. Paris l'ap-
prouve pleinement Roro. VI, 156. J'ai, de
mon cAté, à l'appui de cette manière de voir,
invoqué le sens ancien du mot folie = dom-
mage, perte, ainsi que celui de folier, aler à
folie ^« courir à sa perte : voy. monBastart.
do Buillon, ad v. 1058. — Le verbe affblir,
devenir fou, a vieilli.
AFFORAGB, BL. affbragium, droit de fixer
le prix des denrées, surtout du vin ; du vieux
verbe afforer^ a fleurer, mettre le prix aux
denrées ; dérivé du L. forum, marché, prix.
AFFOUAGE, BL. affbcagium, affoagium,
droit de couper du bois dans une forêt pour
son usage ; du BL. affocare, mettre au foyer,
ad focum.
AFFOURCHER, dér. de fourche. — D.
affburçhe.
AFFRANCHIR, rendre fra7ic.
AFFRE, effroi, terreur; du y]m. eiver, eipar,
acer, horridus, immanis. Cette étymologie,
patronnée par Grimm et par Diez, convient
pour le sens et la lettre. Cp. l'it. afro, âpre,
aigre, — Quicberat rapporte le mot à L. affa-
niœ, qui dans un glossaire latin-grec traduit
oOi^juara (vulnera), et dans lequel il voit un
correspondant de l'it. affanno, angoisse; ce
rapport, me semble douteux. — li. affreux.
AFFRÉTER, forme extensive de fréter (v.
c. m.).
AFFREUX, voy. affre.
AFPRIANDER, rendre friand, attirer par
des friandises.
AFFRIOLER a le même sens que affriander,
et vient du vfr. friole ^^ friand ; verbe frioler,
frire et être friand, désirer vivement.
AFFRONT, voy. affronter.
AFFRONTER (it. nff'ronlare, esp. prov.
afrontar), se mettre intixîpidement en face de,
braver avec courage, mais aussi braver avec
dédain ou avec insulte (de là le subst. verbal
affront, it. affronto, acte do mépris jeté en
face). UefrofU; cp. Texpr. ail. «* die stirne
bietén », ou plutôt « einen vor dio stirne (ad
frontem) sto.ssen «.
AFFUBLER, vfr. afeuter, afuler, afumbler
(=3 coiffer, se couvrir), reproduit L. affibu-
lare (it. affibhiare) et dérive do fibida (prov.
fumla), boucle ; la signification propre serait
ainsi agrafer, bouder. L*anc. forme afeul'er
est à affibulare, comme esteule (auj . éteule) est
à stipula, dit fort bien Grandgagnage. Cp.
encore, à l'égard do ïu p. i, chasuble de casi-
bula et truble de tribuUi. L'anc. fr. et les dia-
lectes ont aussi défubkr, défùler, p. désha
biller.
AFFÛT, composé de fuit, fut (v. c. m). Afi'iit
signifie propr. le bois d'un instniment, d'une
machine, donc la partie accassoire, la chose
de pou do valeur; c'est ainsi ({we affùiiau,
qui corresj)ond par sa facture à un diminutif
latin *affustellus, a pu prendre le sens do
chose futile, bagatelle. — D. affûter, ajuster
les outils aux fûts qui les maintiennent, les
mettre en ét^it, aiguiser un burin, disposer
un canon pour tirer, puis disposer, prépai»er
en général. Dans ce dernier sens, le verbe a
dégagé le .substantif verbal affût dans la h ►cu-
ti on " se mettre à V affût » = en position, en
garde.
APFÛTIAU, voy. l'art, préc.
AFIN, pour à fin ; fin =• but, intention.
AGAG|! ou AGASSE, it. gazza, gazzera,
prov. agassa, corruption du vha. ag'alstra,
pie (contracté dans l'allemand moderne en
elster). — D. agassin, agacin (popul.), bour-
geon, cor au pied; cp. l'ail, dstei'-auge (\i\\
œil d'agacé), cor au pied, et l'expression fran-
çaise « œil de perdrix n .
AGACER, irriter, provoquer, it. agazzare;
du vha. hazjan (auj. hetzen), poursuivre, har-
celer ; c'est le préfixe a qui, ayant rendu le h
médial, a motivé le durcissement do celui-ci
en g (cp. le mot populaire agonir, injurier,
p. ahônir) — D. agacerie. — Dans l'expres-
sion agacer les dents, le verbe n'est plus le
môme; l'emploi fréquent en vfr. de aacier
les de7is a fait penser à une composition a -f-
acer et partant au radical ac de acere, être
acide (l'agacement des dents provenant du
contact des acide.*^), mais l'insertion du g reste-
rait inexpliqué, car aacier ne semble être autre
chose qu'une forme syncoj)ée de agacer. —
Diez coryecture modest-ement, pour agacer
appliqué aux dents, un primitif allemîind
gatzen, qui répondrait à un vha. ga-az-
jan, donc à un composé de âtzen, agir sur
un objet au moyen d'acides. Palsgrave a les
mots agasseté, agassure, qu'il traduit par
« bluntness of any edged toole » . — Littré,
no distinguant pas entre les deux verbes
agacer, part d'un verbe ancien agasser (crier
comme une agasse), et la série des sens serait
d'après lui : crier comme une pie qui chasse
les autres oiseaux ; puis piquer, irriter, pro-
voquer, et enfin irriter les dents. — - On a
aussi mis en avant le gr. àxàjïtv, aiguiser;
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AGO
— 12
AlIA
étymologie insoutenable. — Wodgwood (Rom.
VIII, 435) ramène les deux sens à lalïa.
hwassi, mha. wasse, trancliant, d'où Tall.
mod. wetsen, aiguiser. Ses observations sont
dignes d'attention, mais no persuadent pas ;
son explication, aussi bien que celle do Diez, .
restera douteuse, tant que l'on n'aura pas con-
staté l'emploi de agacer (les dents) au moyen
âge ; la forme constante y est aacier, — Il est
bon, pour aider à la solution du problème, .
de rappeler que Rabelais employait esffouassié
au sons de dégoûté, et à celui d'agacé, en
parlant des dents.
AOAPE , repas d'amour, de ày&Tri}, amour.
AGARIC, L. agaricum (àya/stxov)»
AGATE, L. achaJles («xàr>j«)
... AGE, suffixe franc., appliqué surtout à
des adj. (pour marquer la disposition à, cp.
volage) et à des subst. marquant l'action (cp.
assemblage), et répondant au latin ^alicus
(-«m), it. -aggio, esp. -âge, prov. -atge.
AGE, vfr. edage, eage, aage, etc., d'une
forme latine aetaticum, dér. de aetas. C'est
un de ces mots de la langue française que la
contraction a réduits à la simple terminaison ;
cfr. oncle de av-unculus. Aetas (thème aetat)
a donné au prov. et à l'esp. edad, à l'it. età et
au vfr. a<*.
AGEKGEB (type latin *a-gentiare), ajuster,
dér. de l'adjectif ^cjrf (v. c. m.).
AGEKDA, mot latin, =» les choses qui sont à
faire, puis les livres où on les inscrit.
AGENOUILLER, voy. genou,
AGENT, du L. agms (qui agit). — D.
agence.
AGGLOMERER, L. agglomerare (de glo-
mns, -en's, peloton).
AGGLUTINER, L, ag-glutinare (de gluten,
glu, colle).
AGGRAVER, vfr. agrever, L. ag-gracare
de gravis, pesant). — Subst. verbal aggrave
|t. d'Eglise), deuxième monitoire.
AGILE, L. agilis (agere) ; mot d'introduc-
tion savante, car, selon le génie naturel de la
langue, agilis eût donné aile, comme fragilis
a donné fraile, frêle.
AGIO, t. de banque, de l'it. aggio, forme
variée de agio, aise. Le bénéfice résultant du
change de la monnaie et des valeurs en papier
a été envisagé comme une aisance. — D.
agioter (le t sert à la dérivation comme dans
abriter, feutier, etc.).
AGIR, L. agere. — Cps. ré-agir.
AGITER, L. agitare (fréquent, de agere),
mettre en mouvement.
AGNEAU, ogneT, L. agnellus, dim. de
agnus. De là : dimin. agnelet, adj. agnelin,
verbe agneler, mettre ba.s* en parlant de la
brebis.
AGNUS, mot latin signifiant agneau, appli-
qué à la cire bénite par le pajie, sur laquelle
est imprimée la figure d'un agneau (l'agneau
de Dieu).
AGONIE, lutte de La mort, L. agonia (S.
JeW^me). anxiété, trouble; tiré du gr. àyitv,
combat; agoniser, L. agonisnre, gr. âywf^nv.
AGRAFE, ci-ochet, it. graffio, esp. garfio,
garfa, prov. grafiô, vfr. graffbn ; verbe agra-
fer, it. aggraffare, esp. agarrafar (wall.
agrafer, saisir) ; du vha. krapfo ou krapffo,
crochet, crampon. La vieille langue possédait
aussi un vçrbe agrajypcr, avec le sens de saisir,
accrocher; ce n'est qu'une variété à'agrafer
(cp. griffer et grippeij; voy. aussi grappe,
AGRAIRE, L. agrarius (ager) ; vfr. agrier,
AGRÉABLE, pr. digne d'être agréé. — Cps.
désagréable.
1. AGRÉER, it. aggradare, prov. agi^adar,
agreiar, \^ prendre à gré, trouver bon;
2® être à gré, plaire ; de L. grains, agréable
(voy. grc). — D. adj. agréable; subst. agré-
ment, V* approbation, "2® plaisir, qualité de
ce qui plaît, 3° ornement. — Cps. désagréer.
2. AGRÉER, t. de marine, mettre les agrès
(voy. ce mot).
AGRÉGER, L. ag-gregare (grex), pr. incor-
porer au troupeau. Terme savant : agrégat,
assemblage. — Cps. désagréger,
AGRÉMENT, p. agréement, voy. agréer 1.
— Cps. désagrément. — De agrémerd, on a
fait agrémenter, onier d'un agrément.
AGRÈS, apparaux, plur. de *agret (aussi
vfr. agrei et agrot) préparation, équipement ;
subst. ^verbal de agréer, anc. aussi agreier,
forme extensive de gréer. Quant à gréer, il
dérive du ni. gereide, gerei, appareil, lequel
correspond à l'ail, ge-râth, outillage, usten-
siles (islandais redi, reidt), dérivé lui-même
d'un primitif signifiant ordonner, préparer
et que représente fort bien le gothique raidjan ,
ga-raidjan, ou l'anglo-saxon gerœdian. Le
même radical s'est conservé dans l'ail, be-reit,
prêt, verbe bereiten, suéd. reda, préparer;
angl. ready, ni. gereed, etc. Il a, en outre,
donné naissance aux vocables français suivants,
dans losqu( Is le préfixe ge est supprimé ou
remplacé :
1 . ROI*, RKi*, RAI*, ordre, arrangement.
2. ARROi, ordre, disposition, appareil,
train, équipage, subst. du vfr. arroger, arréer,
préparer (it. arredare, angl. array)\ de là
désarroi, autrefois aussi desroi, désordre.
3. coNRof, ordre, cortège, troupe rangée
(voy. coi*royer).
AGRESSION, AGRESSEUR, L. aggressio,
aggressor (de aggredi, marcher contre, atta-
quer). — D. aggressif [mot nouveau).
AGRESTE. L. agrestis (agcr).
AGRICOLE, anciennement un subst., n'est
plus employé que comme a^j.; du L. agiHcola
(qui colit agnim). — agriculteur, -ture, L.
agrictdtor, -tura.
AGRIFPER (S'), dér. de griffe (v. c. m.).
AGRIPPER, cps. ào gripper (v. c. m.).
AGRONOME, gr. iypovofioi. D. ag^^onomie,
-ique.
AGUERRIR, habituer à la guei^e (cp. pour
la composition, acclimater),
AGUETS (phir.), subst. verbal de l'anc.
verbe agitetier ou agaitier, cps. de guetter
(v. c. m.).
AHAN, AFAN*. n/fnnno, esp. port. prov.
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AIG
— VA —
ÂIG
afan, travail corporel, peine, martyre. Lo
baji-latin ahanare, et le vfr. ahaner ou affa-
«C7'* s'employaient beaucoup en parlant du tra-
vail agricole, de là l'ancien subst. ahan =
terre de labour ; 1 anc. langue présente aussi
enhan, angoisse^ et les verbes haner, enhaner,
labourer, cultiver. Ducange, ainsi que Pas-
quier et autres, assignent à ce mot une ori-
gine onomatopoétique, en rappelant le cri han
que laissent échapper avec une respiration
pressé© les pei*sonnes qui font un travail
pénible, comme les forgerons, les bûche-
rons, etc. C'est le son qui s'échappe d'une poi-
trine essoufflée ; d'où l'idée de peine, fatigue,
labeur et labour, qui s'estattachée au vocable.
Diez est disposé à se ranger à cette opinion ;
cependant, il cite l'existence tout à fait isolée
du mot afan, querelle, trouble, dans un
poème en dialecte kymrique. Pour la permu-
tation de h et /*, on sait qu'elle se présente
souvent dans le domaine roman, cfr. Her-
nando et Fernando, L. forets et fr. hors ; il
faut dire toutefois que, si l'on voit bien le /",
aspiration labiale, se convertir en A, aspiration
gutturale, nous ne connaissons guère de cas
du contraire, si ce n'est it. falda, do l'ail.
hcUde, et lo sicilien finnire pour hennir. Le
radical pourrait donc bien être fan plutôt
que han.
AHURIR, étonner, interdire, troubler; de
hure, chevelure hérissée, puis têto d'animal.
Le mot rappellerait l'ail, anschnauzen, ru-
doyer, brusquer (de schnause, miLscau,
groin), si lo sens propre d'à Ai^nr ne paraissait
être plutôt celui de faire- drosser les cheveux.
(Comparez le rapport d'idée entre le mot
bitrra, qui au fond signifie •« gros poils », et
bourru, grossier, et prov. a-burrar, osp.
a-burrir, effrayer, ahurir. Sispidus, hérissé,
est également au fond de hisde*, Iiide', effix)i
(d'où hideux).
AIDE, ^-fr. aide, aïe, et ajude, ajue, prov.
qjiida, esp. ayuda, it. aiuto, aita; subst.
verbal du verbe aider (v. c. m.).
AIDER, vfr. aider , aïer, ajuer, prov. qju-
dar, esp. ayudar, it. ajutare, aitare. Le type
latin est adjutare (fréq. de adjuvare)^ la
forme aider (d'où aider) repose sur la syncope
aftare, où j s'est résolu en i (cp. bailler de
bqj{u)lare. La fluctuation entre les thèmes
aju et aid se manifeste déjà dans' la conju-
gaison ancienne do notre verbe ; devant une
syllabe tonique, elle employai tq;i«, devant une
syllabe atone, aid : le présent était donc au
sing. ajô, qft'tes, ajûe, auplur. aidûns, aidiez y
aiiieni. Voy. Darmesteter, Rom. V, 154. —
D. aidable, autrefois = qui peut aider, sc-
courable (dérivé du subst. aide), auj. = qui
peut être aidé (dérivé du verbe aider).
AJUBUL, it. avolo, prov. aviol, esp. abuelo,
du L. acoltis (strictement, pour le franc, et le
prov., d'une forme rustique aviolus), dim. de
atiis ; la forme diminutive était nécessaire à
cause du peu de consistance du primitif ap-ws.
AIGLE, prov. aigla, it. aquila, angl. eagle^
du L. aquila, dont ladj. aquilinns a donné
nquilin. On trouve en vfr. aussi aille, forme
tout aussi régulière que caille do BL. qiia^
quila. — D. aiglon, aiglette, aigliaii.
AIGRE, prov. ogre, angl. eager, du L. acris,
qui, dans la nouvelle langue, a également
donné acre (v. c. m.). En vfr. aigre signifiait
vif, empressé, acharné. — D. aigreur (on
trouve a.cror dans Fulgence), aigrir, et les
dim. aigret, aigrelet.
' AIGREFIN, escroc, chevalier d'industrie,
aussi églefin, égrefin; pour aigle An, comme
on dit fin renard. Littré, cependant, explique
le mot par aigre faim (donc pr. homme
affamé, ail. hungerleider). Toutefois, il ne
reproduit plus cette et. au suppl. — Le mot
désigne aussi un ix)isson du genre gade (éga-
lement prononcé aiglefin, éclefin, églefin);
c'est sans doute un homonyme. Dans le
GesprâchbOchlein du xiv* siècle publié par
Hofimann von Fallersleben(Horse belgicœ, IX),
je trouve esclefin traduit par scelfisch; cela
met sur la voie de l'étymologie. La finale fin
peut avoir été, populairement, substituée à
fisch.
AIGREMOINE, prov. agrimen, du L. agri-
monia (Pline), qui est le gr. iypt/titwi.
AIGRETTE, 1 . sorte de héron, 2. Taigrette
qu'il porte; dimin. du vha. heigir, heigro,
qui est aussi le primitif du mot héron»
AIGU, prov. agut, it aciUo, aguto, du L.
acutiis. Le dérivé BL. acutiare a donné at-
guiser, prov. agusar, it. agussare; cp. fr.
menuiser*, de minutus,
AIGUAIL, rosée, dér. de aiguë (v. c. m.), de
même que aiguayer, laver, baigner.
AIGUË*, ancienne forme pour eau, repré-
sente le L. aqua. Rien de plus varié que la
manière dont ce vocable latin s'est reproduit
dans la langue d'oïl ; on y rencontre : aiguë,
aiwe, aive, awe, eve, iece, iace, eave, eaue, d'où
finalement a procédé la forme eau, réduito
pour l'oreille au son o, qui certainement ne
rappelle plus guère le mot primitif. La forme
aiguë nous est restée dans quelques noms de
lieux : Aigues-Bonties, Aigues-Caudes, etc.,
Aix, puis dans l'expression aigue-marine et
dans les dérivés : aiguail, aiguayer, aiguade,
aiguière. — On retrouve èce dans évier. —
Dérivés ^rects et savants de aqua : aquati-
que, L. aquaticus ; aqueux, L. aquosus ; aque-
duc, L. aquseductus.
AIGUIÈRE, voy. aiguë.
AIGUILLE, patois agouille, it. aguglia, esp.
prov. agulha, du latin acucula (dim. de acus),
forme secondaire de adcula (cfr. genuculum,
d'où genou, coexistant avec geniculum). —
La prononciation moderne aig-ui-Ue au lieu
do ai-gid-le, quoique recommandée déjà par
Chifflet, est abusive ; elle s'est produite par
une fausse représentation de l'orthographe
uiUê, où t n'a pas plus la valeur de t que dans
quenouille, et n'est qu'un signe graphique du
mouillemcnt de II. On a eu tort d'en tirer des
argumcntij contre l'étymon acucula. C'est à
acicula, toutefois, qu'il faut attribuer le wallon
aweie, awie et le berrichon agueille. — D.
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AIR
14 —
AIN
aiguillée, aiguiller (verbe), aiguillier (subst.);
aiguillelte; aiguillon.
AINSI, vfr. ainsinc, mi, prov. acsi, aissi,
V. esp. ansi, auj. asi, est formé du L. œque
sic, d'où s'expliquent aussi parfaitement les
formes it. cosi p. cusi, sic. accussi (cfr. quant
à la mutation ain et an p. œq les formes esp.
aun = adhuc, nin = nec, sin «^ sic). Ménage
(auquel se rallient Littré et Brachet), se fon-
dant sur l'ancienne forme ensi, fait venir
ainsi de in sic, et le prov. aissi de ad sic,
L'étymologio ci-dessus, démontrée par Diez,
nous semble plus rationnelle et parfaitement
conforme aux procédés liabitueb de romani-
sation.
1 • AIR, dans le sens physique, prov. aer,
air, aire, it. aria (poôt. aère), esp. aire, port.
ar, du L. aer (ài^p).
2. AIB, vfr. aire, it. aria, prov. et t. it.
aire, apparence extérieure, mine, façon (le
prov. et vfr. aire prennent, en outre, le sens
de : origine, race). On a beaucoup agité la
question do savoir si notre mot, dans ces
divei-ses significations, est identique avec le
précédent. Diez ne le pense pas : il proposait
à son égard la racine ar, qui dans le vieil
allemand a produit aran, labourer, et de là
lé dérivé aW, qui signifie d'aboixi sol, puis
provenance et disposition naturelle; mais,
dans les éditions .subséquentes de son livre,
il abandonne cette étymologie et discute, pour
le sens origine, race, et sans se prononcer,
les titres des mots lat. agrum (BL. arum) de
ager, signifiant lieu, et airium, place de la
maison où se trouvait le lit coi\iugal. Bur-
guy, par contre, rappelant les acceptions
déduites du L. spiritus, esprit (air, soufile,
ton, bruit, pas.sions, humeur, disposition),
croit à la communauté d'origine des deux
homonymes. Littré est d'avis que le mot en
question, dans toutes les acceptions mention-
nées, est le môme que aire = nid (v. c. m.)
et il admet la filiation suivante : place et nid,
demeure, famille, qualité, manière. Aire se
serait transformé en air par confusion. —
Les anciennes expressions de mal aire, de
put aire (do mauvais naturel) et de bon aire
(de bon naturel) ont laissé l'adj . deboitaire\
débonnaire, Littré et Génin admettent que,
dans ces locutions, aire est le môme mot
que aire, nid d'aigle; de bonne aire éc^ui-
vaudrait à : issu d'un bon nid, donc do bonne
race. C'était déjà l'opinion do Henri Estienne.
3. AIR, suite de tons et de notes, it. aria
(d'où le dimin. fr. arieUe), est le même mot
que 1(? précédent ; en ail. aussi, le mot loeise,
manière, a dégagé le sens de mélodie, air.
AIRAIN, prov. aram, esp, arambre, alam-
bte, it. rame, wal. arame; du L. cerameti (ees,
aeris), forme mentionnée dans Festus.
1, AIRE, place unie, du L. area.
2. AIRS, nid d'aigle, se rattaclio peut*ôtre
à l'ail, a/ir, aigle. Ducangc dérive BL. aëria
nidus accipitris, du fr. aire, et non pas le der-
nier du latin, ce qui n'était ce{)endant pas
inadmissible. Diez rappoxie aire, nid, au vfr.
aire, origine, race (voy. air 2) et s'appuie sur
l'expression, ** un faucon do bonne aire ».
Littré, comme l'Académie, l'identifie avec aire
= arca, donc pr. « surface plane de rocher où
l'aigle fait son nid « . — D. airer, faire son nid.
AIGUILLETTE (angl. aglet, aiglet), dim. do
aiguilU, — D. aiguilleler; subst, aiguilletier.
AIGUILLON, de aiguille et non pas d'un
subst. fictif aculeo, -onis (de aculeus). De là :
verbe aiguillonner,
AIGUISER, voy. aigu,
AIL, prov. alh, du L. allium, — D. aillade.
... A&j, suffixe, = latin aculum {ac'lum);
ex. trab-aciilum, fr. travail,
AILE, du L. ala; dimin. aileron, ailette;
a^j. ailé, L. alaius.
... AILLE, suffixe, représentant: 1. L.
plur. -alia, -ilia (muralia, muraille, ovilia,
ouaille) ; il sert surtout à indiquer la pluralité;
2® L, -acula, -acla (tenacula, tetiaille).
AILLEURS, du L. aliorsum,
AIKANT, vfr. aimant, aiemant, prov. adi^
man, aziman, port, et esp. iman, du L.
adamas, -antis, fer, acier, diamant (du gr.
iSùfixi, indomptable). Au moyen âge, ada-
mas était devenu synonyme de magTies, Par
contre, on y rencontre au.ssi le mot aimant
avec la valeur de diatnant (v. c. m.). — D.
aimanter, aimanlin (L. adamantinus).
AIME, mesure de capacité, du L. hama
[apyi), seau, BL. ama, vase, gros tonneau.
AIMER, vfr. atner, L, amare; amans,
amant, variété du part, aimant; amator,
amateur; amabilis, -itas, aimable, amabilité.
... AIN, suffixe, répondant : !• à L. -amen
faeramen, fr. airain); examen, fr. essaim;
2° à L. -anus (mundanus, fr. mondain).
AINE, \'fr. aigne, prov. mod. lengue (p.
Vengue), esp. engle, it. inguine, du L. inguen,
-inis, aine.
AINE, anc. ainsné, mot composé de ains*
=3 anto, et né = natus ; il fait opposition à
puîné, qui représente « postca natus •». — D.
aînesse, cfjntraction du vfr. ainsneece (type
latin antenatitia),
AINS', ancien adverbe et préposition,
forme romane française du lat. aiite, devenu
en it. a7isi, en esp. et port, antes, en prov.
ans, ant, La finale s est particulière à
un grand nombre d'adverbes remans (p. ex.:
sans, ores', p. ore, or, lors, certes, etc.). La
signification adverbiale avant, plutôt, a passé
aussi en celle do mais, marcpiant ainsi l'op-
position. La vieille langue avait encore formé
de la combinaison ante ipsum, les adverbes
ançois, anchois, ainçois, etc., prov. anceis,
signifiant avant, mais, plutôt. Puisqu'il s'agit
du L. ante, mentionnons ici ses autres reje-
tons romans. Ce sont :
1. ANCIEN, a<!y. reproduisant BL. anlianus,
it. ansiano, esp. anciano, prov. ancian, et
signifiant ainsi au fond : ce qui est ou a été
avant, antérieur.
2. AVANT, it. avanti, prov. abajis et avaiU,
de la combinaison ab-ante, que l'on rencontre
sur des inscriptions romaines de l'empire.
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AJO
— 45
ALC
3. DEVANT, vfr. ci dial, aussi datant ^ it.
datpanti^ pmv. davan et devant , synon. du
prtH'édcnt et formé de celui-ci au moyen du
pi*éfixc de,
AIRELLE, myrtille, port, airella, me sem-
ble être un dérivé diminutif du L. ater^ atra
noir; cp. pour la lettre, pairem^ prov. paire,
fr. père, vfr. airemerU = L. atramentiim;
jjour le sens, lall. schtoar^-beere, myrtille
ÂIS, planche, du L. 00:15, assis. — Dim.
aisseau, bardeau.
AISE, subst., contentement, commodité
(dans lancienno langue aussi =:^ provisions,
choses néce^aires, puis facilité, . occasion),
it. €u;io, prov. ais, aise, port. ajso. Le môme
mot sert aussi d'adjectif avec le sens de con-
tent, joyeux (anc. =» facile); il a donné les
anciens verbes aisier et a-aisier, fournir du
nécessaire, soigner, mettre à l'aise (d'où nous
est venu lacy. participe aisé, mis à l'aise,
rendu facile), et le subst. abstr. aisance. Qimnt
à son origine, les uns, comme H. Estienne,
invoquent le grec «taios, de bon augure, heu-
reux, convenable (le subst. aise signifierait
ainsi ce qui convient, ce qui est commode);
Ménage songe hardiment à otium, Ferrari à
ad-aptare, Frisch au radical de l'ail, behag-
lich, à l'aise; Grimm, Diefenbachct Diez, sur
les traces de Junius, Schilter et Castiglione,
s'arrêtent sur la racine hypothétique azi, d'où
pix)cédo lacy. gothique azêts, facile, com-
mode, et le subst. asêii, commodité. Selon eux,
l'expression provençale mure ad ais serait
analogue au goth. vizon in azêtjam. En
basque, on trouve aisia, repos, et aisina,
loisir, mais Diez a des raisons pour attribuer
à ces mots une provenance provençale. Il est
curieux de voir, en provençal, se déduire de
aise le subst. aizi, avec le sens de demeure,
maison, asile, et les verbes aisir, aizivar =
accueillir. — En dernier lieu, Buggo (Rom.
IV, 349) établit comme étymon le lat. vulg.
asa (= ansa) ou plutôt une forme dérivativo
*asium, *asia (cp. praesepiiim do praesepe
et tant d'autres). Rien à obje<'ter (piant à
la lettre; rien non plus pour le sens. Ansa
signifiant au fig. « prise, facilité, occasion,
aise »», est bien constaté et déjà Darmcste-
tcr (Rom. I, 157) avait, dans un texte du
XI'' siècle, relevé pour aise la valeur « espace
vide aux côtés do quelqu'un » . En cflet, aise
emporte l'idée de facilité dans les mouvements;
avoir ses aises, être à son aise é(piivaut îi
avoir ses coudées franches. Cette expliciitiou
est, à coup sur, à la fois ingénieuse et plau-
sible; aurions-nous la solution du problème?
'^C^s. malaise, anc. mesaise (v. it. misagio).
Le mot alaise, drap qu'on met sous les malades,
est-il formé de à Vaisef C'est possible et
probable, puisqu'on l'orthographiait aussi
alaise.
AISSEAU, voy. ais.
AISSELLE, it. ascella, eut, accclla, du L.
axilla, m. s.
AJONO (arbuste épineux), Berry c^on , aujon ,
EL. adjolum\ vfr. ajout, njou, af^jonb, à la
fois = ajonc et terrain planté d'ajoncs. D'ori
gine inconnue.
AJOURNER, àQJorn,joHr(w, c. m.), cit^îr
à jour fixe, renvoyer à un autre jour; cfr.
l'ail, vertagen; en vfr. aussi = faire jour.
AJOUTER, qjouster', pr. mettre à côté, ad-
joindre, vient du vfr. joiiste, à côté, qui est le
loiinjuxta (rac. jug, Jung, joindre). Subst.
verbal ajoute. - — Voy. &nssï jouter.
AJUSTER, dans le sens de accommoder,
assembler, joindre, arranger, parer, n'est peut-
être qu'une variété du mot pinScédent, — D.
ajustement; ajutoir ou ayo?<<oir (syncope de \s).
— Dans la signification de rendre un jwids ou
une mesure juste, et dans celle de viser, le
verbe ajuste^' est factitif et tiré do Y&àyjuste,
— D. ajusteur, -oir, -âge; désajuster,
rajuster,
AJUTOIR, voy. l'art, préc.
ALAISE, anc. orthographe de atèze (v. c. m .).
ALAMBIC, it. lambicco, csp. alambique, do
l'arabe al-anbiq, vase à distiller, qui lui-
même est d'origine étrangère; le grec a le
mot ifi^iï, calix, vas, cadus. — D. alambi-
quer, dont le sens est exclusivement figuré :
subtiliser.
ALANQUIR, extension de languir, avec sens
factitif ou inchoatif ; la vieille langue avait
tiré de langueur le verbe alangourir,
ALARGTOR, it. aUargare, gagner le large,
ALARME, de l'it. aU* arme, aux armes, ou
plutôt (car le mot est ancien) du fr. à l*arme!
Comparez l'expression alerte. D'autres y voient
à tort un dérivé do l'ail, làrm, bniit, tapage.
— D. alarmer, donner l'alarme.
ALATERNE, L. alatemus.
ALBATRE, L. alabastrum (àX&Cavr/sov).
ALBERGE, anc. auberge, sorte de poche;
selon Ménage, dér. de aJbus, à cause de la
chair plus claire de cette pêche; Saumaiso
propose ime origine arabe : alrbeg; Frisch, le
XdXin persicum, augmenté do l'art, arabe al,
en supposant une forme intermédiaire alver-
chia. L'espagnol dit albérchigo, dans lequel
M. Devic voit l'arabe cUbirqouq, abricot.
ALBIQUE, craie blanche, dér. de albus,
blanc.
ALBINOS, de l'esp. albino, nègre blanc.
ALBUGO, mot latin, tache blanche sur les
yeux; du dér. albuginosus : fr. alàugineux.
ALBUM, mot latin, sign. tablette blanche
(blancliic avec du [dâtre).
ALBUMINE, du L. albumen, bLonc d'œuf
(régulièrement francisé dans le vfr. aubun),
ALOADE, juge en Espagne, esp. akalde, de
l'arabe al-qàdi, juge.
ALOALI, mot tiré de l'arabe al-qàli^ sel do
soude.
ALOHIMIB, prov. alkimia, esp. port, alqui-
mia, it. alchimia, ail. alchemie et alchymie ;
moy. gr. àpyrifilx, vfr. alqUemie, arquemie; de
l'arabe al-kimià, qui est le mot chimie, aug-
menté do l'article arabe al, — [Scaligcr sur lo
Culex de Virgile : Arabes addito suo al, ple-
raque gi'seca ad morem suum intorpolarunt.
Ut Lilïcr Ptolemœi est Almageste : est cnim
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ALE
— i6 —
ÂLI
»î fxv/lsTYi TtpxyfAXTtlx. Slc Alchf/mîa , yyfitlx.
Sic Almajiak, kalendarium, /mavsxo; a lima et
mensibus ; unde circulus lunaris apud Vitni-
vium fjLxvxMi, Sic Alambic a grseco a/*6iÇ apud
Dioscoridem.]
ALOOOL, âne. cUœhol, de Tarabc al^oçhî,
poudre très volatile pour noircir les pau-
pières; l'extrême ténuité paraît avoir déter-
miné les chimistes à appliquer le mot à l'cs-
pnt-de-vin (signification encore étrangère au
mot arabe).
ALCORAN, mot arabe, composé de Tart. al
et de cwan, lecture, chose lue.
ALCOVE, selon Grimm et autres, du vha.
alah'how) , composé hypothétique de alah,
temple, et de koto (*=^ nlia. kofêrif koben)^
réservoir; d'autres, avec plus de raison, le
dérivent directement de l'esp. alcoha, que l'on
rattaclio à son tour à l'arabe al-qobbah, voûte,
tonte. Cette dernière signification se retrouve
dans le prov, alcuba et vfr. auciibe, qui sem-
blent ainsi provenir de la même source.
ALCYON, mot latin, tiré du gr. aXxu^v.
ALÉATOIRB, L. aleaiorius (do alea^ dé, jeu
de liasard).
ALENE, alesne, esp. alesna^ it. lésina; du
vha. alansa (même sens), transposé en alasna,
La forme italienne lésina (les aphérèses de l'a
initial sont fréquentes dans cette langue) a
fourni aussi à la langue franç-aisc le mot
lésine, épargne sordide; et voici comment,
selon Ménage, s'est opéré le passage d'idée
entre poinçon et épargne : « Lésine, lat.
nimia parcimonia. Du livre intitulé : «« Délia
famosissima compagnia délia Lésina » , lequel
contient divei*s moyens de ménage. L'autour
de ce livre, qui est un nommé Vialardi, feint
(pie cette compagnie fut ainsi appelée di cerii
taccagnonif i quali per marcia, miser ia et
aoarijsia si mettevano iiuitvo a raUaœnar le
scarpeUe e le pianelle, con le loro proprie
mani per non ispendere, E perche toi mestier
del rattaconare non si piio fare sensa lésina,
ansi è la stromeitto principale, presono questo
nome délia Lésina. Quant à l'étymologie de
alesna, voici, pour distraire, la filière fantas-
tique mise en avant par Ménage : aculeus,
aculcsus,aculosinus, aculesina, alesina, alesna.
On va loin avec ce procédé-là.
ALENTIR, anc. aussi alenter, factitif de
lent. Composé rafeïUïV.
ALENTOURS (les), subst. formé de l'expres-
sion adverbiale à Ventour ; voy . enlour,
ALÉPINE, de la ville ôHAlep, en Syrie.
ALÉRION, petit aigle (t. de blason), duBL.
alario, que Littré est d'avis d'expliquer par
aquilario (augmentatif barbare do aquil<i),
étymologie beaucoup moins plausible que celle
qui s'adresse au v. ail. adelar, auj. adler (pr.
aigle noble).
ALERTE, adv., adj. et subst., de l'italien
air erta, qui signifie : debout, sur vos gardes,
garde à vous ! (cfr. akirme). Quant au subst.
it. erla, il vient do V'dâj. erto, abrui)t, escarpé,
part. pa«sô de ergere, i\m est le latin erigcre.
di*esser. D'où l'expr. stare aWerta, user de
précaution, se tenir sur ses gardes.
ALÉSER, aussi aliser, rendre uni, esp. a/i-
sar, rendre poli ; du vfr. alis, doux au tou-
cher, prov. lis (voy. lisse), esp. liso.
ALEVIN, alvain', menu poisson de repeu
plement, dér. de aleœr, anc. forme pour
élever (v. c. m.). Cp. le terme analogue noiir-
9'ain de iiourrir (anc. ===■ élever). — D. aleoi^
ner(\\n étang).
ALEZAN ou ALZAN, de l'esp. alasan ; ce
dernier, d'après Pilian, de l'arabe aUhasan, le
beau ; d'après d'autres, de aVaihan, la fumée ;
d'après Devic, de l'ar. ahlas, fém. halsâ, qui
caractérise un cheval de couleur alezane.
ALEZE, voy. sous aise,
ALFANGE, sabre, coutelas, cimeterre, de
l'esp. alfange, qui lui-même esttiré de l'arabe
alchangar, poignard. Voltaire, par méprise,
a employé le mot dans le sens de phalanges.
(Orphelin de la Chine, I, 3.)
ALGALIE (anc. algarie), esp. cUgalia,
Propr. instrumentuminquo liquores injiciun-
tur in vesicam, quod etiam siringa dicitur.
D'après Ménage, du grec barbare àpyxXtiov,
dit pour io'/xUUv, lequel signifiait instrument
en général, puis particulièrement instrument
pour jeter de l'eau. Cette étymologie satisfait
pleinement.
ALGARADE, deTesp. algarada, tumulte do
gueiTe, dérivé de algara (arabe al-gàrah),
incursion sur le territoire ennemi. On sait
(in algarade avait d'abord un .sens militaire :
attaque brusque. Fleury de Bellingen fait
venir le mot des pillages (pie font les coi'saircs
d'Alger; il serait p. algerade! Oudin a pensé
de même.
ALGÈBRE, esp. et it. algebra, de l'arabe
aUljaJbr^ proi)r. reconstitution d'objets dis-
loqués (le mot espagnol algebra a conservé
cette acception première), puis reconstitu-
tion en un tout d'éléments divers. Ménage :
« L'algèbre est la perfection et comme la répa-
ration de l'arithmétique, que les Arabes ap-
pellent attaçsir, c'ast^à-dire fraction. «
ALGIDE, L. algidus, froid.
ALGUAZIL, mot espagnol [alguacil et alva-
cil, port, alguazil, alvàcil, alvacir, magis-
trat, port, guazil, ministre), formé do l'arabe
al'Vasir, administrateur de l'Etat. De algua-
zil pourrait bien, selon Ménage, s'être pi'o-
duit par corruption le fr. argousin (Rabelais :
algosans), et l'it. agussino, surveillant des
forçats dans les bagnes.
ALGUE, L. alga (m. s.).
ALIBI, subst., de l'adv. latin a/i6t, ailleurs.
Ce même adverbe, au moyen de la terminai-
son anus, a donné le EL. albanus, d'où al-
bainy aitbain, étranger (v. c. m.).
ALIBORON (maître), homme ignorant, qui
prétend tout savoir. Ce mot doit son origine
à ime anecdote, à joe que l'on prétend. Un
avrxrat, dans sa plaidoirie, fit un jour en-
tendre la phrase que voici : « nulla ratio est
habenda istorum aliborum » ; voulant dire
par là (lu'il ne fallait t-enir aucun compte dos
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ALL
— 17 —
ALL
aiibi dont se prévalait la partie adverse. Ce
pônitif hardi cUiboriim resta pour désigner
plaisamment les avocats de cette force. C'est
Tabbé H net qui est l'inventeur de cette histo-
riette. D'autres, moins Imaginatifs, allèguent
le subst. arabe alborân, âne (plutôt bête de
somme), comme l'original du mot en question,
ce qui concorderait certainement mieux avec-
remploi qu'en a fait Lafontaine, mais on ne
trouve pas que le mot ait été appliqué à l'âne
avant Tillustre fabuliste. Le sens premier
parait être, au contraire, « savant, docteur «,
d'où s'est dégagé le sens péjoratif de faux
savant, sot qui se donne de l'importance.
Cette circonstance, parmi une foule de ten-
tatives d'explication, tant plaisantes que
sérieuses, donne plus de crédit à deux étymo-
logies dévelopi)ées par un collaborateur de
Y Intermédiaire (1866, p. 276). Il propose,
comme origine du mot, soit Al-Biroiini, le
nom d'un mathématicien, astronome et géo-
graphe, qui a joui au moyen âge d'une répu-
tation immense dans les écoles arabes (c'est
là l'ét, professée par Devic), soit le mot helle-
borum, nom latin de Y ellébore; ce dernier
primitif expliquerait & la fois aliboron, em-
ployé comme nom de i)lante dans le Roman
du Renard, et l'application du mot à l'apothi-
cairo dans le Testament de maistre Pathelin,
où l'expression « maistre Aliborum n se pré-
sente i>our la première fois. — Quant au sens
de " diable » que le mot prend dans le procès
d'Egidius du Rays (1440), cité par Ducange,
et qui a fait produire l'étymologie altboran
(mot allemand signifiant vieil ennemi), le
même savant est d'avis qu'il faut n'y voir
qu'un mot mai entendu par un témoin.
AUCHON, ais de roue de moulin à eau,
probablement un diminutif de ala, aile (op.
anichon, petit âne).
ALIÉNER, L. alienare, litt. transi^orter à
d'autres (de alienus, étranger, dérivé de
aliuSf autre). L'expre.ssion classique « alie-
nare mentem » (perdre ses facultés mentales)
a donné le réfl. s'aliéner b= tourner à la folie,
et le jKirtic.-adj. aliéné = fou. — D. alié-
niste,
ALIGNER, ranger sur une ligne,
ALIMENT, L. alimentum (alere, nourrir).
— D. alimenter f -aire, -eux.
ALINÉA, de ad-lineam^ à la ligne! D'après
Littré, plutôt de la fomiule a linea = quittez
la ligne!
ALISE ou alise, de l'ail, aise ou else (dans
else-beere, cratœgus torminalis). — D. alisier,
ALITER, mettre au lit.
ALIZÉS (VENTS), esp. alisios; de l'ancien
verbe aliser, unir, polir; donc vents unis,
réguliers. Etymologie problématique, mais
plus plausible que it. alito, souffle, L. electi
(vents choisis) et autres du même acabit.
ALLAITER, L. al-lactare (de lac, lattis,
lait).
ALLÉCHER, it. allettare, du L. allectare
(fréqu. de cUlicere). Malgré l'existence do l'it.
alleitare, qui est certainement =» L. allectare,
le mot français, vu la forme picarde al^quier,
me semble appeler un thème lek et avoir pour
signification première celle d'affnandor ; j'ai
do la peine à le séparer du BL. lecatoi', vfr.
lecheeur, lecheur, pr, gourmand, puis séduc-
teur, corrupteur, et le rattache de préférence
à la famille du verbe lécher, par l'intermé-
diaire d'un adj. verbal leque, lèche, friand,
glouton = ail. lecker. Voyez mon étude lexi-
cographique sur les poésies de Gillon le
Muisit, s. V. alekier, — L'étym. par allée-
tare, fréqu. de allicere, est d'autant moins
admissible que le passage de et on ch n'est
po.ssible que devant un i suivi de voyelle (cp.
'fachon, façon; "lechon, leçon). Fr. fléchir ux^
vient pas directement de L. flectere. Homung
a proi>osé le type allecticare; il serait correct,
mais ne s'accorderait pas avec alequier,
ALLÈGE, subst. verbal ^alléger.
1. ALLÉGEANCE, adoucissement, de aUé-
2. ALLÉGEANCE, dans « serment d'allé-
geance », du BL. ad'legiare, se faire lige
(BL. ligius, legiiis),
ALLÉGER, BL. alleviare (levis); cp. abré-
ger, de breois. En terme d'arts et métiers, on
dit aussi allégir,
ALLÉGORIE, gr. à»>}V9/(<x, du verbo
iXXvi/opifa, dire (àyopiw) autre chose {iDov)
que ce qu'on parait dire.
ALLÈGRE, vfr. alaigre, haligre (verbe vfr.
salégrer, se réjouir), du latin aiacris, dont
la 2" syllabe, traitée en longue, a pris l'accent
tonique. L'italien allegro parait, à cause du
double /, emprunt4S au français. — D. allé-
gresse,
ALLÉGUER, L. al-legare, citer, invoquer.
ALLÉLUIA, phrase hébraïque, signifiant :
Chantez le Seigneur.
ALLEMAND, du vha. aleman, prapr. réu-
nion d'hommes; terme collectif de nationa-
lité. Le d final est paragogique. Le subst.
Allemagne procède de la forme latine Aile-
mania. — D. allemaiide, danse vive à deux
temps.
ALLER, it. andare, esp. port, andar, cat.
prov. anar, vaudois annar, vfr. aner, aler,
I^'origine de ce mot si important de la langue,
qui s'est substitué au vocable ire des Latins,
trop inconsistant pour se soutenir, a beau-
coup torturé les étymologistes, et malgré tous
les efforts, elle échappe encore à la certitude.
On a mis d'abord en avant une contraction
de ambiilare, qui efi'ectivement avait pris
au moyen âge le sens général d'aller ; mais
une contraction semblable n'a pas de précé-
dent dans la langue, et comment concilier
cette etymologie avec les correspondants dos
langues sœurs? — Ménage, lui, y va ronde-
ment ; il rattache toutes les fonnes en ques-
tion à un type grec &ù» (== f« et L. eo), qui
se serait modifié : 1. en «vo», d'où la iforme
prov. anar, 2. en av5w, d'où andare, 3. en
&X<a, d'où aler, enfin 4. en âSw, d'où ambo* et
le dérivé ambulo. — D'autres ont tout aussi
étourdiment invoqué l'allemand wallen, mar-
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ALL
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ALL
cher solennellement, et le vha. wandaton,
auj. %Dandeln, marcher! — L'ôtymologie ad-
nare {ad -\- nare, cfr. arriver do adripare)
se présente avec plus de chance ; par trans-
position on obtient en effet andare ; l'assimi-
lation annare expliquerait la forme anar,
d'où, par la mutation de n et /, le ii\ aler.
Mais le sens primitif de adnare a cependant
quelque chose de trop spécial qui fait recu-
ler devant cette explication. — Ambttare,
fréqu. de ambirCt fournirait également la clef
des diverses formes néolatines ; contracté en
amtare^ il deviendrait andare (cfr. en esp.
conde de comHem^ senda de sem'ta) et par
syncope du d, anar (forme catalane et prov.;
cfr. manar, fonar, de mandare, fundare),
puis (l pour n) le fr. aler. Mais la forme ita-
lienne andare, d'après les lois phonologiques
propres à cette langue, ne peut procéder d'un
type am*tare, et l'on ne peut admettre qu'un
mot aussi usuel ait été introduit du dehors.
— Diez, aprôs avoir discuté minutieusement
ces diverses étymologies, part d'un verbe fré-
quentatif latin aditare, déjà proposé par
Muratori (Ennius : ad eum aditaverey ils
allèrent près de lui). Comme on a vu le subst.
lat. aditus se transformer en andito (it. et
esp.). et reddere devenir rendere, on est, en
effet, autorisé à admettre une intercalation
de n dans aditare, ce qui donne anditare.
Alléguant en outre le vieux mot esp. et it.
rendia, p. reddita, Diez se croit en droit de
passer de anditare à la forme simple andare.
Cette dernière une fois établie, il n'y a plus
de raison phonétique pour repousser l'équa-
tion andare ■=' anar, aner = aler (cfr. *velin
p. venin, orphelin p. orpJienin), Ce qui re-
commande encore la conjecture du linguiste
allemand, c'est que toutes les formes corres-
pondantes des idiomes néo-latins se dédui-
raient, selon les lois générales de transfor-
mation, d'un même type, appartenant à la
langue vulgaire des Latins, qui a fourni aux-
dites langues un si grand nombre des termes
les plus usuels. — Depuis l'apparition du
dictionnaire de Diez, M. Langensiepen, réfu-
tant l'opinion de celui-ci, propose pour le
problème qui nous occupe une autre solution.
Il ramène toutes les formes en question au
lat. addere. Pour la forme, il se fonde sur
l'existence ancienne de andere, formé comme
rendere de reddere, Andere, passant de la
3* coi\jugaison à la 1", serait devenu andare
(comme consumere est devenu consumare).
Une dérivation andulare (cfr. it. crepolare de
crepare, fr. mêler =■ miscufare de miscere)
aurait produit ultérieurement anxdare, an*
lare, àUare, fr. aler et aner. Quant au sens,
l'auteur de cette solution, en tout cas ingé-
nieuse, rappelle le passage de Virgile :
JGéorg. I, 513) quadrigse addunt in spatia
(cfr. Silius Italiens 16,374), et l'expression
addere (= accelerarc) ffradum, doubler le
pas; il cite en outre l'expression familière
allemande voranmachen (littéral, latin profi-
cisci). En un mot, pour M. Langensiepen,
addere devait avoir, dans le langage du peuple,
pris le sens de marcher et servi ainsi à rem-
placer le terme usuel ire. « Aller, du reste,
dit-il, n'est-ce pas une espèce d'addition ! —
On a récemment fait de nouveaux efforts pour
défendre les types ambidare ou addere, mais
ils ne résistent pas à de sérieuses objections.
Ainsi Foerster, insistant avec raison sur le
fait que la source du mot roman andare (d'où
anar, aner, aler) doit être un vocable d'un
usage commun à tous les âges du parler latin,
a posé l'étymon vadere, pour lequel il a con-
staté la forme barbare rant/^re, 'voy. Bôhmer,
Rom.Studien, IV, 196, et Grôbor, Ztschr.HI,
564. — Schuchardt, en ce qui concerne fr.
cUer, incline à admettre une origine celtique,
le radical al, el = aller se rencontrant dans
divers dialectes britanniques (voy. Ztschr. IV,
126). — "Enfin, je ne puis omettre une coiyec-
ture émise par M. Baur (Ztschr. H, 592). Un
infinilif roman allare se serait dégagé du part.
allatus (cp. Virgile : hanc urbem afferimus),
comme le mot vomoxi prostrare de prostratus,
G. Paris oppose à cette explication une obser-
vation qu'il a faite, c'est que o/er, de même que
andare, exprime toujours une idée d'éloigne-
ment et que tout étymon contenant l'élément
ad doit être écarté. (Rom. VIII, 298.) Cepen-
dant celle des solutions du problème qui l'at-
tire le plus est addere au sens de « addere
gradum » , marcher, avancer ; cet addere serait
àQyeïLMaddare, non parle passage à la 1'® con-
jugaison, mais « par le phénomène roman
bien connu de la restauration dans les com-
posés de la voyelle du simple » (Rom. IX, 174
et 333). Disons encore, en faveur delà coiyec-
ture allare de allaJtus, que le BL. présente col-
lare = çonferre, qui ne se comprend que par
collatus, et que Godefroy cite un cas de fr.
coler, qu'il traduit dubitativement par colla-
tionner, vérifier. — Avant de quitter le terrain
des coiyecturcs, n'oublions pas de rappeler
que le français, pour conjuguer aller, em-
prunte quelques formes (;c vais, tu vas, il
va, ils vont) au L. vadere, et que le futur
et le conditionnel (irai, irais) procèdent du
L, ire. -— Dérivés : allée (subst. participial),
allure ; ils correspondent à it. andata, anda-
tura, prov. anada. La forme andare a donn«5
au français andain, ce qu'un faucheur peut
faucher à chaque pas qu'il avance ; ce subst.
se rattache à un type andamen (cfr. airain
de aerameti). M. Langensiepen, toutefois,
prend cet andamen non pas pour un dérivé de
andare, signifiant marcher, mais pour une
modification littérale de addamen (= addita-
mentum) ; andain serait ainsi l'espace ajouté
à chaque nouveau pas que le faucheur fait en
avant. — En Bourgogne, on dit aixdée =» -
sentier dans la vigne.
ÂLLEU, prov. aloc, vfr. aloud, alou, aluef,
vient directement du BL. alodium, qui s'est
changé en prov. aloc, comme fastidium en
fastic. Quant au terme alodium (loi salique
alodis), il vient de l'allemand al-ôd, j)ro])ri(>té
entière, fonds dont on peut disposer, opposa û
bien bénéficiaire. — D. allodial, BL. allodia-
lis; aUetUier (Chateaubriand).
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ALM
— 49 —
ALT
ALLIER, vfr. aloier, L. cU-ligare, attacher.
Cps. rallier \ més-^illier. Remarquez quoliffare
et ses composés ont syncopé on français le ^
radical, à l'exception de obligare, fr. obliger;
cette exception prouve l'introduction relati-
vement moderne de ce dernier.
ALLIGATOR; ce mot nous est venu de l'an-
glais; c'est d'après Mahn, une latinisation
arbitraire de l'esp. el lagarto ou port, o
lagarlo (lagarto =» L. lacertus, voy. lézard),
qui est la véritable dénomination du croco-
dile ou caïman d'Amérique. Cette étymologie
est corroborée par la dénomination aUegar-
den, que l'on trouve employée par un voya-
geur allemand de 1549.
ALLITERATION, mot savant, fait sur un
type verbal fictif allitterare, adapter à la
lettre [liUera).
ALLOCATION, L. allocatio. Le primitif de
allocaiio, le verbe non classique allocare, est
devenu le fr. allouer dans « allouer une somme
d'argent », propr. placer une somme, la des-
tiner à qqch. L'étymologio qui fait venir
allouer de allaudare n'est pas fondée; la
valeur accessoire que prend ce verbe, savoir
celle d'approuver, d'accorder, découle natu-
rellement de celle de placer, destiner, établir,
inhérente au L. allocare, prov. alogar, it.
allogare, vfr. aleuer.
ALLOCUTION, L. alhcutio (de alloqui,
adresser la parole).
ALLODIAL, voy. alleu,
ALLONGER, rendre plus long. En vfr.
alongier, aloigner se disait pour eslongier,
esloigtwr, par la même permutation de pré-
fixe (pli a donné aleoer p. eslever, élever et
amender p. émender, — D. alUmge.
ALLOUER (d'où l'angl. alloio), voy. alloca-
tion.
ALLUMER, vfr. alumer (éclairer, au sens
neutre : briller), it. alluminare, esp. alitm-
Ifrar, prov. alumenar, alumnar, BL. allu-
minare, extension du L. luminare. Pour la
forme, cp. prov. 7iomnar, fr. nomer *, nom-
mer, du L. nominare, et semer de L. semi-
tiare. — D. allumette.
ALLUSION, L. allusio (de ludere, jouer);
le sons classique « badinage » s'est modifié en
celui de « jeu de mot », parole destinée à rap-
peler un fait ou une chose, avec ou sans inten-
tion malveillante ou ironique; cfr. l'expres-
sion allemande anspielung\ les Anglais ont
conservé le verbe L. alludere dans to aUude.
ALLUYION, L. aliuvio(de alluere, arroser).
ALKAGESTS, voy. sous alchimie.
ALMANAGH, voy. sous alchimie. Outre
l'étymologie consignée sous cet article, on peut
encore choisir entre les suivantes. Pour l'élé-
ment €U, tout le monde est à peu près d'ac-
cord pour y voir l'article arabe; quant à
mofuich, il représenterait, suivant les avis
divers, soit l'arabe manaj, feuillet, d'un verbe
matuy, nombrer (Saumaise, arabicum alma-
nach idem prorsus sonat, quod Gi'wtîonim
jtlTtx^, brevis in quo res phires ordino enumc-
rantur ac roceasentur), soit le verlx? manaTia,
donner en cadeau (l'almanach serait un ca-
deau do nouvel an). Lenormant, enfin, expli-
que almanach par les éléments coptes al
(calcul) et m4in (mémoire), « calcul pour la
mémoire » . La provenance égyptienne du mot
résulte, en eflet, d'un passage de Porphyrius,
cité par Eusébe, où il est question de calen-
driers appelés â>/xfvixixxà. Il va de soi que
nous ne nous prononcerons pour aucune de
ces tentatives.
ALOàS, L. alœ (k\6^).
ALOI, BL. aUegium, subst. dér. de l'anc.
verbe aloger, mettre (les monnaies) en confor-
mité avec la loi {ad legem), correspondant do
l'it. allegare, esp. alcar. t,2L racine est donc
leg du L. fca7(en ail. on dit legieren), et il faut
abandonner l'étymologie qui rapporte alci à
aloyer, anc. forme de allier, à cause du carac-
tère bien prononcé des vocables correspon-
dants dans les langues congénères, bien que,
dans certains emplois, le sens à'aloi se con-
fonde avec celui d'alliage. Aloi est employé
pour : 1. l'action d'aloyer les monnaies, 2. le
titre reconnu, la qualité constatée à la suite
de la vérification, 3. bonne ou mauvaise qua-
lité en général.
ALORS, it. allora, formé de ad illamhoram,
à cette heure-\èi (heure *« moment, temps).
Autrefois, on disait aussi simplement a ore ■»
L. ad horam (prov. aora, aoras, adoras, esp.
ahora) p. maintenant, à cette heure. La forme
lors ou lores * représente la formule illa hora,
comme le port, agora vient de hoc hora, I«e
su'bst. hora a donné naissance en outre aux
adverbes ores *, ore*^ or etencor, encore, it.
ancora (= lat. hanc horam, jusqu'à cette
heure). Il est encore au fond des composés :
dorétiacant, anc. d*ores en avant, et désor-
mais, anc. des ore mais, de cette heure en
plus (mais ^» m,agis)y c. à. d. en avant. La
finale s dans lors, alors, ores *, est le môme
signe adverbial qu'on remarque dans les B.dr
yerhes ains ', jadis, tandis, guères, Jusques,
volontiers, oncques *, etc.
ALOSE, L, alausa ou alosa (Ausonc).
ALOUETTE, dim. de vfr. aloue; ce dernier
reproduit L. alauda, que Pline, Suétone, Mar-
cellus Empirions et Grégoire de Tours cit<?nt
expressément comme étant d'origine gauloiso
ou celtique. En effet, on trouve en bas-breton
les formes alchouéder, alchouédez, qui con-
firment cette assertion. Le latin alauda est
aussi le primitif de : it. allodola, lodola,
V. esp. alocta, n. asp. alondra, prov. alauza,
alauzeta, sicil. loduna.
ALOURDIR, factitif àalourd. — L'ancienne
langue avait aussi eslorder, étourdir.
ALOYAU, d'après Ménage de ad + 'w»w-
hellus, « chair qui est au dos » ; d'après Roque-
fort, c'est une forme vulgaire modifiée de
(Ulodial\ l'alloyau serait ainsi la pièce noble!
Nous no citons naturellement ces étymologies
do fantaisie que pour mémoire, en attendant
La véritable.
ALPHABET, voy. abécé. — D. alphabétique.
ALTERCATION. L. aUercatio (de altcrcari,
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AMA
20 —
AMA
disputer, anc. cdtcrqucr). — La forme insolite
allcrcas représente îesubst. latin do la 4*^décl.
altcrcaiiis au cas du sujet sing.
ALTÉRER, BL. altcrare, ebangor, de L.
alter, autre; cp. ail. àndcrm, do a«f/fr, autre.
De changer, gâter, troubler le sens a passé à
celui de « émouvoir, affecter péniblement » .
L'acception « causer de la soif » (d où altéré,
désaltérer) s'explique par Tintermédiaire do
l'idée : « mettre en effervescence, embraser » .
Cependant Egger, approuvé par Diez, y voit
une corruption de artéricr, en alléguant le
BL. arteriaius **■ cujus fauces rheumatizant ».
ÂLTERNS, L. altemus; aUemin\ L. altcr-
nare; alicmatioti, L, altematio. — D. alter-
naiif, altemative.
ALTESSE, directement de Tit. aUczsa,
formé do L. àltus, haut. La forme vraiment
française est hautcsse (voy. haut),
ALTIER, do rit. aliicro, formé d'un type
bas-latin altarius, dérivé do altus, comme
plcnarius de plcnits. Le mot fait double
emploi avec hautain, de haut.
ALTISE, genre de petits insectes coléop-
tères, ail. erdfloh, spring<yr; tiré du grec
âlUtiai, sauter (cp. gr. o(Xrixo;, sauteur).
ALTITUDE. L. altitudo, hauteur.
ALUBE.vfr. alue, du L. aluta, cuir souple.
ALUDEL, t. de chimie; de l'ar. al-outhet,
instniment pour sublimer (Dozy).
ALUINE, nom vulgaire de l'absinthe, dérivé
de aioc. Cette étymologie est correcte, mais
Diez observe avec rai.son qu'il faut tenir
compte des formes anc. aloisnc, alogne, esp.
alosna, port, losna, BL. aloocinum (Gloses
de Reichenau, 40)', dont l'origine reste à
éclaircir. — Godefroy consigne l'adj. cduis-
nier, ce qui suppose le subst. aluisne et
confirme Tétymon aloxinum,
ALUMELLE, vfr. aussi aloncle, formation
produite sous l'influence de l'article ; lalemele
a été altéré en VaJemele et le mot lemele répond
à un type latin lamella, diminutif de /amma,
fr. lame. Pour I'm p. e dans alumelle, cp, cha-
lumeau p. chalemeau,
ALUMINE, voy. alun.
ALUN, L. alumen. — D. aluner, alunier,
alunière. Les savants ont dire directement du
latin les termes alumine (cp. albumine p.
aubun'), ahtmineux et aluminium,
ALVÉOLE, L. alveohts[dhn, de alveus, qui
a donné auffe).
ALviM, L. alvinus (de alvus, ventre).
AMABITiTTÉ, voy. aimer.
AMADOU, voy. l'art, suivant.
AMADOUER, allécher par des flatteries,
des caresses; Diez, pour expliquer ce mot,
remonte au vieux nordique mata (dan. made),
donner à manger, appâter. La terminaison
ouer serait, d'après lui, analogue à celle de
bafouer. C'est jusqu'ici la plus probable des
étymologios présentées. — Ménage suppo-
sait une forriio monstrueuse amatutare tirée
do amaJtus, D'autfcs, partant do l'acception
cai'esser, proposent un original ad-manutum
(de manK^, main). Tout cela est aussi absurde
que l'étymologie a man (main), douce. Une
dérivation de matou (cp. chatouiller de chat)
nous sourirait davantage, quoique nous no
la proposions pas comme sérieuse. On a
également songé au vfr. amadour = amou-
reux ; mieux aurait valu proposer Tesp.
amado, lo mignon. Grandgagnage, en vue
des formes wallonnes adatoi, adoider, andou-
1er, part d'un primitif «K/oitfer •■=. L.adulari,
d'où, par syncope, adouer, et avec le pré-
fixe a, lié euphoniquement au primitif par
un m, amadoue7\ Cela est plus quo douteux.
Littré pense que notre mot, assez récent dans
la langue, est venu des patois du Nord, et
opine en faveur de l'explication de I>icz. Le
picard dit amidouler. — Le subst. amadou
est tiré du verbe amadoue?* dans son sons
d'allécher, attirer. On peut comparer pour
ce rapport le .«synonyme it. et prov. esca (vfr.
èche) et esp. t/esca venant du lat. esca, appât,
amorce, et signifiant amadou.
AMAIGRIR, factitif do maigre,
AMALGAMER, d'où le substantif verbal
amalgame, 2i, selon Diez, pour primitif le gr.
fiécXoty/xa (ramollissement), transposé en fixX-
yafioc. Cette étymologie l'emporte, à coup sûr,
sur celle des lexicographes français : ifix
yxfiil'j, marier ensemble, avec un X explétif!
— Devic rapproche, sans rien aflSnner,
l'arabe amal-al-djâm^a, l'œuvre de la con-
jonction.
AMANDE, dial. amandde, ama}idrc, vfr.
alemande (transposition de amandclc, cp.
angl. almond), \^tov. almandola, esp, almen-
dra, it. mando7*la, mandola, ail. mandel,
ni. amandel, toutes formes gâtées du L.
amygdala [ifixrfikXti). En valaque : mygdaU
et manduli. Le tjpe commun des formes
romanes est amindala, qui se rappoi'to à
amiddala, amidcUa *= amygdala, comme
fr. rendre â reddcrc, it. imbriaco à cbriacus,
it. fangottoiX fr. fagot (Havet, Rom. VIII, 94).
— D. amandier,
AMANT, voy. aimer.
AMARANTE, de à/xàpavros {juxpvhu), « qui
ne se fane pas. n
AMARINER, dér. de marin,
AMARRER, esp, port, amarrar, du ni.
marron, mcrrcn (ags. mrrran, vha. marr-
jan), retenir, attacher. D'autres proposent
l'arabe marr, corde, mais l'origine germa-
nique est plus probable. — Le contraire est
rendu par démarre?'. — Subst. verbal :
ama?TC.
AMASSER, dér. de masse, — D. amas,
subst. verbal, sign. 1. action d'amasser, 2.
ensemble de choses amassées. — Cps. ramaS'
ser, d'où ramas, ramassis. Il est curieux de
voir, dans ramasser, l'idée s'élargir en celle
de relever ce qui est à terre, sans égard au
nombre ou à la quantité des objets, ce qui
Téloignc tout à foit de son primitif. Un fait
analogue so présente dans le verbe accueillir.
AMATEUR, voy. ahncr; fém. auiatrice
(rare aujourd'hui, sans doute à cause du
calembour que présente ce mot). Amateur
est une foiTne savante, pour hiquelle l'anc.
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AME
— 21 —
A.MO
Ismgiic einplojiiit au sujet sing. amêrc et au
i^gime ameour,
AMATIR, factitif do mat (v. c. m.).
AlfAUROSE, du gr. i^uîtûpwîi;, obscurcisse-
ment.
AMAZONE, L. amazon (vymxjûv).
AHBACT, étendue de juridiction féodale,
ail. ambacht, goth. andhahti, vha. ampaht,
ministcrium, d'où par contraction l'allemand
amt, office. Selon Grimm, le mot .signifiait
aussi ministor, diaconns. CVst là également
le sens du mot amfjocUis employé par César.
B. G. 6, 15; de ce dernier s'est produit le
subst. BL. ambaciûif service, office, mis.sion,
modifié en ambassia, ambnscia. Ce substan-
tif, à son tour, a donné naissance au verbe
ambasciare, accomplir ime mission, d'où it.
ambasdata, ambasciatore, et fr. ambassach',
ambassadeur.
AMBAGES, L. ambages, détours (ambi-
ago)
AMB^.SSADE. voy. ambact,
AMBE, du L. ambo, deux.
AM6ESAS = L. ambas asses, deux as.
AMBIANT, L. ambiens, allant autour.
AMBIGU, L. ambiffuus, lîtt. qui pousse des
deux côtés; ambif/uïté, L. ambif/nitas.
AMBITION, L. ambitin, du verbe ambirc,
circonvenir quelqu'un pour obtenir son suf-
frage. — D. ambitionner. — Ambitieux, L.
ambitiosits.
AMBLE, voy. ambler,
AMBLER, it. ambiare, est le L. ambulare,
qui s'employait au moyen âge en parlant d'un
cheval « qui cum alterno crurum cxplicatu
moUcm gressum glomcrat «. — D. subst.
verbal amble (une. amblm'e); amhleur.
AMBRE, it. ambra, esp. port, ambar, aJam-
bar, alambre, directement de l'arabe an bar,
qui lui-même est de source étrangère. — D.
ambrer; ambrette.
AMBROISIE, vfr. ambroise, du L. ambrosia
(itiZ'i'i'sly). — D. amb7'osien.
AMBULANT, L. ambxdans. — D. aynbu-
lance, hôpital ambulant — Ambulatoire, L.
ambidatoriiis, qui n'a pas de siège fixe.
/%
AME, vfr. anme, anifne, anrrne, arme,
aime, prov. anma, arma, esp. it. aima, du
L. anima {infi'ii).
AMÉ, anc. forme pour aimé, L. amatiis;
cfr. amant pour aimant.
AMÉLIORER, L. ameliorarc (mclior).
AMEN, adverbe hébraïque, signifiant : en
vérité, ainsi soit-il.
AMÉNAGER, mettre en ordre, régler, voy.
méncu;er.
AMJBNDE, voy. amendei\
AMENDER, rendre meilleur, anc. corriger,
punir, modification du vfr. esmender = L.
emendare (mendinn, faute), prov. emendar.
L'ancienne langue disait de même alever p.
élever. Dans Bocthius, on lit v. 12 emenda-
ment et v. 250 amendement. — D. amende,
correction, punition, réparation : a/mvîf/aW^,
-nnent; ramender, baisser de prix.
AMENER, cps. de menei\ It. ammainare.
et esp. port, amainar s'employent seulement
dans le sens de amener les voiles. — D. ra-
tnener,
AMÉNITÉ, L. amocnitas {doamoenns, agré-
able, gracieux).
AMENTEVOm et RAMENTEVOIR, vieux
mots formés de mente habere, avoir à l'esprit:
on trouve dans la vieille langue aussi mentoi-
ivcet inentevoir (cfv. reçoivrc, doit>rc*, variant
avec recevm'r, r/troir); l'expression s'accorde
avec l'it, avère a mente, et doit avoir signifié
d'abord se souvenir, avant de prendre l'accej)-
tion factitive de faire souvenir.
AMENUISER, rendre plus mince, plus memi,
compo.sé de menuiser (v. c. m.).
AMER. L. amants; subst. amertume, L.
amaritudinem. Voy. l'art ...tume. Le vfr.
disait également amerté, voire amertonde,
AMÉTHYSTE, L. amethystas (i^î^uîTo;).
AMEUBLER,garnirdem(?et&/<w(v.c.m.),d'où
ameublement. — Ameublir, rendre meuble
(v. c. m.), d'où ameublissement.
AMEUTER, mettre en meute (v. c. m.), en
mouvement.
AMI, prov. amie, L. amicus; fém. amie,
prov. amif/a, L. arnica; amical, L. amicalis;
amiable, prov. amicable, L. amicabilis; ami-
tié (v. c. m.).
AMIABLE, voy. ami.
AMIANTE, L. amiantus (gr. à/ifxvro;, qu'on
no peut souiller, incombustible).
AMICAL, voy. ami.
AMIGT, \^,amictus(Aeamicire, envelopper,
couvrir).
AMIDON, it. amido, esp. almidon, du L.
amylum (âjuuXov); pour / changé en d, cfr. port.
escada de scala. — D. amidonner. — Amylum
a fourni encore aux savants l'adj amylacé.
AMINCIR, factitif de mince (v cm.).
AMIRAL, vfr, amirant,amiras,amire, etc.,
it. esp. port. prov. amiran, prov. amiralh, it
aussi ammira/^lin, almira{/lio, grec du moyen
âge : i/jL/ioxlri;, Ce mot vient, selon Mahn. do
la formule arabe amir-al-bahr, commandant
de la mer, par apocope de la dernière syllabe.
Ln faux rapport avec admirari aurait donné
naissance aux formes BL. admiraldus, admi-
rabilis, d'où ail. et angl. admirai. Diez oppose
à ro])inion de Mahn que le sens ancien était
plutôt chef d'infidèles que commandant de flotte
et s'en tient à un primitif arabe amir, prince,
que les Occidentaux auraient habillé de diffé-
rentes façons au moyen de suffixes variés. —
D. amiral té", amirauté,
AMITIÉ, vfr. amistiet, it. esp. amistad, do
L. amicitatemy forme rustique p. amicitia.
Cp. vfr. mendistié (chanson de Roland) de
mendicitatem.
AMMONIAQUE, L. ammoniacum, gomme
que distillait un des arbres du temple de
Jupiter Arnmon, en Lybie.
AMNISTIE, gr. ifivritrU, oubli. — D. am-
nistier.
AMODIER, donner à ferme, BL. admodiare,
vfr. amuidier, de ad + modius (boisseau.
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AMU
22 —
ANC
voy. muid)\ proprement, fixer les prestations
en gn^ains.
AMOINDRIR, factitif de moindre.
AMOLLIR, factitif de ^nol. — Cps. ramollir.
AMONCELER, de mmiccV, monceau.
AMONT, du L. ad montem, cfr. aval de ad
vallem.
AMORCE (anciennement écrit amorcé), subst.
formé du participe passé amors du vfr. amor-
dre =s amorcer; il signifie : 1. appât, 2. par
extension, poudre du bassinet d'un fusil, qui
fait prendre le feu à la charge. — D. amorcer.
— Le sens primitif du classique admordere
perce encore dans le nom do loutil appelé
amorçoir.
AMORTIR, vfr. aussi amorter, factitif de
mort, rendre moins vif, moins dur, éteindre,
afiaiblir.
AMOUR, vfr. amor, L. amôrcm (accus, de
ampr; je mets l'accusatif, parce qu'il porte
l'accent sur l'o). — La terminaison latine or,
gén. oris a donné au vfr. aussi bien our que
eur {honneur et honour)\ au fr. mod. cur seu-
lement, et amour constitue une exception uni-
que à cette règle ces labour est tiré non pas du
lat. laborem, mais du verbe labourer. — D.
dim. amourette; a^j. amoureux, verbes amou-
racher (fait sur Fit. amoraccio, amour déré-
glé) et s'énamourer.
AMOVIBLE, L. amovibilis (a-movere).
AMPHIBIE, gr. à/ut^tSios, à double vie,
AMPHIBOLOGIE, L. amphihologia, mau-
vaise combinaison de «ju^(€o>o«, qui porte de
deux côtés, ambigu, et do Uyo^, discours,
parole; il faudrait amphibolologia. Les Latins
ont fait de même idolâtres p. idololatres.
AMPHIGOURI, mot de fantaisie, d'intro-
duotion récente, que nous nous abstenons, et
pour cause, d'analyser. Dochez, copiant Bes-
cherelle : de ifiçi, autour, et yw/9o«, cercle.
Mais, sans parler de la finale, yûpoi no sonne
pas yeûpofi. — D. amphigourique.
AMPHITHÉÂTRE, gr. àiL^i^ixrpo^, théâtre
circulaire.
AMPHITRYON, nom propre grec, qui a
reçu sa signification actuelle du personnage
de ce nom dans la comédie de Molière, lequel
y donne un grand repïis aux officiers de son
armée.
AMPHORE, L. amphora (ifi^optùi), vase â
deux anses. C'est ainsi que l'ail, suher, cuve,
tine, signifie étymologiquement « qui se porte
moyennant deux anses ».
AMPLE, L. amphis. — D. ampleur, anc.
ampleté. — am plier, L ampliare (amplus),
agrandir, élargir, augmenter. — amplifier,
L. ampli ficare (amplus), d'où amplification,
L. ampli ficatio. — amplitude, L. amplitude.
AMPOULE, I. fiole; 2. tumeur; du L.
ampulla, qui signifie : 1 . vase à large ven-
tile; 2. enflure, emphase du style. — D.
ampoulé.
AMPUTER, L. amputarc (couper autour).
AMULETTE, L. amulrtnm (dans Pline).
Quelques-uns cherchent l'étymologio do ce
mot, écrit aussi amoletnm, dans le verbe
amoliri, éloigner ; pour ainsi dire ad amo
licndum fascinum. Cela n'est pas soutenable.
Le mot est d'origine sémitique. Dozy, dans
ses Oosterlingen, faisant abstraction do l'em-
ploi du mot chez Pline, tient le mot jiour
moderne et le rapporte au verbe arabe hamala,
porter, l'amulette étant suspendu au cou.
AMUSER, fixer l'attention de qqn. sur qqch . ,
arrêter inutilement, faire perdre le t^mps,
puis divertir, composé de muser (v. c. m.),
regarder fixement comme un sot. — D. amu-
sette.
AMTGDALE, gr. ifivySàyyi, amande.
AN, L. annus, — D. année, durée d'un an
[cîv, jour, journée ; soir, soirée, etc.).
ANABAPTISTE, mot savant fait do àvst
marquant n^pétition, et ^xttW^civ, baptiser,
donc ««qui baptise une seconde fois.
ANACHORÈTE, de àvax<u/»i{r>}$, qui va à
l'écart, dans la retraite.
ANACHRONISME, de àvaxf>ovi9/uio;, faute
contre la chronologie (yjtôvoi, temps).
ANACOLUTHE, t. de gramm., pr. manque
de suite, de àvat/oXowSoç = sans suito. Cp.
acoli/te.
ANAGRAMME, de àvxypTCfjLfix (gén. -7to;),
inversion ou transposition de lettixîs. — D.
anagratnmatiste, -tiser.
ANALECTES, de àvàXcxra, fragments choisis
(iva>è*/eiv, recueillir).
ANALOGUE, de ààkW/oi, proportionné,
conforme; analogie, àvaAoyfx; analogique,
àva)oy(xo{.
ANALYSE, de àvitXu^if (^û^)), résolution. —
D. analyser. — Analytique, ù'i7LXur\A6i\ ana-
lyste, mot nouveau formé contre toutes les
règles; il faudrait d'après àvat^wnj;, analytc,
ou bien, d'après d'autres précédents, analy-
ticien.
ANAMORPHOSE, mot forgé d'après méta-
morphose et voulant dire pr., selon la valeur
de àv«, transposition de forme.
ANANAS, it. esp. ananas; port, ananaz;
le mot nous vient avec la chose de l'Amérique
du Sud. Le dictionnaire de la langue Tuxis
(Brésilien) porte anana ou nana.
ANARCHIE, de ivxpylx, absence de gouver-
nement. — D. anarchisme, -iste.
ANATHÉME, de âvâ^'^x(gén. -xroi), chez les
auteurs sacrés un homme exposé (xvxrl^fii,
exposer) à la honte et à la malédiction;
anathématiser, L. anathematizare, gr. àvaO«-
fXXXi^iiV*
ANATOMIE, art de la dissection (x«xro/Ai;,
subst. de àvaTé/*v«v. disséquer).
ANCETRE, ancestrc *, du L. antccc^sor
(prov. ancessor, esp. antecesor). Dans l'an-
cienne langue, le mot no s'appliquait stricte-
ment qu'au nom. sing., les cas-régimes étaient
ancessor au sing. et ancessctrs au plur. (cp.
past7'e et ])a tcio'). On sait que ce dualisme
ej<t fondé auv la difit^rence de l'accent dans
antrcâssor et antcccssôretn.
ANCHE, tuyau, du vha. rt>îc/m, jambe, tibia.
Ce môme orijarinal germanique (ail. mod.
anhr) signifiait aussi nuque, os articulé,
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AND
23
ANI
propr. courbure, flexion ; dans ce sens, il a
donné BL. avca, it. port. osp. anca, fr.
hafirhr, anche', angl. haimch. Anche et
hanche (la lettre h sert à différencier) sont
donc originairement identiques. (Voy. toute-
fois une autre manière do voir à l'art, hanche.)
Ménage faisait venir hanche du gr. «y/ïj,
coude.
ANCHOIS, esp. anchoa, port, anchova,
hoU. antsonuoe, angl. aiichocy. Ces mots dé-
rivent, selon Diez, directement de l'it. ax^ciwja
(p. ajyj'uga), qui, à son tour, serait formé du
L. aphya, apiia, gr. à^ùri, au moyen de la
terminaison iif/a. — Malin rattache toutes les
formes romanes au basque antzua, sec (forme
secondaire anchua; la permutation de tz et
ch est fréquente en, basque). Il voit dans
la forme italienne une assimilation au verbe
asciugare, sécher, torréfier, et un souvenir
de l'idée foncière propre au primitif basque.
Les* dialectes italiens difibrent cependant
entre eux pour la forme de ce mot : Sicile,
anciova, Vérone, anctoa. Gênes, anciua,
Venise, anchioa.
ANCIEN, voy. oins. — D. ancienneté,
ANGOLEB, du latin botanique aquilegia, qui
vient, dit-on, de aquilegium, réservoir d'eau)
par allusion aux pétales conformées en unie.
Le vfr. disait aussi anqiϕie et angorie; le
vha. a ageîeia (ail. mod. agïei), le v. flam.
acoleie (ni. akelei),
ANCRE, it. esp. port. prov. ancora, vfr.
anchore; du L. ancora (gr. ayxupot), — D.
ancrer; cps. désancrer.
ÂNDAIN, voy. aller (it. andarc),
ANDANTS, mot italien, propr. en marchant
(do andare, aller). — Dim. andnntino.
ANDOUILLE, p. endoitille, d'après Diez, do
l'adj. BL. inductîHs, que l'on trouve dans des
glossaires du moyen âge comme signifiant
boudin et qui dérive de inducere, introduire,
de même que le vieux terme allemand sciibe-
ling (espèco de saucisse) vient de scioban (ail.
mod. schieben), pousser. D'autres étymolo-
gistcs avaient proposé, les uns (Huet) L. edit-
îium, mangeaille, d'autres (Ménage) le mot
fictif indusiola (de induere). Génin dérive
andmiille de douille, adj. signifiant gonflé,
rebondi en la forme d'un tonneau (dolium) ;
l'élément a?i ne serait autre chose que le pré-
fixe in du latin. Andouille serait donc, d'après
lui, pr. un boyau gonflé, farci. — Baist
(Ztschr. V, 233) voudrait identifier ce mot
avec les termes espagnols (d'origine arabe)
albondiga, albondigitilla , almmidiguilla
(boulette de chair), mwtt/on^o (tripes, intestins
remplis de sang en forme de boudins). Il est
bien difficile do l'approuver; l'étymon indue-
tilis de Diez (cp. d'ailleurs douille, douillet)
paraît assuré. — D. ayidouillette.
ANDOUILLBR, une. endeuiller, petite corne
de cerf. On pourrait songer à rattacher ce
mot soit, par ressemblance de forme, au vieux
mot andouiller, bâton pour suspendre les
andouilles, soit à l'ail, ende, qui a la même
signification. Mais, outre que, pour la der-
nière étym., il resterait à expliquer l'élément
ouillcr, il paraît que la forme primitive était
antouiller (l'anglais a conservé le t dans an-
tler), ce qui favorise l'étymologie donnée par
Roulin : ante-oculum, d'où l'on aurait fait
l'adj. antoculare (se. cornu). Ce qui me con-
firme particulièrement dans cette manière de
voir, c'est l'expr. ail. augensprosse, pr. bour-
geon oculaire, =* andouiller.
ANE, asne*, L. asinus. — D. ànesse. Ane-
rie, Anier, Anée; dim. Anon, -ichott.
ANÉANTIR, vfr. anienter, dér. do néant,
nient* .
ANECDOTE, propr. particularité dliistoire
inédite, du gr. àv4xJoTo«, inédit.
ANÉMONE, L. anémone (àvs/x6vij).
ANETH, L. anethum (Svijdov).
ANÉVRISHE, gr. à^ùpuifi^ (cùpûyu), dilata-
tion. Mieux vaut l'orthographe anéorysme,
ANFRACTUEUX, L. anfractuosus (de an-
fractus, échancrure, courbure, détour, sinuo-
sit45).
ANGrE, angle*, angre*, prov. angel, du L.
angélus (gr. ayyaXoî, messager) ; la forme latine
est conservée dans le langage de l'Eglise pour
désigner une prière qui commence par ce mot.
— D. angelot, monnaie empreinte d'un ange;
angélique, L. angelicus.
ANGELOT, dimin. d'ange.
ANGINE, L. angina (de angere, serrer,
étrangler, suffoquer).
ANGLE, L, angulus. — D. onglet, angleux
(t. de botanique). Au latin remontent directe-
ment les adjectifs anguleux, angulosus, et
angulaire, angularis.
ANGLOIS, auj. anglais, du L. anglensis =
anglicus (do Angli). — D. anglaise et anglai-
se^'. — Anglican =* anglicanus, extension de
anglicus; nôol. angliciser, anglicisme, anglo-
mane, -ie.
ANGOISSE, it. angoscia, prov. angustia,
angl. anguish, du L. angustia. — D. angoisser,
angoisseux.
ANGORA, acy. et subst., de la ville d'An-
gora en Asie Mineure.
ANGUILLE, L. anguilla, diminutif de an-
guis, serpent.
ANICROCHE, HANICROCHB, propr. une
arme de main en forme de croc, puis obstacle,
embarras, prétexte, vaine excuse. Quant à
l'élément ani ou hani, on le rattache à Tall.
hahn, chien d'un fusil, ou à hand, main. Le
mot reste encofe obscur.
ANIMAD VERSION. L. animadversio, répri-
mande, de animadvertere, diriger l'esprit,
remarquer, réprimander, châtier.
ANIL, esp. aiiil, anir, de l'ar. an-nîl, qui
vient du persan nil, bleu. — D. aniline.
ANIMAL, subst. et acy., L. animal et ani-
malis. — D. animalcule, animalité, anima-
User. — Du pluriel animalia s*est formé
aumaille, gros bétail, collectif et individu.
ANIMER, L. animare; animation, anima-
tio ; ranimer, redanimare ; inanimé, inani-
matus, animosité, animositas. Tous dérivés
de a%nmus, esprit, ou anima, principe vital.
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AXT
— 24 —
ANU
ANIS.L. (misHm{gi\ x-ato-j). — h.aniser et
aniseUe.
ANNAL, L. annalis (annus) ; annales, L.
annales (s. e. libri), récits faits année par
année. — D. annaliste,
ANNATB, BL. annota (annus), revenu d*un
an.
ANNEAU, and *, L. annellus, forme secon-
daire de annuliis. — D. annclet; verbe anne-
^* — De la forme annulus : L. annularis,
— osus, fr. anfiulairc, -eux,
ANNÉE, voy. an,
ANNEXE, L. annexas, part, de ad-nectere,
joindre à, d*où aussi subst. annexio, fr. an-
nexion. — D. annexer.
ANNIHILER, L. annihilare{ào nihil, néant).
ANNIVERSAIRE , L. annivey'sarius , qui
retourne tous les ans.
ANNONCER, L. anntintiare. — l^. annonce.
— Annonciaiion, L. annuntiatio.
ANNOTER, L. annotare ^= ad-notarc.
ANNUAIRE, dér. de L. annuits, annuel.
ANNUEL, L. anniialis, extension à'a7inuus.
ANNUITE, dér. de L. annuus, annuel.
ANNULAIRE, voy. anneau,
ANNULER, L. annnllare (nullus). — D.
annidatimi.
ANOBLIR, rendre noble. — D. -issement.
ANODIN, calmant, adoucissant, fig. peu
efficace, sans valeur. L. anodyniis (àvw^uvoç,
sans douleur).
ANOMAL, L. anomalus, gr. i-jiûfi^Xo;, iné-
gal, irrégulier. — D. anomalie.
ANON, voy. âne, — D. ânonncr, faire le
malhabile.
ANONYME, gr. iv&ivu.tto; (sans nom, Svofi^).
ANORMAL, mot savant fait en opposition
de normal, au moyen de l'a privatif grec. 11
serait mieux remplacé par abnonne, du L.
abnctrmis, hors do la règle.
ANSE, L. ansa.
ANTAGONISME, — ISTE, gr. ivraryàv»»^,,
— irnii (de àvW, contre, et à/«vfj«w, com-
battre),
ANTAN, de L. antc anniim. — D. antenois,
agneau né l'année avant. Ce mot très ancien
est de formation bizarre; le wallon dit a«/i-
nia, le rouchi anteniau.
ANTARCTIQUE, opposé à arctique, gr.
ANTE, en technologie, manche, est le même
mot que le vfr. hante, bois de lance, et vient
de L. âmes, -itis, perche.
ANTÉCÉDENT, L. antecedais, qui marche
avant, qui précède.
ANTE . . . , préfixe employé pour marquer
l'antériorité : antédiluvien, antépénultième.
C'est le aitte (avant) des Latins.
ANTECHRIST, voy. anti . . .
ANTÉDILUVIEN, dér. de L. aiite dihmum,
avant le déluge.
ANTENNE. L. ante^ma.
ANTENOIS, voy. antan.
ANTÉRIEUR, L. anierior, qui est plus avant
(prim. ante) relativement t un autre (dans
l'ordre du temps cx)mme de l'espace). — D.anté-
Hointé.
ANTHÈRE, partie de la fleur qui renferme
le pollen, de l'adj. 5v^,oo,-, formé do âvâoi,
fleur.
ANTHOLOGIE, gr. àAoU^U, recueil de
fleurs, employé figurément par les Grecs déjà
pour recueil de j)oésies.
ANTHRAX, du grec àva^saÇ, charbon. — D.
anthracite, gr. à^^ç,a.yÀr^i,
ANTHROPO-, élément de composition; du
grec âva^ftiTTo^, hommo: anthropologie, science
de l'homme, anthropophoffe, mangeur d'hom-
mes {f&yttv, manger).
ANTI . . , préfixe marquant opposition, ex.
anti-social, anti-pape; c'est le ivW (contre) des
Grecs. Dans le mot antechnst, qui vient du
vieux fonds de la langue, Vi s'est assourdi en
e muet. Anti est, par contraire, abusivement
employé dans le sens du latin ante dans :
antichambre et antidate (date antérieure à Li
véri table).
ANTICIPER, L. anticipai'c, prendre par
avance.
ANTIDOTE, du gr. ivrtôoTov, ce qui est
donné contre.
ANTIENNE, formé par syncope du L. anti-
phona, terme d'église, signifiant « cantus
ecclesiasticiis alternus » et reproduisant le gr.
kvt£vwv5« = qui répond ; le prov. a anti^cna,
l'ags. antefn ; pour la syncope de f, comparez
EstiennedeStephaijus.
ANTILOPE, mot d'origine inconnue. On a
fait dériver ce mot de àv&o>wf , œil de fleur.
Ce n'est là qu'un expédient; un mot grec do
cette conformation ne peut être imaginé que
par des ignorants, et encore l'original forgé
ré|X)nd-il mal au vocable français.
ANTIMOINE, HL. antimonium, d'origine
incertaine. Vossius imagine ce qui suit : « Usus
ejus est mulieribusin fucanda facie, quod quia
dedecet homines religiosos, eo Italis antimonio
videtur usurpari , ab ivrl, contra, et Italico
moine, monachus. n Cette étymologie est ridi-
cule. Furetière raconte, de son côté, une his-
toire de moine pour expliquer le mot. Selon
Mahn, c'est une altération de alithmidum «=i
arabe al + ithmid = gr. 9TlfAfn, oxyde noir
d'antimoine.
ANTINOMIE, contradiction avec la loi, con-
tradiction entre deux lois, ivrcvo^ia (vo>05, l«i).
ANTIPATHIE, àvrtTràdsix, disposition con-
traire ; opposé à tufiiôidity, sympathie. — D.
antipathique (le gr. dit àwTi7r«S*j{).
ANTIPHONAIRE , de antiphona, voy. an-
tienne,
ANTIPHRASE, àvW?©Mi;, contradiction.
ANTIPODES, gr. à^Tiito^n, L. antipodes,
propr. qui ont le pied opposé (i»Ti, ttoû,-).
ANTIQUE, vfr. antif, L. antiquus. — D.
antiquité, antiquitas ; antiquaire, antiquarius;
antiquaille, BL. antiqualia,
ANTITHÈSE, gr. ivTtô?,ir, opposition; adj.
antithtHique, gr. ivriaîrixo;.
ANTRE. L. antrum (5vt.-d-îv).
ANUITER(S'), de nuit. La vieille langue
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API
— 25
Al»0
avait \e verbe neutre anuiiier, — ir, = faire
nuit, signification particulière également au
prov. anttchir et anoitar.
ANUS, transcription du mot latin.
AflALETs, L. aujcietas (de anxius, rac. an-
gerey resserrer).
AORTE, artôre de la biise du cœur, gr.
âopns (de àit.<sM, suspendre).
AOUT, aoxtsi *, par syncope de la médiale g
(cp. proT. agosH. aost, esp. port. it. agosto)^
du L. augustus. Pour la prononciation ac-
tuelle oui, cp. «ot</ pour lanc. saoul. — D.
aoiiUnr, aotiteroit,
APAISER, prov. apasiar, dér. de pais* ,
paix; cp. pour la dérivation, l'adj. paisible.
^équivalent vfr. apaier rôpcmd à un tyjie
latin ailpftcare.
APANAGE, BL. apanagium. Ce mçt vient
de panis, pain ; être au pain de qqn. signi-
fiait être sous sa dépendance ; ainsi s'est pro-
duit le verbe apaner, nourrir, entretenir;
apanage est donc propr. une dotation pour
entretien, une i)en.sion alimentaire. C'est la
seule et jmologie raisonnable parmi les diverses
qui ont été mises en avant. — D. apana-
ger, -iste.
APARTÉ, lat. a pane, à part, de ctMé.
APATHIE, gr. àTrâ^uz, impassibilité. —
D. apathique,
APERCEVOIR , extension de la forme pet*
cecoir. De pareilles extensions par le préfixe
ad étaient autrefois bien plus fréquentes :
ainsi l'on disait au xvi* siècle accomparer
aussi bien que comparer. La langue a su, du
reste, fort bien nuancer la valeur des deux
termes percevoir et apercevoir. — D. apei*çit,
apercecable ; à forme savante et latine : aper-
ception, aperceptible.
APERITIF, qui ouvre, du L. aperire, ou-
vrir.
APERT *, ouvert, manifeste ; adv. aperte-
ment; du L. aperiiis. L'adj. vfr. apert, habile,
vif, adroit, pileux, e&t, selon moi, un homo-
nyme, qui, par changement de préfixe (cp.
amender, alecer *), représente soit ev-perrec-
ttis, éveillé, soit expertus, expérimenté. C'est
de ce second apert, en tout cas, que vient
a/K»r<w«, adresse, prouesse.
APERTISE, voy. apert,
APETISSER (cps. rapetisser), de petit. Vss
est dû au même principe qui a donné vfr.
acorcier, auj. accoiircir [c = s dur),
APHÉRÈSE, gr. àfxUs'si;, enlèvement.
APHORISME, du gr.' àfopi^fiài, définition
(àf «/jljstv, délimiter, définir, déterminer).
APHTHE, L. aphiha, du gr. sc?»x (âîtrciv.
mettre le feu, enflammer); cp. l'expression
latine « sacer ignis » pour aphthc.
API, (pomme d*), du L. malum appianum;
cp. it. mêla appiola.
APITOYER, disposer à la pitié (v. c. m.).
Ce composé (on disait sans doute aussi pitoyer,
d'oii pitnyable, ce qui fait pitié) doit sa termi-
naison à une forme latine en icare, qui est le
type du fr. oyer et que l'on retrouve dans
terdoycr, fossoyer, guerroyer, etc. On trouve
dans la vieille langue aussi la forme plus
simple apiter.
APLANIR, vfr. aplanier, aplaigner; facti-
tif de plane.
APLATIR, factitif do plat.
APLOMB, de à plomb; ce qui est placé à
plomb, c. à d. dans la direction verticale du
fil à plomb, est forme, do là le sens figuré
do solidité, a.ssurance.
APOCALYPSE (adj.-yp6'9i{<;), gr. àicoxà)u;is
révélation (ànd-/aciw»Tïi», découvrir).
APOCOPE, gr. iîroxoffïj, rotranchoment
(jraiTTTicv, couper). Comparez syncope.
APOCRYPHE, gr, à^o/pwpoi, caché, obscur.
APOGÉE, gr. inô'/Tcioi (iffo, yn)f éloigné do
la terre.
APOLOGIE* gr. iitoXo/i^, de «7roloyiT^&:ri,
s'excuser, défense, discours do justification. —
D. apologétique, gr. à:ro>oyii7uo{ ; apoUgiste.
APOLOGUE, gr. à^oiovo^, narration; puis
conte allégorique, fable.
APOPHTHEGME. gr. iwov&r//uix. i^arolo spi-
rituelle, sentencieuse (do ^arV/yscv, imrlcr),
APOPLEXIE, gr. àit^^itUHoL (iTt'.nH'^ru^ »
frapper), étourdisscment, paralysie. — 'Atto-
7riïî«Two;, apoplectique.
APOSTASIE, gr. à'K^trx9i%, défection, d'où
le verbe apostasies*.
APOSTAT, gr. iirovT&Tfn, qui déserte une
cause. — D. vfr. apostater, dévoyer, se déré-
gler (Gillon le Muisit).
APOSTÉME, abscès, gr. i:ro'TTïîjui7(iffo, <TTà«),
écartement. La forme usuelle et ancienne du
mot est apostume, d'où le verbe aj)ostumer.
APOSTER, it. appostare, du BL. apposi-
tare, fréq. do ap-ponerc.
APOSTILLE est lo subst. vorbal de apos-
tiller, annoter ; quant à co dernier, il est dé-
rivé de la formule lat. post illa. Vossius, dans
son traité Devitiis sermonis, p. 551, explique
pastilla par explanatio: quia qui discipulis dic-
tarent identidam in orc haberent « (X)st illa »,
puta, ad hsec vel illa auctoris verba, adsori-
bite. Cette opinion do Voss est approuvée par
Diez. — Ménage établit la filiation suivante :
posita, posta, post illa; adposita, adposta,
apostilla.
APOSTOLAT, -IQUE. de apostolus, voy. apô-
tre.
APOSTROPHE, gr iittTTpofYt, action do so
détourner (àwo^r/sissiv) de l'objet d'un discours
pour s'adresser directement à la jxîrsonne
intéressée. — D. apostropher.
APOSTUME, voy. apostème.
APOTHÉOSE, gr. âT9diM«i$, divinisation,
déification.
APOTHICAIRE, du BL. apothecarius, dér.
de apotheca (iito^^yvi), dépîNt, magasin. Co
même apotheca a, par aphérèse, donné it.
bottcga (Naples potega, Sicile putiga), osp.
botica, prov. botica, fr. boutique.
APÔTRE, apostre*, en vfr. apostle, du L.
apostolus, gr. iitôiT'iXoi (ttîÂXjiv, envoyer),
envoyé, mes«iger. Kn vieux roman, lo mot
apostole désignait le souverain pontife; ce mot,
vu le déplacement de l'accent, appelle un typo
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APP
— 26 —
APP
immédiat apostôUus, — Pour la forme, com-
parez épistre de epistoia, mot de la môme
famille arUisiv, envoyer.
APPARAITRE, csp. aparcca', correspond à
un type latin apparescere, tandis que l'ancien
apparoir répond à L. appar&re; on a de même
comparoir et comparaître.
APPARAT, mot savant, tiré du L. apparaJtus
(du verbe apparare, préparer), appareil somp-
tueux, pompe.
APPARAUX, voy. l'art, suivant.
APPAREIL (it. apparecchiù), subst. verbal
de appareiller (it. apparecchiare, osp. apare^
jar^ prov. aparelliar, angl. apparel). Ce verbe,
dérivé de pareil (v. c. m.), signifie propr.
mettre ensemble des choses pareilles ou sor*
vant au même but, assortir, puis réunir ce
qu'il faut pour une œuvre ou une entreprise,
faire les préparatifs nécessaires, arranger
(notez en anglais apparel =s babiller); toutes
ces significations se reproduisent dans le
subst. verbal appareil (plur. particulier appa-
raux •« ensemble des agrès) et dans le terme
de marine appareiller, mettre à la voile. —
D. appareillage,
APPARENT, -BNOE, L. apparais, -entia.
APPAREITTER, rendre joart'/t^
APPARIER, cat. prov. apariar, esp. apa-
rcar, BL. appariare (rac. par, paire), assortir
par paire. — D. appariement ; désapparier,
APPARITEUR, L. apparitor, pr. qui appa-
raît à l'appel du supérieur, d'où le sens : huis-
sier assistant le magistrat en fonctions.
APPARITION. L. apparitio.
APPAROIR, L. apparere; l'anc. conjugaison
de ce verbe nous a laissé il appert = L. ap-
paret.
APPARTEMENT, dér. de vfr. apartir, par-
tager, diviser; donc propr. une division do
maison; en BL. appartimentum bonorum
signifiait partage des biens; cp. département
et compartiment.
APPARTENIR, du L. ad-^-pertincre.-^h.
appartenance.
APPAS, dans l'ancienne langue et d'après
ses lois, était la forme normale du nom. sing.
et du pluriel du mot appast^ auj. appât (cp.
repas). « D'un mot unique, dit fort bien Littré,
on a eu le tort, de faire deux mots différents »» .
Les appas ne sont pas autre chose que des
appâts.
APPAT, ce avec quoi on amorce, on attire;
subst. verbal du verbe appâter, donner la
pâtée, amorcer, qui vient d'un type lat. ad-
pastare (depasci, s\\]pm pastiim).
APPEAU se rapporte à appel, comme beau
À bel, peau kpeV.
APPEL, subst. verbal de appeler.
APPELER, L. appel lare. — D. aj)pel; cps.
rappeler, rappel.
APPENDICE, voy. appauire.
APPENDRE, du L. ap-petulêrc, pendre au-
près; do là viennent L. appendix, d'où fr.
appendice, et appendicius, d'où vfr. apcndisc,
dépendance, et le mot appentis, bâtiment
ajouté, adossé à un autre (pour la substitu-
tion du t à d, dans appentis, voy. apprenti).
APPENTIS, voy. appendre.
APPERT {il), voy. sous apparoir.
APPESANTIR, îact'iiïî do pesant.
APPÉTER, L. ap-petcre, désirer, d'où déri-
vent : appetcntia, fr. appétence; appetitus, fr
a/fpétit.
APPÉTIT, voy. appéter. — D. appétissant
(pour la forme, cp. apetisser de petit).
APPLAUDIR, L. ap-plaud^^e (de plaudere,
battre des mains).
APPLIQUER, L. ap-plicare (propr. plier ou
tourner vers), vfr. aploycr. — D. application,
L. applicatio; applicable; l'ac^. participe
appliqué «» studieux, zélé, présente une in-
téressante métaphore. Au fond, ce n'est qu un
transport d'un sens défini (appliqué à qqch.)
& un sens général; cfr. occupé, emporté, posé,
qui expriment également des manières d'être
d'abord passagères, temporaires, puis perma-
nentes ou habituelles.
APPQGIATURE, terme de musique; de Ht.
appoffffiatura, dér. de appoggiare, forme ita-
lienne du fr. appuyer.
APPOINT, la somme qu'il faut pour arriver
au point (adpunctum) voulu, au solde entier
de ce qui est dû ou exigé. Peut-être, cepen-
dant, le mot n'est-il que le subst. verbal do
appointer, régler.
APPOINTER, BL. appunctare, 1) régler,
fixer les d\\ev%points dans un arrangement; 2)
donner un salaire fixe. — D. appointcment,
règlement; salaire fixé, anc. aussi = conven-
tion; dés-appointer , 1 ) opp. de appointer, appli-
qué à une pers. s= contrarier, tromper; 2)
priver de salaire. Le verbe appointer signifie
aus.si rendre pointu et se rapporte alors au
subst. féminin pointe.
APPORTER, L. ap-portarc^-D. apport.—
Cps. r apporter*, traduction du L. re ferre.
APPOSER, composé de joo^^, d'après l'ana-
logie de L. apponere.
APPOSITION, L. appositio.
APPRÉCIER, L. appretiarc (de pretium,
prix).
APPRÉHENDER, 1° saisir au corps; ^
craindre (le rapport des deux sens s'établit
ainsi : saisir des mains, fig. saisir par la
pensée, prévoir, se douter, craindre); du L.
apprehendere, prendre, saisir, dont le subst.
apprehensio a donné appréhension, d'où l'on
a tiré l'adj. apprchensif {c\). craintif).
APPRENDRÎB, saisir par l'esprit, prendre
connaissance. Du L. apprendere, forme con-
tractée de apprehendere (voy. l'art, préc). Lai
même métaphore se retrouve dans compren-
dre, concevoir, apercevoir; nous citerons
encore en grec itoLpoL^^ii^k^ni^, prendre vers
soi et apprendre, le latin accipere, l'arabe
capital, prendre et apprendre, l'hébreu lehach,
instruction, de lakach, prendre. Quant au
passage du sens " acquérir une connaissance «
à celui d'enseigner, il est l'effet de la même
métonymie par corrélation qui se remai'que
dans les sons opposés attachés aux mots hôte,
louer, etc. — Cps. dés-apprendre.
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APR
27
ARC
APPRENTI, vfr. apprentie (fém. appren-
iicc)^ ix)uchi apprentiche, angl. et wallon
apren<h'ct\ esp. port, apremiis. Ce mot a pour
IviKî le BL. iipprcnticius ; la terminaison is
ou ice explique la dérivation apprentissage.
La forme apprenti f (îém. ive) qui se produit
au XVI* siècle et que Littré donne à tort pour
la normale, est aussi justifiable que celle en
ic (et, suivant les cas, is), mais en tout cas pos-
térieure. — Le < dans co mot (pour rf), comme
dans appentis, ponte et fonte, est motivé peut-
être par l'assimilation aux thèmes en t de
rente, vente, ejitente, qui proviennent de
formes participiales terminées en enditiis; aussi
la vieille langue avait^Ue à la fois aprenture,
tiré d'un type imaginaire a-prend-itus, apren-
tus, et apresure de aprcnsus»
APPRETER, factitif de prêt. Subst. verbal
apprêt.
APPRIVOISER, factitif d'un a^j. privois
(d'un type privmsis) équivalent éipriviis. —
Le vfr. disait, et les dialectes disent encore,
apriver,
APPROBATION, L. approbatio {de ap-pro-
bare, fr. approuver).
APPROCHER, do proche; subst. verbal
approche. — Cps. rapprocher,
APPROFONDIR, factitif de /wo/'omi.
APPROPRIER, L. ap'propriare.
APPROUVER, L. approbare. — Cps. dils-
approuver.
APPROVISIONNER, pourvoir de;)rotijrf 092 x.
APPROXIMATIF, -ATION, dérivés du L.
approximare, lui-même formé de proximiis,
le plus proche, ad(jectif superlatif dont la lan-
gue d oïl avait fait proisme (prov. prosme),
APPUI, voy. le mot suiv.
APPUTER, vfr. aussi apoyer, it. appog»
giare; dér. du yfv.pui, pcn, qui signifiait col-
line, lieu élevé, hauteur, sommet (on trouve
aussi vfr, puie, perron, balcon), et qui dérive
du L. podium, tertre, base, piédestal (it.
poggio, prov. pueg, puoi, esp. port poyo).
De ce primitif put, la vieille langue avait tiré
puiot, soutien, et puier, gravir, monter.
Appuyer est donc primitivement soutenir au
moyen d'un pui, c. à d. de quelque chose
d'élevé. — Subst. verbal a/}pMj (vfr. aussi apuie).
Le vfr. avait encore le dér. apoiàl, soutien.
/\
APRE, ojspre, L. asper. — D. âprete, coexis-
tant avec une forme savante, aspérité, direc-
tement tirée du L. asperitas.
APRÈS, it. appresso, est une forme exten-
sive de près, it. presso. Tandis que ce dernier,
ainsi que la combinaison auprès (anc. aussi
e7iprès), correspond pour le sens au latin
prope, le composé après tient lieu de post.
Le mot pré* représente le n&rt.pressiis, pressé
contre. Comparez en grec ôy^i, qui proprement
signifie serré, en latin jiixta, formé dejwigere
(comme {t. joignant de joindre), secundum de
sequi, suivre. — La prép. latine prope s'em-
ployait encore dans la vieille langue sous les
formes prof, prœf, pref, aprop, aprof, apref,
mais, quoi qu'en dise Chevallet, ces formes n'ont
étymologiquement rien de commun avec près
ou «pré*. Composé : (F après, que l'usage aurait
aussi bien pu nous transmettre sous une forme
sans apostrophe : comparez devant pour de-
avant, dans pour de-ens, dedans pour de-
dans.
APSIDE, voyez abside
APTE, L. aptus; subst. aptitude, L. aptitude
(Boethe». Voy. aussi attitude, — Voy. aussi le
mot malade,
APURER, factitif de pîir.
AQUARELLE, de l'it. acquarella, couleur
en détrempe, formé lui-même du L. aqua,
eau.
AQUARIUM, mot latin, signifiant réservoir.
AQUATIQUE, L. aquaticus (aqua).
AQUEDUC, L. aquœductus, conduite d'eau;
cfr. viaduc.
AQUEUX, L. aquosus (aqua).
AQUILIN, L. aquilinus, \aquila, aigle).
AQUILON, L. aquilo gén. -onis.
ARABE, L. Arabs. — D. arabique, -esque,
ARABLE, L. arabilis, de arare (vfr. arer),
labourer.
ARACK, d'après Mahn, de l'arabe araq,
sueur, suc, du verbe araqua, suer, distiller.
ARAIGNÉE (vfr. iraincde, iraignie), an-
ciennement la toile d'araignée, puis, par abus,
l'insecte môme ; le mot a pour type V. arane-
ata, dérivé du L. aranea, le nom de l'in-
secte, qui est devenu en it. aragna, en prov.
aranha, et en vfr. araigne, iraigne. Le mot
latin correspond au gr. à/»4z*»ï, d'où arach'
nide.
ARAIRE, charrue, L. aratrum.
ARASER, forme ext«nsive de raser, pr.
mettre à ras, de niveau. — D. subst. verbal
plur. arases.
ARATOIRE, L. aratorius (arare, labourer).
ARBALÈTE, arbaleste', -estre*, du L. arcu-
bdlista, syncojjé arc' balista. — D. arbalestier,
arbal4*trier .
ARBITRE représente : 1. L. arbiter-, 2. L.
arbitrium; arbitraire, L. arbitrarius; arbi-
trer (subst. -âge), L. arbitrari; arbitration,
L. arbitratio; arbitral, L. arbitralis.
ARBORER, voy. arbre.
ARBOUSE ; on a songé à un type latin arbu-
tea, tiré do arbutum (d'où port, ervodo ; esp.
albedro, arbousier), mais Paris (Rom. X, 42)
repousse cotte origine pour des raisons de
phonétique en ajoutant que l'arbouse est un
fruit du Midi et que le nom lui en vient. —
D. arbousier.
ARBRE, it. albore', aJbero, prov. arbre,
albre, esp. <Ubol,d\i L. arbor; dimin. ar^ris'
seau, d'un type lat. arboriscellus (gloses de Rei-
chenau arbriscellus); voy , Paris, Rom , VIII,6 1 9,
Arboriceïlus aurait fait arbroisel. — Autres
dérivés du subst. latin arbor : arborer, élever
droit comme un arbre (it. alberare esp. albo*
rar); arborisie ; arborisé ; arbroie*, lieu planté
d'arbres, = L. arboretum.
ARBUSTE, L. arbustum.
ARC, L. arcie;. Ce mot a pous.sé en fran*
çais de nombreux rejetons, savoir : arquer,
courber (L. arcuare) ; — arche, forme fémi-
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ARC
— 28 —
ARG
nine de aiT ; — archer, prov. arquici\ it. ur-
etère; — arcade, BL. arcata ; — arçon , prov.
arson, csp. arjoii, port, arsào, it. arcione,
d'un type latin a^^cio (Saumaiso : Arcioncs
vocAmus ab arcu, quod in moduin arciis sint
incuiTi ; il allègue le moty.oùfAix employé par
les Grecs modernes pour arçon); — les dimin.
arceau et archet ; — anciennement encore les
mots archée(\frov. arqueia, it. arcata) = portée
d'arc; archoier, tirer de l'arc; ardiière,
meurtrière, etc.
ARCADE, voy. arc. — D. arcature.
ARGANE, L. arcanum.
ARGASSE, it. arcaccia, du L. arca, coifrc.
ARGEAU, voy. arc,
ARGHAÏSHE, du gr. xf.y-xïifiài (xpx^M* ^^~
ploi de foraies vieillies. De là, par dégage-
ment, l'adj. archaïque.
ARGHAL, it. oricalco, esp. auricalco, du
L. orichalcum et aurichalcum, formé d'après
le gr. ôyAxxÏMi, litt. airain de montagne. —
L'a initial protonique p. au (dans aurichaU
cum) se voit aussi dans ao\U de auguslus,
ARGHANGE, gr. àpx^T/*^^i' L'élément clpx
ou iayi (en lat. archif en ail. erjs) se ratta-
chant à «pxuv, être à la tête, marque préémi-
nence, supériorité, excès; on le trouve en
français appliqué, avec ou sans précédent
latin, aux mots suivants :
Archevêque, L. archiepiscopiis (v. évéque).
— D archi^iscopal y -ai ; archevêché.
Archichancelier, archiprétre, archiduc
et sembl.
Architecte, L. architectus (du grec
à/îx»Ti/.T«v) ; de là architecture^ -tural, -tonique.
Architrave, maîtresse poutre (L. trabs,
trabis).
Et enfin dans les expressions populaires
telles que archibête, archifripon.
1. ARGHE, vaisseau, coifre, L. arca,
2. ARGHE, partie d un pont sous laquelle
l'eau passe, voy. arc.
ARGHÉOLOGIE, gr. «r^yMloyl^, science de
l'antiquité ; arcJiéologue^ «px^noXà/oi; archéolo-
gique, àoyxioïo/vfài.
ARGHBR, ARGHBT. voy. arc, — D. arche-
rot.
ARGHBVÊQUB, voy. archange
ARGHÉTYPE, gr. àpyïrxj-::^^, frappé le pre-
mier, original, premier modèle; ce mot est
synonyme de prototype.
ARGHI, particule initiale, voy. archange.
ARGHTTBGTB, voy. archange.
ARGHITRAVE, voy. archange.
ARGHIVES, L. archivum ou archium, dépôt
de titres officiels, du grec ipytXo;, officiel (cp.
Argivus, de ^Apyiîoi). — D. archiviste.
ARGHIVOLTE, de Fit. archivoJtn, formé
des mots L. arcus, arc,' et volutus, roulé.
D'après Littré, de archi, principal, et volta,
voûte. — Le mot ital. paraissant être plutôt
emprunté soit au BL. archivoîturn, soit au
mot français, et l'idée doprincijyaJ, qu'impli-
que l'explication do Littré, ne se compi'enant
pas trop bien pour la valeur actuelle du mot,
le propose de traduire celui-ci par tête (ipyr,)
de vm'Ue, sens restreint, plus tard, à des déco-
rations de C€ttc tête do voûte.
ARÇON, voy. arc. — D. arçonncr, désar-
çonner.
ARGTIQÏÏE, grec àoxTwo;, de «/sxto?, ours ;
cps. antarctique, oL-jT^piLnuoi , opposé au i>ôlc
arctique.
ARDÉLION, L. ardeîio (de ardet-e, brûler,
fig. être empressé)
ARDENT, L. ardens, part. prés, de ardere,
lequel verbe latin était représenté dans la
vieille langue par ardre (part, passé ars)
Ce verbe fr. ardre répond au même type latin
ardere auquel se rapporte le part, latin arsus.
A côté do ardre, on employait jadis aussi
ardoir = L. ardere. Un verbe franc, arder,
bien que figurant dans Littré, n'existe pas en
réalité.
ARDEUR, L. ardorem.
ARDILLON, it. ardighofie, prov. ardaVion,
mot d'origine douteuse, qui rappelle le grec
5j&3i;, pointe d'une flèche; Ménage part de
dard, d'où dardiUon, puis ardillon; Langen-
sie]3cn admet pour type artiglio, tiré de arti-
culus. Litti-é, insistant sur l'ancienne forme
hardillon (avec h aspirée), explique le mot
comme dimin. de harde, bâton, donc petit
bâtxîu, petite tige, cp. \'fr. hardier, aiguil-
lonner. Cett« dernière explication a contre
elle le fait qu'en vfr harde ou arc/c*= bâton,
n'est pas constaté.
ARDOISE, BL. ardesia, ardosia, it. arde-
sia, port ardosia. Adelung admet, sans en
fournir aucune preuve, une origine celtique;
Ménage parvient à dériver ardoise de argilla,
et voici comment : argillus, argillidus, argil-
dus, argildensis, ardonsis, ardese. Le chemin
est long, mais à la fin on arrive. Philander :
ardcsiam vocamus credo ab ardendo, quod o
tectis ad solis radios veluti flammas jaculatur.
Vergy croit que le nom de l'ardoise lui vient
de la ville d'Ardes en Irlande, supposition
toute gratuite; Frisch : later Artesius (du
pays d'Artois). Le Duchat conjecture, avec
beaucoup plus de probabilité, selon Mahn,
que pierre ardoise est une contraction pour
pierre ardenoise, les Ardennos étant particu-
lièrement productives en ardoises. Littré,
•appuyant sur la couleur, invoque le cymr.
arddu, ardion, très sombre (Ardenne, forêt
sombre). Diez ne se prononce pas. — D. ar-
doisidre.
*ARDRE, voy. arde>U.
ARDU, L. arduus.
ARE, du L. area, surface, d'où vient aus.si
aire (v. c. m.) et le dérivé aréal.
ARÉAL, voy. are et aire,
ARENE, L. arena; arc'neux, L. arenosus.
ARETE, prov. aresta, du L. arista, barbe
d'épi, emi)loyé déjà par le i>oète Ausone pour
arête de poisson — D. arêtiei\
AR6ANEAU, it. arganello, dim. de it. ar-
gano, vindas, cabestan. Il est difficile d'y mé-
connaitre le lat. oi^fanum, engin, instrument,
pour la forme; cependant Dioz admet que l'on
ait emprunté ce dernier sous l'influence de
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ARL
— 29 —
AKM
lat. ergota (cabestan), moy. lat. argata (annu-
lus crassior). Storm (Rom. II, 328) y voit
plutôt une tnmsformation du celtique ^aranocf
= gr. yipayo; (gme), transformation amenée
IKîutréti'e par le souvenir de orgamim. Aussi
bien dit-on de même organeau p. argaucan.
ARGENT, L. argentum. — D. argentier,
crie; verbe argcnier; argentin; argentosus,
argenteux.
ARGILE, L. argilla (ipyiUoî); argileitœ, L.
argillosus,
1. ARGOT, langage des voleurs, vocable
d'origine encore inexpliquée ; on a voulu y
voir une altération de l'it. gargo {fr. jargon),
ou un dérivé du L. argiUari, disputer (en
wallon argoter). Cette dernière étymologie
est fortifiée par le wallon argoté, rusé, malin
(L. argutus). Diez rappelle, pour le radical,
le vfr. arcagc = langage, dialecte, que l'on
rencontre dans Gui de Bourgogne (« en arcage
grezois «).
2. ARGOT, branche morte, voy. ergot-, —
D. argoter.
ARGOÏÏSIN, voy. alguasil.
ARGUE, t. d'arts et métiers, certaine ma-
cliine des tireurs d'or ou d'argent, s'explique
parfaitement par L. organum, instrument,
outil, d'où aussi it. argano, cabestan (v. pi.
h. arganeau). Argue serait donc une forme
variée de orgue; Vo tonique changé en a se
trouve aussi dans dame de dmnina ; cp encore
arpaiV/eicr, prononciation vulgaire pour orpail-
leur. — D. arguer.
1. ARGUER (trissyllabiquo), contredire,
accuser, argumenter, raisonner, it. arguite,
esp. poi-t. prov. argnir, du L. anyiterc (comme
statuer de statuere). Anciennement, arguer
signifiait tancer, attaquer, invectiver, harce-
ler, aiguillonner. Il se peut très bien que le
primitif du verbe, dans ses anciennes accei)-
tions, soit, comme l'affirme Littré, plutôt ar-
gutare (= vé\^tcT sans cesse) que arguere,
mais je ne vois pas que la phonologie refuse
ce dernier et que arguer, venant de arguere,
réclame nécessairement au présent f argue
(prononcé arghe) au lieu de arguë, que pré-
sentent les textes. Il ne faut pas perdre do
vue que le verbe arguer, du moins dans les
applications modernes, est d'introduction sa-
vante, et qu'il n'y a pas lieu d'insister sur Xii
de arguere, comparé à Trt de ar gutare.
2. ARGUER (pron. argher), voy. argue.
ARGUMENT, L. argumentum (arguo). —
D. argumenter, L. argumentari.
ARGUTIE, forme savante, qui a supplanté
le vfr. arguée; du L. argutia.
ARIDE, -ITB, L. aridus, ariditatcm.
ARIETTE, voy. air.
ARISTOCRATIE, gr. à|5iï«x/jaTs(», gouver-
nement des meilleurs (â^oiiroi). — D. aristo-
a'ote, -tique.
ARITHMÉTIQUE, gr. à/si^iîTixo,-, qui se
rapporte au calcul (ipiS/Ao; nombre, verbe
ARLEQUIN, dans le sens actuel du mot, do
rit. arleccfnno. Mais celui-ci d'où vient-il? car
il n'est pas né sur le sol italien. Représente-
t-il originellement, comme certains pensent,
le vfr. hellequin ou hierlequin, si souvent
employé par les écrivains du moyen âge pour
désigner le diable? « Tout éloigné qu'il est
par son caractère du hellequin primitif, dit
Gachet, arlequin a pourtant conservé l'accou-
trement des farces du xiv" siècle : son masque
noir annonce bien un fils de l'enfer et son
vêtement composé de pièces jaunes, rouges et
noires ne rappelle pas moins bien les flammes
au milieu desquelles il se trépignait en tour-
mentant les damnés » . Quant à ^^uin(dont
le Dante a fait alichino), son et. reste encore
à trouver; les conjectures mises en avant jus-
qu'ici ne donnent aucune certitude. La fac-
ture du mot accuse une origine flamande.
Aussi Mahn ramène harlequin, en détachant
le suffixe diminutif kin, à l'ail, harl, variété
de Karl (Charles), et s'appuie des expres-
sions analogues Peterinânnchen,Hûnneschen,
Hein^ehnànnchen, toutes employées pour
désigner des esprits familiers ou lutins.
Comme on trouve aussi hennequin p. helle-
quin, je prendrais volontiers cette forme pour
la première et elle nous fournirait la repré-
sentation néerl. de l'ail, hànschen, dim. de
hans, qui est aussi le premier terme de l'ail.
hajiswurst (arlequin). — Weigand cxjnsidère
hellehin « groupe aérien d'esprits se combat-
tant avec bruit», comme le diminutif néerlan
dais hellehin, petit enfer. — Génin (Varia-
tions du lang. franc.) met ar/e^wm en rapport
avec le cimetière d'Arles ou alescamps, dont
le vulgaire aurait fait le nom d'un fantôme,
toujours suivi d'une compagnie qui bruyait
dans ce cimetière, — Nous rapportons encore,
pour mémoire, l'explication donnée dans le
dictionnaire de Dochez : « Du vieux germa-
nique erle, ou elle, aune, et hing, roi, roi des
aunes et des fantômes qui habitent dans les
bois. Cette opinion des fantômes et des fées
germaniques se fondit avec celle de la danse
des morts illustres, tombés autour de la ville
d'Arles, dont le chef était envelopi)é d'un
manteau rouge et noir. Ces rapports de cos-
tume avec le bouflbn italien amenèrent une
complète transformation des arlequins qui
avaient effrayé le moyen âge. »
ARME, L. arma (phir.). Pour le terme hé-
raldique armes, cfr. en allemand tcaffe et
voappen ; les armes sont la reproduction do
l'écu avec ses blasons. — D. armer (L. armare),
pourvoir d anncs ou mettre sous les armes,
équiper un vaisseau ; garnir, munir ; armoier",
blasonner, d'où armoirie (cp. plaidoirie de
plaidoyer).
ARMÉE, force armée, BL. armata (armare),
it. armata, esp. -ada; angl. army.
ARMELTNE, du BL. armelinus = armeni-
nus; voy. hermine.
ARMER, voy. arme. — D. armateur, ar-
mature (mots savants), armure. — C. désar*
mer.
ARMET, p. almet, it. almele, angl. helmct;
diminutif do healme, lialme, elme, auj.
heaume. L'absence d'une forme almet dans les
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ARR
— 30 —
ÂRR
vieux textes fait incliner Littré pour une dé-
rivation de arme.
ARMILLBS, L. armiUa, bracelet.
ARMISTIGB, L. armistitium* , mot nouveau
forgé, d'aprôs l'analogie de solstiiiitm, do
arma et stare; cfr. le terme allemand tDaffen-
stiUstand.
ARMOIRE, armaire*j vît. alr^taire^ au-
maire, angl. almery, ambn/, allem. a^m^;
du L. armarium, buffet, armoire (de arma
dans le sens d'ustensiles).
ARMOIRIE, voy. arme. — D. ai*morier,
armoriai, armoriste.
ARMOISE (vulg. herbe de la SaintJean), L.
artemisia.
ARMOISIN, taffetas peu lustré, it. erme-
sino, BL. ermesiniis; d'origine inconnue.
ARMON, pièce du train d'un carrosse où
s'attache le gros bout du timon, soit du L.
artemon (dans la basse latinité &= timon), soit
du L. armw, jointure, emboîture.
ARMORIER, voy. armoirie.
ARMURE, voy. a^'mer. — D. armurier,
d'où armurerie.
AROME» du L. aroma, gén. aromaJLis (gr.
£pw/A«, épiœ, herbe odoriférante), d'où pro-
vient aussi la forme aromate. — D. aroma»
tique, aromatiser.
ARONDS, voy. hirondelle,
ARPÈGE, de l'it. arpeggio, subst. verbal
de arpeggiare, fr. arpéger, pr. jouer de la
harpe (it. arpa).
ARPENT, prov. arpen. Pour le t final, cp.
l'ancienne orthographe française chambel-
laftt, païsani (angl. peasant), tirant (angl.
tyrant), faisant et l'ail, pergament, parchemin
comparé à l'it. pergamena. Du L. arepennis,
que Columelle 5, 1 , 6 cite comme une expres-
sion gauloise équivalente à un semijugerum.
— D. arpenter.
ARQUEBUSE, it. arcobugio, archibuso.
L'étymologie arcus, arc, et bugio, buso,
percé, donc « arc percé », n'est guère admis-
sible. Se fondant sur les formes harquebuso
(wall. harkibuse) et ?iacquebtUe, Qrandga-
gnage et, d'après lui, Diez font venir le mot
de Pall. ?uihenbCichse, flam. haeck-buyse, c.
& d. arquebuse à croc, dont on appuyait
l'extrémité sur une fourche. Grandgagnage,
toutefois, ne condamne pas absolument l'cx
plication arc-à-buse, c. à d. arc lançant des
traits au moyen d'un tube, l'arquebuse étant,
en effet, à son origine une sorte d'arbalète. —
D. arquebusier, arqtiebuser.
ARQUER, voy. arc.
ARRACHER, vfr. esrachier, esragier, ara-
chier, prov. esraigar, araigar, du L. ex^ra-
dicare, avec changement du préfixe, comme
dans ame^u^r de emendare. Pour la terminai-
son de ces verbes, nous rappelons fr'. petuiher,
prov. pengar, du lat. pendicare, reoancher
e=a revenger.
ARRAISONNER, vfr. araisnier, adresser la
parole; do raison, dans l'anc. sens do propos,
parole.
ARRANGER, voy. rang.
ARRÉRAGE, voy. arrière. — D. arrérager.
ARRÊTER, arester, comp. de a et de res-
ter ; c'est tout bonnement le factitif de rester,
signifiant faire rester, entraver la marche,
fixer, clore (une délibération); subst. arrât
(esp. it. arresto), et arrêté, jugement, résolu-
tion. L'étymologie par gr. àpttTôv, résolution,
invoquée parfois pour arr^t, est inadmissible ;
la ressemblance de sens et de forme est for-
tuite.
ARRHES, vfr. erre, du L. arrha. -r- D.
arrher.
ARRIÈRE, vfr. arère, prov. areire, de la
combinaison barbare ad-rctro, conune derrière
vient de de-retro. — D. arriérer (esp. arrc-
drar), arrérage (prov. areyrxigcs).
ARRIÈRE-BAN. Ce mot, quoique très an-
cien, parait s'être formé par l'effet d'une fausse
interprétation du BL. hartbannum, ariban-
num =« ail. hcer-bann (convocation de l'ar-
mée), d'où aussi vfr. arban, herban (citation
pour aller en guerre ou pour faire les corvées).
Toutefois, d'Arbois de Jubainvillc (Rom. 1,141)
refuse au mot bas-latin l'étymon vha, hariban,
celui-ci n'étant point constaté; selon lui, il
remonte à la période franco-mérovingienne et
représente charebannus (ch franc est l'équiva-
lant de h des autres langues germaniques).
ARRIMER, arranger la cargaison d'un bâti-
ment, altération de vfr. arrumer, esp. arru-
mar. Or, ce dernier dérive du subst. vfr. rum,
fond de cale, lequel représente le ni. ruim,
ail. nïm, ai\j. raum, espace (en termes de
marine : entrepont), angl. room, — Arri-
mer répond pour le sens à ail. einràumen,
emménager (des meubles).
ARRISER et RISER tout court, t: de marine ;
du vha. risan, arrisan, tomber.
ARRIVER, L. adripare, propr. toucher la
rive (comp. aborder, de bord). Le mot a géné-
ralisé son sens en celui d'advenire. — D. arri-
vage, arrivée; més-arriver.
ARROGHE, irrégulièrement formé du L.
atripliccm, m. s.; it. aJtrepice, wallon artpc;
on trouve en vfr. araschc (Wright, Vocab.,
p. 141); l'angl. dit orocA.
ARROGANT, -ANGE, L. arrogam, -antia
(arrogare).
ARROGER (s'), L. ar -rogare sibi, demander
pour soi, s'approprier.
ARROI. voy. sous agrès.
ARRONDIR, factitif de ro^id. — D. arron-
dissement • (comparez, pour le sens do cir-
conscription administrative, l'expression ana-
logue cercle).
ARROSER, prov. arrosar; le verbe, à l'état
simple, sans le préfixe, n'existe pas dans la
langue d'oïl, mais bien dans l'esp. rociar et
le catalan ruxar. Quant à ces dernières for-
mes, Diez y voit des dérivés du L. roscidus,
en alléguant limpiar de limpidiis; mais il ne
nous est point démontré que les formes fran-
çaise et prov. roscr et rosar, et les formes
rociar et ntxa'r se correspondent. Je ratt»a-
cherais volontiers roser ou arroser aux verbes
latins rorare ou adrorare, mais la permuta-
tion do r et s (cp. les mots bcsiclr, chaise.
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ART
— 31 —
ASP
poitssière) est relativement trop moderne
pour Tadmcttre ici, bien qu'elle fût particu-
liopcment motivée dans notre cas par le désir
d'éviter le concours do deux syllabes com-
mençant par un r. Il vaut donc mieux,
pour rosar et roscr, admettre une dérivation
directe du L. ros, — Le subst. verbal de ces
verbes est respectivement rociada, ruxada,
rosada, fr. rosée, it. rugiada.
ÂRS, t. de vétérinaire, le pli qui se remar-
que à la réunion de la poitrine et du membre
antérieur du cheval. Oachet le rattache au L^
arca, coffre : il rappelle que dans plusieurs
langues la poitrine est exprimée par un terme
signifiant coffre, creux; cp. esp. arcas, les
flancs, le creux qui est au-dessous des côtes,
angl. chcst^ it. casso, cassera, thorax. Papias,
en parlant du thorax, dit : « quam nos arcam
dicimus, quod sit ibi arcanum », Diez oppose
que ars ne désigne pas la poitrine, mais un
joint, et rapporte le mot à L. armu*, jointure;
Littré y voit une comparaison des deux mem-
bres de devant du cheval avec un arc et s'en
tient à arcus; d'autres établissent pour pri-
mitif le latin artxis, [articulation. — Dans
tous les cas, 1'^ final est un reste de l'ancien
nominatif, comme dans fils, rets, fonds.
ARSENAL, it. arzanà, arsenale, grec du
moyen âge àf^tvfklviq ; ces vocables, auxquels
se joignent it. darsejia, partie séparée d'un
port, fr. darse et darsine, viennent de l'arabe
dàr çaiiah, persan tarsanah, maison de tra-
vail, atelier de construction. Arsenal paraît
ainsi avoir sonné d'abord darsenaL Cependant
Devîc dit que, dans les formes sans l'initiale d,
le mot représente l'arabe as-shiô^a, qui se dit
d'un arsenal maritime.
ARSENIC, du L. arseniciim (àp«vi>t«(v, pr.
le métal mâle). On trouve en vfr. la forme
correcte arsoine. •
ART, L. ars, artis; le mot latin signifiait
dans la basse latinité aussi instrument, engin.
— D. artiste.
ARTliRB, L. arteria (àprnpCx).
ARTÉSIEN (puits), du BL. Artesia, fr.
Artois, province où ces puits ont été établis
en grande quantité.
ARTICHAUT, de l'ital. articiocco, ail. ar-
tischoke. L'étude qu'a faite M. Dozy expose
que l'arabe ardhi-chaukî (litt. terreux-épi-
neux), loin d'être l'original de Tit. articiocco,
en est plutôt la reproduction, favorisée par un
rapport de son avec deux adjectifs que l'on a
trouvés convenablement applicables à la chose;
qu'il a été introduit en Syrie, où seulement
on le trouve en usage à la suite des relations
de ce pays avec l'Italie ; que le vrai et ancien
mot arabe pour artichaut est harsjef, ou
charsjof, et que c'est de là que proviennent
les formes esp. aJcarchofa, alcachova, port.
alcachofra et l'it. carcioffo; enfin que car-
cioffb s'est transformé en arciocco (forme citée
par Dodoens). qui à son tour serait devenu
articiocco, — Devic (Journal asiat. , jaùv. J 862,
p. 83), explique articiocco par une corruption
du gr. rà àpTurcxa, ** têtes d artichaut » .
ARTICLE, L. articnlus, dimin. de artus.
joint. Le même mot latin a donné régulière-
ment orteil (v. c. m.), anc. artcil. — Dérivés :
articulare, articuler; -atio, -ation; -aris, -aire?;
inarticulatus, inarticulé,
ARTIFICE, L. artificium. — D. artificier;
artificialis, artificiel; -osus, -eux.
ARTILLER*, munir d'engins (de là le t«rme
do marine artillé), du BL. artillum (dimin.
de ars dans le sens d'engin). — De là : subst.
artillerie, l'ensemble des engins, subst. artil*
leur, anc. qui dirige l'emploi des engins, et
enfin l'ancien adj. artilleux, artificieux, rusé.
Pour le rapport entre art et artillum, cp.
engin, ingénieur et ingénieux, de ingenium.
Comme engigner, notre verbe artiller a
signifié aussi user d'artifice. En prov., on
trouve artilha dans le sens de redoute.
ARTILLERIE, voy. le mot précédent.
ARTIMON, L. artemo (ipriytay).
ARTISAN, it. artigiafw, esp. artesayto,
dérive direct, d'un ac^. artUianus formé du
part, artitus, habile (« bonis instructus arti-
bus « Festus). C'est de la même manière que
partisan s'est produit de partitus. Selon Fle-
chia (Postille etimol. 13), la finale française
isan ne représente pas un type itiantis, mais
une combinaison de -ensis (= is) -(- -c^nus
(=a a7î) ; do même dans partisan.
ARTISON, vfr. artuison, insecte rongeur.
Voici, d'après Bugge (Rom. IV, 350), l'his'
toire de ce mot : Lat. tarmitem, devenu tar-
mita, a donné tarie, d'où par aphérèse arte et
artre (forme ancienne fi'équente); de là un
composé arte-toison, devenu artoison, -uison,
'Uson, -ison, toutes formes constatées. Je ne
trouve dans Godefroy que artre et l'adj. artui-
sonneux au sens de Hneosus.
ARTISTE, BL. artista, dérivé de ars, aHis.
— D. artistique.
AS, it. asso, angl. ace, du L. os, mot dési-
gnant l'unité.
ASBESTE, gr. â^Csvres, qui ne se consume
pas au feu, litt. inextinguible.
ASCARIDE, L. ascaris, -idis (àneap<$).
ASCENDANT, L. ascendens, part, de as-
cendere, monter, d'où l'ancien verbe franc.
ascendre (angl. ascend), qu'on a eu tort
d abandonner. — D. ascendance. — L. ascen-
sio, ascension, d'où ascensionnel.
ASCÈTE, gr. àwiiT^js, qui s'exerce. — D.
ascétique ascétisme,
ASILE ou ASTLE, L. asylum {iiulov, lieu
inviolable).
ASPE (aussi asple), it. aspo, dévidoir, du
vha. haspa (ail. mod. haspel), m. s.
ASPECT, L. aspcctus, de aspicere, regar-
der.
ASPERGE, L. asparagus [àfsitkpivtoi).
ASPERGER, vfr. asperdre, de aspergere
(comp. do spargcre). — Aspersio, aspersion ;
aspersorium*, aspersoir.
ASPÉRITÉ, voy. âpre,
ASPHALTE, L. asphaltus {i^f^lroi).
ASPHODÈLE, gr. à^çàosïoi. Dans l'ancienne
langue, le nom de cette plante se présente sous
les formes asphrodille, afrodille (Palsgravo);
V. angl. affadill, auj. daffbdiU.
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ASS
32 —
ASS
ASPHYXIE, gr. i^yuÇ^x, absence de pulsa-
tion (ïf û^siv, battre, en parlant du pouls). —
D. asphyxier,
1. ASPIC, plante (lavandula spica), p. es-
pic, du L. spicum, dit par métaplasme pour
spica.
2. ASPIC, serpent, L. aspis, -idis, gr.
àçwé;; le prov. a aspis et aspic, l'csp. et le
port, aspid, l'it. aspide. Le c final de la
forme provençale est r&sté en français ; et je
crois que le prov. aspic vient d'un diminutif
ÙTTtUiov, op. dans cette langue fastic (L. fas-
tidium), aloc (L. allodium) et autres mots où
le c est un effet de Vi palatal de la terminaison
ium. La vraie forme française est le vfr. aspe,
3. ASPIC, t. de cuisine, plat composé de
viande ou de poisson froid et de gelée. D'où ?
De la loc. « être froid comme un aspic »? se
demande Littré.
ASPIRER, L. a-spirare; — D. aspirant,
aspiration, aspirail.
ASSAILLIR, L. as-salire.
ASSAINIR, fact. de sain, — D. assainisse-
ment,
ASSAISONNER, propr. rendre convenable
à la saismi (v. c. m.), puis porter qqch. à son
point voulu, enfin accommoder convenable-
ment (cp. ail. surccht machen), rendre plus
agréable. L'idée de saison a fini, comme on
voit, par s'effacer entièrement.
ASSASSIN, subst. et adj., vient de l'arabe
haschischin, qui est le nom d'une secte reli-
gieuse dont les adhérents ont fait vœu de
commettre tout meurtre qui leur serait or-
donné par leur chef (appelé le seigneur de la
montagne, schajch algabal), en s'enivrant à
cet effet d'une boisson préparée avec le chan-
vre [haschisch). Le nom de ces sectaires est
dans la suite devenu synonyme de meurtrier
soudoyé. — D. assassiner, assassinat,
ASSAUT» it. asalto, BL. assaîtus, subst.
verbal du BL. assaltare, vfr. assauter, fré-
quent, de aS'Salirc, fr. assaillir.
ASSÉCHER, factitif de sec i v. c. m.).
ASSEMBLER i^eprésente une forme latine
assimulare, dérivée de l'adv. simiil, en même
temps, à la fois ; assembler, c'est faire venir ou
mettre ensetnble (v. c. m.). Dans l'ancienne
langue le verbe signifiait combattre (cp. jou-
ter de jiixta. — D. assanblée, assemblage;
dcsassembler, rassembler,
ASSENER, dans l'ancienne langue, signifiait
diriger ; le mot n'est resté que dans la locu-
tiod assener un coup. Il vient de sen, sens,
direction, qui est aussi le primitif de forsené',
forcené,
ASSENTIR', vieux verbe fr., du L. as-sen-
tire; il nous en est resté le subst. assentiment.
Il est curieux de remai'quer à côté de la ter-
minaison iment, dans assentiment, ressen-
timent, celle en ement dans consentement.
Les anciens employaient, du reste, la forme
normale assentement,
ASSEOIR. Le verbe seoir (pron. soi?-),
anc. sedeir, siieir, seoir, représente le L. sc-
dêre (cp. veoir, voir, de videre) ; asseoir, le
composta assidêre. Seulement, le compos
français est actif (= poser, fixer), tandis que
le terme latin est exclusivement neutre (ctro
assis). La langue d'oïl avait aussi la forme
assire, qui répond à un primitif latin assi-
dêre. Le participe assis reproduit le L. asses-
SHS (cp. pris de presus i^.prensus^. C'est de ce
participe assis que vient le subst. assise,
assemblée, séance de juges, puis, par exten-
sion, le jugement porté par eux, ou bien aussi
imposition, taxe décrétée par l'autorité. Le
sens primitif et matériel du mot reparait dans
assise signifiant couche de pierres. — Com-
posé : rasseoir, rassis,
ASSERMENTER, lier par serment.
ASSERTION, L. assertio, subst. de asse-
rere, prétendre, affirmer.
ASSERVIR, factitif de serf, comme assu-
jettir de si'jet. Cette étymologie fait compren-
dre la différence de conjugaison qui se remar-
que entre asservir et servir. Le latin asservirc
n'avait qu'une signification neutre.
ASSESSEUR, L. assessor (de assidêre, s'as-
seoir auprès) ; ralleraand a imité le terme latin
par le mot beisitzer.
ASSEZ, pr. assats, it. assai, de l'adverbe
composé L. adsatis, assatis (cfr. pour la
finale es, L, amatis et fr. aimes).
ASSIDU, -ITÉ, L. assiduus, -itas (assidêre).
ASSIÉGER se rapporte à siéger (voy. siège,
comme le mot latin assidêre, qui a le même
sens, au primitif sedcre. Jadis on disait plu-
tôt asseoir une ville.
ASSIETTE. Les diverses significations pro-
pres à ce mot dans la langue ancienne et mo-
derne, jointe à sa similitude avec la forme
verbale assiet, assied, font difficilement renon-
cer à la supposition d'un rapport étymolo-
gique avec le verbe asseoir, lat. assidêre. Je
disais dans ma dernière éd. que ce rapport
ne se laissait établir, à moins de violenter
la phonétique, qu'en partant d'une forme ty-
pique imaginaire, c'es^à-dire non constatée :
le fréquentatif asseditare, tiré d'un supin bar-
bare seditum pour sessum. Ce type, disais-je,
nous mènerait naturellement à un infinitif
prov. asetar, fr. aseter, assieter, et au sub-
stantif verbal assiette, en invoquant l'analogie
de pedito {^onis) devenu piéton et de peditare
(dérivé de peditus) devenu petar, péter. Il
expliquerait également, continuais-je, l'espa-
gnol et le prov. sentar, asentar, it. sentare
et assentare, vieux fr. assenter = asseoir,
qui se rapporterait à seditare comme renta,
rente à reddita (1). Dans mon hypothèse d'un
supin seditum (ce barbarisme ne serait pas
plus étrange que le premitum pour pres^
sxim^ auquel l'on doit impretita et empreinte),
je prétendais que les déductions que j'en
tirais ne soulèveraient aucune difficulté sé-
rieuse, tandis qu'il y en a de très graves
à voir avec Littré, au fond du mot assiette,
un thème siet, répondant à L. situs D'abord,
(1) Diez voit dans ces formes des dérivations du parti-
cipe présent sedentetn, mais la lettre s'y oppose, à ce
qu'il me semble ; en français la marche : seti^ntare^
t^anter, santer, pourrait être admise sur Tanalogie de
ct'cd^ntarc-ci'éanter-crantet', grante%\ mais en est-il de
même pour les langues du Midi?
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ASS
33
ASS
on ne connaît aucun exemple d'un i bref
latin se francisant par ie ; puis la citation
du Recueil de Tailliar, dont s'appuie l'auteur
du Dictionnaire de la langue française : un
jour con i a siet^ prouverait au contraire, à
cause de l'emploi actif do ce participe siety en
faveur d'un participe seditus. Aujourd'hui,
grâce au Dictionnaire de Godefroy, il est per-
mis d'abandonner le terrain conjectural, et
de fonder sur le vfr. assetei\ assetter =
asseoir, placer, disposer, dont ce dict. nous
donne de nombreuses preuves, l'étymologie :
assiette y subst. verbal fém. de assetter (la
diphthongue ie en syllabe tonique est de
rôprle). n n y a que pour l'acception « plat »
qu'il peut encore rester quelque doute (v. pi.
loin). — Mais nous avons, à propos de la
famille du L. sedëre, encore d'autres formes
romanes à débrouiller. L'espagnol sitio (place,
siège) est, selon moi, le substantif verbal
de sitiar (composé : asitiar^ prov. asetiar,
asetjar). Ce sitiar ^ je serais disposé à le rame-
ner à un type sitiare, fonné de situs, comme
acidiare^ capiiare, tractiare, etc. de aciUttSy
captKs, tractitSy si ce proct^dé do dérivation
verbale, fort usuel en roman, ne se produisait
pas en espagnol par un simple :: iagusar^
casar, trasar). Cette dernière circonstance
m'engage à me rallier à Diez, qui conjecture
pour primitif des formes en question (voyez
son article sitio) le vieux liaut-all. sizan^
vieux saxon sittian (sedcrc). — Le provençal
a^sestar (placer, asseoir) et l'italien asscstnre
(actif = arranger, ajuster, neutre = seoir,
convenir) ne reposent pas, comme le pense
Littré, sur une mixtion du supin sessum avec
situSf mais ils ont pour type assessitare^ dé-
rivé de assessum, assessare (le simple sessi-
tare est, comme on sait, classique). C'est ainsi
que taxitnit supin secondaire de iag&re ^ tan-
gere, a produit ta^itare^ d'où it. tastare^ prov.
tastar, fr. tàier. — Jusqu'ici, nous avons su,
sauf la forme sitiar ^ nous accommoder du
Iirimitif sedere, soit par seditnm ou par ses-
sum. En sera-t-il de môme à l'égard de l'ita-
lien asseiiarc, ajuster, agencer, disposer,
asseoir, châtrer? Je ne le pense pas. Le double
t, d'après les règles de formation italienne, ne
jKîrmet point d'y voir une simple modification
formelle de aseiar ou de asestar traités ci-des-
sus; et malgré la conformité do son et la
cf)ïncidence des significations, il îsvwi lui
chercher un autre original. Or, la facture du
mot appelle nécessairement rt6'5ec<rt7'6, fréquen-
tatif de as'secare, couper pour chacun et
pour chaque chose dans les proportions vou-
lues, diviser par justes parts, répartir, arran-
ger, placer, asseoir convenablement, assigner,
fixer. Arrangement, disposition, placement,
sont des idées qui découlent naturellement
de couper, diviser, et d'ailleurs le sens chà-
tivr vient on surplus corroboror cotte étymo-
lr>jrie, que je ne fais que reproduire ai)rès
Diez. — Et maintenant, pour en revenir à
assiette t point de départ de ce long article, ne
vaut-il pas mieux, pour l'expliquer, laisser là
lo type asseditare, assigner au mot français la
même origine qua l'italien asselto, agence-
ment, ordre, et le faire passer par la même
filière idéologique : couper, diviser, répartir,
arranger, asseoir, placer à table? Pour la
lettre, nousaurions pour nous le mot disiette',
disette de disecta (retranchement de vivres),
et pour le sens, la conception primordiale
" tailler » ne perce-t-elle pas encore dans le
terme assiette (taille, répartition) d^ impôts ,
puis dans l'expression usuelle en termes d'eaux
et forêts : \ assiette des t>entes [on marquait les
bois à vendre en les entaillant), et enfin dans
l'emploi du mot assiette désignant le plat sur
lequel on sert ou on mange, et au sujet duquel
il me reste encore quelques mots à dire.
Assiette = vaisselle plate, peut être une mé-
tonymie de assiette == service, mets (co qui
est mis sur table), mais l'inverse est égale-
ment possible, et phis probable (comparez les
termes fr. plai et angl. disk = mets). Dans
les deux cas (1), il peut y avoir au fond l'idée
de trancher les viande* (il faut les trancher
avant de les .servir), et dans le deuxième, on
est involontairement rappelé à nos vieux mots
tailloir et tranchoir, à l'it. tcu/lière, esp. tcU-
lei\ ail. teller. On le voit, je reste dans l'indé-
cision pour ce qui concerne le mot assiette :
l'élément secare parait y avoir autant de droit
(pie sedere.
ASSICrNER, vfr. assiner, assener, du latin
assignare.
ASSIMILER, L. assimilare (similis).
ASSISE, voy. asseoir.
ASSISTER, L. ad-sistere. — D. assistance,
1. présence, aide, secours; 2. ensemble des
pei-sonnes présentes.
ASSOCIER, L. ad-sociare [socius, compa-
gnon).
ASSOLER, de sole (v. c. m.).
ASSOMBRIR, rendre sombre.
ASSOMMER, selon les uns, de somme ==
L. somnus; assommer, qui s'employait autrefois
en effet pour assoupir, serait ainsi employé
métaphoriquement pour tuer, comme l'expres-
sion " in»soporem collocare »» dans Plante,
Amphitr., 1, 147; selon d'autres (Ménage et
Diez), de somme, fardeau (v. c. m ), de ma-
nière que assommer serait propr. accabler
sous la pesanteur d'un poids. Nous tenons la
dernière explication pour d'autant plus accep-
table que le verbe signifie aussi fatiguer,
affliger. Cependant, l'ancienne acception « me-
ner à fin » qui, ainsi que celle de « énu-
mérer «, se rattache à « summum, summa »,
engage à admettre ce dei'nier primitif aussi
pour le sens « tuer ». — D. assommoir.
ASSOMPTION, L. assumptio, substantif de
fzssitmere, prendre à soi.
ASSONANT, L. ad-sonans. — D. asso-
(1) L'emploi du mot mniette pour vaisselle platn,
d'après Icîs cit/itions de M. Lillré, ne parait i-cmonter
qu'ail XVII" sic'clo. Cela parle en faveur de l'antério-
rité du sens mets, service. — Gotlefroy ne cite qu'un
.seul ex. (le (issicctc ou ce mot revient plusieurs fois dans
cette liaison : « une chainturc k assirctcs d'argent et de
perles •»; il traiiutt \yar plaque; J'y vois plutm la valeur
« piëco, pnreello ".
3
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AST
34 —
ATI
Assortie, v. act., mettre ensemble selon
les sortes, assembler d'une manière conve-
nable, pourvoir im magasin de diverses sortes
convenables ; neutre, être de môme sorte,
convenir; de sorte {y. c. m.). — D. assorii-
nient; désassortir.
ASSOTER, factitif de sot, comme affoler
de fol; cps. rassoter.
ASSOUPIR, du L. sopire, endormir (rac.
SOP, d'où sopnus*, somnus).
ASSOUPLIR, randre souple,
ASSOURDIR, rendre sourd.
ASSOUVIR a l'air d'être une forme variée,
adoucie (p en u), de assoupir ; le latin sopire
signifiait également calmer, apaiser. Cepen-
dant, cette étjmologie pourrait n'être que
spécieuse. Diez, dans la 1'^^ édit. de son ac-
tionnaire, dérive le mot du goth. ffosôthjan,
rassasier ; lé fait de l'élision de la dentale et
de son remplacement par un r euphonique se
rencontre aUssi dans pouvoir pour podoir
(prov. poder). Mais, dans les éd. suivantes,
pour rester dans le domaine latin, il a préféré
identifier assouvir avec vfr. assoit ffir, satis-
faire, contenter, qui vient du latin sufficere,
bien que le changement de /f en r soit insolite.
Littréi insistant en outre sur les anciennes ac-
ceptions parfaire, accomplir, pense qu'il peut
y avoir eu confUsion en un seul des deux
verbes : assopire (satisfaire la faim, l'assou-
pir) et assufficere, suflSro, satisfaire, achever.
ASSUJETTIR, factitif de sujet.
ASSUMER, prendre sur ou pour soi, du L.
as-sumere.
ASSURER, vfr. assegurer, asseû7*er, L.
assecurare, — Cp.*5. rassurer.
ÀSTELLE (on dit plus souvent attelle),
lame de bois, du L. astella, p. astula, frag-
ment do bois, ais, bardeau. L'étjmologic has-
telia, dimin. de hasta, lance (Littré), ne con-
vient pas au sens.
ASTER, plante, du grec à^n/ip^ étoile, qui
est aussi le primitif de astérie, astérisme,
astéroïde, astérisque («vrtplwoi, petite étoile).
ASTHtfS, vfr. asme, esp. it. prov. asma, du
grec ac^fit, respiration. — D. asthmatique,
ASTIG, ou asti, instrument pointu des cor-
donniers pour lisser le cuir; subst. verbal de
astiquer (v. c. m.).
ASTICOTER, voy. astiquer. — D. asticot,
ver que l'on pique à l'hameçon, pour prendre
les poissons ; anc. ■= irritation ; cp. wallon
asticote, contrariété, indisposition légère.
ASTIQUER, employé familièrement tantôt
pour toucher légèrement à une partie malade
(rouchi), tantôt pour ajuster, parer (surtout
au réfl. s'astiquer), tantôt pour frotter le cuir
avec un polissoir pointu (voy. astic); dérivé
de la racine germanique stech, stich, piquer,
pointer. De là subst. astic (v. c. m.); le fréqu.
asticoter (v. c. m.), p<jintiller, irriter, tour-
menter (cp. l'ail, sticheln).
ASTRAGALE, L. astragalus (à9TpKva)o{).
ASTRE, L. aslrum. — D. rf^;((w/rc(cfr.all.
unstern), et malotru (v.c. m.).
ASTREINDRE, L. ad-stringere. — Du part,
latin astriiigcns : fr. astringent, du subst.
astrictio : fr. astriction.
ASTROLABE, du gr. à9T/so>ix6ov (àvr/so^xeixov
op/avov), instrument pour mesurer les dimen-
sions des étoiles.
ASTROLOGIE, gr. àtrpoïoyin'^^ astrologue,
àirpoXoyoi ; -ique, -cxo^.
ASTRONOMIE, gr. irfpovofilx ; astronome,
sL9rpov6fioi ; 'ique -1x05.
ASTUCE, L. astutia. — D. astucieux.
ATELIER. Le prov. astelier et esp. astil-
le7'o signifient un râtelier pour les lances et
se rapportent à hasta. Diez pense (\\\aiclicr
est le même mot et que le sens actuel serait
déduit de celui de « dépôt d'outils ». —
D'autres y voient le BL. artiUaria, boutique
de travail (de artillum, outil, voy. artiller),
mais l'élision de \r fait difliculté. — Littré
pense que le primitif est attelle ou astel/e,
petite planche; il s'agirait ainsi d'un lieu où
l'on prépare les attelles ; en d'autres mots, un
atelier de menuisier. Rônscli aussi part d'un
type lat. astularium, lieu où il se fait des
astulœ, des éclats de bois ou de pierre, donc
lieu de travail, où l'on charpente, taille, oie
C'est peu plausible, bien que astula «=■ éclat
de pierre, soit constaté dans VitruvefArchit.,
7, 6). — Enfin, feu M. le prof. J.-H. Bor-
mans, de Liège, veut apparenter notre mot
avec l'it. attillare, mettre en ordre, arranger,
et avec l'expression wallonne en aiileure, en
ordre, en bon état, et ceux-ci avec l'ags, tiljan,
arranger, construire. — C'est cette dernière
explication qui me sourit le plus ; seulement,
au lieu d'alléguer l'italien, je rappelle le bon
vieux mot fr. atillier, arranger, aju.stor, pi*o-
parer, équiper, armer, d'où subst. atil, action
d'atiller, de préparer ce qu'il faut ; de là à un
subst. atiliei; atelier, lieu de travail, labora-
toire, il n'y a pas loin. Reste à savoir l'origine
de atillier = prov. atilhar, it. aitillare, esp.
atildar. Diez, qui ne connaissait pas notre fr.
atillier, rattache, avec quelque hardiesse, ces
derniers verbes à un type aititulare, de titulus
(it. titolo, esp. tilde) = le ix)int sur l't.
ATERMOYER, reculer le terme. Pour la
terminaison dérivative oyer (= L. icare),
cfr. tournoyer, flamboyer, rudoyer, etc.
L'ancienne langue disait atet'mer.
ATHÉE, gr. i-^jg-.— D. atliéisme.
ATHÉNÉJB, gr. à^/jvaTov (de 'Aa»5*>ï, Minerve,
déesse des sciences).
ATHLÈTE, gr. àârx-^rra, combattant.
ATINTER, ajuster, parer, attifer, anc au.ssi
armer, équiper; vfr. aiintelé, paré, attifé. L'ori-
gine de ce vieux mot, synon. de atillier (voy.
aiclier), n'est pas encore tirée au clair. L'éty-
mon le plus naturel, 'attinctare, fréqu. do
attingere, attoucher, ofl're cela d'irrégulier
qu'il suppose un supin tinctum au lieu de
tactum; mais cette inv*^ularité a de nom-
breuses analogies et n'est pas plus choquanto
que celle qui îixit scditum de sedtre ; pour les
acceptions tirées de l'idée foncière « toucher ^ ,
ce sont les mômes que «telles propres à l'an-
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ATT
— 35
ATT
cien adouber, « vêtir, anner, équiper, ajuster,
soigner », lequel on est d'accord à rattacher
à un mot germanique signifiant toucher. J cs-
j>èrc que mon explication trouvera meilleur
accueil que les tentatives faites par Littré à
l'aide de vfr. tin =» tempe (cUinter serait pr.
orner la tête) ou du vfr. tin, pièce de bois. Rap-
pelons encore comment les verbes tirer, tour-
ner, dresser ont développé des significations
analogues (voy. atour et attire^'),, — Littré (au
Suppl.) signale le roumain aiintar (pron.
a-tsin-ta), fixer, attacher, dér. de tinta, clou,
pointe.
-ATION, terminaison reproduisant le latin
-ationcm ; elle appartient , comme -ateitr
= L. -atorem, au domaine savant ; réguliè-
rement la langue d'oïl en a fait aison,
oison, ison; ces finales ont survécu dans
oraison, pâmoison, vfr. et angl. venison. L'a
du latin est atone ; c'est ce qui explique sa
conversion multiple en ai, oi et ».
ATLAS, recueil de cartes géographiques ;
cotte signification a été donnée à ce mot en
premier lieu* par Mercator, par allusion à
Atlas, le Titan, porteur de la voûte céleste.
ATHOSPHâRE, mot scientifique formé de
àrfiôi, vapeur, et vfoûpa, globe.
ATOMB, gr. âroftoi indivisible (de Tfc/*»w,
couper). — D. atomique, atomisme, -istc, -is-
iique.
ATONIE, gr. àreyfa, absence de tension
(tcIvù», tendre).
ATOUR, vfr. atom, parure, subst. verbal
du vfr. atoumer, diriger,- totirner vers, puis
arranger, ajuster, parer.
ATOUT, de à tinit, fort contre tout.
ATRABILE, du latin atra bilis, bile noii*e,
mélancolie. — D. atrabilaire.
ATRE, anc. astre, aistre, propr. le bas
d*une cheminée garni de carreaux, de l'ac^ec-
tif BL. astricus, qui a donné aussi le vha.
astnh et Tall. mod. estrich, pavé, plancher
carrelé. Dicfenbach rattache notre mot au
L. asser, ais, solive, latte, planche. L'idée de
pierre ne serait dans l'origine que l'accessoire.
Diez pense que it. astrico et BL. astricus sont
issus de l'it, lastrico, pavé, dalle, par l'aphé-
rèse de l'initiale (prise pour l'article), et quant
à lastrico, il le dérive du BL. plastrum
(i^TtXaiTpov, sol pavé, vfr. pîaistre, ail. pflas-
ter).
-ATRE, dans blanchâtre, marâtre, etc.,
sufidxe péjoratif ou afiaiblissant, représente
L. -aster, àànspatrcLSter, surdaster.
ATROCE, L. atroccm ; atrocité, L. atroci-
tatem.
ATROPHIE, gr. àrpofla, pr. absence de
nourriture, puis dépérissement. — D. verbe
{ttrophier,
ATTABLER, mettre à table.
ATTACHER, it. attaccare, esp. atacar. Ce
mot n'est qu'une variété dialortalc de fiWa^«cr;
cp. toucher et toquer. L'un et l'autre, ainsi
que le terme contraire détacher, proviennent
d'une racine tac, qui se rencontre avec des
significations variées aussi bien dans les
langues germaniques que dans les idiomes
celtiques, et dont le sens fondamental est
« chose j)roéminente qui sort à fixer « ; la h»-
cution s'attaquer à est, pour ain.si dire, iden-
tique avec s* attacher à, entreprendre ; c'est
d'elle que procède le sens actif du verbe atta-
quer, cfr. l'expression grecque aTTreiâraf tivo« ;
attacher, c'est fixer à. L'étymologie attexcre
est une bévue. — D. attache, attachement,
rattacher ; notez encore le terme de couturier
ou de passementier soutacher (d'où soutache)
pour sous-tcu:her. Voy. aussi l'article tache.
ATTAQUER, voy. attacher. Attaquer, dans
son sens actuel, est venu, au xvi«siôcle, se sub-
stituer aux anciennas expressions entaïr, cm-
peindre (impingere), requerre acoeillir. —
D. attaque, attaquable.
ATTARDER, factitif de tard. L'ancienne
forme atargier, être en retard, se rattache à
un type latin attardiare, et nous no pouvons
admettre les raisons alléguées par Gachct
pour prouver que attargié signifiait dans le
principe « couvert d'une targe »», embarrassé,
gêné.
ATTEINDRE, L. attingere (tango). — D. at-
teinte; ratteindre.
ATTELER. L'étymologie de ce verbe, ainsi
que de son contraire dételei', est encore incer-
taine. L'ancienne forme asteler ou esteler
permet de voir dans le mot une représentatioil
de l'ail, stellen, mettre, placer ; Diez rappelle
à ce sujet les termes esp. poner et angl. to
put employés pour atteler. La forme aleler p.
esteler n'dst pas plus étrange que le berrichon
atelon p. étalon, Littré admet pour primitif
attelle ou attelle (v. c. m.), pris dans le sens
de M partie du collier des chevaux à laquelle
les traits sont attachés » . Il rappelle qu'twf c-
let s'est dit pour le bois du collier des che-
vaux. D'autres ont pen.sé au radical tel qui est
au fond du protelum boum (trait de bœufsj de
Pline, du verbe protelare, tirer en longueur ;
on pourrait, en effet, admettre rcxistence d'un
subst. latin telum ou tela, signifiant timon,
et qui serait, comme nous le supposons, à
l'égard do telum, javelot, ainsi que de tela,
toile, une contraction de tendlum ou tedlum.
Un pareil rapport entre iendere et telum, s'il
était justifié, rappellerait les expressions alle-
mandes anspannen et ausspannen; mais l'éty-
mologie stellen se prête, pour la forme, bien
plus naturellement. Enfin, je citerai l'opinion
de Langensiepen, qui dérive atteler du L. *ap-
tnlare, fixer à, attacher ; à part l'étrangeté de
la forme diminutive, elle ne convient nulle-
ment pour le composé dételer, qui évidem-
ment représente de-steler.
ATTELLE, voy. astelle,
ATTENANT, participe de l'ancien vorl)e
attenir, confiner, être parent, L. attinere.
ATTENDRE, du L. attendn-e, tondre l'es-
prit vers qqch., prendre garde; le sens latin
est resté à î'angl. ta attend, et dans les dérivés
fr. attention (L. attentio) et attentif. — D. at-
tente (cp. descente, rente, rente, de descenr
dre, rendre, rendre), vfr. atendue.
ATTENDRIR, rendre tendre.
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AUB
— 3G —
AUG
ATTENTER, L. ad-tentarc, litt. faire une
tentative sur. — D. attoUat (mot savant),
d'où attntldttrirc.
ATTENTIF, ATTENTION, voy. aiUmdre.
ATTÉNUER, L. attcnuarc (icnuis).
ATTERRER, it. atterrare, csp. atey^ar, je-
ter d tcrre^ terrasser; ont. de marine, appro-
cher de la t^rre.
ATTERRIR, prendre terre.
ATTESTER, L. aUrstari[testis, tt^moin).
ATTIGISME, du grec àTTi/.i9/A0i, manière
élégante de parler des habitants de XAttique
ou Athéniens.
ATTIÉDIR, rendre-<//V/^.
ATTIFER, ATTIFFER, vfr. tiffer, en Pié-
mont, tifté, anc. angl. tife, parer, coiffer, du
germanique tippan, toucher de la pointe des
doigts (ni. aantippen, couper les pointes des
cheveux). — D. atiifet, ornement de icto.
ATTIQUE, terme d'architecture, petit étage
supérieur, se rapporte à Atticns = particulier
aux Athéniens.
ATTIRAIL, voy. attîrei\
ATTIRER, tiî'er à soi, après soi, faire venir
(voy. tirer). Dans le vieux langage, ce verbe
signifiait aussi ajuster, orner, décorer, pré-
parer, disposer (cp. atoumer^ tourner vers et
décorer, parer, et Tangl. dress, habiller, du
fr. dresser). C'est à cette dernière significa-
tion (elle est encore propre à l'angl. to attire)
que sp rapporte le subst. attirail ^ tout ce qui
est nécessaire pour une opération, terme
analogue, pour la valeur, à appareil.
ATTISER, voy. tison.
ATTITUDE, it. attitudine, disposition ou
position convenable ; ce n'est qu'une variante do
aptitude; cp, l'adj. italien atto = L. aptiis. —
L'étymon habitxtdo n'est pas soutenable.
ATTOUCHEMENT, de l'ancien verbe attoii-
chcr^ toucher à.
ATTRACTIF, ATTRACTION, L. attractit-us,
'tiOf de attractwn, supin de at-trahere, at-
trairo.
ATTRAIRE, it. attrarre, du L. aitrahere.
— D. attrait, subst. participial, exprimant
l'action, ou subst. verbal du vfr. atraitier =
*attractarc.
ATTRAPER, prendre à un piège, tromper,
puis saisir au passage, atteindre, obtenir,
prov. esp. atrapar, en esp. aussi atrampar,
ital. attrapparc ; de traitjïe^ piège. — I). at-
trape, attrajmre. — Cps. rattraper.
ATTREMPER, vfr. atteni2)rer, propr. mo-
dérer; voy. tremper.
ATTRIBUER. L. attribucrc; attributio, at-
tribution, — D. attributif; attribut du L. at-
tributum, chose attribuée.
ATTRISTER, rendre triste.
ATTRITION, L. attyitio (tcrere). Cfr. crmiri-
tion.
ATTROUPER, réunir en troupe.
AU, anc. al y cnntrartion do à Je; plur. nu.T,
pour ah, = à les.
AUBADE, voy. aube 1 .
AUBAIN, étranger, BL. albanus, dérivation
de l'adv. alibi (cfr. ancien de ante, jjnpchain
do proche), — D. aubaine, succession aux biens
d'un au bain.
1. AUBE, albc\ point du jour, it. alba, du
L. aïba dies, cfr. l'expression latine « cœlum
albet«. — D. aubade, esp. albada, concert
donné à l'aube du jour, cfr. sth-enade.
2. AUBE, prov. a/^a, vêtement do toile bhxn-
che, du L. al bus, blanc.
3. AUBE, ais ou palette d'une roue, t. d'hy-
draulique; selon Littré, du vfr. aube, bois
blanc, qui vient du L. albus; Dannesteter
pense que le terme a été appliqué à la iialette
d'une roue hydraulique par extension de aube
= toile blanche des ailes de la roue.
AUBÉPINE, aubcspine', L. alba spina, épine
blanclie.
AUBÈRE, d'un type L. albei'ius, de albus ^
blanc. D'après Dozy =» esp. orcro(anc. hobero),
de l'ar. hobcri, aubère.
AUBERGE, prov. alberc, it. albergo, vfr.
herberc, helberc, lœrbcrt et fém. hcrbergc
(prov. àlberga). Du vha. heriberga, campe-
ment militaire (ail. mod. herbei'ge, auberge).
— D. aubergiste. — De l'ancienne forme her-
bei*gc vient le verbe héberger,
AUBERGINE, dim. de albergc (v. c. m.) ou
auberge. D'après Davie, aubergine ne vient pas
d'auberge, mais de l'arabe al-badindjan , d où
esp. aberengena,
AUBETTE, corps de garde; propr. le bureau
où les sous-officiéi*s d'une garnison vont à l'or-
dre; « dim. de aube, à cause que l'on va d'or-
dinaire à l'ordre de bon matin » (Littré). Cette
étymologie peut être vraie, mais laisse quehjuo
/Ion te.
AUBIER, prov. albar, bois blanchâtre entre
l'écoix^ et le corps de l'arbre, dérivé du L.
albus, bhmc. Cfr. aubour*, du L. albumum,
prov. alborn.
AUBIFOIN, du L. album fœnum, i.cyamus
flore albo», appliqué phis tard au «cyamus
flore cœruleo ^ .
AUBIN, t. de manège, est une variante ortho-
grai)hique de hobiyi (v. c. m.). — D. aubiner.
AUBRIER, nom vulgaire du faucon h<^bc-
reau ; selon le Dict. de Trévoux, de aubt^re,
blanc tacheté, cp. en prov. alban, albanel, et
en it. olbanello, qui signifient la même chose.
AUCUN, alcun, it. alcuno, esp. alguiw, du
L. aliquis unus, comme chacun de quisque
uniis,
AUDACE, L. audacia. — D. audacieux.
AUDIENCE, L. andientia (audire), mot appli-
qué au moyen âge à l'action d'une cour do
ju.stice qui ^ écoute » les débats d'un pnxvis.
Le représentant vraiment français du mot
latin est le vfr. oiance, — D. audiawicr. —
Auditor auditeur; auditorium auditoire, au-
ditio audition ; auditivus auditif. — Le verbe
audire s'est francisé en ouYr (v. c. m.).
AUGE, it. alveo, du L. alveus (cp. L. salvia,
fr. sauge). — I). dim. augH, aiigelot, augette;
vcrbo augrr, cronsor on fjouttiôre,
AUGMENT, L. avgmentum (augcrc, accroî-
tre).— D. augmenter, L. augmentare.
AUGURE. L. augurium (voy. heur); augu-
rer, L. aiigurari; augurai, L. auguralis.
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AUT
— 37 —
AUT
AUGUSTE, L. auffustiis.
AUJOURD'HUI, p. aujourd'hui. Voy. hui.
AUUQUE, L. auiicus, adj. de auUi, cour.
AUMAÏTiLE, almaille^ toniio collectif (cp.
bétail, volaille), propr. bétiiil; du plur. latin
animalia.
A
AUMONE, aimosne'f pi*OT. ahnosna, ail. al-
mosen, angl. alms (v. angl. alnwsc), it. Jimo-
sina^ csp. limosna, du gr. i).«>î/*99Ûv>ï, commi-
sération, employé par les pères de l'Église
latine pour acte de charité. — D. aiimôiiier;
aumànière, propr. boui'se renfermant l'argent
destiné aux aumônes.
AUMUSSE, anmuce', primitivement un bon-
-net de jKîau d'agneau avec le j)oil, prov. al-
mnssa, esp. ahnucio; dim. aumucette\ esp.
muceUt, it. moszetta. Explicpié jusqu'ici
comme composition do l'art, arabe al et de
quelque subst. correspondant à l'ail, mût 2e,
nét*rl. muts^ bonnet (de vha muozan, couvrir).
1. AUNE (mesure), it. ahui, auna, alla,
prov. aliia, directement du BL. alcna = goth.
aleina, vha. c/ma, mha. et nha. vile. Lesprin-
ci|x»s phonétiques n'autorisent pas à admettre
une dérivation immédiate du L. ulna. —
D. awter, -agc.
2. AUNE (arbre), L. al nus, d'où alnetum,
fr. aunaie. '
AUNEE, du L. kelcnata, dér. de hcleniiim
(kXi'Jio'j).
k\rPÈBAYlLST,= au par avant; pour cette
dernière composition, cp. par après, par delà,
etc.
AUPRES, voy. sous ap7'ès.
AURÉOLE, L. aurrola, couronne d'or.
AURICULAIRE, L. aunculaHus; adj. du
subst. auricula, devenu le fr. orHlle (v.c.m.).
AURIOL, voy. lorint.
AUROCHS, do l'ail, aucrochs, composé de
aun\ qui e.'^t le latin urus, et ochs, bœuf.
AURONE ^plante), très régulièrement formé
du L. abrotoiium (àiSpôTovov).
AURORE, L. aurara.
AUSCULTER. L. auscuUare, dont la vraie
rei)résentation française est ascoutcr, escouter,
écouter.
AUSPICE, L. auspidum.
AUSSI, alst, de la formule lat. aliud sic.
De aliud la langue d'oïl a tiré al, signifiant
** auti*e chose ", et qui se trouve encore dans
autant, qui représente la formule aliud tnn-
tum, La vieille langue disait également altrcsi
(rons(»rvé on it.), et altretant, de àltcrum sic,
alteruyn tantum. — Composé aussitôt, voy.
tôt,
AUSTÈRE, L, austcrus (aùtryipoç).
AUSTRAL, L. australis, de austcr, vent du
midi.
AUTAN, L. altanus, vent qui .soufflo de la
haute mer (altum).
AUTANT, voy. aussi,
AUTEL, vfr. altet', autier, prov. altar, it.
altare; du L. altare^ pr. partie sujwrieure
de l'autel (de altus). Le changement de la
finale ar en el en syllabe tonique et futaie tjst,
je jjonî^o, sans exemple.
AUTEUR, L. autor ou plutôt auctor. Auc-
toritas, autorité; auct^)ria:ire* (BL.), auto-
riser.
AUTHENTIQUE, L. authenticus, qui relève
d'une source originale, «= gr. aù^vrixo^ (do
«ù&èvTflî, ne dépendant que de soi, maître). —
D. authenticité, verbe authentiquer.
AUTOCHTHONE, grec «yrox&wv, du pays
même.
AUTOCRATE, gr. «ÙToxpà-nj;, puissant par
soi-même. — D. autocratie, -ique.
AUTO-DA-PE, mots portugais signifiant
*• acte de foi », décision en matière de reli-
gion.
AUTOGRAPHE, gr. aùrôypafoi, écrit de la
propre main de l'auteur.
AUTOMATE, gr. aOrouaTo;, de son propre
mouvement, sans impulsion étrangère.
AUTOMNE, L. autumiuis. — h. automnal,
latin autumnalis.
AUTONOME, gr. wJrovôiJLOi, se gouvernant
selon sa propre loi; autonomie, gr. uùvovofilu.
AUTOPSIE, gr. «ùro^fa, action de voir par
soi-même.
AUTORISER, voy. auteur.
AUTORITÉ, voy auteur. — D. néol. auto-
ritaire.
1 . AUTOUR, de au tour, voy. tour.
2. AUTOUR, oiseau, it. astore, prov. austor,
vfr. ostor. Diez s'oppose à une dérivation du
L. astur, -uns; cet original aurait, selon lui,
produit la forme a^tre. Il fait donc venir cwfor,
astour, autour d'une forme acceptai^ -ôns
(= accipiter). citée pai* le grammairien Caper.
Los Espagnols et les Portugais ont, de accep-
tor, fait azor, absolument comme ils ont tron-
qué recitare en rezar. — D'autres ont ratta-
ché autour, sinon à astur, du moins A la
forme adjective asturius, comme Diez lui-
même rapporte vautour, pour sauver la règle
de l'accent, plutôt à vuUurius qu'à vultur.
Cette étymologie convient parfaitement, car
la mutation a en au ou o devant s n'a rien
d'étrange (cp. le prov. austronomia et fr.
malotru du prov. malastruc), Langensiepen
propose, d'après l'analogie des termes au-
truche, outarde (v. ces mots), la composition
avis-taurus, qui aurait été une désignation
populaire de l'autour. Ces deux conjectures
peuvent être abandonnées au profit do Texpli-
cation de Diez, que Forster (Ztiichr., II. 166,
note) appuie en citant le pas.sage suivant des
Moralités sur ,Iob, de Grégoire ; Acciperenum-
que aliquando dicimus auferre. imde et aves
ilise que sunt rapiendis avibus avidœ acci-
pitres vocantur.
AUTRE, vfr. altre, du L. alter. Du génitif
alterius, vient, par transposition de iu en ui,
autrui, forme propre aux cas indirecte, cfr.
lui de illiuSf nului de nullius, etc. La valeur
génitivale de autrui res.sort bien du passage
de Saint-Bernard : « Force que la malic^e
altrui l'avoit supplanté, si le pooit aider la
cliarité altrui », et de l'expression Vautrui =
le bien des autres. Diez, toutefois, vu l'étran-
getéde la transposition iu en wi, préfère expli-
quer a//r*^7, autrui, par al4er-huic. — C. au-
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AVA
— 38 —
AVE
tvefois, une autixî fois (se disait anciennement
tant pour « alias " que pour « quondam «).
AUTRUGHii, du L. iwis struthio, esp. ax>€S'
trus. La forme autruche est dialectale pour
auiruce. Le BL. disait strucio pour struthio.
— Pour la combinaison avis avec le nom de
loiseau, cp. outarde.
AUTRUI, voy. autre.
AUVENT, répond auprov. anvan, rempart,
retranchement; pour a7i changé en au, cp. le
vieux mot erranment (sur le-champ) alternant
avec erraument. Quant à aiivan, il vient,
d'après Diez, do ante-vannus, van avancé,
dénomination fondée sur queUiue similitude
de la chose. Ducange explique notre mot par
altus vannus. La forme française, avec le t
final, accuse une étymologie imaginaire ante-
ventum, abri contre le vent. Aux xv** et xvi^'
siècles, on rencontre aussi ostevent, ostvent;
c'est là une interprétation, mais non pas
l'étymologie réelle du mot auvent. Le bas-latin
a auvanniis, auventus.
AUXILIAIRE, L. auxiliaris (de auxilium,
aide).
AVACHIR, se détendre, se relâcher; selon
Diez, du vha. ai'waichjaji, amollir. Par une
note manuscrite du prof de Bonn, je vois
qu'il songeait aussi au L. vascus = vacuus,
consigné par Quicherat et signifiant inanis,
vanus. En wallon liégeois, s'avachi signifie
s'affaisser. Le champ des conjectures étant
ouvert, je cite encore l'ail, watsdieln, branler
le corps, se dodiner, adj. watschig, watsclie-
liQy dodu, grassouillet ; tout le mouvement
d'idées qui se rattache au mot avachir per-
met aussi de placer ce dernier dans la famille
du lat. vacillare, manquer de fermeté, de
consistance.
AVAL, p. à val, du L. ad vallem, comme
aYnœit de ad moiitem. D'adverbe le mot s'est
fait subst. dans la locution à l'aval, et comme
terme de commerce (.souscription mise en bas
d'un effet). — D. avaler, propr. faire des-
cendre, abaisser, employé auj. exclusivement
p. faire descendre par le gosier; anc. aussi
neutre, descendre.
AVALAISON, -ANCHE, -ASSB, voy. avaler.
AVALER, voy. aval. — D.avalaison, -asse,
pr. descente; avaloire; avalanche, anc. ava-
lante; le synonyme lavande ou lavanche est,
d'après Diez, soit une corruption de avalanche,
soit un dérivé du L. Idbina, éboulement (de /aftt,
glisser; employé par Isidore). — C. ravaler.
AVANCER, prov. et esp. avanzar, it. avan-
zare, dérivation verbale de avant. — D.
ax>ance, avancement.
AVANIE, mot d'origine grec -vulgaire;
àtu^Aa, affront avec supercherie, parait être
le turc avan, vexation; en hébreu, on trouve
iven pour iniquité. — Quoi que vaille cette
étymologie. il est difficile de considérer ava-
nie comme dérivé du vfr. avanir (ordonnance
de Philippe le Bel, xiii® siècle : « Son droit
n'est amoindri, ne son lionneur avanie), qui
n'est autre chose qu'im factitif ou inchoatif do
L. vanus, vain. — Voy. d'autres conjectures
au suppl. de Littré.
AVANT, voy. ains. En composition, le mot
exprime antériorité ou priorité [avant-coureur
(L. prsecursor), avant-propos (^. latin pne-
fatio) .
AVANTAGE, dér. de avant. L'avantage est
une avance sur autrui. — D. avantager, avan-
tageux, désavantage,
AVARE, L. acarus; l'ancienne langue d'oïl
disait, et le picard dit encore, arer pour
avare, comme on a fait amer de amarus. —
D. avarice, L. avaritia; de là apanciewa:.
AVARIE, dommage-, perte, particulière-
ment dommage éprouvé par uii navire ou par
les marchandises qu'il contient, it. esp. ave-
ria, haberia; holl. haverij, ail. haferei. Il est
difficile de disjoindre le mot de la racine
germ. haf, mer en général, ou du dér. hafe^x,
haven, port de mer. Cependant, Dozy le fait
venir du subst. arabe aïoâr, défaut, dommage.
— Le même mot avarie, dans l'acception de
droit d'ancrage, paraît être indépendant et
vient de havre, havene, ni. haven, ail. hafen,
port. — D. avarier, gâter.
AVÉ MARIA, mots latins, « salut, Marie! >*
premiers mots de la salutation angélique.
AVEC était d'abord adverbe, avant d'être
employé comme préposition. Cet adverbe,
écrit aussi anciennement avoec, avuec, avoc,
etc., et renforcé parfois par la terminaison
adverbiale es (avecques), est le résultat de la
combinaison de la prép. ave, ove, qui repré-
sente le apud latin, et du pronom oc, cela,
= latin lioc. Comparez les compositions ana-
logues des mots latins antea (anto-eaj, postea
(post-ea), de it. perô, par cela, pour cela,
prov. senso, sans c^la, vfr. puroc, pour cela,
senuec, sans cela. L'adverbe avec fut dans la
suite employé comme préposition, comme il
est advenu aux adverbes dessus, dedans,
devant, etc. — Primitivement, le cum latin .se
rendait dans la langue d'oïl par les formes
ave, ove, ad,, a, od, o, toutes altérées de apud,
préposition qui s'employait dans la basse lati-
nité fort souvent avoc la valeur de cum.
AVEINDRE, aller prendre qcjch. à la la ré-
quisition de qqn., ne vient pas de advenire,
comme on admet généralement, mais d'un
verbe abemere, 6ter, cité par Festus (cfr.
gemere devenu geindre). Cette étymologie do
Diez satisfait beaucoup mieux et le sens et, la
foiTTie. L'analogie de adulter, vfr, avoutre,
permettrait, du reste, aussi de dériver ce mot
de adimere.
AVEINE, variante dialectale de avoine, latin
avena.
AVELINE, avelaine*, L. avellana, noisette
(de Avella, ville de la Campanie). — D. arc-
linier.
AVENANT, propr. qui convient, qui est
conforme (de là la loc. à V avenant), puis qui
est agréable, qui plaît; de avenir, dans l'an-
cienne acception convenir. Vfr. aussi ave-
nable.
1 . AVEIHR (aussi advenir), arriver, se faire,
L. advenire. — D. aventure (angl. adventure,
mha. aventiure, nha. abenteuer), ce qui ad-
vient, particul. ce qui advient d'une manière
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AVI
— 39
AZY
imprévue, événoment, action hîisardcusc,
hîu^ard, iM'n'il [le mot ne vient pas plus do
aventiirus (Brachct) que peinture ne vient de
picturus; c'est le suffixe iire appliqué, comme
toujours, au supin : adventum^ adventiira]-,
avenant (v. c. m.) ; at&nernetit ; aoenue, chemin
par où l'on anive.
2. AVSNIR, subst., de à venir, comme
affaire do à faire.
AVENT, pr. l'avènement (do Jésus-Christ),
du L. adventus.
AVENTURE, voy. avenir. — D. aventurer,
risquer, aventureux^ -ier. — C. nv^s-avaxture.
AVÉRER, certifier, constater, du L. rerus^
vrai. De là avérage, la moyenne constatée.
AVERSE, de à verse, voy. verser.
AVERSION, L. aversio, éloignement (de
avertere, détourner). Cp., pour le sons, répul-
sion de repeUere, repousser.
AVERTIN, vertige, de avei-tere, détourner,
égarer.
AVERTIR, L. advertere, tourner ou faire
tourner (l'attention) vei-s. — D. avei'iissement.
AVBT, esi)èce de sapin, du L. abietem.
AVBTTE', voy. abeille.
AVEU, voy. avouer.
AVEUER ou AVUER, tenir en vue, suivre
de l'œil, dér. de veue*, vue.
AVEUGLE, vfr. aveule,- ït. avocolo, vocolo,
se rapjwrto à un mot barbare ab-oculus, sans
yeux, formé d'après l'analogie do ab-normis,
a-mens. Le grec du moyeu âge avait do mémo
àTtôfifiaroi pour i^ofifiaroq. — D. aveugler; anc.
aus.si aveuglir, devenir aveugle.
AVIDE (mot savant), L. avidus. — D. «i-t-
dité, L. aviditas.
AVILIR, rendre vil. — Cps. ravilir.
AVINER, imbiber de pin.
AVIRON est généralement tiré de virer.
Grandgagnagc, à cause de la forme naviron
qu'a le wallon, et remarquant que l'aviron no
sert qu'accessoirement à virer, dérive aviron
do navirer, naviguer; il ne tient pas compte
de l'apocope do l'initiale, bien qu'il eût pu
alléguer l'angl. apron p. napron et autres cas
de ce genre. Littré oppose à cette étymologio
que aviron est trop ancien dans la langue
pour permettre cette explication. En effet, il
est probable que le wallon naviron, aviron,
n'est qu'une assimilation-an naviron du même
dialecte signifiant nageoire.
AVIS, opinion, manière de voir, répond,
comme il ressort des anciennes formules : « il
m'est vis, m'est avis «, au participe rt</i?f>î(m,
forme composée de visum, donc ce qui est
vu. ce qui semble. Quant à avis, avertisse-
ment, c'est le subst. verbal de aviser.
AVISER, d'abord voir, apercevoir, puis voir
avec attention, examiner, réfléchir (de là
avisé, réfléchi), puis pourvoir, puis avec un
rég. direct personnel, faire voir à, instruire,
conseiller (de là aus.'îi s'aviser, d'abord se faire
VOIT une chose comme bonne ou possible, puis
prendre une résohition); du BL. advisare,
forme dérivée de BL. ad vider e. — D. avis (v.
c. m.). — C. ravisc7\
AVISO est le mot espagnol répondant à
avis; donc, barque d'avis.
AVITAILLER, de vitailles, ancienne forme
do victuailles (v. c. m.). — C. ravitailler.
AVIVER, rendre vif — C. raviver.
AVIVES, vfr. vives, glan4es à la gorge des
chevaux. Nicot : « Avives pour eaux vives,
car les chevaux communément prennent ce
mal i)ar boire des eaux vives, comme on voit
à Estampes. « Les Italiens disent vivole.
AVOCAT, L. advocatus, appelé on aide. —
D. advocacie*, d'où avocassier, avocasser,
avocasserie. — Avocat est très ancien dans la
langue, mais n'en est pas moins un terme
.'iavant ; la vraie francisation do advocatus est
avoué, qui anc. signifiait protecteur, défen-
.seur, particulièrement dos droits d'une égliso
ou fondation. Cfr. ail. vogt, de vocatus.
AVOINE, aveine, L. ave7îa.
AVOIR, AVEIR*. L. habere; part, eu,
p. ë-u, de habutus, forme barbare p. habitus
(cfr. voir, vu p. veu, de vidutus). — D. avoir,
infinit, subst. = bien, richesse, employé dans
co sens déjà dans les lois do Guillaume.
AVOISINER, être voisin.
AVORTER, esp. port, abortar, du L. abor-
«are (Varron), fréq. do aboriri; Vanc. forme
aJbortir, prov. abordir, it. abortire, procède
directement du L. abortire. — D. avorte-
ment, avorton.
AVOUÉ, voy. avocat. — D. avouerie.
AVOUER, prov. avoar, pr. accorder, con-
sentir, puis reconnaitro, confesser; do ad
votum selon le vœu (voy. ce mot) ; lo subst.
fr. aveu parait plutôt lo primitif que lo dérivé
du verbe avoiiet\ Gachet, se fondant sur le
sens reconnaître, donné souvent au .verbo
advocare dans la busse latinité, prend ce der-
nier pour le primitif aussi bien du verbe
avouer que du subst. avoué, et rejette l'éty-
mologie ad-votum, proposée par Raynouard.
Dîez se rallie à l'opinion de Gachet. — C.
désavoue7\ no pas avouer, ne pas justifier ou
ratifier.
AVRIL, L. aprilis. — D. avrilkt, blé semé
en avril.
AXE, L. axis.
AXILLAIRE, du L. axilla, aisselle.
AXIOME, gr. à^(v).ua, proposition.
AX0N6E, L. axungia (de axis + ungerp),
graisse pour les essieux.
AZALÉA, du gr. ùialioç, sec.
AZIMUT, de l'arabe cd-semt, assemt, le
chemin. Voy. aussi zénith.
AZOTE, terme chimique tiré, un peu ma^-
droitement, du gr. «{woî, sans vie, l'azote
ét^nt impropre à la respiration
AZUR, it. asun-o, BL. lasur, lasuriui,
/«jw/«em; aujourd'hui, les naturalistes nom-
ment cette pierre lapis lasuli ou lasiUite.
Le mot vient du persan kifouward, pierre
bleue, par l'arabe lâ^oeward (adj . lazoutoardi ;
17 initial, ayant été pris pour l'article, a été
retranché comme dans le fr. aveV de lapillus,
once (it. lonza) de lynx, it. iisignuolo de lus-
cinia, etc. — D. azurer.
AZTME, du gr. i^ufio^, sans levain (jO^ttij).
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BAC
— 40 —
BAC
B
BABEURfiE, mot d'origine incortaiiie. Diez
le rapi)orte à battre le beurre, d'autres à bas
beurre ; Littrô voit dans ba le pi-éfixe i)éjom-
tif bes (v. barlong). L'étyniologic de Diez est
appuyée par la forme wallonne bcU Vbùr.
BABIGHE, corruption de barbiche,
BABILLER, mot naturel, qui so retrouve
partout et procède des syllabes iinitativcs ba
ba ba, qu'émet l'enfant en s'efforça nt de par-
ler; cp. en angl. babble, en ail. babbehi,
en grec ^aêàjuv. Il n'est pas besoin, pour
expliquer ce vocable, de recourir, avec Nicot,
à la villede Babel « ubi exstitit linguarum
confusio «. Les efforts de Ménage, qui, par-
tant de bambin, pose la succession de formes
suivantes : bambino, enfant, bambinare, bam-
binulure, bambillare, babiliare, sont égale-
ment en pure perte. — D. babil, babillard,
babillage.
BABINE, lèvre de singe ou mufle de vache,
probabl. un mot imitatif; milanais babbi,
cfr. en ail. populaire bâpite, gueule.
BABIOLE ; ce vocable appartient à la même
racine que les mots latins babiihis, balmri^ts,
insensé, babm^a, sottise, it. babbeo, babbac-
cio, etc., sot, babbole, babioles. De la même
famille sont irl. et cymr. baban, enfant, angl.
babe, baby. Voy. aussi bambin,
BABORD, de l'ail, bakbord, bord ou côté
de deiTière, « parce que le pilote conduisant
le gouvernail tourne le dos au côté gauche du
navire « (Diez et Grimm). Littré explique le
mot allemand par bord du château d'avant,
« parce que, dans les anciennes embarcations
du Nord, le château d'avant était sur la gau-
che »». Kiliaen : backbord, navigii sinistra
pars : pars navigii quse furnum et focum con-
tinet. Cette définition parait rattacher bach à
ail. backen, cuire.
BABOUCHE, de l'arabe bàbusch, qui vient
du ^ev^B.npâpusch, litt. vêtement de pied.
BABOUIN, espèce de singe, puis figure gro-
tesque, it. babbnino, esp. babuino, ail. ba-
vian, pafian, BL. babouinus, babei'wynus ,
Ce mot étant aussi appliqué aux enfants
badins et étourdis, il faut lui supposer une
origine commune (rac. bab) avec babiole. Dau-
nou (Histoire littéraire, t. XVI, p. 39) dit que
tracer ou peindre les figures marginales sur
les manuscrits s'appelait babuinare, et que
babouin avait, au xiii® siècle, la valeur de
homuncio, petit bonhomme. Cette valeur
d'enfant so trouve encore dans le dérivé era-
babouiner, déterminer à quelque cho.se à
force de cajoleries. — Rap^Mslons encore qu'en
vfr. baboue signifiait à la fois moue, grimace,
croquemitaine et bagatelle, babiole.
BAC, du néerl. bak, auge, ou du breton
bag, bak, barquette. — D. dimin. baquet,
bachot, bachotte. — Bac est probablcmcînt
aussi le primitif de bacin, orthographié plus
tard bassin (v. c. m.).
BACCALAURÉAT, vov. bachelier.
BACCHANALES, L. bacchanalia (Bacchus).
BACCHANTE, L. baccha^is (Bacchus).
BACHA, voy. pacha.
BACHE; l'idée de voûte ou de creux, notam-
ment dans l'acception de cais.se vitrée, engage
à prêter à ce mot une origine commune avec
bac. — L'acception « gros.se toile dont on
recouvre les voitures « est également propre
à vache (voy. ce mot dans Littré sous le
n° 10) ; elle appartient donc prob. à un homo-
nyme. — D. bâcher.
BACHELETTE, voy. l'article suivant.
BACHELIER, bacheler\ baccler\ it. bacca-
lare, prov. bacalar (les formes it. bacceliere,
esp. bachiller, port, bacharel, se sont pix)-
duites sous l'influence du mot français) ; BL.
baccalarius. La signification primitive de ce
mot est, .selon Diez, propriétaire d'une métai-
rie (BL. du IX* siècle baccalaria) ; elle s'éten-
dit ensuite au jeune chevalier, qui, trop
pauvre ou trop jeune iK)ur avoir sa propre
bannière, se rangeait sous celle d'un antre ;
puis au jeune homme qui avait acquis la di-
gnité inférieure à celle do maître ou de doc-
teur; en dernier lieu, le terme (surtout l'angl.
bachelor) est devenu synonyme de garçon.
Comme tcnne d'école, il a été plus tard lati-
nisé et transfomié en baccalaurciis, «» do biio-
charo (gante léo) e do sempre verde louro ^
(Lusiadc, 3, 97), d'où le subst. baccalauréat.
Quant à l'étymologie, on en avait proi»osé
diverses, naturellement sans s'inquiéter du
développement des .sons, tel qu'il est prô.senté
ci-dessus, entre autres : bas-chevalier-, puis
L. baculus ou plutôt le gaél. bachall (irl.
bac(d), bâton Ccommo signe de la dignité),
mais ce ne sont là que de vaines tentatives,
que n'autorise nullement l'histoire du mot. Le
mot baccalaria, métairie, d'où part Diez,
rapproché de baccalaior = vaccarum custos.
renvoie naturellement au mot bacca, employé
au moyen âge pour vacca. D'autres étymofo-
gistes, et avec raison peut-être, partent do la
rac. celtique bach, petit, jeune, d'où so dé-
dui.scnt naturellement les vieux termes ba-
cheh\ bachelette = jeune fille, servante ; et
baceller, faire l'amour, commencer son ap-
prentissage (vfr. bachelage). BacheJe, à .^^on
tour, aurait engendré ia forme bachelier.
« On dit encore en Picardie baichot, et en
Franche-Comté paichan pour petit garçon »
(Chevallet). — Littré remont© avec Diez à
baccalaria, domaine rural, mais il préfère
dériver celui-ci dos mots celtiques bachall,
bacal, bâton, pièce de bois. Il aurait pu invo-
quer en .s;i faveur l'origine analogue de ba-
raque et de bordel (maisonnette).
BACHIQUE, L. bacchicus(BiXQc\\\\^).
BACHOT, voy. bac. — D. bachnteur.
BACLER, prov. baclar, pr. fermer (une
porte) avec une barre de bois, du L. baculus
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BAG
— 41 —
BÂl
bàtoii. Cp. bai'i*er do barre, et le wallon asUh-
ker^ m. sign., de l'ail. sUick, bâton. Le circon-
flexe n*est pas motivé par rétymolojçie. — D.
dcbàcler, pour ainsi dire dés-obstruer, débar-
l'asser.
BAGUL, CTOupiôro. = bat-cul.
BADAUD, voy. bayer. — D. badauder,
badauderie.
BADIGEON, mot d'introduction moderne .
Buprgc (Rom., IV, 351) est porté à le rattaclier
â l'ail, batze (accusatif batsen), ma.sse pâte,
matière adhérente mise en une masse et
comme j)étrie ensemble ; verbe batzen, adhé-
rer. — D. badif/ecnvier,
BADIN, voy. bayei\ — D. badiner, -âge,
-ei*ie; bailiixe^ canne mince et souple, seiTant
à s'amuser plut^^t qu a se soutenir ou se dé-
fendre.
BAFOUER est une forme dérivée d'un pri-
mitif baffer ou beffcr, analogue à it. beffarc,
esp. brfar (anc. bnfar), qui signifient railler.
Les subst. sont : it. beffa, esp. befa, prov.
btifa, et vfr. baffe, befje, raillerie (vfr. baffe,
aussi soufflet). L'origine de ces mots est pro-
bablement germanique, cfr. le bavarois bef-
fen, ni. baffm, aboyer, clapir, bougonner
((irimm consigne une forme dérivée bœfzcn).
Diminutif de befjer : vfr. be/ler, angl. <o baffle.
BAFRER, d'où le subst. bâfre. Ce mot appar-
tient sans doute â la niême famille que bave,
cfr. le pic. bafe, goui-mand. En Hainaut on
dit bafreux, en Piémont bafron, pour glou-
ton. — Dans le Novum Glos.sarium de Diefen-
bacli (1867) on trouve : L. bafer, grossus,
agrestis, corpulentus. Il pouiTait bien être le
primitif de bâfrer, s't>ngraisser. — Divers
dialectes du nord do l'Italie ont baffa, bafa,
au sens de flèche de lard, tranche de lard,
substance graisseuse. Voy. Mussafia, Bei-
ti-ag, etc.. p. 31.
BAGAGE, terme collectif dérivé de baf/ue,
faisceau, barde (cfr. la locution : se retirer
bagues sauves). Quant au mot bague (en BL.
Ixiga signifiait aussi coflre), on le retrouve
dans le gaél. bag, cymr. baich, bret. beach,
fardeau, paquet; nous citons encore les
verbes gaél. bac et vieux nordique baga, sign.
emban*asser, impedire. Il n'est j)as nécessaire,
on le voit, de dériver bague de l'ail. ^ycicA,
d'où le fr. paquet.
BAGARRE, tumulte, encombrement. Ce
doi-nier sens engagerait â le rattacher aux
verbes cités sous bagage, et signifiant « en-
combrer n. Partant de la signification que-
relle, Diez cite le vha. bâga, dispute, que Che-
vallet aurait bien fait de no pas mettre en
nipixjrt avec balgen (se chamailler), ce der-
nier appartenant à une racine toute difl*érente.
BAGASSE, \'fr. baiasse, d'abord servante,
puis mauvaise femme, it. bagascia, esp^ ba
gasa. Si l'on ne veut pas décomposer ce mot
en bague (v. pi. h. sous bagage) -[- la termi-
nai.'^on asse = lat. acea, et y voir, quant au
sens, une analogie avec le terme injui-ieux
des Allemands : lumpeupack, on peut avoir
recours au cymr. bâches, petite femme, de
bach, petit, ou à l'arabe bagez, honteux, ou
bâgi, prostituée.
BAGATELLE, del'it. bagatella. Ce dernier
suppose un \iV\rmûî bagatta ou baghetta, qui à
son tour, d'après Diez, est dérivé de baga,
vieux mot roman que nous avons indiqué
comme primitif de bagage. On trouve, en
effet, dans le dialecte de Parme, le mot ba-
gâta, avec le sens de petite chose.
BAGNE, it. bagno, esp. batio, lieu où l'on
renferme les esclaves ou les forçats, propr.
= bain. On prétend (pie le cachot des esclaves
à Constantinople ayant été établi par les
Espagnols dans une maison de bains, le nom
l)Our bain a reçu sa signification actuelle.
BAGUE, anneau. Du L. bacca, signifiant
perle, globule, anneau de chaîne. Ce même
mot latin, toutefois, dans son sens propre do
menu fruit, baie, a produit le fr. baie, it.
bacca, esp. biwa, port, baya, prov. baca,
baga. D'autres citent, comme primitif de ba-
gue, l'anglo-saxon beag, beah, couronne, an
neau, collier.
BAGUENAUDE, d'où baguamudier, en bo
tanique colutoa vesicaria ; baguenauder, pr.
faire claquer das baguenaudes, fig. s'amuser à
des choses frivoles; bagucimuderie, futilité.
D'origine inconnue. Ménage, dans son em-
barras, s'est amusé à enchaîner : bacca, bac-
cana, baccanalda. Avec ce procédé-là, on est
toujours sur d'aboutir.
BAGUER, anc. lier, attacher, trousser, so
rattache à bague, faisceau, mais en est-il do
mémo de baguer, coudre à gros points?
BAGUES, voy. bof/age.
BAGUETTE, comme l'esp. bagueia, vient
directement, parait-il, del'it. bacchelta (iïxmm.
dcbacchio, bâton = L. baculus); cependant,
le cch rendu par g est contre l'analogie de
raquette de racchetta.
BAHUT correspond à l'it. baûle, esp. baûl,
port, bahut, prov. baûc. Les formes avec la
finale / font incliner pour l'étymologio du L.
bajulus, porteur, déjà proposée par Nicot
(cfr. it. gerla, corbeille, pour gerxda, do
gerere, porter); il faudra alors admettre avan-
cement de l'accent tonique do l'antépénul-
tième sur la pénultième, comme on le trouve
dans esp. casulla, du L. casula. Il faut observer
que le t final dans bahut, étant d'introduction
postérieui'e, ne peut être invoqué contre c^'tto
étymologie. Ménage, Chevallet et autres font
venir bahut, du vha. behuotan (ail. mod.
behuten), garder, c<:)nserver; Malin invofpie
le subst. mha. behut, garde, magasin; en
tout cas, cetto étymologie no pourrait conve-
nir qu'aux formes fr. et prov.
BAI, it. bajo, esp. bayo, prov. bai ; du L.
badius, brun, châtain (Varron). De là le
dimin. baillet, roux tirant sur le blanc;
celui-ci est fait d'a])rès un type latin badio-
lettus. Baillet, toutefois, pourrait aussi, d'après
Diez, être un dimin. du L. balius; cp. balio-
lus, brun rnarron, dans Plante.
1. BAIE, jK^tit golfe, it. baja, esp., prov ,
sarde bahia. Isidore : hune portum vetcrcs a
M bajulandis » mercibus vocabant bajas. Cela
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BAI
— 42
BAL
nci>i fcnore vraisomblablc. Frisch, prêtant au
riKit le sons fondamental d'ouverture, le rat-
tache à bayer, de badare. Cette manière de
voir est corroborée par l'existence d'une forine
catalane badia. D'autres prennent 6a Ata pour
un mot basque, qui aurait aussi donné le nom
à la ville de Bai/ona, qu'ils décomposent en
bâta, poi-t, et ona, bon. D'autres, enfin, citent,
avec raison peut-être, les mots celtiques badh
ou baffhf qui signifient la même chose. Littré
se décide pour Bajae, lieu agréable sur la
côte do la Campanie, qui aurait fini par
prendre le sens de tout lieu maritime agréable
et enfin celui de refuge pour les marins.
L'acx^ent nation esp. bahia est expliquée i)ar
la forme gr. ^Ttit. — L'étymologie, par baie,
ouverture (v. c. m.), conviendrait pour le
sens, mais pour la lettre, il y a cette difli-
eulté qu'au vi* siècle, dans le glossaire dlsi-
dore, le dérivé de badare se serait présenté,
non pas sous la forme de baia, mais sous
celle de bada, Grimm ramène le mot à la
racine ail. biegeti, courber, ce qui n'est p<is
plausible.
2. BAIE, menu fruit, du L. baca (forme
secondaire de baccd), m. s. Voy. bngw.
3. BAIE, ouverture (cp. ail. beie et angl.
bay, fenêtre), de bayei\ être ouvert (v. c. m.).
4. BAIE, tromperie, mystification, pr.
vaine attente, de bayer , tenir la bouche ou-
verte, attendre vainement.
BAIGNER, voy. bain, — D. baigneur, -oire.
BAIL, pr. action de donner, prêter, louer,
Rubst. verbal de bailler, donner. Il existait
dans l'ancienne langue un autre subst. bail,
avec la signification de tuteur, précepteur,
administrateur; ce dernier correspond à it.
bailo, balio (Dante : balia, nourrice), esp.
hayle, port, bailio, prov. baile; c'est le primi-
tif : 1) du vieux verbe baillir, it. balire, prov.
bailir, administrer, gouverner, traiter, d'où
vfr. bail, tutelle, et baillie, it. balia, esp. et
prov. bailia, administration, garde, j)ouvoir,
domination et res.<;ort d'une juridiction ; 2)
du subst. bailli, anc. bailli f (fém. baillive),
angl. bailif, it. balivo, prov. bailieit, d'où
bailliage; enfin 3) du verbe bailler, donner à
administrer, mettre en main, confier au soin,
puis par extension donner, livrer en général,
d'où bail, dans l'acception encore usuelle de
ce mot. Quant à l'origine de bail, tuteur, on
admet généralement comme telle le L. baju-
Ihs, porteur, qui dans la basse latinité avait
pris l'acception de « custos » ou « paedago-
gus «, élargie plus tard en celle de « procu-
rator, œconomus, gubcmator " (BL. bajidare
= officium gerere),
BAILLE, baquet (terme de marine), du BL.
baciila, baclc, dimin. de bac (v. c. m).
BAILLER, anc. baaillei\ it. badigliare,
prov. badàlhar, extension du tyiK) badare,
qui a donné béer et bayer (v. c. m.). Compensé
entrC'bàiller .
BAILLER, voy. bail,
BAILLET, vov. bai.
BAILLI, BAILLIAGE, voy. bail.
BAILLON, accuse un ty])e latin baculo, gén.
'07iis, tiré de bacidus, bâton. CejKîndant, le
BL. badallnm porte à croire que le mot est
un dérivé de bâiller : donc pi-opr. ce qui tient
la bouche ouverte. — D. bâillonner.
BAIN, it. bagno, esp. bano, prov. banh,
du L. balneum, avec syncope de /. — D. bai-
gner, L. balneare.
BAÏONNETTE. Cette arme tire, dit-on, son
nom de Bayonne, parce que, selon quelques
auteui*s, elle fut employée en premier lieu à
l'assaut de cette ville en 1665 ; selon d'autres,
parce qu'elle y fut inventée (selon Hey.se, en
1640). — Quoi qu'il soit . de Tétymon
Bayonne, l'existence de la baïonnette et de
son nom est con.statée dès 1575. D'autre part,
il faut aussi tenir compte de ce que l'on tixsuve
dans Cot grave (1611) à l'article Baionette :
« A kind of small fiât pocket dagger, fur-
nished with knives, or a great knife to hang
at the girdle like a dagger; baienier, un
arbalestier. •♦
BAISER, L. basiare. — D. infin.-subst. bai-
ser; baisotter, baisure,
BAISSER, voy. bas. — D. baisse, baissier,
baissi^e; composé (d^aisser (v. c. m.), sur-
baisser.
BAJOUE, selon Littn') de ba, préfixe péjo-
ratif, et joue.
BAL, subst. verbal de baller (v. c. m.).
BALADIN, voy. baller,
BALAFRE ; Diez, rappelant les formes wall.
berlafe (Hainaut), milan, barleffi, it. sberleffe,
prend ce mot pour un composé de la parti-
cule i)éjorative bis, ber (voy. sous barlong) et
le vha. leffur, lèvre. Li^re serait alors pris
dans le sens fig. de plaie béante, comme le
gr. yiWoi, et balafre signifierait litt. mau-
vaise blessure. Dans le patois de Champagne,
on dit berlafre pour mal à la lèvre. — Selon
Grandgagnage : du wallon lafrer, gâter, et
le préfixe bar, de travers, donc une blcîvurc
oblic^ue: — D. balafrer,
BALAI, d'où balayer; la signification pri-
mitive de balai est verge, rameau, particu-
lière au.ssi au prev. balai (verbe balaiar,
flageller, recurer). Dans les patois, on dit
balai pour genêt. L'origine est pn>b. celtique.
On trouve cymr. bala, taillis (pluriel balaon,
bourgeons d'arbre), bret. balaen, balai (de là,
peut-être, la forme balain employée pour
fiagellum dans le Livre des Rois), hret. bàlan,
genêt (cp. en angl. broom = genêt et balai).
La teiTninaison ai n'étant ]>as appliquée en
français à la foiTuatien do substantifs, Diez
est d'avis que balai a été tiré tout fait de
quelque dialecte celtique. — Voy. aussi
balayer.
BALAIS (nibis), it. balascio, esp. baJax,
prov. balais, balaclh, de Balaschan (Balaxiam,
auj, le khanat de Badakschan), près de Sa-
' markand, lieu où cette pierre précieuse a été
découverte. Voy. DucAnge, v* balascus,
BALANCE, it. bilanda, esp., milan., vénit.
bnlanza, iirov. balans, dn L. bilanx, gén.
ancis, litt. « qui a doux plateaux «. Du même
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BAL
43
BAL
primitif s'est produit le terme technique oom-
meirial bilan ^ qui signifie la balance entre
doit et avoir. — D. balancer , -ieri -otre, —
I^ syllabe protoniqiie ba p. bi est conforme
aux habitudes du roman; cp. calandre, de
cylindriis et voy. barlong.
BALANDRÂN ou balandras, it. palan-
drano, « veste lunga e larga », dérivé de
palandro « vestito d'uomo con molta falda i ,
BL. « balandrana et supertoti »», balandrans
et surtouts (Règle de saint Benoît, 1226).
D'origine inconnue. Schuchart y voit des
vêtements de gens mal famés et voudrait
rattacher ces mots à lat. baîatro, it. bahin-
dron, dans les patois balandrttf fripon, vaga-
bond.
BALANDRS, it. palandra^ BL. palandva,
bîitiment de transport. D'origine inconnue.
N'est-ce pas le môme mot que bélandre f
BALAÙSTl), fleur du gi'enadier sauvage,
L. baJaustium (^9alaw7Ti-9v). Voy. aussi baJitstre,
— D. balausUer.
BAIiATIiR, voy. balai. Il se peut que. ce
verbe, plutôt que d'être tiré de balai, en soit
le primitif et que, comme les formes baloier,
balier = balaier, il soit identique avec le
verbe vfr. baloier, balier, se remuer de côté
et d*autre, voltiger, flotter dans les airs. Pour
la forme, cp. frayer = fraier; naier (dial.) =
nier, noier (negare). Quant au rapport des
acceptions, cp. en ail. schtoanken, flotter,
vaciller et schvoenhen, nettoyer, rincer. Seu-
lement, dans cette hypothèse, déjà émise par
Littré, il faudra séparer les mots celtiques
allégués à propos de balai comme non con-
nexes avec le verbe et formant un groupe à
part.
BALBUTIER, mot incorrectement tiré du
L. balbiUire, Il se peut que le verbe ait été fait
directement sur le subst. balbutie ■= BL.
balbuties, tiré lui-même d'un primitif fictif
balbittus. — Le vfr. disait bauboyer, -ier, d'un
type balbicare (L, balbus).
BALCON, it. balcone, esp. balcoti, liort. bal-
cao; du vha pa/cAo, balcho (ail. mod. balke),
qui signifie poutre. Dans cette dernière accep-
tion on rencontre en picard bauque, régulière-
ment formé de l'ail, balkc. Quelques-uns pré-
fèrent l'étymologie du persan bâla hhaneh,
chambre ouverte au-dessus de la grande
entrée.
BALDAQUIN, anc. baudequin, it. baldac-
chino, esj>. baldaquin, de Baldacco, forme
italienne du nom de la ville de Bagdad, d'où
.«5c tirait l'étoffe, tissée d'or et de soie, employée
à la confection des dais. Le mot ancien boude-
quin, angl. batcdkin, s'appliquait d'abord à
l'étofTe.
BALJ3IH1!, L. balœna, — D. baleineau, -ier,
BALâVRE, anc. lèvre en général; prob.
formé, comme bajoue, balafre, au moyen du
préfixe péjoratif ba «= bar, ber,
1. BALISE, terme de marine, anc. aussi
balis, esp. balisa; l'étymologie est très incer-
taine : un type latin palitia, ào palus, pieu,
ix>teau (cp. palissade) satisferait pleinement,
mais, comme remarque Diez, l'adoucissement
de p initial en b en esp. et en fr. est trop rare
pour oser l'admettre en notre cas. Chevallet
invoque le ni. balie, cuve, mais à part qu'une
cuve n'est pas une tonne, les Néerlandais n'ap-
pliquent jamais ce mot à une balise (perche,
tonne). — D. baliser.
2. BALISE, BALISIER, t. do botanique;
ôtymologie inconnue.
"BALISTE, L. ballista (de /Sàiiîiv, lancer).
BALIVEAU, vfr. baiviau, boiviau, BL. bai-
velîus, -aHus ; d'origine inconnuo. On .«soup-
çonne quelque rapport avec bajulus, j)orteur,
soutien.
BALIVERNE. Origine obscure. Nous lais-
sons à Ménage la responsabilité de la filiation
suivante : bajulus, bajulivus, bajulirarius,
bajulivarinus. Baliverne serait ainsi un di.s-
cours de portefaix ou crochetcur (bajulus;!
On va loin avec ce système de Ménage, mais
on est sûr d'arriver. Dochez, lui, fait plus
cavalièrement venir balioerne de baver! —
En vénitien, balircrno signifie une masure.
BALLADE, voy. bailler.
BALLAST, mot ail. (aussi angl. et néerl.),
signifiant lest et que Mahn, contraircment à
d'autres opinions qu'il l'éfute, décompose par
becd, mot irlandais signifiant sable, et last,
poids, charge.
1 . BALLE, it. balla, palla, esp., prov. bala,
globe, boule, paquet de forme ronde; du vha.
balla, palla, même sign. Dérivés : 1. it. bal
lœie, esp. balon, fr. ballon; 2. ballot; 3. dé-
balle^', emballer.
2. BALLE, BALE, pellicule qui recouvre
l'avoine, Torge, etc.; on a proposé le latin
palea, paille, l'ail, bal^, peau, enveloppe, et
le cymr. ballast;, peau, glume, gous.se. Toutes
étymologies sans solidité; voy. plus bas balle7\
BALLER(mot vieilli), danser, L. ballare{^r.
/Sâiiw, /8«Uf{«).— D. subst. verbal bal, danse;
ballet, dimin. de bal; ballade, pr. chant accom-
pagné de dan.se, d'où baladin, anc. balladin,
pr. danseur de profession sur les théâtres pu-
blics, puis danseur grotesque. L'ail, bail est
tiré du roman; Chevallet a pensé le contraire.
Wackemagel, suivi par Burguy, met le verbe
balier en rapport d'origine avec le jeu de
paume, jeu de balle. Nous pensons qu'il se
trompe. Notre mot balier, balcr, appartient
au même radical exprimant •• remuer, vacil-
ler», qui se trouve dans vfr. baloier, men-
tionné sous balayer et qui se retrouve encore
dans notre fr. ballant = oscillant. On le voit
encore dans le vfr. baler — ■ secouer, vanner,
et je suis porté & croire que notre baie, balle 2
(enveloppe des grains), dont on ne connaît pas
l'origine, n'e.st autre cho.se que le subst. verbal
de CX3 verbe bain' et signifie le produit de
l'opération du vannage, c.-à.-d. la paille qu'il
détache du grain.
BALLET, voy. balier,
BALLON, voy. balle, I.— D. ballonner.
BALLOT, voy. balle, 1. — D. ballotter, se
renvoyer la balle. Dans le sens de : donner
des suffrages, ce verbe vient du subst. ballotte,
j>etit bulletin, ou petite boule de divei-ses cou-
leurs, senantàtii-erau.'îort dans les élections.
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BAN
— 4i —
BAN
— L'accoj)ti(>u « agiter en sens contraii'tî » so
i-arnène facilement au sens proiire se renvoyer
la balle, mais elle i>ouiTait tout aussi bien se
rattacher au radical bal, marquant « agitation,
fluctuation » et traité sous baUey\
BALOURD, direct, de l'it. balordo. Le pré-
fixe ba est le même que nous avons relevé
sous bajoue, baîèvre et qui est aussi propre à
l'italien (cp. barlume, lueur faible). — D. ba-
lourdise.
BALSAMINE (le wallon a transformé ce mot
en benjamine, rouclii beljaminc),^\\ ^^xAixfihr, ;
balsamique, balsamicus (baîsamum, baume).
BALUSTRE, it. balaustro, esp. balaustrc,
pr. petite colonne d'ornement, du L. balau-
stium (,3aiaÛ7Tiov), fr. balauste, it., esp. balau-
stra, calice de la fl(nir do grenade. Cette éty-
mologie est fondée sur quelque ressemblance
do forme entre les deux choses. Pour Wcdg-
wood, la forme secondaire esp. barauste est
la bonne ; d'après lui, le mot vient de bara ou
Tara, verge, perche, de même rpie baranda,
barandilla, garde-fou, barandado , balus-
trade. Mais comment expliquer la tcnninai-
son liste f L'r après t est épenthétique comme
dans it. giostra (joute), fr. registre, etc. —
D. balustrade, it. balaustrata.
BALZAN, vfr. bauçant, marqué de blanc,
bigarré do noir et de blanc, it. balzano, prov.
bausan; d'après Diez de l'it. balsa, bordure,
frange, walaque balts, lacet, que l'on rattaclie
au L. balteus, ceinture. Cette manière de voir
se confirme par la valeur de bahane, tache
blanche circulaire. D'autres proposent l'arabe
bàlthasan, pour\'u du signe de beauté; mais
notre mot manquant à l'espagnol, on peut dou-
ter de la provenance arabe. — On a toutefois,
en dernier lieu, aussi cité arabe ablaq, fém . bal-
qua', plur. bolq, selon Freytag = nigro alboquo
colore variegatus ; fai'as balque, jument bal-
zane. Cet étymon j)ourrait bien l'empoi-tcr sur
celui de Diez. — Chevallet place le mot dans
l'élément celtique, et allègue le breton bal,
tache blanche au front des animaux, mais il
passe sur l'élément s ou ç, qui cependant
veut être expliqué.
BAMBIN, de l'it. bambino, comme bambo-
che, marionnette, de l'it. bamboccio, tous deux
dérivés de bambo, enfantin, puéril. Tous ces
mots ont une origine commune avec L. bam-
balio, surnom romain, et le grec ^«à/xSaioj, qui
bégaye. La racine est bab; voy. babiole.
BAMBOCHE, voy. bambin. L'acception dé-
bauche, ripaille, dérive, je pense, de l'idée de
puérilité, pétulance juvénile. — D. bambo-
cher. — Le terme bambochade est tiré de l'it.
bambocciata, peinture à la manière do Pierre
de Lacr, surnommé, à cause de sa personne,
Bamboccio (poupée).
BAMBOU, mot d'origine indienne.
BAN, prov. ôa»,it., esp., port, bando, pro-
clamation publique ; de là les verbes it. ba7i-
dire, esp., prov. bandir, fr. bannir, pr. publier
à son de trompe, d'où s'est produit le sens
spécial de proscrire. It. bandito désigne un
homme mis au ban, un proscrit, un brigand;
de là notre bandit. De bonne heure on ren-
contre dans le latin du iiKjycn âge les termes
bannum, bandiiim = cdictum, interdietum,
bandire, bannirc = edicere, citare, relegare.
Ils sont d'oi'igine germanique et viennent du
gothique bandrjan, désigner, indiquer, subst.
bandva, signe; la forme secondaire, sans d,
banvjan, semble avoir déterminé la forme
romane bannir pour bandir. Directement,
cependant, le roman doit avoir, selon Diez,
emprunté le mot à quehjue dialecte où le v
des formes gotliiques s'est effacé. La fomio
ail. banncn, (pii a la valeur de edicere, inter-
dicere, prohibere, expi^Uere, ne peut ôtix; le
primitif immédiat : il aurait donné bannn\
non bannir bandir. De bannum ou bandium
vient le vfr. bandon, qui signifiait : 1. ban,
p. ex : vendre gage à bandon; 2. gié, merci,
p. ex : tôt à vostro bandon. De cetto locution
adverbiale à bandon s'est formé le verbe aban-
donner (v. c. m.). Composés de bannir ou
bandir : 1 . l'anc. verbe forbannir, i*eléguer du
pays par un édit public [for =^ fm\is, dehors),
d'où le subst. forban, d'abord action de for-
bannir, puis celui qui est l'objet do cet acte :
exilé, pirate ; 2. it. contrabbando, litt. contre
la loi, d'où fr. contrebande; 3. arrière-ban
(v.c.m.). — D. de ban dans le sens de « publi-
cation du seigneur féodal pour se faire rendre
les hommages ou lui payer les redevances n
vient l'adj . banal, désigné par le seigneur jwur
l'usage de tout le monde, commun, vulgaire.
BANAL, voy. ci-dessus, .sous ban. — D.
banalité.
BANANE, BANANIER, mot d'origine in-
dienne.
BANC, it., esp., port, banco, prov. banc, du
vha. banch. Outre la forme masculine, il .'^'est
produit une forme féminine : it., esp., \yovi.,
prov. banca. L'it. banco, désignait le siège, le
comptoir où les banquiers s'asseyaient dans
les places do commerce; de là le fr. banque,
— D. banquet (v. c. m.) et banquette.
BANCAL, BANOROOHE. Les étymologisto.*;
nous laissent au dépourvu- .«^ur ces deux
termes. Nous sommes étonné de no pas voir
Ménage proposer à sa manière l'enfilade sui-
vante : L. valgus (qui signifie bancal), valcalis,
vancalis, bancalis, bancal! Eu attendant
mieux, il faut s'en tenir à l'étymologie fondée
sur rexi)ression populaire « avoir les jambes
en pieds de banc », les pieds d'un banc étant
rapprochés j)ar le haut et éloignés par le bas
(Littré, sujipl.).
1. BANDE, pièce d'étoffe coupée en longueur
et servant à lier; it., esp., prov. banda; du
goth. baiuH (fém.), ou du vha. band (neutre),
lien, ou, en ce qui touche les formes avec e
(it., prov. be^ula, esp. venda), de l'ail, binde,
m. s. — Dimin. bandeau, bandel', d'où ban-
deleite ; *bandier, d'où bandereau.
2. BANDE, troupe, compagnie, est le môme
mot que le précédent, du moins il se rattache
évidemment à l'ail, bind^x, lier, réunir. Il
peut aussi avoir été introduit sous l'influence
dr l'ail, band, dans son acception de dra[)eau
(BL. bandum, vexillum). L'ail, mod. bande
Qi^i repris du français.
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BAN
45 —
BAR
BANDSR, serrer avec une corde, mettre un
bandeau ; se bander , se roidir ; de bande 1 .
Pour le sens tendre, roidir, il se déduit do
bande do la mémo manière qu'en angl. strinff
signifie à la fois corde et tendre, serrer ; com-
parez encore en allemand le rapport entre
strickf corde, et strecken, tendre, ou entre
strang, corde, et an-strenf/en, tendre, faire
faire un effort. — D. bandage (d'où banda-
giste), — Composé débander,
BANDSROLS, voy. bandidre.
BANDIÊRE, it., prov. bandiera, esp. ban-
derai de lall. band, bande, drapeau, BL.
bandum = vexillum. — Par la chute du rf,
le mot est devenu banière* .bannifre, — Dim.
banderoU.
BANDIT, voy. ban.
BANDOUIÎR, brigand, esp. bandolero, fac-
tieux, séditieux, de bandola, dim. de banda,
tmu|>e.
BANDOULIÈRE, esp. bandolei-a, ail. ban-
delier, de l'esp. bandola, dim. de banda, lien,
niban.
BANLIEUE, BL. banleuca, bannum leucœ,
composé de ba7i, juridiction, et lieue, mille,
champ, territoire; donc le territoire soumis
à une juridiction, espace dans leuuel un ban
était valable. L'allemand a traduit banleuca
par bannmeile,
BANNE, vfr. benne, grand panier (Nicot),
auj. aussi grande toile (syn. de bâche), dont
on recouvre des voitures de roulage ou des
vaisseaux. Fcstus : Benna, lingua gallica
genus vehiculi (voiture à panier, tombereau),
appellatur; Le mot est très répandu dans les
langues romanes et germaniques; dans les
idiomes celtiques, la iormamen (cp. fr. manne)
prédomine; cependant, le cymr. a benn, voi-
ture. Dimin. banneaxi^ benneau, bannelîe;
bannette, -eton.
BANNIÈRE, voy. bandière. De là l'allemand
banier, panier, banner. — D. bamxeret (cp.
les composés ail. bannerherr; flam. (Kiliaen)
banerheere, banderheere),
BANNIR, voy. ban.
BANQUE, voy. banc, — D. banquier; cp.
en gr. le terme analogue TpaTrsJfnjî.
BANQUEROUTE, angl. bankrupt,ix\\.bank'
roU, de lit. banco rotto [rotto =* L. ruptus),
biinque rompue ; on rompait le banc qu'occu-
pait le marchand failli sur les marchés.
BANQUET = repas (d'où verbe banqueter)
a été jusqu'ici teiui iK)ur un dérivé do
banc (cp. en ail. tafel, table et repiis), mais
Tobler est venu récemment discréditer cette
manière de voir (Ztschr. III, 573). Il voit dans
banquet un dim. de ban (convocation, invita-
tion), qui aurait été confondu avec banc et
allègue, comme analogie, l'ail, gastgebol,
régal, festin, litt. convocation de commen-
saux. — G. Paris (Rom. IX, 334) objecte
contre cette étymologie nouvelle ce qui suit :
« Au XV* siècle, où le mot apparaît, il no
signifie jamais, comme dans l'exemple cité
|>ar T., que petit repas pris après le souper,
dans la serrée » (voy. notamment la moralité
bien connue de \n Condamnation dr, Bnnqurt)\
c'est donc en partant de cjo sens qu'il faut
chercher l'étymologie du mot, qui n'est peut-
être pas français d'origine ». — A mon avis,
ce qui vient à l'appui de la thèse du profes-
seur do Berlin, c'est l'analogie du vfr. conm,
qui, à son sens naturel « invitation, appel »,
joignait celui de « festin, banquet » (Godofroy
en donne de nombreux exemples, et Litti^ô
lui-même cite de Commines « les convLs et
les banquets »). A la vérité, on pourrait, dans
la formation du sens secondaire de convi, soup-
çonner l'influence d'un souvenir du L. convi-
vium.
BANSE, manne, BL. bansta, vfr. banste,
du goth. bansts, grange, d'où aussi l'ail.
banse, 1 . partie de la grange où l'on place les
gerbes; 2. grande corbeille carrée. — BL.
banasta (corbeille) est un dér. de benna, fr.
ban7ie{v. pi. h.).
BAPTÊME, it. battesimo, du L. baptisma
(.9àTTi7/*a); &ap<i5itna/, baptismalis ; baptisth*e,
baptisterium ; baptiser, baptizare (^arrri Juv,
dér. de ^kitriv*, immerger). L'adjectif baptis-
taire réjx)nd à un type latin baptistarius .
BAQUET, voy. bac.
BAR, voy. bard,
BARAGOUIN, mot formé du breton bara,
pain, et de çtoin, vin; ce sont c^s deux
mots qui, dans le langage des Bretons, fraj)-
pôrcnt le plus l'oreille des Français et qui
leur servirent à désigner ce langage inintelli-
gible. Voy. Villemarqué, Dictionnaire franc,
bret., p. XXXIX. L'étymologie bargina, mot
du BL. signifiant étranger, est moins pro-
bable que celle que nous citons et (pii a été
adoptée par Diez et Littré. Une explication,
tout an.ssi peu plausible, par bret. bara pain
-f- gwenn, blanc, se trouve au suppl. de
Littré. — G. Paris (Rom., VIII, 619) est d'avis
que baragouin est de la même famille que
Vit. bar acundia, baraonda, confusion, tumulte,
dont l'origine hébraïque est démontrée par
Caix, Studi. n® 181. — D. baragouiner.
BARAQUE, it. baracca, e.sp. barraca, écoss.,
irl. barrachad; dér. de barre, longue pièce
de bois (v. c. m.), cp. it. trabacca, m. s., de
trabs. D'après Dozy (voy. Littré, suppl.), le
mot est d'origine berbère. — D. baraquer.
BARAT*, barate', it. baratta, ancien esp.
barato, prov. baraJt, tromperie, troc fraudu-
leux, désordre, confusion; do là le verbe ba-
réter^ faire un mauvais commerce, friprmncr,
angl. ta barter. Diez, parmi les divci*scs expli-
cations étymologiques qui se pi'^scntent (Che-
vallet cite plusieurs mots celtiques, brad ou
barad, signifiant tromperie et que Diez
n'allègue point), incline pour le grec rr/»iTT«iv,
trafiquer, user de pratiques (en serbe, baralati
signifie faire commerce) ; l'Occident aurait
emprunté ce terme, en lui donnant une mau-
vaise acception, aux marchands grecs. Nous
rappellerons à l'appui de cette opinion l'ox-
[)n's>iou allomando srhacht*rn, brocanter,
grappiller, faire un n<;goce sordide, mot
appliqué surtout aux trafifpiantjs juifs et tii*é
d'un mot hébreu qui signifie tout simplement
faire commorco. — D. baraterie.
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BAH
46 —
BAR
BARATTHR. battre du beurre; Dicz est
disposé à rattacher ce verbe au mot banit
ci-dessiis; le sens propre en serait brouiller.
— On pourrait aussi, sans trop s'aventurer,
donner à baratte le même primitif qu'à baril
et barrique : cp. en breton baras^ baquet,
baril, baratto. — D. (ou primitif?) baratte ^
vaisseau à barattor.
BARBâCANIi, it. barbacaiie, esp., prov.
barbacana. Ducange, v® barbacana, inter-
prète ce mot par « propugnaculum exterius
quo oppidum aut castrum, prsesertim vero
eorum portae aut mûri muniuntur «; auj.
cette signification s'est rétrécie en celle de
meurtrière (wallon babecine = lucarnp) ou
d'éçout. Gachet remarque que, dans Gode-
froid do Bouillon, barbacano a toujours le
sens de herse. On prête généralement à ce
mot une origine arabe; M. Piques, docteur
en Sorbone, cite babi-al-khan^h, lit t. porte
do la maison des eaux ; Pougens le rattache à
bar-bak-khaneh, galerie qui sert do rempart
à la porte; Wedgwood,au môme bàla-khaneh
qui est cité sous balœn. Toutes ces explica-
tions laissent à désirer.
BARBARE, L. barbants, étranger, puis
grossier, sauvage, ciiiel. — D. barbarie, bar-
baria; barbarisme, barbarismus.
BARBE, L. barba. — D. barbeau (poisson),
barbillon, barbet (chien); — barbiche, barbi-
chon; — barbote (poisson); — barbeyer, raser
la voile; barbelle, barbelé; barbier; barbille,
filament des monnaies; barbon; barbu; bar-
bue (poisson); ébarber, couper les barbes;
rcbarber , cx)ntrarier , d'où rébarbatif (y .cm.).
BARBITON, L. barbitum (fiàptiroi,).
BARBOTER, patauger dans la boue et mar-
motter, bredouiller ; l'association de ces deux
sens se comprend, le second se rapportant au
bruit du bouillonnement de l'eau occasionné
par le barbotement. En it. on a barbottare et
borbottare, en esp. barbotar et borbotar, pour
l'une ou l'autre des deux acceptions du mot
français; cp. vfr. borbeter, patauger. Si l'on
considère encore l'it. borbogliare, pic. bor-
boulier (marmotter), esp. borbollar, bouil-
lonner, fr. barbouiller = barboter, prononcer
indistinctement, on verra que les formes en o
et en a no sont au fond que des variations de
son; peut-être celles en a se sont-elles pro-
duites sous rinfluence de barbe (cp. l'expres-
sion ail. in de7i bari bnimmen, grommeler
dans sa barbe, entre les dents). Les formes
au thème borb rappellent borbe, bourbe, qui
au fond signifie do leau bouillonnante (cp.
^ôpfiopoi, bourbe, et pop^opùitiv, bniire).
Borbogliare et ses parallèles ont, outre leur
thème borb, une terminaison qui donne au
mot un certain air de parenté avec bullare,
lancer des bulles, bouillonner. Il est intéres-
sant, pour la liaison des sens, de porter ici
l'attention sur les mots ail. brodeln, brudeln,
spriidein signifiant à la fois bouillonner et
parler indistinctement, et lo mot mousser
n'est-il pas identique avec L. 7nussare, parler
entre les dents?
BARBOUILLER, parler confusément, mdis-
tincterucnt, est expliqué suffisamment par ce
qui précède sous barboter. Il n'est donc jjas
nécessaire do décomposer le mot, c<)mme fait
Littré, par bar (préfixe péjoratif) + bouille
(ancien mot signifiant bourbier), ou avec
Génin par bar -\- bouille (perche pour remuer
la vase). Les acceptions salir, étendre gros-
sièrement une couleur avec une brosse expri-
ment, comme la première, confusion, trouble,
absence de netteté et de précision. Ici encore
nous dirons que la forme bai'bouiller peut
avoir sa cause dans quelque rapprochement
du mot barbe, très voisin par le sens de
celui de brosse.
BARBU, de barbe; c^.membru, lippu, c7ie-
vehi, — D. barbue (pois.son).
BARGAROLLE, de l'it. barcarola, chant de
batelier [barcaruolo, de barca, barque).
BARD, BAR' (le d dans bard est parasite),
du vha. bàra, civière, brancard, ags. bœr^
bère, m. s. (cfr. goth. bairan, porter, ail.
mod. bahre, flam. baei^e, civière.). Le mot
bière 2, it. bara, est de la même origine. —
D. barder.
BARDAGHE, pathicus. mignon, it. bar-
dascia, esp. bardaxa, de l'arabe bardqf,
esclave.
1 . BARBE, selle, aiTnure de cheval, it. et
esp. barda. Il nous manque une étymologie
tout à fait satisfaisante pour ce mot; aussi
Ménage en est-il réduit à un de ses tours de
force habituels ; il établit la filiation suivante :
cooperia, cooparta, parla, barta, barda. Le
sens premier semble être bât, selle, d'où s'est
déduit celui d'armure de cheval en lames de
fer, ainsi que celui de mince tranche de lard.
Quelques provinces emploient aubardei^. selle;
c'est l'esp. et port, albarda, bât. Littré
indique pour primitif l'ar. bardahet, couver-
ture placée sous le bât (du persan barzaket};
Diez, le nord, bardi, bouclier. — Le vfr. barde,
hache, répond au vha. barta, ni. barde,
hache. — D. bardeau, ais mince et court ;
bardelle, espèce de selle; bardot, le mulet cou-
veii; d'une selle qui port« le muletier; verbe
barder.
2. BARDE, poète, L. bardus (mot gaulois);
bardit, L. barditus.
BARDEAU. -ELLE, voy. barde, l.
1. BARDER, charger sur- un bard. —
C. débarder.
2. BARDER, couvrir un cheval de .sa barde.
BARDOT, voy. barde, 1.
BARÉGE,de Baréff es, village des Pyrénées,'
lieu de fabrication.
BARÈME, du nom de François Barrômc
(mort en 1703), auteur d'un recueil intitulé :
Comptes faits.
BARGE, embarcation plate, BL. bargia,
prov. batya; yoj. barque.
BARGUIGNER, jadis aussi bargaigner, anc.
= marchander (signification encore vivace
dans l'angl. bargain^ it. bargagnare, port.,
prov. bai'ganhar, BL. barcaniare), auj. avoir
de la peine à se déterminer. Vu la forme bas-
lat., Dicz rapporte le mot à barca, la banpie
étiint destinée, d'après la définition d'Isidore,
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BAR
— 47
BAH
à apporter les niaivliandises vei-s le navire et
à les en rapporter. Il y aurait donc au fond
du mot l'idée de va-et-vient, d'où so serait
développée celle de « mait:hander, balancer,
hésiter, tergivei*scr » . Cette explication semble
un peu forcée. Chevallet cite l'écossais bara-
gan^ marché, traité, accord; bret. harkaiia,
marchander. Mais ces mots peuvent-ils comptoir
pour primitifs? L'étymologie bar -{- gagner,
mise en avant par Génin, n'a pas de probabi-
lit«î non plus. — Selon Ulrich (Ztschr., III,
266), de l'ail, borgen, « mutuum darc et acci-
pere », sur la base d'une foiTne vha. terminée
en anJuH. C'est ainsi qu'on tire giiadagnare
(d'où fr. gaagtier, gagner) d'un type vha.
loeidanjan supposé. A p. o ne ferait pas diffi-
culté. Mussafia (Beitrag. etc., p. 3G) men-
tionne des foi-mes ital. (dialect.) transposées,
surtout un terme vénitien rustique hragagnar
signifiant « tâter, palper « , puis un bragagnar
et bragotar défini par « prenderc in mano,
brancicare, come si usa colle cose poste in
vendita ». Ailleurs, dans Mutinelli, on voit
bragolo,*^ mercato ». Y-a-t-il entre l'it. barga-
gnare, - marchander », et le vén. bragagnar,
- palper », homonymité fortuite ou commu-
nauté originelle? Dans ce dernier cas, quelle
est la valeur primordiale? Dans le premier
cas. quelle est la source de l'un et de l'autre?
Notez que dans l'anc. vénitien on trouve aussi
bragolar r=a pêcher. — Mussafia se garde do
rien trancher sur ces questions. J'en fais pru-
demment de même.
BARI6EL ou BARISEL, chef des sbires, »
it. bargello, esp. barracM, BL. barigildus;
mot d'origine germanique, mais encore inex-
pliqué.
BARIL, it. barile, esp., port, barril, BL.
barile, barillus, de môme que barrique ^ et vfr.
darrot, sont, selon Diez, des dérivations d'un
mot bar, branche d'arbre, qui se rencontre
dans plusieurs idiomes celtiques, et auquel se
rattache également le mot barre. Du reste on
trouve en cymr. baril et en gacl. baraill avec
le même sens. — D. barillet, -on.
BARIOLIïR; l'étymol. variolare (de variiis)
est ajuste titre repousséo par Diez; il n'y a
aucune probabilité que r initial ait été changé
en 6 ; il propose donc, et est en cela suivi par
Littré, une composition, bar (la particule pé-
jorative) -\- riolé, rayé (dans u riolé et piolé »).
— Le type bis-regulare, proposé par Darme-
steter, est inacx?eptablc, car regulare ne peut
donner que rieuler, riuler (2 syll.), mais non
pas ri-oler.
BARLONG, berlong", qui a la figure d'un
carré long mais irrégulier, défectueux, est p.
besloiig (on trouve dans la langue d'oïl aussi
bellojic), it. bishingo. — Bis (en français
aussi bes, puis bé, ba) est une particule romane,
appliquée en composition et exprimant une
id«^ d'infériorité, d'inconvenance, de fau.ssc
application. Pai-fois ce préfixe jx'^joratif se
modifie cuphoniquement en ber, bar ou bi'e.
*- Bar, dit Nicotj diction indécîlinablo qui
empire le mot auquel elle est jointe par com-
position, comme en bnrlv.e (voy. nr)tre mot
berlue) et barlong. » Exemples : it. biscan
tare, mal chanter, fix^donner; prov. bcslei,
fausse croyance; barlume p. bishime, lu-
mièi*e faible, douteuse ; fr. bcrtouser, tondre
avec des inégalités (cité par Ménage), béoue,
p. besvue, vue fausse; vfr. bestor, bestourner;
piém. berlaita, ixjtit lait ; cat. besœmpte =»
mécompte; wall. bestemps, mauvais temps ;
notez encore l'anc. verbe besjugei\ mal
juger. Diez, examinant l'origine de cx»tto par-
ticule bis, après avoir rejeté les conjectures
portant sur L. vice ou vix, s'arrête à l'adv. lat.
bis, deux fois, d'où se serait dégagé le sens
de trop ou de mal ; il fonde cette expliciition
sur des mots tels que l'esp. bisojo, à double
vue, louche; fr. bi-iiis (v. c. m.), à double face;
vfr. beS'ivre, fort ivre, bes-order, souiller for-
tement. — Voy., sur la particule bis au sens
dépi"éciatif,d'intére.ssant.s rapprochements avec
la valeur propre aux particules congénères
gr. 5u;, 5i;. St'xai Darmestetor, Traité do la
formation des mots comparés dans la langue
française, p. 109.
BARNAGHE, -AGLE. -lOLS (aussi ber-
nache, etc.), espèce d'oie sauvage, de bar^
nacle", espèce de coquillage flepas anatifera),
où cet oiseau place son nia. D'origine cel-
tique.
BAROMÈTRE, mot tcchn. composé du gr.
/xkrpo'j, mesure, et Skpoç, pesanteur.
BARON, propr. forme d'accusatif, le subst.
nominatif étant ber; correspond au prov. f}ar,
it. barone, esp, varone. Ce vocable .signifiait
d'abord tout simplement, comme le latin vir,
l'homme opposé à la femme. Puis il s'y rat-
tjicha le sens de viril, fort, courageux, bravo
(de là les dérivés anciens : prov. barnatge,
vfr. baroniCy barnie, bravoure, cmbarnir, se
fortifier). A ces significations so joignit do
bonne heure celle d'homme libre, do grand
de Tempire ou va.s.sal. L'étymologio du mot
n'est pas encore éclaircie; il parait n'avoir
rien de commun avec le baro du latin cla.s-
sique. (Cornutus, un commentateur de Perse,
attribue à baro le sens de « scrvus militum »»
et une origine gauloise ; Isidore le glose par
mercenarius, en le dérivant de pxpù;, fort,
gro.^sier, fortis in laboribus.) On trouve en
celtique (ancien gaél.) un mot bar avec la
valeur de héros ; mais une circonstance digne
de considération s'oppose à ce que l'on reven-
dique une origine celtique à notre vocable
français. C'est que ber ou bar français fait
aux cas obliques baron, avec l'accent sur la
terminaison, et que tous les mots de cotte
nature sont do provenance soit latine (drac,
dragon; laire, lairon), ou germanique {fel,
félon; Uc, Ugon). Diez, par conséquent,
pense que le baro latin, qualifié de gaulois
par le scoliaste Cornutus, avec le sens do
goujat d'armée, représente plutôt un vha.
bero (accus, berun, beron), porteur, dérivé
naturel du vha. beran, goth. bairan, porter,
et que lo fr. ber, baron est tiré du mémo
radical. Du sens pi-imitif porteur, se seraient
successivement dôduits ceux de « fort », puis
de »» homme « et enfin de « homme puis.sant,
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BAR
— 48 —
BAS
vassal «.'Tout cela, du reste, est encore pro-
blématique. Pour notre part, nous préfc^rons
nous en tenir à une communauté d'origine de
bar&ii avec les mots vha. harn^ infans, proies,
et heorn (ags.), homme fort, qui d'ailleurs
remontent également en dernier lieu à bairan
ou beran, porter, produire. — D. baronne,
etrie,-affe.
BAROQUE était d'abord un terme de joail-
lier, indiquant une perle qui n'est pas parfai-
tement ronde ; de l'esp. ban^ncco, berrneccOy
port, barroca. (aussi avec le sens de rocher,
raboteux). Pour Tétymologie, on a proposé
le L. verntca, rocher, verrue (employé par
Pline pour une tache dans une pierre pré-
cieuse), puis bf^ochtis, dent saillante, défec-
tueuse, enfin bisroca, en donnant à bis la
valeur que nous avons exposée sous barlong.
Nous nous prononcerions le plus volontiei*s
pour la dernière conjecture : roche avec un
défaut.
BARQU£,it. ,esp. ,prov. , poi-t. &arca. Isidore :
«» Barcii, quae cuncta navis commcrcia ad litus
portât". Barque parait être, en français, d'in-
troduction savante ; le mot propre était anc.
barge, auj. berge (prov. ba?ja), formes qui
accusent l'existence d'une forme latine barica,
(cfr. carrica — charge ; srrica — serge). Quant
à barica, il paraît être (comme aiica, avica, de
avis) une dérivation de baris, canot d^écpii).
Barca serait ainsi une contraction de date
ancienne pour barica. Wackernagel préfère
le nordique barkr, m. s., litt. bateau fait
d'écorco {bôrkr., suéd., angl. bark, écorce). —
D. barquette, embarquer, débarquer.
BARRE, it., esp., prov. barra, angl. bar,
pièce de bois (ou de métal) menue et longue
(servant à fermer). Le mot est celtique : cymr.
bar, branche de bois. Dérives : barreau ; bar-
rih'c; barras*; verbe barrer (voy. ces mots).
Voy. aussi baraque et baHl.
BARRAS' ; ce mot, non constaté dans les
textes français, et répondant au prov. barras,
barre, bâche, est le primitif des verbes embar-
rasser, obstruer, gêner, et débarrasser,
BARREAU, diminutif de barre, puis clô-
ture, puis enceinte réservée aux avocats, lieu
où l'on plaide, etc.
BARRER, de barre; pr. fermer, obstruer,
rayer. — D. barrage. — Cps. s'embarrer,
déballer.
BARRETTE, prov. ben'eta, barréta, esp.
birreia, BL. birretum, it. berretta.- Se ratta-
che au mot latin Oirrus (byrrhus), sorte
d'étoflc gro.ssière. — Le rapport étymologique
avec bii'Tus, burrus, peut être fondé, observe
Bai.st (Ztschr., VI, 1 16), soit sur la couleur
rouge, soit sur ce que le couvre-chef en ques-
tion faisait d'abord partie du manteau {i^ippov
«= manteau). Cfr. l'origine de chapeau. —
Une variété du même mot est le maso, béret,
— Voy. aussi bure.
BARRICADE, voy. barrique. — D. barri-
caffer (vfr. barriquer).
BARRIÈRE, prov., it. barricra, esp. Inir-
rcra, d'un type barraria, dér. de barra,
barre.
BARRIQUE, voy. fmnl, — D. it. barricaia,
retranchement fait avec des barriques, fr.
barricade.
BARS, poisson ; ail. bars, barsch.
BARYTON, it., esp. ôaW/ono, du gr. ^Saf^vra-
voi, qui a la voix grave.
1 . BAS (fém. basse), it. basso, e.sp. bajo, port.
baixo, prov. ba^, BL. bassus. Le glos.saire
d'Isidore dit : « Ba.ssus cras.sus pinguis »,
celui de Papias : « Bassus curtus humilis » . .
Il faut déduire de là, obser\'e Diez, que le
.sens fondamental du mot bassus est celui do
trapu, coui*t et large. En effet, la langue
d'oïl présente souvent l'adj. bas avec le .sens
de large et court. Pour la provenance de ^o*-
sus, il est inutile d'en chercher l'origine soit
dans le grec ^3a»ywv (comparatif de ^»Bùi, pro-
fond) ou dans le celtique. Les Romains possé-
daient déjà le mot, mais nous ne le rencon-
trons plus que comme surnom ou comme
véritable nom propre. — Dérivés : bassesse;
basse (t. de musique), basson; basset, chien
de chasse de i)etite taille ; bas, vêtement de
jambes, abrtH'iation de bas de chausses, opp.
à haut de chausses; verbe baisser (v. c. m.).
2. BAS, vêtement des jambes, voy. bas ci-
des.sus.
BASALTE, L. basaltes. Du pays de Baschan
en Palestine, gr. Bx^àvriç.
BASANE, de Icsp. badana, m. s., qui vient
do l'arabe biianah. La lettre a* accuse pour
intermédiaire un prov. bazana (cp. Masculine
p. Madehnne). — D. vfr. basanier, cordonnier;
basaner, donner à la peau une teinte noirâtre;
cp. le sens du vfr. tanne, roux, brun.
BASANER, voy. basane.
BASOOUETTE, espèce de mésange (en ail.
schwanzmeise), comi)osé jKDpulaire de battre
-f- couette (petite queue), donc un « volatile
dont bat (= danse) la queue»; cp. batte-
queue, un des noms de la bergeronnette. Si
cette étymologie de Meunier est la bonne, il
faudra considérer la forme basconette que
donne Littré conjointement avec basconette,
comme une altération de ce dernier.
BASGUL, au.s.si bacul, nom donné à certaines
pièces du harnachement des chevaux (voy.
Littré), est un composé de battre -}- cul. Cp. le
mot suiv.
BASCULE, anc. bacule, signifie pr. uno
l)lanche qui « bat le cul »; selon Meunier, ce
qui a donné naissance aux diverses acceptions
de ce mot, c'est lo jeu des enfants se balançant
sur une planche dont l'un des bouts .se lève
tanths que l'autre frappe réellement le cul.
C'est bien là l'origine du mot, et il est inutile
de reproduire les autres explications mises en
avant. Us dans l'élément bas est parasite ; de
même dans basconette (v. pl. h.). — D. bas-
culer.
BASE. L. basis (gr. /5A»t;, plante du pied).
— D. baser.
BASILIC, lézard, L. basiliscus (,93(ffiXf«o,-,
litt. petit roi).
BASILIQUE, église, du L. basiliead^TLrAluLri),
qui désignait d'abord un édifice public pro-
fane, pr. maison royale.
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BÂT
— 49 —
BÂT
BASDf, fonne tronquée de bombasin; de
rit. hamhagino, qui est dérivé de hambagio,
BL. hambaciumt grec du moyen âge ^a/ASàxtov,
coton. 1^ primitif deces mots est leL. bomhix
(^o>€u(), soie.
BASOCHE, dû L. basilica, lieu où se tenaient
les tribunaux. La terminaison ilica, par iha,
s'est régulièrement francisée par euche,ouche,
oche (cp. le mot fougère).
BASQUE, pan dliabit ; d'origine inconnue.
Huet, é?êque d'Avranches, croit qu'on a dit
basques de pourpoint, parce que la mode d'en
porter est venue de Biscaye. — D. basquine,
BASSIN, bact'n*, bachin*, BL. bacinus, ba-
chinum, it. bacino, prov., esp. bacin. Des
raisons phonologiques font rejeter à Diez la
dérivation de l'allemand beckeit, qui a le
même sens ; il faudrait, prétend-il, pour cela
la forme baquin. Le mot vient de quelque
racine celtique, comme bac, creux, cavité,
d'où bakinus, bacinus, bacin(yoj. bac). Ce qui
confirme cette étym., c'est que Grégoire de
Tours parait indiquer bacchinon comme
appartenant à la langue du pays. — D. bas-
siiiet, bassiner^ bassùwire.
BASTER, vfr. suffire (resté dans bastant,
suffisant, et l'interjection baste), = it. bas-
tare, esp., port., prov. bastar, suffire, d'un
adj. basto existant encore en esp. et en port.,
et signifiant rempli. Diez, pour le sens, rap-
proche l'esp. karto «= rempli et suffisant.
BASTEREE, L. baster^m.
BASTIDE, BASTION. BASTILLE, voy. bâtir.
BASTIN6ÏÏE, défense mobile, ital. bastinga,
prob. de basttr comme bastide, bastion.
BASTONNADE, voy. bàtoit.
BASTRINGUE, mot populaire qui reste à
éclaircir. C'est peut-être le même mot que
bastivgue (dér. de bastir), signifiant d'abord
hutte, guinguette, puis bal de guinguette.
BAT, t. de pêche, queue (de poisson), d'après
littré de battre; d'après d'autres, deTécoss.,
irl. bod, queue.
BAT, bast\ it., esp. basto, prov. bast, ail.
Miissc bast, BL. bastum, clitella) sella, sagma.
Dicz suppose (jue basturn pourrait bien appar-
tenir à la langue romaine vulgaire, et avoir
pour signification fondamentale celle d'appui,
base, support, soutien (cfr. /3affTâJïiv, pàLixaX,
et basterna, litière). — D. bâter, débâter,
em bâter.
BATACLAN, mot onomatopée.
BATAILLE, voy. battre. — D. bataillon,
batailler.
BATARD, bastard\it., esp. port, bastardo,
prov. bastard, ail., angl. bastard, hoU. bas-
tert, lith. bostras; équivaut à l'expr. vfr. fils
ou homme de bast ou de bas. (On disait de
même venir de bas.) Ce mot bast, d'où dérive
bastard, est identique avec bât, selle de
somme, traité ci-dessus. Diez, tout en admet-
tant oe rapport de forme, ne dit rien pour
l'expliquer quant à l'idée. Burguy et Mahn
sont plus explicites à ce sujet : » On sait
assez, dit Burguy, la vie que les conducteurs
de mulets menaient avec les filles d'auberge.
pour croire à un grand nombre d'enfants
conçus sur les bâts et à une généralisation du
nom. " Ce savant appuie son explication sur
l'analogie des expressions fr. coitard, c.-à-d.
issu du coitre (matelas), et ail. banftert^ issu
du bano, von der banh fallen, avoir une nais-
sance illégitime. — Autre est l'explication de
Caix (Studi,n<' 8); d'après lui, bastardo signifie
propr. « porteur du bât, bête de somme », et
équivaut à « mulet •*; de là Id sens « filius
spurius ". C'est ainsi que mulus a donné esp.
mulato (fr. mulâtre), « né de parents de con-
ditions (c.-à-d. couleurs) diverses •»; c'est ainsi
encore que lat. burdo, mulet, est connexe
avec esp. borde, prov. bort, vfr. borde, sard.
burdu, qui signifient bâtard. L'expression
« fils de bast » ne serait, dit Caix, qu'une
interprétation populaire de bastardo. Voy. à
ce sujet les doutes de G. Paris (Rom., VIU,
618). Citons en dernier lieu l'avis de Grimm,
pour qui le germ. bast (écorce) aurait déve-
loppé le sens « res vilis nullius pretii »» et de
là celui de « homo spurius illegitimus » . —
D. bâtardise, abâtardir.
BATARDEAU, anc. bastardeau, construc-
tion hydraulique, dimin. de vfr. bastard, m.
s., qui parait être dérivé de bastir ou bâtir
(racine bast). Le wallon a le mot bâte dans le
sens de fascinage au bord d'un cours d'eau,
de batardeau et de quai ; est-il de la même
famille?
BATEAU. bateV, prov. baielh, esp. batel,
it. batello, dimin. de batto, BL. batus, vais-
seau à rames. Se rattache à ags. bât, v. nord.
bâtr, petit vaisseau; on trouve aussi cymr.
bâd, nacelle. — D. batelier, batelet, batelée.
BATELEUR, bastcleur, charlatan, bouffon;
selon Saumai.se, de BL. batalator, batailleur,
c.-à-d. qui fait des tours surprenants avec les
armes ; Guyet, plus sobre, dérive ce mot de
bastel, qui, formé de basturn, signifierait un
échafaud do bois, un tréteau; bateleur serait
donc une espèce de saltimbanque. D'autres
proposent un mot gaulois baste, qui signifie
tromperie. Nicot pense au grec lioirroUyoç,
hâbleur ! Après ces tentatives-là, nous hasar-
derions bien aussi une conjecture, savoir:
basteler = faire des tours d'adresse sur un
bast ou bât (v. c. m.), puisque nous savons que
les petits meubles à l'usage des escamoteurs»,
appelés aujourd'hui des gobelets, s'appelaient
au moyen âge des basteaux, et que l'on disait
jongleur ou faiseur de basteaux, etc. C'est
donc bien évidemment un primitif bastel qui
a produit basteler et bateleur. Quant à bastel,
ce pourrait être une variété de baston et signi-
fier baguette. Cp. « tour de bâtx)n «.Quoi
qu'on ait dit, il n'a rien à faire avec bateau.
BATIFOLER, folâtrer, s'amuser; de l'it.
battifolle, par quoi l'on désigne certaines
tours de bois érigées sur les remparts et les
befirois, et où les jeunes gens allaient jouer
et badiner. Pour le mot italien, cp. BL. bat-
' tifollum = bastion et moulin à vent.
A
1 . BATIR, bastir, it. bastire, pr. bastir, con-
struire. De la même racine bast, exprimant
4
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BAV
— 50 —
BEA
appui, soutien, fondement, base, d'où bdt,
bâton. — D. bâtiment, bâtisse ;^roY, bastida,
fr. bastide ; it. bastia, bastione, prov. bastio,
fr. bastion; enfin bastille.
2. BÂTIR, coudre à gros points, esp. bas-
tear, embaMar^ it. imba^tare, angl. baste, du
vha. bestan^ rentraire.
BATISTE, toile de lin très fine, tire son
nom du premier fabricant de cette toile.
BATON, propr. soutien, appui, dérive de
bât, qui lui-même, paraît-il, exprime propr.
appui, base, sur quoi se place la charge
d'une bête de somme. Il est intéressant de
remarquer à cette occasion que le nom du
mulet, en tant que porte-charge, a développé
à son tour le sens de bâton ; voy. l'art, bour-
don 1. — D. bâtonnier, bastonnade (anc. bas-
tonnée) ; bâtonnier.
BATTE, voy. battre.
BATTERIE, voy. battre.
BATTOLOGIE, gr. jixxToUylei, m. s.
BATTRE, prov. batre, esp. bâtir, ït. battere,
du L. batuere, corrompu en battere. Dérivés :
batteur y -âge, -ant, -ement; battue, batte,
battoir, batterie, bataille, it. baJtaglia, esp.
batalla (Adamantinus Martyr : batualia, quœ
vulgo hattalia dicuntur). — Composés de bat-
tre : abattre, combattre, débattre, ébattre,
embattre, rebattre (v. ce. mm.).
BAU, poutre, anc. bauc, de l'ail, balh,
balke, m. s. Voy. aussi balcon.
BAUD, nom dune race de chiens courants,
appelés aussi chiens muets. Cette dernière
dénomination a donné lieu aux étymologies
gaél. baoth, sourd, goth. bauth, sourd, muet,
auxquels Diez ajoute le norm. baude, en-
gourdi. Littré indique le vfr. baut, hardi
(voy. baudir).
BAUDET, dimin. de baud (en rouchi, fém.
baude), de' bauC, gai, hardi (voy. baudir).
L'âne serait ainsi l'animal plein de contente-
ment et de hardiesse. La fable l'appelle bau-
douin (d'où le terme baudouiner de Rabelais).
BAUDIR, pr. réjouir, puis exciter, et son
composé s'ébaudir, it. anc. sbaldire ; dér. de
l'adj. baut*, prov. baut, it. baldo, hardi, in-
solent, joyeux, qui correspond à angl. bold,
courageux, goth. balths, vha. bald, hardi, à
cœur ouvert.
BAUDRIER, en vfr. baudré, prov. baiidrat;
du vha. balderich, v. angl. baldrick, bau-
drick. Ces mots sont des formes dérivatives
de Tags. belt, qui pour le sens et la forme
correspond au L. balteus, bord, encadre-
ment, ceinturon. Dans la granmiaire proven-
çale de Faidit, on lit : baltjg, corea (courroie).
BAUDRUCHE ; ce mot est sans doute de la
même famille que l'anc. verbe fr. baudroyer,
préparer des cuirs, et par conséquent de celle
de baudrier.
BAUGE, mortier, crépi; anc. bauche. Voy.
à l'art, débaucher.
BAUME, anc. bausme, basme, du L. balsa-
mum (par bals'mum, balmum), ■— D. bau-
mier, embaumer.
BAVARD, voy. bave. — D. bavarder.
BAVE, it. bava, esp. baba ; verbe baj?er.
Paraît être un mot onomatopée pour expri-
mer la salive qui accompagne le babil des
petits enfants ; aussi dans l'ancienne langue,
bave signifie-t-il également babil, caquetage
inintelligible (cp. en grec /SaSàJctv). — D. ba-
vette, baveiac, bavard (nous trouvons dans
Calvin, avec la même sign., bavereau); ba-
vasser = bavarder; ba;oure, bavoche, carac-
tère d'imprimerie qui ne vient pas net et qui
paraît avoir de la bave; l'anc. mot bavière
signifiait d'abord bavette et a été appliqué
dans la suite à la partie de l'armure dont on
protégeait le cou et le menton ; de là bave-
rette et baverole.
BAVOCHE, voy. bave, — D. bavocher.
BAVOLBT ; n'est ni étymologiquement con-
nexe avec bave (cp. bavette, bavière), comme
j'ai pensé d'abord, ni dérivé de bas -J- w^r,
mais, d'après Darmesteter, = ba^ volet. En
vfr. volet signifiait pièce d'étofie flottante (qui
volé), spécialement une pièce d'étoffe qu'on
mettait sur la tête ; le bavolet est un volet qui
se met en bas du chapeau, sur la nuque.
BATER, vfr. baer, béer, it. badare, prov. ,
cat. badar, BL. badare. Ces mots signifient
I . ouvrir la bouche, 2. attendre bouche béante,
attendre en vain, puis anc. aspirer à qqch.
Dante, Inf. 31, 139 : Stare a bada, =t prendre
garde à. Plutôt que de recourir au vha. bei-
tôn (ou baidôn), attendre, tarder, qui ne
répond pas à la signification première de
badare, Diez part d'une racine onomatopée ba.
— Dérivés: prov. badalhar, baailler , bâiller ;
badaud, prov. badau (dans le patois de Mons
béaut, beyaut) ; badin, que les lexicographes
du XVI® siècle traduisaient encore par *» inep-
tus ».
BAZAR, mot persan signifiant marché cou •
vert.
BÉANT, part, de béer, forme variée de
bayer (voy. ce mot). — Notez encore les vieux
mots bée, ouverture, vaine attente, et béance,
désir, aspiration.
BÉAT, mot savant, L. bcatus; béatitude,
beatitudo; béati figue, beatificus; béatifier,
béatification, beatificare,-atio. — D. béatilles,
menues choses précieuses, restreint auj. aux
menues choses délicates dont on garnit les
pâtés ; pr. petites choses d'heureux.
BEAU, BEL, it., esp., port, bello, du L. bel-
lus. — D. beauté, bellâtre, bel lot, embellir.
Vfr. abélir, prov. abelhir = plaire, être
agréable; abeausir, t. de marine, répond au
pr. abellezir. — Le mot beau dans beau-père,
belle-mère, beau-frère, belle-sœur, beau-fils,
belle-fille, est une expression honorifique
pour distinguer les membres nouveaux intro-
duits par le mariage dans une famille. La
langue néerlandaise applique do la même
manière l'a^. schoon.
BEAUCOUP, de beau coup fcfr. faire un
beau coup, = prendre un grand nombre à la
fois) ; cette locution s'est peu à peu substituée
À l'adverbe moult «=» L. multum, qui s'em-
ployait généralement dans l'ancienne langue
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BED
— 5i
BEI
d'oIl. On disait anciennement aussi grand
coitp
BEAUPRÉ, de Fall. bogspriet, ou néerl.
hoegspriet, angl. botosprit, mots composés de
b<jg, boeg, bote, flexion, proue, et spHet ou
sprit, perche, mât.
BSAUTÉ, anc. bcaliet, beJté, ?oy beau.
BÉBÉ, francisation de l'angl. baby, petit
enfant.
BEC, it. becco, port, bico; Suétone, dans
Vitellius, I8,cite ce vocable comme gaulois. En
cflet, on trouve gaél. beic, bret. beh. —
D. béquet (petit bec); becquer, -ée, d*où abec-
quer, donner la becquée, becqueter, beau, se
rebéquer (femiLer), répliquer à un supérieur.
Notez aussi vfr. bechier, frapper du bec. Déri-
vent encore de bec: 1. prov. beca, croc (prob.
identique avec le fr. bêche, besche*, malgré
Vs intercalaire); 2. bécasse; 3. beccard;
4. béchot, bécot, béqiiot, bécasseau ; 5. béquille;
6. béquet, becquet, noms vulgaires du bro-
chet et du saumon, et bécune, poisson ressem-
blant au brochet.
BÉGABITN6A, espèce de véronique qui
croît sur le bord des ruisseaux ; du bas-ail.
beckebunge, ail. mod. bachbwnge, litt. tuber-
cule de ruisseau.
BÉCARRE, t. de musique, de Tit. bequadro
= b carré. — D. bécarrer,
BÉCASSE, it. beccaccia, catalan becada,
dér. de bec. — D. bécasseau, -in, -ine, -on.
BEC (ou BEGQITE) -CORNU, sot, imitation
de rit. becco (== bouc) comuto,
BÊCHE, besche*, BL. becca, besca, voy. bec,
— D. dim. béchctte, béchot, verbe lécher.
BÉCHOT, bécasseau, voy. bec.
BECQUER, primitif de becqueter, d'où les
composés becquebois, becquefleurs, becfgue
(it. becca fico).
BEDAINE, panse (anc. vase à grande panse)
et bedon ^ homme gras, tambour (il existe une
forme fusionnant en quelque sorte ces deux
termes : bedondaine), sont sans doute des
rejetons d'une même racine; cp. dans le dial.
de C6me bidon, gras et paresseux, dans celui
du Hainaut bidofi, grand lourdeau. Diez
croit que cette racine bed est identique à bid
dans bidet (v. ce mot) ; il cite le mot hennuyer
bedène, qui réunit les acceptions de bedaine
et de bidet. Nous hésitons à adopter ce rap-
prochement, puisque Tune de ces racines
désigne quelque chose de gros. Vautre quel-
que chose de petit. Il est probable que le sens
primitif de bedaine et de bedon était resp.
boule et tai^bour. On trouve d'ailleurs aussi
boudaine, boudiné, p. ventre, ce qui me fait
voir dans bed une forme assourdie de bod,
boud (voy. bouder).
BEDEAU, BEDEL*, it. bidelîo, esp.,prov.
bedel, BL. bedeUus ; du vha. petiî, emissarius,
ags. bydeî, messager, ou du vha. butil, prœco,
apparitor (ail. mod. buttel).
BEDON (norm. = clochette) ; voy. bedaine,
— D. bedoneau, bedouan (en Normandie
bedou), nom donné au blaireau.
BEDONDAINE, voy. bedaine.
BÉDOUIN, mot arabe = qui demeure dans
le désert [bedou).
BÉE (à gueule bée), dans futailles à gtieule
bée ; du verbe béer, avoir la bouche ouverte,
voy. béant et bayer. Cette exprcs.«^ion ^«ew/e
bée (cfr. it. bocca badada) se retrouve retour-
née dans bégueule, qui signifiait d'abord
niais, imbécile. « Singulière destinée des mots,
dit Cachet, puisqu'une bégueule peut aujour-
d'hui faire la petite bouche. »
BEFFROI, berfroV, beffroiC, angl. belfry,
BL. berfredus, belfredus; du mha. bergvrit,
bertrit, tour « qui garantit la sûreté « ; on
appelait beffroi d'abord une tour de défense
mobile, puis une tour située dans l'intérieur
d'une cité, d'où l'on sonnait l'alarme. On a
faussement rattaché ce mot à bell, mot fla-
mand et angl., signifiant cloche. L'it. batti-
fredo repose sur un faux rapprochement avec
battere.
BÉ6AUD, sot, ignorant; dérivé de bègue;
cp. le synonyme pr. bob, esp bobo, dér. de L.
balbus.
BÉ6ATER, voy. bègxie.
BÉ6U, t. d'art vétérinaire, anc. aussi bigu;
d'origine inconnue.
BEGUE, pic. beique, bièque, mot d'origine
inconnue. Diez émet comme simple conjecture
l'idée d'une contraction du prov. bavcc, sot
bavard (voy bave). — D'après Bugge (Rom.
IV, 351), bègue serait une forme tronquée
d'un ancien baubègue, qui serait un dér. de
L. balbus, vfr. baube. On retranche quel-
quefois, dit-il, la première syllabe dans les
mots de plus de deux syllabes où la seconde
syllabe a la même consonne initiale que la
première; de là basin p. bombasin, cineîle,
p. coccinelle. Quant au sufiixe, il rappelle it.
mocceca (niais), spizzeca (ladre), prov. bavec
(bavard), ufec (orgueilleux). 11 est fâcheux
qu'il n'y ait pas d'analogue français pour le
suffixe en question, qui d'ailleurs est d'une
nature assez obscure. — D. bégayer, au
XV* siècle besgoyer ; les dialectes ont bèguer,
bèketer,
BÉGUEULE, voy. bée.
BÉGUINE,nom d'une corporation religieuse,
fondée par sainte Begge, dont elle aurait tiré
le nom; d'autres font dériver ce nom, comme
celui des Béguins et Béguards, du verbe
angl. beg, mendier, à cause de la pauvreté à
laquelle ces hérétiques se vouaient. On se
demande encore si la coifie de linge appelée
béguin doit, ou a donné, son nom aux
béguines. — D. beyuinage; embéguiner,
mettre un béguin.
BEIGBJlaine) = it. bigio, voy. bis.
BEIGNET, bignet*, sont des diminutifs de
beigne*, bigne, bugne, sorte de crêpes roulées
et frites (angl. bun), et sont de la même
famille que les mots italiens des dialectes de
Milan, Venise, etc , bugna, bogna, vfr. bugyie,
qui signifient bosse, tumeur. Diez rapproche
ces vocables du vha. bungo, bulbe, v. angl.
bung, bunny, enflure. Quant au passage de
u en t, cp. billet, billon, de bulla, frume et
frime. Pour le rapport entre choses arrondies,
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BEL
— 52 —
BER
bulbe, bosso ot pâté, nous rappelons boulange
(d'où boulatiffcr), de boule.
BÉ JAUNE, corruption de bec jaune; cfr. en
ail. gelbschnabel, m. s.
BEL, voy. beau,
BÉLANDRE, esp. de bateau de transport à
fond plat, du holl. bijlander, bâtiment qui
côtoie la terre (bij, près, et land, terre). Voyez
aussi balandre.
BÊLER, vfr. beUer, du L. belare, employé
par Varron p. balare. Le circonflexe accuse
une forme besler, et par conséquent une inter-
calation purement prosodique d'un s (cp.
pasie, pâle, p. palle). — D. bêleme^it
BELETTE, diminutif de bêle*, esp. beleta,
milanais bellora, peut être rapproché du
cymr. belc ou do l'ail. W/7c (Frisch, 197;
manque dans Grimm), vha. bil-ik (auj. bilch),
zizel. Toutefois, Diez préfère voir dans bêle le
mot latin bella, en se fondant sur des expres-
sions analogues employées dans d'autres lan-
gues pour désigner la belette, p. éx. le bava-
rois schônthie7^lein ou schôndinglein, le danois
deii kjônne (pulchra), le vieux angl. fairy.
En Normandie, on dit roselet, en Lorraine,
niotnle (du L. mustcla),
BÉLIER; voici les étymologies diverses
mises en avant sur ce mot : balarius, de
balare, bêler (Grimm adopte cette étymologie) ;
— vellarius, le velu, de vellus, toison; —
bell, mot néerl. et angl. signifiant cloche
(cfr. belière), le bélier précédant le troupeau,
muni d'une clochette. Diez, rappelant les
expressions néerl. belhamel, angl. bellwcther,
fr. clocheman, et mouton à la sonnette, s'en
tient avec raison à la dernière. La fable donne
au bélier le nom de Bel in,
BÉLIÉRE, dérivé du mot bell, cloche, men-
tionné sous bélier,
bélître, BELISTRE*, gueux, mendiant,
homme de rien, d'où l'esp. belitre, port, biltre;
dér. it. belitrone, L'étymologie la plus rai-
sonnable, tout en restant suspecte, est celle
de Nicot, qui voit dans ce mot une transposi-
tion de l'ail, bettlei^; d'où bleter, bliter, fran-
cisé par belitre. (On trouve dans des teites
officiels du commencement du xvi* siècle le
fôm. blitresse, les subst. bliter ie et blitrcau.)
Pour rintercalation de 1'*, cp. besler p. bêler.
D'autres ont proposé L. bal air o, farceur, vau-
rien, ballistarius^ soldat qui sentait les ba-
listcs, blitum, herbe sans saveur, d'où, par
métaphore, homme stupide, enfin Yelitreixsis,
de Velitree, ville des Volsques. Citons encore
l'explication de Atzler par L. benedictor,
« celui qui vous comble de bénédictions » ; la
lettre s'y prête [benettre, benitre, belitre), et
pour le sens, Diez cit« l'esp. pordiosero (men-
diant), dér. de la phrase por dios, pour
l'amour de Dieu !
BELLADONE, de l'it. bella donna, belle
dame. Les Italiens ont appelé ainsi c^tte
plante, parce qu'ils s'en servent pour faire du
fard.
BELLI6ÉRER (n'est guère employé qu'au
paît, prés.), mot savant nouveau, formé de
bellum gerci'e, faire la guerre.
BELLIQUEUX (mot nouveau), L. bellicosus
(bellum, guerre).
BELVEDERE ou BELVSDER, mot italien,
qui se traduit en français par beauvoir, beau-
regard, bellevue,
'BEMOL, de b mol; it. bimmolle. Voir là-
dessus les dictionnaires et les manuels de mu-
sique ; cfr. bécarre B est la deuxième note de
la gamme en la et la première qui se présente
pour être baissée d'un demi-ton ou amollie ;
le nom b mol s'est étendu à toutes les notes.
BÉNÉDICITÉ, mot latin (impératif de &enc-
dicere), sign. bihiissez , rendez grâce. Le verbe
benedicere (d'où le subst. bededictio, fr. béné-
diction, vfr. benëiçwi, benisson, angl. béni-
son), it. benedire, s'est contracté en français en
benëir", puis bénir, anc. aussi, par l'intro-
duction d'un t euphonique entre la sifllante c
et l'r (cp. cognoistre, de cognosc*re), beneïstre,
benistre. On disait de même anciennement,
pour L. maledicere, maleïr.
BÉNÉDICTIN, de Benedictus, forme latine
du fr. Betwtt.
BÉNÉDICTION, voy. béyiédicité,
BÉNÉFICE, L. beneficium, bienfait, avan-
tage, profit; au moyen âge, ce mot était
appliqué à un bien tenu en vertu du bon
vouloir d'un seigneur. — D. bénéficiai, -taire,
-ier ; verbe bénéficier.
BENET, BENEST*, variante dialectale de
henoit.
BÉNÉVOLE, L. bcnevolus, bienveillant.
BÉNIN, anc. bening, fém. bénigne, it. beni-
gno, du L. bcnignus ; bénignité, L. beni-
gnitas. •
BÉNIR, voy. bénédicité. Le participe betie-
dictus est devenu à la fois benéoit [ict régu-
lier, transformé en oU), d'où benoît (le circon-
flexe est sans raison), et beneït, contracté en
bénit, fém. bénite. La forme béni, -ie, est
faite en conformité de la conjugaison des
verbes en ir, mais contraire à l'étymologie.
— Do benediciarium; terme de l'Eglise pour
vaisseau à eau bénite, s'est produit le fr,
bénitier, anciennement bcnoislicr, benestier.
BÉNIT, BÉNITIER, voy. bénir.
BENJOIN, esp. benjui, it. belzuino, bcl-
guinOy de l'arabe louban djavoi, encens java-
nais.
BENNE, hotte, variété de banne (v. c. m.).
BENOIT, voy. bé^iir. Propr. béni, puis par
ironie, ainsi que benêt (v. c. m.), dévot,
béat, sot, niais.
BBQUET, voy. bec.
BÉQUILLE, dérivé de bec (v. c. m.), 1. bâ-
ton recourbé, 2. instrument aratoire. Dans
ce dernier sens, peut-être un dimin. de béch^
(BL. becca). — D. béquillard, béquillcr.
BERCAIL, voy. brebis.
BERCEAU, voy. bei'cei\
BERCER, prov. bressar, anc. esp. brizar.
Selon Ménage et Chevallet, de versare (fréq.
de vcrtere); cela n'est pas soutenable. Diez
croit ce mot identique avec l'anc. verbe ber-
cer, berser, qui signifiait chasser à l'arc (ail.
birschen), dont |il puise l'étymologie dans le
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BER
— 53
BES
passage suivant d'une chronique italienne :
« Trabs ferrata quam bercellum appellabant •» .
Ce mot bercellus désigne clairement la ma-
chine de guerre que Ton nomme ailleurs un
bélier, et peut, par conséquent, fort bien
dériver, ainsi que le verbe herser, transper-
cer, tuer, de berbex, gén. berbicis, mouton;
berbicelliis^ berbiciare se seraient contractés
en berceî, bercer. Quant à la signification
branler, agiter, elle proviendrait du mouve-
ment imprimé au bercellits. Comme analogie,
Diez cite le terme bas-latin agitatorium, pour
berceau. — Le subst. bercer, berceau, est la
francisation du bercelliis traité ci-dessus. Au
lieu de eett« forme diminutive berceau, nous
trouvons un grand nombre de formes radi-
cales ayant le même sens : vfr. bers, biers,
prov. bers, bres, bretz, cat. bres, picard et
norm. ber. A Bruxelles, nous entendons aussi
la berce, *» Il est remarquable, dit Gachet,
que l'espagnol appelle h^ezo, blezo, un lit
d'osier, et que comble za signifie concubine. »
Ce fait donne, en effet, à réflécliir sur la jus-
tesse de l'étymologie de Diez ; il pourrait bien
y avoir au fond du mot bers et berceau une
idée de claie, de treillage, de sorte que
berceau, dans le sens de voûte en treil-
lage, charmille, nç serait pas une expres-
sion tirée de quelque ressemblance avec la
forme d'un lit d'enfant. Aussi bien Ducange
tire-t-il ba^ceau du BL. hersa, claie d'osier
dont on entourait les forêts de chasse.
BÉBfiT, BERRET, voy. barrette.
BERGAMOTE, du turc beg armôdi « poire
du seigneur.
1. BERGE, bateau, voy. barque.
2. BERGE, bord relevé d'une rivière, esp.
barga; mot prob. celtique : cymr. bargodi,
surplomber, bargod, bord, gouttière.
BERGER, voy. brebis. — D. bergerie, et les
noms d'oiseaux bergère, bergerette (v. c. m.),
bergeronnette (qui habitent avec les bergers).
BERGERETTE, 1. petite bcrgàre; 2. =
bergeronyiette ; 3. anc. fr., chant de berger
qui .se chantait le jour de Pâques en certaines
contrées ; de là : 4. boisson composée de vin
et de miel, dont on faisait usage quand on
chantait la bergerette.
BERGERON, foraie extensive de berger, de
là : bergeronnette, pr. la petite bergère, l'oi-
seau qui vit dans les prés, en compagnie des
troupeaux (cp. bouvreuil, le petit bouvier).
BERIL. voy. hert/L
BERLINE, carrosse inventé à Berlin. —
D. berlingot.
BERLOQUE, voy. breloque.
BERLUE est le même mot que le vfr. hellu-
gue et prov. béluga, qui signifie étincelle et
dont le diminutif est beluette (patois norm.
aussi berluctte), aujourd'hui contracté en
bluette. L'un et l'autre sont composés du L.
lux, lumière, et de la particule péjorative bis,
bes, ber, dont nous avons parlé sous harlong ;
le sens foncier est fausse lueur. Cfr. un mot
de signification analogue : Tit. barlume,
faible clarté, re.«îp. vislumbre(àe bis eilumen).
Remarquez encore les mots du dialecte de
Berry éberluette =■ berlue, et éberluter,
éblouir. Quant au prov. béluga, pour bes-
luga, bellugue, il est de formation analogue
à l'ancien belloi, pour besloi, mauvaise loi,
iiyustice. •
BERME, terme de fortification, bord; du
néerl. brème, ail. brame, angl. brim, bord ;
cfr. le flam. berm (Kiliaen), digue. L'ail.
berme est tiré du français.
1. BERNE, t. de marine, d'origine incon-
nue. L'it. dit démo.
2. BERNE, subst. verbal de berner.
BERNER, faire sauter qqn. en l'air dans
une couverture; du vfr. berne, manteau
d'étoflb grossière, que les Latins appelaient
sagum (de là sagatio, le jeu de berner] et qui
servait à berner. Quant à berne, it. , esp. ber-
fiia, il vient, selon Nicot, do Hibemia, pays
d'où l'on tirait l'étoffe.
BERNIQUE, interjection dont l'origine nous
est inconnue. Est^îe le ber péjoratif -f-wijwef
Quelques-uns y ont vu une altération de l'ail.
aber nickt, mais non ! Littré rappelle l'anc.
locution « envoyer qqn. au bemiquet », le
ruiner, et conjecture que berniquet se trou-
vant avec le sens de coffre à mettre le son, le
primitif bernique a pu signifier son, une
chose de rien. Or, bernique serait pour breni-
que et viendrait de bran, bren, son.
BERTAUDER, voy. bretauder.
BÉRTL, aigue-marine, vfr. bericle, du L.
heryllus (,3>{|du;3io;). Voy. aussi besicles.
BESACE, it. bisaccia, esp. bisaza, du L.
bisaccium, plur. bisaccia (Pétrone), pr. sac à
deux poches. Le mot masc. bissac, piém.
bersac, répond à un type laXin bisaccits.
BESAIGRE, composé de la particule péjo-
rative bis, bes (voy. harlong) et de acer =
aigre.
BESAIGUË, = doublement (&w) aiguë, c.-à-d.
à deux taillants.
BESANT, it. hisante, esp. , port, besante,
prov. bezan, BL. byzantins, byzantus, mon-
naie do Byzance. — D. besanté, t. de blason.
BESAS. Voy. le mot suiv.
BESET, altération, dit-on, de hesas, qui dit
la même chose et qui est =■ bis -f- assis. Je
préfère y voir l'adv. lat. bis muni du suffixe
et, comme dans besson, jiuneau, le même bis
avec la terminaison on.
BESICLES ;rétym. par bis-cyclus, à deux
ronds, est aussi fausse que celle de bis-drculi
ou de bis-oculi ; d'après Ménage, le mot n'est
qu'une modification de l'anc. bericle (wall.
berik), qui, lui, représente une transforma-
tion de heryllus, signifiant au moyen âge lu-
nette, et que représenta également lall. brille.
Pour 5 = r, cfr. chaise p. chaii^e.
BESOGNE est la forme féminine de besoin,
besoing' [cfv. prov. besonh et hesonha); ce sont
des composés de soin, dans le sens duquel
aussi les acceptions des deux formo< se con-
fondent. La vieille langue possédait en outre
du même radical : essoigne, eœoine, nôcossité,
difficulté, embarras, empêchement, exruse en
justice (d'où le verbe essoigner) et cnsoignier,
occuper, resoignie7\ craindre. Dès le moyen
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BÉV
— 54 —
BIC
âge le plus reculé on rencontre les mots BL.
sunnis, sunnia, sonia, avec le sens d'empê-
chement légal ; de là l'idée de s'arrêter à une
afCûre difficile, de soin. Grimm tient sunnis
pour un mot tudesque, identique avec le nord.
Sî^Hf abnegatio, et rapproche de celui-ci le
goth. sunja, vérité, et sunjôn, justifier, puis
le vieux saxon junnea, justification, nécessité,
empêchement. Gepenc^int, le préfixe be, que
les formes orthographiques de besoin, pas plus
que le sens, ne permettent d'envisager comme
la fameuse particule péjorative bis (voy. bar-
lonff, berlue, besaigre), fait préférer l'étymolo-
gie bi'Siuniffi, mot vha. qui signifie scrupulo-
sitas, et dont se laisse fort bien inférer bisiuni,
qui serait définitivement le type de besoin»
Ducange propose comme original de soin le
latin somnium, ayant trouvé dans un ancien
glossaire : somnium fpovriç, mais ni la forme
ni l'idée ne permettent de le suivre. Impos-
sible aussi de rattacher le néerl. beziç, occupé,
à besoin et besogne. Disons finalement que les
mots ^01», besoin et besogne ne sont pas encore
tirés au clair, malgré les efibrts des savants.
— D. besoigneux ; besogner (autrefois ce verbe
équivalait à être nécessaire).
BESOIN, voy. l'article précdent.
BESSON, jumeau, BL. bisso, voy. beset,
BÉTAIL, voy. bête.
B&TE, BESTE*, L. bestia,— D. bêtise, abêtir,
embêter ; sans doute aussi le terme populaire
bêta. — Bestialis, bestial; bestialitas, bestia-
lité; bestiarius, bestiaire; bestiola, bestiole. —
Bétail, p. bestail, et leplur. bestiaux, viennent
du BL. bestiale. Le sens collectif était exprimé
autrefois par la forme fém. bestaille, qui ré-
pond au plur. neutre bestialia (cp. aumaille),
BÉTOnVE, de bettonica, variété du L. vetto-
nica, que Pline, xxv, 8, dit être d'origine
gauloise. On trouve aussi dans les auteurs la
forme vétoine.
BETON, sorte de mortier, anc. betun, gra-
▼ois, boue, fange. Etymologie incertaine.
5«tMn pourrait s'expliquer par bitument (prov.
betum), si le sens s'y prêtait davantage. Littré
le rapproche de l'anc. verbe beter, durcir, se
cailler, dont l'origine n'est pas sûrement
établie (d'après Diez, de l'ags. bœten, ail. bei-
zen, faire mordre, corroder, mortifier).
BÉTON, au sens de « lait trouble qui se
trouve dans les mamelles au moment de
l'accouchement »; peut-être, selon Bugge
(Rom. m, 145), un dérivé du vha.pûwf, ail.
mod. biest (colostra, TrpwToyala). Cette etymo-
logie, phonétiquement correcte, suppose une
forme antérieure beston .
BETTE, L. beta; cps. betterave, L. beta
râpa.
BEUGLER, vfr. bugler, mugir comme un
bœuf, du L. 6ucu/t<^, jeune taureau ; ce même
primitif a aussi fourni le vfr. bougie, bœuf.
BEURRE, du L. butyrum (gr. ^oùr^jpov).
L'allemand butter, néerl. boter, comme.l'it. bu-
tiro, contracté burro, sont de la même source.
BÉVUE, composé à^bes ^^ mal (voy. sous
barlong) et vue.
BÉZOARD, it. belzuar, port, bezuar; du
persan pâdzahr, composé depdcf, qui chasse,
et zahr, zahir, poison. En arabe bàdizahr,
bàzahr,
BIAIS, prov., esp. de Valence et catalan,
^1007, angl. bias, sarde biasciu, it. (avec
un s prépositif) sbiesco (Naples sbiaso). Par
syncope, du L. bifax. Isidore, gloss. : bifax
duos habens obtutus, donc =« u à deux vues,
louche w; comparez esp. bis-ojo à deux yeux,
louche. Papias donne la même définition « à
deux vues » à l'adj. bifacius ; aussi trouve-t-on
dans la latinité du moyen âge bi fades (subst.)
avec la signification de dissimulation. De bifax
(bis-fax =3 bis-oculus) s'est produit bifais et
en dernier lieu biais (pour la syncope de f,
cfr. prov. reî4sar de refuser, preon de pro-
fundus). Biais a donc pour acception primi-
tive celle de louche, d'où celle d'obliquité.
L'it. bieco, louche, de travers, n'est cependant
pas le correspondant du fr. biais, si î'étymo-
logie donnée ci-dessus d'après l'opinion de
Diez est juste; bieco vient, selon Diez, par
aphérèse du L. obliquus, — D. biaiser,
BIBELOT, variété do bimbelot.
BIBERON, qui aime à boire, forme exten-
sive de L. bibo, bibonis, buveur. — Le même
mot s'est appliqué au bec d'un vase et aux
appareils destinés à faire boire les malades ou
les enfants. — J'ai relevé dans mon 011a Pa-
tella la glose bibilo, fr. biberon au sens de
« culex nascens in vino » (dans Isidore : bibio).
Cp. vfr. bibet, moucheron.
BIBLE, du pluriel L. biblia (jH^lix, les
livres). — D. biblique, L. biblicus. Termes
formés avec le mot grec /9{6iioy, livre :
1 . Bibliographe, qui décrit les livres ; en
grec cependant, ^i6>io/pa;»o{ signifiait qui
écrit des livres.
2. Bibliophile, qui aime les livres.
3. BiBLiOMANB, qui rafible des livres
(,ttac<v£»^ai).
4. BiBUOTHÈQUE, /9iS).i9^y)y«7, dépôt de livres.
BIBUS dans chose de bibiis, chose de rien,
sans valeur. Prob. un terme de fantaisie créé
par l'humour de quelque moine sur la base
du vfr. bibaille, petit don fait pour boire
(biberé).
1 . BIOHE, femelle du cerf, vfr. bisse, wall.
bih, n. prov. bicho, piém. becia; c'est, selon
quelques-uns, le môme mot que bique (v. cm.);
selon d'autres, du L. ibex, bouc, chamois (vfr.
ibiché). La deuxième etymologie est plus
acceptable, bien que douteuse. — D. bichette,
2. BICHE *, petite chienne, de l'ags. bicce,
angl. bitch, nord, bihhia, ail. betze. Frisch
supposait une mutilation; le mot complet
serait, selon lui, barbiche, d'où babiche, biche
(cfr. barbet). — D. bichon,
3. BICHE, t. de blason, variété de bisse,
BICHON, voy. biche 2. — D. bichonner.
BICOQUE, it. bicocca. Ce mot vient, disent
les dictionnaires, d'une place du duché de
Milan « qui était une simple maison de gen-
tilhomme, entourée de fossés, et dans laquelle
les Impémaux, s'étant postés en 1522, sou-
tinrent l'assaut de l'armée française comman-
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BIE
— 55 —
BIG
dée par le seigneur de Lautrec. Cette bataille
s'appelle la journée de la Bicoque. » L'étymo-
logiste ne s'accommodera guôre de cette expli-
cation historico-géographique. Il s'agit plutôt
de trouver sérieusement l'origine de tout un
ensemble de mots romans, réunis par Diez,
savoir : it. bicocca (aussi bicciocca, bicicocca),
échauguctte ou petit castel sur une hauteur,
vénit. bicoca, maison caduque, sarde bicocca,
petite maison, escalier à deux paliers, terrasse,
lomb. bicocca, toumette, guindre, esp. bicoca,
guérite en pierre, chambrette, place mal for-
tifiée ; enfin fr. bicoque, 1 . place mal fortifiée,
2. maison chétive ; masc. bicoq, pied-de-chèvre
(machine) ; verbe lomb. bicocà, balancer. Rap-
pelons encore Tesp. bicoquete, bonnet de
paysan, bicoquin, bonnet à deux bouts, piém.
bicochin, bonnet de prêtre, fr. bicoquet, espèce
de chaperon. Pour beaucoup de ces termes,
une explication par bis (marquant ce qui est
double et ce qui est mauvais) -\- cocca, coque
(coquille, au figuré »« cabane, maisonnette,
chaperon) parait assez satisfaisante.
BDBT, cheval de petite taille. La racine
est celtique; gaél. btdeach, menu, bidein,
petite créature, cfr. cymr. bidan, homme
faible, bidogan, petite arme.
BDON, peut-être de la même famille que
bedon, tambour, vaisseau bombé, ventru. —
D'après Bugge(Rom., m, 145), il paraît être
emprunté aux langues du Nord; l'isl. a bydha,
vase rétréci par le haut; les dialectes norvé-
giens ont bide, baratte, bidne, broc.
BIBP, voy. biej,
BIEN, adv., du L. be^ie, La forme adver-
biale s'est substantivée dans le bien, rendant
le neutre latin bonum, Cp. en it. subst. beii,
plur. béni (Dante). Composés avec cet ad-
verbe : bien-être (cp. ail. wohlsein), bien-
faire*, bienfaisant, •^)u:e (du L. benefacere) ;
bienfait, L. benefactum; bienfaiteur, L. be-
nefactor; bienheureux, bienséant, bientôt,
bienoeillant (cette forme veillant = voulant,
est remarquable ; c'est ou une corruption do
l'ancienne forme vceiUant voillant ou un sou-
venir de l'infinitif latin velle) ; bienvenu, bien-
tenue (do benevenire Fancienne langue avait
fait un verbe actif bienveigner «=3 bien accueil-
lir ; nous avons conservé ce sens actif à bien-
venir dans se faire bienvenir).
BIENNAL, L. biennalis (de biennium, pé-
riode de deux ans, rac. annus).
1 . BIÈRE, boisson, it. birra, du mha. bier.
On rencontre ce mot sous différentes formes
dans les idiomes germaniques et celtiques.
2. BdiBS, civière, cercueil, voy. bard.
BliVRE, castor, angl. beaver, ail. biber,
néerl. bever, it. bibaro, esp. bibero, bevaro,
lith. bebrus. Le L.afiber, mais unescolie de
Ju vénal présente l'adj. bebrinus. — La muta-
tion àoî enie est correcte, observe Fœrster ;
elle est amenée par la labiale suivante, comme
dans genièvre de Juniper um, antiefne, an-
tienne, de antîphona {CWgQt, p. 346).
BIEZ ou bief, BL. bedium, vfr. bied, breton
béi; deTangi. bed, ail. bett, lit.
BIFFER, d'origine inconnue; prob. d'un
subst. biffe, signifiant raie (l'ancien français
avait nn mot biffe, signifiant une étoffe rayée).
— C. débiffer.
BIFTECK, gâté de l'angl. beef-steah, tranche
de bœuf.
BIFURQUER, de l'adj. L. bifurcus (bis,
furca).
BIGAME, L. bigamus (St. Jér.), deux fois
marié (mot hybride formé du L. bis et du
grec y%fii(a, se marier). — D. bigamie.
BIGARRER; selon Ménage, du L. bis-va-
riare (pour v devenu g, cfr. giron) ; d'après
Diez, un adoucissement de bicarrer, com-
posé de bis (voy. barlong) et carrer, échique-
ter. Littré rappelle en faveur de Tétym. de
Ménage les termes berrichons gare, garian,
etc. = de couleur variée. — D. bigarrure,
bigarreau, bigarade, sorte d*oiunge(î).
BIGLE, anc. bide, louche. Ce mot est-il as
it. bieco (qui vient de obliquus) pai' transpo-
sition de 7; ou (cp. esp. bisojo) contracté de
bis oculus [bisigle, bisgle, bigle) ? Diez donne
la préférence à la dernière supposition, en
citant le mot bomicle, borgne, du dialecte du
Jura. — D. bigler.
BIGNE, tumeur, patois beugne, voy. bei-
gnet.
BIGORNE, p. bicorne, L. bicornis; enclume
à deux cornes ou pointes.
BIGOT, terme injurieux appliqué en pre-
mier lieu, dit-on, aux Normands. L'expÛca-
tion et l'occasion de cette injure sont exposées
dans Ducange, qui, sous le mot Bigothi, rap-
porte le passage d'une chronique d'après
lequel le duc RoUon se serait refusé à baiser
le pied du roi Charles, en disant en anglais :
« Ne se bi God » (jamais par Dieu). Cette anec-
dote, observe Diez, peut avoir été inventée
pour expliquer le terme, bien qu'elle ne soit
pas invraisemblable en elle-même. On peut
admettre que les Normands, se servant sou-
vent de ce juron, l'aient reçu pour sobriquet.
Si god, dit encore Diez, ne s'est pas trans-
formé en goi, comme dans les jurons vfr.
vertu-goi, prov. mod. tron [de goi, cela peut
tenir à l'influence du synonyme cagot. Fran-
cisque Michel a proposé Visigothus. D'autres
voient dans bigot, it. bigotto, une forme se
rattachant à Beguini, Beghardi, Beguttae,
noms de sectes religieuses aspirant à une vie
de dévotion et portant l'habit gris des francis-
cains (voy. béguine), et Wedgwood n'hésite
pas (évidemment à tort) à déduire toutes ces
dénominations, auxquelles il ajoute Bizzocchi,
Bizoccari, à l'acyectif it. bigio, vénit. bizo
(voy. le mot bis), gris. Quoi qu'il en soit, le
sens que nous attachons à bigot ne date pas
d'avant le xvi* siècle. Pour décider la ques-
tion de l'origine du mot, il faudra, observe
Diez, s'occuper en même temps de l'espagnol
bigote, moustache (de là le vfr. bigotere ou
bigotelle, pièce d'étoffe pour retenir la mous-
tache en état, et l'expression espagnole hombre
de bigote, homme d'un caractère ferme et
sévère), en outre de l'it. sbigottire, faire per-
dre courage, et du vfr. bigoter, irriter. Aussi
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BIL
— 56
BIQ
Langensiepen rattache-t-il hardiment tous ces
vocables au L. obliquus (d'où Fit. bieco et bic»,
de travers, louche) ; il prend donc biffot pour
obliguottiis, en lui donnant le sens métapho-
rique de faux dévot ; l'it. sbigottire est expli-
qué de la même manière par faire aller de
travers, faire perdre contenance, et enfin
bigote, moustache, par barbe transversale. Il
pense que le mot bigot a pris naissance soit en
Italie, soit en Espagne, mais non pas en
France. Nous tenons cette expLcation pour
peu plausible. — Littré incline pour. Yisi-
goth ; cette étymologie permet de voir dans
bigot à la fois un terme de mépris et un terme
d'éloge, ayant pu, selon le point de vue, expri-
mer ou un homme méchant ou un homme
brave et courageux ; le changement du v en b,
toujours difficile en français, a pu se faire
dans les autres langues romanes, qui le com-
portent davantage.
BIGRE, jurement adouci de bougre,
BIJOU est expliqué par un type bijociis,
tiré de bis-jocare ; ce serait quelque chose de
taillé et de brillant de deux côtés, à deux fa-
cettes. Chevallet, approuvé par Diez, dérive le
mot du celtique : breton bizou, bésou, bague,
de biz, doigt. Langensiepen propose un ori-
ginal bijitgtts, A deux dos, à doux faces. — D.
bijoutier.
BILAN, L. bilanXf voy. balance.
BILBOQUET, de bille -f boquet, petit bois?
voy. bois. Frisch : de bille + bocca, bouche,
trou. Selon d'autres : de bille -f- bocquet, fer
de lance.
BILE, L. bilis; bilieux, L. biliosus.
BILL, mot anglais, mais d'origine française
et représentant fr. bilW, primitif de billet,
BILLARD, d'abord bâton recourbé pour
pousser des boules, puis queue de billard,
puis la table sur laquelle on pousse des boules
avec le billard; le mot ne vient donc pas de
bille, boule, mais de bille, pièce de bois.
1. BILLE, boule, it. biglia, esp. billa,
d'après Diez prob. du mha. bickel, osselet,
néerl. bikhel ; d'apràs Littré, il y aurait assi-
milation entre bille, bâtonnet,et bulle, boule.
2. BILLE, pièce de bois, tronc, branche,
anc. aussi quille ; du celtique : irl. bille, bret.
bill, pill, gaêl.pill, tronc d'arbre. — D. bil-
lot ; billon, sarment ; verbe biller.
BILLSBARRER, barrer avec des billes (bille
dans le sens de bâton), cp. le terme bàtonncr.
BILLEBAUDE, désordre, confusion; de bille,
boule, et baude, hardie, folle (voy. baudet) ?
Le t^îrme se rapporterait d'abord au jeu de
quilles ou de billard. D'après Littré : belle
hardiesse [baude pris substantivement).
BILLET, pour bullet, it. bolletta, bidletta,
propr. petit papier muni d'un sceau. C'est le
diminuHf de bille p. bulle, cédule (v. c. m.).
Pour l'altération de bidlet en billet, cp. bigne,
de biigne, — D. bilhtte (v. c. m.) bilieter,
étiqueter.
1. BILLETTE, vfr. bullette, petit écriteau,
forme fém. de billet.
2. BILLETTE, bois de chauffage ; en t. de
blason, figure en forme de carré long, dim.
de biUe 2.
BILLEVESEE; selon Leduchat : de bille
(boule) et vesée (soufllée), cp. veze, pleine de
vent, dans Rabelais; d'après Littré : =' belle
' vessie, chose de vent, chose de rien.
BILLION, « mot formé sur le modèle de mil-
lion, avec bi pour bis, le degré au-dessus de
million » (Littré).
BILLON, it. biglione, esp. vellon, BL. billio.
Les étymologies ne font pas défaut. Covarru-
vias fait venir billoii et vellon du L. vellus,
toison, parce que les Romains marquaient
anciennement leur monnaie de cuivre de la
figure d'une brebis. Antoine Nebrissensis, au
lieu de xyelîon, écrit villon, qu'il dérive de
tilis. Ménage propose bulla, conformément à
l'avis de Scaliger, qui, à propos du moy.-grec
/SoulAftiniowv =s cuneus monetae, s'exprime
ainsi : « bulla enim est diploma regium ; ita
quoque dicta est mon(>tae matrix, quia regiam
habeiat effigiem. » Billon serait ainsi, comme
billet et bulletin, un rejeton de bulljx, fr. bulle
(v c. m.). Voici, d'après Littré, la série des
sens de ce mot : Le sens primitif est lingot,
soit d'or, soit d'argent (or et argent en bille
opposé à celui en plate); puis lieu où Ion fait
des billons, où l'on fabrique la monnaie ; en
troisième lieu, monnaie bonne ou mauvaise
qu'on porte au billon, à l'hètel des monnaies
pour y être refondue ; en quatrième lieu, mau-
vaise monnaie, cuivre avec alliage d'argent,
et même cuivre seulement. « Littré fait ainsi
venir billon de bille, pièce de bois allongée
(cp. billette). Pour la forme angl. bullion, il
n'y voit qu'une altération du mot français.
BILLOT, voy. bille 2.
BIHBELOT, aussi bibelot, jouet d'enfants,
propr. poupée ; de la même racine bimb ou
bamb qui a donné bambin, anc. ital. bimbo,
enfant, poupée. — Dans ma lexicographie la-
tine du xii* et XIII* siècle (p. 135) j'ai consigné
L. 7'ecw7a (petite chose) glosé par fr. benbeloj.
BINAIRE, L. binarius,
BDCARD, chariot ayant les deux paires de
roues d'égale hauteur, de L. bi7ius double.
BINER, donner un second labour, du L. bi-
nus. — D. binette; binot, charrue.
BINET, petite bobèche ; peut-être de binus,
le binet étant envisagé comme un deuxième
chandelier.
BINOCLE, de L. binioculi, deux yeux, donc
lunette double. C'est un mot inventé en même
temps que la cliose.
BINOME, terme scientifique, composé de L.
bis et du gr. vo/x^, division. Le circonflexe
est sans raison.
BIOGRAPHE, mot nouveau, de ;5toj, vie, et
'/pxfuv, écrire. — D. biographie.
BIPÈDE, L. bipes, -edis, à deux pieds.
BIQUE, chèvre, correspond à l'it. becco,hoiic
On trouve déjà sur une inscription romaine
le mot becco, accompagnant la figure d'un
bouc. Ce mot doit être d'origine difl'érente que
bouc. Cfr. dans les patois : bequi = chevreau
(Jura), bequot, id (Champagne), beque7iau.
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BIS
57 —
BIS
agneau (Hainaut), becardy bélier (Normandie).
— D. biquet, 1. dirain. de bique, 2. espèce
de trébuchet, cp. chèore, chevron,
BIBIBI, nom dun jeu, de Vit. biribisso,
m. s., dont j'ignore l'origine.
BIROUGHETTE, voy. brouette.
1. BIS, adverbe latin, sign. deux fois. Em-
ployé comme préfixe dans bisaïeul, bisannuel,
bispomu, biscuit et, avec retranchement de 1'*,
dans bigorne, bipède, etc. Sous la forme plus
ftiuiçaise bes, be, nous trouvons le mot dans
les composés besace et besaiguë. Pour la va-
leur toute spéciale, c.-à-d. péjorative ou dé-
préciative de ce préfixe et ses altérations en
bes, be, bcr, bre, bar, voy. sous barîong. —
D. bisser, t. de théâtre.
2. BIS. de couleur grise, noirâtre, prov.
bis, it. bigio. Isaac Voss dérive bis d'un adj. hy-
pothétique bysseus, de couleur coton. Outre
que les noms des couleurs sont sujets aux
variations de sens les plus diverses, cette éty-
mologie gagne en probabilité do ce que le gr.
^xit'joi signifie aussi la soie brune de la pinna
marina, et de ce que le portugais pré.sent«
pour bis la forme buzio. Le double s simpli-
fié ne fait pas difficulté, cp. fr. mise du L.
missa. Toutefois, Diez se prononce en faveur
de 1 etymologie botnbycius (de coton), mot qui
existe et dont la première syllabe a été retran- *
chée comme dans basin. — Le mot fr. bise,
vent du nord (en vfr. aussi = contrée septen-
trionale), pourrait être considéré comme un
dérivé de l'adj. bis, puisque en latin aussi
nord et sombre ou noir sont synonymes,
comme le prouvent aquilo, vent du nord, et
aquihis, brun, noirâtre; cependant ce mot
bise parait être plutôt d'origine germanique,
et venir de bisa, pisa, vent orageux, que Ton
trouve dans les plus anciens monuments du
haut allemand (cfr. le suisse-ail. bisecX beis-
wind, vent du nord). A Come, le mot biss,
sombre, s'applique particul. au temps cou-
vert. — Enfin, peut-on se demander, le nom
de couleur viendrait-il du nom du vent? Tout
cela est difficile à débrouiller. — L'esp. dit
pan bazo pour pain bis; Mahn tient ce mot
hazo pour identique avec le basque baza,
beza, noir, 'auquel il rattache également l'it.
bigio et le fr. bis, tandis que Diez rattache
bazo à bombacius, variété de bombyceus.
Ménage avait proposé piceus (de pix, poix).
— D. de l'adj. bis : biser, noircir (en parlant
des blés céréales) ; bisaille, farine employée
pour le pain bis ; biset, pigeon sauvage de
couleur bise ; bisette (v. c. m.) ; bisonne, sorte
de toile grise.
BISÂILIiS, voy. bis.
BISBILLE, de lït. bisbiglio, bruit sourd et
confus.
BISCORKTJ, du L. bis cornutus, à deux
cornes ; puis, bis revêtant son sens péjoratif,
=* qui a une forme irrégulière, baroque.
BISCOTTE, voy. biscuit.
BISCUIT, vfr. becuit (Joinville), it. biscotio,
esp. biscocho, du L. bis coctus, deux fois cuit.
Les mots français biscotte et biscotin (BL.
biscottum) sont tii'és directement de la forme
italienne.
BISE, vent du nord, voy. bis, gris.
BISEAU, esp. bisel, bord taillé oblique-
ment, angl. bezeî, chaton d'une bague, basil
= fr. biseau. On fait dériver ce mot du L.
bis, sans bien s'en rendre compte. Diez rap-
pelle à cet effet les mots fr. biais (v. c. m.) et
esp. biS'OJo (fr. biglé), dans lesquels l'idée de
bis tourne en celle de travers, oblique. —
Biseau ne serait-il pas dérivé dr L. bis comme
signifiant bordure à deux facettes taillées
obliquement, en talus? Ou, comme l'indique
Littré, de biseUium, traduction de îfc^pa,
dièdre. — D. biseauter, ébiscler,
BISET, voy. bis.
BISETTE, dentelle de bas prix, de bis, gris;
cp. it. bigieUo, et le fr. grisette. Cp, aussi
blonde, dentelle do soie.
BISMUTH, ail. bissmuth et wissmitth, dan.
bismut. Origine inconnue.
BISON, bœuf sauvage, L. biso^i (/9î«wv).
BISONNE. voy. bis 2.
BISQUE ; ce mot rest« obscur soit dans le
sens do potage, soit comme terme du jeu de
paume. On dit en it. bisca, p. jeu, tripot.
BISQUER, éprouver du dépit ; on indique
nord, besk, v. angl. baish, aigre; ou le mot
viendrait-il de bisque, comme terme du jeu de
paume, avec le sens d'accepter la bisque,
s'avouer plus faible? Ampère pensait à l'it.
bizza, colère; il faudrait pour cela un inter-
médiaire bizzicare. Le prov. a biscar, que
les étymologistes expliquent par s'emporter
ou s'impatienter cx)mme la chèvre (bisca).
BISSAC, voy. besace.
BISSE, t. de blason, couleuvre, it. biscia;
d'après Diez, d'un subst. fictif vha. biso, bête
mordante; cp. dans les dial. lombards ftwia,
besia, piquer, bisiell, aiguillon d'abeille,
norm. beser, être piqué.
BISSECTION, section en deux, du L. bis +
sectio.
BISSER, faire répéter un morceau, du
L. bis, deux fois.
BISSEXTE, jour intercalé après le 24 fé-
vrier, qui était le 6 des calendes de Mars, de
sorte qu'il y avait deux sixièmes (bis sextus);
acy. bissextile, L. bissextilis, qui contient un
jour bissexte. De bissextus, jour réputé mal-
heureux déjà par les Romains, vient, par cor-
ruption, l'ancien mot bissétre, bissestre =
malheur.
BISTOURI, vfr. bistorie, couteau, poignard.
On a en BL. bastoria, gourdin, massue, du
même radical que bâton; mais l'identité de
ce mot avec bistourie reste problématique.
Elle est en tout cas moins improbable que les
étymologies bis-tortuosu^ ou pistoriensis (de
la ville de Pistoie), que l'on a sérieusement
mises en avant.
BISTOURNER. BBSTOURNBR*, mal tour-
ner, déformer, de bis, mal (voy. barlong) +
tourner.
BISTRE, suie cuite et détrempée, ail. bies-
ter. Beaucoup de dictionnaires rapportent ce
mot à bis, mais cette presque unanimité d'opi-
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BLA
— 88 —
BLA
nion ne nous convainc pas sur l'exactitude
de ce rapport. — D. bistrer.
BITARDE. BISTABDE, voy. outarde,
BITORD, espèce de cordage, du L. bis tor-
tus, tordu deux fois.
BITTE, pièce de bois, pieu, it. bitta; du
nord, biti, poutre transversale, angl. bit;
gloses d'Erfûrt : bitus, lignum quo vincti
flagellantur.
BITUME, prov. betum, esp. betun, du L.
bitumer, m. s.
BIVAG ou BIVOÏÏAG, de lall. bivoacht ou
beiioacht, garde accessoire et extraordinaire
(beif auprès, wacht, garde). — D. bivaqiier
ou bivouaque7'.
BIZARRE, drôle, capricieux, it. bizarro,
colère, vif, entêté, drôle, esp, et port, bizarro,
chevaleresque, magnanime. Il est difficile
d'expliquer soit l'origine, soit le rapport ré-
ciproque de ces mots. Le subst. bizza, colère,
parait avoir été déduit de l'adjectif. La langue
basque possède ra4j . bizarro avec le même
sens que l'esp., et en outre le mot bizarra,
avec Tacception barbe. Malin établit ainsi la
filiation des sens, en partant de barbe : barbu,
viril, brave, courageux, violent, vif, etc. On
disait autrefois biff carre ; la satire Ménippée
a se bigearrer p. se disputer.
BLAGBOTJLER, néologisme, imité de Tangl.
blackbaU, rejeter au vote par une boule (angl.
bail) noire (angl. black).
BLAFARD, selon Diez, du vha. bleih-faro,
de couleur pâle. Le d serait ajouté comme
dans hotnard, bard, etc., pour obtenir une
forme plus française. — Le mot n'apparais-
sant pas avant le xiv« siècle, Storm (Rom. V,
168) en conclut qu'il n'est pas germanique;
il y voit une altération de blaoard et le tire
du prov. blau, blava, livide. Pour v devenu f,
cp. toutefois de toutevoies, it. schifare = fr. es-
quiver. — Anciennement, le mot s'appliquait
aussi à la mollesse de caractère.
BLAGUE, vessie ou petit sachet de toile ou
de peau ; de là blaguer, hâbler, faire des contes
ou des blagues. Pour le rapport d'idée entre
« chose vaine « et « chose enflée " , comparez
boursoufler, billevesée et autres expressions
analogues. Blaguer peut, du reste, aussi bien
n'être qu'une modification de braguer (v. c.
m.), cp. flai7'er p. frairer. Le substantif
blague, s'il ne vient pas du celtique (gaël.
blagh, souffler), pourrait être une métathôse
de l'ail, balg, dont le sens premier est outre,
soufflet, et qui vient d'un verbe belgan, s'en-
fler. Il y a également affinité entre ce balg
germanique et le mot gaulois-latin bidga,
bourse, fr. bouge.
BLAIREAU, 6LÉREAU', accuse un type
laXin bladarellus, diminut. de bladarius, mar-
chand de blé, vfr. blaier, dér. de bladum,
blé ; le blaireau a été dénommé ainsi comme
voleur de blé, destructeur des campagnes;
par la même raison, cet animal s'appelle bad-
gér chez les Anglais, mot gâté de bladger =
bladarius. Cette étymologie suffit à toutes les
exigences. Aussi Diez repousse-t-il celle éta-
blie par Diefenbach, d'après laquelle blaireau
viendrait de l'at^. cymrique blawr, gris de fer
(cfr. en anglais gray, qui signifie à la fois
gris et taisson, et le pic. grisard, qui est
aussi le nom du blaireau dans le Renard); non
seulement il n'existe pas de trace d'un adjec-
tif fr. blair, mais encore l'équation cymr. aw
ES fr. ai est contre l'analogie. Saumaise, peu
scrupuleux, admettait l'identité de bléreV et
de L. glirellus, petit loir, parce que l'un et
l'autre de ces animaux s'engraissent en dor-
mant. Guyet songeait à un original melarellus,
formé de melis ou mêles, martre. Nous citons
ces étymolog^es pour mémoire, ainsi que l'opi-
nion de Littré (Journal des Savants, 1855),
qui pensait à un rapport d'origine entre blai-
reau et bêle", primitf de belette, (Depuis lors,
le savant et consciencieux auteur du Dict. de
la langue fr. s'est rangé, à l'opinion de Diez.)
Une autre dénomination anglaise du blaireau,
bawsin, que MûUer croit identique avec fr.
bauçant (voy. balzan) et qu'il rapporte à la
barre blanche sur le visage du mammifère, lui
suggère le soupçon que badger pourrait bien
venir de badge, signe, et blaireau du néerl.
blaere « vacca nigra, sed fronte albo » (Ki-
liaen). — L'étym. « marchand de blé « est
appuyée (Rom., VIII, 436) par Wedgwood
sur les traditions populaires anglaises, et ap-
prouvée par G. Paris.
BLAIRIE, droit perçu par le seigneur (sei-
gneur blayer) pour la permission de faire
paître sur les terres et prés dépouillés ou
dans leg bois non clos; BL. bladaria, de bla-
dum, blé.
BLAMER, BLASMER*, it. biasimare, du
lat. ecclésiastique blasfemare (gr. ^Xaaf/ifitTv),
qui au moyen âge avait pris l'acception de
vituperare, damnare, culpare. L'original s'est
conservé intact dans le terme savant blasphé-
mer. Le subst. blasfemia a, par un change-
ment remarquable de Vf en t, produit aussi le
vfr. blastetige, prov. blastenh, it. biastemmia
(aussi bestemmia), — D. blâme, prov. blasme,
it. biasimo, biasmo.
BLANC, it. biatuio, esp. blanco, prov. blaitc.
— Le mot vient incontestablement du vha.
blanch, ail. mod. blank, brillant, blanc (de
la môme famille que le verbe allemand blin-
Aen,- briller). Comparez L. candidus, de can-
dere. — D. blancheur, blanchâtre, dimin.
bl-anchet, blanchir, blanchaille; blanque,
blanquet, blanquette,
BLANOHIR, fact. et inchoat. de blanc, —
D. blanchiment, -isseur, -isseuse, -issage,
-isserie,
BLANDIR*, L. blandiri ; subst. blandices*
(encore employé par Chateaubriand pour flat-
terie caressante), L. blantitiœ.
BLANQUE, espèce de jeu, direct, de l'it.
bianca. Dans ce jeu, la blanche est signe de
perte.
BLANQUETTE, ragoût deviandes blanches.
BLASER, verbe inconnu aux anciens dic-
tionnaires et dont l'étymologie n'est pas fixée.
Nous ne prenons pas au sérieux les renvois
au grec ^)À{c(y, dire des sottises, ou â l'a^jec-
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BLÉ
— 59
BLE
tif /3>àÇ, mou, relâché. Autant vaudrait allé-
guer lall. blass, pâle, ou l'acyectif-participe
aufyeblasen, orgueilleux (de blasen, souffler).
Littré rappelle, avec plus de probabilité, le
mot blaser des dialectes signifiant brûler,
dessécher, lorsque cet effet est produit par
Tusage excessif des liqueurs fortes (c'est Tangl.
blaze).
BLASON, armoiries, science héraldique, it.
blasone, esp. blason, port, brasâo. Le mot
blason (prov. blezô, blizô) se produit d'abord
avec le sens de bouclier ou d'écu, surtout
d'écu orné. Jaume Febrer, poète de Valence
de la fin du xiii* siècle, emploie bUisô à la fois
pour armoiries, et. pour gloire, éclat, signi-
fication encore attachée au mot espagnol.
Diez en cherche l'origine dans l'ags. bl€iese,
angl. blaze, flambeau, d'où se dégagerait le
sens d'éclat, de magnificence ; de U le terme
aurait été appliqué aux écus rehaussés de
couleurs; cp. prov. blezô = écu « cubert de
teins e blancs e blaus n. Si nous saisissons
bien la pensée de Diez, il faudrait laisser se
développer le sens de blason de la manière
suivante : flambeau, lustre, gloire, enfin ar-
moiries, reflétant les hauts faits ou l'illustra-
tion d'un gentilhomme. Généralement, on
rattache blason à l'ail, blasen, sonner du cor,
angl. blaze, publier, néerl. blazen, vanter,
parce que ceux qui se présentaient aux lices
des anciens tournois sonnaient du cor pour
faire connaître leur venue. Les hérauts en-
suite sonnaient à leur tour, puis blasonnaient
les armoiries de ceux qui se présentaient;
quelquefois même ils s'étendaient sur les
louanges et les exploits de ceux-ci. D'après
cette explication, blasonner serait pr. publier
au son de la trompette, et blason l'objet de
cette publication.
BLASPHIMBR, voy. blâmer.-- D. blasphé-
mateur, -atoire; le subst. masculin blasphème
est le subst, abstrait du verbe blasphémer et
non pas le représentant du mot latin
blasphemia,
BLATIER, marchand de blé, anc. bladier,
EL. bladarius, de BL. blaJtum, bladum, blé.
BLATTE, L. blatta,
BLAUDE, voy. blouse.
BLÉ, vfr. bled, bleif, prov. blat, it. biado ;
formes féminines it. Hada (dial. biava), vfr.
blée. Le BL. dit bladum et blatum. Diez n'ad-
met point l'origine german. de ce mot (ags.
blaed, fruit, bénédiction), les idiomes german.
n'ayant fourni qu'un fort petit nombre de
termes agricoles aux langues romanes. D'autre
part, le cymr. blawd, farine, mis en avant
par J. Grimm, ne s'accorde pas avec la lettre
de la forme romane. De tout cela Diez conclut
à la nécessité d'une étymologie latine; elle
lui est fournie par le participe ablaJta (pluriel
neutre), choses enlevées, dépouille, récolte, et
il cite à l'appui l'ail, getreide, qui vient de tra-
gen, ainsi que herbst, moisson, et xaoTro;, fruit,
qui, de même, signifient pr. choses enlevées.
Avec l'article, ablata serait devenu Vablata,
Vabiad<iy la biada, et traité en masc. , il biado.
On trouve, en effet, au moyen âge, ablatum.
abladium pour blé récolté. Pour établir la
dérivation « bladum, blada de L. ablatum,
ablata », il n'est pas même nécessaire d'ad-
mettre une influence de l'article ; l'aphérèse
de a ne serait pas plus étrange que celle de o
dans le mot du dial. de Crémone biada, pour
oblata, fr. oublie. — Mahn défend la prove-
nance celtique de blé; il croit à l'existence
d'un celt. blad, avec le sens de fruit, froment,
blé. — Dérivés de bladum, : blairie (v. c. m.),
blatier ou bladier; BL. imbladare, doù em-
blaver ^p. embla-er), ensemencer, autrefois
aussi embléer, emblayer); BL. debladare, fr.
déblayer, debléer'; blavet, blavéole, anciens
noms pour bluet.
BLÊGHE, vfr. blaische*, blaiche*, blèque*,
mou, du grec ^XàÇ, même signification (cp.
BL. blax, stultus). Selon Grandgagnage, de
Tall. bleich, ni. bleeh, pâle, ce qui nous plaît
davantage. — D. bléchir.
BLÂME, blesmé'{Vs ne parait pas organique,
car les textes anciens ont aussi blême), très
pâle ; de là le verbe blêmir (angl. blemish).
Ce dernier signifiait dans l'ancienne langue à
la fois frapper (pr. faire des taches bleues),
léser, blesser et salir ; c'est ce qui engage Diez
à rattacher ce mot, autrement inexplicable,
au nord. bWni, couleur bleue [blà, bleiî).
Blême serait dont primitivement = bleuâtre.
— Bugge, à l'appui de l'explication de Diez,
allègue le subst. norois blaman « tache bleue
produite par une contusion », lequel suppose
un verbe blâma, faire des taches bleues (Rom.,
III, 146). Il faut écarter les types latins bled-
mus (de l'ail, bleich, ags. blaec) ou blaximus
(de ^XàÇ, mou, faible), mis en avant resp. par
Chevallet et Ménage.
BLÉSER, du lat. blœsus (prov. blés, vfr.
blois), d'où aussi le subst. blésitê.
BLJBSSER, BLEGIER"; Diez rappelle lemha.
bletzen, sarcire, reficore, et le subst. bletz,
morceau d'étoflb, d'où blesser se serait produit
avec le sens du composé mha. zêbletzen, met-
tre en morceaux. L'étymologie be-letzen irait
mieux, si l'allemand présentait cette forme
composée de letzen, comme il a ver-letzen,
équivalent du fr. blesser. Les anciens philo-
logues ont eu recours au* grec, en proposant
soit ir>q99t(v, frapper, soit l'infinitif-aoriste
jiXk^xi, nuire ; c'est aussi peu admissible que
l'avis de Ménage, qui explique blesser par lœ-
sare (de lœdere) avec un b prosthétique. —
Pour moi, je pense, comme Diez, que le mot
est l'ail, blazen, mais non pas dans le sens
qu'il lui prête ; je le rapporte à ce verbe dans
sa signification do marquer par une tache ou
une incision {einen baum blet zen, marquer un
arbre, t. d'eaux et forêts) ; d'ailleurs, le primi-
tif &/ef^ lui-même a parfois la valeur de lésion,
blessure (voy. Grimm). Cp. l'ail, fleck, qui
signifie lambeau et tache ; cp. aussi les sens
divers de fr. tache. En dernier lieu, j'ai vu
poser comme la source de blesser le vha.
bleizza, mentionné à l'art, blet. En effet, notre
mot se retrouve dans les dialectes morvan et
berrichon avec les sens de pâlir, devenir
blême ou de blettir, et repose, d'après les con-
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BLO
60
BOB
statations nouvelles, sur l'idée fondamentale
u amollir, affaiblir, meurtrir » ; on a dit
« blecier des olives « p. les amollir en bat-
tant.
BLET, dans •< poire blette »; d'après Diez, en
rapport avec le vha. bleizza, tache bleue pro-
venant d'une contusion. On trouve aussi poire
blèque; ce mot serait alors le même blèqne
qui est mentionné sous bièche. Voy. aussi
l'art, blesser.
BLEU, vfr. bloi, it. (dialectes) biavo^ anc.
esp. blavo, prov. blave (fém. blava); du vha.
blàOf blaw, ail. mcd. blaii. — D. bleuir,
bleuâtre, bleuet ou bluet (v. c. m.).
BLINDER, couvrir, masquer, rendre invi-
sible; d'orig. allemande ; goth. blindjan,
vha. blendan, ail. mod. blenden, aveugler,
boucher [die thore blenden, fermer les porter ;
einen schacht blenden, fermer un puits ; cp.
en fr. woeugler une voie d'eau). — D. blindes,
BLOC, du vha. bloc, bloch (ail. mod. block),
d'abord verrou, clôture, puis tronc, souche.
Ces mots sont composés du préfixe bi et de
loh, et dérivent du vha. /lecAen, goth. lukan,
fermer. Le bloc est donc une pièce ou un
ensemble de pièces destinées à boucher les
akords d'une place, puis, par extension d'idée,
une masse quelconque. — D. bloquer à' oix it.
bloccare, esp. bloquear), blocage, blocaille,
débloquer. — Le terme blocus vient de l'anc.
ail. bloc'hus, auj. block-haus, fortin; le sens
concret s'est dans la suit« converti en sens
abstrait : action de bloquer.
BLOCUS, voy. bloc.
BLOND, it, biondo, prov. blon (l'ail, blond
est un emprunt fait au français). On trouve
dans l'anglo-saxon le terme blo>uien^fear «»
à cheveux mélangés, c.-à-d. gris. Le sens de
gris a-t-il dégénéré à la longue en celui de
fauve et de blond? Cela est possible, vu les
changements de sens que l'on voit subir, aux
noms de couleurs, mais toujours quelque peu
problématique. Le mot ne se présente que
tard dans le latin du moyen âge. — Ou bien,
et c'est là une conjecture émise par Diez, blond
serait -il pr. un synonyme du nord, blaud,
dan. blôd, suéd. blôt, qui signifie doux, mou,
le blond étant la couleur de la douceur? L'in-
tercalation de la nasale n est, comme on sait,
chose fort commune. — Quant au vfr. bloV,
blond ardent, jaune, synonyme de blond, ce
n'est qu'une forme variée de bleu, dont l'ori-
ginal germanique signifiait à la fois flavus et
cœruleus. (Pour les formes diverses, compa-
rez pau, poi, peu, du L. paucus. ) Bloi a été
latinisé en bloius et blodius. Cette dernière
forme, nasalisée, n'aurait-elle pas engendré
la forme française blond f — D. blondir,
'Oyer; blondin; blonde (espèce de dentelle).
BLOQUER, voy. bloc.
BLOTTIR (SB), se tapir, se ramasser en
petit volume ; Diez laisse le choix entre ballot
(blottir serait pour bàllottir, comme frette p.
ferrette, gline p. geUne) et l'ail, blotzen, frap-
per, écraser. On pourrait appuyer cette der-
nière étym. des sens premiers des mots tapir
et cacJier. Ménage, rapprochant l'expression
synonyme se motter, dérive blottir de lanc.
fr. blote, bloutre, motte de terre. Dans l'incer-
titude, il est permis encore d'indiquer bloc,
qui, orthographié blot, signifie en t. de faucon-
nerie, le chevalet où repose l'oiseau.
1. BLOUSE, trou de billard; le néerl.
bluts, trou, conviendrait parfaitement, mais
en admettant cette origine, il faudra admettre
aussi que l'ancienne forme beliuse est une al-
tération de blouse^ pour l'explication duquel
on n'a que le terme BL. belosius, sorte de
drap. — D. blouser, jeter dans la blouse; fig.
se blouser = se perdre, se tromi>er.
2. BLOUSE, vêtement ; ce vocable est sans
doute le même que blaxuis et biaude, mot
bourguignon pour sarrau, dont on trouve
aussi les variétés vfr. bliaut, lyonn. blode,
norm. plaude, pic. bleude. L'origine n'en est
pas établie. Mahn indique le persan baljàd,
vêtement. Le BL. belosius, signifiant une
sorte d'étoffe (v. l'art, préc), est peut^tre
connexe avec blouse.
BLUET, p. bleuet, de bleu.
BLUBTTE, petite étincelle pour belluette
ou bélluguette, voy. sous berlue.
BLUTEAU, voy. l'art, bluter.
BLUTER est généralement dérivé, par mé-
tathèse de /, de l'équivalent ail. beuteln, anc.
biuteln. Diez trouve cette métathèse trop irré-
gulière et avance une tout autre étym., beau-
coup phis plausible. Le latin du moyen âge
dit buletelhim pour cri bru m farinarium, et
buletare pour farinam cribro sccernere ; cela
concorde avec les formes anc. bulteau et bule-
ter, pour bluteau et blu/er (dans le Hainaut
et à Namur, on dit encore buUer). Au lieu de
buletel, la vieille langue présente buretel, le
bourguignon burteau, formes qui concordent
avec it. buratello, prov. buratel (aussi baruteTj,
dim. de buratto, qui signifie bluteau. Or. bu-
ratio vient du vfr. bure, étoffe de laine gros-
sière. Nous avons donc la succession que
voici : buretel, buletel, blutel, bluteau, et ces
mots signifient propr. une étoffe grossière,
propre à tamiser; d'autre part, bureter, bule-
ter, bulter, bluter. Pour le rapport des idées
bure et bluter, on peut comparer filtre et
feutre, deux formes et deux acceptions diffé-
rentes du même mot. — L'ancien buleter a
donné l'angl. bouU, boit.
BOA, L. boa, espèce de serpent de mer.
BOBAN", BOBANCE*, auj. bombance, pompe,
faste vaniteux, du L. bombus, bourdonne-
ment, bruit. Vénance Fortunata l'adj. bombi-
cus, vaniteux, bruyant; cp. en prov. bomba
= bobansa.
BOBÈCHE. Ce mot a-t-il le même radical
que bobine f La forme de l'objet porte à n'y
voir que le môme mot avec un changement
de terminaison.
BOBINE, angl. bobbin; selon Saumaise, de
bombyx, à cause de la ressemblance de la
bobine garnie de fil avec le cocon du ver à
soie ; Diez préférerait, sans l'établir, l'étymolo-
gie bombus, bourdonnement, à cause du bruit
de la bobine en mouvement. Wedgwood indi-
que gaél. baban, une tassette de fil. Il est
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BOl
— 61
BON
• douteux que bobinette, petite pièce de bois
mobile pour fermer les portes, soit un dimin.
de bobine.
BOGAQl, voy. bois. — D. bocager,
BOCAL» vfr. boucal, boucel, it. boccale, esp.
bocal; les uns, à cause du BL. bancale, citent
le grec ^2ûxa>i ou ^aux«}.(ov, vase à goulot
étroit; d*autres, le L. bucca, it. bocca, donc
vase pour la bouche (cp. l'it. boccia, qui si-
gnifie également carafe).
BOGARD, machine à écraser la mine, de
Fall. bochen, pochen, frapper.
BOCK de bière, néolog. , contenu d'un grand
verre. A signifié à Paris en premier lieu la
bière de Munich appelée bochbier (litt. bière
de bouc) ; puis le verre dans lequel on servait
cette bière ; enfin, le mot s'est appliqué à verre
de bièi*e en général.
BODIITB, quille de marine, de l'ail, boden,
m. s. (voj. borner ie).
BQSUF, du L. bos, gén. ^cù (cp. œuf àQ
omim). Ce même primitif latin a produit :
bocin^ L. bovinus; boiweau, bonmUon\ bou-
vier, BL. bovarius, bouverie, boverie*, BL.
bovaria.
1 . BOQÏÏE, poisson, le ^ Boops vulgaris » de
Cuvier, it. boca, esp. boffo, prov. buffa, du L.
box, bocis, aussi bacs (gr. ^6x^, ^wç). — D.
bouguière, « filet très délié » ; c'est, on n'en
peut douter, proprement un filet pour pren-
dre les bogues ; il se retrouve, avec le même
sens, dans l'it. bogara, esp. boguera, port.
bogueiro. — Voy. Bauquier, Rom., VI, 269
et suiv.
2. BOGUE, enveloppe piquante de la châ-
taigne, du BL. bauca, bracelet, lequel vient
du vha. boîtga, bracelet (de biugan, fléchir,
courber). Cp. \'fr. bon, anneau.
BOIRE, vfr. boivre, bevre, beire, du L. W-
bere; part, bu p. bé-u, de bibutus, forme bar-
bare ; buvons, biœej sont des formes irrégu-
lières pour bevons, -es (qu'employaient les an-
ciens). — Du latin bibitionern, bib*tionem
s'est régulièrement déduit beisson, boisson.
De bevre', anc. forme française pour boire,
vient becrage (it. beceraggio, prov. bcuratge,
angl. beverage), d'où beurage, beitvrage et,
enfin, par transposition de l'r, breuvage (voy.
abreuver). La permutation de Ve atone en u
dans les fonnes verbales buvons, buvez, etc.,
s'est étendue aux dérivés buvable, buvette, bu-
vetier, buveur, buvotter. Est encore dérivé de
boire \e subst. fém. boite, degré auquel le vin
devient bon à boire; il répond au partie,
fém. bibita (bib'ta).
BOIS, prov. bosc, it. bosco, esp., port, bos-
gue, du BL. boscus et buscus (cfr. néerl. bos,
bosch ; l'ail, busck paraît être emprunté aux
langues romanes). Ce mot boscus est dérivé,
suivant Grimm, d'un adj. vha. hypothétique
buvnsc, buisc, formé de bauen, bâtir, et signi-
fierait ainsi propr. matériel à bâtir. Le franc.
bois a étendu la signification ordinaire de boscus
et des formes parallèles, qui est celle de silva
(réunion d'arbres), à celle de lignum (matière
de l'arbre). — On conteste aujourd'hui l'origine
germanique du BL. boscus, Canello y voit legr.
^ôtrxoi « pâturage » (cp. le mélange des sens
«< pâturage et bois » dans les mots latins sal-
tus, nemus, silva) ; Storm, lat. buxus, « buis »
(le nom de l'espèce appliqué au genre, comme
l'inverse se présente dans le gr. Joû^, pr. ar-
bre, puis chêne). Voy. Rom., V, 169. — D.
boiser, boiserie,
BOISSEAU, boisseV, buisseV, wallon bois-
teau, BL. bustellus; selon toute apparence,
un dérivé de boiste, boite, voy. ce mot. De
buissel les Anglais ont fait bushsL — D. bois-
selée, boisselier.
BOISSON, voy. boire.
BOITE, voy. boire.
BOITE, boiste*, prov. bostia, baissa et bros-
tia. Ce mot vient du BL. buxida, accus, de
buocis (grec ttûÇi;). Buxida transposé en bux'
dia, bustia, a donné bostia et enfin fr. boiste.
De boite vient déboiter, faire sortir (un os) de
son articulation, disloquer ; c'est à cette der-
nière acception que se rapporte, selon toute
probabilité, le terme boiter (wall. baisti), pr.
avoir mal à la boite ; il vaudrait donc mieux
l'écrire, comme jadis, avec un circonflexe.
— Autres dérivés directs de boite : bottier,
emboîter, opp. de déboiter,
BOITER, voy. boite. — D. boiteux (anc.
boisteus').
1. BOL, terme de pharmacie, L. bolus (do
^3w>oî, motte de terre). — D. bolaire,
2. BOL, coupe, vase hémisphérique, est,
comme l'ail, botole, emprunté à l'angl. botol,
qui lui-même est = ags. bolla, vase à boire,
et appartient à la même famille que ail.
bolïe, oignon, L. bulla, fr. boule.
BOLIDE, du gr. ^^oXli, -îôo;, chose lancée
(de /3à)i*iv, lancer).
BOMBANCE, pr. magnificence, faste; voy.
boba7t.
BOMBARDE, comme instrument de guerre
et comme instrument de musique, de L. bom-
bus, bruit, fracas. — D. bombarder^ -icr.
BOMBASIN, voy. basin. Il est curieux de
voir comment de bombasin se sont produits,
par une fausse interprétation étymologique,
les termes germaniques ail. bauniioolle, qui
a l'air de dire « laine d'arbre », et angl.
bombast, qui, d'abord le nom d'une étofie des-
tinée à ouater, a, sous l'influence de bom-
bance, pris l'acception de parole empoulée,
phébus.
BOMBE, it. bomba, angl. bomb, ail. bombe,
du L. bombus, à cause du bruit sourd qui
accompagne le lancement de la bombe. — D.
bombc7*, rendre convexe à la façon dune
bombe.
BOMERIE, contrat ou prêt à la grosse
aventure sur la quille du vaisseau. De l'ail.
bodmerei, qui vient de bodem*, boden, carène
(fr. bodine). Cp. angl. bottomry, m. s., de
bottom, carène.
BON, L. bonus. — D. bonace (v. c. m.);
adj. bonasse (le suffixe asse avec sens péjora-
tif); bonne, garde d'enfants; bonbon, d'abord
un terme enfantin ; abonnir et abonner (v. c.
m.); bonté, L. bonitaiem.
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BON
— 62 —
BOR
BONAGE» calme de la mer après un orage»
it. bonaccia, esp. honanza^ prov. honassa;
àehonus^ bon; cp. anc. esp. malina, orage,
tempête.
BON-GHRÉTIIN (poire de). Ce nom, selon
une opinion sérieusement accréditée, vient
de saint François de Paule, dit le bon chré-
tien, qui apporta ces poires d'Italie en France.
Voy. Darmesteter, Compos., 25.
BOND, angl, boutid, subst. verbal de bon-
dir (v. c. m.).
BONDE, 1 . bouchon, tampon, 2. le trou du
tonneau à boucher; mot germanique. On
trouve encore avec le même sens le suisse
punt, le souabe bunte, etc.; le vha. a la forme
renforcée spunt, d'où le mot actuel spund,
hoU. spond. — D. bondon, débonder. — Le
vfr. bonde, limite, borne, a une autre origine,
voy. borne. — Dans le dial. de Come, bondon
signifie une grosse petite femme, et boldon,
bouchon, ce qui permettrait aussi de ranger
bonde sous le radical bod (voy. bouder) et de
le rattacher à bodne, bmide, bonne, auj. borne
(v. c. m.). Voy. Mussafia, Beitrag, p. 35
(note).
BONDIR, picard bonder, angl. bound ; dans
la langue d'oïl et en prov. bondir signifie re-
tentir (Ducange cite BL. blinda ■= sonus tym-
pani, vfr. subst. bondie, bruit retentissant), ce
qui justifie l'étymologie bombitare, bourdonner,
contracté en bontare, bondare. Quant à l'infi-
nitif en ir, on a l'analogie de retentir, de tin-
nitare; pour le d, celle de coude, de cubitus,
(on trouve du reste aussi bontir, avec un t).
Mais ce bondir = sonner, est-il bien le même
que le bondir = sauter? Ce serait l'effet,
c.-à-d. le rebondissement, la répercussion du
son, nommés d'après la cause, c.-à-d. l'émis-
sion du son. Si cette métonymie est admise
(et l'ail, praîlen, qui se rapporte également
au coup et au son, la rend très plausible), il
faudra rejeter l'étymologie posée par Ménage,
qui rapproche l'expression espagnole botar la
pelota, faire bondir la balle. Botar, par l'in-
sertion de n, peut fort bien avoir donné bon-
der et bondir, mais de toute manière, il est
inutile de recourir à l'espagnol, botar étant
identique avec le fr. boter*, bouter» — D. bond ;
rebondir,
BONDON, voy. bonde. — D. bondonner.
BONHEUR, = bon heur, voy. heur.
BONI, génitif neutre du L. bonus, c'est
« ce qui reste de bon » .
BONIFIER, L. mod. bonificare, rendre bon,
(bonum facere). — D. bonification.
BONNET, prov. boneta, esp., port. &o«e<c.
Caseneuve : « C'était certain drap dont on
faisait des chapeaux ou habillements de tète,
qui en ont retenu le nom et qui ont été appe-
lés bonnets, de même que nous appelons cas-
tors les chapeaux qui sont faits du poil de cet
animal. Le roman de Guillaume au court nez
dans le Charroy de Nismes : « Un chapelet de
bonnet en sa teste ». Quant à Torigine du
mot, on la cherche encore. — D. bonnetier,
bonneterie; bonneter, saluer du bonnet.
BONNDBR, mesure agraire, voy. borne.
BORAX, mot arabe : baurak, bôrak, du
persan bourah. De borax, les chimistes ont
dégagé le subst. bore (d'où borate, -ique).
BORD, dans le sens d'extrémité d'une sur-
face, lisière, rive, se trouve dans la plupart
des langues germaniques : vha. port, goth.
baurd, ags. bord, angl. board, néerl. bo7'd et
boord, suéd., dan. bord; BL. bordus, borda,
bordum, it. , esp. bm'do, — Dérivés de bord =
côté : bordée^ border, bordeycr ; aborder, dé-
border, rebord. — Dans le sens de « mem-
brure de navire », bord vient également des
langues germaniques, où l'on trouve ce mot
avec le sens de planche, madrier, et ensuite
avec celui de « vaisseau ». Faut-il déduire
l'acception «• vaisseau » de celle de planche ou
plancher (au fond, le mot bord ne désigne que
la membrure du vaisseau) ou de celle de bord,
extrémité, côté (le tout pour la partie). C'est ce
que nous ne saurions établir; cependant,
l'analogie du L. trabs, poutre et vaisseau, fait
opter pour la première métonymie. — Le vha.
bo^'t, goth. baurd, planche, madrier, a encore
fourni aux langues romanes les mots suivants :
prov. et cat. borda, fr. borde, baraque, petite
maison rustique ; de là les dimin. it. bordello,
fr. et prov. bordel, esp. burdel, angl. brothel^
BL. bordellum (cfr. l'ail, hiïttchen, bordel, de
hutte, cabane). Le sens de planche ressort
encore clairement dans les dér. border, -âge,
bordaille, en tant que termes de marine.
BORDE, métairie, voy. bord. — D. bordier*,
métayer.
BORDEL» bordeau*, pr. petite cabane, voy.
bo7'd.
BORDÉE, toute la ligne d'artillerie placée
sur le même bord d'un vaisseau, puis dé-
charge simultanée de cette ligne.
BORDER, voy. bord. — D. bordure.
BORDEREAU, dimin. de bord, petit bord de
papier. Cp. l'origine analogue de liste.
BORÉE, BORÉAL, L. boreas, bœ^ealis.
BORGNE, it. bomio, cat. borni, limons.
borli. L'expression bornicle, œil louche (dial.
de Genève) et bornicler, loucher (dial. du Jura),
ainsi que le vocabulaire de Douai qui traduit
boi'ne par strabo, attestent que le sens pri-
mordial du mot était « louche » . Diez le rap-
proche donc de l'esp. bornear, fléchir, cour-
ber, en comparant les expressions esp. tuerto
(pr. tordu), louche, borgne, et turnio, borgne
(de tor^iear, tourner). Mais l'origine de ce
verbe esp. bornear est tout aussi incertaine
que celle de borgne (le breton born, borgne,
paraît emprunté du français). Notons encore
que dans le languedocien, borni a signifié
aveugle ; Cupidon y était appelé lou picho
(petit) borni; que le vocabulaire de Douai,
déjà cité, traduit bornier par lippire (être
chassieux) ; enfin que dans le dial. ail. de la
Siléwe, on appelle bomickel la tumeur ocu-
laire dite orgelet. — J. Ulrich (Ztschr., III,
266), se fondant sur l'affinité des idées forer et
tourner, propose pour borgner (d'où vien-
drait l'adj. borgne), l'ail, bohren, forer, en ad-
mettant l'existence anc. d'une forme dérivative
fen anjan; cp.fr. épargner, qui est de même
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BOT
63 —
BOU
expliqué par ail. sparen moyennant une forme
hypothétique sparanjan. Cotte étymologie est
par trop forcée. — D. borgnesse, bomoyer,
éborgner,
BORNE, vfr. bonne, bonne, bosne, bodne,
bonde. Ces vocables procèdent d'une forme
plus ancienne bodina, bodena. Colle-ci donne
d abord bodne, d'où, par assimilation, bonne
(BL. bonna), et par transposition bonde (BL.
bonda, angl. bound); d'autres modifications
de bodne sont bosne, d'où boime; cp. d*une
part Rhône, Rhosne, de Rhodanus, et d'autre
part, pour la substitution de r à 5, varlet* de
vaslet. Mais d'où viennent bodina (forme pri-
mitive du mot bonna et qui exclut absolument
la dérivation du gr. ^oûvos, colline, proposée
par Caseneuve) et la forme variée bodula,
d'où le prov. bozola {= borne)? Ils appar-
tiennent, selon Diez, à la môme racine bod,
enfler, qui a donné bouder, boudin (voy. ces
mots); la borne serait donc qqch. en relief, en
saillie, une butte de terre (cfr. l'ail, schwelle,
seuil, de schwcllen, s'enfler). La forme BL.
bonna a pour dérivé bonnarium, mesure
agraire, d'où le fr. bonnia% flam. blinder, —
D. borner,
BOSQUET, dimin. du BL. bosciis (= fr.
bois) ; Froissart emploie le diminutif bosque-
tel et boquetel.
1. BOSSE, enflure, relief, it. bozza, prov.
bossa, flam. butse, vient de l'anc. ail. bôsen,
pousser, reposser (d'où ail. butz, chose ren-
flée, ramassée). Cp. aussi bret. bos, cymr.
biyth, tumeur. — D. dim. bossette; verbe bos-
seler (delà ail. bosseln, travailler en bosse, en
relief, aussi bossiren)\ adj. bossu, qui aune
bosse (anc. aussi appliqué aux choses).
2. BOSSE, bout de corde (t. de marine), le
même mot que le préc, à cause de la forme
nouée — D. bosser d'où bossoir; embosser,
BOSSELER, voy. bosse.
BOSSEMAN, du v. ail. bootsmann (ni. boots-
man), marin ; litt. homme de bateau.
BOSSU, voy. bosse. — D. bossuer,
BOT (pied), esp. boto, tronqué, et botte,
faisceau (cp. ail. bosze, bote, fasciculus, voy.
Grimm), paraissent appartenir à la même
racine germanique bôzen, boszen, goth. bau-
tan, fipapper, pousser, repousser, enfler, faire
boule, que nous avons signalée dans l'article
bosse. Il faut encore observer que l'adj. bot
rappelle l'ail, bott, butt, ni. bot, goth. bauths,
signifiant stupidus, hebes, obtusus.
BOTANIQUE, gr. jSoravix^ {de^or&vr,, plante).
— D. botaniste.
1. BOTTE, faisceau, liasse, voy bot. — D.
dim. bottillon; verbe botteler. Du dim. botel,
boteau, vient l'angl. bottle, botte de foin.
2. BOTTE, chaussure, est le môme mot que
botte, tonneau ; l'un et l'autre expriment quel-
que chose de creux. On trouve des mots simi-
laires dans beaucoup de langues, p. ex. gr.
fiovrti, ^vTii, bouteille; BL. butta, ags. butte,
angl. butt, ail mod. batte, grand vase. — Dér.
de botte, chaussure : botter, bottier, bottine,
débotter. — Dér. de botte, tonneau, vase (vfr.
aussi boute, outre, grosse bouteille) : le dimin.
BL. buticula, it. bottiglia, esp. botilla, botija,
fr. bouteille, angl. bottle,
3. BOTTE, tonneau, voy. l'art, précédent.
4. BOTTE, terme d'escrime, de l'it. botta
(de bottarc, frapper, voy. bouter).
BOUO ; ce mot se présente, avec de légère î
variantes littérales, dans les langues celtiques
aussi bien que dans les langues germaniques.
Grimm rapporte le mot au verbe ail. poche n,
bochen, heurter. — D. bouquin; subst. bou-
cher (v. c. m.).
1. BOUCAN, gril de bois où les Caraïbes
fument leurs viandes; mot caraïbe qui signi-
fie claie. — D. boucaner.
2. BOUCAN, vacarme, bordel. Ce mot mo-
derne ne viendrai tril pas, demande G. Paris,
de l'it. baccano, qui signifie aussi à la fois
« fracasso » et « bordello » et que Storm ratr
tache à bacchanale f Voy. Rom., IX, 624.
BOUCANER, 1. faire sécher à la fumée, de
boucan 1 ; 2. aller à la chasse des bœufs sau-
vages. Cette dernière acception serait-elle
sans rapport avec bos, bovis, par bovicus, bovi-
canusf — D. boucanier, qui chasse le bœif
sauvage; fusil servant pour cette chasse; fli-
bustier des Antilles.
BOUCASSIN, futaine, it. boccacino, esp.
bocaci. « Ce mot n'appartiendrait-il pas au
même radical que bucherame = fr. bougran f
Question posée par Mussafia (Beitrag, 34). —
Baist (Ztschr. V, 556) l'explique par l'angl.
buckskin = peau de daim.
BOUCAUT, tonneau, prob. de la m5me fa-
mille que bocal.
BOUCHE, it. bocca, esp., port., prov. boca,
du L. bucca, joue, cavité, puis cavité buccale,
bouche, ouverture. — D. bouchée, aboucher,
déboucher (sortir d'un défilé); emboucher,
Voy. aussi boucher, bouchon, bouque. Signa-
lons encore le vieux mot boucon == appât,
aussi breuvage empoisonné, prov. bocon,
morceau, bouchée.
1. BOUCHER, fermer une ouverture, de
bouche = ouverture ; cp. bondon, trou de ton-
neau, et bondonner, boucher. Littré, toutefois,
préfère pour primitif le vfr. bouche, gerbe,
botte, faisceau de paille, mentionné par Du-
cange et qui se rapporte, comme bouquet, au
BL. boscus, bois. La forme anc. boschier,
et les acceptions diverses de bouchon, donnent
quelque crédit à cette étymologie. — Cps.
déboucher.
2. BOUCHER, subst., propr. le tueur de
bmtcs; cp. it. beccaio, beccaro, boucher, de
becco, bouc. — D. boucheHe.
1 . BOUCHON, objet servant à boucher; peut
venir tout simplement du verbe boucher,
comme torchon de torcher. Cependant Diez
identifie le mot avec prov. bocon, it. boccone,
bouchée, morceau ; donc, ce qui remplit la
bouche ou une ouverture quelconque. Littré
ramène le mot à bouche", faisceau de bran-
chage, dont il dérive également le verbe bou-
cher, ainsi que le mot suivant.
2. BOUCHON, bouquet jde verdure servant
d'enseigne à un cabaret, puis le cabaret lui-
même ; poignée, torchon de paille ; de bouche'.
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BOU
faisceau (voy. boucher 1). Cp. en wallon, bou-
chon, bouhon = buisson. — D. boiicfionner.
3. BOUCHON, dans « tomber à bouchon »,
de bouche; tomber sur la bouche, sur le vi-
sage (cp. les expressions vfr. analogues à dens,
s'adenier^ s'aboucher).
BOUOLE, angl. bucMe, anneau de métal,
puis anneau que forment les cheveux frisés ;
vfr. bocle, patois divers blouque, dim. bïou-
quette, prov. bocla, bJoca, bosse ou éminence
métallique au centre du bouclier, BL. bucula
scuti (d'où le mha. buckel)\ du latin buccula,
joue, donc proprement chose rebombée ou en
relief. — D. boucliet*, angl. buckler, prov.
bloquier, it. brocchiere; verbes boucJer, dé-
boucler,
BOUCLIER, ancicnn. adjectif, BL. buccula-
rius ; escut boucliet* est = écu à boucle ou écu
bombé ; l'épi thète a pris le sens de la chose
qu'elle qualifiait, voy. boucle,
BOUGON, voy. bouche.
BOUDER, pr. enfler la lèvre inférieure par
mauvaise humeur (en rouchi, boder = enfler).
Bouder y gonfler et être de mauvaise humeur,
peut se comparer à bouffer qui avait les deux
sens et au L. turgere, être gonflé de colère. Ce
mot appartient à la racine bod exprimant quel-
que chose de repoussé, de saillant, d'enflé. On
la retrouve dansôoi^c/zw, espèce de saucisse, et
boudiné, nœud du verre, anc. nombril, dans
boursoufler, pour boudsouffler (voy. ce mot) et
dans le mot BL. bodina qui a donné bodne,
bonne et bm^ne (v. c. m.). Il se peut qu'elle
soit latine et identique au bot qui a fourni bo-
tuluSy botelhis, d'où boyau. — D. boudoir,
cabinet où les dames se retirent quand elles
veulent être seules (cp. les expressions alle-
mandes : schmollhàtnmerchen, launaistûb-
ch en , trutswin kel) .
BOUDIN, voy. bouder.
BOUDINE, voy. bouder. Cachet consigne
boudiné avec le sens de ventre, employé dans
la chronique rimée do Godefroid de Bouillon.
BOUE, BOE*. En vfr. on trouve brouc, p.
boue; si cette forme est la primitive (ce qui
est fort douteux), on poun^it prêter à ce mot
une communauté d'origine avec l'it, broda,
qui signifie à la fois boue et bouillon, et par
conséquent avec le fr. brouct (v. c. m.). — Ea
cymr. on trouve avec le même sens baw [bud-
hyr, boueux), mais on ne saurait y rapporter
les formes angl. bog, marais, it. (lombard et
coma.sque) bog . Leur liaison avec la racine goth .
boug dans le verbe composé goth. v^-baugjan,
nettoyer, reste douteuse. Le mot boue a-t-il
quelque rapport avec les formes bonasse, etc.,
mentionnées sous bouse f Les formes bodèi'e
(en Lorraine), boue, et picard baudelé, crotté,
parlent en faveur d'un thème bod, bot. Ma
conjecture serait donc de partir du BL. botta,
bota, mare, dont l'étymologie reste à trouver.
— D. boueux.
BOUÉE, forme dérivative du vfr. boie, bute,
esp. boy a, ail. boje, angl. buoy, néerl. boei,
qui vient du latin boja, chaîne, corde; la
bouée est une pièce de bois flottant sur l'eau
et retenue par une corde.
BOUFFER, BOUFFIR, souffler, s'enfler les
joues, anc. être de mauvaise humeur; vfr.
buffier, souffleter, frapper; it. buffb, coup de
vent, \'fr. buffe, coup, heurt (d'où rebuffer,
angl . rebuff, subst. rebuffade) et dim. buffet,
soufflet (d'où le v. mot buffeter, souffleter).
Tous ces mots, ainsi que pouffer, sont les dé
rivés de l'inteijection buf, bouf ou pouf! pro-
duite par le gonflement des joues. Il n'est pas
nécessaire de les rattacher à des produits ana-
logues dans les langues germaniques ; ce sont
évidemment des vocables de formation sponta-
née. Cp. pour le rapport d'idée entre souffler
et frapper, le verbe angl. blow, souffler et
frapper, et le mot fr. soufflet, de souffler. —
D. bouffée, bouffer ^manger goulûment),
bouffette; bouffissur'e. Voy. aussi bouffon.
BOUFFON est tiré direct, de l'it. buffbne, qui
vient de buffare, souffler (gonfler les joues),
puis plaisanter (primitif aussi de buffa, plai-
santerie, d'où fr. bouffe). Buffare est notre
bouffer; les idées d'enflure et de plaisanterie
se touchent ; un rapport analogue me semble
lier l'ail, bôzen, repousser (voy. bosse), à bosse,
posse, plaisanterie; cp. encore les sens divers
de baguenaude et de blague.
BOUGE, réduit étroit ; it. bolgia et vîr.boge,
bouge, sac de cuir; directement d'un adj.
latin bulgia, dérivé de bulga, que Festus dé-
signe comme un mot gaulois : « bulgas Galli
sacculos scorteos vocant » ; en effet, l'on
trouve gaël. builg, et anc. irl. bolc, mais on
rencontre aussi en vha. le subst. bulga (ce
dernier issu du verbe belgan, enfler). Le dimi-
nutif bougette, petit sac, a donné l'anc. angl.
bogette, bougett, transformé dans la suite en
budget. Sous ce costume anglais, le mot est
revenu en France avec une signification pu-
rement financière. Pour le passage du sens
de bourse à celui de petit réduit attaché au
masc. bouge, il ne fait pas difficulté. L'inter-
médiaire est celui de « chose qui renferme »» ;
en it. bulgia signifie à la fois bourse et ca-
veau. D'autre part, le radical exprimant aussi
enfler (les mots celtiques bolg, bulg, baig, si-
gnifient saccus, pharctra, venter, pustula,
follis), on comprend la valeur secondaire de
bouge : la partie la plus bombée du tonneau.
BOUGEOIR, chandelier portatif; on peut
hésiter, pour l'étym., entre bouger et boggie.
BOUGER, wallon bogé, angl, budge, prov. bo-
jar; selon Leibnitz et Frisch, du vha. biugàn,
ail. mod. beugeii ou bicgen, fléchir; selon
Diez, plutôt de la forme vha. bogen, nord.
buga, courber. Cette étymologie cependant,
observe Diez, perd en probabilité par la com-
paraison de la forme provençale correspon-
dante, qui est bolegar = it. bulicare (la forme
prov. bojar parait être empruntée au fran-
çais). Quant à bolegar (à Lyon bouliguer), dont
bouger se déduit très régulièrement, c'est un
dérivé de bulir, bolir, fr. bouillir, et signifie
propr. être en ébullition, fig. ne pas rester
en place. Le portugais dit également bulir
dans le sens de bouger, et l'esp. buTlir dans
celui d'être en mouvement continuel (cp. notre
expression : bouillonner d'impatience). Che-
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BOU
vallet fait venir, bien maladroitement, bouger
de l'ail, hewegent mouvoir; Ménage, non
moins hardi, pensait & l'ail, wogen, s'agiter.
— D. bougeoir (?), boitgiUon,
BOUGETTI!, voy. bouge,
BOÏÏOIS, it. bugia, esp., prov. bogia, de
Bottgie, ville du nord de l'Afrique qui four-
nissait la cire. — D. bougeoir (?), bougillon.
BOUGON, d'où bougonner t gronder entre
ses dents, se rattache sans doute à bueca,
bouche, comme fourgon kfurca\ cp. une ex-
pression analogue en allemand : maulen, de
maul^ bouche.
BOUOBAN, vfr. bouquerant, it. buckerame,
cat. bocaram, prov. bocaran, boqueran, ungl.
buckratn, tissu fait primitivement de poils de
chèvre, ce qui a donné lieu à l'étjmologie
bouc, boc. Schmeller cependant dérive le mot
de l'italien bucherare, trouer (primitif buca^
trou); bougran serait ainsi pr. une étoffe
lâche, à mailles peu serrées, roidie ensuite à
la colle. D'après Baist (Ztschr. V, 556), bou-
gran et ses correspondants romans seraient
= arabe barcàn, barracân (d'où aussi ail.
barchent, futaine); par métathèse bacaran;
par adaptation à bock, angl. buck, fr. bouc
(cp. boucassin), bocaran, etc. — G. Paris tire
notre mot du nom de Boukhara. — Les dic-
tionnaires présentent encore baracan et bou-
racan (v. c. m.), espèce de tissu de laine.
BOUGRE, de Buïgarus. Les Bulgares ont
fourni ce terme d'injure en tant qu'hérétiques
manichéens. Nicot donne à ce terme la valeur
de pœdico et Ménage suppose que c'est parce
que les hérétiques et les pédérastes étaient
passibles de la mémo peine, — D. bougrerie;
pour rabougrir, v. c. m.
BOUGUIÈRE, sorte de filet, dér. de bogue
(voy. pi. h.).
BOUILLE, voy. l'art, suivant.
BOUILLIR, du L. bullire (rac. buVa). —
D. bouillon (it. boUone); bouilli, -ie, -oire;
ébouillir, L. ebullire, ébiillition, L. ebullitio.
I^ verbe actif bouiller, mettre en agitation,
d'où bouille, perche pour troubler l'eau,
parait être le même mot que bouillir; de là
aussi le nom de l'instrument pour remuer la
chaux, àiibouloir,
BOUILLON, dans ses diverses acceptions,
dérivé de bouillir, jeter des bulles, cuire. —
D. bouillonner,
BOUILLOTTE, de bouillir; pr» bouilloire,
puis le nom d'un jeu de cartes ; les diction-
naires n'établissent pas le rapport entre ces
deux significations; quelqu'un a dit que
l'idée qui les relie est celle de la vitesse avec
Laquelle le jeu de la bouillotte se joue. J'at-
tends confirmation.
BOULAIE, voy. bouleau,
BOULANGER, BL. bulengarius ; l'esp. bollo,
pain au lait, et l'it. de Côme bulet, espèce de
pain, justifient l'étymologie de Ducange, qui
fait dériver boulanger de boule; la filiation
se présente ainsi : boule, boulange (en Berry,
s= mélange de foin et de paille pour la nourri-
ture des bestiaux), de là : 1 . boulanger, fai-
seur de boulanges ou pains arrondis; 2. verbe
boulange^', faire les boulanges. — Wedgwood
(Rom., Vin, 436) présente une autre explica-
tion du mot. Il part du siv. bolenge (Walter
de Biblesworth) »* blutage, lequel aurait la
même origine que le néerl. builen (bluter),
qui est contracté de buidelen. Je préférerais
remonter au thème bitl debuletus', buletelhim
(fr. bluteau), buletare (fr. bluter), oui à son
tour parait être transformé de bur (voy. Wu-
ter,
BOULE, du L. buUa, qui est également
l'original de bulle (v. c. m.). Le sens primitif
de buUa est encore attaché au pic. boule «»
enflure, et au verbe bouler, enfler la gorge
(en parlant des pigeons). — D. boulet (angl.
bullet), boulette, bouleux, boulin, -ichs, bou*
Ion, cheville à tête ronde ; ébouler, boulever-
ser {boule -f- verser = retourner).
BOULEAU, dimin. de l'anc. subst. boule, m.
s., encore employé dans les patois et contracté
de béoule; quant à ce dernier, il vient du
L. betulla, m. s. Ce mot latin est, d'après
Pline, 16, 18, d'origine gauloise; on en trouve
en effet la racine dans l'irl. et l'écoss. beith,
bouleau. — D. boulaie, d'après l'analogie
de saulaie, aunaie, etc.
BOULEDOGUE, de Ys.n%\ bulldog , pr. chien-
taureau.
BOULER, enfler son jabot (en parlant du
pigeon), voy. boule,
BOULEUX, cheval de fatigue, de l'anc.
verbe bouler, rouler (de boulé),
BOULEVARD, anc. boulevert, représente
l'ail, bollwei'k. Ce mot, né au xv* siècle, avec
la valeur de « défense, rempart », est décom-
posé par les uns en werk (ouvrage) et vha.
bolon (lancerj, donc pr. une machine à lancer,
un engin de guerre, puis la place où elle est
montée;- — par les autres en %joerh -\- bohle
(ais, planche), donc une construction en plan-
ches. Le mot est devenu l'angl. bulwark, le
ni. bolwerk; l'it. baluarto et l'esp. baluarte
sont tirés du f rancis. — Voltaire expliquait
boulevart de boule et vert : place verte à jouer
aux boules ! — Les boulevards sont devenus
des promenades après avoir été des terre-
pleins de remparts.
BOULEVERSER, voy. boule.
BOULIMIE, gr. fiouU^aix (faim de bœuf).
BOULIN, pot de terre qui sert de retraite
aux pigeons, etc. ; de boule, à cause de la
forme arrondie.
BOULINE, vfr. bolinghe (Jean Lemaire de
Belges), est le même mot que dan. bugline,
corde à l'avant, angl. bowline, boline, cor-
dage de proue, hoU. boelijn, ail. boleine, —
D. bouliner.
BOULINGRIN, de l'angl. bowling-green,
gazon où l'on joue à la boule.
BOULOIR, voy. bouillir.
BOULON, voy. boule, — D. boulonner.
BOUQUE, forme picarde p. bouche (ouver-
ture) ; de là les termes de marine embouquer,
débouquer.
BOUQUER, 1. baiser, baiser de force, de
bouque, forme picarde de bouche; — 2. se
plier, se soumettre, de Tall. bûcken, néerl.
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BOU
— 66 —
BOU
bi(k?ten, plier, courber. — Le même verbe,
dans sa dernière acception, se trouve dans le
composé reboucher, fausser, émousser un
dard ou autre instrument pointu, pr. le
courber; vfr. rebuchier, rebouquer, Ûangl.
rebuhe est le même mot avec une acception
détournée : censurer, gronder.
BOUQUET, bosquet, puis assemblage de
fleurs, variété de bosquet (v. c. m.).
BOUQUETIN, écrit par Belon boiic-estain ;
de l'ail, steinbock, bouc des rochers.
BOUQUETTE, blé sarrasin, du flam. boeh-
weit, m. s., litt. froment de hêtre, à cause de
la forme du grain, qui ressemble à la faîne.
On trouve aussi, avec changement de termi-
naison, bucail.
1. BOUQUIN, voy. bouc. — D. bouquiner.
2. BOUQUIN, vieux livre, de l'anc. néerl.
boeckin, petit livre ; le suffixe diminutif néer-
landais kin se trouve encore en fiançais dans
mannequin, brodequin, vilebrequin, etc. —
D. bouquiner, bouquiniste.
BOURàGAN, autrefois baracan, esp. bar-
ragan, sorte de gros camelot, BL. barraca-
nus; se retrouve dans le dan. barcan, angl.
barrakan, oW.berkan et barchetU; de l'arabe
barrakàn, vêtement, qui vient du persan
barikana, espèce de tissu de laine.
BOURBE, du gr. ^optopoi ; Tapocope de la
terminaison opoç est un effet naturel de l'ac-
centuation. Il est probable que le latin vul-
gaire a également eu le terme borborus. —
Littré a recours au radical celtique berw ou
borv, exprimant bouillonnement. — D. bour-
beux, bourbier, -illon, -otte (poisson), verbes
embourber, débourber. Voy. aussi barboter.
BOURDE, mensonge, vfr. bourdeur, syn.
de menteur, verbe bourder =« garrire (voc.
d'Evreux). Le v. flamand avait également
boerde «« nugae. En picard et en wallon, un
bourdeux est un menteur. L'ancienne accep-
tion de réjouissance, plaisanterie, parle en
faveur du rapport de ce mot^ avec l'anc. bou-
horder, jouter, et, par extension, s'amuser,
folâtrer La langue provençale présente déjà,
pour bouhourder, behourder, les formes con-
tractes biordar, bordir, burdir, avec le sens
de s'amuser, et les subst. biort, bort, jeu che-
valeresque. Les mots analogues du celtique
ont l'air d'être d'origine romane. Quant &
bouhourder, on n'est pas au clair sur son
origine; Diez voit dans hourd l'ail. hUrde,
BL. hourdum, rouchi hourd, clôture, et dans
bo, bou le mot bouter; donc jeter la lance
contre l'échafaudage de l'enceinte.
B0URDI6UB ou bordigue, espace retranché
avec des claies pour prendre le poisson ; du
BL. bordigula, bordiculum, prob. un dimin.
de borda, borde", hutte (voy. bord).
1. BOURDON, long bâton de pèlerin, it.
bordone, esp., prov. bordon; métaphorique-
ment tiré du L. bwxlo, bête de somme, mulet.
Covarruvias cite à l'appui de cette dérivation
l'esp. muleta, qui signifie à la fois mulet,
soutien et béquille. — On avait aussi anc.
la forme simple borde, bourde pour bâton,
béquille.
2. BOURDON, tuyau d'orgue, puis ton de
basse, et abeille mâle. La signification
« tuyau » engage Diez à rattacher notre mot
à bourdon, long bâton. Il faudrait alors con-
sidérer le gaél. bûrdon «= bourdonnement,
comme un emprunt fait au roman. Cette
langue employant cependant dans le même
sens aussi durdon, il est préférable de consi-
dérer les syllabes burd, durd comme des
onomatopées, et la signification tuyau d'orgue
comme découlant du bruit exprimé par le
mot.
BOURO, dans le principe = ville défendue
par une forteresse, opposé à la ville, lieu
ouvert; it. borgo, esp., port, burgo, prov.
bore ; du latin vulgaire burgus (Vegèce, De
re milit., 4, 10 : Castellum parvum, quem
burgum vocant). Il n'est pas nécessaire de
déduire directement le mot bourg des langues
germaniques, où il se rencontre partout, et
qui en ont aussi le primitif, savoir : bei^gan,
goth. bairgan, cacher, protéger. C'est la
langue latine rustique qui parait l'avoir
transmis aux langues romanes. Le grec
Ttùpyoi est de la même famille. — De burgus
dérive l'adj. burgensis, d'où it. borgese, esp.
burges, fr, bourgeois. Diez suppose néan-
moins dans les formes borghese, port, bur-
guez, prov. borgues, vfr. borgois, toutes
formes où le ^ a le son guttural, une influence
directe du germanique burg. — D. bourgade.
Le mot bourgmestre est un composé de bourg
et du néerl. meester, maître, chef; latinisé
par burgimagister, l'ail. bUrgermeister est
= maître des bourgeois.
BOURGEOIS, voy. bourg. — D. bourgeoisie.
BOURGEON, angl. burgeon, vfr. bourion,
burjon. Diez trouve une dérivation du vha.
burjan, lever, parfaitement acceptable au
point de vue des lois grammaticales; bour-
geon désignerait donc quelque chose qui lève,
qui pousse. Bourgeon s'appliquait primitive-
ment à la vigne et traduisait dans les glos-
saires L. botrus; je le ramène donc au BL.
botrionem. — D. bourgeonner; débourgeon-
ner, ôter les bourgeons.
ROUBLE, voy. s. bourre.
BOURGMESTRE, voy. bourg.
BOURNOUS, mot arabe : bomos, vêtement
à capuchon, esp. albomoz.
BOURRACHE, it. borraggine (contracté bor-
rana), esp. borraja, prov. borrage, ail. bor-
retsch, latin mod. borrago, -inis. Diez tire le
mot du radical burra, à cause des feuilles
hérissées de poils.
BOURRAS, voy. bourre.
BOURRASQUE, de Fit. burrasca, esp.,
port., prov. borrasca\ selon Diez, de borea
ou bora (forme particulière â quelques dia-
lectes), vent du nord (du L. borea^)\ c'est
ainsi que de l'esp. nieoe, neige, s'est formé
nevasca, une tombée de neige. Le redouble-
ment de Vr n'a rien de gênant pour cette
étymologie.
BOUâtE, it., esp., prov. borra, pr. flocon
de laine, etc., du L. burra, m. s., singulier
inusité de burrœ, niaiseries, fodaises; le sin-
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BOU
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BOU
gniier présente le sens propre, le pluriel le
sens métaphorique. La même métaphore se
rencontre dans le latin florciis, qui signifie
flocon de laine, poil d'une étoffe, et bagatelle.
— D. bourras, houras, étoffe grossière, prov,
borras ; bourrer, d*où débourrer, ébourrer,
embourrer, rembourrer; bouturée; bourrade;
bourru, grossier (cp. angl. boi*reI, homme
grossier); prov. borreJ, vfr. bourrel = bour-
relet, d'où bourreler, bourrelet ou bourlet.
Peut-être faut- il rattacher ici le mot rebours
(v. cm.) dans le sens de revêche, BL. rebur-
rus. Voir aussi brosse. — Le dim. burrula
a donné Tanc. fr. bourle, attrape, tromperie.
BOURRSâU, prov. boreJ, Â la lettre, bour-
reau correspond à angl. borrel, homme rude,
grossier (voy. bourre). Le sens du mot fran-
çais pourrait bien s'en être dégagé. Ménage
aventure Tidée d'une contraction de bouche-
reau. D'après Diez, borel se déduit facilement
de rit. bqja (wall. boie), qui a la même signi-
cation, au moyen du double suffixe ei^-elî,
dont la langue française présente tant
d'exemples (cfr. mât, màtereau) ; le mot cor-
respondrait donc à une forme italienne hypo-
thétique bqjarello. Nous rapportons pour ce
qu'elle vaut l'observation de Dochez : De Borel,
possesseur du fief de Bellecombe en 1261, à
charge de pendre les voleurs du canton. (Littré
observe que ce nom propre pourrait bien être
un surnom, donné d'après les fonctions.) —
Quant ait. boja, bourreau, il parait identique
avec bqja, carcan.
BOURRILSR, ET, voy. bour^^e.
BOïïRRIGHIi, espèce de panier oblong (pour
gibier, poisson, etc.); Ménage rapporte le mot
à bourre, à cause de la bourre, foin ou paille,
dont on garnit les bourriches ; j'aimerais tout
autant une étymol. burricius, de burricus,
bourrique ; donc pr. panier de marché, porté
par des ânes.
BOURRIQUE, esp. borrico, it. brico, du L.
burricus (Isidore : Equus brevior quem vulgo
buricum vocantj. Quant à burricus, les uns
le font venir, à cause de la peau velue de l'âne,
de burra, flocon de laine (l'esp. et le port,
disent aussi burro pour âne, et dans le Berri-
chon l'ânon est appelé bourru); d'autres, de
burrus, rougeâtre. — D. bourriquet.
BOURRU, voy. bourre.
BOURSE, it,, prov. borsa, esp., port. ôofea;
du BL. byrsa, bursa, qui est le gr. ^upsa,
peau, cuir. — D. boursier; boursiller; bour-
sicot (mot populaire, d'où boursicoter), débour-
ser, débours; embourser*, rembourser. Quant
au mot bourse, en tai^t qu'il signifie lieu de
réunion des banquiers, agents de change, etc. ,
Guichardin en établit l'étymologie qui suit :
La première place qui correspond à ce que Ton
appelle bourse aurait été celle de Bruges
(xiv« siècle); c'était l'hôtel d'une famille pa-
tricienne appelée Van den Beurse (fr. de la
Bourse), dont les armes sculptées qui surmon-
taient la porte et qui se composaient de trois
bourses auraient donné le nom à tous les
bâtiments de l'espèce. Ce qui rend cette expli-
cation de bourse ea forum mercatorum plus
que suspecte et ce qui oblige â donner raison
â ceux qui déduisent cette valeur du BL. bursa
=s sac de cuir, bourse, c'est que, dès avant le
XIV* siècle, le mot latin fitnda, bourse, a
signifié « locus publicus ubi conveniunt mer-
catores de rébus suis et commerciis acturi »•
(voy. DC). Voy. aussi, dans Godefroy, l'art.
fonde «a lieu de réunion des commerçants.
BOURSOUFLER, selon Diez, pour boud-
souffler, analogue au prov. mod. boud-cnflà,
boudouflà, boudifla, gonfler. Quant â l'élé-
ment bod, boud, voy. sous bouder. Toutefois,
Diez ne rejette pas absolument l'étymologie
bour se-en fier, et cite même l'expression wa-
laque bos-unfla. Grandgagnage explique le
mot par boule-sou ffler, souffler en boule;
Littré par « souffler en bourse », en citant
l'anc. fr. bourser, enfler.
BOUSCULER, altéré du vfr. bouteculer, qui
vient de bouter et cul.
BOUSE, prov. boza, buza, d'origine dou-
teuse. On trouve dans l'anc. langue bouasse,
bouace (cfr le grison botatscha, dial. de Côme
boascia, de Parme bouzsa, avec la même
signification), mais il n'est guère permis de
voir dans bouse une contraction de bouasse,
dérivé de bos, bœuf; les mots bretons beiïzél,
bousel, bouzil ont l'air d'être tirés du fran-
çais. Frisch rappelle l'ail. biUse, monceau,
employé en effet pour la morve, et, comme dit
Grimm, pour « quidquid emungitur ». — Si
bouCy comme je le pense, vient d'un radical
bat, bod, les formes bosa, bouse pourraient
bien n'en être qu'une variété (en prov., 5^ pour
d est tout à fait normal), mais l'objection qu'on
fait à cette étymol. (voy. Van Hamel, Gloss.
du Reclus de Moliens), c'est que boue avait
primitivement l'o ouvert. — Le plus ancien
exemple du mot est dans le Miserere du
Reclus de Moliens (xii^ siècle) :
Ki de tel viche est embousés,
Se devant mort n'est desbousés,
Il muerl corne bues en se bouse.
D. bouser, bousiller; bousin, tourbe de
mauvaise qualité, croûte terreuse et friable
(de là ébousiner).
BOUSINOOT, chapeau de marin, dér. de
l'angl bowsing, cabaret de matelots.
BOUSSOLE, de l'it bossolo, voy. buis.
BOUT, ôo<*,subst. verbal de bouter, pousser,
repousser; donc chose en relief, en saillie,
puis pointe, extrémité. — D. debout (v. c. m.),.
aboutir, emboutir.
BOUTADE, forme étrangère p. boutée (pous-
sée), de bouter, heurter. Corneille a le mot
dans le sens de jet d'inspiration : « pousser um
sonnet par boutade, sans lever la plume. •
B0UTAR6UB, sorte de mets, it. bottagra,
esp. botagra. de l'arabe boutarha, m. s.
BOUTE, variété de boUe, tonneau.
BOUTEILLE, voy. boUe 2. ~ D. boutillier,
angl. butler.
BOUTER, pousser, heurter, frapper, mettre
en poussant, dumha. bôzen, heurter, frapper,
ou plutôt d'une forme antérieure bautan,
botan. — D. bouton (v.c.m.); boutade (v.c m.);
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BRA
— 68 —
BRA
bouture, branche boutée en terre; boutoir,
-eroUe ; suhsi. verbal bout (v. c. m.), botte,
coup (v. c. m.); composés boutefeu, boute-en-
train, boute-hors, boute-selle; verbe composé
débouter, repousser.
BOUTIQUS, voy. apothicaire.
BOUTON, it. bottone, prov. et esp. boton,
pr. chose qui repousse, qui fait relief; de bout
ou de bouter, — D. boutonner, déboutonner.
BOUTURE, voy. boutei\ — D. bouturer.
BOUVEAU, -ERIE, -ILLON, -1ER, tous déri-
vés de bœuf.
BOUVREUIL, aussi bouveret, bouvron, pr.
M le petit bouvier •, parce qu'il suit le labou-
reur qui promène sa charrue dans son champ,
afin de se nourrir des vers ou des graines qui
sont mis au jour ; il passe même pour pincer
les bœufs et les aiguillonner ainsi à sa façon
(G. Paris). Cp. les expressions analogues ail.
bullenbeisser (mordeur de taureaux), angl.
bulfinh /pinson des taureaux).
BOVIN, voy. boeuf.
BOXER, de l'angl. box, m. s.
BOYAU, vfr. boël, it. budello, du L. boteUus,
petit boudin (Martial); la signification actuelle
de boyau était propre au mot botellu^ dès les
premiers temps du moyen âge : L. Angl. :
« Si intestina vel botelli perforati claudi non
potuerint ». Voy. aussi boudin sous bouder.
— D. boyaudier.
BRACELET, dim. do vfr. bracel, braçhel
(Vie de saint Eloi, 26*>), anneau de bras; cp.
lat. brachile, cingulum.
BRACHIAL, L. 6racA ta/f>(brachium, bras).
BRACONNER, voy. braque.
, BRAGUER, mener grand train, faire l'élé-
gant, fanfaronner ; mot germanique : nord.
braka, faire du bruit, parader. L'angl. brag
parait emprunté du fr. — D. bragard, vani-
teux. — Cp. aussi le wallon brâkeler, habler.
1 . BRAI, suc résineux, goudron, anc. fange,
it. brago, prov. braxt, fange; Ménage propose
le gr. i^pxyoi, marais (Hesyche); d'autres, le
nord, brâk, goudron. — D. brayer. — Le
mot braye, fange, boue, terre grasse, est la
forme féminine de brai.
2. BRAI, escourgeon, orge broyée pour la
bière, vfr. brais; du gaulois latinisé brace,
espèce de blé (voy. brasser).
BRAIE, anc. culotte, auj. lange d'enfant, it.
braca, esp., port, braga, prov. braya, du L.
braca, désigné par les auteurs comme mot
gaulois (breton bi'agez). — D. brayette; vfr.
braiel, ceinture placée au-dessus des braies,
d'où le verbe fr. débraîUer, pr. lâcher la cein-
ture qui retient les vêtements ; brayer, prov.
braguier, ceinture, bandage.
BRAIL, piège, voy. brayon.
BRAILLER, voy. braire. — D. braillard.
BRAIRE, signifiait d'abord crier en général
(de là le subst. partie, brait*, auj. braiment),
prov. braire; cp. BL. bragire. L'analogie de
bruire, formé de rugire avec b initial addi-
tionnel, engage à voir dans braire le verbe
raire (v. c. m ) augmenté d'un b. On a aussi
rattaché ce mot au gaél.^cï^ain, crier, cymr.
bragal, faire du bruit, vociférer. De la forme
participiale brait viennent prov. braidar,
port, bradar, et l'adj. prov. braidiu, vfr.
braidif, pr. hennissant, puis ardent, fou-
gueux. De braire vient brailler (cfr. criailler
de crier, piailler de pier (inus.) = li.piare). —
La forme fr. braire appelle, selon la r^le,
un type latin immédiat bragère.
BRAISE, it. bi'agia, brascia, brada, esp.,
prov. brasa, port, brasa, flam. brase, BL.
brasa ; ainsi que le verbe braser, anc. brûler,
auj. souder, du nord, brasa, souder, suéd.
brasa, flamber. Cfr. en dial. de Milan brascà,
allumer. — D. braiser, braisier, -ière; bra-
sier, brasiller; embraser, vfr. esbraseï*.
BRAMER, crier, it. Iramare, désirer
ardemment (pour ce transport d'idée, cfr. le
passage de Festus : Latrare Ennius pro poscere
posuit), du vha. breman, néerl. bremmen,
mugir, qui répond au gr. ^pifitiv,
BRAN, excrément, ordure, déchet, son,
dial. ital. breymo, vieux fr., prov. et vieux esp.
bren. Mot celtique : gaél. bran, cymr. bran,
bret. brenn, angl. bran, son. — D. breneux,
ébrener, embrener,
BRANCARD, voy. bramhe.
BRANCHE, it.,prov., v. esp. branca, prov,
aussi branc, BL. branca, angl. branch. Une
dérivation directe de brachium est inadmis-
sible ; il faudrait pour cela une forme latine
brancia. Diez croit que le mot branca appar-
tient au fond de la langue vulgaire latine, et
allègue des raisons à cet égard. Il admet
toutefois la parenté do ce mot rustique avec
l'anc. gaél. brac, corn. ln*ech, cymr. breich,
bras (bret. brank «» branche). — D. branchu,
brancher; ébrancher, embrancher; brancard,
litière à branches. — Depuis que Diez postu-
lait un mot latin branca, ce dernier a été
dûment constaté dans les Gromatiques avec
la valeur de « grifle, ongle » (branca lupi,
ursi), qui se déduit naturellement du sens
branche. — Neumann (Ztschr., V, 386), se
fondant sur l'ail. jtiDeig (branche), qui est un
dérivé de stoei, deux, à cause de l'idée de
bifurcation, propose pour lat. bi'anca l'étym.
bi-ramica (bis -|- ramus).
BRANCHIES, gr. ySpifcyxtx.
BRANDE, sorte de bruyère, broussaille;
sans doute de l'ail, brand (combustion), au
sens de L. novale : « ubi sylva eradicata et
ligna inutilia combusta sunt » . — Vfr. àrandoi,
champ de bruyères.
BRANDADE, du prov. brandar, remuer,
agiter, à cause que la morue « en brandade •
doit être agitée pendant tout le temps de la
cuisson.
BRANDEBOURG, nom tiré des casaques que
portaient les gens de l'électeur de Brande-
bourg lors d'une invasion en France en 1674.
BRANDEVIN, francisation de l'ail, brant-
wein, eau-de-vie (pr. vin brûlé).
BRANDIR, angl. brandish, prov brandar,
d'abord agiter l'épée, puis agit«r en général,
du vfr. brant, branc, bran, lame de l'épée (it.
brando, prov. bran)^ tjui vient lui-même du
vha. brant, tison, nord, bratuir, glaive ; pour
le rapport des idées, Diez rappelle Xe nom
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BRA
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BaA
d'épée e^. Tizon, — D. les dimin. bran-
diller et branler (angl. brandie et brandie),
contraction de vfr. brandeler, it. brandolare.
BRANDON, proT. brandô, esp. blandon^
du vha. brant, tison (rac. brinnan, ail. mod.
brennen, brûler).
BRANLER, voy. brandir, — D. branle,
brankdre, branle-bas, ébranler. — Je ne cite
que pour mémoire l'explication du mot bran-
ler par un type latin imaginaire mbrantulare,
qu'a mise en avant M. Boehmer.
BRAQUB, broche , chien de chasse, fig.
étourdi, dér. bracon; du vha. braccho, aU.
broche, m. s. — De bracon vient braconnier,
dont la première signification était « cui brac-
conum cura est », c.-à-d. piqueur conduisant
les limiers, opposé au fauconnier. De braco^i-
nier, dans sa signification moderne, s'est
dégagé le verbe braconner,
BRAQUEHART, épée courte et large ; éty-
mologie incertaine ; Roquefort y a vu le gr.
^pax«»« .«*«x**P«» courte épée (étymologie de
fantaisie). Braque, sabre, épée, existe en vfr.
et dans les patois (Grandgagnage rapproche
le dim, bavarois brOchzen, sorte de serpe, et
par mépris, épée), mais que faire de l'élément
martf
BRAQUER, plier au point voulu, pointer;
d'après Diez, du nord, braha, fléchir, assu-
jettir.
BRAQUES, pinces d'une écrevisse, forme
picarde du vfr. brace; du lat. brachium,
bras.
BRAS, vfr. brace (brace levée. Chanson
d'Antioche), it. braccio, esp. brazo; du L.
brachium. Dans le dial. picard, à l'accus.
sing. et au nom. plur., brac, brach, brace;
Ys daas bras n'est pas plus la flexion du no-
minatif que dans sas ^^ setacium ; achium y est
traité comme acium, tandis que la forme pi-
carde brac a sauvé le son guttural primitif.
— Du plur. brachia vient le nom de mesure
brasse (v. c. m.), prov. brassa, esp., port.
brasa, longueur des deux bras étendus (d'où
brassiage). Dérivés de bras ou brace : brace-
let, brassard, brassée; embrasser, rebrasser
(ses manches) = retrousser.
BRASSR, BRASIER, BRASILLER, voy.
braise.
BRASSE, nom de mesure, du L. brachia
(v. brcLs), ou plutôt le subst. du vfr. braiser,
mesurer avec les bras (on trouve aussi bras-
seier = prov. bi'aciar).
BRASSER, bracer* (wallon brèser), BL.
braciare, braxare, brassare; dér. du subst.
vfr. braz, breij, brés, malt, blé préparé pour
faire de la bière (grain torréfié après l'avoir
fait germer), BL. bracium; mot gaulois
r Pline, XVIII, 11, 12, 4, cite le mot brace
comme une espèce de blé gaulois, dont on
préparait de la bière) ; gaél. braich, brocha,
oom. bràg, anc. wallon braz (auj. ftr^), grain
fermenté. Il y a probablement communauté
d'origine entre le celtique brace et le germa-
nique brauen = coquere, angl. brew, flam.
brotiwen (voy. Grimm, v« brauen), — D.
brasseur, -erie, brassin.
BRAVE, it., esp., port, braxx), prov. brau
(fém. brava), La plus ancienne signification
de cet a^ectif est sauvage, dur, fougueux (BL.
bravus bos) ; le mot français, resté étranger à
ce sens primitif, parait être tiré directement
de l'it. ou de l'espagnol ; il manque du reste à
l'ancienne langue, où, comme le remarque
Diez, il se serait produit sous 1^ forme brou.
Et cette forme se présente en efiet avec l'ac-
ception primitive dans les verbes s'ébrouer,
s'eflfrayer (en parlant du cheval), et rabrouer,
repousser avec rudesse. Elle découle de brau,
forme provençale, comme clouer de clau. —
L'étymologie de bravo est encore douteuse. On
a proposé diverses dérivations : celles du L.
pravus, du cymr. brato, terreur, et du vha.
rau), cru, rude. Diez, penche pour la der-
nière; pour le sens, il pense que de raw pou-
vaient, tout aussi bien que du L. crudus, se
dégager les significations « indomptable,
sauvage, rude, vaillant », et quant à la forme,
il rappelle bruire de rugire, braire de raire,
brusco de ruscum. Au lieu de l'ail, ravo,
Langensiepen préfère le L. ravus, rauque
(Festus; Sidoine Apollinaire). Cette .origine
s'accorderait mieux avec le sens de s'ébrouer,
rabrouer, esp. braviar, mugir. Pour la pros-
thèse du b, il rappelle celle d'un f dans rau-
eus, devenu fraucus, flaucus, puis it. fioco,
rauque. — En dernier lieu, et par la même
méthode, Storm propose (Rom., V, 170),pour
source de bravo, L, rabidus, avec un b pros-
thétique, d'où découleraient à la fois réguliè-
rement les formes brade (taureau) et bravo.
En efiet, le sens premier doit avoir été « sau-
vage, indomptable » . — Quant au mot brave
signifiant magnifique, beau, paré, on le trouve
avec le même sens dans les idiomes celtiques
et dans l'anc. anglais; cette acception est-elle
déduite de celle de vaillant, noble, ou se rap-
porte-t-elle à un autre primitif? La question
reste ouverte. — L'emploi du mot allemand
brav ne parait pas remonter, selon Grimm,
au delà de la guerre de Trente Ans. Brink-
mann (Metaphern, pp. 443-51) a con.sacré an
mot roman brave et à ses nombreuses appli
cations une étude pleine d'int/^rèt ; à son avis,
toutes les significations remontent à l'expr, v.it.
unde brave (vagues battues par la tempjte ou
battant contre le rivage), ce qui lui fait poser
comme origine du mot l'adj. goth. blagg-
vus, supposé par Grimm et Diefenbacb comme
la base du verbe bliggvan, frapper. — D.
braver, bravade (it. bravataj, bravcrie, bra-
voure (de l'it. bravura), brax>ache (it. braoac-
cio). Sont pris aux Italiens le subst. bravo
(pi. brojot), assassin à gages, et les interjec-
tions bravo, bravissimo.
BRATE. voy. brai.
BRAYBR, -ETTE. voy. braie.
BRAYON, piège, vfr. broion, dér. du vfr.
bret, broi, piège d'oiseau. Ce dernier corres-
pond à l'it., esp., y^ori.,brele, prov. brec, bret,
m. s. Le mot brail, piège, parait être un dé-
rivé de bretet répondre A un typebretaculum,
d'où bre-ail, puis brail. On trouve aussi avec
la même valeur, bril (Watriquet de Couvin,
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BRE
— 70 —
BRE
•p. 249), d'où le dim. brillet\ et le verbe
briller (Cotgrave : hreller), faire la chasse, pr.
mettre des pièges (cp. le néerl. briîlen, sur-
prendre, tromper) ; ce brilt s'il ne vient pas
du néerl. brillen et que celui-ci n'est pas plu-
tôt tiré du fr., je lui dormerais pour type bre-
ticulus, d'où breïl, bril (cp. ffril de crcUi-
culus). Quant au radical bret, j'y vois l'ail.
bret, planche, qui, d'après Grimm, s'emploie
aussi pour trappe. Mabn établit pour bret^
piège, qu'il interprète plutôt par lacet que
par trappe, l'étym. brettan, verbe vha signi-
fiant serrer (cps. g&'brettan, contexere), ags.
bredan, tresser. D peut avoir raison. Bret,
selon lui et Diez, serait aussi le primitif de
bretelle,
BREANT, autre forme de bruant.
BREBIS, prov. berbitz^ vfr. et pic berbis,
it. bcrbice, BL. berbix, du L. berbex, forme
vulgaire employée par Pétrone au lieu de
vervex, bélier. Du dérivé berbicarius s'est
produit par contraction le fr. bercer. Un type
latin bei'bicale a donné bei^cail; l'anc. bet'cil,
même sign., suppose un \iv\ia\ûf berbicile.
BRÈCHE, it. breccitty angl. breach. Ce mot
doit être le vha. brecha^ action de rompre
(ail. mod. brechen, rompre). Les Allemands
ont repris le fr. brèche sous la forme bresche.
On allègue cependant aussi comme primitif
le cymr. brég, rupture. — D. ébrecher. — Le
mha. brëchely rompeur, catapulte, pourrait
avoir fourni it. briccola, esp. brigola^ fr. bri-
cole ^ machine à lancer des pierres.
BRECHET, vfr. bruscJiet, brich&, angl.
brisket; du cymr. brysced, bret. brusck, bru-
ched, poitrine d'un animal, estomac.
BREDI-BREDA, expression familière et ono-
matopéique, qui a peut-être donné naissance
au mot moderne bredouiller,
BREDOUILLER, d'après Diez du vfr. h-ai-
dir, bredir^ prov. braidir^ hennir (voir sous
braire). Ménage, par le procédé qu'il a inventé,
établit le L. blœsiis, bègue, comme primitif
de bredouiller! Dochez montre encore plus de
sagacité en disant : du celtique broë, verbiage
ou broiement de paroles! — Bredouiller signï-
fiant parler d'une manière confuse ou préci-
pitée, on est tenté de rapprocher ce vocable
des formes ail. brodein, brudcln^ bradehi,
qui expriment la même chose. Le français
aime la terminaison ouiller dans les verbes
exprimant une succession rapide de sons ou
de mouvements, cp. gazouilUr^ chatouillc7\
popul. cafouiller, fafouilîei\ tàtuuiller. —
Ajoutons encore une dernière conjecture. Bre-
douiller pouirait aussi, par sa racine, tenir du
prov. brcts (Faidit) =» homo linguse impc-
ditsB, d'où verbe b^'etoneiar = loqui impedite
(la leçon du texte « impetuose » est, selon
G. Paris, une erreur du scribe).— Il est utile
de noter que les patois du nord ont berdele7\
gronder entre ses dente, en picard bertonner,
et qu'on dit aussi en vfr. bredaler pour le
bruit du fuseau d'un rouet. Cp. aussi berda-
cher (patois de Mons), barboter, et berdouille,
boue. Voy. aussi l'art, préc.
BREF. BRifVE, a^., aussi avec IVdiphthon-
gué brief, brièoe, du L. breois. Le neutre latin
breoe, ayant pris au moyen âge le sens d'écrit
officiel, a donné lesubst. bref (M. brief lettre),
d'où brevet, — Lat. brevitas, briAvete; abbre-
viare, abréger (voy. ce mot); breviarium (litt.
abrégé), bréviaire.
BRÉGUET, d'après le nom d'un manufactu-
rier né à Neuchâtel en 1747, mort à Paris
en 1823.
BREHAIQNE, stérile; autres formes : barai-
gne, wall. brouhagne, dial. de Metz bereigne,
pic. breine, anc. angl. barragiui, angl. mod.
barren, Diez propose l'étymologie ftar, homme
opposé à la femme (voy. baron); une baraigne
serait ainsi une femme-homme, une hom-
masse; comparez esp. machorra, femme sté-
rile, de macho, mâle, prov. toriga, de taur,
taureau. D'ordinaire, on rattache le mot au
bret. brec'han, mais ce mot fait défaut aux
autres dialectes celtiques et parait être d'ori-
gine romane. Nous rattacherions volontiers
brehaigne à l'ail, brach, qui signifie infertile,
en friche, en jachère; mais il reste douteux si
le radical primitif est bar ou brah, breh. On
trouve aussi brehaigne avec le sens d'impuis-
sant
BRELAN, bellanc, brelenc, berleixc* ,'^c\\ de
cartes. Le mot signifie proprement la planche
pour jouer aux dés et parait venir de l'ail.
breiling (de brett «= planche). De là l'esp. ber-
langa, jeu de hasard. Génin tient berlenc,
brelenc, brelan pour des variations de forme
de barlong. Berlenc serait d'abord un ais
barlong. — D. brelander, brelandier.
BRELLE, assemblage de pièces de bois, ra-
deau ; du verbe breller, lier des poutres ou
madriers, dont l'étymologie est inconnue;
serait-ce un dim. de breter* = vha. bretten,
serrer? Donc breteler, bretler, breller t
BRELOQUE, berloque*. L'élément loque pa-
raît être identique avec loque, morceau d'étofle
pendant, lequel vient, selon Diez, du vieux
nord, lokr, quelque chose de pendant. Cp. le
terme pauf cloque. Quant à la première partie
du mot, elle n'est point encore expliquée.
Grandgagnage pense qu'elle n'est autre chose
que le bar, bre, corruption de la particule
préjorative bis, dont il a été traité sous bar-
long et signifiant de travers, en biais : le
verbe wallon barloker, pendiller, vaciller (cfr.
patois de Reims halloquer, grison balucar)
signifierait pr remuer obliquement, se mou-
voir en biais. Quant à breloque, ou berloque,
batterie de tambour (fig. battre la berloque,
déraisonner), Génin y voit une composition
ber-cloque, cloche d'alarme, batterie irrégu-
lière (ber, la particule péjorative). Cette expli-
cation n'est guère acceptable; Littré admet
une comparaison de la batterie de tambour
avec la breloque, chose agitée, â cause du
mouyement qu'elle produit. Je croirais plutôt
que breloque, dans son premier emploi, s'ap-
pliquait à des clochettes, d'où le mot s'est
étendu d'une part à de petits bijoux suspen-
dus à une chaîne, d'autre part à l'appel fait
au son de la cloche ou du tambour.
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BRE
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BRI
BBAMK» poisson (Nicot : brame et bremmé),
pour bresme de Fall. brachsen, mha. brahsem,
BL. braximus, néerl. brasem.
BRENKUX, voj. bran.
BRKQUlM, outil pour percer, voy. vilebre-
quin.
BBÉSIL, bois rouge de teinture, prov. bre-
iilh, esp., port, brasil, it. brasiîe; c'est &
l'abondance de ce bois que le Brésil doit son
nom. Diez tire le mot du prov. briza, petit
morceau (de bn'jgar, briser), à cause de la
forme brisée, feuilletée, sous laquelle le brésil
s'importait de tout temps en Europe; c'est
également la forme qui a donné le nom à la
grana, cochenille, et à la cannelle (v. c. m.).
D'autres ont proposé brasa, braise (à cause de
la couleur). — D. brésiller, teindre avec du
brésil ; brésillet.
BRÉSILLER, rompre par petits morceaux,
prov. brezUhar, ni. brijselen, diminutif de
brizar, fr. briser, Voy. aussi l'art, précédent.
BRÉTAILLER, voy. breUe,
BRBTAUDER, tondre inégalement, couper
les oreilles à un cheval; anc. bertauder^ ber-
tonder; c'est un mot populaire, qui se décom-
pose par bre (préfixe péjoratif) et tonder
(tondre), d'où touder, tauder. Mieux vaut,
comme formation, l'anc. bertoiiser {ber ou bre
-4- tonzus). Le latin tonsus, tondu, imberbe,
est aussi le primitif de imise", jeune fille, et
tousel, jeune garçon. — Diez admet, pour
notre mot, un radical bert, en rappelant it.
bertone, cheval qui a les oreilles coupées, le
comasque bertoldd = bretauder, prov. ber-
iaut, pauvre diable, rouchi bertawi, châtré.
n ramène ce radical bert, exprimant mutila-
tion et au figuré moquerie (it. berta, raillerie,
berteggiare, railler), au mot berta, instru-
ment servant à enfoncer des pieux dans la
terre, hie, demoiselle. Et pour ce berta-là, il
rappelle la Berta de la mythologie germa-
nique, qui s'appelle particulièrement « la pié-
tineuse » . Diez ne veut cependant pas décider
si réellement bretauder doit être mis en rap-
port avec berta, moquerie, et parla avec berta,
hie, ou s'il en est indépendant ; si les corres-
pondants des autres idiomes romans ont une
autre provenance que celle-là, ou non. —
Burguy présente bertauder, anc. bertoder,
comme un composé d'un celtique berth, riche,
beau, parfait, et d'une syllabe ud; il signi-
fierait propr. ôter ce qui rend beau, décom-
pléter une personne. Ghevallet, de son côté,
cite des mots celtiques bearr, bearrta, signi-
fiant couper, écourter, tondre (racine ber,
court). Le champ de la discussion est donc
encore ouvert. Mussafia, dans son Beitrag,
p. 33, à propos des formes bertonar, sbèr-
tona, etc. des dialectes du nord de l'Italie,
s'occupe de la question soulevée par notre
mot, mais n'arrive pas à la débrouiller com-
plètement. — J'ajouterai que, dans l'ancien
français, bestondu éttât une qualification ii\ju-
rieuse.
BRETAGHS, prov. bertresca, it. bertesca, bal-
tesca, BL. bretachiœ, écha&udage de guerre.
Ohgine inconnue; aÙ. bret, planche? D'après
Fôrster(Ztschr. , VI, 1 13). bretèche répond à un
typelat. britisca, et vient de Britto, vfr. Bret.
L'application de ce mot à l'espèce de tour ap-
pelée bretèche serait fondée sur une raison
analogue à celle qui a donné le nom à la sar-
rasine (it. saracinesca). — D. le t. de blason
bretessé.
BRETELLE, sangle ou courroie pour sup-
porter un fardeau, soutien de pantalon, filet
pour prendre les chiens de mer; d'après Diez,
de la même famille que le vfr. bret, lacet, piège
(voy. brayon). Cette étymologie est admis-
sible, car le mot n'est que du xvi« siècle et
parait importé (cp. le comasque bretela, crou-
pière), de sorte que le maintien du t ne fait
pas difficulté (l'anc. fr. eût ùÂt bréelle ou
brayelle). Une autre étymol. pourrait être
établie directement sur le vha. pritil, brit-
til, d'où bride (v. c. m.).
BRETTE, longue épée; de brette, bretonne,
de la Bretf^ne; donc pr. épée de Bretagne;
Diez en rapproche inutilement le nord. br^Uia,
couteau court. — D. bretteiir, brétailler (cp.
ferrailler).
BRETTER, BRETTELER, graver, gratter,
ébaucher; peut-être, dit Littré, du nord.
bredda, couteau court (voy. brette). J'aimerais
tout autant le vha. breton, tailler. — En picard
on trouve le subst. bertègue pour désigner « un
instrument fendu de traces inégales et destiné
à gratter les pierres ou à tailler les murs » .
BREITIL, taillis clôturé de haies, fourré,
it. broglio, bruolo, prov. bruelh; formes fémi-
nines port, brulha, prov. bruelha, vfr. bruelle;
BL. brogilus, broilus, brolius. On croit l'ori-
gine de ce mot celtique ; le cymr. brog signifie
gonfler, idée corrélative de germer, pousser;
mais le suffixe il, observe Diez, accuse une
extraction directe germanique, que la racine,
en allemand, soit originaire ou empruntée;
on trouve, d'ailleurs, beaucoup de noms de
localités allemandes qui la représentent. Nous
pensons, pour notre part, que l'idée de maré-
cage s'attachait primitivement à breiiil ou bro-
gilus (d'abord = pratum palustre) et nous y
voyons de préférence l'ail, brahl, marais (for-
mes variées brogel, brôget), qui vient, par l'in-
termédiaire de brûchl, de bruch, lieu maréca-
geux, ags. brooc, angl. brooh, holl. brœk. —
Voir aussi brouiller.
BREUILLES, entrailles de poisson; même
mot, selon G. Paris (Rom., VI, 133), que vfr.
buille, entrailles, avec un r intercalaire (cp.
vrille, fronde). Quant à buille, bouille, il
représente une forme fém. du lat. botulus,
boudin, boyau, mot signalé par Aulu-Gelle
comme populaire fvoy. Rom., V, 382). —
L'ét. BL. burbalia (intestina majora), indiqué
par Littré, doit être abandonné en ce qui con-
cerne breuilles, mais il se recommande, à
mon avis, pour la forme brouaiUes.
BREUVAGE, voy. boire.
BREVET, dim. de bref, lettre. — D. breve-
ter,
BRiVIÂIRE, voy. bref.
BRIBE, vfr. brimbe, BL. briba, morceau de
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BRI
— 72 —
BRI
pain destiné au mendiant, wall. brib, aumône,
verbes wall. hriber, brimber, mendier, gueu-
ser. La forme picarde est brife, de là le îr.
brifer, manger avec avidité comme un men-
diant, brifaut, glouton. Les Espagnols ont
bribar, gueuser, subst. briba, vie de gueux,
bribon, gueux, vagabond; les Italiens, birba,
gueuserie, et birbone, birbante, gueux = vfr.
briban, briberesse. Grandgagnage, d'après
Diefenbach, met en avant le cjmi. briw,
rompre, briser, et en tire bribe, morceau, et
briber, vivre de bribes ou quêter des bribes.
BBIG, dans de bric et de broc, et bric-à-brac,
reste obscur; il est fait, semble- tril, pour
trancher avec broc et broc. Quant à ce der-
nier, il rappelle Tall. brack, déchet, mauvaise
marchandise.
BRICK, de l'angl. briff (que Ton tient pour
une forme écourtée de briganline),
BRICOLE, engin de guerre pour lancer des
pierres, it. briccola, esp. brigola, BL. bricola;
dér. du vfr. bric, briche, piège, dont l'origine
est incertaine (voy. cependant Fart, brèche).
La machine à lancer a donné le nom au bond
de la pière lancée (d'où bricole comme t. du
jeu de paume et de billard). Mais la valeur
de bricole, comme pièce de harnais ou comme
bretelle, lanière de porteur, se déduit diffici-
lement de bricole, catapulte ; le mot, dans ces
sens, ne serait-il pas plutôt altéré de bride-
col f — D. bricoler; le sens d'engin perce
encore dans le verbe actif bricoler = mani-
gancer, agencer, que l'on rencontre dans
Corneille.
BRIDS, esp., port., prov. bridu, dim. vfr.
brtdel, angl. bridle, it. predclla; du vha. brit-
til, pritil, dér. d'une racine signifiant serrer,
tisser, nouer. Cp. l'art, bretelle, — D. brider,
bridon, débrider»
BRIEF, voy. bref,
BRIPE, d'où brifer, brifatit, voy. bnbe.
BRIGADE, voy. briffue,
BRIGAND, d'abord soldat à pied, apparte-
nant à une troupe ou brigade [BL. bridantes),
puis soldat mal discipliné, enfin pillard, vo-
leur. Cette étym. est trop bien appuyée pour
être admis à passer les autres sous silence. —
D. briff ander, briff andine ; briff antin, de l'it.
briffantiiw, dans le principe navire de pirate ;
briffaniine.
BRIGNOLE, prune tirée de la ville de BH-
ff noies en Provence.
BRIGUE, anc. querelle, puis réunion tu-
multueuse pour faire réussir une entreprise,
manœuvres, intrigues; it. briffa, esp., prov.
brcffa, querelle ; verbes it. briffare, fr. briffuei;
désirer, solliciter vivement, esp. breffar, que-
reller, s'efforcer; subst. it. briffante, intri-
gant, perturbateur, port, briffâo, querelleur,
esp. berffante, port, barffatite, fripon, fr.
BRIGAND, voleur de grand chemin (y. c. m.);
it. briffata, troupe, assemblée, division d'ar-
mée, de là BRIGADE. A tous ces mots se rat-
tache un sens fondamental d'activité inquiète
et de perturbation. Où faut-il en chercher la
racine? Les langues germaniques n'offrent
aucune ressource, et le briga des idiomes
celtiques (élément d'un grand nombre de noms
de ville, puis cymr. briff, cime) ne nous
avance pas non plus. H faut presque déses-
pérer de la trouver. L'opinion de ceux qui
rattachent briffand aux Brigantes, peuple de
la Rhétie, n'est fondée sur rien ; l'it. briffante
est tout simplement le participe présent du
verbe briff are, — Voici, sur le problème qui
nous occupe, en résumé, l'opinion de M, Storm
(Rom., V, 171) : L'it. briffa, source du mot
français signifiant bruit, querelle, indique
goth. brihan, rompre, qui signifiait aussi lut-
ter (cp.' lat. fraffor, bruit, de franffere). Le
sens mod. de briffue répond pour le sens au
norois brek, instance ou intrigue, verbe
breha, tâcher d'obtenir ce à quoi on n'a pas
droit.
BRILLER, it. brillare, esp., prov. brillar;
c'est un dérivé de beryllus (dont l'ail, et le dial.
de Parme ont fait brill). Cette étymologie est
confirmée par la circonstance que la forme
italienne n'est pas Wiffliare, mais brillare.
L'étymologie vibrillare ou vibriculare exige-
rait en italien soit brellare ou briff liare. —
D. brillant, brillanter. Un subst. bril, éclat,
se trouve dès le xiv* siècle.
BRIMBALER, agiter, branler, osciller. On
explique ce verbe tantôt par le verbe picard
brimber, « aller et venir », tantôt comme con
tracté de brinffuebaler = mettre tout en
brinffues (pièces), bouleverser. Voy. Littré.
Ces explications sont peu satisfaisantes; la
seconde est contraire au sens, et quant à
brimber, il signifie gueuser, vagabonder. —
D. subst. verb. brimbale, aussi brinffuebale,
levier qui est au sommet d'une pompe.
— Puisque, sur ce mot populaire brim-
baler, le champ des coiyectures reste ouvert,
j'oserai bien risquer la suivante : Il me
paraît reposer sur une combinaison des deux
radicaux équivalents braiid-ir et bal-ev (voy.
bal). De là : braindebaler, brindebaler, brin-
ffuebaler, brimbaler. Pour an devenu ain, in,
cp. brindille; brinffue p. brinds porte tout à
fait le cachet du procédé populaire (cp. quinte
issu de quinque) et peut d'ailleurs avoir été
influencé par trinffuebaler (d'où trimbaler). —
C'est du verbe que procèdent les subst. brin-
ffuebale et brimàale, cloche, clochette, levier
au sommet d'une pompe.
BRIMBORION, briboHon, d'après Pasquier
(approuvé par Littré), à cause de la termi-
naison et du sens de prières qu'il avait autre-
fois, de breviarium, estropié en briborion,
brimborion. Le peuple aurait étendu le sens
prières de bréviaire à des choses de rien, ba-
gatelles. Cette étymologie est peut-être vraie,
mais ne souritni pour la forme, ni pour le sens;
j'admettrais donc plutôt une dérivation de
bribe, brimbe, avec une terminaison de fan-
taisie. Les brimborio)is, prières, pourraient
bien n'être que des « petits morceaux » réci-
tés par les prêtres. Le mot, d'ailleurs, a tout
l'air d'une création monacale,
BRIN, jet de bois, pousse grêle et allongée,
petite partie d'une chose allongée, prov., esp.
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BRI
73 —
BRO
brin; d'après Diez, de même origine que
bran, bren, déchet. Etjmologie peu plausible.
L'ancien mot brin, dans sa signification de
bruit, cri, orgueil, est rapproché par le même
philologue au nord, brim, grondement des
flots. Les deux valeurs, Tancienne et la mo-
derne, se rattachent-elles à un seul et même
mot? On n'a rien pour se fixer à cet égard. —
D. bnndUleit),
BBDf D'ESTOC, mot façonné, dit-on, sur
l'ail. sprinff'Stock, bâton servant à sauter.
BBniBS, coup que Ton boit à la santé de
qqn., en patois roman bringue, de Fit. brin-
disi. Diez explique le terme italien par l'ail.
brinff dir's, je te la porte ; en Lorraine, brin-
giiéi signifie boire à la santé de quelqu'un.
BBINBILLE, petite branche; d'origine
incertaine. Peut-être un dérivé de brande
(v. c. m.); pour la mutation de m et an, cp.
fr. sangle et L. cinguîum. — Le prov. a
brondelh, rameau, branche.
BRINGUE, dans la loc. en bringues, en
pièces et morceaux, en désordre, est une
déformation de brimbe = bribe (v. c. m.).
BBINGUEBALE » brimbale; voy. brim-
baler.
BRIOCHE, étymologie inconnue. Le P. Tho-
massin appelait à son secours l'hébreu bar,
froment, ou bari, gras ! Je chercherai plutôt
l'origine chez les boulangers français, qui
disent brier la pâte, pour Técraser, lequel
brier est le même mot que broyer. D'ailleurs,
Cotgrave indique un mot brioche avec le sens
d'instrument â broyer le chanvre.
BRIQUE, it. bricco; de l'ags. brice, angl.
brick, fragment ; dans certains patois, brique,
brèche, en vfr. briche, signifie morceau tout
bonnement. L'acception moderne est donc
secondaire. Le dimin. briquet serait-il ainsi
simplement un morceau de métal? D'autres
ont vu dans brique le L. imbrex, -icis, tuile
faîtière. — D. de brique, morceau de terre
cuite : briquet, -ette; briquetier, biiqueter,
1. BRIQUET, morceau de fer ou d'acier,
voy. brique.
2. BRIQUET, petit chien de chasse, variété
de braquet, dim. de braque.
BRIS, subs. verbal de briser,
BRISE, angl. breeze, it. brezza, milan.
brisa, léger vent du nord, esp. brisa, vent du
nord-est; d'origine incertaine. Diez propose
rezza (forme écourtée de arezza, vent doux)
avec un ft prépositif . Orezza, à son tour, est un
dérivé de L. aura, — Peut'^tre, comme pen-
sait déjà Diez, une modification de bise (voy.
Schuchardt, Rom., IV, 256). — Il est à noter
que brise est un mot récent, introduit dans le
Dictionnaire de l'Académie en 1762 seulement.
— Heyse admet une provenance celtique et
cite les adjectifs corn, brysg, gaél. briosg, vif.
BRISÉES, branches rompues, indiquant la
piste d'une bête, de là l'acception « trace » ;
de briser.
BRISER, prov. brisar, brizar, réduire en
morceaux; d'après Diez, du vha. brëstan,
bristan, rompre. Pour l'élision du t, cp.
lisière. Je doute de cette étymologie, et rap-
porte plutôt briser au L. brisa, marc de
raisin, qui se trouve dans Columelle et qui,
d'après Diefenbach, est un mot celtique. Brisa,
d'usage encore en Espagne pour marc de
raisin, est le subst. de brisar, écraser (dial.
angl. brise, brisse, écoss. briz, briss, conte-
rere, gaél. bris, brisd, frangerc). — Un radical
brus est au fond de l'ags. brysan,Bii^\. bruise,
vfr. bruiser, bruser, écraser, concasser ; Diez
le rapporte au vha. brochison, m. s. — D.
subst. verbal *rw; brisant; brisée; dim. bré-
siUer (v. c. m.); vfr. debriser, d'où débris,
BROC, anc. broche, prov. broc, it. brocca,
vase à liquide ; prob. de broche, chose pointue,
à cause de la forme resserrée du goulot ou du
bec ; Diez rapproche les dérivés prov. broisson,
goulot, et pic. brochon, visière du casque.
L'étymologie, proposée par Ferrari, gr.
Tcpô/oMi, cruche à eau, est trop hardie.
BROCANTER vient immédiatement du
subst. brocante, « terme technique des ouvriers,
désignant un ouvrage fait irrégulièrement en
dehors des heures de travail payées par le
patron, un ouvrage qui n'ira pas dans la bou-
tique, mais que l'ouvrier vendra de gré à gré,
pour son propre compte, quand il pourra, en
l'offrant à celui-ci, à celui-là » (Génin, Récréa-
tions philologiques. II, 67). Brocanter, c'est
donc pr. acheter et revendre de la brocante.
Mais d'où vient brocante? En BL. on disait
abrocamentum pour achat de marchandises
neuves en gros, destinées à être revendues en
détail ; abrocator pour entremetteur, courtier,
n est plus que probable que ces mots sont de
la même famille que brocanteur, qui du temps
de Ménage signifiait marchand en gros. Nous
ne pensons pas qu'on puisse voir dans abro-
cator une altération, par l'r euphonique inter-
calaire, de abboccator, pr. =» qui s'abouche
{bucca, it. bocca), et qui signifiait cflectivement
courtier, entremetteur. Il y a évidemment
connexité entre le radical de notre mot et
l'angl. brohe, faire le courtier, broker, cour-
tier. — Le BL. vendere vinum ad brocam,
vendre le vin en détail, fait penser à l'ail.
brock, morceau. Cependant, broca parait
plutôt être = broc, pot.
BROCARD, raillerie. Expression métapho-
rique qui se rattache probablement au verbe
brocher, piquer, broder. — D. brocarder
Calvin : brocarder et médire.
BROCART, voy. broche, Dim. brocatelle,
direct, de l'ital. broccato = fr. brocart,
BROCHE, BL. et it. brocca, prov. et esp.
broca, dial. pic. broque, chose pointue,
aiguillon, etc. (vfr. aussi broc); verbe broche}',
prov. brocar, ital. broccare, piquer, pointer,
donner de l'éperon, broder (de là it. broccato,
fr. brocaJt", brocart, étoffe brochée). Diez avait
pensé d'abord à L. brocchus, brocciis, dent en
saillie (en termes de vénerie, broches signifie
encore les défenses du sanglier), mais il a
abandonné cette étymologie, vu que l'on a
découvert que brocchus ne signifie pas dent
proéminente, mais lèvre courte ou grosse. Ne
pouvant se rallier aux tentatives faites avec L.
veru (verucus, veroc, vroc, broc), ou ail
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BRO
— 74 —
BRO
broch, britck, morceau, fraction, il s'en tient
à brog (irl. et gaél.), alône, si tout-efois ce
vocable n'est pas lui-même tiré du roman. —
D. bt'ochet (v. c. m.), brochette; verbes brocher,
embrocher.
BROCHER, voy. broche, — D. brochure,
petit ouvrage qui n'est que broché.
BROCHET, poisson, dérivé de broche, à
cause de la bouche pointue, cfr. en angl. pike,
qui signifie à la fois lance et brochet, fr.
bequet =r bec et brochet, lanceron, ^eiine bro-
chet, de Ja)ice. — D. brochetofi,
BROCOLI, chou d'Italie, plur. du subst. it.
broccolOy tendron, rejeton, dim. de brocco,
rejeton, branche pointue (forme masc. du fr.
broche),
BRODEQUIN, it. borzacchino, esp. borce-
gui, du flamand brosekin, brosehen iKiliaen),
diminutif de broos, m. s., qui est supposé être
une transposition do byrsa, cuir; cp. flam.
leerse, botte, de leer, cuir. Une et. arabe,
quelque peu obscure, par Dozy, est donnée
dans Littré, suppl.
BRODER, cat. brodar; mot celtique : cymr.
brodio, gaél. brod, bret. brouda, anc. angl.
brode, angl. mod. broid^r, Cp. en ail. sticken,
broder, propr. piquer. Les formes BL.
brosdiis, brustus, wall. brosder, anc. esp.
broslar pour brosdar, se rattachent toutefois
mieux à vha. ga-prorton, broder, ags. brord,
nord, broddr, pointe, qui font supposer un
goth. brusdon. D'autres enfin, séduits sans
doute par la forme esp. bordar, supposent
dans broder une simple transposition de
border. — D. brodeur, -erie,
BROIE, voy. broyer.
BRONCHES, du gr. Iip6-/Y0i, gorge. — D.
bronchique, bronchite.
BRONCHER, du .subst.vfr. bronche*, buisson,
anc. esp. broncha, rameau, it. bronco, tronc.
Pour le rapport logique, cfr. it. cespo, petit
buisson, et cespicare, broncher, ail. strauch
et straucheln. Pour bronche, bronco, Diez
propose vha. bruch, néerl. brok, chose cassée,
tronquée (cfr. le prov. briic, tronçon, et burcar
pour brucar, broncher). — Une autre expli-
cation du verde broncher s'est fait jour ces
dernières années. Dans Tanc. langue, ce verbe
signifiait baisser, pencher, surtout baisser
tristement le visage (dans ce dernier sens,
plus souvent emhro)ichier). C'est à ce mot
français, et non pas à l'it. bronco, tronc, qu'il
faut, d'après Fôrster, rapporter le sens
« mettre le pied à faux •• Le professeur de
Bonn ne fait que poser cette opinion dans son
Glossaire du Chevalier as deus espées, sans la
motiver et sans rien nous dire sur l'origine de
broncher, baisser (Diez admettait par coiyec-
ture, pour vfr. embronchier, un type lat.
im-pronicare, de promis). Je ne sais si je dois
me rallier à l'opinion de Fôrster; d'une part,
le passage de l'idée de tronc, souche, à celle de
chopper, broncher, est confirmé par les
termes analogues cités plus haut et auxquels
j'agouterai chopper, de vfr. chope, tronc,
souche, choquer de vfr. choque^ bloc. D'autre
part, la transition logique de pencher à chan-
celer se présente encore dans L. nutare,
chanceler (de' nuere, inusité, qui doit avoir
signifié baisser la tête:), et, circonstance acces-
soire, le vfr. tronche, primitif immédiat de
notre mod. broncher, n'est pas constaté. —
Dans Baud. de Condé, 1, 6, j'ai noté bronchier
avec le sens de « hésiter » (signification né-
gligée par Godefroy); cela nous rappelle ail.
stocken, m. s., de stock, tronc, souche.
BRONZE, it. bronzo, esp. bronce, d après
Muratori, approuvé par Diez, de bruno, brun,
par l'intermédiaire du dérivé brunizzo, irré-
gulièrement accentué brûnizo et contracté en
bronzo. Dozy y voit le persan bourindj ou
biri}ufj, cuivre, airain de montagne. L'ags.
bras, angl. brass, bronze, doit être mis hors
de cause.
BROSSE, broce* (wall. branche), BL. brus-
tia, vfr. broisse, angl. brush, prem. sign.
menu bois, broutilles (cette acception s'est
conservée dans le verbe brosser, brousser, en
langage do chasse = courre à travers des
bois éjmis), esp. broza, déchet des arbres,
puis brosse, prov. brus, bruyère. Du vha.
burst, brusta, quelque chose de hérissé, ail.
mod. borste, soie, c.-à-d. poil roide d'un ani-
mal, et bUrste, brosse. De brosse =*» menu
bois, branche, rameau, vient' broussaille, cp.
en latin virgultum, ronces, de virga, verge.
La forme du primitif burst perce encore dans
rebours, à contre-poil, BL. rebursus, d'où
rebourser, transposé en rebrousser. — D.
brosser.
BROU, enveloppe verte de la noix, vfr.
broust, BL. brustum ; de la même famille que
brosse, à cause des piquants du brou f
BROUÉE, subst. participial d'une origine
obscure. Le pic. en a tiré brouache, pluie
fine, le dial. de Berry brouasser, faire de la
pluie fine. Il parait être de la même famille
que brouillard, son synonyme (voy. brouiller)
et appartenir au radical brodh, vapeur.
BROUÂILLES, intestins de poisson, voy.
breuilles.
BROUET, it. brodetto, formes diminutives
de it. brodo, broda, esp. brodio, bodrio, prov.
bro, vfr. breu, BL. brodum, brodium; le vha.
brod, ags. brod, angl. broth, gaél. brot, ont
tous la même signification : jus, sauce,
bouillon.
BROUETTE, p. birouetie, wall. benoeUe,
Berry berouette, charrette à deux roues, du
L. bis -f- rota. Il est vrai, la brouette actuelle
n'a plus qu'une roue, mais elle en avait deux
d'abord, et Grandgagnage a tort de voir dans
brouette (vfr. barouete) un diminutif du vfr.
barot, rouchi barou, qui signifie tombereau,
et qu'il rattache à la famille germanique bae-
ren, porter. Barot répond à BL. birotum
(bis-rota). L'it. a aussi baroccio, biroccio,
charrette; c'est de là que nous tenons la
birouchette. — D. broi^etter.
BROUILLAMINI, voy. brouiller,
BROUILLARD, voy. brouiller.
BROUILLER, mettre en désordre, mêler,
confondre, troubler. Nous pensons qu'il faut
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BRU
— 75 —
BRU
séparer ce verbe du raot prov. h^alhar, bruel-
har, bourgeonner, surgir, pousser, qtii est
un dérivé du subst. bruelh, bruoil, bois, bran-
chage, fr. breuil (v. c. m.), bien que le terme
s'embrouiller s'expliquerait assez facilement
par s'engager dans un taillis, un fourré.
Brouiller (comme l'it. brogliare, nous semble
représenter l'allemand brudeln ou brodeln^
jeter des vapeurs, bouillonner, remuer,
brouiller (on dit p. ex. loeine brudeln, mêler
des vins;. Cette origine explique également le
subst. brouillard, vfr. brouillas, propr.
vapeur. Pour la conformité littérale entre
brouiller, it. brogliare et ail. brudeln, nous
rappelons it. briglia (bride), de l'ail, bridel,
fr. haillon, de l'ail, hadel, et, avec doute,
aussi souiller, de l'ail, sudeln. La racine de
brudeln est l'ags. brodh, vapeur, alL. 6rod<îm,
m. s. — Dérivés, outre brouillard : brouille,
brouillon, -erie, embrouiller, débrouiller;
brouillamini, terme burlesque formé avec
une terminaison latine du 2* plur. de l'indicat.
prés, du passif (comme pour dire : vous êtes
brouillés), et que l'on a fait sérieusement
venir de boli armenii, parce que l'on appelle
brouillamini une sorte d'emplâtre pour les
chevaux, préparé avec le bol d'Arménie,
Cependant, Littré, au suppl., consigne un
passage de 1664, qui parait confirmer cette
étymologie.
BROUIR. vfr. bruir, brûler; on le rattache
à mha. bruejen (nha. bruhen),néer\.broeijen,
échauder, rôtir; la forme occitanienne braouzi
a« prov. brauzir (qui se rapporte à brouir,
comme auzir à ouïr, jauzir é. jouir) fait sup-
poser l'existence d'un vha. brodjan ou braud-
jan, source de ce brau2ir. — D. brouissure.
BROUSSAILLES, voj. brosse.
BROUSSm, excroissance de quelques
arbres,^ dimin. de broust (voy. brout).
BROUT, broust\ brosV, pousse, jet d'arbre,
de l'ags. brustian, bourgeonner (bret. broust,
buisson), ou du vha. proz, bourgeon (ail.
mod. bross). — D. brouter, prov. brostar,
manger les pousses; broutilles. — Il y a
quelque air de famille entre brost, b^'oust et
le thème borst, d'où brosse (v. pi. h.).
BROTSR se rattache au goth. brikan,
rompre, comme ployer à L. plicare, noyer à
necare, vfr. noier à negare ; une forme socon-
daire est brier, écraser la pâte; cp. plier
= ployer, etc. A rapprochei; encore prov.
briga, miette, es-brigar, émietter. — D.
broie, instrument pour broyer.
BROTON, variété de brayon (v. c. m.).
BRU, brut*, broit*, brut*, femme du fils;
mot germanique : goth. bruths, vha. brut (aiy .
braiû), néerl. bruid, ags. bryd, angl. brids,
fiancée ou jeune mariée. C'est le seul terme
de parenté d'origine germanique qui se ren-
contre dans les langues romanes.
BRUANT» aussi bréant, nom vulgaire de
l'embérize citrinelle. Sur la base d'une forme
fictive ail. embering «a ûmmering, Bugge
(Rom., IV, 351) établit la succession suivante,
phonétiquement correcte, mais purement fac-
tice : emberenc, eberenc, berenc, berant.
breant, bruant. Pour le moment, ce n'est là
qu'un tour de force par trop à la Ménage.
BRUCELLES, sorte de petites pinces; du
verbe brucf, pincer, mot du patois limousin
d'origine inconnue.
BRUCOLAQUE. mot employé par Victor
Hugo, dans les Travailleurs de la Mer avec
le sens de vampire, spectre (?). Sans doute le
même mot que l'anc. slave vlukodlaku, rou-
main varcolac, bulgare vruholak, gr. mod.
y99ul/olxx«, i^oQw.6X%*xp ; il signifie primitive-
ment : homo lupi spociem habens ; russe vol-
kulak = incantator qui in lupum vel ursum
se mutare potest. — Voy. Gaster, Ztschr. ,
IV, 585.
BRUGNON, it. bi'ugna, port, brunlho, dé-
rivé d'une forme prugna, de prunea {prunus,
prunier). Ane. on disait brignon (i p. u
comme dans bignet ou beignet p. bugnet;
billet p. bullet, etc.).
BRUINE, prov. bruina. Diez et Grandga-
gnage, l'un pour des raisons grammaticales,
l'autre pour des raisons logiques, rejettent
l'étymologie L. pruina, gelée blanche. La
racine de bruine est peut-être le celt. bru,
pluie. L'anc. fr. broïne, pic. brouaine, wall.
brouhène, etc. , toutefois, rendent l'étymologie
brodh, vapeur (d'où brouée, brouas* et brouil-
lard) assez plausible ; lô subst. bruine vien-
drait directement du verbe bruîr, faire du
brouillard (mot champenois), en t. de métier,
imbiber de vapeur. — D. bruiner.
BRUIRE, it. bruire, prov. brugir, bmzir;
subst. bruit, it. bruito, prov. bruit, bruida.
Du lat. rugire, renforcé d'un b euplionique
(voy. braire) — D. bruissement.
BRUIT, voy. bruire. — D. ébruiter.
A
BRULER, brusler*, directement d'une forme
brustulare, it. brustolare. Deperustus, part,
du verbe laiïn perure^'e, s'est produit le fréq.
perustare, syncopé en prustare, de là brus-
tare, et par un procédé fréquent, it. brus-
ciare, bruciare, prov. bruzar, pour brussar.
De brustare s'est tirée, ultérieurement, la forme
diminutive brustolare (correspondant à un
type l&tmperustulare, cfr. le simple ustolare,
anc. esp. uslar, prov. usclar, vfr. urler,
walaque usturà); de là brustlar, brusler,
brûler. — La genèse de brûler est autrement
présentée par Storm(Rom., V, 173» ; il part
du composé comburere; le participe de ce
dernier, combustus, aurait, sous l'influence
de bustum, perdu le com, d'où se serait pro-
duit bustulare (cp. lat. ustulare) et, par
l'épenthôse (fréquente) d'un r après b initial,
brustulare, brustolare, fr. brusler, brûler. —
Avec ce procédé, je ne vois pas pourquoi l'on
ne partirait pas tout aussi bien de burere,
bustus (subst. bustum), que Corssen rapporte
à sanscrit prus.
BRUME, brouillard, du L. bnima, hiver.
— D. brumeux; -aire, -al; embrumé.
BRUN, du vha. brun (ail. mod. braun). —
D. brunâtre, brunet, brune ; crépuscule du
soir ; brunir, rendre brun (angl. par transpo-
sition burnxsh)\ etnbtunir, rembrunir, —
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BUG
— 76
BUG
Brunir, rendre brillant, polir (d*oû Tall. bru-
nieren), anc. bumir, angl. bumish, se rat-
tache directement à la racine bem, bum, ex-
primant brûler et briller, sans l'intermédiaire
de brun, nom de couleur, bien que celui-ci
procède au fond de la même racine.
BRUNIR, voj. brun.
BRUSG, it. brusco, du L. ruscum, fragon
épineux, renforcé d'un b initial (voy. bruire,
et braire).
BRUSQUE, vif, qui s'emporte, it. brusco,
aigre, colère, esp., port, brusco m. s. ; d'après
Diez, du vha. bruttisc^ sombre, fâché. L'éty-
mologie du celt. brise, prompt, impétueux,
ne s'accorde pas avec la lettre, mais bien avec
le sens. Si l'idée foncière est la rudesse, la
grossièreté, et non pas la vivacité, la promp-
titude, on peut admettre connexité entre notre
brusque et brusc, bruyère. — D'après Bugge
(Rom., III, 351), le mot fr. brusque, vient de
l'it. brusco, aigre, âpre. La notion originaire
est prob. la rudesse (on disait au xvi' siècle
« diamant brusque ») — Le mot serait-il iden-
tique avec lat. bruscum (tuber aceris arboris
intorte crispum, Pline, H. N., XVI, 16, 27)î
Pour la connexité des idées, cp. ail. hnolle,
nœud dans le bois et homme rude, rustre. »
— Quant au lat . ^i^cum ,selon Baist(Zeitschr .,
V, 137), c'est le même que L. ruscum, d'où
fr. brusc, et angl. rusk, biscote; l'idée fon-
cière serait : raboteux, rude, crépu. — D.
brusquer, brusquerie.
BRUT, du L. brutus, lourd, stupide. — Cet
adjectif formant une épithète habituelle de
bête, brute est devenu synonyme de bête, et a
déterminé le sens de brutal et brutalité. —
D. abrutir, rendre brute; débrutir, dégros-
sir, polir.
BRUTÉRE, cat. bruguera, milanais bru-
ghiera, BL. bruarium, bruera; d'un primitif
brug, qui se trouve dans le prov. truc (nomin
brus), vient, d'après Diez, du cymr. bru)g,
forêt, buisson, breton bnïg = bniyôre (en
suisse brùcli), — Selon Schuchardt (Ztschr. ,
IV, 148), le primitif de bruyère savoir
prov. bru, catal. bruch, milan. brUg, est le
correspondant roman de l'anc. irois froech
(auj. fraoch), cymr. grug. Le breton brùg
paraît influencé par la forme romanisée.
Quant à brxog., forêt, allégué par Diez, il n'est
pas de la famille.
BUANDIER, voy. buée.
BUBALE, du L. bubalus, qui a aussi donné
buffle.
BUBE, bouton, ampoule, voy. l'art, suiv.
BUBON, it. bubbone, esp. bubon, du gr.
^6»y€wv. tumeur à laine. De cette forme bubon
on a dégagé un primitif esp. buba, bua, fr.
bube.
BUGAIL, blé sarrasin, autre forme de bou-
quette (v. c. m.).
BUCCAL, L. buccalis (de bucca, bouche).
BUCHE, vfr. buisse, baisse, it. busca, du
BL, busca, forme fém. de buscus, boscus,
voy. bois. — D. bûclier (verbe et subst.);
bûchette, bûcheron (cp. vigneron de vigne).
BUCOLIQUE, gr. powolMi, pastoral.
BUDGET, voy. bciige. — D. budgétaire.
BUEE, lessive, bourg, bute, it. bucato, esp.,
prov. bugada, angl. buck; verbes buer', angl.
Imck, néerl. buhen, lessiver. Ces mots sont
radicalement identiques avec l'ail, bauchen,
lessiver, mais n'en sont pas dérivés. Ferrari
les fait très convenablement venir de Fit.
bucare, filtrer, dér. de buca, trou, la lessive
étant tamisée à travers un linge percé de
petits trous (cfr. l'esp. colada, lessive, de colar,
couler). Wedgwood rattache l'angl. buck au
gaél. bog, tendre, mou, bret. bouh m. s., et
rappelle fr. mouiller de mollis et ail. einwei-
chen, laisser tremper, de loeich, mou.
BUFFET. Ce vocable est généralement rangé
dans la famille bouffer (voy. ce mot) et les
acceptions « coup sur la joue, soufflet » (ce sens
s'est perdu) et « partie du casque qui couvre
les joues » ne font à cet égard aucune difficulté.
Mais le rapport entre notre mot daus l'accep-
tion usuelle, et l'idée d'enflement n'est pas
aussi évident. Voici l'explication bien problé-
matique de Burguy : « Le buffet était, dans
le principe, une sorte de table placée près de
la porte, à laquelle on admettait les pèlerins,
ménétriers, etc. qui réclamaient l'hospitalité.
Les gens de cette espèce étant doués d'un
bon appétit, tout ce qui venait du dois ou
grande table (voy. dais) passait et disparais-
sait à l'endroit qu'on nommait bufet par oppo-
sition au dois, c.-à-d. que bufet fut d'abord
le lieu à se bouffir, le lieu bouffi, et de là peu
à peu les significations actuelles. » Tant
qu'on n'aura pas de preuves historiques pour
soutenir cette étymologie, nous pi^férerons
l'opinion de Ménage, qui dérive buffet de
buffare, les premiers buffets « étant d'une
figure courte et grosse, ou, pour mieux dire,
d'une figure enflée » . On serait tenté de croire
que buffet est une corniption de buvette; ou
du moins que le sens actuel s'est produit sous
l'influencÎB de ce mot. Du Gange prend en effet
le BL. bufetagium, bufetaria, impôt, accise
sur la boisson, pour équivalent de fr buvc-
toge, buveterie, et y rattache le mot buffet.
Mais très anciennement bufffet s'employait
(comme esp. bufete encore maintenant) pour
un bureau à écrire. Nous tenons l'opinion de
Ménage pour d'autant plus juste, que buffet
semble s'appliquer en premier lieu à un petit
. meuble superposé à un autre, qu'il a l'air de
renfler. Diez ne se prononce pas.Mahn voit dans
buff^et une table de parade, qui sert à bnffer,
ce buffer ou bouffer étant pris dans le sens
de s'enfler, être orgueilleux ; cp. bnffoi*, faste,
orgueil. A mon avis, tous les sons prêtés suc-
cessivement à biiffel : seuil d'une porte (cp.
ail. schu^'Ile de schweïhn, enfler), meuble
d'étalage, table servant à divers usages, ar-
moire, découlent do l'idée première : « chose
renflée ou chose creuse ♦>.
BUFFLE, du L. hufdlus, forme postérieure
à bubalus. — D. bufflctin, buffleterie.
BUGLE, vfr. bougie, instrument de musique.
En anglais, &ie^/<; signifie 1. une espèce de
bœuf sauvage, 2. un cor de chasse, p. bugle-
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BUS
77
BUT
?u>rn, corne de bugle. Cest le L. bucuîus,
bouvillon, lequel a aussi donné beitgler,
BUIRE, primitif de burette, vase à liquide.
D'origine incertaine; peut-être du même mot
ail. bùr, bauer, maison, cage, d*où viennent
Tfr. buron, buinm, maisonnette, panier.
Grandgagnagc t re ùuret e du wall. beùre,
boire; cette étymologie ne convient assuré-
ment pas pour biiire,
BUIS, it. bosso, esp. box, port, biixo, prov.
bois, angl 6007, ail. buçhs, du L. buxus. — D.
it. buscione, prov. boisson, fr. buisson (v. c.
m.); it. bossolo, boite en buis, esp. brùxula
(pour l'insertion de r, cfr. brostia, boîte, p.
bostta), fr. boussole.
BUISSON, voy. buis. En rattachant buisson
au primitif buis, nous reproduisons Tavis de
Diez, fondé sur la forme prov. boisson, qui
serait bosœn, selon ce philologue, si le pri-
mitif était bois ou bosco, bosc (voy. bois). Nous
penchons néanmoins pour l'étymologie bois, à
eause do la signification et de la forme ita-
lienne. Le prov a du reste aussi boyssada,
forêt, bois, <= it. boscata, et certainement on
ne rattachera pas ce dérivé au primitif bois,
buis, mais bien à bosc, bois. En outre, nous
rappelons la forme \fr, buisse, p. bûche, —
D. buissonneux, -ier. "
BULBE, en L. bulbus (gr. ^oXîôi). — D.
bulbeux.
BULLE, du L. buUa, d'où également boule
(v. c. m.). L'acception sceau provient de ce
que le sceau était renfermé dans une boule de
métal ; celle de sceau a, à son tour, déterminé
celle de bref, lettre patente — D. bullet',
billet; buUette*, certificat, diplôme, enfin it.
buUettino, = fr. bulletin.
1. BURE, grosse étofie de laine, BL. bura;
on rattache ce mot au vfr. bure*, buire*,
rouge brun, qui répond à un type adjectival
burins, formé du L. burnis (grec -nuppô-),
lequel parait être identique avec birrus, man-
teau de grosse laine contre la pluie. — D.
burat, buratin; bureau (v. c. m.).
2. BURE, puits d'une mine, en wallon beur,
probablement de l'ail, bohren, trouer, percer.
BUREAU, burel, 1. grosse étofie de laine,
2. tapis de table, 3. table couverte d'un tapis,
senant à écrire, etc., 4. chambre de travail
des employés aux écritures, etc. On voit, le sens
s'élargit de plus en plus. C'est le dimin. de
bure, étoffe de laine. — D. buraliste; bureau-
a-ate (néologisme).
BURETTE, dimin. de buire{y. c. m.).
BUR6RAVE; de l'ail, burg-graf, comte du
château.
BURIN, it. borino, esp., port, buril; du
vha. bora, foret, borôn, percer. — D. buriner.
BURLESQUE, de l'it. burlesco, dérivé de
bitrla, farce, tiré lui-même du L. burra, farce,
niaiserie (burra, burrula, burla),
BUSARB, voy. buse.
BUSG, busqué', du BL. buscus, busca,
bois ; les buses étaient d'abord des lames de
bois. — Littré s'avance un peu trop en iden-
tifiant busqué avec buste -= corps de jupe. —
D. busquer, busquière.
1. BUSE, tuyau, cavité, vfr. buise. néerl.
buis ; c'est le même mot que it. Imso, bugio,
vide, d'où bugia, mensonge (pr. chose creuse),
mais d'où vient-il? L'étymologie BL. butta,
buttis = /Sevrt;, vase, ne satisfait ni pour le
sens, ni pour la forme.
2. BUSE, BUSON, oiseau, it. busxa, du
L. buteo, espèce de faucon. — D. busard, ail.
busshart (et même par interprétation popu-
laire busS'Oar), angl. buzjsard, néerl. bui-
jsert, prov. buzac, it. bozzago.
BUSSARB, anc. mesure de capacité, dérivé
de busse", BL. buza =. botte, tonneau, bar-
rique.
1. BUSTE, t. de commerce, boite pour
conserver le raisin de Damas, du BL. busta,
coffre, caisse (primitif de bustellus, fr bois-
seau) ; or, busta est formé de buxida, pixgda
(voy. botte).
2. BUSTE, it. esp. busto, prov. btist, par-
tie supérieure du corps ; c'est le même mot
que le mot précédent, qui a pris le sens de
tronc du corps ; cp. BL. arca, it. casso (cap-
sus), angl. chest, ail. brust-kasten, etc., qui
tous offrent la même assimilation d'idée. —
Le mot buste est d'un emploi assez récent ;
l'ancien terme était bue, bu, qui s'accommode
très bien, pour l'étymologie, du vha. pûh,
bûh (mha. bûch, nha. bauch), ventre et car-
casse (c'est aussi le primitif du prov. bue,
ruche). A côté de bu, lanc. langue et le prov.
présentent, pour tronc du corps, aussi bruc
(brut n'est qu'une variété orthograpliique),
que Diez explique par vha. bnth, nha. bruch,
fragment, et qui pourrait bien n'être, car on
trouve aussi brusc, que le même mot que le
prov. brusc, ruche, rouche (voy. ruche). L'ail.
brust doit, pour tous ces mots, être laissé en
dehors. Gachet est d'avis que le vfr. bus, bue,
bu, rouchi biisch = buste, tronc humain, le
wallon et prov. bue, BL. buca, busca, tronc
d'arbre, sont des mots identiques, procédant
tous de boscus, buscus, bois. Busca se serait
modifié en busta, arbor ramis truncata, de
là le fr. buste. Pour le changement de c en t,
Gachet cite vfr. miw^ioa?, jarret, wall. niustai,
rouclii muiiau, qui viennent de musculus,
» soris de jambe » (Gloss. lat.-rom. de Lille).
La forme^ intermédiaire a dû être musquiau,
muquiau. Cette manière de voir présente di-
verses difficultés.
BUT, variété de bout (v. c. m.), pr. chose
en relief, proéminente, puis particulièrement
le point de mire du tireur, ce à quoi l'on vise,
la fin de la carrière, extrémité. La forme fé-
minine du mot est butte, petit tertre, massif
de terre où l'on place le but pour tirer. — Le
verbe buter est de double nature : dans sa si-
gnification de heurter, pousser, appuyer, il
est une variété de bouter et le primitif de
but, butte, chose repoussée ; d'autre part, si-
gnifiant frapper au but, il est un dérivé de
but. Voir aussi début et rebuter.
BUTER, voy. but. — D. biUoir.
BUTIN, it. bottino, esp. bolin, dér. du nord.
bi^ti, angl. booty, mha. bùten, ail. beiUe,
même sign. — D. butiiier.
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CÂB
— 78 -
CAB
BUTOR, oiseau de proie, do L. bos-taurttê,
selon Belon, Nicot, etc. ; d'après Ménage, de
buffi'taurus, pour muffUctunis, Les formes
wall. puttair, flam. putoor, v. angl. bitUmr,
biUire (cp. BL. hitorius), angl. mod. bittern
(q). aussi esp, bitor, roi des cailles) démon-
trent la vanité de cesétymologies. Le mot
reste à éclaircir.
BUTTE, voy. bxU. — D. butter (pour l'ac-
ception chopper, faire un faux pas, tôt. des
métonymies analogues dans lart. broncher)^
buttée.
BUVABLE, -arrf, -ce, -ette^-eur, -otter, tous
dérivés de boire, par un radical biw pour bev
(lat. bib). Ce changement de i ou e ou u n'est
propre qu'à la langue moderne et s'est proba-
blement opéré sous l'influence du participe bu.
BTSSUS, mot latin, tiré du gr. ^(mot.
ÇA, contraction familière de cela.
ÇÀ, adverbe de lieu, prov. sa, sai, contrac-
tion de la formule latine ecce hac, comme ci
vient de ecce hic. — Les formes it. qtia, esp.
acà, port, cà, viennent du L. eccuhac. —
Composé : deçà.
CABALE, it., esp., port, cabota, interpréta-
tion mystique du Vieux Testament ; de là les
acceptions modernes : pratiques ou machina-
tions secrètes, etc.; de l'hébreu kabalah, tra-
dition, science occulte. L'opinion qui rattache
l'origine de cabale aux lettres initiales des
cinq ministres {Cliflford, Ashley, Buckingham,
Arlington et Lauderdale) composant en 1670
le cabinet du roi Charles II d'Angleterre, est
erronée, malgré le crédit que lui ont donné
de graves historiens. L'emploi du mot cabale
est antérieur à 1670; il figure déjà dans le
dictionnaire de Monet (1636). — D. cabaler,
intriguer; cabaliser; cabaliste, savant dans la
cabale des Juifs.
CABAN, d'un mot bas-latin capamis dérivé
de capa ou cappa, voy. chapeau. A caban
correspond Tit. gabbano, sarrau, balandran,
esp. caban. D'autres rapportent le mot à l'arabe
aban, capote avec des manches et un capuchon ;
le mot arabe a pour initiale un ain, lettre
gutturale permutant facilement avec c ou ^.
CABANE, it. capanna, esp. cabana, prov.
cabana; du BL. capanna, maisonnette de
chaume, mot mentionné par Isidore, et qui
parait identique avec le cymr. caban, même
sign., dimin. de cab. Les étymologies cop^re,
contenir, et cappa, manteau (qui se rencontre
en V. esp. et en milanais avec le sens de ca-
bane) sont fautives, le suffixe anna étant
étraxiger aux langues romanes. Ménage dé-
rive le mot de xxtk^, étable, coche (il faut
lire neatkvri), — D. cabanon, cabaner. — Une
modification de cabane est l'angl. cabin, fr.
cabine (Palsgrave donne un masc. cabain),
d'où le dim. cabinet.
1 . CABARET, l'origine de ce mot est encore
à trouver ; Ménage le dérive de xAini, lieu où
l'on mange, crèche (de xAirrccv, manger à gou-
lée); de là se seraient produits successive-
ment caparis, caparetum, cabaret. Du même
xÂTrrctv vient, en effet» xàmiUi, marchand de
vivres, puis petit marchand et tavemier. —
Frisch voit dans cabaret une corruption de
caponerette, et le rapporte au L. caupona.
auberge, taverne ; Heyse. à son tour, l'expli-
que par cabaneret (de cabane).
2. CABABET, plante ; d'après Ch. Etienne,
p. bacaret, du L. bacchar ou beccar, nard
sauvage ; d après Saumaise, gâté de combre-
tum ou cobretum, espèce de jonc.
CABAS, CABACHE', esp. capa^o, capacho,
port, cabai, accuse un type latin cabaceus,
que Ménage rapporte à un mot grec hypo-
thétique xàîxxoi qui viendrait de r.àv, verbe
inusité, auquel il prête le sens de capere,
contenir. Mieux vaut ranger le mot sous le
primitif cappa, dont il sera question sous cape,
ou sous la racine cap de capere. — M. Defre-
mery (Retue crit., 18 déc. 1868) indique
l'arabe gafas, cage, panier. — D. cabasset,
espèce de petit casque ; cabasser, empocher,
filouter (angl. cabbage, ni. cabassen).
CABESTAN, de l'angl. capstan, capsterti ;.
celui-ci de l'esp. cabrestante, cabestrante (ra-
cine : capra, clièvre). On sait que, dans beau-
coup de langues la chèvre et le bouc ont
prêté leur nom à des machines servant à sou-
lever des fardeaux. Cabrestante veut dire
chèvre debout. Les Néerlandais ont gâté le mot
en kaapstander et les Allemands en hopfstân-
der. — Mahn, à tort, préfère pour primitif
l'esp. cabestrar, mettre un licou (de capestro,
fr. checétre).
CABILLAUD, CABLIAU, du néerl. habel-
jaauw ; quant à celui-ci, on le fait venir par
transposition de lettres de bacalaiba, nom
basque de la morue, qui a donné l'esp. bacor
lao, fr. bacaliau, et le bas-ail. bakheljau
(Venise : bacalâ).
CABINE, CABINET, it. gabinetto, esp. ga-
binete, voy. cabane,
CABLE, CHABLE, it. cappio (cordon,
nœud), esp., port, cable; du BL. capulum
(Isidore : capulum, funis). Le grec du moyen
âge présente y^&nUov, le néerl. kabel. La pro-
venance du mot est incertaine. On a proposé
tour à tour le grec nà/itUçt corde, l'hébreu
chabal et l'arabe habl, qui signifient la même
chose, mais ces suppositions sont dépourvues
de fondement. (Les mots d'origine arabe sont
postérieurs à Isidore.) Qui oserait affirmer
que capulum n'appartient pas au fond latin?
— Pour un autre mot cable*, chaable*, voy.
l'art, accabler. — D. cùbUau ou cdblot, câbler;
aussi chableau, chabler.
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CAC
79
CAD
OABOCHE, mot burlesque pour désigner la
tête ; de l'it. capocchia, employé encore pour
la tète d'un clou, d'une épingle, ainsi que pour
le gros bout d'un bâton (primitif capo, tête
= L. caput), — D. cabochon, terme de
joaillerie.
CABOTER, naviguer de cap en cap (esp.
cabo). Telle est l'explication courante de ce
terme maritime, mais elle n'est pas soute-
nable. — J'ai lu (Nederlandsche Specfator,
1875, n® 27), dans le récit fait par M. Félix
Bovet d'une renconti'e avec un Américain,
descendant de Jean et Sébastien Cabot,
grands navigateurs du xvi*' siècle, que
celui-ci prétendait qu'une tradition de fa-
mille attribuait à ces navigateurs l'origine
du terme maritime caboter. A l'appui de
cette attribution, je remarquerai que ni l'it.,
ni l'esp. n'ont formé de capo, cabo un verbe
analogue. — D. cabotage, -ier,
CABOTIN, comédien ambulant; non pas
de caboter, mais d'après un célèbre opéra-
teur charlatan de la seconde moitié du xvii«
siècle, appelé Cabotin. (Voy. Littré, suppl.)
CABRER (SB), du L. caper, gén. capri,
bouc, dont le propre est de se cabrer.
CABRI, vfr. cabriV, du L. capriUus, forme
secondaire de capreolus, chevreuil.
CABRIOLER, pr. sauter comme une jeune
chèvre, du L. capreola, chèvre sauvage. —
D. cabriole, cabriolet, voiture sautillante.
CABUS, dans chou-cabus et laitue-cabusse,
de rit. cappxiccio, petite tête. Cp. ail. happes,
angl. cahbage; flam. cabuyskooîe fKiliaen).
L'orthographe cabxd engageait Ménage à
faire venir le mot français d'un participe
fictif capxUixs, pourvu d'une tête.
CACABE, du L. cacare,
CACAO, mot américain : mexicain haha-
huatl. L'arbre est nommé en esp. cacagual.
CACATOIS, 1. nom d'oiseau; 2. nom de
mât (cp. perroquet) ; au fond, une onomato-
pée du cri de l'oiseau, mais tiré directe-
ment du malais hahatoua,
CACHALOT. Le nom de ce mammifère cé-
tacé, qui se retrouve aussi en anglais, repro-
duit directement l'esp. cachalote. Or, celui-ci,
à l'avis de Tobler (Ztschr., IV, 376), n'a
rien à faire, comme on a prétendu, ni avec
qutjcil « dent », ni bxecqxiijar, « mâchoire »,
étant l'augmentatif de cachuelo, qui se dit
d'une espèce de poisson de rivière, mais
qui dans le principe, comme cachorro, a la
valeur de jeune chien. Cacko, le primitif,
signifie de même en esp. à la fois jeune
garçon et une espèce de barbeau ; en port.
cachorra signifie à la fois chienne et cacha-
lot. L'original est donc, selon les règles, le
lat. catulus. L'irrégularité cachalote p. ca-
cholote, c'est-ârdire a p. o, en syllabe atone,
n'est pas rare en espagnol.
CACHEMIRE, tissu ; de Kaschmir, capitale
d'une province du même nom dans le royaume
de Lahore.
GACHER, ce verbe répond â un type latin
coacticare, tiré régulièrement du participe L.
coactus, serré, resserré, enfermé. Pour coa
contracté en ca, cfr. cailler, de coagulare.
Le part coactus est aussi l'original de l'it.
qitatto, tapi, caché. — D. cache; cachette,
cachot; verbes dimin. cacheter (anc. celer,
puis rendre invisible le contenu d'une lettre
au moyen du cachet) et cachotter. — Le sens
foncier de comprimer s'est conservé dans éca-
cher (v. c. m.).
CACHET, subst, verbal de cacheter (comme
projet de projeter), car je pense que le verbe
a préexisté.
CACHETER, voy. cacher. — D. cachet;
composé décacheter.
CACHEXIE, gr. nx/^t^la, mauvaise disposi-
tion (xaxo;, mauvais + ïç»»f état).
CACHOT, dim. do cache (voy. cacher).
CACHOTTER, dim. de cacher.^ D. cachot
terie.
CACHOU, de l'indien catechu
CACOCHTHE, gr. y. xo/u/tto;, qui a de mau-
vaises humeurs. — D. cacochymie.
CAC06RAPHIE, teriiio grammatical formé,
d'après l'analogie de op'^oypx^iet, au moyen de
nanôi, mauvais, et de //sâvïtv, écrire.
CAC0L06IE, terme technique formé de
xaf/.eî 4" lôfo^, mauvaise expression ou façon
de parler.
CACOPHONIE, gr. xocxo^&iv^a, dissonance,
litt. mauvais son.
CACTUS, gr. /àxTo;. — D. cactier, cactée.
CADASTRE, it. esp. catastro, du BL. capi-
tastrum, pr. liste de l'impôt capital, dérivé
decopM*, tête (cfr. en esp. cabezon, rôle des
impositions, de cabesa, tête). Grégoire de
Tours employait capitularium au même sens
que capitastrum,
CADAVRE, L. cadaver (rac. cadere, tomber).
— D. cadavéreux, L. caàaverosus.
CADEAU, anc. cadel; on appelait ainsi
anciennement les traits « enchaînés » ou
entrelacés dont les maîtres calligraphes en-
tourent ou ornent leurs modèles d'écriture
(de là l'ancien terme : écriture cadelée) ; puis,
par extension, petit divertissement, partie de
fête; enfin, petites choses inutiles, accessoires,
de pure fantaisie, données en présent. Du L.
catelhis, dim. de catena, chaîne. — Cette éty-
mologie traditionnelle a été renversée depuis
que Brachet (Doublets français, suppl., p. 17)
a posé pour cadeau, dans son premier sens,
celle de L. capitellum; cp. p. la forme ca-
dastre de capitastrum, et pour le sens, l'ex-
pression « lettre capitale » . — Cette expli-
cation a eu du succès, et elle le mérite au
point do vue du sens et de la lettre ; mais la
transition du sens lettre capitale, cadelée, â
celui de fête, partie de plaisir, telle qu'on la
représente dans les dictionnaires et qui m'a
toigours semblé quelque peu factice, n'en est
pas rendue plus plausible. En tout cas, je m y
rallie franchement, en considérant que si ca-
deau est réellement du orù français, le L.
catellus ne serait pas devenu cadel, mais caiel
ou chayel. — Rônsch, en ce qui concerne
l'acception *« don, présent », la rapporte
aux chaînettes (catelli) d'or dont (selon Tite-
Live, XXXIV, 31, 18) on récompensait les
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CAF
80 —
GÂH
soldats romains. Mais encore une fois, cadel^^
cateUus heurte trop les lois de formation
françaises.
CADENAS, de l'it. catenaccio, dérivé de car
teiia, chaîne. Anciennement, le cadenas avait
une petite cliaine au lieu de ce que nous nom-
mons aujourd'hui l'anse ou l'anneau du cade-
nas. — D. cadencusser.
CADENCE, it. cadenza, du BL. cadentia,
subst. dérivé de cadcre, tomber; cadence est
donc pr. la manière dont le ton musical s'élève
ou s* abaisse, puis la mesure qui règle les
mouvements. Ce terme cadence est savant,
car la transformation véritable de cadentia
est cheance ', chance (v. c. m.). — D. cadencer.
CADÉNE, de cadma, forme provençale et
espagnole du L. catena\ chaîne. — D. code-
nette. J'apprends, cej>endant, par le Dict. de
Littré, que Isicadenette tire son nom d'Honoré
d'Albret, seigneur de Cadenet, qui affection-
nait particulièrement les cheveux en cade-
nette.
CADENETTE, voy. lart. préc.
CADET, fém. cadette ^ it. cadetto, angl. ca-
det, du L. capitettum (cp cadastre de capi-
tastiiim), diminutif barbare de caput. Le
cadet est donc envisagé comme la « jeune
tête », - le petit chef » de la famille, relative-
ment à laine, qui en est la tête, le chef pro-
prement dit. — Le tvpe fictif capitettum est,
dit P. Meyer fRom. "lll, 316), une hypothèse
superflue ; cacict, mot entré dans le français
au XVI® siècle, est le béarnais ou gascon cap-
det, qui, selon une particularité phonétique
de ce dialecte, répond au prov. capdel (chef)
= lat. capitellum.
CADMIE, L. cadmia {*acfitlix),
CADRE, it. qitadrOf du L. quadrum, carré.
— D. encadrer. A la même famille appar-
tiennent :
Cadrer, L. quadrare.
Cadran, L. quadrans; les cadrans solairçs
sont carrés.
Cadrât, L. quadratus; dim. cad^'atin,
Cadrature, L. qttadratura.
Tous ces termes sont savants ou nouveaux ;
pour la langue vulgaire, le radical quadr est
devenu carr, en vertu de l'assimilation habi-
tuelle. En voici les rejetons :
Carré «= L. quadratus ; carrer == qua-
drare; carrière = BL. quadraria, lieu où
l'on extrait les pierres ; équerre, équarrir,
etc. (voy. ces mots).
CADUC, L caducus (de cadere, tomber). —
D. caducité, L. caducitas,
CADUCÉE, L. caduceus (qui représente le
gr. xïj/5wx«Iov, bâton de héraut).
CAFARD, anc. cafar, hypocrite, bigot ; on
a proposé esp. port, cafre, rude, cruel, de
l'arabe kûfir, infidèle, perfide, ingrat. Cafard
disignerait proprement un infidèle qui se
fait dune autre religion, sans bonne foi, sans
conviction. Littré, à cause de l'orthographe
anc. caphard, préfère l'étymologie de Du-
cange, savoir caphardum, sorte de vêtement
mentionné au xiv« siècle dans des statuts
d'université ; mais Ducange ne dit rien de plus
ni sur l'origine de ce mot, ni sur le rapport
des idées. D'après Bovet, le mot se rattache
à la secte des cathares (xxOap^j), le 0 étant
rendu par f conmie dans Féodor p. Théodore.
Voy. Littré, suppl. En somme, l'étym. du mot
reste incertaine.
CAFÉ, esp. café, it. caffe, angl. coffee, ail.
ka/f'ee; de l'arabe qahvah, turc kahiceh, vin,
puis boisson de baies cuites; d'autres, avec
peu de probabilité, tirent café de kaffa, nom
d'une contrée d'Afrique, pays originaire du
café. — D. caféier ou cafier; cafetier, -ère.
CAGE, angl. ca^e, it. ffobbia, esp. gavia,
du L. cavea; pour la consonnification de eout
devant une voyelle, cp. abréger de abreviare,
singe de simia, pigeon de pipio, congé de
commeatus, linge de lineum, etc. — D. cagée,
eyicager,
CA6NARD, fainéant, paresseux, de cogne*
(se dit encore pour mauvais chien), it. cagne,
chienne (L. canis). Autrefois le subst. cagnard
se disait aussi pour chenil. — D. cagnarder,
•ise, s*acagnarder, — Le même primitif co^ne,
chienne, puis aussi terme d'injure, a donné
cagneux (la plupart des chiens sont cagneux,
dit Ménage), cagnot, chien de mer, et acagner
(patois berrichon), combler d'iiyures.
CAGNE, CAGNEUX, voy. l'art, préc.
CAGOT ; l'acception d'hypocrite attachée à ce
mot ne remonte pas au delà du xvi® siècle.
Quant à l'origine du mot, on le croit identique
avec le nom d'une caste ou d'une race disper-
sée dans le Béarn et les contrées avoisinant«s.
Une bande de Goths et d'Arabes, dit-on, qui
s'étaient réfugiés en Guienne, obtinrent de la
part de Charles Martel et de ses successeurs
appui et protection; mais les indigènes les
traitèrent d'Ariens et de lépreux et les frap-
pèrent du surnom de cagots, c.-à-d. canes
gothi. L'étymologie n'a rien à opposer, observe
Diez, à cette ancienne explication du mot
cagot, qui peut fort bien être composé du
prov. câ, chien, et de Goth; on aura fait dé-
vier le sens primitif de cagot, savoir : « infi-
dèle »' , en celui d'hypocrite, homme qui, contre
sa conscience, suit les pratiques de la religion
catholique (cp. pi. h. une étymologie anidogue
attribuée à cafard). — Frisch décompose le
mot en prov. cap, tête, et ail. Gott, Dieu;
capgot, cagot, serait un juron, « par la têt«
de Dieu « , que les hypocrites aiment particu-
lièrement à prononcer pour dissimuler leur
mauvaise foi. — Des études nouvelles sur les
cagots (voy. V. de Rochas, Les Parias de
France et d'Espagne. Paris, 1876) indiquent,
cx>mme origine du mot, le breton cacodd
u lépreux ** . La signification moderne a pu
s'être produite sous l'influence de bigot,
CAGOUILLE, 1. nom patois du colimaçon,
2. volute ornant le haut de l'éperon d'un vais-
seau. — Cp. pour le thème cag le prov. mod.
cacalan, escargot, bitarrois cagarol.
CAHIER, anc. cayer, pic. coya*, x*ouchi
quoyer, en angl. quair, puis quire. Du L.
quaternum (cp. hi'cer de hibemum, enfer de
infernum), liasse de quatre feuillets. Cette
étymologie est assurée par l'emploi fréquent
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CAI
— 81
CAL
du mot qwjUemum ou quatemio (« chartse
compactœ »>) dans le latin du moyen âge, et
les formes prov. catem, quadem. Un ano-
nyme français, faisant la critique du diction-
naire de Diez (Atkenceutn français, 1853),
prétend avec autorité que coAter vient de qua-
temio Ce critique est peu initié aux procédés
mécaniques de la romanisation ; quatemio n'a
jamais pu faire cahier, mais bien cargnon
ou chargnon (on trouve en effet U forme
charreignon). — Uétym. L. codicarium, con-
damnée par ta phonétique, doit être aban-
donnée. — Voy. aussi carnet et casemet.
GAHIN-OAHA, du L. qua hinc qua hac
(Ménage).
Cahoter, étymologie inconnue. Ménage
indique une forme cadutare, faire des chutes
V. c. m.), comme ayant pu donner naissance
à ce mot (il allègue à Tappui le nom propre
Cahors, de Ckidurcum), Nous y voyons de
préférence une onomatopée, ou bien, vu la
forme wallonne kihoter (Ai, préfixe, — fr. co,
cott), le radical ail. ?iot, marquant secousse,
balancement (cp. ail. katze, berceau). —
Bugge admet pour type une forme romane
quatottare, fréquent, de quaiere. Cahoter se
serait produit comme baisoter, grignoter,
trembloter, etc. J'approuve, en théorie et pho-
nétiquement, cette étymologie; mais je la
tiens pour suspecte tant qu'on ne produira
pas à l'appui d'autres verbes en oter ne décou-
lant pas d'un autre verbe français préexistant.
Je m'en tiendrai donc au wallon kihoter, dont
Bugge ne fait pas même mention. — Subst.
verbal cahot,
GAHUTI!, anc. cahutte, cahuette, dan. ka-
hyt, suéd. hajuyta, kaota, kota (holl. kajuit,
cabine d'un navire). La forme actuelle cahute
parait être une contraction de cahuette; le
primitif serait alors calme, BL. cahua, et
répondrait à l'ail, kaiœ, réduit, ni. houio.
L'anc. fr. et certains patois emploient cahuet
p. capuchon ; cela fournit un nouvel exemple
de ce rapport idéologique entre les mots ex-
primant maison et habillement, que nous
avons relevé dans caban, chasuble et casaque,
CÂIEÏÏ, bulbe, oignon; étymologie incon-
nue,
CAILLS, it. quaglia, prov. calha, angl.
quail, du BL. quaquila, qualia, v. ilam.
quakele. Papias : « Quaquila, gentts avis,
vulgo cotumix, a vocis sono, n Cfr. l'ail, qua-
hen, coasser. — D. caillette, femme babillarde
(angl. collet), cailleteau, cailleter,
CAILLER, vfr. coailler, it. quagliare, ca-
gliare, esp. cuajar, port. coaJhar, du L. coa-
gulare. Ce primitif latin a été une seconde
fois introduit dans la' langue par les savants
sous la forme de coaguler, — D. caillotte;
caillot, Cps. caillebotte^ de caille -|- b(^te,
faisceau, monceau (voy. bot),
CAILLOU, rouchi caliau, pic. cailleu, prov.
calhau, Grandgagnage propose comme source
de caillou le néerl. kai, kei, ou le cymr. cal-
lestr, bret. calastr, même signif. Diez ratta-
che caillou & cailler: caillou» pierre caillée;
il se fonde, en faisant cette coi\jecture quelque
peu hardie, sur une origine tout à fait ana
logue de l'allemand Aie^c/, qui signifie à la fois
caillou et grêlon. L'explication la plus naturelle
est, à mon avis, la succession de formes : L.
calculus, calcolus, callocus, fr. caillou, cail-
leu, ou celle-ci : calculus, caculus (la sup-
pression de l radical me semble très admissi-
ble), caclus : d'où cJuiil, cail, caille (formes
en usage dans les patois), puis au moyen des
suffixes ol, ou, eul, ot, les diverses formes
caillot, -ou, -eul, ot. (C'est cette dernière ma-
nière de voir que Diez avait adoptée en der-
nier lieu.) — D. caillouter, caillouteuœ (ces
dérivations par / sont modernes).
caïman, du caraïbe acayouman,cTocodl\e,
CAIQUE, espèce de vaisseau de mer ; mot
turc.
CAISSE, it. cassa, esp. caœa, prov. caissa,
angl. cash; du L. capsa (xàfa), coffre. — D.
cassette, caisson, caissier, encaisser, — Le
latin capsa se trouve encore dans la langue
française sous la forme de casse (t«rme d'im-
!)rimerie), d'où casseau, et sous celle de châsse
voy. c. m.).
CAJOLER, anc. c\x9Xii&v{** cageoller comme
un gay «, dit Paré); le sens semble donc être
« enchanter, gagner par de douces paroles » .
N'était le sens premier de chanter, l'étymol.
cageole « petite cage ( = L. caveola ; cp.
geôle), conviendrait assez bien ; cajoler serait,
comme etijôler (v. c. m.), finir par attraper
l'oiseau et le mettre en cage. Mais la première
signification du mot oblige à chercher ailleurs.
A Namur, on dit cajoler dans le sens d'eiyoli-
ver ; or, en présence du préfixe ca assez fré-
quent dans les dialectes wallons et dont le sens
parait être itératif, on est autorisé à s'adresser,
avec Grandgagnage, au thème Joi de joli, qui
signifie, en premier lieu, gai.
CAJTTTfi, autre forme de cahute, tirée di-
rectement du ni. hajuit.
CAL, du L. callus; on dit aussi en fr. calus.
— D. calleux, L. callosus.
CALADE, t. de manège, de l'it. calata, des-
cente ; celui-ci du verbe calare, baisser ; voy.
cale,
CALAIS, sorte de panier, d'un type cala-
tium (cp. palais depalatium), dérivé de cala-
thus, xàXoL^oç (en grand usage dans le bas
latin); voy. Bugge, Rom., IV, 352.
CALAMENT, gr. x»XafAh^ (Utt. beUe
menthe).
CALAMINE, vfr. chalemine, BL. calamina,
paraît être altéré du L. cadmia (xai/aéa), m.
s., dont le terme ail. galmey se rapproche
davantage.
CALAMISTRER, L. calamistrare, de cala-
mister, fer à friser (dér. de calamus),
1. CALAMITE, gomme-résine, qu'on re-
cueille dans des tiges de roseau; du L. cala-
mus, roseau.
2. CALAMITE, aimant, it., esp., port, cala-
mita, prov., catal. caramida; soit de calamus,
chaume, soit de %xlaLfilnii, grenouille verte.
Diez, observant que l'ancien fr. n'appliquait
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CAL
CAL
guère la dérivation par ita A des noms de
choses, opte pour .le dernier. « Avant l'inven-
tion de la boussole, on mettait cette pierre
dans un bassin d'eau, suspendue entre deux
fétus, où elle nageait comme une grenouille. »
(Le père Fournier.)
CALAMITÉ, L. calamiias. — D. calami-
teux, L. calamitosus.
1. CALANDRE, alouette huppée, ail. ^a^n-
der; vfr. caradril et caladril; on avait pro-
posé, les uns galarita, nom latin de loiseau,
les autres caliendrum, bonnet, huppe. Diez,
se fondant sur une forme secondaire esp. cala-
dre, préfère le gr. xapaô/oio;, pluvier, d'autant
plus que les vieux glossaires latins-allemands
traduisent caradrius par alouette. Je trouve
cependant dans les dictionnaires aussi la forme
nklxvZpoi comme nom d'alouette.
2. CALANDRE, charançon, angl. calender,
ail. kalander, glander, ni Mander; du BL.
caladrius, calendra; prob. étymologique-
ment identique avec le nom de l'oiseau.
3. CALANDRE, machine à tabiser les étoffes,
esp. calandria^ angl. calander; du L. cy/in-
df^s {}tùiivSpoij\ la bonne ortliographe serait
colendre, qui est la formation régulière de
q/lindrus, — D. ccUandrer.
CALANQUE ou carangiie, petite baie, it.
calanca; dérivé de cale 2.
CALCAIRE, L. calcarius (de calœ, chaux).
CALCINER, BL. calcinare (calx), transfor-
mer en chaux.
CALCUL, 1. pierre (en médecine), L. caicu-
lus (dimin. de calœ), d'où calculeux; —
2. subst. verbal de calculer, L. calculare.
1 . CALE, plan incliné, fond de navire, châ-
timent usité en mer; se rattache au verbe
caler, baisser, enfoncer, it. calare, esp. calar,
BL. calare, qui est le L. chalare, lâcher,
faire descendre, suspendre (gr. x«>âv), d'où
calade, calaison.
2. CALE, abri entre deux pointes de ro-
chers, petite baie. Du gaél. cala, baie, port,
ou de calare, cala*, descendre (dans le port).
3. CALE, morceau de bois, de pierre, etc.,
placé sous un objet pour l'assujettir et lui
donner de l'assiette. L'ail, heil (vha. chail),
coin, satisferait au sens et à la lettre (cp.
gale* de geil). Diez, cependant, rapporte le
mot à caler (voy. cale Ij, au sens d'enfoncer.
CALEBASSE, courge, gourde, de l'esp.
calabaza (cat. carabassa), qui lui-même vient
peut-être de l'arabe que7'àaà, outre (plur.
qeràbai). — D. calebassier.
CALÂCHE, it. calesso, esp. calesa, angl.
calash; c'est le bohème kolesa, dim. koleska
(polonais kolasa, -aska), dér. de kolo, roue.
CALEÇON, de l'it. calzone, dérivé de calzo
(voy. chausse),
CALÉFACTEUR, -FACTION, L. calefactor,
tio (de calefacere, chauffer).
CALÉIDOSCOPE, mot nouveau, fait par
l'inventeur (Brewster à Edimbourg, 1817)
avec les éléments grecs suivants : xa2â «t^ij =
de belles images, et vMnia», je vois, je con-
temple.
CALEMBOUR, étymologie inconnue. Phil.
Chasles indique l'abbé de Calemberg, person-
nage plaisant de contes allemands (d'autres
disent conteur burlesque lui-même). Autre
histoire : un souverain de Nancy avait A sa
cour un certain comte de KcUembourg ; cet
Allemand parlait si mal le français qu'il fai-
sait à chaque instant des équivoques par le
double sens des expressions dont il se servait
à tort et à travers. De là « expression à la
Kalembourg » et Kalembourg tout court.
Citons encore l'explication de Boiste : de l'it.
calamc^o, encrier, et burlare, railler, et celle-
ci : xaiïj (belle) -f- bourde, — Mot de la même
façon : calembredaine, bourde, absurdité, en
picard bredaine tout court, à Genève calent-
bourdaine. Darmesteter (p. 114) décompose
ce mot en calem Qa particule péjorative cali
nasalisée devant la labiale) 4- berdaine ou
bourdaine (de bourde). Calembourdaine,
selon lui, donne l'étym. de calembour, qui se
trouve être la forme masculine de calembre-
daine; en effet, ajoute-t-il, aux environs de
Chateaudun calembour se dit au sens de
calembredaine, — Voyez aussi Littré, suppl.
CALEMBREDAINE, voy. l'art, préc.
CALENDES, L. calendœ. — D. calendrier,
anc. calendier = L. calendarium, it., esp.
calendario.
CALENDRIER, voy. calendes.
CALEPIN ; ce mot a pour origine le diction-
naire polyglotte composé, vers la fin du
XV* siècle, par Ambroise Calepin; ce gros
dictionnaire était considéré comme un volume
indispensable, et le nom de son auteur a fini
par désigner un livret portatif servant à in-
scrire des notes.
CALER, 1 . baisser, 2. assujettir au moyen
d'une cale, voy cale 1 et 3.
CALFATER, de l'it. calafatare, calefatare,
esp. calafatear^ grec vulgaire xaiaf acraîv. Ces
verbes viennent de l'arabe qallef - ferrumi-
nare ». On disait autrefois aussi calfatrer,
d'où, sous l'influence de feutre peut-être, s'est
produite celle de calfeutrer. L'allemand dit
calfaterai. — D. calfat, subst. verbal.
CALFEUTRER, voy. l'art, précédent.
CALIBRE, it. esp , port., ca/î6ro, v. esp.
calibo, capacité ou diamètre d'un tube ; moule
à briques, etc.; d'après Herbelot, de l'arabe
kalib, modèle, moule. Le dictionnaire arabe
de Freytag donne qâlab, modèle, et qalib, fon-
taine. Mahn conjecture inutilement une éty-
mologie ; qua librat (de quel poids?), en se
fondant sur l'ancienne orthographe qualibre
(R. Etienne et Cotgrave). — D. calibrer.
\ . CALICE, du L. ccUiœ, -icis, vase à boire.
2. CALICE, t. de botanique du L. calyx
(xA)uÇ).
CALICOT, de la ville de Calicut (Inde an-
glaise), d'où cette étoffe fut d'abord importée.
CALIFOURCHON, anc. calfourchon, cafour-
chon; le premier élément cali représente,
d'après Darmesteter (Mots composés, p. 1 12) la
particule péjorative cal, cali, ca. — A cali-
fourchon dirait donc pr. « mal enfourché ».
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CAL
83 —
GAM
CALIN. Ce mot moderne, auquel Littré
attribue les deux sens « dépourvu d'activité
et d'intelligence » et « cajoleur », a un histo-
rique trop maigre pour oser établir une
étymologie définitive. Trévoux l'interprète par
paysan, fainéant, gueux ; cela concorde assez
bien avec le wall. ccUiriy coquin (dans Grand-
gagnage ; Forir ne l'a pas accueilli). En atten-
dant des renseignements plus sûrs, je main-
tiens l'étym. catellus\ petit chien ou petit
chat, d'où cflrftf/f Mt«*, caelin, câlin. — Brink-
mann (Metaphem, p. 227) n'hésite pas à voir
dans câlin une transformation euphonique de
canin (cp. wallon faim câline) ; c'est donc un
dérivé de canis, chien, par application méta-
phorique d'une des qualités caractéristiques
de cet animal. Cette explication mérite toute
attention. — D. câliner, câl inerte,
GALLSUX, L. calJosus. — D. callosité.
CALUGRAPHE, -lE, -IQIJE, composés des
mots grecs xàXXoçy beauté, et yf^à'^tiv, écrire.
GALMANDE, aussi calamandre, sorte
d'étoffe, esp. calamaco, anglais calamqnco,
ni. hcUmink. D'origine inconnue ; vu le grec
mod. xayttfXscû/tov, OU a pensé à une origine
analogue à celle de camelot.
CALMAR, étui à plumes, du L. calama-
riitm {caJamus). Rabelais a dit galemar.
CALME, it., esp., port, calma, pr. absence
de vent. En esp. et en prov. calma, signifie
aussi la partie de la journée où le soleil est
le plus ardent, ce qui donne lieu à voir dans
calma une transformation du BL. cauma,
ardeur du soleil, qui est le grec xaûfix, cha-
leur. Le changement de au en al est rare ; on
peut citer l'it. aldire, du L. audire, aldaçe,
du L. audax, palmento p. paumento, du L.
pœotmentum, et le cat. galta p. ganta, joue.
Dans notre cas, il peut avoir été produit par
une influence du mot calor. La partie du jour
où le soleil est le plus chaud entraine l'idée de
cessation de travail, de repos, de tranquillité;
aussi le mot chômer, p. chommer, chaumer,
n'est-il, à l'avis de Diez, qu'une modification
de calmer. En provençal et autres dialectes,
chaume signifie encore aigourd'hui le temps
de repos des troupeaux. — D'autres ont proposé
le grec fixlxxêi (d'où /ascAscx/x, L. malacia,
calme de la mer), modifié par transposition
en xxXafiôi. — D. calme, &dj., et calmei',
verbe.
CALOMNIE, L. calumnia; verbe calom-
nier, -ateur, L. calumniari, -ator; calom-
nieux, L. calumniosus. Le vieux fr. disait
correctement caZon^e, chalenge, p. calomnie,
mais avec le sens de reproche, défi (cp. angl.
challenge).
CALORIQUE, CALORIFERE, CALORIME-
TRE, termes formés du L. calor, chaleur.
CALOTTE, 1. sorte de coiffure, vfr. calette;
2, ûg. un coup sur la tête, BL. calota C'est
un diminutif de l'anc. cale, nom d'une coif-
lîire de femme, dont nous ne connaissons pas
la provenance. Le L. calautica, coiffure de
femme descendant sur l'épaule, pourrait à la
rigueur, par l'apocope du sufiSxe ica, avoir
donné calatUe, calote, mais il faut piurtir de
cale. — D. caîotin, terme de mépris en par-
lant des prêtres (porteurs de calottes) ; calot-
ter. — Dans ma Lexicographie latine, p. 135,
j'ai signalé la glose : reticulum (réseau) calle.
CALQUER, it. calcare, angl. chalk, càlh,
du BL. calcare, vestigium alicujus premere,
insequi (rac. calx, talon, au fig. trace). Cette
étymologie, cependant, reste encore à véri-
fier. On y oppose une autre, tout aussi accep-
table ; celle de L. calx, chaux, de manière
que le premier sens de calquer serait trans-
porter un dessin sur de la chaux fraîche, puis
le reporter de là sur le papier [décalquer).
CALUMET ou chalumetest, comme chalu-
meau, un dimin. du L. calamus, roseau.
CALUS, voy. cal.
CALVAIRE, L. calvarium, traduction du
mot sémitique golgotha, qui signifie « lieu
du crâne (L. calvaria) » et qui est le nom de
la montagne où Jésus fut crucifié.
CALVITIE (mot savant), L. calmties (de cal-
vus, chauve).
CAMAÏEU, voy. camée.
CAMAIL, it. camaglio, prov. capmalh;
c'est pr. la partie de la cotte de mailles
ipialha) qui couvre la tête (cap).
CAMARADE, it. camerata, esp. camarada,
ail. kamerad, angl. comrad, compagnon de
chambre (L. caméra). La fonne de ce mot
accuse le passage du sens collectif chambrée
en sens individuel ; cp. en ail. frauensimmer,
litt. chambre des femmes, puis l'ensemble des
femmes habitant une chambre, enfin dame,
femme; cp. aussi l'ail, bursch, d'abord =
contuberniimi, puis «. contubernalis, compa-
gnon, enfin le piém. mascarade, réunion de
masques, puis personne masquée.
CAMARQiLA, diminutif de l'esp. camara,
chambre.
CAMARB, dér. de camus (v. c. m.).
CAMBISTE, de l'it. cambio, change.
CAMBOUIS, selon Raynouard, du prov.
camois, boue, souillure.
CAMÎBRER, arquer légèrement, du L. ca-
merare, voûter (de caméra, xxfi&px, voûte).
CAMBUSE, néerl. habuys, angl. caboose,
ail. habuse; prob. comme cabaret, un dérivé
du radical cab, d'où cabane, cabine. Le sens
général de hutte s'est spécialisé en celui de
cajute, cabine, et de nouveau en celui de cui-
sine ou dépense de vaisseau. Kiliaen : hom-
buys, promptuarium navis.
CAMÉE, camaïeu, it. cammeo, cameo,
esp. camafeo. Mots d'origine obscure. On
trouve dai|s le latin du moyen âge les formes
suivantes : camahutus = sardonyx, camaho-
tus, camahelus, camasil, camaeus, camaynus,
camayx; en fr. camaheu, camahieu, cama-
hier, camayeu. On s'est épuisé en conjectures,
dont nous ne relèverons que les principales,
puisque aucune ne présente un cachet de pro-
babilité. Mahn, qui les a toutes soumises à sa
critique éclairée, présente la solution suivante
de ce problème étymologique : Camma ou
cama est au moyen âge le représentant du
I mot classique gemma (vfr. game, vha.
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CAM
— 84 —
CAM
kimma); de là camœus, it. cameo, fr. ca-
mée. Quant à la foime camahotus (d'où les
mots fr. camaheUf puis camayeu, camaïeu^
se sont aussi régulièrement produits que tosu
de votum, neveu de nepotem), il y voit une
altération de camceiis altus (altus =* vfr.
hault, prov. aut). Le camaïeu exprimerait
donc étymologiquement une « gemme en haut
i-elief » . Diez objecte que l'initiale ç changée
en c, ainsi que la dérivation par ceus, sont
contraires au génie roman ; camaheii lui parait
plutôt avoir donné naissance au BL. cama'
hotus qu'en être issu. Il propose, très dubi-
tativement, un mot roman commatulum
Sdimin. de gr. *6fifi9, ciselure, empreinte),
l'où camaïeu se serait produit comme vieux
de vetithts ; pour ca substitué à co, il allègue
calessa, calandre, canapé, p. colessa, colan-
dre, ccrnopé. — Littré enfin, négligeant l'exa-
men de la terminaison des mots français, part
dti gr. /à/*vttv, travailler, d'où le bas-grec
xflt/AaTov, travail, œuvre, xa/A«îo», atelier, etc.
Cette étymologie me sourit assez : cama-
tum, œuvre d'art ou pierre travaillée, peut
donner camé, le fém. camata, camée; du
dimin. camatelhim, d'autre part, peuvent
s'être produits caméeJ^ cameiel, camaïeu, etc. ,
car j'admets avec Diez que les formes bas-
latines ne font que reproduire les diverses
formes françaises. L'esp. camafeoe&t fondé sur
camaheu (/" p. ^, comme d'ordinaire).
CAMÉIJJON, du gr. x:ryui3t(}.«(uv (litt. lion ter-
restre).
CAlfELLiÂ, du P. Camelli, qui a introduit
la plante en Kurope.
CAMELOT, angl. camiet, étoffe grossière
en poil de chameau, du L. camelus; de là
aussi, en terme de relieur et d'imprimeur,
camelote, ouvrage mal fait, sans valeur. —
D'après un article du Journal officiel du
12 mai 1874, de l'arabe seilel kernel, qui est
le nom de la chèvre angora (Littré, suppl.).
CAMELOTS, voy. camelot.
CAMÉRIER, L. camerarius, officier de la
chambre (caméra); caméristb, it. camerista,
dame de chambre; camerlingue, it. camer-
lingo, vient de YdM.kammerling, formé de
kammer, chambre; voy. chambellan.
CAMION, 1. chariot; 2. épingle; etc. Ety-
mologie inconnue. — D. camionner.
C A MISA DE, it. incamiciata, esp. owami-
sada, attaque faite de nuit, l'armure couverte
d'une chemise, L. camisia. — De là aussi le
nom des Camisards,
CAMISOLE, de l'it. camiciuola, dér. de
camicia = fr. chemise.
CAMOMILLE, anc. aussi camamille, ail.
hamille, du L. chamcemelum[Aac/i9Llfi^Xov, litt.
humile malum). On trouve cependant déjà
camomilla chez Plinius Valerianus, médecin
du iv« siècle.
CAMOUFLET, d'après l'opinion reçue, du
L. calamo ftatus, soufflé avec un chalumeau.
On trouve, en effet, à l'appui de cette explica-
tion, la forme chaumouflet. L'expression
chaud mouflet = grand soufflet, que l'on
trouve dans un mystère du xv* siècle, pourrait
bien netre qu'une interprétation arbitraire
du mot. Grandgagnage est d'avis que le mot
est tiré par transposition de l'équivalent wal-
lon cafouma, qu'il fait dériver d'un verbe
cafoumer, noircir de fumée.
CAMP, L. campus. Ce vocable latin a pris
au moyen âge l'acception de castra, c.-à-d de
terrain occupé par une armée. Nous prenons
occasion de traiter en une fois les principaux
mots français de la famille latine campus. Ce
primitif s'est francisé et conservé sous deux
formes. 1. champ. 2. camp. A l'acception
classique de campus se rapportent, outre
champ, les mots suivants :
CAMPAGNE, étendue de pays plat et décou-
vert, paysage, BL. campania (conmie nom
propre Champagne).
CHAMPÊTRE, L. campestHs.
CHAMPIGNON, agaricus campestris, it. cam-
pignuolo.
CHAMPART, du BL. campi paTS et campars.
portion de champ.
A la signification « lieu ou théâtre d'une
action militaire » , signification particulière à
la forme camp, se rapportent :
CAMPAGNE, aans ses diverses acceptions mi-
litaires.
CAMPER, d'où décamper, lever le camp.
CHAMPION, voy. ce mot.
CAMPAGNE, voy. camp. — D. campagnard;
campagnol, rat des champs.
CA]^ANE,de l'it. ,esp. ,cat. , prov. campana,
cloche (quelques dialectes français ont aussi
le mot campana pour cloche, p. e. Limousin
campano^ Berry campaine). Le nom de cam-
pana donné à la cloche provient, dit-on, de
ce que les cloches d'église ont été introduites
en premier lieu dans la Campagne romaine.
— D'autres, comme Littré, se fondant sur ce
que la première mention de campana est dans
Isidore avec le sens de plateau de balance
(avec la note que la campane est un genre de
balance inventé en Campanie), pensent que le
sens de cloche est déduit de celui de plateau
creux. — D. campanile ou -tUe, clocher; cam-
panule, plante à fleurs en forme de clochettes.
CAMPÊCHE, de la baie de ce nom au
Mexique.
CAMPER, voy. camp. — D. campements
GAMPHRÎB, BL. camphora, formé de
l'arabe kafor, avec insertion de n ou m ; it.
canfora, cafora, esp. canfora et alcanfor. —
D. camphrer, camphrier.
CAMPOS, mot latin, tiré de la locution
campos habere, litt. avoir les champs, fig.
avoir congé. Les champs sont ici mis en oppo-
sition avec les quatre murs de l'école ; cp. la
locution « prendre la clef des champs h, se
rendre libre.
1 . CAMUS, qui a le nez court et plat, prov.
camus (fém. 'Usa), it. camuso, oamoscio;
d'origine fort problématique; les langues
romanes n'ont pas do suffixe us qui puisse
autoriser à dériver camus du cymr. cam,
courbé, tortu. — Le latin présente le mot
cdmurus avec le sens de recourbé ; mais la
transformation de r en « est non seulement
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CAN
— 85
CAN
un phénomène <^uï ne se présente que tard en
français, et qui est inconnu en it. et en
proY., mais la différence de Taccent s'y oppose
également. — D'autres ont pensé à chamois,
it. camosdo, esp. camiuia, le chamois étant
camus. — Diez, à cause de l'it. camoscto, se
prononce pour le vfr. camoissié^ contusionné,
meurtri. — D'après Brinkmann (Metaphern,
p. 263), le mot roman camuso est composé
de canis + muso (cp. cagol) et signifie donc
pr. « qui a un museau de chien ». — En
somme, l'étymologie reste encore à fixer. En
attendant, j'avancerai une modeste coi\jechire :
si camums fait difficulté, il n'en serait pas de
même pour camusus ou camusius; or, cette
forme peut être supposée avoir existé dans la
langue mstiquc, d'après l'analogie de asena,
osa, hausio, qnaeso, etc., formes concur-
rentes de arena, ara, haurio, qiuero, etc. —
Pour la forme camard, il faut admettre une
modification arbitraire de la terminaison iis
en ard,
2. CAMUS; embarrassé, confus, prov.
camus, pamus, niais, sot. Peut-être est^ le
même mot que le précédent, dans un sens
figuré ; cp. le sens figuré qu'ont pris les mots
aplati, écrasé ; ou bien serait-ce un mot venu
du nord et composé du préfixe ca (voy. cajoler)
et du radical m%is de muser (avoir la bouche
béante)?
GANAILLS, it. caiiaglia, esp. canalla, du
L. canis, chien, donc propr. race de chien.
Anciennement on disait chienaille. — D. enca-
nailler,
CANAL. L. canalis (rad. canna); le même
vocable latin a donné aussi chenal et chcneau.
L'anglais a trois formes diverses se rattachant
au L. canalis, savoir channel, hennel et canal,
— D. canaliser.
CANAMELLE, du BL. cannamella, canne à
miel, c.-à-d. à sucre.
CANAPÉ, it. canopè, angl. canopy, du L.
cotwpeum (xuvuffiîov), rideau destiné à ga-
rantir des cousins ; ce mot désignait d abord
un lit de repos pourvu d'un rideau de ce
genre ; cfr. le mot bureau, qui signifie d'abord
une étoffe, puis une table garnie de cette
étoffe.
GANAPSA, du ni. hnapzak, ail. knappsack,
petit sac à provisions (de knappen, manger,
grignoter).
CANARD, dérivé de cane. — D. canarder,
faire feu d'un lieu où l'on est à couvert,
d après la manière dont on tire le canard au
marais.
CANARI, serin des lies Canaries.
CANASSS, CANASTRE, caisse, boite, esp.
canasto, canastro, du gr. xàva»T|99v, L. cani-
strum, corbeille.
CANCAN, pr. bavardage, est, semble-t-il,
le subst. verbal de cancaner, et celui-ci tiré,
par onomatopée, du cri du canard, comme le
synonyme caqueter de celui de la poule ; l'éty-
mologie tirée du L. quamquam, à cause do
la querelle des écoles sur la prononciation de
ce mot, est de pure fantaisie. Certainement, le
mot peut s'être formé ou du moins soutenu
sous l'influence d'un vieux mot très ancien
dont le sens est voisin de cancan et qui, par sa
facture, non élucidée encore, n'en est pas
éloigné : c'est caquehan, taquehan, tanquehan
qui s'est dit d'une assemblée tumultueuse, où
l'on cabale, conspire, diffame, et dont on peut
trouver de nombreux exemples dans Godefroy
et dans Ch. Nisard (Curiosités de l'étym. fr.,
p. 180). — Comment expliquer l'acception
moderne de catuMn, « danse effrénée, désor-
donnée n ? Y auraitril là aussi un souvenir du
dérèglement qui régnait dans les assemblées
dites caquehan t
GANCàlL, du L. catu^llus, barreau,' treillis,
espace entouré de barrières.
CANCSLLER, du L. cancellare, bàtonner
un écrit, l'eflacer en forme de treillis (ca/i-
cellus).
CANCER est le mot latin cancer \ outre cette
forme latine, la langue française a, du même
primitif, fait catu:re, dans le sens propre
d'écrevisse, et cha>u:re, dans un sens médical
ou métaphorique. — D. cancéreux,
CANCRE, voy. ca)u:er.
CANDEUR, L. candor, blancheur, pureté.
CANDÉLABRE (dans YAlezis,chandelabre),
L. candelabrum (candela).
CANDI (sucre), it. catidito ou candi, esp.
cande, ail. kandies, est généralement rap-
porté à la famille caïuierc, être blanc. Mahn a
démontré la fausseté de cette étymologie tra-
ditionnelle, que cependant la couleur seule du
sucre dit candi rendait suspecte. Candi vient
directement de l'arabe qand, mel anindinis
sacchariferae concretum i. e. saccharum candi
(Freytag), mais ce mot arabe, de son côté, est
d'origine persane et identique avec l'indien
hhanda, morceau, puis sucre en morceaux,
cristallisé (rac. khad, fendre, rompre). — D.
verbe candir.
CANDIDAT, L. camiidatus, vêtu de blanc
Les brigueurs de dignités à Rome étaient
habillés de blanc.
CANDIDE, L. candidus, blanc, fig. inno
cent, sincère.
CANDIR, voy. candi,
CANE a signifié d'abord bateau, de là canot
(cp. BL. canardus, sorte de bateau); puis on
a transféré le mot à l'oiseau nageur par excel-
lence, la cane. Le mot vient du ni. kaan, ail.
hahn, barquette. L'ancienne langue avait ane,
du L. anas, canard. On y trouve aussi quenne
opposé à mallart, malart, et ceci me suggère
la pensée que comme tnallart (p. masiart)
vient de masle, mâle, quenne pourrait être
le quinna, quàn, quenne, etc. des langues
germaniques,qui signifie femelle, femme; or,
cane,canne peut fort bien n'être qu'une forme
variée de quenne (cp. benne et banne). Dans
cette hypothèse, l'étymologie tirée du néer-
landais tomberait â néant. — D. canette,
caneton, canete}\ canard; vfr. catwt, canard.
CANEPETIÉRE, outarde naine (primitive-
ment écrit en deux mots). Le sens de l'adjectif
petière reste obscur. — En Normandie, cane-
petière est une canne creuse dont les enfants
se servent pour lancer bruyamment des balles
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CAN
— 86 —
CAP
de filasse^ c'est un toat autre mot, qui veut
dire « canne bruyante ». Voy. Darmesteter,
FoFm. des mots comp., p. 29.
1 . OâNSTTB, petite cruche, de l'ail, kanne,
pot, cruche. Le même primitif a donné canon,
mesure de liquide. Le simple canne était
d'usage dans le nord de la France : « Tant va
la canne à l'iauve qu'en le fin est brisians. »
2. CANETTI, dimin. de cane. — D. caneton.
CANEVAS (angl. canvass), it. canavaccio,
prov. canabas, toile grossière. Ces mots sont
dérivés, par le suffixe aceiis, fr. as, du L.
cannabis (xâvvaSt^), qui lui-même s'est con-
servé sous les formes it. canapé esp. canamo,
prov. canebe, cambre, fr. chanvre.
OANEZOU; étymologie inconnue. Peut-être
le même mot que prov. camzil, pannus lini
subtilissimi.
GANGRÈNE, voy. gangrène.
CANI, t. de marine, bois qui commence à se
pourrir, du verbe canir* = L. canescere,
blanchir, vieillir.
CANICHE, soit du L. canis, chien, ou du fr.
cane, canard, à cause du goût que ce chien a
pour l'eau.
CANICULE, L. cantcu/a (canis); caniculaire,
L. caniculahs.
CANIF, du nord, knifr, ags. cnif, angl.
hnife, = ail. kneip, hneif, — Dér. ganivet,
vfr. cnivet, prov. canivat.
CANIN, L. caninus (adj. de canis).
CANIVEAU, pierre creusée dans le milieu
pour l'écoulement des eaux. D après Bugge,
= lat. colliqiiialis, dér. de colliciœ ou coUi-
quiœ, gouttières (cp. dans Caton colliciaris
tegula, qui signifie la même chose que notre
caniveau). Cette explication est aussi ingé-
nieuse que plausible. Colivel, coniveî, canivel
constituent un enchaînement de formes par-
faitement correct.
CANNE, L. canna, roseau, jonc, tuyau. —
D. cannelle, pr. petit tuyau; canneler, pr.
faire des creux ; canneUe ou cannelle, robinet ;
cannetille (v. c. m.), canule, L. cannula; ca-
non (v. c. m.), pr. tube.
CANNELER, voy. cawie. — D. cannelure,
CANNELLE, voyez canne. — D. cannelas,
cannellier.
CANNETILLE, de l'esp. canutillo, it. cana-
tiglia, dér. du L. canna, tuyau.
CANNIBALE, du nom d'un peuple aborigène
des Indos occidentales ; cp. esp. caribe (Ca-
raïbe), m. s II se peut que l'esp. Canibal soit
une variété de Cartbal, et que les deux mots
Caraïbes et Cannibales n'en fassent qu'un.
1. CANON, ii.cannone, prov. canon, angl.
cannon, 1 . tube cylindrique ; 2. pièce d'artil-
lerie ; dér. de canne, roseau, tuyau. Les Ita-
liens emploient encore le primitif dans canna
(Tarchibuso, canon de fusil. — D. canonner,
canonnade, canonnier, -ière.
2. CANON, règle ecclésiastique, du L. canon
(xavwv), règle. — D. canon, adj. dans droit
canon, d'où canoniste (en angl. canon, subst.
= chanoine); canonius.cAanoine; canonialis,
canonial ;cdkViomc\x&, canonique; canonicatus.
canûmcat (vfr. canongé)\ canonicitas, cano-
nicité; canonizare, canoniser.
3. CANON, mesure de liquide, voyez ca-
nette 1.
CANOT, voy. cane. Les mots esp. et it. ca-
noa, angl. canoë, sont tirés de canâoa de la
langue des Caraïbes. Catiot est^il, ou non, in-
dépendant de ces formes? C'est difficile à
décider. — D. canotier.
CANTABILE, mot italien, sign. diantable.
CANTAL, fromage du mont Cantal en
Auvergne.
CANTALOUP, sorte de melon, de Ca^Ua-
luppo, maison de campagne des papes, près
de Rome, d'où est venu ce melon.
CANTATE, de l'it. catUata (« fr. chantée);
dimin. cantatille.
CANTATRICE, it. cantatrice, L. cantatrix,
chanteuse.
CANTHARIDE, L. cantharis, -idis (xxvâxpli).
CANTILiNE, L. cantilena.
CANTINE, it., esp. cantina, angl. canteen.
Selon Diez, dérivé du vfr. cant, it. esp. canto,
qui signifie coin (voy. s. canton); cantine
serait donc un « com «• où l'on donne & boire
et à manger (cfr. le néerl. winhel «» coin et
boutique) ; d'autres, avec bien peu de vraisem-
blance, y voient une contraction de canovettina,
dimin. de canova, mot it. signifiant cave. Enfin,
Tardieu y reconnaît le L. quintana, petite
place dans les camps romains où se tenaient
les vivandières et où les soldats vendaient leur
butin. On trouve, en effet, dans Ducange,
quintana avec la valeur de bannum vini ou
banvin. CantiiUL serait ainsi produit par l'in-
termédiaire d'une forme quintina, d'où quen-
tine, qiiantin^, cantine; les mots esp. et it.
sont peut-être de provenance française. — D.
cantinier, -ère.
CANTIQUE, L. canticum.
CANTON, it. cantone, esp. prov. cafiton, pr.
coin de terre, portion de pays; dérivé du mot
roman canto, vfr. cant, coin, côté, mentionné
sous cantine. Quant à ce primitif, on le rap-
porte tantôt au L. canthus, cercle de fer au-
tour d'une roue (qui est le gr. nxv^ôi, coin de
l'œil et cercle de roue), tantôt au cymr. cant,
clôture, cercle, bande de roue, bord ; ou au
V. frison kaed, nord, hantr, ail. liante, côté
aigu, bord. Il serait difficile d'établir duquel
des trois il faut déduire le mot roman canto,
côté, coin (en esp. et port., il prend aussi le
sens de pierre). — D. catitonner; cantonnier,
homme chargé d'une portion de route ; can-
tonnière, draperie qui couvre une partie d'un
objet.
CANTONADE, de l'it. caniotuUa, m. s., dér.
de cantone, coin (voy. canton).
CANULE, petit tuyau, voy. canne^ En vfr.
canole veut dire le canal de la respiration.
CAOUTCHOUC, de cahuchu, nom indien de
cette substance.
CAP, 1. tête ( « de pied en cap »), 2. pro-
montoire, 3. proue d'un navire. Du L. caput,
it. capo, prov. cap. La forme ordinaire sous
laquelle le radical cap, de caput, s'est fran-
cisé, est chef, — D. décaper, sortir d'un cap.
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CAP
— 87 —
CAP
CAPABLE; c*est le latin capax (de capere,
saisir, comprendre), dont la terminaison ax a
été échangée contre la terminaison able. Ce
mot est formé comme s'il avait Jamais existé
un verbe caper. On trouve copa^ù déjà dans
Cassiani Incam. («» qui contineri potest), et
dans Epiphanii Hist. eccl. («= capax).
GAPàGITÉ, L. capacUas. — D. capacUaire
(néoL), pourvu de la capacité légale de voter.
GAPARAQON, angl. caparisan, de Tesp.
capareLion, augmentatif du BL. caparo, cha-
peron.
OAPS, même mot que chape, it. cappa,
esp., port., prov. capa. Ce mot roman est de
ti^ès^mcienne date et pourrait bien remonter
à la rustique des Latins. La dérivation de ca-
put est erronée ; mieux vaut celle de capere
(Isidore : Capa, quia quasi totum capiat homi-
nem), cfr., vha. gifang, habit, de fahan s»
capere. Les rejetons principaux de capa,
dont le sens fondamental est chose qui couvre,
sont :
1. It. capello, fr. chapeV, chapeau (Fall.
emploie le primitif kappe également dans le
sens de couvre<;hef) ; chapel, à son tour, dans
le sens de couronne [chapel de roses), a donné
chapelet <=■ rosaire.
2. It. capella, fr. chapelle. Selon Ducange,
le mot capella, dimin. de capa, et signifiant
une petite cape ou chape, s'appliquait parti-
culièrement à la « chape de S. Martin » et a
été ensuite affecté au lieu sacré où cette chape
était conservée : <• in quam (aedem) etiam
praedpua sanctorum aliorum Ui-^x^x illata,
unde ob ejusmodi reliquiarum reverentiam
aediculae istae,sanctaecapellaeappellantur. »
Cest ainsi que, par métonymie, capella serait
devenu sjnonyme de sacellum. D*autres, reje-
tant cette étymologie historique, attribuent à
ce mot le sens premier de couverture, de
dais surmontant un autel, d'où, par exten-
sion, se serait produite l'acception « lieu
séparé dans une église, chapelle i>. Il est pas-
sablement hardi de rapprocher, comme fait
Chevallet, capella de capseUa, petite châsse.
3. It. cappotto, esp. capote, fr. capot et
CAPOTE.
4. It. cappuccio, fr. capuce, d où capuchon,
5. It. capperone, fr. chaperon.
CAPILIN]!, dér. du BL. capellus, fr. cha-
peau.
OAPENDU, aussi carpendu, altération de
court-pendu; les pommes ainsi nommées le
sont à cause de leur courte queue. — Darmes-
teter, cependant, considère l'initiale ca comme
le préfixe péjoratif.
GAPHARNAUM» lieu de désordre, confu-
sion. Allusion à la ville de CaphamaUm, en
Palestine, où se faisait un grand trafic et où
se rencontraient des hommes de nationalités
très diverses. Mieux vaut invoquer le passage
de rÈvangile de S. Marc, II, 2, où il est fait
mention d'un entassement confus de monde.
CAPILLAIRE, L. capillaris (de capillus,
cheveu).
CAPILOTADE, Rabelais cabirotade, esp. ca-
pirotada, it. capperottaJto, Étymologie dou-
teuse ; on a songé à un primitif capo, chapon ;
d'autres à Tesp capirote, chaperon (« le plat au
chaperon »), ou au gr. xsirupo«, sec, notnvoliix,
sorte de gâteau. Tout cela ne peut satisfaire,
n se peut que le mot procède du verbe capu-
lare, fr. cTuipeler.
CAPITAINE, qui est & la tête (caput) d'une
troupe ; l'anc. langue, comme elle a fait cl^ef
de caput, a fait cheoetaine de capitanus (d'où
Fangl. chieftain), — La forme vfr. catagne
renvoie à une forme adjectivale capitaneus.
CAPITAL, L. capUaiis (de caput, tête), 1 . où
il s'agit de la tête, 2. principal. Comme subst.
(principal d'une dette ; ensemble des produits
accumulés, biens, richesse), le mot se produit
dans la langue vulgaire sous la forme cheptel
(v. c. m.). — D. capitaliser, -iste.
CAPITAN, forme espagnole de capitaine,
employée pour rodomont, fanfaron.
CAPITATION, L. capitatio, impôt par tête
(caput).
CAPITEUX, qui porte à la tête (caput). —
Cotte signification est moderne ; BL capitosus,
it. capitoso signifient entêté, emporté.
CAPITON, de l'it. capUone, pr. la bourre, le
plus gro§ ou le fond de là soie (rac. caput). —
D. capitonner.
CAPITULER est un dérivé de capitulum,
chapitre, division d'un écrit, d'une charte;
c'est proprement fixer les articles d'une trans-
action ; le sens actuel du verbe en est déduit.
— D. capitulation. — Du L. capitulum, qui
s'est francisé en chapitre (voy. ce mot), sont
issus : le subst. capitulaire, règlement rédigé
par chapitres, et Tacy. capitulaire, qui appar-
tient à un chapitre de chanoines. Le mot capi-
tule, terme de liturgie, est calqué sur l'origi-
nal latin.
CAPON, hypocrite, joueur rusé, poltron,
n'est qu'une forme variée de chapon ; au moyen
âge cappus était synonyme de juif (voy. Du-
cange), « ob circumcisionem », à ce qu'il pa-
raît. Dans charge caponne (sinécure), caponne
vient de l'esp. capona en la locution llave ca-
pona, clef châtrée, c.-à-d. office de chambellan
sans exercice ni appointement.-» D. caponner,
faire le capon.
CAPONNIÉRE, de l'esp. caponera, chapon-
nière, mue â engraisser les volailles (de capon,
chapon).
CfAPORAL, it. caporàle, dér. de capo, tête,
chef. On prétend que le mot corporal, ancienne
forme de caporal, conservée encore en ail. et
en angl. et dans plusieurs dialectes français,
est gâtée de caporal. Le contraire ne serait-
il pas tout aussi vraisemblable? La termi-
naison de caporal est suspecte; or, corporal
rend parfaitement l'idée de chef d'un corps de
garde et dérive régulièrement du L. corpus,
-oris. — L'explication de Langensiepen : ca-
poreale, chef royal, n'est pas soutenable.
1 . CAPOT, CAPOTE, grand manteau, dérivé
de cape (v. c. m.).
2. CAPOT, t. de jeu ; selon Littré, du capot
précédent, pris métaphoriquement, la défaite
au jeu étant considérée comme une capote
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CAQ
— 88 —
CAR
qu'on jette sur le vaincu. — L'ail, a le mot
capiit «=■ perda, abîmé. Ce terme est-il tiré du
français, ou le français de caputf Car il se
pourrait que des joueurs savants aient rendu
par le mot latin caput l'expression allemande
« auf's haupt schlagen », battre complète-
ment. Ou enfin, en présence du terme ail.
kapunieren, faire capot, qui reproduit le fr.
chaponner, it. caponnaret ne pourrait-on pas
expliquer capot par châtré, rendu impuis-
sant?
CAPOTE, it. capotto, voy. capot 1 .
CAPRE, vaisseau corsaire ; c'est le néerl.
haper, dér. du verbe hapeti, ravir, voler («-»
L. capere f), ail. capem, prendre un vaisseau
en faisant la course.
A
CAPRES (Nicot : cappre), ii, cappero, L.
capparis, gr. ^kmcxpii, arabe al-habar. — D.
câprier,
CAPRICE, volonté d'esprit qui vient sans au-
cune raison, it. capriccio, esp. capricho, dér.
de capra, chèvre, à cause des bizarreries,
des mouvements brusques de cet animal. On
remarque un transfert d'idée semblable dans
rit. ticchio -■ caprice, dér. du vha. zike ™
capra, et dans fr. wroe du L. verroex, enfin
dans l'it. nucia (dial. de Côme), chevreau, et
nuce, caprice. — D. caprieieiuc.
CAPRICORNE, L. capricornus (capra -f-
comu).
CAPRISER, sautiller, en parlant du pouls,
BL. caprizare (de capra, chèvre).
CAPRON ou CAPERON, fraise ; selon Gébe-
lin, de câpre, à cause du goût aigrelet de
cette fraise ; selon Ménage, le mot vient du
BL. capero, chaperon, et signifierait propr.
« petite tête », ou « petit capuchon ».
CAPSE, forme savante p. caisse, — D. cap-
sule, L. capsula ; capsulaire.
CAPTAL, chef, du L. capiialis, pris dans le
sens de capitanxis.
CAPTER, L. captare, fréq. de capere, — D.
captatetir, -ation, -atoire,
CAPTIEUX, L. captiosus (de capere),
CAPTIF, it. cattivo, esp. cautivo, du L. cap-
tivus (capere). — D. captivité, vfr. chaitiveté,
L. captivitas; captiver, L. captivare. — Le
latin captivus a fourni aussi au vieux fonds
français chaitif*, chétif, prov. caitiu, esp.
cativo, angl. caitiff, esclave. De l'idée captif
se déduisit naturellement, comme signification
accessoire, celle de malheureux, misérable ;
c'est la seule qui soit restée à la forme chétif;
voy. notre observation à l'égard du sens figuré
de chartre, prison.
CAPTURE, L. captura (capere). — D. cap-
turer.
CAPUCE ou capuche, voy. cape. — D. capu-
chon, d'où encapuchonner ; capucin, d'où
capucinade; capucine (plante ainsi nommée à
cause de ses fleurs à forme de capuchon).
CAPUCHON, voy. capuce,
CAQUE, voy. l'art, suivant.
CAQUER (des harengs), du néerl. kaaken,
propr. couper les ouïes (kaecken), puis prépa-
rer le poisson pour le mettre en caque. — Le
mot caque «■ baril, parait être indépendant
du précédent et se rattacher à kah, vieux
mot néerlandais qui signifie tonne (cfir. angl.
cag, suéd. kagge); de ce subst. caque vient
encaquer.
CAQUESANGUB, dysenterie, de l'it. caca-
sangue (litt. chie-sang).
CAQUET, subst. verbal de <Mqueter ; celui-ci
est un mot onomatopée ; cp. gr. xxx^{eiy, ail,
gacken, gackem, angl. cackle, gaggle, suéd.
kahla, holl. haheîen.
CAR> vfr. et prov. quare. Du latin quare,
c'est pourquoi ; la coi\jonction car équivaut &
« voici pourquoi ». La langue ancienne em-
ployait le mot avec l'impératif pour renforce
l'exhortation. — Le yàp des grecs n'a étymo-
logiquement rien de commun avec notre car.
CARABIN signifiait anciennement : 1. blé
sarrasin, 2. cavalier (de là carabine, arme des
carabins); auj. le mot signifie garçon chirur-
gien et joueur méticuleux. L'origine du mot
est incertaine. Selon Diez, carabine aurait
précédé le masculin carabin, et ce dernier
signifierait un cavalier pourvu d'une carabine,
ta forme anc. calai rin, ii, calabrino, lui fait
dériver ces mots du prov. calabre, instrument
de guerre pour lancer des pierres, lequel mot
serait transformé du BL. cadabula (voy. le
mot accabler). Les engins de guerre en usage
avant l'invention de la poudre à canon ont
prêté leurs noms à ceux qui ont suivi cette
invention. Pour Ducange aussi, carabin est
p. calahrin, mais ce mot signifierait soldat
de la Calabre, cette sorte de cavalerie étant
venue de la Calabre. — La signification ac-
tuelle vient, dit-on, de la formule « carabin
de Saint-Côme » (école de chirurgie à Paris).
Voy. une autre explication historique par un
terme escarrabi ■« infirmier (trouvé dans des
actes de Montélimart en 1543 et 1583), dans
Littré, suppl.
CARABINE, voy. l'art, préc. — D. carabi-
nier; verbe carcUfiner,
CARACOLE, de l'it. caracoîlo, mouvement
en demi-rond que le cavalier fait exécuter à sa
monture ; ce mot, identique avec l'esp. cara-
col, et signifiant proprement limaçon, co-
quille en forme de vis (dans ce sens. Fit. dit
caragollo), puis escalier tournant, est d'ordi-
naire tiré de l'arabe harhara, tourner en
cercle. Mieux vaut, selon Diez, le rattacher au
gaél. carach, tordu, tourné. — D. caracoler,
CARACTÈRE, L. c^aroc^er, du gr. xoe/>xxrii/D,
empreinte, cachet, donc propr. la marque
des qualités deqqch., puis ces qualités mêmes.
— D. caractériser, caractéristique.
CARAFE, it. caraffa, esp. garrafa, sicil.
carrabba ; du verbe arabe gara fa, puiser. —
Mohl allègue le persan garabah, bouteille en
verre à gros ventre, destinée à laisser reposer
le vin pendant quarante jours (Littré, suppl.).
— D. carafon.
CARAMBOLE, esp. carambola, la bille rouge
au jeu de billard, puis partie qui se joue avec
cette bille; verbe caramboler, toucher les
deux billes du jeu avec la sienne. Ëtymologie
inconnue.
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CAR
89 —
CAR
CARAMBTi, esp., it., port, caramelo; d*aprës
littré, de Tarabe kora mochalla, boule douce.
Etym. peu probable. Je pense que le cara-
mel tire son nom de sa forme tubulaire et
vient de L. caiamelîiis, petit tube; cp. en esp.
caramillOf prov. caramel, chalumeau.
CABÂPAOE, esp. carapacho; d'origine in-
connue. Ne serait-ce pas une transposition de
caparace, d'où caparaçofi f le sens du mot s'y
prêterait parfaitement. L'espagnol capara^ron
signifie paiement carcasse d'oiseau. Littré
rapproche le mot du catalan carabassa «> fr.
calebasse,
GÂ&AQTJX, it. caracca, esp. carraca, ni.
kraeche, ail. karrache, angl. carack; d'ori-
gine orientale. De l'arabe qorqour, grand ba-
teau marchand, plur. qaràqir (Dozy et Defre-
roery). Quant au mot arabe, Devic le tire du
malais hourakoura (tortue de mer), korakora
(grand bateau), que reproduisent port, cora-
cora, corccora, esp. caracoa,
GARÂT, it. carato, esp. quilate, anc. port.
quirate, petit poids; de l'arabe qirât, lequel,
lui-même, vient du gr. Mpànov, pr. petite
corne, puis la silique, fruit du caroubier, ser-
vant de poids, latinisé par Isidore en cerates
H oboli pars média est, siliquam habens unam
et semis » .
GARAVAinB, mot oriental, arabe kairaioan,
persan kanoan, troupe de personnes voya-
geant ensemble. — Composé caravansérail,
maison de caravane.
CARAVELLE, it. caravella, esp. carabela,
dim. de carahus, « parva scapha » (Isidore,
19, 1, 26) ■=■ gr. xà|9x€9«, barque et crabe.
GARBONADE. voy. l'art, suiv.
CARBONE. CARBONIQUE, CARBONISER,
CARBONATE, termes savants, tirés du L. carho,
charbon. Les chimistes, avec un suffixe ure,
ont fait le terme carbure. — Carbonade, de
rit. carhonoJta ou esp. carbonada, grillade sur
des charbons ; au xvii« siècle on se servait
encore du mot vraiment français charbonnée.
CARRONGLE, 1. pierre rouge, rubis; on
dit aussi carboucle et escarboucle, angl. car-
buncU, ail. karfunkél; 2. en médecine, fleg-
mon enflammé ; puis l'ancien nom de la mala-
die appelée le charbon. Du L. carbunculus
(litt. petit charbon), qui avait déjà les diverses
acceptions du français. — La forme carbouille,
carie du froment, renvoie à un type lat. car-
bucuJa,
GARGADET, caille, et carcailler, crier
comme une caille, paraissent tenir au L.
querquedula^ sarcelle.
CARCIN. prov. carcan, collier, ni. kar-
kant, ne vient ni du L. carcer, prison, ni du
gr. nvpnhoç, écrevisse, tenailles, ni de l'ail.
kragen, collet; c'est, selon Diez, im dérivé du
vha. querca, nord, qverk, gorge, cou. Cer-
tains dialectes fr. disent charchant, cher-
chant. En prov. l'on trouve aussi la forme
carcol pour collier. — Bugge (Rom., El, 165,
tout en admettant l'étymologie de Diez, est
d'avis que, plus exactement, vfr. carcant
représente le composé norois querk-band (ju-
gulaire, mentonnière), d'où *carquebant, *carc-
bant et finalement carcant, carcan. Cela me
semble hardi ; la terminaison ancienne en ant
est p. an (cp. sluc. paysarU, faisant); aussi
le moy. lat. n'a-t-il que carcapius, carcannus
(ou -Mm). Le vfc, d'ailleurs, offre aussi car-
caille.
CARCASSE, it. carcassa, esp. carcasa. La
deuxième partie de ce composé est le mot
capsus (BL. cossus), poitrine, thorax (en
dial. de Parme, on dit, pour carcasse, simple-
ment cassiron); la première paraît être le
mot caro, chair. Le sens primitif serait ainsi
« caisse à chair »» . — Quelle que soit l'origine
de carcasse, il est étymologiquement distinct
de carquois.
GARDE, nervure des feuilles du cardon,
chardon à foulon, machine à peigner le drap,
it. cardo, esp. carda; du L. carduus, char-
don. — D. carder; cardon, espèce d'arti-
chaut.
CARDINAL, L. cardinalis (primitif cardo,
gén. cardinis, gond, pivot), principal, ce sur
quoi tout roule; de là nom d'une dignité
ecclésiastique.
GARDON, mot savant pour chardon.
CARÊME, it. quaresima, esp. quaresma,
prov. caresma, contraction du L. quadrage-
sima, le quarantième jour (avant Pâques); on
dit de même en gr. mod. rtiv^pxMix'/i.
CARENCE, t. de jurisprudence, L. carentia;
àecarere, manquer.
CARÂNE, it. caréna, L. carina. — D. ca-
réner.
CARESSER, de l'it. carezzare, dér. de caro
(L. carus), cher, affectionné. D'après Dochez
et Bescherelle,du grec xa/9/i4{«vfp. xaTst^^sJnv),
flatter, apaiser; c'est faire de l'érudition en
pure perte. — D. caresse.
CARGAISON, subst. dérivé de cargxier (v.
c. m.).
CAROTTER, forme provençale p. charger;
de là : cargaison, charge. — Carguer les
voiles, c'est en faire une charge, un paquet.
— D. cargue, cordage servant à carguer.
CARIATIDE, gr. (plur.)xapudtTi5iç. les jeunes
filles de Caryœ.
CARICATURE, de l'it. caricatura, qui est
un dérivé de caricare, correspondant du fr.
charger. Cp. l'expression française charge =
caricature.
CARIE, mot savant, L. caries. — D. carier;
carieux.
CARILLON, selon Ménage, d'un vocable
BL. quadrillio, pr. assemblage de quatre
cloches. — Le vfr. carenon, m. s., vient de qua-
temio, dit Littré ; selon moi, plutôt d'un type
qiuidrino.
CARLIN, it. carlino -= CaroUnus. Cp. les
termes : un louis, un napoléon, et sembl.
1. CARMAGNOLE, espèce d'habit ou de
veste fort en vogue pendant la Révolution.
D'origine incertaine ; de la ville de Carma^
gnole en Piémont? ou de l'ancien cramignole,
sorte de vêtement de tête?
2. CARMAGNOLE, chanson et danse révo-
lutionnaires. Origine inconnue ; chant exécuté
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CAR
90 —
CAR
par des gais vâtns delà carmagnole? le chant
liégeois dit cramignon tlj est-il pour rienî
CARME, coup de dé qui amène les deux
quatre, anc. came, du L,qiuUemus, coup de
quatre.
CARMES, nom des membres de Tordre du
mont Carmel, d'où aussi carmélite, religieuse
du même ordre.
CARMIN, it. carminio, ainsi que cramoisi
(transposé de carmoisi', it. carmesino, cre-
misi, cremisino, esp carmesi, viennent de
Tarabe qermez, écarlate, adj. qermazi.
CARNAGE, CARNATION, CARNIER, déri-
vés de Tanc. carn, car, auj. chair, = L.
caro, gén. carnis, — Du prov. camaza,
chair morte : l'adj. carnassier et le subst.
carnassière, gibecière.
CARNASSIER, voy. l'art, préc. — En vfr.,
carruxcier signifiait bourreau.
CARNAVAL, de Vit. cameoale, camovale,
esp. carnaval. Le mot italien est composé,
dit-on, de came, chair, viande, et du subst.
vale, adieux, et signifie les adieux faits à la
viande (cp. les expressions analogues BL.
camiprivium, privation de chair, et Fesp.
camestolendas, retranchement de viandes).
Cette étymologie, toutefois, n'est quespécieuse.
Il faut savoir que le type primitif est le BL.
çamelevamen (carnis levamen), d'où camele-
vale, plus tard étranglé en carneoale. C'est
donc pr. soulagement de la chair, plaisir per-
mis la veille du carême, cp. les autres termes
employés pour la même idée : BL. carnica-
pium, it. camelasda (camem laxare), d'où,
par corruption, camasciale,
CARNE, angle saillant, du L. cardinem,
gond (cp. charnière).
CARNEATJ, CARNELER, voy. sous cran.
CARNET est p. caemet, dim. de caer^ cahier
(lat. quater^ium^ voy. sous cahier), donc un
petit cahier. D'autre part, la forme prov.
cazem a fourni au français le terme maritime
casernet, cahier de bord.
CARNIVORE, L. camivorus, composé de
caro, gén. carnis, chair, et vorare, manger.
CAROONE, t. d'ii\jure, variante de cha-
rogne.
CARONADE, espèce de canon, du nom pr.
Carron, propriétaire de forges considérables
en Ecosse.
CARONCULE, L. caruncula, petite chair.
CAROTIDE, gr. plur. xxp^nSti, m. s.
CAROTTE, du L. caroto ^Apicius). — D.
carotter; sur le sens figuré de ces mots, voy.
Littré.
CAROUBE, de l'it. carrubo, esp. garrobo,
algarroho, de l'arabe charrub, m. sign. —
D. caroubier,
CAROUOE, variante de caroube, et répon-
dant aux formes it. carrubbio, esp. garrubia.
1. CARPE, poisson, BL. carpa, prov. es-
carpa, it. carpione; du vha. charpho, ail.
mod. harpfen, angl. carp. L'aflinité des mots
germaniques avec le grec xuitpivoi, L. cypri-
nus, doit être contestée. — D. carpeau, car-
pillon.
2. CARPE, t. d'anatomie, poignet, du grec
XvpTTO;, m. S.
CARPETTE, gros drap rayé, etc., angl.
carpet, vfr. carpite, BL. et it. carpita; du L.
carpere, détirer de la laine (voy. charpie).
CARQUOIS, vfr. carquais, it. carcasso, esp.
carcax; l'étymologie la plus plausible est L.
carchesium, coupe à anses, hune d'un vais-
seau ; il peut y avoir eu confusion idéologique
entre carcasse et carquois. On est en droit
aussi d'expliquer carquais ou carquois par
l'ancienne forme tarquais, qui vient du per-
san torkach (d'où l'arabe tarkach, l'it. tur-
casso, et bas-grec r«/Bje&9i9y), étui à flèches; le
changement de t en A peut encore être l'effet
d'une assimilation avec carcasse; nous avons
vu une permutation analogue, à propos de
cancan, entre les mots vfr. caquehan et taque-
han, Caroline Micliaelis ne doute pas de
l'étymon «sp^^Tioy. mais elle sépare le mot de
vfr. tarquais, qui est, d'après elle, le turc
terkasch, persan tarkasch «• pharetra •» ; vfr.
turcois serait une altération de tarcais par
assimilation à turc (Jahrbuch, XIII, 313). —
De son côté, Fôrster (Grôber Ztschr.. I, 156)
expose comme quoi l'ancienne littérature
française ne présente ni carquois ni carquais;
les seules formes authentiques sont turcais
(moy. lat. turcasia, it. turcasso) et tarcais.
CARRE, angle, carrure, subst. verb. de
carrer.
CARRÉ, CARRER, voy. cadre. — D. car-
rure; cps. contrecarrer (v. cm.)
CARREAU, vfr. quarrel, it. quadrello, du
BL. quadrellum, petit cadre. — D. carreler,
décarreli^r; carrelet, poisson ayant des taches
en carreaux.
CARREFOUR, prov. carre fore, représente
un mot latin quadrifurcum, litt. à quatre
fourches.
CARRICK. mot anglais.
1 . CARRIÈRE, BL. quadraria, lieu où l'on
extrait des pierres de taille (en ail. quader,
pierre équarrie); voy. sous cadre. — Le type
masc. quadrarius a produit fr. carrier, ou-
vrier qui extrait des quadros lapides.
2. CARRIÈRE, lieu de course, puis étendue
de la course à fournir, it. carriera, esp. car-
rera, prov. carriera (rue), angl. career; dér.
de carrus, char ; donc propr. voie d'un char,
route carrossable; l'ancienne langue disait
aussi charrière et quarrière.
CARRIOLE, de lït. carriuola, dimin. de
carro, fr. char,
CARROSSE, de l'it. carrozza ou plutôt du
masc. carroccio, dér. de carro, char. — D.
carrossier, carrossable.
CARROUSEL, it. carosello, garosello. Ce
mot a-t-il du rapport avec carrus, char? Ou
carr représente-t-il le quadr de quadriller
Nous ne pensons pas ni l'un ni l'autre, et nous
y voyons plutôt un dimmutif de carrousse
(v. c. m.).
CARROUSSE, grand régal, fête, partie do
boire, angl. carouse, vfr. carrons, v. esp
carauz; étymologie douteuse ; nous ne sau-
rions accepter l'ail, garaus trinken, boire
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CAS
— 91 —
CAS
jusqu'à bout, que s'il était démontré qne le
mot n'est en effet qu'un terme de caserne in-
troduit par la soldatesque allemande.
GARTABLI, portefeuille d'écoliers; cp.
les mots wallon cartabel, it. scartabello, esp.
eartapeJ, composé de charta et peliis. Voy.
Caix, Studi, n«>520.
GARTATER, selon Littré, de quatre (mieux
vaudrait de qttart) ; « cartayer, c'est couper en
quelque sorte la route en quatre, c'est tracer
une quadruple voie, les deux ornières et les
deux voies des roues ». N'était cette définition,
j'aurais interprété notre mot par carafte (char-
rette, angl. cart) -f- suffixe icare; cp. Tit.
carreggiare^ conduire un char, de carro,
char.
CARTE, variété savante de charte, du L.
charta (x^tp-nn), — Dérivés : cartel^ -on,
-ouche, 'ier. — Je ne puis adhérer à l'opinion
qui voit dans carte le L. qitarta au sens de
quart de feuille de papier; fr. qitarteet BL.
quarta sont des modifications orthographiques
introduites sous l'influence de qiiartus.
CARTEL, de l'it. cartello, esp. cartel, petite
carte, affiche, puis, spécialement, provocation
en duel par écrit.
CARTILAGE, L. cartilago, -inis. -— D. car-
tilagineux.
CARTON, de l'it. cartone, augmentatif de
caria, — D. cartonner, cartonnier.
CARTOUCHE, de l'it. carioccio, cornet de
papier, gargousse (dér. de carta).
CARTÏÏLAIRE, recueil de cartides (L.char-
tulœ), actes, titres. Le mot fait double emploi
avec chartrier.
CARUS, t. de médecine, du gr. x&poç, som-
meil profond.
CARVI, it., esp. carvi. Directement de
l'arabe harawia ou harvoia, formé à son
tour d'une forme grecque hypothétique «srpufx
ou xxpivtx, dérivée de Kàpov, xxpiov, lat. ca-
rum, careum (Devic). — Voy. aussi chervis,
1. CAS, du L. casus, chute, événement,
désinence (de cadere, tomber).
2. CAS, a^j., fém. casse, cassé, du L. quas-
sus, brisé.
CASANIER, attaché à la maison, représente
un type latin casatiarius, du BL. casana,
forme dérivative de casa, maison. — L'it.
emploie dans le même sens casalingo,
CASAQUE, it. casacca, esp. casaca, angl.
cassock, dér. de casa, case ; pour le rapport
d'idées, cfr. le BL. casula, qui signifie à la
fois petite case et vêtement; l'idée d'abri, de
protection, relie les deux acceptions. Ainsi, de
la même racine cap nous voyons procéder
capanna, fr. cabane, et cape, chape, chapeau,
etc. Quant à la terminaison ojcca, cfr. it.
gvtamacca, espèce de pardessus. — D'autres
tiennent le mot pour slave et identique avec
cosaque, — D. casaquin,
CASCADE, de Fit. cascata, dér. de cascare,
tomber, verbe italien qu'il faut rattacher à
une forme antérieure casicare, issue à son
tour du L. cadere, par le supin casum. —
D. it. cascatella, fr. cascatelle
CASE, maison, loge, compartiment, L. c
hutte, maison. C'est casa aussi qui a fourni
la prép. fr. chei (v. c. m.). — D. caser, pour-
voir d'une place, établir; casier, bureau
garni de cases; voy. aussi caserne.
CASÉEUX, CASÉUM, t. de chimie, dér. du
L. caseus, fromage.
CASEMATE.de l'it. casamatta ou esp., port.
casamata, dont Tétymologie est douteuse. On
a décomposé le mot par casa-matta, et l'on a
prêté à cette expression matto tantôt le sens
de caché, borgne, tantôt celui de pseudo,
faux, ou de sombre ; enfin, on a expliqué le
mot par •• maison {casa) de la tuerie (mofa) >•,
expression analogue à l'ail, mordkeller, caseK
mate, litt. caveau de meurtre. Ménage avait
songé au gr. ^icjfix, fosse, caverne (plur.
X^cT/tAary); étymologie inacceptable, bien que
Rabelais ait employé la forme chasmaJte, Ci-
tons encore une conjecture de Devic, qui se
demande si le mot italien n'a pas été créé sous
l'influence de l'ar. qasaba, forteresse.
CASER, voy. case.
CASERNE, it. caserma, esp., port, caserna,
dérivé de casa, maison, par le sufiixe émus,
comme caverne de cave, Diez, patron de cette
étymologie, dans sa dernière éd., ne se rallie
pas à l'opinion de Mahn, qui, à cause de l'it.
caserma, walaque çesarme, anc. ail. casarm,
avait proposé avec quelque doute casa d'arme,
maison d'armes. — Dans Furetiôre, on lit :
« Cazemes, ce sont de petites chambres bâties
sur le rempart des villes de guerre pour loger
les soldats de la garnison ; on y loge ordinai-
rement six soldats qui montent la garde alter-
nativement. » En supposant qu'on y ait pri-
mitivement logé quatre soldats, G. Paris pose
pour étymon prov. cazema (qu'il déduit du
verbe descazernar, expulser, déloger) = lat.
quatema. Ce serait donc propr. une f*scouade
de quatre hommes. — D. caserner,
CASERNET, cahier de bord, voy. cartiet,
CASIMIR, angl. cassimer, variante de
cachemire,
CASINO, mot. ital., dér. de casa, maison.
CASOAR, oiseau, esp. casobar, angl. cassa-
loary, du malais cassuioaris,
CASQUE, it. et esp. casco. Le mot est assez
récent en fr. et a supplanté l'anc. heaume.
Ménage le rattache au L. cassis, par l'inter-
médiaire cassicus, mais Diez observe que le
suffixe ic ne produit en roman que des subst.
féminins. En espagnol, casco signifie en outre
têt, tesson (pr. chose brisée, car le mot vient
de cascar = quassicare), puis crâne, coque de
navire, etc. La comparaison des diverses
significations du mot latin testa (d'où fr. têt,
tesson, tété) autorise à voir dans casco, signi-
fiant casque, le même mot que casco, chose
brisée. Les significations s'enchaînent ainsi :
débris, tesson, têt, armure de tête. — D.
casquette.
CASSADE, de l'it. cacciata, cassade au
brelan, de cacciare, chasser, pousser. « Cas-
sade s'est dit d'abord au brelan, puis pour
toute espèce de feinte, de bourde • (Littré).
Voy. casser.
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CAT
92 —
CAT
1. GISSE, t. d'imprimerie, caisse à com-
partiments, voy. caisse. — D. casseau^ cas-
setin,
2. CASSE» fruit du cassier, BL. cassia,
casia, angl. cassia, ail. cassie, du gr. x»99lx,
xxalot, — D. cassier,
3. OASSE» poêle à queue, lèchefrite, it.
ccLtza^ cat. cassa; du vha. chezi, hesi^ v.
nord. haJti, vase à cuire, d'où Tall. kessel,
flam. ketel. — D. it. cazzuola, esp. cazuda,
et fr. casserole (it. C€LSserolci)\ pour l'insertion
de er, cfr. mouch-er-olle, mus-er-olle, etc.
4. CASSE, subst. verbal de casser.
CASSER, briser, angl. quash, du L. quas-
sare, briser, dér. de quassus, participe de
quatere. Le partie, quassus s'est conservé
dans le prov. quass et le fr. cas = brisé. —
D. casse^ action de casser; cassement; cas^
sure; d'un composé conquassare on a fait
concasser, — Dans le sens « annuler », causer
vient du L. cassare, dér. de cassus (vfr. quas^
prov. casSt it., esp. casso), vide, vain, inutile.
De là le subst. cassation.
CASSEROLE, voy. casse 3. Quelques dia-
lectes disent castrde; l'allemand en a tiré son
kastrol.
CASSETTE, voy. caisse.
CASSIER, arbre, voy. casse 2.
CASSINE, dérivé de la forme BL. cassa p.
casa.
CASSIS, groseillier dit ribes nigrum ; éty-
mologie inconnue.
CASSOLLE, autre forme pour casserole, it.
cazznola, voy. casse 3. — De là cassolette.
CASSON «= caisson: cette dénomination
vient de ce que le sucre casson se met dans
des caissons. — D. cassonade (port, casso-
nada).
CASSONADE, voy. casso}x.
CASTAONETTES, de l'esp. castahetas, dér.
de castana, châtaigne, à cause de la ressem-
blance des castagnettes avec les châtaignes.
CASTE, esp., port, casta^ race, pr. quelque
chose de pur, non mélangé. Du L. castus,
pur.
CASTEL, angl. castle, du L. castellum,
dim. de castrum. Castel est la forme savante
de chasteV, château (v. c. m.).
CASTILLE, petite querelle, subst. verbal de
se castiller. Autrefois la castille désignait une
espèce de joute, et tire son nom de l'esp.
castillOf château, parce que dans ces joutes on
attaquait des simulacres de châteaux, de
tours, etc.
CASTOR, vfr. castoire, L. castor {^M^rup).
— D. castoreum, mot latin ; castoritie.
CASTRAT, de rit. castrato = L. castratus,
fr. chûtré. — Castration, L. castratio.
CASUEL, CASÏÏISTE, mots savants, dérivés
de casus, cas.
CATACHRASE, du gr. xar&xP'i'i;, abus.
CATACLYSME, du gr. naraLxXvsfxôi, inonda-
tion, déhige.
CATACOMBES, d'après Diez, composé de
catar, — verbe roman qui signifie voir et que
l'on retrouve dans les compositions catafalque,
et it. cataletto, lit de parade — et de tomba,
tombe. Catacombe serait une altération de
catatombe (forme que l'on rencontre parfois)
et signifierait « tombe exposée à la vue des
fidèles ». On peut cependant aussi prendre
l'élément combe pour l'esp. comba, qui signifie
voûte. Bellermann, auteur d'un ouvrage sur
les plus anciens tombeaux des chrétiens, fait
venir catacombe d'un mot grec supposé
KocroLTÙfitiov ; pourquoi pas tout aussi bien de
xecraxùfittoit (de xû^aSoc, cavité)?
CATAFALQUE, it. catafaïco, esp. cadafaiso,
cadahalso, cadalso, prov. cadafatc, vfr. esca-
défaut, cadefauz, d'où le mot actuel échafaut
(champ, cadefaut). Les mots ail. schafott,
fiam. scavaut et angl. scaffbld, sont tous des
modifications du fr. échafaud. — Catafaïco
est composé de catar, voir, et de falco, corrup-
tion de palco, assemblage de poutres (mot
italien d'origine germanique). Catafaïco si-
gnifie donc proprement un échafaudage de
parade, cp. it. caialetto, lit de parade (voy.
châlit) et fr. catacombe (v. c. m.). Quant au
verbe catar, qui dans le vieil esp. signifiait
voir avec soin (Lex. roman de Raynouard,
verbo catar : • es dit cat, quar catar vol dire
vezer) » et qui signifie aig. examiner, c'est le
captare des Latins, pour ainsi dire captare
oculis, saisir des yeux. Ménage cite un verbe
fr. catiller, employé par Monstrelet dans le
sens d'espionner, et l'explique également par
captilare, dim. de captare. Cette étymologie
de Diez satisfait pleinement et doit l'emporter
sur celle de Ducange : x«t4 -f- palus ou fala
(échafaudage).
CATALECTES, recueil de pièces détachées,
du gr. xaràXcxra, choses choisies.
CATALEPSIE, du gr. ^arklti^i;, saisisse-
ment. — D. cataleptique.
CATALOOTJE, du gr. xarâioy?;, recensement.
— D. cataloguer.
CATAPLASME, du gr. xzr&?r>ai/ui2, action
d'enduire.
CATAPULTE. L. catapulta (xaTaîrèltTï^).
CATARACTE, chute, L. cataracta, du gr.
neira^pxxrrji, litt. qui descend en se brisant, de
xarat/i^ïiyvu/Ai, briser (au passif, tomber avec
violence). Comme terme de chirurgie, le mot
signifie pr. une clôture ou coulisse et se rap-
porte au même subst. grec au sens de porte
coulisse.
CATARRHE, L. catarrhus, du gr. xxr&yj^ou^,
subst. de nxrupj^ita, couler en bas. — D. ca-
tarrhal, -eu^c.
CATASTROPHE, du gr. xxrxnrpof/i, renver-
sement, dénouement dramatique.
CATECHISER, gr. xaTȔx'{"v, enseigner par
demandes et réponses; catéchèse, yanfxijYt;,
instruction ; catéchisme, t.xrttxt'sjiôu catéchiste^
xa-nj^^TTï?; ; COtéchumène, xar^iyoû/uiivos (part,
prés, passif de x7Tiî>ft«, primitif de xaTTïx'?«)f
celui que l'on catéchise.
CATÉGORIE, gr. Kx-myopix, attribut, qua-
lités ou propriétés attribuées à qqn. ou à
qqch.; catégorique, tLetryjyopitôi, qui énonce
nettement un fait. Comme terme de logique
nxrriyopkoi, pr. parler sur quelqu'un, signifie
établir positivement les particularités, les
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CAU
— 93
CED
caractères distinctifs d'une chose ou d'une per-
sonne.
GATEL» voy. cheptel.
CATHÉDRALE (église), église établie au
siège dun évêque, du L. cathedra [%iâi^pot\^
siège (voy. chaire).
CATHOUQUl, L. catholicus, du gr.
x2^o^i«9{, universel. — ï>. catholicisme, catho-
licité,
1. CATIN, forme ûimilière pour Catherine,
puis appliquée dans un mauvais sens ; cfr. en
ail. Kûthe, bubenkûthe
2. CATIN, bassin, du L. catinus, m. s.
CATIMINI (EN), en cachette, mot de fan-
taisie, tiré de catir, cacher, peut-être sous
l'influence du vfr. catamini (gr. xara/uiiivia),
les menstrues, état que les femmes cherchent
à cacher.
CATIR, presser une étoffe pour lui donner
le Itf^tre^ anc. = cacher; du L. coactics,
pressé (voy. cacher). — D.cati; cps. décatir.
GATOPTRIQÏÏE, gr. AXTourpuôi, dér. de
xâirùitTpov, miroir.
CAUCHEMAR» pic. cauquemar, est composé
du verbe ancien caucher (= pic. cauquer,
bourg, coquai, it. calcare, L. ccUcare), pres-
ser, fouler, et du mot germanique mar, qui
se retrouve dans l'ail, nachtmar, angl. night-
mare, incube de la nuit. Le wallon dit aussi,
sans le premier élément, marke, pour cauche-
mar. Les termes équivalents dans d'autres
langues expriment tous l'idée de poids, d'op-
pression, p. ex. esp. pesadilla, it. pesaruolo,
ail. alpdriichen. Nicot expliquait cauchemar
par calca tnala, mauvaise oppression. Pou-
gens, avec beaucoup de science, établit la
valeur do cauchemar comme étant « la sor-
cière, le génie femelle de la suffocation ».
Pour lui,caucAe est l'ail, kauch, heuch, angl.
cough, difficulté de respiration, et mar, le
Scandinave maer, femme, vierge, nymphe.
Les Lyonnais désignent, au rapport de Mé-
nage, le cauchemar par cauchevieille.
CAUCHER, t. de dorure, répond à un type
calcarium, dér. de calcare, fouler, battre,
presser.
CAUCHOIS, du pays de Caux.
CAUBATAIRB, qui porte la queue, du L.
cauda.
CAUSE, du L. causa. Ce dernier a égale-
ment donné cTiose. Cause a été tiré de causa
par le langage savant; c?iose en est issu par
procédé naturel. — D. causal, -alité, L. cau-
salis, -alitas ; causatif, L. causativus ; causer,
dans le sens de « être cause » .
CAUSER, s'entretenir familièrement, est de
formation autre que causer, être cause; il
vient du L. causari, disputer, discuter (it.
cusare, prétendre, prov. chausar, vfr. choser,
disputer/ ; ce même causari s'est également
reproduit dans le vha. choson, ail. mod. hosen,
parler amicalement. — D. causeur, causerie;
causeuse, espèce de petit canapé qui invite à
la causerie.
CAUSTIQUE, L. cavtsticus (xauïTi/.rfî), brû-
lant, mordant, incisif. — D. causticité.
CAUT*. prudent, du L. cautus (caverej,
m. s.
CAUTÊLE, L. cautela (de cautus, voy. caut).
— D. cauteleux.
CAUTÈRE, L. cauterium (««un^piov); cauté-
riser, L. cauterizare (xatwTnpfJjiv).
CAUTION, L. cautio (cavere), garantie,
sûreté. — D. cautionner.
CAVALCADE, de Fit. caoalcata, dér. de
cavalcare = fr. cheoaucher; cavalcadour =
esp. cahalgador.
CAVALE, fém. de cheval; du L. caballus,
mot employé par la langue rustique au lieu de
equus. Ce caballus (it. cavaUo, esp. caballo,
prov. caiDol, fr. cheoaX), a produit les dérivés
suivants :
1 . It. cawilcare, esp. caJbalgar, fr. chevau-
cher, BL. caballicare (cfr. en latin equitare
de equus, en grec c7r;riÛ!iy de Iinro;); subst.
chevauchée, mot qui rendait inutile celui de
cavalcade, tiré du parallèle italien cavalcata.
2. BL. cahallarius, it cavalière, fr. chk-
VALiKR et CAVALIER (voy. CCS mots).
CAVALIER, même mot que chevalier, mais
tiré directement de l'it. cavalière (voy. plus
haut cavale). — D. cavalier, aclj.; cavalerie^
it. cavalleria.
GAVATINE, de l'it. cavatina, air de musique,
dont l'étymologie nous échappe.
CAVE, a^j., L. caous; verbe caver, L.
cavare; cavité, L. cavitas. L'adjectif cavus,
creux, voûté, a donné aussi le subst. fém.
cave, grotte, partie souterraine de la maison
(it., esp., port. cava). — D. caveau, cavier;
cavée, chemin creux ; encaver.
CAVECÉ de noir, en parlant d'un cheval ; de
lesp. cabeza, tête.
CAVEQON, wall. cabaçon, it. cavezzone
(esp. cabezon, col de chemise), dérivés resp. de
it. cavezza, licou, esp., port, cabeza, tête.
Ces derniers accusent un type latin capitia
(dér. de caput, tête). Notez encore le vfr.
chevece, ouverture d'une cotte par où on passe
la tête.
CAVERNE, L. caverna (cavus). — - D. caver-
neux»
CAVIAR, it. caviale, esp. cabial, port.
caviar, gr. mod. xseuiàpt, turc haviàr. Mot
d'origine tartare, dit-on.
CAVILLATION, L. cavillatio.
CE, vfr. iço, ço, ceo, it. cià, prov. aisso, so.
Ce pronom représente le latin ecce hoc (cp.
çà). Composés ceci (-= ce ici) et cela (= ce là).
CÉANS, vfr. çaiens, prov. saïm, adverbe
composé de ça, sa et de ens, L i^\tus, et signi-
fiant <* ici dedans ». L'expression corrélative
vfr. laiois, prov. lalns, fr. léans, est formée
de la même manière delà -{- ens.
CECI, voy. ce.
CÉCITÉ, L. cœcitas (de cœcus, aveugle).
CÉDER, du L. cedere, dans le sens res-
treint de se retirer devant qqn., lui faire place.
CÉDILLE, it. zediglia, esp. cedilla, dimin.
de zêta, nom de lettre, propr. petit zed
ajouté au c pour donner à celui-ci la valeur
de s.
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CEN
94 —
CER
dDRAT, de Tit. cedrato, dôr. du L. cUrus,
citron.
CiDKSi,L,cedrusUkipoi).—'D.c^rie{xgèpU).
GÉDULS, it., esp., prov. cedola, BL.cediUa,
pour scJiedula, dim. de sc?ieda(Txkiri), feuillet ;
cp. vfr. cisme de schisme.
GSINDRE, L. cingere; cfr. peindre de
pinffere, astreindre de astringere, etc. —
D. ceinture, L. cinctura. D'un verbe dérivé
L. cincturare, formé de cinctura, on a fait
cintrer, d'où le subst. cintre. Composé : dé-
ceindre,
GEINTURS, voy. ceindre. — D. ceinturier,
ceinturon,
GELA, voy. ce.
GÉLADON, vert pâle, couleur dite ainsi
d'après Céladon, personnage d'une tendresse
fade du roman de l'Astrée.
GÉLJIBRE, L. celebris; célébrer, L. cele-
brare; céW>rUé, L. celebritas.
GÉLSR, L. celare. — Cps. déceler ; receler.
GELSRI, piém. seler, à Côme, selar, Venise
seleno, it. sedano (et sellaro), ail. selleri, du
gr. aiiivov, persil.
GÉLÉRITÉ, L. celeritas (de celer, vite).
GÉLESTE> L. cœlestis (de cœlum, ciel).
GÉLIBAT, L. cœlibatus (cœlebs). — D.
célibataire.
GELLE. voy. celui.
GELUER, L. cellarium (ecUa); cellérier,
préposé au cellier, BL. cellerarius.
GELLULE, L. celliila (cella). ■— D. cellu-
laire, celluleiix.
GELUI, propr. une forme de génitif de ceV
(cfr. lui, autrui); quant à cel, fém. celle, ils
correspondent à it. quello, quella, esp. aquel,
prov. aicel, vfr. icel. Toutes ces formes repré-
sentent le L. ecce ille; celui est le génitif ecc*
illius. Ecce iste, d'autre part, a donné it.
questo (costui), esp. aqueste, prov. aqiiest,
aicest, vfr. icest, cest, et le fr. mod. cet, fém.
cette.
CÉMENT, L. ccementum (contr. de cœdi-
mentum), 1. moellon, 2. éclats, parcelles de
marbre. — D. cémenter. — Le même original
latina fourni aussi le mot ciment (v. c. m.).
GeNAGLE, L. cœnaculum (cœna), salle à
manger.
GENDRE, it. cencre, du L. cinis, gén.
cineris ; pour l'insertion du d, cfr. gendre,
tendre, potidre. — D. cendrer, cendrier, cen-
dreux, ccndrillon.
GÊNE, L. cœna, repas.
GENELLE, fruit du houx, petit et rouge;
mot tronqué de coccifiella, dim. de coccina,
dér. lui-même du L. coccum, kermès, cou-
leur d'écarlate (voy. cochenille).
GÉNOBITE, moine qui vit en communauté,
BL. ccenobites, dér. du latin ccenobium, cou-
vent, = gr. xoiye'€toy (composé de xoivo'î, com-
mun , et ^loç, vie).
GiNOTAPHE, gr. juvoràfiov, tombeau vide,
de simple parade.
GENS, L. ceftsus, 1. recensement, état de
fortune, contrôle, 2. au moyen âge, rede-
vance annuelle (d'où ail. :nns). — Censé,
métairie donnée & ferme, du BL. censa, fer-
mage, puis ferme. — D. censier (BL. censa-
rius), censitaire, censive.
GSNSSR, part, censé, réputé, du L. cen-
sere, compter, estimer.
GENSEUR, L. censor. — D. censorial.
GENSURE, L. censura. — D. censurer.
CENT, L. centum. — D centaine. — Ceti-
tenaire, L. centenarius; du même original
latin aussi centenier, chef de cent hommes. —
Centième, du L. centesimus, d'où vient égale-
ment centième', centime, centième partie du
franc et le dér. centésimal. — Dans les cx)mpo-
sitions on exprime par centi-, la centième
partie d'une unité déterminée, p. ex., centi-
mètre, centiare.
CENTAUREE, du centaure Chiron, rangé
parmi les habiles médecins.
CENTON, du L. cento, couverture faite de
plusieurs morceaux.
CENTRE, L. centrum; central, L. cen-
tralis. — D. cetitraliser, décentraliser; con-
centrer, faire converger vers le centre ; con-
centrique; excentrique.
CENTRIFUGE, GENTRIPATE, mots savants
signifiant « quod fugit, quod petit centrum. »
CENTUPLE, L. centuplus. — D. centupler.
GENTURIE, L. centuria (centum).
CEP, du L. cippus, pieu, barre; dans les
gloses cippus est interprété par xopfAÔi c.-à-d.
tronc. La langue savante a, en outre, tiré de
cippus, dans son acception de colonne tumu-
laire, le mot fr. cippe. Le mot latin avait pris
aussi le sens de « entraves de bois ou de fer
mises aux pieds des criminels » ; de là, la
locution : avoir les ceps aux pieds et aux
mains, ainsi que le vfr. cepier, chepier, geb-
lier, BL. cipparius. — D. cépeau (billot),
cépée; recéper, aicéper.
CEPENDANT, pour ce pendant, pendant ce
temps-là.
G^RAGÉE, sorte de laitage, est prob. une
mauvaise orthographe p. séracée, et un dérivé
de lat. sérum, petit-lait. — Cp. seracium ap.
Du Cange.
GÉRAMIQUE (art), du grec Ap%fioi, vase en
argile.
GfiRAT, L. ceraium, de cera, cire.
GERGEAU, voy. cercle.
GERGELLE, prov. cercela (l'esp. a cerceta,
sarseta), du L. querquedula {querqued*la,
querquella). — Sarcelle n'est qu'une variété
orthographique de cercelle.
CERCLE, L. circulus. — D. cei-cler, encer-
cler. — La forme diminutive latine circellus
a donné naissance à cerceV, cerceau.
CERCUEIL, vfr. sarquel, sarqueu, dérivé
par le suffixe el, du vha. sarc (auj. sarg),
même sign. Autres étymologies proposées,
mais insoutenables : 1 . Contraction de sarco-
phagulus (Saumaise et Caseneuve). 2. Du L.
sarcophagus, par apocope des syllabes atones
phagus. 3. D'un type sarcolium, formé de
aàp^ : lieu où repose la chair. 4. De arca,
coffre, par la filiation suivante : arca, arcula,
arcola, arcolium, sarcolium, sarcoeil, cer-
cueil; ce sont Guyet et Ménage qui patron-
nent la dernière.
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CEU
— 95 -
CUA
CiRÉAIiI, L. cerealis (de Cérès, déesse des
moissons).
CÉRÉBRAL, L. cerebralis (de cerebrum,
cerveau).
CÉRÉMONIE, L. ccerimoixia,
ClRf, L. ceiDus. — D. certaison, cermn,
CXRFCÏÏIL, L. cœrefoHum (-/aif>i9u»ov), it.
cerfoglio, esp. cerafolio, angl. chervil.
CniSE, it. cirieffia, esp. cereza, hoU. ?ierse,
ail. hirschti, ags. cirse, angl. cherry. Les for-
mes romanes accusent pour type latin non pas
cérasum, mais le dérivé féminin cerdsea (pour
Vit. ciriegia, cp. primiero de jwumariii^). Le
prov. cereira était précédé de cereisa, duquel
découle directement lefr. cerise, — On trouve,
du reste, déjà une forme latine ceresia chez
Gargilius. auteur du m* siècle.
CERNE, it. cercine, esp. cercen; verbes esp.
cercenare, couper en rond, fr. cerner (v. mot
encemer = entourer); du L. circinus, circi-
nare (decircw*, cercle). Le diminutif circtncZ-
lits a donné cerneau (pr. noix cernée, noii
en coque), qu'il n'est pas nécessaire de déri-
ver de Tall. kern, graine, pépin, noyau.
CERNEAU, CERNER, voy. cerne.
CERTAIN, ac^jcctif roman, dérivé du L.
certus; ce dernier, dans sa forme adverbiale,
s'est conservé dans certes (v. c. m.). — D. vfr.
acertener, assui-er.
CERTES, L. certe. La finale s est adverbiale,
cfr. ores*, jiisques, lors, etc.
CERTIFIER, L. certificare; subst certificat,
L. certificatum.
CERTITUDE, it. certitudine, esp. certidud,
du L. certitiido.
CÉRULÉ, mot de formation savante et irré-
gulière, L. cœruleiis.
CÉRUMEN, subst. latin, dér. de cera, cire.
CÉRUSE, L. ceriissa.
CERVEAU, cerveV (forme féminine cervelle),
it. cercello, du L. cerebellum, dim. de cere-
bnim. — D. cervelet; cervelas (v. c. m.); écer-
vêlé, pr. privé de cerveau.
CERVELAS, anc. cervelat, it. cervellata, dér.
de cervelle. Sans doute on y faisait entrer pri-
mitivement de la cervelle.
CERVELLE, voy. cerveau. — En vfr. cervelle
signifie souvent «nuque»; ainsi danslegloss.
de Lille (mon éd., p. 15), lat. cervix est tra-
duit par cerveille; dans ce sens, il reproduit
lat. cervicula.
CERVICAL, L. cervicalis (de cervix, cou).
CERVOISE, L. cervisia (mot gaulois), voy.
Pline, XXII, 25. — Strictement parlant, c'est
la forme secondaire cervïsa qui a produit fr.
cercoise.
CESSER, L. cessare. — D. subst. verbal
cesse; incessant; cessation, L. cessatio.
CESSIBLE, L. cessihilis* (cedere^ ; cession,
L. cessio, d'où cessionnaire.
GESTE, L. cœstus, cestus.
CÉSURE, L. cœsura, coupure (ccedere),
CET, voy. celui,
CÉTACÉ, mot savant, L. cetaceus*, dér. de
cetus 'hHtoç), grand poisson de mer.
CETTE, voy. celui.
CEUX, cels", plur. de ceV, voy. celui.
CHABLE, CHABLEAU, CHABLER, voy. câ-
ble,
CHABLIS, bois abattus, voy. sous accabler,
CHABOT, poisson, port, ccîboz; dér. de cap,
tête (= L. caput) avec le sufiîxe ot, à cause
de la grosse tête de ce poisson. Cp. en latin
capito, gr. xi^xlo^, noms d'un poisson.
CHABRAQUE, ail. schabracke, du turc^^cM-
prah.
CHACAL, mot oriental; en turc djakàl,
CHACUN, vfr. chascun, chescun, cascun, it.
ciascuno, prov. cascun, du L. quisque unus,
quischinus. C'est de chacun que s'est dégagé
chaque; bien que répondant par sa significa-
tion au L. quisque, on ne peut admettre que
chaque (mot qui nest pas constaté avant le
XVI" siècle) en soit directement issu ; l't latin
accentué ne devient iamais a. Le correspon-
dant prov. de chaque est qiiecs pour quescs,
qui, lui, est bien le ^uû^ue latin.
CHAFOUIN, personne grêle et sournoise,
ressemblant à une fouine ; composé de chat et
fouine.
CHAGRIN, subst. et adj. Ce mot, dit Diez,
inusité encore au xii^etau xiii" siècle, est sans
aucun doute identique avec chayrièi, cuir
grenu, it. zigrino, dial. de Venise et de la
Romagne sagrin, mha. sager, néerl. segrijn.
Or, on dérive ces formes du mot turc sagri,
croupe, la peau en question étant tirée de la
croupe de lane et du mulet; les Arabes la
nomment zargab, — Borel, dit Ménage, en
dérivant chagrin de chat et de grain, comme
qui dirait chat de grain marin, n'a pas bien
rencontré. Comme on s'est servi des peaux de
chagrin ou plutôt des peaux de phoque, à
cause de leur rudesse, pour faire des râpes et
des limes, on conçoit aisément que l'on ait
métaphoriquement employé le mot chagrin
pour désigner une peine rongeante ; le mot
lima en italien, et scie en français, présen-
tent des métaphores analogues et viennent à
l'appui de cette étymologie. — D. cliagriner,
CHAINE, vfr. chaène, chaîne, du L. catena,
— D. chaînon, chaînette, enchaîner, déchainer,
— Pour chaînon, le vfr. avait la forme chaai-
gnon, puis chaïgnon, de là est venu par con-
traction chignon, qui signifiait autrefois aussi
chaînon (cp. gril de graïl),
CHAIR, vfr. car, carn, charn, prov. carn,
du L. caro, gén. carnis. — D. charnel, L.
camalis, charnier, L. camarium; charnu,
charnure, charogne (v. c. m.); déchamer,
acharner (v. c. m.), échamer, détacher la
chair.
CHAIRE, vfr. chaère, chayère, prov. cadeira,
du L. cathedra (gr. xàâc^px), siège. Par la
mutation de r en 5 s'est produite la forme
chaise, que les anciens lexicographes ne con-
naissaient pas encore. Le grammairien Pals-
grave (1530) signale le mot chèze pour chaère,
comme un vice de la prononciation parisienne.
Par extension, chaise, d'abord chaise à por-
teurs, est venu à signifier aussi une espèce de
voiture.
CHAISE, voy. cfiaire.
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CHA
96
CHA
1 . CHALAND, bateau plat» vît. calant, cha-
landre, anc. cat. ocelandrin, BL. chelandium,
chelinda, galandria, gr. moy. -^yà^Siov. Cette
espèce de vaisseau était particulièrement en
usage chez les Byzantins; il se peut donc,
observe Diez» que ces mots viennent par cor-
ruption de xs>vJ/99«, tortue de mer, serpent de
mer. — Quant au mot chaland, acheteur ha-
bituel, Diez le croit identique avec le nom de
bateau : on aura comparé, dit-il, l'acheteur au
bateau qui reçoit la marchandise du vendeur
A Tappui de cette explication, il cite le mot
barguigner de barca. Caseneuve, se fondant
sur une citation de Papias portant : calones,
i. e. negotiatores, naviculse, fait venir cha-
land do calo. homme de peine, mais la forme
du mot s'y refuse. On pourrait, nous semble-
t-il, ramener chalant', qui propr. exprime des
rapports d'attachement volontaire, au verbe
chaloir, pr. être chaud, fig. s'intéresser; cp.
l'expression nonchalant,
2. CHALAND, acheteur, pratique, client,
voy. l'art. pi*éc. — Mon explication par le
partie, calentem, vfr. chalant (synon. de ac-
cointe, ami, compagnon) est partagée par
Tobler (Ztschr., I, 22). — D. chalandise,
achalander,
CHALE, angl. shaiol, du persan schàl,
manteau d'une fine étoffe de laine, tirée de
la chèvre du Tibet.
CHALET, vfr. chaslet (champ, casalet), dér.
de casa, maison ; selon Littré, d'un type cas-
telletum, petit castel.
CHALEUR, du L. calérem; le nominatif
calor a donné à Tanc. langue la forme caiire.
— D. chaleureuœ,
CHALIT, vfr. chaelit, pic. calit, it. cataletto,
lit de parade, litière, cercueil, esp. cadalecho,
lit de branchages; d'un type catalectiis, lit de
parade (voy. catacombe et catafalque). L'éty-
mol. chasselit [capsa lecti) est erronée.
CHALOIR, prov. caler, it. calere, du L.
colère, dans le sens métaphorique de « être
d'importance » (3« pers. ind. prés, chalt* chaut
= L. calet). Il me chalt ou chaut ■= je me
soucie; cp. la locution : cela ne me fait ni chaud
ni froid. De l'opposé non-chaloir est resté l'adj .
non-chalant, insouciant. — Voy. aussi cha-
land 2.
CHALON, anc. bateau, auj. grand filet de
pêche trainé entre deux bateaux. Du Bh.calo,
-onis, navicula?
CHALOUPE (angl. shallop, it. scialuppa,
esp. chalupa viennent du français); du ni.
sloep, danois sluppe (angl. sloop). Ces mots
tiennent sans doute du radical slup, glisser.
CHALUMEAU, pour chaletneau (cp. alu-
melle, p. alemelle), vfr. chalemel, prov. cara-
mel, esp. caramillo, ail. schalmei; du L.
calamcllus, dim. de calamus, roseau.
CHAMADE, it. chiantata, du port, chamada,
appel, dér. du verbe chamar, qui est le L.
clamare.
CHAMAILLER (SE) est généralement dérivé
de camail (v. c. m.), armure qui couvrait la
tête et le cou. Ce serait ainsi pr. frapper sur
le camail. Nous doutons quelque peu de cette
étymologie ; le mot, qui ne parait pas remon-
ter au delà du xvi* siècle, fait reffeC d'être un
synonyme de criailler, quereller, et de venir,
aussi bien que chamade, du L. clamare. Cepen-
dant, comme, à son origine, le terme implique
une idée de combat plus sérieux qu'une criail-
lerie, on pourrait aussi proposer une compo-
sition capo^malleare, capmailler, chamailler
=^ frapper sur la tête.
CHAMARRER, de jgamarra, chamarra, mot
esp. signifiant vêtement large, robe de cham-
bre, faite en peau de mouton {zamarro). L'an-
cienne langue française avait d'ailleurs elle-
même le subst. chamarre, avec le sens de
pelisse, d'où s'est déduit celui d'ornement
d'habit en général. C'est cette dernière accep-
tion qui a donné naissance au verbe chamar-
rer, orner, parer. — L'it. a zimarra pour
robe de chambre; c'est de là que nous avons
reçu cimarre* et simarre. — D. chamarrure.
CHAMBELLAN, BL. chambellanus, forme
romanisée du german. kâmmerling (m. sign.),
dont on trouve les formes variées cambrelin-
gue, Chamberlain, chambrelenc. — Chambre-
lan, ouvrier qui travaille en chambre, est
étymologiquement le même mot.
CHAMBRANLE; étymologie inconnue. Y a-
tril rapport avec chambre, ou avec le verbe
cambrer, voûter? Le BL, a caméra, avec le
sens de boiserie. — Darmesteter se demande
si le mot n'est pas altéré de chanlambre, =
lambre (de lamina, cp. lambris) de chant, c-
à.-d. planches des cètés (de la fenêtre).
CHAMBRE, du L. caméra, qui signifiait
voûte de chambre, puis chambre voûtée; it.
caméra, ail. kammer. — D. chambrer, être
de la même chambre, mettre en chambre;
chambrette; chambrée; chambrier, -ière, pour
lesquels on a aussi tiré directement de Tit.
cameriere les formes fr. camérier, -ière.
CHAMEAU, vfr. chamoil, L. camelus
{éL&firiUi). — D. chamelier; chamelle.
CHAMOIS, it. camoscio ; formes féminines :
it. camozza^ esp. camuza, gamuza, port, ca-
muça, çamurça; de même origine, sans doute,
que le mha. gamz (contracté d un vha. gamuz,
cp. vha. hiruz, cerf), ail. mod.^em**. Le corps
du mot serait-il, comme le pensait Cobarruvias,
l'esp. ou port, gamo, îém.gama, daim, lequel
pourrait bien venir du L. dama, puisque l'on
trouve dans ces langues golfin pour dolfin,
delfin (L. delphinus), gragea pour dragea, et
gazapo, lapereau, pour dazapoî — Pougens
propose pour chamois une origine de l'arabe
kohy-maïz, chevreau des montagnes. Cela
concorderait, moins pour la lettre que pour
la valeur, avec le terme latin rupicapra, chè-
vre des rochers. — D. chamoiser.
1. CHAMP, L. campus; voy. camp.
2. CHAMP, côté étroit d'une pièce de bois
ou d'une brique, employé surtout dans la
locution adverbiale d^ champ; orthographe
vicieuse pour chant, côté (voy. canton).
CHAMPART, voy. sous camp, — D. c?iam-
parter.
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CHA
— 97 —
CHA
GHAHPSAUX, prés, prairies; reste de l'anc.
locution prés champaux^ prés des champs,
opp. à prés de rivière; de Ta^j. campcUis (de
campus),
CHAMPliTRB, L. campestris (campus).
CHAMPI (EHFANT), enfant trouvé, vfr.
tihampil, de campilis (de campus) ; pr. enfant
trouvé dans les champs.
CHAMPIGNON, voy. sous camp,
CHAMPION, it. campione, esp. campeon,
ail. hampe; dix BL. campus, champ clos, puis
combat en champ clos.
CHAMPLÏÏRE, trou pratiqué au fond d'un
tonneau ; robinet d'un tonneau qu'on a mis en
perce; c'est une corruption de chantepleure
(Littré).
CHANCE, contracté de chéance* (allem.
scJumze, it. cadenza)\ d'un type \sX\Ticadentia,
de cadere, tomber ; chance signifie propre-
ment la tombée du dé, de là : hasard, sort,
coup de fortune. Ce mot est la forme vraiment
romane, cadence, la forme savante, du L. ca-
dentia. — D. chanceux,
CHANCELER, pr. croiser les jambes, pour
s'empêcher de tomber, puis au fig. manquer
de fermeté, du L. cancellare, faire un treillis.
Diez (3^ éd.) appuie cette étym. sur le mha.
schranhen, chanceler, dérivé du subst.
schranhe = treillis. Littré rapporte égale-
ment chanceler au L. cancellare, mais en ob-
servant que la vraie forme française est celle
qui se trouve dans Job : scancelhier ^» échan-
celer, donc sortir des barreaux. « Elle s'est
confondue, » dit-il, « avec chanceler, lat. can-
cellare, rayer, faire des raies, et, figurément,
n'aller pas droit «. Cette étymologie est non
seulement forcée pour le seAs, mais elle a
contre elle la circonstance que des glossaires
du VIII" siècle prêtent déjà au verbe simple
cancellare le sens de « nutare »». — L'étymo-
logiecAanc«,pr. chute, a été reconnue fautive
et abandonnée par Diez dans sa dernière
édition.
CHANCELIER, L. canceUarius, huissier,
scribe, greffier qui se tenait aux barreaux
{cancelli, anc. fr. chanceC) qui séparaient le
tribunal de l'assistance. Angl. chancellor, ail.
hanzler, — D, chancellerie; chaiicdière, nom
d'un meuble garni de peau (cp. les termes du-
chesse, marquise, châtelaine et autres, appli-
qués à des meubles ou ustensiles).
CHANCIR, moisir, sans doute du L. canus,
blanc, par le suffixe cir, comme noircir de
noir (Rom., V, 142). — D. chancissure.
CHANCRE (en wallon, par transposition,
cranche), voy. cancer, — De la forme chancre
procèdent : chancreux, échancrer,
CHANDELEUR, du latin canddarum (ou
plutôt, avec transposition de genre, candelo-
rum)'y de candela, chandelle, dans la locu-
tion « festum sanctse Mari» candelarum » ;
cp., pour la finale génitivale, le vieux mot
pascour, dans le « temps pascour », le temps
de Pâques.
CHANDELLE, L. candela.-- D. chandelier,
Chandeleur (v. c. m.),
CHANFREIN, anc. chamfrain, partie de
l'armure qui couvrait la tête du cheval de ba-
taille. Etymolo>gie incertaine ; d'après Ménage
du L. camus, licou, carcan, et frœnum, frein,
M sorte de réduplication, dit Littré, où un
mot moins connu est déterminé et expliqué
par un mot plus connu » . — Comme terme
d'architecture, chanfrein correspond à angl.
chamfer, esp. chaflan. L'existence du verbe
chanfreindre = faire un chanfrein, nous fait
coiyecturer, pour l'application de ce mot aux
arts et métiers, l'étymologie cant, coin, côté
aigu (voy. canton), et fraindre =■ L. frangere,
CHANGER, vfr. cangier, wall. cangî, it.
cambiare, cangiare, esp. , port, cambiar, prov.
cambiar, camgar; du L. cambiare (loi sa-
lique), pour cambirc (Apulée). — D. change,
changement, -eur; rechange. Le composé
excambiare a donné l'it. scambiare et le fr.
échanger,
CHANOINE, voy. canon 2.
CHANSON, VÎT, chançon[c^,. façon, rançon),
it. canzone, du L. cantiônem (canere). — D.
chansonîiette, chansonner, chansonnier.
CHANT, L. cantus (de canere, chanter).
CHANTEATJ, chanteV, angl. caMle, morceau
coupé à l'extrémité, du BL. cantus, coin, côté ;
voy. sous canton,
CHANTEPLEURE, sorte d'entonnoir (d'où it.
et esp. cantimplora), «• vient des mots cAan-
ter et pleurer, le chant étant représenté par le
bruit que fait l'eau de la chantepleure en sor-
tant par ses petits trous, et les pleurs étant
représentés par l'eau qu'elle répand •• (Ménage).
— Nous soupçonnons fort ce mot de n'être
qu'une altération de champleure, en rouchi
campélouse, norm. cliampelure, picard cham-
pieuse, cannelle du tonneau. D'autres mots
appartenant au domaine des arts et métiers
nous révèlent l'existence d'un verbe champler
avec une idée fondamentale d'entaille, de per^
cemént ou de creusement {champleoer, creu-
ser, champlure, trou). Il tient probablement
de la même racine cAop, mentionnée sous cha-
peler et chapuiser, et qui est également au fond
de chapon. Chantepleure est un de ces mots
populaires façonnés de manière à donner une
forme plus saisissable à des mots incompris.
CHANTER, L. cantare. — - D. chanteur,
-euse; chantre, directement de L. cantor,
tandis que chanteur, vfr. chanteeur, vient de
cantaJlàrem; chanterelle, corde la plus déliée
d'un instrument et qui a le son le plus aigu ;
chanterille, petite bobine (terme comparable
avec l'expression chantepleure) ; chantonner ;
cps. déchanter, pr. rabattre le chant, le ton.
CHANTIER, lieu où Ion entasse des pièces
de bois à brûler ou de construction, puis lieu
où l'on travaille le bois, et enfin lieu de con-
struction en général. Ce mot, dans ces diver-
ses significations, nous semble se rattacher
au vfr. cant, coin, côté (voy. canton), et dési-
gner propr. le ihagasin de réserve où se met-
tent de côtelés pièces de bois dont on n'a mo-
mentanément pas besoin. Nicot le fait venir
du L. canterius, qu'il dit avoir sig^fié, entre
autres, magasin de bois, mais nous ne oon-
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GHA
98
GHA
naissons pas cette acception prêtée à eante-
rius, — Nous séparons le mot chantier, dans
les significations ci-dessus énoncées, de chan-
tier s> soutien, bois de soutènement, ma-
driers pour soulever un poids, it. cantiere,
port, canteiro. C'est ce dernier qui peut se
rapporter au L. canterius, auquel on con-
naît des acceptions analogues : dievron, sou-
tien.
CHAimOKOLE semble être une forme di-
minutive de chantier, bois de soutènement,
chose aplatie, brique plate ; ou dérive-t-il du
vfr. cant, côté, bord?
CHANTOURNER, composé de chant ==
cant*, coin, bord, et de tourner (cp. chan-
frein).
CHANTRE, voy. chanter: — D.chantrcrie.
CHANVRE, it. canapé, esp. cdnamo, prov,
canehe, cambre, du L. cannabis, cannaJbus
(xA»va6i5, -o«). L'r est euphoniquement inter-
calé; des dialectes ont canve, chambe, cambe.
Voy. aussi canevas et chènevis,
CHAOS, L. chaos (xâoç). — D. chaotique,
dérivation incorrecte des savants modernes
CHAPE, variété de cape (v. c. m.). — D
chapier.
CHAPEAU, chapeT, voy. cape, — D. cha-
pelier, chapellerie,
CHAPE-CHUTE, litt. chape tombée; elle
forme une bonne aubaine pour celui qui la
trouve et s'en empare. — Pour le participe
fém. chute, voy. chute,
' CHAPELAIN, voy. chapelle.
CHAPELER (du pain », vfr. chapier, capler,
chaploier, du BL. capulare = tailler, tran-
cher. On fait venir généralement ce capulare
de capulus, poignée de l'épée. Que cela soit
fondé ou non (nous optons pour la négative),
notre avis est que chapeler est radicalement
le même mot que chapoter, dégrossir le bois
avec la plane, et le vfr. chapuîser, prov. ca-
pujtar, couper menu. Le radical chap est, à
ce qu'il semble, le cap de capo, captis, coq
châtré ; la terminaison uiser dans chapuiser
pourrait avoir été déterminée par Tanalogie
de menuiser*, cfr. en it. tagliuzsare. Dans
beaucoup de dialectes, chapuis, pr. celui qui
taille, s'emploie pour tailleur de bois ou char-
pentier. — Ménage fait venir chapeler de
scapellare, dérivé fictif de scalpellum; c'est
un peu hardi. Mieux vaudrait, s'il fallait
chercher ailleurs que dans le domaine latin,
invoquer dans le domaine germanique angl.
chap, ni. happen et ail. kappen, fendre, cou-
per. — D. chapelure,
CHAPELET, couronne de grains ou de
fleurs, rosaire, voy. cape.
CHAPELLE, voy. cape. — D. chapelain,
BL. capellanus, ail. haplan; d'où chapel-
lenie.
CHAPERON, voy. cape. Nous laissons à
d'autres le soin de vérifier l'origine de l'ex-
pression « servir de chaperon » à une jeune
personne. Chaperon est-il pris fig. p. abri,
protection? Je le pense: en allemand, hut si-
gnifie au masc. chapeau, au fém. garde, pro-
tection. — D. chaperonner.
CHAPITEAU, L. capitellum, diihinutif da
caput.
CHAPITRE, angl. chapter, du L. capitu^
lutn (caput). Cfr. épitre de epistola, apôtre de
apostolus. — « Capitulum, locos in quem
oonveniunt monachi et canonici, sic dictum,
inquit Papias, quod capitxda ibi leguntur. •
On disait aller au chapitre, conune on dit
aller au catéchisme. Cela &it que chapitre^
dénomination de lieu de réunion, est devenu
synonyme d^assemblée ou corps des moines et
chanoines. — D. chapitrer, réprimander en
plein chapitre, cp. l'ail, capiteln, einem dos
capitel lesen.
CHAPON, it. capone, esp. capon, ail. Aa-^
paun, néerl. capoen, capuyn, angl. capon^
du L. caponctn (xàTTMv]. — D. chaponneau,^
chaponner. — L'espagnol a un verbe capar,
sign. châtrer; cp. ail. kappen. Voy. aussi
cJvapeler.
CHAQUE, voy. chacun. — Notez que ce
mot ne date que du xvi« siècle.
CHAR, angl. car, néerl. har, ail. karren,
du L, carrus. — D. charrette, chariot, char^
ron {yîr. carlier ■=» carelier). Le dérivé latin
carricare (saint Jérôme) s'est transmis au
français sous diverses formes :
1. Charger = it. caricare, carcare, esp.,
prov. cargar; forme picarde cargucr; le sena
premier est mettre sur un char.
2. Charrier =- it. carreggiare, esp . carear^
3. Charroyer, variété de charrier (cfr,
plier et ployer),
CHARABIA, d après Dozy, de Tosp. algara-^
bia, baragouin, galimatias (port, arabia tout
court) = al-aradpya, la langue arabe (un
charabia pour ceux qui ne la comprennent
pas). — Voy. aussi Rom. U, 87 (note).
CHARADE ; étymologie douteuse; mot d'aiK
leurs étranger aux anciennes éditions du Dic-
tionnaire de l'Académie. Quelques-uns le font
venir du verbe charer (dial. de Normandie),
Languedocien chara, converser pour passer le
temps, s'amuser, cliarada, babillage. La clia-
radc serait ainsi dans le principe un amuse^
ment par paroles. Cette manière de voir doit
céder le pas à la suivante : Charade est anei
forme aflaiblie de vfr. charaudc, aussi clia-
raute, qui signifie charme, sortilège, et qui
accuse le type caracta (voy. Raynouard) ^=:»
xajoàx-njp, signe, marque, et part. « schedula
magicis notis sou litteris exarata », A côté
de charaute, l'anc. langue oflre encore cha-
rait, qui répond à 'caractum, et cKaraio
(aussi charoie), qui reproduit BL. caragiits.
La correspondance de lat. act avec fr. aut ou
ait [charaute et charait) ne fait pas doute. D.
n'est pas nécessaire do s'arrêter encore à la
production du sens actuel do charade sur la
base de la valeur « billet couvert de formulea
magiques ». Telle est la substance d'un art.
de Fœrster, dans Ztschr., m, 263. Il m>
reproche avec raison l'observation dont j'avais
fait suivre l'^tymologie par charer : « Il n'y a
donc guère lieu d'admettre quelque rapport
entre charade et les BL. caragus, cararius,
caraida, carauda, sorcier, magicien, devi^
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CHA
— 99 —
GHÂ
oeur », répudiant ainsi précisément les élé-
ments qui devaient m'éclairer dans Télucidar
tion du mot charade. Qu'il me soit permis,
pour me disculper, de foire remarquer qu'en
1872, je n'avais point encore rencontré Ib
forme charaute, et l'eussé-je connue, je n'au-
rais, dans l'état de la phonétique d'alors, pas
osé assimiler charaute à caracta, ni charade
à charaïUe, La loi de la résolution de ak par
au n'était pas encore découverte. D'ailleurs,
l'opinion du successeur de Diez n'est pas
à l'abri de toute objection. Avant de s'y
rallier, Gaston Paris (Rom.. VIQ, 629;
demande ses apaisements sur les points sui-
vants : A-t-on des exemples de charade pour
charaute f Comment charaude a-t-il changé
en français propre son au en a f A-ton des
preuves de la transition du sens? Le mot cha-
rade ne paraît pas plus ancien que la fin du
xu« siècle ; d'où sortait-il î
CHARANÇON, étymologie inconnue. Un
synonyme de charatiçon est caîande*, calan-
dre; le premier serait-il une dérivation du
second? Cp. les dérivés écusson, arçon; r p. /
ferait d'autant moins de difficulté si l'original
de calandre (v. c. m.) était le gr. xapao/>io;, BL.
caradrius. — Le primitif immédiat du fr.
cJiarançon est fourni par le prov. carence {Lïy,
de Sydrac : malas bostias, escorpios, caren-
ces).
CHARBON, L. carbonem, — D. charbon-
ner, charbonneuof, charhonnée — ■ carbon-
sade (v.c. m.); charbonnier, L. carbonarius.
GHARBOUILLER, gâter (en parlant de la
nielle des blés), dér. du subst. carbouUle, =»
L. 'carbuculat fém. de carbuculus = carbun-
culus, charbon brouisseur. — En lat., carbun-
culare a le sens neutre » être atteint du
charbon » .
CHARCUTIBR, dér. de char (chair) cuite.
— D. cîiarcuter, charcuterie.
CHARDON, esp., prov. cardon^ dér. du L.
• eardui^. L'it., î'osp. et le port, ont directe-
ment tiré de cardus (p. carduus) la forme
cardo. — D. chardonnette, artichaut sauvage ;
chardonnet* on chardonneret (cp. l'aU. distel-
finh, litt. linotte de chardon); échardonner.
Composé avec ex, le L. cardus a produit it.
scardo, d'où le fr. écharde.
GHARGSR, voy. char. — D. charge; com-
posés : décharger [L. discaricare); surcJiarger.
CHARIOT, aussi charriât, dér. de char.
CHARITÉ, L. caritaiem, affection, amour.
— D. charitable; le suffixe abU, générale-
ment appliqué à des verbes, se rencontre par-
Ibis joint à des substantifs, p. ex. équitable,
véritable, vfr. amistable.
CHARIVARI, vfr. caribari, chalivali, BL.
eharivarium, chalixiricum^ pîc. queriboiry,
dauph . chanavari, prov. mod. taribari. On a
fait des dissertations sur l'origine de ces mots,
et Ton trouvera dans « Phillips, ûber die
Katafenmusiken (1849; » une riche collection
de termes analogues dans les diverses lan-
gues et dialectes. Charioari est évidemment
un composé; l'élément vari se retrouve dans
une foule d'expres^ons pc^ulaires marquant
bruit, désordre (^uroort, bouïevari, etc.);
quant au premier élément, il semble avoir
été formé par assimilation au second, et l'on
suppose qu'il représente un mot signifiant
quelque ustensile de cuisine et servant pour
la circonstance d'instrument de musique ; cfr.
en wsMonpailtège — charivari, dér. depaill,
c.-à.-d. poêle. Le sens étymologique de cha-
rivari serait donc « bruit de poêlons » . Aussi
Diez est-il tenté de voir dans chali ou chari
le latin calix, verre, pot; on a poiu* cela
aussi beaucoup tenu à l'étym. L. chalyba-
rium, de chalybes, objets en acior. Voy. aussi
mon Glossaire de Lille, p. 24, où chalivali
traduit à la fois morganicum et larnadum,
— Darmesteter (p. 1 13) analyse le mot par la
particule préjorative caZt + oan, «tumulte»,
qui se retrouve dans les mots composés hour-
vari, boulevari, normand vari-vara (en dés-
ordre), etc.; cp. ail. toirr-toarr, confusion, '
verbe toirren, embrouiller.
CHARLATAN, de l'it. ciarlatano, dérivé de
ciarZarc, = esp., port. cJiarlar, val. charrar,
fr. (norm.) charer, bavarder.
1 . CHARMB, anc. chanson magique, sorti-
lège (cp. vfr. charmeresse, sorcière); it. carme,
chant, poésie; du L. carmen. — D. charmer,
BL. carminare; ac(j. cluirmant.
2. CHARME, arbre (Berry charne, Hainaut
came), du L. carpinus, it. carpino, esp.
carpe. — D. charmoie, cliarmille.
CHARNEL, CHARNIER, CHARNU, CHAR-
NURE, voy. cAair.
CHARNniRE, répond au type latin cardi-
naria, du L. cardo, gén. cardinis, qui signi-
fiait gond, pivot, poutres emboîtées, cavité,
entaille, rainure. — D. encharner.
CHAROONE, pic. carone, it. carogna, prov.
caronha (esp. caroho, pourri), anc. angl. ca-
royne, n. angl. carrion, d'un type lat. carotiea,
formé de caro, chair.
CHARPENTIER, angl. carpenter, it. car-
pentiero, du L. carpentarius. Le mot latin
signifiait charron, carrossier (de carpentum,
voiture); le sens s'est peu à peu élargi en celui
de « faber lignarius n en général. — D. char-
penter, charpente, charpenterU.
CHARPIE (BL. carpia), subst. participial du
verbe ancien charpir (comp. escharpir, des-
charpir), qui représente le L. carpere, arra-
cher, effiler, effilocher. L'it. carpire signifie
accrocher, déchirer, puis rafler, enlever.
1 . CHARRÂE, cendre lessivée. Joret, retenu
par l'initiale ch, rejette le type cinerata et
postule un radical car; il ramène donc le mot
au lat. du moyen âge carrata, charretée (vfr.
charée). Quant au rapport des sens, il ne sait
pas l'établir nettement; « tout ce que l'on en-
trevoit, c'est que cette cendre étant un engrais
précieux que l'on recueille avec soin et que
l'on exporte même de province en province, on
a pu lui donner un nom emprunté à la ma-
nière dont on la transportait » (Rom. , VI. , 595).
— Tobler, de son côté, n'approuve pas plus
cette explication que celle par cinerata. Les
formes T^vov.chairel,cheirél et surtout thadro
lui paraissait indiquer un tkàme catr, oadr.
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CHA
100
CHA
2. GHARRtS, larve d'insecte qui sert d'ap-
pât, vient, d'aprôs Joret, de lat. caryuUa (cp.
l'équivalent esp. camada, même sens), avec
assimilation de né^r. — Tobler le rattache
de préférence au mha. herder, keder, nha.
hôder, appât.
CHARRETTE, it. carretta, esp. carreta,
angl. cart, dimin. de carrus, char, — D.
charretier^ charretée, charreton ou charton.
CHARRIER, voy. char.
CHARRON, dér. de char,
CHAROTER, voy. char, — D. charroi.
CHARRUE, pic. querue, prov. carruga, du
L. carruca (carrus).
CHARTE, variété de carie (v. c. m.). — La
forme chartre (angl. charter) répond au
dimin c?iartula (cp. NÎcglandre deglandula),
— D. chartrier = cartularium.
1. CHARTRE, voy. cAarté.
2. CHARTRE, prison, p. charcre, it. car-
cere, esp. carcel, du L. carcer, gén. carceris,
— De l'acception prison s'était déduite celle
de tristesse, langueur, dépérissement; c'est
ainsi qu'en Champagne, un enfant charcreux
signifie un enfant chétif. Comparez le rap>
port logique qui existe entre chétif et cap-
tif, tous les deux de captivus,
CHAS, trou d'une aiguille, parait être la
forme masculine de châsse, ce qui enserre,
enclôt (v. c. m.). Dans l'anc. langue on trouve
la forme fém. chasse,
CHASSE, subst. verbal de chasser,
A
CHASSE (le circonflexe n'a pas de raison
d'être), du L. capsa. C'est donc une variété
des mots caisse et casse, — D. châssis, en-
châsser (it. incassaréj,
CHASSER, vft*. cachier, chader, it. cac-
ciare, esp., port, cazar, vieux esp cabzar,
prov. cassar. On a beaucoup coi\jecturé sur
la provenance de ces mots, mais aucune de
ces coi^ectures ne peut convenir à la science,
si ce n'est celle de Ménage, qui propose cap-
tare. Seulement, il faut poser, comme l'origi-
nal do chasser, non pas la forme captare,
mais la modification captiare (formée du part.
captus, comme BL. suctiare, de sudus, d'où
sucer, conciare p. comtiare, de comptus, per-
tugiare, p. pertusiare, àepertusus, etc.). C'est
évidemment de captiare que procèdent chas-
ser et les autres formes romanes citées. Les
Latins déjà disaient captare feras, et dans
un vieux glossaire on trouve « ^pcuni$, cap-
tator, venator ». Du fr. chasser (dialecte rou-
chi aussi cacher) viennent les deux verbes
anglais catch et chase, — D. chasse (BL. cap-
tia, diplôme de 1162), chasseur; composé
pourchasser, d'après l'analogie di^ poursuivre,
CHASSIE, étymologie inconnue. Lit. dit
pour chassie cacca d*occ}\j, ordure d'yeux;
chassie pourrait donc venir d'une forme déri-
vative caccia, — Grandgagnage suppose un
rapport entre chassie et caseus, fromage, et
cite l'expression allemande augenbutter,
beurre des yeux. — Littré pense à L. cœcutia,
vue faible, en expliquant l'esp. cegajoso (chas-
sieux) par cœcaliosus et le vfr. chaceuol par
caxutiolus. Le sens, pas plus que la lettre,
ne favorise cette opinion. — D. chassieux,
— L'anc. langue avait le verbe chassier, être
chassieux; peut-être apt-il précédé chassie.
CHASSIS, voy. châsse,
CHASTE, L. castus, — D. chasteté, vfr.
chasteé, chaste, L. castitcUem,
CHASUBLE correspond étymologiquement
à it. casipoîa, casupola, quoique ces derniers
signifient petite hutte. Une autre forme fran-
çaise était casule, qui répond au casulla des
Espagnols (ail. casel), lequel A son tour est p.
casupla, casubla «» it. casupola (Storm,
Rom., V, 174). Flechia voit dans casipulaim
dérivé de casa au moyen du suffixe dim.
pula ; Paris incline à croire que le mot ita-
lien n'est pas du fonds latin. — Pour le rap-
port d'idée entre hutte et manteau, cp. le mot
cappa (fr. cap et chape), qui se trouve dans le
vieux esp. et le milanais avec le sens de hutte.
Voy. aussi casaque. — D. chasublier,
CHAT, prov. caJt, esp. goto, it. gatto; ce
mot, répandu dans les idiomes germaniques
et celtiques, ne parait que tard en latin (chez
Palladius) ; il doit cependant avoir existé dans
la langue vulgaire. — D. chatte, chaton;
chatter; chatoyer; chatouiller i}) (v. c. m.).
CHATAIONE, it. castagna, prov. castanha,
du L. castanea (gr, MiTwxtuov x&pvov, noix de
Castana). Ane. angl. chesteyne, chesten, d'où
le composé actuel chest-nut; mha. hestene,
nha. hastanie, — D. a^j. châtain; châtai-
gnier, -eraie,
CHATEAU, chastel *, L. castellum (dimin.
de castrum). — D. chàtelet; châtelain, L. cas-
tellanus; châtellenie,
CHAT-HUANT, anc. orthographié c?uthuan,
est probablement une transformation, opérée
par l'étymologie populaire, du mot c?iouan,
quoiqu'on rencontre le simple mot huant (pr.
cheant) p. ex. dans la phrase suivante de
Birter, aux grands pieds « les leus oy uUer et
li huans hua **. — Voy. sous chouette,
CHATIER, vfr. chastier, castoier, chastoier,
angl. chastise, ail. casteien, du L. castigare
(rac. castus; cp. purgare àepurus), — D. châ-
timent (vfr. chasti, c?iastot),), castoiement,
1. CHATON, petit chat /et terme de bota-
nique), dimin. de chxU. — b. chatonner.
2. CHATOK, partie d'une bague qui ren-
ferme la pierre précieuse, vfr. caston, chas-
ton, it. castone; selon Diez, p. casseton,
dimin. de cassette, dim. de caisse (L. cajola) ;
selon moi, plutôt de l'ail, kasten, caisse,
employé également pour chaton. — D. encha-
tonner, en esp. engastonar, engastar.
CHATOUILLER, vfr. catiller, catouiller.
Diez tire ce mot du L. catulire, être en cha-
leur (dérivé de catula, chienne), lequel se
serait converti en catuliare, comme cambire
en camàiare (voy. changer), et qui, par ce
changement même, aurait pris la significa
tion factitive : faire éprouver, donner ce fré-
missement des sens, cette sensation que nous
appelons chatouillement. Cette étymologie est
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CHA
iOl —
CUÉ
difficile à Térifier, en présence de tant de
formes approchantes et cependant variées
dans les dififôrents dialectes germaniques et
romans; nous n'en citerons qu'un petit nom-
bre : wallon cati, gatî, ffuett; bourg. gaJUxUli;
lorr. gattié; Piémont, gatié; ail. hitzeln (en
Suisse kidzeln); bas-saxon heddeln; ags
cUeian (d'où angl. hittle et par transposition
Hchle): néerl. kittelen; suéd. kittla. Partou
un thème hat, kid, ket ou kit. Qui sait si le
L. titillare n'est pas aussi une altération
euphonique de kitiliaret — Ascoli (Arch.
glott., n, 322) ramène aussi toutes les formes
en question à ccUus, chat ; dans notre cas, par
l'intermédiaire d'un dérivé catuculus, — D.
ehatouiUeux,
GHATOTSR, changer de couleur, avoir des
reflets comme l'œil du chat ; dér. de chat. —
Dans le Berry, le mot signifie : flatter, cares-
ser (cp. l'ail, kàtzeln).
CHATRER, L. castrare.
GHATTEIOTB, du L. cota mitis, douce
chatte. — D. cliaUemitterie, fausse caresse.
GHATJCHSR, autre forme de caucher (v.
cauchemar) et de cacher ; elle s'est conservée
dans chauche-branche, 1 . levier (branche qui
presse les autres) ; 2. nom d'oiseau (litt. qui
serre la branche), et dans chauche-poule^ nom
vulgaire du milan.
GHAÏÏD, du L. calidus cal'dus, — D. chàu
dbâu, chaud^r, d'un type bas-latin calddlum\
CHAUDIÈRB, it caMaja, esp. caldera, prov.
eaudiera, BL. caldaria; chaudron, it. caîde-
rone^ esp. calderon, angl. cauldron; âchau-
DER, vfr. escauder, it. scaldare, angl. scald,
=« L. excaldare*,
GHAÏÏDEAU, V. chaud.
GHAÏÏDISRE, V. chaud, — D. chauderon,
chaudron.
GHAUDRON, v. chaitd et chaudière. — D.
chaudronnier, -erie.
GHAII7FSR, angl. chafe; du prov. calfar,
it. ccdefare, formes romanes du L.calefacere,
— D. chauffe, chauffage, chauffoir, -eur,
-ereUe; cps. échauffer, prov. escalfar, d'où
réchauffer.
CHAII70UR*, litt. four à chaux. — D.
chaufournier,
GHATJLSR, dérivation arbitraire de chaux.
— D. échauler,
CHAUM1I, du L. calamus, tige de toute
plante élevée («À>a/&9«), BL. calmus, — D.
chaumer, couper le chaume; chaumière et
chaumine, petite maison couverte de chaume;
déchaumer.
GHAÏÏSSS, vfr. cauche, it. calzo, colza,
esp. calza, prov. calsa, caussa, du L. cal-
eeus, soulier. Ménage s'est étrangement four-
voyé en songeant au L. caliga. — D. chaus-
son, it. calzone (de ce dernier fr. caleçon),
chaussette, chaussetier, chaussure, chausser,
L. calceare, cps. déchausser.
GHAUSSÉE, vfr. cauc^t>,oatict«, esp., port.
calzada, prov. caussada (flam. kautsije, kaus-
sffdê, kassije), correspond à un participe
latin calciata (s. e. via), dér. de calx, pierre
à chaux ; chaussée est une route faite aveo.
des pierres calcaires broyées. Dautros (ainsi
Ducange, Littré, Rônsch) interprètent cal-
ciata par « la foulée », en le ramenant à un
verbe calciare, issu d'une forme BL. calcia =»
caJx^ talon. Ds pourraient bien avoir raison.
GHATJSSE-TRAPE, BL. calaxtrepa, calci-
trepa, signifie propr., & mon avis, soit •• trape
pour le talon i> ou •• trape pour celui qui
marche dessus » ; l'élément chausse s'accorde
pour la lettre avec le type calcitrepa, tandis
que l'anc. forme concurrente chauche-trape
s'accorde mieux avec calcaJtrepa. Comme sen»,
cp. les expressions ail. fitss-angeJ, fiiss-eisen,
— Le même composé français s'applique à la
plante dite autrement chardon étoile; il tra-
duit dans les glossaires du moyen âge le lat.
saliunca, au sujet duquel Jean de Gênes dit :
H Est herba spinosa, a salio, quod eam cal-
cantes facit salire et vulgo dicitur calca
crêpa, quod calcantes facit creparef » Il est
probable que cette forme calcacrepa, qui se
voit en effet souvent dans les glossaires du
moyen âge, à côté de calcatrepa, -tripa,
•Irippa, est l'effet de la confusion graphique
de c et ^ Le Glossaire et le Catholicon de
Lille rendent saïiunca par caudetrepe ou
•trape; ailleurs, je trouve cauketrap ou caudie-
trape. L'anglais moderne en a fait caltrqp;
l'it. , pour la plante, dit calcitreppo. — Littré
et Darmesteter voient à tort dans notre com-
posé le verbe chausser; Meunier (Les compo-
sés, etc., p. 137), par contre, interprétant
chausse par chaucher, fouler, traduit le terme
pur « elle foule, elle serre, la trappe ».
CHAUVE, L. calvus. — D. chauveté, L. cal-
vitas. — Quant â chauve-souris, Grandga-
gnagc, se fondant sur les formes wallonnes
cJunoe-sori, chehau-sori, etc., suppose dans
cette composition une transformation de c?ioue-
souris, équivalant à souris-hibou. Certains
dialectes disent 7'ai volant ou crapaud volant :
prov. rata pennada (cfr. ail. fledermaus), en
Lorraine bo-volant. Diez et Littré s'en tien-
nent à l'interprétation par souris chauve (â
cause des ailes dépourvues de plumes); d'après
Baist (Ztschr. V, 264), souris est le lat. soriw,
qui était déjà dans Marcius Victorinus un
volatile nocturne, auquel le fr., pour plus de
clarté, aurait préposé le mot cave, choe, le nom
de la chouette.
CHAUVE- SOURIS, voy. cliauve.
CHAUVIR des oreilles (Rabelais : cliauver,
c?u)uery^ pr. agiter les oreilles soit en les dres-
sant, soit en les abaissant; d'après Littré,
prob. de choc (voy. chouette), â cause de ce
mouvement des plumes particulier â la
chouette, qui figure des oreilles comme celles
du chat.
CHAUX, prov. calz^ cous, esp. cal, it. calce,
du L. calx, m. s.
CHAVIRER, prob. pour cap-virer, tourner
la tête en bas ; cp. le terme analogue it. capo-
volgere,
GHÉBSC, it. sdabecco, stambecco, zafnbecco,
esp. xdbeque, port, chaveco, esp. de vaisseau de
mer. L'ét. est controversée entre l'arabe cha-
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CHE
iOâ
CHE
beca, filet, anc. forme sounbeki, et Fall. stein-'
beck, bouquetin (voy. Littré, suppL).
CHBF, francisation régulière du radical cap
de L. caput; prov. cap, it. capo, esp. cabo. I^e
mot signifie tête {ûg. chose principale, article
principal), puis extrémité en général, com-
mencement ou fin; composés : rechef (dans
derechtfjf prov. rescap, pr. recommencement;
méchef (v. c. m.), — D. chevet, checeteau;
checage*, capitation, chevance (cfr. capital,
autre dérivé de capui)^ chevetaine', p. capi-
taine (angl. chiefîain); acheoer (v. c. m.);
cheoir*^ venir à chef, à bout de qqch. — Chef
prend un caractère d'ac^ectif dans la combi-
naison chef-lieu.
CHEMER (SE), maigrir, répond à Tit. sce-
mare, diminuer, aflfeiblir, prov. semar, dimi-
nuer, que Diez tire du L. semis, demi, de sorte
que le sens propre serait réduire à moitié (cp.
en BL. sem^us, mutilé, verbe simare, estro-
pier).
CHEMIN, it. cammino, esp. camino, prov.
camin, du L. caminiis, four, cheminée, qui,
dans la basse latinité, avait pris la significa-
tion de via. Peut-être, toutefois, le camintis
du latin classique et le caminus du latin du
moyen âge sont-ils des mots tout à fait dis-
tincts. En efiet, caminus, chemin, parait être
un dérivé de la racine cam, si féconde dans les
idiomes celtiques. Cette racine exprime cour-
bure, incurvation; mais elle a fort bien pu
dégager de cette idée primordiale le sens de
circuler ou de marcher. On n'a, pour s'en con-
vaincre, qu'à comparer les mots fr. tour {de
promenade), it. girare, courir çà et là, circu-
ler, ail. xjoandern, uxindeln, de wctiden, tour-
ner. Aussi le cymr. ofi*re-t il les subst. cam,
pas, et caman, chemin. Quant à la forme par-
ticipiale cheminée, elle i^pond au BL. camt-
nata (champ, caminade), =■ chambre pourvue
d'un foyer (L. caminus, gr. xàyutivoc). Puis le
sens de chambre à foyer s'est restreint à celui
de foyer; cest ainsi que le mot étuve signifiait
d'abord chambre à étuve avant de signifier
étuve ; il en est de même de poéh, pr. cham-
bre à chauffer. — D. de chemin : cheminer,
acheminer.
"CHEMINÉE, angl. chimriey, voy. chemin.
CHEMISE, it.camtc?a,camf«c]V{, esp., port ,
prov. ca^nisa, du BL. camisa, camisia, dont
on trouve la première trace dans saint Jérôme.
Abandonnant l'étymologie vha. hamidi, he-
midi, ail. d'aujourd'hui hemd = chemise, Diez
prétend que camisia doit provenir d'un primi-
tif cam/«. Or, il trouve ce primitif dans le vieux
gaél. caimis (gén. caimse) = chemise, cymr.
camse, long vêtement, ainsi que dans l'arabe
qamiç, vêtement de dessous; toutefois, il ré-
serve la question de l'originalité dos mots cités
dans les idiomes où on les trouve. Camicia est
la forme extensive du mot italien camice, aube
de prêtre, qui répond exactement au vfr.
chainse, chinche, vêtement entoile; Isidore
rapportait camisia à cama, lit, donc vêtement
de lit, mais le suffixe isia fait quelque diffi-
culté. Mahn se prononce en faveur de l'arabe
qamiç, qu'il fait dériver du sanscrit kschauma.
de lin. — D. chemisette; voy. aussi co-
misole.
CHENAL, variété franc, de canal (v. c. m.);
chéneT, auj. chéneau, est une autre variété,
CHENAPAN; c'est l'ail. schnc^haJin, terme
figuré s= brigand, litt. coq qui cherche à tout
gripper {schnappen),
CHÊNE, vfr. chesne quesne*, BL. casnus.
Chesne vient du L. quercus par l'intermé-
diaire de Tadj. querdnus, contracté ea
querç'nus et, par la chute de Vr devant la sif-
flante (cp. dosum p. dorsum), en quesnus
(comp. l'it. quercia •» chêne, de Tadj. latin
quercea). Pour qu latin devant c ou t = ch fr. ,
cp. chasque de quisque. — D. chéneau; chê-
naie'^ L. querfietum (p. quercinetum), ques^
netitm^ (d'où aussi le nom de ville le Quesnog),
CHIîNEATJ, voy. chenal.
CHENET, dér. de cTien, chien, à cause de
la forme ou de Tomementation donnée d'abord
i cet ustensile. Cp. en normand quenot =^tit
chien et chenet.
CHENEVIÉRE, du L. cannabaria, dér. de
cannabis, chanvre.
CHÊNEYIS, graine de chanvre, renvoie à
un type cannahicium (la forme patoise chêne-
boît, à un type cannabolus). — Chencvotte est
L. cannabis, avec le suffixe diinin. otte.
CHENIL, angl. kennel, d'un mot latin ca-
nile", dér, de canis^ chien (cp. les termes
latins analogues ovilf?, borile^ equ.ile, etc.).
CHENILLE, prov. canilha. Voici trois éty-
mologies diverses de ce mot : 1 . Caienicula —
chainille — chenille, èiaiu^c de la stiiïcture de
cet animal. — 2. L. enica (chenille), d'où
erucana, erucanilîa, canilla, chenille; c'est,
comme on le devine, une conjecture de Ménage.
— 3. Canicula, petit chien. On pont all'^guer,
pour la dernière, l'expression milanaise can ou
cagnon (pr. chien) = ver à soie. Les Lom-
bards disent pour chen.lle gatta, gattoîa, ce
qui signifie proprement petit chat; les Por-
tugais, lagarta — lézard ; les Anglais, Cater-
pillar^ mot dont on n a pas encore su établir
l'origine ; en France, on trouve aussi l'expres-
sion chate pelcuse ou pehœ (en Normandie,
carpleuse). — D. échenillrr.
CHENU, prov. canut, it. canuto, du L. ca-
nutiis (dér. de ca7ius).
CHEPTEL est le môme mot, sous forme vul-
gaire, que capital; on trouve aussi ch-eptal;
par l'élision du p on obtient la forme chatel,
auj. catel. Le sens fondamental de tous ces
mots est bien, surtout bien mobilier. L'angl.
cattle et le genevois chédal ont rétréci cette
signification, et ne s'emploient plus que dans
le sens de^^tail.
CHÈQUE, t. de commerce, mot d'importa-
tion anglaise (check).
CHER, L. carus. — D. cherté (v. c. m.),
chérir (y. c. m.).
CHERCHER, vfr. cerchier, pic. cerquier, it.
cercare, prov. cetcar, sercar, val. cerca, alban.
khërcôig, cymr. kyrchu, bret. kerchat. Ce
mot signifiait autrefois aller à la ronde, pai^
courir, et vient dti L. circare, employé par
Properce pour aller çà et là; il est inutile
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CHE
— 103 —
CHE
tl'avoir recours à un verbe hypothétique
quœricare (de qucBrere, quérir). On trouve
•le même mot circare (Isidore : circat circum-
tenit) dans les subst. BL. circa^ la ronde,
circator, le guet. — Cps. rechercher,
CHâRE signifiait, jusqu'au xvi'' siôcle, tête,
visage, mine, semblant, et le signifie encore
dans les dial. norm. , lorrain et wallon. Nicot :
avoir la chère baissée» vultum demittere. De
Texpression faire bonne ou mauvaise chère
{= mine) à qqn, s'est dégagé le sens accueil,
réception, et enfin manière de traiter, de
recevoir les amis, dépense pour la mangeaille
(angl. cheer). Le subst. chère, anc. care^ tête,
OMcrespond à l'esp., port., prov. cara, visage,
' figure. Le mot cara se rencontre déjà dans
Corippus, poète latin du vi« siècle. On le fait
Venir -du grec x&/9)}, tète, visage, mais on sus-
pecte avec raison cette étymologie, parce que
l'italien, celle des langues néo-latines qui a
reçu le plus de mots grecs; ne présente pas la
forme cara, mais celle de cera, introduite du
français selon toute vraisemblance^ En BL.
i:era signifie effigie, visage, développement du
sens « sceau»; cela favorise l'ét. -^p^ cire.
GHÉBIB, angl. cherish, dérivé de l'adj . clier,
— D. chérissable; cps. enchérir,, renchérir,
surenchérir,
GHERTS, subst. de cher, signifiait ancien-
nement aussi amitié, tendresse, estime, abso-
lument comme son analogue latin caritas, que
le fr. a reproduit sous la double forme cherté
et charité,
CHÉRUBIN, de l'hébr. hheroubim, pluriel
de hheroub, nom d'une figure de la symboli-
que juive, emprunté aux Phéniciens.
CHERYIS, GHERVI, esp. chirivia, le siser
des Latins; toutefois, ce dernier ne peut en
fournir l'étymologie ; il &udrait la forcer au
moyen de siservilla, sermlla. Nous estimons
que cartûi et cheroie sont étymologiquement
identiques, v. caanoi,
GHÉTIF, vfr. caitif, voy. captif.
OHBVAL, voy. caixile, — D. chevaler; che-
wtlet, machine de bois ayant la ressemblance
d'un cheval (cp. en latin equuJeus, petit cheval
et instrument de torture); acy. cheialin,
(SSVALIER, voy. cawde et cavalier. — D.
chevalière {hsLgiie); chevalerie {AUgl. chivalry);
chevaleresque (ce dernier imité de l'italien
caballeresco),
GHEVâNGE, voy. chef
GHEVAUGHER, voy. cavale.
CHEVEGIER, BL. capiceriits, m cui capicii
ecclesiae cura incumbit », Le capicium ou
tapitium de l'église est ce que l'on nommait
autrefois le chevet de l'église. Radical caput»
CHEVELU, voy. cheveu,
CHEYSR, creuser, t. d arts et métiers, est
la bonne forme française p. caver,
CHEVET, dim. dechef{v, c. m.). Les Italiens
et les Espagnols disent dans le même sens
tapezzale, cabeçal (comm& cTievet, du L. ca-
OnJSVâTRE, vfr. queoestre, chevoistre, licou,
it. capestro, esp. cabestro, prov. cabestre, du L.
capistrum, muselière. La signification archi-
tecturale de ce- mot, « pièce de bois dans
laquelle on emboîte les soliveaux d'un plan-
cher n, est également déduite de capistrum.
— D. enchevêtrer, it. incapestrare, esp. enca-
bestrar, »-■ L. ificapistrare (enchevêtrer, fig.
embarrasser).
CHEVEU, vfr. cavel, chevel, prov. cabelh,
esp., port, cabello, it. capeUo, du L. capillus.
— D. chevelu, chevelure; décheveler (prov.
descabelhar), écheveler.
CHEVIIiLB, it. cavicchia, cavifflia, port.,
prov. caoilha; du L. clavicula [clavicla, puis
cavicla, le premier /ayant été élidé par eupho-
nie comme dans foible p. floible), La langue
savante a repris le même clavicula pour en
faire clavicule, — G. Paris (Rom. V, 382),
rejette l'étymon clavicula en faveur de capi"
tula (petite tète), devenu capitla, capiela,
cheville. Je ne vois pas pourquoi il faudrait
strictement abandonner clavicula, — D. cAe-
villette, cheviller,
, GHEVIOT. mouton des monts Clieviots, en
Ecosse ; de là cheviote, laine d'agneau d'Ecosse
et étoffe faite de cette laine.
CHEVIR, venir à bout ou à chef de qqch.,
s'acquitter de ses redevances ; voy. cJief.
GHÉVRE, du L. capra, — D. chevreau
(prov. cabrcl, vfr. chevrel); checrier, prov.
cabrier, esp. cabrero, L. caprarius; chevrette
(v. c. m.); chevreuil, prov., cat. cdbirol, it.
cavriuolo, L. capreolus; chevron (v. c. m.);
chevroter, chevrotin.
. CHÈVREFEUILLE, L caprifolium.
CHEVRETTE, nom d'une sorte de crustacô
(le crangon ou le palémon); Dioz et Joret le
dérivent de chèvre (à cause de l'agilité de ce
crustacé); selon Joret, par transposition s'est
produite la forme secondaire crevette (v.c.m.).
Pour Suchicr, chevrette est formé, par un faux
rapprochement avec chèvre et par le procédé
dit « uradeutung », de crevette, lequel, d'après
lui, est le moy. ni. crevet (écrevisse). Voy. pi,
Xoïu crevette,
CHEVRON, vfr. caprion, prov. cabrion^
cabiron (cfr. esp. cabrion, caviron, bloc de
bois), dér. du L. capcr, capri, bouc; com-
parez en latin le terme analogue capreolus,
étançon, soutien.
CHEVROTINE, balle de petit calibre pour
tirer le chevrot ■=» chevreuil.
CHEZ, = lat. apud, est une abréviation de
l'anc. formule en chez (v. esp. et v. port, en
cas), qui équivaut à « dans la maison », lat.
in casa. Chez mon père, c'est étymologique-
ment « dans la maison de mon père » ; Fit. a •
la formule complète in casa ou a casa ; l'es-
pagnol de même. L'étymolc^e de chez fait
comprendre la combinaison de chez mon père.
La prép. lez s'est, de la même manière, pro-
duite du subst. lotus, côté. Cp.le wallon aman,
chez, de mon, contraction de m^hon, maison.
Cette étymologie, universellement reçue, ne
fait pas doute ; chez est virtuellement = casa;
mais comment se rendre compte de la forme?
Pourquoi le mot latin a-t-il perdu sa finale,
de manière que le radical cas a pu se
franciser par chez, comme nasus par nez.
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GHI
— 104 —
CHi
rcuus par rezf Et encore, pourquoi Tancienne
langue, qui n'aurait jamais toléré une forme
diphtonguée niés, ries p. nej, res, em-
ployait-elle de préférence chiés f Cette question
a été pour la première fois étudiée par
M. Cornu (Rom., XI. 82); il conclut à attri-
buer la chute de l'a de casa dans esp. en cas,
vfr. en chiés, nfr. c?iez au fait que le sub-
stantif complément de la préposition, par son
accentuation plus forte et son contact immé-
diat, réduisait la tonalité et la consistance du
mot cdsa en un simple cas, fr. chiés*, chez.
En esp. nous avons à la fois a caso et à cas, et
c'est la comparaison des applications de ces
deux formes qui a pu fJBÛre arriver M. Cornu
à sa conclusion ; mais ce savant ne nous dit
pas si, en français, il existe une trace d'une
forme en chese (ou chiese) coexistant avec
en chiés, Godefroy a de nombreux exemples
de chiesedeu (» casa Dei, église); on se
demande pourquoi Ve s'est maintenu dans
ce composé, tandis qu'il a disparu dans en
chiés le rey,
CHICANE, voy. chiche. -— D. chicaner,
1. CHICHE, peu abondant, parcimonieux.
Ce mot, dont les dérivés sont : chiquet, chicot,
chicoter, se rattache, ainsi que it. cica, baga-
telle, it. ciffolo et esp. chico, petit, exigu,
au L. ciccum, bagatelle. Comparez en grec
ûfuxp6i, petit, et 9/nxpht)i, avare. Chicane, qui,
dit-on, signifiait d'abord une miette de pain,
est probablement de la même famille ; le sens
se sera élargi en minutie, puis dispute pour
un rien, tracasserie; cp. les termes chicoter,
chipoter, vctiUer (v. c. m.), qui offrent des
rapports d'idée analogues. Mahn rattache
chicane au basque chikia, chihcrra, petit.
Littré, appuyant sur la signification •• ma-
nière de jouer au mail » et sur l'existence du
bas-grec r^uxâviov, jeu do mail, prend ce der-
nier (= persan tschaugan) pour l'origine du
mot fr. et enchaîne ainsi les sens : jeu de
mail, action de disputer la partie, manœu-
vres processives.
2. CHICHE, pois, it. cecci, esp. chicaro,
prov. cezer, ail. kicher; du L. cicer, d'où
tient aussi le dérivé diminutif. ctc0ro7e.
CHICORÉE, L. cichoreum (mx^ptov).
CHICOT, pr. morceau, fragment, dér. de
chiche 1 (v. c. m.). Au xvi* siècle, cAtcot expri-
mait une qualité morale. Du Verdier : « Sa
cour estoit pleine de bons esprits et de gens
de sçavoir au lieu de fols, de chicots, de flat-
teurs, d'harlequins. » — D. chicoter >=> chi-
caner sur des bagatelles.
CHICOTIN, suc d'aloès, vfr. cicotrin. D'après
Nicot, cicotrin est fait par corruption de coco-
terin (port, çocotrino) et est l'épithète de l'a-
loés pour en désigner la meilleure sorte. Cet
adj. serait pris de Çocotare, qui est une lie
sur l'embouchure de la mer Rouge, d'où
vient le meilleur aloès.
CHIEN, vfr. et patois cTien, chin, chein, du
L. canis. Régulièrement, canis appelle fr.
chain, mais nous trouvons encore a bref latin
devenu ie âBnB çrief (ÏBt. gravis) et vfr. chiel
(a lat. cadU de eadere). — D. chienne^
chienner; v. aussi le mot suiv.
CHIENDENT; expression incompréhensi^
ble; l'ail, hundsgras se comprend (hunds-^
zahn est imité du français), de même l'angl.
dogsgrass, couchgrass (herbe qui rampe),
mais que veut dire chiendent f Darmesteter
juge que <• ce doit être une création indivis
duelle de la Renaissance et prendre place à
côté de fourmi-lion (Composés, p. 135.)
CHIER ; le vfr. a eschUer, qui est un mot
d'origine germanique; vha. scizan (auj.
scheissen), ni. schijten, ags. seitatï (d'où angi.
shite). Est-il l'original du fr. cAt«r f c'est dou*
teux, mais toujours a4-il, conune pense
Diez, influencé ce dernier. Qicare lat. appelle
en fr. choyer; néanmoins il faut le considérer
comme ayant donné chier, surtout en pré-
sence du fréquent emploi, en vfr., du composé
conchier, souiller »= L. eon-cacare. D'ailleurs»
Cornu explique l't du verbe fr. par les mêmes
raisons qui ont transformé lat. jacentem en
gisant etjactare en prov. gitar,
CHIFFE, dérivé chiffon. L'arabe chiff « ves-
tis tenuis et pellucida », invoqué par Devic,
parait trop éloigné pour un mot si usuel.
Grandgagnage identifiant chiffonner avec le
wallon cafoitgni, même sign., et chiffon aveo
cafou, chose sans valeur, recommande Vétj^
mologie néerl. haf, angl. diaff*, balle de blé.
Diez préfère celle du vha. A^a, silique, cosse,
Génin voit dans cAt/7« une variante de chippes,
rognures, et le rattache à l'angl. chip, couper
par morceaux; la chiffe serait ainsi de 1&
rognure — D. chiffonner, chiffonnier,
CHIFFRE, signe de nombre, écriture se-
crète, it. cifra, cifera, écriture secrète,
esp., port, cifra, signe de nombre, ail. ziffer,
chiffre. Primitivement, ce mot désignait un
signe de nombre sans valeur déterminée, un
zéro, sens propre encore au valaque cifrë; cp.
le Breviloquus : cifra figura nihili, et la locu^
tion angl. a mère cipher. L'Europe ayant tiré
des Arabes le système numérique des Indiens,
le mot doit être arabe. Dans cette langue, on
trouve les mots çafar, cifr, vide, cifron (comme
subst.) «» zéro(v. c. m.). Le nom, parexten*
sion, est devenu synonyme de signe numéri*
que. — D. chiffrer, déchiffrer.
CHIGNON, vfr. chaaignon, chaignon pour
cJiaïgnon, de chc^ne, aig. chaîne (v. c. m.).
Chignon est donc une simple variété de chai'
non, Nicot : chaînon du col = cervix, ver-
tèbre du cou; cp. languedocien : cadena
daoun col,
CHIMÈRE, L. chimaera (de x<i»«tp«> <^^
vre). — D. chimérique,
CHIMIE, it., esp., port, chimica ; arabe al^
kimta (voy. alchimie) ; le mot arabe, oepen*
dant, n'est pas d'origine indigène. Malgré
l'autorité d'Al. de Humboldt (Kosmos) et
d'autres, qui pensent que chimie vient de
xnfil9, selon Plutarque un des noms de
l'Egypte, et que le mot désigne • la science
ég3rptienne », une étude approfondie de cette
question engage Mahn à soutenir que chimie
provient du grec x^f^t* ^^ î lC*f^**^ ^XVf ^^*
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cm
— 105 —
CHO
prîmait d'abord Tart de tirer des sucs hors des
plantes, qui fut le point de départ de ce que
la science a désigné plus tard sous le nom de
chimie ou d'alchimie. Le souvenir du terme
Xiifila, terre de Cham ou d'Egypte, a peut-
être contribué à continuer le mot chimie pour
exprimer l'art de faire de l'or^ que l'on savait
être fort en estime chez les E^ptiens, et à
introduire dans les textes grecs la variante
xn/uto, x^/ii»f ftu lieu du mot primitif yy/ul*.
A l'appui de Tétjmologie xv/utd{, Mahn cite le
sanscrit rcaayana, chimie, alchimie, poison,
élixir de vie, composé de rasa, suc (aussi vif-
argent), et de ayana, procédé, espèce, ma-
niére. — D. chimique ^ chimiste»
OuihA, voy. quinquina.
GHINOHIIiLA, motesp., litt. animal puant,
de l'esp. chinche, punaise (L. cimex),
OHDISR, de Chine; chiner^ c'est donner à
une étoffe des couleurs ou des dessins à la
manière chinoise.
GHIOITRME, it. ciurma, sicilien chiurma,
esp., port, chusma, génois ciusnta. Diez,
partant de la forme espagnole, dérive ces
mots de xUcu^ux, commandement, devenu suc-
cessivement cleusma, chusma (cp. c?iamar de
damare). Le mot désignait d'abord le com-
mandement de l'inspecteur des rameurs et
a fini par être employé pour l'ensemble d'un
équipage placé sous un même commande-
ment. L'étymologie turma est fautive; le
turc tcheurmé «a chiourme est sans doute un
emprunt fait au roman.
CHIPER, voler, dérober une chose de peu
de valeur, de chipe*, lambeau, chose de mince
valeur (voy. chiffe). « Les couturières ap-
pellent chippes ce qu'elles volent à leurs pra-
tiques. » (De l'Aulnaye). Ce chipe correspond
à angl. chip, copeau.
OHIPIS, terme populaire, d'origine incer-
taine. On rapproche de ce mot le subst. vfr.
chipoe, grimace, mauvaise mine. Dans le pa-
tois norm., chiper signifie crier; serait-ce le
primitif du mot? femme criarde ? En tout cas,
i'all. chepisa, aig. hebse, concubine, qu'on a
aussi allégué, n'a rien à voir ici.
OHIPOIiATA, de l'it. cipollata, m. s., dér.
de cipolla, ciboule.
CâPOTBR, s'arrêter à des riens, vétiller,
lanterner, de 'chipe, bagatelle, vétille (voy.
chiper). — D. chipotier.
1. GHIQUll, puce ; prob. le même mot que
chiche 1, petit.
2. GHIQUl, propr. petite quantité, petite
chose, est, conmie le précédent, une variété
de chiche 1 , d^ns le sens de petit, mince. —
D. dimin. chiquet, petite partie ; verbe chi-
quer, manger, pr. broyer en petits morceaux,
on manger une chose de peu de valeur (cp.
briferde brife «= brib^,
OHIQUINAnDB, selon Génin, un composé
de chique, petite chose, puis petite monnaie
(voy. chiche), et de naud, qui serait une con-
traction de nasaud; chiquenaude, d'après
cette coigecture, serait une chique fiasaude.
Génin cite à l'appui l'expression allemande
nasenstliberts» cïnquBTkBXxâid, litt. stuber {nom
d'une monnaie) de nez. Cette étymologie est
surjette à caution. Le picard dit ptkenote;
Rabelais chinque-naude.
CHIQUER, voy. chique 2. — D. subst. ver-
bal chique (de tabac).
CHIQUET, petite parcelle, voy. chique 2.
— D. chiqueter, déchiqueter,
CHIRAGRB, goutte aux mains, de x*^p*^vp»
^tlp + cr/pa), cfr. podagre, goutte aux pieds,
ous retrouvons encore l'élément chir ou
cAtro, représentant le grec Y.tlp, main, dans
les motâ usuels suivants :
1. Chirographb, écrit de propre main,
d'où chirographaire.
2. Chiromancie, divination (/uayTcfa) par
l'inspection de la main.
3. Chirurgik, gr. xctpoupyCa, litt. opération
avec la main. — D. chirurgien, vfr. sirur-
gien, surgien (angl. surgeon).
CHLORE, CHLORATE, CHLORIQUE, CHLO-
RURE, termes savants tirés du grec x^^P^^*
vert clair, pâle.
CHLOROFORME est forgé avec les éléments
chlore et forme, abstrait du t. de chimie for-
mique (de L. formica, fourmi).
CHLOROSE, gr. x^i^p^^i (de x><»/>o'«'> P&le.)
— D. chlorotique.
CHOC, voy. choquer.
CHOCOLAT, anc. chocolaté, it. cioccoîata,
esp. chocolaté. Le nom de cette substance est
le mexic. chocoUUtl. Nous ne trouvons, quant
à sa composition, pas d'autres renseignementa
que ce qui suit : 1 . « Du mexicain choco, bruit,
et lattle, eau ; les Mexicains préparaient le
chocolat en le faisant mousser dans de l'eau
chaude. » (Bescherelle) ; 2. -Du mex. choco,
cacao, et lattle, eau. » (Dochez.) Nous lais-
sons à ces auteurs la responsabilité de ces '
assertions, que nous ne sommes pas à même
de vérifier.
GH(BUR, L. chorus (xopôi). Ce mot a fini
par signifier aussi la « place « où se tient le
chœur, et par désigner une des divisions prin-
cipales d'une église.
CHOIR, vfr. cheoir, du L. cadere (traité
d'après la 2" coi\jugaison, donc prononcé
cadére), prov. cazér, it. cadér. Du part, passé
L. cadxUus*, it. caduto, fr. clie-u chu, vient
le subst. participial chute, prov. casuta. Du
part. prà. chéanJt vient chéance', chance
(v. c. m.). — Composés : déchoir, échoir,
mescheoir'; rechoir d'où rechute.
CHOISIR, primitivement = voir, aperce-
voir, discerner, rouchi chusir, prov. causir,
chausir; du goth. hausjan, essayer, examiner
(cfr. le nom propre Choisy, de Causiacum).
Si la forme prov. était cavisar au lieu de
causir, Diez donnerait la préférence au goth.
kiusan (ail. mod. hiesen), élire. — D. chois*„
choix, angl. choice.
CHOIX, subst. verbal de choisir.
CHÔMER, d'après Diez, de calme (y. c. m.).
Littré oppose À cette étymologie que la plus
ancienne forme du mot est choiiter et non pa&
chaumer; il préfère donc le celtique : bret.
choum, s'arrêter, cesser, gaél. cum, anê^r.
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CHO
— 106
CIC
Mallieureusement, Arbois de Jobainvilie,
grande autorité en cette matière, tient ces
mots celtiques pour empruntés au roman.
GHOPB (d'où cTwpme), gobelet contenant
environ un demi-litre; de l'ail, schoppen,
m. s. (de schùpfen^ puiser). Ménage y voyait
un L. cuppina, dim. àecuppa; mais le c latin
devant 0 ou u ne devient jamais ch,
GHOPINE, voy. chope. — D. chopiner.
CHOPPER, vfr. souper, heurter du pied,
trébucher ; vient du subst. vfr. chope, tronc
d'arbre, souche (pour la filiation des idées,
cp. broncher et choquer). Quant à chope, je
n'en connais pas l'origine; je doute de son
rapport avec le verbe ni. scJwppen, ail.
schupfeny pousser du pied. — Cps. achopper.
CHOQUER, angl. shoch^ esp. chocar, heur-
ter du pied; du subst. vfr. choque (dimin.
chouquet), it. ciocco^ tronc, bloc, dont l'ori-
gine est obscure. — D. subst. verbal choc;
adj. choquant,
CHORISTE, qui chante dans le chœur, et
choral, chant, dérivés du L. chorus, fr. chœur
(v. c. m.), dont la forme latine s'est conservée
dans l'expi'ession faire chorus.
CHOSE, it., esp., port., prov. oosa, du L.
causa (voy. cause). Le mot chose s'est substitué
dans les langues romanes au latin res, dont
Tacc. rem a donné rien. L'ail, sache réunit,
comme le BL. causa, les deux significations
de cause et de chose.
CHOU, vfr. choV (plus souvent le dim.
cholet), it. cavoîOf esp. col, prov. caul, ail.
kohl, du L. caulis, colis (xauid«), tige, chou.
CHOTJG, choucas noir; du mha. chouch,
hibou (voy. chouette). — D. choucas (prov.
caucaîa).
CHOUCROUTE, corniption de l'ail, sauer-
kraut (composé de sauer, aigre, et hraut,
herbe); l'élément chou s'est facilement sub-
stitué à sauer (prononcé soûr par les Suisses),
le tout désignant une espèce de chou.
CHOUETTE (wallon chaweUe), dér. de vfr.
choe, pic. cave, prov. eau, chau. Autre dérivé
du môme mot : pic. caican, Anjou chouan,
Berry chavant, prov. c/wzuana; bret. kaouan,
BL. cavannus (v® siècle). Le mot chat-huant
nest probablement qu'une transformation
populaire pour chaûan. Le primitif choe doit
être identique avec le mha. chouch, hibou
(angl, chouf/h, chouette); cp. néerl. kauto,
corneille. Voy. aussi chouc. On rencontre
aussi, pour chouette, la forme dérivative
chevêche, c)iavèche.
CHOUQUBT, bloc de bois, voy. choquer.
CHOYER, traiter soigneusement (hommes
ou choses), ménager, «* contrcgarder » (Nicot).
Deux opinions méritent attention. Bugge
(Rom., III, 146), mettant en parallèle vfr.
suer, chuer, cares.ser, flatter (xiii® s.), it.
sotare, flatter, propose le goth. suthjon, cha-
touiller. Cette et. laisse des doutes, tant pour
la lettre que pour le sens. Havet (ib. 331,
note) part d'un type caïuxire =* cavicare (de
cacerettt il invoque le normand couaycr
(Guernesey), ménager, épargner; « couayer
le feu n, prendre garde au danger du feu. —
Ne vaudrait^il pas tout aussi bien partir du
fréqu. BL. caulare, traiter avec prôcaationi
CHREME, dugr. ^(«y^a. onction. — D.chré-
meau,
CHRE3T0HATHIE, gr. ypii9rofi6&€ia, recueil
d'extraits de choses intéressantes (xpn^fii) &
apprendre (/io^clv), tirées de différents auteurs.
GHRÂTIEN, L. christianus (Christus). ^ D.
chrétienté, L. christianitatem; christianisme
est un terme savant, reproduisant exactement
le gr. xp(9i'(^9tvi7/K07.
CHME, L. ehria^ de x^s^x, sentence.
CHROME, CHROMATE, du gr. x^/m,'»ti>u
couleur. — D. chromatique,
CHRONIQUE, adj., gr. y^ponitéi, de xp^^^
temps; chronique, subst., du plur. xpom«&»
s. e. ^itïtot, les livres des temps passés. — D.
chroniqueur. — L'élément xpov^it temps, entre
encore dans les mots suivants :
Ghronogramme, inscription marquant la
date.
Cronolooir, science du temps.
Chronomètre, mesure du temps.
CHRTSALIDE, gr. xpuvalJif,-, -£^o$ (de xpwéu
or). Cp. en latin aurelia de aurum,
CHRYSANTHÈME, gr. xpMtkv^tf^o'» . fleur
d'or.
CHRTSOCALE, mot industriel, litt. beau
{Asàôi) comme de l'or (/jouj^^).
CHRTSOLITHE, gr. xpu^e^ido;, pierre d*or.
CHUCHOTER, autrefois chucheter, aussi
chuchiller, prov. chuchutare, esp. cucÀear,
cuchuchear; mots imitant le chuchu que l'on
entend quand on est près de deux personnes
qui se parlent à l'oreille. Ce sont des onoma-
topées, de même que les équivalents lat.
sitsurrare, angl. tohisper, it. cicciorare,
basque chuchurlatu,
CHUT, onomatopée. Cp. it, xitto, esp. chito,
— D. chuter, crier chut.
CHUTE, voy. chùir. — D. chuter, faire
chute.
CHYLE, gr. xw>o;, suc. — D chyltfier.
CHTME, gr. yvfiôu suc. — D. chymifier,
CI. Les formes vfr. iqià, equi, it. qui, esp.,
prov. aqui viennent du L.eccu^hic, tandis que
it. ciy prov. aici, aissi, cat. assi, fr. ici et ci,
accusent une provenance de ecce hic, contracté
en eccic. Cfr. ça,
CIBLE, anc. cibe; du vha. sdba, aug*
scheibe, m. s. (angl. shivc, ni. schyf). La
lettre / dans cible est euphonique.
CIBOIRE, vase consacré aux saintes hosties,
L. ciborium (nlùpiov). — ^ On trouve sur une
épitaphe gravée sur cuivre dans l'église de
Jollain-Mcrlin, i une lieue et demie de Tour-
nai : * Le chibou/c pour mettre corpus
Christi. »» Ailleurs chyboiUe.
CIBOULE, vfr. civoUe, it. cipolla, esp.
ceboUa, angl. chibbol, ail. jtwiebel, du L.
cœpuUa, dim. de cœpa, oignon v. ctw). —
D. ciboulette.
CICATRICE, L. cicatria;, — D. cicatriser,
CICEROLE, voy. chiche.
CICÉRONE, mot italien, tiré du nom de
Cicéron, le grand orateur, à cause de la
loquacité de ces gens.
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CIN
407 —
CIS
dDRJS, it. sidro, ddro, esp. sidra (anc.
9iffra)t valaque cigheaHii; du L. sicera
\tiitMov), gâté en cicera, d'où ctdra (cp. ladre
de Lazarus).
QWL, L. cœlum,
CIERGB, prov. ciri^ du L. cereus prononcé
eerius (de cera, cire).
GIGALB, it., pr., cat. ciffala, esp. amarra,
ta L. dcada. Pour d =» l, comp. it. co/mco
pour caditco, elîera (lierre) de kedera. -.- Je
n'admets pas, avec Brachet, dans cigrale une
oontraction de L. cicadula.
dOARB» de Tesp. cigarro, qui vient de
Hgarra, cigale, soit par iine vague compa-
raison de forme avec le corps d'une cigale,
Boit par l'intermédiaire du verbe esp. cigarrar^
papilloter. — D. cigarier; cigarette.
GIGOCrNB, L. dconia. En vfr , par la chute
de la consonne médiane c (cp. vfr. ceUe «=»
ciguë), dconia était devenu cëoigne, puis
soigne; ce dernier nous fournira le primitif de
8ùignolé[y. c. m.).
GIGUfi, vfr. cette, it., esp. cicuta, du L.
deuta^ m. s.
CIL, L. dlium. — D. dller; composé dédl-
1er, orthographié plus tard dessiller, it. disd-
gliare.
GILIGE, L. dlidum (kiXxi^v), étoffe de poil
de chèvre (de Cilicie).
GDQr, it., esp., prov. dma, du L. cyma
(xw/t*»), pousse, pr. la partie la plus élevée d'un
vôgétiil. Cfr. it. %>etta, qui signifie à la fois
rejeton et sommet. — D. dmier, ornement
qui surmonte la cime d'un casque, it. cimiero,
esp. dmera.
CIMENT, angl. cernent , du L. cœmentum
(csedere), moellon ; il faut d'après cette étym. ,
supposer à ciment le sens propre : petits mor-
ceaux de pien^es. — D. dmenter.
CIMETERRE, it. sdmitarra,esp. dmitarra,
mot probablement oriental ; on cite le persan
ehimchir. Si, toutefois, le mot est de prove-
nance espagnole, dit Diez, l'explication de
Larramandi, par le basque dmc4arra,i* celui
au fin tranohant », pourrait bien être fondée.
GIMBTiéRE, it. dmeterio, esp. dmenterio,
vfip. aussi chimentire, du L. ccemeterium
(x9i^i9T>ict9y). pr. lieu de repos.
ÔDOER, voy. dme. Ce même mot, employé
coname terme de boucherie, a donné aux Allo-
inands leur ziemer.
CINABRE, it. dnabro, prov. cynobre, angl.
■dnnabar^ ail. zinnoher, du L. dnnabaris
CINÉRAIRE, L. dnerarius[àecinis, cendre).
- 1. CINGLER, autref. singler, esp. singlar,
vfr. sigler, naviguer; du vha. segeîen, nord.
zigla, faire voile, avec insertion de n.
2. CINGLER, frapper avec quelque chose de
léger et de pliant (fouet, lanière). C'est le
même mot que sangler, qui s'emploie égale-
ment pour fustiger. L'un et l'autre viennent
àe dngle, sangle, qui représentent le cingu-
îum latin (voy. sangle). Cingle signifiant la-
nière a produit le verbe dngler, comme fouet
« donné fouetter, et it. staffile, étrivière,
staffilare, fouetter.
dNNAMOME, L. dnnamomumlxtwijmfuw).
De là : vha, sinamin, mha. zinment, d'où
nha. zimmt, cannelle.
CINQ, L. guinque. — D. dftquihne, —
Quinquaginta, dnquante. D. cinquantième,
-aine.
CINTRE, CINTRER, voy. cdndre. Nous
ajouterons ici que les formes parallèles it.
centina, centinare, qui paraissent plus an-
ciennes, jettent de l'incertitude sur l'étymolo-
gie dncturare,
CIPPE, L. dppus, voy. cep.
CIRCON-, forme que prend en français la
prép. lat. drcum, autour, dans les composi-
tions ; ne se rencontre que dans des composi-
tions déjà latinas ; nous ne connaissons comme
nouvelle formation faite avec cet élément,
parmi les mots usuels, que drcœvooisin.
CIRCONCIRE, L. drcumeidere, couper au-
tour; drcondsion, L. cireumdsio.
CIRCONFÉRENCE, L. drcumferentia (de
dt'cumferre, litt. porter autour); cp. ntpif iplx.
CIRCONFLEXE, L. drcumflexiis (fiecto),
fléchi des deux côtés.
CIRCONLOCUTION. L. drcumlocuUo, tra-
duction littérale du gr. mrAfptvii'^ cp. l'ail.
umschrdbung, employé dans le mémo sens.
CIRCONSCRIRE, L. drcumscribere, tracer
les limites autour d'un espace ; drconscription^
L. drcumscriptio.
CIRCONSPECT, L. drcumspectiis (circum-
spicere, regarder de tous côt^s par prudence);
cp. en ail. le terme analogue iimsichtig. —
D. drconspection, L. circumspectio.
CIRCONSTANCE, L. drcumstantia, traduc-
tion exacte du gr. mahr'X'jt^, litt. état autour
d'une chose, l'accompagnant; cfr. Tall. wm-
stand. — D. drconstander, drconstandel,
CIRCONVALLATION, du L. drciimoallare,
fortifier autour.
CIRCONVENIR, L. drcumvenire, qui avait
déjà le sens métaphorique propre au terme
français.
CIRCONYOISIN, extension de voisin au
moyen de drcum, autour; voy. l'art, drcon,
CIRCONVOLUTION, du L. drcumvolvere,
rouler, tourner autour.
CIRCUIT, L. drcuitus (circum-irc). On.se
sert parfois aussi du verbo drcuir, c» L.
circu-ire.
CIRCULAIRE, L. drcularis; verbe ctrcw/cr,
L. drculari Primitif : drculus (dim. de dr-
eus), « fr. cercle, ail. zirkel.
CIRE, prov., it., esp. c&^a, du L. cera, —
D. di^er, drage, drier.
CIRON, vfr, siron, bourguign. soiron, BL.
sirio, siro, surio, flam. siere (hoU. zier), du
vha. siuro, m. s.
CIRQUE, L. drcus.
CIRRE, L. drrus, boucle de cheveux.
CIS-, préfixe, signifiant en deçà, du L. ds,
m. s.
CISAILLES, voy. dsean. — D. dsailler.
CISEAU, ciseV, esp. cincel, port, sizel, it.
cesello, BL. dsellus, angl. chisel, L'étymo-
logie L. cœstis, coupé, est fort problématique.
Mieux -vaut, d'après Diez, celle de sicilica
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CLA
108 —
CLA
(Plaute), petit instrument à couper; ce voca-
ble aura été altéré en sicilicellus, sciicellus^
d'où les diverses formes romanes citées. — D.
cisailles (cfr. tenailles); ciseler, ciselet,
CISELER, -ET, voy. ciseau,
CITADELLE, de Tit. cUtadella, dimin. de
città «s cité.
CITABIN, de l'it. dUadino, dér. de città =
cité; cp. citoyen.
CITÉ, it. città, esp. ciudad^ prov. citctat,
ciptat, angl. dty, du L. cimtàiem — D. citoyen
(v. c. m), concitoyen,
GITERt L. citare; subst. citation, L. citatio.
CITÉRIEUR, L. citerior (de citra, en deçà).
CITERNE, L. cistema, — D. dtemeau,
CITHARE, L. cithara [^i^xpo), ail. cUher,
Voy. aussi guitare.
CITOTEN, vfr. citien, citeen, prov. ciptadan,
d'un tjTpe civitadanus (de civitas); cp. mi-
toyen = mitadanus, dér. de prov. miiad, fr
CITRON, dér. du L. citrus (citronnier), d'où
aussi citrin, -dque, -ate, et citrouille (v. c. m.).
— D. dironnier,
CITROUILLE, par un tj^dtrucula (p. dtri-
cula), du L. citrus, citron, & cause de la c^u-
leur.
CIVE, L. cœpa, oignon. — D. dvet, anc.
dvé, pr. ragoût dans lequel il entre des cives;
dvette, espèce d'ail. L. œ changé en i, se
rencontre encore dans dboule, dment et
pivoine.
CIVETTE, chat musqué, it. zib^o, dbetto,
angl. dvet, ail. siheth, bas-grec JaTrin^v, de
l'arabe zahàd, zehed, qui proprement signifie
écume ; l'animal a pris son nom de la sécré-
tion odorante qui le distingue.
CIVIÈRE, vénitien cimera, milanais «aidera,
sont des formes dérivatives de l'it. dcéa,dx>éo,
traîneau à panier. On explique ce dernier par
le BL. camovehum, charrette à transporter le
fumier, puis brancard, civière, mais cette éty-
mologie est douteuse. D'autres proposent
pour sons premier un engin à transporter des
provisions de bouche et pour étymon le L.
dbus,
CIVIL, L. civilis; dvilité, L. civilitas. —
D. dviliser,
CIVIQUE, L. dvicus. — D. civisme, néolo-
gisme; terminaison grecque appliquée à un
radical latin.
CLABAUD, propr. chien aboyeur, appar-
tient, comme clapir, glapir, à la racine ger-
manique, d'où l'ail, klûffen, néerl. klappen,
suéd . glappa, faire du bruit, bavarder, aboyer.
— D. clahauder,
CLAIE, anc. cloie, prov. cleda, BL. clida;
le type direct d'où vient date est cleta (Gré-
goire de Tours a le dim. cletella). Le mot est
celtique : v. irl. dyath, cymr. cltoyd, même
sign. (irl. ia, cymr. loyetë sont des modalités
vocales qui se correspondent). — D. clayon,
clayonnage, cloyère (tiré de l'anc. forme
cloie).
Clair, L. clarus. — D. clarté; clairet
(angl. claret) ; clairière ; clairon, BL. claro,
angl. Clarion ; darine, clarinette (cp. en latin
le terme clarisonus) ; éclairer, éclairdr (v.
ces mots). Composé : clairvoyant; claire-voie,
anc. clairvoie (de voir ou de voief) ; clairsemé.
CLAMEUR, L. clamor. L'ancienne langue
se servait encore beaucoup de clamer, appeler
(angl. daim), d'après le L. clamare. De cla^
mosus, criard, vient clameux, p. ex. dans
chasse clameuse s» chasse bruyante.
CLAMP, morceau de bois servant à jumeler
un jnât; hoU., angl. clamp, ail. hlampe,
crampon (tous mots congénères avec l'alU
klemmen, serrer, presser).
CLANDESTIN, L. dandestinus (rac clam).
CLAPET, petite soupape, ail. klappe •= cla^
pet, valvule, languette (cfr. klappen, klap^
pem, faire du bruit, claquer, cliqueter).
BL. clappa, trappe.
CLAPâiR, dérivé du prov. clap, tas de
pierres (d'où aclapar, entasser), BL. clapus,
acervus lapidum, hara cunicularia ; les ga-^
rennes étaient formées d'abord au moyen de
pierres superposées de manière à ménager des
trous de retraite. Quant à dapus, les uns lo
rapportent au cymr. clap, clamp, masse, d'au-
tres au nord, hlaupp, roc.
CLAPIR (dit du cri des lapins), de la même
famille que dahaud, clapoter.
CLAPIR (SE), se cacher, selon Diez. du L.
se depere, se dérober ; selon d'autres, le terme
s'employant particulièrement des lapins, de
dap (voy. clapier), donc pr. s'entasser. Du
Gange pensait au BL. dappa, trappe, piège.
CLAPOTER rappelle lall. klappen, angl.
clap, clapper, tous verbes exprimant le bruit
produit par le choc des corps.
CLAQUE, mot onomatopée exprimant un
bruit sec et éclatant, comme celui du coup du
plat de la main ; cp. mha. klac, néerl. klak-
lien, claquer, ail. klack (interjection) et klut"
schen; cat. daca, babil, norm. daquard,
babillard. Clac, d'ailleurs, n'est qu'une va-
riété phonique de clap. — D. claquer, cla*
queur, claquet; daqueter, daquette; daque*
dent, misérable qui tremble de froid. — De
la même espèce est l'ancien verbe cliquer,
retentir. L'expression clique, société de caba*
leui*s, est tout à fait analogue à claque, réu-
nion de claqueurs. — Cliques et daques, expr.
populaire, = l'ensemble des choses d'une
maison, réunies bruyamment pour les enle-
ver. L'ail, a le terme analogue gerùmpel, de
rumpeln, faire du bruit.
CLAQUEMURER, dérivé du subst. claque^
mur, - homme qui claque n (tape, bat) le mur
de sa prison, prisonnier (Meunier).
CLARIFIER, L. clarificare. — D. clarifica-
tion.
CLARINE, CLARINETTE, dér. de dair
(v. c. m.).
CLARTÉ, L. claHtatem (clarus). En vfr.
aussi => renommée.
CLASSE, L. dassis. — D. classique, L. das^
sicus (qui est de la première classe) ; classer,
déclasser; classification.
CLATIR, onomatopée d'une racine dat^
exprimant un bruit, conmie clcu:, dap; cp«
ail. klatschen, ni. klateren.
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CLI
109 —
CLO
CLAUDE, sot» imbécile ; du nom de baptême
Claude ;cp. Benoit, Nicolas, etc., employés
dans le même sens.
GLAUDIOATION, L. cïaitdicatio.decïaudus,
boiteux (voy. clocher).
GLAUSII, pr. chose arrêtée, disposition, du
L. dausa, substantif participial de claudere,
clore, conclure; c'est le primitif du dimin.
clausula, it. clausoUif fr. clausule, ail. A/au-
sel.
CLAUSTRAL» L. daustralis, de claustrum
s= fr. cloître,
CLAVEAU, claoel, 1 . terme d'architecture,
dér. de L. clavus, dou, le claveau étant taillé
en forme de coin ; 2. terme d'art vétérinaire,
maladie des bêtes à laine, dér. de claovts,
clou (la pustule étant comparée à un clou) ;
de là claoelée. — D'autres placent le nom de
la maladie dans l'élément celtique : gaél.
clavar, teigne, gale.
CLAVECIN est tronqué de claoicymbalum,
nom donné d'abord à cet instrument (it. claoi-
cemhalo et gracicembalOf esp. clavecimbano),
composé du L. elaeis, au sens de touche mo-
bile (d'où le mot claoier, ensemble des touches
ou clefs du clavecin) et de cymbalum, instru-
ment à forte résonance.
CLAVETTE, dim. moderne, tiré de L. cla-
vis, clef.
CLAVICULE, voy. chemUe.
CLAVIER, voy. clavecin. Clamer se repro-
duit dans l'ail, hlavier, devenu, dans cette
langue, le nom du clavecin.
CLAYON, voy. claie.
CLEF, L. clavis (cfr. nef, de navis; grief,
de gravis).
CLEMATITE, gr. xl^j/Aarên; (de xX^/axW,-,
menue branche).
CLEMENT, L. clemens. — D. clémence, L.
clementia.
CLEPSTBRE, it. clessidra, du L. clepsydra
(xislrû^ose), m. s.
CLERC, L. clericus («3i»ï,oixo';), de clerus
(*lrtpoi], clergé; pr. appartenant ou aspirant à
l'état ecclésiastique, puis homme lettré, enfin
homme de plume, greffier, commis, apprenti
(de là la locution pas de clerc }. De clerc pro-
cède le vieux mot clergie, condition de derc,
doctrine, science. — Le latin clericus a pro-
duit subst. clericatus, d'où fr. clergé, corps
des clercs ; — clericatura, fr. clericature ; —
clericalis, fr. clérical,
CLERGÉ, voy. clerc,
CLÉRICAL. CLÉRICATURS, voy. cUrc.
CLICHER, variété de cliquer; cp. en alle-
mand le terme équivalent ab-klatschen ae
dicher, de kUOschen^ claquer. L'opération du
clichage est envisagée comme se faisant avec
le plat de la main.
CLIENT, L. c/t6n5. — D. clientèle, L.clien-
Uia.
CLIFOIRE, jouet d'enfant, voy. sous écîa'
hausser.
CLIGNER, vfr. cliner, clinner, du L. di-
naré, incliner, baisser la paupière. Pour la
forme cligner, cp. vfr. crigne, p. crine, L,
crinis; la forme vfr. clingier accuse un type
clinicare. — D. clin (subst. verbal), cligne^
ment; dim. clignoter,
CLIMAT, L. clima, gén. climatis (xAi/cx).-^
D. acclimater.
CUMATÉRIQUE, du h,climactericus(^\ifuat
rriptKôi), de x)i(/caxni/3, échelon, puis les divers
degrés de l'échelle de la vie humaine.
CUN, dans clin d*ceil, voy. digner.
CLINGHE, ou clenche, principale pièce du
loquet, en Belgique diche et clichkte, pic.
cliquet; c'est l'ail, klinhe, néerl. hlink,
loquet.
CLINCAILLE, voy. clinquant.
CLINIQUE, L. dinicus, gr. xAcyixo's (de xlfyij,
Ut).
CLINQUANT, lorr. dindant, prov. mod.
clincan, soit de l'onomatopée allemande
klingklang, soit un part. prés, de clinquer=»
néerl. klinken, ail. klinhen et hlingen, son-
ner, tinter, rendre un son métallique. Les
Allemands rendent clinquant ^aivrauschgold,
litt. or bruyant. — Le subst. dincaille, dérivé
du même radical, et signifiant ustensiles de
ménage en métal, s'est altéré en quincaille,
d'où quincaillier, quincaillerie,
CLIQUER, d'où clique, voy. claque. — D.
cliqueter (d'où cliquetis), cliquet, cliquette.
CLISSE, vfr, clice (d'où le composé esclice*,
éclisse), du vha. hliozan, fendre. Pour vha.
io = fr. t, cp. fr. quille du vha. kiol. — D.
disser,
CUVER, de l'ail, klieben, ags. cleofan,
angl. cleave, fendre.
CLOAQUE, L. cloaca(àe cluere =: purgare).
CLOCHE, BL. doca{yni'^ siède), prov. cloca,
clocha. (En vfr. et quelques parties de la
France, on appelle aussi cloche ou cloque un
large manteau de voyage ; c'est de là que les
Anglais ont tiré leur cloak.) Il y a lieu de
douter si les formes germaniques : ags. clucga,
nord, klucka, vha. clocca (ix* siède) et glocca
(ail. mod. gloche, angl. dock), ou les mots
celtiques, irl. clqg, cymr. doch, sont les ori-
ginaux ou des reproductions du mot roman.
On a donc proposé, pour ce dernier, diverses
étymologios, telles que : verbe fr. clocher (v.
c. m.) à cause du balancement de la cloche,
— ags. doccan, angl. cluck, glousser (cp.
closseri, — vha. hlochôn, frapper, — vha.
hloppen, frapper, roraanisé en cloppicare,
d'où clocher. La dernière conjecture se re-
commande le plus à cause de l'existence du
^alaque dépôt ^=» cloche. Cp. aussi ail. hlop-
pel, battant de cloche. — D. clocher, BL.
clocarium; clochette, clocheton.
CLOCHER, boiter, pic. cloquer, prov. dop-
char, vient ou du L. daudicare, m. s., ou, vu
la facture du mot provençal, d'un BL. cloppi-
care, issu de BL. cloppus (voy. dopin), qui
parait tenir à l'ail, hloppen, frapper (en pre-
mier lieu, comme hlappen, produire un
bruit). Cette dernière explication gagne en
vraisemblance par le rapprochement de l'it.
zoppicare, boiter, zoppo, boiteux, qui se rat-
tache à l'ail, schuppen, heurter, et celui du
vieux verbe français doper — clocher (voy.
dopin). L'idée boiter se déduirait donc du fer
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CLU
HO
CGC
d'un cheval, qui s'est détaché ei qui clapote
contre la terre, ou bien de l'effet de la clau-
dication, qui est de se heurter, de trébucher.
— Cps. à cloche-pied,
CLOISON, du L. clausio closio, fermeture
(de daudere). Cp. poison de potio» — D. cZot-
sonnage,
GLOÎTREt angl. cloister, ail. hloster, du L.
cîaustrumy barrière, clôture. — D. cloîtrer.
CLOPIN-OLOPANT, terme familier. Cett«
expression, comme le verbe ancien doper et
son dérivé clopiner y tire son origine d'un
ancien adj. clop, boiteux, BL. cloppus (Lex
Alam.). Ce cloppus ^ à moins que l'on n'ap-
prouve l'étymologie aventureuse claudipes ou
clodipes (de claudus et pes), ou bien celle du
grec jfwiofTTow,-, perclus du pied, doit provenir
du germanique kloppen, frapper (voy . clocher).
— De clop : Vndj. éclopé, boiteux, estropié.
CLOPORTE , mot altéré de claiisporque^^vcs^
clusilis, porc enfermé. Cette étymologie se
confirme par le' rapprochement des noms
donnés à ces insectes dans différents dialectes :
en Languedoc jooMrceZ^i^, en Italie ^orcc/7inî,
porceletii, en Anjou et Bretagne trëes (truiesj,
à Lyon et en Dauphiné kaïons (cochons), en
Champagne cochons de saint Antoine. Les
Grecs et les Latins les nommaient des petits
ânes, gr. ôv(»xo«, L. asellus, d'où Vall. assel =
cloporte). Cselius Aurelius, cependant, emploie
dé^à porcellio. — Bugge (Rom., IV, 353), se
fondant sur le nom actuel de cloporte dans le
prov. mod., porquet-de-crota, suppose comme
forme première crote-porque (porc de cave, de
grotte), d'où clote-porte {dota p crota se dit
encore en prov.), doù c?qpoWe (op., p. la con-
traction, cJiamphtre fr. chantepleiire). La
forme dausporque (xvii® siècle) parait être
une interprétation ; on trouve, au xvi" siècle,
douporte, dooporte.
CLORE, dorj'e*, du L. daudere^ daud*re.
Du part, passé daiisiis : fr, dos y employé à la
fois comme adj . (« à huis clos, porte close •)
et comme subst. dans le sens de «« espace
fermé ». De là. les dérivés doseait, doset, do-
sette, doserio. — Composés de clore : édore
(v. c. m.), enclore, déclore. — Édore et en-
clore sont étymologiquement identiques avec
eosclure et inclure et tirés, sous Tinfluence du
primitif c/ore, dos formes latines indudere,
eœdudere. — L'anglais a tiré sa forme dose
du fréq. dausare. ^
GLOSEAU, CLOSERIE, voy. dore,
CLOSSER, variété de glousser (v. c. m.).
CLOTURE, dér. de L. daudere par un su-
pin barbare daustum; l'anc. langue employait
plus souvent closure (de clausum). — Du dô-
turer,
CLOU, vfr. do y wall. dà, prov. dau, esp,
daoo, it. chiavo, du L. davus. — D. douar,
esp. daoar, 31. davare; douter, garnir de
clous, p. doueter; doiUie)' (cp. feutier de feu).
Composés ; dédouer, endouer,
CLOTURE, panier à huîtres, dér. de doie,
ancienne forme pour claie (v. c. m.).
CIiUB, mot anglais. — D. clubiste.
CLT30IR, du gr. x3tvifcy, laver, ^ est le
primitif aussi de x)iw<rnj/9, pr. le nettoyeur,
d'où fr. dy stère. Du même x^^ûjitv vient dysù%
pompe (pompe & laver).
CLYSTÈRB. voy. l'art, préc.
CO-, CON- (par assimilation devant les la»
biides com, devant 1, col, devant r, cor; de^
vant des voyelles co). Ce préfixe latin repré-
sente, conune on sait, la préposition cum^
avec. Nous n'avons pas à exposer ici les modi^
fications de sens qu'il conférait en latin au
primitif; les langues romanes ne s'en sont
guère servies conrnie élément de composition.
On ne le rencontre, à peu d'exceptions près,
que dans des vocables formés d'après un pré*
cèdent latin. Quelquefois les composés latins
en question, en se romanisant, se détériorent
au point de ne plus laisser reconnaître la
particule latine, ainsi dans cailler, couvrir,
coudre, coucher, cueillir, etc. Dans les caa
rares où le roman se sert de la particule
pour créer des composés, elle exprime asso^
ciation (p. ex. coaccusé, compoffnon, conci-
toyen, confrère, combattre), entourage (con^
tourner), ou renforcement (cotitrouver). —
Nous omettons dans ce livre les mots de
façon nouvelle, qui s'expliquent d'eux mêmes,
comme coaccusé, coadjuteur et sembl.
COACTIP, COACTION (L. coactio), dérivés
du L. coactum, supin de cogère (p. coagere),
contraindre.
COAGULER, du L. coagulare, qui s'est in-
troduit dans le fonds populaire de la langue
sous la forme cailler (v. c. m.). — D. coo^m-
UUio7%.
COALESCENT, -ENOE, du L. coalescere,
s'unir à, faire corps avec. Du supin du même
verbe, coalitum, le fr. a tiré : coalition; se
coaliser (par un type fictif coalitiare).
COALISER, COALITION, voy. l'art, préc.
COASSER, L. coaacare (de xo'à^ onomato^
pée).
COBALT, de l'ail, hobalt, m. s., sur Tori^i
gine duquel voy. Grimm, s. v.
COCAGNE, it. cuggagna, esp. cucaiia, v.
angl. cokaygne, signifie proprement une e&i
pèce de pain ou de gâteau ; de là l'expression
pays ds cocagne, pays où tout abonde, pays de
délices, et les autres applications de ce mot. Le
primitif est le mot cat. coca, pic. couque, gâ-
teau (du L. ooquere, cuire), qui a également
donné l'ail, kuchen, gâteau. Le v. angl. oo*
haygne parait être le primitif du mot actuel
cokney (anc. coheney), enfant gâté. ^* Le
mot cocagne, pain conique de pastel, vient
du L. coccum, kermès.
COCARDE, ' it. coccarda, angl. cochade^
wall. cockàd, dérivé probablement de coq, 4
cause de la ressemblance avec la crête de cet
animal. Anciennement, cependant, le mot ne
désignait pas un insigne porté au chapeau,
mais un bonnet porté coquettement sur un
côté de la tête ; Rabelais : bonnet à la co««
quarde. Ce dernier sens renvoie à l'anc. adj.
coquart, vaniteux, fat. — Ou cocarde tien-
drait-il â l'expression « coque de ruban n (ru-
ban plissé en nœud)?.
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coc
— 111
coc
G00A8SB, étrange et ridicule, prob. dé-
rivé de coq, ogmme coqiiard^ coquet. Jadis, on
employait le mot pour coquille, mais, dans
cette acception, il est différent du nôtre et
yient de coque,
OOGATBIX, animal &ntastique, espèce de
basilic, esp. cocotris; mot altéré éj/L \fr. coco-
drilîe, esp. cocotrix =: crocodile.
GOGGINELLI!, nom savant de la bête à bon
Dieu ; du L. coccinus, de couleur écarlate (de
caecum, grain rouge).
1. GOGHS, vfr. coque, bateau, it. cocca,
esp. coca, La forme italienne se refuse à Téty-
mologiè L. caudica, que Papias interprète
par namcuJa. Diez le fait venir du L. concha,
coquille, vase, et cite à Tappui it. cocchiglia,
de conchylium, et le dim. yîv, coquet, qui si-
gnifie bateau et vase. On trouve également le
mot roman dans les idiomes germaniques
et celtiques : vba. koccho, dan. hogge, néerl.
hog, cymr. cv)ch, bret. kohed,
2. GOGHE, voiture couverte, surtout grande
voiture de transport en commun, it. cocchio,
esp. coche, angl. coach, ail. hutsche, néeri.
koets, La forme italienne favorise l'étjmologie
L. conchulus, petite coquille, ou cochJea, co-
quille de limaçon. La dérivation du hongrois
ftoto^(valaque code, albanais cotsi, bohémien
hotsch) ne s'accorde pas avec Tit. cocchio, bien
qu'elle s'appuie d'un passage d'Avila où il est
dit que Charles-Quint se mit à dormir dans
une voiture couverte u al quai en Hungrialla-
man cocTie, el nombre y la invencion es de
aquella tierra ». Diez est donc d'avis que fr.
coche vient de l'it. cocchio, comme niche de
nicchia. — D. cocher; porte oocAére.
3. GOGHS, entaille, prov. coca, it. cocca,
angl. cock. Probablement d'origine celtique ;
le gaél. a sgoch, m. s., le breton coch. Le mot
désigne particulièrement l'entaille faite à l'ar-
balète pour arrêter la corde ou à. la flèche
pour l'assujettir à Ja corde. De là les verbes
encocher et décocher.
4. GOGHS, truie, primitif de cocJion (v. c.
m.), esp. cochiiia. Coche ayant d'abord si-
gnifié l'animal châtré, ce mot pourrait se rat-
tacher au précédent signifiant entaille. Diez
rapproche, pour justifier ce rapport, l'esp,
carnero, mouton, et le piémontais crina
(truie), qu'il rattache à L. cretm, entaille. Il
repousse comme primitif le cymr. hwch, bret.
hoc* h, houe* h, cochon (d'où l'angl. hog). Littré
observe que la signification première d'ani-
mal châtré, prêtée à coche, n'est pas consta-
tée et que l'origine celtique a plus de vrai-
semblance (h aspirée changée en c dur). Le
hongrois a hotza, l'illyrien kutsitza. — u. co-
chon {^^ m.).
COGHlSflLLS, it. cocciniglia, esp. cochi-
niîla, dérivés du L. coccinus (coccum), cou-
leur d'écarlate. Voy. aussi coccinelle. L'esp.
cochinilla signifie aussi cloporte, mais, en ce
sens, il est distinct de notre mot et vient de
cochino, cochon (voy. cloporte). Le vfr. cote-
chiîle est le diminutif de L. coccum. — ^ D.
▼erbe cocheniller.
OOGHIR, subst., voy. a>c^2.
GÔOHBR, anc. coucher, chaucher, du L.
calcare, fouler, presser,
GOGHBT, dim. de coq.
GOOHSVIS, alouette huppée, pic. ctmot,
wall. cohlivis (d'où fr. cochelivier). Grandga-
gnage croit le mot français oocheois formé du
wallon et analyse celui-ci en livi ( «« i^s. /a-
werk, néerl. leuwerik, alouette, d'où l'ail, fer-
che\ et cok, ce genre d'alouette étant, relative-
mentaux autres, quant à la forme, caque le coq
est aux poules. Mahn rapproche cochevù du
port, cotovia, alouette (esp. totovia) et en voit
l'origine dans le celtique : bret. kodioch^
D'après d'autres cokiivis, cochevis représen-
tent le cri de l'oiseau (Littré, suppL).
GOGHON, porc, type de la malpropreté,
voy. coche 4. De là : cochonner (ce verbe si-
gnifiait anciennement tuer un cochon pour
régaler les amis), cochonnerie, -ode, -et,
1 . GOGO, fruit du cocotier; angl. cocoa, ail.
hokos; on trouve déjà en gr. xowi. — D. coco-^
tier.
2. GOGO, terme de caresse ou de moquerie,
prob. p. cocot et dér. de coq; cp. cocote.
3. GOGO, sorte de boisson; d'origine in-
connue.
GOGON, dér. de coque. — D. coconner,
GOGOTB, poule, dér. de coq.
OOGTION, L. coctio (coquere). Coction est la
représentation savante du mot latin ; la vraie
forme française est cuisson.
GOGÏÏ, variété du mot coucou. Par anti-
phrase, on a appliqué au mari trompé le nom
do l'oiseau qui pond ses œufs dans le nid d'au-
trui. Encore n'a-t-on pas besoin d'admettre
une antiphrase, si l'observation du scoliaste
Acron(ad Horat. Sat. VI, 7) est juste : « Cacu-
lus avis hoc vitio naturali laborat, ut ova, ubi
posuerit, oblita, sœpe aliéna calefaciat n . Le
cocu de même nourrit des produits étrangers .
L'étymologie ci-dessus est appuyée par le
vieux substantif cous, celui « de qui sa femme
fait avouterie » (adultère), commo dit le Père
Labbe. Cous reproduit le BL. cugus (avec
conservation de 1'^ nomihatival), altération de
cucus (Isidore) et primitif de cuculus, coucou.
De ce cucus dérive BL. cucucia, adaltôre de
la femme, et cucuciatus, mari trompé (prov.
cogotj). Malgré le crédit dont jouit cette
étym., qui convient, en effet, au prov. cogul,
cat. cugul, e^. cuqmllo, cudillo, elle sou-
lève de graves difficultés phonétiques en ce
qui concerne le fr. cocw, qui ne peut s'accor-
der ni avec le L. cucus^ ni avec cuculus. Aussi
bien qite la forme prov. cucut (fém. eue (da),
cocu accuse un type lat. cocutus et un radical
coq. Or, en présence des termes synonymes
champ, coquard, ooquUlard, ail. hàknrei
(qui, sans aucun doute, comme l'a démontré
Grimm, est un composé de hahn, coq), angl.
huckold (s» koke-ioold), on ne saurait mécon-
nattre dans cocu, un dérivé de coq, l'animal
jaloux par. excellence; \bcocu, c'est celui qui
se trouve placé dans la position du coq . lésé
dans ses droits de mari. Cest par une méta-
phore analogue, tirée d'un animal tout anesi ar-
dent et jaloux que le coq. que l'cMi a qualifié lo
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COI
H2 —
COL
mari trompé de cornard ou porte-cornes (gr.
x«par(a;, xipxvfôpoi). Cette explication étym.
de cocu par coq, que j*ai dubitativement
émise dès 1861, a fait Tobjet d'un long et sa-
vant article de M. Brickmann dans ses « Meta-
phem » (1« vol., pp. 521-533). — D. co-
cuoffe, cocu fier. — On voit l'ai^. cocu appli-
qué au sens de cornu à certains objets
(heaume, pain, chaudron) ; peut-on admettre
que la synonymie de cocu avec cornu au sens
figuré se soit transférée au sens propre?
CODE, du L. codex, m. s. (pr. assemblage
de planchettes à écrire, puis manuscrit, re-
gistre), it. codice, esp. codigo, — D. codicille,
L. codicUlus; néolog. codifier, -fication,
GOEMPTION, L. cœmptio.
COERCITION, COERCITIF, du L. co-ercere,
forcer, vfr. coercer. Au lieu de coercition, on
disait anc. cohertion; l'angl. a coercion.
CCBUR, it. cuore, prov. cor, L, cor. ^ D.
courage; écœurer. — La locution par cœur
rappelle Texpression prov. et esp. decorar,
apprendre ou réciter par cœur. — Autre
combinaison : contre-cœur, anc. subst. =
dépit, répugnance, d'où la locution adver-
biale : à contre<œur.
COFFRE, it. cofano, esp., prov. cofre, angl.
coffer; dans le sens de panier ou étui, esp.,
prov. cofin, fr. coffin (l'angl. coffin signifie
cercueil). Toutes ces formes reproduisent le
L. cophinus (xoyivo«), panier. — D. coffrer
(emprisonner); coffret, coffretier, encoffrer,
COGNAC, eau-de-vie, de Cognac, ville de
France, département de la Charente, où se
fabriquent les eaux-de-vie les plus renom-
OOGNASSE, voy. coing. — D. cognassier.
COGNAT, COGNATION, L. cognatus, -atio.
COGNÉE, vfr. quignie; répondàBL. cuneata,
dér. de cuneus, coin à fendre le bois.
COGNER, fendre ou frapper avec un coin,
se heurter contre un coin ; dér. de coin, vfr.
coing =» L. cuneus (cp. L. cuneare). Voir
aussi cognée,
COHABITER, L. cohabitare (St. Aug.).
COHERENT, L. cohœrens; subst. cohé-
rence, L. cohœrenJtia. La langue a conservé
adhérer, pourquoi repousse-t^e cohérer pour
rendre le L. cohœrere, qui dispenserait de
bien des circonlocutions? L'allemand traduit
fort bien le mot latin par zusammenhàngen.
COHÉSION, L. cohœsio (cohœrere).
COHORTE, L. cohors, -iis,
COHUE, BL. cohua, anc. halle de marché,
aussi lieu où siégeaient certains petits tribu-
naux. Probablement, d'après Diez, le sub-
stantif verbal d'un verbe co-huer, crier en-
semble. Voici ce qu'inventa Ménage pour
sortir d'embarras : L. eoneocium, ensemble
de voix, convocum, convoca, coUoca, coUa,
cohue/
COI, autr. quei, quoit (de là encore le fém.
coite), it. cheto, esp., port, quedo, du L. quie-
tus, tranquille. De quietus, par quietiare,
vient le verbe coiser (cp. hausser de altus) et
le composé aquoiser, apaiser. — Au moyen
âge ra4j. quietus avait pris racception « libre,
libéré, dégagé»; Lex Longobardorum : sit
quietus »>sit absolutus. Dans cette acception,
on lui trouve la forme spéciale quitus. De là
viennent les adj. vfr. quite, cuite, auj. quitte,
prov. quiti, esp. quito, ail. quitt, et les verbes
esp. quitar, libérer, élargir, enlever, fr. quit-
ter, renvoyer quitte, exempter, laisser aller,
abandonner, it. quitare, chitare, céder son
droit.
COIFFE, it. cuffia, scufpa, esp. cofia, escofia,
port, coi fa (anc. escoifa), angl. coif, BL. cofea,
cofia, cuphia. Comme l'original de ce voca-
ble on a proposé : 1 . l'hébreu kohha, kooa,
casque, mais la facture du mot s'y refuse; 2.
ail. haube, néerl. huif, mais le durcissement
de h initial en c dur ne se produit dans aucun
appellatif roman; 3. vha. kuppa, kuppha,
kuphya «» mitra. Cette dernière étymologie,
mise en avant par Diez, est la plus probable,
celle qui concorde le plus avec le BL. cuphia.
Toutefois, ces vocables germaniques eux-
mêmes sont des emprunts faits au latin;
kuppa, kuppha représentent le L. cuppa,
vase, gobelet, fr. coupe. Pour le rapport logi-
que entre coupe et coiffe, cpi h.gcdea, casque,
etgaleola, vase, et le vfr. bacin, prov. bassin,
signifiant aussi heaume. — D. coiffer, -eur,
'ure; décoiffer,
COIN, vfr. coing, it. conio, esp. cuna, cuno,
angl. quoin, coin, du L. cuneus, coin à fendre
le bois, BL. =» angle. — D. cogner (v, c. m.),
encogner; cognée (v. c. m.); quignon (v.c.m.);
recoin.
COÏNCIDER, mot savant formé àeco^= cum
-[- incidere (rad. cad-ere), tomber sur, surve-
nir. — D. coïncident, -ence.
COING, anc. cooing, prov. codoing, it. coto-
gna, du L. cotonia, forme accessoire de cydo-
nium ou -a (xuîAviov), fruit nommé d'après la
ville de Cydon dans l'ile de Crète. — D.
cognasse, coing sauvage, coudoignaç*, coti-
gnat*, auj. cotignao, confiture de coings.
COÏON, poltron, lâche, prov. colho, it. co-
glione, esp. cqfon, angl. cidlion; par anti-
phrase du L. coleus, testicule. — D. cokmner,
cotonnade,
COKE, mot anglais sign. charbon désoufré.
COL, forme antérieure à cou et coexistant
encore avec cette dernière, mais pourvue
d'acceptions spéciales, du L. collum, — D.
collier, L. collarium; collet, collerette^ colée*,
coup sur le cou; accoler; décoller, nUion;
encolure,
COLAS, homme stupide; abrégé de Nicolas,
COLATÏÏRS, L. colatura, de colare^ couler.
COLBAGK, du turc kalpàk.
COLÈRE, it. collera, du L. choiera (xoX&ps),
maladie bilieuse, choléra, plus tard «» bile. —
Notez l'emploi acyectival de colère, analogue
à celui de chagrin. — D. colérique. — Colère
était remplacé en vfr. par ire (L. ira) ou par
cole h^ gr. xol«i* bile) joint aux adject. mole
ou chaude,
COLIBRI, mot de la langue des Cars^[bes.
COLIFICHET, composé de col, et fichet^
donc pr. chose petite attachée au cou en
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COL
— 113 —
COM
guise d'ornement; cp. afftquet. D'autres pré-
tendent que ce mot signifiait d'abord des
petits morceaux de papier ou de carton repré-
sentant des images et collés sur du bois, et
expliquent le mot par fichés (fixés) à la colle.
COLIMAÇON, d'un type latin cochlolimax,
limaçon à coquille? Cochlo représenterait le
grec MyUi = concha, d'où L. cochlea, lima-
çon. — Pour la chute do la syllabe lo dans le
type cochlolimax, cp. idolâtrie p. idololâtrie,
matin p. matutin. — Darmesteter, alléguant
les formes pic. et nonn. calimachon, à côté
de resp. limichon et limachon^ voit dans l'élé-
ment co la particule péjorative cal, ca,
COLIN-MAILLARD, de Coli7i, nom d'homme,
et maillard, qui parait, comme maillot, être
dér, de maille, filet, tricot.
COLIQUE, L. colica (xwlw»5), dér. de xw>ov,
intestin.
COLIS ou coli, de l'it. colli, plur. de colla
€iu sens de charge, ballot de marchandise.
COLLABORER, L. collaborare.
COLLATÉRAL. BL. collateralis, - qui ad
latus est altorius, socius, amicus. ••
COLLATBTJR, L. collator (qui confère).
COLLATION, L. collatio {conferre), signifie
conformément au latin : 1. action de conférer;
2. action do comparer (d'où le verbe colla-
tionner). Une troisième signification s'y est
attachée, celle de repas léger. En voici l'ori-
gine la plus accréditée, telle que l'expose Du
Cange : « A collatiotiibus monasticis (confé-
rences, lectures de moines), quibus finitis ad
bibitionem ibatur, serotinse cœnsa collatio-
num appellationem sortit» sunt. » Collation
serait ainsi un rafraîchissement pris à l'issue
d'une conférence ; le terme a élargi ce sens
primordial et a fini par passer du couvent
dans le monde. D'autres, à tort, pensons-nous,
ont vu dans la collation un pique-nique, pour
lequel chacun contribue (« confert ") sa part.
Cette explication pourrait au besoin s'autori-
ser du terme BL. conferturn = compotatio,
festin à écot. En it., pour le sens repas, la
forme savante collazione s'est modifiée en cola-
sione, CiAezione, -izione, ce qui a fait surgir
l'idée que le vrai type latin est colationem «=
bouillon, soupe (cp. souper do soupe); voy.
Canello, Arch. glott.,111, 401. A cette expli-
cation, Suchier (Ztschr., IV, 183) objecte fort
bien que l'it. colazione ne s'est jamais appli-
qué à un mets déterminé ; on n'y voit jamais
prendere ou mangiare colazione, mais tou-
jours far colazione.
COLLE, L. colla [mW^). ■— D. coller, dé-
coller, e7icoller.
COLLECTANÉES, recueil de différentes piè-
ces, L. plur. collectanea. Cp. miscellanées.
COLLECTE, BL. collecta, subst. participial
du verbe colligere, recueillir; cp. quête, subst.
partie, de quœrere. Collecte est la forme sa-
vante de cueillette. — D. collecter, -eur,
COLLECTIF, L. collectivus.
COLLECTION, L. collectio. — D. collec-
tionner.
COLLÊOS, L. collegium, association, corps.
compagnie (de colligere, réunir). — D. coUé-
gial; collégien,
COLLÈGUE, L. collega.
COLLER, voy. colle.
COLLERETTE, dimin. de collier, voy. coL
COLLET, dim. de col. — L. colleter, pren-
dre au collet ; se décolleter, pr. ôter son col-
let. -- D'après Roulin, il faut séparer l'ex-
pression collet de buffle, sorte de pourpoint,
où collet se rattache à L. culeus, sac (voy.
Littré, suppl.).
COLLIER, voy. col. — D. collerette.
COLLIGER, mot savant, du L. colligere, qui
est également le type du verbe cueillir.
COLLINE, it. collina, esp. colina, du L.
collinus, adjectif tiré de collis (it. colle), col-
line.
COLLISION, L. collisio, rencontre, choc (de
collidere, se heurter).
COLLOCATION, L. collocatio, placement.
COLLOQUE, L. colloquium, entretien.
COLLOQUER, L. collocare, placer; forma-
tion savante, car du même verbe latin le fr. a
fait coucher (v. c. m.).
COLLUDER, L. colludere; swhs^i. collusion,
L. collusio; adj. collusoire, L. collusorius.
COLLTRE, L. collyrium UolKipin'»).
1. COLOMBE, pigeon, L. columba. Du
masc. columbus, le fr. a fait le masc. colon
couloyi (it. Colombo, prov. colomb). — D. co-
lombier, L. columbarium ; colombin, L. co-
lumbinus.
2. COLOMBE, grosse solive, anc. = co-
lonne, du L. columna, prov. colompna. —
D. colombage, colonnade; colombelle, en
typographie, le filet qui sépare deux colonnes;
colombette, champignon.
COLON, L. colonus (de colère, cultiver).
COLON, gr. xûXov, membre du corps, et
particulièrement un des intestins.
COLONEL, .vfr. coronel, esp. coronel, de
l'it. colonello, chef de la colonne. — Colon-
nelle = première compagnie d'un régiment.
-— L'étymologie corona, couronne, est fau-
tive ; coronel est une modification euphonique
de colonel. Les Anglais, tout en écrivant
colonel, prononcent queurnel.
COLONIE, vfr. cologne, colonge, du L.
colonia (dér. de colonus). — D. colonial, co-
loniser.
COLONNE, vfr. colombe, L. columna, —
D. colonnade, -ette.
COLOPHANE, anc. colophone, du L. colo-
phonid, résine de Colophou.
COLOQUINTE, gr. xoioxûv&«, citrouille.
COLORER, L. colorare (color).
COLORIER, COLORIS, voy. couleur,
COLOSSE. L. colossus (koXo,s6ç), — D.
colossal.
COLPORTER, de col + porter, litt. => coUo
gestare. — D. colporteur, -agc,
COLURS, gr. xàXoupoi.
COLZA, colzat (Richelet), du flam. kool-
saed, semence de chou ; cp. en ail. rObsamen
== colza, litt. semence de raves.
COMBATTRE, it. combattere, esp. comba-^
tir, voy. battre. C'est un des rares exemples
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COM
— 144
COM
OÙ le français fait application de la particule
prépositive con (cum). — D. combat,
GOMBE, vallon, gorge, prov. comba; sans
doute le même mot que prov. comb, esp.
combo, courbé. On trouve en BL. cumba,
comme nom géographique, dôs 631 ; quant à
son origine, les uns le tirent du BL. cumba
p. a/mba (xvfityi), barque (le point de rapport
serait la concavité), les autres du cymr. ctom,
vallée, breton comb. Diez oppose à cette der-
nière étjmologie que cumi laisse le b de la
forme romane inexpliqué et que le breton
comb pourrait être emprunté au français ; il
conjecture donc pour type L. cdncava^ qui,
par la chute do la syllabe atone ca, a réguliè-
rement pu produire comba ; il rappelle sur-
tout les expressions usuelles du BL. « con-
cava vallium, concava montium ». Cette opi-
nion est contestée en faveur de q/mba^ par
Storm, Rom. V, 175.
COMBIEN, p. com bien (com =s comme, et
bien dans le sens de muUum), donc qitam
muJtum, op. ail. toie viel, angl. fiotomuch,
COMBINER, L. combinare (Wnt, deux). —
D. combhiaison,
1 . COMBLE, substantif, it., esp. colmo. Pour
l'étymologie de ce mot, on peut balancer entre
L. culmen, -inis (BL. culmus\ faîte, sommet,
et L. cumulus, tas, amas, surcroit. Le sens
et la forme permettent l'un et l'autre ; toute-
fois, d'un côté la forme colmo fait pencher
pour culmen, de l'autre le français comble
pour cumulus, qui, au moyen âge, signi-
fiait aussi faite, comble. C'est évidemment
cumulus qui a donné le port, cômoro,
combrOy tas de terre, BL. combrus, prov.
cômol, tas. ainsi que les composés fr. en-com-
bre et décombre. On peut aussi distinguer
entre comble, mesure qui déborde, haut
degré, et comble, faite, en ramenant le pre-
mier à cumulus, le second à culmen, par
l'esp. cumbre (p. culmbre), — D. combler, it.
colmare, esp. colmar, L. cumulare. Le latin
cumulare s'est reproduit aussi sous la forme
savante cumuler.
2. COMBLE, adjectif, tiré du verbe cwn-
bler de la même manière qui a produit lâche
de lâcher, trouble de troubler, à Genève
gonfle, erifle = gonflé, enflé.
COMBLER, voy. comble 1.
COMBUSTION, L. combustio, du supin
combustum (comburere), dont est tiré aussi
l'adj. combustible.
COMÉDIE, L. comœdia (K^fi^Bia). — D.
comédien.
COMESTIBLE, BL. comestibilis (Isidore),
dér. du L. comestum, supin de comedere
manger ; formé à la façon de combustible.
COMÈTE, L. cometa (ko/i^ttu, de xo>»j, che-
velure). Notez le changement do genre du
latin au français, dans ce substantif, conmie
dans planète.
COMICES, du plur. L. comiiia (cum-ire).
COMIQUE, L. comicus (xtafitndi).
COMITÉ, de l'angl. committee, tiré lui-
même du L. committere, déléguer, commettre.
De « commission •• le sens s'est étendu 4.
« petite réunion ».
COMMANDER, L. commendare (mandare),
confier, transmettre, recommander, puis,
dans la basse latinité, => ordonner, enfiii
avoir le droit de commander, dominer. — D.
commande(it. comando, vfr. comant), comman»
dément; commandant, commandeur, -erie;^
par un singulier métaplasme : it. commen--
dita d'où fr. commandite, d'une forme latine
commendire, etc. le subst. vfr. comandie et
commandise. — Cps. recommander, qui,
malgré le re intensitif, exprime une action
moins intense que le simple commander.
COMMANDITE, voy. l'art, préc. — D. com^
manditer, -aire.
COMME, it. corne, esp., port, como, prov.
et vfr. com, cum., forme tronquée du L. çuo^.
modo. Joint à ^élément adverbial ment, com
est devenu prov. coment, fr. comment. L'ex-
plication de comment par quomodo inde (com
ent) est peu probable. Voy. pi. loin l'art.
comment, — Le comme français exprime, de
même que le une des Allemands, aussi bien
des rapports de comparaison que des rapports
de temps ou de causalité. Les formes des lan-
gues it., esp. et port, défendent de ratta-
cher le mot dans cette dernière fonction au
latin cum.
COMMÉMORATION, -AISON, L. commemc-
ratio. — Néol. commémoratif.
COMMENCER, it. comindare, esp., prov.
comcfizar, d'un type latin cum-initiare (ini-^.
tium). Dans le Milanais, on emploie le mot 4
l'état simple (sans cum) : tn^a = L. initiare^
— D. commencement.
COMMENDE, it. commenda, subst. verb.
du L. commendare. — D. commendataire,
BL. commendatarius.
COMMENSAL, BL. commensalis, compa^
gnon de table (L. mensa),
COMMENSURABLE, mot scientifique, de
cum (préfixe de corrélation) et me?tsurare,
mesurer.
COMMENT, voy. comme. —Cornu (Rom.,
X, 216) repousse aussi bien l'explication
étym. do cet adverbe par quomodo -\- menie
(Diez) que celle par quomodo -\- ent (Littré).
Il démontre l'origine qua mente. L'a de qua
s'est changé en u (la plus anc. forme est
cument) ou o sous l'influence des deux la-
biales [v et m). G. Paris conteste cette expli-
cation en note de l'art, de M. Cornu, et l'ét. de
Littré lui parait encore la meilleure.
COMMENTAIRE, L. commentarius.
COMMENTER, L. commentari.
COMMERCE, L. commercium, trafic, puis
en général relation sociale. — D. commer-
cer, L. commerciari (d'où commerçant) ; com^
mercial.
COMMÈRE, BL. commater (qui est mère de
société avec une autre, cp. compère), prov.
comaire, esp. comadre, it. comare [-aire,
-adre). — D. commérage.
COMMETTRE, L. committere, litt. mettre
ensemble, d'où les sens : préposer qqn. à une
affaire ou confier qqch, à qqn., mettre ei\
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COM
115 —
COM
mauvais rapport, compromettre, exposer;
dans « commettre une faute » , sens déjà clas-
sique, commiitere se rapproche de permitiere
et exprime au fond Tidée de laiss t aller, ne
point retenir. A ce verbe se rattachent les
substantifs : comYnettantj commis (L. com-
missus, préposé à); commise, commissaire,
commission, 1. action de commettre, de pré-
r»r, de confier ; 2. objet de cette action ;
ensemble des personnes commises.
COMMINATOIRS, L. commincUorius" (de
comminaH, menacer).
COMMIS, pr. chargé d'une affaire, voy.
commettre.
COMMISÉRATION, L. commiseratio, pitié.
COMMISSAIRE, voy. commettre. —D, com-
missariat.
COMMISSION, voy. commettre. — D. com-
missionner, -aire.
COMMISSURE, L. commissura, jointure.
GOMMITTIMUS, mot latin signifiant «* nous
commettons ».
COMMODE, a(\j., L. commodus, — D. com-
mode (subst., meuble); commodité, L. com-
moditas; incommode,
COMMOTION, L. commotio (com-movere,
vfr. commx)uvoir).
COMMUER, L. commutare, — D. com-
fnuable.
COMMUN, L. communis. — D. commune
(cp. en ail. gemcinde, de gemein); commu-
nal, d'où communalté" communauté; L.
communio, fr. communion, 1. conununauté ;
2. participation au sacrement de l'eucharistie ;
L. communicare (en t. d'église, prendre part
à la communion), d'où fr. : 1 . communiquer
(mot savant); 2. communier.
COMMUNAL, -AUTÉ, voy. commun.
COMMUNIER, pr. rendre ou être partici-
pant, voy. commun. — Cps. excommunier.
COMMUNION, voy. commun.
COBOIUNIQUBR, voy. commun. — D. com-
municahle, -ication, -icatif,
COMMUNISME, -ISTE, néologismes, tirés
de commun.
COMMUTATION, L. commutatio (commu-
tare).
COMPACITÉ, V. l'art, suiv.
COMPACT, L. compactus (part, de com-
pingere), resserré, pressé. Les physiciens ont
tiré de cet adj. le mauvais subst. compacité;
il fallait, d'après les règles do l'analogie, com-
pactité.
COMPAGNE (fém.), vfr. compaing (masc),
it. compagno, esp. compano, ail. kompan;
d'un latin barbare cum-panio, qui mange le
pain avec (depanis, pain), donc = commensal;
composition analogue au vha. gi-majso ou gi-
leip (de gi = L. cum, et resp. mazo, nour-
riture, et leip, pain). — D. compagnie (angl.
Company); compagnon (qui en réalité n'est
que la forme du cas-régime de l'anc. com-
paing) ; compagner*, fréquenter, et accompa-
gner. — L'étymologie com-paganus, « qui est
du même pagus, du même pays », bien que
patronnée de nouveau par Grimm, est insou-
tenable ; il faudrait compaj/en. Ce qui con-
viendrait mieux, cest un type compaginus
(de compingere, réunir), analogue à compa-
gina, réunion (iv** siècle), mais l'explication
^^Avpanis satisfait complètement.
COMPAGNIE, COMPAGNON, voy, com-
pagne.
COMPARAITRE, du L. comparescere tan-
dis que la forme cofnparoir reproduit le
L. comparere. — De comparens, fr. compa-
rant; de comparitio, fr. comparution, forme
vicieiise p. comparition.
COMPARER, L. comparare (de par, égal.
En vfr., comparer, pr. égaliser, signifiait com-
penser, payer, expier). — D. comparaison,
L. -atio ; -aàle, L. -abilis; -atif, L. -ativus. —
Le comparare latin, homonyme du précédent,
composé de parare, et signifiant acquérir, se
procurer, s'était conservé dans l'ancien com-
parer, acheter (aussi comprer), qui corres-
pond à esp., port, et prov. comprar, it. com-
prare et cotnperare.
COMPAROIR, voy. comparaître.
COMPARSE, dans le principe un terme de
carrousel exprimant l'entrée des quadrilles.
Le sens propre est : apparition, car il vient
de l'it. comparsa, action de paraître, puis, en
sens concret, figurant de théâtre, subst. par-
ticipial do comparire; comparsa est un dou-
blet de compacta.
COMPARTIMENT, subst. du vfr. compar-
tir, L. compartiri, distribuer, diviser. La ter-
minaison n'est pas d'accord avec département,
appartement (cp SQUtiment et consentement).
COMPARUTION, voy. comparaître.
COMPAS, it. compasso, esp. compas, angl.
compass ; d'après Diefenbach, du cymr. cwmp
= cercle, cwmpas = circuit (cp. en ail. sirkel
= cercle et compas). M^gré ces mots celti-
ques, Diez, partant du sens primitif du vfr.
et prov. compas, savoir « pas égal », propose
l'étymologie L. com-passus. (On trouve le
verbe compasser, tenir pas égal, marcher au
pas, mis en opposition avec trespasser, ne
pas aller au pas, marcher outre, c.-à-d. pren-
dre les devants.) De cette première accep-
tion découla celle de mesure, juste mesure,
régularité, puis d'instrument à mesurer. —
D. compasser, faire selon la règle, etc. ; part.
compassé, régulier, mesuré.
COMPASSION, L. compassio, pr. soufirance
commune (cum-passio, cp. l'ail. mU-îeiden).
COMPATIR, L. com-patiri, litt. souffrir
avec; de là l'adj.-part. compatissant, d'où
compatissance (néolog.). De là aussi l'adj.
compatible d'après un type compatibilis - qui
peut être toléré, qui peut s'accorder avec un
autre; p. ex. compatibile beneficium i. e.
quod potest cum alio possideri.
COMPATRIOTE, BL. compatriota (cum +
patria), cfr. gr. nufiito^lrru, et fr. concitoyen.
COMPENDIUM. subst. latin, signifiant
épargne, action d'abréger.
COMPENSER, L. compensare, pr. contre-
balancer, équilibrer. — Cps. récompenser.
COMPÈRE, it. compadre, compare, BL.
compater, 1. parrain d'un enfant, relative-
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COM
H6
COM
inent au pèro et à la marraine, cp. ail. ge^
vatter, 2. sodalis, amicus. — D. compérage,
COMPÉTER, appartenir, revenir de droit,
du L. coifipetcrc, m. s. [ào.pctere^ au sons de
tendre vers). De là compétent, L. compe-
tens, qui convient, d'où compétence. — Au
même L. competere, dans son sens actif de
rechercher ensemble et concurremment, se
rapportent les subst. compétiteur et compéti-
tion ^ L. competitor, -itio.
COMPILER, L. compilare, pr. ramasser
pièce à pièce, puis piller.
COMPLAINDRE", extension de plaindre^
plaindre avec sympathie, angl. complain. —
D. complainte, lamentation, chanson lugubre.
COMPLAIRE, L. com-placcre. — D. com-
plaisant, qui cherche à complaire ; complai-
sance.
COMPLANT, t. d'agriculture, de complan-
ter, planter en masse, comme plant de2)lantcr.
COMPLÉMENT, L. complementum (com-
plere). — D. complémentaire.
COMPLET, L. compktus. — D. compléter.
COMPLEXE, L. complcxiis, part, de ctmi-
plecti, enlacer, embrasser. — D. complexité,
COMPLEXION, L. complexio, assemblage,
an'angement; le mot s'applique en français à
rcnsemble des propriétés physicpies, disposi-
tion générale. En anglais, ce mot a rétréci
cette signification de constitution, tempéra-
ment, à celle de teint.
COMPLICE, it., csp., angl. complice^ du L.
compleXy 'iciSy ou strictement d'un type com-
plicius, litt. impliqué dans la même affaire.
D. complicité.
COMPLIES, prov., cat., csp., port, complé-
tais, it. compieta, du BL. complet œ, officium
ecclesiasticum quod csetera diurna officia
complet et claudit.
COMPLIMENT, it. complimento (prov. com-
plimen, achèvement), officiosa urbanitas, ci-
vilité, du L. complere, au sens de officium
exsequi, rendre ses devoirs, cfr. it. compier
voti, efFcctucr ses \tbux (angl. co)èiply, s'ac-
commoder). L'it. a, pour L. compier e, outre
compierCy la forme compire, faire son devoir,
se rendre obligeant. La forme compliment
(comme le mot complies) se déduit de l'anc.
verbe complir, et no vient pas directement du
latin complementum. — D. complimenter,
COMPLIQUER, L. compHcare.
COMPLOT, pr. toute résolution prise en
commun. Du L. complicitum complic*tum, =
complicatio, intrigue. Complot est, d'après
Diez, pour coynploit, comme frotter''^, froitei'.
— Cette étymologie soulève quelques doutes.
Pourquoi la forme comploit ne se présente-t-
elle jamais comme esploit (de explicitum), et,
d'autre part, pourquoi jamais esplol p. es-
ploitf L'angl. a le simple plot, signifiant
pièc« de terre, plan, puis complot ; cette der-
nière signification parait être survenue sous
rinfluenc« de complot, et il est diflficile d'éta-
blir une connexité'de sens entre plot, pièce
de terre, et plot, complot, si ce n'est par cette
filière : terrain, plan, projet, machination (cp.
dessin et dessein). Si V'dngl. plot est le primi-
tif du mot roman complot, d'où vient-il?
D'après Wedgwood, c'est une forme parallèle
de pUit. — Il est bon de noter que complot se
présente en vfr. aussi avec la valeur de fouie
et de bataille. — D. comploter.
COMPONCTION, L. compunctio, de corn-
pungi, pr. être piqué, blessé, fig. être tour-
menté par les remords de la conscience.
COMPORTER, du L. comportare, mais, en
latin classique, ce composé signifiait trans-
porter plusieurs choses à la fois ou vers le
même lieu, tandis que le mot français a pris
l'acception : 1 . porter en soi matière à, don-
ner lieu à; 2. au réfléchi, se conduire, cp.
L. se gerere, ail. sich betragen.
COIQ^OSER remplace le latin componere,
voy. poser. — Cps. dé-, recomposer.
COMPOSITE, terme savant, L. compositus.
La vraie forme française de ce participe est
compost, mélange de terre, de fumiers, etc.
(en angl. «= engrais); au féminin, composte',
compote, propr. mélange (it. composta).
COMPOSITEUR, -ITiON, L. compositor,
-itio. — Forme syncopée : composteur.
COMPOST, voy. composite. — D. compos-
ter, fumer les terres, anc. aussi sophistiquer
le vin.
COMPOTE, voy. composite. — D. compo-
tier.
COMPRÉHENSION, -IBLE, L. comprehen-
sio, -tbilis.
COMPRENDRE, L. comprehendere, corn-
prendere.
COMPRESSE, subst. verbal de compresser*
(du L. comprcssus, serré).
COMPRESSION, L. compressio (compri-
mere).
COMPRIMER, L. comprimere.
COMPROMETTRE, L. compromittere ; le la-
tin exprime pr. l'engagement pris par divers
intéressés réunis à s'en rai)porter au juge-
ment d'un arbitre ; le mot fr. a développé en
outre le sens de mêler quelqu'un dans une
affaire, en l'exposant à l'une ou l'autre at
teinte, de là l'acception exposer, mettre en dan-
ger. — D. compromis, BL. compromisswn,
COMPTABLE, voy. cotnpter. — D. compta-
bilité.
COMPTER, it. contare, esp. contar, prov.
comtar, angl. count, du L. computare, comp*-
tare, calculer, supputer. Substantif verbal :
compte, it. computo, conto, BL. comptUits;
ce dernier a donné aussi le terme scientifique
comput. — D. cojnptable, mot détourné de
son sens naturel « qui peut être compté » et
signifiant : 1. chargé de tenir les comptes;
2. responsable ; comptant (argent), forme ac-
tive, sens passif; à-compte (un); comptoir
(angl. counier)'.^ décompter, subst. décompte;
mécomptcr, mécompte. — La langue savante
se sert, outre compter, de la forme computer
dans le même sens que supputer. Voir aussi
conter, forme variée de compter,
COMPULSER, BL. comp\dsare, fréq. de
compellei'e, forcer, obliger quelqu'un à pro-
duire do^ titres en justice ; de là, par une
extension de sens, <• compulser des registres » ,
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CON
— 117 —
CON
rechercher des pièces dans les registres, puis
« compulser des pièces ».• Du terme de droit
« litera compulsoria » vient le subst. fr. corn-
pulsoire, ordre donné pour se faire expédier
un acte, etc.
OOMPUT, COMPUTER, voy. compter,
COMTE, it. conte, esp., port, conde, angl.
oount, du L. cornes t comitis; à la forme du
nominatif corne; se rattachent prov. coms, vfr.
cuenSf quens. — D. comtesse; comté, BL.
comitatus; comJtal; cps. : vicomte = viceco-
mes.
CONCASSER, L. con-quassare,
CONCAVE, L. concavus.
CONCÉDER, L. con-cedere; du subst. lat.
concessio, fr. concession, d'où concession-
naire,
CONCENTRER, CONCENTRIQUE, voy. cen-
tre.
CONCEPT, L. conceptum (concipere), chose
conçue, angl. conceit, it. concetto. Le plur. it
concetti, pensées brillantes, fausse pointe, a
été reçu dans le dictionnaire français avec le
même sens.
CONCEPTION, L. conceptio (concipere).
CONCERNER, BL. concemere (de cemere,
voir); cp. Texpression regarder dans « cela
me regarde » et le L. spectare. — D. concer-
nant.
CONCERT, voy. Fart. suiv.
CONCERTER, L. concertare, combattre,
lutter, puis lutter en paroles, disputer, d'où
s'est dégagé le sens moderne : conférer entre
plusieurs pour l'exécution d'un projet; con-
certé, qui a été l'objet d'une discussion, d'une
entente préalable, puis (appliqué à des per-
sonnes), ajusté, composé, trop étudié. —
Substantif verbal concert, it. concerto, 1 . ac-
tion d'agir en commun, 2. intelligence entre
des personnes pour arriver à une fin; 3.
lutte musicale, puis production musicale,
avec le concours de plusieurs. — D. concer-
tant; décoticerter, troubler un concert, un
ensemble de mesures prises, faire perdre
contenance. — On a aussi, vu surtout l'or-
thographe it. conserto (coexistant avec con-
certo), rapporté concert au L. cwiserere, lier,
enchaîner, p. e. dans conserere sermonem,
s'entretenir, converser. D'autres enfin, avec
moins de probabilité encore, ont conjecturé
dans concerto une altération du L. concentus,
accord de voix, harmonie (gr. aufiftavla).
CONCERTO, mot italien, « concert, appli-
qué à un morceau écrit pour un instrument de
musique, avec accompagnement d'orchestre.
CONCESSION, voy. concéder.
CONCETTI, voy. concept.
CONCEVOIR, angl. conceive, du L. conci-
pere (capere), traité par les langues romanes
(de même que re-, décevoir) comme étant de la
conjugaison en ère ou en ire; esp. concebir,
it. concepire, port, conceber, fr. concevoir; à
l'infinitif classique se rattachent toutefois le
prov. concebre et le vfr. conçoivre. — D. con-
cevable.
C0NCHTLI0L06IE, science des xoyxû^ix, co-
quilles.
CONCIERGE, BL. (texte de 1 \06)comergiiis,
esp. conserge; Gloss. de Lille (mon éd., p. 47):
conservator conchierge. Le P. Labbe déduit
notre mot de con-scario, composé du BL.
scario, qui est le vha. sharjo, nha. scherge,
sergent, guichetier; cette étym. pèche par le
sens et la forme. Ménage établit pour type
conservius de conservare, mais Diez objecte
qu'il est insolite d'appliquer le sufiîxe tus à
des verbes. Cette objection me semble trop
absolue ; le BL. a bien fait de pelles parare
le subst. pelliparius, pelletier (Gloss. de Lille,
p. 46). D'ailleurs, s'il faut écarter conservius,
je poserai la forme conseT^um, action de
garder, que les formations analogues exter-
minium, dispendium, repurgium, et même
commercium autorisent à supposer, et dont le
sens abstrait « garde » peut facilement avoir
tourné en celui de « gardien » (cp. garde, té-
moin et autres). Le BL. consergius est calqué
sur le français. — Diez, se fondant sur R. Es-
tienne, qui définit concierge par « qui ha la
charge du lieu d'exercice » et qui le traduit
par gymnasiarchus, prend ce mot gréco-latin
pour la source du mot français; la syncope en
ayant fait gymsarchus, il a pu en effet, sous
l'influence de conservare (car gym, régulière-
ment, appelait gon), s'être métamorphosé en
conserge, consierge, coficierge. — Littré, se
mettant en contravention avec le principe
posé par Diez et mentionné ci-dessus, enchaîne
ainsi les formes et les sens : con-servire, être
a^u service, conservius, serviteur en général
(sens rétréci dans la suite), fr. consierge (cp.
sergent de serviefitem) et concierge. — D.
conciergerie.
CONCILE, L. concilium (de conciere, assem-
bler).
CONCILIABULE, L. conciliabulum (conci-
lium).
CONCILIER, L. conciliare [\^ sign. assem-
bler, unir). — D. conciliation, -ateur, -aMe;
cps. réconcilier.
CONCIS, L. concistts, litt. coupé, morcelé.
— Concision, L. concisio. — Cp. précis, pré-
cision.
CONCITOYEN, voy. citoyen.
CONCLAVE, pr. lieu de réunion, du L. con-
clave, appartement (sous une même clef). Pour
la valeur actuelle du mot, comparez les termes
analogues chambre, cahiyiet, consistoire, di-
van, pris dans leur sens politique.
CONCLURE, L. conc/urf^e (claudere).— D.
concluant. Du supin conclusum : conclusion
(L. conclusio), et conclusif.
CONCOMBRE, prov. cogombre, it. cocomero,
esp. cohombro, angl. cucumber, ail. hukum-
mer, du L. cucumis, gén. cucumeris.
CONCOMITANT, -ANCB, du L. concomitari,
renforcement de comitari, accompagner.
CONCORDE, L. concordia (cor). — Concor-
der, L. concordare, se mettre d'accord; D.
concorda^U, -ance, -at.
CONCOURIR, L. concurrere; concurrent.
L. concurrens; concours, L. concursus.
CONCRET, L. concretus (c;oncrescere). Un
nombre concret est un nombre exprimé -con-
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CON
— 118 —
CON
jointement » avec Tespôce des unités; il est
opposé au nombre abstrait. De là le sens phi-
losophique du mot.
CONCRÉTION, L. concretio.
CONCUBINE, L. concuhina (con-cubare, cp.
le gr. ffa/9âxocTc$).
CONCUPISCBNCB, L. concupiscentia (de
concupiscere, convoiter).
CONCURRENT, voy. concourir. — D. con-
currence. Pour la loc. jusqu'à concurrence
de, cp. l'expr. ail. bis zum belauf (de laufen,
courirj.
CONCUSSION, exaction, extorsion, du L.
concicssio, litt. secousse, employé dans le
Digeste avec le sens du mot français. — D.
concussionnaire.
CONDAMNER, L. condemnare.
CONDENSER, L. condensare (densus).
CONDESCENDRE, L. condescendere, des-
cendre, s'abaisser pour se mettre au niveau
(de là le préfixe con); sens mod. céder com-
plaisamment aux désirs ou aux goûts de qqn.
L*anc. langue employait dans ce sens aussi le
simple descendre.
CONDIMENT, L. condimentum, assaisonne-
ment (de condtre, confire).
CONDITION, L. condUio (de condere, éta-
blir, fixer), état, situation ; pacte, clause. —
D. conditionner, mettre dans tel ou tel état ;
conditionnel.
CONDOLÉANCE, subst. formé sur le patron
du simple doléance, du verbe condouloir, L.
condolere, litt. souffrir avec (cfr. compatir),
c.rà-d. prendre part à la douleur de qqn.
CONDOR, de cuntur, mot de la langue des
Incas.
CONDOULOIR, voy. condoléance.
CONDUCTEUR, L. conductor. Les anciens
employaient le mot conduiseur, tiré du fr.
conduire (cp. faiseur à côté de facteur).
CONDUIRE, L. conducere conducVe. — D.
conduite, subst. part, fém., désignant l'action
et Tagent ou l'instrument ; conduit, subst.
partie, masc, exprimant aiy. l'agent (autre-
fois aussi l'action); de là sauf-conduit; cps.
éconduire (sens figiiré), se méconduire, recon-
duire; inconduite.
CONE, L. conus (xwvo?); le circonflexe n'a
pas de raison étymologique. — D. conique;
terme de botanique : conifère, qui porte du
fruit en forme conique.
CONFECTION, L. confectib (conficere). —
D. confectionneur.
CONFÉDÉRER, L. confœderare (fœdus, al-
liance, traité).^- D. confédération, -atif.
CONFÉRER, L. conferre (pourvu déjà de
toutes les acceptions modernes). — D. confé-
rence (autrefois aussi dans le sens de compa-
raison).
CONFESSER, L. confessari, fréq. de confi-
teri. Du part. lat. confessus • qui s'est confessé »
vient conpis; le fém. L. confessa, dans le sens
de l'action, a donné confesse (celui-ci pourrait
cependant aussi répondre à confessio, comme
préfacQ à prœfatio). — Confessio, fr. confes-
sion, d*où confessionnal, -aie. — Confesser,
fr. confesseur.
CONFIDENCE, voy. l'art, suiv.
CONFIER, du L. confidere, qui n'avait
encore que le sens neutre avoir conflance ; du
part, latin confidens viennent : 1. confiant;
2. confident; du subst. confidentia, 1. con-
fiance, 2. confidence, d'où confidentiel. Le
maintien du d radical caractérise les formes
du fonds savant.
CONFIGURER, L. configurare.
CONFINS (plur.), L. confine. — D. confiner,
1 . toucher aux confins, 2. reléguer dans un
certain lieu (litt. assigner des limites), faire
vivre à l'écart (angl.' confine, bannir, empri-
sonner).
CONFIRE, régulièrement formé de conficere
conficWe (=» préparer, apprêter), comme dire
de dicere. L'acception générale préparer de
conficere s'est, au moyen âge, restreinte à la
confection de remèdes ou de préparations cu-
linaires; aig. confire signifie faire cuire des
fruits, etc., dans un suc ou ime liqueur qui
pénètre leur substance. L'allemand emploie
pour la même opération un terme analogue :
einmachen. C'est ainsi que le sens général de
préparer, inhérent au mot corroyer (v. c. m.),
a été limité par l'usage à l'apprêt des cuirs,
que necare, tuer en général, ne signifie plus
que tuer par immersion. — Les formes esp.
confitar, angl. confect, comfit, it. confettare
sont tirées du dér. confectare*. — Au moyen
âge confectœ signifiait « fructus saccharo
conditi » ; la même signification s'attache en-
core à l'ail, confect et it. confetto. t— D. confi-
ture (litt. = latin confectura), confiseur (de
fonnation moderne); cps. déconfire {y. cm.). •
CONFIRMER, anc. confermer, L. confir-
mare (firmus).
CONFISEUR (les Anglais disent confectio-
ner), voy. confire. — D. confiserie.
CONFISQUER, L. confiscare, adjuger au
fisc. — D. confiscation.
CONFIT. L. confectus, voy. confire.
CONFITEOR, mot latin. = je confesse.
CONFITURE, voy. confire.
CONFLAGRATION, L. conflagraJtio, embra-
sement.
CONFLIT, L. conflictus, subst. de conftigere,
se heurter l'un contre l'autre, combattre.
CONFLUER, L. confluere, couler ensemble;
part. prés, confluens, d'où fr. confluent.
CONFONDRE, L. confundere, verser ensem-
ble, mélanger, mettre en désordre, en déroute,
déconcerter. Du participe latin confusus, fr.
confus ; du subst. eonfiisio^ fr. confusion.
CONFORME, L. conformis, qui a la même
forme ; de là subst. conformitas, fr. confor-
mité.
CONFORMER, 1. L. conformare, donner la
forme complète; de là conformcUûm; 2. dérivé
de conforme, = rendre conforme.
CONFORTER, it. confortare, esp. conhaHar
(h = f). prov. conortar (d'après Diez, par
chute de f, comme dans preon de profun-
dus); du BL. confortare, fortifier {fbrtis).
— D. confort, secours, consolation (pius bien-
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CON
— 149 —
CON
ttre, aise, acception particulière au mot cor-
respondant anglais, confortable, qui procure
tlu confort); — Cps. déconforter, réconforter.
GONFBÂRS, BL. confrater. — D. confrérie,
BL. confratria, association de confrères,
confraternité, BL. confratemitas, rapport
entre les personnes d'un même corps.
CONFRONTER, pour ainsi dire mettre /ronf
a front; les Latins disaient pour la même
chose, d'une manière moins imagée, conferre
ou componere. A la longue, confronter s'est
appliqué aux choses et a fini par devenir syno-
nyme de comparer. Le BL. employait con-
frontare dans le sens d'assigner des limites,
Bt confrontari pour ; être limitrophe; ces
verbes sont tirés du subst. frons = frontière
Îy, c. m.) ; ils ont laissé des traces dans des
ocutions telles que : « ce bois confronte du
côté du levant au pré d'un tel ». — D. con-
frontation,
CONFUS, CONFUSION, voy. confondre.
CONGÉ, vfr. conget, congiet, prov. comjat ;
du L. commeatus (meare), permission d'aller,
puis permission en général. Le verbe congé-
dier, qui a remplacé l'anc. congéer (d'où Ta^j.
vongéable) ou congier, parait être formé sous
l'influence de de Vit congedo, qui, lui, est tiré
tlu subst. vfr. conget. Qui reconnaîtrait encore,
sans le secours de la science, dans congé le
Verbe meare, élément fondamental de com-
meatus f
CONGELER, L. con-gelare.
CONGÉNÂRE, L. con-gener, du même
l^enre.
OONGÉNIAL, ou congénital, termes savants
tirés de congenitus, né avec ; congénial, cepen-
dant, par sa formation, implique aussi l'idée
« qui a le même génie, le même naturel ».
CONGESTION, L. congestio (congerere),
accumulation, afflux.
CONGLOBIÉRER, L. oon^^omerare (glomus,
^TÏsY pelotonner.
CONGLUTINER, L. conglutinare (gluten).
CONGRATULER, L. congratulari, féliciter.
CONGRE, poisson, du L. congrus (yoyy/»o«).
CONGRÉGATION, L. congregaiio, réunion
(rac. grex, troupeau). Le terme congréganiste
procède de BL. congreganus, «< qui est du
même troupeau » .
CONGRÈS, L. congressus (congredi), entre-
vue, assemblée.
CONGRÉVE, du nom du colonel anglais qui
inventa les fusées à la Gongrève.
CONGRU, L. congruus, conforme, conve-
nable. — D. congruité; incongru, incongruité,
CONIFÉRE, CONIQUE, voy. cône.
CONJECTURE, L. conjectura (de conjicere,
combiner dans l'esprit, juger). . — D. conjec-
turer, -al.
CONJOINBRE, L. conjungere, d'où pro-
cèdent aussi : conjonction, L. conjunctio, con^
jonctif, L. coiyunctivus; conjoncture {mot
moderne], liaison, enchaînement de circon-
stances. Le terme participial conjoint, uni par
mariage, est analogue au subst. latin conjuos,
époux ou épouse fcon-JUG, con-jungo), d'où
fa<\). coi^ugalis, fr. conjugal.
CONJONCTION, -TURE, voy. l'art, préc.
CON JOUIR (se), L. congaudere; cp. condou-^
loir. — D. conjouissance, terme corrélatif de
condoléance, qu'il ne faudrait pas abandonner.
CONJUGAL, voy. conjoindre.
CONJUGUER, L. conjugare (jugum), pr.
réunir, puis réunir toutes les formes diverses
d'un verbe. — D. conjugaison.
CONJURER, L. conjurare, pr. se lier par
un même serment, conspirer, comploter. —
L'acception moderne supplier, prier instam-
ment, est analogue à celle de L. adjurare;
c'est prier sous l'invocation de quelque chose
de sacré ; cp. l'ail, hesch-wôren, et le L. obse»
crare, — D. conjuratioti.
A
CONNAITRE, dixiccognoistre, L. cognoscere.
— D. connaisseur, -ance, -able, -ement; corn-
méconnaUre, reconnaître.
CONNÉTABLE, autr. conestable, it. cônes-
tabiîe et contestabUe, esp. condestable, port.
condestavel, angl. constahle, du L. cornes star
buli, comte de l'étable. Cette dignité, dans
l'origine, était donc à peu près celle d'un
grand écuyer; nous n'avons pas à nous occu-
per ici des applications successives de ce titre.
La langue néerlandaise, ayant gâté le mot en
conincstavel, a donné lieu à la fausse étymo-
logie M fulcrum régis », soutien du roi (coninc
et stavel) . La forme conestablep&r&it irrégulière
à côté des formes avec c^ ou ^ : contestabile,
condestable. Une chute du t ou ef est inadmis-
sible ; elle s'explique plutôt par le BL. cones-
tabulus (a. 807), p. come^^o^uZu^. Jean de Gênes
donne conestabularius. — D. connétdblie,
CONNEXE, L. conneoous (con-nectere) ; de
là conneœité. — Connexion, L. connexio.
CONNIL*, lapin, it. coniglio, esp. conejo,
port, coelho, prov. conil, angl. coney, du L.
cuniculus. Le même radical se retrouve dans
vfr. connin, flam. konyn et, modifié, dans
l'ail, kanin, dim. kaninchen. — D. coniller,
avoir peur, se tapir, chercher des subterfuge.
CONNIVER, L. connivere, cligner les yeux,
fig. être indulgent. — D. connivent, L. con-
nivens, d'où connivence.
CONQUE, L. conc?ui {*6yyr!) ; la forme
conque est savante ; la forme vulgaire du mot
est coque (v. c. m.).
CONQUÉRIR, vfr. conquerre, angl. con^
quer, du L. conquirere (ou strictement con-
qucerere, voy. acquérir), rechercher avec ar-
deur; l'acception romane est étrangère au
latin classique et exprime le résultat de la
recherche ou de la poursuite, le gain, la vic-
toire. — D. conquérant; le vfr. conquéreur
est resté dans l'angl. conqueror ; du part, latin
conquisitus, conquis*ius viennent : 1. conquét
(sa acquêt), 2. conquête, angl. conquest, it.,
esp. conquista..
CONSACRER, L. consecrare. En règle gé-
nérale, le français adapte ses verbes composés
à la forme du verbe simple ; c'est pourquoi
consacrer et non pas consecrer (cfr. acquérir,
condamner, etc.) ; Ye du mot latin reparaît
dans le dérivé savant consécration (L. conse-
cratio).
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CON
^ 120 —
CON
CONSANGUIN, L. consan^uineus, stricte-
ment coyisanguinus . — D. consanguinité^ L.
consanguinitatem .
GONSGIENOE, L. conscientia. — D. con-
sciencieux.
CONSCRIPTION, L. conscriptio, enregis-
trement ; conscrit, L. conscriptus (àe con-scrir
hère, inscrire sur un rôle, enrôler).
CONSÉCRATION, voy. consacrer.
CONSÉCUTIF, mot de formation nouvelle,
tiré de consecutum, supin de consequi, suivre.
Le part. prés, du même verbe, consequens, a
donné conséquent « qui suit » et conséquence,
suite.
CONSSIL, angl. counsel, it. consiglio, esp.
çonsejo, prov. conselh, du L. consilium. —
Verbe conseiller, L. consiliari (composé : dé-
conseiller)'^ subst. conseiller, L. consiliarius.
CONSENTIR, L. consentire, litt. sentir,
penser de même ; le passage de ce sens primi-
tif à celui de « acquiescer au désir de quel-
qu'un, admettre, permettre » se présente aussi
dans le mot accorder. — D. consentement,
CONSÉQUENT, -BNCB, voy. consécutif.
CONSERVER, L. conservare. — D. co^i-
* serve, subst. verbal = conservation, puis, au
sens concret, = substances conservées (aussi
espèces de lunettes pour conserver la vue) ;
cofiservation, -ateur, -atoire.
CONSIDÉRER, vfr. consirer, L. conside-
rare, — D. considération, L. -atio; considé-
rable, qui mérite considération, cp. les termes
analogues ail. ansehnlich, hetrûcMlich (de
ansehen, betracJUen, regarder); considérant,
substantif formé de la formule adverbiale ou
gérondive considérant qui se trouve dans
l'introduction des arrêts judiciaires ; inconsi-
déré, part, passif à sens actif (cp. réfléchi). —
Cps. déconsidérer, mettre hors de considéra-
tion.
CONSIGNER, L. consignare, revêtir d'un
sceau (signum), établir sous la foi du sceau,
certifier, garantir, marquer, noter, ordon-
ner. — D. consigne, consigtiation, -ataire.
CONSISTER, L. consistere, se composer de.
— D. consistant, solide, et consistance, soli-
dité, force de résistance, acceptions tirées du
L. consistere aii sens de tenir ferme, persis-
ter ; consistoire, L. consistorium, pr. Heu où
l'on se réunit fde consistere = s'arrêter, sé-
journer, siéger), puis assemblée délibérante
(cp. conclave, chambre et assemblée délibé-
rante).
CONSISTOIRE, voy. cottsister.
CONSOLE, voy. l'art, suivant.
CONSOLER, L. consolari. — D. consola-
tion, -ateur, -able. Le verbe français a dégagé
aussi le subst. verbal console, mais ce dernier
offre un singulier retour du sens moral, inhé-
rent au verbe consolari, au sens physique et
primitif de ce mot, savoir soutenir, affermir
(rac. sol, d'où solum, solidus), sens effacé
déjà dans la langue classique. Les mots cor-
respondants it. consolo, esp. con-suelo, sont
synonymes de consolation. — Si l'étymologie
que nous prêtons ci-dessus à console n'est
point jugée digne d'approbation, il faudra le
rattacher à consolidare; consoU serait tiré
d'un subst. consolida, comme pâle de paJli-
dus (retranchement du suffixe atone). Cette
manière de voir serait justifiée par le fait
que, dans les patois, on trouve console p.
consolide, autre représentation du L. conso^
lid<i.
CONSOLIDER, L. consolidare.
CONSOMMER, it. consumare, esp. consu'^
mar, du L. consummare, achever, parfaire^
L'acception attachée au mot français dans
« consommer des denrées, des objets manun
facturés », ainsi que celle de « absorber,
user », est moderne et déduite 'de celle de
« achever, venir à bout de ». Il est probable
cependant que le latin consuniere, fr. consu^
mer, a eu quelque influence sur la produc^
tion de ce sens nouveau ; aussi les Allemands
traduisent le dérivé français consommateur
par consument => L. consumentem; l'espa^
gnol rend consommer = dépenser, user, etc.,
par la forme consumir, qui se rapporte au
consumere latin. La confusion des deux ver-^
bes ressort du reste encore du fait que l'espa-»
gnol, pour consommer le mariage, contre le
sens étymologique, dit consumir maJtrimonio.
— D. consommation, -ateur; consomma
(bouillon) = parfait.
CONSOMPTION, L. consumptio, destruc^
tion (de consumere).
CONSONNE, L. consona, litt. qui sonne en<^
semble ; consonant, L. consonans, d'où oon^*
sonance.
CONSORTS, L. consortes, plur. de consors,,
qui participe à, coïntéressé.
CONSOUDE, plante, esp. cotisuelda, L.
consolida. Voy. aussi console.
CONSPIRER, L. conspirare, souffler ensem-.
ble, fig. comploter. — D. conspiration, -ateur*
CONSPUER, du L. cotispuere (souiller de
crachat), ou plutôt du fréq. consputare.
CONSTABLE, mot anglais qui n'est qu'une
transformation de connétable (v. c. m.) ; titre
officiel qui signifiait successivement gouver-
neur, commissaire, officier de police. La
forme constable peut s'être fixée par la suppO"
sition de quelque rapport étymologique avec
constare, se tenir fixe, être planté là (cp. le
mot français platUon). Le mot allemand con^
stabler, qui. entre autres acceptions, signifie
aussi artilleur, est rapporté par quelques-una
à constabularius, ce mot étant pris non pas
comme une des transformations subies par
cornes stabuli, mais comme un composé dis-^
tinct de cum, avec, et de stabulum, écurie
et signifiant propr. compagnon d'écurie ; on y
a vu une latinisation du terme allemand ^to/Z-.
bruder, employé tout bonnement pour cama*
rade. Nous pensons au contraire que consta-^
bularius == compagnon d'une constabularia
(compagnie militaire ou connétablie), ayanfe
été étymologiquement mal compris et mal
analysé, a donné naissance au terme aile-,
mand stallbruder, qui serait ainsi une malen<^
oontreuse traduction du mot latin.
CONSTANT, L. constans (de constare, tenir
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CON
— 124 —
CON
ensemble, tenir ferme); constance, L. con'
stantia,
CONSTATER, mot nouveau, tiré du parti-
cipe L. status, fixé, déterminé ; constater un
&it, c'est le fixer, l'établir comme vrai,
comme réel. Il se peut aussi que constater
soit une formation fondée sur la loc. impers.
constat (il est constaté;.
CONSTELLÉ, L. constellatus ; constella-
tion, L. constellatio.
GONSTER, L. constare, être établi, avéré,
sûr. Cp. constater.
CONSTERNER, L. constemare, m. s.,
forme accessoire de con^tem^re, jeter à terre,
atterrer (d'eflroi). — D. constemaJtion, L.
consternatio.
CONSTIPER, du L. constipare, presser,
resserrer. — D. constipation, L. -atio.
CONSTITUER, L. constUuere, établir, fon-
der, instituer. — D. constitution, L. consti-
tutio (d'où les néologismes constitutionnel,
-alité, -alisme) ; constituant, constitutif,
CONSTRICTEUR, L. constrictor; constric-
tion, L. constrictio; constringent, L. con-
stringens ; tous termes savants, procédant du
verbe latin constringere, signifiant resserrer
et passé en fr. sous la fi^me contraindre.
CONSTRUIRE, L. construere; d'où con-
structio, -tor, fr. construction, -teur.
CONSUL, L. consul. — D. consulaire, L.
-aris ; consulat, L. -atus.
CONSULTER, L. consultare (fréq. de con-
sidère), examiner, réfléchir, demander con-
seil. — D. consulte (subst. verbal) ; constUta-
tion, L. -atio, consultatif.
CONSUMER, L. consumere. Yoy. aussi conr
sommer.
CONTACT, L. contactus (con-tingere, tou-
cher à).
CONTAGION, L. contagio (con-tingere);
contagieux, L. contagiosus.
CONTE, voy. conter.
CONTEMPLER, L. contemplari.
CONTEMPORAIN, L. contemporaneus ou
plutôt contemporanus' . — D. contempora-
néité.
CONTEMPTEUR, L. contemptor (contem-
nere). — Les anciens employaient encore le
verbe contemner = mépriser, et l'ac^j. con-
temnible.
CONTENANT, -ANGE, voy. contenir.
CONTENDANT, L. cotitendens, de conten-
dere, au sens de combattre, lutter, rivaliser.
CONTENIR, L. continere, 1. renfermer;
2. maintenir, retenir. — Du part, continens :
1. contenant, qui contient; 2. continent, a)
adj. qui se contient, chaste; b) subst., terme
de géographie, pr. qui tient ensemble, qui
forme une suite continue, de là continental,
— De continentia : 1. contenance, a) capa-
cité; b) maintien; de là décontenancer; 2. con-
tinence^ chasteté.
CONTENT, L. coiUaitus (continere), propr.
qui se retient, se renferme dans certaines
limites et ne vise pas au delà. — D. contenter,
contentement, mécontent.
CONTENTION, vfr. contençon, L. contentio
(contendere), 1 . eflbrt, tension ; 2. lutte, riva-
lité, combat. — Contentieux, 1 . qui aime la
dispute ; c'est l'acception du L. cofitentiosus ;
2. qui fait l'objet d'un débat.
CONTER, variété orthographique de comp-
ter (v. c. m.). Pour le rapport entre énumérer
et narrer, nous rappelons le vha. seljan, qui
réunit également les deux sens (cp. en ail.
mod. zâhlen == compter, et erzàhlen = con-
ter). — D. conte, conteur. — Cps. vfr. aconr
ter, d'où raconter.
CONTESTER, L. contestari, avoir un débat
judiciaire, avec appel et confrontation de té-
moins [testes), entamer un procès ; de là Tac-
ception mod. élever opposition. On a vu à
tort dans contester une mutilation de contres-
ter (voy, contraster). — D. conteste, contesta-
tion, -ahle.
CONTEXTE, L. contextus (contexcre), pr.
tissu, enchaSnement, contexture; de là l'ac-
ception moderne : texte dans son ensemble ou
son enchaînement. — Contexture, L. contex-
tura, tissure.
CONTIGU, L. contiguus (contingere), qui
touche à. — D. contiguïté.
CONTINENT, -ENCE, voy. contenir.
CONTINGENT, du L. contingere, au sens
neutre d'échoir, tomber en partage.
CONTINU (vfr. contenu), L. coiUinuus, pr.
qui tient ensemble. — D. continuel. — Con-
tinuité, L. continuitas. — Continuer, L. con-
tinuare; cps. discontinuer.
CONTONDANT, du L. contundere, broyer,
meurtrir. Du supin contusum : subst. contu-
sio, fr contusimi.
CONTORSION, L. contortio (contortum, su-
pin de cofîtorquere, tordre, entortiller).
CONTOUR, voy. l'art, suiv.
CONTOURNER, du BL. contomare, 1 . tour-
ner autour; 2. tracer les lignes extrêmes
d'un corps, d'une figure (l'anglais désigne fort
bien ces lignes par outliné). Anciennement,
contourner se prenait aussi dans le sens de
retourner, bouleverser et de détourner, soit
en bien ou en mal. Cette signification est
encore en vigueur au sens physique. — D. le
subst. verbal contour, it. coniorno.
CONTRACTER, du L. contractare, fréq. de
contrahere (vfr. contraire), 1° resserrer, ré-
trécir, 2° conclure, faire un arrangement. Du
participe passé de contrahere, contractus,
viennent : 1. vfr. contrait*, contrefait, dif-
forme; l'ail, dit encore dans ce sens Aon-
traht; 2. le terme de grammaire contracte.
Le subst. contractus, pacte, convention, a
donné contrat, d'où contractuel; le subst.
contractio, fr. contraction. Néologisme, régu-
lièrement tiré du supin contractum : con-
tractile.
CONTRADICTEUR, -TION. -TOIRE. L. con-
tradictor, -tio, -torius*. Le verbe contradicere
a été régulièrement francisé par contredire.
CONTRAINDRE, angl. constrain, du L.
constringere, serrer, lier, obliger. Pourquoi
la terminaison aindre dans contraindre et
celle de eindre dans étreindre, astreindre,
restreindre, qui dérivent cependant tous du
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CON
— 122 —
CON
même pnmiUîstrinfferef — D. adj. contraint,
subst. contrainte.
CONTRAIRE, L. conirarius (contra). -— D.
contrariété, L. contrarietas; contrarier, •<int.
On avait anciennement, p. contrarier, la
forme contrdlier; c'est l'effet d'un change-
ment euphonique. Le verbe corUrarier se liait
jadis avec un régime indirect, contrarier à ou
t>ers qqn.
CONTRARIER, voy. contraire.
CONTRASTER, it. contrastare, prov. con-
trastar, BL. contrastare, être contraire, faire
opposition. Nous pensons que contrcuter,
d^s le sens moderne, est un emprunt fait à
l'italien, la forme française du mot latin étant
vfr. contrester, = résister ( « rien ne lui pour-
roit contrester », Marie de France). — D. con-
traste, it. contrasto.
CONTRAT, voy. contracter,
CONTRAVENTION, dérivé, à forme savante,
du L. contravenire, fr. contreoenir,
CONTRE, L. contra. — D. contrée (v. c. m.);
cps. encontre (v. c. m.). — La particule contre
a servi dans les langues néo-latines à de nom-
breuses compositions pour marquer l'oppo-
sition (parfois aussi la juxtaposition, p. ex.
dans contre-allée, ou la subordination, p. ex.
dans contre-amiral, contre maître). La forme
latine contra {contra dans controverse) s'est
maintenue dans plusieurs cas et accuse l'in-
troduction récente du mot composé ; les com-
posés du vieux fonds, tant ceux de provenance
latine que ceux de façon romane, ont la forme
contre. Nous ne consacrons d'articles spé-
ciaux qu'aux composés qui nous semblent
offrir quelque particularité intéressante, soit
au point de vue du sens, soit pour la forme.
CONTREBANDE, voy. ban.— D. contreban-
dier.
CONTRECARRER, selon Frisch (approuvé
par Diez), de carrer = L. quadrare, pris dans
le sens de compasser, régler, arranger ; donc
=3 déranger, contrarier. — D. vfr. contre-
quarre', opposition, rivalité.
CONTREDANSE, danse où chacun fait en
sens contraire ce que fait son vis-à-vis. Le mot,
dans son application à une certaine danse
rustique, importée d'Angleterre en France,
est altéré du terme anglais country-dance,
litt. danse de campagne.
CONTREDIRE, L. contradicere. — D. con-
tredit.
CONTRÉE, it., prov. contrada, angl. coun-
try, du BL. contrata, le paysage qui s'étend
devant (contra) vous; cp. en ail. le subst.
gegend^ contrée, de ge§en, contre. Ménage a
commis la bévue de rapporter contrôla à con-
tracta s. e. regio.
CONTREFAIRE, 1. faire contrairement à la
règle (de là le part, contrefait ^= difforme);
2. faire en opposition, ou en imitation de
quelque chose d'autre. — D. contrefaçon ou
contref action; cotitrefacteur ou contre faiseur.
Du part, contrefait (it. contrafatto, esp. con-
trahecho, angl. counterfeit), l'ail, a tiré son
subst. honterfei, image, portrait. L'anc. lan-
gue avait aussi le subst. oonJtrtfaiture (cp.
forfaiture).
CONTREFORT est le subst. verbal d'un
ancien verbe contreforter, renforcer, servir
d'appui (cp. confort de conforter).
CONTREGARDER*, garder contre les dan-
gers, l'attaque ou la convoitise ; vieux mot qui
méritait d'être conservé. De là le subst. contre-
garde, pr. ouvrage qui préserve.
CONTREMANDER, it. contrammandare,
donner un ordre en sens contraire; cp. l'ex-
pression contre-ordre.
CONTRE-MONT, adv. très ancien, signifiant
(comme amont) en montant, vers le haut. Son
opposé était contreoal. Contre exprime ici la
direction.
CONTRE-PIED, d'abord un terme de chasse ;
chasse contre-pied, où les chiens suivent les
voies de la bête, mais sur le chemin qu'elle
vient de faire au lieu de suivre celui qu'elle
fait. De là le sens métaphorique : l'inverse, le
contraire de qqch.
CONTRE-POINT, it.contrappunto; point, en
musique, équivaut à note, et le contre-point
est la science de mettre une note en rapport
harmonique avec une autre.
CONTRETEMPS, inopportunité; propr. un
terme de musique signifiant ime infraction à
la mesure, qui jette le désordre dans l'ensem-
ble.
CONTREVALLATION, de contre + L. val-
latio, palissade.
CONTREVENT exprime en termes français la
môme chose que paravent, qui est emprunté à
l'it. paravento. Voy. parapluie.
CONTRIBUER, L. contHbuere, litt. donner
ou payer avec d'autres. — D. contribution, L.
contributio; contribuable, sujet à contribution
(la finale able prise en sens actif).
CONTRISTER, L. contristare.
CONTRIT, L. coniritus, part, passif de oon-
terere, broyer, briser; contrition, L. contritio.
Le sens métaphorique de ces mots leur a été
donné par les théologiens; le mot tribulation
présente le même trope, il est également tiré
de terere.
CONTRÔLE, autr. contre-rôle, d'abord deu-
xième rôle ou registre servant pour la vérifi-
cation du premier, puis marque de vérifica-
tion, enfin vérification, critique. — D. contrô-
ler, -eur.
CONTROUVER, inventer une chose fausse.
C'est une curieuse application du préfixe con
à un mot non latin. Le même préfixe se trou-
vait dans des termes ana^3gues latins, tels
que : comminisci, commentiri, confingere,
contechnari. L'angl. aie verbe contrive, signi-
fiant inventer, en bon et mauvais sens; c'est
une forme altérée du v. angl. cowtrove, con-
treve. Le vfr. avait, et les di^dectes ont encore,
le subst. verbal contreuve == mensonge.
CONTROVERSE, L. controversia, opposi-
tion d'avis, dispute (de contro-versus, litt.
tourné contre, opposé). — D. controœrser^
-iste.
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CON
— 123 —
COQ
GOKtuMAZ» mot latin, »> récalcitrant, en t.
de droit, qui refuse de comparaître en justice.
On se sert aussi de la forme vraiment fi:ûiçaise
contumace, — D. subst. contumace, L. oon-
tumacia; verbe coirtumocer, juger par oontu-
mace.
CONTÏÏSIOH, voj.coniondant.'-D. contu-
sionner,
CONYAINGRE, angl. convince, L, convin-
cere, d'où subst. convictio, îr, conoiction.
GOHYALSSGSNT, du L. conoalescere, re-
couvrer la santé. — D. convalescence.
COlTVEinB, L. convenire. Acceptions du
mot latin : 1 . venir ensemble, s'assembler ;
de là conventus, assemblée, corporation, fr.
couvent (vfr. convent); conoentio, m. s., fr.
convention =s assemblée constituante, et con-
venticulum, fr. conventicule, petite assem-
blée, réunion illicite ; — 2. être ou tomber
d'accord (de là conventio, fr. convention,
pacte, accord). De cette dernière acception
découle celle d'accorder, d'admettre une asser-
tion avancée par un autre ; l'opposé de conve-
nir, dans cette signification, est disconvenir;
— 3. être conforme à ce que l'on désire ou
exige. A ce sens du mot latin, qui s'est aussi
communiqué au verbe français, se rattachent
les dérivés convenance, L. convenientia, con-
venablCy et déconvenue.
GONYSNTIGULS, voy. convenir.
GONVSNTION, voy. convenir, — D. conven-
tionnel, 1. conforme à une convention, 2.
membre d'une convention. Cps. reconvention.
GONVEHTUIIL, qui appartient au couvent,
L. conventus, voy. càkvenir. — D. conven-
tuaîité.
GONVBRGEB, L. convergere (Isidore), pen-
cher, tourner vers un point commun. — D.
convergent, -ence.
GONVSRS, L. coTVoersus, converti ; en basse
latinité ï= religieux sorti du monde pour en-
trer au couvent; spécialement aussi = frère
laïque chargé des travaux manuels des mo-
nastères.
GONVERSSR (dans l'ancienne langue, ce
verbe signifiait généralement demeurer, sé-
journer), du L. conversari, demeurer, vivre
en société ; sens actuels du mot : 1 . échanger
des paroles ; 2. faire un mouvement de con-
version (— L. conversare, fréq. de convertere),
— P' conversation f L. -atio.
CONVERSION, L. conversio (convertere).
CONVERTIR, L. convertere, — D. conver-
tible, convertissement, -isseur.
GONVEXE, L. convexus (convehere). — D.
convexité f L. convexitas.
CONVICTION, voy. convaincre.
CONVIER, it. convitare, esp., port., prov.
convidar, d'un verbe bas-latin convitare ==
invitare; ce préfixe con parait avoir pour
cause une assimilation au mot convive, — D.
vfr. conct, it. convito, prov. convit, invitation,
repas, banquet.
CONVIVE, L. conviva, commensal. En vfr.
convive répondait à L. convivium, festin.
CONVOCATION, voy. convoquer,
CONVOI, voy. convoyer.
CONVOITER (l'n est parasite), vfr. covoiter,
coveiter, cuveiter, it. cupitare, covidare,ipTOV.
cobeitar, angl. covet. Toutes ces formes diver-
ses se rattachent à un type latin cupitare,
fréq. de cupere, désirer. — L'ac^ectif convoi-
teux, vfr. convoitous, coveitous, prov. cobei-
tos, it. cubitoso, angl. covetous, est tiré du
verbe convoiter, comme boiteux de boiter.
Quant au substantif convoitise, covoiiise*, qui
correspond à it. cupidigia, cupidezza, esp.
codicia (p. cobdicia), prov. cobitizia, cobezeza,
il accuse pour type BL. cupiditia p. cupidi-
tas (de cupidus, désireux). Le changement de
d en t, cependant, étant insolite, j'aimerais
autant considérer convoitise comme le dérivé
direct de convoiter; cp. vfr. vantise, hantise,
de vanter, hanter.
CONVOLER en secondes noces, phrase du
Digeste : convolare ad secundas nuptias.
GONVOLVULUS, nom latin du liseron (on
l'a aussi francisé par convolve), dér. de con-
volvere, rouler ensemble, dont le part, convo-
lutus a donné le terme de botanique cônvo-
luté, roulé en forme de cornet.
CONVOQUER, L. convocare, — D. convo-
cation, L. convocatio.
GONVOTER (d'où it. convoiare, esp. con-
voyar), accompagner, escorter, du BL. con-
viare (via), faire route avec qqn. (cp. envoyer
do inviare). Ménage a proposé l'étymologie L.
convehere, qui est inadmissible. — D. convoi,
pr. accompagnement, escorte.
CONVULSION, L. convulsio, spasme, crampe
(convellere), d'où convulsionnaire. — Du même
conveUere,TpaT le supin convulsum : l'adj. con-
vulsif.
COOPÉRER, L. cooperari,
COOPTER, L. cooptare, choisir, se donner
un collègue.
COPEAU, BL. copellus, vfr. coupeau, cou-
pel, dérivé de coper = couper. On trouve
aussi copon, correspondant à l'it. coppone, et
formant une variété du mot coupon.
COPIE, angl. copy ; ce mot vient sans doute
de la phrase latine « copiam facere scripti »,
multiplier les exemplaires d'un manuscrit. Il
signifie: 1. transcription; 2. exemplaire de
la transcription ; 3. en imprimerie, le manu-
scrit d'après lequel on imprime. — D. copier
= transcrire; copiste, néolog. (le BL. disait
copiator p. librarius, écrivain); la termin.
iste a été particulièrement choisie dans les
temps modernes pour désigner des professions,
p. ex. fumiste, lampiste, droguiste, — Du L.
copiosus, adj. de copia, abondance : fr. co-
pieux, angl. copious.
COPIEUX, voy. copie,
COPTER la cloche, p. clopter, clopeter,
dim. du bas-ail. hloppen, frapper? Ou p. co-
peter, de copet, petit coup? Nicot songeait à
xoTrrtiv, frapper.
COPULE, terme savant, du L. copula, lien,
union, francisé en couple (v. c. m.).
1 . COQ, mot imitatif fait d'après le chant
de cet oiseau « coquerico » ; cp. ags. coc, angl.
cock, ail. gâcher, gôchel, — Le primitif coq
a engendré de nombreux dérivés « dont les
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COQ
— 124 —
COR
mœurs du coq sont le type figuré », comme
dit Ch. Nodier. Les principaux dérivés usuels
sont : coquet, vain comme un coq ; dans Tan-
cienne langue et dans les patois, on trouve
aussi coquart, p. fat, élégant, niais, ridicule ;
cocarde (v. c. m.); cocasse (v. c. m.); cochet,
petit coq ; cocotte ; coqueliner. — Yoy. aussi
cocu,
2. COQ, cuisinier à bord d'un vaisseau, du
L. coqiius, cuisinier; cp. queux,
GOQUARD, vieux coq, fig. fou, benêt.
COQUE, du L. concha, coquille. Pour la
lettre, cp. coquille de conchylium. — D. co-
quetier, cocon (v. c. m.).
GOQUEGIGRÙE, aussi coccîgrue, baliverne,
balourdise; mot burlesque, dont nous n'es-
sayerons ni d'établir î'étymologie, ni de
réfuter ou d'approuver celles qui ont été
émises. Seulement, nous nous passons la fan-
taisie de traduire à notre tour la locution pro-
verbiale M à la venue des coccigrues » (qui
dit la même chose que « quand les ânes
voleront ») par « à la venue des gnies écar-
lates » (coccum-\-gru8). Evidemment, coccigrue
est le nom do quelque oiseau aquatique fabu-
leux. Littré rapproche le mot d'autres compo-
sitions similaires et tout aussi obscures pour le
sens précis et l'origine : coquefague, coque-
fredouille, coqueluirie.
COQUEIiIGOT, variété de coquericot, imita-
tion du cri du coq; ces mots désignaient
d'abord le coq, puis, vu la couleur de la crête
du coq, le pavot des champs (cp le languedo-
cien cacaraca, et le pic. coqriacot, signifiant
également à la fois cri du coq et coquelicot).
Chevallet y voyait le mot gaulois calocatonos,
papaver sylvestre, cité dans Marcellus Empi-
rions, De remediis empiricis.
GOQUELOURDE, espèce d'anémone ; d'ori-
gine douteuse ; d'après Ménage, de clocca lu-
rida, cloche jaune; d'après Bourdelot =«
coque lourde, la coque de la coquelourde
ayant plus de poids que celle des autres ané-
mones. L'anglais nomme la coquelourde
Flora's bell, cloche de Flore.
GOQUELUGHI! (d'où coqxieluchon) , capu-
chon, dérivé du L. cucullus, capuchon d'un
vêtement. La maladie dite coqueluche a été
ainsi dénommée, dit-on, parce que ceux qui
en étaient atteints s'cncapuchonnaient la tête.
Du même primitif, les Italiens ont dénommé
une maladie semblable coccolina. Nous ne ga-
rantissons pas la justesse de cette explication
du nom donné au rhume appelé coqueluche.
Pour l'élément coque, il n'y aurait pas de
difiiculté à, alléguer l'angl. cough, fiam. huch,
respiration difficile, suflbcation, toux, et l'ail.
keuchhusten = coqueluche, mais que faire de
la fin du mot? — En Champagne, coqueluche,
aussi cocloche, signifie un gâteau au lard.
GOQUEIIAR, dérivé du L. cucuma, chau-
dron ; cp. it. cogoma, pot, coquemar.
GOQUET, dérivé de coq, l'oiseau vaniteux
par excellence; voy. coq. — D. coqueter,
coquetterie.
GOQUETIER, dér. de coque.
GOQUILLE, it. cocchiglia, du L. conchy-
lium, BL. conquUium (gr. xoyxûSiiov). — D.
coquillage, coquillier, recoquiller.
GOQinN, gueux, fripon. Voici les diverses
étymologies avancées sur ce mot : 1. L. co-
qulna, cuisine ; coquinus serait un « sectator
coquinœ » (Nicot); 2. gr. x«kûîiv, pleurer; le
coquin serait un pleurnicheur qui demande
l'aumône; 3. nord, hok, gouffre, koka, ava-
ler, dévorer (conjecture de Diez) ; 4. vfr. eau-
quain, chausson, dont coquin aurait été tiré
pour désigner un honmie de rien, un va-nu-
pieds (l'auteur de cette étymologie a négligé
un point essentiel, c'est qu'un va-nu-pieds ne
porte pas de chaussons) ; 5. L. coquus, cuisi-
nier; un coquin serait pr. un marmiton
M homo vilissimus, nec nisi infimis coquinœ
ministeriis aptus » ; 6. coq ; donc une variété
de coquet, mais avec un sens plus défavorable;
enfin, 7. nous lisons ce qui suit dans la Meuse
belge du docteur Fremder (M. Morel) : « Le
même ordre (les Augustins) avait en ville
d'autres représentants, entre lesquels, au bas
du faubourg Saint-Gilles, les frères Cockins,
installés en 1 150 par le vénérable Lambert
le Bègue. Hâtons-nous de dire que, vulgaire-
ment, un cuisinier s'appelait autrefois un coq^
(coquus). Les Cockins de Lambert le Bègue
avaient des fourneaux charitables où ils cui-
saient pour les pauvres. Mais les pauvres qui,
sans travail, sans d'excuse des infirmités, de
l'âge ou du manque d'ouvrage, trouvent à se
faire nourrir de l'aumône, ne sont pas tou«
jours de simples fainéants. Le coquin ali-
menté par les Cockins est un vilain person-
nage, flétri même autrefois. De là le mauvais
sens du mot qui le désigne ainsi que les dis-
tributeurs de sa pitance quotidienne : de
même un hôte [hospes), c'est tour à tour celui
qui donne et celui qui reçoit l'hospitalité. »
On le voit, il n'y a que l'embarras du choix.
Notons encore que dans les plus anciens
exemples, le mot signifie truand, gueux. —
D. coquiner, -erie.
GOR, 1. durillon; 2. instniment à vent;
3. corne qui sort des perches du cerf (ne
s'emploie qu'au pluriel). Ce mot, masc. dans
ces trois acceptions, écrit primitivement com^
est le latin cornu. — D. de cor, instniment
à vent : cornet, petite trompe ; corner, sonner
du cor. Voy. corne.
OORAIL, L. coralium, aussi corallum
(xop&yytov), — D. corallin.
GORÂN, mot arabe, signifiant « lecture •,.
la lecture par excellence. Voy. aussi alcoran.
GORBSAU, anc. corhel, dîm. du vfr. corb,,
m. s., prov. corp; ce primitif, comme l'it.
corbo, corto, esp. cuervo, vient du L. corvus.
Pour b ^^ V, cp. courbe de cun>us. — De
corbeau, corbeV, employé comme terme d'ar«
chitecture, vient le composé encorbellement.
GORBEILLE, L. corbicula, dim. de corbi»
(ail. korb). — D. corbiïlon, corbillard(\. c. m.).
GORBILLÂRD, de corbeille; signifiait dans
le principe une voiture tressée en jonc, un
char à panier, cp. en ail. l'expression horlh
wagen. D'autres, se fondant sur l'ancienne
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COR
125 —
COR
signification du mot « cocho d'eau faisant le
service de Paris à Corbeil »» , le font venir du
nom de cette viUe.
CORBLEQ, aussi corbieu, modification
euphéraistique de cors Dieu (donc = par le
corps de Dieu); cp. morbleii, palsambleii.
CORDE. L. chorda (xopor,). — D. cordeT,
cordeau (d'où cordellet cordelier,'ière); corder,
cordf/er, décoi'der, cordier^ -erie, cordage,
cordon .
CORDIAL, BL. cordial is (de cor, cordis,
cœur). — D. cordialité.
CORDON» voy. corde. — D. cordonner,
cordanihct.
CORDONNIER» gâté de cordouanier, en-
core en usage dans les dialectes it. cordova-
niere, angl. cordicainer. Cestun dérivé de
cordouan, prov. cordoan, esp. cordoban, it.
cordovano, espèce de cuir, tiré do Cordoue
(Cordoba\ en Espagne.
CORIACE, L. coriaceus*, de corium, cuir.
CORIANDRE» L coriandrum (xo/sfavS-sov).
CORME» dial. aussi corbe, d'après Littrô, du
L. ct/rnuin^ corme. Mais ce mot latin dé.signe
la coiTiouille et non pas la corme, — D. cor-
mier.
CORMORAN ; ce mot représente le breton
morTra)i i ccmposé de môr, mer, et de bran,
corbeau, précédé par pléonasme du mot
roman corb, corbeau. Un .semblable pléo-
nasme se trouve dans la combinaison loup-
garou (v.c. m.j. Cette étymologie se confirme
par le prov. corjnnari, et port, corvmna-
rinho, qui représentent le \a.corr)us marinus.
CORNAC, mot indien, conducteur d'élé-
pbant.
CORNALINE» voy. .sous cor^xe,
CORNE, du L. corna, plur. de comum,
forme acces.soire do cornu. Ou sait que beau-
coup de substantifs féminins français remon-
tent à des formes plurielles neutres (par ex.
fétc^armc^ fde y joie, graine ^eUi.). Le singulier
cornu ou cornum s'est reproduit dans le fran-
çais sous la forme masc. corn, cor (v. c. m.).
Dérivés de corne ou de cor :
1. Corné, adj. mal formé par les savants
moderaes du L. corneus, d'où le subst. corme,
(cp. on ail. hornhaui), tunique extérieure de
Vœil.
2. C0R.NALINE» prov. , port, cornelina, esp.
cornerina. L'it. dit, d'après l'adj. latin cor-
ncolus : cf/rniola; l'angl. a corneUan ou car-
nehan stone. Le nom a été donné à cette
pierre à cause do sa transparence. Comparez
le nom donné pour la même raison à l'onyx
(de ovuç, ongle). Une assimilation à caro,
carnis (couleur de chair) a déterminé sans
doute la fonne ail. kameol au lieu de kor-
neol. Ménage voyait dans cornaline une modi-
fication de coraline.
3. CoRNARD, cocu, quî porte des cornes,
expression très ancienne pour désigner un
mari trompé. Les Italiens disent becco cor-
nuto, bouc cornu» ou simplement becco; les
Espagnols» cabroti, = bouc.
4. Cornemuse, de corne + muse (roy. mu-
sette) \ primitivement, cet instrument était
pourvu de deux cornes. Il faut donc abandon-
ner l'étym. « qui corne do la muse ». D'après
Meunier, toutefois, l'italien conia-musa, non
pas como-miisa, prouverait que c'est celle-ci
qui est la bonne (Composés, etc.» p. 138).
5. Corner, sonner du cor ou de la trompe.
— D. corneur.
6. Cornet, diminutif de cor [corn) ou corne,
1 . petite trompe ; 2. petit morceau do papier
roulé en cône ; 3. autres objets (comme écri-
toire) faits do corne ou en forme de corne.
7. Cornette, BL. cometa, 1. coiflure de
femme avec deux bouts ressemblant à des
cornes ; anc. aussi chaperon de docteur (déjà
le primitif conw signifiait jadis une coifiiire
de femme) ; 2. petit étendard de compagnie (à
cause de sa forme); 3. genre masculin =
porte-étendard. — D. encorneter,
8. Corniche, 1. petite corne; 2. petit con-
combre, d'où cornichon.
9. C0RNIER, BL. comerius, qui forme lo
coin (de là l'angl. corner, coin). Le prim.
corne s'applique parfois aussi pour désigner
un angle saillant, p. ex. dans : faire une
corne à un livre ; à cette signification se rat-
tache encore lo verbe écorner. — D. cor-
nière, gouttière à la jointure de deux pentes
de toit.
10. CoRNOUiLLE, it. comiola, angl. corncZ,
ail. kornelhirsche, BL. cornoïium» La forme
franc, procède de cornucula, dimin. du L.
cornum, m. s. — D. cornouiller (arbre),
anc. aussi corniller.
11. Cornu, L. comutus. — D. subst. cor-
nue, prov. cornuda, nommée ainsi à cause de
sa fomie recourbée ; cps. biscornu (v. c. m.).
12. Les composés : bigo7'ne (v. c. m.); écor-
ner, rompre les angles saillants; encorner,
racornir, rendre dur comme de la corne. Voy.
aussi licorne.
CORNEILLE, it. cornacchia, esp. contefa^
prov. cornelha, du L. cornicida, dim. de
cornix (grec /.o/î^vtj).
CORNEMUSE, voy. sous corne.
1 . CORNICHE, voy. sous corne. — D. c(yr-
nichon.
2. CORNICHE, terme d'architecture, it.
cornice, esp. cornisa, wall. coronise, ail.
hamies, du L. coronis (/.o/9«vt;), fin, couron-
nement. Toutefois, les formes franc., et ital.
accusent plutôt comme primitif le L. cornix
(corneille), auquel on a fort bien pu prêter
le sens de coronis, d'autant plus qu'en grec
Mp6ivvi signifie à la fois corneille, courbure et
couronne.
COROLLE, L. corolla, dim. de corona. —
D. corollaire, L. corollarium, 1. petite cou-
ronne de fleurs ; 2. petit présent supplémen-
taire ; de là 3. dans la basse-latinité, l'accep-
tion : argument supplémentaire ; en mathé-
matiques, conséquence naturelle découlant
d'une proposition déjà démontrée.
CORPOREL, voy. corps.
CORPS, vfr. cors, du L. corpus, corporis
(en opposition avec la terminaison us de la
2* décl. lat., celle de la 3^ décL a transmis
son s aux formes françaises, cp. temps, lez).
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COR
— 126
COS
— Du primitif latin découlent : corporel, L.
corporalis ; corporation, réunion de personnes
formant un corps; corpulent, L. corpulentus,
corpulence, L. corpulentia; corpuscule, L.
corpusculum. — Dérivés romans : corset, pr.
petit corps (cp. les expr. angl. hodice de body,
corps, ail. îeibchen, de leib, corps, it. cor-
petto, corpettino) ; corselet, corsage, corsé.
CORPULENT, OORPUSCULB, voy. corps.
CORRECT, L. correctus, participe de cor-
rigere, — Correctif, correcÔvus* (comgere).
— Correction, correctio» d'où correctionnel.
— Correcteur, corrector.
CORRÉLATION, CORRÉLATIF, mots didac-
tiques modernes, servant à, mieux préciser les
simples relation, relatif; le préfixe cor (cum)
marque ici, comme souvent, correspondance,
réciprocité.
CORRESPONDRE, L. correspondere* , com-
posé inusité de respondere ; ici encore le pré-
fixe sert à mieux faire ressortir un rapport
mutuel. — D. correspondant, -ance.
CORRIDOR, de l'it. corridore, esp.. prov.
corredor, dérivés du L. currere, courir ; cp.
couroir, t. de marine, passage, et ail. gang
de gehen, aller. Le mot est fréquemment
gâté par le peuple en coltdor. Voy. aussi
couloir.
CORRIGER, L. corrigere, redresser, amé-
liorer (rad. regere, diriger). — D. corrigible.
CORROBORER, L. corroborare, fortifier (de
robur, force).
CORRODER, L. corrodere (de rodere, ron-
ger) ; du supin corrosum : subst. corrosio, fr.
corrosion, adj . corrosivus. fr. corrosif.
CORROI, substantif verbal de corroyer (v.
c. m.).
CORROMPRE, L. corrumpere; du supin
corruptum : corruption, corruptio; corrup-
teur, -trice, corruptor, -trix; corruptible,
^ibilité, corruptibilis, ibilitas.
CORROSIF, -ION, voy. corroder.
CORROTER, préparer les cuirs, le mor-
tier, etc. ; signification primordiale : apprê-
ter. Ce verbe correspond à it. corredare,
garnir, équiper, meubler, prov. correar, vfr.
conréer. Il se rattache par conséquent aux
subst. it. corredo, prov. conrei, \ir. conroi,
équipement, préparation, arrangement, etc.
Or, ces subst. composés viennent, de même
que le primitif vfr. roi, ordre, soit do la
même racine qui a donné goth. raidjan,
déterminer, arranger, ags. ge-raedian, ail.
be^'eiten, préparer, néerl. reden, soit du
gaél. reidh, uni, terminé, prêt, rangé (le
breton reiz, règle, loi, raison, qui concorde
parfaitement avec le vfr. roi, est probable-
ment, selon Diez, un emprunt fait au fran-
çais). Le mot agrès (v. c. m.) est de la même
famille. — Ceux qui ont mis corroyer en
rapport avec le L. corium, fr. cmi>, ou avec
courroie, ont bien mal rencontré. — D. corroi,
corroyeur.
CORRUPTEUR, -TION, -TIBLE, voy. cor-
rompre.
CORS, plur., voy. cor.
CORSAGE, voy. corps.
CORSAIRE, it. corsare, corsale, esp. corsa^
rio, cosario, prov. corsari, navire qui fait la
course (esp.. it., prov. corsa).
CORSE, CORSELET, CORSET, voy. corps.
CORSER, donner du cor* = corps (v. c. m.).
CORSIN, banquier, usurier, mlat. caor-
cinus, prov. chaorcin. De cadurcinus, habi-
tant de Cahors ou plutôt de Caorsa en Pié-
mont (voy Littré, et Godefroy s. v. caorsin).
CORTÈGE, de Tit. corteggio, pr. suite dune
cour, subst. verbal de corteggiare (en vfr.
cortoier), faire la cour, dérivé de corte, cour.
CORVEE, BL. corvaia, la tâche exigée par
le seigneur. Ce mot est formé de corrogata
(comme vfr. rover de rogare, enlerver* de
interrogare, Bavay de Bagacum) et signifie
propr. convocation, appel. Cette étymologie est
appuyée par les formes prov. courroc, vfr. et
rouchi cowroto^, wallon et picard du xiii* siè-
cle coruée. On trouve même dans la basse la-
tinité la forme-type corrogata avec le même
sens que corvée.
CORVETTE, anc. corbette, francisation du
L. corbita, navire de transport, esp. corbeta,
CORTPHÉE, du gr. xopuf «io«, chef, particu-
lièrement chef de chœur (de xopvf^, sommet).
COSAQUE, en langue kirghise kusak, cava-
lier ou guerrier.
COSfiulTIQUE, gr. Mnn-nn^ôi (xoit/a&w), qui
orne, embellit. •
COSMO-, élément de composition, dexo^ymof,
monde. On le trouve dans : cosmogonie,
r.ov{ioyoyi%, genèse du monde; cosmographie,
MiiiJLoypoi^ix, description de l'univers ; cosmolo-
gie, xovfjLoXoyla, science du mondo; cosmopo-
lite, no'SfioTzollxvii, citoyen du monde.
COSSE, forme écourtée de écosse p. escosse.
Quant à ce dernier, il vient, d'après Frisch,
du néerl. schote, schosse (Kiliaen), m. s. Les
étymologies L. excussa (Ménage) ou concha
(Poitevin) ne sont pas heureuses. — D. écosser.
— L'adjectif cossu se rattache naturellement
à cosse; cependant on y a vu, avec quelque
raison, pour certaines applications du mot,
une altération de vfr. corsu, dér. de corps
(cp. corsé, corset) et signifiant « qui a du
corps, corpulent, gros ». — Génin prend
cossu p. copsu et pose pour primitif L. copio-
sus, abondant; c'est par trop étourdi.
COSSER, frapper des cornes, it. cozzare;
selon Diez, d'un type coctiare, issu d'un part,
latin coctiis p. co-ictus, de co icere; cfr. it.
dirizsare, fr. dresser, de directus. — D'après
Caix (Studi di etim.), l'it. cozzare (d'où le
mot français) vient de l'expr. dar di cozzo,
donner de la tête, cozzo étant un terme popu-
laire p. tête.
COSSON, espèce de charançon, dérivé du
L. cossus, ver do bois.
COSSU, voy. cossè.
COSTAL, adj. moderne dér. de costa, côte.
COSTUSQi, it., port, costume, prov., cat.
costum; ces vocables masculins correspondent
aux formes féminines it., prov. costuma, esp.
costumbre, fr. coutume. On sait que costume
et coutume ne difiëraient anciennement que
par une légère variation de forme et par le
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COT
— 127 —
COU
genre, et que leur signification oommune
était habitude. Costume^ qui, d'ailleurs, parait
d'importation italienne, a fini par particula-
riser son acception et ne plus signifier qu'ha-
bitude en matière de vêtement ; cp. L. habi'
tus, habitude, devenu le îr. habita vêtement.
Les mots cités sont les représentants du L.
consuetudinem. Pour la terminaison urne,
▼oy. l'article amertume, La forme BL. <xw-
tuma se présente déjà dans un texte de
l'an 705. — D. costumer, ^^ier.
COTE, it. quota, prov. cota, quote-part,
nombre indiquant le quantième, etc., du L.
quotus, en quelle quantité. — D. coterie (v.
c. m.); coter, marquer, numéroter, it. quo-
tare, mettre en ordre, esp. , port, cotar-, acotar,
marquer suivant l'ordre des nombres ; cotiser,
régler la quote-part de chacun.
COTE, caste', it., prov. costa, du L. costa,
c<yte, flanc, paroi, côté. De costa vient égale-
ment l'ail. kUste, néerl. kust, angl. coast,
rivage de la mer. — Dérivés : 1 . BL. costa-
tum, it. costato, esp. costado, prov. costat, fr.
C»STET*,CÔTÉ.
2. Coteau (il faudrait à la rigueur un cir-
conflexe sur lo), d'un type latin costeîlus.
3. Côtelette (d'où angl. cutlet), petite côte;
le prov. dit costeta.
4. Côtoyer, costoyer, costier, it. costeg-
giare, esp. costear.
5. CôTiER, it. costiere; côtière, it. cos-
fiera.
6. Accoster, accoter (v. ces mots); âoô-
ter, ôter les côtes.
COTER, voy. cote.
GOTEBIE, BL. coteria, anc. réunion de
paysans exploitant les terres d'un seigneur,
auj. compagnie de personnes qui cabalent
dans un intérêt commun; d'après Diez, de
cote, quote-part, chaque associé retirant sa
quote-part; d'après Littré, du BL. cota,
cabane (d'où angl. cottage),
COTHURNE, L. cothurnus (xe^opvo;).
CÔTIER, voy. côte,
COTIGNAC, voy. coing.
COTILLON, voy. cotte,
COTIR, meurtrir, vfr. coitir (Catholicon de
Lille =» allidere, hurter) ; est-ce le même mot
que quatir, catir = L. quateref ou bien,
comme vfr. coitier (serrer, presser), dér. du
L. coctus =s coactus, serré? — Littré pense
que cotir est le simple du prov. percutir, L.
percutere. — D. cotissure, meurtrissure.
COTON, it. cotone, esp. algodon, ail. hat-
tun, de l'arabe ^ofon, avec l'article : al-qoton.
L'esp. algodon et alcoton signifie aussi
ouate ; c'est de là que provient le prov. al-
cotô, vfr. auqueton, auj. hoqueton, moy. ni.
acotoen, casaque brodée. Glossaire de Lille :
bombicinium, aucton ou pourpoint. — D. co-
toftnier, -eux; cotonnade, -ine; se cotonner.
COTOYER, voy. câte,
GOTRET, vfr. costeret, fagot de bois court
et menu. Ëtymologie incertaine ; Ménage ad-
mettait pour type L. costrictum p. constric'
tum, serré, lié (it. costretto, renfermé, serré).
Littré signale le vfr. costeret, panier, botte
(« du poisson en costerés ») ; ce mot, BL. 005-
teretum, vient de costa, dans le sens de
panier, botte (« costa circulorum », botte de
cercles). De botte à fagot, la transition serait
naturelle. — Savary (Dict. de commerce) tire
le mot de YUlers-Cotterets, premier lieu de
provenance (réfuté par Littré).
COTTE, vfr. cote, angl. cocrf, jupe, it. coUa,
esp., port., prov. cota, BL. cotta^ cottus. On
tif e généralement ce mot roman des langues
germaniques, où l'on trouve d'un côté ags.
cote, angl. cot, ail. kote, ni. kot, hutte,
cabane (nous avons vu, par les mots ceuaque
et chasuble, que les idées hutte et vêtement
sont connexes), de l'autre vha. chozso, ail.
mod. kotze, couverture à longs poils, hutte,
froc, etc. Diez, qui pense que ces derniers
sont empruntés au roman, est d'avis que cote
pourrait bien représenter un type latin cuta
(par métaplasme pour cutis, peau, enveloppe),
dont le ( médian, contre la règle, se serait
maintenu comme dans bette, carotte et autres.
— D. cotillon, cotteron, surcot.
COU, voy. col. Composé courde-pied, vfr.
col del pied, it. collo di piede.
COUARD, vfr. coard (d'où angl. coward),
prov. coart, it. codardo, v. esp. co6art/o (dans
ce dernier le ô=»r est intercalaire, cp. Juw'cio,
p. juicio), fiam. kuioaerd. Ce mot roman
vient du L. couda = queue, vfr. coe, coue,
pris soit dans son sens naturel, — les chiens
et autres animaux, quand ils ont peur, serrent
la queue entre les fesses, — soit dans un sens
dérivé : queue d'une armée ; le couard serait
celui qui se tient à la queue par poltronnerie ;
Etienne : ultimus in bello aut acio ut primus
sit in fuga. Le premier point do vue semble
plus naturel. En langage héraldique, on ap-
pelle lion couard celui qui porto sa queue
retroussée entre ses jambes. Dans la fable,
couard est devenu le nom du lièvre (cp. en ail.
l'expression hasenfuss, poltron, litt. pied de
lièvre). Mahn rattache également couard et
ses correspondants à cauda, mais il l'inter-
prète arbitrairement par : qui a la (jucuo trop
courte ; c'est à ce titre seulement que couard
lui semble être devenu synonyme de lièvre, et
par là de poltron. — D. couardise,
COUCHER, vfr. colcher, BL. colcare, it.
colcare, corcare, prov. colgar, contraction du
L. collocare, placer, coucher. — Nicot son-
geait erronément à un type latin cnbicare. —
D. couche, prov. colga; couchette, -ee, -âge,
couchant ; coucheur, avec qui l'on couche;
coMc/iiv/cps. accoucher, découcher.
COUCI-COUCI, tellement quellomont. imi-
tation de rit. cosi cosi (cp. ail. et angl. so so),
COUCOU, est un mot onomatopée, comme
l'ail, huchuch; le latin le rend par cucus (Isi-
dore) et cucûlus, un des mots cjui, par leur
caractère imitatif, convaincront le plus faci-
lement de la prononciation ou do la voyelle u
chez les Latins. — L'it. dit cucùlo, le prov.
cogûl, l'esp. cuclillo.
COUDE, vfr. coûte, it. cubito, prov. coide,
code, esp. codo (anc. cobdo), du L. cubitus,.
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cou
— 128 —
COU
cub'tus. — D. couder, -ée; coudoyer, accou-
der et accoter (v. c. m.).
1. COUDRE, verbe, p. cousdre; le d est
intercalaire, comme dans moldre (auj. mou-
dre) p. moire. Du L. cwisuere, contracté en
consre, cousre. Du Cange, du reste, cite déjà
une forme latine cusere, et un glossaire arabe-
latin porte cosere. Les formes it. cucire, eus-
cire, esp. coser, cusir, se rapportent en par-
tie à une forme latine cusire, qui se trouve
dans Isidore. — D. cousoir, couture -=» it.,
esp. costura = L. consutura ; cps. découdre.
2. COUDRE, noisetier, du L. corylus
(xd/9uioi), m. s., devenu d'abord colrus, par
syncope de Vt/ et la transposition des liquides,
puis, par suite de l'intercalation euphonique
de d, coldrus, d'où coudre. — D. coudrier,
coud raie, coudrette.
COUENNE, it. cotentia, codenna, prov. co-
dena, dér. du L. cutis, peau, par un intermé-
diaire cutanus, d'où d'abord couaine, puis
couè^xe, couenne. Cette explication, obsciTe
Diez, n'est admissible que pour le français,
mais fait difficulté pour la terminaison des
formes it. et prov.
COUETTE, lit de plumes; anciennement
orthographié coîïc, vfr. coûte, heute, quieuie;
formes issues de cuilte, coite, coûte, coite,
couhe {anc. flam. hulcht, angl. quilt), qui re-
présente le L. culcta, contraction de culcUa.
— A la fonne latine culcitra remontent : it.
coltrice p. colcitre, v. esp. colcedra, prov.
coiisscr. Une forme contracte culctra a donné
it. coltra, coJtre, couverture, vfr. cotre, contre.
— Enfin, culcitinum, cidc^tinum, forme dimi-
nutive de culcita, a fourni le type à l'it. cus-
cino, esp. coxin, prov. coissi, fr. coussin,
angl. cushion, ail. kûssoi, kissen. — D.
couetteux, efféminé (cp. poUron, mot logique-
ment analogue). Voy. aussi le mot coutil,
dérivé de coûte*, et courte pointe.
COUILLE, vfr. coil, prov. colho, colha, du
L. coleus, m. s. — D. couilloii, it. cogîione.
Le mot it., ainsi que l'esp. cnllon et fr. coïon
(d'où coïonner, traiter avec mépris), s'emploie
pour poltron et fripon.
COULE, espèce de capuchon ; du L. cuculla
par une forme intermédiaire cooule; cp.
gourde de gougourde, par goourde (voy.
courge).
COULER, ce verbe, substitué en français au
latin fluere, signifiait en premier beu, d'après
son primitif latin colare, filtrer, faire passer
par un sas, signification encore propre à it.
colare et esp. colar. 11 a fini par exprimer
tout mouvement fluide et est devenu aussi
synonyme de glisser. — D. coulant, -âge, -ée;
coulis, adj. (v. c. m.), vfr, couleïs, = prov.
coladitz et L. colaticius ; — couloir, 1 . tamis,
2. == corridor ; couloire, -ure. — Cps. écou-
ler, décoider,
COULEUR, L. color. — D. colorer, L. colo-
rare ; coloris (la finale 5 a été «youtée à faux),
it. colorito (part, d'un type fictif colorire ==*
colorer); coloriste. La forme colorier a été
dérivée dans les temps modernes du subst.
coloris.
COULEUVRE, du L. colubra (it. colubro^
prov. colobre, du L. masc. coluber, -brt).
Notez que le roman a fait subir au fém. côlu-
hra un avancement d'accent et le traite
comme co/ii&ra. — D. couleucreau ; couleu'
vrine ou coulevrine, pièce d'artillerie fcp. les
termes serpentin, et ail. feldschlange).
COULIS, adj., qui glisse ou qui coule, voy.
couler, — De là : vent coulis, et coulis, subst.,
tt éprainte de chappon ou autre chair bouillie
à outrance, coulée avec le bouillon, qu'on
baille aux malades « (Nicot) ; coulisse, propr.
fém. de l'ac^j. coulis, puis chose (rainure) pour
faire glisser.
COULOIR, corridor, galerie. Dans cette ac-
ception, le mot est peiit-étre gâté de couroir,
qui peut fort bien avoir existé, et qui répond
aux équivalents it. corritoio, BL. corritorium
(pour la confusion de r et /, cp. la prononcia-
tion populaire colidor p. corridor). Sinon,
cette acception doit être déduite de celle de
conduit, canal, qui, comme celle d'écuelle à
fond de toile par où l'on coule le lait que Ton
vient de traire, se rapporte à couler.
COULPE, vfr. aussi corpe, du L. culpa. —
D. coupable, L. culpabilis fdu verbe culpare,
accuser), d'où le substantif culpabilité. Nous
n'avons plus le verbe coulper, accuser, incul-
per, mais les patois ont le dérivé coupoier,
qu'ils emploient pour médire.
COUP, vfr. colp, col, it. colpo, v. esp. colpe,
esp., port, golpe, prov. colp. Par syncope d^i
L. colaphus [if.ol7.rf G i), coup de poing, que l'on
trouve, dans la basse-latinité, transformé en
colapus, colopus, puis colpus. Le verbe dérivé
colper*, couper, it. colpire, a signifié dans le
principe abattre ; le sens de trancher, tailler,
lui est survenu. Chevallet et autres se trom-
pent en faisant venir colper du germanique
klopfen ou kloppen; les langues romanes
auraient, selon Diez, plutôt favorisé que dé-
truit la consonnancc initiale cl. D'autres en-
core ont proposé vha. holpo, holbo (ail. mod.
kolben), ou le cymr. colp, désignant des in-
struments à percer ou à frapper, mais l'étymo-
logie latine l'emporte en vraisemblance. Celle
du gr. xoTTTfcv est également insoutenable.
COUPABLE, voy. coidpe.
1 . COUPE, action de couper.
2. COUPE, vase à boire, vfr. cope, it. coppa^
esp., port., prov. copa, du L. cwp/>a. Ce mot
latin est distinct de cupa, chose creuse, ton-
neau, qui est le primitif de fr. cuve (v. c. m.).
Dér. coupelle (v. c. m.). Composé : soucoupe»
COUPEAU, COPEAU, sommet, dér. du vfr.
cope, m. s., qui est peut-être le même mot
que le précédent, lequel, désignant une chose
concave, peut aussi servir d'appellation à une
chose convexe ; renversez la tasse et elle prend
la forme dune montagne. Le primitif L.
cuppa, dans le sens que nous lui attribuons,
a donné l'ail, koppe et huppe, m. s. — Quelle
que soit l'origine de cope, copeau, on ne peut
méconnaître la parenté de ces mots avec Tall.
kop, hopf, tête. Et tête lui-même vient d'un
mot signifiant une chose concave.
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cou
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COU
COUPELLE, petite coupe, da L. cuppella,
dim. de ciippa, — D. coupeller.
COUPER, voy. coup. — D. coupe; coupé,
division d'une voiture; coupeur; couperet;
coupoir, -071, 'ure; copeau , composés : décou'
per, entrecouper.
COUPEROSE, it. cqpparosa, esp., port, ca-
parrosa, d'après Diez, du L. cupri, rosa, rose
de cuivre, expression imitant le gr. xâcXxxv^ov
vitriol, couperose, litt. fleur de cuivre. La
forme angl. copperas semble faite sur un type
ail. kupferasche, cendre de cuivre, cuivre cal-
ciné; le flam. dit koperrood, rouge de cuivre.
— L'acception médicale de couperose parait
fondée sur l'idée de rouge qu'évoque l'élément
rose; ou peut-être sur une confusion avec^
goutte-rose. — Diefenbach, au- mot coporosa,
cite les trois termes ail. suivants comme tra-
ducteurs de ce mot : coperock, kupferrauch,
coperrait; ce sont des formations arbitraires,
et elles ne peuvent guère être invoquées,
comme Ta fait Littré (suppl.), ni pour ni contre
Tétymologie de Diez.
COUPLE, it. coppia, du L. copula, lien, d'où
viennent encore anc. it. côbbola, prov. cobla,
strophe, c.-à-d. enchaînement de vers, signi-
fication propre encore au diminutif français
couplet. — D. coupler, accoupler, découpler.
COUPLET, voy. couple. — D. coupleter.
COUPOLE, de l'it. cupola, diminutif de
coppa, voy. coupe 2; l'ail, en a fait kuppel.
COUR, anc. court, cort, esp., port., it. corte,
prov. cort, BL. cortis, curtis, à\\ L. cohors,
chors, cors, -lis, cour de ferme; escorte, cor-
tège. Acceptions du terme en bas-latin :
1. cour de maison, ferme, métairie, basse-
cour, de là les dérivés : courtil, BL. curtile,
wallon corti, jardin dépendant d'une habita-
tion rurale ; courtine (v.c.m.); 2. cortis regia,
regia aula, familia et domus principis ; de là :
it. cortese, esp. certes, fr. courtois, répon-
dant à un type latin cortensis; it. cortigiano,
esp. cortesano, BL. cortisanus, fr. œuRTi-
SAN (cp. la forme it. Parmigiatw = Parmen-
fiis); verbe it. corteggiare, esp. cortefar, prov.
eortezar, fr. courtiser; corteggio, subst. de
ce verbe, a donné au français le mot cortéob
(v.c.m.). — Le mot latin chors, BL. cortis,
s'est ainsi substitué au latin classique aula,
dans les deux sens qu'avait ce dernier ; ces
deux sens sont également propres à l'ail, hof.
Nous rappellerons encore une troisième ac-
ception du mot cour, dérivée de la deuxième,
savoir celle de siège de justice.
COURAGE (anc. = cœur, sentiment), it. co-
raggio, esp. corage, prov. coraige, BL. cora-
gium; dér. de cor, fr. cœur. L'absence du d
radical (L. cor, cordis) prouve que le dérivé
s'est produit sur le terrain roman, en dehors
de toute influence latine ; il en est de même
du dérivé vfr. corée, entrailles. — D. com-
rageux; encourager, décourager.
COURBATU, part, passé d'un verbe flctif
courbattre, que les uns expliquent par battre
à bras » raccourci » (Littré), d'autres par
« courbe-battre », et qui, selon moi, repré-
sente • frapper au cœur n ; cp. ail. herz-
schlûchtig, courbatu, poussif, asthmatique
(de herZ'Schlag, battement de cœur). La forme
cour p. cœur en syllabe atone est correcte.
Comme composition, cp. solhatu. — D. cour-
bature, d'où courbaturer.
COURBE, adj., prov. corb, du L. curvus
(pour tj médial, devenu b, cp. corbeau). —
D. courbe, subst.; courber (L. curvare), cour-
bure, -ettej recourber.
COURCAILLET, dans certaines contrées
carcaillet, sifllet pour appeler les cailles ; la
première partie du mot seule est sujette à ex-
plication; est-ce peut-être une modification
de cor, quoique le mot désigne un sifileti Po-
trus de Crescentiis a traduit cet instrument
par qualilatorium (quod qualiam afiert?).
Littré tient le mot pour une onomatopée.
1. COURGE, anc. coourge, qui représente
L. cucurbica, transformation du classique
cucurbUta, qui de son côté a fait régulière-
ment le prov. œugourde, d'où fr. goourde,
auj. gourde (en wallon cahoûte).
2. COURGE, bâton recourbé à l'aide du-
quel on porte sur l'épaule deux seaux, l'un
en avant, l'autre en arrière. Etymologie incer-
taine. Littré rappelle le corgo du moy. lat.,
que D. C. interprète par « stirps, truncus, fus-
fis »; mais tout en admettant connexité avec ce
mot, celui-ci n'est pas le primitif immédiat
de courge. Notre vocable traduit dans le
Gloss. de Lille (p.* 53 de mon éd.) le lat.
coligerium (aussi coligeriatum), mot forgé
de collo gerere (cp. fr. colporter) et resté in-
connu à D. 0. et à Diefenbach; mais on ne
saurait faire sortir courge de coligerium.
COURIR, vfr. corre, courre (forme conser-
vée dans chasse à courre), L. currere. — D.
courant, courante = diarrhée, coureur, cou-
reuse; courrier.
COURLIEU, courlis, courleri, angl. curlew,
BL. corlivus, it. chiourlo, esp., chorlito, oi-
seau nommé d'après son cri.
COURONNE, L. corona. — D. couronner,
L. coronare.
COURRE. COURRIER, voy. courir.
COURROIE, it. correggia, esp. port, correa,
prov. correa, valaque cureà, du L. corrigia,
courroie, lanière, fouet.
COURROUX, vfr. coroce, prov. corroiz, it.
corruccio. D'après Diez, ces mots sont formés
de colroux, colruccio et viennent de choiera,
bile, colère. Littré, se fondant sur l'it. corrotto,
vfr. corrot (rare), deuil, qui répond à un type
L. corruptus, action de corrumpere (au sens
d'irriter, mettre en peine), estime que la forme
corons, courroux (avec s, ^ ou a? à la fin) ac-
cuse pour type un subst. fictif corrtiptium. Il
est difficile de ne pas souscrire à l'opinion de
Littré ; selon moi, vfr. corrot, corropt repré-
sente le subst. verbal de corruptare, courroux
cehii de corruptiare (cp. vfr. corroptios,
coroços = L. corruptîosus); vfr. coreçon
(courroux) =» corruptionem. — Pour le sens
de « irriter, fâcher », dont corrumpere s'est
revêtu, cp. ail. ârgern, fâcher, litt. gâter, et
fr. altérer, propr. gâter, — D. courroucer
(vfr. courecier, courcier).
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cou
130
CRA
COURS, it. corso, csp. curso^ prov. cors,
du L. cursus (currere). Les langues romanes
ont en outre une forme féminine : it. , esp ,
prov. cor^'a, fr. course, action de courir.
COURSE, voy. cours. — D. coursier, prov.
corsiery it. corsiere ; corsaire {y. c. m.).
COURSON, voy. court.
COURT, it., esp. corto, prov. cort, L. cur-
tus, — D. courson, branche taillée de court
(type latin curtio); courtaud, it. cortaldo;
écourter, accourcir (v. c. m.).
COURTAGE, voy. courtier.
COURTAUD, voy. court. — D. courtauder.
COURTEPOINTE, p. coulte pointe = cuir
cita pu7icta, couverture piquée. Pour coulte
■=■ cul cita, voy. couette.
COURTIER, contraction du vieux mot cou-
ratier, couretier, it. curattiere (p. curatiere);
d'un type latin curatarius, dérivé du L. eu-
ratus, chargé d'une affaire (de cura, soin). —
Le subst. courtage se rapporte dir. au verbe
courcter, courter (peu usité).
COURTIL*, voy. cour. — D. courtilière, in-
secte qui ravage les jardins, taupe-grillon ;
cp. le nom de l'insecte àltjarcUnière.
COURTINE, it., esp., prov. cortina. Sont
tirés du français : ail. gardine, angl. curtain.
Isidore : cortinse sunt aulsea. Comme au-
laeum («Oiafa) se rattache à aula (aù>>5), cour,
courtine vient du BL. cortis, cour. Au moyen
ftge cortina signifiait « minor cortis », la
petite cour, puis une certaine partie des
remparts, encore aujourd'hui appelée cour-
tine. Leur origine respective permet d'assi-
gner à courtine et au L. aulasum pour signi-
fication première : mur de clôture, séparation
entre deux cours, d'où découle l'acception
abri, rideau. Le cortina du latin classique
(espèce de vase) n'a de commun avec le
cortina des langues romanes, issu de cortis,
que la racine, qui exprime une chose ou un
espace circulaire. — Bugge explique le cor-
tina classique par une contraction do corsor-
tina, cf. l'ombrien cotortus. Voy. Rom., V,
176, note. — D. encourtiner.
COURTISAN, COURTISER, voy. cour.
COURTOIS, voy. cour. — D. courtoisie, it.,
esp. cortcsia, angl. courtesy.
1 . COUSIN, it. cugino, prov. cosin, est selon
l'opinion généralement reçue et sanctionnée
par Diez, une contraction du L. consobn'nus.
Les formes grisonnes accusent davantage cette
origine : cusrin, cusdrin; l'esp. a sol/rino
-= neveu. Chevallet, à la suite de Nicot, pro-
posp pour primitif une contraction de consan-
guineus. Entre les deux contractions mises
en avant, le choix ne peut rester douteux. —
D. cousin'er, -âge.
2. COUSni, anc. cusin, moucheron, d'un
type latin culicinus, diminutif de culeœ, cou-
sin. Grober, récemment, a objecté contre
Tétymon culex qu'il postule en fr. coucin ou
coissin; mais que mettre à sa place? — D.
cousinière.
COUSSIN, voy. couette. — D. coussinet.
COUT, voy. coHUer.
COUTEAU, colteV, coutel, it. coltello, prov.
coltclh, du L. culteîlus, dim. de cultcr —
D. coutelier (angl. cutler), coutellerie, coutelas
= it. coUellaccio.
COUTER, couster, it. costare, esp.. prov.
costar, ail. kosten, du L. constare, m. s. Pour
la transformation du mot latin, comparez les
mots costume et coutume, coudre, couture,
Coutance, nom de ville, de Constantia. — D.
subst. verbal coût, prov. cost, it. costo; adj.
coûteux, esp. costoso.
COUTIL, keutiV, dérivé du vfr. coûte, coite,
keute, r=: L. culcita (voy. couette), toile dont
on couvre des oreillers, matelas, etc. Autre
dérivé du même primitif : coutier, faiseur de
coûtes, tisseur en coutil.
COUTRE, it. roltro, du L. culter, -tri, soc
de charrue.
COUTUME, voy. costume. — D. coutumier,
accoutumer {y . c. m.).
COUTURE, voy. coudre. — D. couturier.
COUVENT, voy. conve7iir.
COUVER, 1. en parlant des oiseaux, it.
covare, prov. coar, du L. cubare, pris dans
le sens de incubare, être couché dessus ; de
là : couvaison, L. cubatio ; couvée, couvin =
L. cubamen*; couveuse, couvi; 2. en parlant
du feu, du L. cubare, dans le sens d'être
couché (= caché sous la cendre) ; de là : cou-
vet (bourg, coiweau), chaufferette.
COUVERCLE, it. coperchio, du L. coopet^cu-
lum (cooperire). L'ancien mot coiwerseau
répond à un type coopercellum.
COUVERT, voy. couvrir.
COUVBT, voy. couver.
COUVRIR, angl. coter, it. coprire, esp.,
prov. cubrir, du L. cooperire. Du part. L.
coopertus, copertus : fr. couvert. — D. subst.
couvert, 1 . ce dont on couvre une table, une
lettre ; 2. ce qui couvre, abri, asile ; couverte,
couverture, couvreur; cps. découvrir, recou-
vrir^ couvre-chef ei sembl. — Je tiens couvert
et couverte pour des subst. verb. d un type
dérivé copertare.
CRABE, mot d'origine germanique : ags.
crabba, angl. crab, suéd. krabba, alLkrabbe
(cp. gr. xàpaSo;). — D. cTobier, oiseau qui se
nourrit do crabes; dim. crevette (v. c. m.j.
CRAC, onomatopée (cfr. vha. krac, ail.
krach, angl. crack, gaél. crac). — D: cra-
quer, ail. krachen; craquelin «= néerl. A;ia-
keling.
CRACHER (prov. es-cracar, vfr. escrachier)
parait être un renforcement des équivalents
vfr. rocher, wall. rachi, pic. raquer, prov.
racar. Ces formes sont identiques avec le
nord, hràki, salive, hrœkia, cracher, ags.
hraekan. Malgré ces rapports étymologiques
incontestaUes, on est admis à ne voir dans
cracher qu'une des manières adoptées dans
les diverses langues pour imiter le bruit qu'on
produit en tirant un flegme du fond de l'esto-
mac. — D. crachat (cp. pour la finale pissai),
crachoir, -oter.
ORAIB, vfr. croie, it. creta, esp. greda.
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CRA
131 —
CRÉ
anc. flam. hryd^ ail. hreide, du L. creta, —
D. crayeux, crayon, rouchi croïon,
CRAINDRE, vfr. cremre, criembre, cre-
mir, prov. cremer, du L. iremere (prov. et
vfr. tremir), avec changement euphonique
de tr en cr. Pour la forme finale, cp. ffein-
dre de gemere, empreindre de imprimei'e et
sembl. — D. crainte, d'où craintif.
CRAMOISI (le peuple dit encore en quelques
provinces, d'une manière plus juste, her-
moisi), voy. carmin,
CRAMPE, BL. crampa, d'origine germa-
nique, = angl. cramp, ail. krampf. Le mot
est de la même famille que le suivant; l'idée
fondamentale est contracter, resserrer, re-
courber.
CRAMPON, de l'ail, krampe, crochet (vha.
cramph, courbé); cp. it. grampa, griffe. —
D. cramponner, -et.
CRAN, wall. cren, vfr. crenne, entaille,
pays de Coiro crenna (cp. le mha. krinné),
du L. crena, rainure, entaille. — D. créneau,
vfr. crenel, et par transposition de Vr : carnél,
carneau, -èîe (d'où carneler)-^ créner,
CRANCELIN, de l'ail, kr&nslin, dimin. de
hranz, couronne.
CRANE (mot inusité en vfr., où il aurait
fût crange), du L. cranium, gr. xpxvLov. De
crâne, dans le sens métaphorique « écervelé,
tapageur, rodomont », vient le subst. crânerie.
CRAPAUD, vfr. crapot, picard crapeux,
PjTov. crapaid, grapaut, cat. gripau, limou-
sin gropal. On fait généralement venir ce mot
du L. crepare, le crapaud étant un animal
prêt à crever; mais pourquoi, dans cette hy-
pothèse, le mot ne s*est-il pas, conformément
A la règle, francisé en crevaud f Chevallet
prend crapaud ^wc une corruption du danois
grœnpadde =: crapaud, mot composé de
groen, vert, etpadde, grenouille ou crapaud. *
Il cite à l'appui de sa supposition le passage
suivant du Dictionnaire de Trévoux : « Le
plus dangereux crapaud est celui qu'on ap-
pelle crapaud verdier ou graisset ou raine
verte (rana viridis). ■• Nous ne nous rangeons
pas à l'avis du linguiste français; les diverses
formes romanes du mot nous disposent plutôt
en £aveur de l'opinion de Diez et autres, qui
rattachent le mot à la racine, signifiant ram-
per, des vocables germaniques: ags. creopan,
angl. creep, néerl. kruipen. D'après Brachet,
il existerait, en effet, en vfr. un verbe craper,
ramper, mais il est inconnu à Oodefroy. — Il
faat, du reste, aussi citer ici le mot crape,
qui se rencontre dans des patois français avec le
sens d'ordure. Crapaud en serait-il un dérivé?
Dans le dialogue français-flamand publié
par Hoffinann de Fallersleben (Horse belgi-
cse, IX, p. -99), nous rencontrons crapois,
traduit par merswin (marsouin). Cp. cror
poussin. Ménage invente pour le besoin une
de ses enfilades favorites : repère, repave, re-
paldus, crepaîdus, crapaldus, crapaud, —
On a vu aussi dans crapaud l'onomatopée du
lé^er son guttural, court, flùté, que ces ani-
maux donnent vers le soir au temps de leurs
amours. — Enfin, l'on a proposé le mot grec
ncrpfrjxTÔi ; pour notre part, nous ne connais-
sons pas cette forme, mais bien un verbe
r,&p:ptiv, contracter. On voit que le nom de ce
hideux reptile a beaucoup embarrassé les éty-
mologistes. — D. crapaudine, -ière; crapdet,
jeune crapaud.
CRAPAUDAILLE, espèce de crêpe; corrup-
tion pour crépodaille (radical crêpe, angl.
crap^,
CRAPOUSSIN, 1. sorte de crustacé (?);
2. pçrsonne contrefaite, terme de dérision.
Ce mot est sans doute du même lignage que
crapaud,
CRAPULE, L. crapula {tpxnticU). — D.
crapuler, -eux,
CRAQUE, bourde, vanterie, = chose qui fait
du bruit, sonore, qui craque; on a fait du mot
un personnage de comédie.
CRAQUELIN, voy. crac,
CRAQUER, voy. crac; sens métaphorique,
faire le vantard, débiter des mensonges (cp.
angl. io crack). — D. craque, mensonge,
gasconnade (v. c. m.); craqueur, -erie; craque-
ler, -eter,
CRASE, contraction, du gr. x/^ân;, mélange,
fusion.
CRASSANE, sorte de poire fondante. Mot
gâté de cresane, par suite d'un faux rapport
avec cra^sus, épais, ramassé ; il vient de Cre-
sane, nom d'un village de la Nièvre (Littré,
suppl.).
CRASSE, adj. fém. (dans crasse ignorance),
du L. crassus, épais, gras (voy. aussi gras),
— D. crûsse, subst., ordure épaisse et grasse,
variété de graisse, à forme plus latine ; cras-
seux, décrasser, encrasser.
CRATÈRE, L. crata*, gr. xpxr^p, pr. coupe
où l'on mélange (xsp&sj, mélanger).
CRAVACHE, esp. corbacho, ail. karbaische^
holl. kdrwats, russe harbatsch ; du turc kyi*^
batch, nerf de bœuf.
CRAVATE (patois croate, croyate), it. cra-*
vatta, croatta. esp. corbata. Le mot s'est in-
troduit en France dans la première moitié du
XVII* siècle et vient du nom de peuple Cra-
vatte =• Croate (esp. corvato). Le même mot
cravate, au masculin, désigne un cheval de
Croatie.
CRATON, voy. craie. — D. crayonner.
CRÊANCÎS, ancienne forme de croyance; la
créance, dette active, est un effet de la con-
fiance, de la croyance, du crédit accordé à
qqn. Le mot est tiré de credens, vfr. créant
(voy. croire). — D. créancier.
CRÉATEUR, -TION, -TURE, voy. créer.
CRÉCELLE, moulinet de bois qui fait un
bruit aigre. Selon Ménage, de crécerelle, à
cause de la ressemblance du son de la crécelle
avec le cri de cet oiseau ; étymologie bien pro-
blématique. Peut-être d'un type latin crépi-
cella, tiré du L. crepare, craquer, rendre un
son, pétiller (cp. L. crepitaculum', hochet,
créceUeJ; ou bien du holl. hrehel, (alle-
mand d Aix-la-Chapelle, krechel) grillon (voy.
criquet), ou enfin du v. néerl. krehen, cra-
queter (angl. creah, creek). — Le Nomen-
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CRÉ
132
CRE
clator de Junius donno cercerelle, claquette,
pour traduire crotalus. — Disons encore
qu'on a proposé de rattacher crécelle à
kyrielle, par hysielle (qui se trouve), d'où
crisielley créselle, cresselle (Rom,, VIII, 619).
C'est par trop d'eflTort.
CRÉCERELLE, anc. querquerelle, oiseau de
proie ; variété de vfr. crécelle, homonyme du
subst. traité plus haut. Ce primitif cr^ceZ^
est une modification de cercelle (y. c. m.), qui
vient du L. querquedula,
CRÈCHE, vfr. crebe, greche, wall. crêpe,
cripe (angl. cratch, râtelier), prov. crepia,
crepcha, it. greppia, du vha. krippa, krippea,
vieux saxon cribbia, ail. krippe, angl. crib,
' Pour la forme, cp. sèche de sœpia (sepia).
CRÉDENCE, mot d'introduction étrangère,
it. credenza, esp. credencia, ail. hredenz-tisch,
du BL. credentia, 1. prœgustatio, experiliien-
tum, épreuve ; 2. la table « in qua vasa in con-
vivio reponuntur ». Du L. credere, croire.
Avant de servir les vins et les mets, ils étaient
dégustés, pour certifier qu'ils ne renfermaient
rien de nuisible; cette dégustation, inspirant
confiance, s'est appelée crédence, variété de
créance et de croyance. L'acte a communiqué
son nom à la table sur laquelle il s'accomplit.
Le sens de crédence s'est dans la suite élargi
et le mot signifie aujourd'hui buffet, dressoir,
chambre à provisions. — D. crédencier, BL.
credentiarius .
CRÉDIBILITÉ, L. credibilitas (de credibi-
lis, croyable).
CRÉDIT, it. crédita, ail. kredit, du L. cre-
ditum, pr. la somme de ce qui est cru, c.-à-d.
confié à qqn., ou de ce qui lui est fourni ou
prêté dans l'espoir d'un remboursement, puis
= réputation de solvabilité, et, enfin, con-
fiance en général. Crédit est le corrélatif de
débit, L. debitum, chose dito. — D. créditer,
inscrire au crédit, créditeur; accréditer, pour-
voir dé crédit ; décréditer ou discréditer, pri-
ver de crédit.
CREDO, mot latin «-je crois ; premier mot
du symbole apostolique.
CRÉDULE (en Champ., créole, criole), du
L. credulus, m. s. — D. crédulité, L. -itas;
incrédule, L. incredulus, qui ne croit pas.
CRÉER, L. creare. — D. créateur, ^atio7i,
-ature^, L. creator, -atio, -atura.
CRÉMAILLÈRE , CRÉMÂILLON, vfr. cra-
mail, wall. crama, cramion, cramier, champ.
cramaille, du bas-latin cramaculus, venu lui-
même du néerl. kram, croc de fer. L'origine
grecque x/5«;u5aaac. suspendre, est peu pro-
bable. Du fr. crémaillère, Tëspagnol a fait
gramallera.
CRÈME, prov. crema, angl. cream, du L.
cremum (Vénance Fortunat), p. cremor, Cre-
mor lactis, suc du lait est une expression sem-
blable à flos lactis, it. fior di latte, fleur du
lait ; l'it. dit aussi capo ou cima di latte. Vs
dans vfr. cresme est intercalaire. — D. cré-
mer, -eux, -iei'; écrémer,
CRÉNEAU, voy. cran» — D. créneler,
CRÉOLE, anc. criole, de l'esp. criollo, qui
paraît être d'origine indienne. Le sens le plus
large do ce mot est : individu de race étran-
gère né dans le pays.
CREPE, crespe*, du L. crispus, frisé. — Le
subst. fém. crêpe, pâte faite de farine et
d'oeufs, jBst le même mot; pour ainsi dire,
pâte rugfueuse, ridée. Anciennement on em«
ployait, dans ce sens, aussi le dimin. crepet.
Ou bien crêpe et crepet seraient-ils de la
famille de l'ïil. krapf, dim. krâppel, espèce
de gâteau? — D. crêper, L. crispare; crépir,
enduire de mortier (les aspérités du crépi ont
donné naissance à ce mot ; cp. le terme angl.
roughcast)\ crépine, crépon (esp. crespon)^
crépodaille, gâté en crapaudailU; crépu.
CRÉPIN (SAINT), ensemble de l'outillâpe
d'un cordonnier, de saint Crépin (Crispinus),
patron des cordonniers.
CRÉPINE, prov. crcspina, voy. crêpe.
CRÉPIR, vfr. crespir, voy. crêpe. — D.
crépi, crépissure.
CREPITER*, -ATION, L. crepitare, -atio.
CRÉPUSCULE, L. crepusculum, dim. d'uu
subst. (inusité) crépus, qui a laissé sa trace
dans l'adj. crêper us, sombre, douteux. — D
crépusculaire.
GRÉQUIER, prunier (ou cerisier) sauvage
du vfr. crêque, prunelle; celui-ci = vha. crick,
petit fruit A noyau; cp. dans quelques dia-
lectes ail. krieke, kriechr, cerise ou petite
prune; dan. hrâge, prunelle.
CRESCENDO, terme de musique italien,
mot latin signifiant •» en croissant •• .
CRESSON, pic. hc7son, BL. crissonus, it.
crescùme. Selon Cli. Estienne, « a céleri tate
crescendi »; si cette étymologie est la bonne,
il faut considérer comme empruntés au roman
les mots germaniques vha. chresso, nha.
kresse, ags. càrse, angl. cress, néerl. herse;
Weigand, cependant, les rattache au verbe
vha. chresan, ramper, à cause des tiges ram-
pantes du cresson de fontaine. Le mot s'est
aussi transmis aux lan^j^ues slaves. Voy. aussi
Hildebrand dans le Diet. de Grimm.
CRETE, it , esp. cresta, angl. crest, = L.
crista. — D. crété; vfr. crcsteau = créneau,
cp. prov. cristal, hauteur; écréter, t. d'art
militaire.
CRETIN, dans la Gironde crcstin, dans les
Pyrénées crestian. Lotym. christianus (bon
chrétien, innocent, idiot), mise en avant par
Bridel, Canello, Gôiiin, ne laisse plus de
doute; les idiots, dit G. Paris, sont appelés
dans toute la France des innocents. — D.
crétinisme, -iser.
CRETONNE, toile blanche; du nom du pre-
mier fabricant de cette toile, à Lisieux.
CRETONS, déchets de graisse de bœuf ou
de mouton. Origine inconnue; le picard dit
croton pour graillon. Le mot pourrait se rat-
tacher A crotte.
CREUSER, voy. crc^x.
CREUSET (angl. cmiset, cruiset), vfr. croi-
sel, creusol, croiscul, lampe, esp crisol, creu-
set, crisuelo, lami)e ; it. crogiitolo, ci'euset.
Tous ces mots, comme leurs équivalents bas-
ail, kreuscl, krusel, etc., dérivent du mha.
A7*u^(nha. kraus), pot, cruche, jatte, =néerL
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CRI
433 —
CRO
Aroes, angl. cruse, cruise, — Le BL. cntcibO'
Ivis, crucibulum, lampe de nuit (d'où la forme
angl. crucible, creuset), est une extension
arbitraire du radical germanique, opérée
peut-être sous l'influence de crux, à cause des
mèches croisées de certaines lampes. — Les
formes picardes crachet, crechet et angl. cres-
set, lampe, sont indépendantes de notre mot
et tiennent à crache, graisse, suif. — Diez ne
traite pas creuset; mais il rapporte, à tort
probablement, Tesp. crisiielo et crisol au mot
basque criseîua, lampe ; ce dernier paraît
plutôt emprunté au roman.
CREUX, prov. cros, BL. crosus, Etymolo-
gie incertaine ; Diez émet modestement une
conjecture, d*aprôs laquelle le prov. cros
serait une forme contracte de corrosus. Il
cite à l'appui un passage provençal : pan
on raton fan cros, pain dans lequel les rats
font des trous, « quem corrodunt ». Littré,
tenant compte de formes dialectales creiit et
du BL. crotum, se prononce pour le L. crypta,
grotte, mais il ne s'explique pas sur l'intro-
duction de la finale s ou x. — Fôrster (Zeitschr. ,
VI, 109) condamne l'étymologie corrôsits (o
fermé) comme contraire à la forme ue que
notre adjectif présente en vfr. (crues) et qui
postule absolument un type crosum (o ouvert),
lequel fait défaut. Il va sans dire qu'il est
plus sévôre encore contre l'opinion de Littré,
qu'il ne discute même pas. — Avant Fôrster
déjà, Paris avait élevé la même objection
contre cor^osus.
CREVASSE, voy. crever, — D. creoasser.
CREVER, prov. crebar, it, crepare, esp.
quebrar (rompre), du L. crepare, craquer,
s'ouvrir avec bruit, éclater. Le roman a donné
en outre à ce mot le sens de mourir en par-
lant des animaux (=« ail, hrepiren)\ dans le
sens actif, le verbe signifie faire éclater, rom-
pre, percer (crcoer les yeiiœ), — D. crevasse,
prov. crebassa; cps. crèoe<œur, it. crepa-
cuore.
CREVETTE, petite écrevisse; la provenance
de crabe (v. c. m.) est combattue, au double
point de vue du sens et de la phonétique, par
Joret ; pour celui-ci, le mot vient du type *cra-
petta^ métathèse do *capreUa (de caproij, qui a
donné chevrette. Sous ce dernier mot, nous
avons déjà dit que Suchier conteste cette ma-
nière de voir et rapporte crevette au moy. ni.
crînet (écrevisse); on trouve au xvi* siècle
une forme escrevette. La longue polémique
entre les deux savants se déroule dans Rom.,
Vm, 441 ; IX, 301, 431 ; Grôber, Ztschr., m,
611; IV, 383; Y, 173.
CRIBLE, L. cribrum. Du dim. L. cribel-
lum vient la foiTne it. crivello, — D. cribler.
Directement de la forme latine cribrare pro-
cède le terme de chimie cribration,
CRIC, angl. creeh. Onomatopée, imitant
le bruit de cette machine.
CRIER (angl. cry), esp., port, gritar, it.
gridarc, prov. cridar, du L. quiritare (m.
s.), par syncope critare (cfr. Cricq, nom
propre, de Qidricus), Les gloses Lindenbr.
portent « quiritant venues cum vocem dant » .
Inutile de remonter à des sources celtiques
ou germaniques (goth.^^an, pleurer, néerl,
hrijten, crier; ou bien vha. scrian, ail.
schreten). — D. cri, vfr. et prov. crit, it.
grido, esp. grilo; crieur, -ard, -ée, -erie;
criailler, prov. crisaillar; cps. d&yrier,
s'écrier (it. sgridar, prov. escridar).
CRIME, L. crimen.
CRIMINEL, L. crimincUis (crimen). — D.
criminalité, -aliser, -aliste,
CRIN, vfr. aussi crine (fém.), L. crinis,
cheveu. — D. crinier, crinière; crinoline,
étofie de crin; crinon, petit ver fin comme
du crin.
CRINCRIN, onomatopée.
CRINIERE, CRINOLINE, voy. crin,
CRIQUE, petite baie, ^ ags. crecca, angl.
creeh, holl. crech,
1 . CRIQUET, insecte, angl. crichet, néerl.
hrehel (d'où picard crequeillon), cymr. cricell,
wallon crihiod, crehion. Tous ces mots sont
imitatifs.
2. CRIQUET, petit cheval faible, cp. ni.
hraah, ail. hracke, 'hricke (Luxembourg
hreh), m. s. En anglais, crtcfte/ s'emploie aussi
pour tabouret; terme analogue à chevalet de
cheval.
CRISE, L. crisis {xplvt;, jugement, déci-
sion).
CRISPER, L. crispare, friser, rider, con-
tracter; c'est la forme savante de crêper,
CRISSER, vfr. crinser (Froissart dit en
parlant d'un doux vent : « si net et si serein
que feuillettes n'en faisoient que crinser n).
Ce verbe ne peut être identique avec grincer
(v. c. m.); il appartient sans doute à la même
famille que vfr. croissir, grincer des dents,
it. crosciare, esp. cruœir. On trouve sou-
vent dans les vocables exprimant un bruit ou
un mouvement des modifications de voyelles,
sans changement essentiel de sens; cp. cra-
quer, criqucr, croquer, claquer, cliquer.
Comparez du reste encore holl. krissen, bas-
saxon hrisch^n, hrisken, ail. hreischen, pé-
tiller, craqueter.
CRISTAL, L. crystaïlum {npÙjrxUoç). — -
D. cristallin, L. crystallinus ; cristalliser.
CRITERIUM, latinisation du gr. ttpiv^piov,
moyen de juger (x/jfvw;.
CRITIQUE, gr. /pirtxo; (qui juge), fém.
xpiTixïî, de y.plvtiv, juger. — D. critiquer,
CROASSER, onomatopée; cp. L. crocire,
gr. npititiv,
CROC, it. crocco, prov. croc, port, croque,
esp. cloque; ce mot roman se trouve aussi
bien dans les langues germaniques que dans
les idiomes celtiques : v. nord, hrohr, angl.
crook, néerl. kroohe (Kiliaen), cymr. crog, —
D. crochet; croche, adj. et subst. ; crochu;
verbes accrocher (v. c. m.) et décrocher, A
croc, dent canine, se rattache peut-être cro-
quer, mettre sous la dent, manger (v. c. m.).
CROCHET, dér. de croche, voy. croc, — D.
crocheter, ouvrir avec un crochet; croche^
teur, crocheton,
CROCHU, dér. de croche, voy. croc.
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CRO
— 134
CRO
CROCODILB, L. crocodilus (x/joxoôsaos). Par
transposition de IV.-it. cocodrillo, esp., port.
cocodrilo, prov. cocodrille.
CROCUS, mot latin, gr. xpôMç, safran.
CROIRE, vfr. creire, du L. credere, credWe,
Ane. part, présent : créant^ conservé dans
mécréant. De là le subst. créance, et le vieux
verbe creanier, cautionner, assurer, dont la
forme adoucie greanter, graanter est la source
de l'anglais ^ran^ accorder. — D. croyable,
croyance; cps. accroire, décroire, mécroire,
CROISER, voy. croix, — D. croisé, croi-
sade (it. crociata, prov. crozada, esp. cru-
2ada), croisement, -ure ; croisière, croisée, pr.
fenêtre croisée par des montants et des tra-
verses (cp. l'ail. hreu2stock, pr. montant en
forme de croix).
CROÎTRE, croistre*, vfr. creisire, du L.
crescere; du part, croissant, les subst. crois-
sant et croissance; du part, cru, les subst.
cru, terroir où quelque chose croît (« vin du
cru »), crue = croissance ; subst. verbal ra-
dical : croit. Composés : accroître, L. accres-
cere ; décroître, recroître, sur croître. Le latin
excrescere a founû en outre Iç subst. excrois-
sance (cp. ail. ausvouchs).
CROIX, vfr. crois, wall. creus, it. croce, esp. ,
port. cruZf prov. crotz, angl. cross, ail.
hreuz, du L. crux, crucis. De là : croiser (v.
c. m.), prov. crozar; dim. croisillon, croi-
sette.
CROQUANT, homme de rien, va-nu-pieds,
vient peut-être de croc, croquer, comme le
terme de mépris crocheteur de crochet, cro-
cheter.
CROQUE-MITAINE; la seconde partie de
ce mot II est pas encore expliquée.
CROQUER, variété de crcLquer, 1 . sens neu-
tre, faire un bruit sec (« cela croque sous la
dent »), de là croquant, croquet, croquette
(cp. craquelin); 2. sens actif, manger des
choses croquantes. Le sens général manger
avec avidité, cependant, pourrait bien, ce me
semble, se rattacher à croc, dent. — Cro-
quer = crocher est une forme picarde. Jadis,
croquer signifiait aussi dérober, enlever
promptement, subitement ; cette acception lui
vient également du primitif croc = au sens
de crochet, instrument qui sert à saisir, agrip-
per. Le terme métaphorique croquer, peindre
à la hât« (d'où croquis), me paraît dériver de
ce sens accessoire enlever. Comparez l'expres-
sion figurée : enlever un morceau de musi-
que ; c'est enlevé ! La même acception enlever
a donné lieu aux composés croque-morts,
croque-7iotcs.
CR0QUI6N0LE ; désignant une pâtisserie,
ce mot se rattache évidemment au verbe cro-
quer, manger ; dans le sens de chiquenaude,
je me l'explique par le verbe croquer, déro-
ber, enlever, comme exprimant un petit coup
donné rapidement et à l'improviste. On peut
rapprocher l'angl. rap, qui signifie à la fois
enlever et frapper vivement. La terminaison
est en tout cas insolite et étrange, à moins
d'admettre la filière suivante : croquer, cro-
quigner, croquigne, dim. croquignoU. Le
wallon dit crohke.
CROQUIS, voj. croquer. La terminaison
est analogue à celle de gâchis, chablis, et
sembl.
CROSSE, bâton pastoral, partie reeourbée
du fût d'un fusil, = it. croccia, gruccia,
béquille, cruccia, boyau, prov. crossa, v.
esp. croza, m. sens que le mot français. Diez,
pour des scrupules fondés sur. les règles de
permutation littérale, conteste une origine
de croc, chose crochue (qui aurait donné, selon
lui, en fr. une fornje croche) ; il pose par con-
séquent l'étymologie crux, croix, par l'inter-
médiaire d'un adj. cruceus. Nous ne compre-
nons pas trop les scrupules du linguiste alle-
mand, et pourquoi croceus, dérivé du roman
croccus, ne peut pas aussi bien déterminer
la foime crosse que cruceus, ac^. de crux.
Les divers objets désignés par crosse et les
analogues étrangers ne permettent guère de
renoncer à l'étymologie croc (cp. ail. hriicke,
angl. a^utch, béquille, et ail. krummstab,
crosse, litt. bâton recourbé). Crosse, du reste»
s'orthographiait autrefois cj'oce, ce qui témoi-
gne encore en faveur de l'étymologie commu-
nément adoptée. — Ce qui, aux yeux de
Fôrster, doit décider en faveur de crocceus,
c'est que l'o de crosse a, dans l'anc. poésie,
toujours été traité d'o ouvert, tandis que
crucea eût produit un o fermé. — D. cros-
sette, crosser,
CROTTE (ce mot se trouve déjà dans le
Reclus de Moliens), angl. crottle, prov. crota,
d'origine inconnue; peut être, dit Diez, delà
même famille que le bas-allemand et suéd.
hlôt (= ail. kloss), angl. clod, dot, masse,
boule, motte, grumeau. La forme prov. s'op-
pose à l'étymologie latine CT^usta. — Quant
au sens de galle ou de croûtes sur la peau, si
l'on ne veut pas le déduire du sens primitif de
globule (cp. grêlé), on pourrait au besoin
l'expliquer par une altération du mot croûte.
— D. crotter, décrotter, crottin; les termes
populaires croteux*, crotu, marqué de la
petite vérole.
CROULER, vfr. crodler, croller (it. crol-
lare, prov. crotlar, crollar, ébranler, secouer),
du h.co-rotulare*, contracté en crotulare,crot-
lare (cfr. rouler de rotulare). Diez juge cette
étymologie préférable à celle du nord, krulla,
mettre en désordre, brouiller. Crouler, c'est
tomber par morceaux se détachant et roulant
du haut en bas. Ce qui appuie c«tte étymo-
logie, c'est l'analogie du terme ébouler, de
boule et de l'ail, gerôlle, éboulis, de rollen,
rouler. Diez invoque aussi l'expression an-
cienne crouller les iex, synonyme de rotller
les iex, et sur le terme crouler un vaisseau,
le lancer, propr. le rouler à la mer. — D.
croulier, -ière. Cps. s*écrouler.
CROUP, espèce d'angine, mot anglais et
employé en premier lieu en Ecosse; d'une
racine celtique marquant contraction, rétré-
cissement; gaél. crup, contracté, crupadh,
contraction.
CROUPE, vfr. crope, prov. cropa, it.
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CRU
— 135
CUI
çrcppa, esp. yrupa. Ces mots paraissent ap-
partenir à la même famille que groupe, angl.
group, it. groppo, gruppo, esp. gr^po et
gorupo, et se rattacher à une racine mar-
quant agglomération, quelque chose de ra-
massé, faisant saillie en forme de boule.» On
la retrouve dans le vha. chroph (ail. mod.
hrcpf), goitre, nord, hryppa, bosse, ail.
kruppeî, homme estropié, rabougri; puis
dans le gaél. crup, rétrécir, contracter, déjà
mentionné à l'art, précédent, cymr. cropa,
gésier, goitre. — D. croupir, dont la signifi-
cation propre est se tenir sur la croupe, auj.
sa rester dans un état d'immobilité ; com-
posé s'accroupir (le préfixe ad, comme dans
asseoir) ; croupe', croupière, croupion (v. c.
m.). La locution « être assis en croupe der-
rière qqn » a donné naissance aux termes de
jeu croupe et croupier,
CROUPIER, voy. croupe.
CROUPION, it. groppone, voy. croupe. En
allemand bûrzel = croupion, signifie éga-
lement quelque chose de protubérant. — En
vfr. on trouve aussi crépon crespon = crou-
pion, échine, et dans certains dialectes du
nord, crépon ou querpon existe encore pour
signifier la croupe d'un toit. Rabelais a cres
pion pour croupion. Peut-être, dit Gaçhet,
ces formes avec e ne sont-elles pas de la même
fiaunille que croupe, et désignent au propre
la partie du corps de l'animal dont le poil se
hérisse. Elles se rattacheraient alors au L.
crispus, Diez, cependant, préfère dériver cré-
pon du nord, krippa, forme secondaire de
kryppa, bosse.
CROUPIR, voy. croupe,
CROUTS, crouste', it. crosta, esp. costra,
aU. hruste, holl. korst, du L. crusta, — D.
croûtelette, croûton croustille, croustiller,
crousttlleux (ne s'emploie qu'au figuré) ; cps.
écroûter, encroûter, — Croûte, dans l'accep-
tion de vieux tableau gercé par le temps, et
dans celle de mauvais tableau en général,' a
produit croùtier, mauvais peintre, faiseur de
croûtes (on dit aussi croûton).
OROTABLE, -ANCE, voy. croire,
1. CRU, subst., voy. croître,
2. CRU, adj., L. crudus, — D. crudité, L.
•itas,
CRUAUTÉ, voy. cruel,
CRUCHE, anc. cruie, prov. crugô, gasc.
cruga, du cymrique cnjoc, vase arrondi. Cette
origine est plus directe, selon Diez» que celle
du vha. cruoc, crc^ (nha. hrug), m. s. — D.
cruchon, cmxhée,
CRUCIAL, L. crucial is (de cruœ, croix).
CRUCIFÈRE = crucem ferens, porte-croix.
CRUCIFIER, prov. crucificar, du L. cruci-
ficare', forme altérée de crucifigere (d'où it.
crocifiggere), attacher à la croix. — Littré se
trompe en identifiant l'élément -ficar, -fier
avec le verbe ficher.
CRUCmX, du part. L. crucifiants.
CRUDITÉ, voy. cru.
CRUE, subst. participai fém. de croître,
CRUEL, L. crudelis (crudus). — D. cruaUé",
cruauté', L. crudelitas. — La forme cruaUé
se rapporte à la forme anc. crual (cp. féat),
CRURAL, L. cruralis (de crus, cruris,
cuisse).
CRUSTACÉ, L. crustaceus* {crusta, croûte).
CRYPTE, L. crypta, gr. xpu^rr»}, du parti-
cipe xouTTToç, caché.'De là l'aÛ. gruft, caveau.
Voy. aussi (^ott«.
CRYPTOGAME, de x/juTToyà/xoî, mot forgé
do yac/A&u, se marier, et de xpu?rro;, caché,
donc • qui a les organes sexuels cachés n,
CRYPTOGRAPHIE,ôcriture cachée ^x/îuwto;).
CUBE, L. cvbus («ûSos). — D. cuber, -âge;
cubique, L. cubicus.
GUBOÏDE, du gr. xuSotf^^i^, qui a la forme
d'un cube.
GUBÉBE, prov , esp. cubeba, de l'arabe
?tabâbat.
CUBITUS, mot latin = fr. cow^. — D.
cubital,
CUEILLIR, anc. coillir, it. cogliere, prov.
colher, esp. coger, du L. colligere, colligWe
(légère). Pourquoi colligere n'a-t-il pas fait.
cueillirefcp. affligere, vfr. afflire. Je n'ai pas
de réponse à cette question, mais je décline
celle de Littré, qui présuppose un type immé-
diat colligirc. — D. cueillette, forme vulgaire
du mot savant collecte «=» L. collecta; Frois-
sart emploie ce mot dans le sens de réunion :
« cueillette de gens d'armes » ; cueilloir; cps.
accueillir (v. c. m.), recueillir (v. c. m.).
GUIDER*, prov., esp., port, cuidar, anc.
it. coitare, du L. cogitare, cog*tare, penser.
Ce verbe, abandonné par l'Académie, s'est
conservé dans le cps. qutrecuider.
CUILLER, anc. masc, it. cucchiajo, prov.
culhier; formes féminines : it. cucchiaja, esp.
cuc?uira, fr. cuillère, du L. cochleare, plur.
cochlearia.
CUIR, it. cuqjo, esp. cuero, prov. cuer, du
L. corium. — Le sens *» faute de langage n
est attribué, dit Littré, à l'analogie que pré-
sentent les expressions écorcher un mot et
faire un cuir avec l'action d'enlever la peau
des animaux pour en faire du cuir. Peut-être
est-ce aussi à cuir de rasoir qu'il faut le rap-
porter, les cuirs étant de prétendus adoucis-
sements de la prononciation, comme le cuir
adoucit les rasoirs. — D. cuirasse, formé
sur l'exemple du prov. coirassa, esp. coraza,
it. corazza. L'ancienne langue avait cuirie,
CUIRASSE, voy. cuir, — D. cuirasser,
cuirassier,
CUIRE, it. cuocere, esp. coccr, prov.
cozer et coire, du L. coquere, cocre. —
D. CUITE, subst. partie. ; cuisson = L. coc-
tio; CUISTRE (v. c. m.); cuisine, it. cucina,
esp. cociwa, prov. cozina, vha. kuchina fnha.
huche), angl. hitchen, du BL. cocina, = L.
coquina, forme qui a remplacé dans les au-
teurs de la décadence le mot classique culina,
CUISINE, voy. cuire. — D. cuisinier, cui-
sinière; verbe cuisiner,
CUISSE, prov. cueissa, coissa, it. coscia, du
L. coxa, hanche. — D. cuissard, cuissot,
écuisser.
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CUR
— 136
CUV
CUISSON, voy. cuire.
CUISTRE» valet de moines, répond, selon
Diez, à un type latin coquaster, cp. prov.
coguastro(\Gs gloses dlsidore portent cocistro).
D'autres, comme Littré, supposent que cuistre
n'est qu'une autre prononciation du vît. cous-
tre, sacristain (ail. kUstei'), qui vient du BL.
custor, = L. custos. G. Paris (Alexis, p. 184),
tout en accordant que le cocistro dlsidore
soit la source du vfr. coisiron, est du même
avis. L'idée que cuistre est appelé à exprimer
s'attache plus naturellement à un sacristain
qu'à un marmiton. — Cette manière de voir
est appuyée par vfr. coustor (cas-régime), citée
par Littré au Suppl.
CUITE, subst., voy. cuire,
CUIVRE, esp., port, cabre, ail. kupfer,
du L. cuprum ou plutôt quant à la forme
française, à cause de la diphthongue ui, de
l'adj. cupreum, — D. cuivrer, -eux,
CUL, L. culus. — D. culasse; verbe culer,
aller en arrière ; culée (l'it. dit, par un trope
analogue, les cuisses [cosce) d'un pont); eu-
Hère, culot, culotte, Cps. acculer = mettre à
cul; éculer, reculer; culbute (v. c. m.); cul-
de-sac = fond de sac, fig. rue qui ne pré-
sente pas d'issue, impasse.
CULBUTE, voy. l'art, suiv.
CULBUTER = buter, ôoirfer (pousser) le cul
en l'air ; d'après Darmestéter, = buter sur le
cul; cp. en ail. burzélbaum, m. s., de burjsel
croupion, et bâumen, dresser en l'air. Le
danois a, avec le même sens, kuldbôtte, le suéd.
hullbytte; sont-ce des mots exactement iden-
tiques avec le français culbute f Nous ne som-
mes pas à même d'en juger. — D. culbute, -is.
CULÉE, CULER, -lïÈRE, voy. cul.
CULINAIRE, L. culinarius, de culina, cui-
sine.
CULMINER, L. culminare (culmen).
CULOT, voy. cul. — D. culotter (une
pipe).
CULOTTE, voy. cul. — D. culotter (un en-
fant).
CULPABILITÉ, voy. coulpe.
CULTE, L. cultus (colère). Se rattachent
encore au L. colère par le supin cultum :
culture, vfr. couture, L. cultura; l'adjectif
latin (inus.) cultivus, d'où le verbe BL. cuUi-
vare, fr. cultiver; inculte, L. incultus.
CULTIVER, voy. culte. — D. cultivateur,
cultivable.
CULTURE, voy. culte.
CUMIN, L. cuminum (xu/icvov).
CUMULER, L. cumulare (voy. aussi com-
bler). •—- D. subst. verbal cumul; cumulatif.
CUNÉIFORME, en forme de coin, du L.
cuneus, coin.
CUPIDE, mot savant, du L. cupidus (de
cupere^ désirer) ;. cupidité, L. cupiditas.
CUPULE, L. ciipula, petite coupe.
CURABLE, L. curabilis employé par Cob-
lius Aurelianus (iii^ siècle}, dans le sens de
» qui sanari potest ».
CURAÇAO, liqueur préparée en premier
lieu dans l'Ile du même nom.
CURATELLE, du L. curatela, mot intro-
duit, au lieu de curatio, dans le latin du
moyen âge sur l'exemple de tutela.
CURATIF, L. curativus* (curare). — cura-
teur, L. curatorem. Si ce mot s'était autant
répandu dans le peuple que procurator (fr.
procureur), il se serait francisé par cureeur",
Ituis' cureur.
CURE, 1 . soin, souci ; du L. cura, m. s. ;
2. charge ecclésiastique, pr. cure d'âme (cp. le
terme allemand seelsorge), et par extension,
habitation du curé; de là "BL. curatus,
chargé d'une cure, fr. curé, angl. curate, it.
curato (l'esp. emploie le mot abstrait cura
p. curé); 3. guérison, subst. verbal de curer,
guérir.
CURÉ, voy. l'art, préc.
CURÉE, terme de vénerie, anc. cuirée,
angl. 'querry, quarry ; de cuir, parce que la
cuirée se préparait et se donnait dans un cuir;
voy. Modus, f» xxiii, verso, passage cité par
Littré, et décisif sur la question. Le vfr.
Corée, courée (prov., esp. corada, anc. it. co-
rata), viscères, entrailles, qui, comme le vfr.
coraille, se rapporte à cor, cœur, présente-
rait, malgré lu dans curée, une excellente
explication de ce mot, si l'on avait des exem-
ples du mot Corée employé ^vec le sens de
curée. — Brakelmann pense que curée pour-
rait dériver de l'angl. cur, vilain chien, =
ail. hôter, m. s. (anc. chien de chasse).
CURER; du L. curare, soigner. Cette si-
gnification première du mot français s'est
effacée dans la langue moderne. — L'accep-
tion spéciale porter des soins à un malade, le
guérir, encore vivace dans l'it. curare, esp.
curar, ail. hurieren, s'est également perdue ;
elle subsiste cependant dans les dérivés cure
(ail. hur), curaiif, curation, curable, ificura-
ble. Aujourd'hui, curer ne signifie plus que
nettoyer, ôter les ordures. De là : curage,
cureur, curette (t, de cliirurgie), recurer,
écurer; cure-dents, cure-oreilles.
CUBIAL, L. curialis, qui concerne le ser-
vice religieux d'une curie; auj., comme au
moyen âge, c= qui concerne une cure (v. c.
m.). Toutefois, le mot n'est pas tiré de cura,
mais de curia.
CURIEUX, L. curiosus, pr. soigneux, sou-
cieux. L'acception « digne de curiosité » était
étrangère au mot latin. — D. curiosité, L.
curiositas.
CURSIF, BL. cursivus (de currere, supin
cursum).
CUSTODE, vfr. garde, auj. rideau, du L.
custodia, garde (BL. vélum, aulsBum); cp. en
allemand jardine, rideau mobile, flam, ^ar-
dijne, gordijne (Kil.), mot étranger iformé
en réalité de courtine, courditie*, mais sous
l'influence de garder.
CUTANÉ, L. cutaneus* (de cutis, peau).
CUTTER, petit bâtiment qui tire plus d'eau
à son arrière qu'à sa proue, mot anglais de
eut, couper; donc « qui fend les eaux •».
CUVE, du L. cupa, voy. coupe. — D.
cuvée, cuvette, cuveau, cuveV (d'où cuveler),
cuvier; cuver, séjourner ou laisser séjourner
dans la cuve, fig. laisser s*évaporer.
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DAD
— 137 —
DAI
GFVILEB, propr. faire une sorte de cuœ
rintéricur du puits de nûne ; dér. du dimin.
<?upeZ, voy. cuve.
CUVER, voy. cuve.
CYCLE, du gr. xwxioç, cercle. — D. cjy-
cUque, gr. xuxAuo'î; cyclone, tempête tour-
nante.
CYCLOPE, de xOxJiwf , à l'œil rond. — D.
cycîopéen et cyclopien.
CYGHE, du L. cycnus, cygnus (xuxvo^). Le
v£r. cisnep qui se retrouve également en esp.
et en port., a une autre origine; il vient du
BL. cecinus, cicinus, qui, ainsi que Fit. ce-
cero (cygne), vient de cicer, pois, et se rap-
porte au tubercule sur le bec de l'oiseau.
CYLINDRE, L. cylindrus (xù)ivî/>oç). Voy.
aussi calandre. — D. cylindrer, -ique.
CYMAISE, it. cimasa, terme d'architecture,
L. cynuUium, grec xv/jlàtiov, m. s. (litt. petite
onde).
CYMBALE, ail. zimbel, L. cymhalum, grec
xû/t6aiov, de xu/*6o«> cavité, vaisseau. Le vfr.
présente la forme régulière cymble. — D.
cymbalier.
CYME, orthographe première de cime (v.
c. m.).
CYNANCHE ou cynancie, angl. quinsy, an-
gine, dans laquelle les malades tirent la
langue à peu près comme font les chiens hale-
tants; du grec xuv&yx^» angine des chiens. La
prothèse d'une s a fait de ce mot it. schi-
nanjgia, d'où anc. fr. squinance, esquinance,
aig. esquinancie.
CYNIQUE, L. cynicus, gr. xuvtxo';, dér. de
xu^y, chien. Cependant, la philosophie cynique
ne tire pas son nom directement de xuùv,
mais d'un gymnase à Athènes où son fonda-
teur, Antisàiène, avait établi son école et qui
s'appelait Kuvdsapytç . Il est vrai que l'on n'a
pas tardé à faire d'une épithète tirée d'une
circonstance accidentelle une qualification ca-
ractéristique de la doctrine même. Un ancien
commentateur d'Aristote dit : •» Les cyniques
sont ainsi nommés à cause de la liberté de
leurs paroles et de leur amour pour la vérité ;
car on trouve que le chien a, dans son in-
stinct, quelque chose de philosophique et qui
lui apprend à distinguer les personnes ; en
effet, il aboie à la vue des étrangers et flatte
les maîtres de la maison ; de même les cyni-
ques accueillent et chérissent la vertu et ceux
qui la pratiquent, tandis qu'ils repoussent et
blÂment les passions et ceux qui s'y abandon-
nent, quand même ils seraient assis sur le
trône » . Pour être étymologiquement fausse,
cette définition de la philosopnie cynique n'en
est pas moins intéressante. — D. cynisme.
CYPRÈS, L. cupressus {nuTzàpitaoç).
CYSTIQUE, -ITE, de xr^vris, vessie.
CYTISE,* L. cytisus (xûtiws).
CZAR (mieux vaut l'orthographe tzarj^
mot slave, que l'on suppose connexe avec
le L. cœsar, d'où vient également l'ail. Aat-
ser, empereur. — D. czarine; czarowick
(l'Académie écrit czarowiU) signifie fils du
czar.
D
DA, dans oiii-da, nenni-da, vient de divà,
ancienne interjection exhortative, contractée
en dea, puis da. Nicot : « Dea est une inter-
jection, laquelle enforce la diction où elle est
apposée, comme non deâ, oui deâ^ mais en
telles manières de parler on use plutôt de dâ,
fait dudit ded, par contraction ou syncope, et
dit-on ; non dâ, oui dà. n — Pour diva on a
proposé : 1 . la formule vi} rèv Ma, ou v^ i^
(Ménage), 2. Diva, mère de Dieu (Franc. Mi-
chel), fr. 3. dùf valet, imitation du L. die. puer
(P. Paris), etc. Tout cela n'est pas soutenable.
Diez y voit l'ancienne interjection va (impé-
ratif du verbe aller), qui est employée dans un
même sens, renforcée par di (impératif de
dire), et fournit à cet égard des exemples par-
lai tement suffisants.
DACTYLE, du L. dactylos (îàxTuXo«), qui est
aussi le primitif de datte (v. c. m.).
DADA, vocable enfantin, exprimant les pre-
miers essais à marcher ; cp. angl. to dade a
child, apprendre à marcher à un enfant ; vfr.
dadée, enfantillage. Cette même racine a
donné \e mot dadais, niais, nigaud ; nasalisée,
elle est devenue, dit-on, la source de dandiner,
balancer le corps; modifiée en dod, elle a
donné d<xUner.
DADAIS, voy. l'art, préc.
DA60RNE, vache à qiii il ne reste qu'une
corne; ce mot, abandonné par l'Académie
dans sa dernière édition et repris par Littré,
est analysé par ce dernier et par d'autres :
doffue-î- corne, la corne unique étant compa-
rée à une corne. Je partage l'avis d'un critique
qui dit, à propos de cette étymologie, qu'une
vache peut perdre son licou, mais non pas une
corne, et qu'il ne peut y avoir dans aucune
langue un mot substantif pour désigner une
vache qui s'est cassé une corne. Je doute donc
et de la définition, et de l'étymologie usuelle
de ce terme, pour lequel, d'ailleurs, Littré ne
cite aucun exemple.
DAGUE, it., esp. daga. D'origine germa-
nique : suéd. daggért^ angl. dagger, néerl.
dagge, m. s. (cp. l'ail, degen, épée). Les lan-
gues celtiques ont également le mot. Le sens
de pointe explique le mot dague en tant
qu'il désigne le premier bois du cerf. La
forme portugaise adaga, observe Littré,
pourrait indiquer une origine arabe. — D.
daguer ; daguet, jeune cerf.
DAHLIA, du nom d'un botaniste suédois,
Dahl, é, qui Cavanilles dédia cette plante
vers 1790.
DAIONER, it. degnarsi, du L. dt^«an, juger
digne. Composé : dédaigner, L. dedignari.
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DAM
— 438
DAN
DAIM, vfr. dain (d'où le fém. dain^^ it.
daino, daina du L. damus p. dama.
DAIHE, voj. daim,
DAIS, modifîcation du vfr. (ibû (cfr. ^^û,
anc. espois), prov. dets. Le mot désignait
une table à manger, ' surtout une table d'ap-
parat; il est régulièrement formé du latin
dtscus, primitif de Tit. desco et de Tall. tisch,
table L'acception du mot moderne se rap-
porte aux tentures en forme de ciel dont les
dois ou dais étaient ordinairement surmontés
pour empêcher quo rien ne tombât du plafond
sur les mets. — L'étymologie ail. dach, toit,
ne peut être soutenue en présence des an-
ciennes formes du mot.
DALLE, tablette de pierre, tranche de gros
poisson, tient sans doute à la même racine
que goth. daiijan, ags. daeîan, angl. deal, ail.
theilen, bret. dala, irl. tallam, qui tous signi-
fient fendre, diviser, partager. — D'après
Mahn, du cclt. Jo/, daJen, feuille, planche
mince (Herrig, Archiv, XXXVH, 133). —
Le mot dalle, employé dans quelques patois
du Nord pour évier, et d'où vient dcUot^ gout-
tière pour faire écouler les eaux hors du na-
vire, représente plutôt une idée de concavité
et rappelle la famille des mots goth. dal, ags.
dad, ail. thaï, signifiant vallée. Cependant,
Diez préfère pour primitif l'arabe dalla, con-
duire (cp. it. doccta, égout, du L. ducere,
conduire); il se fonde sur le rapprochement
de la forme espagnole adala = dalle, évier,
qui présente dans sa première syllabe l'article
arabe al. — D. daller, couvrir de dalles. —
Le vfr. dail, faux, prov. dalh, esp. dalle,
d'où vfr. dailler, trancher, ferrailler, parait
être, selon Diez, un diminutif de doffa,
dague.
DALOT, voy. dalle.
DAM, dommage, du L. damnum, m. s. Le
suffixe ope en a fait damage (forme usitée en-
core en anglais) et, par la mutation de a en o,
dwnage" dommage, Voy. aussi danger.
DAMAS, it. damasco et damasto, BL. da-
mascus, ail. damast; de la ville de Damas
(Damascus), lieu d'origine de cette étoffe. —
D. damasser. — Le même nom géographique a
donné le mot damas, lame d'acier finement
trempée, it. damaschino, d'où le verbe fr. dor
masquiner.
DAMASQUIN73R, voy. damas.
1 . DAME, interjection, = domina (c.-à-d.
la Vierge), ou plutôt = domine, cp. en vfr.
l'expression dame Dieu, = dominus Deus.
Nodier s'est trompé en y voyant le L. dam-
num.
2. DAME, subst., it. dama, vient du L.
domina, de la même manière que le masc. do-
minus a produit les formes vfr. dam, dan,
dame, damp (dans damedieu, vidame, et les
noms propres Dampierre, Dammartin). Pour
la mutation o : a, rappelons encore vfr. da-
mesche de domesttcusy et vfr. danter de demi-
tare. — Les formes correspondantes dans les
autres langues, pour dominus et domina
(Inscript, domnus, domna), sont en it. donno,
donna; en esp. don, dona, duena (de ce der-
nier les Français ont &it duègne)-^ en port.
dom, dona ; en prov. don, donna. Les dimi-
nutif de ces formes diverses, représentant un
type latin dominicellus {domnicellus, domi-
cellus), sont respectivement : it. domelîo,
-dla; esp. doncel, -ella; prov. donsel, -ella,
fr. damoiseV damoiseau, damoisele* demoi-
selle. C'est des Français que les Italiens ont
pris leur damigello, -ella. — Dérivés de
dame : 1 . dans son acception propre, dame-
ret, it. damerino ; 2. dans l'acception que ce
mot a prise au jeu des échecs et des dames,
damier, verbes damer, dédamer.
3 DAMS, terme des ponts et chaussées,
du flam. dam, ail, damm, digue.
DAME-JEAKHE, sorte de très grosse bou-
teille, it. damigiana, prov. mod, dama-jana
(Honnorat), fait l'effet d'être une altération po-
pulaire et burlesque d'un mot français corres-
pondant au synonyme it. damigiana, arabe
damajan, qui ont la même signification, et
dont l'origine reste à fixer. Le mot arabe
paraît venir de l'étranger. On a pensé à une
forme catalane (fictive) damajana, qui ré-
pondrait à lat. dimidiana et s'expliquerait
par • demi • -aime. Grôber (Ztschr., H, 352)
remarque qu'en argot de Paris on dit dame-
blanche pour une bouteille de vin blanc, de
manière que jan« =^ jalne' jaune s'applique-
rait à la couleur de l'enveloppe nattée de la
bouteille. En définitive, l'histoire du mot est
encore à faire.
DAMER, DAMERET, DAMIER, voy. dame2.
DAMNER, L. damnare.
DAMOISEAU, -ELLE, voy. dame 2.
DANDINER, balancer niaisement son corps
faute de contenance ; selon Pasquier, de dan
din ou din dan, terme imitatif pour désigner
le bruit et le mouvement des cloches ; selon
Diez, de l'ail, tand, niaiseries; cp. anc. flam.
danten, ineptie, ail. tândeln, badiner, angl.
dandle, bercer; selon nous, de la rac. dad
(voy. dada) exprimant les premiers pas tentés
par un enfant, et appliquée ensuite fig. à un
maintien peu assuré. Le mot peut d'ailleurs
être considéré comme une variété de dodiner
(v. c. m.). — De dandiner vient dandin,
homme niais, fat, et peut-être l'anglais
dandy.
DANGER, anciennement domination, auto-
rité, particulièrement droit du suzerain relati-
vement aux possessions de ses vassaux pour se
dédommager éventuellement du non-acquit-
tement de leurs obligations ; de là la locution :
estre en dangier de qqn., être sous sa puis
sance, à sa merci. C'est ainsi que danger prit
l'acception de violence arbitraire (sens inhé
rent encore à ce mot en Normandie), puis
celle de refus, contestation, difiiculté : faire
danger de dire qqck. = refuser de dire qqch.
Ces anciennes significations, ainsi que l'or-
thographe dongier qui se rencontre assez sou-
vent, prouvent en faveur d'un type latin do-
miniarium, dom*niarium, forme extensive
de dominium, souveraineté, autorité. Le sens
actuellement attaché au mot, celui de péril,
peut à la vérité se ramener assez facilement à
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DAT
139 —
DE
celui de domination ou de son corrélatif dé-
pendance ; être en danger de mort, c'est avoir
la mort pour maîtresse, c'est être sous la
puissance de la mort ; cependant, la définition
de danger par « situation où l'on encourt du
dommage (damnum) » fait pencher beaucoup
de philologues pour le type damnarium,
d'où damnier, puis danger (cp. calenger p.
calomnier) ; et, en effet, les deux étymologies
proposées sont justifiables, smvant les deux
significations puissance et péril, et l'on est en
droit de soupçonner que les deux sens se rap-
portent à deux homonymes. Il est curieux que
la moyenne latinité ne présente ni dominta-
rium, ni damnarium, et qu'au xiv* siècle on
ait latinisé dangier ou dongier par domtge-
rium, dangerium. — D. dangereux,
DANS, yfr. deois dens, combinaison de de
et ens (v. c. m.) = L, de tntus. Par une nou-
velle combinaison avec de, on a fait dedans,
modifié par syncope en déans, d'où le cps.
endéans.
DANSER, angl. dance, it. danzare, esp.,
port., prov. danzar ou dansar, du vha. dan-
sôn, tirer en long. La danse, étymologique-
ment, désigne une chaîne, une file (cp. l'ail.
reigen, danse, mot identique avec rethe, file,
série). Le mot tanzen de lallemand actuel
est un emprunt fait aux langues romanes. —
D. danse, subst. verbal.
DARD, it., esp. dardo, prov. dart, de l'ags.
daradk, darodh, angl. dart, nord, darradhr,
vha. tart, lance. Le mot se trouve aussi dans
les idiomes celtiques. — D. darder.
DARNE, tranche de poisson, du cymr. ou
bret. dam, morceau, pièce (cfr. sanscrit da-
rana, division).
DARON, maître do la maison, à Lille =
mari ; Bugge y voit une forme familière déri-
vée, peut-être sous l'influence de baron, du
vfr. danre = lat. dominum; cp., pour la
chute de Vn, sire de senior, Berry darée =
denrée, — Notez que, dans les Assises de Jéru-
salem, le mot daron signifie ** manoir sei-
gneurial ».
DARSE, darsine, de l'it. darsena, voy.
arser^l.
DARTRE, patois dertre, Diez rejette l'éty-
mologie Sa^rcf;, écorchô ; s'il avait fallu recou-
rir au grec pour trouver un nom à la mala-
die appelée dartre, les médecins y auraient
puisé le nom propre de cette maladie, qui est
Ictx^v. Pictet opine pour un radical celtique,
en alléguant le cymr. tartodan, m. s., bret.
darvu^en, dervoéden ; on rattache aussi le
mot à l'ags. ieter, angl. tetter (ail. zitter), qui
signifie dartre. Quelle que soit l'origine immé-
diate du mot fr., celui-ci est incontestable-
ment identique avec le sanscrit dardru, m.
s., venant d'un verbe signifiant gercer. — D.
dartreux.
DATAIRE, en EL. primus cancellariœ roma-
nsa minister, sic dictus a litteris expeditis,
quibus vnlgo addit : datum Rçmœ. La charge
de cet officier s'appelait dataria, fr. daterie.
C'est aussi cette formule daJtum Romœ, donné
à Rome, etc., qui a donné naissance au terme
date = indication du lieu et du jour do l'ex-
pédition ou de l'enregistrement d'une pièce,
puis, en général, époque précise où une chose
a été faite.
DATE, voy. dataire, — D. dater, cps. anti-
-dater (mieux vaudrait antédater) et post-
dater.
DATIF, L. datinm (dare).
DATION, L. datio (dare).
DATTE, anc. dacte (p. dactle, cp. amande
p. amandîe), it. do^^cro, esp., prov. rfa^iZ, ail.
dattel, du L. dactylus, m. s. — D. dattier.
DAUBE, voy. dauber,
DAUBER, frapper, angl. dab,de l'ags. dub-
ban, m. s. (voy. adouber). — D. daube (pour
être mise à la daube, la viande doit être frap-
pée); endauber.
DAUPHIN, prov. dalfin, L. delphinus.
Comme titre de l'héritier du trôno de France,
dauphin vient du nom propre Dauphin, porté
par plusieurs seigneurs du pays dit Bau-
phiné. » Par le privilège de la donation que
Himbert, dernier seigneur de Dauphiné, fit
de sa terre, l'aTfi 1349, à Jean Roy de France,
autre ne peut estre Dauphin que le fils du
Roy régnant. • (Fauchet).
DAURADE (poisson), d'un type L. de-auraia
(la dorée) ; donc de la même origine que le
poisson dit dorade.
DAVANTAGE, p. d'avantage, cp. it. di
vantaggio ; voy. l'art, ains.
DAVIER, pince recourbée dont se servent
les dentistes; origine inconnue. Comme on
trouve dans Rabelais l'orthographe daviet, et
que des noms propres sont parfois donnés à
des outils, Littré émet conjecturalement l'éty-
mologie Daviet, dimin. de David, qui a été
aussi le nom d'un outil de menuisier ou de
tonnelier.
DE-, DÉ-, DÉS-, particules prépositives,
répondant aux préfixes latins de et dis. 1 . Le
de latin se retrouve en français sous la forme
de et dé, tant dans les verbes transmis du latin
(ex. demander, déclarer, désigner, déléguer)
que dans ceux de création nouvelle (ex. dé-
choir, défiler, découler). On remarque que la
forme de (sans accent) se met de préférence
devant des primitifs appartenant déjà au vieux
fonds constitué de la langue, comme debout,
dedans, devers, degré. La forme dé est d'in-
troduction plus moderne; elle est générale-
ment appliquée aux verbes, tant à ceux do
provenance latine qu'à ceux de création ro-
mane; exceptions : demander, devenir, de-
meurer, — Le préfixe c^(it di, esp., prov.
de) a servi particulièrement à exprimer éloi-
gnement, privation, enlèvement. Comme le
préfixe L. dis = fr. dés, il communique au
primitif le sens du contraire : fr. débàtir,
prov. de-bastir. Il se fait surtout remarquer
comme l'opposé du préfixe en, p. ex. embour-
ber, débourber ; embrouiller, débrouiller. —
2. Le préfixe latin dis, di se retrouve dans
des mots fr. de provenance latine (ex. discer-
ner, dispenser, dilacérer). Appliqué à des
vocables nouveaux, où il sert à exprimer sé-
paration, cessation ou négation, il se trans-
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DËB
— 140
DËB
forme en dé devant les consonnes, en dés
devant les voyelles ; parfois, cependant, devant
des consonnes et dans des mots de formation
savante, le dis latin reparaît. Ex. désoffvéer,
décharger, défaire, déranger, discontinuer;
désarroi, désastre, désagréable, déloyal, dis-
grâce. Il arrive que dés, à cause de son sens
plus précis, a supplanté le de du composé
latin : cp. L. de-armare, it. disarmare, esp.
desarmar, fr. désarmer; il en est de même
dans déformer, dénier, dénuer, etc., vfr.
desforiiier, desnier, desnuer, etc. Parfois il
est difficile, même impossible, de décider si
le préfixe dé se rapporte au L. dis on à de;
p. ex. déchoir, qui d'un côté correspond au
prov. des-cazer, d'un autre à l'esp. de^aer.
— Notez encore la forme des pour de, devant
des primitifs commençant par s, ex. : dessus,
dessous, dessécher, desservir, dessiner.
1 . DÉ à coudre, forme apocopée du vfr.
del. Ce dernier est contracté de deel (Anjou
déau, Berry diau), lequel, ainsi que fit.
ditale, esp. dedal, vient du BL. digitale (de
digitus, doigt).
2. DÉ à jouer, prov. d<it, it., esp., port.
dado, BL. dodus. Voici ce qui a été avancé
sur l'étymol. de dodus ; 1. =■ L. datus, de
dare, jeter (dans des locutions comme « dare
ad terram », etc.), donc chose jetée; 2. Go-
lius : arabe dadd, jeu ; 3. Ménage : dez, de
dati, donnés, c.-à-d. donnés de main en main ;
4. DuCange, au raoidecius (latinisation bar-
bare du vfr dez), prétend que jeu de dé
vient par corruption àejuis de Dé, lequel
groupe do mots représente judtciMm Bei, ju-
gement de Dieu; dé, selon lui, se rapporte-
rait ainsi à Deus, Au rapport de Ménage, Du
Gange appelait cette découverte la reine de
ses étymologies. — Pour notre part, nous ne
souscrirons à aucune de ces assertions ou
conjectures. Bé, à notre avis, représente L.
daJtum, et a d'abord signifié le hasard, litt. ce
qui est donné (cp. chance = ce qui tombe,
quod accidit);.jeu de dé est synonyme de jeu
de hasard ; puis le nom s'est donné à l'instru-
ment servant à consulter, à tenter la for-
tune.
DÉBÂCLSR, contraire de bâcler (v. c. m.),
désobstruer, débarrasser, rompre. — Ti, dé-
bâcle, rupture des glaces, fig. changement
subit, confusion.
DÉBAGOtJLER, vomir des .injures; puis
vomir en général. Ce terme accuse un pri-
mitif bagoiile, auquel on doit aussi l'ancien
verbe bagouler, bavarder, et le subst. bagoul,
bavardage (usité dans les dial. du Nord)..
On peut aussi l'expliquer par ^OMZe,*^CM/^,
muni du préfixe péjoratif ba, bé; une ba-
goule serait une mauvaise langue ; cp. l'ex-
pression vulgaire engueuler qqn.
DÉBALLER, voy. balle,
DÉBANDER, 1. 6ter une bande, desser-
rer; 2. rompre, disperser une bande de com-
battants. — D. débandade [à la), néolo-
gisme.
DÉBARCADÈRE, voy. débarquer.
DÉBARDER, enlever (des marchandises) au
moyen du bard (v. c. m.). — D. débardeur,
DÉBARQUER, sortir de la barque (v. c.
m.). • — D. débarcadère, terminaison espa-
gnole, cp. esp. desembarcadero, m. s. (an-
ciennement on disait débarcadour).
DÉBARRASSER, esp. desembaraaar, it.
sbarazzare; voy. barre, — D. subst. ver-
bal débarras,
DÉBAT, subst. verbal de débattre,
DÉBATTRE, composé de baUre; se débat-
tre est un terme analogue à se démener; le .
préfixe dé ne représente pas dis (car l'an-
cienne langue ne disait pas d^sbattre), mais
de, ayant force intensitive ; cp. it. dibattere,
esp. debatir.
DÉBAUCHER, d'un primitif bauche, vieux
mot fr. signifiant boutique, atelier, et dont
l'origine n'est point éclaircie. L'étymol. prov.
bottica= boutique, n'est pas admissible; le
mot pourrait bien remonter au balk germa-
nique, signifiant poutre, puis par extension
hangar et choses scmbl. Débaucher serait
ainsi pr. tirer qqn. de son atelier, puis fig. le
détourner de son travail, de ses devoirs ;
embaucha^ par contre, c'est attirer dans un
atelier, enrôler. Nicot ne mentionne pas le
sens de boutique attribué par Ménage au
subst. bauche, mais bien celui de crépissure
d'une muraille, barbouillage. Ce sens, qui
indique un primitif de la famille du gaél.
baie, croûte de terre, s'accorderait bien avec
la signification d'ébaucher, dessiner grossière-
ment ; cependant, ce verbe paraît avoir une
autre origine (voy. plus loin). — En Sain-
tonge, bauche signifie tâche, de sorte que
débaucher serait détourner qqn. du travail,
embaucher, l'y mettre (Littré, SuppL). Mais
d'où vïeiii bauche = tâche? — D. subst. ver-
bal débauche, pr. abandon du travail, puis
dérèglement (d'où l'adj. débauché) \ déSau-
cheur,
DÉBET, mot latin, « il doit.
DÉBILE, du L. debilis, faible (contraction
de de-habilis, inhabile). — D. débilité, L.
-itas ; débiliter, L. -itare. — La vraie francisa-
tion du L. debilis est deble, dieble, doivle
qui ne se trouve que dans les composés vfr.
endeblc, endieble; y&i relevé endoivle dans les
Poésies de Froissart, t. I, p. 131, 1518).
DÉBINER, wall. dibiner, aller en déca-
dence, perdre sa fortune (d'où subst. débine,
misère); je ne connais pas l'origine de ce
mot familier. Est-il identique avec le rouchi
biner, débiixer, qui signifient s'enfuir? Ou
est-ce une formation de fantaisie, tirée de
debere, avoir des dettes?
DÉBIT, mot savant, du L. debitum, ce qui
est dû, comme crédit de credttum, ce qui est
cru (confié, prêté). De là débiter «» inscrire
au compte du débit. Le mot debitum sig^fie
également la marchandise vendue et portée au
débit de l'acquéreur, comme due par lui ; de
là le verbe débiter, dans son sens de vendre,
surtout vendre en détail, fig. mettre en cir*
culation, émettre (des nouvelles), réciter,
produire en public. C'est à ce dernier que se
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DEC
— 141 —
DEC
rapporte comme subst. verbal le mot débit
signifiant vente, droit de vendre, et fig. ma-
nière de réciter, do prononcer.
DÉBITER, voy. débit.
DÉBITEUR, vfr. deteur, 1. « L. débiter^
qui doit(fém. débitrice) \ 2. dér. du verbe rf^-
biier (voy. débit) = qui débite (fém. débiteuse).
DÉBLAI, voy. déblayer.
DÉBLATÉRER, L. deblaterare, jaser, dé-
biter.
DÉBLATER, BL. deblâdare (bladum), voy.
blé. — D. déblai.
DÉBLOQUER, voy. bloc.
DÉBOmE, mauvais goût que laisse une
boisson dans la bouche, fig. dégoût, regret.
Infinitif subtantivé d'un verbe inusité, repré-
sentant le L. debibere, boire de qqch., dégus-
ter ; selon Littré, de dé, préfixe, et boire : un
boire qui ôte l'envie de boire.
DÉBOÎTER, voy. boite.
DÉBONNAIRE, voy. air. — D. débon-
n air été.
DÉBORDER, pr. sortir hors des bords, voy.
bord. — D. débord, débordement.
DÉBOUCHER, 1 . v. a., opp. de boucher; 2.
V. n., sortir par la bouche (ouverture) d'un
défilé, d'une gorge, d'une rue, de là débouché,
endroit où l'on débouche, issue, lieu d'expor-
tation pour les marchandises.
DÉBOUILLIR, renforcement do bouillir \
cp. L. decoquere, ail. abhochen.
DÉBOUQUER, terme de marine, variété de
déboucher.
DÉBOURSER, voy. bourse. — D. débours,
DEBOUT, p. de bout, sur le bout. Yeitt de-
bout, vent qui souffle sur la proue (le bout) du
vaisseau^
DÉBOUTER, dér. de bouter, = pousser
loin, repousser, voy. bouter.
DÉBRAHiLER, voy. braie.
DÉBRIS, voy. briser; 1. (acception fort
rare) action de débriser (verbe tombé en dé-
suétude), destruction, ruine; 2. reste d'une
chose brisée.
DÉBUCHER, sortir du bois ou buisson ; du
BL. buscus, bois.
DÉBUSQUER, variété de débucher; comme
verbe actif, faire sortir de l'embuscade, fig.
chasser d'un poste avantageux.
DÉBUT, subst. verbal de débuter, jouer le
premier coup au mail, à la boule, pr. tirer de
but, du lieu où est le but, puis commencer en
général.
DÉBUTER, voy. début. — D. débutant.
DEÇA-, dans les compositions décoffrantTne,
décalitre, etc., marque le décuple de l'unité.
Du grec SUoc, dix.
DEÇÀ, voy. çà.
DÉCADE, dizaine, espace de dix jours, du
gr. èu.à;, 'kSoi dizaine.
DÉCADENCE, L. decadentia* , dér. de deçà-
dere, forme barbare pour decidere (primitif
cadere). Le mot n'est qu'une forme savante et
moderne de déchéance, comme on a cadence
concurremment avec chéance* chance.
DÉCADI, mot créé pour le calendrier répu-
blicain pour désigner le dixième jour de la
décade, de déca, Bixa = dix, et dies, jour.
DÉCAGONE, à dix angles (^èxa, yûvoç).
DÉCALOGUS, gr. Si^kloyoi, litt. les dix pa-
roles.
DÉCALQUER, voy. calquer.
DÉCAMPER, lever le camp, puis se retirer
précipitamment, voy. camp.
DÉCANAT, L. decanatus, dérivé de decor
nus, litt. dizenier. Ce primitif decanus s'est
francisé en doyen (cp. necare == noyer). On
disait autrefois aussi, par la syncope du c mé-
dial, dtean^ forme conservée dans la langue
anglaise.
DÉCANTER, it. decantare, esp. decantar,
pr. verser une liqueur en penchant le vase ;
dérivé de canthus, it. canto, coin, côté (voy.
canton et champ'Z^. — J'abandonne ma conjec-
ture décaneter, de canette, petite cruche.
1. DÉCAPER, pr. enlever la superficie, la
croûte de qqch.; de cape, chape, vêtement,
enveloppe.
2. DÉCAPER, t. de marine, prendre la
haute mer; de cap.
DÉCAPITER, BL. decapitare (caput), enle-
ver la tête; cp. decollare, couper le cou.
DÉCATIR, voy. catir. — D. décatisseur,
décatissage.
DÉCÉDER, L. decedere, mourir, pr. s'en
aller.
DÉCELER, le contraire de celer (v. c. m.).
DÉCEMBRE, L. deceniberidocem), ledixième
mois de l'ancienne année latine.
DÉCENNAL, L. decennalis (decem, annus).
DÉCENT, L. decens (part, de decere), con-
venable. — D. décence, L. decentia.
DÉCEPTION, L. deceptio, dérivé du verbe
decipere =* fr. décevoir.
DÉCERNER, L. decernere.
DÉCÈS, L. decessus, départ, dérivé do de-
cedere, fr décéder.
DÉCEVOIR, angl. dcceive, du L. decipere,
m. s. (cp. concevoir, recevoir de concipere,
recipere). Les formes en -cevoir ont pour type
L. -cipëre; la bonne forme latine -cipere a pro-
duit les anc. formes d^çoivre, conçoivre, re-
çoivre. — D. décevable.
DÉCHAÎNER, it. scatenare, ôtcr la chaine
(v. c. m.). — D. déchaînement, signifiant à la
fois l'action et l'état qui en résulte.
DÉCHANT, deschant*, it. discanto, angl.
descant, BL. discantus, litt. variation de
chant, discordance. — D. déchanter.
DÉCHARGER == lat. dis-caricare (Venant.
Fort.); it. scaricare, esp. descargar, angl. rfw-
charge. — D. décharge.
DÉCHARNER, it. scarnare, esp. , prov. des-
camar, ôtcr la chair, charn *; voy. chair.
DÉCHAUSSER, enlever la cAau^^^, esp. d€S'
calsar\ cp. lat. discalceare. — D. déchauœ
(carmes), vfr. descaus, forme a^j., tirée du
BL. discalceus = discalceatus.
DÉCHE, misère, terme populaire, dans
« tomber dans la déche » . Comme l'équivalent
débine, ne tiendrait-il pas à L. debere, par
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DEC
142 —
DEC
quelque type barbare debicare, mettre en
dette? ou par un subst. lat. debiaf
BÉGHIIANGE, dér. de déchéant, part. prés,
de déchoir; étymologiquement identique avec
décadence.
DÉCHET, dérivé bizarre de déchoir; Tall.
dit de même ab-fall, litt.= déchet. Le mot
répond exactement au BL. decatum, decessio,
imminutio, mais je suis porté à croire que
decatum a été formé d'après le mot français ;
or, ce dernier me semble issu du L. decasus,
subst. de decadere, qui en BL. signifie la
même chose que decatum; de là d'abord nom.
dechez, puis, par méprise, déchet, Littré et,
après lui, Brachet prennent déchet pour la
prononciation normande de déchoit, et ce
dernier pour un part, passé de déchoir. Un
part, decheoit p. decheii se rencontre en effet,
et déchet pourrait au besoin s'y rapporter
comme benêt à benoît.
DÉCHIFFRER, ôter à qqch. son caractère
àechiffréf c.-A-d, difficile, illisible, embrouillé.
L'ail, dit de même entziffeivi; it. descifrar,
esp. diciferare; voy. chiffre.
DÉCHIQUETER, tailler menu, de chiquet
(v. c. m.). — D. déchiqueture.
DÉCHIRER, composé du vfr. eschtrer,
prov. csquirar. Ce dernier se laisse très bien
rapporter au vha. sket^an, scalpere, radere,
eradere (ags. sceran, ail. scheren, tondre,
couper).
DÉCHOIR, d^heoir\ prov. descazer, d'un
type de-cadei'e. strictement -coder e (= latin
classique décider e)\ du même type : angl.
deco-y = déchoir ; voy. choir, — D. déchéance
(v. c. m.).
DÉCI-, mot de convention tiré du L. deci-
mus, et employé pour former des noms de
mesure, exprimant la dixième partie de
l'unité : ex. déciare, décilitre. Cp. déca-,
DÉCIDER, L. decidere (prim. cœdere), pr.
trancher, fig. décider. Du supin decisum :
décision, L. decisio; indécis, iïidécision; déci-
sif.
DÉCILLER, forme orthographique qui a
précédé dessiller; dérivé, de ci7(v. c. m.).
DÉCIME, dixième partie, du L. décima
(sous-entendu pars), dont la vraie forme
française est disme* dime. De decimus déri-
vent encore : décimer, frapper, punir le
dixième; décimal; décimateur, qui lève la
dime
DÉCISIF, DÉCISION, voy. décider.
DÉCLAMER, L. declamare (clamare).
DÉCLARER, vfr. declaiiHer, it. dichiarare,
du L. declarare (clarus); cp. ail. erhlàren
(klar).
DÉCLIN, subst. verbal de décliner.
DÉCLINER, 1 . dévier, pencher vers la fin;
2. terme de grammaire, fléchir la forme d'un
mot ; 3. éviter, se soustraire (à cette dernière
acception se rapporte le terme de procédure
déclinatoire). Du L. declinare, qui a les
mêmes significations. — D. déclin, déclinai-
son, h. declinatio ; déclinable,
DÉOLIVE, L. declixds (de clivus, pente). —
D. déclivité, L. declivitas.
DÉCOCHER, it. scoccare, litt. faire partir
la flèche de la coche (v. c. m.).
DÉCOCTION, L. decoctio (coquere).
1 . DÉCOLLER, L. decollare, couper le cou
(collum), — D. décollation.
2. DÉCOLLER, détacher une chose collée,
de colle.
DECOLLETER, de collet, voy. col,
DÉCOLORER, L. de-colorare.
DÉCOMBRER, débarrasser; subst. verbal,
pi. décombres ; voy. combl-e.
DÉOONFIRE, défaire, détruire, d'un type
disconficere, propr. désasscmbler les parties
d'un tout. Voy. confire. — D. déconfiture.
DÉCONVENUE, formé de la particule adver-
sative dé =^ h. dis^ et du subst. inus. con-
venue, arrangement. Déconvenue signifie
donc pr. le dérangement d'un plan, de là :
contre-temps, mauvaise aventure, déception.
DÉCOR, subst. verbal de décorer.
DÉCORER, L. decorare (de decus, -oris, or-
nement). — D. décoi; décoration, -ateur,
-atif,
DÉCORUM, mot lat. sign. bienséance;
propr. le neutre de l'adjectif decorus, conve-
nable, décent. Ce terme étranger s est popu-
larisé, comme si la langue était impuissante
à le remplacer par un mot français. Garder
le décorum est devenu une locution tout à fait
bourgeoise.
DÉCOUCHER, autr. le contraire de coucher,
donc se lever ; auj. = no pas coucher chez soi;
cp. L. decubare, coucher loin ou dehors.
DÉCOUDRE, voy. coudre. — D. décousure;
ce dérivé est tiré du partie, décousu, tandis
que couture a pour primitif le latin consu'
tura.
DÉCOULER; cp. le L. de-flucre.
DÉCOUPER, couper par morceaux ; le pré-
fixe dé rend ici la valeur primitive du L. dis;
cp. l'ail, zer-schneiden. — D. découpure.
DÉCOURS, L. decursus, cours descendant.
DÉCOUVRIR, pr. ôter ce qui couvre, angl.
discover; cp. ail. ent-dcchen, L. de -légère. —
D. subst. participial découvert et découverte,
DÉCRASSER, voy. crasse.
DÉCRÉDITER, voy. crédit. Variété de dis-
créditer.
DÉCRÉPIT, mot savant forgé par imitation
de lat. decrepitus {i bref); le génie naturel
de la langue avait transformé decrepare en
decrever, au participe decrevé. Jean de Ôondô,
I, 363 : Halés, magres et decrevés. — Le mot
latin signifie propr. qui a cessé de faire du
bruit (rac. crepare), puis fig. sans force, usé.
— D. décrépitude.
DÉCRET, L. decretum (decernere). — D. dé-
créter; décrétale, L. decretalis, s. -e. epistola.
DÉCRIER, crier ou proclamer en sens défa-
vorable, rabaisser en criant. — D. décri.
DÉCRIRE, du L. describere, primitif de :
descriptio, fr. description, descriptivus, fr.
descriptif.
DÉCROCHER, détacher une chàke accro-
chée ; voy. croc.
DÉCROIRE, ne pas croire, cp. L. discredere
(Jules Valère).
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DÊF
443 —
DÉF
DÉGROITRS, L. decregcere, — D. décroU
(cp. croU)y décroissement, -ance; décrue.
DÉCROTTER, voy. crotte. — D. décrotteur,
décrottoir.
BÉORUS, voy. décroître.
DÉCRUER, lessiver le fil cru; d'un type
discrudare^ du L. crudus, qui avait aussi
l'acception do « non préparé *» [coinumcrudum,
cuir non tanné). — La forme décruser pour
L. discrudare est conforme aux habitudes des
idiomes du midi de la France ; cp. L. cru-
deliSy prov. crusel.
DÉCUPLE, L. decuplus. — D. décupler.
DÉDAIGNER, it. disdegnare, voy. daigyier.
— D. dédain (v. c. m.), dédaigneux.
DÉDAIN, vfr. desdaing, subst. verbal de
dédaigner t it. disdegno.
DÉDALE, labyrinthe, de Dœdalus, nom
mythologique de l'architecte du labyrinthe de
Crète (de è/ioaio;, savant, habile).
DEDANS, voy. dans.
DÉDICACE, L. dedicatio (dedicare, dédier).
Dédicace, préface et vfr. estrace = extraction,
(peut-être encore populace) sont les seuls mots
dans lesquels la désinence latine atio se soit
convertie en ace au lieu de ation ou aison,
qui, comme on sait, vient strictement de l'ac-
cusatif a/ eo« cm, l'accent tonique sur o. Il est
curieux de voir dédicace^ appliqué à la dédi-
cace d'une église, se corrompre en dicace, du-
cace et ducasse, mots wallons exprimant la
fêto patronale de l'église et ôorrespondant
ainsi .à l'ail, kirch-weih, néerl. kerpiesse (p.
kerkyness, messe de l'église). Roquefort s'est
fourvoyé en rattachant ducasse à^ duc (fôte
donnée par les ducs).
DÉDIER, L. dedicare, d'où dédicace (v. c.
m.), et dédicatoire.
DÉDIRE, BL. dedicere = contredire, nier,
désavouer. — D. dédit,
DÉDOMMAGER, indemniser d'un dommage
souffert.
DÉDOUBLER, défaire le double, enlever la
doublure.
DÉDUCTION, L. deductionem, m. s. (dedu-
cere).
DEDUIRE, du L. deducere, tirer loin, éloi-
gner. — Le subst. déduit, amusement, BL.
deductus, est tiré du L. deducere, dans le sens
de divertir que lui donnait le moyen âge ; cp.
divertir, distraire, formés d'une manière tout
analogue et signifiant litt. tourner en sens
divers, c.-à-d. détourner des choses graves ou
tristes.
DÉDUIT, voy. déduire.
DÉESSE, vfr. deuesse, it. ckessa (aussi
dea), prov. deuessa, diuessa (aussi dea). Pour
donner au L. dea une terminaison plus sonore
qu'un simple a ou e muet, on a eu recours au
suflSxe essa, esse. L'espagnol a fait de dios,
dieu, le fém. diosa.
DÉFAILLIR, propr. manquer, faire défaut,
s'affaiblir ; la composition avec de est peut-être
faite sous l'influence du L. deficere, m. s. —
D. défaillance, défaillant.
DÉFAIRE, it. disfare, esp. deshacer, prov.
desfar, BL. disfacere p. deficere, d'abord opp.
de faire, puis désassembler, mettre en déroute
(cp. déconfire, mot de formation et de signi-
fication analogues). Pour la locution se défaire
de ipk laquelle se rattache défaite ^= débit,
placement d'une marchandise), cp. l'ail, sich
losynachen. — D. défaite, 1. état de celui
qui a été défait, 2. excuse employée dans la
défaite.
DÉFAITE, voy. défaire.
DÉFALQUER, it. diffalcare, esp. defalcar,
prov. defalquar, est généralement rapporté à
faix, faux, donc enlever avec la faux, pour
ainsi dire défaucher. Diez cependant préfère
le vha. falgan, falcan, priver, retrancher. —
D. défalcation.
DÉFAUT, anciennement fém. défaute; ce
dernier (cp. it. diffalta, prov. defauta) se
rapporte à défaillir, comme faite*, faute (v. c.
m.) à faillir. Comme le verbe défaillir, dans
sa structure, paraît avoir subi l'influence du
L. deficere, faire défaut, nous attribuons de
même l'introduction du masc. défaut à l'in-
fluence du subst. defectus = défaut, it. di-
fetto.
DÉFAVEUR, it. disfavore, voy. /ôceur; cp.
disgrâce. — D. défavorable.
DÉFÉCATION, voy. déféquer.
DÉFECTIF, L. defectivus, de deficere, man-
quer. De ce verbe procèdent encore L. defec-
tio, abandon d'un parti, fr. défection ; L. de-
fectus, manque (mot conservé dans défet,
terme de librairie, = feuilles superflues, dé-
pareillées d'un ouvrage, pr. ouvrage à défaut),
d'où l'adj. fr. défectueux.
DÉFECTION, voy. défectïf,
DÉFECTUEUX, voy. défectif — D. défec-
tuosité.
DÉFENDRE, L. defendere, litt. détourner,
repousser, écarter les dangers de qqn., puis
protéger. La signification « interdire, prohi-
ber », qui se tire naturellement du sens fon-
cier « repousser, ne pas admettre », n'était
pas encore propre au mot latin. Au supin
latin defensum remontent les dérivés : dé-
fe7ise, L . defensa (TertuUien) ; défens (bois end.),
L. defensum; défenseur, L. defensor; dé f en-
si f, -ive (opp. de offensif, -im). Sont dérivés
du mot français : défendable, défendeur,
•eresse, qui se défend en justice.
DÉFENSE, voy. défendre. — D. défen-
sable ', en état de se défendre.
DÉFÉJiUBR, L. defœcare, ôter la lie. les
ftces(L. fsex). — D. défécation, L. defsecatio.
DÉFÉRER, L. déferre, litt. porter vers,
puis présenter, offrir, accorder, d'où la signi-
fication moderne : céder, condescendre. — D.
déférence, condescendance.
DÉFERRER, 1. ôter le fer,\a, ferrure; 2. ti-
rer le fer, l'épée, dôg;ainer.
DÉFET, voy. défeàif
DÉFI, voy. défiîer,
DÉFICIT, mot latin, signifiant « il man-
que » (de deficere, manquer).
DÉFIER (SB), du L. difjfidere, ne pas se
fier. — D. défiant, a^)., L. diffidens; dé-
fiance, L. dif&dentia. Le verbe défier, au sens
actif de provoquer, braver, d'où le substantif
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DÉG
— 144 —
DEG
DÉFI, vient du BL. diffidare (prim. fidus),
dont le sens est : a fide quam quis alicui débet
aut pollicitus est, per litteras aut epistolam
deficere; donc retirer sa foi, se mettre en état
de guerre ouverte. It. sfidare, prov. desfijsar,
DÉFIGURER, gâter la figure, déformer;
verbe de création romane; it. dis-figurare,
esp. desfigurar.
DÉFILER, 1. V. a., ôter le fil, voy. fil;
2. V. n., aller Tun après l'autre, à la file. De la
seconde acception dérive défilé^ 1 . action de
défiler, 2. passage étroit, où il faut marcher
un à un.
DÉFINIR, L. definire, m. s. (litt. fixer les
limites, fines). — D. définissable, indéfinis-
sable, défini, indéfini. Au supin latin défini-
tum ressortissent : définitif, -itivus, défini-
tion, -itio.
DÉFLAGRATION, L. deflagraJtio, combus-
tion.
DÉFLBURIR, L. deflorere, cesser de fleu-
rir; déflorer, L. deflorare, ôter la fleur, flé-
trir.
DÉFLORER, voy. défleurir.
DÉFONCER, ôter le fond (vfr. fons), aussi
fouler au fond, voy. fond,
DÉFORMER. L. defoi-mare.
DÉFOURNER, tirer du four (v. c. m.).
DÉFRATER, dispenser du payement des
frais, payer pour un autre, entretenir. Voy.
frais. — D. dé frai*, défraiement* .
DÉFRICHER, faire sortir de l'état de friche
(v. c. m.).
DÉFROQUER, priver du froc (v. c. m.), fig.
faire sortir de l'état monastique. — D, dé-^
froque, efiets, bardes, laissés par un religieux
décédé; par extension, biens mobiliers laissés
par un particulier décédé. Cp. le terme dé-
pouille.
DÉFUBLER, vfr. desfuler, dégrafer, désha-
biller. Voy. affubler.
DÉFUNT, L. defunctus (de defungi terra
ou vita, ou simplement defungi, mourir);
dans certains patois on trouve défunker, dé-
functer p. mourir.
DÉGAGER, opp. Rengager; par extension,
désobstruer, débarrasser. — D. dégagement.
DÉGAINER, it. sgnainare, esp. desenvai-
nar\ faire sortir de la gaine (v. c. m.)» — D.
dégaina, propr. manière, attitude de celui qui
se met en garde, puis par extension : tour-
nure (ridicule), manière, maintien; dégaineur,
batailleur.
DÉGÂT, subst. d'un verbe dégdter (vfr de-
ou desgaster) tombé en désuétude. La compo-
sition dégâter est analogue à celle du L. de-
vastare. Voy. gâter.
DÉGELER, contraire de geler. — D. dégel.
DÉGÉNÉRER, L. degenerare, litt. sortir de
son genre, perdre ses qualités génériques.
D'un primitif non classique degenerescere, on
a fait l'acy. d^généxscent\ et le subst. dégéné-
rescence.
DÉGINGANDÉ, anc. déhingandé, dial. nor-
mand déguengandé, délabré, mal tourné.
Roquefort pose pour étymologie L. dehinc-
hanCf deçà et delà. Nous la renseignons pour
mémoire. Le sens propre paraît être « dislo-
qué, désarticulé » et la forme primitive, dé-
gigandé (usitée à Genève, Berry déguigue-
nandé\\ ce qui donne raison à Littré, qui
explique le mot par le primitif gigue : « qui
n'est pas bien sur ses jambes » . On trouve le
verbe déhingandey* dans Rabelais : « brûlez,
noyez, crucifiez, bouillez, escarbouillez, escar-
telez, dehingandeSf carbonnadez ces méchants
hérétiques, etc. » Que voulait dire l'auteur
par déhingander, sinon démembrer? — Bugge
(Rom. III, 146) rapproche l'it. sgangherato,
pr. sorti des gonds, fig. dégingandé. L% pri-
mitif gingand (norm. genguatui) serait une
transformation de it. ganghero, prov. gan-
guil, gond: d final serait paragogique; tn,
en, pour ain an; le 2** n fait l'effet d'une assi-
milation au 1**' (cp. milan, canchen = it.
ganghero).
DÉGLUTITION, L. d4>glutitio (de deglutire,
avaler).
DÉGOBILLER, dér. de gober, avaler.
DÉGOISER, Berry dégoisiller, parler avec
volubilité, gazouiller, jaser; anc. chanter à
pleine gorge, s'ébattre; se rapporte proba-
blement au primitif de gosier; cp. égosiller.
— Subst. verb. degois*, ébat.
DÉGOMMER, terme populaire, tiré de
gomme; propr. décoller, fig. déplacer d'une
position où l'on se croyait sûrement établi.
DBGOR, voy. l'art, suiv.
DÉGORGER, 1. rendre ^or^e; 2. contraire
à^ engorger. — Substantif verbal dégor, tuyau
de décharge.
DÉGOTER, faire tomber au tir un objet
placé comme but; fig. déposséder qqn. d'une
position acquise. Anciennement degotter, dé-
goutter; le sens premier serait-il « faire cou •
1er bas » ou " couler dessus *• ?
DÉGOURDIR, contraire de engourdir, de
l'adj. gourd {v. c. m.).
DÉGOÛT, prov. degot, subst. de dégoutter.
DÉGOÛT, it., esip.,disgusto, angl. disgust,
absence do goût (v. cm.). — D. dégoûter,
ôter le goût, l'appétit, inspirer de la répu-
gnance; a<^. part, dégoûtant.
DÉGOUTTER, couler en h&s goutte à goutte
V. c. m.), cp. le terme L. de-stillare. —
. dégoût.
DÉGRADER, L. degradare (Cod. Just.),
faire descendre de son grade; par extension,
diminuer graduellement, puis détériorer, en-
dommager.
DÉGRAFER, opp. de agrafer (v. c. m.).
DÉGRAISSER, contraire de engraisser,
voy. gras. — Subst. verbal, dégras, graisse
exprimée des peaux.
DÉGRAVOYER, litt. enlever le graoois (v.
c. m.)
DEGRÉ, prov. degrat, port, degrao, com-
posé du L. gradus. Le préfixe de, dont l'in-
tention était de marquer l'abaissement,
comme dans le verbe dégrader (intention sur-
tout sensible dans dégradation des tons), cp.
ail. abstttfen, a eu pour effet secondaire de
g:
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DËJ
— 145
DÉL
différencier gré = gradus de g^'é = gra-
titm.
DiGRÉER, ôter les agrès (v. c. m.); opp.
de gréei' et de agréer.
DÉGREVER, opp. dégrever {y. c. m.). No-
tez que le latin degraxare signifiait juste l'op-
posé du fr. dégrever t c.-à-d. courber sous le
poids, surcharger. Le préfixe de, dons le mot
latin, marque, conformément à sa nature,
mouvement descendant, tandis que le préfixe
français est la particule adversativo. — D. dé-
grî^nnent.
DiGRINGOLER, rouler du haut en bas. Le
P. Menestricr établit un primitif çrivgoJe,
qui, selon lui, est à la fois un .««ynonyme et
une corruption de gargouille. Dégringoler,
serait ainsi tomber d'en haut comme l'eau qui
tombe des gargouilles. Le picard a dérin-
goler, ce qui fait penser à un primitif iHtigole
= rigole. Pour la prothèse de g^ cp. gre-
nouille. Voj. aussi le mot gringolé.
DÉGUSNILli!, de guenille (v. c. m.); litt.
tombé en guenille. La composition n'est pas
heureuse, puisqu'elle exprimerait tout aussi
bien l'opposé, c.-à-d. « privé de guenilles » .
DÉGUERPIR, litt. jeter loin, abandonner ;
de l'ancien verbe guerpir werpir, BL. guer-
pire^ abandonner, quitter. Ce primitif vient
du gotli. vairpan, ancien saxon werpan (ail.
mod. werfet^, jeter. L'expression guerpir
avec le sens d'abandonner est fondée sur un
ancien usage germanique, selon lequel on
jetait un fétu dans le sein do qqn. pour sym-
boliser un acte de cession, do renoncement à
une propriété. — La signifioation neutre s'en
aller est déduite de celle de renoncer.
DÉGUISER, prov. desguisar, quitter sa
guise habituelle jwur en revêtir une autre,
travestir. — D. déguisemnU.
DÉGUSTER, L. drgustare (gustus).
DEHISCENT et déhiscence, du L. dehiscere,
s'entr'ouvrir.
DÉBOUTÉ, privé de hotite (v. c. m.). On dit
de même éhonté. Corneille s'est sei-vi du verbe
déhonter dans le sens de couvrir do honte.
DEHORS, vfr. defars, voy. fors.
DÉIFIER, L. deificarc, mot de la latinité
de l'Église, fait comme tant de mots modernes
se terminant de même, et formés d'après le
précédent des vocables latins œdificare, am-
pli ficarc (-ficare est un dérivé de ficus, adj.
de facio, faire). — D. déification.
DÉISME, DÉISTE, termes savants tirés du
L. Deus, comme on a fait théisme, théiste, du
grec Siôi.
DÉITÉ, L. dcitas (deus), mot créé par les
Pères pour dimnitas,
DÉJÀ, anc. desjà, composé de la particule
dès (v. c. m.), et do l'adverbe ja, qui est le
latinjam, et qui s'est conservé encore dans
jadis et jamais. Défà signifie donc au fond
« dès l'heure présente *• .
DÉJECTION, L. d(jcctio (dejiccre).
DÉJETER, anc. = rejeter, L. dejectare*,
fréq. de dejicere. L'acception actuelle de se
d^eter, s'enfler, se courber, se contourner,
rappelle l'expression allemande *ic/t tcerfen,
angl. toarp.
DÉJEUNER, BL. disjejunare, litt. cesser
déjeuner; cp. l'angl. break fast, litt. rompre
le jeûne, et en ail. subst., frithstUch, dé-
jeuner (d'où le verbe fi^ihstftckcn), litt. =
morceau matinal). En esp. on dit disayunar,
litt. 5= dis-adjejunare. En italien, le composé
digiunar, ainsi que le prov. dejitnar, signifie
jeûner (le préfixe, dans ces verbes, n'est pas
négatif). — D. df\jeuner, subst. Dans l'anc.
langue, de^jeuner avait un sens i)lus large :
act. nourrir, régaler, réfl. se nourrir, se ré-
galer.
DÉJOINDRE, du L. dtjungcre ou disjun-
gei^e, comme on veut. En tout cas, le mot fait
double emploi avec disjoindre.
DÉJOUER, jouer (c.-à-d. travailler, ma-
nœuvrer) en sens contraire, faire manquer ou
échouer un pix)jet ; cp. le L. de-lvdere, jouer,
tromper une personne, jouer contre elle.
DÉJUC, voy. l'art suiv.
DÉ JUCHER, sortir du juchoir, y oj. jucher;
subst. verbal déjuc, temps du lever des oi-
seaux.
DÉJUGER (SE), désavouer un jugement
qu'on avait porté, cp. le terme se dédire,
DELA, corrélatif de f/é»fà, p. de là, it. di
là, esp. de alla; combinaisons : au delà, par
delà.
DÉLABRER, voy. lambeau, vfr. labeV
labeau, cfr. l'ail, ser-fet^en — D. délabre-
ment,
DÉLAI, voy, délaye^' 1 .
DÉLAISSER, abandonner ; le préfixe parait
appliqué par imitation du L. de-sei'crc, de-
relinquere. — D. délaissement ; anc. délais.
DÉLARDER, terme d'architecture; étymo-
logie inconnue. Si parmi les divei*ses ojiéra-
tions techniques désignées par ce verbe on
peut l'éellement placer en premier lieu,
conmie le fait Roquefort, celle de piquer la
pierre avec le marteau, alors il est jMîrnns de
voir dans le mot un dérivé de lard, aussi bien
que dans le verbe simple larder, dans son ac-
ception métaphorique, jxîrc^r de coups. Ou le
sens foncier est-il rendre mince comme une
pièce de lard ?
DÉLASSER = dés-lasser, le contrai rc de
lasser. Le lat. de-lassare dit l'opposé du mot
français; le préfixe y a une autre valeur.
DÉLATEUR. L. delator (dcferi-e); terme lo-
giquement égal uu terme fr. rapjiorteur ou ull.
hintei^bri7igcr.
DÉLATION, L. delatio.
DÉLAVÉ = eflacé; en parlant des couleurs *.
faible, blafard; du L. delavare, cp. ail. ab-
waschen. Le vfr. deslaré, sale, est le contraire
de lacé, comme l'indiriuc le préfixe des = dis.
1. DÉLAYER' et DILATER, retarder, dif-
férer, du BL. dilatare, m. s., fi-éfi» de differre
(cp. le L. pro-laiare, remettre, difl*érer, do
profcrrc)\ subst. verbal délai. — Fôrster
repousse le type dilatare, qui, dit-il, ne peut
produire que dc-laer, de-lérr, formes introu-
vables. Il y voit un compo.sé de l'anc. verbe
10
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DËL
— 146 —
DÉM
laier, laisser, tarder. J'accepte son étymolo-
gie, mais en observant qu'en ouvrant le dict.
de Godefroy, il verra maintenant que deléer=»
dilayer n'est nullement introuvable.
2. DÉLATER, vfr. alayer, détremper dans
un liquide, prov. des-leffuar, it. dilcf/uare;
d'un type latin dis-liquarc (du L. liqiiarc,
rendre liquide). Pour le préfixe, il est ana-
logue à celui de détrem^ier. — D. délayant ^
délayemeut. Dans l'expression « délayer son
discours, ses idées », on peut se demander
auquel des deux homonymes il faut le ratta-
cher. On peut invoquer d'un cùté la phrase
latine : dUatare orationem, argumentum, al-
longer un discours, développer un sujet;
d'un autre, une métaphore tirée de délayer =
détremper serait tout à fait naturelle; cp. en
allemand toàsserigc schreibart, litt. style
aqueux, p. trop fluide, lâche ; et en fr. même
le terme diffus, litt. répandu (L. diffusus, de
diffundei'e), — Fôrster n'admet ni dilatare,
étendre (voy. l'art, préc), ni dis-liquare, qui
ne répondrait qu'à déleguei\ ou, dans l'hypo-
thèse d'une forme lat. secondaire dislicare, à
desleier, disliey\ disloîicr. L'examen plioné-
tique de la question le pousse vers un type
dis-lacare, de iacus (lac), d'où aussi it. alia-
gare (vfr. alayer) et dilagare, submerger,
noyer (Ztschr., VI, 108). G. Paris (Rom., XI.
444) sauve l'étym. disliquarc, devenu disli-
care, en invoquant l'anc. forme desleyer. Il
n'y a donc pas lieu de séparer fr. délayer du
prov. deslcgar, it. dileguare.
DBLÉBILB*, L. delebilis (do deUre, effacer).
— D. indélébile:
DÉLECTER, vfr. déliter (cp. lit de lectus,
confit de confectiis), angl. delight; du L. de-
lectare (fréq. do delicere). — D. délectation ^
délectable^ (vfr. délitaljlc); l'anc. langue avait
en outre le subst. verbal délit = plaisir, agré-
ment.
DÉLÉGUER, L. delegare, m. s.
DÉLÉTÈRE, gr. Snl^nipioi, nuisible (5,jiéw).
DÉLIBÉRÉ, voy. l'art, suiv. •
DÉLIBÉRER, L. delibei'are, pr. peser, pon-
dérer, examiner (dér de libra^ balance). —
Le sens do l'adj . délibéi^é, résolu, .«^e rappoi'te,
comme l'anc. a<y . délivre, au verbe deliberare
= rendre libre, dégager.
DÉLICAT, L. delicatus (de d^liciœ), 1 . char-
mant, délicieux, 2. voluptueux, efféminé,
douillet, 3. fin, doux, tendre. L'anc. fonds
avait une forme plus française : delget, delgé
(prov. delguat, delgat, csp. delgado), puis
deitgé, dougé. La langue actuelle a con-
servé une autre forme tout aussi régulière-
ment tirée du primitif latin, sans syncope de
Tt radical; c'est l'adjectif rftVîV, menu, mince,
fin (cp. plié, de plicaiiis), qui n'a, étymolo-
giquement, rien (fè commun avec le verbe
délier. — D. délicatesse, délicaJter; indélicat,
« qui manque de délicatesse. »
DÉLICES, L. deliciœ. — D. délicieux, L.
deliciosus.
DÉLIÉ, menu, mince, fin, voy. délicat.
DÉLIER =" diS'ligare; le latin deligare est
un intensif de ligare.
DÉLIMITER, du L. delimitare (limes, -itis),
cp. ail. ab-grûnsen.
DÉLINÉÂTION, du L. delineare (linea), tra-
cer les contours, esquisser.
DÉLINQUANT, partie, prés. dodélinquer=^
L. dclinquere, manquer, faire faute. Du verbe
latin vient encore le subst. delictum, primitif
du fr. délit.
DÉLIRE, L. deliriurn; verbe délirer, L.
delirare (sens litt. : sortir du sillon, do la
ligne droite).
1. DÉLIT, infraction à la loi, voy. délin-
quant.
2. DÉLIT, t. do maçon, pr. c6té (d'une
pierre) hors de son lit, de sa position natu-
relle dans la carrière. — D. déliter.
DÉLITESCENCE, du L. delitescerc (latere),
se cacher.
1. DÉLIVRE, subst., nom des enveloppes du
fœtus, qui, en .sortant, délivrent la femme.
2. DÉLIVRE, anc. adj. (voy. délibérer),
conservé dans le t. de fauconnerie : un oiseau
à délivre. Pour la forme, cp. comble.
DÉLIVRER, 1. mettre en liberté, 2 =
livrer, expédier ; du BL. deliberare, composé
de liberare. Le préfixe de est, dans les deux
acceptions, parfaitement à sa place, puisque
le verbe implique Tidée de séparation. — D.
délivrance ; swhsi. délivre (v. c. m.).
DÉLOGER, contraire do loger^ c.-à-d. quit-
ter ou fîiire quitter un logement.
DÉLOYAL, it. disleale, négation de loyal.
— D. desloialté* déloyauté.
DELTA, quatrième lettre do l'alphabot
grec, ayant la forme d'un triangle.
DÉLUGE, du L. diluviwn (diluere), d'où
aussi les termes scientifiques diluvial, dilu-
vien, diluvion.
DÉLURÉ, dégourdi, déniaisé, anc. déleurré,
donc pr. qui ne se laisse plus piper ou leur-
rer.
DÉLUTER, ôtcr le lut(L. lutum).
DÉMAGOGUE, gr. a/j/Aa/cayo^, qui entrai ne
le peuple [^^ft-oi, ié/siv). — D. démagogie,
'ique, is^mo, -iser.
DEMAIN, it. dimani, domane, prov. de-
man, du L. mane, matin, pourvu du préfixe
de. — D. lendemain, it. rindom^ni, composi-
tion de le -\- *endemain; l'ignorance étymolo-
gique a fait que l'article s'est uni au corps du
mot ; la môme chose est arrivée dans le subst.
lierre (v. c. m.) ; le lendemain est une aber-
ration de langage p. V en demain.
DEMANDER, it. domandare, prov., esp.,
port, demandar, L. demandare. Le mot clas-
sique ne signifie que confier, recommander ;
la latinité du moyen âge donna à ce composé
de mandare le sens de mander, faire savoir,
pour faire connaître ce que l'on veut (cp. com-
mander); enfin, de l'idée de prier que l'on
fasse telle ou telle chose, s'est déduite une
nouvelle et importante acception, savoir :
prier que l'on dise, interroger. — D. demande,
demandeur, fém. -euse et -eresse.
DÉMANGER, comp. de manger. « Ce mot
a été dit par rapport aux parties do notre
corps qui sont rongées des vers de notre
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DÉM
— i47 —
DÉN
vivant, lesquels, par leur mouvement, exci-
tent en nous une démangeaison, n Nous
n'ajouterons rien à cette explication, un peu
crue, fort plausible du reste, de Ménage (cp,
en latin vei'tninaiw de vcrmis, et en ail.
tourmen, de wurm, ver); nous dirons seule-
ment que l'expression demander est logiciue-
ment égale aux termes ail. bcissoi, mordre, it.
pissicare, pincer, esp. picar, piquer (nous
disons aussi picutciucnt p. dcfnanycaison), esp.
comezoH = L. comestio, qui tous ont la
même valeur que le mot français. — D. dcman-
f/eatson.
DÉMANTELER, dépouiller du manter man-
teau, ce primitif étant pris dans le sens dérivé
de remf)art.
DÉMANTIBULER, micdémandibuler (pour
d changé eti <, cp. appentis et apprenti)^ pr.
démettre la mâchoire (L. mandibuîa), puis
dislo/iuer, démonter en général.
DÉMARCATION, tii^ du BL. wiarca, limite,
d'après l'anah^gie de dclirnifation,
DEMARCHE, subst. verbal d'un ancien verbe
dvniarchc)\ se mettre en mouvement ; 1 . façon
de marcher, allure ; 2. façon de se conduire,
de s y prendre pour arriver à un résultat.
DEMARQUER, ôterla marqiw.
DEMARRER, contraire de amarrer [\. c. m.),
défaire un amarrage.
DÉMASQUER, ôter le masque, fig. mettre
à nu, d^écouvrir (une batterie).
DÉMÊLER, contraire de tnèler; fig. dé-
brouiller, débattre une affaire, reconnaître
qqch. au milieu de beaucoup d'autres, discer-
ner. — D. déniéléf querelle, pr. action de
débrouiller une affaire ; déinêtenient , -oir,
DÉMEMBRER, it. smembrare, = dépecer,
mettre en pièces, dér. de membre, — D. dé-
membrement.
DÉMÉNAGER, opp. de emménof/er, voy.
mcnaf/e.
DÉMENCE, L. dnneniia [de-mens, sans
raison). L'ancienne langue employait le verbe
:se drmentcr dans le sens do se lamenter.
DÉMENER (SE), it. dimcnarsi, esp. me-
nearse. Se mener = se conduire ; se démener
= b'éloigner de la convenance dans un3
affaire, user de violence, se débattre; cp.
déjiortement. Anciennement, démener n'avait
pastouj<>urs un mauvais sens, c'était l'équiva-
lent do diriger. Le subst. dém(>ncment (cp.
angl. dcmeanour) est tombé en désuétude.
DÉMENTIR, prov., esp. desmentir, it.
smentire, BL. dismentiri, convaincre de men-
songe, prouver comme faux; se démentir ,
s*accuser de mensonge, se contredire; en
parL de choses, ne pas répondre à ce que
l'on en attend, se montrer en défaut. Les an-
ciens disc'ûent «« desmentir le haubert », dans
le sens de le p<.'rcer; c'est propr. faire voir sa
faiblesse, son incapacité de remplir sa tâche,
le mettre en défaut; on employait do la même
manière le ver])e fausser. Au fond du mot, on
le voit, il y a l'idée d'annuler le mousongc, de
mettre la vérité à nu. — D. sul).>t. détnenti.
DÉMÉRITER, c'est faire le contraire do
mériter, ^- D. démérite.
DÉMESURE, hors de mesure, excessif.
DÉMETTRE, opp. do mettre, mettre hors
do sa place, dislo(pier, déposséder. Le terme
français ne correspond pas logiquement au L.
denifttere, pas plus que le substantif c^rnt^
sion (v. c. m.) au L. demissio. Le préfixe de
du vocable français est négatif, c.-à-d. le de
latin marquant éloigncment, partant privation;
dans "le mot latin il exprime l'abaissement.
Le vfr. a gt*'néralement démettre et non pas
desmettre; le type latin, est donc bien dc-mit^
tere et non pas dis-mittere ou di-mittere. La
dernière forme, cependant, peut être invo-
quée on faveur du verbe « démettre d'un em-
ploi » ; cp. langl. dis-miss.
DEMEURE, it. dimora, esp., prov. detnora,
subst. verbal de demeurer.
DEMEURER, 1. s'arrêter, rester, tarder;
2. séjourner, habiter. C'est le L. demorari
(morari), dans le sens neutre do ce verbe. —
D. demeure, 1. séjour, retard (signification
propre déjà au L. mora), 2, habitation; cp.
maison = mansio, de manere, rester, de-
meurer; demeurant, subst., = reste; loc.
adv. (tu detnearant ^= au reste.
DEBO, adj. L. dimidins»
DÉBOSSION, vfr. desmission, angl. dismis-
sîon, d'un type latin dis-missio (cp. l'ail, ent-
lassiuif/). — D. démissionner, -aire,
DÉMOCRATIE, gr. oi,,uoxoàrii«, gouverne-
ment du peuple ; de ce subst. abstrait on a
dégagé le subst. personnel démocrate = qui
est attaché à la démocratie. — D. démocra-
tique, 'isrne.
DEMOISELLE, anc. damoiseJle, voy. dame.
DÉMOLIR, L. démoli ri, contraire de mo-
liri, bâtir. — D. démolisseur; démolition, L.
démolit io.
DÉMON, L. dœmon (Sxifiuv), esprit, génie.
' — D. démoniaque, du gr. oai//5vi'/zo,-.
DÉMONÉTISER, terme mod. tiré directe-
ment du L. tnoneta, type du fr. monnaie.
DÉMONSTRATION, -ATEUR. -ATIP, L. de-
mcmstratio, -ator, ativus; mots savants, tan-
dis que démontrer, = L. demonstrare, ap-
partient au fonds commun de la langue.
DÉMONTER, pr. faire tomber ou descendre
ce qui était monté, dressé, défaire ce qui était
assemblé, arrangé. Voy. monter.
DÉMONTRER, anc. demonstrer, du L. de-
monstrare.
DÉMORDRE, cesser de mordre, lâcher prise ;
anc. employé en sens actif « démordre une
opinion ».
DÉMOUVOIR, L. demoeere, écarter.
DÉNAIRE, adj., L. denarius, qui contient
le nombre dix. Le même type a produit denier
= dis as; cp. primaire et premier,
DÉNATURER, faire chaîner de nature, cp. '
défigurer,
DENCHÉ, t. de blason, v. dent. D'un type
latin denticatus.
DÉNÉGATION, L. denegaiio,
DÉNI, subst. verbal de denier,
DÉNICHER, pr. faire sortir du nid, fig. dé-
busquer d'une retraite. Voy. nicher. Le con-
traire, « faire entrer au nid, faire couver », se
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DÉP
— 148
DÉP
rendait autrefois par anichcr (« un aniclieur
de poules », Noël du Fail). — D. dénicheur.
DENIBR, L. denaritis, voy. dénaire.
DÉNIliR, L. dencgare; voy. nier. — D.
subst. verbal déiii.
DÉNIGRSR, L. dmigrare, noircir ; le mot
français n'a plus que le sens figuré ; cp. ail.
anschwàrzen.
DÉNOMBRSR, L*. denumerare.
DÉNOMMER, L. denominare. — D. déno-
mination, -atettr, -atif, L. denominatio, -ator,
-ativus.
DÉNONCER, L. denimtiare. — D. dénon-
ciation, -ateur, L. denuntiatio, -ator.
DÉNOTER, L. denotai'e (àe nota, signe,
comme designare do signxim),
DÉNOUER, défaire le nœud, opp. de nmier,
DENRÉE, prov. dcnairada, esp. dinerada,
it. derrata, duBL. rfcwaro/a (aussi denariata),
pr. somme ou valeur d'un denier (denaynus),
puis valeur d'une chose en deniers, enfin toute
espèce de marchandise qui s'acquiert à beaux
deniers comptants; auj. principalement mar-
chandise destinée à la nourriture.
DENSE, L. densHS. — D. densité, L. den-
sitas.
DENT, L. dens, gén. dentis — D. den-
taire, L. dentarius ; dental, L. dentalis ; denté,
L. dentatus, opp. édenté; dentier, denture,
dentiste; dentelle (v. c. m.); dentition, L. den-
titio, du verbe dentire, faire ses dents. — Les
t. de blason denché, denchure accusent pour
source un type verbal denticarc.
DENTELLE, pr. petite dent, puis tissu i\
bords dentelés; aujourd'hui, cette définition
ne suffirait plus à ce que nous appelons une
dentelle. Le terme allemand spitscn = den-
telles ne dit également que pointes. Ane. den-
tille, qui répond à un type denticula. — D.
dentelé, -tire.
DENTIFRICE, L. dentifridum, litt. frotte-
dent^(mot employé par Pline).
DÉNUDER, L. denudare (nudus), mettre à
nu. — La forme dénuder est savante ; le fran-
çais du fonds commun a, d'après la règle gé-
nérale do la suppression de la consonne
médialc, la forme dniucr.
DÉNUER, voy. l'art, pi'éc. ; de mettre à nu
s'est déduite raccoption dépouiller de ce qui
est nécessaire. — D. dcnûment,
DÉPAREILLER, opp. de appareiller.
DÉPARER, faire lo contraire de parer
(orner), enlever ce qui parc.
DÉPARIER (le peuple dit plus naturelle-
ment dépairer), séparer ce qui fait la ^>af rc,
opp. de appa'iHei\
DÉPARLER, cesser do parler ; en \'fr. =
parler en mal, décrier.
DÉPART, voy. départir.
DÉPARTEMENT, voy. l'art, suivant. — D.
départemental.
DÉPARTIR, anc. despartir, it. spartire, esp.
despartir, L. dispartir e, 1. acception propre:
distribuer, partager, diviser ; de là procède
le dérivé départ, séparation, triage, et dépar-
tement^ pr. division; 2. signification déduite,
iûconnue au latin classique : se départir, se
séparer, se désister, s'éloigner, s'en aller ; de
là le subst. départ (anc. aussi, tiré du parti-
cipe, départie). Voy. aussi paHir, qui pré-
sente les mêmes variétés d'acception; cp. l'ail.
scheideïi, v. a. ■« diviser, v. n. = partir.
DÉPASSER, 1. aller au delà, devancer, ex-
céder en longueur ou en largeur (le préfixe
est le L. de), 2. (t. d'arts et met.) retirer ce
qui était passé (le préfixe est le négatif dis).
Dans le premier ordre d'acceptions, le préfixe
n'ajoute guère au sens du verbe simple que
l'idée d'un point servant de départ à la com-
paraison, ou bien simplement l'idée d'éloigné
ment, d'écart.
DÉPATSER, litt. mettre hors de son pays;
fig. dérouter, désorienter.
DÉPECER, ou dépiécer, it. spezzare, mettre
en pièces. Voy. pièce. L'ancienne langue disait
aussi simplement pecici', peçoycr.
DÉPÊCHE, voy. l'art, suiv.
DÉPÊCHER, it. dispacciare, spacciare, esp.,
port, despachar ; subst. it. dispaccio, spaccio,
esp, dcspacho, fr. dépêche. C'est le contraire
de anpêcher (v. c. m.). Quoique dépécher cor-
responde, quant aux significations et même
quant à la représentation métaphorique qui
les a produites, au L. expedire, il n'e.st pas
permis de rattacher le mot français, et encore
moins ses analogues it. et esp., à un primitif
latin dis-pedire ou dispedicare (ou, comme
veut Ménage, depediscare). Nous le montre-
rons à l'art, empêcher. Le sens fondamental
de dépêcher est débarrasser. Il faut, toutefois,
convenir que la forme vfr. despeecher, con-
currente de despesclier, accuse bien réelle-
ment un type dispedicare.
DÉPEINDRE, L. depingere.
DÉPENAILLÉ. Ou ce terme s'appliquait
d'abord aux oiseaux dans le sens de déplumé,
ou plutôt « qui a le plumage en désordre »
(BL. depennare, déplumer), et vient du mot
penne, L. penna = plume; ou bien c'est un
dérivé du vfr. dcpané, déchiré, en haillons
(BL. depanare,= dilacerare), qui a pour pri-
mitif le L. pannus, morceau, lambeau, pan.
Le mot penaille et l'analogie de déguenillé
parlent en faveur de la seconde étymologie.
DÉPENDRE, 1. sens actif, opp. àe pendre,
détacher une chose pendue ; 2. sens neutre, du
L. dependêre, être subordonné, assujetti ; de
là : dépendant, -ance; 3. vfr. despendre, auj.
d^emlre, du L. dispendcre, dépen.<îer. De ce
dernier verbe latin procède le part, dispensus,
d'où fr. dcspens* dépens, ce qu'on dépense,
frais ; puis BL. dispensarc, fréq. de dispen-
dcre, d'où fr. DÉPENSER. Le latin classique
avait également produit un fréq. dispensaire,
mais avec le sens de distribuer ; c'est notre fr.
DISPENSER (v.c.m.) = distribuer, qu'il faut dis-
tinguer à son tour, étymologiquement, de dis-
penser = exempter.
DÉPENS, voy. dépendre, dans sa troisième
acception.
1 . DÉPENSE, subst. verbal de dépenser,
voy. dépendre, troisième acception. — D. dé-
paxsicr, adj., qui aime la dépense.
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DÉP
— 149
DÉP
2. DÉPENSE, promtuarium, lieu où Ton
conserve et où Ton distribue les provisions de
bouche, office, cambuse d'un vaisseau, subst.
de vfr. desjMniser, notre dispenser actuel. —
D. dépensier, économe, maître d'hôtel.
DÉPENSER, voy. dépendre,
DÉPERDITION, L. dcpeixlitio* {deperdere),
DÉPÉRIR, L. dc'perire, — D. dépérisse-
meitt,
DÉPÊTRER, anc. depeytrer, débarrasser
les pieds d'une entrave, opposé de empêtrer.
Ces verbes, correspondants de Tit. impasto-
jare et spastcgare, ont jiour primitif le vfr.
posture (voy. paturon), BL. pastorium (it.
pcuf^^^a) s» compedes quibus equi, ne abcrrent
in pascuis, impediuntur, entraves des chevaux.
Empêtrer, dépêtrer sont des contractions de
emjkUurcr, dépàturer (cp. accoutrer, de cul-
ture, cintrer, de ceinture). Uétymologie de-
pet rare (petra) est tout à fait rejetable.
DÉPEUPLER, contraire do peupler.
DÉPILER, L. depilare (de pilus, poil).
DÉPISTER, découvrir la piste, — La struc-
ture de ce verbe parait faite par assimilation
 découvrir, dénicher,
DÉPIT, dcspit' prov. dcspieg, chagrin mêlé
de colore, déplaisir, humeur, du L. despectus,
dédain, mépris (subst. de despicere, litt. voir
du haut en bas). Pour la forme du mot fr., cp.
répit de respect us, confit de confectus. Le
.sens chissique prévaut encore dans la locution
en dépit de, au mépris de, malgré, anglais in
spiteof{cospite est une mutilation de despife),
— D. dépiteux'; dépiter = fâcher. Notez que
le dépiter actuel est tiré de dépit ; c'est mettre
en dépit. Par contre, le vfr. despiter, comme
le prov. despeytar, it. dispettare, est le L.
despecta^'e, mépriser, fréq. de despicere. Ce
dernier s'était aussi introduit dans l'ancienne
langue sous la forme despire (cp. confi-
cere, fr. confire), et se retrouve encore dans
l'angl. despise. L'anc. langue avait aussi un
acy. despit = lat. despectus au sens de mépri-
sable et de méprisant.
DÉPLACER, mettre hors de sa place ; le dé
est le préfixe de l'éloignement.
DÉPLAIRE, anc. infinitif desplaisir, opp.
déplaire; cfr. L. displicere. — D. déplaisir
subst., déplaisant, -ance,
DÉPLIER, anc. desplier, d'un verbe L. dis-
plicare (inusité; on trouve bien de-plicare,
mais le préfixe des du vfr. accuse un ty|)e
dis).
DÉPLORER, L. dephrare.
DÉPLOTER, forme secondaire de déplier,
DÉPLUMER, L. deplumare,
DÉPOPULATION, L. depopulatio,
DÉPORTER, L. deportare, exiler. Se dé-
porter a pris le sens littéral : se porter loin,
se tenir à l'écart, puis s'abstenir, se désister.
— Au moyen âge, deportare etdéporter avaient
l'acception excepter, exempter, épargner; elle
s'est tout à fait effacée. Comme divertir, pr.
tourner en sens divers, et distraire, sens ana-
logue, le mot déporter a revêtu aussi le sens
de s'amuser; enfin, nous lui trouvons encore
l'acception du L. se gevere dans le subst. dé-
portement, conduite (ordinairement pris en
mauvaise part), cp. fr. se comporter, angl.
portancc, ail. betra{/en, conduite. — D. dé-
port (dans l'acception délai, ce subst. accuse
l'existence d'un ancien verbe déporter, avec le
sens du L. differre, dont il est la traduction
exacte), déportement, -ation,
DÉPOSER, prov. depausar, composé de po-
ser, d'après l'analogie du L. depotwre,
DÉPOSITAIRE, L. depositarius (depositum).
DÉPOSITION, L. depositio.
DÉPOSSÉDER, mettre hors de possession ;
mot de création moderne et fabriqué comme
si posséder signifiait mettre en possession ;
mieux valait le vfr. despossesser (angl. dis-
possess) = ex possessu mitterc ; dépossession,
action de déposséder, état d'une personne dé-
DÉPOT, du L. depositum, depos'tum.
DÉPOTER, ôter du pot.
DÉPOUniiER, esp. despqjar, prov. despol-
har, it. spogliare, du L. despoliare. — D. dé-
pouillement, action de dépouiller ; dépouille,
ce qui reste après le dépouillement, puis ce
que laisse une4)ersoBne  sa mort. Ce com-
posé s'est substitué au simple latin spolium,
qui se retrouve dans vfr. esfpoillcs, angl.
spoils == dépouilles enlevées à l'ennemi, it.
spoglio, spofflia (dégénéré aussi en scofflia),
V. esp. espqjo. Du Cange consigne BL. dis-
polia dans une pièce de 834.
DÉPOURVOIR, opp. de pourvoir; loc. au
dépou7*vu =3 sans être pourvu ou préparé, à
l'improviste.
DÉPRAVER, L. depravare (de pravus, per-
verti).
DEPRÉGATION, L. deprecatio {precari,
prier). Cp. ail. abhitte,
DÉJPRÉOIER, L. depretiare (pretium), bais-
ser le prix, la valeur. Le bon mot français est
dépriser.
DÉPRÉDER, L. deprcedari {prœda, proie).
— D. déprédation, -ateur, L. depreedatio,
dcprœdator.
DÉPRENDRE, détacher, séparer; se dé-
prendre, au fig., est l'antonyme de s* éprendre.
Le part. vfr. despris signifiait dénué, pauvre,
misérable.
DÉPRESSION, L. depressio (deprimere).
DÉPRIER, 1 . demander une remise au sei-
gneur, du L. deprecari (prier pour détourner
un mal); de là l'anc. subst. dépri; 2. retirer
une invitation, opp. do prier,
DÉPRIMER, L. de-primere (de premere,
presser). Le vfr. disait depraindrc, depresser,
DÉPRISER despriser \ prov. desprezar,
fait double emploi avec déprécier; c'est un
composé de priser, moins négatif que mépri-
ser.— Subst. verbal c^rtj*.
DÉPUCELER, priver du pucelage, voy. pu-
celle.
DEPUIS, voy. puis.
DÉPURER, L. depurare. — D. dépuration,
dépuratif, -aioire.
DÉPUTER, L. deputare, assigner, destiner,
désigner pour. — D. député, -ation.
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DÊR
150
DÉS
DÉRACINER, arrachcravocla racine, cp. lo
L. ermUcarCt exstirpare. Le picard (Jéracher
a pour type dis-radicare. Cp. arracher.
DÉRAILLER, sortir des rails. Voy. rail.
DÉRAISON, contraire do raison. — D. dé-
raisminer, -able.
DÉRANGER, opp. de ranger, arranger,
DERECHEF, voy. chef. L'it. da capp dit
simplement dechef,
DÉRÉGLER, faire sortir do la règh. — D.
dérégJéy -cment,
DÉRISION, L. derisio (ridere); dérisoire, L.
dori^oriiis.
DÉRIVE, snbst. verbal de dériver 2.
1 . DÉRIVER, vfr. dcs-river, quitter le ri-
vage, de 7*ive.
2. DÉRIVER, vfr. dériver, 1. couler ou
faire couler (fig-. provenir) de; 2. sortir ou
faire sortir de son courant. Du L. derivare
(rivus). Nous ne voyons pas ce qui a pu enga-
ger Clievallet à mettre dfb^iver en rapport
avec l'angl. c/rire (ail. ty^ciben). Il existe, à la
vérité, dans le vieux fr., un verbe driver dans
la locution « laisser driver un bateau « p. lo
laisser flotter à la merci du courant; il se
peut bien que co terme do navigation soit
emprunté à l'angl. drive ou au flam. drijvcn,
fluitare, fluctuaro, mais il est indépendant du
mot dériver, — D. dériver, dérivation, -cUif.
DERME, gr. Siofx^, peau.
DERNIER, contraction de vfr. derrenier p.
derraiiùer; or, celui-ci est dérivé de l'ancien
adj. drrrain, == dernier. Quant à dei'rain,
vfr. deerrain, il représente une forme barbare
latine deretranns (do de rétro, dont un autre
dérivé dercirarius a produit le prov. déifier
= dernier). Lo dernier est donc étymologi-
quement celui qui est le plus par derrière, ou
eu arrif're (v. c. m.).
DÉROBER desrober, BL. derobare et dis-
robare, dépouiller (qqn.), piller, enlever fur-
tivement, puis soustraire, cacher. Se rap-
porte à HL. roba, comme despoîiare à spoliiim
(dépouille) ; c'est ]>r. priver de la roba, pris
dans le sens large de supellex en général
(biens, vivres, équipement). Voy. robe.
DÉROGER, du L. dc-rogare, déroger à une
loi. Du sens primitif : annuler une ])artie d'une
loi, iM)rter atteinte à un droit, découle l'idée
de manquer à son honneur, se discréditer,
s'abaisser. — D. dérogation, L. dcrogatio;
déro'/cancti.
DÉROULER, étendre ce qui était roulé;
terme analogue à déplier, développer.
DÉROUTE, \{v. dcaroute, est la représenta-
tion exacte du L. disrupta, substantif parti-
cipial do disrump'^re, vfr. desrompre, rompre
une ligne do bataille à divers endroits. L'it. a
dans le même sens rotta, esp., port., prov.
rota, et en vfr. roiUe s'employait aussi p. dé-
route. Tous é(piivalcnt au L. rupta. Le .subst.
route (v. c. m.), chemin, est. étymologique-
ment cunuoxe avec roule et déroute = dé-
faite.
1. DÉROUTER, mettre hors de la bonne
route (v. c m.).
2. DÉROUTER [se], vfr. desrouter, rompre
les lignes, se débander; de dis-ruptare, fr6<].
de dis-runiperi'. Voy. déroute.
DERRIÈRE, it. dietro (p. diretro), prov.
dereyre, du composé BL. de-retro, comme
arriére de adret ro. L'adverbe s'est substantivo
dans le derrière, cp. l'arrière, le devant.
DERVICHE ou d^yrvis, du persan dertoisch,
pauvre.
DES, gén. plur. de l'articlo défini, contrac-
tion de ciels ; c'est donc le pluriel de del, voy.
du. Comparez vfv.jes p.jels = je les. Four
l'élision do l, cp. vfr. as p. als = aux.
DÉS, depuis, à partir do, vfr aussi dois,
prov. des, deis, v. esp., v. port, des, n. esp.
desde = des de. On a généralement expliqué
cette préposition par uno concrétion de de
ipso ou de isto s. e. illo tempore, à partir de
ce temps-là. Diez, suivi par Littré, est d'un
autre avis; pour lui, dès représente l'associa-
tion des deux prépositions latines de et ex. Il
appuie cette opinion sur le caractère exclusi-
vement prépositionnel de dès et en citant vfr.
desans = de ex antc, v. esp. desent = de ox
inde, dcsi = do ex ibi, esp. mod. despues =
de ex post. Ces différentes combinaisons néo-
latines ont d<'Jà en quelque sorte leur précé-
dent dans le L. exante et exinde. — On trouve
encore dès dans la combinaison adverbiale
désormais (v. c. m.).
DÉS-, préfixe, voy. dé-.
DÉSAPPARBILLER, 1 . enlever un appareil,
un vêtement, une parure (signification obso-
lète) ; 2. =» dépareiller.
DÉSAPPOINTER, voy. appointer,
DÉSARÇONNER, jeter hors des arçons.
DÉSARROI, voy. sons agrès.
DÉSASTRE, prov. desastre, it. disastro,
pr. astre contraire, infortune ; cp. l'ail, un-
stern. — D. désastreux.
DESCELLER, ôtcr le scel (sceau).
DESCENDRE, du L. (/ef-^c^yïrfer*? (scandere).
En vfr. descendre s'employait aussi p. con-
descendre. — D. descente {d\\n siij^in barbare
descenditum ; le vfr. descense vient du supin
classique descens uni) ; descend<int, -ance.
DESCRIPTION, -TIF, L. descriptio, -tivus,
de désert hère = fr. décrire,
DÉSEMPARER, voy. emparer. — Autre-
fois j^ démanteler (une place forte).
DÉSERT, ac\j., L. descrtus (part. pass. de
desererc, abandonner); dksert, subst., L.
désert urn ; dkskrter (ce verbe s'est aussi em-
jiloyé jadis dans le sens de rendre désert), L.
déserta rc', fréq. de deserere; désertion, L.
drsertio; déserteur, L. deserlor.
DÉSERTER, voy. désert,
DÉSESPÉRER, négation de espérer; déses-
poir, négation de espoir. Lo latin rendait la
négation par lo préfixe privatif de : de-spe-
rare, cVnii vfr. desperer, despoir.
DÉSHÉRENCE, absence d'héritiers, com-
posé du préfixe négatif dés et do herence,
i'rivô de heir\ hoir*, héritier.
DÉSHÉRITER, priver d'héritage; do dis et
hœreditare* --= hasredem facere.
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DES
— 151 —
DËT
DÉSIGNER, L destf/Jiare. Le mémo mot
latin s*est vulgarisé en dessigner dessiner
(v. cm.).
DÉSINENCE, L. desinentia, de desincre,
terminer.
DÉSINTÉRESSER, lo contraire de intéres-
ser ^ propr. mettre les inU^rôts de qqn. hors
do cause, les tenir saufs; dés-interesse, a^j.
= qui détache son intérêt dans une aifaire ou
qui en fait abstraction. — D. désintéresse'
ment,
DÉSINVOLTE, a^j. employé par Voltaire,
Chateaubriand, etc., imité de l'it. dis-involto,
pr. non enveloppé (du L. involvere)^ libre,
dégagé. — D. désinvoUi'.re, it. disinvoltura,
tournure désinvolte.
DÉSIR, subst. verbal de désirer; le mot ne
vient pas, comme c'est le cas pour le vfr.
desier, prov. désire, du L. desideriiim. —
D. désireux.
DÉSIRER, du L. desiderare; cp. vfr. con-
sirer de consid^irare. — D. désir, désirable,
DÉSISTER, jadis neutre, auj. pronominal,
L. desistere, litt. se tenir loin.
DÉSOSUVRÉ, opp. de œuvré* =^ occupé,
voy. œuvre, — D. désœuvrement.
DÉSOLER, convertir en solitude, en désert,
ravager, du L. desolare (solus), 1. ravager,
dévaster, 2. fig. jeter dans le délaissement,
dans l'affliction (« desolatus et exspes »). Le
mot n*a que l'apparence d'être l'opposé de
consoler. — D. désolant, -atton.
DÉSOPILER, désobstruer, déboucher, néga-
tif du L. oppilare, boucher.
DÉSORMAIS, combinaison de des ore mais
=s dès cette heure en plus, c -à-d. en avant,
locution tout à fait analogue à dorénavant,
qui est une concrétion de « de ore en avant »,
it. d*or innansi.
DÉSOSSER, dépouiller de ses os.
DESPOTE, g'r. Ziinôrm, maître, seigneur.
— D. despotique, -isme.
DESSAISIR, autrefois actif, = dépouiller,
déposséder, voy. saisir; se dessaisir, se dé-
pouiller, céder ce que Ton avait. — D. d^sai-
sissement,
DESSÉCHER, du L. de-siccare (siccus), d'où
les mots savants dessiccation, -atif. — D. des-
sèchement.
DESSEIN, it. discgno, osp. designio, angl.
design, pr. tracé, puis plan, pixjet, inten-
tion ; ce mot n'est qu'une variété graphique
de dessin (voy. dessiner).
DESSERRER, relâcher ce qui était serré.
Subst. verbal desserre, dans la locution « être
dur à la desserre » , desserrer avec peine les
cordims de sa bourse.
DESSERT, DESSERTE, voy. desservir.
DESSERTIR, opp. des^^ir, enchâsser.
DESSERVIR, 1 . opp. de servir, enlever le
service ou les mets d'une table ; de cette signi-
fication relèvent : le subst. masc. dessert, ce
que l'on sert à table quand les plats princi-
paux ont été enlevés (l'allemand dit pour des-
sert : nach-tisch, litt. arrière-table) ; puis le
subst. fém. desserte = les mets desservis;
2. = mal servir, rendre un mauvais office,
nuire ; 3. «= L. deservire, servir avec zèle,
avec soin, remplir une fonction, faire le ser-
vice d'une cure, de là desservant, jjrêtre fonc-
tionnant, desserte, fonction du desservant;
4. mériter (cp. ce verbe mériter \ui-mèmQ, qui
dérive de merere, signifiant à la fois servir À
l'armée et mériter; ; cette dernière significa-
tion do desservir s'est perdue en fr., mais elle
a survécu dans l'angl. deserve.
DESSICCATION, -ATIP, voy. dessécher.
DESSILLER, séparer les paupières, afin de
faire voir clair; orthographe vicieuse, mais
autorisée malheureusement, pour déciller,
voy. cil. Le terme est tiré de l'usage de ciller,
c.-à-d. coudre les paupières do l'oiseau de
proie à dresser.
DESSIN, voy. dessiner.
DESSINER, anc. dessigner, it. disegnare,
esp. disehar, du L. designare (signum),
marquer, tracer (cp. en ail. zeichnen, dessi-
ner, de zeichen, signe). C'est étymologique-
ment le même mot que désigner; celui-ci a
une forme plus latine que l'autre. — D. subst.
verbal dessin, ortliographié dessein dans le
sens métaphorique de projet, intention; des-
sinateur, il faudrait, selon la règle dessi-
neur ; voy. mon observation au mot accompa»
gnateur.
1 . DESSOLER, ôter la sole d'un cheval, de
sole 2.
2. DESSOLER, t. d'agriculture, changer
l'ordre des soles d'une terre labourable, de
sole 1.
DESSOUS, voy. sous.
DESSUS, voy. sus.
DESTIN, voy. l'art, suiv.
DESTINER, L. destinare, fixer, arrêter,
désigner. — D. subst. verbal destin, it. des-
tino, ce qui a été arrêté par la Providence à
l'égard du sort de qqn., puis synonyme de
providence, fatalité (cp. L. fatum, litt. ce qui
a été prononcé, ail. geschich, ce qui a été
envoyé par la volonté suprême); destinée,
subst. participial, synonyme do destin, mais
exprimant plus particulièrement l'efiet du
destin.
DESTITUER, L. destituere (statuere), litt.
= déplacer. — D. destitution.
DESTRIER, it. destriere, du BL: dextra-
rius (dérivé du L. dexter, vfr. destre), pr. le
cheval que l'écuyer conduisait à sa droite,
avant que le chevalier montât dessus; c'est
donc propr. le cheval du chevalier, puis che-
val de distinction, de bataille.
DESTRUCTEUR, -TION, -TIF. L. destructor,
-tio, -tivus, de destrucre (fr. détruire), par le
supin latin destructum. — Destructible, L.
destructibilis, d'où destructibilité ; indestruc-
tible.
DÉSUÉTUDE, L. de-snetudo (opp. do con-
suetudo, coutume), perte d'une habitude.
DÉTACHER, dcstachim'\ it. staccare, opp.
de attaxiher (v. c. m.); délier, défaire, puis par
extension, séparer, éloigner. — D. détache-
ment, 1 . action de détacher, éloignement, 2.
partie do troupe détachée pour une mission
particulière.
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DÉT
152 —
DÉV
DÉTAIL, subst. vcrb. de détailler,
DÉTAILLER, pr. tailler en pièces, puis
vendre par petites parties, fig. exposer miiui-
tieusement. — D. détail ^ détaillaJit.
DÉTAIJiR» dcstaler, opp. de étalct* (v. c.
m.); c'est remballer sa marcliandise , fig.
décamper, s'en aller au plus vite. — D. déta-
loge.
DÉTEINDRE, desteindre\ opp. de teindre;
faire perdre ou (sens neutre) perdre la cou-
leur.
DÉTELER, d^steler*, opp, de atteler (v. c.
m)
DETENDRE, destendre' opp. de toidre; ce
n'est pas logiquement le L. distendere, qui
signifie étendre, déployer. On trouve en latin
de-tendere dans le sens de notre détendre. —
D. détente (cp. tente de tendere).
DÉTENIR, L. detinere, d'où detentor, fr.
détenteur; detentio, fr. ddtentûw.
DÉTENTE, voy. tendre.
DÉTENTEUR, -TION, voy. détenir,
DÉTERGER, -ENT, L. detergere, -ens.
DÉTÉRIORER, L. deteriorare, de détériora
pire. — D. détérioration,
DÉTERMINER, L. determinarc (terminus),
pr. marquer les limites, d'où l'idée cii*con-
scrire, arrêter, fixer, pi>ôciser, résoudre. —
D. détermination, décision, résolution; adj.
déterminé, résolu (sens actif).
DÉTERRER, tirer déterre, opp. de enterrer;
logiquement égala exhumer de humus, terre,
opp. de inhumer,
DÉTERSIF, dér. de L. detersum, supin de
deter^ei'c, essuyer.
DÉTESTER, L. detestari, pr. prendre (les
dieux) à témoins, puis maudire, exécrer.
DÉTIRER, destirer , tii*er en tous sens.
DÉTISER, éloigner les tisons les uns des
autres, voy. attiser,
DÉTONER, faire explosion, du L. detonare,
éclater comme la foudre, — D. détojiation,
L. detonatio.
DÉTONNER, sortir du ton, fig. faire dispar
rate. — D. dctonnation,
DÉTORDRE, 1. défaire ce qui était tordu,
opp. de tordre, = L. distorquere; 2. dans « se
détordi^e le pied » , augmentatif de tordre, =>
L. d^orquere,
DÉTORQUER, mot savant, du L. detor-
qucre, détourner par violence.
DÉTORS. opp. de tors, tordu.
DÉTOUPER, opp. de ctouper.
DÉTOUR, subst. verbal de détourner,
DÉTOURNER, destourner, pr. tourner en
sens contraire, faire changer de direction,
faire quitter le droit chemin. — D. détour,
changement do direction, chemin qui éloigne
de la route, fig. biais, ruse; détournement,
action de soustraire qqch. à sa destination.
DÉTRAGTER, L. detractare, ravaler, déni-
grer, fréq. de detrafiere, tirer en bas; cp.
ail. herabjtiehen =: détractKir ; du supin de'
tractum : detractor, fr. détracteur; detractio,
fr. détraction,
DÉTRAN6ER, chasser les animaux nuisibles
aux jardins ; renforcement par de de l'ancien
verbe estraiigier, mettre dehors, chasser, BL.
extraneare (extraneum facere).
DÉTRAQUER, pr. faire sortir de son allure
habituelle, voy. trac, traquer; cp. le nécil.
vertrekken, déranger une chose en la faisant
bouger de place.
DÉTREMPER, 1. opposé de treinper, faire
perdre la trempe; 2, intensif de tremper;
pour dé-, cp. délaye}', — D. détrempe,
DÉTRESSE, vfr. destrece, prov. destreissa,
subst. verbal d'un ancien verbe destrecier,
destresser, prov. destreissar, répondant à un
type latin districtiare, formé lui-même du
part, district us (stringere), serré, oppressé.
Dét7'csse est donc logiquement égal & angoisse,
qui vient de angustus, étroit, serré.
DÉTRIMENT, L. detrimentum, dommage
(de deterere, user en frottant).
DÉTRITUS, du L. détritus, part, de dete-
rere, user en frottant.
l>tTROJT,destroit\ prov. destreit,destretch,
représente le bas-latin districtum (de distrin-
gère; cp. étroit de strictus) = via stricta, pas-
sage étroit, gorge, défilé. Dans l'anc. langue,
l'acy. destroit signifiait oppressé, tourmenté,
et l'on disait estre en destroit, pour être à
l'étroit; comme subst., ce mot était synonyme
de détresse (v. c. m.). Le subst. bas-latin dis-
tiHctus, d'où nous est resté le terme savant
district^ se rattache au même primitif latin ;
il signifiait : 1 . amende, punition pécuniaire,
d'après le verbe BL. distringere (vfr. destrain-
dre) en son acception punir, châtier (cp. con-
travulre)\ 2. droit de justice; 3. étendue d'une
juridiction, ressort administratif, circonscrip-
tion; c'est le dernier sens qui est resté au mot
fr. district (vfr. aussi destroit), it. distretto,
esp. distrito,
DÉTRÔNER, déposséder du trône,
DÉTROUSSER, 1. opp. de trousser; 2. dé-
pouiller qqn. de ses trousses, c'est-à-dire de
son bagage ; cp. dévaliser,
DÉTRUIRE, destruire', du L. destruere
(struerc), abattre, démolir.
DETTE, L. débita deb'ta, plur. de debitum
(debere), ce qui est dû. — D. endetter,
DEUIL, vfr. duel, subst. verbal de l'ancien
verbe doloir = L. dol^re (cp. le vfr. vuel vϕ^
volonté, de voloir vouloir),
DEUX, vfr. d^us (au nominatif doi, dut),
de l'accusatif lat. duos, — D. deuxième; cps.
vfr. ambedui, andui w= L. ambo duo, tous
les deux.
DÉVALER, descendre ou faire descendre»
de val (v. c. m.); cp. avaler, ravaler. Le pi^é-
fixe do marque ici le mouvement descendant.
DÉVALISER, pr. dépouiller de la valise (v.
c m . ) . Cp . détrousser,
DEVANCER, de devant, comme avancer de
avant, voy. sous ains, — D. devance' (cp.
av ince), d où le subst. devancier,
DEVANT, voy. sous ains. — D. devantier
(anc. aussi devantail), tablier; devantière;
dcvantiire; devancer (voy. ce motV
DÉVASTER, L. devastare (vastiis;.
DÉVELOPPER, it. sviluppare, pmv. desvo-
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DEV
— 453 —
DÉV
lopar; opp. de envéloppei*. Ces verbes sont des
composés (avec transposition des voyelles) du
vfr. voleper, envelopi)er (anc. it. volupparc,
anc. esp. et prov. voiopar), lequel se rattache
au subst. it. vilitppo, assemblage confus de
fik, touffe. Mais Torigine de viluppo reste
encore à débrouiller. — D. développement. —
Pour expliquer le thème roman volitp, voîep,
Storm (Rom.» I, 187), fait appel à un type lat.
voliUuaf'e, tiré du subst. vohUits (comme fliic-
tuare de fluctus), d'où se serait produit volu-
pare comme pipila depititita (cp. dv = b, dans
lat. bis, bellum p. duis, dueUiim),
DEVENIR, it. divenire, du L. decenire,
auquel le moyen âge a donné l'acception du
classique évaderez dont le sens littéral corres-
pond exactement à celui de devenire,
DÉVERGONDÉ, part, de se dévergonder ,
litt. se dépouiller de vergonde ou vergogne
(honte); prov. desoergonhat, — D. déoergon-
dag^-
DfiYXKS, forme composée de vers, cp.
dehors, deDa)it, dessus, etc.
DÉVERS, L. deversus, tourné d'un côté. —
D. déverser, pencher, incliner (sens actif et
neutre).
1 . DÉVERSER, incliner, courber, de dévers
(v. c. m.).
2. DÉVERSER, faire couler, répandre, com-
posé de verser. — D. déversoir, endroit où se
porto l'eau superflue d'un étang.
DÉVIDER, vfr. desvuidier, dérivé de vide
(v.c.m.). Dévider, c'est propr. vider le fuseau.
— D. dévidoir, Jean do Garlande : Dovacua-
trices gallice dasvuidcressés dicimtur.
DÉVIER, L. deviare (Macrobe), sortir du
chemin; la bonne forme fr. du mot est :
dévoyer (v. c. m.). — D. déviation. — Un au-
tre verbe dévier, formé de vie, s'employait
autrefois pour mourir, trépasser ; cp. l'expr.
ail. ableben.
DEVIN, du L. divinus, employé déjà dans
la bonne latinité au sens de « ariolandi vel
divinandi peritus». — D. deviner, L. divi-
nare. Delà subst. devineur, fém. l.devineuse,
2. devineresse (cp. défenderesse, péclieresse).
Cette dernière forme n'est nullement, comme
dit l'Académie, le féminin grammatical de
devin. — Pour le vfr. devinement, on a préféré
reprendre la forme latine divination (divi-
natio).
DEVINER, voy. l'art, préc.
DEVIS, angl. device, prov. devis, it. diviso,
est le subst. verbal de devise^' = diviser (cp.
deviner de divinare), it. divisare, esp. devi-
sar. Le mot devise (it. divisa, esp. divisa, de-
visa) n'est également pas autre chose qu'un
subst. verbal, à forme féminine, du même
verbe. Les significations de ces mots décou-
lent tontes d'acceptions particulières déjà au
L. dividere (prov. devire) et passées naturel-
lement à son fréquentatif divisare. Deviser
(comme diviser, son correspondant à forme
savante) veut dire tout simplement détailler.
Un devis est la division, le •• détail » d'un projet
en ses diverses parties, cp. les expressions
logiquement analogues : le menu d'un dîner.
les détails d'un récit. En ce qui concerne le
sens do s'entretenir familiôrcmont, propre
encore au verbe deviser et auquel se rattache
le subst. devis, discours, propos, il découle
du L. dividere, en tant que signifiant détailler,
exposer, discuter (divisus sermo = menus
propos, cp. cœdero sermones, dans Térence,
Héaut. II, 3, 1). Quant au subst. fém. devise,
on lui trouve dans l'ancienne langue les trois
acceptions suivantes : 1. testament, pr. la
division, le partage des biens; 2. division,
portion de l'écu (t. do blason); 3. les robes ou
habits bigarrés (u vesti divisât! ») servant de
marques distinctives soit des emplois que
l'on occupait, soit des maisons au service des-
quelles on se trouvait. Ces significations déri-
vent clairement de l'idée diviser. La significa-
tion actuelle : signe ou emblème distinctif,
sentence choisie (cp. l'ail. waJdspruch) paraît
procéder de la troisième de ces applications
(pr. marque de famille, ou de parti), ou bien
elle tient à l'acception distinguer, choisir,
inhérente déjà au L. dividere, mot organisé
tout à fait de môme que dis-cernere. Devise,
dans sa valeur actuelle, peut aussi être ramené
à devise «- division de l'écu, étant d'abord le
terme propre pour la légende placée au-dessus
d'une fasce en devise, L'anc. locution à devise
ou à devis «^ à souhait, suivant qu'on se l'était
proposé, tient au verbe deviser, projeter, sou-
haiter, lequel, à son tour, peut se ramener à
divisare, régler les détails d'une affaire, si on
ne préfère y voir un type devisare (dér. de
devidcre), analogue à l'ail, ab-sehen, d'où
absicht, intention.
DÉVISAGER, 1 . analogue de défigurer, 2.
regarder quelqu'un longuement et avec effron-
terie. Cette seconde acception métaphorique,
omise dans le dictionnaire de l'Académie, dé-
coule de la première, savoir : arracher le
visage à qqn.
DEVISE, DEVISER, voy. devis.
DÉVOIEMENT, voy. dévoyer.
DÉVOILER, ôter le voile. Révéler ne dit lit-
téralement pas autre chose.
DEVOIR, L. debere. — D. devoir, subst.
DÉVOLE. t. de jeux do cartes, vole man
quéc. — D. dévoler.
DÉVOLU (on trouve aussi dans l'anc. langue
le participe devolt), L. devolutus, part, de devol'
vere, pr. rouler d'un endroit à un autre,
employé au moyen àgo pour : transporter un
bénéfice de l'un à l'autre ;' subst. devolutio^ fr.
dévolution, transmission d'un bien. La locu-
tion jeter son dévolu sur tient à l'emploi sub-
stantival do dévolu au sens de : provision
en cour de Rome d'un bénéfice vacant par
incapacité du titulaire; de là les phrases :
obtenir un dévolu, plaidar un dévolu; do
mémo, jeter un dévolu sur un bénéfice, c.-à-d.
l'impétrer, le solliciter par dévolu. C'est ce qui
a fait donner à ladite locution la valeur do :
prétendre à qoch., arrêter ses vues sur qqch.
— Quel est l'mfinitif du fr. dévolu f II faut
bien lui en fixer un, puisque ce participe entre
dans la conjugaison (« on lui a dévolu »»). On
ne saurait, d'après l'analogie de résolu, qui
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DIA
— 154 —
DIË
vient do resohe^^e^ lui en établir un autre que
dévoudre. Les anciens disaient dévolver, mais
cet infinitif est savant et ne cadre pas avec le
participe dévolu (anc. de.volt).
DÉVORER, L. devorare.
DÉVOT, du L. devotus, dévoué, auquel lo
moyen âge a donné la valeur de pieux. — D.
dévotion, piété, du L. devotio; déootieux (mot
mal fait du xvi* siècle).
DÉVOUER, L. dévot are, fréq. de devovere,
— D. dévouement.
«DEVOYER, vfr. destoyer, prov. et esp. des-
viar, it. disviare, détourner de la voie, éga-
rer; c'est, au fond, lo même mot que dévier,
mais il a pris le sens actif. Parfois aussi =
donner le dévoiement. — D. dévoiement, 1 . en
architecture = inclinaison, en t. de marine =
écartement de la direction, 2. flux du ventre
(cp. l'ail, ab'tœichen, litt. = decursus).
DEXTÉRITÉ, voy. l'art, suiv.
DEXTRE, destre*, vieux mot, -= main droite,
côté droit, do l'adj. L. dexter (Si^Uipoi), « qui
est du côté droit »•. Au sens figuré adroit
(encore vivace dans l'adv. d^xtrement) se rat-
tache le dérivé L. dexteiHias, fr. dextéi^ité.
DI, vieux mot français signifiant jour, du L.
dies; ne subsiste plus que dans les composés :
lundi t mardi, etc., jadis, tandis, midi; cet
élément di est préposé aussi dans dimanche ;
voy. ces mots.
DI-, préfixe, voy. dis.
DIABÈTE, gr. ata6y;ni$, m. s., de otxtuhtt*,
aller à travers. — D. diabétique.
DIABLE, du L. diaholus (lix'^Qloi, litt. le
calomniateur ou accusateur). — D. diablesse,
diablerie, diablotin, endiabler, adv. diable-
ment. — Dérivé dir. du latin ou grec : diabo-
lique.
DIACRE, vfr. diacne (pour cette permuta-
tion n-r, cfr. coffre de cophinus, ordre de
ordinem, pampre de pamjnnus, etc.), du L.
diaconus (ciàKo-joi), dcsscr\'ant, ministre. Dé-
rivés du^latin : diaconesse, diaconie, -at, -al.
DIADÈME, L. diadema (itàSrifi^x, bandeau).
DIAGNOSTIC, -IQUE, du gr. ^la/v«arl/o;;
DiAGNOSE» gr. iià/vojîi;, art de discerner (Six-
•/vwa/«iv = L. dignoscere). — D. diagnostiquer.
DIAGONAL, L. diagonalis, du gr. ^laywvi^ç,
qui va d'un angle (jùMa) à l'autre.
DIALECTE, L. dialectus (^làicxroî). Ce mot
dérive do SixUytt^oii, s'entretenir, discourir,
dont relève aussi l'adj. subst. ^cx/ixti/ïj, s. e.
Ti/vij, l'art do disputer, fr. dialectique, d'où
dialecticien.
DIALOGUE, L. dialogus, gr. l^kloyou en-
tretien, de ii7>«y«7&7i, s'entretenir, — D.
dialogique, dialof^isme, dialoguer.
DIAMANT, it., esp. diamante, prov. dia-
man, angl. diamond; par corruption du L.
adamas, gén. -atUis (voy. aimant). Cette cor-
ruption s'est faite peut-être, dit Diez, par
quelque influence du mot diafano, diapha^ie.
Le vba. avait la forme correcte adamant,
écourtée et transformée depuis en demant
(encore en usage chez les poètes); auj., les
Allemands disent, comme les néo-latins, dia-
mant. — D. diamantaire, lapidaire.
DIAMÈTRE, gr. Siàfurpoi, litt. qui mesure A
travere, expression exactement traduite par
l'ail, durchmesser. — D. diamétral.
DIANE, dans « battre la diane », = battre
le réveil, de l'esp. diana, étoile du matin, qui
vient de l'adj. diano, dérivé de dia, jour.
DIANTRE, euphémisme pour diable.
DIAPASON, L. diapasoyi, octave; de la
phrase grecque iii ^ra^ûv p^opjûv au/A^wv^x, litt.
accord sur toutes les cordes ; Jixwaawv signi-
fiait chez les Grecs l'octave, comme ^ Sià
Titiàptav, la quarte, >j oià îrévrc, la quinte.
Aujourd'hui, lo mot, détourné de son accep-
tion originelle, exprime l'étendue des sons
qu'un instrument ou une voix peut parcourir,
puis spécialement un instinment d'acier pour
prendre lo ton.
DIAPHANE, gr. itafa^^ç, transparent. —
D. diaplianéitéjmot mal fait).
DIAPHRAGME, gr. Si&fpayfi , m. s., pr.
cloi.son intermédiaire.
DIAPRER, varier de plusieurs couleurs,
dérivé do vfr. diaspre, étofie de couleur
bigarrée ou jaspée, drap do soie & ramages,
à arabesques. Quant à ce dernier, c*cst le
même mot que jaspe, it. diaspro (pour j
rendu par di, cp. la forme dialectale it. diacere
= Isit.jacëre). — D. diapnire.
DIARRHÉE, L. diarrhœa, du gr. ^lÀ^^oia
Uio^ppïu), quo les Allemands ont traduit à la
lettre par durch-Iauf, et qui serait exacte-
ment traduit en latin par un composé trans-
fluxus.
DIATHÈSE, gr. £tâdi9i,-, mot traduit litté-
ralement par lo L, dis-positio.
DIATRIBE, L. diatriba, école, académie,
puis discussion, conférence; du gr. iiirpi^r,,
pr. manière d'user le temps, divertissement.
On voit que le mot a singulièrement dévié
de son sens primitif.
DICTAME. L. dictamnus (oUnxfivov).
DICTATEUR, L. dictator. — D. dictatorial,
dictature.
DICTER, L. dictare, fréq. de dicere. — D.
dictée,
DICTION, L. dictio (dicere), action ou ma-
nière de dire. Un recueil de manières de dire,
dictions, phrases, locutions, a été appelé un
dictionnaire, terme étendu plus tard à toutes
sortes de recueils disposés par ordre alphabé-
tique. Cp. le terme gr. )t^ni<h, lexique, de
ifc^i;, diction.
DICTON, L. dictum, chose qui se dit. Cet
original latin, francisé, est le subst. actuel
dit, qui fait ainsi double emploi avec dicton.
DIDACTIQUE, adj. gr. eiff^xn/d,-, qui con-
cerne renseignement (^i2à«tiv, enseigner).
DIÉRÈSE, gr. it^lptuu séparation.
DIÈSE, gr. SU'jii (subst. fém. de Sdnfji'), ré-
solution d'un ton. Le français a fait de dièse
un subst. masc. — D. dicser.
1. DIÈTE, régime hygiénique, du L. diœta,
gr. Shirx, manière de vivre; du verbe
êiyiTâiâai, mener un régime, vient l'adj.
5i«iT«jTi/o,-, fr. diététique.
2. DIÈTE, assemblée politique, it., esp.
dieta. C'est un dérivé de dies, jour. Au
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DIG
— ISS —
DIM
moyen âj^e, lo mot (lies signifiait accossoi re-
ment le jour fixé pour une délibération ou
une réunion officielle, puis cotte réunion
même; p. ex. dies baronum, •» quo scilicet ba-
rones convenire soient ad dijudicandas vassal-
lorum lites « . La même valeur est attachée à
Tall. tcu;, qui signifie jour et assemblée ; ainsi
reicTis-tag^ assemblée, diète de l'empire, d'où
le verbe tctgen, être assemblé, siéger, traduc-
tion du BL. dietare, commorari (le BL. a de
la même façon fait dériver de dies l'adv.
die<im=^quotidie). C'est ce verbe BL. qui est
le générateur direct du subst. dicta, fr. diète.
DIEU. vfr. deu (cfr. lieu de vfr. leu), L.
deus. Composés : adieu (v. c. m.), et l'excla-
mation dame-dieu (voy. dame) = it. domened-
dio (écourté en iddio), seigneur Dieu ; Dieu-
donné, nom de baptême, = a deo datiis, cp.
le nom Déodxd,
DIFFAMER, L. diffamare (fama). — D.
diffamateur, -aiion, -atoire.
DIFFÉRENCE, voy. différent'. — D. diffé-
rencier.
DIFFÉREND, voy. différer.
DIFFÉRER, abstrait du L. differre, 1. dans
le sens d'ajourner (du sn^'m dilatum : fr. délai,
v. c. m.); 2. dans celui d'être différent. Du part.
prés, differens, fr. différent (d'où difforentia,
fr. différence et différentiel); le négatif î'nt/î/-
férent signifie, 1. qui ne donne pas lieu à
faire une différence ; tel est aussi lo sens du
L. indiffcrens (trad. littérale du gr. àJiàao/îo;),
2. qui ne met aucune différence, qui n'a pas
de préférence. L'ail, gleichgiltig, indifférent
(litt. équivalent), a également un sens double
analogue. — Le terme différend, contestation,
querelle, n'est qu'une variété orthographique,
d'une introduction assez récente, do différent.
L'adjectif a pris la valeur du subst. diffé-
rence, en tant que différence de vues, d'opi-
nions; le BL. employait déjà differerUia pour
controversia, dissidium.
DIFFIOILB, L. difficilis (facere); difficulté,
L. difficultas. — D. difficultueux, dérivation
moderne, tiré de difficultas selon l'analogie
(le voluptueux de volnjitas.
DIFFORME, du L. deformis, avec change-
ment du préfixe de en dis pour mieux accu-
ser l'opposition ; on disait anc. aussi déforme.
— D. difformité (Calvin et Montaigne di-
saient encore déformité), difformer, syno-
nyme de déformer.
DIFFUS du L. diffusus, participe de dif-
fiindere, répandre. Diffus est un de ces nom-
breux adjectifs-participes do la langue fran-
çaise, dont l'énoncé s'applique d'abord à une
chose, puis à la personne qui fait l'action ex-
primée par le verbe ; ainsi diffus se dit du dis-
cours au.ssi bien que de l'orateur. Cp. réfléchi,
recherché, avisé, discret, et en latin déjà :
circumsp^ctus. — Diffusion, L. diffusio.
DIGÉRER, du L. digerere, qui signifiait :
1 . distribuer, séparer, dissoudre, et dans « ci-
biim digerere », digérer les aliments, litt. les
distribuer dans tout le corps ; 2. classer,
mettre en ordre, arranger. A la première si-
gnification ressortissent les dérivés latins :
digestio, digestivus' (p. digestorius), digesti-
bilis, indigcstus, d'où en fr. digestion, diges-
tif, digestible, indigeste ; à la si'conde, digesta,
pr. recueil méthodique, bien classé, puis spé-
cialement le recueil de lois appelé code Justi-
nien, fr. digeste.
DIGESTE (anc. du genre fém.), voy. digé-
rer.
DIGESTION, voy. digérer. — D. indiges-
tion.
DIGITAL, L. digitalis (de digitus, doigt).
La plante dite digitale a été ainsi nommée
parce que sa corolle ressemble à un doigtier
renversé.
DIGNE, L. dignus; dignité, L. dignitas. —
D. indigne, indignité; dignitaire.
DIGRESSION, L. digressio (de digredi,
s'écarter).
DIGUE, it. diga. esp. dique (masc), du
néerl. dgh, m. s. = ags. die, angl. dike, ail.
deich. — D. diguer, endiguei\
DILAOERBR, L. dilacerare (lacorare).
DILAPIDER, L. dilajndare (lapis), pr. dis-
perser des pierres, de là fig. jeter l'argent
comme si c'étaient des pierres, dissiper, dé-
penser follement.
DILATER (mot savant), du L. dilatare (de
latus), élargir, étendre.
DILATOIRE, L. dilaiorius* (de dilatum,
supin de differre), qui fait différer et gagner
du temps.
DILATER, renvoyer à un temps plus éloi-
gné, anc. délayer (v. c. m.).
DILECTION, L. dilcctio, amour (diligcre).
DILEMME, L. dilcmma, gr. oO.>}/x^ua, m. s.,
litt. action de prendre (ia/jiSivuvj par deux
côtés.
DILETTANTE, mot italien signifiant ama-
teur, part. i)rés. de dileitarsi(= L. sedelectare,
fr. se délecter), prendre plaisir. — D. dilet-
tantisme.
DILIGENCE, voy. le mot. .suiv.
DILIGENT, L. diligens, attentif, soigneux,
assidu; c'est l'opposé de negligens. — D. dili-
gence {L. diligentia), 1. soin, empressement,
poursuite active, 2. voiture publique, ainsi
nommée à cause de son service régulier et
accéléré, cp. ail. eilwagen, m. s., litt. voiture
qui se presse; — verbe diligenter, hâter,
presser.
DILUVIEN, voy. drluge. Cps. anté-diluvien .
DIMANCHE, vfr. diemenche, prov. dimenge.
On explique généralement lo mot par une
contraction de dies dominica, d'où success.
diedominica, died'min'ca, fr. diemenche, di-
manche. La nécessité de supposer cette con-
traction est basée uniquement sur l'élément
die pour di dans l'anc. formj diemenche; les
Italiens disent tout court domcnica, les Es-
pagnols domingo. N'était l'ancienne forme
française, on pourrait aussi no voir dans
dimanche que le simple mot dominica; le
do se serait chanû^é en di, comme dom^sticus
a fait en italien dime^tico. — Un type lat. dies
dominia a motivé les formes vfr. die -moine
ou -maine, ou (sans l'élément dies) d-*nnoine
ou demaine.
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DIN
456 —
DIP
DIMS, p. distne, contracté du BL. décima,
la dixième partie ; voy. aussi dccime. — D.
dimer,
DIMENSION, L. dimcnsio (dimctiri), me-
sure.
DIMINUER, L. diminiterc (de minitSf
moins). — I). diminution, L. diminutio;
diminutif, L. diminutivus. .
DINANDERES, marchandises (ustensiles en
cuivre jaune) qui autrefois faisaient la répu-
tation de la ville do Binant en Belgique. — D.
dina'tulicr,
DINDE, expression elliptique pour coq (ou
plutôt poK/d) d'Inde, cp. angl. turkey-hen, —
D. dindon, d'où dindonneau,
DINER, anc. disner, disf/nei; digner, it.
desinare, disinare, prov. disnar, dirnar, di-
nar. Voici les étymologics diverses qui, à ma
connais.sance, ont été mises en avant sur ce
mot. 1. grec ^sittviîv, devenu d*abord diner,
puis, par l'épenthèse d'un 5, disner» — 2. Diff-
nare Domine, « daigne. Seigneur! », com-
mencement d'une prière de table ; cette éty-
mologie s'est surtout accréditée par l'ortho-
graphe digner, — 3. Decimare, manger à la
dixième heure; on allègue pour justifier cette
origine le vfr, noner, goûter, et quant à la
permutation m-n, on pourrait au besoin s'ap-
puyer de l'it. decina, dizaine, dérivé de decem^
— 4. Desinare, p. desinere, cesser de tra-
vailler. — 5. Dis-jfjunare, donc le même ori-
ginal que celui de dtjjenner. C'est l'opinion
de Mahn. Enfin, 6. decœnare, d'où decenare,
desnare, disnare; pour la formation, cp. dé-
cima, desme, disme, dime; L. buccina, it.
busna; cp. surtout cecinus, primitif du vfr.
cisne (cygne). La dernière étymologie, pa-
tronnée par Dicz et Pott, est celle qui se
i-ecommande le plus parmi celles passées en
revue jusqu'ici. Toutes les formes diverses
citées plus haut s'en déduisent facilement,
sans sortir des règles do la romanisation. Elle
s'appuie surtout de l'existence, dans l'ancienne
langue et dans les patois, d'un verbe analogue,
signifiant goûter, faire collation; c'est reci-
ncr) aussi receigncr, rechinm\ rechigner, er-
chiner), qui dérive de re-cœnare (d'où BL. reci-
nium, mcrenda). On rencontre encore en
italien pusignare, faire un repas après le sou-
per, qui est évidemment le L. post-cœnarc.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue que la
forme disnare est celle qui remonte le plus
haut, Ys est par conséquent radical et essen-
tiel ; on trouve au ix® siècle (Gloses du Vati-
can) : disnavi me ibi, disnasti te hodie; dans
Papias on lit : jentare disnare dicitur vulgo.
Le préfixe dans deccetuire a la mémo valeur
logique que dans devorare^ depascere, etc. —
Aux six étymologies consignées ci-dessus, il
y en a quatre nouvelles à ajouter dans cette
nouvelle édition, à savoir : 7. Storm (Rom.,
V, 177) admet un type *discœnare, calqué sur
disjcjunare, d'où disrmare, disscnare, disi-
nare^ disnare. — 8. Suchier (Ztschr., I, 429)
propose pour primitif disais, table, en moy.
lit. ^^ table à manger, d'où discinare, etc. — 9.
Ronsch (ib., 418) : escare, escinare, deesci
nare (cp. l'expression ail. ab-fUttem), dssci-
7iare, etc. — Toutes ces explications ont leur
pour et leur contre. Voy. 'mon Anhang,
au Dictionnaire de Diez, p. 717. — 10. En
dernier lieu, Gaston Paris (Rom., VIII, 95)
développe longuement l'équation disner ■=
dis 4" Jw««»*«. Cette forme junare était
usuelle en lat. populaire à côté de jefunare
et a donné vfr. juner, qui n'est nullement
une contraction de jeûner -» jejunaro. A
côté de juner existait aussi desjwner (con-
curremment avec desjeiiner), qui dans le prin-
cipe, en se conjuguant, prenait dans les
formes à terminaison accentuée le thème
contracté disn. Ce phénomène verbal, bien
connu des romanistes, a fait qu'il a subsisté
dans la suite deux verbes distincts desjuner
et disner, disant la même chose et dont l'un
seul est parvenu aux temps modernes ; car il
ne faut pas perdre de vue que notre déjeuner
actuel (anc. desjeiiner), tout en coexistant
avec desjunei' et disner (dont il était syno-
nyme) est autrement fait : il vient de des et de
jeiin et signifie : « faire qu'on ne soit plus à
jeun ». L'étymologie exposée ici est on ne
peut plus correcte dans ses moindres détails
(Tobler l'a sanctionnée sans réserve); il ne res-
tait plus que la signification foncière « déjeu-
ner, prendre le premier repas * » à justifier.
Or, G. Paris a démontré, par d'abondantes
citations, que c'était bien là, et que c'est en-
core, dans beaucoup de patois, le sens vi*ai et
exclusif du mot diner. D'ailleurs, déjà Papias
(xi*^ siècle) porte : «jentare disnare dicitur »,
et le proverbe suivant n'en fait pas moins foi :
« Lever à six, diner à neuf, souper à six,
coucher à neuf, fait vivre d'ans nonante-neuf. »
— Espérons que, par ce dernier avis, la cause
est finalement jugée. — Il est encore digne
de remarque que diner s'employait dans la
langue d'oïl, avec l'acception active donner à
diner, et qu'on disait, au lieu de diner, pren-
di*e son repas, se diner (voy. la phrase latine
citée plus haut). Il en était de môme de déjeu-
ner. L'anc. forme digner p. disner est ana-
logue à vfr. règne p. rcsne (réne). — Dérivés
du verbe din^ir : diner, subst,; ditieur, dî-
nette, dinée, après-diitée.
DIOCiSE, anc. féminin, du L. dioscesis =
gr. SioUyiti; (Smxiii), administration, puis
province, district. — D. diocésain.
DIOPTRIQUE, gr. ^l9;rr/&lxo;, de SioitTpa,
miroir.
DIPHTHONQUE. prov. diptonge, du L.
diphthongus (du gr. i/y3oyyo;, à deux voix).
DIPLOMATE, etc., voy. diplôme.
DIPLOME, acte public, chartre, titre, du
gr. ZiTiltufL-x, gén. -«TOï, pr. écrit plié en deux
(du verbe Znzlora), lettre ouverte, lettre do
crédit. — D. diplômer, pourvoir d'un di-
plôme ; diplomatique, qui se rattache aux di-
plômes; comme subst. fém. — science de lire,
d'interpréter et de reconnaître les titres au-
thentiques. Les savants appellent aujourd'hui
les connaisseurs en diplomatique des diplo^
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DIS
157
DIS
matistes; coux qui s'occupent particulière-
ment des traités internationaux ont été nom-
més des diplomates, et leur profession a reçu
le nom de diplomatie. Tous ces dérivés sont
de création moderne. On ne se dout-o "guère
que le mot diplomate découle d'un terme mar-
quant duplicité !
DIPTYQUE, du gr. ilnrux^i, à deux plis,
double.
DIRE, L. dicere, dic*re, — D. dire, subst. ;
diseur, dit (voy. dicton), — Composés : contre-
dire, dédire, maudire, médire, jyrédire, re-
dire,
DIRECT, L. directus, part, de dirigere. Le
même type latin a donné le mot droit; direct
appartient à la couclie savante de la langue.
— Direction, L. directio; directeur, h, direc-
tor; directoire, L. directorium, d'où directo-
rial,
DIRIGER, L. dirigere (regcre).
DIRIMANT, adj., du L. dirimere, séparer,
rompre.
DIS-, particule-préfixe latine, marquant di-
vision et opposition. Nous avons déjà fait re-
marquer que cette particule s'est générale-
ment francisée en dés ou dé (voy. dé), mais
que néanmoins on la rencontre dans bon
nombre de composés français sans précédent
latin. C'est ainsi que de faveur on a fait l'op-
posé défaveur, tandis que de grâce on a fait
disgrâce. On peut établir que les composés
• avec dis appartiennent au fonds savant de la
langue. Désavouer est du fonds ancien, dis-
continuer, un terme savant. — Nous rappe-
lons que L. dis reste invariable devant les
voyelles et devant c, p, q, t et s (suivi d'une
voyelle), qu'il a.ssimile 1*5 final devant f(diffa-
mare p. dis-famare), et qu'il le perd devant
les autres consonnes (diligere, dirigere, dimi-
care, dividere).
DISGALE, déchet dans le poids d'une mar-
chandise ; verbe discaler, perdre son poids ;
d'un type lat. dis-calare, descendre, s'abaisser
(voy. cale 1); cp. it. calo, déchet.
DISCERNER, L. discernere, séparer, dis-
tinguer.
DISCIPLE, vfr. deciple, L. discipulus (de
discerc, apprendre).
DISdPLINB, L. disciplina. — D. discipli-
ner, L. disciplinari (S. Aug.), disciplinable,
disciplinaire.
1. DISCORD. vfr. descort, adj., du L. dis-
cors, -dis, qui est en désaccord.
2. DISCORD, vfr. descort, subst, verbal de
discorder.
DISCORDE, vfr. descorde, du L. discordia.
DISCORDER, L. discordare (opp. de co9i-
cordare). — D. discord, discordant, -ance.
DISCOURIR, L. discurrere, courir çà et là.
employé déjà par Ammien Marcellin dans le
sens figuré moderne : s'étendre sur un sujet.
— D. discoureur.
DISCOURS, du L. discursus, action de dis-
currere (s'étendre sur un sujet). Le latin clas-
sique ne donnait pas encore le sons figuré au
subst. discursus.
DISCRÉDITER, voy. décréditer.
DISCRET, du L. discretus, part, passé de
discer7iere; l'acception classique est •« quod
discernitur », l'acception romane « qui dis-
ccmit », qui sait distinguer la convenance et
l'inconvenance, de là = avisé, retenu, pru-
dent. C'est un de ces adjectifs à forme passive
et à sens actif dont nous avons parlé à propos
de diffus. — Discrétion, L. discretio; ce
subst. correspond à l'adj. discret dans toutes
ses acceptions ; mais l'ancienne signification
distinction, discernement, survit encore dans
le dérivé discrétionnaire. Termes négatifs :
huliscret, indiscrétion; ils se trouvent en
latin, avec leur valeur actuelle, dans Corippe
et dans S. Grégoire.
DISCRÉTION, voy. l'art, préc.
DISCULPER, vfr. descouper, du BL. dis-
culpare, culpam amovere, cp. ail. ent-sckul'
digen.
DISCUSSION, voy. l'art, suiv.
DISCUTER, L. discutere (quatere), pr. sé-
parer en frappaut = in partos divisas concu-
tere, d'où l'acception figurée (étrangère à
l'usage classique) : distinguer, démêler, bien
examiner les arguments et les objections ; le
mot débattre présente la même métaphore. Du
supin latin discussum : subst. L. discussio,
fr. discussion,
DISERT, L. dise^-tus, éloquent.
DISETTE, d'un type latin disecta, subst.
participial de di-secarc ; pr. état où l'on se
trouve dépourvu, litt. retranché (cp. l'cxpr.
ail. abgeschnitten) do subsistances. — L'étyrao-
logie desita, part, de desinere, cesser, pêche à
la fois contre le sens et contre les règles pho-
nologiques ; ce type aurait produit une forme
deste. — L'aiic. forme disjetc, alléguéo par
Littré, est reconnue fautive ; elle est fondée
sur disiete (e diphtongue en ie), abusivement
lu disjetc. — D. disetteux.
DISGRÂCE, 1 . absence de faveur ; de là le
verbe disgraxner ; 2. absence de grâce, d'agré-
ment; de là l'adj. dhgracieux.
DISCRÉCATION, de dis-gregare" (grei), dés-
agréger, opp. de aggr égare.
DISJOINDRE, L. disjungere, d'où disjunc-
tio, fr. disjonction, disjunctivus*, disjonçtif,
DISLOQUER, BL. dislocare, loco movere,
mettre hors place. Les anciens avaient une
forme plus française de ce verbe ; ainsi on lit
dans Biaise de Montluc : « je me deslouay la
hanche ». — D. dislocation,
DISPARAÎTRE, négatif de ;9arar/r(?; subst.
disparition, fait sur le modèle do apparition et
comparition (qu'un mauvais usage a déna-
turé en comparution).
1 . DISPARATE, action capricieuse et dérai-
sonnable, mottirédel'esp. disparate, sottise,
extravagance (du verbe dAsjnirar, faire des
sottises).
2. DISPARATE, mot savant, adj. et subst.,
du partie, disparatus, difltSrent, de disparare,
litt. dépareiller, difl'ércncier.
DISPARITÉ, L. disparitas", de dis-par,
inégal.
DISPARITION, voy. disparaitrc.
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DIS
— 158 —
DIV
DISPUNDIEUX, L. dispendiosus (do dispen-
dium, dépense, subst. de dispciidere, voy.
dépendre).
1. DISPENSER, vfr. despenser, distribuer,
L. dispensaire f litt. peser à divers, donner à
différentes personnes, voy. d^ndre, et dé-
pense 2. — D. dispensateur, -ation, L. -ator,
-atio; mot moderne : dispensaire, du BL.
dispensarius = dispensa tor.
2. DISPENSER, exempter, d'un type dis-
pensare, dér. do pensum, donc litt. déchar-
ger de la tâclie, du « pensum » imposé. — D.
dispense, dispe^isable, sujet à disjjense ; in-
dispensable, non sujet à dispense.
DISPERSER, L. disj^crsare' , fréq. de dis-
pergcre (spargere), dont le supin dispersum a
donné dispersio, fr. dispersion.
DISPONIBLE, mot savant tiré do disponere,
et signifiant « dont on peut disposer » .
DISPOS, anc. dispost f Ronsard a môme le
féminin disposte), du L. dispositus, disposé,
contracté en dispostus.
DISPOSER, composé de poser, d'après
Tanalogie du L. dis-ponere, dont il partage
les significations, en y ajoutant celles de pré-
parer, engager, «faire ce que l'on veut de
quelqu'un ou de qqcb. ». Nous voyons de
même le verbe ordonner, pr. arranger, pas-
ser au sens de commander. Le français a ingé-
nieusement su distinguer entre je dispose mes
soldats, je les range (selon mon bon plaisir),
et entre je dispose de mes soldats, j'ai puis-
sance sur mes soldats, c.-à-d. faculté de m'eïi
servir comme bon me semble. — Disjjosi-
tion, L. dispositio, arrangement, ordre; terme
savant : dispositif.
DISPUTER, L. disputare, discuter, exa-
miner, débattre. — D. dispute, disputcur.
DISQUE, L. discus, palet {Hv^oi), voy. aussi
dais.
DISQUISITION, L. disquisitio (do disqui-
rere, examiner en tous sens).
DISSECTION, L. disscctio, subst. du verbe
dissecare, disséquer.
DISSÉMINER, L. disscminare (semen). —
D. dissémination.
DISSENSION, L. dissensio (dissentire). Fait
double emploi avec dissoitiment, qui dérive
directement de l'ancien verbe dissentir.
DISSÉQUER, mot savant et irrégulièrement
tiré du L. dis-secare, m. s.
DISSERTER, L. dissertarc, fréq. de disse-
rere, di.scutcr. — ï). dissertation, -ateur, L.
-atio, -ator.
DISSIDENT, L. dtssidens (sedere). litt. qui
siège à part, puis qui diffère d'opinion. — D.
dissidence, L. dissidentia.
DISSIMULER, L. dissimulare. — D. dissi-
mulation, -ateur, L. dissimulatio, -ator.
DISSIPER, L. dissipare (p. dis-supare [su-
pare = jeter). — D. dissipation, -ateur, L.
dissipât io, -ator.
DISSOLU, L. dissolutus, relâché (part, do
dissoh'cre), d'où dissolutio, fr. dissolution.
Vc»y. dissoudre.
DISSOLUBLB, L. dissolubilis (disi>olvcrc).
DISSONER, L. dissonare. — D. disso-
nant, dissonance.
DISSOUDRE, p. dissolre, L. dissolvere. Le
participe dissolutus s'est produit sous deux
formés : 1. dissolu, employé au figuré seule-
ment ; 2. dissous, fém. dissoute, directement
de dissoltus, forme syncopée de dissolutus.
C'est ainsi que absolu existe, avec le carac-
tère d'adjectif, de concurrence avec absous. —
D. dissolvant, L. dissolvons.
DISSUADER, L. dissuaderez subst. dissua-
sion, L. dissuasio.
DISTANCE, voy. distant. — D. distancer.
DISTANT, L. dUtans (de di-stare^ être
éloigné) — D. distance, L. distantia.
DISTENDRE, L. distendere, tendre en tous
sens. Le dis est loin d'être négatif dans ce
verbe, bien que celui-ci soit étymologique-
ment identique avec détendre (du moins au
point de vue de l'orthographe ancienne des-
tendre). — Subst. distension, L. distensio.
DISTILLER, neutre, couler goutte à goutte;
actif, épancher, verser; signifie, technique,
extraire le suc, l'esprit, avec l'alambic. Du
L. distUlare (stilla), forme concurrente de
destillare, dégoutter. — D. distillation, dis-
tillateur, anc. distillcur (d'où distillerie).
DISTINCT. L. distinctus (part, de distin-
guerc). — D. distinctif. — Distinction, L.
distinctio.
DISTINGUER, L. di-stinguere (litt. séparer
par des points) ; le terme scolastique distin^ '
guo est du latin pur et signifie «je distingue •».
DISTIQUE, du gr. èi^nxoi, litt. à deux
rangs, à doux vers.
DISTORDRE, du L. distorquere, dont le
supin distorsum a donné distorsio, fr. distor-
sion.
DISTRAIRE, L. distrahere (cp., pour l'ac-
ception figurée, le terme analogue divertir de
divertere); du participe latin distractus, Ir.
distrait, procède le subst. distractio, fr. dis-
traction.
DISTRIBUER, L. distribuera, d'où, par le
supin distributum, les dérivés distribution,
-teur, -tff.
DISTRICT, voy. détroit.
DIT. subst., voy. dire.
DITHYRAMBE, L. dithijrambus, gr. 5i3û-
DITO, mot fait d'après l'it. detto (part, do
dire) = déjà dit.
DITON, intervalle composé de deux tons»
de l'adj. gr. clrovoi = de deux tons.
DIURNE, du L. diurnus (dics), le mémo
primitif d'où est issu le mot jour; diumal,
forme savante de journal, L. diurnalis.
DIVAGUER, L. divagari, errer çà et là. —
D. divagation.
DIVAN, de l'arabe diwàn (d'origine per-
sane), qui signifie d'abord registre, puis par
extension, bureau des finances, conseil d'Etat,
salle d'audience, cabinet des ministres. Au
moyen âge, l'ara Ik^ diwàn s'employait particu-
lièremoat dans le sens do bureau de douane;
latinisé par diuana, doana, duana, il est
devenu le mot fr. douane. ^- L'acception sofa.
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DOD
— 159 —
DOM
propre à dican dans le turc actuel (et en fran-
çais), est déduite de colle de conseil des minis-
tres; le nom de celui-ci s'est transporté au
meuble sur lequel les ministres sont assis.
DIYE = divine, L. diva, féni. de divus.
DIVERGER, L. divergere, opp. de coiwer-
gère. — D. divergent, -axce.
DIVERS, L. diversus, pr. tourné en sens
différents, part, de divertere, — D. diversité,
L. diversitas; diversifier, du latin fictif rfii?cr-
sificare.
DIVERSION, action de détonnicr et l'effet
de cette action, L. diversio', do divertere,
détourner.
DIVERTIR, L. divertcj'c, sens littéral : dé-
tourner; sens figuré : distraire, amuser. — D.
divertissement (appliqué au sens figuré seule-
ment). Cp. déduit,
DIVIDENDE, L. dividenda (s. e. pars), part
à diviser, à partager.
DIVIN, L divinus, — D. diviniser; divi-
nité, L. divinitas; divination, voy. deviner.
DIVIS. partage, subst. verbal de diviser,
DIVISER. L. divisare, fréq. de divide^-e.
Subst. verbal divis. — Dérivés du supin latin
divisum : divisus, -a, d'où le subst. divise, t.
de blason, et l'adj.' indivis; divisio, fr. divi-
sion; diviser, fr. diviseur; divisibilis, fr. divi-
sible, d'où indivisible.
DIVISION» voy. diviser. — D. division-
naire.
DIVORCE, L. divortium (divertere). — D.
divorcer.
DIVULGUER, L divulgare, répandre dans
le monde \pidgus), publier. — D. divulgation.
DIX, vfr. dis, prov. dets, du L. decem. —
D. dixième, disain, disaine (d'où dizenie)');
discau.
DOCILE, L. docïlis, litt. qui se laisse ensei-
gner (lat. docere). — D. docilité, L. docilitas.
DOCK, mot anglais, = chantier, bassin.
DOCTE, L. doctus (pr. part, de docere,
instruire); doctmtr, L. doctor, pr. maître en-
seignant, d'où doctorat, -al.
DOCTRINE, L. doctrina (docere), enseigne-
ment. — D. doctHnal, -aire; endoctrine7\
DOCUMENT, L. documentum, pr. moyen
d'instruction. — D. docwnentaire.
DODINER, DODELINER, aussi dondeliner,
bercer un enfant pour l'endormir; expression
onomatopéique, comme faire dodo, expression
enfantine pour dormir. Df>do, comme dada,
exprime vacillation; aussi se dodiner, pr.
se balancer, se bercer, se dorloter, au sons
figuré ^=s prendre «soin de sa personne, n'est-il
qu'une variété do se (/a>idi?icr (radical varié et
nasalisé). — Appartiennent à la môme famille :
angl. doddle (en province aussi daddle, dai-
dle), se laisser aller nonchalamment, dandle,
bercer, dorloter, it. dondolare «i dodiner,
dandiner.
DODO. voy. l'art, préc.
DODU appartient sans doute à la mémo ra-
cine que vfr. dondé, gras, replet, nfr. doiidon
Cette racine pourrait se trouver dans le frison
dodd, bloc, masse, ou bien dans le thème
dod, exprimant mouvement vacillant, d'où
sont sortis dodiner, dodeliner- ; le rapport de
balancement et de corpulence n'a guère besoin
d'être justifié.
DOGE, mot vénitien formé de L. dux, ducis
(voy. duc).
DOGME, gr. Sôyat (doitéu), o])inion, décision;
ûoyfjiXTi/.6;, dogmatique; ©'//«aTîJîiv, dogmati-
sa\ d'où dogmatiste, -isme.
DOGRE, esp. de bateau, du néerl. doggcr-
boot, nom des bateaux pécheurs du Doggers-
bànk.
DOGUE, de l'angl. dog, chien. — D. doguin;
cps. bouledogue (v c. m ).
DOIGT, vfr éUnt, doit, du L. digitus (cp.
i*oide de Hgidus, froid de frigidus). — D.
doigter^ doigtier.
DOIS. DOIT, petit cours d'eau, du L. ductus,
conduit (dans aquœ ductus).
DOL. L. dolus, fraude.
DOLABRE. L. dolabra.
DOLBANCE. grief, plainte, do l'anc. adj.
dolMnt, forme incorrecte p. dolent. Cp. con-
doléance.
DOLENT, pr. qui souffre, du L. dolcns,
part, de dolere (d'où fr. se douloir). — D. do-
léance (v. c. m.); indolent, qui se soucie peu,
nonchalant.
DOLER, L. dolare; de ce dernier. BL. do-
latoria, vfr. doleoire, nfr. doloirc.
DOLIMAN ou (hlman ; mot hongrois : dol-
mang, bohème doloman.
DOLLAR, mot angl.. représentant l'ail, tha-
1er, écu, lequel tire son nom do Joachims-thal
en Bohême, où cette monnaie a été frappée en
premier lieu.
DOLOIRE. voy. doler.
DOM, ancien titre d'honneur de cléricature,
du L. dominus. — D. domeric.
DOMAINE, vfr. demaine, directement du L.
domininm, pro])riété. Pour le changement de
i en ai, cp. je maine (forme vfr. p. je moine,
auj. tnihie, do minare, moiier); l'anc. langue
offre, du reste, aussi la formo plus réguliôro
deninine. — I). domanial.
DOME. gr. Sôtu-x, maison, puis église, église
à coupole (signification propre surtout à l'ail.
dom et à Fit. domo). Au moyen âge déjà la
signification s'est réduite à celle de coupole.
Le gr ôw'/a, cependant, au dire do saint
JérAnn». aurait d'\jà eu le sons réduit do tec-
tum : - Domi in oricntalibus provinciis ipsum
dicitur qti.xl a')!i«l L-itinos toctum; in Palaes-
tina criini et .K^^ypto .. \\n\ habont in t^jctis
cnlnjiuM sed dornita (|-ue Knn e vol solaria,
vol iii.eiiiana voc.mt., itl est, plana tc^ctxi qu»
tran.svcrsis trabibis sustontantur «. Aussi la
Vulufato traduit-elle habiter au coin d'un toit
(Prov. '21 , 9) par « sotUn-o in an^ulo domatis » .
Ailleurs : « Kos (jui in domitibus adorant
niilitiaincœli.soleni et lunam. et astra reliquat.
DOMERIE, v(.y. dum,
DOMESTIQUE. L. dom-sUcui {iX)m-\fi^. La
vraie form.' tV.mc lisi» du m )t est le vfr. doines-
cJie. n|). ])r>V. r/u /j '.sy//</'). —I). tl >èn\'itirité,
L. dom.vsticira-; VitIh' (itlu tinUif/nif 'Sjint-
Simon).
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DON
— 100 —
DON
DOMIGILS, L. domiciliitm (domus). — D.
domicih'aire, se domicilier.
DOMINER, L. dominari, être le maitre. —
D. domiiicUettr, -ation, L. dominator, -atio.
DOMINICAL, dér. du L. dominiciis Moini-
nus), 1. qui appartient au, ou qui vient du
Seigneur, 2. relatif au dimanche, jour du
Seigneur, voy. dimanche.
DOMINO, mot esp. qui signifiait à Torigine :
capuchon des ecclésiastiques, camail. De do-
mino, titre d'ecclésiastique à certains degrés
de la hiérarchie ; les ministres du culte s'ap-
pellent encore en Hollande des domine', — La
jeu de domino, dit Littré, a été ainsi nommé à
cause du revêtement noir que chaque dé porte
en dessous ; mais voici une anecdote qui révèle,
paraitril, la véritable origine du jeu et de son
nom ; je Tai cueillie dans mon journal et Tai
retrouvée plus tard dans le suppl. de Littré :
Dans un des nombreux couvents entourant
le célèbre monastère du Mont-Gassin, fondé par
Saint-Benoit au sixième siècle, deux moines
avaient été enfermés un beau jour dans la cel-
lule de pénitence, par suite d'une infraction à
la règle. Pour passer plus aisément le temps
de leur réclusion, ils imaginèrent de tailler
en forme de carrés, de petites pierres blan-
ches (de craie probablement), sur lesquelles
ils gravèrent des points noirs en nombre va-
riable pour chacune d'elles. Puis ils disposè-
rent ces petites carrés de manière à former des
séries dont les diverses combinaisons tenaient
leur esprit en éveil. Cette distraction leur fut
si agréable, que, sortis de leur cellule, ils
mirent les frères du couvent dans le secret de
leur invention, et tout le monde, depuis le
prieur jusqu'au portier, se passionna pour ce ■
jeu. Celui des joueurs qui avait trouvé le
moyen de placer le premier tous ses dés té-
moignait sa satisfaction, comme il est d'usage
parmi les religieux, après un travail ou une
recherche quelconque, en s'écriant : Benedir
camus Domino, De sorte que le mot domino,
revenant toujours à la fin de chaque partie,
finit par servir à désigner ce jeu, auquel on
ne savait encore quel nom donner. L'exclama-
tion : Domino! et l'expression faire domino,
qui s'emploient encore aujourd'hui pour mar-
quer la fin do chaque partie, prouvent bien
que c'est là la véritable origine du mot dont
nous parlons. — D. dominotier, dominoterie,
DOMMAGE, voy. dam, — D. dommageable,
dédommager, endommager,
DOMPTER, anc. douter, dattier, angl.
daimt, du L. domitarc, — D. dompteur,
domptable, indomptable.
DON, L. donum,
DONC, vfr. dune, donhes, it. dunque, prov.
donc, doncas; sous forme comjiosée vfr.
a-donc, adonques, aussi adont. Le sens de doiw
était à l'origine alors; c'est de là que s'est
déduite l'acception ergo, cfr. Festus : igitur
apud antiquos poncbatur pro inde et postea
ettum; cp. en allemand le môme rapport
entre dann, alors, et la variété denn, donc.
L etyniologie du mot n'est pas encore assurée ;
un type dc-unquam est contraire au sens, de
même que ad hune (s. e. modum ou finem), allé-
gué parMuratori. Diez s'en tient à <u»c; seule-
ment, vu l'inadmissibilité d'une mutation du t
initial en d, il pense quïl faut prendre pour
base une forme barbare ad-tunc, d'où a-tunc,
adonc, puis, par aphérèse du préfixe, f/w/c(cp.
lors p. alors), — Cornu (Rom. VII, 363) cherche
à expliquer toutes les formes romanes jMir la
formule numqua, plur. de numquid, d'abord
interrogative, puis conclus! ve (cp. car do
quarc) ; pour n devenu d, cp. vfr. domer p.
nomer. — En dernier lieu, Fœrster (Roman.
Forschungen, I, 322) propose lat. donique,
altération de dcnique,
DONDAINE, V. dondon.
DONDON, femme grasse et d'un teint frais,
voy. dodu, — Diez est porté à voir dans ce mot
un redoublement de don et rapproche don de
l'angl. dump, radical de dumpy, court et
épais, et de dumpling, petite personne grasse.
Le mot dondaine, soit qu'il signifie, comme
dans Froissart, une macliine de guerre pour
lancer de grosses pierres, ou qu'il s'applique
à un instrument à vent du genre de la corne-
muse, est sans doute une variété de dondon,
et s'y rapporte comme bedaine à bedott, mi^
taine à mitofi.
DONJON, DONGEON, vfr. aussi doignon,
dongnon, dangeon, ^roy, donjô,Bh.do7nnio,
le plus haut bâtiment d'un castel, maitrcsse
tour. Zeuss, sur la base d'une orthographe
dangio, qui est dans Orderic Vidal, y i*econ-
nait rirl. daingean, fortification ; mais dangio
n'est que l'imitation du vfr. dangeon, modifi-
cation toute naturelle de dongeon (cp. volenté
p. volonté, chalenger* p. chalonger), Grand-
gagnage (Mémoires sur les anciens noms de
lieux de la Belgique orientale, p. 77, ad
vocem dunch, donck), après avoir expliqué le
terme dune, dung, dofik, sufiixe si fréquent
dans les noms de lieux des pays flamand et
rhénan, par « locus e palustribus emergens »,
définition déjà donnée parGramaye et Hcylen,
fait l'observation suivante : « Une émiuenco
entourée d'eau ou de marécages formant né-
cessairement un lieu de refuge convenable ou
un fort, on pourrait peut-être dériver le mot
français donjon de notre dungo, dong, forme
citée par Hcylen, aussi bien ou mieux que de
l'irlandais dun, d'après Diez, ou de l'irlandais
daingean, d'après Zeuss, qui signifient aussi
un lieu fortifié ». A l'appui de cette significa-
tion de refuge ou de fort que le savant philo-
logue wallon prête au mot dungo, il cite le
nom de lieu Ursidongus, expliqué par un
biographe de saint Ghi.slain « ideo sic dictus,
quod ibi solita erat ursa catulos fovere », donc
la tanière de l'ourse. Diez, abandonnant son
ancienne opinion en faveur de l'irl. dt'm (lieu
fortifié), par l'inteimédiaire du BL. dunio, se
rallie à celle qui admet pour type immédiat
le BL. dotmiio (p. dominio), avec le sens de
corps de bâtiment principal, dominant; elle
est rendue indubitable, dit-il, par l'emploi de
la forme rfomiiiton = donjon, relevée par Mus-
safia dans l'écrivain milanais Bonvesin da Riva.
DONNER, L. donare. — D. donnée, don-
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DOT
161 —
DOU
ucitr, qui aime à donner ; donateur^ L. dona-
tor; dmxation, L. donatio; donataire, -cUif,
L. donatariiis, -ativus.
DONT, it., esp., port, donde^ prov. don, du
L. de unde, composition barbare pour itnde.
Il faut observer que le simple tiude (it., port.,
V. esp. ond^, cat. on, prov. ont, oti) avait pris
le sens de où, ce qui justifie la composition
de-xinde pour d*on. L'emploi pronominal de
xrnde ou de-unde n'a rien qui puisse paraître
étrange ; le fr. d*oii s'emploie également pro-
nominalement dans cei'taines applications,
p. ex. : c'est vouloir renfermer un chêne dans
le gland d*oiï il est sorti (Bem, de Saint-
Pierre). Et, du reste, le latin en a déjà donné
l'exemple : « in fines suos wide erant profecti n
(César) ; « hereditatem iinde ne numum quidem
unum attigisset » (Cic. de Fin., 2, 17). Dont
est un adverbe pronominalisé avec caractère
relatif, comme le sont «» = L. ùide, et y *=
L. ibi avec caractère démonstratif.
DONZBLLB, de l'it. et prov. donzella, di-
min. de donna, voy. dame.
DORADE, du part. prov. dorada = fr.
dorée; l'it. dit orata, — D. doradon. Voy.
aussi daurade.
DORÉNAVANT, concrétion des mots dore
(de cette heure) en avant. Cp. désormais.
D0R8R, L. de-aurare. — D. doreur, -ure;
dorarfe (poisson); opp. dédorer.
DORLOTER, du xir.dorelot, mignon, favori
(Rabelais emploie le mot pour enfant gâté).
Diez rapporte dœ-clot à l'ags. dcorling (angl.
darling), et rappelle le cymrique dorlawd,
qu'Owen décompose en dati»% avoir soin, et
Uavxi, garçon. Cheval Ict cite le terme breton
et gaél. dorlota = dorloter, qu'il dérive de
dorléi, dorlô, caresser avec la main comme
on fait aux petits enfant.s. Mais ces mots pour-
raient bien être empruntés. D'autres voient
dans dorelot, mignon, une acception figurée
d'un ancien subst.rfore/ot signifiant une espèce
de bijou, et qu'ils rattachent à dorer (cp. le
terme de cai*esse : mon bijou !). On trouve en
eflfet dans la vieille langue les mots dorlotier,
dorioterie, désignant le métier do bijoutier.
Tout en admettant qu'un mot populaire dore-
lot ait pu se produire de dorer sur le patron
de bimbelot, bibelot, je pense qu'il est préfé-
rable de ne voir dans dorelot, ]oy9\\, qu'une
acception déduite do dorelot, mignon.
DORMIR, L. dormire. — D. dormeur, doi^-
meuse; dortoir, contracté du L. domiitoi-ium ;
eps. endormir.
DORSAL, du L. dorsum, dos.
DORTOIR, voy. dormir.
DOS, it., esp. dorso (it. aussi dosso), prov.
etanc. catal. dors, dos; du L. dorsum, do-
venu dossum (voy. Paris, Rom., X, 47). —
Rabelais dit dours. — D. dossier, 1. dos d'un
siège ; 2. terme d'administration : le carton
ou la liasse relative à une affaire, étiqueté au
dos; endosser, édosscr.
DOSE, L. dosis, gr. 5wiiç, quantité donnée.
— D. doser.
DOSSIER, voy. dos. — D. dosserct.
DOT, L. dos, dotis. — D. dotal, L. dota-
lis; doter, L. dotare, qui est aussi le primitif
de douer, pr. pourvoir; dotation, L. dotatio;
douaire, BL. dotarium.
DOUAIRE, angl. dower, voy. dot. — D adj
douairier, subst. douairière, veuve qui jouit
d un douaire (angl. rfowayer).
DOUANE, it. dogana. Voici les diverses éty-
mologies inacceptables qui ont été mises en
circulation : 1. Frisch : Ducere, introduire
des marchandises, mais on n'a pas d'exemple
d un suffixe ana joint à des radicaux verbaux
2. Ferran : Doga, baril, tonneau, puis les
marchandises arrivant dans des tonneaux-
mais d<^a ne signifie jamais tonneau (voy!
douve). S. Ménage : Joxiv.,, lieu de réception,
puis heu où Ion perçoit l'impôt, dérivé de
èdi^n = Soy^ii (de *ix"^«*). niais ôo/àv„ n'a eu
le sens de douane à aucune époque de la
langue grecque. 4. Dogana serait la forme
normale d où se sont produites les autres • BL
duatm. prov. doajia, fr. douane, et signifie!
rait 1 impôt du doge, comme les regalia sont
1 impôt du roi. Cette dernière explication était
celle que je hasardais dans ma première édi-
tion ; depuis, j'ai cru devoir accueillir l'étym
posée par Diez et indiquée déjà sous divan.
L origine arabe du mot ressort surtout de
1 esp et port, aduana (le préfixe a représen-
tant 1 article arabe). Le g de l'it. dogatm est
intercalaire, comme dans ragunare p. rau-
nare. -— D. douanier.
DOUBLE. L. duplus. ^ D. doubler, L. du-
plare(Festus); doubleau, doublet, -ette, -on,
'ure; cps. dédoubler, redoubler
DOUCHE, de Fit. dœcia. conduit, tuyau,
dérivé du verbe it. docctare, couler, verser
fr. doucher), qui lui-même représente un
type latin c/«c«ïarc. formé de ductus, comme
suctiarcl(v. sucer) de suctus.
DOUBLLB, vfr. docile, douille, lorr. dou-
ville, dim. de douve (v. c. m.). Ces mots expri-
ment un revêtement voûté ou une courbure
quelconque.
DOUER, forme vulgaire de doter, voy. dot •
du L. dotare; angl. en-doio.
DOUILLE, manche creux d'une baïonnette,
etc., selon 1 opinion très plausible do Diez, du
BL. diictile, gouttière; cp. andouiUe de in-
ductile. Toutefois, douille pourrait bien être
ISSU par contraction de dou-ille indiqué sous
douclle. *
DOUILLET, dimin. de l'anc. adj. douille,
uî\T'\ V' ''^^"* ^» L- 'f^''Ct^f^^, ductile,
""^in^f^^"^® ^ rfot«7/£?/te. vêtement ouaté.
DOULEUR, vfr. dolour, L. dolor. - D. dou>
DOULOIR (SE), du L. dolcre, éprouver do
la douleur.
DOUTER, L. duhitare (cp. coude, do cubi
tus). Anciennement, douta- s'employait dans le
sens actuel de redouter, se douter, dans celui
nA^^^-~^- ^'''"^^' douteux\ redouter.
DOU^. it., prov.. cat. doga, milan, dova,
nôerl. diiig (suisse daugc), ail. daube (p.
(Imnoc). Doga se rai)i)ortcà fr. donve, comme
L. rngarc au vfr. rouccr; c.-à-d. qu'il v a ou
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DRA
— 162
DRI
d'abord syncope du g médial [doué), puis
intercalation de o {^owoé), Diez admet Tiden-
tité de dx>ga, douve, ais de tonneau, avec le
prov. doga, norm. douve, fr. doue, qui signi-
fient revêtement d'un fossé. Quant à l'origine
de l'un et de l'autre, Frisch a proposé le L.
ducere (cp. doccia, douche), comme ayant
déterminé le sens de fossé, cavité. Mieux
vaut l'étymologie de Ducange, savoir le latin
doga, signifiant un vase ou une mesure et qui
vient du gr. cox^t receptaculum. La filiation
logique serait ainsi : réservoir d'eau, creux,
fossé (signification encore existante), puis
revêtement ou parement d'un fossé, enfin
planche d'un tonneau. — D. de la forme doue :
le dim. douelle (v. c. m.); de douve : douvain.
DOUX, fém. douce, vfr. dois, L. dulcis. —
D. douceur, L. dulcor (TertulL); doucet; dou-
ceâtre, doucereux; doucir, L. dulcire (Lu-
crèce); adoucir. Dérivés directs du thème
latin : dulcifier; édulcorer, L. edulcorare.
DOUZE, contracté du L, duodecim. — D.
douzième, dousain, -aine.
DOUZIL, DOUSIL, angl. dosil, fausset pour
tirer du vin, cheville servant à boucher le trou
d'un tonneau ; du BL. duciculus, m. s., dérivé
de ducere.
DOTSN, angl. dean, néerl. dehen, voy. dé-
canoit. — D. doyetiné.
DRACHME. DRAGME, vfr. drame, du gr.
èp»yfji^ (monnaie et poids).
DRAGÉE, vfr. aussi dragie, prov. dragea,
esp. et port, dragea (et gragea, grangea), it.
treggea; BL. dragata, -eia, -ia; toutes for-
mes altérées de tragemata (Papias) s» gr.
xriOL'/'f^li.xrx, friandises, de rpa/tiv, intin. aor. 2
de rpùyiiv, grignoter. — D. drageoir, sou-
coupe pour servir des dragées.
DRAGEON, rejeton, bouture, du verbe goth.
t7'aibjan (b\\. mod. treiben), pousser; cp. bou-
ton de bouter, pousse àe pousser. Cette ôtymo-
logie est préférable à celle du subst. fictif
traducio, -onis (dér. du L. tradux, sarment
de vigne), qu'avait avancée Ménage. — D.
drageonner.
DRAGON, animal, L. draco, -otiis. Quant
à l'origine de dragon, en tant que terme mili-
taire, les opinions varient beaucoup. Adclung
pense que les dragons ont été nommés ainsi
d'après leurs épauliôres, appelées dragoni;
Voltaire, d'après Ménage, parce qu'ils portè-
rent un dragon dans leurs étendards ; d'autres
font remonter le nom au pistolet orné d'une
tête de dragon dont le."^ dragons auraient dans
le principe été muni.s. Peut-être dragon
est-il tout bonnement le nom de l'arme,
étendu & ceux qui s'en servaient (cp. carabi-
niers, mousquetaires); et quant au nom de
l'arme, il serait analogue à cehii de coulevrine
(voy. aussi notre article mousquet). On peut
encore admettre que le nom dragon ait servi
de symbole pour exprimer l'audace et l'éner-
gie militaires, sens qui s'attache encore acces-
soirement à ce mot*. — D. dragonne, galon
d'une poignée d'épée ; dragonnier, plante d'où
coule le sang-dragon ; enfin, les fameuses dra-
gonnades, d'odieuse mémoire.
1. DRAGUE, instrument pour draguer, de
l'ags. drâge, angl. drag, crochet, râteau. —
D. draguer, -eur.
2. DRAGUE, orge cuite qui demeure dans
le brassin après qu'on a cuit la bière, rouchi
drague, wallon dràhe, du v. nord, dregg,
angl. dregs, lie, sédiment (ail. dreck, fumier).
DRAIN, subst. verbal de drainer.
DRAINER, terme d'agriculture, tiré du
verbe angl. to drain, ^ire écouler l'eau,
mettre à sec. — D. drah\; drainage.
DRAME, gr. opâ/Ax, pr. action, puis pièce de
théâtre; ûpxfi^rtMi, dramatique; èp^fix^litiv,
dramatiser, SpxpLurljTyn (inus.), dramaJListe ;
SpxfAxrovpyôi, litt. faiseur de drames, drama-
turge.
DRAP, it. drappo, prov., cat. drap, esp.,
port, trapo, BL. drappus, pannus. L'origine
de ce mot n'est pas encore tirée au clair.
Frisch a supposé quelque connexité avec l'ail.
trappen, fouler, serrer. Diez, dans sa dernière
édition, indique un mot allemand trabo, qui,
dans un glossaire du xii* siècle, se trouve
traduit par m trama, extrema pars vestiraenti,
fimbria »; le nom de la trame ou de la bor-
dure a pu, ditril, s'étendre à tout le tissu. —
J'ai rencontré dans Jean de Çondé l'orthogr.
trap. — Baist (Zeitschr. VI, 1 16) propose ags.
Iràf, = vfr. tref, prov. trap, tente en drap
(opp. àZogre, tente en feuillage), dont, d'accord
avec Suchier [ib. I, 433), il conteste la con-
nexité avec le lat. trahs, poutre. [L'opinion
qui distingue entre vfr. tref, poutre, et vfr.
tref, tente (=^ a}? s. tràf) est péremptoirement
renversée par G. Paris, Rom. VI, 629.] ■ — D.
drapeau (ce mot a signifié autrefois aussi vê-
tement; pi'overbe : « l'on ne connoist pas la
gent au drapeau •»; aujourd'hui encore les
patois emploient ce mot pour linge et langes),
du BL. drapellus, panniculus; drapier, dra-
perie; verbe draper.
DRASTIQUE, gr. Spx^n^ôi (Spit^), agissant,
énergique.
DRÂGHE, marc de l'orge concassée qui a
servi à faire de la bière, est, d'après Diez, le
vfr. drasche, BL. drascus, qui dit la même
chose et qui vient du vha. drascan (ail. mod.
dreschen), battre le blé en grange. La drèche
serait donc le grain battu, trituré, le résidu.
Il y a quelque difiiculté à identifier, étymolo-
giquement, les mots drague et drèche. — D'a-
près Bugge (Rom. III, 147), drèche représente
î'aha. drastja, dresija, mot à supposer d'après
l'ags. dœrste (« faex »), a. angl. drastes (pi.),
résidu des grappes pressurées, ail. mod. tres-
ter.
DRESSER, voy. droit. — D. dressoir, re-
dresser.
1 . DRILLE, camarade, du vha. drigil, gar-
çon, serviteur, nord, thraell.
2. DRILLE, lambeau, chifibn. Diez met en
avant, avec quelque hésitation, le nord, dril,
déchet. Chevallet cite le bret. trul, chiffon et
le cymr. dryU, lambeau, verbe drylliavo,
mettre en pièces. — D. driller (v. pi. bas).
3. DRILLE, foret, de l'angi. drill, ni. dnl-
Icn, percer, forer.
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DRU
— 163 —
DUC
D&ILLER, 1 . aller vite, courir ; j'y vois l'ail.
drillen, tourner çà et là, aussi tourbillonner;
2. ramasser des chiffons, voy. dj-ille 2.
BROC, un des noms do l'ivraie. En vfr. on
trouve la forme fém. droe; Besant de Dieu,
1593 : Dessus le biau furmcnt sema | Gai-zorie
e droe e neele | Ë ivraie. — D'autres exem-
ples ap. Godefroy.
DR06MAN, prov. drogomany esp. drago-
man, it. dragomanno; de l'arabe tardjoman,
tordjoman, interprète (qui, selon Dozy, vient
de tardjama, interpréter). Le même vocable
oriental s'est encore introduit dans nos lan-
gues sous les formes it. turcimannOy esp.
trujaman, fr. trucheman, truchement, vfr.
trughemani,
1. DROGUE, épice, matière chimique, etc.,
it., esp., port., prov. droga, angl. drug, du
nécrl. droog, sec, donc pr. marchandise sèche.
— D. droguerie, droguiste^ droguer.
2. DROGUE, chose sans valeur, mauvaise
marchandise ; prob. le même mot que le pré-
cédent, pris dans une acception pc^jorative. —
D. droguet, étoffe de laine de bas prix, angl.
dnigget.
3. DROGUE, esp. de jeu de cartes (voy. Lit-
tré), d'un mot gaulois signifiant nez ou bec
(id., suppl.).
DROIT, adj. ctsubst. , prov. dreit, dreich , it.
diritto, dritlOy esp. derccho, du L. directus
(part. pass. de dirigere), qui a la môme va-
leur et qui, dans les langues romanes, a sup-
planté le simple reclus. Le neutre directum
s*est substitué au L. jus pour signifier le
droit; cp. ail. redit ^ tiré également d'une ra-
cine reg signifiant diriger, ajuster. Cicéron
déjà a employé directum comme synonyme de
justum et vcrum. — D. droitier, qui se sert
de la main droite; droiture^ signification
morale (dans Vitruve, on trouve directura
dans le sens propi'e d'alignement). De droi-
ture : vfr. droiturier^ droit, juste, légitime.
Composés : adroit (v. c. m.), endroit (v. c. m.). —
Du part, directus s'est produit un verbe direc-
tiare, d'où les formes it. dirissare, drizzare,
esp. derczar, prov. dressar, fr. dresser, vfr.
drecier (cps. adresser, v. c. m.). L'angl. em-
ploie le même mot dans le sens de préparer,
arranger, puis spécialement dans celui d'ha-
biller. L'it. possède en outre une forme ris-
2are = dresser, tirée de rectiare", de reclus,
DROLE, mot inconnu aux lexicographes du
XVI® siècle, bien qu'on le rencontre, orthogra-
phié droite, dès le xv*; sans aucun doute
identique avec l'angl. droll, plaisant, comique,
ail. et nécrl. drollig, = drôle ; cp. née ri.
dtol, nord, drioli, gaôl. droll, lourdaud. —
D. drolatique (formation populaire; ; drôle-
rie. Le féminin drôlesse se rapproche, par
sa valeur, de l'ail, drolle, femme commune,
angl. truU, prostituée, et trollop, salope.
DROMADAIRE, L. drotnadarius, dér. de
dromas, -adis, ■■= gr. ûpo/xài, coureur.
DROSOHKI, espèce do voiture ; mot russe,
ail. (iroschke.
DRU, adj., gaillard, vif, abondant, serre,
épais. Ce mot est distinct du vieux subst.
français drut, it. drudo, qui signifie ami,
chéri, et qui vient de lall. triU (drùt), traut,
m. s. 11 dérive, dit-on, du celtique : gaél.
druth, pétulant, cymr. drud, vigoureux,
hardi. J'accepte cette étymologie pour le sens
gaillard, mais quant au sens abondant, dense,
elle ne me parait pas satisfai.sante. Rabelais se
sert de dru avec le sens de dodu, bien nourri
et dans celui d'épais. Cachet pense que cet
adjectif pourrait se rattacher à l'islandais
driugr et au suéd. dryg, qui réunissent
toutes les acceptions du mot français, accep-
tions qui se retrouvent aussi dans l'adjectif
grec xopoi (lisez kûooi), indiqué déjà par H. Es-
tienne Ce dernier, en effet, signifie à la fois
robuste, fort, gras, serré, dense, abondant,
luxuriant ; mais il n'a aucune affinité étymo-
logique avec le mot français : àô/Bo'î, d'après
Buttmann, est une variété de à^ivo';, qui si-
gnifie à peu près la même chose et a pour
racine aà. d'où aussi scd>iv, adv., à satiété. —
Une transposition de dur us ou de rudis n'est
pas acceptable. — Nodier rattache dru, fort,
vigoureux, à IpZ^, chêne, se fondant sur
l'exemple de robuslus, qui vient de robur,
chêne; cette étymologie est spécieuse, mais
iasoutenable.
DRUGE, pousse surabondante de pois ; vfr.
provision, multitude; vfr. drugier, pousser
abondamment (en parlant des plumes); dans
le Haut-Maine, drugir = devenir dru,
grand, fort. D'origine incertaine ; il est diffi-
cile de séparer le mot do dru (abondant, luxu-
riant), dont la consonne finale a dû être g. Le
mot parait être identique avec vfr. druge =»
plaisanterie, bourde; pour la relation logi-
que, cp. l'expression bombance, qui implique
à la fois l'idée de richesse, ampleur et celle do
fanfaronnade.
DRUPE, fruit charnu, portant un noyau ;
d'origine incertaine. On trouve eu latin
drup2)a, en grec ôpûrtTra, appliqué à l'olive
trop mure ou qui commence à mûrir, et rat-
taché par Pline à l'adj. composé grec ipuitirnu
signifiant •* qui tombe de l'arbre, mûr ». Lit-
tré fait venir druppa, avec plus de probabi-
lité, du gr. opur.tTtr^i en tant que ce composé
(de ^p'ji -[- TTcTTrciv) signifie <« mûrissant sur
l'arbre » ; les lexiques, en effet, ont soin de
distinguer entre les deux mots grecs.
DU, vfr. deu, dou, régulièrement formé de
del =« de le.
DU, contracté de vfr. deU, du L. debiUiiS,
forme barbare p. debitus.
DUALITÉ, -ÂLISME, -ALISTE, dér. du L.
dualis, adj. de duo, doux.
DUBITATIF, mot savant pour douteux, du
L. dubitativus.
DUC, it. duca, esp., port, duque, val. duce.
Du latin dux, ducis; sauf l'italien duca, qui,
selon Diez, remonte au L. dux par l'intermé-
diaire de la forme byzantine ooûÇ (accus, ôoûxa)
ou ôcj/xi, employée longtemps avant l'époque
littéraire do la langue italienne pour dêïiigner
I le chef militaire d'une ville ou d'une province.
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£
— 164
DYS
Une dérivation directe du L. duoc n'eût jamais
pu produire l'italien duca, mais bien doce, que
l'on rencontre en effet adoucie dans le vénitien
doffe, — D. ducliesse, BL. ducaiissa; ducal;
duchés it. ducato, esp. ducado, prov. ducat,
BL. ducatus. Ce dernier terme ducatus signi-
fiait aussi une espèce de monnaie, frappée
d'abord par Roger II, roi de Sicile, pour le
duché de Fouille (ducato d*Api(fflta), vers
1 140 ; de là fr. ducat et ducaton, — Duc est
aussi devenu une appellation ornithologique
pour désigner un genre d'oiseau nocturne; on
distingue le grand duc, le moyen duc et le
petit duc.
DÏÏGâT, voy. duc; dimin. ducaton.
DUCHÉ, autrefois, comme comte\ du genre
féminin, voy. duc. — La forme vfr. ducheet,
ducheé (fém.) accuse un type ducitatem; de
là s'explique, par contraction, la duché,
DUCTILB, L. ductilis (ducere). Voy. aussi
douille. — D. ductilité.
DUÉ6NE, de l'esp. dueha, = L. domina;
voy. dame.
DUEL, combat singulier, du L. duellum,
ancienne forme de bellum (celui-ci vient d'une
racine bis, l'autre de duis, son équivalent ; cp.
duonus, ancienne forme de bonus). Ce n'est
que dans le moyen âge que duellum a pris le
sens actuel de duel. — D. duelliste.
DUI&E, verbe neutre, convenir, plaire, du
L.' ducere t pris dans le sens de conducere. Au-
trefois, duire avait aussi le sens actif du L.
ducere, conduire (un vaisseau), diriger, élever
(un enfant), dresser (des animaux).
DULCIPIBR, voy. doux. — D. dulcifica-
tien.
DULGINÉB, maîtresse; d'après le nom de
la maîtresse de don Quichotte ; mot tiré de
dulcis, doux.
DULIE, gr. SouUlx, pr. culte scrvilo.
DUNE, it., esp., port, duna; d'origine ger-
manique : vha. dûn, dùna, promontorium,
nécrl. duin, ags. dùn, angl. doion. Ces mots,
toutefois, appartiennent aussi aux langues
celtiques : auc. irland. di'm, gaél. din, col-
line, primitivement lieu fortifié. Cp. aussi gr.
^iç dfy, butte de sable au bord de la mer,
colline. Dun a donné le suffixe des noms de
lieux tels que Lugdunum, Augustodunum, etc.
Voy. aussi l'art, donjon. — D. du7iette.
DUO, forme italienne et latine de deux.
DUPE; étymologie inconnue. Frisch rap-
proche le souabe dûppel, imbécile (voy.
Grimm, v^* dôbcl et diippel). D'après Cheval-
let, dupe a été le nom de la huppe, oiseau qui
passe pour un des plus niais, et c'est ce qui
expliquerait le sens attaché à ce mot dans la
langue actuelle. Littré, qui approuve cette
étymologie, compare la valeur analogue don-
née à pigeon (cfr. aussi celle de l'ail, gimpd,
bouvreuil). Il est possible que Chevallet ait
bien rencontré ; cependant, il est curieux de
noter que le nom de la huppe a aussi donné
naissance à l'a^j. huppé, dans le sens de fin,
adroit : « les plus huppés y seront pris ». Cet
a4j. sauve un peu la réputation que fait à cet
oiseau le mot dupe. En admettant que notre
mot dupe vienne de dupe^ huppe (le glossaire
de Jaubert porte dube), il reste à trouver l'ori-
gine de ce dernier. — D. duper, -eur, --erie.
DUPLICATA, pluriel neutre de duplicatus,
participe latin signifiant doublé.
DUPLICITÉ, L. duplicitas. Chez Horace
déjà duplex avait le sens de faux, perfide, à
double langage ; cp. le vfr. doubler, tromper.
DUPLIQUER, répondre à une réplique,
litt. doubler la réponse, en faire une deuxième;
forme savante du L.duplicare. — D. duplique.
DUR, L. durus. — D. duret; dureté, L.
duritas ; durcir, L. durescere (cps. endurcir);
durillon, bourg. duroUlon (à^ dur-\-œilf).
DURER, L. durare (de durus, dur, résis-
tant et par conséquent persistant). — D. du-
rant (prépos.), durée, durable.
DUVET, étymologie inconnue. Si l'on peut
admettre l'identité de ce mot avec l'anc. mot
dumet, m. s. (qui pourrait bien en effet s'être
modifié d'abord en dubet et de là en duvet),
l'embarras disparait. Le vfr. dun, duvet (d'où
dumet), BL. duma, remonte au nord, dùn,
qui est aussi le primitif des équivalents angl.
down et ail. daune. — D. duveteux.
DTNAMIE, gr. ôûva^t; (strictement ^uvz/xfx),
puissance. — D. dynamique; dynamite.
DTNâSTE, gr. ouvxTTTj,-, qui tient le pou-
voir (ôûvat^aai) ; dynastie, gr. 5uva»T£«, puis-
sance; sens moderne : succession de souve-
rains dans la même famille.
DTSCOLE, difficile à nourrir, de mauvaise
humeur, gr. oÙ7no).oi, m. s. (de iù;, préfixe
péjoratif, et xo'iov, nourriture).
DYSPEPSIE, gr. BwsmUx, digestion pénible
(de TTswrjiv, cuire, digérer).
DTSSENTERIE, gr. aufcvnpéa, litt. mal aux
intestins (îvnpx). — Le redoublement de Vs
est contraire à l'étymologie et vicieux.
DTSURIE, gr. Su^ouplx (Su;, mal, 4- oùpûv,
uriner.)
E
1 . E-, syllabe prépositive, devant les mots
commençant par st, se, sp, sm. On sait que
cette voyelle d'appui, que l'on a fort bien
comparée à ce que l'on appelle appoggiature
en musique, est également propre aux idiomes
provençal, espagnol et portugais; p. ex. L.
stabulum, esp. c-stablo, port, e-stavel, prov.
et vfr. e-stablc. Avec le temps, 1'^ de la com-
binaison a disparu en français : ainsi nous
prononçons et écrivons état, ctable, écrire,
épée, émeraude, p. estât, estable, escrire, es-
pée, es?neraude (àe status, stabulum, scribere,
spada, smaragaus). Vs s'est cependant con-
servé dans estimer, estomac, esclandre, espace,
espalier, espèce, espérer, esprit, estampe et
quelques autres.
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ÊBA
— 165
ÉBR
2. É-, préfixe, La forme actuelle <? résulte de
l'élision de s dans lancien préfixe es, et quant
à celui-ci, il représente le latin ex, qui, en
composition, marque mouvement du dedans au
dehors, par conséquent sortie, extraction, dé-
pouillement de la chose, ou délivrance de
la situation, exprimées par le radical, aussi
aboutissement, parachèvement, renforcement.
Les composés latins de cette espèce, qui se sont
transmis à l'ancienne langue française, ainsi
que ceux de création nouvelle, changent le pré-
fixe latin ex ou e, quand il précède une con-
sonne, généralement en es : p. ex. eUgere,
fr. eslire; ex-caldare, fr. es-chauffer. Vs du
préfixe a fini par céder, sauf devant s; de là
é'iire, é-chauffer, essouffler, es-suyer, La lan-
gue savante, dans ses emprunts au latin,
maintient soit e, soit ex (<9/* devant f)\ elle dit
donc expirer (non pas épirer) de expirare,
é-noncer de e-nuntiare. La romane d'oïl chan-
geait ex aussi en es devant les voyelles, en
doublant l'jr : p. ex. essilier, auj. exiler, esso»
rer (d'où essor), de exaurare.
SAU, prov. aigiia^ esp., port, agua, it.
acqita. Rien do plus varié que les formes sous
lesquelles le mot latin aqua s'est modifié dans
les idiomes français, et rien de plus bizarre
que ce simple son o qui le représente aujour-
d'hui et que trois voyelles concourent à figu-
rer. Voici à peu près la succession phonéti-
que de ces transformations diverses : agite,
aigiw, âge, egue, atoe, èwe, ève, iave, iaue,
eauc, eau. On soupçonne à bon droit le goth.
ahna, vha. awa, fleuve, d'avoir exercé quelque
influence sur la déformation du mot latin. Un
philologue allemand, Langcnsiepen, a émis
l'idée que les formes eaue, eau, procèdent
d'une forme diminutive aquelîa ou aquellus
modifiée successivement en aiœllus, avel, evel,
éel, eau; mais cette conjecture est insoute-
nable; Vu dans eau est un efiet de la vocali-
sation du V dans iaoe, d'où iaue, eaue, eau»
Pour les dérivés qu'ont laissés les formes
aiguë et ève, voy. sous aiguë. Mahn voit dans
la locution être en nage une mauvaise ortho-
graphe, résultant d'une fausse interprétation
étymologique de être en âge (âge =» eau),
être mouillé; cependant l'on disait aussi à
nage, et le wallon dit été en nange, Voy. l'art.
nager.
ÉBAHIR (S*), prov. esbahir, wall. esbavn,
it. sbaîre; le radical de ce verbe paraît être
bcûi, l'inteijection de l'étonnement. Il aurait
ainsi une origine analogue à celle de hadare,
d'où béer, — D. ébahissement.
ÉBA&BER, pr. Ater la barbe, rogner.
ÉBâT, subst. verbal de ébattre,
ÉBATTRE (S'), vfr. esbatre, it. sbattere;
ridée première est se débattre, se démener,
puis s'agiter, se donner du mouvement, enfin
se divertir. — D. ébat, subst. verbal.
ÉBAUBI, d'un ancien verbe esbaubir (encore
en usage en Normandie), qui variait avec
abaubir; du vfr. baube (d'où fr. bauber, bal-
bier = bégayer). Ce baube est le L. balbus,
bègue; ébaubir qqn., ce serait donc pr. le
faire bégayer do frayeur.
ÉBAUCHER, voy. dêbauchrr. Le mot n'est
pas très ancien dans la langue; au xv* siècle,
on le trouve sous la forme esbocher, qui parait
reproduire l'équivalent it. sboszare (= abboz-
zare), dégrossir, donner la première forme.
Esbocher, p. esbosser, n'est pas plus étrange
que la forme picarde boche p. bosse (it. bozza),
— Subst. verbal ébauche.
ÉBAUDIR. voy. baudir.
EBBE, ÉBE, refiux de la mer, de l'angl. d>b,
ail. ebbi\ m. s.
ÉBÉNE, L. cbenus (iU^a). — D. ébénier;
ébéniste, ébénisterie; ébéner.
ÉBÊTIR, rendre bête. Le préfixe a ici son
caractère intensif.
ÉBLOUIR, vfr. esbloïr, esbleuir; l'étymo-
logie bleu (« faire bleu devant les yeux n) con-
vient très bien aux formes françaises, mais
non pas aux termes esbalauzir (p. esblaujsir),
assourdir, et einblauzir, étonner, ébahir, de
la langue provençale. C'est pourquoi Diez se
range do l'avis de Grandgagnage faisant re-
monter ces mots au vha. bJôdi, hebes, infir-
mus, timidus (verbe blôdan, afiaiblir). L'alle-
mand dit encore blôdsichtig, p. qui a la vue
faible. Strictement, observe Diez, blauzir ap-
pelle plutôt pour primitif un verbe gothique
bîauthjan, mais ce verbe ne se trouve pas avec
le sens qu'il faudrait.
ÉBORONER, rendre borgne (le préfixe est
intensif).
ÉBOULER, renforcement de bouler =vo\\\ev
comme une boule. — D. éboulis, -enient.
ÉBOURIFFÉ, qui a les cheveux en désor-
dre. Mot moderne d'une bizarre facture,
assez difiicile à expliquer. La seule idée qui
nous vienne, c'est de le rattacher & bourras-
que : cheveux livrés à la bourrasque; cp. l'ex-
pression allemande xer-saust, qui dit la même
chose que le mot fr. et qui exprime également
les effets du vent sur les cheveux. Littré pro-
pose bourre. — Néol. ébouriffer, -ant. — Peut-
être ébouriffe est-il une corruption de ébouf-
feré, qui se rapproche du prov. mod. rabu-
ferai, rebufeïat (même sens), lequel tient à
l'it. rabuffato, de buffare, souffler (Bugge,
Rom., IV, 354). — Caix place notre mot sous
rit. rabbuffato, * désordonné, brouillé » . Celui-
ci, selon lui, est une métathèse de baruffato
« mêlé, confus *» (cp. arruffato), qu'il fait déri-
ver Jdu vha. biroufan; fr. ébouriffai, dans ce
cas, serait p. ebirouffé.
ÉBRANLER (préfixe intensif), voy. branler,
ÉBRASER (aussi embraser), terme d'archi-
tecture, élargir à l'intérieur, suivant un plan
oblique, la baie d'une porte ou d'une fenêtre.
D'origine inconnue. Voy. aussi embrcuure.
ÉBRÉGHER, patois ébercher, faire une brè-
c?ie{v. c. m.). Quelques patois du Nord disent,
dans le sens d'ébrécher, escarder, écarder;
sans doute de la famille de l'ail, scharte, en-
taille, brèche.
ÉBRENER, aussi éberner, de bran (v.c.m.);
opï>. de embrener.
ÉBRILLADE, t. de manège, = it. sbrigliata,
do briglia, bride.
ÉBROUER; ce verbe, dans l'emploi réfléchi.
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ÉCA
166
ÉCH
= étcrnuer, souffler, ronfler, est de môme
origine qu'au sens actif de laver, passer dans
l'eau. L'un et l'autre viennent de 'broue (forme
masc. breu), qui correspond à vha. prot^prod,
angl. broth, BL. brodum, et qui implique à
la fois l'idée de bouillon (cp. ail. brûhe, fr.
brouet) et celle de « écume » (signification
constatée pour le patois normand broue et
pour l'angl. froth^ doublet de broth. De là,
d'une part, ébrouer, pr. échauder, passer dans
l'eau bouillante, d'autre part, s*ebrouei\ pr.
rejeter l'écume par la bouche ou les naseaux.
Il faut donc rejeter, pour le second, l'étymo-
logie bravo posée par Diez et adoptée par
Littré et moi. Voy. Joret, Rom. IX, 118. —
Le primitif germanique signifiant aussi « va-
peur », ébrouer est de la même famille que les
vocables^ brouet, brouee, brouine, bruine,
brouillard (anc. brouilas) et très probable-
ment aussi brouiller,
ÉBRUITER, faire du bruit d'une affaire;
cp., pour le préfixe, ail. aus-plaudern, m. s.
ÉBULLITION, L. ebullitio (de ebullire, fr.
ébouillir).
ÉGâGÉER, écraser, anc. escacher, esqua-
chier, pic. ecoacher, esp. acachar, ctgachar,
de l'adj. esp. cacho, qui correspond à l'it.
quatio, prov. quait, et représente le latin
coactus, comprimé. Voy. aussi les mots cacher
et catir.
ÉGÂ6NE, portion d'un écheveau, voy. éche-
veau.
ÉGAILLE» escaille*, it. scaglia; d'origine
germanique : goth. scalja, tuile, ail. schale,
écaille. Une autre forme du même mot est
écale. — D. écailler, verbe; écailler (subst.),
vendeur dTiuitres ; écailleux.
1. ÉGALE, voy. l'art, préc. — D. écaler,
écalot.
2. ÉGALE ou ESGALE, lieu de mouillage ;
variété de échelle, m. s.; l'un et l'autre repro-
duisent le lat. scala.
ÉGARBOUILLER. pat. champ, écrabouiller,
écacher, broyer; d'un type L. cxcarbiculare,
réduire en cendres. A Bruxelles, j'entends
nommer scrabouilles le résidu du charbon non
entièrement consumé. Les verbes escarbiller
(d'où escarbilles) et escarbouiller sont de sim-
ples variétés de notre mot.
ÉGâRLATE, escarlate", prov. escarlat, it.
scarlatto, esp. escarlate, ail. scharlach, du
persan sahirldt. — D. scarlatine (fièvre),
aussi écarlatine,
ÉGARQUILLER, étymologie inconnue. Pour
écartillerî Le fait d'une permutation entre h
et t dans des mots populaires ne serait pas
isolé; nous rappelons la confusion faite entre
tar quais et carquais (carquois), et fr. quinte
p. ûuinque.
ÉGâRT, subst. verbal de écarter; voy. aussi
le mot suivant.
ÉGâRTELER, anc. esquarleler, mettre en
quatre quartiers ; forme dimin. de esquartet*
= it. squartare; de quart, L. quartus. Es-
quarter a laissé le subst. verbal écart (anc.
esquart), terme de blason, quart d'un écu
partagé en quatre parties.
ÉGâRTER, it. scartare, esp. descartar,
d'abord jeter la carte hors du jeu, puis sépa-
rer, éloigner en général; de L. carta, charta.
— D. écart, ëcartement, écarté (jeu de cartes).
— L'étymologie tirée du jeu de cartes ne
convient, parait-il, qu'au terme de jeu; dans
le sens d'éloigner, détacher, le mot date
d'une époque bien antérieure au jeu de cartes.
Littré (Suppl.) relève le passage suivant du
xiii° siècle : » Li Bedoins et li Sarasins qui
etoient espians entour l'ost quant il trou voient
qui avoient escarté l'ost, il leur couroient
sus... » (Lettres de Jean Pierre Sarrasin,
p. 262). De même dans Benoit, Chron. de
Normandie, 9281, on trouve escard bxx sens
de « moyen de se tirer d'affaire ». Je pense
avec Littré que cet escorter est dérivé de
quart signifiant partie, part. Notez encore le
vieux terme escart appliqué à certains droits
mobiliers dus au seigneur.
ÉGARVER, t. de marine, joindre deux
pièces de bois entaillées, de l'angl. to scarf,
ail. scharben, m. s. — Bugge (Rom. IV, 367)
approuve cette étymologie et la confirme par
des termes correspondants des langues du
Nord.
ÉGATIR = caitr (v. c. m.).
EGGHYMOSE, gr. cxxOaw«;, effusion d'hu-
meurs.
EGGLÉSIASTE, -IQÏÏE, gr. ixx^iiTia^Tii;,
-ixoc, dérivé de UA^iU, église.
ÉGERVELÉ, it. scervelîato, évaporé, tête
chaude, pr. sans cervelle. Part, du vfr. escer-
vêler, briser la cervelle,
ÉGHAFAUD, vfr. escadafaut, escaffaut,
BL. scadafaltum, scafaldus, Voy. catafalque,
— D. échafauder, -âge,
ÉGHALAS, vfr. escaras, pic. écarats, piém.
scaras; selon quelques-uns de scala, échelle.
Mieux vaut le BL. carratium, m. s., joint
au préfixe es; quant à celui-ci, il reproduit le
gr. x^P*^* pieu, échalas. Dans une charte du
Beau vais de 1158, on trouve : « Virgas ad
vineas sustentandas que vulgo hescaraz ap-
pellantur, » — D. échalasser.
ÉGHALIER, anc. eschallier, forme variée
de escalier. Le mot signifie d'abord une petite
échelle pour passer au-dessus d'une haie,
puis une clôture de branches d'arbre (ayant
la forme d'une échelle).
ÉGHALOTE, altération de vfr. eschaloigne,
escalofie (patois divers escalogne), it. scalogno,
esp. escaiona, du L. cœpa ascalonia, ciboule
d'Âscalon, introduite en Europe par les croi-
sés; ail. aschlauch, eschlauch, aussi (d après
le français), schalotte.
ÉGHAMPIR, réchampir, t. de peinture, dé-
rivé de champ ; pr. faire sortir du champ.
ÉGHANGRER, évider en forme de crois-
sant; de chancre = écrevisse, d'après la
forme de ce crustacé. — D. échancrure.
ÉGHANDOLE. du L. scandula(sca.nàere). —
De la forme scindula (scindere), l'allemand a
tiré schindcl, m. s.
ÉCHANGER, prov. escambiar, voy. chan-
ger; cp. pour le préfixe, ail. aus-tauschen.
La chose échangée sort des mains de celui
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ÉCH
167
ÉCH
qui la tenait ; le préfixe est donc parfaitement
A sa place. Subst. verbal échange.
ÉGHANSON, esp. escanciano, port, escan-
çâo, BL. scancio, dérivés des verbes vfr.
eschancer, esp. escanciar, port, escançar. Du
vha. scencan ou plutôt scancjan, verser à
boire, ail. mod. schenken ; subst. scancjo, ail.
mod. mund'Schenk, échanson. — D. échati'
sonner, -erie.
ÉCHANTIGNOLB = chantignole (v. c. m.).
ÉCHANTILLON. Hainaut <^can«i7/on,propr.
morceau, pièce, puis morceau de montre,
étalon de mesure, direct, de *eschantily subst.
verbal de 'eschanteler, *eschantiller (angl.
scantle), mettre en pièces ; l'anc. langue disait
aussi eschantelot (angl. scantlet). Quant au
verbe eschanteler, il dérive du vfr. cant,
chant, coin, bordure, morceau (voy. cantùie,
canton). — D. échantillonner,
ÉGHÂPPSR, it. scappare, esp., port., prov.
escapar, wallon chaper^ haper; dérivé du
mot roman cappa, manteau. Échapper, éty-
mologiquement, c'est se glisser hors de sa
chape, se débarrasser du manteau, pour faci-
liter la fuite; cp. en gr. hJ^t;^%l, pr. se dés-
habiller, puis s'enfuir. En dial. champ, j'ai
trouvé exuer (L. exuere) = sortir, c'est une
analogie digne de remarque. Qn ne saurait,
sans faire violence aux règles, admettre dans
il. scappare, fr. échapper, une altération de
it. scampare, se sauver, échapper, fr. escam-
per (auj. décamper), et encore moins l'étymo-
logie ex'captus, signifiant soi*ti de la capti-
vité, posée par Roquefort. — Le mot échever,
employé par Montaigne pour fuir, est le vfr.
eschever =■ esquii>er, et tout à fait indépen-
dant de échapper. — D. échappée, échappe-
ment, échappade ou escapade, échappatoire.
ÉGHARDS. voy. chardon.
ÉGHARNER, voy. chair.
ÉGHÂRPE, d'où it. sciarpa, ciarpa, esp.
charpa, néerl, scaerpe, ail. schàrpe, angl.
scarf. Dans la vieille langue escharpe, es-
cherpe, escerpe se disaient pour la poche sus-
pendue au cou du pèlerin. C'est de là qu'on
suppose que s'est déduite l'acception bande
d'étoffe ; l'accessoire aurait fini par emporter
le sens. Quant à escharpe, poche, on- le met
en rapport avec des mots germaniques ayant
la même valeur, tels que : vha. scherbe, Bas-
Rhin schirpe, bas-ail. schrap, angl. scrip.
Nous doutons fort que le mot écharpe =■ bande
allongée, ceinture, soit tiré de écharpe,
poche ; le prov. esc?uii*pir et fr. écharper en
indiquent suffisamment le sens primitif : cou-
pon d'étoffe. Quant à ces verbes, voy. l'art,
suiv.
ÉGHARPBR, vfr. escharpir, entailler, puis
tailler en pièces; dim. écharpillcr. Peut-être
du simple charpir, d'où charpie (v. c. m.) ;
mais on peut aussi s'adresser, soit à l'ail.
scharf, angl. sharp (ags. scearp)^ tranchant,
d'où les langues germaniques ont tiré bon
nombre de verbes signifiant tailler, soit au
néerl. schrapen, angl. scrape, gratter, scal-
per.
ÉGHARS. vfr. escars, ménager, chiche, it.
scarso, prov. escars, escas, esp. escaso, néerl.
• schaars, angl. scarce. Du BL. excarpsus
(aussi simplement scarpsus), participe de
excarpere = excerpere ; le sens du mot serait
ainsi •< dont on a tout cueilli, qui en est réduit
à rien ». Donc, d'abord désignation d'une
chose épuisée ou à peu près, transportée
ensuite à une personne mesquine dans ses
calculs ou ses dépenses. C'est là l'étymologie
proposée par Muratori et accueillie par Diez.
Dans Rathier de Vérone on trouve scardus
pour avare ; cela ressemble bien au fr. échars,
mais le d ne s'accorde pas avec les formes pa-
rallèles indiquées ci-dessus. — Le mot échars
s'est aussi appliqué à une monnaie qui n'a pas
son titre légal, et se dit encore, en termes de
marine, d'un vent faible, peu prononcé.
ÉGHâSSS, vfr. eschace, wall. écache, du
néerl. schaaJts, « grallœ, vulgo scacœ, gai.
eschasses, it. zanche, hisp. caneos, angl.
skatches • (Kiliaen). Aigourd'hui les Italiens
disent trampoli, les Espagnols zancos. Angl.
shate (=«: scotche) et néerl. schaets signifient
patin. — D. échassier.
ÉGHAÏÏBOÏÏLER, probablement de chaude
boule {poule = bulle). Les dialectes disent
encore chaudebouillure ou chaubouillure, —
D. échaubotUure.
ÉGHAIJDSR, L. ex-ccddare, it. scaldare,
prov. escauder, angl. scald, voy. chaud. —
D. échaudé, petit gâteau de pâte échaudée,
dœufs, de beurre et de sel.
ÉGHAUFFER, vfr. eschaufer, voy. chauf-
fer. — D. échauffement, -aison, <ire; cps.
réchauffer.
ÉGHAUFPOURÉB (le peuple dit échaffbu-
rée)\ mot difficile à expliquer. Littré cite non
seulement deux passages de Rabelais où l'on
trouve le verbe chauffburer employé, paraît-
il, dans le sens de salir, maculer, et un de
Montaigne, où on lit : « l'idée de leur amen-
dement est chauffburée », mais il allègue
encore un passage de Brantôme qui offre le
composé escafourer (« j'ai délibéré de n'«ca-
. fourer mon papier de si petites personnes »).
« Échauffourée, dit Littré, vient sans doute
de ce verbe, mais chaufourer, d'où vient-il?
Le verbe fourrer paraît bien y être ; quant au
préfixe cha ou chau, on peut croire que c'est
l'adjectif chaud : fourrer dans le chaud, c'est-
à-dire dans le feu, de manière pourtant à
s en retirer, à ne pas y périr ». Cette expli-
cation de chauffourcr ne cadre guère aVec les
exemples cités, et l'origine de notre sub-
stantif doit s'expliquer autrement. Au fond,
il ne dit autre chose que « entreprise faite
dans un mouvement de colère, d'emportement,
de chaleur; pourquoi le séparerions-nous du
vfr. eschauffeure, eschauffure (variantes de
eschauffaison), par Tintermédiaire d'un verbe
eschauffourer, mettre en chaleur? Froissart
(Chron. IV, 273, éd. Luce, ms. de Rome) em-
ploie eschaufée au même sens que le mot qui
nous occupe. Restent toujoure à éclaircir les
verbes employés dans les passages cités ci-
dessus par Littlré.
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ECU
168 —
ÉCH
ÉGHâUOITETTS, vfr. eschargaite (d'où d'a-
bord eschalguettey puis eschauçuette), signi-
fiait en premier lieu une troupe qui fait senti- '
nelle, puis sentinelle isolée, puis guérite (pour
cette filiation de sens, op. corps de garde,
d'abord troupe, puis le lieu où elle se tient).
Escargaite, 6L scaraguayta, reproduit fidèle-
ment Tall. schaartoacht, troupe-sentinelle
(voy. guet). En wallon, l'on dit encore scar-
waiter pour être aux aguets.
iCHÂULER, cp. chauler, de chaux,
ÊGHE. amorce» L. esca.
ÉCHÉANCE, subst. tiré do échéant, part,
de escheoir\ échoir (v. c. m.).
ÉCHSC (jeu d!échecâ), vfr. plur. eschacs,
eschas, eschics; it. scacco, esp., port, xaque,
prov. escac, BL. scaccus, ail. schach. Les lin-
guistes hésitent encore entre deux étymolo-
gies. Les uns (parmi eux Ducange et Diez)
voient dans ce mot le persan schach, roi, le
roi étant la pièce principale du jeu. En faveur
de cette opinion on se fonde surtout sur ce que
plusieurs des noms des figures du jeu, usuels
dans l'anc. langue, ont incontestablement une
origine orientale /p. ex. fierce, la reine, aufin,
le fou, roc, la tour). D'autres reconnaissent
dans le jeu d'échecs la traduction de l'ex-
pression ludus latrunculorum, en usage chez
les Grecs et les Romains et d'origine orientale.
Les particularités que nous possédons sur ce
jeu antique ne permettent aucun doute sur
l'analogie qu'il présente avec le jeu d'échecs.
Il se peut donc fort bien que l'expression même
se soit transmise au moyen âge. Ec?iec serait
donc un nom correspondant par sa valeur à
latruncidus, voleur. Pour établir cette cor-
respondance, les partisans de l'étymologie
dont nous parlons prennent eschac, jeu, pour
identique avec le vfr. eschac, eschec, prov.
escac, BL. scacus, qui signifiait butin, prise,
et qui vient du vha. scah, m. s., mha. schach
(d'où l'ail, schàcher, larron), hoU. schaak. En
flamand schaeken signifie à la fois jouer aux
échecs, et enlever, ravir, voler. Cachet, qui
incline pour cette dernière étjmologie, fait
encore ressortir la circonstance que le mot
persan schach, roi, ne servit pas à désigner
en Europe la pièce principale du jeu et que
les trouvères donnent, au contraire, le nom
échec à toutes les autres pièces, même en
opposition avec le roi. Quant à l'expression
échec et mat (pour le sens, elle correspond aui
termes latins alligatus, ou incitus, ad incitas
redactus), on ne saurait lui contester sa pro-
venance orientale ; elle reproduit trop mani-
festement la formule persane schach mat.
C'est d'elle que découle le sens figuré donné
au subst. échec, savoir celui de mauvais coup
de fortune, défaite, et les locutions tenir en
échec, donner échec. — D. échiquier (v. c. m.),
échiqueté (v. c. m.).
ÉCHELLE, vfr. eschele, du L. scala (p.
scad'la, de scander e). Dans le terme de ma-
rine faire échelle (aussi école, escale), le mot
échelle «- port de mouillage, se rapporte au
même primitif. L'échelle est essentielle pour
relâcher dans un port. — D. éch dette; éche-
lon, degré, bâton d'échelle; verbe écheler.
Sont d'une origine plus moderne et tirés soit
des langues du Midi, soit directement du
latin : escalier et escalade, it. sccUaia.
ÉCHELON, voy. échelle. — D. échelonner,
ranger en échelons.
ÉCHEVEAU, anc. eschevet, dim. du vfr.
eschief. La chose désignée par ce dernier et la
définition que lui donne Nicot « spira filaoea,
orbis filaceus » font préférer l'étymologie pro-
posée par Diez, savoir L. scapus, rouleau, &
celle de cheoel, cheveu = L. capiUus. Le
même primitif scapus a donné échevette, petit
écheveau (= it. mod. sgavetta) et vfr. escha-
voir, dévidoir. Chevallet s'est mépris en met-
tant ces mots sur la même ligne avec vfr.
cschagne, cscaigne (auj . écagne, angl. shain),
qui signifient « partie d'un écheveau », et qui
procèdent d'un primitif celtique.
ÉCHEVELÉ, voy. cheveu.
ÉCHEVETTE, voy. écheveau.
ÉCHEVIN, it. scabino, schiavino, esp. esda-
vin, BL. scabinus. D'origine germanique : v.
saxon scepeno, vha. sceffeno, scheffen, nha.
schôffe. Tous ces vocables se rattachent au
verbe schaffen (bas-ail. schapen), régler, soi-
gner, administrer.
ÉCHIF, voy. esquiver.
ÉCHI6N0LE, espèce de bobine ou fuseau
qui sert à dévider ; nous tenons ce mot pour
un dérivé de escaigne, indiqué sous écheveau
(cp. pour la voyelle, chignon de chaîne).
ÉCHINE (forme variée : esquiné), it. schiena,
esp., esquena, prov. esquena, esquina. L'éty-
mologie L. spina est rejetable aux yeux de
Diez parce que d'un côté la mutation sp en se,
sq ne se produit pas dans les idiomes néo-
latins de l'Ouest, et que, d'autre part, Vi
long de spina ne peut se convertir en e ou te.
Toutes les formes romanes s'accordent parfai-
tement, selon lui, avec le vha. skina, aiguille,
piquant (cp. le L. spina, qui signifie égale-
ment à la fois épine et échine). — D. échiner,
rompre l'échiné ; échinée, partie du dos d'un
cochon.
ÉCHIQUETÉ, divisé en carrés semblables &
ceux d'un échiquier; forme diminutivc de vfr.
eschequié.
ÉCHIQUIER, anc. eschequier, tableau pour
jouer aux échecs (v. c. m.), cp. en latin tabula
latruncularia. La magistrature d' Angleterre
et de Normandie, désignée par ce mot (BL.
scacarium), a-t-elle tiré son nom, comme
le pensent Diez et beaucoup d'autres, du pavé
en forme d'échiquier de la salle où elle tenait
ses séances, ou du bureau même autour du-
quel siégeaient les juges et sur lequel on met-
tait un tapis quadrillé ? Nous ne nous pro-
noncerons pas à cet égard. Cachet est d'avis,
ici encore, de remonter au primitif eschac,
butin ; maistredel eschekier, phrase employée
dans le Livre des Rois avec le sens de « super
tributa praepositus », aurait, selon Jui, si-
gnifié d'abord préposé à la garde du butin,
puis receveur des tributs et des impôts. Au-
jourd'hui on appelle encore en Angleterre ex-
chequer l'administration du trésor royal, la
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ÉCL
469 —
ECO
cour des finances ; les bons du trésor sont des
billets de Véchiqitier. Chevellet déduit le mot,
dans son sens financier, de l'allemand schatz
(ags. sceat, gotli. skatt), argent, trésor. C'est
incontestablement une erreur.
ÉCHO, L. écho, gr. rjx^t, — D. échoïque.
ÉCHOIR, anc. escheoir, représente L. eocca-
dére (p. excadëre), comme choir (v. c. m.) re-
présente cadêre; part. prés, échéant, doù
subi^t. échéance.
ÉCHOHS (p. échaum^t t. de marine, it.
seaimo, scarmo, du L. scalmits, tolet.
1. ÉCHOPPE, BL. scopa, petite boutique,
bas-ail. schupp, néorl. schop, nha. schoppen,
et schuppen, angl. shop.
2. ÉCHOPPS, espèce de burin, anc. escho-
pie, altération du vfr. eschalpre, qui est le L.
scaîprum, lancette, scalpel, esp. escoplo, port.
escopro. — D. échopper, vfr. eschopler,
ÉCHOÏÏBR; d'origine incertaine. Du L. sco-
pus, primitif de scopulus, écueil? ou, comme
propose Diez, du L. cautes, rocher? — D.
échouement; cps. déchouer et dés-échouer.
ÉCLABOUSSER, modification de l'anc.
forme esclaboter, encore usuelle dans les patois.
L'explication par « éclat de boue » (Ménage
et autres) n'est pas sérieuse ; il faut un thème
esclab. Or, ce thème se trouve dans l'allemand
schlabbem, lapper, baver, jeter de la bave,
souiller; Gœthe & » bis Uber die ohren mit
hoth beschlabbert », couvert de boue jusque
par-dessus les oreilles. — Littré est porté à
voir dans esclaboter une •• transformation ir-
régulière de l'anc. verbe esclafer, signifiant
éclater et dont le radical claf ou clif se
trouve sans doute dans cli foire «*.
ÉCLAIR, pr. lumière vive, subst. dérivé de
éclairer, comme L. fulgur, fuïmen, de ful-
gere; cp. champ îume^\ faire des éclairs, du
L. luminare; ailleurs écloise de exlucere,
angl. lightening de light, vha. blig (auj. blitx)
de blikhen, briller, étinceler.
ÉCLAIRGIR, forme inchoative (factitive) de
Tadj . clair, cp. din^ir, noir<ir,VQj. accourcir.
ECLAIRER, it. schiarare,-^ L. eoHilarare.
— p. éclairage, -eur,
ÉCLANCHE, épaule de mouton (selon d'au-
tres définitions, gigot de mouton; l'Acadé-
mie, depuis 1835, s'est prononcée pour
épaule). Ghevallet, se fondant, je suppose, sur
l'acception gigot, indique le vha. scinca, ail.
mod. schinken, angt. shanh, jambe, jambon;
il tient la lettre / pour euphonique. Génin
consacre à notre mot plusieurs pages de ses
Récréations philologiques et s'attache à dé-
montrer qu'il désigne la partie gauche, ce qui
revient à dire la partie antérieure, donc
l'épaule, de l'animal et qu'il représente l'anc.
adj. fém. esclenche = gauche. Ce dernier,
dont Génin ne donne pas l'étymologio, est le
néerl. slink (ail. link), gauche. On a pensé
aussi au vha. hlanca, fianc, mais ce primitif
est contraire à la lettre. — Baist, alléguant
rit. lacchetta et l'esp. camero (dérivé de crena),
qui traduisent le fr. éclanche, pose pour
étjmon le fr. cran, entaille (par un verbe es-
crancher, d'où esclancher).
ÉCLATER, prov. esclatar, it. schiattare\
schiantare, se fendre, se rompre, se briser
par éclats et avec bruit; du vha. slcizan (ail.
mod. schleisSen, schlitzen), *= ags. slitan
(aussi slaetan), angl. slit La correspondance
de la diphthongue vha. ci avec la voyelle fr, a
est le fait d'une règle commune, et 5/ initial
germanique est souvent roraanisé par sel. —
Le même mot exprimant un mouvement subit
(propr. une rupture, une scissure) accompa-
gné de bruit, et frappant la sensibilité audi-
tive, a été transporté, comme il arrive sou-
vent, dans le domaine de la sensibilité visuelle.
Le même vocable signifiant frapper l'ouïe a servi
pour signifier frapper la vue. On dit donc,
aussi bien de la lumière que du son, qu'elle
éclate. — Nous sommes loin de contester l'éty-
mologie ci dessus établie pour éclater; elle est
conforme aux principes phonologiques. Ce-
pendant, ne pourrait-on pas aussi bien ratta-
cher eS'Clater, en tant que signifiant bruit, à la
racine klat d'où le néerl. klateren =» strepere,
fragorem edere? Le préfixe es serait le ex in-
tensif, ou bien même le ex marquant mouve-
ment du dedans au dehors. Les idées rupture
et bruit, du reste, sont corrélatives; logique-
ment il vaudrait mieux partir d'un verbe
marquant rupture (cp. L. fragor, d'abord bri- ^
sure, puis son éclatant), mais la transition in-
verse se rencontre aussi dans crepare, d'abord
faire du bruit, puis crever. En picard, efc/a*cr
s'est régulièrement modifié en ëclager, vorbo
qui exprime la disjonction des douves d'un
tonneau par l'oflet de la chaleur (cp., pour la
forme, dilaiare, fr. dilayei*). — D. éclat de
bois, de voix, de lumière; adj. éclatant.
ÉCLECTIQUE (d'où éclectisme), gr. U)ti^Tip.6'„
de ftyf>è-/uv, choisir.
ÉCLIÉ, qui se rompt, qui éclate, vfr. esclier,
briser, d'où aussi subst. verbal écli ; de l'ags.
slitan = vha. sleizan (voy. éclater).
ÉCLIPSE, L. eclipsis, du gr. (xlei|i;. pr.
manque, défaut. — D. éclipser, faire dispa-
raître, mettre dans l'ombre, effacer. — Éclip-
tique, gr. è*iïnrri/.o';.
ÉCLISSE, vfr. esclice, pic. éclèche, propr.
morceau de bois plat, puis osier fendu, etc.,
voy. clisse.
ÉOLOPÉ, voy. cloper.
ÉCLORE, esclorre* (part, éclos), prov. es-
claurc, du L. exclaudere', faire sortir. Le
verbe n'a plus aujourd'hui que le sens neutre.
La forme vraiment latine, ex-cludere, a donné
exclure ; le môme rapport existe entre enclore
eiinclure. — D. éclosion.
ÉCLUSE, esp. esclusa, néerl. sluis, ail.
schleuse, du BL. exclusa, .schisa, subst. de
excludere (part, exclusus), défendre l'entrée.
Donc litt. = retenue d'eau. — D. éciuser,
éclusier, éclusée.
ÉCOBUER, terme d'agriculture; la pre-
mière opération de l'écobuage, c'est enlever
d'un terrain couvert d'herbes des parties de
plusieurs pouces d'épaisseur, à l'aide d'un
outil appelé écobiie. D'où vient ce mot? Y a-t-il
communauté radicale entre écobue et écopet
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ECO
— 470 —
ECO
ÉCŒURER, faire perdre le cœur (le goût),
dégoûter.
ÉCOFRAI, ÉCOPROI. établi d'ouvrier, vfr.
aussi escoffraie^'froir ; doit être une alté-
ration du flamand schap-raede (Kiliaen :
promptarium, repositorium), anj. schapraey.
— Le mot se trouvant avec le sens de bou-
tique où Ton vend du cuir, Littré estime qu'il
tient au german. schnhy soulier; c'est bien
difficile à admettre.
ÉGOINÇON, terme d'architecture, dérivé de
coin\ cp. arçon de arc, écusson de êcu. Le
préfixe es, é n'a pas plus de valeur que dans
échantignole, écni , etc.
ÉCOLE, L. schola. — D. écolier, L. scho-
laris ; écolâtre, L. scholasticus (r euphonique,
cp. rustre de rusticus)\ écoler', enseigner,
d'où écolage.
ÉCONDUIRE, litt. conduire hors, éloigner;
de bonne heure le mot, quant à sa valeur,
s'est confondu avec l'anc. verbe es-condire
(type lat. ex-condicere), refuser, débouter.
ECONOME, L. œconomus, du gr. ol/.ovo>9«,
qui gouverne le ménage. — D. économie,
ique, 'iste; économiser,
ÉCOPE, aussi escope, escoupe; d'origine
germanique : néerl. shop, ail. schuppe, angl.
seonp, m. s.
ÉGOPERCHE ou escoperche, t. d'arts et
métiers ; d'après Littré, de escot (morceau de
bois) -\- perche, L'anc. langue présente les
formes escoberge, escorherge, escouberge au
sens de « petite perche de bois scié ».
ÉCORCE, prov. escorsa, it. scorza. On peut
faire venir ces mots soit de la forme adjecti-
vale L. scortea, de cuir (cuir et écorce ont
souvent la même appellation), soit du L. cor-
tex, corticis, avec s prépositif, représentant
un préfixe ex, ajouté sous Tinfluence d'un
verbe ex-corticare, écorcer. J'incline pour la
dernière dérivation. — D. direct du fr.
écorce : verbe écorcer, — De cortex, par l'in-
termédiaire de l'adj. corticeus, dérivent les
formes it. corteccia, esp. corteza, port. c<yr-
tiça, signifiant également écorce ; puis les
verbes it. scorticare, prov. escorgar (a. prov.
escourtega), esp., port, escorchar, fr. 6cOR-
CHER. qui tous répondent au L. excorticare.
La forme française, surtout en présence des
mots similaires des autres langues, ne peut se
déduire de excoriare; ce dernier a donné
escourger (v. c. m.) ou écourger,
ÉOORCHER, voy. écorce.
ÉCORE, et par altération accore, terme de
marine, lieu abrupt sur la cAte, représente
l'ags. score, angl. shore, rive, propr. le lieu
où la terre est coupée, cp. néerl. schorre, pr.
ruptura, scissura. Pour le sens d'étai, cp. angl.
shore, néerl. schoore, appui, étai.
ÉCORNIFLER, « écorner les dîners, pren-
dre une corne, un morceau à quelque bonne
table d'autrui » ; dérivé de fant-aisie de écor-
ner (on trouve aussi escornicher, escorni-
zer). Il est difficile de démontrer une con-
nexité avec le mot ail. harniffel, karnôffel,
qui signifie à la fois une hernie, et un célèbre
jeu de cai'tes; verbe hamôffeln, 1. jouer au
karnôffel \ 2. rouer de coups. Hildebrand, en
traitant le mot allemand, cite le verbe angl.
canifle, employé dans le Devonshire pour
flatter. — L'étymologie de Ménage mérite
bien une mention pour sa singularité. Les
Grecs ayant nommé les parasites des nôpmi,
c'est-à-dire des corbeaux, il veut qu'^corwt-
fler tienne de ex-corniculare (rad. cornix,
corneille). C'est pousser un peu loin l'esprit
d'analogie. — D. écarni fleur, -erie.
ÉCOSSER, voy. cosse.
1. ÉCOT, escot\ it. scotto, esp., port, es-
cote, prov. escot, BL. ïscotum, contribution,
taxe, cens. C'est le même mot que le v. fri-
son skot, angl. scot, shot, gaél. sgot, ail.
schoss, qui tous ont la signification impôt,
contribution. Tous ces mots se rapportent à
la racine germanique skût (ail. mod. schies-
sett), dont l'idée radicale est « sortir, faire
sortir ». Cp. l'ail, ziurschuss, contribution,
écot supplémentaire.
2. ÉCOT, tronc d'arbre mal dépouillé de
ses menues branches, du vha. scujz, nha.
schoss, angl. shoot, pousse, branche. Mot
congénère avec le précédent.
ÉCOUER, escoer, couper la queue (vfr.
coue). ,
ÉGOUPLE, sorte de milan. Diex pense que,
puisque les oiseaux de proie ont donné le
nom à diflTérents engins de guerre, il se pour-
rait bien aussi qu'une arme de guerre ait
prêté le sien à un oiseau de proie ; il propose
donc, dans notre cas, l'ail, schupfer, nom
d'une ancienne arme à projectiles, qui répond
parfaitement à escofle, écoufle. Pour r changé
en /, cp. crible de cribrum, temple (tempe)
de tempora, eschople* de scalprum. Le breton
skoul, m. s., allégué par Chevallet, répugne
à la lettre du mot français.
ÉCOULER, composé de couler, litt. «» ex-
colare, logiquement = effluere, ail. aus-fUes-
s en.
ÉOOUROEON, voy. escourgeon.
ÉCOURTBR, it. scurtare, = L. ex-curtare*,
voy. court,
1 . ÉCOUTE, lieu où l'on écoute,
2. ÉCOUTE, it. scotta, esp. escota, terme de
marine, espèce de cordage, du suéd. skot,
néerl. schoot, ail. schote, m. s. ^
ÉCOUTER, anc. escouter, escolter, ascouter,
it. ascoltare, seoUare, prov. escoutar, du L.
auscultare, gâté en ascûltare. Les médecins
ont tiré du même verbe latin le terme savant
ausculter. — D. écoute, 1. action d'écouter;
2. lieu où l'on écoute, petite loge.
ÉCOUTILLE, esp. escotilla, angl. scuttle;
Wedgwood rapporte le mot à l'esp. escotar,
couper en forme de croissant, échancrer (le-
quel verbe dérive, d'après Diez, du goth.
skaut, vha. scoz, ail. schoss, flexion, giron,
sein) ; Mahn le dérive de écoute, lieu où l'on
écoute, à cause de la communication que les
écoutilles sont destinées à établir entre deux
étages d'un vaisseau. Littré dit q\i*escoutiUe
a signifié le panneau qui recouvre l'ouver-
ture; si c'est bien là le premier sens, on
serait tenté d'indiquer le néerl. sckuUen,
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ÉCR
— 171 —
ECU
fermer, obstruer, angl. shut, subst. néerl.
schut, ail. schiitZt protection. — D. écoiUil-
lon.
ÉCOUVBTTB, petit balai ; ^co?/m7/on, linge
ou peau à nettoyer; diminutifs du vfr. es-
couve, vergette, balai, prov. esroba, qui est
le L. scopa, menue branche, ramille ; dans la
Vulg. = balai.
ÉGftAIGKE, aussi ecraine^ escrenne, anc.
hutte recouverte de paille et de gazon, dans
laquelle les femmes 'allaient passer la veillée
pendant l'hiver. De l'ail, schranne (vha.
scra7ina), clôture de treillis, hutte, chau-
mière. On a aussi proposé une origine du L.
scrinium, coffre (d'où fr. écrin et ail. schrein),
dont le sens est voisin de c«lui de hutt-e.
ÉORAN, escran', escren\ escranne, selon
les uns du vha. scranna^ mentionné sous
Tart. préc, selon les autres de Tall. schragen,
tréteau à pieds croisés (cp. flan de l'ail.
fladen). Pour admettre l'étymologie de M. de
Chevallet, savoir le vha. scerm, abri, ail.
mod. schirm, il faut supposer les transforma-
tions suivantes : scerm, screm, scren, scran,
écran. L'angl. screen paraît tiré du mot
français sous l'influence de scrimum, écrin.
Wedgwood cite le bohème chranili, schraniti,
garder, protéger.
ÉGRANGHER, effacer les faux plis d'une
étoffe; dérivé de cran, pur un type excreni-
care; une forme variée est é<dancher.
ÉCRASER, mot d'origine germanique :
nord, krassa, triturer, suéd. hrasa, écraser,
angl. crash etcrush,
ÉGREVISSS, escredsse, d'un thème ren-
forcé scrab p. crab; cp. vha. chrepas (ail.
mod. hrebs)\ en wallon du Hainàut, on dit,
gracicJie, à Namur, gravase; le vfr. disait
aussi crecice. — Pour le groupe initial scr p.
cr ou gr, cp. en angl. grabble, griffonner (=
ail. krabbeht) et scrabble, m. s. Voy. aussi
Tart. écrit.
ÉGRIER (S'), voy. crier.— Pour le préfixe,
cp. L. eX'Clamare, ail. aus-rufen.
ÉGRILLE, prob. une mauvaise prononcia-
tion p. égrille (le mot dit la même chose que
égriUoir)\ j'y vois un subst. verbal d'un verbe
es-griller, retenir par une grille.
EGRIN, it. scrigno, angl. shrine, ail.
schrein, du L. scrinium, pr. meuble pour
conserver des objets. De l'ail, schrein, caisse,
armoire, vient fiXl. schreiner, menuisier, si-
gnification qu avait également le vfr. escrimer
(rouchi ecrenier).
ÉGRIRE, escrire*, L. scribere, scrib're. —
D. écrit, L. scriptum, dim. écriteau, vfr.
escriptel, BL. scriptellum; écritoire, L. scrip-
torium; écriture, L. soriptura; écrivain, BL.
scribanus, p. scriba; éa'ivailîer, -eur, -erie;
écrivassier; écriveur; écriveux (M™* de Se vi-
gne).
1. BGROU, anc. écroue, trou pour faire
passer une vis. On rapporte généralement ce
mot à l'ail, schrube, schraube, vis, mais Diez
est davis que ce primitif aurait déterminé
une forme fr. écrue ou écru; il préfère L.
scrobis, fosse, cavité (dont la connexité avec
ags. scrac.f, scraefe, scrufie, suéd. ski*iibb,
cavité, ne saurait ôtro méconnue). L'angl.
screvo, vis, parait venir du français. Dans cette
langue ou distingue female screw = écrou
(cp. d\\.schraubenmutter)etmal€Screvo^=='y\^.
2. ÉGROTJ, article du registre des prisons
indiquant le jour, la cause, etc., d'un empri-
sonnement, d'où écrouer, inscrire au registre
de la prison. Les exemples cités par Littré
et Godofroy démontrent que le sens originel
dVcroM (vfr. escroe, escroue) était lambeau, ban •
dclette, d'où cédule, liste. L'origine reste dou
teuse; l'angl. scroU, rôle, liste, ne peut servir
d'étymologie au vfr. escroue; bien au con-
traire, \\'edgwood est d'avis qu'il est altéré
d'une ancienne forme escrow, qui reproduit
le mot français; pour ce dernier, l'étymolo-
gistc anglais cite le nord, shra, suéd. skrâ,
petit écrit. Pour ma part, je pense qw'escroue
est identique avec le flamand schroode,
schroye, que Kiliaen définit par « segmen,
pars abscissa, pagella, segmen chartaceum,
sceda «, et qui est le subst. du verbe schroo-
den, truncare, resecare. — Mon ancienne
conjecture, d'après laquelle écrouer serait le
L. scrutari, examiner, doit naturellement
être jotéo par-dessus bord.
ÉGROÏÏELLES, du L. scrobella, dim. de
scrobs (donc pr. fossettes ; allusion aux rava-
ges que font les écrouelles sur la peau), ou
du L. scrofella, p. scrofula. La dernière ori-
gine, quoique approuvée par Diez, me semble
moins bonne, vu la grande rareté de la syn-
cope de 1/. Cette syncope se produit, à la
vérité, dans Estienne et antienne, mais dans
d'autres conditions; c'est là plutôt une assimi-
lation qu'une syncope. On n'oserait donc trop
se reposer sur ces exemples.
ÉGROUBR, voy. écrou, 2.
ÉGROÏÏES, plur., autrefois les états ou rôles
de la dépense de la bouche pour la maison du
roi; c'est le même mot, à la forme féminine,
qu'«^croM 2.
éCROUIR, battre à froid un métal pour le
rendre plus dense; étymologie inconnue.
ÉGROULER, voy. crouler.
ÉGRÏÏ, escru, qui n'a pas été passé & Veau
bouillante ; soie écrue »» soie naturelle. En
présence du L. crudum scorium, cuir non
tanné, crudum linum, lin écru, et du verbe
fr. décruer la soie, on ne saurait se refuser à
l'étymologie crudus. Ècru est tout bonnement
une variété de cru; dans la langue des ouvriers,
on trouve de nombreux exemples de cet es
prépositif, ne répondant à aucune modifica-
tion de sens, et basé, soit sur l'euphonie, soit
sur une fausse assimilation au préfixe es ou
é. Ainsi les couvreurs disent échenal pour
chenal; ainsi l'on dit encore indifféremment
chantignole et échaniignole.
ÉCRITES, bois qui ont crû spontanément ;
f )rmo participiale du vfr. escroistre = L. ex-
crescere.
ECU, escut', bouclier, puis monnaie, ainsi
nommée parce qu'elle était chargée de Vécu
du souverain, it. scudo, du L. scutum. — D.
prov. escudier, it. scudiere, BL. scutarius, fr.
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ÉDI
— 172
EFF
escKyer', écuykr, d*abord gentilhomme por-
tant Vécu d'un chevalier, puis officier de cour
en général, particulièrement celui chargé des
écuries, enfin expert dans l'art de l'équitation,
dresseur de chevaux. Du fr. escuyer Tanglais
a fait esquive et squire. — Le mot écusson
(v. c. m.) répond à un type latin scutio (cp.
L. arcus, arcio, =^ fr. arc, arçon). Vient en-
core d'écu : le vieux terme écuage= BL. scu-
tagium.
ÉGUBIER, aussi écubdn (Littré cite encore
les formes équibien, escouvan et escouve);
d'origine inconnue. Le mot est sans doute
connexe avec l'angl. scuppers, trou par où
l'eau se décharge.
ÉCTJEIL, prov. escuelh, it. scoglio, esp.
escolio, du L. scopulus {vxônûoi).
ÉCTJELLS, escuelle*, prov. escudela, it.
scodella, du L. scutelïa, dimin. de scutra, —
Jadis on prononçait es-cu-elie.
ÉCULER, voy. cul.
ÉCUME, it. schiuma, aussi scutna, sguma,
esp., port., prov. escuma, du vha. scûm,
nord, skûm, gaél. sgùm, m. s. L'étymol. L.
spuma est aussi insoutenable que celle de
spina attribuée à échine, — D. écumer; le
sens figuré de ce verbe : « prendre çà et là,
butiner », a donné lieu au terme écumer les
mers (d'où écumeur de mers, pirate).
ECURER, escurer*, it. sgurare, esp. escu-
rar, du type latin excurare; donc un renfor-
cement de curer, soigner, tenir propre. On
pourrait ramener aussi le mot aux verbes
germaniques ail. scheuem, néerl. schuren,
angl. sœur, mais Dicz tient plutôt ces der-
niei's pour empruntés au latin. — D. récurer.
ECUREUIL. escureuiV, prov. escurol, angl.
squirrel, du BL. scuriolus, altéré du L. sciu-
rulus, dim. do sciurus (jr-hupoi) L'it. scofat-
tolo accuse de même un primitif latin scurius
p. sciurus.
ECURIE, escurie*, escuyrie*, prov. escuria,
escura, du vha. sciira, skiura, BL. scuria
(Loi salique) = stabulum (ail. mod. scheuer,
grange). — Littré pense, avec raison, que la
forme en rie du mot français escurie (qui n'est
pas très ancien) s'est produite sous l'influence
à*escuyer; il se fonde surtout sur l'it. scu-
deria, écurie, qui évidemment vient do scu'
diere, écuyer.
ÉCUSSON (d'où l'angl. scutcheon), voy. écu;
sign. 1. écu d'armoiries. 2. en horticulture,
petit morceau d'écorce d'arbre, taillé en écus-
son et portant un œil ou bouton, que l'on
enlève pour l'appliquer ou l'enter sur le bois
d'un arbre ; de là le verbe écussonner = gref-
fer.
ÉCUTER, voy. écu. — D. écuyèrc,
ÉDEN, mot hébraïque (signifiant pr. délice),
nom du lieu de séjoiu» des premiers hommes,
paradis terrestre, auj. employé au fig. pour
lieu plein de charmes. — D. édénien.
ÉDIFICE, vfr. edefce, du L. œdificium.
ÉDIFIER, vfr. edefier, du L. œdificare (=
»dem facere), doù tedificator, -atio. fr. édi-
ficateur, -ation. Le sens figuré, religieux, de
ces termes est également propre à lanalogue
allemand erbauen.
ÉDUiE. L. œdilis (do œdes, édifice). — D.
édilite, auj. = magistrature municipale.
ÉDIT, L edictum, proclamation.
ÉDITER, d'un type L. editare, fréqu. de
edere, publier, dont le supin a donné : editor,
fr. éditeur, editio, fr. édition, in-editus, fr.
inédit,
ÉDREDON (en angl. edderdoum), de Tall.
eiderdaun, composé de daun, nord, dun,
duvet, et de eider, nord, edder, oie du nord ;
donc litt. a> duvet d'oie.
ÉDUCATION, L. educatio, du verbe educare
(fr. éduquer, mot dédaigné pour je ne sais
quelle raison).
ÉDULCORER, voy. doux; cp. L. edulcare,
EFFACER, prov. esfassar, propr. enlever
l'empreinte, la figure, la marque de qqch.,
puis en général faire disparaître. Du L.
fades, figure, face.
EFFANER, ôter les fa7ies (v. c. m.).
EFFARER, prov. esferar, du L. efferare
(férus), rendre sauvage; sauvage pns dans le
sens de timide, troublé, épouvanté. D'un dérivé
de férus, L. feroœ = fr. farouche, vient le
verbe analogue effaroucher,
EFFAROUCHER, voy. effarer.
EFFECTIF, L. effectivus{efficeTe), pratique,
qui entre en action, d'où l'acception : réel,
positif; cp. en ail. roirklich, m. s., de teirAen,
agir, et fr. actuel, de agere, agir.
EFFECTUER, dér. du subst. lat. cffectus
(efficere), exécution, qui est le primitif du fr.
effet. Cp, pour la formation, graduer de gra-
dus, habituer de habitus.
EFFÉMINER, L. effemi^tare (femina).
EFFERVESCENT, L. effertescens, — D.
cffaDescence.
EFFET, L. effectus (efficere); signifie : 1.
exécution, « mettre à eflet », 2. résultat de
l'action. Le français y a ajouté l'acception :
valeur effective, chose mobilière.
EFFICACE, 1. adj., L. efficax, 2. subst., L.
effîracia = efficacitas (fr. efficacité).
EFFICIENT, L. efficiois, agissant.
EFFIGIE, L. effigies (fingere), image.— - D.
effigier, exécuter en effigie. Au xvii" siècle
encore, ce verbe équivalait à L. effigiare,
faire le portrait, et il se pourrait bien que
effigie (si ce n'est pas un mot savant, car lat.
effigies réclame effige) fut le subst. participial
de ce verbe effigier.
EFFILER, prov. esfilar, 1. ôter les fils, 2.
v. réfi. s'allonger en forme de fil; de là effilé,
mince, étroit.
EFFILOCHER, -OQUER, voy. filoche.
EFFLANQUER, étirer les flancs, les affai-
blir, rendre maigre.
EFFLEURER, 1. ôter la fleur; 2. ne faire
qu'enlever la superficie de qqch,^ toucher lé-
gèrement, raser, passer tout près, de fleur,
niveau. — Au L. efflorescere, être en fleur,
ressort issent le verbe effleurir, terme de chi-
mie, puis efflorescent et efflorescence (enduit
pulvérulent).
EFFLUENT,-ENCE, du L. effiuerr, s'écouler
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EGA
— 173 —
ËHO
SFFLUVE. L. effluvium, écoulement.
EFFONDRER, prov. esfondrar et esfondar,
défoncer un terrain, puis briser le fond. Du
subst. fond. La forme effondrer ne parait pas
reposer sur une intercalution euphonique d'un
r, mais sur une correspondance avec la forme
diminutive it. sfondolare. — D. effbndrilles
«= ce qui reste au fond.
EFFORCER, vfr. esforcer, it. sforzare, esp.
esforzar, composition intensive de forcer \
anciennement, avec sens neutre = gagner de
la force. — D. subst. verbal anc. es fors, auj.
effort; cp. renfort de renforcer,
EFFORT, voy. efforcer,
EFFRACTION, L. effractio (de effrinçere,
supin g/7raclMm) .
EFFRAIE, nom d'une espèce du genre
chouette, du verbe effrayer ; c'est l'oiseau de
mauvais augure, qui cause de l'efiroi. Cet
oiseau s'appelle aussi fresaie (v. c. m.).
EFFRAYER. Voici la véritable histoire de
ce moC pour la première fois établie par G.
Paris (Rom. VII, 121). Le type est exfridafe,
litt. mettre hors paix (vha. fridu, ail. mod,
friede), d'où prov. esfredar, esfreiar, fr.
esfreer, esfraer (dans les formes verbales toni-
ques esfroiE, esfrAiE), enfin effroyer (d'où le
subst. effroi) t effrayer, Voy. pour plus de dé-
tails Fœrster, Ztschr. VI. 109, et Rom. X, 443;
ib. XI. 444.
EFFRENâ, L. effrenatus, sans frein (fre-
num). L'opposé enfrené se trouve déjà dans
les Lois de Guillaume. — D. effrènement.
1 . EFFRITER une terre, l'épuiser, la rendre
stérile, autrefois effruiter, donc un dér. de
/rui7; cp. prov. csfrugxiar, m. s., du h.fruges,
fruits.
2. EFFRITER (S*), s'en aller en poussière,
s'user, d'un tyipoe ffrictare, fréqu. de cffricare,
enlever en frottant.
EFFROI. EFFROYABLE, dériv. de effrayer,
EFFRONTÉ, prov. esfrontat, it. sfrontato,
dérivation participiale de l'adj. L. ef-frons
(Vopiscus), m. s. (litt. = le front en avant, le
front levé). Littré définit le mot par « qui a
du front » et l'explique cependant étymoïogi-
quement par « sans front n; cela ne s'accorde
guère. — D. effronterie,
EFFUSION. L. effiisio {dGeff^usum, supin de
effTundere, répandre).
ÉFOURCEAU, espèce de chariot; peut4tre,
comme fourgon, un dérivé de fiirca, fourche.
ÉGAILLER, vfr. esgailler, éparpiller, éten-
dre (Littré, Suppl.). Répond, selon Joret, au
prov. mod. eigalhar, cÛniin. de eigar, arran-
ger, préparer, qui est = eisgar = ex(e)quare
= exœqiiare (Rom. VIII, 440). Cette étymo-
logie est contestée par Suchier (Ztschr. III,
611); la forme s'y refuse aussi bien que le
sens.
EGAL, L. œqualis, — D. égalité, L. sequa-
litas (d'où le néol. égalitaire); égaler (dans les
arts et métiers aussi égalir), égaliser.
ÉGARD, esgard\ attention, respect, subst.
verbal du vieux verbe fr. esgarder, it. sguar-
dare, considérer, examiner, composé do gar-
der; cp. respect, de respiccre, regarder.
ÉGARER, csgarer, perdre de vue, mal sur-
veiller, mal guider, fourvoyer, composé de
garer (v. c. m.); adj. égaré, perdu, éperdu;
subst. égarement,
ÉGAYER, factitif de gai,
ÉGIDE, bouclier, gr. «l/; -too;,
ÉGLANTIER, ÉGLANTINE, dérivés du vfr.
aiglent, prov*. aguilen, fruit du rosier sau-
vage. Diez explique ce dernier par aiguille,
prov. aguilha, muni du sufiBxe ent. D'après
d'autres, aiglent serait le gr. âxxy^o^ flitt. =
fleur épineuse), avec insertion de /; cela n'est
pas impossible.
ÉGLISE, prov. gleiza, glieysa, esp. iglesia,
it. chiesa, du gr. UKlrtjlx, dont le premier
sens est assemblée.
ÉGLOGUE, L. ecloga, du gr. Iaïo/^,, propr.
choix, recueil, puis, au plur., poésies fugi-
tives
EGO, pronom latin, ■« je (al ter ego, autre
moi-même). — D. égoïsme, le culte du moi
(l'angl. dit egGtism)\ égoïste, -îstique, égoïser.
ÉGORGER, couper idi gorge (v. c. m.), puis
tuer en général; cp. en latin ^if^ie/are, de
jugiilwn, gorge.
ÉGOSILLER, du vfr. gueuse = gosier, 1 .»
égorger, 2. réfl. =■ se faire mal à la gorge &
force de crier. Cp. dégoiser et gosier,
ÉGOUT, subst. verbal de égoutter. — D.
égoxUier.
ÉGOUTTER, faire écouler gouUe à goutta;
cp. L. exstillare, destilla, goutte. — h.égoiU.
ÉGRATIGNER, vfr. sans mouillure esgra-
tiner, forme dimin. de esgi'ater. Rabelais dit
esgrafignar, dont le radical est graf, lequel
rappelle graphium, poinçon, primitif de
greffe. Nous mentionnerons ici encore, comme
issu du même graf et comme tout à fait ana-
logue au fr. égratigner, l'it. sgraffiare, l . faire
des liachures (terme de gravure), d'où l'ail.
schraffiren, 2. égratigner. La même langue
dit aussi sgraffinare pour voler, dérober, cp.
notre gripper.
ÉGREFIN, aussi églefin, nom d'un poisson ;
variété orthographique de aigrtifin (v. c. m.).
ÉGRENER, p. égrainer, voy. grain.
ÉGRILLARD, 1. vif, gaillard. 2. fin. adroit.
Selon Roquefort = esguillard *, do aculeus,
aiguillon, donc pour ainsi dire un boute-en-
train. Nous sommes loin de souscrire à cette
étymologie, mais nous n'en avons pas d'autre
à y substituer. Celle de Littré, « qui sort des
grilles, c.-à-d. des bornes n, ne nous sourit
pas non plus. Le dialecte bourguignon a
s*égrailli, se divertir.
ÉGRILLOIR, voy. écrille.
ÉGRISER le diamant, d'où égrisée, poudre
de diamant, qui sert à polir ce corps ; d'ori-
gine incertaine; de l'ail, cries, gravier,
poudre grossière? ou de la couleur ^m«, le
diamant perdant sa couleur foncée par le
frottement?
ÉGRUGER, voy. gruger.
ÉGUEULER, de gueule, 1. ôter le goulot
(v. c. m.); 2. v. réfl., se faire mal à la gueule
à force de crier, cp. s égosiller.
EHONTÉ, vfr. esfionté, qui est sans honte.
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ÉLE
174
ÉLO
ÉJOUIR (S'), esjouïr, prov. esf/ausir, com-
posé àû jouir. — D. réjouir.
ÉLABORER, L. e-laborare.
ÉLAGUER, Berry alayer. Selon Ménage,
d'un L. e-ïucare; malgré l'existence du L. col-
lucare, m. s., il est impossible d'approuver
cette étymologie. Frisch propose ab-laqueare,
déchausser un arbre. Diez rejette ce primitif,
qui aurait fait élacer, selon lui ; il serait plu-
tôt disposé à admettre ce même verbe sous la
forme ablaquare; toutefois, il rattache de pré-
férence élaguer au vha. lah = incisio arbo-
rum (étymologie proposée aussi par Grand-
gagnage), ou au v. flam. laken, deterere, at-
tenuare.
1 . ELAN, subst. verbal de élancer.
2. ÉLAN» animal, du vha. claho, accus.
eldhon (contracté en élan), ail. mod. elen-
thier.
ÉLANCER, jeter en l'air, composé de lan-
cer; pour le préfixe, cp. L. ef-ferre, et fr.
é'ieoer. — D. élan, p. élans; adj. élancé.
ÉLARGIR, eslargir \ factitif de large. Le
préfixe ex, en français, a quelquefois le sens
factitif, comme arf, p. ex. dans<f^ay«'; toute-
fois, ici le mouvement du dedans au dehors
n'est pas à méconnaître. Notez une acception
particulière d'élargir : relâcher, mettre hors
de prison. Je me suis demandé, s'il y avait là
une imitation du L. ampliare (de amplus,
large), différer l'affaire judiciaire de qqn., ou
quelque souvenir du L. largiri, donner par
libéralité, par ex. libertatcm largiri populo
(Bossuet emploie en effet eslargir dans le sens
du L. largiri.) Mes doutes se sont dissipés
quand j'ai lu dans le Roman de la Charrette
de Chrétien de Troics, à propos de Lancelot,
délivré de prison ; • Or est au large et à
l'essor, w
ÉLASTIQUE, gr. aa^rixo; (de ilkra, axûveo,
pousser;, qui a du ressort, de la force propul-
sive. — D. élasticité.
ELBBUF, espooc de drap fabriqué à Jï/ôcm/'
(Normandie).
ELDORADO, mot espagnol : el dorade, litt.
le (pays) doré; nom d'un prétendu pays d'une
riciiosse fabuleuse, découvert lors de l'expé-
dition do Pizarre dans l'Amérique méridio-
nale. Beaucoup d'aventuriers ont en vain, de-
puis le XVI® siècle, cherché à constater cette
découverte. En attendant, le nom a été donné
à une province de la Californie, et même à
une petite ville de l'Arkansas.
ÉLECTEUR, L. elector (de eligere, élire).
d'où électoral, électoral; élection, L. electio;
électif, ncol. = qui est étiibli ou qui s'obtient
par voie d'élection.
ELECTRE (peu usité), L. electrum, succin
ou ambre jaune, gr. ^Xsxrpov, — D. électri-
que, -icien, -icité, -iser.
ÉLECTUAIRE, anc. Icttuaire, it. lottovaro,
lattuaro, esp. electuario, prov. lactoari, ail.
latwerge, du L. electuarium, forme accessoire
de electarium, dér. du gr. UXn/roj, médi-
cament qu'on laisse fondre dans la bouche
(de î/.'j ziy iiv, h'chcr).
ÉLÉGANT, L. elegans, litt. choisi, exquis
(do eligere); élégance, L. elegantia.
ÉLÉGIE, L. elegia {iXsyiia). — D. élegiaque,
gr. è>'V«»axo,.
ÉLEGIR, aussi àllégir (vfr. eslegier, allé-
ger), en technologie, >» amincir; formé de
levis,^ comme alléger (v. c. m.).
ÉLÉMENT, L. elementum; adj. élémen-
taire, L. elementarius.
ÉLÉPHANT, L. elephantus (ac?a;).
ÉLÈVE, 1. fém., action d'élever, 2. masc.
et fém. celui ou celle qu'on élève.
ÉLEVER, esleoer', du L. e-leûare, soulever,
dresser. Pour le sens » nourrir, éduquer -,
cp. le terme e'ducare(e'ducere) et l'ail, auf- ou
erziehen. — D. élève (v. c. m.), élevage, éle-
veur, élévation, élevé = haut.
ÉLIDER (mot de facture savante), de L. <?-/«-
dere (faire sortir, éliminer en blessant l'orga-
nisme), d'où L. elisio, fr. élision.
ÉLI6IBLE, L. eligitilis (eligere), d'où éli-
gibilité.
ELIMER, user en limant ou frottant, L. eli-
mare. L'idée d'usure n'est propre qu'au mot
français, mais conforme à la nature du pré-
fixe. Cependant Ion trouve dans Cœlius Au-
relius elimatus avec le sens fig. d'affaibli,
énervé.
ÉLIMINER. L. eliminare, litt. mettre hors
du seuil (limen).
ÉLINGUE, ancicnn. eslingue, fronde sans
bourse, it. slinga, esp. eslingua, port, es-
linga, du vha. slinga, fronde. Le même mot
élingue, comme terme de marine, signifie un
cordage à nœud coulant (= ail. schlingc). —
D. élinguer.
. ÉLIRE, part, élu, du L. eligere, m. s,, dont
le part. fém. electa a donné le français élite,
1, choix, 2. troupe choisie.
ÉLISION, voy. élider,
ÉLITE, voy. élire.
ÉLIXIR, esp., angl , ail. elixir, it. cli-
xirc. D'après Adelung et autres, du L. elixus,
cuit, bouilli (dér. de lix, lessive). L'origine
arabe, supposée déjà par Ménage et les au-
teurs du dictionnaire de l'Académie d'Es-
pagne en 1732, est aujourd'hui hors de doute.
Le mot représente un composé de l'art, al et
du subst. iltsir =» quintessence, pierre philo-
sophale, lequel est issu du verbe hasara,
rompre. La pierre philosophale devait, comme
on sait, servir également de remède universel.
ELLE, pronom personnel fém., = L. illa.
ELLÉBORE. L. elleborus (imtopoi).
ELLIPSE, grec ()/si>|t;, pr. omission;
iUiiTtrizo,-, fr. elliptique.
ELME (SAINT-), p. saint Erastne (protec-
teur des marins), Erasme a été corrompu
d'abord en Erme, d'où Ëlme.
ÉLOCHER, eslocher, secouer, ébranler;
ne peut venir du type ex-locare, qui, selon les
règles, donnerait eslouer; c'est un composé
de lâcher (v. c. m.) — L'ét. ex-luxare, posée
par M. Rigal (dans la Revue des Langues ro-
manes, VIII, 145) convient parfaitement pour
le sens, mais p()ur la phonétique elle soulève
deux graves diflicultés : c'est d'abord que les
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textes anciens n'ont pas d*s ni dans eïocher
(êsîoschier dans un ms. de Joinville du xiv« s.
est une forme accidentelle), ni dans locher ;
puis que Vu de luxare [== luscaré) postule la
forme eslouchier.yoj. P. Meyer, Rom.XI,618.
ÉLOCUnON, L. elocutio (eloqui).
ÉLOOE, L. dogium, sentence, inscription
tumulaire. — D. élogieux, élogier^ t^logiste,
— D aprôs Schuchardt (Vokalismus, II, 325),
éloge représente sGlr/ta (louange), eu étant
=» « en latin vulgaire.
ÉLOIGNER, anc. eslongier, esloignier, dér.
de loin, anc. loing. — Le terme de marine
élonger est synonyme de longer ou allonger.
ÉLOQUENT, -ENGE, L. eloquens, -entia.
ÉLUCIDER, rendre lucide, BL. elucidare.
ÉLUGUBRER, L. elucubrare, produire à
force de veilles (de lucubrare = luçe operari),
ÉLUDER, du L. eludere, parer, esquiver.
ÉLTSÉE, mot mal formé du L. elysium
(l}JlÛ9C0v).
ÉMAGIÉ, L. emaciatits, amaigri.
ÉMAIL, anc. esmail, it. smalto, esp.,port.
esnuUte, ail. schmelz, BL. snialtum. Diez
préfère à l'étym. L. maltha, espèce de ciment,
une origine du vha. smahjan, smaltjan,
smelsan (ail. mod. schmehen), fondre, parce
que la contexture du mot français email ne
concorde nullement avec maltha, mais bien
avec smelzi, smalti, dont Vi final a été attiré
par Ta, comme d'habitude, et le t final apo-
cope. L*émail, en efiet. est du verre fondu
avec de l'étain. — D. émailler.
ÉHANGIPER, L. emancipare, mettre hors
de tutelle, affranchir.
ÉMANER, L. c-manare, écouler.
ÉMARGER, 1. couper la marge; 2. signer
un reçu en marge d'un compte. — D. émar-
gement.
EMBABOUINER, voy. ba/mtin.
EMBALLER, voy. balte.
EMBARGADÉRE, de l'csp. embarcadero (do
embarcar, embarquer).
EMBARGO, mot espagnol, subst. du verbe
embargar, séquestrer, saisir par autorité de
justice; prov. embargar, embarrasser (subst.
embarc, obstacle); ces verbes représentent L.
imbarricare, de barra, barre, obstacle (d'où
aussi embarrasser, etc.).
EMBARQUER, voy. barque, — D. embar-
cation (le sens abstrait de ce mot s'est effacé ;
il signifie canot d'embarcation), embarque-
ment.
EMBARRAS, subst. verbal de embarrasser.
EMBARRASSER, voy. barras. — D. em-
barras.
EMBÂTER, voy. bât.
EMBAUCHER, voy. débaucher. Le sens at-
taché au primitif bauche, savoir : boutique,
atelier, usine, se révèle encore dans le dérivé
embouchure, qui, dans les salines, signifie
fourniture des ustensiles nécessaires pour la
fabrication du sel, pr. approvisionnement
d'at^ïlier.
EMBAUCHOIR, terme de cordonnier, alté-
ration de embouchoir, voy. co mot.
EMBAUMER, voy. baume.
EMBELLIR, voy. beau.
EMBÉRIZE, nom scientifique du genre
bruant, tiré de l'ail, emmeriz, emberitz, em-
britz, qui lui-môme est un dérivé de Tall.
ammer, m. s., dont la racine exprime l'idée
de brillant.
EMBERLIFICOTER, embarrasser; mot de
fantaisie et d'origine inconnue.
EMBERLUGOQUER (S'), s'aveugler, s'entêter
d'nne idée (on trouve aussi embrelicoqucr et
emberloquer); mot do fantaisie dans lequel
berlue paraît jouer un rôle ; cp. prov. s'abel-
lucar, s'aveugler. Le Duchat définit le mot :
« s'occuper de chimères semblables à celles
que les moines ont coutume de loger sous
leurs capuchons de bure (coques) ».
EMBETER, terme vulgaire formé de béte,
syn. de abrutir ; fig. ennuyer.
EMBLAISON, voy. l'art, suiv.
EMBLAVER (un champ), ensemencer en
blé, voy. blé. — D. emblavure. Les mots em-
blaison, p. embléaison, et emblure, p. em-
bléure, se rattachent à \ii forme anc. embléer,
régulièrement tirée, sans insertion de v, du
BL imbladare.
EMBLÉE (D') »" de plein saut, du premier
effort, litt. d'une levée, d'un coup; du vieux
verbe français embler, qui signifiait enlever,
dérober (« l'avoir d'autrui tu n'embleras •);
le verbe réfi. s'embler signifiait anc. s'esqui-
ver. Co verbe embler, prov. emblar, vient du
L. in-volare, litt. empaumer {vola, le creux
delà main); cp. L. ma» wari, voler, de ma7ius,
main. Chevallet fait dériver embler du L.
ablatus ; cela n'est pas sérieux.
EMBLEME, L. emblema, du gr. if^^)rifisi
(de «/x6à>>uv, jeter dessus), ouvrage en relief
des vases ou autres ustensiles ; de là : orne-
ment symbolique, figure symbolique ; ifiZïvi-
/*ari»o:, emblématique.
BMBLURE, voy. emblaver.
EMBOIRE, absorber, composé de boire;
forme vulgaire de imbiber, L. imbiber e. Le
part'cipe embu a donné le subst. embu, terme
do peinture.
EMBOISER, enga<^er (]qn. par de petites
fiatteries à faire ce que Ton souhaite de lui,
même signification que l'ancien vorbe simple
boiser = tromper, surprendre. Boiser vient
du BL. bausia, trahison, perfidie, vfr. boiS'
die, it. bugia, termes généralement rappor-
tés au vha. bausi, ail. mod. bôse, méchant
Le verbe emboiser, toutefois, pourrait au
besoin s'expliquer aussi par « attirer dans le
bois » ; ce serait une variété du vieux verbo
embùcher (d'où embûche), qui ne signifie pas
autre cho.sc.
EMBOITER, de boite, comme enchâsser, do
châsse.
EMBONPOINl, réunion en un mot de en
bon point, c.-à-d. en bon état.
EMBOQUER des animaux, c'est leur intro-
duire de force le manger dans la bouche (syn.
de engaver, empâter) ; de boque, variété do
bouche, L. biicca ; puis généralement = en-
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— 176
ËMM
graisser; do là le t^rmepre d* embouche, pré
consacré à l'engrais.
EMBOSSER, amarrer, de bosse, cordage.
EMBOUCHE, subst. verbal de emboucher,
voy. emboquer,
EMBOUCHER, mettre en bouche, dresser
(un cheval) à la bouche. L'endroit où la mer
ou un fleuve reçoit un affluent est comparé à
une bouche ; do 1& le terme s'emboucher, en
parlant d'une rivière, cp. ail. mimden ou
einmûnden, de mund, bouche. — D. embou-
chure, 1 . partie d'un instrument à vent sur
lequel on applique les lèvres pour en tirer
des sons ; 2 entrée d'un cours d'eau dans la
mer ou un autre cours d'eau; embauchoir,
aussi, par corruption, embauchoir, instni-
ment de cordonnier qui embouche la bott«.
EMBOUQUER, terme de marine, entrer
dans un canal ou dans un détroit, variété
d^em,boucher,
EMBOURRER, garnir de bourre; composé
r-embourrer.
EMBOUTER, garnir le bout d une canne,
d'un parapluie ; de là le subst. verbal emboiU.
EMBOUTIR, donner une forme concave ou
repoussée à une plaque de métal, comp. do
botir, bouter, frapper, voy. bout.
EMBRANCHER, lier à un corps, comme la
branche se joint au tronc. — D. embranche-
ment^ 1. action d'embrancher; 2. la chose
embranchée, telle qu'une route accessoire qui
part d'un chemin principal.
1. EMBRASER, mettre en braise,
2 EMBRASER, variété d'ébraser (v. c. m.).
— D, embrasure, 1. ouverture pratiquée
dans l'épaisseur des murs d'une maison pour
y placer les fenêtres ou les portes; 2. ouvcr
turo percée dans le massif d'une batterie à
épaulcment et ménagée pour donner passage
à la bouche d'une pièce. L'existence des
termes d'architecture ébraser et embraser,
qui concordent parfaitement avec la chose
appelée embrasure, ne permet guère de rap-
porter la deuxième signification de ce dernier
à embraser = mettre en feu.
EMBRASSER, serrer dans ses bras, puis,
par extension, baiser; do là découlent d'un
côté les acceptions ceindre, environner, ren-
fermer, d'un autre, s'attacher à, saisir avec
affection et empressement. — D. embrasse;
embrassade (à suffixe étranger; Montaigne
disait encore : donner une embrassée).
EMBRASURE, voy. embraser 2.
BMBRENER, de bran (v. c. m.).
EMBU, voy. emboire.
EMBRYON, gr. «>6/>u9v = rà ivrô; ppùov,
qui germe dedans, c.-à-d. dans le ventre de
la mère.
EMBÛCHE, subst. verbal de embuscher\
embusquer (it. imboscare, prov. et esp. em-
boscar), litt. aposter, dans un bois ou buisson
(BL. buscus, boscus), des personnes chargées
de surprendre 1 ennemi. Les chasseurs disent
encore d'une bête qu'elle s'embiïchc, quand
elle entre dans le bois.
EMBUSQUER, voy. embtïche. — D. efnbus-
cade.
ÉMENDER, L. e-mendare; le peuple a dé-
formé ce mot en amender (v. c. m.).
EMERAUDE, it. smeraldo, esp., port, esme-
ralda, prov. esm^rauda, du L. smaragdus
(ifi&pa'/ùoi). Pour la permutation de^ en /, cp.
ffiy/*at, it. salma, d'où fr. saume\ somme,
Baldacco, p. Bagdacco (Bagdad). La guttu-
rale primitive s'est conservée dans le v. esp.
esmeracda, prov. maragde.
EMERGER, L. e-mergere, sortir (en parlant
de choses situées dans l'eau). Chateaubriand :
* les Açores émergèrent du sein des flots ».
Du participe emergens, les physiciens ont tiré
émergent et émergence.
ÉDQiRI, mieux émeril, it. smeriglio, esp.
esmeril, ail. smirgel, schmergel; dimin. du
grec <5fiùpi:, 9/Upii, pierre servant à polir.
EMERILLON, espèce de faucon, le plus pe-
tit et le plus vif des oi^aux do proie, it. sme-
riglione, esp. csmerejon, prov. csmcrilhô, for-
mes diminutives de prov. esmirle, it. smerlo,
ail. schmerl, m. s. Ces mots viennent du L.
meria, p. merula, renforcé d'un s initial.
L'anglais noinme le même oiseau merlin, anc,
marlyon. Ce nom d'oiseau s'est communiqué,
comme beaucoup d'autras, à des instruments
divers et anciennement aussi à uno sorte de
canon; cp. fauconneau de faucon. — D. ^mc-
rilhnn^., gai, vif, éveillé comme un émerillon.
EMÉRITE, L. e-meritus, qui a fini de ser-
vir^ (inererc). — D. éméritat.
EMERSION, L. emersio (de eme^^sum, supin
de emergere, fr. émerger).
ÉMERVEILLER, do merveille. Le préfixe
é=ex, par assimilation à étonner,
ÉMÉTIQUE, gr. ifiiriKÔi (i/tèw, vomir). — D.
émc'tiser.
ÉMETTRE, L. e-miitcre, d'où emissio, fr.
émission, et emissarius, fr. émissaire.
ÉMEUTE (La Fontaine a dit émiUe), voy.
émouvoir. — D. émeuter, émeutier,
ÉMEUTIR, fienter (en pari, des oiseaux),
vfr. esmeltir; du néerl. smelten •» stercus li-
quidum egererc » , mot identique avec «nic/-
ten, ail. schmelzen = liquidum facere. Il n'y
a pas lieu de songer ni à ex-motiis, écaiter, ni
à emunctus, mouché. — D. émeut, excrément.
ÉMIER, ou émiettcr, de mie, miette.
EMIORER, L. e-migrare; cp. ail. aus-toan-
dcrn.
ÉMINENT, L. e-minens, qui s'élève au-des-
sus d'un niveau, hors ligne. — D. éminence,
L. ominentia.
EMIR, mot arabe signifiant commandant;
du verbe amara. commander.
ÉMISSAIRE, ÉMISSION, voy. émmre.
EMMANCHER, pourvoir d'un manche, ajus-
ter le manche à un instrument pour s'en ser-
vir, de là l'expression fig. emmancher uno
affaire (pr. y mettre le manche, le premier
bout) et s* emmancher =« s'agencer.
EMMITOUFLER, de mitoufle, forme altérée
de movfle sous l'influence de mitaine; le vfr.
présente emmofler.
EMMUSELER, voy. museau.
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ÉMOI, esnioC, grande peine, frayeur; alté-
ration de esmai (oi p. ai, cp. carquois, ef-
froi), it. smago, découragement, prov. esmai,
souci, subst. verbal du vfir. esmaier, esytioyer,
être en émoi, prov. esmaiar, anc. it. smagare.
Le primitif de ces verbes est le goth. magan^
être fort (d'où Tall. machJt, puissance, force).
Esmaier signifie donc proprement perdre sa
force, n'en pouvoir plus, et correspond logi-
quement au vha. un-magen, tomber en défail-
lance (ail. mod. un-fiMLcht, mal orthographié
ohnmacht, défiiillance}. L'étjmologie L. emo-
vere est une bévue.
ÉM OUJENT, L. emolïiens (de mollis).
ÉMOLUMENT, L. emotumetitum (emoliri),
pr. effort, peine, puis profit que l'on retire de
ses peines. — D. émolumenter,
ÉMONGTOIRS, L. emunctorius (de emun-
gère, moucher).
ÉMONDEB, L. emundare (de mundus, net).
ÉMOTION, L. emotio (de emovere, fr. êmou-
wnr). — D. émotionner.
EMOUGHER, de mouche. — D. émouchette,
-oir; émoucheter.
ÉMOUGHET, aussi mouchet; de mouche, à
cause du ventre moucheté de cet oiseau ; Tit.
dit moscardo.
ÉMOUDRE, L. emolere (de mola, meule). —
D. émouleur, -erie; cps. rémoudre.
ÉMOUSSER, l. 6terlamoi<^50; 2. rendre
mousse.
ÉMOUSTILLER, litt. rendre pétillant comme
du moût (L. mustum).
ÉMOUVOIR, L. e-movere, dont le sens clas-
sique (éloigner) diffère du sens moderne (met-
tre en mouvement, agiter, troubler); de l'anc.
participe esmeiit, d'où esmeut, s'est produit le
subst. émeute; cp. m^eiUe de movcre,
EMPALER, voy. pal.
EMPAN, altération du vfr. espan, wallon
aspagne, BL. spannus; du vha. spanna, mha.
span, mesure de la main étendue . — Il se peut
qu'empan se soit produit de espan par une
forme intermédiaire enspan (cp. vfr. engrot =»
segrotus, vfr. ensir = exire, vfr. ensaier p.
essaier).
EMPARER (S'), se rendre maitre de qqch.,
esp., port., prov. emparar, amparar, prendre
en possession; le contraire est rendu par dés-
emparer, abandonner, lâcher ce dont on s'est
emparé. La signification actuelle découle de
l'acception • fortifier, renforcer i» qu'avait en
premier lieu ce verbe et qui correspond à celle
du verbe simple parer, défendre, garantir
iv. c. m.). — De emparer, fortifier, viennent
e composé désemparer, démanteler, mettre
hors d'état de servir, et remparer, remettre
en état de défense, d'où le subst. rempar,
orthographié plus tard rempart,
EMPATER, it. impasiare, rendre pâteux,
voy. pâte. — Dans le sens d'engraisser de la
volaille =* L. impastare*, fréq. de impascere'.
EMPEAU, ente en écorce, prov. cmpaU, cat.
empelt, subst. du verbe empeltar. Celui-ci est
dérivé depellis, peau ou écorce de l'arbre, ou
plutôt du dimin. peleta; empeltar p. cmpele-
tar, c'est enfoncer dans Técorce. L'ail, emploie
également pour enter, greffer, le mot peUen,
depels, peau. Une assimilation avec le mot
peau a fait transformer empeut en empeau.
EMPÊCHER, mettre entrave, anc. empescher
(dont ïs est épenthétique); ce mot s'accom-
mode, aussi bien pour la lettre que pour le
sens, d'un primitif lat. impedicare, enlacer
(in, pedica), les anciennes formes empecchier
et etnpegier (cp. esragier à côté de esrachicr)
et le prov. empedegar l'imposent en quelque
sorte; cp. h. prœdicare devenu fr. preechier,
prechier, prescher, prêcher. Cependant il
existait en vfr. un synonyme de notre mot
sous la forme empocher, dont empechier, em-
pecier peuvent fort bien dériver (l'atténuation
de a en c étant un fait régulier). Cette forme
secondaire et concurrente est parallèle au
prov. empachar empaitar, esp., port, empa-
char, it. impacciare. Pour ces verbes, Mura-
tori avait proposé un type impactiare, au sens
de pacta inire, s engager dans des procès.
Son avis n'est pas digne d'accueil. Mieux vaut
assurément celui de Diez, qui, partant du
verbe L. impingei*e, mettre qqch. sur les bras
de qqn., l'en charger, l'en embarrasser (com-
posé de pango et reproduit par vfr. empain-
dre), en tire un fi-éq. impactare, d'où s'expli*
quent très régulièrement les formes empachar
(et encore mieux la forme accessoire prov. em-
paitar, subst. empaig), et vfr. empacher et
empêcher (cp. fléchir de ftedcre, vfr. delecher
de delectare). Quant à la forme italienne im-
pacciare, elle accuse un primitif impactiare p.
impactare, modification familière aux langues
romanes. Cotte f(.)rme me semble aussi devoir
être admise comme source immédiate des
autres verbes cités à radical pach ou j)€cli. —
A empêcher correspond le terme opposé dépé-
cher (v. c. m.), qui, par sa variété despeecier,
remonte à dispedicare, mais par ses corres-
pondants esp. despachar, it. dispacciare, au
type diS'pactare ou -pactiare, de dis-pingertf,
qui fait opposition à impingere, comme dis-
jungere à injungere, discingere à incingcre.
EMPEIGNE, vfr. empiegne, empengne (esp.
empeyne, cou-de-picd) ; d'origine incertaine.
Le bas-latin présente impedia, de in etpes,
pedis (litt. cuir sur le pied), mais ce ne peut
être le type du mot français; il faudrait impc-
dina, cp. it. redina «= vfr. règne, reigne
(rêne).
EMPENNER, voy. penne.
EMPEREUR, vfr. empereor (nomin. empe-
rere), du L. imperator. Pour rendre le fémi-
nin et ne pas dire empereuse, les modernes
ont préféré tirer du L. imperatrix le m(»t
savant impératrice. Pourquoi dédaigner tous
les termes de l'ancien vocabulaire : empcrcri'i,
•pereresse, -jtereïs, -peresse (d'où angl. cm-
press), -péris, periei'c, -pereusel L'ancienne
langue ne reculait pas devant les formes
naturellement indiquées.
EMPESER, anc. empoisser (d'où est resté le
subst. empois), de poix (v. c. m.). Empoisser
est une dérivation française depoio;; ejnpescr,
comme prov. empesar, se rapporte au prov.
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pes, pez «= poix. On trouve aussi empiger
pour enduire de poix, formé d'après le Latin
impicare (piz, picis).
EMPÊTRER, voy. dépêtrer.
EMPHASE, gr. i/xf x?»,-, pr. apparence, puis
éclat, pompe dans le discours; adj. ifi fxTixài
fr. emphatiqxte. Racine s'est permis le terme
emphatiste = qui parle avec emphase.
EMPHYTEOSE, altéré de l'anc. mot emphy-
leuse, du gr. ififùrivu^, action d'implanter,
BL. emphyteosis ={nnâi perpétua locatio. —
D. emphytéotique.
EMPIÉTER, 1 . donner du pied (à une co-
lonne) ; 2. mettre le pied sur (le terrain d'au-
trui); dérivé de piet (auj. pied); cp. piéton,
piétiner'. — Composé : rempiéter.
EMPIFFRER, voy. piffre.^
EMPIRE, L. imperium.
EMPIRER, BL., impejorare, voy. pire.
EMPIRIQUE, gr. itxitn^i^ô;, qui agit d'après
l'expérience (et non pas d'après les principes
scientifiques). — D. empirisme.
EMPLAGER, voy. place. — D. emplace-
ynent; cps. remplacer.
EMPLATRE, esp. emplasto, it. empiasto, du
h.emplasirum, gr. iijLr.Xx-sTov (s. e. yip^aa/ov),
aussi itiTiïxyrpov, do èyui-7r>a97sty, appliquer
dessus. — D. emplâtrer, it. impiastrare: —
De l'a^j. su7rÀxîTi/o;, fr. emplastique.
EMPLETTE, vfr. emploite, norm. empleite,
du L. implicita implicta, part, passé de im-
plicare, au sens de dépenser (voy. employer).
EMPLIR, L. implere; cps. dés-emplir, rem-
plir.
EMPLOYER, it. impiegare, esp. emplear,
prov. empleiar, du L. implicare, impliquer,
usité dans la basse latinité p. expendere,
insumero. Ce même trope : engager qqch.
dans une affaire, en faire usage pour un but
déterminé, se rencontre également dans l'ail.
cer-voenden, de toenden, tourner, plier. —
D. subst. verb. emploi, it. impie go; employé;
voy. aussi emplette.
EMPOIS. EMPOISSER, voy. empeser.
EMPORTER, porter loin («m, en =« inde),
enlever; s'emporter, fig. = se laisser entraî-
ner par nn mouvement de colère; cp. les
expressions analogues fr. transporter, émou-
voir, se démener, et L. efferre. — D. em-
2)orlé, emportement; cps. remporter.
EMPOTER, mettre en pot.
EMPREINDRE, du L. imprimcre, litt.
presser dessus ; c'est la forme vulgaire de im-
primer (cp. geindre, de gemere). Du participe
empreint vient le subst. empreinte, d'où ont
été tirés l'it. imprenta, impronta, esp., prov.
cïhprenta, puis les verbes néerl. printen, im-
primer, et angl. print.
EMPRESSER (S), se mettre en presse, en
mouvement. — D. empressé, empressement.
EMPRUNTER, wall. épronter, it. impron-
tare; du L. in promutuum, en prêt (Digeste).
Cotte étymologie de Diez est confirmée par la
forme valaque imprumut, et met à néaht les
anciennes explications par in promtu dare
ou accipere, ou par promptare, fréq. de pro-
mère. — A l'appui de l'ét. promtituum^
Rônsch (Ztschr., Ilf, 102) cite, dans le gloss.
gréco-latin de Cyrille (éd. Vulcan., p. 58) :
TrpoJïtvaJo/xai, promutiior. — Subst. verbal :
emprunt.
ÉMULE, L. œmulus, rival. — D. émuler ,
emulateur, -aiion.
EMUL6ENT, du L. emulgere, traire jus-
qu'à la dernière goutte Du supin emulsum :
fr. émulsion (d'où émulsionner), émulsif.
EN représente : 1 . la particule-préposition
L. in; 2. l'adverbe L. inde, vfr. int, eytt (en
Hainaut end, dans le cps. endraller => en
aller). De même que unde ou plutôt la forme
composée dc-unde a donné l'adverbe pronomi-
nal relatif dont, ainsi le L. inds a fourni l'ad-
verbe pronominal démonstratif en. Dont (L.
unde) est le corrélatif de en {h. inde), comme
oii (L. ubi) l'est de y (L. t^. — L'un et
l'autre en, tant celui qui représente le L. in,
que celui qui est issu do inde, servent d'élé-
ment de composition, en se modifiant en em
devant des consonnes labiales (p. ex. anpor-
ter, embellir). — En préfixe = L. in se
trouve d'abord en tét^î de quelques verbes
français d'ancienne formation, repix>duisant
des verbes latins déjà pourvus du préfixe, p.
ex. emplir, L. im-plere, enfler, L. in-flare,
enduire, L. inducere, empreindre, L. impri-
mere, employer. L. implicare. Les verbes
latins composés avec in, entrés dans la langue
française sous l'influence savante, conservent
la forme latine : in-duire, im-primer, im.
pliquer (comparez ces verbes avec les trois
derniers mentionnés). Appliqué à des mots
romans sans précédent latin, le préfixe en est
destiné à exprimer le passage d'un état en un
autre ; c'est là sa valeur inchoative et factitive;
ex. enorgueillir, empirer, embellir, enrichir,
endormir, embraser, puis introduction dans
l'intérieur de (ir^ch., engagement, implication
{empiéter, enfoncer, embûche, engager), ou
action de pourvoir ou toucher qqch. de la
chose exprimée par le primitif (empoisonner,
en fariner). — Le préfixe en ■« inde exprime
éloignement. Il ne se rencontre plus que
dans s'encourir, enfuir, enlever, emmener,
emporter, s'ensuivre, envoler, entraîner.
ENCAISSER, voy. caisse. Le subst. encaisse
équivaut à : ce qui est en caisse.
ENCAN, anc. encant, prov. enquant, encant,
it. incanto, hnc. esp. encante, ail. gant; delà
phrase lat. in quaïitum, à combien? — D.
vfr. enquanter, encantcr, enchanter, mettre
à l'enchère. Ménage songeait à incantare,
auquel il prétait le sens do proclamer;
d'autres à in cantu, vente faite au son de la
trompe !
ENCAQUER, voy. caque.
ENCARTER, terme d'imprimeur ou de re-
liure, de carte -* carton.
ENCASTfiLER(S'),t.de vétérinaire; d'après
Littrô du BL. incastellare, emmurailler (de
castellum), la corne du cheval étant compa-
rée à une muraille. Le sens étant tout sim-
plement « enserrer ", on peut très bien expli-
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179 —
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Ajuer encasteleTt comme dimin. du BL. incas-
tare{voj. encastrer).
ENCASTRER, emboîter, enchâsser, prov.
encastrar, ital. vicastrare, du BL. ùicaS'
trare (Vulgate, Isidore), forme variée de
incàstare (d'où esp. engastar^ enchâsser, ser-
tir). Le radical de ce dernier peut être, soit
l'alL kasten (vha. chasto), caisse, coffre, ar-
moire et particulièrement chaton (v. c. m.),
ou le thème congénère latin cast (exprimant
serrer, enfermer) qui est au fond de castrum
et de son dimin. castcUum, et qui remonte à
la même racine cas qui a donné casa, maison.
ENCAUSTIQUE, L. cncausticus, gr. i //.au»-
Ti/o;, dérivé de iyr.^uyroi, adjectif verbal de
ly/eafct», brûler sur ou dans. L'encaustique est
l'art de peindre avec des couleurs mêlées de
cire et durcies ensuite par l'action du feu. —
Le L. encaustiim, gr. v/axuitov, était aussi le
nom de l'encre rouge dont se servaient les
empereurs romains pour signer. Les Italiens
en ont fait incosto, inchiostro; d'autres lan-
gues ont singulièrement écourté ce mot, et
Tont transformé en vfr. enque, ci\che, auj.
ENCRE, angl. twA, néerl. inkt. L'ail, tinte, esp.
tinta, = encre, vient du L. tinctiis, part,
passé de tingere, teindre.
ENCEINDRE, L. in-cingere; part, enceint,
doù le subst. participial fém. enceinte, cir-
cuit, clôture. Quant à l'adj. fém. enceinte,
grosse d'enfant, = it. incincta, prov. encen-
cha, voici ce qu'en dit Isidore : « incincta ==
prsegnans eo quod est 5in<? cinclu ». D'après
cette étymologie, incincta serait =^ discincta
ou non cincta; c'est comme si nous disions
aujourd'hui par euphémisme «* femme sans
corset «. — M. de Chevallet, d'après Ménage,
rattache le BL. incincta (grosso) au latin classi-
que inciens, -tis, qui a la même signification.
Cette dérivation n'est pas impossible ; seule-
ment il faudrait admettre que la forme lat. et
it. incincta fût l'effet d'une fausse application
étymologique, ce que la date reculée de l'em-
ploi de ces formes engage à repousser. L'es-
pagnol dit estar en cinta ; cela fait songer à
une autre représentation de la chose, savoir :
être enveloppé, être doublé, in cinctu (ou en
mauvais latin : in cincta) esse. L'it. indgnere,
prov. encenher, vfr. enchaindre (Richart li
Biaus) =» engrosser, confirment cette manière
de voir; ils représentent le L. incingere, en-
tourer ; c'est une figure un peu moins gros-
sière que le fr. engrosser; elle rend l'idée :
donner de l'ampleur, du volume.
ENCEINTE, voy. l'art, préc.
ENCENS, it. incensOfd^^. incieyxso, BL. in-
censum, = thus, de incendere, allumer,
brûler — D. encenser, -oir. — Les Aile-
jnands rendent e^icens par weih-rauch, fumée
sacrée.
ENCÉPHALE, gr. 2yxi?aXd;, adj., => qui se
trouve dans la tête («t^alïj) ; comme subst. =
cerveau. — D. encéphcUie, -ite.
ENCHANTELER, du subst. chanter, chan-
tcau •= chantier; voy. caiiton.
ENCHANTER, L. tn-cantare, fasciner par
le chant de formules magiques (cp. charmer.
du L. Carmen, chant); de là subst. verbal
vfr. encant, it. incanto, esp. encanto. — D.
enchantement, -eur; désenchanter, rompre
l'enchantement.
ENCHAPER, de chape, couverture.
ENCHASSER, voy. châsse.
ENCHÈRE, voy. enchérir.
ENCHÉRIR, devenir plus cher, augmenter
de prix ; le sons actif élever le prix, rendre
plus cher, propre auj. à la forme enchérir,
était autrefois rendu par eitcherier (BL. inca-
riare)\ c'est à cotte dernière forme que res-
.sortit le subst. enchère, offre d'un prix plus
élevé. — D. enchère, enchérissoiient, -isseiir;
cps. re7icherir, surenchérir.
ENCHEVÊTRER, voy. chcvétre.
ENCHIFRENER, causer un embarras dans
le nez; étymologie douteuse. Ménage, pour
sortir d'embarras, forge un mot barbare inca-
mifrœnarc, en se fondant sur Psaume 32, 9 :
« in camo et frœno maxillas eorum con-
stringe » . Littré appuie cette explication en
disant : « De en et chanfrein, par l'intermé-
diaire de chinfreneau, coup à la tète ; le sens,
qui était général (on trouve d'amors enchi-
frenés dans le Roman de la Rose) s'étant par-
ticularisé au rhume assimilé à un chanfrein ».
Pdur notre part, nous citerons le bas-breton
sifern, rhume, mais il se peut qu'il soit d'ori-
gine frança'ise.
ENCHYMOSE, gr. èy^OuMn;, effusion d'hu-
meurs (y^unô;).
ENCLAVER, du BL. inclacare, enclore (de
clams, clef). — D. enclave.
ENCLIN, L. inclinis, penché.
ENCLORE, prov. enclaure, L. inclaudere,
forme barbare pour includere; do ce dernier
les savants ont fait inclure. Le part, enclos
(L. inclausus) a donné le subst. enclos, doù
les chasseurs ont forgé le verbe enclotir.
ENCLOS, voy. enclore.
ENCLOTIR, voy. enclore.
ENCLOUER, voy. clou.
ENCLUME, it. incude, incudine, ancude,
ancudine, esp. ayunque, yunque, prov. en-
clutge, encluget; toutes ces formes viennent
du L. incus, incudis. Une déclinaison bar-
bare incudo, incudinis, a donné les formes
italiennes. L'espagnol s'explique par la syn-
cope du d, d'où incue, d'où, par la transpo-
sition de u : iunce, yunque. Le provençal ac-
cuse un type incudium, avec l intercalaire.
Quant au mot français, il vient de l'ace, incu-
dinem avec / intercalaire; pour la terminai-
son, cp. L. amaritudinem, fr. amertume. —
D'après Cornu (Rom., VII, 594), enclumrC se
serait produit par la série de formes suivantes :
tncudinem, 'encumne, *e7icnume, enclume.
ENCOCHBR, voy. coche 3.
ENC06NER, voy. coin. — Cps. rencogner.
ENCOLURE, voy. col.
ENCOMBRE, subst. verbal de encombrer. •
ENCOMBRER, prov. encombrar, it. ingo»n-
brare, obstruer, embarrasser, du BL. com-
brus, abattis; voy. sous comble. — D. encom-
bre, pr. obstruction, obstacle.
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180
END
ENCONTRE, ancienne préposition, compo-
sée de contre^ -« BL. in-conira p. contra, cp.
L. insuper p. super. — D. encontrer à qqn.,
verbe tombé en désuétude = le rencontrer,
l'attaquer, lui venir à rencontre; de là le
subst. encontre (it. incontro, esp. encuentro),
événement imprévu, embarrassant. Ce subst.
nous est resté dans la locution à rencontre et
dans le composé malencontre p. mal encontre
(encontre était masculin). Encontrer et encon-
tre ont fait place aux composés rencontrei' et
rencontre. Ces termes sont analogues à l'ail.
hegegnen, hegegniss, de gegen, contre.
ENCOR, ENCORE, it. ancora, prov. encara,
enquera ; du L. hanc oram, «= jusqu'à cette
heure-ci ou cette heure-là. Comparez L. ad-
huc, m. s., litt. jusqu'ici. De même que ce
dernier, d'abord adverbe de temps, a pris le
sens ad'hoc et marque addition, gradation,
avec la valeur de quoque, etiam, il en est
arrivé de même à son équivalent néo-latin
encore. Sénôque : unam rem adhuc acyiciam,
j'ajouterai encore une chose; Quintilien : Cal-
licles adhuc concitatior, encore plus animé.
— L'étymologie hanc horam échappait encore
à Sylvius et Nicot, qui faisaient forcément
venir encore du L. incoram, en présence de. —
Havet (Rom., VIÏI, 93) cherche à démontrer
pour cet adverbe fr. (it. ancora) l'étym. aique
ad horam, atque étant devenu acque, puis par
nasalisation anche, et ore (o ouvert) issu de
aora. Cette explication nouvelle est théori-
quement correcte et sourit beaucoup, mais
elle se heurte contre un fait, relevé par Su-
chier: c'est que la formule prov. anc no, pic.
aine ne, = jamais (relativement au passé)
appuie trop .solidement pour anche l'origine
oûihuc ou ad hune.
ENCORBELLEMENT» voy. corbeau,
ENCORNER, voy. corne.
ENCOURAGER (au xvi* siècle, on disait aussi
acourager), voy. courage.
ENCOURIR = courir dans, s'exposer à; cp.
en latin le même emploi figuré de incurrere
dans incurrere odia hominum, encourir la
haine des hommes, incurrere i7i crimen, en-
courir l'accusation. — Dans le réfléchi, s'en-
courir, le préfixe en est = inde.
ENCRASSER, voy. crasse. En vfr., eiu^as-
sier avait la valeur de engraisser ; il en est de
même du wall. ecrauchi, rouchi encrachier.
ENCRE, voy. encaustique. — D. encrier.
ENCROUE (arbre) ne vient pas de croix,
comme prétend Besclierellc, mais par le BL.
incrocare{Lo\ salique), cncrocher, de la racine
croc.
ENCYCLIQUE, gr. fyxu/t>i/o,-, de xOxio;, cy-
cle, cercle; cp. L. circularis (decirculus), d'où
le subst. fr. circuiaire, ail. rundschreihen.
ENCYCLOGRAPHIE, mot nouveau formé
d'après encyclopédie, recueil de traités sur
les diverses branches d'une science ou de la
.«science en général.
ENCYCLOPÉDIE, du gr. i'ftu^Uitonhim, qui
est une fausse leçon pour cyxwx/ioç r.onûtlr, lo-
cution fréquemment employée depuis Aristote
pour désigner le cercle (xûxioi) de connais-
sances, de. sciences ou arts, que tout jeune
Grec de condition libérale devait parcourir
avant de s'engager dans l'étude des matières
nécessaires à une profession spéciale; les
branches dont se composait cette éducation
(irKiôcix) s'appelaient cyxûxlix ttxdr.uzrs. La va'
leur du mot a été élargie par les modernes.
ENDÉMIE, -IQUE, du gr. li^.r.tio^, particu^
lier à un peuple.
ENDÊVER, enrager ou faii e enrager ; com^
posé du vfr. desver, derver, m. s., d'où vfr.
desi^é, dense, diervé, furieux, forcené. Ce
verbe a fort torturé les linguistes. Ducange
proposait L. deviare. sortir du droit chemin;
M. de Reiffenberg, le flam. dief, voleur;
d'autres, un BL. de-ex-viare, puis l'esp. der"
ribar, abattre, démonter. Toutes ces tenta-
tives sont malheureuses. Diez, s'appuyant sur
l'expression : « tôt a le sanc desvé », avait été
porté à rattacher desver au L. dissipare^
gâter (it. scipare); il alléguait dans ce sens le
vers de Dante : « La memoria il sangue ancor
mi scipa » ; mais il est revenu sur cette coiyec*
ture, arrêté par le scrupule qu'il est impro-
bable que dissipare fasse disipar en prov., et
desver en français. D'autres raisons l'ont em-
pêché de poser les étymologies : diruere
(transformé en diruare, d'où dervare, dev
ver), et derogare (cp. fr. enterver = interrO'
qare, fr. corvée = corrogata). Il s'en tient
donc à la coi\jecture (consignée dès la 2* édit.
de son livre) : on s'est servi d'abord de la
3* pers. sing. desve, qui répond correcte-
ment à h. desipit (il est fou); puis de la forme
du présent desve on a dégagé un infinitif deS'
ver et un participe desvé. — Chevallet, au mé-
pris de toutes les règles de dérivation, met en
avant l'ail, taub, insensé, fou, verbe toben,
être enragé ; il aurait mieux fait de citer les
mots angl. deaf{=^a,\\. taub), verbe bas-saxon
daven, =^ ail. toben, qui se rapprocheraient
davantage du mot français. — Gachet, par-
tant du fait que la derverie semble avoir
emporté une idée de possession diabolique,
incline vers ceux qui, avant lui déjà, ont
pensé à une origine de diable, par la forme
angl. devil ou aU. teufeh Endêvé serait ainsi
— endiablé. En rouchi, on dit, pour « il est
diablement beau » : il est biau endêvé. Pour
faire accorder aussi bien la lettre que le sens
avec cette étymologie, Gachet rapproche le
port, endiabrar et prov. endiablar, qui selon
lui peuvent s'être altérés en endiavrar, en-
diai'var, d'où enfin enderver, endesver. Il
pense aussi (à tort, sans aucun doute) que
l'angl. endeavour, s'efforcer, s'acharner à
faire qqch., est le même mot. — De mon
côté, j'ai proposé quelque part l'explication
de dervé (d'où desvé) par le BL. debriatus (p.
de-ebriatus), enivré, fou. En somme, la con-
jecture de Diez est celle qui satisfait le plus
aux conditions d'une saine étymologie. Littré
s'abstient de se prononcer, et laisse la discus-
sion ouverte. Et voici ce que j'ai enregistré
de nouveau sur ce terrain. L'explication do
l'ancien desver par dis-vadere (soviiv du sens»,
tentée par Ulrich (Rom., VDI, 264), est par
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ÉNE
181
ENF
trop ingénieuse. Voici son procédé : Diswidere
— disvarre — disvare, fr. desver, comme
calefacere a fait calfarre, calfare, d'où fr.
chauffer. Une autre coi\}ecture du même
auteur (Rom., JX, 579) porte sur de-ex-
ripare. Pour le sens, cp. lat. delirare, « sortir
du sillon •>. La coi\iugaison aurait été d*abord
desrif, desrives, desrice^ desvôns, desr>éz,
desrivent, puis le thème des formes syncopées
et accentuées sur la finale, comme dans beau-
xïoup d'autres verbes, aurait pris le dessus.
On objecte, d'une part, que Ve du thème desv
est ouvert et postule un e bref d'origine (6.
Paris), d'autre part, que les composés par de
-)> ex sont imaginaires (Grdber).
ENDIVE, it , esp., port., prov. endivia, du
L. iniybus (c/ruSov), ciiicorée, ou plutôt de la
forme adjectivale intybea,
ENDOLORIR, litt. affecter ou être affecté
4'une doiUeur.
ENDORMIR, factitif de dormir. Le latin
xîlassique indonnire dit autre chose, c.-à-d.
dormir ou s'endormir sur qqch., et fig. la
traiter avec négligence. Végèce cependant
l'emploie dans le sens de s'engourdir en par-
lant des membres.
ENDOS, subst. verbal de endosser.
ENDOSSER, mettre sur le dos, de là endos-
ser un habit; puis mettre sa signature au tios
d'un papier, d'où endosser une lettre de
change; en reliure, mettre le dos à un vo-
lume. — D. endos; fém. endosse «» poids
dont on est chargé (terme familier).
ENDROIT, anciennement préposition, =
dans la direction de, vers, à l'égard de, quant
Â, p. ex. oidroit le vespre, vers le soir ; aussi
adverbe, avec le sens de vis-à-vis, en face, di-
rectement, du côté qui se présente tout d'abord
A nos regards. Cet adverbe ou préposition re-
présente littéralement le L. in-directum, di-
rigé vers (voy. droit). La combinaison avec in
est analogue à celle de ejicontre, envers, etc.
Quant au sens, endroit rend à peu près la
même idée et de la même manière que envers,
qui représente le L. in-versus, tourné vers.
D'adverbe, le mot s'est fait substantif, et en-
droit a pris les significations : 1 . place, lieu,
propr. ce qui est devant nous, cp. contrée de
contre (l'ancien sens adverbial perce encore
dans la locution à Vendi'oit de = en ce qui
concerne); 2. côté droit, beau côté (d'une
étoffe), opp. au subst. envers, côté retourné.
ENDUIRE, du L. iïxducere, litt. appliquer
sur, puis = enduire, p. ex. dans colorem in-
ducere pictiirœ (Pline). Dans le sens de mener
vers, le L. inducerc est devenu le fr. induire.
^ D. enduit, subst. participial, = L. induc-
tum.
ENDURCIR; le préfixe ajoute à la valeur
factitive du verbe simple.
ENDURER, L. indurare, pris dans le sens
de durare, obdurare, résister, persister, sup-
porter (« perfer et obdura »).
ENERQIE, gr. hipyuot, activité, puissance
^t/gyv, travail). — D. énergique.
ÉNER6UMÊNE, gr. htpyoùfitm* travaillé,
possédé, s.-e. par le démon.
ÉNERVER, L. enervare (nervus).
ENPAGOTER, voy. foffot.
ENFANT, du L. infantem (le nomin. infans,
avec l'accent sur i, a donné naissance au vfr.
enfe ou enfes, forme réservée au cas du sujet
masculin). — D. enfance, L. infantia; enfan-
çon; enfantin, L. infantinus* p. infantilis;
enfantillage; enfanter (y. c. m.).
ENFANTER, donner le jour à un enfant,
it. infantare, prov, enfantar, efatUar, du L.
tnfantare; toutefois, ce verbe latin ne se
trouve que dans Tertullien, au sens de nour-
rir. — D. enfantement.
ENFARINBR, 1. poudrer de farine; 2. ûg.
endoctriner. Cette dernière acception se rat-
tache peut-être au sens métaphorique qu'a le
L. farina, dans ejusdem farinœ esse, être de
la même pâte, de la même trempe.
ENFER, prov. enfern, it. inferno, du L.
infernum (Tacite : inferna, -orum, = les en-
fers), d'où infernalis, fr. infernal.
ENFERMER, mettre dans un lieu fermé,
composé de fermer, comme includere de clau-
dere. — Cps. renfermer.
ENFERRER, enfoncer un fer, percer d'un
fer, de ferrum, glaive. — Autrefois = mettre
aux fers.
ENFILER, passer un fil à travers le trou
d'une aiguille, réfl., sens fig., s'introduire,
s'engager dans. — Enfiler des phrases, etc.,
est une métaphore tirée de « enfiler les
grains d'un chapelet ». — D. enfilade, suite
de choses disposées sur une même ligne, pro-
pres à être enfilées ou traversées sans obstacle
(« enfilade de chambres »).
ENFIN, p. en fin, ■=■ pour finir, pour ré-
sumer.
ENFLAMMER, L. inflammare,
ENFLER, L. in-flare, litt. souffler dans,
cp. gonfler de con-flare. — D. enflement, -ure;
cps. renfler. Notons encore l'ans. adjectif
enfle = enflé, encore en usage dans quelques
dialectes.
ENFONCER, pousser vers le fo)uî (v. cm.),
puis faire pénétrer dans le fond, enfin défon-
cer et en général briser, rompre ^« enfoncer
une porte »). Nous ne citons pas les emplois
figurés de ce verbe. — D. enfoncement, 1. ac-
tion d'enfoncer; 2. vide, creux, profondeur;
enfonçure, chose enfoncée. L'ancienne langue
disait aussi enfondrer, pour enfoncer (cp.
effondrer). Voy. aussi /bnccr.
ENFORCIR, rendre ou devenir plus fort,
cp. endurcir = durcir. L'ancienne forme
enforcier nous est restée dans le composé ren-
forcer.
ENFOUIR, L. in-fodere, mettre dans la
terre.
ENFOURCHER, prendre en fourche, aussi
percer avec la fourche, ou disposer en forme
de fourche.
ENFOURNER, de four (anc. forn).
ENFREINDRE, non pas du L. in-frendere,
comme prétendait Caseneuve, mais de in-frin-
gère, briser, d'où le subst. infractio, fr. in-
fraction.
ENFUIR = fuir loin ; e» = L. inde.
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ENG
182
ENG
ENFUMER, emplir de fumde, prov. enfu-
mar, du vfr. fum\ fumée.
ENGAGER (ital. ingaggiare, prov. engat-
jar), 1. mettre en gage{v. c. m.), à la merci
d'autrui, aliéner; opposé : d^fgager; 2. pren-
dre gage de qqn. qui s'oblige à vous servir,
le prendre à son ser\'ice, l'enrôler, le déter-
miner à un sen'ice, à une prestation, lier,
obliger; 3. exhorter, persuader à prendre
part dans une affaire ou à faire qqch. ; de là
4. faire entrer, entraîner dans, mêler à ;
5. dans les locutions •» engager le combat, la
conversation », le verbe équivaut à s'engager
dans, et devient synonyme de commencer. —
D. engageafît (se rattache à l'acception 3);
engagement fse rattache à toutes les accep-
tions du verbe) ; engagistc.
ENGAINER, mettre en gaine (v. c. m.). —
Cps. rengaine?'.
ENGAVER, M le pigeon engave ses petits «,
c.-à-d. il dégorge la nourriture dans le bec;
dans le nord de la France --= engraisser de la
volaille, empâter; du même radical que le
^ic&và gaviot, gosier, ou gavion (le peuple
dit : en avoir jusqu'au gavion = jusqu'à la
gorge, se rincer le gavion == boire. Le pri-
mitif est ^atv, terme populaire pour le jabot
des oiseaux ; cp. wallon gaf, champ, giieffe.
Diez rapporte ces mots au L. cavus ou cavea.
— Voy. aussi engouer.
ENGEANCE, pr. action do multiplier par
engendrcment, puis terme collectif ])our des
êtres d'une même espèce, race ; dér. de eiiger
«=a croître (v. c. m.). — Engeance signifie
aussi populairement embarras, do là le verbe
engeancer qqn. d'une chose, l'en embarrasser,
la lui mettre à charge. Dans le deuxième
sens, c'est un dérivé de eifger = embarrasser.
ENGEIGNER (vieux). = tromper (Lafon-
taine), aussi cngignicr^ prov. enginhar^ en-
geingnar. cat. engegnar^ voy. engin. Les
formes vfr, enganer, esp. engatiar, it. ingan-
fiare, qui signifit;nt la même chose, sont d'une
source différente.
EN GELER, se congeler ; de geler, avec le
préfixe en marquant passage d'un état à un
autre. — D. engelure.
ENGENDRER, L. ingenerare.
ENGEOLER. voy. enjôler.
ENGER, embarrasser qqn. de qqch., « qui
m'a engé de cet animal? «, - Nicot a engé la
France de l'herbe nicotiane »». Selon Diez du
L. e-necare (contracté encare), qui avait
également Tacception torturer, fatiguer, im-
portuner ; pour la forme, cp. pincZ/'care, contr.
vincare, fr. ve)iger. Le port, engar, solliciter
vivement, doit être le même mot. — Un ho-
monyme enger signifiait autrefois croître, se
multiplier, en parlant surtout de choses nui-
sibles, vermine, etc., « cette dartre enge
grandement, la peste enge fort » (il avait
aussi le sens actif peupler, propager). Mé-
nage fait venir ce second verbe enger du
L. ingignere; cett^ dérivation ne peut être
admise, et l'origine du mot reste encore un
problème. En dialecte limousin, on trouve
s'endià, s'engendrer (en parlant de la ver-
mine), et le sarde présente atigiai, faire des
petits. — D. engeance {y. c. m.); vfr. enge,
race, engeance. — Il y a lieu de noter ici
encore le composé vfr. a-engier, sign. à l'ac-
tif : faire croître, augmenter; au neutre :
grandir, s'accroître (« Partout voi le mal
a-engier » Baud. de Condé).
ENGIN, vfr. engieng, engien, it. ingegtio,
prov. engeinh, engin^ d'abord esprit, surtout
esprit inventif, puis ruse, finesse, instrument
de guerre ou de chasse ; du L. ingenium. De
l'anc. forme enginh', engeinh' vient le vieux
verbe engeigner (v. c. m.), machiner, imagi-
ner, tromper, BL. ingeniari, ■=■ ingenium
exercere (la langue moderne en a tiré s* ingé-
nier = se creuser l'esprit) ; puis le subst.
engigiieor" , faiseur de machines, mot que les
savants ont plus tard réhabillé en ingénieur
[ingénieur se rapporte logiquement à inge-
nium, comme mécanicien à /Aiîx«vïi, L. ma-
china) ; enfin, l'adj . engignos^, abandonné pour
la fonne plus latine ingénieux, et répondant
à L. ingeniosus.
ENGLOBER, joindre à un ensemble, de
globus, au sens de masse, amas.
ENGLOUTIR, it. inghiottire, du L. inglu^
tire.
ENGONCER, rendre la taille lourde, con-
trainte, gênée, en parlant d'un vêtement qui
produit cet effet. « Comme tu es engoncée
dans ton corset ", dit Picard. Roquefort se
fourvoie en donnant à ce verbe pour premier
sens « rentrer la tête dans les épaules « et
l'identifiant avec le vfr. esconser, se cacher.
Corblct dit de même : - engoncé, perdu dans
ses vêtement.»?, gêné dans un habit qui monte
jusqu'aux oreilles ; du roman esconcé, caché » .
Je crois aussi que ce mot se rattache au
L. condere, mais non par le composé abscoti'
dere (dont le partie, barbare absco}isus a
donné esconser), mais par le participe barbare
inco7isus, p. inconditus, qui signifiait désor-
donné. Pline a dit « inconditus ordo ramo-
rum -, Suétone, « turba incondita n. On pour-
rait du reste aussi donner au primitif inœn-
sus le sens de conditus, « caché, enfoncé »
(cp. « engoncé dans son chapeau »»), en pre-
nant in pour le préfixe marquant mouvement
du dehors au dedans. Remarquons, en outre,
que l'anc. langue employait en effet sescotiser
au sens de « se cacher » . — Ménage expliquait
le mot par ingonnicatus. mot qu'il a forgé 4
plaisir de gonne", robe. Littré le dérive do
go}id (it. gonzo), engoncer étant comparé à
l'état d'une porte mise en ses gonds.
ENGORGER, anciennement >» gorger, met-
tre dans la gorge, avaler ou faire avaler, cp.
ingurgiter; de là, le mot gorge étant pris
dans le sens de tuyau, canal, se dégage l'ac-
ception obstruer. Le composé se rengorger,
cependant, se rattache à gorge, poitrine;
c'est se donner de la gorge. — D. engorge^
ment, obstruction.
ENGOUER (d'où engouement) est une forme
accessoire de engaver, mentionnée plus haut.
Elle s'y rapporte comme clouer à clavus. Le
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ENL
— 183 —
ENQ
mot signifie d*abord bourrer le gosier ; s^eti-
gouer, c'est pr. se gorger, s'en donner jusqu'à
la gorge; le sens figuré : se passionner,
s'exalter, s'explique aussi facilement que celui
donné parfois à se repaître. Ce dont on raf-
fole est représenté comme quelque chose qui
vous remplit.
ENOOULER, faire entrer dans la gueule,
avaler, aussi saisir de la gueule, mordre ; dé
goule, variété de, gueuh (d'où goulot)^ L.
gula. Le participe oigoulé est particulière-
ment un terme d'héraldique. — Cps. engoule-
vent, nom d'un oiseau, appelé ainsi à cause
do la grande ouverture de son bec.
ENGOURDIR, opp. de dégourdir, voy. ce
mot.
ENGRAISSER, it. higrassare, vfr. encras-
sier, dér. dégraisse, — D. eiigrais,
ENGRAVER, s'engager dans le sable, voy.
grève. — D. eixgravée, terme d'art vétérinaire,
maladie du pied des bœufs, résultant des ter-
rains garnis de cailloux sur lesquels ils mar-
chent.
ENGRÊLÉ (t. de blason), muni de petites
dents arrondies, àe grêle. — D. engrâlure.
1 . ENGRENER, mettre le grain dans la tré-
mie du moulin (appliqué aussi à d'autres opé-
rations analogues) ; empâter avec du grain.
De grain.
2. ENGRENER, terme de mécanique, faire
entrer les dents d'une roue dans les rainures
d'un cylindre. De L. crena, entaille, cran (pour
g = c, cp. gonfler, grotte, vfr. englume p.
enclume). — D. engrenage, -ure. — Cette
étymologie n'est peut-être pas la vraie ; l'ac-
ception mécanique pourrait bien découler
d'une acception plus générale que donnaient à
engrener les meuniers, comme celle de « met-
tre en mouvement » , de sorte que notre second
engrener ne serait pas un homonyme distinct
du premier.
ENGUEULER, c'est gueuler dans le sens
actif, l'action étant portée sur qqn.
ÉNIGME, gr. «rviy/uiat, -aT05 (de alvlitti^at,
parler en paraboles) ; énigmattque, alvi/^urrixo',-.
ENJAMBER, litt. prendre entre ses jambes
(fig. franchir un espace), puis, écarter ses
jambes, marcher à grands pas ; dépasser, em-
piéter. — D. enjambée, -ement.
ENJEU, ce qui est mis enjeu (au jeu).
ENJOn^DRE, L. injungere, m. s., d'où le
subst injunctio, fr. injonction.
ENJOLER, aussi engeôler, pr. attirer dans
IsL geôle (v. cm).
ENJOLIVER, yoy. joli, smcjolif.
ENJOUER, égayer; du L.jocari, plaisan-
ter, badiner ; c'est un factitif rendant l'idée :
mettre en bonne humeur; de là le participe
passif enjoué, gai, plaisant. — D. enjoue-
ment.
ENLACER, 1. enfermer dans des lacs, fig.
serrer, étreindre; 2. passer l'un dans l'autre
des lacets, rubans, etc., syn. de entrelacer.
ENLEVER ■= en (L. inde) -{- lever, porter
loin.
ENLISER (S*), s'enfoncer dans les sables ;
selon Nodier, de la famille du bourguignon
lijreu, glissoire; ce serait donc pr. glisser
dans. Quant à li^eii, il se rattache k glisser,
dont l'initiale a été retranchée, cp. en norm.
lider = ags. glidân, angl. glide. Littré dé-
rive notre verbe de lije, lise, nom donné, dans
la baie du mont Saint-Michel, à la boue des
chemins et, plus spécialement, aux sables
mouvants ; il croit que lise pourrait être «=
gliise, nom de la glaise en normand.
ENLUMINER, forme vulgaire de illuminer,
L. illuminare, illustrer, rehausser de cou-
leurs.
ENNEMI, du L. inimicns ou plutôt du lat.
populaire inamiaus (cp. prov. enamic) ; du
subst. inimicitas, p. inimicilia, fr. inimiti»-
(vfr. enemistié).
ENNUI, vfr. anoi, anui, chagrin, peine. Les
étymologies diverses tentées à l'égard de ce
mot {noxa, noxia, nausea, gr. ewnx et iAa)
sont toutes contraires aux règles phonolo-
giques ou au sens. La seule qui puisse soute-
nir la critique est celle de L. odium, déjà pro-
posée, mais imparfaitement, par Cabrera. Le
mot se rattache à la phrase « est milii in
odio • . Les deux mots in-odio, ayant subi une
sorte de concrétion, ont donné esp. enojo (anc.
enoyo), port, nqjo, prov. enoi, ennei, it. 7wja,
anc. anssi nojo, p. inojo, et enfin fr. a/?ot,etc.;
dans l'anc. dialecte vénitien, on trouve encore
la formule intacte inodio. Pour justifier le
rapport littoral entre ces formes et le primitif
in-odio, cp. L. badius, devenu it. bajo, esp.
bayo, prov. bai; et pour la transformation
française, il suffit de rappeler hoV hui de
hodie. Au lieu de « l'amors m'es en oi » (ob-
serve Diez, auteur de notre étymologie), =
amor mihi est in odio, le provençal a fini par
substantiver la formule et par dire : amors
m'es enois » . Cette opinion se confirme encore
par l'ancienne construction du verbe ennuyer
avec le datif. Diez cite à cet égard le passage
suivant du Livre des Rois : a icest afaire al
rci enuiad ». — Les mots it. nabisso, nin-
ferno, ingordo, fr. enjeu, avenir, fournis.sent
d'autres exemples de la réunion de la prépo-
sition avec le substantif. Il n'est pas sans inté-
rêt de mentionner ici l'expression champenoise
oder p. fatiguer, ennuyer, v odable p. en-
nuyeux. — D. ennuyer, -eux.
ÉNONCER, L. e-nuntiare,à'o\\ énonciation,
-atif, L. enuntiatio, -ativus,
ÉNORME, L. enormis (e norma) « qui sort de
la règle ». — D. énormité, L. enormitas.
ÉNOUER, ôter les nœuds, type lat e-nodare
(nodus).
ENQUÉRIR, anc. enquerre, comp. de que-
rir (ou querre) avec en, cp. L. inquirere. La
tournure s*enquérir est illogique; elle s'est
produite pent-ètre par imitation de s'informer.
— D'un part, latin fém. inquisUa vient le subst.
enqucste, enquête, d'où s*enquêter. Le mot
enquête fait double emploi avec le terme
savant inquisition ; le subst. enquêteur se tire
régulièrement de inquisitor et forme double
emploi avec inquisiteur. Les participes e^j" «'5,
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ENT
— 184 —
ENT
conquis, etc., de inquis*tus, ont perdu leur^
primitif, comme dispos p. dispost.
EMQUINAIIDER, litt. rendre quinaud (v.
c. m.), pr. rendre confus, gagner en sa faveur.
L'auteur Quinault n'a rien à voir dans ce mot
créé par Lafontaine.
1 . ENRATER, retenir les roues en barrant
les rais (v. c. m.); cps. dés-enrayer,
2. ENRAYER, patois envoyer, tracer le
premier sillon dans un champ qu'on veut
labourer, de roie' raie (v. c. m.).
ENROLER, pr. inscrire sur le rôle. L'esp.
dit de même alistare, l'angl. enîist, de lista,
liste.
ENROUER, it. arrocare, rendre rauque, dér.
du L. rauciis rocits' (cp. louer de locare).
ENS\ prov. ins, inz, intz, du L. intus; ce
vieux mot nous est resté dans les compositions
dans (v. c. m.), eéafis (v. c. m.) et léans.
ENSABLER, I. mettre sur le^a^^, cp. en-
graoer; 2. couvrir de sable.
ENSACHER, rouchi ensaqiter, mettre en
sac.
ENSEIGNE, it. insegna, anc. esp. ensena,
du L. insignia, plur. de insigne, qui est le
primitif également du mot moderne insigne.
— Enseigne signifie en premier lieu signe,
marque distinctive, puis indice d'identité,
d'authenticité, de vérité ; de là les locutions
à bonnes enseignes = à bon titre, avec sûreté;
à telles enseignes, avec telle garantie. Enfin,
le mot s'emploie pour drapeau (au masculin
= porte-drapeau;. La valeur d'indice, marque
de reconnaissance (« donner enseignes » ==:
indicia dare (« montrer par enseignes » ««
argumentis monstrare) a donné naissance au
verbe enseigna*, indiquer, instruire, informer,
it. insegnare, esp. ensenar, port, insinar.
D'autres ont préféré rapporter enseigner di-
rectement au L. insignare, qui se présente, en
effet, très naturellement ; Diez est aussi de cet
avis en prêtant à ce verbe le sens primitif
« graver dans », d'où découlerait le sens fig.
« mettre dans l'esprit n .
ENSEIGNER, voy. enseigne. D. enseigne-
ment ; cps renseigner.
ENSEMBLE, it. insembre, insembra, anc.
esp etisembra; du L. in-simul, p simuL Cp.
le verbe sembler de simulare.
ENSEVELIR, vfr. sevelir, du L. sepelire.
ENSIMER, enduire de saindoux, vfr. ensey-
mer, ensainer, du L. sagime^i p. sagina ; voy.
saindoux. Le contraire à'ensimer est essimer,
dégraisser, faire maigrir.
ENSORCELER, voy. sorcier.
ENSOUPLE, aussi ensuble, ensuple, du L.
insubulitm (Isidore), m. s.
ENSUITE, de en suite, cp. ail. in der folge.
ENSUIVRE (S') = en (L. inde) + suivre.-^
Le verbe actif vfr. ensuivre est «» L. insequi.
ENTABLER, assembler des planches ou
planchettes (L. tabula) \ le dérivé entablement
répond à peu près pour le sens au L. tabula-
tum, litt. couche, assise.
ENTAILLER, tailler dans. — D. entaille.
ENTAMER, prov. entamenar, du L. in-ta-
minare, au sens de at-taminare, mettre la
main, toucher à; radical tamen p. tagmen
(racine tag* tang, toucher). Chevallet invoque
inutilement des racines celtiques signifiant
couper; l'étymologie ivrifLvn* (avancée par
Nicot, Etienne, etc.) est encore moins digne
d'attention. — D, entame, entamnre.
ENTASSER, mettre en tas (v. c. m.).
ENTE, voy. enter.
ENTENDRE, L. intendere s. e. animum ;
donc proprement tendre l'esprit vers, faire
attention, s'appliquer à, écouter. Ce sens an-
cien s'est affaibli et entendre n'exprime plus,
au propre, que l'activité, même passive, du
sens de l'ouïe (comme tel, le verbe a fini par
supplanter le verbe ouïr = L. audire) et, au
figuré, comprendre, saisir ^d où le part, en-
tendu, à sens actif, = qui s'entend à). — D.
entendeur, -ement; malentendu. Du part. L.
intentus procède le subst. fém. entente (cp.
attente, vente, descente).
ENTENTE, voy. entente.
ENTER, d où subst. ente. Ce mot se rattache
au gr. ifiyvTov, implanté (verbe ifipuTiùnv =
enter) par l'intermédiaire de la forme BL.
impotus, greffe, que l'on rencontre dans la Loi
salique (pour ph devenu p, cp. gr, nôXafoçf
BL. colapus). Le même primitif grec a donné
le vha. impiton, mha. impfeten, nha. impfen,
enter, inoculer. Cette étymologie, due à Diez,
ne laisse rien à désirer ; elle l'emporte sur
toutes les autres, savoir : 1. in + flamand
poot =« pied et greffe, bouture, marcotte. C'est
de cette combinaison que Diefenbach fait déri-
ver le BL. impotus, greffe, primitif direct de
empter, enter; mais cette étymologie est diffi-
cile à admettre, car, dit Diez, elle entraîne-
rait le recul de l'accent sur le préfixe, puisque
dans lliypothèse de Diefenbach, le BL. impo-
tus aurait l'accent sur l'o, tandis que pour
Diez, cet accent, conformément au grec
ifi'^uTov, repose naturellement sur le préfixe.
2. Im-putare, couper dedans; Diez trouve ce
primitif parfaitement acceptable au point de
vue des principes phonétiques ; mais il a des
doutes quant à la signification que lui prête
Pott, auteur de cette étymologie. 3. InsUus,
insUus, participe de inserere; mais comment
veut-on y rapporter la forme intermédiaire
empter f — D. ente, greffe; en vfr. branche,
arbre, plante.
ENTÉRINER, anc. accomplir, parfaire, auj.
ratifier, del'anc. adj. enterin, entier, parfait,
juste, qui représente un type integrinus, dér.
de integer, fr. entier.
ENTORITE, dér. du grec ^vri/oîv, intestin.
ENTETE = ce qui s'écrit en tête.
ENTÊTER, porter à la tête, étourdir, fig.
= préoccuper, prévenir en faveur de qqn. ou
qqch.; de là entêté == trop prévenu, qui ne
revient pas facilement sur une opinion ou sur
une résolution, opiniâtre. — D. entêtement.
ENTHOUSIASME, gr. iv^ou^tx^^uo; (de e'vdou;
p. «v&ï9«, litt. plein de Dieu). — D. eyxthou-
siasmer. — Etithousiaste, gr. iv&ouicxaniî in-
spiré, fanatique.
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ENT
— 185 —
ENT
ENTICHER, vfr. entechier, propr. infecter
<d*iine contagion ; selon Diez, de l'ail, anstec-
ken, m. s. On trouve, en effet, dans le vocabu-
laire d'Evreux entichement = contagium;
cependant, cette étymologie soulève quelques
doutes, d'abord à cause de l'absence de Vs ra-
dical dans les anciens textes, puis à cause du
caractère r lativement moderne du sens infec-
ter inhérent au mot allemand. Il me semble
plus rationnel de ne voir dans enticher qu'une
variété du vfr. entecher, entacher, vicier, de
teche, tache. Le passage de e en t, en syllabe
atone, rentre dans les faits habituels de la
langue (cp. lion^ ciboule, pion, etc.). Littré se
prononce également pour entecher, — Dans
son emploi réfléchi, enticher est peut-être un
homonyme, savoir : le vfr. enticiei', aussi
•entechier (angl. entice), inciter, instiguer,
propr. attiser.
ENTIER, it. intero, esp. entero, port, tn-
ieiro, prov. enteir^ du L. integer, gén. integri,
pr. intact. — D. Pour donner à entier un sub-
stantif, on recule aujourd'hui devant la forme
naturelle et ancienne entièreté et on a préféré
repêcher la forme latine et faire intégrité.
C'est ainsi que, par des scrupules dont on ne
se rend pas compte, cour^, complet et beau-
coup d'autres adjectifs sont restés privés d'un
subst. abstrait correspondant.
ENTIERGER, BL. intertiare, mettre en
main tierce, séquestrer.
ENTITÉ, terme philosophique, formé de
ens, entis, participe présent du verbe esse,
signifiant chose, être (Qnint., 8, 3, 33; plur
entia. 2, 14, 2).
ENTOMOLOGIE, science des insectes; du
grec evrouov, insecte. Ce mot grec, comme
le mot latin insectum (in-secare), qui n'en est
que la traduction, signifie littéralement « en-
taillé «..
1. ENTONNER, mettre en tonne. — D. en-
tonnoir.
2. ENTONNER, mettre un air sur le ton,
BL. intonare, in tonum ponere, cantum impo-
nere, d'où ititonation. La double n, dans ce
verbe, comme dans détonner, est vicieuse,
mais autorisée.
ENTORSE, du L. intorsus (p. intortus), par-
ticipe de intorquere, = tordu en dedans.
ENTOUR, formé de «i + tour, était d'abord
adverbe et préposition, synonyme de autour,
comme l'est encore le correspondant it. in-
tomo; puis on en a fait un subst. signifiant
lieu environnant ; de là les entours et la locu-
tion adverbiale à Yentour. De cette dernière
on a fait sans nécessité un nouveau subst., les
alentours. — D. entourer, mettre ou être
entour (cp. environner de environ). Le carac-
tère récent de cette dérivation se trahit par
le fait qu'on n'y a plus respecté Vn final du
radical turn, devenu tour. Au xvi* siècle et
dans quelques dialectes, on trouve encore,
cependant, la forme ancienne et normale
entourner.
ENTOURER, voy. entour. — D. entourage.
ENTRAILLES, prov. intralias. C'est le plur.
L. interanea (Loi salique, intrania), intestins
(d'où it. entragno, esp. entratuis), dans lequel
on a substitué au suffixe aneus la terminaison
de collectivité aille (cp. tripaille). La termi-
naison latine était encore observée dans le vfr.
entraigne, gloses de Cassel entrange (cp. estra-
g ne* étrange, de exlraneus).
ENTRAÎNER =« en (L. inde) -f traifier, donc
pr. traîner loin, syn. de emmener, enlever. —
D. entrain.
ENTRAVE, subst. verbal de entraver.
ENTRAVER, du L. trabes, poutre, bâton;
donc litt. mettre une poutre dans le chemin,
d'où embarrasser, gêner la marche, puis gêner
en général; opp. vfr. destraver, débarrasser.
Le mot embarrer, d'où embarras, s'est formé
de la même façon. — D. entrave,
ENTRE, L. inter, intra. Comme préfixe
roman, le mot exprime mutualité, réciprocité
(s'entr*aider, s^entre-choquer); il s'y attache
parfois aussi l'idée d'un ou de plusieurs inter-
valles (entre-larder, entre-couper, entre-méler,
entr*ouvrir); le préfixe revêt alors souvent le
sens de « parnû par-là » ou de « à moitié n. —
Le préfixe latin inter, marquant insertion,
interposition, conserve sa forme latine dans
les mots à physionymie savante, comme inter-
caler, interrompre, intervalle. Les anciens
disaient régulièrement enfre-rompre, entreval.
ENTRECHAT, mot tiré de l'it. capriola in-
trecciata, litt. cabriole entrelacée.
ENTREFAITES {sur ces) équivaut à : ces
choses étant faites (accomplies) dans l'inter-
valle.
ENTREGENT, usage du monde, adresse à
se conduire entregent, c.-à-d. en société.
ENTRELACER, enlacer une chose dans uue
autre, entortiller. — D. subst. verbal e^vtrélacs
(où Vs final n'a pas plus de raison d'être que
dans le simple lacs).
ENTREMETS, vfr. entremés, it. tramesso,
mets servi entre deux principaux services ; de
entre + *we/5 (v. c. m.).
ENTREPOSER, déposer provisoirement.
ENTREPOT, L. interpositum* (interponere);
cp. dépôt, impôt.
ENTREPRENDRE, prendre entre ses mains,
se charger de, aussi s'attaquer à, d'où l'accep-
tion gêner, embarrasser ; anssi =^ empiéter. —
D. entreprenant, -proieur, -prise.
ENTRER, L. intrare.—p. entrée; rentrer.
ENTRE-SOL. litt. entre le sol et l'étage.
ENTRE-TEMPS, intervalle de temps; aussi
employé comme adverbe = dans l'intervalle.
ENTRETENIR, pr te}iir entre ses mains,
d'où tenir en état, rendre durable, faire sub-
sister, pourvoir aux dépejises de subsistance ;
fig. retenir par la conversation, amuser, d'où
s*entretenir = converser. Toutes ces accep-
tions sont également propres au terme ana-
logue ail. unterhaXten. — D. entretien; entre-
iènement.
ENTRETIEN, v. Tart. préc; cp. maintien,
soutien.
ENTREVOIR, 1 . voir imparfaitement ou ra-
pidement, ne voir qu'à demi (cp. e}Hr*ouïr)\
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ENV
— 186 —
ÉPA
2. s*entretx)ir, se voir, se visiter mutuelle-
ment, d'où le subst. participial oitreoiie,
BNTREVOUS, t. d'architecture, subst. ver-
bal de entrecoiisser (voy. voûter).
ÉNUMÉRER, L. enumerare.
ENYAHIR, vfr. ettvaïr, prov. envazir, du
L. invadere (op. traïr trahir, de tradere),
ENVELOPPER, vfr. e)woleper,\oj. dévelop-
per. — D. enveloppe.
ENVENIMER, voy. vettin.
ENVER6ER, garnir de petites verbes ou de
baguettes. — D. envergeure.
ENVERGUER, attacher (les voiles) aux ver-
gues (v. c. m.) — D. envergure, développe-
ment d'une voile dans la partie qui touche à
la vergue; en hist. nat., étendue des ailes
déployées d'un oiseau.
1. ENVERS, préposition, composition de en
et de vers (v. c. m.), cp, encontre^ vfr. enprès.
2. ENVERS, subst., du L. inversus, re-
tourné, dont les savants ont directement tiré
l'adj. inverse qHq subst. V inverse.
ENVI, prov. envit^ anc. subst. signifiant ap-
pel, provocation, défi; il nous est resté comme
terme de jeu et dans la locution à Venvi =» en
se défiant mutuellement. Ce mot n'est pas
connexe avec envie, encore moins avec l'an-
cien adverbe envis, involontairement (= lat.
invitus), comme a cru Génin ; c'est le subst.
verbal de l'ancien verbe envier, prov. envidar,
enviar, inviter, provoquer, défier fcp. Jean
de Condé, II, 108 : Car lor nature i envie eus,
car leur nature les y pousse). Ce verbe, qui
est la bonne forme française du mot savant
inviter, a laissé le composé r envier, d'oùre;it?t
Raynouard n'avait pas entrevu de rapport en-
tre envidar, inviter, et envidar, renvier, car il
les a placés, le premier sous la rubrique con-
vit [t. II), le dernier à part (t. III). Et cepen-
dant il cite un vers de Merlin Coccaïe qui
aurait bien pu le mettre sur la trace :
Quam facio invitttm, fiicias quoque, Balde, revitu^n.
En cff'et, et par là nous résumons cet article,
envier, c'est faire une invite, renvier, c'est y
répondre, y faire face. Mon explication du
mot envi, que j'avais émise pour la première
fois, à propos du dérivé enviai, dans mes notes
sur Baudouin de Condé (1866), p. 426. a,
depuis, été sanctionnée par Ad. Tobler (Mit-
theilungen aus altfranz. Handschriften (1870).
p. 262) et G. Paris (Mémoires do la Société de
linguistique, 1870, I, p. 289).
ENVIE, it. invidia (Dante inveggia), prov.
enveia, esp. envidia, cat, enveja, 1 déplaisir
qu'on ressent du bien d'autnii, jalousie;
2. désir, volonté. Du L. invidia. L'acception
désir se déduit naturellement du premier sens;
on dit de môme être jaloux de faire qqch
Pour les acceptions pathologiques données au
mot envie, 1 . marque sur la peau que l'on ap-
porte en naissant, 2. petits filets douloureux
qui s'enlèvent de la peau autour des ongles
(les Allemands disent de môme tieid-nagel),
nous ne savons commsnt en expliquer l'ori-
gine. — D. envier (pour la forme ==- BL. invi-
diare, pour le sens = L. invidere); envieux,
L. invidiosus.
ENVIER, verbe, voy. envie. — D. enviable,
ENVIRON, de la formule en viron (voy.
virer), comme entour de e?i tour; à la fois pré-
position et adverbe. On en a fait aussi un
subst. plur. : les environs (cp. les entours). —
D. verbe environner.
"ENVIS ou à envis, =« contre son gré, à
regret. Cette expression, perdue aujourd'hui
et qu'il est intéressant de rappeler, est le L.
invitus. Monstrelet : - laquelle chose luy fut
octroyée assez envis ». Ce mot figure encore
dans le dictionnaire de Nicot en 1573.
ENVISAQER, pr. regarder au visage, face à
face; fig. regarder ou considérer une chose
de telle ou t^Ue face.
ENVOI, voy. envoyer.
ENVOLBR"^ fS') = e7i (L. inde) + voler.
ENVOUTER (le circonflexe est fautif), dé-
chirer, piquer, brûler une figure de cire avec
certaines paroles cabalistiques, en vue de
maléfice ou de fiiire soufl'rir celui qu'elle re-
présente; répond exactement au BL. invuU
tare, vultum effingere. Diez est d'avis que
envoûter n'a été mis en rapport avec vultus
que par méprise, qu'en réalité il faut y voir le
type in-votare = devctare (employé par
Apulée avec le sens de devovere). Il cite à
l'appui de son opinien ce distique d'Ovide :
Det^oret absentes simulacraqtiP cerea flngit.
Et mi sérum tenues in jeeur nrgel acus.
Cette explication est forcée et ne satisfait
pas à la lettre, car L. devotare n'a pu donner
au français que la forme dévouer. D'ailleurs
on trouve le primitif vout avec le sens de
figure de cire servant aux sortilèges.
ENVOYER, it. inviare, esp., prov. enviar,
mettre en chemin, en voie (L. in viam). Le
mot latin inviare se trouve employé par Solin,
mais avec le sens de marcher sur, parcourir.
Cp. vfr. avoyer, mettre en route. — D. envoi;
renvoyer.
ÉPACTE, du gr. iitxurô; (iwiyw), intercalé.
ÉPA6NEUL. variété de l'adj. espagnol;
cette espèce de chiens est originaire d'Espa-
gne ; anj?l. spaniel.
ÉPAIS, anc. espais, espois, prov, espes, it.
spessoy esp. espeso, du L. spissus, dense,
épais. — D. épaisseur, épaissir.
ÉPANCHER représente un type latin cxpan-
dicare, dérivé de ex-pandere, fr. espandre'
épandrc (cp. penchei\ formé de la même
manière de pauiicare). — D. épanchement .
ÉPANDRE, espandre', dti L. expandere,
ét>endre. d-^ployer, d'où expanHo, fr. expan'
sion, et l'adj. expansif. — D. répandre.
ÉPANOUIR, déployer, extension du vfr. es-
panir, p. eipandir, forme accessoire de espan-
dre (cp. évanouir, p. esvanir). Pour la chute
du d, cp. prenons p. prendons. — D. épa-
nouissement.
ÉPARGNER, espargner*, it. sparagnare,
dér. du vha. sparen, m. s. Pour la terminai-
son on peut rapprocher le verbe lorgner de
l'ail, luren; mais elle n'en reste pas moins
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ÉPA
— 187 —
ÉPI
difficile à expliquer. Peut-être faut-il voir
dans épargner une contraction de esparigner,
formé d'un primitif esparer à la façon de
égratigner, trépigner. Lorgner de même serait
pour lorigner. Tous ces mots procéderaient
d'un primitif adjectival en in : sparin, lorin,
trepin, gratin (cp. cliner, cligner). De esparin
viendrait d'abord espariner^ puis esparinier^
esparigner, espargner, épargner. Il n'y a pas
de doute que le L. parcere ne soit au fond
connexe avec le fr. épargner, mais ce dernier
n'en dérive pas immédiatement ; l'ail, sparen,
ags. sparian, est bien plus voisin de la forme
itiéilienne et française que le mot latin. Ce
dernier, comme le mot ail., remonte au sans-
crit sparç, presser, serrer. — L'opinion la
plus acceptable parait être celle de Ulrich
(Ztschr., III, 266), qui revendique pour 5pa-
ragnare Qt épargner un type vha. 'sparanjan;
de même pour lorgtier : luranjan (cp. gagner
de toeidanjan). — D. épargne.
ÉPARPILLER, vfr. esparpeiller, v. angl.
desparple, prov. esparpalhar, it. sparpa-
gliare; du même radical que le subst. it. par-
paglione, prov. parpalhô, formes altérées du
L. papilio, fr. papillon. Le prov. actuel dit
de même esfarfalhà = éparpiller, do farfalla,
papillon. L'idée primordiale serait donc battre
des ailes, voltiger, voleter çà et là à la ma-
nière des papillons; cp. l'expression papil-
lonner. Le verbe, neutre en principe, a dans la
suite pris une acception active --=: disperser, et
s'est appliqué surtout à des objets qui volent
facilement dans l'air, comme de la paille, du
foin, de la braise, etc.
1. ÉPARS, L. sparsus, partic.de spargere,
verbe latin que l'anc. langue possédait sous ,
la forme espardre (cp. sourdre de surgeré).
2. ÉPARS, éclair (mot autrefois très ré-
pandu et usuel encore comme terme de mer),
en réalité espart; subst. verbal de l'ancien
verbe espardre = spargere (voy. l'art, préc),
dans son acception faire des éclairs, pr. ré-
pandre de la lumière. Espart, à son tour, a
produit l'ancien verbe espa^'tir, faire des
éclairs. — Notre étymologie laisse subsister
quelques doutes ; il est difficile de l'accorder
avec le verbe ancien s'esparer, s'éclaircir.
ÉPARVIN ou épervin, anc. esparvain, ma-
ladie du cheval, it. spavenio, spavcnto, esp.
esparacan, angl. spavin, cat. esparverenc;
Machaut a la forme espavain . D'après Ménage,
approuvé par Diez et Littré, d'épervier, parce
que les chevaux ayant ce mal lèvent le pied
à la façon des éperviers. Les formes it. et
angl. suggèrent quelques doutes.
ÉPATER. 1 . casser le pied, tronquer, de
patte; 2. aplatir, écraser (« nez épaté «). Ce
dernier sens peut, au besoin, également être
rapporté à patte; mais il nous semble dériver
plus naturellement de la racine pat, expri-
mant un coup plat, racine largement répandue
dans les langues de l'Europe. Nous la trou-
vons surtout dans le L. patina, plat, dans
l'ail, patsch, etc. Épater correspond au wal-
lon spater, écraser; cp. en esp. espadar,
broyer le chanvre. Dans les usines de fer on
appelle espatard l'enclume et le marteau d'un
gros martinet. Le vfr. espautrer, écraser ^en-
core usuel en Picardie) est de la même famille.
ÉPAULE, espaule", vfr. espald^, espalle,
prov. espatla, esp. espalda, it. spalla, du L.
spathula, diminutif de spatha, gr. ink^y}^
omoplate. — D. épauler, 1 . rompre l'épaule ;
2. prêter l'épaule à qqn., fig. = assister ;
épaulette, -ière.
ÉPAVE, êspave*, propr. égaré, errant ^en
parlant de bêtes), puis, en général, chose
dont on ne connaît pas le propriétaire. Du L.
expavidus^ effrayé, qui s'enfuit de frayeur.
ÉPEAUTRE (l'r est parasite), prov. espeuta,
esp. espelta, ït spelta, BL. spelta (iv* siècle);
du vha. spelta, speha, ail. mod. spelz, m. s.
ÉPÉE, espée , esp., port., prov. espada, it.
spada, du L. spatha (tnz^ti), dont le sens géné-
rique est « chose plate » (voy. épaule, du dim.
spathula), et qui dans Tacite déjà se rencontre
avec le sens d'épée large à deux tranchants.
De la forme esp. espada vient le dérivé espa^
don. A la même racine appartiennent les mots
germaniques ags. spadu, angl. spade, néorl.
spade, ail. spaten, signifiant bêche.
ÉPÉICHE, vfr. espeche, pic. épèque, du vha.
spe?i, ail. mod. specht, m. s.
ÉPELER, vfr. espelir, anc. = énoncer, dire,
expliquer, prov. espelar, expliquer, angl.
spell, épeler; du vha. spellôn, goth. spillôn,
raconter. L'étymologie appel lare est tout à
fait inadmissible, bien que l'anc. langue, par
conversion do préfixe, ait es-peler p, ap-peler.
— D. épellation.
ÉPERDU, prov. esperdut, it. sperduto, par-
tic, du vfr. esperdre, égarer, étonner, trou-
blei\
ÉPERLAN, esperlanc*, = angl. sparling,
ail. spierling, néerl. spiering, esp. espe-
rinque,
â^ERON, anc. esporon, esperon, prov. es-
perô, esp. espolon, port, esporào, it. sperone,
sprone ; formes simples (sans suffixe) : esp.
espuela, espuera, port, espora. Du vha. sporo
(accus, sporon), q\\. moà.. sporen, fponi,angl.
spur, holl. spoor. — D. verbe eperonncr.
ÉPERVIER, espcrmer', prov. espa^^ier,
anc. esp. esparval, it. sparaviere, sparviere,
du vha. sparawaH, ail. mod. sperber (la ra-
cine spar se retrouve aussi dans le goth.
sparva, ail. mod. sperling, angl. spai'row,
moineau). — D. épervière, plante.
ÉPERVIN, voy. éparvin.
ÉPHÉMÈRE, gr. Mutpoi, ne durant qu'un
jour, passager; éphémérides, gr. Ifti^jupl;,
-iSoi, journal; cp. L. acta diurna.
ÉPI, espi', L. spicus p. spica (cp. ami de
amicus); it. spiga, esp. espiga, — D épier,
monter en épi; dimin. épiUe* = L. spicula,
d'où épillet.
ÉPIGE, vfr. espèce et espice (angl. spice), esp.
especia, it. spezie; du L. species, employé
déjà avec le sens d'épice dans Macrobius, Pal-
ladius et autres. Pour le rapport logique entre
species (espèces) et épices, on peut rapprocher
l'ail, materialien «^ drogues, de materies.
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ÉPI
— 188 —
ÉPI
matière. — D. épicier fcp. it. speziale, dro-
guiste, pharmacien); épicerie, ail. spezerei;
verbe éptcer. — Êpice n'est qu'une forme con-
currente et variée de espèce (cp. empire du L.
imperium),
ÉPIDÉMIE, du gr. iitar,fiix (m, sur, et
SUfioi, peuple), maladie répandue par tout le
peuple.
ÉPIDERMB, gr. imUpfili {iitl, sur, et ikpfix,
peau).
ÉPIE*, espie*, espion, angl. spy, it. spia,
esp., prov. espia; du vha. speha, — D.
espion, it. spione, ail. spion; verbe épier, it.
spiare, esp., prev. espiar (op. vha. spehen,
auj. spdhen, m. s).
1. ÉPIER, voj, épi,
2. ÉPIER, voy. ^.
ÉPIEU, vfr. espieil, champ, espiel, du L.
spiculum, pointe, trait, dard (cp. essieu de
axiculus). — On rattache à tort épieu à Vit.
spiedo, épieu, broche; ce dernier est iden-
tique avec Tesp. espeto, broche (d'où espeton,
rapière, grosse épingle, etc.), vfr. espiet,
espiez, espois, BL. spietum, spitum. Ces vo-
cables se rapportent aux mots germaniques
vha. spis, pointe, lance, ail. mod. spiess, hoU.
speet, angl. spit, suéd. 5/nu^ signifiant pique,
broche, épieu . — L'étymon spiculum {i long)
est contesté par Suchier (Ztschr. 1, 429) ; pour
lui, la plus anc. forme du mot a été prov.
espeut (= bourg, ou franque speut = ail.
mod. spiess). A espeut aurait succédé espieut,
dont le nom. espieus a fait supposer et provo-
qué un thème espiel, espieu. Quant à vfr. es-
pieil, il se rapporterait à espieus, comme vieil
& vieus (vieux).
ÉPIGRAMBfE, gr. iiciypxfifi^, litt. » inscrip-
tion, puis légende poétique écrite au-dessous
d'une œuvre d'art, enfin, petite poésie sur un
sujet quelconque, faisant ressortir une pensée
délicate et intéressante. A cette dernière ac-
ception du grec ressortit le sens moderne du
mot. — D. épigrammatique, gr. J:rt//>aa.aaTwoi.
ÉPIGRAPHE, gr. lTiy/5xp*5, inscription.
ÉPILEPSIE, gr. iita^-^ir, m. s.; de è7r»ii,7rTo'«
(adj. verbal de iTrtïayuieiyttv), affecte, saisi, vient
iirtivjTrrcxo';, fr. épileptique.
ÉPILER, L. e-pilare ^pilus), ôter les poils.
ÉPILLET. voy. épi,
EPILOQUE, gr. inlXoyoç, péroraison, opp.
de Tipôlo'/oi, prologue. — 13. épiloguer, faire
des observations critiques à ce que Ton dit,
trouver à redire (se rattache au sens litteral
de ÏTtCkoyoi, discours ajoute).
ÉPDfARD (le d est ajoute), vfr. et prov. es-
pinar, dérivé de espine*, épine, à cause des
pointes épineuses du calice fructifère. L'it.
spinace, esp. espinaca, vfr. espinoche, angl.
spinage, sont tirés d'une forme latine adjec-
tivale spinaceus ou spinaticus. L'ail, spinat
accuse un primitif latin spinatus. Sans doute,
tous les mots romans cités ci-dessus, auxquels
j'iyouterai le port, spinafre (=lat. spinifer),
sont inconsciemment formés sous l'influence
de lat. spina, mais Devic démontre qu'ils sont
en rôaUte tirés de l'arabo-persan équivalent
isfinddj, isfânàdj, aspanakh (moy. grec
97r2v&x(oy)-
ÉPINE, espine*, L. spina; alba spina «» fr.
aubépine, — D. épinaie, L. spinetum; épi-
neux, L. spinosus; épineUe (v. c. m.); épi-
nier, 4ère (adj.); e'pinard (v. cm.); épinoche,
poisson (cp. anglais sticÙe-bach, aÙ. stick'
lingj,
ÉPINETTE, it. spinetta, esp. espineta, ail.
spinett, instrument de musique à clavier et à
cordes; du L. spina, épine. Cette dénomina-
tion est fondée sur ce que l'instrument en
question était touché avec des tubes de plume
pointus. — Épinette, cage à volaille, tire son
nom des épines dont ces cages étaient primi-
tivement faites.
ÉPINS-VINETTE, arbuste ainsi nommé,
d'après Legoarant, parce qu'on fait avec ses
baies une sorte de vin ; Littré pense que le
mot pourrait venir de ce que les fruits en
grappes de l'épine-vinette lui donnent l'aspect
d'une petite vigne,
ÉPINGLE, espingle*, du L. spinula, dim. de
spina. Épingle est dit, selon Dioz, p. épinle,
et le g est intercalaire ; le patois champenois,
par transposition de la liquide /, dit éplin-
gue. [Le picai*d épieulc, épiule et vfr. espille
accusent une origine du L. spiculum (voj.
épieu).'] Ducange, v^ spinula, cite le passage
suivant de Tacite, Germ,, c. 17, favorable à
l'étymologie rapportée : tegmen omnibus
sagum fibula, aut si desit, spina consertum.
L'it. spillo vient également de spinula (cp.
it. ella de enola, lulla de lunula, L. ullus p.
unulus, et pour le changement du genre, cp.
orlo de orula). Le flam. dit spelJeetspelde, —
•L'étym. spinula pour fr. épingle, malgré l'au-
torite de Diez, ne nous paraît pas à l'abri de
toute objection. Cette insertion de g entre
n-l est trop insolite (on trouve plutôt ten-
dance à supprimer la gutturale dans la com-
binaison i^gl; à preuve le vfr. estranler p.
étrangler) pour ne pas nous décider à don-
ner la préférence à une étymologie germa-
nique. L'ail, spange, agrafe, a produit dans
les dialectes des diminutifs spangel, spengel
et spingel, qui nous paraissent expliquer plus
naturellement la forme française épingle, —
L'ét. spicula, avec insertion de n, me paraît
peu probable, malgré l'autorité d'Arcoli.
G. Paris admet identité de épingle avec sphin-
gula, dim. du BL. sphinx, agrafe (Rom., IX,
623). — D. épingler, -ter, -ette.
ÉPINOGHE, poisson, aussi dit écharde ou
épinard, voy. épine,
EPIPHANIE, fête de la manifestation de
Jésus, du gr. km^fàvux, apparition.
ÉPIQUE, gr. irtiMi (de iit^ç, pi. int), épopée).
ÉPISGOPAL, -AT, L. episcopalis, -atus (de
episcopus, gr. irtlvxoitoç, fr. évéque),
ÉPISODE, gr. ImivdSiov, action intercalaire,
incident (composé de ini, adv. marquant
ajoute, insertion, et de tîtoio;, pr. entrée),
puis marche du chœur au théâtre. — D. épi- ■
sodique.
ÉPISSER, terme de marine, séparer les
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ÉPO
189
ÉQU
torons de deux bouts de corde et les entrelacer
de manière à réunir les deux cordes; du
néerl. splitsen, fendre, diviser, angl. split,
splice^ par la syncope de L
ÉPISTOLAIRE, L. epistolaris (de epistola).
ÉPITAPHB. gr. Itririçio* (adj.), tumulaire.
ÉPITHALAME, gr. tiri»a)À/utioy s. e. ^iXoç,
litt. chant exécuté devant la chambre (dÀÀ0t/Ao$)
de la mariée.
ÉPirHÂTE, gr. infdtrof, ajouté, expression
traduite exactement par le L. adjectivus, ad-
jectif.
SPITOME, gr. jTTtTo/uYî, litt. retranchement,
uis abrégé, résumé.
iPÎTRE, épistre*, du \j,eplst6la (gr. InitroH,
do lTci9xklUkv^ envoyer, mander, faire savoir);
cp. apôtre de apostolus, chapitre de capitu-
îum. — La langue moderne a de même créé le
subst. missive du L. mittere, envoyer.
ÉPIZOOTIE, maladie qui se jette sur les ani- .
maux (iTTt {ûa). C'est un mot de forge moderne
et peu correcte.
EFLORÉ, du L,plorare, pleurer; le préfixe
rappelle celui de éperdu (v. c. m.).
^LOTER, esployer*, L. explicare. Le mot
fr. n'est plus d'usage qu'au participe passé, et
comme terme de blason.
ÉPLUCHER, espluc?ter*, composé de es s=»
ex -\- plucher, picard pluquer, champ, plu-
chotter; dans Walter de Biblesworth et dans
le Reclus, je trouve espeluker; l'it. a piluc-
care, égrapper des raisins. Ces verbes sont
dérivés, par le suffixe uc, du L. pilare, arra-
cher des poils. Il ne faut pas songer, observe
Diez, à l'ail, p/lûcken, cueillir (ni. plueken,
ags. pluccian, angl. pluck), qui parait plutôt
de provenance romane ; notons toutefois que
Ton peut, à tout aussi bon titre, soutenir l'ori-
gine germanique de |9^uccar«*, fr. es-plucher,
ÉPOINTER signifie, suivant la difiërente
valeur du préfixe é, tantôt casser la pointe,
émousser, tantôt rendre pointu.
ÉPOIS, espois*, cors qui sont au sommet do
la tête du cerf; du vha. spir, pointe, lance,
néerl. spit, broche. C'est le même mot que vfr.
espiet mentionné sous épieu.
ÉPONGE, esponge*, L. spongia (owoyyiA),
d'où l'adj. spongiosus, fr. spongieux, — D.
éponger^ L. spongiare,
ÉPOPÉE, gr. iTroTToifar, composition épique
ÉPOQUE, gr. iitoxA (de lir-&x((y> retenir, ar-
rêter), arrêt, point fixe dans lliistoire.
ÉPOUILLER, voy. pou,
ÉPOULIN, aussi espolin, espoulin, épolet,
dér. de espole, espoule, vfr . espeul, qui vient du
vha. spuolo, ail. mod. spule^ fuseau, bobine.
ÉPOUSER, voy. époux. — D*. épousailles,
ÉPOUSSBTER, voy. poussière, — D. épous-
sette.
ÉPOUVANTER, vfr. espaventer, espaenter,
espoenter, espoventer, it. spaventare, spantare,
csp. espantar, prov. espaventar; patois fr. du
nord : épanter. Du L. expaventem, participe
présent de expavrre, s'effrayer. Pour le chan-
gement de a en o ou ou en syllabe atone, cp.
noël de natalis, dommage àedamnum, — *D.
épouvante, épouvantail,
ÉPOUX, espous', fém. épouse, it. sposo, esp.
esposo, prov. espos, du L. sponsus (part, de
spondere, fiancer;. — D. épouser, prendre
comme époux ou épouse, prov. esposar, it.
sposare\}^.'Sponsare ■= promettre en mariage).
Anciennement, épouser se disait aussi p. ma-
rier, en parlant du prêtre qui donne la béné-
diction nuptiale.
ÉPREINDRE, espreindre*, du L. exprimere
(cp, empreindre), — D. épreinte,
ÉPRENDRE, esprendre', saisir, forme ren-
forcée du simple prendre, anc. «= enflammer,
au propre et au figuré; de là le part, épris,
ÉPREUVE, subst. du verbe éprouver. Le
changement de voyelle repose sur la circon-
stance que dans le subst. l'accent porte sur le
radical.
ÉPROUVER, esprover", L. ex-probare\ in-
tensitif de probmre, — D. éjpreuve, éprou-
vette.
ÉPUGHE, pelle pour enlever la tourbe,
subst. du V. verbe épucher; celui-ci, variété
picarde de épuiser, se rattache au vfr. pue,
puch = L. puteus, puits.
ÉPUISER, espuiser, puiser jusqu'au bout,
tarir, mettre à sec, consumer, affaiblir, etc.
Voy. aussi épuche.
ÉPURE, voy. le mot suivant.
ÉPURER, L. ex'purare' (punis), — D. épu-
ration, -atif; subst. verbal épure, dessin tracé
au net, plan définitif.
ÉPUR6E, espurge*, plante purgative, l'eu-
phorbe ; subst. verbal de espurgier, L. expur-
gare.
EQUARRIR, tailler à Vequerre (v. c. m.). —
Le verbe équarrir, dépecer une bête morte,
doit être le même mot ; il signifie pr. couper
en quartiers.
EQUATEUR, L. œquator, qui partage en
deux parties égales. — D. équatorial,
ÉQUATION, L. œquatio, égalité.
ÉQUERRE, esquerre*, esquarre', angl.
square, esp. esquadra, it. squadra, subst.
d'un verbe L. ex-quadrare, fr. équarrer, tail-
ler en carré ou à angles droits. — Les mots
it. et esp. signifient aussi un carré d'hommes
de guerre, troupe, détachement. De là fr. e^-
cadre; puis, d'après l'augmentatif it. squa-
drone, esp. esquadron, le fr. escadron et l'ail.
schwadron. — Vient à son tour de esquarre*,
anc. forme pour équerre, le verbe actuel
équarrir (v. c. m.).
ÉQUESTRE, L. equestris (equus).
ÉQUI-, premier terme de composés scienti-
fiques, marquant égalité de la chose désignée
par le second terme, ex. : équiangle, équiaxe,
équicrural, équilatère ou -latéral (L. sequila-
terus). C'est le latin œquus, égal, en composi-
tion œqui,
ÉQUILIBRE, L. œquilihrium, de ladj.
œquilibris (aequus, libra), de poids égal. —
D. équilibrer; éqiiilibriste.
ÉQUINOXE, L. œquinoctium, égalité des
jours et des nuits. — D. équinoxial.
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ERG
190
ERR
ÉQUIPER, esquiper*, esp. esquifar, esqut-
par, pr. pourvoir un navire du nécessaire,
puis en général fournir le nécessaire à qqn.
Ce verbe, qui en premier lieu signifiait
quitter le rivage, prendre la mer, vient
du subst. esquif, vfr. eschif, eskip, it. schifo,
esp. esquife. Quant à ce primitif, c'est le
vha. skif goth., ags., nord, skip, scip, ail.
mod. schifft navire. — D. équipe^ subst ver-
bal, pr. attirail de choses nécessaires, puis
détachement d'ouvriers ; — équipement , 1 . ac-
tion d'équiper ; 2. les choses qu'il faut à cet
effet. — Équipage, 1 . ensemble de ce qu'il
faut pour commencer, continuer et mener à
bonne fin certaines opérations ; en ce sens, le
mot est synonyme d'attirail ; de là : train de
chevaux, de carrosses, de valets, puis l'ensem-
ble du personnel d'un navire; 2. voiture et
tout ce qui s'y rattache; 3. accoutrement,
manière dont une personne est vêtue. — Équi-
pée, entreprise (particulièrement entreprise
téméraire et manquée), pour laquelle on
s'était équipé. — L'historique des applica-
tions du verbe esquiper mériterait une étude
particulière.
ÉQUIPOLLSNT, L. œquipollem.
ÉQUITATION, L. equitatio (equitare, de
cquus),
ÉQUITÉ, L. œquitas (œquus), m. s. — D.
équitable; cp. charitable de charité.
ÉQUIVALOIR, L. œquivalere; de \& équiva-
lent, -ence.
ÉQUIVOQUE, L. œquivocus, à double sens.
— D. e'quivoquer.
ÉRABLE, esrable*, esrabre*, concrétion des
mots latins acer arbor, ou acer albula (?).
ÉRAPLER, voy. rafle. — D. éraflure.
ÉRAILLER, esrailler*, d'un type latin ex-
rallare, tiré de l'adj. rallus, transparent en
parlant d'une étoffe, ou du subst. rallum,
racloir. Un type e-radulare, de radula, ra-
cloir, est également admissible. D'autres ont
j)roposé le type exradiculare,
ÈRE, du L. œra — nombre, chiffre (Luci-
lius), —r époque, ère (Isidore). L'origine du
mot latin n'est pas encore fixée; peut-être
est-ce le pluriel cera, de œs, pièces de cuivre,
jetons de compte,
ÉRECTION, L. erectio (de erigere, dresser).
— D. l'adj. néo-latin erectilis, fr. érectile.
ÉREINTER, vfr. esrener, rompre les reins
(v. c. m.).
ÉRÉSIPÉLE, orthographe et prononciation
vicieuses p. éiysipèle, du gr. Ipu^iTrOa; (de
I/5U&50;, rouge, et TriAo;, peau = L. pellis),
ÉRÉTHISMB, gr. Ipg5n,fi6i, irritation.
ER60, mot latin = donc, introduisant la
conclusion dans le syllogisme ; de là ergoter
(v. c. m.), faire des syllogismes, fig. pointiller,
disputer, chicaner. La formule familière ergo
glu constitue les premiers mots de la conclu-
sion : ergo glu capiuntur aves, donc les oi-
seaux sont pris par la glu.
ERQOT, aussi argot, ongle pointu à la par-
tie postérieure de quelques animaux; aussi
l'extrémité d'une branche morte; production
végétale en forme d'éperon ou de corne qui
vient sur les épis de quelques graminées.
L'origine de ce mot reste encore à établir.
Ménage invente pour la trouver la filière sui-
vante : articus (primitif de articulus selon
Ménage), articottus, arcottus, argottus, argot.
Nicot renvoie d'ergot aux synonymes hérigote
et argot; d'autres proposent soit L. erigere^
soit gr. e(/9>ctv, défendre, repousser; enfin,
Frisch invoque l'ail, harken, râteau. Diez
s'abstient et ne fait que rappeler la forme
champ, artot. Une fois que nous sommes
dans le domaine des conjectures, nous en
hasarderons une à notre tour. Ergot serait
une contraction de érigot, et signifierait quel-
que chose de pointu, de saillant comme un
éperon ; cet érigot viendrait du même radical
eric qui a donné L. ericius (d'où fr. ?iéris-
son), ainsi que le gr. ipgUvi, L. erica, bruyère.
L'existence d'une forme érigot se révèle par
celle du dérivé erigoté (orthographié plus tard
vicieusement hérigote) = muni d'un piquant
ou d'un éperon. Ce mot est, dit-on, un terme
de vénerie désignant les chiens qui ont une
marque aux jambes de derrière, mais on ne
dit pas en quoi cette marque consiste. Je
pense que mon étymologie de ergot ne sera
pas qualifiée de trop aventureuse. Mais s'ap-
pliquera-t-elle aussi à ergot, nom de la mala-
die qui attaque le seigle? Je suis disposé à le
croire, puisque cette maladie consiste dans
des excroissances en forme de corne ou d'épe-
ron qui se produisent sur les épis. Quant à la
forme argot, elle me paraît postérieure à
ergot; cp. fr. ^narle, p. merle, margotté',
marcotte, de mergus, — D. ergoté, -isme.
ERGOTER, voy. ergo. L'étymologie L. ar-
gutari (bavarder, discourir), proposée par
Ducange, est contraire aux règles. Littré cite
les verbes vfr. hargoter, provoquer, quereller
(bourguignon erigotay, provoquer, erigo, chi-
cane), qui paraissent, di^-il, devoir être rap-
portés à ergot, éperon. — D. ergoteur, -erie,
-isme (Marot : ergotis, chicane théologique).
ÉRIGER, L. &rigere, élever, dresser.
ÉRIGNE, ÉRINE, instrument de chirurgie
(pince armée de crochets), altération du vfr.
araigne, iraigne, araignée.
ERMINETTE, aussi herminette, espèce de
hache à tranchant lunaire convexe ; « de her-
mine parce qu'on a comparé la partie recour-
bée de lerminette au museau de Vhermine »
(Littré),
ERMITE ou hermite, du L. eremita, gr.
Iprifiirr); {(prifioi, désert). — D. ermitage ou
?iermitage.
ÉRODER, L. erodere, d'où erosio, fr. éro-
sion,
ÉROTIQUE,gr. Ipunaco;, ai^. def/»»;, amour.
ERRATA, mot latin, plur. de erratum, er-
reur, faute.
ERRATIQUE, L. erraticus (errare).
ERRE, voy. errer 2.
1. ERRER, aller çàetlà, s'égarer, être dans
l'erreur, du L. et^are.
2. 'ERRER (chant de St. -Léger c^/rar), voya-
ger, faire du chemin, procéder, agir, se con-
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duire; composé mes-ei-rer* c= mal agir. Le
primitif est le verbe L. ittnare, cheminer
(Venant. Fortun.), tiré de »^/^ chemin. De
là : checaliei' et^rant^ juif errant ; de là encore
les subst. erre, allure, trace, vestige, et erre-
ments marche d'un procès, procédure, manière
d'agir. Notez encore l'adv. vfr. errant, et
erramment = tout de suite, litt. couramment.
ERREUR, L. ejTor.
ERRONÉ, L. erroneus, errant, vagabond,
dér. de ei^o, -onis, vagabond.
ERS (Ys est la finale de l'ancien nominatif,
cp. Uics, rets), it. ervo, esp. yeroo; catal. er,
prov. ers, du L. eroum, m. s. Les mots ail.
erbeis, erbis, erbse, ags. earfe, néerl. enœt,
ertot, ert, signifiant pois, sont de la même
famille.
ERUBESGENT, L. ei'uhescens[i-ubery rouge).
— D. érubescence.
ÉRUCTER, L. e-ructari; voy. aussi roter.
ÉRUDIT, L. eruditus, part, de erudire, in-
struire, litt. dégrossir; érudition ^ L. eruditio.
ÉRU6INEUX, L. oçruginosus (de œrugo,
inis, rouille de cuivre, vert-de-gris).
ÉRUPTION, L. eruptio(dQ e-rionpere) .
ÉRYSIPÊLB, voy. érésipèle.
ES, contraction de en les (cp. des p. de les,
vfr. ques, nés p. que les, ne les). N'est plus
guère en usage que dans • maitre es arts,
docteur es lettres n .
ESCABEAU, ESCABELLE, en terme d'archi-
tecture escabelon ou escablon =3 piédestal, du
L. scabellum, m. s. De la forme latine sca-
mellum, dimin. de scamnum (pic. escaine)
vient vfr. eschamel,9X\. schàmel, escabeau.
ESCACHE, t. d'équitation, mors ovale.
Probablement du verbe escacher, écacher,
aplatir.
ESCADRE, ail. ge-schvoader, voy. équerre,
— D. escadrille. — Voy. aussi escouade.
ESCADRON, angl. squadron, ail. schwa-
dron, voy. équerre. — D. escadronner.
ESCAFI6N0N, espèce de chaussure (de là
sentir Vescafignon, sentir mauvais des pieds),
anc. escafilon (Eust. Dechamps) ; de la même
famille que escafotte, écale de noix ou de
moule (Froissart ; dans Watriquet de Cou vin,
escafilon, escafelote, m. s.), en rouchi écaflion,
brou de noix, écaflier, écailler des noix,
écafote, écaille. Ces mots dérivent, soit du L.
scapha, gr. nànoi, auge, bateau, ou de vha.
scaf, aig. schaff, cuve, boisseau, ou enfin de
l'ail, schelfe {sîidL. sceliioa), écaille, écosse.
ESCALADE, it. scalata, voy. échelle. — D.
escalader.
ESCALE, voy. échelle. — H.escaler.
ESCALIER, 6L. scalarium, voy. échelle,
ESCALIN, it. scellino, esp., prov. escalin,
BL. schelingius = vha. shilling, ail. mod.
schilling, flam. schelling, angl. shilling,
Kiliaen rapporte schelling à schelle, sonnette
(vfr. esquille), comme signifiant une pièce de
monnaie « sonnante •*.
1. ESCALOPE*, coquille, angl. escalop,
scallop; de la famille germanique scala, ail.
mod. schale, écaille ; néerl. schelp, ail. mod.
aussi schelfe.
2. ESCALOPE, tranches de viande roulées
en escolope (voy. l'art, préc.).
ESCAMOTER, esp. escamotar, d'origine in-
connue. Ménage, s'appuyanc de l'esp. camo-
dar, changer l'état ou l'ordre des choses,
propose le L. commutare, échanger. C'est
peu probable. Ihre, d'après Ducan«?e, cite le
vha. scamara, voleur. Diez, sous forme dubi-
tative, met en avant le L. squama; escamer
ou escamoter serait pr. enlever comme des
écailles; il invoque l'expression allemande
v)eg-put2en, enlever d'un coup de balai ou de
brosse en nettoyant (putzen), puis souffler une
chose à la manière d'un escamoteur. Le cymr.
et gaél. cam, tromperie, artifice, également
cité par Diez, aurait, selon lui, produit plutôt
une forme fr. échamoter. — D. escamote.
ESCAMPER, vfr. eschamper, it. scampare,
d'un type L. ex-campare, cp. décamper; de
là l'expression familière poudre d'escampette,
qui a peut être été d'abord dite en plaisan-
tant par assonance avec poudre à'escopette.
Escampette est proprement le dimin. de l'anc.
subst. escampe, action d'escamper.
ESCAP, terme de fauconnerie, subst. verbal
de escaper, mettre le gibier en liberté pour
lâcher l'oiseau de proie à sa poursuite. Esca-
per est une variété de échapper {v . c. m.).
ESCAPADE, it. scappata, voy. échapper.
ESCAPE, fut d'une colonne, L. scapus, m.
s., du gr. TxÂTrg;, tige, rameau.
ESCAPER, voy. cscap.
ESCARBILLES, voy. écarbouiller.
BSCARBOT, vfr. escharbot, it. scarabone,
prov. escaravat, dérivés du gr. (yxApaCo;. Le
L. scarabeus a donné la forme savante scara-
bée ; à l'aide d'une prononciation scarabaius,
aussi l'it. scarafaggio, esp. escarabajo, prov.
escaravai.
ESCARBOUCLS, du L. carbunculus (avec
prosthèse du préfixe es); it. carbonchio, esp.
carbunclo, ail. karfunheL
BSCARBOUILLER. écraser, voy. écarbouil-
ler.
ESCARCELLE, it. scarsella; d'après Diez
d'un type scarp(i)cella, dimin. du BL. scarpa
= fr. écharpe (v. c. m.) dans son ancienne si-
gnification de poche de pèlerin. D'autres font
du mot un dér. de Vadjectif escars", échars
(v. c. m.), avare, économe; ce serait la poche
à épargnes. L'it. scarsella, et esp. escarcela
paraissent être empruntés au français.
ESCARGOT, vfr. escargol, probablement le
même mot que caracol, augmenté d'un s ini-
tial, devenu la syllabe es. Il peut avoir été
façonné par imitation de escarbot.
ESCARMOUCHE, it. scaramuccia, scher-
mugio, esp., prov. escarmuza, BL. scarmu-
Ma, angl. scarmish*, skirmish, ail. schar-
miitzel. La forme italienne est la primitive ;
c'est une dérivation, à l'aide du suffixe uccia,
du verbe schermire, faire des armes, lequel
vient du vha. skerman, se défendre contre
une attaque, combattre (dér. de skerm, bou-
clier, ail. mod. schirm, abri). Ducange et
autres décomposent le mot enscara-ynuccia;
scara, pour eux, est l'ail, schaar, troupe, et
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mucci'a, un subst. du fr. musser, cacher; le
sens primitif serait ainsi : troupe sortant
d'une embuscade ; mais cette étymok gie ne
s'accorde ni avec le sens, ni avec la forme.
L'ancienne langue possédait, au surplus, un
dérivé du type schêirmire plus simple, savoir
escartnie, combat Le germanique skerman
est également le primitif du mot roman escri-
mer, it. schermare et schermire, esp., port.
esgrimir, vfr. escrimtr, escremir.
ESGAROLE, en botanique îactuca scariola ;
d'origine inconnue.
ESCARPE, it. scarpa, esp. escarpa, du
nord, skarp, vha. scarf, ail. mod. scharf,
aigu, tranchant, l'escarpe exprimant quelque
chose de terminé en pointe, en angle aigu. —
D. escaiper, escarpé^ -ement ; cps. contres-
carpe. — La signification du fr. escarper,
couper à pic, droit de haut en bas, et celle de
l'esp. escarpar, nettoyer, râper, polir, laissent
quelques doutes sur la justesse de l'étymologie
ci-dessus ; nous la préférons toutefois à celle
du L. eœcarpere, Y aurait-il quelque incon-
vénient à voir dans escarper et ses similaires
le latin scalper e, tailler et gratter? Il est évi-
dent que it. scarpello, ciseau, est bien le L.
scalpellum, d'où scarpellare, sculpter, tailler
des pierres. L'esp. escarpar, du i*este, peut
fort bien venir aussi du germanique sc^rop^n,
gratter. — Obs. On me fait dire à tort dans
Littré que escarpe pourrait venir de Fit.
scarpelïo = lat. scalpellum, petit couteau. Ce
que j'ai dit, c'est que le verbe escarper, dont
escarpe est le substantif, pourrait aussi bien
se rapporter à scalpere que Fit. scarpelïo
représente lat. scalpellum,
ESCARPÉ, ESCARPER, voy. l'art, préc.
ESCARPIN, vfr. aussi escapin, it. scappino,
scarpino, esp. escarpin, dérivés du BL. scar-
pus, it. scarpa, sorte de chaussure. Ménage
connaît un plur. L. carpi, espèce de souliers
découpés ^de carpere — scindere), dont il tire
les mots cités par une forme composée inter-
médiaire excarpi, Diez y voit le germanique
sharp, scarf (voy. escarpe) ■- terminé en
tranchant ou en pointe. — D. escarpiner,
courir légèrement.
ESCARPOLETTE, diminutif de escarpole,
autre dérivé de escarpe ■■ echarpe, « Origi-
nairement, dit Ménage, on brandillait à l'es-
carpolette dans une grande écharpe. » Selon
Brachet, de rit. scarpoletta, m. s.; mais je
cherche ce mot en vain dans les dictionnaires
de cette langue.
1. ESCARRE, t. de blason, » e^gt^irre,
équerre,
2. ESCARRE, aussi escare, eschare, es-
charre, croûte formée sur une plaie, du gr.
hxàpv, L. eschara, m. s. — D. escarrifier;
escarrotique, gr. hyxpoirixàe.
3. ESGARRJB, entaille, ouverture, plaie
(terme vieilli), paraît appartenir à la famille
germanique skar, tailler (ail. schereti), d'où
suéd. skàr, dan. skaar, entaille. Froissart
(Poésies) orthographie escart; cela fait penser
À l'ail, scharte, entaille, brèche.
ESCIENT, du L. scietis, -ntis; à mon
escient ■= me sciente. Anciennement escient,
aussi enscient, prov. esciax, essieu, étaient
des substantifs signifiant sens, avis, discer-
nement; ils avaient pour opposés en prov.
nescies, nescieza, nescietat, ignorance, sot-
tise. Cp. le vieux substantif estant également
tiré d'un participe présent.
ESCLANDRE, vfr. eschandle, escandre, es-
cande, du L. scandalum avec insertion de /.
ESCLAVE, vfr. escla, prov. esdau, it.
schiavo, esp. esclavo, port, esci'aco, de l'ail,
sklave, angl. slave, BL. sclavus. Le terme
s'appliquait d'abord aux prisonniers slaoes
réduits à la servitude par Othon le Grand et
ses successeurs. — D. esclatoffe,
ESCLAVON, pr. langue des Slaves.
ESCOBAR, « adroit hypocrite, qui sait ré-
soudre dans le sens convenable à ses intérêts
les cas de conscience les plus subtils », du nom
d'un célèbre casuiste espagnol, de l'ordre des
Jésuites, Ant. Escobar y Mendoza (1589-
1669), auteur d'une Théologie morale, deve-
nue célèbre par la doctrine qu'elle défend. —
D. escobarder, -erie,
ESCOFFIER, mot forgé populairement sur
le vfr. esconfire, prov. escofir, it. sconfigffere,
tuer, défaire ; ces mots représentent un type
latin exconficere; voy. déconfiture. — L'ital. a
scuffiare, manger goulûment, dévorer; qui
sait s'il n'a pas donné naissance au terme po-
pulaire français?
ESCOPFION, de l'it. scuffione, dér. de sciif-
fia (= cuffia, fr. coiffe).
ESCOGRIFFE, mot de fantaisie ; le griffe se
comprend; quant à esco, les uns y voient le
L. esca, mangeaille, les autres le mot escroc.
ESCOMPTE, de l'it. sconto, subst. verbal de
scontare = dis -[- comptUare. Cp. esp. des-
cuetito, ail. disconto, angl. discount, cor-
respondants litt. du fr. décompte. — D,
escompter.
ESCOPE, escoupe, voy. écope.
ESCOPETTE, de l'it. schioppetto, scoppietto,
diminutif de sckioppo, fusil. Quant à schioppo
(transposé en scoppio), il signifie propr. déto-
nation, bruit, n vient du L. stloppus, claque
(employé par Perse, 5, 13; d'autres lisent
sclopus). Pouf la transformation de ce mot,
cp. fistula, fisVla, devenu it. fischia. La Loi
salique déjà présente le verbe sclupare, p.
tirer avec une arme. — D. escopetterie.
ESCORTE, de l'it. scorta; celui-ci du verbe
scortare, qui lui-même, par le part, scorto,
vient de scorgere, accompagner. Scorgere re-
présente le L. ex'corrigere ; de la signification
diriger du primitif latin s'est déduite celle de
conduire, convoyer. — D. escorter.
ESCOUADE, p. escouadre, anc. appliqué
aussi dans le sens de flotte, est la forme fhin-
cisée de l'esp. escuadra (prononcez : escoua-
dra), = it. squadra, d'où fr, escadre.
ESCOUPE, voy. escope.
ESG0UR6ÉE, fouet de lanières, it. scu-
riada; d'après Diez, de excoriata, s.e. scutica,
fouet préparé de cuir. Cela est correct pour la
forme, mais excoriare n'est pas connu avec
cette valeur. Ce verbe, en basse latinité,
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ESP
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ESP
signifie plutôt écorcher et s'appliquait spécia-
lement À la peine de la flagellation ; il a donné
au vfr. le verbe escorgie}\ battre à coups d'es-
courgées. De ce verbe se sont dégagés, pour
exprimer d*abord Tacte, puis lïnstrument de
la flagellation, deux subst. verbaux, l'un à
forme radicale, vfr. escourge^ Tautro à forme
participiale, notre escourgée (= vfr. escorgie).
— Malgré Vit. scoreggiata, coup do fouet,
une étymologie par ex<orrigiare (de cat^ri-
gia, courroie) est peu probable; en BL. ce
verbe signifiait dénouer la courroie. Chevallet
range notre mot dans l'élément celtique, mais
les mots analogues qu'il cite trahissent une
provenance romane. — On emploie encore,
en style familier, le verbe escourger avec le
sens de fouetter.
BSGOXIROBON ; le terme analogue allemand
fiitter-gerste, litt. orge de fourrage, justifie-
rait l'étymologie L. esca, nourriture, -1- o7'ge.
Mais les formes wallonnes soucrion, souco-
rion (rouchi), socouran (Namur), orge semée
avant ITiiver, soucrion, orge nue (Liège), ne
s'en accommodent pas et la rendent douteuse.
La série des formes pourrait bien être : sou-
crion, scourion, scoiirjon, escourgeon, Ve
initial serait dans ce cas purement euphoni-
que. Du Cange cite le BL. scario, avec le
même sens; ce pourrait bien être, vu l'uni-
cité de Texemple allégué, une faute de lecture
p. scurio.
S8G0USSB, it. scossa, prov. escosa, subst.
tiré du vfr. escous, partie, de escourre* = L.
exciUere, secouer. Cp. rescousse et secousse,
ESGBDIE, subst. verbal de escrimer^ sur
lequel voy. escarmouche,
BSGROG, it. scrocco (écomifleur). Ces mots
n'ont rien de commun avec croc, crochet;
mais, ainsi que le néerl. schrock, glouton,
écomifleur, ils reproduisent l'ail, schurke
(vha. scurgo), àaji,,s\xéà»shurk, coquin, dont
le sens étymologique est probablement grip-
peur. Ce qui appuie cette étymologie de Diez,
c'est la forme it. scorcone, — D. escroquer (it.
scroecare), escroqueur, -eiHe, — Je dois ajou-
ter que l'identité radicale entre Tall. mod.
schurke et le vha. scurgo (qui signifie plutôt
un H repoussé ») n'est pas absolument certaine.
BSCULENT, L. esculentus, — D. escuJence.
ESPACE, L. spatium, — D. espacer,
ESPADE, t. de teclmologie, lame de bois en
forme de sabre pour battre le clianvre ; c'est
la forme prov. (espacla) du L. spatha, qui a
aussi donné épée, — D. espader; espadot (t. de
pêche).
ESPADON, de l'it. spadone, augmentatif de
spada, fr. espée* épée. — D. espadonner,
ESPAGNE, L. Hispania; l'adj. espagnol
(variété : cpagneul, v. c. m.) vient d'une forme
latine Hispaniolus. — D. espagnolette (les
objets désignés par ce mot étant d'importa-
tion espagnole), espagnoliser.
ESPAGNOLETTE, voy. l'art, préc.
ESPALE, distance de la poupe au banc des
rameurs le plus en arrière; autre forme
d*épaide, dans le sens d'appui ; de là espalier,
le premier forçat d'un banc de rameurs dans
une galère, dit ainsi parce qu'il était placé
sur Yespaie.
ESPALIER, it. spaUiera, spalliere (aussi =
dossier), esp. espaldera, du L. spatula, spaJL*la,
chose plate en général, qui est aussi le pri-
mitif de épaule (it. spalla)\ dos arbres en
espalier sont pr. des arbres â dossier, à palis-
sade.
ESPALMER, it. spahnare, prov., esp. espal-
mar, goudronner (un navire), du BL. ex-pal-
mare, litt. frotter avec la paume {palma) de
la main.
ESPAR, ESPART, perche, levier, etc., do
l'ail, sparren, néerl., angl. spar, chevron,
barre.
ESPARCETTE ou esparcct, sainfoin ; en esp.
esparcilla; du verbe esp. esparcir, disperser?
ESPART, voy. espar. Le t final est adven-
tice.
ESPACE, du L. species (voy. aussi épice),
ESPÉRER, L. sperare, — D. espoir, pix>v.
esper, subst. verbal; le changement de e en ai,
en syllabe tonique, est conforme aux règles ;
aussi les anciens disaient j*espoirep,jespèrc;
cp. pois' (poids) de peser. Il est tout â fiiit
inutile d'avoir recours, avec Littré ^suivi par
Brachet), à la forme insolite latine speres (plur .
de S2)es), dont on ne retrouve aucune trace
dans la basse latinité ; espérance, it. speranza ;
cps. dés-espérer (analogue au L. d^-sperare],
subst. désespoir.
ESPIÈGLE. Le latin spéculum, miroir, a
donné it. specchio, speglio, esp. espejo, port.
cspeljo, prov. cspelh, ail. spiegel. Ce dernier
mot étant entré dans la composition eulen-
spicgel (litt. miroir des hiboux), qui est le nom
du iiéros d'une composition littéraire bien con-
nue et traduite en français sous le titre Tiel-
Ulespiégle, a fourni, par allusion à ce person-
nage, type de l'espièglerie, le mot fr. espiègle.
— D. espiègUrie.
ESPINGOLE, voy. l'art, suiv.
ESPINGIJER et espringuer (mots obsolets),
sauter, danser, it. springare, spingare, do
l'ail, springen, sauter, sprengen, faire sauter,
lancer. — D. espHngarde, espingarde, esprin-
gaXc, ancienne machiné de guerre pour lan-
cer des pierres ou des traits, esphigard, petite
pièce d'artillerie, et espingole, espèce de fusil.
ESPION, voy. épie. — D. espionner.
ESPLANADE, de l'it. spianata, terrain
aplani, nivelé, de spianare= L. ex-planare
(planus), vfr. esplaner.
ESPOIR, voy espérer,
ESPOLE, ESPOLIN, voy. époulin.
ESPONTON, de l'it. spuntone; ce dernier
est le mot puntone, grosse pointe, renforcé
de 1'^ initial.
ESPOULE, it. spuola, voy. époulin.
ESPRINGALE, voy. espinguer.
ESPRIT, vfr. espcrit, L. spiritics (spiraro).
L'ancienne langue avait ime forme secondaire
plus conforme à son génie, puisqu'elle res-
pecte Taccent tonique du primitif latin et sa-
crifie les syllabes atones qui suivent la toni-
que : c'est espir. — D'après d'autres, espir est
le subst. verb. de spirare.
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ESS
— 194
EST
SSQUIGEIIR» esquiver le coup au jeu de
cartes. Etym. inconnue. Littré cite l'ancien
verbe eschisser, glisser, couler. L'identité est
probable, mais d'où vient eschi$ser f .
ESQUIF, voy. équiper,
vJBSQUILLB, dim. du L. schidiœ, copeau,
éclat de bois (grec t^Umv), it. scheggia. Che-
vallet se trompe en rappoitant le mot au
verbe ancien esclier, fendre, briser. — D.
esquilleux
ESQinNANCIS, it. schinanjiia, voy. q^tjan-
che,
ESQlJINli. forme variée' de échine.
ESQUIPOT, sorte de tire-lire; si ce n'est un
composé de pot (cp. flam. spaer-pot, tire-lire),
on pourrait l'envisager comme un dérivé de
esquiper (équiper], fournir du nécessaire (d^nc
litt. fonds d'équipement;, ou, à caus^ de la
forme donnée à l'objet, comme un dérivé d'e*-
quipe, forme dialectale p. esquif, ou enfin
comme tronc des équipes (ouvriers).
ESQUISSE, esp. esqutdo, all.;At>^^, néerl.
schets, angl. sketch, de l'it. schizzo. Quant à
ce dernier, il vient du L. schedium, im-
promptu, gr. itxklioi, fait à la bâte; schizzo
est pour schezzo, cp. BL. scida p. scheda.
ESQUIVER, vfr. eschiver, escheter, esquie-
ver, it. schivare, schifare, esp., port., prov.
esquivar, du vha. shiuhan, ail. mod. scheiten,
avoir peur, s'effrayer. A l'at^. ail. scheu, pri-
mitif de scheuen, correspondent it. schivo,
schifo, esp. esquivo, prov. esquiu,yfr.eschiu,
eskiexi, craintif, revêche, nfr. échif, farouche
(en parlant du faucon).
ESSAI, vfr. assai, épreuve que l'on fait de
qqch., it. saggio, esp. ensayo, cat. ensaig,
prov. essay, BL. assagium. Ces mots vien-
nent du L. exagium, que l'on trouve dans
Théodose et sur une inscription latine avec
le sens d'estimation. Cp. examen p. exagmen,
épreuve, contrôle. — Un ancien glossaire
gréco-latin porte : iç^yiov, pensitatio. Il est
probable que le mot essai s'appliquait d'abord
à l'essai de l'or et de l'argent. — D. essayer,
it. saggiare, assaggiare, esp. ensayar.
ESSAIM, prov. eissam, esp. enxa/mbre,
port, enxame, it. sciame, sciamo, du L. exa-
men (p. exagmen), m. s. Pour la deuxième
acception du mot latin (épreuve), nous avons
lo mot savant examen. — D. essaimer (anc.
aussi par corruption échemer) = L. exami-
nare, former un essaim.
ESSANGER ■=* L. ex-saniare*, faire sortir
la sanie [santés).
ESSART, prov. eissart, subst. verbal de es-
sarter (BL. exartare), arracher les ronces
d'une terre pour la défricher ; celui-ci dérive
du part. ex-saHus (p. ex-saritus) de ex-sarire,
sarcler, houer.Dans les provinces du Nord on
dit simplement sart pour champ, du BL. sar-
tum, terre défrichée.
ESSARTER, angl. ossaH, voy. l'art, préc.
ESSAYER, enlever l'eau, d'un type L. exa-
qiîore*.
ESSAYER, voy. essai,
ESSE, instrument en fer ayant la forme de
la lettre S. — D. essetU.
ESSENCE, L. essentia (esse) ; en chimie, oe
qu'il y a de plus pur et de plus subtil dans un
corps, de 1â les termes « essence de rose, de
menthe, etc. » — D. essentiel, L. essentialis.
ESSEULÉ, délaissé, de seui, — L'anc. lan-
gue présente sesseuler, rechercher la soli-
tude.
ESSIEU, p. aissieu <Noël du Fail a aixeul)^
it. assiculo, du L. axieulus, dim. de axis.
BSSIMER ou e^jetm^, amaigrir (un oiseau),
affaiblir, diminuer, voy. ensimer.
ESSOR, subst. verbal de essorer.
ESSORER (S*), prov. s'eisaurar, it. sarare,
angl. soar, s'élever dans les airs, du L. ex-
aurare (aura), pour ainsi dire, prendre l'air.
Dans le provençal actuel, on trouve le verbe
simple aura, avec le sons de voler; le dial.
champenois emploie le subst. essor dans le
sens de soupirail. — D. essor, pr. élan pour
prendre le vol. — Le verbe actif essorer (it.
sciorinare), sécher, représente également le L.
exaurare, pr. exposer à l'air.
ESSORILLSR, vfr. essoreiller, prov. ysso-
relhar, couper les oreilles, d'un type L. ex-
auriculare" .
ESSOUFFLER, mettre hors de souffle, d'ha-
leine.
1. ESSUTSR, vfr. aussi essuer, prov. dsu-
gar, it. asciugare, esp. enxugar, du L. ex-
sucare, ôter le suc, l'humidité. — D. essiei,
prov. eissxig.
2. ESSUTSR = éprouver, subir, souffrir.
Ce verbe, dans ce sens, doit être séparé du
précédent. C'est le L. exequere p. exequi, qui
signifiait également supporter, cp. œrumnam,
egestatem, probrum exsequi. De la 3* coi^ug.
le verbe a passé, comme souvent, dans la
première. — Littré, vu le caractère insolite
de la forme fr. suyer p. sequi, cherche à
démontrer que le sens souffrir, subir, peut
très bien se déduire du sens propre du verbe
essuyer, ôter l'humidité; en disant : « elle a
essuyé mes lassitudes » , M*"* de Maintenon
fait entendre à la fois qu'elle lui a enlevé ses
lassitudes et qu'elle s'en est chargée elle-
même. Qu'un même verbe puisse signifier &
la fois ôter la chose d'un autre et la prendre
pour soi, la subir, n'aurait en soi rien de
surprenant (Littré allègue, à cet égard, les
acceptions diverses du verbe saisir), mais
dans l'espèce, cette explication par la conver-
sion des rapports me semble quelque peu
forcée. Les exemples ^essityer, subir, soufiHr,
ne vont pas au delà du xvi* siècle.
EST, mot germanique : ags. est, angl. east,
ail. ost.
ESTAGADE, à l'origine e^tecade, de l'it.
stecccUa, palissade, de steccare, clore, dér. de
stccchi, bâtons, palis ; stecco est l'ail, steck,
stecken, bâton. La forme estocade s'est pro-
duite sous l'influence de l'anc. subst. estache,
estaque, pieu (it. stacea, esp., prov. estaoa},
qui vient du vha. siaca, angl. stake, m. s.
ESTAFETTE, de l'it. staffetta, selon Ferrari
=» Qursor tabellarius cui pedes in stapede
perpétue sunt. Cette définition est juste, car
staffeta est un dérivé de staffa, étrier, qui
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EST
— 198 —
EST
vient du vha. siaph, stapho »« pas, marche ;
aU. mod. stapfe, trace» staffel, degré, marche.
Du vha. staphf le BL. a fait stapia, stojpha,
étrier ; le subst. stapes, gén. -edis, trahit la
même origine, mais en même temps la ten-
dance à lui faire dire •< in quo pes stat ».
BSTAFIBB, laquais qui tenait Tôtrier à son
Bistre, etc., de Ht. staffiere, dérivé de staffa,
ëtrier (voy. l'art, précédent). Le sens originel
du mot s'est considérablement modifié dans les
temps modernes.
ISTAFQiADI, de l'it. staffUata, coup d'étri-
vière. Le sens coupure, attaché actuellement
au mot, découle de cette première acception ;
couper lui-même ne signifie également dans le
principe que frapper. StaffUata est un dérivé
de staffile, étrivière (pr. courroie qui soutient
les étriers), lequel vient de staffa, étrier (voy
estafette) — D. estafilader.
ESTAGNON, vase de cuivre étamé, dér. de
estaiAi étain (v. c. m.), it. stagno,
ESTAIM, ÉTÂIM, prov., catal. estam, esp.
estambre, it. stame, du L. stame}7, fil do la
quenouille ou du fuseau.
BSTÂHE, même mot que le préc. — D.
estamet, estamette.
KSTAMlNlfiT, mot usuel en Belgique pour
cabaret, lieu public où l'on se réunit le soir
pour boire de la bière. On cherche encore
Tétymologie de ce mot. Je ne sais où Besche-
relie a puisé ce qui suit ; le fait est que ses
assertions semblent plus que hasardées : « Es-
taminet vient du flam. stamenay^ dérivé de
stamm, souclie ou famille, parce que c'était
autrefois une coutume de la Flandre, pour
tous les membres d'une famille, de se réunir
alternativement chez l'un et chez l'autre, après
les travaux de la journée, pour y boire et y
fumer; on appelait ces assemblées être en
stamme, c.-à-d. en famille. » — Littré : on
peut y voir un dérivé à*étamine, sorte d'étofle,
et supposer que les tables étaient couvertes
d'étamine. — On n'oserait certainement pas
avancer que les estamientos espagnols aient
prêté leur nom pour désigner les assemblées
de buveurs flamands, bien que l'on prétende
que le /aro, la bière si renommée de Bruxelles,
a reçu son nom des Espagnols, des anciens
maîtres du pays.
ESTAMPIS, subst. verbal d! estamper.
ESTAMPER, it. stampare, esp. estampar,
faire une empreinte avec une matière dure,
du vha. stamphon, ail. mod. stampfen, flam.
stampen, angl. stamp, signifiant frapper du
pied, fouler, presser. Au lieu de estamper, on
dit aussi en terme d'arts et métiers, avec la
syncope habituelle de Vs, étamper, — D. es-
tampe, it. stampa; estampille, estampiller.
ESTER (en jugement, à droit), du L. stare
(cp. la formule latine stare Juri).
BSTÉRE, natte de jonc, de l'esp. estera, qn^
vient du L. storea, natte, par la forme inter-
médiairee^uerii .
ESTHÉTIQUE, du gr. alT»>}rix</;, adj. tiré
de abdifT^f, part, du verbe àit^k^ti^au, sentir,
percevoir; de là subst. esthétique «^ science
esikéiique. -~ Du subst. «cvi^^i;, sentiment,
sensibilité, vient le terme philosophique esthe*
sie. L'esthétique est la science qui a pour objet
la sensibilité de l'homme relativement à l'art
en tant que l'expression du beau. Le nom de
cette science a été créé par A. G. Baumgar-
tén, philosophe allemand (mort en 1762), qui
le premier en a fait une branche philosophi-
que spéciale.
ESTIMER, L. œstimare. — D. estime, subst.
verbal; estimatiott, L. aestimatio; -ateur, L.
-ator; -iible, -atif; cps. més-estimer d'où més-
estime. — L'ancienne langue avait pour le L.
œstimare la forme contracte esmer = estimer,
évaluer, calculer, viser; c'est le correspondant
de l'anc. esp. et anc. port, asmar. C'est de
esmer (aussi aumer, amer) que vient le verbe
angl. aim, nha. amen, viser, tendre à.
ESTIVAL, L. œstivaîis, extension do œsti-
vus, qui concerne l'été. — Le même mot latin
a fourni le nom d'une chaussure légère d'été :
vfr. estival, resté dans it. stinale, ail. stiefel.
1. EStiykR, passer (ou faire passer) l'été,
du L. œstivare, m. s.
2. ESTIVER, t. de marine, serrer, entasser
des marchandises, du L. stipare, serrer, pres-
ser. — D. estiw, t. de marine, pr. la (bonne)
manière de charger les marchandises.
ESTOC, 1. souche, 2. ancienne épée longue
et étroite; de l'it. stocco, ail. stock, souche,
bâton. — D. estocade = it. stoccata.
ESTOMAC, L. stomachus (.TTo>ax^»)i verbe
estomaquer is*), L. stomachari^ se fâcher.
ESTOMPE, de Tall. stumpf, néerl. stomp,
tronqué, épointé. V estompe est un instru-
ment à pointe émoussée, de là le nom. — D.
estomper.
ESTOUPPADE, t. de cuisine, de estouffer
étouffa*; autre forme (méridionale) de étouffée.
1. ESTRADE, route, chemin, dans baUre
Vestrade = courir les grands chemins ; de l'it.
strada, esp., port., prov. estrada, chemin pavé
(la véritable forme française, abandonnée au-
jourd'hui, est estrée; en picard on dit encore
étrée). Du L. strata, chemin recouvert de
pierres, empierré, forme participiale de ster-
nere, étendre. Le même mot latin a donné le
néerl. straat, ail. strasss, angl. street, rue.
On rattache aussi à strada, grande route, le
mot estradiot ou stradiot, nom d'une espèce
de cavalerie légère. La provenance grecque
de ces chevau-légers nous fait préférer, cepen-
dant, une dérivation du gr. 9Tp%ri6»nii, soldat.
2. ESTRADE, siège ou plancher élevé, esp.
estrado, prov, estrat, it. sirato, du L. stra-
tum, chose étendue, dans Vitruve = plate-
forme (de stemere, étendre).
ESTRADIOT, voy. estrade 1.
ESTRAGON; Saumaise : « Hodie dracuncu-
lus vocatur herba hortensis, qua vulgo utun-
tur in acetariis cum oleribus et lactucis, facie
in totum diversa ab illis dracunculis Plinianis.
Targonem vulgo vocant : olitores nostri ss-
tro^on^mcorrupta forte dictione ex dracone.n
Estragon correspond à it. tarpone, esp. tara-
gona, wall. dragons^ ail. dragun, arabe tar-
chun, port, estragâo. — Devic pense que le
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EST
— 196 —
ÉTA
préfixe es dans les formes port, et fr. est une
altération de rarticlo arabe eL
ESTRâMâÇON, coup d'épée, puis le nom
d'une espèce d'épée; de Tit. stramas^one^
action de renverser. Le verbe it. stramaz-
sare signifie jeter à terre, étendre sur le car-
reau. C'est probablement, comme le subst.
it. stramaz so, matelas, un dérivé du L.
stramen, couchette (de stemere, étendre).
L'arme dite estramaçon aui*a reçu son nom
d'après l'effet qu'il produit. Chevallet, suivi
par Littré, voit dans estramaçcni le BL. sera-
masaxus, mentionné par Grégoire de Tours
avec le sens de culter validus, mais je ne vois
pas comment scramasaxus a pu produire le
mot it. stramazzone.
ESTRAN, aussi ctrain, terme de marine,
plage, de l'ail, ou angl. strand, m. s.
ESTRAPADE, «= it. strappata, esp. estra-
pada, du verbe it. sirappare, arracher, tirer,
qui correspond à Tall. (suisse) strapfeu, tirer,
lequel est de la même famille que l'adj. ail.
strafiT, fortement tendu. Un dérivé de l'it.
strappare, savoir strapassare, maltraiter,
excéder de fatigue, a donné le fr. estrapasser,
et l'ail, strapaze, grande fatigue. — Le verbe
français (w^rop^r ou étraper(v. cm.), arracher
les chaumes, parait plutôt venir de l'it. strap-
pare que d\iyîr.estreper==: extirper. Cepen-
dant, vfr. estraper =« estreper, extirper, est
bien constaté.
ESTRÂPASSER, voy. estrapade. Diez, suivi
par Littré, explique l'it. strapazzarc par stra
== extra '\-pazzOy fou; donc pr. rendre fou.
J'ai contesté cette manière de voir dans la
4*^ éd. du Dictionnaire de Diez sous pazzo,
p. 741. Voy. aussi Caix, Studi, n» 62.
ESTRAPER, voy. estrapade. — D. estra-
poire.
ESTRASSE, ÉTRASSE, bourre de soie, =«
it. straccio, cliiflbn, pi. stracci, fleuret, soie
grossière, du verbe stracciare, déchirer, la-
cérer. Ce verbe représente un type latin dis-
tractiare ou extractiare du part, distract us ou
cxtractiiSt étiré, détiré.
ESTRIF, voy. estrive.
ESTRIQUE, fourneau pour recuire les gla-
ces, aussi un outil de l'étendeur dans les
verreries, de l'ail, strecken, vha. strecan,
étendre.
ESTRIVE, vieux mot (aussi estrif, estr {],==>
querelle, débat, subst. du verbe estriver, que-
reller, angl. strife, lutter. Ce verbe repré-
sente peut-être le vha. streban, faire des
eflbrts contre, combattre. Il peut cependant
aussi venir du vha. strilan, lutter (ail. mod.
streiten)\ il y aurait eu d'abord estri-er, puis
estriver, cp. pouvoir de po-oir p. podoir.
Môme en partant du subst. estrif, comme
anteneur au verbe estriver, Vf final ne s'op-
pose nullement à l'étymologie stritan. On
trouve encore /*pour d ou t dans le vfr. bîeif
m» blé de bladv.m, et dans soif de sitis. La
forme estrit, qui se présente dans le chant de
Saint- Léger, décide Diez en faveur de stritan,
— Le rouchi dit encore estrife, p. débat, dis-
pute, angl. strife.
ESTRIVIÊRES, voy. êtrividre.
ESTROPE, ÉTROPE, terme de marine,
espèce de cordage, du néerl. ou angl. strop,
m. s. (connexe, sans doute, avec L. struppus^
couiToie). Le mot estroffe est de même ori-
gine.
ESTROPIER, esp. estropear, de Tit. strop-
piare, storpiare. Fartant de cette dernière
forme, Diez, avec doute, fait venir le mot d'un
type L. extorpidare' , =■ torpidum reddere,
engourdir, paralyser (on trouve en latin la
forme inchoative extorpescere). Muratori pro-
posait, conrnie primitif, le L. turpis, difforme.
ESTUAIRE, du L. œstus, marée, flux.
ESTURGEON, BL. sturio, it. storione, esp.
esturion, angl. sturgeon; du vha. sturio, ail.
mod. stôr.
ET, L. et.
ÈTABLE, estdbîe\ du L. stabulum (stare).
— D. établer, L. stabulare.
ÉTABLIR, establir, angl. establish, du L.
stalilire, litt. rendre stable {stabilis, de stare).
— D. établi, établissement,
ÉTAGE, estage, BL. stagium, — it. stag-
gio, demeure, séjour, prov. estatge, demeure,
résidence, étage. Ce substantif roman exprime
ainsi à la fois l'action de se tenir, de séjour-
ner, de s'arrêter, et la manière, l'ordre dans
lcs(|ucls une chose se trouve placée. Le mot
français moderne a considérablement res-
ti'eint la signification première et ne désigne
plus au propre que l'espace qui sépare les
gitages superposés les uns sur les autres
dans un bâtiment. L'anglais stage signifie,
d'une manière plus conforme au sens pre-
mier, établi, échafaud, théâtre, relais de
poste. Quant à l'étymologie, il représente un
adj. L. staticus, dérivé de status, état. Il faut
absolument rejeter l'étym. tirée du gr. arty*!
(toit, puis maison, chambre), patronnée par
Nicot, Ménage, ete. De l'it. staggio, rési-
dence, l'on a tiré le mot savant stage. — D.
étager, disposer par étages ; étagère.
ÉTAI, ÉTAIE, esp. estay, angl. sta^; d'après
Diez du fiam. stcede, stœye, fulcrum, sustcn-
taculum (Kiliœn), dér. du verbe stceden, sta-
bilire. — Breusing, quant à la sign. « gros
cordage qui sert à soutenir le mât d'un vais-
seau », y voit avec raison l'alL stag, m. s. —
D, étayer,
ÉTAIM, voy. estaim.
ÉTAIN, estairC, it. stagno, esp. cstano^
prov. estanh, du L. stagnum, forme primi-
tive de stannum. — D. étamer p. étatier (cp.
oeiiimeux p. venineux). — Voy. aussi tain,
ÉTAL, estai*, lieu l'où on expose des mar-
chandises, it. stallo, demeure, habitation (lieu
où l'on prend position), prov., vfr. estai, lieu
où l'on est, séjour, position fixe ; angl. stall,
établi. Ces mots appartiennent à la lacine
stal, marquant fixité, racine fort répandue
dans la famille des langues germaniques;
cependant, l'origine directe des mots romans
semble être le vha. stal «s statio, locus, sta-
bulum. — En dehors des formes masculines,
il existe des formes féminines : it. stalla, esp.
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ÉTA
197 —
ÉTA
estala, étable, fr. stalle, siège. — D. étalci*
(flam. staeleti, stallen, m. s.), opp. détaler, pr.
plier bagage; étalier. — Le t. de marine étaler
vient également de estai, dans son acception
de position fixe, résistance (cp. vfr. rendre
estai, résister, tenir tête).
ÉTAIiX, dans mer étale; do la même rac.
stal dont il vient d'être question et qui marque
fixité. La^j. ail. still, tranquille, est égale-
ment de cette nombreuse famille.
ÉTALER, voy. étal,— D. étalage,
1. ÉTALON, estalon, it. stallone, angl.
stallion. D'après Ménage, approuvé par Diez,
du BL. et It. stalla, établc ; Diez cite l'expres-
sion eqnits ad stallum dans la loi des Visi-
goths. L'étalon, dit Ménage, reste à l'écurie.
M. de Chevallet, ainsi que Roquefort, fait
venir estalon du vfr. estalles, testicules, qu'il
rattache au gaél. yslalw, productif, généra-
teur. Je ne trouve pas estalles, testicules,
dans Godefroy, mais j'y trouve estaillé = châ-
tré, qui fournirait une excellente étymologie,
s'il n'vavait à rendre compte que du sens.
2. ÉTALON, modèle de poids ou de mesure
réglé par la loi, BL. stallo ; do la racine ger-
manique stal marquant fixité. Cp. Tangl.
standard, modèle, étalon, dérivé de la racine
stand, être fixe. — D. étalonner.
3. ÉTALON, baliveau, vfr. estaillon, d'après
Littré, du vha. stihil, poinçon, pieu ; selon
moi, plutôt d'un type stacula (= fr. estaillé),
dim. de BL. staca, pieu (voy. estacade).
ÉTAWBORD, par corruption étambot, litt.
madrier de support, composé du dan. steaven,
appui, support, et bord, planche, madrier.
Selon d'autres « estant-bord (bord-debout).
ÉTAMER, voy. étain.
ÉTAMINS, petite étoffe peu serrée, it. sta-
migna, esp., port., prov. e^r/ameiia, v. flam.
stamync, du h.staminciis, adj. de stameti, fil,
filament. Le terme de botanique étamines est
un mot savant et vient du L. stamina, plu-
riel do stamen,
ÉTAMPSR, variété de estamper (v. c. m.).
ÉTANGHER, estancher, angl. stanch, BL.
stancare, esp., prov. estancar, arrêter l'écou-
lement d'un liquide, puis mettre à soc, épui-
ser. Dans ëtancher la soif, le verbe ne repré-
sente plus que l'idée d'arrêter. DuL. stagnare,
de stagnum, étang, pr. eau qui ne s'écoule
pas, eau fixe. L'it. stancare a l'acception fati-
guer (cp. le sens ^g, de épuiser) ; pour le sens
arrêter l'écoulement, cette languie a la forme
latine stagnare, Raynouard considérait le
prov. estancar comme un composé de tancar,
boucher, dont il n'indique pas la provenance.
Diez tient tancar pour une mutilation de
estancar, et il s'appuie avec raison du port.
tanque, étang, p. estanque. Pour le rapport
littéral entre estancher, etc., et L. stagnare,
voy. âang. En champenois, on se sert de
estancher dans le sens d'éteindre ; cela fait
penser à un primitif latin extinctiare, qui
pourrait convenir aussi au fr. étancher, en
tant qu'appliqué à la soif (ou à la faim), si
elle n'était en désaccord avec la forme picarde
estankier (Reclus de Moliens). — M. Bau-
quicr (Rom., VI, 452) assigne à fr. estancher,
prov. estancar, barrer (une porte), faire un
barrage à un cours d'eau, arrêter (la faim, ete.),
le primitif ail. stange, bâton, barre, it. stanga,
barre. Étang serait le subst. verbal de étan-
cil Ci*, faire un barrage, et non pas la reproduc-
tion de L. stagnum. — D. subst. verbal
étanche, dans les locutions à étanche d'eau,
mettre à étanche.
ÉTANGON, du vfr. estance, m. s. ; ce der-
nier du L. staniia, état do ce qui est debout.
Ici encore le nom de l'effet est appliqué à l'in-
strument qui le produit. — D. étançonner;
vfr. estançot, tronc d'arbre coupé.
ÉTAN7IGHE, d'après Littré, suivi par Dar-
mesteter, = estant (debout) 4- fiche. Mais que
sïgiûûe fiche f
ÉTANG, estang*, esp. estanque, port, tan-
que, prov. estanc, du L. stagnum; le durcis-
sement de gn en ne (au lieu de fig, esp. n,
prov. 7ih), dans quelques-unes des formes
romanes, est peut-être motivé par le désir do
distinguer le mot de cstain, étain, es^.estaho,
prov. estanh, qui vient d'un autre stagnum
latin C'est aussi ce durcissement qui a déter-
miné les formes étancher (p. étanger ou éta-
gner), et it. stancare À côté de stagnare. —
Voy. aussi étancher.
ÉTANGUES,69faatyt<e«, tenailles composées
de deux stangues; stangue (it. stanga, barre)
s'emploie en langage héraldique et signifie
une perche; lomot vient de l'ail, stange, long
bâton. Avant de connaître cette étymologie de
Diez, j'avais considéré estangue comme un
composé du préfixe es et du flam. tanghe, te-
nailles = ail. zange, angl. tongs. Je ne
renonce pas absolument à cette manière de
voir.
ÉTANT, estaM*, part, du verbe être, = L.
stantem. Autrefois, e*to«< était traité en subst.
exprimant la position d'un homme ou d'une
chose qui est debout, comme séant exprime
la position d'un homme assis (« être sur son
séant »). « Se mettre en son estant », c'est se
lever. Gachet compare fort à propos les tour-
nures « en son vivant, en son dormant, en
son ensciant « (voy. escient). Aujourd'hui en-
core, quelques patois se servent de la locution
en estant pour debout, et les forestiers vous
parlent de même d'arbres en étant p. arbres
sur pied.
ÉTAPE, estape* (anc. aussi estaple, angl.
staple, qui est la forme exacte), a signifié
foire, marché, boutique; auj. =s provisions
de vivres et de fourrages, puis lieu où Ton
distribue les vivres aux soldats en marehe ;
enfin, lieu d'arrêt. Le mot vient de l'ail, stapel,
amas (d'où auf^tapeln, entasser), flam stapel,
emporium, forum ronim venalium. — Une
ville d'étape est une ville où se déchargent les
marchandises importées du dehors. — D. éta-
pier.
ÉTAT, estat\ it. staio, esp. estado, ail.
staat, angl. state, estate, du L. status (stare).
Il est curieux de suivre la filiation dos idées
qui sont rendues par le mot français ; d'abord
manière d'être, situation, position, puis posi-
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ÉTÉ
198 —
ÊTO
tion dans la société, profession, métier ; écrit
constatant Tétat, la situation d*iine al&ire ou
d'une personne relativement à l'administra-
tioa, de 1& « inventaire, compte, mémoire,
bordereau, etc. ; enfin, la forme du gouverne-
ment sous lequel vit un peuple (L. status civi-
tatis), d où : gouvernement, et, par métony-
mie, société politique unie par le lien d'un
même gouvernement.
1. ETAU, boutique déboucher, etc., forme
variée de étal (v. c. m.).
2. ÉTAU, instrument de serrurier, etc. La
forme lorraine eitauque permet de donner à
ce mot pour original le mot ail. stock, souche,
bloc; Tall., en effet, dit schraub-stoch pour
étau (litt. étau à vis) ; stock, dans cet emploi,
exprime pièce fixe. Ce qui nous confirme dans
cette étjmologie, c*est que le picard dit égale-
ment ^au p. souche morte, ce qui est indubi-
tablement une transformation de estoc, qui a
le même sens. Étau est prob. une forme pos-
térieure à étou, plus rapprochée du primitif
germanique. — D. estoqitiau, étoquereauœ, éto-
queresse.
ÉTATSB, voy. état
1. ÉTÉ, esté*, subst., prov. estât, du L.
œstas, 'Otis,
2. ÉTÉ, part, passé du verbe être, *= it.
stato, esp. estado, du L, status (de stare).
ÉTEINDB]!, esteindre*, du L. exstinguere,
— D. éteignoir.
ÉTELON, estelon, modèle, épure, prob. une
modification de étalon 2.
ÉTEKDARD, estendard*, prov. estandart,
it. stendardo, esp. estandarte, ail. standarte,
angl. standard, BL. standardum; selon Diez,
du L. extendere, fr. estendre*, déployer. Cette
étymologie, quelque séduisante qu'elle soit,
n'est pas à l'abri de contestation ; on lui oppose
celle du vha. standen, angl. stand, être
debout, être dressé, être fixe, qui, d'utfe part,
s'accommode mieux des formes avec a (esp.
estandarte, angl. standard), et, d'autre part,
explique très bien le sens particulier propre à
l'angl. standard, que j'ai relevé sous éfo/on 2.
ÉTENDBE, estendre*, L. ex-tendérc, —
Subst. participial fém. étendue.
ÉTBRNBL, L.<^«rwa/i5,(Tertullien); forme
dérivative de ceternus. — ÊxERNrrÉ, L. œter-
nitas — Dérivé moderne : éterniser.
ÉTERNTJER, L. stemutare,
ÉTEUF,«5/eM/*, balle ; le sens étymologique
est bourre, car le mot parait être de la même
famille que étoupe estoupe, et venir du L.
stuppa. Pour le changement de p final en f,
comparez e^^/* de caput, vfr. apruef^=^ prov.
aprop, près. On pourrait aussi remonter au
via. stophôfi, angl. stu/f, bourrer, farcir. Le
BL. stoffus, qui n'apparaît qu'au xiv* siècle,
peut être calqué sur le français et ne doit pas
nous guider dans la recherche du primitif du
mot esteuf,
ÉTEULE, esteule*, estuble*, chaume, du L.
stipula; cp. vfr. iteule, du L. nebula. Les
formes fr. étouble, prov. estoble, it. stoppia,
accusent une origine ou du moins une in-
fluence germanique et reproduisent vha. stup-
fila, ail. mod. stoppel, angl. stubhle, m. s.
~ D^près Schuchardt elles découlent du lat.
vulgaire stupula .
ÉTESR, L. œtker (vt^p), air subtil des ré-
gions supérieures. — D. éthéré, éthériser.
ÉTHIQUE, gr. «jdcxo;, mond, a4}. de ^oç,
pi. ^^, mœurs.
ETHNIQUE, gr. idytxe's, de Dv&ç, peuple {rà.
B'ni\ les gentils). Ce dernier a donné encore
ethnographie, description des peuples.
ÉTIA6E, le plus grand abaissement des
eaux d'une rivière, litt. niveau des eaux pen-
dant l'été; dérivé d'un verbe estier =» lat.i»ft-
wwr, passer l'été, ou représentation du BL.
asstvDoticus, extension de œstivus, relatif à
l'été. Cette étymologie est sigette à caution ;
un verbe estier fait défaut, et la chute du v est
insolite ; malheureusement, le mot n'a pas
d'historique.
ÉTIER ou estier, petit conduit d'eau, du
L. œstarium (p. œstuarium), canalis quo
intrat sestus maris.
ÉTINCELLE, estincelle*, par transposition
pour escintèle, du L. scintilla. — D. Mincder,
L. scintillare^d'où le terme savant scintiUer),
ÉTIOLER, à coup sûr, n'a rien de commun
avec le mot étiologie, partie de la médecine
qui traite des causes (gr. xlrlv) des maladies,
sous la rubrique duquel Roquefort l'a rangé.
Littré trouve l'étymologie, longtemps cher-
chée, de ce mot dans le normand s'étieuler,
pousser en chaume, qui vient diéteule. (Ètieule
se rapporte à éteule, comme vfr. nieule =
nebula, à neule.)
ETIQUE, forme populaire du mot savant
hectique (v. c. m.). — D. étisie.
ÉTIQUETTE, estiquette*, écriteau affiché.
L'étymologie est hic quœstio, abrégé en est
hic quœst. (mots inscrits sur les sacs à procès),
est une pure plaisanterie. Le mot, écourté par
les Anglais en ticket, vient du verbe ail. stec-
hen, angl. stick, ficher, afficher. (Le même
primitif germanique, à l'état de siibst., signi-
fiant bâton, a donné naissance au fr. étiquet,
petit bâton, étiquette, filet à perche.) — Se
conformer rigoureusement à Vétiquette, à l'in-
dication, à la règle, a donné lieu au sens
figuré « formes cérémonieuses n qui s'est atta-
chée A notre mot. -^ D. étiqueter.
ÉnSEB, substantif fait de l'acy. étique (v. c.
m.), sous l'infiuence àephthisie.
ETNETTE, pince, p. estenette; le même
mot, avec un autre suffixe, que vfr. estendles,
tenailles, pinces.
ÉTOC, tronc, souche, variété de estoc (v.
c. m.).
ÉTOFFE, estoffe, it. stoffa, stoffb, esp.
estofa, BL. stoffa. Le sens originel parait être
bourre, remplissage, d'où l'acception géné-
rale matière, et venir du L. stuppa, étoupe,
par l'intermédiaire de la prononciation ail.
de ce mot stupfa, stuffa. Le mot ail. staff esX
un emprunt au roman. — D. étoffer,
ÉTOILE, estoile*, prov. estéla, esp. estrella,
it. Stella, du L. Stella on plutôt stéla*, — D.
étoile, L. stellatus.
ÉTOLE, estole*, L. stola {ftolri}.
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ÉTO
— 199 —
ÉTR
irOHlTKR, anc. e»-fonn^, v. angl. astone
(aiij. astùnish), du L. ex-tanare, p. attonare,
frapper de la foudre, fig. frapper de stupeur.
Cette étjmologie, patronnée par Diez, satis-
fait parfaitement; cependant, l'absence du mot
dans les idiomes du Midi donne quelque pro-
babilité à une origine germanique : le mha. a
stûnen (ail. mod. gtaunen)^ s'étonner, l'ang).
stun, étourdir.
. ROurrJUl, eslouffer' (le mot n'est pas an-
cien dans la langue), est, d'après Diez, dérivé
d'un subst. touffe (inus. ) =: it. tufo, tuffo, esp.
tufo^ vapeur suffocante, dont le primitif est
le gr. Tvf o«, vapeur. On se demande cependant
comment il se fait d'un c<^té que le primitif
touffe n'existe plus en fr., et de l'antre que les
autres langues n'en ont pas le dérivé. Le mot
ne serait-il pas plutôt foncièrement identique
avec étouper, par l'intermédiaire du vha. st<h
p?um, ail. mod. stapfen, bourrer? L'idée bour-
rer, boucher et celle de couper la respiration,
obstruer les conduits de l'air, sont assez rap>
prochées pour qu'on puisse avancer cette
étymologie, qui en tous cas ne répugpe pas à
la lettre. On pourrait encore invoquer Tangl.
stuff, étouffer, mais ce mot peut être tiré du
français. Le terme allemand sticken (étouffer),
en ce qu'il exprime propr. obstruction,
arrêt de la respiration, favorise ma manière
de voir; d'autre part, le synonyme dàmpfen
(de dampf, vapeur) corrobore celle de Diez.
Celui-ci cite, en sa faveur, le lorrain touffe,
suffocant, mais cet adjectif pourrait bien
être p. stouffe, comme tain p. stain (j'entends
souvent dire autour de moi : il fait stouffe), —
Bien que peu plausible, je ne puis négliger
l'opinion de Boucherie, qui part d'une forme
stupefare p. stupefacere, qui serait analogue
à caiefare (d'où fr. chauffer) p. ccUefacere.
ÉTOUPB, estoupe*, it. stoppa, esp. estopa,
du L. stuppa (trvTtu). Ce dernier est congénère
avec l'ail, stopfen, boucher, cité dans l'art,
précédent (voy. aussi étoffe). — D. étouper,
wall. stopeir, rouchi stoupper, it. stoppare,
boucher avec de l'étoupe, puis en général
boucher; détouper, déboucher; étoupille,
étaupillon.
irOUPER, voy. étoupe,
ÉTOURDIR, estourdir, it. stordire, d'un
type latin eœ-turdire, L'esp. dit a-turdir.
Covarrurias explique aturdir par une allu-
sion à la grive (L. turdus, esp. tordo), la-
quelle tombe étourdie à la grande chaleur du
jour, d'où le proverbe : tener eabeza de tordo,
avoir une tête de grive, p. s'étourdir facile-
ment. — Wachter avait proposé une origine
du cymr, twrdd, bruit, tonnerre, en s'appuyant
du terme -analogue étonner, — Diefenbach cite
l'angl. sturdy, fort, hardi, mais les significa-
tions ne concordent pas. — L'étymologie de
l'ail, stûrzeft, précipiter, fig. frapper de stu-
peur, suivie par Chevallei, et celle de Ménage,
qui avance le L. stoïidus, sont démenties par
la forme espagnole. — Diez, qui s'était pro-
noncé d'abord en faveur du primitif turdus,
explique maintenant étourdir par un type ex-
torpidire, modifié régulièrement en extordire.
Le primitif serait ainsi torpidus, engourdi. L*o
ouvert de L. torpidus fait repousser cet étymon
à FOrster; il reprend l'étymologie turdus,
comme phonétiquement plus correcte.(Ztschr. ,
II, 84). Baist (ib., VI, 119) préfère turbidus,
troublé.
ÉTOÏÏRNIAU, L. sturmllus*, diminutif do
L. stttrnus.
ÉTRAKOB, estrange*, angl. strange, it.
stranio, esp. estraho, prov. estranh, du L.
extraneus (de extn£). — D. âtranoer, it. stra-
niero, prov. cstrangier, esp. extrangero,
angl. stranger; étrangeté; verbe étranger,
éloigner.
ETRANOLIR, estrangler, L. strangularc,
— D. étranglement, étranguiUon,
ÉTRÂPER, estraper*, aussi estreper, être-
per, prov. cstrepar. Les formes avec e sont
probablement issues, par transposition, du L.
exstirpare. Les formes avec a rappeUent l'it.
strappare (voy. sous estrapade) et sont par
conséquent d'origine germanique : cp. suisse
strapfen, enlever la surface, bavarois straffen,
tailler. — D. étrape, faucille à couper le
chaume; on dit aussi étrèpe et éterpe,
ÉTRASSE » estrasse (v. c. m.).
ÉTRAVE, t. de marine, nom des pièces do
bois courbes qui forment la proue du vais-
seau ; du dan. statn, suéd. staef, holl. steven,
m. s., avec épenthèso d'un r; il est inutile
d'y chcrher le subst. verbal d'un verbe étrax>e^*
=» ex'trabare, de trabs, poutre.
ETRE, estre*, it. cssere, prov. esser, du L.
essere, forme barbare pour esse, cp. tistre' do
texere (tisser). — D. êty^e, subst.; cps. bien-être
(cp. ail. toohlsein).
ÉTRÉOIR, voy étroit; cps. rétrécir,
ÊTREINDRE, estreindre*, L. stringere. —
D. subst. participial étreinte,
ÉTRBNNE, estrenne', L. stretia, présage,
augure, puis présent do bonne année. — D.
étrenner,
ETRES (les) d'une maison ; ce terme, à mon
sens, est le même mot que être, existence,
manière d'être, état particulier. Les applica-
tions qui en sont faites dans l'ancienne lan-
gue (p. ex. les estres d'un verger, d'une tour)
et le caractère tout à fait exceptionnel do l'or-
thographe aitre doivent écarter l'étymologie
atrium que l'on a mise en avant. On voit, en
anglais aussi, le mot being signifier à la fois
existence, manière d'être, condition, et de-
meure, place. — D'après Neumann (Ztschr.,
V, 386), le mot signifie pr. les localités exté-
Heures d'un édifice et a i)Our étymon lat.
extei^as (s.-e. partes domus). Le sens restreint
originel se serait, avec le temps, généralisé.
ÉTRÉSILLON, voy. trésiUon,
ÉTRIER, estrier, vfr. estref, estrief, cstrieu,
estriu, estrif, prov. estreup, estnub, cat.
estreb, esp. estribo, BL. strepa; cette forme
latine, d'après Diez, vient du vha. streban,
s'appuyer avec effort. L'étrier est donc envi-
sagé comme un appui pour le cavalier. —
Chevallet, insistant sur la circonstance que
les étners ne consistaient autre fois qu'en
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ÉTR
— 200 —
ÉTY
une courroie, invoque, avec raison, je pense,
des primitifs allemands signifiant la même
chose. Dans le nombre de ceux qu'il cite,
l'ail, striepc est celui que j'accepte; on
dit aussi dans cette langue sUHppe; l'angl.
a stripe, Wackemagel proposait l'ail, stef^e-
rcif, étrier (litt. anneau pour monter), ou
plutôt la forme bas-ail. de ce mot, sttreip,
qui se serait contractée en streep, mais Diez
observe que les fonues romanes ont dû pré-
exister à la formation du mot sti-reip, L'angl.
stirntp (dial. stighrope) est un composé de
stfgaut monter, et de rope, corde. — Dérivés :
estritièi'e, étrivièi^e, anc. synonyme d'étrier,
auj. la courroie de l'étrier (cp. esp. cstri-
bera, port, estribeira, prov. estrubw'at
tous = étrier). Notez encore le bon vieux
verbe dés-estriver (Raoul de Cambray), i^en-
verser des étriers, désarçonner. — Ce qu'il
importe d'observer encore, c'est que contrai-
rement à l'opinion émise jusqu'ici dans les
dictionnaires (le mien compris), étrier n'est
pas une contraction de estrivier. Il se rap-
porte à vfr. esirieu comme Angiet's^ Poitiers
à AngieuSf Poitieus, vfr. nicrs à vfr. nieus
(neveu). Voy. sur cette confusion des finales
?V', ien avec ter (Tobler, Jalirb., XV, 262;
(t. Paris, Rom., V, 380; Suchier, ZUclir., I,
430). — La forme en ieu existe encore dans le
terme technique étrieux (i>lur.), étais trans-
versaux.
ÉTRILLE, es(riUe\ it. striglia, ail. striegel,
du L. strigilis (stringere), m. s. — D. ét7'ilie}\
ÉTRIPER (dans à etripe-chevat), c'est, éty-
mologiquement, faire sortir les tripes,
ÉTRIQÏÏER, rétrécir; origine douteuse. L-e
fréquentatif strictare (de stHngere, étreindre)
ne convient pas à la lettre; si le sens premier
emporte l'idée de maigre et allongé, on peut
proposer l'ail, strecken, étendre, allonger
(cp. l'art. est7*iqué); si l'idée primitive est celle
de mesurer rigoureusement, on peut rappe-
ler le rouchi étriqué, rouleau de bois ser\'ant à
raser les mesures de grain, râcloirc, qui vient
du flam. stnjhen, tergere, radere, ail. mod.
streichen, angl. strihc. Enfin, le verbe ail.
strichen (de strick, corde), dans son acception
lier, serrer, se prête également comme pri-
mitif du mot français. Ltriquer n'est pas an-
cien dans la langue au sens de serrer et pour-
rait bien être une forme wallonne du latin
strictare. Dans ce dialecte, on dit affeqité p.
affecté. — Dans « étriquer les harengs », le mot
représente, semble-t-il, une forme picarde du
L. ejc-tricarc, démêler.
BTRIQUBT, espèce de filet, de l'ail, stnck,
corde.
ÉTRIVIÉRB, voy. étrier.
ÉTROIT, estroit\ prov. cstreit, it. stretto,
du L. strictus, serré, part, do stringere. — D.
étwitesse (l'ancienne langue, sur le type strie-
tia, avait la forme estrece); verbe étrécir (un do
ces verbes à forme inchoative et à signification
factitive, dont la langue française présente tant
d'exemples, cp. chscurcir, durcir^ éclaircir)\
l'ancienne langue avait aussi la forme estre-
cMer qui répond à un type strictiare, — Voy.
aussi détroit, détresse.
ÉTRON, estron', estronC, it. stronio, BL.
strontiis, du néerl. stront, ail. strimt, m. s.
ÉTROPE, voy. estrope.
ÉTUDE, estude\L.stiuliiim. — D. étudier.
ÉTUI, estui*, prov. estug, estui, port, estqfo,
esp. estuche, BL. estugiitm; du mha. stûâie.
ail. mod. stauche^ pr. objet dans lequel on
fourre qqch. L'it., avec le préfixe ad, dit as-,
tuccio. — Notre étym., pmposée en premier
lieu par Frisch, n'est point approuvée par
Langensiepen, qui établit le L. studium pour
primitif d'étui. La forme, en effet, ne s'y
oppose pas, cp. appui de appodium; pour le
rapix>rt logique, il admet une métonymie du
contenu au contenant ; studium d'abord ■=»
objet de l'étude ou du travail, puis le petit
meuble qui le renferme (cp. le mot étudiole,
nom d'un ixïtit meuble do travail). Quant à la
fonne it. astuccio, il l'explique, un peu violem-
ment, par un type ad-studicium, ou même
adstudium, d'où astutium,astucium [c^.messo
de médius). — Cette étym. par studium, bien
que recommandable à certains égards, ne me
semble pas favorisée par les sens cachette,
prison, baquet, qui s'attachaient à étui dans
leprimnpe.
ÉTUVS, estuvé*, prov. estuba, esp., port.
estufa, it. stufa, angl. stove, néerl. stoof, BL.
stuba, stuffa, = 6rt/>WKm,hypocaustumsuda-
torium. Ces mots sont identiques avec le vha.
stuba, ail. mod. stube, d'abord chambre à
bains, auj. = chambre en général, angl. stove,
étuve, poêle. Aujourdlmi, l'on appelle étuioe
une chambre ou armoire dans laquelle on
fait circuler l'eau réduite en vapeurs pour
faire suer, de même un lieu chauffé pour faire
sécher, enfin, en Belgique du moins, le mot
équivaut aussi à poêle. — \>.étuver. — Bugge
(Rom., IV, 354) démontre que les mots germa-
niques invoqués sont empruntés au roman.
Selon lui, étuve est le subst. verbal de étuver
(= esp. estuvar, estofar, estovar, it. stufare),
lequel i-eproduit une forme lat. vulg. ex'tufare,
tirée du grec TÛyo«, vapeur, it. tufo, tuffo,esp.
tufo. Cp. en terme de cuisine, l'ail, ddmpfen,
étuver, de dampf, vapeur. — L'opinion de
Bugge quant à l'origine ix)mane de Tall.
stube a trouvé des contradicteui^, et je crois
que les formes avec /"radical doivent êti*e
séparées de celles avec v. Ex-tufare peut avoir
donné étouffer (v. c. m ), mais non pas étuver.
ÉTTMOLOOIE, gr. iru^toloy^K, subst. abstrait
de 2ruyuio/o'/o{ =* qui s'occu|îe de l'irv/tov, subst.
adjectival, exprimant chez les Grecs la vraie
signification d'un mot d'après son origine
(ÎTwjuioî, vrai, pur). « L'étymologie, qui s'oc-
cupe de l'origine des mots, est api)elée par
Cicéron notatio, parce qu'elle est désignée
chez Aristote .sous le nom de »w/*69lov, qui veut
dire signe, car il se défie du mot veriîoquium,
qu'il a créé lui-même et qui est la traduction
littérale de iru/£9>oy{x. D'autres, qui se sont
attachés au sens virtuel du mot, l'appellent
oi*iginatio, » Quintilien, I, 6. — D. étymolo
gique, -iser, -iste.
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ÉVA
— 201 —
EX
SU, part, passé de avoir, anc. eii ; e repré-
sente le radical hab, u la terminaison utus
(cp. su s=3 L. barb. sap-utus, dtX = deb-titus).
EUGHABISTH, L. eucharisHa, du gr.
vjx^piTFlx, pr. actions do grâces (de lùx^/sivroa,
reconnaissant] ; les pores ds l'Eglise ont appli-
qué le mot & la sainte Cène ; dans la suite, ce
nom abstrait d'un acte est devenu concret et
signifie le saint sacrement. — D. eucharis-
tique.
SUCOLOGE, gr. lOxo^oV^^vC^^^^) =" recueil
de prières (aùxii).
BUFRAISB, plante, du gr. tùfpx^lx, gaité.
EUNUQUE, gr. lùvoi^of, castrat ; sens éty-
mologique : gardien du Ut (svviS -]- ixe»).
SUPHÉiaSMB, gr. tù^-nfutixài, emploi d'un
terme plus agréable à entendre pour une
chose qui ne l'est pas en réalité (de l'adj.
fvf>i/to«, bien sonnant ; su, bien, ^li/uiïi, parole).
EUPHONIE, |gr. sOpuvfa, subst. de sûpuvo,-,
qui sonne ou qui parle bien (iv, bien, ^oivii,
voix). — D. euphonique.
EUX, anc. els, plur. de eV, il. Dans la
langue d'oïl, on trouve aussi les formes ah,
els, aus, eus, iaux.
ÉVACUER, L. ctacuare (de vacuus, vide).
ÉVADER (S'), L. ecadere, litt. s'en aller;
du supin evasum : subst. évasion (L. evasio),
adj. évasif.
ÉVAGATION, L. eoagaiio (vagari).
ÉVALUER, dér. do value, subst. participai
de valoir. — D. évaluation.
ÉVANGILE, du gr. sOayytliQv, bon message.
— D. évanffélique, -iser (-f^siv), -iste (-cïrr,^).
ÉVANOUIR (S*), esvanouir, vfr. aussi esva-
nir et envanir, prov. esvanuir, it. svanire
(présent svanisco). C'est le L. ex-vancsccre,
dans lequel le français a intercalé une espèce
de suffixe ou, comme dans épanouir et vfr.
ey\genouir, engendrer. Quant à la raison de
cette singulière intercalation, Gachet et To-
Wer, approuvés par Diez, y voient un effet de
l'ancien parfait latin en ui. La langue romane
avant emprunté tout d'une pièce les formes
latines ingéniât, ecanuit en faisant ettgenouis,
esvoiiouis, on en a déduit des infinitifs d'une
façon analogue. Par assimilation, on a traité
le verbe épanir (p. épandir) à la manière de
csvanir^ et on lui a donné au prêt. déf. la
forme épanouis. Car il faut bien insister sur
ce point que les verbes en question présentent
d'abord un infinitif en ir, et que c'est le par-
fait en oui qui a déterminé une nouvelle forme
verbale en ouir, — D'intéressants détails sur
les circonstances qui ont fait naitre les verbes
en ouir ont été donnés par Suchicr dans
Ztschr., VI, 437.
ÉVAPORER, L. etaporare (vapor).
ÉVASER, élargir une chose circulairement,
à la façon d'un vase, dont la largeur va en
augmentant jusqu'à son ouverture. — Ce verbe
moderne évaser doit être séparé, je pense, de
l'ancien esvaser (voy. Godefroy), qui signifiait
s'ébouler, fig. trouver une échappatoire (=
c-vasare*, de evadere, sortir des fondements?)
Toutefois il se peut que esvaser = s'ébouler
soit une variété de envaser (de vase, fém.).
ÉVASIF, EVASION, voy. évader.
ÉVECHÉ, voy. évéque.
ÉVEILLER, esveiller', => L. ex-vigilare,
mais avec une signification factitive. — D.
éveil; c^s. réveiller.
ÉVÉNEMENT, it. evenimento, mot dérivé
du L. evenire, d'après le précédent de acéne-
moxt. Le subst. latin eventum, chose arrivée,
est resté dans Tit. evcnto, angl. event. On
trouve dans l'Art poétique de Vauquelin de
LaFresnayo, poète qui florissait sous Henri III,
plusieurs fois le mot évent p. événement.
L'iiomonyme évent de éve}Uer n'a pas permis
à ce terme de se fixer. A la foiTne L. eve}itus,
gén. 'US, se rattache l'adj. fr. éventuel (pour
lequel Rousseau s'est permis éventif).
ÉVENTAIL, voy. éventer.
ÉVENTER, mettre au vent, faire du vent,
donner de l'air, cp. L. eventilare, que l'it. a
conservé sous la forme sventolare et que la
langue d'oïl possédait également sous la forme
s*esventele7\ — D. ^twi/ (subst. verbal); éven-
tail (« prov. ventalh, it. ventaglio); éventoir.
ÉVENTRER, ouvrir le voUre. Mot du
XVI* siècle, qui & la lettre dit « priver du
ventre ».
ÉVENTUEL, voy. événement. — D. éven-
tualité.
ÉVEQUE, évesque*, du L. cpiscopus, gr.
inhxono;, litt. surveillant, inspecteur. Le mot
episcopus, par l'aphérèse de la syllabe initiale,
adonné vfr., prov. vesque, it. vescoto, néerl.
bisschop, angl. bishop, all.bischof. Au dérivé
latin episcopatus se rapportent : 1. episcopat,
terme savant ; 2. évéché, vfr. cvesquiet (formé
comme œmté, duché de comte, duc). Cps. ar-
clievéque (y. c. m.).
ÉVERSION, L. eversio (de cvetHere, ren-
venier).
ÉVERTUER (S'), vfr, ïesvertuer, prov. es-
vert udar, de vertu (dans le sens de vigueur),
comme s'efforcer de force, vfr. s'csvigorer de
vigueur. Gachet rappelle le vieux terme fr. se
resvertue}*, et prov. revertusar = reprendre
courage.
ÉVICTION, action d'évincer, L. evictio, de
evincere, pr. vaincre complètement.
ÉVIDENT, -ENOE, L, evidens, -entia (vi-
derc).
ÉVDER = vide7': le préfixe ajoute l'idée
du mouvement du dedans au dehors, qui s'at-
tacho à l'opération désignée jmr le verbe.
ÉVIER, du vfr. ùve, eau, voy. sous aiguë.
ÉVINCER, L. e-vincere, voy. éviction.
ÉVITER, L. e-vitare.
ÉVOLUTION, L. e-volutio (de evolvere, dé-
rouler, déployer). Les écrivains militaires en
ont dégagé le verbe évolua^ qui d'ailleurs
répond fort bien à un fréq. latin evoliUarc,
d'où aussi le t. de zoologie : coquilles évolu-
iées.
ÉVOQUER, L. e-vocare. = D. évocation.
ÉVULSION, L. evulsio, du L. e-vellere, arra-
cher, par le supin e-vulsum, d'où aussi l'ac^.
évulsif.
EX, imrticule latine dont le sens premier
est hors. En tant qu'élément de composition.
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EXC
— 202
EXH
la langue française se l'est appropriée sons la
forme es, plus tard é (voy. é-). Le» composés
qui ont conservé la forme ex appartiennent à
ce que nous appelons le fonds savant de la
langue. Dans les temps modernes, on a beau-
coup appliqué le préfixe ex & des substantifs
marquant une condition, une qualification,
un emploi, pour indiquer que cette condi-
tion, etc. , se rapporte à des temps passés, que
la personne en question ne la possède plus,
p. ex. ex-roi, ex-prétre, etc.
EXACT, L. exadiis, m. s. (exigere), — D.
exactitude, façonné d'après rectitude, etc.
« Cest un mot que j'ai vu naitre comme un
monstre contre qui tout le monde s'écriait »
(Vaugelas).
EXAGTEUR, -TION, L. exactor, -tio, m. s.
EXAGÉRER, L. ex-aggerare (agger), pr.
élever par des terres rapportées, hausser,
amonceler. Notez le sens actif du part, exagéré
(cp. exalté =» qui exalte).
EXALTER, L. exaltare, hausser, élever.
Le fr. a prêté au mot des significations de
l'ordre moral toutes particulières. — D, exah
tation.
EXAMEN, it. esame, du L. examen. Le mot
latin a deux sens principaux : 1. essaim
(v. c. m,); 2. la languette ou aiguille de la
balance qui sert à mesurer, é ex-igere, c'est-
à-dire dégager le vrai. C'est du dernier que
se déduit le sous-sens épreuve, contrôle. Le
même primitif lat. exigere, mesurer, peser, a
aussi produit le BL. exagium, mesurage, d'où
essai (v, c. m.). — D. examUier, L. exami-
nare.
EXASPÉRER, L. ex-asperare (asper), irriter.
EXAUCER» p. exaiisser, vfr. e^halcer, essai-
cet y essaucier, prov. eissaitssar, esp. ensalsar
Le mot exaucer, étymologiquemeut, n'est
qu'une variété orthographique de exJiaiisser ;
tous deiix signifient élever, l'un au propre,
l'autre au figui^, et répondent à un type iktin
exaUare, ou plutôt exaltiare. Exaucer une
prière, c'est la relever, terme métaphorique
pour « l'accueillir favorablement »» .
EXC AVER, L. eX'Ca;care (de caous, creux).
EXCÉDER, L. ex-cedere, outrepasser. —
D. excédant. — Du supin latin excessum
viennent : subst. excessus, action de dépas-
ser la limite voulue, fr. excès, puis l'adj.
excessif.
EXCELLER, L. excellere (pr. s'élever, cp.
excelsxis). — D. excellent, -ence, L. excellens,
excellentia.
EXCENTRIQUE, du L. ex centra, hors du
centre, opp. de concentrique. — D. excentri-
cité.
EXCEPTER, L. ex<eptare, fréq. de ex-
cipere, litt. prendre hors, ôter, enlever. — D.
excepté, logiquement égal à hormis (= hors
mis). — La forme primitive excipere est restée
dans le langage du palais sous la forme exci-
per, alléguer^ou opposer une exception. Du
supin exceptum : subst. exceptio, fr. excep-
tion, d'où exceptionnel.
EXCÈS» EXCESSIF, voy. excéder.
BXdPER, voy. excepter.
EXCITER, L. exeitare, fréq. do eaxiêre,
pr. appeler hors, provoquer.
EXCLAMER, L. eohclamare.
EXCLURE, L. excludere (claudere); du
supin exclusiim : subst. exdusio, fr. ^xHu-
sion, cp. ail. atts-schluss (de schliessen, fer-
mer), adj. exclusif. — Voy. aussi édort.
EXCOMMUNIER, vfr. esoomenier, du L.
d'église excommunicare, mettre hors de la
communion de l'Eglise. — D. excommuni-
cation.
EXCORIER, L. excoriare, enlever la peau
{corium).
EXCORTICATION, subst. du verbe L. ex-
corticarc, primitif d'ocorc/t^r (v. c. m.).
EXCRuENT, L. excreme^Uum^ (de eoxser-
ncre, séparer). — Excrétion, excréter sont
des dérivés de excretum, supin du même verbe
ex<ernere.
EXCROISSANCE, du L. cx-erescentia,
(Pline), m. s. L'ancien verbe escroistre était
synonyme de accroître.
EXCURSION, L. excursio (ex-currere).
EXCUSER, L. excusare (causa), litt. mettre
hors de cause, cp. disculper, mettre hors de
coulpe. — D. subst. verbal excuse.
EXEAT, mot latin, = qu'il s'en ulle
(3* pers. du prés. subj. de cxire).
EXÉCRER, L. ex'Secrare (sacor), maudire.
EXÉCUTER, L. ex-secutare *, fîréq. de ex-
sequi, poursuivre jusqu'au bout, achever, exé-
cuter. — Dérivés du supin ex-secutum (de
eX'Seqid) : subst. exécution, L. exsecutio,
exécuteur, L. exsecutor, adj. exécutif, exécu-
toire.
EXÉGÈSE, gr. U^'/>7»;» interprétation; exé-
gète, «Ç»j'iot»î;; exégetique, cÇ^yi^rtxo^.
KEMPLE, it. esempio, du L. exemplum.
(dér. de ex-imere, prendre hors), pr. échan-
tillon, modèle. — D. exemplaire, subst.,
= L. exemplar, modèle, type; exemplaire,
a^j., = L. exemplaris.
EXEMPT, L. exemptus, partie, de eximere,
prendre hors, excepter, dispenser; exempt
tion, L. cxcmptio ; exempter, rendre exempt.
EXÉQUATUR, p. exsequatur, mot latin
signifiant « qu'il exécute, qu'il exerce »
(3* pers. du subj. prés, de exsequi, exécuter).
EXERCER, L. exercere (arcere) ; EXBRacB,
L. exercitium,
EXERGUE, it. esergo, du gr. îÇt^/o» (inu-
sité) = hors d'œuvre ; l'exergue, dit Domergue,
est un espace ménagé hors de l'o'dvrage, hors
du type, au bas de la médaille.
EXFOLIER (S'), L. ex-foliare (folium).
EXHALER, L. ex-lialare, faire sortir par
le souffle, rendre sous forme de vapeur. — D.
exhalaison et exhalation, L. exhalationem.
EXHAUSSER, — ex-{-hausser, voy. exau-
cer et hausser. Exhausser est une compo-
sition produite sous l'infiuenoe du L. ex-
altare.
EXHÉRÉDER, L. exhceredare, déshériter.
EXHIBER, montrer, L. ex-hihere (habere),
litt. tenir hors, cp. le terme ex-poser; du
supin exhibitura : subst. exhibitio, îr. exhi-
bition.
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EXP
— 203 —
EXP
SZHORTXR, L. eœ-hortari. — L'ancienne
langue employait, dans le même sens, le eom-
pogéewor^, du L. inkortari,
IZHUMKR, L. eœ humarê *, tirer de terre,
eœhumo; opp. de inhumer,
KKIOIR, L. ex-igere, litt. tirer hors, de là
faire payer, puis réclamer comme dû. — D.
eacigeoMty exigence, exigible,
EXIGU, L. exiguus, strict, étroit, faible, etc.
— D. exiguïté, L, exiguitas.
EXIL, vfr. eissil (cp. vfr. eissir, auj. issir,
deexire), du L exiUum,p,ex^ilium, dérivé
de exsul, banni. — D. ea^ler,
EXISTER, L. eX'Sistere, — D. existence,
EXODE, gr. iloioi^ sortie ; nom du ^ des
cinq livres de Moïse, qui raconte la sortie des
Israélites hors du pays d'Egypte.
EXOniE, BL. exonium, vfr. essogne, excuse,
▼oy. l'art, besogne.
EXONÉRER, L. exonerare, litt. décharger.
EXORABIiE, L. ex-orabilis, qui se laisse
fléchir par des prières. L'opposé inexorable
est plus souvent employé.
EXORBITANT, du L. exorbitare, sortir de
VorbUe, dévier.
EXORCISER, L. exorcisare, du gr. HtpAluit
(Jpxof, serment) = conjurer. — D. exorcisme,
'iste, gr. i^op*i7fi9i, -tTTT,;,
EXORBE. L. exordium (de ordiri, ourdir).
EXOSTOSE, gr. èÇo^rw^i; («yriov, Os).
EXOTIQUE, L. exoticus, gr. U^rixo;, de fÇw,
dehors ; cp. L. extraneiis, de extra:
EXPANSION, L. expansio; adj. expansible,
expatisif. Du L. expansiim, supin de expan-
dere^ fr. épandre, étendre, dilater, épancher.
EXPATRIER, it. spatriare, BL. expatriare,
a patria recedere, de ex patria, loin de la
patrie. Ce verbe, comme son antonyme rapa-
trier, est actif aujourd'hui ; le sens neutre est
rendu par la forme réfléchie s*expatrier,
EXPBOTANT, -ATIP, -ATIVB, du L. ex-
spectare (fréq. de ex-spicere), attendre.
EXPECTORER, L. ex-pectorare (de pectus,
-pris, poitrine), litt. faire sortir de la poitrine.
EXPEDIER, d'un type expeditare, fréq. de
expedire, débarrasser, débrouiller, délivrer,
mener à fin. — expédient, adj et subst. du
L. expedietis, panic. de expedii^e, au sons
impersonnel « être avantageux • . — expédi-
tion, 1. action d'expédier, 2. préparatifs
militaires, L. expeditio; de là adj. expédi-
tionnaire; expédia f, qui expédie prompte-
ment; expéditeur, =5 ail. spediteur (de Tit.
spedire).
EXPÉRIENCE, L. expericntia, du verbe
expereri, éprouver, faire l'essai. De ce verbe
viennent encore, par le part, expertus, l'a^j.
expert, et par le sub.«5t. experimertum, essai,
l'adj. expérimental et le verbe expérimenter.
EXPERT, voy. expérience. — D. expertise,
d'où expertiser,
EXPIER, L. expiare (pius), m. s.
EXPIRER, L. ex-spirare, 1 . rendre l'air
aspiré; 2. cesser de respirer, rendre Tàme;
3. cesser en général, échoir. — D. expiration,
\ . action de rendre l'air aspiré ; 2. échéance.
EXPLÉTIF, L. expletivus (de expiere).
EXPLIQUER, L. ex-plicare, litt. déployer,
développer. — Du part, latin expHdtus =
expUcatus, vient le terme savant expliciie, pr.
déployé, d'où clair, distinct, opp. de impli-
cite,
EXPLOIT, esphif, prov. espleit, esplee,
subst. verbal de exploiter, ptx)v. espleitar,
espîech4ir. Ce verbe répond correctement au
type explicitare, fréquentatif de expUoare,
débrouiller, expédier, exécuter une affaire
(cp. en latin « peto a te, ut ejus negotia ex-
plices et expédias •» Cic, Fam , 13, 26, et
« his explicitis rébus », Caes. B. O. 3, 75); il
s'y est attaché l'idée d'une exécution prompte
et vigoureuf^e, et subsidiairement celle d'un
travail fait avec fniit. On comprend, par ce
développement de signification, les acceptions
militaire et judiciaire qu'a prises avec le temps
le terme exploit. Au fond de l'une, il y a l'idée
d'accomplissement, d'exécution ; au fond de
l'auti'e, celle d'exposé, de signification, en vue
d'exécution. Le passage de Cicéron cité ci-
dessus établit fort bien la synonymie des deux
mots fr. exploit et expédition, tant comme
termes militaires que comme termes judi-
ciaires. — En vfr., on trouve la forme s'es-
ployer p. se presser ; c'est bien encore là le
L. explicare au sens de expedire. Quant à la
locution vfr. à esploit, promptement, prov. a
espleit, a espleg, elle découle directement du
sens « délié, dégagé, libre dans ses mouve-
ments », propre déjà au L. explicitus. — Il
est hors de doute que le L. explicare, part.
explicitus, est la seule étymologie (déjà pro-
posée par Ménage) qui puisse satisfaire au
point de vue tant de la forme que des accep-
tions diverses des mots exploit et exploiter.
Ce verbe se rencontre aussi en vfr. sous la
forme espleiter esploiter et avec le sens de
faire une chose à espleit, promptement. Nous
rejetons positivement comme impossibles les
explications par explere (Génin) ou par cxpla-
citare (Bescherelle).
EXPLOITER, voy. l'art, préc.
EXPLORER, L. explware.
EXPLOSION, L. explosio, subst. du verbe
explodere (plaudere), rejeter un acteur en bat-
tant des mains, le siffler, fig. chasser, con-
damner. La langue moderne a attaché au mot
explosion, et aux a^j. explosif, explosible, le
sens général de commotion violente, accompa-
gnée de bruit, de détonation ; fig. manifestation
bniyante d'un sentiment,
EXPORTER, L. ex-portare.
EXPOSER, de ex + poseï; par analogie
avec L. ex-ponere, dont le verbe fr. a conservé
tous les sens. L'anc. langue avait régulière-
ment francisé le mot latin par espondre. —
Expositeur, -ition, L. expositor, -itio.
EXPRÉS, voy. exprimer.
EXPRIMER, 1. presser hors (dans ce sens
nous avons la forme plus française «5pr«>idre);
2. énoncer, expliquer ; du L. ex-primere, cp.
ail. ausdrOcken. — D. exprimable, inexpri-
mable. — Du supin expressum dérivent :
exprès, L. expressus = distinct, clair, for-
mel ; expression, L. expi^essio ; expressif.
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FAB
— 204 —
FAC
SXPROPRIER, BL. expr&priare, quod ali-
cul proprium est auferre, donc •= déposséder.
EXPULSER, L. expidsare, fréq. de expel-
1ère, dont le supin expulsum a donné : expul-
sion, L. ezpulsio, expulsif et expiilseiir. —
Expnhrice vient du L. expxiUrix, lequel dé
rive d'une fonne do supin expultitm,
EXPUROER. L. ex'purgare, émonder.
EXQUIS, p. esquist, it. squisito, angl. ex-
quisite, du L. ex-quWUiis, pr. recherché,
choisi.
EXSANGUE, privé de sang, L. ex-sanguis.
Montaigne a dit : « des paroles si exsangues,
si descharnées,sivuidesdc matière et de sens. ••
EXSUGGION, L. ex-suctio (exsugere).
EXSUDER, L. ex'sudare, litt. suer hors.
EXTASE, L. ecstasis, du gr. (X9T«fft{ (ilit-
TtTjBti), litt. déplacement (au propre et au moral),
dérangement d'esprit, ravissement, enthou-
siasme, folie, aussi pâmoison ; verbe s'extasier.
Do l'adij. Levrarixo; : îv. extatique. Les mots
fr. ravisseme^it [àe ravir), ail. verriickt, fou,
néerl. ver)*uc?U = ravi, présentent le même
trope.
EXTENSION, L. extensio; extensif, L. ex-
tensivus; extensible; tous àeexlensum, supin
de exteiîdere, étendre.
EXTÉNUER, L. extenuare (tenuis).
EXTÉRIEUR, L. exterior, comparatif de
eo.^erus.
EXTERMINER, L. exterminare (terminus),
litt. chas.ser loin des frontières. Pour la filia-
tion des idées expulser et détruire, cp. le vfr.
rssillier^ pr. exiler, bannir, puis ravager, dé-
truire, exterminer.
EXTERNE, L. exle^-mis (exter). — D. ex-
ternat,
EXTINCTION, L. exstinctio, du verbe ex-
slinguere (■« fr. éteindre), d'où encore in-cx-
tinguible,
EXTIRPER, vfr. estreper, du L.ex-stirpare
(stirps), arracher avec la racine, et arracher
les racines dans un champ.
EXTORQUER (mot savant p.Vsmc.estordre),
L. ex-torquere, pr. tordre hors des mains de
qqn., fig. obtenir par violence; du supin
cxtorsum : swh&t, extorsio, fr. extorsion, d'où
extorsionnaire,
EXTRA, adv. et prép. latine (=■ exterà de
exiei^), signifiant en dehors. Nous en avons
fait un substantif dans •• faire un extra *>,
faire quelque chose en dehors de la coutume.
Le sens « hors, outre •, propre à extin dans les
compositions latines, lui a aussi été appUqué
dans quelques compositions du cru roman, p.
ex. extravaguer, extravaser. Il marque supé-
riorité dans extra- fin,
EXTRACTION, L. ex tractio {ex trahere =
fr. extraire).
EXTRADER (néologisme), du L. ex-tradere ;
extradition, L. extraditio.
EXTRADOS, surface extérieure d'une voûte,
du L. extra dorsiim,
EXTRAIRE, vfr. estraire, L. extrahere;
^rtïc. extrait = L. extractiis-, de U le subst.
extrait.
EXTRAORDINAIRE, L. extra-ordinarius.
EXTRAVAGUER, errer au delà des idées
raisonnables, L. extra-vagari (mot non clas-
sique). — D. extravagant, -ance.
EXTRAVASER(S'), sortir, se répandre hors
du vase, — D. extravasation, forme préfé-
rable à extratxision, qui est une abnormité. —
Linguet a employé le mot extravasion dans le
sens de digression; parlant des discussions
du parlement d'Angleterre : « Hommes assez
heureux, dit-il, pour pouvoir influer sur les
opérations du gouvernement, ne perdez pas
dans des extravasions puériles votre temps et
votre enthousiasme. » Mais œ substantif n'a
rien à faire avec extravaser, sortir du vase ; il
répond â un type latin extra-vasio, du verbe
exlra-vada'e, qui est d'une structure et d'une
valeur analogues à celles de di-gredi ou de
exlravagari,
EXTREME, L. extremiis (superlatif de exter).
— D. extrémité, L. extremitius.
EXTRINSÈQUE, de l'adverbe latin extrin-
secus, du ou en dehors.
EXUBÉRANT, -ANCE, L. ex-uberans (de
uber, abondant, riche), -antia.
EXULCÉRBR, L. ex-ulcerare.
EXULTER, L. exsultare, sauter de joie.
EXUTOIRE, du verbe L. cxuere (part, cxu-
ti'.s), litt. tirer dehors, dégager.
EX-VOTO, expression latine, — offrande
faite ex voto, c.-à-d. à la suite d'un vœu.
Les Latins donnaient déjà au substantif oo£u/?i,
par métonymie, le sens d'objet votif (Virgile ;
lustramurquc Jovi votisque incendimus aras).
F
FABLE, it. favola, prov. faula (en esp.
fabla, habla, et port, falla, discours), du L.
fabxUa (de /art, dire), récit, histoire, tradi-
tion, fable. — D. vfr., prov. fablel, d'où fr.
fabliau (cp. vfr. biau, p. bet)\ fablier; verbe
fr. f obier, raconter, parler, it, favolare, favel-
lare, esp. hablar (c'est de l'esp. que nous tenons
lo mot hàbler), prov. faular = L. fabulari.
Dérivés à forme latine : fabuleux, L. fabulo-
sus, fabuliste.
FABRIQUE, L. fabrica. Le sens ecclésiasti-
que attaché au mot fi*, vient du BL. fabrica,
revenus d'une église affectés à son entretien et
aux besoins temporels du culte; de là le subst.
fabricien. — D. fabriquer, L. fabricari; fabri-
cant, -at. — La langue romane a en outre, par
la résolution du b en u et l'orthographe o p.
au, converti fabr'care et fabr*ca en forger,
forge (cp. tabula, fr. tôl-e),
FABULEUX, -ISTE, voy. fable,
FAÇADE, voy. face,
FACE, it. faccia, prov. fatz, fassa, esp. has,
du L. fada p. fades (facere), pr. figure, as-
pect, forme, puis visage, ce qui se présente à
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FAC
— 205
FAI
la vue. — D. façade, extérieur d'un édifice, de
rit. faociata (esp. fachada); facette, pr. petite
face; facer, t. de jeu de cartes; face (aussi
facié), « un homme bien face »; facial; effacer
(v. c. m.); surface,
FAGÉTIS (mot de façon nouvelle), du L.
facetia (facetus). — D. facétieux,
FACITTB, voy. face, — D. facetter,
FÂCHER, fascher\ du prov. fasticar, fasti-
gar, dégoûter (cp. mâcher de masticaré). Le
verbe prov. est dérivé de fastic, fastig^ qui,
conformément au génie de la langue proven-
çale, représente le L. fastidium, dégoût,
aversion, ennui; fâcher, c'est donc pr. donner
du dégoût, de l'ennui. Le L. fastidirc n'a pu
directement donner la forme fâcher, — D.
fâcheux, prov. fastigos\ fâch*nne; cps. se
défâcher,
FAGIENDS, BL. facienda, negotium, litt.
= ce qui est à faire (d'où affaire), puis cabale,
intrigue.
FACILE (mot du fonds savant de la langue,
comme affile, habile), du L. facilis (facere),
litt. faisable. — D. facilité, L. facilitas;
faciliter,
FAÇON, angl. fashion, it. fazione, prov.
faissô, du L. factianem (ûicere), action ou
manière de faire. — D. façonnier; foçonnier;
cps. malfaçon, Voy. aussi faction, forme sa>
vante de factionem,
• FACONDE, vfr faconde, L. facwuiia, Ron-
sard employait aussi l'a^j- facond, L. facioi'
dus.
FAC-SmiLl!, expression latine signifiant
litt. «* fais de même •. — D. fac-similer,
FACTEUR, L. factor (facere), celui qui fait,
qui soigne, etc. — D. factoraffe (aussi factage),
factorerie (mot mal fait) ou factorie,
FACTICE, it. fattisio, L. factitius (facere).
Le même mot latin, en modifiant son sens, a
donné le vfr. faitis, bien fait, gracieux.
FACTIEUX, L. factiosus (factio).
FACTION, parti, L, factio. Ce primitif latin,
pris dans le sens de « accomplissement d'un
service », a également donné le mot faction
dans son acception militaire : soldat en fac-
tion est en quelque sorte équivalent à soldat
en action, en service. — D. factionnaire,
FACTOTUM (expression lutine de facture
moderne), litt. = un fais-tout,
FACTUM, mot latin, ea fait, acte; on lui a
donné le sens de « exposé d'un fait, d'un
litige », puis il est devenu synonyme de
libelle; cp. le mot acte = exposé d'un acte.
FACTURE, vfr. faiture, 1 . manière de faire,
syn. de façon, 2. énumération des choses fai-
tes, compte de marchandises; il se peut cepen-
dant que ce deuxième sens découle de celui
qu'avait pris factura au moyen âge, savoir le
prix d'nn travail; du L. factura (facere), façon,
confection. — D. facturer,
FACULTÉ, puissance physique ou morale
d'agir, du L. facidtas (de facul, dér. àe facere).
Le terme faculté désignant les divisions éta-
blies, dans le corps universitaire, suivant les
principales branches de l'enseignement, se
rattache à l'expression facilitas doccndi, li-
cence d'enseigner telle ou telle science. Tous
ceux qui ont obtenu cette licence spécialisée
ont plus tard été compris sous le nom collec-
tif de faculté. — D. facultatif, pr. laissant la
faculté de faire ou de ne pas faire.
FADE, prov. fat (it. fado est un emprunt au
français), du L. fatuus, fade, sans goût, sot
(pour la chute de u, cp. videdemduus, prov.
vacs de vacuus), Gaston Paris, n'admettant
pas que le t de fatuus (qui équivaut à fatvus)
puisse s'aflaiblir en d, n'accepte ce primitif
que pour le mot fr. fat, sot, niais, et assigne
à Tadj. fade, pour origine, le L. vapidus, éva-
poré, éventé, gâté. Ce qui gêne dans cette
étymologie, d'ailleurs très plausible (cp. sa-
pidus, sade', rapidus. rade', c'est l'imtiale c
durcie en f, qui n'est constatée que dans un
seul autre cas, savoir L. vicem, fr. fois, /îc*.
Le scrupule qui fait rejeter à M. Paris l'étym.
fatuus est fondé, mais on peut le faire dispa-
raître sans difficulté. Fatuus a donné d'abord
le masc. fat; ce masc, ensuite, selon les rè-
gles, a dégagé le féminin fade, lequel féminin
s'est substitué au masculin, comme la forme
roide, féminin de roit', s'est fixée pour les
deux genres. — D. fadeur, fadaise (vfr.
fadessr); adj. fadasse,
FAONE, ou faif/nc, dans les Ardennes, clai-
rière marécageuse dans les bois. C'est le même
mot que fange {v, c, m.); cp. le wallon s'èfanii^
s'embourber.
FAQOT, aussi faguette^ it. fagotto, esp.
fogoie, angl. faggot. Ces mots ne viennent pas
de fagiis, hêtre, qui aurait fait en fr. fagot,
mais du L. fax (thème fac), dont le sens pri-
mitif est faisceau de petit bois (cp. gr. fxxiXoq,
fasciculus). Ce primitif fax •= faisceau parait
s'être conservé dans le valaque hoc =■ fagot
îfagus, hêtre, fait dans cette langue fag). Nicot
pensait à fascis en disant • fagot, quasi un fas-
cot » Los Italiens ont nommé l'instrument
dit basson fagotto (d'où ail. fagott), parce que,
après lavoir démonté, les diverses pièces sont
réunies en forme de fagot. — D. fagoter, met-
tre en fagot, fig. arranger, et surtout mal
arranger, mal vêtir (cp. l'expr. • cet homme
est habillé comme un fagot »); fagot in.
FAGOTER, voy. fagot.-— D.fagotage, -aille,
-eur; cps. enfagoter.
FAOIFENAS, odeur de sueur « telle que celle
d'un crocheteur échauffé ». De la Monnoye y
voit un dérivé de faquin, portefaix. — Selon
Bugge (Rom., lU, 147), c'est une métathèso
de fanegas, auquel il donne pour primitif lo
vha. fnehan, mha. phnelien, « anholare »,
bavarois pfnechen, d'où j^piâckeln, « puer »,
subst. pfnàkeln, « odeur rebutante » . L'initiale
/>! francisée par fan (cp. hanap), et l'aspirée
h remplacée en fr. par un g sont conformes aux
règles. Mais comment ce mot nouveau aurait-
il était cherché chez les Allemands?
FAIBLE, FOIBLE, vfr. floihle, floibe, it.
fiecole, esp., prov. feble, port, feàre, du L.
flebilis, déplorable, qui est à plaindre, misé-
rable. L'allemand schtoach, faible, a signifié
également en premier lieu flebilis, miser, et
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FAI
— 206 —
FA(
dans la même langue, vo€nig, parcus, pauois,
vient de vmnen, pleurer, et a pour sens fon-
cier « déplorable ••; notre chéHf n*9st non
plus au fond que captif, misérable. — D. fai-
blesse; faiblir, a/faiblir,
FAÏKNGS, sorte de poterie recouverte d'un
vernis, £gLbriquée d'abord & Faënza, d*où le
mot.
1. FAILLE (dans l'ancienne locution sans
faille et comme t. de géologie, endroit où
la roche faut), subst. verbal de faillir,
2. FAILLE, étoffe de soie noire à gros
grains, fabriquée en Flandre; vêtement de
tête des bourgeoises flamandes; flam. falie.
La faille est, dit-on, un vêtement introduit par
les Espagnols; ne serait-ce donc pas l'esp.
falla, sorte de chaperon que portaient les
femmes espagnoles? Tout en admettant l'iden-
tité de l'esp. falla avec notre mot faille, on
ne doit pas négliger le fait que faille était en
cours dans la langue française longtemps
avant l'arrivée des Espagnols dans les Pays-
Bas; dans le Gloss. de Douai, il traduit L.
paniula, manteau à capuchon.
3. FAILLE, ancien mot, encore usuel dans
les dialectes, torche, du L. facula, m. s.
FAILLIR, manquer, it. fallire, anc. esp.
faUir, falir; du L. fallere au sens de man-
quer à, ne pas répondre à. On sait que le L.
fallere comme le gr. »?> àiisiv signifient éty-
mologiquement tomber ou faire tomber et
sont congénères avec Tall. fallen, tomber, et
peut-être avec fehlen, manquer. — D. faille,
prov. falha, manque, faute; failli, qui a
manqué à ses engagements ; faillite, BL. fal-
\\iBL\ faillible, infaillible; faillibilité, infail-
libilité; cps. défaillir, — Outre la forme en
ir, le L. fallere a donné au fr. une forme en
re et en oir, savoir falloir, vfr. faldre, faudre,
employé impersonnellement, avec le sens de
faire défaut, de là : être nécessaire, cp. en L.
fàllit me, cela m'échappe, me fait défaut. Une
forme fréq. fallitare a donné les verbes it.
faltare, esp., port., prov. faltar, manquer ;
c'est de là que proviennent les subst. verbaux
it., esp., port, falta, fr. faute, et le composé
diffalta, prov. de fauta, vfr. dbfaute (auj.
défaut).
FAILLITE, voy. faillir.
FAIM, prov. fam, it. famé, du L. famés. —
D. fami?ie (d'un type famina), affamé.
FADI-VALLS, faim excessive, composé de
faim et du celto -breton ^loa//, mauvais. Cette
étymologie, corroborée par l'expression ana-
logue maie- faim, explique aussi les formes
accessoires faim-galle^ faim-calU et fraim-
galle, fringale. Ménage y voyait une faim de
cheval; Nodier une famés valida; conjectures
insoutenables.
FAINE, contraction du vfrT faïm, en picard
faigne, de l'a^j. fagineus, àefagus, hêtre. —
O. f aînée, récolte des faines.
FAINÉANT, qui fait néant; cp. le terme
vaurieti, et l'it. farniente, le rien-faire, la
douce oisivité. Une expression analogue est le
vieux mot faitard =■ qui tard fait, paresseux.
— D. fainéanter, fainéantise (Montaigne disait
fainéanee). — Il faut distinguer, comme l'ob-
serve fort bien Génin, le mot fcUnéani, « qui
ne Eût rien », de feignant, mot populaire,
signifiant « qui ne va pas de tout cœur au
travail, ou plutôt qui, n'osant pas avouer sa
paresse, accepte le travail sans le rechercher ».
Ce feignant-làk vient de se feindre, héetter,
faire difficulté, se soustraire au travail. Un
terme analogue est Fit. infingardo.
FAIRE, L. facere, fac're (cp. taire, plaire
de tac*re, plac*re} ; de là fait, L. £actum ; fai-
sable, faiseur, faisances; cps. affaire {y. c. m.),
bienfaire * (voy. bien), contrefaire, défaire,
for faire, mal faire, mé faire, refaire, satis-
faire, surfaire (voy. ces mots).
FAISAN, anc, avec un ( adventice, faisant,
fém. faisande et faisane, angl. pkeasant, it.
fagiano; du L. pluisianus, gr. ^xvt«y«{, litt.
oiseau du Phase. — D. faisandeau, faisan-
der, faisandier, -erie, se rattachant tous A.
l'ancienne terminaison en ont).
1. FAISANDIER, qui tient une faisanderie,
de faisan,
2. FAISANDIER, dans les Landes, métayer
de passage, du BL. facie^ida, métairie. Le
même mot latin, pr. choses à faire, a dégagé
les sens « affaire, exploitation, terres à ex-
ploiter, biens », inhérents à l'it. faccenda,
port., prov. fazenda, esp. hacienda, fr. fa-
ciende (v. c. m.). Cp. prov. afar, pr. aflaire,^
puis métairie, domaine.
FAISCEAU, faiscel \ faissel ', du L. fas-
cellus, p. fasciculus, dim. de fascis, fr, faix,
FAISEUR, qui fait. Littré ramène vfr. fai-
sière (nom.) et faiseor (accus.), je ne sais com-
ment, à un type factatôrem ; à la vérité, il ne
peut provenir du L. factorem, mais il y a une
ressource pour l'expliquer sans recourir à des
moyens forcés. Le suffixe fr. éeur, d'où eur
(= L. atôrem, itôrem), s'est appliqué au thème
fais, qui représente le lat. foc devant une
voyelle (le e devenant sifflant), tout aussi natu-
rellement que able dans faisable, ons, oie
dans faisons, faisoie ". Cp. liseur, du thème
lis, de lire «« légère, confiseur de confire.
L'anc. faiseor ne peut représenter que la
forme théorique facitôt'em; factatôrem répond
à vfr. faiteor.
FAISSE, L. fascia, lien, bande. — D. fais-
ser, faissier (vannier), faisserie.
FAISSELLE, du L. fiscella, petit panier de
jonc, dim. de fiscus, — Cp. féchelle.
FAIT, L. foetus ou factum, voy. faire,
FAITARD, voy. fainéant.
FAITE, faisle \ vfr. aussi fest, festre; selon
Diez, du L. fastigium, mais cet original ne
s'accommode guère, puisqu'il porte l'accent
sur ti, à moins de présumer un déplacement
de l'accent sur la première syllabe; il n'ex-
pliquerait pas non plus la forme vfr. faîste
que suppose le linguiste cité. D'autre part,
une forme latine fastum, telle que la propose
Littré comme radical de fastigium, appelle-
rait faste, et non pas faiste. J'admettrais éopc
plutôt un type faslium comme intermédiaire
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FAL
— 207 —
FAN
entre faaiiffium et faiste. En Suisse, on dit
frète ifreste); Vr peut être euphonique, mais
n'y aurait-il pas Ûeu de rapporter cette forme
à Tall. first, sommet, faite? — D. faitasfe,
fattière, enfatter, — Cet article était depuis
longtemps textuellement rédigé comme ci-
dessus, quand parut le premier cahier de la
Remania, où Gaston Paris, par une démons-
tration historique et phonologique irrécu-
sable, a placé î'étjm. first au-dessus de tout
doute. Il résulte de scfa étude approfondie que
les formes constantes de Tancienne langue
étaient fest (masc.) et feste (fém.) et que Texis-
tence d'une forme faïste n'est aucunement
assurée. Ajoutez-y à l'appui les formes an-
ciennes festre, freste,
FAIX, prov. fais, it. fascio, esp. haz, du L.
fascis, faisceau, paquet, charge. — D. affais-
ser (v. cm.). Voy. aussi faisceau.
FALAISE, vfr. falise, faJoise, BL. falesia,
du vha. felisa (forme masc. feh), rocher. —
D. falaiser.
FALBALA, de même en it., esp., port., en
esp. aussi farfala, dial. it. de Crémone et de
Parme frambàla, piémont. farabala, en Hai-
naut farbala, ail. falbel. On a, sur ce mot, qui
date du temps de Louis XIV et qui est syno-
nyme de ce que nos dames appellent de nos
jours un volant, diverses étymologies anecdo-
tiques que nous passons sous silence comme
n'offrant aucune probabilité. Le Duchat le
rapporte à l'aU. faldplat, «qui signifie, selon
Leibnitz, jupe plissée », mais ce mot est in-
connu aux Allemands. Johanneau voit dans
falbala l'angl. fiirbeloio, m. s., composé de
fur, fourrure, et de beloto, en bas. Cette ori-
gine, fort acceptable pour le sens, ne serait
pas plus improbable, sous le rapport de la
conformation littérale, que celle de redingote,
de Tangl. riàingcoat (les termes désignant
des objets de toilette sont particulièrement
exposés à l'altération, surtout en venant d'une
langue aussi peu fixée dans sa prononciation
que l'anglais), mais le mot furbeloto pourrait
bien n'être qu'un arrangement du mot roman,
imaginé pour donner à ce dernier une appa-
rence de sens. MûUer est porté à prendre les
formes avec r, farbala et farfala, pour anté-
tieures aux autres et à les rapporter au mot
roman farfala, papiUon. — Génin fait venir
falbala de Tesp. falda, bord ou pan de robe
(voy. faude), d*oix faldellin, cotillon plissé; il
lui parait • clair ** que falda s'est allongé en
falbala/ — Il est bon de noter que si falbala
date en France du xvii® siècle, Luther s'est
déjà servi de l'ail, falbel dans ses Propos de
table (voy. Grimm).
PALLAOB, L. fallacia (fallere). — D. falla-
cieux.
FALLOIR, voy. faillir.
1 . FALOT, lanterne, it. falô, feu de joie,
du gr. favoi, lanterne, ou de f&poç, phare
(piém. fard, vénit. fana), La mutation des
liquides permet les deux dérivations. Le mot
7af0« est aussi le primitif de fanal,
2. FALOT, plaisant, drôle; cp. it. fcdctico,
fimtasque, capricieux. Origine inconnue. Diez
range it. falotico sous l'art, préc.; le sens
propre serait ainsi « flambant, vacillant. • —
D. faloterie.
1 . FALOURDS, fagot de bûches ; d'origine
inconnue. L'étym. de Nicot, faix lourd, re-
prise par Diez, est contredite par les formes
vehuride, belourde qui se trouvent dans Frois-
sart. Bugge pense que falourde s'est fait de
velourde, mot équivalent (voy. mon Gloss. de
Froissart), sous l'influence de falourde =
bourde. Quant à velourde, belourde, il y voit
le fém. d'un acy. veloiird, qui serait, comme
l'esp. vilordo (— lourd), formé avec la parti-
cule péjorative bis (Rom., IV, 355j.
2. FALOURDE. dans le vfr. et les patois,
bourde, tromperie (d'où falourder, falour-
deur). Est-ce le même mot que le précédent,
pris dans un sens métaphorique ? L'acception
identique que prend fagot, son synonyme,
autorise k l'admettre. D'autres cependant, et
parmi eux Burguy, font de falourde ^=^
bourde une composition analogue à celle de
balourd (v. c. m.), c'est-à-dire fa4ourd {fa de
fore, faire). — Les mots familiers falibourde,
menterie, faligoterie, sottise, niaiserie, faJot,
plaisant, et faribole, p. falibole, nous dispose-
raient à supposer à toutes ces formes une
origine commune. Ont-elles quelque affinité
avec le L. faUere, tromper, vfr. falir, d'où vfr.
falie, faloise, tromperie? Le prov. faular (L.
fabulari), conter des fables, ou même le fr.
fabler, y seraient-ils tout à fait étrangers?
C'est sur quoi nous ne saurions décider. —
Nous ajouterons qu'en Champagne on a le
mot fafelourde, p. mensonge, conte.
3. FALOURDE, hirondelle de mer ; dori-
gine inconnue.
FALQUER, t. de manège, d'où subst. fal-
que; du L. faix, faux, à cause de la courbure
des mouvements du cheval que Ton fait fal-
quer.
FALQUES, t. de marine, aussi fargues, it.
falche, esp. falcas; d'origine inconnue.
FALSIFIER, L. falsificare. — D. falsifica-
tion, falsificateur.
FALTRANK, mot allemand, boisson (trank)
pour les chutes {fall).
FALUN, terre coquillière; étymologie in-
connue ; d'après Littré, de l'ail, fahl, angl.
fallow, gris cendré, à cause de la couleur du
terrain felunier. — D. faluner, falunière.
FAME, vfr. aussi faume, L. fama. — D.
famé, L. famatus; fameux, prov. famos, L.
famosus. Voy. aussi infâme.
FAMiSJQUE, L. famelicus (famés); le vfr.
disait fameleux, fameilleux ; en t. de faucon-
nerie on dit encore familleux.
FAMEUX, voy. famé.
FAMILLE, L. familia (famul); familier, h,
familiaris, d'où familiarité, L. -itas, verbe
familiariser,
FAMINE, voy. fcdm,
FANAL, it. fanaie, voy. falot 1.
FANATIQUE, L. fanaticus, inspiré des
dieux (de fanum, temple). — D. fanatisme,
fanatiser,
FANGHON, objet de toilette féminine (espèce
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FAN
— 208 —
FAR
de fichu), de Fanchon, nom familier de
femme, dimin. de Fannt/ (Françoise).
FASiS, subst. verbal de faner. — D. fanu.
FAKSR, vfr., pic. fener^ convertir en foin,
faire flétrir une plante (anc. famr, au sens
neutre) ; du L. fœnum, fœniim, foin. — D.
fane, pr. feuille sèche, fané, flétri, faneur,
fanage; fanaison, mienj. fenaison ; fanoir.
FANFAN, terme de caresse, tiré de enfant.
FANFARE, musique bniyante. — H.fan-
farer; fanfaron, pr. tapageur, vantard, esp.
fanfarron. — Fanfare est probablement une
onomatopée, cp. it. fanfano, hâbleur, anc.
esp. fan fa, bravade, far faute, rodomont. En
arabe on trouve far far p. babillard ; serait-ce
l'original? — Pour Tonomatopée fan fa, on
pourrait rapprocher flafla, larifari, qui
disent à peu près la même chose.
FANFARON, voy. fanfare, — D. fanfaron-
ner, fanfaronnade, -erie.
FANFRELUCHE, vfr. fanfeltie, chose futile,
bagatelle (norm. fanfliie, éblouissemeht), it.
fanfaluca, flammèche, fig. chanson, vétille.
On trouve dans les gloses florentines : fam-
faluca gnece, bulla aquatica latine dicitur.
C'est, selon toute apparence, une corruption
du grec nofifÔAvÇ, qui signifie bulle, bosse de
bouclier, puis un ornement de la coifiure dçs
femmes, enfin vapeur arsenicale coagulée. Ces
significations divei'ses font très bien compren-
dre celles du mot français et italien. Par aphé-
rèse, fanfreluche a donné freluche, freluquc,
d'où freluquet. — Fan fiole, mot de Diderot:
« les fanfiolos de la toilette », parait égale-
ment dégage de fanfreluche.
FANGE (vfr. masc. fane), it., esp. fango,
prov. fanhaeifanc. Du goth. fani, gén. fan-
jis, boue; pour le rapport littéral, cp. L.
venio (je viens) et it. vengo, prov. venc. On a
sans raison, dit Diez, rattaché le dérivé fan-
geux, it., esp. fangoso, prov. fangos, au L.
famicosus, qui se trouve dans Festus avec le
sens de marécageux. Pour notre part, nous
penchions également pour cette dernière éty-
mologie, qui satisfait parfaitement. Famicosus
présuppose un primitif famex ou famicus ou
famica, qui représenterait très bien le type
du subst. roman fange. La forme famex se
trouve effectivement avec la signification de
sang coagulé, abcès. Malgré cela, nous avons
cru devoir donner la préférence à une origine
germanique, après avoir lu l'article de Grand-
gagnage relatif au mot wallon fanië (fr.
fagne), appliqué surtout au nom géographique
les hautes faniez des Ardennes, dont la signi-
fication de marais, ainsi que sa connexité avec
les mots allemands équivalents veen ou venne
(angl. fen, néerl. xicen), a été si bien démon-
trée par le savant philologue liégeois. Or,
fanië (BL. fania) répond exactement par sa
facture aux formes fr. fange, prov. fanha et
ne pouiTait pas être rapporté à L. famicem
ou famica, d'où famicosus. — Littré, au
Suppl., se prononce aussi en faveur de fange
B> fagne, en citant l'Aunisien fagne, boue,
fagnon, boueux.
FANON, aussi fanion, du vha. faiw, goth.
fana, morceau d'étoffe (ail. mod. fahne =
drapeau). Voir aussi gon fanon. — Fanon,
comme t. de chirurgie, cylindre de paille ou
de foin entouré d'une bande, se disait auti^
iox&fenon et vient, d'après Littré, de foin.
FANTAISIE, gr. va»T«»£», L. phantasia,
imagination, vision, force sensitive. Le sens
actuel du mot français est un peu détourné de
sa valeur primitive, qui est encore entière
dans l'allemand phantasie. Le grec ^avràjctv,
rendre visible, a produit en outre : 1 . le subst.
ficvTX9fix, vision, d'où prov. fantasma, fan-
tauma, fr. fantôme; 2. l*a<y. ^syroe^Tixc;, d'où
fantastique, et par contraction, fantasque;
3. le terme moderne fantasmagorie (composé
de fàvTxvfjiTc, fantôme, et de iyopla, subst.
supposé de ù/optûtvj, parler, annoncer), donc
propr. appel ou évocation de visions, de fan-
tômes.
FANTASMAGORIE, voy. fantaisie.
FANTASQUE, voy. fantaisie.
FANTASSIN, de l'it. fantaccino, soldat à
pied. Voy. infanterie.
FANTASTIQUE, voy. fantaisie. — D. fan-
tastiquer^, suivre sa fantaisie.
FANTOME, voy. fantaisie. En vîv.,fantosmc
était synonyme d'iUusion ou de mensonge.
FAON (d'où angl. favon), vfr. féon, pr. petit
de toute espèce de bèt« fauve. Féon, d'où plus
tard faon (pron. fan), a été précédé d'une forme
fedon et vient du L. fétus, m. s. — D. faon-
ner, anc. fedoner, feonncr, metti'e bas.
FAQUIN, it. facchino, esp. faquin, d'abord
portefaix, puis homme de pou, coquin, inso-
lent. Si le mot se rencontrait dans Tanc.
langue fr., Diez serait disposé à croire que
le sens primitif était celui de jeune honmie,
d'où ceux de fort, robuste, fier, et que Tac-
ception portefaix (homme fort) s'en serait dé-
gagée dans la suite. Les Italiens et les Espa-
gnols auraient emprunté le mot avec ce der-
nier sens au français. Dans cette vaine suppo-
sition, il fait dériver le mot d'une forme néerl.
vanthin, antérieure au mot actuel veni^e (Ki-
liaen d^ veynthen), lewne garçon. Il écarte Téty-
mologie L. fascis, et accepterait plutôt celle
de l'arabe faqir, pauvre, misérable. Dans
quelques dialectes, faquin signifie un élégant;
en français, Tacception crocheteur, portefaix,
s'est tout à fait perdue. Il est certain que si
faquin n'était pas si récent dans la langue, les
divers emplois du mot s'accorderaient assez
bien avec le sens étymologique que lui prête
Diez; cp. en ail. ke^-l, en fr. garçon, qui ont
des valeurs analogues. L'avis du philologue
allemand serait corroboré par le sens « manne-
quin de bois » ; on n'a qu'à rapprocher le mot
mannequin même, qui est également d'ori-
gine germanique (néerlandaise) et signifie
petit homme. — D. faquUverie,
FARANDOLE, danse provençale, est le
même mot que l'es p., cat., port, farandula,
comédiens ambulants, qui dérive d'un primi-
tif/àranda, dans lequel Diez retrouve le par-
ticipe ail. fàhrêtid, ambulant.
FARAUD, homme fier de ses beaux habits ;
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FAR
209
FAU
étymologie incertaine; la plus probable est
/f«r, L. férus; pour le passage d'e en a, en
syllabe atone, cp. farouche, faon, etc,
FARCE, it., esp., port, farsa, voy. farcir.
— D. farcer, faire des farces, d*où farceur,
FARGIN, L, farcimen =■ farciminum. —
D. farcineux.
FARCIR, L. farcire. — Du partie, farsus
p. fartus, dérive subst. farce, 1 . remplissage ;
2. au fig. bouffonnerie (en quelque sorte pot-
pourri de plaisanteries), pièce de théâtre bouf-
fonne. Pour la seconde acception, Wackerna-
gel rapproche L. satira. 1. mélange, pot-
pourri; 2. satire.
FARD. D'après Diez, l'analogie de teinte,
L. tincta, autorise à faire remonter ce mot au
vha. ge-fanoit, gi-farit (part, de farwjan,
teindre). — D. farder.
FARDE, esp., port, fardo, paquet, ballot;
dim. esp. fardiîlo, port., prov. fardel, fr.
fardeau. L'esp. ou port, farda, aï farda signi-
fie à la fois entaille dans une poutre, puis un
certain impôt (cp. l'expression fr. taiîle =
impôt), enfin le manteau du soldat; le dérivé
esp. fardage (port, fardagem, it. fardaggio)
équivaut à bagage de soldat. La forme al-
farda accuse une extraction arabe ; aussi Diez
juge-t-il que le mot roman, avec ses diverses
acceptions, est l'arabe fard, qui réunit égale-
ment les significations coche de flèche, paye-
ment légal, solde militaire, étoffe, vêtements.
Pour le sens paquet, si on ne veut pas le faire
découler du sens bagage de soldat, on pour-
rait alléguer l'arabe hard {h = esp. f), qui
signifie impedimentum, chose embarrassante.
En tout cas l'étymologie de l'ail, burde,
charge, fardeau, avancée par Chevallet, ne
mérite aucun crédit. Il en est de même de
celle du gr. fôproç, fardeau. — Devic allègue
l'arabe fard^ pour autant qu'il signifie une
des deux parties d'un objet divisé en deux, et
particulièrement une des deux charges que
porte le chameau. — D. fardeau, farder,
peser, s'affaisser ; fardier, chariot pour con-
duire de gros poids.
FARDEAU, fardcV, voy. farde. — D. far-
deîer (voy. aussi ferler), fardelier.
FARFADET, lutin, esprit follet, fig. homme
vif et frivole ; it. (dial. de Côme) farfatola,
esprit léger. Ces mots paraissent être de la
même famille que Vit. farfalla, papillon, fig.
évaporé, léger.
FARFOUILLER, fouiller sans ordre; les
formes it. farfoghare (Naples), farfqja (Lom-
bardie), esp. farfullar, rouchi farfoulier,
montois farfeyer, signifient bredouiller, bé-
gayer. Le mot est difficile à démêler. Ménage
y voit une altération depar'fouiNer;\e désir
d'assimiler aurait amené le changement du p
initial. Je proposerais bien d'expliquer far-
fogliare (forme it.) par fra-fogliare = fureter
parmi les feuilles ; mais comment y ramener
lacception bredouiller, bégayer? Serait-il per-
mis de la rattacher à l'idée de confusion ou
d'embrouillement? D'un autre côté, on est
tenté de voir dans cette bizarre composition
le primitif /buiWer, et de reconnaître dans far-
fouiller (on dit aussi fafouiller) un de ces
redoublements que se permet parfois la lan-
gue populaire, cp. en Hainaut béhéte p. bête;
on peut encore rappeler fa?ffan de enfant,
floflotter p. flotter. — Vu le langued. fur-
fuliâ, Ascoli explique far dans notre mot par
le préfixe péjoratif for «^ L. foris (cp. for-
faire, forconseiller, etc.). Mais il faudrait
quelque preuve à l'appui do cette altération
de for en far.
FARGUES. =- falques{v. c. m.).
FARIBOLE p. falibole, voy. falourde 2.
Henri Estienne, La Monnoye et Trippault
y voyaient une altération de parabole; cela
est aussi absurde que l'étymologie frivole,
tentée par Ménage. — Quelques-uns ont
pensé à fart bullas, dire des bulles. D'après
Littré, c'est un mot de création individuelle,
sans racine réelle, comme faridondaine.
FARINE, L. famna (de far, blé). — D.
farineux, farinier; fariner, cps. en fariner
(v. c. m.).
FAROUCHE. L. ferox, -ocis {c = ch se
trouve aussi dans mordache). Le même mot
latin a donné au fonds savant de la langue
la forme féroce. — D. effaroucher.-
FARRA60, mot latin, mélange de grains
(dérivé de far, blé).
FASCE, L. fascia, bande. — D. fascé.Yoj.
aussi faisse.
FASCICULE, L. fasciculus (fascis).
FASCINE, L. fascina (fascis). — D. fasci-
nage.
FASCINER, vfr. fe$ner, du L. fascinare
(^affxa/v<u). — D. fascination.
FASÉOLE, vfr. faisole, du L. phaseolus
(fiiTriloi).
FASHION, mot anglais d'origine romane et
identique avec le fr. façoji, dont il partage ]es
significations principales. Le français l'a repris
aux Anglais. — D. fashionable, « qui est à la
mode »t.
FASTE, L. fastus. — D. fastueux.
FASTES, L. fasti, calendrier, annales.
FASTIDIEUX, L. fastidiosus.
FASTUEUX, L. fastuosus' (p. fastosus).
FAT, L. fatutis, insipide^ fig. sot; voy.
fade. — D. fatuité, L. fatuitas ; fatuisme;
infatuer, L. infatuare.
FATAL, L. fatalis (de fatum, destin). —
I^. fatalité, L. -ilas; fatalisme, -iste, 'iser.
FATIDIQUE, L. fatidicus.
FATIGUER, L. fatigare. — D. fatigue.
FATRAS, par transposition p. fartas, d'un
type latin fai-taceus, dérivé de fartus, farci,
bourré. Cp. le terme latin fartilia, mélange
littéraire, macédoine, l'atras. — L'explication
par fartas, remarque Littré (au Suppl.), est
contrariée par les anciennes formes fastras,
fastrealle, fastrasie; mais est-il démontré que
1'^ de ces mots n'est pas adventice, arbitrai-
rement introduite?
FAUBOURG ; les savants sont partagés entre
les étymologies faitx-bourg (=> le bourg qui
n'est pas le vrai) et for-bourg, le bourg extra
muros (for — foris, fr. hors). On a allégué
de bonnes raisons pour l'une et pour l'autre.
14
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FAV
210
FËL
Diez est favorable à la première ; il pense
que les formes forhorg^forsbourg, même hors-
bore (Roquefort), sont postérieures et moti-
vées par le désir de donner un sens au mot
faubourg^ dont l'origine était moins sensible.
Le wallon dit fâbor {fà ^ faitx ^ le picard
forbourg. Les deux variétés répondent à deux
interprétations diverses de la chose. For-
bourg, toutefois, est» d'après les textes, la
forme la plus ancienne. — D. faubourieniraot
nouveau).
FAUCHER, voy. faux 1. — D. fauche,
subst. verbal; fauchaison.
FÂUCILLiS, voy. faux. — D. faucillon.
FAUCON, falcon, L. falco, -onis (faix;. —
D. fauconneau, -ter, -erie.
FAUDER, plier, du vfr. faude, it. falda,
esp. falda, haleta, port, fralda, prov. fauda,
la partie inférieure et plissée d'un vêtement ;
du vha. fah, ail. mod faîte, pli.
FAUFILER, de faux fil (fil provisoire).
FAUSSAIRE, FAUSSER, voy. faux 2.
1 . FAUSSET, voix de tête, voy. faux 2.
2. FAUSSET, petit bouchon, prob. pour
faucet, dim. tiré du L. faucem, gorge, fig.
goulot.
FAUTE, voy. faillir. — D. fautif
FAUTEUIL, vfr. faudesteul (Nicot : fau-
deteul), prov. fadestol, it., esp., port, fal-
distorio, du vha. faltstuol, chaise pliante (voy.
fauder). — Définition de Nicot : « chaire à
dossiers et à accouldoirs ayant le siège de
sangles entrelassées, couverte de telle estofie
qu'on veut, laquelle se plie pour plus commo-
dément la porter d'un lieu à un autre et est
chaire de parade, laquelle on tenoit ancien-
nement auprès d'un lict de parade. »
FAUTEUR, L. /airfor (favere).
FAUTIF, voy. faute.
FAUTRE, variété de feutre (v. c. m.).
FAUVE, it. falbo, prov. falb, angl. fallow,
pâle, blême, terne, du vha. falo (gén. fale-
tœs), ail. mod. /a/ô, jaune gris. L'étymologie
tirée du L. fulvus n'est pas admissible; le
latin ol ou ul ne produit pas al ou au; L.
flavus doit également être rejeté. — D. fau-
veau; fauvette, oiseau à plumage tirant sur le
fauve^
FAUVETTE, voy. fauve.
1. FAUX, subst., prov. faus, it. falce, du
L. faix. — D. faucille, L. falcilla p. falcula;
faucher, BL. falcare; les noms des anciennes
armes de guerre fauchard, faussard, fauchon.
2. FAUX, adj , vfr. et prov. fah, du L.
falsus (fallere). — D. fausser, L. falsare;
fausseté, L.falsitas; faussaire, L. falsarius;
fausset, it. falsetto, fausse voix ; la forme ita-
lienne défend d'interpréter fausset par faucet
et de le rattacher à L. faux, gosier.
FAVEUR, L. favorem. — D. favorable, L.
favorabilis ; favori (participe de l'anc. verbe
favorir, it. favorire); favoriser; opp. défa-
veur.
FAVEUX, qui ressemble à des rayons de
miel, du L. favus, rayon de miel.
FAVORI, fém. favorite (anc. favorie);yoj.
faveur. — D. favoritisme.
FEAGE, d'un type fedagium p. BL. feoda-
gium, contrat d'inféodation, de feodum, fief.
— D. afféager.
FÉAL, par substitution de la finale <U kel
(cp. vfr. cruaV p. cruel), p. feel, anc. forme
p. fidèle, L. fidelis. — D. féalté* féauté.
FÉBRICITANT, du L. febricitare.
FÉBRIFUGE, L. febrifugus, qui chasse la
fièvre.
FEBRILE, L. febrilis (de febris, fièvre).
FÉCAL, voy. fèces.
FÈCES (pi.), L. fœx fœcis. — D. féxa, L.
fsBcalis; verbe fécer; dim. fécule, L. fsscula;
cps. déféquer (forme picarde), L. defsecare.
FÉGHELLE, petite claie pour faire égoutter
qqch., du L. fiscella, petit panier l/iscus),
clayon ; donc le même mot que faisselle.
FÉCOND, L. fecundus (feo). — D. fécoti-
dite, L. fecunditas ; féconder, L. fecundare.
FECULE, voy. ftces. — D. féculent, -enee,
L. fœculentus, -entia; féculeux,féculer,-erie,
-iste, -oïde.
FÉDÉRAL, L. fœderalis (fœdus). — D.
fédéraltser, -alisme, -aHste. — Fédérer (sb),
L. fœderare (cps con fédérer) ; fédération, L.
fuîderatio ; fédératif
FÉE, it. fata, esp., prov., port, fada, esp.
hada, du L. fata ^ parca (le mot se trouve
sur une monnaie du temps de Dioclétien).
Fata se rattache à L^ fari, parler, comme
fatum, destin. On trouve la forme fatwz
employée, avec le sens de devineresse, par
Marcianus Capella. — D. féer,vfv. /aer(prov.
fadar, esp. hadar, it. fatare, ail. feien); féerie,
féerique.
FEIGNANT, voy. fainéant.
FEINDRE, L. /ingère. — Du participe
feint : subst. feinte (ail. /inte) et feintise. — ^
Voy. aussi fainéant.
FELD-MARÉCHAL, mot ail. = maréchal de
camp.
FELDSPATH, mot allemand = spath de cam-
pagne.
FÊLE, FESLE, FELLE, canne creuse pour
souffler le verre, du L. fistula, fisVla, tuyau.
— D. félatier, aussi fératier.
FÉÛBR, fesler\ du L. fissularc, dér. de
fissum, supin de findere, fendre ; ou bien de
fissiculare, forme qui se rencontre dans
Apulée, et qui a pu donner fêler, par la syn-
cope de la syllabe médiale eu, comme miscu-
lare a fait mêler. — Les formes wallonnes
faieler (Liège), fauieler (Namur), foler (Vaien-
ciennes) sont ramenées par Grandgagnage au
subst. faie « faille, faute, lacune, fente.
L'orthographe ancienne feller, qui suppose
une forme antérieure fesler (avec un s radi-
cal) me fait douter de cette étymologie pour
notre fr. fêler.
FÉLICTPÉ, L. félicitas (felix); féliciter, L.
felicitare (rendre heureux).
FÉLIN, L. felinus (de felis, chat).
FELLE, voy. fêle.
FÉLON, qui manque A la foi, traître, it.
fellone, cruel, traître, esp. fellon, prov. félon,
felhon, fellon, BL. fello (ix* siècle), cruel,
courroucé, félon. Ces vocables sont des formes
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FEL
— 211
FER
dérivativcs des primitifs vfr. et prov. fel, it.
fdlo, qui se rencontrent avec les significations
de scélérat, cruel, impie, terrible, coura-
geux. En rouchi, fêle équivaut à fort, ro-
buste, en parlant de choses, et à arrogant
en parlant de personnes; dans d'autres dia-
lectes, le mot veut dire le contraire, c.-à-d.
faible. A Bruxelles, on dit un felle cadet pour
un gaillard. Comment accorder toutes ces
acceptions bonnes et mauvaises, et les rame-
ner à une signification originelle commune ?
Comment surtout expliquer le lien commun
entre cruauté et trahison (car, pour le rapport
entre les idées cruel, terrible, redoutable, vi-
goureux, ardent, il ne présente pas de difii-
culté) ? Ces questions, malgré la sagacité des
ôtymologistes, ne sont pas encore résolues
d'une manière qui lève tous les doutes, et je
suis porté à croire que le félon, traître, et le
félon, cruel, sont deux homonymes d'origine
différente. Voici ce qui a été successivement
proposé sur l'origine de /«j/:Ducange invoque
le saxon faelen, feïcn, errare, derelinquere,
cadere. Il ajoute que Hickes et Schilter déri-
vent fel de l'ags. felle (d'où Tangl. fell, cruel) ;
que d'autres ont pensé soit au L jfel, fiel,
• quod qui crimina perpétrant ea felleo animo
perpetrare dicantur », soit au gr. y»?) m, deci-
pere, illudere, d'où v^î'^îÇi imposteur. Grand-
gagnage remonte à l'ags. fell et le v. frison
fal, hoU. fel, écoss. fell, féroce, violent, rude ;
Chevallet, au vha. /T?/, en citant les autres
similaires germaniques. Duméril propose
risland. fell a, tuer, renverser, en faisant ob-
server que dans le sens de faible, propre au
dialecte normand, fêle pourrait se rapporter à
risland. feill, vice, défaut. Diez, récusant l'éty-
mologie du L. fel, bile — il observe à cet
€'»gard que l'adjectif fel ne se produit qu'avec
un e, jamais avec la forme diphtonguée,
ïiropre au subst. it. fiele, esp. hiel, fr. fiel ,
— ainsi que celle de l'ags. fell, qui ne se
trouve nulle part dans les sources littéraires
de cette langue, place le prototype des mots
romans dans le vha. flllo, flagellateur, bour-
reau, subst. supposé du verbe vha. fillan,
fouetter. Il fonde son opinion sur deux consi-
dérations : 1 . en prov. et vfr., le mot fait au
oom. sing. fel (ou fels), à l'accus. félon, ce
qui concorde Avec le mot ail., dont le nom.
est fiUo, Tacc. fillun, fillon; 2. la forme
mouillée prov. fel h, felhon, trouve son ana-
logue dans la fiorme germanique filjan, p.
fillan. — D. ftflonie, it. fellonia, prov. felnia,
feunia, esp. felonia.
FSLOUQUB, sorte de petit bateau ; d'après
Dozy, de l'arabe harrâka, qui désignait à
l'origine un bateau d'où l'on jetait le naphte
sur les vaisseaux ennemis (du verbe haraha,
brûler), puis un petit navire en général. Le
mot arabe a passé d'abord dans l'espagnol
sous la forme haloque (xin« siècle), d'où, par
la permutation constante entre h et f, falo*
que; de là les formes esp. faluca, it. feluca,
fr. felouque, felouque, néerl. fdœh. L'arabe
felouka est une reprise faite an roman dans
les temps modernes. L'étymologie usuelle.
arabe folh, bateau, est repoussée par Doiy,
ce mot n'ayant jamais existé dans l'arabe du
moyen âge avec le sens de bateau. Devic
n'abandonne pas l'étymon folk ou foulk, par
lequel les traducteurs de la Bible en arabe
n'ont pas hésité à rendre l'arche de Noé.
FSM£LLS, du L. femella, dim. àefemtna.
FÉMININ, L. femininus (femina).
FEMME, L. femina (rac. feo, donc. pr.
celle qui porte fruit), cp. lame de lamina,
homme de hominem. — D. femmelette; terme
scientifique féminiser.
FÉMUR, mot latin = cuisse. — D. fémo-
ral; les Champenois nomment les caleçons
des fémoraux.
FENAISON, voy. faner.
FENDRE, L. findere. — D. fente, subst.
partie, (cp. pente, descente, vente) \ fendeur,
-erie; dim. fendiller,
FENÊTRE, fenestre*, L. fenestra.
FENIL, L. fœnile (fœnum).
FENOUIL, it. finocchio, esp. hinqfo, port.
funcho, ail fenchel, angl. fennel, du L.
fceniculiim, litt. petit foin, en basse latinité
fenuclum; cp. genouiT genou, de genucu-
lum p. geniculum. — D. fetiouillet, -ette,
FENTE, voy. fendre. -— D. fente, jfenton.
FSNU6REG, L. fœnum grœcum.
FÉODAL, voy. fief — D. féodalité.
FER, L. ferrum. — D. ferrer, ferrant
(maréchal), ferrement (L. ferramentum), -ure,
ferrailles, ferret d'où ferretier, ferreux, fer-
rique, ferrièrc, fer\on, ferronnier, -erie;
cps. verbes enferrer, déferrer; subst. fer-
blanc (ce nom vient de ce que la lame de
fer ainsi nommée est trempée dans de l'étain
fcMidu). — Notez encore vfr. fendant, gris de
fer (couleur de cheval).
FER-BLANC, voy. fer. — D. ferblantier.
FÉRIÉ, L. feria, jour consacré au repos ;
cessation de travail. — D. férié, férial.
FÉRIN, L. ferinus (de fera, bête sauvage).
FÉRIR (« sans coup férir »), L. ferire,
frapper. Jadis, férir (prés, je fière, part. pass.
féru) était d'un usage très fréquent.
FERLER, trousser les voiles en fagot autour
de l'antenne, contracté de fardeler, dér. do
fardel (voy. fardeçLu), fagot, paquet. L'an-
glais dit furdle, furl. — D. déferler.
1. FERME, adj., L. /îrwia.— D. fermeté,
L. firmitatem; ce mot, contracté en ferté, a
pris le sens de forteresse ; fermer, clore (v.
c. m.); /erme, subst. (v. c. m.); fermir, af-
fermir.
2. FERME, subst. , convention, bail à ferme,
domaine ou héritage, droits, etc., donnés en
location pour un temps déterminé. Ce subst.,
ainsi que l'it. ferma, esp. flrma •=« signa-
ture, conclusion d'un traité, d'un accord, est
dérivé du vfr. fermer = promettre, con-
clure, qui est le L. firmare (firmus), établir,
fixer. — D fermage, fermier, affermer.
FERMENT, L. fermentum (p. fervimen
tum, de fereerc). — D. fermenter, L. fer-
mentare.
FERMER (sens étymologique : mettre ferme,
fixer, de là clore de murailles, puis clore en
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FES
212
FEU
général), du L. firmare, rendre solide, forti-
fier. — D. ferme 2. (v c. m.); fermeture, L.
firmatura (rfr. fermetire, fermure) ; fermoir,
fermait (type L. firmaculum)\ cps. enfer-
mer; vfr. deffermer deffremer =» ouvrir.
FEBHIBR, voy. ferme 2.
FÉROCE, L. ferox, -ocis (voy. aussi farou-
che). — D. férocité, L. ferocitas.
FERRâILIjE, de fe7\ — D. ferrailler, -eur.
FERRUGINEUX, L. ferruginosus\ p. fer-
ruffineus (de ferrugo, rouille de fer).
FBRTÉ. voy. /erme 1.
FBRTILB, L. feHilis (ferre). — D. fei-ti-
lité, L. fertilitas; fertiliser,
FÉRU, voy. férir,
FÉRULE, L. ferula (ferire), verge, ba-
guette.
FERVENT, L. fervens (de fervere, être
chaud).
FERVEUR, L. fervor.
FESSE, du L. fissus, fissa, fendu, part, de
findere, — D. fessu, fessier, fesser, donner
sur les fesses (Grandgagnage, suivi par Diez,
rapporte avec plus de vraisemblance fesser,
fouetter, à l'ail, dialectal fitsen, frapper avec
une verge). Cps. /ewc-ma^Aieie, usurier. Cette
dernière expression n'a, suivant quelques-uns,
rien de commun avec fesse. Les uns l'expli-
quent, ou plutôt ne l'expliquent pas, par
feste-Mathieu, comme qui dirait un homme
qui chôme la fête de saint Mathieu, qu'on sup-
pose avoir été banquier ; les autres ont recours
à face-Mathieu, homme à la physionomie d'un
banquier, ou même à « qui fait le mathieu »;
pour Noël-Dufail, suivi par Littré, un fesse-
mathieu est uu homme qui bat Mathieu, qui
lui tire de l'argent. Tout cela ne me sourit
pas. J'admettrais plutôt un verbe fesser, tenir
sous ses fesses, auquel le génie populaire au-
rait attribué le sens métaphorique de garder
avec soin, caresser, s'attacher, etc. Une mé-
taphore analogue est au fond du L. incum-
bcre alicxii m, pr. être couché sur qqch., et
de l'ail, auf elioas versessen sein, pr. être
assis sur qqch., y tenir beaucoup. Ainsi s'ex-
pliqueraient facilement les expressions fami-
lières fessocahier =* homme qui gagne sa
vie à faire des écritures ; fesse-mathieu, grand
cultivateur de saint Mathieu, le banquier;
fesse-pinte, qui cultive la pinte; fesse-maille,
qui tient à la maille (monnaie). N'étaient les
autres compositions similaires, on pourrait
aussi expliquer fesse-maille (avare,, ladre)
par un verbe fesser s= fendre, représentant
un mot L. fissare, fréq. do findere. Le fesse-
maille serait aloi*s celui qui fendrait une
maille en deux. L'expression analogue /jùicc-
maille me semble cependant plutôt favorable
à ma première explication, pincer ét^nt ici
synonyme de serrer fort. Littré rapporte
fesse-maille, fesse-cahier et fesse-pinte, à fes-
ser =s faire vite, locution qui viendrait, selon
lui, de ce que l'on traite la chose qu'on fait
comme le petit garçon qu'on fouette (?).
FESSER, voy. l'art, préc. — J'ajouterai ici
que Meunier (Les composés, etc.) dans les
composés fesse-mathicu, etc., interprète fes-
ser par lat. factare (faire souvent), devenu
faxare (forme en effet consignée dans Die-
fenbach). Cela me parait par trop subtil ;
faxare, qui est issu des formes classiques
faxim =« fecerim, faxo =■ fecero, n'a laissé
aucune trace dans l'ancienne langue.
FESTIN, it. festino (aussi bal), pr. repas
de fête, d'un adj. L. festinus (festum), équi-
valent de festimis. — D. festiner.
FESTIVAL, L. festivalis, extension de fes-
tivus, de fête, gai, divertissant.
FESTIVITÉ, L. festieitas, allégresse, gaieté,
de festivus, adj. de festum, fête.
FESTON, it. festonc, esp. feston, guir-
lande, propr. ornement de fête, de l'adj. fes-
tus, de fête, solennel, gai, gracieux. — D.
festonner.
FESTOYER, prov., cat., esp., port, fe^te-
jar, it. festeggiare; d'un type latin festicare^
dérivé de festicus, aôj. de festum fV'arron ap.
Non. a la forme adverbiale festice, au sens
de « comme pour une fête, joyeusement »).
FÊTE, feste*, it., prov. festa, esp. fiesta,
du L. festa, plur. de festum. — D. féter^
festoyer, festin, festival, festivité (voy. ces
motsl.
FETICHE, du port, feitiço, ='esp. hechiso,
sortilège, maléfice, enchantement. Ces for-
mes représentent le latin facticius (cp. en alle-
mand <?awô«r, enchantement, du vha.^OMioa>i,
fairoj. Des objets fétiches sont donc pr. des
objets soumis à une préparation ou consécra-
tion spéciale, des objets enchantés, doués
d'une puissance surnaturelle. — D. féti-
chisme.
FÉTDE, L. fœtidiis, puant (fœteré).
FÉTU, festu', vfr. et prov. festuc (à Liège
on dit fiston), du BL. festucus p. festuca.
L'it. a la forme classique festuca.
1. FEU, subst., it. fiioco, esp. fiiego, port.
fogo, prov. fuec, du L. focus, foyer, et poét.
= feu. — D. feutier.
2. FEU, féro. feue, acy., it. fu, n. prov. fu,
fite, « défunt; du L. fuit = il fut. Cette éty-
mologie (que l'on trouve dans R. Estienne) est
corroborée par le fait que « les notaires de
quelques provinces disent encore au pluriel
furent en parlant de deux personnes conjoin-
tes et décédées » 'Jault). Mahn .se prononce
décidément pour fuit. Il dit que fuit a donné
feut, puis feu ; et du reste on trouve tour à
tour, dans l'anc. langue, fuit, fut, fud et fu,
feu. La forme féminine, p. ex. /a feue reine, a
été longtemps combattue ; finalement, quoique
étymologiquemcnt mal fondée, elle a été
reçue. — D'autres étymologies ont été tentées,
mais sans succès ; Ménage avançait le L. felix
(contracté en feuxj; d'autres le participe
functus (cp. berrichon funt == feu). Wachter
pensait même à l'ail, umh = sanctus, sacer.
Diez ne s'est point occupé du mot. Littré ex-
plique feu comme contraction du vfr. fahu,
feii, mort, auquel il a.ssigne pour type un
adj. fictif L. fatutus de fatum, destin; donc
pr. qui a accompli sa destinée.
FEUDATIIRE, voy. fief.
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FIA
— 213 —
FIE
FEUILLANT, du nom d'abbaye Not^Dame
de FeuUlans (Haute-Garonne).
FEUILLly L. folia, plur. de folium. —
D. feuillet, d*où feuilleton (pr. une petite
feuille détachée du journal ; la chose ne répond
plus au nom), feuilleter, feuillage, -ard;
verbe f cuiller, feuillir, d'où feuillée, -aison;
adj. feuillu.
FSUILLSTTB, tonneau à vin dont la con-
tenance est d'environ 135 litres; ailleurs on
dit fiUotte, fillette (Bourgojrne), n. prov. fui»
heta, it. foglietta ; le mot désigne aussi dans
le Midi une mesure de liquides équivalant à
une chopine de Paris ou à une double pinte.
Ducange coi\jecture que le mot est altéré de
fiàlette ou fiolette et vient àepliiala, vase;
c'est peu probable. — Voy., pour l'emploi
ancien du mot, l'article fillette dans Godefroy.
FSÏÏRRK, vfr. forre, fuerre, BL. fodrum,
paille mélangée: vient du vha. fuotar, ail.
mod. fiUtçr, fourrage, nourriture, = nord.
fodr, suéd«, dan. focler, hoU. voeder, angl.
fodder. — D. fourrer , aller au fourrage;
d'où fourrage, fourrier, anc. aussi feurrier,
FEUTRE, vfr. feUre, fautre, it. feltro, esp.
fieltro, du BL. filtrum, tissu épais de laine
ou de crin. Ce dernier vient de l'ags., angl.
felt, ail. fils, néerl. vilt, feutre. L'r dans fil-
trum est euphonique comme dans épeautre,
perdrix^ etc. — D. feutrer, — Le même pri-
mitif a donné la forme savante filtre,
FlfeVE, L. faba, — D. dim. féverole,
FiVBE, dans l'anc. langue et encore dans
les patois, = ouvrier, forgeron, prov. fabre,
du L. faber, gén. fabri (d'où fabrica). Il s'est
consené dans un grand nombre de noms de
famille (Lefebvre, Lefebure, etc.) et dans le
composé orfèvre s= L. auri faber.
FATRIER, L. februarius,
Yl, vfr. fui, interjection du mépris, du dé-
goût, onomatopée, =« angl., dan. fy, ail.
pfui, etc. ; de là faire fi de qqch.
FIACRE. Le premier entrepreneur des voi-
tures ainsi nommées (1640) demeurait à l'en-
seigne de Saint Fiacre; do là le nom,
FIANCE, prov. fizansa, fiansa, esp. fianza,
jt. fidansa, = confiance, serment de fidélité,
promesse, engagement, du L. fidentia, con-
fiance. — D. fiancer, promettre, garantir (pr.
engager par serment), promettre en mariage.
FIANCER, voy. fiance. — D. fiançailles.
FIASCO, dans « faire fiasco >* ; aucun dic-
tionnaire ne me renseigne sur l'origine de
cette expression. Le mot est itjilien {fiasco
signifie bouteille), mais la locution est étran-
gère à cette langue. Voici l'explication d'un
journal américain sur l'origine do l'expr.
« faire bouteille » c=5 ne pas réussir (voy.
I jttré, Suppl.) : « Les souffleurs de verre de
Veni.se, essayant de faire un verre, s'ils man-
quent leur coup, jettent le même paquet de
sable dans un fiasco, et leur impatiente répé-
tition de fiasco donna un nouveau sens à ce
mot *».
FIAT, interjection, mot latin (3* pers. du
subj. prés, de fiere) «=» que cela se fasse, que
ccLi soit.
FIBRE, L. fibra, — D. fibreux, fibrine,
fibrille.
FIBULE, L. fibula (contr. de figibida).
Fie, excroissance de chair, du L. ficus
(figue), employé dans le même sens par Mar-
tial.
FICELLE (p. filcelle, cp. pucelle p. pid-
celle), du L. filicella, plur. de fUidllum\
dimin. de filum. — D, ficeler, enficeler.
FICHE, subst. verbal de ficher.
FICHER, it. ficcare, v. esp., port., prov.
ficar (esp. mod. hincar, port, fincar) ; com-
posés it. afficcare, prov. aficar, fr. afficher.
Toutes ces formes, impliquant l'idée de fixer,
planter, accusent, d'après Diez, un type latin
figicare (cp. fodicare, de fodere, vdlicare,
de vellere); une dérivation immédiate de
figei-e est inadmissible. — Il est difficile de
se reiidre compte de la transition d'idée entre
ficher, planter, enfoncer, et se ficher de, faire
fi de. En it. et esp., le réfléchi ficcarsi, esp.
fincarse, signifie persister dans une chose,
s'obstiner. — Dérivés : ficlœ, nom de divers
outils servant à ficher; la fiche = marque
au jeu, tient son nom probablement aussi
d'un objet semblable, destiné à être fiché dans
qqch. (le sens prim. est encore propre au
dim. ficliet, marque qui se met dans les
trous du trictrac); /îc^m, acy., signifiait pro-
bablement dans le principe « planté là comme
un piquet, borné, stupide » (cp. en ail. ver-
nagelt, m. s., litt. cloué), puis aussi planté
là, perdu, flambé (« mon espoir est fichu ").
— Nous ne nous faisons pas fort de four-
nir la clef de toutes les applications basses
ou familières du mot ficher (p. ex. ficher le
camp, je t'en fiche) ; n'oublions pas qu'on
s'en sert particulièrement pour remplacer le
terme synonyme foutre, lequel, à cause de
sa nature obscène, est banni de la bonne
société. On a même été jusqu'à charger
fichet' des acceptions propres au terme mal-
sonnant ou du moins de celles qui en décou-
lent. On remarque surtout cette tendance dans
l'interjection fichtre!
FICHU, pièce d'habillement; est-ce un dé-
rivé de ficher, jeter négligemment? C'est pro-
bable.
FICTIF, L. fictimis* (le bon latin a fictitius\
de fictum, supin de fittgere (feindre), d'où éga-
lement fiction, L. fictionem.
FIDÉICOMMIS, du L. fidei commissum, litt.
confié à la bonne foi.
FIDÉJUSSEUR, L. fidefussor n>ïgesie), cau-
tion, répondant; fidqjussion, L. fidejussio;
de fide jubere, sanctionner par son crédit.
FDàliE (voy. aussi féal), L. fidelis (fides).
— D. fidélité, L. fidelitas.
FIDUCIE, terme de droit romain, L. fiducia,
confiance. — D. fiduciaire, grevé d'un fidéi-
commis; fiduciel,
FIEF, domaine relevant d'un autre seigneur
que celui qui en a la jouissance et qui, rela-
tivement au propriétaire véritable, prend le
titre de vassal. La forme fief, par le durcisse-
ment de M ou V en f, procède d'une forme an-
térieure fieu, Fieu correspond à prov. feu;
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FIE
— 214 —
FIL
rit, /îo relève directement du longobardique
fiu dans le composé /èw/^yfu-m, bien paternel.
Tous ces mots représentent le vha. fiu, fehu,
bétail (ail. mod. vieh), goth. faihu, fortune,
biens, frison fia, bétail, avoir. Telle est
l'opinion de Diez, reproduite par Littré. — Le
mot vfr. fiu, fieu est passé en bas-latin sous
la forme feudum, feodum (gr. mod. ftoûicv);
cette forme est, selon Diez, fondée sur l'inser-
tion euphonique d'un d; feuum est devenu
feudum, comme it. ladico est p. laïco, chiodo
p, cAîoo «* L. cîavus. C'est à feodum que se
rattachent les dér. féodal, inféoder, tandis
que feudum nous a laissé feudataire, feudiste,
— D'autres ont expliqué feodum [d'où serait
venu fied, et de là fief, comme soif de sitisj]
par une composition de vha. fee, salaire, et
ôd bien; Wackernagcl y voit le subst. goth.
thiuth, bien. Le prof. Kern, ne pouvant ad-
mettre, avec Diez, le d de feodum comme
euphonique et insistant sur le sens « usus,
fructus, id quo quis fruitur, usus-fructus »
attaché anciennement à feudum, défend
une autre origine, savoir un subst. fehod,
dérivé du verbe goth. feihon, vha. fehon,
jouir, profiter, et signifiant « id quo quis
fruitur ». Fehod, d après M. Kern, est un
mot francique, mais peut avoir été allemand
aussi. L'it. fio, selon lui, répond à un goth.
/ai A, jouissance. — Notons encore que Grober
n'approuve pas la manière dont Diez rend
compte de la finale /"dans fief; d'une étude
très précise sur les mots français terminés
en /[-«d(Ztschr., U, 459), où il comprend
aussi l'histoire génétique de fief, il résulte
que fiefifûnal sonore) est le subst. verbal tiré
de fieter (BL. fevare), lequel découle directe-
ment de l'étymon ail. fe(h)u, u final s'étant
consonnifié en », comme dans esquiver du
tudesque skiu(h)an. Le subst. fief une fois
créé, Ù a engendré à son tour le verbe fiefer,
fieffer. Fief ne serait donc pas une simple
modification des anciennes formes feu fieu,
comme pensait Diez. *
FIEFFER, pourvoir d'un fief (voy. l'art,
préc). — De là fieffë, possesseur d'un fief. Au
figuré, fieffé prend le sens d'achevé, con-
sommé, et ne s'emploie qu'en mauvaise part,
p. ex. un fripon ûeSê, une sottise fiefi'ée.
Cette acception métaphorique découle prob.
du sens « diplômé, bien en titre, bien qua-
lifié n,
FIBL, L. fel. — D. fielleux; enfieiler.
FŒNTK, cat. fempta, prov. fenta, prov.
mod. fento, fienlo. Ces formes accusent pour
^yp«» d'après Diez, un mot latin fimita
fim*ta (cp. vfr. friente de freinitus), lequel
fimiia est probablement une forme acces-
soire de fimetum, fosse à fumier. — Dans
l'ancienne langue, et encore dans les patois,
on trouve fien, fiens, qui correspond à prov.
fem, cat. fems, esp. fimo, it. fime, fimo. Ces
formes rendent le L. fimus. — D. fierUer,
1 . FIER, verbe, du L. fidere (passage de la
3* conjug. à la l"). Composés : dt^fier, confier,
méfier (voy. ces mots).
2. FIER, acy.. du L. férus, sauvage. Ce \
sens primitif a subi bien des vicissitudes pour
arriver à l'acception moderne. Farouche,
cruel, rude, vigoureux, inflexible, sévère,
orgueilleux, superbe, hardi ; telle est à peu
près la pente sur laquelle le mot a glissé. —
D. fierté, L. feritatem.
FIER-A-BRAS, fanfaron, matamore. D aprèâ
les uns de Fierabras, le héros du fameux ro-
man des douze pairs ; selon d'autres p. fiert-
à-bras [fiert de férir) *= homme qui frappe â
tour de bras; pour d'autres, enfin, c'est une
expression altérée, soit de ferrea brachia
(bras de fer), ou de fera brachia (bras cruels}.
FIÈVRE, L. febris, — D. fiévreux,
FIFRE, aussi /;i/rc, ït. piffero, esp. ^i/îiro.
De l'ail, pfeifer, joueur de flageolet, ou plutôt
de la forme suisse pfiffer (les fifres étaient
surtout en usage dans les régiments suisses).
— Le mot ail. pfeifer vient de pfeifen, siffler,
lequel représente le roman piper, voy. pipe.
— Le mot fifre signifie à la fois le joueur et
son instrument.
Tl(jË!Bi,\îv,fegier,figiei\ cailler; n'a rien
de commun avec L. figere^ fixer et vient,
d'après 0. Paris (Rom., VIII, 434), d'un type
fediare, dér. de fedio, qui est une des multi-
ples transformations romanes du lat. ficatutn
(foie). « Le sang coagulé a paru ressembler au
foie par sa couleur et sa consistance <*; cp. le
mha. liber en, cailler, dérivé de l'ail, /côer,
foie, et le terme ail. leberniecr = fr. mer be-
tée (p. heter, voy. s. béton). J'accepte cette
étymologie comme « bizarre, mais certaine y*„
selon l'expression de son auteur, mais la forme
figer n'a-t-elle pas pris le dessus sur feçier
par quelque souvenir du classique figere, fixer
(cp. ail. erstarre7i, raidir, se coaguler, dont
l'idée foncière est la fixité) ?
FIGNOLER, mot très réi)andu dans les patois,
signifiant raffiner, faire avec grâce, se donner
des airs, faire le fashionable. Grandgajznage,
v® fignon = élégant, pimpant, propo.*îe dubi-
tativement, comme primitif, le mha. fin, ail.
mod. fein, etc., fin, délicat, joli. L'anglais /fn^,
beau, et l'expression allemande schônthun,
cajoler, mignoter, appuient cette supposition ;
pour la consonnance^, on peut alléguer c/i-
gner p. cliner, vfr. crigne du L. crinis.
FIGUE, du prov. figa=^L, fica, forme fém.
do ficus. La bonne forme française fie sq
trouve dans la Chron. des Ducs de Norman-
die, par Benoit. — D. figuier, figuerie. Voy.
aussi fie. En Belgique on appelle, par assimi-
lation, figote une pomme ou une poire dassé-
chée au four.
FIGURE, L. figura (figere* fingere = for-
mer). — D. figurine; figurer, L. figurare;
-€Uif, L. -ativus; figurant; cps. configurer,
défigurer, transfigurer.
ÏTL, it. /î/o,esp. Ai7o, du L. filum = l. fil,
2. objet mince et allongé, 3. tranchant d'un
instrument, coupant. A la 2* acception se
rapporte le dérivé effilé et filardeau, jeune
arbre droit et de haute tige ; à la 3" le verbe
affiler. Quant au sens premier, il s'y rattache
de nombreux dérivés français, à sens propre
et à sens figuré.
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FIL
— 215 —
FIN
FILAOBAMME, lettres ou figures en fil de
cuivre fixées sur la forme à fabriquer le pa-
pier, et dont la marque parait sur la feuille ;
mot technique formé de vpA/*M«» écriture, et
de filum fil. Voy. filigrane
FILAMENT, mot à forme savante, tirée du
BL. filare, fr. filer. — D. filamenteux.
FILANDIÉRB, formé de filer, à l'instar de
lavandière.
FILANDRES (de là it. fiîandra et esp. fiîan-
dria), dérivé bizarre de filer.— D. filandreux.
FOiARDEAU, dimin. de filard (inus ), voy.
fil.
FILASSE (litt. =* esp. hilacha, hilaza), Im
prêt à être filé, L. filacea\— Ce mot pourrait
bien être une corruption, ou s'être produit sous
l'influence, de l'ail. flac?is (vha. flahs, angl.
flax, holl. vlas), qui signifie la même chose.
— D. filassier:
FILATETJR» -ATBICE, -ATURB, dérivés à
forme savante du verbe filare (cp. fileur,
fileuse, filure).
FILE, it., esp., port., prov. fila, pr. cor-
deau, puis suite, rangée, du BL. fila «= filum;
de là filer, aller à la file l'un après l'autre, et
défiler,
1. FILER, prov. filar, esp. hilar, it. filare,
BL. filare, faire du fil. tirer en fil; dérivé de
filum, fil. — B. fileur, filerie, filure, -âge;
filandière (v. c. m); filatier (mauvais mot
p. filandier); composés : enfiler, effiler, fau-
filer, parfiler, tréfila (voy. ces mots).
2. FILER, aller à la file; voy. file.
FILET. 1. petit fil, 2. réseau; dimin. de
fil. — D. fileter.
FILIAL, L. filialis (filins).
FILIATION, descendance de père en fils en
ligne directe, L. filiatio (filius).
FILIÈRE. 1. objet fait en forme de fil,
2. instrument servant au tirage des fils mé-
talliques (d'où l'expression « passer par la
filière «); dér. de /W.
FILIGRANE (l'angl. dit filigrane, filligram ,
fiïlegrean et filligree-work), de Tit. filigrana,
ouvrage d'or et d'argent (ou de tout autre mé-
tal ductile), composé de fils déliés, de grains,
et d'autres ornements. De /î/tim, fil. et^a-
num, grain, donc filet à grain, ainsi nommé
parce que les Italiens, qui nous ont apporté
ce genre d'ouvrage, y enfilaient de petits
grains ronds ou aplatis. Après qu'on eut em-
ployé ce filigrane pour la fabrication du
papier, on appela de ce nom ce qu'aupara-
vant on nommait marque du papier (ail.
ukuser-zeichen, angl. watermark). Le mot
parait s'être altéré en filagramme (v. c. m.)
par l'effet d'une tendance à mieux exprimer
la chose énoncée par le terme filigrane. —
D. filigraner,
FIIJN, t. de marine, dér. de fil.
FIUPENDULE, terme savant disant : sus-
pendu ipendulusj à un fil {filum).
FILLATRB, du L. filiaster (filius).
FILLE, L. filia. — D. fillette, fiUage =^ état
d'une fille qui vit dans le célibat.
FILLEUL» L. filiolus, dimin. de fUius; au
moyen âge, filiolus désigna l'enfent relative-
ment à son parrain, de là le sens actuel de
filleul.
FILOCHE, dér. de fil.
FILON, it. filone, dér. de fil.
FILOSELLE, de l'it. filugello, ver-à-soie;
celui-ci parait être une altération du BL. fol-
licellus, cocon de ver-à-soie (dimin. de follis),
cp. prov. folleil, filoselle, d'un type folliculus.
FILOU, en Piémont et à Côme filon, BL.
filo, vaurien. L'origine de ce mot est fort con-
testée. « Ce mot a signifié originairement, dit
Ménage, un petit bâton, long de trois pouces,
de la grosseur du petit doigt, à six pans mar-
qués comme un dé sur chaque face, qu'on
appelait un cochonnet et avec lequel on jouait.
Or, comme il était facile de piper à ce jeu et
qu'on y pipait ordinairement, on appela à
Paris, il y a environ 70 ou 80 ans, filoux et
filoutiers ceux qui pipaient et escroquaient en
quelque occasion que ce fût. » Cette explica-
tion inspire peu de confiance, bien qu'en Cham-
pagne filou signifie encore une espèce de jeu
de dés.— Langensiepen propose felicufus (sur-
nom romain, tiré de felis, chat), d'où felcolus,
felocus, filou. Cela est bien subtil; le mot
caillou pourrait cependant servir d'appui quant
à la transformation. — Diez remonte au vha.
filon, limer, et rapproche pour le rapport
d'idées les termes fourbe, fripon, polisson,
venant également de primitifs exprimant frot-
ter, user, polir. Il cite en outre le lorrain
aiffilei, aiguiser et tromper, et le terme aiffi-
lou disant la même chose que filou. Pour m^
part, en cherchant l'étym. do filou, j'ai noté
l'expression rouchi avoir le filile taillant) -»
être adroit, puis le mot ficelle employé en Pi-
cardie et à Mons p. petit voleur (d'où ficeler,
escroquer), enfin l'angl. filch, filouter, qui
semble être de la même famille. — D'après
Brachet, filou est un doublet de fileur, comme
gabelou de gabeleur. — Il est important de
noter que filou est étranger à l'ancienne lan-
gue; Littré, auquel nous renvoyons pour
quelques autres tentatives d'éclaircir l'origine
de ce mot, le croit introduit dans U Ungue
dans le cours du xvu» siècle. En considération
de cette introduction tardive de filou, Diez
croit pouvoir signaler l'angl. fellov), compa-
gnon, qui, dans le Midi do l'Angleterre, a
pris un caractère injurieux. — D. filouter,
fUoutiêr. ,
FILS, L. filius. Vs final du mot français est
un reste de l'ancien nominatif; on disait fil
aux cas obliques; cet s s'est conservé pour
différencier le mot de fil «^ filnm.
FILTRE, voy. feutre. — D filtrer, infiltrer
1. FIN, subst., L. finis. — D. final, L. fina
lis; subst. finage, t. d'ancienne pratique, ôten
due d'une juridiction; verbe finir, L. finure-
composés afin, enfin. — D'un verbe BL
finare, terminer, conclure, acquitter, payer
vient vfr. finer, m. s.; de là le subst
finance, d'abord fin, conclusion d'une affaire
puis payement d'un engagement contracté
quittance, d'où enfin le sens général de somme
à payer, argent. On employait môme, avec ce
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FIX
— 216 —
FLA
dernier sens, dans la vieille langue, le subst.
verbal masculin fin^ p. ex. dans Baudouin
de Sebourg : • quant il n'ot plus de fin n,
« dignes d'avoir terre et grant fin •• (voy.
Gachet;. Cp. aussi l'angl. fine^ propr. action
de finer(j^yer)t p ^is amende.
2. PIN, a4j., it., esp., port, fino, prov. fin.
C'est de l'élément roman que proviennent
mha. fin, ail. mod. fein, angl. fine, et non pas
les mots romans du fonds germanique, comme
lont cru Raynouard et Ghevallet. La signifi-
cation primordiale est « parfait, fini, pur, véri-
table n, cp. prov fin aur, fin'amor, vfr. fine
ire et nos expressions : des vins fins, des mets
fins, le fin fond, la fine fleur. De ce sens pre-
mier découle aussi l'emploi adverbial du mot
dans les patois, où il sert à exprimer un haut
degré (voy. des exemples dans Gacbet). — Les
acceptions modernes se ramènent facilement
à la valeur première; d'un côté, au moral :
adroit, subtil; d'un autre, au physique : délicat,
léger, opp. à grossier, ordinaire. On ne peut
guère douter, observe Diez, d'accord avec Du-
cange, que cet adjectif ne soit tiré du L. fini-
tus. Pour le procédé, il allègue prov. clin de
cîinatixs, esp. cuerdo de cordatus, it. manso
de mansuetus. Pour le sens, on trouve des
analogies dans les expressions esp. acabado,
L. perfectus (d'où parfait) et gr. TiUioç. —
D. finesse; finasser (d'où finassier, -erie),
finaud; finet (Lafontaine), aussi finot; finette,
étoflfë légère; verbe affiner (v. cm.). — Voy.
aussi fignoler.
PINAlïOB, voy. /în 1. — D. financer, dé-
bourser de l'argent; financier.
FINGHILLS, corde dont on se sert pour
haler les bateaux, variété dialectale de fichelle
= ficelle. Le picard présente aussi la forme
frinchelle.
FINIR, vfr. fenir, du L. finire (finis).
FIOLX, prov. fiola, it. ficda, du L. phiala
(viiiij). — D. fioler, vider bouteille.
FION, dans « donner le fion à un ouvrage »
==-: y mettre la dernière main. Je ne connais
pas l'origine de cette expression populaire.
Littré la rattache à fignoler. — Voici, en
attendant mieux, une conjecture : Fion me fait
Tefiet d'être un mot du patois wallon et de
représenter filon (cp. fioul = filleul); donner
le filon équivaudrait à donner le fil, c.-à-d.
la finesse.
FIORITURE, de l'it. fioritura, dér. de fio-
rire=^ L. florere. Rousseau a remplacé ce
terme étranger par fleuretis.
FIRMAMENT, L. firmamentum (firmare).
FIRMAN; du persan ferman = ordre en
général; en Turquie le mot s'applique spécia-
lement à tout écrit expédié par le grand-vizir
au nom du souverain.
FISC, L. fiscus; le sens premier de ce mot
était bien modeste ; C'était une corbeille d'o-
sier. — û, fiscal, L. fiscalis (d'où fiscalité);
confisquer, L. confiscare.
FISSURE, L fissura (finderc).
FISTULE, L. fistula. — D. fistuJeux.
FIXE, L. fixus, part, passé de figere. — D.
fixité, verbe fixer. — Littré place sous fixe.
l'ancien acy. fis, assuré, certain; c'est une
erreur; vfr. fis est la forme du svget sing. et
du régime plur. de l'a^j. fit, qui est le latin
fidus; de là les formes adverbiales de fit et
fiement, certainement.
FIXER, voy. fixe.
FLABELLATION, du L. flabellare (de fla-
hélium, dim. de flabrum, soufflet, éventail).
FLACCIDITÉ, L. flacciditas, de flacàdus,
fiasque.
FLACHE, les diverses significations de ce
substantif, dont la forme varie avec flaque,
expriment quelque chose d'aplati, d'écrasé,
une surface jetée sur une autre et faisant en
quelque sorte tache avec elle. G'est bien là la
valeur de la racine flac. Gette racine s&ri
aussi d'intexjection imitative du bruit qui se
produit quand on jette quelque chose de large «
de plat ou de liquide sur une sur£Bu:e. Le
fr. flajche ou flaque rappelle l'ail. fUuih, plat,
uni (d'où flâche, sur&ce) et fleck, tache. Le
mot flajche s'emploie à Bruxelles aussi pour
flan, tarte. — D. fUucheux.
FLACON, fUiscon, dérivé du vfr. fUische,
esp. fiasco, frasco, it. fiasco, fiasca. Ce mot se
trouve aussi bien dans les idiomes celtiques
que dans les germaniques, et il est fait emploi
de fiasca, fiasco, dans les plus anciens monu-
ments de la basse latinité. Les gloses d'Isi-
dore présentent aussi la forme pilasca «= vas
vinarium ex corio; Joh. de Janua : pilasca
vas vinarium corio piloso opertum ; cela fait
présumer de leur part une dérivation de pilus,
poil. Cependant la forme fiasca remonte plus
haut que pilasca, et voici comment Diex la
revendique au fonds latin : Fiasco est issu du
latin vasculum, par l'efiet 1) d'une transpo-
sition de la liquide (cp. it. fiaba, p. flaba, de
fabula, prov. floronc de furunculus, fr. blou-
que p. boucle, etc.), 2) du durcissement de v
en f (cp. palefroi de paraveredus, fois de
vicis). Ce serait le BL. , selon Diez, qui aurait
fait passer le mot dans les diverses langues
de l'Europe. L'antiquité du mot, qui est dans
Isidore et Grégoire de Tours, rend douteuse,
pour Littré, la métatlièse (vlasco p. xxisclo)
sur laquelle Diez s'appuie.
FLAGELLER, vfr. flaeler, L. flagellare, de
flaçellum, fouet (voy. fléau).
FLAGEOLER, voy. lart. suiv.
1 . FLAGEOLET, dimin. du vfr. flageol, fla-
jol, prov. flaujol, qui représente un type dimi-
nutif latin /{autto/u^ (voy. soMS flûte). Le primi-
tif flageol a encore donné le verbe flageoler,
jouer du flageolet; au û^. piper, leurrer,
tromper. L'acception chanceler, vaciller, qu'a
prise le mot flageoler en parlant des jambes,
est moderne et est expliquée coi^jecturalement
par Littré au moyen d'une expression méta-
phorique flageolet au sens de jambe grêle et
peu assurée. — L'étymologie gr. itlvfixytUi,
flûte traversière (=« jriAytoç «ùio;) n'a que
l'apparence de vérité.
2. FLAGEOLET, variété de haricots; mau-
vaise prononciation p. fageolet, dimin. de fa-
geol, qui est le L. phaseolus, haricot.
FLAGORNER, d'après Le Duchat, un mot
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FLA
217 —
FLA
de fantaisie, composé des éléments fkiJUer et
corner (aux oreilles). Nicot lui attribue tout
simplement le sens du L. déferre «rapporter;
le sens serait donc pr. dire à Toreille, et l'idée
de flatter lui est survenue peut-être sous Tin-
fluence de la syllabe fia ; Littré y voit une
altération de fiageoler^ jouer du flageolet, %%,
piper.
FLAGRANT, L. flagrans, brûlant, chaud;
est employé dans quelques expressions, telles
que « en flagrant délit, en flagrant mensonge » ,
pour actuel, en pleine chaleur de l'action. —
D. flagrance.
FLAINI, voy. sous flanelle.
FLAIRSR, prov., cat. flair ar, du L. fra-
grare, exhaler une odeur. Le mot fr., d'abord
»= rendre odeur (Nicot), a pris le sens actif
sentir, percevoir une odeur, comme, à Tin-
versé, sentir s'emploie aussi en sens neutre.
— D, flair. — « Autrefois on écrivait et pro-
nonçait aussi fleurer avec le sens d'exhaler
une odeur, et fleur »■ flair, et l'on a long-
temps douté à laquelle des deux formes il
fallait accorder la préférence. L'Académie,
dans son dictionnaire de 1694, écrivait :
« Flairer, on prononce ordinairement fleu-
rer n, et les autres dictionnaires ' se réglant
plutôt sur l'usage adopté par les écrivains,
entre autres par Molière et Boileau, qui ont
écrit fleurer^ disaient que flairer était vieux
et qu'il devait se remplacer par fleurer. Au
xvui* siècle enfin, les grammairiens trouvè-
i*ent bon d'utiliser les deux formes. Us décré-
tèrent que l'un se dirait p. exhaler une
odeur : Cela fleure comme le baume ; et que
l'autre exprimerait la sensation que l'on en
perçoit : - flairez un peu cette rose» (Gachot).
— Sur la vraie origine de cette concurrence
entre fleurer et flairer, voy. fleurer.
FLAKAND, vfr. flameng^ du néerl. xHa-
ming, d'où le terme flamingant (« la Belgique
flamingante n),he d final du mot actuel est
anti-étymologique .
FLAMANT, oiseau, anciennement /?amman/
ou flambant, de flammer, flamber. Buflbn
proteste contre l'idée d'y voir un oiseau fla-
mand, à plus forte raison que ce volatile n'a
jamais paru dans les Flandres. Son nom lui
vient de la belle couleur rouge de son plumage.
FLAMBE ; ce mot est prob. gâté de flamble,
qui répond au L. flammula; cp. étape p. esta-
pie. — D'autres sont d avis que flambe est
une forme spécifiquement anglo-normande de
flamme (voy. Ztschr., IV, 550, not«). — D.
dim. flamber flambeau, flambart; verbes
flamber, flatnboyer.
FLAMBEAU, FLAMBER, FLAMBOTER,
voy. flambe.
FLAMBERGE, épée; d'après Frisch, suivi par
Diez, un composé de flanc, côté, et de bergen,
protéger; donc = défense du côté. Cp. fro-
berge, autre nom d'épéé, litt. (selon Grimm)
«s défenseur du seigneur.
FLAMINGANT, voy. flamand.
1. FLAMME, L. flamma (p. flagma). — D.
flammer^ L. flammare; flammèche (cette sin-
gulière forme dérivative vient peut-être d'un
mot it. fiammesca, à supposer d'après l'ana
logie de faUvoesca, p. favalesca, de faoilla)\
flamiçhe, gâteau cuit à la flamme; fl<im-
mette; flammcrole; cps. enflammer,
2. FLAMME, lancette à saigner, esp. fleme,
prov. flecmei^. fletme), wallon de Liège flime,
vfr. flieme, holl. vlym, angl. fleam; vha. flio-
dima, fliedima, nha. fliedme, fliede, fliete;
cymr. ffluym. Toutes ces formes procèdent
du L. phlebotomus {^UîôrofiOi, litt. coupe-
artère), lancette, par l'intermédiaire du type
syncopé flebYmus flebmus. L'équisonance de e
et a fr. devant m a déterminé l'orthographe
flamme.
FLAMMiCHE, voy. flam^ne, 1.
1 . FLAN, tarte, est une contraction du vfr.
flaon. Celui-ci, aa it. fiadone (gâteau de miel),
prov. flauson, esp. flaon, angl. flaton, BL.
flado, -onis (Vén. Fort.), reproduit le vha.
fl€uio, flada ^= laganum, placentum, torta,
libirni, favus (ail. mod. fleîde, fleuien), flam.
vlaede, propr. quelque chose de plat. Cp. en
wall. flate =» bouse de vache, de même en
ail. kuh'fladen.
2. FLAN, t. de monnayage, pièce de métal
prête à être monnayée ; le même mot que le
précédent; pr, pièce plate et ronde.
FLANC, prov. flanc, it. fianco. Diez op-
pose des raisons phonologiques à l'étymologie
vha. hïa)u:a, lancha, m. s. Il allègue surtout
le fait que le groupe initial tudesque hl ne se
romanise jamais par fl et que d'ailleurs la
forme hlanca a disparu de très bonne heure
en allemand. Flanc désigne proprement la
partie molle depuis le défaut des côtes jus-
qu'aux hanches ; cette partie du corps est ap-
pelée chez les Allemands toeiche, de toeich,
mou (cp. le terme fr. mollet), et au moyen
âge elle s'appelait en ail. hrenke, de hranhf
faible. Cette circonstance détermine le philo-
logue allemand à rapporter le mot roman au
L. flaccus, mou, flasque. L'insertion d'un n
devant les gutturales n'a rien d'extraordi-
naire, cp. it. fangotto p. fagotto, fr. ancolie
^.acolie, jongleur de joculator. Il est remar-
quable de trouver, en langage de marine et
d'artillerie, le terme flasque avec un sens
analogue à flanc. On serait tenté d'en inférer
que les deux formes ont été employées comme
synonymes, l'une venant de flaccus, l'autre du
dérivé flaxidus, p. flaccidus (voy. flasque). —
C'est du roman que les langues germaniques
ont tiré leur mot flanke — D. flanquer,
flanchet, flanconade.
FLANBRIN, adj., qui est de Flandre.
Comme subst. signifiant homme grand et fluet,
le mot a, selon Littré, la même origine ; c'est
un sobriquet péjoratif motivé par la haute
taille qui est ordinaire chez les Flamands ;
j'avais soupçonné autrefois une contraction do
filandrin (cp. filaixUau).
FLANELLE, it. flaneîla, frendla, esp.
franela, angl. flannel; du vfr. flaine, cou-
verture de lit faite de laine (au) . flaine signi-
fie une espèce de coutil de Flandre). En gaél,
on voit également le mot curaing signifier
d'abord couverture, puis flanelle. Quant à
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FLA
— 218 —
FLÉ
flaine, couverture, Diez le rapproche du L.
velamerif -inis (r7awi«tî), ce qui voile, couvre ;
cp. flasca p. vlasca (voj. flacon). — Les éty-
mologistes anglais tirent le mot du gaél.
ffwlanen, ffwlan, laine.
A
yLÂHER, mot populaire des patois ; Diez
cite risl. flâna, marcher à l'aveugle ; en nor-
mand, le verbe se dit aussi p. faire des com-
mérages. — D. flâneur, -trie.
FLANQUER, voy. flanc. Dans les locutions
populaires « flanquer par terre, flanquer un
soufflet », ce verbe me fait Teffet d'être une
variété nasalisée de flaquer (rac. flac). C'est
aussi l'avis de Littré.
FLAQUE, aussi floche, BL. flaco, flam.
vlacke (Kiliaen : locus stagnantibus aquis
opertus). De la racine flac traitée sous floche.
FLAQUER, jeter avec force un liquide ; de
la racine flac (voy. floche). — D. flaquée.
1. FLASQUE, mou, sans vigueur; selon
Diez, d'un type latin flaxidus (p. flaccidus),
m. s., transposé en fla^quidus. Dans les patois
on dit aussi floche (cp. laxus, fr. lasque,
idchei. Quant aux mots similaires it. fiocco,
esp. flaco, port, fraco, prov. et vfr. flac, flo'
que, ils relèvent directement du L. flaccus.
— Selon Caix, flasque serait le résultat d'une
confluence des deux thèmes 'flac et 'lasque
(lâche).
2. FLASQUE, subst.,-=> flanc [v. c. m.).—
On appelle aussi flasque la poire à poudre
des chasseurs, mais dans ce sens, le mot est
= flasque, le primitif de flacon (v. c. m,).
FLATIR (angl. flatten), dér. du vfr. flot,
coup, tape. D'origine germanique : nord.
fletia, aplatir (ail. mod dos metall fletschen,
aplatir le métal avec le marteau >, vha. flajs,
angl. flot, plat. Dans la langue des trouvères,
flatir signifiait aussi jeter ou tomber à plat
et est synonyme de flastrir. — D. flatoir. —
Le vfr. flastrir, tomber à plat, est probable-
ment distinct de flaistrir (d'où flétHr ■-•
ternir, décolorer) et a laissé sa trace dans
flàtrei\ appliquer un fer chaud à un ani-
mal mordu, se flairer (subst. flâtrurej, se
mettre sur le ventre ^ terme de vénerie). — De
la même racine flot (s plat) procède, d'après
Diez et autres, prov, flatar, fr. FLATTiCR (v.
cm.), pr. caresser (»» passer avec la main
plate sur la surface du corps^. On pourrait
tout aussi bien partir de l'idée se mettre à
plat devant qqn. ; nous disons encore être à
plat ventre devant qqn. p. lui faire bassement
la cour.
FLATOIR, voy. flaiir.
FLAIRER, d'où flâtrure, voy. flatir.
FLATTER, voy. flatir. Nicot : « aucuns
pensent de flatare (fréq de flare), parce que
les flatteurs soufflent toujours qqch. aux
oreilles de ceux qui les veulent ouïr, et les
enflent de la bonne opinion d'eux-mêmes n.
Cette étym. pourrait s'appuyer du vfr. flavelle,
flatterie, de flabellare, souffler sur. — Grimm
met le mot en rapport avec l'ail, flattem
(aussi fladern), voleter; « le flatteur bat des
ailes, comme le chien flatte de la queue » .
Cela parait subtil ; cependant, cette opinion a
pour elle le nord, fladra = blanditiis £bl1-
1ère. En flamand on disait aussi vlaeden p.
flatter (auj. vleijen). — Enfin, nous croyons
qu'il est utile de sfgnaler le verbe latin fla-
tare défini dans les glossaires de Placidus et
de Papias par « augere et ad amplura red-
dere » . En prenant ce verbe intensif de flare
pour le primitif de flatter, nous aurions au
fond de la flatterie Tidée de boursouflure,
d'exagération. Mais on oppose avec raison à
l'étymologie flatare que ce type aurait donné
flayer ou flcer, et quant au passage cité dans
les gloss. de Placidus et de Papias, Bugge
croit qu'il faut y corriger elatare. Storm a
donc recours à une forme-type équivalente :
flatitare (Rom., V, 179;. Mais ce qui méfait
hésiter à l'approuver, c'est que je ne connais
dans le fonds commun de la langue aucun
autre exemple d'une formation semblable. H
faut par conséquent en revenir au germanique
flot, plat; flatter serait ainsi =3 lécher du
plat de la langue, laper, ou caresser du plat
de la main. L'action contraire, c'est graUer,
mc»t germanique aussi. — A l'appui de cette
dernière manière de voir, G. Paris (Rom., X,
404, note) rappelle qu'on disait jadis : « l'ourse
flatte son ourson », et qu'on dit encore : • le
palefrenier flatte son cheval » . L'ancien fran-
çais disait aussi flater du lait pour « Ir
laper », l'absorber à coup de plat de langue.
— D. flatteur, -erie.
FLATUEUX (d'où flatuasité), et flatulmtt
(d'où flatulence), dérivés du L. flatus, souflle.
vent.
FLÉAU, vfr. flaiel, flael, angl. flail, it.
fragello, ail. flegel, du L. flageUum, fouet,
fléau, dim. Aq flagrum.
1. FLAGHE, au sens du L. sagitta, it.
freccia (dial. frijiia), v. esp., port, firecha.
esp. mod., prov. flécha, wall. fliche; du
néerl. flils, mha. flitsch, m. s., ail. mod.
flitZ'pfeil.
2. FLÈCHE (aussi fliche) de lard, vfr. flique,
flec; comme le précédent, d'origine germa-
nique : ags. flicce, v. angl. flich; angl. mod
flitch, nha. flich, flech, morceau, pièce. —
L'étymologie ail. fleisch, viande, nord, flash,
lard, posée par Chevallet et autres, ne peut
prévaloir sur celle que nous venons d'indiquer
d'après Diez.
FLÉCHIR, du L. flectere; cp. réflcchir de
reflectere. Pour et = ch, cp. empêcher de im-
pactare, cacher de coactare, allécher de allée-
tare. — Cette étym. est douteuse ; l'équation
et lat. =*■ ch franc, n'est pas suffisamment assu-
rée. L'anc. langue employait tout aussi bien
flechier, fleschier, qui accusent pour type lat.
flexare (dérivé de flexus)\ cp. lâcher de laaeare.
Fléchir serait donc postérieur A flechier. Mais
ce qiri fait difficulté, ce sont les formes picardes
flehir (Reclus de Moliens), flekier, qui ne s'ac-
cordent plus avec fleœare. — D'après G. Paris,
la généalogie de fléchir se présenterait ainsi :
Il part de flexus, de là verbe vfr. fleschier «■
flexare, de là a^j. vfr. flesche (cp. laschê,
lâche, issu de laschier » laxare), d'où enfin
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FLE
219 —
FLO
fleschir, fléchir (Rom., VIII, 628). Mais ici
encore le thème picard fait difficulté.
FLEGMB, vfr. flemme, fleume, aa propre
pituite, humeur visqueuse, du L. phlegma
(f>r//Kfic). — De là : flegmatique, fUy/ixTutôç,
pK>pr. pituiteux, lymphatique, fig. d'un ca-
ractère froid, calme. C'est le sens fig. de l'adj.
qui a reflué sur celui du primitif flegme, dans
sa signification de calme, tranquillité d'âme.
Du grec ^Xv/fià-fti, inflammation des parties
sous-cutanées, vient L. phlegmone, fr. fleg-
mon,
FLET, FLETAN, aussi fleton, fietelet, noms
de divers poissons plats ; de la racine flat, plat,
voy. flatir,
1 . FLIITBIR, altéi^er, corrompre, diminuer
la force, la fraîcheur ou la vivacité naturelle
d'une chose, fig. déshonorer; vfr. flaistrir,
dans le Berrichon flatrir; de l'adj. vfr. flais-
tre, flestre^ fané, décoloré, qui représente, à
l'avis de Diez (peu soutenable selon moi), une
forme latine flaccasier (de flaccus). — D. flé-
trissure.
2. FLÉTRIR, marquer d'un fer chaud, vfr.
flastrir, flétrir. C'est une variété de flatir (r
euphonique), qui ne diffère que par la termi-
naison du terme identique flairer, employé
par les vétérinaires. Le verbe dont nous par-
lons est distinct du précédent. — D. flétrissure,
FLETTE, sorte de petit bateau de rivière;
d'après Jal, de l'angl. flat, plat; peut-être
tient-il à l'anc. flam. vletten^ flotter.
1. FLEUR, it. flore, esp., port., prov. flor,
du L. flos, gén. floris, — D. fleurir et florir,
L. florere; — fleuraison, aussi floraison (cp.
feuillaison), subst. du BL. florare, pousser
des fleurs; — fleuré, bordé de fleurs, BL. flo-
ratus ; — fleuri =r en fleur; — fleuret, it. fio-
retto, épée munie d'un bouton garni de peau
et ressemblant à un bouton de fleur; aussi
soie tirée de la bourre qui est aux environs
du cocon et qui est comme une fleitr que le
▼er-à-soie a produite avant de former son
ouvrage ; — fleuron, ornement à forme de
fleur, un des éléments de l'ensemble d'une
couronne ; — fleurette, petite fleur, fig. jolie
petite chose, de là propos galant, cajolerie
amoureuse* — fleuriste (néolog.), qui cultive
les fleurs. Do fleur de lis on a fait le verbe
fleurdeliser. — Dans la locution à fleur de,
au niveau de, sur le même plan, on est tenté
de rapporter le mot fleur à l'ail, flur, terre-
plein, angl. floor, néerl. vloer; cependant,
cette expression peut aussi se déduire du sens
superficie attaché parfois à fleur (p. ex. ne
contempler que la fleur des objets); l'italien
dit aussi à flor d*acqua. Voy. aussi affleurer,
effleurer.
2. FLEUR, au plur., menstrues, est le même
mot que le précédent; on a comparé les mens-
trae<«, à cause de leur couleur rouge, à une
fleur. L'explication usuelle par flueurs est
démentie par le BL. flores et l'it. fiori.
TLEURDELISER, voy. fleur.
FLEURIR, flairer; dérivé du subst. vfr.
fleur, fleur, odeur, qui est = lat. flatùreni
(ii. fiatore), lequel explique aussi angl. flavour.
Voy. Suchier, Ztschr., I, 431. — Cette étym.,
approuvée par G. Paris (Rom., VI, 629), no
l'est pas par Cornu (Rom., XI, 413), qui, lui,
part do L. fragrorem, d'où vfr. flairur, puis,
Vr étant venu à tomber par dissimilation,
flaieur, devenu plus tard fleitr, fleur. Pour
ma part, je trouve l'effort de Cornu inutile et
ne vois pas pourquoi l'ancienne langue n'a
pas pu posséder d'un côté flaieur, fleeur,
fleitr de flatôrem, d'un autre* flairur de
fragrorem,
FLEURET, voy. fleur.
FLEURON, voy. fleur. — D. fleurojDier.
FLEUVE, vfr. fluie, du L. fluvius.^Du. L.
flumen la langue d'oïl avait fait flun = prov.
flum, it. flume.
FLEXIBLE, L. flexihilis. — D. flexilnlité.
FLEXION, L. flexio (flectere).
FLIBOT, petit navire de flibustier, esp. fli-
bote, fllibote, néerl. vlieboot, de l'angl. fly-
boat, litt. vaisseau volant (cp. flying coach,
diligence)
FLIBUSTIER, anc. ftnbustier, du néerl.
vrybuiter, dan. fribytter, angl. freebooter,
ail. freibeuter, litt. franc butineur. L'* est
intercalaire comme dans fluste* (flûte).
FLIN, du vha. flins, ags. angl. flint, silex,
d'où le terme (anglais) flint-glass, sorte de
cristal.
FLIRTER, coquetcr ; mot nouveau d'impor-
tation anglaise ; to flirt est expliqué par Bau-
dry (vu la prononciation fleuri), par fr. fieu-
reter, conter fleurettes; d'autres le rappro-
chent de l'ags. fleurdjan, nugari, ou de l'ail.
flirren, flirtsen, flirtschen, faire du bruit,
bourdonner, voltiger.
FLOG, FLOCHE, toufi'e de laine ou de soie ;
aussi traité on adj. (*» étoffe floche »•) = velu,
velouté. Du L. floccus, m. s. (cp. ail. flocke,
angl. flock). Voy. aussi froc. — D. flocon,
propr. petite touffe do laine.
1. FLOCHE, subst., petit morceau de laine,
houppe, voy. floc.
2. FLOCHE (dans les patois), adj., mou, it.
fioscio, esp. floxo, prov. fluis, du L. fluxus,
pr. fluide, fig. mou, sans force.
FLOCON, voy. floc. — D. floconner, flocon-
7ieux.
FLONFLON, onomatopée.
FLORAISON, voy. fleur.
FLORAL, L. floralis (flos). Les auteurs du
calendrier républicain ont eu recours à un
type florealis, extension de floreus, pour eu
âiire un nom de mois.
FLORE, nom de la déesse qui présidait aux
fieurs ; on en a fait le titre des ouvrages ayant
poiir objet la description des plantes et des
fleurs d'un pays.
FLORISAL. voy. floral,
FLORENCE, FLORENTINE, tafl'etas léger;
de la ville de Florence, qui elle-même tire son
nom des campagnes fleuries qui l'environnent.
FLORES, dans « faire florès », faire deréclat,
du plur. L. flores, fleurs.
FLORILÈGE, du latin moderne /fon7<^um,
imitation du gr. xv^olo/l^, recueil de fleurs
{fhres légère).
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FLU
— 220 —
FOI
FLORIN» it. fioriiio; les premiers florins,
frappés à Florence, portaient une fleur de lis;
de là le nom.
FLORIR, voy. fleuHr.
FLOSGULE, ail. floskd, L. flosculus (flos).
FLOT, it. fiotto, frotto, du L. flitctus, m. s.
Dans la locution « être à flot », le mot est le
subst. verbal de flotter, — D. flotter, pr. ba-
lancer sur les flots.
FLOTTE, vfr. flote, signifiait anc. affluence,
foule, troupe (<« la grande flote de ses larmes n,
« une flote de brebis, flote de gens *»), signifi-
cation conservée dans l'csp. flota^ it. flotta,
frotta. C'est la forme féminine de flùt (L.
fluctus) dans son sens de multitude, abon-
dance. Le sens moderne du mot peut aisé-
ment se déduira du sens primitif troupe,
d'autant plus que cette troupe était flottante.
Cependant il est difiicile de méconnaître une
influence des idiomes germaniques, où l'on
rencontre des mots similaires signifiant train
de bois, radeau, flotte. L'acception actuelle,
groupe do navires, ne date que du xvi* siècle,
dit-on. Effectivement ou rendait la chose au-
paravant par name, naoirie ou cstoire (BL.
storium, du gr. «toXo;).
FLOTTER, voy. flot, — D. floUe, bouée;
train de bois flottant; flottaison, -abù.
FLOU, vfr. flo, floi, flau^ mou, mat, sans
vigueur; dans certaines conditions cependant,
le flou peut, en peinture, devenir une bonne
qualité ; il est alors opposé à dur, sec. Il se
peut que ce flou = fondu, tendre, représente
le L. fluidus. Pour l'autre, les formes an-
ciennes obligent à admettre une provenance
du néerl. flauw m. s. (angl. flew, ail. raod.
flau). Pour le rapport de au — oi — o — ou,
cp. L. paucus, vfr. pau, pot, po, pou, — D.
fliœt, anc. flouet,
FLOUER, voler, duper; étant un mot po-
pulaire, flouer parait être un doublet de /î/om-
ter (filou). — Boucherie le tire trop savam-
ment du lat. fraudare.
FLUCTUATION, L. fluctuatio (fluctuare).
FLUER, L. fliicre. — D. fluant, -ent,
fluence; cps. affluer, refluer. Du verbe fluere
viennent en outre : flueur, L. fluor, et les
termes de chimie : fluate, fluor, fluorique,
fluorure; — fluide, L. fluidus, d'où flui-
dité,
FLUET, voy. flou.
1. FLÛTE, fluste* (s intercalaire), instni-
ment à vent, contraction du vfr. fiante, fla-
hute (encoro usuel dans les dialectes), aussi
flahuste. Do flaiUe le prov. a fait flauta, d'où
sont tirés esp. flauta et it. flauto, mha. jfloUe,
nha. flôte. Le primitif /faute est le subst. ver-
bal du verbe vfr. flaûter; or, celui-ci s'est
produit, par l'eflct d'une transposition, de flor
tuer, cp. vfr. veude p. vcdue, prov. teun p.
tenu. Le verbe flaiuer, à son tour, est un dé-
rivé du subst. L. flatus^ souffle. — D'un type
diminutif flautiolus proviennent les formes
prov. flautol, flaïUjol, flaujol, vfr. fiageol,
flajol, conservé sous la forme diminutive fla-
geolet (v. c. m.). — On peut demander si
flùic, dans l'acception verre long et étroit
(d'où flûter, boire à longs traits), n'a pas une
autre origine que le nom de rinstrument de
musique ; Littré écarte ce doute en faisant
remarquer qu'on dit flûter, siffler un verre
de vin, ce qui autorise à confondre flûte verre
et fliUe instrument. Ce qui permet encore
cette confusion, est, me semble-tril, l'analogie
du terme pipe employé comme mesure de
liquide. — D. flûter, flûteur, -iste.
2. FLUTE, verre à boire, long et étroit (ail.
flôtenglas), voy. l'art, préc,
3. FLUTE, espèce de bâtiment de charge,
angl. flûte, bas-ail. fleute, néerl. fluytschip;
de la famille du verbe ags. fteotan, fluere,
fluctuare. — Roulin tient le mot germanique
pour emprunté au roman ; flûte est ss vfr.
fluste, qui est ^,fuste et vient de l'esp. fusta,
sorte de navire (= L. fustis, bois).
FLUVIAL. L. fluvialis (fluvius).
FLUX, L. fluxus (fluere). — D. reflux.
FLUXION, L. fluxio (fluere). — D. fluxion-
naire.
FOARRE, FOUARRE, variété de feurre,
FOC, FOQUE, t. de marine, sorte de voile,
« nord, focka, ail. focke, hoU. fbk,
FOCAL, du L. focus, foyer.
FŒTUS, mot latin, aussi feius, = embryon.
FOI. vfr. feid, fei, L. fides.
FOIE, vfr. fie, wall. feùte, fête, it. fégato,
esp. higado, port, ftgado, prov. fetge, val.
ficaJt, du lat. ficatum, s. e. jecur, litt. foie
d'oie engraissé de figues, puis foie en géné-
ral. Par l'usage, l'expression composée fica-
tum jecur s'est réduite au terme ficatum et
l'accessoire a fini par l'emporter sur le mot
principal (jecur). Un fait analogue se pré-
sente dans trojanus porcus, d'où truie, dans
seta seritea pr. écheveau de soie, d'où soie,
dans réverbère p. lanterne à réverbère, etc.
Le grec moderne a de même réduit l'expres-
sion 9vxMrev ^itKp, traduction du L. ficatum
jecur, à vcxon, qui signifie maintenant foie. Le
souvenir des figues n'existe plus que pour le
linguiste et pour le lecteur d'Horace (« pingui-
bus et ficis pastumjetmr anseris albi H,Sat.2,
8, 88) Ce qui est à noter, c'est le déplace-
ment de l'accent de la seconde sur la première
syllabe : ficatum p. ficatum, — Sur les dé-
gradations successives qu'a subies le type
ficatum dans le domaine roman, surtout à la
suite du déplacement de Faccent (thèmes
fcgaXo, figido, fldico), voy. G. Paris, Rom.,
VI, 132. C'est le type fidico qui a créé le fr.
fie et foie; le wallon feûte {eu = oi) répond à
figido.
FOIN, ^'fr. fain, du L. fœnum, fenum, —
Comme interjection, servant à exprimer la
répulsion, Jaubert tire le mot de fouin, qui
signifie en Berry « putois », personne qui
pue. Cela reste douteux.
1. FOIRE, marché, it. fiera, esp. feria,
port., prov. feira, angl. fair ; du L. feria,
ou plutôt du pluriel feriœ, temps de fête, de
chômage. On sait que les foires coïncidaient
avec des jours fériés. Comparez en ail. messe,
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FON
221 —
FON
foire, qui est identique avec messe, messe, "et
€iult, m. s., du BL. induUum, indulgence, jour
d'indulgence. — L'étymologie L. forum n'a
pas de valeur.
2. FOIRE, norm. foure, flux de ventre, du
L. foria, m. s. — D. foirer, -eur,
FOIS, vfr. /îe, prov. vêts, fetz, it. vece,
esp., port, ves, du L. vicis (« tribus vici bus »
= trois fois). Le o initial s'est durci en f Voir
aussi le mot voie.
FOISON, Yfr. fitison, du L. fusio (fundere),
effusion, profusion. — D. foisonner.
FOL, FOU. it. folle, v. e.sp. et prov. fol,
angl. fool, BL. folîus. L'origine du mot est
le L. follere, se remuer çà et là, qui vient
du subst. L. follts, soufflet, pr. qqcli. qui est
toujours en mouvement de va-et-vient. Cette
idée de mouvement, de ballottement, était
encore propre à l'anc. verbe foler, folier,
errer çà et là. marcher de côté et d'autre,
flotter, puis extravaguer, errer, mener une
vie de débauche ; elle est encore sensible dans
it. folletto, prov., cat. et fr. follet, = lutin,
feu follet (cp. alL ^n•-/tc/l^pr. lumière errante).
En BL. on trouve d'abord Tadj. follis, pnïs fai-
llis. — D'autres admettent bien comme source
le L. foUis, soufflet (vfr. fou), mais ils insistent
moins sur l'idée de remuement que sur celle
de gonflé de vent. C'est afl'aire de goût ; ils
pourraient avoir raison, seulement, le termes
feu follet ne s'y prête pas aussi bien. — D.
follet, V. pL h. ; folie, probablement un subst.
verbal du vfr. foliei\ être fou (l'anc. langue
avait encore pour folie les formes folage,
folour); folâtre, folichon; affoler (v. c. m.).
FOLATRE, de fol, fou. — \y. folâtrer.
FOLICHON, de fol; cp. harhichon, corni-
chon. — D. folichon) ICI' .
FOLIE, voy. fol. — Quant au sens « maison
de tolérance • donné parfois à ce mot, il se
peut qu'il soit dû à une confusion avec feiiil-
lie; cette coiyecture s'est imposée à Littré
X)ar des textes du moyen âge tels que : « foleia
quse erat ante domum », « folia Joannis Mo-
relli ».
FOLIO, ablatif du L. /bZn^m, feuille ; on dit
folio 3, litt. = à la feuille trois, comme on
dit numéro 3 p. au nombre trois. Do là folio-
ter =5 numéroter les feuillets.
FOLLE, filet à larges mmillcs, du L. follis,
pr. poche de cuir, puis soufflet. — D. follier,
bateau pour pêcher aux folles.
FOLLET, voy. fol.
FOLLICULAIRE, du L. folliculus (follis),
l . petit ballon ; 2. terme de mépris pour dési-
gner un écrit sans valeur. — Le mot ne dé-
rive pas de folium, feuille, pas plus que le
terme de botanique follicule, qui signifie pr.
capsule, pochette.
FOMENTER, L. fomentare, de fomentum
(p. fovimentum, subst. de fovere), mpyen de
réchauffer, calmant, lénitif.
FONCEAU, petit vallon, d'un type latin
fundicellus (fundus).
FONCER, voy. fond; mettre au fond, faire
le fond, fournir des fonds. Dans les patois du
Nord, on dit foncer p. se frayer un passage,
pr. s'enfoncer dans la foule. — D. foju:é,
couleur de fond, de couleur sombre ; foti-
çcnllcs, traverses du fond d'un lit ; composés :
enfoncer, défoncer,
FONCIER, voy. fond.
FONCTION, L functio (fungi). — D. fotic-
tionnaire, fonctionnel, fonctionner,
FOND, et avec conser\'ation de l'ancienne
finale 5 du nominatif, fonds. L'usage a nuancé
la signification des deux formes. Les deux
mots répondent au L. fundus, fond, base,
fonds de terre, domaine, d'où fundare, fr.
fonder. — La fonne fonds a communiqué 1'^
(devenu c) à quelques dérivés, .savoir : foncer,
prov. fonsar; foïicier, qui tient au fonds;
en-, défoncer. On remarque un r intercalaire
dans le dérivé : fondrer*, aller au fond (angl.
founde^'), d'où fondiHm\ fondrière, fondrilles,
effondrei' (v. c. m.). — Dans l'anc. langue, lu
forme dominante était fons, tant au sujet
qu'au régime ; ce n'est que plus tard qu'on
établit une distinction de sens entre les deux
formes. Voy. mes notes sur Jean do Condé,
t. I, p. 459. L'5 final étant considéré comme
radical, le dérivé fonser* foncei' est tout
naturel.
FONDAMENTAL, du L. fundamentum (fun-
dare), fondement.
FONDER, angl. found, du L. fundare (fun-
dus). — D. fondement, L. fundamentum;
fondation, L. fundatio; fondateur, L. fun-
dator.
FONDRE, sens actif ec neutre, L. fundere.
La filiation des sens est : répandre, d'où, d'une
part, rendre liquide, mettre en fusion, d'autre
part, verser, renverser, tomber, se précipiter.
— D. fo7ite, d'un type L. fundita; fondeur,
-erie; fondue; fondis et fontis.
FONDRIÈRE, du vieux verbe fondrer„ s'af-
faisser, s'enfoncer; voy. fond.
FONDRUiLES. lie qui se forme au fmid des
vases, voy. fond.
FONDS, voy. fond.
F0N6E (en médecine fongus), du L. fun-
gus, champignon. — D. foncer; fongueux, L.
fungosus, d'où fongosité\ fongineux, L. fun-
ginosus*, extension de l'adj. funginus.
FONGIBLES (choses), L. res fungibiles (Di-
geste).
FONGUEUX, voy. fonge,
FONT, source, fontaine, du L. fons, fontis.
Quoique le subst. latin soit du genre mascu-
lin, le mot français n'en est pas moins du
genre féminin, comme le prouvent encore une
foule de noms propres, tels que Lafont, Bel-
le font, la Chaudefont, Fonfrède (fons frigida).
Dans fonts baptismaux, qui est la seule appli-
cation du mot qui nous soit restée, le genre
est également féminin, car l'expression re-
monte à une époque où les adjectifs en al ne
distinguaient pas encore les deux genres (cp.
lettres royaux). Bien que cela ne rentre pas
précisément dans notre cadre, nous citons
encore, dans la catégorie des mots latins en
ns ou rs, les changements de genre suivants :
est devenu féminin le masculin dens, fr. la
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FOR
222 —
FOR
(lent; sont devenus masculins les féminins
frotis, le froiit, — fflans, le gland^ — ars^ le
artf — sœ'Sf le sort, — D. fonlainc, L. fon-
tana* (de l'adj. fontanus).
FONTAINE, voy. font — D. fontainier et
fontenier. De fontaine, L. fontana, les anato-
mistes et les chirurgiens ont tiré le dim. fon-
tanelle, litt. = petite source; cp. aussi l'ex-
pression analogue fonticule, L. fonticulus.
FONTANELLE, voj. fontaine.
F0NTAN6E, nœud de ruban à la coiffure
des femmes, du nom de la duchesse de Fon-
tanges, une des maîtresses de Louis XIV.
1. FONTE, action de fondre, voy. fondre.
2. FONTE, fourreau de pistolet sur le devant
d'une selle; p. fonde, du prov., ital. funda,
poche ; prob le même mot que fund4i, fronde,
qui se trouve, dans Macrobe, avec les accep-
tions de valise, sacoche. Pour le changement
de d en t, cp. détnantibuler.
FONTS, voy. font.
FOQUE, voy. foc.
1. FOR, it. fwo, esp. /*m^o, juridiction, tri-
bunal, du L. forum, barreau.
2. FOR-, préfixe, voy. fors.
FORAGE, terme de coutume, im[)6t sur les
denrées, surtout sur les vins, du BL. forum,
prix des marchandises. Voy. forfait 2.
FORAIN, it. foraneo, forano, angl. foreign,
BL. foraneus, syn. de extrancus^ étranger,
dérivé de l'adv. L. foras, dehors. Le marcliand
forain est un marchand qui vient du dehors.
FORBAN, voy. sous ban.
FORBOnUB, anc. »» boire avec excès {for,
I)réfixe de lexcès). Voy. aussi fourbu.
FORÇAT, forme prov. de forcé; voy. force.
1. FORGE, it. forza, esp. fucrza, prov.
forsa, BL. forcia p. foriia. Ce subst. est soit
un dérivé de l'ac^j* fortis (cp. BL. faUia de
falsus), ou le subst. verbal du verbe fortiare
(qui est le fr. forcer), verbe formé de fortis,
comme BL. graviare, leviare de grams, levis.
— D. forcer; forçat, autr. aussi forcé, it.
forsato, esp. forzado, condamné aux travaux
forcés.
2. FORGE, ciseau, voy forces.
FORCENÉ, mauvaise orthographe pour for-
séné, prov. forsttwX, it. forsennaXo, litt. hors
de sens; c'est un composé de for (voy. /b»**) et
le vfr. sen, sens, = it. senno, v. esp. et prov.
sen. Ce mot sen est le vha. sin (ail. mod. sinn),
sens, .sentiment. De U vfr. sene', prov. sénat,
sensé. Anciennement on avait aussi un verbe
forcener, forsencr = perdre la raison, d'où
les subst. forcènement, mot employé par Cor-
neille, et forcènerie.
FORCEPS, mot latin, signifiant tenailles,
pince.
FORGER, voy. force 1. Cps. efforcer, ren-
forcer.
FORGES, grands ciseaux, it. forbici, du L.
forpices, forp*ces (plur. de forpex), tenailles,
ciseaux. Cp. Iierce' herse de hirpex, -icis.
Diminutif forcettes.
FORGLORE, it. forchiudere,^ L. forisciau-
dere; synonyme de exclure. — D. forclusion.
d après exclusion ; il faudrait strictement for--
closion, comme éclosion.-
FORER, prov. forar, it. forare, du L. fo-
rare, percer. — D. foret.
FORESTIER, voy. f(yrêt.
FORÊT, fnrest', it. foresta, esp., portug.
florcsta, prov. forest. l^es documents de la
basse et moyenne latinité portent indiflFérem-
ment forestis, forest e, forestus, forestum, fo-
resta, forasta. On désignait par là le bois
soumis au dix)it de chasse, mais non enclos
(en opposition à parcus, bois enclos, parc),
puis aussi les viviers de poissons. On fait
généralement venir le mot de Tall. forst, m. s.,
mais c'est lo contraire qui parait être le vrai.
Pour l'origine de forst, et par là de forêt, les
primitifs vha. forahà, pin (ail. mod. fohre) ou
forahahi (ail. mod. forchach), bois de pins, se
présentent fort naturellement, mais on ne se
rend pas compte de la terminaison en est.
Abandonnant la dérivation germanique, on
s'est adressé au L. foris ou foras (notez qu'on
trouve à la fois les formes BL. foresta et fo-
rasta), eij se fondant sur un adj. forasticus =
exterior, cité par le grammairien Placidus,
et formé à la façon de cras-tinus, rus-ticus.
La forme forasticus aurait été écourtée en
forastis, forestis, et signifierait un lieu mis à
part, prohibé, réservé pour la chasse ou la
pèche. A l'appui de cette manière de voir,
Diez rappelle, pour justifier la supposition
d'un acyectif tiré do foras, l'it. forastico, sicil.
furestico, prov. foresgue, cat. feresteg, sau-
vage, rude, puis vaudois forest, it. forestière,
étranger, qui se rattachent sans aucun doute
à l'adv. foris ou foras. La signification spé-
ciale « bois réservé •♦ s'est, avec le temps, géné-
ralisée, comme il arrive souvent, et forêt est
devenu synonyme de bois. — D. forestier;
C7iforester = planter en bois. — Grimm, au mot
forst, s'attache à démontrer l'origine germa-
nique du BL. forestis et tient ce terme pour
un vocable introduit en France par les Francs,
n insiste surtout sur ce que l'extension du sens
primitif « bois de pins » en celui de bois en
général se présente encore dans le slave bor
(correspondant de l'ail, fohre) =* pinus et
silva. Aussi le mha. tan, pr. bois de sapin, a
signifié bois en général.
FORFAIRE, anc. it. fœ-fare, prov. forfar,
BL. foris facere, ofiendere, nocere, litt. faire
hors de (c.-à-d. contre) son devoir. Ancienne-
ment on construisait forfaire avec le datif de
la personne; on disait aussi *^ /br/atre envers
qqn. (cp. ^-fr. se mes faire vers qqn.). Avec Tacc.
de la chose, le verbe signifiait « se rendre indi-
gne, se priver de la possession d'une chose
par quelque forfait »» , p. ex. forfeire son fief, de
même en mha. ver-u>urhen (auj. vervnrhen),
ags. foi'-vyrcean. Ces analogies me suggèrent
la remarque que, selon mon sentiment, le pré-
fixe roman for, tout en se rattachant au L. fo-
ris, doit avoir été apphqué sous Tinfluence du
préfixe germanique goth. fair, fra, vha. far,
fir, fer, mha., nha. et néerl. ver, ags., nord,
et angl. for. Les idées se correspondaient. On
ne saurait contester les influences germaniqo^
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FOR
223 —
FOS
quont subies même les éléments latins de la
langue française. — D. forfait^ BL. forisfac-
tum, forfaiture, BL. forisfactura.
1. FORFAIT, crime, voy forfaire.
2. FORFAIT, dans •* vendre ou acheter à
forfait », à forfait est une concrétion de à for
fait, c.-à-d. à prix fait. Ce for -= prix est le
L. forum (marché), qui, au moyen âge, signi-
fiait •* pretium rerum venalium ». (voy. plus
loin fur). Cette étymologie n'est pas mention-
née par Littré ; mais il en présente une autre,
qui pourrait l'emporter. Dans un texte du
XVI® siècle, on trouve la forme retournée
fayfort, d'où il conclut que forfait vient de
se faire fort de, s'engager à.
FORFANTERIE, hâblerie. Ce mot n'est pas,
comme l'ont avancé quelques-uns, l'it. fur-
faniaria, dérivé de l'it. furfante, qui signifie
tout autre chose, savoir coquin, fripon; j'ai-
merais mieux y voir un dér. de l'esp. farfante,
rodomont, ou d'un type foris-fari, parler avec
excès. Mais d'autres explications se présen-
tent. En wallon, for font veut dire prodigue,
beau, magnifique, et Grandgagnage y voit le
part. prés, du verbe wall. forfer (= fr. for-
faire), dépenser, cp. ail. ver-thun. De l'idée
prodigue, magnifique, & celle de hâbleur,
vantard, la transition est facile. Un autre
mot wallon encore se rapproche beaucoup
du sens et de la forme de forfanterie : c'est
fortantise, fanfaronnade; forvanter, c'est se
vanter outre mesure On pourrait fort bien
admettre une dégénérescence de forcanterie
en forfanterie amenée par l'influciice de Vf
initial. On a bien fait fois de vicem, Littré se
prononce pour l'origine italienne, en allé-
guant que le sens italien se trouve dans les
exemples du xvi" siècle qu'il a cités et que le
passage du sens coquinerie au sens actuel ne
doit pas faire difficulté.
FORGE, FORGER, voy. fabrique. — L'esp.
a fofja et forjar, mais l'a s'est conservé dans
le prov. farga, fargar et dans le nom propre
La Farge. — D. forgeron (cp. bûcheron,
vigneron).
FORIÊRB, terme d'agriculture, = terre
qui forme la ceintiu'e des champs, aussi
lisière d'un bois. Nous pensons avec Grandga-
gnage que ce mot représente un type latin
foraria, de foras, en dehors. D'auti<es,4ui
prêtant le sens de pâturage, le placent dans
la famille de fourrage, fourrier (voy. feurre).
FORJSTy subst. verbal de forjeter; voy.
fors.
FORLIGNER, dégénérer, litt. aller fors (c-
â-d. hors) de \sl ligne (=^ lignage).
FORLONGER, s'éloigner; voy. fors.
FORME, L. forma. — D. former, L. for-
mare, formateur, -ation, L. formator, -atio;
format, L. formatum ; formel, L. formalis ;
formule, L. formula.
FORMEL et formai, L. formalis. De là :
formalité, formalisme, -iste; se formaliser,
pr. s'attacher aux formalités, et s'offenser
quand on les croit négligées.
FORMIGANT, -ATION, du L. formicare
(Pline : venarum formicans percussas, pouls
petit, qui ne donne que la sensation d'un four-
millement).
FORMIDABLE, L. formidabilis (de formi-
dare, redouter, fomiido, crainte).
FORMULE, L. formula (forma). — D. for-
mulaire, L. formularium ; fonnnler.
FORNIQUER, L. fomicarc (de fornix, pr.
voûte, puis mauvais lieu). — D. fomicateur,
-ation, L. fornicator, -atio.
FORS, hors ; cette préposition, correspon-
dant à it. fuori, fuora, esp. /i««*a(anc. fueras),
prov. foras, fors, est l'adv. latin foras ou
foris, qui est venu, dans les langues néola-
tines, se substituer au latin classique extra.
La fonne fo^'s n'est plus d'usage depuis le
XVI'' siècle; mais tout le monde connaît lé
mot de François l*'', après la bataille de
Pavie: •• tout est perdu, fors l'honneur ». Par
le changement de l'aspirée labiale en aspirée
pure — changement fréquent en espagnol et
en valaque, rare en français (cp. vfr. haroucc
p. farouche, wallon horbi p. fourbi) — fors
est devenu hors. — Le fr. fors, avec retran
chement de 15 final, a été, comme le L. extra,
employé comme préfixe; il exprime comme
tel exclusion, écart, abandon de la ligne
tracée, excès. Il devient ainsi souvent syno-
nyme du préfixe mes, mé. Voici les prin-
cipales de ces compositions, dont plusieui*s
appartiennent au vieux langage : forbannir
(voy. ban), forboire (voy. fourbu), forcené (v.
cm.); forclore,forconseiller, mal conseiller,
forcompte = mécompte, forfaire {y. c. m.),
forhuer, sonner du cor pour rappeler les
chiens, fotjeter (se), sortir de l'alignement,
fofjuger, mal juger, aussi débouter qqn. de
son droit, forlancer, lancer une bête hors de
son gite, forligner, dégénérer, forlonger,
traîner en longueur, formarier, se mésallier,
forpaiser, anc. forpaïser, quitter son gite,
forpattre (d'où forpaisson)^ chercher sa nour-
riture loin de son gîte, fortraire, faire sortir,
soustraire, aussi excéder de fatigue, forvoyer,
auj. fourvoyer (v. c. m.), forvâtu (orthogr.
vicieuse fort- vêtu), vêtu hors de sa condition,
au delà de ses moyens.
FORT, adj. et adv., L. fortis. — D. fort
(subst.) = place fortifiée, dim. foi'tin; forte-
resse, vfr. fortelesse, prov. fortalessa, esp.
fortaieza, du BL. fortalitia, arx, castrum ;
force (v. c. m.); adv. fortement.
FORTE, t. de musique, de l'it. forte, avec
force; au superlatif /br(t»5imo.
FORTERESSE, voy. fort.
FORTIFIER. L. /<>r<i7?carc (rendre fort).—
D. fortification.
FORTIORI (A), foi*mule latine, à plus forte
raison, litt. •* en partant d' [im argument]
plus fort ».
FORTRAIT, de fortraire, voy. fors.
FORTUIT, L. fortuitus{îovs).
FORTUNE, L. fortuna (fors). — D. infor-
tune, L. infortunium ; fortune, L. fortunatus,
opp. infortuné.
FOSSE, creux dans la terre, L. fossa (part,
passé de fodere, creuser). — D. fossette, dim. ;
fossé, vfr. fosset, prov. fossai, it. fossato, BL.
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FOU
— 224
FOU
1
fossatum, du partie, latin fossatus do fossare
(fossa), faire une fosse ; fossoyei\ d'un type
fosstcare,
FOSSÉ, fosse creusée en long, voy. fasse,
FOSSILE, L. fossilis, ^T. enifoui dans la
t«rre {fossum, supin do foderc). — U. se fos'
sUiser.
FOSSOIR, L. fossorium*, instrument à
creuser (de fossum, supin de fodere).
FOSSOTER, voy. fosse. — D. fossoyeur.
1. FOU, adj., voy. fol,
2. FOU, au jeu d'échecs, du persan /?/,
éléphant (dans l'ancien jeu, le fou était figuré
par un éléphant). Avec l'article a/, le mot fil
a donné l'esp. al fil, arfil, port. a//î/, arfir,
it. alfido, aussi al fiei^e, vfr. aitfin, BL. dlpki-
nus. Pour fil devenu fou, cp. fougèi^e de fili-
carius. D'abord fil a donné feu; la mutation
en fou se présentait d'autant plus naturelle-
ment que l'on y voyait une allusion aux fous
de cour. Les Anglais nomment la pièce que
nous désignons par fou bishop (évoque) ; les
Allemands, lûufer (coureur),
3. FOU, nom du hêtre en vfr. et dans plu-
sieurs patois, variété de fau. Du L. fagus,
hêtre. Voy. aussi fouet.
FOUACE, dans le Midi aussi fougasse, sorte
de pâtisserie en forme de galette, = it. fccac-
cia, esp. hogasa, BL. focacia, panis sub
cinere coctus; du BL. focus, feu.
FOUAGrE, BL. focagium, census pro singu-
lis vassallonim focis, redevance .sur les feux.
FOUAILLE, t. de vénerie, curée, Bh, focale;
le mot vient du feu (focus) sur lequel cette
curée se fait.
FOUAILLER, voy. fouet. — Dans le sens
« détruire par l'artillerie », ce verbe vient de
focus, feu, et signifie pr. brûler.
1. FOUDRE, prov. foldre, folzcr, du L.
fulgur [d^oxx d'abord foire, foUlrej, it. folgore.
— D. foudroyer (cp. L. fulgurirc, part, ful-
guritus, = foudroyé).
2. FOUDRE, dans « foudre de vin », de
Tall. fuder, flam. voeder, pr. charretée, puis
mesure de c<ipacité,
FOUDROYER, voy. foudre \.
1. FOUEE, chasse aux petits oiseaux, à la
clarté du feu ; de focus, feu.
2. FOUÉE, feu pour chauffer un four ; de
focus, feu.
3. FOUÉE, fagot, petite provision de bois
à brûler ; également de focus, foyer, feu ; en
partant du sens de ramée, on pourrait aussi
bien y voir un dérivé de fou, hêtre (v. c. m.).
FOUET, diminutif de fou, hêtre ; à l'origine
= faisceau de verges, acception encore pro-
pre au mot dans le Hainaut ; de là s'est déve-
loppé le sens baguette, verge pour frapper.
Du radical fou vient encore fouaille{GTi cham-
penois =r fagot, botte), d'où fouailler, verge-
tcr. — Un autre dérivé analogue do fagus
est fouenne p. faine, = L. fagina. — D.
fouetter.
FOUGASSE, t. de guerre, de focus, feu.
FOUGER, du L. fodicare, fod:care. — D.
fouge.
FOUGÈRE, anc. feugè^'e, feuchih^, walL
fechère, du L. filicaria', dér. de filix, filici.s
(type de l'it. felce). — D. fougeraie.
FOUGON, prov. fougon, it. foconc, cuisine
de vaisseau, de focus, foyer.
FOUGUE, directement de l'it. foga, ardeur.
Ce dernier (dans la Romagne et à Crémone
fuga) est le L. fuga, fuite, précipitation,
zèle ; cp. esp. fuga, vivacité. Pour admettre
une dérivation de focus, feu, chaleur, il fau-
drait en it. la forme fuoca ou fuoga, — D.
fougueux.
FOUILLER, du L. fodiculare*, diminutif
de fodicare (y oy. fouger). — D. fouille, subst.
verbal; fouillis {\a terminaison is marque ici,
comme ailleurs, le résultat de l'action).
1 . FOUINE, martre des hêtres, vfr. fayne
(en rouchi ftoène, florène, wallon faioeine),
it., prov. faina, cat. fagina, n. prov. fa-
guino, fahino, BL. fagina; l'esp. fuina ost
un emprunt au français. D'après Adelung, de
l'ags. fag, fah, ail. feh, fech, adj., de couleur
bigarrée (également nom d'une espèce d'écu-
reuil) ; mieux vaut rapporter le mot. dans ses
diverses formes, à L. fagus, hêtre, fr. fou, par
l'adjectif /*a^i«i<5. Nous avons déjà rencontré
ag converti en ou dans fou, hêtre, et fouet.
— D. fouiner, s'esquiver comme la fouine;
peut-être aussi le genevois fouiner, rouchi
fongner, fouiller (la terre), cp. fureter de
furet.
2. FOUINE, espèce de fourche pour éle-
ver les gerbes en tas, espèce de trident pour
percer les gros poissons, prob. d'un type
fodina, de fodere, creuser, fouiller; selon
Littré, du L. fuscina, trident, par fiisne,
foaie, fouine (filiation de formes peu proba-
ble).
FOUIR, du L. fodere (cp. p. la finale, L.
tradere, fr. traïr' ti^ahir).
FOULARD, nom d'un taffetas des Indes ; le
mot est-il oriental, ou vient-il do fouler f
FOULE, it. folla, fola, esp. folla, pr. ==
presse, dérivé de fouler, presser. Cp. it.
calca, m. s., du L. calcare, fouler.
FOULER, it. follarc, esp. hollare, prov.
folar, d'un verbe latin inusité fullare, à sup-
poser d'après le subst. fuUo. — D. foule,
grande multitude (v. c. m.j; le sens primi-
tif presser, fouler, est encore sensible dans
cette phrase : « Les impôts sont la foule
des habitants de cette province »• ; ainsi que
dans - la foule des draps »; — foulon, it.
follone, L. fullo, -onis, — foulcur, -erie, 'Oir,
'ure. — Cps. refouler. — L'anc. verbe affo-
ler, blesser, a été lire, par Diez, de notre fou-
ler; mais cette manière de voir n'est plus ad-
mise ; voy. affoler.
FOULQUE (cacographie moderne p. fougue),
genre d'oiseau aquatique, prov. folca, it. /b*
lega, du L. fulica. — De là prob. fouquet,
hirondelle de mer (v. c. m.).
FOUPIR, vfr. feupir, chiffonner, friper; du
vfr. felpe, friperie (cp. norm. feupes, mauvais
vêtements); felpe est une forme variée de ferpe
(voy. fripe).
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FOU
— 225 —
FOU
FOUQUET, 1 . hirondelle de mer, 2. ancien
nom vulgaire de récurenil. Liihé : « dimin.
de Foulque, nom propre ; les noms propres
sont plus d'une fois devenus des noms d'ani-
maux. » Le premier sens, toutefois, ne s'ac-
commoderait-il pas mieux de l'étymologie
foulque (v. c. m.)* Quant au sens écureuil, je
ne le trouve pas consigné dans Godefroy.
FOUR, vfr. for, fœm, prov. fœm, du L.
fumus. — D. fourneau, fomeV, it. forneUo;
fournée, -âge, foumier, L. furnarius, bou-
langer; fournil, verbe enfourner, defourner,
FOURBE, adj., it. furbo, du verbe fourbir;
cp. polisson, dépolir (voy. aussi le mot filou).
C'est par une métaphore semblable que le
grec a produit les expressions iiiroifjLfiot,
ntplrpi/iiioi, homme rusé, fin, du verbe rpl^tiv,
frotter. — D. fourbe (subst.), fourber, four-
berie, — L'étymologie tirée du L. furvus,
noir, sombre, admissible au besoin quant à
la lettre, se refuse pour le sens.
FOURBIR, angl. furbish, it, forbire, prov.
forbir, du vha. furban, nettoyer, frotter. —
p. fourbe (v. c. m ).
FOURBU, forbu, part, passé de l'anc. verbe
for-boire, boire outre mesure ou hors de sai-
son; de là le subst. fourbure, La maladie des
chevaux ainsi nommée exprime pr. un rhu-
matisme provenant d'avoir bu en état d'échauf-
fement. Cette définition n'est plus satisfaisante
aujourdliui; mais notre étymologie n'en est
pas moins valable, elle se rapporte à une pre-
mière représentation de la chose.
FOURCHE, prov., it. força, angl. fork, du
L. furca, — D. fourchet, fourchette, fourchon,
fourchu, fourcher, enfourcher. Le latin /"«rca
est en outre le primitif do fourgon 1 . outil do
boulanger, 2. chariot à fourche (it. forcone,
esp. hurcone/, ainsi que de fourcat, terme de
marine, «» varangue dont les branches font
la fourche. L'ancien fr. avait aussi un verbe
furgier, remuer, fouiller avec une furca ou
qqch. de semblable (furgier les dents, les cu-
rer); cp. rit. frugare (p. furgare), fouiller,
sonder.
FOURCHE-FIÊRE, fourche à deux dents;
Darmesteter repousse avec raison l'explication
de fiere par ferra (de fer); il ne peut s'agir
que dé fe^'us (fier) au sens de fort.
FOURDAIKE, nom vulgaire du prunellier.
En vfr. et dans les patois, fourdine signifie le
fruit de l'épine noire ou du prunier des haies ;
Nicot écrit fourdrine, Cotgrave de même. —
Cachet cite du Roman de Perceval : « si œl
furent noir comme fordino. • Quant à l'éty-
mologie, nous n'en .savons rien."
FOURGON, voy. fourche. — D. fourgonner,
remuer avec le fourgon.
FOURMI; ce mot était autrefois, et est
encore dans les patois, du genre masculin et
répond à un type latin formicxts (cp. fétu de
festucus p. festuca). Le féminin fonyiica a
donné l'ancienne forme formie, fourmie. —
D. vfr. formier, = L. formicare; fourmiller,
d'un type fœ^miculare; subst. fourmilier,
four^nilih'e=^foYm\c\\\;xvi\\s, -ia; fourmilion.
Composé fourmi-lion; le terme savant est
myrmèleon (les LXX ont fjL\jpfi'ijï(oUoi'j, de
IxùpfXYj^t fourmi, et iiwv, lion).
FOURMILLER, voy. fourmi, 1. abonder;
2. démanger (cp. L. foi'micarc; voy. aussi
démanger, où, à propos de la citation du L.
terminare, nous aurions encore pu citer l'esp.
giisanear, m. s., dogusano, ver).
FOURNAISE, prov. fornas, it. fm-nace,
esp. hornaza, du L. fornas, -acis (furnus).
FOURNEAU, FOURNIER, FOURNIL, voy.
four.
FOURNIR, angl. furnish, it. fornire (aussi
fronire, fruniré), esp., port., prov. fornir. Kn
prov. on trouve aussi formir, furmir, au sens
d'achever, exécuter, satisfaire; c'est sans
aucun doute, observe Diez, le même mot que
foi-nir, fornire, puisque ce dernier a une va-
leur identique en it., en esp. et même en
français II faut donc admettre soit un dian-
gement de m en n ou de n en m, ce qui des
deux manières est rare dans le corps des
mots. Une forme accessoire du prov. formir,
savoir fromir, étant prise pour la plus an-
cienne, Diez est amené à poser pour source
de notre mot le vha. frumjan, mettre en
avant, faire avancer, accomplir, produire.
Donc frumjan — fromir — formir — fornir
— fournir. Cette dérivation est certainement
plus plausible que celle du président de
Brosses, qui pensait à furnus, four. • Après
que la farine est cuite au four, dit-il. le pain,
aliment nécessaire, est la principale provi-
sion dont on a soin de fournir sa maison.
Mais on généralise cette expression fournir.
On l'emploie pour apporter des provisions
quelconques, se pourvoir de quelque chose
que ce soit. » — D. fournissement (la forme
fourniment est analogue à garnimcnt, gar-
nement, anc. équipement), fournisseur, four-
niture.
FOURRAGE, voy. feurre. — D. verbe four-
rager, acy. fourragère,
FOURREBUISSON, nom d'oiseau; selon
Meunier = qui fourre (c.-à-d. qui fourrage),
le buisson. Pour l'anc. verbe fourrer (it. fode-
rare, esp. forrar), voy. sous feui^e,
FOURREAU, vfr. forrelT, BL. f(yrellus, dé-
rivé du vfr. fuerre, fœ^re, gaine, fourreau (it.
fodero, esp. forro), d'où aussi le verbe fourrer,
doubler, prov., cat. folrar, esp., port, forrar,
it. foderare. — Le primitif /(Wt«, fuerre, re-
présente le goth. fodr, vha. fuotar (ail. mod.
futte^'), gaine, enveloppe, doublure, pr. chose
qui contient.
FOURRER, voy. fourreau. Ce verbe exprime
1 . garnir, doubler, envelopper, 2. mettre une
chose dans une autre, introduire. — D. fourré
d'un bois, endroit où ce bois est très garni,
très épais; fourreur; fourrure, BL. forratura.
FOURRIER, BL. fodranus, deforre, feurre,
voy. feurre. Les fourriers étaient d'abord des
officiers chargés des fourrages et de l'appro-
visionnement. — Le même primitif forre,
fourrage, nourriture, a donné fourrière, dans
•• mettre un cheval en fourrière »», et fourrière,
lieu où l'on renferme les provisions.
I FOURRIÈRE, voy. fourrier.
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FRA
226
FRA
FOURRURE, prov. folradura, voy. fourrer.
FOURVOYER, forvoyer\ « mettre /f>rà' ïa
voie^ éfçarer, induire en erreur. — D. fouj'voi.
FOUTEAU, nom vulgaire du hêtre. Selon Lit-
tré, du L. faffus, vfr. fou, fo, feu, par un type
fagitelhis. Ce type est inadmissible; mieux
vaut, avec Diez, voir àansfouteau une variété
de forme, avec t intercalaire, du rouchi foiau
{==: fagdlus'), A l'appui de cette explication,
on peut citer le norm. foutille, faine. Pour
l'emploi du t dans un but de dérivation, cp.
cloutier de clou, feutier de feu, — D. fou-
telaie.
FOYARD. hêtre, dér. de fou = L. foffus;
cp. en picard foyau.
FOYER, prov. foguier, du BL. focarium,
dérivé du L. focus, foyer (en BL. = feu).
FRAC, ail. fi^ack, polon. frac. Mot d'origine
obscure.
FRACAS, subst. verbal de fracasser,
FRACASSER, it. fracassare, esp. fraïasar.
Ce mot a probablement pris naissance en
Italie, et doit s'analyser par fra-cassare, litt.
opérer une brisure au beau milieu d'une
chose, la briser en morceaux (cp. une compo-
sition analogue dans le L. inie^-rumjiere ; it.
fra = infra a la môme valeur que L. inter).
D'autres ont pensé à une combinaison de fran-
gère avec quassare. l'no décomposition eu
radical frac (— frangere) -\- suffixe ass est
inadmissible, selon Diez, l'italien ne connais-
sant pas ce suffixe. — Caix analyse le mot par
p'oc + quassare. Quant à /?'ac, il y voit soit
un produit de frangere, soit le thème flxtc de
fiaccus. — D. pacas, it. fracasso, esp. fra-
caso.
FRACHOIR, petit râteau pour égrapper la
vendange, prob. d'un subst. prov. frachor,
qui, comme fracha à fracta, frachura à frac-
tura, répondrait à L. fractorium, brisoir.
Pour ch p. et, cp. fléchir.
FRACTION, L./7-ad«o(frangere). — D. frac-
tionnaire, fractionner*.
FRACTURE, vfr. fraitiire, L. '/racium (fran-
gere). — D. fracturer^
FRAGILE, L. fragilis (frangere) ; le même
primitif a donné à l'ancien fonds le mot frrle;
d'abord fraile (angl. frail), puis frêle, frcsle
\s parasite), frêle. — D. fragilit'é, L. fragi-
litas.
FRAGMENT, L.fragmcntum (frangere).
FRAGON, petit houx; d'origine inconnue.
FRAI, subst. verbal de frayer 2 (v. c. m.j.
FRAÎCHEUR, voy. frais 2.
FRAIRIE, voy. frère.
l. FRAIS, subst. plur. ; singul. vfr. frait,
du BL. fredum, pr. l'amende à laquelle était
condamné celui ((ui s'était rendu coupable
d'avoir troublé la paix publique; d'après Du-
cange : compositio qua fisco exsoluta reus
pacem a principe exsequitur. On fait donc
venir fredtun du vha. fridu, paix (ail. mod.
friede). Cette relation entre frcdwn, pr. ac-
quittement de l'amende, et l'ail, fridu, paix,
rappelle celle qui existe entre fr. payer et L.
}t(U\ entre BL. compositio, amende, et corn-
jjonere, apaiser.' — Le sens de fredum s'est,
avec le temps, généralisé : on la employé
pour taxe, redevance, déjîense de tout genre.
Le mot est distinct du subst. frait, fret (v. c.
m ), dépense pour la location d'un navire.
L'orthogr. fractum, dans le latin du xiv* siè-
cle, repose sur l'analogie de vfr. frait = frac-
tus, brisé. — D. adj. frayeux, verbe vfr.
fraier, dépenser (d'où frayant, coûteux), dé-
frayer.
2. FRAIS, adj., fém. fraic?ie, vfr. fresch,
fres, frec, fém. fresche, it.,esp., port. /rcsco,
prov., cat. fresc, wall. fyHss; du vha. frise
(ail. mod. frisch), néerl. v>ersch, ags. fersc,
angl. fresh, cymr. fresg, bret. fresk; la suc-
cession des sens, en ail., est : recens, crudus,
vegetus, subfrigidus. — D. fraîcheur, fraî-
chir, rafraîchir, fraîche (tarme rural).
1. FRAISE, fruit, directement d'un type
latin fragea, dér. de fragum (it. fraga, wall.
frève). — D. fraisier,
2. FRAISE, t. de boucherie, rouchi frasse,
BL. frassa; variété de frise (v. c. m.). Cp.
le terme équivalent ail. gekrôse, pr. frisure.
3. FRAISE, collet plissé ; de frise (v. c. m.).
— D. fraiser; dim. fraisette,
FRAISER, plisser, de fraise 3. Dans fraiser
la pâte, fraiser des fèves, le mot vient du L.
fres us (frendere), brisé, concassé.
FRAISIL, menues parcelles do charbon
restant après combustion, peut-être de fraiser,
briser (voy. l'art, préc). Le type fractillum,
conjecturé par Littré, est inadmissible.
FRAISSE, aussi frèche, nom vulgaire du
frêne, esp. frexo, port, freixo, prov. mod.
fraisse, du L. fraxns, primitif de fraxinus.
FRAMBOISE, wall. frombdfie, frambàhe ;
selon Diez, du néerl. braambezie, vha. In'àm-
beri (ail. mod. brombeere), composé de beri
(néerl. bezic) = baie, et du vha. />rdmo, mha.
brame, arbuste épineux. Le b initial s'est
changé en f, prob. sous l'influence du mot
fraise. Grandgagnage décompose le mot en
vha. fram, from, utile, bon, + goth. jxwi,
hoU. bezie. Bourdelot interprétait fautive-
ment framboise par fragum bosci, fraise de
bois. La forme française a donné naissance à
esp. frambuesa. — D. framboisier.
1. FRANC, a4j., it., esp., port, franco,
prov. franc, libre, sincère, loyal ; du vha.
franco, libre, le même adj. qui a donné le
nom au peuple des Francs. Contrairement à
cette étym., patronnée par Grimm, Diefen-
bach juge l'origine de franc plutôt celtique
que germanique. — Les Francs ont donné
leur nom à la France, L. Francia, d'où fran
ceis, fi^ançois, français = L. francensis ou
francisciis, puis le verbe franciser, — De
l'adj. franc dérivent : franchise, it. fran-
chezsa, esp. franquesa; — franchir, pnn-.
franquir, pr. s'affranchir, se débarrasser d'un
obstacle, traverser (cp. L. liberare flumen dans
Hygin); enfin la locution populaire à la bonne
franquette.
2. FRANC, monnaie ; tire son nom de la
figure d'un Franc ou Français à pied ou à
cheval, qu'il représentait dans l'origine.
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FRA
— 227 —
FRÉ
FRANÇAIS, voy. franc,
FRANCHIR» voy. franc; cps. affranchir =
rendre franc.
FRANCHISE, voy. franc,
FRANCO, forme it. de l'adj. franc, =■ sans
frais.
FRANGE (d'où it. frangia, esp. franja, ail.
franse), d'abord fringe {qui est encore la
forme anglaise, cp. wall. frinche, sicilien
frinza)\ du L. fimkria, extrémité, bord,
transposé en frimhia (en valaque on dit encore .
fr^mbiê). — D. frangea^ frangeon.
FRANGIPANE, de l'it. frangipana. Nous
ne hasarderons aucune conjecture sur le nom
de la pâtisserie dite frangipane, pas même
celle de frangere panem, qui se présente en
première ligne. En tant que signifiant une
espèce de parfum (« pommade à la frangi-
pane "), le mot vient, dit-on, de l'inventeur,
le maréchal marquis de Frangipani. Il se
peut que la pâtisserie ait été nommée d'après
le parfum.
FRANQUETTE (forme picarde p. fran-
cheite), voy franc. •
FRAPPER, prov. frapar, Diez y voit le nor-
dique hrappa, rudoyer, faire la leçon. L'exis-
tence du mot anglais (dialectal) frajye =« faire
des reproches, lui fait supposer que le fr.
frappa' a dû à l'origine avoir une significa-
tion semblable. Nous avons quelque peine à
croire qu'un mot exprimant une idée aussi
matérielle que taper, battre, puisse avoir eu
pour primitif immédiat le nom d'une action
rentrant dans l'ordre moral. A la vérité, le
mot moral doit remonter à une représenta-
tion physique ; à ce titre, l'avis de Diez ne
doit pas être repoussé en principe, et dans
notre cas le L. increpare de crepare présente-
rait im exemple d'une métaphore analogue.
Mais il nous semble qu'il faudrait du moins
démontrer pour /V-oppe?' l'existence réelle d'un
correspondant exprimant faire du bruit, et
Diez, à cet effet, ne cite que l'angl. frapie,
d'où frape (vfr. frapin, frapaillej, qui signi-
fie assemblée. Nous préférons une dérivation
du bas-allemand flappen, angl. fîap, frapper
avec qqch. de plat. On trouve du reste dans
la vieille langue fîaber, flauber, en wall. fia-
lauder, = battre. La permutation de Z et r
est ordinaire. — L'italien a le verbe frappare
avec le sens de découper, hacher, subst.
frap^M, lambeau. Ce dernier peut avoir dé-
terminé le verbe ; sinon, on serait autorisé à
voir dans frappare, couper, un transport de
sens analogue à celui qui a produit couper
de coup. Quant à frappa, lambeau, on pour-
rait aussi le rapprocher de l'angl. fiap^ pan
d'un habit (cp. le champenois frapouilïe, gue-
nille). — N'oublions pas de rappeler que
dans Tancienne langue, f râper signifiait aussi
•• courir ", d'où le subst. frapier dans les
locutions fréquentes « se mettre au frapier »
(se mettre à la course), et à frapant (à la
course). C'est à cette valeur-là (pr. « battre
les routes »•) qu'il faut peut-être rapporter le
collectif /'ra/wi7/e, • gens de rien », vagabonds
(cp. ail. fahrendes volk) et aussi fi-appart
(encore dans Littré) au sens de libertin, cou-
reur. — D. subst. verbal frappe.
FRASER, variété formale de fraisa-,
FRASQUE, action extravagante, imprévue
et faite avec éclat, tour malin, de l'it. frasca,
pr. feuillage, branchage, puis baliverne, farce.
— Sur la parenté possible de l'it. frasca avec
lall. fratz (bouffon), voy. Grimm, Dictionn.,
IV, 1, p. 68.
FRATERNEL, L. fraternalis, extension de
frcAernus (frater) ; de ce dernier : subst. fra-
ternitas, fr. fraternité, et verbe fraterniser.
FRATRICIDE, vfr. frerecide, subst. de la
personne, L. fratricida; subst. abstrait de la
chose, L. fratricidium (fratrem csedere).
FRAUDE, L. fraus, fraudis. — D. frauder,
L. fraudare; fraudeur; frauduleux, L. frau-
dulosus.
FRAXINELLE, du L. fraxinus, frêne.
FRAYANT, voy, frais 1.
1. FRATER un chemin, bourg, froyer; ce
mot peut s'expliquer soit pai* une altération
du vfr. froer, briser (cp. fr. brisée et le mot
route *=* rupta), lequel parait identique avec
le verbe ployer frayer de Tart. suiv., soit
par une dérivation irrégulière et populaire
de l'anc. participe frait »« fractus, brisé.
2. FRATER, frotter, anc. froyer, angl. fray,
it. fregare, esp., port., prov. fregar; du L.
fricare(cp, ployer deplicare). Notez les accep-
tions spéciales dans • frayer avec qqft. », pr.
se frotter à lui, puis dans l'application qui a
été faite de ce mot à l'acte de génération des
poissons. — D. frai, 1. diminution du poids
des monnaies, par l'effet du frottement, 2. ac-
tion de frayer(enparl. des poissons); /ray^e,
lieu ou saison où les poissons frayent ; frayoir,
frayure (termes de vénerie).
FRATEUR, vfr. froior, prov. freiw*, du L.
frigor, froid, frisson. — Il est aiyourd'hui re-
connu par la science que ce subst. est étymo-
logiquement indépendant du verbe effrayer
(v. c. m.). Quant à son radical, les opinions
sont encore partagées entre fragorem (cra-
quement) et frigoretn.
FREDAINE, mot d'origine inconnue; à coup
sur il ne vient pas de fraudana 'dér. hypo-
théti([ue de fraus, fraudis), comme le propo-
sait Furetière. D'autres invoquent le BL. fre-
dare (de fredum, voy. frais) = multam exi-
gere, d'où aussi : molestare, vexare; cela ne
nous sourit pas davantage. Mieux vaudrait un
adj. fredanus, digne d'amende. Littré pro-
pose dubitativement le bourg, vredai, aller çâ
et là, ou fredon, la fredaine étant à la con-
duite ce que le fredon est au chant.
FREDONNER (subst. fredon). Ce mot rap-
pelle par le radical fred, le L. fritinnire, ga-
zouiller, mais il pourrait bien être un produit
naturel, imitant le roulement et le tremble-
ment de la voix.
FRÉGATE, it. fvegata, esp., port., cat.,
napol. fragata. On trouve cette dernière
formé déjà chez Jaymo Febrer, poète de Va-
lence. Diez pense que le mot pourrait être
une forme coutractée de fabricata (d'abord
fargata, puis fragata)\ il rapproche it. lasH^
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FRÈ
— 228
FRE
mento, fr. bâtiment = navire. Chevallet invo-
que le V. allem. fàrge, ferye^ nacelle, barque,
dan. faerge. L'étymologie do Jal, gr. x^pvxry,
bâtiments non pontés, est encore moins admis-
sible. — Roulin (Littré, suppl.) tient frégate
pour une altération de raho forcacfo (queue
fourchue) et forcado tout court, signifiant
d*abord un oiseau, puis par métaphore un
bâtiment de mer. — D. frégaion.
FREIN, L. (remim,
FRÉLÂMPIÊR , homme de peu, vaurien;
mot altéré, dit-on, de frère lampier^ allumeur
de lampes, métier peu considéré dans les cou-
vents.
PRBLATBR, anc. fralatcr, genevois ferla-
ter, propr. transvaser, puis altérer, mélanger;
d'après Diez, de l'expr. néerl. \oijn verïaeten
transvaser du vin (Kiliœn : elutriare vinum).
FRELE, voy. fragile.
FRELOCHE, poche de gaze pour prendre
des insectes volants ; prob. le même mot que
freluche,
FRELON (dialectes fridon, foulon)-^ d'après
Diez, prob. un dérivé de frcle, qui autrefois
signifiait aussi mince, grêle; le nom viendrait
de la structure effilée de cet insecte ; celui-ci
s'appelle en Berry grêlon, dérivé do grêle ^ et
en Normandie l'insecte dit demoiselle porte
également le nom de frêle. — Comme nom
du petit-houx ou housson, le mot parait,
selon Lifti*é, altéré de fregnon (qui se disait
pour fragon), par assimilation au nom de
l'insecte.
FRELUCHE, f reluque*, frcloque\ selon Diez,
écourté de fanfreluche; Littré préfère y voir
un composé du préfixe fre, fer, fra et loque,
— D. freluquet, homme léger, frivole et sans
mérite, pr. homme qui aime à porter des
fréluch^,s,
FRELUQUET, voy. freluche.
FRÉMIR, L. fretnere. On ne saurait nier la
correspondance matérielle de ces deux mots;
cependant, il faut remarquer que le L. fre-
mère ne signifie jamais trembler ou avoir
peur, mais seulement murmurer, bruire,
gronder, etc., et au fig. être indigné, être
agité. Il faut donc admettre que l'idée morale
et figurée d'agitation ait été reportée dans
l'ordre physique et qu'ainsi .se soit produite
l'acception moderne du mot. — D. frémisse-
ment. — Le subst. L. fremitus avait donné à
l'ancienne langue la forme frienle, frinte,
bruit.^tumulte.
FRENE, fresne*, vfr. fraisne, it. frassino,
csp. fresno; du L. fraxinus. — D. frênaie.
FRÉNÉSIE, nn^X.frenxy, h.phrcnesis, du
gr, ^,-5! îjîi; p. ç»^5vîTi;, maladie mentale, folie
<de ç^oïiv, esprit); frénétique, angl. frantic, du
L. phreneticus, gr. ^piv^rixô;,
FRÉQUENT, L. frcquetis; subst. fréquence,
L. frequentia; verbe fréquente^', L. frequen-
tare.
FRERE, vfr. fraire, freire, du L. fratrem,
cas oblique de fratcr. — D. fraiHe ou frérie,
compagnie; de là : partie de plaisir, dans
«être en frai rie, faire frairie ». Composés :
confrère et confrérie.
FRESAIE, p. presaie (forme usuelle en Poi-
tou), en Gascogne hresague\ du h. prœsaga,
qui présage ; le hibou est un oiseau de mauvais
augure ; on l'appelle aussi pour cette raison
effy'aie.
FRÉSANGE, anc. fresanche, fressange,
fraissanguCt BL. friscinga, 1. jeune porc,
2. redevance d'un cochon de lait imposée aux
fermiers de la glandée ; du vha. frisking, vic-
tima, porcellus (ail. mod. frischling, jeune
animal, marcassin). Le prov. actuel a fraysse,
jeune porc.
FRESGÂDE (anc.) = air frais ; de l'it. fresco
s=s frais; loc. être à la frescade, prendre l'air
frais ; les patois disent à la frisquette.
FRESQUE, terme de peinture^ de Tit. fresco
(correspondant du fr. frais, v. c. m.). La
peinture al fresco se fait sur un enduit encore
frais de chaux et de sable combinés.
FRESSURE, genevois fresure, froissure;
d'après Littré, du BL. frixura, friture. Cette
étymologie convient pour la lettre (Littré cite
vfr. fressoir = L, frixorium); pour le sens je
pnéfère fraysse (jeune porc) mentionné sou»
fresange; le mot signifierait ainsi à l'origine
cochonnade. Il se peut aussi que fresure
vienne de frese* fraise, en tant que terme de
boucherie (voy. ce mot); l'ail, dit pour fraise
gekrôs, et pour fressure geschlinge, deux ex-
pressions presque synonymes . — Bugge ( Rom . ,
IV, 355) patronne le type frixatura (friture),
et compare, pour le sens, le synonyme esp.
asadura, de asar, rôtir. Le foie et d'autres
parties de la fressure sont souvent frits, la
plus grande partie étant cuite.
FRET, anc. aussi frait, port, frète, esp.
flete; de l'ail, fracht (vha. freht, nécrl. vracht,
angl. freight), qui signifie à la fois le prix du
transport à payer, puis la charge du navire.
— D. fréter, donner et prendre un bâtiment à
louage, d'où fréteur; cps. affréter,
FRÉTILLER, anc. freteler, prov. frezilhar;
soit d'un verbe L. fritillare, secouer, supposé
par Saumaise sur la base du subst. fritillus,
cornet à dés, soit de frictillare* , dérivé sup-
posé de frictare, fréq. de fricai^, frotter, soit
enfin du BL. fritillare, piler du poivre daas
un mortier {fritillum), à cause du mouvement
de va-et-vient du pilon. — J). frétillard, -on,
FRETIN, choses de peu de valeur; sans
doute connexe avec BL. freto, fretonus, petite
monnaie, mais j'hésite à TattacYiGV freto, comme
fait Littré, àl'angl. farthing (ags. feoi^ding),
anc. ferthing, le quart du penny. J'interpré-
terais plutôt freto et fretin par monnaie frot-
tée, usée, ou par déchet, en rattachant le
mot, avec Frisch et Diez, au L. pnctum,
frotté. — Appliqué au poisson, le primitif
frictum exprime « ce qui résulte du frai « ,
mot qui étymologiquement signifie frottement
(v. frayer) et vient de fricare.
FRETTE, cercle de fer, aussi fret, contrac-
tion de feret, ferette; radical fer, L. ferrum.
De là frotter, garnir de /It.
FREUX, corneille moissonneuse; du nord.
hrôhr, m. s., par le changement de h on /"(cp.
frimas ci friper). Vouvoli^^eux, cp. coquus.
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FRI
229
FRI
queux. Au nord, hrôkr correspondent vba.
hruoch, ags. hrôc, dan. roffe, ail. rueck, angl.
rook. Ménage avait vu dans /^«i<â? une contrac-
tion du L. frugileguSf ramasscur de grains !
FRIABLE, L. friahilis, de friare, broyer,
émier. — D. friabilité.
FRIAND, voy. sous frire, — D. friandise ,
affriander,
FRIGADELLE, boulette de viaade bâchée,
FRICANDEAU, FRIGASSER, FRICOT. Tous
ces mots sont rapportés par Diez au radical
gothique fi^iks = avide, correspondant du vha.
frèh, m. s., mha. frec^ ail. mod. frech^ hardi,
gaillard, v. angl. freA, vif. Ce mot germani-
que est, on ne peut en douter, le type de Tac^ .
vfr. fn'que, encore en usage dans les patois et
signifiant gai, leste; ce mot a pris aussi dans
beaucoup de dérivés le sens de gourmand, ami
des bonnes choses, du plaisir. Nous rappelons
à ce sujet les mots prov. mod, fricaud, gour-
mand, bon à manger, délicieux, champ, /rs-
ca?ic{eau,' friandise, fricot^ régal, fricoter, se
régaler, friquette, fille de joie. Il n'y a donc
rien qni puisse choquer dans Topinion de
Diez quand il rattache à Félément germa-
nique tous les mots placés en tête de cet arti-
cle. Il lui semble impossible, sans faire vio-
lence aux régies de transformation, de les
faire, dériver, du moins directement, du L.
friffëre, frire. Néanmoins, Mahn cherche à re-
vendiquer cette dérivation pour friçasser.
Selon lui, ce verbe est un dérivé du BL. fri-
care, frire. Quant à fricare, il y voit une cor-
ruption de frictare (fréq. de frigere, par le
supin frictum), par assimilation à fricare,
frotter.. Pour la terminaison asser^ Mahn
pense qu'elle est aussi bien péjorative dans
friçasser, que dans rêvasser, rimasser, vfr.
piitasser (fréquenter les putes), et que le mot
signifie pr. faire toutes sortes de choses en
mélange; il rappelle à cet égard le terme
fricasseur =. mauvais cuisinier. Si Ton peut
admettre, comme le fait Mahn, l'existence de
fricare, dans les premiers t^mps du moyen
âge (Ducange ne cite qu'un seul texte, tiré des
sermons de Menot, xiii" siècle), alors rien
n'empêche, nous semble- t-il, d'y rattacher
également fricandeau, forme diminutive do
fncande, et fricadelle, mot d'un usage géné-
ral en Belgique.
FRICANDEAU, voy. l'art, préc.
FRIÇASSER, voy. fricadelle. — D. fricas-
sée.
FRICHE, terrain non cultivé, soit de tout
temps, soit par abandon; Ducange explique
le mot par l'ail, frisch, récent, en compa-
rant L. navale,' terre en friche, de novus ;
vfr. fresche et BL. friscum favorisent cette
manière de voir). Grimm part d'un type frac
iicium (de fractus, rompu), pour arriver, par
fraiiche, freîche, à friche; donc, champ la-
bouré pour la première fois. Cette étymologie
se recommande moins par la lettre (car la
syncope de t après c offre quelque difficulté)
que par l'analogie des termes ail. brache, de
brcchen, rompre, et languedocien roumpudo
(terrain récemment recassé). — D. défricher.
FRICOT, premier sens : régal, bon repas,
puis toute espèce de viande en ragoût ; voy.
fricadelle. — D. fricoter, faire un fricot, fig.
manigancer ; dépenser en bonne chère.
FRICTION, L. frictio (de fncare, frotter).
— D. frictionner.
FRIGIDITÉ. L. frigiditas ifngidus).
FRIGORIFIQUE, L. frigoriflcus.
FRILEUX, vfr. frillcux, freilleux, contrac-
tion d'un type latin frigidulosus, dérivé de
fHgidulus. Cette contraction est un peu forte,
mais cependant régulière : frigdlos, friglos,
frillos, frilos, frileu.v.
FRIMAS, du vfr. frimer, geler; celui-ci
du nord, hrim, gelée blanche (d'où angl.
7'irne, néerl. rijm, picard rimée, m. s.). —
Du radical frim on a aussi tiré frimaire,
nom de mois dans le calendrier républicain
(du 21 novembre au 20 décembre).
FRIME, mine, semblant. Le premier sens
doit avoir été grimace, « changement des
traits du visage ». Charron raconte du page
d'Alexandre « qu'il se laissa brusler d'un
charbon sans faire frime aucune, ny conte-
nance de se plaindre pour ne troubler le sa-
crifice » . Bugge (Rom. , IV, 355) rattache /rtm*
au lombardiquo frignare, pleurer, faire la
grimace, qui tient de l'ail, flennen, suéd.
flina, patois angl. frine, faire la grimace.
Frime est donc p. frine (cp. venimeux p. veni-
neux, etc.). — Par la tendance de Vi à passer
en u devant m, Tanc. langue disait plus sou-
vent fi'ume, — D. frimousse, visage, mine
(mot forgé peut-être sous l'infiuence de vfr.
mouse, museau).
FRINGALE, corruption de faim-valle. Voy.
sous faim-valle.
FRINGANT, part, présent de fringuer 1 , se
remuer vivement, sautiller.
FRINGILLE, du L. fringilla, pinson.
1. FRINGUER, vfr. fringelei*, sautiller.
Diez place ce verbe sous la racine frig, fring,
•d'où sont formés L. fHg-ulare i(r. fringuler),
frig-utire, fringutire, gazouiller (anc. fr.
fringoter, it. fringottare) et fringilla, pinson.
On dit encore « gai comme pinson » . Littré
préfère l'étym. frigei'e, sauter, bondir, avec
l'interposition de la nasale 7i, mais ce verbe se
trouve-t-il?
2. FRINGUER, rincer (un verre); selon
Bugge (Rom., IV, 357), emprunté à l'esp.
fregar, nettoyer en lavant et en frottant.
Pour i'intercalation d'un n devaiit une gut-
turale, cp. langouste (L. locusta), vfr. engrot,
(L. œgrotus), etc. Quant k fregar, c'est le L.
fricare, dont la vraie forme franc, est froijet^
devenu plus tard frayer.
FRIPE, chiffon, vfr. frepc ou ferpe =
frange ; en BL. vestes frepatse ou ferpatœ
étaient des habits à franges, et par ironie des
habits effiloqués, frangés par la misère ou le
long usage. Telle est, selon Génin, l'histoire
du mot fripe; mais ce spirituel philologue ne
nous apprend rien sur la provenance de ce
frepe ou fe7p€, frange. Nous pensons qu'il est,
en tout cas, plus sûr de suivre Die? et de tirer
fnpe du verbe fnper au sens fondamental
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FRI
— 230
FRO
d'user, consumer, gâter, détruire, de là man-
ger goulûment, et de rattacher ce verbe au
nord, hripay dont le sens générique est « faire
vite n ; pour kr initial = /r, cp. les mots
freux ^ frimas. Le même type hripa, faire
vite, expliquera fî'ipon, pr. agile, leste, qui
enlève facilement, qui escamote adroitement
(au XVII' siècle on disait encore fj'iper, dans le
sens de dérober; ainsi Técolier fripait ses
classes, c.-à-d. qu'il n'y allait pas); enfin, de
friper, manger goulùmeut, nous tirons fHpe,
bon morceau, et fripe-sauce, goinfre. Fripe,
frange (pr . tissu effiloqué), sous sa forme ferpe,
felpe, a donné naissance à l'it. et esp. felpa,
sorte de peluche, et à fr. foupir (v. c. m.).
— Après avoir cherché À démontrer le peu
de créance que mérite À ses yeux l'origine
islandaise de ce mot, Bugge (Rom., III, 148)
explique ce dernier (vfr. frepe, ferpe, felpe,
feupe) par L. fibra, lambeau, extrémité, fibre,
filament. Pour la métathôse de l'r, cp. frange
de fimbria; pour h devenu jo, cp. mxsouple =
insuhulum. Le verbe friper aurait donc pour
acception originelle chifibnner, de là gâter par
usure, consumer, enfin manger goulûment.
— D. fripier, friperie,
FRIPER, voy. fripe.
FRIPON, yoj. fripe. — D. friponnerie, fri-
ponner, — S'il faut, comme il résulte de
l'opinion de Bugge à l'égard de fripe, écarter
l'idée de « faire vite » comme sens primordial
de friper, il faudra bien considérer l'acception
mangeur, gourmand comme la première dans
fripoi (de friper, manger goulûment). On
est, toutefois, tenté de rappeler ici le mot ail.
lumpf qui signifie à la fois chifibn, haillon et
gueux, gredin, coquin.
FRIQUET, moineau, litt. ^ gai, vif, de la
T&cine frique mentionnée sons fricadelle. De
là vient aussi le vieux mot friquette, jeune
coquette.
FRIRE, prov. frire et f régir, it. friggere;
du L. fi\f/ere [frig*re), faire rOtir. — 11 serait
difficile de ne pas rattacher à ce verbe le
subst. friand (anc friant), pr. I . qui aime à
frire; 2 qui est bon à frire (cp vfr. beste
bersant, bête qui chasse p. qui est bonne à
chasser) ; 3. ami de la bonne chère, de même
que les vieux mots frioler, être friand, frioJet,
gourmet, friolerie, friandise, affrioler, allé-
cher. — Ces mots ne pourraient s'expliquer
aussi aisément par l'anc, adj. frique, dont il
est fait mention sous fiHcadelle. — Du part.
f rictus dérivent les subst. friteau (anc. aussi
fritce), friture, ainsi que le terme /Htte, nom
donné dans plusieurs arts industriels à la tor-
réfaction ou demi-fusion que l'on fait subir à
diverses substances.
1 . FRISE, étofie de laine à poil frisé, est
identique avec fraise, chose plissée, entor-
tillée, vfr. fresse. Les mots correspondants
des langues congénères sont : it. fregio, esp.
friso, freso; ils expriment tous ornement en
forme frisée, frange, étoffe frisée, vêtement à
frisures. L'étymologie de ce vocable est con-
troversée. On a d'abord mis en avant lesvestes
phrygiœ ou « habits brodés « des anciens, mais
la lettre et le sens du mot roman s'y opposent,
du moins en ce qui concerne le français ; puis
l'anglais fleece, ail. vliess, peau laineuse,
toison ; enfin, l'on s'est prévalu de l'étymo-
logie attribuée au nom de peuple des Fri-
sons, qui serait un adjectif frisa, fresa =«
crépu, frisé ; le mot roman se trouve, en efiet,
dans l'idiome frison, sous la forme frisle (angl.
frizle). Diez pose la question : les frisii panui
du moyen âge (voy. Ducange), étaient-ce des
draps frisés ou des draps de la Frise? Le fait
est que, dans les premiers siècles de la basse
latinité, on trouve fréquemment mention de
saga ou pallia fresonica, vestimenta de FrC'
sarum provincia. Reste à savoir s*ils étaient
frisés, velus. — Peut-être faut-il distinguer
entre frise, étoffe de laine grossière, et frisé,
bouclé, annelé. Ne pourrait-on pas admettre
pour type commun des mots romans le BL.
fiigium et faire procéder celui-ci de la même
racine qui, sous forme nasalisée, a produit
Tags. vringen, vringlian, &nne\eT, friser, ou,
ce qu'il vaut encore mieux de rapprocher, le
nord, hringr, anneau (pour nord, hr = fr,
cp. les mots freux, frimas, fripe) ? — Nous
citons pour mémoire une conjecture émise
par Atzler, qui rapporte le mot à l'ail, friesel,
frisson, le froid faisant friser la peau. — Le
terme d'architecture est généralement envi-
sagé comme une métaphore de frise, chose
plissée. à surface non unie ; cela parait fondé.
On parle, il est vrai, quelquefois de frises
lisses, unies et sans sculptures; mais cela ne
prouve rien, une fois le mot appliqué à une
partie déterminée d'une constniction. Le mot
emporte dans toutes ses applications technolo-
giques une idée de ciselures, d'ornements en
relief. — D. friser, rouler, boucler, plisser,
froncer, puis raser, gratter, écorcher une
surface, d'où le sens : effleurer; frisette.
2. FRISE, sorte de toile venant de la
Frise.
FRISER, voy. frise 1 . — D. friseur, frisure,
frison, frisottei\ défriser.
FRISQUE, gai, gaillard, de Tall. frisch
fvoy. frais). Ce radical frise se touche avec
fric, mentionné sous fncadelle, et il se pour-
rait que frisque fût une simple variété de
frique, qui se trouve encore dans les patois
et remonte très haut.
FRISSON, p. friçon, anc. féminin; du L.
frictioncm, mot employé dans le sens du mot
français par Grégoire de Tours et que Du-
cange explique par une contraction de frigi-
tio, subst. supposé de frigere, avoir froid. —
D. frissonner,
FRITEAU, FRITURE, voy. frire.
FRITTE, voy. frire. — D.fritter,fritteux.
FRIVOLE, L. frivolus. — D. frivolité.
FROC, prov. floc, pr. étoffe de laine gros-
sière, puis habit de moine; du L. ftoccus, flo-
con de laine. D'après Wackernagel, du vha.
hroch, ail. mod. rock, habit. On a des exem-
ples du passage de hr initial en fr (voy.
freux, frimas, etc.), mais Diez, fort scrupu-
leux dans ces matières, prétend que cette
permutation ne se produit que sur des mots
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FRO
231
FUI
nordiques. — D. frocard; enfroquer, défro-
quer.
FROID, du L. frigidus {frig'dus), cp. roide,
de rigidus, doit' doigt de digitus, — D. froi-
deur, froidure, refroidir.
FROISSER, vfr. a.\\siii fmisser ; du L. fres-
sus, participe de frendere, broyer, écraser.
C'est là l'opinion générale. Si elle est fondée,
il faut partir d'une forme fresus avec un
seul s, car e latin en position ne produit ni
fr. ui ni oi (le subst. mois vient directement
de mésis, p. metisis). Alors, il faudrait aussi
supposer des formes froiser, fruiser, anté-
rieures à froisser, fruisser. Nous inclinons
donc plutôt pour le type frictiarc (de fricius,
frotté), bien que la forme fruisser ne s'y prête
pas trop bien. — Littré invoque L. frustum,
morceau, d'où viendrait barbarement frus-
tare, mettre en morceaux, qui serait devenu
fruissier, froissier. Si frustum est au fond de
notre verbe, il faut partir du type dérivatif
frustiare. Cette étymologie rallie aujourd'hui
le plus de suffrages (ainsi ceux de Schu-
chardt, Fôrster, Havet et Lûcking). En tout
cas, elle l'emporte en correction sur les
autres ; frustiare, fruissier, froisser est une
suite très régulière ; cp. angustia, anguisse,
angoisse. Ce qui, à mes yeux, favorisait parti-
culièrement le type frictiarc, c'est que froisser
emporte plutôt, et surtout dans les applica-
tions morales, une idée de frottement, de
meui-trissure, qu'une idée de mise en pièces,
mais, d'autre part, on ne peut se dissimuler que
celle-ci dominait dans l'ancienne langue. —
D. froissement, -is, -ure; rappelons encore le
subst. vfr. frois, fruis, fracas, tumulte.
FROLER, d'après Diez, p. frotler, donc une
forme diminutive de frotter. Comme on trouve
aussi f rosser p. froisser, une explication par
frosler p. froisseîer serait tout aussi admis-
sible, mais si froisser (v. c. m.) vient non pas
defrictiare, ma.\s de frustum, il fauty renoncer.
FROMAGE, anc. formage, prov. formatge,
fromatge, it. fortnaggio, BL. formaticum ;
du L. formaticus, fait dans une forme. L'ac-
cessoire, ici c^mme dans bien d'autres cas, a
fini par l'emport^îr sur le principal. Roque-
fort, d'après Barbazan, expliquait /romaine par
la formule foras missa aqua, « dont on a tiré
l'eau » ; cela rappelle l'étymologie caro data
vermibus prêtée au L. cadaver !
FROMENT, anc. aussi forment, fourment,
du L. frumentum (p. frugimentum).
FRONCE, primitif du verbe froncer, voy.
l'art. .<5uiv.
FRONCER, vfr. froncir, rider, plisser, prov.
froncir, fronzir, fruzir, cat. frunsir, csp.
fruncir, ni. fronsen; dérivé de fronce, pli,
coexistant anciennement avec ronce (m. s.),
qui répond à l'ail, runze, pli, ride. C'est
ainsi que l'on rencontre dans l'anc. langue à
la fois ronchier, rouchier et fronchier p. lat.
rhonchare (ronflcM*). Voy. ma note ad v. 570
du Bastart de Buillon. — Il faut rejeter l'ét.
fro7tttarc', pr. plisser le front. — D. froncis;
composé défroncei*.
FRONDE, anc. fonde, it. fiunda, esp. honda,
prov. fronda, du L. funda, m. s. — D. fron-
der, lancer des pierres, fig. blâmer, critiquer.
— Un diminutif BL. fondabulum, fondibu-
htm, a donné le vfr. fondi(,'fle, fondi/i^^.
FRONT, du L.fro)is,frontis.— D, frontal;
frontcV frontean; fronton ^cp. façade de fa-
des) ; fnmtièrc (v. cm ) ; affronter, attaquer
de front, d'où affront (en vfr. afrontcr, comme
le prov. afrontar, signifiait aussi confiner) ;
confronter, mettre front à front (v. c. m.;;
effronté, prov. es frontal, it. sfrontado (cp. L.
frontosus, insolent), d'après le L. offrons. Du
BL. frontispicium, pr. ce qui .se voit de face
= façade, vient frontispice.
FRONTIÈRE, dér. de fro)it; BL. frontaria,
limite où deux territoires se rencontrent, ou
pour ainsi dire « se frontcnt « ; autrefois aussi
= front d'une troupe, façade, frontispice, et
= fronteau.
FRONTISPICE, voy. front.
FRONTON, voy. front.
FROTTER (p. froitcr), aussi fretter, prov.
fretar, it. frcttare; du L. frictare, fréq. de
fricare; cp. comploter p. comphite7\ d'un
type compile' tare fvoy. complot). — De fretter
vient le vieux mot frettc, fin, rusé, métaphore
analogue à celle de fourbe et de polisson.
FROTTER, onomatopée, comme frou-frou.
FRUCTIDOR, 12*" mois du calendrier repu
blicain, composition hybride de fructus, fruit,
et de owpiîv, donner.
FRUCTIFIER, -FICATION, L. fructificare,
fntctificaXio.
FRUCTUEUX, L. fructuosus (fructus).
FRUGAL, L. frugalis, modéré, économe.
-- D. frugalité, L. frugalitas.
FRUIT, L. fructus. — Comme t«rme de
maçonnerie (== inclinaison donnée à un mur),
fruit est \)o\ivfrit, dont l'origine m'est incon-
nue. — I). fruitier, fruiterie.
FRUSQUIN, héritage, avoir. Etymologie
inconnue. Prob. un dérivé du vfr. frusques,
vêtements, eftcU, nippes.
FRUSTE, de l'it. frusto, usé, vieux ; celui-
ci du L. frustare, prov. frustar, morceler
{frustum, morc4îau). Le mot fruste désignait
d'abord une chose dont on a enlevé quelques
parcelles ; de l'idée entamer à celle d'user, la
transition se présente naturellement.
FRUSTRER, L. frustrari, tromper.
FUCHSIA, plante dénommée d'après le bo
taniste bavarois Léonard Fuchs (mort en
1565).
FUGACE. L. fugax (fugcre).
FUGITIF, vfr. fuïttf, du L. fugitivus (fu-
gere).
FUGUE, de l'it. fuga, fuite, L. fuga. Pour
la valeur de ce mot comme terme de musique
(morceau dans lequel diiférentcs phrases se
suivent, se succèdent, tour à tour), on peut
comparer le terme it. fitga di stanze, enfilade
de chambres.
FUIE, colombier, petite volière (en vfr.
aussi = fuite), du L. fuga, pour ainsi dire =
refuge.
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FUR
232 —
FUT
FUIR, anc. fuïr, L. fiigere. — D. subst.
participai fuite, fuyard ; cps. s'enfuir,
FUITE, voy. fuir.
FULGURAL, -ATION, L. fulguralis, -atio
(de fulgur, fondre).
FULIGINEUX, L. fuUginosus (de fuligo,
suie).
FUIi^HINSR, L. fulminare (fnlmen), lancer
la foudre, foudroyer. — D. fiùminant, -ation,
t. de chimie fulminate, -ique.
FUMER, jeter de la fumée, de la vapeur;
du L fumare. Dans le sens actif exposer à la
fumée, le verbe est un dérivé du vfr. fwn =
L. fumiis, fumée. Enfin, dans l'acception en-
graisser avec du fumier, c'est un verbe ab-
strait de fumiei*(y.c. m.). — D. fumée, subst.
participial; fumet; fumeux, L. fumosus; fu-
meur, fumoir, fumeron, fumiste ;c^. enfu-
mer, parfumer.
FUÎflER, altération de femier, peut-être
par assimilation au mot fumer, car le fumier
fume. On peut comparer, du reste, pour cette
permutation de e en u devant m, le vfr., pic,
champ. , wall. fumellep. femelle, et vfr. frumer
p. fremer = fermer. Quant à femier, il vient
du L. fimarius, adj. de fimus, excréments,
engrais, fumier. — D. fumer, vfr. femer,
prov. femar,
FUMIGER, L. fumigare (fumus).
FUNAMBULE, L. fuiuimhulus (Suétone)»
qui ambuJat in fune, danseur de corde.
FUNÈBRE, L. funehris v(de funus, funé-
railles, mort).
FUNÉRAILLES, L. funeralia* (funus).
FUNÉRAIRE, L. fwufrarius (funws),
FUNESTE, L. funestus (funus), qui amène
la mort.
FUNIN, cordages, dér. du L. funis, corde,
d'où aussi l'expression funer un mât.
FUR, dans la locution « au fur et à me-
sure », est une modification du vfr. fuey*,
fcur, taxe, prix, valeur, et vient du L. forum,
en basse latinité == pretium (voy. forage jet
afforage). On disait d'abord payer, estimer
au fur de l'ouvrage, c.-à-d. selon la valeur ou
en proportion do l'ouvrage ; puis l'expression
est devenue équivalente à « proportionnelle-
ment à ». — "En disant faire qqch. au fur
et à mesure, nous entendons que cette chose
doit se faire proportionnellement et compara-
tivement à une autre » (Gachct). — Je tiens à
déclarer que la mutation forum- fur présente
quelque irrégularité phonétique.
FURET, it. furetto, néerl. furet, foret,
fret, ail. frett; anc. esp. furon (auj. huron),
port, furao, vfr. fuiron. Isidore connaît déjà
le mot furo, qui parait appartenir au fonds
vulgaire de la langue latine : « furo, dit-il, a
furvo dictus, undo et fur, tenebrosos enim et
occultos cuniculos efibdit ». Le mot vient,
d'après Diez, de fur, voleur. D'autres rappor-
tent furet au cymr. ffured, -=• angl. ferret,
mais la terminaison on et la voyelle radicale
des mots romans, accusant dans le primitif un
u long, répugnent à cette dérivation. D'après
Villemarqué, du breton fur, rusé. — De fitret
vient fureter, chasser au furet, puis fouiller
(d'après l'habitude du furet de pénétrer dans
les terriers des lapins), au fig. chercher soi-
gneusement après qqch. Cp. géncYOïs fouiner,
l'ouclii founier, do fouine,
FURETER, voy. furet.
FUREUR. L. furor.
FURIBOND, L. fuHbundus (furere). — D.
furibonder,
FURIE, L. furia. — D. fw-ieux, L. furiosus.
FUROLLES, exhalaisons enflammées, pour
feueroles, dérivé populaire de feu, à la façon
de flammeroUe, qui désigne un phénomène
marécageux analogue.
FURONCLE, patois froncle, fronque, du L.
furunculus, pr. petit larron, métaphorique-
ment petit abcès. — Schuchardt rapporto
notre mot à un type lat. fervunculus (de fer-
vere, être enflammé), altéré en furunculus.
FURTIF, L. furtîvus, adj. du subst. fur-
tum, vol (vfr. fuH, encore dans Rabelais).
FUSAIN, 1 . arbris-seau dont on fait les fu-
seaux (cp. le nom ail. spindel-baum, litt.
arbre à fuseau); 2. charbon de fusain, crayon
de fusain. Du L. fiisus, fuseau, par on adj.
fusanus.
FUSEAU, fuseT, du L. fusellus, dim. de
fusus (prov. fus). — D. fitseler, façonner en
fuseau ; fuselier, faiseur de fuseaux.
FUSÉE, du L. fusus, fuseau, par un parti-
cij>e fusata; signifie : 1. la quantité de fil
enroulé sur le fuseau ; 2. par assimilation de
forme avec un fuseau, pièce de feu d'artifice
composée d'un cylindre en carton attaché à
une baguette et rempli de poudre ; 3. en hor-
logerie, le petit cône tronqué autour duquel
s'enveloppe la chaîne d'une montre.
FQSER, se répandre, répond à L. flisare,
frôq. de funde^'e, supin fusum; de ce supin
vient aussi fusible, Voy. aussi tratu fuser.
FUSIBLE, voy. fuser. — D. fusibilité.
FUSIL, it. focile, fucile, esp. fusil, propr.
pierre à feu, puis pièce de métal pour frap-
per la pierre A feu ; enfin, le nom do l'acces-
soire étant donné au principal, arme à feu ;
cp. en ail. flinte, fusil, de fiint, silex. Du L.
focus, feu. — D. fusilla', fusilier.
FUSION, L. fusio (fimdere); voy. aussi foi-
son. — D. fusionner.
FUSTE, espèce de vaisseau, it., esp., port.
fiista, du L. fiistis, bûche, bâton, en BL. =
arbre, bois. C'est ainsi que le L. lignum,
bois, a donné lit. legno, navire ; cp. en latin,
trabs, poutre, employé pour vaisseau. — D.
fustereau.
FUSTET, espèce de sumac, pr. petit bois ;
de fiist, bois ; anc. aussi fiistel.
FUSTIGER, L. fustigare (de fustis, bâton).
FUT, fust\ prov., cat. fust, esp., port.
fuste, it. fusto, du L. fustis, bois coupé, arbre,
pieu, bûche, bâton. Le mot fût s'emploie
surtout pour exprimer, dans certains usten-
siles, le bois en opposition aux autres parties,
p. ex. le fût do la lance, d'un fusil, d'un
rabot, puis le tonneau en opposition avec son
contenu ; enfin, le tronc d'une colonne (entre
la base et le chapiteau). En vfr. fuSte signi-
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GÂB
— 233 —
GAD
fiait poutre, soliveau. Dérivés français de fût
ou fuste : 1 . futaie, fustaie (d'un type latin
fustetum), bois composé do grands arbres;
puis haute croissance (d'un arbre); 2 fu-
taille, vaisseau do bois pour mettre le vin.
3. FUSTER, anc. = fustiger ; se dit en véne-
rie de l'oiseau qui s'échappe des bois, c.-à-d.
de la tx'appe; do là l'expression futé, fin, rusé ;
4. AFFÛTER, AFFÛT (v. C. m.); 5. FUTIER, fuS-
lier, anc. charpentier, menuisier, tonnelier,
auj. faiseur de coffres.
FUTAIE, voy. fût,
FUTAILLB, voy. fut. — D. enfutailler.
FUTAINI, it. fustagno, fi^ustagno^ es p.
fustan, prov. fiistani, espèce d'étoffe croisée
nommée d'après la yille de FostcU ou Fossat,
qui forme un faubourg du Caire, et d'où la
futaine était originaire pour l'Europe.
PUTÉ, voy. fût. — En héraldique, ce mot
se dit d'une arme dont le fût est marqué d'un
émail différent du fer. — Littré fait dériver
le sens « habile, expert, rusé >*, do l'anc.
verbe fiister, fustiger, piller ; donc battu, re-
battu, las, fatigué. Je préfère l'explication
que j'ai donnée.
FUTIBR, voy. fia.
PUTILB, L. futilû. — D. futilité, L. futi-
litas.
FUTUR, L. fiUurus. — D. futwHtion [terme
moderne didactique;, d'un verbe latin fictif
futunrc.
FUYARD, voy. fuir.
G
OABAN, variété de caban (v. c. m.), repro-
duisant l'it. gahbano.
OABARE, it. ffobatr'a, petit bateau large et
plat: de la même famille que L. gahata, d'où
Jatte t Le bas -breton a kôbar. — D. gdbarei*;
sahst. gabarier ; dim. gabarot.
6ABARISR, t. de marine, façonner une
pièce de bois d'après les indications d'un mo-
dèle ; du subst. gabari (ou gabant), modèle
de vaisseau, que Littré rattache, je ne sais
comment (par ^araôt/i, à l'arabe ga/i6, moule,
forme (d'où fr. calibre).
GABATINE, tromperie, mot populaire tiré
de rit. gabbato (trompé). Voy. gabei\
GABBOlE, micmac, intrigue. « Ce mot tri-
vial •», dit Ch. Nodier, qui le définit par ruse,
fa.<;ci nation, etc., « est d'un usage si commun
dans le peuple qu'il n'est presque pas permis
de l'omettre dans les dictionnaires et qu'il est
du moins curieux d'en chercher l'étymologie.
Il est évident qu'il nous a été apporté par les
Italiens du temps des Médicis... Gabgie ou
gabbegie est fait de gabho et de bugia, ruse et
mensonge «*. — Rien de plus invraisemblable
que cette dérivation. Gdbegic est, selon toute
probabilité, de la même famille que l'anc. fr.
gabitserie; on le rattachera donc au verbe
gabcr, tromper, railler.
GABELLE, d'abord impôt en général, puis
.«spécialement impôt sur le sel, enfin dépôt de
sel, it. gabella, esp., iptoy. gabela. BL. ga-
blnm, gabulum, gahella. De Tags. gaful,
gafolf angl. gavel, m. s., qui dérivent du
Tevbegifan, goth. giban, ail. geben, donner.
Cp. le vfr. dace, impôt, du L. datio, don. On
a aussi mis en avnnt le vha. garba, manipu-
lus, mais l'élision de r devant b n'est pas pro-
bable ; d'autres produisent l'arabe qabala,
recevoir, mais l'adoucissement de q initial
arabe en g est sans exemple, d'après Diez. A
cette objection, toutefois, Devic oppose la
forme accessoire it. caballa, cahella. — D.^a-
beler, déposer le sel à la gabelle ; gdbeleur
(popul. gabelou), employé do la gabelle.
OABSR', prov. gabar, it. gabbare; subst. it.
gabbo, pi'ov. et vfr. gap, plaisanterie, moque-
rie. Du nord, (suéd.) gabha, tromper. La
même racine se trouve aussi dans les idiomes
celtiques : bret. goap^ goah, irrisio. C'est plu-
tôt à ces derniers qu'il faut ramener la forme
pic. gouaper et l'expression se guabeler de
Rabelais.
6ABIS, hune, de Tit. gabbia (voy. cage).
— D. gabier, matelot qui fait le guet sur la
hune.
GABION, pr. cage, panier, it. gabbioïie,
dérivé de l'it. gabbia, cage. — D.gabionner.
A
1 . GACHE, t. de serrurerie; d'après Devic =»
esp. alguasa, gond, penture, qui correspond
H l'équivalent arabe cd-resza (r confondu avec
rh, que l'espagnol transcrit d'ordinaire par^).
2. GÂCHE, truelle, voy. gâcher.
GACHER, détremi)er, délayer, puis fig.
travailler malproprement, it. guatzare (vfr.
tooscAter, aussi = souiller); du vha. toa«Àa;i,
lavor, ail. mod. loasclien. — D. gâche,
truelle, instrument pour faire le mortier;
aussi instrument pour battre l'eau ; gâcheur,
gâcheux, gâchis, flaque d'eau, puis ordure
causée par un travail à l'eau, fig. désordre,
position désagréable (cp. angl. voash, lavure,
puis marais, bourbier). — Il faut séparer ce
mot, parait-il, de l'it. guazzare, qui acxsuse,
lui, une origine du vha. toazzar [Bxxy loasser)
« eau », et dont le subst. verbal estguazzo,
fr. gouache, peinture à la détrempe (cp. le
terme lavis).
GADE, du grec -/kSoç (poisson de mer).
GADELLE, espèce de gi*oseille rouge ; aussi
gradelle, gode, grade. Ces mots désignent, en
Normandie, le fruit du ribes rubrum, c.-à-d.
la petite groseille. Bien que les gades soient
glabres, Joret n'en croit pas moins devoir
rattacher gode au norois gaddr (aiguillon),
goth. gasds (id.), donc un « fruit à aiguil-
lon ». (Rom,, VIII, 440). — Suchier (Ztschr.,
III, 611) identifie gade, grade avec fr. carde
(en Lorraine gode). Le premier aurait perdu
Vr radical, l'autre l'aurait transposé.
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GAG
234
GÂL
GADOUl, vidange. Etymologio inconnue;
de caduta (cadere), donc = déchet? ou du
bas-saxon futth^gaut^iû. kaet, qiiaet (Kiïmerï),
vlia. quât, ail. mod. koih, m. s.? Notez que
le wallon a godau p. jus de fumier. — D. ga-
douard, vidangeur,
GAFFE, angl. gaff', croc de fer, esp.,port.
gafa, prov. gaf, croc; cp. gaél. gaf, bret.
gtoâf, uncus, hamus ferre cuspidatus. Diez
rappelle aussi Tall. (dialectes du Midi) verbe
gai feu, tailler en crochet. — D. gaffer,
GAGE, it. gaggio, esp., prov. gage, objet
placé en nantissement (au plur. = .«salaire,
rémunération; angl. toages); en prov. une
forme secondaire gadi, gazi, s'emploie aussi
p. testament; BL. toadium, vadium, grec
mod. yvàJiov. Dicz préfère à Tétymologie ordi
naire tirée du L. vas, vadis, répondant, celle
du goth. vadi =» gage, vha. wetti, ags. ï)edd,
ancien frison ved, gage, caution, promesse.
De la signification primordiale nantissement,
sûreté, .«^e sont déduites les acceptions ga-
rantie, assurance, promesse, récompense,
salaire. — D. gaga\ anc. donner en gage,
auj. faire un pari (cp. ail. mod. rjoetten,
parier, du vha. toetti, gage); de là gageur,
gagerie, gageure, gagiste. Composés : et^ga-
ger (v. c. m.), BL. intadiare; dégager, BL.
dtsvadiare.
GAGNER, \fv.gaaignier,gnaignier, d'abord
cultiver, labourer, faire valoir, puis tirer pro-
fit, acquérir; it. guadagnare, ^rov. gazanliar
p. gaJdanhar, v. esp. guadunar = mois-
sonner. Toutes ces formes viennent soit direc-
tement du verbe vha. xoeidanon ou plutôt loet-
danjan, chasser, pâturer, soit du vha. wcirfa,
chasse, pâture, à l'aide du suflSxe roman a^n.
En ail. mod. le verbe vyeiden signifie paître,
et l'anc. subst. weide, chasse, est encore con-
servé dans weidniami, chasseur, weidwerk,
travail de la chasse. Le sens primordial do
gagner s^e rattache donc aux travaux soit de
la vie agricole, soit de la chasse, puis aux ac-
quisitions qui en résultent : ainsi faire paître,
exploiter un champ, ré(»olter, d'où acquérir
en général. L'acception labourer, cultiver,
est encore vivace dans gagnage, pâturage,
terre en produit; cp. vfr. gatgneiir, culti-
vateur. Il faut rejeter les autres étymolo-
gies qui ont successivement été émises sur
gagner, savoir : ail. wintten, être vainqueur,
gagner (Chevallet), — arabe ganta, tirer
profit, — L. mndicare, — grec xsjsdxCvsiy, ga-
gner. — Le subst. verbal de ^o^wcr est : fr.
gain, VÎT. gaaing, ii. giiadagno, ]irov. gazanh.
— Bopp rattache le L. venari, chasser (p.
vednaH), à la même famille weid, d'où s'est
produit le roman gxiadagnare d'où gagner. Il
se peut que l'apgl. gain, malgré .sa ressem-
blance avec la forme française actuelle, soit
d'une autre extraction (voy. le Dict. de Mftller).
— La forme esp. ganar, acquérir, gagner,
n'est pas le môme mot que gxiadagnare ; c'est
le BL.ga7ia7'e, m. s., dont on trouve l'emploi
déjà dans un document de 747, et qui dérive
du subst. gana, désir, dont l'étymologie est
encore enveloppée d'obscurité (Diez indique
conjecturalement le vha. geinan, ouvrir la
bouche, auj. gâhnen),
GAI, it. gajOfV.esp.gayo, port ^ato, prov.
gai,jai; d'après Diez, du vha.^âAi, prompt, vif
(ail. moà.jàhe, précipité, ^oixjàhzorn, fou-
gue, emportement). — Littré se demande si
le nom propre latin Gaii«(pr. le réjouissant?)
ne pourrait pas avoir donné naissance an mot
ronaan. — Baist (Ztschr., V, 247) conteste la
correspondance littérale entre it. gajo, esp,
gayo et l'étymon posé par Diez; comme Littré,
il s'adresse à Cajus (prononcé Gajus), nom
qui jouait un rôle dans les cérémonies nup-
tiales (on connaît la formule « ubi tu Cajus
ego Caja ») et qui pouvait avoir dégagé le
sens de nuptial, gai. — D gaieté, gatté; fac-
titif, égayer. — L'adjectif ^at a donné le nom
à l'oiseau dit^cai, ancrai, prov. //ai, Jai. esp.
gayo, gaya, donc pr. l'oiseau vif, ou l'oiseau
bigarré, car anciennement gai signifiait aussi
multicolore (les verbes esp. gayar, wall. gaie-
lotey\ signifient encore barioler).
GAILLARD, it. gagliardo, esp. gaUardo,
prov. galhard, anciennement = généreux,
vigoureux, hardi, a l'air d'être un dérivé de
gai (cp. bai, haiUet), et les formes it.. esp. et
prov. pourraient n'être que des assimilations
du fr. Néanmoins, Diez préfère rattacher le
mot .soit à l'ags. gagol, geagle, hardi, lascif,
ou au cymr. gall, force, anc. gaél galach,
courage, vaillance. — D. gaillarde, gaillar-
dise, ragaillardir. — Gaillard, comme t. do
marine, est le même mot; la locution com-
plète est château gaillard, cliâteau fort.
GAILLET, planta, variété de caillet, d'après
Littré, contraction de caille-lait,
GAIN, voy. gagner. Il faut di.stinguer ce
mot du vfr. gain, qui est le simple de regain
(v. c. m.).
GAINE, contraction de vfr. gaine, Hainaut
tcaifie, it. guaina, cymr. gwain ; du L. ra-
ghia, m. s. — U. gainiez', engainer, rengai
ner, dégainer,
GALA, mot étranger; répond à it., esp. et
port gala = magnificence, faste, réjouis-
sance, parure, grâce. Le correspondant vrai ■
ment français de ces vocables est le vfr, gcde,
d'où l'ancien verbe galer, se réjouir, faire la
noce, mener du train. Ce vieux mot a laissé
une trace dans le wallon sagalt, se parer. —
Sont dérivés de gale ou gala : 1 . it. gaUone,
esp. galon, fr. galon, passementerie de luxe,
ornement de parade (cp. feston de feste, fête) ;
2. vfr. gai ois, aimable, gentil, poli, répon
dant à un type latin galensis; il est remplacé
aujourd'hui par la forme galant, it. galante,
esp. galante, galan, galano; voy. aussi réga-
ler. Quant à l'origine du vfr. gale, nfr. gala,
Isetitia, voluptates, épuise, facetise, Diez, d'ac-
cord avec Dicfenbach, lui assigne le vha. ^«7.
luxurians, pinguis, libidinosus (en Autriche,
le mot geil signifie également gai, réjoui),
ags. gàl, gai, alerte; subst. vha. geili, faste,
luxure. Le sens foncier est donc plaisir, joie.
— Suchier, vu l'initiale w que gale et galer
ont eue en premier lieu, préfère comme pri-
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GAL
— 238
GAL
m\iiîVa.Tïg\,u>eaIe, bonbeur, opulence, an moy.
néerl. toale. — Le verbe latin gallare^ em-
ployé par Varron ap. Non. Marc, pour bac-
chai-if est distinct de notre mot et se rapporte
aux prêtres de Cybèle, appelés gaUi.
GALANE, genre de plantes; altération de
chelone (gr. Xtiwvïï, tortue).
GALANT» anc. galand (Lafontaino a dit
au féminin galande), voy. gala. — Il faut
abandonner l'ôtym . tirée du L. crt/en^, d'après
laquelle galant équivaudrait à vaillant. Dans
le mot galant et son dérivé galanterie, se
dessine le culte de la femme dans ce qu'il a de
noble et d'élevé, aussi bien que dans ce qu'il
présente de sensuel. Voy. à ce sujet le Dic-
tionnaire philosophique de Voltaire au mot
galant. — D. galanterie, d'abord qualité,
procédés, attentions d'un homme galant; puis
paroles flatteuses, petits présents de bijoux
que Ton se fait par politesse ; aussi intrigue
avec une femme, etc. (toutes les acceptions,
nobles ou basses, de ce terme se rapportent
en dernier ressort aux relations do l'homme
avec la femme); galantin, homme ridicule-
ment galant; galantise" = galanterie, d'où
galantiser, faire la cour aux dames (terme bas).
GALANTINE (c'était à l'origine une prépa-
ration de poissons), du BL. galatina ; ce n'est
donc qu'une forme variée do gélatine; cp.
Tall. gallerte, gélatine.
GALBANUM, " donner du galbamim, bailler
le galbanum »» =: tromper, duper. Cette façon
de parler peut avoir été prise, dit de Brieux,
de ce que, pour faire tomber les renards dans
le piège, on y met des rôties frottées de gal-
banum, dont l'odeur plaît extrêmement aux
renards et les attire au lieu où ils en sen-
tent. Selon d'autres, la locution vient de ce
que la gomme-résine à^ite galbanum (mot latin,
du gr. ;(ai6âvïj) était considérée autrefois
comme une panacée universelle.
GALBE, anc. garbe, guerbe, contour gra-
cieux, bonne grâce, agrément. Le mot vient
duvha. garawi^garvoi, ornement. Diez, né-
gligeant la circonstance que l'on s'est servi de
garbe avant galbe, fait venir ce dernier, qui,
en effet, est proprement un terme d'architec-
ture, du mha. walbe (auj. xoalm), courbure
du toit du côté du pignon.
GALE, maladie cutanée; Nicot dérive ce
mot du L. callus, peau dure, et eflectivement
le BL. dit callosus ==» galeux. Cette étymolo-
gie est correcte à la lettre, et s'appuie en outre
du rouchi gale = cal, durillon. Néanmoins,
Diez croit devoir rapprocher les termes ail.
galle, partie endommagée, tache, angl. gall,
écorcher. En faveur de cette étym., on peut
rappeler le vfr. rasche, gale, du prov. rascar,
prratter ; vfr. gratelle de gratter ; ail. kràtze
de kratsen, gratter. Voy. aussi galei\ Che-
vallet citele bret.^a/, gale, et le gaél. gall,
émption en général ; reste à savoir si ces mots
sont réellement celtiques, Pictet invoque l'irl.
gdlar, maladie. — Les mots it. gai la, esp.
a^a//a, tumeur, se rapportent plutôt au L.
galla, noix de galle, excroissance de feuilles
de chêne. — D. galeux.
GALÉASSE, voy. galée,
1 . GALÉE (ancien nom des bâtiments ap-
pelés plus t^rd g<iliVes), prov. galea, galeya,
gale, it. et anc. esp. galea, port, gale, dan.
galleyc, ni. galt?i, angl. galley; EL. galea,
gai eia,gal€icl a. \o'icï les diverses étymologies
mises en avant sur ce mot : gr. yodri, belette,
à cause de la rapidité do la marche (Ménage)
— gr. '/xU, mot cité par Hésychius avec le
sens de galerie, à cause de la longueur de la
galée ; — L. gcilea, casque, la galée étant
comparée à un casque retourné, ou bien parc«
que le vaisseau qui portait Ovide tirait son
nom " a picta casside « ; — arabe chali,
ruch(y, grand navire (Muratori) ; enfin yrltoi,
requin fpour cette assimilation, Diez cite un
ancien texte décrivant ainsi la galée : lignum
a prora prsefixum habet et vulgo calcar dici-
tur, quo rates hostium transfiguntur percus-
sœ). li est difficile de se fixer sur aucune de
ces opinions, dont aucune, d'ailleurs, ne tient
compte du BL. galeida (mha. galeide) et ga-
ledellus. — D. g.vléasse, it. goleazzo, esp.
port., galeaza; galion, it. galeo7ie, esp. ga-
leon, port, galeao; galiot*, galiote, it. ga-
leotta, port, galiota.
2. GALÉE, en t. d'imprimerie, ais à rebord,
où le compositeur met les lignes à mesui'e
qu'il les compose; c'est le même mot que le
préc. ; l'ail, appelle de même la galée, schiff*,
c.-à-d. bateau; l'angl. dit galley.
GALÈNE, du gr. -/xH^t}.
GALER, gratter ; est-ce le primitif ou le dé-
rivé de galef D'après ce que j'ai dit sous gale,
on est en droit de poser la question.
GMiÉRE, it., esp., port., prov. galera;
prob. un dérivé du même radical qui a donné
galée. L'étymologie L. galêrus, chapeau,
casque, n'a pas plus do probabilité c^wegâlea,
casque, pour galée, bien que l'accent s'y prête
davantage. — D. galérien.
GALERIE, it. galleria, esp. galeria, port.
galaria, salle plus longue que large, corridor,
allée. Le Bh. galeria (il remonte au ix* siècle)
présente les acceptions : maison élégante, puis
lieu enfermé, cour. D'après Diez (2® et 3° éd.),
du gr. yàlïj, sorte de galerie, par le canal
d'un dérivé galera. — On avait autrefois
proposé VdW.xoallen, marcher solennellement ;
puis le verbe galer, festoyer (voy. gala),
donc propr. salle de fête. — Littré, tout en
prenant en bonne considération l'étym. de
Diez, rappelle le BL. galilœa, vfr. galilée,
signifiant long portique, nef d'église, dont
^a/<?>na pourrait s'être produit par corruption.
— Le vfr. galerie signifie réjouissance et est
un dérivé de t/ale (voy. gala).
GALERNE (vent de) = vent du nord-ouest,
esp., port, galerno, prov. galerna, bret.
gwalarn. \ji racine est gai, qui signifie en
irlandais souffle du vent, et en anglais, sous
la forme gale, vent frais. La terminaison de
galerne fait supposer que ce mot a d'abord été
employé dans le midi do la France (Diez cite
bolerna, tempête, buerna, brouillard, su-
berna, courant), mais le radical parait celti-
que, bien que Nicot ait pensé au L. gelare
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GÂL
— 236
GAM
en disant : nom de vent qui fait geler les
vignes. — Johanneau dérive le bret. gwaîam
de gwall, mauvais, et à*ame, temps d'orage.
— MttUer rapporte Tangl.^a/ô, au nova ffola,
vent froid, verbe ffola, souffler; Wedgwood,
au nord, gàlen, furieux.
GALET, caillou plat et rond, qui se trouve
sur la grève ; dimin. du vfr. gai, pierre ;
quant à celui-ci, on le rattache au breton
kaled, dur, gaél. gai, caillou. — De galet
vient galeite, petit gâteau plat et rond.
GALETAS (anc. gakUas, avec le sens do
grande salle, signification encore propre au
champenois galetas i; Littré pense que le mot
est venu, par les croisés, de Constantinople,
où galaias était le nom d'une tour; on lui
voit, dans les chartes, désigner un apparte-
ment dans la maison des Templiers et à la
Cour des Comptes.
GALETTE, it. galetta, prov. galeta, voj.
galet.
GALDSTTE (mot du nord de la France et de
la Belgique), morceau de houille de moyenne
dimension; aussi gaillette, gayette, Etymo-
logi^ inconnue; du même radical que caillou t
— D. gailleteries,
GALIMAFRÉE, anc. calimafrée (Ménagier
n, 5), ramassis de toutes sortes de viandes,
plat grotesque ; d'après Darmesteter (p. 113),
composé do la particule péjorative cali (cp.
califourchon, charivari) et du radical maflon
mafr, qui se trouve dans le pic. maflia ou
mafia, gourmand, goulu; verbe maflier,
ma fier, ronger entre ses dents, et qui se rat-
tache au flam. maffelen, moffelen, agiter ses
joues. Cp. l'art, suiv.
GALIMATIAS, discours embrouillé et confus.
D'après Huet, ce mot vient du quiproquo d'un
avocat qui, plaidant en latin pour le coq de
Mathias, à force de répéter Gallus et Slat-
thias et voulant dire gallus Maithiae, vint à
dire galli Mathias, ce qui fit rire tout l'audi-
toire; do manière que l'expression se fixa
pour signifier un discours embrouillé. Nous
pensons que cette histoire est forgée pour le
besoin de l'étymologiste, et que galimatias est
plutôt un mot de formation semblable à celle
de galimafrée (v. c. m.), — Darmcsteter
y voit une forme altérée de carimafiache,
forme picarde de galimafrée, signifiant la
même chose que celui-ci et en outre, au figuré,
ramassis de sottises, discours incohérent. —
Dans des glossaires latins-allemands, on trouve
ballimathia, défini par cjmbale et par chan-
son malséante.
GALION. GALIOTB, voy. galce.
GALIPOT, résine qui coule du pin ; d'après
Bugge (Rom. III, 149), dérivé de l'ail, klibe,
« gummi, lacrima arborum » (du mha. klîben
"=- haerere). Pour l'insertion de a dans gl, cp.
canif; pour l'initiale g, p. c, cp. ganivet; le
^s'explique par quelque forme haut-allemande.
En définitive, galipot serait = clipe, calipe,
galipe -(- suff. ot
GALLE, L. galla. — D. gallique; en-
çaller.
GALIiINAGii, L. gallinaceus (de gallina^
poule).
GALLON, ancienne mesure de liquides »
encore usuelle en Angleterre ;cp. rouchi galoi,
m. s , BL. galetus, 'a,'Um. mensura vinaria ;
gillo, gello, galio,vas vinarium. D'origine in-
connue ; peut-être connexe avec jale, jalon
(v. c. m.).
GALOCHE, d'où it. galoscia, esp. galocha
(aussi halosa). D'après Baïf, suivi par Roque-
fort, du L. gallica, chaussure des Gaulois,
avec changement de suffixe. Cette dérivation
me parait fautive, bien qu'elle soit patronnée
par Dicz. Je préfère celle du BL. cdlopodia,
mot qui correspond au grec xxIoTro'^tQy ou
xaioTTouç, soulier de bois (j?5iov, bois) ; çalop*dia
a régulièrement pu donner la forme galoche
(cp. vfr. treche, danse, de tripudium). Littré
m'objecte : « la galoche n'est pas le sabot » ;
non, mais une espèce de sabot; j'ai porté moi-
même des galoches à semelles de bois, et d'ail-
leurs l'esp. galocha s'emploie pour sabot. —
Dans les derniers temps, notre mot a été étudié
par Mussafia (Beitrag, p. 62); il ne sait pas se
décider entre ^a//ice et calones « calcei lignei «
(ap. Festum); quant kcalopodium, il ne le
repousse pas absolument, mais pense qu'il
faudrait, en l'admettant, admettre aussi que
les formes ital. sont tirées du français. G. Pa-
ris approuve l'étymon calopia p. calopodia
(Rom. III, 113). — D. galochier, faiseur de
galoches, autr. aussi := pauvre et grossier,
Utt. porte-sabots, aussi verbe galocher, se
comporter en rustre.
GALON, voy. gala. — D. galonner.
GALOPER, it. galoppare, esp. port, galopar,
prov. galaupar; du vha. hlaupan, courir
(ail. mod. laufen)\ avec le préfixe ga: vlia.
gahlaupan, ags. gehleapan. D'après Warker-
nagel, du vha. gaJio JUaupan, courir rapide-
ment. — D. galop, subst. verbal, prov. cat.
galop, it. galoppo; galopade; galopin, nom
donné dans4a fable au lièvre faisant office de
courrier, plus tard == petit commissionnaii-e,
marmiton, puis petit polisson qui trotte dans
les rues, etc.
GALOPIN, voy. galoper.
GALOUBET, petit instrument à vent; d'ori-
gine inconnue ; « tiendrait-il au prov. gualau'
bin, gaillard, gracieux • (Littré) ?
GALVANIQUE, -ISME, -ISER, du nom de
l'Italien Galvani^ physicien à Bologne, mort
en 1795.
GALVAUDER, maltraiter de paroles, aussi
=» faire de la mauvaise besogne. Je ne dirai
de ce mot qu'une négation, c'est qu'il ne vient
pas do caballicare, chevaucher, comme pré-
tendent ccHains dicti ^nnaires.
GAMACHE, guêtres, du vfr. game, jambe.
— Dcvic pense que le mot vient du v. esp.
giiadamaci signifiant un cuir préparé en pre-
mier lieu à Godâmes (Tripoli) et plus tard en
Espagne. De là viendrait aussi le mot gara-
mâches, usité dans le midi de la France pour
de grandes bottes à l'écuyère.
GAMBADE, de l'it. gambata, dér. de^am^a
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GAN
— 237 —
GAR
= vfr. ffambe, auj. jambe (v. c. m.). —
D, ffambcule7\
6AHBES0N, 6AMB0IS0N, sorto de vête-
ment qu'on portait sous le haubert (en champ.
çatnbison, vêtement doublé, piqué) ; c'est un
dérivé du vfr. wamheis, prov. ffambais, v.
esp. gainbax, v. port, canbas (de là mha.
wambeiSf nha. teams p. loammes), pourpoint.
Ces mots sont issus du vha. wamba, ventre,
par le BL. toambasiittn.
GÂMBILLiSR/de gambe^ variété àe jambe.
GAMBIT, terme du jeu d'échecs, de Vît,
gambetto, vfv.jambete, croc-en-jambes.
GAMELLE, esp., port, gamella, du L. ca-
mélia^ espèce de vase à boire.
GÂiON, mot d'introduction récente, d'ori-
gine inconnue. Le mot çerait-il pour gambin,
de gambe, jambe, donc trotteur, qui court les
rues? Il est bon de rappeler le terme picard
et rouchi gai mite ==s gamin ; gamin serait-il
peut-être ^,galmtn; mais alors, que veut dire
cette racine gai t Le fait est qu'elle se repro-
duit dans le wallon ^a/apia, vaurien, garne-
ment, vfr. galose, drôle, vaurien, dauphiné
galistran, fainéant, etc. Atzler rapporte gai
à la racine germanique gai, signifiant crier,
faire du bruit. — On a aussi pensé à l'angl.
game, jouer. En dernier lieu, nous enregis-
trons l'opinion d'après laquelle gamin aurait
signifié en premier lieu un simple soldat,
puis aide-ouvrier, enfin enfant, et qu'il vient
de l'ail, gemeinei', simple soldat. Voy.ArcAio
fiir dos Stiidiitm der neueren Spracken,
XLI, 229. — D. gaminer, -erie,
GAMME, du grec gamma, nom de la troi-
sième lettre de l'alphabet grec. Gui d'Arczzo,
inventeur de la gamme, ajouta le g comme
septième à la série des lettres a, b, c, d^ e, /*,
qui lui servirent à noter ses tons ou int43r-
valles. C'est cette septième note g (en grec
gamma), conclusivo de la gamme en a (ou la),
qui a donné le nom à la série d'une octave.
GANACHE, de l'it. gauascia, forme péjora-
tive du L. gêna, joue. — D'où vient le sens •
figuré et injurieu!w do ce mot? Ëxprimc-t-il
réellement l'idée d'un homme à la mâchoire
pesante, comme le pensait Ménage ? On est
en droit de l'admettre, puisque Littré dit que
« mâchoire •• a le même sens figuré. — Ue-
monter au vha. ganazso (ail. mod. gatis),
oie, serait par trop hardi.
GANDIN, dandy ridicule, du nom d'un per-
sonnage de vaudeville.
GANGLION, gr. ykyéUo^. ~
GANGRÈNE, it , esp. cangrena, du h.gan-
grœna = gr. ydcyy/saivoc, m. s. — D. gangre-
neux, se gangretxer,
GANGUE, terme de mines, it. ganga, de
l'ail, gang, allée, galerie.
GANIVBT, voy. canif,
GANSE, aussi gance, L'étymologie de ce
mot ne m'est pas connue, mais bien certaine-
ment il ne vient pas du L. ansa, anse, cava-
lièrement mis en avant par Roquefort. Diez,
se fondant sur le sens « lacet servant de bou-
tonnière, accrochant le bouton » , pense que
le mot pourrait être l'it. gancio,es^. gaucho.
crochet. Le hongrois gants parait emprunté
du français.
GANT, vfr. loant, it. g\ianto, esp., port.
giian, BL. wantus, v. flam. loante; mot ger-
manique : nord, vôttr (qui équivaut d'après
Grimm à vantr), dan. vante, — D. gantelet,
ganter, gantier,
GARi^GE, esp. gransa; un vieux glos-
saire, cité par Ducange, dit : « Sandix, herba
tincturse, quam vulgus varantiam vocat » . On
a pensé que varantia était pour verantia et
que ce dernier venait do verans color, sive
verus» hoc est vere rubcr et coccineus «. Cela
ressemblé à un tour de force ; on a cherché,
il est vrai, à prouver que le grec à>i}Srivo;
(vrai) était de même employé dans le sens de
couleur rouge, mais je n'ai pu m'en assurer.
— D. garancer, -ière,
GARANT, vfr. toarant, anc. it. guarento,
esp. garante, \wov . guaran , gniren, BL.toa-
rots, anc. frison werand, toarend, flam. tDae-
rande; du vha. toeren, anc. frison toara,
wera, faire prestation, cautionner, garantir.
— D. garantir (angl. %Darra}it), d'où subst.
garantie,
GARBE, anc. forme pour galbe (v. c. m.).
GARBURE, potage épais; Littré le rappro-
che de l'esp. garbias, ragoût. J'ajouterai
l'angl. garbage of a fowl, la petite oie.
GARCE, garée*, autrefois fille en général,
servante, auj. terme d'injure; c'est le féminin
du vfr. gars, prov. gartz, î«ens primordial =«
L. puer, puis serviteur, manouvrier, au fig.
et en mauvaise part, = fripon, goujat. Dans
le dialecte du Jura, gars, garse signifient fils
et fille, sans aucune mauvaise acception. On a
produit difl'érentes étymologies. Pott, et après
lui Gachet et Littré, alléguant la forme prov.
giiarz, défendent la provenance celtique et
rapportent le mot au breton gwcrc'h, virgi-
nal. Chevallet remonte au vha. vair, homme.
Diez rejette l'une et l'autre de ces opinions,
prétendant que les initiales ail. v ou to et
celt. gw auraient produit en ital. giiarzone
et non pas garzone. Il pense que le mot est
latin et cache une métaphore. Par conséquent,
il le place, ainsi que son dérivé garçon, it.
garzone, sur la même ligne que l'it. garzo,
dim. garzuolo, cœur de chou, milanais gar-
zoeii, bouton, jeune pousse, et lombard gar-
zon, laiteron. Or, ces mots viennent du L. car-
duus, chardon. Le mot garçon figurerait
ainsi l'idée d'une chose non développée, et
serait une expression analogue à l'it. toso
(de tofisus), d'où vfr. tosel, garçon, ou au
fr. petit trognon (cp. ail. kleiner biitzel),
enfin au gr. x6po;, qui signifie à la fois reje-
ton, pousse et garçon. Diez, en faveur do son
étymologie, se prévaut encore do ce qu'à
Milan garzon signifie non seulement garçon,
mais aussi une plante chardonnière. Toute-
fois, sa manière de voir (à l'appui de laquelle
on serait tenté de rappeler le fr. c?iou, en tant
que terme de caresse) n'a pas trouvé grâce
che^* d'autres philologues compétents. Ainsi
G. Paris, arrêté par une forme voarçon, citée
par Roquefort, soupçonne une origine germa^
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GÂR
— 238
GAR
nique ; Baist (Zt&chr., VI, 426) incline pour
l'identité de gars avec jars, gars (oie). —
D, garçon, it. garzoiie^ esp. garjton, port.
garcào.
6ARGBTTE» t. de marine, petit cordage ;
de l'esp. garceta, dont l'origine est inconnue ;
l'angl. dit gasket, l'it. gaschette (phir.).
GARÇON, voy. garce, — D. garçonner,
-aille ^ 'ière.
GARDER, vfr. et dial. warder, it. guar-
dare, esp., port,, prov. guardar, du vha.
warteii^ faire attention, veiller sur. —
D. garde^ esp., it. guardia, prov. giiarda
= goth vardja,v\m. warta et (inase.)u>arto;
— gardien, it. gnardiano, esp., prov. guar-
dian, ail. voardein. — Composés : esgarder,
avoir l'œil sur (d'où fr. esgarf égard), it.
sguardare, v. esp. esguardar; — regarder
d'où regard. Pour le rapport logique entre
garder* = conserver, et regarder = voir, cp.
L. sei-vare et observare, tueri et intueri, angl.
?iold et behoîd,
GARDIEN, voy. gardet\
GARDON, nom d'un petit poisson ; d'origine
inconnue.
GARE, voy. garer,
GARENNE, lieu où l'on conserve des lapins
(anc. = bois, vivier, étang, auxquels était
attaché un droit de diasse exclusif; tenir en
garenne = tenir en défense), aussi varenne,
vfr. voarenne, BL. warenna, angl. \oarren,
ni. toarandc. Si le mot, comme il y a lieu de
croire, vient du vfr. garer, loarer, il faut
voir, selon Diez, dans la forme garenne une
corruption de garine, cp. vfr. gastine, guer*
fine, h^iïne, autres subst. dérivés de radicaux
germaniques.
GARER, prov. garar, garder, faire atten-
tion, mettre à l'abri ; du vha. loaron, obser-
ver, prendre garde. — D. garc^ int^jrjection,
= prends garde ; gare, subst. , = refuge,
abri; garenne (v. c. m.); esgarer égarer,
pr. négliger, laisser aller sans surveillance,
conduire dans l'erreur.
GARGARISER, gr. /«p'/apiiuv, L. gargari-
sare; gargarisme, gr. -/^pyo^çi^fiôi.
GARGOTE. Selon Diez, ce mot na aucun
rapport étymologique ni avec l'ail, garkiiche,
qui y correspond pour le sens, ni avec le
L. gurgustium, mauvaise auberge; il faut
plutôt rattacher ce mot au verbe picard gar-
goter, bouillir très fort, qui a l'air d'être une
onomatoi)ée. — On pou irait être tenté de
songer à caro cocta, chair cuite, donc endroit
où Ion donne à manger chaud ; mais il fau-
drait pour cela un intermédiaire italien car-
cotta. Sans rien préjuger sur le rapport éty-
mologique, je crois ne pas devoir omettre
BL. gurgutia (vu® siècle) « loca ubi convivia
turpia tiunt ». — D. gargoter, gargolier.
GARGOUILLE» esp. gargola, endroit où
l'eau d'une gouttière se dégorge, anc. =
gorge. De la même famille que le yfv.gargate
(encore en usage dans les patois) = gorge,
gosier, it. gargaita, esp. garganta (d'où Ra-
belais a tiré son gargantua, équivalent de
• grandgousier). Ce radical garg est identique
à gurg du L. gurges, gorge ; l'altération s'est
produite, faut-il croire, sous l'influeuce do
gargaHzare. On la trouve encore dans it.
gargagliare, gargozza, pour gorgogliare,
gorgozza, — D. gargouiller, verbe désignant
le bruit que fait l'eau en passant par une gar-
gouille, d^ dix gargouillis.
GARGOUSSE. Ce mot se rattache prob. au
même radical garg, d'où procède le mot pré-
cédent et qui implique l'idée de cavité allon-
gée. Il parait êtro fait sur le patron de l'it.
gargozza, gorge, gosier. Par une métaphore
analogue, on appelait au xvii* siècle des cu-
lottes àQ& garguesques Ou bien le mot serait-
il une corruption de cardousse, qui représen-
terait le subst. cartouche, it. cartocdot Le
fait est qu'on dit aussi gargouges et gargoii-
cïœs. — D. gargoussier, -ière.
GARIGÏÏE, terre inculte (pr. couverte de
chênes), \{v. garrie, jarn'e; prov. gariga,
gwarriga, chênaie; du prov. ^ar>'ic, chêne»
vfr. garris,jarris.
GARNEBIENT (v. angl. garnement, con-
tracté plus tard en gar ment), autr. = vête-
ment, ameublement, armes, dér. de garnir.
L'acception « mauvais sujet « viendrait ,
d'après Ménage, suivant en c«ci d'auti*es de-
vanciers, de ce que les fainéants et gens inu-
tiles ne servent que pour garnir, c.-à-d. pour
remplir et fournir le nombre voulu d'hommes.
Mieux vaut, avec Littré, déduire cotte accep-
tion de celle do garnement, défense et défen-
seur, de là mauvais garnement, mauvais sol-
dat, généralisé en mauvais sujet.
GARNIR, it. guarnire, guernire, v. esp.
guarnir (auj. guarnecer), prov. ga}*nir^
d'abord = avertir, prémunir, préserver, avoir
soin, puis pourvoir de ce qui est nécessaire»
fournir, munir, foi-tifier. Du vha. xcarnôn^
ail. mod. xoarnen, avertir, prémunir; ou
plutôt, à cause de la terminai.son, du corres-
pondant ags. varnian, prendre garde, avoir
soin. — D. garnisseur, garniture; garne-
ment (v. c. m.) ; garnache, mant^^u =« it.
guarnaccia, esp. garnacha; — garnison,
propr. munition, provision d'argent ou do
vivres, puis nombre d'hommes nécessaires
pour la garde d'une place, enfin ville occupée
par une garnison. — Cps. dégarnir.
1. GAROU, dans loup-garou, vfr. garoî,
garoul, garvoall, signifiait un sorcier qui aie
don de se changer en loup et qui rôde la nuit ;
•• (^uod hominum genus geridphos Galli nonii-
nant, Angli vero vere-wolf n, dit Gervasius
Tillib., cité par Ducange. Ce mot anglo-saxon
vere-wolf, qui est en effet le primitif du vfr,
garoul (cp. Raoul de Radulphus), et qui est
conservé dans l'angl. were-tcolf, ail. wàhr-
wolf, signifie litt. homme-loup, gr.).u/âv&/5e-;ro;.
1 e fr. loup garou est donc une composition
en superfétation, puisque l'idée de loup .se
trouve dôjà renfermé dans le mot garou. De
garou vient le fr. garouage (norm. varouage)
= vagabondage nocturne, vie débauchée.
2. GAROU, poisson, un des noms vulgaires
du smaris. Banquier (Rom., VI, 267, note 7)
tient ce mot pour une mauvaise lecture de
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GAU
— 239
GAU
garon, qu'indique Rondelet comme nom du
smaris à Antibes et qui appartient au même
radical que jarr^* (voy. pi. loin).
1. GARROT, articulation, joint; petit bâton
(pour serrer). Il faut abandonner l'étymologie
reçue L.»erM*«w, dard, javelot. Le mot, appli-
qué à une partie du corps du cheval, parait
appartenir, comme (/at*ret, &u}, jarret, à la,
racine celtique ffâr dans cymr. ffâr, cuisfie,
pr. flexion, courbure, bret. car, os de la
jambe. — D. garrotter,
2. GARROT, sorte d'oiseau du genre canard ;
peut-éti-e un dérivé de gars, awyjars (v. c. m.).
GARS. voy. garce.
GARZBTTB, espèce de héron, de l'esp. gar-
jteta, héron.
GASCON, L. Vo^co, habitantde la Vasconia,
■fr. Gascogne. — D.ga$conner,'ade.
GASPILLER, prov. guespillar, wall. cas-
pouï, de l'ags. gaspillan, vha. gaspildan,
consumer, dépenser.
GASTER, mot savant pour ventre ou esto-
mac, du gr. yxvTtip, m. s. De là : gastrique,
gastrite; gastronomie, gr. yx^vfiovofjLlx, règle
relative aux soins do restomac, art de faire
bonne chère ; gastronome (abstrait de gastro-
nomie).
GATEAU, gasteV, breton gioastel, prov.
gastal, du mha. wastel, m. s.
GATER, vfr. guaster, it. giiastare, v. esp.
port.jprov.yMOjf/ar.augl. waste, piller, rava-
ger, détruire; du L. vastare, ravager, en
basse latinité = endommager. — Ka vfr. on
avait l'adj. giiaste, inculte, solitaire, en mau-
vais état, = it. guasto, port, gasto, du L.
cactus. — La forme ancienne gasiir, d'où le
snhst.guastinc,gastine, clairière dans un bois,
désert, terre en friclie, lando (cp. flam.
wnestyne, xoœstync), accuse une dérivation
directe du vha. wastjan, m. s. — D. gâteux;
cps. dêgàter, L. de vastare, d'où dégât.
GATTILLIER, arbrisseau scientifiquement
appelé M vitex agnus cAstus »f, vient de l'esp.
sau3 (= salix) gatiUo, qui a la même valeur.
Ce gatUlo a l'air d'être le dim. degato, chat,
mais le terme esp. parait être une altéra-
tion populaire de agno castil, qui se trouve
en portugais à côté de agno casto (Bugge,
Rom., IV, 357).
GAUCHE, V. angl. gauh; l'angl. gauïic
liand ^dialectes), main gauche, autorise à pré-
sup|X)ser l'existence d'un vfr. gale; cp. en wall.
frère wauquier (— walquier), frère gaucher,
dcini-frôre. Diez rapporte le vfv.galc ou walc
ail vha. toelh, faible, fatigué, ce qui est par-
faitement admissible tant pour la forme que
pour le sens. D'autres langues encore rendent
la main gauche par un mot exprimant fai-
blesse ; ainsi l'it. dit stanca, la fatiguée, et
manca, l'endommagée, la défectueuse, l'esp.
a surda, la sourde (qui n'obéit pas), le n.
prov. man seneco, la vieille, la décrépite.
— D. gaucher, gaucheHe; verbe gauchir
(V. c. m.).
GAUCHIR, sortir de la ligne droite, détour-
ner le corps pour éviter un coup, fig. ne pas
parler droitement, franchement, biaiser;
aussi =^ rendre gauche. Ce verbe vient directe-
ment de gauche^ en tant qu'opposé à droit.
Chevallet et Gachet se sont trompés en pre-
nant gauche p. guenche, et en identifiant
gauchir avec le vfr. ganchir, guenchir, se
détourner, éviter, qui vient du vha. wanhjan,
wenkjan, vaciller, se retirer, céder (ail. mod.
wanhen). Diez se prononce contre l'opinion
qui fait venir gauche de xoankjan, d'abord
parce que l'on ne voit pas d'ac^jectifs romans
dériver directement de verbes, et que la muta-
tion an en au resterait sans explication. — D.
subst. verbal vfr. gauche, tromperie, détour.
GAUCHOIR (t. de technologie), moulin à
fouler le drap, de l'ail, waiken, fouler.
GAUDE, reseda luteola, esp. gualda, it.
guada (dans guadarella), esp. gualda; de
l'angl. weld, herbe à jaunir, écoss. voald,
waude, v>au. — D. gauder.
GAUDIR (SE), se divertir, se moquer, du L.
gaudere ; gaiulir est donc étymologiquement
identique avec jOMir. — D. gaiulisseur, -erie.
GAUDRIOLE, propos facétieux, p. gaudiole,
du L. gaudiolum, dim. de gaudium, joie,
plaisir. Voy. aussi godailler.
GAUFRE, pic. waufe,àx\ holl.toa6/l'/,angl.
wafre, ail. icaffel,v. esp. guafla, hL. gafrum.
Cp. ail wabe, rayon de miel. — D. gaufrer.
GAUGALIN, p. galgaïin, du L. gallus-gal-
lina, poule-coq.
GAUGE, dans noix gauge, pic. gaugue,
noix, pr. noix étrangère; du vha. xoalah,
étranger, non allemand, prononcé d'abord
walc. Cp. ags. veal-hmit, ail. mod. toallnuss,
angl. icalnut.
1. GAULE, grande porche, en Hainaut
wauîe; du goth. x>alus, bâton, perche, = fri-
son icalu, La diphthongue au, toutefois,
accuse un radiciil à double /, ce qui recom-
mande l'étym. tirée du L. vallus, pieu. La
mutation du L. i? en fr. ^ se trouve encore
dans gaine et gâter. Le mot se trouve aussi
dans les langues celtiques : bret. grcalen,
cymv. g wial en. Le fr. gaule parait avoir donné
l'angl . goal, pieu marquant le but de la lice.
Notre mot n'est pas connexe avec le vfr.
gaut, gault, bois, forêt ^primitif de vfr. gau-
dine, bois), lequel vient de l'ail, wald. On a
eu tort de l'y rattacher. L'étymologie du L.
caulis, tige, est également fautive. — D.^ai*-
lette, gauler, gaulis.
2. GAULE, du L. Gallia. La diphthongue
au vient de la i-ésolution du premier / en u;
voy. l'art, préc. — D. Gaulois. — U est bon
d« rappeler ici que la syllabe gai, dont les
Latins ont fait Gallus, est identique avec v>al,
qui se trouve dans le vha. voalh ou walah,
non-allemand, employé déjà au via* siècle
pour désigner lespeuples romanisés. puis dans
l'angl. Wales, et dans liotre wallon {v. cm.).
Les Allemands appellent encore aujourd'hui
walsch{\). Wiilisch) tous leurs voisins romans,
tant italiens que français.
GAUPE, femme malpropre, vfr. w?ai</w;d'après
Diez du v. angl. loallop, morceau de graisse.
Je ne puis souscrire à ce que dit Trippault :
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GAZ
— 240 —
GÉM
« Les anciens Gaulois appelaient les paillardes
gaitpes, lequel mot je recherche de gaiisape
et ainsi gaupe, diction prinso des couvertes
où couchaient en guerre les paillardes *«. Le
L. gausape signifiait une étoffe de laine à
poil frisé. L'étym. vha. wulpâ, louve, est ro-
poussée par Diez parce qu'il faudrait la forme
goupe. Le nécrl. toelp, petite chienne, con-
viendrait mieux à la lettre. — L'arabe gabba,
vieille femme, mentionné par Devic, ne i)eut
guère être mis en question.
GAUSSER, mot obscur. Frisch y voit l'it.
gavajtsare, babiller; Diez, l'esp. gojfarse, se
réjouir. (Quant & l'origine de gojfar, le philo-
logue allemand balance entre L. gaudium et
L. gustiis.) D'autres rattachent gausser au
nord, gaisit pétulance, mais le mot est d'in-
troduction trop récente i)0ur que cette origine
soit admissible. Une dérivation directe d'un
fréq. h. gamsare^ de gacisunif supin de^au-
dere, n'est point correcte non plus. — D. subst.
verbal ^aicr*^.
GAVAGHli, de l'esp. gavacho, homme sans
cœur, lâche et négligé.
GAVIi, jabot, voy. oigaver. — D. gaver,
gaoioii,
GAVION, gosier, voj.gave.
GAVOTTS, danse originaire des Gavots,
habitants du pays de Gap.
GAZ, fluide aériforme et élastique. Ce mot,
créé par Van Helmont (mort en 1644), n'est
pas encore éclairci au point de vue de l'étymo-
logie. Je n'ose croire que la gase, tissu fort
léger, y soit pour quelque cliose; cependant
la métaphore ne serait pas trop forte, le gai
rendrait l'idée « subs-tanco à molécules éloi-
gnées I». J'établirais plutôt comme primitif la
racine qui a produit les mots allemands
gàscht, gischt, fermentation, mousse, et qui
viennent d'un verbe gOscheu, bouillir, mous-
ser, variété de gâreti, suéd. gàsa, fermenter.
On me dit que Van Helmont envisageait le
gaz principalement comme la vapeur qui se
dégage des liquides en fermentation. I^on
Meyer a démontré, de son côté, par l'examen
des œuvres de Van Helmont, que celui-ci a
inventé le mot gaji arbitrairement, toutefois
sous l'influence du mot chaos des anciens
(Kuhn. Ztschr. XX, 303). — D. ga^reux,
gazéifier, gaiéi forme.
GAZE, Gsp.gasa, tissu léger et transparent;
de la ville dé Gaia, en Palestine, d'ojii prove-
nait autrefois cet article de commerce. — D.
gazer, couvrir d'une gaze, fig. voiler.
GAZELLE, it. gautella, esp. gazela, de
l'arabe gasaî, antilope.
6AZETTE, de V\i,gazzetta,m. s. Ce sub-
stantif était d'abord le nom d'une petite mon-
naie, pour laquelle on achetait le journal, et
a fini par désigner le journal même. Tel est
l'avis émis successivement par Ménage, par
Ferrari (167C) et par G. Gozzi (1713-1786).
Schmeller considérait le moi gazsetta comme
le diminutif de^a^^a. pie ; les premières ga-
zettes auraient porté, supposc-t-il, l'emblème
de l'oiseau bavard par excellence. Mahn se
prononce pour l'opinion de Ménage ; Diez fa-
vorise la seconde. — D. gazetier,
GAZON, du vha. v>aso (ail. mod. wasen),
m. s. — D. gazonner.
GAZOUILLER, vfr. gaziller, est soit le
dimin. de gazer, ancienne forme de jaser
(v. c. m.), ou tiré du bret. geiz, gazouille-
ment.
GEAI, voj.gai.
GÉANT, vfr. gaiant, wall.gaià, prov .^oian^,
cat. gigant, esp., port., it. gigante, angl.
giaut; du L. gigas, gigantis; de Fit. gigart'
tesco vient fr. gigantesque,
GÉHENNE, L. gehemia, gr. vhvvx; de l'hé-
breu gëhinnom, nom d'une vallée près de
Jérusalem. Les Israélites idolâtres y avaient
offert leurs enfants au dieu Moloch, c'est pour
cela qu'elle constituait plus tard, aux yeux
des Juifs, un lieu de damnation étemelle, et
que dans le Nouveau Testament le mot yîfvvx
est devenu le symbole de Tenfer. — De ge^
henna ignis, la condamnation du feu, enfer,
s'est produit le mot vfr. gehène, avec le sens
général de condamnation, torture, contrainte;
de là, par contraction, le mot actuel gêne.
Le sens de torture se remarque encore dans
le vers de Molière : « Je sens de son courroux
des gènes trop cruelles n. Dans les temps
modernes, le terme a bien perdu de sa force
primitive; la torture, l'enfer, sont devenus
une légère incommodité, un embarras passa-
ger. — Littré, dans l'historique donné sous
gêne, confond le vfr. gehine, confession, aveu,
subst. formé de gehir, afiirmer, avouer, avec
géhenne, torture. Dans mettre à la gehine
(t la question, arracher des aveux), il est vrai,
les deux mots, distincts d'origine, viennent à
confondre leur valeur.
GEINDRE, ancienne forme p. gémir, régu-
lièrement produite du L. gemere (cp. impri-
mère = empreindre) '^ de là geignant, en
Champagne geindeux «» plaignard.
GÉLATINE, liquide visqueux tiré desos.etc.»
qui se prend en gelée par le refroidissement.
Du L. gelatus, congelé. — D. gélatineux.
GELER, L. gelare. — D. gel (it. gielo) ;
gelée (it. gelata, prov. gelada, esp. helada) ;
dégeler; engeler.
GÉLIF {pois gélifs sont des bois fendus par
les grandes gelées), d'un adjectif gelimis *,
formé de gclu. — Le féminin gélisse accuse un
type latin //«/îciMJ. — D. gélivure.
GEUNE, L. galina p. gallina (gallus). —
D. gelinotte, aussi gel i nette.
GÉMEAU, L. gcmellus (dim. de geminus);
le mot jumeau n'est qu'une modification pho-
nétique de gémeau, lequel est réservé au lan-
gage astronomique ou anatomique.
GÉMINÉ, du verbe L. geminare, doubler.
GÉMIR, h. gemere. Voy. &\x^\ geindre.
GEMME, L. gemma. Le motfr. a les deux
acceptions du mot latin, savoir bourgeon, œil,
et pierre précieu.se. Le sel gemme est ainsi
nommé à cause de sa transparence.
GÉMONIES, du L. gemoniœ, escalier du
mont Aventin qui conduisait au Tibre, où l'on
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GÉN
— 241
GÉN
trainait les condamnés pour les jeter dans le
fleuve.
GENCIVE, it., port., prov. gengwa, esp.
encia, en Sardaigne sinsia^ dans le Berrj gen-
dive; du L. gingiva^ d'où les médecins ont
formé directement leurs termes gingival et
gingimte.
GENDARME» de gens d'armes = hommes
d'armes. Autrefois, on entendait p&v gendarme
un homnîe de guerre armé de toutes pièces,
puis im homme pesamment armé. Nous
n'avons pas du reste à faire ici l'historique de
l'application de ce mot. Mais comment gen-
darmes est-il venu à signifier les bluettes qui
sortent du fer, les petites parties do lie qui
se trouvent quelquefois dans le vin, etc. ? — D.
gendarmerie; se gendarmer y se défendre, se
révolter, pr. prendre un air martial, faire le
brave.
GENDRE, du L. gêner, generi. Les patois
en tirent un féminin et ài^nt gendresse ^\\v
bru.
GENE, voy. géhemie. — D. gêner.
GlOfÉALOGIE, gr. yinxlo/lit , litt. esi^osé
relatif à la race, à la naissance (yiviâ).
GÉNÉRAL, a4j ., L. generalis (genus), relatif
à tout le genre, universel. — D.gené'al, titre
do certains fonctionnaires ou officiers supé-
rieui*s (superlatif généralissime) \ générale,
batterie de tambour pour avertir tout le
monde : généralité; généraliser,
GÉNÉRATION, -ATBUR, -ATIF, du L. ge-
n€7'are (genus), engendrer.
GÉNÉREUX, du L. generosus (genus), pr.
de bonne race, de bonne qualité ; puis digne
d'un homme de condition. — D. générosité ,
grandeur, noblesse.
GÉNÉRIQUE, mot moderne, formé du L.
gc7ius, ^generis, genre.
GENÈSE, du gr. yivi^i;, génération, créa-
tion. Le premier livre de Moïse a été appelé
ffent>se parce qu'il raconte la création du
monde.
GENET, petit cheval d'Espagne, vfr. gitiet,
it. ginnetto; moXon toute probabilité du L. gin-
nus, mulet. — D. adv. à la geneite.
GENET, genest\ champ, genistre, ail.
ginst,ginster, es^i. ginesta, hiniesta, it. gines'
tra; du L. gincsta, m. s. — D, genétière ;
genestroUe.
GÉNÉTIQUE, du gr. yvnrr.i, générateur.
GENETTE, espèce de civette, angl. genêt,
Jennet, csp. gineta; de l'arabe djerneyth.
GÉNIE, voy. le mot engin,
GENIÈVRE, vfr. genoivre, it. ginepro,
j)Ort. simbro, angl. Juniper, néerl. jenever;
du L,Jiinij)criiS. — D. genévrier; genévrette,
GiiNISSE, vfr. genice, wall. ginihe, prov.
junega. Du L. junix, -icis. Vu atone s'est
assourdi en e comme dans genièvre de Juni-
per us,
GÉNITAL, L. gtniiaUs (de gmitum, supin
Aq génère*, forme primitive, d'où, par le re-
doublement de la syllabe initiale, ^/«/«c^t, en-
gendrer). Le ^\\^\n gcnitum a pi'oduit encore
genitivus, d'où fr. génitif, puis gcnitura, fr.
géniture.
GENOU, anc. genouil, it. ginocchio, esp.
hinojo, port. giolho,joe1ho; du L. genuculum
(genu), forme de la basse latinité pour ^entcw-
lum. — D. genouil lâre, agenouiller,
GENRE, it. génère, esp. genero, angl. gen-
der, du L. genus, generis,
GENS, voy. gent 1.
1. GENT, nation, peuple, race (auj. d'un
emploi limité au style badin), du L. gens,
gentis. Le plur. fr. gens exprime 1. un en-
semble de personnes déterminées ou qualifiées
par un subst. ou adj. {ffens deguen-e,lesgens
du roi, honnêtes gens), 2. le monde, L. ho-
mines.
2. GENT, fém. gcnte, adj. de la vieille lan-
gue (ne s'employant plus que dans le stylo
enjoué), prov. gent, fém. genta, poli, gra-
cieux, beau, comme il faut. Cet adjectif no
vient directement ni du subst. L. gens, ni do
gentilis (par le retranchement du suffixe),
mais il représente le part, latin genitus (voy.
pi. h. génital), avec le sens « de naissance »» ;
homo genitus, c'est un homme bien né. C'est
do cet a(\jectif gent, ou plutôt du type bar-
bare L. genitius, que dérivent, au moyen du
préfixe a (= L. ad), le verbe agença^ mettre
en bon état, (type L. agentiare'), it. agenzarc,
cat. agensar, prov. ageiuar et aussi sans pré-
fixe ^en^ar; on peut comparer, pour le sens
et la forme, le verbe ajuster. Le vfr. avait
également sans préfixe les formes gcncer et
genscr = orner, parer.
GENTIANE, du L. gentiana (ail. ensian),
GENTIL, gracieux, poli, agréable, pr. de
bonne race, do manières nobles, distmguées ;
donc de même valeur que l'adj. gent. Du L.
gentilis, pr. « qui gentem habet, qui a de la
race. — Comme le pluriel gentes exprimait
chez les Romains les étrangers, les barbares,
et chez les Pères de l'Eglise les non-chrétiens,
Viià]Gcû{ gentilis a pris aussi en style d'Eglise
le .sens de païen; de là l'expression les gentils
et le subst. co)\cQ,i\ï gentilité (employé par
Bossuet) p. les nations païennes. — Dérivés
àe gentil : subst. gentillesse-, adj. gentillàtre
=B de noblesse douteuse. Notez l'élision de 1*^
dans l'adv. gentiment, p. gcntilment. On sait
que dans l'ancienne langue les adjectifs pro-
venant d'adjectifs latins en is n'avaient pas de
forme distincte au féminin ; gentilment repré-
sente donc correctement l'adverbe de gentil.
Le composé gentilhomme, conformément à la
signification primitive de gentil, par laquelle
il est l'opposé de vilain, de roturier, signifie
un homme de noble extraction. Les anciens
disaient même gentilfemme, gentifemme, et
plus tard gentillefemmc. Les Anglais ont
rendu gentilhomme par gentleman, devenu
pour eux, avec le temps, synonyme de mon-
sieur.
GENTILHOMME, voy. gent, — D. gentil-
hommerie.
GÉNUFLEXION, mot néo-latin, tiré de
flectere genu, fléchir le genou.
GENUINE, angl. genuinc, du L. genuimis,
naturel, non falsifié.
16
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GER
242
GIB
GÉODÉSIE, grec ysMoaiv^sc, mot scientifique,
formé de y^, terre et èulta, partager, donc litt.
partage des terres ou des surfaces ; géogno-
SIB, connaissance de la terre (y^, yvûsc*), fféo-
gnoste (gr. /vû^rii;» qui se connaît en), -ique;
GÉOGRAPHE, gr. yiojy/sà^oî (yn, vp^pw)» Qui dé-
crit la terre, d'oii géographie : gkologlb, litt.
qui traite de la terre (y^, Aoyoî), d'oii géologie,
'ique; géométrie, gr. ytfjtfiszpitK (yH. ^sr/îi*»),
art de mesurer la terre, d'où géomètre, gœ-
métrique.
6É06NOSIS, GÉOGRAPHIE, voy. Tart.
précédent.
GEOLE, vfr. gaole, gaiole, jaiole, it. gab-
biuola, osp. gayola, port, gaiola, cage, pri-
son. Ces formes représentent le diminutif L.
caveola, comme it. gabbia, gaggia^e&\i., port,
gax>ia, n. prov. gavi, \îr, caive, nfr. cage ré-
pondent au simple cavea. En plaçant le mot
geôle dans l'élément celtique, Chevallet a
négligé les formes parallèles des langues con-
génères ; les mots celtiques qu'il cite ne sont,
comme souvent, que des emprunts faits au
roman. — D. geôlier; voj. aussi cc^oler et
etyôler»
GÉOLOGUE, GÉOMÉTRIE, voy. géodésie.
GÉORGIQUE, du gr. ytupycxo,-, adj. de
ygùipyiv, travail de la terre, agriculture.
GÉRANIUM, bec-de-grue, gr. -/ip&viov, de
yi^avoî, grue.
GERBE, vfr. garbe, jarbe, prov., esp.
garba, du vha. gatba, ail. mod. garbe, m. s.
— D. gerber,
GERCER, dans quelques dialectes jarcer;
d'après Diez, du L. carptiare *, arracher, tiré
de carptiis, part, de carpa^e, Litt ré préfère
l'ét. BL. charaxare, scarifier (c'est le gr.
Xsr/&À79!iv, gratter), mais la lettre ne la recom-
mande guère. — Baist identifie jarcer avec
esp. sarjar, sajar, et présume une forme nor-
male osp. jarsar, qui dériverait du subst. gr.
2i9c<^i9ij (incision chirurgicale). Cela reste pure-
ment conjectural. — D. geixe (subst. verbal),
nom d'un insecte rongeur ; gerceiix, gerçure.
GÉRER, mot d'introduction moderne, du L.
gerere, qui avait déjà l'acception moderne
conduire, administrer. — Du L.^«fîo, subst.
do gerere, vient le fr. gestion, administra-
tion.
GERFAUT, BL. ge^'ofalco, gyrofalcu^, ainsi
nommé, dit-on, à cause de son vol tour-
noyant; d'auti-es ont expliqué l'élément //cro
imr hiero (du gr. ti.©o',-, rp. fr. sacre), ou par
xûoioî, dominus. — La vérité est que le BL.
girofalcus est tout simplement un mot façonné
d'après l'ail, geierfalh, gcrfalk, gierfalk, qui
est un composé de geier (vha. gir), vautour, et
falh, faucon.
1. GERMAIN, adj. déterminant un degré de
parenté, du L. germanus, frère.
2. GERMAIN, nom de peuple, du L. Ger-
manus, habitant de la Germanie; de là ger-
manicus, fv. germanique, et les néologismes :
germanisme, germaniser. — Quant à l'ori-
gine du mot latin ga-manus, employé par les
Romains pour désigner les peuples trans- |
rhénans, nous n'avons pas à nous en occuper
ici ; cependant, nous jugeons convenable de
rappeler que Jacques Grimm s'est inscrit en
faux contre Tétymologie d'après laquelle ger-
manus serait un composé de gér = hasta, et
man =? homme. Le célèbre linguiste a démon-
tré que ce nom a été donné aux Allemands
non pas par les Allemands eux-mêmes, mais
par les Gaulois, d'après une qualité domi-
nante qui frappait le peuple chez lequel les
Germains vinrent s'introduire. Il y voit un
dérivé du celtique gairm, cri, correspondant
aux mots gaël. gairmadair, cymr. garmwyn,
qui signifie vociférant.
GERMANDRÉE, it. calamandrea, esp. ca-
medrio, ail. gamatider, dér. du L. cltattuie-
drys =» gr. ^^x/ixiopO;,
GERME, L. germen (gerere) ; yerhegermer,
vfr. aussi gerne7', L. germinare, d'où germi-
natio, fr. germination; germinal, septième
mois du calendrier républicain.
GÉRONTE, du gr. -/s/awv, -ovto;, vieillard.
GÉSIER, yÎY.jusier, du L. gigcrium, pi.
gigeria, entrailles cuites des volailles; cp.
gencive, de gittgiva. Cette dérivation est con-
firmée par les formes patoises giger, gigier,
= gésier.
GÉSINE, anc. =- couches d'une femmo,
subst. de l'anc. verbe gésir, coucher, voy.
gisant, La Fontaine s'est encore servi do ce
mot : tt La perfide descend tout droit, à l'en-
droit où la laie était en gésinc, n
GESSE, du L. vicia, vesse, ail. voiche, Cp.
p. ^ s== tj, givre (de vipera).
GESTATION, L. gestatio, action de porter.
1. GESTE, mouvement du corps, du L.
gestus {geveve), m. s., dont le dim. gesticuhis
a donné gesticulari, fr. gesticuler.
2. GESTE, dans « les faits et gestes n, du
plur. L. gesta (gerere), les choses faites; de là
chanson de geste, et^este tout court.
GESTICULER, voy. geste 1.
GESTION, voy. gérer.
GIBBEUX, du L.gibbosus (degibbus, bosse).
— D. gibbosité.
GIBECIÈRE, est présenté par DicE comme
un dérivé Hq gibier ; le vfr. gibece?-, aller à la
chasse, appuie cette étym. ; cependant, il se
pourrait bien que cette parenté ne fut qu'ap-
parente. Le fait est que l'on employait le mot
pour des poches de toute destination. Dans la
latinité du moyen âge, je trouve giba =
capsa, arca, theca reliquiarum ; c'est de là
que semblent provenir gibecière (tyi^e giba-
catia) et giberne. Quant à giba, il vient peut-
être du L. gibbus, bosse, à cause de la forme
convexe de l'objet, ou parce qu'il forme bosse
sur la personne qui le porte. On ne peut tou-
tefois se défendre de rapprocher do gibe,
gibecière ai giberne les mots grecs synonymes
x/6êa, x(S(7(;, aussi xi6ï}7t;, xîSutc; et 1 arabe
djib, poche.
GIBELET, anc. guibelet, guifnbelet, foret;
norm. xoimblet, Bngl. gimlet; on trouve dans
l'élément celtique hrei. gtiimelet, ïvl.gimeleid,
gaél. gimleidf signifiant tous foret. Buggc
(Rom. III, 149) ramène les formes citées soit
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GIB
243 —
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à L. vibrare, soit à la forme nasalisée vim-
brare (constatée dans de vieux glossaii'es). Dn
sens • vibrer-, branler, tourner » s'est dévciop|)é
celui de •« forer n, comme, en ail., drUlen si-
g^nifie à la fois tourner et foret. Le verl)e
tjibler (d'où subst. ffiblet, gibelet comme f(n*el
de forer) est donc == viblet* (r étant changé
en /) ; pour l'initiale gi, gui=^h. ri; cp. givre,
giiivre = L. vipera.
6IBEL0TTB, ragoût de volaille ; en wallon,
on dit gibf^d*av>e p. abattis d'oie, de même en
angl. giblets, qui répond au vfr. gibelet, La
source du mot est inconnue.
GIBSRNil, dér. de Tit. giberna ; voy. gibe-
ci^e. Rugge (Rom. IV, 357) cherche à dé-
montrer l'identité de ce motavec le BL.^aberna
•* arca ubi vestes ponuntur aut quodlibet aliud
armariolum, vestiarium. » Quant à sabenia,
ce serait une variété de sabaria^ sabarium,
bas-grec ^«^^^pnov (iv £ ai ^«Sat, at «t«v otzXol
Âoic/iiyà, xftoxstvrzt).
GIBET, vfr. diwssiijuibety &Tïg\,gibbetf del'it.
giubbetto, m. s., qui est un diniin. de giubba,
veste, camisole. Diez voit dans cette dénomina-
tion du supplice désigné par giitbeUo une
plaisanterie populaire, par laquelle on aurait
ap|)elé la corde du condamné « sa petite veste » .
Il rapproche à ce sujet le mot correspondant
espagnol jM^oîi, qui .signifie à la fols pour-
point et la peine du fouet. — Quoi qu'on pense
de cette étymologie, il faut rejeter celle de
l'aralie^î^/, montagne, que l'on fonde sur ce
«lue les gibets sont d'ordinaire érigés sur les
hauteui^. — On a aussi pensé aune connexité
avec l'ail, wippen, trébucher, balancer, don-
ner l'estrapade; mais il faudrait aloi-s les
formes guibetto, guibct, — Littré, doutant
t|u'un mot qui se trouve dès le xiii* siècle
dans la langue, soit emprunté de l'italien,
demande si gibet^ qui est essentiellement un
bâton, une fourche, n'est pas identique avec
le vfr. gibtt, désignant une espèce d'arme, et
(|u'il explique comme diminutif do gibe, bâton
ferré.
GIBIER, subst., anciennement =» chasse au
vol, puis le produit de cette chasse ; finale-
ment l'on a désigné et désigne encore i)ar
gibier tous le.s animaux que l'on prend à la
chasse, et surtout ceux dont on mange la
chair. Il résulte des vieux dictionnaires que
gibier s'appliquait plus spécialement à la vo-
laille, mais déjà Nicot remarque que le mot
s'est " entendeu à toute besto i)oursuivie ou
prinse à la chasse, soit rous.se, soit noire « .
^L'étym. du mot reste encore à fixer. Celle qui
figure dans la plupart des dictionnaires,
savoir CTÔarm, représente le gibier comme de
la mangeaille en général ; elle n'est entachée
■que d'une seule faute, mais suffisante pour la
faire rejeter : c'est la transition de ci en gi, qui
est tout à fait anormale. Le mot gibier était
aussi anciennement employé comme verbe ; il
répond comme tel à un type gibicare ; et gi-
boyer = chasser au gibier, n'en est qu'une
modification (cp. j)lier et ployer). Le latin du
moyen âge pi-ésento gibicere (vfr. gibecer) et
gibostare. — Diez n'a donné aucune conjec-
ture à l'égard de l'étymologie de gibier; Ca-
chet en a osé présenter une qui certes n'est pas
dépourvue de probabilité. Il voit dans gibier
d'abord un verbe, ayant pour signification
forcer l'oiseau que l'on poursuit (Ducange cite
un mot latin gibeitit qu'il traduit par cogat),
puis il eu rapproche le vieux mot ^t^t'ei* de la
langue d'oïl signifiant action de se démener,
de regimber. De là il arrive à supposer une
racine gib exprimant lutte, violence : d'où
viendrait à la fois gibier, 1 , chasser, 2. se
démener, puis le composé vfr. regiba' (notre
moderne regimber), réc&lcïtver. Mais d'où
faut-il tirer cette racine gib f Ce problème est
encore à rèsoudre. Peut-être ^iW«r, chasser,
est- il congénère avec un mot gibet indiqué
par Ducange (au mot gibetum) d'après quel-
ques textes poétiques et qui exprime une
espèce d'arme (voy. l'art, gibet). — Par une
conjecture habilement soutenue, Bugge(Rom.
IV, 358) rattache le verbe gibier à un type
'capicare tiré de BL. capits, faucon, en rap-
])rochant angl. to hawke, chasser à l'oiseau, de
hawk, autour, faucon. Pour expliquer ca
devenu gi, il s'en réfère à girofle = cargo-
phylluni et à degingander = milanais scan-
china. Le p changé en b (au lieu de v) ne
parait pas l'arrêter.
GIBOULÉE; étymologie inconnue. En dé-
sespoir de cause, les lexicographes invoquent
un mot grec yvjSoiii signifiant trait lancé subi-
tement; mais, à part la singularité de cett«
métaphore, le mot grec a le tort de faire dé-
faut, du moins dans les dictiohnaii^es à ma
disposition. Pour nous en consoler, consultons
Ménage, qui nous dira que giboulée vient do
nimbus, lequel aurait pris successivement les
costumes suivants : nimbulus, nimbulata,
gnimbulata, ghimbulcUa, ghibulata, enfin
giboulée ! Littré propose pour radical vfr. gibe,
charge ; donc charge de mauvais temps. Notez
qu'en Berry on dit gibc^ gible, p. giboulée ; on
trouve aussi guebelette.
GIBOTER, voy. gibier, — D. giboyeux.
GIFFSR, ancien verbe signifiant « faire une
croix sur une maison en signe de confisca-
tion «, BL. guiffare, xoifare, mettre une
marque à une propriété en signe de possession
légale (voy. Du Cange); du subst. v)iffa,guiffa,
signum possessioni appositum ; comme l'anc.
it. aggueff'are, annexere, pr. attoxore, le mot
vient du germanique loeifen, tisser. Voir Diez
s. V. aggueffare.
GIFLE, claque sur la joue ; ce mot gifle,
aussi giffe, a signifié d'abord la joue même,
d'où gifflard, joufflu. Comme l'avait déjà
avancé Grandgagnage pour le wall. chifc,
le mot représente l'ail, kiefe, kiefel, kiefer,
maxilla, branchia; voy. aussi Bugge (Rom.
III, 150). Génin, peu scrupuleux en matière
phonologi(}ue, pose dans ses Réci^Sations une
autre étymoh)gie de gifle; je ne la cite que
pour mémoire. Il part do gysser, plâtrer, d'où
viendrait giffer, faire une croix avec du plâtre
en signe de confiscation, d'où giffe, gifle t af-
front, soufflet, puis la joue qui reçoit le souf-
flet.
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GIN
244
GIR
6I6ÂNTSSQDE, voy. fféant.
GIGOT, cuisse, do ffifftte (v. c. m.). Cheval-
let explique sans aucune probabilité ^i^o^ par
charnu, et invoque à cet effet le bret. ki^ek,
charnu, de kiff, chair. — D. gigotter, remuer
les jambes.
QI6UI, vfr. aussi ^^/<;, it. v. esp. , prov. giga,
angl. gig^ instrument à corde du genre des
vielles, puis une espèce de danse, et en der-
nier lieu, à cause de la. resiwmblance de
forme, = jambe, la cuisse comprise (de 1à :
gigot). Du mha. gige (auj. geige), violon. La
racine de ce mot semble exprimer remuement,
vibration; du moins à en juger du nord.
geiga, tremere, subst. geigr, tremor. Cette
signification a survécu dans ^i^tc^r, aller vite,
danser, sauter, et dans gigotter, ixîmuer les
jambes, aussi vaciller, balancer. Une modifi-
cation de giguer est gingiier, donner de la
jambe, ruer. — Je suis porté à croire, sans
être à même de le démontrer, que de la racine
gerin. gig, se remuer, s'est produit d'abord
l/igu^t jambe, d'où gigot, jambon, gigotter^ se
remuer, gigiœi\ faire aller les jambes, danser,
et que de ce giguer s'est dégagé le subst.
gigue^ danse, puis air de danse, et enfin in-
stniment de musique pour faire danser; cette
filiation me semble plus naturelle. Voy. aussi
guinguet,
GELDE, confrérie; mot allemand, francisé
autrefois par gclde, giteude,
GILST. D'après Schuchardt (Grober, Zt««hr.
V, 100), =- esp. gileco (Don Quijote I, xli),
jaleco, càaieco, — « Cette étymologie p&r gileco,
qui signifie une casaque d'esclave et qui vient
du turcy^/ec, a déjà été proposée parM.MOl-
1er, mais elle me parait peu probable, à cause
de la date fort récente de l'introduction du
mot en français : gilet vient du costume de
Gilles, type du théâtre de la foire, comme
pantalon de Pantalon » (G. Paris, Rom.
X, 444).
1 . GILLS, nom de baptême, du L. Acgidius
(par aphérèse de la première syllabe). Pour
tdiiis rendu par ille, cp. esquille de schidiœ,
2. GILLE, personnage de théâtre, bouffon ;
de là gillerii\ niaiserie, sottise, mot de la
création de Beaumarchais. Quant à la locu-
tion faire gille, prendre la fuite. Ménage,
après avoir combattu l'idée de Bourgoing,
qui ixinsait au L. agilis, l'explique par faire
guile, c.-à-d. faire banqueroute (^uile =
tromperie, voy. gniller 2). Nous pensons que
gille, anc. gilc, est le .subst. du verbe giler,
qui se rencontre dans les patois (n. prov.
gilha) avec le sens de s'enfuir, et que Diez
ra|)porte au vha. gilan, gi/jati, se metti'e à
courir. D'auti*es ont rapports faire gilie à
saint Gilles, qui s'est enfui de son pays de
peur d'être fait roi.
GDfBLETTS, petite pâtisserie sèche, dure,
en forme d'anneau ; peut-être do la même fa-
mille que rit. ciambeila, espèce de craquelin
en forme d'anneau. — On peut aussi rattacher
gimblette à l'angl. gimmal, double amieau,
qui vient de « anmilus gemcllus ».
GINGEMBRE, it. gengiovo, senserv, scnso-
vero, prov. gingeber, esp. gengihre, BL. gin-
giber; du L. singiberi, gr. ir/y^Sipi;. Le même
mot se retrouve dans l'angl. ginger, v. angl.
gyngecerre, gingiver, dan. ingefcr, ail. ing-
ber, ingvoer, holl. getigber. L'origine du mot
latin et gi*ec est orientale (arabe sendjebil,
pràcrit singaber, sanscrit çringavéra),
GINGEOLE, aussi gingioùle, jugeoU, it.
giuggiola, du L. sisypholum, dimin. de zisy-
phum, gr. {c^v^iov. Le L. sizyphum est aussi
le primitif dejujubc. — D. gingeolier,
GINGUET, adj . , sans force, puis étroit, serré,
mince. Ménage nous apprend qu'on disait de
son temps un habit guinguet pour dire un
habit trop court ou trop étroit. L'étymologie
du mot est obscure. Peut-être y a-t-il au fond
ridée de grêle, d'efiilé (d'où celle de mince,
étroit, faible se déduirait naturellement), et
le mot dérive-t-il de gigue, jambe (en Picainlie
on appelle une gigue une grande fille maigre
et do mauvaise tournure). Aujourd'hui ^/i^ieet
désigne particulièrement la qualité d'un jîetit
vin sans force; c'est de là (on disait aussi
guinguet) que découle probablement le subst.
guinguette, cabaret où l'on boit du petit vin.
On pourrait encore proposer pour guinguette
le verbe giguer (forme nasalisée guingucr),
danser ; la guinguette serait nommée d après
les bals, les bastringues, qui s'y donnent. —
Ginguet est peut-être radicalement connexe
avec gringalet (v. c. m.).
GIRAFE, de l'arabe saràfa, seràfa, m. s.
GIRÂNDE, faisceau de jets d'eau, d'où giran-
dole (it. girandolà), roue, cercle de feu ; du
verbe gyrare, tourner (voy. gi^^er). Peut-être
ce mol fr. giratuie est-il plutôt abstrait que le
primitif de girandole.
GIRANDOLE, voy. girand^,
GIRASOL, do rit. girasolc, littéralement =
tournesol.
GIRER. ancien verbe, remplacé par virer, it.
girare, BL. gyrare, du L. gyrus, gr. yûpo;,
cercle, tour, rond, it., esp. ^iro, prov. ^l'r.De
là : girande, girandole, giratoire, girouette
(v. c. m.).
GIROFLE, aussi gérofle, vfr. et rouclii ge-
^*ofe, genofe, genofre, v. angl. gylofre, it.
gai'ofano, esp. girofle, girofre, val. carofil,
garofd, toutes formes altérées du L. caryophyl-
lum, qui est le gr. xacwopwiiov. — D. giroflée,
giroflier, — Les mots anglais gilly-flower et
july-flou>er sont prob. des corruptions du mot
fr. giroflée, dues à cette tendance du peuple
à donner une physionomie indigène et une
apparence de signification aux mots exotiques
incompris.
GIRON, ït . gherone,garone, es^. giron, port.
girao, vfr. aussi gueron et (contracté) gron.
Sens premier : pan coupé obliquement, puis
triangle à pointe longue (t. de blason) ; sens
secondaire : la partie de l'habillement qui
s'étend de la ceinture aux genoux d'une per-
sonne assise. Gachet (sous gierons) s'étend
longuement sur ce mot pour démontrer qu'il
signifiait chez les trouvères les pans, coupés
en pointe, à droite et à gaucho de la robe ou
de la tunique, ce qui explique la valeur du
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GIV
— 24î> —
GLA
prov. giro dans l'art héraldique. Il pense
a?ec raison que le sens de gremium attaché
au mot actuel et même au mot ancien, est dé-
duit de Facception « pans d'habit ». — Diez
iàve giron d'un vha. gèro (accus, gérun], qu'il
suppose avoir existé à juger du mha. gère,
pan, pointe d'habit, anc. frison gare, m. s.
Ces mots sont, d'après lui, des dérivés de^rV,
pointe triangulaire de la lance. Diez rappelle
à l'appui de cette ti*ansition de sens le BL.
pihtm vestimenti, litt lance du vêtement ; il
aurait pu encore citer le terme L. sagitta,
flèche, employé au moyen âge avec la valeur :
« pars ca vestis, quœ contrahitur in sinus, quod
sagittœ speciem effingant » . Ducange cite à
ce sujet un passage des Coutumes de Cluny
trop intéressant pour ne pas le reproduire.
« Sedens ad Icctionem ant^riora frocci sui
semper in gremium ita attrahit, utpedes pos-
sint bene videri. Girones quoque, vel quos
quidam sagtttas vocant, colligit u trinque, ut
non spai*sim jaceant in terra. »
GI&OUSTTE. Selon Caix, du thème gir
(tourner) +rouette (cp. pirouette). Un primitif
it. girotta, invoqué par Littré, n'existe pas.
QISAHT, part. prés, du vieux verbe gésir
ou gisir. Ce verbe ^«^^tr, être couché, reposer,
correspond à it. giacere, esp. yacer, port.
jajser, i^ros.jacer, et vient du L.jacere,m. s.
(cp. plaisir, taisir*, de placere, tacere). Du
verbe gésir vient l'anc. subst. gésine(v, c. m.).
A l'infinitif ^wîV se rapportent encore les 3*
pers. prés, indic. : git, gisent, l'imp. gisais ;
puis les dérivé? gisement, et giste, gîte, pr.
couche, couchette, puis lieu de séjour (en
Belgique, == solives d'un plancher), ^h.gista
et gesia. L'i radical dans le verbe gisir p.
gésir est un effet du voisinage do la palatatej
ou g\ cp. vfr. giter = jeter.
QISARMS, voy. guisarme.
GISEMBNT, voy. gisant.
GIT, voy. gisant.
QÎTS, voy. gisant. — D. gUer, demeurer,
coucher ; en Belgique = mettre les solives.
1 . GIYÎEtE, gelée blanche, bourg, ^<?cr/î, prov.
givre, gibre, cat. gehre. En languedocien givre
'se dit aussi pour les glaçons qui pendent aux
branches des arbres et aux gouttières. Cette
dernière valeur peut avoir, observe Diez, dé-
gagé l'acception générale du mot. Dans le
Languedoc, le givre s'appelle aussi barhasto;
cette expression rappelle celle des Picards et
des Normands : gelée barbelée. Le sens pri-
mordial de gitre étant glaçon, chose qui res-
semble un peu à de petits serpents, on est
autorisé à confondre le mot avec le suivant.
La métaphore ne serait que naturelle. — Mé-
nage s'évertuait à adapter le mot au L. gela-
tara; or, avec son procédé il était sur de
réussir dans ce cas-ci comme dans tous les
autres.
2. GIVRB, en termes de blason ^ serpent.
Le mot s-gnifiait autrefois serpent en général,
et s'écrivait plus correctement guitre. Diez
dérive giiivre du L. vipera, mais par l'inter-
médiaire du mot similaire vha. loipera, d'où
s'expliquent aussi les formes vfr. wivre, cymr.
gwiber, bret. wiber.
GLABRE, L. glaber, ras, chauve.
GLACE, L. glacia p. glacies. — D. glaçon;
\erhe glacer, L.glaciare , glacial, L. glacialis;
glacier, Vre ; glacis, talus, pente douce et unie
(litt glissante, car ce dérivé se rapporte à
l'anc. verbe glacier, glisser).
GLACIS, voy. glace.
GLADIATEUR, L. gladiator (gladius).
GLAÏEUL, en botanique gladiole,d\\ L.gla-
diolîts. Le terme glai, employé auj . pour signi-
fier une ile de glaïeuls dans un étang et qui
dans le principe était le nom de la plante,
représente le L. gladius (cp. rai de radius).
— Le sir.glaget répond à un type gladiellus.
GLAIRE, humeur visqueuse, blanc d'œuf
cru, prov. glara, clara (aussi clar, masc.),
esp. port, clara, it. chiara, angl. glair. Grimm
rattache ce mot à l'ags. glacre, amber, suc-
cinum, pellucidum quidvis. Diez balance entre
clarus (clara pars ovi) et ^Zarca, gravier, qui
dans d'anciens glossaires est défini par «• chose
glutineuse, argile, colle «. Mahn le place
dans l'élément celtique en citant le bas-breton
glaour et glaouren, bave, salive, glaire ; gal-
lois glgfoer, bave. — D. glaireux (Nicot con-
signe un adj. glaireux = pierreux; mais
celui-ci est le L.glareosusdeglarea);glairine,
glairer (t. de relieur).
GLAISE, i^rov. glejsa,y{r.glisse,dviBL.gli'
teus, gliceus = cretaceus, a^j. de glis, glitis,
humus tenax, argilla. Quant à glis, on n'en
connaît pas l'origine ; on l'a cherchée à tort
dans le gr. y>fa, colle, et y)iTyjièi, collant. Le
subst. BL. glis, glitis paraît plutôt d'origine
germanique : on a en allemand d'abord le mot
kley, terre gluante, argile, puis en v. flam.
hlissen, adhaerere, d'où Mister, gluten (ail.
hleistT). Un t radical se trouve dans l'ail.
Mette, ni. Mit (aussi Mis), glouteron. Je ne
me dissimule pas que l'adoucissement du h
primitif en g, dans un mot latin du temps
d'Isidore, fait quelque difficulté.
GLAIVE, prov.^/aji,^/aï, glat>i, du L. gla-
dius. Le prov. fait voir comment, dans ce mot,
ainsi que dans plusieurs autres (cp.cmfttor«-,
avoiUtre* p. adultère, neuve), il y a eu d'abord
syncope du d, puis insertion d'un v eupho-
nique. La forme française découle du rest«
directement du prov.^/art, cp. vfr. saive, sage,
du prov. savi. Le prov. glaï a donné fr. glai,
primitif de glaïeul.
GLAND, L. glans, glandis; notez le chan-
gement de genre en fr. — D. glande, p gla>uHe
(vfr. glandre), du diminutif glandula, «
amygdale gonflée (terme savant ^towrfufe, d'où
glanduleux) ; glandée.
GLANDE, voy. gland.
GLANER, pic. champ, glener, BL. glenare
(vi* siècle). Leibnitz admettait une provenance
celtique : cymr. glain, glàn, net, glanhau,
nettoyer; cp. nord, glana, éclaircir. Glaner
serait donc pr. déblayer, nettoyer. Il est dif-
ficile de se prononcer en faveur de cette éty-
mologie ;car le subst. glaive implique, à juger
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GLO
— 246 —
GOB
de diverses applications (p. e. glane d'oignons),
ridée fondamentale de faisceau , liasse, poignée.
On est par là porté à voir dans glener une
contraction de geliner^ et à le rapporter au
BL. t/elima, aussi gelina^ = manipulus,
gerbe. Pour ce gelima, on peut le référer à
l'ags. gelm, gif m, poignée. Reste à savoir si
Ton peut admettre pour \eglenare du vi« siècle
une contraction degelinare, — D. glane, subst.
verbal.
QLAPIB, de la même famille que le néerl.
fdappen, vha. klaffoii, auj. klâffhi, m. s.; cp.
le mot fr. clabaud. Au lieu de //%>?> on disait,
et les patois disent encore, glatir (it. gliiat-
tire). Les racines klap et klat ont une valeur
fondamentale identique. — *D. glap, ancien
subst. verbal, auj glapisseme7%t . — L'ancienne
langue n'offre pas d'exemple de glapir, mais
dansl'Ysopet de Lyon(v. 298) on trouve ^/aper
au .sens de « poursuivre en aboyant « (en par-
lant des chiens).
GLAS, anc. glais, prov. clos, it. chiasso, du
L. classicum, signal de trompette, en BL. =■.
sonnerie de cloches.
GLAUQUE, L. glaucus, gr. y>ixuxfli{,m. s.
GLifiS, L. gleba, motte de terre, puis poét.
=^ ten-ain cultivé, fonds, domaine.
GLÉNI.f. d'anatomie, du gr. yU.vii, cavité.
GLSTTI, oxyde de plomb, de l'ail, ghitte,
m. s., dérivé de V&W. glati, uni, lisse, brillant.
GLÎBTTERON, anc. forme degloitteron; mo-
dification du vfr. cleton, gleion, qui vient do
l'ail, kletir, flam. hlit,m. s. La forme glniite-
7'on peut s'être produite sous l'influence du L.
gluten l\oy. glu).
GLISSER, pio. glichei*: c'est lall. glitsm,
glitschen, néerl. glitsen, formes dérivatives de
gleitoi, ags. glidan, angl. glide, suéd. glida,
m. 8. On a clierché à expliquer le mot par le
vfr. glaicirr (voy. sous glacé^, qui signifiait la
même chose, mais Dicz oppose que le chan-
gement de ai en i ne se rencontre que devant
gn et / mouillé, cp. chignon de chaignon,
grille de graïlle,
GLOBE, L. globus, de là englober; dim.
globule, L. globula, d'où globuleux.
GLOIRE, vfr. glorc, dn L.gloria. — D. dim-
gloHole, L. gloriola ; glorieux, L. gloriosus ;
glorieite, petite maison de plaisance, pavillon
de jardin, en vfr. = petite chambre ornée,
esp. glorietta. On s'explique cette dérivation
j»ar le sens de « pompa, apparatus », attaché
au mot gloHa dans la latinité du moyen âge.
GLOREBTTE, GLORIEUX, \oy. gloire.
GLORIFIER, L. glorificare. — D. gloHfica-
tio9t.
GLOSE, du gr. ylwmt, pr. langue, puis en
style de grammaire, = mot tombé en désué-
tude ou étranger, qui demande à être expliqué
])ar un autre terme connu, appelé ylwç^/îuz
Glose, le mot à expliquer, a donné le verbe
gloser, BL. glossare, interpréter, d'où s'est
dégagé le subst. verbal glose avec le sens d'in-
terprétation qui lui est encore attaché. Dans
les temps modernes gloser, pr. commenter, a
pris le sens de critiquer, et un gloseur est un
homme qui trouve à redire sur tout. — Un
recueil de gloses, c.-à-d. de mots obscurs, s'est
appelé un glossarium, d'où fr. glossaire ;ei le
commentateur de gloses, un giossateur.
GLOSSAIRE, voy. lart. préc.
GLOTTE, gr. yiûirrff (de yi&rra, langue).
GLOUME, équivalent de glume (L. gluma,
paille, enveloppe), se rattache à une fonnelat.
gloma consignée par DC.
GLOUSSER (it. chiocciare, crocciarc}, ono-
matopée; cp. L, glocire, glutire, nW. glnch*
sen, gluchsen. On dit aussi du dindon qu'il
glougloute. — D. gloiissette, (loule d'eau
brune.
GLOUTERON, bardane, voy. gletteron.
GLOUTON, it. ghiottone, esp. prov. glolm,
du L. gluto, -ofiis. Du primitif L. glutus ou
plutôt gluttus viennent vfr. gloiU (le pic. a le
dira glouet), wall. glol, friand. Dans le verbe
L. glutire, d'où vfr. gloutir, auj. engloutir,
on ne peut méconnaître la racine imitative^/w
(prononcez ^/om), que les poètes-buveurs aiment
à célébrer sous la forme de glouglou. — D.
gloutonnerie, anc. gloutonnie.
GLU, aussi glue, pi*ov. çlut, du L. glus,
glutis (Ausone), primitif àe gluten, fr. gluten.
— D. gluau, L. glutalis'; gluer ou engluer;
gluant.
GLUI, d'abord faisceau de chaume; aujour-
d'hui, paille dont on couvre les toits. Ce mot
est, selon Chevallet, celtique, et identique
avec l'écossais glac, paume de la main, puis
botte, poignée, ou avec le gaél. cloig^ botte
de chaume. Ducange le fait venir du flam.
geluye, gluye; peut-être l'inverse est-il plus
probable.
GLUTEN, voy. glu, — U.glutineux, L. gln-
tinosus.
GLTGINB, du gr. /Iwtù;, doux ; de même
ghjcose.
GLYPTIQUE, gr. yXuTtrix^, l'art du /Jûzri;:,
graveur, de ^/ûystv, graver.
GNOME, mot employé en premier lieu par
Paracclse et prob. tiré du grec yvwjutï?, intelli-
gence, esprit. — D. ^womtrf^, gnome femelle.
GNOMIQUE (poème), du grec y»wj«ixo,-, sen-.
tencieux, adj. de yvû^tiij, sentence, adage.
GNOMON, L. gnomon, gr. yvà^wv, pr. con-
nais.seur, indicateur.
GO, dans »* tout de go » ==» librement, sans
façon. On a rapporté celte expression popu-
laire tantôt à l'angl. go, aller, tantôt au L.
gaudium (donc = de gaieté de cœur). De la
Monnoye explique go par gobe; tout de go se-
rait gâté de tout de gobe, donc = tout d'une
pièce. Kn effet, des textes du xvi« siècle po^
tent « avaler degob, tout degob » . \oy. gober.
GOBEE, morceau, spéc. morceau d'une com-
position en forme de bol qu'on donne aux
chiens pour les empoisonner. Il devrait être
écrit gobe, car c'est le subst. verbal de gober,
mais je suppose que le mot vient direct, de
l'angl. gob, bouchée.
GOBELET, dimin. degobeVgobeau, BL.gii-
bellus, prov. cubel; dimin. du L. cuppa^ coupe.
— De la forme y^Tiéegobelot vient gobclotter,
buvott«r.
GOBELIN, GOBLIN, angl. i/oWi/t, , lutin,
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GOD
247 —
GOË
esprit follet, ail. koboïd.àér. du BL. cobalits;
du grec xo6»l9î, fourbe, trompeur, malfaisant.
Diefcnbach (Gotli. Wôrt. I. 150) cite le bret.
gobilin, feu follet. — Les matelots disent
goguelin, prob. par assimilation à gogiies,
plaisanterie, malice.
GOBELmS, nom d'une célôbre manufacture
de teinture et de tapisseries, à Paris ; il lui a
été donné d'après Gilles Gobclin, teinturier
s«us François I*'.
OOBELOTTBR, voy. gobelet.
(H)BBB, avaler sans savourer, avec avidité,
prendre sans réflexion, fig. croire légèrement,
d'où gobe-mouches, et le terme gobe-affront,
employé comme synonyme de courtisan par
Scarron; d'origine celtique : Chevallet cite
irl., écoss. gob, gaél. gob, gvop, signifiant
bouche, bec. — D. subst. verbaux : gob'y dans
tout de go (voy. go), tout d'une pièce, eigobbt
(V. c. m.) et son dimin. gobet; verbe dégobiller.
1. (H)BERGE, morue; d'origine inconnue.
2. G0BER6IS, petiU ais d'un lit liés avec
de la sangle pour soutenir la paillasse. D'ori-
gine inconnue. Littré croit que goberge, au
sing. petite perche, servant d'instrument à
diverses opérations de menuiserie, est une
corruption d'écoperche (v. c. m.). — Du pi.
goberges vient peut-être se goberger, s'étendre
sur une paillasse, prendre ses aises, se diver-
tir. L'Académie porte se^oèer^cr avec le sens
de se moquer; serait-il distinct du même
verbe sign. se divertir? Si cela est, on peut le
considérer comme un dérivé du vfr. gobe,
hâbleur, fanfaron, lequel pourrait bien rele-
ver du même mot celtique gob, bouche, men-
tionné plus haut sous gober (prendre la
bouche pleine). Cependant le sens foncier de
l'adj. vfr. gobe parait être »« enflé, vain, fier. »
60BERQEB (SE), voy. l'art, préc.
GOBET, morceau, angl. gobbet,voy. gober,
— Le verbe gobcter, jeter du plâtre avec la
truelle pour le faire entrer dans les joints des
moellons d'un mur, vient-il de là, par l'effet
d'une de ces métaphores un peu brusques que
l'on rencontre dans le langage des ouvriers?
GOBQiLE, p. globillef de globe, boule. Ou
un dérivé de ^o6fte, bol?
GOBIN» bossu, de Tit. gobbo, hossu, gohba,
bosse ; ce mot italien vient de la forme L.
gybbus {y latin = o roman) pour gibbits,
bosse.
GODAILLER, boire avec excès; d'après
Diez, un dérivé du vfr. goder, m. s. D'autres
rattachent godailler au vieux mot fr. godale,
goudale, bière, qui vient de l'angl. good
aie, d'où le subst. godailler ou godai ter,
brasseur ou buveur de bière. Voy. aussi
godet. — Diez range encore sous le même
radical god, dans lequel il n'ose reconnaître
le gaud^re latin, mais plutôt le cymr. god,
luxure, les mots suivants : n. prov. goda,
femme de mauvaise vie, fr. godine et gouine,
m. s., yfv. godon, luxurieux, bonrg. god in<Ha,
rouchi godinete, bourg, gaudrille, tous à peu
près de la même valeur que godine et gouine.
11 cite encore esp. godo, godeho, godizo,
gourmand, goderia, régal, piém. gaudincta,
m. s. ; rouchi godan, appât, enfin le mot fr.
goinfre, dont la terminaison fre lui semble
adaptée à celle du synonyme goliafre. —
Nous placerons également, à notre tour, sous
la racine god, luxure, le champ, godin,
mignon, godinet, gentil, galant, le îr.godard^
gouiTnand, et godiwau, sorte do pâtisserie.
— Voy; aussi gaudriole, qu'il est difficile de
séparer de gaudere. — D. de godailler :.
subst. verbal godaille.
GODE, mesure de longueur. D'où?
GODELUREAU, au xvi® siècle « goguelureau,
mot de fantaisie, difficile à analyser. Le plus
simple est d'y voir une composition des radi-
caux god (voy. godailler) et lur (d'où luron).
La forme ancienne godelereau permet cepen-
dant d'y voir un dérivé de godelier, mot trôa
supposable comme dérivé de ^oef«r, mentionné
sous godailler. On trouve au xvi* siècle gogue-
lureau, fait sans doute sous l'influence de
gogue, gogaille, goguelu (Rabelais).
GODENOT, magot, idole ; le mot n'a prob.
rien à faire avec le germ. god, dieu. On y a
vu aussi une composition du celt. go, petit,
mal fait, et dett, homme. Cela est tout aussi
problématique.
GODER, faire de mauvais plis, de Ikgodure,
faux pli. Goder parait être pour gauder (la
mutation au en o est fréquente) ; or, gauder
se déduit très régulièrement du goth.valtjan,
ags. vaeltan, angl. v)elter(ù\l. mod. voûlzen)
rouler. De gode^' vient encore le subst. godron,
plis ronds, puis, en architecture, espèce d'or-
nements à forme ovale taillés sur les mou
lures.
GODET, verre à boire sans anse ni pied ;
Tétymologie par L. guttits, vase à col étroit
rencontre de sérieuses difficultés phonétiques
(voy. Rom., X, 39); il faut donc l'abandonner,
bien qu'elle soit patronnée par Diez et Littré.
G. Paris rattache le mot au verbe ^orfçr (voy.
godailler).
GODICHE, forme populaire à suffixe tcAe pour
Claude, dont il parûige le sens figuré : sot^
maladroit. — D. godichon.
GODINE, forme antérieure à gouine (voy.
godailler). — D. godinette.
GODIVEAU, voy. godailler.
GODRON, vay. goder. — D. godronner.
GOËLAND; Chevallet, comme Diefenbach,
suivi par Diez, se fondant sur la forme bre-
tonne gwélan (qui se prononce gouéldn), et
sur la description que fait Buflbn du cri du
goéland, fait venir ce mot du bret. gwela,
pleurer.
GOfiLETTS, 1. hirondelle de mer fon la
nomme aussi goualette); 2. sorte de petit vais-
seau de mer léger et rapide. La deuxième
acception semble découler de la première, et
le nom de l'oiseau parait avoir la même origine
que gnëland.
GOSMON, varech, mot celtique ; le Catho-
licon du Lagadeuc porte : « goumoc ha bkzin,
gallicc (f/oëmon), lat. alga, » où Buggo
(Rom. IV, 358) propose la correction goumon;
le gallois donne le même ietrae gwymnn pour
varech.
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GON
— 248 —
GOU
60FFE, it. goffo, esp. gofo; d*originc incer-
taine. On a cité ^t. xoipo^, stupide, et bava-
rois goff, m. s. D'autres, prêtant au mot le
sens de grossier, le retrouvent dans la glose
d'Isidore « bigera, vestis gxifa vel villata »,
habillement grossier et velu.
6060 (A), 606AILIjl!,606UE,ctc. ; tous ces
vocables découlent d'une lacine gog^ expn-
mant plaisir, bonne vie et qu'on retrouve dans
le BL. agogare, donner à manger, norm.
gogoviy doux, mignon. Cette racine est-elle iden-'
tique avec celle du bret. gogé, plaisanterie,
raillerie, cymr. gog, abondance, ^o^an, satire,
oudel'all. ^ai(rÂ, jeune sot, niais et coucou, ou
du nord, gauka, être fier? Tout cela est diffi-
cile à décider. Le latin Jocm^ doit rester hors
de cause; de même gaitdtum (ét^ologie de
Génin). Nous rapportons 1 . au sens plaisir,
bonne clière, les mots gogaiï le, repas joyeux,
être à gogo = être dans l'abondance, gogiie,
sorte de mets friand, gogueîu, amateur du
plaisir; 2. au sens plaisanterie : gognes* dans
« être efi ses gogues »» = être de bonne hu-
meur, d'où goguettes, anc. aussi gogueneites,
propos jojeux, etc., goguenard, railleur,
anc. gogiienette, propos joyeux; 3. au sens
fier, goguelu, qui se disait d'une personne
fière de sa richesse.
606UE. 606ni!LU, 606UENÂRD, 60-
OUBTTB, voy. l'art, préc.
60niFRE, voy. sous godailler. Le mot ne
serait-il pas tout bonnement une altération
populaire de gouffre^, — D. goinfres-, goin-
frerie,
60rrRE (mot n'apparaissant pas avant le
XVI" siècle) parait venir du L. guttur, mais
Paria (Rom., X, 59) observe qu'il faudrait
pour cela une forme intermédiaire guctur. —
D. vfr. ^ot<row,^i«ïran, gosier; gcdtreiix.
60LFE, it., e.sp., port, golfo; du gr. «0)710;
(plus tard xo/ç)o»-, cp. it. irofeo de T/soratov),
1. sein, giron, 2. golfe. Le mot grec signifiait
aussi fond de la mer, abîme; c'est dans ce sens
qu'il est devenu le primitif du fr. goufre,
gouffre (v. cm); flam. golpe (Kil.) traduit
par lat. gurges.
60MÉNE, 6IJMÉNE. râble, it. gomœta, go-
mena, esp. gomena, de l'arabe al-gommal, le
c^ble. Diez doute de l'exactitude de cette déri-
vation.
601001, là.gummi, gr. xo>^i. — h. gommer;
gomme'gvttc{gutte = L. giUta, goutte). Devic.
cependant, est d'avis que dans gomme-giUte le
second mot n'est que la traduction du premier
et représente le malais gatah ou ghetah,
gomme, baume (d'où aussi gutta-percha).
60ND, soit du L. contus, croc, épieu, ou
une forme tronquée du L. ancon, pièce de
bois ou de fer coudée, que l'on retrouve dans
le lorrain angoii ^^ gond, ou du L. gomphus
(yojix^o;), clou. Ccttc demiérc étym. convient
surtout au prov. gofo, gofon, gond.
60ND0LE, de Tit. gondola. Ce dernier est
un dim. degonda, m. s., et vient du gr. xov^u,
vase à boire, coupe. — D. gondolier.
60NFAL0N, anc. gonfayxon, it. gonfalone.
du sh&, gundfano, composé de gwidja, com-
bat, et de fano, drap, drapeau. — D. gonfa-
lonier.
60NFLER, ïLgonfiare, du L. con-flare, souf-
fler ensemble (cp. enfler de in-flare). Diez
cite « intcstina conflata *« (Cœlius Aui'ehns).
60NIN, adroit, frîpon, du nom d'un célèbre
escamoteur du temps de François I'*".
60RD, t. do pêcherie ; j'estime que c'est le
même mot que le vfr. gm't, nwygour (v. c. m.).
60RST, dimin. du vfr. gor^^, gore, truie,
esp. gonrin. Pour gorre, Diez compare le
verbe allemand goii'en, gurren, produire le
son gurr, grogner, puis le subst. gorre,
jument, rosse. Burguy conjecture une dériva-
tion de la racine vha. et celt. gor, qui signifie
boue, limon, fumier.
60R6E, it., esp,,iiToy,gorga (it. aussi ^or-
gia), ail. gurgel, du L. gurges, goufre. La
connexité entre l'idée cavité, profondeur, et
celle de sein, chose rebombée, se retrouve
dans xôX-noi, qui & donné à la fois golfe et
gouffre, — L'étymon^r^c* a été mis en doute
par Meyer et G.Paris (Rom., III, 335, et IX,
332) par la raison que l'o dans gorge est
fermé. — Le lat. gurges, dans sa valeur pri-
mordiale d'abîme, tourbillon, est indubitable-
ment le primitif de it. gorgo, prov. et vfr.
gorc, gort, et le fr. mod. gour. Dans les
Cévennes, on nomme ^our^o des réservoirs
destinés à l'irrigation des terres. — D. de
gorge: gorgerette; gorgerin ; gorger, remphr
jusqu'à la gorge; dégorger; égorger; engor-
ger ; regorger ; rengorger,
60RILLE, nom de singe ; nom donné d'abord
à des femmes velues que les Carthaginois
disent avoir trouvées sur la côte d'Afrique.
60SIEB, dérivé du vfr. gueuse, gorge;
quant à celui-ci, on a invoqué, comme primi-
tif, rit. goszo, gosier (forme tronquée de
gorgo2zo), mais ce rapport reste douteux. Le
patois lorrain a gosse signifiant le gosier et
l'estomac des bêtes qu'on engraisse; en ail.
gosse signifie tuyau, égout, rigole et parait
indépendant du radical dos • mots romans
cités. — D. s* égosiller (dans les trouvères, je
trouve se desgoisier^),
60SSAMPIN,L.^o5sym/>iiii« (Pline, 12.10,
21), espèce de cotonnier, extension de gossy-
piuni [•/'39'jù'itiov), m. s.
OOTHIQUE, du nom de peuple Goth,
60UACHE, voy. gâchei\
60nAILLER, railler, plaisanter; wall.
giiaii. D'origine inconnue ; peut-être syncopé
de gogailler (voy, gogo). — En berrichon notre
mot est synonyme do godailler (op. gouine =
godine).
OOUDRON, aussi goudran, guitran, it. ca-
trame, port, alcatrào, esp. alquitran, BL.
catarannus, de l'arabe al-gatran, m. s. — D.
goudronner.
60UFFRE, p. goufle, transposition de golfe
(v. c. m.). Du nrïm. golpe = gurges, le fla-
mand a fait le verbe golpen,gulpen = ingur-
giter. — D. engouffrer.
1. 60n6E, espèce de ciseau creux ou
courbe, prov. mod. gubio, esp. gubia, port.
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GOU
249
GOU
ffoiva; Bugge (Rom., IV, 358) tient le mot
pour celtique, en alléguant anc. gallois gilb
(foratoinum, rostrum). golbin (rostrum), gal-
lois mod. gylf»gylfin (bec), gaél. gilb, ciseau,
irl. mod. gttlbba (« aculeum •»). Le radical
est gulb(=gi\'/hj^fa),(im explique les formes
BL. gulvia, guhium (it. gorbia, sgorbia) et
fr. gouge, Cp. aussi Baist (Ztsclir., VI, 118),
qui estime que gouge, au sens de fille, est
identique avec gouge, mais sans indiquer le
rapport idéologique qui les relie. — D.
gouge^\
2. GOUGE, n. prov. gougeo, fille, servante
(dans quelques provinces on àiigouye) ; d'après
Huet, du mot Judaïque goye, servante chré-
tienne (les Juifs appellent les chrétiens des
goyim, peuples, comme les chrétiens se ser-
vaient du mot gentils pour désigner les
païens); étymologie sujette à caution. C'est de
gouge que vient, goujat, valet, anc. goujart ;
aussi gouge avait ce sens. — Voy. aussi
/yoit^g 1.
GOUINS, voy. godailler. On a erronément
rapporté couine au vha. quena, angl. qiteen,
m. s., ainsi qu'au v. gaél. coinne, femme. Un
poète tire le mot de la reine Goïne qui trom-
pait son mari et le fit périr pour fuir avec son
amant. — Le masc. gouin désigne un matelot
de mauvaise tenue.
GOUJAT, dial. gouyat, voy. gouge.
1. GOUJON, en patois govion, angl. gud-
genn, it. gobio, du L.gobio, -onis (gr. xwÇt^^).
2. GOUJON, outil de fer à divers usages;
dans Palsgrave, //ow^tfon désigne entre autres
des menottes de prisonnier ; Godefroy traduit
le mot (v. gojon) par • cheville à pointe per-
due • ; prob. connexe avec gouge 1 . — On dit
aussi gouviun,
GOULE, ancienne forme ^oxxv gueule. Delà:
goulée, grosse ■ bouchée ; goulet, goulette, en-
trée étroite, petit canal, etc. ; goulot, goulotte;
goulu ; champ, goulerie, gourmandise ; verbe
regoider 'v. c. m.).
GOULOT, dim. de goule {v, c. m.).
GOULU, voy. goule.
GOUPIL, aussi golpil, houpil, mot de l'an-
cienne langue, remplacé par renard (y. c. m.),
du L. vulpeculus. — D. goupillcrie. Voy. aussi
goupillon.
GOUPILLE, fiche, cheville, du L. cuspicula,
pointe.
GOUPILLON. L'étymologie goupil, renard
(donc pr. = queue de renard , généralement
reçue jusqu'ici, est contestée par Paris (Rom.,
XIV, 306); il identifie le mot avec le vfr.
gnespeillon (pr. chasse-guêpes). — Notez,
cependant, que l'ancienne langue présente
aussi guipillon et qu'il se pourrait bien que
les étymologies vulpeculus et guespa se fus-
.<»cnt rencontrées dans goupillon. — D. gou-
pillonner, nettoyer avec un goupillon.
GOUR, voy. sous gorge.
GOURD, roide, peu agile, esp., port. ^orf/o,
prov. gort, gros, gras. Du L. gurdus, mot
d'origine espagnole, au dire de Quintilien, et
équivalent de stolidus. Isidore l'interprète par
lentus, inutilis ; il faut croire que le sens fon-
cier était gras. Pour le rapport logique entre
gras et sot, cp. le gr. îra/û,- et L. crassus. —
D. gourdir'^ engourdir, dégourdir.
GOURDE, voy. courge.
GOURDIN, de l'it. cordino, corde dont on
frappe les galériens ; métaph. = gros bâton
court; d'après Littré, le mot se trouvant
déjà dans l'ancienne langue, plutôt do l'a^.
gourd au sens de gros, épais. — D. gour-
dine7\
GOURE, drogue falsifiée; d'origine arabe;
Littré indique le verbe arabe ^Aarr, tromper.
— D. gourer, falsifier.
GOURGANDINE, vers la fin du xvii*" siècle,
un vêtement do femme, peu chaste à ce qu'il
semble; c'éUiit un corset ouvert par-devant
qui laissait voir la chemise. Le nom s'est con-
servé dans la langue pour désigner les femmes
qui ont quelque chose de trop libre dans l'air
ou dans l'ajustement. Le mot parait venir de
go7'ge; cp. l'anc. a^j. gorgias, qui se disait
d'une personne galamment habillée, vêtue
d'une manière décolletée. — Si réellement
le sens u prostituée >* a préexisté, comme le
suppose 'Littré. à celui de vêtement, mon éty-
mologio vient à tomber. Littré cite le verbe
normand ^oi«r^anrfîr, se livrer à la débauche,
que Le Héricher décompose par gwe, prosti-
tuée, -4- gaudir,
GOURHàDE, yoj. gourmer.
GOURMAND, voy. gourme 1. — ^ D. gour-
mandise.
GOURMANDER. \oj.gourtner.
1. GOURME, matière visqueuse que les
jeunes chevaux évacuent par lek naseaux;
croûtes de lait. D'origine incertaine. Diez
cite le nord, gormr, bourbe, limon (de gor,
fumier), angl. (dial.) gorm et grom, salir,
berrichon eau gourmie, eau stagnante. Che-
vallet mentionne le mot gm* de différents
idiomes celtiques, .signifiant pus ou pustule.
A cette idée de malpropreté, de bave ou de
salive, se rattache aussi le rouchi gourmer,
humer, siroter. C'est de ce dernier que se dé-
duisent le plus naturellement les mots gow-
met (v. c. m.), gourmand, et norm. gourma-
cher, manger malproprement. Grandgagnage
traite le gourmet avec un peu plus d'égards et
conjecture (avec un point d'interrogation),
comme radical du wall.^our>neM = gourmet,
le holl. geur, odeur, dial. d'Aix-la-Chapelle
guhr, saveur de la viande, bouquet du vin.
Mais la lettre m resterait inexpliquée et je
pense que l'étymologie de Diez doit l'emporter;
je ne sais si, pour appuyer cette relation entre
le» idées bourbe, bave et gourmet, je puis
rapprocher le terme allemand schlâmmer,
goinfre, que certaines acceptions m'engagent
à déduire de schlamm, bourbe.
2. GOURME*, dans « gourme do chambre»,
un des bas-officiers de la maison des ducs de
Bretagne; c'est l'angl. groom ou flam. grom
(Kil.) transposé. L'ancienne langue disait aussi
gromme, dim. gromet «= valet, serviteur.
L'esp. agrumete p. mousse, garçon de bord;
c'est évidemment le même mot. Cependant,
I Diez, en citant sous grumo, mot csp. signi-
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GOU
— 250 —
GRA
fiant monceau. Vit. grumolo, cœur du chou,
y retrouve la même métaphore, sur laquelle
nous l'avons vu tant insister en faisant l'éty-
mologie de garçon (voy. gars). Les Portugais
appellent dans leurs colonies grometos les
videts nègres gagés sans être esclaves.
3. GOUBIDB, roideur, gravité affectée, voy.
gourmette,
GOUBmiR, 1. mettre la gourmette à un
cheval, voy. gourmette; — 2. battre à coups
de i)oing, d'où gourmade; je ne m'explique
pas l'origine du mot dans cette acception ; —
3. maltraiter, critiquer sévèrement; c'est une
acception adoucie de la précédente; de là
gourmander; — 4. affecter un air raide, de
gourme 3.
GOUBMET, voy. gourme 1. Avant de signi-
fier friand,gourmand, ce mot signifiait, comme
il signifie encore (c'est même la seule signifia
cation que lui assigne TAcadémic), dégusteur
de vins. Cela confirme en quelque sorte l'éty-
mologie posée à l'article gourme 1 , et l'étroite
relation de ce mot avec le rouchi gourmer,
humer, siroter. On connaît Topération buc-
cale et gutturale (si je puis m exprimer ainsi)
qui caractérise la dégustation du vin. Littré
rattache gourmet à gourme 2. par le sens
intermédiaire, • garçon d'un marchand de
vin •». «le doute que gourmet ait signifié par
excellence un valet de marchand do vin et
que ce valet ait eu la charge de déguster
les vins.
GOURMETTE d'un cheval; dimin. àegourmc,
inusité dans ce sens; de ce dernier vient aussi
gourmer un cheval, lui mettre la gourmette;
]iRrt. gourmé, ûg. roide dans son maintien
comme un cheval gourmé (l'anglais dit de
même curbed au fig.); de cette acception
figurée se dégage le subst. gourme, roideur,
gravité. Quant à l'origine de gourme" et gour-
mette, le P. Labbe pensait qu'ils venaient de
gourme, bave (cp. bavette, bavoïet); mais il se
trompait. La forme bretonne gromm = gour-
mette, combinée avec la dénomination anglaise
curb, engage à rapporter le mot au radical
celtique ou germanique krom, courbe. Effec-
tivement, la gourmette, accrochée aux deux
côtés du mors, forme une courbe au-dessous
de la ganache du cheval.
GOUSPILLER; variété de houspiller.
GOUSPIN, polisson, t. pop.; selon Littré,
de gousse-pain (gousser «=- manger, xvi* siè-
cle).
GOUSSANT, ^ou^sau^ lourd, trapu; du
BL. gossus, chien-mâtin?
GOUSSE, it. guscio, à MWoxiguss et gussa,
dans les Romagnes goss et gossa. L*origine
de ce vocable roman n'est pas encore tirée au
clair. Diezcite un mot lat mîoimc galliciciola,
expliqué par Placido par « cortex nucis ju-
glandis » ; il le suppose mal écrit pour galli-
cioîa; ce diminutif renverrait à un primitif
gallicia, qui équivaudrait à « nux gallica n ,
et qui aurait pu se transformer en it. galcia,
gai scia, guscio, et en fr. gausse, gousse C'est
là, on le voit, une conjecture émise en déses-
poir de cause. D'autres conjectures pourront
avec autant déraison se porter sur TalLAff/jf,
flaro. Afc/^c^r (Kiliaen : siliqua. calyx,utricu-
lus), et je n*hê.M te pas, jusqu'à meilleure infor-
mation, à identifier gousse (au sens gént^ral
d'enveloppe) avec housse, et à y voir une
modification de forme analogue à celle de
gouspilïer pour houspiller. Du reste, le ger-
manique h permute parfois avec g en roman
(voy. Diez, Gramm., éd. franc., I, 297-2981
— De gousse vient gousset, creux de l'aissello
(par extension la mauvaise odeur qui en sort),
puis petite bourse portée d abord sous lais-
selle.
GOUSSET, voy. gousse,
GOUT, goust", du L. gustus, — D. goûter,
L. gustare (l'acception « faire un léger repas-
était déjà propre au mot latin : Plin. Ep. 6.
16, 5 : deinde gustabat dormiebatque mini-
mum). — D. goiiter, subst. ; composés : dé-
goîUer ; ragoùter,
GOUTTE, it gotta, esp., port, gota, duL.
gutta, La maladie de ce nom était attribuée
à certaines gouttes d'une humeur viciée qui
arrivaient aux articulations. On sait que
goutte, exprimant une chose menue, a sen'i
comme mie, pas, point, à renforcer la néga-
tion fie; cette valeur nous est restée dans ne
voir goutte. — D. gouttelette, goutteux,
gouttier, gouttière, goutter, égoutter, dé-
goutter.
GOUVERNER, L. gubemare. — D. gou-
verné, règle, conduite ; gouvernement, gouver-
neur, L. gubernator; gouvernante, gouver-
nail, L. gubemaculum.
GRAAL f saint), prov. grasàl, BL. gradalis,
Diez conjecture l'étymologie crains, forme
BL. p. ci'atcr.
GRARAT, L. çrabatus (xpseCaro;).
GRAREAU, subst. verbal de grabeler, dé-
mêler, éplucher, examiner; de là le sens de
petit morceau, menu fragment et celui de
discussion, scrutin. Voy. l'art, suiv.
GRARUGE, micmac, désordre, querelle. La
terminaison engageait à tort feu Cachet à
considérer ce mot comme une forme accessoire
do gabegie. Nous rencontroas, avec le sens de
désordre, confusion, la même racine ^rafr ou
garb dans les vieux mots grabeler (d'où gra-
beau, V. c. m.), grabouiller ou garbouiller,
brouiller, à* oii gr abouti, it. garbuglio; on di-
sait autrefois être en grabouil avecqqn. p. être
brouillé avec lui. Je n'hésite donc pas à rat-
tacher au même groupe notre mot grabuge et
à voir dans le radical grab, soit Tall. graben,
creuser, fouiller, soit le néerl. hrabbelen,
gratter, et fig. écrire ou peindre d'une manière
confuse ; cp. en fr. le terme fouillis de fouil-
ler. Je suppose qu'il a existé ou existe encore
dans quelque coin de l'Italie une forme gra-
Imgia, qui serait le type immédiat de gra-
buge, car la terminaison uge n'est pas du cru
français, et d'ailleurs le mot fr. |îarait être
d'une introduction assez récente (cp. en it. le
subst. gvattugia, grattoir, râpe, en yît.gra-
tuise). Le prov. grahusa (p. gra-usa), m, s.,
est l'effet d'une syncope de la médiale b ; c'est
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GRA
— 2yi —
GRA
le primitif du vfr. grahuse greitse (dans le
Jura greuse), querelle, dispute.
GRÂCE, L. gratta (de gratits^ agréable). —
D. gracier, faire grâce, gracieux, L. gratio-
sus, d'où gracieuseté et gracieuser ; opp.
disgrâce, disgracieux, disgracier, composés
modernes.
GRACILITÉ, L. gracilitas. — L'adj. grêle
est le L. gracilis, mais la pruderie française
s'est refusée à sanctionner le bon vieux mot
gréleté.
GRADATION, L. gradatio (gradus).
GRADE, L. gradus. Voy. aussi degré, —
D. gradin ; grader, conférer un grade ; opp.
dégrader; graduel; graduer, diviser en
degrés.
GRADINE, ciseau dentelé du sculpteur;
d'origine inconnue. Le mot tient -il à vfr.
grater, ou à crates (qui est au fond de gynl), ou
à l'ail, grat, arête? — D. graditier.
GRADUEL, voy. grade. Le terme ecclé-
siastique vient du BL. gradus, qui signifiait
la partie de l'église (plus élevée) où se chan-
taient l'Evangile et les leçons de l'Ecriture
sainte. V.n type g7'adalis a donné le vfr. graHl,
greel,
GRAILLER, sonner du cor, de graille*,
trompette (voy. greille),
GRAILLON, en picard = gratin, me semble
être une contraction de gratillon, donc pr. ce
que l'on gratte au fond de la marmite ; de là
l'expression « sentir le graillon ». D'après
Littrô, de graille, ancienne forme de grille, —
Le mot s'emploie aussi pour restes ou rognures
des marbres.
GRAIN, L. granum; le pluriel grana a
donné le fém. ^rat^îe, semence. Au fig.,^ram
exprime une petite quantité. — *» H n'est pas
sur, dit Littré, que grain, au sens d'orage,
soit le même mot qnegrain de blé ; cependant
on peut concevoir que («t orage ait été appelé
un grain, à. cause des grains do grêle et des
gouttes de pluie qu'il verse. » — D. grainer
et grener; grenette; grainier ; grenier, L.
granarium ; grançe{v. cm.); grainu, grenu ;
composés : égrener, engrener (v. c. m.).
GRAINE, voy. grain, — D. grenaille.
GRAISSE, subst. de gras (v, c. m.). — D.
graisseux; graisser, engraisser (TertuUien
incrassare), dégraisser.
GRAISSET, aussi gresset, petite grenouille
verte. D'où? Chevallet fait venir, sans qu'on
puisse s'en rendre compte, le mot graisset do
VsAl. griin, vert; c'est vouloir lutter en fait
de hardiesse avec Ménage, qui avait au moins
le talent d'inventer des intermédiaires. Selon
d'autres, graisset pourrait tirer son nom de
ce qu'il a la faculté de monter le long des
corps les plus lisses ou graisseux ; ce qui me
parait forcé. Comme Tall. dit, à côté de laub-
frosch (grenouille de feuillage), aussi gras-
frosch, ou serait tout aussi autorisé à penser
à l'ail, gras, herbe, ou plutôt à l'angl. grass,
GRAMEN, mot latin = gazon. — D. grami-
nés, L. gramineus.
GRAMMAIRE l. masc, vfr. = gramma-
ticus, grammairien ; 2. fém., «ars gramma-
tica, science des lettres. Pour l'étymologie du
mot, la plus simple parait être de prendre
pour type une forme lat. grammanus, mais
cette forme pécherait contre les règles et,
en outix), on n'en trouve aucune trace. De
toute façon, aussi bien pour le prov. gramàdi
/grammairien) et gramatge (grammaire), que
pour grammaire (prov. gramaira), il faut
partir du lat. grammaticus. Cette forme ^ram-
màire s'en est produite par le même procédé
qui a fait naître l'afr. mire (médecin) de medi-
eus, vfr. daumaire de dalmaticus, et qui con-
siste dans l'insertion d\in r dans une forme
antérieure en ais (gramaie). Cette théorie do
IV intercalé dans des conjonctures analogues,
soutenue par Tobler (voy., pour notre cas,
Rom., II, 244), est combattue par G. Paris
(Rom., VI, 132); pour celui-ci, gramaire dé-
coule direct, de gramàrie, mais cette forme -
ci est issue, par l'intermédiaire de gramâlie,
de gramddie. Cette gradation de formes est
savamment démonti-ée par le prof, de Paris,
mais, bien que patronnée aussi par Mussafia,
je n'oserais affirmer que cette manière de
voir détruise péremptoirement le raisonnement
de Tobler. — D. grammairien,
GRAMMATICAL, mot savant tiré de gram-
maticus, comme musical de musicus.
GRAMMATISTE, L. grammatisla (Suét.) »
gr. ypixfiu'xThTnit maitre d'école, de yp^fifAot-
rfjîiv, enseigner les ypkfitmrx (lettres, élé-
ments).
GRAMME, gr.ypâfjLfjLr, scrupule valant deux
oboles.
GRAND, L. gi*a}tdis, — D. grandeur; de
la forme esp. grandes sa nous avons fr. gran-
desse, titre d'honneur (l'ancienne langue em-
ployait toutefois aussi la forme grandece avec
la même valeur que grandeur) ; grandir, sens
neutre, L. grandire, d'où le factitif a^ra«f/îr ;
de rit. grandioso : fr. grandiose; superlatif
grandissime, L. grandissimus ; grandelet ;
grand'pih'e , gra^îdmère. Les expressions
grand'mère, grandroiUe, graruTmesse, da-
tent d'une époque où l'adj. grand n'avait pas
encore de forme féminine ; elles ne sont donc
en aucune manière irrégulières et l'apostrophe
est un signe inutile, une trace d'ignorance
relativement aux règles de la vieille langue.
— Notre adverbe grandement est, par adap-
tation à la règle moderne, une transformation
de la forme ancienne et seule correcte gram-
ment, conservée par les patois.
GRANGE, esp., port., prov. granja, du BL.
granea, lieu pour battre le grain. Le vfr.
granche et prov. granga, m. s., accusent pour
type le BL. granica, forme cxjncurrente de
gratwa. — D. grangcr, engranger,
GRANIT (de l'it. granito, m. s., pr. »=
grenu) ; cette roche tire son nom des grains
ou petites taches qui la caractérisent.
GRANULE, l^.granulum, dim. de granum.
— D. granuleux; granuler.
. -GRAPHIE, dans les compositions telles que
bibliographie, géographie, etc., équivaut à
destTiption, et correspond au grec -/poiflx (qui
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GRÂ
252 —
GRA
ne se trouve de même qu'en composition),
dérivé de -y/5à»o«, = qui écrit. Les mots ter-
minés en -graphie sont tous corrélatifs à un
terme masculin en -graphe, désignant la per-
sonne qui s'occupe de la chose qu'ils expri-
ment, ainsi qu'à un adjectif en ^graphique,
rendant le grec -yo9f>ii(0{. — Beaucoup de
composés modernes de la nature de ceux dont
nous parlons n expriment pas précisément une
idée de description, mais celle d'écrire, de
tracer, de graver, signification première du
gr. ypàçiiv : tels sont lithographie, chaJco-
f/raphie, photographie, etc, — Orthographe p.
orthographie n'est pas contre lo génie de la
langue ; cp. gratia-gràce, luxuria-luxure ; la
forme témoigne de l'ancienneté de son usage
et de l'accentuation orthographia de l'origi-
nal latin.
GRAPHIQUE, grec y/sapuo;- (v/^â^»), relatif
à l'écriture ou au dessin.
6RÂPP£, grains ou fieurs attachés en bou-
quets à une petite branche (en champ, le mot
se dit aussi métaphoriquement pour ulcère,
pustule), it. grappo, grappolo; en vfr., et
encore dans certains patois, on trouve crape ;
cp. néerl. grappe, hrappe, angl. grape. Par
l'idée «accroché, attaché «, ce mot se range
sous la même famille que l'it. grappa, esp.,
prov. grapa, vfr grappe, = crampon, cro-
chet, et se rattache ainsi au vha. hrapfo,
crochet (voy. agrafer), — D. grappeleT,grap'
piller' , grappiUon, grappu,egrapper,
GRAPPIN, du vfr. grappe, crochet, cram-
pon (voy. grappe), — D. grappitier,
GRAS, vfr. cras (de même en w^all , en rou-
chi et en picard), it. grasso, esp. graso, port.
graxo, prov. gras, du L. cra^sus, Bh.grassiis
(voy. aussi crasse). — D. graisse (v. c. m.),
gra'iset, grassouillet, grasseyer*.
GRATSRON, de gratter, à cause de la qua-
lité de s'accrocher propre aux diverses plantes
de ce nom.
GRATIGTJLSR, terme de peinture, \i. gratis
colare, du L. craticiila, petit gril ; la toile
graticuléo, par sa division en petits carrés,
ressemble à un gril.
GRATIFIER, L. gratificaH, accorder une
faveur. — D, gratification,
GRATIN. Nicot : « le demourant de la
bouillie des petits enfants qui demeure en la
paëlle; il vient de grater, car on baille aux
autres petits du pain pour grater et amasser
ce gratin. »» Pour être naive et presque un pe-
tit tableau de genre, cette définition n'en est
pas moins juste. — D. gratiner.
GRATIS, mot latin = gratuitement.
GRATITUDE, L. gratitndo (gratus).
GRATTE, dim. gratteîie, voy. gratter,
GRATTER» it. grattare, esp., \irov, gratar,
BL. (loi des Frison.**), craiare; du vha. chra-
zon, ail. mod. kratsen, suéd. kratta, angl.
grate, m. s. I^ngcnsiepen a émis la singu-
lière conjecture d'après laquelle gratter re-
présente une contraction du L. corraptare;
c'est là, nous somble-t-il, de la sagacit45 mal
employée, car il no nous dit pas ce qui a pu
lui rendre suspecte la dérivation germanique.
— D. grat\ fiunier (pr. lieu où les poules
grattent) ; gratte, grattoir; gratin (v. cm.);
grattelJe, =- gale, cp. le terme ail. kr&tze;
gratigner, d'où égratigner. Notez encore
gratte-cul, fruit de l'églantier, expression po-
pulaire se rapportant à la plaisanterie qui
consiste à fourrer ces graines à bourre pi-
quante dans le lit.
GRATUIT, L. gratuitus (gratis). — D. gra-
tuité, mot mal formé ; nulle part ailleurs on
ne trouve un suffixe é pour faire un subst. fé-
minin.
1. GRAVE*, subst., auj. grève, rive plate et
sablonneuse, anc.= gros sable, petit caillou.
Cp. prov., cat. grava, caillou, grison graca,
greva, plaine de sable, vénitien ^aca, lit d'un
torrent. Il faut sans dout« ranger ici aussi le
champ, crau, champ de pierre, et le vfr.^ro^,
groe, groi, roc, rocher. L'origine de ce mot
est celtique : Comouaille grou, sable (pré-
suppose une forme antérieure grau), breton
grouan, gravier, cymr. gro, gravier, plur.
gravel. Les dérivés de grave sont : gravier,
autr. = terre abondante en gros sable, puis
«=s gros sable; gravois, gravais (type litin
gravensis) ; gratelle, pr. sable, puis le nom de
la maladie que l'on appelle aussi la pierre ou
le calcul ; engraver = ensabler. — Le même
mot a donné le nom au vin de Grasœ, pr. le
vin des terrains caillouteux de la banlieue de
Bordeaux. Voy. aussi grève,
2. GRAVE, adj., L,gravis, pr. pesant. Sauf
le terme de physique «« les corps graves », le
mot ne s'emploie phis qu'au figuré p. qui a
du poids, de l'autorité, de la considération, etc.
Il appartient à la couche savante de la lan-
gue; la vraie forme française est ^W«/'(v. c.
m.). — D. gravite', L. gravitas; gratAter, pe-
ser vers un point. Voy. aussi rengréger,
GRAVELET, grimpereau, voy. gi'oxAr,
GRAVELEUX, voy. l'art, suiv.
GRAVELLE, voy. grave 1. — D. gravelé
(" cendres gravelées ») ; graveleux, l. mêlé de
gravier, 2. relatif à ou aflecté de la maladie
dite gravelle, 3. au fig., libre, peu décent.
Comment expliquer cette acception figurée
de graveleux et du subst. gravelure t On dit
que l'on a appelé un conte « graveleux n parce
que le récit cause autant d'embarras que si
on avait du gravier dans la bouche ou parce
qu'il fait sur l'esprit le même effet qu'un gi'a-
vier qu'on rencontre. Il est curieux que deux
termes opposés, graxtéleux (pierreux) et /«-
brique (glissant), soient venus à exprimer la
même chose dans leur sens figuré. Cp. aussi
le terme croustilleux,
GRAVER, de l'ail, grahen, néerl. grateat,
creuser, buriner. — D. graveur, gf*avure,
GRAVIER, yoy. grave l.
GRAVIR; pour Diez, l'it. graàire, monter
par degrés (du L. gradus), donne la clef de
i'étymologie de ce mot. Gradire aurait
d'abord fait gra-ïr, puis, par l'insertion habi-
tuelle de r, destinée à faire disparaître l'hiatus,
gravir (cp. emblaver, pouvoir), — Je ne puis
me ranger à cette opinion; le sens foncier
étant s'accrocher, ramper, grimper ; il serait
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GRE
— 253 —
GRE
difficile de le détacher de la racine germanique
qui a donné l'angl. grab^ saisir, empoigner,
ail. grabeln, ramper en tâtonnant, et beau-
coup d'autres formes avec^ ou k initial. — Il
se peut que gracir (en patois on dit aussi
graver et gravouiller) soit directement dérivé
de vfr. gt*au (griffe), comme ramper (anc. =
gravir; de 'rampa, griffe. C'est à notre mot
que se rattache le nom d'oiseau gravelet, gra-
visset, -issoH = grimpereau.
GRAVITÉ, GRAyiTSR, voy. grave 2.
6RAY0IS, voy. grave \. — D. dégra-
toger,
GRÉ, subst., prov. grat, it., port., esp.
grado, du L.gratum, pr. ce qui est agréable,*
traité en BL. avec la valeur du subst. abstrait
graiia, fr. grâce, équivalant aussi à. bon vou-
loir, disposition favorable, reconnaissance,
puis aussi volonté en général, de sorte qu'il
a pu être question autant d'un mal gré que
d'un bon gré. Le mal gré = mauvais gré,
nous est resté dans la préposition maUjfré,
anc. maiigré= à contre-cœur, en dépit, et le
verbe maugréer, — D. agréer (v. c. m.), litt.
= prendre à gré, avec plaisir.
GRÈBE, oiseau aquatique ; selon Devic, du
gr. mod. ylit^i, le même oiseau qui s'appelle
gabian en Provence. ♦
GREC, L.grœcus (du gr, ypatMi), — D. grec-
que, t. d'architectui*e ; grécité, grécisei\ —
Du même primitif relèvent : grégal, dans
« vent grégal » ; grégeois, dans «< feu gré-
geois »; cet a4}. se trouve aussi dans l'an
ciennc langue sous les formes gregois, gri-
ffais, griegois, gresois, et correspond au v.
cat. gregiiesc, prov. grezesc greseis. On en
fait aussi venir le feu grisou des houillères ;
ce serait, pense-t-on, une forme wallonnisée
de feu grégeoii,
1. GREDIN, gueux. Ménage pensait que ce
mot vient des valets; qui sont de garde sur le
degré (sur les gradins) de la chambre de leurs
maîtres ; de cette simple conjecture, Roquefort,
Bescherelle et Corblet ont fait une assertion
scientifique. D'après Diez, gredin (pic. guer-
din, lorr. gordin) est un dérivé de Vïi.gretto,
avarice, mesquinerie, lequel est connexe avec
le mha. grit, avidité. Comparez goth. gredus^
feim, nord, grâd, avidité, angl. greed, faim,
avidité, d'où l'adj. greedy, %o\xvmB.ïià, rapace.
Pour ma part, je préfère rattacher gredin
directement au v. flam. grete, avidité, d'où
VtkAy gretigh, interprété par Kiliaen : avidus,
appetens, vorax, ce qui s'accorde parfaitement
avec le sens de fr. gredin, — D. gredinerie,
2. GREDIN, -INE, petit chien à longs poils.
D'où? Connexe avec vfr. gredillé, crêi>é, frisé?
GRÉER, voy. agrès, — D. gréeur, grée-
ment,
1. GREFFE, subst. masc, représente, dans
son acception actuelle, le subst. verbal d'un
verbe greffer, écrire (BL. graphiaré); celui-
ci, à son tour, est dérivé d'un ancien subst.
^*«/^. ff^'cff'^'f prov. grafi, style, poinçon
servant à écrire ou à buriner. Toutes ces
formes répondent au h.graphium, gr.y,05tpi9v.
— D. greffier, BL. graphiarius = notarius,
scriba.
2. GREFFE, subst. fém., terme de jardi-
nage ; c'est le subst. verbal de greffier (angl.
graff"). Ce verbe est étymologiquement le
même que celui mentionné à l'art, préc., et
qui signifie, par sa dérivation, aussi bien
buriner, faire une incision, qu'écrire. Greffe,
comme nom de l'opération greffer, émane di-
rectement, du verbe; mais en tant que signi-
fiant un objet concret, savoir la petite branche
même que l'on greffe, le mot est le mémo que
çrafc^ greffe, style, poinçon, d'où dérive le
verbe (cp. en esp. mugron, marcotte, du L,
mucro, pointe). Dans les deux articles nous
avons donc l'enchaînement logique suivant :
greffe, instrument, greffer, opérer avec cet
instrument, puis^r<î^e, nom de roj)ération ou
du lieu où elle se fait.
GREFFER, voy. l'art, préc. -— D. greff'oir,
GREFFIER, voy. f/reffe 1.
GRÉGE, dans « soie grége «« (aussi gâté en
grèze)\ l'it. dit seta greggia. Cet a^. greggio
(aussi grezso), d'où vient dir. le fr. grége^
signifie : brut, qui n'est pas travaillé. On
n'en connaît pas l'origine. — L'ét. L. agrcstis
(d'où grezso en premier lieu), proposée par
Caix (Studi di etim. ital. e romanza, n<* 39) est
avec raii^on mise en doute par Paris (liom.,
VIII, 618). — Le rapprochement de l'it.
anéantit l'étym. de Frisch,qui proposait lall.
toerg, étoupe, d'où, selon lui, d'abord //um/c,
puis, î)ar transiwsition de la liquide, grége,
GRÉGEOIS, voy. grec,
GRÉGUE, culotta; d'après Ménage, du L.
grœcus; ce seraient pr. des culottes à la grec-
que (H. Estienne : chausses à la greguesque).
— Cette étym. est fautive : selon Schuchardt
(Ztschr. IV, 149; le mot appartient à l'élément
celtique : cymr. gwrag, gwreggs, corn, gru-
gis, grygis. Ces formes répondent au type pri-
mordial vrac, qui est aussi la soui-ce du gallo-
romain braca, it, braie. Il y a affinité radi-
cale entre tous ces vocables et le gr. /svf/yv.ui
(rompre), /sixo;, ^pxr.oi (lambeau).
GREILLE, vfr. graille, grelle, anc. = in-
strument à son aigu; de l'adj. vfr. graiU, auj.
grêle (v. c. m.). Cp. clairon, do clair,
1. GRÊLE, adjectif, vfr. graile, graille,
graisle, prov. graile, mince, menu, en par-
lant de la voix «= faible ou aigu (cp. l'ail.
grell, mot qui a Tair d'être tiré du roman,
mais qui ne l'est peut-être pas). Du L, gra-
cilis, graclis (cp. frêle de fragilis).
2, GRÊLE, greste', siihst,, forme dimin. du
prov. greza, gressa, dérivé degrés, pierre.
La grêle signifie doncpr. petit caillou. Cp. en
ail. kieseln, gveier, de kies, caillou. Un autre
diminutif de grès, à forme masculine, est le
mot fr. grésil, prov, grazil, Ducange déduisait
à tort gresle de gracilis, « quod minutatim ca-
dat grando «. — D. grêler (notez Ye\]}v, grêlé
= marqué de la petite vérole), grêlon; gre-
let, mai^teau de maçon.
GRELIN, t. de marine, espèce de cordage ;
de l'ail, greling, dont l'origine m'est inconnue.
GRELOT ; on a preposé diverses étymologios
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GRÉ
254
GRI
pour ce mot, savoir : 1 , rinstrument api)elé
Sn^dle (voy. greiUe)\ 2. L. crotalum, cli-
quettes, castagnettes, qui a pu, en effet, se
franciser par f/i-oël, f/réel, grel; 3. le subst.
grêle, en tant que signifiant pierrette. Il se-
rait permis, vu le terme de blason ^n7/r/,
griUot^griUette =» grelot, de penser à grille.
Uidéc de claquer, cliquer, inhérente à crota-
/wm, revient dans le terme ^rc/ott«-, trembler
de froid, pr. claquer des dentés.
GRIiLOTTER, voy. Tart. préc.
6RÉMIAL, du L. grernium, giron.
GRÉMIL, genre de plantes, selon Ménage,
de granuni milii, Nicot consigne pour la
mémo plante la forme grenil, qu'il explique
par granilJum, petit grain.
GRENADE, prov. granada, du L. granata,
plur. de granatum sous-entendu malum,
pomme à grains. — D. grenadier, arbre qui
porte les grenades; grenadille. Du sing.
L. granatiim vient le terme grenat, nom
d'une pierre précieuse, de couleur rouge. Le
mot grenade, dans son acception de petit bou-
let creux que l'on remplit de poudre, a donné
grenadier, dénomination donnée primitive-
ment à un corps de fantassins créé pour lan-
cer des grenades.
GRENADIER, voy. l'art préc. — D. grena-
dière,
GRENAILLE, voy, grain. — D.grenailler.
GRENAISON. voy. grain,
GRENAT, voy. grenade. — D. grenatique.
GRENER, voy. grain. — D. grenelé}"; gre-
neler.
GRENETER, \oy.grenet\ — h.greneiis.
GRENIER, voy. grain.
GRENOUILLE, vfr. renonille, prov. grano-
Iha, it. ranocchia; du L. ranucula, ^.ranun-
cula, diminutif de rana (le simple rana se
trouve encore dans les patois sous les fonnes
raine, rane, etc.). Pour le g initial para-
gogiquc, cp. ii. gracimolo = racimolo, grappe
de raisin, fr. gri blette et autres. — D. gre-
fiotdller, grenottillàre, grenouillette,
GRENU, voy. grain.
GRES, j)ierro formée par Tagrégation de
petits grains de sable, BL. grcsiim; du vha.
griez,grioz, ail. mod. gries, pr. chose casi*éo
en dragées, gravier, gruau. De là : grêle, gn''-
sil (voy, grêle) ; gresiêre, gresserie. De grès
vient également l'instrument du vitrier appelé
grêsoir, in.strument qui sert à égruger les
extrémités d'un carreau de verre, ainsi que
les termes groison, craie blanche pulvérisée,
dont les mégissiers se .servent pour préj)a-
rer le jiarchemin et groisil, rognures de
cristal.
GRÉSIL, voy. grêle, — D. grésiller*.
GRlSILLER, déterminer un plissement, un
racorni.«scment, prov. ^r«<si7/iar; de la forme
j)rov. grasilh, gril ; grésiller est donc au fond
le même mot cpie griller. Nicot jMate gredil-
Icr, ce rjui a])puie une étvm. par craticidarc.
GRÉSOIR, v(.y. gns.
GRESSET, \oy. graissct.
GREVE, voy. grave 1 . On sait que la place
de la Grève, a Paiis, tire son nom do sa situa-
tion sur le bord ou la gi^ève de la Seine.
Comme c'était là que les ouvriers, ayant cessé
leur travail pour des griefs quelconques,
avaient coutume de se rassembler, se sont
produites les expressions se tenir ou se tnettj^
eîi grève, faire gr. et finalement le subst.
grève «= cessation de travail, coalition d'ou-
vriers. N'était cette origine historique et toute
moderne, on serait tenté de ramener le mot
au lat. gravaH, éprouver du malaise, se plain-
dre (d'où aussi grief), — D. gréviste,
GREVER, du L. gravare, m. s. — D. dé-
grever,
GRIBLETTE, modification de ribleite,
GRIBOUILLBR, = grabouilUr, voy. gra-
buge. Pour le rapport entre les radicaux yroô
et giHb, cp. claquer et cliquer; en ail. krat-
zen, gratter, et kritzen, aiy. kritzeln, gri-
bouiller, flam. krabbelen et hribbelen, angl.
scrable^ et scriblc,
GRIEGHE, dans pie-griêche, ortie-grièche.
Les différents dictionnaires dont je suis en-
touré définissent cet adjectif, les uns par nido,
piquant, les autres par sauvage, d'autres en-
voYe par bariolé. Pour tenter une étymologie,
il faudrait d'abord être d'accord sur le sens.
En attendant des renseignements positifs à
cet égard, je penche pour le sens « bariolé »•,
parce que l'ail, traduit pie-grièche par 6w)j/-
sj)€cht, langl. par siiechleil magpie. Quant à
l'étymologie, il faudra s'en tenir à celle de
grœcvs, indiquée déjà par Brunetto Latini et
(). de Serres, quoiqu'elle ne se justifie pas par
le .sens; Tangl. dit pour ortie-grièche greck
neitle, et V ortie grecque est en effet un tenue
de botaniste.
GRIEF, gref, fém. grève, griève, anc. adj.,
= jiénible, dangereux, grave, it. ^rer^, piw
greu; du L. gravis. L'adj. a dégagé le subst.
grief, cliasc qui pèse, qui peine, et qui par là
devient l'objet d'une plainte; l'ail, dit de même
beschxcerde, grief, de Tadj. schioer, pesant,
pénible; cp. xfr.pifsance, souci, j)eine. — D.
vfr. grcget' (cp. alléger de letis), d où nous
est resté cngrrger, rengrêger; subst, griètetê^
qui fait double emploi avec le terme savant
gravite. (Quand nous disons double emploi
dans des cas comme celui-ci, cola ne veut jwis
dire que nous méconnaissions les nuances jwr
lc\»<qnelles on a, dans l'usage, différencié les
deux termes.)
GRIFFE, verbe griffcT-, du vha. grif saisie
(au moyen âge aussi = griffe, serre i, subst.
verb. du vha. gri fan, ail. mod. grcifcn, sai-
sir. — Le subst. grijie, j). griffe et le verbe
grippci' empoigner, saisi i% se rattachent aux
variétés goth. greipan, ags. gripan, néerl.
grijpe7i, m. s. — D. griffrm, qui écrit mal,
comme avec des griffes ; s'agriffèr, s attaclici*
avec ses griffes.
1. GRIFFON, oiseau, it. griffo, gHfon*\
e.Kp. grifo, prov. grifà, du L. griphus (ypOi.
gi'iftbn, ycvTtoi, croi'hu). Du mémo primitif
viennent les noms d'oiseau, gHfj'ard, griffct.
2. GRIFFON, qui écrit mal, voy. griffe. —
D. griff'unnei\ -ùge.
GRIGNON, partie de la croûte du pain ou il
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GRI
— 255 —
GRI
est le plus cuit. Ce mot, d'après Dicz, est
formé de ffraignon, comme chignon de chai-
gnon, et vient du L. granum, grain. La
croûte serait la partie grenue du pain. Le
philologue allemand fonde sa conjecture sur
l'existence du n. prov. grignoim, le pépin d'un
raisin (cp. gtignoulé, sorte de raisin), qui
vient du même j)rimitif. Ce qui lui vient en
aide, c est que grignon signifie (ou signifiait)
aussi les croûtes et les morceaux de pain qui
restent d'un repas, ainsi que biscuit de mer
en morceaux. Le mot est directement issu de
grigne (p. graigne), encore en usage en Nor-
mandie ; de ce grtgne se sont produits : pic.
grigneites, croûtes graveleuses de pain, et le
verbe grignoter, croustiller, manger en ron-
geant; on disait aussi grignonner. Dicz rejette
formellement les étymologies tirées du L.
ri^Hfiy grincer les dents, ou de l'ail, rinde ou
grind, croûte. Chevallet rattache grignoter
au breton krina, ronger; Littrô, kgrigner,
en Berry sc= grincer les denLs(du vha.^nnan,
m, s.).«
6RI6N0TSR, voy. l'art, préc.
GRIGOU, pingre, avare, selon l'opinion
reçue, degrœciis, cat.greg, es^.griego, port
grego. Cp. pour la terminaison le terme de
marine grisou, vent grec. — Le rapport du
radical avec grec reste douteux. Quant à la
finale, elle rappelle celle de fiiou, gabeloii,
voyou et est de création populaire, son origine
est problématique; pour les uns, elle est =
fr. car, eu, pour les autres, BL. iilfus (ail,
oïf, ulf), qui est dans (loup) -garon, giiille-
dou(y. c. m.).
GRIL, voy. grille.
GRILLS, vfr. gratlie, graille (t p. ai, cp.
chignon, grignon); du L. craticula, BL. gra-
tiaUa, dimin. de a'otes. Ce dernier a laissé
les formes it., esp. grada, port, grade, =
grille, dimin. it. gradella, treillis, réservoir
de poissons, angl. grate, gril, grille. La
forme masc. gril répond au vfr, grail = L.
cixUiculus, — D. griller 1. faire cuire sur le
gril, brûler subitement par une chaleur vive,
de là grillade ; 2. fermer avec une grille ; de
là grillage.
GRQjLST, GRILLOT, voy. ^n^ grelot.
GRILLON, du L. gryllus (■/f.xiïUi). On di.sait
aussi grillot, d'où grilloter. L'anc. mot gré-
sil Ion parait être p. grel-sillon et formé sur
le modèle de oisillon, par un type intermé-
diaire gryllicelliis.
GRDIAGS, d'après Diez peut-être du nord.
gritna, masque, aussi sorcière, ags. gHma,
masque et fantôme (de là champ, grimarré,
sorcier). Le mot ne se rangerait-il pas mieux
sous le prov. grim. (voy. grime), qui signifie
affligée, triste, et qui est le primitif de^nma,
tristesse, grimar, s'affliger? Or, ce gnm dé-
rive du vha. grim, furieux, colère. Pour la
déduction des idées, on peut alléguer 1 . vfr.
granif graim, triste, it, gramo, prov. gram,
du vha. gram, en colère ; 2. prov. ira, cha-
grin, du L. ira, colère. Grimace, contorsion
de vLsage, ne serait-il pas aussi bien issu de
l'ail, grim que l'it. grimo, ridé, froncé (par
allusion à l'homme en colère)? Cet it. grimo,
d'ailleurs, est peut-être la source dii"ccte de
grimace. — D. grimacei\ grimacier.
1. GRIHAUD, écolier, voy. sous grimoire.
2. GRIMAUD, d'humeur chagrine, dér. do
grime. — D. grimaitder.
GRIMB, pr. homme chagrin, grognard
(d'où la valeur que le mot a reçue dans le lan-
gage du théâtre); il vient de l'it. grimo, au
front ridé, et par là du vha. grim ^voy. gri-
mace), — D. grimaxid ; se grimer, pr. se
rider, .s'arranger la figure pour jouer les
grimes (ce mot doit être d'une introduction
assez récente). Ou bien se gi'imer sorait-il
proprement = se noircir, et identique avec
l'angl. be-grime, v. flam. begriemcn, degrgm,
suie de cheminée?
GRUfBR (SB), voy, l'art, préc.
GRDfOIRÎB, {formulaire de sorcellerie; Diez
rapporte ce mot au nord, grima, sorcière,
déjà mentionné sous grimace. D'autres l'ex-
pliquent par l'it. rimario, livre de rimes (le g
initial serait paragogique comme dans gre-
nouille). Génin, approuvé par Litti-é, se fon-
dant sur l'ancienne orthographe grimaire et
gramare, identifie grimoire avec grammaire,
anc. =s étude du latin, et au fig. =» science
profonde. Diez objecte à cette hypothèse la
différence do genre. Pour nous, nous attri-
buons au mot, comme idée foncière, celle
d'une écriture indéchiffrable aux profan&s, et
nous sommes porté à y voir le dérivé d'un
verbe grimer que l'on rencontre dans les dia-
lectes avec le sens de gratter, mais dont nous
sommes incapable d'établir la pmvenance.
Grimoire deviendrait ainsi synonyme degrif'
fotiJiage. Ce primitif grimer = griffonner
explique en même temps les mots gritnaud et
gritnelin = écolier, pr. griffonneur.
GRUfPER, p. glimper, du vha. klimban,
ail. mod. Mimrten, m. s. ; ou bien grimper*
représente-t-il la forme nasalisée de griper
(le norm. et le wall. disent en effet griper p.
grimper) et vient-il ainsi des mêmes primitifs
germaniques indiqués sous gnffcf L'action.
grimper implique l'idée' de s'accrocher, de se
cramponner (voy. gramr) ; l'ail, klettern, m.
s., a également pour origine nn radical signi-
fiant s attacher. Cp. aussi l'it. arpicare de
arpa, griffe. — D. gHmpereau.
GRINCER, ^ïc.grincher, du vh&.grcmizôn,
nha. grinsen, m. s. — De là le terme popu-
laire ^ri/ïcA«<J7.
GMNGâLEP, {Kîtit, chétif (dans les trou-
vères, le mot désigne surtout un petit cheval).
D'après Chevallet, de l'ail, gering, petit, mi-
nime, chétif; étymologie peu satisfaisante.
On trouve aussi guingalet et gringalet parait
être altéré de guingalet fcp. fronde p. fonde).
Or, celui-ci vient médiatement, \iav guingal,
d'un radical guing; peut-être du même ({wx a
donné gui nguet. Buggo (Rom. III, 160) est
favorable à cette étym. et pense (jue co radical
^Kiii^ est germanique ; il allègue goth. cai-
nags, vha. wenag, misérable, chétif, mince,
petit (auj. toenig).
GRINGOLÉ, terme de blason -= qui se ter-
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GRI
— 256 —
GRO
mine en têtes de serpents, dites autrefois gar-
gouillc$s; du Tfr. gringole, fonne transpos^^
et nasalisée du Bl . gargxda, fr. gargouille.
\V»T. aussi dégringoler,
GRIHGOTER. Tfr. aussi gringeiioter, ga-
zouiller; d'origine inconnue.
GBINGUElIAnDE ; d'origine inconnue.
1. GBIOTTE; d'origine inconnue. Les uns
(Académie) définissent la griotte comme une
cerise plus douce que les autres, dautres
(Nicotj comme une cerise aigre); un troi-
sième parti prétend qu'il y a des griottes
aigres et des griottes douces. Cette confusion
me confiiTne dans l'opinion que la griotte
(appelée du reste aussi agrUAe), signifie origi-
nellement cerise sauvage et vient du grec
57pto, ou ày'^ii»TTHi. — D. griottier.
2. GRIOTTE, marbre tacheté de rouge et de
brun ; appelé ainsi d'après la cerise du même
nom.
GBIPPE. voy. Tai-t. suiv.
GBIPPER, du goth. greipan, nord, gripa,
néerl. grijpm = vlia. g ri f an (voy. sous
griffe), saisir. — D. grip^ = rapine, vol;
gripite, caprice, idée fugitive qui vous prend
subitement, mauvaise humeur (de là «* pren-
dre qqn. en grippe » et « se gripper »). aussi
accès de catarrhe; verbe agripper. Compo-
sés : grippe-sou; gHppe-minaud ^ = chat
grippcur.
GRIS, it. griso, grigio,e»\}., port, gris, BL.
griscus, grisius. Du vha. gris, qui a les che-
veux blancs (ail. niod. greis, vieillard). — D.
grisâtre; griset, jeune chardonneret; gri-
sette, étofie de laine grise, ]K)rtée par les
femmes de médiocre condition, puis, par mé-
tonymie, femme du commun, etc. : grison,
d^ on grisonner ; gr isard , grisaille^ ôioix gri-
saille}' ; verbe griser == rendre ^ri>, c.-à-d. un
])eu ivre (pour cette métaphore, cp. l'ail.
benebcln, pr. envelopper de nuages).
GRISETTE, voy. gris.
GRISOU, voy. grégeois, Littré en fait un
dérivé de gris, l'arrivée du grisou donnant
une teinte grisàti*e aux lumiéi*es.
GRIVE; mot d'origine obscure. Quelques-uns
ont pensé au son gri gri que cet oiseau fait
entendre ; d'autres le rangent sous la racine
gris. A côté de pareilles explications, j'oserais
bien risquer à mon tour une conjecture, en
faisant venir grive d'un type gripa, du verbe
grijtare, gripper. La grite serait l'oiseau
grippeur (cp. l'expr. oiseau de gi'ip) ; le nom
serait analogue à celui de l'oiseau dit proyer
(de proie). C'est bien aussi à un diminutif de
grijyare qu'il faut rattacher le verbe griveler,
faire de [>ctits profits illicites, û moins qu'on
ne préfère une origine du flam. kribbelen,
i*acler. L'adjectif ^rir<?/c^ (dans « plumage gri-
vclé »»), bigarré, tacheté, parait être un dérivé
de grive, d'où procèdent encore les noms d'oi-
seau grivelin, grivchtlc. — Génin, pour qui
Tadj. gris, tant comme nom de couleur, que
dans son acception de « ivre, » et surtout dans
cette dernière, rei)résentait le vfr. griu (pro-
noncez griv) = gra'CHs, avait beau jeu pour
en tirer le mot grive, puisque cet oiseau aime
beaucoup à firéc|uenter les vignes et à se gri^3er
(d'où le proverbe •* soûl comme une grive »•).
De ce même primitif ^riu, fém. grive, vien-
drait, d'après le même auteur, aussi grims,
soldat qui aime à boire. Ne pouvant admettre
la prémisse gris = griu, je dois rejeter les
étymologies qu'en a déduites le philologue
français.
GRIVELSR, voy. grive. — D. grivelée.
GRIVOIS, soldat éveillé et alerte, drille;
fém. grivoise, vivandière; de là le mot a prii»
l'acception • libre, hardi ». Ce vocable, qui
parait ne dater que de la fin du xvii* siècle,
serai t'il tiré de la^n'r^, l'oiseau maraudeur?
Littré déduit grivois de grivoise, « la râpe à
tabac, s'étant introduite parmi les troupes, fit
mode et ceux qui s'en servirent, reçurent le
nom de grivois ». Cela me sourit fort peu.
GRIVOISE, râpe â tabac. Pour faire l'éty-
mologie de ce mot, on a tout bonnement
attribué le premier usage du tabac ou de la
râpe à tabac aux grivois (v. c. m.). D'autres,
plus scnipuleux, ont songé à l'ail, reiheisen,
râpe, qu'en Suis.se on prononce rib-isen. Cette
étymologie est ingénieuse à la vérité et même
correcte (le^ prosthétique est aussi bien admis-
sible ici que dans grenouille, et pour la ter-
minaison, cp, tricoise), mais je ne voudrais en
garantir la vérité.
GROG, mot anglais. On raconte que l'ami-
ral Vemon ayant défendu aux matelots de
boire du rhum pur, ceux-ci, par dépit, appe-
lèrent le rhum baptisé d'eau d'après le sobri-
quet Old'Grog que portait l'amiral, à cause
de sa tunique en groffratn (gros grain). Voy.
l'Encyclopédie de Chalmers, 5. 113.
GROGNER, vfr. groigner, wall. gronni,
prov. gronchir, esp. gmhir, it. grugnirc,
grugnarc, du L. grunnire; le flam. groonent
et angl. groan, soupirer, sont d'extraction
germanique. — D subst. verbal groin (au
trefois monosyllabe), vfr. groing, prov. gronh,
it. grugno, pr. le grogneur, puis museau du
cochon ; grognai'd, grot/non. — Les gi'am-
mairiens citent, comme une forme antérieur
à grunnire, un verbe grundire; c'est de
celle-ci que nous sont venus le prov. grandir,
vfr. grondir, grondre et enfin gronda'.
GROIN, voy. grof/w*r.
GROISIL, GROISON, voy. grès.
GROLLE, nom d'oiseau, p. graule, du L.
graculus, gracUus; pour la résolution du c
en H (au lieu de i), Diez rappelle le vfr. seide
du L. sec'lum, scvculum. Autre est l'avis de
Ed. Meyer (Zeitschr. X, 172); selon lui, le
prototype latin est *graulus = gravxdus,
reste à décider si ce dimin. se rattache à
ravus gris ou à ravis enroué et si le g pros-
thétique est dû à l'influence de L. gracida. —
Je mentionne pour mémoire l'explication par
L. 'corvula, tentée par de Boucherie. — L'it.
gi'ola et flam. grol paraissent empruntés au
français.
GROMMELER, wall. groumî, = ail. grim-
mcn,grummcln, angl. grumble, flam. gnm-
mch'H . L'ancienne langue avait aussi (sans le
g initial j rummvlcr (dict. de Cot grave) j cp. le
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GRO
— 2S7 —
GRU
dan. rumlc, angl. mmble, flain. rommclen,
m. s.
GRONDER» voy. yrotjncr.
GROOM, mot anglais ; le vfr. gt-omme, (jro-
met (voy. f/onrme 2) est sans doute le mérae
mot, mais il serait difficile de décider sif/rœm
anglais est un emprunt fait au roman; les
linguistes anglais sont unanimes à le rappor-
ter à lags. et gotli. f/iima, vha. f/omo, homme
(avec épcuthèse de r).
1 . GROS, it. . ix)rt. f/ros^o, csp. f/riteso, prov.
f/ros^ du L. f/i'ossuSt qui pourrait bien n'avoir
rien de commun avec le germanique t/rot ou
f/ross, grand, UmiucI, toutefois, se retrouve
dans les formes f/ivt, f/roitt du Berry. — D.
f/rosscitr, grossesse; grosse 1. t. de com-
merce, 2. *» écriture eu gros caractères,
puis expédition d'un acte, opp. à la minute,
qui est écrite en caractères petits, menus
{minutus), d'où grossoyei' ; grossir, opp. dé-
grossir; grossier (v. c. m.).
2. GROS, monnaie, ail. groschen, du L.
grossus, épais, lourd, cp. sou do solidus. Le
Ims-all. g rot, ni. groot et angl. groat indi-
quent toutefois le bas-ail. grttt, grand.
GROSEimB, anc. groiselle, esp., cat. gro-
selha, à Cùme croscla, en i-ouchi gritsietc,
wall. grusale. Ne vient ni de l'adj. L. gros-
sus, gros, ni du subst. grossus, _^g\\e non
mure, mais de l'ail, krûusel dans hrànsefbeere,
= suéd. krusbar, néerl. kruisbe^ie {KWiaeii :
hroesbesie, iiva crispa, vulgo grossula, cro-
scla). Le radical hraus signifie crépu ; aussi
rit. rend-il ^ro*«7/<' par ur>a a-espa ou o*es-
piua. Clievallet place le mot dans lélément
celtique et cite écoss. groseid, irl. groisaid,
m. s. — L'étymologie germanique ne s'applique
naturellement qu'à la grosse groseille (nom
scientifique : grossularia spinosa, aussi ribes
grossularia, vulgairement on l'appelle gro-
seille à maquereaux, ptii*co qu'elle sert à
{ussaisonner le maquereau) ; c'est elle qui a la
surface crépue et épineuse; aussi les Alle-
mands rapjKdlont-ils plus souvent stachel-
bcere (baie à épines), les Flamands de môme
stekelfjejsie. Le nom s'est communiqué dans
la suite à la petite groseille qui vient \m\t
grappes fribes rubrum, ribes Juhannis). —
l^s Anglais appellent la grt>s.so groseille goo-
si-berry ; il est probable que ce goose est
lK>ur groose et rentre dans la famille des
mots germaniques ou romans que nous ve-
nons do citer. — D. groseillier, gnaeillon.
GROSSIER, dérivé de gros, Jadis, le mot
signifiait aussi marchand en gros, de là :
If rosser ii', commerce en gi*os ; mots conservés
dans rangl.//roc<!/', anc. m. s., auj. =- épicier,
et groccry, épiceries. — De grossier, au sens
moral, vient grossifTetr.
GROTESQUE, voy. grtdte,
GROÏTfi , i t . grtAta , csp , \tovi, gruta, prov.
crota, vfr. a'ote, du L. crypta (/^jurr), ca-
veau. Le type immédiat est une forme. L.
crupta, grupta, relevée en cflct par Ducangc
dans une charte de 887 ; de là s'est produit
grole, grotte, comme route, anc. rote, de
rupta. Raynouard a mal i-enconti-é pn expli-
quant le mot reman par cara rota (rota =
rupta), cave bri.sée. On est autorisé à croire
que fr. grotte vient direct, de l'italien. — Les
figures bizarres qui ont été trouvées, à Rome,
dans \qs> g^^tes ovx ruines do Titus, ont donné
lieuàTa^i. it. grotesco, d'où fi\ g t*otesqu(\
GROU, dim. grouettc, sol pierreux, p. grau,
voy. grave 1 . — Au môme radical se rattache
grouiiie, amas de gravier calcaire.
GROUILLER, du vha. grubilôn, bas-ail.
grubeln, fouiller, fourmiller, picoter entre
cuir et chair. Pour le sens « remuer, bou-
ger ». on pourrait i)eut-<'îtrc alléguer le nord.
krulla, brouiller, mettre en désordre. Encore
est-il possible que grouiller soit une contrac-
tion de gravouiller (dial. de Berry), qui à son
tour est une fonne tirée de graver comme
gral)ouiller (voy. sous grabuge), et vient do
l'ail, graben, creuser, fouiller (d'où le fr.
grater), — I-c picard grouiller signifie .s'af-
faisser et e.**t prob. d'une origine distincte;
peut-être, comme le pense Littré, une forme
po)mlaire de l'anc. crouller = crouler.
GROUP, voy. groupe.
GROUPE, it. groppo, gruppo, esp. grupo,
goru^H) (angl. gi'oup, monceau, d'où le fr.
group), prov. grop, nexus, nodus (Faidit).
Ces mots, dont le radical, exprimant •« chose
ramassée, monceau », .se rencontre dans un
grand nombre de mots, tant celtiques que
germaniques, appartiennent à la même fa-
mille que croupie (v, c. m.). Le mot fr. yiarait
être d'imjK^i'tation italienne. — Dans ce qui
pivcêdo, nous avons .suivi l'opinion de Diez ;
cependant nous nous demandons si l'it. grup^to
ne peut pas aussi bien découler direct, do
l'ail, klupiie, qui présente la même valeur
(choses i*ôunies, agglomérées), et dont la
forme nasalisée e.'it A/«//«yj*'n, m. s. Ce kluppe
est identique avec Tangl. club, réunion, su-
ciété. La jicrmutation de / et r après une gut-
turale serait-elle contraire au génie de la
langue italienne, p<jur que Diez n'ait pas cru
devoir établir ce rapport ? — D. grouper.
1. GRUAU, vfr. et angl gruel, l^L.grutel-
lion. De Tags. g rut, vha. gruzzi, ail. mod.
grittze, m. s ; l'ancienne langue avait //n<, la
forme radicale pure.
2. GRUAU, dim. de grue.
GRUE, L. grus, gruis, La valeur technolo-
gique, = machine pour soulever des charges
(dim. gruau), se rattache à une valeur ana-
logue du mot latin. Kn grec y!,oxvo,-, grue, dé-
signait également une machine : il en est de
même do l'ail, krahn et hra*dch, «jui ré|)on-
dent aux deux acceptions du mot français,
l^iissant à d'autres le soin d'examiner ce cpù
a pu faire nommer la machine d'après l'oi-
seau, nous rapjH'lons ici quelques autres
noms d'animaux désignant des machines :
L. corvus, fr. corbeau, machine de guerre;
mouton, bélier; angl. cock, ail. hahn, =* ro-
binet ; chien d'un fusil, etc. ; robinet de robin
(mouton .
GRUERIE, voy. gruyer.
GRUGER, angl. grudge. Le sens propre est
broyer, cas>cr en petits moreeaux (on gruge
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GUÉ
— 258 —
GUÉ
ainsi les saillies du granit) ; le sens grignoter
n'est qu'accessoire. Grandgagnage, se fondant
sur le waW. f/ruzt\ gi^eùsi^ tire le mot du bas-
ail, grusen^ flam. gruysen, broyer. — D.
gvugeur, -rie; c^s. égruger.
GRUME, vfr. = toute espèce de grain,
prov. grurriy grain de raisin, it., esp., port.
gnimo, du L. grtfmus, petit tas. De là grii-
meA\ grumeau, d'où grumeleux^ se grumeier,
— Quant à grume, écorce laissée sur le bois
coupé, j'en ignore l'origine.
GRUMEAU, w grume.
GRUMBLER, -EUX, voy. grume.
1 . GRUTER, officier ou juge en matière fo-
restière, du niha. gruo, vert, aussi verger ; cp.
le synonyme fr. verdicr, du L. virùlis, vert
L'explication rapportée par Bescherelle,
d'après laquelle gruger vient de grue, parce
que cet oiseau fait le guet pendant la nuit, ne
peut être ])rise au sérieux. — D. gruerie.
2-. GRUTER, dans « faucon gruger, faisan
gruyer t, est un dér. de grue,
GUANO, du mot péruvien huano, signifiant
fient« d'oiseaux, de mer.
GUÉ, vfr. ^i«t'/, icc^ prov. ^«a, it. guado,
du vlia. loat, nord, vad, m. s. ; verbe ^wt'Vr,
prov. guasar, it. guculure, du vha. voiitan, ail.
mod. watcn, m. s. — Coumie nous avons
d'autres exemples du diangcment du v initial
latin en y, gu, (cp. gai'uCf goupil, gui, etc.),
rien ii'euî pêche de dériver gué et les mots
correspondantes directement du L. vadum, en
admettant inlhicncc de la forme germani-
que.
GUEDE, vfr. gaide, waide, it. guado; du
vha. xoeit, ags. ràd, angl. loocw/, ail. mod.
\caid, m. s. L'insertion d'un 5 muet, si fré-
quente dans l'ancienne langue, d'où la forme
guesde, a donné lieu au HL. xoaisda, guas-
diu.m, guesdium; de là le wall. waiss p.
toaist, bleu royal. Chevallet .<e trompe en
identifiant gurde avec le L. gfaatum, glas-
trum ^Plimô, m. s. — D. gueder, teindre
avec la guède.
GUEDER, rassasier, soûler, wall. waidi,
paître; de l'ail, wriden, paître. — Littré pense
(pie c'est le même mot que guéder, teindre ;
ce serait traiter le corps comme le teinturier
traite uno étofi'e qu'il guhlc.
GUENILLE, du fiam. que ne ■•=^ vestis lanao
supcrior (Kiliaen) ; ce serait donc pr. un vieux
jupon. D'autres, maintenant le même trope,
explicpient le mot \ii\i' gonille \), goneile, c^x-
saqu<\ de vfr. goac, it. goéina, jupe. — D.
guenilUni, cnguenillc, déguenillé.
GUENIPE, femme malpropre et déréglée ;
daju'ès Diez, du v. fiam. knijpc, piège, at-
trape, knip, bordel U*p. l'ail, kncipe, i)ctit
cabaret). La forme employée dans le Dau-
\)\\n\<S C'A ganippa; c'est d'elle que procède
immédiatement le fr. g^nuiipe. Pour la forme,
cp. canif, delangl. knife.
GUENON, singe femelle ; d'après Frisch, du
vha. fjuena, femme, angl. queni; cp. it. ?non)ia
= guonon, contraction do madouna, — D.
guenvche, anc. aussi gueniche.
GUEPE, du L. vespa, sous l'influence peut-
être du vha. wefsa, ail. mod. icespc, cp. le
lorr. toisse (m =^ vha. w), champ, gouépe. —
D. guêpier.
GUERDON, vieux mot (conservé en anglais;
signifiant récompense, contracté de yfv.guer-
redon, = it. guiderdone, prov. guizardcu
guasardoii, esp. galardon (prob. p. gadar-
Ion), BL. loiderdonum. Ce mot reproduit le
vha. toidarlOn, récompense, (jui est une corn-
position de l'adv. widar, en retour, et du subst.
lôn, salaire. La liquide / a été convertie, imr
euphonie, peut-être sous l'influence du L. dit-
num, en d. Cette étym. est la seule scientifi-
quement admissible. — Chevallet, négligcam
les analogues étrangers et marchant sur les
traces de Ménage, rattache gverdon au vha.
werd, prix, valeur, auquel on aurait donné la
forijie latinisée tcerdo, -onis, Raynouard a
commis une autre erreur en faisant dériver le
l^rov. guajsardon degaza^ih, gain. Nicot rap-
])rochait guerdonner, récompenser, du gr.
xs/îôacivsiv, gagner; Caseneuve décomposait le
mot an guerre don, récompense accordée aux
hommes de guerre,
GUÈRE, et plus correctement, avec l'a* ad-
verbial, guères, vfr. guaires, waircs, wall.
wair, it. guari, prov.,cat. gaire. Cet adverbe
est .synonyme de inultum, et ne .signifie ;)tvt
que i>ar son a,sso<'iation avec la négation n". H
est d'extraction germanique. Diez lui assigne
pour origine le vha. loari, = L. verus, pri>
adverbialement dans le sens de probe, c.-à-d.
fortement, grandement. L'expr. « je ne l'es-
time guère »• équivaut donc jiropr. à « je no
l'estime (pas) fort » . De fort à beaucoup il n'y
a qu'un pas ; « je n'ai guère le temps » é<pii-
vaut à '«je n'ai pas beaucoup de temps « . On
a émis sur cet adverbe les plus singulières
conjectures, qu'il serait oiseux de ixîpix)duirc.
— Une seconde étymologie proposée par Diez
porte sur le vha. weigaro, beaucoup ; elle s«j
recommande surtout par la plus ancienne
forme prov du mot, qui est g aigre. — De la
locution impersonnelle il na {= ng a-
guéres, it. non ha guari, = il n'y a pas long-
temps de ça,, vient l'adv. naguère.
GUÉRET, vfr. gar'U, varet, prov. gara//,
esp. barbecho, se déduit très correctement du
L. veroactum, 13L. veractum,tevve en friche,
jachère (part, du verbe vercagere défricher).
GUÉRIDON, nom d'un meuble composé d'un
pilier et d'un plateau. Je n'ai aucune donnée
sur l'étymologie de ce mot, qui n'a de corres-
pondant ni en it.,ni en esp. D'après Ricliclet,
c'est un mot apporté d'Afriipie par les Proven-
çaux. On verra au suppl. de Littré (tomment
guih'idon, après avoir désigné un personnage
de facétie, puis uno espèce de vaudeville, puis
un personnage do vaudeville tenant un flam-
beau à la main, a fini par signifier un meuble
de salon.
GUERIR, vfr. warir, guarir,garir,\t. gua-
rire, guerire, prov. garir; du goth. warjaa,
vha. werjan, protéger, défendre, empêcher,
mettre en sûreté, ail. mod. wehrcn. — I).
guérison, sûreté, sauveté (vfr. garison, it.
guariglone)\ guérite (v. c. m.}.
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GUE
— 259 —
GUI
GUÉRITE (vfr. yarite, refuge, i-etraitc),
\iVO\ . f/uerida^ port, yuarita^ esp. garita^ pr.
lieu sur, où Ton se met « à garison ». Le mot
vient de //uérir, mettre en sûreté, abriter (v.
('. m.). La terminaison ite du mot fr. fait pen-
ser à une introduction italienne, comme pour
réussite; cependant, on a des raisons de croire
c|ue c'est plutôt du français que les Portugais
et les Espagnols ont tiré leur fonnc. Ces der-
niers ont une autre forme, plus conforme au
génie do leur langue, pour le môme vocable
pris dans son acception générale de refuge,
savoir guaiHda^ tandis que leur garita ne si-
{j^nifio que loge de sentinelle. De cette diver-
sité il faut inférer que garita leur vient d'une
fonne étrangère.
GUBRRE, it., esp., port,, prov. guerray
iingl. M?ar< anc. angl. et anc.flam. loerrc); du
vha. icerra^ dispute, querelle. — D. guerrier
Tanc. =r adversaire) ; //we/Toyer, vfr gnerier;
fîgueî'rir,
GUET, vfr. fém. gaite, guette, prov. maso.
f/uach, gayt, fém. guaita ; subst. verbal du
verbe guetter, vfr loaiter, guaiter, it. guai'
tare, guatare, prov. guaitar. Co verbe* est le
correspondant roman du vha. wahten, faire
la garde (angl. xoait , subst. toahta (auj.
tcacht). Composé avec le préf. a : it. aggua-
tare, esp., prov. cu/uaitar, vfr. of/uetier, rou-
clii agueter, wall. awaiti, d'où subst. it.
ftguato, esp. agait, fr. agikt. Le composé
guet-apetis, autrefois g uet-apensc, signiûe litt.
guet ))réinédité ; apcnser est un composé hors
d'usage de penser. — D'après d'Arbois do
•lubainville, guetter vient directement du
franc cac^a, garde, qu'on trouve dans plu-
sieurs^ textes carlovingiens.
GUETRE; IV fait souvent défaut: ainsi le
languedocien agueto, le wall. guett, le champ.
guéte, etc. L'origine de ce vocable est incer-
taine ; on a proposé le breton gtoehren, m. s.
Diez, rapprochant l'it. guattera, récureuse, le
vénitien guaterone, lambeau de drap, vfr.
gaitreux, misérable, déguenillé, suppose à
guêtre une .signification primordiale « mor-
ceau de drap ». Ne serait-ce pas tout bonne-
ment le L. testisy ou plutôt l'ail, weste, veste,
pris dans une acception spéciale? L'r serait
intercalaire,
GUETTER, voy. guet.
1. GUEULE. L.gula. — D. gueuler, -ard,
'*'e: gueuleton; vgueuler, casser la bouche
d'un vase; dêgueidei', vomir; engueuler, crier
contre. Voy. aussi goule.
2. GUEULES, angl. gules, terme de blason
=» rouge; Ducangc le rai)porte au BL.
gulœ, vfr. goule, collet ou bordures de pelle-
teries, généralement teintes en rouge ; selon
d'autres, du pei*san gui = rose, ou bien «ne
contraction du L. conchglium, pourpre. Nicot
explique le terme par gueule = L. gula,
parce que le dedans de la bouche est ver-
meil et rouge C'est là l'origine la plus accep-
table.
GUEUSE, en métallurgie, ** grande, grosse
et lourde masse dp fer » (Nicot). Je ne sais
d'où vient ce mot; peut-être du flam. gugscu,
«= effluere cum murmure seu strepitu (Kil.).
Le moule d'oii la gueuse sort s'appelant de la
même manièi'e, on pourrait aussi proposer
vfr. gueuse, gosier, fig. canal, conduit. Génin
voit dans gueuse le vfr. queux, gueuse, pierre
à repasser, qui est le L cos, cotis; la brique
de fer fondu aurait été ainsi nommée à cause
de la ressemblance de forme, l'un et l'autre
représentant un carré allongé. — L'expres-
sion ail. gusseisen, fer de fonte, fait penser à
l'ail, guss, action de verser, couler, mais la
letti^ fait difficulté ; le suéd. gos, m. s., parait
empnmté du français. L'ail, dit gans p.
gueuse, donc pr. oie ; cela nous dirige vere
l'angl. goose, oie, qui signifie aussi par assi-
milation de forme le carreau des tailleui*s.
Mais cette étymologie manque de tout appui
historique.
GUEUX, mendiant, misérable. On n'est pas
d'accord sur l'origine de ce mot. Barbazan le
rattachait au vfr. gueuse, gosier ; un gueux
serait pr. un affamé ou vorace. D'autres ont
songé à queux = L. coquus; c'est ce qui sou-
rit le plus, vu l'analogie de coquin et vu l'or-
thographe'^leciu? p. queux ^ cuisinier, con-
statée dans Olivier de la Marche. Le parti
politique et religieux qui s'est soulevé au
XVI* siècle dans les Pays-Ba.s cx)ntre le gou-
vernement espagnol a pris son nom du mot
français; les savants qui, de nos jours, dans
un sens contraire, ont voulu faire dériver le
dernier du nom de ce parti, paraissent ignorer
les circx)nstances dans lesquelles les nobles
flamands se sont affublés des insignes de la
gueuserie. G. Paris (Chansons du xv* siècle,
p. 1 29 j rejette positivement l'identité du mot
avec queux (= L. coquus); l'orthographe
gueux dans Olivier de la Marche, cité par
Littré, est, dit-il, une faute de copie ou de lec-
ture, p. queux. Le sens primitif est non pas
tt mendiant •* , mais « compagnon » et rappelle
le gayeux ein ployé avec le même sens dans le
Jargon de Villon. — D. gueuser, gueuserie,
gueusaille.
GUI, it., esp. msco, cat. vesc, du L. vis-
eus, m. s.
GUICHET, anc. guischet, prov. guisquet,
petite ])orte pratiquée dans une grande. On
explitjue souvent ce mot comme un dimin. de
huis, porte (= L. ostium), maia la forme vfr.
wiket (d'où l'angl. wicket, flam. loiket, toinc-
ket, m. s.) s'y refuse. Guichet vient du nord.
rik, cachette, ags. rAc. — D. guichetier.
GUIDE, masc. et fém., it. guida, esp. g fia,
\tVO\\ guida, guit, yfv.guit; subst. verbal de
guidei\ vfr. guicr, it. guidare, esp., ix)rt.
guiar, prov. guidar,guizar, guiar. L'origine
de ce verbe reste doutcus<î. Malgré la rareté
de la permutation du t goth. avec le d roman
(cp. goth. hatan, devenu hadir, haïr), Diez
s'adresse au goth. vitan, observer, garder.
Pour le sens, il se pi-évaut de l'it. scorgere,
qui réunit également les acceptions observer
et guider ; il rappelle aussi le subst. ags. vita,
= ancien et conseiller. Parmi diverses autres
l)ropositions étymologiques, nous ne croyons
devoir accueillir que les deux suivantes : Bugge
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GUI
260
GUI
(Roin., 111, 150) s adresse au noms vita (lo
correspondant du goth. vUaa) dans son accep-
tion « signifier, pi-ésager, indiquer « . Le sens
fondamental du verbe serait donc •« indiquer
le chemin «. Settegast (Roman. Forscliun-
gen, I; pense au L. vitare^ éviter, se garder.
Four terminer, rappelons la remarque de
Paris (Rom., XII, 133), que le mot f/uider de
la langue moderne est pris à l'italien ; la lan-
gue ancienne disait régulièrement f/iiyer, —
I). gt'.idim, i)cut-étre le cas- régime du vfr.
f/uitf peut-être aussi un déiivé à la manière
deplaiiton. Le terme de marine ou de poche
f/iiidcau est un composé de f/uider + eau.
GUIGNARD, oiseau dont la chair est très
délicate; d'après Ménage, du nom de Jean
Gui f// tard, bourgeois de Chartres, lequel, le
premier, reconnut la délicatesse de rot oiseau
en 1542. .le donne le fait comme je le trouve,
à défaut d'autres ressources.
GUIGNE, auc .//«'/« c% f/uisnc^ gr. mod.Stuvov,
valaque t'Wï^t', it. r/jfcio/a; toutes ces formes
paraissent être des altérations du vha. vcih-
scla^nw]. toeichsei, griotte. La f orme {v.f/uisne
serait alors la bonne, et représenterait une
vontvart'ion de f/uisine. — D.f/utf/nier.
GUIGNER, regarder du coin de l'œil, pic.
f/itenier, it. //hif/nare, sr/hif/nare, sourire en
secret, esp. f/uinar^ prov. f/uinhat\ = gui-
j^ner, port*.//Mf»a/*, s'écarter du chemin, aller
décote. L'étymologievha. winkjan, ail. iiiod.
triuken, faire un signe, présenterait une diffi-
culté s<' rieuse, c'est que, contre les règles, le
h niédial aurait subi la syncope. Il n'y a que
lafonne norm. gi'.incher^ lancer des œillades,
qui s'accommoderait de ce primitif. Diez re-
jette de même Tags. f/inian, nord, f/ùia» vha.
f/inôiif ouvrir la bouche, d'où se .seraient dé-
gagées les acceptions « suivre des yeux, lor-
gner, épier, regarder de travers ». . Il donne en
définitive la préférence au vha. fiinan = adri-
dere. Le basque quehua, hhehiua, signe de
tête, porte le caractère d'un emprunt fait au
roman, et ne peut donc être invoqué . L'angl .
squinc^ fonne secondaire de squint^ loucher,
ne convient pas non plus, à cau.se de son ini-
tiale. — D. f/uif/)ion (v. c. 111.).
GUIGNON, mauvaise chance, surtout au jeu.
D'origine douteuse. Ménage le fait venir de
f/HÛ/ner, à cause des fascinations qui se font
avec les yeux ; il cite à cet effet l'esp. aojar(dQ
njOf ceil) = ensorceler par le regard. Cette
étymologie est approuvée par de La Mon noyé
en ces termes : « Cette manière de regarder
du coin de l'u.'il, attribuée à l'envie, a do tout
temps passé pour une espèce de fascination
qui portait malheur; Horace, Kpist. 1, 14:
Non Islic oWtV/HO ww/omcacoinmodaquisqiiam
Liiiiul. .. n
\Vedg\vood (Rom., VIII, 437) reconnaît dans
notre mot l'anc. angl. wariion, malc-chance,
qui vient du verbe anc. angl. wanien, aiij.
tcuétCf décroître (en parlant de la lune). Le
déclin de la lune est considéré comme une pé-
riode de mauvaise influence. Pour notre part,
nous dirons tout court : f/Hif/non est le coup
d'œil jaloux du destin, et vient de gnigncr,
regarder du coin de l'œil.
GUILÉE, wall. walaie, p. loaslaic; d'après
Diez, dér. du vha. tocusal, pluie.
GUILLEDIN, cheval hongre, de l'angl.
f/cJdiHf/f qui vient du verbe peld, châtrer;
cp flam. e/helte, ffi/Ue, = porca castrata (Ki-
liaen).
GUILLEDOU ; d'origine douteuse. Voyez à
ce sujet les Curiosités de Nisard, qui identifie
guilledou avec f/uilledin, cheval, la prosti-
tuée ayant été comparée à une monture.
D'après Bugge, courir le guilledou dit la
même chose qu'autrefois courir le gai'ou.
Guilledou est un terme mythyque du paga-
nisme germanique et répond à un mot norois
'kveldulfr, vha. *chwiltixoolf *kiUvoolf =
homme qui se transforme en loup depuis le
coucher du soleil. Cette dérivation séduisante
est appuyée d'excellentes pieuves, tant histo-
riques que phonétiques (Rom., III, 151).
GUILLEMET, du nom du premier impri-
meur qui s'est servi de ce signe typogra-
phique.
1. GUILLER, fermenter, jeter sa levure, en
parlant de la bière : c'est une contraction de
guesillcry et par là dérivé du wall. guése„ le-
vure de bière; ce dernier représente le nord.
gàsa, ail. mod. gûren^ fermenter. — Litti-o
invoque aussi le brct. //ot7, fermenter. — Btiggc
tient le mot pour emprunté à l'équivalent hoîl.
gijlan, qui, à son tour, a, dans les langues
germaniques, une nombreuse parenté et ne
peut donc être emprunté au français. Il peut
avoir raison ; toujours est-il que 1'/ mouillé,
dans ce cas, n'est pas correct, mais il ne Test
pas davantage, parait-il, dans le guiller qui
suit. — D. guilloire,
2. GUILLER, tromper, prov. guilar; subst.
vfr. guilh\ guile, ruse, fourberie. Le mot
guille rimait jadis avec évangile; Diez en
conclut que 17 ne ixMit être considéré comme
mouillé; c'est ce qui le détermine à rejeter
l'étymologic tirée du nord, vigla, mettre en
désordre ou ags. riglian, faire de la sorcel-
lerie (il faudrait néces.sai rement une forme
prov. /yï</7Aar), et à adopter celle de Tags. vile,
angl. toile et gui le, m. s. Diefenbach cite
aussi le cyinr. gwilf brct. //w?i7, voleur.
GUILLERET, gai, un peu libre; étymologie
inconnue. Y aurait-il rapjwrt avec guilla-i,
chant de moineau, ou avec le goth. guilhati,
réjouir ?
GUILLERI, chant du moineau. Onomato-
pée? D'après Bugge (Rom., III, 152), ])eut-
être \)o\\v guiddc7'i (à peu près comme ciga/e
= cicada, it. filera =« hedera), qui rappelle
suéd. quHtra, gazouiller, dan. kviddrc, écoss.
quitter, ail. (patois) kittern, quitter et,
GUILLOGHER, selon Ménage, du nom d'un
ouvrier nommé Guillot (Brachct dit Guil-
loche), qui aurait été Tinventeur de ce genre
d'ornement. — D. guillocheur, -is.
GUILLOTINE, du nom de l'inventeur, le
médecin Guillutin (mort on 1814). — D. guil^
lotiner.
GUIMAUVE, voy. mcwxisquc
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GUI
— 261 —
GYP
GUIMBARDE; Gônin pense que c'est l'ono-
matopée ffuim-ffuim, jointe à la terminaison
art/, qui réunit les idées d'habitude et de mé-
pris ou de blâme. Lt/re f/itim barde, musique
f/uùnbarde, é<|uivaudrait à « qui reproduit
constamment le son monotone f/iiim-r/inm n ;
le b serait adventice pour l'euphonie. Le spi-
rituel philologue ajoute à cette explication
fort hasardeuse : « si non, his utere mecum ^.
Sa conjecture est cependant plus près d'obte-
nir notre assentiment que l'idée de ceux qui
attribuent le nom de f/iiimbanle à M. le con-
seiller aulique Guimbard de Nuremberg! —
D'autres pi*étendent que c'est un mot breton
signifiant abeille chantante. — Le mot ijuim-
barde signifie aussi un gros chariot à quatre
roues et couvert ; serait-ce également en sou-
venir de son invention par quelque conseiller
Guimbard?
OUIHPS, anc. f/iiimph\ angl. wimpJc,
prov. ffimpia, voile, fichu ; du vlia. wimj}al,
habillement léger pour l'été, nha. loimpei,
banderole, guimpe. La racine du mot ail.
parait signifier «tlotter dans les airs ». — D.
f/nihiper, faire prendre le voile.
6UINDER, hisser par le moyen d'une ma-
chine, it. ffhindare, esp., port. //i«War; de
l'ail, winden^ rouler, guinder, angl. tcùuL —
De là : it. f/uiudoin^ esp. f/uindolat fr. r/nin-
dre, petit métier pour doubler les soies filées,
et i/uindoulc, machine pour décharger un
vaisseau ; r/uinde, nom d'une petite presse à
moulinet et sans vis ; f/uindalf f/iiindeau ; les
formes //nindas et vvidas sont importées du
néerl. v>indas (= ail. wind-achsc), p. l'arbre
duguindal. — De gHindei\ au sens figuré,
aflecter trop d'élévation. M"® de Sévigné a
ioÀiffuindeine.
GUINÉE, monnaie d'or anglaise, ainsi nom-
mée pares (pi'elle fut fabriquée, dans son
origine, avec l'or que les Anglais avaient
apporté de la Guinée.
GUINGOIS, inégalité, obliquité; d'après
Diez, du nord, hintjr ^ courbure, flexion;,
coin ; le mot serait ainsi pour qv.infjois^ et la
terminaison oia repré^-^entorait le suffixe latin
ensis. Le picard n gninfionin.
GUINGUET, GUINGUETTE, voy. (jinfjxiet,
GUIPER me semble venir de l'angl. tchip^
surjeter, plutôt que du goth. veipan, bordeT
en rond (ornement circulaire) ou l'ail, webeii,
tisser, proposés par Diez. Le subst. angl.
f/imp u a kind of lace made of threads whipped
or twisted round with silk »» reproduit le ra-
dical français sous forme nasalisée (cp. fr.
f/ibelet, angl. f/imblet). — Le terme de marine
f/nipon se rattache prob. à l'ags. wipian,
angl. wipe, nettoyer.
GUIRLANDE, it. ghirlanda, esp., port,
ffiiinialda, v. esp. garlaiida, port, aussi gri-
fialda, prov.. cat. garlanda, angl. garJand.
Les dérivations usuelles de giritlare, virvlare
(diminutifs imaginaires de girare, xÂrare) ne
sont guère recommandables. Mieux vaut l'éty-
mologie de Frisch.qui rapporte //««Wawrfr au
mha. wierelen, border (vha. wiara, cou-
ronne); le suffixe serait le même que celui de
girande, d'où girandole. Chevallet pose une
dérivation celtique, et part d'une racine //loyr,
courbé. Reste à savoir si la deuxième partie
du mot peut être déduite du celtique, car il
est plus que probable que le bret. garlantes,
gaél. gtoyrloi, = guirlande, sont d'importa-
tion romane. — D. guirlander,
GUISARME, vfr. au.ssi gisarme, gissarme,
jusanne, prov. gazarma, jusanna^ it. giu-
sur ma; notons encore vfr. wisarme, visarme,
bisarme, v. esp. bisarma, v. angl. gisarm,
ggsarn. On est aussi peu d'accord sur la défi-
nition que sur Tétymologie de ce mot. Gîichet
démontre Tanc. synonymie du mot avecpaff'itt,
qui était une hache à deux tranchants ; do là
s'explique peut-être la variété de forme bi-
sarme, pour ainsi dire double arme (de bisarme
on peut tirer //Kwarme; cp. guimaiœe de bi^-
maiva). C'était en tous cas une arme tran-
chante et probablement, dans le principe, une
arme en forme de faux. Diez conjecture,
comme primitif, le vha./7e^-i>ar/i(=all.mod.
gnt'Cisen, fer à sarcler), par lequel on traduit
dans les vieux glossaires latins-allemands le
L. faix on falcastriim, et qui pouvait facile-
ment se défigurer en getsama, gisarna, puis,
sous l'influence du mot roman arma, en gui-
sarma. La fréquence de la permutation entre
les initiales gu, g et to, dans le domaine fran
çais (c'est ainsi que l'on trouve tour à tour
guivre, givre, wivre; gachidre, jachih'e, voa-
quirrc) a pu motiver la multiplicité des formes
de ce mot. — Gachet admet pour primitif le
BL. gtjsarum, qui, d'après lui, est une forme
allongée de ^£p*«»î, javelot; nous n'oserions
lui donner raison.
GUISE, it., esp., port., prov., <7?«>a. du vha.
wisa, ail. mod. weise, manière. — D. déguiser,
changer de manière, de costume.
GUITARE (vfr. guUerne, guinterne), it.
chitai^a, esp., port., prov. guitarra; du gr.
xi^xpa. — D. guitariste. — Du latin cithara
(avec c chuintant) dérivent les fonnes it. ce-
tera, cctra, prov. cidra, citala, vfr. citarc,
citole, ail. cither.
GUITRAN, voy. goudron.
GUIVRE. serpent, voy. gin-e 2.
GUMENE. voy. gomhie.
GUSTATION, dû L.gustare, goûter; gustnel
(Brillat-Savarii)), mot savant, tiré du L. gus-
tus, goût.
GUTTA-PEROHA. mot forgé par les Anglais
du malais : getahpffiHjah, litt. gomme de Su-
matra.
GUTTURAL, L. gutturalis (de guttur, go-
sier).
GTMNASE, du gr. yu,uvâc7i9y, lieu destiné
aux exercices de corps, qui se faisaient à nu-
corps (de là le nom ; vv.uvd; = nu ). — Du verbe
grecyuavijîiv. faire dcscxercices de corps, vien-
nent encore : subst. ywavaçTiî;, fr. gy)nnaste,
adj. vyav«7ri/o;, fr. gymnastique.
GYNÉCÉE, du gr. yuvTixù^v, appartement
réservé aux femmes (/uv^ï/s;)
GYPSE, du L. f/ypsum (gr. yuio;). pierre à
plâtre. L'ail, gipset li.gesso signifient plâtre.
— D. gypseux.
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HAC
— 262
IIÂI
H
HABITjB (fonne savante moderne p. vfr.
able)^ it. ahile, prov. nbiUi^ angl. able, apte,
propre, convenable, adroit, intelligent, du
mot latin haJbilis (habere), qui avait de môme
dc^gagé ces diverses acceptions figurées du
sens primordial : facile à tenir ou à mettre
(« calcei habiles *•). commode, approprié (jmr
là synonyme de aptus et idoncHs). — D. habi-
leti}, et comme terme savant de jurisprudence
habilité^ L. habilitas; inhabile, L. inhabilis,
et malhabile, — De habilis vient BL, habili-
tare, rendre habile ou apte, fr. habiliter
(terme de droit), cp. faciliter de facile, Voy.
aussi habiller,
HABILITER, voy. habile. Cps. réhabiliter,
HABILLER, d'où svài^i. habillement. Le subst.
BL. habilimentum, préparatifs militaires,
équipement (angl. habiliments, m. s.), pré-
suppose un verbe habilire, dont les accep-
tions étaient rendre habile, mettre en état,
apprêter, façonner, disposer pour un but dé-
terminé, arranger, vêtir. Une filiation analo-
gue se remai-que dans le verbe dresser (angl.
dress), pr. diriger vers un but, disposer,
arranger, puis (en angl. du moins) habiller.
Cependant, notre habiller (prov. habilhar,
esp. habillar), ne répond pas à la forme halH'
lire, mais à celle de habillare; or, celle-ci ne
peut remonter à habilis, mais à. un adj. bar-
bare équivalent halnlus, habillus. — L'accep-
tion ancienne apprêter, préparer a survécu
dans les cxpr. « habiller du chanvre, de la
volaille, etc. «, et surtout dans le subst. habil-
loge. Habiller s'employait anc. aussi au sens
d'iiabituer ; ainsi Jean Lemaire des Belges, I,
236. — La dérivation de habitas, par l'inter-
médiaire d'une forme barbare habitulare, ne
mérite aucune créance. — D. habillement ;
df^shabillpr.
HABIT, du L. habitus (habere), sign. : ma-
nière d'être habituelle, état, constitution,
ap))aronce extérieure, puis habillement, cos-
tume, miso. Pour le développement de l'idée,
cp. gr. i/r.fjLx (s^oi), manière d'être et vête-
ment, lofr. costume, de consuetudo, coutume,
et fr. f/iiise (dans dêtfuiser), pr. manière. Au
.«îens premier du primitif latin ressortissent
les dérivés : habitude, L. habitudo ; habituel,
L. habitualis*, habituet\ L. habituare'.
HABITER, du L. habitare (habere), pr. te-
nir, occuper. — D. habitable, L. -abilis;
habitant-, habitation, L.-atio(m. s.); habita-
cle, L. habitaculum. — L'anc. langue avait
aussi un subst. verbal habit = habitation,
maison.
HABITUDE, HABITUEL, HABITUER, voy.
habit.
HABLER (le circonflexe est de trop), de
l'esp. hablar, parler, qui reproduit L. fabu-
lari.
HACHE, i-épond, d'après Diez, à l'ail, ou au
néerl. hache, houe, pioche (verbe hache»,
hacher) et c'est du mot français que viendraient ,
d'après lui, les formes it accia, asza, esp.
hachât port, fâcha, hacha, prov. apcha, p.
acha, L'étymologie tirée du L. ojcia, doloii-e,
est fausse pour hache, mais elle convient à
rit. ascia et prov. aissa. — L'opinion de Diez
«st contestée par Fôrster (Ztschr., III, 264;
VI, 111); selon lui, le seul type qui explique
toutes les formes romanes est ail. "fiaj^à,
devenu vha. happa, auj. happe, heppe, hippe
(faux, faucille, serpette). — D. hachot, ha-
chette, hachereau ; hacher (pic. héqucr), ha-
choir, -is, -ure.
HAGARD, angl. haggard, farouche; s'appli-
quait d'abord au faucon," qui n'est de l'année,
ains ha plus d'une mue et a longuement esté
à luy, qui a esté prins de repaire ou au pas-
sage et est le contraire de sor » (Nicot'i.
D'après Diez, c'est un mot que les Normands
français auraient forgé du v. angl. hauke
(auj. hatoh) au moyen du suflUxe iiéjoi-atif
ard (cp. busard); le nord. AaA-r, tête chaude,
dit Diez, présenterait toutefois un primitif
tout aussi acceptable. Huet tirait le mot de
l'ail, hag, clôture, haie, lieu fortifié, « propre
à rendre fier celui qui l'a pour défense ».
Litti'é reprend cette étymologie, mais en l'ex-
pliquant autrement : « le faucon hagard, dit
un auteur du xiv* siècle, est celui qui mue de
haie, c est-à-dire dans les haies (ail. hag) et
non en domesticité. » — L'ail, (dial. de Mrmt-
béliard) présente également la forme hagart,
pour faucon hagard, et Grimm l'interprète
par hag-hart, fort à la défense. De hagart-
falk le peuple allemand a fait hager-falk, en
lui donnant ainsi l'air de signifier faucon
maigre {hager},
HA6I0GRAPHE, qui écrit sur les saints
(â/itç, saint). — D. hagiographie, -ique,
HAIE, BL. haga, haia, du fiam. haeghe,
ou du vha. hag, ail. mod. hag, clôture, pr.
lieu épineux, plein de ronces et de haies. —
D. vfr. haier, clôturer.
HAILLON, par hacrion, dérivé du mha.
hadel, ail. mod. hader, m. s.
HAIM, hameçon, vfr. ain, ham, cat. am^
it. amo. Du latin hamus, m. s. — D. /lame-
çon (v. cm.).
HAINE, anc. haïne, voy. haïr. — D. hai-
neux,
HAÏR, vfr. hadir; du goth. hatan, vha. ha-
san, ail. mod. hassen, angl. ?uUe, ou plut^^t,
vu la tenninaison en ir, de l'ags. hatian, v.
frison hatia. Cette explication satisfait pleine-
ment, et Diez, en la présentant, a eu raison de
passer sous silence une opinion qui, dès 1869.
s'était fait jour dans le Jahrbuch fQr rom. Lit.
{X, 191) et que je ne reproduis ici que comme
un échantillon des écarts où les hommes les
plus feri^s en science phonétique se laissent
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IIAL
263
HAM
parfois entraîner : d'après M. Bœhmer, fr.
haïr découle du latin fastidire par les étapes
suivantes : hassnh'r, hasdir, hadir, haïr ;
cola vous est prouvé par a -\~ b, non pas en se
jouant des règles, mais en jouant avec elles.
— D. hnïne^ d'où haînCy vfr. aussi haenge,
hiior, — Il faut séparer do notre haïr les
subst. pruv. azh\ vfr. aïr^ colère; ils sont
tirés du verbe azivar^ atrej\ qui représente
lat. adirnre, mettre en colère.
HAIRE, du vha. hàra^ nord, haera, tissu
de crin ou de poil (ail. haar = cheveu). Dans
l'ancienne langue, le mot avait pris aussi
l'acception fifrurée peine, ennui, tourment,
doù le verbe hurier', tourmenter.
HâLBRAN, jeune canard sauvage, esp. al
bran. Diez rejette, comme purement imagi-
naire, Tétymologie x)i-,^i-jBoi = oiseau de mer.
proposée par les ètymologistes anciens. Il
pense, comme Le Duchat, que le mot est d'ex-
traction germanique. Dans quelques dialectes
français, on désigne i)ar halbran, haie-
brandy etc., le môme oiseau que les Alle-
mands, à raison de sa petitesse, appellent
hnlb'Ciite (litt. demi-canard) et les Néerlan-
dais middeUend (litt. canard moyen), c'est-à-
dire l'oiseau appelé par les naturalistes «anas
querquedula »» (cp. en v. flam. Tialf-vof/hel,
pr. demi-oiseau, == anaticula, brontus). Au
lieu de hdh-etit, on a pu dire halbcr-ent (eut
étant masculin dans le mha. j. De là s'explique
la forme française à merveiile. — D. halbrené
(V. c. m.).
HALBRENÉ, au propre ^ qui a des plumes
rompues, au tig. = en mauvais état, mouillé,
déguenillé. Le faucon liai brené, dit Littré,est
celui qui s est cassé des plumes en chassant le
halbran. On dit aussi halbrener p. chasser
aux canards sauvages. — Il est difficile de sé-
parer haibreiié de halbran ; cependant, cette
dérivation présente l'in-égularitt^ de négliger
le t final étymologique du primitif. Cp. fai-
sander, de \*fr. faisant. D'autre part, le pa.s-
sage de Montaigne, cité par Littré: « liaras.sez
et halbrenez de travail et do faim » rend le
rapport avec halln^an bien suspect.
/\
HALE, air sec et brûlant; d'après Diez, du
flam. haely sec, brûlant. Si cette étymologie
est juste, il faut admettre que 1';? est épenthé-
tique et non radical dans le vfr. haslc^ par
conséquent aussi muet. Cependant, ptiisqu'il
a subi la transformation en r dans harle
«autre forme courante au moyen âge), il faut
conclure que cette lettre était prononcée et
radicale. Les formes successives .seraient :
hasU^ harïe, halle, hàle (cp. mesler, merler,
rneller, mrler; vaslet, varht, vallet, valet). —
Chevallet allègue le gallois hnul, soleil, mais
l'ela ne lève pas la difficulté signalée, tout en
•se recommandant plus que le aiio,- de H. Es-
ticnne, ou le à)»» (chaleur du soleil; de Case-
««Mive. Ménage proposait : L. assum (r6ti),
d'où assulion, hasle, hàle. — D. verbe hâler,
vfr. hasler, harlcr, haller, wall. aurler (des-
stVher); haloir, séchoir.
HALSINE, it. alena^ lena, prov. alena;
subst. du \Qvhe\t.àlcnare, prov.,cat. aJenar,
fr. haleiner\ halener. Ces formes sont le pro-
duit d'une transposition des liquides radicales
et viennent du L. anhelare^ respirer; on
trouve de même les formes plus correctes it.
anelare, esp. anhelar, prov. anelar. — Littré
préfère pour type halenare, dérivé de hnlare,
.souffler ; mais la grande rareté d'une dériva-
tion par le suffixe ena rend cette et. fort pro-
blématique, d'autant plus qu'elle est inutile.
HALENER, voy. haleine. — D. halenéc.
1. HALER. esp. halar, du nord, hala,
vha. halôn, ni. haalen^ angl. hale^ haul,
tirer.
2. HALER, exciter (un chien); de l'anc. in-
terjection halle « an interjection of cheering
or seiting on of a dog « (Cotgrave). L'angl. a
hallnn à la fois comme verbe et comme inter-
jection.
HALER, voy. hâle.
HALETER, it. alitare, du L. halitare
(halare).
HALITUEUX, du L. halitus, -us, .««ouffle.
HALLALI. Ce cri de chasse doit s'analyser
par allt/ ally = allez allez (sus) ; le synonyme
hahaly par « ha allez » ! Voy. Darmesteter,
Composés, p. 320.
HALLE, it. alla, du vha. halle, temple,
grande salle, ags. heal, angl. hall. — D.
hallage.
HALLEBARDE, it. alabarda, labarda, esp.
port , prov. alabarda, du mha. helmbarte
(composé de helm, fût, et barie, hache), ail.
mod. hellebarte. D'autres rapportent la pre-
mière partie du mot à ail. hMm, casque;
donc pr. arme à fendre les casques. — Halle-
breda est prob. une altération plaisante do
hallebarde.
HALLIER, buisson épais, vfr. halot, pic.
hallo. On fait dériver ce mot du BL. hallus,
branchage, employé dans la loi salique, 41,
4, •• aut de ramis aut de hallis super coope-
ruerit; « cependant, la plupart des manuscrits
lisent en cet endroit callis pour hallis. Diez
préfère donc s'adresser au BL. hasla de la
Loi ripuaire : « in hasla, h. e. in ramo ♦♦. Kn
ail. hasol signifie coudrier et baguette de cou-
drier.
HALLUCINATION, L. hallucinatio.
HALO, du gr. «>&J5, m. s. (pr. aire).
HALOT, de l'ags. hal, vha. hol, cavité.
HALTE, station, arrêt, vfr. hait, masc,
séjour, demeure (« il est venuz el hait des
hors fours) et des lions». Partonopeus,II,26);
it., esp. alto, arrêt. De l'ail, halten, tenir
(sens neutre = s'arrêter), subst. /m/^ fermeté,
fixité, arrêt.
HALURGIE, fabrication du sel, du gr.
xAoupylee. (ai,-, sel, et ip/ov, travail).
HAMAC, it. amaca, esp. hamaca et ama-
haca, port, tnaca; mot originaire de l'Améri-
que du Sud ; le ni. hangmat (au XYii*" siècle,
hanr/mak) et ail. Juingcmaite, sont des trans-
formations du mot roman faites de façon à
faire signifier au mot « natte suspendue »«.
L'angl. dit hammoc.
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IIAN
— 264
IIAN
HAMEAU, hameV, dér. du vfr. ham; celui-
ci du gotli. haims, village, vha. heim^ de-
meure, angl. home. Du dimin. ancien hamelet
l'anglais a tiré son mot h ami et,
HAMEÇON, dér. de//atm(v. c. m.),àraido
du suffixe icionem; cp. vfr. angleçou, \\eX\i
angle; les formel wall. ainche, ansin répon-
dent à des types liamiciitm et hamicinus,
HAMPE; d'après Dîez, une contraction du
vha. hanihabe (auj. handhabe), = partie d'un
instrument ou d'un outil par lafpiclle on le
tient (d'abord hantbe^ d'où par transposition
hamptp, et enfin hampe . Malgré la commu-
nauté du sens, il n'a aucun rapport étymolo-
gique avec le vieux mot français hante ou
hanste^ anste, bois de lancH, lequel vient du
L. ornes, amitis, i)erche (l'étymologie hasta
étant peu probable).
HAMSTER, mot allemand.
HAN, onomatopée, exprimant le cri d'un
homme qui frappe un coup avec effort ; de là
ahaner, ahan (v. c. m.).
HANAP, henap , it. anappo, vappo^ prov.
enap, nap; du vha. htmp (auj. najifj, vase,
ags. hiic^, flam. nap. — D. vfr. hannpter,
crâne (cp. tête, de testa, tesson), casque.
HANCHE, voy. a)fche, — Selon Bugge
{Rom.; III. 152i, ce mot est indépendant do
anche, tuyau. Il reproduit l'ail mod. hanhe
(Kiliaen : hanche, hanche, coxa, coxendix),
lequel à son tour est indépendant du vha.
ancha, tibia, crus (=« fr. anche } et vient du
mha. hinhen, hanh, hunhen, boiter. — D.
déhanché, éhaèwhé,
HANEBANE, jusquiame, de langl. hen-
hane, m. s., litt *=» ]K)ison de poule.
HANGAR, ou angar; ce mot a-t-il quelque
rapport avec le L. angaria (gr. àyy«|e(at), cor-
vée consistant à fournir dos chevaux pour les
courriers impériaux ? Je non doute pas ; le
mot latin découle du grec «Y/apo; , estafette,
courrier, d'où procède le sens du BL. anga-
Hum = lieu couvert où Ton ferre les clievaux;
ce sens .s'est généralisé dans l'acception ac*
tuclle du mot : lieu couvert à divers usages.
Une dérivation de l'ail. hange)i, suspendre
(Chevallet), ne convient en aucune façon.
HANIGROOHE, voy. anicroche,
HANmBTON, anc. haneton, aneton, dérivé
de vfr. hanette. Celui-ci est, selon toute proba-
bilité, le diminutif do Tall. Iiahn, abréviation
du mot composé tceiden-hahn (pr. axi dos
sjiules , (jui est la dénomination de cet insecte
dans plusieurs contrées de l'Allemagne. Malin
corrobore cette étymologie de Diez par la
comparaison de l'angl. cocA-cAa/é^% hanneton,
composé de cock, coq, Gichafer, scarabée. —
Selon d'autres, le mot .serait p. aletan et re-
présent<îrait le diminutif du L. ala, aile; mais
par quelle raison particulière aurait-on dé-
nommé Je hanneton une •* petite aile " ? D^au-
tres encore, dans la même supposition d'une
forme a/r/o«. ont imaginé pour la cause un
composé lutin ali-tonus = qui fait du bniit
avec les ailes. Génin, enfin, prend haneton
pour un diminutif du vfr. ane, ^= L. anas,
canard; cette application serait fondée sur
quelque rapport de forme ou d'habitude entre
l'insecte et l'oi-seau.
HANSE, angl. hans, hanse, société de mar-
chands, compagnie ; d'après le nom de la eélè-
biX3 hanse, association de villes unies pour
leui-s intérêts commerciaux. Du goth. hansn,
multitude, compagnie, vha. hansa, trouiie de
soldat**. — Adj. hansr'atiqiie,
HANTER, d'où angl. hawit, ail. hantimt.
D\ei estime que ce mot a été introduit par les
Normands et vient du nord, hcimta (de hcitn^
chez soi), = redemander ou reprendre choz
soi un objet perdu ou absent; de là se sei^ic
déduite une idée d'attachement en général.
Cotte nianière de voir me .semble subtile et
forcée ; je veux bien remonter à un radical
germanique heim, mais pris dans le sens de
demeure, habitation. Hanter aurait alors la
valeur « habiter avec qqn. ». Si le nord.
hcimta n'en est pas la source immédiate, on
pourrait admettre nn type latin hamitare,i\vé
de hamits, représentant bas- Latin dn germ.
heim (voy. hameau). — Le verbe se trouve
fréquemment dans la vieille langue avec le
sens de manier, pratiquer : hanter la guen'e,
un métier; on trouve : îe mire de îegier han-
tcment, le chirurgien à la main légère, habile,
et (lachet cite l'adj. antaiile (appliqué à che-
min) "» praticable, mais cela ne .suffit pas
lK)ur justifier l'étymologie vha. hant, main,
mise on avant i)ar Chevallet. — Littré s'en
tient à l'étym. habitare, qui, « devenant hab^
tare, a pris facilement une nasale, et. déri-
vant de habere, a eu dans la latinité, et a pu
avoir dans le français, le sens de « avoir sou-
vent ••. — .le crois qu'il se trouve un mot
latin qui, jx>ur le sens et la forme, convient
parfaitement et auquel je sacrifie volontiers
le hamitare proposé tout à l'heure. Hanter,
anciennement, était neutre et se rencontrait,
comme signification, avec converser, lequel
avait conservé la valeur du latin conversari,
se tenir habituellement dans tel lieu, autour
de telles pei*sonnes ; l'un et l'autre reprodui-
sent lésons de l'ail, itmgehen [mit jemand h,,
c'est fi'équenter qqn., mitetvoas n., c'est ma-
nier, pratiquer qqch.). Or, nmgehen et con-
vei'sari ont dans le domaine latin un corres-
pondant loî^iijue ; c'est ambire, dont le fré-
quentatif ambitare ap|>elle tout naturellement
en fr. la forme anter. ,1e m'attends à deux
objections. D'abord, ambitare est inconnu au
latin classique et à celui du moyen âge ; mais
pour quiconijue s'est familiarisé avec les al-
lures de la langue française et qui sait que
colle-ci a emprunté un grand nombre de ses
formes verbales aux formes fréquentatives dc»s
verbes anciens, cette objection est sans valeur.
Personne ne contestera que nos vei-bes oser,
iiseï', profiter, oublie^*, procèdent des mots
latins aiidere, uti, proficcre, oblirisci, par
leurs fréquentatifs ausare, itsare, profcctare,
obhlare, que les lexiques latins ne renferment
pas plus que ambitare. En second lieu on fera
valoir l'A aspirée de hanter. A cette seconde
objection j'opposerai non pas l'orthographe
anter, qui n'est pas rare dans les manuscrits,
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IIAR
— 26S —
IIAR
et qui est déjà uiio présomption en faveur de
l'absence d'aspirée, mais Texemplc d'autres
mots pourvus d'une h aspirée contrairement
à leur étymologie, ainsi haut (altus), hérisson
(cricius), houlette (dimin. du lat. agolum),
hidiÀte (ulula;, huppe {\\^\\\iQ.), huiler ^ hurler
(ululare). 1^ langue supprime ou applique
Tiispiration tout à fait à sa convenance, et quant
à notre verbe anter ou hanta* , elle avait une
raison toute naturelle de l'aspirer ; c'est le
besoin de le différencier de enter (pUnter). Kt
d ailleurs hanter n'a pas toujours été aspiré ;
à preuve, pour le verbe même, le vers suivant
de Baud. de Condé, p. 76, v. 384 : Por le
droffon qui dedans n'ante; Baudouin de Se-
bourg, V. 347 : Car d* anter ses amis vauH
on mieux bien souvent, — et pour le dérivé
antise, les vers suivants du Trésor amoureux ,
III, 222, 7 : Signes tant qu*il en ait Vantise,
et ib., 188, 1648: D* acquérir honnourable an-
tise. Je ne pense pas que, pour la forme et
le sens, aucune des différentes étymologies
proposées avant moi présente moins de diffî-
fultés que celle à^ambitare, — 1) hantise
(l'anc. langue avait en outre le subst. verbal
Jiant),
HAPPS, demi-cercle de fer, crampon, du
vba. /tappd, faucille; de hï le verbe happei\
prendre, saisir, rafler, angl. hap. Coi)endant,
il est possible que le verbe happer ne soit
qu'une onomatopée. — Composé happe-
lou7'de, pierre fausse qui a l'éclat d'une pierre
précieuse, ainsi appelée parco qu'elle happe,
c.-à-d. surprend ou trompe une personne
lourde, stupide, qui n'y fait pas att^îiition ; cp.
les expressions happe<hair , happe- foie,
happe-lopin == écorniflour, et surtout attrape-
loui'daud,
HAPPELOURDE, voy. hapi}e.
HAPPER, voy. happe.
HAQUEITÉE, cheval de taille moyenne ; ce
mot, ainsi que le v. esp. et port, facanea, n.
csp. hacanea, it. acchinea, chinea, repré-
sente l'angl. hach-ney, ou néerl. hakhe-nei,
composé de hack, hakke, cheval, et do net,
= anjrl. nctg, néerl. negff, nha. nickel, petit
cheval, bidet. Ce mot germanique hack a
aussi donné l'esp. haca, port, faca, vfr. haque,
bidet, criquet. Du vfr. haque siQui le dimi-
nutif vfr. Jiaquet, pic. haguette, petitejument;
auj. le fr, hoquet signifie une espèce de char-
rette. — Les dictionnaires qui ratlAcbent ha-
que au L. equus commettent indubitablement
une erreur.
HAQUET, voy. l'art, préc. — D. haquetier.
HARANGUE, it. aringa, esp., \\ovi. arenga,
prov. arengua ; le masc, it. aringo signifie
le lieu où se fait le discours, chaire, tribune,
puis aussi lieu du combat. Du subst. vba.
hring, cercle, assemblée, théâtre, tribunal,
vient d'abord le verbe haranguer, it. arin-
gare, etc.. as.semblcr du monde autour de soi,
|x>ur lui adresser la parole ; puis du verbe
procède le subst. harangue = le discx)urs
même. Pour l'initiale germanique hr dégagée
en har, cp. hanap de hnap, canif de knif. —
L'ét. angl. hearing, audience, est insoutenable.
HARAS. Pour expliquer l'origine de ce mot,
on a .sans succès mis en avant le vha. haH,
troupe, armée (nha. heer), de même le lom-
bard fara, race. Diez préfère l'arabe fara^,
cheval (d'où esp. alfaras), pris dans un .sens
collectif, commele prov. mod.^o(=»:L. equa)
est employé p. haras. Cetto étymologie serait
déci.sive, dit-il. si l'on trouvait la trace d'une
anc. forme fr. faras ou d'un mot BL. fara-
Cium. Cette découverte est faite ; un passage
de Bercheurc porte farat {voy. Littré); j'ajoute-
rai que (lodefroy cito plusieurs cas do vfr. fanU,
faraiz au sens de amas, troupeau). — .le ne
vois cependant pas poui^iuoi l'on dédaigne
l'étym. tirée du L. hara, qui signifiait une
petite écurie (pour oies, poules, pon») : ce
mot a pu s'étendre au local où l'on retenait
l'étalon et en même temjts s'agrandir par
l'augmentatif accitm; je m'en tiendrai donc à
Attî'a, i»etit<î étable, d'où Juiracewn, étable à
étalons, d'où fr. haras. — Dans les gloses
d'Al. Ncckam et d'Adam du Petit- Pont (voy.
ma Lexicogr. latine du xii" et xin* siècles,
pp. 105 et 122), haras est la traduction de
equitiion.
HARASSER (d'où angl. harass), peut-être
un dérivé du vfr. har, baguette d'osier, fig.
fouet, cravache. On mobjecto que har n'est
qu'une variété orthographique do hart et
que la dentale finale aurait reparu dans le
dérivé ; cette objection est en effet sérieuse,
mais il resto encore à voir si le t dans hat'i
n'est pas paragogique, comme dans rempart
et autres. S'il faut abandonner har, nous nous
bornerons à dériver direct, harasser du vfr.
haricr, lieriez', fatiguer, maltraiter, agacer,
importuner, norm. /mreret angl. /<ar<?, exciter,
presser, dér. du subst. haire, au .sens ancien de
jKîino. tourment (v. c. m ). — Ou bien faut-il
admettre un rapport entre harasser et le vfr.
harasse, qui signifiait un bouclier couvrant
tout le corps, et qui, par consét|ueat, devait
être passablement lourd ? Je ne le pense pas.
R-appoitons encore, pour mémoire, l'opinion
de Nicot, qui déduisait harasser de haras,
« auquel l'es talion par force et fréquentation
de saillir les juments devient desnué de force,
estancé et allangoury ». — Godefrey cite de
nombreux exemples d'un subst. harace, panier
formé de cordes, mais je doute qu'il soit con-
nexe avec notre verbe, comme on le présume
dans Rom. VIIl, 453.
HARAUDER, voy. haro.
HARCELER, vfr. herceler; d'après Diez,
dérivé de herce*, auj. herse (v. c. m). Il allè-
gue l'angl. harrow, qui réunit également les
significations de herser et de tourmenter. J'y
verrais plus volontiers une dérivation de ha7'-
celle, vieux mot français (évidemment le dimi-
nutif de fuir ou liart (voy. s. harasser), qui
signifiait une petite baguette servant à faire
aller les che%aux. Pour appuyer mon étymo-
logie par voie d'analogie, je réunis ici les dé-
rivations suivantes : forme hnr, verbes harer,
harasser r?), forme hart, verbe vfr. hardier,
irriter, harceler; — forme dimin. harcelle,
verbe harceler; trois variétés du même primi-
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HAR
266 —
HAR
tif dégageant tout autant de verbes à forme
variée, mais de signification semblable.
1. HARDE, troupe de bêtes fauves, vfr,
pic. herde ; c'est l'ail, herde, goth. hairda,
ags. heard^ troupeau.
2. HARDE, lien pour attacher les chiens de
chasse, forme féminine de hart, corde. — D.
harder, attacher les chiens.
HARDBAU, voy. hart.
HARDES = bagage, peut-être le subst.
verbal du verbe harder, lier (v. harde 2),
mais on peut y voir aussi, pour autant qu'il
signifie paquet, une simple modification de
forme du mot farde (v. c. m.). Pour f devenu
A, cp. hors do fors. On trouve, en effet, vfr.
hardel pour fardeau,
HARDI, part, du verbe ancien hardir (pour
lequel nous disons aujourd'luii eiihirdir) =
prov. ardir, it. ardire. Ce verbe représente
le vha. hartjan, rendre dur, fortifier, aguer-
rir (radical hart^ dur). Bien qu'en esp. ardido,
brûlant (de arder, brûler), coïncide avec
l'adj. ardidOf hardi, ce deniier n'a rien à faire
avec le L. ardere. Quant à Tétymologie tirée
du gr. xapoix, cœur, c'est une in.signe bévue.
— D. hardiesse = prov. ardideza (en vfr. on
avait le subst. hardement, = prov. arditnen,
it. ardimento); \erhe enhardir, — En picard,
ladv. hardiment équivaut à beaucoup, fort,
tout comme le vha. harto, — Du même radi-
cal germanique viennent sans doute aussi les
termes hardeau et hardelle^ = jeune garçon
et jeune u garsette »», que je trouve consignés
dans Nicot, et encore d'usage en picard.
HAREM, mot arabe, litt. cho.so sacrée, ac-
cessible à certaines personnes seulement.
HARENG, prov. arenc, du vha. harinc, ags.
haering^ nha. hàmnq^ angl. herrinq. Une
connexité radicale entre ces mots germaniques
et le L. haleCf saumure (rac. gr. âl^, sel),
n'est pas admise par les germanistes mo-
dernes.
HARGNER", fâcher, harceler; en picard =
injurier, .se moquer. Diez rapproche hargner
du vha. harmjau, ags. hearmjan, injurier,
blesser. On pourrait aussi le placer dans la
même famille que les verbes harer, harasser
et harceler. Pour la forme, voy. ce que nous
avons dit à^l'article épargner, La série des
formes serait : hariner, harinier, haringm\
harigne7\ hargner, modifications littérales
qui n'ont rien que do très ordinaire. — D.
hargne, déplaisir, chagrin (effet de l'action
h/irgner), aiïc. aussi querelle; adi. hargneux,
qui aime à taquiner, à chagriner; chagrin,
querelleur. L'étymologie L. hcrniosus, -=^
qui a une hernie (elle date déjà de Nicot),
est ridicule ; on rencontre bien le subst. vfr.
hargne dans le sens du L. hemia (Godefroy
ne le connaît pas), mais ce n'est qu'un homo-
nyme de hargne, chagrin. On peut avoir une
hernie sans être hargneux le moins du monde !
Dans « chien hargneux *•, l'adj. pourrait être
une altération de hugneuoo, qui vient du verbe
hagner (dial. rouchi), mordre, dont on ne
connaît pas l'origine.
1. HARICOT de mouton (en vfr. hericot;
Palsgrave : « hotchpotch of many raeates,
haricot «). Ce mot représente, selon Génin,
une variété du fém. vfr. hafigote, herlignte,
= morceau, pièce, lambeau, d'où hafigoter,
harigoler, déchirer, dépiécer. Le spirituel
philologue nous fait voir par des recettes cuh-
naires qui remontent au xiv" siècle comme
quoi le haricot de mouton a toujours été en-
visagé comme un ragoût, dans lequel le mou-
ton est coupé menu en beaucoup de morceaux.
Quant à l'origine de hdligote, il la trouve
dans le L. aliquot, exprimant pluralité. Diez,
plus prudent, s'abstient d'assigner un primi-
tif au mot haligote, et se borne à citer l'angl.
harl, fibre et vha. harluf, licium. Quoi qu'il
en soit, l'idée de menu, inhérente au mot ^a-
ricot, ressort clairement du vieux verbe ^ari-
cotê", employé au figuré pour spéculer mes-
quinement, et du tenne haricoteitr, pic. hari-
cotie7\ marchand de détail. Cp. le wall.
h<dcoter, barguigner, chipoter.
2. HARICOT, plante légumineuso. D'ori-
gine incertaine. Amusons-nous un instant à
voir le docte Ménage se débarrasser de la diffi-
culté. Le mot vient, selon lui, de faba, fève :
« faba, fabarius, fabaricus, fabaricotus, fari-
cotus, haricotus ». Malheureusement, il a
négligé de nous montrer sur la carte une
seule dôs diverses étapes de la longue route
qui conduit de faba à haricot. Voici mainte-
nant l'avis beaucoup plus ingénieux de feu
M. Génin : Haricot, mot qui ne fait concur-
rence à fh:e que depuis le xvii« siècle, est le
même mot, avec une acception détournée, que
haricot rr= ragoût de mouton (voy. l'art.
préc). •» L'aspect d'un plat de haricots rapi^e-
lant à la vue un plat de ces petits ijiorceaux
de mouton mis en ragoût, quelqu'un se sera
avisé de transporter au légume le nom du
plat de viande. Ces ironies ne sont pas incon-
nues dans le vocabulaire gastronomique, où
une croûte de pain frottée d'ail s'«appelle un
chapon «.
HARIDELLE, mauvais cheval maigre, fig.
et par mépris = femme grande, sèche et
maigre. Comparez angl. harridan, wall,
harott, rouchi arow/r, norm. harin , harousse,
m. s. N'y aurait-il pas ici encore au fond le
har du verbe harer, aiguillonner, frapp)er du
fouet ? Haridelle serait une rosse que l'on ne
fait marcher qu'à coups de bâton. On a aussi
pensé, mais à tort, je crois, au L. aHdella,
dérivé imaginaire de aridus, sec.
HARLEQUIN, voy. arlequin.
HARMALE, it. armora, nom de plante, en
botanique pcganum harmala, du gr. âpiixlx.
De là le ternie de chimie harmaline.
HARMONIE, L. harmoma (xpfiovlx). — D.
harmcniieux, harmonique, L. harmonicus
(de là l'instrument dit h&9*monica); harmo-
nier, -iser, -iste; opp. disharmonie, aussi
désharmonie (Michelet).
HARNACHER, prov. arne$car,arnassar, dér.
du vfr. harnas, voy. l'art, suiv. — Q^s.enhar-
nacher, déharnach^r,
HARNAIS, HARNOIS, vfr. harnas, p. Jiar-
nasc, it. arnese, esp., port., prov. amw. C'est
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IIAR
— 267 —
IIAS
la racine cymr. haiarn. îrl, iaran, fer, jointe
au suffixe roman iscus ou pyxsis. Ou bien est-
il préférable d*admcttre que le mot cymr.
/uiimmaes^ attirail de fer, ferraille, ait d'abord
donné Tangl. harness, d'où seraient prove-
nues les formes romanes? Notez que harnais
signifiait dans le principe armure, attirail do
guerre. On dit encore « endosser le harnois,
vieillir sous le harnois «. Le mha. harnasch,
ail. mod. harnisch = cuirasse, est d'impor-
tation romane. — D. harnacher (v. c. m.).
HARO, aussi hare, angl. harrow, interjec-
tion; «crier haro «.D'après Diez, duvha. hera
ou hara. aussi harot, saxon herod^ signifiant
ici î L. hue ! La forme herod donne l'explica-
tion du verbe fr. haroder, haraiider. L'an-
cienne explication par ha Roii ! (Rollon, duc
de Normandie), bien qu'elle date du xiv* siè-
cle, est de pure fantaisie.
HARPAGON, avare, du personnage ainsi
nommé dans la comédie do Molière intitulée
l'Avare. Molière avait puisé ce nom, qui vient
du grec «|57râjîiv ravir, piller, dans la' comédie
latine.
1. HARPE, instrument de musique, BL.
A«rpa,it., esp., prov. arpa. Du nord, harpa,
ags. harpe, vba. harpha, ail. mod. harfc,
VénanceFortunat mentionne la harpe cojnme
un instrument particulièrement cultivé par
les Germains. Diez est d'avis que c'est la
forme crochue de l'instrument qui a déterminé
l'acception griffe, crochet, propre également
au mot harpe (voy. l'art, suiv.). Les A aspirées
trahis.<ont selon lui une provenance germa-
nique ; le grec a/sîi*? aurait, suppose-r-il, donné
simplement arpe. Je pense que le célèbre lin-
guiste use ici d'un peu trop de subtilité, d'au-
tant plus quelefr. pré.sente phis d'un exemple
où l'A aspirée est ajoutée sans raison étymo-
logique, soit par l'influence germanique ou
par assimilation à quelque homonyme. — I).
harpiste, harper ; jouer de la harix».
2. HARPE, croc, griffe; esp., prov. arpa,
m. s. Du grec upTtrit croc; ou bien, ce qui
pourrait lever les difficultés opposées par Diez
à une disjonction étymologique de harpe,
instrument, et de harpe, griffe, crochet fvoy.
l'art, préc.), du vha. hrepan, par transposi-
tion Tierpen, saisir, accrocher, qui nous parait
également être au fond du nom de l'instru-
ment musical ; cp. le bavarois hàrpfen, grim-
per. — D. Jiarper; harpailler; harpeau,
grappin; harpin, harpon,
HARPEAU, voy. l'art, préc.
HARPÊ6E, voy. arpège.
HARPER, voy. harpe 1 et 2.
HARPIE, L. harputa (xaitulx).
HARPIQNER (SE), s'attaquer, se prendre
au collet, formé de harpin, à la façon de
éparpner, trépigner, égratigmr. On dit aussi
harpiiler, harpailler,
HARPIN, voy. harpe 2. — D. harpigner
(v. c. m.).
HARPON (angl. harpoon, néerl. harpoene,
ail. harpune), augmentatif de harpe 2. — D.
harponner,
HART, corde; forme fém. harde (v. c. m.).
D'origine inconnue ; on peut supposer que le
d ou t est paragogique comme dans bard,
homard, etc. (voy. pi. h. sous harasser) et que
le mot signifie primordialement baguette
d'osier, souple et pliante, servant de lion ^cp.
en ail. wiêde, lien, de locide, saule). — D.
hardeaii, petite corde, aussi vaurien (qui mé-
rite la hart).
HASARD, it. azsardo, prov., esp., port.
asar (en esp. et port., le mot signifie coup
malheureux), cat. atsar, entreprise hasar-
deuse. Notons d'aTïord ((ue le vfr. hasart si-
gnifiait pr. un jeu do dés, puis coup de dés
N geter hasart »), enfin chose futile (ainsi dans
la phrase «» ne valent pas un hasart »»), L'éty-
mologie de ce vocable a beaucoup torturé les
linguistes sérieux autant que les amateurs.
On a proposé tour à tour : 1® le latin as, au
sens d'unité au jeu de dés, mais la consonne s,
qui parait être un élément organique du mot
roman, y fait obstacle; 2. l'arabe darr, dom-
mage, mais il n'y a là ni rapport de sens, ni
concordance littérale ; 3. l'hébraïque zarah,
nécessité, situation critique; mais ce primitif
aurait donné une forme féminine, telle que
l'it. sara; 4. l'arabe ja*ara, jouer aux dés,
jasar, partie de dés ; la consonne arabe s per-
mute en effet avec le z roman, mais comment
expliquer l'aphérèse de l'initialej t — Ajou-
tons à ces conjectures hasardeuses la suivante
d'un homme sérieux, mais qui, à force de la
démontrer, lui enlève toute probabilité : ha-
sard, selon Biihmer (Jahrb. f. rom. Phil., X,
190), provient d'un type latin /àt>oranwm par
les évolutions suivantes : hauriar, haryar,
harzar, harsar, hasar, hazar. C'est bien là
fatiguer les mots et soi-même en pure perte.
Diez n'ose pas se prononcer; il est porté à
croire cependant que le d final est parasite,
comme dans homard, blafard et autres; que
la forme it. azzardo vient du français et que
le véritable mot italien est l'ano. zaro, auj.
5^ara, jeu delà chance, risque, danger (d'après
Diez, coup de trois as). — Raynouard rattache
le mot au suéd. asar, plur. de as, dieu ; le
hasard équivaudrait à « les dieux, le destin»».
Cela n'est pas plus probable que les autres
moyens proposés. — Génin fournit des preuves
constatant ({wehasard signifiait primitivement
le coup de six au jeu de dés, le point qui fait
gagner; Jean de Garlande (xi® siècle) : Senio,
-onis, dicitur numerus senarius, gallice ha-
sard. On trouve effectivement souvent dans
l'ancienne langue ** geter hasart » . Dans la
suite, ridée d'incertitude aurait effacé le sens
primitif, et Ton aurait fini par pei*sonnifier le
hasard, la chance fortuite et par en faire en
quelque sorte lesynon.de destin. — Littré fa-
vorise l'opinion de Guillaume de Tyr, contem-
porain des croisades, à savoir que le jeu de
dés 'sens primordial du mot) fut trouvé pen-
dant le siège d'un château de Syrie nommé
Hasart et qu'il prit le nom de cette localité.
— Pour compléter l'historique des tentatives
étymologiques faites sur hasard et avant de
clore par celle qui paraît être destinée à ter-
miner le débat, nous donnerons encore accueil
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IIAT
— 268 —
IIAV
à une ingénieuse, mais tout aussi aventureuse
supposition de Langensicpen. La voici : La
préposition ad, avec 1'* adverbial, aurait pro-
duit l'adv. roman ads, prov. az. De cet (uh
(imaginaire) procéderait un verbe ads-are,
prov. asar (comme ab-atts, =- L. ab-ante,
fr. avant, a produit le verbe abans-are, =fr.
avaucer), avec le sens du L. accedere, venir,
tombera, échoir. Les subst. azar, esp., port,
et prov., et le cat. atjsar no seraient donc
autre chose que cet infinitif adsare au sons
d'échoir (en bien ou en mal). Comparez les
substantifs plaisir, ioisir, qui ne sont non
plus que des infinitifs. Le français ajouta à
asar un r/ |)aragogique, et de asard, hasard,
hazard, Fit. fit assardo, — Les conjectures
n'ont pas fait défaut, comme on voit; il fout
savoir gré à Mahn d'avoir mis un terme à
cette incertitude par une étymologie, sinon
certaine, du moins tout à fait plausible. Le
mot vient, d'après lui, du mot arabe sehâr,
contracté <;<tr, signifiant dé; combiné avec l'art.
al, il est devenu assahar et assar ; de là les
formes esp., port., prov. et franc., tandis que
la forme it. zaro, sara reproduit le même
subst. .«sans article. — L'A initiale est parasite
et n'était pas aspirée dans le principe, comme
l'a fort bien démontré M. Génin. — D. ha-
sarder, hasardeux.
HASE, femelle du lièvre, du vha. hasô, liè-
\Te, ail. mod. liose, ags. /mra, angl., dan.,
suéd. hare.
HAST, dans « arme d'hast »•, \'fr., prov. ast,
forme masc. du L. hasta.
1 . HASTS, lance, L. hasta,
2. HASTE, broche et ses dérivés hûtier,
hâteitr, etc.. sont bien, à l'avis de Bugge
(Rom., IV, 359), issus du lat. hasta, mais en
subissant l'influence de l'ail, harst, ustensile
seiTant à faire rôtir, gril, mais non précisé-
ment broclic. Ce mot se disait au.s.si, comme le
fr. haste, d'une piè<-e de viande rôtie, d'une
tranche do porc rôti.
HATE, haste', mot germanique : v. frison
hast, novd. hastr, ail. hast. — D. ycvhehtiter,
adj. htit9f(\wo\'. astiu).
HATELET. dim. de haste, lance ou broche.
— l). hàielettes.
HATEREAU, tranche de foie de porc, poi-
vrée, salée et grillée, de haste, bi-oche. — Il
faut séparer, je pense, le vfr. haterel, chignon,
nuque, que Diez rapporte au iiiha. halsadci',
m. s., d'où halstci'-el, haltcrel, haterel, —
Bugge fRom., IV, 300), |mis plus que Grand-
gagnage.v®/<afrCTî7cou), ne distingue dé notre
mot le vfr. haterel, cou. nuque, chignon. Le
mot aurait d'abord signifié col de veau ou de
porc et fini par s'appliquer au cou ou à
l'échinc de l'homme. Cela ne m'est nullement
démontré; je ne puis entrevoir de œnnexité
entre les deux termes; pourquoi pour l'un
régulièrement hastei-rl, pour l'autre hat(*rel f
HATEUR, oflicier de cuisine charjré des
viandes qui sont à la broche, de haste, broche
<v. c. m./.
HATIER, de ha^, broche.
HATIF, voy. hâte. — D. hâtircté, hâtimm,
HAUBAN, anc hobent, du nord, iiofvâ-
Imud, ciirdage princifial, ou plutôt du fiam.
hobapit p. hoofdbant. C'est de même le néeii.
raabaml, cordage de vergue, qui a donné le
fr. ralmn. — D. haitbaner.
HAUBERT, cotte de mailles, vfr. haîbcrc,
hauberc, prov. ansberc, it. osbert/o, xisbenjo,
BL. halsberf/a; du vlia. halsberc, m. s,, litt.
pièce d armure jirotégeant le cou. Le sens du
mot s'est, avec le temjxs, élargi ; de même l'ail.
holler, \n\ collerette, a signifié dans la suite
une es|)èce de cuirasse ou de veste sans man-
ches. — De l'anc. forme hauberc vient le
dim. Tiauberf/co» . — Wackemagel et Bonckc
voyaient dans halberc un type germ. al-heix
= qui cache tout ; mais les formes it. et prov.
sont contraires à cette origine.
HAUSSE-BEC, voy. hausser.
HAUSSER, vfr. haucier, hnuccr, it. ahare,
esj). alzar, prov. alsar, ausar; d'un type latin
altiare, fonné de altus, haut. — D. haiissf
(d'où l'adj. haussier); rehausser; voy. aussi
exaucei*. — Cps. hausse-bec', mouvement (jiii
consiste à hausser le bec en signe de dédain,
de là le verbe haussebecquer, railler; haussr-
col.
HAUSSI£RE ou aussière, aussi hansièrc,
cordage à trois torons; n'a prob. rien à fciire
avec hausser. L'angl. dit hatcser, mais ce mot
est emprunté du fr ; l'étymologie est le ni. ot
ail. hais, qui signifie cou et, eu t. de marino,
câble.
HAUT, vfr. hait, ait. Vh est une ajoute
faite sans doute sous l'influence do. l'ail, hoch.
Du L. altus. — D. hauteur; hautesse, jadis
= grandeur, élévation; hautain (voy. aussi
altier). Le terme altesse est tin^ direc»tcmont
de rit. altezza.
HAUTBOIS, pr. instniment en bois qui va
haut, ou dont le ton est fort clair. Lïtalicii en
a fait obne, l'ail, hoboe, l'angl. hautboy. —
D. hautboïste (dérivation in'égulièix»}.
HAYE, d'après Diez, de l'ags. hasva, nilia.
heswe, desséché, pâle. — Fôrster 'Zts<»hr. V.
97) iiéprnuve cette étymologie, et pour le sens,
et pour la lettre. L'anc. français ne pixMcnto
jamais hasve, mais toujours hâve. De plus,
cet adjectif était primitivement un teiToe
technique du jeu des échecs, synonyme de uiat,
d'où se sont produites les acceptions actuelles.
De l'adjectif hâve vient le verbe havcr =
faire mat et hâve. — Le mot , selon Fr. Michel
(Romande la Rose, I, p. 2? 1), serait le L. hare
(bon jour! salut!)
HAVENEAU, HAVEHET, nom d'un yietit
filet formant une espèce de poche conique,
ouverte par un cercle sur lequel il est tmns-
filé. C'est un mot Scandinave; un filet de
mémo forme se dit en norois hâfr, nor\'. hawr,
suéd. hâf, i)atoisdc l 'Angleterre sept cntr.Aofl/.
HAVERON, avoine sauvage, du vha. haltaiv,
ail. mod. hafer, habci\ angl. harer; Diez
projwse aussi une contraction de nreurrun
(folle avoine), dér. de L. areiia.
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IIEL
— 269
1I£R
HAYET, crochet(outil des ardoisici's), ainsi
que haveau, aiic. haoel (outil des sdunicis),
di'rive du vfr. hrf, crochet, d'où aussi vfr.
havef\ tirer à soi au moyeu d'un crochet.
Voy. Fœrster, dans Groher, Ztsclir. , VI, 111.
Le pluriel h es (crochets) que j'ai i^elevé dans
mon 01ossaii*e do Froissai! en le rapportant
à un sing. conjectural fiec ^= ail. hahc\ est on
i"éalit6 le plur. do hef (il se trouve aussi dans
Ph. Mousket, 19592).
HAVIR, dessécher; selon Diez, du vha.
heian, brûler, avec insertion de r. Le verbe
ne parait pas avant le xvi« siècle ; on ne le
voit jamais avec un * radical ou un circon-
flexe, ce qui fait écarter l'ags. /nisva, dessé-
ché, mentionné sous /làve,
HAVRE, vfr. tiàoenc, Iiavle, habic, BL.
hahidum, haula, direct, de Tags. hàffen,
nord, hôfn, dan. haii, m. s. L'ail, dit hafm,
l'angl. haven. Pour la fonnation du mot. cp.
ordre de ordetie.
HAVRE-SAC, de l'ail, habersack, sac à
avoine, puis sac à pix)visious.
HEAiniE, vfr. /lealmCf elnie, Juaiune, it.,
|K»it. eimo, csp. yelmo, prov. elm; du vha.
/icltn, nord, hiaîmr, goth. hiims^ m. s. Cp.
(iuiltaumc do l'ail. MHlhdm, Voy. aussi
armet .
HEBDOMADAIRE, dôr. du L. hebihmas,
•wiis (gr. Mofixi), semaine.
HÉBERGER, anc. herbcrffn\ voy. auMerf/c,
HÉBÉTSR, du L. hebctare \de hcbes,
émoussé».
HÉBRAÏQUE, du L. hebraiciis. — D. hé-
braiser La forme hébreu vient du L. /lebrœiuf
= hebreiis, cp. yfi\JH(ieii, de Jad^eits.
HiiCATOMBE^gr. i/âC7o>6^, s;icriHco de cent
victimes.
HECTARE =» cent ares, du sub.st. arc et du
gVQC UuTôv, cent. De la même manière : bec-
toiitre, hcctostùrCt hecUmuHre, hectof/ramme.
HECTIQUE, terme .savant pour etique (v.
c. m.'.
HEIDUQUE, bohème hayduh; forme slave
du v. hongi-ois hadjv, fantassin.
HEQf, hein, interjection répondant ix)ur le
seiLs et le son au L. hem.
HÉLAS, prov. ailas, angl. alas, it. ahi
hisso, de l'interjection hé et do l'adj. la^ (L.
lussns)^ anc. = malheureux.
HELER, appeler de loin, de l'angl. hait y
pr. saluer; Kiliaen donne au flam. hiwten
aii.*<si le sens d'appeler.
HÉLICE, gr. s7t;, :>(/»;, m. s. (de Uîfïuv,
riMiler on spirale).
HfiLIOTROPE, litt. tourne-sol (do y;/!'.,-, so-
leil, et TOîTTîcv, tourner).
HELLENE, gr. sàïijv, habitant de la Helladc,
j>iiis Grec en génénd. — D. hellénique,
/trl/t'uisie.
HELLEQUIN, anc. feu follet, du néerl. hel-
lehen, dim. do lœlle (ail. hOlîe), enfer. Ce
mot, ayant pris une acception personnelle, a
Ibumi le nom it. Alichino, employé par Dante
p<iiir un des démons do la fosse des baraticri.
Do là le sens : chevalier de l'enfer, fantôme
armé.
HEMATITE, L. hœmatites,àvL gr. at,a«T<T»î«
(de «ta», sang).
HÉMI-, élément initial de composés; c'est le
grec ï5«i-, équivalent littéral du L.semi, demi.
Los principaux composés sont : Hkmicyci.e,
i7>i/.û/./i9v, demi-cercle (xû/io;, cercle); — Hk-
MISPHÈKK, ïî>i7va:,ciov, dcmi-boulo {i^rlpr,
boule, globe); — Hkmi.sticiik,»;>i7t(x9;, demi-
vers
HÉMORRHAOIE, gr. «ia^^j^xy^x, éruption
do sang (at>5e, sang, /iïfyvjut, rompre).
HÉMORRHOÏDES, gr. aifiopi'ii; (plur. -:^s;),
flux de sang (at/xv, sang, et piuv, couler;.
HÉMOSTATIQUE, gr. «c.aoTrxri/o;, propre
à arrêter le sang, de at.ux, sang, + ^rartitoi,
qui arrête (cît>j/xi, iTA-w).
HENNIR, du L.Ai>intVé;, m. s.
HÉPATIQUE, gr. r,7Txrw6i (de r,7txp, foie).
HÉPATITE, inflammation du foie, gr. vj^rx-
HEPTAMÉRON, titra d'un célèbre ouvrage,
composé de parties distribuées en sept jour-
nées (îîrrà Y,*Atf,xi). Cp. lodécaméron do Bocacc.
Ces mots ne sont pas trop correctement for-
més.^
HÉRAUT, herait\ it. araldo, e.sp. haraldo,
hera/do, angl. herald, ail. ïierold, iK)rt.
arautOf esp., |X)rt. aus.si faraute; du BL. ha-
rakius, heraidus. Peut-être, remanjuc Diez.
d'un composé vha. harioxoalt = officier d'ar-
mée. On trouve co mot germanique aussi
employé comme nom propre, sous les formes :
Chariovaldus, saxon Hariolt, nord. Haraldr,
N'y aurait-il pas au fond la racine har, du
vha. haren, crier, appeler, racine congénèro
avec le sanscrit har, crier, appeler, et qui se
retrouve dans le gr. x^îsm-, héraut. La termi-
naison al dus, aut ne i>eut guère faire difl!i-
culte. — Du BL. heraklus on a formé l'adj.
héraldique,
HERBE, L. herba, — D. herbacé, L. her-
baceus; herbciie, herbage, hevbeuj: (L. her-
bosusj; herbu; liei'bier (L. herbarium;; verbe
herber, exposer sur Thorbe; hc7'bivnrci formé
d'après Carnivore), = herbam vorans ; herbo-
riste, herboriser, mots de fantaisie, ri'éés pro-
bablement par assimilation à arborisie et arbo-
riser, qui sont moins arbitrairement formés,
et aussi d'introduction plus ancienne.
HERBORISER. -ISTS, voy. herbe,
1 . HÈRE,' mot de date peu ancienne ; d'après
Diez, de l'ail, herr ou néerl. heer, monsieur,
seigneur. Pourquoi pas aussi bien du L. /lerusf
La solution de cette question dépend du mi-
lieu dans lequel l'exprossion jmuvre hère a
pris naissance. Forster (Ztschr., III, 262) se
demande si le mot, dans cet emploi, ne repré-
sente pas le vfr. hère (fém.), figure, mine.
2. HÈRE, terme de vénerie, le j<nino cerf
qui commence à pousser ses premiers bois,
I*Ist-ce une expression métaphorique se ratta-
chant au mot préc? ou y aurait-il 1& le même
radical qui a donné vha: hiru: (ail. mod.
hirsch), ags. heorut^ angl. hart, ni. Iiert^
cerf?
HÉRÉDITÉ, vfr. hérité, hiretc, du L. hère
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IIER
— 270 —
HEU
dttas Chères); héréditaire, L. hereditarius,
primitif aussi du fr. héritier.
HÉRÉSIE, francisation de L. hœresis =
gr. atpsci,-, pr. choix, option, puis la doctrine
pour laquelle on se déclare, la secte à laquelle
on s'adonne. — D. hérétique^ L. hœreticus,
gr. oip-rivôit sectateur.
HÉRIGOTÉ, voy. <?7«^o/.
HÉRISSER, voy. le mot suiv.
HÉRISSON, vfi .aussi he7'içopi,eriçon,iriçon.
wall. iresoii, ureson, it. riccio, esp. erizo,
port, ericio^oiiriço, rouclii hirchon/hurchon,
angl. urchon; prov. crisson ; dér. du L. eW-
cius^ m. s. — Du même primitif vient aussi
le verbe hérisser , it. aiTicciarCf esp. erizar,
port, ouriçar, prov. erissar. On donne le nom
de hérissonne à une espèce de chenille velue,
dont le poil forme des houppes.
HÉRITER, vfr. eritei\ ireter, it. ereditare,
eredare, redare, esp. heredar, port, herdar^
prov. herctar; quelques-unes de ces formes
accusent pour type le L. hereditare, d'autres
le BL, heredare. — D. herilé\ hir(ié\ L. he-
reditas; héritance, héritage; cps. déshéritet\
HÉRITIER, voy. hérédité.
HERMÉTIQUE, qui a rapport à la science
du grand œuvre, de Hermès Trismét/iste,
philosophe égyptien. La chimie s'appelle aussi
la science hermétique ; on nomnie sceau her-
métique une manière chimique de boucher les
vai.^seaux, quiempèclie que les esprits les plus
subtils ne puissent s*exhaler ; de là l'expression
hermétiquement scellé ou fermé.
HERMINE, vfr. «?rm^,er?Mt»6, prov. ermini^
it. armellino, ermellino, esp. arniinOf du L.
armenius. La peau d*hermine était originai-
rement tirée de l'Arménie, vfr. Ermeiiic.
C'est la fourrure qui a donné le nom à la bête,
car celle-ci n'est pas du tout arménienne
d'origine. — D. hermincr.
HERMITE, voy. ei^mite.
HERNIE, vfr. Iieryne, hargne, du L. her-
nia, m. s.
HÉRON, vfr. haircni,\)vo\.aigron,'\t.a(fhi'
rone, esp. airon; du vha. heigir, heigro, v.
flam. heigher, m. s. Voy. aussi aigrette,
HÉROS, L. héros (npwi), fém. héroïne, L.
heroina (yfpcatvïj). — D. héroïque, L. heroicus
(r.praivoc); subst. héroïsme,
1 . HERFE, ancien terme d'art militaire ■=^
herse, du L. hirpivem Cpar apocope du suf-
fixe;.
2. HERPE, griffe d'un chien, variété de
harpe 2.
HERPES, matières rejetées par la mer, pr.
choses herpées ou hatyces, ramassées au
moyen de la harpe,
HERQUE, râteau de fer des charbonniers, de
l'ail, harhc, m. s.
HERSE, anc. Jierce, hierche, BL. hercia ; du
L. hijpex, gén. hirpicis, m. s. Cette étymo-
logie est cdrrecte, et corroborée par l'it. cr.
pice, et i)ar la forme hcrpc et hiiye, anc.
terme d'art militaire équivalent de herse, et le
n. prov. erpi = herse. Le synonyme BL. he-
ricia est moulé sur le mot français par a.ssi-
milation au L. cr ictus; assimilation naturelle,
puisque la herse est hérissée de piquants.
Besoherelle reproduit la bévue de Morin,
d'après qui hei*$e vient du gr. ipxic», barrière
ou clôture dont on environne une maison pour
la fortifier. Il est certain que les paysans ont
eu le nom et la chose avant que les ingénieurs
aient songé à garnir les portas des villes de
grillages à pointas de fer. — D. herser, her-
sillon ; voy. aussi harceler.
HÉSITER, L. hœsitare (îvéq. de hœrerc).
HÉTÉRO-, élément initial de quelques com-
posés scientifiques; du gr. irtpoi, autre.
Parmi ces composés nous citons : HéTKROCUTE,
gr. srîjBdx)iT05, litt. qui se décline ou fléchit
(xÀlvv) autrement ; hétérodoxk, opp. de or-
thodoxe, gr. ivspooo^ f, qui est d'une opinion
(ûoÇa) différente; hétérogène, gr. kTipo-/tw,i,
qui est d'un genre (/fevo^) différent.
HÊTRE, du flam. /ieeste7% hester, arbrisseau,
bas-ail. hester, jeune hêtre, ail. heister, jeune
arbre de bosquet. Le mot, spécialisant son
acception, a fini par supplanter en roman les
anciennes dénominations du hêtre, fau, fou
(L. fagus), fouteau, — Ménage voyait dans
haitre, variété orthographique p. hêtre, une
contraction d'un type fictif fagaster; bien
que les Kspagnols disent fiaya, p. fagtis ou
plutôt pour faf/ca,je crois devoir rejeter cette
dtU'ivation, puisque la latinité du moyen âge
ne fournit aucune trace d'une forme fagaster
ou fagistcr.
HEUR. Malgré toute l'apparence de vérité
que donnaient à l'étymologie usuelle {Jiora)
l'usage et le nom de Yhoroscope, ce vieux mot
masculin, regretté par La Bruyère et Voltaire
et conservé dans les composés bonïteur et mal-
heur, n'a rien de commun avec le féminin
heure. Il suffit de tenir compte des anciennes
formes aitr, eiir, hciir, pour s'en convaincre.
Le mot correspond au prov. auguri, augur,
agur, esp. agiiero, port, agouro, it. augurio,
wall. aweure, et reproduit le latin augurium,
présage, auspices. 11 est donc, par son origine,
synonyme de destin, chance, sort; dans le
principe, une « vox média », c.-à-d. à double
sens; l'équivoque disparaissait par l'adjectif
apposé ; toutefois, l'adjectif faisant défaut, le
mot était pris en bonne part. Le subst, heur
a poussé le rejeton heureux (vfr. eiireus)% le
.*iubst. curté, félicité, a disparu, do même que
le verbe a m Y/', étirer, ah^urer «=; it.,prov.
ahiirar, rendre heureux ; que vous estes ei'trée!
disaient les anciens. — Mentionnons, pour
mémoire, l'otymologie L. favar, [jroposée par
B(ehmor.
HEURE, L. hura. Le même subst. latin a
donné aux langues romanes un grand nombre
d'adverbes, ainsi au fr. :or, lors, alors, désor-
mais, doràiavaut, enctire (voy. ces mots).
HEUREUX, voy. hatr.
HEURTER, anc. hurtcr, prov. urtar, it.
ttrtarc. Bien qu'on retrouve ce verbe dans le
mha. hurten, néerl. hurten, horteti, angl.
hurt, hm'ile, Diez estime que ces vocables
germaniques sont d'importation ix)mane, puis-
qu'ils font défaut dans les vieux dialectes.
Parmi les idiomes celtiques, le cymrique seul
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IIID
— 271 —
MIS
pourrait fournir un primitif : c'est le subst.
htordh, bouc et heurt, d'où le verbe hyrdhu,
hyrdhyo, frapper, heurter. Pour Nodier heurt,
comme tant d'autres vocables dont l'origine
lui échappait, n'était qu'une onomatopée, ren-
dant le choc de deux corps dui^ qui se ren-
contrent ! Il faut une oreille bien fine pour
saisir cette onomatoi^éc. — L'étym. proposée
par Langensiepcn, L. urr/itarc^ fréq. de iir-
ycrCy presser, est forcée et l'initiale aspirée ne
serait pas motivée. — D. heurt, it. urto.
Com|X)sé : s'aheurter.
HEUSE, anc. = botte, chaussure, auj. t.
de mécanique =» cylindre de bois qui joue
dans le corps d'une pompe, et qu'on nomme
aussi sabot; c'est le même mot que le vfr.
hose, mentionné sous houseiiiix. — Le sens de
piston de pompe se prête d'ailleui^ aussi à
une extraction du flamand hoosen, puiser
(Kiliaen).
HIATUS, mot latin, signifiant pr. ouver-
ture, bâillement, puis, comme terme de gram-
maire, rencontre de deux voyelles, sans éli-
sion de l'une des deux. Cette dénomination
vient de ce que, pour passer de Tune à l'autre,
la bouche reste ouverte.
HIBOU, mot imitatif (cp.L. ulula^nW. uhu)\
en vfr. on trouve aussi houpi. — L'origine
onomatopéique de hibou n'est toutefois pîis
admise i>ar tout le monde; Baist ^Ztschr., V,
236) tient le mot pour celtique et l'identifie
avtH* irland. seboec, cambr. hebouc; cp. en
«•atalan siboc == hibou. — L'étym. assignée à
hibou par Huet est assez plaisante : hic bubo;
Ménage, plus foit encore, n'a pas même be-
soin du hic; bubo lui suffit : bubo, bubus,
vubuSy hubus, hybus, hibns, hibuvius, Hi-
BOi: !
HIC, dans la locution ro//à le hic. Ce vo-
cable hic est l'adverbe latin signifiant ici; la
locution française reproduit celle du latin hic
est, sous-entendu quiestio (ou autre subst.
analogue) = ci git la question, le point en
discussion, le nœud de la difficulté.
HinE*, HISDE', mot de l'ancienne langue
signifiant horreur, et dont nous est resté le
dérivé hideux. On a pensé que hideux, vfr.
hisdeux, hisdous , venait du L. hispidosws,
hérissé, rude (forme que présentent quelques
éditions de Catulle), et que de cet adj. se se-
rait dégagé un subst. hisde, hide. Vu pro-
("étlé semblable ne serait pas sans exemple,
mais ce qui s'oppose à l'acceptation définitive
de cette étymologie, c'est qu'il se pourrait que
la forme hi(fe fut antérieure à hisde. Peut-
être hide (c'est là une conjecture de Diez)
émane-t-il du vlia. e^jidi « horreur ; l'initiale
h devrait dans ce cas être envisaîçée comme
adventice. La découverte d'une ancienne forme
h ci de ou hed4i lèverait tous les doutes à cet
ôprard. — D'après Schuchardt (V'okalismus,
II, 288). hide est = L. yœda, subst. abstrait
dr» fœdus. — Les écrivains du xvi'* siècle em-
jjloyaient encore l'anc. subst. hideur; Frois-
.sart emploie eshider p. effrayer.
HIDEUX, donnant (anc. aussi éprouvant) de
refTroi, voy. l'art, prôc.
HIE, vfr. == effort, vigueur, du flam. hijyh^n,
l'cspirer fortement, cp. ags. hiye, zèle, verbe
higan, angl. hie, se presser. Ménage cite un
verbe picard hinyuer, s'efforcer ; c'est un cor-
respondant nasalisé du flam. hijghen. — Le
subst. hie moderne, nom d'un instrument
servant à enfoncer des pavés ou des pilotis
(appelé aussi demoiselle, mouton), répond au
lioll. hci, et le verbe hier au hoU. Iieijen. Diez
pense que hcijen n'est qu'une variété littérale
de hijghen et que la hie tire son nom de l'ef-
fort que demande le maniement de cet in-
strument. Ce qui corrobore cette opinion,
c'est qu'on appelle hiement aussi le bruit (les
soupirs) que fait une machine en élevant un
fardeau et celui que cause un effort violent
dans un a.ssemblago de pièces de bois.
HIJiBLE, prov. evol, it. ebbio, du L. ebu-
îum.
1. HIER, adverbe, vfr. her, er, ter, prov.
hcr^ it. ie7n, esp. ayer, du L. heri,
2. HIER, verbe, voy. hic,
mÈRAROfllE, gr. itpxojcix, autorité souve-
raine en matière religieuse ; le chef de l'ordre
hiérarchique s'appelait iipipyyn, grand prê-
tre, litt. le saint régent (do Upd;, sacré, et
ipyivj, dominer). Le mot moderne a pris le
sens de « ordre des degrés qui existent dans
l'état ecclésiastique entre le premier pontife
(le pape) et le simple tonsuré », puis celui de
« filière administrative »* en général. — D.
hie rare! dquc.
HIÉROGLYPHE, gr. «.çoy^û^jo;. pr. carac-
tère symb()li/|ue (ts^o;, sacré, et ylOy stv, graver ».
HILARITÉ, L. hilaritas (de hikiris, gai).
HIPPO-, élément initial do quelques com-
posés grecs re(;us dans le dictioimaire fran-
çais; du subst. cûTTo;, clieval. Parmi ces com-
posés, nouscitons : HIPPODROMK,gr. imzoSpôfJLOÇ,
lieu destiné aux courses de chevaux (é,oo/A^,
cour^se) : hippogriffe [hippogrypJie)^ = che-
val griffon (y.oûf , L. gryphus), monstre fabu-
leux célébré par l'Arioste; .hippopotame, gr.
iTrT-sTorxuoi, cheval de rivière (ffOT3c/*o;).
HIRONDE, vieux mot, remplacé par son
diminutif hirondelle, du L hirwido, it. run-
di)ie, — L'ancienne langue disait aussi aro;t^^,
d'où les dirain. arondean, arondelle., aron-
delet. Ces formes se retrouvent encore dans
la langue des arts et métiers, et dans des
noms de famille,
HIRONDELLE, voy. l'art, prôc.
HISSER (aussi hinserj, it. issare, esp., port.
isar, du suéd. hissa, bas-ail. hissen, m. s.
HISTOIRE, L. historia (iîr^pfa). — D. histo-
riette; historique, L. historiens; historien;
historial, L. historialis; historiographe, gr.
i77'3pio /pkfo;. Le verbe historier s'employait
anciennement, I. pour décrire, dépeindre;
2. pour ornementor un livre, manuscrit ou
imprimé, par des figurines tirées du sujet
ou de Yhistoire traités dans le livre (do
là lettrines ou vignettes historiées). Auj. ce
vei'bo est un terme do peinture qui signifie
observer tout cd qui regarde l'iiistoiro : c'est
ainsi qu'on dit « un tableau bien historié ».
HISTRION. L. histrio.
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HOC
— 272
HOM
HIVER, pix)v. Jûvcrn, du L. hihenuim tem-
juis. — D. hircrnal; hiverner, L. liibcrnarc.
HOBEREAU, HOBRSAU', voy. l'ut-t. siiiv.
HOBIN, espèce do clieval d'Kcosse (de là l'it.
itbi)w) ; de langl. hobby, qui signifie ù la foi.s
une espèce de jxîtits chevaux et une espèce
de petits autours. De ce primitif hcMt/ déri-
vent : 1 . en V. angl. subst. hobe/vr = qui monte
un hobfhf (vov. Ducange v° hobeflat-ii); 2. en
fr. hobereau, \\ci\t gentilhomme, et i)etit oi-
sciui de proie. Le sens gentilhomme découle-
t-il de celui d'oiseau, do sorte que le gentil-
homme ainsi nommé serait pr. un gentil-
homme à hobereau, trop pauvre pour tenir
des faucons? Je n'ose rien affirmer à ce sujet;
toujoui*s est-il que l'esp. tcu/arote, comme l'a
fait remarquer Dicz, signifie do mémo petit
faucon et petit gentilhomme. — Richelet
avait la singulière idée que hobereau était
une mauvaise orthographe jwur hautbeî'eau,
et qu'il vient de haut ba* = haut baron. C'est
faire d'un petit gentilhomme un jiair du
n>yaumc; mais poui-quoi ne le ferait-on pas
(juand il sagit de se donner la satisfaction
(lavoir trouvé une étymologie? — .l'ai repro-
duit, pour rétynjologie do hobcrrou, en tant
que nom d'oiseau, 1 opinion de Diez; c«jx;n-
dnnt, elle laisse quelques doutes. D'abord, la
signification autour prêtée à l'angl. httbbi/
est-cUo bien établie? Puis n'est-il pas tout
aussi possible que ce hobby soit tiré du vfr.
hube, oiseau de chasse, qui mo semble être le
j)rimitif le plus naturel du vfr. hobcl, et de
hobereau; le rapprochement du mot fr. au-
brier et des analogues prov. et it. que nous
avons cités à l'occasion de ce mot, ne poite-
t-il pas plutôt à admettre iK)ur hobe un type
aiba, et pour hoba'cav uik type albareUius,
d'où aubcreau, haubereau, hobereau f —
Quant à hobin et à son primitif angl. hobby,
on peut en rapi)rocher le frison et suéd. hojtpa,
dan. hoppe, signifiant également une espèce
de cheval.
HOC, sorte de jeu de cartes; du L. hoc,
cela, c'est cela.
HOCHE, entaille; on y a vu une forme wal-
lonne p. coche fcp. wall. haver = L. cathare,
hoche = cosse), ou bien le subst. d'un verbe
hocher (pic. ahoquei), . accix>cher, et l'équi-
valent de coup do crocliet (radical BL. hoccus,
crochet, = flam. hoek), ou enfin le .««ubst. du
L. occare, hei'ser, donc pr. = entaille par
l'effet de la hei-sc. Aucune de ses conjectures
n'est soutenable, l'ancienne forme étant oschc,
verbe oschier (l'asjiiration est sunenue i)lus
tard). — Un dialecte provençal offrant auscar,
Forster iZtschr., V, î)8) propose Tét. L. abse-
carc, étymologie |)honétiqucment correcte.
1. HOCHER, faire une entaille, voy. l'art,
préc.
2. HOCHER, secouer, branler; de la même
famille que le flam. hotsm, hutseu, wall.
hossi (Diez). D'après Forster (Zt.*ichr., V, 90),
hochei* aurait pour sens primordial « .saisir et
attirer un objet fixé ou suspendu moyennant
un hoc (crochet), jKir quoi il est mis en mou-
vement « . Cette explication est iku plausible ;
si hocher venait de hoc, il signifierait plutôt
accrocher que chercher à. décrocher ; en effet,
le picard dit hoquer, ahoquer p. accrocher.
— D'autre part, l'existence du picard hoquc
ta; secouer, faire des mouvements saccadés,
jette du doute sur la manière de voir de Dicz.
— D. //ocAcf, jouet d'enfants; hocheur, espèce
de singe. ComiK)sés : hochequeue; hochepied ;
hochepot (flam. hutspot, caro jussulenta. wall.
hosepot), ragoût ainsi nommé parce qu'il faut
parfois hocher le pot, de peur que la viande
no brûle; l'angl. a estropié le mot en hodgc-
podge, hotch'potch,
1 . HOCHET, jouet, voy. l'art, préc.
2. HOCHET, sorte de bêche usitée pour les
terrains légers, de L. occare, herser.
HOOMER, anc. hoigner, hotigner, gromme-
ler, grogner; Diez rapproche ce verbe des
équivalents ail. hummcn, angl. hum, et sup-
pose comme origine immédiate une forme
vha. humjan ou nord, humja.
HOIR, vfr. aussi hoir, du L. hercs, héri-
tier. — D. hoirie; dt'S-hch'ence.
HOLOCAUSTE, gr. ôio/aviTrov, Utt. = entiè-
rement brûlé; .sacrifice où l'on brùlo la vic-
time tout entière, puis la victime même.
HOMARD (le d est parasite), du .suéd , dan.,
ail., ni. h umtmT (de même famille avec gr.
f.xtxv.yp^i lat. cammants).
HOMBRE, jeu de cartes dont le nom et
l'usage viennent d'ivspagne; Vhombre en esp.,
signifie V homme; c'est donc litt. lo jeu de
l'homme.
HOMÉLIE, du gr. éaiÀîa, pr. réunion; pour
la filiation des .sens, cp. harangue, et L.
coucio, assemblée et discours. — D. homilé-
tique, gr. ôuilvt'tf.i/i, s.-e. rïx'j^,.
HOBUiOPATHIE, néologisme, forgé avec les
éléments grecs iwito;, égal, et Ttk^oi, affection
maladive. On voulait, au moyen de cette com-
binaison, rendre l'idée : traitement patholo-
gique d'après le principe • similia similibus
eurantur -. Le terme forme opposition à ailo-
pathie \iXi os, aviivo).
HOMICIDE, 1. adj., du L. homicida, tueur
d'hommt-, 2. subst., du L. homicidium,
meurtre.
HOMMAGE, it. omaggio, esp. homctmgc,
prov. homemttge, BL. homiuaiicum, dérivé
du L. hominem, homme, dans son acception
féodale « homme-lige, va.ssal. L'hommage est
pr. l'engagement pris i>ar le vassal a l'égard
du seigneur, puis = soumission, resjiect, en-
fin =» don rcs|)ectueux. — D.adj. hommager,
qui doit l'honmiage.
HOMME, it. uouio, esp. humbrcyde hom'uem,
conmw fembrada frm'na), port, hometn, prov.
vfr. hom ; du L. homn, -inis, — D. homtnagc
(V. c. m.), hommasse, hommelet, homyneau
(La Fontaine). — Voy. aussi on,
HOMO-, clément initial de certains termes
comjïosés savants; c'est le grec ô,«oî, sem-
blable, égal, commun. Parmi les termes les
plus usuels nous citons :
Ho.MtHifcNK, gr. s/Aoytvrii, do même nature
— D. homof/thivitc,
HoMouKiL'E, gr. «/AS > 0/5 5, concordant, con-
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HOR
273
HOU
forme, analogue. — D. homologuer^ déclarer
confonne.
Homonyme, gr. éfiitwfioi, qui porte le même
nom. — D. homonymie.
HONGRE, cheval coupé, ainsi appelé de ce
que les Hongrois châtraient les chevaux
qu'ils allaient vendre à l'étranger. — D. hon-
grer. ^
HONNETE, L. honestits, — D. honnêteté
(cette forme répond à un type BL. honestitatem^
tandis que Fane, mot Aone^/^ reproduit le clas-
sique honestatem),
HONNEUR, vfr. honour, cnor, du L. hono-
rem. — D. honoraire, L. honorarius [honora-
rium = don gratuit; aujourd'hui, le mot
n'est plus qu'un euphémisme pour salaire) ;
hono7'er, L. honorare ; honorifique, L. hono-
rificus ; opp. déshonneur.
HONNIR, it. onire, prov. aunire, déshono-
rer du goth. haunjan, humilier, faire honte,
vha. hônjan, nha. hôhnen. De là le subst.
participial fém. it. onfa, prov. aiitofp. aunta),
fr. HONTE, correspondants du vha. honida,
V. saxon honda, déshonneur. Anciennement,
/<o/i/iir prenait aussi le sens physique de souil-
ler, tacher.
HONORER, voy. honneur. — D. honorable;
déshonorer.
HONTE, voy. honnir. — D. honteux ;éhonté.
HOPITAL, mot de la couche savante, du L.
hospitale (hospes, -itis). Le même primitif la-
tin a donné, selon les règles usuelles, la
forme hostel, auj. liôtel. — D. hospitalier,
hospitalité.
HOQUE, aussi hoche, huque, anc. = petite
casaque que l'on portait au-dessus de l'ar-
mure; du moy. néerl. hoicke, frison hohke,
manteau. — On rattache ordinaireipent à
lioqiie, comme en étant le diminutif, le mot
hoqueton (v. c. m.), mais les analogues des
autres langues obligent à lui assigner une
autre origine ; toujours se peut-il que son or-
thographe ait été influencée par le mot hoque.
HOQUET, onomatopée; cp. angl. hickup
et (sous l'influence de cough, toux) hiccough,
wall. hikett, bret. hok, hik. — L'origine
onomatopéique de hoquet pourrait bien n'être
qu'apparente; le mot ne serait-il pas plutôt
le subst. de hoqueter, secouer, saccader (voy.
hocher 2) ? Quel que soit le primitif de ce
dernier, il serait difficile de séparer hoquet au
sens de « choc, heurt, diflSculté, chicane » du
primitif ^ oc, croc, crochet; cp, le sens méta-
phorique du fr. accroc. — D. hoqueter, avoir
le hoquet.
HOQUETON, vfr. auqueton; voy. coton et
hoque.
HORAIRE, L. horarius (hora).
HORDE, it.orc/a.all. Aorcfe, albanais /lorÉ//,
iiisse orrfa, etc. ; mot d'importation asiatique.
Dozy indique le turc ordoe, camp.
HORION, coup nidement frappé ; cp. lorr.
horié, fustiger, pic. horniotc, petit coup,
norm. horgne, coup de poing. Diez riteChev.
au Cygne, v. 1 189 : sy l'en donrai ou chief
un si grant horion. — D'origine inconnue.
Ménage expliquait le mot par oreillon! On
trouve, en effet, en vfr. (Gaydon, p. 244),
orillon = coup de poing. — Chevaliet range
le mot sous la famille heurter. C'est singu-
lièrement heurter contre tous les principes de
phonétique.
HORIZON, L. horison, -ontis, du gr.
é;5(Jwv, = qui forme la limite (opoi). — D. ho-
risontal.
HORLOGE, L. horologium («poio/i^v, indi-
cateur de l'heure). — D. horloger.
HORMIS p. hors mis, préposition partici-
piale, synonyme de excepté. L'expression
hofmis moi répond verbalement k L, me
excepto.
HOROSCOPE, L. horoscopium (gr. ùpo^xo-
TTiiov, examen de l'heure).
HORREUR, L. Iwrror (de horrere, pr. se
hérisser); ^omô/e, L. horibilis; horrifique,
L. horrificus.
HORRIPILATION, L. honHptlatio, litt. hé-
rissement du poil.
HORS, autre forme de fors (v. c. m.). Com-
posé : dehors
HORTICOLE, -CULTEUR, -CULTURE, mots
faits du L. hortus, jardin, sur le patron de
agricole, -cuUeur, -culture.
HOSPICE, L. hospitium, hospitalité.
HOSPITALIER, -ALITÉ, voy. hôpital.
HOSTIE, vfr. oiste, du L. hostia, victime.
L'acception antique de victime était encore
vivace du temps de Corneille et de La Fontaine.
De là s'est dégagé le sens liturgique d'offrande
et particulièrement celui de pain eucharis-
tique.
HOSTILE, L. hostilis (liostis). — D. hostù
lité, L. hostilitas.
HOTE, it. oste, prov. oste, osde, esp. hues-
ped, port, hospede, valaque oaspete; du L.
/iospiïem, accus, de hospes, lequel, comme
le fr., avait déjà le double sens « qui donne
ou qui reçoit l'hospitalité «. — Le passage de
Cicéron, De Officiis, 1. 12: «Hostis apud ma-
jores nostros is dicebatur quem nunc pere-
grinum dicimus », pourrait engager à poser
hostis comme étymologie du fr. hôte, mais
celle que nous suivons s'accorde seule avec
toutes les formes et est mieu^ recommandée
aussi par le sens.
HÔTEL, voy. hôpUal. — D. hôtelier, hôtel-
lerie, anc. hosteler, loger; composé hôtel-
Dieu, r:ii hôpital, parce que les pauvres y sont
reçus pour Dieu (Nicot).
HOTTE, de hi même famille que l'ail, hotjse,
berceau, suisse hutte, hotte. La racine indo-
européenne hot, cot, est au fond d'un grand
nombre de vocables exprimant des choses qui
couvrent, qui protègent ou renferment.
HOUACHE, voy. ouaiche.
HOUBLON, anc. houhelon, dimin. du BL.
hupa. Ce dernier répond à l'angl. ou néerl.
hop, ail. hopfen. La forme BL. humulus,
humulo, humlo, reproduit le flam. hommcl
(( p. nord, humall, suéd., dan. humle).
HOUE, wall. havoe, du vha. houwa. ail.
mod. haue. D'après Forster (Ztschr., V, 98),
18
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HOU
— 274 —
HOU
du vfr. /toc, crochet, qui serait =5 vha. haco,
ags. hoc, et qu'il tient aussi pour le primitif
de hochet. D'autre part (ib. VI, 1 1 1) il dit que
le thème vha. hàko n'a pas laissé de trace
dans le domaine roman. En présence de cette
fluctuation, je maintiens l'ét. que j'ai posée
d'après Diez. — D.honel houau, a\3J.hoyau;
verbe houer = vha. houtcan.
HOUHOU, dans l'expression « vieille hou-
hou ». Ce mot, traduit dans le Dict. des trois
langues d'Oudin par vecchia strega^ vieille
sorcière, est évidemment le nom d'un animal,
^o Elles sont plus noires que les taupes, phis
laides que des guenons, plus sottes que des
houhous n ^Chapelain, traduction de Guzman
d'Alfarache). Ne serait-ce pas le uhu allemand,
nom imitatif donné au hibou ?
HOUILLS, BL. etesp. huila, yroW.hoie. On
croit ce mot originaire du pays de Liège;
Tétymologie en est encore à fixer. En wallon,
je remarque fréquemment la correspondance
non seulement de h et se, mais celle de h et
ch et de A et c (Grandgagnage ne reconnaît
la dernière que pour le dialecte do Ver-
viers) ; n'y aùrait-il donc pas lieu de supposer
un rapport entre le germ. col, kul, kohU,
charbon, et le mot houille f Atzler, de son
côté, propose l'ail, scholle, motte. Cela expli-
querait l'expression charbon de terre en
houille, dans un texte de 1664; ce serait du
charbon en blocs. En 1 854 déjà, feu le professeur
Bormans de Liège écrivait ce qui suit : « Au-
jourd'hui je suis convaincu qu'il faut rappor-
ter houille au verbe thiois schillen ou scfi^l'
len, peler, écaler, écailler, etc., dont les
dérivés schol, schel, schil et schael signifient
écaille, éclat, motte de terre, schiste, ar-
doise, etc. La dérivation du mot houille
(aussi écrit Iwule) du thiois schol, scholle,
déjà si probable quand on la considère en
elle-même, devient évidente par la comparai-
son du mot haye, ardoise, en ancien wallon
scaille, en namurois scaie, qui se rapporte à
schael, » A l'appui de l'opinion de Bormans,
je mentionnerai la forme angl. secole dans
Palsgrave (p. 260), trad. par charbon de
terre. — D. houiller, -ère, -eur,
HOULE de la mer, esp., cat. ola. D'origine
celtique; cymr. hœwal, mouvement de l'eau,
breton houl, vague. .lal, cependant, et d'après «
lui Littré, invoquent le holl. holle (lisez hol),
creux, dan. huul, creux (huulsee, mer hou-
leuse).— On ix)ur rai t citer aussi lewall. holer,
s'agiter, se remuer, le vfr. holler, changer
continuellement de place, et houler, pousser,
exciter, mais ces verbes ne s'accordent guère
avec le sens de creux. — Devic suppose une
origine orientale et invoque le terme arabe
haul, terreur, qui, lié avec mer (donc « ter-
reur maritime ») signifie mer houleuse.
HOULETTE, bâton du berger, aussi usten-
sile de jardinage pour lever de terre les oi-
gnons de fleurs, donc pour creuser. J'avais
toujours considéré ce mot comme le dim. de
hx)He, donc pour fwuelette; rien ne me sem-
blait s'opposer à cette étymologie, tellement
simple» que je m'étais étonné de ne pas l'avoir
rencontrée parmi celles qui ont été mises en
avant par mes devanciers. Cependant, l'exis-
tence d'un L. agolum, interprété par Festus
comme houlette de pasteur, m'oblige à don-
ner la préférence à ce primitif latin; houlette
représenterait donc un type agoletta^ d'où
aolette, ttoulette, oulette, houlette, L'A aspirée
pourrait être envisagée comme l'effet d'une
assimilation à houe. Ma conjecture a été fa-
vorablement accueillie par Littré et Brachet ;
Diez n'a pas traité le mot. — D'après Jehan
de Brie, Le bon berger (xiv* siècle), le mot
vient de houler (vfr. =s jeter), parce que la
houlette sert à « coper et jeter la terre légère
sur les brebis, n II peut avoir bien rencontré,
mais cela reste douteux. — L'anc. langue avait
aussi le simple houle.
HOULQUE, HOUQUE, du L. holcus {iUoi)»
orge sauvage.
HOUPPE, touffe, flocon, bouquet, esp, Ao/>o,
queue velue des animaux ; on a identifié ce
mot avec le nom d'oiseau L. upnpa, fr. huppe
(on sait que cet oiseau se distingue par une
tc^uffe de plumes sur la tête), mais los lois
phonologiques s'opposent à cette étym. ; aussi
faut-il préférer celle de Diez, savoir : ni.
happe, houblon, à cause de la forme globu-
laire et écailleuse de cette plante. — D. houp-
per, houppier, houppifère, t. d'hist. naturelle.
HOUPPÉfi. élévation de la vague, peut-être
du flam. hoppen, angl. Aop, sauter; Littré le
déduit de houppe, l'écume qui couronne la
vague étant comparée à une houppe.
HOUPPELANDE. Les continuateurs de Du-
cange, après avoir cité divers documont-s du
xv" siècle où se rencontre le mot hopelanda,
ajoutent : « Vocis etymon ab Uplandia pro-
vincia arcessit Huetius, quod inde crédit alla-
tas fuisse huppelandas. Pelandas eas vocant
Itali (?) 1. La forme bas-latine oppellanda
amène Bugge (Rom., III, 153) à poser l'étymo-
logie suivante : L. palla, vêtement long, ncm
ajusté à la taille ; delà le verbe factice oppal-
lare, couvrir d'une palla, d'où oppaUanda
(cp., comme dérivation, les subst. guirlande,
offrande, viande, etc.). LA aspirée ne ferait
pas diflSculté, mais l'aspect général de l'éty-
mologie inspire quelque méfiance. Voy. aussi
Mussafia, Beitrag zur Kunde der nord-ital.
Mundarten, p. 86, à propos de l'it. pelanda
(vêtement ample).
HOUR, anc. hourt, claie, retranchement,
palissade, hangar; d'origine germanique :
goth. haurds, porte, ail. hiirde, hordes flam.
horde, angl. hurdle, claie, cloison formée de
branches entrelacées. — D. hourder (v. c. m.),
maçonner grossièrement (dans le principe
sans doute = faire un clayonnage) ; hourder
un plancher, en faire l'aire avec des lattes ;
hourdis\ BL.hurdicium.
HOURDER, voy. l'art, préc. ; dans l'accep-
tion pourvoir (« hourder ses hôtes de pré-
sents »), le mot vient, d'après Grandgagnage,
du mha. horden, entasser, accumuler, qui dé.
rive du subst. hort, amas, provision, trésor
angl. hoard. Le sens premier des mots ger'
maniques et romans est enceindro, entourer'
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HU
— 278
HUG
établir une ceinture (pour pi'ésorver) ; de là
découlent les autres acceptions; op. munir :=s
poui'voir, procédant de L. tnunire, pr. con-
struire (un mur), etc.
HOURET, mauvais petit cliien de chasse.
Diez rapproche l'ags. horadr^ maigre.
HOURQUE» vfr. aussi hulque, houlqite, es-
pèce de navire, it. urca, orca, esp. urca. On
a avancé les et. gr. iUki « navire tiré à la
remorque « , lat. orca, « sorte de baleine » (esp.
îtrca); Caix tire le mot du vha. holcho, mha.
holche, anc. angl. et néerl. hulh (qu'indi-
quai^ déjà Littré); Baist, enfîn, rapproche
aussi gr. vpyrn espèce de vase.
HOURYàJtl, cri de chasse. D'après Dar-
mesteter (p. 320), ce cri représente ?iouI
revaril ce qui, en langue de chasseurs, équi-
vaut à « hou ! retournes-j (sur la bête) ! ••
HOUSEÂU, dimin. du vfr. house, hose,
heuse^ it. uosa, v. esp. huesa, BL. hosa, bro-
dequin, bottine.. Du vha. hosa, chausse, bas,
nba. hose, haut-de-chausses.
HOUSPILLER ; le radical housp est mis en
rapport par Diez, à défaut d'autres données,
avec l'ags. hi/span, injurier. Chevallet ima-
gine, comme primitif, un composé ags. ut'
spillen, maltraiter quelqu'un en le tirant
dehors ; cela me parait très hasardé. En pré-
sence de la forme normande gouspiller (d'où
peut-être houspiller s'est produit comme vfr.
houpil de goupit), je préférerais partir d'un
type latin cuspicula, pointe, aiguillon, d'où
gouspille et verbe gouspiller ; la valeur éty-
mologique serait ainsi analogue à celle de
harceler. — La forme la plus ancienne du
mot étant houcepigner, d'où houssepillsr,
Littré l'explique par pigner (peigner) ou piller
(saisir) la housse (le vêtement de dessus) et
iigurément, battre, secouer; il compare la
loc. tomber sur le casaquin de quelqu'un.
Cette manière de voir sourit assez ; cependant,
le houcepigner du Renart pourrait bien être
une transformation populaire, d'autant plus
que housse = vêtement n'est pas constaté.
Pour bien asseoir une étymologie, il faudrait
d'abord savoir si le mot avait en premier lieu
l'acception physique secouer, tirailler, ou
Tacception morale faire affront. C'ast à cette
dernière que parait se rattacher le subst.
hoiispilloH, que nous trouvons défini de la
sorte dans Bescherello : demi-verre d'eau que
l'on faisait boire à celui qui avait manqué à
«luelque cérémonie de table. Si l'acception
inoraie avait précédé, la conjecture de Diez
mériterait d'autant plus de considération.
HOUSSE, BL. hulcia, hulcUum, du vha.
/tuht, m. s., cp. angl. et ni. holster, fourreau.
Littré cite aussi le cymr. hios, couverture.
HOUSSâIE, HOUSSER, voy^ houx,
HOUSSINB, voy. houx. — D. houssiner.
HOUX (p. hols), du vha. hulis, ruscum,
bas-all. huUe, flam. Au/«f (ags. hoJegn^ angl.
holiy). — D. housser, d'où houssoir; hous-
shie ; hoiissaie; Iwusson, petit houx.
HOYAU, voy. houe.
HU, interjection, servant à effrayer les
bêtes dans une battue, ainsi qu'à exprimer le
mépris. De là (d'après Diez) le verbe huer^
crier après qqn. Voy. hucher, — Au cri hu
se rapportent encore les subst. huard, nom
d'oiseau, huette, hibou, appelé ainsi d'après
son cri, norm. huant (cp. ail. uhu) et huyau
= coucou.
HUARD, aigle de mer, voy. hu,
HUOHB, vfr. huge, angl. hutch, du BL.
hutica (cp. le vfr. nache et nage, du L. wjh
tica). Quant à hutica, il se rapporte à l'ail.
hutte sa fr. Aotte (v. c. m.). On a invoqué
aussi l'ags. koùcat^ boite, caisse, mais la
lettre ne correspond pas. Les faiseurs de
huches ou menuisiers se nommaient au
XIV* siècle des huchiers, et la menuiserie était
de la hucherie,
BUCHER, pic. huquer, wall. hauhi, prov.
uchar, ucar, BL. hucciare; cp moy. néerl.
huuCy cymr. htochic, serbe uha, appeler à
haute voix; n'est plus guère employé que
comme terme de chasse. Diez, se fondant sur
l'expression analogue harer (v. c. m.), le rap-
porte à Tadv. latin hue, ici, pris comme ad-
verbe d'appel. Au prov. ucar répond un
subst. verbal uc, cri, appel; je pense avecÛa-
chet que le subst. vfr. Au (avec Vs nominatival
hus p. hues) est le correspondant de ce prov.
uc. Le verbe huer me semble être l'analogue
fr. du prov. ucar, et une simple variété litté-
rale de hucher. — De hucher vient le subst
huchet, petit cor de chasse.
HUER. voy. hu et hucher. — D. huée.
HUETTE, aussi huet, voy. hu.
HUGUENOT, sobriquet donné aux réformés
en France, à partir de 1560. On prétend qu'il
a été appliqué en premier lieu à Tours. Les
cox^jectures sur l'origine de ce sobriquet sont
nombreuses. En voici, pour distraire mon
public, une quinzaine : 1. L'ail, eidgenos-
sen, *= confédérés ; non seulement la forme
s'y refuse, mais le sens. Le mot ne consti-
tuerait pas un terme d'injure comme les
calvinistes l'envisageaient eux-mêmes, et de
plus il ne pourrait s'appliquer qu'aux Suisses
protestants, (jui cependant n'ont jamais été
nommés ainsi. — 2. AU. hug-genossen =
compagnons de cœur ou d'esprit (v. ail.
hugi, hug, cœur, esprit); en ce qui concerne
l'idée, cette opinion est aussi insoutenable
que la précédente. — 3. La porte du roi Eu-
gon à Tours, comme lieu présumé des réu-
nions de protestants. -^ 4. La tour du roi Hu'
gon à Tours. — 5. De Hugues Capot, ou roi
Hugon; la tradition populaire à Tours fait
errer la nuit l'esprit du roi Hugon ; les pro-
testants, à cause de leurs assemblées noc-
turnes, auraient de là été nommés Huguenots.
— 6. Du même roi Hugues Capet, parce que
les protestants défendaient les droits de la
ligue capétienne contre les Guises, qui se fai-
saient passer pour les descendants de Char-
lemagne. — 7. D'après un certain Hugo, hé-
rétique du temps du roi Charles VL — 8.
D'après un autre Hugo, rebelle contre l'auto-
rité royale. — 9. D'après une petite monnaie
I datant du temps d'Hugues Capet et appelée
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HUM
276 —
HUP
huguenot ; le peuple voulait par cette expres-
sion témoigner le prix auquel il taxait les
sectateurs de Calvin. — 10. De Huss, ou
plutôt de « les guenons de Huss ». — 11. Du
suisse hens (p. gens) ffuenaits (guenaix) ou
hue gueixaus. — 12. Du flam. heghenen,
observer, purifier, donc = puritains. —
13. Un gentilhomme allemand, arrêté par
le cardinal de Lorraine et interrogé sur
la conspiration d'Amboise, aurait commencé-
sa défense par les mots « Hue nos, sere-
nissime princeps, advenimus »», puis il se
serait arrêté tout court. — 14. Du L. ut
nos! — 15. De Huc-nox, monstre engendré
par Csilvin avec un incube. — Nous avons
produit cette liste de conjectures, plus invrai-
semblables les unes que les autres, dapi'ès
Mabn. Ce savant est d'avis que huguenot est
un diminutif de Hugues, comme Hiiet, et que
le mot, en tant que terme do dérision ou
d'injure, se rattache à quelque hérétique ou
conspirateur de ce nom. — En effet, un texte
du xvi« siècle, rappelé par Litti-é, mentionne
comme tel un Pascal Huguenot de Saint Ju-
nien en Limousin, docteur en décret — En
présence des formes populaires ayant cours
dans le midi de la France ponr huguenot,
comme alganau, higanau, iganau (voy.
Rom., XI, 414), l'étyinoi. eidgenossen gagne
beaucoup de crédit; aussi M. Baudry l'a mise
hors de doute dans sa, notice préliminaire à la
i-eproduction des gravures lûstoriques de Tor-
torcl et Périssin.
HUI, adverbe, prov. huei, hoi, esp. hoi/, it.
oggi, du L. hodic ; ne s emploie plus que
dans la phrase au jour d*hui (réunie en un
mot).
HUILE, vfr. oille, angl. oil, du L. oleum.
— D. huiler; voy. aussi œillette.
HUIS, porte (n'est plus guère employé que
dans la locution à huis clos), it. uscio, prov.
uis, us, du L. ostiitm, — D. huissier, pr.
portier, it. usciere, L. ostiarius (BL. ustia-
rius).
HUISSIER, voy. huis, — D. huisse^ne,
HUIT, du L. oeto (cp. nuit de nocteni).
HUÎTRE, vfr. oistre, angl. oyster, ail. aus-
tei\ it. ostrica, esp. ostra; du L,ostrea,
HULOT, t. de marine, trou pratiqué dans
une écoutille, pour y faire passer un câble ;
de Tangl. hole, dan. hul, cavité, trou.
HULOTTE, espèce de hibou, dérivé du L.
ula (primitif de idula) = ags. ule, néerl.
uyl, vha. hiutoila (dér. de huwo), ail. iiiod.
eule,
HUMAIN, L. humanus. — D. humaniser;
humanité, L. humanitas. Notre terme huma-
nités (« faire ses humanités «) relève du L.
humanitas dans son acception culture de
l'esprit, instruction. Les savants appellent en-
core aujourd'hui « humaniora studia » les
études qui constituent une éducation libérale,
parce qu'elles appellent, comme a dit fort bien
Esticnne Pa.<«quier, à une • due humanité » . —
« Humanitatcm vcteixîs appellaverunt id pro-
pemodum quod Graxîi itziSiUv, nos eruditio-
nem institutionemque in bonasartesdicimus •
(Aulu-Gelle, XII), 6).
HUMBLE, L. humilis (humus), litt. terre à
torre, peu élevé. — D. humilier, L. humi-
liare, rabaisser; humilité, L. hurailitas. Not«
que humilitas n'était, pour les Latins, en au-
cune manière une vertu ; le mot, chex eux,
signifiait : bassesse, petitesse, faiblesse, pau-
vreté. Ce n'est qu'au point de vue clirétien
que le sentiment de la faiblesse, de i 'indi-
gnité, constitue une vertu.
HUMECTER, L. humectare.
HUMER, wall. houmer, pic. heumer, ava
1er quelque chose en retirant l'haleine, c'est
donc en quelque sorte un synonyme d'aspirer.
Diez demande si le mot n*ost pas une ono-
matopée. Je pense que cette manière de voir
est plus naturelle que celle de Sylvius et de
Nicot, qui disent : ab humere, id est humi-
dum fieri, quia sorbitione corpus humcscit ».
— D. humetter (Rabelais), boire à la manière
des chevaux.
HUMÉRUS, mot latin, = bras supérieur,
épaule. — • D. humerai,
HUMEUR, angl. humour, it. umore, du
L. humor, liquide. Le sens figuré : disposi-
tion de l'esprit, du tompérament, fantaisie,
caprice, est étranger au mot latin. Je ne vois
pas non plus qu'il ait eu cours en France avant
le XV® siècle. Je n'examinerai point comment
la valeur psychologique actuellement atta-
chée au mot s'est déduite du sens physiolo-
gique; mon rôle .se borne à poser l'étymo-
logie. — A part la signification générale :
disposition do l'esprit (« bonne, mauvaise
humeur, humeur noire, chagrine »), le mot
hu^neur, sans épithète, s'emploie tantôt pour
gaieté spirituelle, veine comique (ce sens ré-
pond à l'angl. humour, ail. Jiumôr), tantôt
pour humeur chagrine. Les deux sens, oppo-
sés l'un à l'autre, ont chacun* dégagé le subst.
humoriste (d'où humoristique). Le sens de
gaieté est particulièrement propre au mot
comme terme de littérature ; on aime alors,
pour le distinguer de Tautre, à lui laisser lo
costume anglais et à l'écrire humour,
. HUMIDE, L. humidus. — D. Jiumiditc.
HUMILIER, HUMILITi, voy. humble,
. HUMORISTE, voy. humeur.
HUMUS, terre végétale; mot latin.
HUNE, du nord, hun, m. s. — D, hitmei'.
HUPPE, du L. ttpupa. Ce mot latin, it.
upupa, s'est d'une part transformé jmr aphé-
rèse en bu/ta, poppa, poupa, etc. (dialectes
divers d'Italie), dimin. bubbola, etc., d'autre
part en prov. upa, v. flam. hoppe, fr. huppe.
Ce dernier signifie aussi la toufl*e de plumes
qui C4iractérise l'oiseau huppe, puis particu-
lièrement le bouquet de soie, de fil ou de laine
qui surmontait le bonnet des docteurs. La
huppe, ét4int devenue, dans le vêtement, une
marque de distinction, a donné huppé, pourvu
d'une huppe, au fig. = notable, distingué, de
haut parage. Les patois disent dans un sens
analogue ojcrèté (do crête),
HUPPÉ, voy. huppe.
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IIUT
— 277 —
HYP
HTJRE (Palsgrave : heure) ^ 1. cheveux
hérissés; 2. tête de sanglier, aiitr. aussi le
museau du loup, du lion et d'autres animaux.
Ce mot parait avoir pris naissance dans les
provinces septentrionales : a la gent barbée
et ahurie » (Rob. le Diable); norm. kuré, à
poils hérissés (Roman d'Alexandre : hvrées
ont les testes), rouchi hurée, sol raboteux.
Uétvmologie est obscure. En Suisse, on trouve
le mot hitwel, qui signifie à la fois hibou,
grand-duc et, par allusion au plumage hé-
rissé de cet oiseau, homme aux cheveux héris-
sés (cp. dans le Roman do la Rose « le huon
avec sa gluant hure »); Diez conclut de là que
hure pourrait être une modification littérale
de hule (cp. vfr. mure p. mule, fr. fmvire p.
naxîile) ; hule reproduirait dans ce cas le mot
suisse mentionné hutœl = vha. hiutoila (voy.
hulotte). Cependant, le philologue allemand ne
pose pas catégoriquement cette étymologie et
pense que le vha. un-hiur, un-hiuri, «» hor-
rible, effrayant, qui inspire la peur, mérite
non moins d'être pris en considération, tant
pour le subst. hure que pour le verbe ahurir.
Sur ce dernier point, je ne puis pas être d'ac-
cord ; car un-hiur ne signifie horrible que par
le préfixe, et le simple hiur dit tout juste le
contraire. — Bugge (Rom., IV, 361) démontre
que le sens premier de fr. hure est » chapeau,
bonnet », d'où s'est développé celui de cheve-
lure, surtout chevelure hérissée, et celui de
Xèie hérissée (du sanglier, du loup, etc.) Il
fait ainsi dériver le mot du norois hûfa, bon-
net ou casquette (surtout bonnet de poil ou de
peau). La syncope de /* a donné en danois
hue, La base du mot français serait donc hue,
d'où, par épenthôse d'un r (cp. vfr. mire de mie),
la forme hm^e. Cette dernière s'est transfor-
mée au xvr siècle en huze; de là l'expression
huze à hujse »=« tête à tête (Satire Ménippée).
HURLBR a été précédé de la forme huiler,
hùler, encore vivace dans les patois et qui
vient du L. ululare (forme diminuttve do
nlaré). La prosthèso d'une h est un effet des
formes germaniques ail. heulen, ni. huilen,
angl. howL — L'r dans hurler, it. urlare, est
inorganique.
HURLUBERLU, brusque, étourdi; onoma-
topée.
HUSSARD, de l'ail, husar. Ce dernier
vient du hongrois hussar t= le vingtième
(hus2 « vingt). Le roi Mathias do Hongrie
ayant levé en 1458 le vingtième des pay.sans
pour em. faire des cavaliers, on donna le nom
de hussar à ces troupes.
HUTDf, vfr. hustin, vif, emporté, querel-
leur; adj. tombé en désuétude, qui a survécu
dans le surnom d'un roi de France, I/)uis le
Hutin. Grandgagnage rattache avec raison ce
mot au wall. hustiner, maltraiter, brusquer,
qu'il suppose radicalement identique avec
Tangl. hustle, flam. hutselen, secouer, ti-
railler. Le subst. vfr. hustin signifiait que-
relle ; le wall. a le même mot au sen^ d'ébran-
lement.
HUTTE, == ail. hutte, angl. hui. — D. hut-
ter, loger.
HUVE, ancienne coiffure de femme, du vha.
hùba (foncièrement connexe avec L. cupa),
ail. mod. liaube, bonnet, néorl. huif, huive,
dim. vfr. huvet, -ette.
HTACINTHB, gr. û«cv&9;. Ce mot exotique
s'est vulgarisé sous la {ormo jacinthe.
HTADSS, gr. Gaôs; (\mv, pleuvoir).
HTBRIDE, L. ht/brida aussi ibrida, mons-
trueux, irrégulier, né de deux espèces diffé-
rentes. Le mot latin vient prob. du gr. C6/9c;,
violence, mépris des lois ou des règles.
HYDRAULIQUE, gr. ûSpxuU^ùi, dérivé de
tfSpavUi, orgue mis en mouvement par l'effet
de l'eau. « Cette étymologie vient de ce que
l'hydraulique, chez les anciens, consistait uni-
quement à construire des jeux d'orgue et que
dans la première origine des orgues, où l'on
ne savait pas encore appliquer des soufflets,
c'était une chute d'eau qui y faisait entrer le
vent et les faisait sonner » (Noël et Carpen-
tier).
HTDRE, L. ht/dra (Oo/9x).
HTDRO-, élément initial de mots scienti-
fiques composés, = gr. û^po-, de O^wp, eau.
Les principales compositions de ce genre
sont :
Hydrocèlb, gr. ùSpox^^ii {x^^tj, tumeur).
Hydrocâphalr, gr. ÙSpoAifxXoi, hydropisie
de la tète (ycpalq).
Hydrogènb, néologisme, rendant l'idée
« qui engendre l'eau » .
Hydrographie, description des mers.
Hydrombl, gr. ûo0o>f)t (fiiXi, miel).
Hydromètrb, m^ureur d'eau (jiirpo'», me-
sure).
Hydrophobb, gr. ùSpofét^;, qui a horreur
de l'eau, enragé (^^Cilv, avoir peur).
Hydropiquk, gr. CSp'umxô;, dér. de vSpv^,
amas d'eau, hydropisie. — D. hydropisie (dé-
rivation arbitraire), angl. dropsy.
HTENE, gr. Oxivx, L. hyœna.
HT0I£NE gr. ûyiscvo';, conforme ou relatif
à la .santé (i/fna). — D. hygiénique.
HTGROMiTRE, mesureur de l'humidité
(•>/.oo;. humide, /lirpo-», mesure).
HTMEK, HTl^ÉE, gr. Cfi^^, û/Aîvaio;,
pr. dieu ou génie du mariage, par extension
== mariage. — Comme terme d'anatomie, hy-
men répond au gr. û.ur;v, membrane, pelli-
cule.
HYMNE, gr. U/&V9C, chant, poème.
HTPSRBOLE, gr. ùmoUH» substantif do
ùTtin^kXUtv, littér. jeter par-dessus, puis exa-
gérer; cp. en ail. ilber-treiben.
HYPERTROPHIE, de la particule gr. ;^;ic9
marquant excès, et rpofi}, nourriture.
HYPOOONDRES, gr. ÛTt9xMot%. parties laté-
rales de la région épigastrique, sous les
fausses côtes (de ùità, sous et xojipo^, cartilage).
Ces parties étaient envisagées comme le siège
de la maladie dite hypocondrie. Le subst.
hypocondre s'emploie aussi adjectivement, p.
hypocondriaque, «— gr. ûta^ov^P^wo'»-
HYPOCRITE, gr. ÙTtoApiHif interprète, co-
médien, dissimulé; hyrocrisie, gr. ùnéxpmt.
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IDI
— 278 —
IGN
HYP0GA8TRB, gr. ÛToyàvr/scov, bas-ventre.
HYPOTENUSE, gr. ùnorthov,», t^rme d'Eu-
clide, litt. (la ligne) qui s'étend (rstvsty) sous
{ùito) l'angle droit, ligne sous-tendante.
HTPOTHliQnE, gr. ùrto^riAn, litt. ce qui se
met dessous, gage, nantissement; l'hypo-
thèque est ce qui est placé sotts la dette et en
assure le payement. — D. hypothécaire; hy-
pothéquer, donner pour hypothèque.
HYPOTHÈSE, gr. ûtto&iwî, m. s.; Thypo-
thèse est ce qui est placé « sous *• une assertion
pour l'appuyer. Le mot grec est exactement
traduit par le L. suppositio, — D. hypoihé-
tique, gr. ûrro&eriyo;.
HYSOPE ou hyssope, L. hyssopus, gr.
HYSTÉRIE, dép. du gr. ûirs/îa, matrice. —
D. hystérique»
lAHBE, L. fambus, gr. ta^Soç. — D. tam-
bique.
IBIDEM, adverbe latin, =» là même, au même
endroit.
IBIS, L. ibis, gr. c8i;.
IGEL', fôm. iceïle, cas oblique icelui; forme
qui a précédé cel, celui; « prov. aicel, va-
laque acel. Diez proteste avec raison contre
l'éventualité d'une explication par ipse ilïe,
au lieu de la seule soutenable : ecc'iJïe; le c,
dans icel, ne répond point à un 5 ; à preuve
la forme picarde icheluy, Icelle et icelui sont
aujourdliui considérés comme archalstiques.
L'ancienne langue possédait également icest^
iceste, icestui == L. ecc'iste, Voy. celui.
IGHTHYOLOOnS, -GRAPHIE, resp. science
et traité des poissons (Ix^w).
ICI se rapporte à ci (v. c. m.), au point de
vue de la formation, comme icel à cel.
IG0N00LA8TE, briseur d'images (xX&ity,
briser, tu6tv, image); le même tlx^y forme
l'élément initial des composés savants : icono-
graphe, iconolooue, iconophile, iconolâtre
(>a»ivciv, adorer).
IDÉAL, qui n'existe que dans Vidée, opp.
de réel. — D. idéalité, idéaliser, -iste, -isme.
IDÉE, L. idea, gr. m*, pr. apparence,
forme type, image d'une chose vue, perçue ;
puis Bs représentation, notion. « J'appelle
idée, dit Locke, tout ce que l'esprit aperçoit
en lui-même. t« De là idéal (v. c. m.). M. de
Bonald et autres modernes ont créé le verbe
idéer ss connaître métaphysiquement ; les
Italiens disent idearsi p. s'imaginer. Autres
dérivés savants : idéologie, théorie des idées ;
idéologue; idéographie, expression des idées
par l'image ou le symbole.
IDEM, mot latin, » le même. De là les dé-
rivés non classiques identique, identité, iden-
tifier, mots importants qu'il serait difficile de
remplacer (le terme mémeté n*a pu se natura-
liser).
IDIOME, du gr. lHù»fici, particularité dans
l'expression (de c^i9f , propre, spécial) ; le L.
idioma est pris dans le sens àHdiotisme ; en
tt. le mot peut se définir ainsi : langage par-
ticulier, ou langue relativement au génie
particulier qui la distingue. Au grec t^i^mc,
homme privé, homme du commun, vulgaire,
ressortit le verbe lJt&»T({ciy, parler vulgaire-
ment, d'où lotfliiri«/&oj, L. idiotismus, »=> ma-
nière vulgaire de s'exprimer, élocution com-
mune, fr. idiotisme. Chez nous, ce mot a pris
l'acception plus générale « manière de parler
particulière à une langue n .
IDIOSYNORASIS, gr. liio^vyxpx^a, consti-
tution particulière ; composé de Wcof , propre,
et 9Ûyxpa9t{, mélange, tempérament.
IDIOT, L. idiota, gr. litùTru, homme vul-
gaire, sans éducation, sot, ignorant. Dans les
temps modernes, la valeur de ce mot a été
forcée jusqu'à signifier l'imbécillité comme
affection pathologique. — D. idiotisme (on
préfère à ce terme la fonne idiotie, pour em-
pêcher la coïncidence avec le mot idiotisme,
terme de grammaire, voy. idiome) ; idiotique.
IDIOTIQUE, gr. Miunxo^, 1. « particulier,
dans «• expression idiotique » ; 2. = relatif à
l'idiotie, voy. idiot.
IDIOTISME, voy. idiome et idiot.
IDOINE (ce mot n'est plus guère employé
qu'au palais) «apte, du L. idoneus Le subst.
idoineté et sa forme savante idonéité >=« apti-
tude, sont tous deux également tombés en dé-
suétude.
IDOLATRE (le circonflexe est anti-étymolo-
gique), gr. tlStalo)&Tpii;, adorateur d'inuiges
(itiwiey, image, larptwv, adorer. — D. ido-
lâtrie, gr. glSùèUAxrptU ; idolàtriçfue (Vol-
taire) ; verbe idolâtrer, — Idolâtre est écourté
àe idololâtre ; cp. amphibologie p. amphibo-
lologie,
IDOLE, vfr. aussi idle, idre (d'après l'accen-
tuation grecque), du L. id(^um, = gr. ttè^Xov,
image.
IDYLLE, L. idyllium, du gr. tlSùUtov,dïm.
de ilioi, image, donc pr. petit tableau, petite
pièce, pièce fugitive. « C'est le talent de Théo-
crite, dit Firmin Didot, qui a fait transporter
le nom àUdylles aux pastorales. » — D. idyl-
lique.
IF, esp., port, iva, aogl. yeu); du vha. iwa,
mha. iwe, nha. eibe. — £n celtique on trouve :
cymr. yto, bret. ivin.
IGNARE, L. ignarus, p. in-gnarus, m. s.
IGNÉ, mot de formation savante, L. igneus
(ignis). — Du même primitif latin ignis, feu :
ignescent, L. ignéscens, igntfère, L. ignifer,
igniaire, L. igniarius, ignttion, subst. du
verbe L. ignire, mettre en feu ; ignicole (qui
colit ignem).
IGNOBLE, L. ignobUis, p. in-gnMlis {^no-
bilis, forme première de nobilis).
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IMB
279 —
IMP
IGNOMINIE, L. ignominia, p. in-gnominia
(de gnomen, nomen); litt. mauvais nom,
affnmt. — D. ignominieux, L. ignominiosus.
IGNORER, L. ignoi'are, d'où adj. ignorans,
fr, ignorant (d'où ignorantin, -isme), subst.
ignoraDtia, fr. ignorance.
1. IL-, élément de composition (latin et
franc.) devant des radicaux commençant par
/ ; c'est le préfixe in (v. c. m.), dont la finale
s'est assimilée à la consonne suivante.
2. IL, pronom, du L. ille, dont le fém. illa
a donné fZ/e; plur. t7^ Qieuœ.
ILE, isW, prov. isla^ it. isola, du L. in-
sula. — Diminutifs : ilôt, ilet et ilette. C'est
de rit. isola que vient iscdë (it. isolato *=
L. insulatus) et le verbe isoler, litt. détacher
de toute communication.
ILLnMINSR, L. illuminare (lumen), ré-
pandre de la lumière, éclairer. — D. néolog.
illuminisme, système des illuminés.
ILLUSION, apparence fausse, du L. illusio,
subst. de illiidere (ludere), se jouer de qqn ,
le tromper, l'égarer — D. illusionner.
ILLUSOIRB, L. illusorius* (illudere).
ILLUSTRE, L. illustris, pr. brillant, fig.
rélèbre. -^ D. illustrer, 1. rendre illustre,
2. orner, donner du lustre, = L. illustrare,
éclairer, mettre en lumière ; subst. illustra-
tion,
ILOTE, du gr. ca^r*};, serf, esclave, pr. les
captifs pris par les Spartiates dans la ville
d'Hélos ; selon d'autres, le mot grec vient de
EAû = a'tp'm, prendre (cp. l'équivalent Sfiiti
de AEMû = Sxfiicu, dompter;. — D. ilotisme.
M-, préfixe; voy. in-.
IMAGE, du L. imago, -inis. — D. verbe
imager (néolog.), rendre par imago, par em-
blème, puis orner, embellir d'images; imagi-
naire,!^, imaginarrus, apparent, fictif; ima-
giner, L. imaginari, se figurer, rêver (cp.
i'all. ein-bilden, de bUd^ image).
IMAGINER, voy. image. — D. imaginable;
imagination, L. -atio; imaginaJtif, L. -ativus,
d'où le subst. in%aginati\ie.
IMBÉOILLE (l'Académie écrit imbécile), L.
imbecillus. — D. imbécillité, L. imbecillitas.
IMBERBE, L. imberbis (barba).
IMBIBER, mot savant, du L. im-bibere, ab-
sorber, s'imprégner de. En fr., le mot se dit
pour mouiller, pénétrer de liquide (le sujet du
verbe ne boit pas, mais fait boire). — D. im-
àibition, — La langue française a une forme
vulgaire pour imbiber, mais elle est auj. d'une
application plus restreinte ; c'est emboire (v.
c. m.), dont le part, embu est équivalent à
imbibé. La forme imbu, plus particulièrement
réservée au sens moral, représente le L* im-
butus, part, de imbuere, qui est, logiquement
et peut-être radicalement égal à imbiber e. Ce-
|)eudant, comme on a dit aussi imboire p. im-
biber (Rousseau, dans Emile : s'imboire de
préjugés), imbu peut être envisagé comme
part, de imboire.
IMBROGLIO, mot italien, signifiant em-
brouillement (voy. brouiller),
IMBU, voy. imbiber.
DOTER, L. imitari.
IMMANENT, L. immanens, litt. qui réside
à demeure dans.
IMMANQUABLE, qui n'est pas sujet à man-
quer, mot du xviii* siècle, fait de manquer,
comme infaillible do faillir. Le simple man-
quable n'a point été mis en usage.
IMMATRICULER, BL. immatriculare, in
matriculam referre (voy. matricule).
IMMÉDIAT, voy. médiat.
IMMÉMORIAL, du latin moderne immeimo-
rialis, ce dont on n'a plus mémoire (m^moria),
très ancien. Le simple de ce composé n'existe
pas comme adjectif.
IMMENSE, L. im-mensus (metiri), litt. dé-
mesuré. — D. immensité, L. immensitas.
IMMERGER, L. im-mergere, plonger de-
dans, d'où, par le sopin immersum^ le subst.
immei*sio, fr. immersion, et l'adj. mod. im-
mersif.
IMMEUBLE, opp. de meuble (v. c. m.), du
L. immobilis, qui ne peut être mû ; un im-
meuble est un bien fixe, tenant au fonds. La
langue des savants a repris le même mot la-
tin, avec son sens naturel, sous la forme immo-
bile. — D. immobilier, qui se rapporte aux
biens immeubles; immobilité, L. immobilitas;
verbe mod. immobiliser,
DQQGRER, opp. d'émigrer, L. tm-mt-
grare. — D. immigration.
IMMINENT, L imminens, pr. qui est
comme suspendu au-dessus de la tête de qqn.,
qui menace par sa proximité, fig. très pro-
chain ; subst. imminence, L. imrainentia.
IMMISCER, mot savant, du L. im miscere,
mêler À, dont le supin immixtum a donné le
fr. immixtion.
IMMOBILE, voy. immeuble. — Les anciens
disaient immouvable.
IMMOLER, L. im-molare, pr. mettre sur la
tête de la victime de l'orge mêlée avec le sel
{mx)lam salsam) avant de l'égorger, puis par
extension, sacrifier, tuer.
IMMONDE, L. im-mundtAS, impur. Le simple
monde «» L. mundus est tombé en désué-
tude. — D. immondice, L. immunditia. Les
théologiens ont forgé, avec le sens d'impureté
morale, la forme immondicité.
IMMORTEL, L. immortalis. — D. immor-
telle (plante); immortalité, L. -itas; immor*
taliser.
IMMUABLE, L. immutabiîis ; ona dit aussi,
d'une façon savante, immutable, d'où immu-
tabilité.
IMMUNITÉ, L. immunitas, exemption de
charges ou d'impôts (immunis).
IMPAIR. L. im-par.
IMPASSE, rue où l'on ne passe pas, cul-de-
sac, négation de passe. Le mot est du à Vol-
taire. Guillot de Paris (xiv« siècle) disait p.
impas.'îo « rue sans chief » (sans issue).
IMPASTATION, du L. impastare, mettre en
pâte,
IMPATIENT, du L. im-patiens, qui ne peut
ou ne veut supporter, auj. aussi = peu dis-
posé à attendre. — D. impatieftce, L. impa
tiontia ; verbe impatienter.
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IMP
— 280 —
IMP
DCPEHSE, t. de droit, L. impensa, dépense
(impendere).
IMPÉRATIF, L. impei*ativns (de imperare,
commander).
QfPÉRÂTBIGE, vfr. empereris,dn L.imjie-
ratrix. Voy. empereur.
IMPÉRIAL, L. imperialis (imperium). —
D. impériale, le dessus d'un carrosse ; d'où
vient cette appellation? Découle-t-elle de la
signification qu'a le mot en architecture, sa-
voir celle de •* dùme dont le sommet est en
pointe et qui s'élargit en forme de deux S
jointes par le haut « ? D'après Littré, les deux
significations indiquées s'expliquent par la
situation élevée de 1 impériale. — Autres dé-
rivés : impérialisme, -iste, néologismes.
IMPÉRIEUX, L. imperiosus (imperium).
IMPÉRlTUB, L. imperitia (deperitiis, ex-
pert).
IMPERTINENT; c'est le négatif de perti-
nent, qui ne se dit plus qu'au barreau dans le
sens de « qui tient au fond de la cause «> . Le
sens foncier de impertinent est « inconvenant,
incongru ** (non pertinens ad rem), de là
l'acception : contraire aux convenances, aux
règles de la politesse, offensant. — D. imper-
tinence,
IMPERTURBABLE, L. imperturbabilis, =
qui non perturbari potest. Le simple est inu-
sité en français.
IMPÉTRER, vfr. empêtrer, du L. impe-
trare, obtenir par supplication. — D. impé-
trant.
IMPÉTUEUX, L. impetxiosus (impetus). —
D. impétuosité'.
IMPIE (mot de facture savante ; les anciens
disaient impieus], L. imrpius ; subst. impiété,
L. im-pietas,
IMPLACABLE, L. imjylacabilis (de placare,
apaiser]. Le simple n'est pas d'usage. « Il j
a, dit Voltaire, à propos de cette lacune, des
gens implacables et pas un deplacable. On ne
finirait pas si l'on voulait exposer tous nos be
soins, n — D. implacabilité.
IMPLANTER, L. implaniare (inusité).
IMPLEXE, L. im-plexus (implcctere).
DCPLIGITiS, L. im-plicitus (plicarc), qui est
compris (litt. plié) dans une chose.
IMPLIQUER, L. im-plicare, litt. plier, faire
entrer dans une affaire . Le même mot latin
s'est régulièrement francisé par employer. —
D. implication.
IMPLORER, L. im-plorare, supplier pour
ainsi dire avec pleurs.
IMPORTER, 1. porter dedans, introduire;
2. être de conséquence. Le premier sens
(d'où relèvent les dérivés importation, -atetir,
-able) est naturel et conforme à celui du
1j. im-portare. Le second est figuré ; importer,
dans ce sens, veut dire : apporter, introduire
dans une affaire des éléments dont dépend le
succès où l'insuccès d'une entreprise, le bien-
être ou le malaise de qqn.; de là : exercer de
rinfluence, avoir de la valeur; cp. les termes
analogues lat. referre, ail. eintragen. Du
.sens figuré relèvent : important, adj , = qui
est de conséquence (d'où importance), subst.,
= homme d'autorité et de mérite, ou qui s'en
attribue.
IMPORTUN, L. importunas, incommiKie,
qui vient mal à pro|>os. — D. imjx»iwiUt ,
L. importunitas ; verbe itnportuiwr, non pas
= rendre importun, comme on lecroiRiit.
mais être importun à l'égard de qqn. (cp. le
L. molestare aliquem, = molestum esse ali-
cui).
IMPOSER, poser sur ou à cliarge de qqn. ;
répond jwur le sens au L. im-ponere. — Le
sens absolu du verbe français équivaut à :
commander le respect (l'ail, dit de même im-
poniren); de là l'adj. imposant. — L'accep-
tion métaphorique tromper, duperie impftsei-
à qqn.), était déjà propre au mot latin, p. ex
dans la phrase « Catoni egregie imposuit Milo
noster » . De cette acception relèvent les dé-
rivés imposteur et imposture, L. impostor,
-tura (p. impositor, -itura). En vfr, on trouve
l'adj. cmposte, faux, mensonger. — Notons
encore le néologisme imposer = frapper qqn.
d*imp6ts.
IMPOSITION, L. tm/xmtto (imponere).
IMPOSTE, direct, de Fit. imposta = L. im-
posita, pr. chose mise dessus ou dedans.
IMPOSTEUR, -TURE, voy. imposer,
DCPuT, L. impositum, pr. chose imposée.
IMPOTENT, L. im-potens, impuissant. Le
simple potent fait défaut. — D. impotence,
L. impotentia.
IMPRÉCATION, L.im-precatio (\m-}^rec&n,
pr. souhaiter du bien ou du mal à l'égard de
qqn.).
IMPREGNER, vfr. empraigner, pr. féconder,
it. impregimre, esp. emprenar, du L. impra*-
gnare = gravidam facere, implere, Cp. les
adj. romans ïi.pregno, v. i^ri. prenhe, prov.
prenh, \{v. praing, prains, = gros, enceinte,
chargé, adj. dégagé du L. prœgnans, pra»-
gnas, fécondé, enceinte. Pour le sens méta-
phorique du partie, imprt^gné, cp. en latin
herba pra*gnans succo (Pline), en fr. l'expr.
gros d'orage, ail. geioitterschwanger.
IMPRESSION, du L. im-pressio (im-pri-
mere), pr. empreinte, fig. impression, sensa-
tion. Du sens moral de ce subst. relèvent le
verbe impressionner (d'où impressiomtahlc)
et le néologisme impressible, — La langue
moderne a fait naturellement du mot impres-
sion aussi le substantif du verbe imprimer, en
tant que désignant l'opération technique ex-
primée par ce mot. Ce substantif rend à la
fois, comme souvent, l'acte et le résultat de
l'acte.
IMPRIMER, L. im-primere, litt. presser
sur. Le même mot latin s'est régulièrement
francisé par empreindre (v. c. m.). — D.
imprimeur, -erie.
IMPROBATION, -ATEUR, L. im-probaiio,
-aior; du verbe improbare = fr. improuter.
IMPROMPTU, mot moderne tiré de la locu-
tion lat. in promptu habere, avoir à la disj)o-
sition, sous la main. Pour la facture de ce
subst., on peut la rapprcxîher de celle du mot
ennui = m odio. — Impromptu veut dire
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INC
281
INC
pr. une chose qui se fait avec ce que 1 on a sous
la main, sans préparation; c'est un synomyme
d'improvisation .
IMPROUVER, L. improhare, désapprouver.
IMPROVISER, direct, de l'it. improvvisare,
Tcrbe fait du participe improvviso = L. im-
provisits, non prévu. — D. improvisation,
-ateur. ^
IMPROVISTE (A L'), de l'it. improvtisto =-
à rimpoiirvu (ancienne locution française).
On sait que l'it. fait de vedere, voir, doux
participes : veditio et visto,
IMPUDENT, L. im-pudens, éhonté. —
D. impudence, L. impudontia.
IMPUONER, L. im-piignare, combattre.
IMPULSION, L. impulsio (im-pellere).
IMPUNÉMENT, p. impunément (cp. com-
munément p. communemoU), adv. de l'a^j.
L. impunis, impuni, d'où le subst. impunitas,
fr. impunité.
IMPUTER, L. im-putare, pr. porter en
compte.
IN, préfixe ou particule prépositive {in se
change en il devant /, en im devant b, m ou
/>, en ir devant r). Il répond à la fois au L. in
= dans ou contre, et au L. m, comme parti-
cule négative. Comme représentant de m,
dans, il est la forme savante de en (v. c. m. i,
et ne se rencontre que dans des termes tirés
tout d'une pièce du fonds latin. — L'emploi
do Vin négatif est illimité en français. Plu-
sieurs composés latins avec in sont passés
dans la langue française sans que le simple y
ait été reçu; p. ex. impotent, ingrat. (Nous
n avons, en règle générale, recueilli les com-
posés négatifs que lorsque les simples font
défaut.)
INADVERTANCE, absence d' « advertance » ;
ce simple, hors d'usage depuis longtxîmps, si-
gnifie attention, et vient du BL. advertenlia,
tiré du L. advertere, s. e. animum, faire atten-
tion (voy. ave^'tir).
INANITÉ, L. inanitas (de inanis, vide,
vain).
INANITION, pr. vide d'estomac, néo-latin
inanitio, subst. du verbe latin inanire, rendre
vide, évacuer. — Plaut« a inania.
INAUGURER, L. in-augurare, litt. prendre
les augures, puis consacrer, installer (ne
s'employait chez les Latins que pour les per-
sonnes). — D. inaugural, adjectif moderne,
irrégulièrement tiré du verbe inaugurer,
INOAGUER, défier qqn. avec mépris ; verbe
tiré direct, de l'it. incacare, faire peu de cas
(cp. les expr. vfr. conchier, traiter avec mé-
pris, et l'ail, hescheissen, au sens fig. de faire
î^, tromper).
INGAMÉRER, faire entrer dans le domaine
de la chambre (caméra) ecclésiastique.
INCANDESCENT, du L. incandescere, s'em-
braser. — D. incandescence,
INCANTATION, L. incafitatio; forme sa-
vante p. encl lanternent,
INCARCÉRER, forme savante pour l'anc.
enchartrer, du L. carcer, fr. chartre,
INCARNAT, de l'it. incarnato, participe de
incarnarr, pr. rendre chair (cp. l'art, suiv.).
— D. incarnadin.
INCARNER, anc. encharner, transformer
en chair (rad. carn). — D. incarnation,
INCARTADE, boutade, ruade, insulte. D'où
vient ce mot (évidemment de formation méri-
dionale)? La signification première, est-c«
ruade (acte physique) ou affront (acte moral) ?
Je ne le sais pas, et c'est ce qui rend la re-
cherche d'une étymologie d'autant plus diffi-
cile. — En latin du moyen âge, in-cartare
signifie généralement mettre par écrit, puis
aussi mettre qqn. en possession d'un bien en
vertu d'un titre, d'une charte; toutefois, on y
trouve aussi le sens de déposer une plainte
contre qqn. Il faut bien que, de près ou de
loin, le mot incartade, qui certainement n'est
pas de date ancienne, se rattache à cette idée
de cartam alicui mittei'e, envoyer à qqn. soit
une plainte, soit une lettre injurieuse, soit un
cartol. — Littré dérive le mot de Tesp. encar-
tarse, prendre une mauvaise carte, d'où déri-
verait le sens « faire une sottise ». Mais les
Espagnols ne donnant pas ce sens métapho-
rique à leur terme, et l'explication de Littré
laissant de cùté l'idée de brusquerie, qui est
inhérente au mot français, je ne me sens pas
sati.sfait. Lafaye définit étymologiquement i>t-
cai'tade par «• action d'entrer en cartes hors
de son rang ».
INCENDIE, L. incendium (incendere). —
D. incciidier; incendiaire, L. incendiarius.
INCESSANT, = qui ne cesse pas (voy. ces-
ser). L'adv. incessamment signifie d'abord,
comme L. incessanter, sans relâche, puis sans
retard, au plus tAt.
INCESTE, subst. et adj., du L. incestus
(rad. castus), adj. et subst. — D. incestueux,
INCIDENT, adj., L. in-cidens (cadere). litt.
= qui tombe dans, qui vient interrompre une
continuité, qui survient dans le cours d'une
affaire. — D. incident, subst., événement inat-
tendu ; incidence, incidentel,
INCINÉRER, néo-latin inci'nerare (de cinis,
cineris, cendre). Encendrer serait plus fran-
çais; cp. prov. encendrar,
INCISE, L. incisa, fém. de incisus (inci-
dere), taillé dedans. Le même verbe incidere,
par son supin incisum, a donné : subst. incisio,
fr. incision, a<\j. incisivus*, fr. incisif, et le
verbe fréq. incisare, fr. inciser,
INCITER, L. in-citare, — D. incitation,
INCLINER, vfr. enclinei\ du L. in-clinare.
Du subst. inclinatio viennent â la fois »îc/i-
iiaison et inclination, dont on a su différencier
la valeur, en donnant (relativement à la signi- '
fication de {)ente) au premier un sens phy-
sique, à l'autre une acception morale.
INCLURE, forme plus latine que enclore;
ce dernier répond au type non classique in-
claudere; inclure, par contre, à la forme clas-
sique in-cludcre; part, inclus, L. inclusus. —
D. inclusif, inclusion,
INCOGNITO, sans être connu, locution ad-
verbiale venue de l'italien ; du L. incognitus,
inconnu.
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IND
— 282 —
IND
INCOLORE, L. incolor (cp. L. muUicolor),
INCOMBER, L. in-ciimbere, coucher, peser
sur, être à charge de qqn. — Ce verbe, quoi-
que fort/ usité, n'a pas été accueilli par l'Aca-
démie.
INCOMMODE, 1. qui n'est pas commode;
2. importun; du L. incommodus . — D. incom-
modité y L. -itas; incommoder y L. incommo-
dare (verbe neutre en latin, construit par
conséquent avec le datif).
INCONTINENT, adv. aussitôt, vfr. enconte-
nant; de la phrase latine m continenti, m. s.,
pr. sans interruption, tout de suite (de conti-
nent, continu).
INCONVÉNIENT, reproduction littérale du
L. inconveniens = qui ne s'accorde pas, con-
trariant ; pour l'emploi substantival, cp. les
termes accident, incident, expédient. Ancien-
nement le mot était synonyme d'ao<;identy
malheur, malencontre.
INCORPORER, L. in-corporare, faire entrer
dans le corps.
INCRÉDlffilLITi, forme savante pour in-
croyabilité, du L. incredibilitas .
INCRÉDULE, L. incredulus, qui ne croit
pas ; cette valeur ne répond pas exactement à
celle du simple crédule; ce dernier exprime un
défaut, mais incrédule ne dit pas l'opposé
direct de ce défaut.
INCRIMINER, BL. incriminare, = in cri-
men adducere, cp. inculper. — D. incrimina-
tion. Tertullien emploie le mot incrimitiatio
dans le sens opposé de criminatio, c.-à-d. dé-
faut de culpabilité, justification.
INCRUSTER, forme savante de encroûter,
du L. in-crustare, couvrir d'une croûte,
INCUBATION, L. incubatio, de incubare,
être couché dessus, couver.
INCUBE, L. incubus, cauchemar (de in-cu-
bare, être couché dessus, oppresser).
INCULPER, vfr. encouper, du BL. incul-
pare = in culpam adducere, cp. incriminer.
INCULQUER, du L. inculcare (rad. calx),
pr. fouler, tasser, faire entrer de force.
INCULTE, L. in-cultus, non cultivé.
INCUNABLE, livre imprimé du temps où
l'art typographique se trouvait encore dans
« les langes » ; un incunable est une expres-
sion brachylogique pour « un livre datant des
incunables de l'imprimerie ». Du L. incuna
bula, langes, berceau.
INCURABLE, L. in-curabilis, voy. cure.
INCURIE, L. incuria, absence de cura.
INCURSION, L incursio (in-currere).
INCUSE (médaille), du L. in-cusus (cudere),
non frappé. Selon Littré, de incusus, part, de
incudere, frapper dessus; mais cette étymo-
logie est contraire à la valeur du mot.
INDE, d'abord adjectif, de couleur bleue, du
L. indiens, indien (cp. vfr. rusie, hérite, de
nisticus, hœi^eticHs). La forme esp. indico a
fourni le mot fr. indigo.
INDÉCIS, du L. in-decisus (S. Grégoire),
non tranché (décidée, couper, régler, déci-
der). De là aussi indécision.
INDÉLÉBILE, L. in-delebilis, ineffaçable.
INDEMNE, L. in-demnis, sans dommage
[éiamnum). — D. indemnité, ifuiemniser.
INDEX. 1. table d'un livre; 2. spéc. cata-
logue des livres prohibés par l'autorité ecclé-
siastique ; le terme complet, dans ce sens, est
inrfea? expurgatoire; 3. le doigt entre le pouce
et le médius. Mot latin, signifiant indicateur.
INDICE, L. indidum, indication (indicare).
INDICIBLE, L. in-dicibilis. Pourquoi pas
indisable, puisque l'on dit disable et non
dicible f Pourquoi latin pour l'un et français
pour l'autre?
INDIFFÉRENT, voy. différent. — D. ùidif-
férence, indifférentisme.
INDIGÈNE, L. indigena (né à l'intérieur).
— D. indigénat,
INDIOENT, du L. indigere, avoir besoin.—
D. indigence, L. indigentia.
INDIGESTE, du L. in-digestus, qui signifie
1. embrouillé, litt. mal coordonné; 2. non di-
géré; 3. indigestible (Boèce). — Subst. indi-
gestion, L. indigestio.
INDIGNE, L. in-dignus; indignité, L. in-
dignitas; indigner {s), L. indignari; le fr.
emploie le verbe indigner aussi activement,
p. mettre dans l'indignation (indignatio).
INDIGO, voy. inde. — D. indigotier.
INDIQUER, L. indicare (dicere).
INDIRE, terme de droit féodal, du L. indi-
cere, prescrire.
INDISPENSABLE, voy. dispenser.
INDISPOSER. = mal disposer ; le part, in-
disposé (qui a probablement donné naissance
au verbe) équivaut 1. à « non disposé », c.à-d.
prévenu désavantageusement à l'égard de
qqn, 2. à non dispos, c.-à-d. malade; subst.
indisposition, disposition peu favorable, lé-
gère altération dans la santé.
INDIVIDU, mot introduit dans la langue par
la philosophie et exprimant un être distinct,
formant unité relativement à l'espèce. Il est
tiré du L. individuus, indivisible (étymolo-
giquement, individu ne dit pas autre chose
qu'atome). On nomme individuelles les qua-
lités propres à un être organisé et qui ne
peuvent être détachées de lui sans détruire
ce qui constitue l'ensemble de son organisa
tion, lequel ensemble s'appelle individualité.
Le verbe individualiser équivaut à : considé-
rer ou présenter une chose individuellement,
abstraction faite de l'espèce : individualisme,
= esprit ou syst-ôme opposé à celui qui est
porté vers l'association, la fraternité, l'huma-
nité.
INDIVIS, L. in-divisus; superfétation inu-
tile de la langue, puisque indivisé dit la même
chose et que divis ne se dit pas.
INDOLENT, L. indolens (S. Jérôme), pr.
non soufirant. L'indolent est celui que rien
n'afflige ou n'émeut. C'est un synonyme de
nonchalant « qui ne s'échauffe pas ». —
D. indolence.
INDU, non dû, ou plutôt = contraire à ce
qui est dû ou convenable.
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INF
— 283
INF
INDUBITABLE, L. in-dubitabilût. Le simple
dubitable ne se dit pas, il est rendu par dou-
teux.
INDUCTION, L. ûiductio, siibst. d'vidiiire
(L. indv.ccré), litt. action de conduire d'une
chose vers l'autre, du ox)nnu vers l'inconnu. De
là les philosophes ont tiré l'adj. inductif
(L. inductivusy chez Priscien, a le sens d'hy-
pothétique).
INDUIRE, LJnducere, 1. mener dans (p. ex.
induire en erreur), 2. inférer (v. induction).
L'opération matérielle exprimée par le verbe
latin est rendue en fr. par la forme vraiment
française enduire (v. c. m.).
INDULGENT, L. indulgens (de induiffere,
être bienveillant), — D. indulgence, L. indul-
gentia.
INDULT, L. induîtum (indulgere), conces-
sion, permission, grâce.
INDUSTRIE, L. industria, zèle, travail. —
D. industrieux y L. industriosus, «- appliqué ;
industriel, = qui se rattache, qui s'applique
A l'industrie, d'où industrialisme,
INDUT, t. d'église, L. indutus, habillé. —
Ane. subst. indution, investiture.
INiDIT, L. in-editus, non édité.
INEFFABLE, L. in-effabilis. Le simple
effable ne se dit plus.
INÉNARRABLE, L. in-enarrabilis, qui ne
peut être narré.
INEPTE, L. in-eptus (in aptus). — D, ineptie,
L. incptia, incvonvenance, sottise.
INERTE, L. in-ers, inertis (ars), inapte à
tout art, à toute activité, qui ne produit rien.
— D. inertie, L. inertia (inaction, torpeur). Les
mots inerte et inertie ne sont employés dans le
langage ordinaire que depuis le milieu du
XVIII* siècle.
INEXORABLE, L. in-exorabilis (de eœ-orare,
gagner qqch. ou toucher qqn. par ses
prières).
INEXPIABLE, L. inrexpiabilis,
INEXPUGNABLE, L. in-expugnabilis, im-
prenable {ex-pugnare ^=» prendre à force de
lutte).
INEXTINGUIBLE, L. in-extinguibUis" (de
extinguere = fr, éteindre),
INEXTRICABLE, L. in-extricabilis (de ex-
tricare, démêler).
INFAME (le circonflexe n'a pas de raison
d'être), du L. in-famis (de fama, réputation) ;
subst. infamie, L. infamia; verbe actif în-/a-
mer, L. infamare.
INFANT, de l'esp. infante = L. infans, en-
fant.
INFANTERIE. On n'est pas d'accord sur
l'origine de ce terme militaire. Les uns le font
remonter à une infante d'Espagne, qui, à la
nouvelle que les troupes de son père avaient
été battues par les Maures, aurait rassemblé
quelques soldats à pied, dont l'usage pour les
combats était alors inconnu, et à la tête des-
quels elle aurait remporté la victoire. En
souvenir de cet acte d'héroïsme, les troupes
do pied auraient conservé en Espagne le
nom de troupes de l'infanta ou infanterie. Ce
récit manque d'appui historique. — D'autres
déduisent le mot du BL. infancio (dér. de
infans, et répondant au vfr. enfançon), par
lequel tonne on qualifiait en Espagne les en-
fants des clievaliers, qui n'avaient pas encore
obtenu ce titre, qui n'étaient pas encore ca-
bail er os. — Une autre étymologie se rattache
au mot ail. fant, it. fante, flam. vent, = ju-
vcnis, adolescens, puer; elle se recommande
par les formes it. fanteria, fantaccino (d'où
fr. fantassin), mais elle ne nous avance pas,
puisque les mots fant et fante ne sont que des
formes tronquées du L. infantem (pour
l'aphérèse de in, cp. it. stromento, instni-
mentum). Le mot ail* fant est tiré de l'it. et
indépendant du vha. fetido (mhsL, vende), qui
signifiait piéton et plus tard pion ; ce dernier
ne peut être invoqué pour fanteria, A cause
du désaccord entre d et t. — En attendant
que cette origine soit tirée au clair, je crois
que le plus sûr, c'est d'expliquer infanterie
par troupe des infantes, ce dernier mot étant
pris dans le sens du germ. fant et it. fante,
c.-ârd. valet. Les valets servaient à pied. In-
fantes, d'où infanterie, n'est peut-être que la
traduction du germanique landsknechte ,
terme qui litt. signifie valets ou mercenaires
du pays, et par lequel on désignait en Alle-
magne, vers la fin du xv* siècle, un soldat
d'infanterie.
INFANTICDE, 1. subst. de l'agent, »
L. infanticida, 2 subst. de l'action, == L. in-
/anf/ctrfi M w (infantem caedere).
INFATUSR, L. infatuare, rendre fou
{fatuus).
INFECT, L. infectus, part, de inficere, litt.
mettre une chose dans une autre, puis mêler
avec une substance délétère, altérer, cor-
rompre. — D. infection, L. infectio; verbe
infecter, d'où dés-infecter ; néolog. médical
infectieux,
INFÉODER, BL. infeodare (feodum), voy,
fief.
INFÉRER, conclure ^Quintilien), litt. intro-
duire (dans le discours), alléguer, prétendre.
INFÉRIEUR, L. inferior, comparatif du po-
sitif inferus (dont les botanistes ont tiré leur
terme infère). — D. infériorité.
INFERNAL, L. infemalis, dérivé de infer-
num, type du fr. enfer.
INFESTER, L. infestare, attaquer, inquié-
ter, puis ravager.
INFIBULER, L. infihulare, attacher avec
une agrafe (fibula), — Vfr. enfubler =s affu-
bler.
INFILTRER, pénétrer comme par un filtre
(v. c. m.).
INFIME, L. infimus (superlatif de infer ou
inferus), placé le plus bas, au dernier rang,
— D. infimité.
INFINI, L. infinitus (finis), illimité ; subst.
infinité. L. infinitas, étendue infinie (le sens
« grande quantité » n'est pas classique). Les
mathématiciens ont tiré de infinitus la forme
numérale infinitesimus, d'où le dér. fr. infini-
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ING
— 284 —
INO
iàsimal; les grammairiens : infinitirus modus,
fr. in finitif {mode 'indéûni, indéterminé).
INFIRME, vfr. enferm, e)tfn\ du L. infir-
mus, non ferme, faible, malade (cp. invalidé).
— D. infirtner (vfr. enfermer), L. infirmare,
invalider. A l'acception « malade » se réfèrent
les mots : infirmité, L. infirmitas, infirmier,
infirmane.
INFLAMMABLE, -ATION. ATOIBE, du
L. inflammarc = fr. enflammer.
INFLÉCHIR, formé sur le simple fléchir,
d'après L. in-flectere, d'où, par le supin in-
fleriim, le subst. inflexio, fr. inflexion. —
L'adj. inflcxibilis, fr. inflexible, dit le con-
traire de flejcibilis.
INFLIGER, L. in-fligere, litt. frapper
contre ; supin inflidum, d'où infliction, inflic-
tif.
INFLUER, exercer une action sur qqch., du
L. in-fliierc, couler dans, se glisser, s'insi-
nuer; de là influent et influence, d*où in-
fluencer, La langue allemande présente le
même trope dans ein-fluss. — Le sens naturel
de couler se retrouve dans le terme médical
it. influença (grippe) ; cp. catarrhe, fluxion.
IN-FOLIO, terme latin, litt. » en feuille.
INFORME, L. in-formis (forma).
INFORMER, vfr. en former, L. in- for marc,
donner une forme, façonner, puis au fîg. en-
seigner, instruire, dresser. La valeur du mot
fr. s'est rétré<*ie, et Yinformation n'est plus
qu'une instruction relative à un fait particu
lier. Les Allemands appellent encore infor-
mator un précepteur.
INFRACTEIJR, -TION, L. in-fractor, -tio,
du verbe in/riw^^"* (supin infractum), type du
fr. enfreindre.
INFUS, L. in-fusiis (fundere), versé dedans;
on fr. le t^rme est devenu synonyme du mot
inné. Ixî subst. infusio (action de verser sur)
a donné infusion, qui exprime à la fois Topé-
ration et .«^5n résultat ; du type infiisare, fréq.
de in fundere, vient le verbe infuser. Le mot
infusoire a été créé par les modernes dans le
sens de « qui se développe dans les infusions
végétales et animales n.
INGAMBE, qui est bien en jambes, de Fit.
in gamba (voy. jambe), alerte, dispos; au
XVI» siècle on écrivait encore cet adjectif en
deux mots : « les plus in gambe ».
INGÉNIER (S'), litt. se donner, dans un cas
déterminé, le ingenium (l'esprit, le talent)
nécessaire pour réussir, donc = s'évertuer;
voy. engin.
INGENIEUR, vfr. engigneus, voy. engin.
«* Tous lesquels instruments de ject s'appe-
loient engins et artillerie et les maistres in-
venteurs et conducteurs ingénieux, pour ce
qu'il falloit avoir vif et subtil esprit que nous
appelons engin, du latin ingenium, et de l'art
pour composer ces ouvrages subtils « (Cl. Fau-
chet. Origine de la milice et des armes).
INGENIEUX, vfr. engigneus, L. ingenio-
sus (ingenium). — D. ingéniosité.
INGENU, L. ingenuus, franc, sincère. L'éty-
mologie du mot latin, telle que la produit
Besclierelle, savoir in privatif et gcnium,
génie, invention, adresse, est fausse. Le latin
ingenuus vient de ingeno, faire naître dans ;
il est synonyme de indigena (indi, indu =
gr. «v^-îv, et ge7io, gr. TESv, naitre ou faire
naitrc). L'idée foncière est « naturel» , d'où s'est
déduite celle de légitime, libre, puis celle de
digne d'un homme libre, généreux, franc,
naturel (au figuré) ; cp. naïf de nativus. —
D. ingénuité, L. ingenuitas.
INGÉRER, L. in-gerere, porter dans, intro-
duire; Juvénal employait déjà se ingérera
avec le sens de notre expression s'ingérer,
c.-à.-d. s'imposer, s'immiscer, s entremettre
avec importunité. — D. ingérence. Le subst.
ingestion, L. ingestio, ne se rapporte qua
l'acception médicale du verbe ingérer.
INGRAT, L. in-gratus ; ingratitude, L. in-
gratitude. — Le simple gratus n'a pas trouvé
accueil dans la langue française comme adj.,
mais seulement comme subst., sous la forme
gré (y. c. m.).
INGRÉDIENT, L. in-grediens, qui entre
dans.
INGUINAL, L. inguinalis (de inguen, aine).
INGURGITER, L. ingurgitare (gurges), en-
gouffrer.
INHALER, L. in-halare, souffler dans.
INHÉRENT, L. in-hcerens, attaché à. —
D. inhérence.
INHIBER, L. in-hibere, retenir, empêcher ;
subst. inhibition, L. inhibitio.
INHUMER, L. in-humare (humus), mettre
en terra.
INIMITIÉ, vfr. enemistiet, formé du L. ini-
micitas(^. inimicitia), comme amitié de ami-
citas.
INIQUE, L. in-iquus (sequus). — L.iniquité,
L. iniquitas.
INITIAL, L. initialis (àeinitium, commen-
cement).
INITIER, L. initiari, 1 . commencer, de U
le subst. fr. initiative, 2. introduire qqn. dans
les mystères d'un culte, fig. le mettre au fai)
d'une science ; de là les subst. initiation, ini-
tiateur. Le primitif est le L. in-itium (in-ire)
propr. entrée. On sait que ce mot est aussi au
fond, du fr. commencer.
INJECTER, L. injectare, fréq. de injicere
(jeter dans) ; injection, L. injectio (in-jicere).
INJONCTION, L. in-junctio, subst. de in-
jungere = fr. enjoindre.
INJURE, L, in-juria (jus, juris), injustice,
outrage. — D. injurier, L. injuriari ; tfyit-
rieux, L. injuriosus.
INNÉ, L. in-vatus, synonyme de itisitus;
se dit des choses qui sont nées avec nous. —
D. innéité, terme philosophique moderne.
INNOCENT, L. in-nocens, pr. qui ne nuit
pas. — D. innocence, L. innocentia ; verbe
innocenter, déclarer innocent.
INNOCUITÉ, du L. in-nocuus, inoffensif.
INNOMBRABLE, L. in-numerabilis.
INNOVER, L. in-novare (novus).
INOCULER, L. in-oculare, greffer en écus-
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INS
— 285 —
INS
son (oculus), ûg, = inculquer — D. inocula-
tion, -ateur; inoculiste ^ partisan de l'inocula-
tion.
INODORE, L. in-odorus,
INONDER, anc. enondei' — L. in-undare
(unda). — D. inondation.
INOPINÉ» L. in-opinatus^ imprévu.
INOin, L. in-auditus (voy. ouïr),
INQUIET» L. in-quietus. Le simple qnietus
s'est francisé en coi (voy. ce mot). — D. inquié-
tude^ vfr. enquitume, L. inquietudo, -inis;
inquiéter, L. inquietare.
INQUISITEUR, L. inquisitor (de in-qui-
r^re = fr. enquérir), doù inquisitorial ; in-
quisition, L. inquisitio; inquisitif, L. inqui-
sitiTus.
INSANITÉ, L. in-sanitas, de itusanus (pr.
non sain, malade), insensé.
INSATIABLE, L. in-satiabilis. — D. insa-
tiabilité.
INSCRIRE, L. in-sribere, d'où le subst. in-
scrjptio, fr. inscription.
INSECTE, L. insectum (de in-secare, pr.
entaillei') ; voy. aussi entomologie. Aristote :
j««/w S^i-JTOfia^ ota îj^si y.arà tô aôtjxx ivToyuià;.
Pline : jure omnia insecta appellata ab inci-
suris. — D. inscctier,
INSÉRER, L. in-serere, intercaler, mettre
dans, supin ittsertum, d'où subst. insertio,
fr. insertion.
INSIDIEUX, L. insidiosus (du subst. iiisi-
diœ, embûches, rad. sedere).
INSIGNE, skâj, L. in-signis (signum), remar-
quable; le subst. L. insigne, marque distinc-
tive, s'est francisé de deux manières : 1 . par
enseigne[\. c. m.), 2. ^t insigne.
INSINUER, L. insinuare (sinus), pr. intro-
duire dans le sein, fig. introduire secrètement.
— D. itxsinuatioti, L. insinuatio; insinuatif.
INSIPIDE, L. insipidits (sapidus), pr. sans
saveur. Voy. aussi maussade. — D. insipi-
dité.
INSISTER, L. in-sistere, litt. tenir sur ou
à. — D. insistance (cp. instance do in-starc).
INSOLATION, L. imolatio (de in-solarc,
exposer au soleil).
INSOLENT, L. in-solois, pr. contraire à
l'habitude, puis démesuré, immodéré, arro-
gant, impertinent. — D. insolence, L. inso-
lentia.
INSOLITE, L. insolitus (solerc), inaccou-
tumé.
INSOLUBLE, L. in-solubilis =^ quod solvi
non potast.
INSOLVABLE, voy. solvable. — D. insolva-
bilité. Le latin du moyen âge disait insolven-
tia, àcinsolven^K, qui ne paie pas; cp.en ail.
insolvent et insolvens.
IMSOMNIE, L. in-somnia (somnus).
INSPECTER, L. in-spectare, fréq. de in-
spicere, regarder sur, dont le supin inspec-
tum a donné : inspectio, -tor, fr. inspection,
-teur.
INSPIRER, L. in-spirare, litt. souffler
dans. — D. inspiré, à qui on a communiqué
(litt. soufflt») des révélations ou des vertus
supérieures. — On se sert aussi de inspirer
pour exprimer la chose contraire de ex-spi
rare, donc comme d'un synonyme de aspirer.
INSTALLER, BL. installare, pr. in stal-
lum mittere. « A dando stallo in choro, novo
conflato verbo, dicimus in idiotisme installare,
pro in possessionem mittere *» (La Coste, dans
ses Commentaires sur les Décrétales de Gré-
goire IX). Le terme s'appliquait d*abord à
l'installation des chanoines et des juges ; de
là, le sens s'est étendu aux significations ac-
tuelles, et le mot est devenu synonyme d'éta-
blir. Quant à stallus, voy. stalle et étaler. —
D. installation,
INSTANCE, vfr. istance (avec le sens d'in-
tention, but), du L. instantia, pr. action de
se tenir sur (in-stare), d'insister, de presser,
d'où se dégagent les idées de j^ersistance, do
travail assidu, de prière pressante.
INSTANT, adj., L. instans, 1. pressant;
2. imminent, urgent (cp. Salluste : instat nox,
la nuit approche). — En termes de grammaire
Ta^j. latin instans signifiait présent. Or, le
présent n'est, relativement au passé et à
l'avenir, qu'un point dans l'espace et n'a
qu'une dui'éo fugitive. Cette représentation
de la chose a engendré le sens de momentum
temporis, inhérent au subât. instant do la
langue moderne, syn. de moment. L'idée ))re-
mière de proximité survit encore dans la lo-
cution à l'instant, = tout de suite. On peut
du l'esté aussi envisager à l'instant comme
l'équivalent de in prœsenti et comiwircr l'ex-
pression tout à l* heure, ail. £ur stunde, ou
augenblicklich. — Dérivé moderne du subst.
instant : instantané; cet adj. semble fait sur
le patron de momentané.
INSTAR (À L*), du L. ad instar, à Timage
ou sur le modèle de.
INSTAURER, L. in-staurare. — D. instau-
ration.
INSTIOUER, L. in-stigare, m. s. — D. in-
stigation, -ateur, L. -aiio, -ator,
INSTILLER, L. in-stillare, verser dedans
goutte à goutte (stilla).
INSTINCT, L.instinctusCm-stïn^uovci, im-
pulsion, excitation, mouvement. — D. in-
stinctif.
INSTITUER, L. in-stituere (statuere), éta-
blir. — D. institution, L. institutio; le mot
fr. exprime à la fois l'action d'instituer et la
chose instituée (de même que le syn. établis-
sement) ; pour ce dernier sens, le mot institut,
= L. institutum est plus correct. Du plur.
instituta, principes établis, les juristos ont
tiré leur terme institutes. — Le verbo latin
instituere signifiait aussi, comme le terme
analogue in-alruerc, élever, enseigner la jeu-
nesse ; cette acception est demeurée dans nos
dérivés institution (enseignement, écDlc) et
instituteur.
INSTRUIRE, L. in-strucre. Le tenne latin
répond, quant aux acceptions déduites du sens
foncier construire, aux termes synonymes
informer, itistitucr, et en quelque sorte aussi
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INT
— 286 —
INT
à édifier. — D. ùistruction, instructeur, L.
instructio, -tor ; instructif.
INSTRUMENT, vfr. estrumaU, L. instru-
mentum, pr. moyen pour in-struere, au propre
et au figuré. — D . instrumentcU, -aire, -iste,
verbe instrumenter, déduit du subst. itistru-
ment, au sens d'acte de pi-océdure, titi*e.
INSU (À L'). opp. de au su de.
INSUFFLER, L. in-sufflare.
INSULAIRE, L. insularis (insula).
INSULTER, L. insuhare, fréq. de insîHre
(salij-e), pr. sauter sur, attaquer. — D. m
sidte, subst. verbal. Le vfr insidt, soulève-
ment, vient direct, du subst. L. insuUus,
attaque.
INSURGER, L. in-surçere, litt. se lever
contre. Le mot fr. a pris le sens factitif (sou •
lever). Du supin latin insurrectum : subst.
insurrectio, fr. insurrection.
INSURRECTION, voj. l'art, préc. — D. in-
surrectiofniel,
INTACT, vfr. entait, du L. in-tactus (tan- I
ffcrc), non touché, non entamé; intactile,
L. intactilis, non palpable.
INTÈGRE, L. intcger (rac. TAG, d'où tan-
gère, toucher). Le fr. n'a conser\^é que les
acceptions morales du mot latin; au sens
propre *« intact, complet», integer s'est fran-
cisé en entier (v. c. m.) Les deux sens sont
applicables au subst. dér. intégrité. — D. in-
tégrité, L. mtegritas ; intégral (d'où intégra-
lité)'^ intégrant (du L. integrare, compléter) ;
réintégrer, L. redintegrare.
INTELLECT, L. intellectus (intelligere). —
D. intellectuel, L. intellectualis.
INTELLIGENT, L. intelUgens (intelligere,
p. ititer-legere, discerner, démêler, com-
prendre), d'où intelligence, L. intelligentia,
entendement, connaissance. Dans l'acception
« correspondance entre deux personnes qui
s'entendent » (cp. le terme entente de entendre,
ail. verstàndniss, ein-verstûndniss), ce sub-
stantif a pour opposé més-intelligence (ail.
miss-verstandniss)\ dans les autres accep-
tions , in 'intelligence.
INTELLIGIBLE, L. inteUigibilis. — D. in-
telligibilité.
INTEMPÉRIE, L. intempéries, mauvaise
disposition de l'air.
INTEMPESTIF, L. in-tempestivus (tempos-
tas;, qui est hors de saison, déplacé, inoppor-
tun.
INTENDANT, L. hitendeyis, du verbe hi'
tcndere, au sens d'être attentif, surveiller. —
D. intendance, surintendant.
INTENSE, L. intensus, de in-tenderc, au
sens de donner de la tension, renforcer. —
D. intensité, intensif (t. de grammaire).
INTENTER, L. intentare, fréq. de in-tai-
dere, litt. = diriger vers, de là porter (une
accusation) contre.
INTENTION, L. intentio, dessein, projet (de
intendere s. e. animum, porter son esprit). —
D. intentionné, intentionnel,
INTSR. Les composés avec inter appar-
tiennent au fonds savant de la langue, qu'ils
soient d'origine latine ou non. La forme vrai-
ment française de inter est entre (v. c. m.).
INTERCALER, L. inter-calare. — D. ititer-
calation, L. -atio, intercalaire, L. -ans.
INTERCÉDER, L. inter-cedere, marcher
entre, s'entreposer. Du supin intercessum :
les subst. intercessor, -cessio» fr. ititercesseur,
-cession.
INTERCEPTER, L. interceptare, fréq. de
intercipere, pr. saisir entre (c.-à-d. entre œlai
qui expédie et le destinataire, entre le point de
dépail et le but;; interception, L. intercep-
tio.
INTERDIRE, vfr. entredire, L. inter-dicere,
pr. interjeter une opposition (cp. Tall. unter-
sagen); interdit, L. interdictum; interdiction,
L. interdictio. — Le sens métaphorique du
partie, interdit = déconcerté, troublé, se
déduit-il de l'idée frapper d'interdit, ou du
sens défendre à qqn. l'exercice de ses fonc-
tions, le priver d'action, le paralyser? J'in-
cline pour la dernière manière de voir.
INTÉRESSER, voy. l'art, suiv.
INTÉRÊT, subst. tiré du L. interest, il im-
porte : ce qui importe ou ce qui rapporte ou
profite à qqn. s'est appelé son interest. On
peut comparer, au point de vue de la dériva
tion grammaticale, le subst. déficit, du L. dé-
fiât = il manque. — Le sens primitif du mot :
profit, revenu, importance, s'est, avec le temps,
considérablement élargi, mais on le démêle
encore facilement dans les diverses acception.*,
p. ex. part dans une aflaii^e (pris au moral
dans : je prends intérêt = je prends part) ; les
intérêts de l'Etat = ce qui est i m pointant à 1' 'Jtat
l'intérêt, dans le sens absolu : la recherche du
profit, etc. — L'allemand, comme la latinité
du moyen âge, a tiré le subst., au lieu du prés,
de l'indicatif, de l'infinitif interesse, de là
notre dérivé intéresser, offrir de l'intérêt,
mettre dans l'intérêt, d'où intéressant, inté-
ressé, déS'intéresser. Il est curieux de remar-
quer que dans l'anc. langue interest, par son
caractère de vox média, tournait au sens do
dommage, int&i'csser en celui de causer pi'é-
judice, nuire ; encore Massillon dit : Pilate
craint d'intéresser sa fortune, s'il rend justice
à Jésus-Christ.
INTERFOLIER, mettre des feuillets blanc;»
entre les fonillets imprimés d'un livre; du
lat. inter folia, entre les feuilles.
INTÉRIEUR, L. interior, comparatif de
inter us, — D. intériorité.
INTÉRIM, adverbe latin, >== pendant co
temps, en attendant. — D. inté^-imaire.
INTERJECTION, L. interjectio (intcr-jicere,
jeter entre). L'interjection ne fait pas partie
intégrante d'une proposition ; c'est un cri de
l'âme qui en interrompt la structure, de là le
nom.
INTERJETER, anc. L.interjectare*, fréquen-
tatif de interjicere,
INTERLIGNE, mot technologique formé du
L. inter lineas, entré les lignes. — D. interli'
néaire, interligner.
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INT
287 —
INV
INTERLOGITTEÏÏR, -TION, -TOIRE» du su-
pin interlocutum^ du verbe inter-làqui, par-
ler entre, interrompre le discours de quel-
qu'un; au sens juridique d'ordonner un inter-
locutoire, on dit aussi en fr. interloquer.
INTERLOPE, direct, de l'angl. to irderlope,
faire le commerce en contrebande. Celui-ci
est une composition hybride du préfixe tn/^r et
du verbe bas-ail. loopen{=^ nha. laufen) et ne
dit autre chose que L. inter-currere. Le com-
merce interlope est celui qui contrecarre
celui d'une compagnie ou d'une nation seule
autorisée à le faire,
DîTERLOQUER, voj. interlocuteur; aussi
synonyme Ôl' interdire y rendre interdit.
INTERMÈDE, L. inter-medius, it. inter-
tnezzo. — D. intermédiaire , intermédiat,
INTERMITTENT, du L. inter-mittei-e, in-
terrompre, discontinuer. — D. itUermittence;
intermission t L. intermissio.
INTERNE, L. internus, qui est en dedans
(de inter; cp. externtis, infernus, supernus).
— D. tnterfier, internat,
INTERNONOE, L. inter-nuntius, pr. négo-
ciateur, médiateur entre deux paAs; auj.
titre de la chancellerie romaine, = nonce
intérimaire, ou substitut du nonce.
INTERPELLER, L. inter-pellare, inter-
rompre un discours.
INTERPOLER, L. iyUer-polare, modifier,
refaire, altérer.
INTERPOSER, variété de entreposer, do
poser^ d'après l'analogie du L inter-ponere.
— D. interposition, L. interpositio.
INTERPRÈTE, L. interpres, -etis; verbe
interpréter. L. interpretari.
INTERRÉGNE, L. inier-regnum.
INTERROGER, L. hiter-rogare, — D. in-
terrogation, -ateur, -atif, -atoire, — L'an-
cienne langue avait transformé le simple
rogare en rover, rouver, et le composé inter-
rogare en enterver\^. etitrerover), prov. enter-
var. Cp. coi'vée de corrogata.
INTERROMPRE, L. inter-rumpere, d'où in-
terruptio, -tor, fr. interruption, -teur.
INTERSECTION, L. intersectio (inter-
secare, couper par le milieu).
INTERSTICE. L. inter-stitium (de inter-
stare, supin inter-stitum*},
INTERVALLE, anc. entreval, L. interval-
lum, pr. espace entre deux palissades (val-
lum).
INTERVENIR, L. inter-mnire; subst. in-
tervention, L. interventio; intervetUif.
INTERVERTIR, L. inter-vertere, m. s.,
d'où interversio, fr. interversion.
INTESTAT, L. in-lestatus, qui n'a pas testé.
Ab intestat, L. ab intestato hères, qui hérite
d'un intestat.
INTESTIN. \. adj. = L. intestinus, m. s.
(rad. intus)^ 2. subst. = L. intestinum. m. s.
— D. intestinal.
INTIME, L. intimus (superlatif de inter}.
— D. intimer f L. intimare - quasi in intimo
ponere w ; i7itimite\ L. intimitas.
INTIMIDER, BL. intimidare {timïàus)', pré-
fixe in avec valeur factitive.
INTITULER, vfr. entiteler, BL. vUitulare
(titulus).
INTONATION, du L. intonare (tonus), en-
tonner.
INTRADOS, composé nouveau, du L. intra
dorsum, ce qui est à l'intérieur d'une voûte.
Cp. extrados.
INTRÉPIDE, L. ùî-trepidus, litt. qui ne
tremble pas — D. intrépidité.
INTRIGUER, anc, entriquer, du L in-tri-
care ('rad. trica, impedimentum), embarra.s-
ser, embrouiller. — D. infri^we, subst. verbal
(Corneille employait intriques) ; intrigant,
intrigailler , intrigoterie. — Le mot intriguer
ne se présentant ni sous la forme de entricher,
ni sous celle de entrier, doit être attribué au
fonds savant de la langue etprob. un emprunt
à ritalien. — On trouve, dès le xiv* siècle,
cntriqué a»i sens physique d'embarrassé.
INTRINSÈQUE, acy. tiré do l'adv. L. in-
trinsecus, intérieurement.
INTRODUIRE, du L. întro-ducere, d'où, par
le supin introductum, les subst. introductio,
-tor, fr. introduction, -teur.
INTROÏT, du L. itUro-itus, entrée.
INTRONISER, BL. inthronisare, fait sur le
grec tv^povi^iiv, placer sur un siège ou trône
{^tiovoi L. thromiS)\ l'anc. langue disait en-
trosncr; cp. installer.
INTRURE*, L. in-trudere, pousser dedans
(cp. inclure de includere) ; part, intrusus, fr.
intrus, subst intrusio, fr. intrusion.
INTUITION, L. inluUio (de in4ueri, regar-
der). — D. a(y. intuitif.
INVALIDE, L. in-validus l'cp. infirme, im-
potent) — D. invalider ; cp, infirmer,
INVASION, L. itivasio, de in-vadere = fr.
envahir.
INVECTIVE, de l'adj. L. invectivus, formé,
par le supin invectum, de invehi, assaillir,
attaquer. — D. invectiver.
INVENTAIRE, L. inventarium = descrip-
tio rerum quœ, post alicujus decessum, in
illius bonis inveniuntur. On rencontre aussi
la forme inventorium ; c'est d'elle qu'on a tiré
le vfr. inventore et notre verbe inventorier,
INVENTER, L. inventare\ fréq. de in-ve-
nire, venir dessus, trouver (cp. l'ail, aufetwas
kommen, trouver qqch.) ; du supin inventum :
invention, L. inventio, inventeur, L. inven-
tor; inventif.
INVENTORIER, voy. inventaire.
INVERSE, L. inversus, renversé (in-vertere).
Du même type latin procède aussi le mot
envers (v. c. m.). — Substantif de invertere,
par le supin inversum : inversio, fr. inver-
sion .
INVESTIGATION, -ATEUR, L. investigatio,
-ator, de in-vestigare, pr. suivre la piste {vesti-
gium), puis rechercher en général.
INVESTIR, L. investire, pr. revêtir. Au
moyen âge ce mot a pris le sens de « conférer
l'habit, les insignes d'une dignité ou d'un em-
ploi, puis en général mettre en possession »» ;
de là le subst investiture. — Le sons de « en-
tourer » (investir une place) était déjà propre
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ISA
— 288 —
IVR
au mot classique ; on trouve inrestire focum
us s'asseoir autour du fojer; de là le subst.
investissement.
mVÉTÉRER (S*), L. inreterare (i-ad. vetiis,
reteris, vieux).
nrnHCIBLE, L. intincUnlis (vincere). —
D. invincibilité,
IUVItER, vfr. entier (voy. envi), prov. en-
vidaTf du L. inviiare. — D. invitation, L. in-
vitatio; subst. verb. invite, t. de jeu.
iMVOQUER, L. in-vocare, — D. invocation,
L. invocatio; invocatoire.
IODE ; le Dom de cet élément chimique, dé-
couvert en 1811 par Courtois, est tiré du gr.
iOMr,i, violet.
IOTA, la plus simple, la plus grêle des
lettres de l'alphabet gi^ec. La valeur figurée
de ce mot se rencontre déjà dans TEvangile;
dans le sermon de la montagne, Jésus dit :
•* Un seul iota de la loi ne passera pas que
toutes ces choses ne soient faites »
lOTTLER, de VslLjodeln, ou directement du
cri i-a-ou,
TBL-, préfixe ; c'est le préfixe in, modifié par
l'effet d'un r suivant; ex. ir-régulier, ir-
réligion,
IRASCIBLE, L. irascibilis, du verbe irasd,
se fâcher (vfr. iraistre, prov. irasccr, iraisser).
— D. irascibilité.
IRE, L,ira. — D. les mots vfi||i rer, mettre
en colère, iror, rancune, iroiis, taché.
IRIS, L. iris, gr. î/jt;. — D. irisé,
IRONIE, L. ironia, du gr. « c/5«v«a, pr. inter-
rogation, puis par allusion à la méthode de
Socrate, raillerie fine. — D. ironique, gr.
tipfjivMOi ; verbe irotiiser,
IROQUOIS, nom d'une nation saus^agc
d'Amérique, employé quelquefois comme terme
d'injure.
IRRIGUER, L. irrigare, ari'oser. — D. ir-
rigatioti, -ateur,
IRRITER, L. irritare, dont la racine rit est
peut-être la même que celle de l'équivalent
ail. rei2cn, — D. irritable, -aiion, L. irrita-
bilis, -atio.
IRRUPTION, L. irrvptio (ir-rumpere).
ISABELLE, nom de couleur. Isabelle, une
princesse quelconque, avait fait le vœu, lors
du siège d'une ville, dans lequel son mari était
engagé, de ne pas changer de chemise que
son mari no fût victorieux. Le siège dura
trois mois ; on devine la teinte que, dans cet
intervalle, l'auguste chemise avait prise. Aussi,
pour perpétuer le souvenir de cet acte •« hé-
roïque •*, on donna dorénavant le nom de la
princesse à la nuance en question. — On pré-
tend que la princesse dont il s'agit est l'ar-
chiduchesse Isabelle, fille de Pliilippe II,
gouvernante des Pays-Bas; et le, siège en
question serait celui d'Ostendc (IGOI à 1G04).
D'après cette version, la chemise aurait été
portée trois ans, et non pas trois mois. En
attendant les preuves diplomatiques de cette
étymologie, je rapporte l'historiette pour ce
qu'elle vaut ; si non ù vero^ è henc trovato.
ISARD, chamois, prov. ifjxarn, catal. isart.
aussi sicart; d'après les uns, à cause du siffle-
ment que ranimai fait entendre par les narines,
de l'angl. hiss, sifller; d après Saumaise, da
gr. fÇ«ioî (sauteur?;, épiôiète fréquente du
chamois — c'est par trop savant ; enfin, vu la
forme prov., Littré allègue le german, isarn,
eisem, gris de fer. Une tentative d'explication
par le basque beiceoorra (!) peut se lire dans
la Ztscbr. de Grôber, V, 559 ; je m'abstiens
de la reproduire.
ISLAM, mot arabe signifiant soumission là
la volonté de Dieu), du verbe aslama, se sou-
mettre (d'où aussi le participe actif moslim,
dévot; le pluriel de celui-ci, sous la forme
persane moslimàn, a donné le motfr. musul-
man),
ISOLER, voy. tle; pr. séparer comme une
ile.
ISSU, part, passé du vieux verbe issir (aussi
eissir)\ ce dernier, = prov. eissir, it. escire,
iiscire, vient du L. ex-ire, sortir. — D subst.
issite(^TX)y. issida, it. escita) ; le part, présent
issant (sortant) s'emploie encore comme terme
de blason.
ISTHME, L. isthmus, gr. U^itôi, pr. pas-
sage.
ITEM, mot latin = de même, aussi.
ITÉRATIF, L. iterativus, de iterare, faire
une seconde fois, répéter. Le fr. n'a plus oc
verbe qu'avec le préfixe ré (ré-itérer) ; ce pré-
fixe constitue dans ce cas-ci une superfétation.
ITINÉRAIRE, L. itinerarius (de iter, gén.
itineris, chemin).
ITOU, dans les patois, == aussi; du vfr.
itel, pareil, semblable, qui, devant les con-
sonnes, faisait iteu, itou. Gp. champ, ilal,
autant, aussi.
IVOIRE, prov. ecori, it. avorio, angl. irwy,
de l'adj. L. eboreus, (de ebur, ivoire). — Pour
l'î initial, cp. ivre, vfr. iglise.
IVRAIE, anc. ivroie, prov. abriaga, du
L. ebriacus, ivre, à cause de la vertu enivrante
de l'ivraie; R. Estienne : « pour ce que le pain
d'ivroie enivre n. Cp. le terme scientifique
« lolium temulentum *» . Au dire de Ménage,
les Italiens nomment l'ivraie de même capo-
girlo (pr. vertige) et imbriaca, = ebriaca. Les
Allemands disent 7'auschkorn, taubkraut; en
V. flam. je trouve dronchaert, — Nodier a eu le
caprice de faire venir ivraie du verbe L. abo-
rioi\ parce qu'elle fait avorter l'espérance du
laboureur! Cet homme d'esprit tenait peu
compte de la vérité étymologique, quoiqu'il se
fut beaucoup occupé de phonologie. — I^e
L. ebriacus, ivre, a donné naissance aussi à
l'anc. adj. imbriaque, ivre, stupidc, it. tm-
briaco.
IVRE, du L. cbrius. — D. ivresse; ivrogue
(v. c. m.); verbe enivrer.
IVROGNE, vfr. ivroin, dér. de tpr<î. La ter-
minaison ogne (= L. oneus, it. ogno, esp.
tteno, port, onho) est tout à fait isolée dans la
langue française (le mot ca7'qg7te ou charogne
est d'importation étrangère, et la finale de ci-
gogne, vigogne a d'autres raisons detw. —
D. ivrognesse; ivrognerie.
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JAI
289 —
JAL
JÀ» it. già^ csp. et anc. port, f/a, n. port, et
prov. ja, du L.jam. Cet adverbe, très usité
autrefois, ne s'emploie plus à l'état simple ;
il s'est combiné avec le préfixe de (cp. de-
dans, de-hors, etc.) et a produit le composé
dc'jà, dont on a fait abusivement déjà, cp.
it. di già. Le raoijà se retrouve en composi-
tion àoxis jadis et jamais (voy. ces mots).
JABLE, vfr. aussi gahlc, t. de tonnellerie;
d'origine inconnue. — D.jabJet',
JAfiOT, p. gibot, d'après Diez, dérivé du
L. gibba, bosse Icip. jaloux, \i.geloux, aronde
-•=« L. hi'rundo). L'allemand hropf= jabot
signifie également pr.qqch. d'enflé. Cette éty-
mologie renverse celle de Ménage, qui, pour
la circonstance, avait imaginé un mot latin
capuUus fait d'un primitif capus, tout aussi
imaginaire, et auquel il prête la vertu d'avoir
signifié « toute chose qui contient ». — De
iabot vient le VQvhQJaboter, babiller, murmu-
rer, marmotter « comme les volatiles qui ont
rempli le jabot •» .
JABOTBR, voy. jabot.
JACASSER, do jacasse, femme bavarde ;
celui-ci tient prob., dit Littré, kjacot (petit
Jacques), nom populaire donné aux perroquets
et aux pics. — On serait tenté aussi de ratta-
cher le mot à la famille do l'ail, gachen,
gackcrn, gackscti, caqueter, babiller.
JAGENT, L. jacetis (jacere). — D. jaccnce.
JACHERE, vfr. gaschiè7'e, gachière, pic.
gaquiùre, ghesquière, garquière. L'origine de
ce mot n'est point fixée ; seulement, il est cer-
tain qu'il no vient pas du L. jacere, ni du
L. racare, être vide, reposer. En BL. on
trouve gascaria, terre nouvellement labourée
et non encore ensemencée, ainsi qu'un mot
gascha qu'on interprète par « agri proscissio »
et qui doit être le primitif de gascaria. —
D.jachch'er.
JACINTHE, proy. jace7iti,jacint, forme vul-
gaire p. hyacinthe.
JAGOIT QUE, encore que, x^jà soit que.
JACONAS ; origine inconnue.
JACQUOT, JACOT, dimin. de Jacques Cen
champ, on àithussï Jacques pour merle, geai);
pour cette dérivation, l'on peut rapprocher
d'autres noms d animaux tirés de noms pro-
pres, tels que sansonnet, pierrot, renard, etc.,
et surtout, dans notre eus, jacquet = bécas-
sine, écureuil,
JACTANCE, L. jactantia (de jactare, van-
ter).
JADIS, du L.jam diu; cp. tandis, de ta7n
diu. Vs final est la lettre caractérisrique de
l'advorbe.
JAILLIR, anc. employé aussi au st^ns actif
(lancer, jeter) ; ce verbe est, d'après l'opinion
reçue, p. jaCUcr et vient du L. jaculn^^i, lan-
cier, mais Diez remarque que l'anc. langue
l)i-é?ente parfois la forme <7a/er, ce qui contra-
rio cette étym., car j peut procéder du g,
mais non pas g do J ; il conjecture donc une
origine de l'ail, toallen, bouillonner. Ce qui
prouve encore contre jacidari, c'est que la
forme non mouillée ja/ir prédominait dans le
vfr. ; la forme jaillir est postérieure et faite
peut-être sous l'influenco du synonyme saillir.
Avec tout cela, l'étym. de Diez laisse subsis-
ter des doutes.
JAIS parait être dégagé dejayet, que Ton
aura pris pour son diminutif, mais qui répond
à la lettre au L. gagates, gr. yayàTïî; (cp. wall.
gaieté). L orthographe gest dans le Livre des
métiers (xiii* siècle) parait arbitraire.
JALAP, de Xa^apa, ville du Mexique, lieu
de provenance.
JALS, espèce de baquet ; de là prob. le vfr.
jalon, galon, galoie, jalaie, BL. gàlo, gale-
tum, angl. gallon (v. c. m), mesure de capa-
cité ; rouchi galot, broc, jellot, en termes de
savonnerie, = baquet, etc. L'étymologie do
jale est incertaine. On a proposé le L.gaulus,
seau à puiser, mais ce mot ne s'accorde pas
avec l'a radical. Le L. galea, casque, s'accor-
derait parfaitement avec la forme vfr. jaille
(cp. galcola, interprété par Papias : vas vina-
rium), mais l'absence de 1'/ mouillée dans les
formes dérivées ci-dessus mentionnées ne per-
met pas de l'adopter comme source du mot
français. Chevallet cite l'écosiï. et irl. sgaX,
sgala, baquet, écuelle; autant vaudrait citer
lall. scJude, écale, jatte, étymologie contraire
à la lettre. — Baist (dans Grôber, Ztschr.,
VI, 118) rapproche le radical gai du BL.
galida = vha. gcllita, nha. gelte, sans toute-
fois rien affirmer quant au rapport étymolo-
gique.
JALET ; ce mot ne vient pas, comme on l'a
avancé, du h.jaculum; c'est une forme va-
riante do galet (cp. gambe et jambe). Il se
peut toutefois que l'ancienne forme jaillet,
que je trouve dans R. Etienne et Nicot avec
la valeur de - globus missivus •», soit un dérivé
de^'aci(/aW.
JALON, bâton planté en terre pour arpenter
ou prendre dos alignements. On n'est pas
fixé sur l'origine de ce mot. Voy. aiissïjauger,
— D. jalonner.
JALOUX (on trouve en vfr. le dim, gelosefj;
= it. geloso, prov. gelos, esp. seloso; du L.
zelosus, dér. de selus,7è\e. — D. jalousie, \i.
gélosia; l'acception figurée : treillis au tra-
vers duquel on voit sans être vu, nous vient
de l'Italie, et se voit déjà dans J. Du Bellay ;
ycvhe jalouser (le cham^t. geloser ^= jalouser
signifie désirer; cp. éî/?t* te = jalousie et désir).
La termin. oux, anc. ous au lieu de eux
[jnleus e.st fréquent au xv<^ siècle), est irrégu-
lière et motivée par l'assimilation à jalousie,
jalouser, où lat. ô en syllabe atone = fr. ou
est régulier. C'est de même que ventouse p.
venteuse {encoro dans Commines) aété modifié
sous l'influence du verbe ventouser.
19
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JAQ
— 290 —
JÂR
JAMAIS, it. giammai^ du L. jan% magis,
doDc pr. == ja plus; la phrase « je ne le ver-
rai jamais » équivaut dans le principe à « je
ne le verrai de ce temps (Jaj en avant (magis,
mais) n ; cp. jà en ma vie ne verrai mais si
bêle chose (Barbazan, Fabliaux et contes, II,
p. 434). La formule ne.,,ja mais, litt. = non
jam magts, a, avec le temps, pris la valeur
de non unquam magis, puis de nioiquam
tout court. On sait que jamais sans négation
(excepté quand il est prononcé seul, sans re-
lation syntaxique avec une proposition) équi-
vaut à L. unquam. — La valeur primitive
« dès maintenant en avant »» perce encore
dans l'expression à jamais = à toujours.
JAMBE, it., esp.. cat., prov. gamba, vfr.,
pic, wall. ^amfte (forme encore usitée dans
viole de gaynbe) ; en v. esp. aussi camba, et
dans quelques dialectes du Midi comba; on
trouve, sans b, en v. esp. cama et en vfr.
(aussi ch&mp.) jame. Que le radical soit cam
ou camb, toujours est-il qu'il y a au fond du
mot jambe lai même racine cam = recourbé,
plié, d'où procèdent L. cam-urus, cam-erus,
courbe, cam-era, voûte, catnerare, voûter (fr.
cambrer), ainsi que le celt. cam, courbé. Il se
peut que la langue vulgaire ait déjà pos-
sédé un mot lat. camba, jambe, type des vo-
cables romans. Végôce, en effet, présente la
forme gamba, mais avec la signification de
sabot. Il n'y a pas de doute que le vha. hamma,
jarret, flam. et angl. ham, jambon, n'appar-
tiennent à la même famille. — D.jamber,
iambage, jambon, jambier, -ière; enjam-
ber.
JANISSAIRE, du turc jeni tsjeri, litt. «
nouvelle milice.
JANTE, pic, norm. gante, axi%\.jant, pro-
bablement d'un mot latin cames, camitis, qui
se trouve mentionné comme synonyme de
canthus dans des gloses florentines, et qui
procède de la môme racine cam, recourbé,
dont il est question sous jambe. Le wallon
chame -= jante accuserait, selon l'avis de
Diez, pour type le nomin. cames; la forme
jante, par contre, viendrait du cas obli(iuo
camitis, cam'tis. Au rad. camit répond aussi
le bret. cammecl. — D. jantille,jantière.
JANVIER, L. januarius, \'ii voyelle devenu
w consonne ; cp. vfr. tenve de tenais, veiive
(vfr. vcdve, veve), de vidita.
JAPPER, prov. japar; onomatopée, cp. ail.
japptm. — D. jappe, babil, caquet.
JAQUE, espèce de justaucorps, it. giaco,
e^y.jaco, an^l.jack, aW.jacke. Ce vêtement
militaire aurait, d'après une conjecture do
Ducange, reçu son appellation de Jacques,
nom d'un chef militaire de Beau vais vers
1358. — D. jaquette, an^l.jacket.
JAQUELINE, espèce de vase ou do bou-
teille. De Jacqueline de Bavière, comtesse do
Hollande, qui, prisonnière à Teilingen, s'amu-
sait à faire de petits vases de terre. Histoire à
vérifier.
JAQUEMART, figure de métal qui repré-
sente un homme armé, frappant avec un mar-
teau les heures sur la cloche d'une horloge.
On l'a ainsi nommée, disent les auteurs du
Dictionnaire des Origines, du nom de l'ouvrier
qui en a été l'inventeur et qui s appelait Jac-
ques Marc. Cette étyraologie demande des
pièces à l'appui qui font défaut. On disait
peut-être bien avant l'invention de ce que nous
appelons aujourd'hui un jaquemart ; « armé
do pied en cap, comme un jaquemart » . Pour
expliquer cette locution, on a découvert un
Jaquemar de Bourbon, connétable de France
sous le roi Jean (xiv* siècle), homme très vail-
lant, type de bravoure et do bonnes manières
de guerre. Cela est tout aussi sujet à caution,
mais nous sourit plus quel'étymologie^'o^Htf
de mailles proposée par Ménage. Qui sait si
lejaquemart n'est pas tout bonnement Jacques
bonhomme, affublé en Mars f Littré pense que
c'est une altération de l'ail, ou flam. JocAma/i,
homme armé d^ nue jaque»
JAQUETTE, voy. jaque.
JARDIN, vfr. aussi gardin, it. giardino,
esp. jardin, prov. gardin Jardin, j en in ; dé
rivé du vha. garto, enclos (cp. goth. gards,
demeure, maison), nlia. garten, jardin. On
trouve aussi le même radical avec la valeur
d'enclos dans les idiomes celtiques. Lanc
langue se servait aussi du simple Jart au sens
de jardin, verger, maison de campagne. —
D . jardinier, jardiner.
JARQON, pic. gergon, wall. geargon, it.
gergo et gergone, v. esp. girgons (auj. geri-
gonsa), prov. gerzonz. Le vfr. disait aussi
gargonner pour jargonner. Le mot jargon
parait être originaire de Franco et s'être com-
muniqué de là aux autres langues congénères.
Diez est d'avis que gargon procède de la même
racine ^ar^ qui adonné gargouiller; cp.ja-
boter àe jabot. Du temps de Palsgrave, Jar^ou
avait encore la valeur de caquet, gazouille-
ment ; il traduit le mot par chattering, chyr-
king of byrdes. En champ, jargon signifie le
cri de l'oie, et d'ailleurs déjà dans les Donatz
proensals do Faidit (xiii" siècle) on trouve
gergons traduit par « vulgare trutanorum •.
Tout cela parle en faveur d'une dérivation do
jar-s, en supposant que ce mot est réellement,
comme on l'a pensé, une contraction de Jar/7-5 ;
d'autant plus que l'on trouve un verbe Jar-
gauder au sens de s'accoupler (en parlant du
jars) et dans celui de caqueter^ jaser. L'ori-
gine de jaser présenterait aussi un argument
en faveur de cotte dérivation. L'expression
entendre le jars pourrait également confirmer
le rappoi*t que nous supposons exister entre
jargon et jars, en l'entendant ainsi : com-
prendre le jars quand il caquette. — Nous ci-
terons encore pour mémoire quelques autres
conjectures émi.ses à propos de jargon. Covar-
ruvias et Le Duchat pensèrent à grœcus (lo
grec pris pour type d'un langage incompré-
hensible); Ménage eut assez d'habileté pour
démontrer la filiation qui reWe jargon à bar-
baricus! Enfin, Génin s'est efforcé do prouver
fiue la lingua gerga des Italiens vient du gr.
îij&o';; ce serait ainsi la langue sacrée, c-à-d.
la langue secrète connue des initiés seulement.
C'est bien là une étymologie par antiphrase !
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JAR
— 291 —
JAU
Le jargon» langage de rOljmpe! À part
d'autres objections à faire, comment accorder
avec cette étjmologio le g final, car pour le J
ou g initial on aurait au besoin le précédent
de Jérôme^ Jérir.alem^ jusquiame^ jacUtthe,
— D.jargonnerifioXv'mgcrgonner).
JARNAG [coup dé). Cette expression tire
son origine, d'après labbé Le Laboureur, du
combat singulier de Guy de Chabot-Jarnac
et de François de Vivonne de la Châtaigneraie,
qui eut lieu dans la cour du château de Saint-
Germain en Laye, le 10 juillet 1547, et dans
lequel le roi Henri II s'intéressait beaucoup
en faveur de la Châtaigneraie. Jamac, quoi-
que affaibli par une fièvre lente qui le consu-
mait, renversa son adversaire par un revers
qu'il lui donna sur le jarret et qu'on a depuis
appelé le coup de Jarnac.
1 . JARRE, grand vaisseau de terre vernis-
sée, angl. jar, it. giara^ esp., port., prov.
jarra, aussi cat. gerra, prov. guarra (formes
masc. it. giarro, esp., port, jarra) ; de l'arabe
djarrh, vase â eau.
2. JARRE, poils longs et durs, qui recou-
vrent le duvet soyeux de certaines pelleteries.
Origine inconnue. Atzler propose le vha.
harra, hara, cilice, mais il n'y a pas corres-
pondance entre h ail. et j fr. Il cite aussi angl.
gare^ laine grossière aux pieds des moutons ;
celui-ci conviendrait mieux comme étymologie
de Jarre (écrit aussi jarf^ qui s'applique par-
ticulièrement à la toison des moutons. —
Angl. gare étant traduit en gallois par gwlan
garw, laine rude, Bugge (Rom., IV, 362) con-
jecture que gare est d'origine celtique. Ou
bien, poursuit le judicieux étymologiste, fr.
jarre vient-il plutôt de l'esp. xaro,jaro, qui
se dit du cochon semblable au sanglier par la
rudesse de ses poils? Littré (II, p. 2609) pense
que notre mot pourrait être identique avec
jarre, nom d'une herbe (la cuscute) qui enve-
loppe les antres plantes et se roule autour,
mais dont l'origine est inconnue.
1. JARRET, = lat. poples, vfr. garra, it.
garretto, esp., ^ort.jarete. Dérivé du cymr.
gâr, cuisse, breton gar, os de la jambe. —
l).j arrêter, jarretière [dïsA.jartier, gartier,
d'où angl. ^ar^er).
2. JARRET, poisson, le Sparus smaris de
Linné, Smaris vulgaris de Cuvier, que Littré
a placé sous la rubrique de jarret = lat.
poples, n'a rien de commun avec ce dernier.
Voici, d'après une étude très détaillée et scien-
tifique sur ce nom ichthyologiqiio, faite par
J. Banquier, Rom., VI, 266-9, l'étymologie de
jarret : Il remonte au lat. gerres, gierres
(Pline, XXXII, 53, 5), d'où fr. gerre, jarre,
dim. jarret ; à Marseille giarret; d'un dim.
lat. gerrulns', se sont dégagés fr. gerle,
jarle', d'où gerllet, garrlet, jarlet. Toute» ces
formes sont examinées, justifiées et localisées
par M. Banquier. — Sachs consigne, avec la
valeur de Sparus mœna et comme provincia-
lisme du Sud, la forme jarat.
JARRETIÈRE, \oy, jarret.
JARS (Nicot jar), pic, gars, bret. garz,
wall. gear, oie mâle. Le verbe jargauder,
employé pour exprimer l'accouplement du
jars, donne lieu à supposer un radical primitif
jarg. Mais ce dernier n'est pas plus facile à
expliquer qiie jars. Le terme nord. gassi signi-
fiant à la fois jars et barboteur, caqueteur, on
est amené, par l'analogie, à rattacher aussi la
forme romane au latin garrire, conservé,
selon Diez, dans le verbe angl. jar, faire du
bruit, se quereller. — D'autre part Du Gange,
au mot jasia, cite jas comme synonyme de
coq, et dans le Maine, on trouve la même
forme pour signifier une oie mâle. Cette forme
jas s accorde fort bien avec le nord, gassi que
je viens de mentionner, et fournit aussi l'éty-
mologie la plus acceptable du verbe ;twcr. — ■
Frisch identifiait gars, oie mâle, avec gars,
garçon. — Pour nous résumer, nous avons à
choisir entre : 1 . un type jarg d'où jargauder,
jargon, mais dont la provenance reste obscure ;
— 2. un radical gar, revêtu d'un s nomina-
tival, = L. garrire; — 3. un radical gas
s=* nord, gassi (d'où jaser), avec insertion
d'un r.
JAS, t. de marine ; d'origine inconnue.
JASER, vfr. gaser, prov. gojtar; du subst.
jas ^=^jars \y. c. m.). D'autres ont pensé à l'it.
gasza, pie, mais cette langue non seulement
n'a pas le verbe gazzare, mais, existàt-il, il
eût produit en fr. gacer et non pas gazer,
jaser. La forme gaser parait avoir donné le
dimin. gaziller, gazouiller (v. c. m.). — D*
jaseur, jaserie,
JASERAN, anciennement une espèce de
cotte de mailles, puis collier d'or formé de
mailles, bracelet en forme de chaîne, chaîne
d'or à très petits anneaux. Ce mot est le même
que l'it. ghiazzerino, esp. jacerina, port. ;a-
zerina, jtrov. jazeran, yfr. jazerantjazcrenc»
C'est propr. un adjectif, = qui est fait de
mailles, cp. esp. cota jacerina,vfr. haubercjaze-
rant. Le Duchat dérivait le mot de l'ail, ^aitx-
rinc (tout anneau), mais ce composé n'existe
pas; Reiflfenberg, de jaque acerin = jaquette
d'acier; Chevallet, de lall. eisern, de fer. Diez
rappelle d'abord le mot esp. jazarino, algé-
rien, de l'arabe gazaïr, Alger (Covarruvias
affirme que les meilleures cottes de mailles
venaient d'Alger) ; puis il cite un passage du
Willehelm de Wolfram, où il est dit que le
roi de Barbarie portait un haubert travaillé &
Jazeranz.
JASMIN, \i. gesminOy Q^p. jasmin; c'est le
même mot que l'arabe^'o^amun, qui toutefois,
lui-même, est d'importation étrangère, selon
Freitag.
JASPE, gr. ra7irt{, L. iâspis (d'origine orien-
tale). — D. jasper,
JATTE, pic. gâte, norm. gode Jade, it. ga-
vctta, esp. gabata, du L. gabata, m. s. (cp.
dette de débita). Le moijculeau de Rabelais est
le dim. de jade, forme normande de jatte. —
D.jatiée. — Voy. aussi ;ot<é.
JAU, nom vulgaire du coq dans quelques
provinces, p. gau; ce dernier, ^^ gai, vient
du L. gallus. Le môme mot signifiait aussi
robinet; ce qui rappelle le terme allemand
hahn, signifiant à la fois c#q et robinet.
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JAV
292 —
JET
JAUGE est le primitif, ou le subst. verbal de
jauger (v. c. m.).
JAUGER, vfr. gauger, angl. gauge. Les dé-
rivations soit du vfr. jalaie, mesure de vin,
ou du BL. gaio (v. pi. h. soms j aie) ne peuvent
satisfaire. Diez conjecture un type L. œqua-
Hficare, égalifier, c.-à.-d. rapporter à une
mesure modèle. De ce type a régulièrement
pu se produire par syncope une forme égal-
ger (cp. vfr. niger do ntdificare)\ de là se
déduisent naturellement égauger, gauger, et
enûn Jauger. Cette ingénieuse étymologie ne
laisse rien à désirer quant à la régularité des
transformations supposées (les formes rouchi
cauque, gauque, comme observe M. Diez,
accusent un thème immédiat caïc, qui peut
fort bien avoir été contracté de calfc) ; et en
ce qui concerne le sens, on voit de même le
L. œquare donner naissance à Fall. eichen
«= jauger, néerl. ijken (Kiliaen : ijcke,jecke,
vasis mensura et capacitas ; signum sive nota
justse mensurœ). Si œqualificare peut être
établi comme le type àe jauger, il n'y aurait
pas à douter plus longtemps quant à l'ori-
gine àe jalon, dont le radical répondrait à
un type latin œqualis; pour l'aphérèse de la
syllabe initiale, cp. le mot mine. — Diez pro-
pose encore pour Jan:^^, comme tout aussi
acceptable, le L. qualificare, d'où calfcare,
cal'care, etc.), au sens de fixer la qualité, les
conditions d'une mesure. — Mon opinion est
que jauge ou gauge signifiait en premier lieu
une verge à mesurer et a pour radical le
môme gai ou jal d'où procède Jo/oîî, perche
d'arpentage. Le type serait galtca owjalica.
Quant au radical gai, on peut le rapporter
soit au breton gtcalen, perche, ou au goth.
valus, bâton, ou enfin au lat. vallus, pieu,
échalas (voy. gaule). — Littrô incline pour
l'étymologie jale (v. c. m.), dans la supposi-
tion sans doute que le mot s'appliquait dès
l'origine au mesurage de la capacité, ce qui
est à vérifier.
JAUNE, vfr. et pat. gaine, jalne, garnie,
gane. Du français jalne vient esp. et port.
jalde. Le mot représente le L. galbinus {galb*-
nus\ jaune verdâtre. La forme it. giallo, par
contre, découle du vha. gclo (nha. gelb), —
D . jaunâtre, jaunir, jaunisse, jaunet.
JAVART, tumeur chez les chevaux et les
bœufs. Ménage invoque pour type l'équivalent
it. chiatardo (auj. les It. disent giarda), qui
vient de chiavo, L. clavus, fr. clou. Cette éty-
mologie est douteuse.
JAVELINE, voj. javelot.
1 . JAVELLE, prov. guavella, port, gavela,
esp. gavilla, BL. gavella; d'un type latin
capellus, p. capuliis (capere) = poignée. La
forme masculine s'est communiquée au n.
prov gavel, \}\g. javiau, anc. fr. javeau. —
L'étymologie garbclle(degerbo) est arbitraire.
— h.jacele}', enjateler,
2. JAVELLE (eau de), de Javelle, nom d'un
moulin près de Paris, où. cette eau se fabri-
quait en premier lieu.
JAVELOT, fonnes anciennes : gavelot, ga-
verlot, gaurclos, garelos, garlut, gaurlot,
javrelot, glavelot ; bret. gavlod, mha. gabiîol,
V. flam. gacelote; avec le suffixe ine : ïv.jace-
Une, ïi. giavelina, esp. jabalina,hTet.jaHin.
Le \siinjaculum ne se prête en aucune façon.
Grimm rapporte gavelot à l'angl. gavelok ou
plutôt à l'ags. gaflac = javelot, composé,
d'après lui, du nord, gefja, == lance, et de
l'ags. /àc, jeu. — Pott propose une dérivation
de l'irl. gabhla, lance. Diez incline également
pour l'ags. gaflàc ; seulement il préfère y voir
le cymr. gafl-ach = lance à plume. Les for-
mes gaver lot, garlot lui semblent être des
altérations sans importance étymologique.
— Diefenbach range les mots germaniques
cités dans la même catégorie que le germ.
gabél, fourche, et le vfr. gaffe, longue perche
avec un croc. — Littré : « Javelot ne tien-
drait-il pas à javelle f et si javelle vient du
L. capulus, poignée, javelot ne pourrait-il
pas, à l'aide d'un diminutif, venir du BL. ca-
pulus, capilum, branche taillée? •» — Tobler
(Kuhn, Ztschr., XXIII, 418) part de la forme
'glavelot^ dim. àe glaive, « lance », d'où s'ex-
pliquent toutes les autres. L'r est épenthé-
tique dans les anc. formes gavrelot, gaverlot,
garlot (Rom ^, VI, 156). G. Paris combat cette
étym. pour des raisons tenant à la fois à la
forme et au sens.
JATET, voy.jaw.
JE, vfr. eo, ieo,jeo,jo, prov. ieu, eu, it. io,
esp. 1/0. Du L. ego, syncopé en eo.
JEAN, vfr. Johan, Jehan, du L.Johanncs.
Il est curieux de parcourir l'histoire de ce nom
de baptême à travers les langues modernes.
Disons d'abord que le gr. *I«âcvvï2;, L. JoImh-
nes, découle do l'hébr. Jochanan qui signifie
« Jéhovah est clément » (cp. ail. Gotthold\,
Les Allemands disent généralement Johann,
puis, par aphérèse de la syllabe initiale, i^oit-
nés, Hans ; les Néerlandais contractent le mot
en Jan, les Anglais en John (élision de la).
Les Espagnols en ont fait Juan, les Portu-
gais Joao, les Italiens, par élision de A rem-
placé par V (cp. pouvoir, glaive, etc.), Gio-
vanni, les Russes Iwan. — Dérivés : Jeanne^
Jeannette, Jeanneton. — I^ dérivé Jeannot
est employé souvent pour désigner un sot, un
homme si mple(cp.C/««c?c, Colas, Bcno(t,etc.);
on se sert dans le même sens aussi de Jean-
7nn ou Janin (anc. aussi Jeitin).
JÉRÉMIADE, de Jérémie, le prophète juif,
auteur des Lameiitations sur la captivité
d'Israël.
JÉSUITE, anc. jésuiste, religieux de la
Compagnie de Jésus. — D. Jésuitique, jésui-
tisme. — Jésuite est aussi dans quelques pro-
vinces le nom vulgaire de dindon, parce que
l'on attribue aux Jésuites missionnaires de
l'Inde l'introduction do cet oiseau en Europe.
JÉSUS, nom d'une sorte de papier, qui por-
tait autrefois pour mai*quo le nom de Jésus
(I. H. S.).
JET, subst. verbal de Jeter.
JETER, vfr. gieter, giter, prov. getar, gitar,
it. gettarc, gif tare, esp. jitar, aussi cchar
(p. jechar); du h.jactare, ou i)lut6t, puisque
la mutation de a en c ou i scremaixjue dans
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JOC
— 293 —
JOU
toutes les branches du domaine roman et quo
îactare ne peut faire en it. geUare ou gittarc
(comme l'observe Diez), du compos<^ ejectare
\\Q\ai(\\\Q aïepta). Pour l'aphérèse do la syllabe
e, voy. mine et jauger. — Cette étymologie
do Diez est contestée et contestable; selon
Cornu (Rom., VU, 354), l't radical dans les
formes romanes est reflet de la môme action
de la consonne j' qui pré(*ède, qui a produit en
fr. gint git de vfr. gésir = L. jaccre. —
D. jet, it. geto, ^vow. get; jetée, it. gettata;
jeton (v. cm.). Composés : ck jeter, forjeier,
rejeter, surjeter,
JETON, it. gettcnu, dôr. àe jet {voy. jeter).
On disait jadis aussi gettoir, et simplement
giet, get. Les jetons servaient à calculer, ils
remplissaient donc les mômes fonctions que
les calculi des Romains, ou les ^ijpoi des
Grecs.
JEU, prov. juec, esp.juego, it. giuoco, du
L.jocus (cp. lien, feu, queux, de locus, focus,
coquus).
JEUDI, it. giovedi, du L. Jovis dies; en
prov. dijous (aussi Jom5 tout court) = dies
Jovis.
JEUN, vfr. jeiin (employé comme adjectif),
du h.jejunu^ ; subst. j'ci'mc, du "L.jejunium;
verhQ jeitner, L. jejunare, it. giunare ^plus
souvent di-giunarei, prov. jeonar; de là fr.
déjeuner (v. c. m.), pr. rompre le jeûne.
JEUNE, JEUNER, voy. jeun.
JEUNE, vfv.jouene {oue formant diphthon-
gue), ït. giovane, du L. juvcnis, — D. jeu-
nesse; ajeunir , rajeunir,
JOAILLIER, dérivé du vfr. joail (voy.
joyau). — D. joaillerie.
JOBARD, niais, crédule; doù subst. jo^ar-
deric. D'après Génin, ce mot, comme nom de
famille, est une forme variée de Jobert, Jau^
hcrt, lequel viendrait du bas-latin jobago,
jobagio, un esclave appliqué à la culture du
sol. Comme terme d'injure, le linguiste fran-
çais le rattache, de même q\\ejobelot,gobelin,
jobet, au personnage Job du Vieux Testament,
dont la patience et la longanimité prover-
biales auraient donné lieu à prendre ce nom
comme un équivalent de niais, dupe, homme
prêt à tout endurer. — Le v. flamand a le
mot jobbe = insulsus, ignavus, obtusus homo ;
je pense que c'est ce dernier qui a fait naître
vfr. jobe, m. s., et les dérivés jobet, jobard,
jobelin, jobelot, et qu'il n'a aucune aflînité
avec le nom du patriarche juif. Je rapports au
môme mot flamand l'ancien verbe jober,
railler.
JOCKEY, mot anglais, dérivé de Jock, forme
variée de Jack (fr. Jacques).
JOCRISSE, benêt ; je ne connais pas l'ori-
gine de ce mot populaire; on pourrait au
besoin le rapporter au L. jocari, ou plutôt
direct. ÛSim. jochen, nugas agere, angl. ^'o/i«,
plaisanter. La première signification, cepen-
dant, parait avoir été celle de valet de ferme
qui avait soin du poulailler. Cela me rappelle
le suisse^'ocAcZî, nom donné souvent aux gar-
çons de ferme dans ce pays et qui est une cor-
ruption de Jacques ; je n'oserais pas toutefois
le poser sérieusement comme source de jo-
civssel Le champenois a un tevmejoquesus =>=
dupe. Je le retrouve dans Godefroy, sous la
rubrique joques sus et traduit par jocrisse.
— En wallon, je trouve jobrise = nigaud,
jocrisse, lequel accuse un thème job (voy.
jobard). Quoi qu'il en soit, la formation du
mot est bizarre.
JOIE, vfr. goie, port., prov. Joia, it. giqja,
esp. joya. En esp. et port., le mot ne signifie
que joyau, enit. à la fois joie et joyau. Du L,
gaitdia, plur. de gaudium. Le type dérivatif
gaudielium a donné les formes it. giqjello,
esp.joyel, prov.JoiW, ïiéevl.jutoeel, aXi.juwel,
Angi. jetoel, vfr. joël, à!oii joyau. Le BL.jo-
cale = joyau repose sur une fausse relation
avec ji'ocitô, jeu. Lev. flam. avait, dans le sens
de joyau, également le mot simple, c.-à-d. la
forme joye (Kiliaen). — D. joyeux.
JOINDRE, du L. jungere (cp. oindre, poin-
dre de ungere, pungere). — H. joint, L. juno-
t\\^\ jointure, L. junctura.
JOINT, substantif, voy. joindre. — l). jointe;
verhe joi}Uoyer.
JOLI (vfr. jolif, fém. jolive) ; la significa-
tion première de cet adj. était gai, joyeux,
galant, qui est encore le sens de l'it. giulivo
et de Vangl.joUy. De là S'est déduite celle
d'agréable, qui plait, gentil. Les étymologies
joviatis etjoculivus (vocable imaginaire tiré
dejocus) n'ont rien de sérieux. Les linguistes
sont d accord auj. pour rattacher le mot au
nordique jol, qui désigne les fêtes et les fes-
tins solennels qui se célébraient vers l'époque
du solstice d'hiver ou de Noël, époque toute
consacrée au plaisir. En suéd. et dan.^'u/ (en
angl. yule) signifie fête de Noël. — D. vfr.
joJiver, s'amuser, festoyer; jolivetés, babioles,
gentillesses, pr. petits cadeaux de fête ; enjo-
liver (chsimp. jolloyer).
JONC, L.juncus. — D. joncher, pr. parse-
mer de joncs les rues par où passaient les
processions religieuses. On a plus tard fait
abstraction de l'idée jonc en disant : joncher .
de fleurs, d'herbes, voire de morts; cp.
vfr. glagier, joncher, de glay. — De jonc
viennent encore ijonchaie, jotuihet, jonchère,
jonquille (v. cm.).
JONCHER, voy. jonc. — D. jonchée.
JONCTION, L.junctio (jungero).
JONQLER, vfr. jogler,juglcr, yvaAL jottgler^
du L.jocuJari, jouer, plaisanter. Pour la na-
salisation du radical Joe, cp. champ, joncher
(jouer) de jocan. — D. jongleur, vfr, jogleor
(au nomin. sing.jonglère), d\m jonglerie.
JONQUE, esp., port, junco, it. temco (vénit.
sonco) ; du chinois tchouen, bateau .
JONQUILLE, it. giunchilia, esp. junquillo,
en botanique narcissus juncifolius ; diminutif
de jonc, L.juticits.
JOTTE, voy. joue.
JOUBARBE, vfr. jombarbe, esp. jusbarba,
prov, barbajol (invereion des termes), it.
barba di Giove, du L. Joois barba. — Comme
la plus ancienne forme est jumbarbe et que
le nom de cette plante était, en gallois, low/ui^a-
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JOU
— 294 —
JUC
fioû/iL (Dioscoride, IV, 16), Littr^ conclut avec
toute raison que le terme Jovts barba repose
sur une confusion avec le terme gaulois, ciir
il n'y a guère de rapport entre la joubarbe et
la barbe de Jupiter. Darmesteter (Composés,
p. 47) partage cet avis,
JOUE, \fr. jode^jœ, angl. jaw (mâchoire,
onc. jotoe), ït, ffota, prov. gauia. Cette der-
nière forme nous met sur la traça de l'étymo-
logie de ce mot ; elle procède régulièrement
du L. gabata, écuelle, bas-latin çavata,
contracté en ffauta (cp. parabola, paravola,
parauia, parole). Le rapport logique entre
jatte et joue est conforme à ces comparaisons
bizarres que fait le peuple entre certains ob-
jets et les parties du corps (cp. tête de testa),
Le type latin cabota (d'où, par assimilation de
bt, s'est également produit le subst. jatte) est
encore bien sensible dans la forme bret.^arecf,
joue. — Le terme de m&ïinejotte = côté de
lavant d'un vaisseau, doit être le même mot
queçauta, ffota, à en juger par le terme équi-
valent allemand backen e= joue. De même
jotte, un des noms vulgaires de la bette.
JOUIR, prov. Jogar, it. giuocare, esp.
jugar, du L.Jocari ^ocus). — D, jouet; jou-
jou, mot enfantin ; joueur, jouaiUer, jouer
petit jeu. Composés : déjouer, enjoué.
JOUFFLU, mot de fantaisie, pour lequel les
mo\& joue et enfler ou ^on/^ paraissent avoir
fourni les éléments. Ou hÏQiï joufflu serait-il
pour jOM/fu, et ce dernier arbitrairement tiré
àejoue î
JOUG, it. ^ic^o, esp.jM^o, du L.jugum;
cp. all.joch, angl, yoke; même radical que
jugere', jungere, îr, joindre.
JOUIR, vfr. joïr, gotr, it. godere, gioire,
\iTo\.gauzir,jaujiir(cip. aussi fr, segaudir),
du L. gaudere. — D. jouissance, esjouir\
réjouir.
JOUR, vfr, et prov. jorn, it. giorno, de
l'adj. latin dtumus (aies) ; cp. les subst. ma-
tin, soir, hiver, tirés de même des adj. L. ma-
tutinus, serus, hibemus, — D. journal, L.
diurnale ;Jount^ =» durée d'un jour, travail
d'un jour (en smgl. journey signifie voyage.
!)r. le chemin fait dans une journée) \joumer
resté dans Xhàyerhe journellement) , ajour-
ner, séjourner (v. c. m.).
JOURNAL, it. giomale, voy. jour. — D.
journalier ; journaliste, -isme,
JOUTER (mieux serait ^oiUcr). La préposi-
tion IsXmejuasta {rsià.jug, jungere, donc pr.
c= joignant) s'est romanisée en it. giusta,
giusto, prov. josta, vfr. jouste, joste (les sa-
vants du XVI" siècle disnient jouxte). De là
s'est produit le verbe it. giustare, giostrarc,
esp., port, justar, prov. jostar, justar, fr.
joster', juster, jouster, suj. joutkr. Ces
verbes signifient dabord réunir, assembler,
puis particulièrement se rencontrer à la lutte,
au tournoi. Le premier sens s'est conservé
dans les composés fr. ajuster et ajouter (prov.
ajostar) Quant à la deuxième acception, toute
chevaleresque, on peut rapprocher les mots
assembler, approcher, anc. = combattre
(assemblée = combat), et ne disons-nous pas
aussi rencontre dans nn sens analogue? —
Subst. verbal : joute, it. giostra, prov.josta,
justa, mha. tjost, néerl. du moyen âge joeste
(Kiliaen porte jost = impetus). — Cette
étym. do joute était déjà connue de Jacques
Sylvius.
JOUVENCE', jeunesse, type latinjuTentia,
p. juventa oxijuventus (ces derniers sont les
types de vfr.joiœent etjouvetiie).
JOUVENCEAU, anc. jouvejicel, it. giorin-
ceJlo, d'un type h.juvenicéllus; îém, jouven-
celle,
JOUXTE, anc. préposition (voy. jouter), du
L.juxta.
JOVIAL vient directement, je pense, de Ht.
giomale. Quant à celui-ci, on le rapport*
communément à Jœis, it. Gtorc, « Jupiter,
que les astrologues disent être cause de joie
et de bonheur dans les horoscopes. On ap-
pelle une humeur joviale celle qui est agréa-
ble, divertissante, qui semble avoir été com-
muniquée par quelque heureuse planète »
(Dict. de Trévoux). Cette étym. est acceptable
(voy. sournois) ; cependant, je suis d'avis que
la création de l'adj. giovale peut avoir été
influencée par une fausse relation avec Giace,
mais que le mot dérive en réalité du verbe
giovare (L. juvare), qui signifiait, du temps
de Dante, aussi bien « faire plaisir » qu'aider
ou être utile. Ou bien y aurait-il au fond
l'idée de juvénile et le mot serait-il issu d'un
thème giove, jeune, comme ginvina, giaci-
nettof — D. jovialité, ït. giovialità.
JOTAU, vfr. joel joail, voy. joie. — D.
joaillier.
JOTEUX, it. gioioso (Dante a la forme plus
latine gaudioso), voy. joie, — D.joyeuseté.
JUBÉ ; la partie de l'église ainsi désignée
tient son nom de ce que les chanoines ou le$
diacres y adressaient au célébrant les paroles :
Jubé, Domine, bencdicere. Telle est l'expli-
cation que je rencontre chez Ménage et Roque-
fort et qu'approuve Littré. — Il faut, je pense,
considérer comme indépendante de notre jubé
la locution venir à jubé, se soumettre par
contrainte; serait-ce en venir à dire à l'adver-
saire : tjube, ordonne, je ferai tout ce que tu
voudras »• î
JUBILÉ, iprov.jubileu, du L, jubilœus an-
nus (gr. twSïîiaîoi), année jubilaire; dér. de l'hé-
breu ^*oW, pr. bruit de fête). — D. jubilaire.
JUBILER, it. giubilare, esp. jubilar, ail.
jubeln, du L. jubilare, pousser des cris de
joie. Festus : jubilare est rustica voce incla-
mare; Varron -. ut quiritare urbanorum, sic
jubilare rusticorum. — B. jubilation, L. jubi-
latio.
JUC, subst. verbal àejuch^r.
JUCHER ; ce verbe français n'est qu'une va-
riante de jouquer, joker (angl .ji'mâ^), que l'on
trouve dans les dialectes du nord avec le sens
de : croupir, rester en place sans bouger ; en
rouchi aussi = se reposer, et tarder, séjour-
ner longtemps dans un endroit. Voy. aussi
Godefroy au mot joquier. Je ne connais
pas l'origine de ces mots ; bien certainement
ils ne viennent ni àejcxere (quoique le par-
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JUM
— 295 —
JUS
îsÀtjacid se soit francisé on ji«'),ni. comme le
pensait Ménage, dejuf/itm au sens de perche
mise cntravei's. Pour plusieurs de ces signifi-
cations, le néerl. hukken, ail. hochen, être
accroupi, conviendrait quant au sens, mais h
ail. et J fr. ne correspondent pas; cette éty-
mologie, toutefois, convient à la forme nor-
mande hucher. — S'il est difficile d'identifier
ce verbe français avec le germanique huhken,
hocken, peut-être, pensait Diez, en découle-t-il
par l'intermédiaire d'une forme composée ge-
hukken. Notez encore la forme berrichonne
gucucher, subst. gucuche. — Baist (Ztschr.,
VI, 425), comme Ménage, place le subst. juc
dans la famille de jugum et rappelle goth. et
nl.jwÂ, vha.Jw^, pour la forme, et pour la
valeur, le nord. oAi, « barre transversale en
bois ». — D.juc (anc. aussi joue», action de
jucher; juchoir. Composé : déjucher,
JTJDICATURB, du BL. judicaJtura = digni-
tasjudicis.
JUDICIAIRE, L.judiciarius (judex).
JUDICIEUX, d'un type latin judiciosus, =
qui fait preuve de jugement (judicium).
JUCE, angl, jwrf^c, prov., c^t. juge, du L.
judex, judicis ; verhe juger , L. judicare.
JUCER, yoy. juge. — D.jugemeiit.
JUGULAIRE, du L. jugulum, gorge ; ju-
guler, L. jugujare, = égorger.
JUIJf\ prov. juzieut csX, jueu, it giudeo^
du L. judœus, devenu d'abord judeu, puis
jueH,juer\juif. Il faut remarquer qu'en vfr.
J«ï/ était de deux syllabes ; on y trouve aussi
le fémin.^Mwe, et au cas oblique du sing.,
juis, mais ces formes accusent un type judi-
cius. Voici, d'après Suchier, la succession
dos représentations françaises du \&t.judœus:
En premter lieu,^ uiw (cp.Mathaeum McUhiu,
caecum du, graecum^nw); de ce masc. s'est
dégagé le féminin jmimô, juïve ; de là, par ana-
logie, comme s'il s'agissait d'un adj. en ivus,
s'est produit un nouveau masc. juîf, con-
tracté en juif. Voy Grôber, Ztschr., VI, 438.
— D juiverie.
JUILLET, vfr. juinet, jwgnet, c.-à-d. le
deuxième moisdejuin; on trouve de même en
sicilien giugno, juin, giugnetto, juillet. Dans
la suite, pour accorder le terme juinet avec
le L. julius, on le transforma en juillet; ce
n'est qu'ainsi que s'explique la forme diminu-
tive donnée au nom de ce mois. — L'ancienne
langue disait axissï jule, juil, juilot.
JUIN, L.junius. — D. juinet * (voy. l'art,
préc).
JUJUBE, du L. zizyphum (du gr. Jlju^pov) ;
csip. jujuba. — D. jujubier.
JULEP, it. giulebbe, esp.julepe, de l'arabe
djolab^ pr. eau de rose.
JULIENNE, sorte de potage; d'abord « po-
tage à la Julienne » ; l'origine de l'expression,
qui n'apparaît qu'au commencement du xviii"
siècle, est inconnue.
JUMART, aussi ^emarf; ce vocable tient- il
au h.jumentumf ou, comme jumeau, au L.
geminus (animal à double nature)? Nous n'en
savons rien. Le languedocien gimere, gime-
roû, dit Diez, fait penser à chimœra.
JUMEAU, (ém. jumelle, vfr. gemel, gémeau
(d'où gémeaux^ t. d'astronomie), du L. gemeh
lus, dim. àe geminus). — D. jumelles, nom
d'objets divers, impliquant tous une idée de
gémination ; yerhe jumeler.
JUNGLE; mot indien, sanscrit, jangala,
désert (Littré).
JUMENT, du L.jumentum (p.jug-mentum),
bête de trait, surtout chevaux, mulets et ânes ;
en latin du moyen âge = cavale.
JUPE, SLng\.jub,jumb, it. giubba, giuppa,
esp aljuba, ^vov.jupa, de l'arabe al-djubbah,
vêtement de dessous en coton (voy. Golius,
p. 460 et Freytag I, 238»). — D. jupon,
it. giubbone, esp., pvov.jubon; Yfv.jupel. —
L'allemand a tiré de la même source son mot
schuba, auj. schaube.
JURER, L.jurare, faire serment. De jura-
tus, participe à sens actif, vient juré, s» as-
sermenté. — D. jurement, L. juramentum ;
juron, jury, corps de jurés (mot d'importation
anglaise).
JURIDICTION, L.juriS'dictio, litt. action
de prononcer le droit, de dire la justice ; à ce
subst. latin correspond l'adj. L.jnri-dicus^fv.
juridique.
JURISCONSULTE, L. juHs-consuUus, litt.
qvii s'entend en droit.
JURISPRUDENCE, L. juHs-prud^ntia, de
l'adj. jurisprudens, mot de la décadence,
synonyme des expressions cicéroniennes^'wm-
peritus owjuris-consultus.
JURISTE, mot savant, mais très ancien,
tiré dejus,juris, le droit; cp. légiste.
JURT, aussi jwrt, voj. jurer.
1. JUS, subst., SiUgl.juice, du h. jus, m. s.
— D. juteux. Le t dans ce dérivé pourrait être
euphonique, comme dans cloutier, cafetier et
autres, mais je pense plutôt qu'il a sa raison
dans le génitif ;«/w, que h. jus doit' avoir eu
dans le temps, à juger d'après Jean de Gênes.
2. JUS, ancien adverbe, = en bas, anc. par
terre, prov. jos, anc. esp. diuso, yuso, it.
giuso, =î directement du BL. jusum. Cette
forme jusum procède régulièrement du clas-
sique deorsum, devenu d'abord deosum (cp.
en latin hœsi p. hœrsi, susum p. sursum,
dossum p. dorsum), puis djosum, enfin
josum, jusum [c^. jusque de de-usque, jour de
diumus\. — Les Wallons disent encore àju
p. en bas; à Valenciennes on entend dire meie
jus p. jeter à terre.
JUSANT, marée descendante, dér. proba-
blement de l'adverbe ^'m5 (v. c. m.).
JUSQUE, d'un type latin de-usquc, combi-
naison analogue à celle de de-foris, de-
intus, etc. Pour la forme romane, cp. l'adv.
jus do deosum. La vieille langue présente
aussi les formes jesque p. juesque, puis dus-
que, et usque tout court. Le provençal a
duescasetjuscas. Vorthograi^he jusques, avec
r* final des adverbes, est plus conforma au
génie de la langue française.
JU3QUIAME. L. hyoscyamus, gr. ù-ii/.<ixixoi,
litt. fève dû porc. Pallade et Végôce présen-
tent déjA la îoTmeju^quiamus.
JUSSION, h.jussio{^\xbeTç).
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LA
296 —
LÂB
JUSTE, L. justus, pr. conforme au droit
(jus). Du sens moral « exact » s'est produit le
sens physique « étroit, serrant « (de là juste,
nom d'un vêtement, et son composé justau-
corps). Le subst. hiûiijustitia s'est francisé do
deux manières, dont l'une appartient au lan-
gage savant, lautre au fonds commun, à la
première couche de la langue ; c'est ainsi que
nous SLVons justesse et justice, chacun réservé
à des applications spéciales. Justesse se rap-
ports ajuste, comme gentillesse EL gentil, c'est
le nom de la qualité d'une chose qui est juste ;
la iormejustice exprime plutôt, comme le latin
justitia, la qualité d'un homme juste ou cher-
chant à l'être; l'un est l'appellation d'un état,
l'autre, d'une vertu morale. Il va de soi que
nous n'entondons pas épuiser ici la définition
des deux termes.
JUSTICE, voy. juste. — D. siihst. justicier,
d'un type l&tm justitiariiis ; Yevhe justicier,
rendre la justice, punir, d'où justiciable, sou-
mis à une juridiction. — En vfr. le suhst. jus-
tice était traité parfois avec un sens concret, et
signifiait jtigc ou justicier; cette valeur est
encore propre à ïanigi. justice dans Lortl chief
justice, le premier président, a justice ofthe
peace, un juge de paix. Les mots patois jotse,
juïse (champ.) = justice, juiser (picard) =»
poursuivre un débiteur, ne viennent p»as de
justus et encore moins do juif, comme
a cru l'abbé Corblet, mais du L. judicium,
jugement, qui au moyen âge s'employait
pour juridiction, droit de justice, tribunal,
et qui a donné le prov. judici, juzizi,juizi,
esp. juicio, port, juiso, vfr. juïse, juî»^e-
ment.
JUSTIFIER, L.justificarc. — D. justifica-
tion, -ateur, -atif.
JUTEUX, yoj.jus.
JUVÉNILE, L. juvenilis (juvenis). —
D. juvénilité.
JUXTAPOSER, terme introduit par les phy-
siciens, du h.juxta, à côté, et poser; subst.
juxtaposition.
K
KAKATOÈS, aussi cacatou, cacatois, nom
fait d'après le cri de ces oiseaux.
KAIiéiDOSGOPE, voy. caléïdoscope.
KALI nom de la plante fsoudc; dont les
Arabes ont les premiers retiré le sel végétal,
qu'ils appelèrent al-cali.
KALPAK ou kolbak, sorte de bonnet, du
turc kalpdk, bonnet en fourrures.
KANDJAR, sorte de poignard ; mot arabe,
signifiant coutelas.
KANGOUROU; l'animal et son nom nous
viennent .d'Australie.
KAOLIN, sorte d'argile blanche; mot chinois.
KARAT, voy. carat.
KÉPI, d'origine inconnue; selon toute pro-
babilité une transformation de l'ail, kappe,
casquette (de la même famille que chapeau) ;
en Suisse^on a le dim. kàppli, kûppi.
KERMÈS, de larabe qermez , cochenille
(voy. carmin, cramoisi),
KERMESSE, dans les Pays-Bas et dans le
nord de la France, le nom de la fête parois-
siale célébrée le jour de l'anniversaire de la
dédicace de l'église. C'est un mot gâté de
herk-misse = messe de l'église; cp. le terme
.synonyme ail. liirch-weih, m. s. — Kiliaen :
tt Dies compitalitius... ; vulgo festum sivo
solcnnitas dedicationis t«mpli; plerumquc ker-
misse dicitur de ^^xp^u^^ûvi;, agaudio nem|)c et
lœtitia. » J'ai de la peine à croire que cette
dernière interprétation ait jamais pu sérieuse-
ment être donnée à kermesse; cp. aussi, à
l'appui de l'étymologie reçue, le terme hen-
nuyer ducasse, à l'art, dédicace.
KILO-, p. chilio-, mot numérique, servant
d'élément initial dans la composition des tor-
mes du système métrique français; il équi-
vaut à mille et vient du gr. yS'tuoi = mille;
p. ex. kilogramme = mille grammes.
KIOSQUE, du turc kieusjk, pavillon de jar-
din, belvédère.
KIRSOH-WASSER, mot allemand ^ eau de
cerises; on dit aujourd'hui généralement
kirsch tout court.
KNOUT, mot russe (d'origine tartare), signi-
fiant fouet.
KTRIELLE, litanie, mot tiré de la phrase
grecque Kù-m uirisyj, « Seigneur, aie pitié »,
qui est la formule initiale de la litanie ; au fig.
«- longue enfilade de paroles ennuyeuses,
fastidieuses à entendre. — Le mot a donné
aussi en vfr. le nom a une esp. de poésie (vov.
Littré).
KTSTE, du gr. xyTn;, vessie, vésicule.
l.LA, article, du L. il la, par aphérèse de
la syllabe initiale. L'anc. langue présente
aussi bien le que la, tant au nom. qu'à l'ace,
sing. Le est une forme sourde où viennent
aboutir à la fois les formes distinctes an-
ciennes lo, la et H. Si le n'est plus aujour-
d'hui que masculin, ce n'est là qu'un effet de
l'usage.
2. LA, pronom, du L. illam; cp. ;a, de
jam.^
LA, adverbe, prov. la, lai, it. là, esp. alla,
du L. illac, de ce côté-là.
LABEUR, anc. aussi labour, travail, peine,
fatigue, du L. labôrcm. — D. labourer,
anciennement travailler en général, et s|>écia-
lement travailler la terre (synon. du vfr. are-r
1^
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LAC
— 297
LAI
= L. arare), du L. laborare, travailler. A«-
jounriiui laffourer no sappliquc pins qu'an
trîivail ajrrifolc, d'où s'est déduite on seconde
ligne l'acception : remuer, sillonner (p. ex. le
canon laboure le rempart). Madame de Sévi-
gnô, cependant, l'employait encore avec le
sens classique neutre " être en peine, souffrir ».
En syllabe tonique, oit de labourer devenait
i-égulièrcment eu ; cet eu a survécu, grâce à la
rime, dans l'expression proverbiale : »* Kn peu
d'heure Dieu labeure •».
LABIAL, relatif aux lèvres, L. labialis (la-
bia) ; en botanique, labié, pourvu de lèvres.
LABILE (mémoire), du L. labilis, glissant
(de labi, glisser, s'écouler, faillir).
LABORATOIRE, pr. lieu de travail; de 7a-
borare. travailler.
LABORIEUX, L. lahoriosus (labor).
LABOURER, voy. labeur. — D. le subst.
verbal labour^ action de labourer ; labourage,
laboureur,
LABRE, poisson, L. labriis{'iiL%p-3i).
LABYRINTHE, vfr. (cas isolé) naMrinte; du
gr. Ix^ùpvé^oi,
LAC, L. lacus, congénère avec l'ail, loche,
mare, marais (bas-saxon lake)^ néerl. Icu/h,
lach, ags. laça, îxngl. lake, etc.). Voy. aussi
lacustre,
LACER, prov. lassar, lachar, voy. lacs.
— D. lacis, laçure; enlacer, délacer, entre-
lacer.
LACÉRER, L. lacerare, décliirer.
LACET, voy. lacs.
LACHE, lasche", dial. lasque, rouclii làke,
prov. lasc, lasch, it. lasco, duL. Zartts, trans-
jjosé en lascus. — r D. lâcheté (v. c. m.). —
Il est intéressant de suivre la filiation des
acceptions de laxus : ample, large, — dé-
tendu, desserré^ — sans ressort, sans cou-
rage. La dernière ne se rencontrait pas encore
d.ans l'emploi classique. — Notons encore
que G. Paris (Rom. VIII, 448) considère l'adj.
lâche comme un adjectif verbal de hïcher (cp.
trouble, combla, etc.).
LACHER, du L. laxare. — C'est au fond
le même mot que laisser ; seulement lâcher a
|)our type la forme transposée lascare, l'autre
le mot correct lacsare ou laxare. L'it. dit las-
ciare, pour lâcher comme pour laisser. Lais-
ser, c'ast l'opposé de retenir, comme lâcher.
— D. relâcher.
LÂCHETÉ, L. laxitatem. Ane. lascheté,
lasqueté s'appliquait plutôt à la lassitude, fai-
blesse, défaillance dans l'accomplissement du
devoir.
LACONIQUE, concis à la manière du par-
ler des Lacédémoniens, du L. Laconicus,
propre à laLaconie (Lacédômone). — D. laco-
nisme.
LACRTMAL, L. lacrt/malis (de lacrt/ma,
larme).
LACS (Y s repi'ésente l'ancienne désinence
du nominatif comme dans fils, corps, rets,
etc.), it laccio, esp., port, laso, prov. latz,
du L. laqueus. — D. dimin. lacet; verbe
lacer.
LACTATION, L. lactatio (lac, lactis), allai-
tement.
LACTÉ. L. Incteus (lac, lactis).
LACUNE, du L. lacuna, mare, bourbier,
puis enfoncement, cavité, vide; l'it. a pour
le sens vide, défaut, comme pour le sens mare
ou marais, lo6 deux formes lacuna et laguna;
du dernier le fr. a tiré son mot lagune. Le la-
tin lacuna découle de lacus (l'éceptacle d'eau,
bassin, lac). — D. lacuneux, L. lacunosus.
LACUSTRE, du néo-latin lacust^ns, iwé de
lacus, sur le modèle dopalustris de palus.
LADANUM. voy. laudanum.
LADRE, d'abord = atteint de la lèpre, puis
insensible, enfin avare. Ce mot correspond à
Tesp. lazaro, mendiant, au pic. lasaire, pau-
vre, misérable, prov. ladre, lépreux. Peut-
être ladre, en tant qu'il signifie avare, pingre,
est-il emprunté à l'it. ladro, voleur, larron,
sordide, désagréable. Quant à lathe, lépreux,
misérable, il vient de Lazarus, le personnage
de la parabole évangélique (saint Luc, XVI, 19,
et suiv.), comme l'a déjà remarqué J. Sylvius
(1531) : u Ladre, id est leprosus a Lazaroesse
videtur, s in sd soluta « . On a une transfor-
mation analogue de sdr ou sr en dr dans 7na-
dré de masar, S. Ludrc do S. Lusor, et cid7'e
de cicera. — D. ladrerie. — De lasaro déri-
vent encore : it. lazzeretto, esp. lazareto
(d'où le fr. lasareth) et le napolitain lasza-
rone.
LA6AN, droit du seigneur sur les débris que
la mer jette sur ses rivages ; dérivé du BL.
laga maris, droit maritime. Laga est le nord.
lag, loi, statut = ags. lag, lah, angl. laxo.
Voir sur le droit de lagan le long article de
Du Cange. Cette étym. parait fondée; toute-
fois, il est important de rappeler qu'en vfr. la
gan signifiait essentiellement les débris jetés
parla mer et. par extension destruction, ruine,
dégât.
LAGUNE, voy. lacune.
1. LAI, fém. laie (cp. ail. laie, angl. lay-
man), forme plus ancienne que laïque; du
L. laïcus, gr. iaiv.o,-, pr. qui est du peuple
(àxo,-), opposé à /)ïj'.4/o:, « qui e.st du clergé »
(xi^so,-). Laïcus a donné lai, par apocope du
suffixe atone, comnio classicum a donné
glas.
2. LAI, vfr. lais, genre de))Oésio, prov. lais,
lag; ce mot ne vient pas du L. lessus, mais
il est d'origine celtique : cymr. liais, son,
mélodie, irl., gaél. laoith, poème (cymr. ai et
gaél. aoi se correspondent en règle générale).
Diefenbach admet parenté entre le gaél.
laoith et le goth. liuhton, chanter, qui est la
source de l'ail. /ie</(vha. liod).
LAICHE(p. Icche), piém. lesca[\i. lisca, fétu,
arête), du vba. lisca, fougère, roseau, nha.
liesch. — Le mot fr. Uche, tranche fort mince,
= it. lisca, cat. Uesca, prov. lesca (Faidit :
particula panis}, n. prov. lisco, lesco est le
môme mot.
LAID, it. laido, prov. lait. D'origine g.^rma-
nique : ags. ladh, odieux (d'où lathian, dé-
tester), vha. leid, mha. leit, détestable, odieux,
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LAI
— 298 —
LÂM
désagréable, nha. /WJ, désagréable, pénible.
Le vfr. avait aussi un subst. lait^ dans la lo-
cution « faire lait à qqn. « lui faire tort. —
Laid a donc signifié désagréable, détestable,
avant de signifier vilain; il en est de même
de l'ail, hûssiich, qui signifie litt. haïssable,
et qui est auj. généralement employé pour
laid, vilain. Du sens foncier désagréable pro-
cèdent les verbes it. laidare^ v. esp. Jeizar.
blesser, faire mal. Ces verbes correspondent au
vha. leidon, mais Tit. îaidire^^vow. et vfr. îai-
dir, m. s., ont pour type direct la forme vha.
leidjan, ags. làdjan. Le verbe roman, au sens
de blesser, à son tour, a engendré les vieux
subst. français laidange, injure (dont la ter-
minaison n'est pas encore bien éclaircie, mais
qui peut être rapproché de celle de vid<inge
et de mélange) et laidure^ outrage. — D. lai-
deur^ laideron, enlaidir.
1 . LAIE, femelle du sanglier (BL. laha se
trouve dans le Capitulare do villis, mais la
leçon est douteuse). Le mha. liche, m. s., pa-
raît être le même mot.
2. LAIE, route taillée dans une futaie, BL.
lada, leda; d'après Diez, du nord. Zeid, ags.
lâd, m. s., néerl. leyde^ Ujde^ lije, ductus,
tractus, meatus. Le vfr. avait aussi la forme
lée. — De là le nom propre Saint- Germain en
Laye. — D. layer.
LAINE, L. lana. — D. laineux, L. la-
nosus; lainage, -ier; verbe lainer.
LAÏQUE, aussi l<iïc, voy. lai.
LAIS, t. d'eaux et forêts, subst. verbal de
laisser. Le même mot avait jadis aussi la
sens de legs, litt. ce qu'on laisse.
LAISSE, it. lascio, wall. Liège lahe, Na-
mur lâche; vfr. anssi masc. lais; se rattache
au L. laccarCf la laisse étant envisagée comme
une corde * lâchement» tenue (cp. la glose
d'Isidore laxamina •=■ hahenœ.. — Au sens
de cordon de chapeau (autrefois on orthogra-
pliiait lesse), Diez prête au mot une origine
directe du néerl. lits^ ail litxe, cordonnet.
LAISSER, it. lasciare, lassare, v. e*5p. lexar,
Jeixar, port, leixar, prov. laissar^ valaque
lesà; du L. laœare(yoy. pi. haut lâcher). — La
vieille langue et les patois ont en outre une
forme laier, mais celle-ci appartient au fonds
germanique de la langue : ags. laetan, goth.
létan, v. saxon Uxian, néerl. laeten, haut ail.
lazan (auj. lassen). C'est de cette forme laier
que vient relayer (v, cm.). Diez, à cause de
l'analogie du lombard laya employé dans le
sens de lasciare, admet plutôt le lat. legare
Hais-ser par testament) pour le primitif do
laier. Je ne suis pas de son avis. — D. de
laisser : lais, t. d'eaux et forêts (v. pi. h.);
laisse, terrain d'atterrissement ; délaisser (v.
cm.); relais (v. c m.).
LAIT, L. laCjlactis. — D. laitage, laiteux,
L. lactosus; laitier, laiterie, laiteron.
LAITE, L. lactés (plur.), m. s. — D. lai-
tance.
LAITON, laJton, leton, esp. laton, alaton,
it. ottone (p. lotone), BL. lato, flam. latoen,
est, selon Diez, dérivé du mot roman latta
(voy. latte -srs fer-blanc, pr. lame, pièce plat^î.
C'est do la même manière que l'esp. phita,
pr. pièce plate, a pris la valeur d'argent. La
dénomination serait doinc déduite de la forme
et nullement de la substance. — Sans vouloir
contester cette manière de voir, nous posons
cependant la question : est-il bien établi que
BL. lato n'a rien de commun avec Tags., angl.
lead (plomb)? de plus, la forme italienne
lattone (mutilée dans la suite en otUme, l'ini-
tiale ayant été prise pour l'article), n'aurait-
elle pas de rapport avec l'ail, loth, plomb.
BL. lotum f — D'après M. Rossignol, notre
mot vient du L. hiteum, œs luteum, cuivre
jaune. J'en doute fort ; car laion, qui se ren-
contre dès le xii* siècle, ne peut procéder d'un
thème lût. — Quelle est l'origine du wallon
Zo/on (aussi laiton, loton), qui signifie sont
LAITUE, L. lactuca.
LAIZE, largeur, d'un type latin laJtia*
(latus) ; c'est donc une variété de vfr. laëce,
leësst = laJtitia*.
LAMA (quadrupède), nom péruvien, qui
s'appliquait à tous les animaux couverts d'une
toison.
LAMANEUR; procède dir. d'un verbe lama-
ner, dont je n'ai pas d'exemple ; celui-ci du
vfr. laman, pilote. On s'accorde à voir dans
laman une simple modification phonique de
locman, son synonyme. Quant à tocman, on
le considère comme une altération du néerl.
loodsman, angl. loadsman, pilote, que l'on
explique par « homme de sonde » (ni. lood,
angl. Icad, plomb, sonde). Tout cela me sem-
ble problématique. Pour ma part, je ne déci-
derai pas si locman, qui se trouve aussi dans
quelques dictionnaires anglais, est issu, par
corruption, de loods-man, mais je crois devoir
contester l'interprétation donnée à l'angl.
loadsman. D'après l'analogie de loadstone
(aimant), loadstar (étoile polaire), je l'intcr-
prôte par « homme qui conduit". Lood est
une modification de l'ags. lâd (angl. Icad), du-
quel radical làd, conduire, vient le composé
lâd-man, c<)nducteur, qui répond à merveille
au vfr. laman, et pour lequel j'abandonne
volontiers mon ancienne conjecture laman
= lag-man, directeur (du nord. ags. lag,
ordre, droit, loi, voy. lagan). — Je vois avec
satisfaction que ma manière de voir est parta-
gée par un spécialiste en étymologie mari-
time, M. Breusing, directeur de l'école de
navigation à Brème, dans son travail : Die
Sprache des deutschen Seemanns (Nieder-
deutsches Jahrbuch, V, p. 8).
LAMBEAU, LAMBEL", esp. lamhel (en Berry
lambriches, franges). Le radical lamb a été
précédé d'un radical non nasalisé : lab ; l'on
trouve BL. labellus, vfr. labian, labeau,
angl. label avec le sens de « ornement frangé
de la casaque de guerre «. L'existence bien
établie de ce radical lab ne permet pas de rat-
tacher, du moins directement, lambel au
L. lamberarc, déchirer. Mieux vaut, surtout
en considération de la forme lampel, propre
au dialecte de Côme, invoquer l'ail, lappen,
angl. lap = lambçau. L'élément celtique pré-
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LAM
— 299 —
LAM
sente le gaôl. leab, cymr. Jlabrd, brot. labas-
kcji, — Frisrh identifie le BL. labrJIus avec
le L. lahcllum, diminutif de labrttrn, lèvre,
bord, lisière ; pour Ducange, lambeUus est le
diin. du L. limbus, bandeau, ,1e suis d'avis
que les deux formes, la simple et la nasalisée,
pourraient bien être indépendantes l'une de
Tautre, se rattacher chacune à une origine
distincte, et avoir confondu leur sens. —
D. délabrer (v. c. m.) p. dclabcier, mettre en
lambeaux. — Ascoli se prononce en faveur
d'un primitif latin Jambcr, lambcati, dont le
dim. lambelhis conviendrait parfaitement;
mais il reste à constater l'existence de ce lam-
ber.
LAMBEL, terme de blason, ancienne forme
de lambeau (v. c. m.).
LAMBIN. On se plaît généralement à ratta-
cher l'origine de ce mot au philologue Lambin
(du xvi« siècle), à raison de la longueur fasti-
dieuse de ses commentaires. J'aime à douter de
la justesse de cette hypothèse, sans vouloir
contester absolument que ce soit un nom pro-
pre qui ait déterminé l'expression. En effet,
Lambin est une forme variée de Lambert,
comme Hitbin de Hubert, Robin de Robert, et
il est très possible que le peuple ait attaché à
ce nom propre, comme à tant d'autres, l'idée
de quelque qualité défavorable; d'autant plus
que le son de lam coïncide avec celui de lent,
— Je laisse à des étymologistes plus autorisés
le soin de décider s'il y a lieu de tirer une
conclusion relativement à un rapport étymo-
logique entre lambeau et lambin, de ce
qu'en ail. trùdeln signifie à la fois lambiner
et faire le fripier. J'ai pensé que la coïnci-
dence était toujours curieuse à noter. Je rap-
procherai également le subst. ail. lappen,
lambeau, vétille, du verho ver lappen, verldp-
pern, dépenser .'son temps, son argent) à des
vétilles. — D. lambinei\
LAMBOURDE; ce terme de charpentier
paraît tenir au même thème que lambeau.
LAMBREQUIN, volets d'étoffe qui descendent
du casque. La terminaison accuse une piove-
nance directe de quelque dialecte bas-alle-
mand. On suppose donc comme source un
dimin. flam. lamperkin, dér. de lamper ou
lamfer, aussi lampen = velamen tenue et pel-
lucidum, aussi -^^ amictorium linteum. Ki-
liaen rapporte ce mot à Xvfiitpô^, brillant, mais
il est plus probable qu'il se rapporte à
l'ail. Iappe7%, morceau d'étoffe. — Le wallon a
lamehène = basque, pan d'habit, à propos
duquel Grandgagnage s'exprime ainsi : Forme
féminine de lambe^uin (ou lambrequin), mot
qui, selon le roi René (voy. Œuvres choisies,
II, p. 10;, était employé « en Flandres et en
Brabant et en ces haulx pays où les tournoys
se usent communément », pour signifier la
pièce d'étoffe armoriée qui recouvrait immé-
diatement le heaume (en desjsous du timbre) et
tombait sur le dos. — Le P. Ménestrier pré-
tend que lambrequin vient du L. lemniscus
()tifiylix>ii), qui signifie les rubans volants
attachés aux couronnes des anciens. Cette éty-
mologie no peut concourir avec celle rapportée
ci-dessus, tant pour la forme que pour la
chose exprimée. — On sait que notre mot
s'applique aujourd'Ijui à toutes sortes de
découpures (v. Littn^).
LAMBRIS, dérivé du vfr. lambre, boiserie,
revêtement. Or, lambre représente correcte-
ment le L. lamina et est une forme concur-
rente de lame. L'étym. L. ambrex proposée
])ar Dacier aurait quelque probabilité, si
l'autre ne satisfaisait pas parfaitement. L'ini-
tiale française serait, dans cette hypothèse, un
effet de l'article. — D. lambrisser.
LAMBRUSQUE, LAMBRUGHE, LAMBROT,
it. lambrusca, du L. labrusca, vigne sau-
vage.
LAME, du L. lamina, lanùia. — D. dim.
lamelle, L. lamella, d'où lamelle, -elleux;
verbe laminer.
LAMENTER, L. lamentari.
LAMIE, poisson, L. lamia.
LAMINER, réduire (le métal) en lame, voy.
lam^, — D. laminoir, -crie.
1 . LAMPAS, sorte de tumeur dans le palais
du cheval, nommée ainsi, selon les uns, parce
qu'on la guérit en la brûlant avec une lampe
ou un fer chaud ; selon Morin, parce qu'elle
se produit dans l'intérieur de la bouche, car
lampas se prend dans le style burlesque pour
le gosier, le palais. — Quant à lampas =
palais (" arroser le lampas »), Jault est dis-
posé à le rattacher au verbe lamper, qui si-
gnifie boire à grands coups, comme étant
l'endroit dans lequel on verse la boisson quand
on lampe. — De ce lampas viendrait le terme
de blason lampassé, c.-à-d. tirant la langue,
u que le vulgaire en quelques lieux appelle
assez improprement le lampas, a lambendo(î),
pour ce que les lions, comme les chiens et les
chats, boivent en léchant *» (Le Laboureur,
Origine des armes).
2. LAMPAS, étoffe de soie à grands dessins
d'une couleur vive. Le nom lui a-t-il été donné
en Chine, dont elle provient, ou par des tech-
nologues savants qui connaissaient lô gr.
>à/x7îiv, briller? C'est encore à savoir.
LAMPASSÉ, voy. l'art, préc.
LAMPE, it. ,prov. lampa, du h.lampas,-adis
(Xy/mài). — D. lampion (v. cm.), lamper on ;
lampiste (vfr. lampier),
LAMPER, variante nasalisée de laper (v. c.
m.). Le mot ne peut venir directement du
L. lambere. — D. lampas (v. c. m.); lampée,
grand verre de vin; lampan, chanson à
boire.
LAMPION, dér. de lampe. Le caractère in-
solite d'un suffixe masc. ion, appliqué à des
choses, me fait croire que lampion est une
altération populair.^ p. lampillon; je re-
marque la même dégradation de illon ou
ign07i en ion dans chamjjignon (p. champillon},
devenu en wallon champion.
LAMPROIE, it. lampre(la,Q?>^., port, lam-
prea, ail. lampretc, angl. lamprey, flam.
lamprcye; du BL. lampetra =^ murœna,
transposé en lamprêta. Quant à lampreta, on
le tire de « lambere petram « . Cette interpré-
tation a déterminé l'ancienne dénomination
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LAN
— 300 —
LAP
anglaise do ce poisson : suckstone, Itchstnne.
— I). lamproifou, lamprillon,
LANGE, it. la/icia, osp., port, huiza, prov.
lança, du L. lancea, qui est, d'après Varron,
un vocable d'origine hispanique, selon d'au-
tres, d'origine gauloise; ail. lanzc, gr. mod.
iàvT^a sont empruntés au roman. — D. lancer
(v. c. m.), lancette, lancier,
LANGER, it. Janciare, esp., port, lamar,
prov. îansar, angl. iaunch; dérivé de lance
(cp. (lardf^r de dard). TertuUien emploie /<7?e-
ceare p. manier la lance. — Composé : eslan-
cei'\ élancer, prov. eslançar, it. slandare,
d'où le subst. verbal fr. eshuis', élan, prov.
eslans,
LANDE, it., prov. landa, bniyère, terrain
plat, en vfr. aussi = forêt. Malgré l'apparence
d'origine germanique (goth. land = •/<"/^«»
à//;di, ail. mod. land, terre, pays), Diez, à
cause de la signification que le mot a eue en
tous temps, croit devoir donner la préférence
au breton lann, buisson d'épines, plur. lan-
non, steppe (cp. fr. brande, buisson, plur.
brandes, bruyère).
LANDIER, vfr. andier, andin, wall. andi;
VI initial est un effet de l'agglutination de l'ar-
ticle (on entend dire de même au peuple de
Paris un levier pour un évier) ; le BL. pré-
sente les formes a>ïd/?r/w5, anderiusQtande^m.
On ne connaît pas l'origine de ce mot. L'an-
glais andiron fPalsgrave : aundyernt a fait
penser à hand-iron, fer pour la main (le pré-
sident de Brosses traduisait en efïct le mot
par « main de fer «) ; mais cela n'a rien de sé-
rieux. Clievallet, plus hardi encore, explique
andiron par brand-iron (fer à feu). Notons
encore que le basque dit landera et que
Frisch (ne connaissant pas les formes du
moyen latin et du vfr.) faisait venir moins
avcntureusement landier du gcrm. lander,
dans geltindev, rebord, parapet. Andin ou
andiei' ne viendraient-ils pas du germ. ende,
bout, limite, bord [Q\\.andouiller)]
LANDWEHR, mot ail. = défense du pays;
cp. landsturm, litt. tourbillon du pays.
LANERET, diminutif de /«»i>r.
LANGE, anc. un adjectif (« draps langes »),
auj. subst. = vêtement ou étoffe do laine; de
l'adj. L, laneiis (lana). Cp. linffc.
LANGOUSTE, du L. locusta, sauterelle ; n
épenthétique, comme dans jongleur, lani-
brusque, lanterne, etc. — Kn vfr. aussi
laouste4
LANGUE, L. lingua. — D. languette; Itin-
gage; languard, babillard; languéyer, t. d'art
vétérinaire; vfr. languart, bavard.
LANGUIR, L. languere, -esccre; stibst. lan-
gueur, L. languor. — D. langoureux ; vfr.
langourir, alangouri, auj. s'alanguir.
LANIER, oiseau de proie, it. lanière, angl.
lanner, du L. laniarius, boucher, écorcheur.
— D. lanej'et. — En vfr. lanier veut dire
lâche, paresseux; c'est peut-être un homo-
nyme, dérivé de lana, laine ''cp. poltron). Ce-
pendant, cette acception peut aussi se déduire
du nom de Toiseau dont un spécialiste (Har-
mont, Miroir de fauconnerie) dit qu'il est « mol
et sans courage, il voile de faim et de néces-
sité «.
LANEÈRE ; l'orthographe première lasnière
défend de songer à L. lana, laine (lanière se-
rait une courroie do laine) ; ou à l'ét. laniare,
déchirer, patronnée par Littré. Le mot
vient du L. lacinia coin d'une robe, lan-
guette, lambeau, « particula rcsecta et sepa-
ratxi «, d'où vfr. lasne; d'un prototype lad-
niaria provient régulièrement lasnière, auj.
lanièi-e. Etymologie de Bugge (Rom., IIÏ,
154), que j'avais également émise, prescjue
simultanément, dans mes « Fragments d'un
roman sur la reine Sébile h.
LANIFÈRE, L. lani-fer ; lanigàre, L. lani-
ger.
LANSQUENET, it. lanzichenecco, esp. las-
guenete ; ce sont autant de formes estropiées
de l'ail, lands'knecht, fantassin, pr. ser^'iteur,
valet du pays.
LANTERNE, L. laterna, lanterna. — D.
lanterneau, lanternier. — Au figuré, lan-
ternes signifie fadaises, balivernes (« conter
des lanternes h) ; do là le verbe lanterner ==
dire des fadaises, ennuyer, fatiguer, aussi
perdre le temps en choses frivoles. D'où vient
ce sens mét^iphorique donné au mot kmtenie f
Les opinions varient; nous nous bornons à
rappeler la description du pays Lanternais de
Rabelais. Cependant, nous posons la question :
le sens figuré de lanterne, et par conséquent
le verbe lanterner, sont-ils bien réellement
issus de lanterne = objet qui éclaire? I^
terme équivalent lantiponner éveille à cet
égard quelques doutes. Kiliaen traduit le mot
flam. lentcren, en latin par •• lento et ignave
agere, cunctari •», et en fr. par lanterner; no
pourrait- il pas y avoir en effet, au point de
vue du peuple, quelque rapport étymologique
entre lentus et lanterner ? Pour rien décider,
il faudrait savoir exactement ce qu'au xvi* siè-
cle on entendait par langage de lanternois
(d'après Godefroy, langage trompeur;.
LANUGINEUX, L. lanuginosus {de lanugo^
'inis, duvet).
LAPER, forme nasalisée : lamper; delà racine
lap, répandue dans presque toutes les langues
indo-germaniques pour exprimer l'action de
laper : ags. lappian, angl. lapp, flam. lappen,
ail. labbcivi, gr. ).àîrTîiv, L. lambere, etc.
LAPEREAU, voy. lapin.
LAPIDAIRE, L. lapidaHus (lapis), tailleur
do pierres.
LAPIDER, L. lapidurc, lancer des pierres ;
dans la basse latinité = poursuivre à couj>sde
pierres
LAPILLEUX, du L. lapillus, petite pierro.
LAPIN, peut-être d'un type latin lapinus,
tiré du radical /<7; de 7<?/>or (primitif de /ït^pro).
Diez, toutefois, justement retenu par des rai-
sons phonologiques, est d'un autre avis; il
prend 7a/9iy/ \iOwvclapin, et le range sous le
thème clap, d'où se clapir et clapier (cp. loir
p. gloir). — D. lapereau (d'où nécrl. lam-
preel); lapine, lapin ière
1 . LAPS, subst. dans « laps de temps », du
L. /a;9SU5(labi), écoulement.
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LAR
301
LAS
2. LAPS, adj., du part. L. lapsus (labi), qui
a glissé. — Cp. relaps.
LAPSUS, subst. lat. = glissement, chute.
LAQUAIS, esp., port, lacayo, all./aAaid'it.
lacchè est tiré du français). On lit dans Frois-
Fart : « En France, il y a cent ans que les pa-
ges vilains allans à pied ont conunencé d'estre
nommés loquets et naquets. » l.'n document
de 1470 porte : « gens arbalestriei-s appelez
laquais, » On a émis bien des conjectures
sur l'origine de ce mot. Les uns ont pris na-
quet pour la forme antérieure de loquet et,
sur cette prémisse, ils ont proposé l'alle-
mand hiiechtt valet, voire fr. 7iarquois!
D'autres ont eu recours à l'arabe, du fond
duquel ils ont exhumé tantôt laquit, garçon
exposé, tantôt lahio, sale, vil. Larramandi y
voit un mot basque, composé de lacun.loffun,
société, assistance, et de ayo, suivant, aide.
Tout cela n'a pas de valeur; un peu plus ce-
pendant que l'idée de Ménage, qui croyait
avoir trouvé la solution en allongeant le L.
vcrna en vermila, puis en vertiulocus, puis
en vernulacaius ; ici il s'arrête pour reprendre
haleine; puis avec courage il saisit le mot
vm-itulacaïus, pour le trancher en deux piè-
ces ; la première est mise au rebut; la seconde
est conservée pour en faire un laquais. Ce
que nous établissons là ncst pas une plai-
sante invention de notre part, mais cela se
voit sérieusement cxiwsé dans l'in-folio que
nous avons par devers nous. Diez se renferme
dans l'élément roman. Partant du prov. lecat,
gourmand, et du limousin loccai, qui signifie
1 . parasite du froment, 2. larjuais, il en infère
que dans l'acception de laquais = valet de
pied, il y a une métapliore tirée des parasites
végétaux, inséparables de la plante qui les
fait vivre. Il appuie sa conjecture du v. i)ort.
lecco = laquais, qui concorde littéralement
avec le prov. Icc, primitif de Iccaif gourmand.
— D'après Pihan, de l'arabe lakiyyc, attaché;
Littré, ee fondant sur une anc. forme esp.
alacays, opine pour une provenance arabe.
LAQUE, it. lacca, esp., prov. laça, du per-
san lak, teinture rouge (correspondant du
sanscrit r(iksc7ià, dérivé de randsch, teindre).
— D. laquer^ l aqueux.
LARGlN, vfr. laredn, du L. latrœimum
(devenu, par transposition, prov. laironici,
eisp. ladro)ticio, it. ladroneccio).
LARD, L. laridum, lordum, — D. larder,
piquer une viande avec du lard, fig. piquer,
railler, lancer des épigrammes, des brocards,
doù subst. lardon.
LARGE, du L. largus, coiiicux, abondant,
puis au fig. généreux, libéral. — Notez que
l'acception princi])ale attachée actuellement
au mot hu'f/e, savoir celle d'étendue dans le
sens opposé à la longueur, éttiit inconnue à la
langue latine. Le mot larf/us a fini par rem-
plir le rôle de laius et par se substituer au
vieil a^j. lety le, it. lato = lotus. L'idée d'où
est partie cette acception moderne G»t l'am-
pleur, l'abondance, relativement à l'espace.
— D. largeur; élargir^ — Au .sens classique
latin se rapporte encore le dérivé largesse,
lequel répond à un type largilia\^, largitasj,
LARGUE, variante de large. — D. lar-
guer,
LARIGOT, p. Varigot (concrétion de l'ar-
ticle). Arigot ou harigot peut être un dérivé
du L. arinca, mot cité par Pline comme d'ori-
gine gauloise et signifiant une espèce de blé
(seiglej. Ce serait, dans ce cas, un terme ana-
logue au L. avena, avoine, tuyau d'avoine,
flûte. — Le peuple donne aussi à latigot le
sens de gosier ; cp. l'expression boire à tire la-
rigot = boire sans fin. On sait que flûte pré-
sente de même une acception populaire ana-
logue. — Frisch tire larigot du terme musical
it. et esp. largo, copieux, abondant; pour la
forme, cela est peu plausible, le sons premier
étant flûte; je ne sais pourquoi Diez a renoncé
a l'étymologie arinca, qu'il avait proposée
danssîi première édition. — Le mot lat. arinca,
qui, selon Diefcnbach, pourrait bien ne pas
avoir été un mot exclusivement gaulois, avait
pour variante L. alica; cette dernière con-
viendrait davantage au primitif du mot lari-
got. — L'ne étymologie par larynx fi'cst
guère assurée par l'article larigaudc, go.sicr,
gorge, qui se trouve dans Ro<piefort sans
exemple à l'appui; en tout cas, ce mot, s'il
est constaté, ne peut être si'^paré do larigot
dans tire-larigot, pour l'expiication dtiquel
j'ai une nouvelle tentative à signaler. La
découverte d'un mot fr. rig(yt (lOst do France)
au sens de ceinture (qui viendrait du vha.
riga « ligne circulaire »•) détermine G. Hay-
naud à interpréter cette locution par à tire le
rigot =^ à Hire la ceinture, en rapprochant,
pour l'imago, cotte autre phrase vulgaire :
" S'en faire péter la sous-ventrière ». Voy.
Rom.. VIII, 100.
LARME, prov. lagrema, esp., port , it. la-
grima, du L. lacryma ; en vfr. lainnr (réso-
lution do c en i). — D. larmier; verbe
larmoyer (vfr. larynier), prov. lagrcmeiar.
LARRON, du L. latro, latronis. Dans l'an-
cienne langue, larron était la forme du cas
oblique ; le nominatif latro y apparaît sous la
forme laire, lerre, lidre = prov. laire.
LARVE, dti L. larva, masque, parce que
l'insecte ailé est pour ainsi dire masqué dans
la chenille.
LARYNX, gr. /àcj/Ç.
LAS, it. lasso, L. lassus. — D. lasser,
L. lassarc (<>pp. dé-lasser) ; lassitude, L. las-
situdo. La^i signffiait autrefois aussi mal-
heureux, de là les interjections it. ahi latso,
prov. ai las, vfr. ha las, nfr. helas, angl. al as.
LASCIF, L. lascivus. — D. lasciceU^, L. las-
civitas.
LASSER. LASSITUDE, voy. las.
LASSERET. LASSERDS.LASSIERE. termes
d'arts et métiers, dérivés do lacs (v. c. m.) =
L. laque us.
LAST, LASTE, it. lasto, port, lasto, la$tro,
esp. lastre, = ail. last, charge, poids. Le
subst. /cà'/.anc. leste, n'est qu'une modification
vocale du môme mot. Le mot last a en esp. et
port, aussi le sens de lest ; il est donc syno-
nyme de ballast (v. c. m.).
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LAY
— 302
LÉG
LATENT, L. lataUem (latere), cacbé.
LATÉRAL, L. laieralis (latus, -eris).
LATIN, L. iatiîius (Latiuin). — D. latinité,
L. latinitas ; latiniste, -isnie, -iseï*. — La lan-
gue latine ayant été considérée comme la base
de toute culture scientifique, on a dit pc^-dre
son latin dans le sens de «• y jHirdro tout son
savoir, faire des efforts inutiles *». Toutefois,
cette locution pourrait bien se rattacher direc-
tement au sens >« ruse, finesse », propre au
subst. laiin en vfr. ; on sait que celui-ci y
signifiait aussi langage en général, même
celui des oiseaux.
LATITUDE, L. latitudo (latus;. — D. laii-
tudinaire, large dans les opinions religieuses.
LATRIE, gr. iarpîfat, sei-vice, culte.
LATRINES, L. latnna(\i, lavatrina).
LATTE, it. laita, esp., prov. lata, du vha.
latta, m. s., ags. lutta, flam. latte, angl. lath.
— D. latter, lattis; voy. sms^i laitoii
LAUDANUM, selon les uns, le même mot
que ladanum (gomme-résine exsudant des
feuilles et des rameaux de plusieurs espèces
de plantes du genre cistus), lequel vient d'un
mot persan par le gr. iàôavov ; d'autres préten-
dent que laudanum est distinct de ladanum
et vient du L. laus, laudis, pour ainsi dire
« le médicament loué • .
LAUDATIF, néologisme, L. laudativus
(laudare).
LAUDES, L. laudes, louanges.
LAURÉAT, L. laureatus, couronné de lau-
rier (laurea).
LAURIER, dérivé du L. laurus.
LAVABO, mot latin = je laverai. Dans le
principe, un terme d'église, désignant le pas-
sage du sacrifice de la messe commençant
par ce mot latin, puis l'action du prêtre qui
se lave les mains, puis linge pour se laver
les mains, enfin meuble de toilette servant
au même but.
LAVANCHE, LAVAN6E, voy. avalanche.
LAVANDE, it. lavanda, lacendola, esp.
lavandul<i, all^ lavandel. angl. lavetider ; le
mot est originaire d'Italie, où lavanda a la
valeur d'un subst. abstrait = lavage ; eau de
lavande, c'est pr. = eau (parfumée) pour
l'usage du corps.
LAVANDIER, -1ÈRE, du L. lavandarius,
mot supposé d'après le plur. neutre lavanda-
ria (Laberius ap. Gellium), signifiant linge à
laver. Pour ces dérivations par andus, cp.
buandier, filandière, taillandier, — Lavan-
dière est déjà dans Baud. de Condé, 224, v.
573 (au V. 585, laver esse).
LAVE< it., angl., ail. lava; du napolitain
lava, torrent causé par la pluie, qui inonde
les rues ; mot tiré de lavare, comme lavasse,
plnie subite.
LAVER, L. laiare. — D. lavage, laran-
dier, -ière (v. c. m ), lavasse, laverie, lave-
rne/it, lavette, lavis, lavoir, lavure^ relaver.
LAXATIF, L. laxativus , de laxare (lâ-
cher).
LATER. t. d'eaux et forêts, voy. laie.
LATETTE, dimin. de Tanc. laie, boite,
caisse, qui vient du flam. laet/e, laede, = ail.
lade, tiroir d'armoire, caisse, coffre. Layette
signifie d'abord tiroir, coffre, puis le contenu
du tiruir, et spécialement le linge d'un enfant
nouveau-né. — D. layetier,
LAZARET, voy. ladre.
LAZARONE, voy. ladre.
LAZZI, mot italien, plur. de lazso, badi-
nage.
LE, par aphérèse, du L. ille, illutn et ilUid.
Au dernier type neutre se réfère le vfr. lo,
LÉ, vfr. let, anc. adj. «= large, du L. laJtus.
11 nous en est resté le subst. lé =■ largeur.
LÉANS (vieux), voy. céans.
LÉGHE, tranche fort mince, voy. laiche.
LÈCHEFRITE, voy. lécher.
LÉCHER, it. leccare, prov. liquar, lichar,
pic. liker, norm. licher (gloses d'Isidore leca-
tor = gulosusj ; du vha. lecchon. ags. liccian,
angl. lick, V. saxon liccon, leccon, ail. mod.
lecken, m. s. — D. léchonncr. — Cps. lèch^
frite, anc. lechefroie, lèchtfraie, d'abord un
mets, puis l'ustensile senant à le préparer ;
comi)os6 de lèche, chose friande, et frire; cp.
it. leccarda, m. s.
LEÇON (rouchi et vfr. lichon), prov. leisso,
Icsso, du L. lectionem, lecture, puis objet de
la lecture (cp. façon de factionem, rançon de ?*e-
demptionem).
LECTEUR, L. lector; lecture, L. lectura.
LÉGAL, L. legalis (lex). Du même mot latin
la langue a fait, par la syncope de la con-
sonne médiale, léal, leyal et la forme actuelle
loyal. — D. légalité; légaliser.
LÉGAT, L. legatus, envoyé (legare); léga-
tion, L. Icgatio.
LÉGATAIRE, L. legataritis, du L. lega-
tum. legs; légateur, L. legator.
LÉGE, terme de marine, non chargé ; est
le même mot que lige, et vient de l'ail ledig,
vide, par le néerl. leeg, forme syncopée de
ledig
LÉGENDE. L. legcnda, s. e. portio, litt.
portion qui doit être lue ; dans la latinité du
moyen âge = liber acta sanctorum per totius
anni circulum digesta coutinens, •* sic dictns
quia ceitis diebus legcnda in ecclesia et in sa-
cris .synaxibus designabantur a moderatore
cliori ». De là, découle la signification ac-
tuelle. — On a nommé de même légendes les
inscriptions gravées autour des médailles et
des pièces de monnaie ; c'est la partie à lire
opposée à la partie à voir. — D. légendaire.
LÉGER, it. leggiere, prov. leugier, d'un type
latin IcviaHus, dér. de levis (primitif con-
servé dans rit. lieve, prov. leu). — D. légè-
reté,
LÉGIFÉRER, du L. legifer, qui porte des
lois.
LÉGION, L. Irgio. — D. légionnaire, L.lc-
gionarius.
LÉGISLATEUR, -LATION, -LATURE, L. le-
gisJator, -latio, -latura ilaior, etc., subst. d«î
ferre, les Latins disaient legem fei*re comme
on dit encore « porter une loi »). Adj. néul.
législatif.
LÉGISTE, qui connaît les lois, BL. Ifgista
(lex). C]^. juriste.
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LÉO
303 —
LEU
LÉGITIME, L. legitimus, — D. verbe légU
timer ; néologisme légitimiste .
LEGS, subst. verbal de léguer, avec main-
tien de l'anc. s nominatival. J'attribue la
forme vfr. lais à laisser, d'autant plus qu'on
trouve tout aussi souvent le fém. laisse.
LÉGUER, L. legare, — D. legs (v. c. m.).
LÉGUME, vfr. legun^ lewi, du L. legumen,
'inis. — D. légumier; légumineux, L. legu-
minosus.
LENDEMAIN, par agglutination de l'article,
pour endemain, forme eitensive de demain
(v. c. m.).
LENDIT, foire de Saint-Denis; ici, compe
dans landier, lendemain, etc., il y a eu con-
crétion de l'article, car lendit est pour Fendit
et vient du BL. iiidictum = annonce officielle
(spécialement de fête), fête annoncée d'avance;
resti-eint auj. à Vendit de Saint- Denis.
LANDORE, breton landar, paresseux. La
forme française s'est produite sous l'influence
du verbe endormir (cp pic. l endormi, pares-
seux, nonchalant). Le mot rappelle le flam.
Unleren, lente et ignave agero (Kiliaen), au-
quel correspond peut-être l'ail, sch-lendern,
anc. angl. sle^iten. Pour landore, le vfr. disait
plus correctement landreiix. En champ., je
trouve lander, landiiier, fainéanter, lendraSy
endormi, paresseux.
LENIFâiR, L. hnificare (lenem facere, ren-
dre doux).
LÉNITIP, du L. lenire (lenis).
LENT, L. lentus. — D. lenteur, alentir,
ralentir,
LENTE, prov. Icnde, du L, lens, lendis (it.
Icndine), m. s.
LENTILLE, L. lenticula (lens, lentis) d'où
l'adj. savant /e;jiïCM/am, fr. lenticulaire,
LÉONIN, L. leoninus (leo). — Les opinions
varient sur l'origine du mot léonin, en tant
que terme de littérature! Maitre Pierre Fabry,
curé de Méray, qui vivait sous Charles VIÛ,
tirait cette expression de leo parce que la
rime léonine est la plus belle des rimes, ainsi
que le lion est la plus noble dos bêtes. —
Mervcsin (Hist. de la poésie française j : Léon II
voulant réformer les hymnes que l'on chantait
à l'église sur la fin du vi® siècle, parce qu'elles
étaient trop obscures, ordonna qu'on en fit de
nouvelles. Un diacre, nomme Paul, fit celle de
suint Jean-Baptiste en vers d'une nouvelle
espèce qu'on appela léonins du nom du pon-
tife, dans lesquels il mit une rime au repos
et l'autre à la fin. — Pasquier attribue l'in-
vention des vers léonins à un poète nommé
Léonins, chanoine des Bénédictins, qui vivait
à Paris sous le règne de Louis Vil, vers
l'an 1 154, et qui se rendit célèbre par ses vers
latins qui rimaient à chaque hémistiche. —
En vfr. on trouve très souvent rime lennintA
ou lionime, ce qui fait poser à Wackernagel
l'étym. Àsoivuusi (de UXoi et Svofxx), donc rime
« lisse d'expression ». C'est trop subtil, et
Dicz observe fort bien que la finale ime p. ine
ne tire pas à conséquence ; cette mutation
n'est qu'euphonique. — La véritable origine
de l'expression reste incertaine.
LEOPARD, vfr. liepart, leupart, du L. leo-
pa7'dus {^ioTtypSoi), litt. lion-panthère.
LÉPIDOPTÈRE, mot forgé de Uirl;, -iio;,
écaille, et Trrs/sov, aile; donc insecte à ailes
écai lieuses.
LEPRE, L. lepra, gr. /âîroa (de Xinpô;, rude,
écailleux). — D. lépreux, BL, leprosus, d'où
léj)rose7'ie,
LÉROT, dérive de loir,
LES. article (plur.), aflaibli du masc. los
(forme espagnole, se rattachant au L. illos) et
du fém. las (= L. illas), comme le s'est affai-
bli de lo et la (on sait qu'en vfr. le est aussi
féminin).
LÈSE, dans lèse-tnajesté et sembl. ; du
L. lœsus, blessé, offensé (laedere), d'où lo
verbe fr. léser et le subst. lésion (Lr. laesio).
LÉSER, voy. l'art, préc.
LÉSINE, do rit. lésina, avarice sordide.
C'est étymologiquomcnt lo même vo(^ble que
le fr. alêne (v. c. m.). Nous ne prétendons pas
que l'étymologie historique qui se trouve rap-
portée sous cet article soit la véritable ; tou-
jours est-il qu'elle se recommande mieux
que celle de Le Duchat, d'après qui lésina a
pu se produire de lasjsarilla, ladrerie! —
D. lésiner, -eur, -erie, -eux.
LESSE*, cordon, voy. laissé.
LESSIVE, it. lisciva, esp. lexia, prov. lissiu,
du L. lixivia, liximum (de lix), — D. lessi-
ver.
LEST, voy. last. — D. lester.
LESTE, it., port, lesto, esp. listo; d'après
Dicz, du goth. listeigs =^ Tzxvo'jp/o,, vha. listic
(ail. mod. listig), habile, rusé; apocope du
suffixe comme dans it. chiasso, fr. glas, de
classicutn, vfr. rusle de rusticiis, et autres
vocables. Du sens foncier « habile » se dé-
duisent sans difficulté les diverses acceptions
du mot roman. Liebrecht (Jahrb. XIIÏ, 227)
indique le lat. lestus, dans sublestus, lé-
ger (" vinum sublestum »); cp., pour la tran-
sition du sens « léger» à « agile », l'ac^.
levis. Cette étymologie reste douteuse
LÉTHARGIE, gr. Ariàxp/lx (iiiàij, oubli). —
D. léthuvgique,
LETTRE, L. littera. — D. lettré, illettré,
L. litteratus, illiteratus; lettnne; lettrisés
i^ers).
LEU, dans la locution à la queue leu Uu,
est l'anc. forme régulière do loup. Cotte locu-
tion est une modification arbitraire de à la
queue le leu, c'est-à-dire, d'après l'ancienne
.syntaxe, à la queue du loup (Rom., X, 50).
1. LEUDE*, « les leudes du roi », de l'ail.
leute, gens.
2. LEUDE, péage, redevance, taxe, prov.
Icuda, Icida. Diez récuse l'opinion de Du
Cange, d'après laquelle le mot viendrait du
germ. leudis, homme, la leu de étant pr. une
anionde pour un homme tué ; le sens et la
lettre s'y opposent. Il le rapporte à levare
(«« tribiitum levare, lever un impôt »), d'où
l'on a fait un part. Umtus (cp. L. cubitus de
cxibare, domitus de domare, BL. dolitus p.
dolatus, rogitus p. rogatus), Leoita a donné
correctement leuda et môme leida. De la même
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LIA
— 304 —
Lie
maniôre on a tiré do îevarc l'it. liétito, csp.
leiido, port, levcdo, levain.
LEUR, prov. et vfr. hr, it. J&ro, du génitif
L. illoriim; leur maison équivaut ainsi àt7/o-
rum domus. Le même mot roman a pris aussi
la valeur du datif L. illis.
LEURRE, vfr. et prov. /oiVc, it. logoro p. /o-
gro. ou lodro fit. g \}, d est un fait fréquent),
angl. hire; du mha. hioder, m. s. (cp. fcurre
du mha. vuoter). — D. leitrrer,
LEVAIN, prov. lecam, d'un type latin leta-
wic», formé de îcvare. Du même primitif levare
viennent les équivalents it. lievito, esp. kudo,
prov. levât t napol. levato; cp. Tall. hefe,
nécrl. kcf = levain, de heben, lever, et ail.
bùrme^ levure, mousse, de beren, se lever.
LEVANT, où le soleil se lève (cp. L. oiHens,
d'où fr. orient). — D. levantin, levantine^
étoffe de soie.
LlîVE, objet qui, au jeu de mail, sert à
lever la boule.
LEVER, L. levare, — D. lief (v. c. m.),
levéCy levier (cp. ail. hehel de hebcn), levis
(v. c. m.); cps. enlever^ relevée' {\, c. m.).
LÉVIGER, L. levigare (lœvi.s. levis).
LEVIS, adj. (dans pont-levis), vfr. leveïs,
répond à un type levaiicins;ydii trouvé en vfr.
planche levndis^e p. pont levis ; prov. levadis.
LEVRAUT, voy. lièvre. — D. levrauder.
LEVRE, L. labrum.
LEVRETTE, LÉVRIER, LEVRON, voy.
lièvre.
LEXIQUE, gr. >îÇi/ov. do iîfi,- ()îvw), équi-
valent du L. diclio, d'où dictionariiim.
LEZ, cAté, prov. Iat7^ las, esp., port, /ac/o,
it. lato; du L. leUiis, côté. Ce subst. latin est
déjà employé comme préposition, avec la
valeur de «» à côté de »», dans la Loi salique:
*• deintus curte aut latiis curte ». La langue
d'oïl en faisait un fréquent emploi, aussi bien
comme subst. que dans le sens de juxta. Au-
jourd'hui, cette préposition ne se trouve plus
que dans des appellations géographiques,
telles que Saint-Denis-lez-Paris, Ixclles-lez-
Bruxellcs. Anciennement on disait lezàlcz =
côte à côte.
LEZARD (vfr. aussi lézarde), it. Iace7'ta, lu-
certa, lucn'tola; esp., port, lagarto^ prov.
lazci-t; du L. lacertus ou lacerta. Le mot
français a pris la physionomie d'un mot à
suffixe art^ ard, par assimilation à tant d'au-
tres noms d'animaux munis de ce suffixe.
LÉZARDE, forme féminine de lézard, 1. fe-
melle du lézard ; 2. par assimilation de fomie,
fente, crcva.sse dans un nuir. — D. lézarder.
LIAIS, vfr. liois, angl. lias; d'origine in-
connue. D'après Legoarant, de lier (ligure-,
parce que le grain de cette pierre est fin et
bien lie.
LIANE ; étymologie incci-taino ; d'après Lit-
tré, peut-être une autre forme de lien (de
lier).
LIARD, petite monnaie. L'on n'est pas d'ac-
cord sur l'origine de ce mot. Les uns le rat-
tachent au vfr. liart, pris, = it. leardo; d'au-
tres l'expliquent par vfr. H ars =^ le brûlé, le
roux, par rapport à la distinction que l'on
faisait au moyen âge entre argentum alimm
et argentum arsum. Do la Monnoye pense que
la dénomination vient de deux fleurs de lis
que portaient les liards fabriqués sous
Louis Xï. Enfin, d'autres prétendent qu'elle
vient de Guigues-Liard, de Grémieu en Vien-
nois, qui en 1430 aurait frappé les premiers
liards ; ils n'eurent d'abord cours que pour le
Dauphiné, mais Louis XI les aurait rendus
communs pour tout le royaume en leur con-
servant le nom du premier ouvrier. — Diez
incline pour /t arc/î'; hardit était une petite
monnaie du midi de la France (= limousin
ordi, esp. ardité), dont les uns rattachent le
nom à Philippe le Hardi, les autres au basque
ardita, dérivé de ardia, brebis (cp. pecnnia,
de peciis), — Il y a là une question d'archéolo-
gie numismatique que je m'abstiendrai do
trancher. Il va de soi que nous n'acceptons ni
la dérivation de li ars ni celle de lis, — Si,
dans l'origine, le liard était, comme prétend
Liebrecht (Jahrbuch, XIII, 234;, une mon-
naie d'argent, l'appellation liart (blanc, gris
clair) s'expliquerait aisément. Cp. fr. blanc,
esp. blanca (noms de monnaie). — D. liarder.
LIBATION, L libatio (libare).
LIBELLE, L. libelltis, dim. do liber, —
D. libeller, libel liste.
LIBÉRAL, L. libcralis (liber). — D. libéra-
lité, L. liberalitatem ; libéralisme.
LIBÉRER, L. liberare, rendre libre.
LIBERTÉ, L. libertatem (liber).
LIBERTIN, L. libertinus, fils d'affianchi
[libcrtus). Le sens du mot français n'est qu'une
application au moral de l'idée d'affranchi ; le
libci^tin est = celui qui s'affranchit, qui
s'émancipe do la règle. — D. libcninagc.
LIBIDINEUX, L. libidinosus (libido).
LIBRAIRE, L. lib^-arius (liber). Le mot la-
tin s'appliquait aux esclaves employés à co-
pier ou à rédiger; Sénèque cependant s'en
sert déjà dans le sens de marchand de livres.
— D. librairie, L. libraria (se. taberna), bou-
tique délivres. Le mot français .signifiait jadis,
comme signifie encore l'angl. library, une
bibliothèque.
LIBRE, L. liber, génitif /iôm.
1. LICE, aus.si lisse, lieu destiné aux tour-
nois, it. liccia, lizza, esp. liza, prov. lissa,
laissa, bret. lez (prob. emprunté au romani.
La première signification du mot est enclo.«î,
cp. le terme de marine lisse, aussi ap|)elé
ceinte ^t préceinte. Diez conjecture donc une
dérivation du mha. letze (-= vha. lasi), rem-
part, quoique la mutation e en i ne soit pas
régulière. — L'explication par L. licium,
trame, proposée par Ducange (à cause que
les pieux sont rangés comme les fils dans une
trame) parait forcée. Pour ma part, j'imagine
que lisse est la bonne orthographe, et que ce
mot vient de liste dans son sons primitif de
bord, clôture, lisière. Aussi bien l'anglais tra-
duit-il lice par list. fA la vérité l'angl. list
n'e.<t pas concluant, le t final pouvant être
adventice, après Vs, comme dans d'autres vo-
cables anglais.)
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LIE
— 305
LIG
2. LICE, LISSE, dans « haute ou basse
lice », du L. licium, trame de tisserand. —
D. licette, iiceron.
3. LIGE, chienne courante, wall. lehe (na-
murois, pic. et rouchi Uchci, vfr. hisse, prov.
leissa. <« Ce vocable, dit Grandgagnage, se
retrouve dans les mots allemands : nha. laU
sche, souahe lùtsch,Iaitscht hisch fhay. Jeusch,
hisch, qui ont au propre et au figuré la même
signification (chienne et prostituée). D'autre
part on rencontre en latin et moy. latin le
mot lyciscus, Jycisca, letissa (sorte de chien
que l'on croyait provenir do l'accouplement
d'un loup et d'une chienne : voy. Servius ad
Virg. Eclog., III, 18, et Ducange, v° letissa, et
v** odorenceci). Reste à savoir: 1 . si ces fonnes
latines, comme aussi les formes allemandes,
sont identiques entre elles ou si elles ont
plusieurs primitifs ; 2. si le roman vient du
latin ou de l'allemand ; 3. enfin, ce qui rentre
en partie dans la question précédente, si le
mot allemand ne vient pas lui-même du latin.
N'abordant que le deuxième problème, nous
dirons que l'origine latine semble plus plau-
sible, principalement à cause de la similitude
des formes lat. letissa et prov. leissa. Nous
remarquerons aussi que le glossaire de Lille
rend licisca par lisse. » — Dicz admet égale-
ment l'origine latine ; le type toutefois auquel
il rattache le prov. l*nssa n'est pas letissa,
mais lycisce, car, selon lui, lycisca (c=k) au-
rait entrïjiné une forme prov. leisca, et pic.
lique. Le philologue de Bonn ajoute que des
glossaires allemands traduisent lycisca par
^ôha, chienne, ou brachin, chienne de chasse.
— Quant au mot letissa, allégué comme latin
par Grandgagnage, n'est-il pas plutôt une
latinisation dds vocables germaniques cités
par lui en tète de son article? Ou bien une
mauvaise leçon pour lecissa î
LICENCE, L. licentia, permission (tant celle
que l'on reçoit que celle que l'on prend). —
Û. licencier (cp. congédier, de congé = L.
commeatus, permission d'allerj ; licencieux,
L. liccntiosus.
LIGET, mot latin =* il est permis.
LICHEN, L. lichen (lux^v).
LICITE, L, licitus, ^rmïs {de licere)\ illi-
cite, L. illicitus.
LICITER, L. licitari, offrir un prix, enché-
rir (de licere, être mis ù, prix). — D. licita-
tioii.
LICOL, LICOU, p. lie-col (cp. limier p. lie-
mier, dimanche p. diemanclie.
LICORNE, it. liocœ'no (cp. linfanic), (di-
con/o; gâté du L. unicornis, esp. tmicornio.
1 . LŒ, dépôt d'une liqueur, prov. Ihia,
angl. Icc. Direct, du BL. lia (Papias :
amurca; Gloses de Hcichenau : fex); mais
d\»u vient liaf La question n'est pas résolue.
On trouve en breton léit, vase, limon, gaél.
IJaid, m. s. — Une origine du goth. ligan,
vha. liggan^ fris, liga, angl. lie, = jacerc,
cubai-c, scrait-oUc trop aventureuse (cp. sédi-
ment, de sedere^l D'autre part, le wall. lise,
anc. angl. lyse, et vfr. lessu = levain, don-
nent quelque probabilité à une dérivation du
L. lix, gén. /icf5 (défini par Non. Marc. : Hoc
étiam cinis dicitur vel humor cineri mixtus) ;
c'est la dérivation pour laquelle paraît incliner
Grandgagnage. Mon savant professeur, feu
Doederlein, faisant venir lix de liquére lin-
quere, on est tenté d'admettre, à côté de lix,
une forme rustique liqua ou lica qui expli-
querait parfaitement le n. prov. lica et notre
fr. lie, — Le mot angl. lee signifiant plutôt
levain, d'autres (Dieflenbach, Diez, Mahn)
conjecturent plutôt une dérivation de levare
(cp. levain).
2. LIE, adj., = gai, joyeux; ne s'emploie
plus que dans l'expression faire ch^e lie.
C'est le féminin de liet* lie" (monosyllabe; =»
it. lieto, prov. letz, v. cat. let, esp., port. ledo,
qui vient du L. lœtus. — Le fém. lie est tout
ce qu'il y a de plus régulier, du moins pour
les dialectes du Nord ; il est la forme contracta
de liée; ainsi, à l'adverbe, on trouve liement
alternant avec liéement. Néanmoins, on a mis
en doute dans ces derniers temps que l'expres-
sion chère lie soit d'origine proprement fran-
çaise (Rom., IX, 167); je ne connais pas les
arguments sur lesquels on se fonde. — D.
liesse, L. lœtitia.
LIEF, action de lever (des scellés), subst.
verbal de lever (cp. relief de relever).
LIÉ6E, du L. levis, léger, par l'intermé-
diaire d'une forme dérivative levius,
LIEN, vfr. Iten, loyeii, prov. liam, angl.
leam, du L. ligamen (ligare). — D. vfr. Une-
mier, liemier, nfr. limier, prov. liamer,
angl. leamer, pr. le chien tenu en laisse. Cette
étymologie de limier a le degré de certitude
suffisant pour faire rejeter celle du L. limi
nariiis (pris dans le sens de chien ouvrant la
chasse), qui ne s'accorde nullement avec les
formes primordiales du mot.
LIENTEIlIE,gr.>stsvri/'.<ct; deXiloi, lisse, et
hnpov, intestin.
LIER, anc. loyer, du L. ligare. — D. liai-
son, L. ligationem; lien (v. c. m.); liasse,
— Cps. al-, dé-, relier.
LIERRE ; la consonne initiale l est un effet
de l'agglutination de l'article; le mot corres-
pond à vfr. ierre, hierre, it. edera, ellera, esp.
hiedra, prov. edra, et vient du L. hedera.
LIESSE, voy. lie 2.
LIEU, vfr. leu, du L, locus; cp. feu de fo-
CHS, queux do coquxis. — Composé : lieute-
nant, = locum tenens,
LIEUE, du L. leuca, vocable cité par les
écrivains latins comme gaulois. Adouci
d'abord en leuga, gr. Uù/ri, la transposition
en a fait légua, vfr. lègue, d'où, par syncope
du^ et diphthongaison do cen ie (cp. lieu p.
leu), la forme actuelle lieue. L'it. et le prov.
ont lega, l'esp. légua, le port, legoa, l'angl.
league,
LIEUTENANT, it. luogotenaUe (et tenenle
tout court;, voy. lieu, — D. lieutenance.
LIÈVRE, it. lèpre, du L. lepus, gén. lepïrris.
— D lévrier, L. loporarius ; levraut, levrette,
levro}i.
LIGAMENT, L. ligamcntum (ligare) ; liga-
ture, L. ligatura.
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LIG
— 306
LIM
LIQB, BL. liffius. Cet adjectif roman avait
le sens « tout entier, sans réserve • (« liffia
potestas, /i^ta voluntas, &dy. ligement et fran-
chement, purement et ligemettt »). 11 n'y a
pas à douter que ce soit le même mot que le
wallon lige dans la locution quit* et lige «
quitte et libre. D'où vient le mot dans cette
signification ? Orandgagnage y voit une con-
traction du mha. ledec, gén. lediges, néerl. et
nha. ledig ^ libre, dégagé. Quant à l'emploi
du mot dans le terme féodal hommage lige,
voici comment le philologue liégeois le mo-
tive : « Un hommage lige ne signifie pas lit-
téralement, comme on le pense d'ordinaire,
un hommage par lequel on se lie pleinement
envers son seigneur, bien que ce soit là le
sens logique, ou, si l'on veut, Tefiet de ce
genre dliommage, mais un hommage dégagé
de toute restriction au profit d'un tiers et par
1& absolu, n — Diez, sans prendre de parti défi-
nitif, cite à l'appui de cette manière de voir
un document du xiii* siècle portant : « ligius
homo, quod teutonice dicitur ledigman n
(c.-à'd. libre de tout engagement envers un
tiers). Voss dérivait ligius du mot roman
liga^ lien, alliance, de sorte que la significa-
tion • obligation rigoureuee •• aurait amené
celle de « obligation absolue » . Mais Diez y
oppose, peut-être trop catégoriquement, que
la langue française ne présente pas d'adjectif
répondant à un type latin en tus ou eus qui
n'ait pas un précédent dans la bonne latinité.
Gachet, se fondant sur ce que Guillaume le
Breton, dans sa Philippéide, traduit toujours
homme lige par ligcUuSt se déclare également
en faveur de ligare, Chevallet fait de même.
— Diez admettrait de préférence à ligare, une
dérivation du nord, lidi, compagnon, lati-
nisé en ZîY/x-i(À*(d où viendrait, selon les règles,
la forme fr. lige;, mais il n'en est pas satisfait
au point de vue du sens. — Ducange prend
pour type un acy. litiusjidius, du BL. litus,
lidust homme attaché à la glèbe. — Pour ma
part, j'estime l'explication par ledig d'autant
plus acceptable que ce mot, dans les dialectes
néerlandais, se présente le plus souvent sous
la forme syncopée leeg. — Les formes prov.
litge, it. ligio, angl. liège, sont déduites du
français. — D. allégeance (v. c. m.).
LI0NA.6B, prov. linhatge lignatge, esp. li-
nage, port, linhcu/em, it. legiiaggio, voy.
ligne, — D. lignager.
LIGNE, trait simple, puis suite, rangée, des-
cendance de famille (linea sanguinis). Du L.
linea (linum) <= cordeau, ficelle, signification
encore vivace dans m pêche à la ligne », «tirer
une muraille à la ligne ». L'ancienne langue
présentait aussi une forme masc. lin, ling,
au sens de lignage, parenté, race, répondant
au prov. linh, ling (esp. litio = série, ran-
gée;. Génin s'est fourvoyé en expliquant cette
fonne par une apocope opérée sur le dérivé
lignage, La forme vfr. lin cependant peut
aussi se rapporter directement au simple L.
linum ^ fil, cordon (on trouve aussi bien /maf/e
dans les anciens textes que lignage), — D.
lignage (v. c. m.), ligneul (v. c. m,}, type
lineolus; ligtierolle, lignette, ligftolel; verbe
ligner, L. lineare; aligner; lignée,^-- Corn
posé : forligfier, dégénérer.
LIGNÉE, de ligne, comme bouchée de bou-
che; le mot exprime « tous ceux de la ligne •.
LIGNER, voy. ligtie. — Composés : aligner,
enligner, souligner.
LIGNEtlL, fil enduit de pois ; n'est peut-être
pas un dérivé de L. linea, fr ligne; il me pa-
rait tenir du même Uième lien (= gr. lu^v,
d'où âÀÂûxvtov, mèche], qui a donné en BL. lu-
cinium, licinium, lichenus, licmen (voy. /«-
mignon). Son sens propre serait donc mèche.
J'ai relevé dans Jean de Garlande (ms. de
Bruges; licinium traduit par linel.
LIGNEUX, L. lignosus, dér. de lignum,
bois (= vfr. laigne, wall. legne). Termes
scientifiques : se lignifier, lignite,
LIGUE, du BL. liga (subst. verbal de li-
gare), cx)nfœderatio. — D. liguer, ligueur,
LILA8 it., esp. lilac, port, lila; mot per-
san (niladj, liladj),
LILIAGÉ, voy. lis.
LIMAGE ou limas, it. lumaca, lumaccia,
esp. limaza, port., par transposition, lestna;
du L. Umax, -acis (limus). — D. limaçrm,
wall. limeson, lumeson, vfr. limechon.
LIMANDE, poisson plat, à peau rude, it.
lima; d'après Le Duchat, du L. lima, lime, A
cause de lu rugosité de la peau. La forme
gérondive limcmde se rattache à l'idée • 11-
mando aptus » .
LIMBE, L. limbus, bord.
LIME» L. lima, — D. limer, L. limara;
limaille. Voy. aussi limande,
LIMIER, voy. lien,
LIMINAIRS, L. limifiaris (limen).
LIMITE, L. limes, limiiis, BL. limita. ^
D. limiter, L. limitare.
LIMITROPHE, L. limitrophus, composition
hybride, formée du L. lim^s, limite, et du
grec rpôfoi, hdj. verbal de rpi^siv, nourrir,
soigner. — Le mot se rencontre jwur la pre-
mière fois dans le Code Justinien : limiirophi
agri ou fundi, terres frontières, nom des
champs concédés aux soldats qui gardaient
les frontières. Dans la suite, le mot est devenu
synonyme de limitaneus.
1 . LIMON, boue, bourbe, forme augmenta-
tivedu L. limus. — D. limoneux.
2. LIMON, une des deux branches du timou
d'une voiture; d'après Diez, de l'esp. limon,
m. s., dér. de leme, timon, gouvernail, dont
l'origine n'est pas encore édaircie. — Le flani.
a lamoen pour limon, et Kiliaen cite à ce sujet
une forme française lamon. Ce changement do
voyelle, en syllabe atone, ne prouve rien
contre la dérivation ci-dessus établie, laquelle,
toutefois, n'est nullement à l'abri d'opposition.
L'angl. limbers, limmers, limonière, avant-
train, est rapporté par MttUer au nord, lim,
plur. limar (suéd. lem, lemmer), membres,
branches. Ce pourrait bien être là la vraie
origine du mot esp. leme et du fr. limon. Il
n'est pas probable que limon, qui se trouve
déjà dans Chrétien de Troyes, soit venu au
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LIO
— 307
LIT
français d'un radical espagnol. — D. limo-
iier, limonier, -ière,
3. LIMON, citron, esp., prov. limon, it.
limone, angl. Umon, flam. limoen, du per-
san limù, arabe laimim. — D. limonade, li-
monier.
4. LIMON, en t. d'architecture, pièce do
bois ou de pierre taillée en biais, du L. limus,
oblique.
LIMPIDE, L. limpidus. — D. limpidité.
LIN, L. linum. — D. linier; linette, graine
de lin; linon, linot^ linotte (cp. en ail. les ap-
pellations hànfling ou leinfinke).
LINGisilL, it. lensuolo, prov. litisol, du L.
liiUeolum, morceau de linge, serviette (dérivé
de linteum, linge). Ane. particulièrement =
drap de lit, d'où l'acception actuelle.
UNÉAIRE, L. linearis; linéal, L. linealis;
linéament, L. lineamentum ; dérivés de linea,
fr. ligne.
LINGE, pr. toile de lin; de l'adj. lineus
(linum) ; cp. lange de laneus. — D. linger,
/ingère, -erie. — Ane. linge, adj. comme
dans dras linges, une linge robe, a disparu.
LINGOT, dér. du L. Ivigua, langue, lequel,
de même que le dim. lingula, ligula, avait,
dans la bonne latinité déjà, dégagé des accep-
tions diverses se rapprochant de celle de lin-
got. — Une autre étymologie s'est produite
sur la base de l'angl ingot = lingot. On a
prétendu que lingot n'était que le mot anglais
avec agglutination de l'article. Et quant à
iugot, d'après la définition que lui doime le
prlossaire de Tyrwhit, «« moule à couler les
lingoU ", on l'explique par in-gut, coulé do-
dans. Nous ne sommes pas à môme do com-
battre cette manière de voir; la seule objec-
tion que nous pourrions y faire, c'est que
l'angl. actuel no possède pas le verbe get, cou-
ler, fondre, correspondant au néerl. gieten,
ail. giessen; mais il se peut que la vieille lan-
gue l'ait possédé, puisque l'ags. avait geotan.
Va\ attendant des preuves plus concluantes de
l'étymologie prêtée à ingot, nous pouvon^tout
aussi bien prétendre que le mot anglais est le
mot français avec retranchement de l'article,
d'autant plus qu'on a en angl. le mot lin get
défini par «• petite mesure de métal ». — D.
litigotière.
LINGUAL, L. ///li/im//^ (lingua).
lilNOUfi, ail. leng,dkïi%\.ling, nom de pois-
son, du L. lingua; cp.la dénomination allem.
jmngenfisch.
LINGUISTE, néol., de lingiia. — D. lin-
guistique.
UNIMENT, L. linimentum (de linire, oin-
dre).
LINOT, LINOTTE, voy. lin.
LINTEAU, esp. liiUel, dintel, BL. linteh
fns, limen superius, d'un type latin limitellus,
dim. de limes, -itis, bord, lisière. Cette éty-
mologie de Diez se confirme par l'esp. linde,
port, linda, = limite, prov. lindar, seuil, =
L. iimitaris.
LION, leon*, L. leo, leonis. — D. lionne,
anc. lionesse, dim. lionceau.
LIPPE, vfr. et wallon lepe, de l'ail, lippe,
lèvre. — D.lippée, lippu.
LIQUÉFIER, d'un type liqueficare p. lique-
facere; liquéfaction, d'un type lique factio; pour
mettre le verbe d'accord avec son substantif,
il fallait dire ou liquéfaire pour l'un, owliqué-
ficaiion pour l'autre.
LIQUEUR, L. liquœ^em. — D. liquoreux,
LIQUIDE, L. liquidus. — D. liquidité, L.
liquiditas; verbe liquider, de liquidus au
sens do clair et net.
LIRE, L. légère {leg*re). — D. lisible, L. lo-
gibilis, liseur (le L. lector se trouve, dans les
vieux glossaires, traduit correctement par
litre).
LIRON, voy. loir.
LIS, prov. un, lim, lis, esp., port, lirio;
du L. lilium (gr. lilpto-»). Us final du motfr.
est un reste de l'ancien nominatif, devant le-
quel VI final du radical s'est efl*acé ; car lis est
pour lils. Cet * s'est communiqué aux dérivés,
de là : liset, liseron. User et, liserolle. — Du
L. lilium : l'adj. liliaceus, fr. liliacé.
LISERER, dér. de lisière. — D. liseré.
LISIÈRE, pour listière, dér. de liste (v. c.
m.). — D. liserer,
1. LISSE, adj., prov. lis, ït. liscio, esp.,
port. liso. On peut hésiter entre le gr. Utiôi,
m. s., et le vha. lisi, doux (nha.. leise). Diez,
pour des considérations phonologiques, favo-
rise l'extraction germanique. — D. lisse?',
d'où le subst. lissoir.
2. LISSE, t. de marine ou de construction,
variante de liste {p. ss de st, cp. le nom propre
Cassel de castellum). Cette étymologie se con-
firme par les dérivés listeau, petite lisse. Voy.
aussi lice 1 .
3. LISSE, ficelle à lier des marchandises,
soit du L. licium, fil, ou do l'ail, litze, cor-
donnet.
LISTE, d'abord pièce longue et étroite en
général, bord, bande, puis spéc. bande do
papier, d'où catalogue, énumération (une dé-
duction logique semblable se présente dans
bordereau)\ it., osp., prov. lista, port, lista,
listi-a. Du vha. lista, nha. leistc, m. s. — 1).
lister Hier (une étoffe), listcU listeau, liteau,
liston, lisière, p. listière. Voy. aussi litre 2.
LIT, duL. lectus (c\i. confectus, confit ; pec-
tus, pis). — D. Uter (du poisson;, literie, li-
tière, HL. lectaria; \ei'hQ aliter.
LITANIES, L. litaniœ, du gr. Ux^^tix,
action de faire des iiri; ou prière.^.
1. LITEAU, autre forme de listeau, listel,
dérivé de liste.
2. LITEAU, t. de chasse, dér. de lit. .
1 . LITER, arranger par lits, de lit.
2. LITER, lister , couvrir avec de gros fils
la lisière du drap avant de le teindre ; de liste,
bord.
LITHO-, en composition [lithographe, etc.),
du gr. H^oi, pierre
LITrÈRE, it. lettiera, BL lectaria; de Ut.
LITIGE, L. Utigium (de Utigare = litetn
agere, d'où fr. litigant) ; litigieux, L. litigio-
1 . LITRE, mesure de capacité, du gr. Urç^x.
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LOC
308
LOM
2. LITRE, ceinture do deuil, prob. p. listre,
variété de liste, bande, bordure Iv. c. m.), cp.
la forme prov, et it. (siennoisc) listra.
LITTÉRAIRE, L. litterarius (de Httcra,
lettre) ; littéral, L. litteralis ; littérature,
L. litteratura; littérateur, L. littorator.
LITTORAL, L. litaralis (de litus, -oris,
rivage).
LITURGIE, gp. >!iTou/9yfa, office public,
LIVÉGHE, anc. levesse, it. leoistica, libis-
tico; cxîtte dernière forme ital. a été défigurée
par l'interprétation Imaginative du peuple en
V. flam. leveslock, liefstickel, ail. liebstùckel,
en apparence = chère petite plante. Du
L. levisticum (Végèce), forme altérée de li^us-
ticum litt. = do Lijruric).
LIVIDE, L. limdus, — D. lividité.
LIVRAISON, voy livrer.
1. LIVRE, masc, L. liber, libri. —
D. livret.
2. LIVRE, fém., it. libbra et lira, du L.
Iib7'a.
LIVRÉE, voy. l'art, suiv.
LIVRER, prov. liurar, it. livei'are, librare,
BL. liberarc (« libéra ro dona «, du L. libe-
rare (liber), rendre libre. L'idée moderne se
déduit naturellement du sens classique ; aiFran-
chir, détacher une chose ou la laisser partir,
la livrer, ne plus la retenir, sont des idées qui
se tiennent. L'ne filiation de sens analogue
se remarque dans le latin solverc signifiant
payer. La valeur latine do liberare (afl'ran-
chir) est rendue par l'it. liberare, en esp.
par librar, en fr. par le composé délivre^'. Le
prov. liurar i-éunit les deux acceptions an-
tique et moderne. — D. livraison, action de
livrer, fourniture; livrancc', fourniture, d'où
livranciei'; livrée, pr. ce qui est fourni, puis
spécialement ce qui est fourni en habille-
ments par le maître au serviteur. Jadis, le
chancelier, les grands officiers de la couronne
avaient, aussi bien que les domestiques, leurs
habits de livrée.
LOBE, gr. \rAô;. — D. lobé; dim. lobule;
locelle p. lobicelle (v. lœellc).
LOCAL, L. localis (locus). — D. localité,
localiser.
LOCATAIRE, LOCATIF, LOCATION, du
L. locare, louer.
LOCELLE, voy. lobe. D'après d'autres, du
L. locellus, petite loge (de locus).
LOCH, L06, t. de marine, de l'angl. lof/.
LOCHE, poi.sson, csp. loja, angl. loach;
d'origine inconnue.
LOGHER, branler; du niha. lïickc (nhn. loc-
he r), = lâche, peu serré, que l'on met en rap-
lM)rt avec ail. loch, dial. luck, troti, liïcke,
lacune. Chevallet place le verbe locher dans
l'élément celtique et cite bret. lusha, branler,
remuer, écoss. luaisr/, gallois llwygaw ,
irland. luasgaim. — Cps. élocher (v. c. m.),
secouer; rouchi ar/oc^er, p. r^^/ocAer, ébranler.
LOCMAN, voy. lamaneur.
LOCOMOTION,-TEUR,-TIVE. LOCOMOBILE,
néologisnies, tirés du L. loco movere, mou-
voir de place.
LOCUTION, L. locutioncm (loqui).
LODS, lcHles\ los\ dans « lods et ventes »,
du BL. laudes, qui, comme subst. de laudare,
consentir, octroyer, signifiait sans doute en
premier lieu octroi, puis aliénation d'un bien
en vertu d'octroi, puis le di-oit payé pour
cet octroi d'aliénation.
LOF, terme de marine, angl. loof, ail. /«/",-
du néerl. loef, m. s. — D. lofe7\
LOGARITHME, terme scientifique, fait de
ÀÔyoi, proportion, et de àf.i^fiô;, nombre.
LOGE, petite hutte, autr. aussi = tente, etc..
it. loggia (à Coire laupia, lomb., piém. lobia],
port. Iqja, prov. lotja, angl. lodge, BL. laubia.
Du vha. lauba, laubja, nha. laube, feuilléc,
berceau, cabinet, galerie. Pour la transition
logique, Diez rappelle le vfr. foillie, cabane,
de feuille. — D. loger (cp. caser de case).
LOGER, de loge. — D. logis, vfr, logas;
cps. déloger,
LOGIQUE, gr. io/izo^ = relatif au discours
ou à la raison (io/o;). — D. logiciai.
LOGOGRIPHE, composé de io/o^, mot, -j-
ypî^oî, filet, piège, énigme.
LOGOMACHIE, gr. Xo/ofix^^x, dispute de
mots.
LOI, vfr. lei, du L. Icx, Icgis. — D. loyal,
vfr. léaJ, L. legalis. — Cps. aloi (v. c. m.),
LOIN, anc. loing, du L. longe. — D. éloi-
gner {eslongiei'\ esloignicr'). — D'un ty|)c
longitanus s'est produit it. lontano, prov.
lonhdan, fr. lointain.
LOINTAIN, voy. loin.
LOIR, prov. glire, it. ghiro, du L. glis,
gliris. Pour la chute du g initial, cp. esp.,
port, lande pour glande, du L. glans. —
D. li7'on (vfr. gliron), esp. liron; lérot (Pals-
grave donne leyrot, dormeuse). Le champ, a
hm*on = aorte de rat.
LOISIR ; ce substantif est proprement un
infinitif, de même que plaisir. L'anc. verbe
loisir, prov. léger, n. prov. léser, Icsir,
représente le L. licere, et signifiait être per-
mis. Le sens primitif du subst. loisir est donc
licence, jiermission ; la valeur do « j ai li piT-
mission ou la faculté d'écrire », s'est rétnk'ie en
celle de « j'ai le temps libre d'écrire « . Léty-
mologie tirée du L. otium, mise en vogue par
Ménage, est tout bonnement une absurdité. —
Le même verbe loisir = L. licere (d'où l'an-
cienne locution loist à savoir = L. scilicct)
a laissé l'adjectif loisible.
LOMBARD ; le nom des établissements ainsi
nommés est tiré de lombard = usurier. « Kn
ce tcmps-h\ (en l'an 1200) l'usure et l'impudi-
cité régnaient à masque levé dans la F ranci'.
Mathieu Paris dit que le prcnûer do ccn
vices y avait été apporté d'Italie; il entend
les Lombards qui l'exerçaient pubhqucment
et sur l'autorité des princes, auxquels ils en
payaient tribut » (Mézeray). Les monts-de-
piété étaient dans le principe des maisons do
prêt sur gages, les premiers furent san^
doute fondés par ces étrangers italiens, dont
le nom était devenu synonyme d'usurier.
LOMBES, L. lumbus, dont l'adj. fém. /«tmô^i
s'est francisé en longe, anc. Joigne, tonne de
boucherie, « longe de veau *», wall. logne, v.
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LOR
— 309 —
LOS
flam. ioe7u'e, longie^ angl. loin; cj). aussi le
wnll. lomberai, gri belette do porc, écliinôo.
LONG, L. loiir/ns. — D. loiu/ueur («nnc.
lonfp'.eU\ lottf/ucsse), lonf/uet, îonr/uerie; ïonr/e,
bande de cuir ou de cordo ; louper, allotu/er.
— Cps. longtemps = lonp: espace de temps;
ce dernier est venu bien inutilement rempla-
cer l'anc. adverbe longues,
LONGANIMITÉ, L. longanimiias ; cp. lall.
langmuih,
1. LONGE, courroie, lanière, voy. long,
2. LONGE» terme de boucherie, voy. lombes.
LONGÉVITÉ, L. loi}gœmtas i^ow^nm œvum).
LONGITUDE, L. longitudo, — D. longitit-
dinah
LOOGH, t. de pharmacie; port, lohoc; de
Tarabe look (du verbe laaka, lécher).
LOPIN; l'étym. L. lobus (U6oi), follicule,
gousse, mise en circulation par Nicot, est
impossible tant pour le sens que pour la let-
tre. D'après Frisch, p. lapin^ de l'ail, lappen,
morceau ; c'est peu vraisemblable. Grandga-
gnage cite l'angl. lop, élaguer, d'où, selon Du-
cange, BL. loppare, resecare, amputare,
Rubst. lopadium^ segmentum, frustum. Si le
mot désignait dès l'origine principalement
un morceau à manger, on serait tenté de le
rapprocher d'un vieux mot fr. cité par Ro-
quefort : louper^ manger goulûment. Cp. en
jwitois champ, licher, être gourmand, et li-
chette, petit morceau. Mais le sens foncier
est masse; je le placerais donc plutôt dans
la famille de l'équivalent anglais lump, v.
flam. lompe, frustum, massa, qui sont des
foniics allégées de angl. clump, néerl. klomp,
ail. mod. klumpen. — D. pop. lôpiner, cas-
ser une croûte ; ano. aussi diviser en lopins.
LOQUACE, L. loquax, — D. loquacité,
L. loquacitas.
LOQUE, pièce d'étoffe usée ou déchirée ; du
nord, lôkr, chose pendante (ce mot se re-
trouve dans les composés breloque et pende-
loque). — I). dim. loquette, d'où loquetc, t. do
blason, et loqueteux" = déguenillé.
1. LOQUET, laine grossière ; do l'ail, locke,
boucle de cheveux, anc. aussi = flocon.
2, LOQUET, it. luccheito, fermeture do
])orto, dim. du vfr. loc, m. s.; ce dernier vient
de l'ags. lac, angl. lock, flam. luycke; cp.
vha. bi'loh, verrou, goth. ga-lukan, enfermer
(voy. aussi blfjc). — D. loqucteau, loqncter,
LORETTE ; du quartier do Notre- Dame-do -
Lorette à Paris, où beaucoup do ces femmes
se logèrent; étym. analogue à celle de fiacre.
— Fournier, dans le Vieux- Neuf, prétend
que lorette avait .*<a signification actuelle dès
le temps d'Henri III.
LORGNER, en Normandie, Iwiner ; c'est,
d'après Diez, un verbe de la même famille
germanique d'où sortent suéd. lura, ail.
lauern, suisse loren, luren, néerl. loeren,
guetter, regarder à la dérobée. Ulrich sup-
posa un type vha. 'luranjan. Voy. aussi épar-
gner, L'angl. lurh, m. s. est rapporté par
Mahn au coït. ll€7^c, llercian. — D. anc. adj.
lorgne, lour, louche ; lorgnette, -on ; lor-
gnade.
LORIOT (l'initiale l provient de l'aggluti-
nation de l'article), vfr. oriouz, pic. iiriot,
prov. auriol, csp. oriol ; du L. aurcolus, de
couleur d'or (cp. ail. gold-ammcr). Les La-
tins appelaient le merle doré galgulus. —
D'où vient l'expression compte loriot, pour
désigner l'orgelet ou bouton qui vient sur les
paupières? Nous donnons pour ce qu'elle
vaut l'explication qui se trouve dans le glos-
saire picard de l'abbé Corblet : « Pline et
Plutarque ont avancé que le regard du loriot
est un remède excellent pour ceux qui sont
atteints de la jaunisse. Cette opinion s'ac-
crédita au moyen âge et les personnes qui
souffraient do cette maladie prenaient un lo-
riot pour compère. De là notre expression :
compère louriot pour exprimer un orgelet.
Du Ménil la dérive du BL. lorum, qui signi-
fiait une blessure dont il ne sort pas de
.sang. » Nous espérons que l'on finira par
trouver une explication plus satisfaisante que
ces doux-là ! Je crois, pour ma part, que dans
cette expression populaire, loriot ne repré.sente
pas Vorjol = aureolus, mais Vorgeol ==
L. ordeolus (orgelet, v. c. m.).
LORMIER, anc. lorenier, loremiei*, lori-
mier, angl. lorimer, aussi lorinei\ Avant de
signifier éperonnier, ce mot s'appliquait à
tous ouvriers fabriquant des objets concernant
le harnachement. 11 dérive du vfr. lœ'ain,
lorin, bride, rêne, longe, et par là du L. lo-
rutn, courroie. On appelait autrefois les lor-
miers aussi frenniers, faiseurs de freins Pour
lorinier devenu lorimiei', je rappellerai les
mots étamer, p. ctaner, de étai^i, et veni-
meux de venin. — Baudry pense que lormier
est p. Varmier, et ormiei' un dér. du radical
orm qui a donné BL. ormilla, boucle, et
ormiscus, collier. Cette étymologie est tout à
fait inutile, l'autre ne laissant aucun dotite.
— D. lormerie.
LORS, vfr. lores (la finale s caractérise l'ad-
verbe), du L. illa hora, à cette heure-là; le
composé alors, it. allora, représente la for-
mule ad illam horam. — D. la conjonction
lorsque, litt. = au temps que.
LOS, vieux mot. signifiant louange. Du
plur. L, laudes (laudare). — Voy. aussi lods.
LOSANGE, it. lozanga (t. de blason), figure
quadrilatère à quatre côtés égaux ayant deux
angles aigus et deux angles obtus. On a pro-
posé, pour expliquer ce mot, d'abord une
transformation de lorange, lequel viendrait
du L. laurus, vfr. lor, à cause d'une certaine
ressemblance avec la feuille du latirier, puis
une transformation de loxangle, mot hypo-
thétique, que l'on expliquait par une combi-
naison du grec Xoç-ç, oblique, avec le L. an-
gulus, angle. Ces conjectures sont loin de la
vérité. D'après Gachet, le mot est identique
avec le vieux subst. losenge, flatterie, men-
songe, tromperie (voy. plus loin l'article
louange). Jadis les armes, les devises des fa-
milles étaient brodées, peintes ou gravées
dans ce que nous appelons des losanges ainsi
que cela se fait encore pour les blasons des
filles. • On aura dit d'abord do ces dessins,
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LOU
— 340 —
LOU
destinés souvent à exalter les grands sei-
gneurs par les allégories qu'ils renfermaient,
que c'étaient des losanges ou louanges, puis
des mensonge?, et bientôt le mot, dont le
sens primitif fut oublié, ne signifiait plus que
rencadrement. •» Nous ajouterons, à l'appui
de cette manière de voir, quo le subst. prov.
lauza (du verbe lausar = L. laudare), port.
lotisa, esp. et piém. losa, vfr. lauze, a égale-
ment dégagé successivement, du sens primi-
tif louange, celui d'inscription funéraire, puis
celui de [)ierre sépulcrale, et enfin celui de
carreau dont on dalle les églises. — Diez
«aussi, pour expliquer losenge^ flatterie, part
du prov. lausar = laudare, mais cette iden-
tité a été combattue par Baist (Grôb. Ztschr.,
V, 246). L'esp. losa, dalle, surtout dalle
tombale, est probablement connexe avec fr.
losange et les autres correspondants romans
ou angl. formés d'après celui-ci, mais bien
assurément, pense Paist, il no tient pas de
laudare; la mutation d &as est étrangère à
cotte langue. Le lauda de la même langue, au
sens de tombeau fpr. pierre funéraire), que
l'on invoque également à propos de losange^
n*a rien non plus à faire avec laudare, louer,
et représente L. lapidem, — Schuchardt
(Ztschr., VI, 424) suppose une origine celtique
et invoque, dans la Lex metalli Vispacensis (de
la 2« moitié du P'' siècle), le terme lapides
laiisiœ. Liebrccht (Jahrb , XIII, 226) rappelle
r.n passage du livre « Eckcrmann, Kelten »
(VII, 45) disant que dans le Languedoc et la
Provence, losa signifie pierre, que la Lozère a
pris son nom de ses montagnes pierreuses et
qu'en breton laç signifie pierre sacrée, dolmen.
— D'après Godefroy lause s'appliquait jadis à
une esi)ôce d'ardoise et l'on appelle encore
maintenant de ce nom en Daupbiné des
pierres plates servant à couvrir des murs de
clôture.
LOT, part qui échoit à qqn. dans un par-
tage, gain à la loterie, it. lotto, esp., port.
Joie; d'origine germanique : vha. hlos, goth.
hJaiits, nlia. loos, flam , angl. lot^ sort, part,
lot; op. encore vha. hluz, chose obtenue par
le soi't, nord hhttf part. — D. loterie; verbe
lotir, faire des lots.
LOTERIE, voy. lot.
LOTION. L. lotio (p. lautio, do lavare). —
D. lotionner.
LOTIR, voy. lot. — D. lotissement y -issage,
LOTO, jeu, de l'it. lotto, lot, sort (v. lot).
LOTTE, esp. Iota, d'origine inconnue. —
Comme ce poisson se tient dans des rivières
limoneuses, on a signalé prov. lot, limon =*
lat. lutum,
LOTUS. LOTOS. L. lotos (>wTOi).
LOUANGE, dér. de louer, comme vidange
de videi'. De la forme prov. lauzar, = h. lau-
dare, procède le subst. prov. lausenga. vfr.
losenge, it lusinga, esp. lisonja, d'abord
louange, puis vaine flatterie, mensonge, d'où
le verbe losenger, flatter, tromper. Fallot
et Chevallet ont mal rencontré en ratta-
chant losenge, l'un à l'ail, lob-singen, chanter
des louanges, l'autre au vha. ios, ruse, perfi-
die, mensonge. Diez proposerait volontiers
(d'après Ziemann) le mha. lôsen, flatter avec
fausseté, si les formes romanes, par leurs di-
verses significations, n'imposaient pas le L./ait-
dare, qui convient d'ailleurs parfaitement
aussi sous le rapport de la forme. Cette com-
munauté du radical Ios avec laud n'est pas
admise par Baist; voy. l'art, cité sons lo-
sange. — La terminaison ange est générale-
ment rapportée au latin emia dans vindetnia^
fr. vendange, et dans BL. Zau^f emia =laudatin,
con.<îentement, autorisation. Pour la lettre, il
n'y a rien à opposer, mais les deux scul.<
exemples latins que l'on cite ne suffisent pas
pour établir un suflixe emia = ange, servant
à former des subst. de l'action; d'autant
moins que l'élément emia y tient à 1» compo-
sition (vindemia est expliqué par tinum
demere, laudemia par laudem emere, acheter
le consentement du seigneur pour aliéner un
bien). Je crois que ange ou enge dans les mots
fr. laidange, mélange, vidange, louange, vfr.
lavange, haenge (haine), coiislange (frais),
doit avoir une autre source; pourquoi ne
serait-ce pas le suffixe germanique ing (équi-
valent do ange), particulièrement propre à
l'anglais et au néerlandais (en moy. ni. sous
la forme inghe) et remplacé par ung dans le
haut ail. actuel? Je ne fais qu'effleurer ici ce
sujet, qui appartient plutôt à la grammaire
historique
1. LOUCHE, adj. (le vfr. disait au masc,
lois), prov, losc, flam. losch; du L. luscus,
borgne. — Chevallet, se formalisant sans
doute do la difl*érence de signification entre
louche et luscus (qui, cependant, ne peut
faire difficulté), s adresse à l'ail, lausclien,
auquel il prête la signification regarder de
côté, tandis qu'il signifie écouter. Ce qui ag-
grave cette erreur, c'est que l'auteur, tout
aussi malencontreusement, range sur la même
ligne l'ail, lauschen, le néerl. lonhen, r^ar-
der de côté, et l'angl. look askew, regarder
do travers. — D. loucher.
2. LOUCHE, grande cuiller pour servir le
potage, puis aussi, en agriculture, écuellc
pour répandre les engrais liquides. Génin
s'est à juste titre récrié contre l'omission de
ce mot « ancien, fort usité, légitime et néces-
saire «, dans le Dictionnaire de l'Académie.
Le mot louche (vfr. lotisse, wall. lose) est
rendu dans la latinité du moyen âge par lo-
chea; est-ce une transformation du L. coch-
lear, cuiller?
1. LOUCHET, hoyau, propre à fouir la
terre ; dérivé de vfr. louche, bêche, un homo-
nyme de louche, cuiller.
' 2. LOUCHET, petite cuiller, houlette. Nous
distinguons ce mot du précédent, vu la forme
dos objets qu'il désigne, laquelle nous engage
à y voir un diminutif de louche 2.
1 . LOUER, vfr. loer, donner ou prendre en
locafion, du L. locare, m. s. — D. louage
(d'où louageur), — Direct, du latin viennent
les mots savants location, -aJtif, -ataire; le dér.
L. locarium, prov. loguier, s'est francisé en
loyer.
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LOU
— 311 —
lUE
2. LOUER, donner des louanges, du L. lau-
dare. — D. louange (v. c. m.).
LOUP, vfr. Uu, du L. lupus; fém. louve,
du L. hipa. — D. loucat (cp. l'it. lupatto);
loiœet (couleur), louveteau, louveter, louve-
tier^ 'eterie.\oj. aussi, pour la loc. à la queue
leu leu, Tart. leu.
1. LOUPE, tumeur le plus souvent ronde
ou ovale, puis en terme d'optique, lentille à
deux faces convexes, esp. lupia et lobanillo,
à Coire luppa. La dérivation de L. litpa, bien
qu'irrégulière, est admise par Diez et rendue
probable non-seulement par le terme allemand
voolfs-geschwulst, litt. tumeur de loup, mais
parce que le mot fr. loup lui-même s'emploie
pour une sorte d'ulcère virulent qui vient aux
jambes. Cette dénomination n'est pas plus
étrange que celle du flegmon appelé /«roncZe,
pr. petit voleur. L'animal camivore a aussi
prêté son nom à une espèce de chenilles qui
rongent des boutons d'arbre. Notez encore le
dimin. louvet, dans le sens spécial : fièvre
avec tumeurs charbonneuses. — D. loupeux.
2. LOUPE, paresseux, «par allusion à celui
qui travaille à la loupe et qui, par conséquent,
ne va pas très vite » (Bescherelle et Littré) ;
étymologie bien forcée, me semble-t-il. — D.
louper, faire le paresseux.
LOUPER, voy. loupe 2.
LOUP-GAROU, voy. garou,
LOURD, prov. lort; malgré la différence
d'acception, cet acyectif, aussi bien que l'it.
lordo, lurido, livide, pâle, malpropre, sale,
vient du L. luridus, livide, jaune [(part, luri-
datus, sale, souillé). Non seulement il s'est
dégagé de l'acception classique, dans la latinité
du moyen âge, l'acception de sale, mais aussi
celle de pourri, purulent. Les gloses de Rha-
banus traduisent en effet luridus par l'ail,
fui. Or, du sens physique pourri au sens mo-
ral stolidus, stupidus, pesant, la transition
est naturelle. Elle se rencontre plus d'une
fois; nous citerons d'abord l'ail, fiïl (auj.
faul), que nous venons de mentionner et qui
signifie à la fois pourri et paresseux (la forme
flam. correspondante vuil veut dire sale).
Le wallon pourri s'emploie également pour
paresseux. La filiation : livide, malpropre,
pourri, paresseux, pesant d'esprit, n'a donc
rien qui puisse infirmer l'étymologie luri^
dus ; mais ce qui est plus extraordinaire, c'est
de voir le sens physique « pesant » se déduire
de l'acception morale pesant d'esprit, transi-
tion rare dans la langue. — D'autres ont rap
porté lourd, it. lordo, au L. horridus, vfr.
ort, it. ordo, sale, en expliquant l'initiale l
par l'agglutination de l'article. Mais cette
agglutination de l'article, dans un adjectif,
serait un fait presque isolé (on la suppose
encore dans it. lasso, du L. acidus). —
D. lourdaud, lourdeur, lourderie, verbe fac-
titif a/ourrfir, Cps. balourd (v. c. m.).
LOURB, anc. = musette, de là le sens ac-
tuel « espèce de danse grave w. Diez le fait
venir du nord, lûdr, dan. lour, flûte de ber-
ger. — Littré propose L. lura, outre, sacoche,
bourse, d'où le sens musette découle naturel-
lement. D'autres ont songé à lyra ; manière
de voir qui n'est pas aussi contraire à la lettre
(cp. bourse de /iûoTïj) qu'au sens. — Godefroy
observe que dans les pays de Bray et de Caus,
loure signifie flûte, flageolet. — D. le terme
de musique lourer.
LOUSTIC, de l'ail, lustiff,g&ï.
LOUTRE; l'étym. généralement admise, lat.
liUra, m. s , quoiqu'elle paraisse toute natu-
relle, est fautive ; luira, d'après les règles, se
fût francisé par leure, ** La conservation du
t, observe Paris (Rom., X, 42), indique que
loutre provient soit d'un type luttra qui n'est
pas attesté, soit de Tall. otter, ce qui est plus
probable. Le Berri possède la forme régulière
leure (et aussi loure). *•
LOUVE, L. lupa, 1. louve, 2. prostituée.
— Le mot fr. signifie aussi, par comparaison
avec la morsure de la louve, un outil de fer
qu'on place dans* un trou fait exprès à une
pierre et qui sert À l'enlever; de U le verbe
louver,
LOUVET, LOUVETER, etc., sojjoup.
LOUVOTER; les uns rattachent ce terme à
loum, donc pr. marcher à la manière des
loups ; d'autres allèguent l'angl. laveer, ail.
laviren, m, s. Une troisième opinit>n déduit
louvoyer de louver, m. s., qui serait issu du
subst. lof (v. c. m.), partie du vaisseau qui est
au vent. Je tiens avec Diez cette dernière pour
la plus raisonnable.
LOVE, dans «< love de savon n, de l'angl,
loaf pain, cp. l'expression « pain de sucre •,
LOVELAGE, nom du héros du roman de Ri
chardson •« Clarisse Harlowe » .
LOTAL, voy. loi, ^- D, loyauté; opp. dé
loyal,
LOYER, voy. louer l.
LUBIE, fantaisie impertinente, caprice ex-
travagant, d'un type latin lubia p. lubido,
LUBIN, poisson, aussi nommé loup de mer ;
comme l'it. Inpazzo, dér. de lupus,
LUBRIQUE, vfr. lubre; du L. lubricus,
glissant, qui au moyen âge a pris la valeur do
lascif (l'ail, schlupfrig réunit également les
deux acceptions). — D. lubricité, L. lubricitas.
LUCARNE, selon Diez, du L. lucerna, lan-
terne, transformé de bonne heure en lucarna
(d'où goth. lukarn); Littré, en présence des
anciennes formes luquenne, lucane, explique
le mot par lucanus, dér. de luw, lumière ; les
finales donnent lieu à objection et j'aimerais
tout autant recourir à l'ail. luc?te, luhe,
ouverture et particulièrement lucarne (môme
mot que liicke, lacune).
LUCIDE, L. lucidus; le fr. ne s'emploie
qu'au sens figuré. — D, lucidité.
LUCRE, L. lucrum; acy. lucratif, L. lucra-
tivus.
LUETTE, p. uette (par l'agglutination de
l'article). Uette est le dimin. du L. uva «» l.
raisin, 2. luette. L'italien a la forme diminu-
tive ugola, p. uvola,
LUEUR, prov. lugor, v. it. lucore, dérivé
du verbe lucere, luire; un subst. L. lucor est
admissible, d'après l'analogie de L. putor (vfr.
pueur), de putere.
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LUS
— 312 —
LUT
LUGUBRE, L. luffitbrU (lugcre).
LUI, cas oblique de il; d'une forme compo-
sée ill-uic (voy.Dicz, Gramm.,2« éd., II, 76).
LUIRE, du L. hicrre p. lucrre, A la forme
verbale de la 2® conjug. latine répond vfr.
lidsir; cp. le même dualisme de forme dans
les verbes placere, tacere,jacerc, licere, fran-
cisés à la fois par plaisir^ taisir, gésir ^ loisir
et liSiT plaire, taire, gire , loire".
LUMBAGO, L. lumbago (lumbus).
LUMIERE, prov. lumneira, liimeira, du
BL. luminaria (lumen) = lucema.
LUMIGNON, mèche, n*a rien à faire avec
L. lumen. Les formes anciennes sont limi-
gnon, lemignon; pour le changement de i en
H, cp. fumier p. femier, chalumeau p. chale-
mel, etc. Parmi les nombreuses formes sous
lesquelles le gr. iUùyyiov (lat. ellychnium)
s est communiqué à la latinité du moyen âge,
on trouve licimen, lictnen, que je tiens pour
le primitif de lanc. limignon. Pour plus de
détails, voy. mon art. Rom., IV, 460 (fauti-
vement attribué à M. Cornu dans le Supplé-
ment de Littré).
LUMINAIRE, L. luminar (lumen).
LUMINEUX, L. luminosus (lumen).
LUNDI, it. lunedi, du L. Lunœ dies; en
prov. diluns, dilus = dies Lunse.
LUNE, L. luna{p. hic-na). — D. lunaire,
L. lunaris; lunaison ; lunatique (vfr. lunage),
L. lunaticus (pr. soumis à l'influence de la
lune); lunel,t. de blason; luneite{s. c. m.),
lunule.
LUNETTE, pr. petite lune; comme terme
d'architecture, = petites ouvertures réservées
|X)ur donner du jour, ainsi nommées parce
qu'elles remplissent en quelque sorte les fonc-
tions de la lune; le terme d'optique se raji-
porte à la forme des verres, « a circulis vi-
treis veluti lunuRs duabus •• (Sylviusj. —
D, lunettier.
LUPIN, L. lupinum (lupus; cp. l'expr. ail.
toolfsbohne). — D. lupinelle.
LURON. Quel est le véritable sens de ce mot ?
On l'emploie tantôt pour homme joyeux, gri-
vois, bon vivant, tantôt pour homme vigou-
reux, déterminé. L'étym. qui m'attii*e le plus,
c'est Tall. luder, dont le sens primordial d'ap-
pât (de là fr. leurre, angl. lure) a engendré
celui de charogne, chose vile, etc., et qui
s'emploie aussi comme t. d'injure dans un
sens i"épondant aux diverses acceptions fran-
çaises de luron. — On a aussi en ail. le subst.
laue)' (anc. h'cr), coquin. — Partant du sens
« leste, agile, déterminé, qui no s'embarrase de
rien », Génin, se prévalant do l'anc. ortho-
graphe leuron et de l'identité de u et r, inter-
prète le mot par levron, petit lévrier. — Pour
ne rien omettre, disons qu'on l'a expliqué en
dernier lieu parle morvandeau lu7'on, leuron,
lureau, bélier et au fig. luron, godelureau,
qui, à son tour, est ramené à un mot germa-
nique dont la trace est conservée par le poly-
ptyque d'Irminon : le^ir, learis (bélier). Voy.
Uevuo critique, 1880, 2« sem., p. 93.
1. LUSTRE, espace de cinq ans, L. lus-
trum.
2. LUSTRE, subst. du verbe lustrer (y. cm.).
LUSTRER, L. lustrare, éclairer, rendre
clair, luisant. — D. lustre, l. éclat, 2. chan-
delier susj)endu ; lustrine.
LUT. L. lutum, limon. — D. lutcr,
LUTH, vfr. leict, prov. lafd, it. liûto, leiUo,
csp. laud, port, alaùd, ail laute; de l'arabe
aViid, m. s., pr. objet en bois. L'étymologie
fondée .sur l'ail, laut, son, ou goth. liuthôn,
chanter au son de la harpe, pèche contre les
règles phonologiques. — D. luthier.
LUTIN, vfr luiton ; dans les pays wallons
on rencontre fréquemment la forme nuiton,
nutnn. Citons en premier lieu Grandgagnagc :
•• L'étymologie de ce mot est fort controver-
sée. Selon Roquefort, le vfr. luidon fsic; est
dit pour nuicton, et vient de nuit. L'auteur
des Wallonnades (J. Grandgagnage, oncle du
philologue), qui considère nuton comme la
forme normale, est à plus forte raison de cette
opinion : «* nutons, noctis homines; la nuit se
•» dit encore nuUe dans plusieurs de nospat4)is
« wallons n . A cela, il y a deux diflSciiltés :
d abord. Ut forme lûton,lutin est prédominante,
en môme temps qu'elle est exempte de suspi-
cion, tandis que celle en n peut avoir été pro-
duite précisément par l'influence du mot mtil;
puis le u de nute est bref, tandis que celui
de lùton ou mïton est long ou moyen. — NVl
et Charpentier dérivent notre mot du lat. lue-
tari, lutter. Enfin Grimm dit que le lutin ou
lùton vient peut-être du L. luctus, le sens ver-
bal étant esprit plaintif, messager de deuil-
Une étymologie qui se rapprocherait davan-
tage do la tradition serait celle du vha. Hitt,
peuple, gens; cp. la dénomination lusaciennc
ludki, les petites gens, de lud = vha lixd.
Mais le plus vraisemblable selon nous est que
lùton, lutin vient du vieux bas-saxon hutil,
ags. lytel, angl. little, v. flam. luttel, îiiteh
etc., = j)etit. » — Diez laisse la question
indécise; il remarque que la dérivation de
nuit n'oflre, pour mdton, aucune diflîeuU»1
sérieuse, mais que l'on no se rend pas compte
comment, au mot intelligible nuiton, on a pu
substituer luiton, dont le sens étymologique
était par là tout à fait eflacé. — Sans vouloir
nous prononcer pour aucune des étymologrics
rapportées ci-dessus ''auxquelles il faut encoiv
ajouter celle de Frisch, qui remonte au vha.
hîùt, auj laut, bruit, son), nous répondrons
à l'objection de Diez que le vfr. s'est égale-
ment plu, au détriment de la clarté, c'est-à-
dire du rapport sensible avec le sens du pri-
mitif, à transformer le verbe nomer,noHmer,
nommer en lomer, loumer, lommer, formes
usuelles en wallon et dans le Poitou. — D-
luli)iei\
LUTRIN, anc. letHn, luitrin, du BL.lcctri-
num, dérivé de lectrum(\Ur{iov\ pupitre pour
lire, « analogium. super quo legitur " (Isid.).
Cp. le flam. lessenaer, lutrin, de less = L.
lectio; wall. Icseni (Geste de Liège, lachenier)
litt. = Icçonnier, de leçon, L. lectio. — I-a
vieille langue avait, de la même façon, fait du
subst. participial lecta, action de lire, Icsubt
luitc, lecture.
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MAC
— 313
MAC
LUTTE, vfr. luUe, lotte, diiL. hicta; verbe
huter, vfr. hntei\ dn L. htclari.
LUXE, L. luxus. — D, lu.viieux, L.liixuo
sus.
LUXER, L. 7itxare{gv. loçoOv). déboîter, dis-
loquer; d'où luxation, L. luxatio.
LUXURE, L. hixitria (luxus) — D. luxu-
rieux, L. -osus; Juxuriei\ L. -ari; luxm'iant,
luxuriance.
LUZERNE, n. pr. lauzei'do; ehamp. lusette,
ivraie, Berry luset, gesse sans feuilles. D'ori-
gine inconnue.
LYCEE, du gr. iu/iîov, nom d'un gymnase
célèbre près d'Athènes, consacré à Apollon
Lycicn,e\oi\ Aristote enseignait la philosophie.
LYCOPODE, picd-de-loup, BL. li/cojiodium
(y-j^oz, loup + W'yû;, îTo^o;, pied).
LYMPHE, L. lympha, eau. — D. lympha-
tique, L. lymphaticus.
LYNX, it., esp. lince, du L. lynx{).ù/^) ; cp.
ail. luchs, angl. lox.
LYRE, L. lyra (iû^sa, instrument à cordes).
— D. lyrique, L. lyricus ()ust/.oi); lyrisme,
grec juptiuLo;.
M
MA, fém. de mon, du L. mea.
MACABRE (dansé), do chorea Machabœo-
rum. — Nous ne dirons ici sur l'étymologio
de ce terme que le fait qu'en vfr. , la forme
Macabi'c' = Machahée se rencontre dès le
XII* siècle.
MACADAM, du nom de l'inventeur (mort en
1835). — D. macadamiser.
MACARON, de l'it. macarone, plur. maca-
roni. L'origine de ce mot n'est pas encore
éclaircie. En attendant, on a mis en avant
macco, bouillie de fèves pilées, qui ne con-
vient nullement; puis le gr. jjLocAocfitu, pr. béa-
titude, cité dans Hesychius comme désignant
jipûfir U ^vfiàû X3fi ài^jfrwv, mets fait do bouil-
lon, et de farine (d'après Curtius, iiTorxx^h, en
tant que nom d'un mets, tient au verbe
fixtiitv, pétrir). La composition de la pâtisse-
rie qui actuellement porte le nom de macaron
ne répond plus à cette définition, mais bien
cefle dite macaroni ; la dénomination « béati-
tude (cp. le terme beatilles), réjouissance »
leur conviendrait assez bien. — Citons encore
Liebrecht (Jahrbuch, XIII, 230;, qui dérive
notre mot de/ii/aos;, les bienheureux; le repas
funèbre en l'honneur des morts s'appelle encore
aujourd'hui fixxvpix ; les macchcroni ou ma-
caroni en formaient le principal élément ; de
là leur nom. — D'où vient le nom de macaro-
nées ou des vers macaroniques f Etaient-ce
des pièces devant servir d'assaisonnement aux
macaronis? Ou les a-t-on nommés ainsi à
cause de leur facture bigarrée à la façon du
mets favori des Italiens? C'est ce qui est le
plus probable. Ce qui est acquis, c'est que Mer-
lin Coccaie (Théophile Folengo) est, s'il n'en
est l'inventeur, du moins le premier qui ait
cultivé avec succès la poésie macaronique et
qu'il lui a donné ce nom en composant son
fameux poème « Macaronea ». D'après lui,
la poésie macaronique « nilnisi grassedinem,
niditatem et vocabulazzos in se débet conti-
nere ». Littré remarque que le caractère plai-
sant, dans le populaire de plusieurs pays, a
été désigné par le nom do l'aliment favori do
la nation; que les Italiens appellent les
plaisants do cette espèce macaroni; les Fraii-
çai.5, Jean FaHne; les Anglais, /ac^tcc* Pou-
dings.
MACARONÉE, -ONI, -ONIQUE, voy. l'art,
préc.
MACÉDOINE. « Ce mot, dit Ch. Nodier,
s'est probablement employé d'abord en parlant
d'un mets très composé, par quelque allusion
à cette variété incroyable de peuples aux-
quels Philippe et Alexandre firent subir les
lois de la Macédoine et dont on remarqua les
vêtements divers et confus dans les armées do
ce dernier. Il n'y a point d'expression plus
heureusement figurée au sujet de certains
livres. » C'est làtout bonnement une supposi-
tion en attendant que l'on ait découvert les
circonstances dans lesquelles le mot a en pre-
mier lieu été revêtu de .sa signification ac-
tuelle. La date do cette signification n'est en
tout cas pas très reculée. Il se pourrait bien
qu'elle fût due au langage C/ulinaire de quelque
Vatel français.
MACERER, L. macerare,
MACHE, plante potagère dont on mange
les feuilles en salade; prob. àcmàchei'.
MACHECOULIS ou MÂCHICOULIS. D'après
l'Académie : 1. galeries établies à la partie
supérieure des fortifications anciennes, et
dans lesquelles sont pratiquées des ouver-
tures pour voir et défendre immédiatement lo
pied des ouwages, 2. ces ouvertures mêmes.
Huet explique lo mot par machine-coulis,
cola n'est pas sérieux ; Le Duchat, \^Q,r magna
gula, autre plaisanterie. Mieux vaut l'opi-
nion de Bonifacc : « Mâche-coulis est une cor-
ruption de masse-coulis, espèce de couloir de
galerie, d'allée, de passage, ])our aller à cou-
vert autour d'un bâtiment, d'une tour. C'est
de cette galerie saillante que les assiégés, pro-
tégés par les {larapets, faisaient pleuvoir des
pierres, des masses, etc., sur les assiégeants.
Comme on trouve aussi musse-coulis on pour-
rait faire dériver ce mot de l'ancien verbe
musser, muchei\ cacher. » — Dans Pals-
grave, je trouve : / magecoUe (Lydgate), I
make falsc brayes about a towne wall, je ma-
checoulle. Le grammairien anglais ajoute que
Lydgate a emprunté magecolle dn fr. mache-
coulys, = false bray, mais que les Français
n'emploient pas le verbe mach^ouller. Los
dictionnaires anglais donnent encore le subst.
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MAC
— 3i4
MAC
machicolcUion avec la définition : in old
castles the pouringof hot substances through
apertiires upon assailants. Cette définition
cache une interprétation étymologique. Lpa
deuxième partie, cotation, peut être rapportée
à L. coJatio de coiare, couler, verser; quanta
mâche, il parait désigner soit des substance?
pilées (pierres, mortier), soit des blocs, et
dériver ainsi du verbe macqtier, broyer (v.
c. m.).
MACHEFER, scorie qui sort du fer à la
forge quand on le bat, voy. macquer. — Au
sens de fanfaron, le mot se rapporte au verbe
mâcher. Cp. l'it. mangiaferro, ail. eisenfres-
set'.
BIACHELIER, du vfr. machelle = L, ma-
ccilla, mâchoire.
MACHER, mascher, prov. mcategar, mas-
char, es^.^^Ti. masticar, mastigar, mascar,
du L. masticare (de mandere par un supin
mastum). — D. mâche, mâchicatoire, p. mas-
ticatoire; mâchoire (v. c, m.); mâchonner,
mâchotter, Cps. mâchedru, bon mangeur.
MACHINE, L. machina (fiiiyav-^). — D. ma-
chiner, L. mîichinari, inventer qqch. d'in-
génieux, méditer qqch, de mol {d'où machina-
tion, machinateur et machineur, mot em-
ployé par Lafontaine) ; machinal, L. machina-
lis ; m,achinerie, machiniste, -ismc.
MACHOIRE, de mâcher (cp. nageoire de
nager). Les mots équivalents it. masceUa,
vfr. machelle (d'où dent mâchelière, L. dens
maxillaris), et prov. maisseUa viennent du L.
mcusilla, transposé en mascilîa.
MACHURE, marque laissée par une pres-
sion, meurtrissure, tâche, voy. l'art, masque.
— D. mâcJiurer, vfr. mascurer, masqueler,
souiller, tacher.
MACIS, écorce intérieure de la noix mus-
cade, du L. macis, écorce aromatique.
1 . MACLE, t. de blason, losange percé à
jour par le milieu, prob. de macula, maille.
2. MACLE, t. de cristallographie; àomacle
I , par assimilation do forme ?
3. MACLEy châtaigne d'eau, de L. macula,
tache? On dit aus.si macre.
MACLER, t. de verrerie, remuer le verre
fondu, p. mascler, du L. misculare, voy.
mêler ; a p. e ne fait pas difficulté en syllabe
protonique.
MAÇON, prov. masso, BL. machio, modo.
Isidore, sans aucune probabilité, a dit : ma-
chinnes dicti a machinis quibus insistunt
propter altitudinem parietum. Huet, moins
heureux encore, propose une dérivation du
vfr. mas, maison; le maçon serait un faiseur de
maisons. L'origine la plus naturelle en appa-
rence est celle de Tall. metz (steinmetz , tailleur
de pierre), vha. mezzo, meizzo, cp. goth. mai'
tan, tailler, ail. mod. meisseln, ciseler. Toute-
fois, Dii'Z objecte deux circonstances; d'abord,
le mot étant cité par Isidore, il y a peu de
présomption en faveur d'une provenance ger-
manique; ensuite, la forme BL. machio ne
s'accorde pas avec les vocables germaniques
en question. Il incline vers une étymologie
déjà mentionnée par Ducange, d'après la-
quelle wacio serait tiré du BL. m^rcio, m.
s. ; il allègue à cet effet, pour la syncope
delV. l'esp. macho, marteau, du L. marcu-
lus. Quant à marcio, le philologue allemand
y voit un dérivé du L. marcus, marteau (cp.
tabellio do tabella). Pour le rapport littéral
entre machio et macio, il cit« le vfr. hraod
(d'où bracelet), du L. brachiale. — Nous ne
pensons pas que les objections de Diez contre
l'extraction germanique soient concluantes.
Ducange cite plusieurs passages fort anciens
où il est fait emploi de mattio, qui doit étic
antérieur aux formes macio et machio, et qui
se déduit très bien des radicaux germaniques.
— La latinité du moyen âge présente encore
le vocable maceria avec la signification de
mur de clôture (de là le vfr. maisière). On ne
peut guère douter du rapport de ce mot avec
mojcio. Or, comme on trouve également ma-
ceria, bois de construction, au lieu de maJte-
ria, on est peut-être autorisé à ramener le
maceria, mur, et partant aussi son primitif
immédiat macio, également à un radical mat.
— D. maçonner, maçonnerie, maçonnique.
MACQUE, instrument pour briser le chan-
vre, subst. du verbe macqtier, voy. l'art,
suiv.
MACQUER, briser le chanvre. Ce verbe,
d'après Diez, est de la même famille que lit.
maccare (composé s-maccare), esp, macar,
prov. macar, machar, fouler, concasser. D ic-
fenbach range ces verbes sous une racine mac,
frapper, meurtrir, fort répandue dans les lan-
gues indo-germaniques et à laquelle il rat-
tache aussi le vfr. maquelette, petite massue,
maillet, le goth.tn«^i,épée, — ags.mâki,eic.,
gr. fjLàxnooi. — Gachet porte l'attentionen oiUre
sur le subst. moque, masse d'armes, qui, en
Hainaut, signifie un bâton muni d'une boule
au bout, donc une petite massue, T^rnsmacque,
la partie du fiéau qui frappe le blé; vnaquet,
instrument de bois avec lequel on chasse la
boule appelée choulet; enfin, moca, nom du
martinet dans les usines métallurgiques. En
vfr. macque signifie le gros bout d'un bâton;
c'est de là qu'on a fait maquelotte, m. s. —
Grandgagnage, traitant le mot wallon mahe,
tête d'épingle ou d'un autre petit objet (dim.
makéte, tête, pommeau, verbe maker, dim.
maketer), rappelle également les études de
Diefenbach sur la racine mac, frapper ; tou-
tefois, il pense que les verbes romans cités
plus haut pourraient bien être rapportés au
L. mactare (ctedere, ferire), lequel, au moyen
âge, s employait effectivement dans le sens de
diffringere, in massam contundere. Le mot
roman, dit-il, représenterait le primitif di»
mactare; cp. pour ce primitif macare, outre
le gr. fiàxi's^'>it déjà cité parDoederlein, l'anc.
scandin. moka, dan. woAAe (tailler, hacher).
Cette savante conjecture soulève de graves
difficultés. — Le wall. mahe, vfr. maquet,
foule, amas, it. macco, macca, abondance,
viennent aussi de notre verbe macquer, comme
foule de fouler, Caix explique it. macca par
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MÂG
— 318 —
MÀG
le vha manac, beaucoup (d'où fr. maint, v.
pi. loin) ; cela n'est pas sontenable.
MAGRE, voy. macle 3.
MAGRELLE, poule dcau (Nicot a ma-
croule) ; macreuse, maerouse\ canard de mer,
de couleur noire; prob. de la même origine
que tnaquercau, à cause de la bigarrure du
plumage.
MAGULE (mot savant), L. macula, tacbe.
— D. maculer, L. tnaculare, d'où macuJation^
-ature, immaculé, — Le même vocable latin
s'est régulièrement francisé en mailU (v. c. m.).
MADIER, t. de marine, pièce de bois, est
le même mot que madrier.
MADONE, de l'it. ma domina, = ma dame.
MADRAGUE, pêcherie faite de câbles et de
filets pour pi'endre les thons ; esp. almadraba,
qui vient de l'arabe almazraha^ enceinte de
filets pour prendre les thons (du verbe zaraba^
enclore).
MADRAS, nom d'une étofTe provenant de la
ville de Madras, dans l'Inde.
MADRE, cœur et racine des différents bois
servant à faire des vases à boire; puis vase à
boire en général; du vha. masar, nœud ou
veines dans le bois, nha. ma^er, bois madré.
Cp. ladre de lazanis. — D. madré, tacheté
de diverses couleui's ; m-odrure.
MADRÉ, de madré (v. c. m.). — Le sens
figuré de madré, fin, rusé, découle naturelle-
ment de celui de varié en couleur, cp. en
L. variiis animus = esprit fécond en res-
sources, et en gr. TaUiXoi, multicolore et
adroit, rusé.
MADRÉPORE, famille de polypes, de l'it.
madrepora (d'après Littré, de madré, mère,
-|- nûpoi, pierre).
MADRIER, en t. de marine madier, planche
de chêne fort épaisse, dér. du L. mofena (esp.
modéra), bois de charpente.
MADRIGAL, it. madrigale, anc. madHale,
mandriale, v. esp. mandriaX; d'après Diez, do
MANDRiA = L. mandra, troupeau. Le mot
exprimerait donc en premier lieu une chan-
son pastorale. Cette étymologie vaut à coup
sur mieux que celles qui font venir le mot
soit de Madrid, ou de l'esp . madrugar, se
lever matin, et qui ne méritent aucune at-
tention. L'opinion de Huet ofTre plus d'inté-
rêt, mais tout aussi peu de vraisemblance ; il
dérive le mot de martegcUes; et les marte-
gales, dit-il, ont pris leur nom-de martegaux,
peuples montagnards de Provence. Toutes ces
étymologies sont d'ailleurs rendus suspectes
depuis la découverte d'un text« latin du
XIV* siècle qui ofire la forme ma/na/ia, espèce
de composition musicale,
MAÎSTRAL. voy. mistral,
MAFLÉ, MAFLU ; étymologie inconnue;
paraît être une simple variété du rouchi m/)u-
flu et de mouflard (v. c. m.); cp. esp. mo-
fletes, grosses joues.
MAGASIN, it. magazzino, esp. magacen,
almagctcen, almacen, port, armazem; de
l'arabe machzeti, machazen, dépôt de mar-
chandises.
MAGE, L. magus, — D. magie, L. magia
ifjivyil'r), magique, magicien,
MAGISTBR, mot latin (voy. maître), — D.
magistère, L. magisterium ^vfr. maistire) ;
magistral, L. magistralis; magistrat, L. ma-
gistratiis, d'où magistrature.
MAGNAN, dénomination usuelle du ver à
soie dans le midi de la France ; d'origine in-
connue ; pour le radical mag, cp. cymr. macai,
angl. maggot, ver, mite. — D. magnanier,
magnanerie.
MAGNANIME, L. magnanimus; cp. ail.
grossmiUhig, grossliersig, — D. magnani-
mité, L. magnani mitas.
BIAGNAT, L. tnagnas, -atis, grand sei-
gneur,
MAGNÉSIE, nom d'une terre, ou plus exac-
tement, l'oxyde d'un métal appelé magnésium.
Quant à ce dernier, je ne me prononcerai pas
sur l'opinion de ceux qui le font venir du
L. magnes, aimant, le magnésium ayant la
propriété de happer à la langue, comme l'ai-
mant a celle d'attirer le fer.
MAGNÉTIQUE, adj. formé du L. magnes,
-etis (fià'/'frii), aimant. Quant à fiii,vrt;, les
anciens ont pensé, les uns qu'il venait d'un
nommé Magnus, qui aurait découvert ce
minéral (Pline), les autres de la ville de Ma-
gnésie (Lucrèce). — D. magnétisme, magné-
tiser.
MAGNIER, chaudronnier ambulant fdans
les dialectes); aussi vfr. magnan, maignan,
wall. mignon. Etymologie inconnue. En it.
magtiano signifie serrurier.
MAGNIFIQUE, L. magnificus.-^ D. magni-
ficence, L magnificentia ; magnifier, L. ma-
gniticare (d'où le -chant dit Magnificat, pre-
mier mot du chant).
MAGNOLIA, MAGNOLIER, arbre nommé
d'après Pierre Magnai, botaniste mort en
1715. Le fruit s'appelle magnole,
1 . MAGOT, gros singe, au fig. homme fort
laid, figure grotesque. Voici les étymologies
que l'on a mises en avant : 1 . Magodiis, per-
sonnage du théâtre des anciens, qui remplis-
sait les rôles d'hommes et de femmes et qui
est mentionné dans Athénée. 2. L. mimus,
grimacier ; on devine que nous avons afiaire
ici à Ménage, qui, de ce type, apparemment si
éloigné, vous construit avec le plus grand
sang-froid un magot au moyen des échelons
m,imicus, mimacus, macus, macuttus et
magottus! 3. L. maccus, acteur qui joue les
rôles de niais, arlequin, bouflbn (dans les
Atellanes), puis nom commun = niais, imbé-
éile. 4. L. imago. En voilà assez, de sottises
gravement débitées. — Nous laisserons pni-
demment la question indécise.
2. MAGOT, amas d'argent caché, anc, =
poche, le même mot que vfr. magaut, BL,
magaldus, poche, bourse, besace. Mais d'où
vient ce dernier? On n'oserait songer au vha.
mago, ail. mod. magen, estomac, bien que
l'estomac puisse fort bien être comparé à une
poche. Et cependant, je crois pouvoir mainte-
nir cette conjecture, depuis que j'ai vu, sur
cette relation d'idée entre estomac, poche,
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MAI
— 316
MAI
bourse, monceau, les nombreux exemples
tirés des dialectes italiens et réunis à propos
du mot magon par Mussafia (Heitraj? zur
Kundo der Nord-Ital. Mundarten, p. 70). —
Grandgagnage voit dans mayot une altération
du yiv.mugot (encore dans La Fontaine), trésor
caché, lequel est prob. dérivé de l'ags. mueg,
muga, BL. tnuga, mugium, monceau, tas.
« Si le fr. magots dit le philologue liégeois,
n'a pas l'origine que nous venons de dire,
sans doute qu'il vient alors du souabo maitke,
lieu où les enfants cachent leurs friandises,
bavarois tnaucken épargne secrète en ar-
gent, fruits, etc., et môme cette dérivation
resterait vraisemblable (seulement dans ce
cas en tant que médiate), si Ton tirait directe-
ment magot du vfr. macaui^ magaut, c,-à^d.
que ce dernier paraîtrait aussi être dérivé de
mauke^ etc. » [Ce mot allemand maiike se
rattache, ainsi que meiic/wJn, agir en cachette,
à une racine muh, mitch, qui pourrait bien
être aussi celle du vfr. muchier^ wallon muchi,
nfr. musser, cacher (v. c. m.) L'explication do
magot t .soit par mugot, soit par l'ail, maukc,
n'est d'ailleurs pas .sans difficulté.
MAT, 1. nom de mois, 2. arbre planté le
1" de ce mois; du L. majus.
MAIE (dans les dial. inait, met), auge pour
pétrir la pâte, fond d'un pressoir, prov. mag,
n. prov. mach, mait, du L. )tiagis, -idis,
va.<e à pétrir, huche, pétrin.
1. MAIGRE, adj., du L. macei\ fém.
macra. — D. maigreur, L. macror; maigHr,
L. niacrescere; maigret, maigrelet.
2. MAIGRE, vfr. maigue, nom de poisson ;
étym. inconnue; Ducange cite maigiie, piscis
rcgius.
MAIL, it. , esp. , port, maglio, espèce de mar-
teau, puis nom d'un jeu où l'on se sert d'un
mail. Du L.maîieiis, marteau. — D. maiîîe?;
battre; maillet, mailloche.
\ . MAILLE, it., esp. »/m^/ia. , petit anneau
ou nœud dont plusieurs font un tissu ; surtout
aussi les annelcts de fer dont on faisait des
armures, d'où le terme cotte de mailles. Du L.
macula, qui signifiait 1. tache, marque (voy.
macule), 2. ouverture pratiquée avec art dans
les choses tricotées ou tissées. Le .»«ens pre-
mier « tache » est encore propre au mot fr.
dans quelques applications, comme •* maille
à l'rpil, mailles de perdreau ». — D. mailler,
d'où maillure (mouchetures sur le plumage
des oiseaux), maillon, chaînon; maillicr,
chainetier ; maillot, espèce de réseau ou de
tricot, dont on enveloppe un petit enfant.
2. MAILLE, vfr. maaillc, petite monnaie
valant un demi -denier, pour méaille, qui
vient, par syncope, de médaille {v. c. m.); en
v. port, mcalha, prov. mealja. De là les locu-
tions « maille à partir; n'avoir ni sou ni
maille ».
MAILLET, -OCHE. voy. mail. — D. 7)iail'
letfT.
MAILLON, voy. maille 1 .
MAILLOT, voy. maille 1. — D. emmaillo-
ter, démaillotcr,
MAILLURE, vov. maille 1.
1. MAIN, L.manu^. — D. menotte, manette;
verbe tnatuer et subst. manière; comp.isc
maintenir (voy. ces mots).
2. 'MAIN, adv., voy. s. matin.
MAIN-D'ŒUVRE, tournure étrange qui,
logiquement, serait mieux rendue pr « œu-
vre de main » ; faut-il lui donner le s^mis
« travail de façon » (main étant pris fig. pour
travail), ou bien y voir une expression malen-
contreusement forgée d'après manœuvre (v.c.
m.)? .l'incline vers cette dernière explication.
MAINMORTE, de main, au sens de. puis-
sance, droit de tester, d'aliéner, et de moH
= amorti, sans force.
MAINE, poignée (Molière), du BL. matma,
manipulus.
MAINT, prov. maint, mant, it. manto, —
multus. Les étymologistes hésitent entre
cymr. maint, multitude, . grandeur (cp.
troppo, de truppus) et le subst. vha. ma-
nagùti, néerl. menigte, multitude, ou l'adj.
vha. tnan-ag, nha. manch. Dans la sup
position d'une extraction germanique, ce
serait à la forme adjectivale neutre managa:,
managat, qu'il faudrait rapporter directement
le vocable fr. tnaint. Au mot allemand mauch
correspond encore le néerl. menig, aps.
màneg, angl. mang. Langensiepen , {)eu
satisfait des étymologies ci-dessus produites,
a émis une conjecture aussi bizarre que liar-
die, en tirant nmint du L. humanitus. En ce
qui concerne le sens, maint dirait propre-
ment <* humainement », et de là se dégagerait
l'idée « communément, souvent » ; maint
homme serait ainsi = souvent un homme;
poui* la transformation d'un adverbe en adjec-
tif, il allègue les adjectifs tite et a/^te; enfin,
quant au rapport littéral de humanitus à
tnaint, ou plus exactement, pour l'aplu'Kîso
de la syllabe initiale, il rappelle moite de
humectus (?). Nous ne présageons pas grand
succès à cette trop ingénieuse étymologie.
MAINTENANT, voy. l'art, suiv.
MAINTENIR, pr. t<?nir en main, ne p:i5
lâcher, de lA les subst. maintien, maintaïue
(et avec une physionomie plus .savante, manu-
tention), puis l'expression adverbiale mainte-
nant, it. im-mantenente, jadis équivalente à
incontinent, .^ur-lo-champ (le sens litténil e^t
« pendant qu'on tient la main, qu'on a le<
choses en main, qu'on est après -). C«^tte
valeur littérale de maintenant implique aussi
bien l'actualité que la conséquence immédiate,
ce qui explique les doux sens : en ce moment
et aussitôt (sens ancien).
MAINTIEN, subst. verbal do maintenir,
donc pr. action do maititejur; notez la signi-
fication déduite « contenance, habitude du
corps en repos « .
MAIRAIN, voy. merrain.
MAIRE, du L. major, pr. plus grand, plus
important, principal; dans la latinité du moyeu
âge, appellation usuelle pour diverses fonctions
civiles et militaires. Ce mot lat. major, nom de
titre ou dignité, .s'est francisé de diverses ma-
nières : au nominatif maire, aux cas obliques
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MÂJ
— 317 —
MAL
major, majeur, maiour, niayeur, La langue
actuelle, à part l'adj. majeur ^ ne connaît phis
que le major et le maire. L'expression major-
dame est tirée tout d'une pièce du BL. majar
domus. — D. mairie,
MAIS, it. mai, ma, v. asp., port, mais, n.
csp., prov. mas, du L. magis. La signification
primordiale « plus, amplius *• est encore facile
à démêler dans les locutions « ne plus jamais »
= non amplius, désormais => dès mainte-
nant en avant (cp. dorénaoant), n'en pouvoir
mais. Dans le vieux langage et dans certains
patois, on emploie mais, p. plus, devant des
noms de nombre : mais de cent, p. plus de
cent. La valeur de m^iis comme conjonction
adversative lui vient du BL. sed magis p.
sed potius ; au lieu de sed magis ^ on a fini par
dire magis tout court. — L'ancienne langue
faisait grand usage do la conjonction mais
que, pourvu que, pour peu que. — Le goth.
inais, = plus, plutôt, auquel correspond
l'ail, mer, auj. mehr, n'est pas issu de^nagis,
comme le fr. mais, mais il appartient à la
même racine indo-germanique mag d'où pro-
che le mot latin.
HAIS, de mahis, mot haïtien.
MAISON, it. magione, prov. et v. csp.
maysoyi, v. port, meyson ; formes plus com-
plètes : prov., esp. mansion, it. mansione, vfr.
mansion; du L. mansionem (manere), séjour;
cp. demeure ^q demeurer. — D. dim. inaison-
nette; les vieux mots maisonnée, maisonner.
De maisonage, mais*nage, la vieille langue a
fait ménage (v. c. m.), gouvernement d'une
maison, économie domestique, aussi = mai-
sonnée, ensemble des personnes vivant dans
une maison. Un type latin mansionata, auquel
répond notre maisonnée, a produit par con-
traction les formes it. masnada, esp. mesnada,
menada, prov. mainada, vfr. maisnée, mais-
nie, famille, troupe, bande. — Enfin, c'est à
un rejeton de mansionata que se rattache
aussi le nom du chien dit mâtin (v. c. m.).
MAITRE, vfr. maïstrc, it. maestro, mastic,
esp. maestro, maestre, port, mestre, ail. mm-
ier, néerl. meestei', angl. master, du L. ma-
gister. Le mot maître est traité ac^ectivale-
ment avec le sens de principal dans mw'tre-
aiUei, maitrcsse-voùte, etc. — D. m-aitresse
(le L. domina avait le môme sens erotique
que notre mot français); j/iai'/rwc (suffixe wf;
lanc. langue disait, avec le suffixe ie, rnais-
tric) ; maîtriser, vfr. tnaistrier.
MAJESTÉ, L. majcstatcm. — D. majes-
tHf'.Hx, dérivation faite comme s'il existait un
L. majestus de la quatrième déclinaison; cp.
volujituetix, de volupté.
MAJEUR, L. mqjoi'em. Le sens juridiq4ie
est déduit de l'idée aîné, L. major natu. —
D. majorité, 1. état de celui qui est majeur,
2. le plus grand nombre ; majorât, BL. ma-
joratus, droit d'aînesse; verbe majorer,
augmenter.
MAJOR, titre d'officier, voy. maire.
MAJORDOME, voy. maire.
MAJORER, -ITÉ, voy. majeur.
MAJUSCULE, L. majusculus^ un peu plus
grand.
1. MAL, adj., L. màlurS. L'adj. mal â dis-
paru de la langue ; il n'en reste que des traces
dans quelques combinaisons traditionnelles,
telles que malaise, malgré (v. c. m.), maie-
heure, tiialebouc/ie , malencontre, malen-
gin, malfaçon, malemort, malefaim, maie-
peste, etc.; notez encore les noms de famille
Malherbe, Malesherbes, Malebranche, etc.
2. MAL, adv.. L. maie. En composition, où
il devient mau devant consonne (p. c. mau-
gré), il exprime souvent tout simplement la
négation du simple ; maladroit, malade (v. c.
m.), malpropre, etc.
3. MAL, subst., L. malum.
MALADE, vfr. malabde, it. malato, prov.
malapte, malaut (résolution commune de p
en h). Cet adjectif avait communément été
considéré comme représentant la combinaison
latine malc aptus. En effet, les mots fr.
ifuiisposé et ail. unpass , unpdsslich (du
verbe ^a:f5ô/i, m. s. que L.ap^a/'ô), offrent une
métaphore analogue. Cependant, le typo maie
aptus a été abandonné (voy. Cornu, Rom., III,
377 et Rônsch, Grober, Ztschr., I. 419) en
faveur de maie habitus = en mauvais état,
mal portant, locution constatée déjà dans la
bonne latinité et qui se prête parfiitoment
pour le sens et la lettre. — D. maladie
(Gacliet a recueilli dans son Glossaire un
subst. maladie au sens figuré d'embarras,
position critique) ; maladif; maia'lrerie, h(^pi-
tal de lépreux, p. maladeric (IV parait être
l'effet d'une assimilation à ladrerie, lèpre).
MALADROIT, voy. adroit, — D. mala-
dresse.
MALAISE, voy. aise.
MALANDRE, L. malandrium. — D. mal an-
dreux (se dit du bois dans lequel il y a des
nœuds pourris).
MALANDRIN, brigand, vagabond, it. mnlan-
drino; d'après Diez,p. ynal landrin; or, lan-
dHn est un dér. du mot roman lamlra,
slandra, coureuse, cp. n. prov. landrin, lan-
drai7^e, fainéant, truand (à C«'>m3, slandron,
m. s., malandra, meretrix), prov. vilandrier
p. vil-landrier, vagabond. Diez rapproche du
mot landra le vha. lantdau, litt. qui nuit au
pays, brigand, le mha. lenderen, n\m. schlen-
der)i, vagabonder; il cite aussi le basque
landerra', étranger, indigent. — Le primitif
tnalandre, anc. = lèpre allégué par Littré,
n'est pas impossible. G. Paris (Alexis, p. 194)
enseigne que les mots anc. malan, malnnd,
malandre s'appliquaient aussi à malheur,
misère en général. Malandrin .serait alors
simplement - misérable ^ au sens moral.
MALART, pic. maillard, màlo des canes
sauvages, dér. de maie.
MALAXER, L. malaxare (gr. ^alà»7îiv),
amollir.
MALE, masle\ du L. masculus, masclus,
m. s.
MALÉDICTION, L. maledictio, mot latin
transformé régulièrement dans Tanc. langue
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MAL
— 318 —
MAN
en maleïçon (cp. vfr. maleïr «» maudire, de
maledicefe).
MALÉFICE, L. maïeficium. — D. maléficié.
MALÉFIQUE, L. maleficus.
MALENCONTRE, mauvaise rencontre, voy.
encontre. — D. malencontreux.
MALFAIRE, maufaire'lcp. mé faire), L. ma-
ie facere. — D. malfaisant, -ance; malfaiteur ^
L. malefactor.
MALORÉ, vfr. mai.gré, =» mauvais gré,
déplaisir, it. malgradoy prov. malffrat. Ce
subst. oomposé ne s'emploie plus que comme
locution prépositionnelle: malgré moi équi-
vaut à <• avec mal gré de moi », c.-À-d. à mon
regret, ou en dépit de moi. La suppression de
la préposition se rencontre encore dans force
p. à force, crainte p. par crainte. Quant à
l'absence du signe génitivai, elle était, comme
on sait, conforme au génie de la vieille
langue; cp. hôtel-Dieu, li fils Vempereour
(Villehardouin) ; du reste, on a d'anciens
exemples de construction avec de, p. ex. dans
les Cent Nouvelles nouvelles : maulgré d'elle.
Au lieu du génitif du pronom personnel, on
trouve aussi le pronom possessif: maugré
vostre p. malgré vous, cp. it. m^ mio grado,
prov. mal vostre grat. La phrase malgré
qu'il en ait équivaut à ** quelque déplaisir
qu'il en ait » . Le mot ne peut donc en aucune
manière être envisagé ici comme conjonction.
— Voy. aussi maugré,
MALHEUR, voy. h£ur. — Le féminin
malcheure, dans l'expression populaire à la
maleheure! n'est pas le même mot, mais
représente nuila hora, mauvaise humour (cp.
un mauvais quart d'heure). — D. malheureux,
vfr. maleùré.
MALEHEURE, voy. l'art, préc.
MALICE» L. malitia. — D. malicieux,
L. malitiosus.
MALIN, anc. maling, fém. maligne, du L.
malignus. — D. m^alignité, L. malignitas.
MALINE, grande marée, L. malina (Beda
Venerabilis).
MALINGRE, p. mal heingre. Cet adj. vfr.
heingre (« heingre out le cors e graisle »,
Chanson de Roland) est, d'après Diez, le
L. œger, avec n intercalaire (cp. prov. engal,
vfr. ingal, de œqualis, bourg, aincre p. acre.
— Boucherie explique inutilement malingre
par un type lat. malignulus*.
MALITORNE, maladroit, voy. maritorne.
MALLE, anc. maie, esp., port., prov.,BL.
mala ; soit du vha. malaha, maleha, malha,
mantica, pera, flam. maal, maale, angl.
mail, ou du gaél. maladh, mâlah, sac,
gousse. — D mallette, malletier, mallier ,
composé malle-poste.
MATiTiÉARTiB^ L. malleabilis = qu'on peut
étendre à coups de marteau, de malleare,
frapper avec le marteau [malleus). — D. mal-
léabilitc.
MALLÉOLE, L. malleolus, dim. de mal-
iens, mai'teau.
MALMENER, vfr. maumener, maltraiter,
it. malmenare, prov., v. cat., v. esp. malme-
nar, — Voy. mener.
MALOTRU, vfr. malastru, malestru, wall.
malastru, prov. malastruc, v. esp. malas-
trugo, it. (Dante) malestrui; dér. de aslrum;
le sens premier est « né sous un astre défavo-
rable » (on dit encore dans le Midi, dans un
sens contraire, henatru) ; de là se produisent
les acceptions malheureux, mal vêtu, mal
bâti. — Les étymologies maie instructus
(Ménage, Littréj, fnale intrusus (pour ainsi
dire qui s'introduit mal à propos), sont inad-
missibles. Ve dans l'anc. forme malestru,
résulte de l'assourdissement naturel de la en
syllabe atone.
MALT, mot germanique : angl. malt, ail.
maljs, ni. molt, moui. — D. malter.
MALTÔTE, perception d'impôt illégale,
exaction, anc. maie tolte, maletote. ToUe est
le subst. participial du vfr. tollir, lever, et
signifie levée ou perception d'impôts. --'
D. maliôtier.
MALVEILLANT, voy. vouloir. — D. mal-
veillance.
MALVERSER, L. nuile versare (fréq. de
vertere), litt. tourner ou employer à, mal. —
D. malversation.
MALVOISIE, vin fort doux ; le nom lui
vient de Napoli di Malvasia (Monembasiej.
ville de la Morée, près d'Argos * plus tard, il
s'est appliqué à des vins de même qualité
d'autre provenance.
MAMAN, onomatopée du langage des en-
fanta, qui se rencontre partout; on trouve
avec le même sens mamma dans Varron, ap.
Nonium.
MAMELLE, L.mamilla, dim. de tnamma.
— D. mamelon, mamelu, matnelière. —
Termes savants tirés du latin : mofnillaire,
mamillê.
MAMELUK, mot arabe, signifiant esclave
(litt. possédé), nom d'une milice du Soudan
d'Egypte, recrutée de jeunes esclaves.
MAMIE, p. ni amie, ma amie; on disait de
même m'amx}ur, p. ma amour (le sub^i.
amour était, comme on sait, autrefois fémi-
nin).
MAMMIFÈRE, litt. » porte -ruameUes
(mamma).
MAMMON, mot aramécn signifiant richesse
et employé dans le Nouveau Testament comme
personnification des richesses.
MAMMOUTH, d'origine inconnue.
MAN, en Normandie, ver blanc, larve du
hanneton. Du vha. modo (auj. mode), goth.
matha, larve, ver, par une forme BL. modo,
madonein, d'où fr. *maon, man (cf. flan de
fladonetn). Joret, Rom., IX, 120.
MANANT, prov. manent, esp. man^îHte, ha-
bitant d'un bourg, puis paysan, ^%' =
rustre, grossier. Du verbe manoir, demeurer.
" Manant signifiait dès l'origine simplement
habitant, demeurant. Dieu sait depuis* lors ce
que la langue française, sous l'influence d'une
caste orgueilleuse et vaine, est parvenue à
jeter de mépris sur les manants. c.-*--d. les
bourgeois ou habitants, obligés de s^ourner
dans la limite seigneuriale ! Voy. ce <iue dit
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MÂN
— 319 —
MAN
Ducange sur les niafuuits et habitants, les
levants et couchants, levantes et cubantes. Ce
mot est encore un exemple frappant des vicis-
situdes philologiques. Manant, avant d'être
un des mots les plus méprisants de notre lan-
gue, avait désigné au moyen âge l'homme
aisé, l'homme riche qui avait un manage,
un manoir, une rnanandie, ou, comme on l'a
dit plus tard, qui avait pignon sur rue. » (Oa-
chet.)
MANGENILLS, de Tesp. rnanzenilla, petite
pomme, dim. de nia%%zana, pomme ;L.malum
Matianuyn). — D. mancenillier,
1. MANCHB, subst. masc, it. mamco, esp.,
port, mango, prov. margue, partie d'un in-
strument qu'on prend à la main pour s'en
servir; du BL. nxanicum, m.s.(Papias), dér.
de manus, — D. mancheron^ emmancher,
démancher,
2. MANCHE, subst. fém., esp.,prov. manga,
it. manica, du lat. mantca (manus), m. s. -^
D. manchon, manchette.
MANCHOT, dérivé du vfr. et prov. manc, it.,
esp. manco, = L. mancus, privé d'un mem-
bre, estropié, incomplet, défectueux. — Au
XVII* siècle on employait encore l'adj. majique
au sens de défectueux ; ainsi « un manuscrit
manque de plusieura cayers ».
... MANCIB, dans les composés chiroman-
cie, etc., du gr. /zaviTsia, divination.
MANDARIN, mot portugais par lequel les
Européens désignent les fonctionnaires publics
en Chine. Les uns le tirent du L. mandare,
confier, ordonner, d'autres du sanscrit mari'
trin. Conseiller (de mantra, conseil).
MANDAT, voy. mander. — D. mandate!';
mandataire, chargé d'un mandat.
MANDE, panier d'osier à deux anses. Voy.
manne. — D. mandrier, mandreiHe{r inter»
colaire comme dans maladrerie).
MANDER, L. mandare, litt. = mettre en
main, donner charge, faire savoir, faire appe-
ler. — D. mandement (vfr. mant) ; mandat,
L. mandatum ; composés demander, comman-
der, contre mander.
MANDIBULE, L. mandibula (mandere),
mâchoire. — D. mandibulaire, verbe déman-
tibuler (\. c m.).
MANDILLS, sorte de casaque des laquais ;
vfr. mandil,-illot^, -illon, petit manteau ; cp.
BL. matulela, petite nappe, esp., port, man-
dit, tablier, couverture de cheval, prov. man-
dit, serviette, arabe mandil, linge à essuyer ;
venant tous du L. mantele (manus tela), man-
tile, mantilium, serviette. — Dozy admet
pour source directe de mandille, l'ar. man-
dil^ tiré lui-même du bas-grec /Aa/dyf>.i9y =
lat. mantiîe,
MANDOLINE, voy. le mot suivant
MANDORE, luth, anc. mandole (d'où le dim.
mandoline), it. mandola D'après Diez, man-
dora ou mandola est une corruption du L.
pandura, pandurium, gr. nxviioûpTt, qui a
donné it. pandura, pandora, ïv. pandore puis
aus.si esp. bandurria, bandola.
MANDRAGORE, du L. mandragora, grec
fiH9ûf,u/6p7ti, La langue populaire avait vulga*
risé ce mot savant sous la forme mande-
gloire.
MANDRIN, terme d'arts et métiers, d'appli*
cation très variée. D'après Bu gge (Rom., III,
154), dn L. mamphur, par la dérivation man-
furinum, manf*rin, man*rin. Mamphur
(dans Festus^ signifie l'arbre d'un tour, signi-
fication qui convient parfaitement à plusieurs
des acceptions actuelles du mot mandrin ^
Au point de vue de la lettre (cp. poudre de
poire p.polv^re) comme du sens, l'étymologie
de Bugge ne laisse rien à désirer.
MANÈGE, art de dompter et de discipliner
le cheval, de l'it. rnancggio, subst. verbal do
maneggiare, manier, gouverner, dresser un
cheval. L'it. maneggio a de plus dégagé, de
son sens primordial maniement, le sens figuré
de manigance (v. c. m.), également propre au
fr. manège.
MANES. L. mânes.
MANETTE, poignée, dimin. de main ; cp.
manette et menotte.
MANOANÂSE, appelé anciennement magné-
sie noire; de mo^anma, nasalisé ma>ï^anma,
corruption de m^nesiai}). L'ail. dit mangan
tout court et, composé avec erz (minerai),
manganerz.
MANGER, prov. mar\jar, it. mangiare, du
L. manducare, mand'care, mâcher, employé
plus tard p. manger — D. niangeaille, man-
geoire, etc.; cps. démanger (v. c. m.).
MANGONNEAU (p. manganeau), it. man-
ganello, prov. manganel, dim du vfr. man-
gan, it. mangano, fronde, qui vient du
L. manganiim, m. s. ~ grec /«à/yxvoi., eu-
gin en général.
MANICHORDIUM, voy. monocorde
MANIE, L. mania, gr. ^xv/a. — D. ma-
niaque, L. maniacus. dérivé fait d'après l'ana-
logie de dœmoniacus, car le grec ne présente
que la forme /i^vt/ô;.
MANIER, anc. manoier, d'un type latin ma-^
nicare (de manus; cp. en ail handhaben et
gr. YtK^A^ii*), d'où it. maneggiare (voy. ma-
nège), esp. mranear, prov. maneiar, — D.
maniement, inaniable.
MANIÈRE, BL. fnaneria, angl. mcmner,
habitude d'être ou de faire ; subst. dérivé de
l'anc. adj. manier, m qui a la main faite â
qqch., habitué, habile **. — D. maniéré.
MANIFESTE, L. manifestus. — D. mani-
fester, -ation, L. inanifestare, -atio.
MANIGANGE, manœuvre artificieuse. Ce
mot est d'origine douteuse, du moins en ce qui
concerne le primitif immédiat, car il serait
difficile de ne pas le rapporter en dernier lieu
à un radical manus. La manigance n'est au
fond qu'un tour de main. 11 se rattache évi-
demment à un verbe manicare, mais on Se
demande si ce manicare est l'équivalent du
fr. manier, ou si c'est un dérivé de mantca «•
nuinche Diez est du dernier avis ; il rappelle
que les manches sont l'instrument essentiel
des prestidigitateui*s pour exécuter leurs
toui's d'adresse, et cite le BL. tnanicularc
(ap. Papiam) -b dolum vel strophas excogi*
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MAX
— 320 —
MAQ
tare, de manicida, dim. de manica. Pour ma
part, je pense que le manicare = fr. maniai
it. uianeggiare^ suffit pour justifier le sens
attaché au dérivé manigance^ celui-ci procé-
dant direct, d une forme savante maniguer) on
trouve aussi manigant, artisan) ; on n'a qu*à
se rappeler la valeur figurée du mot it. maneg-
giOf fr. manège, subst. verbal, issu de la forme
it. maneggiare. Ixi mot wallon manike, arti-
fices, tours d'adresse, ainsi que l'anc. fr. ma-
nicle, m. s. (dict. de Trévoux), représente le
subst. verbal du dimin maniculare, C^. aussi
Tancienne forme maiiî^otter, jouer des mains.
D. manigancer.
MAHIÔUBTTB, graine de paradis; altéra-
tion de malagueiie, esp. mafagttela. Ce der-
nier vient du nom d'une ville d'Afrique où
Ton faisait le commerce de cette graine.
MANIGUIÉRE, filets tondus aboutissant à
des mancli&s, dér. de manica, manche.
1. MANILLE, it. maniglia, terme du jeu
d'hombrc; selon Diez, de l'esp. manilla, bra-
celet, it. maniglia = L. monilia. Les Espa-
gnols, d'où nous vient le jeu d'hombre, se
servant p. manille du terme malilla, il serait
peut-être plus rationnel d'expliquer notre mot
par « la malicieuse » {rnaïiUo, dim. de malo)\
les Français et Italiens auront par euphonie
transformé la liquide / en n.
2. MANILLE, anneau, bracelet, autrefois
surtout anse d'un pot(Cotgrave : « handle of
a pot w); du L. mantcula (manus) .
MANIPULE, L. manipulus (manus), poi-
gnée, faisceau, puis un certain nombre de
fantassins. Du latin manipulus les chimistes
ont tiré leur terme manipuler, préparer avec
la main. — En BL. on trouve le subst. wiam-
pula, signifiant serviette et truelle.
MANIPULER, voy. l'art, préc.
MANIQUE ou manicle, espèce de gant, du
L. mantcula, petite manche.
MANIVEAU, petit panier en osier; paraît
être un dimin. de mait^ie ou mande; pour la
forme, cp. baliveau,
MANIVELLE, it. manovello, mot hybride
composé du L. matins et du vha. wellan,
tourner (subst. toella, arbre, essieu).
1 . MANNE, nourriture céleste, suc végétal,
L. manna (hébreu tnaji).
2. MANNE, panier, pour ma>uîe (forme pi-
carde), BL. manda; du néerl. mand, mande,
ags. mond, angl. mannd. — D. mannequin,
m. s., forme dimimitive faite d'après le néerl.
raandckcn, sportula, fiscella (Kiliaen). —
L'étyniologie gcrman. parait devoir prévaloir
sur celle tirée du celt. men (\oy. banne).
1 . MANNEQUIN, panier, voy manne 2.
2* MANNEQUIN, figure d'homme, servant
aux peintres, du ncerl. manneken^ petit
homme [man). — D. ynannequiné, t. de poin-
ture, « qui sent le mannequin «, disposé avec
affectation.
MANŒUVRE, it. manovra, csp. maniobi'a,
BL. ynauopcra, subst. verbal (au maso., c'est
le nom de l'ouvrier, au fém., le nom de l'ac-
tion); tiré du verbe manœuvrer, it. mano-
vrarc, esp. maniobrar = L. manu opcrari.
travailler avec la main. — D. maïioutrier et
manœuvrier.
MANOIR, prov. maner, angl. maiwr; infi-
nitif substantivé de l'anc. verbe manoir =
L. manere, demeurer, qui s'était fi-ancisé
aussi sous la forme nuiindre; voyez aussi ma-
nant. — Peut-être la source immédiate est-
elle le BL. nianerium.
MANOUVRIER. voy. manœuvre.
MANQUER, it. mancare, esp. maiicar, être
en défaut, du L. mancus, imparfait, incom-
plet. — D. manque, manquement, imman-
quable ^mot du xvii* siècle).
MANSARDE, fenêtre sur un toit a comble
brisé, puis chambre pratiquée sous un comble
brisé ; d'après Jules Hardouin Mansard, cé-
lèbre architecte à Paris, mort en 1666.
MANSUÉTUDE, vfr. nmnsuetume, du L.
mansuetudo, -inis.
MANTE, it., esp., prov. manta^Bh. man-
tum. Isidore avait émis l'étymologie absurde
que voici : mantum Hispani vocant quod ma-
nus tegai tan tum. Ije mot représente le pri-
mitif inusité du L. mantellum : de ce dernier :
it. mantello, ail. mantel, fr. manteV, man-
teau; la forme fémin. esp. mantilla a donné
le fr. mantille.
MANTEAU, voy. niante. — D. dira, mante^
let; de manteau an sens de rempart (Froissart)
vient démanteler.
MANTILLE, voy. mante.
MANUEL, qui se fait à la main, du L. ma-
nualis. Ane. on disait argent manuel p. ar-
gent donné en main ou argent comptant. Isi-
dore mentionne déjà uu subst. manualc =
livre qu'on doit avoir à la main, d'où le subst.
fr. manuel; cp. le gr. iy/upici^j-j de ^^ip main,
et l'ail, handbuch. — D. manuelle (t. d'arts
et métiers).
MANUFACTURE, mot moderne, tiré de L.
manu facere, fabriquer à la main(cp. tnatiœu-
vrer); le terme a survécu à l'invention des
machines, qui a singulièrement réduit le rùle
des mains. — D. manufacturier, verbe ma-
nufacturer.
MANUSCRIT, L. manu scHptus.
MANUTENTION, forme plus latine que
maintien, de manu tenerc, tenir en main, ad-
ministrer.
MAPPE, anc. = seiTiette, torchon, du L.
mappa, serviette. Mappe, par le changement
de m en n, est devenu iuippe (v. c. m.). ^
mappa les savants, par allusion à une ser-
viette pliée en deux ou à une nappe étendue
sur la table, ont cvéê le terme mappa miindù
d'où le fr. mappemonde.
MAPPEMONDE, voy. l'art, pi-éc.
MAQUE, MAQUER, voy. nuicque.
1. MAQUEREAU, poisson, moquer cV [^o\\
néerl. mahreel, angl. machercU, cymr. mi-
crell). Ce vocable est d'habitude tirédu L. ma-
cula, Uiche, à cause des raies que ce poisson
porte sur le dos; maquereau serait ainsi p.
maclereau. Je préfère ramener macarellus
(type immédiat de maquercl) à maca = tache
produite par le fmissement d'un fruit. Or, je
rattache m<wa et son dérivé macula au verbe
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MAQ
— 321 —
MÂR
hypothétique niacare, dont il a été question
sous macquer. La tacke est envisagée conme
le résultat d'une meurtrissure. — Notre ma-
nière de voir se confirme par la forme champ.
m{iquei p . maquereau . — Maquereau s'appliq ue
aussi À des taches de brûlure aux jambes. —
D'api'ès Mahn» le maquereau tire son nom de
maquereau 2, parce que, selon l'opinion popu-
laire, ce poisson |)oursuit les petits poissons,
pour les amener à leurs mâles.
2. MAQUEREAU (fém. maquerelle), entre-
metteur. Du néerl. maker, subst. du verbe
maften (=» ail. machen), négocier, trafiquer.
Cp. en vha. mahhari de mahhôn, machinari,
huormahhari, entremetteur de prostituées.
La source immédiate du mot français pour-
rait bien êtra le v. fiam. makelaer (ail. mâh-
1er), courtier, entremetteur, de makelen,
dérivé de mahen. Cette étymologie est, de
toutes celles qui ont été produites, la seule
qui soit plausible. Donat ayant énoncé la
phrase « leno pallio varii coloris utitur », on
avait pensé que le mot fr. venait, comme le
préc, de macula. Mais comment, observe
Diez, la France seule aurait-elle gardé cette
trace d'un usage de la scène comique des
Romains? — D'autres ont songé au verbe
hébreu mac?iar, vendre, ou au h.aquariolus,
aide, valet de mauvais lieu (ap. TertuUien). Le
Duchat y voyait même une corruption de
mercureati, c.-ârd. petit mercure! — D. ma-
querellage.
MAQUETTE, t. de sculpteur, de l'it. mac-
chietta, petite tache, première ébauche, dim.
de fhacchia s= L. macula; cp. le terme
brouillon.
MAQUIGNON, anc. maquUlofi, a la même
origine que maquereau; c.-à-d. néerl. maken,
faire, trafiquer, troquer. Cp. le champ, ma-
que, vente, maquelard, courtier, maquignon.
Le L. mangq, m. s., ne peut être invoqué.
MAQUILLER (SE), se fai-der, se grimer, pr.
se maculer. Mon étymologie par L. maca, pri-
mitif de macula, tache, a été taxée par Fôr-
ster(Grôb. Ztschr., III, 565) d'archimalheu-
reuse et de contraire aux règles les plus
élémentaires. C'est raide, et l'on me passera
quelques mots de justification. J'avoue que
mon article est mal libellé, mais il n'est pas
aussi pitoyable qu'on se complaît à le pré-
senter. Maquiller se présentait à moi comme
un mot de façon moderne ou savante, échap-
pant par conséquent aux lois de formation
rigoureuses ; je le ramenai ainsi à un thème
savant moque = esp. maca (meurtrissure,
tache), que l'on est bien en droit de rappro-
cher de maca, primitif hypothétique du dimi-
nutif lat. macula. A la rigueur, maca eût fait
maie en fr., mais on peut admettre une forme
lat. macca (cp. vacca^ fr. vaque et vache). En
tout cas, depuis que Fôrster a eu la bonne
chance de rencontrer une forme ancienne
masquillie7\ dûment constatée (Clians. d'An-
tioche,IÏ,279,var.),je nliésite pas à assigner
(avec lui) à ce verbe la môme origine qu'à vfr.
mascurer, dont je parle à la fin de l'art.
masque.
MARABOUT, 1 . religieux mahométan, p«is
2. par dénigrement, homme laid ; 3. par assi-
milation À la coupole de la demeure des mara-
bouts, cafetière à large ventre ; 4. sorte d'oi-
seau, et par assimilation au plumage de cet
oiseau, sans doute, sorte de ruban. L'appella-
tion de prêtre vient du participe arabe, mara-
bath, lié à Dieu, dévot.
MARAICHER, MARAIS, voy. mare,
MARASME, gr. fiKox^/Aôi, du verbe fixpzhti^
flétrir, dessécher.
MARASQUIN, liqueur faite avec la marasca,
petite cerise acide ; ce dernier mot it. est p.
amarasca, et vient de amarus^ amer; on
appelle cette cerise en it. aussi amarina,
MARATRE, du BL. matrastra = noverca,
belle^mère. Cp. parâtre, BL. patraster.
MARAUD, homme de rien, va-nu-pieds ; de
là marauder, voler, piller. L'origine de ce
mot n'est pas encore établie. Passons en
revue les diverses tentatives faites à ce siget,
naturellement sans les apprécier. Le Duchat
rattache maraud, de môme que maroufle, à
un primitif marre, sorte de houe ; on voulait,
pense-t-il, exprimer par ces termes le rustre
qui n'est bon qu'à manier la marre. — Ménage
(suivi par Rônsch) s'adressait à l'hébreu ma-
rud, gueux, exilé, vagabond. — Mahn se
prononcerait volontiers pour l'arabe marada,
maridun, rebelle, insolent, si le mot avait
surgi en Espagne (le port, maroto est tiré du
fr.). Il incline donc plutôt pour L. moratcr,
retardataire, traînard (en parlant des sol-
dats), étymologie qui, pour le sens, concorde
tout à feit avec le fr. maraudeur. Le mot
latin aurait, par le peuple, été altéré en maro-
tor, — L'opinion du Simplicisismus (écrit
célèbre sur la guerre de Trente ans), d'après
laquelle le mot viendrait d'un comte de Mé'
rode, commandant d'un régiment composé de
mauvais drôles, est démentie par le fait que
les mots maraud, marauder, maraudise figu-
rent déjà dans le dictionnaire de Robert Es-
tien ne de 1549. — Diez avait successivement
allégué l'adj. esp. mcU-roto, port, maroio,
litt. = mole ruptus, ruiné, dépravé, d'où
vient également le verbe ma/ro<ar (aussi mar-
lotar, marrotar), détruire, dissiper son bien,
puis i'anc. fr. man-ir, s'égarer. — Il est plus
que probable que marauder s'appliquait
d'abord aux déprédations des soldats retarda-
taires, aux traînards laissés sur la route et
abandonnés à eux-mêmes ; il faudrait donc,
si l'étymologie de Mahn, patronnée plus tard
par Diez, n'était pas admise, remonter à un
mot exprimant fatigué, rompu, répondant au
sens encore attaché à Tall. marode (mot
évidemment tiré des langues romanes), ainsi
qu'au moi marodi, maladif (dial. doCoire), et
marô (dial. de Côine). — D'après Bugge,
maraud serait = 'maraldus, qui serait, lui,
formé de ^malaldns par dissimilation, comme
mérancoUe de mélancolie. Quant à malaldus,
dérivé de malus, il est analogue, pour la for-
mation, aux acy. courtaud, richaud et scmbl.
(Rom., m, 155).
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MAR
— 322
MÂR
MARAÏÏBSR» voj. maraud, — D. maraude
(d'où l'esp. merode), maraudeur, -âge, -aille.
MARBRE, angl. marble, it. marmo, prov.
marme, esp. marmol, port. ma)'more, du L.
marmor, tnarmoris, — D. marbrer, mar-
b^Her, etc.
1 . MÂRG, poids et monnaie, de Tall. mark,
pr. signe, puis chose marquée d'un signe,
poids, monnaie. Cp. le moi pinte.
2. MARC, picard merc, résidu des fruits
pressés, d'après Ménage du L. amurca, lie
dliuile; étym. contraire. à la lettre; Diez
serait plutôt tenté d'admettre comme source
le L. emarcum, mot gaulois employé par
Pline et Columelle pour une espèce de vigne
de qualité médiocre ; le sons foncier serait
alors chose de rebut. Pour l'aphérèse de e
initial, cp. mine de ?iemina. — On pourrait
aussi rattacher marc à l'ail, mark, chair des
fruits, pulpe, moelle, angl. marrow, néerl.
m,arg; les significations ne sont pas trop
distantes ; mais je pense être plus près de la
vérité en faisant dériver marc du verbe mar^
cher, au sens de fouler, piétiner (v. c. m.).
MARCASSIN, dim. d'un subst. marcasse
(inusité), truie, cochon, dont l'origine est
inconnue. Y aurait-il communauté radicale
avec le vfr. margoilloier, rouler dans la
boue, .subst. margouillis, bourbier, BL.
marcasium^ bourbier, notm. margasse, mare
bourbeuse ? — Chevallet n'hésite pas à remon*
ter au tudesque barc, porc, néerl. barg. Mais
le passage de b initial en m est chose trop
insolite dans les langues romanes. — Je ne
puis me rallier à Roulin, qui (Littré, suppl.)
tire marco^^m du ni. melhswijn, cochon de
lait. La lettre s'y oppose trop fortement. Je
maintiens ma conjecture d'une dérivation de
vfr. marquais, BL. marcasium, bourbier ; le
gr. '/pofi^li et lat. scrofa (truie) sont fondés de
même sur Tidée de fouiller dans les bour-
biers.
MARCASSITE, pyrite, d'après Sousa, de
l'arabe markajsai, m. s., participe du verbe
rakaza, trouver du minerai.
MARGHANDf vfr. nmrchedant, marcheant,
it. mercadante, part, du verbe mercaiare,
prov. mercadar, formes fréquentatives du
L. mercari. On a du reste aussi it. mer-
cante, et dans la vieille langue déjà les
formes marchant, marhand, qui se rappor-
tent directement au L. mercari. — D. mar-
chander, marchandise (dans l'origine =
trafic, commerce).
1. MARCHE, action de marcher, etc., voy.
fiiarcher. — Cps. marche-pied = marche
pour le pied ; Meunier, se fondant sur l'it.
nuirciapiede, définit le terme : lieu que mar-
cJic le pied.
2. MARCHE, frontière, BL. marca, it.
marca, vfr. aussi 7;iarc (vocabulaire d'Evreux,
=a confinium), du goth. marka, vha. rnar'
cha, ags. mear&i nord, mark, mha. mark,
pr. signe, marque (de délimitation). — Do l'it.
marca dérive, par le type marchensis. Fit.
tnarquese, esp. marques, fr. marquis.
MARCHÉ, L. mci'catus, trafic.
MARCHER (vfr. aussi tnarchir) ; les mots
it. marciare,esp. marchar, ail. marsclitren,
sont empruntés du français. On a proposé
entre autres comme sources de ce verbe :
1. L. mercari, négocier, trafiquer, -d'où se
serait dégagée l'idée de va-et-vient (cp. le
verbe ail. wandeln, aller, primitivemont =
tourner, changer). Sylvius, partisan de cette
étymologie, dit : A mercari forte, quia « Im-
piger extrêmes currit mercator ad Indos « ;
2. un subst. nuirche p. marque, au sens de
vestige, trace du pied. Diez rejette ces éty-
mologies par dos raisons soit logiques, soit
phonologiques. Comme le verbe marc)ier est
d'une date relativement récente, il n'admet
pas non plus le celt. march, ou vha. marah
=s cheval. — Chevallet s'est rendu coupable
d'une insigne bévue en faisant venir marcher
de l'ail, marschiren (il écrit et prononce même,
seconde méprise, marchiren pour faire venir
le mot de march, cheval), comme si, par sa
terminaison déjà, ce verbe ne s'annonçait pas
comme un mot étranger. — Je ne puis
approuver aucune de ces tentatives pour
expliquer lorigine d'un terme aussi usuel que
marche7\ Ce verbe, avant de signifier « met-
tre le pied sur, faire des pas », signifiait fou-
ler, presser, piétiner ; on dit encore aujour-
dliui marcher l'étofie, la ouate, la terre ; les
briquetiers marchent l'argile dans le m mar-
cheux N, et l'ancienne langue abonde en
exemples à l'appui de cette valeur de notre
mot. Or, l'idée de piétiner, fouler, et oello de
mettre le pied, faire des pas, se touchent
aussi près que possible; aussi Tall. treten
signifie-t-il à la fois fouler et marcher ; il en
est de même de Tangl. uxilk, marcher, qui,
sous la forme allemande walhen, veut dire
fouler (le drap, etc.), et de l'ail, traben, qui
signifie trotter et qui est à la fois le primitif
de trûber, marc (chose pressurée). Reste à
fixer l'origine de marcher, fouler. Il se peut
fort bien que la langue latine ait déjà pos-
sédé dans son fonds un verbe tnarcare, frap-
per, aplatir; le .subst. 7narcus, le frappeur,
marteau (dim. marculus, marcellus), permet
de le présumer. Quoi qu'il en soit, je n'hésite
pas à ranger notre mot dans la même famille
que L. marcere, marcescere, être flétri (les
idées flétrir et fouler ou presser sont corréla-
tives, à preuve le mot fr. flétrir lui-même, et
en outre l'ail. u)elk, fané, de walken, rouler,
cylindrer, fouler). D'après ce qui précède, on
comprendra que je considère le mot marc,
résidu de substances pressurées, comme lo
subst. verbal de marcher; j'ai pour moi les
équivalents ail. trester (de trete^ij, tràber (de
t7'abeu) = néerl. draf, drabbe (de draven,
drabben). Le subst. verbal de marcher,
mettre le pied, a la forme féminine; c'est
marche 1, action démarcher; 2. degré qui
sert à monter et à descendre. Composés :
démarche; mémarchure, entorse du cheval,
provenant d'un faux pas. — J'ai eu la satis-
faction de voir mon étymologie de marcher
favorablement accueillie par deux autorités,
Diez et Litiré. Le premier a renoncé à son
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MAR
— 323 —
MAR
ancienne interprétation par « aller de marche
en marche •.
MARCOTTl, en champ, et rouchi plus cor-
rectement marffotte, it. marcotta; du L. nier-
ffus, provin (de mergere^ plonger, enfoncer).
— D. marcotter,
MARDI, it. matiedi, marti, du L. Martis
dies; les mêmes éléments renversés, aies
Martis, ont donné prov. dimars, ou mars
tout court; l'esp. dit martes.
MARE, amas d'eau dormante, néerl. maer,
mcuir, stagnum, lacus, palus; du L. mare
(BL. aussi fém. mara), qui au moyen âge
avait pris le sens do «* receptus quarumvis
aquarum •• (Isidorus : omnis congregatio
aquarum sive salsae sint, sive dulces, abusive
maria nuncupantur). — D. vfr. maresq; de
cette dernière forme viennent le subst. mare'
coffe, vfr. mareschière = marais, et l'a^. ou
subst. maraîcher, jardinier qui cultive des
légumes dans les marais dont Paris est envi-
ronné. Maresq répond au BL. marescwtif
mariscus, v. flam. maerasch, maersche,
nieersch, angl. marsh, ail. marsch, La forme
marais (vfr. aussi marois) peut au besoin
venir de maresq, mais comme il existe un
it. marese, on peut aussi lui supposer un type
latin marensis.
MARÉCAGE, voy. mare. — D. maréca-
geux.
MARECHAL, it. mariscalco, maniscalco,
maliscalco, esp., port, mariscal, prov. ma-
nescaic; du vha. marah-scalc = vaiet [scalc)
qui soigne les chevaux (marah). « Cette éty-
mologie s'explique d'elle-même pour le maré-
chal ferrant ou le vétérinaire; quant aux
maréchaux, officiers do divers grades dans
Tarmée, je dois faire observer que le mares-
cal, ou BL. tnarescaïcus, ne fut d'abord qu'un
simple domestique de la maison de nos pre-
miers rois, auquel était confié le soin d'un
certain nombre de chevaux ; plus tard, il fut
chargé de ranger la cavalerie en bataille sous
les ordres du connétable [cornes stabuli).
Depuis, l'office de maréchal a toujours été en
augmentant d'importance jusqu'à devenir la
première charge de l'armée. » (Chevallet.) —
D. maréchalat, maréchalerie; du subst. BL.
marescalciata, primitivement = troupe sous
les ordres d'un maréchal^ vient le terme
maréchaussée (anc. marechaussiée, -ie).
MARÉCHAUSSÉE» voy. l'art, préc.
MARÉE, 1. flux et reflux; 2. poisson do
mer non salé, d'un adj. nuireus, tiré du
L. mare. Dans la première acception, tou-
tefois, le mot parait être plutôt le subst. ver-
bal du vfr. niaréer, naviguer, flotter ; cp. l'it.
mareggiare, ondoyer, voguer, d'où laareg-
giata^ marée, mareggio, agitation de la mer.
MARELLE, voy. mérelle.
MARFIL (ont dit plus .souvent morfil), dent
d'éléphant, direct, de l'esp. tnarfil (v. cs}).
al-mafiï), port, marfim ; l'explication par la
combinaison des mots arabes nab, dent, et fil
éléphant, ne satisfait pas à la lettre. Aussi
Baist propose-t-il comme l'origine la '
probable nab-al-fil.
MARCrAJAT, galopin, polisson; d'origine
inconnue ; tient peut-être à margoule men-
tionné sous marjolet.
MARGE, L. margo, -tnis. — D. margelle,
rebord d'un puits; marger, émarger; mar-
giner, L. marginare; marginal, L. margi-
nalis.
MARGOT, forme populaire du prénom
Marguerite; nom vulgaire de la pie (cp. Jac-
qiiot), de là l'acception « bavarde ». —
D. margotter.
MARGOUILLIS, gâchis, bourbier. D origine
incertaine, voy. marcassin; peut-être le
thème tnarg est-il identique avec celui du
BL. marcasium, marais, étang.
MARGRAVE, de l'ail, marh-graf, comte
qui administrait une marche, marquis. —
D. margraviat.
MARGUERITE, vfr. margerie, 1. perle; 2.
par métaphore, nom d'une fleur; du L. mar-
garita (,uap/a/5fr*j«), perle.
MARGinLLIER, vfr. marreglier, champ.
mairlier, du BL. mcUrnculaHus, qui tient les
registres (matricula) d'une fabrique d'église.
— D. marguillerie, vfr. marlerie.
MARI, mariC, prov, marit, it. marito, du
L. maritus (mas. maris). — D. marital, L.
maritalis; marier, L. mari tare.
MARIER, voy. tnari, — D. mariage.
MARIN, L. marinus (mare). — D. mari-
nier; marine, l. science de la mer, 2. troupe
de mer (anc. le mot signifiait généralement
rivage) ; manner, pr. assaisonner des mets à
la façon des marins, les ti*emper dans le vinai-
gre, dans la saumure.
MARINE, voy. marin.
MARINER, voy. marin. — D. marinade.
MARINGOUIN, d'origine inconnue.
MARIONNETTE, du fr. Marion (Marie).
nom de poupée ; dans le département de la
Marne, on dit aussi mariole pour poupée.
MARISQUE, L. marisca, grosse figue et
excroissance de chair (cp. fie).
MARITAL, voy. mari,
MARITIME, L. tnaritimus.
MARITORNE, servante d'auberge dans Don
Quichotte ; de là : fille homraasse, laide, mal-
propre. Un changement de liquide a donné
malitorne, = grossièrement maladroit ; cette
modification s'est faite sans doute sous l'in-
fluence de • maie tornatus », mal tourné.
MARIVAUDER, imiter le style de Mari-
vaux.
MARJOLAINE, v. flam. marghdajn^, maio-
leyne, it. majorana, esp. mayorana^ port.
maiorana et mangerone, ail. mq;ora?î, angl.
marjoram, vfr. marone, BL. majoraca,
majo7'aiui, ^nagorana, magerona; dans Dios-
coride, fixi^ovpxvTi» Toutes ces formes sont
défigurées du L. amaracus, qui a la même si-
gnification.
MARJOLET, petit fat, muguet ; selon quel-
ques-uns p. mariolet, do mariole, poui)éc;
donc pr. = ])etite poupée. Cette étymologie
est peu probable. Mieux vaudrait déduire le
mot de marjolaitie (op. muguet). Peut-être
est-il identique aveclowall. margoule, homme
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MAR
— 324 —
MAR
de rien, valaqtic marghioht^ fourbe, coquin,
cp. rouchi mariauïe, homme de rien. it. ma-
riiiolo^ niariolo, fripon, larron. Grand^a-
gnage traite au long cette famille, qu*il rat-
tache à un antique primitif mwff exprimant
en premier lieu le sens de mélange, alliage,
d'où viennent naturellement, ensuite, diffé-
rentes dén(>minations méprisantes.
MARMAIÏiTill, it. marmaglia, troupe de
marmots (v. c. m.).
MA&MSLâDI!, esp. mermelada, du port.
marmelo^ coing (esp. par transposition mem-
hrillo), donc, pr. confiture de coing. Quant à
mar^/te/Ofilvientdu L.meîimeliim ijiiUfiTiïoTt),
litt. pomme de miel.
MARMITE, it. (dial. lombard) et esp. mar-
mita, de l'it. marmo, marbre? La marmite
était peut-être en premier lieu un pot de pierre,
espèce de mortier, et les marmites de métal
auraient conservé le nom usuel d'abord pour
la chose. C'est l'étymologie la plus natu-
relle, et encore la terminaison m'embarrasse-
t-elle un peu. — J'ajouterai cependant une
autre conjecture : fnarmita se voit dans le
livre « Inquisitio de vita et moribus B. Joan*
nis, episcopi Vicentini » avec le sens de
diaconus ou minister. Cela suggère l'idée que
le sens de marmite était d'abord serviteur,
valet, au fém. servante; de là viendraient les
dér. marmiton = valeton, et marmiteux =
qui a l'air pauvre (voy. l'art, suiv.). Le nom
aurait, dans la suite, été appliqué à un usten-
sile de cuisine, comme le nom de raZ^f se donne
pareillement à toutes sortes d'outils. Je citerai
à l'appui de cette métaphore le rouchi tnéquène,
pr. servante (voy. mesqitin)^ qui signifie le
gros chenet placé du côté opposé à la poulie
du tourne-broche, et notre mot cuisinière ne
x'applique-t-il pas aussi au poêle de cuisine?
Rest« à savoir d'où vient ce marmite = dia-
conus. — On objecte que marmita, dans le
passage cité est une leçon douteuse ; il faut
donc chercher ailleurs. Diez, d'après Frisch,
voit dans marmite ime onomatopée, tirée du
bouillonnement {mannotter} ; Marina le rap-
porte à l'arabe marmid, lieu où on cuit la
viande. — D. marmiton (it. marmitone, esp.
ma7^miton),
MARMITEUX, mal partagé du côt4^ de la
fortune et de la santé. Autr. cet adj., comme
le simple marmite, signifiait hypocrite, pape-
lard ; il se peut que les deux sens se tiennent
par l'intermédiaire de l'idée « qui se donne un
air faux de misérable «*. Littré explique mar-
mite, hypocrite, par «faux doux »i,de mar ^
mal, et mite (L. mitis), doux, en se fondant
sur un vers du Renard (142) : Si l'une est
chato, l'autre est mite, — Diez fait découler
le sens « misérable » de la marmite des pau-
vres. — Je n'insiste pas sur ma conjecture,
émise à l'art, préc, puisque le marmita »=
serviteur est soupçonné d'être une fausse leçon.
Voy. aussi marmot.
MARMITON, voy. marmite.
MARMONNER = marmotter (?). Littré de-
mande si ce n'est pas le norm. màner, gein-
dre, joint à la particule mar, mal. — Cot- |
grave a marmotonner, ** to grumble, mutter,
or murmure ».
MARMOT, 1. singe, 2. figure grotesque.
D'après H. Estienne, du gr. /topp-i», masque,
figure de femme inspirant la terreur. Cela
est peu probable. — Pour la signification
petit garçon, qui est probablement indépen-
dante de marmot, singe, je propose pour pri-
mitif le vfr. merme, petit (qui dérive du L. mt-
nimus comme vfr. arme, àme, du L. anima).
De cet acy. viendraient notre marjnot, it.
marmocchio, et le terme collectif martnaiUe,
troupe d'enfants, it. marmaglia, gens de rien,
canaille. A cet adj. merme se rapporte aussi
le prov. mermar, diminuer, décroître, d'où
subst. mermansa, mermaria, décadence, dé-
périssement. On pourrait au besoin y ratta-
cher encore le vfr. marmite, nfr. marmiteux
(v. c. m.), piteux, minable. Cp. encore dans
le dial. de Côme et de Crémone marmél,
marmeîeen, petit doigt.
MARMOTTE, it. marmoUa, esp. mamwta,
rat des Alpes ; c'est un vocable gâté, par assi-
milation au verbe marmotter* , du vha. mure-
monto, murtnitnti, suisse murmet, dial. de
Coire murmont. Le même dialecte de Coire
dit aussi montanella, d'où Diez conclut avec
raison que le mot murmont représente mus
(gén. mûris) montanus, qui est le nom scien-
tifique donné par Bochart à la marmotte. Les
Allemands ayant gâté le mot en murmcl-
thicr, les Romans ont imité ce terme et en ont
fait marmotte (ail. murmein disant la même
chose que fr. martnotter).
MARMOTTER, vfr. aussi marmoitser; prob.
des mots onomatopées analogues au L. mur-
murare, ail. murmein. Grandgagnage décom-
pose martnouseren mar (yfv, = »ki/)-fwalL
mùjjer, fredonner = L. mussare (BL. rou-
sare), bourdonner; et marmotter en mar -f-
motter = L. muttire, submissa voco loqui.
Cela est-il aussi vrai qu'ingénieux? Wacker-
nagel rattache le mot à la mamwtte, mais
je suis d'avis que c'est plutôt notre verbo
qui a déterminé le nom du quadrupède (voy.
pi. h.).
MARMOUSET, petite figure grotesque. Peut-
être du même radical que marmot, singe,
dont la forme bretonne wwirmoitf (empruntée,
du reste, au roman) aurait fourni le thème.
Grandgagnage est d'avis qu'on pourrait foire
dériver le mot du wallon marmouser = tour-
menter, importuner, dans le sens verbal :
lutin, petit taquin; mais quant à ce verbe
marmouser, l'auteur du dictionnaire wallon
ne va pas au delà de la pui*e conjecture
(voy. l'art, préc). — Une ancienne ôtymo-
logie, et c'est la plus accréditée, consiste à
expliquer marmouset par marmouret (on
trouve en effet vicus tnartnoretorum pour
traduire rue des Marmousets), c.-à-d. les gro-
tesques petites figures en marbre qui ornent
les fontaines et par lesquelles l'eau sort. —
Littré (suppl.) cite le BL. marmoscti (du
XIII® siècle) appliqué aux écoliers qui, comme
de petites figures sculptées, ne font pas atten-
tion à ce que dit le professeur.
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MÂR
— 325 —
MAR
MARNS. vfr. et dial. marie, merle, angl.
marie, du BL. margila, marg*la, dérivé de
L. marga, m. s., cité par Pline comme étant
d'origine gauloise. Pour / devenu n, cp. po-
terne p. posterle. Dans les langues germani-
ques, margila a produit vha. mergil, nha.
ntergel, v. flam. marghel, — D. marneux,
marner, mamière,
MAR0NA6S, p. marenage (cp. vfr. chardo-
ual p. chardettal, cardinal ; maronier, ma-
rin, p. marenier), dérivé de vfr. marrain,
auj, merrain (v. c. m.).
MARONNER, t. populaire p. murmurer.
Le mot n'a pas d'histoire.
MAROQUIN, cuir du Maroc, — D. maro-
quiner,
MAROTIQUE, MAROTISME, de Ma^-ot (Clé-
ment), poète célèbre du xvi* siècle.
MAROTTE, tête bizarre, grotesque, placée
au bout d'un bâton entouré de grelots ; puis le
nom du bâton même, le sceptre de la folie ;
enfin «=: objet d'une passion folle. Selon les
uns p. mérotte, petite mère, petite poupée;
suivant d'autres, p. mariotte de marie s» pou-
pée (cp. marionnette de Marioti). — Dans les
Ardennes marotte équivaut à marionnette,
poupée, jouet ; c'est de ce dernier sens qu'il
faut prob. déduire la locution « chacun a sa
marotte,» etsembl.; cp. « c'est son dada ».
1 . MAROUFLE, rustre, fripon, malhonnête.
Serait-ce le wallon mar/oM/'= gourdin, rondin,
ûg. homme gros et court? Ou le mot vien-
drait-il du radical marre, it. marra, houe?
Ou est-ce une ti-ansformation pQpulaire de
maraud f
2. MAROUFLE, colle dont on se sert pour
maroufler des tableaux; étjmologie incon-
nue.
MARQUE, it., esp., port., prov. marca, de
Tall. mark, signe, borne. Voy. aussi les mots
marc et marche, — D. mar^w^ (ail. merken),
signaler, indiquer ; fréquent, marqueter.
MARQUER, voy. marqxie. — Cps. remar-
quer, démarquer,
MARQUETER, fi-équentatif de marquer,
jsynonyme de tacheter. — D. marqueteur,
marqueterie.
MARQUETTE, pain de cire vierge; selon
Littré, du BL. marca, monnaie, prix de ce
pain.
MARQUIS, voy. marche, — D. marquise;
d'après Génin, on a appelé tnarq'uise un petit
auvent au-dessus d'un perron, parce qu'il
protège les marches ou degrés du perron;
c'est peu vraisemblable ; il fallait dire plutôt,
je pense, « parce qu'il protège les marquises «;
marquisat.
MARRAINE, vfr. marrine, prov. mairina,
it., esp. madrina, du BL. matrina (mater);
cp. pa)'rain depatrinus.
MARRE, it. marra, houe de vigneron, du
L. marra, gr. fià^pov. — D. marrer,
.MARRI, participe du vieux verbe marrir,
contrarier, gêner, fâcher, faire do la peine.
Ce verbe représente le goth. marzjan, vha.
marrjan, ags. mearrian, impedire, irritum
facero.
1. MARRON, châtaigne, it. maiTone. Mura-
tori est d'avis que ce vocable appartient au
fonds latin et pourrait être identique avec le
surnom de famille vue portait le poète Virgi-
lius Maro. Selon d'autres, le mot serait gâté
de l'hébreu armôn, platanier, que l'on tradui-
sait autrefois par castanea. — Dans Eustathe
on trouve fikpoLov. — D. marronnier,
2. MâRRON (anc. simarron), nègre fugitif,
mutilation de l'esp. cimarroii, pr. sauvage;
se dit aussi des animaux domestiques qui re-
prennent le chemin des bois. — C'est de ce
marron-là que vient aussi marron au sens
de M ouvrage imprimé clandestinement », et
courtier marron = qui exerce sans brevet.
— D, marronnage,
MARRUBE, plante, L. marruhium.
MARS, nom du mois, du L. martius (de
Mars, dieu de la guerre). — D. marsage,
blés semés en mars.
MARSAULT, du BL. marsàlix, litt. saule
mâle.
MARSOUIN, cétacé du genre dauphin ; du
vha. meri-suin (nha. meerschioein), litt. co-
chon de mer.
MARTEAU, anc. martel, it. martello, esp.
martillo, du BL. martus, primitif du L. mar-
tulus. — D. martelet, marteler,
MARTEL, anc. forme de marteau, restée
dans la locution avoir martel en tête, qui se
rattache à une acception métaphorique du
mot : tourment, souci, propre aussi à l'it.
martello, Cp. le sens figuré de marteler,
tourmenter.
MARTELER, -ET, voy. marteau,
MARTIAL, L. martialis (Mars).
MARTIN, nom propre, appliqué par la fan-
taisie à divers animaux, quadrupèdes (âne,
ours) et oiseaux imartin chasseur, martin-
pécheur ; diminutif martinet, espèce d'hiron-
delle). — D'où vient le vfr. martin, idée,
projet, dans la locution « chanter ou parler
d*autre martin », encore usuelle dans les pro-
vinces belges ?
MARTIN-BATON, Delboulle (Rom., IX,
1 27) pense que l'origine du dicton est dans le
roman du Renard (v . 754), où le prêtre Mar-
tin, après avoir pris le loup dans une fosse,
lui tient ce langage :
Sire Ysengrin, or vous vouldrai
Ce que je tant promis vous ai :
A prendrai vos. à reitba$ton
Comment prestve Martin a nom.
1 . MARTINET, hirondelle, fig. petit chan-
delier plat à queue et sans patte; voy. pi. h.
sous martin,
2. MARTINET, gros marteau de forge, du
même radical mart qui a donné marteau.
3. MARTINET, fouet, prob. de l'expression
familière martin-bàton; sinon du radical mar^
d'où marteau.
MARTINGALE, espèce de cpurroie; « au
XVI*' siècle, ce mot désignait une espèce de
chausses portées par les Martigaux, habi-
tants des Martignes en Provence n (Ménage).
Nous donnons cette explication sans aucune
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MAS
— 326 —
MAS
confiance, d'autant plus que notre mot a
d'autres acceptions qui n'en sont guère justi-
fiées.
MARTRE, aussi marte, esp., port, marta,
prov. mai-t ; mot très répandu dans les lan-
gues genmaniques : ail. mardet\ ni. marier ,
angl. marten. Les formes it. martora, fr.
martre, paraissent déterminées par le BL.
martalus (r p. /;. — Le mot latin martes
(dans Martial) est douteux et abandonné par
les critiques, qui l'ont remplacé par mêles.
MÂRTTR, vfr. martre, subst. personnel, du
L. martyr, gr. /làprvp, témoin ; subst. abstrait
martyre, du L. martyrium, gr. ftaprùpiov. —
D. martyriser, faire soufirir le martyre;
martyrologe, BL. martyrologium = fasti
sanctorum.
MARUM, mot latin, gr. /Aàoov.
MAS, dans quelques contrées «» maison do
campagne (de là le nom de famille Dumas) \
c'est le vfr. ma*, mes, qui vient du BL. man-
sus, demeure (de manere; cp. manoir, ma-
sure et maison).
MASCARADE, MASGARON, voj. masque.
MASCULIN, L. masculinus, dér. de mxLS-
cuhts = fr. m.asle* mâle.
MASQUE, BL. mascus, larve. La forme fé-
minine masca a précédé la forme masculine.
Le sens primordial de masca est sorcière;
Loi des Lombards : « striga (sorcière) quod
est masca yf. En Piémont masca signifie encore
une sorcière. Quant à l'origine du mot, Grimm
propose L. masticare, la sorcière étant envi-
sagée comme engloutissant les enfants, cp. le
L. manducus, pr. le mangeur, employé p.
épou vantail (Plaute, Rud. 2, 6, 51), le langue-
docien roumeco = moine bourru et épouvan-
ta il (du L. ruma, gueule, goufire), le roma-
gnol papon = glouton et épou vantail. D'au-
tres, comme Kiliacn, attribuant à mascus une
provenance germanique, s'adressent au vha.
masca, filet, nba. masche, et citent à l'appui
le passage de Pline XII, 14 : persona adjici-
tur c^piti densusve reUculus. Diez préfère
l'une ou l'autre de ces étymologies à celle de
Saumaise, qui proprosait le gr. ^««a, cité
par Hésycbe comme signifiant 1 . /i«xfc)>î, pio-
che, houe, 2. /3aïx«vfx, médisance, d'où
^affy&via, irpoSxffxàvta = res turpicul» et de-
formes larvœ quse ad avertendum fascinum
adhibebantur. — Les formes it. maschera,
esp., port, mascara, ne sont pas. comme il
semble, dérivées de masca, mais, d'après
Diez, dégagées delà forme accessoire mascra
(r intercalaire); cp. esp. cascara, àQcasco, it.
tartaruga, do tartuga. C'est à ces formes que
ressortissent les dérivés mascarade, it. mas-
cherata, ctm^ascaron, it mascherone. — Il nous
reste à rapporter l'opinion de Mahn, d'après
laquelle masca est une forme écourtée do l'it.
ma«c/icra, par assimilation à masca, sorcière;
or, maschera répond, d'après lui, à l'arabe
maschara, risée, bouftbn. Le mot se serait
appliqué d'abord au polichinelle, puis à son
principal caractère, le masque. Dozy appuie
cette manière de voir de nouvelles preuves. —
D. masquer. — Il faut détacher du mot masque
les mots suivants : port, mascarra, cat. mas-
cara, tache noire au visage, d'où les verbes
mascarrar, prov. mascarar, vfr. m€ucarer,
mascurer, auj. màchurer, bourg, macherer,
barbouiller de noir; ags. màscre, v. flam.
maschel, mascher, tache. Ils découlent, par
le suffixe arra, du vha. masca, dérivé de
mâsa, tache.
MASSACRE, BL. ma^^oortum. Il est impos-
sible d'admettre que ce mot soit composé du
subst. masse = masse et du suffixe a^re; ce
suffixe n'existe pas. Diez dérive avec plus de
vraisemblance le verbe massacrer (d'où le
subst. verbal massacre) du bas-allemand
matsken, ou plutôt des formes variées présn-
mables matsekr.n, matsekern, tailler en piè-
ces. Mahn préfère le haut-allemand metzgem,
égorger le bétail, en invoquant vfr. masse-
crier == boucher. — Un type massaculare,
(de massa) est inadmissible ; j'admettrais plus
volontiers, bien que je ne la recommande pas,
lUie dérivation (avec transposition) du BL.
scramasaœus, espèce de coutelas, servant
d'arme de guerre ; c'est l'étymologie qu'avait
proposée Caseneuve. — Quelle que soit l'ori-
gine de ce mot, il est difficile de le séparer du
thème macecl du vfr. maceclier, -rier, bou-
cher, bourreau, maceclerie, -rerie, boucherie,
carnage. L'élément sacrer a tout l'air d'une
assimilation à h.sojcrare. — Caix (Studi, etc.,
p. 201) suppose dans massacrer une fusion de
deux termes *massare (frapper) -|- sacrare
(immoler). Peu probable.
1 . MASSE, vfr. aussi mâche, it. massa,
esp., port, majfa, prov. massa, maillet, masse
d'armes, bâton muni d'une tête en argent, etc. ,
porté en cérémonie ; de là massier, oflBcier
qui porte la masse, et massue, pic. machuque,
gr. mod. /«arjoûxa, valaque m<iciuce, v. port.
massuca, massua. La forme it. masza (cp.
piazza de platea) ne permet pas de douter,
suivant Diez, que ces mots ne viennent du
L. matea, primitif perdu de mateola, instru-
ment pour enfoncer en terre (Pline et Caton).
2. MASSE, amas de parties qui font corps
ensemble, du L. massa. — D, massif, a^j. et
subst.; verbes masser, eta-masser^v. c. m.).
MASSEPAIN, anc. marsepain, de l'it.
marzapane, esp. mazapan, ail. marzipan,
angl marchpane. On ne sait que faire de la
première partie de ce composé; les uns y
voient le nom de l'inventeur, d'autres le
L. maza, grec fiitix, pâte, pain d'orge. Ou
bien le mot représente- t-il massa panis ou
panis martiusf Tout cela reste probléma-
tique. Mahn incline pour maza.
1 . MASSER, disposer en masse, de masse 2.
2. MASSER, pétrir les chairs ; de l'arabe
mass, manier, palper, origine plus probable
que celle tirée du gr. fiàttuv, pétrir.
MASSICOT, protoxyde de plomb ; de
masse 2, parce qu'on l'obtient par petites
masses.
MASSIER, voy. masse 1.
MASSIF, voy. masse 2.
MASSUE, voy. masse I.
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MAT
— 327
MAT
MASTIO, li. mastiche, gr. fActsrlxn- —
D. mastiquer t coller avec du mastic.
MASTICATION, L. masticatio, du verbe
masticare^ mâcher, d*où vient encore masti-
catoire ^ et le t. de maréclialerie mxistigadour.
MASTIQUER, 1. forme savante de mdchei^
(v. c. m.); 2. voy. mastic.
MASTODONTE, nom créé par Cuvier pour
rendre l'idée des dents molaires tuberculeuses
ou mamelonnées de ce quadrupède ; de fix^rô;,
mamelle, et oSoûi, èiàvroi, dent.
MASTOUCHB, en Belgique = capucine,
cresson indien, graine de capucine marinée,
B= it. masturzo, esp. mastuerzo^ BL. mas-
tntzumy du L. nasturtiiimt cresson à larges
feuilles.
MASTURBER, L. masturhare, p. mastu-
prare (manus -\- stuprare).
MASURE, BL. mansura = mansio, mai-
son ; de manere, demeurer. Le mot a pris
avec le temps une acception péjorative.
1 . MAT, au jeu d*écliecs, it. matto, esp.
mate; abréviation de la loc. it. scaccomatto,
esp. xaquimate, fr. échec et mat ; du persan
schach mai == le roi est mort. — De là it.
maxtare, prov. matar, fr. mater, humilier,
mortifier; mots qu'il ne faut pas confondre
avec le BL. matare, tuer, qui est le L. mac-
tare. — C'est de mat du jeu d'échecs que
découle le sens « humilié, abattu, triste »»,
propre à l'adj. mat dans la langue d'oïl.
2. MAT, sans éclat, terne, lourd; mot
r<fc2nt, tiré direct, de l'ail, matt, faible, sans
vigueur, qui lui-même est tiré dès le XH® siècle
du mot roman de l'art, préc. — D. malir
et mater, matite\ matoir.
MAT, wMwr, prov. mast^ port, masto,
mastro, esp. mastil; du vha. mast, nord.
mastr, ags. mast, m. s. — D. mâtereau,
mater, démâter, mâture.
MATADOR, mot espagnol signifiant le
tueur, appliqué d'abord au principal toréador,
celui qui doit combattre le taureau à pied et
le tuer ; du verbe matar = L. mactare, tuer.
Du même verbe matar vient l'expression m,a-
tamoros, fr. m^amore, litt. sabreur de
maures, terme introduit par la comédie espa-
gnole.
MATAMORE, faux brave, voy. l'art, préc.
MATASSE, dans l'expr. « soie en matasse »,
vfr. madaisse; du L. malaxa, soie brute, gr.
/xdcraÇa, fiirv^a.
MATASSIN, de l'esp. mata/chin, dont je ne
connais pas l'étymologie.
MATELAS, anc. materas, it. materasso,
prov. al-matrac, esp., port. aUmadraque,
ail. matratze, angl. mattress, BL. matera^
cium; selon Sousa et Dozy, de l'arabe a/-
matrah, m. s., dérivé du verbe taraha, jeter
loin, étendre par terre. Diefenbach, tout en
admettant l'étymologie arabe, compare cepen-
dant le cymr. màth, plat, étendu, d'où, entre
autres dérivés, mathrach, action d'étendre,
de mettre plat. — D. matelasser.
MATELOT. Ce mot ne vient pas, à coup sûr,
de mât, comme le pensait Nicot, suivi par
Jal. Diez le tire de matta, natte ; donc pr.
« qui couche sur des nattes ou hamacs ». Le
mot, modifié de materot (l'ail, dit matrose, le
néerl. matroos^ cp. aussi matelas p. m,ateras),
viendrait donc directement du L. mattarius,
qui signifie en effet « qui couche sur des
nattes » . Cette opinion est démentie par le fait
que l'usage de faire coucher les matelots sur
des hamacs ne remonte pas au delà du xvi« siè-
cle. L'étymologie la plus digne de crédit est,
à mon avis, celle d'un spécialiste en matière
de marine, M. Breiising [Niederdeutsches
Jahrbuch, V, 10-12). D'après lui, matenot,
forme première constatée, représente un
composé pléonastique néerlandais maatge-^
noot, dont les deux éléments signifient associé,
compagnon; devenu régulièrement, par la
chute du préfixe çhe, m,atenoote, d'où le mot
français. A l'appui du sens compagnon, Breu-
sing cite Tanc. expression taisseau-matelot,
traduit en angl. par « a good company keeper » ,
et le terme de mer amateloter l'équipage
(mettre les matelots deux à deux pour s'aider
l'un l'autre. — Bugge (Rom., III, 155) avait
déjà recommandé pour étym. le nord, môtu (ou
matu) -nautr, répondant à mha. mâz-ffenôze,
commensal ; le personnel de bord se formait
en plusieure compagnies de table. Breusing
oppose toutefois à cette explication par matu-
nautr (en angl. mess-mate, compagnon de
table), deux circonstances : c'est que si tnate-
lot était d'importation noroise, il se présente-
rait dès le temps des Normands ; puis, pour-
quoi les langues Scandinaves actuelles ne
l'auraient-elles pas conservé, au lieu de se
servir de la forme néerl. corrompue matroos f
Notez encore, en faveur de l'origine maet, que
ce mot et son dérivé maetken sont déjà dans
Kiliaen avec la valeur de lat. remex, mate-
lot. — En breton, le mot se dit martôlod. —
D. matelote, mets accommodé à la manière
des matelots.
MATER, voy. mat, 1 et 2.
MATER. MÂTEREAU, voy. mât.
MATÉRIAUX, du type L. materialia (dér.
de materia).
MATÉRÊBL, L. materialis (materia). —
D. matérialiser, -iste, -isme.
MATERNEL, L. matemalis p. maternus;
maternité, L. maternitas.
MATHÉMATIQUE, gr. fia^fAxrutéi, adj. de
/Axdvi^ara, les mathématiques (litt. les con-
naissances), — D. mathématicien.
MATIÈRE, vfr. matire, L. materia.
MATIN, it. mattino, prov. mati, du L. mn-
tutinum (s. e. tempus). — De l'adv. latin
mane, au matin, la vieille langue avait fait
main, que nous avons encore dans demain,
lendemain. « Tel rit au main qui le soir
pleure », ancien proverbe. — D matinée,
matinal, matineiix, matines (v. c. m.).
MATIN, it. mastino, prov., esp. mastin,
chien domestique, chien de garde; dir. do
l'adj. vfr. mastin, domestique. Celui-ci se
rattache au BL. masnaia, famille, ménage
(voy. sous maison), par un dérivé ma^na-
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MAT
— 328 —
MAU
lima, domesticus, contracté en masiinns ; la
chute de la sjllabe atone na ne fait pas plus
de difficulté que celle de tu dans matiUinutn
devenu matin, — L'angl., à Taide du suffixe
ivus, a créé la forme mtistiff. — Bracbet tire
masiin d*un type fictif mansatinus, dérivé
de mansum^ maison ; mais un suffixe cUinus
n'existe pas. — D. màtiner; pour le sens
^^. maltraiter de paroles, cp. ail. hunsen,
injurier, de hund, chien.
KATIHSS, L. matutinœ (se. precationcs).
KATIB, voy. mat 2.
KATOIS, madré, rusé ; adj. dérivé de mate,
lieu à Paris où s'assemblaient les gens de
mauvaise vie. Telle est l'étymologie admise
par Littré; voy. d'autres conjectures dans
Grandgagnage, sous mat. — D. fnatoûerie,
fourberie.
KATOH, lait caillé ou réduit en grumeaux,
de l'ail, matte, m. s. — Voy. aussi matton.
KATOn, vfr. mitou. On fait venir milou de
mite (encore employé dans chattemite); et
mite serait une onomatopée analogue à it.
micio, micia, mucia, esp. micha, misa, ail.
miez, mu2. Notez le proverbe du Roman du
Renard : « se l'une est chate, l'autre est
mite *>. — Le wallon a, pour matou ^ la forme
marcou; en Lorraine, on dit raoul. On peut
inférer de là que comme marcou se rapporte
au nom d'homme Marculphus, et raoul à
Reululphus, matou est de même un nom
d'homme (peut-être Mathieu), ou du moins,
sous l'infiuence de mitou et comme celui-
ci lui-même, mitou, assimilé à un nom
d'homme. — Le picard, cependant, dit mar-
lou, qui est p. maslou (de masle, mâle).
A Yalenciennes, on se sert de marou (de mas,
maris), mâle. — Matou p. mitou, c'est-à-
dire a p. i en syllabe protonique, n'a rien
d'étrange ; cp. vfr. aronde == lat. hintndo.
D'ailleurs, les mots .synonymes maroti, mar-
cou, marlou peuvent y avoir exercé quelque
influence.
1 . MATBAS, vase do verre à col long et
étroit, vfr. matheras, matelas ; d'origine in-
connue; peujt-être de matras 2, par assimila-
tion de forme.
2. MAT&AS (Palsgrave a matteras), gros
trait d'arbalète, prov. matratz, matrat, dérivé
du L. matara, vocable d'origine gauloise. —
D. matrasser, écraser, meurtrir, assommer.
MATRICE, vfr. marris, du L. matricem
(mater). Par extension, on a nommé matrices
les originaux des modèles, des poids et
mesures, des moules de fonte, etc. ; cp. en
ail. le terme analogue mutter. — Le latin
donnait kmatrix aussi le sens de registre ori-
ginal, de là le dim. matricula, fr. matricule,
MATRICIDE, L. matricida et matricidium
MATRICULE, voy. matrice. — D. matri-
culaire, immatriculer. Voy. aussi mar-
guillier.
MATRIMONIAL, L. matrimonialis, de ma-
trimonium^ mariage.
MATRONE, L. matrona (mater).
MATTE, matière métallique impure; é
Genève, tas, monceau ; d'après Littré, de l'ail.
mal/«, masse compacte; mais le mot ail. est-il
bien du fonds germanique!
MATTON, brique, tourteau, it. maitone;
vient prob., comme le fr. (dialectal) maton,
cat. tnatô = fromage, de 1 ail. matz, matte,
lait caillé. L'enchaînement : lait caillé —
fromage — brique, n'a rien que de très natu*
rel. Reste à savoir si le mot allemand n'est
pas d'importation romane ; Baist (Ztschr , V,
563) est d'avis que l'ail, matz, matie, an sens
de fromage trempé, ne vient pas du L. mai-
tus, humecté (Pétrone), qui, lui, vient de
m€uiidus.
MATURXR, L. maturarc, doù maturtftion^
-atif; subst. maturité, L. maturitas. De l'adj.
L. maturus, d'où fr. mûr (v. c. m.).
MAU, en composition, est la transforma-
tion de mal devant une consonne. Outre les
composés recueillis ci-après, nous citons
encore les anciennes expressions : maitpi"
teux, impitoyable, maumener, malmencrp
mauhué, mal lavé, mausage, fou, nusutalent,
mauvais dessein; maitconseU, mautnarié,
maufé, démon = malefactus (cp. it. malfatto,
napol. bnttto fatto, m. s. que vfr. maufé\.
MAUDIRE, L. maledicere. Le mot latin
s'était reproduit dans la vieille langue, par la
syncope du d médial, sous la forme maleîr,
analogue à benetr (plus tard bénir) de bene-
dicere. Du part, mal'dictus vient fr. maudit ;
du subst. maledictio, 1. vfr. malefçon, aussi
maudisson; 2. nfi\ malédictimi.
MAU6RÉ, forme ancienne -de maigre'. —
D. maugréer, épancher brusquement son
mauvais gré, sa mauvaise humeur, jurer,
pester.
MAURE, noir, gr. /»xv/»o;, foncé, noir;
voy. aussi more. De là : maurette, fruit de
l'airelle, maurin, pigeon noir.
MAUSOLÉE, L. mausoleum (de Mausohts,
roi d'Halicamasse).
MAUSSADE, p. mal sade = L. maie sapi-
dus (cp. insipide). Voy. sade — D. maussa-
derie.
MAUVAIS, vfr. malvais, prov. malvais, it.
malvagU), du goth. balvavesis (adj. présumé
d'après le subst. baloavesei, méchanceté), ou
plutôt dun type vlia. balvasi, méchant,
transformé, sous l'influence du L. malus, en
malvasi, d'où mauvais. — La langue des
trouvères présente aussi un adj. mais =■
mauvais, que l'on prend (prob. à tort) pour
une contraction de mauvais. — Pour les for-
mes esp. malvado, prov. malvattz, m. s., il
faudra, si Tétymologie ci-dessus établie (et
dont la paternité appartient à Diez, je pense)
est fondée, leur chercher une autre origine.
En effet, Diez les explique comme des parti-
cipes d'un verbe malvar, rendre mauvais, et
ce dernier comme un composé de mal-levar,
mal élever. — Bngge (Rom. IV, 362) jette une
nouvelle lumière sur l'histoire de la forme
mauvais. Amenant des arguments très sérieux
contre l'étymologie germanique, il expose
comme quoi fnaux)ais, it. malvagio, répond à
une formation malvatius (cp. palatium, fr.
palais, it. palagio), tirée de 'malvaJtus, osp.
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MÂZ
— 329 —
MIDC
• malvado, méchant, prov. malvet^ vfr. maJvé,
Or, ce *tnalv€Uiis, comme l'a fort bien établi
Diez, représente maie levains, mal élevé.
Pour la forme oxtensive malvat-ius, Biiggo
rappelle it. a'ojo = criidius, esp. crasio de
a'ossiis, prov. nooi de novus, — D. vfr. mal-
vestie', maiœaiseté =. prov. malvastat.
1 . MAUVS, plante, du L. fnalva.
2. MAUVS, nom donné à quelques espèces
de mouettes, vfr. miaice, pic. rnavoe; le
même mot que Tall. môioe = vha. mêh, mlia.
fnewe, ags. maeto, angl. moto, meio, ni.
7neeiD. — D. dim. mouette.
MAUVUSTTB, dim. moderne de maiivis.
MAUVIS, anc. maltns, wall. rnâvi, esp.
malvii, napol. marrt>^o, BL. malvitius. On
a proposé une origine de maltis -{- ^is /^pour
ainsi dire mcUitm vitis, le fléau de la vigne),
cet oiseau étant nuisible aux vignes (c'est
pourquoi on Tappelle aussi grive de ven-
dange, en ail. voeingarts-vogel, oiseau de
vigne). Grandgagnage, approuvé par Diez,
allègue le breton milfid, milvid, m. s. ; en
Comouaille, melhuez signifie alouette. Pour
éclaircir la question, il est bon de noter
que Jean de Garlande donne L. maciscus
(voy. ma Lexicogr. lat., 73), qu'il traduit par
mauûiart — D. mauviette, sorte d'alouette;
en patois rouchi, on a le mot mauviar pour
merle.
MAuviSQUE, it. malvamschio, esp. malva-
visco, du L. malva ibiscum (cS^txo;). Les
mêmes mots latins retournés ont produit BL.
et it. bismdlva, puis le fr. guimauve qui est
p. vimauve [h primitif adouci en î?, puis con-
verti en gu, cp. gui, guêpe de lat. viscus,
vespa).
MAXILLAIRl!, du L. maxilla, mâchoire.
MAXIME, du L. maxima, s. e. sententia,
proposition majeure; d'où l'acception « pro-
position générale, principe » (cp. gr. rupUi
oo^eec).
MAXIMUM, plur. maœima, du L. maxi-
mum, le plus haut point, superlatif de mag-
nus, grand. — D. maximer, établir le
maximum.
MATONNAISE, t. de cuisine, d'origine in-
connue; selon quelques-uns, il faut dire
niahonnaise, d'après Mahon, ville prise par
Richelieu.
MAZAGRAN, breuvage dont l'usage et le
nom datent de la défense de Mazagran en
Algérie.
MAZETTE, méchant petit cheval ; personne
inhabile. D'après Frisch, de Tall mats, t. d'in-
jure, personne stupide; Littré indique ma-
sette = fourmi (Berry) ; le nom de ce petit
insecte pourrait avoir été transféré à un petit
cheval. Quant à mazette, fourmi, Littré de-
mande s'il vient de l'ull. ameise, m. s. — En
présence du peu de crédit qu'inspirent les
explications données jusqu'ici, il ne faut en
négliger aucune. L'existence de l'it. (dial.)
mazeta avec le sens de bâtonnet (voy. Mussa-
fia, Beitrag, p. 78), donc un dim. de mazza
M bâton », a suggéré à G. Paris l'idée que notre
mazette pourrait êti*o le même mot dans le
sens métaphorique de mulet. On sait que les
sens mulet et bâton se confondent plus d une
fois (voy. pi h. Fart, bâton). — A propos de
Tall. mxUz, faible, inapte), imbécile, notez
l'expr. ein matsicht pferd (equu-s frigosus),
qui se trouve dans Frisch.
ME, L. më; une forme secondaire fr. est
moi [c long latin changé selon la règle en oi
fr.). Moi est la forme accentuée, me la forme
atone ou sourde.
MÉ, préfixe, voy. mes,
MEA-GULPA, mots latins r== par ma faute.
MÉANDRE, allusion aux sinuosités du
Méandre, fleuve de l'ancienne Phrygie.
MÉAT, L. meeUus, conduit.
MÉGANIQUE, gr. /i7)yrvu6i, adj. de fiviy^:Kv^„
machine. — D. mécanicien, mécanisme, gr.
fiviyjx'n'xuô;,
MÉGSNE, d'après le nom de Mœcenas,
favori d'Auguste et protecteur d'Horace et de
Virgile.
luIGHANT, vfr. mes-cheant, part, prés de
mescheoir, prov. mescazer, BL. mescadere,
litt. = tomber à mal. mal réussir (cp. esp.
malcaïdo, malheureux). « Un honnête philo-
logue du XVI" siècle (Ch. Bouille), parlant de
ce mot, a écrit les lignes suivantes : Meschant
qua voce abutentes Galli virum interdum
inopcm, interdum iniquum, dolosum et infc-
licem effantur. Ce brave homme s'est dit, avec
le proverbe : « Pauvreté n'est pas vice » et il a
conclu que les Français faisaient un abus
de langage en donnant tour à tour au mot
meschant (pr. malheureux) le sens de mal-
heureux et celui de mauvais. Il aurait pu en
dire autant do Fit. cattivo (pr. captif), dont
on abuse de la même manière. C'est qu^indé-
pendamment de la logique individuelle du
cœur et du .sentiment, il y en a une autre qui
fait croire que le malheur rend mauvais,
qu'il aigrit l'âme et la rend capable d'actions
criminelles. Et d'après cette loi rigoureuse,
tous les malheureux, tous les déshérités de
la fortune sont condamnés presque sans ap-
pel. On dirait de ces familles de l'antiquité
que le destin avait maudites et dans les-
quelles se perpétuait éternellement l'union du
crime et de l'infortune. » Cette nianière de
voir de feu mon ami Gachet est peut-être un
peu trop sentimentale : la valeur étymologique
de meschant, c.-à-d. mal tombé, mal venu,
mal réussi, comporte en elle-même tout aussi
bien l'acception morale «* méchant » (=» qui
est tombé dans le mal) que l'acception « mal-
heureux n (rsr qui cst tombé dans le malheur).
— D. vfr. meschéance, malheur, calamité,
litt. mauvaise chance, d'où nfr. méchanceté,
dérivation tout à fait insolite ; c'est comme si
on se permettait de forger un substantif médi-
sancfité.
MÉGHE, du L. myxus, pr. bec de la lampe,
lumignon. L'it. miccia, esp., port., prov. ms-
cha, sont empruntés au français. — D. mâcher
(un t-onneau).
MÉGHEF, anc. meschef, angl. mischief,
anc. esp. mescabo, anc. cat. menyscab, esp.,
port, menoscabo, prov. mcscap. C'est le subst.
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MËD
— 330
MÊL
verbal du vfr. mescheoer, ne pas réussir, avoir
mauvaise chance, opposé de a-chever^ venir à
chef, à bout ; il ne faut pas confondre ce verbe
(== prov. mescabar, esp. menoscabar) avec le
synonyme mescheoir (voir méchant),
MÉCOMPTE, MÉGOMPTER, voy. compte.
MÉCONNAÎTRE, négatif de connaître; cp.
nW. misshennen. — D. méconnaissant, -ance,
méconnaissable,
MÉCONTENT, voy. content, — D. mécon-
tenter,
MÉCRÉANT, anc. mes-créant, part prés, de
meS'Croire, me'croire = ne pas croire.
MÉDAILLE, it medaglia, esp. medal/a^
d'un adj. L. métal leus, fém. -ea. Médaille
vient direct, de l'italien; Fane, forme fr.
était meaille, d'où maille (v. c. m.). Le sens
actuel de médaille découle du sens monnaie
qu'avait le mot dans la moyenne latinité, où
medallia signifiait tantôt une obole, tantôt
une pièce d'or. — D. médaillon , médaillier,
médailliste.
MÉDECIN, L. medicinus, développement
de medicus ; le fém. medicina a donné fr. mé-
decine = 1. science médicale, 2. remède,
surtout remède purgatif; un développement
ultérieur de medicinus est medicinalis, d'où
fr. médicinal, — Autres dérivés latins et fran-
çais du L medicus (rac. mederi = guéiir) :
Medicalis, fr. médical; verbe medicari, trai-
ter, d'où medicamentum, fr. médicament;
medicatio, fr. médication, — Le lutin medicus
s'était régulièrement transmis à la vieille
langue sous la forme mege, miege, mige,
puis, par apocope de la terminaison, meidc,
mride, d'où mie et mire.
MÉDECINE, vfr. mechine, voy. médecin, —
D. médecifver,
MÉDIAIRE. Le mot latin médius (= qui se
trouve au milieu), francisé en mi (v. c. m.), a
poussé les dérivés à radical latin suivants:
médiaire, t. de botanique; médial. L. media-
lis; médian, L. medianus (type du mot vul-
gaire moye7i) ; médiat, d'un type BL. media-
tus = mis en rapport avec qqch. par un terme
moyen; médiateur, BL. mediator, du verbe
mediare, intervenir dans une affaire (cp. vfr.
moyenner), d'où aussi médiation ; médiocre,
L. mediocris.
MÉDIAN, voy. l'art, préc.
MÉDIANOCŒ. repas en gras après minuit
sonné; mot emprunté à l'esp. et venant du L.
média nox, minuit.
MÉDIASTIN, t. d'anatomie, du L. mediasti-
nus, qui se tient au milieu.
MÉDIAT, voy. médiaire, — D. immédiat;
verbe médiatiser,
MÉDIATEUR, MÉDIATION, voy. médiaire,
MÉDICAL, -AMENT, voy. médecin.
MÉDIOCRE, L. mediocris (médius) —
D. médiocrité, L. mediocritas.
MÉDIRE, = mes + dire, parler en mal. —
D. médisant, d'où médisance.
MÉDITER. L. meditari.
MÉDITERRANÉ, L. mediterraneus, qui est
au milieu des terres.
MÉDIUM, mot latin, = terme moyen,
moyen.
MÉDONNER, mal-donner (les cartes). —
Subst. verbal médonne.
MEDULLAIRE, L. medullaris, de medulla
= fr. moelle.
MEETING, mot angl , signifiant rencontre,
réunion. — D. meeting uiste.
MÉFAIRE, = mes -\- faire , mal faire ; de là
subst. méfait.
MÉFIER, = mes + fi^f- — D . méfiant, -ance.
MÉGARDE, = mes -{-garde, inattention.
MÉGÈRE, femme méchante, du L. Megcera^
nom d'une des trois Furies.
MÉGIE, subst. verb. de mégir, blanchir les
peaux. Quant à l'origine de ce mot technique,
on a proposé tantôt le L. mergere, plonger
dans l'eau, tantôt l'angl. meek, doux, ou le
néerl. meuk, amollissement. Ce dernier, dit
Diez, pourrait au besoin être accepté, à la
condition d'admettre dans 'm^ie une altéra-
tion de méguie, ce que la forme picarde me-
guichier = mégisster autorise à supposer.
Littré soupçonne une défiguration de l'équi-
valent ail. weissgerben (litt. tanner en blanc),
mais la distance de forme est par trop grande.
— Le subst. mégis signifiait autrefois une com-
position d'eau, de cendre et d'alun, que Ion
employait dans la mégisserie ; il est le primi-
tif immédiat du subst. mégisster et du verbe
mégisser. Les formes vfr. mesgeyer, mesgui-
chier, BL. mesgegcus,mégis&iev, et le mot fr.
mesquis, basane apprêtée avec du redoul,
indiquent un radical mise, mesc. Tobler,
incidemment (Rom., II, 244), explique subst.
megeïs, d'où megis, par le type medicaticium,,
comme étant un dérivé de vfr. megier =
medicare (soigner médicalement). Cela est
correct et sourit beaucoup; mais comment
se rendre compte du verbe mégir, d'où notre
subst. mégie f Aurait-il été tiré dii'ect. du vfr.
megé 'médecin) = medicus f Et qu'estrce que
le médecin a à voir dans la mégisserie ? Peut-
on donner ici au mot la valeur de chimiste, et
kmegis celle de préparation chimique?
MÉGIS, d'où mégisser, -ter, -erie, voy. l'art,
préc.
MÉGUE, petit lait; d'origine inconnue. On
a pensé à maigre (la partie maigre du lait),
puis au gaél. m^og, m, s. En BL., on trouve
mesga, en vfr. mesgue, en n. prov. mergue,
en pic. mingle; Kiliaen cite le mot meghe
comme allemand, avec le sens de coagulum.
— Il est difficile de faire intervenir l'ail.
milch, ni. melk, lait.
MEILLEUR, de l'anc. lat. meliôrem (lac-
cent sur o) ; le nominatif mélior (l'accent sur
e) a donné à l'anc. langue la forme mieldre,
mieudre,
MÉLANCOLIE, vfr. mérencolie, gr. aslay-
jfoXfa, litt. = bile noire. — D. mélancolique,
atrabilaire.
MÉLANGE, autr. du genre féminin ; subst.
de mêler (cp. louange, vidange). — D. mé-
langer.
MÉLASSE, sirop de sucre, de l'esp.
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MËM
— 331
MÉN
melaza, qui vient du L. meUaneus (de meî,
miel).
HELER, mesler, it. mischiare, osp., port.,
prov. mesclar, duBL. miscidare, dim. du L.
mtscere, — D. mélange (v. c. m. i ; mêlée (cp.
ail. handffemenge, de mengen, mêler); cps.
pêle-mêle, emmêler, démêler.
MÉLÈZE; quelques-uns prennent ce mot
pour un dérivé de mel (miel), au sens de
manne, en rapprochant le gr. fttUx, nom du
frêne qui donne la manne commune. Diez y
voit la combinaison mel-lerce (lerce =
L. larix). En Languedoc, on dit me/e tout
court.
MÉLILOT, aussi mirlirot, trèfle jaune, du
L. meliloton (^s)a«rov). De là aussi flam.
malloete (Kiliaen).
MÉLISSE, appelée aussi piment dos mou-
ches à miel, en L. melissophyllum (gr.
fiLÙi'X'sôfxjMù^, plante d'abeille), du gr. n'ùiisit,
abeille.
MELLIFLU, L. mellifluus, d'où coule le
miel.
MÉLODIE, gr. ^!)w«éa [ai^oi. phrase ca-
dencée, -|- w5>j, chant). — D. mélodieux, -ique,
MÉLODRAME, drame avec chant (/liÀo;).
MÉLOMANE, qui raffole de musique
(/•afvit&7i, être fou, et /Aiio^, chant). — D. mé-
lomanie.
MELON, it. mellone, esp. melon, du L.
melo, 'Onis, m. s. (du gr. firilov),
MÉLOPÉE, gr. fiiXoitoiUt art de composer
de la musique .
MEMBRANE. L. memhrana, pellicule dont
les membres sont couverts. — D. membra-
neux.
MEMBRE, L. membrum, — D. membrti,
membre, membrure, démembrer.
MEME, mesme*, vfr. meesme, meïsme, it.
medesimo, prov. medesme, esp. meismo,
m.ismo, port, mesmo. Ce mot roman repré-
sente un type latin metipsimus, qui est encore
assez bien conservé dans le prov. smetessme
(Boëthius) = semetipsimus. Cette forme
superlative en imus est développée de metipse,
qui se trouve romanisé dans le prov. medeps,
metets, medeis, v. port, medes; p. ex. permi
meteis = L. per me metipsum, par moi-
même. — Il faut se garder de confondre
mesme, meïsme, avec l'adv. vfr. maism^,
orthographié aussi meisme, mesme (avec le
suffixe ment : mesmement), qui signifie sur-
tout, particulièrement, et qui vient du L.
maxime. — Le subst. mêmeté, proposé par les
journalistes de Trévoux et patronné par Vol-
taire, n'a pas été naturalisé. On ne veut pas
démordre du terme savant identité.
MÉMENTO, mot latin, = souviens-toi.
MÉMOIRE. L. memon'a — Dans le sens
de « écrit destiné à recueillir des souve-
nirs, etc. », sens qu'avait déjà le mot latin,
le subst. fr. mémoire a pris le genre masculin.
MÉMORABLE, L. memorabilis, du verbe
memorare, rappeler à la mémoire, dont le
participe futur passif a donné le mot fr. mé-
morandum, pr. chose que l'on veut rappeler
à la mémoire, puis cahier de notes, enfin
aussi, comme mémoire, = écrit, bref, etc.
— Au L. metnorare répondent it. membrare,
prov. membrar; la langue actuelle a aban-
donné le correspondant fr. membrer; cps.
remembrer*, angl. remember (d'où le vieux
subst. fr. remembrance) = latin rememorare.
— De membrare, etc., viennent le part. it.
membrado, prov. membrat et vfr. membre =
prudent, circonspect.
MÉMORANDUM, voy. l'art, préc.
MÉMORIAL, subst., L. memorialis (s. e.
libellus), m. s. Le sens adjectival du mot latin
est resté au terme négatif immémorial.
MENAGE, it. minaccia, esp. a-menaza,
prov. menassa, du subst. L. minaciœ (Plante),
tiré de l'adj. minax, menaçant. — D. mena-
cer.
MÉNAGE, voy. sous maison. — Le sens pre-
mier est l'ensemble des personnes vivant sous
un même toit, étendu à l'ensemble des meu-
bles, des ustensiles à l'usage d'une famille ; de
là : entretien de la maison, gouvernement
domestique (cp. le gr. olxo-^ofiiv, économie,
m. s.), puis aussi, de même que le terme éco-
nomie, ^ manière profitable de gouverner la
maison, épargne. Je préfère considérer nU-
nage, dans les deux dernières acceptions,
comme subst. verb. de ménager, faire, diriger
le ménage. — D. ménager, adj. (cp. ail.
haushâlleiHsch, m. s., de haushalten, tenir
maison;; fém. ménagère, c^i a soin du mé-
nage ; ménager, verbe, user d'économie, épar-
gner ; conduire, mener, procurer, pratiquer
qqch. avec adresse (d'où le cps aménager) \
ménagerie (v. c. m.). La valeur étymologique
du mot reparait sensiblement às^semménager,
déménager. — Il faut distinguer ménage, vfr.
mesnage, de l'anc. subst. manage, maison,
habitation, qui procède directement du verbe
mranoir «* L. manere, demeurer.
MÉNAGER, verbe, voy. l'art, préc. —
D. ménagemeiit, égard, circonspection.
MÉNAGERIE, de ménage; pr. lieu bâti
auprès d'une maison de campagne, qui ren-
ferme tout ce qui appartient à la vie et aux
commodités champêtres, et particulièrement
les bâtiments destinés aux animaux doniesti-
ques. Le mot s'est appliqué dans la suite à
toute réunion d'animaux, et spécialement à
une collection d'animaux rares et étrangers.
MENDIER, vfr. mendeier, du L. mendicare.
— D. mendiant. — Du L. mendiais (vfr.
mendis), primitif de mendicare, vient le subst.
L. mendicitas, fr. mendicité.
MENDOLE, nom de poisson, voy. mène.
MÈNE, terme d'ichthyologie, L. mosna, gr.
lt.%i'jyi, fixi^li. De là, d'après Banquier (Rom.
VI, 266) par un type *mœnidula, prov. men-
dole, fr. mendole.
MENEAU, t. d'architecture, anc. maineau;
ap. Cotgrave : meneau, transome or crosse-
barre of a window. D'où ? De meieneV, dér.
de medianus, moyen, intermédiaire? L'angl.
a mullion, munnion = meneau ; ils me font
reflet d'être gâtés de moielon, moienon.
MÉNEGHME, personne qui ressemble par-
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MEN
— 332 —
MEN
faitement à une autre, du nom propre Mé-
nechme, personnage d une comédie de Plante.
L'usage du mot dans sa signification actuelle
date de la comédie de Regnard intitulée :
Les Ménechmes ou les Jumeaux, et jouée
en 1705.
M£NEB, it. me^mré, proT. menar, con-
duire, faire aller, puis diiiger, mettre en
œuvre ; du verbe L. minare, employé dans
Apulée pour « faire marcher des bestiaux de-
vant soi, en leur donnant des coups de fouet ».
Paulus Diaconus : agere modo significat ante
se pellere, id est minore;,., agasones : equos
agentes id est minantes. Quant à minare, on
le suppose identique avec minari, menacer.
La signification toute spéciale du verbe latin
s*est, dans la suite, élargie en celle de ducere ;
« minare, dit Papias, ducere de loco ad lo-
cum, promovere ». Cette étymologie se con-
firme par la forme vfr. moiner, qui constate
un primitif minare (i bref), d'après le rap-
port habituel : i bref latin = ot fr. (pirus-
poire). — L'orthographe ancienne mainer
repose sur un feux rapport avec main. —
D. menéet tneneur; verbes composés : ame-
ner, ramener, emmener, se démener, pro-
métier (v. c. m.). ^
MENSSTRIER*, MÉNÉTRIER; forme con-
currente de Tanc. mchtestrel (angl. jnitistreï).
Celui-ci représente un type L. ministeriàlis,
serviteur, de minisierium, service. Ce der-
nier subst. a pris dans la basse latinité le sens
général de ars ; c'est le primitif de notre mot
fr. mesiier, métier; le mot ministeriàlis,
ministralis, est ainsi devenu synonyme de ar-
tjfex, artisan et artiste. L'acception artiste
s'est plus tard particularisée en celle de musi-
cien, joueur d'instrument, chanteur. Aujour-
d'hui, nous nommons par dérision ménétrier
un mauvais joueur de violon. — Dans un arti-
cle où il applique rîgidement les théorèmes de
la phonétique française à notre mot ainsi
qu'au terme grammatical />/MriW(Ztschr., IV,
379-80), Fôrster nous apprend que la forme
mei\estrier est restée inconnue au vieux fran-
çais et n apparaît pas avant le xv* siècle. 11
s'est substitué à fnenestrel (seule forme an-
cienne) par permutation de suffixe, comme
'plurel, la vraie fonne franc, de L. pluraîis,
a été de bonne heure supplanté par plurier,
dont, bien tard, les savants, tout arbitraire-
ment, ont fait pluriel au lieu de reprendre
piurel.
MÉNIL, mesniV, demeure, habitation,
ferme; vieux mot conservé dans un grand
nombre de noms de localités, comme Blanc-
ménil, Ménilmontant ; il représente le BL.
mansionile, voy. maison.
MSNIN, gentilhomme attaché au Dauphin;
'de Tesp. mcnino. enfant de qualité placé
comme émule auprès des jeunes princes. L'esp.
menino, port, tninino, petit garçon, est de la
même famille que le n. prov. menig, menit,
petit, nonn. minet, minette, rouchi minette,
petite fille, et vient, selon Diez, de l'adj.
gaél. min, petit, gentil (congénère sansdout«
avec le min-or des Latins).
1IÉHIH6B, gr. /t^wy^ membrane. — D. mé-
ningite.
MÉHISQUS, du gr. ftri^Uxoi, croissant.
HSNOH, chèvre dont la peau fournit lo
maroquin; it. fTienno, BL. m.enonus ; mot
d'origine inconnue.
MENOTTE, pr. petite main, dimin. de
main, cp. it. menelta, — D. emmenotter,
ME3ISE, table à manger, puis revenu d'une
abbaye, du L. mensa^iahle. — D. metisaL
MENS0H6E, vfr. aussi mensogne, it. men-
sogna^ prov. menscntga, mensonja. Ce mot,
par sa terminaison, embarrasse les étymolo-
gistes. Ce qui est sûr, c'est que les étymolo-
gies tnentis somnium ou mentUum somniutn
ne sont pas soutenables. L'opinion de Diez est
plus raisonnable. Il pense que mensonge re-
présente le L. mentiiiônem (encore reconnais-
sable dans le prov. mentisô), que l'on aura,
au moyen de la terminaison onge, assimilé au
nom d'un autre vice de même nature, savoir :
calonge, caJonja = L. calumnia. Notez
encore que mensonge était autrefois du genre
féminin. — Selon toute apparence, le type de
mensonge est *mentionea. Mussafia (Beitrag,
p. 74j nous a révélé d'autres noms abstraits
form^ par le suffixe oneus et qui se rencon-
trent dans les dialectes ital. Outre catironia
(anc. milan.), » perversité », il cite ambriaco-
gna, ivresse (piém.), tisicogna, phtisie (piém.),
marzimonia, pourriture, et cressimonia^
croissance (crém.); enfin, dans le Glossaire du
XV* siècle qu'il traite, lecrosonia, lèpre. On
trouve d'ailleurs menzonca dans l'ancien pié-
montais (voy. Fôrster, Ztschr.,!!!, 259).
MENSTRUES, du L. menstruus (dérivé de
mensis, mois).
MENSUEL, L. mensualis ^mensis).
...MENT, terminaison adverbiale, it., esp.«
port, mente, prov. men. C'est le mot latin
mens, esprit, sens (à l'ablatif mente), dont le
sens naturel a dégénéré en celui de modus,
ratio. Vadverhe parfaitement équivaut donc
litt. au L.perfecta mente, d'une manière par^
faite. Ce suffixe étant do sa nature un subst.
fém., on comprend qu'il se joint à la forme
féminine de l'adj.; mais comme les a^j. fr.«
répondant à des acy. latins à genre commun,
n'avaient autrefois pas de forme féminine, on
disait hiaJment (loiaument), forment, gram^
ment, cruelment. Des traces de cet usage
nous sont restées dans les formes adverbiales
prudemment, méchamment, etc.
MENTAL, L. mentalis (mens).
MENTHE, L. mintha (fih^a).
MENTION, L. mentionem. — D. mention-
ner.
MENTIR, L. mentiri. — D. menteur, mefi-
tetne, $nensonge(v. c. m.); cps. démentir.
MENTON, prov. meniô, augmentatif du L.
mentum, qui a donné direct. Tit. mento,
MENTOR, du nom propre Mentor, guide
et conseiller de Télémaque.
MENU, du L. minutus, petit, mince, de
peu de valeur. Comme subst., menu a pris le
sens de détail, dont la valeur étymologique
est la même. — D. menuaiile, menuet, pr.
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MER
333 —
MËR
dimin. de menu (« il a le visage menuet et le
ventre rondelet ») ; la danse do ce nom est
appelée ainsi à cause de ses petits pas. — Voy .
aussi menuiser.
DŒKUET, voy. menu.
MSNTJISSR, couper menu, tailler, it. mi-
nuzzare^ pix>v. menuzar, d'un type latin
minutiare (dér. de minutus, fr. menu), —
D. menuise, la plus petite espèce de plomb à
giboyer; menuisier, ^v. = artisan en menues
pièces (cp. le mot gr. équivalent Insroup/o;,
menuisier), ou bien = celui qui coupe (cp. le
terme équivalent tailieur, appliqué à Tartisan
en étoffes).
MENUISIER, voy. Tart. préc. — D. me^iut-
serie,
Mmu-VAIR, petit-gris, de menu et vair,
MÉPHITIQUE, infect, fétide, L. mephiticus,
de mephitist exhalaison pestilentielle de la
terre. — D. méphitismc.
MÉPLAT, t. d'arts, pas tout à fait plat, = mes
{particule négative ou péjorative) 4" p^o^»
MÉPRENDRE (SE), » mes-prendre, mal
prendre. — D. méprise.
MÉPRISER as mes-priser, esp. menospre-
ciar, prov. menesprezar estimer à vil prix.
— D. subst. verbal mépris, esp. menospre-
cio; adj. méprisable.
MER, L. mare.
MERCANTILE, de Fit. mercantile, dér. de
mercante, marchand.
MERCENAIRE, L. mercenarius, stipendié
(plutôt mercennariits p. mercedinarius, de
fnercedem, salaire).
MERCERIE, voy. mercier.
MERCI, vfr. mercit, it. mercè, esp. merced,
port., prov. niercé, grâce, miséricorde, par-
don. Du L. merces, mercedis, salaire, récom-
pense. Le sens originel « don rémunérateur n
s'est modifié au moyen âge en celui de don
gratuit, offei*t par sympathie, commisération
ou reconnaissance, d'où s'est dégagé celui de
miséricorde, ainsi que celui de simple recon-
naissance. — D. vfr. mc^yner, 1. crier merci,
supplier; 2. recevoir à merci, faire grâce;
3. remercier (de là le subst. verbal me7'ci =
remerciement; ; nfr. remercier, rendre grâces.
— Il est bon de noter que l'expression Dieu
merci, d après les analogies que présente l'an-
cienne langue (tH>stre merci, le merci Dieu),
ne signifie pas « grâce à Dieu » , mais « par
la grâce de Dieu ».
MERCIER, verbe; voy. lart. préc.
MERCIER, subst. BL. mercerius, de merx,
mercis, marchandise. — D. mercerie.
MERCREDI, it. mercoledi, viercordi, prov.
(avec renversement des deux éléments consti-
tutifs) dimercres\ du L. Mercurii dies. Sans
dies, l'esp. a fait miercoles, le prov. aussi
mercre^.
MERCURE, nom donné par les chimistes au
vif-argent, soit parce qu'ils reconnaissaient la
planète Mercure pour son générateur, ou
parce qu'étant d'une susceptibilité extrême, il
a quelque rapport avec l'agilité du dieu Mer-
cure, que les poètes représentent avec des
ailes au talon. — D. mercuriel.
1. MERCURIALE, plante, L. mercurialis
s. e. herba.
2. MERCURIALE, d'abord assemblée du
parlement de Paris, puis harangue du prési-
dent tenue à cette assemblée (fig. on appelle
aujourd'hui mercuriale une réprimande
quelconque, par allusion au caractère de
ces discours du président du Parlement de
Paris); l'assemblée fut ainsi nommée parce
que ces assemblées se tenaient le mercredi
(jour de Mercure).
3. MERCURIALE, registre où sont inscrits
les prix des grains et denrées aux marchés pu-
blics, de Mercure, comme personnification
du commerce (?).
MERDE, L. merda. — D. merdcux, mer-
daille.
MÈRE, it., esp., port, madré, prov. maire,
du L. mater, matris. — Mère se prend par-
fois adjectivement et entre dans la composi-
tion de plusieurs mots pour marquer l'excel-
lence, comme dans mère-goutte, le premier
jus qui sort du raisin, mèro-laine, mère-
perle, etc. Mais dans ces applications, mère
vient de l'adj. L. merus; on trouve tnera
guUa, goutte pure, dans un document du
xin" siècle.
MÉREAU, petite pièce de métal servant de
jeton à différents usages, BL. mcrelhts. Voy.
l'art, suivant.
MÉRELLE ou MARELLE, jeu d'enfants
(Kiliaen : marel-spéf). Ce jeu consiste en une
échelle tracée sur le pavé, dans laquelle on
saute à cloche-pied, en poussant avec le bout
du pied une espèce de palet. Le même nom
est donné au jeu appelé en allemand mfihlen-
spiel, jeu du moulin. Le mot mérelle ou yna-
relle signifie pr. le palet, le pion ou le jeton
dont on se sert pour ce jeu ; c'est la forme
féminine de méreau (voy. l'art, préc.). On le
rattache à un type matrellus, matrella (d'où
mairellus, marellus), qui serait un dérivé du
L. Ynatara, mataris, materis, sorte de jave-
line (voy. nuxtras)^ mot d'origine gauloise et
dont la racine, à juger du gaél. methred,
jaculator. exprimait l'idée de jeter. Cp. jeton
dejeter.
MÉRIDIEN, L. meridianus, de meridies,
midi. — D. méridienne, 1. sommeil de midi,
2. ligne méridienne.
MÉRIDIONAL, L.meridionalis(àér. de me-
ridies, midi).
MERINGUE, sorte de pâtisserie, garnie de
crème ou de confitures. Mot nouveau, d'ori-
gine inconnue. L'esp. le rend par melindre,
qui signifie pr. bei$çnet fait avec de la farine
et du miel, puis délicatesse en général. Le
mot fr. serait>-il une altération du mot espa-
gnol (rac. mel = miel)? Selon d'autres, c'est
une pâtisserie venant du pays de Mehringen ;
malgré l'existence do nombreux villages alle-
mands de ce nom, cette étymologio mo fait
l'effet d'une plaisanterie.
MÉRINOS, de l'esp. merino, mouton d'Es-
pagne, pr. mouton errant, passager {nu:rino),
c.-à-d. changeant de pâturage.
MERISE, cerise sauvage, d'où merisier;
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MËR
— 334 —
MES
d origine douteuse. D'après Le Héricher, meri-
sier serait p. mécerisier, mauvais cerisier ; le
Glossaire de Lille porte meserasus, meri-
sier.
MÉRITE, du L. meritum (merere), service
ou acte digne d'estime, qui commande la re-
connaissance. Dans l'anc. langue, mérite était
fém. et signifiait récompense; c'est le subst.
participial du verbe merir, récompenser. —
En vfr., mérite était aussi adj. = L. meritus,
méritant. — Mériter, L. meritare, fréq. de
merere. — Méritoire, L. meritorius, qui pro-
duit un salaire.
MERLAN, vfr. m^rlenc, melïefic, v. angl.
merlinff, rouchi merlen, mer lin, breton inar-
loiian, Bl. m^rluus; les données man(^uent
pour fixer l'étymologie de ce mot. « Une
forme germanique m^rling au sens de poisson
de mer [mér) nous tirerait d'embarras, mais
elle fait défaut. " (Diez). — D'après Joret
(Rom., IX, 121), du lat. meruJa (poisson de
mer) ; c'est donc le thème merl -[- la term.
germ. ififf (cp. harenc = ail. haring, éper-
lan =s ail. spierling). Lat. merula (poisson),
survit encore dans merle et merlot, « poisson
du genre labre » (Littré;. Les anciens gloss.
german. traduisent merv.la par meer-amsel.
Le nouv. prov. merlan est prob. un emprunt
au français ; il n'autorise pas l'admission du
type merulanus. — G. Paris, à propos de l'art,
de Joret, remarque que l'anc. angl. merling
accuse plutôt un composé do inêr (forme
germ. de L. mare) et Une, suffixe si riche en
anglais; on aurait ainsi la forme gnrmanique
cherchée en vain par Diez. A ceci, Grôber
(Ztschr., IV, 475) objecte qu'il est préférable
de laisser le mot merlan sans rapport avec
mer et d'accepter l'explication de Joret, sinon
merl + ^^9* du moins mer/ -|- Ung,
MERLE, L. merula (ou plutôt merulus). —
D. m,erleau, merlette.
1 , MERLIN, t. de marine, cordage à trois
fils servant à faire des rabans, ni. marlijn,
angl. marline, ail. maarlien; le premier élé-
ment représente le mot german. maren, mar-
ren, lier (voy. amarrer); le second, /y ?i, angl.
Une, allem. Iei7îe, anc. Une, signifie corde.
— D. merliner,
2. MERLIN, t. de boucherie, »: marteau,
d'un type marculinus, dér. du L. marculus,
marteau.
MERLON (anc. aussi merlet), esp. merl on,
port, merlào, partie du parapet entre deux
embrasures, dér. du BL. merla, it. merlo,
créneau. On a proposé, comme source de ce
vocable : 1. L. mœrulus, dim. de mœrus,
forme archaïque de murus (Bolza); 2. L.
minœ, cp. minse murorum, d'où les dim. mi-
nula, m irw/a (Ménage) ; 3. L.mer^a, fourche,
d'où dim. mergula, les crénclures do la mu-
raille ayant été comparées aux pointes d'une
fourche. La 2® étymologie a pour elle l'esp.
almena, créneau ; la 3**, le sicilien mergula,
m. s. La 1^® se recommande par les formes
BL. merulus, merula,
MERLUCHE, MERLUS, MERLU, it. mer-
hisso^ prov. merlus, esp. merluza, du L.
maris lucius, brochet de mer. — Darme-
steter précise davantage; d'après lui. merlus,
-uche est une composition française de tner -\-
lus, fém. liice (pic. luche); elle a passé à l'it.
merlus 30, esp. merluza. Quant au primitif
lus =î lat. lucius, il est dans Palsgrave et a
survécu dans fr. luset^ nom dune espèce de
truite. — De son côté, Joret, à La suite de son
art. merlan (voy. pi. h ), analyse fnerlus par
merula -}- suffixe uceus (non pas par maris
lucius), merluche par mei'ula -\- ucea. Je no
reproduirai pas les arguments ichthyologiqnes
et phonétiques exposés par le savant romaniste
et me borne à dire que son raisonnement parait
probant.
MERRÂIN, dans le principe, bois de con-
struction en général, vfr. mairien, wall.mat-
rain, prov. mairam, mairan, du BL. mate-
riamen; dérivé du L.nuUeria, au sens de bois
de construction (en opposition avec lignum,
plutôt bois de chauffage).
MERVEILLE, it., esp., port, maramglia,
-villa, 'Vilha, prov. maraveglia, du L. mira-
bilia, plur. neutre, =» choses étonnantes. —
D. merveilleux, verbe s* émerveiller,
1 . MES- (devant les consonnes, sauf s, la
consonne finale de mes vient à tomber et nus
devient inè)\ particule prépositive ou préfixe
exprimant que l'action désignée par le verbe
auquel elle est jointe est mal faite ou avec un
fâcheux résultat; prov. 'ines, it. mis. Ce pré-
fixe a la même valeur que le miss allemand
(goth. vha. missa, mha. misse, ags., angl.,
ail. miss, mis). Malgré cette correspondance
de sens et de forme, on ne peut assigner au
préfixe roman une origine germanique; la
forme prov. mens et les formes esp. et port.
menos engagent à voir dans wies une contrac-
tion du L. minus, pris dans le sens de
« moins bien, c.-à-d. pas très bien ». Je pense
que cette étymologie est à l'abri de contesta-
tion, mais que, d'un autre côté, la multiplicité
des composés français avec mes ou mis s'est
produite sous l'influence de la particule ger-
manique. A l'appui de cette manière de voir,
je ferai remarquer : 1. que la latinité du
moyen âge ne présente aucun exemple du
préfixe fninus, tandis qu'on trouve dès le
IX® siècle des verbes tels que mis-dicere, rms-
facere, mis-docere, mis-evenire; 2. que la
forme mis, en italien fp. e. dans tnislealtà,
7nisventura\ a, comme représentant du L. mi-
nus, quelque chose d'anomal (cp. L. tniniste-
rium, it. mestiero, non pas mistiero); 3. que
le préfixe esp. menos est d'une application
limitée à un petit nombre de cas seulement.
2. MES. plur. du pron. possessif »non ; du
L. meos, prov. mos, d'où, par l'assourdisse-
ment habituel de o en e, la forme ynes (cp. Its
de los, L. illos). — Dans l'anc. langue, mes
représentait également le nom. sing. L. meus\
nous en avons encore la trace dans messire
= mon sire.
MÉSAIR, t. de manège ; d'après Littré, de
l'it. mezsaria (de mezso^ demi, et aria, airj.
MÉSANGE, vfr. ^nasange, wall. masenge,
rouchi masinque^ pic. masaingue, BL. ma-
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MES
— 335
MET
sattce, aussi misinga; dér. de Tags. nuises v.
flam. tnéese, nha. meise, m. s. La terminaison
ange représente le suffixe allemand ing, qui
se trouve dans le v. nord, tneisingr.
MÉSELLERIE, v. mot -= hôpital de lé-
preux, du vfr. meself lépreux, ladre, qui est
le BL. rniseJlus, m. s., dim. de miser,
MÉSENTÈRE, gr. /xnivri/siov (intestin du
milieu». — D. méseniérite,
MESQUIN, vfr. meschin, it. meschino, esp.
mesqutno, pauvre, misérable, à l'origine =
serf, serviteur. D'après Diez, de l'arabe mes-
kin, m. s. A l'appui de . cette origine arabe
on peut alléguer le fait (voy. Grandgagnage)
que le plus ancien passage de la moyenne
latinité où mischitiits ait certainement le
sens : homme lige ou serf, a été écrit en Ara-
gon en 1131. Le mot s'est donc introduit en
Europe par l'Espagne. Un vieux glossaire
porte : Saraceni mischinutn mendicum vo-
cant. — De l'acception « pauvre, chétif » s*est
dégagée celle de « petit » (de là les subst.
vfr. mescJiin, petit garçon, meschine, petite
fille), et enfin, pour le féminin, celle de ser-
vante, acception propre surtout à l'it. mes-
china et au wall. meshène, rouchi mequène.
— Le néeil. meisken, meisje (à Bruxelles
j'entends dire masken), n'a lien de commun
avec notre mot ; c'est un diminutif de meid^
ail. rnaid, formé de mcufd (par la résolution
du g en i). jeune fille. — D. mesquinerie.
MESQUIS, voj. mégie.
MESSAGE, du BL. missaticum^ dér. de
missiis (it. messo, vfr. mes)t envoyé. L'anc.
langue employait aussi message =» missaticus,
messager. — D. tnessager, messagerie.
MESSE, it. messa, esp. misa, ail. messe,
angl. mass; du BL. missa. On fait générale-
ment venir ce terme d'église de la formule
missa est, s. e. concio, par laquelle le diacre
renvoyait l'assemblée. Pour être plus exact,
il faut définir la valeur étymologique de messe
en disant que c'était la partie du culte qui
commençait après que les catéchumènes, qui
ne pouvaientparticiper au sacrifice de la messe,
étaient renvoyés avec la formule miwa est con-
cio. Ferrari voyait dans missa un synonyme
de oè/afîo, offrande, donc =» id quod mittitur.
Cette manière de voir mérite d'être prise en
considération; cp. notre mot mets. — Luther
faisait venir messe de l'hébreu mas, tribut,
servitude.
MESSIE, L. messias, du participe hébreu
fnaschiach, oint, consacré, dont xp^^'^^i ®st la
traduction grecque exacte.
MESSIER, garde champêtre, BL. messa-
rius, messium custos, de messis, moisson.
MESSIRE, composé de mes (vfr. = mon,
voy. mes 2) et sire. — L'it, dit messere, d'où
la forme fr. mcsser.
MESTRE ou MEISTRE (arbre de), le grand
mât d'une galère, soit du nord, tnastr, mât,
soit = maistre, maître au sens de principal.
MESTRE DE CAMP, de l'it. maestro di
campa, maître du camp.
MESURE, L. mensura (mctiri). — D. me-
surer, L. mensurare; adj. mesuré, démesuré.
MESURER, voy. mesure.
MÉTAIRIE, voy. métayer.
MÉTÂIL, voy. métal.
MÉTAL, L. metallum. — L'anc. forma
métailf selon Diez, accuse un type adjectival
metalleum. L'anc. valeur de métail, » compo-
sition de plusieurs métaux », me fait plutôt
supposer un type barbare mixtaleus, cp. le
terme tnéteil (v. c. m.). En BL. on trouve
en effet mestallum au sens de cuivre. — D.
métallique, -in, -iser. — Voy. aussi médaille.
MÉTALEPSE, gr. /*sTà/ïjft{, permutation.
MÉTALLURGIE, gr. /Aira^iou r/^a = travail
du métal. — D. métallurgique.
MÉTAMORPHOSE, gr. fiîrxfjLÔpfoin-, ^
L. transformatio {vLoof^ = forma;. — D. mé-
tamorphoser.
MÉTAPHORE, gr. ;*îra^5px, transport.
MÉTAPHYSIQUE, du gr. fiiri rà futtfx,
« après les choses naturelles », premiers mots
du traité de métaphysique d'Aristote, placé
après les traités de physique. — D. métaphy-
sicien .
MÉTAPLASME, gr. /itTxitliifiôi, change-
ment de forme; adj. métaplastique, gr.
MÉTATHÉSE, gr. fitrà^im, transposition.
MÉTAYER, pr. fermier à moitié fruits, dé-
coule dir. d'une forme prov. tneUadier, dér.
de m^eitad, moitié ; cp. BL. fuedietarius, m.
s., de medietas; l'anc. terme équivalent me-
gier répond à la lettre au BL. mediarius (de
médius).
MÉTEDj, anc. mesteil, BL. mestellum,
mixtellum, mixteolum, frumentum miscel-
lum ; dér. du L. mixtum (miscore), mélangé.
Le méteil est un mélange de froment et de
seiij^le. Cp. le terme allemand m>a)igkorn (de
mengen, mêler). Le wallon dit mesteure, qui
est le L. mixtura, mélange. Une variété
littérale de cette forme est mosteure, qui est
le fr. mouture = mélange de froment, de
seigle et d'orge, par tiers, mot qu'il ne faut
pas confondre avec mouture de mx)udre. —
Cp. aussi angl. meslin, maslin, méteil, d'un
type lat. m,isculinum.
MÉTEMPSYCOSE, gr. /xsri/Afux<u9t;, trans-
migration de l'àme d'un corps dans un autre.
MÉTÉORE, phénomène atmosphérique, du
gr. fiizk'Aipoi (p. fiir-xifupoi), litt. qui est dans
l'air, atmosphérique. — D. météorologie,
MÉTHODE, L. methodus, gr. fii^oùoi, ma-
nière (litt. voie) pour poursuivre qqcli. —
D. méthodique, -isme, -iste; méthodologie.
MÉTICULEUX, L. meticulosus (meiws).
MÉTIER, anc. tnestier, it. mestieiv, mes-
tiere, esp. menester, port, mister, prov.
, menestier et mestier, du L. ministerium,
service, charge, emploi, profession. Pour la
transformation littérale, cp. vfr. moustier,
moutier, do monasten'um. — Dans l'anc.
lans^ue, mestier = service avait dégagé la
signification « besoin » : on disait est mestier
p. il est b3soin, comme on dit encore avec le
môme sens en it. e mes tiere, en esp. es menes-
tcr, en wallon avu mesti (avoir besoin). Four
cette transition logique, cp. on latin opus =
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MËU
336 —
MIG
ouvrage et besoin, en fr. besog}ie et besoin, —
Enfin métier, nom abstrait = service, a pris
Tacception concrète de machine ou appareil
pour diverses opérations techniques.
MÉTIS, aussi mestice, esp. mestîjso, d'un
type latin mixtitiits, mélangé.
HÉTONOMASIE, gr. fAirovofix^lot, change-
ment de nom.
MATONTHIE, gr. fAtràivufiix, emploi d'un
mot pour un autre.
METOPE, gr. inroTtTi, ouverture intermé-
diaire.
METRE, gr. fiirpov, L. metrum, mesure. —
D. métrique, màrer.
MÉTROPOLE, gr. ^nrpô^^ya, litt. ville-
mère. Delà, par /iiiTpoTtoUnyn, évêque siégeant
dans la métropole, l'adj. métropolitain,
METS, vfr. mes, angl. mess, it. messo, du
L. missum (mettere), donc pr. ce qui est
envoyé ou mis sur la table. L'orthographe
moderne mets trahit la tendance à mieux
marquer le rapport entre le substantif et le
verbe m^tre. L'étymologie ci-dessus se con-
firme par le rapprochement des termes équi-
valents : L. ferculum, de ferre, gr. Tcpotyopà,
do izpoi-fkptiv, apporter; vfr. apport =« ser-
vice de table (Du Fail : * sur le dernier
apport »»\ — Wachter avait erronément
pensé à une dérivation du goth. matz, vha.
mas^ nourriture. — Cps. entremets.
METTRE, it. mettere, esp. meter, port.
metter, prov. mètre ; c'est le L. mittere, lais-
ser aller, laisser partir, envoyer, qui, dans
certaines applications, frisait déjà )e sens
vague du mot roman, p. ex. dans manus ad
arma mittere (Sénèque), fundamenia mittere
(Lactance). La valeur classique « envoyer •»
se retrouve encore dans le composé trans'
mettre, — Du part, missus : fr. mis, parti-
cipe, et mise, subst. Yoy. aussi message.
1. MEUBLE, adj., L. mobilis,<{\ï\ peut être
remué, transporté; • terre meuble, biens
meubles ». — D. ameublir, rendre meuble;
immeuble, bien-fonds, litt. bien non mobile,
bien fixe. — Fôrster (Grôb., Ztschr., UI, 561)
me reproche d'avoir, sur les traces de Littré
(ceci n'est pas exact, puisque mon péché
remonte à 1862), fait venir meuble de mObi-
lis. C'est, à ses yeux, une hérésie : 0 ne peut
donner eu; aussi le vfr. écrit-il moeble,
mueble, l'esp. mucble; il faut donc absolu-
ment pour base un o bref et admettre un lat,
vulg. mubiîis =» mo (v) bilis. J'accepte hum
blcmcnt la réprimande du rigoureux censeur.
2. MEUBLE, subst., l. objet mobile (voy,
l'art, préc), servant à garnir une maison, un
vaisseau ; 2. t. collectif = toute la garniture
ou le mobilier' d'un appartement. — D. meu-
bler, ameubler', d'où ameublement,
lOiUGLER, it. mugghiare, BL. mugulare,
dérivé du L. mugit e, sous l'influence de
buculare (d'où fr. beugle^'),
1 . MEULE (de foin), dans certains dialectes
et en vfr. aussi moule, mule, d'où mxilon,
meulon, BL. mullo. La forme picarde et
wallonne moie, qui est évidemment le L. meta,
cône, pyramide (en BL. =» meule), et les
analogies formales vfr. seule de sœcidum,
reule (angl. rule) de régula, ne permettent
pas de douter que meide, mule reproduisent
un dim. latin metida (syncope du t), — L'éty-
mologie L. moles, masse, peut donc banU-
ment être rejetée. — D. meulon,
2. MEULE pour moudre, L. mola, —
D. meidard, meulier, meulière,
MÉUM, luION, plante, L. meum, gr. /ifi^v,
MEUNIER, voy. moulin, — D. meunerie.
MEURON, dér. de mûre (v. c. m.).
MEURTRE, anc. aussi meurdre, numrdre,
angl. murder, BL. mordrum, du goth.
maurthr, ail. tnord, m. s. — D. meurtrier;
subst. meurtrière, t, de fortification; verbe
meurtrir, vfr. mourdrir, anc. tuer, auj. faire
une contusion, blesser, assouplir (le cuir; cp.
l'expr. mortifier la viande;.
MEURTRIR, voy. l'art, préc. — D. meur-
trissure,
MEUTE, anc. soulèvement, sédition, entre-
prise et troupe militaire. De là : expédition
de chasse, puis enfin troupe de chiens de
chasse (signification actuelle du mot). Du vfr.
nullité, contr. meute, part, passé de mowDoir
[cp. émeute). Le sens premier de mouvement
msurrectionncl s'est conservé dans les dérivés
mutin (p. meutin), et ameuter, mettre en
meute, exciter. Du fr. viennent les mots ail.
meute, meute, meuter, séditieux, et fneuterei,
mutinerie.
MEZZANINE, entre sol, dér.del'it. meszano,
« qui est au milieu » (de mezzo = médius),
MI, vfr. mei, fém. meie, moie, mie, formes
prov. meg, meitz, mieiz, etc.; ces formes cor-
respondent au L. médius, -a, -um. Dans la
langue actuelle, le mot mi n'a plus d'existence
séparée; il est réduit à l'état d'un préfixe,
marquant division par moitié ; il répond à mé-
dius, comme demi au composé dimidius. Ex.
mi-parti, mi-jambe, mi-€toiit, mi-caréme.
Dans ces cas mi est adverbe ; il conserve son
caractère d'adjectif dans les compositions midi
■= médius dies, m,inuit (anc. mie-nuit) = mé-
dia nox, milieu =* médius locus, point cen-
tral. — Le neutre L. médium (fr. mi) a donné
les locutions prépositionnelles in medio, d'où
le fr. 'emmi, etper médium, d'où le fr.^rmi.
— Génin a commis une lourde bévue en pré-
tendant que mi était une forme apocopée de
milieu,
MIASBIE, gr. fàlx^fix (de fiieu-juv), souillure,
infection. — Du thème fnx^fixr : adj. mias-
matique.
MIAULER, onomatopée, it. miagolare, cp.
vfr. miauwer, ail. miauen, angl. mew.
MICA, esp. de minéral; du L. mica, par-
celle, paillette, ou, ce qui est plus vraisem-
blable, du verbe micare, briller. — D. »ii-
cacé.
MICHE, L. mica, parcelle, en BL. = par-
vus panis. En v. flam. miche signifie panis
triticius (Kil.). Hasselt, éditeur de KiÙaen,
ajoute : nostra vero mikken non parvi panes
sunt, sed vulgaribus latiores, majores, cras-
siores, graviores. En hoU. , mik signifie : fine
farine de seigle. Il se poun*ait donc que miche
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MIE
— 337 —
MU
et le BL. mica n'eussent rien do commun avec
le L. mica et fussent de provenance germa-
nique, ce qui est d'autant plus vraisemblable
que le L. mica a donné le fr. mie (v. c. m.).
MIGHÉj sot, niais, corruption du prénom
Michel.
MIGMAG, intrigue, tripotage; cp. ail.
misch-masch, dan. misk-mak, pêle-mêle
(ail. miscTieii == mêler) ; on peut encore citer,
en fait de ces mots de fantaisie : ail. fick-fach,
détours, subterfuges (de ficketi, remuer),
hlip'klapt sing-sang, fr. flic-flac,
MICROCOSME, =« fiiJipèi Mtfioi, monde en
petit — D. microcosmique,
MICROSCOPE, mot créé pour dénommer un
instrument qui sert à examiner (txottsIv) les
petites choses (fn^pô-). — D. microscopique,
MIDI = médius dies, cp. l'ail, mit-tag, m.
s., et le L. meridiest qui est \io\xTmedi'dies,
Voy. mi et di, — Dans le Lyonnais, on dit mé-
jaurT^. midi.
1. MIE, petite partie qui tombe du pain
quand on le mange, du L. mica, parcelle,
fragment. Ce mot a été remplacé par son
dim. miette. — D. éinier, mioche (v. c. m.).
2. MIE, la partie du pain entre les croûtes,
esp. miga^ prov. inica, miga, anc. cat. mica.
On rattache d'habitude ce vocable au L. mica,
petit morceau; la valeur de ce mot latin,
cependant, est loin de celle du fr. mie. On n'y
trouve rien qui caractérise la mie en tant
qu'opposée à la croûte. 11 faut donc que le
sens « partie molle du pain » ait été appliqué
au mot mie, petit morceau, en seconde ligne
et par une liaison d'idée que je ne saisis pas.
N'étaient les similaires étrangers, je ne ver-
rais aucun inconvénient à expliquer mie par
média, s. e. pars. L'italien no dit-il pas , par
une métaphore semblable, midolla = mie do
pain, lequel midolla est le medulla latin
(mœlk) et par conséquent dérivé de médius f
L'italien rend en outre la mie par mollica (de
mollis).
3. MIE, ancien renforcement de l'adverbe
négatif ne, équivalent des termes analogues
fr./ww, point, goutte (anc. aussi brin, grain,
rien, etc.), it.punto^ mica, fiore, etc., L. hi-
him (d'où nihil). C'est le môme mot que le
mica latin = petit morceau (voy. mie Ij;
l'expression ne-mie i^dXÏ. ni-mic) signifie donc
pr. « pas une miette ». Cp. la phrase de
Martial : « Non est in tanto corpore mica
salis » (pas un brin de sel, ou tout court pas
de sel).
4. MIE, p. amie; forme abstraite de l'ex-
pression m'amie, que l'on a mal décomposée
par ma mie.
MIEL, L. mel, mellis. — D. mielleux, em-
mieller, VÎT. amieller = enjôler.
MIEK. Les formes mien, tien, sien, sont
tirées, d'après Dioz, directement des an-
ciennes formes possessives mi, ti, si, à Taido
du suffixe en = L. anus (cp. ancien do an::,
ains). D'autres préfùrcnt voir dans niioi une
forme diphthonguée do >ncn, forme picarde
du L. meum. Si cette dernière explication est
la bonne, il faut alors admettre la dégrada-
tion suivante : meum — mum — mon — men
— mien. Pour le passage de on en en, cp. ro
luntas, volonté = vfr. volenté. J'objecterai
contre l'opinion de Diez : 1 . que de tout temps
mien a été monosyllabe, ce qui prouve contre
une formation dérivative ; 2. le très ancien
emploi de men p. mon (Chans. de Roland).
— Sur l'origine des formes mon, ton, son et
mien , tien, sien, qui n'est pas encore sortie du
domaine de la controverse, on peut consulter
Cornu (Rom., VU, 593), Grôber (Ztschr., lU,
157) et Mussafia (ib., 267). Ce qui est généra-
lement abandonné, c'est le type lat. meanus;
notez surtout que le fém. mieneiTm^nxiQ) n'ap-
paraît que fort tard dans la langue.
MIETTE, voy. mie 1. — D. émietter.
MIEUX, vfr. mels, miels, miex, mix, prov.
meilhs, du L. melius. Cp. vfr. mieudre, meil-
leur, de melior.
MIÈVRE, n^m. ni()vre, enfant vif, remuant;
d'après Ménage, du L. nebulus (p. nehulo),
polisson ; cette étymologie conviendrait assez
bien, pour la forme, au norm. niècre, mais,
sans parler de la disparate des sens, comme
l'observe fort bien Diez, m initial se change
parfois en n, mais non pas n en m; ce qui
fait que l'origine du mot reste encore à trou-
ver. — En Berry. on dit maffion pour un en-
fant vif; je ne pense pas qu'il soit connexe.
Jusqu'à meilleure information, je suis d'avis
que mièvre sonnait à l'origine mieutre et que
ce mot représente une variété phonétique de
meuble =^L. mobilis, mobile, léger, vif. 11 me
semble que le thème mobl a aussi correcte-
ment pu faire mieuvre que popl a fait pieu-
vre (v. c. m.). — L'observation de Diez sur le
caractère insolite du changement de n initial
en m rencontre, cependant, une exception
dans le mot mastouche et sainte mitouche
(voy. ces mots). — Notons encore l'anc. subst.
mieuresse, gaieté.
MI6NARD ; c'est le radical do mignon avec
le suffixe péjoratif ard. — D. mignardise,
afféterie ; mignarder. — Avec le suffixe ot,
le même radical a produit mignot, joli, déli-
cat.
MIGNON, adj. = gentil, subst. = favori ;
du vha. minni ou minnia, amour; mha.
minne, amour et objet aimé ; cp. bret. ini-
nonez, amie; irl. mian, inion, amour. —
L'étymologie mine (« qui fait do petites
mines »•) est insoutenable. — D. mignon-
nette.
MIGNQT, voy. mignard. — D. mignoter,
mignotise.
MIGRAINE, vfr. migraigne, it. emigrania,
magrana, esp. migrana, du grec /;>i/.pav<a,
mal de tête affectant une moitié (17*71) seule-
ment de la tête (/p^tviov).
MIGRATION, L. migrationem (migrare).
MIJAURÉE ; je ne saurais comment fîiire en-
trer ce mot, coiiinic l'a fait Rcxpiefort, dans
la famille tnignon ou mignard. J'att*»nds en-
core rétyiiiulogio du mot. Cp. Herry nujau-
dcr, mignarder. Voy. aussi mitonner. Le mot
me semble radicalement connexe avec «i y o^^t,
user do douceur, de caresse.
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MIN
338 —
MIN
MIJOTER, faire cuire à petit feu; sur Téty-
niolo^ic, voy. ma conjecture sous mitonna';
cependant, j'aime à donner la préférence à
l'explication de G. Paris, qui s'exprime ainsi
(Vie de Saint- Alexis, p. 187) : « Dans le Maine
et ailleurs, on dit des fruits qui attendent au
migeot (voy. ]»1. loin l'article miigot) leur ma-
turité qu'ils miffcotteiît. Le verbe a pénétré en
français sous la forme mijoter avec le sens
dérivé de « cuire doucement ». — L'idée de
douceur qu'implique le verbe peut avoir donné
lieu à mijoter «= mignoter, caresser.
1. MIL, MILLE, L. mille, millia. — D.
mille, subst. (anc. fém.), mesure itinéraire
(it. miglio, esp., prov., mt7/a, vha. mi7«, nha.
meile), du L. millia = mille passus, d'où :
miUiaire, L. milliarium.
2. MIL, plante, esp. mijo, it. miglio, du L.
milium. — D millet ((\\m\ïi.)\ miliaire, L.
miliarius; milleraie, champ sotné de millet.
MILAN, esp. milano, port, milhano, prov.
tniian, à'unL. militanus, dér. dGmiluus, forme
qui a précédé milvus. — D. rnilaneau; mi-
louin = L. miluinus p. milvinus (?).
MILIAIRB. voy. mil 2.
MILICE. L. militia (miles). — D. mili-
cien.
MILIEU, p. mi'lieu, voy. mi.
MILITAIRE, L. mililaris (miles, -itis).
MILITER, L. militare, être soldat, com-
battre.
MILLE, voy. mil 1 . — D. milliesme* mil-
liètne, L. millesimus (d'où aussi le terme sa-
vant millésime) \ millénaire, L. millenarius;
millier; million = mille mille ; milliard =«
mille millions ; milliasse, mille milliards.
MILLÉSIME, voy. l'art, préc.
MILLET, voy. mil 2.
MILLI-, terme initial de composés marquant
une mesure ; il exprime la millième partie de
l'uni t<5 désignée par le simple, p. ex. milli-
gramme, millilitre,
MILLION, voy. mille, — D. millionnaire.
MILOUIN. voy. milan.
MIME, L. mimus (fxlfxoi), — D. mimique,
L. mimicus; mimer, exprimer par des gestes;
mimosa ou mime use, nom de la sensitive
(type L. mimosus), donc litt. celle qui exprime
ce qu'elle sent.
MIMOSA, \'oy. mime.
MINABLE, pitoyable, misérable, wall. mi-
nàv, rouclii minape. Comment expliquer ce
mot fort répandu dans les provinces du Nord
et en Belgique? Exprime-t-il « ce qui est fa-
cile à miner », c.-à-d. à détruire?
MINARET, de l'arabe menàrah, chandelier,
lanterne, phare, puis tour en général; en turc,
rnenàret,
MINAUDER, voy. mine 1 — D. minaudier,
minauderie.
MINCE. Les rùglcs phonologiques ne per-
mettent nullement ni l'étymologie L. 'minii-
tiiis, ni celle du comparatif gothique mt»>i2>a,
moindre (= vha. minnira, nha. minder)\ la
langue française ne présente aucun vestige du
goth. ^(—vha. r), en tant que lettre caracté-
ristique du comparatif. Diez, par cette raison, i
a porté ses vues sur le vha. minnisto, super-
latif de min, petit. On voit parfois 5i permuter
avec s fort cfr. broce", brosse de l'ail. borsie)\
mince serait ainsi p. minse, comme rincer p.
rinser. — Une autre opinion est que mince
vient du L. *?nancius p. mancus (^= qui est en
défaut) par l'intermédiaire maince; on allègue
à cet effet le fr. ri7iceau p. rainceau, du L.
ramicellus, Diez lui-même, comme le fait re-
marquer l'auteur de cette étymologie, M. Lan-
gensiepen, attache une certaine importance
à cette disposition des adjectifs latins en us
à changer leur terminaison en ius, en revê-
tant la forme romane; cp. esp. gurvio de
curvus, crasio de crassus, soberbio de super-
bus, etc. — Une conjecture de Littré, fondée
sur l'anc. signification « petite monnaie va-
lant un demi-denier .» , vise à rattacher mince
à l'angl. min/, ail. miin2e, monnaie. — Toutes
ces tentatives tombent à néant devant la solu-
tion proposée par Paris (Rom., VIII, 618).
Mince est un ac^ectif verbal (comme lâche,
comble, trouble, etc.), tiré du vfr. mincier;
quant à celui-ci, il représente correctement
L. 'minutiare et se rapporte à menuiser,
comme percer à 'pertuiser, — D. tnincer (t.
de cuisine), amincir.
1 . MINE, air du visage, it. mina.Les opinions
sont partagées sur l'origine de ce mot. Ecou-
tons d'abord le président de Brosses : « Mine
vient du L. minari, menacer par l'air du vi-
sage. Ainsi l'expression n'a d'abord été appli-
quée qu'à une mine terrible et fâcheuse,
comme quand nous disons faire la mine.
Toute altération de l'air du visage, soit qu'elle
provienne de passion ou d'affection, a été
aussi nommée mine, et enfin l'expression s'est
étendue à toute sorte d'air du visage : on a
dit une jolie mine, une mine gracieuse. » —
Chevallet déduit le mot de l'ail, miens, air,
extérieur, contenance (= dan. mine, angl.
ynien, meen). Mais il est bien avéré que les
mots germaniques sont d'importation romane
aussi bien que les formes celtiques ynin, nian,
mein. — Diez est d'avis que mine, contenance,
geste, manière do se présenter, se rattache au
verbe se mener, lat. se minare; il rapproche
à ce sujet le mot analogue L. gestus de se
gerere. Cette manière de voir me parait la
plus rationnelle. — D. mi)iaud, type minai-
dus (suffixe péjoratif), d'où ynt7iauder, mi-
nois.
2. MINE, lieu d'où l'on extrait les métaux,
galerie souterraine (puis, par métonymie, la
matière minérale môme), it., esp., port. miwa,
prov. mina et mena. C'est le subst. du verbe
miner, creu.ser, caver, it. m»iar€, esp., port.,
prov. minar. Or, ce dernier est une applica-
tion spéciale du L. minare == roman mcnarc
(voy. mener), conduire ; cp. les expressions
BL. minare consilium^ préparer un coup,
mener une affaire, minas parare, dresser des
embûches, prov. menar secretjs, faire un com-
plot ; de là le sens du subst. menée. (Je men-
tionnerai ici le vieil adj. fr. rwiaiewa?, = caché,
secret, couvert, pr. qui se fait par menée ou
comme soutorrainenient.j MiJia serait donc
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MIN
— 339 —
MIR
d'abord == dessein secret, intrigue, puis, au
figuré, un conduit souterrain pour miner les
niurailles d'un lieu assiégé, d*oti se déduirait
finalement l'acception •• excavation souter-
raine pour extraire le minerai ». C'est ainsi
que L. ducere^ conduire, a donné l'it. doccia^
conduit, canal. Ce qui gène un peu, cepen-
dant, c'est la forme minaredM lieu de menare.
Diez pense que cette variation a eu pour bue
de ditférencier les significations. Pour nous,
cette déviation ne parait pas devoir faire diffi-
culté; si d'un côté menare, mener s'est pro-
duit du L. minare dans tel sens, qu'est-ce qui
empêche d'admettre que l'on ait plus tard tiré
du même minare de la basse latinité une
forme variante miner dans un autre sens
secondaire ou dérivatif? En d'autres tennes,
méfier est de la première formation, miner
de la seconde. D'ailleurs, on trouve Ve dans
prov. mena et nieniera. — Rossignol pense
que miner vient du L. miniaria^ pr. mine do
yniniuyn; fnine=^ minium se serait généralisé
en toute espèce de métal. — D. minière^ prov.
meniera, esp. minei^a,
3. MINE, mesure de capacité, vfr. emine,
esp. hemina, prov. mina, du L. hemina (gr.
T-fihiijy mesure de liquides et de solides, pr.
moitié' du setier (seœtarius). Pour l'aphérèse
de lasjllabe initiale, cp. migraine. Notre mot
mine n'a rien à faire avec le L. mina, gr.
/avâ, = poids de cent drachmes, ni avec me-
dimnus, — D. minage (droit de), minot (v.
c. m.).
MINER, voy. mine 2. — D. mineur.
UINERAI, dér. de minière comme miné-
ral, dont il représente la forme wallonne (L.
-a//*=, wall. -ai).
MINERAL, dér, de minière (voy. mi}ie 2).
— D. tninéraliser, -iste, minéralogie,
MINERVAL, honoraire payé pour l'ensei-
gnement des sciences et des beaux-arts, du
L. minerval (de Minerve , la déesse de
l'étude).
MINET, MINETTE, MINON, MINOU. déno-
minations familières du chat. Diez range ces
vocables dans la famille de menin (v. c. m.) ;
Littré les dérive de mine 1 (« l'animal qui fait
des mines »^.
1. MINEUR, subst., du verbe miner.
2. MINEnR, adj., vfr. meneur, de l'accus.
L. minôrem; le nom. mtî2or (l'accent sur i)
s'est francisé en moindre. — D. minorité.
MIN6RELET, dimin. de mingre\ forme na-
salisée de maigre.
MINIATURE, subst. du verbe BL. miniare,
écrire ou dessiner avec du minium, cinabre ;
la W4i;iia/ê(r6 est donc pr. un dessin en vermil-
lon intercalé dans les anciens manuscrits ; ces
dessins ou peintures ét^nt généralement de
dimensions fort petites, le mot miniature a
fini par signifier un ouvrage d'art de petites
proportions, et une chose de petite dimension
en général. L'idée du minium ou vermillon
sest tout à fait eflacée. — D. miniatuHsle.
MINIÈRE, voy. mine 2.
MINIME, du L. minimus, -a, -um, superlatif
de petit. — D. minimal.
MINIMUM, le moindre; mot latin; voy. mi-
nime.
MINISTÈRE (mot savant), 1 . service, entre-
mise, 2. fonctions de ministre, 3. les ministres
pris collectivement ; du L. tninisterium, ser-
vice (voy. Q.USSÏ métier); de là V&dy ministériel
(voy. aussi ménétrier).
MINISTRE, L.minisier,sevyïtenT.
MINIUM, oxyde de plomb rouge, aussi mine,
ail. mennig, mennie, du L. rnitiium, cina-
bre, minium. — D verbe hL. miniare, écrire
avec du minium, d'où miniature (v. c. m.).
MINOIS, mot familier, tiré de mine 1 .
MINON, voy. mitiet.
MINORITÉ, subst. de mineur, L. minor,
donc 1 . = état de mineur, 2. = le nombre
moindre.
MINOT, moitié d'une mifie, mesure de cé-
réales (v. mine 3i. — D. minotier, pr. mar-
chand de farine, d'où minoterie.
MINUIT, p. mi-nuit, voy. mi.
MINUSCULE, L. minusculus, un peu petit.
MINUTE (mot savant), du L. miniUus, donc
propr. chose menue, petite parcelle; de là
petite fraction dans la division du temps et de
l'espace, d'où les acceptions actuelles, mathé-
matiquement circonscrites. — L'acception
« original, brouillon d'un écrit » vient de la
petite écriture déliée dans laquelle on écrit les
brouillons. Dans ce sens, la minute corres-
pond à la grosse (v. c. m.), qui est écrite en
gros caractères. De là le verbe minuter (un
acte).
MINUTIE, L. wmu/ta,chose menue, affaire
de rien. — D. minutieux.
MIOCHE, mot familier, dérivé de mie, petit
morceau (voy. mie l).
MIQUELOT, pr. pèlerin de saint Michel et
qui se sert de ce prétexte pour mendier, fig.
hypocrite.
MIRABELLE, esp. mirabel, it. mirdbella,
prune jaunâtre, qui tient son nom, dit-on, de
l'une des nombreuses loailités du nom de
Mirabeau, MirabcUo ou Mirahella. — Diez
identifie cette dénomination avec celle du
fruit dit myrobolan = gr. /Auo5eà)avo5, parce
qu'on italien le mot mirabolano désigne
l'arbre qui donne les mirabellas ; je crois que
la prémisse et la conclusion sur lesquelles
repose cette étymologio sont sujettes à con-
testation.
MIRACLE (mot savant., L. miraculum (do
mirari, cp. mcrveilie). La vraie forme franc,
de miraculum est mirail, voy. s. miroir. —
D. 'miraculeux.
MIRE, voy. mirer.
MIRER, vfr. = contempler (de là : se
mirer), auj. = voir attentivement, fixer des
yeux, viser, du L. mirari, voir avec admira-
tion. — D. subst. verbal tnire, dans « point de
mire ♦» ; mirage, nnrement; miroir., d'un type
miratorium (vfr. inirœr, prov. mirador, it.
mir adore, accusent un type mirator. le
mireun; rniraille,i. d'Iiéraldique ; ynirauder.
MIRLIFIQUB, voy. l'art, suiv.
MIRLIPLORE, jeune homme qui fait l'agréa-
ble ; mot de fantaisie sur lequel je m'abstien-
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MIT
340
MIT
drai de fixer une étymologie. Serait-ce peut-
être un mire-les- fleurs, espérant par ce genre
d'admiration obtenir les bonnes grâces de
quelque femme sensible? Ou bien une altéra-
tion de melîifluiist Ou enfin un parfumé
d'eau de mille- fleurs t Le champ aux conjec-
tures est vaste. — Notez encore la corruption
mirlifique (p. mirifique, L. miri ficus) = ad-
mirable, d'où vfr. mirlifichures, atours.
MIRLIBOT, corruption de mélilot (v. c. m.).
MIRLITON, espèce de flûte. D origine in-
connue. Littré pense que c'est un de ces mots
pris pour refrain, qui ne signifient rien par
eux-mêmes, comme biribi, tralala, miron-
taine. L'ancienne école étymologique aurait
hardiment expliqué le mot par le L. mirus
lituus, trompette admirable !
MIROIR, voy. mirer. Cp. L. spéculum do
specere, regarder. L'anc. langue disait aussi
mirail =■■ miraculum. — D. verbe miroiter
(dérivation irrégulière), réfléchir la lumière ;
miroitier, d'où miroiterie.
MISAINE, mât qui est entre le beaupré et
le grand mât; de l'it. me^sana (= L, me-
diana), d'abord la voile du mât du milieu ; le
mot s'est gâté chez les Anglais en mizsen,
chez les AU. et Néerl. resp. en besati et
bezaan.
MISANTHROPE, grec^Aiv&yd/duTro;, de^mifilv,
haïr, et âv3/9u7ro$, homme.
MISGELLANÉES, L. miscellanea, dér. de
miscellus (miscere), mêlé. — Cp. collectanées.
MISCIBLE, qui peut se mêler, du L. mis-
cere.
MISE, voy. mettre, 1. action de mettre,
manière de se mettre ; 2. ce qu'on met (sur^
tout au jeu).
MISÉRABLE, L. miserabilis, digne de
pitié.
MISÈRE, L. miseria (subst. de miser).
MISERERE, impératif latin ^ aie pitié de
moi ; mot initial du 50'' psaume. Le nom a été
donné, par métaphore, à une terrible maladie.
MISÉRICORDE, L. misericordia (de l'adj.
misericors, litt. au cœur compatissant). —
D. miséricordieux (en vfr. misericoi't).
MISSEL, prov. mcssal, du HL. missalis,
qui se rattache â la messe (L. missa).
MISSION, L. missionem (mittere), envoi
dans un but déterminé ; commission, charge
à l'étranger dans un but politique, religieux
ou autre. — D. missionnaire, pr. envoyé en
mission, mot appliqué particulièrement à celui
qui est chargé de la prédication de l'évangile
â l'étranger.
MISSIVE, L. missivus, destiné â être
envoyé (latin mod. tiré du supin missum de
mittere).
MISTRAL, aussi maôstral, mestral, esp.
maestral, it. maeMrale, prov. maestre, nom
du vent do nord-ouest ; pour ainsi dire le
mailre des vents.
MITAINE, BL. mitana, du germ. mitte,
milieu. Cette dérivation est fondée sur ce que
la mitaine est un gant divisé en deux moitiés,
ou (peut être) un gant couvrant la moitié du
bras ou la moitié de la main. Ce même radi-
cal mit se rencontre encore dans miton^ syno
nyme de mitaine, puis dans le vfr. mitan,
moitié (d'où mitanier, syn. de métayer), et
dans le nfr. mitoyen. On pourrait cependant
aussi admettre que le radical mit de tous ces
mots représente une contraction du thème
mediet et rapporter mitaine â un type bar-
bare medietanus, mi-parti; cfr. modictatetn
romanisé par esp. mitad, prov. mitât, fr. mei-
tié 'moitié, — Je pense que la forme mite (=
mitaine) des patois est dégagée de miton. —
Wedgwood, à propos de l'angl. mitten = fr.
mitaine, cite le gaél . m utan, gros gant, mutag,
gant sans doigts, qu'il ramène au nord, mudd,
vêtement en peau de renne. Mahn se prononce
aussi en faveur de l'origine celtique, mais en
ramenant les mots cités à math, main.
MITE, esp. mita; mot germanique : vha.
misa, nha. miete, ags. mite, angl. mite,
ni. mijt.
MITIGER, L. mitigare (mitis). — D. miti-
f/ation, mitigatif,
MITON, gant qui ne couvre que Tavant-bras;
synonyme de mitaine (v. c. m.), dont il par-
tage l'étymologie. On a bien songé à l'adj. lat.
mitis, doux, et â mite, mitou ==■ chat (les
enfants nomment pareillement les manchons
en fourrure des minous, terme familier pour
chatj, mais ce caractère de douceur prêté aux
mitons ou mitaines paraît être bien postérieur
à l'introduction de ces mots. Cette étymologie
serait tout au plus acceptable s'il était démon-
tré que mitaine et miton désignaient dans le
principe des gants en peau de chat. — Quant
â l'expression populaire onguent miton mi-
taine, on croit qu'elle provient de la synony-
mie entre miton et mitaine^ « qu'on se serve
ou non d'un tel onguent, c'est tout un, comme
miton et mitaine » ; telle est du moins l'inter-
prétation posée par Le Duchat.
MITONNER, dorloter, cajoler; puis aussi
laisser cuire doucement, du L. mitis, doux,
tendre. Ou bien l'idée de traiter avec dou-
ceur, caresser, se serait-elle dégagée du subst.
miton, gant? Cp. etnmito^xner, anmitoufler,
envelopper de fourrures. — Ce rapport entre
mitis et mitonner, cuire â petit feu, me sug-
gère la pensée que mijoter, qui partage les
acceptions diverses de mitonner, pourrait
avoir une origine analogue. Le verbe latin
mitigare, rendre doux, mûrir, amollir, a pu
se perpétuer dans quelque patois sous la
fonne miger, dont migeoter, mijoter (laisser
mûrir, devenir tendre, puis traiter doucement)
serait le dérivé. — Le mijé du patois de
Berry, comme le mitoji de quelques autres
provinces, employés pour la partie molle du
pain, se déduisent difficilement de mica,mïe,
tandis que, par mitigare et mitis, nous arri-
vons à l'idée foncière « mou, tendre ». —
Mijaurée, la mignonne, la doucereuRe(v. cm.)
pourrait appartenir à la môme famille.
MITOUCHE (sainte), altération de mainte
nitouche, faite peut-être sous l'influence de
l'idée ttutis. On désigne par là une i>rude, une
fille hypocrite, « dont il semble qu elle n'y
touche pas et qui cependant nuit aux gens de
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MOD
341 —
MOEU
fait et de paroles dans Toccasion, ou bien qui,
faisant la dégoûtée, semble ne vouloir toucher
à rien de ce qui a été mis devant elle » (Le
Duchat).
MITOUFLE, forme populaire de mitaine;
voy. mnmitoufler.
MITOYEN, singulière forme produite peut-
être du même radical mit^ traité sous miYat/ic,
avec assimilation du suffixe au mot équiva-
lent moyen, La langue fr. ne présente qu'un
seul mot de formation semblable, c'est citoyen.
Or, l'un et l'autre correspondent avec un
subst. prov. de façon également uniforme,
savoir citad et mitad. On peut en inférer que
les formes dérivatives citoyen et mitoyen en
procèdent et représentent un type latin cttOr
danus, mitadanus. Il va de soi que nous fai-
sons peu de cas do l'opinion de Roquefort qui
voit dans mitoyen une abréviation de moyen
toyen := mien tien, expression qui aurait été
employée jadis pour exprimer une chose com-
mune entre deux propriétaires. Une explica-
tion par m^ietanus serait contraire à la
lettre. — D. mitoyc^xneté.
MITRAILLE, vfr. mitaille, en Normandie
7nindraiîle, vieille ferraille, puis basse mon-
naie; prob. du vfr. mite^ petite monnaie de
cuivre; cp. le rouchi mitrale, monnaie de
cuivre et de billon. Quant au primitif mite,
c'est le néerl. mijte, minutia, oboli vilissimi
genus (Kiliaen). — D. mitrailler,
MITRE, L. mitrafjiirpoc). — D. mitre; mi-
tron, garçon boulanger, nommé ainsi de la
mitre de papier dont il était coiffé dans les
vieux temps, pendant qu'il faisait la pâte (Le
Duchat).
MITRON, voy. l'art, préc.
MIXTE, L. mixtus (miscere); mixtion,
L. mixtio (d'où mixtionner)\ mixture, L.
mixtura.
MNÉMONIQUE, gr. /iv»7/*9vixo;, qui concerne
la mémoire; plur. fivYifiovtxéi, prsecepta de
memoria.
MOBILE, adj., L. moôt/w (movere) ; sub-
stantivé, ce mot signifie « id quod movet »,
force mouvante, impulsion, motif. Le mot
français d'usage commun p. L. mobilis est
meuble (v. c. m.). — D. mobilité, immobile,
mobiliser, mobilier, mobiliaire,
MOGÀDE ou MOQUETTE, étoffe de laine
velue ou peluchée, tissée, croisée ou coupée
comme le velours. D'où vient ce terme? De
quelque nom géographique ou d'un type
inollicus,moVcus (àQ mollis; cp. molleton)')
MODAL (peu usité], L. modalis (modus) ;
modalité, L. modalitas.
1 . MODE, subst. masc. , manière, L. modiis.
— D. modifier, L. modificare. — La langue
d'oïl avait francisé modus, comme terme de
grammaire, en mœuf(y. c. m.).
2. MODE, subst. fém., ~ manière, façon;
puis façon habituelle, coutume. C'est le même
mot que le précédent ; le changement de
genre parait être un effet de la physionomie
du mot. Il est bon de noter que le mot nwde,
masculin ou féminin, est étranger à la langue
antérieure au xv® siècle. — D. modiste.
MODÈLE, it. modello, ail. modell, d'un
type L. modcllus p. modulus (modus), pr. la
mesure d'après laquelle on se dirige, patron,
original. — D. modeler, pr. faire un modèle,
puis aussi conformer à un modèle. — Le cor-
respondant littéral fr. du L. modulus est
moule (y. c. m.).
MODELER, voy. modèle.
MODÉRER, L. moderari (de modus, me-
sure).— D. modéré, pr. mesuré; modéra-
teur, 'Otion, modérantisme,
MODERNE, it., esp. moderato, du L. moder-
nus, récent, actuel (adj. formé de l'adv. modo,
récemment ; cp. hodiernus, hesternus, formés
de même des adverbes ?iodie et heri), —
D. moderniser,
MODESTE, L. modestus (modus). — D. ma
destie, L. modestia.
MODIFIER, L. modificare; le sens latin est
modérer ; le sens moderne, donner un mode,
changer le mode ou la manière. — D. modi*
fication, -atif.
MODDjLON, de l'it. modiglione, augmenta-
tif de modiglù), qui, à son tour, représente
un type L modiculus p. modulus, moule.
MODIQUE (mot d'introduction savante), L.
modicus (de modus, mesure); cp. ail. mûssig,
m. s., de mass, mesure. — D. modicité, L.
modicitas.
MODULE (mot d'introduction savante), L.
modulus (voy. auss.i modèle et moule),
MODULER, L. modulari (de moifulus, modo
musical, chant, mélodie).
MOELLE p. méolle [cp. port, joelho p.
jeolho), prov. mezola, mezolla, meola^
muelha, esp., port, medulla, it. midolla,
Berry miolle ; du L. medulla (médius). Voici
la succession des formes franc. : meoule,
mooule, mouelle, moelle. — L'étymologie tirée
du gr. fiuîXdi est insoutenable. — D. moel-
leux,
MOELLON, vfr. et patois moilon, moielon;
i'étymologie de ce mot est controversée. Les
uns le dérivent de moelle, à cause que cette
pierre est tendre ou qu'elle sert de remplis-
sage dans un mur. D'autres ont proposé le
L. moles, masse, ou mollis, tendre. (Pour ce
rapport de moilon au L. mollis, on pourrait
comparer le mot moilette, molette, outil cou-
vert de feutre pour polir les glaces, qui paraît
bien venir de mollis.) Je ne serais pas éloigné
d'admettre pour moilon une étymologie me-
diolus, et d'expliquer l'orthographe moellon
par un faux rapport avec moelle. On trouve,
en effet, souvent un vfr. moilon avec le sens
de milieu, et Littré remarque qu'en langage
de maçonnerie moye (= média) signifie la
partie tendre d'une pierre dure. — Peut-être
est-ce le même mot que l'esp. mojon, sarde
mullone, pierre servant de borne, tas, que
Diez rapporte dubitativement à L. mutilus ;
donc une pierre non équarrie, brute, informe.
Il serait hardi d'invoquer l'ail, mull, terre
pulvérulente, gravois.
MŒUF, terme de grammaire. = mode (v.
c. m.). — L'étym. traditionnelle « modus » est
mise on doute par Grober (Ztschr., II, 459);
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MOI
— 342 —
MOI
il y reconnaît le subst. verbal de maooir (mou-
voir). On trouve en effet rnuef avec le sens de
motif dans le Renart, IV, 981. — Si mœuf
vient de mouvoir et non de hukIus, objecte
G. Paris, coniinont se fait-il qu'il traduise
toujours et uniquement le latin modus (Rom.,
VIII, 135)?
MUSUKS, L. mores, plur. de mos.
MOFETTE, gaz non respirable, dér. de Fit.
muffa, BL. mufa, ail. mu/jf, moisissure; on
dit aussi moufettr.
MOI, forme tonique de me (h. me).
VOIE, tas, du L. meta (voy. meule). — D.
moyette, faisceau de gerbes f peut-être le subst.
d'un verbe ynoyeter, mettre en tas).
MOIGNON, charnu re. partie charnue, reste
d'un membre après l'amputation ; amî. aus.si
= estropié, mutilé ; d'origine obscure. Le
breton a la forme simple moùy moun avec le
sens « mutilé de la main ou du bras » ; cp.
aussi mugnà en dial. de Côme, écourter,
tronquer; dans les Romagnes mugnaCy bloc;
en esp. muTion signifie le grand muscle du
bras. — J'ai relevé l'adj. vfr. moing, dans
Adenet le Roi, Bueves de Comarchis, 31 1 :
« Tel coup donne un païen que del bras le fait
moing ». — D. vfr. esmougotter, esmougno-
ner, mutiler.
MOINDRE, vfr. menre, mendre, du L. mi-
nor (voy. mineur). — D. amoindrir.
MOINE, .esp., port., prov. monge, cat.
monjo, du gr. /*ovi9;, solitaire. De la forme
/uiovayo; vicnncnt rit. monaco, bas-saxon mun-
nih^ ail. mùnch, ags. munuc, angl. monA. —
D. moinerie, -illon.
MOINEAU. • De moitié, dit le P. Labbe,
nous avons appelé moineau les passereaux,
parce que, au Psaume 101, il est dit : sicut
pa.sser solitarius in tecto. » Ménage explique
moineau par la couleur grise du vêtement de
CCI-tains moines. — Les formes équivalentes
vfr. maison, norm. moisson, pic. mouchon,
mousso7i, wall. mohôn, cat. moxo appellent
un type latin musdo, -onis, de musca. Les
petits oiseaux ont souvent été nommés mou-
ches; cp. ail. gras-miicke, fauvette, litt. mou-
che d'herbe, et le n. prov. mousquet, « nom
donné par le peuple à toutes les petites es-
pèc4îs d'oiseaux, assez indistinctement ». On
est ainsi parfaitement en droit de voir, avec
Diez, dans moisnel, d'où moineV moineau,
une contraction de moisonel, et partant un
diminutif de moison, cité plus haut, = L.
muscio. — Cependant, à cause de la haute
antiquité des formes moinet, moinel sans s
(dans J. de Garlande, j'ai relové « passeres
motines »), Littré estime qu'il y a eu double
formation ; l'une de moine, solitaire, l'autre de
moison.
MOINS, vfr. mains, prov. mens, esip., port,
mcnos, it. meno, du L. minus.
MOIRE, anc. mohdre, mouhaire, wall.
vwHe; 1. étoffe calandréc, 2. action de moi-
rer. L'angl. a wio/< air, d'où ail. mohr. Le mot
est tiré, selon les uns, de mou-haire, poil
doux, selon d'autres, d'un mot oriental tnoia-
car, sorte de camelot. Je i)ense que l'une et
l'autre de ces explications sont à ctÀé de la
vérité. Littré cite un vers du xiii* siècle :
« Quar en son tref royal de mire alexan-
drinc » ; cela fait supposer que la forme mire
a précédé moire; l'angl. mohmr parait être
une transformation faite sous l'influence de
hair, poil. Mais d'où vient miret — D. moi-
rer. — Une étude approfondie récente sur la
signification première et l'étymologie de
moire, due au prof. Tobler (Grôb. Ztschr. X,
574), tend à démontrer que moire est une
forme tronquée de marmoire, adj. anc. = lat.
marmoreus, marbré. L'argumentation est
riche et entraînante ; l'étude du grand roma-
niste comprend aussi les formes diverses ail.
angl., ital. et esp. issues du fr. moire. M. To-
bler suspecte fort l'étym. mire mise en avant
par Littré.
MOIS, vfr. meis, prov., esp. mes, it. mese,
du L. mensis.
moïse, pièce de bois longue et plate qui 5e
place perpendiculairement aux montants de
certaines constructions pour les maintenir,
etc.; du lat. mcnsa, table, pièce plate (cp.
toise de tensa). Cette étym. de M. Gaston
Paris me fait abandonner mon explication par
le lat. médius, qui figure dans les deux pre-
mières éditions de ce livre. — D. moiser,
garnir de ou lier par des moises. — Le carac-
tère spécifique de la moise étant d'être com-
posée de deux pièces réunies par des boulons
et toujours parallèles, Devic rapproche notre
mot de l'arabe mouâzi, parallèle, et recon-
naît dans l'ancienne forme amoise la trace de
l'article arabe al,
MOISIR, prov. mozir, du L. mucerc, mu-
cescere — D. moisissure.
MOISON, dimension normale, du L. men-
sionem, mesure.
MOISSINE, faisceau de sarments de vigne,
garni de feuilles et de grappes. D'où? de m«-
sis, moisson; bouquet, trophée de la moisson?
Ou. comme propose Littré, de L. musliis, frais
(branche fraîche)? J'ai relevé dans mon Glos-
saire de Lille, p. 40 : phalanga moisine;
cela rend l'étym. plus difficile encore.
MOISSON, prov. meisso, rouchi michon,
misso7i, du L. messionem (metere). — D. mois-
sonner.
MOITE, vfr. moiste, angl. moist; étymologie
incertaine. On a proposé L. humectiis, mais
il faut bien torturer ce mot pour en faire
moiste. Baudry s'adresse à L.mucidus,Taoisi,
pr. morveux, mais il est diflicile de fwre
concorder les formes; mucidus par tnucdus
pourrait engendrer muit, moit, et moidfr
mais non pas moiste; il n'est pas probable
non plus que, malgré l'identité de sens, l'angl.
musty découle directement de mucidus. —
Il faut écarter avec plus d'assurance encore
le L. madidus, humide ; ce dernier peut avoir
produit le wall. mate' (aussi rouchi et limou-
sin), par la forme contracte L. moHtiS ou
malus, qu'Isidore définit par humectus, emol-
litus, subac^us, et qui se trouve déjà dans
Pétrone. — Diez, se fondant sur la coiTéla^^^"
des idées tendre, mou, juteux, humide (cp-
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MOM
— 343 —
MON
mouiller de mollis, mou), indique le L. mus-
teiis, frais, récent, de mtistum, moût, qui
convient parfaitement à la lettre. — Pour ma
part, je me suis adressé en dernier lieu au L.
mixtus (moite est un intermédiaire entre sec
et mouillé) ; le passage de L. t, en position,
en fr. ai n'est pas sans exemple, cp. espois'
{épais) de spissiiSfdois*{àB\s)àQdiscHSt frotter'
{frotter) de frictare, doigt de dig{i]tus, enfin,
exploiter de explic'tare. (Ducange, sous mix-
tum, frumentum miscellum, cite un texte
français de 1336 portant bled moitangé). —
Mais cette manière de voir est combattue par
Fôrster (Ztschr., III, 260); il démontre le
fondement parfait de l'étjmologie mûccidus
(non pas miÂcidus), mise en évidence par la
comparaison de buxida, *biistia, devenu
'boiste, boite. — D. moiteur.
MOITIÉ, vfr. meited, moitiet, prov. meittid,
mitai, angl. moiety mediety, du L. medieta-
tem (médius). — Pour la terminaison tié, cp.
amitié, pitié.
MOL, MOU, L. mollis — D. molière (dans
« t«rre molière "). L. mollaria ; molasse, d'un
type mollaceus ou altéré de vfr. mol/astre;
subst. mollesse, L. mollitia ; verbe mollir, L.
moUire (voir aussi mouiller); adj. mollet,
dimin. de mol.
MOLAIRB, L. mnlaris (de mola, meule).
MOLASSE, voj. mol.
1. MOLE, terme d'art obstétrique, du L.
mola, faux germe (Pline, 7, 15, 13/.
2. MOLE, jetée de pierre à l'entrée d'un
port, it. molo, du L. moles, masse (avec chan-
gement de genre).
MOLÉGIJLB, terme scientifique, formé,
comme diminutif, du L. moles, masse. —
D. moléculaire.
MOLÉNE, angl. mullein, plante (verbascum
tliapsus); soit de mollis, mou, à cause des
feuilles souples revêtues d'un duvet moelleux,
ou du dan. môl, mite, ou vha. mol, papillon
(donc herbe aux mites).
MOLEQUIN, vert de mauve, du L. molochi-
nus Mugr. fi-xiic^Yi, aussi fioXôyrn, mauve).
MOLESTER, L. molestare.
MOLETTE (d'éperon, etc.). du L. mola,
moulin, donc pr. moulinet.
MOLŒRE, voy. mol.
MOLLESSE, VOJ mol.
MOLLET, a4)., dim. de mol; subst. = gras
de la jambe, anc. aussi lobule de l'oreille. —
D. molleton, sorte d'étoffe ; mollette, tnmewr
molle à la jambe des chevaux.
MOLLETON, voy. mollet.
MOLLIR» voy. mol ; cps. amollir, ramol-
lir.
MOLLUSQUE, du L. mollusca (mollis), noix
dont l'écale est fort tendre; cp. le terme
ail. tœichthiere,
MOMENT, L. momentum (p. movimentum),
pr. moyen d'impulsion, puis poids, impor-
tance, petite division d'un tout, enfin, petit
espace de temps : instant, moment. — D. mo-
mentané, d'un type momentaneus (Vulgate),
analogue à subitaneus, spontaneus.
MOMEREB, mascarade, subst. dér. du vfr.
momer, se masquer; ce dernier de l'ail, mum-
men, angl. mumm, masquer, déguiser. Selon
Ducange, de mahomeric, pratique musul-
mane, que les chrétiens regardent comme
ridicule. Cola n'est pas plus probable que
l'étymologie tirée de Momus, le dieu bouffon
de la mythologie. — Dans la Suisse française
le subst. momier désigne un dévot outré.
MOMIE, MUMIE, it. mummia, esp. tnomia,
cadavre embaumé; mot oriental : moumia,
dér. du persan-arabe mUm, cire. — D. momi-
fier,
MON, L. mewm, voy. aussi mien. Autrefois,
mon était la forme réservée aux cas obliques ;
pour le nominatif m,eus, l'ancienne langue
avait mes et m,is.
MONACAL, MONAGHISME, dérivés de mo-
nachus, gr. fiov^yô; (voy. moine),
MONADE, gr. ^ovk;, -xooi, unité (jiôvoi), —
D. monadisme, -iste.
MONARCHIE, gr. fiovap^i*^ gouvernement
par un seul (fiôvo; -f- «.^z"*)- — Monarque,
gr. fiôv-xpyoi, qui gouverne seul.
MONASTÈRE, gr. fi^vm^Hipiov, h. monaste-
rium, dont l'anc. langue avait fait régulière-
ment, par syncope, m/)ustier, moutier (ail.
munster)'^ comparez couster coûter de con-
stare; m^estier" métier do ministerium.
MONASTIQUE, gr. /A9ya<rrt/.o; (de /A9vxjfiv,
vivre seul).
MONAUT, qui n'a qu'une oreille, du gr.
fLÔvraroi, m. s. Le nom de famille Monod est
prob. le même mot. La forme monaiU est
façonnée sur un type immédiat monaldus.
MONCEAU, monceV, du L. monticellus,
dimin. de mons. — D. amonceler.
1. MONDE, subst., vfr. mont, L. mundus.
— D. mondain, L. mundanus, d'où monda-
nité.
2. MONDE, adj.. net, pur, L. mundus. —
D. immonde, mander, nettoyer, L. mundare;
mondifier, L. mundifîcare.
MONDRAIN, t. de marine, monticule de
sable, p. montain; insertion de r et adoucis-
sement du t en d.
MONÉTAIRE, L. monetarius (de mo7\eta «
fr. monnaie). — De la forme latine moncta
vient encore : monétiser, cps. démonétiser.
MONITEUR, L. monitor (monerej; moni-
tion, L. monitio; m-onitoire, L. monitoria,
s. e. epistola, d'où monitorial.
MONNAIE autr. monnoie, esp. moneda, it.
moneta, angl. money, du L moncta. — D.
m,onnayer.
MONOCLE, à un seul œil, mot hybride
formé de fiôvo^, seul, et L. oculus, œil.
MONOCORDE, gr. fAoyo^ooSov, instrument à
une seule corde. Par une fausse relation à
manus, on en a fait en esp. et port, manicor-
dio, et en fr. manichordion (vfr. 7fwnacorde),
instrument de musique à clavier.
MONOGRAMME, gr. fj.o'jôyp-xfia'x, pr. nom
écrit en un seul (fiôvoi) trait.
MONOGRAPHIE, gr. fi-ito/p-xfr, compo.si-
tion littéraire sur un point unique ; en his-
toire naturelle, sur un seul genre ou une
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MON
— 344 —
MOR
seule espèce [uô-joi, unique). — D. monogra-
phique.
MONOLITHE, gr. ^ovo/i^o;, d\inc seule
pierre.
MONOLOGUE, gr. fi^voUyoz, qui parle seul,
opp. à ciiio/oî, parlant à deux. Les Latins
ont traduit littéralement ftovolô/oi par soîilo-
quiiun,
MONOMÂNE, adj. abstrait de monomanie,
néologisme signifiant : aliénation mentale
(,u7via) portée sur une seule (/ao/sî) idée fixe.
MONOPOLE, gr. iiofoTtfAU, droit de vendre
(■:trjiivjt) conféré à un seul (uovoi). — D. mono-
poliser.
MONOTHÉISME, croyance en un seul dieu
MONOTONE, gr. /Ltovorovo;, d'un seul ton.
— D. monotonie,
MONS, abréviation £similière et méprisante
du mot monsieur.
MONSEIGNEUR, MONSIEUR, voj. seigneur,
MONSTRE (mot savant), L. monstrum. —
D. monstrueux, L. monstruosus, d'où mons-
truosité.
MONT, L mons, montis. — D. moivtucux,
L. montuosus ; montagne (v. c. m.) ; monter
(v. c. m.); monticule, L. monticulus (voy.
aussi monceau) ; montain, pinson des Arden-
nes ; amo)it, = L. orf motitem.
MONTAGNE, ynontaigne*, angl. mowUain,
d'un dérivé fictif L. montanea p. montana
(mons). — D. montagneux, -ard.
MONTER, dér. de mont, pr. s'élever, aller
en sens ascendant, puis, au sens actif, élever,
faire monter, dresser. De la même manière
se sont produits de vallis, vallée, les verbes
avaler, dévaler, anc. = descendre. — Dérivés :
montage, action do monter; monla^it, pièce
posée de bas en haut, chose qui monte ; monte,
pr. action de monter (au sens de saillir, en
parlant des chevaux) ; montée, action de mon-
ter, puis endroit où l'on monte; monteur,
montoir, chose servant pour monter ; mon-
ture, action de monter (dans le sens teclmolo-
gique de ce mot), ce qui sert à monter qqch.,
puis garniture, enfin bête sur laquelle on
monte. — Composés : démonter, ôter la mon-
ture, désasscmbler ; remonter, monter de
nouveau ; surmonter, monter au-dessus, pas-
ser par-des.sus, franchir. — Je me suis
demandé si le verbe monter, dans certaines
acceptions, comme « monter une broche »,
« se monter en linge » est bien le même mot ;
s'il ne représenta pas plutôt un fréq. muni-
tare, de mnnire, pourvoir, garnir (je ne pense
pas qu'avec de la bonne volonté, l'i long de mit-
nitare, en syllabe atone, doive faire difficulté).
On peut, à la vérité, déduire ces termes de
l'idée générique « mettre sur », et quant au
sens fournir, pourvoir, de l'expr. « monter un
cavalier », lui fournir un cheval et l'équipe-
ment.
MONT-JOIE, autr. monceau de pierres en
signe do victoire ; du L. nions gaudii. Quant
au cri de guerre monjoie, voy. à ce sujet des
opinions diverses dans Gachet et Littré.
MONTRE, subst. verbal de montrer[y. c. m.).
MONTRER, vfr. monstrer, mosirer^ mous-
trer, du L. monstrare. — D. montre, 1. actii»n
de montrer, exposition, étalage, échantillon;
2. cadran de l'horloge, qui montre l'heure,
puis par métonymie = horloge portative;
3. autr. = revue (des troupes).
MONUMENT, L. monument um (monere).
— D. monumental.
MOQUER (SE), yfr. moquer^ au sens actif;
prov. mochar. Du gr. /xw/à», m. s., selon
l'opinion traditionnelle. Cela est-il bien cer-
tain? Pourquoi l'appellation d'une chose si
générale, d'un acte qui se produit partout où
il y a des hommes, serait-elle exceptionnelle-
ment tirée du grec? Je suis donc disposé à lui
assigner une origine plus vulgaire et plus
naturelle. Moquer et moucher ne sont que
deux variétés d'un même type (le premier est
la forme picarde de moucher). Or, ce type,
selon moi, est le BL. mucare, mucum ejicere,
se moucher. Moucher qqn. est une locution
figurée pour railler, duper, comme l'ail, spoi-
tcn, railler, se moquer, signifie dans le prin-
cipe cracher contre qqn. Ce qui me confirme
dans cette interprétation, c'est qu'en latin,
etnungerc, moucher, signifie de même au fîg.
duper, escroquer. Peut-être encore se moquer
(emploi pronominal) n'est-il autre chose que
se moucher de qqch., avec le sens : en faire
peu de cas. — En faveur de mon étymologie
(acceptée par Littré), je puis encore alléguer
l'ail, schneusen, pr. moucher, fig. dujîer. —
Les acceptions morales tirées de l'acte phy-
sique moucher ne sont pas plus étranges que
celles tirées de l'acte cacare dans les expres-
sions vfr. conchiei', ail. bescheissen, «= conca-
care, impudenter decipere, puis ail. auf
etwas scheissen, = en faire fi, s'en moquer.
— Le prov. mochar s'accommode également
fort bien de mon étymologie. — Le radical
moc, avec le sens de railler, est aussi dans les
langues celtiques. — D. moqueur, -etne; com-
posé moquoiseau = trompe-oiseau. — Voy.
aussi narguer. ,
MOQUETTE, voy. mocade.
MORAILLES. tenailles servant à serrer le
nez d'un cheval impatient ou vicieux. Ce mot
n'a étymologiquement rien de commiui ni
avec lat. mores, mœurs (« faire la leçon au
cheval »), ni avec mors de mordre; il dérive
du radical mor, mour, très répandu dans
les dialectes du Midi et qui signifie museau ;
il signifie donc propr. muselière; cp. n. prov.
mourrai, mourrau, muselière, n. prov. nio-
railla, visière. Mussafia (Beitrag, etc., p. 80)
rapproche encore, outre de nombreux voca-
bles congénères de l'Italie du Nord, le cat.
morallas, muselière, cat. morralet « sacculus
cibandis equis » . Reste à trouver l'origine du
radical mor, mour; Mussafia reconnaît ce
radical encore dans prov. mor, vfr. mourre,
c^p.nwrro, lèvre proéminente, museau, groin,
mais il n'en détermine pas la provenance. —
D moraiUo\
MORAILLON. t. de serrurerie, prob. un
dérivé du mot précédent, cp. prov. moral ha ,
« quod pcndct in vecte » . Une explication par
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MOR
3i5
MOR
mordaillon (op. plus loin mordaché) n*a aucun
appui ni ])honétique ni historique.
MORAL, L. moralis (mores). — D. subst.
morale; moralité, moraliser, démoraliser,
moraliste.
MORATOIRE, L. moratorius = dilatoire,
de morari, retarder.
MORBIDE, L. morbidus, maladif, malsain
fraorbus). — D. it. morbide:: za, d'où fr.
morbidesse, mollesse des chairs ; morbifique,
L. morbificits*, qui rend malade.
MORBLEU, anc. morbieii, euphémisme p.
mort dieu, c.-à-d. mort do dieu ; cp. corbleu.
MORCEAU, anc. morsel, morceî (pour le
changement de s en c, cp. peixer, Hncer,
saucer, etc.), it. morsello, dimin., du L. mor-
sum (mordere), pièce enlevée en mordant,
bouchée ; cp. ail. bissen, morceau (dim. ein
bisschen, un petit peu), de beissen, mordre.
— D. morceler, d'où morcellement,
MORDACHE, tenaille, du L. mordox^-acis;
cp. Texpr. ail. beiss-zange [beissen, mordre)
et esp. mordacilla; les cloutiers (et les im-
primeurs) disent également mordant p. pince.
MORDACITÉ, L. mordacitatem (mordax).
MORDICANT, L. ^nordicantem, du BL.
mordicare (mordicus).
MORDICUS, adverbe latin, = sans démor-
dre, comme fait le chien, qui ne lâche pas le
morceau qu'il tient.
MORDIBNNE (à la grosse), aussi mor-
guienne, expression populaire = sans façon ;
prob. du juron mordienne, variante de mordié
= mort dieu.
MORDORÉ = more doré, doré noir.
MORDRE, L. mordere, forme barbare p.
mordêre, Dimin. mordiller. — Du supin
morsum, les subst. L. morsus, fr. mors,
mords, et L. morsura, fr. morsure. — Voy.
aussi morceau.
MORE, nom de peuple, du L. maurus,
morus (grec firûpoi), pr. do couleur foncée. —
D. moresque, qui se rattache aux Mores. An-
ciennement, mor était un adjectif signifiant
noir, noir bnin ; do là les dérivés : moreV,
moreau, it. morello, cheval de poil noir;
ynorelle, nom de plante de la famille des sola-
nées; moricaud (v. cm.); mordoré (v.c.m.).
MOREAU, -ELLE, -ESQUE, voy. more.
1. MORFIL d'un rasoir, = fil mort, tran-
chant émoussé.
2. MORFIL, dent d'éléphant, voy. marfil.
MORFONDRE, causer un catarrhe nasal (chez
le cheval); se morfoi\dre, prendre froid, fig.
perdre son temps à la jxjursuite d'une affaire.
On ne se rend pas très bien compte de l'accep-
tion figurée; découle-t-elle directement de
l'idée » gagner froid à force d'attendre »?
Quant à l'origine du mot morfondre, on s'en
tient généralement à morve fondre ; le froid
l'a morfondu, ce serait pr. « le froid lui a fait
couler la morve »; le mot était d'abord un
terme purement médical. — D. morfondure,
i*cfroidissemcnt des chevaux.
1. MORGANATIQUE, nocturne, mystérieux,
de morgane, lumière nocturne, pr. le nom de
la fameuse fée Morgane (litt. la très bril-
lante), sœur d'Artus et élève de Merlin.
2. MORGANATIQUE [mariage). Origine in-
certaine ; peut-être une dérivation savante du
verbe goth. mawn^/aJi, raccourcir, diminuer,
restreindre ; ce serait pr. un mariage avec
restriction. Je no vois pas comment on peut
rattacher le mot, ainsi qu'on le fait générale-
ment, à Tall. morgengabe, don du matin, soit
pour le sens, soit pour la forme. On trouye
cependant, dans le droit lombard, le terme
murgitatio et murganale, désignant le « don
du matin » que le mari s'engage à payer à la
femme le lendemain de la nuit nuptiale. Ce
don constituait-il le seul avoir dotal de la
femme mariée ad morganaticam t Les juristes
doivent le savoir. Si cette dernière explication
doit prévaloir, il faudra bien accepter pour
primitif l'ail, morgen, matin.
MORGELINE, du L. morsus gallinœ; cp.
l'expr. angl. chickweed, herbe de poulet, ail.
vogelkraut, herbe d'oiseau. — Daprès Dar-
mesteter (Composés, p. 134), le premier terme
dans morgeline, (îomme dans l'it. mordigeh
lina, représente le verbe mordre à l'impéra-
tif; il faut lui donner raison.
MORGUE, voy. morguer.
MORGUER, 1 . regarder fixement, exami-
ner; 2. braver d'un air fier et menaçant; do
là subst. morgue, 1. mine fière, air grave et
orgueilleux ; 2. endroit où l'on examine les
prisonniers qu'on écrouo ou les corps morts
dont la justice est saisie. L'origine de c« mot
m'est restée inconnue. Grandgagnage cite le
languedocien murga, visage; on pourrait
donc voir au fond de morguer l'idée dévisa-
ger. On pourrait aussi rattacher le sens de
fierté au bas -ail. murk, morose, sombre, cp.
suéd. mork, noir.
MORIBOND. L. moribundus.
MORICAUD, de more, noir; type latin
moriscaldus, extension de moriscus.
MORIGÉNER (mot datant du xv*" siècle), est
prob. p. morigérer, qui dérive du L. morige-
rus, docile, soumis, donc pr. rendre docile,
dresser, élever.
MORILLE, pic. merouille, meroule, néerl.
morilhe, angl. morel, vha. morhïla, nlia.
morchel, suéd. murkla; le radical mor, mor h,
mork, pour les mots romans comme pour les
mots germaniques, repi^ôscnte, selon les uns,
more ■= noir ; selon d'autres, le mot germa-
nique ynor, moor, marais. — L'étymologie
la plus digne d'approbation est le primitif
du vha. morhila, savoir vha. moraha, mlia.
morcha, fungus esculentus.
MORnjLON, raisin noir, de more, noir,
foncé.
MORION, armure do tête. it. morione, esp.
morrion, port, morriào; d'origine inconnue;
peut-être de l'esp. m.orra, crâne; selon quel-
ques-uns : a Maurorum usu. — Le même
mot, comme nom d'un châtiment militaire,
vient de ce que, à l'origine, on chargeait
le délinquant d'un gros et pesant morion qui
l'incommodait beaucoup.
1. MORNE, adj., prov. morn, du goth.
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MOB
346 —
MOR
mouman, vha. momen, angl. maum, être
tristêik.
2. MORNE, aux Antilles = petite mon-
tagne, altération de l'esp. mororif monticule.
3<^^0RN£, anneau n)is au bout de la
lamSP^ourtoise ; ce subst. s'est dégagé de
l'expr. lance morne, lance triste, par oppo-
sition à la lanc« émoulue, dont le fer était
brillant. — D. momé,
» MORNIFLS, coup de la main sur le visage.
L'origine de ce mot populaire m'est incon-
nue.
MOROSE, L. morosus, — D. morosité.
MORPHINE, de Morphée, fils du Som-
meil.
MORPION, de L. mordens pedio, pou mor-
dant (pedio, it. pedione, forme dérivative de
ja^âft primitif de jo«cffCM/M5). Cette étymolo-
^^e Ménage doit à coup sûr l'emporter sur
celle de « mort à pigeon » proposée par
Bourdelot.
MORS, L. morsus (mordere).
MORSE, mammifère marin. D'après Littré,
du danois mar (mer) -f- ros (cheval), mais on
ne trouve ni en danois, ni ailleurs un com-
posé de cette nature comme nom du morse.
Le mot est d'origine slave (russe morsch^
pol. mors), mais il se trouve aussi dans le
finnois m,ursu. lapon murs, — Voy. Bugge,
Rom.. IV, 363.
MORSURE, voy. mordre.
1 . MORT, adj.ou participe, L. mortutis. —
D. mortuaire 9 L. mortuarius.
2. MORT, subst., L. Ynors, mortis. — D.
mortel f L. mortalis; mortifier^ -fication^ L.
mortificare, -atio; amortir; cps. mortaitte^i.
de droit féodal, taille sur la mort, au moyen-
âge = jus domini in bona hominum manus
mortuae, d'où mortaillable.
MORTADELLE, esp. de saucisson, de l'it.
mortadella, qu'on rattache à morttyo, mortier
(les ingrédients de la mortadelle étant piles
dans le mortier).
MORTAILLE, voy. mort 2. — Il faut distin-
guer un autre mortaille de l'anc. langue signi-
fiant massacre, mortalité, tônérailles, et qui
vient (Jftjjlur. neutre mmHatia,
MOSffitlSB# aussi mortaise, angl. mortise,
cymr. màrtais, entaille dans une pièce de bois
pour y faire mordre un tenon. L'étym. par le
verbe mordre est vicieuse ; il faudrait mor-
daise. Il vaut donc mieux se rallier à celle
qui reconnaît, dans esp. mortaja, fr. mor-
taise, la transcription très exacte de l'arabe
mourtazza, fém. de mourtazz, participe du
verbe razz, à la huitième forme, et signifiant
planté, fixé, inséré. M. Devic, auteur de cette
étym., observe que le mot arabe conviendrait
mieux au tenon qu'à la mortaise; msûs, « dit-il,
outre que l'un ne va pas sans Tautre, on peut
remarquer que l'ancienne expression est trou
de mortaise ».(Mém. delà Soc. de linguistique,
III, 168.) — D. mortaiser.
MORTEL, voy. niort. — D. mortalité, L.
mortalitas ; immortel, immortaliser.
MORTELLIER, voy. mortier.
MORTIER, esp. mortero, port, morteiro, it.
m^yrtajo, 1. vase à piler, d'où, par assimila-
tion, les acceptions : pièi!« d'artillerie; bonnet
du chancelier de France et des présidents de
parlement ; 2. mélange de sable et de chaux.
Du L. mortarium, qui possède déjà les deux
acceptions principales que nous venons d'in-
diquer. — Pour le terme de maçonnerie, le
BL. avait aussi mortel la, d'où l'aU. mortel =
mortier, et le dér. fr. mortellier.
MORTIFIER, voy. mort.
MORTUAIRE, voy. mort.
MORUE, dans les dialectes aussi mohie,
wall. molowe, moleuwe; Linné appelle ce
poisson ^adu5 morhua. Diez pense que morue
est une syncope de moruda, comme barbue de
barbuda, bar buta. Cependant, il ne trouve pas
dans la forme de ce poisson une raison sufiS-
santé pour identifier ce mot moruda avec le
prov. morut (fém. moruda), esp. morrudo,
lippu. Il s'adresse donc de préférence à l'esp.
morros, qui signifie pr. de petits corps arron-
dis, petits morceaux, et qui s'applique parti-
culièrement aux intestins de la morue qui sont
salés et mis dans le commerce. — Pour notre
part, nous posons ici deux questions, qui
pourront peut-être mettre sur la trac« dune
étymologie plus satisfaisante : 1 . L'angl. me-
luel, melv>ell, = morue sèche, merluche,
n'est-il pas un dérivé diminutif de moluef
Sans, doute; nous trouvons de même dans
l'anc. langue moluel, mttruel, mais la ques-
tion reste ouverte : le thème premier est-il
mul, mol ou mur, mor t 2. Est-il probable
que moi^e nous vienne de l'espagnol, où l'on
a nommé ce poisson d'une tout autre manière
(bacallao)^ — Baudry pense que molue est
une forme dégénérée de merlus.
1. MORVE, port, morma, esp. muermo,
prov. vorma, sic. morvu. La morve est une
des maladies principales ou plutôt la maladie
par excellence du cheval. Une étymologie
tirée du L. morbus ne peut donc être taxée
d'arbitraire pour le sens (cp. le terme médical
morbilles, it. morviglione, également appli-
qué à des affections spéciales). Quant à la
lettre, toutes les formes citées s'y prêtent
sans difficulté, si ce n'est que l'on s'attendrait,
pour le français, plutôt à morbe qu'à morve.
Il n'y a que la forme prov. vorma qui fait
penser à une origine de gourme. La question
se réduit donc à savoir s'il faut expliquer
morve oximorma par une corruption de vorme,
vorma, ou le prov. vorma par une transposi-
tion de morva. — La maladie de la morve se
manifestant par un fiux de mucosité âpre plus
ou moins copieux qui découle des naseaux, on
comprend que le même nom a été donné à
cette mucosité même. — D. morveux; mor-
veau. — Voy aussi l'art, suiv.
2. MORVE, t. de jardinier, pourriture (d'où
morver, se pourrir). Cette application du mot
moi^ve aux plantes (chicorées et laitues) paraît
confirmer l'étymologie morbus, maladie, éta-
blie ci-dessus à propos de morve, maladie des
chevaux. Ou bien cette nouvelle acception
engagerait elle à chercher une autre ongine,
qui convienne aux deux applications du mot
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MOT
347
MOU
morve et qui soit mieux en rapport avec l'idée
de pourriture, de décomposition f Car on ne
peut négliger la circonstance qu'en allemand
rotz s'emploie à la fois pour la morve des
chevaux et pour celle des végétaux, et que ce
rotz appelle nécessairement, comme primitif,
le verbe vha. rozzen, bas-ail. rotteti, pourrir.
Mais pour trouver à moroe une étymologie
analogue, je n'ai que deux conjectures à pro-
poser : c'est ou l'ail, mûrbet v. flam. mortoe,
a= qui se décompose, ou un verbe latin bar-
bare mortuare^ d'où success. morivare, mor-
varCf avec le sens de mortifier, macérer.
HORVOLÂNT ; ce mot désigne le déchet de
soie (mort) qui tombe (volant) dans le dévidage
des cocons (Darmesteter).
1 . MOSAÏQUE ^ qui vient de Moïse, L.
Moses.
2. mosaïque, ouvrage de rapport, it. mit-
saico, esp. mosaico, prov. mozaic, aussi mu-
zeCf d'un type /utou77ivo;, prob. dér. de fiouiv,
art. Par un autre suffixe, le latin a tiré du
gr. fiovytloi la forme miisivus, = fait en mo-
saïque, d'où Tall. musiv-arbeit, fr. musif,
MOSGOUADE, sucre brut, anc. mascouade;
du port, mascabado, non purifié (en pari, du
sucre), litt. déprécié (Littré, suppl.).
MOSQUÉE, it. moschea dans Dante mes-
chita, esp. mezquita, de l'arabe mesdjid, lieu
d'adoration, du verbe sadjada, se prosterner,
adorer.
MOT, prov. mot, it. motto, esp., port, mote,
L. muttum. • Muttum nuUum emiseris pro-
verbialiter dicimus, id est verbum » (Comutus
ad Persium) ; « non audet dicero muttum »
(Lucilius). On fait dériver généralement mut-
tum du verbe L. muttire^ parler entre ses
dents, grogner; ce verbe latin muttire a
donné le vfr. et prov. mottr, wall. moti, mo-
ter, dire mot. Le subst. exprimerait ainsi pr.
le moindre son que la bouche peut émettre.
Toute autre étym., comme le grec /xD&o;, pa-
role, ou L. modus, est insoutenable. — Dim.
t. ^noUetto, d'où fr. motet, parole mise en mu-
sique. En vfr., le simple mot était déjà em-
ployé dans le sens moderne de motet.
MOTET, voy. mot.
MOTEUR, L.motor(movere); motif, L.mo-
tivus, pr. ce qui meut, ce qui porte à faire
qqch.; motion L. motionem, action de mou-
voir et d'agiter.
MOTIF, voy. l'art, préc. — D. motiver, in-
diquer les motifs, ou servir de motif.
MOTTE (de t«rre), vfr. mote, tertre, colline,
digue, it. motta, terre éboulée par suite des
pluies, bourbe, esp., port, mota, levée de
terre pour clôturer un champ ou retenir l'eau.
L'csp. m>ota signifie aussi •» petit nœud qui
reste au drap », ce qui détermine Larra-
mendi à rapporter le mot au basque motea,
petit bouton. Mais l'existence du néerl. moet,
mot, petite élévation, puis tache, défaut, du
bavarois mott, monceau de terre maréca-
geuse, du suisse mutte, morceau de gazon, du
néerl. mot, déchet de la tourbe, fait supposer,
pour le mot roman, une extraction germani-
que, n existe, toutefois, aussi en gaél. mota,
mont. — Gaston Paris (Rom., X, 58) avance
l'étym. L. môvita, movta, donc pr. mouvement
de terre. — D. mottee, pièce de terre entourée
de fossés profonds (dér. du mot motte dans
l'ancienne signification de digue; ; se motter,
en parlant des perdrix, se cacher derrière des
mottes de terre.
MOTUS, interjection, ^ n'en dites rien!
Prob. une forme gâtée de mutits, muet.
1. MOU, adj., voy. mol.
2. MOU (de veau), vfr. aussi mol; c'est le
même mot que le préc. , pr. la partie molle,
opp. au cœur et au foie, qui sont appelés dans
certains dialectes « le dur » .
MOUCHARD, dér. de mouché, avec suffixe
péjoratif; le mouchard voltige et s'introduit
partout comme la mouche. Voltaire, à la suite
de quelques autres, prétend que le mot mou-
chard = délateur, espion, vient d'Antoine
Démocharès, recteur de l'Université sous
Henri II, fameux par son zèle à dénicher des
protestants et dont le véritable nom était
Mouchy. Cette assertion n'est pas fondée.
Comme l'a fort bien rappelé Ch. Nodier,
mouche est encore synonyme de mouchard
tant dans ce sens particulier que dans son
usage proverbial « une fine mouche ; je vou-
drais être mouche ». Mouche de cour se lit
déjà dans l'Éperon de discipline d'Antoine du
Saix, qui fit imprimer cet ouvrage à une
époque où le père de Mouchy était encore fort
jeune. — Du reste, déjà le L. musca s'em-
ployait figurément pour une personne curieuse
ou importune. — D. moucharder, anc. (xv* s.)
aussi moucher.
MOUCHE, prov., it. et esp. mosca, du L.
musca (gr. fiutyurj, dim. de /xJIt). — D. mou-
cheron, petite mouche ; moucherolle =* gobe-
mouches; mouchet, émouchet. nom d'oiseau,
cp. le terme ail. gras-mucke (voy. notre ob-
servation à propos de moineau) \ d'autres
toutefois pensent que m4>uchet vient du plu
mage moucheté); moucheter, verbe fréquen-
tatif, = parsemer de petites mouches ou
taches.
MOUCHER,du L. mucus; moucher, c'estfaire
sortir la mucosité du nez en pressant ou pin-
çant les narines ; puis, par assimilation , ôter
le bout du lumignon d'une chandelle, qui
empêche celle-ci de bien éclairer. — Voy
aussi notre article moquer. — D. mouchon
ou mouchures; mouchettes (pour la finale, cp.
pincettes); moucheron, bout d'une mèche brû-
lante ; mouchoir, linge pour se moucher (par
extension, le mot s'emploie pour des linges à
d'autres usages). Quelque subtil linguiste
avait imaginé un jour une distinction étymo-
logique entre mouchoir et mouchoir ; il prô-
dait que si le mouchoir de poche servait à se
moucher, le mouchoir de cou servait à éloi-
gner les mouches!
MOUCHERON, voy. mouche et moucher.
MOUDRE, vfr. moldre, moire 'le d épcnthé-
tique disparaît devant les voyelles et VI primi-
tif reparaît, de là le partie, molu moulu); du
L. molera. — D. mouture, p. molture.
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MOU
— 348
MOU
HOUE» anc. ynœ (c'est du fr. que vient
l'angl. ntcnc, m. s.; cp. row de vouer). Suivant
Dicz, de l'anc. néerl. rnuîitc€== lèvre inférieure
avancée, dans moiiioe maken = faire la nione,
cp. le rouchi faire la li[>pe (lippe = lèvre).
L'étymologie angl. mouth, boucbe, ne parait
point admissible au philologie allemand, bien
que l'angl. dise tnake moiah pour faire la
moue.
MOUETTE, voy. maute 2.
MOUFETTE, voy. mofette,
1. MOUFLE, V. flam. moffel, dans les pa-
tois mofe, tnoiiffe, BL. mujffula, ni. moffel,
gros gant fourré, dimin. de l'ail, tnuff', lequel
représente mha. mou, moutoe, manche, man-
chon. Tumèbe expliquait fort ingénieusement,
trop ingénieusement, le mot moufle par « ma-
nuum infulœ », dont petinfidœy pantoufles =
pedum infulse, formel ait le pendant. — La
dérivation de muff, ci-dessus consignée sur
l'autorité de Diez, n'est pas à l'abri de doute;
le mot germanique pourrait bien être abstrait
du mot roman (voy. Heyne, ap. Grimm), et
Von ne peut, à l'égard de ce dernier, se dis-
penser de prendre en considération les mots
équivalents BL. manufollia, muffbla, mani-
flua, et le languedocien manoufla, que
Grandgagnage décompose, interrogativcment,
en manu-mu ffxila^ mais dans lequel il faut
plutôt voir une altération du L. manupola
p. manipulus, poignée (cp. vfr. mofle de foin
=* manipulus fœni). — Voy. aussi pantoufle.
2. MOUFLE, visage gras et rebondi, d'où
mouflardf moufle', mouflu, verbe moufler,
serrer les joues et le nez à qqn. de manière à
lui faire boursoufler les joues. Cp esp. mo-
fletes, grosses joues. Grandgagnage compare
les termes germ. : v. néerl. moffelen, muffe-
len, buccas movere, dial. d'Aix tnofel, une
grosse bouchée, et mofeln, manger à pleine
bouche. Cependant, le linguiste liégeois ne
déduit pas le mot fr. de lun ou l'autre de ces
vocables; moufle, malgré son genre féminin,
est, d'après lui, une forme variée de mufle
(v. c. m.). Diez pense que moufler, boursou-
fler, pourrait bien être déduit de la moufle
= gros gant. — Ce serait par trop hardi que de
ramener moufle au mot (dialectal) ail. mnmp-
fel = bouclie pleine, lequel est gâté de mund-
voll (on trouve aussi muffhl) = plein la bouche.
3. MOUFLE, système de poulies assemblées
dans une même chape, etc. ; étymologie in-
connue ; de moufle, gant ? ou de l'ail, mruffeln,
angl. muffle, envelopper?
4. MOUFLE, petit four mobile, ail. milffel,
angl. tnuffle; l'assimilation sur laquelle re-
jKise cette dénomination ne m'est pas connue.
MOUFLON, d'origine inconnue ; l'ail, appelle
milffel un chien à grosses lèvres pendantes.
MOUILLER, prov., port, mo/har, esp. mo-
jar, dun type latin muUiare, fait de mollis,
comme graviare, leriare de gravis, levis.
L'ail, dit de même cinweichen, tremper,
mouiller, de toeich, mou; cp. it. molle, hu-
mide. — D. mouillage, subst. du verbe
mouiller au sens spécial de •« mouiller l'an-
cre n.
1. MOULE, fém. ; les formes langiiod.
muscle, en Bretagne moucle, cat. mxisch,
angl. niuscel, vha. muscla, all.m«5c/ee/,etc.,
ne f>ermettent pas de douter de Tétymologie
L. musculus, moule, coquillage. — D. nwu-
liére, mouletie.
2. MOULE, masc., du L. modulus, devenu
d'abord modle (d'où par assimilation le prov.
et vfr. molle, et par transposition, esp., port.
molde, angl. mould). L'ail, dit nuxiei. —
D. moider, jeter en moule, d*où moulure,
ornement moulé, et mouleur.
MOULIN, it. mulino, esp. molino, d'an type
latin molinus (Amm. Marc, a le féminin mo-
lino), dérivé de mola, m. s. (qui est la source
directe du fr. meule). Du dérivé latin molina-
7'ius viennent : esp. molinero, it. muUnaro,
mugnajo, fr. molinier* mol nier", mounier,
meunier. — D. de moulin : le dimin. mouli-
net ; verbe moxdiner.
MOULT*, beaucoup, du L. multum.
MOURIR, L. moriri, forme archaïque de
mori.
MOURON, wall. moron, n. prov. mour-
roun, mourél, mouret. Le v. flam. a muer,
muerhruyd, muyr; Kiliaen définit : herba in
mûris et tectis nascens ; mais Grandgagnage
conteste cette étym. pour des raisons diverses
et conclut ainsi : « Si Ion compare avec les
autres formes ci-dessus Tesp. muruge et le fr.
ynorgeline, autre nom pour l'alsine ou mou-
ron des oiseaux, on sera porté à croire que le
radical commun à tous ces mots est le lang.
mourre et morga, museau ; la cause de cette
dérivation consistant naturellement, si elle est
fondée, en ce que Ton a vu, ou cru voir, une
ressemblance entre un museau et la fleur ou
la feuille du mouron ». Cette conclusion reste
problématique, et Tétymologic de mouron
encore à fixer. J'abandonne mon ancienne
explication par mordre.
MOURRE (jeu de la), de Tit. morra. Le nom
de ce jeu, qui répond, quant à la chose, à la
micatio des Latins (micare digitis), n'est pas
encore expliqué.
MOUSQUET, vfr. moschete, esp. mosquete,
it moschetto, BL. mitscJieta, primitivement
une espèce d'arbalète, puis une arme à feu.
Cette arme tire son nom d'une espèce d'éper-
vier appelé prov. mosquet, mosqueto, it. mos-
cardo, fr. mouchet et émouchet, et qui à son
tour tire le sien de musca, mouche (voy. moi-
neau, émouchet et mouchet). On sait que les
anciens ont souvent appelé leurs armes ou
engins de guerre d'après des noms d'animaux ;
cp. tiercelet, couleuvrine, sacre, bélier, it.
falconetto, etc. — 'D. mousqueton, \i. moscliet-
tone ; mousquetaire, mousqueterie.
1. MOUSSE, masc, jeune apprenti mate-
lot, it. mozzo, esp. mozo, garçon; selon Dicz,
du L. mifstus, jeune; étymologie contestable;
d'après Baist ^Grôb., Ztschr., VI, 118). d'un
type lat. muticus =mutilus (tondu, imberbe!:
c'est, à son avis, aussi à mutilus que répond
esp. mocho (tonduj, d'où muchacho, garçon.
— Notez qu'au xv* siècle, on trouve le fr.
mousse aussi au sens de jeune fille.
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I
MOU
349 —
MUE
2. MOUSSE, subst. féminin, plante, prov.
mossa; du vha. tnos, nha. moos, angl. moss.
La forme it., esp. musco, cependant, repré-
sente le L. musciis (gr. fidy^oi) ; it. muschio
et valaque mxischiu ont pour type un dim.
L. tnusculus, — D. mousseron, moussu.
3. HOUSSE, subst. fém., écume. C'est le
môme mot que le précédent, avec une signifi-
cation métaphorique. — L'étymon L. *muîsa
(de mulsuSf mêlé de miel), proposé par Bou-
cherie, a peu de probabilité. — D. mousser,
acyectif mousseux,
4. MOUSSE, adj., it. tno3so, prov. mos, du
néerl. mots = dont la pointe est cassée, cp. ail.
mutsen, écourter, courtauder. — D. émous-
ser.
MOUSSELINE, esp. muselina, it. musso-
lino et mussolo, angl. muslin, toile de coton
très fine que l'on tirait autrefois de la ville de
Mossul, en Mésopotamie, d'où lui vient le
nom.
MOUSSON, it. monsone, esp. mo7isonf port.
monçâo, angl. monsoGn, malais musim,
liindostani mauSim, de l'arabe mausim,
temps désigné, saison.
MOUSTACHE, it. mostaccio, esp. mostacho,
albanais mustakc, du gr. p^jiraX, m. s.
MOUSTELLE, sorte de gade (poisson), L.
mustela, -ella. Le mot moutelle^ autre nom
de poisson, est une variété du même mot.
MOUSTIQUES, par transposition p. mous-
quites; de l'esp. mosquito, dér. du L. musca,
mouche. — D. moustiquaire.
MOUT, ail. most, du L. mustum, s. e. vinum
(de mustus, jeune, nouveau, d'où aussi mou-
tard et verbe émoustilîer). — D. moutarde
(v. c. m ).
MOUTARD,jeune garçon vif, du L. mustus,
jeune. — Ce terme populaire moutard sup-
pose, d'après cet étymon, une forme anté-
rieure moie^tor^^, dont tout exemple fait défaut
iusqu'ici. Malgré cela, l'étym. historique rap-
portée dans le suppl. de Littré et d'après
laquelle, lors d'une lutte entre gamins de
Paris, en 1826, le mot moutard aurait été,
par corruption, appliqué aux gamins du quar-
tier Mouffetardf ne mérite guère de crédit.
MOUTARDE, prov., it. mostarda; dérivé du
L. mustum, fr. moitt; cp. mlia. mostert (auj.
mostrich), néerl. mosterd, angl. mustard. La
moutarde est de la graine de sénevé broyée
avec du vinaigre ou du moût. Le nom s'est
communiqué ensuite à la graine de sénevé,
puis à la plante même. — D. moutardier.
MOUTELLE. voy. moustelle.
MOUTIER, moustier, voy. monastère. En
Lorraine, mote = moiitier est encore le mot
usuel pour église.
MOUTON, bélier châtré, vfr. molton, it.
montone, pic. mouton, vénitien moltoney prov.,
cat. moUo, BL. multo. On trouve le mot dans
les langues celtiques (anc. irl. molt, gaél.
7niilt, cyinr. molt, Cornouaillcs moi^, bret.
maout), mais on n'y rencontre aucune racine
qui les explique. La langue romane présente
elle-même un primitif très acceptable ; c'est le
mot moût (n. prov.), mot (dial. de Côme),
mult(disL\. des Grisons) = châtré. Or, ce thème
muitj d'où jnout, est produit, par transposi-
tion de la liquide, de î'adj. L. mutilus. Diez,
auteur de cette étym., rapproche le n. prov.
cabro mouto, chèvre à laquelle on a enlevé les
cornes (en suisse muttlt, c'est la capella mu-
tila de Columelle). Mouton, pour le sens,
dérive du L. mutilus de la même manière
que le terme équivalent ail. hammel de vlia.
hamal = mutilé (cp. aussi vfr. castrois, mou-
ton). — D. moiUo7i)ier, moutonneux, -ier.
MOUTURE, voy. moudre.
MOUVOIR, en termes de jardinage et d'au-
tres métiers aussi mouï>er = remuer, du
L. movere. — D. mouvement; mouvance, tiré
de mouvant, t. de droit féodal.
MOXA, t. do chirurgie; mot chinois.
MOTE, voy. moyer.
MOYEN, a(y. et subst., prov. meian, esp.
m^ediano, du L. medianus (médius). — D.
mx)yenner, d'où moyennant, pr. participe,
puis préposition, cp. comme formation, les
prôp. nonobstont, durant, pendant.
MOTER, t. de maçon, couper une pierre en
deux, d'un type L. mediare tiré du L. médius.
— D. subst. verbal moye, partie tendre de la
pierre que l'on enlève en la moyant.
1. MOYEU (d'une roue), du L. modiolus,
m. s. Au simple modius répond la focme it.
mx)zzo.
2. MOYEU, jaune d'œuf, pr. le centre de
l'œuf, prov. moiol, muiol ; selon les uns, d'un
type mediolus (de médius), donc le milieu de
l'œuf ; selon d'autres, c'est le même mot que
le préc. « par assimilation de figure arrondie
et de situation centrale » (Littré) ; Diez pro-
pose L. mutilus (mytilus), accentué mutûlus,
moule, coquillage, mais la forme n'y est pas
favorable : fr. eul ne se produit jamais que
sur un type latin en oins. L'anc. orthographe
moiœuf est une orthographe interprétative,
que démentent les textes les plus anciens, qui
ont m^ieul ou moyeul.
3. MOYEU, sorte de prune confite ; d'ori-
gine inconnue. — En Normandie, moyeu est
synonyme de noyau (de cerise, de prune,
d'abricot).
MUCHE-POT (A), en cachette, de muclier
forme picarde de musser[\. c. m.).
MUCILAGE, du L. mucus, fait sur le mo-
dèle de cartilage. — D. mucilagineux.
MUCUS, mot latin ; de là muqueux, L. mu-
cosus (d'où mucosité) ; verbe BL. muccare, fr.
moucher (v. c. m.) ; mucilage (v. c. m.), mu-
cique, mucite.
1. MUE, subst. fém., demuer (v. c. m.).
2. MUE, a(\j., dans « rage mue », fém. de
mut* m,u, prov. mut, it. muto, qui est le
L. mittus, muet — D. muet, dim. ; muter (\q
moût), on arrêter la fermentation.
MUER (en t. de marine muder), prov. mu-
dur, du L. mutave, changer. — D. mue,
changement (de plumes, de peau, de voix),
j)nis aussi la cage où l'on met l'oi-seau quand
il mue (dimin. muette (v. c. m.); muance,
muable, immuable, remuer (v. c. m.j.
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MUG
350
HUL
MUST, voy. mue 2. — Pour muet, le vfr.
disait muel, d'un type mutalis.
IfUETTE, pr. local où l'en tient les ani-
maux pendant le temps de la mue, puis par
extension : pavillon ou rendez-vous de chasse ;
dim. de mue, voy. muer. — Selon Génin,
toutefois, le dernier sens a une origine dis-
tincte : savoir le vfr. mu^e, qui se prononçait
meule; la prononciation moderne reposerait
erronément sur lorthographe antique; en
effet, le lien du bois de Boulogne dit la
Muette s'est dit et écrit aux xvii" et xvju® siè-
cles, la Meute. Il s*agit donc d'un lieu où Ton
tient des meutes de chien.
MUFLE» d'après Diez, de Tall moffel s=qui
a de grosses lèvres pendantes. Cp. aussi le
norm. moufler, faire la moue, pic. moufeter,
remuer les lèvres, ail. muffeln, mâcher. Voy.
aussi l'art, moufle 2. — D. muflier, t. de
botanique.
MUGE (poisson), du L. mugil, m. s.
MUGIR, vfr. muïr, L. mugire.
MUGOT, trésor caché. Ce mot, que Ton
suppose avoir été altéré dans la suite en ma-
got, son équivalent (v. c. m.}, était autrefois
musgotf et se présente beaucoup dans les
patois avec un t ; migot, mtgeot; on trouve
aussi les formes féminines musgode, musgœ,
murjoe (cp. zarlet p. vaslet), migoe. Le sens
primordial était** fruitier, lieu où l'on garde
les fruits ». G. Paris, qui s'occupe en détail
de ce mot dans sa Yie de saint Alexis, p. 186,
n'avance aucune étymologie; il se borne à
citer, dans deux glossaires flamands-latins,
d'une part, muedecke • pomarium, locus
ubi poma reservantur •»; d'autre part, muych,
muydich (avec la même traduction), sans
établir aucune communauté d'origine. Effecti-
vement, la forme primitive musgot est difficile
à concilier avec le radical mued, muijd, du
mol flamand. Aussi le prof. Storm a-t-il
recours à une autre explication. Le mot lui
semble avoir eu d'abord le sens de garde-
manger, provision de vivres et, plus spéciale-
ment, celui de « pomarium », ce qui îamène
à rattacher musgode au mha. muos-gadem
« cenaculum » (composé de muos - cibus,
cibus coctus, pulmentum », et gadem « con-
clave, domus, septum »). Il cherche à écarter
la difficulté que présente l'o du mot fr. en
présence de l'a de gadem, en alléguant divers
cas de ce changement de a en o dans le do-
maine de la langue allemande elle-même
(Rom., If, 85). — Il est utile d'ajouter qu'en
Normandie, mugot se dit pour la provision de
fruits que l'on garde pour l'hiver et qu'on
laisse mûrir sur la planche.
MUGUET, vfr. musguet ; anciennement on
disait aussi noix muguette p. noix muscade.
Du fr. muguet vient l'it. mughetto. Je rétracte
Téquation que j'avais posée, muguet = L.
muscatus, qui pèche contre les lois phoné-
tiques françaises; le mot est le dim. d'une
forme simple musgue, mugue, qui se ren-
contre encore dans les diaî. du Midi et qui
vient de *musca, fém. de muscus, musc. En
wallon on dit murguè (l'ancien s changé en r ;
cp. varlet de taslet). — Au subst. mugnd,
dans lésons de galant, petit-maitre 'op. mus-
cadin , se rapporte le verbe mitgueter, faire
le galant auprès des dames.
MUID. prov. muei. mueg, it. moggio, esp.
moyo, du L. modius, mesure, boisseau.
MUntS, it. moja, du L. muria. Voy. sau-
mure. ^
MULÂTRE, esp. , port, mulato, ail. midatte ;
sens premier : issu d'un étalon et d'une
ànesse, puis né d'un blanc et d une négresse,
ou d'un nègre et d'une blanche; dér. du
L. mulus, mulet.
MULCTE', amende, L.mulcta. — D. mule-
ter, punir, maltraiter, L. mulctare.
1. MULE, femelle du mulet, L. mula. Le
vfr. avait aussi le masc. mul = L. miUus.—
D. mulet.
2. MULE, cliaussure sans quartier, it.
mula, esp. mulilla, wall. mole; du L. mul-
leus, soulier de cuir rouge, que portaient les
patriciens de Rome qui avaient exercé une
magistrature curule.
3. MULE, engelure au talon (pr. crevasse);
puis spécial, fente ou crevasse qui se montre
sur le derrière du boulet du cheval et d'où
suinte une sérosité fétide. Du v. flam. muyl,
m. s., signification qui s'est peut-être déduite
de celle de mugi, bouche, ouverture.
1 . MULET, quadrupède, voy. mule 1 . —
D. m^uletier, tnuleton.
2. MULET, poisson, dim. de muîh, pois-
son, qui est le L. mullus, rouget.)
1. MULLE. poisson, voy. l'art, préc.
2. MULLE, garance, du L. mulleus, de
couleur rouge (de mullus, rouget.
MULLETTB, gésier des oiseaux de pi-oie,
dér. de mulle, usité seulement dans l'expres-
sion franche-mulle, qui désigne l'estomac
chez le bœuf; du vfr. mule, poche, sac,
estomac (d'après Littré;.
MULOT, du néerl. mul, ags. myl, terre en
poussière; cp. néerl. mô/, angl. mole, =
taupe, et l'ail, maul-uourf, taupe, pr. qui
jette de la terre. — Il n'y a pas de doute que
le radical immédiat des mots germaniques
cités ne soit mu2 (cp. les gloses de Reicbenau,
p. 51 : talpas, muli(\m terram fodiunt), mais
les étymologistes allemands sont d'accord â
voir dans les formes mid-werf, mole, myU
mul, dos corniptions du- thème premier qui
estmw/t/ctqui signifie terre, poussière; gotb.
mulda, ags. molde, angl. mould. Le vha.
disait p. nuiultourf exclusivement moU-^Dcrf
(ou -tourf). — L'étymologie L. mus, mûris.
n'est pas probable. — D. muloter.
MULQUINIER, ouvrier qui tisse les batistes,
les linons ; aussi murquinier et musquinier-
Le vrai mot est molequinier, m,ulequinier ; il
vient de rnolcquin, mullequin, étoffe fine et
précieuse dont on faisait les vêtements légers
nommés chainses ou chemises. Or, moleqwn
est un diminutif (Atn, suffixe diminutif néer-
landais) du L. mollis; Littré, cependant,
identifie le mot avec molequin, mauve ; l'angl-
a mull, avec le sens de mousseline fin^- "
D. mulquinerie.
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MUS
— 361 —
MUT
MULTIOOLORE, L. multicoîor.
MULTIFORME, L. multi-formis.
MULTIPLE, L. muUiplus, p. multiplex,
MULTIPLICITÉ, L. multiplicitatem (mul-
tiplex).
MULTIPLIER, vfr. mouteplier, monteplier
ou -ployer, L. multiplicare.
MULTITUDE, L. multititdo,
MUNICIPAL, L. municipalis (municipium).
— D. municipalité.
MUNMOENCB, L. munificmtia,
MUNIR, pourvoir du nécessaire pour la dé-
fense ou la nourriture, puis sjn. de pourvoir
en général, du L. munire, pr. travailler à un
mur, puis fortifier, mettre en état de défense.
— D. munition, L.munitionem (fortification);
le sens actuel du mot français est déduit de
l'acception verbale •< garnir du nécessaire » ;
de lÀ : munitionitaire, niunitionner,
MUQUEUX, voj. mucus,
MUR, L. murus. — D. mural, muraille,
murer, emmurer»
MUR, contraction du vfr. maur meiir,
prov. madur, du L. maturus. — D. mûrir
(cp. l'inchoatif L. maturescere).
MURE, vfr. meure (forme normale), wall.
meuîe (cp. ail. maulbeere), prov., esp. mora,
it. moro, du L. morum {jir^po^*). — D. mû-
rier ; vfr. moure', vin de mûres.
MURÈNE, L murœna (fiùpxivr).
MUREX, L. murex, coquillage à pourpre.
MURMURE, L. murmur. — D. murmurer,
L. murmurare (vfr. murmeler, cp. ail. mur-
meln).
MUSARAIGNE, esp., port, musaraîia, du
L. musaraneus, m. s.
MUSARD, voy. muser. — D. musarder,
musardie,
MUSC, L. muscus (/xoV/o,-). — D. musquer,
parfumer de musc (part, musqué, au fig. =i
affecté, qui aime l'apprêt t; mu^ceU (« raisin
muscat »), it. muscato, d'où fr. muscade,
muscadier, muscadet, -elle; muscadin, 1.
sorte de pastille, 2. fat musqué. — Voy. aussi
m^uguct et le mot suiv.
MUSCARDIN, espèce de loir, forme variée
de muscadin, «• l'animal parfumé ».
MUSCAT, voy. musc,
MUSCLE, L. musculus, d'db musculaire^
miisculenx,
1 . MUSE, L. musa (ao'jiv), — D. musée
(/Aowiîîov), musique (ynouwxo;).
2. MUSE, commencement du rut des cerfs,
subst. verbal de muser 2.
MUSEAU, miiseV, prov. mursel; sans suf-
fixe : prov. mus, vfr. tnuse, mouse, it. muso.
On a essayé de nombreuses étymologios pour
ces mots. Diez parait avoir résolu le problème.
Il admet pour type le L. morsus ,dans le sens
de « chose avec laquelle on mord » (on sait
que Virgile déjà donnait à ce subst. l'accep-
tion de dents). Pour la voyelle u p. o et la
syncope de la liquider, c^. giuso, fr, jus*,
du L. deorsum, Ùr radical s'est, toutefois,
maintenu dans la forme prov. mursel et le
bret. morseel, — Dérivés de musel' : museler.
muselière, — Du primitif mw^j, m«5e, dérive,
selon Diez, aussi le verbe muser [v, cm.), pr.
diriger le museau vers qqch. (voy. muse 2),
regarder fixement, b(»uche béante, attendre
longtemps, s'arrêter à des bagatelles; puis
muserolle, partie de la bride d'un cheval
qui se place au-dessus du nez, pr. = petit
museau.
MUSÉE, voy. muse 1 . C'est pr. un lieu con-
sacré au culte des Muses.
MUSELER, MUSELIÈRE, voy. museau, -—
D. emmuseler.
1 . MUSER, d'après Diez de mu^ ^^ museau
(voy. museau) \ en effet, le Dict. de Trévoux
lui assigne comme signification première
« avoir le visage fiché vers un endroit », d'où
découlerait celle de fainéanter, se distraire de
son travail. D'autres, appuyant sur le sens
méditer, rêver, penser, réfléchir avec tristesse
(sens particulier surtout à l'angl. muse et au
mot fr. dans le dicton « qui refuse muse »),
ont préféré soit un L. musari, primitif de
musinari «= muser, soit le L. mussare /en
basse latinité musare), dire A demi-voix,
avoir peur, hésiter. — Les étymologies tirées
de Tall. musse, loisir (Ménage) ou du L. va-
care musis (Huet) ne sont pas recevables. —
D. musard; verbe actif Ormuser (v. c. m.),
tenir qqn., lui faire perdre son temps.
2. MUSER, t. de vénerie, mettre le nez en
terre, entrer en rut (en parlant du cerfy ; de
mus, radical de museau,
MUSETTE, dér. du vfr. muse, BL. musa,
instrument de musique (d'où corne-muse, qui
corne de la mu.se). — Ce musa doit être consi-
déré comme le subst. verbal du verbe BL.
musare (wall. muser), faire de la musique.
Quant à ce dernier, d'après Grandgagnage,
il peut s'expliquer 1 . comme acception déri-
vée du verbe rouchi muser, fredonner, chan-
tonner, qui est le latin mussare (BL. musare),
bourdonner, 2. comme contraction (mieux
valait-il dire comme abstrait) de musicare,
3. comme dérivation du L. m,usa,
MUSIF, L. musivus; voy. m.osaïque
MUSIQUE, L. musica (uounxii), dér. de
musa. — D. musiquer, musical, musicien.
MUSOIR, tête d'une écluse. Je ne connais
pas l'orisrine de cette dénomination.
MUSQUER, voy. musc.
MUSQUINIER. voy. mulquinier,
MUSSBR, cacher, vfr. mucer, pic. mucher,
wall. miuihi, sicilien am-mucciarsi , d'après
Diez, du mha. sich mu zen, se retirer dans
l'obscurité. — D. musse, cachette. — Grand-
gagnage pense que mucher, forme première,
se rattache à la même famille que le mha.
muchen, mucheit, agir d'une manière cachée,
nha. 7neuchlinffs, à la dérobée. L'étymologie
L. mussarsj dissimuler, hésiter (signification
d'un ordre moral), ne peut convenir, surtout
en présence do la forme sicilienne.
MUSTELLE, L. mustcla.
MUSULMAN, voy. islam.
MUTATION, L mxUationem (mutare).
MUTER (le vin), voy. mue 2.
MUTILER, L.' tnutilare.
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NAC
— 352
NAG
MUTIN» vfr. mciUin, voy. meute. — D.
mutiner t mutinerie.
MUTISME, du L. miitus, muet.
MUTUEL, dér. du L. mutuus, m. s. — D.
miUuaiité.
MUTULE. L.mutuhis.
MTOPE, gr. fiù'jt'p, m. s. (litt. qui serre les
yeux). — D. myopie, gr. /*uw7r£a.
MTRIA-, mot prépositif des noms de me-
sure, exprimant dix mille fois la chose ; du
gr. fiùiiiu, neutre fAÙpix, dix mille.
MYRIADE, grec fiu^nici, -âjo;, nombre de dix
mille.
MYRMÉLEON, voy. sous fourmi.
MTROBOLAN, aus.si myrabolan^ nom de
plusieurs fruits desséchés à forme de prune,
venant des Indes; du gr. /«upoôâiacvov (litt.
gland parfumé). — D. myroholanier. ^
MTROBOLÂNT, merveilleux. Voici comment
on explique l'origine do ce néologisme, que je
m'étonne de voir admis dans les dictionnaires
avec un y : « Un autour, nommé Hauteroche,
fit représenter une comédie appelée Scapin
médecin, dans laquelle parait un médecin qui
traite tous ses malades avec dc^ pilules. Mé-
decin, en vfr. , se disait mi7'e; pilule, en latin, se
traduit par boius. Kn réunissant ces deux mots
par une voyelle euphonique o, et en terminant
le subst. ainsi composé par la désinence ant,
qui marque l'action, Hauteroche a fait un
nom propre mtr-o-ôoZ-ant, mirobolant. Trompé
par le radical du mot, qu'il a cru dérivé du
verbe mirari, le peuple a pris ce nom de fan-
taisie pour un synonyme burlesque du parti-
cipe émerveillant. « Je donne pour ce qu'elle
vaut cette explication philologique, que je
trouve dans Bescherelle. Littré rattache notre
mot au précédent, sans préciser le lien logique
qui les unit.
MYRRHE, L. myrrha, gr. /uiû/9,ôa.
MYRTE, vfr. murte, meurte, duL. myrtus^
gr. fjiùpTOi. Anciennement, le nom vulgaire
était nerte (changement de m en n comme
dans nappe, nèfle, natte).
MYRTILLE, un des noms vulgaires de lai-
relle; de myrte. Cette dénomination est fondée,
d'après les uns, sur ce que cette plante pré-
sente quelque ressemblance avec le myrte;
d'après d'autres, sur ce que les pharmaciens
s'en servent à la place du vrai myrte quand il
leur manque.
MYSTÈRE, L. mysterium (,auïr^pi9v) — D.
mystérieux; du même thème : mystique, gr.
/uiwïTuo;, d'où mysticisme, mystifier, composé
mal forgé pour dire : tromper qqn. finement,
d'une manière cachée, subtile (voy., sur l'his-
toire de son introduction dans la langue, le
Dictionn. do Littré); do là mystification,
•ateur.
MYTHE, gr. fiù^o;, fable.
MYTHOLOGIE, gr. fiu^oUyi^, traité de hi
fable (uùdoi), puis ensemble des traditions reli-
gieuses d'une nation païenne et science y rela-
tive.
N
NABAB, mot arabe (plur.dc naïb, pr. lieu-
tenant, vice-roi), titre des princes de l'Inde
musulmane ; puis nom ironique que les An-
glais donnent à leurs compatriotes qui se
sont enrichis aux Indes.
NABOT, vfr nimbot, d'aprèsDlez, du nord.
nabbi, bosse, nœud; d'après d'autres, avec
moins de • probabilité, du L. napus, navet.
Langl. knap, bosse, pourrait aussi fournir
l'étymologie de nabot, qui s'employait anc.
aussi p. hotte. — Joret (Rom., IX, 435) con-
firme l'étymologie de Diez par la circonstance
que, dans le Hyndlu-ljôd,7,le mot ndbbi sert
à désigner un nain. L'angl. knap, que j'ai in-
voqué, a, dit-il, la même origine que nabbi.
J'ajouterai, commeanalogie de sens, que l'équi-
valent ail. knirps, kniiiys, knôrps est aussi
de la même famille que knorren, protubé-
rance, nœud.
NACAIRE, timbale, BL. nacara; de l'arabe
nakar, battre le tambour.
NACARAT, de l'esp. nacarado, d'un rouge
clair tirant sur l'orange, dér. de nacar, nacre.
NACELLE, BL. nacella. Ce dernier repré-
sente, selon Diez, plus probablement un dim.
latin navicclla (do navis), qu'un dini. du BL.
naca =^ rouchi naquc, nacelle, barque, qui
est lo vha. nacho (auj. nachen), v. flam.
naeche, m. s.
NAGHE, t. do boucherie, fosse de bœuf, anc.
fesse en général, du BL. fiatica, dér. de
L. naiis, m. s.
NACRE, anc. aussi nacle, it. nacchcra,
gnacchera et masc. naccaro, esp. nacara et
masc. nacar; d'origine orientale : chez les
Kurdes nakci^a; cp. le verbe arabe nakara,
excaver. — Chevallet place à tort le mot dans
la famille de l'ail. ^cAwecA^, limaçon (vha. ncc-
clio, = coquillage, selon lui). — D. nacré.
NADIR, de la formule arabe nadhir-as-
semt = point dpposé au zénith (v.c. m.).
NAFÉ, fruit do la ketmic, dont on fait du
sirop ou de la pâte pectorale ; c'est le premier
mot do la phrase arabe nâfi' IV-s-sadr (litt.
bon pour la poitrine) ; d'après Devic, du per-
san nafah, vésicule de musc.
NAFFE (eau de), it. nanfa, lanfa, de l'arabe
nafah, odeur agréable.
NAGfER, d'abord = naviguer, puis en géné-
ral flotter sur l'eau, du L. navigare {nox:*'
gare). — D. subst. verbal nage, action de na-
viguer ou de flotter, cp. l'expr. « une cha-
loupe bonne di; nage » ; anc. on disait « par
terre et par naçrc » = par terre et par eau ;
de là la loc. •« être à luige ou en nage *» , =
être tout trempé d'eau. Dans celle-ci on a,
sans raison sérieuse, voulu voir une confusion
avec « être en âge n [âge anc. forme de eau)-^
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NAO
— 353 —
NAS
pour démentir cette interprétation, à part
d'autres considérations, il suffit de rappeler
les applications métaphoriques analogues de
l'ail, schwimmett, nager, comme, p. ex., « das
Auge schwimmt in Thrànen »» (est baigné de
larmes). — Autre dér. de naffer : nageoire.
— Le L. natare a donné vfr. noer (cp., p. a
devenu o en syllabe atone, nalalis, fr. noël).
NAGUéRS, voy. ffiière,
NiÏADS, L. naiaS, gr. varlac;, -àSo;,
• NÀIF, du L. natitus (naturel), dont la lan-
gue savante a fait natif. Le sens attaché à ce
dernier était propre anciennement aussi à la
forme syncopée naïf, p. ex., serf nai/*= serf
par naissance. — D. naïveté,
NAIN, prov. tian, it. nano, esp. enano, du
L. nanilS (yâwo;).
NAISSANCE, voy. nailre,
NAÎTRE, naistre\ de l'infinitif latin bar-
bare na^cere (cp. connoistre* de cognosceré).
Ancienne forme concurrente : nasquir. C'est
de celle-ci que vient le passé défini je naquis.
Le participe latin nascentem a donné nais-
sa7it, d'où naissance, L. nascentia. — Le par-
ticipe passé nains (tiré de narC, forme anté-
rieure à rinchoatif nasci) a régulièrement
produit neC né.
NAMP, meuble (terme de coutume), BL.
namptum, namptiiim. Voy. nantir,
NANKIN, étoffe nommée d'après la ville de
Nankin^
NANTIR, dér. duv. subst. nam, nan namp,
qui signifiait gage, puis par extension, objet,
meuble susceptible d'être mis en gage. Nam
désignait d'abord le gage déposé par un débi-
teur entre les mains d'un tiers. Si le créan-
cier n'était pas payé à l'échéance, alors, après
les sommations requises, il était libre de se
saisir du nam ou de se nantir. De l'idée se
saisir d'un gage s'est développée l'acception
se mettre en sûreté, à couvert, prendre ses
précautions, se pourvoir. Quant à l'origine
de nam, elle est fournie par le nord, ^lam,
prise, mha. nàm, bfltin (de la famille du
verbe ail. nehmen, prendre). Cp.esp.prc;*c?a,
gage, de prender, prendre. — Je suis étonné
de voir que personne ne s'est arrêté sur le
mode peu régulier dont yiantir procède de
nam, namp; on s'attendrait à -namir ou
nampir. En admettant même une forme inter-
médiaire nant (avec un t adventice, pris plus
tard pour radical), les analogies indiqueraient
une dérivation par nandir (cp. faisant*, fai-
sander; tntant', truander). Il y a là un point
obscur à éclaircir. — D. nantissetnent, gage,
sûreté.
NAPHTE, L. naphta (vàpda).
NAPPE, du L. niappa; changement de m
en n, comme dans nè/le, natte. — D. nappe-
ron, d'où l'angl. apron, tablier, p. napron,
NAQUE-HOUGHES, espèce de lézard, qui
naqiie (attrape) des mouches. Quant à l'anc.
verbe naqxier,ô^oix vient-il? L'ail, necken (rac.
nac) paraît trop distant par sa valeur « taqui-
ner, tourmenter » (il a donné peut-être le
champ, nacard, naqiieux, railleur; voy. s.
narguer). Le rouchi présente naquer, flairer,
chercher en flairant.
NAQUET, valet de jeu de paume. Je ne con-
nais pas l'origine de ce mot ; comme laquais.
Ménage le fait venir, avec son sans-façon bien
connu, du L. x>ema, par un intermédiaire
vernacetus ! — D. naqueier, attendre servile-
ment à la porte de qqn.
NARCISSE, L. narcissus (vàpxi^^o;).
NARCOSE, du gr. vàp/oi^i;, étourdissement ;
adj, vapifWTtxo;, fr. narcotique^ d'où narco-
tisme, narcotiser.
NARD, L. nardus (vàpSo,-).
NARQUER, railler avec mépris; ce mot, qui
semble inconnu à l'anc. langue, est rapporté
par Diez à un verbe latin inusité naricare
(nares) = tirer le nez, ou faire un pied do
nez. Cp., dans les gloses d'Isidore, le mot
nario, interprété par subsannus, d'où le verbe
narire (Jean de Gênes) ■= subsannare. Diez
fait dériver de ce même substantif nario l'ail.
narr (vha. 7iarro), fou (pr. bouffon, moqueur),
d'où le verbe narren, duper, narguer. Un
type naricare n'est admissible pour narguer
que par l'intermédiaire d'un prov. nargar;
or, celui-ci n'existant pas, on est en droit do
suspecter l'ét. de Diez. — Ce rapport étymo-
logique entre nez et moquerie me remet à la
mémoire ma conjecture relative à l'identité
radicale des mots moucher (pr. pincer le nez)
et moquer. — D. nargue, vfr. narque, narc.
Le q ancien s'est conservé dans î'adj . nar-
quois, qui signifie : 1. fourbe, trompeur;
2. argot, langage de fripons (cp., pour la
finale, vfr. cîerquois, langage des clercs). En
Champagne, on dit nacan^, nargueur, et na-
carder, nai'guer ; ce radical nac me semble
être pour nasc, de sorte qu'on pourrait ad-
mettre un type latin nasicare, d'où nasquer,
naquer, coexistant avec naricare, d'où nar-
guer. Ou bien vaut-il mieux rattacher ce
thème nac, ainsi que le v. flam. nagghen =
irritarc, à la famille germanique d'où pro-
cède l'ail, necken, agacer? — Cps. naque^
mouches.
NARINE, du L. narinus,&àj. àofiaris,hez
(ce dernier a donné prov. nar, it. nare, nari
= narine). La forme vfr. narille, concurrente
de narine, vient d'un type naricula,
NARQUOIS, voy. narguer,
NARRER, L. narrare.
NARVAL, genre de cétacés, angl. nariohal,
du dan.,suéd. narhwal, ail. nanoaî, composé
du nord, ndr, corpus nudum, cadavre, et wal,
baleine.
NASAL, L. nasalis (nasus). — D. nasàlité.
Autres dérivés du L. nasus : Nasard, jeu
d'orgue qui imite le chant nasillard; — Na-
SARDB, chiquenaude sur le nez, d'où nasar-
der ; — Naseau, L. nasellus; — Nasii.lkr,
parler du nez, d'où nasillard.
NASITORT, cresson ; Nicot explique le mot
« a naribus torquendis ». Cette explication
peut être juste, car le mot français accuse un
type L. nasitortîum, forme qui doit avoir
précédé la forme classique nasturtium.
NASSE, du L. nassa, na.sse de pêcheur.
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NAV
354 —
NÉB
puis filet, piège en général. — Génin, qui
dans ses Réct^éations philologiques s'est lon-
guement occupé de la locution fr. laisser
datts la nasse et des deux locutions italiennes
analogues lasciare in asso, et lasciare in
nasso, conclut que toutes les trois n'ont de
commun qu'une ressemblance extérieure toute
fortuite. — D. nassone,
NATAL, L. natalis; voy. aussi noèl.
NATATIOH, L. natalionem (natare); nata-
toire, L. natatonus.
NATIF, L. natimts, La vraie forme fran-
çaise est naïf (v. c. m.). — D. nativité,
L. nativitatem.
NATION, L.no^to ^nari*, nasci). — D. natio-
nal, d'où ncUionalité, -iscr, -isme,
NATRON, de l'arabe naJthroun^ nom du car-
bonate de soude naturel.
NATTE, it. matta, ail. moite, du L. maUa,
m. s. (cp. tiappe de mappa). Grégoire de
Tours : illud quod intextis junci virgulis
fieri solet, quas vulgo nattas vocant.— D. nat-
ter, nattier,
NATURE, L. natura. — D. dénaturer;
a<]y. naturel, L. naturalis, d'où naturalite,
naturaliser, -alisme, »aliste.
NAUFRAGE, L. naufragium (de naoem
f ranger e, cp. ail. schiff-bruch). — D. tiau-
frager,
NAULAGB, voy. nolis.
NAUSEE, L. nausea, gr. v%v7la, pr. mal de
mer ; nauséabond, L. nauseabundus (le mot
latin = qui éprouve le mal de mer ou qui a
envie de vomir, le mot fr. = qui cause des
nausées ou qui donne envie de vomir).
NAUTILE, L. nautilus (yaur()o{).
NAUTIQUE, L. nauticus (-^^xjti^ài).
NAUTONNIER, dér. du vfr. noton, marin,
qui dérive du L. nauta, gr. vxûrv}^, naviga-
teur.
NAVAL, L. namlis (navis).
NAVÉE, BL. et it. navata, charge d'un
bateau, dér. du L. navis, bateau.
NAVET, anc. aussi navel, naoeaii, dimin. du
L. napus, m. s. — D. navette.
1 . NAVETTE, forme fém. do navet (v. c. m.).
2. NAVETTE, instrument de tisserand, et
vase pour conserver l'encens ; dimin du L. «a-
rw, bateau; ainsi nommés par assimilation
de forme ; l'ail, dit de même schiffchen,
NAVIGUER, anc. naviger (d'où nager,
v. c. m), prov. navejar, du L. navigare,
NAVIRE (anc. du genre féminin), vfr. na-
vile, it. naviglio, navilio, navile, prov. navili,
d'abord = flotte, puis, par restriction ^ bâ-
timent de mer. Pour la substitution de r à /,
cp. vfr. concire do concilium et wall. cîr^
ciel. Le type du mot roman est l'adj. navilis',
formé de navis comme civilis de civis. —
D. wallon naviron, sur lequel voy. avirwi.
— D'après Tobler (Rom., II. 243). fr. navire
est une transformation du vfr. navie, flotte,
analogue à celle de vfr. mire, médecin, issu
de mie pai- insertion de r. Navire doit donc
être rapix>rté à L. navigium. De son côté,
G. Paris(Rom., VI, 132) maintient l'étym. BL.
naoilium, vfr. navile.
NAVRER, it. naverarc (dans le cps. innacc-
raré), prov., cat. 7iafrar^ transpercer, blesser
(sarde nafrar, meurtrir, tacher); d'après
Diez, approuvé par Littré, du vha. nabagèr,
ail. naeber, néerl. neviger, neffiger, nord
nafar, instrument pour percer. Gaston Paris
combat cette étym. par des raisons auxquelles
il serait difficile de résister ; il insiste surtout
sur l'impossibilité d'accorder phonétiquement
nabagêr avec les formes romanes et sur le fait
que le sens roman est partout celui de bles-
ser, ou plutôt, dans le principe, entamer la
peau. Il préfère, en attendant meilleure infor-
mation, ramener le mot à, l'ail, narbc, cica-
trice (en vha. nanoa, mha. narwe), auquel on
trouve aussi le sens de grain de cuir, côté
rude du cuir (lequel est exclusivement celui
du dan. narv et suéd. narf,, ce qui indique
comme notion première celle de marque, éra-
flure. Pour les formes, nous aurions la succes-
sion suivante : nanoa, par transposition
navra, nafra (cp. gr. vjDpov avec L. nervus),
subst. prov. = blessure, sardo =• tache, d'où
les verbes nafrar, navrar, navrer ; pour les
sens : faire une balafre, écorcher, éi-afler,
blesser en écorchant, blesser au figuré.
«-Cette étym., dit M. Paris, serait hors de
doute, si l'on pouvait trouver en roman uno
trace de l'emploi de nafra, navra, au sens
de « cicatrice » ou de « côté rude du cuir « .
Les vocabulaires techniques, surtout dans
les patois, en fourniraient peut-être quelque
exemple. »» — .l'ajouterai que Kiliaen donne
au ni. nerve {pan het Icder) la définition :
grana in coriis, squamse, oculi coriorum, et
qu'il compare le fr. nerve. Cette forme fran-
çaise existe-t-elle? Baist (Ztschr., Y, 556),
rencontrant l'étymologie de G. Paris, remar-
que que dan. narv et suéd. narf sont d'im-
portation haut-ail., et que dans cette langue,
nanoa (cicatrice) n'apparaît qu'au xii* siècle,
comme dérivé du même radical qui a donné
anc. sax. naru, ags.* nearu, angl. 7iarro%c
et qui emporte l'idée d'étroitesse, de peine et
d'accablement. Baist pense que le sens secon-
daire de narrjoa : grain de cuir, côté rude du
cuir, est trop récent pour y rattacher le
verbe navrer.
NE, négation, forme aflîiiblie de ^wn ou
nen* = L. non,
NÉANMOINS, voy. néant.
NÉANT, vfr. aussi notant, nient, prov.
neien, nien, it. niente. C'est le subst. ens,
gén. entis, = être, chose (mot que Ton doit
supposer avoir été vulgairement employé,
quoiqu'on ne le rencontre que comme terme
philosophique), précédé de la négation ne ou
nec. Etymologiquement, néant équivaut à ne-
chose ou ne-rien; c^. L. nihil, pr. ne hilum,
vha. neowiht{sLU^. contracté en nicht, comme
subst. 7iichts) et angl. nothing = ne-chose,
gr. oûdîv = pas une chose, etc. — D. anéan-
tir, fait d'après l'analogie du L. an-nihilarc.
Composés 7iéanmoins, qui répond, par sa
facture au L. nihilo-minus ; fainéant (v.
c. m.)
NÉBULEUX, L. nébulosus (de nebxda, fran-
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NÉN
355 —
NIC
cisé dans le vfr. neule, nieide, brouillard
épais, brume). — D. nébulosité.
NÉCESSAIRE, L. necessarius; — nécessité,
L. nécessitas. — D. ticcessiter, nécessiteux.
NEO (ou NON; PLUS ULTRA, phrase latine,
= pas plus loin, employée pour désigner le
terme, la limite où il faut s'arrêter.
NÉGRO-, du grec vixpo;, mort. On rencontre
ce terme dans les composés suivants : Nécro-
loge, registre des morts, d'où nécrologie,
notice ou suite de notices sur des personnes
mortes; adj. nécrologique. — Nécromancie,
gr. vMpQ'fiavTila, d'où nécromancien (pour
lequel on disait autr. nécromant; litt. = gr.
vsypo/xâtvTijî). L'idée de magie noire a déter-
miné les altérations it., esp. nigromante; vfr.
nigromance et, par transposition, ingre-
mance. — Nécropole, gr. vsxpo-Troiiî, litt.
ville des morts.
NÉCROSE, gr. vUp^tii, mortification.
NECTAR, L. nectar (vîXT^p) ; nectaire, t. de
botanique, de Tadj. nectareum.
NEF, 1 . navire ; 2. vaisseau d'une église ;
3. espèce de vase en vermeil pour le linge de
la table royale; du L. natis (çp. clef de clams).
Le mot nacis s'est aussi francisé en vfr. nau,
NÉFASTE, L. nefastus.
NÉFE, gros du bec d'un oiseau de proie, =
prov. nefa, it. niffa, niffb, dim. niffolo. Mot
germanique : ags., angl., néerl. neb, bas ail.
nibbe, nif, nord, nebbi, nef, bec, nez. Voy.
aussi ni fier,
NÈFLE, p. nesple, it. nespola, csp , port.
nespera, cat. nespla, du latin mespilum (n p.
m, cp. natte, nappe). L'm. subsiste dans v. esp.
mespero, basque mi^pira, vfr. mesple, mes fie,
wall. mespe, vha. mespila, nha. mispel, —
D. néflier.
NÉQATION, L. negationem (de 9iegare, fr.
nier); négcUif (doù le subst. négative), L.
negativus.
NÉGLIGER, L. negligere. — D. négligent,
'Cnce, L. negligens, -entia.
NÉGOCE, L. negotium, affaire; négocier,
L. negotiari, d'où négociant, -ateur, -ation,
'Oble.
NÈGRE, it., esp., port, neçro = L. niger,
noir. — D. négrier, nègrerie, négrillon.
NÉGUE-, élément de composition dans les
termes nègue-ckicn, nègue-fol; du verbe 7ié-
guer, forme méridionale de L. necare, fr.
noyer.
NEIGE, d après Diez du type" latin nivea;
d'après Paris (Rom., IX, 623; subst. verbal do
neiger (v. c. m.).
NEIGER, vfr. ncgier, d'un type BL. nim-
gare ou nevicare. — De là le subst. verbal
neige, d'où adj. neigeux. — Au subst. latin
7iix (thème iiio) répondent vfr. nief, neiftioif,
prov. neu, nieu, it. neve, csp. yiicve.
NENNI, vfr. nenil, prov. nonil, repi'éscnte
le L. non illud ; de la même manière oïl ou
OMi (v. c. m.) répond à L. hoc ille.
^ NÉNUFAR, NÉNUPHAR; quelle que soit
l'origine directe de cette appellation de la
nymphée, il est probable qu'elle se rapporte à
nympha, esp.,it. «m/a. Cependant on trouve
en persan noûfer, niloûfer.
NÉO-, en composition, du grec vio; neuf,
nouveau {néologie, etc.).
NÉOPHYTE, gr. vjoyuTo,-, litt. de nouvelle
venue, né de nouveau, converti.
NÉPHRALGIE, douleur aux reins, de vzfpô;,
rein, et àiyîlv, avoir mal. Au mot viçipo; se rat-
tachent encore le subst. néphrite, gr. vt^plrt;,
jet l'adj. îiéphrètique ou mieux néphritique,
gr. vt^/sirtxo;.
NÉÎPOTISME, pr. crédit, autorité, faveurs,
accordés dans les affaires publiques aux ne-
veux =s L. nepotes.
NERF, L. nerous. — D. nerveux, d'où ner-
vosité; nervin; nerver, d'où nervure. Cps.
nerfferure, coup sur le tendon de la partie
postérieure des jambes {férure de férir, frap-
per, V. c. m.).
NERPRUN ou noirprun «= L. prunus ni-
gra ; le wallon dit merprun.
NET, it. netto, esp, 7ieto, port, nedeo, prov.
net, angl. neai; du L. nitidus (cp. pâle de
paUidus). — D. netteté; verbe nettoyer; vfr.
nettier, prov nctcjar, neteyar, d'un type lat.
niticare p. nitidare. Vfr. fieier, nier vient
d'un type nitidare.
NETTOYER, voy. net.
1. NEUF, adj., du L. novus. Du dim. L.
novellus vient novel\ nouveau.
2. NEUF, nom de nombre, du L. novem.
— D. neuvième, neuvaine.
NBUMB, t. de plain-chant, du BL. pneuma,
=- gr. TTvvj^r, souffle, émission de voix. Four
l'aphérèse du p, cp. tisane.
NEUTRE, L. neutrum, dont le dér. neutra-
lis (ail. neutral) a donné neutralité, neutrali-
ser.
NEVEU, vfr. nevod, prov. 7wbwl, du L.
nepotem (nom. 7iepos). Au nomin. 7iepos res-
sortissent les formes vfr. «lej, prov. 7ieps
nebs.
NÉVRALGIE, souffrance (i)yr«) des neifs
(vsv|5ov). Du môme viy^oov (= L. 7ieriDus) vien-
nent les termes médicaux yiévrose, névrite,
7iévrologie, etc.
NEZ, prov. 7îas, du L. fiasus (cp. re^r de
rasus, chez de casa).
NI, vfr «(?, du L. nec.
NIAIS, pr. oiseau de proie pris dans son
nid, fig. inexpérimenté, faible, simple, sot
(cp. l'expression béjawie), it. 7iidiace, d'un
type latin 7iidaiC (nidus); prov. nisaic, 7naic,
d'un type 7iidacus (nidus). — D. niaiser, niai-
serie; dé7iiaiser.
NIOAISE, du nom de baptême iVica*fi«s(cp.
les acceptions péjoratives des noms propres
Claude, Colas, Nicodème, etc.).
NICE, vfr. 7iisce, simple, novice, prov.
nesci (auj. neci), csp. 7iccio, du L. 7iescius^
ignorant. L'angl. nice, délicat, joli, est le
même mot; sa valeur lui est venue par la série
d'idées : simple, qui s'attache aux petites
choses, minutieux, raffiné (voy. les dict. do
Wedgwood et E. Millier).
1 . NICHE, terme d'architecture, direct, de
l'it. nicchia, enfoncement en forme de co>
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NIG
356 —
MV
quille (it. nicchio). Or, ce mot nicchio, co-
quille, Diez, sur les traces de Ferrari, le fait
venir du L. mytilus, moule comestible, qui
convient parfaitement i)our le sens et pour la
lettre. Pour la transformation, Diez allègue,
dune part, Tit. secchia de sitiila, vecchia de
vetuhis, et d'autre part, quant à l'initiale n
p. m, rit. ncspola (fr. nèfle) de mespilnm.
L'ail, nische et esp. nicho, synonymes de fr.
fUche, sont tirés du français.
2. NICHE, malice, espièglerie; c'est une
variété vocale de nique (v. c. m.).
NICHER, vfr. niger, nigier; Diez nliésite
pas à voir dans ces formes une contraction du
L nidificare{nid*f*care,nid*care,nicare). Pour
ma part, j'admettrais plutôt un type nidicare,
de nidiis, — D. nichée^ nichet, nichoir, dé-
nichei\
NICKEL, mot suéd.; métal appelé, par dé-
rision, par les mineurs siiédois, d'après Nic-
kel, un des génies nains des mines.
NICOTIANE, NICOTINE, plante du tabac,
ainsi nommée du nom du président Jean
Niéot (le même que le lexicographe), qui,
étant ambassadeur en Portugal, envoya le
premier cette plante en France (1560).
NID, L. nidiis. — Nidificationf L. nidifi-
catio.
NIDOREUX, L. nidorosus (de nidor,
odeur).
NIECE, prov. netsa, du L. neptia p. neptis.
1. NIELLE, plante, melanthium, papavcr
nigrum , du L. nigella (niger).
2. NIELLE, maladie des grains, causée par
les brouillards (dans les patois nuile, neule) ;
c'est le même mot que vfr. nieîe, brouée,
brouillard, qui vient du L. nebula. — D.
nieller, gâter par la nielle (it. annebbiare,
esp. anieblar; ces verbes confirment Tétym.
nebiUa).
3. NIELLE, t. d'orfèvrerie, vfr. neel, it.
nieîlo, esp., prov. yiiel, BL. 7iigeUum, dessin
en émail noir sur fond d'or ou d'argent; de
l'adj. nigelliiSy dim. de niger. — D. nieller
(vfr. noieler), nicllure.
NIER, anc. noyer, du L. negare. — D. m**,
subst. verb.; on disait autr. « cela n'est point
en ni » = non abnuitur(cp. le com posé rfé/ii).
A l'a ne. verbe noyer correspondait le subst.
n(fy\ dans la locution •• mettre en noy n =
contester. — Cps. dihiier, renier.
NIFLER*, mucum veluti resorbcre. Diez
rattache ce verbe à la famille niffa (mention-
née sous lart. Jièfe), qui désigne à la fois bec
et nez. Il est impossible de ne pas alléguer ici
l'angl. s-ni/f, snuff, Tall. sch-miffeln , qui
disent la même chose. — L'on n'emploie plus
aujourdliui que le composé renifler. — D.
pic. nifleite, narine.
NIGAUD, d'origine incertaine. Je ne puis
approuver ni une dérivation de nicc, ni celle
du L. nvga. Une intei-prétation par un type
nidicaldus{c\). wiaw) serait également forcée.
Ne pourrait-on pas rapporter nigaud à nique,
comme exprimant celui qui se laisse facile-
ment faire la nique? Je soupçonne que fficot,
qui ne m'est connu que comme nom de fa-
mille, mais qui sans doute est dans le fond
un nom commun, procède de ce même primi-
tif. Diez, se prévalant du principe que le suf-
fixe . aUl ou aud accuse provenance germa-
nique, conjecturait pour nigaud ou nigald,
un type immédiat nivoald (w—g), lequel vien-
drait du vha. nt'utot, tiiict, neuf, novice. Dan.s
ses dernières éditions, cependant, Diez fait
de nigaud un dérivé du prov. nec, sot, qu'il
rattache dubitativement à l'esp. niego, niais.
M. Eug. Ritter (Littré, suppl.) propose de
rattacher nigaud (comme les noms de famille
Nigaux, Nigon, Xicard) 'au nom propre
Nicolas (cp. pour la filiation des idées le rap-
port entre ^oî^f et Benoit); pour l'application
du suffixe aud (= aldus), op. courtaud^ rus-
taud. Cette manière de voir est plausible. —
D. nigauder, nigauderie.
NIOROIL. poisson, du L. niger occidus;
l'ail, dit de même schvcars-auge, pr. œil
noir.
NI6UED0UILLE, nigaud ; wall. nickdouic,
langued. nigadoxUIio. Comment analyser le
mot ? est-il connexe avec nigaud ou nique i
NILLE, t. de blason, cic, forme écourtre
de annille (d'un type annicula, variété de an-
nulles, anneau?).
NIMBE, L. nimbus, nuage.
NIPPE; .suivant Frisch, du néerl. $njpen,
pincer (mieux eût valu citer l'angl. nip, m.
s. que nijpen), parce que les petits cohfichcts
de parure s'attachent avec des agrafes. Je
n'approuve pas cette étymologie ; les nip[)es
ne comprennent pas seulement les petits orne-
ments d'ajustement, mais aussi des habits et
des meubles. C'est un synonyme de hardes. et
comme ce dernier, il doit avoir un primitif
exprimant lier, nouer. Or, ce primitif se trouve
dans le nord, hneppa (parent du reste avec le
nécrl. nijpen, cité ci-dessus), d'où procède en
efi*et un mot nord, hneppe =^ bardes, trous
seau, nippes. — D. flipper,
NIQUE (variété vocale : niche); n'est plus
usité que dans la locution « faire la nique à
qqn. » = s'en moquer, en luiussant le men-
ton. Ce mot (en langued. nica) est générale-
ment dérivé du vha. hnicchan, ail. niod. nic-
ken, faire un signe de tête (on trouve en effet
niquer, branler la tête), mais il parait se raiv
porter plus directement au suéd. nyck, dan.
nykke, néerl. nuh, ail. niiche, malice, mé-
chanceté. Cp. l'angl. nick-name, sobriquet.
— L'ail. necÂc?î, taquiner, pourrait aussi être
invoqué, mais il parait être étranger au vha.
et remonter à un radical nac. — Voy. aussi le
mot piqite-niqite. *
NIQUER, gagner du premier jet de dés; op.
l'angl. nick, rencontrer juste ou heureuse-
ment.
NITOUOHE, voy. mitouche.
NITRE, L. nitrum (vît^ov).
NIVEAU, nivel', p. livcl, it. libello, i>ort.,
prov. livcl, nivcl, e.<p. nivel, angl. leofl, du
L. libella (dim. de libra), m. s., avec change-
ment de genre. Pour / changé en «, cp.
nomble. — D. nirelrr.
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NOG
— 357
NOM
MIVJSREAU, pinson de neige, dér. du vfr.
nive, neige = L. nùe, ittvis.
NIVOSE, quatrième mois du calendrier ré-
publicain (21 déc. au 19 janv.), du L. ntvo-
siis, abondant en neige.
NOBLE, L. nohilis. — D. tiohlesse, 1. qua-
lité de ce qui est noble» 2. corps des nobles
(pour ce sens collectif, cp. L. nobilUas, les
nobles, riisticitas, les gens de la campagne,
civitas = cives, fr. boiirffeoisie, tnagiistrature,
etc.); nobiliaire; vfr. se nobloier, s'illustrer,
briller, éclater; factitifs a- noWir et en-;ioô/ir.
NOOES, du L. nuptiœ (do niibcre^ se ma-
rier), d'où nuptialis, fr. nuptial, — D. noccr,
faire bombance (terme populaire), noceur, —
G. Paris (Rom., X, 398) consacre un article
fort étudié pour débrouiller la question de
l'incompatibilité des formes romanes it. nosze,
prov. 7iossas, fr. noces avec l'rt long de L. nup-
tias, qui postule, nuzze^ nussas, nuces, et
do l'influence qui a dû amener cette perturba-
tion de la loi phonétique ; il reconnaît cette
influence dans L novuSt d'où notxi nupta (la
mariée) et un type fictif nôvtias, qui expli-
querait les formes romanes.
NOCHER, it. nocchiere, esp. nauclero (anc.
esp. naochero, nauchel), prov. naucler, nau-
chier; cesubst. ne vient pas, comme pensait
Ménage, d'un type navicarius, mais bien du
L. nauclerus, grec vaùAX-npoi, armateur. —
Une étude très subtile consacrée par Fôrster
à ce mot et à ses (soi-disant) parallèles des
langues sœurs dans Grôb. Ztscbr., III,
567, aboutit à la thèse : Nauclenis est étran-
ger à it. 'nocchiere t v. esp. naucher, pour
lesquels il revendique pour primitif le mot
lat. classique navicularius (d'où ?iauc*lariu$);
quant à prov. nauchier^ auj. nocher ^ il faut
écarter aussi bien navicularius ou le 9iavica-
rius proposé par Ménage que ^lauclerus;
Foerster ne sait les accorder qu'avec un type
nauticarius (mot constaté par les Inscrip-
tions). Nauclerusne reste plus admissible que
pour esp. et port, nauclero et prov. naucler;
ce sont des mots d'introduction savante.
NOCTURNE, L. noctumus (nos, noctis).
NODOSITÉ, voy. nœud.
NODTJS, mot latin, employé en chirurgie
pour nœud, qui en est la forme française.
NOËL, pour naôl (pour cctto substitution
de o à a, cp. vfr. noer^ it. notare, du L. tia-
tare, fr. poêle, subst. fém., p. pa/de), it. na-
tale, prov. et V. esp. nadal; du L. ticUalis, s. e.
dies, jour de la nativité. Le fr. noèl, outre la
fête, signifie aussi les chants composés pour
la célébrer, etc.
NCBUD, L. nodus. — D. nouet; verbe
nouer, L. nodare; adj. noueux, L. nodosus
(d'où direct, le subst. nodosité). — Le latin
nodus est pour atodus, et tient à la même
famille indo-germanique doù sortent l'ail.
hnoten, m. s., angl. knot et même le hnutàe
la lanRTue russe.
N06UET, grand panier d'osier; d'origine
inconnue, tient peut-être au mot iiauc, auge,
mentionné sous noue 1 .
NOIR, vfr. )ieir, ncr, prov. nègre, nier, it.
negro, nei'o; du L. nigrum (nom. niger). —
D. noirâtre, noiraud ; notrctr (forme inchoa-
tive, avec sens fectitif), esp. negrecer, prov.
negrecir, du L. nigrescere; subst. noirceur,
formation incorrecte p. noireur (L. nigror),
faite sous l'influence du verbe noircir (la
vieille langue avait noireur et noireté). — Du
port, negro vient la forme fr. nègre.
NOIRCIR, voy. noir. — D. noircissure.
NOISE, vfr. nose (angl. noise, v. nôcrU
noose, noyse), prov. nausa, cat. 7iosa, que-
relle, dispute. Diez, se réglant sur la forme
provençale, se prononce pour Tétymologie du
L. nausea, dégoût, de sorte que la significa-
tion première serait fâcherie. Cette manière
do voir pourrait être appuyée du mot fr. fâ-
cherie lui-même, qui dérive de fastidium, si-
gnifiant proprement dégoût. Je préfère l'opi-
nion de Diez à celle qui remonte au L. noxa,
tort, dommage, qui convient beaucoup moins
tant pour le fond que pour la forme. Gachet
plaide en faveur de noxa ou noxia, en allé-
guant les formes v. cat. et v. esp. noxa, puis
le sens de débat donné au L. noxia par Au-
sone. Quoi qu'il en soit, en présence des deux
primitifs proposés, 7iausea et noxa, il me reste
un scrupule, c'est que noise signifiait aussi
(et signifie encore en anglais) tapage, bruit,
dans le sens littéral de ces mots, voire
le gazouillement des oiseaux. Peut-on ad-
mettre dans ce cas-ci la transition logique do
fâcherie à bruit, de la cause à l'effet ? Le pas-
sage d'une signification morale à une signifi-
cation purement matérielle se présente rare-
ment (voy. notre mot lourd). — D. noisif*,
querelleur.
NOISETTE, dim. de noix. — D. noisetier.
NOIX, prov. ^wtz, it noce, esp. nues, port.
noz, du L. nux, nucis (cp. croix de a'ux).
— D noùseraie; dim. noisette. — Du latin niw?
procèdent : nucalis, d'où prov. nogalh, fr.
noyau; nucarius*, d'où prov. noguier, fr.
noyer; nucatum, esp. nogadc, fr. nougat
(mot d'importation méridionale).
NOLET, voy. noue.
NOLIS, subst. verbal de noliser.
NOLISER, it. noleggiare, dérivé du L. nau-
lum {jocûlov), fret; anciennement on disait
nauler, d'où le subst. naulage. Subst. verbal
nolis. Le dér. nolissement est irrégulier
p. nolisemcnt, qui est la bonne et ancienne
forme.
NOM, L. ^wmen. — D. nommer, vfr. nomcr
et lomer = L. nominare (prov. nomnar). —
Cps. surnom. — Direct, du latin nominare,
les mots savants : nomination, -ateur, -al,
•atif, L. nominatio, -ator, -alis, -ativus.
NOMADE, L. nomas, -adis (vo/Aâ;).
NOMBLE, p. lomble, du L. lumbulus (lum-
•bus).
NOMBRE, L. numerus. — D. nombreux,
L. numerosus; nombrer, L. numerare; in-
nombre, dans la locution « innombre de fois »• ;
cp. le terme ail. iinzahl.
NOMBRIL, pour lombril (cp., pour la con-
version de / en n, niveau t nomble). Lombril
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NON
— 358 —
NOU
fvfr.) est formé, par agglutination de Tarticle,
de ombril, proY. wnbrilh ; quant à ceux-ci, ils
sont p. omblil et représentent un type latin
umbiliciiluSt dim. de umbiîicus ; c^. péril de
periciilum. Au type umbilicus se rattachent
les formes vfr. ombiîy it. ombeUco, bel2ico,
bilico, valaque buric, esp. ombîigo^ port, um-
biffo, embiffo, prov. omhelic et enfin le terme
scientifique français ombilic. — L'agglutina-
tion de larticlc se remarque également dans
Je cat. llombrigol; dans la transformation de
lombril en nombril, le synonyme germanique
nabel, ni. navel, nord, nafli, m. s., n'aurait-il
pas exercé quelque influence?
NOMENGLATSUR, -TURS. L. nomendat&r,
-iura (nomen-calo, xa^ûj.
NOMINAL, etc., voy. nom.
NOMMER, voy. nom,, — Cps. renom,mer,
d*où le partie, passé renommé {v, c. m.) et le
subst. verbal renom; surnommer.
NON, L. non.
NONAGÉNAIRE, L. noixagenarius.
NONANTE, L. nonaginta.
NONOE, L. nuntius, messager. — D. non-
cicUure; verbe noncer', L. nuntiare.
NONCHALANT, p. non chalant, qui ne se
soucie de rien. pr. qui ne s'échauffe pour
rien. Chalant est le part. prés, du vieux verbe
chaloir (v. c. m.) = être d'importance, puis
mettre de la chaleur, de l'ardeur, de l'empres-
sement dans une affaire. On employait autre-
fois aussi le verbe négatif «owc^a/oir;* Depuis
longtemps la loy avoit demouré oubliée et
nonchalue » (Al. Chartier). — D. noncha-
lance, nonchalander . — Nicot a eu la bizarre
idée de rattacher notre mot au gr. v«x«>ii».
lourd, paresseux. C'est par trop d'érudition !
NONE, du L. noniis, neuvième. Dans plu-
sieurs patois, comme en anglais (7ioon), le
mot s'est conservé avec le sens de midi et de
repas do midi, dîner. En vfr,, noner signifiait
goûter, faire un repas vers le soir. La neu-
vième heure après minuit correspond à neuf
heures du matin; la neuvième heure, comptée
à la manière romaine, correspond à trois
heures du soir. Les deux manières de compter
ne cadrent pas avec la signification de midi.
Mais, comme le remarque Grandgagnage,
encore sous François I'»", on nofioit ou dinait à
neuf heures; ce philologue cite, pour le dé-
montrer, le dicton suivant :
Lever à cinq, dîner à neuf,
Soiii>er à cinq, coucher à neuf.
Fait vivre d'ans nouante et neuf.
M On a donc d'abord, dit-il, nommé le
dîner d'après l'heure à laquelle il se prenait;
ensuite, cette heure ayant été successivement
reculée jusqu'à midi, on l'a néanmoins dési-
gnée par le nom du dîner, quoique ce nom
fût devenu inexact par son sens étymolo-
gique, n Les Allemands continuent bien à
appeler leur dîner un mittag-essen (manger
de midi), quelle que soit l'heure où l'on
prend ce repas.
NONNE. BL. nonna, dont l'accusatif 7ion-
nam a déterminé la forme secondaire «o>î-
nain (cp. vfr. Eeain, cas oblique d'Été, nfr.
putain de pute). Le terme nonnus, fém.
nonna, introduit dans la basse latinité (saint
Jérôme et autres pères de l'Eglise) était un
tenue de vénération, synonyme de père et
mère dans le sens religieux En italien,
91071910, nonna signifient grand-père, grand'-
mère; cp. en lorrain ncmnon, en n. pr.
nounnoun = oncle. L'origine du mot n'est
pas encore sûre, bien que Scaliger ait avancé
une provenance égyptienne. — D. nonnette,
nonnprie.
NONOBSTANT, prépos., pr. un participe à
l'ablatif absolu : lum-obstant cela équivaut à
la phrase latine •• hoc non obstante >• , litt.
cela ne formant pas obstacle. Cp. moyen-
nant, pendant, durant, autres participes
présents ayant pris la valeur de préposi-
tions.
NOPE, petit nœud dans le drap, du vha.
et V. fiam. noppe, holl. nop; de là le verbe
noper, arracher les nœuds, f-e mot germa-
nique noppe est ime variété de l'ail, knopf,
néerl. knoop, angl. knop, nœud, bouton.
NOQUET. voy. noue.
NORD, de l'ags. nordh, angl. norih
NORMAL, L. normalis morma). — D.anor-
mal (s. c. m.).
NORMAND (d paragogique, comme dans
allemand), du gcrm. nord-man, homme du
nord. — D. Nortnandie.
NORME, L. nomia.
NOS, plur. de nostre, notre, p. nost-s. Cp.
dispos p. dispost -\- s.
NOSTALGIE, pr. maladie du retour (votto^,
retour. àX/lr, maladie).
NOTAIRE, L. notarius, copiste, scribe. —
D. notarial, -at, notarier.
NOTE, L. nota ; noter, L. notare = mar-
quer, d'où notable, L. notabilis, remarquable
(subst. notabilité f\ notation, L. notatio; adv.
notamment, pr. =» en notant.
NOTICE, L. notitia (notus), connaissance.
NOTIFIER, L.notificare (= notum faccrc).
— D. notification.
NOTION. L. fwtionem (noscere).
NOTOIRE, L. 7iotoriits; la signification
classique « qui fait connaître » a tourné en
celle de connu. — D. notoriété.
NOTRE, NÔTRE, 7U)stre\ L. ttoster.— La
distinction orthographique entre notre et noire
est affaire de pure convention.
1. NOUE, t. d'architecture« endroit où
deux combles se joignent en angle rentrant,
tuile creuse, etc. Le sens étymologique est
canal, gouttière, etc. La forme noue (aussi
nou, noe, nouve, etc., dans les dialectes; a été
précédée d'une forme noque (BL. noccus) à
laquelle ressortit le dimin. noquel i^evme de
plombier). — Dérivés de noue : nouette, tuile
bordée d'une arête, nouiet, nolet, p. 7iouelet,
gouttière, etc. — Le mot est d'origine germa-
nique et correspond au vha. nôch, cuniculus,
foramcn. nha. noche, nuche, canalis, cp. aussi
vha. nochs, imbrex. — A la même famille
parait appartenir le lang. nou, nauc^ Jiauca^
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NOY
— 359 —
NYM
auge à pourceaux, auge do moulin à foulon,
fosse à tan; on peut cependant les ramener
aussi à navis, 'naviciis, vaisseau.
2. NOUE, lieu bas où se jettent les eaux
des rivières lors de leurs débordements, puis
terre grasse do pâturage ; paraît être le même
que le précédent.
NOUER, voy. iiœud, — Cps. dénmier,
renouer.
NOUET, dimin. àanœud; it. nodetto,
NOUBTTE, voy. noue\,
NOUEUX, voy. nœud,
NOUGAT, voy. noix.
NOUILLE, de l'ail, nudel, m. s.
NOULET, voy. noue 1.
NOURRAIN, anc. nourrin, prov. noirim,
du L. nutrimen, nourriture.
NOURRICE, 1 . celle qui nourrit, du L. nu-
iricia (saint Jérôme) ^ nutrix; 2. action de
nourrir, allaitement, dans « mettre en nour-
rice », du L. nutricium. — D. nourricier.
NOURRIR, norir*, prov. noirir, du L. nu-
irire. — D. nourriture, L. nu tritura ; nour-
risson (v. c. m.).
NOUfeRISSON. vfr. noriçon, anc. subst.
fém. = nourriture, éducation, d'après Diez,
de L. nutriiionem ; par la conversion du sens
abstrait en sens concret, accompagnée d'un
changement de genre, s'est produit nourris-
son, enfant qui est en nourrice ; cp. élève
(fém.), action d'élever, et élèï)e (masc), celui
qu'on élève ; la prison (vfr. = l'arrestation)
et le prison (vfr. == le prisonnier) ; cp. sur-
tout polisson. — Hornung (Grôb. Ztschr.,
VI, 436) proteste contre l'équation nouriçoyi
=■ nutriiionem, ce mot latin postulant plutôt
norison (cp, trahison) ; il propose par consé-
quent un type nuiricationem, romanisé par
nutrictjon. Ses doutes sont certainement légi-
times, mais ne pourrait-on pas attribuer l'ir-
régularité à l'influence de nourrisse = L,
nutricia î
NOUS, vfr. nos, L. nos.
NOUVEAU, nouveV, L. novellus (novus). —
D. nouvelle, d'où nouvelliste; vfr. naoeUé,
auj. nouveauté; verbe renouveler. — Les
novelles {novellœ) de Théodose et de ses suc-
cesseurs, comme celles de Justinien, sont ainsi
nommées parce qu'elles sont postérieures à la
rédaction de leurs codes respectifs.
NOVALE, L. novalis (novus). qu'on laboure
pour la première fois.
NOVATEUR, -ATION, L. novaior, -atio
(novus).
NOVEMBRE, L. nofvemher (novem), neu-
vième mois de l'année romaine.
NOVICE, L. ncfoicius (novus). — D. «o»ï-
ciat.
NOTALE, sorte de toile à voiles ; de la ville
de Noyai (Côtes du Nord), lieu de fabrica-
tion.
NOTAU, vfr. noial, noiel, voy. noix. —
D. noyalière.
1. NOYER, subst., voy. noix.
2. NOTER, verbe, vfr. neier, nier, prov.
negar, esp., port, e-negar, du L. necare, dont
le sens générique tuer s'est individualisé,
dans la basse latinité, en c«lui de tuer par
immersion. — D. noyade, noyon.
NU, vfr. nut, L. nudus. — D. nudité, L.
nuditatem; nuesse = nue-propriété.
NUAGE, voy. nue. — D. nuageux.
NUANCJB, voy. nue. — D. nuancer,
NUBILE (mot savant), L. nubilis (nubere).
— D. nuhilité.
NUDITÉ, voy. nu.
NUE, L. nubes. — D. nuage; nu^, assom-
brir, foncer, ombrer (litt. ennuager); d'où
nuée et nuatux (cp. pour ce mot le terme aU.
schattirung, action d'ombrer). — On a, à
tort, dérivé nuer tantôt de nutare, fléchir,
tantôt de mutare, changer.
NUER, voy. nue.
NUIRE, L. (forme barbare) nocëre(cp. luire
de lucère). À côté de nuire, l'anc. langue avait
aussi, selon la bonne forme nocêre, nuisir,
noisir (proY. nozer, v. esp. nocir)\ cp. luisir*
de lucere, plaisir de placere, taisir (p. taire)
de tacere. Cet infinitif ancien nuisir est plus
en rapport avec la conjugaison du verbe et
avec les dérivés nuisance et nuisible (vfr.
nuisable).
NUIT, vfr. nnit, du L. noctem (cp. huit de
octo). — D. nuitamment, cp. BL. iwctanier
(le vfr. nuitantre vient, selon Diez, de l'abla-
tif noctante, comme soventre de sequcnte);
subst. nuitée; verbe s'anuiter.
NUL, L. nullus, — D. nullité.
NUMÉRAIRE, L. numerarius' (numerus);
cps. surnuméraire, L. supemumerarius ; —
numéral, L. numeralis; numérique, L. nume-
ricus*; numérateur, -ation, L. numerator,
-atio (numerare) ; numératif, numéro, forme
d'ablatif du L. numerus.
NUMÉRO, voy. l'art, prôc. — D. numéroter.
NUMISMATIQUE, relatif aux médailles ou
monnaies, du L. numisma, -atis, gr. vôfiufix,
monnaie. — D. numismate, numismatiste.
NUNCUPATION, -ATIF, du L. nuncupare,
nommer, énoncer.
NUPTIAL, voy. noces.
NUQUE, vfr. nuche, it., esp., port., prov.
nuca. L'étymologie tirée des mots allemands
équivalents ge-nick, nacken (angl. ncck, cou)
ne s'accorde pas avec la lettre u. Diez rat-
tache par conséquent le mot roman directe-
ment au L. nuœ, nuds, en invoquant l'expr.
sicilienne nuci di lu coddu (a noce dello
coUo , vertèbre du cou (la forme ni<ca, à la
vérité, fait quelque difllculté); dans sa pre-
mière édition, il avait proposé le néerl. nocke,
qui signifie à la fois coche de flèche (cp. angl.
nock, notch) et colonne vertébrale (les idées
cran et articulation se touchent), mais il pense
que ce mot néerl. est plutôt le correspondant
de rit. nocca, cheville du pied, que de nuca.
Notre mot ayant signifié autrefois moelle épi-
nière, Littré reprend l'étym. arabe noucha,
moelle épinière, qu'avait repoussée Diez.
NUTATION, L. mttationem (nutare).
NUTRITIF, NUTRITION, termes savants,
du L. nutrire = fr. nourrir.
NYMPHE, L. nympha (^ùfifx)» — D.nym-
phée.
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OBO
— 360 —
OCC
O
OASIS, gr. Sxfti;.
OB... Ce préfixe latin, modifié suivant l'ini-
tiale du radical qu'il précède, en oc, of,
op ^parfois o, obs, os), n'a pas été employé
comme élément de composition dans les lan-
gues romanes, et ne se trouve donc que dans
des vocables venus tout d'une pièce du latin
ou créés par les savants.
OBÉIR, L. obedire fauditeV — D. obéissant,
-ance; direct, du L. obedieiUta vient le terme
savant fr. obédience,
OBÉLISQUE, L. obeîisciis [oUM'snoi).
OBÉRER, L, ob-œrare (ne se trouve em-
ployé en latin qu'au part, passif obœratus =
fr. obéré),
OBÈSE, L. ob-esus, pr. qui s'est gorgé de
nourriture. — D. obésité, L. obesitas.
OBIER, arbrisseau api>elé par Linné « vibur-
num opulus n ; Littré y reconnaît un mot hypo-
thétique fr. obe, dont la forme répond correc-
tement au L. opuliis (it. oppio), érable, afiublé
de la terminaison ier, qui appartient à une
foule de noms d'arbres. Je crois plutM que
obier n'est qu'une variété graphique à'aubier
(v. c. m.).
OBIT (mot savant), service de mort, du L.
Mtus (ob-ïre), décès. — D. obiixiaire,
OBJECTER, L. objectare (fréq. de objicere
«== vfr. obicier, cp. ail. vor^voerfeti); objection,
L. objectio ; objectif, L. objectivus', d'où ob-
jectiver, 'ivité.
OBJET, du L. objectus, 1 . action de mettre
sous les yeux, 2. chose mise sous les yeux; do
cette deuxième acception vient la valeur ac-
tuelle du mot. Cp. en ail. les termes analo-
gues vonourf, sujet (d'un discours, etc.),
ffegenstand, objet (en général).
OBLAT, mot savant (cp.jpr^/of), du L. obla-
tus, part, passé de offerre, donc litt. qui s'est
oflert; oblation, L. oblatio.
OBLIGER, L. ob-Jif/are (le sens moderne
« attacher qqn. par la reconnaissance en lui
rendant service »» est étranger au mot classi-
que). — D. obligeant (l'ail, a le terme ana-
logue verbindlich), d'où obligeance (mot nou-
veau); obligation, -atoire, L. obligatio, -ato-
rius ; désobligej\ faire le contraire d'obliger,
contrarier, faire de la peine. — Sous allier,
j'ai fait remarquer le fait que, contrairement
à ligare et alligare, obligare n'avait pas subi
la syncope du ^; j'en attribuais la cause au
caractère plus moderne du mot; cependant,
obliger se voyant déjà dans des textes du
XIII® siècle, il vaut mieux expliquer le main-
tien du g par le besoin d'éviter l'homonymie
avec oblier = oublier.
OBLIQUE, L. obliquas. — D. obliquité, L.
obliqnitas; obliquer, L. obliquare.
OBLITÉRER, L. ob-literare, effacer. — D.
oblitération, L, obliteratio.
0BL0N6, L. ob-longus, de forme allongée.
OBOLE, L. obolus (àtoUi).
OBOHBRER, L. ob-umbrare, ombrager.
OBREPTIGE, L. obrepticius (de ob repère,
se glisser furtivement); obreption, L. obrep
tionem,
OBSCÈNE, L. obscenus. — D. obscénité.
OBSCUR, vfr. oscur, L. obscurus. — D.
obscurité, L. obscuritas; factitif obscurcir.
Néologismes : oitscurant (ou obscurantin),
d'où obscurantisme,
OBSÉDER, L. ob'Sidere (cp. posséder de
possidere), dont le supin obsessum a donné les
subst. obsessio, obsessor, fr. obsession, obses-
sexir,
OBSÈQUES, BL. ob-sequioe = L. ex se
quiœ.
OBSÉQUIEUX, L. obsequiosiis (de obse-
quium, obéissance). — D. obséquiosité.
OBSERVER, L. obsert>are (litt. garder de-
vant les yeux ; cp. le terme regarder). — D.
observance, L. observantia; observation,
•ateur,L. observatio, -ator; obsen?aioire(cTp.,
pour la valeur du suffixe, le mot laboratoire).
OBSESSEUR. -ION, voy. obséder,
OBSIDIENNE, L. obsidianum vitrum (de
Obsidius, qui a découvert cette pierre).
OBSDIONÂL, L. obsidionalis (de obsidio,
siège).
OBSOLÈTE, = hors d'usage, L. obsoletus,
usé, sui'anné.
OBSTACLE, L. obstaculum (ob-stare).
OBSTÉTRIQUE, L. obstetrica ars, art des
sages-femmes (de obstetrix, litt. assistante).
OBSTINER (S*). L. obstinare. — D. obstiné,
ation, L, obslinatus, -atio.
OBSTRUER, L. ob-struere. Le verbe fr avec
sa terminaison en er fait disparate avec les
formes cx)ngénères instruire, construire, dé-
truire; il faudrait ostruire; aussi bien est-ce
un mot de formation savante. — Cps. dés-
obstruer, — Du supin latin obstnictum :
subst. obstructionem, fr. obstruction,
OBTEMPÉRER, L. obtemperare.
OBTENIR, L. obtinere, supin obtentum,
d'où le subst. obtentio, fr. obtention.
OBTURER, L. obturare, boucher. — D.
obturation, -aXeur.
OBTUS, L. obtusus, émoussé (obtundere).
OBUS, esp. obîu; l'ail, dit haubitze (angl.
howitz), mais il ne parait pas y avoir de rap-
port étymologique entre les deux mots, à
moins que l'on n'admette que obus soit pour
obis et que ce dernier reproduise la forme it.
obizzo, — L'ail, haufnitz, auj. haubitze, est
venu à la suite de la guerre des hussites, du
bohème haufnice, fronde d pierres. — D.
obusier, ohuserie.
OBVIER. L. ob'Viare, pr. se mettre dans le
chemin [via),
OC (langue d'), voy oui.
OCCASION (vfr. ochoison, achoison, ochi-
son), L. occasioncm, de oc-cidere (cadere),
tomber (cp. accident de ab-cidei^^ litt. =» ail:
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ODI
361 —
OFF
su'fall). Voccasion est donc pr. chauco, ren-
contre ; le mot synonyme occurrence n'a pas
d'autre sens étymologique. L'ail, dit gelegen-
heit, de gélegen^ situé, placé à propos, oppor-
tun. — \), occasionner , donner occasion, don-
ner lieu; occasionnel,
OCCIDENT, L. occidens (oc-cidere) = cou-
chant. — D. occidental,
OCCIPUT, mot latin (ob + caput), gén. oc-
cipitis, d'où l'adj. occipital,
OCCÎRIi', tuer, L. occidere (ob -j- csedere);
supin occisum, d'où L. occisio, fr. occision,
OCCLUSION, L. occlusionem (de occludere,
fermer).
OCCULTE, L. occuhtts (oc-culere). — Du
fréq. occultare : subst. occultation, L. occul-
tatio.
OCCUPER, L. occupare (ob + capere),
premier sens : s'emparer, se saisir de qqch.
— D. occupation, -ateiir. L. occupatio, -ator.
OCCURSÙBNT, qui survient, L. oc-currens,
— D. occurrence, rencontre, occasion.
OCÉAN. L. oceanus (itAtoc>6i).
OCHLOCRATIE, gouvernement de la popu-
lace (gr. Sx^oî).
OCRE, L. ochra, du gr. otypôi, d'un jaune
pâle. — D. ocreux,
OCTA- ou OCTO-, élément de composition,
du gr. g/Tû, en composition è/.Tx.
OCTANT, L. octans, m. s. (pr. huitième du
cercle).
OCTANTE, L. octaginta, p. octoginta,
OCTAVE, espace de huit jours, intervalle
de huit tons, du L. octavus. Le sens huitième
a tourné en celui de huitaine, — D. verbe oc-
toûier; format in-octavo = en huit (la grande
feuille étant pliée en huit feuillets).
OCTOBRE, vfr. octembre, uitouvre, hui-
tième mois de l'année romaine, L october
(octo).
OCTOGÉNAIRE, L. octogenarius,
OCTOGONE (gr. oxrù-v«vo«), à huit angles.
OCTROYER, vfr. otrier, it. otriare, esp.
otorgare, port, outorgar, prov. autorgar, au-
treyar, d'un type latin auctoricare p. aucto-
rare, confirmer, accorder définitivement. —
D. octroi. On a nommé spécialement octroi
un impôt mis sur certaines marchandises à
l'entrée des villes, parce qu'il appartient à ces
villes en vertu d'une concession, d'un octroi
du prouvemement.
OCTUPLE, L. octuplus. — D. octupler,
OCULAIRE, OCULÉ, OCULISTE, dérivés du
L. oculus = fr. ceil,
ODALISQUE, du turc odalik, pr. cham-
brière, femme attachée au service des sul-
tanes.
ODE, L. ode (ùH, chant). Du dér. ^^îiov,
local destiné aux exercices de chant ou de mu-
sique, vient L. odeum, fr. odéon.
ODEUR, L. odorem, — Du L. odorare, par-
fumer, vient odorant; du L. odorari fane. fr.
adorer), flairer, l'adj. odorabJe, et les subst.
odorat et odoration, L. odoratus, -atio ; odori-
férant est une formation nouvelle p. odori-
fère, L. odorifer.
ODIEUX, L. odioèus (odium).
ODONTALGIE, mal (âiyfz) aux dents (ohdu
èÔOVTOî).
ODORANT, ODORAT, etc., voy. odeur,
(BCUMÉNIQUE, qui appartient à toute la
terre habitée, du gr. olxovyutftvi?, (terre) habi-
tée.
(BIL, vfr. oil, œl, prov. olh, esp. ojo, port.
olho, it. occhio, du L. oculus (dim.de ocus =
ail. auge). Le plur. yeux est p. ieux, moda-
lité vocale de eux => eids ou uels. Qui pour-
rait dire pourquoi l'on s'est écarté de la règle
en ce qui concerne le pluriel du mot anl, sur
quel fondement légitime on a établi une dis-
tinction entre œils et yeux f Au même titre,
on aurait pu conserver les anc. formes pa-
raux, consaux, etc., comme plur. de pareil,
conseil, etc. — D. œillé, œillère, œillade,
œillet,
(WTTiIiADE, it. occhiata, de œil, — D. œil-
lader.
ŒILLET, 1 . petit oèU; de là le terme de jar-
dinage et d'optique œilleton ; 2, nom d'une
fleur ; je ne saurais motiver cette dénomina-
tion; les Allemands nomment la fleur en
question nelke p. nâgelhe, c.-à-d. petit clou ;
3 petit trou fait à une étoffe pour y passer un
lacet.
(BILLETTE, pavot, puis huile de pavot;
anc. aussi œillet, huillet, dimin. du vfr. osille,
»: fr. mod. huile, L. oleum. Le pic. dit oui»
lette.
ŒSOPHAGE, gr. eUofà'/oi (porte-manger).
ŒSTRE, L. œstrus (gr. oUrpoç), taon.
ŒUF, L. amim, — D. œuve',
ŒUVRE, ouvrage, subst. verbal de ouvrer,
ou direct, tiré du L. opéra, travail, peine. Au
sens de « chose faite », et surtout comme
terme collectif « ensemble des œuvres d'un
auteur », le mot vient du L. opéra, plur. de
opus, œuvre. — D. désœuvré, manœuvrer,
OFFENSE, du L. offensa, heurt, lésion,
offense (de offendere), ou tout simplement le
subst. verbal du verbe offenser,
OFFENSER, L. offensare, fréq. de offen-
dere = vfr. offendre. — Du supin latin offen-
sum : offenseur, L. offensor, et offensif, L. of-
fensivus, d'où le subst. offensive.
OFFERTE, voy. offrir, — D. offertoire, d'un
type latin offertoria,
1. OFFICE, masc., L. officium, service,
fonctions. — D. verbe officier (d'où officiant);
subst. officier, L. officiarius ; officiai, anc. =
officier (dans des applications spéciales); adj .
officiel, L. officialis; officieuor., L. officiosus,
m. s.
2. OFFICE, fém., lieu d'un hôtel où l'on
garde ou prépare le fruit pour la table, où se
fait le dessert. Ce mot, quoique de genre diff'é-
rent, est peut-être le même que le précédent ;
il aura été appliqué dans une circonstance
spéciale et sera resté en usage ; c'est comme si
on disait le « service » . — D'un autre côté, il
se pourrait aussi que le fém. office représen-
tât un type latin officia, primitif de officina,
lequel terme latin (pr. = atelier, laboratoire)
se rencontre fréquemment dans la latinité du
moyen âge, en parlant des monastères, avec
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OIN
— 362 —
0MB
le sens de : «< œdicula quibus asserranturquœ
ad victus aut alios usus monachonim spec-
tant » , donc chambre à provisions. — D'après
la définition établie par Jean de Gènes : offi'
cina locus ubi sunt officia, c-û-d. les afficeê,
les semces manuels, les métiers /ministiria),
on est tenté de croire à une parenté d*ori-
gino entre officium et officina. Il n en existe
pas cependant, car il est à peu près certain
que officina est une contraction de opificitia,
et vient de opifex, ouvrier.
OFHCffiUX, -IBL, -lEUX, voy. office 1 .
OFFIGDIS, pr. atelier de travail, plus tard
spécial, laboratoire du pharmacien, du L.
officina, voy. office 2 — D. offidttal.
OFFRANDE, OFFRE, voy. offrir.
OFFRIR, p. offhHr, it. offcrire.csX.oferir,
d'un type latin offerire p. offetre; du partie,
barbare offertus vient le fr. offert, d*où le
subst. participial offerte; du partie, passif
offèrefidus vient offrande, pr. chose à offrir,
puis chose offerte. — Subst. verbal de offrir:
offre, I . action d'oflrir, 2. ce que Ton offre.
OFFUSQUER, L. of-fiiscare (Tertullien),
obscurcir, à^fitscus, sombre.
OGIVE, anc. aussi augive; ce mot est géné-
ralement tiré de l'ail, auge, néerl. oog, œil,
parce que les arcs des cintres dans les voûtes
gothiques forment des angles curvilignes sem-
blables à ceux du coin de l'œil ; Ménage le
dérive du fr. auge (donc litt. == « en forme
d'auge »); Le Héricher, approuvé par Littré,
de augere, l'arc en diagonale augmentant la
force de la voûte et de l'arêtier. — D. ogital.
OGRE, pour orgue, it. orco, esp. hucrco,
ogro, ags. orc, du L. Orcus, dieu des enfers.
— D. ogrerie.
OIE, vfr. oe, oue, prov. auca, esp., port.,
it. oca, direct, du BL. auca. Ce dernier est
l'effet d'une contraction de avica, formé de
arns, comme naiica de natis, etc. (cp. raucus
p. ravicus). Le terme classique anser a été
supplanté par avica ou auca, l'oie étant en-
visagée, au point de vue de l'économie domes-
tique, comme l'oiseau par excellence. C'est
ainsi que les bœufs et les vaches, comme con-
stituant les animaux principaux d'une exploi-
tation rurale, étaient désignés par le terme
générique aumaille = L. aiiimalia, Nodier,
plus commodément, trouve l'étymologie du
mot oie dans le cri de l'oiseau ! — D. ot^on
(1*^ repi-oduit le c du primitif latin, cp. cler-
çon de clerc et le mot oiseau). Les gloses de
Ca.Hsel ont déjà le type latin aucionem
OIGNON, prov. ugnion, du L. itnionem,
m. s. — D. oignonet, -ière, -ade,
OÏL (langue d'), voy. oui.
OILLE, OUILLE, de l'esp. oUa ^potage do
différentes racines et viandes), qui est le
L. oJla (\îr. oie), terrine, marmite.
OINDRE, L. ungere, d'où, par le supin une-
tnm, les subst. 1. L. unctio, fr. onctitm ;
2. L. unctus. d'où l'adj. onctueux. Le subst.
oing réi>ond au L. wrguen ; la forme onguent,
au L. unguenturn. — On apjxilait jadis les
parfumeurs des ointiers»
OING, voy. oindre.
...OIR, OIRE, suffixe masc., répondant au
L. orium {dortoir, directoire, purgatoire) \U
suffixe oiRK, dans les subst. fém., représente
L. oria (victoire, histoire), dans les adjectifs,
L. orius, a, itm (notoire, traiuitoire).
...OIS, suffixe d'adj. et de sub.st. répondant
I) à L. ^1^ (bourgeois. Bruxellois) ; 2) à L.
iscus (franciscus, /ranpoù*, theotiscus, tAt'wV;
cp. discus, fr. d<ns* (dais).
OISEAU, oiseV, it. uccello (aussi augello),
prov. auzel, d'une forme BL.auceilus p.cri-
cellus. — Û. ciseler doû oiseleur, riiseïier,
oisellerie; dim. oiselet, oisillon.
OISEUX (= qui ne fait rien ou qui no sert
à rien), reproduit L. otiosus; quant à of>t/,il
accuse par sa facture un ancien primitif oti^
représentant le L. otium»
OISIF, voy. oiseux. — D. oisivetés
OISON, voy. oie. — D. oisonnerie.
OLÉAGINEUX, L. olea%inosus\ fonne ex-
tensive de oleaginus (oleum).
OLÉANDRE, laurier-rose, it. oleandro, esp.
doendra, port, eloefidro, loendro; ces formes
diverses sont gâtées de lorandrum, mot cité
par Isidore. Ce dernier parait à son tour être
une corruption de rhododendnim, sous l'in-
fluence de quelque allusion à /ai/ru^, laurier.
On a aussi songé, vu le caractère vénéneux
de l'oléandre, à un type gr. ciitaivcpoi = qui
détruit l'homme.
OLFACTIF, dérivé du subst. L. olfactvs,
odeur [nlfacere, rac. ol p. od),
OLIBAN, encens, d'après Lassen, de h.deim
libani, huilo du baumier.
OLIBRIUS, étourdi qui fait l'entendu, du
nom d'un .sénateur romain sans capacité, pro-
clamé emjiereur d'Occident en 472.
OLIFANT, cor des chevaliers errants, pr.
ivoire, du L. elephas -antis (prov. olifan, flam.
olefant).
OLIGARCHIE, gr. èïty^pxia, gouvernement
d'un petit nombre (o/f/ot).
OLIM, mot latin = autrefois; de là les
olim = les anciens registres du Parlement
de Paris dès 1313.
OLINDE, sorte de lame d'épée, venant de la
ville d'Olifide dans le Brésil ; d'après d'autres,
de Solingen en Westphalie (en effet, des so-
lingues a pu se gâter en des olindes).
OLIVE, L. oliva (sia{«). — D. olivier, oli-
vaire, L. olivarius; olivaison, du L. olirare,
récolter les olives ; olivâtre; olivct, L. olive-
tum; olivétc, olivetier; olivettes, danse en
usage chez les Provençaux après qu'ils ont
cueilli les olives.
OLLAIRE, L. ollaris (de olla, pot).
OLOGRAPHE, gr. oXô/oa-^oi = écrit en
entier.
OMBELLE, du L. umbella, parasol (umbra).
Sous l'influence du mot ombre, on dit aujour-
d'hui p parasol, ombrelle, uxx lieu de ombelle.
Cp. gr. 9/IZC19V, L. umbraculum = om-
brelle.
OMBILIC, t. de botanique et d'anatomic.
du L. umbilicus, nombril. — Voy. nnmlml.
1. OMBRE, L. nmhra. — D. ombreux.
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ONC
363 —
OPP
L. ambrosus ; ombrer, L. umbrare ; ombrage,
1. ancien a^j. signifiant obscur, couvert, du
L. umbraticus; 2. subst., = ensemble de
choses qui donnent de l'ombre ; je suppose
que le sens figuré défiance, soupçon, est abs-
ti*ait del'a^j. ombrageux, Dusubst ombrage
viennent : verbe ombrager, et adj. ombra»
geitx, « qui s'efiraye de son ombre ». — Pour
le mot ombrelle, voy. ombelle.
2. OMBRB {terre d*), bien que servant à
ombrer, cette terre tire son nom de VOmbrie.
3. OMBBS, poisson, L. timbra.
OHBRELLiS, voy. ombelle.
OMSIiSTTE, patois amelette. Les opinions
sur l'étymologie de ce mot culinaire sont va-
riées; aucune ne peut satisfaire. Citons-les
brièvement : 1. œufs mêlés (La Motte le
Vayer; ; 2. animaletta, de anima, Vàme, ici
«» le dedans d un œuf (Ménage) ; 3. aftvXarôv,
mot imaginaire, devant signifier « délayé
ensemble » (Lancelot; ; 4. ocum molle, œuf
mollet (Bourdelot) ; 5. o/ucXx, composé imagi-
naire de ûov, œuf, et de fikXi, miel ; 6. BL.
obleta, oublie, nasalisé en ombleta (Âtzler).
— La forme ancienne et la plus répandue de
ce mot est amelette, mais celle-ci, à son tour, a
été précédée de alemette, alemelle ou alumelle,
pr. lame (l'omelette étant plate comme une
îamej.C'cst là que Littré, avec raison, trouve la
solution de ce problème culino-étymologique.
OMETTRE, L. o-mittere, d'où, par le supin
omissum, subst. omissio, fr. omission.
OMINEUX, L.omtno^u^ (omen).
OMISSION, voy. omettre.
OMNIBUS, mot latin, sign. « pour tous »,
à l'usage de tout le monde. La chose et le nom
datent, dit l'histoire, de 1829.
OMNIPOTENT, L. omnipotens » tout-puis-
sant.
OMOPLATE, du gr. ùfioZ n)à7yi, le plat de
l'épaule.
ON, vfr. hom, om. C'est le latin homo.
« On dit n représente littéralement homo
dicit, logiquement = homines dicunt. Cette
origine du pronom indéfini explique son em-
ploi avec l'article, « l'hom dit, l'on fait ». Les
Allemands emploient de même man=smann,
homme. Comparez l'emploi analogue du mot
personne, dans « personne n'a jamais vu » «=
on n a jamais vu.
ONAGRE, L. œiagrus, du gr. i^oi Sr/pioi,
âne sauvage.
ONG*, ONQÏÏES*, L. unquam.
1. ONCE, (mesure), L. un/na (owyxfx). —
D. ondoie, grande lettre pour les inscriptions,
du L. uncialis, qui mesure un pouce.
2. ONCE, jaguar, panthère, d'après Quatre-
mère et Pihan, du persan nouz par l'inter-
médiaire du port. m\ça, m. s. ; d'après Diez,
vu la forme it. lonza, du L. lyncem, lynx, ou
plutôt d'une forme adjectivale lyncea, par
aphérèse de rinitialc; d'après Wackernagel,
de )s«vTio«. « appartenant à l'espèce du lion »
(on trouve, en effet, en mha. lunze, lionne).
ONCIAL, voy. o)ice 1.
ONGLE, du L. avnnculus (oncle maternel,
employé déjà dans la loi saliquo au sens de
patruus), par la forme contracte aimculus
(cp. avica s= auca).
ONGTION, voy. oindre.
ONCTUEUX, voy. oindre. — D. onctuosité.
ONDE, L. unda. — D. onde, ondée, on-
doyer, d'un type undicare => undare. Du
dim. L. undula viennent onduler, L. undu-
lare (d'où otidulation) et onduleux.
ONÉRAIRE, L. onerarius\ qui supporte la
charge {ontis, -eris)\ onéreux, L. onerosus,
qui pèse, qui est à charge.
ONGLE, L. ungula. Notez le changement de
genre dans le mot fr. — D. onglet, pr. pli
fait avec l'ongle; miglé, en hist. nat. ongidé,
du L. ungulatus ; onglée.
ONGUENT, L. xtngentum (ungere).
ONOMATOPiE, gr. ovo/ixronota, pr. action
de faire un mot, surtout un mot imitatif.
ONQUES, voy. onc.
ONTX, L. onyx, gr. SM* pr. ongle du
doigt ; l'agate a été ainsi nommée à cause de
son brillant.
ONZE, du L. undeeim. — D. onzième,
OPALE, L. opalus (6nàni9i).
OPAQUE, L. opacus. — D. opacité, L. opap
citas.
OPE, t. d'architecture, L. {èn^),
OPARA, mot italien (en ail. oper), corres-
pondant littéral du fr. otuwre (v. c. m ).
MM. Noël et Carpentier ont mal rencontré
en voyant dans opéra l'idée du plur.L. opéra,
les ouvrages a parce que Topérà est la réu-
nion de plusieurs ouvrages ou l'ouvrage de
plusieurs, le poète, le musicien, le peintre ou
décorateur contribuant à la confection de ces
sortes de pièces ». Il n'y a dans le mot opéra
qu'une particularisation du sens générique
*i composition ». Cp . le sens spécial donné au
mot générique fr. compositeur. — D. opérette.
OPERGUliB, t. d'histoire naturelle, L. oper-
culum, couvercle.
OPÉÏER, L. operari (opus), dont la langue
vulgaire a fait ouvrir. — D. opérateur, -aiion,
-aioire, L. operator, -atio, -atorius.
OP^GLilDE,nom technique donné au ser-
pent à clefs, et forgé avec le gr. 6fn, serpent,
et xUli, gén. xAuiôi, clef.
OPHTALMIB, -IQUE, du gr. 0f »aV^s> œil.
OPILER, obstruer, L, oppilare, — D. qpi-
latif, -aXion, dés-opiler,
OPINER, L. opinari, — D. opinant, pré"
opinant,
OPINION, L. opinionem. — D. opiniâtre
{mot du XVI* siècle qui paraît fait sous l'in-
fluence d'acariâtre), d'où s'opiniâtrer, et opi-
niâtreté.
OPIUM, mot latin, tiré du gr. ottiov, suc
de pavot. — D. opiacé, opiat.
OPPORTUN. L. opportunus. — D. oppor-
tunité, L. opportunitas ; néolog. opportu-
nisme, -iste.
OPPOSER, déposer, d'après le L.opponere.
De ce dernier, par le supin oppositum, vien-
nent : opposite, L. oppositus, opposition,
L. oppositio, et oppositif.
OPPRESSER, voy. l'art, suiv.
OPPRIMER, L. opprimere (premere), dont
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ORA
— 364 —
ORD
le supin oppressum a donné : 1. le verbe
fréq. oppresser; 2. les subst. oppresseur,
'ion, L. oppresser, -sio; 3. l'adj. oppressif.
OPPROBRE, L. opprobriiim,
OPTER, L. optare, faire choix, fréq. d'un
ancien verbe op-cre, dont le supin optiim a
donné le subst. optio^ fr option.
OPTIMISTE, qui croit que tout est au
mieux, du L. optimus, très bon. — D. opti-
misme,
OPTION, voy. opter.
OPTIQUE, gr. oTsriAÔi, relatif à la vue. —
D. opticien.
OPULENT, L. opidentus (opes). — D.opii-
lc7we, L. opulentia.
OPUSCULE, L. opiiscidum (opus).
1. OR, vfr. ores; cette particule signifiait
jadis maintenant, à cette heure ; auj. elle sert
À relier une proposition nouvelle à une pro-
position antérieure, et à marquer un léger
rappoii; de conséquence. Dans la vieille
langue, on aimait à renforcer or par donc
ou doncques. Cette conjonction a une valeur
toute spéciale dans le syllogisme. Elle vient
du L. hora, et correspond ainsi à Tesp., port.
hora, ora, it. ora, prov. ora, oras, or; cepen-
dant Vo ouvert de ladv. fr. ore parait êti-e
l'effet d'une fusion des mots latins ha hora
(Suchier, Grôb. Ztschr., I, 432). Elle entre,
avec l'acception temporelle de maintenant,
dans la composition des termes désownais et
dorénavant (voy. ces mots). Voy. aussi lors,
alors et encore.
2. OR, subst., L, auntm. — D. vfr. orer,
p. dorer (ce dernier vient du composé L. de-
aurare).
ORACLE, L. oraculum. — D. oracuJeux.
ORAGE, esp. orage, prov. auratge, autr.
«= vent, souffle. On distinguait « bel orage » ,
vent favorable, et «« grant orage », tempête.
Auj. la signification s'est rétrécie et ne com-
prend plus que ce dernier sens. C'est un dé-
rivé du vfr. ore, qui est le L. aura (it. aura,
ora, esp., port, aura), d'où vient aussi l'an-
cien mot orée, pluie d'orage. — D. orageux.
ORAISON, L. orationem (orare).
ORAL, L. oralis (os, oris).
ORANGE, BL. arangus, arangia, it. aran-
cio (à Milan naranz, à Venise naranza), esp.
naranja, port, laranja (basque 1 aran ta), cat.
taronja, valaque neranze, gr. mod. vsoàvrjc,
V. flam. arangie, aranic. 'Toutes ces formes
diverses sont des défigurations plus ou moins
fortes du persan narenj, arabe nàranja, hin-
doustani naringe. La forme française est
l'effet d'une relation imaginaire avec or ; en
effet, les Latins appelaient les oranges des
pommes d'or, aurea mal a. Du latin moderne
pomum aurantium, les Allemands ont fait le
composé pomeranze. — M. Eug. Fournier
(Mém. de la Soc. do linguist. de Paris, I,
122) démontre que la vraie source dé ce mot
est le sanscrit Jiàgaranga, un des dix-sept
noms sanscrits de l'orange, qui signifie éty-
mologiquement « rouge (ranga) comme du
minium (nâga) ».
ORANG-OUTANG, mot malais, signifiant
homme des bois.
ORATEUR, L. oratorem (orare); adj. ora-
toire}, L. oratorius; subst, oratoire, L, orato-
rium (lieu de prière).
ORATORIO, mot italien, correspondant au
fr. oratoire. Le nom oratorio, en tant que
terme musical, vient, selon les uns, de Phi-
lippe de Neri, fondateur de la congrégation
de l'Oratoire (mort à Rome en 1595), comme
ayant le premier introduit ce genre de repré-
sentations musicales; selon d'autres, de ce
que le duc Annibal Marchcsi, retiré dans un
couvent de l'Oratoire à Naples en 1740, y
écrivit des drames religieux pour le théâtre
de ce monastère.
1. ORBE, adj., dans « coup orbe, mur
orbe », du L. orbus, pr. privé, d'où successi-
vement les sens spéciaux : orphelin, veuf,
aveugle, puis « qui ne se voit pas, non appa-
rent ».
2. ORBE, subst., t. d'astronomie, \u.orbis.
— D. orbictdaire, L. orbicularis (du dira,
orbiculus).
ORBITE, L. or6tto, trace dune roue (or&û).
La vraie représentation fr. de orbita est vfr.
orde. — D. orbitaire, L. orbitarius'. Ce
même type orbitarius, au féminin, a donné,
dit-on, par l'effet, d'une contraction tout à
fait régulière, le vfr. et pic. ordière, d'où, par
le changement euphonique de d en n, s'est
produit le fr. mod. ornière; mais voy. d'autres
explications s. ornière^ Le thème primitif orô
s'est conservé dans la forme wallonne orbire,
ourbire = ornière.
ORCHESTRE, gr. ôpx^ïT/>a. place du théâ-
tre où s'exécutaient les danses (ôo^ïciSai, dan-
ser) ou plutôt les évolutions du chœur. Chez
les Romains, V orchestra était la place affectée
aux sénateurs. Auj. le mot désigne: 1. le lieu
où se tiennent les musiciens; 2. le corps des
musiciens d'un théâtre. — D. orchestrer.
ORCHIS, plante dont les racines ressem-
blent à des testicules, du gr. opyi's, -iSoç, testi-
cule. — D. orchidée,
ORD, ORT, vieux mot = vilain, sale (en t.
de commoixîe, ort s'emploie encore on opposi-
tion avec net, « poids ort » = poids brut), du
L. horridas, qui excite Thorreur, repoussant.
— D. ordure; verbe ordir*, salir.
ORDALIE, vfr. ordel, jugement de Dion.
BL. ordalium, de l'ags. w^dAl, v. saxon ur-
dêJe, angl. ordeal, ni. oordeel, ail. urtel, ur-
teil, jugement.
ORDINAIRE, L. ordinarius (ordo, -inis);
ordinal, L. ordinalis; ordination, L. ordina-
tio.
ORDONNER, vfr. ordencr (voy. ordre), du
L. ordinare. — D. ordonnance, vfr. ordc-
nance; ordonnateur, L. ordinator; désor-
donné = déréglé.
ORDRE, vfr. ordene (l'accent sur o), prov.
orde, orden, esp. orden, it. ordine; de l'ace,
latin ordinem (nom. ordo)'^ cp.cofre de cophi-
nus. — D. verbe ordencr^, devenu par abus
ordonne^'. — Cps. dés-ordre, sous-ordrc.
ORDURE, voy. ord. — D. ordarier.
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ORG
— 368 —
ORN
OREE, lisière d'un bois, du vfr. or, bord =
L. offl, m. s. On disait autrefois aussi orière
= lisière. Voy. aussi orJe.
OREILLE, prov., port. ore//?a, it. oj-ecchia,
esit. orefa, du L aurtcula, dini. de aïo-is, —
D. oreiller, crrcillard, oreillon ou orillon.
— Cps. essorillcr (v.c. m.).
OREHUS, oraison, mot latin signifiant
« prions «, de orarc, prier.
ORFEVRE, du L .auri fdber, ouvrier en or.
— D. orfèvrerie; orfévri.
ORFRAIE, p. osfraie, du L. ossifrar/us,
brise-os. Pour * changé en r, cp. varlet' p,
taslet. — L'angl. osprey, d'après Suchicr,
n'est pas de môme origine; il représente,
ccmme vfr. orprès, le gréco-latin oripclargus
(cigogne des montagnes), gâté en œnpei'a-
giis.
ORFROI, broderie employée en bordure,
galon, vfr. orfrais, prov. aurfres, v. esp.
orofres, litt. •= auri frcsiumy fraise ou frise
d'or (Isidore : vestimentum aurifrisatum). Le
BL. auriphrygium est une création arbitraire
(voy. frise), qui a prob. déterminé la forme
fr. orfroi.
0R6ÂNDI, mousseline trèï* claire. D'où ?
ORGANE (mot savant), L.organum (6p/oijov).
— D. organique, L. organicus; organiser
(cps. désorganisa'}, organisme. — Le latin
organum, instrument, a régulièrement donné
le fr. orgue, vfr. et angl. organ (d'où, orga-
tiiste), ail. orgel. Au point de vue de l'Kglise,
l'orgue était l'instrument par excellence.
ORGANISTE, voy. lart. préc.
ORGANSIN, sorte de soies torses qu'on a
fait passer deux fois par le moulin ; prob. un
dérivé irrégulier de organum, instrument. —
D. organsiner.
ORGE, it. orzo, prov. ordi, régulièrement
fait du L. hordeum. — D. orgeat, boisson
primitivement faite avec de l'eau d'orge, du
sucre et des amandes ; orgelet, petite tumeur
ou enflure, en forme de grain d'orge, qui se
produit sur le bord des paupières; on dit
aussi orgeolet, dim. de orgeol, qui reproduit
le dim. L. hordeolus, employé, avec le jnômo
sens, par Marcellus Empiricus.
ORGIE, gr. Spyic(, fêtes de Bacchus.
ORGUE, voy. organe,
ORGUEIL, it. orgoglio, esp. orguUo, prov.
orgolh, wall. orgowe, orgou , faste, vanité ; du
vha. urgitoh, subst. supposé de l'ai^. urguol
a= insigne, haut, hautain ; cp. vha. urgilo,
superbus, luxurians, ags. orgel, superbia.
— Il faut rejeter les étymologies tirées du
gr. opyiw», être enflé, ou de opyiXoi, sujet
à la colère, et proposées par plusieure
savants français. Chevallet place le mot sous
la rubrique rok, mot breton signifiant fier,
rogye, arrogant, en admettant une transpo-
sition en ork, mais il se garde de rendre
compta; de la terminaison. Langensiepen pro-
pose ortJiocolium, subst. fictif do ort/iocnlus
(gr. o;.5o/.-iji9r) = qui a les articulations
raides ; c'est assez bien imaginé i)our la lettre,
mais peu satisfaisant pour le sens. Citons
encore pour mémoire une conjecture de
M. Baudry (Revue des langues rom. V;, qui
suppose dans orgueil le subst. verbal d'un verbe
orgueil lir, qui serait le représentant fr. d'un
composé lat. culrecolliga'c. — D. orguilleux,
s'enorgueillir.
ORIENT, L. orientent (oriri), levant. — D.
orientai, orienta^ pr. placer une chose dans
la direction de l'est (celui-ci trouvé, les autres
points cardinaux s'offrent d'eux-mêmes); opp.
dés<nHenter.
ORIFICE, L. orificium.
ORIFLAMME, aussi oriflambe et oiuflant,
prov. auHfian, d'abord l'étendard de l'abbayo
de Saint>Denis, qui était de soie rouge avec
une hampe dorée (voy. Du Cange, s. v. auri-
flamma). C'est un composé de aurum, or, et
de flammn, étoffe coupée en zigzag, en forme
de flamme (cp. L. flanimula, petit drapeiiu).
— Je préfère considérer oriflamme comme
issu de orie- flamme de la Chanson de Roland
(cp. minuit p. mie nuit), où orie est un adj.
féminin.
ORIGAN, L. origanum (ôpti/xvo,).
ORIGINE, du L. origo, gén. oiHginis. Ce
mot origine est de facture savante ; la bonne
forme française, à laquelle on n'aurait pas dû
renoncer, est le vfr. mHne. — D. original et
originel, L. originalis (d'où originalité) ; ori-
ginaire, L. originarius.
ORIGNAL, élan du Canada; la bonne forme
est orignac, mot introduit en Amérique par
les Basques d'après leur mot oretuic, cerf.
ORILLON, voy. oreille. — D. orillonner,
ORIPEAU, oripeV, it. orpello, esp. oropel^
prov. aurpel, pr. iKjau d'or, du h.auripellis.
ORLE, anc. ourle, bordure, it. orlo^ esp.
oi'la, d'un type orula, dim. du L. ora, bord ;
cp, perle àopirula. — D. dim. op^let, commu-
nément ourlet, anc. ourelet; verbe ourler,
border, it. orlarc, esp. orlar. — Caroline Mi-
chaëlis tient it. orlo et esp. or/a pour emprun-
tés au fr. orle, et identifie celui-ci avec ags.
orl, boni, qui, lui-même, est d'origine celti-
que.
ORME, en vfr. aussi oume, prov. olme, du
L. lilmus. — D. ormeau, ormille, ormaie ou
ormoie, L. ulmetum.
ORJOiR, espèce de mollusque, aussi appe-
lée 07*eille de mer, du L. auris maris.
1. ORNE, sorte de frêne, L. orniis. — D.
or nier.
2. ORNE, t. rural, du L. ordi)icm, rang,
rangée.
ORNER, L. ornare. — D. ornement, L.
ornamentum, d'où ornctnenter.
ORNIÈRE, voy, orbite. — Forster(Ztschr.,
m, 262) n'est pas assuré sur la formation de
ce mot par l'intermédiaire de ordii)re. En ad-
mettant môme, malgré certains doutes, que
ordiAre, terme propre exclusivement aux
textes picards, soit issu de *orbitaria,\\ prouve
l'existence tout aussi ancienne de ornit^re et
ormiere et pense que nous pourrions bien avoir
affaire à deux mots synonymes, mais d'origine
distincte. Quant à ornière, ce serait une mo-
dification de ormiere et celui-ci un dérivé d'un
lat. fictif oîvna = it. orma « trace, piste ». —
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ORT
— 366 —
OTA
0. Paris (Rom , VIII, 628; incline à voir dans
ornière un dérivé du ffr. ortie (rang, file,
ligne, voie), une des deux formes qu'a prises
ordene (l'autre est ordre) (v. c. m.); dans
ordière une forme allégée de ordrière ou ord»
nière, car orbita est -inconnu à toutes les
langues romanes (le vrall. ourbire peut diffi-
cilement venir de orbitaria). Il pense que la
forme ormière vient de Vit. orma.
ORNITHOLOGIE, science des oiseaux (ô/&vi-
ORPAILLEUR, par corruption arpailleur,
qui tire des paillettes d*or du sable des fleu-
ves.
ORPHELIN, vfr . orfenùi , dér . du vfr . (yrfene,
orfe, qui est le L. orphanus (opyavo'i).
ORPHIE, VEsox belonc, poisson. Littré ne
tente aucune étymologie. Joret (Rom., IX.
125) y voit une déformation du holl. horen-
tisch, ail. hornfisch (même sens). On trouve
aussi horfi ; et pour la manière de franciser
le germ. vis, fisch, il rappelle sUpcphis, stoo
fiz (mots constatés), esclefin (d'où aiglefin,
aigrefin), précédés peut-être de esclefi, =
mha. scelfisch,
ORPIMENT» du L. auri pigmentum, ma-
tière pour peindre en or (Pline, XXXIII, iv,
22). L'ail, a gâté le mot en operment. La
forme orpin vient peut-être d'un type orpig-
men; orpimen, cp. nourrin de nutrimen,
ORPIN, voy. orpiment.
ORQUE, mammifère marin, L. orca.
ORSE, OURSE, côté gauche du vaisseau,
cordage à l'extrémité gauche de la vergue, it.
orjta, prov. orsa, du moy. néerl. liiris, bava-
rois /«rj, «» gauche, avec chute de Yl initiale,
prise pour l'article.
ORSEILLE, it. orcella, rocella, angl. orchil
et archil (Linné : lichen roccellaj ; le mot est.
altéré de orchelte, transposition de rochelle ;
cp. le t«rme équrvalent angl. rock-moss,
mousse de rocher; — Quatremèro propose
l'arabe ouurs »= memôcylum tinctorium. —
D'après Littré, qui s'appuie sur Hœfer, Hist.
de la chimie, du nom Àe Federigo Rucellai
ou Oricellari, qui, vers Van 1300, introduisit
dans les fabriques de teinture l'emploi do ce
lichen.
ORT, voy. ord,
ORTEIL, vfr. arteil, lang. artel, artelh, du
L. articuhis, pr. jointure, puis aussi doigt.
L'orteil a pris son nom comme étant le doigt
de pied par excellence. — Cp. it. artiglio,
griffe, esp. artijo, port, artelho, membre,
articulation.
ORTHODOXE, gr. oùUiolou d'opinion (^o|a)
iuste ^ô/5&o;i. — D. orthodoxie.
ORTHOGRAPHE, du gr. opbo'/poLfia, écriture
juste, correcte. Voy. graphie. — D. verbe
orthographier.
ORTHOPÉDIE, terme scientifique, fait d'un
type grec ûp^o-naiSiia, formé de TcxiStlTt, ma-
nière de traiter les enfants, et de ô/»3o;, droit.
ORTIE, L. tirtica (urerc). — D. verbe or-
lier.
ORTOLAN, it. ortolano^ Linné : emeriza
hoHulanus; du L. hortulanus, jardinier.
parce que ces oiseaux habitent volontiers dans
les haies vives des jardins.
ORVALE, sauge sclarée, litt. valant de l'or.
ORVET, petite couleuvre; dér. du L. or-
bxts. aveugle (voy. orbe 1); cp. ail. hlind-
schleiche.
ORVIÉTAN, it. ortietano, du nom d'un
opérateur italien, qui s'appelait Orvietatio
d'après la ville d'où il était ; son nom véritable
était Luppi.
ORTGTOGRAPHIE, LOGIE, -GNOSIE; le
premier élément de ces composés est le grec
èpu/.To';, fossile.
OS, L. os, ossis. — D. osseV, d'où osseiet ;
osseux, ossement; ossuaire, L. ossuarium ; os-
sifier, ossature, dés-osser,
OSCILLER, L. oscillare (de oscillum, petite
figure suspendue et agitée au gré des vents).
OSCITANT, du L. oscitare, ouvrir la bouche,
bâiller.
OSEILLE, d'un type oxalia, tiré du L. oxa-
lis, gr. oÇà5ii;, dérivé de l'adj. ôivi, acre,
aigre. En BL. on trouve acidula, ce qui sug-
gère à Diez ridée d'une forme pi-emièro
aceille, transformée par le peuple en oseille,
puis oseille.
OSER, L. ausare*, fréq. de auderc (supin
ausum). XjQ. théorie de Clicvallet. d'api-ès
laquelle oser, diviser, inciser, infuser, léser,
peser, raser, etc., viennent resp. de aiulçrr^
dividere, incidei'e, infudei'e, lœdere, pendere,
radere, par substitution d'un s doux au d pri-
mitif, est en contradiction avec une dos règles
les plus élémentaires de la roman is:ition, qui
consiste à tirer les verbes des formes fitkjucn-
tatives au lieu des formes naturelles du verbe
correspondant latin.
OSERAIE, dér. de osier.
OSIER, en Berry oisis, bret. aosil, wall.
tcoisir, y. flam. toisse; du gr. oUoi, sorte
d'osier ;* iétymologie douteuse en présence des
formes ausariœ, osariœ (oseraies», qui se
trouvent dans des textes latins du ix* siècle.
OSMAZOME, terme scientifique fait do à?/»^,
odeur, et $u^o;, bouillon.
OST, vieux mot, == armée, prov. hast, ost,
esp. hueste, it. oste; dnh hostis, ennemi, qui,
dès les premiers temps du moyen âge, avait
pris le sens d'armée. Eln picard, osi signifie
encore troupeau. — D. vfr. osioger, guer-
royer, =9 it. osteggiare.
OSTENSIBLE, adj. moderne tiré du supin
ûstensum de ostendere (obs-tendo), montrer,
d'où aussi ostensif, et le subst. ostensoir (cp.
ail. monstrans de monstrare),
OSTENTATION, -ATEUR. L. ostentatio,
'Otor (de ostentarc, fréq. de ostendere, mon-
trer).
OSTÉOLOGIE, science des os, du gr. ôtts^v,
os.
OSTRACISME, gr. ô^rpxMuôi, subst. de
ètrprui^tié =■ fr. ostraciser.
OSTROGOT, du nom de i^cuplo Ostrogoth,
pr. Goth oriental.
OTAGE, ostage, it. ostaggio, esp. hostqfe,
prov. ostaige; i'étym. traditionnelle, patronnée
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OTE
— 367 —
OUB
parDiez, est L. obsidaticus (devenu o^rfo^icia),
lequel est dérivé du subst. ohsidcUus, action
de donner des otages ou d'être donné en otage,
dérivé lui-même du subst. obses, obsidis, otage.
L etymologie tirée de ost, armée (pour ainsi
dire gage donné à Vost, à l'armée ennemie),
est erronée. — Les étymologies *obsidaiicum
et 'hostaiicum sont péremptoirement réfutées
par Tobler (Grôber Ztschr., IIl, 569). Il y
substitue hospiUnn (fr. oste^ auj. hôte). Le mot
ostage se voit souvent employé dans le sens
do " condition d'hôte, état d'hospitalité »
{pretidre ostage = s'établir, s'installer); pour-
quoi le mot ne s'appliquerait-il pas à l'état
d'hospitalité où se trouve l'otage, d'autant
plus que le mot s'est employé d'abord pour
*» sûreté, caution », au sens abstrait, avant
de signifier « caution = personne livrée en
otage » ?
OTALOIB, gr. wraiyfa, mal d'oreille (wto'v).
OTER, oster, prov. ostar, angl. oust. On
n'est pas encore parvenu à une pleine certi-
tude sur l'origine de cet important verbe
français. Du Cange le dérivait de L. ob-stare^
pr. se mettre dans le chemin (cp. les tour-
nures " ôter le chemin à qqn. ♦», BL. aliquem
de sua via obstare, « ôter le soleil à qqn. i»),
puis empêcher, ôter les moyens, enfin enlever,
ôter en général. Pott est également de cet
avis ; seulement, il enchaîne les acceptions à
pei^ • près de cette manière : se mettre à
rencontre, surprendre qqn. (en parlant
des voleurs de grand chemin), de la piller,
détrousser, puis prendre (avec l'accusatif de la
chose). — Diez propose une autre solution. Il
voit dans oster le L haiislare^ fi'éq. de h'aurire^
pr. =^ puiser, tirer, retirer, de 1^ aussi enlever
(il cite l'expression latine hàiirire arbusta,
enlever les broussailles, et compare le 'prov.
ostar e desrasigaVy enlever et déraciner). Ce
qui vient à l'appui de cette conjecturadB est le*
vfr. d<fster, ôter, enlever (dans le Berry dôler,
limous. doustà), qui ne peut être que le
L. d^i-haurire à la forme fréquentative, car un
primitif latin de-obi^tare serait un non-sens ;
en outre, une glose de Festus : exhaustant =
efferunt, qui m'a été signalée par mon confrère
à l'Académie do Bruxelles, le prof. Wagencr
à Gand. Ménage avait déjà entrevu l'ôtymo-
logie haustare, mais sans lajustifier. — Littré,
pesant les arguments en faveur des deux opi-
nions, reste indécis, mais incline plutôt vers
obstare, empêcher; Diez, dans sa dernière
édition, persiste dans son opinion pour haits-
tare. Quant à une etymologie abstare (d'où
régul. austare, oster), pris dans le sens actif
d'enlever, que j'avais développée dans une
étude spéciale en 1863, j'ai cru devoir la reti-
rer pour certaines objections qu'elle soulève.
— Aux diverses étymologies mises en avant
depuis Du Cange est venue s'ajouter, en 1877,
celle de Lûeking, l'auteur de •* Die altestcn
franzôsischen Mundarten » Il propose hospi-
tare (« garnir d'un hospes »), en se fondant
sur la valeur que devait avoir, pour les Gallo-
Romains, à l'époque des invasions germa-
niques, une plu'ase telle que : hospitabant
terras Romanis, ils garnissaient les terres des
Romains d'hôtes (bourguignons), c'est à-dire,
ils les en dépussédaient, ils les leur enle-
vaient, « ôtaient •». Cette etymologie est
forgée avec trop d'érudition historique, trop
idéologique et dépourvue de textes à l'appui,
pour qu'elle ait trouvé crédit. Gaston Paris,
qui la repousse (Rom., VII, 131), observe
que, si absolument il faut exclure les opinions
émises jusqu'ici, il invoquerait do préférence
hostare, de hostis au sens postclassique
d' «• armée » . Ce verbe aurait d'abord voulu
dire « traiter en ennemi, en pays conquis »,
puis « ravager, piller, enlever » ; cf. l'ail.
ve7'Iieeren, dévaster (de heer, armée).
OTTOMAN, Turc, du nom à'Othoman ou
Osman, premier empereur des Turcs (1299-
1326). — D. ottomane, sofa à la manière
turque.
OU, it. od, 0, esp. o, m, port, ou, prov. o,
oz, valaquo at«, du L. aut,
OÎJ, it. ovc, prov. o, du L. ubi. Cps. it.
dove, fr. d'où = L. de vbi (cp. doit do dt>
wide).
OUAIGHE, sillage ou trace que le vaisseau
fait à la mer; aussi orthographié houache,
kouaiche. Diez, se fondant sur l'orthographe
ouage (mentionnée dans le dict. de Trévoux,
identifie ce mot avec l'esp. aguage^ courant
maritime, qui est le L. aquagium, coui^
d'eau (Pandectes;. Langl., pour la mémo
chose, dit wake; serait-il connexe avec le mot
français? Tandis que E. MttUer le croit tiré
; de ce dernier, Wedgwood lui assigne pour
origine le finnois toaka. sillon.
OUAILLS, p. oueilh, brebis, du L. oviada,
m. s., dim. dé ovis ; esp. oveja, prov. ooe//ta.
. OUAIS, intcrje(;tion ; cp. gr. oÛ7i,;lat .,!■«?,
'goth. crti, it. guaî, etc.-
• OUATE ({lu fr. vfennent iill. toatte, angl.
toad, esp. huata). On appelait ouate non seu-
lement la première soie que l'on retire sur le
cocon du ver à soie, mais aussi un duvet léger
que fournit une espèce -d'oie. C'est prob. à •
cette dernière acception qu'il faut rattaclier
l'origine du mot, qui se prononçait au.ssi
ouette (forme encore usuelle en Normandie),
de sorte qu'il serait un dérivé du vfr. oiic, nfr.
oie, qui représente le L. auca. Cette etymo-
logie appartient à M. de La Monnoye. Diez a
proposé l'it. ovata (eft par là L. ovum, œuf),
donc pr. chose en forme d'œuf (le sens étymo-
logique serait ainsi un bourrelet ou tortillon
pour doubler les habits), mais lit. ovata
semble être lui-même une transformation du
- mot fr.„ot d'ailleurs Diez lui-même n'exprime
•pas grande confiance dans cette etymologie.
Maller penche vers le vha. voaJt, habit, mais
les sens sont par trop distants. — D. ouater,
OtJBLI, voy. oublier,
OUBLIE, altération populaire de oblaie,
oblee, d'abord le pain de la communion (syn.
de hostie), du BL. oblata (offerre), panis ad
sacrificium obJatus. Le sens sacré ou ecclésias-
tique attaché primitivement au mot s'étant
effacé, celui-ci a fini par signifier une pâtis-
serie très mince. Du môme L. oblata, les
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OlJIl
— 368 —
OUV
Allemands ont tiré le mot oblate, d'abord
hostie, auj. pain à cacheter. — M. de Mon-
teil, par une bévue assez curieuse, dérive
oublie du verbe oublier, parce que ces gâteaux
sont si légers qu'un moment après les avoir
mangés on ne s'en souvient plus, on les
oublie! — D. oitblieur, faiseur d'oubliés
(a ne. oblayer) ; oublierie.
OUBLIER, vfr. oblier (d*oû it. ohliare),
prov. et v. esp. oblidar, n. esp. et port, (par
transposition) olvidar, du L. oblitare^ fréq.
de obîivisci (sup. oblUxim). — D. subst. verbal
oubli (it. obbliOf prov. oblit)\ oublieux,
oubliettes (ceux qui^ tombaient étaient censés
oubliés à tout ^amsiis),
OUEST, ags. test, angl. et ail. west.
OUI, vfr. oïl, prov. oc. La forme prov.
reproduit nettement le lat. hoc, cela; Tadv. oc
équivaut ainsi à « c'est cela •. A cet oc corres-
pond dans l'anc. langue parlée en deçà de la
Loire le mot o (•• je n'en sais plus ne o ne
non n). Combiné avec le pronom illud, le pro-
nom hoc a produit l'ancien id verbe o-il ^= hoc
illud (cp. nenil, nenni = non illud), d'où
enfin, par l'apocope de 17 finale, notre mot
oui. Cette étjmologie a été contestée, mais les
arguments allégués ne sont pas solides. L'an-
cienne forme avnl, que Ton objecte tout par-
ticulièrement, ne présente aucune difficulté ;
comme le wallon awoi, c'est un composé de
l'interjection ah, et de ouil, wil ou loot, donc
tout bonnement un oui renforcé. — On sait
que les deux formes oc et oil ont déterminé
les dénominations langue d*oc et langue d\tU.
— L'explication de o-ïl par hoc illud doit
être modifiée aujourd'hui dans le sens de
l'opinion de Tobler, pour qui l'élément il
représente ille, et non pas illud (ce neutre
eut amené la forme el)\ oïl était d'abord
une réponse affirmative restreinte aux cas
où il s'agissait de la troisième personne sin-
gulier; ainsi à vient-il t on répondait o il s. e.
vient. On avait autrefois, d'une manière ana-
logue, des réponses par o je ou o gié, o tu.
Voy. Ztschr. fur vergl. Sprachforschung,
nouv. série, III, p. 423, et Grôber, Ztschr., II,
406 (note). .
OUILLER un tonndiau de vin, pr. le rem-
plir jusqu'à l'oeil, jusqu'au bondon ; de ouil,
variété de ceil. — En vfr. aouUler (voy.
Godefroy). • ^
OUÏR, vfr. odir, oïr, du L. audire (prov. '
auzir, esp. oir, port, ouvir, it. udire)". —
D. ouïe.
OURAGAN, it. uranano, esp. huracan^
port, furacao, ail. orhan, angl. hurrycane,
terme marin d'une introduction assez mo-
derne, provenant, dit-on, de la langue des
Caraïbes. Dans l'Amérique centrale, Hurakan
est ou «était le nom du dieu de la tempête
(Liebrecht. Jahrb., XIII, 238).
"" OURDIR, du L. orrfiW, ourdir, commencer.
OURLER, OURLET, voy. orle.
OURS, L. ursus; îém. ourse, L. ursa; dim.
ourson; adj. oursin.
OURSIN, hérisson de mer, prob. p. ouve-
cin; variété de hérisson, cp. les correspon-
dants de ce mot, wall. ureçon, port, ouriço,
angl. urchin.
OUTARDE, it. oUarda, esp. aoutarda, port.
abetarda, betarda, prov. austarda. Toutes
ces formes représentent L. arris tarda, quoi
qu'en dise Ch. Nodier, qui, ne se souciant
que de la forme française, rapportait outarde
à oiic (= oie) tarde. On lit dans Pline, H. N.,
10, 22 : proximse iis sunt quas Hispania aces
tardas appellat. Les mots latins se transformè-
rent d'abord enau-tarda, d'où otarda, utarda,
fv. outarde. Par une nouvelle prosthèse de l'élé-
ment avis, l'esp. fit av-utarda. Le ans dans
le prov. austarda est une reproduction plus
complète de l'élément avis. Le vfr. et champ.,
par aphérèse de la syllabe initiale a de atis
tarda, et par le durcissement du r devenu ini-
tial en b, ont fait bistarde. — Comp. la facture
analogue du mot autruche. — D. outardeau.
OUTIL, vfr. ostil, ustil, wall. usteie. Les
règles s'opposent à ce que l'on admette pour
primitif le L. utensile; ce dernier se serait
par contraction transformé en outsil et ousil.
Certaines formes de la Haute-Italie, relevées
par Dicz, telles que usedel (Côme), usadcj
(Milan), qui signifient des ustensiles de cuisine
et qui répondent à un type lat. usatellum,
dim. de usato, dér. lui-même de usare, fréq.
de uti, se servir, engagent à assigner à ustil
un primitif usatile, p. usatellum. Quoi qu'il
en soit, c'est bien à cette dernière forme latine
que se rapporte le pic. otieu {ieu = cil).
Littré allègue le BL. usibilia, ustensiles
(ix* siècle), qu'il suppose avoir été gâté en
usitilia, d'où ousiils. — L'étym. utilis doit
être écartée. — D. outiller, outillage.
OUTRAGE, voy. outrer. — D. outrager,
outrageux,
1. OUTRE, subst., du L. \Uer, utris. —Ce
subst., qui n'apparaît qu'au xvi* siècle, devait
naturellement, comme reproduisant L. ûtrem,
devenir eure; aussi est-on admis à croire qu'il
nous vient direct, de Tit. être; l'anc. langue
employait p. outre le terme lx)uc, dim. bon-
ceL Voy. Paris, Rom., X, 59.
2. OUTRE, adv. et prép , vfr. oltre, du
L. ultra. — D. outrer, vfr. oltrer, dépasser
le but, pousser au delà des bornes convena-
bles, excéder, excéder do fatigue, mettre à
bout, fâcher, irriter.
OUTRECUIDANT (voy. cuid^r), = qui pense
trop de soi-même, présomptueux. — D. outre-
cuidance (cp. it. tra-cotanjta).
OUTRER, voy. oiUre 2. — D. outrance (à)
s=» à l'excès; outrage, insulte, injure (cp.,
pour le sens, l'équivalent gr. ûtpti, do uirîp).
OUVERTURE, dér. du part, ouvert de ou-
vrir.
OUVRAGE, voy. ouvrer. — D. oiwrager.
OUVRER, L. oj)erari (d'où aussi la forme
savante operei*), — D. anœre (v. c. m.), m(-
vrage, ouvrable ouvrier, L. operarius; ou-
vroir, ouvrée.
OUVRIER, voy. ouvrer.
OUVRIR, prov. obrir, ubrir, anc. it. oprirc,
anc. cat. ubrir. L'it. aprire, esp, abrir, rap-
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PAG
3C9 —
PAG
pcUcnt sans difficulté l'équivalent L. apeHre,
La forme fr. oiivnr, cependant, ne peut pas
en venir, bien qu'elle appartienne à la même
famille ; quant au L. opcrire, qui concorde
pour la lettre, il dit juste le contraire. Ce
dernier n'en est pas moins au fond do l'éty-
mologie du verbe frança-is. Comme Ta démon-
tré Diez, niivi-ir représente une contraction
du vfr. a outrir {c[i, aoiH = oi'tt), qui, par la
syncope habituelle du d médial, procède du
j)rov. adubiir. Or, ce dernier est un composé
du préfixe roman a, et du verbe dubi-ir, qui,
à scjn tour, représente le L. dc-opci'ii'e, em-
ployé par Ceisus au sens de découvrir, et que
l'on retrouve dans le n. prov. dnrbir^ piém.
Ov.rti^ wall. drom, lorrain deurvi. La généa-
logie du mot ouTi'ir se résume donc en ces
termes : opcnre, dcopeiHre, diibHr, adi(bi^i\
a'vhriVy auvrir^ oiti-Hr. — Littré n'admet pas
que le prov. aditbi'ir se décompose en a-dif-
hriVy mais qu'il repi*ésente ad-\~uh'ir. Il
pense que ou la langue a confondu apcrire et
operirc, ou bien, l'a latin ayant été changé
m o, ce qui est admissible on français, c'est
du français qu'il a passé au prov. et au cata-
lan. Quant aux formes qui commencent par f/,
on peut, dit-il, les rattacher sans doute à de-
opcrire^ mais on peut aussi y voir ouvrir com-
posé avec de au sens augmentatif; d'ailleurs,
il existe quelques traces do l'emploi d'une
forme avrir, dans l'ancienne langue d'oc. [Ui
forme avi'ans, alléguée par Littré, est une
mauvaise leçon, p. auvrauj, voy. Rom., X,
52, note 4.J Kn entrant dans l'ordre d'idées
de Littré quant au changement de avrir en
ovrir, on pourrait non seulement alléguer
l'exemple de artcil^ devenu orteil, mais
se prévaloir aussi d'une certaine influence
exercée par le german. open^ offen, ouvert.
— Du part, ouvert vient le substantif ouver-
ture.
OVAIRE, OVALE, dér. du L. ovum, œuf.
OVATION, L. ovatio (du verbe ovare, faire
une entrée triomphale).
OVB, terme d'architecture, ornement eu
forme d*(cuf, du L. ovum, — D. oviculc,
L. ovicula.
OVINES (bêtes), L. ovinus, de ovis, brebis.
OVIPARE, L. oviparus (qui parit ova),
OXT-, élément initial de mots composés
.scientifiques, tiré du gr. «|û;, acide, piquant,
aigu ; p. ex. oxygf'nc, ox\jgo)ie^ oxynϔ. Du
même primitif grec s'est produit le terme do
chimie nryde,
OXTDE, voy. l'art, prôc. — D. oxyder,
OYANT, part. pi*és. de ouïr^ entendre.
PACAGE, anc. pascagc^ pâturage, dér. du
L. pasanmi, pâturage. — D. pacager. Du
même rad. latin pose, paitre, et non de pa-
ganvSf vient le terme pacaiit, manant, lour-
daud, cp. rustre y pr. paysan.
PACHA, mot turc signifiant gouverneur,
haut dignitaire. — D. pachalik.
PACIFIQUE, L. pacifiais. — D. pacificare.
fr. pacifier^ d'où i>acificatio, -ator, fr. pactfi-
calioit, -ateur.
PACOTILLE, du même radical que paquet.
PACTE (vfr. pache, dun ty|>e Bl.. paxus^),
L. pacti'.m (pacisci), d'où axisai l'ail, pacht,
m. s. — De l'adj.L. pactilitts, convenu, vient
\fr. pactis, convention, qui, à son tour, a
donn«» le verbe pactiser.
PACTISER, voy. pacte.
PADOU. ruban de Padoue (ville d'Italie).
PAGAIE, t. de marine, sorte de rame;
mot indien. — D. ixigayer.
PAGANISME, du L. j)aga)ius = fr. païen
(v. c. m.).
1. PAGE, subst. ma se, de Y'it.paggio, ré-
gulièrement formé du gr. va'.cioj, petit gar-
çon, jeune serviteur fcn terme de marine :
pfiges fncf'ssea). — Littré admet jwur tyi»e
une forme pagius p. pageusis, paysan, le mot
signifiant à l'origine un senitc.ir de bas étage;
t\>t bien doutiMix.
2. PAGE, subst. fi'in., du L. jingnia l'pan-
fr(rc), comme cn-dc' de nrdinein, lame de /«-
mina, famé* frmmc de fcmina. L'emploi
ion>tant de j/argc p. i)oge dans les •• Correc-
tions »», à la suite de Y An des Sept Dames,
m'a suggéré l'idée que pagina a pu produire,
à côté de page, une forme parge p. pa/fre,
comme ordre existe à côté do orde' et 1 ambre*
à côté de lam£. Page est un mot récent dans
la langue ; selon les lois strictes, il aurait dû
être francisé par paine ou paigne. — Depaçina
procèdent direct, les dérivés paginer, -aiion,
PAGNE, esp. de vêtement de nègres, do
l'esp. paiio, drap, = it. pamio, L. pannus,
étofle, linge, lange, fr. pan.
PAGNON, drap noir fabriqué à Sedan,
nommé, dit Littré, d'à près le pi*emier fabricant.
PAGNOTE, poltron, lâche, de Tit. pagnotta,
sorte de pain [pane). « Les Italiens, dit Mé-
nage, appellent geiUiluomini di pagnUta
ces "gentilshommes que les seigneurs louent
pour leur escorte aux jours de cérémonie, à
cause qu'on leur donnait des pains ce jour-
là. " Le peu d'estime de ces pei'sonnes amena
le sens méprisant du mot pagnotta. Je repro-
duis ci-dessus l'opinion de Littré, sans vouloir
l'approuver. L'analogie de poltron, pr. qui
aime les coussins, et de port. madru(;o, pa-
resseux, puis l'oxistence du mot jwupiot avec
le sens do sot, puéril (digne de l'enfant en
langes), enfin le terme rou«-hi' s*épagnotcr,
faire le fainéant, parlent en faveur de l'étym.
pagne = esp. pàno, drap, morceau d'étoffe,
lambeau, tapis. — .le rappelle encore les
significations de ail. lump, gueux (de lamp-i^n,
lambeau). îaffe, fat, nigaud, = lappen, lam-
beau. — D. pagnoleric.
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PAI
— 370 —
PAL
PA60DS, temple indien, puis idole; du
persan bitt-khoda {but = idole, khoda *=
maison).
PAÏEN (le Chant do sainte Eulalie Sipaffien),
prov. pagan^ payan^ it., esp. pagano^ port.
pagào, angl. i^cLgan^ du L. pagainis (pagus),
pr. rustique. Cette dénomination vient de ce
que, depuis Constantin le Grand, le culte des
anciens dieux s'était réfugié dans le plat pays,
dans les pagi, Cp. le terme équivalent ail.
heide (vha. Jietdhen, angl. heat?îen), du vha.
heida^ goth. haithi, campagne.
PAILLARD, voy. paille. Le mot n'a rien &
faire avec gr. wailaxi^ ou lat. pellax (concu-
bine). — D. pail larder, -ise,
1. PAILLASSE, subst. fém., voy. paille.
— D. jMillasson.
2. PAILLASSE, subst. masc., bateleur,
bouffon, de paillasse 1 , à cause de son habit
fait de toile à paillasse.
PAILLE, it. paglia, esp . pc^a, prov., port.
palha, du L,palea, m. s. — D. paillasse^ d'un
tjliQpaleacea; verbes pailler, et eni-pailler;
subst. pailler, cour d'une ferme (L. paJea-
riiim, grenier à paille); paillewc, qui ren-
ferme des pailles ; paillette, petite lame ou
parcelle d'or (cp. le L. a?rispaleœ, = limaille
de cuivre); paillon, petite feuille de cuivre
battue très mince (d'où paillonncr) ; paillât,
petite paillasse î paillard (v. c. m.); que le
sens premier de ce mot soit fripon, coc^uin, ou
homme adonné aux plaisirs de la chair,
l'idée foncière est toujours « qui couche ou
qui se vautre sur la paille », indice de
paresse, do gucuserio, aussi bien que do
luxure ou de débauche.
PAILLER, subst , voy. l'art, préc.
PAILLET, sorte do vin, d'a|)rès quelques-
uns, le dimin. de pâle, vfr. palle (v. c. m.);
cp. en ail. bleichcr, vin clairet, de bleich,
jiâle; d'aj>rés Littré, de paille, à cause de la
coiiloiir do tv vin, ((ui tire sur celle de lu
paillo. On dit en elfct vins de paille.
PAIN, L. panis.
1. PAIR, adj., L. par. — D. j)^''^'*'^ (^11-
paar), couple, deux choses semblables, qui
vont ensemble; opp. impair, L. impar.
2. PAIR, subst., angl. peer, du L. par,
égal. Les pairs de France ont été ainsi nom-
més parce qu'ils étaient égaux en dignité et
en pouvoir. — D. pairie, pairesse,
PAIRE, yoy. pair 1.
PAIRLE, t. de blason, du L. ;)a/i{* (avec
insertion de r) ; selon d'autres, du h. par il is,
égal, à cause de la division en deux parties
égales.
PAIROL, grand chaudron en cuivre, prov.
jmirol, esp. /^rro/, it. pajiiola; selon Schu-
chardt, du kymri pair^ bret. per, chaudron.
Diez rattachait le mot, par les intermédiaires
patinai, patnol, patrol, à L. patina.
PAISIBLE, voy. paix.
PAISSEAU, paisscV, L. xmxillus. — D
2}aisscler.
1. PAIS80N, subst. fém., voy. paître. —
D. paissonnier.
2. PAISSON, subst. masc , outil de fer en
forme de cercle pour étendre les peaux ; peut-
être le même mot que paisseau avec change-
ment de finale bu gâté de pa^mon (dérivé de
pal) qui dit la même chose. — D. pais-
sonner.
PAITRE, anc. paistre, d'un infîn. L. pas-
cere p. pasci (cp. naitre). — Du supin latin
pastum vient le subst. pastionem, francisé en
paisson.
PAIX, L. pcus, pacis. — D. paisible ^œ
mot est, outre pénible, le seul exemple d\m
adjectif formé d un subst. avec le suffixe iblc];
apaiser (v. cm.). — Voy. aussi payer.
PAL, L palus{à'o\i aussi Tall. pfahl, m. s.).
Voy. aussi pieu. — D.palé, palée; palis (d'où
palisser), L. palicius ; em-paler,
PALADE, de Tit. palata, mouvement de
rames ; celui-ci du subst. pala, le bout largo
de la rame, qui est le L. paia, chose plate;
voy. pale et pelle,
PALADIN (forme adoucie de palatin\ dn
L palatinus, mot appliqué en premier Heu
aux seigneurs vivant dans le palais de Char-
lemagne.
1 . PALAIS, maison princière. prov. palai,
pal ait, it. palazzo, 2)cdagio, angl. pcdace, ail.
pfalz; du L. palatium.
2. PALAIS, partie supérieure de la cavité
de la bouche. Vouloir douter de l'étymologie
L. palatum, qui signifie absolument la même
chose, semble presque se créer des diffieiiltéi
à plaisir. Et cependant, les règles phonologi-
ques s'opposent absolument à cette dérivation ;
jxitalum n'a pu se franciser en jxilais; ce
primitif latin réclame une forme paiet ou
ixilé, dont il n'existe aucun exemple. Dici,
avec l'accent de la conviction, identifie donc
notre mot avec le précédent, dont il ne repré-
senterait qu'une acception métaphoririuc. U
vfr. palais si.ufni fiait la salle voûtée d'un cliâ-
teau, destinée aux solennités et constitii.ini
d'ordinaire une construction sépaivo. C'est de
là que découle l'acception figurée du sutet.
j)alais = voûte do la bouche. Cette métaphoiv
n'est pas restreinte à la langue française;
elle a ses analogues dans d'autres langues-
Diez rappelle d'abord un semblable transport
d'idée, mais en sens inverse, dans l'expression
d'Knnius « cœli palatum », le palais, c.-àd.
la voûte du ciel ; puis il s'attache aux expres-
sions suivantes, employées dans les langues
sœurs pour palais : it. il cielo délia bocca,
esp. el cielo de la boca, prov. mod. la ciel de
la bouca, va laque ceriul gurii = codui»
gulge, neerl. liet gehemelte des nwnds, enfin
le gr. où/9rvt7xo5 signifiant pr. petit ciel, pui^
1. voûte d'une salle; 2. palais (de la boucbe).
Los langues slaves ont également le niêiiH'
mot [nebo) p. ciel et pour palais. — Hour
nous résumer, l'opinion de Diez est que le
palais = L. palatium ayant pris le sens de
salle voûtée, puis de voûte tout simplement, a
donné naissance au mot pcdais = voûte de la
bouche, organe du goût. — Après tout, il »-»
Ijeut que notre mot ait été tiré do palatum
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PAL
— 371 —
PAL
par voie irrégulière, par assimilation à un
mot homonyme très répandu.
PALAN, anc. palanc, du plur. it. palanchi,
rouleau à rouler les faix, qui est, avec chan-
gement de genre, prob. le L. palangœ ou
phalatiffce, » fustes teretes per quos naves in
mare attrahuntur ». — D. dim. palanquin
(t. de marine; ; palanquer,
PALANGHIi, it. palanca; même origine
que palan . — D . palayiçon .
PALANQUE, prob. le même mot que le préc.
PALANQUIN, sorte de litière; mot indien.
PALATAL, L. palatalis (palatum).
PALATIN, L. palatinns fpalatium). —
D. palatinat, dignité ou domaine de l'électeur
palatin ; palatine, nom d'une fourrure portée
par les femmes; ce nom se rapporte à la
princesse palaline Elisabeth-Charlotte, mère
du Régent, qui mit ce genre de vêtement à la
mode.
PALS, nom de différents objets à forme
plate; c'est le L. paîa, bêche, pelle, omoplate,
pr. chose plate ; mot congénère avec pal-tna,
fr. paume, — D. palet, pierre plate, disque
de plomb ; palette, nom d'objets ou ustensiles
divers à forme plate; paleron, partie plate do
Tépaule de certains animaux (op., p. la finale,
aileron de aJa; l'it. ^tpalelta).
PALS (vfr. palle, pale, puis, par insertion
de $, pasle, pâle), du L. palUdus, — - D. ;><î-
leur, L. ^\\ovem\ pâlot; 2idlir, L. pallescere»
— Do la forme pafle dérive peut-être l'adj.
paillet, dont 17 mouillé ne serait pas plus
anomal que celui du vfr. paillir p. pâlit ou
do faillir, doublure de falloir,^
PALEFROI, vfr. palefroid, prov. palafrai,
esp. palafren, it. palafreno, aiïghpalfrey ; du
BL. parafredus, palefridus. Ce dernier est
une altération du L. paraveredus, cheval de
voyage, qui vient de jrapi, à côté, et veredus,
donc litt. cheval de service accessoire. On
suppose, par do bonnes raisons, que para-
veredus est aussi la source de l'aU. pferd
(vha. pherit), cheval. — La mutation r en Z
est habituelle. Quant aux formes esp. etit.,
elles reposent sur une fausse interprétation qui
rattachait le mot à fretium, frein. Ce sont
elles aussi qui ont motivé le dérivé palefre-
nier p. palefredier. On s'est livré à de bien
aventureuses explications au sujet du mot pa'
lefroi, on mettant en avant la formule par le
frein (cheval condtiit par le frein), ou palœs-
trœ fracttis, rompu au manège, ou pallium
ferens, etc.
PALÉ06RAPHIS, science qui a pour objet
les écritures anciennes, mot forgé de TraJLaio;,
ancien, et yija^^, écriture.
PALÉONTOLOGIE, science des êtres primi-
tifs ou anciens (;ràiai ovtx, existant autrefois).
PALERON, voj.pale,
PALESTRE, L, palœstra {izTilixhTpx),
PALET, voy. pale. — D. paleter.
PALBTOC, -OQUE, plus tard paletot, esp.
palctoquc, bret. paltôk, vêtement de paysan.
Diez, comme l'avait déjà fait Legonidoc à pro-
pos du mot breton (qui du reste est emprunté),
décompose ce mot en palle-toque (robe à capu-
chon); en flamand oh trouve pal trock et jMlts-
rock, défini par « vêtement long et ample » ;
quoique les lexicographes néerlandais le con-
sidèrent comme une composition bâtarde faite
sur le fr. palletoc, Littré y voit la source du
mot fr., en l'expliquant par robe (rocAj de pè-
lerin (palster); mais cette explication me pa-
rait mal fondée : ni Kiliaen, ni Weijland no
connaissent le mot palster autrement qu'avec
le sens degros bâton ferré, canne à épéo. —
D. paltoquet, paysan, rustre.
PALETOT, altération depaletoc (v. c. m.).
1. PALETTE, pknchette mince à différents
usages, angl. pallet, voy. pale.
2. PALETIE, petite écuelle d'étain, pour
recevoir le sang de ceux que l'on saigne, con-
tracté de vfr. paêlelte, dim. de L. patella;
anc. poylette, variété de poêlette, dimin. de
poêle 3.
PALÉTUVIER, nom d'arbre; mot exotique
d'origine inconnue.
. PALIER, type latin palarium. Ce mot ne
veut peut-être dire autre chose que plate- forme
et se rattache à la famille ;3a^, chose plate. —
D'autres l'expliquent par la « natte de paille •
qu'on met sur les paliers pour nettoyer les
pieds, et l'oi-thographe paillier donne quelque
appui à cette manière de voir.
PALIMPSESTE, gr. trah>|,„To;, litt. gratté
à nouveau ; parchemin dont on a gratté la pre-
mière écriture pour y écrire une seconde
fois (:tàiiv).
PALINGÉNÉSIE, du gr. TtxU'avn^U, régô-
nôration, renaissance (Triiiv, yîv.çij).
PALINODIE, L. palinodia, chant réi)6tt>,
refrain, gr. 7rati»vw5{x (de itxU* + i»H), répéti-
tion ou changement de chant, au'fig. rétrac-
tation, désaveu. — Le terme do liturgie pâli-
nod ou palinot, cantique religieux avec répé-
titions, est le môme mot à forme masculine.
PALIS, voy. pal. — D. palisser.
PALISSANDRE ; le nom et la chose vien-
nent de la Guyane.
PALISSER, voy. />a/w. — U . palissade ;
palissade (it. palizzata), d'où palissader.
PALLADIUM, mot latin tiré du gr. -nxllk-
ciov, pr. statue de Pallas (Minei-ve), dont la
conservation sauvegardait la ville de Troie. —
Benoit, l'auteur du Roman de Troie (xir* sic
cle), a francisé le mot par palhldes au cas-
sujet, x^SLT palladiun au cas-régime.
PALLIER, L. palliare, litt. couvrir comme
d'un manteau (pallium). L'aU. douno au mot
bcmànteln (do mantel, manteau) les mômes
acceptions figurées qu'a prises le yerhofr. pal-
lier. — D. palliation, palliatif.
PALLIUM, mot latin signifiant manteau.
PALMAIRE, du L. palma = fr. paume.
1. PALME, fera., L palma. — D. pal-
mier, L. ^ii\mîxvïxks\palmelte, palmiste, pal-
mite.
2. PALME, masc, mesure de longueur, L.
pal mus, m. s.
PALOMBE, L. palumba.
PALONNIER, aussi palonneau ; prob. de la
famille palus, îr. pal ou pala, chose plate.
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I»AX
— 372 —
PAN
PALOT, nistre, lourdaud; de />a/o^ iast ru-
inent de paysan (dim. de pallc, pelle ji
PALPER, L. palpare. — D. palpe, pal-
pets; paljïoble, L. palpabilis.
PALPITER, L. païpitare.
PAL3AMBLEU, corruption de « par le
sang dieu »; cp. morbleu. On dit aussi pa/^a^t-
gué et paUangiiientie.
PALTOQUET, \oy,paletoc.
PAMER, Aïic, pasmer, cspasmei; espaumer,
prov. plasmar, esplamar^esplasmar il inter-
calaire;, esp. espasmar, pasmar, it. spasi-
marc; CCS verbes sont tirés resp. des subst.
it. spasimo, esp. et prov. espasmo, qui repré-
sentent le L. spasmus, gr. itix-s/iô; (y-àv),
tiraillement, crampe, convulsion (d'où le
terme scientifique fr. spasme). Le rejet de 1'*
initial (on disait d'ailleurs autrefois spasmcr)
vient de ce qne, cet élément ayant été con-
fondu avec le préfixe es = ex, on a pris pour
primitif un mot pasmus (voy. tain). — D. pd-
maison p. pâmaison ; cette substitution do
oison à aismi est unique dans la langue ac-
tuelle, mais cp. vfr. ochoison de occasio-
ncm, oroison, p. oraison.
PAMPHLET, brochure, libelle, livret ; l'ori-
gine de ce mot, qui est d'introduction anglaise,
est fort controversée. Les anciennes formes
angl. sont j)amfict, pam filet, paunflet; Peggcs,
dans Johnson, Texpliquo par palmc-feuillct,
feuille que Ton tient facilement dans la paumo
de la main ; d'autre^ proposent J5fl///>ïa filaia
Qe ne sais ce que l'on entend par là), paulm-
fli/leaf, feuille volante grande comme la main,
et autres tours de cette force. Le plus ancien
emploi du mot se rencontre dans Richard de
Bury, l'auteur du Philobiblon (xiV siècle)
sous la forme pampletos; cela nous rapproche
singulièrement do l'étym. indiquée par Web-
ster, Wedgwood et Weigand, savoir : Tesp,
papdeta, petit papier, petite gazette, dimin.
depapelf papier; pour la nasalisation de l'a,
cp. flam. pampier, papier. — La conjecture
étym. la plus récente est celle de G. Paris; il
rappelle le mot pamflette dans la traduction
néerlandaise do Flore et Blancheflore par
Dirk van Assenede (x ni* s.); or, pamflette est
le nom vulgaire de Pamphilus, espèce do co-
médie en vers latins du xii** siècle, fort répan-
due. Voy. Littré, suppl. — D. pamphlétaire,
PAMPRE, prov. pampol, du L. jmmpinus
(n permuté en r, comme dans diacre de diaco-
nus),
PAN, L. panmis, morceau d'étoffe, pièce,
lambeau, puis au moyen âge = partie, mor-
ceau. — U.jjanne, BL.panna, = pièce de bois
(dans diverses applications technologiques);
dim. panneau, pièce de bois ou de vitre en-
fermée dans une bordure; aussi filet carré
(d'oii la locution «donner dans le panneau »);
panneton d'une clef (si ce mot n'est pas im
diminutif do jyenne, = plume, aile; cp.enall.
l'expression corrcspondîmto bart, pr. barbe).
PANACÉE, L. panacea, grec Ttxvk/urt re-
mède universel (de l'adj. zn-^'k/.fn = qui gué-
rit tout).
1. PANACHE, vfr. pcnnache, 1. boaqaet
de plumes flottantes, 2. rainures en panacbe
sur une fleur, esp. penacho, it. pennacchio;
dér. dejfieiine, plume. — D, panacher, empa-
nacher.
2. PANACHE, oreilles de cochon panées et
cuites sur le gril.
PANADE, dér. de^xi^t^r.
PANADER (SE», se pavaner, voy. paon,
PANAOE. droit de faire paître les porcs
dans les forêts; yiouT pasimge, forme contrac-
tée depassonage, dér. deyximoii, = L. pas-
tionem.
PANAIS, du L. pastinaca on plutôt pasti-
nacus\ m. s. (ce qui pi^upposc une ancienne
oi-thogr. pasnais) ; d'après Littré du L. panax
(naval), primitif de ^ja^/oc^c. — D'un type ;xtf-
tiiiaia vient pastenadc, ancien nom du panais.
PANARD, dans - cheval panard », cheval
dont les pieds de devant sont tournés en de-
hors n. Prob. pour pamlard (cp. prenoiU p.
2»rendons, vfr. espanir = L. expanderc, lequel
viendrait du L. iMndiut, •» cuitus, incurvus»-,
esp. ;)au(/c (légèrement courbé vers le milieu).
Vov. Bugge, Hom., III, 15C.
PANARIS, \i. 2>(^^^^^<^^» d\\ y», panari-
cium, mot gâté, par la transposition de r et
n, du gr. ititfivvùjus, m. s. (composé do jypi,
à cùté, et de évo^ ongle).
PANCARTE, BL. panchaHa, charte, di-
plôme. Prob. composé de charta^ et de ffâ».
tout; c'était, dans le principe, un diplôme con-
firmant tout à la fois; cp. gr. ttïvomtiî;. re-
cueil universel, L. pandectœ, Frisch expli-
quait le mot à tort par une contraction de pa-
tente-carte. .
PANDEOTES, voy. l'art, préc.
PANDORE, ancien instrument du genre
luth; voy. mandore,
PANDOURE, da la ville de ^andur {WoH'
grie), qui avait fourni le premier contingent
de ces troupes .
PANÉGYRIQUE, du gr. itx^r/jr^tzô; s. e.
U/9;, discours prononcé dans une assemblée
générale ou dans une solennité ; par restric-
tion = discours laudatif. — D. panégyrisme,
'iste,
PANER, dér. du h. panis, — D. panade;
cp. pour la finale salade, ^
PANETIER, es^.panadeiv, BL, jMnetaHus,
dér. soit depaneta, qui fait lo pain (d'où vfr.
jKineter, faire le pain), ou du dim. jMnetus,
petit pain. — D. paneterie, jHinetière, sac
pour mettre le pain.
PANIO. it. j>a«ico, du L. panicum, m.s,
PANIER, pr. corbeille à pain, puis cor-
beille en général, du L. panarium (panis).—
D. pann'èe,
PANIFIER, subst. panipcaiion, du L.pani-
ficarc (de panifex = qui facit p^i^nem).
PANIQUE (terreur); du gr. Sûfix 7:xju.6i,
frayeur inspirée par le dieu Pan . Cette expre^-
s'iou se rattache, dit-on, à l'épouvante qui se
répandit parmi les Gaulois attaqués, pi-ès du
temple de Delphes, par les Grecs, dont le dieu
Pan avait pris la défense; par extension,
frayeur subite et sans fondement.
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PAN
— 373 —
PAN
1 . PANNE, vfr. peiie^ it. i^enna^ pmm, BL.
patma, fournire, puis peluche, étoffe velou-
t(V. Dicz suppose que le mot roman a 6i6 tiré
du L. pemia, mais sous l'influonce du sens
donné au mha. fcdcre, qui signifiait à la fuis
plume et peluche. — D. panneau, bourrelet,
coussinet.
2. PÂNNlï, pièce do bois à usages divers,
voy. pan,
3. PANNE, anc. peinte, graisse qui garnit
la peau de cochon ; d'origine inconnue ; so-
rait-ce le même mot ({wa panne, fourrure?
4. PANNE, comme terme de marine, d'où
la loc. « être en panne »», se ratUicho à pan,
lat. pannxts. J'ai vti récemment esplifjuer
sérieusement /)a/i>MJ de la loc. fig. « être dans
la panne «, par le gr. îriv-a, pauvreté.
5. PANNE, partie du marteau opposée au
gros bout, ne me parait pas représenter l'équi-
valent ail. bahn, mais plutôt, vu l'expr. ail.
synonyme hammerptnne, le mot BL. pinna,
pointe ; donc sans doute p. pe7ine,
PANNEAU, voy. pan, et panne 1 .
PANNETON, voy. pan.
PANNON, autre forme àepennon (v.c. m.).
— D. panonceau.
PANOPLIE, gr. w«voîrit«, armure com-
plète.
PANORAMA, mot nouveau, fait du grec
itxv, tout, et op7fia, vue, donc pr. vue sur le
tout, vue embrassant tout l'horizon du specta-
teur.
PANOUFLE. morceau de peau do mouton
avec sa laine dont on garnit des sabots ; prob.
du radical panne, fourrui'e, avec une termi-
naison assimilée à celle de manoufle ou do
2)antoitfle.
PANOÏÏIL épi do maïs, d'un type L. pami-
ciilus p. paniculus, dim. de panicum millet.
On trouve dans Festus la forme fém panu-
citla, à laquelle répond l'it. pannocchia, csp.
panqfa.
PANSE, pic. panche, prov. jmnsa, esp.
jHm20,pancho,\t. 2mncia,s\\. hantsch, banse,
angl. paiinch, du L. pantex, ixinticis, abdo-
men. De là viennent aussi it. panciera, esp.
jHinccra, vfr. panchire, ail. 2)an:gcr, partie
de l'armure qui couvre le ventre. — D.
jjansit.
PANSER; la première signification de ce
verbe est soigner, prendre soin. Comme l'a
déjà fait remarquer Nicot, c'est le même mot
que penser, réfléchir, méditer, porter son at-
tention vers, etc. Penser se construisait
d abord avec de, ci penser d'un malade est une
cxpr. usuelle chez les trouvères. L'esp. j)ensar
signifie de même penser et panser. Diez cite la
locution latine pensarc sitim, apaiser ou étan-
cher la soif. Pour la gmphie panser, cp. fa/*-
ccr p. tencer. — D. pansement.
PANTALON. Le nom et la chose viennent,
disent les étymologistes, do Venise, dont les
habitants portent le sobriquet Panialoni, par
allusion à leur patron, saint Pantaléon. —
Pantalon est également le nom d'un bouffon
vénitien, de là pantalonnade, — Quelques-
uns jjcnscnt que l'acception « culotte qui des-
cend jusqu'aux pieds » découle directement
de celle de bouffon, à cause du vêtement pri-
mitif des iHintalonS'himiXons. C'est une ques-
tion d'archéologie dans laquelle je ne veux
point m'en^ager.
PANTELBR, \oy. jyantots.
PANTER, t. technologique, == étendre, d'un
type latin panditare, fréq. irréguli'3r de pan-
dere, étendre? ou \iO\\v panneter [vdià. pan-
nus)}
PANTHERE. L. panthera (:Tày&»î.s).
PANTIÊRS, p. pan/itière, dopannette, dim.
du L. pannus (cp. y^a^iiieaie = pannellu.s),
filet, piège. D'autres, et peut-ôtro avec plus do
raison, allèguent le L. panthera, employé p.
filet dans Ulpien, ou le vfr. pante, filet, qui
parait être, dit Littré, le môme que le subst.
pente = ce qui pend. — On dit aussi pan-
tenne. — Dans le sons de sac à provisions de
bouche, pantière est p. panetière (voy pane-
tim*).
PANTIN; je no m'explique pas trop bien
l'origine du nom do ce joujou. Y a-t-il rapport
avec panditare, fr. panter, étendre, ou avec
j>enditare, suspendre ? D'autres ont pensé aux
jeunes gens du village do Pantin, qui excel-
laient à la danse.
PANTOIS, court d'haleine ; le pvov.pantais
est employé comme subst. et signifie essouf-
flement, au fig. aussi détresse, confusion. On
trouve encore en prov. le verbe pantaisar,
B\\sû panteiar, n. prov. pantaigea, valaquo
paniaixar, être court d'haleine Kn fr. le ra-
dical 7>a?î^ a poussé les rejetons pantoier"
(d'où le subst. panioiement), et le dim pan-
teler, haletcT. Diez déduit ces mots do l'angl.
pant, haleter, qui vient à son tour, d'après
lui, du cymr. pant, oppression. Mnller do
mando si l'angl. patzt n'est pas plutôt d'ori
gine romane et si les mots romans ne peu
vent se ramener au L. pandicidari, s'étendre
en bâillant. Le d changé en t ne m'arrêterait
pjis (cp. démantibuler), mais les sens concor-
dent-ils suffisamment? — G. Paris (Rom., VI,
6*29), insistantsur le fait que dans les dialectes
du rùiiï\,j)antaise}^, a, dès le moyen âge, à côt^S
de son sens « étreessoufllô », celui do rêver,
pense qu'il doit proprement signifier « avoir lo
cauchomar » et se rattacher à phantasiare ;
les adj. ]7a7Uais, pantois seraient ainsi ==
phantasticus . Cette opinion, partagée par
Tobler, peut soulever quelques objections,
d'abord pour l'initiale p, puis à cause dos
formes pantoier, jxinteler, mais elle est moins
risquée que celle de Caix (Ztschr., I, 428),
qui voit dans pantaiseï' une fusion du thème
jfant + 'anxiare (^ it. ansare). Le génois
pantasma « oppressione, incube », cependant,
favorise singulièrement la manière do voir de
Paris.
PANTOMIME, L. pantomimiis {navràfiiuoi,
litt. qui imite tout).
PANTOUFLE, it. pantofola, pantufola,
esp. pantuflo, ail. pantoffel. D'origine con-
troversée. Budé songeait à une composition
grecque Travrc^ii/o;, litt. tout-liège, « crepidse
quarum solum suberc constat ». D'autres ont
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PAP
— 374 —
PAP
proposé une composition de îrarscv, marcher,
et de ç?8>).o;, li<>ge. Roquefort y voyait le
L. 2)edum infiiJa^ de môme que Turnèbe
expliquait moufle (v. c. m.) par manintm
infiila. Ménage faisait venir le mot de l'ail.
pantoffel, qu'il s'était fait expliquer, par
quelque paysan de la Haut^-Bavière, sans
doute, comme une composition do ^d;?, jambe,
et de toffel, tablette, lame, semelle. Ces tenta-
tives sont dépourvues de toute valeur. Ce qui
nous semble devoir être admis en premier
lieu, c'est que le fr. pantoufle (sur lequel les
autres mots cités paraissent être copiés) est la
forme nasalisée depatoiiflet comme le prouvent
le néerl. pattuffel, et le piémont. patofle, et
que la première partie du mot est le subst.
patte. C'est à ce même primitif que se rap-
portent les expressions genev. paioufle, rou-
chi et norm. paiouf^= homme au pas traînant,
lourd (cp. fr. pataud). Ces vocables se rap-
prochent trop de notre patoufle ou pantoufle,
qui signifie chaussure trainante, pour ne pas
être tenté de les identifier, en expliquant la
valeur « homme au pas lourd » comme une
acception dérivée de celle de pantoufle,
chaussure. En tout cas, il reste à rendre
compte de la terminaison oufle, A ce sujet,
Diez, que nous avons suivi pour la première
partie du mot, émet la conjecture que patoufle
pourrait avoir été tiré de patte sur le patron
du mot manouflc, encore employé en Pro-
vence pour moufle (v. c. m.) et qui, d'après
Diez, accuse un type L. manupula p. mani-
pula. — La forme catalane plantofa n'est
qu'une détérioration de pantofla, par la trans-
position de la liquide, motivée sans doute par
une allusion au mot planta, plante du pied.
PAON, L. paco, -onis. Pour la pronon-
ciation pan, elle est analogue à celle de tan p.
taon, Zanp. Laon; mais pourquoi l'Académie
a-t-elle sanctionné la graphie paon, taon, et
répudié flaon p. flan ? Sans doute pour éviter
la concurrence depan, tan avec paon et taon.
Quoi qu'il en soit, la contraction pan, tan
contrarie la règle qui exige que la voyelle
atone a soit absorbée par la tonique o iamïn-
culus n'a pas donné ancle, mais oncle), mais
la môme irrégularité .se remarque dans les
formes verbales sonnan, trovan p. sonna on,
trova on, qui se présentent dans les Poésies de
Froissart. — D. paonne, paonneau. Le verbe
se pavaner se rattache à un adj. inusité paua-
nus, tiré de la forme accessoire latine pam«,
fém. pata (on trouve, d'ailleurs, en anc. fr.,
aussi se pavonner). Parcontraction,^aranare
a pu faire paware, d'où le torme panade' et se
panader, équivalent de se pavaner.
PAPA, L. papa, gr. Tt&nnx;, père, mot
onomatopée du langage des enfants, comme
maman. L'Eglise en a fait un titre de véné-
ration ; comme tel, papa a donné le mot fr.
pape.
PAPE, L. papa (voy. l'art, préc). — D. pa-
pal, L. papalis, d'où papalté' papauté, et
papalin, soldat du pape ; papable, papaliser,
papisme, papiste,
PAPE6AI, anc. aussi pùpegault, it. pappa-
gallo, esp., port, papagayo, prov. papagai,
angl. popinjay, ail. papagei, grec du moyen
âge TTxTtay&i, gr. mod. Trxnxy&lïoi. L'origine
de ce nom du perroquet reste douteuse. On y
a vu un composé de papa, prêtre, et de çeai
(vfr. gai) ou gallus (coq), les prêtres « ayant
beaucoup aimé à entretenir cett43 espèce d'oi-
seau *». D'autres ont recours à /)ûrM5-^a//itf,
paon-coq. L'arabe hahagà, m. s., est, selon
Diez, un emprunt, et ne le fût-il pas. le b
arabe ne devient jamais p en roman ; au con-
traire, l'arabe adoucit le p en 6 (cp. BograJt p.
Hippocrate). — Nous pensons que le mot se
compose de gai ou geai et de pape, autre
nom d'oiseau multicolore, espèce de verdier.
Ou lélément^xipe tiendrait-il à la racine jxip,
babiller (v. Tart. suiv.)? Il va de soi que nous
ne prenons pas au sérieux l'interprétation de
Génin : papegault = ({wipape le gauU, c-é^-d.
qui mâchonne les branches de la forêt.
PAPELARD, it. pappalardo, faux dévot,
anc. marmotteur de prières. Le Duchat définit
le mot par « qui trafique des bulles papales et
qui élève la puissance du pape au delà de ses
justes bornes »». Cette explication n'a aucune
vraisemblance; quant à la véritable, je l'at-
tends encore, à moins que celle do Génin
« (\x)\pape du lard en cachette tout en feignant
un régime austère » ne soit approuvée. Du
Cange n'a pas mieux rencontré en disant :
- qui popœ fréquenter exclamât ». Y aurait-
il quelque rapport avec l'ail, pappeln (aussi
hahheln), babiller, bavarder? Un papelard
serait ainsi un dévot qui ne fait que remuer les
lèvres et marmotter des prières. Enfin on peut,
en supposant un sens premier « qui fait l'in-
nocent, le petit enfant »» , voir dans papelard
une acception figurée et burlesque, tirée de
celle de mangeur de pappe, de bouillie. —
Meunier (Les composés, etc., p. 219), commo
Génin, rattache l'élément pape au verbe pa-
pcr « avaler de la bouillie »<, ou - avaler
comme on avale de la bouillie »», et définit le
mot par « homme qui mange du lard les jours
d'abstinence en recommandant aux autres de
faire maigre ». Il cite à l'appui ces deux vers
des Miracles de la sainte Vierge :
Tel fait devant le papelart.
Qui iMir derrière pape lart,
PAPEUNE, étoffe ; de pape, parce qu'elle
se fabriquait à Avignon, terre papale ^), ou
parce qu'elle servait aux costumes des paj)es,
L'angl. pope = fr. pape a donné lieu à la
forme popeline,
PAPER*, it. pappare, esp. papar, manger
do la pappe, aussi manger en général. Voy.
papelard. — Cp. esp. papaflgo, bocquefigue.
PAPERASSE, de papier-, le suffixe asse
(= ace, ache, L. acea) revêt ici, comme sou-
vent, un caractère péjoratif, cp. bestiasse,
populace. — D. paperasser, paperassier.
PAPETIER est une altération de paperier,
comme vfr. sometier\^. somerier (devenu som-
melier). Voy. Tobler, Rom., II, 244. —
D. papeterie,
PAPIER, prov. papiri, du L. papynts
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PAR
— 375 —
PAR
liticitvpoi), par rintcrmôdiaire d'un adjectif
papirùts; Ygs\). paj}él accuse, par son accent
tonique, pour type immédiat le subst.
papyrus.
PAPILLE, L. papilla. — D. papiîîaire,
-eux.
PAPILLON, vfr. paveillon, papiUot, wall.
pawian, v, flam. pepel, pimpel, du L. papilio-
nem^ d'où également le mot pavillon. — D.
papillonner. Voy. aussi l'art, suiv.
PAPILLOTE, de papillot = papillon, par
assimilation de forme. — D. papilloter; le
sens de ce mot, appliqué au mouvement invo-
lontaire des yeux, qui ne peuvent se fixer,
dérive de celui de papillonner, voltiger.
PâPIN, voy. pappe,
PAPPB, bouillie (très usité en Belgique), it.
pappa, esp., port, papa, ail. papp, angl. pap^
du L, pappa, m. s., mot imitatif du langage
des enfants. — D. papin, verbe populaire
papcr (v. cm.).
PAQUB, it. pasqua, esp., prov j)a5c«a (cette
dernière forme trahit quelque allusion au
L. pascua, pour ainsi dire nourriture en op-
position au jeûne qui cessait ce jour-là) ; du
L. pascha, gr. :ràïx«» ^u* vient de Thébreu
pesach, nom d'une des trois grandes fêtes des
Israélites, établie en commémoration de la
sortie d'Egypte ou plutôt du passage de TAnge
destructeur devant les maisons des Israélites,
car le mot hébreu signifie proprement pas-
sage. — De la forme, latine vient Vd^ày pascal,
PAQUEBOT, de l'angl. packet-boat, vais-
seau qui transporte les paquets ou les dé-
pêches.
PAQUERETTE ; cette fleur ne tire pas son
nom de ce qu'elle fleurit vers le temps de
Pâques (car elle fleurit à peu près toute Tan-
née), mais le mot est dérivé du vfr. pasquis,
ou plutôt pasquier = pâturage (L. pascuum),
« Habitat in pascuis apricis », disent les bota-
nistes.
PAQUET, SLïïgl. pachet, diminutifdunéerl.,
angl., ail. pacA, ït. pacco, BL. joacciw.gaôl.,
bret. pac. Le mot est de la même famille que
baffite (d'où bagage), et congénère avec le
L. pangere (rac. pag), fixer, lier, et le gr.
wat/û;, serré, épais. — D. paquetei; empaque-
ter. Du même radical : verbe paqiter (les
harengs).
PAR, préposition, L. per (pour e devenu
a, cp. marchand et parchemin). — Comme
préfixe, par a dans le roman la même valeur
qu'avait per chez les Latins, savoir celle de
renforcer la signification du simple, d'y ajou-
ter une idée d'achèvement. Il partage sous ce
rapport la fonction assignée au préfixe trans,
fr. très. Comme ce dernier, il formait jadis
un mot séparé, signifiant beaucoup, fort. Ainsi
on lit dans la Chanson de Roland : Sur lui se
pasmet, tant par est angoisseux; cp. l'emploi
du L. per dans « per autem, inquit, inconse-
quens n (Aulu-Geile, XIV, 1). Nous avons en-
core un reste do cet emploi dans la locution
par trop (cp. L. peiiiimium). Les verbes la-
tins composés avec per changent per en par
quand ils appartiennent au fonds commun ou
ancien de la langue (p. o\., parfait, parx>cnir) ;
ils conservent la forme per loi-squ'ils sont
d'introduction savante (p. ex.,pe7'clus, persis-
ter). — Dans les locutions « de par le roi » et
senibl., le mot 2)ar est gâU^ àc part, comme
le prouvent les termes cx^rrospondants osp. de
parte, it. da parte, prov. de part ; il en est
de même dans l'expression à par soi.
PARA-, répond, comme préfixe, au grec
Tcvpk. Toutefois, le roman ne s'en est pas servi
pour créer des composés; les mots où il se
trouve sont d'origine grecque ou latine. —
Il faut distinguer de ce para-ci celui des mots
parachute, parapluie, etc. (v. ces mots).
PARABOLE, similitude, allégorie, L. para-
bola, gr. vxp%toy/i (de nxpx-ZxlAttv, comparer).
— Le latin parahola a pris au moyen âge le
sens général de verbum, sermo, et est, par là,
devenu la source du fr. parole (v. c. m.).
PARACHUTE, objet qui empêche la chut/î.
L'élément para dans ce mot, comme dans
paravent, parapluie, etc., est emprunté de
l'italien, où on le rencontre dans para-petto,
para-sole, etc. Il vient du verbe parare, pré-
server, garantir = fr. parer (v. c. m.).
PARADE, montre, étalage. Cette significa-
tion implique l'idée de l'action préalable parer
qqch. ou qqn. pour lui faire faire belle
figure ; c'est un dérivé du L. parare, dans le
sens que lui donnait la moyenne latinité,
celui d'orner, sens qui est encore celui du
parer moderne. La terminaison ade fait sup-
poser ime introduction étrangère, soit ita-
lienne ou espagnole. On lit dans Jean Le Maire
des Belges lit de parem£nt p. lit de parade.
— D. parader. — Notez que parada est aussi
le subst. déparer, comme terme d'escrime. —
Littrô nous apprend que le sens avec lequel
le mot parade s'est introduit le premier en fr.
est celui de l'esp. parada : arrêt brusque d'un
cheval qu'on manie.
PARADIS, L. paradisus, gr. it^picimo;,
mot biblique d'extraction persane et signifiant
enclos, parc. — Voy. unssi parvis.
PARADOS, ouvrage qui « protège le dos ».;
mot formé à l'instar de parapetto, fr. parapet
(v. cm).
PARADOXE, gr. Trapi^îÇoî, ccntraire à l'opi-
nion commune (TTïoà 5oç«v). — D. paradoxal.
PARAFE, PARAPHE, d'après l'opinion cou-
rante, une forme étranglée du BL. paragra-
phus = peculiaris subscribentis nota, qui est
le gr. Ttvpx'/px^oi =- écrit en note, par
ajoute ; mais est-il bien démontré que parafe
n'est pas plutôt = gr. Ttrpxfr,, de nxpxTtruv,
annexer, ajouter? — D. parafer. '
1. PARÂ6E, rang dans la société, prov.
paratge, it. paraggio; du BL. paragium, q^ui
signifie: 1. « conditionis ac nobilitatîs paritas,
juxta quam barones debent mari tare sorores
aut amitas, fratres aut nepotes «, donc égalité
de condition sociale, 2. ipsa nobilitas. Le Vo-
cabulaire d'Kvreux traduit para^ô par cngna-
tio. Parage est donc un dérivé de par, fr.
pair; « de quel parole est-il? » équivaut à
« quels sont ses pairs ou égaux? ». Il faut
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PAU
— 376 —
PAU
absolument écarter r<^tjm. par L. pnrcre,
engoiulrer. selon laquelle parw/e ne dirait
antre chose que naissance.
'Z. FARÂ6E, (fîtenduo de côtes accessibles à
la navigation; do l'adj. 13L. juiraginSf con-
tigu, proche, itiBÀs qq paragiitSy doù vient-il?
Du gr. 7r px'/u'j, conduire ou marcher à côté ?
Il se peut que notre mot, comme le précédent,
exprime une égalité de condition, ici de 'con-
dition physique. Ou bien pavage serait-il tout
bonnement le subst. du verbe parer dans
7)are?* (doubler) un cap f — Lîttré, faisant fond
sur le BL. jmregium (xili® siècle), pense à
une dérivation du L. paries^ fr. paroi : le
parage serait la paroi de la mer. Cela me
semble hardi.
PARA6O6I1. gr. 7ror/99t/My^, addition.
PARAGRAPHE, du gr. i:a9«v;&>vo;, litt.
(signe) écrit à côté, en marge. Le mot s'appli-
quait dans le principe à un petit trait destiné
à marquer la séparation des versets ou des
subdivisions d'une composition écrite quel-
conque. Le nom de la marque, dans la suite,
est devenu celui do la chose marquée. Une
transition de sens analogue se remarque dans
le mot titre = division d'une loi. — Voy.
aussi parafe.
PARA6UANTE, présent fait en reconnais-
sance do quelque service; mot espagnol signi-
fiant « pour les gants *», - parce qu'on ne don-
nait d'abord pour un présent honnête qu'une
paire de gants ; c'est ce qu'on appelle ailleurs
le pot-de-vin, le pour boire » (Neufchâteau,
note sur Gil Blas).
PARAITRE, anc. paroistre, correspond au
L. jtaresc€i'e\ comme l'ancienne forme ^^aroî'r
à jjarërc.
PARALIPOMÊNES. pr. livres laissés d'abord
de côté, d'oii le .sens «livres supplémentaires »,
du gr. 7rftpx>!i7ro>sv9;, laissé de côté.
PARALLELE, gr. 7racàU»ï>9», litt. près l'un
de l'autre. — D. parallélisme; cps. parallô-
logrammt\ gr. 7r7pa».ïjîoy.',a/*/i9v. •
PARALYSIE, gr. Ttrpic)uTi;, dissolution
(ffat|&aiûiiv) ; ààj. jjarafytiqite, gr. wa/ax/uri/c^.
De paralysie, on s'est permis de dégager un
xci'hG factitif jioralyser ; le \iVos. parai iticar
est formé correctement. — Les Anglais ont
estropié paralysie en palasye, puis palsy,
PARANGON, autr. paragon, 1. comparai-
son; 2. terme de comparaison, modèle, pa-
tron ; esp. paragon, parangon, it. paragone.
Le mot est d'origine espagnole : il est formé,
d'après Diez, do la formule prépositionnelle
2H.ira con exprimant comparaison ; p. ex., « la
criaturapa7'rt con cl criador », la créature en
comparaison du créateur. — On a dit elpara
con (adouci en el paragon), comme nous di-
sons le pourquoi, le dedans, etc. — L'étym.
de Diez n'est pas fondée, prétend Tobler (Grô-
ber, Ztsclir., IV, 373); elle pèche par divers
côtés. Le mot, d'ailleurs, est plus ancien en
Italie qu'en Kspagne, et signifie « pierre de
touche y> en premier lieu, d'où les sens
« é[)reuve, essai, modèle, qui sert do base i\
la comparaison, etc. »». L'étude de Tobler fait
voir que rit.;)ara<7o;?e est issu du verbc^wro^o-
?»rt>v, •» frotter à la pierre de touche, essayer "
(le premier sens serait dans ce cas • essai »).
Or, parogonare répond parfaitement au gr.
TTx.oa/ôvâcw, « frotter contre », un composé de
à/6và«, « aiguiser, affiler », qui vient do
à/ovïî. « queux ». On trouve même en moy.
grec le subst. itxiiCKAÔvf) comme nom de la
pieri-c qui sert aux miniat«urs pour l'imposi- .
tion de l'or. — Il y a longtemps qu'on s'ét«it
efforcé à trouver à ce mot un type grec, et
l'on a tourmenté à cet eflbt tantôt le verbe
:ra/5à/iiv, conduire, mettre à c<^té, tantôt tsx9->-
ywvijîîàyi, lutter. Nicot disait alors que c'était
« le rapatrier trop loing ». — D. parangonnet\
PARAPET, petit mur à hauteur d'appui ; de
l'it. para-pctto, litt. = qui garantit, protège
[para] la poitrine (petto). L'ail, a imité le
terme en disant brust-wehr, pr. défense de la
poitrine. Le petto italien est le L. pdctiis,
l*onr para, voy. parachute,
PARAPHE. \'oy. parafe.
PARAPHERNAL, du gr. 'Kxpk-fi^^-ii (de
Tcypx fipvrj'j, en dehors de l'apport ou de la
dot).
PARAPHRASE, gr. ^tzpkfpx-^i;, dévoloppo-
ment explicatif. — D. paraphraser.
PARAPLUIE, voy. parachute.
PARASITE, gr. Trx/jâçir-^. litt. qui mange
(7iTiî»a7i) avec, ou plutôt à côté.
PARASOL, do l'it. para-sole. Voy. para-
chute,
PARATONNERRE, voy. parachute.
PARAVENT, do l'it. para-vento, qui em-
pêche le vent. — Voy. parachute.
PARBLEU, anc. jmrbieu, euphémisme
pour jxtr Dieu ; cp. sacrebleu, morbleu.
PARC, pr. enclos où l'on renferme du gi-
bier, prov. 2iarc, pargue, it. parco, esp., port.
jMrque. Le mot bas-latin jMrcus, qui a fourni
tous ces mots (ainsi que néerl. pei'k, ail.
pfoi'ch, ags. peannic ot les formes celtiques
paire, parc ci par wg), pourrait bien, t^l est
l'avis do Diez, appartenir au vieux fonds latin
comme subst. verbal do parcere, épargner,
pi*éserver, garantir. Le linguiste allemand
rejette comme primitif l'ail, bergen, protéger,
cacher, par la raison que Tinitialo p dans
pHirc lui semble incontestablement originelle,
ot quant à l'origino celtique, proposée par
Diefenbach, il la repousse, parce que les mots
celtiques lui font l'effet d'être tirés du dehors.
— l). j)arquei\ cmjiarqïier, parquet (v. cm.),
PARCELLE, ït. particella, du L.particeila
p. particula, dim. de pars, partis.
PARCE QUE. p. ]iar ce que, c.-à-d. par
cette raison (par le fait) que.
PARCHEMIN, vfr. parcamin,' prov. par-
guamina, du L. pergamenuni, charta ^>t*r^a-
mena, do Pergame, où l'on a fabriqué les
premiers parchemins. Le durcissement de^
en c est insolite L'allemand dit plus correc-
tement pc7'gament.
PARCIMONIE (mot savant), L. parcimonia
(parcere). — I). parcimonieux.
PARQONNISR, qui a sa portion dan^^ un
partage. Du subst. vfr. parço.i, parson, pi-ov
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PAU
— 377 —
PAR
parufi, qui ropn^-^nto, non pas, comme dit
Garliof , le L. pnrtUn}CtHf miis bien lo L. ^xir-
titinnnn
PARCOURIR, L. percurrerc; subst. imr-
coitrs.
PÂRDL de rit. per Dio.
PARDON, subst. verbal de iHirdonncr.
PARDONNER, du BL. pcr-dmiare, litt.
faire abandon complet, faire grâce ; cp. l'équi-
valent ail. vergeben, angl. for-gite. — Le
latin classique disait condouare, — D. jmr-
(ion, pardonnable.
PAREIL, prov. parelh, it. parecchio, osp.
jMrejn; c'est le BL. 7>aric«/iw (Loi salique).
dim. do ;jar. — D. appareille?' (v . c. m ). de-
j)areiller.
PARELLE, parella, lat. rumox, lapathum,
catalan jmradella. — Diez pensait à L. pra-
tum, parce qu'Horace a dit : « lapathi prata
amantis •» ; mais il faudrait alors passer par
un tjipQpratellum, dcycm\ paratcllit m, ce qui
est foixé. Le lat. paratella du Pseudo-Macer
parait emprunté au catalan. Une formation
lapatella, devenue, par transposition de con-
sonnes, palatella, j)aratell-a, n'est qu'une sim-
ple conjecture. — Notez encore qu'en wallon
on dit ^x>rd/^, porêle (cp. dans ce dialecte
)X)rcche, paroisse, p. paroche),
PAREMENT, L. paramentiim (S. Aujr.),
ornement, spéc. garnitures du devant d'un
habit, d'une robe, d'une manche, de jiarare,
orner.
PARENT, L. jm^^^^^^f^^- — H. j^areiitage,
vieux mot remplacé 'par parenté; ce dernier,
anciennement masculin, répond au subst. BL.
parentatus; parentèle (cp. pour la forme clien-
tèle,; verbe apparenter,
PARENTHÈSE, L. jtarcnthesis, gr. tcx^-
«vï!7i;, pr. action d'insérer une chose à côté
d'une autre ; adj. imrcnthéHque, gr. Tra^^îv^j-
Tl/OJ.
1 . PARER, apprêter, orner, du L. parare,
apprêter, dans la latinité du moyen âge =
orner. — D. parement ^ parure ^ jtarade, ré-
paret\
2. PARER, écarter, détourner, éviter (un
coup), ail. pariren. Cette signification de
parer découle de c-elle propre au paret* de
l'art, préc. par l'intermédiaire do l'acception
• soigner, mettre à couvert, protéger », accep-
tion inhérente au BL. parare et qui perce
encore dans les expressions it. para-petto^
jiara-sole {CCon fr. parapet, ^mrasol). On peut
comparer, pour le rapport logique, le L. de-
fendere, qui signifie à la fois détourner, re-
pousser et protéger. — Pour bien apprécier
notre manière do voir, il faut ne pas perdre
de vue que la construction naturelle de parer
est se parer d^ ou contre qqch . ; les construc-
tions ^iarer gqch. ou à qqch. sont survenues.
J'ai pensé longtemps que ;)argr A qqch. répon-
dait au L. parem esse aliciti rei = se mesu-
rer avec, nVsister, tenir .této, mais je me suis
ravisé. — D parade.
3. PARER un cap, le doubler, du L. ;jar.
C'est donc suivre parallèlement la même ligne
que celle de la terre que l'on côtoie. L'étym.
p!\r gr. Tc-p\ autour, n'est pas sérieuse. —
Voy. aussi juirnyc 2.
4. PARER, dans jkircr une poiiv. la poler,
= prov. jmrar; lo sens découle facilement
do parare^ apprêter, et il serait p:ir trop
aventureux d'y voir une modification littérale
de peler.
PARESSE, prov, pereza, vfr. j)erece, it.
piffresza, esp., port. ^>er6»^a, du L. pigritia,
— Lo gr. TzkptiKi (;rap-ti;/uii), relâchement, lan-
gueur, no peut en aucune manière être invo-
qué comme primitif do paresse. Lo voisinage
de la forme et l'affinité de sens sont fortuites.
— D. paresseux, ^><irejr*cr.
PARFAIRE, de par -f- faire, d'après l'ana-
logie du L. pej'ficere.
PARFAIT, adj., vfr. parfit (cp. confit), du
L. perfectus.
PARFILBR, = filer (effiler) tout à fait.
PARFOIS, p. par fuis (cp. ail. zu-weilen,
pr. par moments).
PARFUM, voy. l'art, suivant.
PARFUMER, litt. pénétrer ou imbiber do
fumée, et particulièrement de fumée agréable,
odorante, d'un type latin jyerfamare, cp. en
ail. durch-rùuchern, darch-diiften, — D.
subst. verbal parfum, parfumeur, -crie.
PARI, voy parier.
PARIA, mot indien, désignant la dernière
caste des Indiens.
PARIER, pr. joindre deux cho.<«es égales,
mettre valeur contre valeur ; do là l'acceplion
gager (A met une somme pour, B une somme
égale contre), du L. pariare (par), égaliser,
balancer un compte. Jadis, ^janer signifiait
commo l'ail, jmaren, accoupler; do là est
resté le terme de chasse />arfaî/c. Aujourd'hui,
on emploie dans ce sens plutôt lo composé
apparier.^ — D. jm^i* subst. verbal ; parieur,
PARITÉ, L. jiarilatem (par).
PARJURE, 1 . adj. =» L.per-jurus; 2. .subst.
= L. perjurium ; se parjurer = L. pcr-
jurare.
PARLEMENT, subst. do parler, pr. entre-
tien, conférence, puis assemblée délibérante.
— D. parlementer, conférer, négocier; par-
lementaire, -arisme.
PARLER, it. pariare, esp., prov. parlar.
Le verbe parler présente dans .son anc. conj«i-
gaison deux thèmes: 1. jxxro/ dans les formes
portant l'accent sur le corps du verbe (ainsi
je ou il parole); 2. }}arl dans les formos ac-
centuées sur la finale (ainsi nous parlons, jo
parloie, inf. parler). Lo système actuol est
l'efl'ot d'une dégén4resconce ; lo thème djs
formes accentuées sur la finale a fini par rem-
porter. Un infinitif paroler 0.4 étranger à
l'ancienne langue. Lo mjt représente BL.
parabolare (voy. parole). — D. parlemvit
(v. c. m.); composé pourparler. Notez encore
les vieux mots bien emparlé et emparlier,
avocat, d'où emparleric.
PARMI, = par mi, it. pcr meszo, du L.
per mulium, au milieu de; cp. le vfr. emmi
.= in tnedio — Confjrmémont à. son origine,
parmi signifiait autrefois aussi « au m >yon
do, moyennant ».
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PAR
— 378
PAR
PARODIS, L. parodia, gr. îra/s^iJi'», pr.
contre-chant. — D. parodier.
PAROI, prov. paret, it. parete, du h. parie-
tem [nom. paries).
PAROISSE, anc. paroiche, it. parrocchia,
esp., prov. parroquia, BL. parodia, gâté du
grec irxp&iyixy d'où le h.parœcia (saint Augus-
tin), source directe du mot roman. Le mot
grec signifie pr. voisinage; la paroisse est,
dans le principe, l'ensemble de ceux qui
demeurent dans le voisinage d'une église. —
D . paroissien , -iàl .
PAROLE, anc. paraule, prov. paraida, it.
parola, anc. ït.parauïa. Cette dernière forme
est directenient produite du L. paraboJa, pa-
rab*la, par la résolution de b en i« (cp. L. fa-
bula, it. fola, prov. fauîa; L. tabula, prov.
taula, fr. tôle). Par l'interversion des liquides,
l'espagnol a fait du type parab'Ia la forme
palabra. La substitution du terme parabola
au L. verbum est motivée, d'après Schlegel,
par une espèce de respect pour le sens reli-
gieux et mystique prêté au mot verbe. Mais
parabola, gr. itxpxîoU (ail. parabel) n'est-il
pas aussi un terme biblique? D'après Max
Muller, l'extension donnée dans les langues
néo-latines au mot parabola s'est faite par
imitation de l'ail. v>art, qui de bonne heure
avait pris le sens de proverbe propre au L.
parabola; ce dernier mot roman étant em-
ployé, dans ce sens, pour traduire le mot ail.,
il a fini par traduire aussi celui-ci dans son
acception primitive et générale. Cette explica-
tion nous semble raisonnable ; les cas sont
nombreux où se manifeste l'influence germa-
nique dans les formes et les acceptions prêtées
aux mots de source romaine. — D. parler
(v. c. m.).
PAROTIDE, gr. Ttxpurli, -iSot (de nap&, près,
et oZ;, wTo'î, oreille).
PAROXYSME, gr. Tcxpo^v^fiô;, excitation,
irritation (TraosÇûviiv).
PARPAILLOT; ce sobriquet des protestants
vient de Jean Perrin, sieur de Parpaille, pré-
sident à Orange, que Fabrice Serbelloni, pa-
rent du pape, fit décapiter à Avignon en 1562.
Ixs autres étymologies mises en avant (vfr.
parpaillot, prov. parpailleux, pçipillon ; par-
pillote, petite monnaie) n'ont aucun fonde-
ment.
PARPAING, pierre qui tient toute l'épais-
seur d'un mur; aussi pierre parpaigne;
d'après Littré, c'est un composé de per, d'outre
en outre, et pan, altéré on paignc. L'ail,
appelant la pierre dont il s'agit durchbindcr,
vollbiuder, je décompose /)a77>aî;î^ phitôt par
per + pavgere, planter, fixer.
PARQUE, h.parca.
PARQUER, mettre dans un parc (v. c. m.).
PARQUET, dimin. de parc (v. c. m.), donc
litt. = petit enclos ; de là : espace réservé
aux juges ou aux officiers du ministère public
dans un tribunal ; lieu des agents de change
à la bourse ; plancher à compartiments, etc.
— D. parqueter, -eur, -erie,
PARRAIN, vfr. parrin, prov. jmrin, it.
patrino, esp. padrino, du BL. patrinns
(pater).
PARRICIDE, adj. et subst., resp. du L.
parricida etparricidium.
PARSEMER, voy. semer,
1. PART, subst. masc.., L. partits [yiSiTere).
2. PART, subst. fémin., portion que l'un a
ou que l'on prend dans une affkire, puis =
lieu, côté, du L. pars, partis. A la dernière
acception, « lieu ou côté », se rapponcnt les
locutions quelque part, de toutes parts, départ
en part, à part (prov. a part, it. a parte). Si,
dans la formule de par le roi, le par est pour
part (voy. par), il y a eu confusion en sens
inverse, dans les locutions à part moi, à part
soi, que les anciens écrivaient à par moi, à
par soi, conformément au L. per se, ail. bei
sich, angl. bt/ himself. — La locution pren-
dre en bonne part (du bon côté) est latine : in
bonam partem ou in bo7ias partes accijicre
se disait déjà du temps de Cicéron.
PARTAGE, voy. partir. — D. partager.
PARTANT, adverbe, = par tant, per tan-
tum, pour t«lle raison. Cp. pourtant.
PARTENAIRE, forme francisée de Tangl.
partner, associé (dér. de part).
PARTERRE, aire plate et unie; c'est la lo-
cution adverbiale par terre substantivée.
PARTI, subst., voy. partir, — D. partisan,
partial (voy. ces mots).
PARTIAIRE, L. partiarius,
PARTIAL, d'un type BL. partialis*, auquel
se rattache également la forme partû;/. L'adj.
en al se rapporte, pour le sens, au primitif
masc. parti; celui en el, au primitif fera.
partie. — D. partialité., impartial, se par-
tialiser.
PARTICIPER, h.participare,àév. de l'adj.
particeps (= qui partem capit), d'où vient
également le terme de grammaire subst, par-
ticipium, fr. participe. — D. participation,
PARTICULE, L.particula (pars), petite par-
tie. Voy. aussi parcelle. — D. particulier,
L. particularis, pr. qui ne se rapporte qu'à
une petite partie et non pas à la généralité, cp.
spécial =i qui se rapporte à une espèce, et
singulier = qui se rapporte à un seul.
PARTICULIER, voy. l'art, préc. — D. parti-
cularitJ, -ariser, -arisme.
PARTIE, subst. participial de partir = di-
viser; BL. et it. partita, esp., port., prov.
partida.
PARTIEL, voy. partial,
PARTIR, diviser, séparer, L.paWin'.Lcsens
premier et actif de partir n'est plus guère
conservé que dans le langage héraldique
(u parti d'or et de gueules ») et dans la locu-
tion « avoir maille à partir ». Biaise de Mont-
luc disait encore : « pour s'entre-parti r ce
royaume », et Montaigne : « tout le monde se
voii parti pour trois belles ». A ce sens pri-
mitif se rattache aussi le nom àes jeux partis.
Le moyen âge employait le verbe partir pro-
nominalement et disait se partir^, se séparer,
s'éloigner, s'en aller ; cett« même valeur est
restée au verbe dépouillé du pronom réfléchi,
tel qu'il est en usage aujourd'hui. Comparez
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PAS
379 —
PAS
en ail. scheiden, = diviser en deux, stch
scheiden, se séparer, puis scheiden^ sens
neutre, -= partir. — D. 1 . les subst. do l'action
partement (vieux, aussi = division) et i^ar-
tance (le subst. départ du composé départir
a prévalu sur ces deux foraies); 2. les subst.
de résultat, à forme participiale, l'un mascu-
lin, l'autre féminin, savoir />aW2e (v. c. m.) et
parti, pr. la part que l'on prend, le côté où
l'on se tourne dans un partage d'opinions (cp.
l'expression latine partes), enfin, le lot qui
vous échoit, situation, etc. — Le subst. latin
partifiofiem, partage, division, classification,
n'existe plus que dans le terme musical parti-
tion ; les anciennes formes vulgaires ^jar^on et
partisan se sont perdues (voy. parçonnier).
— Composés : départir (v. c. m.) et répartir
(v. cm.).
PARTISAN, de Vit. partigiano, dérivé de
parte (comme artigiano, fr. artisan, de arte).
Autrefois, partisan désignait le chef d'une
bande de troupes légères, de là vient (outre la
signification militaire attachée encore au mot)
le nom d'une arme appelée en it. partigiana^
angl. partisan, et que les Français, par une
fausse assimilation à l'adj . pertuis = percé,
ont gâté en perttiisane. — 11 faut se garder
de considérer partisan comme formalement
et directement dérivé de parti.
VARTITIF, t. de grammaire, = qui dési-
gne une partie d'un tout, h.paHitiviis*.
PARTITION, voy. partir,
PARTOUT, = par tout; cp. l'ail, iihcraîl.
PARURE, voy. parer.
PARVENIR, L. per-venire. — D. parvenu.
PARVIS vient du L. paradisus, qui dans la
latinité du moyen âge avait pris le sens do
parvis; d'abord parai», puis (par l'intercala-
tion euphonique d'un v)paravis, parevts, en-
fin (par syncope) 2)an«5. On sait que le sens
fondamental de paradisus est « lieu clôturé ».
1. PAS, mouvement de jambes, L. passus.
Exprimant une petite étendue de terrain (la
mesure d'un pas), ce mot a servi, comme
goutte, point, mie, à renforcer la négation;
« je no vois pas •» équivaut litt. à « non video
passum ». — De pas vient, d'après l'opinion
reçue, le verbe passer {v. c. m.). — Voy. aussi
compas.
2. PAS, dans « pas de porte, pas de Ca-
lais » et plusieurs applications technologi-
ques, est le subst. verbal de passer. C'est
donc un synonyme de passage, défilé, détroit,
équivalent ait., port, passo, esp. posa, prov.
pas, ail. pass, « On choisissait d'ordinaire un
passage étroit pour y attendre l'ennemi, et
cette habitude donna naissance à ce que,
dans les mœurs chevaleresques, on appelait
un pas d'armes » (Qachet).
3. PAS, élément de formule négative, voy.
pas 1.
PASCAL, adj. de pasque* pâque (v. c. m.).
PASQUIN, de l'it. pasquino, nom d'une sta-
tue à Rome, contre laquelle on afiîchait des
placards satiriques; de là it. pasquinata, fr.
pasquinade. Le nom do la statue vient, dit la
tradition, d'un nommé Pasquino, tailleur re-
nommé qui se plaisait à lancer des brocards
aux passants. — Lit. pasqnillo (fait, comme
suppose Diez, sur la base do pasquinolo) est
synonyme de pasquinata et a donné aux Alle-
mands leur pasquill et aux Liégeois leur
paskeic (chanson siitiriqiic).
PASSABLE, voy. jHisscr.
PASSADE, prov., port, passada, esp. jm-
soda, it. passata, passage, traversée, de ^ms-
sare, etc.
PASSAGE, prov. passatge^ esp, pasage,
port, passagem, it. passaggio, 1. action de
passer, 2. lieu par où l'on passe, puis endroit
particulier dans l'ensemble d'une composition
littéraire ou musicale. — D. passager, adj. et
subst. (aussi verbe, comme terme de ma-
nège).
PASSAVANT, ^.passe-avant, billet portant
ordre de laisser passer ; cp. le terme passe-
debout.
1. PASSE, subst. verb. féminin (cp.pa* 2),
do passer dans ses diverses acceptions. — D,
àim. passereIIe,T^8LSsaige ou ponton étroit pour
les piétons; passette, impasse (v. c. m.).
2. PASSE, fauvette, du h. passer, —Com-
posés : passe-bleu, passe-vert, espèces de pas-
sereaux ; passe- folle, espèce de mouette.
1 . PASSEMENT ; ce terme, en tant que si-
gnifiant une espèce de bordure d'ornement,
ne parait pas dériver en ligne directe de pas-
ser, comme on serait tenté de le croire, d'au-
tant plus que l'on dit passer un lacet, etc.
C'est, selon toute probabilité, une francisation
de l'esp. pasama7io, d'où aussi it. passamano.
Le mot esp. signifie proprement une rampe
ou balustrade (« por que pasamos por el la
mano » suivant l'explication de Covarruvias),
puis par extension bordure en général et spé-
cialement passement. On a rendu la terminai-
son man conforme au suffixe ment habituel.
— L'ail, a gâté le mot primitif encore davan-
tage et en a fait posament.^D. passementier,
-erie.
2. PASSEMENT, action de passer une chose
à l'eau ou autre liquide.
PASSE-POIL, liseré; comment se rendre
compte de ce composé?
PASSER, it. passare, esp. pasar, prov.,
port, passar. Diez est d'avis, sans rien affirmer
pourtant, que ce verbe, qui parait avoir dès
le principe une signification transitive, est
plutôt une forme fréquentative du L. pandere
(sup. passum), =» ouvrir, fendre, séparer,
qu'un dérivé direct du subst. passus, pas. L'it.
a de la même façon tiré spassare, se récréer,
s'ébattre, du L. ex-pandere. « Pandere rupem » ,
c'est ouvrir le rocher, faire un passage à
travers le rocher; « panduntur intcr ordines
vise », signifie : des passages sont ouverts
entre les rangs. Passare serait donc d'abord
= ouvrir, donner passage, laisser ou faire
passer, puis passer en sens neutre, c.-à-d.
aller à travei-s, aller d'un bout à l'autre,
passer devant le regard pour disparaître en-
suite.On trouve ce verbe comme élément ini-
tial de composition dans une foule de subst.
servant à dire, soit * qui passe ou fait passer.
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PAS
— 380 —
PAT
p. es. -.passe-cwdo^u passe- fil, passeport ; soit
«• qui surpasse, qui outrepasse», p. ox.ijxisse-
droit, jMsse-fletfr, dans une foule dcsubst. eom-
Iiosés. — V.pas = passage; joo^jfc, passable,
passade^ -âge, -ant, -atÎMi {éCxm acte), -emnit
(v. c. m.); passé, adj. et suhst; passée, pas-
seur, jxissotre. Composés : compasser (voy.
compas), déliasser, ov.trepasse^' rejiosser, sur-
passer, trépasser. Notez encore la locution
tour de passe-pjasse, « qui vient de ce que les
joueurs de gobelets, en faisant leurs toui-s,
disent souvent liasse, passe ». — Génina traité
la question de savoir si certaines applications
du verbe 7)aMer, telles que : se passer de gqch,
(autr. on disait sans gqch .). passer condam-
nation, se passei' ime fantaisie, je vous la
passe, n'appartiennent pas à un passer homo-
nyme, c.-à-d. à une forme fréquent, du L.
pati, souffrir, subir, tolérer. Je nui pas
encore d'opinion arrêtée à ce sujet, mais je
crois que cette manière do voir est légi-
time; Froissart emploie souvent se souffHr
dans les divers sens do se jxissçr, c.-à-d. se
contenter et s'abstenir. Je jwurrais rappeler
encore de nombreux passages de nos trou-
vères, tels que celui-ci du Cléomadès d'Adenet
le Roi :
Bien fait Irgièremeni pfwnn'
Co que on ue peut amender.
Passer == passari\ tolérer, admettre, ex-
plique fort bien aussi l'adj. \fv. passe, reçu,
admis, certain, et notre adj. passable, tolô-
rable.
PASSEREAU, du L. jtassercllus (inusité),
dim. de passer. — Cp. jMSScret, émerillon.
PASSERELLE, dimin. Repasse 1.
PASSIBLE, L passibilis (pati), susceptible
de souffrir; de là impassible, non susceptible
de souffrir ou d'être affecté ou ému de qqch.
PASSIF, L. ixissimts (pati). — D. passiteté
et passitite.
PASSION, L. passionem (pati), souffrance,
mouvement de l'âme. — D. passionnel* ^ mettre
en état de passion ou d'affection vive.
1, PASTEL, do rit. liasteUo, qui est un di-
minutif de pasia, pâte, le j)astel étant un
crayon comjiosé avec une pâte de couleurs pul-
vérisées.
2. PASTEL, plante do teinture, guôde;
comme le préc, de pjasta, pâte, parce qu'on
en faisait de petits gâteaux.
PASTBNADB, voy. panais,
PASTENAGUB, poij^son, L. pastinaca.
PASTEQUE, port, paleca, de l'arabe balicha,
courge, melon d'eau.
PASTEUR, du L. pastôrem, berger, litt.
celui qui fait paître (pasci, sup. pastum) le
troupeau. Le même primitif latin, sous la
forme du nomin. pâst&r, s'est francisé en
fjâtrc, vfr. pastre, paistre; cette dernière
forme était, dans la vieille langue, réservée au
cas-snjct, l'autre aux cas obliques. — D. pas-
toral, L pastoralis;/>a5<ot{rpaït, -elle, dimin.
de l'auc. forme j)astour ; pastourelle, poésie
pastorale.
PASTICHE, de l'it. pasticcio, m. s. (dérivé
i\c2Mista,\\i\to)^ 1. « vivanda cotta entro a
rinvolto di pasta », pâté de viande, 2. « mi?-
tura di varie cose », mélango, pot-|)tiijrn.
Nous laissons à d'autres le soin d'établir rom
ment de ces significations a pu se |»rodiiiro la
valeur du mot en tant que signifiant* i)ein-
ture d'imitation n. Entendait-on d'abord
qualifier par là un travail de pièces rap|)or-
técs d'après divei-ses manières, non originales?
Il va de soi que l'étym. L. posf, après, d'après,
est réprouvable; pastiche n'est pas une va-
riante de postiche. — D. pasticher.
PASTILLE. L. pastillnm (de pasta, pâte).
PASTORAL, PASTOUREAU, -ELLE, voy.
pasteur.
PAT, t. d'échecs ; d'origine inconnue.
Tir, pas t\ L. pastus (pascere). Voy. aussi
rejjas.
PATACHE, it. patascia, csyi. potache, néerl.
pctas; d'origine inconnue.
PATARAFFE, corruption populaire àe pa-
rafe.
PATATE, esp., it. jmtata, angl. potatoe;
mot américain.
PATAUD, propr. chien à grosses pattes.
PATAUGER, dial. liotoia-, patouiller, jxdo-
qucr, dér. de patte ; voy. aussi patrouille et
cp. l'équivalent ail. pcUschen.
PATE, poste*, it., esp., port, pasta, du L.
pasta (Marc. Empirions) Le mot latin est-il
du vieux fonds de la langue, ou tiré soit de
pascere (donc pr. nourriture), soit de TriatTc;
= formé (supposition fondée sur l'esp.^/cwte,
= argile, pâte)? L'examen de cette question
nliîst plus de notre tâche. — D. pâté (part, du
BL jmstarc, mettre en pâte), cp. vAX.pastdf;
pâtée, pdteux, pâton; Vît . pasticcio, — pâté
(voy. pastiche), a fourni les formes palisser,
2)àtissier, -e7'ie; verbe empâter, d'où le subst.
savant impastation.
PATELIN, du nom du principal {personnage
d'une farce composée vers la fin du xv* siècle,
— On se demande si le nom de ce person-
nage est de pure fantaisie ou s'il représente
une idée. A ce sujet, Ducange et Le Duchat
ont pensé que paXelin était une corruption do
patt^Hn, hérétique vaudois qui séduisait ses
auditeurs par son beau langage. Ducange
allègue un texte du xiii* siècle, où paterin
est expliqué par déviseur, parleur. M. Brinck-
mann est d'avis que le nom du héros de la
pièce vient plutôt de l'adj. patelin, qui aurait,
selon lui, préexisté, et dans lequel il voit une
épithètc du chien « qui donne la patt« » pour
soutirer un bon morceau. Il se fonde sur co
que le terme jiotelineur est employé dans la
pièce môme (« que do patelineursî •). J'in-
cline vers l'opinion du sîivant allemand ;
seulement, je serais plutôt porté à voir dans
jtateUner une forme diminutive do patiner,
c^iresser fcp. angl. pai, caresser).
PATÈNE, L. patena, plat.
PATENOTRE, francisation àepater noster,
premiers mots de l'oraison dominicale, appe-
lée aussi vulgairement ^mter tout court. Du
sens dérivé chapelet vient le nom industriel
patenôirier, fabricant do chapelets.
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PAT
— 381
PAU
PATENT, L. patejUem, ouvert, libre, dé-
couvert; do là lettre patente et patente tout
court. Cp. l'expr. analogue manifeste. — D.
2}atenter.
PATER, voy. patenôtrc,
PATERE, L.patera, coupe, plat.
PATERNEL, extension du L . paternus (fr.
paterne}, d'où pateimitas, fr. paternité,
PATHÉTIQUE, grec 7rxô>,n/o;- émouvant,
dér. secondaire de Ttx^oi, souffrance, passion,
affection, en fr. pathos. De ce mémo subst.
Tzx^OA vient le terme savant pathologie, traité
ou science qui traite des affections maladives.
PATHOS, PATHOLOGIE, voj. pathétique.
PATIBULAIRE, dér. du L.pa'ibiUum, gibet.
1. PATIENCE. VOJ. patient.
2. PATIENCE, plante (rumex paticntia);
d'origine inconnue. Littré cite le bas-ail. ^>a-
tich, qu'il croit gâté, par aphérèse, du L.
laïKLthitm^ m. s.
PATIENT, L. jm'ientem = qui souffre. —
D. patience, L. paticntia; patientey^; impa-
tient.
PATIN, it. pattino, angl. paJtten, d'abord
«ne espèce do soulier fort haut; dérivé (ou du
moins de la famille) de paiie. Ou bien le v.
flam. plattyncn =* soulier de bois (soulier
plat f" doit-il faire ex[)liquer |?a/ par une alté-
ration iXeplat f — D. patiner,
PATINER, 1 . terme familier, = manier ou
tâter, dér. de paite = main; 2. glisser sur
la glace avec des patins,
PATIR, du h.patiri, forme barbare p />rt^i
^cp. mourir de moriri p. mori]. Comment
justifie-t-on le circonflexe dans pàtir f Le com-
posé compatir n'en a pas.
PÂTIS, L. pasticius p. pasticiis, dér. de
pastum, supin àepascere, faire paître.
PÂTISSER, -1ER. -ERIB, voy. pâte.
PATOIS; d'après Ménage, approiivé par
Littré, p. patrois, qui représenterait BL. pa-
tricnsis, indigène (cp. pour la chute de l'r
prov. ;>cUt, pays, et vfr. jmtois, localité, pays ;
dans le Midi, on dit patois p. compatriote).
Cette étymologie doit prévaloir sur toutes les
autres qui ont été produites ; aussi je ne rc-
j)résent43rai plus mes arguments en taveur
d'une explication par jî/atow, langage du plat
pays. — Je cite encore l'opinion de M. de
Chambure (Glossaire du Morvan), qui rattache
le mot à paite, patauger, patouiller. - Parler
patois « rendrait une idée analogue à celle do
bredouiller, barboter, i)atAuger.
PATRAQUE, machine usée ou mal faite.
D'origine inconnue. On emploie particulière-
ment ce terme pour une montre de peu do
valeur ; cela fait penser à y voir une expres-
sion burlesque et populaire, empruntée à
patraque, terme populaire p. pomme de terre,
à cause de la ressemblance de forme. Le peu-
ple dit de môme pour une montre épaisse, à
l'ancienne mode, un oignon.
PÂTRE, voy. pasteur.
PATRIARCHE, L.])at7*iarcJia, gv.nxz^ixpyri:.
— D. patriarcal f -at.
PATRIE, L. patrla. — Lo m )t e$t étranger
à laucienno langue.
PATRIMOINE, L. patrimonium, doù l'adj.
patHmonial.
PATRIOTE vient, avec modification du sens
du gr. •KXTfit'ûTnit compatriote. — D. patrio-
tique, -isms,
PATRON, protecteur, maitre, L. patronu^.
— L'acception « modèle n qu'a prise le mot
patron (ail. patrone, angl. pattern) repose sur.
une métaphore ; le modèle impose la loi ou
prête son assistance comme un patron. —
1). patronal, -âge, -at; vorho patronner.
PATROUILLE, forme primitive patouille,
it. pattuglia, esp. patrulla; subst. du verbo
patouiller, patrouiller, qui a eu et a encoro,
dans les patois, la mémo valeur qwo patauger
(v. c. m.); comme ce dernier, il vient do
patte, terme vulgaire p. pied. — Patrouiller,
terme militaire, est donc une expression pure-
ment populaire p. faire la ronde ou le guet ;
pr. marcher gravement au pas.
PATTE ; ce synonyme de pied appartient d
la racine pa* ou pot, largement répandue dans
les langues européennes avec la signification
de chose plate, de pied, de marcher. Nous no
rappellerons ici que le gr. r.àTOi, pied, TtxTilv,
marcher; vha pad, mha. pcUa, bas-ail. pote,
ail. modv pfote, patte ; L. ped (nom. pes p.
peds), pied = sansci*it joarfa, m. s.; saxon
padden,pedden, marcher. De la même famille
relèvent les mots îv. pataud, patauger, patin,
patrouille. — La racine équivalente p/o* n'est
qu'une variété de poi. — D. pattu.
PÂTURE, ;î<wficrc*, L. pastura (pasccre). —
"ù. pâturer, -âge, paturon (v. c. m.).
PATURON, it. pasturale, dér. du vfr. pas-
ture, corde pour attacher les botes qui paissent
= it. pastoja, BL. pastoria (de pastum, supin
àQpasci, paître). Le mot désigne pr. la partie
de la jambe du cheval où se mettait isipas-
lure, L*all. fessel a de même les deux accep-
tions. C'est au vfr. pasture que se rattachent
aussi les composés empctrcr et diijhHrcr (voy.
ces mot^j.
PAUME, L.palma (TtxXxuri). — D. paumer,
pr. frapper avec le plat de la main en signe
de la conclusion d'un marché, puis fixer la
mise à prix, d'où paumée, prix de l'adjudica-
tion dans une enchère ; ces valeurs des mots
paumer et paumée, très usuelles en Belgique,
manquent dans les dict. de l'Académie et do
Littré; ils ne portent (\\\q paumer, donner un
coup du plat do la main, et mesurer avec la
paume. — Le jeu de paume a reçu son nom
parce que primitivement, on lançait la ballo
non avec une raquette, mais avec la paumo de
la main. — D. paumelle.
PAUMELLE, espèce d'orge, de L. pal ma, à
cause do la ressemblance dos épis avec une
petite palme.
PAUPÉRISME, néologisme tiré du L. pau-
per, pauvre.
PAUPIÈRE, en vfr. aussi paupirre. palpr-^.,
papièrc, it. pal j)ébra, esp. pdlpebra; les mots
correspondants dos divers dialectes romans (et
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PAV
382 —
PEA
ils sont nombreux) peuvent se diviser en
deux classes; les uns tiennent â L. palpebra
(e tantôt long, tantôt bref,, les autres à L.pal-
lœtra. Notre terme usuel français peut se
ramener aux deux types latins. Ye de leur
finale étant tonique ; vfr. jniljfrt'e accuse, par
contre, l'accentuation de la première syllabe.
PAUSE, L. pausa, gr. wav^a (de iraûuv, ces-
ser). — D. pauser (BL. paiisare), dont poser
n'est qu'une modification de forme.
PAUVRE, vfr. tx)vre, L. paitper, -eris, —
D. pauvret, pauvresse; pauvreté, L. pauper-
tatcm ; appauvrir.
PAUX, pieux, plur. de pal, L. palus.
PAVANE, danse, vient, dit-on, de Tit. pa-
vana, que Ton considère comme une abrévia-
tion de padovana (donc pr. danse de Padoue).
Comme la pavane est une danse espagnole,
mieux vaut peut-être Tétym. pavanus', adj.
de pavus = />aro; donc danse où les danseurs
font la roue l'un devant l'autre comme les
paxnis font avec leurs queues.
PAVANER (SB), voy. paon.
PAVER, du L. pavire, avec changement de
conjugaison (cp. tussire, fr. tousser), — D.
pavé; pavement, L. pavimentum ; dépaver,
PAVILLON, tente, tenture, drapeau, éten-
dard, it. padiglione, sarde papaglioni, esp.
pabeJlon, prov. pabalhô, du L. ^^pil^onem,
qui a le sens de tentorium, tabernaculum,
dans Lampridius et les auteurs do la basse
latinitiS.
PAVOIS, bouclier, it. pavesc (aussi jmlocsc),
esp. pâtes; d'après Ferrari, de Pâme, où ces
bouciiei*s se confectionnaient particulière-
ment. Diez rappelle aussi les formes valaques
jfaci'sê, hongrois pais et bohème pausesa,
Chevallet allègue le goWoï^ parvaes, bouclier,
dér. de parv, ce qui est entre deux, ce qui
s'interpose; il cite aussi le brct. pavej^, =
pavois, mais je crois que l'étym. Pavie doit
jirèvaloir, surtout en présence du vfr. jiaviuis
(Rom. do Troie : « dosoz le \nQ.\\mG paviois «),
qui répond à 2^^iensis, L'ancienne forme
paveschc (d'où pavesché, muni d'un pavois,
mot fréquent dans Froissart) accuse pour type
la forme jpaviscus, qui convient aussi é.])avois,
— D. du radical jtav : verbe pavier (t. de ma-
rine}; de^^acat^* pavois : pavciser et pave^
sade,
PAVOT. Le thème joac peut tenir au L. j>a-
jtaver; il est possible que ce dernier, la syl-
labe initiale ayant été prise pour réduplica-
tive, ait laissé une forme paver, qui est en
effet celle du provençal. Diez, cependant, rap-
pelle aussi les formes ags. papif/, popig,
angl. poppy, cymr. pabi, Cp. aussi les formes
papou (Berry) et ;ja/?i (Normandie). Voici
comment M. Brachet rattache notre mot à
papaver. D'abord jmpate, puis pa-ave, 2)aaue,
jt{ioe, pao, paot, enfin, par intercalation de v,
jMicot, Cette enfilade de formes n'est pag pré-
cisément contraire aux règles (bien que l'on
ne connaisse aucun autre exemple de la syn-
cope du p médial), mais, à coup sur. peu
vrai-semblable. — D'après Tobler (Grob.
Ztschr., IV, 375, note), pavot vient du L./^a-
paver, par l'apocope de la finale er, laissant
pour thème papav, devenu d'abord pazau,
jMtfi, puis, par confusion de la finale avec le
suffixe ot, jHzrot; cp. vfr. chaillcÂ, pierre à
paver, coexistant avcî chaiUau.
PAYEN, \oy. païen,
PATER, \i.pagare, esp , port, pagar, prov.
pagar, payar, du L. pacare, apaiser, satis-
faire, en BL. = solvere, cxsolvere. Une mé-
taphore analogue est au fond des mots quitte
et acquitter, • Pago e dette de paoo latino
che vale concordo, perciochè il debitore,
quando paga il suo creitore, lo contenta et
quasi fa pace con lui ■• (Aoarisio). — D.subst.
verbal paye; payeur, payement.
VkYS,'it.paese, esp., port, pals, prov./xw»,
représente un type latin pagense, dérivé de
pagus, canton ; pr. le plat pays, le village,
opposé à la ville; cp. prov. pages, BL.pagen-
sis, paysan. — Le caractère adjectival do
pagensis perce encore dans le mot pays, féra.
payse (== compatriote, né dans la même loca-
lité), usuel dans les campagnes. — D. paysage,
paysan, it. pacsano, dépayser.
PAYSAGE, voy. pays, — D. paysagiste.
PAYSAN, voy. pays,
PEAGE, prov. pezatge, \i, pedaggio, esp.
péage, BL. pedagium, àepes,p€dis. • Pedagia
dicuntur quse dantur a transeuntibus » (Bre-
viloquus). C'est donc la redevance des pas-
sants, pr. des piétons. — D. péager.
PEAU, anc. pel, L. ftellis, — A la forme
ancienne }}el ressort issent les déiivés : peler,
ôter la peau (v. c. m.). — L*a(\jectif L. peUi-
dus a donné le subst. pelisse, et la forme ulté-
rieure pelliciarius a produit le fr. peaiicier'
j)caussier, prov. pellicier.
PEAUSSIER, voy. peau. — D. peausserie.
1 . PEAUTRE, dans la locution envoyer qqn.
au peautre. Le dictionnaire de Trévoux fait
venir ce mot du bas-breton, où, dit-il, l'on
appelle ainsi les mauvaises filles ou les mau-
vaises gens. Johanncau pense que le mot est
p. cpeautre et que le sens do la locution est
équivalent à envoyer paitro. Roquefort vaH^x-
\ivàUi peautre Yttiv lieu de débauche. Enfin, l'on
a prétendu à l'aventure que peautre se disait
autrefois du gouvernail d'un bateau, et que de
là vient l'adj. héraldique peaidré dans \ dau-
phin d'ajsur peautre d'or, au gouvernail, c-
à-d. à la queue d'or (voy. peautre 2). — Tout
cela est avancé sans aucune preuve; aussi je
laisserai la question indécise, sans cependant
me priver de la satisfaction d'émettre une
conjecture. En Champagne, jxiutrc signifie
lit ou paillasse ; ne serait-ce pas notre mot,
de sorte que « envoyer qqn. au peautre » ne
dirait autre chose que s'en débarrasser en l en-
voyant coucher ? Or, pautre me fait l'effet d être
p. poutre et = l'ail, polsier (voy. polti-on). Il
se peut que le mot impliquât l'idée de mau-
vais grabat et qu'il s'y attachât ainsi celle de
misère ; de là l'anc. peautraiîle, canaille.
2. PEAUTRE, étain, puis sorte de fard; it.
peUro, esp. peltre, vfr espcautrc (sorte de
mét'il). C'est du fr. que viennent néerl
]}iauter, angl. pe%Jolcr. — Si, comme le i)cnsc
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PÉD
— 383 —
PEL
Litiré, la source du mot est le nord, piàtr,
étain, il faut plutôt admettre que peîtro
ot jieltre viennent depeautre; nous aurions ici
un nouveau cas d'un changement do au en el
ou a/, comme celui noté sous calme, — D.
le t. de blason peautré^ qui se dit des poissons
dont la queue est d'un tout autre émail que
celui du corps.
PBC [haretig], salé ; dégagé du néerl. pékdt
angl. picfUe^ ail. pôhel etpikel^ eau salée.
PfiOGABLE, capable de pécher, tiré du
verbe L. peccare^ d'où les médecins ont aussi
fait leur terme peccant =« vicieux.
PECCADILLE, de l'it. peccadiglio^ esp.
pecadiUo^ dimin. de l'it. peccato, esp, pecado
=» L. peccatum^ fr. péché.
PECOAVI, mot latin, => j'ai péché.
1. PECHE, subst. verbal à^ pêcher,
2. PECHE, fruit (du fr. vient angl. 2>each)»
\i,pesca^ contraction à& persica, esp, persigo,
prisco, alrjiersico, port, pesego, prov. pesega^
ail pfirsick,à\i L, persicum, pr. fruit persan.
— Ù. pêcher.
PÉCHER. L. peccare, — D. péché =
L. peccatum ; pécheur, -eresse,
PECHER, anc. pescher, L. piscari (piscis).
— D. pèche f pécheur y -ene.
PÉCORE, it. pecora, du L. pecora, plur. de
pecus^ bête de troupeau.
PECQUE, sotte, impertinente ; c'est le fém.
du vfr. et prov. pec^ sot, niais, lequel vient
prob. du L. pecus^ bête (cp. le champ, peque^
mauvais cheval).
PECTORAL, L.pectoraJis fpcctus) ; le môme
mot latin a fuit, dans le fr. du fonds commun,
]H)itraiI; do môme le type latin pectorina a
donné régulièrement le subst. poitrine.
PÉCULAT, L. pecnlatus,
PÉCULE, L. pecuUum^ avoir, épargne.
PÉCCJNE, L. pecunia. — D. pécuniaire,
L. liccuniàr'is; pe'cunieux^L, pecuniosus.
PÉDAGOGUE, gr. nxùu/fayôi, pr. conducteur
d'enfant. — l),2)étktgogie, -ique,
PÉDALE, L. pedalis (pes).
PÉDANT, de l'it. pédante. Ce dernier signi-
fiait dans le principe pédagogue, instructeur;
c'est une forme participiale d'un verbe inusité
pœdare, roman isation du gr. ttxioiûhv. Diez
allègue en faveur do cette étymologie, du
reste fort plausible en elle-même, le passage
suivant de Varchi (Ercol., p. 60, éd. de 1570),
que nous traduisons en fr. : « Quand j'étais
jeune, les personnes chargées de l'instruction
et de la conduite des enfants, ne s'appelaient
pas comme aujourd'hui pedanti, ni par un
mot grec pédagogie mais par un vocable plus
horrible ripititori, » La signification actuelle
du mot se déduit aisément du sens primitif.
La pente est ici fort douce, et Voltaire aurait
pu i^éserver l'exclamation suivante à des cas
plus saillants que le nôtre : « Que de termes
éloignés de leur origine ! Pédant, qui signi-
fiait instructeur de la jeunesse, est devenu
une injure. »
PÉDESTRE, L. pcdestris (pcs). Voy. aussi
piètre.
PÉDICURE, qui a soin des pieds (qui pcdes
curai),
PEIGNE, vfr. pigne, it. pettine, esp. peine,
port, pente, prov. pencJie^ du L. pecten, pec-
tinis, — D. peigner, L. pectinare, d'où pci^
g noir ^ -eur, -ures,
PEnn)RE, vfr./)Oïnrfre(cp. le v^all. de Liège
poiul), prov. penher, du L. pinge^'c. — Du
supin latin pictum viennent : L. pictor, prov,
pictor^ pi7itor, it, pittore, pintore, fr, peintrk
(pour la facture du motfr., cp. chantre, pàtrù
de cantor,pastor) ;pictura, pvoy,pinctura, fr.
PEINTURE. Les formes nasalisées sont l'efiet
d'une adaptation au part, passé du verbe, qui
est peint ; adaptation motivée par le précé-
dent de teinture, L. tiiictura. Il est permis
du reste aussi d'admettre l'ancienne existence
d'une forme latine rustique ;3mctor,/>îm:^ura,
PEINE, vfr. poine, du L. pœna (ttîivïJ). — :
D. pénal, L, pœnalis; pénible (v. c. m.),
peiner,
PEINTRE, voy. peindre,
PEINTURE, voy. peindre, — D, peinturer,
PÉJORATIF, du L. pejorare (pojor), em-
pirer
PÉKIN, aussi péquin, t. d'ii^ure dans le
langage militaire. Ne serait-ce pas un diminu-
tif de /3<?c, sot, niais, imbécile, renseigné sous
pecque t D'autres ont pensé à l'esp. pequin,
petit. D'après Littré, depékin, étofi'a de soie
qui, sous l'Empire, était beaucoup portée en
pantalon et qui tire son nom de Pékin, capi-
tale do la Chine. Pour d'autres explications
conjecturales sur l'origine do notre mot, je
renvoie au suppl. de Litti^é. — Depuis que
ces conjectures ont été imprimées, un bien-
veillant lecteur, ancien ami du mai-échal
Excelmans, m'écrivit, d'après une commtuii-
cation de celui-ci, que le mot d'injure pékin a
surgi en 1790, le 14 juillet, à la fête do la
Fédération, où se trouvaient réunis les dépu-
tés de Varmce et les députés do cantons. D'une
ville chinoise, Canton, à une autre ville chi-
noise, Pékin, il n'y a pas loin et l'on comprend
que la plaisanterie ait converti les « députés
de cantons *» en « députés de Pékin «, puis
en Pékin tout court. Jusqu'à preuve du con-
traire, j'ai lieu de tenir cette solution histo-
rique du problème qui nous occupe, pour tout
à fait digne de crédit.
PELADE, direct, tiré du prov. pelada, dér.
de L. pilus, poil.
PELAGE, couleur du poil ; dér. de pilus,
PELE-MELE, anc. aussi mesle-pesle, mesle'
mesie; le terme j^éle est peut-être un mot do
pure fantaisie créé par assimilation à mâle.
Ou faut-il y voir, avec Diez, le mot pelle f
Mêler ou remuer avec la pelle f Littré pense
que oui, et rapproche le t. txxvbX pellecerser,
labourer à la bêche.
PELER, esp., port., prov. pe/ar, it. pelare;
ce verbe signifie à la fois ôter le poil et ôter
la peau. Il faut donc le rattacher pour cer-
taines acceptions à pilus, pour d'autres à pelr
lis, — b,]}eUule, chute dos cheveux (v. c. m.);
pelure, pelauder, peloter, battre, étriller, cp.
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PEN
— 384 —
l'EN
les expressions ail. sich ratifen, se battre (pr.
s'arracher, soit la peau ou lo poil», et sich
balff^ii, m. s., de baig, pean.
PËLERIN, prov pcicgrin, it. pellegrino^
esp. j)errgrino, du L. perrgriinis, qui va à
l^tranper, litt. à travers champs (/^cro^rojf).
Une inscription de l'an 3C0 a déjà la forme
pelcgrinus. — Du roman viennent l'all./ytT^er,
pUgrinit angl, pilgrim. — D. pèleiine, nom
d*un ajustement de femme; pèlci'iyiage.
PÉLICAN, L. pelicamis {:rî/fi/àv).
PELISSE, voy. peau, — D. pelisson,
PELLE, vfr. ^ic/^', palle^ it., esp., prov.
pala, du L. iKila, m. s. — D.pelice, itelldce,
jjclici'ée; dim. pelctte^ 2^^^^^^^^» verbe pcUa*
et s<^)n dim. pelleter.
PELLETIER, formé de ;><?Z iî^eaii); cp. p.
le suffixe bijoxi-ticry Iriquc-tie^', grai7ic-iier,
paiie-ti€}\ etc. — D. jjeUctei'ie,
PELLICULE, L. pellicuJa, dim. de peiîis,
PELOTE, boule, it. pilloita, ei=p., port ,
prov. pelota; dér. du L. j)ila, m. s Déjà les
gloses disidore ont les formes jiilotel lus (esp.
pclotilla). — D. 2>clotcr , peloton (v. ces mot<).
PELOTER, 1. mettre en peloton, jouer à la
balle, àc pelote; 2. battre, do])ele7-(v. c. m.).
PELOTON, dim. do pelote; au lig. petit
nombre de personnes ramassées et jointes en-
semble, petit corps de troupes. — D. pelo-
tonner,
PELOUSE, gazon à herbe épaisse et courte.
M Le mot n'est pas ancien en français, dit
G. Paris (Rom., X, 46,; c'est sans doute un
terme de jardinage emprunté si un patois
(d'un pays où on avait appris à donner au
gazon cet aspect uni et serré qui caractérise
la pelou.se); l'anc. fr. avait l'adj. peleus, jte-
lettse; on trouve même le subst. jieleus «= lieu
couvert de gazon ». De L. pilosus, poilu,
serré, fourré.
PELU, prov. pelut^ autre forme àe poilu,
PELUCHE, it. 2)eluccio, jWiu.?o, dér. du
L. pnlus, poil. Cp. esp. 2i^^t(sa (anc. pehisa,
cat. pclussa}, le duvet des fruits. Du français
l'ail, a fait pliisch. — D. 7;c7t{c//6r, éjduchcr
(v c. m.).
PELURE, yoj. peler.
PENAILLE, dér. du L. pomnts, drap,
étoffe; cp. m ail. hmqyen-tolk, m s. de him-
2fcn, guenille, lambeau. — D. 2^C7millnn. —
Anc on disait aussi peneaux p. harde.s, hail-
lons (d'un X-^Yie pannellus).
PENAL. L. 2Jœnalis. — D. 2)ênalité.
PENARD. libertin, du L. ;)c'j?w.
PÉNATES, L. pénates (de ;î«î«, intérieur).
PENAUD (autr. penevx), qui est en peine,
embarra.ssé; de peine. Il n'est pas impossible
cependant que le mot soit formé sous l'in-
fluence de vfr. j)enant 1^ pénitent ; donc pr.
qui fait une mine de pénitent.
P£NCHER, prov. ^)^w/7ar, 2^enjar, d'un type
L. 7>«??ï(/icare, dér. de pnidere, pendre.^ —
D. 2^f^'ichant.
PENDANT, voy. 2^^'ndrc.
PENDELOQUE, vfr. pcndilachc, mot formé
avec loque (voy. Irelcque] et le \orho 2>cndre.
PENDENTIF, dér. savant de 2)cndant.
PENDILLER, prov. 2^ndeillar, d'un type
lat i n petidiciUare.
PENDRE, du L. pendere, tant de celui de
la deuxième que de celui de la troisième con-
jiig. ; car le verbe fr. réunit les acceptions
transitive et intransitive. — D. jicntc (?. c.
m.) ; jiendable, -ard; pendaison (c'est le sciil
subst. en aison qui soit fait d'un verbe Jo
la quatrième conjug. française;; pendant,
1 . subst. «a chose suspendue ou à quoi l'cm
suspend; puis en peinture, pièce pareille à
une autre, métaphore tirée de l'égalité de
deux pendants d'oreilles; 2. prép. et conj.,
cp. durant; l'expression ^;mc/a^î/ VoragcsQwi
dire litt. « pendente tcmi^estate, l'oi-age pla-
nant, étant encoixî susi>endu au-dessus de
nous » ; — pcndeine, jj«idcro/<j:5, jyendiUer
(v. c. m').
PENDULE, 1. masc du L. pnindidum.s. e.
2)ondus, poids suspendu ; 2. fém.. ellipse p.
horloge à pendule.
PÊNE d'une sernirc; Roquefort identifie
ce mot au L. 2^^iis; il peut être dans le vrai,
car les ouvriers ne sont pas moins imagina-
tifs que peu chastes dans leurs termes méta-
phoriques. Cependant, comme on disait anc.
2)esle 2)tUé', qui est le L. pcssulus, barre,
verrou, il est i)his probable que piuie est ime
forme altérée depéle.
PÉNÉTRER, L. jx?wrfrar/î.
PÉNIBLE, voy. ;>«>?«. Pénible etiHiisibU
sont les deux seuls cas du suffise ible appliqué
à des substantifs ; l'ancienne langue donnait
àp/;7î&/éç le sens de dur à la 2ieine.
PÉNIL, vfr. 2>oinil, prmil, d'un type pedi-
nilis, dér. du L. ^iec^oi, employé dans le
même sens par Juvénal (« inguinajam pectine
nigro ») et par Pline. Ce qui vient à l'appui
de cette étym., ce sont les formes prov. j>fïi-
chenil, it. pettignonc, esp. empeinc.
PÉNINSULE, L. pœninsula, litt. traduit
par notre fr. presqu'île; e^. pénombre.
PENITENT (vfr. peneant, penant), L. pœ-
nitentem; subst. ^/t'^i/Vc^cc (vfr. j^encaua;
2nmance), L. ;?«';? lirjîf ta. — D. |>t'>ïîïrîi^^V,
2)énitencier, pénitentiaire.
PENNE, L />«w7ïa. — D. panache fv. c.
m.); 2icnnage = plumage ; pennon (v. c. m );
cmitenner.
PENNON, étendard à longue queue, prov.
penô, it. y?c«îiowc, esp. 2)c>if/o«, Entre Ips
trois étymologies possibles : ^>a}i>iu5, 2fcndere
ei2^enne, Diezse décide, par des raisons pho-
nétiques, pour la dernière. Quant à la forme
esp. 2icndon, elle ne fait pas obstacle à cette
manière de voir, puisque nous tmuvons dans
cette langue aus!<i paxdola p. L pennula. Le
sens étymologique de />e?iîïOfi est donc la
flamme ou banderole de la lance, comjMiréc à
une plume. Le mot signifiait autr. aussi b
plume qui garnit la baguette d'une flèche. —
D. dim. pennonceau (panache) = it. jm^^^^
ccllo.
PÉNOMBRE, d'un type L. p.orn-vmbra ^
prcsqu 'ombre.
PENSEE, subst. particip. de ^>cîwct. —Il
est diflicile de dire ce qui a valu ce nom à la
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PEP
— 385
PER
viola tricolor (cp. le nom du )ie Voublies pas).
Les Angl. expriment le nom de la fleur par
patisy (anc. paunce),
PENSER, du L. pemare, pr. peser, fréq.
de pendci^e. Ce verbe latin jiejware s'est trans-
mis au roman sous une double forme, dont
une se rattache au sens propre et physique.
Vautre au sens figuré et moral ; 1 . peser (v. c.
m.); 2. penser, esp., port., prov. pensar, it.
pensare. Pour le rapport logique entre /j«*er
et penser f cp, en ail. wtigen et erwâgen. Pen-
ser, c'est donc pr. peser, apprécier à leur juste
valeur les rapports que les idées ont entre
elles. — D. penser ^ infinit, subst. ; pensée (v,
c. m.), penseur t pensif (\ivoy, pensiu, it.pen'
sivo). — Le composé loim perpettd^re a fourni
l'angl. perpend, examiner, considérer, et, par
le swi^ïn perpensum, le prov. pei^pcnsar, per-
j)esar, auquel répondait le vfr. pourpenser et
s*apourpenser, réfléchir (le préfixe jXiur est
souvent substitué au L. pnr). — Voy. aussi le
verbe panser, variété orthographique de
j)enser.
PENSION, pr. payement, somme payée,
puis p)ai'ticulièrement somme payée pour l'en-
tretien d'une personne; du L. pensioneni[pen'
dere). — D. ^pensionnaire, -at, pensionner,
pourvoir d'une pension.
PENSUM, mot latin, = tâche; litt. \dL pesée
de laine qu'une esclave devait filer en un jour.
— Voy. aussi le mot poids.
PENTA-, en composition (ex. pentagone,
j)e7ttamMre, etc.), du gr. ;rsvTî, cinq.
PENTE, subst. verbal participial dépendre,
d'un type barbare pendita; cp. vente, tente,
rente.
PENTECÔTE, L. pentecoste, du grec Trivrc
ro'ST^, s. e. »î>î/&a, cinquantième jour (après
Pâques). La forme pentecoste est devenue, par
contraction, en ail. et en holL, rcsp. pfing'
sten et pinkster.
PENTURE, p. pauture, du L. jHindere,
étendre, par le supin barbare jMnditum t
PÉNTTLTIEHE, L. pœ^-ultimus, presque le
dernier ; composé ante-pénultihne. La termi-
naison a été assimilée à celle des autres nom-
bres ordinaux, qui répond à un type L. -esi-
nnis, es'mus.
PÉNURIE, L. patiiria, manque de vivres.
PÉON, soldat à pied aux Indes, mot esp.
correspondant à Vit. ])edo7ie, prov. jje sa, peon,
fr. pion (v. c. m.); du L. pedo, -onis.
PEPERIN, tuf volcanique, = it. 2)eperinit,
ainsi nommé à cause de la ressemblance des
]ietits charbons semés dans ces tufs avec des
grains de poivre.
PEPIE, prov. pepida, it. pipita, esp. pe-
pita, pevidc, pivide, du L. pitiUta, m. s., con-
verti de bonne heure en pivita, puis (par un
changement insolite de v en p) en pipita. Le
milanais, par syncope, eu a fait pinda, puis
piwida. Le vha. avait 2)hiphis, phepis, le nha.
dit phipps, pipps, l'angl. pip.
PÉPIER, L. pipiare, piauler, vagir.
PEPIN. Frisch pense que le mot ne signi-
fiait dans le principe que le pépin des courges
et qu'il faut y voir un dérivé du L. pepo
(;ri7r%)y;, melon (cp. le mot esp. jyejHiio, con-
combre). Cette opinion est très plausible ; le
mot noyau ne signifie en plumier lieu non
plus que le noyau de la noix. Diez remarque
la coïncidence des significations pépie et pépin
dans rit. pipita et l'esp. pepita; cela indique-
t-il une communauté d'originel — D. pépi-
nière.
PÉPINIÈRE, voy. pépin. — D. pépinié-
Hste.
PÉQUIN, voy. pékin.
PEROALE, toile de coton plus fine que le
calicot. Mot d'origine persane. — D. perca-
line.
PERCEPTEUR, L. perceptor (qui percipit);
pei'ception, L. perceptio; perceptible; tous
formés de perceptum, supin du verbe perci-
pere, lequel, traité d'après la troisième conjug.
latine, a donné le vfr. perçoivre, et, traité
d'après la deuxième, la forme actuelle perce-
voir.
PERCER (d'où l'angl. pierce), picard ;>«•-
chier, prov. perçar; d'après l'opinion de Mé-
nage, reproduite par Diez, c'est une contrac-
tion du vieux verbe pertuisier, prov. pcrtu-
sar, it. pertugiare. Ce dernier est formé de
pertusus, participe de pertundere, perforer.
— Si le L. anie ou plutôt le cps. abante a pu
donner avance^*, il m'avait semblé qu'il ne se-
rait pas si téméraire de faire procéder le mot
percer de per, ou plutôt de pei'-s (s adverbial),
et j'avais, dès ma première éd., avancé cette
étymologie comme une modeste conjecture.
Bien qu'elle fût jugée digne d'attention par
Littré, qui l'appuie de l'expression de Rabelais
» percer un fossé ••, j'y renonce, surtout à
cause de la fonne picarde perchier, dont le
ch ne concorde pas avec un type lat. 'persare;
le mot avancer, dont je faisais état, ne pro-
cède pas d'un élément adverbial s ajouté au
thème abant, mais du type barbare abantiare.
— Littré avait aussi relevé une glose de
Festus : pei'sicus = prœacutus, mais, nous
venons de le voir, il est difiicile de imrtir d'un
thème ])ers; j'accorde toutefois qu'un type
persicare ne serait pas contrarié par la fonne
pic. perchie7\ — Une nouvelle explication
c'est fait jour depuis ma dernière édition;
c'est celle de M. Bartsch (Grôb. Ztschr., Il,
309). Il admet pour base de percei* un ty]ie
peritiare, tii-é de }terire, au sens de l'anc.
trespasser =» traverser, pénétrer. Pour la
signification, il rappelle la transformation
française que l'on a fait subir au primitif
celtique qui est au fond du nom de Pcrceval,
et qui  son tour a déterminé le nom de Per-
ce forcst; pour la lettre, il se prévaut do l'ana-
logie de fr. comenckier, comcncier issu de
ci'm -\- initiare. G. Paris (Rom , VII, 630)
oppose à cette solution do la question par
peritiare, que cette foiTne constitue une fic-
tion monstrueuse et nullement analogue à
initiare, qui procède du subst. initium, en-
suite que ridée primitive de « aller à travers »
inhérente à jierire s'était déjà effacée en latin.
D'ailleurs, M. Paris ne croit pas devoir aban-
25
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PÉR
— 386 —
PER
donner définitivement l'ét. pertusiarc, qui a
i-égulièrement pu se conjuguer en vfr. au
présent de rind.,de la façon suivante \pertuis,
periitiseSf pertuiset, pertsons (= perçons),
perisiez (=» percez), periuisent, — Composé
transpercer,
PERCEVOIR, voy. perception, Cps. a-per-
cevoir.
1. PERCHE, esp., port, percha, prov.
]h^ia,perffa, \i.pertica,àvLh.j)eriica (pert'ca,
j>erca), — D i}ercher, se poser sur une per-
che ;^>/^c//i5.
2. PERCHE, poisson, L. perça {itïpA^),
PERCHER, voy. perche,
PERCLUS, L. perclxisxis (inus.), « entiè-
rement enfermé, privé de mouvement.
PERCUSSION, L. percussionem (perçu tero).
PERCUTER, néolog., du L. percutere,
frapper.
PERDRE, L. perdere, — D. perte, subst.
participial = L. perdita, perdition, L. per-
ditio; adj. perdable.
PERDREAU, dimin. de joerdna? ; formé du
thème perd à la façon de lapereau.
PERDRIGON, anc. fr. perdigoine, sorte de
pnme noire, d'après Roulin (Liltré, Suppl.)
du village de Perdigon, province de 2amora,
Espagne.
PERDRIX, vfr. perdis, pietris, it. perdice,
pernice, es^., prov. perdiz, angl. pariridge,
du L. perdicem {nkpci^) avec insertion de r.
— D. perdreau (v. c. m.).
PÈRE, prov. paire, du L. patrem (nom.
pater).
PÉRÉGRINER. L. pcregrinari (voy. pèle-
rin). — D. pérégrination,
PÉRÉGRINITÉ, L. peregriniiaiem.
PÉREMPTION, L. peremptionen (de piTù
more, détruire, «= fr. périmer). — Peremp-
toire, L. peremptorius, litt. qui abat, qui
renverse.
PEREQUATION, L. per-œquationem, égali-
sation parfaite, répartition éfpiitable.
PERFECTIBLE, adj., fait du L. perfectnm,
supin do.perficcre, parfaire, perfectionner.
PERFECTION, L. perfectionem, — D. per-
fectionner.
PERFIDE, L. per-fidus (qui transgresse la
foi); subst. perfidie, L. perfidia.
PERFORER, L. per-forare,
PÉRICARDE, gr. mpi^iûpoioi, qui entoure le
cœur. — D. pMcardite.
PÉRICARPE, gr. Tttpi^àpitiov, qui entoure
le fruit.
PÉRICLITER, L j^ci-iclitari (periculum).
PÉRIL, itvoy. periih, du L. periailum. —
D. périlleux, L. j)ericulosus.
PÉRIMER (mot savantj, L. 2)C}'iuiere, pr.
anéantir. ^
PÉRIMÈTRE, gr. Ttsol-fiîrpov, ligne qui me-
sure le circuit d'un corps.
PjdîRIODE, L. periodus, gr. ittpi-oSo;, pr.
chemin autour, circuit, contour, puis cours,
révolution d'un astre, époque, ])énode. Dans
le sens du mot en rhétorique, Cicéron tradui-
sit ce tenue grec par ambitus verbwum. —
Le mot fr. prend le genre masculin, quand il
s'applique à un point (ordin. le plus haut
point ou point culminant) ou à un espace de
temps indéterminé. — D. périodique, d'où
périodicité.
PÉRIPÉTIE, gr. izipKTzïrnx, subst. del'adj.
TTspiTTîT^î, tombé ou tombant autour ; la péri-
2)étie est étymolo/çiquement un mot analogue
à catastrophe, litt. = renversement. C'est un
événement subit, imprévu, amenant le dénoù-
ment d'une action dramatique.
PÉRIPHÉRIE, gr. nspi-fiour, traduit exac-
tement par le L. circum-ferentia , circonfé-
rence.
PÉRIPHRASE, gr. TttfA-fpxm, litt. = lat.
circumlocutio, circonlocution .
PÉRIR, L. per-irc. — La valeur radicale
de l'élément ir = L. ire f racine t =- aller)
s'esfe effacée, et cet élément est réduit au rùlo
de siniple terminaison conjugalive; cp. issir
de exire. Autr. périr avait aussi le sens actif
de faire mourir. — D. périssable,
PÉRISTYLE, gr. ffs.cf^roAov (de itipl, autour
+ 7r»"i)o;, colonne).
PERLE, vfr. pelle, it., esp., prov. ^>cr/a,
port, pei'ula, vha. perala, berala, ags.,angl.
l^earl, BL. perula (gloses dlsid.j. On peut
balancer entre L,. pirula (àQ piruni, 'li.pera)^
petite poire (cp. bacca = baie et perle) et pi-
lula, i)etite bille {l changé en r;. D'autres ont
vu dans perle une modification de pcrna,
sorte de coquille, et en effet les Napolitains et
les Siciliens disent ji>cr;îa pour /jf*i7a, et en it.
pei'nocchia veut dire nacre. Mais c^jrament
port, perula et vha. perala .s'accommode-
raient-ils de l'étym. pcrna f Un quatrième
parti enfin propose une origine de sphœrula,
BL. spir'uta. — D. jyet^lé, perler.
PERMANENT, L. per-manenteni. — D, per-
manence.
PERMÉABLE, L.pei'-nieaJjilis = par où l'on
peut passer (per-meare). — D. impertneable,
PERMETTRE, L. per-mittere (litt. laisser
passer), d'où, par le supin permissiim : per-
missionem, fr. permission; permissura, fr.
j/crmis
PERMISSION, voy. petrneltre, — D. per-
missionner^ permissionnaire,
PERMUTER, L. per-mutare, — D, permu-
tation^ permutable,
PERNICIEUX, L. pernidosus frac, ncx),
PÉRONNELLE, femme sotte et babillarde,
par syncope, du prénom Pétronelle.
PÉRORER, L, per-orare, 1. discourir, trai-
ter une (piestion d'une manière complète,
2. terminer un discours ; c'est à ce deuxième
.sens classique, étranger au verbe fr., que se
rapporte Icsuhst. péroraison, L. perorationem.
1. PÉROT, baliveau qui a l'âge do deux
coupes ; dim. de père; on dit aussi parle mémo
trope, tayon, pr. grand-père.
2. PÉROT, ])cr roquet,. voy. perroquet,
PERPENDICULE, L. perpetuliculum, fil à
plomb. — D. perpendiculaire, -arité.
PERPÉTRER, L. per-petrare (patrare).
PERPÉTUEL, BL. pcrpetualis, extension
de perpctuus ; verbe 2}erpéiuer, L. perpetuaro
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PER
387 —
PES
(d'où pa-pétuatimi) ; &uhsi. perpétuité, L. pei^
petiiitatem.
PEPLEXE. L. per -plexus, compliqué, em-
brouillé. — D. perplexité, L. perplexitatem.
PBRQUISITEUR, -TION, L. perquisUor, -tio,
PBRRÉ. PERRIÈRE, voy. pien-e.
PERRIQUE, voy. so\x& perruque,
PERRON, voy. pierre,
PERROQUET, it. pai^^occhetto, esp. péri-»
quito. Selon les uns, de parochiis, paroissien,
le perroquet étant envisagé comme l'oiseau
favori du clergé (voy. pape-gai). D'autres, par-
tant de la forme espagnole penco, primitif de
pcriquito, expliquent celle-ci par petit Pierre
ou pierrot (cp. marmot î= pie, etc.). Cette éty-
mologie convient très bien à l'angl. parrot et
fr. pérot. Diez se borne à citer ces deux opi-
nions, mais il ne se prononce pas. Pour ma
part, je considère perroquet comme un dimin.
de pei'ruche, et ce dernier comme une variété
de perruque (v. c. m.). C'est donc pr. l'oiseau
à perruque. Je sais bien que la huppe n'est
pas précisément un caractère distinctif du
lierroquet, mais les noms vulgaires des ani-
maux ne sont pas fondés sur des définitions
scientifiques rigoureuses. On n'a qu'à compa-
rer les formes it. , esp. et fr. aux formes corres-
pondantes pour jjerruque (it. parrucca, esp.
pericOy toupet et perruche, fr. pennique) pour
incliner pour ma manière de voir. Quant à la
signification maritime du mot, on peut con-
jecturer, dit Littré, que l'idée do capuchon, de
perruque (cp. l'équivalent it. pappafiœ, pr.
capuchon), de perroquet, a suggéré cette
dénomination.
PERRUCHE, voy. perroquet.
PERRUQUE; ce mot que l'on rencontre
jiour la première fois dans Coquillart, parait
être d'importation italienne. Dans cette langue,
on trouve parrucca et perrucca, coifl'ure à
longues boucles. Nous n'approuvons pas l'éty-
inologie mise en avant par Wachter et d'après
laquelle perrucca viendrait du grec Ttùpfuxoi,
fauve, jaune, parce que les premières perru-
ques étaient ftiites de cheveux blonds, couleur
foil estimée des Romains. Les formes si cil.,
sarde jjîlucca, lomb. pelvch, esp. pcluca
engagent à se rallier à l'avis de Diez qui rap-
porte le mot au subst. L. pihis, poil, cheveu.
On voit le même suffixe v.c, appliqué au
même radical, dans it. pilnccarc, prov. pelu-
car, fr. é-plucher, — Mais d'où vient l'esp.
jferico, toupet, dim. ^>er/gMî7o, perroquet?
Est-ce le même radical pil pourvu d'un autre
suffixe? — ï>.2)erruquier.
PERS, bleu, violet, BL. persus, persicus,
- color ad cœruleum vel ad persici mali colo-
rem accc«lens ».
PERSE, toile de lin peinte, de la Perse,
pays d'origine.
PERSÉCUTER, d'un type L. pei^secutarc,
fréq. de per-sequi (voy. poursuivre)^ cp. exé-
cuter de exsequi. Du supin persccutum : les
subst. persecutor, -tio, iv, persécuteur, persé-
cution.
PERSÉVÉRER, L. pcr-scverare, pr. ne pas
quitter sou sérieux (severus), sou ardeur, res-
ter inflexible jusqu'au bout. — D, persévérant,
-atice,
PERSICOT, dér. du L. persicum, pêche.
PERSIENNE, contrevents à jour, ainsi nom-
més, dit-on, parce que c'est de cette façon
que les croisées sont fermées en dehors en
Perse.
PERSIFLER, L. per-sibilare\ mot de créa-
tion nouvelle. — D. persiflage.
PERSIL, vfr. pierresil, it. petrosello, -sel"
lino, esp. perefil, port, perrexil, prov. pej/-
ressilh^ ail. petersilie, angl. parsley, du
L. petroselinum, gr. mrpo^iUvov, litt. ache
d6srochers,opp.à ùSpo<7i}ivov, ache aquatique.
Notez en vfr. et dans les patois du Nord la
forme présin (p. persin, à Liège piersin, cp.
V. flam. persyn) ^= persil. — D. persillade,
PERSISTER, L. per-sistere, — D. persis-
tant, d'où persistance,
PERSONNE, L. persona, pr. masque que
portaient les acteurs, puis, par métonymie,
rôle d'un acteur, personnage représenté par
lui ; enfin, le mot a fini par représenter en
général l'idée d'individualité, de personnalité.
— Le mot personne est ainsi devenu le syno-
nyme de homo, de sorte que ne-perso7tne
équivaut à «ewio. — D. personnage, pr. per-
sonne avec égard au rôle qu'elle joue dans une
composition dramatique ou dans le monde;
personnel, acy. et subst. (d'où personnalité,
-aliser) ; personnifie^' (d'où personnification),
traiter une chose abstraite ou inanimée comme
ube pei'sonne vivante.
PERSPECTIF, PERSPECTIVE, du L. pers-
pectum, supin de per-spicere, voir à travers.
PERSPICACE, L. perspicax, qui a la vue
pénétrante. — D. perspicacité, L. perspica-
citatem.
PBRSPICUITÉ, L. perspicuitatem, transpa-
rence, clarté (de l'adj. perspicuus),
PERSUADER (mot savant), L. per-suadere,
dont le supin persuasum est la base des dér.
persuasion, L. persuasionem, persuasible, L.
persuasibilis, persuasif.
PERTE, voy. perdre. — Les formes vfr.
perde, prov. perda, sont des subst. verbaux
tirés directement du radical perd,
PERTINENT, L. per-tinens, qui appartient
à, qui se rapporte à, convenable. — Ù, perti-
nence ; imperti}wnt[v, c. m.).
PERTUIS, trou, ouverture, passage, du
L. 2)ertusus (ou plutôt d'une forme barbare
pertusius), percé, troué, part. às> pertundei'e.
— D. pertuiser (t. vieilli), voy. percer,
PERTUISANE, voy. ^\\s partisan.
PERTURBATEUR, -ATION, L, perturbalor,
-ationenx.
PERVENCHE, L. pcrcinca,
PERVERS, voy. l'art, suiv.
pervertir; L. per^œi^ere, dont le part.
pei'-versus a donné pervers, d'où perversité,
L. -itatem. — D. perversion, L. perversionem.
PESANT, voy. peser. — D. vfr. pesance,
ennui, affliction; pesanteur [c^. puanteur de
puant) ; verbe appesantir,
PESER, 1. sens actif, examiner le poids,
2. sens neutre, avoir du poids. D'un type latin
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PET
388 —
PEU
pcnsare, fréq. de pendere. Au sens actif se
rapportent les dér. pesage, peseitr, pe^ée; au
sens neutre, l'adj. part, pesant et le subst.
peson, contrepoids. — Voy. aussi penser' et
poids,
PESSAIRE, L. pessarium, m. s., dér. de
pessum {niiiôv), m. s.
PESSE, sapin, du L. picea {de pix, poix).
PESSIMISME, -ISTE, qui voit tout comme
allant très mal, du L. pessimits, très mauvais.
PESTE, L. pestis. — r D. verbe j)ester, se
rattachant au mot peste, en tant qu'interjec-
tion de la répugnance ou de l'indignatich ;
pestilent, L. pestilens ; pertifère, L. pestifer,
d'où pestiféré^ infecté de peste.
PESTILENT, yoy. peste. — D. pestilence,
L. pestilentia, d'où pestilentiel,
PET, voy. péter.
PÉTALE, gr. itkruUv, feuille.
PÉTARD, voy. péter. — D. pétarder.
PÉTAUDIÈRE, pr. la cour du roi Pétaud,
assemblée confuse où tout le monde est maî-
tre. On prétend que l'exprevssion « la cour du
roi Pétaud « désigne pr. une a.ssemblée de
gueux, de mendiants, et que Pétaud est un
tenue burlesque formé du L. petere deman-
der, mendier. Littré pense que Pétaud signi-
fie pr. péteur, et il en fournit un exemple tiré
de Des Accords.
PÉTÉCHIES. it. petecchie, esp. petequias;
d'après Littré, de peste, étymol. conti-airc à la
forme et qu'un prstichiœ isolé du xvi* s. ne
suffit pas à confirmer; d'après Diez, du plur.
gr. Trirràxtoc, petites pièces ou mouches, en-
duites d'onguent, qui servaient d'emplâtres;
cp. L. pittacium, emplâtre.
PÉTÉR; ce verbe est prob. dérivé de pct^
de sorte qu'il no faut pas prendre ce dernier
pour le subst. verbal de péter. Or, le subst.
pet, it. peto, représente le L. peditum = cre-
pitus ventris, qui, lui, est le subst. partici-
l)ial du verbe pedere, Rabelais, pour repro-
duire ce dernier, orthographiait arbitraire-
ment ^)ec?er. De pedere^ le vfr. avait fait ^otrc
(subj. poie). — D. pHarade, pétard, péteur
ou péteux, pétiller, éclater avec un petit bruit
réitéré (v. c. m.).
PÉTILLER. Je pense qu'il faut distinguer
deux homonymes. L'un est Iq diminutif de
péter; il s'applique dans les expressions « le
bois pétille dans le feu », et sombl. C'est ce
pétillei*-ci qui, par une métaphore naturelle
(transport des perceptions de l'ouïe à celles de
la vue), a donné l'adj. })étiUant = brillant; le
verbe éclater offre \ine métaphore du même
genre. — Dans l'emploi de pétiller = être
impatient, ardent (•* pétiller de joie, d'indigna-
tion "), le verbe est synonyme de trépigner,
.«autiller, piétiner; on peut le rattacher au
L. pt'S, ficdis, fr. pied (le t ne serait pas plus
anomal ici que dans empiéter, piétiner, peton
et piéton), ou bien, ce qui est préférable, vu
l'ancienne orthographe pestil 1er (tvaduït dans
Palsgravc, par paddyll, patauger, cp. wallon
pcstelé, pitié, m. s.), au L. pistare. \i.jyestare,
fouler, piétiner (dopistum, supin dQpinsere),
VIËTIT, Cet adjectif, d'après l'opinion très
probable de Diez, e.st, ainsi que le v. it. piUito,
petitto, prov., ciit. petit, n. pvoy.pitii,w3\[.piti,
angl. petty, le rejeton d'une racine celtique
pit, signifiant qqch.de pointu et mince (cymr.
pifi, pointe). A cette racine Diez rappoilô
encore esp. pito, petit bois jwintu, vfr. piti\
nom d'une très petite monnaie fici, Diez i)our-
rait bien se tromper, v. c. m.), rouchi pdc,
bagatelle, dial. de Cème pit, peu, ssivde pitia'.,
petit, valaque pi tic nain, vfr. pcterin, jjetit et
faible. Quant au rapjwrt logique entre p<:>intu,
effilé et petit, on peut comparer Tit. piccolo,
petit, qui bien certainement vient depjc, pointe.
Pour la terminaison, Diez pense que jjctit est
une modification euphonique de petet. Littré
suppose que L. petilus, mince, grêle, ej^t àQ
la même famille. — La vieille langue traitait
petit aussi en adverbe, avec la valeur de jkm.
Elle disait un petit p. un peu. Cette valeur
nous est restée dans les expressions jietit a
petit, gagne-petit. — D. petitesse, apetissn-,
rapetisser. On avait autr. les dimin. 2)etitct,
petiet Qt petiot,
PÉTITION, L. peiUionem (petere).— D./k^j-
tionner, pétitionnaire.
PETON, voy. pied,
PÉTONCLE, du L. pectunculus (i>ccten).
PÉTREL, oiseau de mer, de Petrus, jwr
allusion à l'apôtre Pierre mai chant sur les
eaux. L'ail, dit petcrsvogel .
PÉTRIFIER, pr. rendre pierre, L. j^^trifi-
care* fpotro). — D. pélnfication.
VitLBIS, pestrin' , du L.pisirinum, moulin
à blé, voy. jtétrir. La locution « être dans U'
IMitrin " se rattache au L. pistrinum, dans lo
sens fig. « endroit de travail pénible, affairo
difficile, joug ». Cp. la phrase de Cicéi*on :
" tibimccumin eodem pistrinoestvi?endinn».
il nous faudra travailler dans le même mou-
lin, c.-â-d. traîner le même boulet.
PÉTRIR, anc. pestrir^ prov. pestrir, près-
tir; selon Diez, d'un ty \yQ pisturire, formé du
L. pistura (subst. depi?iserc), action de mou-
dre le grain pour faire du j)ain. Comj). pr()v.
pestre, it. pistore, du L. pistor, boulanger.
Pour la syncope de Vu dans pisturire, cp. cin-
trer de cinctura, it. scallrire de scalptura.^
Le mot pétrir n'éveille plus dans sa signitica-
tion actuelle, comme le latin pistor, l'idôe de
moudre le grain, mais celle de remuer la
farine détremi)ée avec de l'eau; dans l'inu^
comme dans l'autre de ces opérations, cepen-
dant, subsiste toujours lïdée de broyer, écra-
ser. — D. pétrissage,
?tTBX}iLË,BL.petfX)leu)n {dépêtra, pieriv,
et oleum, huile). — Des événements de jn-ni-
ble mémoire on fait naître le dérivé pétro-
leuse (cp. le néolog. dynamitard).
PETTO (IN), locution italienne, signifiant
litt. dans la poitrine, dans l'intérieur du cœur,
en secret. Ce subst. it. petto répond au L.jx'c-
tus, ^
PÉTULANT, h.pctulaîis. — D. pétidmce,
L, petulantia.
PEU, vfr. pau, ]X)i, pou, po, prov. pauc,
it., esp. poco, du L. paucus, L'anc.
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PHI
— 389 —
PIA
employait encore le mot adjectivement, p. ex.
2toies c/ioses =^ res paucas.
PETJGÉDAN. L. pcifcafanum, gr. rs'j/îôav«v.
— D. pcncédanite, t. de chimie.
1 . PEUPLE, vfr. j}Citble^jM*ulc, prov. poble,
esp. 2}iteàh, du L. pojmhts (it. liopolo). —
D. pcupicule; verbe jjei'pler, emplir d'habi-
tants ; notez que notre fr. peupler dit le con-
traire du L. popidarif qui équivaut à dépeu-
pler, dévaster.
2. PEUPLE, peuplier, L. popnhts, —
D. peuplier.
PEUPLIER, voy. peuple 2. — D. peuple-
raie,
PEUR, forme contracte de vfr. paour,
peeur, qui répond au L. parorem. — D. peu-
reux (vfr. lieitreux).
PHAÉTON, sorte de petite voiture légère
et découverte, nommée ainsi par allusion au
char du soleil que Phaéthon voulut conduire.
Autr. on employait le mot dans le sens do
conducteur ou cocher.
PHALANGE, L. phalanx (?à)av?), armée,
ordre de bataille. Les anatomistes ont, par
comparaison, nommé phalanges les trois par-
ties dont se compose chaque doigt, parce
qu'elles sont rangées les unes d cCM des autres
comme des soldats en bataille. — D.phdlan-
stère^ néologisme créé par Fourier.
PHARE, du L. 2>^^i^s, m. s., pr. le nom
de l'Ile de Pharos près d'Alexandrie, célèbre
par le phare qu'y lit construire le roi Ptolé-
mée-Philadelphe.
PHARMAGIE.gr. ^ao/xa/slov. dér. deoâ/s/ia/.ov,
médicament. — D. pharmacien, — bu verbe
ç>a|5,tta/£wuv, donner des médicaments, vient
l'adj. 99C9usf/su7ixo;, fr. pharmaceutique. —
Pharmacoj)ei% du gr fxpfixnonoloc, prépara-
tion des médicaments. — Pharmacolo^e^
science des médicaments.
PHARYNX, gr. oi/auyt. m. s.
PHASE. L. phasis, gr. fxn;, apparence,
manière do paraître {^ic-uv).
PHEBUS. stylo ampoulé et prétentieux.
Cette expression vient, dit-on, d'un ouvrage
de vénerie, écrit au xiv® siècle par le comte
Gaston do Foix, intitulé Miroir de Phêbus.
Il est plus probable que phébiis = langage
d'un faux brillant, doit son nom au gr. f>9îS9,-,
brillant, comme Phébus, le surnom d'Apollon.
PHENIX, du gr. ^ofviç, nom d'un oiseau
fabuleux, pr. le rouge.
PHÉNOMÈNE, gr. oavtôfitv^v, chose qui se
présente, qui apparaît (fxhfs^ixt). — D. phc-
noménal,
PHILO-, devant les voyelles phil-, =î qui
aime, du grec ;>0o;. ami. Ce mot est devenu,
dans la langue moderne, un élément de com-
position très usuel, d'après le précédent de
compositions grecques telles que oi3iàv&/5'j7ro;,
yfyiTTTroî, etc. Nous recueillons ici les princi-
paux de ces composés : Philanthrope, gr.
oc>âvao«:r9<, ami de l'homme. — D. philan-
thropie^ -ique, -isme. — Philologue, gr.
&i)o>oy9;, ami de la littérature. — D. philo-
loffie, 'ique. — Philosophe, gr. ^oô-joifo^.
ami de la sagesse. — D. philosophie, -ique,
-al ; philosopher, L.philosophari. — Dans les
compost's modernes, on a pi^éféré renverser
les termes: bibliophile, ami des livres, icono-
phile, amateur d'images. Ce procédé est con-
forme aux précédents de bibliographe, gèo-
ffraj)he, etc. Génin a eu tort do trop s'en
formaliser, en rappelant que, d'après l'usago
grec, 6i6//op/«7« signifierait «aimé des livres »
comme théophile veut dire « aimé de Dieu •.
Les mots se forgent d'après des impressions
vivantes et non pas d'après le sens antique.
Il faut accepter ce fait.
PHILTRE. L. philtrum, gr. f^arpov, litt.
moyen de se faire aimer.
PHOQUE, du L. plioca (và^u).
PHOSPHATE, terme de chimie, arbitraire-
ment forgé sur la base pliosph du mot phos-
phore.
PHOSPHORE, gr. 9U9po>9;, qui porte la
D. phosphorique,
phosphorescence.
lumière, qui éclaire.
PHOTOGRAPHE, néologisme, » qui fait
des dessins (ypà^nv) au moyen de la lumière
(^ft»;, ?>«TOi). — D. photographie, -ique, -ter,
— Photogravure, gravure faite d'après un
pro<^édé photographique.
PHRASE, L. phrasis, du gr. fp&n; (do
9/9àJfiv, dire). — Û.phraser. — Phraséologie,
pr. science relative à la structure de la
phrase.
PHRÉNÉSIB, voy. frénésie.
PHRÉN0L06IE, pr. science de resprit(9p^y).
PHTISIE, gr. 9&(»i; (de v&i-jiv, disparaître,
se consumer). — D. phtisique (vfr. tisique),
PHTLLOXERA, genre d'insectes, dont une
espèce s'attaque particulièrement à la racine
de la vigne et la fait périr ; le naturaliste qui
a créé ce terme doit avoir eu l'intention de lui
faire dire « dessèche-feuille », puisqu'il a em-
ployé les éléments grecs ^ûlXov, feuille et Zripôi,
sec.
PHYSIOLOGIE, science de la nature (-jOyc;).
PHYSIONOMIE, du grec ^w^o/vw^fa* (Sto-
bée), ft)rme écourtée de ^wio/vw/iovia, l'art do
celui qui juge (yvw/A«v) d'après les qualités
naturelles (^jjji;) ; part, l'art de juger du natu-
rel de quelqu'un par l'inspection des traits du
visage (on emploie dans ce sens encore le
terme physiogtiomonie). Par métonymie, le
terme a fini par s'appliquer aux traits du
visage même pris dans leur ensemble. —
D. pht/sionmniste,
PHYSIQUE, adj., gr. çu^ixo;, naturel, do
^U7i;. nature; subst., litt. => science de la
nature. — D. physicien,
PIAFFE, vaine somptuosité, ostentation;
subst. verbal de piaffer, faire le beaxi ou le
brave, d'où piaffeur. Grôber (Ztschr. X, 293)
conteste avec raison l'opinion de Tobler qui
voyait dans piaffci* une variété de pieffer ',
et dans celui-ci un dérivé de pief, pied, mo-
dification do piet (cp. fief == fiet); il insiste sur
le caractère bissyllabique de pia. Selon lui, le
mot se rattache à la même racine que pianner
(du cri du dindon), piauler, piailler et autres;
il démontre, d'après un passage du sieur du
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PIC
— 390 —
PIÉ
Bartûs, La Semaine V, 827 (Le paon cstoillé. . .
pïafard arrogant, d*iine desmarche grave, fait
parade, etc ), qu'il s'est appliqué en premier
lieu au paon.
PIAILLER; le radical pi est onomatopée,
comme dans jjî'auZcr, L. 2iÙ^iTe,pipiIare, etc.
— D. piailleur, -erîe.
1 . PIANO, adv., mot italien, signifiant dou-
cement (du L. planus, uni, facile); c*est en
musique l'opposé de forte. Superlatif pianis-
simo. Après que le clavecin fut muni d'un
appareil permettant de distinguer les piano et
les forte, on désigna ces nouveaux instru-
ments par le nom de piano-forte ou forte-
piano ; puis en omettant le forte, on finit par
àÀTQ piano tout court.
2. PIANO, subst., nom d'instrument de mu-
sique, voy. l'art, préc. — D. pianino, dérivé
italien ; pianiste, pianoter.
PIASTRE, monnaie italienne et espagnole ;
de rit. piastra, pr. lame de métal, plaque.
PIAULER, voy. piailler. — D. pianlard^is,
1 . PIC, oiseau, L picus (de la même racine
que l'équivalent ail. s-pecht). Le mot latin
pica, qui est la forme féminine àt picus, a
donné le fr. pie. — Composé : pivei't p. pic-
vert, esp., it. piéo verde,
2. PIO, 1 . instrument pointu ; 2. montagne
à sommet pointu. La racine 731c, «» pointe, est
fort répandue dans les langues de l'Europe.
C'est à elle aussi que se rapporte le mot pré-
cédent, pic, l'oiseau au bise pointu, ou qui
pique dans l'écorce des arbres. — L'expression
tailler à pic, c.-à-d. verticalement, équivaut
à la façon de parler « couper au couteau »»,
c.-à-d. couper net, sans aspérité, à ras. —
D. pique, piquer, picot, pioche, etc.
PICHENETTE, pic. pihenote, chiquenaude.
D'origine inconnue.
PICHET, aussi picher (cp. angl. pitcher),
petit vase à bec, BL. picarium, bicaHum,
prov. pechiei', pichier, vfr. pichier, v. it. pe-
chero, it. mod. bicchiere. Ces mots romans
sont identiques avec le vha. pehhar, nha.
bêcher, néerl. beker, etc., = gobelet ; cp. gr.
j5î/o«. vase à anse.
PICORER, aller en maraude, pr. voler du
bétail, du L. pecus, pecoris, bétail. Cette
étymologie de Diez ne m'inspire pas une
entière confiance. — B.picorée, esp. picoi^ea.
PICOT, dér. de pic, chose pointue.
PICOTER, fréq. dépiquer.
PICOTIN, ration d'avoine que l'on donne à
un cheval, de picoter; ce serait donc pr. ce
que l'on prend en une seule piquée. Je préfère
cette étymologie à celle deLeDuchat, qui pen-
sait que le mot vient de ce que le picotin (ici
pris comme le nom du vase) était communé-
ment enduit de poix (L. pix). De la Monnoye
dérive le mot de pichot = petit (cp. it. pic-
colo et le mot familier fr. pichon = petit en-
fant). Si picotin = mesure, n'est pas déduit
de picotin *= portion d'avoine, mais plutôt ce
dernier du premier, on pourrait rattacher le
mot au radical de pichet. — Ménage pensait à
paucum, un tantinet, donc picotin ^.poquitin.
Dans Estienne, Deux Dialogues, on trouve
« un pocotin de loisir », mais c'est un italia-
nisme.
1. PIE, subst., voy. pic. Nom de couleur
dans cheval-pie. — D. pi et te.
2. PIE, adj., dans « œuvre pie », du
L. pius, Voy. pieux.
PléÇÀ, il y a longtemps ; vieux mot com-
posé de pièce a, comme qui dirait pièce de
temps il y a. Pièce pour temps, espace do
temps, est fréquent dans les anciens auteurs.
Montaigne encore disait : « bonne pièce avant
la venue de .1. C. ». — Le mot piéçà dit le
contraire de naguère.
PI]ÈCE, it. pezza, pièce d'étoffe, pesso,
morceau, esp. piesa, port, peça, prov. peza,
pessa. Ce mot roman se produit dès le
viu* siècle dans la latinité du moyen âge sous
la forme petium, petia, et avec le sens de mor-
ceau de terre On a produit, à son sujet, les
étymologies suivantes : 1 . Cymr. peth, chose,
morceau, quantité, bret. péz, pièce, mor-
ceau, goél.péos, m. s., mais jamais, observe
Diez, le roman s ne correspond à celt. th, 2.
Grec îrsja, pied, bord, lisière; cett« étymo-
logie grecque se recommande, outre la forme,
par la circonstance que le mot pefium parait
avoir pris naissance en Italie. 3. Contraction
du BL. 2)etacia, petacium, panni fragmentum,
= it. petaccia, esp. pedazo, port, pedaço,
daco-rom. pétecu, prov pedàs, remplissage,
languedocien petas, d'où fr. rapetasser CeUe
troisième manière de voir a pour elle la con-
formité de signification, mais il est diflScile
d'admettre la contraction de pedazo en pesso.
— On voit que l'origine du mot est encore
enveloppée d'obscurité. La source la plus
naturelle me semble être le primitif (inusité)
du L. 2^^^iolus, petit pied (it. peszolo), savoir
petium, qui, dans la langue vulgaire, a fort
bien pu dégager la valeur de semelle, de chose
plate ou de chose d'une dimension analogue à
celle d'une trace do pied ou enfin celle d'em-
preinte. Or. petium est de la famille de pes,
2)edis, à laquelle pourrait appartenir aussi le
susdit esp. pedazo, etc., puisque l'on trouve
en prov le mot peazo (lequel présuppose une
forme antérieure pedazo), avec le sens d'em-
preinte de pied. (Diez, il est vrai, dérive l'esp.
pedaso et ses correspondants du L.pittacium,
gr. TciTT&xtov, morceau de papier ou d'étofle.
mais c'est là une opinion qui reste à vérifier).
Au surplus, la filiation logique « trace do
pied, empreinte, tache, pièce » De serait pas
isolée dans la langue ; pour la transition de
l'idée marcher, fouler du pied, à celle do
tache, je ne citerai que L. macida (dim. do
maca*) d'une racine mac == frapper ; et pour
le passage de la notion tache à celle de mor-
ceau, l'ail, fleck qui signifie l'un et l'autre, et
le mot fr. tache lui-même; comparé au dérivé
rouchi tacon, pièce, morceau. A l'appui du
rapport que je suppose exister entre pièce et
le h.peSy^e me prévaudrai encore de la forme
pedica, qui se trouve employée par Anasta-
sius le Bibliothécaire (ix* siècle) dans le sens
de pièce de terre. — Une autre conjocturo
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PIÈ
— 391 —
PIL
pnnrrait aussi, mais arec moins ào plausibilité,
foire fond sur la même racine ;)i< (devenue par
la perte de l'accent tonique/)^], d'où s'est pro-
duit petit (v. c. m. — D. vfr. peçoier, mettre
en pièces; dépecer; prov. desjiessar; rapiécer
it. rçLppezzare.
PIED, esp. pie, port., prov. pe, it. ptede,
du L. pedem (nom. pes). C'est sans doute à
l'ancienne orthographe piet qu'il faut attri-
buer la dérivation du subst. piétm (v. c. m.)
et des verbes pièter, piétiner, — Composé :
contre-pied, prov. contra-pes.
PIÉDESTAL, de Tit. piedestallo, composé
de piede, pied, et de stalh (vha. stal), base ;
donc pr. reposoir du pied, ail. fuss-gesieU,
PIEDOUGHE, t. d'architecture, petite base,
de Vit. piedditccio, console, dira, de piede.
PIÈGE, it. piedica, du L. pedica (pes),
entrave, piège.— Pour la formation àc piège,
cp. vfr. miege de medicus.
1 . PIERRE, prénom, L Petrus, gr. ïlirpoi,
pr. = rocher, traduction de l'hébreu Képhas.
— D. pierrot, 1. personnage du théâtre,
2. =* moineau (v. c. m.).
2. PIERRE, fém., prov. petra, peira, cat.
pedra, esp. jnedra, it. pietra; dn L. petra
(cp. nourrir de nutrire). — D. pierraille,
pierreux, L. petrosus; pierreHe, pierrette,
pierrier, canon pour lancer des pierres ;
verbe empierrer. Dérivés conservant Ve radi-
cal non diphthongué : perrière = carrière;
pcri^i, prov. peiro, peyron, pr. escalier en
pierre.
PIERROT, moineau, dér. de Ptet^e; cp.
les appellations analogues ; sansonnet, mar-
got, colas (corbeau), richard (geai), martin,
robert, fouquet.
PIETÉ, du L. pietàtem (it. pietà, esp. pie-
fjlad), — D. pitiétiste, -ùme, (néologismes). —
Voir aussi pitié.
PIÉTER, tenir pied ou faire tenir pied ; de
pied (v. c. m.).
PIÉTINER, vfr. pietier, pietoier, remuer les
pieds, fouler, de piet', pied.
PIÉTON, p. ptédon, d'un type L. pedo,
^onis (d'où it. pedone, esp. peon, prov. peso,
peoii). Le t p. d dans piéton vient prob.,
avons- nous dit sous pi>rf, de Tancienne ortho-
graphe piet ; d'autres cependant voient dans
le dérivé piéton un type L. pedito, -cmis, dér.
de pedes, -itis (cp. BL. peditare, aUer à pied).
— Voy. aussi pion,
PIÈTRE ; on a proposé L. pedeJttris (ped*-
stris — pestris — piestre), donc pr. qui va à
pied, opposé à cavalier, puis synonyme de
chétif, misérable. Cette étymologie, quelque
peu discréditée par l'absence d'une anc. forme
piestre, a été réhabilitée depuis que l'on a
rencontré VtLà].peestre, avec le sens de notre
piètre, dans plusieurs passages de Gautier do
Coinci ; peestre, par pïestre (cp . pion \).peon),
est régulièroment devenu piètre (cp. diable p.
dïable, lien p. Iten), Voy.Tobler. dans Kuhn
Ztschr., XXIII, 418. La forme monosylla-
bique piestre au sens de « vulgaire, commun,
chétif n, est d'un fréquent retour dans les poé-
sies de Gille le Maisit de Tournai. Voy. mon
Étude lexicol. sur cet auteur.
PIETTE, dim. de pie l.
PIEU, du vfr. piV/, forme diphtbonguée de
pel, môdificMion de pal, L. jmIus.
PIEUX, adj., forme extensive de /)te, répon-
dant à un tvpe piostis.
PIEUVRE, poulpe ; d'un type polpus (p. poli-
pus), transposé eupoplus, d'où peutle,peHvre,
diphthongué piewcre. .**/..
PIPPRB. Le premier sens de ce mot est pp e
(V c m.), dont il ne constitue qu'une variété.
De cett« acception parait s être produite celle
de joufflu, c.-à-d. aux joues gonflées, bour-
souflé comme un fifre, puis celle de goulu. —
D, s'empiffrer, . .
PIGEON, vfr. pipion, pimon, it. ptpptone
et piccione, esp. pichon, prov. pyon, du L.
pipionem (dér. de pipare, pipire), — D. pi-
geonneau, pigeonnier, .
PIGNE, fruit du pin. L. pinça (pinus). —
H, pignon 2., j j_-
PIGNOCHER, prob. une variété de épino-
cher, qui se trouve consigné, avec le même
sens, dans Bescherelle. En le rapportant au
L. spina, on interprète ce verbe par - éplu-
cher scrupuleusement ce que l'on mange en
écartant les épines ou arêtes «. — La parenté
avec spina se confirme par le terme pigne-
rolle = chardon étoile, qui selon toute appa-
rence vient de spina. Du reste, on prononce
aussi pw oc/te)'.
1 PIGNON, it. pignone, dér. du L. ptmm,
créneau de muraille. Le t. d'horlogerie a la
même origine.
2. PIGNON, voy. pigne,
PILASTRE, de l'it. pilastro, dér. du L..
pila, pilier.
1. PILE, auge servant à broyer, du l^.
pîto, mortier à piler. *
2. PILE, tas, amas, du L. pt/a. pilic^,
motte de terre. — D. pilier, L. pilanum (de
là l'ail. pfMler, angl. pillar)\pilot (v. c. m.);
empiler, — Voy. aussi pilastre,
3. PILE, cftté d'une pièce de monnaie ou
sont les armes du prince. L'origine de cette
expression n'est pas encore tirée au clair. Les
conjectures, toutefois, ne font pas défaut.
Quelques-uns imaginent que pile est un vieux
mot gaulois signifiant navire, que l'on suppose
aussi être le primitif de pilote (v. c. m.). Las
Romains représentaient en effet un navire sur
la monnaie, et, d'après Macrobe, les enfants
jouant à croix ou pile, criaient capita aut
navim, parce que les as portaient duncAtô
un Janus à deux têtes et de l'autre un navire.
De là vient qu'on disait autrefois en français
aussi chef et nef D'autres prétendent que sur
l'un des cfttés de la monnaie royale il y avait
une croix et de l'autre des piliers ou un por-
tique (BL. pila). Nous abandonnons aux nu-
mismates la solution de ce problème étymolo-
gique. , ,_ T •
PILER, broyer, it. pillare, du verbe L. pi-
lare, serrer, presser fortement, fouler, ou du
subst. pila, mortier à piler. — D.pi/ce, pi/ojV,
pi7on.
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PIL
— 392 —
PIM
PILIER, voy. jnle 2.
PILLER, li. pi ffliare, esp. , prov. jiillar. soit
du L. pilarc [i bref, de pilus, poil) = épiler,
et métaphor. = dépouiller, piller, voler, soit
d'un autre verbe pilare (i long) que l'on
trouve dans Animien avec le sens du composé
eX'piîare, également = dépouiller. La per-
sistance de Vi dans les mots romans appuie la
domière explication. Quant à 17 mouillé,
Diez pense qu'il pourrait avoir été motivé par
le désir de distinguer le verbe de l'homonyme
2)ilei; broyer. A cause de 1'/ mouillé, j'ai cru
d'abord que les mots romans étaient formés
du L. peciiiarif = piller le fisc; mais je suis
d'avis que l'étymologie de Diez est tout à fait
acceptable, Yl mouillé s'étant également pro-
duit, sans même qu'il y eût nécessité de le
distinguer d'un homonyme, dans un composé
de pilare, savoir l'it. compigliare (L. com-pi-
lare^ notre compiler). — D. piïlote7\
PILON, voy. pile. — D, pilonner.
PILORI, vfr. pellori, pillorit, angl. ]nllo7y,
prov. espitlori, port, jtelourtnho. Du Cange
rattacbe le mot à pilier; Grimm, au mha.
pfilaere, qui est la forme germanique dejnlier.
Cette étymologie ne concorde pas avec les mots
indiqués ; elle n'a pour elle que le BL. pilari-
ciim, mais, outre cette forme, le BL. présente
encore pHloricum, pellericum, pellorium,
jnliorium, spilorium. Ce qui fait que la véri-
table origine est encore à trouver. Le Voca-
bulaire d'Evreux, publié par Chassant, porte
œllistriffium (carcan) ^^ pilori. — Wedgwood
(Rom., VIII, 439, et dans son Dictionnaire),
sur la base du prov. espitloH et pai'tant du
sens carcan, conjecture comme origine du
mot le catalan esjritllcra (trou par où l'on
regarde, fenestrelle) , qu'il identifie avec
L. speculariitm. Ce serait un terme populaire
fondé sur la comparaison du trou par lequel
le patient passe sa tête et contemple la foule,
avec un observatoire. — D'après Baist (Grôb.,
Ztschr., V, 233), le nom et la chose sont d'ori-
gino espagnole; pilm^i serait ^\\v jnlmn (w),
dim. do pilon (pilier); le mot n'apparaît pas,
dit-il, avant le xiii® s., mais, comme remarque
G. Paris, il est dans la Charette (xii° s.). —
D. pilorier.
FILOSELLE, sorte d'herbe, en botan.
Hieracium pilosella, du L. pilosus, poilu ;
c'est « comme qui dirait peluctte ou veluette »
(Nicot).
PILOT, dér. de pile, colonne. — D. pilo-
tei% enfoncer des pilots, d'où pilotage,
pilotis,
PILOTE, it.. esp., port, piloto, it. aussi
pilota; mot inexpliqué encore. Le néerl.
pijloot, que l'on pourrait au besoin analyser
en pijlen, mesurer la profondeur de l'eau, et
lood, fil à plomb, présenterait bien une
source convenable, mais Diez pense que le mot
néerl. est plutôt un emprunt fait au roman.
Il nous semble cependant diflîcile de ne pas
admettre une connexité entre le néerl. pijl-
loot, jnloot, pilot, et l'équivalent ail. lootse,
lothse, angl. lodesman, dan. loods, néerl.
loots, lootsrnan» Cette manière de voir est cor-
i*oborée par le verbe piloter, employé par
Palsgrave dans le sens de sonder. L'étymolo-
gie tirée d'un vieux mot français pile =-
navire (voy. pile 3^ est une étymologie en
l'air, car il n'y a nulle trace de l'existence de
ce primitif. — La liliôre établie par Ménage :
prorita (gr. ir/a«pi5T>j,- (52c), qui dirige la proue)
— pirota — pilota, est tout aussi arbitraire.
— M. Breusing, dans son étude « Die Sprache
des deutschen Seemanns «», a soumis à un
examen spécial les applications diverses faites
du mot pilote, en pays roman et germanique,
depuis la première apparition de ce terme, au
xiii** s. (dans les parages de la Méditerranée;,
ainsi que les nombreuses tentatives (sérieuses
et aventureuses) fuites pour en découvrir l'éty-
mologie. Quant à celles-ci, il est amené à les
rejeter toutes et surtout à nier toute parenté
avec le germ. lootse, lootsman, en alléguant
des raisons puisées dans la science nautique
aussi bien que dans la phonétique, et conclut
en proposant l'étymologie suivante, que lui
suggère la coexistence en Italie des formes
pedota et pelota. En grec, le gouvernail se
dit TTïjoov et :xï!cà)iov; ne peut-on pas en infé-
rer l'existence, dans les bas temps de la gré-
cité, des dérivés ^rijo'ijrvjf, i:r,cxXi6tT7ii'i D'après
le précédent du gr. IcKàtmi = it. idiota, un it.
pedota = 7r»j5wT>î« est acceptable, mais mes
connaissances linguistiques ne me permettent
pas de décider si do Ttr^iuUitrta a pu se déga-
ger it. jiilota f — D. piloter, -âge.
PILOTER. -IS, voy. pilot et pilote,
PILULE, L. pilula, dim. de pila, boule.
PIMÂRT, nom d'oiseau, du L. picits nmr-
tins.
PIMBÊCHE, femme impei-tinente, qui se
donne des aii*s de hauteur. D'origine incon-
nue. Richelet, qui écv'ii painhèche, entend par
ce mot une femme fainéante à qui il faut
mettre le pain au bec. Pour Génin, la com-
tesse do Pimbêche de Racine est la comtesse
do pince-bec ou du bec pincé; il identifie le
mot avec CApimbeche du Ménagier do Paris,
.sorte de sauce au verjus, qui faisait pincer le
bec. Qu'on nous pardonne la citation de ces
jeux d'esprit.
PIMENT, vfr. piiimeitt, esp. piniiento, du
L. pigmentum (pingere), matière coloi-ante.
suc des plantes dont on fait des couleurs ; dans
la moyenne latinité = épice, aromate, aussi
= boisson composée de miel, de vin et do
diverses espèces d'épices. Les médecins ont le
terme pigment p. matière colorante de la
peau. — D. pimentade, sauce au piment.
PIMPANT, du prov. pimpar, pipar, rendre
pimpant, pomponner. Dans le Roman de la
Rose, je trouve pipelé au sens d'orné. Le ra-
dical est pip, mais que signifie-t-il? Est-ce le
mémo que celui de pipe et pipeau avec l'idée
d'allécher, tromper? Oudin définit « /)(/><?r en
une chose » par y exceller.
PIMPESOUÉE, d'après Auger, un composé
de pimper (voy, pimpant) et l'adj. souef (sua-
vis), doux ; Génin explique pimpesouée par
« une agi'éable pouponne «; il voit dans pimpe
l'it. bitnbo, bimba, poupée, et dans souèe.
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PIX
— 393 —
PIP
comme Auger, le fém. du vieil adj. souef. —
Le musc, pimpesoué se trouve dans les patois
avec le sens de fat, précieux, ridicule.
FIMPRENlLIiS, it. pimpinella, esp. pim-
pinela, ail. phnperneil (lo terme scientifiquo
est u pimpinella saxifraga »); on y voit géné-
ralement une corruption de bipennella p. bi-
p*?nmt1a, == à deux ailes. Les formes cat
pamjnneUa, piéra. parnpineia, font supposer
une dérivation de pampinus ; mais quel est lo
rapport qui puisse justifier cette dérivation ?
PIN, L. pinus. — l). jnnaie, L. pinetum;
pincustre, pinier, pigne (v. c. m.); pinine,
résine du pin; acide pinique, pinasse (v. c.
m.): pineau^ sorte de raisin noir, qui par sa
forme et par lentassement de ses grains les
uns sur les autres, ressemble à une pomme de
jnn (Le Duchat).
^ PINACLE, L. pimioculum (pinna).
PINASSE, sorte d'embarcation, it pinaccia,
angl. pinnace, du L. pinus, 1 . pin, 2. navire
(de bois de pin).
PINCE, voy. pincer. — D.pinceite.
PINCEAU, ptncc/*,prov./)iVï^«Z, ail. pinsel,
du L, peniciÛum (dim. de pénis), queue, pin-
ceau. L'angl. pencil, crayon, est le même
mot. — D. pincelier ; pinceaiUet'.
PINCER; ce verbe est une variété nasalisée
du wallon pissi, it. (Venise) pissare. Notez
encore les formes dérivatives it. pi z s Icare,
valaque pitzigà, piscà, cat. pissigar, esp.
piscar. La source directe de ces vocables
parait être le néerl. pitsen^ ail. pfetzen^
p fit zen, pincer, serrer, tenailler, qui est un
rejeton sans dout« de la rac. pit, pointu, indi-
quée sous /î<rfrt. — D subst. verbal pmcc, nom
de l'agent et de l'action, esp. pitizas (plur.),
cp. it. 2ii*i^o^ aiguillon ; pincée, pinçon, mar-
que sur la peau quand on a été pincé. Compo-
sés : épincer, d'où épincelcr; pince-maille.
PINCETTE, voy pince.—- U.pinceter,
PINEAU, voy.;>ïH.
PINGOUIN ou pinguin ; d origine douteuse :
d'après Clusius, du L. pinguis (cp. le terme
ail. fett-gans, oie grasse) ; d'après lion lin, le
mot s'appliquait d'abord à des oiseaux à « tète
blanche, hret. pen gxoenn «.
PINGRE ; je ne connais pas l'origine de ce
mot, dont la signification, du reste, n'est pas
encore fixée (•« avare, méticuleux, malin,
effronté, de mauvaise mine n ; Littré ne lui
reconnaît que celle d'avare). On peut penser
au L. piger, vfr. pigre^ lâche, misérable, ou à
pinguis, gras, grossier, lourd. Fournier
avance (sans preuves) que pingre a signifié
juif, usurier, et qu'il vient de pingre,
épingle, parce que les juifs étaient accusés
d'enfoncer des épingles dans la chair des
enfants .
PINNE, dans le composé pinne-marinc, gr.
t{vv»î. m. s. — D. pinnier.
PINQUE, esp. pingue, pinco; le même mot
qje le néerl. et angl. pink, ail. pinke, dont
l'origine est douteuse. On a proposé un type
pinica^ pinça, dér. de L.piniis, vaisseau (cp.
pinasse), mais on réclame une étymologie se
rapportant à un des caractères distinctifs de
lajnnque. Lo v. flam. espink est p. esp-pinke
pinque en bois de peuplier.
PINSON, une. 2nnçon,it.pi7icione, esp. pin-
zon, pinchon, du cymr. pinc, gai, pinson (cp.
lo nom d'oiseau geai). Le même radical a pro-
duit pièichc, petit sagouin, et pinchard,
espèce de pinson. — Le radical jnnc est-il
congénère avec Tall. fink, angl. finch = pin-
son? Grimm rattache ceux-ci par rapport au
plumage à la racine fink, funk, exprimant
luire, briller.
PINTADE, de l'esp. pintado, bigarré, part,
de pintar (= L. 'pictare), peindre, bigan^er,
à cause du plumage de cet oiseau. Le nom du
pintaiL faisan de mer, a la même origine.
PINTE, mesure de liquide. En espagnol,
pinta signifie aussi marque, signe; or, cepinta
vient de pintar, peindre, marquer. Pinte est
donc prob. = chose marquée, jaugée ; cp. le
mot marc, pr. marque, poids, puis nom d'un
certain poids. — D. pinter (cp. chopi)ier, de
chopine). Dans la Suisse romande pinte est
synonyme de cabaret.
PIOCHE, prob. p. picoche, dér. de pic (cp.
vfr. pia^se, sorte de hache, p. picassc). —
D. piocher, travailler à la pioche, fig. travail-
ler avec ardeur ; piochet (v. cm.).
PIOCHET, grimpereau, àiQ pioche; cp. son
nom ail. baum-hùchel, qui pioche les arbres.
PIOLÉ, dér. de pie, Toiseau à deux cou-
leurs. — Les étym. piculatus «= piqueté,
tacheté (Ménage) et pipio, pigeon, cp. l'expr.
gorge de pigeon (M. de Croissandeau) ne mé-
ritent aucun crédit.
1. PION, anc. pe'on, it. pedone, esp. peon;
pr. homme de pied, puis fantassin. Du h.pedo,
'Onis. — D. pionnier, vfr. peonier, prov.
pezonier, d'abord fantassin en général, puis
spécial, fantassin occupé aux tranchées et
autres travaux de siège.
2. PION, t. du jeu des échecs (vfr. peon,
aussi, selon la fluctuation habituelle de la
voyelle en syllabe atone protonique, poon,
paon); c'est le même mot que le préc., cp. en
mha. feixde, vende, pr. fantassin (auj. pion se
dit en ail. bauer, pr. paysan). Il faut écarter,
je pense, l'étymologiejaoon.
PIONNIER, voy. pion 1 .
PIOT, boisson, vin, dér. du vieux verbe
pier, chopiner, qui parait être plaisamment
formé d'après le gr. (infin. aor.j xitlv. Cp.
trinquer, de Tall. trinken,
PIOUPIOU, t. populaire = fantassin; re-
doublement deptou (pion)?
PIPE, it. pipa, prov. pimpa, ni. pijp, angl.
pipe ; en premier lieu chalumeau pour sifiler,
à l'usage des oiseleurs, puis tuyau en général,
d'où découlent les différentes acceptions
modernes. Le mot avec sa signification fon-
cière « sifflet d'oiseleur «», représente le subst.
verbal du verbe piper, contrefaire la voix des
oiseaux pour les prendre, = L. pipare, qui
exprime le cri des oiseaux. Du roman pipa
l'ail. &îa\tpfifa, my pfeife, m. s. — D.pi-
peau, chalumeau. — Voy. aussi ptco^
PIPER, contrefaire la voix des oiseaux
pour les prendre, puis prendre à la pipée, au
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PIQ
— 394 —
PIS
fi g. E= tromper; voy. pipe. — D. pipce,
pipetiVf pipeiHe ; pipet^ oiseau qui prend les
iTiouclios.
PIPIER, le même mot (\ue pépier,
1 . PIQUE» d(5r. de la rac. jnc (v. c. m.). —
D. piquet^ 1. pelit pieu, 2. fig. un certain
nombre de fantassins établi (pr. piqué) dans
un endroit, cp. les ternies planton, poste.
D'après Littré, ce dernier sens vient, par
catachrèse, de celui de « pieu grand et fort
dont on se sert dans un camp pour tenir les
chevaux à l'attache «•. Ce serait donc une
ti'oupe dont les chevaux sont réunis autour
du même piquet.
2. PIQUE, brouillerie, voy. piquer.
PIQUE-NIQUE, repas où chaque convive
paye son écot ou apporte son plat, angl. pich-
nich. Le mot est-il d'importation anglaise?
Nous ne le savons pas. Ménage s'abstient d'es-
sayer aucune étymologie et se borne À dire que
le mot est d'introduction récente. Roquefort
pose carrément la singulière explication que
voici : pick an each, mots anglais, auxquels
il prête la prononciation p?cA-e;i-îc^, et la va-
leur « repas où chacun est piqué, où chacun
a sa taille particulière ». Génin, s'il n'est pas
dans le vrai, est infiniment plus spirituel.
Prenant pour point de départ du subst. actuel
l'ancienne tournure adverbiale (soupe)') à
pique-nique^ il définit cette dernière en ces
termes : « faire un repas dans lequel aucun des
convives n'est redevable de rien à son voisin,
où il y a parfaite égalité de position et de
maintien ; à ptque, mauvaise humeur, bou-
derie, on oppose Clique (v. c. m.), clin de l'œil
en signe de moquerie ou de mépris ; tu me
piques, je te tiique, partant quittes »» . Le phi-
lologue français n'y voit qu'une de ces expres-
sions familières et sonores, telles que **^ à bon
chat bon rat », « à bien attaqué, bien
défendu »». C'est, xiit-il, partie et revanche;
c'est l'expression de l'équilibre, de l'égalité
entre les parties. — Boniface interprète le mot
par « repas où chacun pique au plat pour sa
nique » [nique pris dans le sens de petite mon-
naie). — Littré dit que le mot est anglais et
se compose de to pick, saisir, prendre, et
nick, point, instant, et il ajoute que cette
étym. dispense de toutes celles qui ont été
faites ; malheureusement, cette explication est
obscure. Wedgwood passe le mot sous silence;
Mûller dit que, si le terme est originellement
anglais, il faut partir des mots pick et nich
(ce qui n'est pas douteux), mais il ne dit pas
dans quel sens ; pick se comprend (c'est cueil-
lir, prendre), mais nick a plusieurs significa-
tions : instant précis, point nommé, tromper,
coche, cran, dont aucune ne se présente favo-
rablement.
PIQUER, dér. de la racine pic (v. c. m.);
an gl . pick , al 1 . picken , it . picch iare, cat . , esp . ,
port., prov. picar. Pour la loc. se piquer de
qqch. = la prendre de mauvaise part, s'en
fâcher, elle est analogue à celle de s'offenser
de qqch., pr. »= se blesser de qqch. Je com-
prends moins bien l'emploi pronominal de
notre verbe au sens de « se glorifier, se van-
ter ». — D. pique, fâcherie, brouillerie;
piquant, subst. , pointe d'un chardon ; piquant,
adj. = qui pique, qui mord, qui frappe, en
général qui produit une impression vive, tan-
tôt agréable, tantôt désagréable; piquetttr,
mauvais vin; piqueur, pr. qui pique (aiguil-
lonne) les chevaux ou les ouvriers; piqûre;
picoter, d'où picotement.
PIQUET, voy. pique. — D. piqueter. — Le
nom du jeu de piquet est, dit on, celui de son
inventeur.
PIRATE, L. pirata, du grec wsipin^,-, pr.
qui tente la fortune (sur mer), aventurier, —
D. piraterie, pirater.
PIRE, du L. péfor; Tanc. langue n'em-
ployait ce mot qu'au cas-sujet ; pour les cas-
obliques, elle se servait de pïeur, qui réjwnd
au L. p^ôrem (it. peggim'e, esp. pcor,. —
D. empirer.
PIROGUE, aussi piraugue, esp. piragna,
mot d'origine caraïbe.
PIROUETTE (le mot n'est pas antérieur au
xv« siècle), dim. d'un subst. inusité /wroM. que
Frisch prend pour un composé de pied (dial.
pi) et de roue, donc = roue tournant sur un
pied, Diez ^owTpite (radical de pivot) -\- roue.
Voy. aussi pivot. — Pour Caix (Grôber,
Ztschr., I, 277), les deux éléments de la com-
position sont pir -f rouette. Le thème pir
désigne des objets qui tournent autour d'eux-
mêmes à l'instar d'une vis; on le rencontre
dans de nombreux composés italiens et dans
le fr. piron (espèce de gond); cp. gr. mod.
ntlpos, cheville, tarière, Tttlrjtov, vis. Dans ses
Studi, Tï9 454, cependant, Caix le ramène au
lat. epigmis (clou, cheville). D'après Darmes-
teter, qui allègue les formes norm. perrouette
(fille évaporée), wallon berweter (pirouetter),
le mot indique plutôt une composition du
péjoratif bis -\- roue. Mais il se heurte cepen-
dant à l'initiale p ^. b. — Cp. la formation
de girouette et voy. aussi Taré, pivot. — D.
pirouette^'.
1. PIS, adj. et adv., du L. pejus.
2. PIS, anc. = poitrine, auj. mamelle
d'une vache, etc. ; vfr. peis, prov. pcits, pitz,
it. petto, wall. pé. Du L. pectus. « Mettre la
main au pis » (pis = poitrine), ancienne
locution = prêter serment.
PISCINE, L. piscina (piscis).
PISER. fouler, esp. pisar, port., prov.
pizar, du L. pisare ou pisere, forme concur-
rente de pinsere, piler, tasser. — D. pisé,
terre dure, compacte, battue; pison, instru-
ment pour piser.
PISSER (pic. picher, wall. pihi), it. pis-
ciare, prov. pissar, angl. piss. L'ail, pissen
parait être emprunté au roman, car il n'est
pas fort ancien dans la langue. Les langues
celtiques ne présentent aucun vocable sembla-
ble qui puisse être considéré comme leur
étant propre. L'étymologie reste donc à trou-
ver. Diez ne pense pas que l'on puisse invo-
quer le L. pytissare pitissare == gr. ^tut'Jsi»,
qui signifie cracher ; il voit plutôt dans pisser
le sens fondamental d'éjaculation et est ainsi
amené à conjecturer un type pipisare (d'où
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PIS
— 395 —
PIT
pipsare, pissare), dérivé de pipa, hiyau ; il
inv(X|ne, à ce sujet, les acceptions analogues
de lall. pfetfen. — D, pisse, pissat, pissoter ;
cps. 2^isscnlii, plante appelée ainsi à cause de
SCS propriétés diurétiques.
PISTACHE. L. pistacium (:riïr«xcav). —
D. pistachier,
PISTE, trace du pied, it. pesta, esp. pista,
subst. du verbe ït.pestare, esp. pistar, prov.
pestar, fr. (patois) pi5<er = L. pistare, broyer,
fouler, fréq. àepinsere.
PISTIL, L. pistiUum (pinscre), pr. pilon
à mortier; les Allemands nomment de mémo
cet organe de la fleur stempel, pr. pilon.
1 . PISTOLE, monnaie d'or. D'où vient ce
mot? On a prétendu sans aucun fondement
qu'il dérive de Pistqja^ comme le mot florin
de Florence. Le mot n'est ni italien ni espa-
gnol. Diez cite ce passage de Claude Fauchet:
« Ayant les cscus d'Espagne esté réduiets à
une plus petite forme que les escus de France,
ont pris le nom de pistolets et les plus petits
pistolets bidets. • Ce serait donc un terme de
dérision (v. le mot s.). — D'après Mahn, pis-
tola est une comiption de piastruola, dimin.
de piastra, fr. piastre (v. c. m.).
2. PISTOLE, arme à feu (d'où le dim. pis-
tolet\ it., esp. pistola. Covarruvias dérivait
pistola de fistula; cela jurerait par trop avec
les règles de transmutation romane. Voici ce
qu'en dit H. Estienne : « A Pistoie. petite
ville, qui est à une bonne journée de Florence,
se souloient faire de petits poignards, lesquels
cstans par nouveauté apportez en Franco
furent appelez, du nom du lieu, premièrement
pistoiers, depuis pistoliers et en la ^n pisto-
lets. Quelque temps après estiint venue l'in-
vention des petites liarquebuses.on leur trans-
porta le nom do ces petits poignards. Et ce
pauvre mot ayant esté ainsi promené long-
temps, en la fin encore a esté mené jusques en
Espagne et en Italie pour signifier leurs petits
escus : et croy qu'encore n'a-t-il pas fait, mais
que quelque matin les petits hommes s'appel-
leront pistolets et les petites femmes pisto-
lettes. n H. Estienne avait bien prévu que le
rôle àe pistolet ne se bornerait pas aux signi-
fications qu'il lui connaissait; chez nous, à
Bruxelles, on appelle de ce nom les petits
pains au lait que nous prenons au déjeuner.
Le président Fauchet déduit également le
mot, dans sa signification de petite arquebuse,
du nom de lieu Pistoie. — Diez admet au
fond cette étym., mais en la rectifiant en ce
sens que pistola aurait été dégagé de pisto-
lèse, sabre court, qui est p. pistojese, adj. de
Pistqja. Dans sa première édition, il inclinait
pour l'opinion de Frisch, d'après laquelle 7)14'-
tola est une modification de pistilhis, it. pes-
tello, pilon, et signifie propr. un instrument
pourvu d'un bouton; il citait à l'appui le
vénitien piston, peston, ==• petite arquebuse,
mot littéralement identique avec l'it. pestonc,
pilon, mais le suffixe ola la lui a fait écarter;
les règles de formation italienne imposent une
forme pistuola, qui n'existe pas. Dans une
séance de la « Société de Berlin pour l'étude
des langues modernes *», l'origine du mot
pistola a fait l'objet d'une discussion appro-
fondie ; Mahn y a défendu l'étymologie tii^e
de Pistoria, le nom latin do Pistoie, en s'ap-
puyant de prouves tant historiques que gram-
maticales. — Il est fâcheux que Larousse en
mettant si amplement à profit mon article
quant à l'origine du mot pistolet, n'ait pas
connu l'étude signalée de Mahn, il y aurait pu
recueillir d'intéressants détails relatifs à l'his-
toire de la chose ; cela m'engage d'autant plus
à indiquer le livre où ils sont présentés : Ety-
moloffische Untersuchxmge^i, Berlin, 1855.
p. 97 et suiv. — Quant au mot pistolet, en
tant que signifiant petit pain au lait (v. pi.
h.), il n'a sans doute rien de commun avec le
L. pistor, boulanger; le dictionnaire rouchi
de Hécart m'apprend que dans ce dialecte
pistoulet .«signifie un petit pain fort long et
étroit, que l'on nomme aussi flûte. Il faut donc
croire que le mot est tiré par métaphore du
nom de l'arme à feu.
3 . PISTOLE. logement en prison pour le-
quel on paye. Est-ce une acception déduite de
pistoie, nom de monnaie? Il paraît que oui ;
la pistoie s'obtient moyennant pistoie.
PISTOLET, voy. pistoie 2.
PISTON, it. pestone, du L. pistare, voy.
piste.
PITANCE, it. pietanza, esp., prov. pie-
dan za, pidanza. Il faut catégoriquement
rejeter l'étymologie de Le Duchat, savoir
L. petentia, dans le sens de ce que les moines
se procurent par les quêtes ; il faudrait pour
cela une forme esp. pedenza. Muratori pen-
sait à l'it. piatto, plat ; cela est tout aussi con-
traire & la facture des mots en question (le
prov. piatansa, qu'on pourrait invoquer ici,
est analogue au mot jnatat, pitié, qui est p.
pietai). La forme it. pietanza donne lieu À
expliquer le mot par « œuvre de charité » (it.
pie/f\); mais les correspondants esp,, prov. et
fr. ayant pour l'adical pit, il est plus rationnel
de voir dans la forme it. une modification do
pitanza, qui est en effet le mot usuel pour la
chose dans la Lombardie ;' modification basée
sans doute sur une fausse interprétation du
mot. Or, pitanza parait être, tel est l'avis do
Diez, un rejeton de la racine pit = peu de
chose, bagatelle (voy. petit), par l'intermé-
diaire d'un verbe pitare (cp. le génois pittà ==
picoter), qui aurait signifié « prendre un menu
repas ». — Sans vouloir formellement con-
damner l'opinion de Diez, nous devons objec-
ter que la forme généralement adoptée dans
la moyenne latinité pour pitance, est pictan-
tia, et que Du Cange définit ce mot par por-
tion monacale de la valeur d'une pite (v. c.
m.); cp. le mot BL. pictata, valor unius
pictîe.
PITATID, paysan, grossier; quelques-uns y
voient une dérivation do L. pcdes, peditis,
donc un synonyme do piéton (on trouve dans
Froissart petaud, désignant une sorte de trou-
pier à pied) ; peut-être est-ce une forme variée
do pataud.
PITE, petite monnaie, du BL. picta « moneta
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— 396 —
PLA
comitum Pictaveimum, minutissima fere om-
nium monetarum ». Voy. aws&ï pitance.
PITEUX, prov. pitos, voy. pitié.
PITIÉ, vfr. piteit, pitiet, ptted, modifica-
tion vocale de piété (par une contraction de
piet, piyet en pijt; voy. Rom., IV, 123). L'ac-
ception piété ne se compose- t-elle pas en effet
de deux éléments : l'amour de Dieu [piété) et
l'amour du prochain [pitiéS'l Du thème pit de
pitié^ procède Vtià,}. piteux ^autrefois = misé-
ricordieux, auj. = digne de pitié), et le verbe
(inusité) pitoyer, prendre en pitié, conservé
dans le composé s*apitoyer et l'adj. pitoyable,
(anc. aussi pitiablc), 1. enclin à la pitié (opp.
impitoyable); 2. digne de pitié.
PITON, sorte de fiche de fer ou clou ; prob.
un rejeton de la racine pit, traitée sous petit
et exprimant chose pointue. Cp. esp. pito,
petit morceau de bois pointu.
PITOYABLE, voy. pitié,
PITTORESQUE, de l'it. pittoi-csco, dér. du
subst. pittore, peintre.
PITUITE, L. pitttita,
PIVERT, voy. pic 1.
PIVOINE (dans les dial., on dit. sans le v
épenthétique, pioine), it. peonia, du L. pœo-
nia, m. s. (gr. Traiwvcaj. — Le nom delà fleur
a été, à cause de la couleur rouge, aussi
transporté au bouvreuil.
PIVOT, daprès Diez, un dérivé àe pipeCit.
^iva); cette étymologie est possible, mais non
assurée. — Une fois que l'existence d'une ra-
cine pit, chose pointue, est accordée, ne
serait-il pas tout aussi rationnel d'en dé-
duire pitot, puis par syncope piot, enfin par
l'épenthèsc si commune de v, la forme pivot f
Ce primitif |îîV, d'où je déduis aussi piton (v.
cm.), est peut-être aussi au fond de pirou
^p. piterou), d'où pirouette, pr. = petit bâton
tournant. — D.pitoter.
PLACAGE, subst. àe plaquer y voy. plaque.
PLACARD» voy. plaque, — D. placar-
de^\
PLACE, esp., port., prov. plaza, plaça,
plassa, \X,piazza, ail. plats, du L. platea,
large me, place publique (gr. 7r)«Tîîa. fém.de
ff)aTw;, large). Le sens primitif s'est généralisé
en celui de lieu, emplacement. — h. placier ;
placet, tabouret; verbe placer (mot récent
dans la langue).
PLACER, voy. place. — D. placement;
composés : replacer déplacer, emplacer d'où
remplacer,
1 . PLACET. voy. place.
2. PLACET, pétition. C'e.st un mot latin qui
.«ignifie « il plait • et qui constitue la formule
par laquelle celui à qui la pétition est adressée
y accorde son consentement. Placet signifie
donc pr une requête accordée, « oui placet
adscribitur n^ow bien, comme disent les juris-
tes, une requête placitée, puis requête en
général. — Le mot initial des suppliques était
d'ordinaire la forme subjonctive placeat, c.-à-d.
« qu'il plaise •., mais ce n'est ])as de cette for-
mule que l'on doit déduire le mot placet, bien
que cette étymologie répondrait mieux à la
chose.
PLACIDE, L. placidus. — D. placidité,
L. -itatem.
PLAFOND, p. plat' fond, c.-à-d. le fond plat
entre les solives. — Les ouvriers, .«e diri-
geant d'après l'oreille, faisant donc peu de cas
du d final et radical, en ont dérivé sans scru-
pule le verbe plafonn^^r (cp. quardcronner).
PLAFONNER, voy, plafond.
PLAGE, it. piaggia, d'un type immédiat
plagia ; la forme classique plaga, contrée,
région, est le type del'esp. playa et \fr. phie
= plage.
PLAGIAT, L. plagiatus, subst. du verbe
plagiare', commettre un plagium. Les Rx)-
mains appelaient plagium le vol d'esclaves, ou
plutôt la vente d'un esclave dont on n'est pas
le propriétaire légitime. — Plagiaire, L. p/fl-
^lariiw,, coupable de plagium, voleur d'hom-
mes. — Ce n'est pas à nous de traiter la ques-
tion de l'origine du mot L. j)lagiu7n, à propos
de laquelle les opinions diffèrent beaucoup,
mais nous tenons à établir ici l'époque où
l'expression plagium a été appliquée au vol
littéraire. A ce sujet, nous citerons le passage
suivant de la Dissertatio philosophica de pla
gio litterario de Jacques Thomasius. I^euco-
petr», 1679 : « Plagii vocem SAitplagiarii,
quod sciam, nec antc Martialem scriptorquis-
quam, nec post Martialem ante duo hsec .«c
cula Éevum ullum ad furtum litterarium appli-
cuit. »t Le passage en question de Martial est
la 53* épigramme du 1**" livre : - Impones
plagiariopudorem. »
1 . PLAID, it. piato, esp. pleito, prov.p/aiï;
du L. placitum, dont le sens propice est « ce
qui plait »», c.-à-d. opinion, jugement, arrêt
de justice (cp. en gr. 3&|a de oo/iw). De cette
signification première « décision judiciaire •
procèdent celles de « assemblée de justice,
audience, parlement, contrat », puis de - af-
faire judiciaire, procès *». Au sens de plaidoi-
rie, plaid doit être considéré comme le subst.
verbal abstrait de plaider, — D. plaidn'{}\V,.
placitai'e), conduire un procès, disputer, etc.
d'oîi plaideur. Une forme extonsivo i\c plaiérr
est : it. piateggiare, esp. plntear, vfr. plni-
dier, nfv. plaidoyer. Ce dernier mot, toutefois,
ne s'emj)loie plus aujourd'hui qu'à l'état de
substantif; il esc le primitif du subst. jAaidoi-
rie p. plaidoierie.
2. PLAID, manteau écossais, du gaél.
plaide, que l'on considère comme contracté de
peallaid, peau de mouton.
PLAIDER. PLAIDOYER, voy. l'art, préc.
PLAIE. L. plaga [itlfif^!), coup, blessure.
La signification actuelle du mot repose sur
un transport d'idée de la cause à l'effet; il en
est de même de celle du mot blessure. —
D. vfr. plaier, blesser, it. piagare, esp.
llagar.
1. PLAIN, uni, plat, it. piano^ L. plamts.
— La forme .savante de plain est plan (v. c.
m.). — D. plaine; en vfr. on disait aussi le
plain = la rase campagne; c'est le L. /)/«-
num, — Composé : plain-chant, chant à l'unis-
son. Notez encore la loc. de plain-pied = de
même niveau, au même étage.
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— 397 —
PLA
2. PLAIN, cuve où l'on trompe les peaux ;
p. pclain, pclin, dér. de pellis, peau. —
D, planier(\. c. m.).
PLAINDRE, L. plangere. — D. plainte,
subst. participial de plaindre. Le vieux subst.
masc. plaint (it. pianto^ port, pranto, prov.
planch) répond au subst. latin planctus, —
Cps. complaindre {y , c. m.).
PLAINE, voy. plain.
PLAINTE, voy. plaindre, — D. plaintif,
PLAIRE, L. placëre p. placëre. En vfr. on
avait aussi l'infinitif plaisir (cp. les deux
formes loiré' et loisir* de licere, nuire et nui-
sir* de nocerc, taire et taisir* de taceré). Cet
infinitif plaisir nous est rest^ à l'état de sub-
stantif. — D. plaisant; jilaisance (cp. nui-
sance de nuire), — Cps. complaire^ déplaire.
PLAISANT, 1. qui p/a«<. agréable (signifi-
cation obsolète), 2. qui vise à plaire en faisant
rire, enjoué, folâtre, 3. ridicule, drùle. —
D. plaisanter , d'où plaisanterie.
PLAISE, nom de poisson, angl. plaice,
flam_ pladys, du L. platessa (Ausone;, gr.
ffiâraÇ, BL. platisa, — Plaise est sans doute
une forme contracta déplaise. Voy. aussi plie,
PLAISIR, voy. jylaire.
PLAMER, tremper les peaux dans la cuve à
chaux ; dér. de plain 2 (cp. étamerde ëtain),
— D. plamée.
1. PLAN, adj., voy. plain. De l/i le .subst.
2)lan, d'abord surface plane, puis le dessin
d'un bâtiment, d'une ville, etc., réduit à la
surface plane, projet de construction, enfin
projet on général. — La locution laisser en
plan = abandonner, planter là, me semble
venir du L. in piano = à terre; ce serait donc
pr. no pas relever celui qui est tombé. Ou
bien le sens primitif serait- il: no pas admettre
en justice, laisser in piano, c.-à-d. en dehors
de l'enceinte élevée du tribunal f — D. apla-
nir ; planer (v. c. m.).
PLANCHE, it. pianca, prov. planca, du
L. planca, m. s. (p. planica?). — D. jjlan-
chette, plancher ; verbe planchai er,
PLANÇON, voy. plant,
1. PLANE, arbre, contraction du L. pla-
ta nus.
2. PLANE, nom d'outil, voy. ji^an^r 1.
1. PLANER, verbe actif, unir, aplatir,
polir, dér. de l'adj. plan. — D. plane, outil
pour planer; planoir, -lire.
2. PLANER, verbe neutre, de l'adj. ;j/a»,
pr. se tenir dans un même plan. « On dit
d'un oiseau qu'il plane quand, volant en l'air,
il rase l'air sans escourre (secouer) les ailes »
(Nicot). Signification dérivée : voir d'un lieu
élevé, comme l'oiseau qui plane.
PLANETE, L. planeta (Triavïjr/ï;, pr. étoile
errante). — D. planétaire,
PLANIMÉTRIE, terme scientifique, =
science de mesurer (jjurpilv) les surfaces
planes,
PLANISPHERE, mot scientifique, représen-
tation d'une sphère (globe) sur un plan.
PLANT, subst. verbal de planter, —
D. plançon, tyi)e latin pi antionem (cp, arçon
do arc).
PLANTAIN, du L. plaiUaginem (nominatif
plantago).
PLANTE, h, planta, 1. plant, herbe, végé-
tal, 2. plante du pied. — D, planter (v. c. m.).
PLANTER. L. plantare. — D, plant (v. c.
m.); plantard; planton, soldat de service
(cp. le terme analogue piquet); planteur^
jilantation, Cps. déplantei\ transplanter,
PLANTUREUX, acy. tiré du vieux subst.
plenté (singl, plenii/) = plénitude, abondance,
qui est le L. plenitaiem. L'anc. langue disait
aussi plefUiveux, — Quant à la facture inso-
lite de cet adjectif, 'Tobler (voy. Rom., VI,
130-131) voit dans plentureus une transfor-
mation du vfr. plentiveus, par suite d'élision
du V remplacé par r (pour u il allègue machu-
rer), G. Paris préfère l'expliquer par p/cn^ci-
vureux, adj. formé d'un subst. plenteivure,
tiré à son tour de plentetf; on trouve, dans le
Dolopathos, V. 2770, plantiverouse comme
vsLri&nte èk plafiteitrouse, Littré rattache notre
mot à un anc. subst. plcntor, plénitude, prov.
plendor, mais Tobler objecte que plentor n'a
jamais été rencontré, et que le prov. plendor
est une faute de lecture p. plen dor,
PLAQUE, pr. chose plate ; les formes plan,
plat, plac, sont des modalités de la même
racine pla. Le radical plac se trouve encore
dans le néerl pioche, morceau plat, vha plech^
nha. blech, lame de métal, etc. — D. plaquer,
mettre à plat, d'où les subst. placage, pla-
card (cp. affiche; les Flamands disent p/acAae«,
p. ainsi diweplacatum, chose plaquée) eiplor
qitette, petite monnaie (dim. du vfr. plaque j
BL. plaça, ap. Kiliaen placke = nummus
varii apud varios valoris), puis aussi petit
livre peu épais.
PLARON, petite musaraigne à queue plate
à l'origine; prob. contracté de plateron,
PLASTIQUE. L. plasticus, du gr. izUtriMi
(ad^j. de 7rJià»»»iv, travailler avec une matière
molle, modeler, façonner).
PLASTRON, de l'it. piastrone; pr. pièce
plate, placard pour protéger la poitrine ; dér.
depiastra, plaque (le même mot c{\ie plâtre),
— D. plastronner,
PLAT, adj. et subst., it. piatto. Le radical
2)lat est équivalent à plan oxxplac; il est fort
répandu dans les langues. Nous ne citons que
le gr. TriatTw;, large, pr. aplati. Le sens figuré
de l'adj. plat^ c.-à-d. dénué de saveur et de
force, dérive prob. de l'idée « qui ne présente
aucun relief, rien de piquant, aucune saillie •».
— D.platel' , plateau; jilateiie, platine ^platée,
t. d'architecture; platitude, mot façonné à la
latine, qui a supplanté la fonno platise
qu'avait hasardée Rousseau; verbe aplatir.
L'anc. fr. avait le subst. plate, avec le sens de
pièces plates de métal, et appliqué surtout à
l'armure du chevalier; c'est du sens lame
d'argent que dérive la signification argent do
l'esp. plata, et celle de l'angl. plate, argente-
rie. — Composés : plate-bande, plate-forme,
platfnmV, devenu. plafond (v. c. m.).
PLATAlNE, L. platanus; la forme commune
est plane (v. c. m.).
PLAIEAU, voy./>Zat.
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PLE
— 398
PLÉ
PLATIKE, nom d'ustensile : pîat, etc.
Comme nom dun métal, ce mot (du genre
masculin par assimilation aux autres noms de
métaux; est dérivé de l'esp.^j/afa, argent (voy.
plat).
PLATONIQUE, du nom du philosophe Pla-
ton ; r " amour platonique » tire son nom des
opinions émises par ce philosophe sur les rap-
ports entre l'amour sensuel et l'amour pur.
PLATRE, piastre', du grec i/Anly.'srpov ou
l/uirr/»ffTov, L. cmplastum (voy. emplâtre), =
substance molle plaquée sur qqch., dont on a
retranché le préfixe Iv. 11 est possible que le
grec vulgaire ait déjà possédé le simple
7r)a9T/5ov, dans le sens de matière plastique.
Les langues germaniques ont la forme écour-
tée (sans préfixe), dans le sens du mot fr.
emplâtre; angl. plaster, uéerl. jylacster, ail.
pflastci\ Dans ces langues, le même mot se
dit aussi pour pavement (vfi". pJaistre), donc
dans le sens de chose plaquée sur une autre.
— D. j)^àtret\ plâtrai, plâtreux, -ièi*e, —
Voy. aussi /;tefron.
PLAUSIBLE, L. plaiisibilis (plaudere),
digne d'être applaudi ou approuvé. —
D. pla lisibilité.
PLÈBE, L. plebs, plehis, d'où l'adj. plebeius,
fr. plebce' (Malherbe;, d'où par extension ple-
beianus*, fr. plébéien.
PLÉBISCITE, L. plebiscitum, décret du
peuple.
PLÉIADE, réunion de sept, allusion à la
constellation des Pléiades (nUiiiSii). Sous le
règne de Ptolémée-Philadelpho,on donna déjà
le nom de <• pléiade poétique »• aux sept illus-
tres poètes do son temps, Théocrito, etc.
PLEI6E, caution., angl. pledge, it. plczo
(Venise), preggiu (Sicile;. Suivant Diez, d'un
type L. prœbiurn, chose que l'on porte devant
soi [prœhibct ou prœbet)^ puis garantie, sûreté.
C'est, d'après lui, la phrase latine prœbere
fidem qui a donné naissance au terme vfr.
plévir la foi et pléoir tout court fplus tard
j)h'.umr) =-=^ donner caution. Dnns cette suppo-
sition, le subst. prov. ^)/ta-/<îo répondrait au
L. prœbitio. Pour la nuitation do r en /, cp.
vfr. temple (auj. tempe) du L. tempora, Plan-
chais de Prancatius p. Pancratius. Le phi-
lologue allemand écarte l'étymologie de Sau-
maise, Du Cange et Ménage, qui consiste à
faire venir jileige d'un type latin pra'diitm,
dér. du L. prœs, prœdis, caution. Ce qui l'y
engage, ce n'est pas Tinfinitif ^7(TîV, qui peut
très bien s'accorder d'un primitif ^/nr^M par
préir, pU'ir, plévir), mais la forme du présent
prov., qui c^t pieu, jilin. Pour Dicz, cette finale
u accuse nécessairejncnt un radi<'ul terminé
on bf cp prov.^c'Jî =^ bibit,dru =^ débet, escriu
= scribit, etc. C'est bien là mettre de la con-
.«^cience dans ses assertions ; car rien n'est plus
tentant que de rapporter pldge et plévir au
L. prœs, qui signifie caution. Cachet croit
devoir passer sur les scrupules de Dicz ; il
voit dans plcige la repi*oscntation littorale et
la traduction du L. prœdium, en se fondant
sur l'expression prœdia bona = biens hy-
pothéqués (Asconius Pcdianus). Quant au
\erhe 2ilévir il le tire d'un tyjteprcedire, qu'il
considère comme l'infinitif inu.sité du ^rû-
cii^o pra^itus, doué, nanti (l'i'bref de ce der
nier ne parait pas l'embarrasser). En nous
plaçant au point de vue de Cachet, nous ad-
mettrions plutôt un type prœdere (composé de
dare), donner, fournir, que prœdire, qui est
inadmissible; cslt prœdere pourrait tout aussi
bien se romaniser enjjlevir que cont&rtere eu
convertir. Seulement nous ne pouvons, par
])rincipe, admettre avec Cachet que e dans
ph^ir soit une conversion de d ; dans tous les
cas allégués par lui, le v est l'effet d'une épen-
thôse opérée après la syncope de la dentale ;
or, Diez l'a démontré (v. pi. h.), dans le cas
qui nous occupe, les formes provençales ne
permettent pas de considérer le v comme épen-
thétique, mais bien comme l'adoucissement
d'un b radical et primitif, ce qui nous force
de renoncer à un type prœdire ou prœdere et
à accepter l'étymologie posée par Diez. Littré
flotte entre les deux opinions indiquées. —
Bartsch (Grôb. Ztschr., II, 309) réunit un
grand nombre d'arguments pour rattacher
l'anc. fr./)/«i?tr à une forme gothique supposée"
plaihvan. — L'étymologie de Wachter, qui
pensait à l'ail, pflegen, avoir soin, a été reprise
par Behaghel (Grôb. Ztschr., I, 468;, en four-
nissant les preuves de la signification « ga-
rantir, cautionner w inhérente à l'anc. saxon
plegan (= haut ail. pflegeii). — D. pleiger.
PLEIN, L. plenus. — De la forme dériva-
ïweplcna^ius, vient fr. plcnier. — D. pléni-
tude, L. plenitudo; vfr. plenté, planté,
L. plonitatem, d'où plantureux (v. c. m.).
PLENIBR, vov. plein.
PLÉNIPOTENTIAIRE, du L.plenapotentia,
plein pouvoir, ail. voll-macht.
PLÉONASME, gr. Trisovaç/zai;, superfluité.
PLÉTHORE, gr. 7r).,j&«pu, plénitude.
PLEURE, variante deplèvre (v. c. m.).
PLEURER, L. plorare. — D. pleur, subst.
verbal ; pleureur, -eux, -euse; verbe pleurni-
cher (\. c. m.).
PLEURÉSIE, voy. plèvre.
PLEURNICHER/tcrme familier d'introduc-
tion récente, dérivé péjoratif de pZtfwret'; d'une
facture bizarre et sans précédent.
PLEOROPNEUMONIE, inflammation de la
plèvre (7r)£u/5â) et des poumons (Trviû^aiv).
PLEUTRE (champ. plaxU, plautre)\ peut-
être formé par transposition de peultre, paul-
tre et partant le primitif de poltron; la signi-
fication première serait alore paresseux,
lâche. Génin explique /î/^î(/r(î par bellcudrc,
vieux mot qui signifiait « un bêlant, un mou-
ton, un honunc sans énergie, qui ne sait que
bêler lorsqu'il faudrait se battre, un ))lcuti'e
enfin «. — Bugge (liom., IV, 3G4) rapproche
vha. plodar, dégénéré, Woc/^r, peureux, nord.
blaudhr, « imbellis, ignavus, mollis ».
PLEUVOIR, p. pleu-oir (u intercalaire), d'un
type L. plurre p. pluere. Dimin. 2)lcuvi7i€7\
PLEVRE, gr 7r).îuo&, côté, c6te. d'où îritu-
plrii, îv.pleurite. — Le ievmQ pleurésie (hh.
pleuresis) est fait diaprés un type supposé
7r/sûfiS7t;, p. 7r>«upÎTii.
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PLU
— 39» —
POC
PLETON, voy. plier.
PLI, subst. verbal de plier,
PUB, vfr. plaie, d'un type latin plata, =
la plate (cp., pour la filière des formes, oblata,
fr. oblait}', oublie). Ce poisson s'appelait aussi
plagie du L. planus Voy. aussi plaise.
PLIER, forme concurrente ployer (i bref
latin = oi fr.), vfr. pleyer (d'où le dér.
pleyon, osier pour lier la vigne), it. piegare,
esp., prov. plegar, du L. plicare. — D.pli,
anc. aussi plot; plia,ble, plioir. Composés :
rqjlier, employer (v. cm.); déplier et do''
ployer (v. c. m.). — Une forme barbare 7;//(>
tiare, tirée de plicitiim, plic'tum, supin do
plicare, a donné plisser. — Le subst. verbal
plica {de plicare) a donné le nom de la mala-
die appelée plique.
PLINTHE, L. plinthus, gr. îriîvao,-.
PLIQUE, voy. pliei\
PLISSER, voy. plier.
PLOG. poil do vache ; p. pelcc d'un type
L.pilucus (pilus)? Cp. pliiche. — Une forme
féminine ploque signifie feuillet de laine ou
de coton cardé. — h.ploquer.
PLOMB, L. phtmbum. — D. plombier;
verbe plomber, l'anc. langue disait aussi
(d'après le primitif />/om, plon)plomer, plou-
mei\ Composé aplomb (v. c. m.j, Voy. aussi
plonger.
PLOMBAGINE, L. plumbago, -inis.
PLONGER, d'un type latin plumbicare (cp.
le vfr. cliiiger de clinicare, enferger de infer-
ricare), pris dans le sens de « tomber à plomb
dans l'eau »», op. it. piombare, tomber à
plomb, prov. plombar, enfoncer. Cette étymo-
logie do Diez est trop bien établie pour qu'on
ait recours aux langues celtiques, où l'on
trouve bret. plunia, cymr. plwng, m. s.
Elle se recommande encore par les formes vfr.
plonche7% pic. pUmqucr, wall. plonki. Le
mot plonger se rencontre pour le sens avec
l'ail, plumpim (néerl. plompen), qui se dit
do la chute d'un corps lourd; mais ce der-
nier, tout en paraissant connexe avec le L,
pliimbnm, n'est pas l'ascendant direct du mot
français. — D, phnigriir, plongeon.
PLOQUER, voy. ploc. — D. ^plocage.
PLOT, billot ;*^rall. jilock, p/tock, cheville
de bois, ne convient pas comme ôtymon À
cause du sens ; les idiomes celtiques ont ploc,
et l'allemand p/o/j«?>^ au sens de frapper.
PLOYER, voy. plier.
PLUCHE, p. peluche (v. c. m ).
PLUIE, vfr. pleuve, champ, ploge, it.
piftf/gia {une. piova, plnja), du L. pluvia,
PLUME, L. pluma. — I). plumage, plu-
hiail (type lat. plumaculuni), plumeau, jylu-
met; plumasseau, phnnassicr (dér. d'un type
plwnacius = fr. plumas}; verbe plumer,
ùter les plumes (le L. plumare signifie le
contraire, c.-à-d. garnir de plumes;; plu-
tnmto!, L. plumosus.
PLUMETIS, brouillon d'une écriture, mi-
nute; ce mot est la forme populaire de plu-
mitif =s original dos. arrêts et sentences. Or,
jjlumitif à'oix vient-iU De plume f Nous en
doutons; la facture du mot serait par trop
extraordinaire. Au surpus, le BL. ne présente
aucune forme /^/umz^tDu^. On est donc amené
à donner créance à l'étymologie de Ménage,
qui explique le mot par une corruption deprt-
vnitif. En effet, les patois disent prume, p.
prime (premier) ; le peuple a donc aussi pu
dire prumitif, puis plumitif, p. primitif . Le
changement de la liquide r en / est un fait
constant. Pour c ou t transformé en u, cp.
encore vfr. prutnier (premier), fumiele (fe-
melle). Ce qui nous confirme dans cette ma-
nière de voir, c'est que la moyenne latinité
employait en effet primitivum au sens de pro-
tocollura. — Reste à connaître l'origine du mot
plumetis dans la locution « broder au plumo-
tis ». Faut-il y voir le même mot que plume-
tis = minute d'une écriture, ou le dérivé d'un
verbe plumeter, qui signifierait orner de
plumes ou plumettesf Le terme de blason
jilumeté, parsemé de mouchetures ayant la
forme d'un bouquet de plumes, et d'autres
acceptions anciennes de ce terme parlent en
faveur de la dernière manière de voir.
PLUMITIF, voy. l'art, préc.
PLUPART {hk\ abréviation de la formula
la plus gi'ande part.
PLURIEL, L. plural is ^plures). — D. ^ylura-
lité, L. pluralJtatem. — Le mot pluriel pèche
contre les lois de phonétique qui postulent
plurel. Cette forme doit, en effet, avoir existé,
mais on est en droit de supposer que do
bonne heure elle s'est assimilée à singuler
(L. singularis) et s'est faite plurer (forme
constatée). A l'époque où la finale er = lat.
aris s'identifia avec ier = lat. arius, au
xvi^ siècle, nous trouvons singulier, plurier
(fém. -iere). Pluriel no se trouve pas avant le
xvii" siècle {ioplurtex cité par Littré est une
représentation graphique de plurieus ^= plu-
rieurs = plusieurs) ; cette forme accuse évi-
demment la tendance à rejoindre 1'/ du latin
pluralis, manifestée par les savants, qui ne
connaissaient guère encore les véritables lois
de la phonétique française. Voy. Forster, ap.
Grôber, Zt.sdir., IV, 379.
PLUS, L. plus. — D. plusieurs, vfr. ;>/«*-
sor, prov. plusour. Ce mot est tiré de 2)lus,
d'après l'analogie du BL. pluriores tiré do
jilures. C'est ainsi que le vieux latin avait fait
du môme plus le superl. plusimus, au lieu
depluHmus. — Composé surplus.
PLUSER, t. de draperie = éplucher, p. pe-
louser, du L. jnlosus (cp. pelouse et peluche).
PLUSIEURS, voy. ^j/wi-.
PLUTÔT, p. plus tôt.
PLUVIAL, L. pluiualis (pluvia); pluvieuj:,
L. pluviosus (d'où le nom do j^laoiose du
calendrier républicain).
PLUVIER, plouvier', du L. pluvia, pluie,
parce que cet oiseau arrive en troupes dans
la saison dos pluies .
PNEUMATIQUE, gr. n-^vjfi^ruô;, de tivi^x,
souffle, esprit.
POCHADE, voy. ;>oc/ic.
POGHARD, voy. poche. — D. poctiarder,
POCHE, dans les patois poque, pouque. Le
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POÊ
— 400 —
POl
sens fondamental de ce mot est incontestable-
ment chose creuse ou, ce qui revient au même,
chose enflée. Les diverses significations ac-
tuelles ou anciennes : sac, panier, jabot, faux
plis, bouillon, cuiller, creuset, tumeur, pus-
tule (dans le t. populaire poques, poqiieUes),
s'y laissent aisément ramener. Le mot est
d'origine germanique et répond pour le sens
et la forme au nord. ]x>kt, ags. jxfcca, angl.
pock^pocke^pouch. La même racine, nasalisée,
se retrouve dans les mots équivalents vha.
phunr., mha. pfunc, suéd., dan. pitrif;, BL.
pnnga, puncha, grec mod. iroûyyi (it. vénitien
ponga, jabot). — D. pochette (angl. pocket),
d'où pocheter; pochée. Quant au VQvh^ pocher,
on n'est pas fixé sur son origine, en ce qui
concerne les expressions pocher des œiifs, et
yextx pochés. On a mis en avant, les uns l'ail.
pochen, frapper, d'autres le verbe fr. dialectal
pouchei' (aussi paucher), qui vient de poUeœ,
'icis, et qui signifie presser du pouce. Je suis
d'un autre avis; selon moi, pocher des œufs,
c'est les apprêter de manière à laisser au
jaune sa forme arrondie et rebombée. Le mot
se rapporte à la valeur foncière de poche :
chose concave ou convexe. Vceil ^yoché est une
expression ]X)pulaire reposant sur une res-
semblance do son et de fait avec un œuf
poché; une écriture toute pochée, c.-à-d.
pleine de 2)ochons (mot familier) ou pâtés
d'encre, présente encore, parait-il, le même
trope. — Quant au pocher des artistes (d'où
pochade), il pourrait venir de pauche, pou-
che, pouce (travailler du pouce); cependant
Génin explique ainsi le mot pochade : « es-
quisse rapide et négligée, où la brusquerie
du pinceau a jeté les couleurs comme des
pochons par saillies inégales. C'est l'opposé de
faire léché, tranquille et miroitant ». —
Autres dérivés de poche : pochard, rempli
comme une poche (?); itochon, pâté d'encre,
propr. pustule (?)
POCHER, voy. l'art., préc. — Pour l'anc.
valeur « mettre en poche », nous n'avons plus
que le cps. empocher. — D. pocheter, porter
(des fniit.s) dans sa poche (pour les faire mûrir).
POCHETTE, POCHON, voy. poche.
PODâÇRE, L. podagra (7rôoi//5«).
1. POELE, masc, drap mortuaire, voile
nuptial, vfr. poesJe, Diez conjecture un type
gr. îTîTîc/ov, chose étendue, déployée ; il rap-
pelle L.petalum, lame d'or qui couvrait la tête
du grand prêtre des Juifs. Le primitif L. pal-
lium, prov. |>a7f, ne lui convient pas, parce
que pallium ne répond qu'au vfr. paile. Lit-
tré se prononce néanmoins pour pallium, en
se fondant snr ce qu'au xvi° siècle on a pro-
noncé et écrit poile. Je trouve dans Palsgrave
à la fois un mot pâlie traduit par canopy
(dais) et un mot paille traduit par clothe for
a dead (drap mortuaire). — Je suis d'avis que
s'il n'y a pas lieu de faire cas de l'orthogra-
phe poésie, poisle, Vs y étant parasite, l'opi-
nion do Littré doit prévaloir; jnnle issu de
paile n'est pas plus étrange que 'esmoi, émoi
=ï vfr. esmai, foin = vfr. fain, et (en syllabe
atone) la forme voisin = raisin.
2. POÊLE, masc., vfr. poisle (l'Académie
autorise aussi l'orthographe poile\ étuve,
chambre à étuve, puis fourneau. Mot d'ori-
gine obscure. Il vient directement du BL.
piséle, piselis, piselum (l'accent porte sur la
première syllabe). Mais ces types immédiats,
comment les expliquer? Diez observe qu ils
pourraient, pour la forme, se déduire àepen-
sile, pesile (d'où le frison jtysel, mha. pfisd
=» pocle), mais il ne se rend pas compta de
l'application spéciale du mot latin qui a pu
motiver la signification. Il cite le horreum
pensile de Columelle ; puis le domits pensilis
et le came7'a pendens de la moyenne latinité.
Nous acceptons la judicieuse étymologie du
professeur allemand, en ajoutant que ses
doutes relativement au rapport logique entre
pensilis, suspendu, et étuve, nous semblent
levés par l'expression de Pline : haineœ pen-
siles = cabinets de bain suspendus, c.-à-d.
construits sur des voûtes et cliauffés par-
dessous (hypocausta). — Littré part du BL.
piselum, ouvroir des femmes, que Ducange
tire, par pensile, àe pensum, tâche (cp. pen-
siles ancillœ, sei-vantes à la tâche;; il en-
chaîne ainsi les sens et les formes : pensile.
pesile, poisle .^ ouvroir, chambre chaufice,
poêle. — Je préfère ma manière de voir,
puisque le pensilis ou suspensura, en t. d'ar-
chitecture romaine, implique nécessairement
l'idée do chaufi'agc, et que le sens actuel du
mot pof*le reposerait sur le même enchaîne-
ment d'idée que celui du mot étuve (y. c. m.);
en Suisse, i)oéle se dit encore pour chambre
à poêle. — D. poélier, d'où poôlerie.
3. POÊLE, fém., ustensile de cuisine, vfr.
paèle, paesle (Nicot a paelle et à Bruxelles
j'entends dire payelle), du L. patclla (it. pa-
délia, esp. padilla), dim. de patena. — D.
poêlon (Nicot poillon), poéldte, poêlée» Voy.
aussi palette 2.
POËME, L. poema, gr. wociruat, pr. œuvre,
composition en général ; poésie, L. jx)ésis,gv,
nolritiç; poète, L. poêla, gr. '!T'nr,Tr,i apoétique,
L. poi'ticus, gr. TtoitiTKxôi; dér. mod. poétiser
(d'un type TtoiïjTfJuv).
POÉSIE, voy. poème.
POÈTE, voy. poème. — D. poétereau.
POÉTISER, voy. poème.
P06E, t. de marine, de Vit. p(^gio, qui
vient du gr. wdiiov, pr. la corde au bout infé-
rieur de la voile ; puis employé pour désigner
le câble de droite, en opposition avec orza.
fr. orse, = câble de gauche. — D. poger,
pouger.
PODS, vfr. pois, it., esp., port, peso, prov.
pens, 2X'S, du L. pensum (pendere), pr. chose
pesée. Le vfr. avait aussi la forme fera, jmise.
L'insertion du d dans pftids parait être moti-
vée par un souvenir trompeur du L. j)ondus,
joint au désir de différencier le mot de pois,
L. pisum. On peut aussi considérer pois '
comme le subst. verbal de peser au sens neu-
tre « être lourd » (e changé en oi en syllabe
tonique était autrefois de règle dans la conju-
gaison de ce verbe).
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roi
— 401
POL
POIGNE, force du poing ; je tiens ce mot
pour le subst. verbal de poigncr\ saisir avec
le poing, user du poing ; « un préfet à
poigne X est un préfet qui sait agir avec
énergie.
POIGNARD, anc. poingnal, it. pugnale,
esp. punal, du L. pugniis, poing; d'après
Diez, du L. pugio^ -onis, m. s. (étym. dou-
teuse). — D. poignarder,
POIGNÉE, POIGNET, voy. poing.
POIL, L piîus (i bref). — D. poilu.
1. POINÇON, it. punsone, esp. punzon^
angl. piiiicheon, du L. punctionem, action
de piquer (do ce mot latin les médecins ont
fait leur terme ponction). La substitution du
sens concret (chose piquante) au sens abstrait
a déterminé le changement du genre (cp.
nourrisson, poison^ polisson, scion). — D.
poinçonner.
2. POINÇON, mesure de liquide ; on trouve
aussi ponchon, pochon; prob. le même mot
que poisson 2.
POINDRE, 1 . piquer, 2. apparaître comme
une pointe (en parlant du jour, des herbes) ;
du L. pungere (cp. joindre, oindre). Part,
prés, poignant; subst. participial ;x)i«te (dans
« la pointe du jour »;. — Du subst. latin
punclus etpitnctum : fr. point (v. ce mot); du
subst. L. jnmctura : fr. pointure.
POING, vfr. pung, puing, prov. jmnh,
ponh, du L. pugnus. — D. poignée (cp. le
synonyme vf^. manée, de main)\ poignet;
empoigner. Voy. aussi poignard.
POINT, it. puntOj ail. punht, 1 . action de
poindre ou de piquer, piqûre, = L. punctns,
gén. -us; 2. marque ou résultat d'une piqûre
(d'où découlent do nombreuses acceptions
propres et métaphoriques; = L. punctum;
3. terme servant au renforcement de la néga-
tion, comma pas, mie, goutte, etc. — D. poin-
ter, diriger vers un point, aussi faire des
points ; cps. appointer (v. c. m.).
POINTÎS, 1. action de poindre ; 2. pr. chose
aiguë par le bout, piquant, puis extrémité ;
du participe fém., subst. verbal de poindre.
— 1). pointu; pointer, frapper de la pointe
de Tépée; aussi, au sens neutre, = poindre.
POINTER, voy. point ot pointe. — D. poiii-
tar/e, pointeur; pointiller.
POINTILLER, dim. de pointer. — D. subst.
vevhsi pointu, instrument de verrier; ^om-
tillfige^ -eux.
POIRE, it. pera, du L. pirum. — D. poi-
rier, poiré.
POIREAU ou plutôt porrcau, du L. potTel-
lutYi , dim. du L. porrum (it. porro). Par
comparaison le nom de cette plante bulbeuse
s'emploie pour verrue.
PÔIRÉE, anc. porde, dér. de porrum, poi-
reau. — Voy. uns&ï purée.
POIS, h.pisum.
POISON, autr. = breuvage, potion ^signi-
fie, encore usuelle dans les patois) et du genre
féminin, it. posione, prov. poisô, esp. pocion,
du L. poiionem, dont la langue savante a fait
jKftimt, et qui dans la langue classique s'em-
ployait déjà pour breuvage empoisonné ou
médicinal. Cp. Suétone : « potionatus ab
uxore », empoisonné par sa femme. — D.
empoisonner.
POISSARD, primitivement = fripon, vo-
leur, vient d'après Rob. Kstienne (approuvé
par Littré) de poix; « celui dont les doigts se
collent aux objets comme de la j>oia? »»; le sens
de grossier est survenu et l'application du
mot aux femmes de la halle, aux « mar-
chandes de poisson », repose sur une fausse
étymologie.
POISSER, dér. de poix. — Le L. picare
avait donné à l'anc. langue poyer; cp. apaier,
depacare, coexistant avec apaw^, depacem,
— D. empoisser ou empeser (v. c. *i.).
1. POISSON, vfr. pescion, pession, pichon,
it. pescionc, prov. peysso, dér. du L. piscis
= prov. peis. — D. empoissonner (un étang).
2. POISSON, anc. pochon, pocon, mesure
de liquide; d'origine inconnue. Le premier
sens est petit vase; prob. un dim. de pouce,
vîr.poch, mesure contenant un pouce cubique.
POITRAIL, anc. ot dans les patois aussi
poitral, =1-. pectorale (do pectu^).
POITRINE, prov. peitrina, d'un type L.
pectorina ^poctus). — D. poitrinal^ -aire.
POIVRE, prov. esp. pebre, it. pfpe, du L.
piper, piper is. — D. poivrer, poiorée, poi-
vrier.
POIX. L pix, picis Tgr. Tiîia). — D. pois-
ser, poissard (v. c. m.).
POLE (le circonflexe n'a pas do raison), L.
polus. — D. polaire, d'où polarité et j^ola-
riser.
POLÉMIQUE, gr. noUfiiAÔ; (de itôUfioi,
guerre).
POLENTA, mot italien, du L. polenta,
farine d'orge.
1. POLICE, administration, maintien de
Tordre, e.sp., port, policia, it. polisia, vient
d'une manière irrégulière du latin politia
(l'/^dela terminaison ta étant traité comme
brève) =i gr. ffo)iTi(«, administration. L'ail.
poli sel est plus correctement formé, ladiphth.
ei reproduisant l't long du mot latin.
2. POLICE, contrat d'engagement, acte offi-
ciel. Dans ses deux premières éditions. Diez
trouvait l'explication de ce mot dans le BL.
polyptychum, registre des actes publics et
particuliers, livre terrier, livre de s«)uchc,
dont on a fait par corruption aussi poleclicum
Qtpoletu7n (qui est le type du mot îr . pouillc
vfr. jjoulié). Police répoudrait ainsi à un type
\mméd\iit polrlia. Reconnaissant les difficultés
diverses attachées à cette étymologie, il n'en
parle plus dans sa troisième édition (la der-
nière publiée par ses soins); il ly remplace
par la suivante. L'italien pôlisza, auquel le
français aurait emprunté police, avec avance-
ment de l'accent, lui semble reproduire, sous
une forme féminine, le L. jyollcx, pollicis, cpii
en basse latinité, a été employé avec la valeur
de sceau (Du Gange cite, en effet, dans un
acte, sub pollice S. Mauricii), d'où se serait
naturellement dégagée celle do « feuille munie
d'un sceau ». — En présence du mot vfr. apo-
2G
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POL
402 —
POM
lice (=. registre, peut-être = document public
en général) qui se trouve dans Mainet, chanson
de geste du xn° siècle (voy. Rom., IV, 330),
rapproché du BL. apodixa = cautio de sus-
cepta pecunia (voy. Du Cange) et du mot
méridional podiza = reçu, quittance (voy.
Rom. X, 620), je me demande s'il n'y a pas
lieu d'introduire ici une nouvelle conjecture.
Le gr. ànoJfifii, démonstration, exposé, docu-
ment, preuve, ne serait-il pas la source des
mots en question? La mutation du d médial
en î ne serait pas plus étrange que celle qui
se remarque dans it. cahico = L. caduciis;
quant à la chute de Va atone initial, j'invo-
querai l'histoire des mots it. boltega (apotheca),
rena (arena;, fr. la Fouille (Apulia) et de tant
d'autres.
POLICHINELLE, de Tit. piilcinello, per-
sonnage de la comédie napolitaine représen-
tant un paysan balourd qui dit plaisamment
des vérités. Galiani ( Vocab. Neap.) rapporte le
mot italien à Puccio d'Aniello, nom d'un petit
paysan des environs de Naples, qui aurait créé
le rôle de polichinelle. Selon d'autres, et cela
me parait plus plausible, le mot n'est qu'une
expression de caresse et vient du L. pull us,
par l'intermédiaire de pulcino (voy. poussin).
Citons encore l'opinion de ceux qui ratta-
chent le mot à un Paulo Cinella, qui aurait
joué les Polichinelles du temps de Charles
d'Anjou, à Naples. — L'angl. dit (n p. /) pun-
chinelle et tout court ^unc^.
POLIR,. L. polire, — D. poli, vfr. polit,
L. ix>litus (de là politesse)^ polisseur, -oir,
'Ure; polisson, du L. poliiionem, action de
polir ; ce subst. abstrait et féminin a pris dans
la suite une signification concrète (cp. poi^i-
çon, nourrisson), accompagnée du genre mas-
culin, savoir « nettoyeur de rues «, puis cou-
reur de rues, gamin, etc. L'idée dépolir des
mes, d'où part cette explication du mot polis-
son (posée par Diez et approuvée par Littré)
ne me sourit pas ; je pense plutôt qu'il y a
entre polir et polisson le même rapport méta-
phorique qu'entre fourbir et fourbe (v. c. m.) ;
ou bien, comme le nourrisson (v. c. m.) est
celui qui est à nourrir, le polisson est celui
qui est encore à polir (car le vrai sens du mot
est « petit garçon mal léché, mal élevé «).
POLISSON, voy. l'art, préc. — D. polisson-
ner, polissonnerie.
POLITIQUE, L. politicus, gr. itoUxtr.ài, de
ffo'iij, ville. Etat, république; subst. =, gr.
iroiiTixï5, s. e. réxvij, art de gouverner un Etat.
— D.politiquer.
POLL, mot anglais, pr tête, puis énuméra-
tion par têtes, liste de personnes, rôle.
POLLEN, mot latin = farine très fine.
POLLUER, L.polluere (strictement =fréqu.
pollutare); subst. pollution, L. pollutionem;
vfr. poilu, du L. pollutus.
POLTRON, do Vitpoltrone; celui-ci est dér.
de l'adj. poltro, paresseux, qui aime ses aises,
lâche. Quant kpoltro, il vient du vha. polstar,
nha. polster, coussin. Pour le rapport des
dées, cp. vfr. lodier = couverture de lit et
paresseux, vfr. lanier = poltron, lâche, de
lana, laine, et port, madraço, paresseux. Il
se peut que le mot fr. pleutre (v. c. m.) repré-
sente le primitif italien poftro. — L'étymolo-
gie pollice truncus = à qui on a couj)é le
pouce (pour le faire exempter du service mili-
taire), est abandonnée ; elle jure avec la forme
it. poltrone. Mais il .s'en est produit une autre
qui a plus de vraisemblance, et qui peut riva-
liser avec celle que nous avons posée ci-dessus
après beaucoup d'autres. Génin explique jX)/-
tron comme le dimin. du vîr.poultre (BL. piil-
letrus), cavale (ou plutôt pouiainj. •« llnpoul-
tron est ce petit poulain qui, gambadant au
soleil près de sa mère, la poultre, s'eflarouche
de son ombre et dont le premier mouvement
est toujours de s'enfuir. « Déjà Ménage avait
proposé pour primitif puUus ou plutôt /îî^//^-
trus. Cette étymologie conviendrait assez bien
même pour la forme italienne (car po/^racc^o,
poulain, présuppose un primitif poltro, dou-
blure de poledro) ; cependant, le double sens
du verbe it. polirire, se livrer au sommeil et
à la paresse, nous décide pour l'étym polstar.
Nous invoquerons enc/)re en sa faveur l'expr.
ail. bàrenhàuter, qui désigne, d'après Sanders
(contrairement à l'opinion de Grimm). l'homme
de guerre qui, au lieu de guerroyer, reste
couché paresseusement sur sa peau d'ours
(bàrenhaut).
POLT- (en composition), du gr. rtalùi, plu-
sieurs. C'est donc un fkjuivalent du L. mulli-
Voici les principaux composés avec poli/ :
Polyèdre, gr. nohJîSpoi, à plusieurs bases
(iSpv, face).
Polygame, gr. T:o}ù-/riuiOif plusieurs fois ma-
rié (de ya//iw, se marier), à* oix polygamie.
POLYGLOITE, gr. 7ro)û/iwrTO« (de yiÛrT»,
langue).
Polygone, gr. woiûvwvo; (de ywv{a, angle).
PoLYGRAPHK, gr. ffo)ûvp«?9«» 9"» écrit sur
diverses matières. — D. poly graphie, -ique.
Polynésie, groupe de beaucoup d'iles
Polysyllabe, gr. ffo}u»ûlia6o;.
POLYTIXHMQUK, gr. 1to)vTtyyin6i, qui .se
rattache à plusieurs arts ou métiers (rixvn).
Polythéisme, dér. de îroiôâso^, qui adore
plusieurs dieux.
POLYPE, L. polypus, du gr. tto^ûîtow;, ver
aquatique à plusieurs pieds. — D.jKtlypeux,
polypier. Voy. aussi ^i(/j;<! 2 et pieuvre.
POMMADE (it. pomaia), dér. de j^omme;
d'abord le mot s'appliquait à un onguent fait
avec de la graisse et des pommes d'api. —
D. pommader.
POMME, prov., esp., it. poma (vfr. aussi
masc. pom, pun, prov. pom, it. porno), du
L pomum, nom général donné à toute espèce
de fruits à pépin ou à noyau. — D. se pom-
mer, t. de jardinage ;jx)mwr, à' oix pomme-
raie (vfr. j)omaie, L. pomctum); pommeau,
\{v.pcmiel, petite boule en forme de pomme;
forme fôm. pommelle, plaque de plomb bom-
bée pleine de petits trous qu'on met à lem-
bouchure d'un tuyau pour empêcher les
ordures de passer ; se pommelet\ se couvrir de
petits nuages en formes de petites boules;
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PON
403 —
POU
pommelé, marqué de taches en forme de
boule (cp. en ail. çeapfelt, apfel-scliimmel) \
pommette.
P0M0L06IS, mot nouveau et hybride,
science des arbres fruitiers.
1. POMPE, appareil somptueux, du L.
pompa, m. s. (du gr. Ttofinvi, procession publi-
(jue). — D. pompeux, L. pomposus ; pompon,
ornement d'ajustement (v. c. m.j.
2 POMPE, appareil destiné à élever et à
pousser les eaux d'un lieu dans un autre,
machine pour élever l'eau, angl. pump, ni.
jiomp, aU.pumpe; d'origine incertaine ; peut-
être une onomatopée, imitative de la chute du
piston. Ménage proposait hardiment le gr.
KOfjL-itr,, action de conduire (l'eau;. Cette éty-
mologio sex'ait acceptable, si le mot nous
venait par l'intermédiaire d'un it. pompa ^
mais c«lui-ci fait défaut. Les langues esp.,
cat , port, ont bomba, ce qui détermine Diez
à envisager notre mot comme un dér. du mot
roman bombare, boire, aspirer, absorber,
qu'il considère comme une onomatopée. —
D. potnper, pompier.
POMPON, anc. slxissï pompete, de pompe 1,
faste, magnificence (cp. l'origine de paion et
feston). On a aussi pensé à vfr. pompon,
courge (du L. peponem). — D.pompomier.
PONANT, occident, prov. ponent, it. po-
fiente, esp. poniente; ces^t la contrée •» ove il
sol si pone«, où le soleil se couche; cp.
L. (jccidens et fr. couchant, — D. ponantais,
1. PONGE, pierre, it. jjomice, esp. pomcs,
du L. pumcx, -icis. — D. pmxcer (cp. L. pu-
mirare), ponceux, -is.
2. PONCE, subst. verbal de poncer 2.
1. PONGEAU, poncer, couleur rouge, puis
coquelicot, pavot rouge ; d'après Diez, d'un
type punicellus, dér. du L. puniciis ou puni-
ceus (^oivujoi), couleur de pourpre. — Le sens
coquelicot, paraît-il, a précédé celui de cou-
leur rouge ; le mot représente, d'après Tobler
< Grôb. Ztschr , IV, 374), une contraction de
vfr. poo}icel et quant À celui-ci, il n'est prob.
pas le dimin. de poon (= pao7i = L. pavo-
nem), mais celui de pacô (voy. pavot) ; la
si'îric des formes serait : pavqcel, devenu (peut-
rtre par confusion avec pavonem) pavuncel,
j/ooncel, poncel^ ponceau. — G.Paris (Rom.,
X, 30<i) estime que Ton pourrait aussi regarder
juKjHcel comme se rattachant àpaeonia, d'où
fr. pivoine, anc. pione^ peone,
2. PONGEAU, poncer, petit pont, d'un type
L. ponticeliits p. ponticulus (pons), it. ponti-
ceilo.
1. FONCER, polir avec la pierre j7ance.
2. PONCER un dessin, à mon avis, d'un
tyi)e punctiare tiré dn part, puncius. — D.
subst. verbal po/ice, action de poncer et sachet
servant à poncer, d'où ponds et poncif.
PONCEE, voy. punch.
PONGIRE, esp. poncidre, du L. pomum
citrus.
PONCTION, voy. poinçon.
PONCTUEL {d\)Ù2jonctualité) et verho ponc-
tuer, mots savants faits du L. punctus, -us,
piqûre, point.
PONCTUER, voy. l'art, préc. — D. ponc-
tuation.
PONDÉRER, L. ponderare (pondus).— D.
pondération, L. ponderationem ; pondéreux,
L. pondcrosus.
PONDRE, prov. jiondre^ du L. ponere,
poser. Cp. vfr. espondre = exponere. — D.
subst. p&rtïcipïal ponte; pondeur, -euse.
PONEY, de l'anglais po/îy (qui vient du gaél.
ponaidh, petit cheval).
PONGBR, p. éponger,
PONT, L. pon.^, pontis. — D. ponceau (v.
c. m.), ponté; pontoii, pont flottant, L. ponto,
-onis, bateau de transport.
1 . PONTE, subst. verbal participial de pon-
dre.
2. PONTE, au jeu d'hombre, de l'esp.
punto, point. — D. ponter.
PONTIFE, mot savant, du L. pontifex,'icis,
d'où |X)ntificalis, -atus, fr. pontifical, -at.
PONTON, voy, pont. — b,pontonage, pon-
tonnier ; vevhepontonner,
PONTUSEAU, verge de métal qui travei-so
les vergeures dans les formes sur lesquelles
on coule le papier, puis les raies que ces
verges laissent sur le papier ; sans doute p.
pontiseau, du L. ponticellus, petit pont. —
Notez cependant que l'esp. puntizon indique
plutôt un rapport avec puntar, pointilier.
POPELINE, voy. popeline.
POPULACE, anc. masculin, anc. aussi po-
pulas ; do l'it. populasso, forme péjorative de
jyopolo, peuple. — D. 2)opulacier,
POPULAIRE, L. popularis. — D. popula-
rité, L. popularitatem ; populariser,
POPULATION, L. populationem, en latin
classique = action de pf^pulari, dévaster,
mais employé déjà dans le sens moderne de
peupler par le poète Sedulius (v« siècle).
POPULEUX. L. populosus.
POQUE, variété picarde de poche (v. c. m.).
Le nom du jeu de cartes ainsi nommé (ail.
poch spiel) vient des cassetins de la planche
qui ^evi à ce jeu.* — D. poquer; poqucttes,
petite vérole (provincialisme;.
PORACé ou porracé. du L. poi^aceus, d'or,
de porrum, poireau.
PORC, L. porcus. — D. jxtrcin, L. j)orci-
nus; dim. porcel', auj. pimrceau, L. porcel
\\\s\jyorcher, L. porc^rius.
PORCELAINE, it. porcellana, esp., port.
porcelana^ signifie en premier lieu la coquille
dite do Vénus, et tire son nom du L. porca,
vulve de truie (cp. le terme analogue /?i<cc/a^e).
Puis le nom de la coquille s'est successive-
ment transporté à la nacre que Ton tirait de la
coquille dite porcelaine, aux vases faits avec
cette nacre, et enfin à une poterie, importée
do l'Orient vers le xvi* siècle et qui offrait la
même blancheur nacrée. Le nom de pource-
laine, comme coquille et comme nacre, appa-
raît dès le XI II* siècle.
PORCELET, cloporte, voy. cloporte.
PORC-EPIG, gâté du vieux moi 2)orc-espi,
dans lequel on interprétait erronément espi
par le L. spica, épi, au lieu d'y voir une forme
provençale de espin (cp, prov . pairi p. patri-
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POS
— 404 —
POT
nus, pouzi = pous8%n)\ l'it. dit porco-spino,
l'esp. puerco espino; c'est donc un porc à
épines, cp. Tall. stachel-schtJDein,
PORCHE, régulièrement tiré du L. parti-
eus (porta), dont la langue savante a faitpor-
tique,
PORCHER, voy. porc, — D. porcherie; cp.
bergerie, bouterie,
PORE, L. ponts, gr. itôpoç, pr. conduit,
passage. — D. poreux, d*où porosité.
PORION, en Belgique, sui^eillant des tra-
vaux dans les houillères ; d'où ?
PORNO-, dsjïs porno-cratique, -graphe, du
grec Ttôpvri, ûWe publique.
PORPHYRE, du gr. Ttopfpùptoi, de pourpre.
Un type direct Ttopfvplrru, porphyre (Littré),
est contraire à la lettre, l'accent de ce mot
grec ou latin portant sur la pénultième.
PORREAU, Yoy. poireau.
1 . PORT, action de porter, subst. verbal de
porter. Acceptions déduites : manière de se
porter, capacité de porter (en parlant d'un
navire), transport d'une marchandise ou d'une
lettre et prix de ce transport.
2. PORT, lieu destiné à recevoir les vais-
seaux et à les tenir à couvert, du L. portus.
— D. portulan (v. c. m.).
PORTAIL, voy. porte.
PORTE (aM.pforte), du L. porta. —D.por-
taily Siiic. portai, angl., ail. portai, d'un type
portale; portier, L. ^rtainus; portière, por-
tereau.
PORTER, L. portare. — D. port (v. cm.),
portée; portière, adj. = qui porte; subst. =
utérus. Le mot porter, comme élément de
composition, a servi pour l'expression d'un
très grand nombre d'objets (ustensiles, pièces
d'habillement) ou de fonctions, p. ex. porte-
a*ayon, porte-feuille, porte-épée, porteman-
teau, porte-voix^ porte-drapeau, portefaix,
porte-queue.
PORTION, L. portiofiem.
PORTIQUE, voy. porche.
PORTOR, sorte de marbre à veines jaunes
sur fond noir, àe porter -f- or (Littré).
PORTRAIRE ou POURTRAIRE, vieux mot
dont Voltaire a eu raison de regretter la
perte, du L. protrahere. L'ancienne langue
s'en servait dons le sens de mettre au dehors,
en évidence, étaler, puis de représenter, des-
siner, peindre. Du partie, protractus vient le
subst. pourtrait*, portrait, pr. chose pour-
traite, dessin, effigie, image. Ane. on avait
aussi les dérivés portraiture (dessin, portrait)
et portraiteur.
PORTRAIT, voy. l'art, préc. —D.jxJitrai-
tiste,
PORTULAN, direct, de l'it. portolano, dér.
de porto, L. portus.
POSE, subst. verb. de jwser (v. c. m.), ac-
tion de poser ; du sens «attitude, surtout atti-
tude affectée », découlent poser, prendre une
attitude étudiée, et le subst. poseur, qui aime
à poser.
POSER, prov. pausar, esp. posar, it. po-
sarc, du BL. pausare. Ce dernier représente
le L. pausare, s'arrêter, cesser, qui, dans la
basse latinité, a pris le sens actif de faire
cesser, arrêter, mettre à l'état de repos. Po-
ser a, en français, pris la place du L. pmicrt,
tant à l'état simple que dans les composés
(de-ponere, déposer \ reponere, reposer, eic).
La francisation véritable de 2)onere est pfui-
dre (v. ce mot), mais ce verbe a été restreint
à une application toute spéciale. — D. subst.
yerhal pose (v. c. m.)-., poseur, -âge,
POSITION, POSITIF, L. positio7tem, -irus.
POSSÉDER, du L. possidere (pone sedere .
dont le supin possessum a donné : possessicm,
possesseur, possessif, L. possessionem. -oreni,
-ivus. — Composé déposséder. — Posséder
est une forme moderne et mal faite; aussi
l'ancienne langue disait-elle ou posseoir, ou
possesser (fréq.), cp. angl. possess.
POSSIBLE, L.possibilis (posse). — D. pos-
sibilité, L. possibilitatem.
POST-, élément initial de composition,
signifiant après, du L. post, après. Ex.: post-
dater, 2^f>st-scriptum, post-poser, post- face
(opp. de préface).
1. POSTE, fém., pr. dépôt de chevaux de
rechange, station de relais, d'où découlent
toutes les autres acceptions ; du BL. posta p.
posita, subst. participial de pœierc, = sta-
tion. — D. postal, postillon. — J&dïs poste
signifiait aussi proposition, arrangement, con-
vention, convenance, etc., « faire qqch. à sa
poste »; auj. encore on dit » payer à poste •
c.-à-d. à dos termes convenus d'avance.
2. POSTE, masc., lieu ou position officielle
où l'on est placé (positus) par ordre: pui>
aussi = détachement de soldats occupant un
poste, corps de garde. — Les deux moti'
poste, masc. et fém., sont peut-être mieux
envisagés comme les subst. verbaux du vérin?
poster, qui représente postare, placer, fré-
quentatif du L. ponere.
POSTER, voy. poste 2. — Cps. aposfer,
POSTÉRIEUR, L. posteriorem (comparatif
dQ posterus). — D. jpostériœHté, L. postorit»-
ritatem \
POSTÉRITÉ, h.jKisteritaiem (posterus), litt.
ceux qui viennent après [post) nous.
POSTHUME, L. posthumus, fausse ortho-
graphe de postumus, superlatif de positons.
POSTICHE, fait et ajouté après coup, de \X
= qui n'est pas primitif ou naturel ; direct,
do l'it. posticcio, forme écourtée de aposiicci"
(= postiche), qui est la reproduction d'une ^
forme latine apposititius, ajouté.
POSTILLON, voy. poste.
POSTULER, L. postulare. — D. postulant,
-ation, -at, L. postulans, -ationom, -atuni.
POSTURE, du L. positura, action ou ma-
nière de poser.
POT, ce mot se retrouve à la fois dans U»s
langues romanes (prov. pot, esp., port.;>'^ ,
germaniques (nord, pottr, suéd. potta, dan.
potte, néerl. j)0t) et celtiques (cymr. pot, crarl.
poit). Il est difficile de le ramener au L.|x5^^^
boisson, par métonymie du contenu au con-
tenant; les règles phonologiques s'y opposent :
il faudrait en fr. soit pout ou pc\U, et l'it.
potta, qui est le môme mot avec une applica-
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POT
— 405 —
POU
tion spéciale et métaphorique (cp. le double
sens du L. coticha). contrarie également cette
étymologie. D'autre part, on peut admettre
que la langue latine employait déjàpotus avec
le sens de pot ; du moins un dictionnaire pré-
sente ce mot comme se trouvant dans Pline
avec la valeur d'urne, et Fortunat (vi® siècle)
en fait un synonyme de canna et calix. Voy.
aussi l'art, pote. — Dans l'expr. » sourd
comme un pot », vu Tangl. » deaf as a post »
(sourd comme un poteau), Littré (suppl.) sup-
pose avec raison que nous avons afÉdre ici
au vît. post flat. postis, poteau), qui se dit
encore en Normandie. — D. potage, pr.
choses mises dans le pot (légumes, pois, etc.);
dans certains dialectes = légumes; potier,
jx>tée; potiche; empoter. Composé pot-pourri
(trad. de l'it. olla potrida).
POTABLE, L. potabilis (potare).
POTAGE, voy. pot. — D. potager,
POTASSE {delèiït.jpotassa), lat. mod.potas-
siuniy de l'ail. pottascJie, angl. potash, suéd,
pottaska, litt. cendres de pot.
POTE, dans mai7i pote = main grosse,
enflée, lourde, anc. main gauche. Evidem-
ment, le mot joo^e dans cette signification est
le primitif de potelé, gras, replet. Mais d'où
vient l'un et l'autre? L'ancienne forme postelé,
pousteU, porte vers une racine pos, pus, mar-
quant enflure (cp. en ail. j9au5-ôac/ti^, joufflu).
Ou bien y aurait- il parenté avec le L. pus-
tula î Toutefois, 1*5 doxis, postelé peut être envi-
sagé conmne parasite (cp. vfr. puste = it.
putia, vfr. loister p. luiter, lutter), de manière
que le thème du mot serait pot. Or, cette
racine parait impliquer l'idée d'enflure, de
rebombé ; nous citons à cet égard le prov. pot
et lorrain potte, lèvre, puis l'expr. suisse faire
la jx)tte, angl. to pout, =» p. faire la moue ou
la lippe. En n. prov. pot, en limousin /wufow,
signifient baiser. Cette racine pot = gonflé,
arrondi, ne serait-elle pas aussi celle du
subst. pot, vase de terre?
POTEAU, vfr. postel, du L.postellus, dim.
du L. postis, poteau (d'où ail. pfosten). —
D. potelet.^
POTELÉ, voy. l'art, pote,
POTENCE, BL. j^otentia, 1. instrument de
supplice, 2. poteau couvert servant de sou-
tien, etc., 3. aussi = béquille (« crotch for
a lame man », dit Palsgrave). La dernière
signification est la première dans l'ordre his-
torique ; elle fait penser au L. classique po-
tentia, la béquille donnant de la force aux
« impotents »; cependant, il se pourrait bien
que cet emploi, dans un sens concret, du mot
abstrait poteniia, eût été déterminé par une
assimilation é, postis, poteau.
POTENTAT, anc. souveraineté, puis, par
conversion du sens abstrait au sens concret,
prince souverain (cp. l'it. podestà); du BL.
potentatus, dér. du \j.potens, puissant.
POTENTIEL, L. potentialis (potentia).
POTERNE, ;î05^e?'«e', p. postcrie, it. pos-
tierla, du L. posterula, sentier dérobé, fausse
porte, cp. h. postica, porte de derrière; l'un
et l'autre sont dérivés dapost, derrière.
POTIER, voy. pot. — D. poterie.
POTIN, alliage de cuivre et de zinc, mêlé
souvent de plomb. On en fait des pots, ce qui
en a probablement déterminé le nom.
POTION, L. potionem. Voy. aussi poison,
POTIRON, aussi poturon, potron, gros
champignon, grosse citrouille; d'origine
incertaine. Devic propose l'arabe foutour,
champignon.
POU, contr. do péou ou plutôt j^^out/, wall.
piou, prov. pezolh, it pidocchio, port, piolho,
esp. piqfo, du BL. peduculus = L. pediculus,
— D. pouilleux, L. pediculosus; verbe poutT-
ler, chercher des poux, fig. injurier grossiè-
rement (cp. la locution chercher des poux à
la tête de qqn.et l'ail, lausen, rudoyer, laver
la tétc); pouillis, endroit plein de poux:
pouillier, méchante hôtellerie ; pouillerie,
épouiller (it. spidocchiaré).
POUAORE, P0UA6RE, salop, vilain, bourg.,
norm. polacre, pic. polaque, n. prov. pou-
làcre. Diez voit dans ces formes une dérivation
populaire de l'interjection de dégoût pouah.
Bien qu'il ait, à propos de massacre, contesté
l'existence d'un suffixe français acre, nous ne
voulons pas lui imputer à ce sujet une incon-
séquence, puisqu'il s*agitd'un teiTne populaire
et que acre pourrait être corrompu de aque
(L. acus). — Le Duchat dérive le mot dejîo-
dager, goutteux « en tant que le goutteux est
couvert d'emplâtres puants ». En effet. Ton
trouve dans Jean de Meung les pouacres asso-
ciés aux » ydropiques et aux frénétiques »,
et ailleurs le suhst. poacrise comme synonyme
de goutte. Dans les formes polacre, etc., il
faut admettre, si l'on part de podager, la
pei*mutation de d en /, comme dans cigale.
En tout cas, nous n'hésitons pas à rejeter
l'opinion de l'abbé Corblet, qui voit dans po-
lake, ordurier, dégoûtant, un synonyme de
polah = polonais. Nous épargnerons cet
affront à la Pologne.
POUCE, vfr. polz, pauc, prov. polce, pous,
du L. pollicem. — h.poucet.
POU-DE-SOIE; ce paraît être, dit Littré,
une altération de padoue-soie, soie de Padoue ;
cp. l'angl. paduasoy, une soierie de Padoue.
L'orthographe habituelle poult-de-soic (cp.
poult-de-laine) ne contrarie-t-elle pas cette
étymologie ?
POUDING, de l'angl. pudding, dans lequel
Mùller voit une altération du fr. boudin.
POUDRE, vfr. poldre, porre, pourre, du L.
pulms, gén. pu/côr iV (cp. fr. soudre du L.
^ol\>ere). — D. poudrer, poudrette, poudreux,
poudrier, -ière, poudrot/er. — Voy. aussi
pousse 2 et poussière.
POUF, pierre pulvérulente; serait-ce une
forme gâtée du latin pulv-is, poussière, ou un
dérivé de j^ouffer, crever? Voy. aussi l'art,
suivant.
POUFFER de rire, de l'intetjection pouf;
voy. aussi bouffer. L'idée de gonflement,
d'enflure (et par métonymie, do crèvement,
d'éclatement) attachée à cette rsicino pouf, est
encore bien sensible dans le subst. pouf =«
coiffiire de femme et tabouret, dans faire
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POU
— 406 —
POU
pouf, employer de la vanité, et dans l'anglais
puff(fT. pouffe), au sens de nouvelle fausse,
histoire forgée à plaisir (cp. craque).
FOUILLÉ, inventaire, registre, voy. sous
police 2.
PODILLBR, verbe, voy. pou. — D.pouiîles
(v. c. m.).
FOUILLES, reproches mêlés d'injures ; chan-
ter pouilles à qqn. = l'invectiver; subst. ver-
bal àGpouiiler, injurier (voy. pou). On s'est,
ce me semble, inutilement creusé la tète sur
l'origine de ce terme.
FOUILLBUX, voy. pou.
FOUILLOT, nom d'oiseau; sans doute un
dérivé de L. pullus, jeune, petit.
FOULAILLE, voy. poule. — D. poulail-
ler,
1 . FOULÂIN, p. potûin, petit d'une j ument,
prov. pulin, du L. pullinus^ dér. de pullus,
jeune d'un animal; Pline : piiUus equinus. —
D. pouline, poulinière, verbe pouliner.
2. FOULAIN, bubon, tumeur. Roquefort se
complaît à dire que cette acception vient
de poulain, petit d'un cheval, parce que les
personnes qui ont des poulains marchent les
jambes écartées comme les poulains. — Littré .
tient cette étymologie pour probable; je pré-
fère, pour ma part, rattacher le mot A un type
pusulanus issu de pusula (forme accessoire
de pustula). Ce type a régulièrement pu pro-
duire poHslain, poulain.
FOULAINE (souliers à la). On explique
générîilcment cotte expression à la poulaine
par à la polonaise, Poulaine s'étant dil autre-
fois pour Pologne. Mais n'oublions pas que
poulaine signifie aussi le bec, l'éperon d'un
vaisseau, et qu'il se peut que cette dernière
valeur ait déterminé l'expression « souliers
à la poulaine »». — Littré, cependant, est
d'avis que le terme de marine vient de pou-
laine, pointe de soulier, par assimilation, et
que celui-ci vient directement du vfr. pou-
lanne, peau de Pologne.
FOULE, BL. pulla, du L. pullus, jeune
d'animal, Tite-Live : puUi gallinacei, = pou-
lets. — D poularde^ poulet, poulette; terme
coWqcMî poulaille (cp. volaille). Dans le chant
de Sainte-Eulalie, le mot vfr. pouille, confor-
mément à la valeur générique du L. pullus,
veut dire jeune fille ; nous en avons conservé
les êiimiïi. poulol ot poulette, termes de caresse
adressés à des enfants. — Voy. aussi poussin
et pucelle.
FOULBT, Sing;\. pullet, dim. de poule. Dans
l'acception « billet d'amour », Dacier dérivait
le mot du BL. poletum = polecticiim ==*
polyptychum (traité à l'art, police), mais pole-
tum signifie un gros registre, et non pas un
petit billet galant. Furetière et d'autres
pensent que ces mi.ssives ont été ainsi appelées
ou parce qu'on les ployait en forme de pou-
let, ou parce qu'elles étaient glis.sécs par dos
marchands de poulets (cp. en it. poj'tar polli,
faire le métier d'entremetteur). On s'est .<crvi
au XVI* siècle du mot chajKm dans le môme
sens. Une interprétation plus récente de pou-
let = billet se trouve dans Larousse.
POULEVRIN, p. poulterin, gâté du L.pxd-
verinus (piilvis).
FOULIGHE, d'un type latin pnllira, ou
plutôt pullicia\ dér. de pullus. Cp. poulain.
FOULIE. voy. l'art, suiv.
FOULIER, verbe, de Tags. pullian, angl.
pull, tirer, guinder. — D. poulie, sub?t. -
verbal, machine pour tirer, d'où esp. polea,
poit polé, angl pulley.
FOULINER, voy. poulain 1 .
FOULIOT, espèce de menthe, dimin. d'un
mot poulie (inusité), qui correspond à l'it.
poleggio, esp. polco, port, poejo, prov. pitlcgi,
ail. polei, et qui vient du L. pulegium, lui-
même dérivé de pulcx, [mce (herbe chassant
les puces).
FOULOT, voy. poule.
1 . FOULFE, fém. , aussi pulpe, du h.pulpa.
— D. poulpeton on poùpeton.
2. FOULFE, masc, espèce do mollusque,
it. polpo, esp. pulpe, du L. pôlypus, polype.
POULS, it. polso, du L. pulsus (pellerc),
battement. L'/ dans pouls est d'introduction
savante ; les anciens écrivaient correctement
pous.
POUMON, it. polmone, prov. polmo, du L.
pulmo, -onis, d'où l'adj. pulmonarius, fr,
pulmonaire. — D. s*époumonner.
FOUFARD, voy. ^mipe 2.
1. POUPE, l'arrière du vaisseau, du L.
puppis.
2. POUPE, mamelle, \t.poppa, prov. pnpa,
du L. pupa, jeime fille. Diez compare le
même transpoi-t d'idée, mais en sens inverse,
dans rit. jsita, jeune fille, de l'ail, stt^c, ma-
melle. — D. poupard, nourrisson.
POUPÉE, dér. du L. pnpa, petite fille,
poupée, fém. do pupus. Du môme pupus
viennent : poupon, pouponne; p^ntpin, d'où
poupiner et le v. mot poupeliner, caresser,
mignarder.
FOUR, vfr.. esp., port, por, direct, dn
latin vulgaire por, qui s'est substitué à L.
pro. L'italien n'a pas reproduit cette préposi-
tion latine; il la remplace par/>eï\ D'un autre
côté. Tesp. et port, por fait en même temps
les fonctions du L. per. — En composition,
on remarque dans les langues romanes de
fréquentes confusions entre les prépositions
latines per et pro. Ainsi, le fr. dît parfumer.
Vît. profumare; le fr. pourchasser, le prov.
pe7'cassar. Nous remarquons cette confusion
de pour et par surtout dans les composés fr.
pourfendre, pourfiler, pourpoint et les vieux
mot^ porgarder, porprendre, portaster. pour-
penser, poursemer (parsemer), parfont p<iur
profond Dans les applications ne remontant
pas au latin, le préfixe pour marque perfec-
tion, achèvement, l'extension do l'acte sur
toutes les parties.
POURCEAU, voy. porc. — D. pourcelet.
POURCHASSER, prov. percassar, cps. do
chasser, d'après l'analogie de poursuivre. —
V'dTïgl. purchnse a développé le sens « obtenir »
(par ses poursuites;, puis acquéiir, acheter.
— D. subst. verbal pourchas*.
POURFENDRE, renforcement do fe}ulre;\Q
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POU
407
POU
préfixe représente soit le L. per (voy. pour),
soit le L. pro, = eu avant, pour rappeler le
bras étendu. — D. pourfendeur.
POURPILER, prob. pour parfiler, Voy.
pour.
POURPARLBR, vieux verbe, = délibérer,
comploter ; il nous est resté à l'état de subst.,
signifiant abouchement, conférence, négocia-
tion.
POURPIER, p. pourpie\ pouîpied, du L.
piiUipedemy pied de poulet, étymologio confir-
mée par la forme renversée piepou des dia-
lectes.
POURPOINT {pour p. par, voy. pour),
prov. perponh,es^. perpunte, pespunte, port.
pesponto, du BL. perpunctum, vestis mili-
txiris coactilis lana vel gossipio serta et acu
stipata ac perptmcta. — L'ancienne langue
avait le verbe pourpoindre, piquer à tra-
vers.
POURPRE, angl. purple, du L. purpura
(;ro5(5uoa). — D. pourpré, empourprer.
POURPRIS, enclos ; du v. verbe pourpren-
dre, prov. perprendre, prendre en entier,
dans tout son pourtour.
POURQUOI = pour quoi,
POURRIR, type lat. putrire, p. putrescere
(cp. nourrir de 7tutrire). — D. pourriture.
POURSUIVRE, du L. prosequere p. prose-
qui. — T>. poursuite.
POURTANT = pour tant (cp. partant).
Cette expression, qui d'abord signifiait « pour
cela »», a fini par signifier : malgré cela,
néanmoins, cependant. Du reste on remarque
la môme valeur de pour dans les tournures
fr. telles que « pour être fêté partout, il n'en
est pas pins fier »» (Académie).
POURTOUR, circuit, renforcement de tour,
cp. pourpris; peut-être le subst. verbal d'un
ancien ponrtoumer.
POURVOI ; ce mot est-il le subst. verbal du
verbe pourvoir, donc pr. l'action de se pour-
voir en justice, ou y a-t-il lieu (vu le caractère
tout à fait insolite d'un subst. uof tiré de
voir) d y reconnaitre un similaire de envoi,
convoi et de le rapporter à un verbe powr-
voyer = L. provinre*, aller en avant? Je
laisse la question mdécise.
POURVOIR, anc. pourveoir, du L. provi-
dere. — D. pourvu que (*« je viendrai, pourvu
qu'il ne soit pas là » équivaut à « je viendrai,
si Ton a eu soin ou si l'on b, pourvu qu'il n'y
soit pas »); pourvoyeur (v. c. m.); pour-
voyance', anc. pourveance" =« providentia;
pourvoirie (v. c. m.) ; cps. dépourvoir, d'où la
locution au dépourvu.
POURVOIRIE, p. pourvoieriè, mot forgé à
la façon de pourvoyeur (v. l'art, suiv ).
POURVOYEUR, -BUSE, mot modernisé par
assimilation au vfr. porveeur (cas sujet pour-
veeres ; il n'a jamais existé, que je sache, de
verbe pourvoyer.
1. POUSSE, action de pousser ou chose
qui pousse, subst. verbal de pousser.
2. POUSSE, poussière des épices; c'est
prob. la forme féminine du prov. pois, pou-
dre, et de cette manière le primitif de jwus-
sière (v. c. m.). Un texte du xiv* siècle écrit
poulce. — D. épousseter,
3. POUSSE, 1 . maladie des chevaux, courte
haleine, sufibcation ; 2. exhalaison dans les
souterrains qui peut sufibquer les ouvriers.
Du verbe ancien pousser, avoir des pulsa-
tions, respirer péniblement, d'où pou5*t/'(altéré
en angl. enpursy). Ménage expliquait poussif
par ilia pulsans, pris dans le sens de la
phrase ilia ducens ou trahens des Latins, qui
signifie haletant, essoufilé.
POUSSER, prov. polsar, esp., port. piU-
sar, du L. pulsare, fréq. de pellere. —
D* pousse (y. c. m.), poussée, poussette, pous-
sière (v. c. m.), repousser.
POUSSIER, forme masculine de poussièi'e,
POUSSIÈRE. L'opinion générale est que co
mot est de la même famille que poudre; seu-
lement, les uns(Diez'y voient une transforma-
tion du vfr. porriere, dérivé de vfr. porre =«
nfr. poudre; les autres (ainsi Gachet et Littré)
le dérivent de prov. pois, cas sujet de lat.
pulvis, d'où vient l'a(\j. prov. polsos^ pou-
dreux, et d'où viendrait aussi *polsieira, type
du fr. poussière. Cette étymologie présente
de toute façon quelque difficulté au point do
vue des lois phonétiques. Aussi s'en pré-
sento-t-il une nouvelle, très digne de consi-
dération; Horning, dans une étude sur les
dial. des Vosges et de la Lorraine (Ztschr.,
IX, 499), à propos du mot chpusd (pron.
xpase), poussière, émet l'avis que ni le prov.
pois, ni le dérivé fr. poussière, n'ont rien à
faire slvoc pulvis; que pois (d'où fr. *pousiere)
représente L. pulsum, = chose frappée, tri-
turée, moulue; que le patois œpusd est =
expulsum. — Voy. aussi pousse,
POUSSIF, voy. pousse 3.
POUSSIN, du L. puUicenus, BL. pulci-
nu^, dérivé depullus. — D. poussinièrc.
POUTRE est le même mot que le vfr.
poutre, jument, qui répond au BL. pulletrus,
poledrus, puledra (it. polédro, esp., port.
potro) et qui, d'après Diez, paraît venir d'un
diminutif gr. rru^f ji9v, TrwÀf^pov (de 7rû>9«,
poulain). La signification actuelle du mot —
grosse pièce de bois équarri, qui sert à sou-
tenir les solives d'un plancher — est déduite,
par métaphore, de celle de jeune cheval,
comme on a tiré en latin equuleus de equus,
en fr. chevalet de cheval, en ail. foUer,
instrument de torture, du roman poledrus.
La poutre serait donc d'abord simplement une
pièce destinée à en soutenir une autre, un
chevalet. Ménage soutenait déjà cett43 étymo-
logie, mais en l'expliquant ainsi : « la. poutre
ou grosse solive porte de petites solives,
comme la poutre ou jument porte des pou-
lains n , c'est ingénieux, mais peu exact. Nous
ne voulons pas contester l'étymologrie ci-des-
sus, que nous avons puisée dans Diez ; elle
n'a rien d'invraisemblable, d'autant plus que
tant d'autres termes du domaine des arts et
métiers reposent sur des intuitions plus ou
moins grotesques; nous lui sacrifions donc
volontiers notre première manière do voir,
qui consistait à expliquer poutre par poustre.
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PRA
408 —
PRÉ
(cp. Palsgrave pouste : balke of an house), et
ce dernier par L. postis avec r intercalaire. —
Storm (Rom., V, 181) estime que pulletnis
peut avoir déjà appartenu au fonds latin et
qu'il n'est pas nécessaire de recourir, avec
Diez, à un primitif grec; il se fonde, en cela,
sur le mot latin porcetra, jeune truie, d'après
lequel on a pu créer puUetra, pouliche. —
D. poutrelle,
POTJTTJRB, nourriture des animaux engrais-
sés à l'étable, vfr. aussi peuture. L'étym. ad-
mise, d'après Du Cangc, par Littré, savoir lat.
pastura, est impossible; celle que j'ai émise
dans mes Trouvères belges (nouv. série),
p. 342, à propos de peuture, savoir l'anc.
part, passé peut (de paistre)^ contracté en
peut, a donné lieu A l'objection que d'abord
elle est contredite par le monosyllabisme de
ou et eu dès l'apparition du mot, puis par la
persistance du t. Je reconnais que mon expli-
cation se heurte contre l'âge reculé du mot
et l'absence d'une forme peuture ou poUture
et j'admets, avec Fôrster et Joret, l'étymon
pultura (mot constaté par Du Cange), dérivé
de pitîs^ puJtis, bouillie, pâtée. Cp. pour ou,
vfr. sepouture (sépulture).
POUVOIR, du vfr. pooir (par intercalation
de tj), it.potere, esp., port., prov. poder; de
l'infinitif barbare potére, substitué tposse (cp.
volére, d'où vouloir, p. velle), — D. pouvoir,
subst.
PRADISR, ouvrier chargé du soin des prai-
ries (nom de famille très répandu), du BL.
pratarius (pratum). La forme pradier est de
facture méridionale ou savante.
PRAGMATIQUE, h.pragmaticus,gv. ^rpay/*'-
Ttxo'i (de îrpây/ta, aflaire). « Pragmatica sanc-
tio w, édit impérial, est un terme du Code
Justinien.
PRAIRIE, vfr. praerie, prov. pradaria, du
BL. prataria (pratum). — D. prairial, nom
du neuvième mois du calendrier républicain.
PRALINE, amande rissolée dans du sucre,
ainsi nommée» d'après un sommelier du mai-é-
chal Duplessrf'Pralin, qui s'avisa le premier
de préparer les amandes de cette manière et
d'en servir sur la table do son maître. —
D.praliner, griller avec du sucre.
PRAMB, sorte de vaisseau, du néerl. jf^raam,
dan. pram, angl. prame, ail. prahm,
PRATICIEN, voy. pratique,
\, PRATIQUE, adjectif, L,practicus, gr.
7r/9«xTtxo; (de TTj&Ai-jBiv, agir), relatif à l'action,
à l'exécution. — D. snbst. praticien,
2 PRATIQUE, subst. fém. , du gr. «paxTi/iî,
art d'agir, opp. à yvcain/r; ou diu^tniy.r,. —
H, pratiquer, mettre en pratique, exercer (un
art), employer beaucoup, fréquenter, etc.
3. PRATIQUE, subst. fém., chalandise,
chaland, représente le subst. verbal du verbe
pratiquer au sens de fréquenter, hanter.
4. PRATIQUE, instrument dos joueurs de
marionnettes, de l'csp. pîatica, conversation
(entre les marionnettes), qui est le subst. de
platicar, converser (litt. = (v. pratiquer).
PRATIQUER, dér. de pratique 2. — D. pra-
ticable; subst. pratique, chalandise « chaland.
PRÉ, it. prato, esp. prado, du L. yralim.
— Du dimin. pratellum viennent it. praicUo,
prov. pradelh, vfr. praël, praiel, nfr. préau.
PRÉ-, préfixe, L. prœ. Les mots français
composés avec ce préfixe sans pi-écédent latin
sont fréquents ; ils appartiennent à la lan<ruc
savante et marquent supériorité ou prioritô.
Nous citons parmi les plus répandus les «sui-
vants : préacheter, préalable, pi'e'aois, prcciu\
prc'cotnpte, préconcevoir, prcdécéder, pràU-
ces, p7*édilection, prédisposer, prédominer,
prélever, présupposer,
PRÉALABLE, mot nouveau, formé arec
aller et le préfixe pré, sur le patron du L.
prœvius, ail. vor-lùufig.
PRÉAMBULE, de l'adj. h, prœ-ambulm,
qui marche en avant.
PRÉAU, voy. pré.
PRÉBENDE, it. , prov. prebenda, prnfvda,
eR\>.p7'cbcnda, du L. pra>be?ul a, chose à dm
nir. Le mot signifie en premier lieu : la ration
journalière à fournir aux moines et aux autivs
ecclésiastiques ; puis, le sens se rétrécissant,
le revenu alloué à un chanoine, et enfin le
canon icat même. — Une confusion avec/;mt-
dcnda (d'où l'ail, protiant), dér. deprociderc,
pourvoir, a fait subir au mot prœbimda, pro-
visions à fournir, une altération enprocenda,
provisions do bouche, d'où tr.procende.Cot
ce dernier qui est le type de l'ail, pfrnnde,
prébende. — D. prébende, prébendier.
PRÉCAIRE, du L.pr€6'an!«f près), obtenu
à force de prières ; de là = que l'on n'a que
par permission, d'une manière mal assunV,
par simple tolérance.
PRÉCAUTION. L prœcautionem, de prœ-
cavere, se mettre en garde. — D. précnv-
tionner,
PRÉCÉDER, L, prœ-cedere, aller en avant.
— h. précédent, adj., puis subst., L/w^^'*'*
dens. — Du supin prœcessum : subst. pi"»*-
cessioncm, fr précessimi,
PRÉCBINTE, t. de marine, BL.prœdnctnm
(prïe-cii>gere), pourtour.
PRECEPTE, L. prœceptum (pravcipeiv);
précepteur, L. prœccptorem, d'où pn^efitoroU
-orial,
PRÊCHER, anc. pi-eschei- {s intcrcalain^
angl, preach^ vfr. pi^eechier, du L. F''«'*'';
care (d'où ail. predigen), — D. p'êchc, prê-
cheur. — Termes savants tirés du mémo
prœdicare : prédicateur (anc. aussi j^rt'tf »«*"')'
prédication ,
PRÉCIEUX, L. pretiosus (pretium)- —
D. précieuse, préciosité. ,
PRÉCIPICE, L. prœcipitium, dér. deladj.
prœceps (gén. prœcipit-is), la tête en av«ïnt,
d'où aussi praecipitaro, -ationem, fr.pff^P*^^';
-aiion. Montaigne s est servi de la^i- P^''^^'
piteux.
PRÉCIPITER, voy. prédpice.
PRÉCIPUT. avantage accordé à un bériticr
sur SCS cohéritiers, terme do dmt tirM t"^*^
manière irréguliôre du L. prœdpu^^^* l^jY
ciput, dér. lui-même de prœ-cipere, V^'^' '
d'avance, prélover. Le t final n'a aucune i
•ndrc
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PRÉ
— 409 —
PRÉ
son d'être, et s'explique peut-être par le sou-
venir du t qui est dans le subst. BL. prœci-
puitas ou par la forme du mot occiput, —
D. jyrrciputaire.
PRECIS, adj. et subst., L. prœcisus, pr.
coupé par devant, puis = abrégé, succinct
(cp. concis de can-cisxis). La langue moderne
a ajouté à ces acceptions celle de « arrêta,
^XQ^ circonscrit, exact ». Cp. BL. pn» cisa,
s. e. sententia = jugement, arrêt; cp. aussi
notre expression « couper court à une dis-
cussion »t. — D. précision y L. prajcisionem ;
verbe préciser, soit tiré du fr. précis^ ou
représentant un mot L. prœcisare, fréq. de
prœcidere.
PRÉCOGB, L. prœ-cox, -ocis (coquere). pr.
qui cuit ou mûrit avant le temps. — D. pré-
cocité.
PRÉCONISER, BL. prœcontjsare, dér. du
L.prœconiumf publication (type du fr. prône,
v. c. m.).
PRÉCURSEUR, L. jirœcursorcm, litt. =
avant-coureur.
PRÉDÉCESSEUR, L. 2^rœ-decessorem.
PRÉDESTINER, L. prœ-destinare,
PRÉDIAL, BL. prœdiaïis, du L. prœdium^
bien-fonds.
PRÉDICAT, L.prœdicatum, chose énoncée.
PRÉDICATEUR, -ATION, voy. prêcher.
PRÉDICTION, L. prœdictionem (prse-
dicere).
PRÉDILECTION, litt. dilection (L. dilectio,
affection) de préférence (prc); cp. l'ail, vor-
liebe, m. s.
PRÉDIRE, L. prœ-dicere.
PRÉÉMINENT, du L. prce-eminentem. —
D. prééminence, L. prseeminentia.
PRÉEMPTER. L. prœ-cmptare', fréq. de
prœ-imere\ prendre ou acheter par avance,
supin prœemptum, d'où prœeraptionem, fr.
préemption,
PRÉFACE, L. prœ-fatio (de prae-fari), litt.
= avant-propos. Pour atio = ace, cp. dédi-
cace. Les mots it. prefazio et esp. prefacio,
(faisant double emploi avec prefazione et
prefacion] me semblent imités du français.
PRÉFECTURE, voy. préfet.
PRÉFÉRER, d'un type havh. 2)rœ'fcrere (p.
prœ-ferre)., converti pour la francisation en
prœ-f*irai^e. — D. préférable, -ence,
PRÉFET, mot do formation savante, L.
prœfectus (part, do prœ-ficere, préposer);
sub.st. pnefcctura, fr. préfecture. Selon la loi
prénéralo préfet nous fût parvenu sous la
forme pré fit (cp. vfr. parfit = perfectus, fr.
confit =5 confectus, profit = profectus.
PRÉPIX, PRÉFIXE, L. prœ-fixus, fixé
d'avance ou par devant.
PRÉJUDICE, du L. prœ-judicium, juge-
ment anticipé, présomption, puis dommage,
préjudice. — D. prefttdidel, question judi-
ciaire préalable; pr(jjudicicr, porter préju-
dice, d'où l'adj. préfudiciabJé*., « qui porto
préjudice ». — Le mot angl. jyrejudice a
conservé' le sens originel de préjugé, pré-
veiition.
PRÉJUGER, L. prœ-judicare, juger
d'avance. — D. préjugé , cp. l'ail, vor-ur-
theil, angl. préjudice.
PRÉLAT, mot savant = L. prœ-latus, pré-
féré, préposé; c'est un terme synonyme de
prœfectus et de prœpositus (fr. préfet et pré-
vôt). — D. prélature, se prélasser (ÎHonidÀ^nQ
disait plus correctement se prélater), affecter
Tair de dignité d'un prélat.
PRÊLE, 'presle, vfr. aspreîle, it. aspereUa,
dim. du L. asper; le nom vient de la tige
rude de cette plante. On a dit fautivement
la presle p. r aspreîle. Vs dans presle est
intercalaire. — D. préler.
PRÉLÉGUER, L. prœ-legare. — D p^^é-
legs (d'après legs).
PRÉLDflNAIRE ; autrefois, on se contentait
du simple liminaire (v. cm).
PRÉLUDE, BL. prœludium, ào prœ-ludere,
fr. préluder. Le sens fig. de ce verbe, s'es-
sayer à, est déjà classique.
PRÉMATURÉ, d'un type L. prcematttratus
pour prœmalurus, mûr avant le temps. —
Prématurité = maturité avant le temps.
PRÉMÉDITER, L.prœ-meditari. — D. pré-
méditation, L. prsemeditationem.
PRÉMICES, L. primitiœ (prïmvLs).
PREMIER, du L. primarius (primus), qui
est aussi le type de primaire.
PRÉMISSE, du part. lat. prœ-missus (prse-
mittere). mis en avant.
PRÉMUNIR, L. prœ-munire.
PRENDRE, du L. prehendere, prendere.
L'ancienne langue conjuguait ce verbe (et ses
composés) aussi bien en conservant qu'en
omettant le d radical; elle disait correcte-
ment prendons,prendant, mais aussi ^renon*,
prenant. — D. prenable, preneur,
PRÉNOM, L. prœnomen.
PRÉOCCUPER, L.prœ-occupare, s'emparer
le premier de qqch. Le mot ne s'emploie plus
guère qu'au fig. ; » cette idée me préoccupe »
veut dire pr. : cette idée m'occupe plus que
toute autre, elle m'absorbe, — D. préoccupa-
tion.
PRÉOPINER, opiner (L. opinari)lQ premier.
— D. préopinant.
PRÉPARER, L. prœ-parare. — D, prépara-
tion, -ateur, -aJtif, -atoire.
PRÉPONDÉRANT, -ANCB, du L. prœ-pon-
derare, peser plus; cp. l'ail, vor-wiegend.
PRÉPOSER i-épond, par sa valeur ^voy.
poser), au L. prœponere. — D. préposé (voy.
aussi prémt),
PRÉPOTBNCB, L. prœ-potentia.
PRÉPOSITIF, -ITION, L, prœpositivus, -itio-
nem.
PRÉPUCE, L. prœ-putium.
PRÉROGATIVE, du L. prœrogativa centu-
ria, la centurie à qui l'on demandait le vote
le premier, d'où le sens abstrait primauté,
privilège; de prœrogare, demander en pre-
mier.
PRÉS, prov. près, it. presso, du L. pres-
sus, pressé, serré contre. Pour l'idée, cp. le
gr. â/;(i et l'esp.^'im/o de, fr. joignant, L.
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PRE
— 410
PRÉ
juxta. Cette préposition s*est substituée au
L. prope, que la vieille langue possédait
encore sous les formes prop, prof, pruef, etc.
— Composés î vfr. emprès, nfr. a-près, it.
ap'presso, prov. a-pres; îv. presque (v. c. m.),
it. pressochè.
PRÉSA6B, L. prœ-sagium [àe prœ-sagire,
augurer, deviner). — D. présager.
PRESBYTE, du gr. irps^CÙTu;. vieillard,
donc pr. « qui voit comme un vieillard • . —
D. presbytie, presbyiisme.
PRESBYTÈRE, gr. Trps^guriipiov, dér. de
irp«ff6ÛTip<>«, L. presbyter, type du fr. prêtre
(v. c. m.).
PRESCIENT, L. prce-scientem. — D. pre-
science,
PRESCRIRE, du L. prœ-scriberc, ordon-
ner, op. ail. vorschreiben Du supin prœscrip-
tum viennent : subst. prescription, L. prse-
scriptioncm, 1 ordonnance; 2. t de droit,
manière d'acquérir par le fait d'une longue
possession; pour l'origine de cette dernière
acception, qui s'est communiquée aussi au
verbe prescrire et qui a fait naître l'adj.
prescriptible = qui peut être prescrit, voy. le
bict. de Littré, à l'art, prescription.
PRÉSÉANCE, du L. prœ-sidentia (cp. vfr.
reseant = residens), d'où aussi le terme savant
présidence; cp. ail. vor-sitz.
1. PRÉSENT, adj., L. prœsentem. — D.
présence^ L. prjesentia ; jorc!s<?nier. L.praesen-
tare. — L'adv. à présent répond au L. ad
prœs&ns s. e. tempu s (Tacite).
2. PRÉSENT, subst., don, chose présentée;
tiré du s Q\:\iQ présenter, comme don de don-
ner, achat ^^ ac?iater,' acheter. Littré rapporte
le mot et sa valeur à l'ancienne locution mettre
en présent (in prsesonti) à qqn. =^ présenter,
offrir. La forme it. et esp. présente (an lieu
de presento' appuie cette manière de voir.
PRÉSENTER, voy. présent 1. — D. pré-
sentation, -able, représenter.
PRÉSERVER, h. prœ-sein>are, garder avec
pi^caiition. — D. préservation, -atif.
PRÉSIDER, L. prœ-sidere; président, L.
prsesidentem, d'où présideixce (soy . préséance)
et présidentiel.
PRÉSOMPTION, PRÉSOMPTIF, PRÉSOMP-
TUEUX, yoy. présumer.
PRESQUE, voy. près. Je ne m'explique pas
autrement cette composition qu'en considérant
le que comme le terme de rapport entre la
préposition et son régime, agglutiné avec la
préposition ; on aura dit - près que cent ans w
p. « près de cent ans •», puis on a fini par
écrire « presque cent ans » et par établir un
mot particulier jprcA'^MC. On sait que fors se
construisait également avec de et que, comme
on le fait encore après plus.
1 . PRESSE, dans ses acceptions abstraites
et concrètes, subst. verbal àe presser (y. cm.).
2. PRESSE, sorte de pêche; c'est une fran-
cisation, par transposition, du L. persicum
(voy. pêche); cp. le prov. presega.
PRESSENTIR, L. prœ-seutire. — D. pres-
sentiment
PRESSER, du L. pressare, fréq. de pre-
mere. — D. pressant, pressé, pressage, près-
sis; subst. verbal ^«s« 1. action de presser;
2. machine à presser; 3. situation où l'on est
pressé, serré, de là (la cause pour l'effet) foule,
multitude. Du sens « machine à imprimer »•
découle le sens collectif moderne : ensemble
aussi bien des produits de l'impriroerie que
de ceux qui font imprimer ou^qui publient. —
Du supin pressum : pressionem, fr. pression ;
pressorium, fr. pressoir; pressura, fr. pres-
sure"»
PRESSURE*, voy. presser. — D. pres-
surer.
PRESTANCE, L. prœstantia, excellence,
distinction, de pra>stare, surpasser.
PRESTATION, L. prœstationem, subst. de
prœstare (fr. prêter), fournir, livrer.
PRESTE, de l'it. presto. Le mot preste
représente une modalité de sens et de forme
du mot prêt, qui est le vrai correspondant fr.
du mot italien presto. — D. prestesse, it.
prestezza.
PRESTIDIGITATEUR, mot nouveau fait
avec l'adj. it. presto, agile, prompt, et le L.
digitus, doigt.
PRESTIGE, L. prœstigium, — D. presti-
gieux, L.pvsdutigiofyus '^ p7'estigiateur, L. pres-
tigiatorem.
PRESTOLET, dimin. de preste, forme pa-
toise (aussi cat. et esp.) de prestre* prêtre.
PRÉSUMER. L. prœ-sumere, litt. prendre
d'avance, juger par induction. — D. présu-
mable. De prœsumptum, supin de pnesumero:
prîesumptionem, fr. 2)résomptian ; pnesump-
tivus, fr. présomptif; prœsumptuosus, fr. pi^é-
somptueiix.
PRÉSURE, acide faisant cailler ou prendre
le lait ; c'est le vfr. présure, action de prendre,
qui reproduit le latin prensura.
1. PRET, adj., prow. près t, it., esp., port,
presto, du L. vulgaire prœstus, d'où l'adv.
prœsto, t= sous la main. De l'it. presto nous
est venu lefr. preste iv. cm ). — D. apprêter.
2. PRET, subst. verbal àe prêter.
PRETANTAINE. - Ce mot est une onoma-
topée, dit Ménage, du bruit que font les che-
vaux en galopant : pretantan, pretantan,
prétantaine. *• Cela peut être accepté à défaut
de mieux.
PRÉTENDRE, L. prœ-tendere, pr tendre
devant, fig. mettre en avant, prétexter, mani-
fester, enfin (dans le Digeste) réclamer. —
I). prétendant, prétendu. — Du su})in prse-
tentum : subst! j^rétention, prétentieux.
PRÊTER, L. prœ-stare, litt. mettre en
avant, puis fournir. — D. prêt (subst.) ; jor^-
teur.
PRÉTÉRIT. L.prœteritus{pTseter-irc),passé.
— ï) . prétérition , L. prœteritionem.
PRÉTEUR, L. prœtorem (de prœ-ire, aller
en tête). — D. prétoire, L. praetorium ; pré-
ture, L. praetura.
PRÉTEXTE, L.p7'œ-textus, de prœ-texere,
litt. faire un tissu devant une chose pour la
caclicr ; pour le sens fîg., cp. pallier de (jxii-
lium) et voiler. — D. prétexter.
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PRÉ
4H —
PRl
PRETINTAILLB, ornement en découpure
pour les robes ; je ne m'explique pas l'origine
de ce terme de couturière, du moins en ce qui
foncerne l'élément pretin. « Je crois, dit
JauU, que c'est une onomatopée ; en effet, le
son de co mot bizarre exprime fort bien les
ornements frivoles et superflus des femmes, n
Quand les données font défaut, on s'empare
assez vite de la ressource des onomatopées. —
— D. pretintailler.
PRÊTRB, prestre\ it. prête, esp. preste,
ap^s. py^eostf angl. priest, nord, prestur, ail.
priester; du L. presbyter^gv. nctv^ùrtpoç (litt.
=^ senior), titre ecclésiastique en usage dès
les premiers temps de l'Eglise. Isidore : « pres-
bytcr. senior non pro setate vel decrepita
senectute, sed propt«r honorem et dignita-
tem w.Do l'accus. presbyterum (l'accent sur y)
viennent les anc. formes de cas oblique pre-
veire, prevoire, pratoire (= prêtre), que Ion
a fait erronément dériver àe provisorem. —
D. prêtrise, prétraille.
PREUVE, voy. prouver.
PREUX, anc. prou,preu, etc. , prov. pros et
pro. L'origine de cet adj . est controversée. On a
allégué comme primitif: 1. le subst. it., esp.,
prov. pro, Q.ïr. pro, prou, preu, signifiant avan-
tage, bénéfice, et que l'on tire delà particule L.
pro,en faveur, au profit fcp. notre subst. pour
dans « le pour et le contre »» >; le sens foncier
serait donc « pi*ofitable, utile », d*où se serait
dégagé celui de généreux, vaillant; — 2. L.
probus ; cette étymologie conviendrait parfai-
tement, dit Diez. si l'on rencontrait, comme
fém. du prov. pros, fv. preux, une forme
ytvoY, prova, fr. prove; mais il est constaté
que cet adj. ne fléchissait pas au féminin (voy.
Raynouard, IV, 659, la pros comtessa; Gilles
de Chin : « la dame fu preiis et honest« ») ;
or, il est sans exemple qu'un adj. (sans e final)
de genre commun dérive d'un adj. lat. en us
et a; — 3. L. pritdus (forme accessoire deprw-
dens), it. prode, pr. sage, puis, en général :
qui se conduit bien, qui fait son devoir. Cette
étymologie a pour elle l'ancienne orthographe
prod, prot, prud, prode, pros, mais elle pré-
sente deux grands inconvénients : c'est que
I'k long ne s'accorde ni avec le fr. ou ou eu,
ni avec le prov. o, et qu'il nous faut absolu-
ment pour type un adjectif à genre commun.
— Le plus probable est (et c'est là la seule
étym. admise par G. Paris, Rom. III, 420),
que le type est l'élément prod qui se trouve
dans prod-esse, être utile, rendre service, et
qui a également donné Tit. prode, profit. — De
l'ancienne fonneproM vient le subst. prouesse,
dont le correspondant it. prodezsa atteste net-
tement un radical terminé en rfou t.
PRÉVALOIR. L. prœ-valere.
PRÉVARIQUER, L. prce-varicari, pr. aller
à droite et à gauche, biaiser. — D. prévarica-
teur, -ation, L. pra3varicator. -ationem.
PRÉVENIR, L. prœ-venire, venir le pre-
mier, aller au-devant. L'acception « inculper,
accuser » (d'où le subst. prévenu) est déjà
propre au verbe latin dans le Digeste et dans
Ulpien. Du part, prévenant : subst. préve-
nance, — Du supin L. prseventum : subst.
BL. prsBventionem, fr.. prévention, et acy.
préventif,
PRÉVISION, L, prœ-tisionem,
PRÉVOIR, L. pfcB-videre, — D prévoyant,
d'où prévoyance,
TBÈVOT , prevost*, it. prevosto, esp., port.
preboHe; du L.prœpositus. — D prévôté, -al,
— Une confusion avec propositus a donné
lieu aux formes vfr. provost, àll. propst,
prohst etprofoss, ni. provoost,
PRIER, anc. preier, proier (cp. nier et
noyer\ plier et ployer), du L. precari. —-
D. prière, it. preyaria, prov. preguiera, ail
L. precaria, s e. oratio.
PRIÈRE, voy. prier,
PRIEUR, du L. prioretn = qui précède, qui
a le pas sur un autre. — D. prieuré, BL.
prioratus.
PRIMAIRE, L. primarius, forme savante
de premier.
PRIMAT, «• qui primas partes tenet », it.
primcUe,' ail. primas, du L. primas, -atis. —
D primatie.
PRIMAUTÉ, vfr. primaUé, d'un type Uitin
prnmalitcUem (cp. principauté), dér. du BL.
primalis, premier, principal. — L'it. pri-
mato et l'ail, primat viennent du subst. L.
primatus.
1. PRIME, adj., du L. primas. A l'état
d'adjectif, nous ne trouvons plus ce mot que
dans les locutions de prime abord, de prime
face, et dans les composés primevère (v. cm.),
printemps (p. prime-temps), et l'adj. prime-
sautier, tiré du v. subst. prime-saut (aussi
prinsaut) = L. primus saltus, premier saut,
premier mouvement. — D. primer, avoir le
premier rang, devancer; subst. primeur,
première saison des fruits ou légumes, etc.
2. PRIME, subst., dams prime d'assurance,
d'encouragement, de bourse; direct, de
l'angl. premium (prononcé primium), qui,
ainsi que l'ail, pramie, vient du L. prœ-
mium (de prœ-imere*). — D. primer, doter
d'une prime.
3. PRIME, t. de lapidaire, wfv.presme;
c'est le même mot que prisme.
PRIMER, voy. prime 1 et 2.
PRIMEROLE, syn. de primevère, dér dimi-
nutif de l'adj. prime (cp. févej'ole, band^ole*,
pr. première fleur.
PRIME-SAUTIER. voy.pnm^l.
PRIMEUR, première saison, voy. prime 1 .
PRIMEVÈRE, vfr. primevoîre, fleur des
premiers jours du printemps; it., esp., prov.
primavera (forme masc. prov. primveru d'un
composé populaire latin primavera, tiré du
L. primum ver, premier printemps.
PRIMICIER, aussi princier. Voy. sous
prince'.
PRIMITIF, L. primitivus. Voy. aussi plu-
mitif.
PRIM06ÉNITURE, aînesse, du L. primo-
ffenitus, né en premier.
PRIMORDIAL, L. primordialis (de prim-
ordium, premier commencement;.
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PRl
— 412 —
PRO
PRINCE, du L.principem; pour la mutila-
tion finale, cip. évéque de episcopus, souple de
supplicem. — D. princesse; princier {qâj.)',
il ne faut pas confondre avec ce dérivé mo-
derne de prince l'ancien subst. princier =
grand seigneur, homme de cour, qui répond
au L. primicerius, chef de corps, primicier.
PRINCIPAL, L. principalis (princeps). —
D. principalté* , principauté, dignit-é de
prince, puis teiTe gouvernée par un prince ;
forme substituée à principal = L. principa-
tnSf it. principato (cp. primauté' p. primat).
En lat. principdlitas signifiait primauté, préé-
minence.
PRINCIPE, L. principium, commence-
ment.
PRINTEMPS == primum tempus, première
saison. Dérivé arbitraire : printanier; un
dérivé régulier printemporel eût été par trop
pédant.
PRIORITÉ, L. prioritatem (prior).
PRIS, vfr. prins, L. prensus; de lH prise,
vfr. prinse, subst. participial de prendre.
PRISE, subst. action de prendre, puis pin-
cée de tabac, dose d'un médicamment, voy.
pris. — D. priser.
1 . PRISER, prendre une prise (voy. prise).
2. PRISER, mettre un prix à qqch. (vfr.
proisier), dér. àeprix, vfr. pris (v. c. m.). —
D, priseur, prisée ; cps. mépriser (v. c. m.),
vfr. despriser,
PRISME, L.prisma, gr. npilafix. Voy. aussi
prime 3.
PRISON, vfr. aussi proison, it. prigione,
esp. prision, port, prisào, prov. preisô, du
L. prensiônem (de prendere). Le sens abstrait
•• action de prendre » a tourné en celui de
« lieu où l'on enferme ceux que l'on a pris ».
La vieille langue employait le mot prison
dans le sens naturel de capture, de prise, puis
aussi (comme le fait Tit. et le prov. à l'égard
de prigione et preisô, dans celui de prison-
nier), mais avec changement de genre (cp.
nourrisson, polisson). — D. prisonnier, cm-
prisonnier.
PRIVAUTÉ, d'un type privalitatem, tiré
d'une forme piHvalis, extension do privus.
Une autre forme extensive de privus, savoir
prinensis, a donné l'adj. privois, qui est à
supposer d après le verbe dérivé ap-jyrivoiser.
PRIVÉ, du L. privatus, opposé à publicus,
donc = particulier, individuel, personnel,
dérivé de l'adj. privus, isolé, particulier.
Dans la moyenne latinité, le mot privatus a
pris le sens de »■ ami intime, familier » , de là
la valeur des termes priver =z rendre fami-
lier, privé, opp. à farouche, jortcaM te et appri-
voiser (voy. l'art, préc). — Le sens du subst.
privé, lieux d'aisance (vfr. privée), découle du
sens « particulier, secret ».
1 . PRIVER, apprivoiser, voy. l'art, préc.
2. PRIVER, déposséder, dépouiller, L. pri-
vare. — D^. pi^ivalion, privatif.
PRIVILÈGE, L. privilef/ium, pr. loi qui ne
concerne qu'un individu (primis), loi person-
nelle, d'exception, de faveur. — D. privilé-
gier.
PRIX, vfr. pris, prov. prêts, esp. prez,
precio, if. pregio etprezzo, ail. pj^eis, angl.
price, prise, du L. pretium. — D. priser,
mettre un prix, apprécier, prov. presar, it.
prezsare et pregiare, ail. preiscfi, angl.
praise.
PROBAfiLE, mot savant, L. probabilis,
(quod probari potest). — D. probabilité, L.
probabilitatem.
PROBANT, L. probantem.
PROBE, L. probus, — D. probité, L. pro-
bitatom.
PROBLÈME, gr. npôtUfia (chose jetée en
avant), cp. l'expr. propositiœi, pr. chose posée
en avant; problématique, gr. ff/ssSiiî/Aarixoi.
PROCÉDER, L. pro-cederc, mardier ou
venir en avant, d'où les significations déri-
vées : 1. sortir de, provenir, tirer son origine,
2. se prendre de telle ou telle manière dans la
poursuite d'une aflaire (à cette signification
se rapporte le subst. partie, procédé}; 3. agir
en justice. A la dernière signification ressor-
tissent les subst. procédure (de formation
moderne) et procès, formé d'après le type latin
processus {deprocessum, supin de proccdere),
auquel on a transféré la valeur moderne du
verbe procédure. Au sens premier et matériel
de ce verbe ** aller en avant », se rattache le
dérivé latin ^roce*«o, marche, d'où le terme
d'église procession.
PROCÈS, voy. l'art, préc.
PROCESSION, voy. procéder.
PROCHAIN, forme extensive de proche,
répondant à un type latin propianus.
PROCHE, du BL. propius p. propis. — D.
prochain, approcher, reprocher (voy. ces
mots).
PROCLAMER, L. pro-clamare. — D. jyro-
clamation, L. proclamationem.
PROCRÉER, L. pro-creare. — D. procréa-
tion, L. procreationem.
PROCURER, L. pro curare, litt. avoir soin
de qqch. pourqqn. — D. procureur, yfv.pro-
cureoi\ L. procuratorem ; procuration, L.
procurationem.
PRODIGE, h. prodigium (prodigorc). — D.
prodigieux, L. prodigiosus.
PRODIGUE (mot savant), L. prodigus (pro-
digere). — D. verbe prodiguer, et, par un
adj.inus. prodigalis, le subst. prodigalitatem,
fr. jirodigaUté.
PRODUIRE, duL. pro-ducere, d'où, par le
supin productum : produit, L. prodnctuni,
chose produite; producteur, L. productorom ;
production, L. productionein ; productif ^ pro-
ductible.
PROÉBONENT, -ENCE, du L. pro-eminere,
être saillant.
PROFANE, L. pro-fanus, litt. ce qui est
devant ou hors du temple /ont «m). — D. />ro-
faner, L. profanarc.
PROFÉRER, L. pro-fcrei^e p. proferre.
PROFÈS, L. professus, qui a fait profes-
sion ;7?7'o/'^A-s<?r, L. profcssari', fréq. de profi-
teri, déclarer ouvertement; profession, L.
professionem ; professeur, L. professorem.
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PRO
— 443
PRO
PROFESSER, reconnaître, puis exercer,
pratiquer publiquement. Voy. l'art, préc.
PROFESSEUR, L. professorem (m. s.).
PROFESSION, L. professionem. Les accep-
tions modernes sont corrélatives à celles don-
nées successivement au verbe professer. —
D. professionnel.
PROFIOIAT, mot latin, signifiant « que cela
(vous) profite î •» .
PROFIL, voy. profiler.
PROFILER, it. profilare, esp. perfilare
(d'après la confusion fréquente àepro etper);
de là les subst. it. profplo, esp. perfilo, fr.
PROFIL, anc. porfil, pour/il. Composition de
filum, ligne, trait, contour. Le préfixe pro a
ici la même valeur que dans portrait.
PROFIT, it. profetto, prov. profieg, du
subst. L. profectus, progrès, succès, avantage
(cp. confit de confectus, lit de lectus, pis do
pectiiSf dépit de despectus). — D. profiter,
profitable.
PROFOND, y tr. parfont, L. pro fundus {{un-
dus); le prov. a, par syncope, transformé le
mot latin en preoii comme le fr. a converti le
L. rotundus en reond, puis rond. — D. pro-
fondeur, approfondir.
PROPUS, L. profusiis, litt. répandu en
abondance (pro-fundere); pro fusion ^ L. profu-
sionem. Cp., pour le sens, foison, grande quan-
tité, de fi('Sionem, fusion.
PROGÉNITURE, L. progemtura\ tiré de
progeiiitus (pro-gignero), engendré.
PROGRAMME, gr. Tzpô-'/poifiux, édit, mani-
feste, litt. traduit par L. prœ-scriptum et
ail. vur-schrift.
PROGRÈS, L. progressus (pro-gredi). —
D. progi'cssif Yevhe progresser et sixhst. pro-
gressiste (néologismes).
PROGRESSION, L. progressionem (pro-
gredi).
PROHIBER, L. pro-hibere, litt. tenir qqch.
en avant, mettre obstacle ; du supin prohibi-
iwm '. prohibition, L. prolnbitionem, et prohi-
bitif
PROIE, vfr. aussi pmc, L. prœda.
PROJECTILE, mot nouveau, tiré du supin
prqjectum, de pro-jicere, lancer en avant.
PROJECTION, L. prqjectionem (projicere).
PROJET, L. prqjectum (pro-jicere), chose
jetée en avant, proposée ; l'acception moderne
est étrangère au mot classique ; aussi vaut-il
mieux considérer projet comme subst. verb.
de projeter (v. c. m.). — L'ail, a la môme mé-
taphore dans ent-wurf et vor-tourf.
PROJETER, litt. jeter en avant (signification
encore propre aux expressions •» projeter une
ombre «♦ et « se projeter »), puis tracer un
plan, faire un projet.
PROLÉGOMÈNES, grec :r,oo.).r/o>îva. litt.
choses dites d'avance; cp. préface.
PROLEPSE, gr. tt/do/vî-^i;, exact, traduit
par le L. anticipatio, action de prendre
d'avance.
PROLÉTAIRE, L.proletarius, citoyen de la
dernière classe, pr. homme du peuple ; dérivé
de *proîetum, population (de proies, progé-
niture); cp. jjJebéicn. — D. prolétariat.
PROLIFIQOE, L. prolificus\ qui fait des
enfants proies.
PROLIXE, L.prolixus, relâché, étendu.—
D. prolianté, L. prolixitatem.
PROLOGUE, gr. npd-Aoyi, exact, traduit par
le L. prœfatio.
PROLONGER, L. prolongare (Vulgate). —
D. prolonge (subst. verbal); prolongation ,
-ement (le premier subst. se rapporte au temps,
le second à l'espace).
PROMENER, anc. pourmener, du L. pro-
minare, faire aller; « prom'marejumenta ad
lacum » se trouve dans Apulée. — D. prome-
nade (le mot a une physionomie it. ou esp.,
cependant, ces langues ne le possèdent pas) ;
promeneur, promenoir.
PROMESSE, à\xBL. promissa, subst. parti-
cipial de promittere.
PROMETTRE, pro-mittere, d'où promissa*,
fr. promesse, et promissionem, fv. promission.
PROMINER, h. pro-minere. — D. promi-
nent (on dit auj. de préférence ^ro-^wtn«n^),
promiiience.
PROMISCUITÉ, dér. fr. de l'adj. L. promis-
cuus (promiscere), mêlé, confus.
PROMONTOIRE, L. promontorium (mons),
cp. l'ail, vor-gebirg.
PROMOUVOIR, L. pro-motere; du supin
promotum viennent promotor, promotio, fr.
promoteur, promotion.
PROMPT, L. promptus (promero). —
— D. p7'omptititde. L. promptitudo; promp-
tuaire, L. promptuarium, provision d'où l'on
va tirer (promere) ce qu'il faut.
PROMULGUER. L. pro-mulgare.
PRONE, vfr. preone, du L. prœconium
(prseco) par la syncope du c médial. —
D. prôner.
PRONOM, L. pro-nomen ; adjectif prono-
minal, L. pronominalis.
PRONONCER, h. pro-nuntiare. — ïi. pro-
nonciation, L. pronuntiationem.
PRONOSTIC, p. prognosUc, du gr. itpo^
yvûiTTizov, présage, litt. qui se rapporte à la
7row-/vw7i; (connaissance par avance;. — U. pro-
nostiquer.
PROPAGANDE, 1. pr. congrégation de la
propagande, c.-à-d. de propaganda fîde, litt.
de la foi à propager; 2. association quel-
conque ayant pour but la propagation d'une
opinion ; 3. syn. de propagation.
PROPAGER, L. propagare, pr. provigner
{propages, bouture, lignée).
PROPENSION, L. propensionem (pro-pen-
dere).
PROPHÈTE, L. propJieta, gr. w,9o-?»ir>7;,
litt. ^= pré-diseur. — D. prophétcsse, L. pro-
phetissa; prophétie, gr. 'npo-'ptiniv.^ prophé-
tique, gr. 'npofTiTiKd;, prophétiser, gr. itpof/i'
PROPICE, L. propUius; du verbe dérivé
latin propitiare, rendre favorable, viennent
propitiation, -atoire, L. propitiationem, -ato-
rius.
PROPORTION, convenance et rapport des
parties entre elles et avec leur tout, du
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PRO
— 414
PRO
L. prcportionem, mot créé par Cicéron pour
rendre le grec «vaioyia. — D. proportionnel^
L. proportionalis ; verbe jwopord'oiiwtT ; opp.
dis-proportion,
PROPOS» p.propost (cp. dispos p. dispost)^
du L. propositum = 1. dessein, intention,
volonté (signification encore propre au mot
français) ; 2. sujet que Ton traite, thèse, ques-
tion, pr. chose que l'on met en avant. A la
dernière signification se rattache la locution
adverbiale à propos^ convenablement au
temps, au lieu, etc., dont on a fait le subst.
Va propos, pour lequel les Italiens ont un
opposé dans sproposito, sottise, chose hors de
propos. Mais d'où vient l'acception •* discours
de conversation • qui prime aujourd'hui toutes
les autres? Je pense que dans cet emploi, pro-
pos est le subst. verbal de proposer, pris dans
le sens ancien de dire, discuter.
PROPOSBR, composé de poser, fait d'après
le L. pro-ponere, dont le supin propositum a
donné : proposition, fr. proposition, et propo-
situm, fr. prqpo* (v. c. m.).
1. PROPRE, qui appartient à qqn. à l'ex-
clusion de tout autre, particulier, bien carac-
térisé, h,propinus. — ï). propriété, L. proprie-
tatem, 1. droit sur les biens qu'on a en pro-
pre; puis les biens mêmes ; 2. qualités, vertus
particulières d'une chose ; cp. ail. eigenschaft,
— D. s* approprier qqch., s'en faire le proprié-
taire.
2. PROPRS, convenable, ayant les qualités
particulières requises pour telle chose ; cette
signification se déduit de celles du mot pro-
pre traité ci-dessus. — D. approprier, ren-
dre propre.
3. PROPRE, net, opp. à sale ; c'est le même
L. proprius dont il est question dans les deux
articles qui précèdent; l'acception « net »•
découle du sens « convenable »; c'est un des
cas rares où l'on remarque le passage de
l'ordre moral à l'ordre matériel (cp. lourd). —
D. dim. propret (anc. aussi propet) ; subst.
propreté,
PROPRIÉTÉ, voy. propre 1. — D. proprié-
taire, L. proprietarius.
PRORATA, du L. pro rata, s. e. parte, à
proportion, litt. pour la part déterminée.
PROROGER, L. pro-rogare, — ^.proroga-
tion, L. prorogatio.
PROSCRIRE. L.^ro-5cnfter«, bannir, d'où:
proscriptionem, fr. proscription ; proscriptus,
fr. proscrit.
PROSE, L. prosa (p. prorsa, s. e. oratio,
c.-à-d. langage droit, non contourné comme
le vers poétique ou oratio inversa; . — I>. pro-
saïque, L. prosaicus ; prosatser, proser, pro-
sateur.
PROSECTEUR, L. pro-sectorem (secare).
PROSÉLYTE, L. proselytus (terme des
pères de l'Eglise), du gr. wpo<T>î)wT05, litt. =
L. advena ; donc pr. nouvellement entré dans
une société religieuse. — D. prosély tique,
4sme.
PROSODIE, gr. itpoi-t^Sla (litt. traduit par
le L. ac-centus), 1 . accent tonique ; 2. ensem-
ble des règles relatives à cet accent. —
D. prosodique, gr. tt^okmccxos; verbe />ro*o-
dier.
PROSOPOPÉB, gr. ^pott^nonûtu, personni-
fication.
PROSPECTUS, mot latin, « vue perspec-
tive, vue d'ensemble; employé figurément
dans le sens de plan ou programme d'un
ouvrage ou d'une entreprise annonci^e.
PROSPERE, mieux vfr. prospre, du L,
pro-sperus (sperare). — D. prospérer, L.
prosperare ; prospérité, L. prosperitateni.
PROSTERNER L. pro-sternere, coucher à
terre, renverser; de \à prosternation, -ement.
Du supin pro-stratum vient le subst. prostra-
Ho, abattement, d'où le terme médical fr.pro-
stratioirx.
PROSTITUER, L. pro-stttuere, litt. placer
en avant, exposer au public. — D. prostitu-
tion, L. prostitutionem.
PROSTRATION, voy. prosterner.
PROTE. du gr. ^^wto^, premier, chef.
PROTECTEUR, voy. prof^^«îr. — D. prouve-
torat.
PROTECTION, voy. protéger. — D. protec-
tionniste (néologisme).
PROTÉGER, L.pro4egere {hit. couvrir par
devant), d'où, par le supin protectum, les
subst. protectorem, -tionem, fr. protecteur,
protection,
PROTESTANT, voy. protester. — D. pro-
testantisme.
PROTESTER. L. protestari. — D. subst.
verb. protêt, ail. protest; protestant, nom
donné en premier lieu aux Luthériens qui
protestèretit dans la diète impériale tenue à
Spire en 1529 contre un édit d'une diète
antérieure, tenue À Worms, prohibant toute
innovation en matière de religion ; le terme
s'est étendu à tous les schismatiques anti-
romains du XVI® siècle; protestation, L. pro-
testât! on om.
PROTÊT, voy. l'art, préc.
PROTOCOLE, du gr. 7rp^,ToV.oÀ)ov. Ce mot
signifiait chez les auteurs byzantins propre-
ment le premier (upSiio^) feuillet collé (xo»«v)
sur les rouleaux manu.scrits, et sur lequel on
énonçait sous quel « comes largitionum » et
par qui le rouleau avait été écrit; plus tard,
le mot s'est particulièrement appliqué aux
documents notariés, parce que ces documents,
d'après un édit de Justinien, devaient, pour
prévenir les faux, toujours être accompagnés
de ce feuillet d'étiquette. Aujourd'hui Ion
entend par protocole le registre des notaires,
la minute des actes publics, etc.
PROTOTYPE, gr. w/JwToruîroç = wpwroî
TÙwoî, premier type.
PROTUBÉRANCE, du h. pro-tuberare, pré-
senter une saillie fde forme arrondie).
1. PROU, adverbe, vieux mot signifiant
assez, beaucoup, pas mal, prov. pro, eut.
prou, dn L. prod contenu àîiii&prod-esse, être
utile (voy. G. Paris Rom., III, 420). L'étym.
probe /^Diez) doit être abandonnée.
2. PROU, vfr. preu, ancien subst. signi-
fiant profit, conseiTé dans «« bon prou lui
fasse n ; c'est, comme le précédent, l'adverbe
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PRU
— 415 —
PSY
prod dans prodesse, prode fieri, étro ou deve-
nir utile. Voy. aussi preux.
PROUE, it. prua, esp., port., prov. proa;
du L. prora, avec élision euphonique de IV
niédial, élision du reste tout à fait insolite.
Le vlia. avait ^.prora la forme //ro<, définie
dans une glose ancienne par « prior pars
navis », et l'it. dit aussi />ro£/a pour proue.
Le mot fr. pourrait donc, ce nous semble,
très bien venir, comme l'it. proda, dir. du
gennanique prot [■:zp€i70i ?), et avoir à son tour
déterminé les formes esp., etc., jyroa^ prua.
D'autre part, il se peut aussi que le mot ger-
manique soit emprunté du roman, d'après
Tenchainement suivant iprora (Trp'ûQa), proda,
]}roue, proa, enchaînement qiii serait parfai-
tement analogue au suivant : L. prurire, puis
pritdirCf it. pritdere. prov. pruser, port.,
cat. priiir. D'après G. Paris (Rom., X,
42), le fr. proue ^ qui n'apparait pas avant le
XV® siècle, est tiré de l'it. proda.
PROUESSE, voy. preux.
PROUVER, vfr. prover (au présent sing.
pf-euve), prov. provar, nécrl. proeten (ail.
prit feu), du L. probarc. — D. preuve, BL.
prctba, subst, verbal ,
PROVENDE, provision de vivres, it. pro-
foula, voy. jïTébe^ide.
PROVENIR, L. pro-venire. — D. prove-
nant, d'où provenance.
PROVERBE, L. proverbium (verbum). —
D. proverbial. L. proverbialis.
PROVIDENCE, vfr. pourveance, L. pro-
vidcvtia. — D. providentiel.
PROVIGNER, voy. l'art, suiv.
PROVIN, \ÏY . provain, pr&caing , prov. pro-
baille, it. pi^paggine, du L. propago, gén.
propaginis (cp.,pour la forme, plantaginem
devenu plantain). — D provigner.
PROVINCE (forme savante;, L. provincia.
— D. provincial. — Comme nom géographi-
que, Provincia a fait régul. Provence, d'où
l'adj. provençal
PROVISEUR, L. pro'visorem, iitt. = pour-
voyeur.
PROVISION, L. provisùmcm (pro-videre),
1'. action de prévoir ou de pouiToir; 2. clioses
amassées par prévoyance. — D. provisionnel,
approvisionner.
PROVISOIRE, d'un type L. proci>orn<* (pro-
videre), rendu par provision.
PROVOQUER, L. pro-vocare. — D. provo-
cateur, -ation, L. provocatorem, -ationem;
provocatif.
PROXàOTÉ, L. proximitatem (proxiraus).
PRUDE; cet adjectif, pr. = sage, sensé, se
prend aujourd'hui en mauvaiso part pour
exprimer une sagesse ou une circonspection
exagérée ou affectée ; d'un type latin prudus,
contraction de providus (comme prudcns de
jirovidens). Telle est l'étymologie reçue, mais
elle parait devoir être écartée. L'adj. franc.
prude, inconnu aux autres lanj^ues romanes,
a été dégagé des combinaisons prud'homme
et prude femme, très anciennes aussi dans la
langue (aussi avcco ou eu p. u). Or, ces com-
binaisons, comme le démontre Tobler(Ztschr.,
n, 5G9, et Verraischte Beitrfige, p. 113),
représentent des expressions analogues à
drôle de corps, diablesse de femme (dont le
savant romaniste de Berlin a rassemblé un
grand nombre d'exemples anciens). Elles sont
donc primitivement = preu d*homme, preu
de femme; preu ou preuz Jvoy. preux)
n'avait qu un genre. Le peuple, dans la suite,
en dégagea, par méprise, un adjectif preude
et finit par écrire au pluriel />rtfu<fe^ homtnes,
preudes femmes. La prononciation prude est
tout à fait moderne ; le passage de Berte cité
par Littré ne porte pas prude^ mais preude.
— D. pruderie.
PRUDENT, L. prudentem fpro-videns). —
D. prudence, L. prudentia.
PRUD'HOMME, homme sage et probe;
d'après ce que nous avons exposé sous prude,
le d représente de, et le terme serait analogue
à preu de femme ; mais tout en admettant le
bien fondé de ce que dit M. Tobler sur l'ori-
gine de l'ac^. prod, prou, nous sommes à
nous demander si l'on peut séparer le vieux
composé fr. prudome des termes analogues
prov. prosom, esp. prohombre, \t. produomo.
Il eî>t admis aujourd'hui que Vélémeut prod ou
proz représente le prod latin dans le verbe
prodesse. — D. prud^homie,
PRUINE. h.pruina.
PRUNE, L. prunum. — D. prunier; du
dimin. pruneUus : 1 . masc. pruneC, pruneau,
2. fém. prunelle, petite prune sauvage et, par
assimilation, = pupille, l'ouverture ronde et
noire dans le milieu de Tœil (cp. Texpr. ail.
augapfel, pomme de l'œil) ; de prunel décou-
lent les subst. prunelaie,prunelee.
PRUNEAU, voy. prwie.
PRUNELLE, voy. prune. — D. j)ninel-
lier.
PRURIGO, mot latin = démangeaison. —
D. prurigineux, L. pruriginosus.
PRURIT, L. pruritus (prurire).
PSALMISTE,dér.duL.p5a/mu5rgr..j*«i;Ao;),
= fr. psaume. De ^xtixôi et ùH vient f xX/am-
ôsîv, chanter des psaumes, d'où |a3iytx«ijo(a, fr.
psalmodie, d'où verbe psalmodier. Du verbe
^iùlivi, pincer les cordes d'un instrument, dé-
rive le subst. ttxirï-jocov, h.psaJterium, instru-
ment do musique et recueil des psaumes, fr.
psaltérion et psautier,
PSAUME, vfr. salme, saume; voyez l'ar-
ticle précédent.
PSAUTIER, vfr. sautier. Voy. psalmiste.
PSEUDO-, mot prépositif marquant fausseté
ou apparence trompeuse, du grec tf»iû*uv,
mentir, tromper.
PSEUDONYME, du gr. tf^iuS^vu/A?; (fcOds
+ ôvo/Aa). fait ou écrit sous un faux nom. —
D. pseudonymie.
PSYCHÉ, du grec ifwx^» ^^^ î ®" mytholo-
gie, le nom d'une princesse d'une grande
beauté, qui devint l'épouse do l'Amour. La
fantaisie a fait nommer ainsi une espèce do
miroir mobile permettant aux belles do se
mirer dans toute leur beauté. — De pux^ dans
son acception propre, souffle, âme, nous
avons le dérivé psi/chique, gr. ^v/n*àu et le
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PUN
— 416 —
PUR
cps. psychologie^ gr. ^Mxoloyioi, science de
rame.
PUB£rE, mot de facture savante, L.pubcr,
— D. puberté, L. piibertatem.
PUBLIC, L.pubiicus (p. populicus, de popu-
lus). — D. publicité; publiciste^ qui fait des
études ou des traités sur des questions du
droit ou d'intérêt public.
PUBLIER, angl. publish, du L. publicare,
d*où publicationem, fr. publication.
PUCE, it. pulce, esp. pulga, du L. pitlex,
pulicis, — D. puceron, é-pucer, it. s-pul-
ciare!
PUCEAU, pucer, fém. pucelle (it. pulcella),
du L, pullicellus* , dim. de ^mZZm^, jeune. —
D. pucelage, dé-puceler,
PUCELLE, voy. l'art, préc.
PUDEUR, L. pudorem. — D. impudeur.
PUDIBOND, L. pudibundus (pudere).
PUDIQUE, L. pudtcus (pudere). — D.pudi-
cite, L. pudicitatem; impudique.
PUER, vfr. puir, du L. putere. — Du part,
prés, puant : le subst. puanteur (cp. pesan-
teur de pesant) et le verbe empuantir.
PUIîRIL, L. puerilis (puer). — D. puéri-
lité, L. puerilttatem.
PUGILAT, L. pugtlatus fpugilare).
PUÎNÉ = puis né. Voy. puis.
PUIS, vfr. pois, proY. pois, esip. pues, i^ort.
pos, it. pot, d'après Diez du L. post; compo-
sés : de-puis = de-post {depuis emporte à la
fois une idée de point de départ et une idée
de succession ou de postériorité); puisque,
anc. = depuis que, après que (le sens de cau-
salité est survenu), littéralement le L. post-
quam; putné '= puis né. — Avec M. Thomas
(Rom., XIV, 574), je rattache puis plutôt à
un type Isitm postius* , comparatif do |305^
PUISER, voy. puits. — D. puisard, puisa-
tier; cps. épuiser (cp. L. exhaurire).
PUISQUE, voy. puis.
PUISSANT, vfr. aussi poissant, d'un par-
ticipe présent barbare powcnj, -ntis, depossum
(== jwtis-sum). — D. puissance, impuissant.
PUITS, vfr. pois, puis, puch, wall. puss,
rouchi, pic. puche, it.pojxjto, esp.poso, flam.
put, du L. puteus. — D. puiser, dans les pa-
tois du Nord pucher.
PULLULER, L. pullulare (pullus), faire
dos jeunes, se multiplier.
PULMONAIRE, -IQUE, du L. pulmo, -onis
== fr. poumon,
PULPE, L. pulpa. — H. pulpeux, L. pul-
posus ; verbe pulper.
PULSATION. L. pulsationem (pulsare).
PULVÉRISER, réduire en poussière ; exten-
sion du L. pulvei^are (pulvis) = fr. poudrer,
couvrir de poussière.
PULVÉRULENT, L. puherulentus.
PUNAIS, anc. puant en général, auj. par-
ticul. puant du nez, prov. putnais. Le mot
est formé de la racine put (d'où putere, fr.
puer) et d'un suffixe qui, bien certainement,
n'a rien de commun avec nasus, nez. Le mot
répondrait parfaitement à un type it. puto-
naszo, mais cette forme n'existe pas. Les
formes pic. punasse, piém. punas autorisent
à remonter à un tjpf^putinaceus. — D. subst.
punaise, fém. de punais, nom do Tinsccte
puant par excellence.
PUNAISE, voy. l'art, préc.
PUNCH, orthogi'aphié aussi ponche, iiif>t
angl. venu des Indes et tiré du sanscrit
panch, cinq, le punch étant composé de cinq
ingrédients.
PUNIR, L. pu7iire. — D. punition, L. pu-
nitionem ; punissable.
1. PUPILLE (do l'œil), fém., h.pupilla(p\i-
pus), cp en gr. xop^, pupille, pr. jeune fille.
2. PUPILLE, orphelin, masc. et fém., L.
pupillus (pupus). — D. pupillaire.
PUPITRE, d'un type lat. immédiatpM7pi/î<-
luni, dim. de pulpitum, estrade; cp. epistola
épitre. Je rétracte, comme contraire aux
règles de l'accent, mon ancienne explication
du mot (bien que je la retrouve dans Littré et
Brachet), reposant sur un changement de
pulpitum on pupitlum — Pulpitum, i-égu-
lièrement francisé, devait faire poute; il est
le type de l'it. pulpito et de l'ciU. puU.
PUR, h. punis. — D. pureté, L. puritatcm ;
puron, petit-lait épuré; néologismes : pu-
riste, purisme, puritain.
PUREAU, t. de couvreur, partie d'une tuile
ou d'une ardoise qui n'est pas cachée par la
tuile ou l'ardoise voisine; d'après Littré, de
pur. Cela est probable; pur est souvent sy-
nonyme do simple, non doublé, nu.
PURÉE; comme aujourd'hui la purée
éveille l'idée de passer par un tamis, on est ten-
té de voir dans ce mot un dérivé ou plutôt un
subst. participe, d'un verbe pwr^r, purifier.
Mais cette étymologie n'est que .«spécieuse. Le
mot (notez les formes champ, porée, poirée)
signifiait autrefois tout .KÏmplemont un potage
de légumes, et répond aux formes BL. porca,
purea, pureya, pon'eta, ixyrrecta, pon'ota,
jusculum ex porris confectum. C'est donc
prob. un dér. du L. />07Titm, i>orrcau. légume
dont on faisait et dont on fait encore de la
soupe. Il parait cependant que l'anc. terme
purée de raisin est distinct de notre mot et
tient apurer, nettoyer; cp. mère-goutte, de
merus, pur. — Brachet présente une tout
autre explication; il enchaîne très correcte-
ment les formes suivantes : L. piperata (de
piper, poivre), d'où success. îv. pevn^e, jjcttrce,
purée. Si l'on peut admettre que le poivixî
joue le principal rôle dans la confection de la
purée, cette étymologie doit l'emporter. — Il
est bien possible que, suivant les applications
do purée, il y ait dans ce mot un concours de
plusieurs primitifs. Aussi l'on ne peut nier
que ce que l'on entend généralement par
purée ne s'accorde à souhait avec l'ét. de Jo-
ret, savoir L.purare, « découler, dégoutter»»;
c'est donc le coulis qu'on obtient en écrasant
des pois, etc., et en faisant passer et purer la
bouillie à travers un sas. Vov Rom , IX,
337.
PURGER, L. purgare (purus). — D. purge,
subst. verbal; purgation, -atif; purgatoire,
lieu où l'on se purge de ses souillures.
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QUA
— 417 —
QUA
PTJSiri£K, L. puri-ficare, d'où purifica-
tion.
PTJRIH, dér. du h. pus ^ puris, pus, ordare,
excrément. — D. puriner, — Purot, citei*ne
à fumier, a la même origine.
PUROT, voy. purin.
PUBFURIN, dér. de purpura^ pourpre.
PURULENT, L pundenttts (pus, puris). —
D. purulence, L. purulcntia.
PUSILLANIME, L. pusillanimus (pusillo
animo, cp. ail. klein-muthig). — D. pusillor
nimiiét L. pusillanimitatem (LactanceK
PUSTULE, L. pustuîa. — D. pustuleux.
PUTAIN, forme d'accusatif du vfr. pute «
fille (cp. nonai7i de nomie). Quant à pute, it.
putta, il représente le fém. du L. piUits, petit
garçon. De pute = putain viennent les vieux
mots putoffe et puterie = putanisme, et le
mot putassier. Par son étymologie, le mot
pute n'implique aucun mauvais sens, pas plus
que ffarce (v. c. m.). Il n'est pas nécessaire
d'attribuer à l'acception injurieuse •• femme
de mauvaise vie » une influence de l'adj. vfr-
put, qui signifiait puant, vil, bas, repoussant,
et qui est le L. putidus. Ne disons-nous pas
encore « courir les tilles », comme on disait
autrefois courir les putes t — Notre manière
de voir a trouvé un contradicteur de grande
autorité. Le vfr. put, fém. pute, d où putain,
ne peut, selon les règles strictes de la phoné-
tique, représenter le lat. putus^pûta fgarçon,
fille); celui-ci eût produit it. poto, esp. podo,
fr. pou, (ém.poue (ou plutôt, d'après G. Paris,
peu, peue). Les formes putta, puta, fr. pute,
accusent plutôt lat. pûtidus (cp. netto, neto^
fr. net de nitidus) et impliquent un sens mau-
vais. Tel est le fond d'un article de M. l'ors-
ter, consacré A ces mots dans Grôber Ztschr.,
m, 565, en rectification de l'opinion de Diez,
adoptée jusqu'ici par Littré et moi. Je me range
sincèrement à son avis, mais je me plains de la
légèreté avec laquelle il me i-eproclie d'avoir
copié sur Littré la phrase erronée. » Par son
étymologie, le mof. pute, etc. »; il aurait pu
et dû s'assurer que. la phrase en question
était déjà textuellement dans ma l*" éd. qui
date de 1862, tandis que Littré l'a reproduite
en 1860. Il n'y a pas de déshonneur à se
tromper en société de Litti-é, mais je dois pré-
férer assumer la responsabilité de l'erreur que
passer pour un copieur servile et malhonnête
de l'illustre lexicographe. — D. putanisme,
PUTATIF, L. putatirus (putare), supposé.
PUTOIS ; mot tiré de la racine latine pui,
puer, à cause de l'odeur infecte qu'exhale cet
animal ; Fit. a pussola (de la forme verbale
puzsarCy puer), le BL. putacius, putosius,
putonius.
PUTRÉFACTION, du. L. putrefacej'e; le
yerhe putréfier, vient d'un type putreficarc,
PUTRIDE, L. putridus. — ù.putridittL
PUT, anc. pui, puie (voy. Gachet). lieu
élevé, hauteur, prov. pueg, puoi, it. poggio
(esp., port, poyo, = banc devant la maison),
du L. podium, terrasse, éminence, tertre. De
pui vient le verbe vfr. puier, gravir. Dans
l'anc. langue, pui signifiait aussi pièce ])our
soutenir (dimin. puiot); c'est à cette dernière
acception que se rapporte le verbe cps. ap-
puyer, it. appoggiare,
PYGMÉB, nain. pr. nom d'un peuple fabu-
leux, dont la taille ne dépassait pas une cou-
dée; grec 7tuy/taî9;, de itxtyfx^, pr. poing, puis
distance du coude à la naissance dos doigts.
PYRAMIDE, gr. itupxfjiii, -îJo,-. — D. pyra-
midcU, employé fig. d'une chose colossale;
verbe pyramider.
PYRITE, L. pyrites, gr. ttuc^tij; {nZp).
PTROSGAPHE, bateau à vapeur, mot nou-
veau, formé de ttû/j, feu, et wvfn» navire.
PYROTECHNIE, l'art (Tkx*>î) àe se sen'ir du
feu {Ttûp).
Q
QUADRAGÉNAIRE, L. quadragenarius ;
QUADRA6ÉSIME, formc savauto p. carême (v. c.
m.).
QUADRANOLE.L. quadrangulits, d'où qua
drangulaire.
QUADRATURE, L. quadratura (quadrare^
QUADRI-, en composition, = L. quadri
(dans quadri-ennium, quadri- latents).
QUADRILLE, de l'it. quadriglia, petite
troupe ; on disait aussi esquadrille =^ it. squa-
driglia ; voy. escadre, équerre .
QUADRILLÉ, du BL. quadrillus, carreau.
QUADRILLION, formé avec l'élément quadri
de la même fnçon que billion avec bi (bisj.
QUADRUPEDE, L. quadrupes, -edis.
QUADRUPLE, L. qmulruplus. — D. qua-
drupler.
QUAI, néerlandais haai, angl. hay, bas-ail.
haje, digue le long d'un fleuve (vfr. caye et
esp. cayo, banc de sable), du cymr. cae, enclos,
barrière.
QUALIFIER, BL.^wa/i/îcarcfqualem facere),
certa qualitate donare, d'où qualification^
-atif.
QUALITÉ, L. qualitatem, d'où qualitativus,
fr. qualitatif.
QUAND, L. quando.
QUANT, acy. (dans quantes fois p. combien
de fois), L. quantus. — D. quantième; quan-
tité, L. quantitatem, d'où quantitatif. —
L'adv. quant à est une locution elliptique,
tirée du L. quantum pertinet ad.
QUARANTE, L. quadraginta. — D. qua-
rantième, quaran tainc.
QUADERONNER, terme do charpentier, do
quart de rond, cp. pour la forme le terme
technologique plafonner de plafond.
QUART, 1. acy. = quatrième, employé seu-
lement dans u quart denier, fièvre quarte »,
et dans le composé (terme de vénerie) quartan
p. quartan, quatrième année; 2. subst., qua-
I trième partie d'un tout. Du L. quartus. —
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QUE
418 —
QUI
D. quarte; quartaiU (vfr. quartal); quarteron
(suffixe dinûn. eron]\ quartier (v. c. m.);
écarteler{v. c. m.).
QUARTAINB (fièvre)» L. quartana febris,
fièvre quarte.
QUARTAN, voy. quart.
QUARTERON, voj. quaH
QUARTIER, L. quartarius (quartus) ; pr.
la quatrième partie d'un objet ou d'une éten-
due, do là partie ou division en général
(« quartier d'un gâteau, d'une ville, d'une mai-
son » ) ; de l'idée quartier de ville s'est dégagé
le sens : certaine étendue de voisinage, canton,
puis en t. de guerre l'endroit où une troupe est
casernée, campée, campement d'un corps de
troupes, d'où quartier-niaitre. D'où vient l'ac-
ception : traitement favorable à l'égard de
troujxîs vaincues, grâce, pardon? Voici ce
qu'on dit De Brieux : « Cela vient de ce que
les Hollandais et les Espagnols étaient autre-
fois convenus que la rançon d'un officier ou
d'un soldat se payerait d'un quartier de sa
paye; de sorte que quand on ne voulait pas
recevoir à rançon, mais qu'en usant do tous les
droits de guerre quelqu'un tuait son ennemi,
il lui disait : C'est en vain que tu offres un quar-
tier de t^s gages, on n'en veut point, il faut
mourir. » Littré pense que quartier, au sens
de vie sauve, provient plutôt de quartier au
sens de logis, résidence : « donner quartier »
serait donc = recevoir en son logis, à sûreté.
QUARTZ, mot allemand. — D. quartseux.
QUASI, mot latin (p. quam si) == comme si.
QUATERNE, L. quatemus. Voy. aussi
cahier. — D. quaternaire.
QUATORZE, L. quatuorclecim. — D. qua-
torzième.
QUATRAIN, dér. de quatre, cp. sixain do
six.
QUATRE, prov. quatre, catre, esp. cuatro,
it. quattro, du L. quatuor. — D. quatrième;
quatrain.
QUATUOR, mot latin, = quatre.
QUE, it. che, esp., port., prov. que. Comme
pronom relatif, ce mot répond au L. quem,
quam, quod, quid, pi. quœ; comme conjonc-
tion, au L. quod et quam.
QUEL (avec l'article lequel), L. qualis; quel-
conque, L. qualiscunque; ^ue^^t(<7, it. qualche,
prov. qualsque, d'un type L. qualisquam
formé d'après quisquam.
QUELQUE, voy. quel. — Composés : quel-
quun. quelquefois,
QUEHAND, mendiant, vfr. cahnant, chai-
mant ; d'origine inconnue. — D. quêtnander ;
caijuandisc (Cotgravo;. — On trouve en vfr.
quémander p. comander, commander, mais
ni le sens, ni la forme ne conviennent à notre
mot, puis<pie la forme la plus ancienne est
caïment (3 syll.).
QUENOTTE, dent des petits enfants, dimin.
du vfr. quenne, dent ou ir.àclioire, qui tient
sans doute au nord, ketwa, mâchoire, goth.
kinnus^ mlia. hinne, joue.
QUENOUILLE, it. conocchia, du BL. conu-
cula, lequel est p. colucula, dimin. du L. colus,
m. s. On a conservé VI naturel dans le bourg.
quelongne, champ, coloigne, — L'ail. hunheJ^
m s. a la même origine.
QUERELLE, d'abord plainte, puis grief,
affaire, débat, procès, du L. querela (queri),
plainte, ou plutôt, selon d'autres, de quœrella
(de qucerere), mot latin dont on a des exem-
ples. — D. quereller.
QUERIR, vfr. querre (cp. courir et courre],
L. quœrere, d'où, par le supin quœstum, les
subit, quaestor, fr. questeur; quœstio, fr. ques-
tion, et le subst. partie, queste* quête.
QUESTEUR, voy. l'art, préc. — D. questure.
QUESTION, voy. gu^ir. — D. questionner,
questionnaire, L. qusestionarins.
QUETE, voy. quérir, — - D. quêter^ d'où
quêteur,
QUETSCHE, sorte de prune; de lall.
quetsche prune. — D. quetschier.
1 . QUEUE, vfr. coue, coe, prov. coa, it. coda,
du L. cauda. — D. couard (v. c. m )î qitoaii-
1er, remuer la queue ; écoucr, — De queue,
terme de billard, on a fait le verbe queuter.
2. QUEUE, futaille; d'origine inconnue, dit
Littré; l'orthographe heuvie permet de sup-
poser que ce mot est identique avec vfr. cuece
(prononcez queiœe) = cuve, bien que la voyelle
eu soit contraire au type latin cûpa.
1. QUEUX, maso., cuisinier, vfr. cou^ it.
cuoco, du L. coquus.
2. QUEUX, fém., aussi queuz et queue,
pierre â aiguiser,' prov. cot, du L. cos, cotis.
QUI, pron., L. quietquis.
QUIA (A), du L. quia, parce que. Être à
quia, c'est ne plus trouver raison pour répon-
dre, être poussé à bout. La métaphore so
rapporte à celui qui ne sait plus dire autre
chose que quia, sans achever la phrase énon-
çjintla raison. P. Meyer (Rom., IX, 126), se
fondant sur les commentaires du vers de
Dante (Purg. , III, 31) : •• State contenti, umana
gente, al quia *>, croit que « être à quia »
signifiait, dans le principe, être dans cette
situation modeste où on sait qu'une chose est
(ro 071, quia) sans réussir à en connaitre la
cause [70 «cort).
QUIBUS, argent comptant, écus. Ce mot
latin (ablatif plur. du pronom relatif) rend
exactement la phrase française « de quoi >• ,
dans " avoir de quoi » .
QUICONQUE. L. quicumque.
QUIDAM, mot latin ^— un certain.
QUIET, vieux mot savant »» L. quielits (qui,
dans le fr. du fonds commun, est devenu co«\
V. c. m.;. — D. inquiet^ L. inquietus; ^iV-
tisme, quiétude,
QUIGNON, p. cuignon, dér. de coi^i, qui est
le L. cuneus. En rouchi, ou dit un keunic do
pain. Comparezo/ian^rau, docant, coin, bord.
1. QUILLE à jouer, it. quiglia, du vha. che-
kil, chegil, ail. mod. et néerl. hegel, pr. objet
allongé en forme conique, ags. heel, kile, —
D. subst. quillicr^ quillette^ verbe quitter.
2. QUILLE de navire, it. chiglia, esp. quilla,
du vha. chiol, nord, hiùir, ags. ccol, ail. mod.
kicl. — D. quillage.
QUINAUD, honteux, confus; d'après Littré,
tiré du vfr. quitw, grimace (expression écour-
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RÂB
— 419 —
RAB
tée de quine-mine, espèce de geste moqueur)»
tiré du L. quini, cinq, à cause que les cinq
doigts étaient employés dans la quine-^nine.
— D. enquinauder (v. c. m.).
QUINGAILLE, p. clincaille, yoj, cHttqwmt.
— P- quincaillier, quiftcaillerie.
QUINCONCE, du L. quincunx (quinque un-
cise), 1 . monnaie de cuivre valant cinq onces
ou cinq douzièmes de Tas ; cinq boules y étaient
représentées pour en marquer la valeur ; 2. fi-
gure formée par des objets disposés respecti-
vement les uns par rapport aux autres comme
le sont les cinq points sur un dé à jouer.
QT7INE, L. quinus, mot analogue à qua-
terne,
QUININE, dérivé de quina, abréviation de
quinquina (v. c. m.)*
QUINOLA, d'origine inconnue.
QUINQUAGÉNAIRE, L. quinquaçenarius,
QUINQUENNAL, L. quinquennalis (quin-
quennium ■= quinque anni).
QUINQUET, ellipse, p. lampe à la Quinquet,
du nom du premier fabricant (1785).
QUINQUINA (Linné cinchona), du péruvien
kinahina, signifiant écorce par excellence.
QUINT, L. quintus. — D. quinte, t. de
musique. — Pour quinte =« toux, voy. l'art.
quinte.
QUINTAINE, BL. prov. quintana, it. chin-
tana; d'origine inconnue. — Papias définit le
mot : pars platesa qua carpentum provehi
potest.
QUINTAL, it. quintale, esp. quintal, de
larabe qintar, poids de cent.
QUINTAN, forme masculine de quintaine,
QUINTE, toux acre et violente, qui prend
imr redoublement; fig. caprice, bizarrerie,
mauvaise humeur (de làl'adj. quinteux). Le
sens toux procède- t-il du terme « fièvre quinte » ,
fièvre qui revient tous les cinq jours, ou de
quinta hora, succès de toux revenant à chaque
cinquième heure? Les médecins en sauront
là-dc5ssus plus que moi. Pour ma part., je suis
disposé à voir dans quinte une modification de
quinque (la permutation de A et t est fréquente
dans les patois). Or, quinque se rattacherait au
V. fiam. ki}u;hen, forme nasalisée de kichen,
ail. heichen, respirer diflicilement, tousser
péniblement. De ce kincken viennent : fiam.
kinchhœst, ail. keich-husten, coqueluche, que
je retrouve dans le rouchi quintousse p. quin-
cousse. Le wallon de Liège dit caikioule, cai-
coule, le dialecte de Bayeux a cîinke p.
quinque [l épenthétique) . — Cp. à l'appui de
cette étymologie, pour la forme, le vfr. ainte
p. ainque, encre, et le nom de plante quinte-
feuille, p. quinquefeuille (L. quinquefolium),
QUINTESSENCE, pr. quinte essence, cin-
quième essence supérieure aux quatra éléments
de la terre. C'est ainsi que les pythagoréens
qualifiaient l'éther; aijg. le mot exprime la
meilleure force extraite d'une substance quel-
conque par les procédés chimiques, et fig. ce
qu'il y a de meilleur, de plus subtil dans une
chose. — D. quintessencier, raffiner, subtiliser.
QUINTEUX, voy. quinU,
QUINTUPLE, l*.quinituplus p. quintuplex,
— D' quintupler,
QUINZE, contraction du L. quindecim, —
D. quinjtième, quinzaine,
QUIPROQaO, du L. quis{o\xquid)proquo,
c.-à-d. aliquis (ou aliquid) pro aliquo, l'un
pour l'autre ; d'après Littré, « de prendre un
quid pour un quod ».
QUITTANCE, voy. l'article suivant. —
D. quittancer,
QUITTE, vfr. cuite, prov. quiti, esp. quito,
ail. ktoitt, du L. quietus, en repos. Le bas
latin attachait à quietus le sens « qu'on laisse
tranquille, qu'on n'inquiète plus, comme
s'étant dégagé de ses obligations », c.-à-d.
libéré, affranchi, qui ne doit plus rien. De là
le verbe quitter, d'abord laisser tranquille, lais-
ser aller, tenir quitte, renoncer à une chose,
la céder, s en désister, s'en séparer; de là le
subst. quittance, acte par lequel on quitte
quelqu'un de qqch. — Quitte ne peut venir
de quietus que par l'intermédiaire du BL.
quitus, absolutus, liber. La forme pui*e a
donné coi (v. c. m.), comme parietem a fait
paroi, L'esp. distingue également entre quito
et quedo, — L'augl. quite, tout-à-fait, est le
même mot; pour la filiation des idées, cp. le
terme fr. absolument,
QUITTER, 1. tenir quitte, 2. se désister,
abandonner; voy. l'art, préc. — Darmestoter
(Rom., V, 151) ne veut pas déduire notre
verbe immédiatement de quitte, mais le fait
procéder du L. quietare, par la gradation pho-
nétique suivante : quijetare (j = yod ail.),
quijtare, vfr. quitier, auj. quitter; développo-
meut analogue à celui de pitié issu, do pietdtem.
Ce raisonnement est juste, mais alors il faudra
tenir quitte pour un adjectif verbal de quitter,
ce qui est admissible; ce qui ne l'est pas, c'est
d'expliquer l't tonique de quitte, comme fait
Brachet, en s'appuyant de l't atone de pitié,
QUOI, du L. quid (i bref latin « oi fr.).
Composé: quoique p. quoi que; cp. le vfr.
quanque, m. s., p. quant que,
QUOLIBET, du L. quod libet, ce qui plait,
tout ce qui passe par Ta tête.
QUOTE, dans « quote-part », du L. quotus,
en quel nombre? — D. quotitê.Woy, aussi cote.
QUOTIDIEN, L. quotidianus (quotidic),
QUOTIENT, du L. quotiens, combien de fois.
R
RABÂCHER. Les tentatives pour éclaircir
l'origine de ce mot ont été nombreuses ; néan-
moins, la question leste encore sans solution.
Nous ne reproduirons ici que ce qui, scienti-
fiquement parlant, mérite d'être mentionné.
Génin, dans ses Récréations, ne voit dans le
mot qu'une autre prononciation do ravasser
fréquent, de récer, auj. rêvasser, mais sa
manière de démontrer l'équation o = b et
S8 SB ch ne trouvera guère d'accueil auprès
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RAB
420 —
RAC
des philologues de Técole de son compatriote
M. Gaston Paris. — Cheval let( 1853) s'adresse
à Télément celtique ; il cite l'écoss. rabhanach,
rabâcheur, qu'il dérive àerabhachan, censure,
réprimande, bret. rebech, reproche. Nous ne
sommes pas assez celtologue pour apprécier
la valeur de ces allégations, qui, au point de
vue phonétique, sont loin de satisfaire. — Lit-
trô (1869), sans en tirer une conclusion pro-
bante pour Tétym. de rabâcher^ dont la ter-
minaison est trop distante, rappelle vfr. raba-
ter(Berry rabàter), foire du bruit ; il remarque
en outre que Oudin, dans son dictionnaire,
traduit rabascher par it. far strepito, — Dans
la dernière édition publiée par les soins de
l'auteur (1870), Diez se borne à rapprocher
rit. abbacare, tenir de sots propos, mais ce
mot est tout aussi énigmatique que celui
qui nous occupe. — Des deux conjectures
que je m'étais permises dans ma première
édition (1862), Tétat actuel de la question
(il changera, fout-il espérer, quand auia
paru la lettre r du dictionnaire de Godefroy)
m'engage à maintenir la suivante : On dit en
français, dans un sens qui coïncide avec cehii
de rabâcher, serinei; rechanter toujours la
même chose, chanter sur le même ton, puis
aussi familièrement vielîer;en a\\,,leiern (pr.
jouer de la vielle) s'emploie de même p. répé-
ter toujours la même chanson, le même refrain.
Pourquoi donc ne rattacherait-on pas aussi
rabâcher, sans s'appesantir sur l'orthographe
â, à rebec = vielle (v. c. m.), qui existait
sans doute aussi sous la forme variée rabac,
puisque le catalan dit rabaquetf — Avant
de nous séparer de ce vocable, mentionnons
encore que le genevois dit rebâcher et le wal-
lon de Liège rabégi. Pour ne rien négliger
d'utile à la solution du problème, rappelons
aussi que les dialectes du Midi présentent le
subst. rabasta, dispute, chamaillis et les
verbes rabastar, rabasicjar, tarabuster, tra-
casser.
RABAIS, subst. verbal de rabaisser,
RABAISSER, voy. abaisser. — D. rabais,
RABAN, voy. hauban, — D. rabaner,
RABAT, voy. l'art, suiv.
RABATTRE, voy. abattre, — D. rabat :
1 . action de rabattre, diminution de prix (ail.
rabatt) ; 2. chose rabattue, petit collet des
gens de robe et des ecclésiastiques; rabatte^
ment (terme de droit) ; cps. rabat-joie,
RABBIN» de l'hébreu rabbi (vir amplissi-
mus), titre honorifique des docteurs de la loi
judaïque du temps de Jésus.
RABDOMANGIE, gr. ^agoo/uavrsfoc, divina-
tion par le moyen d'une baguette (/càgooj).
RABIOLE, -OULE, grosse rave, d'un type
rabeola, dér. du BL. rabea, raba, = L.
râpa,
1. RABLE, partie de certains animaux,
surtout des lièvres ; c'est le bas des épaules
jusqu'à la queue ou jusqu'aux cuisses. Ménage
fait venir le mot de rapithim, dérivé de rapiim^
auquel il prête le sens de queue, en alléguant
l'esp. rabo, queue. Cette étymologie n'a au-
cune probabilité, ni pour la forme ni pour le
sens. — D. râblu, râble',
2. RABLE, instrument pour remuer, con-
traction des anc. formes roable, rouable, laa-
gued. redable; du L. rutabidum, m, s. —
D. râbler,
RABONNIR, = r« + abonnir {v. c. m.).
RABOT, subst. de raboter,
RABOTER; d'après Diez, ce verbe est p.
rabouter, et un composé de bouter, pousser,
heurter; cp. prov. réhotar, it. ributtare,
repousser. Cette signification première repous-
ser, observe Diez. est plus sensible dansl'adj.
raboteux, dont la signification propre serait :
« qui présente des reliefs, des objets qui
repoussent »», et dans le moy. néerl. rtbot,
obstacle. Nous ne sommes pas porté, on le
pense bien, pour l'étymologie de Nicot, qui
faisait venir rabot de radereboscum,et encore
moins pour celle de Ménage, qui procède de
la manière suivante : radere. radum, radu-
tum, rabutum, rabot! Sans vouloir affirmer
que Diez ait rencontré juste, nous tenons à
remarquer qu'en termes d'arts et métiers, on
dit aussi rabattre p. aplanir, raboter (cp. angl.
rebate); ce rabattre pourrait fournir, comme
synonyme répondant à une représentation
analogue, un argument en faveur de l'origine
prêtée â raboter par le linguiste allemand. —
Une explication au moyen de raspoter, tapo-
ter, d'où, par adoucissement, rafrofcr, manque
d'appuis historiques. — D. rabot, raboteux.
RABOUGRIR ; il faut supposer pour primi-
tif un adj. bougre, ayant la valeur de • débile,
étiolé ». Mais malheureusement, cet adjectif
est purement hypothétique. Ménage, par un
de ces tours de force qui lui sont propres,
arrive à renouer le mot au L. abortus (avor-
ton) ! Pour nous, nous avançons timidement
la question : Rabougrir ne serait-il pas trans-
posé de ragroubir, et ragroubir un rejeton
de la famille germanique hrub krupt^ti ail.,
l'on traduit en effet rabougrir par verkrii})-
peln ; cp. aussi le champ, se ragroubiller, se
blottir. Littré part de boitgre, hérétique, qui
aurait dégagé le sens de contrefait, mal venu.
Diez (dernière éd.) concilie mon opinion avec
celle de Littré par la supposition que la fan-
taisie populaire, voulant colorer le mot en le
rapprochant de bougre, aurait transformé
ragroubir en rabougrir, Voy. aussi rccrcbil-
ley\ — Godefroy cite d'un texte de 1409 :
chesnes bougres (rabougris).
RABOUILLiRE. trou où la lapine fait ses
petits ; d'un primitif immédiat rabouilU, qui
tient à la môme racine que l'angl. rabbit (anc.
rabet), lapin, v. flam. robbe, wall. robeite.
RABROUER, voy. sous brace, -- L'étymo-
logie L. reprobare n'a aucune vraisemblance;
pas plus que celle de l'abbé Corblet, qui pose
pour type L. re-abrogare,
RAOAGB. voy. ragot,
RACAILLE; le primitif de ce mot est.
d'après Diez, le nord. rocAt, angl. rtzcA.clûen
(ail. racher, rehel). Cette manière de voir
peut, en effet, s'appuyer de l'analogie du terme
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RAC
— 421 —
RAF
canaille, qui vient de canis. Le gr. ^âxo;,
guenille, conviendrait parfaitement (cp. pe-
naitle, m. s., de pan»tu^, lambeau), s*il fallait
absolument, à défaut d'autre ressource, avoir
recours au grec. Le mot n*étant pas très
ancien, on pourrait aussi lui supposer une
forme antérieure rascailie^ et le ramener,
ainsi que Tangl. rascal, coquin, au verbe ro-
man rascare, racler (il exprimerait « raclure,
déchet, rebut •»), ou bien à rasca^ roche,
teigne, gale. — Littré établit l'étymologie
raca, terme d'injure syriaque, cité dans l'évan-
gile. — Pour faire venir racaille de race
(donc « mauvaise race »), comme on me l'a
proposé, il faudrait racaille.
RACCOMMODER == ra + accommoder (v.
c. m.) .-= remettre en état, rajuster. — D. rac-
commodage (sens propre), racommodement
(sens figuré).
RACCORDER =» rc -f accorder, remettre
d'accord. — D. raccord, raccordement,
RACCROCHER ^ re + accrocher. —
D. raccroc,
RACE, lignée, it. razza, esp., port., prov.
raza, angl. race; du vha. reiza, ligne. Les
formes romanes ne s'accordent nullement avec
l'étymologie L. radicem (nom.radix), dont l'i
est long. — D. racer,
RACHAT, subst. de racheter {&nc. racliater),
voy. acheter.
1 . RACHE, lie de goudron (dans les Grisons
rascha), d'un type rasica, dér. du L. rasis,
poix brute.
2. RACHE, vfr. r(uc7A^, teigne, prov. rasca,
subst. verbal de rascar, fr. racher, gratter
= L. rasicare (voy. l'art, suiv.). — D. ra-
cheux; du type rasca vient aussi le dimin.
raguette (p. rasguette), herbe aux teignes,
parelle (cp. muguet de muscatiis),
RACHER, faire un tracé avec la pointe du
compas sur une pièce de bois ; du L. rasicare*
(dér. de rasum, supin de radere, gratter)?
Cp. port, rasgo, trait fugitif, esquisse.
RACHIS, colonne vertébrale, du gr. /iz^c;,
m. s., d'où /sax^rt;, moelle épinlèra, puis en
pathologie le nom rachitis, nouure, d'où ra-
chitique, ^isme.
RACINE, prov. rasina, valaque redecine,
du L. radicina, dér. de radix. Le simple
radix (ace. -icem) existait dans la vieille lan-
gue sous la forme raïs ; la botanique nous Ta
rendu sous celle de radis, — D. raciner, ra-
cinal, en-raciner, dé-racina*.
RACLÉE, volée de coup, t. populaire; de
racler (v. c. m.); cp. l'exp. frottée.
RACLER, ratisser, gratter, vfr. rascler, it.
raschiare, cat. rasclar, d'un type L. rasicu-
lare; formes diminutives de l'it., port., prov.
rascar, fr. racher^ gratter = L. rasicare*
(de rasum, supin de radere). — D. racle,
racleur, -oir, -oire, -ure, raclée. — Baist rat-
tache rascler à un type lat. rastulare (de
rastrum, râteau), en rapprochant lat. pestulus
=■ it. peschiOf lat. fistulare =« it. fischiare,
lat. ustulare = prov. usclar,
RACOLER, renforcement do accoler, pren-
dre par le col ou le collet. L'absence d'un
deuxième c est un abus. — D. racoleur, -aye,
RACONTER, voy. conter,
RACORNIR = r« 4- acornir (inusité), ren-
dre dur et coriace comme de la corne, dessé-
cher, rabougrir.
1. RADE, vieil adj., signifiant prompt,
rapide, formé du L. rapidus (rap* dus), comme
sade (dans maussade) do sapidus. L'adj. rade,
encore usité dans les patois, correspond au
port, raudo (cp. dans cette langue caudal du
L. capitalis, résolution de p en u). Je ne vois
pas pourquoi Diez rapporte ces mots plutôt à
rabidus qu'à rapidus. On disait autrefois la
rôdeur de Veau p. la rapidité de l'eau. Je ne
puis non plus approuver Gachet, qui invoque
le flam. rad, prompt, et l'angl. ready, prêt,
qui sont de source germanique : vha. rado,
raJto, hraio, mha. ge-rat, prompt.
2. RADE, subst., it., esp. roda, ail. rhede,
ni. reede, ree; du nord, reida, équipement,
armement (des vaisseaux). C'est donc litt. le
lieu où l'on équipe les vaisseaax. Cp. ail.
rheder, armateur. Nicot songeait à radere
terram ! — D. roder, dérader,
RADEAU, radeV, prov. radelh, dimin. du
L. rôtis. Ce mot laÛn, s= trabes connexse,
doit, je pense, être aussi, par un dérivé rata-
rius, le primitif du fr. radier; assemblage de
madriers.
RADER du sel, du grain, faire tomber avec
la racloire de dessus les bords, du L. radere,
raser. — D. rôdeur, mesureur.
RADIAL, L. radialis; radiation, rayonne-
ment, L. radiationem. De radius, rayon.
1. RADIATION, rayonnement, voy. l'art,
préc.
2. RADIATION, action de rav^r (voy. raie 1).
RADICAL, L. radicalis (radix). — D. radi-
calisme. Le radical veut des réformes radi-
cales, c.-à-d. qui partent de la racine.
1. RADIER, subst., voy. radeau,
2. RADIER, verbe, forme savante de rayer,
RADIEUX, L. radiosus (radius), rayon-
nant.
RADIS, ail. radies, voy. ra/Hne,
RADOTER, vfr. redoter, redouter, du v. flam.
doten (Kiliaen), aussi dutten, angl. dote, m. s.
— Casaubon faisait venir rodotet* d'Hérodote
(quel aflront !), La Mothe le Vayer de rc-addu-
bitare ; et voilà comment les savants se four-
voient ! — Tout satisfait que je suis de l'éty-
mologie germanique ci-dessus, émi«e déjà par
Frisch. il m'est venu l'idée que vfr. redoter
pourrait aussi être considéré comme itératif
de vfr. reder, être fou (voy. rê^e, et mon
Glossaire de Froissart, v<* enrederie),
RADOUBER, voy. adouber. — D. radoub,
RAFALE, peut-être d'un verbe raffoler,
composé de affaler^ terme de marine, pousser
un bâtiment vers la côte. Richelet cite la
forme raflais (un coup de vent qui rafle ?), ce
qui rend cette ôtym. douteuse. — Storm(Rom.,
V, 182) allègue l'esp. rafaga, coup de vent,
qui pourrait avoir été transformé en fr. sous
l'influence do affaler,
RAFFINER, voy. affiner.
RAFFOLER, voy. affoler.
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RÂI
— 422 —
RÂI
RAFLE, 1 . action de rafler ; 2. grappe dont
on a raflé les grains. — Voy. rafler, — Cp.
râpe,
RAFLSR, enlever avec rapidité. Ce mot
(ainsi que l'it. arraffare ou -tare, s'emparer
vivement de qqch., piém. rafa, butin, gain,
lorr., pic. raffe = rafle, etc.), vient du mha.
refferiy ail. mod. raffeti, saisir promptement
(congénère sans doute avec le L. raperé), d'où
le subst. ail. raffel, instrument pour racler
ou arracher ; cp . aussi le nord, hrafla, enle-
ver lestement. — Rafler peut aussi se rame*
ner à un type raspulare^ dérivé de BL, ras-
pare (fr. râper). — Cps. érafler, — Une va-
riété de rafler est rifler (v. c. m.).
RA6B, prov. rabia^ rdlje, du L. rabies (i
consonnifié). — D. rager ^ enrager,
RAOOT, subst., 1 . crampon en fer au timon
d'une charrette ; 2. vfr. = cochon de lait, auj.
sanglier de 2 à 3 ans ; 3. grosse rave, d'où
l'adj. ragot = de courte taille, gros, ramassé,
dim. ragotin; 4. homme d'humeur chagrine,
d'où ragater, murmurer, verbe qui, à son
tour, a dégagé le subst. ragot, bavardage,
médisance. — De ces quatre valeurs du mot
ragot, je ne m'explique que la troisième, mais
en appliquant la méthode Ménage et en for-
geant un type rapicus, d'où rapicottus, rap'
cottus, racottus. — Pour la quatrième, cp.
Texpr. patoise équivalente ragouner = bou*
gonner. — Pour la deuxième, cp. le wall,
roguin, jeune cochon. — La première (cram-
pon de fer) tient peut-être à l'ail, ou angl.
rach^ d'où le t. de marine fr. racage, appa-
reil pour serrer la vergue contre le mât.
RAGOUT, subst. verbal de ragoûter.
RAOOuTER, composé de vfr. agouster au
sens de mettre en appétit. — D. ragoût, mets
assaisonné, propre à exciter l'appétit; adj.
7'agoûtant. L'opposé de ragoûter est dégoûter,
RA6RÉER; dans ses diverses applications,
ce verbe se rapporte à agréei' (voy. agrès), au
sens foncier de mettre en état. — D. ragret,
t. de relieur, derniers apprêts donnés à une
reliure ; cp. agrès (^, agrets, dontle t est con-
forme à l'étymologie du mot).
RAGUER, terme de marine, écorcher( « câble
ragué » ) ; de l'angl. rag, lambeau, ags. hracian
déchirer. Diez, toutefois, le rapporte au nord.
raka, frotter.
RAGUETTE, voy. racJie 2,
RAI, vieux mot, employé au pluriel seule-
ment (« rais du soleil, d'une roue »), prov. raig,
rai. C'est le L. radius (cp. glai de gladiiis,
voy. glaïeul}, it. raggio, razzo, esp. port.
rayo. Le simple rai a fait place au dérivé
rayon (v. c. m.). Le L. radius a produit aussi
des formes féminines, savoir : it. razsa, rayon
de roue, esp., port, raya, fr. raie (v. c. m.),
d'où rayon, trait, ligne. A rai (pi. rais) de
roue se rapporte le verbe enrayer. Voy. aussi
rail,
RAIDE, voy. roide,
1 . RAIE, trait tiré en long, voy. l'art, préc.
— D. rayer, faire des raies, puis aussi biffer,
eflacer (cp. en ail. streichen, biffer, et stfHch,
trait); co verbe répond directement an L.
radiare, d'où vient le terme savant verbe
radier et subst. radiation, action de rayer.
2. RAIE, entre-deux des sillons, puis sillon,
vfr, roie, prov. rega, du BL. riga, m. s.
(subst, verb. de rigare, arroser). Cp. rigole,
3. RAIE, poisson, L. rata, — D. dim. raie-
ton ou raieteau.
RAIFORT, du L. radix fortis, pr. racine
forte, si rai ou rais, racine, a existé dans
l'anc. langue, mais il ne peut venir que de
râdix, et non pas, comme dit Brachet, de
radicem, dont l't est long et accentué.
RAIL, mot anglais, = barrière, barreau,
balustre, puis ornière de chemin de fer. Les
étymologistes le rapportent à l'ail, riegel,
regel, barre, et l'analogie de seul (voile t =»
ail. segel leur donne raison ; c'est ce qui me
fait abandonner l'idée que rail pourrait être
de source romane (p. raiel, dimin. de rai,
radius). — D. t. angl. rail^way, chemin de
fer; verbe dérailler (ou, ce qui vaut mieux,
dérailer), sortir des rails.
RAILLER, d'un type latin radulare (radere),
gratiller, d'où viennent aussi esp., cat. reUlar,
port, ralar, frotter (cp. L. rallum p. radu-
lum). Le vfr. rasgler accuse un type rasieu-
lare (cp. racler; néerl. rcteckéleii). Que le pri-
mitif immédiat soit rasiculare ou radulare,
l'acception du verbe railler est sans aucun
doute une métaphore tirée du sens primitif
gratter, déchirer, écorcher. Cp. les expr. ana*
logues vfr. ramponner, railler (v. c. m.); fr.
Wocard; flam. schrobben, ail. schrauben, pr.
frotter, gratter, fig. railler; flam. scheersen,
ail. scherzen [t), railler, plaisanter, dér. de
scheren, tondre, raser? — Je ne puis sous-
crire â l'étym. proposée par Flechia : type
ragulare, tiré de 'ragire =s bragire, fr.
braire, — D. railleur, -erie, — L'anc. langue
avait le subst. raillon = dard, et soc de char-
rue, pr. le déchireur.
1. RAIN*, lisière d'un bois, de l'ail, rain,
limite. Ce mot ail. correspond au nord, rein,
angl. du nord rain, dan., suéd., flam. rén, qui
tous signifient limes, proca, lira, margo.
2. RAIN*, branche, rameau détaché chargé
de ses feuilles, du L. ramus. — D. rainceau
ou rinceau (type latin ramicellus), pr. petite
branche, feuillage.
RAINCEAU, voy. l'art, préc.
RAINE . vieux mot p. grenouille, du L. rana,
— D. rainette, petite grenouille. D'après Le
Duchat et l'Académie, la pomme rainette ou
reinette est ainsi nommée parce qu'elle a la
pelure marquetée comme la peau des raines.
RAINER, faire une entaillure en long au
bord d'une planche pour y assembler une
autre ou pour servir â une coulisse. U faut
renoncer â une dérivation directe de raie; un
type latin radinare (de radere) me semble
également inadmissible. J'incline, dans une
mesure égale, pour les deux hypothèses sui-
vantes : 1 . de rain (v. c. m.), limite, bord,
sillon ; 2. p. raisner ou raisener, du vfr. raise,
prov. rasa, rigole ; quant â celui-ci, il est le
nord, râs, ags. ra/es, angl. race, m. s. (voy.
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RÂM
— 423 —
RAM
aussi rcux), — D. rainoire, rabot pour rainer;
rainette ou rénette (outil); rainure; les épin-
gliers, par changement de liquide, disent la
railure d'une épingle ; cette forme, on ne peut
en disconvenir, serait favorable à une conjec-
ture qui verrait dans rainer une altération de
raieJer et par là une dérivation de rai ou
du dim. raiel.
RAINETTE, voy. raine et rainer,
RAIPONCE, aussi rapotice, reponce; Linné :
campanula rapu nculus; dans les autres langues,
on a : it. raperonzo, ramponsola, romagnol
raponzaU esp. reponiche, ruiponce^ ail. ra-
pimzel. C'est un dérivé du L. râpa, rave, au
moyen de suffixes italiens (Diez).
1 . RAIRE , raser, du L. radere, dont le
supin rasum a donné le fréq. rasare, fr.
raser,
2. RAIRE, bramer, type latin rdffëre, p.
roffirc, mot onomatopée, formé d'après l'ana-
logie de muffire, rxigire, vagire; l'it. en a fait
par extension ragghiarc (cp. L. miigire, vît,
muire, it. mugghiare). — Voy. aussi braire.
1 . RAIS, part, passé de raire 1 . On ne s'en
^t plus que dans la locution « ne se soucier
ni des rais ni des tondus ».
2. RAIS, plur. de rai (v. c. m.).
RAISIN, prov. raxim. esp. racimo, du
L. racemtts. En vfr. et en pic. on trouve aussi
roisin, puis rosin; c'est de ce dernier que
l'ail, a tiré rosine, raisin sec. — D. raisiné'.
RAISON, L. rationem, — D. raisonner,
-ement, -able, -eur, arraisonner ; cps. dérai-
son. La langue savante a tiré de rationem le
substantif rafto« (v. cm.) etl'a^. rationnel,
RAJEUNIR = re + ajeunir\
RALE, 1. action de râler (v. c. m.); 2. nom
d'oiseau, voy. râler,
RALER, selon Diez, de provenance germa-
nique; angl. rattle, néerl. et bas-ail. ratelen
(ail. rasseln). J'ai rencontré dans Froissart la
phrase : « Et ouïrenc les chevaux arateîer » ;
elle confirme (jette étym. — D. râle, râle-
ment, râleux. L'oiseau râle, d'où ail. raUe,
tire également son nom du verbe râler; cp.
les expr. correspondantes n. prov. ronfle du
verbe roufla = ronfler, pic. roussclet de l'uU.
rosseln, esp. ronca de roncar; ail. toiesen-
schnarcher, pr. le ronfleur des prés.
RALINGUE, du néerl. raa fvorgue) -|- néerl.
leik, suéd. lik (cordage de bordure). Le mot
serait donc p. ralique ou ralingue. — D. ra-
linguer.
RALLIER, = re + allier. — D. rallie-
ment.
RAMAGE, 1 . branchage, feuillage, 2. ellipse
pour citant ramage, cantus silvostris. La der-
nière signification se rattache à un ancien adj.
ramage (type ramaticus) qui signifiait silves-
tris. Du primitif L. ramus. — D. ramager.
RAMASSE, de Fit. ramazza, espèce de traî-
neau en branchage, dér. de ramus, branche,
— D. ramasser, traîner dans une ramasse.
RAMASSER, = re + amasser, — D. ra-
mets (subst. verbal), ramassis,
RAMROUR, espèce de pomme, anc. ram-
bures; de Rambures, localité des environs
d'Amiens.
1. RAME, branche plantée en terre, pour
soutenir des pois, du Lt. rama p. ramus,
branche. Voy. l'art, suiv. — D, ramer,
2. RAME, aviron ; c'est le même mot que le
précédent, c'est-à-dire le correspondant de
it., esp., prov. rama, branche, formes fémi-
nines du L. ramus. Le mot rayne, dans plu-
sieurs métiers, exprime un instrument, un
bâton servant à remuer des matières en fusion
ou liquides ; il n'est donc que très naturel de
lui voir prendre la valeur d'aviron. Cp. gaél.
ramh, qui signifie branche et rame. — Il n'est
pas admissible que rame vienne de l'équiva-
lent L. remus (it., esp., port, retno, cat.,
prov. rem) ; ce primitif aurait fait mn, comme
ramus a fait rain. Cette forme rein se trouve
en efiet dans la Chronique de Benoit (xii* siè-
cle); il y a donc, dans les diverses formes
romanes, un double courant, l'un partant de
ramus, l'autre de remus; ce n'est pas au der-
nier qu'appartient la forme rime, fi^quente
dans l'ancienne langue et usuelle surtout dnns
Froissart, laquelle procède direct, du vha.
riemo, nha. riem^ ni. riem =« (rame). — D.
ramer,
3. RAME, mesure de papier (vingt mains),
vfr. raime, angl. ream, it. risma, esp., poit.
resma, néerl. riem. De l'arabe rizma, ballot,
paquet; cette étymologie, posée par Sousa,
suivie par Pihan et Engelmann, et en der-
nier lieu démontrée par Dozy, ne laisse plus
aucun doute. La fabrication de papier do
coton, introduite en Espagne par les Arabes,
florissait dans ce pays pendant le moyen âge.
L'it. risma, syncopé en rima, a donné les
formes rim, riem, ream; par apocope elle a
produit l'ail, ries, suéd. ris. Le fr. ram« sup-
pose donc des intermédiaires raisme, resme.
— L'étym. àpiâ/io; (nombre), proposée par
Muratori, doit être définitivement écartée. —
D. ramette, rame de petit papier.
4. RAME, dim. ramette, châssis d'impri-
meur, du ni. raam, ail. rahmeîi, cadre.
RAMEAU, rameV, d'un type L. ramellus*^
dim. àQ ramus, branche.
RAMÉE , branchages , fa^ot de rames ,
feuillée ; dér. du L. ramus, branche.
RAMENER, ==• re -^.amener,
RAMENTBVOIR, vieux mot = faire souve-
nir; c'est un composé du verbe vfr. amente-
voir ou amentoivre, prov. amentaver; ce der-
nier représente la phrase lat. ad mentem
habere, it. a mente aver, avoir à l'esprit, se
souvenir. Le sens « se souvenir n a, dans la
suite, tourné en celui de • faire souvenir » ;
cp. cesser = faire cesser, passer = faire
passer, etc.
RAMEQUIN, tranche de pain grillée, sur
laquelle on étend de la crème ou du fromage ;
c'est l'ail, râm, rahm, crème, pourvu du suf-
fixe diminutif néerl. Ain, ken (ail. clien).
RAMEREAU, voy. ramier.
RAMETTE, voy. rame 3 et 4.
RAMEUX, L. ramosus (ramus).
RAMIER, pigeon ramier, = qui perche sur
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RAM
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RAN
les branches, pigeon sauvage, dôr. du L. ra-
mw*, vfr. rain^ branche. — D. dim. rame-
reau.
RAMIFIER, d'un type ramificare, faire des
branches (ramus).
RÂMILLE, prov. ramilla, menues branches,
dér. dimin. de ramuSt branche.
RÂIQNÂGROBIS, nom appliqué par Rabe-
lais au poète Guillaume Crétin, par La Fon-
taine au chat. Nioot disait que c'était un mot
• de gaudisserie », forgé à plaisir pour tour-
ner en ridicule un homme grave. Borcl y
voyait une corruption de domine Grobis (gra-
tis est un vieux mot fr. signifiant homme fier,
important, présomptueux, voy. Godefroy).
Selon Le Duchat, c'est un composé de ra
(abrégé de raouh matou) + hermine /four-
rure) ou mine + grobis ; le mot signifierait
donc soit le matou qui fait le grobis sous la
fourrure d'hermine, soit le raoul ou matou
à mine de grobis. D'autres, se fondant sur la
forme rominagrobis, rattachent romina au
verbe rominer, qui se dit en Berry du mur-
mure de satisfaction des chats. La critique
n'a pas trop de prise dans les questions de
cette nature; aussi nous nous abstenons de
nous prononcer.
RÂJIflNGïïE, prov. ramène, it. ramingo =
jeune faucon, qui vole de branche en branche.
C'est un dérivé de ramus, branche ; le sufiixe
cependant est germanique. Le fr. a transporté
le mot au cheval têtu, rétif.
RÂHON, balai, dér. de L. ramus, branche.
— D. ramoner (dans les patois, vergetor,
fouetter', d'où ramoneur.
RAMPE, voy. l'art, suiv. — D. ramper,
t. d'architecture.
RAMPER; lacception actuelle eet déduite
de l'ancienne signification » gravir, grimper m,
encore propre à l'angl. ramp, et à laquelle se
rattachent le subst. rampe, plan incliné,
montée, escalier /puis balustrade d'escalier j,
et le terme héraldique lion rampant »» mon-
tant. Ramper, grimper, est de la famille de
rit. rampa, griffe, rampare, donner des coups
de griffe, et rampo, crochet. Or, ces mots
se rapportent au bas-ail. rapen (on Bavière
rampfen), s'accrocher. Le prov. a, pour ram-
per, la forme non nasalisée rapar. L'enchaî-
nement des significations se pré.sent6 donc
ainsi : s'accroclier, grimper, gravir, aller à
quatre pattes, ramper. Voy. aussi l'art, grim-
per. Après tout, il se peut bien que le L.
repère ait exercé quelque influence sur la
production du sens moderne de ramper. —
D. rampin\ ad., t. de manège; ramponeau,
jouet d'enfant 'V. Littré).
RAMPONEAU, nom d'un célèbre cabarctier
do la Courtille, d'où vient, dit-on, l'expression
populaire ramponer, boire un peu plus qu'il
ne faut.
RAMPONNER, vieux mot signifiant railler
et correspondant à l'it. rampognare, tirailler,
pincer, injui-ier, puis gronder, gourmander,
réprimander. L'it. rampognare est un dér. du
subst. rampogne, croc, griffo, dér. lui-même
de rampa, m. s., mentionné à l'art, ramper.
Pour la filiation du sens, cp. railler, pr. grat-
ter, déchirer; ramponner en vfr. aussi ram-
pi^ovir], c'est pr. donner des coups de griffe ;
nous disons bien aussi au figuré donner des
coups de patte.
RAMURE, branchage d'un arbre, bois d'un
cerf, dér. du L. ramus, branche.
RAN, dans quelques contrées «» bélier;
c'est le néerl. et angl. ram, ail. ramm, m. s.
RANCART, dans la locution mettre au ran-
cart, mettre de côté. On a proposé deux expli-
cations. Baudiy, dans LittixS, suppose qu'il
faudrait lire rencart, qui serait p. récart (de
re -}- écarter) ; Delbouille, en effet, dans son
Gloss. de la vallée d'Hyères, cite la loc.
« mettre au récart » , D'autre part, le Gloss.
du doyen Bridel (Suisse romande), mentionne
un mot du Valais rakard^ signifiant fenil,
petite grange.
RANGE (ail. ran^t^),esp. rancio, du L.niTi-
cidus (pour la chute du sufiixe, cp. pâle de
pallidus, net do nitidus). — D. rancir, d'où
ranciasure.
RANCHE.échelond'un rancher,du L.ramex, "
-icis, branche, bâton (dér. de ramus). —
D. rancher. — Le même latin ramex, rami-
cis, branche, a donné le terme de marine
rance, bois pour consolider le haut d'un vais-
seau, ainsi que les mots rançon^ anc. -» pique
à trois branches, puis le t. héraldique rau-
chier, rangier, fer d'une faux.
RANÇON, vfr. raençon, angl. ransom, ni.
ransœn, du L. redemptionem, rachat, subst.
de redimere, racheter (ce verbe s'est conservé
dans quelques patois sous la forme vfr. raem
bre). — D. rançonner, mettre à rançon, fig.
surfaire le prix.
RANCUNE, modification du vfr. rancure,
ital., prov., esp. rancura, qui, lui, accuse un
type L. rancôrea, rancôria, dér. de L. rancor,
1 . rancidit4S, 2. rancune (Saint Jérôme). Voy.
Grôb. Ztschr., V, 98. — Le L. rawcor a donné
vfr. rancœur, prov. rancor, it. rancore. —
En vfr., rancune signifiait aussi « contrariété,
chagrin «, faire rancune = molester. — D.
rancunier.
RANDON, impétuosité, violence ; do là ran-
donner, aller rapidement, d'où le subst, ran-
donnée, circuit que fait un bête lancée autour
d un lieu avant de le quitter. D'après Diez,
randon, prov. rando, est le dér. du prov.
randa, qui signifie point extrême, puis fig.
résolution extrême, violence, d'où la locution
adverbiale a randa, jusqu'au bout, d'em-
blée. Or, randa vient du vha. rand (encore
en usage dans la langue actuelle) =^ extré-
mité, lisière. Gachet appuie cette étymologie
en rapprochant l'ancienne expression aller
tout à xmg coron (vfr. coron, coin, bout, côté),
qui signifie aller tout d'un bout, tout d'une
file. Il compare aussi le mauvais coron de
Froissart (= mauvaise fin) avec l'équivalent
mal randon employé dans Gilles de Chin. —
Chevallet rapporte randon, course rapide, au
mot germanique rennen, courir. Cela est
insoutenable. — Si l'étymologie de Diez n'est
pas la bonne, je serais disposé à voir dans les
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RAP
— 425 —
RAS
mots en question des dérivés nasalisés deTa^j.
rade, rapide (cp. rendre de reddere Jongler de
joculari, lanterne p. lateme, etc.), bien que
* je ne me dissimule pas que cette étymologie
soulève certaines difficultés. — Le picard a
conservé encore le verbe randir, p. aller çà
et là ; le rouchi a randouiller, remuer avec
fracas, avec rudesse.
RANG. vfr. r«wc, picard ringue, prov. renc^
ligne, file, série. Ce mot a passé du roman
dans un grand nombre de langues tant ger-
maniques que celtiques : ail., néerl., suéd.
rang, angl. rank, cymr. rhenge, bret. renk,
DJez le dérive du vha. hring, cercle (voy.
aussi harangue), et particulièrement cercle
de personnes réunies dans un but déterminé,
donc pr. rangée circulaire (cp. vfr. faire i^etic
autour de soi). L'idée de cercle s*étant, dans
la suite, effacée, il ne serait resté que celle de
disposition, arrangement de personnes ou de
choses sur une même ligne. — Une autre
conjecture que je me permettrai d'émettre
consiste à voir dans le prov. renc une forme
nasalisée et masculine soit du L. rega, primi-
tif inusité de regida, pr. ligne droite, soit du
vha. riga, ligne. Le prov. présente, avec le
même sens, un féminin rengiia. — D. ran-
ger.
1. RANGIR, verbe, pr mettre en rang;
voy. Fart. préc. — D. rangée; cps. an'aai-
ger, déranger.
2. BANGSR ou rangier, autre nom du
renne, dérivé du laponais raingo, norv.
hraingyr,
BANZ des taches, litt. la marche des vaches ;
Tétym. de ce t«rme particulier à la Suisse
romande n'est pas certaine ; Brachet identi-
fie le mot avec rang, Lilti*é fait intervenir un
mot ail. ranz, course rapide, dont aucun
dictionnaire ne fait njention.
RAOUT, voy. rout,
RAPAGl!, prov. rapats, du L. rapacem
(rapere). — D. rapacité, L. rapacitatem.
RAPATBLLE, toil^ de queue de cheval.
Bugge (Rom., III, 156) imagine un mot por-
tugais 'rabatela p. *rabttela (cp. rabacoelha
p. rabicoelha], composé de rabo, queue et
tela, toile.
RAPATRIER, = re<ipatrier, pr. rentrer ou
faire rentrer dans la patrie. Dans la langue
des trouvères, le mot correspondant râpai-
rier signifiait, comme repairier, revenir,
retourner ; voy. pi. b. repaire.
RAPB, voy. râper. — Râpe, grappe de rai-
sin, a donné râpé, boisson obtenue avec de
l'eau jetée sur la râpe,
RAPIR, anc. rasper, \t. raspare, esp. ras-
par, du vha. raspôn^ ramasser, ratisser, nha.
raspeln, angl. rasp, — D. râpe, 1. instru-
ment pour râpa*; 2 -= it. raspo, esp., prov.
raspa, grappe de raisin dont on a enlevé les
grains (cp. rafle)\ ràpure.
RAPBTASSBR, ^re-\- apetasser; le pri-
mitif se trouve dans le langued. pelas, lam-
beau, pièce, esp. pedazo, morceau. C'est,
d'après Diez, le pHtacium des Latins, morceau
de papier, de toile ou de cuir, BL. pitacium,
RAPETISSER, voy. petit.
RAPIDE (formation savante p. rcM)^ L
rapidus (rapere;. — D. rapidité, L. itipidi
tatem. — Voy. aussi rade.
RAPIÉCER, = re + apiécer (pièce) ; di-
minutif rqpiéceter.
RAPIÂRE, d'où l'ail, rappier, angl., néerl.
rapier. Ce mot est de source germanique, et
appartient à la famille de l'ull. rappen, 7'affen,
arracher, ou à celle du goth. rav.pjan, vha.
roufan, ail. mod. raiifen, arracher, fig. se
batailler (cp. lîexpi*. raufer = rapière). Diez,
insistant sur le caractère péjoratif du mot
rapière, est disposé à le dériver, comme
l'avait îfait le P. Labbe, du subst. râpe; la
rapière (p. raspiere) serait donc pr. une lame
ébréchée.
RAPIN, élève peintre, puis mauvais pein»-
tre; p. raspin, râpeur ou broyeur de cou-
leurs?
RAPINE, L. rapina (rapere). Voy. aussi
ravin. — D. rapiner.
RAPPELER, ^re + appeler. — D. rappel,
aussi, mais avec un sens modifié, ré-appel.
RAPPORTER, = re-\- apporter; c'est, dans
ses diverses acceptions, la traduction du L. re-
ferre (d'où référer, relation). — D. rapport,
rapporteur. — L'angl. dit re-port,
RAPSODE, grec ^af<ufe{, litt. » qui coud
ensemble (pzicrtiv) des chants (ù^«î) détachés.
— D. rapsodie, gr. /éafw^fa, fig. mauvais
ramas littéraire.
RAPT, vfr, rat, prov. rap, it. ratto, du
L. raptus (rapere;, enlèvement.
1 . RAQUETTE, esp. raqueta, d'après Diez
de l'it. racchetta, contraction de retichetta,
dér du L. rete, r^eau, filet. — Littré l'identifie
avec le vfr. rachette, rasquette, paume de la
main, plante du pied, dim. du BL. racha, qui
signifie la carjie, le tarse et qui vient de
l'arabe. — D. raqueton,
2. RAQUETTE, aussi roquette, roquet, fusée
de guerre, ail. rakete, angl. rocket, de l'it.-
rocchetta, dimin. de rocca, quenouille. Cp. le
rapport entre fusée et fuseau.
RARE, L. rarus. — D., rareté L. rarita-
tem ; raréfier, prov. rareficar, d'un type rari-
ficare.
RAS, dontlepioil est rasé. L. rasus (radere).
La vraie forme française p. rasus est rez (y.
c. m.), dont notre mot partage les acceptions.
La table rase est pr. une planche grattée,
nue, sur laquelle on n'a pas encore gravé. —
D. subst. ras (nom d'étoffa) ; rasade, -^ con-
tenu d'un verre rempli à ras; rasière, me-
sure de grains remplie à rai. — Voy. aussi
pi. h. la variété rais.
RASADE, voy. ras. — D'autres, sans néces-
sité, ont recours au prov. rajada, filet, petite
quantité de liquide, de rajar, couler.
RASE, poix, du L. rasis.
RASER, du L. rasare, fréq. de radere. —
D. rasoir (prov. razor, it. rasoio, BL. raso-
rium); terme burlesque rasibus = tout ras,
tout contre; sans doute une expression forgée
par les moines, d'un emploi très ancien;
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RAT
— 426 —
RAV
l'expression rasibus de (à ras de) se voit sou-
vent dans Cîonimines.
RASIBUS, voy. raser.
RASIÉRE, voy. ras.
RASSASIER, = re-{-assasier (type ad-sa-
tiare),
RASSEMBLER, = re+assembler.
RASSEOIR, = re'\-asseoir ; d'où le part, adj .
rassis (au sens fig., syn. déposé; l'ail, dit de
même geseUt).
RASSÉRÉNER « r<;-|-a59^^^ (factitif du
L. serenus^ serein); opp. de assombrir.
RASSIS, voy. rasseoir.
RASSOTER, intensitif de as$oter{v. c. m.).
RASSURER, «= re-assurer.
RAT, it. ratto, esp., port. rcUo, prov. rat.
Le nom de ce quadrupède correspond plu-
tôt au vha. rato (masc.), ags. raet, qu'au gaôl.
radan, bret. raz. Que dire de l'opinion de
Rarbazan, qui rapportait rat à radere, et de
celle de Ferrari, qui se permet l'enfilade que
voici : mus (souris), muris^ murus, muratus,
ratiis, rat! — La Fontaine a fait usage d'un
fém. rate; il correspond à l'ail, mod. ratte,
ratze, — D. raton ^ ra(î<?r (chien), ratière. —
Voy. aussi rater.
RATAGONER, mot populaire «raccommo-
der, ravauder, it. rattaconare ; c'est remettre
des tacons ou pièces, voy. tache.
RATAFIA, anc. rata fiât, mot d'origine
indienne, d'après Ménage. D'autres, en déses-
poir de cause, ont imaginé que c'était un verre
de liqueur qu'on buvait en ratifiant un con-
trat, et que le mot vient de la formule latine
rata fiât conventio ! — Au Suppl. de Littréje
trouve une solution moins fantaisiste ; ratafia
serait un composé de arack ou rack, eau-de-vie
de riz, -|- tafia, eau-de-vie de canne.
RATATINER; d'origine inconnue. Roque-
fort le dérive de rat en l'expliquant par « se
resserrer comme le rat dans son trou » . Cela
me sourit peu. J'ai l'idée que c'est un redou-
blement populaire de ratiner. On pourrait
aussi le ramener à tatiner (de tâter), en par-
tant d'un sens premier chiffonner par le
maniement, d'où celui de rider.
RATATOUILLE, d'origine inconnue; le
champ, a ratatinis, = ragoût de viandes mê-
lées. Nisard prend pour primitif tatouiller,
tâter d'une façon mal avenante ; Littré rap-
proche tatouzâ, mot de la Bresse signifiant
ragoût, et le poitevin tatoiiiUade, mauvaise
marmelade. Le mot pourrait aussi tenir au
vfr. teouiller, auj. touiller, brouiller.
RATE; d'après Frisch (approuvé par Diez),
du néerl. rate, gaufre de miel, à cause de
la ressemblance du tissu cellulaire de la rate.
Quant au néerl. rate, il correspond au v.
saxon rdta, mha. ras. L'anc. français le pos-
sédait également sous la forme raie ou rée
de miel, dont nous avons conservé le dér.
rat/o7i fp. réon), gât^'au de miel. — D. dim.
râtelle (v. c. m.), dératé, vif, alerte.
RATEAU, anc. rastel, it. rastello, rastrello,
esp. rastillo, du L. rastellus, dim. de ras-
trum. — D. râteler, râtelée de foin, râtelier,
objet composé d'une suite de dents on de
chevilles, comme un râteau.
RÂTELÉE, voy. râteau et râtelle.
RATELER, de rasteV, voy. râteau.
RATELIER, V. râteau.
RATELLE (terme vieilli), dimin. de rate^
signifiant rate et mal de rate. — D. rate
leux; râtelée (anc. sans circonflexe) dans « dire
sa râtelée *>, pr. se décharger la rate.
RATER, manquer, ne pas réussir; je ne
sais d'où vient ce mot. «* Le fusil rate » serait-
ce pr. «* le fusil a ses caprices «, de sorte
jque rater se rapporterait au subst. rat, au
sens figuré de caprice, d'où le terme popu-
laire ratier, capricieux, bizarre? Cette étym.
est approuvée par Littré.
RATIER, 1 . qui chasse aux rats, 2. capri-
cieux, voy. l'art, préc. — Le vfr. ratier,
morose, difficile, chiche (voy. mon Gloss. des
Poésies de Froissart). me semble tout aussi
bien se déduire de rate (cp. dératé, qui dit
le contraire).
RATIFIER, BL. ratificare » ratiim facere.
— D. ratification.
RATINER, friser, gaufrer; peut-être du
flam. rate, gaufre de miel (voy. rate). Le
vfr. raiin, ratis, fougère, fournirait une
excellente origine, si l'existence réelle de ce
mot. cité dans Trévoux, n'était pas contesta-
ble (voy. Diez). — D. ratine, angl. ratteen,
esp. ratifia, it. rattina, néerl. ratijn, étoffe
de laine ratinée.
RATION, du L. rationem, au sens primitif
de calcul, compte, mesure. — D. rationner.
RATIONNEL, du L. rationalis (ratio).
RATISSER, ôter en raclant, dérivé de l'an-
cien verbe rater, effacer, ou plutôt directe-
ment (car un suffixe verbal isser n'existe
pas) du subst. dérivé rxUis. — Quant â ce
verbe rater, qui est aussi l'ascendant de rature,
l'absence d'une s devant t ne permet pas de
le rapporter au même thème que râteau.
Littré met en avant, sans toutefois rien affir-
mer, soit un type raptare (de rapere), enle-
ver, soit le verbe rater, ronger (que l'on peut
supposer d'après l'anc. mot raté «=» rongé par
les rats). Un type raditare ne serait-il pas
tout aussi bien admissible?
1. RATON, petit rat, dim. de rat.
2. RATON, pâtisserie, dim. du néerl. rate,
gâteau de miel (voy. l'art, rate).
RATURE, voy. s. ratisser. — D. raturer.
RAUQUE, L. raucus. — D. raucité, L. rau-
citatem ; enrouer (v. c. m.).
RAVAGE, dommage fait avec violence et
rapidité ; ce subst. présuppose un verbe rar>er,
correspondant au prov., esp., port. rapar,et
tiré, par métaplasme, du L. rapere. Ou lesubst.
ravage viendrait-il de la forme ravir t cp. rem-
plage de remplir. — D. ravager.
RAVALER, — re-\-avaler, tant au sens do
rabaisser que dans celui de faire descendre
dans l'estomac. — D. ravale, instrument ara-
toire pour niveler le terrain.
1. RAVAUDER; ce verbe représente, dans
ses deux acceptions, raccommoder â l'aiguillo
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RE-
— 427 —
REB
et ranger, fureter, un tjpe latin re^advali-
dare, remettre en état, en ordre ; cp. raccom-
moder = re-adcommodare.
2. RAVAUDER, dire des discours futiles,
impertinents, maltraiter de paroles, est pro-
bablement un homonyme du préc. Ce serait
un dérivé de rax>aut^ fanfaron, diseur de sor-
nettes (mot supposé) et primitif à son tour
du subst. abstrait ravaiU, bourde, moquerie,
signalé dans le Gloss. de Gachet. Quant à
ravaut, fanfaron, appartient-il au même thème
rav (d'où bourg, rcmusser = rêvasser), formé
au moyen du suffixe aU (cp. bada\M£)'\ Kiliaen
donne le subst. rabaud, dont les acceptions
concordent avec celles attachées à ribaud, et
rabauderij « nequitia,scurrilitas, jocus scur-
rilis et lascivus » et le verbe rabauden, scur-
ram agere. Ce rabaud est-il le correspondant
du fr. ravautf cela reste à examiner, ainsi
que la question si rabaud est une simple mo-
dification de ribaudf qui est absent dans Ki-
liaen. — Il faut écarter, pour expliquer ra-
vauder, aussi bien ail. rabbelen, bavarder,
que L. rabidare, criailler, chicaner.
RAVE, L. râpa, — D. ravier, ravière,
RAVELIH, anc. reve/m, esp. rebellin, port.,
revelim, it. reveUino. On pense que le mot
italien est la source des autres formes romanes.
Et voici comment l'explique Storm (Rom., V,
182). RivelUno est p. rivallino par suite d'un
faux rapport avec rivella{hovà) et est le dim.
de 'rivallo, subst. verbal d'un verbe 'reval-
lare, jeter un nouveau rempart. Ou bien
rivallo est «s re + ^doIIo (L. vallum)^ cp. le
terme it. ripiano, second plan.
RAVIGOTER, vfr. resmgoter, altération des
anc. verbes resviçorer, raviçorer^ tirés du
L. vigor, fr. vigueur; cp. l'it. rinvigorire,
— D. ravigote «« mets ravigotant.
RAVIN, RAVINE; ces mots sont, comme
ravage, issus du L. rapere, arracher, entraî-
ner (cp. prov. roWna, vîv, ravine, impétuosité,
rapidité); d'autres les rattachent à tort au
BL. Javina (p. îabina), éboulis.
RAVIR (angl. ravish), it. rapire, du L. ra-
pere avec changement de conjugaison. — D.
ravisseur, ravissant, ravage (?) (v. c. m.).
RAVISER ==re + aviser,
RATER, voy. raie 1 . — Dans l'anc. langue,
raier signifie couler, jaillir, mais comme tel
c'est un dér. de rai (=» radius), jet d'eau.
1. RATON, jet de lumière, voy. rai, —
D. rayonner, jeter des rayons.
2. RATON, gâteau de miel, voy. rate,
RAZ, courant de mer très violent, mot
bas-breton (du L. raptus, action deraperet),
RAZZIA, de l'arabe rhaziat, expédition
guerrière des musulmans contre les infi-
dèles.
RE- ; ce préfixe latin est très vivace dans
les langues romanes. Il marque tantôt répé-
tition, tantôt retour ou action rétroactive;
souvent aussi il ne fait que reproduire l'idée
du verbe simple sans valeur sensible. Devant
les verbes commençant par a ou é, particuliè-
rement si cet a ou cet é répond à ot/ ou eo?
lat., Ve du préfixe est élidé, ainsi r-avaler,
r-échauffer. Il en est de même devant le pré-
fixe en : r-enforcer, r-emporter. Devant un
simple commençant par s, Vs est redoublée
{ressembler, ressentir), sauf quand le préfixe
exprime itération (resaluer) et dans les com-
positions remontant au latin (résoudre, résis-
ter). Re est généralement (les exceptions sont
nombreuses) prononcé et écrit ré dans les mots
reproduisant des vocables latins composés avec
re (référer, répéter). Cei^enàanit, quand il s'agit
d'accentuer le caractère itératif du préfixe, on
emploiera (cp. reformer et réformer, resigner
et résigner^ recréer et récréer), 11 règne du
reste à ce snjet du désordre ; ainsi l'on dit re-
belle, recevoir, religion, remettre, bien qu'on
dise rébellion , réception , irréligieux, rémission
Devant les voyelles /sauf ce qui a été remar
que quant aux préfixes romans a, é ou en) et
devant h (exceptez rhabiller), on dit en géné-
ral ré, p. ex. ré-itérer, ré-ussir; de même
devant a dans les cas suivants : ré-assurer,
ré-appeler, différents de rassurer, rappeler,
REAL, variété de royal, L. regalis.
RÉALISER, RÉALITÉ, dér. de réel (L.
realis).
RÉBARBATIF, rude, repoussant, adj. tiré
de rebarbe, qui se disait au xvi« siècle avec
un sens analogue à contre-poil ou rebours.
Ménage croyait assez drôlement que rébar-
batif marquait la grimace d*un homme qui
mâcherait de la rhubarbe!
REBAUDIR, vfr. resbaldir (itératif de esbal-
dir), ranimer, rendre du courage, du vfr.
baut, hardi, joyeux, voy. baudir,
REBEO» vielle, it. ribeca, port, rabeca, cat.
rabaquet, prov. rabey ; ces mots, ainsi que
l'it. ribeba, vfr. rebebe, rubebe, et l'esp. rabel,
port, arrabil, vfr. rebelle, m. s., se rappor-
tent à l'arabe rabdd, qui désigne un instru-
ment analogue en forme ronde. Pour la mu-
tation de b en c, Diez cite les mots o&i^, jabeba
et jabega, flûte mauresque. — Voy. aussi
rabâcher.
REBELLE, L. rebellis^ qui recommence la
guerre. — D. rébellion, L. rebellionem ;
verbe se rebeller, L. rebellare.
REBÉQUER (SE), dér. de bec; cp. l'expr. se
prendre de bec avec qqn., se défendre du
bec, etc.
REBIFFER, résister ; d'origine aussi obscure
que biffer.
REBONDIR, voy. bondir. L'a^j. rebondi
/pour ainsi dire « repoussé «) parle en faveur
de l'étymologie bontir p. botir, boter.
REBORD, pr. deuxième bord ou bord sura-
jouté, ou bord replié.
REBOUCHER, fausser, émoussor, voy. bou
quer.
1. REBOURS, contre-poil. voy. brosse. —
D. rebrousser, brosser, peigner à contre-poil,
puis (avec ou sans chemin) revenir sur ses
pas. Pour la variation rebourser et rebrousser,
comparez vfr. tourser, forme antérieure de
trousser. — G. Paris (Rom., X, 55) n'admet
pour BL. rebursus aucune parenté avec brosse ;
I il n'est selon lui qu'une simple variété de
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REC
— 428 —
REC
reburrus. Je n'en suis pas pleinement con-
vaincu.
2. REBOURS, adj , « revêche, peu trai-
table ; c*est prob. le même mot que le préc. ;
sinon, par le BL. rebia^rus, hérissé, un
dérivé de bourre (v. c.,m.).
REBRÂSSER, retrousser, de bras; donc
litt. relever les manches; de là rebrcts*,
revers.
REBROÏÏSSBR, voy. rdmirs 1.
REBUFFADE, voy. bouffir.
RÉBUS, du L. rebiis (abl. plur. de res) i«
par les choses. Le rébus est une charade en
action ou « par objets «» figurés. D'après
Ménage, le mot vient des pièces satiriques que
les clercs de Picardie composaient tous les
ans à Tépoque du carnaval et qui, roulant
sur les aflaires du temps, étaient dites u de
rébus quae geruntur ».
REBUT, voy. Tart. suiv.
REBUTER, repousser, rejeter, it. ribuitare,
de buter ««= bouter. — Subst. verbal rebut,
1 . action de rebuter, 2. clioses rebutées.
REGALGITRER, L. re-calcitrare (calx),
regimber, ruer. — D. adj. récalcitrant.
RÉCAPITULER. L. recapitulare, pr. reve-
nir sur les points principaux (capitula).
RECELER, voy. celer. — D. recel.
RECENSER, L. re-caisere. — D. recense-
ment.
RÉCENT, L. recentem. 1/3 même primitif
latin a donné à Tanc. langue roisant, frais.
Voy. aussi rechinser. — D. adv. récemment.
RECEPER, de cep.
RÉCÉPISSÉ, mot latin, » avoir reçu. Le
sens vient de la formule : X. déclare « avoir
reçu •, etc.
RÉCEPTACLE, L. receptaculum (re-cipere).
RÉCEPTION, voy. recevoir.
RECETTE, voy. recevoir.
RECEVOIR, vfr. reçoivre, du L. recipere. —
D. recevable, receveur, reçu (subst.). Du part,
prés, latin rccipiens vient le terme de chimie
récipient ; du part. fut. pass. recipiendus, le
mot récipiendaire, celui qu'il s'agit de rece-
voir ou d'admettre. — Au supin latin recep-
tum ressortissent les subst. receptio, fr. ré-
ception, et BL. recepta, fr. recepte\ recette,
qui signifie à la fois 1. ce qui est reçu, opp.
à ce qui est dépensé ; 2 fonction ou bureau
de receveur; 3. prescription médicale (it.
ricetta, ail. resept). Pour cette dernière accep-
tion, elle se rattache sans doute au mot ini-
tial des recettes, qui est recipe = prends
^impératif de recipere), d'où le subst équiva-
lent récipé =■ recette. Recette dit donc pr.
• res receptie i», l'ensemble des ingrédients
pris pour fuire la composition d'un remède.
D'un autre côté, le BL. receptum = procédé,
moyen, méthode, pourrait engager à voir
dans receptum et recepta l'eflet d'une con-
fusion avec prœceptum ^ ordonnance.
RECEZ de l'Empire, résumé des délibéra-
tions de l'assemblée des Etats ou de la diète,
lu au moment de la séparation; puis, en
général, loi faite par une assemblée législa-
tive; du L. recessus, action de se retirer,
départ. Le mot se dit en ail. reithstags-ab'
schied. pr. sépaitition ou départ de la diète.
RÉCHAPPER. = re + échapper.
RÉCHAUD, vfr. reschant,&\\hsL vcrb.d'un
verbe réchauder. correspondant fr. de l'it.
riscaldare 'type L. re-ex^alidare).
RÉCHAUFFER, voy. chauffer.
RECHE, anc. resche, rcsque, rude, âpre,
de l'ail, resche, rude, cassant. Dans le midi
de l'Allemagne, j'ai souvent entendu appli-
quer ràsch ou ras, à du fruit àpi*e au goût,
au vin d'une saveur un peu acre. — D. vfr.
et dial. rechin, fém. rechigne, rude, gros-
sier, rébarbatif, qui est. d'après Diez, le pri-
mitif du verbe rechigner, anc. aussi rechû
ner, être de mauvaise humeur (cp. le sens
figuré de Tall. sauer, aigre, et du fr. maus-
sade, pr. = de mauvaise saveur). — Voy.,
contre l'opinion de Diez, celle de Fœrster t
l'art, rechigner.
RECHERCHER; ce verbe fournit un exem-
ple bien sensible du caractère intensitrf du
préfixe re. — D. recherche,
RECHIGNER, d'après Diez, de rechin, voy.
réche. — D'une étude minutieuse consacrée
à ce verbe par Fœrster (Grober, Zeitschr.,
III, 264), il résulte que, dans aucune de ses
acceptions, il ne dérive de réche ou rechin.
Les diverses applications du mot remontent
à l'idée fondamentale « faire la griir.ace,
grincer les dents » et au vha. kifian (« ad-
ridere *>), qui explique aussi les anc. formes
composées (eschignier, reschignier, treshû
gnier, reskignier. — G. Paris (Rom., VIII,
629) adhère au raisonnement de Fœrster,
mais en observant que jusqu'ici les exemples
du changement de ki ail. en chi fr. lui
paraissent douteux. J'avais, dès 1867 {Jahr-
buch fur rom. u. engl. Lit., VIII, 82), eu
l'occasion de relever la glose chinur = gan-
nionem, qui aux yeux de Fôrster assure l'éty-
mologie germanique.
RECHIN, fém. rechigne, voy. réche; ce mot,
inusité dans la langue actuelle, est non pas,
comme pensait Diez, issu de réche {v. c. m.),
mais plutôt un dérivé du verbe rechigner
(«;p. 'délivre de délivrer). C'est de lui que
procède l'it. arcigno, aigre, âpre {far viso
arcigno = rechigner).
R£CHINSER, t. de métier, laver la laine
dans l'eau claire. Ne vient pas, comme dit
Littré, du BL. resincerare; c'est plutôt lo
vfr. rechincier, relaver, rincer, pic. rechin-
chier, rincer à l'eau claire (Corblet). Or, ces
formes paraissent concourir avec prov. recen-
sar, it. (Ferrare)ar5en^ar,'Modène)ar^tn^cr,
(Mantouc) arsanzar, que Diez et, après lui.
Mussafia ( Beitrag, etc. , p. 94; ont traité par le
type latin recentiare{àe recens), pr. renouveler,
rafraîchir. Cette étymologio a été ébranlée par
G. Paris (Rom., IX, 482), qui, objectant que
recentiare eût donné roisancier (voy. plus bas
récent), tient notre mot plutôt i>our appa-
renté à vfr. cinces, chinces, chifibns, lam-
beaux servant à laver.
RECHUTE, du verbe rechoir ^ comme chute
de choir. — D. rechuter.
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REC
— 429 —
RÉG
RÉCIDIVE, du L. recidiviis (re-cidere), qui
retombe (dans la mémo faute). — D. 7-éci-
diuer.
RÉCIF, aussi ressif et rescif, chaîne de
rochci-s à fleur d'eau. Commençons par repous-
ser formellement la baroque opinion de Che-
vallet, qui fait venir récif d*un vocable germ.
de même sens, savoir Tall. ri/f (ou plutôt
d'un anc. ail. riif que nous ne connaissons
pas et qui nous semble bien suspect), angl.
recf, hoîl. ri/. Comment, en vei'tu de quelle
loi ou d'après quels précédents le philologue
français a-t-il pu poser une étymologie de
cette nature? Jamais ni ri/f, ni riif {ht ni
reefiiont pu se franciser par récif. Rien de
plus étranger au génie du fr. que la dis-
jonction d'une syllabe par l'insertion d'une
consonne. Récif, comme nous l'apprend Diez,
est Tesp. , port, ar-recife (en port, aussi recife,^
et vient de l'arabe al-araçaf, arraçaf, rangée
de pierres placées dans l'eau pour passer à
gué. — Roquefort pensait a un type latin
recisiis, taillé, brisé; récif ou recis, cola lui
semblait tout un.
^CIPÉ, voy. recette.
CIPIENDAIRE, RÉCIPIENT, voy. rece-
voir.
RÉCIPROQUE. L. reciprocus. — D. récipro-
cité^ L. reciprocitas ; réciproquet% L. recipro-
care.
RÉCITER, L. re^itare, — D. substantif ver-
bal récit,
RÉCLAMER, L. re-clamare, litt. ^= récrier.
— D. subst. verbal réclame (vfr. masc.
reclain), pr. = rappel ; subst. savant récia-
mation,
RECLURE, L. re-cludere (claudere); part.
reclus, L. reclusus; subst. réclusion, L. ré-
el usio.
RSCOCHER, rabattre une pâte, de cocher*,
prov. cochar, presser, lequel peut s'expliquer
soit par le L. càlcare, fouler (voy. cocher),
soit par une formation barbare coctiare, de
cogère, serrer, condenser (à la rigueur il fau-
drait coichier).
RECOGNER, renfoncer, composé de cogner;
de là subst. verbal recoin, litt. renfoncement,
coin.
RECOIN, voy. l'art, préc.
RÉCOLER, du BL. recolare, repasser, exa-
miner, vérifier de nouveau, lequel n'est pas
nécessairement un métaplasme du L. reco-
1ère, reprendre en œuvre, pratiquer de nou-
veau ; on trouve aussi le simple collare, vfr.
coler, au sens de coUationner, vérifier, lequel
parait avoir été dégagé du part, collatus (con-
ferre), comme prostrare de prostratus, —
D. récolement.
RÉCOLLET, du L. recollectus, recueilli,
part, de 7'ecolligere, recueillir. En langage
théologiquo ou ascétique, on se sert encore du
terme se récolliger p. se recueillir, qui est le
vrai mot roman correspondant. Le même par-
ticipe recollectus, recueilli, contracté en re-
colctus, recoltus, a produit le subst. féminin
récolte (cp. lexpr. cueillette, de cueillir), it,
raccolta.
RÉCOLTE, voy. Tart. préc. — D. récolter,
RECOMMANDER, intensitif du L. commen
dare (mandare), confier.
RÉCOMPENSER, pr. compenser un service.
Le mot fr. répond à la fois, pour la valeur, au
cps. L, com-pensare, pr. donner un équiva-
lent, et au cps. L. re-pensare, payer en retour.
— D. récompense.
RÉCONCILIER, L. re-conciliare, pr. rame-
ner, rapprocher, mettre d'accord.
RÉCONFORTER, voy. conforter, — D. ré-
confort.
RECONNAITRE joint à l'idée du simple con-
naître celle d'une seconde ou nouvelle présen-
tation de l'objet. C'est le L. re-cognoscere, =
1 . se rappeler ; 2. examiner. Le fr. ajoute à
ces acceptions classiques celle de « accepter
ou avouer une chose comme réelle, comme
vraie, comme légitime »»; c'est là le résultat
de l'examen. La reconnaissance ou constata-
tion d'un service implique ou entraine l'idée
de gratitude; de là le terme reconnaissant,
devenu synonyme du L. gratus. Ce dernier
mot latin devait se romaniser en gré, maïs gré
existant déjà à l'état de subst. représentant le
neutre ^ro^um, il a fallu recourir à une autre
façon d'exprimer la même chose. Le contraire
de gratus nous est toutefois resté dans le mot
savant ingrat, — D. reconnaissant, -ance,
-able,
RECOQUILLER, retrousser en forme de
coquille. On trouve aussi recroquiller,
RECORD, voy. l'art, suiv.
RECORDER, L. re-cordari, remettre à l'es-
prit, pr. au cœur (cp. notre expr. apprendre
par cœur). De là le subst. record, pr. récit
d'un fait (anc. =3 souvenir, mémoire), puis
témoignage, attestation, témoin (pour cette
conversion du sens abstrait en sens concret,
cp. témoin, de testimonium). Record, témoin,
cependant, n'est resté dans la langue que
sous l'ancienne forme nominativale recors.
RECORS, voy. l'art, préc.
RECOURIR, L. re-currerc, 1. courir en
arriére, 2. courir de nouveau, 3. avoir recours
à. C'est à la 3® acception latine que se rattache
celle du subst. fr. recours, == L.7*eci<rju^ (lequel
n'avait pas encore le sens du mot français;.
RECOURRE", reprendre, retirer qqch.
d'entre les mains de ceux qui l'emportent. Du
BL. re-cutere (= rétro quaterej, res captas
recuperare, eripere. Ce verbe, par son étymo-
logie, emporte l'idée de faire lâcher prise en
employant la force, en frappant. Du part, re-
cussus (vfr. recous, échappé, délivré) vient le
subst. recousse (cp. le vfr. secourre' = succu-
tere et son subst. secousse). I>a forme variée
rescourre*, d'où rescousse, représente le type
L. re-excutere. Voy. aussi escousse,
RECOURS, voy. recourir,
RECOUSSE. voy. recourre.
RECOUVRER, du L. recuperare, que les
savants ont inutilement reproduit sous la
forme récupérer, — D. recoum'emcnt, -able.
RÉCRÉÂNCE, =» nouvelle créance, de vfr.
rea^oire au sens de confier à nouveau, remettre
en ci^dit.
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REG
— 430 —
RÉD
RECRÉER SB créer de nouveau, et récrébr,
ranimer, délasser, amuser, du L. re-creare,
qui réunissait déjà les deux acceptions. —
D récréation, -atif.
RÉGRÉMENT, L. recrementum, déchet,
excrément (re-cemo).
RÉCRIER (SB), = re -f- écrier, pr. répondre
par un cri. Pour le sens fig., cp. le L. re-cîa-
mare.
RÉCRIMINER, BL. recriminare, pr. ré-
pondre à une incrimination. — D. récrimina-
tioti, récriminatoire.
RECROBILLER (SE), se contracter; de la
même racine croh que nous avons mentionnée
sous rabougrir.
RECROÎTRE, voy. recrue.
RECROQUEVILLER, comme recroquiîler,
paraît être un mot altéré de recoquiller,
moyennant l'immixtion de Tidée de ci^oc, chose
recourbée, repliée.,
RECRU, anc. recreft, harassé, fatigué, qui
no peut plus fournir à la peine ; le même sens
s'attachait autrefois à recréant, lequel prenait,
en outre, le sens accessoire de lâche, sans
courage. Ce sont des participes de l'ancien
verbe recroire, qui, ainsi que son correspon-
dant BL. recredere, signifiait « s'avouer
vaincu, lâcher prise »», litt. s'en remettre (se
confier, L. se credere) à la merci du vainqueur.
Or, on ne demande quartier que quand on est
à bout de ses moyens ou quand on n'en peut
plus. A nos mots fr. recru et recréant (dans
les patois rêcrant) répondent les anc. mots it.
recreluto et rea'cdente, prov. recresxU et
recrezens == convaincu. Le terme fr. rendu
fournit un analogue parfait; il dit 4a môme
chose que recru, par le même enchaînement
logique. On a, par une bévue bien étrange,
rapporté recru à recrudescere, qui dit juste le
contraire. L'abbé Cor blet, au mot recrand,
cite une étymologie requiem requœrans (sic) ;
c'est de la plaisanterie.
RECRUDESCENCE, du L. recrudescere, pr.
redevenir cru, violent; on parlant des blessures
=-= se rouvrir.
RECRUE, subst. part, du verbe recroitre,
pr. accroissement, spéc. renouvellement, ren-
fort de troupe, nouvelle levée de soldats, puis
homme de la nouvelle lovée. — A côté do re-
crue, il a dû exister une forme recrute (elle se
trouve d'ailleurs encore en champ.; cp. cheii,
fém. cJiciUe, d'où chute) \ c'est par elle que je
m'expliquais jusqu'ici les formes étrangères
ail. rekrut, angl. recruit, it. et esp. recluta
et particulièrement notre verbe r<?c/*M^^; mais
la lecture de l'art, suivant fora voir que cette
exi)lication n'a que l'apparence de la vérité.
RECRUTER, mot introduit au xvii» s. (voy.
Littré). D'après G. Paris (Lemke's Jahrbuch,
XI, 158), ce verbe est indépendant de recrue
et représente ime altération do l'anc. verbe
recluter, rapiécer. « Recluter ou recruter un
régiment, c'est le rapiécer, lui remettre des
morceaux qui manquent ; c'est une métaphore
populaire, aussi les dictionnaires du xvii* s.
avertissent-ils que « ce mot n'est pas du bel
usage ». De recruter un régiment, on en est
venu, mais tard, à dire « recruter des hommes
pour un régiment ». Quant à recluter, rapié-
cer, il vient, dit G, Paris, du vfr. dut, mor-
ceau, pièce d'étoffe, mot germanique. =
norois Mutr, suéd., dan. hlut, angl. clout,
morceau d'étoffe, chiffon. Notez que Fit. dit
encore reclutare et l'esp. reclutar pour recru-
ter, et recluta pour recrue. Faut-il en con-
clure que notre subst. recrue (anc. recreue)^
qu'on trouve dès le xvi* s., doive aussi se
rattacher à clufi Nullement; je pense plutôt
que c'est lui qui a déterminé la forme recruter
p. recluter. »
RECTANGLE, du L. rectus angulus, angle
droit. — D. rectangulaire.
RECTEUR, L.rcctorcm (de r^erc; cp. régent
o= professeur, du part, regens). — D. recto-
rat^ -al.
RECTIFIER, L. rectificare, d'où rectifica-
tionem, fr. rectification.
RECTITUDE, L. rectitude.
RECTO, s. e. folio, phrase lat. = au feuil-
let droit.
REÇU, subst., voy. recevoir et récépissé.
RECUEILLIR, L. re-^lligere (voj. cueiUir
et récoUet), — D. recueil, recueillement.
RECULER (it. rinculare), aller ou mettre
en arrière, du L. ciUus, cul (cp. ail. sich
àrsen, flam. aerselen, de ars, cul). — D.
recula reculement, -ode; reculé (adj.;; recu-
lons fà).
RÉCUPÉRER, L. recuperare, voy. recou-
vrer.
RÉCURER, voy. écurer.
RÉCUSER, L. re-cusare, l'écuser, refuser
(dérivé de causa),
RÉDACTEUR, RÉDACTION, voy. rédiger.
REDAN, t. de fortification, certains ou-
vrages disposés à peu près en dents de scie,
de manière qu'ils se flanquent ou se défendent
réciproquement. Redan est une déviation
orthographique de l'anc. forme redent, pr.
ouvrage dentelé, subst. verbal d'un verbe
redentcr. Cp. les expressions ail. sàge^voerh,
angl. saw-work, ouvrages en scie.
RÉDAR6UER, de redargutare*, dér. de
L. red-arguere, réfuter une accusation.
REDDITION, L. redditionem (de redâere).
RÉDEMPTEUR, L. redemptorem (red-
imere); rédemption, forme savante du mot
7^ançon (v. c. m.;, L. redemptionem.
REDEVOIR, 1. devoir de nouveau, être en
reste après règlement d'un compte, 2. devoir
en retour ; à cette dernière acception (inusitée)
se rapf)ortent les dérivés redevable, redevance.
RÉDHIBITION, L. redhibitiotiem, action
do reprendre ou do rendre un objet vendu
qui a un défaut; râlhihitoire, L. redhibito-
rius ; du verbe red-hibere, pr. avoir de retour,
faire reprendre, reprendre.
RÉDIGER, L. red-igei'e (agere), mettre en
un état; en particularisant le sens, le mot
s'est dit p. mettre en ordre, puis en sens spé-
cial, arranger un écrit. Le BL. ne connais
sait pas encore le sens moderne de redigere.
— Du supin redactum : les subst. rédacteur,
rédaction.
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RÉF
— 431 —
REF
RIBDTMISR (SE), se racheter. L. redimere
(emere). Le vfr. avait raembre.
REDINGOTE, corruption de l'angl. riding-
cocU, liabit pour monter à cheval.
REDIRE, 1 . répéter, 2. reprendre, blâmer.
— D, redite , rediseur,
RÉDONDSR, L.red'Widare (unda), refluer,
être superflu (cp. super-fluus^ pr. qui coule
par-dessus). — 1). redondant ^ -ance.
REDORTE, t. de blason, branches retortil-
lées en anneaux, p. retorte, du L. retortiis,
tortillé.
REDOUBLER, renforcement de doubler.
REDOUL, voy. roudou.
REDOUTE, t. de fortification, de Fit.
ridotto, = L. reductus, retraite, réduit. L'it.
ridotto ou riduito signifie aussi un lieu où
l'on se réunit pour le jeu ou la danse, de là le
fr. redoute = assemblée où l'on se divertit
(dans ce sens on employait anc. aussi le vrai
corresp. fr. réduit), lieu public pour bals,
puis bal public. Par une confusion avec le
verbe fr. redouter (type re-dubitare), les An-
glais ont rendu redoute, t. de fortification,
par redoubt; les Allemands, par la même
méprise, l'ont traduit par schrechschanie,
litt. = fort d'épouvante.
REDOUTER, it. ridottare, piov. redoptar,
renforcement de douter (v. c. m.), hésiter,
craindre. — D. redoutable.
REDRESSER, litt. » remettre droit.
RÉDUIRE, L. reducere, ramener, retirer,
dont le supin reductum a donné le subst. bL.
reductus = locus sccretus, rcfugium, d'où it.
ridotto, fr. réduit (\oj, aussi redoute) ; reduc-
tio, fr. réduction ; réductible, réductif.
RÉEL, L. realis (res). — D. réalité, L.
realitas; réaliser ; néolog. réalisme, -iste.
RÉFECTION, repas. L. refectionem, répa-
ration, restauration, subst. de reficere =
refaire. Cp. le sens métaphorique de restau-
rer. Du BL. refectoiHum, lieu où Ton • se
refait, se rastaurc », vient réfectoire; en vfr.,
par l'insertion de r (cp. fronde p. fonde), on
trouve refreitour, refroitour; le prov. a de
même refreitor, à côté de refcctor ou refei-
tor.
RÉFECTOIRB, voy. l'art, préc.
REFENDRE, intensif et itératif do fendre;
de là le subst. verb. refend dans : mur de
refend, qui sépare les pièces au dedans d'un
bâtiment.
RÉFÉRÉ, pr. rapport ; de référer.
RÉFÉRER, du L. re-ferre, litt. = rappor-
ter. Du supin relatum viennent : relatio, -tor,
-tivus, fr. relation, -teur, -tif et le fi*éq.
relater. — Du part. fut. pass. (pUir. neuti*e)
refercnda, =» choses sur lesquelles il s'agit de
faire rapport, vient referendarius, fr. référen-
daire.
RÉFLÉCHIR, it. riflettere, cat., esp., port.
reflectir, du L. re-flectere, pr. recourber, re-
tourner (de là le sens mod. répercuter). Le
sens « penser, méditer » se rattache à l'expr.
latine « reflectere auimum *». repoi-ter son
esprit, son attention sur qqch. — D. ré flé-
chissement (substantif du verbe au sens phy-
sique). — Du supin re/Urum viennent : L.
reflexio, fr. réflexion et les néolog. ré flexible
et réflexif. — Le verbe L. reflectere a égale-
ment produit une forme fr. de la 1^ conju-
gaison : refléter (cp. en esp. reflectar et refle-
jar), — C'est à cette forme anc. reflecter
qu'il faut rapporter le subst. réflecteur (car il
n'existe pas de mot reflector en latin).
REFLET, subst. verbal de refléter; l'anc.
mot reflex reproduisait le L. réflexes.
REFLÉTER, voy. l'art, préc. — D. reflet.
RÉFLEXION, voy. réfléchir.
REFLUER, L. re-fluere, couler en arriére,
d*où (par le supin refluxum) le subst. reflur
xuSytr. reflux,
REFLUX, voy. refluer.
REFORMER (=s> former une deuxième fois)
et réformer, rétablir dans l'ancienne forme,
rectifier, etc., du L. reformare, — D. ré-
forme {d!oii le néol. réformiste) ; réformé, par-
tisan de la réforme ou réformation religieuse,
calviniste, protestant.
REFOULER, 1. fouler une seconde fois, 2.
pousser en arrière. — D. refoulement, -oir.
RÉFRAGTÂIRE, du L. refractarius (re-
fringere). rebelle, qui regimbe ou résiste.
RÉFRACTER, du L. refractum, supin de
refringere, briser, réfracter, d'où aussi le
subst. refractionem, fr. réfraction, et refracti
vus, fr. refracti f A une forme re-frangere se
rapporte le terme de phvsique réfrangiblc.
REFRAIN, prov. refranh (esp. refran, port.
rcferâo = proverbe;. On a maladroitement
expliqué le mot soit par une forme mons-
trueuse refe7'aneus, de re ferre (quod refora-
tur, repetatur sœpius;, soit par refrenarc,
refréner. Do même que le prov. refranh se
ratt^he à refranher = L. refrangere, le fr.
refrain représente le subst. verbal du vfr.
refraindre. Le refrain est donc étymologi-
quement l'équivalent de coupure, brisure;
c'est pr. un vers intercalaire, qui interrompt
une suite de strophes. Ou bien refraindre
étant pris, comme réfracter, dans le sens do
réfléchir, répercuter, nous dirons, conformé
ment à l'origine de la chose : refrain signifie
pr. réponse, écho, antistrophe, puis mots ou
vers répétés. Notre étymologio se confirme
par la comparaison de la forme vfr. (et angl.)
refret, qui évidemment représente le L. refrac-
tus. — En t. do marine, le même mot refrain
ou refrein s'applique au bris des vagues con-
tre les rochei-s.
REFRÉNER, du L. refrenarc (de frenum,
frein).
RÉFRIGÉRANT, -ATIF, -ATION, du L. re-
frigerare (frigus), refroidir.
RÉFRINOENT, du L. refringere, briser,
réfracter.
REFROGNER (ou renfrogner), anc. refroi-
gner, plisser, contracter le visage, en signe
de douleur ou de mécontentement. Ce mot n'a
pas de rapport étymologique avec L. frons,
front, ou avec son dér. froncer. Il parait être
de la même famille que l'it. infrigno -^^ qui a
le front ridé, soucieux, et le lomb. frignare,
pleurer, pleurnicher. Diez, dans l'hypothôse
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RÉF
432 —
RÉG
que frignare est p. flignare^ propose une ori-
gine de Tallemand flennen, suéd. flina, angl
frine, faire la grimace, pleurer. L'angl. tra-
duit frogner par frovm. — Autre e&t l'expli-
cation de Hugge (Rom., IV, 356) : refrognter
accuse pour primitif une forme germanique
'frunjan, qui répondrait à suéd/ ryna, con-
tracter et plisser le visage en signe de mécon-
tentement (il se dit d'un homme et d'un che-
val). — Cette étymologie me fait reveiûr sur
mon explication de frongnier dans ce passage
de Froissart (Chroniques). « Le cheval... se
commença à hennir et à frongnier et à frapper
du piet en terre », où j'ai identifié frongnier
avec vfr. fronchier, fronker, ronfler (vcy.
mon Glossaire.) — La Iforme renfrogner auto-
rise à admettre comme ayant préexisté un
verbe en frogner répondant à it. in frignare;
je ne le rencontre pas dans Godefroy, mais je
n'en demande pas moins si l'adjectif vfr. en-
frum, au sens de morose, refrogné, constaté
par de nombreux exemples, n*est pas appa-
renté au mot qui nous occupe et le correspon-
dant de l'ital. infn'gno, Cetenfriim-ci serait
alors un liomonjrme d'un autre enfrum «=
mangeur, glouton, avare, que Diez explique
par L. in-frumcit. « dans le gosier ».
REFROIDIR, factitif ou inchoatif de froid,
REFUGE, L. refugium; la vraie forme
française est refui, encore usitée comme
terme do vénerie (cp. prov. refiig, refuy), —
D. réfugier (se)^ d'où le subst. réfugié.
REFUIR, L. re-fugere. — D. subst. parti-
cipial fém. re fuite,
REFUS, voy. l'art, suiv.
REFUSER, it. rifusare, port. . prov. refuser,
esp. rehusar ^esp. A =* /*). Rien ne semble
plus naturel que de voir dans ces mots une
variété de réfuter, it. rifiutare, prov. refudar^
qui signifient, du moins en ce qui concerne
rit. et le prov. , la même chose que refuser,
et qui reproduisent le L. refutare, repousser,
lequel, dès les premiers temps du moyen âge,
avait pris la valeur de respuere, rejicere.
Mais comment expliquer ce changement inso-
lite de ^ en « doux? Dans l'impossibilité do le
faire, Diez conjecture que Vs est l'eflet d'une
assimilation au verbe équivalent recusare,l\ y
aurait en en quelque sorte fusion entre les
deux vocables refutare et recusare. Je tiens
cette explication en réserve pour le cas que la
conjecture que je vais présenter no serait pas
jugée digne d'être approuvée. Le latin refun-
dere signifie très souvent refouler, repousser,
rejeter ; son fréquentatif naturel est refusare,
qui fournit, me semble-t-il, une étymologie
très convenable au roman refusarc, — Bra-
chet fait découler refusa* d'un type barbare
refutiare^ mais outre qu'on n*a aucun exemple
de la finale lat. iare appliquée ailleurs
qu'après des formes participiales ou des adjec-
tifs en tus, cette forme fictive eût produit
refuiser (cp. aiguiser, menuiser, de acutiare,
minutiare), — Voy. aussi ruser, — D. subst
verbal refus,
RÉFUTER, du L. refutare (de futare,
accuser}.
I REGAIN, reprise de santé (peu usité),
subst. verbal de regagner,
2. REGAIN, deuxième foin. Quoi qu'en ait
dit Jacques Sylvius, qui traduisait ce mot par
•• secundum lucrum », regain, dans l'accep-
tion en question, ne vient pas de regagner. U
se peut, toutefois, que cette fausse étymologie
ait déterminé le préfixe re. La chose s'est dite,
en vfr., gaXn, toaïn, vuin, voin, qui est le
correspondant du wallon voayen, lorr. t>eyn,
rouchi %oaimiau, norm. roKÎn, it. gucUim.
Toutes ces formes appuient l'étymologie posée
par Diez, savoir celle du vha. toeida, nourri-
ture, herbe (ou du verbe toeidôn, nourrir), au
moyen du sùfSxe roman ime. La forme mo-
dèle serait donc guadime, d'où guatme (cp. it.
guastime do guastare), fr. gaïn, gain, — Du
reste. ^o^néîr (v. c. m.) est de la même famille
que v)eida, — 11 aura suflS de recueillir les
correspondants étrangers du fr. re-gain pour
faire ressortir la fausseté des explications
données soit au moyen de re-foin (d'où serait
venu revoin, puis regain), ou de L. re-scca-
men (res'camen), seconde coupe.
RÉGAL, it., esp., port, regalo; ce mot ne
représente pas, comme on afiBrme souvent,
le L. regaie s. e. convivium, festin royal.
C'est le subst. verbal du verbe régaler (voy.
ce mot).
RÉGALE. ^ droit régalien, et dans le
terme chimique « eau régale », du L. regalis,
royal. — D, régalien,
1. RÉGALER, it. regalare, esp., port.
regalar, Diez, dans l'hypothèse que le mot it.
et fp. est importé de l'Espagne, établit, pour
l'esp. regalar, l'étymologie que voici. Du latin
regelare, faire dégeler, réchaufier, sest pro-
duit (à une époque où le g latin avait encore
conservé sa valeur gutturale devant é\ le verbe
esp. regalar, qui, à Torigine, signifiait liqué-
fier, fondre. Cette signification, dont M. Diez
fournit les preuves, s'est perdue, mais il est
resté celle de réchaufier, au fig., caresser,
prendra en amitié, faire bonne chère (dans
i'anc. sens do bon accueil). Il ne faut pas
perdre de vue que le verbe régalei" n'implique
nullement dans le principe l'idée d'un repas,
et que l'on employait aussi ce verbe avec le
sens de gratifier d'un présent. Diez ajoute à
sa démonstration la remarque que le subst.
regiel =» caresse, qui se trouve dans le chant
d'Eulalic : « por manatce, regiel ne preie-
ment » , = ni par menaces, ni par caresse, ni
par prière (Chevallet a conimis ici une méprise
en liant regiel avec manaice et en traduisant
« par menace royale »), autorise â présuppo-
ser également pour le fr. un verbe regéler,
correspondant à Tesp. regalar, caresser. —
Malgré toute la plausibilité de cette étymo-
logie, en ce qui concerne l'enchaînement des
significations, il nous reste quelques doutes,
d autant plus que régaler, qui se rencontre
dès le xiv« siècle, ne parait nullement em-
prunté à l'esi^ignol, et nous nous demandons
si le vfr. galer, déployer de la magnificence,
être prodigue, s'amuser, et régaler (voy. sous
galaj, ne fourairait pas une étymologie con-
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REG
433 —
REG
venablc pour le mot roman regalare, festoyer,
traiter amicalement. Littré incline également
vers cette dernière manière de voir, ainsi que
Suchier (Grôb., Ztschr., I, 431). — D. régal
anc. aussi régale) ; régalade.
2. RÉGALER, partager en parts égales,
niveler, étendre également, = re -j- égaler.
— D. régalemerU,
RE6ÂRDBR, voy. garda*. Littré décompose
regarder en re + vfr. esgarder (d*où égard) ;
c'est une erreur, l'ancienne langue ne présente
pas la forme r esgarder. — Pour regarder
«=» intéresser, cp. le t. concerner (du L. cer-
nere^ voir) et L. spectar'e. — D. subst. verbal
9'egard.
RÉGATE, course de barques à Venise, du
vénitien regaJUa, pr. émulation, lutte.
RÉGÉNÉRER, L. re^enerare.
RÉGENT, lu. regens (regere). — D. régence;
verbe régenter.
RÉGICIDE, formé de rea?, régis, roi, sur le
patron de parricide, etc.
RÉGIE, subst. participial féminin du verbe
régir, litt. «= administration.
REGIMBER; « quasi rg'amber, jecter la
jambe rière ou derrière ». Cette étymologie
do Nicot, fort accréditée encore de nos jours,
n'est pas fondée. Regimber est la forme nasa-
lisée du vfr. regtber (on trouve aussi regiper
et f/iber tout court). Voyez le mot gibier.
RÉGIME, prov. regisme^ du L. regimen,
gouvernement, conduite (de regere). Pour
regimen, la moy. latinité disait aussi regimen-
Uim, = vitse ratio, d'où a été tiré, avec un
autre sens, le fr. régiment. Ce dernier subst.
ne signifie au fond que commandement (il se
rattache à regere, comme commandement à
commander)\ de là l'acception « corps placé
sous un même commandement». Les Anglais
et les Allemands se servent encore du mot
régiment dans le sens du fr. régime.
REGIMENT, voy. l'art, préc. — D. régi-
mentaire.
REGINGLETTES, pièges pour les petits
oiseaux, dont Littré donne la description
détaillée et dont l'étymologie est inconnue.
Littré rapproche le mot du Berry regingxier,
regimber, qui vient do gigue, jambe. Selon
moi, d'un verbe hypothétique regiglcr, nasa-
lisé regingler, faire jaillir, lancer en arrière,
cps du mot populaire gicler, jaillir, L. jacu-
laie, lancer.
RÉGION, L. regionem (le vfr. en avait fait
rogon). — D. régional.
RÉGIR, L. regere. — D. régisseur, régie
(v. c. m.).
REGISTRE, REGITRE, it., esp. registro,
poi-t. regislo, BL. registnim, forme gâtée du
L. regestum, « liber in quem regei'untur com-
mentarii quivis vel epistola^ summorum ponti-
lîcum n (Du Cange). L'intercalation de r après
t on d précédé de consonne est un fait ordi-
naire (cp. perdrix p. p€7'dix, vfr. ccJestrc,
tristre p. céleste, triste, et arbalestre p. arba-
lesté\. — D. enregistrer.
RÈGLE, L. régula (regere). — D. régler,
L. regulare; réglet, réglette. — I^q régula,
par syncope du g, vient la forme vfr. reide,
rieule, angl. rule = règle.
RÉGLER, voy. règle. — D. règlement, d'où
réglementer, réglementaire; cps. déréglé. —
Au type latin regulare se rapportent les
termes savants régulateur, -ation.
RÉGLISSE, it. regolijiia, esp., port, regalis,
prov. regalicia, regulecia, picard regoliche.
Ces formes sont toutes basées sur la transpo-
sition des liquides r et l. \jQ mot réglisse est
pour légrisse (cp. les formes vfr. licorice, ït.
legoriiia et l'ail, lakritze) et vient du L.
liquiHtia, qui est une altération du gr. yAw-
/.0/9/îc^?a, litt. = racine douce.
REGNE, L. regnum; verbe régner, L. re-
gnare.
RÉGNIGOLE, qui habite le royaume, du L.
regni'Cola, qui regnum colit.
REGORGER, pr. ressortir de la gorge, puis
s'épancher, déborder, etc.
REGOULER, 1. rassasier jusqu'au dégoût;
2. apostropher de paroles dures, pr. renvoyer
à coup de gueule (cp„ engueuler)^ de goule*
= gueule = L. gula.
REGRAT, voy. l'art, suiv.
RBGRATTER, 1. gratter de nouveau; 2.
faire des réductions sur les petits articles d'un
compte; puis faire des petits profits. Du
temps de Nicot, le mot signifiait « refaire
comme neuf », acheter une chose pour la
vendre plus cher. — D. regrat, vente en
détail ; regrattier, fripier, -erie. — On trouve
dans Palsgrave (p. 215) regreteur comme tra-
duction de • dressar of gownes or other gar-
mentes » ; Nicot : regrateur = qui remet à
neuf de vieilles choses pour les revendre. L'it.
dit pour regrattier = revendeur, rigattiere^
Tesp. regaton; ces derniers sont-ils de sources
distinctes, ou tiennent-ils au mot français?
Flechia tire rigattiere de ricattare, racheter.
REGRÉS, pouvoir do rentrer dans un béné-
fice qu'on a résigné, du L. re-gressus, retour,
rentrée.
REGRETTER, désirer ravoir une chose
perdue, anc. = pousser des plaintes au sujet
d'une personne perdue. L'étym. généralement
reçue est un type L. requiritari, composé de
queritari, fréq. do queri, se plaindro. Pour
la permutation de qu en g, on peut alléguer
Guiennc de Aquitania, vfr. fregonder de
frequentare; et quant au maintien du t, quel-
que insolite qu'il soit (cp. quiritare, fr. crier),
on peut au besoin, dit Diez, rapprocher fuite
p. fuie.— Mahn présente une autro solution.
11 part du L. gratus, agréable, reconnaissant
(d'où le neutre gratum, chose agréable, qui
plait, complaisance, merci, type de l'it., esp.,
port, grado, livov. grat, fr. gret, gré), d'où
découlent it. gr adiré, prov. grazir et les com-
posés it. aggradire, aggradare, fr. agréer, etc.
Si donc l'on rencontrait un prov. regradar ou
regredar, il signifierait nécessairement « avoir
de retour avec plaisir, reprendre avec recon-
naissance » et répondrait, pense-t-il, parfai-
tement au sens et à la lettre du fr. regreter
(auj. regrette^'), Or, ce mot prov., qui jusqu'ici
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RËH
— 434
R£L
avait fait défaut, Mahn pense l'avoir décou-
vert dans un passage de Girard de Rossillon.
Regreter vient donc, d'après lui, de la forme
vfr. gretf comme le prov. 7*egradar de grado,
— Diez, dans sa réplique à Mahn, combat
cette étymologie par des raisons tant logiques
que phonologiques et se rallie à celle de
M&tzner, qui, appuyant sur le sens « plain-
dre H, attaché anciennement au mot regret*
ter, renvoie au goth. gretan, nord, grata,
ags. graetan, graedan, anc. angl. grate, pleu-
rer, plaindre. — Feu mon excellent maître et
ami Chavée (Revue de linguistique, 1868,
t. I, p. 224) établit pour signification fon-
cière de regret « recroissance, pousse nou-
velle «, signification perdue pour le français,
mais conservée en wallon p. ex. dans H regret
d*on mau, la recrudescence d'une affection
morbide. Il tire ainsi notre mot du L. recretum,
partie, passé de recrescere. Il compare, pour
la forme, L. secretum, vfr. segret (la persistance
du t dans le dérivé regreter ne le préoccupe
})as); pour le développement de l'idée, il in-
voque l'expression italienne mi rincresce,
tœdet me, je suis fâché, je regrette. Tout
cela sourit, mais ne se concilie pas avec le
sens ancien * demander, appeler (au secours),
plaindre, pleurer (un mort) », dont il fauttenir
plus de compte. — Littré (1869), appuyant,
comme Chavée, sur Tidée de retour, recru-
descence d'un mal, propose L^re-gradits, qui
aurait donné regret, comme de-gradus a fait
vfr. degret ; il justifie le t dans regreter
(p. regrcder) par rexem[)le de convoitise (p.
coiivoidisc) et de piéton (p. picdon), — En
somme, do toutes les conjectures indiquées ci-
dessus [le regret wallon pourrait bien n'être
(ju'iin homonyme connexe avec l'it. rincres-
cere], c'est celle de Mâtzner qui satisfait le
])lus soMs tous les rapports; elle se recom-
mande en outre par la circonstance que
l'absence du mot regretter dans les autres lan-
gues romanes lie jirov. regretar ne se trouve
que dans une rédaction demi-provençale de
Girard de Rossillon) rend, selon l'observation
de Diez, une origine germanique trèi pro-
bable. — Je m'étonne qu'à côté de requiritari
on n'ait pas plutôt invoqué reguiritare, rede-
mander (fi*équont. de reqiiirere), qui se trouve
dans Plante. Quant aux opinions de Ménage
et de Le Duchat, qui alléguaient l'un le L.
r.egrcssus, retour, l'autre un type regradcUare
(tiré de gradatits), nous ne les citons que pour
mémoire. — J'ai rencontré deux exemples
d'une forme regrater; l'un (cité par Littré)
dans le Romancero : * Soupirant prist à 1er-
moyer Et regraie son dru Helier t» ; l'autre
dans le Perceval de Chrétien de Troie, v.
2493 : • Issi li rois pleure et regrate Le var-
let et fait ciere mate ». C'est, me semble-t-il,
un nouvel argument en faveur de l'étymologie
germanique. — D. regret^ subst. verbal;
regrettable.
'régulateur, voy. règle.
RÉGULIER. L. regulaiis (ivgula). — D.
régularité, L. regularitatem ; nyulaHser,
RÉHABILITER, BL. rehabililare, in iute-
grum restituere, composé de habilitare = ha-
bilem i. e. idoneum reddere, vfr. kabiUter.
REHAUT, t. de peinture, parait être un
subst. verbal mal formé de rehausser,
REIN, anc. esp. et it. rené; esp. mod.
rinon, du L. ren (d'où l'adj. renalis, fr.
rénal). — De rein vient le composé vfr. esre-
fier, nfr. éreinter (cp. le prov. des-rettar, de-
regnar, m. s.). On a de même fait abusive-
ment, en t. de vénerie, reinté p reine, — D,
rognon N. c. m.).
REINE, vfr. reine, rotne, du L. regîna.
REINETTE, sorte de pomme, voy. raine,
RÉINTÉGRER, L. red-integrare.
RÉITÉRER, du L. iterare; le préfixe re
constitue ici un vrai pléonasme.
REITRE, aussi rétre, mot introduit au
xvi* s., de l'ail, reiter, cavalier.
REJETER, L. re-jectare (rejicere). — D.
rejet, l . action de rejeter, 2. nouveau jet, de
là rfjeton.
RÉJOUIR, = re (préfixe intensif, -f
e^oitir, voy, jouir, — D. réjouissance.
A
RELACHER, desserrer, détendre, inter-
rompre le travail, etc., du L. re-laxare (en t.
de palais, on dit encore relaxer un prisonnier),
voy. lâche, — D. relâche, relâchement,
RELAIS, RELAI8SBR, voy. relayer,
RELANCER, 1. lancer de nouveau (t. de
chasse), de là fig. aller chercher qqn. au lieu
où il est, le faire sortir de son repos, pour
l'engager àqqch., puis importuner; 2. laiicer
loin, repousser, répondre rudement aux pro-
positions de qqn.
RELAPS, L. relapsus (re-labi), retombé.
RELATER, -ATION, -ATIP, voy. référer,
RELAXER, voy. relâcher.
RELATER, itératif de loger (vieux verbe
signifiant laisser, cesser, voy. laisser); il
exprime les arrêts successifs dans une course
ou dans un travail quelconque. Reloger^
neutre, signifiant cesser, prend, au sens actif,
la valeur de faire cesser un travail à qqn. pour
le reprendre soi-même. — De même que le
simple layer est, pour le sens, identique avec
laisser et lâcher, on trouve aussi relaisser
dans le même sens que relayer, c.-à-d. i^elà-
cher, discontinuer, s'arrêter. — Le subst.
verbal de relayer est relai (encore consené
dans l'angl. relay, relais); celui de relaisser
est relais, dont le sens propre est arrêt, halte,
c.-à-d. action de s'arrêter, puis action de
relayer, c.-à-d. de relever ceux qui ont tra-
vaillé (cp. angl. release, repos). Frisch avait
songea l'angl. lay, placer, poser; cette ma-
nière de voir n'est pas à dédaigner, je l'avoue;
le mot angl. re-lay serait dans ce cas analogue
au fr. =■ re-poser. Relai serait aussi étymo-
logiquement rapproché de son synonyme
poste, qui vient de ponere. Cependant, si
cette dernière étymologie devait prévaloir, il
faudrait exjiliquer 1'^ du subst. relais comme
un reste de l'ancien nominatif, comme dans
lacs, corps, recors, etc., ce qui ne se présente
généralement que dans des subst. se termi-
nant par des consonnes. — Littré est d'avis
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•REM
--435 —
REM
que relayer est un mot récent et irrégulière *
ment formé du subst. relais. Diez (3** éd.) pa-
rait partager cette opinion.
RELÉGUER, L. relegare, renvoyer.
RELENT, mauvais goût, goût de moisissure
prov.rc^, cat. rc/fe>î^;rétjm. L. redolentem
[red'leiiteni) = qui exhale de l'odeur, ne s'ac-
corde pas avec le sens foncier, qui parait être
Lumide et visqueux, ni avec la forme simple
le}il, que pi-ésente le patois do Genève. Littré
s'adresse donc au L. lentus, visqueux, gluti-
neux, en s'appuyant encore de la signification
d'humide qu'avait l'adj. lent à Paris au
XVII® siècle.
RELEVER, intensif et itératif de lever; =
chausser, l'émettre debout, rétablir, faire
ressortir, etc. — D. relèvement ^ relevailles,
relevé, relevée; puis le subst. verbal relief
(cp. grever et grief), I. état de ce qui est
relevé, ou qui fait saillie (de là le terme d'art
haut- ou bas-relief], 2. ce que l'on relève de
t^ble, reste, 3. droit de mutation. Les formes
correspondantes de relief sont : BL. rele^
vium, prov. releu, cat. relleu, esp. relieve,
it. rilevOy relievo, angl. relief. Le môme rap-
port littéral qui existe entre le prov. releu et
le vfr. relieu (d'où, par le durcissement de u
ou V en f, la forme relief), se présente entre
prov. feu et vfr. fieu, d'où fief
RBLIEP, voy. relevei\
RELIER, L. re-lîgare. — D. relieur, -ure,
RELIGIEUX, L. reliogiosus.
RELIGION, L. religioiiem. — D. religion-
uaire et coreligionnaire. L'ancienne langue
donnait à religion aussi le sens d'état monas-
tique et de couvent ; il nous on est resté la
locution « entrer en religion ». La locution
« surprendre la religion de quelqu'un » = le
tromper par de faux exposés, se rattache au
sons « conscience, bonne foi » qui s'attachait
déjà au religio des classiques.
RELIQUAT, du L. religuare (reliquus),
rester dû. — D. reliqiiataire,
RELIQUE, L. reliquiœ, restes. — D. reli-
quaire.
RELUIRE, pr. luire par réflexion, L. re-
lucere; voy. luire,
RELUQUER, lorgner du coin de l'œil ; com-
posé de luquer, usité dans les patois, wall.
louki, lequel vient du germanique : vha. luo-
gcn, ags. lôcjan, angl. ZooA, regarder. — J'ai
relevé dans la Geste de Liège, II, 2664 : A
un costeit visât, par la citeit luquoit.
REMARQUER, 1. marquer de nouveau, 2.
intensif de marquer = noter, faire attention.
— D. remarque, remarquable.
REMBARRER, « re -f embarrer; le sim-
ple embarrer, dans l'ancienne langue, s'appli-
quait particulièrement au sens de pousser,
enfoncer l'épéo, puis de enfoncer, fendre le
heaume.
REMBLATER, = re -{- emblayer. Le
verbe emblayer ou emblaver dit le contraire
de déblayer (voy. blé)\ dans son sens étymo-
logique, il signifie mettre en blé, ensemencer ;
son corrélatif déblayer ayant généralisé
son acception naturelle on celle de « enlever
des terres », il a pris par analogie la signifi-
cation de « amener des torres ». — Subst.
verbal remblai.
REMBOURSER, = re + embourser, litt.
faire rentier en bourse.
REMBRUNIR, = rc -f embrunir.
REMBUCHBR, « re + embucher (vfr.
embuschier), litt. faire rentrer au bois; it.
rimboscare.
REMÈDE, L. remedium (mederi). — D.
remédier^ irrémédiable.
REMEMBRANCE, voy. remémorer.
REMÉMORER, L. rememorare, dont Van-
cienne langue avait fait remembrer (angl.
remember), d'où le subst. remembrance, sou-
venir.
REMERCIER, voy. merci. — D. remerci-
m^nt.
RÉMÉRÉ, d'un mauvais mot latin réméré,
re -\-: emere), p. redimere, racheter.
REMETTRE; les diverses acceptions de ce
verbe se rattachent aux significations 1 . met-
tre de nouveau ou mettre dans l'état primitif
ou naturel; 2. faire remise ou grâce; cette
dernière acception était déjà propre au L.
remittere (d'où le subst. remissionem, fr. ré-
mission, et l'adj. remissibilis, fr. rémissible),
— D. remise, i. action de remettre, spéc.
lieu où l'on remet une voiture à couvert, 2.
action de faire grâce.
RÉMENISGENGE , L. reminiscentia (de
reminisci, se ressouvenir).
REMISE, voy. remettre. — D. remiser.
RÉMISSION, L. remissionem (voy. re-
mettre). — D. rém^issionnaire.
RÉMOLADE ou rémoulade, sauce piquante
(mot à forme méridionale, cp. panade,
salade). Le nom lui vient des ingrédients
hachés ou plutôt moulus menu dont elle se
compose; c*est un dér. de remoudre (part.
remolu). On a mis rémolade en rapport avec
rémoudre, parce qu'elle « aiguise » l'appétit.
Mais rémolade est aussi le nom d'un onguent
pour les chevaux, et à coup sur cet onguent
n'aiguise rien du tout.
BEMOLE, forme masc. remol", remou et,
avec r* du nominatif, rt'mowjr, tournant d'eau;
subst. verbal de re-moldre", composé de mol-
drc", moudre, tourner un moulin. — Cp. esp.
remolino, tourbillon.
REMONTE, voy. l'art, suiv.
REMONTER, monter de nouveau ; du sens
spécial » pourvoir de nouvelles montures •
vient le subst. verbal remonte (de la cavale-
rie).
REMONTRER, I. montrer de nouveau, 2.
montrer, avertir, par voie de réplique (cp. le
terme représenter). — D. remontrance.
RÉMORA ou rémoise, du L. re-mora, ob-
stacle, retard, puis nom du poisson appelé
aussi arrote-nef ou échêne, à qui l'on attri-
buait la force d'arrêter les vaisseaux.
REMORDS, vfr. remors (le d est une mau-
vaise ajoute des temps modernes), subst. par-
ticipial de retnordre (L. re-mordere, mordre,
fig. peiner), qui faisait au patiicipe passé-
remors (L. rotnorsus).
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REN
— 436 —
REN
RÉMORE, voy. rémora.
REMORQUER, d'où le subst. verbal remor-
que, ne vient pas, selon Paris, direct, du L.
remulcare, mais indirect, soit par l'esp.
remolcar, soit par Fit. remorchiare. Le mot
ne date que du xvi* siècle.
REMOUDRE, « moudre de nouveau;
rémoudre =* re + émoudre {esmolre) ; de là
rémouleur,
RÉMOULEUR, voy. lart. préc.
REMOUS, voj. remole.
REMPARER, refortifier, remettre en état
de défense, voy. emparer. — Subst. verbal
rempar', et avec un t adventice : rempart^
pr. défense ; it. riparo.
REMPART, voy. remparer.
REMPLIER, :=. re -f em-plier (inus.). —
Subst. verbal rempli.
REMPLIR. = r^ + emplir; iiépétitif et
intensif. — D. remplissage et remplace {msni-
vaise formation, cp. ravfxçe). D'après Littré,
remplace vient d'une fomie vfr. rempler,
mais je doute de l'existence de cette forme
jusqu'à présentation de preuve.
REMPORTER, = re -j- emporter; « rem-
porter la victoire » est une imitation du L.
victoriam, referre.
REMUER, prov. rcmudar, de muer = L.
mutare, changer; remuer est donc pr. chan-
ger (ou faire changer) de place. Le sens
« changer »» perce encore dans l'expr. « remuer
un enfant » =« le changer de linge. — L'éty-
mologie removere est inadmissible. — D.
remuatU, remuement; cps. remue-ménage
(anc. on se servait du terme remuer mesnage
p. causer du désordre).
REMUGLE, anc. remeugle, odeur de ce qui
a été longtemps renfermé. D'origine incer-
taine ; Littré, faisant fond sur les mots prov.
remuegll, remotl, cat. rcmull, esp. remqjo,
port, remoljo, humidité, détrempe, rapporte
notre mot à mouiller; mais il n'y a guère de
conformité entre les formes. Je ramènerais
plutôt meugle, tnugle au thème mue du L.
mucor, moisissure; l'ancienne langue présente,
et le patois normand a conservé (voy. Gode-
froy), l'adj. mucre, relent, moite. Un adj.
latin mucer p. mucidus est très admissible.
Pour le changement de r en Z, cp. temple*
(tempe j de tempora.
RÉMUNÉRER, L. re-munerare (munus). —
D. rémunérateur, -ation, -atoire.
RENACLER, dimin. de renasquer, renifler;
Grandgagnage dérive ces mots du vfr. na^que
(bourg, naque) = morve; ils signifieraient
donc pr. faire remonter la morve du nez;
quant à nasque, il répond à un adj . nasicus,
'ica, tiré de nasus, nez. C'est par Littré que
j'apprends l'étymologio ci-dessus de Grand-
gagnage ; pour ma part, je ne l'ai rencontrée,
dans son Dict., ni à l'art. WnaÂer = renifler,
ni sous nagueler, fureter; un mot vfr. nasque,
morve, est inconnu à Godefroy.
RENARD, vfr. aussi regnard. Ce terme
était, dans la célèbre satire du Renard, le
nom donné au renard, dont la vraie dénomi-
nation française était tolpil, vorpil, goupil
(v. c. m.), reproductions du L. rulpeculus
(dim. de vulpe^f, prov. tolp, it. volpe). La
haute réputation du poème a &it que le noai
poétique de l'animal rusé a fini par supplanter
l'appellation commune. Regnard est contracté
de l'ail, reginhart, dont la signification (pr.
« fort en conseil ») correspond parfaitement
au caractère attnbué au renard. — D. vfr.
renardie et renardise, astuce ; nfr. renarde,
femelle du i-enard, renardeau, renardier,
-ière; verbe renarder, employer des ruses,
user de finesse.
RENASQUER, voy. renâcler.
RENCONTRER, voy. enœntrer. — D. ren-
contre (autr. du genre masc., comme l'it. in-
contro).
RENDRE, it. rendere, esp. rendir, prov.
rendre; du L. reddere. L'intercalation de m.
ou en d'autres termes la nasalisjition du radi-
cal, parait remonter assez haut ; toutefois, le
vieux it. avait aussi, sans n, reddere, et le
prov. la forme redre. — Subst. participial il.
rouiUa, esp., prov. renta, fr. rente, du L.
reddita, les choses rentrées, le revenu. Autres
dérivés : rendable, qui est à rendre, rendat/e,
rendements résidant = qui rend compte. —
Notez encore le participe rendu, l. qui se
rend à l'ennemi, 2. fatigué, qui n'en peut plus
(expression analogue à recru), et le subst.
rendez-vous, imité par le stéHrdich-ein des
Allemands.
RÊNE, anc. resne, resgne, reigne, reine,
prov. régna, correspond à Tit. redina, esp.
(par transposition) rienda^ port, redea. Le
primitif de ces mots est le L. retinere, rete-
nir, par un subst. verb. fém.re<tiia,qui d'une
part s'est adouci en redina, forme it., d'autre
part syncopé en retna, d'où rcina, puis régna,
forme prov. Us du fr. resne (d'où rêne) est
intercalaire. Raynouard s'est trompé en pla-
çant le prov. régna sous la rubrique regnar,
dominer.
RENÉGAT, BL. retiegatus (negare), qui a
renié sa foi, forme savante de renié. Le vfr.
disait renoyé (de renoyer =» renier), et les
patois disent encore renoyé, renois.
RÉNETTB. nom d'outil, voy. rainer.
RENFORCER, =* rc + enforcer (auj. en-
forcir). Subst. verb. renfors', d'où l'on a,
sous l'influence du mot fort, fait renfort; cp.
effort p. effors.
RENFROGNER, voy. refrogner.
RENGAINE, banalité; n'a rien il faire,
parait-il, avec le verbe rengainer; on dit que
c'est le refrain d'une vieille chanson : turlu-
tutu rengaine *» (Littré).
RENGORGER [re intensif), = se mettre en
gorge, se donner de la gorge ; cp. en ail. sich
briisten, m. s., de brust, poitrine.
RBNGRÉGBR, vieux mot = aggraver; re
+ vfr. engréger, cps. de vfr. gregier, grever
(L. gratis), d'un type graviare(cp. aîléyer de
allt'oare). — L'étymologio vfr. greignoar,
greindre (grandior), posée par Littré, ce
s'accorde en aucune façon avec la lettre. Oa
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REP
— 437 —
REP
trouve d'ailleurs en vfr. radj.^r^e = gravis,
et ffrejos^ dur, pénible.
RENIER, voy. nier, — Subst. verb. reni.
RENIFLER, voy. nifler.
RÉNITBNT. -BNCB. du L. re-niti, résister.
RENNE, du nord, hreinn, suéd. ren, ail.
retin-thicr, ags. hran, Voy. aussi rafiger 2.
RENOMMER, == nommer souvent avec
éloge. — D. subst. verb. renom; adj. -parti-
cipe renomme'f d*où le substantif renommée,
RENONCER, L. re nuntiare. — D. renonce
(les patois ont un subst. verbal masc. renon);
renoncement (et renonciation = L. renun-
tiationem).
RENONCULE, L. ranuncula, pr. petite
grenouille (cp. le nom gr. /ixrpxx^ov, de ^9i-
rpTLyoi, grenouille).
lUSNOUER, voy. nouer. — D. renouée,
plante qui tire son nom de la quantité de
nœuds dont les tiges sont garnies.
RENOUVEAU, voy. l'art, suiv.
RENOUVELER, voy. nouveau. Columelle a
déjà le composé renovellare. — D. subst. ver-
bal renoxœeV, renouveau, 1. renouvellement,
2. nouvelle saison, printemps; cp. appel
(appeau) de appeler, dégd de dégeler.
RÉNOVER, L. re-novare (novus).
RENSEIGNER, intensif de enseigner (v. c.
m.), faire savoir. — D. renseignement.
RENTE, voy rendre. — D. rentier, qui a
(anc, = qui doit) des rentes ; verbes renier et
ai*renter.
RBNTRAIRE (aussi de la 1™ conjug. ren-
trayer), = re -}- vfr. entraire, pr. retirer en
dedans, type L. re-in-irahere ; rentraire, c'est
pr. coudre en faisant rentrer le rebord, de
manière qu'il ne paraisse pas. — D. ren-
trayeur, rentraiture.
RENTRER, = rc + entrer. — D. rentrée.
RENVERSER, du vfr. emerser, retourner,
culbuter, qui vient de Tadj. envers = L. in-
versus. — D. renverse (dans la loc. • à la ren-
verse ••) et renversement.
RENVI, voy. renvier.
RENVUSR, d'où subst. verb. retivi; voy.
envi.
RENVOYER, voy. envoyer. — D. renvoi.
1 . REPAIRE, retraite, demeure, gîte, subst.
verb. du vfr. repairer, retourner chez soi, so
retirer. Ce dernier i-épond à l'it. repatriare,
prov. repairar et est le latin repatriare, re-
tourner dans sa patrie (d'où les gens de police
on fait repatrier « un vagabond »). Voy. aussi
rapatHer,
2. REPAIRE, t. do chasse, fiente ; il faut
écrire repère (v. cm.), de L. reperire, car le
mot, dans cette acception, vient de ce que la
fiente sert à retrouver la bête. Voy. toutefois
la remarque de G. Paris s. repère.
REPMTRE (part, passé repu, d'où le v.
subst. repue, repas), du L. rc-pascere, d'où,
par le supin repastum, le subst. repastus,
fr. repast", repas, Cp. fr. appât, p. appast, et
appas (qui était anciennement aussi la forme
du singulier). Pour cette apocope du t final,
cp. dispos p. dispost, enquis p. enquist.
RÉPANDRE, = re -f épa>ulre (v. c. m.).
RÉPARER. L. re-parare.
REPARTIR. 1. partir de nouveau, ^. répli-
quer, d'où le subst, participial repartie. Dans
la dernière acception, repartir est l'itératif
de partir au sens do prendre son vol, sortir
avec impétuosité, dans des expressions telles
que « sa réponse ne tardait pas à partir » ou
« partir d'un éclat de rire » (cp. les termes
sortie, saillie).
RÉPARTIR, « rc -f- vfr. espartir, distri-
buer, composé départir (au sens de parta-
ger). Peut-être l'accent aigu dans ré n'est-il
qu'arbitraire, et le mot se rattache-t-il à, par-
tir, diviser (de là le terme d'ardoisier repar-
ton). — D. répartition.
REPAS, voy. repaitre.
REPASSER, 1. passer de nouveau, 2. faire
passer et repasser souvent un objet sur un
autre, de là : repasser un rasoir, du linge. —
D. repassage, repasseuse.
REPENTIR, = rc -f- vfr. pentir, it. pen-
tire, prov. pentir, «: L. pœnitere. — D.
repentant, -ance; subst. infinitif r^p^w^tr.
RÉPERCUTER. L. re-percutere ; par le
supin repercussum : subst. répercussion, L.
repercussionem.
REPÈRE, marque ou point qui sert à se
retrouver, du L. repei*ire, retrouver. — D.
repérer. Voy. aussi repaire 2. — L'étym.
repcrtreestmise en doute par G. Paris (Rom.,
VI, 477) ; il voit dans repère le subst. verbal
de rermirer, revenir (voy. repaire 1).
RÉPERTOIRE, registre, liste, du L. reper-
torium, formé de reperire, trouver, comme
inventaire de invenire.
RÉPÉTER, L. re-petere, pr. chercher,
aller prendre do nouveau (cp. le terme reprise,
synon. do répétition). — D. répétailler; du
L. repetitor, -tio : fr. répétiteur^ -tien.
RÉPIT, prov. respieit, it. rispitto et rw-
petto, du L. respectas; donc pr respect,
égard, ménagement, d'où découle le sens
moderne délai, relâche. Pour la forme, cp.
dépit do despectus. Respect est donc un dou-
blet savant de répit.
REPLE1, L. repletus, rempli; réplétion,
L. repletionem,
REPLIER, itératif de plier; subst. repli,
jRé5p/i>r correspond au L.re-plicare; ce même
verbe latin, dans une acception spéciale qui
se rencontre dans le Digeste, savoir : «• refu-
tare, iterare responsum », s'est conservé sous
la forme fr. répliquer,
RÉPLIQUER, voy. l'art, préc. — D. ré-
plique.
RÉPONDRE, L. respondere, — D. respons*,
répons, L. responsum; réponse, L. responsa
p. responsio, d'où responsable (comme comp-
table de compte).
REPORTER, porter de retour ou à nouveau,
anc. aussi = rapporter (d'où angl. reporter,
rapporteur). — D. report,
REPOSER, re -\- poser, d'après le L. repo-
ncre. — D. repos, subst. verbal; reposoir,
reposée.
REPOUSSER, = pousser on arrière; cp.,
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RÉP
— 438 —
RÉS
potir les acceptions, le fr. rejeter et le L.
re-pellere (dont repousser représente le fré-
quentatif rf^pw/sarij). — D. repoussant, -oir,
RÉPRÉHENSIBLB, -ION, voy. reprendre.
REPRENDRE, 1. prendre de nouveau; de
là le subst. part, reprise; 2. = L. reprehen-
dei'e, pr. arrêter, saisir, puis fig. blâmer,
gourmander. De la forme latine relèvent : re'-
préhension, -ibîe, L. reprehcnsionem, -ibilis.
— A la forme contracte reprendere, au sens
de prendre de retour ce qui a été pris, par le
part, reprensus, it. ripreso. se rattache Fit.
ripresaglia, d'où les Français ont tiré repré-
saille (réparation qu'on se donne à soi-même
d'un dommage essuyé) et les Anglais repri-
sais.
REPRÉSAILLB, voy. Tart. préc.
REPRÉSENTER, 1. présenter de nouveau,
2. =s L. reprœsentare, placer sous les yeux,
reproduire, exprimer, figurer. Aux accep-
tions classiques, la langue moderne a ajouté
celle de « remontrer, donner un avertisse-
ment ». De « mettre sous les yeux », le sens a
facilement tourné en celui de « mettre A
cœur t. . L'allemand emploie de la même ma-
nière les verbes vor-stellen, vor-halten, vor-
werfen, tor-rûcke^x, et le terme fr. reprocher
repose sur un trope analogue. — D. repré-
sentant, -ation, -atif.
RÉPRESSION, L. repressimiem (de repres-
sum, supin do reprimere, fr. réprimer)', néol.
répressif.
RÉPRIMANDE, voy. lart.suiv. -- D. répri-
mander.
RÉPRIMER, L. re-primere, pr. refouler.
— D. réprimahle. Du L. reprimenda (faute
à réprimer), les savants ont fait réprimande,
pr. chose blâmable, puis action de blâmer (cp.
le mot offrande, action d'offrir),
REPRISE, voy. reprendre. — D repriser ^
faire des reprises (t. de couturière).
RÉPROBATION, L. reprobationem (voy.
réproi(vei').
REPROCHER, prov. repropchar; d'un type
latin re-propiare (prope). C'est donc pr. un
synonyme de rapprocher. Pour le sens moral
attaché à ce verbe (et qui rappelle bien le
nahe fûhren et le vor-ritchen des Allemands),
voy. l'art, représenter. Le P. Labbé s'est sin-
gulièrement fourvoyé en expliquant le mot
en ces termes : « C'est proprement récuser
qqn. pour juge ou pour témoin, à cause qu'il
esiproche parent de la partie. » Les étymolo-
gies tirées de reciprocare ou de opprobrium
sont tout aussi insoutenables. — D. reproche,
reprochable, irréprochable.
REPRODUIRE, voy. produire.
RÉPROUVER (à distinguer de reprouver =
prouver de nouveau), L. re-probare, m. s.,
d'où réprobation.
REPTILE, L. r<'p^t7/5 (repère).
RÉPUBLIQUE, du L. res publica, la chose
publique. — D. républicain, -anisme.
RÉPUDIER, L. repudiare. — D. répudia-
tion.
RÉPUGNER, L. re-pugnare, lutter, être
contraire. — D. répugnant, -ance.
RÉPULSION, L. repuhionem{dere^7ere).
RÉPUTER, L. re-putare, compter, penser,
puis, par extension, estimer, présumer. — D.
réputation, pr. compte, appréciation.
REQUÉRIR, vfr. requerre, de BL. requœ-
rere (p. requirere). — D. requérant, requé-
rable. — Du supin requisitum viennent : 1 .
requisitus, requis'tus, fr. requis p. requist^ et
de là le subst. part. fém. requeste' requête; 2.
requisitionem. fr. réquisitioy\; 3. requisitorius,
fr. réquisitoire.
REQUÊTE, voy. l'art, préc.
REQUIEM, messe des morts; c'est le mot
latin par où commence cett« messe, ace. sing.
de requies, repos, dont l'ancienne langue
avait fait requoy. — Le même mot requiem
s'est transformé en requin (le dictionnaire de
Trévoux écrit requiem), qui est le nom que
les matelots normands, selon la tradition, ont
donné au chien de mer, parce que l'apparition
de ce monstre marin entraînait infaillible-
ment la mort et par conséquent un requiem.
REQUIN, voy. l'art, préc.
REQUINQUER (SE), se parer d'une manière
affectée ; ce mot populaire est-il de la famille
de quincaiUe (voy. clinquant), ou p. recoin-
quer, qui serait une corruption de re-coinler
(cp. une mutation inverse dans quinte p.
quinque), et dérivé du vfr. coint, paré? Nous
ne déciderons pas. Jault proposait pour type
le L. re-co77cinnare, raccommoder. Ménage
recomere, peigner, ajuster ; ce sont des erreurs
manifestes. Littré pose l'étymol. requinquare,
d'un verbe latin quinquare signifiant nettoyer
(les dictionnaires le donnent avec le sens do
faire des lustrations pondant une fête de cinq
jours). Si ce moi quinquare, ç^q l'on rencontre
dans Charisius, grammairien du iv* siècle,
est la bonne étymologie, requinquer a du être
un terme né dans la société monastique, passé
ensuite dans le parler populaire. Il faudrait,
pour se prononcer, un historique plus riclie
sur l'emploi du mot.
REQUISITION. -ITOIRE. voy. requérir.
RESARGIR, L. re-sarcire. — D. resarcis-
sure.
RESCIP. voy. récif.
RESCINDER, L. re-scindere, déchirer, an-
nuler, casser; du supin rescissum : rescis-
sionem, fr. rescision (il faudrait rescission).
RESCISION, voy. l'art, préc.
RESCOUSSE, voy. recourre.
RESGRIT, L. re-scriptum, pr. réponse.
RÉSEAU, anc. résel, roisel; ce mot repré-
sente littéralement le L. reticellum, dim. de
rcte, rets, filet (vfr. roit). L'it. dit rcticello,
reticino. Une autreforme diminutivedu même
primitif est résille; les pêcheurs emploient les
mots résure et reseuil (= L. retiolum) pour
désigner des filets, ou des appâts qu'ils y met-
tent. Le vrai dimin. latin reticulum s'est
introduit dans la langue pour désigner un
petit sac à ouvrage à grandes mailles, sous la
fonne ridicule, corruption de réticule,
RÉSÉDA, planta, mot latin.
RÉSERVER, L. re servare. — D. réserve,
résciixnr; adj. réservé = retenu, part, passif
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RES
— 439 ^
RES
à sens actif, comme circonspect, discret, rési-
gné, retenu, etc.
RÉSDER, terme moderne et savant p, vfr.
reseoir = L. re-sidère (sedere). — D. résident ^
résidence^. L'anc. langue avait régulièrement
formé du part, residensle t. de droit resséant,
domicilié dans le lieu, d'où resséatvtir, être
tenu à résidence.
RÉSDÏÏ» L. residuus (re-sidere).
RÉSICrNER, L. re-signare, pr. rompre le
cachet isignunC), desceller, puis au fig. casser,
dissoudre, renoncer à, se démettre d'une
charge ; se résigner, = se soumettre, s'aban-
donner. — D. résignable, résigner, résigna-
tion, 1. action de résigner, renoncement,
abandon, 2. action de se résigner, c.-à-d. de
s'abandonner à la volonté de Dieu.
RÉSILIER, verbe irrégulièrement formé du
L . resilire (salire), pr. sauter en arrière, reve-
nir sur ses pas ; dans la basse latinité, ce verbe
est devenu synonyme de renuntiare. — D.
résiliation.
RÉSILLE, voy. réseau.
RÉSINE, L. résina (gr. yJ^jrfy*»). — D. rési-
neux, L. resinosus.
RÉSIPISCENCE, L. resipiscentia, de re-
sipiscere (composé de saperé), redevenir sage.
RÉSISTER, L. re-sistere, — D. résistance,
résistihle, irrésistible, L. resistibilis, irresis-
tibilis.
RÉSOLU, etc., voy. résoudre,
RÉSONNER, L. re-sonare, — D. réso-
nance, résonnement.
RÉSORPTION, L re5a7yftow<?m (re-sorbere).
RÉSOUDRE, L. re-solvere. Du supin reso-
lutum viennent : 1 . part, resolutus, fr. résolu;
notez que dans l'emploi adjectival de ce mot,
le sens est contraire au sens latin; ce dernier
se rapporte au verbe resolvere, en tant que
signifiant détendre, relâcher, tandis que
l'éicception moderne (déterminé, hardi) est
active et tirée du verbe résoudre en tant que
signifiant donner une solution,. trancher une
difficulté; 2. resolutio, fr. résolution, action
de dissoudre, cassation, décision, fermeté;
3. resolubilis*, fr. résoluble; 4. resolutorius,
fr. résolutoire; 5. resolutivus*, fr. résolutif.
— Le part, résous est p, rtisols et vient de la
forme contractée resoltus 'cp. absous, dissous,
coexistant avec absolu, dissolu).
RESPECT, L. re-spectus (re-spicere), litt.
= regard (cp. nos expr. analogues égard,
considération). — D. respecter, L. respeatare),
d'où respectable, respectueux, respectif, mot
de façon nouvelle, qui se rapporte au sens
• égard, rapport, point de vue », qu'avait
autrefois le mot respect. — Le latin resp^ctus
se retrouve encore dans la langue fr. sous la
forme répit (v. c. m.).
RESPIRER, L. re-spirare. — D. respirable,
respiration^ respiratoire.
RESPLENDIR, L. re-splendere. — D, res-
plendissant, resplendissement.
RESPONSABLE, angl. responsible, voy.
répondre. — D. responsabilité.
RESSAC, t. de marine, rebattement des
vagues; c'est sans doute le subst. de l'anc.
verbe resacher, retirer (voy, sac).
RESSASSER; repasser au sas (y. c. m.).
RESSAUT, it. risalto; (Tu verbe ressaillir,
comme saut de saillir.
RBSSÉANT, voy. résider.
RESSEMBLER, intensif de sembler. — D.
ressemblant, d'où ressemblante.
RESSENTIR, intensif de sentir. Dans le
subst. ressentiment, le pnéfîxe re conserve
légèrement son caractère itératif : c'est pr. le
renouvellement, le ressouvenir d'un senti-
ment, un reste d'une sensation éprouvée (p.
ex. «il a encore des ressentiments de fièvre «),
d'où le sens spécial : souvenir qu'on garde
soit des bienfaits (cette acception, encore
usuelle dans Molière, s'est perdue), soit des
iigures ou offenses.
RESSERRER = serrer de nouveau et ser-
rer davantage.
RESSORT, voy. les deux art. suiv.
1. RESSORTIR (conjugué comme sortir ^
aller dehors), 1. sortir, partir de nouveau;
2. intensif de sortir, pris dans son sens pri-
mitif de saillir, avoir du relief. De là le subst.
verbal ressort, pr. rejaillissement, rebondis-
sement, contre- coup (cp. esp. resurtir, rejail-
lir). Voy. aussi le mot sortir 2.
2. RESSORTIR (conjugué, comme assortir,
d'après finir), appartenir A une juridiction.
Subst. verbal ressort, it. risorto, étendue de
juridiction. D'après Diez. la signification
actuelle de ce terme juridique se rattache au
vfr. resortir, se retirer, chercher un abri,
avoir recours, d'où le subst, vfr. resort,
retraite, recours, tribunal où l'on recouvre
son droit. Quant à ce verbe* ancien resortir
(BL. resortire, habere jus appellationis), Diez
y voit un composé de sortir, obtenir (dér. de
sort, V. c. m.); resortir, c'est recouvrer son
droit. Ce savant s'appuie de l'analogie que
présente le terme it. ricovrare^ qui signifie
1 . recouvrer, 2. se sauver, se réfugier, — Du
Gange avait mal défini le subst. ressortum
par ces mots «quidquid mive^ sortes continetur
seu jurisdictionis terminos », et Budé a versé
dans une erreur encore plus forte en dérivant
ressaisir de sort, par cette raison : « causœ
enim sortibus ex urna ductis cognosceban-
tur ». — Pour me rallier à l'explication éty-
mologique de Diez, dans tout son développe-
ment, je voudrais savoir si le vfr. resortir,
avoir recours, que l'on invoque comme ana-
logie de sens, avait également la coi\jugaison
inchoative (les exemples d'appui me font dé-
faut à cet égard). En attendant, il me semble
toujours que ce vieux resortir, avoir recours,
trouver sa ressource, doit être le même mot
que notre ressortir, qui foncièrement dit :
rejaillir, remonter, relever (j'invoquerais bien
ici aussi le terme relever = dépendre juridi-
quement, si l'on disait relever à comme res-
sortir à). Enfin, je rappelle ici le subst. vfr,
retour =^ recours, refuge, protection, syno-
nyme du vfr. resort.
RESSOURCE, it. risorsa. Je trouve dans ce
mot quelque chose de plus qu'une simple
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RET
— 440 —
RET
variété formelle de source. De même que ce
dernier vient de sordre ou sourdre, notre mot
dérive directement de resors , part, du verbe
vfr. resordre, qui est le L. re-surgerc et qui
signifiait : 1. se relever, 2. relever (sens
actif/, hsi ressource est donc pr. une chose qui
vous relève, un moyen qui fait sortir d'embar-
ras. — Dans Jean Le Maire des Belges (II,
283), je lis la ressorce (= résurrection, réta-
blissement) de Troye,
RESSUSR, rendre son humidité intérieure,
de re -[- suer, = L. re-sudare, it. Hsudare,
— Dans l'anc. langue, le mot est différent et
représente rc -|- cssuer (= essuyer).
RBSSin, t. de vénerie, subst. verb. de res-
suyer, sécher.
RESSUSCITER, L. re-suscitare, relever,
réveiller, faire revivre.
RESTAURER, L. re-staurare, rétablir, re-
mettre, refaire. — D. restaurant, -ation,
•ateur. Le premier « restaurateur » (traiteur),
un nommé Boulanger, vers 1765, avait, dit
rhistoire, mis sur sa porte la devise suivante :
« Venite ad me omnes qui stomacho laboratis
et ego restaurabo vos. »
RESTER, L. re-stare, demeurer en arrière.
— D. reste^ restant, Cps. arrêter (v. c. m.).
RESTITUER, L. re-stituere, pr. replacer,
d'où restitutio, fr. restitution, — Restituere
appelle, daprès l'analogie d'autres verbes en
ë^'c, plutW restituir ; ce mot peut avoir existé
comme on trouve constituir, mais l'emploi de
l'infin. en er pour statuera, comme pour ses
composés en -stitufTe, remonte assez haut
dans la langue, pour ne pas l'expliquer, pluti^t
que par un simple métaplasme arbitraire des
temps modernes, en partant des formes fré-
quent. statutare\ -stitiitare',
RESTOUPER, = re + estouper, qui est
l'ail, stoppen, stopfen, bourrer, boucher (voy.
étoupe),
RESTREINDRE, L. re-stringcre, resserrer
(cp. étreindre). Du supin restrictum : restric-
tion, restrictif; du part, restringentem : le t.
médical restringent.
RÉSULTER, L. re-suîtare (fréq. de re-
silire), pr. rejaillir, rebondir; au moy. âge le
mot a été traité en synonyme de evenire,
exire (fr. issir). Cp. les termes réussir, res-
sortir. — D. résultante, résultat, mot de
création savante, = ce qui résulte ou provient
d'une affaire.
RÉSUMER, L. re-sumere, reprendre, d'où
le sens mod. : redire, exposer de nouveau
en abrégé. — D. subst. résumé,
RESURRECTION, L. re-sw-rectionem, de
resunrctitm, supin de re-surgere, vfr. re-
sordre
RETABLE, vfr. restauh. Cette dernière
forme et le genre du mot défendent de songer
à une origine de table (p. ainsi dire contre-
table). Restaule nous renvoie à un adj. lat.
re-siabilis, avec un sens particulier d'archi-
tecture, soit celui de « fixé contre » ou tout
autre. Le retable (mieux voudrait rétable) est
un ornement de bois, de pierre ou de marbre,
contre lequel est appuyé l'autel.
RÉTABLIR, = r« 4" «**«*'«*•» ou direct, du
L. re-stahilire. — D. rétablissement,
RETARDER, L. re-tardare, — D. subst.
verbal retard; mots savants : retardaiion,
ataire,
RETENIR, L. re4inere (tenere). — D. rr-
<<îWM (adj. part, à sens actif, voy. réservé r,
.subst. retenue — Du supin L. retentum, le
subst. retentio, fr. rétention et adj. retenti f.
RETENTIR, = re -\- vfr. tnHir^ lequel
vient d'une forme L. tinnitire p. tinnitare,
fréq. de tinnire. Le L. tinnitarc a donné
tinter.
RÉTICENCE, L. reticentia (de re-ticere, se
taire).
RETICULE, L. reticulum (voy. réseau). Ce
mot, au sens de petit sac, s'est gâté en ridi-
cule,
RÉTIF, vfr. restif, qui s'arrête ou recule au
lieu d'avancer, prov. restiu, it. restio p. res-
tivo (à Milan on dit restin), dér, du L. res-
tare = resistere, regimber. — D. rétireté,
RÉTINE, d'un type L. retina, dér. de rrfe,
réseau ; l'ail, dit de même netz-haut,
RETIRER, tirer en arrière, syn. de retraire.
— D rcfir<?Vadj.), retirade.
RETORDRE, renforcement de tordre, cor-
respondant au L.re-torquere^ dont les savants
ont fait rétorquer. Du part, retortus ou relor-
sus viennent : fr retors = retordu ; retofie,
cornue; retorsion, -if,
RÉTORQUER, voy. l'art, préc.
RETORS, RETORTE, voy. retordre.
RETOURNER, = r<? -f tourner, au sens
actif et neutre. — D. subst. verbal retour.
RÉTRACTER, L. retractare, fréq. de re-
trahere, retirer. — D. rétractation.
RETRAIRE, L. re-trahere, retirer, dont le
supin retractum a donné : retractus, fr.
retrait, subst. part. fém. retracta, fr. retraite;
puis les mots savants rétraction et rctrac-
tile,
RETRAITE, voy. l'art, préc. — D. retrai-
ter, mettre à la retraite.
RETRANCHER, renforcement de trancher.
— D. retranchemefit, 1. action de retrancher,
2. espace retranché, séparé d'un plus grand ;
de la dernière acception s'est déduite l'accep-
tion spéciale et militaire du verbe se retran-
cher,
RÉTRÉCIR, = re + étrécir (v. c. m.). —
D. rétrécissement,
RÉTRIBUER, L. re-tribuere, payer en
retour, d'oùretributionem, fr. rétribution.
RÉTRO, adverbe latin, francisé en rère,
riére (d'où les composés ar-rière, de-rière,
auj. derrière). On le trouve encore appliqué,
comme préfixe, dans les mots fr. (du fonds
savant) suivants : rétroagir (-actùm, actif),
rétrocéder et rétrocession, rétrograde, L.
retrogradus d'où rétrograda; -ation), rétro-
spf'ctif{de retrospicere).
RETROUSSER, voy. trousser. — D. re-
troussis,
RETS, 1^ repi'ésente l'ancienne finale du
nominatif (cp. temps, corps, etc.), du L. rete,
m. s. — Voy. auss^i réseau, rétine.
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REV
— 441 —
REV
RÉUNIR, du BL. re-unire, iterum conjun-
gorc; anj. le sens iMratif du re s*est effacé;
subst. réunion, fait sur le patron de union.
RÉUSSIR, vfr. réissir , = rc + issir (voy,
issu), anc. aussi (sans ré) ussir (it. uscire). Le
mot dit donc pr. sortir, résulter, avoir une
issue bonne ou mauvaise (Molière dans le
Tartufe : « Vovons ce qui pourra de ceci réus-
sir »), puis spéc. avoir un bon résultat. — D.
subst. part, réussite, direct, de l'it. riuscita.
— La substitution des formes vfr. ussir, it.
uscire à issir et escire est peut-être fondée
sur quelque allusion au vfr. us, it. uscio,
porte, issue (aui. huis, v. c. m.).
REVANGHER, forme durcie do Tanc. recoi-
ffer, prov. reoenjar, angl. revenge (voy. ven-
ger), Cp. pour ce changement, la fluctuation
qui se présentait jadis entre vfr. nage, et
nache^ du L. natica. — D. revanche.
RÊVE, anc. resve, verbe rêver. Vs est inter-
calaire, car le prov. a rena (cp. vfr. esve p.
ève = L. aqua). On a mis bien des étymolo-
gies en avant sur ce mot. Nous citons d'abord
celle puisée dans le gaél. rabhd, radotage.
Partant d'une signification première de cett«
nature, autant vaudrait, observe Diez, invo-
quer un type latin re-evare = être pris d'en-
thousiasme. Le P. Labbé, Ampère et Génin
ont supposé une parenté avec dcsver (voy.
cndêvcr) ; cela est impossible, ne fût-ce qu'à
raison de Y s, qui est organique dans desver
et épenthôtique dans resver. D'autres, peu
soucieux des lois physiologiques qui déter-
minent la formation des mots, ont cavaJiô-
' rement avancé soit le gr. ^kfi^uv, tourner,
errer, aller à laventure, soit re-puerare, re-
devenir enfant. Chevallet, enfin, s'adresse à,
l'angl. rave, délirer, rêver, hoU. reveîen, m.
s. ; il cite encore un anc. ail. reuberschen, m,
s., mais ce mot m'est inconnu. Le philologue
parisien ne se doutait pas que les mots ger-
maniques qu'il cite sont empruntés au fran-
çais. — Avant de produire une étymologie
plus plausible, nous remarquerons qu'il ne
faut pas perdre de vue que rêver signifiait à
l'origine •« courir çà et là », faire le vagabond
(on disait un « resveur de nuit », p. coureur
de nuit; ; que le mot s'est dit ensuite de l'alié-
nation mentale (cette acception est encore
celle de langl. rave, cp. notre expr. vous ré-
vcz, p. vous divaguez, vous extravaguez), puis
enfin des songes. Voici, en conséquence, la
solution présentée par Diez, et qu'a suivie
Hurguy. Rêve est une variété dialectale de
rage, fait parfaitement acceptable ; on voit de
même alterner, dans la vieille langue, les for-
mes caive et cage (du L. cavea). L'enchaîne-
ment serait : rabia (p. rabies), raive, rêve;
cette succession explique la longueur de la
voyelle radicale e et partant Vs paragogique
dont elle a été plus tard accompagnée. L'a
primitif perce encore dans l'orthographe
angl. rave et le bourg, ravasser. Nous hési-
terions beaucoup à ébranler le crédit de l'opi-
nion si bien justifiée par le vénérable profes-
seur de Bonn ; aussi n'aurons-nous garde do
le faire. Au contraire, nous cherchons à la '
fortifier. Il existait au xvi« siècle un syno-
nyme de rêver sous la forme redder (cp. re-
derie, deliramemtum, Vocab. d'Evreux), et le
dialecte picard a conservé un verbe réder,
avec le sens do raffoler. Les deux mots se
tiennent-ils par l'origine? Nous pensons que
oui. Si rêver se rattache à rabies ou plutôt à
rabia, nous rapporterons redder à un dérivé
rabidus, forcené, en délire, d'où rabidare,
d'où rabder, ra/lder, redder, réder. Le chan-
gement de a en e, en position, n'a, comme
on sait, rien d'étrange ni d'irrégulier dxins
une syllabe atone. — Littré s'adresse au
danois rocve, angl. rove, vagabonder, mais la
voyelle radicale ne permet pas de le suivre.
— Bugge(Rom., IV, 364) s'efforce par trop
subtilement de rattacher notre mot à L.
errare, errer, divaguer, par l'intermédiaire
d'un dérivé fictif errâtare, d'où, par l'aphérèse
de la syllabe initiale et la syncope de *, rem-
placé par V, raver^ rêver. Les traces qu'a lais-
sées dans les dialectes italiens le type 'errati-
care [radegar, errer; moden. andèr aradégh,
courir çà et là) ne sont pas de nature à nous
convaincre de la réalité de ce rapport. Malgré
l'exemple tiré de imbladare devenu emblaer,
puis emblaver, il reste divers petits traits qui
ébranlent le crédit de cette conjecture. — Du
fr. rêver (plus tard resver, rêvei*), le flam. a tii-é
reven et revelen (Kiliaen, 1599; et le mha.,
reben. La langue des trouvères avait égale-
ment une forme diminutive révéler; elle se
révèle dans l'adj. révélé, extravagant, et les
subst. revel, reviel, reviau, aussi rivel (en
angl. revel, revelrg), divertissement, réjouis-
sance, pr. extravagance, ribote, synonyme
de rêverie, riverie, qu'on y trouve dans le
même sens. [Nous n'adoptons pas la manière
de voir de Diez et autres qui dérivent ces
vieux mots de rebellare; nous les ramenons
de préférence au premier sens de rêver, se
laisser aller à des folies nocturnes, v. pi. h.
On peut même se demander si le terme réveil-
lon n'est pas p. revelon, par assimilation à
veillée. Après cela, nous ne disconvenons pas
qu'il y a eu un vieux verbe révéler, se rebel-
ler, mais nous le tenons pour un homonyme.
Voy. ma noteBaud. de Condé, p. 401.] — D.
rêveur, rêverie, rêvasser.
REVÉGHE, port, revesso; selon Diez du L.
reversus, retourné, contraire. Cette étymo-
logie, quelque étrange qu'elle paraisse au pre-
mier abord, s'appuie de ce fait que revêche
reproduit exactement l'it. rivescio (rovescio),
auquel, à raison de sa signification de revers,
renversé, or ne saurait contester une prove-
nance de reversus. Ce dernier, par la syncope
régulière de la liquide (cp. dosum p. dorsum,
L. hœsi p. hœrsi), a pu donner rivescio,
comme vesica a fait vescica. La même syncope
de r se présente dans le port, et esp. rêves,
revers, port, revessa* contre-cx)urant. L'anc.
langue offre d'ailleurs à la fois reverse, rc-
verche et revesche. — Diez pense que le vfr.
revois représente également un primitif re-
vesus pour reversus. Cela peut être vrai pour
le mot en tant que synonyme de revêche ; mais
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REZ
— 442 —
RIB
quant à vfr. recois, signifiant convaincu, avéré,
et que Ton trouve aussi sous les formes reveit,
revoit, j'estime qu'il ne vient pas àerevocatus,
étymologie que patronne Burguy, mais du
L. re-tictus, qui correspond exactement pour
le sens et la lettre. Voy. aussi G. Paris Rom.
Iir, 505.
RÉVEILLER, ==» re -f éveiller. — D. réveil,
réveillon, t. de peinture.
RÉVEILLON, repas nocturne, voy. lart.
rêve.
RÉVÉLER, L. revelare, pr. dévoiler. —
D. révélateur, -ation, L. revelatorem, -atio-
nem.
REVENDIQUER, = r« + L. vindicare, ré-
clamer (Montaigne a vendiquer), — D. reven-
dication.
REVENIR, L. revenire. — D. retenant \
revenu (ce qui rentre d'une mise de fonds ou
d'un travail, cp. l'équivalent latin reditus, de
redire): revenue, jeune pousse de bois; revient
(dans « prix de revient »).
RÊVER, voy. rêve.
RÉVERBÉRER, L. re-verberare, repousser,
rejeter (ne s'applique plus qu'en parlant de la
lumière et de la chaleur). — D. réverbération ;
réverbère, d'abord lame concave et luisante en
fer-blanc disposée dans le fond d'une lampe,
pour réverbérer la lumière, puis, par ellipse,
lanterne munie de cet appareil.
RÉVÉRER, L. re-vereri — D. révérend,
L. reverendus; révére^ice, L. reverentia, d'où
révéreiicieuA , -ieh
REVERS, subst., côté retourné, fig. dis-
grâce de fortune, du L. rc-versus, retourné.
Du même part, latin vient le subst. BL. rêver-
sum, réponse, d'où reversai; puis réversion,
L. reversionem, et réversible, sujet à retour.
Le jeu de reversi, aussi reversis, est sans doute
de même origine ; c'est une sorte de triomphe
renversée ^esp. rcvesino, it. rovescino).
REVÊTIR, 1. = vêtir facxîeptions pr. et
fig.), 2. investir, 3. doubler. — D. revêtement.
REVISER, L. revisare, fréq. de re-videre,
d'où, par le supin revisum, les subst. revisor,
revisio, fr. réviseur, revision.
REVIVIFIER, L. revivificare.
RÉVOLTE, tiré direct, de l'it. rivolta, subst.
participial de rivolgere-^ L revolvei*e, retour-
ner, bouleverser. Le mot fait double emploi
avec r^o/wf l'on, qui e .st le subst. latin revolutio-
nem. — D. révolter.
RÉVOLU, L. revolutus (revolvere).
RÉVOLUTION, L. revolutionem (revolvere).
— D. révolutionner, -aire.
RÉVOQUER, L. re-vocare, rappeler. — D.
révocalle, révocation, L. revocationem.
REVUE, subst. part, de revoir.
RÉVULSION, L. revulsionem, de revulsum,
supin re-vellere, d'où aussi révulsif.
REZ, anc. subst. = niveau, état de ce qui
est à fleur de ; il n'est plus d'usage que dans
le composé rez-de-chaussée, puis comme pré-
position signifiant à fleur ou à ras de [rez
pied, rez terrc)\ du môme L. rasus (part, de
radere), dont on a tiré la formerai (v. cm.).
RHÉTEUR, L. rhetorem, du gr. A'î-»?, de
^i«, je parle; rhétorique^ gr. pnrvptxr, s. e.
rix^ri^ art du rhéteur. — D. rhétoricien.
RHINOCÉROS, L. rhinocéros, du gr. /civ^lo»;
^de pii, pvo's, nez, et xip»;, corne); l'ail, tra-
duit exactement le mot par nas-hom.
RHODODENDRON, gr. ^oBôBivcpo^, pr. arbre-
rosier.
RHOMBE, L. rhombus, losange, du gr.
pofi^oi. — D rhomboïde^ gr. /ç-s^Soticiî;, qui a
la forme (Cdoi) du rhombe.
RHUBARBE, prov. reubai*da, esp. ndbarbo,
it. reobarbaro, du L. rheu-barbarum; Isidore
interprète rheu par racine, mais c'est une
erreur; rheu représente le gr. ^^«v,adj. de Ta,
L. Rha, nom indigène du Volga (chez les
Latins Rha barbarum et Rha ponticum). La
forme Rha s. donné lieu à l'it. rabarbaro et
ail. rhabarber. La rhubarbe se tirait princi-
palement des rives du Volga.
RHUM, de Tangl. rum, qui, selon les uns,
vient du sanscrit rôma, eau, selon d'autres, de
source américaine.
RHUME, vfr. reume, prov. rauma, fluxion,
du L. rheuma, gr. /i«V«» fluxion; cp. le
terme analogue catarrhe, de xari^/Sot», pr. =
defluxus. — D. enrhumer [s') \ rhumatique,
gr. friVfi%rt*6i'^rhumatiser,gr.^iuu9Tiiti^; rhu-
matisme (d'où rhumatismal), gr. ptufixTn/ici.
RHYTHME, L. rhythmus, du gr. ^u^i^o;,
nombre, mesure, symétrie. — D. rhythmcr;
rhythmique, ç;r. ^u^/iuo;.
RIBAMBELLE, longue suite, mot burlesque
détymologie inconnue. Littré pense à riban
= ruban ; le mot aurait été forgé sur l'idée
« belle file ».
RIBAUD, vfr. ribcdt, it. ribaldo, nord, et
mha. ribbalt, BL. ribaldus, enfant perdu de
l'armée, bandit, débauché, libertin. Grimm,
pai-tant do l'acception « déterminé, intrépide •»,
dérive le mot du vha. rcffimbald, homme
hardi, « perfortis, latro »•, mais ce type ger-
manique se serait rbmanisé par it. rambaJdo,
fr. raimbaut^ rimbaut (ce mot existe comme
nom de famille très répandu). Diez insiste sur
la définition : fures, exules, excommunicati,
en un mot homme sans aveu (Nicot inter-
prète : putior, bordelier) ; il rapporte ainsi le
mot au vha. hriba, mna. rîbe, prostituée,
qui, joint au suffixe péjoratif a/(2, aurait donné
ribaldo, etc. Cp. vfr. riber, séduire des fem-
mes, auj. Hbler, courir la nuit. — En partant
de l'ail, reiben, mha. riben, fricare, terere,
je vois dans ribaud une appellation analogue
aux termes latins perfrictus, Iritus, fr. fourbe,
fripon, polisson, qui découlent tous de l'idée
frotter. — D. ribauder, -crie; anc. ribaude-
quin, arme ou engin des ribauds. — Ribote,
ribotcr sont des dérivés du même radical iHb.
RIBE, moulin à meule conique pour broyer
le chanvre. Bugge (Rom., III, 156; s'adresse
au bas-ail. repe (fém.), brisoir, broie, suéd.
repa, brisoir, ni. repel (Kiliaen, repe, instni-
mentum quo lini semen stringiturj, nha. riffe,
riffcL
RIBES, de l'arabe ribas.
1. RIBLER, voy. ribaud. — D. ribleur.
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RIC
— 443 —
RIF
2. BIBLER, aiguiser, de Vall. riben, auj.
reibcn, frotter?
RIBLETTES, tranches de lard, frites dans
la poêle, dont on entrelarde souvent les ome-
lettes. Dc^tymologie inconnue. Au moyen d'un
renfort de huit chaînons intermédiaires, Mé-
nage était parvenu à faire tenir ensemble rib-
lette et L. lariditm ! Aujourd'hui, l'on ne se
joue plus si aisément de son public, — Peut-être
du germ. rib, rip (aW. rippe), côte, nervure
(saillies longitudinales des feuilles). — Bugge
(Rom., III, 157) rapproche deriblette le suéd
reppling, tranche (de viande, de fromage,etc.)
norv. ripd ou repel, long et étroit morceau
verbes suéd. repa, déchirer, arracher, norv
ripa ou repa, dépouiller, angl. rip, arra-
cher. La même racine a donné ribe et riblon
RIBLON, « petits morceaus de fer à refon-
dre »». J'avais jusqu*ici assigné à ce mot, qui
signifie proprement rognure, pour étymol., le
germ. riben^ reiben, frotter, broyer, mais je
me rallie à Uopinion do Bugge indiquée à
l'art, préc.
RIBOTB, RIBOTBB. voy. Hbaud. Littré
croit qtie riboter est = rebouter, bouter de
nouveau, bouter sans cesse, mais on n'entre-
voit pas trop la liaison des sens.
RICANER, vfr. et dial. recaner, rechanery
recaigner, grincer des dents, braire comme
l'âne, clabauder, asp. reganar, prov. reganar,
grincer des dents. Diez pense que ces mots
tiennent au L cachinnare, rire à bouche
ouverte, d'où procéderaient les différentes ac-
ceptions ; l'élément prépositif ri pour re lui
parait être une modification postérieure amenée
par la relation du sens avec Hre, Je doute de
cette étymologie; à part les improbabilités
résidant dans la forme, le sens aurait tourné
au contraire, car ricaner, c'est rire à demi, et
non pas à bouche ouverte. Toutefois, je n'ai
rien de mieux à opposer; je dirai seulement
que l'interprétation de Nicot « lascivire » et
la forme anc. re-caigncr font penser à canis,
à moins qu'il n'y ait deux homonymes à dis-
tinguer. Littré indique vha. geinan, ouvrir la
bouche. — D. ricanement, ricaneur, -etHe.
RIG-A-RIG =^ au pied de la lettre, avec une
exactitude rigoureuse. D'origine inconnue ; du
radical Hg {g final durci) do rigor, rigueur?
ou du prov. rie, puissant, fier, rigoureux?
RICHE, it. ricco, esp. rieo, prov. rie, du
vha. rihhi, goth. reiks, ail. mod. reich, angl.
rich, — D. richesse (vfr. richeté, ricoise,
prov. riqueza); richard; enrichir.
RICIN, L.ricinus.
RICOCHER, d'où ricochet. L'étymologie de
ricochet ne peut être entreprise avec quelque
sûreté que lorsqu'on sera éclairé sur l'origine
de la locution proverbiale « c'est la fable (ou la
chanson) du ricochet », et surtout sur le
fond de cette fable, que les Italiens appellent
la favola delV iiccelUno, c.-à-d. de l'oiseau.
Si, dans ladite fable, que personne n'a encore
révélée, il s'agit réellement d'un oiseau comme
du principal personnage, on est à priori porté
à décomposer ricochet par ri (forme populaire
p. re, ou, dans le cas spécial, pourvu d'une
autre valeur), et cocT^t, jeune coq. Qu'un
oiseau est en jeu, on est autorisé à le présu-
mer en voyant les Anglais traduire ricochet
par la formule « a duck and a drahc » (une
cane et un canard), les Allemands (en termes
d'artilleriej par^ô//er,qui est aussi le nom du
piC'Vert. — S'il s'agissait d'expliquer ricocher,
ricochet en tant qu'exprimant l'idée de répéti-
tion, sans patronner une étym. faite par je ne
sais plus qui : « coche répétée », coche étant
dit de la hachure que la pierre fait en rasant
la surface de l'eau, j'alléguerais soit re -\-
cocher (cocher pris p. décocher), soit un type
lat. recoctiare* (tiré de recoctus), recuire au
sens figuré de rebattre, multiplier à l'infini,
soit enfin re -j- copiare^ multiplier (cp.jwocA<5
de propius). — A propos de la « fable du rico-
chet », je juge intéressant de fixer l'attention
des amateurs sur le passage suivant do Bau-
douin de Sebourg, XIV, 947 :
Tant la mena la dame de quoquet en fàblel.
Que 11 rois li dîst : Dame, foi que dol Jupitel, etc.
RIDE» RIDEAU, voy. rider.
RIDELLE, chacun des deux côtés d'une
charrette (faits en forme de râtelier) : brin de
chêne en grume; on trouve aussi rizelle et
rudelle; de même reddaUe, gros bâton, et
redon, bâton de fagot. Littré pense que ce
sont là des dérivés du L. rudis, rudicula,
baguette, et aussi de ridica, échalas, piquet.
— Il se pourrait bien que ridelle fût de la
famille de rideau (objet qui cache, préserve) ;
cp. le mot rideau appliqué â une rangée d'ar-
bres préservant du vent ou du soleil. — L'angl.
traduit ridelle par rock, pr. râtelier; cela
porte vers une étymologie L. rete, rets,
réseau. La forme première, dans cette hypo-
thèse, serait redelle.
RIDER, froncer, plisser, du vlia. ga-ridan,
mha. riden, ags. vridhan[d!o\x angl. vtrithe),
tordre; acy. vha. rcj'rf, crêpé, ridé. — \y.ride;
dim. rideV rideau, BL. ridellus, v. angl.
ridel, riddle, pr. qqch. do plissé. — Périon,
de son temps, n'hésitait pas â poser le grec
jiurli (= rugosité quelconque), comme l'éty-
mologie de ride.
1 . RIDICULE, a<]y ., L. ridiculus (ridere). —
D. ridicuîité, ridiculiser.
2. RIDICULE, subst. masc, voy. réseau et
réticule.
RIÊBLE, nom de plante ; d'où?
RIEN, vfr. ren ^jadis du genre féminin),
pr. chose ; le sens opposé est le fait de la né-
gation qui accompagne le mot (voy. l'art.
néant). Du L. rem, ace. de res.
RIFFER, vieux verbe, égratigner, écorcher ,
cp. le bavarois riffen, m. s., variété de l'ail.
raffen, reffen, arracher. — Forme diminu-
tive : rifler, variété de rafler (cp. nha. riffeln,
V. flam. ryffelen, angl. rifle).
1. RIFLARD, rabot, voy. rifler.
2. RIFLARD, vieux parapluie; d'une pièce
do Picard (la Petite Ville), où l'acteur chargé
du rôle de Riflard apparaît armé d'un énorme
parapluie.
RIFLER, voy. riffer. — D. riflard 1, gros
rabot.
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RIN
— 444 —
RIQ
RIGIDE, mot savant, L. riffidus, — D. ri-
ffiditéf L. rigiditatem. — Le même adj. latin
est le primitif de roit* roide (v. c. m.).
RIGODON, mieux rigaudon^ espèce d'air et
de danse ; d'après Rousseau (Dict. de musi-
que), du nom de l'inventeur Rigaud,
RIGOLE, vfr. rigot^ BL. Hgora, rigulus,
it. rigoro, dérivé du BL. rigus, ruisseau.
D'après les uns, d'origine celtique; ils allè-
guent cymr. rhig, entaille, rhigoî, sillon,
petit fossé. D'autres invoquent le bas-ail. rige,
ruisseau. Je ne vois pas pourquoi le L. rigare,
arroser (d'où aussi BL. riga, fr. raie, sillon)
ne suffirait pas.
RIGOLER, SE RIGOLER, se divertir, s'amu-
ser ; partant de l'idée « danser «J'avais avancé
l'étymologie vha. riga, nha. reigen^ danse par
files ; je crois pouvoir y renoncer. Notre verbe
était jadis transitif et signifiait « railler, se
moquer », voy. Jean de Condé, I, p. 21,
V. 694; Froissart.Chron.,éd. Kervyn, VI, 25
(notes); Chansons du xv* siècle (éd. Paris),
p. 56, et mon Gloss. de la Geste de Liège,
p. 264. Quant à l'origine, G. Paris pose le
L. ridicuïus,
RIGUEUR, L.rigorem — D. rigoureux, L.
rigorosus; rigorisme, rigoriste,
RDfE, prov., esp. et it. rima; prov. aussi
nm imasc). On ne peut balancer qu'entre
deux étymologies, savoir le L. rhythmus et
l'aU. rim, auj. reim, série, nombre, puis
rime. Au moyen âge, rhythmus n'a jamais
exprimé la consonance; versus rhythmicus
s'appliquait d'abord au vers soumis à la me-
sure, au mètre des syllabes, puis au vers rimé,
pour autant qu'il est assujetti à un nombre
fixe de syllabes. C'est cette dernière espèce qui
a fini par s'appeler rima. Mais ce mot, pré-
tend Diez pour de bonnes raisons, ne peut, du
moins en ce qui concerne Tit., en aucune
façon procéder de rhythmus, tandis qu'il s'ac-
corde porfaitement avec l'ail. r(m, nombre (on
trouve ce mot aussi dans quelques idiomes
celtiques). « Si l'on objecte, poursuit Diez,
que le vers rimé ne s'est développé chez les
Allemands qu'à une époque postérieure à l'ap
parition du mot roman rima, on peut répon-
dre qu'ils le connaissaient tout en n'en faisant
pas usage. Au surplus, les Romans peuvent
s'être approprié dès longtemps le mot alle-
mand dans son ancienne signification de nom-
bre, et même avoir communiqué à ce dernier
sa valeur actuelle. » Notez bien, ajouterons-
nous, que rime s'appliquait dans le principe
au vers nombre (non rhythmé), qui, lui, était
accompagné de ce que l'on appelle aujourd'hui
la rime. La rime constituait donc d'abord
l'accessoire. — D. rimeur, rimailler, -asser.
— De rime, nombre, vient aussi le cps. arri-
mer, entasser (dans le berrichon, enrimer,
arranger symétriquement).
RIMEUX, fendillé, L. rimosus, de rima,
crevasse.
RINCEAU, voy. rain 2.
RINCER, d'après Diez, p. rinser (puisque le
pic. dit rinser et non pas rincher, et que les
anciens dictionnaires portent reinser)\ donc
du nord, hreinsa, nettoyer. L'autorité de Diei
me fait abandonner une étymologie tirée de
ramus^cip. p. la forme rinceau, et pour le
sens ramoner, nettoyer). — Langensiepen
n'aura guère de succès avec son étymologie,
d'ailleui^s habilement exposée : savoir un mot
hypothétique rinciare p. rincare, lequel se
rapporterait à runcare, sarcler, racler, comme
pingere à pungere, — Ce qui affaiblit consi-
dérablement la valeur de l'opinion de Diez et de
la mienne, c'est que rincer est une forme con-
tracte de l'équivalent vfr. raincier (pron. ra-
incier), dont l'origine reste à trouver. Vov.
Grôb., Ztschr., VI, 112. — Schuchart (ib„
424;, propose "re-initiare (renouveler), bien
que strictement il faudrait ra-eticier. Il faut
écarter recentiare (v. pi. h. rechinser).
RIOLÉ, rayé ; par syncope du g, de rigolé,
dér. de rigole, ou du vha. riga, ligne. L'anc.
fr. riulé, l'églé, rayé, ne convient pas, car riu
n'y forme qu'une syllabe. — L'it. rigato,
rayé, prouve également en faveur d'un thème
rig,
RIORTE, anc. reorte, voy. rouelles,
RIOTER, rire un peu ; dim. de rire.
RIOTTE, vieux mot, querelle, tumulte (d'où
angl. riot), prov. Hota, it. rioUa. D'origine
incertaine ; peutrêtre, dit Diez, du vha. riltan,
frotter (ce qui expliquerait aussi la forme
V. flam. remt, ravot); cp. esp. refriega, dis-
pute, de fricare, frotter. L'étymologie rixa,
querelle, est impossible.
RIPAILLE (faire) ; d'après la tradition (con-
testée par quelques-uns), d'un lieu nommé
Ripaille, sur le bord du lac de Genève, parce
qu'Amédée VIII, duc de Savoie, après avoir
abandonné le gouvernement en 1430, s'y
serait retiré, uniquement pour s'y livrer aux
plaisirs de la table. — Le Duchat pensait à
une contraction (monstrueuse) de repaissaille,
mot de Rabelais ! — Une fois qu'abandonnant
le terrain historique, on se laisse aller à la
conjecture, j'aimerais autant voir dans le mot
un parent de rihaud (v. c. m.) ou ribote, et le
rattacher, non pas à l'ail, riben, puisque b ne
devient jamais p, mais à la forme populaire
équivalente rippen, ribben, d'où vient aussi
le fr. riper, gratter.
RIPER, voy. l'art, préc. — D. ripe, outil
pour gratter.
RIPOPÉE, aussi ripaupé, mélange de restes
de vins. D'origine inconnue.
RIPOSTE, anc. aussi risposte, de l'it. ri-
sposta, subst. partie, de rispondere, répondre ;
prov., port, resposta, esp. respuesta, — D
riposter.
1 . RIQUET, grillon ; c'est probablement le
mot a*iquei mutilé.
2. RIQUET, contrefait, bossu, riquet à la
houppe, m. s. par allusion à un personnage
des Contes de Perrault; en angl. le nom usuel
pour la maladie dite rachitis est le plur, the
rickcts, mais il a été historiquement démontré
que ce dernier est étymologiquement indépen-
dant du gr. 'f.%ylxii, bien qu'il ait fini par dési-
gner cette maladie. M. Kecks, prof, de méde-
cine d Bonn, a consacré à ce sujet une re-
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RIV
445 —
ROC
cherche toute spéciale (Archiv fûr Gynâkologie,
Bd. XX VII), d'où il résulte que Tangl. rickets
est d'origine commune avec notre fr. riquet et
doit son nom à la légende populaire. Sur les
traces de Ch. DeiUin, •• Les Contes de ma Mère
rOye avant Perrault », il expose que le Riquet
à la houppe de Perrault représente le nain
Alberic de la légende germanique (identique
avec Alberon, Auberon, Oberon) et que Riquet
est une abréviation de Alberiquet; riquet,
bossu, particulièrement usuel en Noraiandie,
a passé avec les Normands en Angleterre avec
le sens de bossu ou de bosse, et s'est appliqué
définitivement dans ce pays aux affections
rachi tiques.
RIRE, L. ridêre, par l'intermédiaire d'une
forme barbare ridëre (cp. taire de tacëre p.
tacêre). — D, rieur, rtoter, risible, direct, du
L. risibilis,
1 . RIS, L. risus, action de rire. — D. risée.
2. RIS, t. de marine, propr. les plis que
fait une voile dans la partie qu'on en soustrait
au vent ; d'après Littré, du danois riv, rifl,
ris ; suéd. ref, angl. reef, — D. riser, arriser,
prendre des ris.
3. RIS de veau ; on dit que c'est une forme
gâtée pour rides de veau, mais, observe
Littré, on trouve au xvi* siècle 7*isée pour
fressure ; ris doit donc tenir à risée; mais d'où
vient risée f
RISBAM, t. de fortification, de l'ail, m^-
bank, litt. banc d'arrachement (mot omis dans
Sanders). — Cp. le composé fr. risberme.
RISDALE ou rixdale, de l'ail. reichs-thcUer,
écu de l'empire.
RISIBLE, L. Hsibilis (de risum, supin de
ridere). — D. risibilité,
RISQUER, mettre en danger, it. risicare^
esp. ar-riscare ; subst. it. risico, risco, esp.
riesgo, BL. riscus, risigus, fr. risqub; de
Tesp. risco, écueil, roclier escarpé. Ce risco
parait venir du L. resecare (cp. en suéd.
shûr, écueil, de shûra, couper). L'écueil con-
stituant pour le marin le principal danger,
on comprend la transition de sens; aux deux
acceptions propre et figurée répondent, en
asp., deux variétés de forme, savoir risco,
rocher, et riesgo, danger. Cette étymologie
est appuyée par Diez sur le rapprochement du
prov. mod. resegtte, danger, avec rezega,
couper ; il rappelle aussi le mot resega =
scie et danger, des dial. de Milan et de Côme.
— D'après Devic, risque est l'arabe risq =» ce
qui échoit à qqn., sort.
RISSOLER; Diez, i*ejetant la manière do
voir de Mahn (d'après laquelle ce verbe serait
p. roussoler et viendrait de roux, comme l'it.
rosolare vient de rosso), rapporte le radi-
cal fr. à un verbe répondant au dan. riste,
rûtir, isl.,suéd. rist, rôt, et la forme it. roso-
lare, norm. roussoler, à l'ail, rôsten, rôtir,
— D. rissole, rissolette.
RIT, RITE, du L. ritus. — D. rituel,
L. ritualis.
RITOURNELLE, do Vit. ritornello, refrain
[rilomare , retou rner) .
RIVAGE, voy. rive.
RIVAL, L. rivalis. « Rivales dic^bantur
qui in agris rivum haberent communem et
propter eum sœpe discoptarent •» (Acron).
Déjà Cicéron a dit « amare sine rivali ». —
D. rivalité, L. rivalitatem; rivaliser.
RIVE, L. ripa. — D. rivage, BL. ripati-
cum, terrain avoisinant une rive; rivière,
BL. riperia^ rivaria, it. rimera, esp. ribera
(et par mutilation vera), port, ribeircn (et
beira), prov. ribeira, d'abord = rivage, ou
terre arrosée* par un cours d'eau, puis, par
extension, le cours d'eau même. On trouve,
dans la basse latinité, même le primitif ripa
employé, par une métonymie analogue, pour
fluvius. — D. arriver (v. c. m.) = ad ripam
appelles.
RIVER, prob. du néerl. rijven, ou du nord.
rifa, dan. rive, râteler, c.-à-d. aplatir ou
replier ce qui est proéminent ; ces verbes sont
du reste congénères avec le vha. riban, ail.
mod. reiben, frotter. — On trouve dans Fai-
dit déjà : ribar, clavos repercutere. —
D. rivure, rivet, Hvoir.
RIVIÈRE, voy. nve. — D. riverain,
RIXE, L. riooa, querelle.
RIZ, prov. ris, it. riso, ail. reis, valaque
urëz, du L, oryza, gr. op\t(^x. — D. rizière.
ROB, suc de fniits, it. robbo, rob, esp. rob,
port, robe, de l'arabe robb, m. s.
ROBE, vêtement, prov. rauba, dépouille et
robe, catal. roba, esp. ropa (anc. roba), port.
roupa, it. roba (effets en général, hardes).
Tous ces mots représentent le BL. rauba,
roba, équivalent du L. spolium, signifiant pr.
butin, dépouilles enlevées à l'ennemi, et dont
le sens s'est généralisé en celui d'effets, choses
d'équipement, et circonscrit ultérieurement
en celui de vêtement, tunique, robe. Rauba
est le subst. verbal du verbe BL. raubare^
voler, dérober (vfr. rober), lequel vient du
vha. roubôn, roupôn (ail. mod. raubeii), ravir,
piller. • — D. robin; desrober* éLérober ,
dépouiller (v. c. m.).
1. ROBIN, homme de robe, voy. robe.
2. ROBIN, nom de la fable pour mouton,
puis terme de mépris ; c'est une forme variée
de Robert, qui est le vha. hruod-peraht , bril-
lant en gloire. On s'est fourvoyé en déduisant
robin = mouton soit du L. rupinus (à cause
de sa têt« dure, ou parce que les moutons se
plaisent sur les rochers), soit de robe, à cause
de sa toison. Rofnn est pr. un prénom, comme
renard. De robin, mouton, vient robinet,
ainsi nommé parce que les robinets étaient et
sont encore faits en forme de tète de mouton
(d'autres pensent que le nom vient de l'inven»
teur). Cp. l'équivalent ail. hahn, pr. coq.
ROBINET, voy. l'art, préc. — Littré (Suppl.)
dit qu'il est difficile do disjoindre étymologi-
quement robinet de robins ou roubine, mots
du midi de la France et signifiant canal d'écou-
lement.
ROBUSTE, L. robustus.
1. ROC, masse de pierre, it. rocco (cat. roc,
caillou, gaôl. roc, angl. rock), formo ma se.
ab.straite du féminin roche, prov. roca, roch a,
it. rocca, roccia, esp. roca. L'origine do ce
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ROD
446 —
ROM
mot roman est douteuse. On a mis en avant
tantôt larabe roc, une des figures du jeu
d*échocs, tantôt le grec yâwÇ, fente, ou le cymr.
rhioff, chose proéminente. D'après Diez, le fr.
roche et l'it. roccia reproduisent un type
latin rupea, adj. de rupes (cp. approcher, it.
approcciare de appropiare), tandis que l'it.
rocca provient d'un type varié rupica (cp. les
dérivations acica, cutica, natica de avis, cutis,
natis), d'où rup'ca, puis, par assimilation,
rocca. Cette solution est la plus plausible, bien
qu'elle ne soit pas à Tabri d'objections. —
Fœrster (Grôb. Ztschr., II, 86;, vu le carac-
tère ouvert de l'o dans les mots romans en
question, proteste contre toute connexité avec
L. rupes et n'admet qu'un type latin yoccitm,
'rocca, * roccia, sans rien dire de plus sur l'ori-
gine de ces vocables hypothétiques. — D.
rocaille, rocher, subst. ; verbe fr. rocher, jeter
des pierres (cps. dérocher, déroquer), adj.
rocheux; dim. rochellc, — Les formes néerl.
rots, gr. mod. /Jorja, seraient-elles détermi-
nées par l'it. roccia f
2. ROC, anc. la tour au jeu d'échecs, it.
rocco, du persan rokh, chameau monté par
des archers. — D. roquer, t. du jeu d'échecs.
ROCAILLE, amas de petites pierres, dér.
de roc, — D. rocailleux, rocailleur,
ROCAMBOLB, de l'ail. roggen-boUcn, litt.
bulbe de seigle, ainsi appelée, dit-on, à cause
de la ressemblance de sa tige avec celle du
seigle, ou de celle de ses bulbilles avec des
grains de seigle.
ROCHE, ROCHER, voy. roc,
1. ROCHET, it. rocchetto, esp. roquctc. Le
primitif de ce subst. se trouve sous la forme
latine rocrus, dans un capitulaire de Charlo-
magne. C'est le vha. roc (aussi hroch), nord.
rochr, ail. moà, rock, robe. Le sens rétréci
* vêtement plissé » (d'où port, en-rocar, it.
arrocheitare, plisser), rappelle, observe Diez,
le nord, hrucka, gaél. roc, ride, pli, angl.
to ruck^ froncer.
2. ROCHET, bobine, fuseau, dimin. du BL.
rocca, it. rocca, quenouille, qui vient de
l'ail, rocke, rocketi, m s. Le mot dans <• roue
à rochet » est probablement le môme.
ROCOCO, mot abstrait de rocaille, à cause
de la rocaille qui figurait dans le style
rococo.
A
RODER, tournoyer, courir çà et là (le cir-
conflexe n'a pas de raison étymologique) ; c'est
le prov. rodar, it. rotare, rouler, tournoyer.
L'anc. langue avait p. rôder la forme plus
française rouer ; le patois rouchi dit de même
rouier, ce qui confirme l'étymologie ci-dessus,
posée par Diez et qu'avait déjà indiquée Mé-
nage. — D. rôdeur.
RODOMONT; c'est pr. le nom d'un héros
mauresque, brave, mais altier et insolent,
bien connu par le portrait qu'en font le
Boiardo et l'Arioste. Le nom de ce héros,
d'abord rodamonle, a été inventé par le
Boiardo et signifie, selon Mahn, dans l'inten-
tion de l'inventeur, un homme qui prend sur
soi « de rouler ou de transporter des mon-
tagnes t. [rotare monicm). Les interprétations
par ronge (ix)dere) montagne (Le Duchat) ou
par l'ail, red^ + munter, c.-àrd. vif de parole
(Vocab. univ. Ital. de Naples) ne méritent
aucun crédit. — D. rodomontade,
ROGATIONS, L. rogationes, prières Comme
on a dit, dans la vieille langue, roiœer p. ro^
gare, on y trouve aussi le subst. rouvaisoft
p. rogaiionem. — Rogatoir£, L. rogcUorius
(de rogare, demander).
ROGATON, 1. terme plaisant p. requête;
2. petites pièces de vers, dédiées à des sei-
gneurs dans un but intéressé ; 3. choses de
peu de valeur, rebut, restes de viande ; du
L. rogaium, demande, prière.
ROGNE, vfr. roigne, prov. ronha, it. rogna ^
gale ; d'après Ménage (approuvé par Diez), du
L. robiginem, rouille, carie; la contraction
est forte, mais admissible. — D. rogneux.
ROGNER, vfr. rooi^ner (employé particulière-
ment pour la coupe des cheveux), prov. redoti-
har, resoynar; le mot rend pr. le L. circum-
cidere et vient évidemment de rotundus (vfr.
roond, reond), d'où aussi Tesp. redondear,
arrondir. Pour l'idée, cp. Tesp. cercenar^
rogner, de circinus, cercle. — D. rognure.
ROGNON (d'où it. rognone), esp. rinon,
prov. roîhô, ronhô; dér. de rein (v. c. m.).
Le mot fr. est gâté de roignon et présuppose
une forme dérivative latine renio, -onis.
1 . ROGIJE, arrogant, d'après Diez du nord.
hràhr, m. s. ; le mot se trouve dans la plupait
des dialectes celtiques, ce qui rend ropiiiion
de Diez peu sûre. L'angl. rogue signifie filou,
vagabond et s'écarte sensiblement du sens
français et celtique. Cp. wall. aroguer, traiter
avec fierté, angl. to rogue, chapitrer qqn.
Malgré Taifinité du sens, L. arrogare parait
devoir être écarté.
2. ROGUE, œufs do poisson, de l'ail, rogen,
m. s., isl. rogn.
ROHART, ivoire des morses, anc. rochai^
rohal; prob. d'une forme antérieure roshal
s=. anc. ail. rossxcall, nordique hrossvalr, litt.
clteval-balcine, qui est identique avec ags.
horshtoael, morse. Littré se trompe en con-
sidérant notre mot comme une corruption de
rorqual; voy. Bugge. Rom., III, 157.
ROI, vfr. rei, L. rex (thème r€^;. — D.dim.
roitelet (cp. le L. rcgulus, gr. ^açatMoç);
notez que roitelet est pour roiet-eUel, triple
diminution ; le wallon du Hainaut dit roiei
p. roi; adj. royal, L. regalis.
ROIDE (aussi raide), vfr. roiV, prov. regc,
redc, reze, rot, du L. rigidus (cp. froid de
frigidus). — D. roideur, roidir, roidillon.
ROITELET, voy. roi.
ROLE, prov. 7'otle, rolle, it. rotolo, rulo,
esp. rollo, angl. roll, ail. roi le, pr. qqch. de
roulé, rouleau de papier, du L. rotulu^;, rou-
leau. — D. dim. vfr. rolel, auj. rouleau; en-
rôler; composé contrôle p. contre-rôle.
1. ROMAINE, balance, de l'arabe rom-
mana, poids et balance.
2. ROMAINE, espèce de laitue, rapportée
au XIV* siècle d'Avignon, où siégeait la cour
pontificale''ou romaifie.
1. RO)IiN, Vfr. et prov. romans, esp. ro-
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RON
— 447 —
ROS
mancCf it. romanjfo, BL. romancium, subst.;
1 . langage du peuple, sermo nisticus (formé
dans les pays conquis par les J^matit^), opposé
à la langue latine ou savante des clercs;
2. composition poétique en langue vulgaire.
— De là le verbe pi*ov. romansar, vfr. rowa;*-
cier, traduire ou écrire en roman, puis Tadj.
romance dans «* langue romance » {langue
romane est un terme savant façonné d après
lingua romana), et le subst. romance, d*oû
les dér. wfr. romande, art de faire des romans,
et romancier, faiseur de romans. — La forme
romancium parait issue de Tadv. romanice
dans « romanice loqui », vfr. parler romans,
A l'ac^iusatif, la langue des trouvères disait
romant (cp. vfr. nom. païsans, ace. patsant)\
de là le subst. romant", auj. roman, et l'adj.
romantique. De roman la langue moderne a
tiré Tadj. romanesque (l*i t., respectant l'an-
cienne finale dentale, dit romanzesco), et le
verbe romaniser.
2. ROMAN, anc. adj., L. romanus. Aujour-
d'hui on désigne par langue romane une
langue issue de source latine ; d'où romaniste
= qui s'occupe de l'étude des langues
romanes.
ROMANCE, -GISR, voy. roman 1.
ROMANISTE, partisan de l'église romaine,
savant en droit romain, et voy. s. rom,an 2.
ROMANTIQUE, voy. roman. — D. roman-
tisme.
ROMARIN, L. ros marinas, pr. rosée
marine.
ROMPRE, L. rumpere, dont le supin rup-
tum a donné ruptura, fr. rupture, Voy. aussi
le subst. route,
RONGE, anc. épine en général, du L. ru-
mex, rumicis, espèce de dard. Le prov. a
ronser, d'un type rumiciarius. L'analogie du
L. pumex = fr. ponce et prov. pomser, et du
L. pollex = fr. pouce et prov. poher, et le
rapprochement du langued. roumec, ronce,
ne permettent guère, selon Diez, de douter
de l'étymon rumex. Celui-ci a peut-être signi-
fié chardon, plante épineuse, avant de sappli-
(jucr à une pointe môtalliciue (Pline l'applique
à une pliinte dite patienco; ; notre mot chardon
no signifîe-t-il pas aussi une pointe en fer? —
Le BL. runcus, ronc43, s'il n'est un produit de
rumicus (rumex), doit être un dérivé du L.
ruticaj'e, arracher les mauvaises herbes. —
D. ronceux^ ronceraie,
RONGIN, voy. roussin.
ROND, vfr. roond, reond, prov. redon, esp.,
port, redondo, it. rotonde, ritondo, du L. ro-
tundus. — D. royide, rondeau (v.c. m.),ron-
delle^ rondelet, rondache (v. c. m.), rondin,
rondeur ; factitif ari'ondir,
RONDAGHE, bouclier rond, aussi appelé
rondelle; c'est un subst. formé de rond avec
le suffixe aclie (= L. aceus), cp. mordache,
gapujche, panache. Chevallet s'est mépris en
fai.<iant venir le mot fr. de l'ail, rund-tartsche ;
il est certain que ce dernier composé a été
imaginé pour expliquer rundartsche, forme
sous laquelle les Allemands se sont approprié
rondache. On a naturellement été amené à le
faire, vu l'imitation du mot fr., en mettant à
profit lexistense du mot tartsche, bouclier ;
ce dernier, toutefois, quoique d'extraction pri-
mitive germanique, est également un emprunt
fait au français (voy. targe),
RONDEAU, ronder, prov. redondel. pièce
de vers - faite en mode circulaire i», comme dit
Ch Fontaine (1576).
RONDIN, pr. bois rond. — D. rondinei\
RONFLER, prov. ronflar, sicil. runfuliari,
toscan ronfiare, lomb. ronfare; le radical,
dans ce mot roman, doit être le même que
celui du vha. rofazoti, eructare j cp. bret.
ru/là, gr. pofiXv^ siroter, grison g-rufflar,
ronfler. Ronfler est prob. p. ronfuler (suffixe
diminutif K^j; la contraction a pu être amenée
par assimilation à souffler, ni fier, — M. Bou-
cherie ramène ronfler à L. rhombus, fuseau,
par un verbe dimin. 'rhomhulare, bourdon-
ner comme fait le fuseau. C'est fort douteux.
Bien plus séduisante est la conjecture de Caix
(Studi 51), qui explique row/?are par re-un^
flare = re-inflare, en s'appuyant, pour le
sens, sur l'expression de Virgile : •* somnum
toto pectore jjro/îare •».
RONGER; Ménage pose le type rodicare
(rodere) avec insertion de n. Cette insertion
n'étant pas usuelle en fr. devant les palatales,
Diez juge préférable d'identifier ro/i^er avec
l'esp. et le port, rumiar, prov. romiar, qui est
le L. ê^umigare, ruminer; cette signification
de ruminer était anciennement propre aussi
à notre mot fr. ronger, et les chasseurs di-
sent encore • le cerf fait le ronge », c.-àd. il
rumine. — G. Paris est plutôt favorable à rorfe-
care (encore conservé dans le berrichon et poi-
tevin rougier) et pense que rougicr aura été
changé, à une époque assez reculée en ron-
gier, sous l'influence de rungier, ruminer.
ROQUER, voy. roc 2.
1 . ROQUET, manteau fort court des laquais,
comme rochet 1, dér. de l'ail, rock.
2. ROQUET, bobine, autre forme de ro-
chet 2.
3. ROQUET, chien ; Chevallet rapproche ce
mot du v. ail. rakel, reckcl, isl. racMi, suéd.
racka, chien ou chienne (voy. aussi notre mot
racaille); ce rapprochement est-il fondé? Je
n'en sais rien, mais j'en doute. Cp. aussi
rouquet, lièvre mâle. — D'après Brachet, le
mot désigne proprement le chien de saint
Roch.
1 . ROQUETTE, diou, angl. rocket, it. rue-
chetta, esp. ruqueta, dimin. des mots prov. et
it. ruca, prov. et esp . oruga, ail. rauke, qui
vient du L eruca, m. s.
2. ROQUETTE, fusée, angl. rocket, ail. roc-
ketc. voy. raquette 2.
RORQUAL, espèce de baleine, n'a rien à
faire, selon Buggo (Rom., III, 157), avec le
suéd. rôr, tuyau, comme pense Littré(co serait
une « baleine à tuyau »); le mot signifie
- baleine [quael) rouge » ; ror représente le
suéJ. randhr, rouge.
ROSAIRE, voy. rose,
ROSBIF, francisation du mot anglais roast-
beef^ bœuf rôti.
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ROS
448
ROU
ROSE, L. rosa, A la rigueur L. rbsa eût
du se fraDciscr par reime, mais il n'est guère
permis pour cela d'établir une forme secon-
daire rossa rien que pour sauver la règle.
— D. rosCf adj. (d'où rosir et raser); rosé,
rosacé, L. rosaceus, d'où aussi le substant.
rosace, rosier, L. rosarium; rosaire, BL.
rosarium (les gros grains du chapelet s'appe-
laient des roses, voy. chapelet, sous cape);
roseite, roséole (cp. rougeole) ; roson, it. ro-
sone; rosat, L. rosatum.
ROSEAU, roser, prov. ratuel, dimin. du
prov. raus, qui est le gotli. raus, vha. rôr {s
= r), nha. l'ohr, jonc. — D. roseliêre.
ROSÉE, prov. rosada, cat. ruxada, esp.,
port, rociada, it. rugiada, subst. part, du
verbe esp. rociar, cat. riixar, d'où prov.
ar-rosar, fr. ar-roser. Le verbe roctar, selon
Diez, dérive de Tadj. rocio, formé du L. ros'
cidus, par la syncope du d médial (cp. esp.
limpiar de limpidus), Voy. notre obs. à l'art.
arroser.
ROSIER, voy. rose, — D. roseraie,
ROSSE, prov. rossa, it. rossa, mauvais che-
val. L'étym. la plus naturelle semble être le
vha. hros, mha. ros, nha. ross, cheval. Cepen-
dant l'it. rossa s'y refuse et la rend douteuse.
— Le norm. a harousse, p. rosse; cette forme
se rattache visiblement au vha. hros (l'initiale
hr dégagée par har; cp. harangue de vha.
hring). Voy. aussi roussin,
ROSSER, battre Est-ce un dér. de rosse,
donc pr. traiter qqn. à coups de bâton, comme
une rosse (cp. mâtiner de mâtin,? ou = néerl.
rossen, étriller, fig. battre, rosser? Malgré
l'attrait de ces étymologies, on a cru devoir
s'adresser ailleurs. Mahn voit dans notre mot
une modification (par assimilation de n) du
prov. ronsar, ronsar, renverser, lancer, jeter
avec force, agiter, qui, selon Diez, dérive du
L. rumecc, Cotgrave consigne un mot ronce
= hurled, cast with violence; il répond au
prov. ronsar, — Diez oppose à l'étymologie
rwisar ou en définitive à l'étymologie rutnex,
rtimicis les considérations suivantes : 1 . l'assi-
milation de ns en ss est contraire au génie
du fr.; 2. le ss de i*osser est originel (non pas
une mutation de f), ce qui appert de" l'exis-
tence de la vieille forme pic. roissicr, rimant
avec froùtsier; si le verbe se rattachait au
thème rumic, le picard eût, d après toutes les
analogies, fait roichier. Cette forme roissier
prouve en même temps contre l'étymologie
rosse, — D'après Fœrster (Grôb. Ztschr., II,
87), rosser, anc. roissier, répond à un type
lat. 'rocceare (de 'roccea, roche). Il pense
qu'une forme pic. rochier pourrait encore
être découverte. Du reste, dit-il, vu la fluctua-
tion orthographique entre ss, ch et h, le mot
peut être expliqué aussi par le vfr. rochier,
jeter, lancer. Malgré l'autorité de son auteur,
cette étymologie n'aura guère de succès, et
somme toute, la question reste ouverte ; car
on n'admettra pas à coup sûr l'étymologie
rudiciare (de L. rudis, bâton) qu'avait proposée
Ménage.
ROSSIGNOL, it. rossignuolo, esp. ruiscnor
(anc. rossenol), port. roiixinhol,'Çinyy,rossin-
hol, du L. lusciniolxis, dim. de luscinia. La
mutation / en r est basée sur l'euphonie ; elle
se présente dès le ix^ siècle, où l'on rencontre
ruscinia, roscinia. Vît. a cependant la forme
lusignuolo et même (l'initiale l étant prise pour
l'article) usignuolo; en vfr. on trouve de même
lousignol, lurcignol.
ROSSINANTE, le coui-sier de Don Quichotte,
auj . mauvais cheval ; dér. de rossin,\, roussin.
ROSSOLIS, nom de plante, du L. ros solis^
rosée du soleil. Le nom de la liqueur se rat-
tache-t-il à celui de la plante, ou est-ce, comme
on a conjecturé, une mutilation de rosso
liquore, liqueur rouge ? Littré pense que la
liqueur a été nommée ros solis à cause de son
excellence supposée. En effet, les Allemands
traduisent le mot par sonnenJthaubrantvsein
(cau-de-vie de rosée de soleil). Les Italiens
disent rosolio et rosolino,
ROT, it. ntUo, du L. rudus (cp. fUÂ de
fluctxis), — D. roter, L. ructare.
RÔT, voy. rôtir,
ROTATION, L. rotationem (rotare).
ROTE, juridiction de la cour de Rome ; de
l'it. rota, pr. roue, à cause de la succession
des jugements.
ROTER, voy. rot,
ROTIN, ROTANG, roseau des Indes, canne
faite de la tige du rotin ; du malay rotân.
ROTIR, rostir (d'où angl. roast\ prov.
raus tir, du vha. rostjan; sinon, du celtique,
où l'on trouve gaél. roist, cymr. rhostio, bret.
rosta. — D. subst. verb. rôt (prov. raitst, it.
ar-rosto), puis à forme participiale : masc.
rôti, fém. rôtie; rôtisseur, -isserie, -issoire,
ROTONDE, it. rotonda, du L. rotundus,
rond.
ROTONDITÉ, L. rotunditatcm,
ROTULE, mot savant, L. rotula (dim. de
rota).
ROTURE, du L. ruptura, qui, au moyen
âge, avait piis le sens de champ défriché,
rompu par le soc, puis celui de « petite cul-
ture tenue en villenage »» , d'où le sen** mo-
derne du mot. — D. roturier, 1 . tenu â titre
de roture, 2. tenancier d'une roture, 3. qui
n'est pas noble.
ROUAN, roan, it. 9*oano, rovano, esp.
tniano. D'origine inconnue dît Littré; pour-
quoi pas de l'ail, rot, rouge ou du radical rub
de L. riiherf; les Allemands traduisent roiMUi
aussi bien par ro<A-schimmel que par grau-
schimmcl.
ROUANNE, nom d'outil : grattoir, pour
marquer les bois. D'après Littré, de roue, la
rouanne faisant une marque circulaire. — D.
rouanner.
1. ROUGHE, carcasse de vaisseau, voy.
ruche.
2. ROUCHEi laiche, roseau, angl. ni^A.all.
rusch; tient soit au L. ruscus, brusc, ou au
goth. raus, roseau.
ROUCOULER; onomato|)ée.
ROUDOU, RODOUL, REDOUL, prov. rodor,
m, s.; d'origine inconnue.
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ROU
— 449 —
ROU
BOUE, L. rota. — D. roiter (v. c. m.),
t-ouage; vfr. roele^ auj. rouelle, L. rotclla
(d'où rouelette, roulette); rouet, i-oué (v. c.
m.); royer, faiseur de roues (a vieilli), type
latin rotarius,
ROUÉ, pr. qui a subi le supplice de la roue,
puis fig. (cp. pendard) = scélérat, vaurien
homme sans mœurs, digne de figurer sur la
roue. — D. rouerie,
ROUBB, 1 . punir du supplice de la roue,
2. battre. Dans ce second sens, on emploie
aussi rouler, — En vfr., rœr avait aussi le
sens de rôder (v. c. m.).
ROUETTES, brins de taillis dont on fait des
liens. Non pas de roue, comme pense Littré,
mais du fr. reorte, qui, en effaçant IV devant
t, est devenu rœte, rouette^ comme meolle
(medulla) est devenu moelle, Voy. Tobler
(Kubn Ztschr., XXIII, 418}. Quant à reorte,
lien pour lier les fagots, il répond à l'it. ri-
torta, hart, lien (BL. retorta), et vient du L.
retortus de retorquere, Littré a accueilli, avec
la même valeur, comme un mot de la Loire-
Inférieure, reorthe (orthographe abusive),
sans y reconnaître le vfr. reorte. Dans Sachs,
je trouve riorte = viorne ; c'est une simple
variété de reorte, hart, comme le prouve
l'appellation hardeau donnée aussi à la
viorne.
ROUFFE, vfr. roife, gale éphémère des
enfants à la mamelle ; cp. ail. nife, néerl. rof,
escarre, croûte, et le terme d'art vétérinaire
rouvicux, Voy. aussi l'art, ruffien,
ROUGE, it. 7Vffgio, robbio, esp. rubio, prov.
rog (fém. rqjd), du L. rubeus ou robius. —
D. rougeur, rougeàtre^ rougeole, rouget (pois-
son) ; verbe rougir, — Je rappelle ici encore
vfr. rovor, L. ruborem, rowoant, L. ruban-
tem, dim. rouvelant,
ROUILLE, prov. roïlh, roilha, représente
un dimin. rubigula, du L. rubigo. Les
formes prov. rozilh, ruzil, cependant, don-
nent quelque crédit à l'étymologie rodicula,
de rodere, ronger, avancée par Huct, ou à un
type ruticulus p. ^-uiilus, — D. rouiller, en-
rouiller,
ROUIR (patois roder), du néerl. roten (ail.
mod. rotten), pr. faire pourrir, macérer. —
D. rouissage, rouissoir, aussi rotoir (du thème
rot),
ROULEAU, voy. rôle.
ROULER, vfr. roller, roler, prov. roular,
rolar, it. rotolarc, du BL. rotulare, forme
dimin. de rotare, tourner ou faire tourner (de
rota, roue). — D. roulage, -ement, -ade, -is;
roulier, voituricr. Cps. dérouler; voy. aussi
croula'. — Notez le vfr. roeiller = rouler les
yeux, qui accuse un type roticulare,
ROULETTE, petite roue, jeu do hasard, p.
rouelette, diminutif de rowc (v. c. m.).
ROUPIE, Bl^. ropida; un type ropidia a
donné le berrichon rouiche. L'origine du mot
reste à trouver. — D. roupieux.
ROUPILLE, sorte do manteau, de l'csp. ro-
pilla, dim. de ropa, robe.
ROUPILLER, sommeiller à demi; d'après
Littré, de roupille (v. c. m.), donc pr. « s'en-
velopper dans sa casaque et dormir •». Cela
mérite vérification. — II n'est pas impossible
que roupiller, ainsi que roupie, tiennent à l'ail,
(dial.) ruspen, ruspern, ronfler, râler, faire
un effort pour cracher.
ROURE, ROUVRE, vfr. robre, it. rocere,
esp. roble, du L. robur, m. s.
ROUSSEAU, rousseV, dimin. de roux, —
D. rousselet, rousseline,
1. ROUSSI, odeur d'une chose qui a été
roussie par le feu.
2. ROUSSI, cuir de Russie, du L. Russicus,
ROUSSIN, cheval entier; cp. vfr. rouci7i,
prov. roci, rossi, esp. rocin (d'où la rocinante
de Don Quichotte), port, rossim, exprimant
tous un cheval de peu de prix. Le c radical,
observe Diez, rend leur parenté avec l'ail, ross
douteuse ; ils semblent être plutôt des modi-
fications des formes suivantes avec n : vfr.
roncin, rotichin, it. ronsino, prov. rotxci,
wall. ronsin, cheval entier, BL. runcinus.
Ces dernières sont tirées par Voss, par un
intermédiaire ruincinus, du néerl. ruin,
cheval hongre, mais cela a peu de probabilité.
— Roncin peut avoir précédé' roucin, comme
sponsa est le primitif de espouse; d'autre part,
les formes sans n peuvent avoir produit les
autres par voie de nasalisation ; dans ce der-
nier cas, on pourrait admettre comme souche
commune l'it. rozza, rosse (voy. rosse). — Les
anciens traducteurs néerlandais et allemands
de trouvères français ont transformé notice mot
resp. en rosside ou ronside et runsit, — L'éty-
mologie fondée sur vfr. ros == roux ne se
prête ni pour le sens, ni pour la lettre.
ROUSSIR, inchoatif et factitif de roux, »
D. subst. roussi,
ROUT, assemblée, de l'angl. rout, m. s. (la
prononciation anglaise a donné lieu à l'oiibo-
graphe raout). Le mot angl. est d'origine
française et = vfr. route, troupe (voy. route 2).
1. ROUTE, chemin, du L. via rupta, voie
faite en rompant la forêt ou le sol ; j'ai com-
paré dans ma première éd. le terme brisée
(dans « aller sur les brisées de qqn »), mais
ce terme repose sur l'opération des chasseui*s,
qui rompent des brandies pour reconnaître
où est la bête. — D. routier', subst. et adj.,
au fig. homme qui connaît les chemins, qui a
beaucoup de pratique; routine, expérience,
habitude, pratique (angl. rote). On pourrait
aussi rattacher routier et routine directement
au part, ruptus = rompu (aux affaires). Cps.
débouter, mettre hors la route (voy. aussi
l'art, déroute). — Chevallet place à tort le mot
route dans l'élément celtique; il cite écoss.
rod, trace, bret. roudcn, irl. rodh, rot,
chemin.
2. ROUTE*, rote% prov. rota, ail. rottc,
angl. rout (assemblée), bande, compagnie
d'hommes armés; du BL. rupta (de rumptrre),
pr. fraction, division. — D. routtcr, troupier,
pillard ; arouter, assembler.
ROUTIER, voy. route 1 et 2.
ROUTINE, voy. route 1. — D. routinier,
routiner. Il se peut que le verbe ivutiner ait
précédé et déterminé le subst. routine,
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RUC
— 450 —
RUI
BOUTOIR, lieu de rouissage, voy. rouir.
BOUVIEUX 'l'imagination populaire en a
fait rouoO'Vieuœ}^ gale des chevaux ; propr. un
adjectif; voy. rouffe.
BOUVRE. voy. roure,
BOUX (fém. rousse), prov. ros, it. rosso,
esp. roxo, du L. russus. — D. roiissâtre,
rousseur, rousseau (v. c. m,), roussir, rous-
siller,
BOTAL, vfr, reial, real, du L. regalis frex).
— D. roialté' royauté; royalisme, 'iste, —
D'un type latin, assez bizarre, reffalimeti vient
fr. reaime (angl. realm), roiaîme, auj.
royaume, prov. reyalme, esp. reaîme, it.
reame Le vfr. a produit de la même façon le
mot ducheaume p. duché.
BOTAUMB, voy. l'art, préc.
BU, vfr. rîM. rui, rouchi rieu, prov. riu,
esp. rio, du L. rivus. La forme rui est l'effet
d'une transposition, analogue à celle de tuile
de teçula, — D'un type riticellus, riv^cellus,
puis (par transposition de fc, iu en ui) ruicel-
lus, vient ruisseT ruisseau (dont Fit., par
emprunt, a fait ruscello), — Fœrster (Grôb.
Ztschr.,V, 96; conteste cette manière de voir;
d'après lui, il faut partir d'un primitif avec û
radical, qui expliquera à la fois vfr. ru, ruicel
(=s ruisseau) et it. ruscello ; il argumente
surtout sur l'absence d'une forme vfr. riucel
bien constatée. Le thème riv, par contre, n'a
pu donner que les formes riu et rieu,
RUBAN, wall. et Berry riban, v. angl.
ryband, n. angl. riband, ribbon; d'origine
incertaine. L'étym. L. rubens, rouge, bien
qu'on orthographiât autrefois aussi ruben, est
tn)p arbitraire. .L'ail, band, ruban, y est-il
pour quelque chose? C'est A examiner; mais
que faire alors dé l'élément ruf Diez propose
le néerl. rinff-band, collier; Wedgwood, le
néerl. riigband, fascia, ligamen; j'aimerais
tout autant une composition riem-band (de
l'ail, riem^ riemen, courroie, lien) ou rip-band
(de l'angl. rip, déchirer). Mais tous ces efforts
sont g^atuitj>, tant que Ton ne sait pas si ru
n'a pas précédé ri; le fait est qu'on trouve le
BL. rubamis dans un texte do 1367. — D.
rubaner ; rubanier, -crie.
BUBÉFIEB, mot fait sur le type rubcficare
p. rubefacere. — D. rubéfaction, L. rube-
factionem.
BUBIGAN ; on y a vu une composition de
ruber, rouge, et de canus, blanc ; Littré pré-
fère le tirer du BL. rubricantem, rougeàtre.
BUBIGOND. L. rubicundus.
BUBIS, vfr. rubi, it. rubino, esp. rubin,
ntti, prov. robi et robina, ail. rubin, BL.
rubinus^ dér. du thème rub de L. ruber, —
La finale s de rubis est un reste de l'ancien
nominatif.
BUBBIQUB, pr. titre écrit en rouge, du L.
rubrica (ruber), craie rouge, puis rubrique,
titre de loi. — D. rubriqucr,
RUGHE, vfr. rusche^ rusque, rouche, prov.
rusca, ruscha, d'abord = écorce, puis, panier
pour abeilles, ces paniers étant faits d'écorces
d'arbres (en eep. le mot corcho signifie aussi
à la fois écorce, liège et ruche). Le mot est de
provenance celtique; on trouve irl. rtac.gaél.
rusg, bret. rush, cymr. rhisg, écorce, et bret
rusken, ruche. D'un autre côté, des gloses
anciennes portent vha. rusca ^ avec le sens de
panier, corbeille. La forme rouche, carcasse
de vaisseau, n'est qu'une variété de ruche. —
L'ail, reuse, nasse, ruche, dim. reuschen
Kiliaen donne ruysche <» ruche), est-il
indé pendant de notre mot? — D. rueJie^
ruchée,
RUDANIER* (Molière) p. rude dnier, comme
qui dirait un ânier qui est trop nide d ses
ânes (Trévoux). « A rude asne rude asnier. •
RUDE, L. rudis, — D. rudesse, rudoyer.
RUDENTÉ, t d'architecture, du L. rudens,
cordage. — D. rudenter, -ure.
RUDIMENT, L . rudimentum, apprentissage,
début (de rudis, gnx»sier, non dégrossi^ ; cp. le
mot érudit), — D. rudimentaire.
1. RUE, chemin, passage, prov. rua, esp.,
port rua, v. it. ruça, du L. ruga, sillon, en
BL. = platea, vicus On trouve aussi BL.
ruta, pi'ov. ruda; cela indique le celt. ruta,
rot, passage, chemin. — D. ruelle fd'où ruel-
1er); ruotte, rigole (ou dim. de ru f).
2. RUE, plante, it. ruta, esp., port., prov.
nida^ ail. raute; du L. ruta, m. s.
RUER, jeter avec impétuosité; ce verbe,
très ancien, a pour source immédiate non pas
L. ruere, dont I'm est bref et qui eût produit
rouer, mais le fréquent. rtUare, dont Yu est
long (cp. muer de mûtare); voy Fœrster,
Grôb. Ztschr., II, 87. — D. ruade, rueur.
RUFIEN, esp., prov ru/ian,,àe Vît. ruffîano,
maquereau, puis homme débauché. Selon Du
Gange, le mot it. vient de ce que les femmes
publiques portaient des cheveux roux (L. ru-
fus) Cette étymologic est bien suspecte, tant
pour la forme que pour le sens. Le mot se
rattache plus naturellement (ctj'ai été heureux
de me rencontrer ici avec Diez) à la racine
germ. hruf, ruf, exprimant impureté, pr.
gale, dont dérivent, outre le fr. rouffe (v.c.m ),
le milan, ntff, piém. et com. ru fa, escarre,
gale, vénit. ru fa, malpropreté, romagn. rofia
(p. ro/îa), croûte de lait, dial. du Jura rovfflc.
Diez, pour appuyer cette valeur du mot comme
terme de méj^ris, cite le passage de Dante :
« rufiian, baratti e simile lordura ». D'un
autre côté, il allègue les provincialismes alle-
mands, subst. ru/fer, maquereau, verb.
ruffeln, faire le maquereau, et le v. angl.
rujfiner (sx\y ruffian), paillard; ajoutex-y le
fiam. roffiaen, maquereau.
RUGIME, t. de chirurgie, racloir; d'origine
inconnue. Au xrv* siècle, on trouve roisne,
roigiic; cela s'accorde avec un type rupina,
qui pourrait être le subst. verbal de ruginare
(fr. rugfner\ ôter les aspérités (dérivé fictif de
ruga, aspérité, ride).
RUGIR, L. rugire (d'où vient aussi l'an-
cienne forme ruir). — D. rugissement.
RUGUEUX, L. rugosus {ruga, ride). — D.
rugofiité.
RUILER (aussi ruiller), faire des repères
pour dresser toutes sortes de plans et de sur-
faces, du vfr. ruile, ~ règle, mesure, formé
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SAB
451 —
SÂB
du L. régula^ barre, règle, comme tuile de
tegula. — D. ruil4ie, bordure de plâtre ou de
mortier.
RUINE, L. mina (niero). — D. ruijver;
ruineux^ qui menace ou qui cause la ruine,
L. ruinosits.
RUISSEAU, ruisseV, voy. ru. — D. mis-
seler,
RUMB, t. de marine (it. rombo, es^.rumbo,
port, rumbo et rumo, angl. rumb, viennent
du français), vfr. rum ; du néerl. ruim (ags.
rum, ail. raum), espace ; le rumb, en parlant
des vents, est Tespace compris entre deux
vents. Il faut écarter les éty m. gr./iwuo^, timon
(en tant qu'il indique la direction d'un cbar),
et le L. rhombus, losange. Le b dans rumb
est adventice. — Notre mot est le primitif du
verbe arrumer, dessiner les lignes du vent
sur une carte marine.
RUMEUR, L. rumorem, m. s.
RUMINER, L. rumitiare (àe rumens go-
sier).
RUNES, caractères Scandinaves, du suéd.
runa, lettre ancienne. — D. runiquc.
RUOTTE, voy. rue.
RUPTURE, L. ruptura (de ruptum, supin
de rumpere). Rupture est la forme savante de
roture (v. c. m.).
RURAL, L. ruràlis (de rus, ruris, cam-
pagne).
RUSE, subst. verbal de ruser. Ce dernier,
vfr. reiiscr, pi'èsente la succession d'acceptions
suivante : repousser, reculer, s'échapper par
des détours (en parlant du gibier) et finale-
ment employer de la ruse, tromper. Tous ces
sens se déduisent facilement du L. recusare,
repousser, refuser, et il est inutile de recourir
à refuser, la syncope de /"dans un mot roman
étant insolite, tandis querecusar, reUser, ruser
a son analogue phonétique exact dans securus,
seiir, sûr et dans secundus, vfr. seond,
RUSTAUD, dér. du vfr. ruste, grossier, vio-
lent (cp. lourdaud). Ruste, devenu rustre, est
le L. rwtt'icus (apocope du suffise, cp. éco'
làtre de scholasticus, iiide de indiens),
RUSTIQUE, L. rusticus (ru.s). — D. rusti-
cité, rustiquer (t d'architecture).
RUSTRE, voy. rustaud. Pour IV épenthé-
tique, cp. registre de regestum, vfr. tristre, p.
triste.
RUT, gâté de l'anc. ruit^ subst. participial
de vfr. ruire, rugir (du type barbai-e rugere^
p. rugire); ruit, rut signifie donc pr. rugisse-
ment, à cause des cris que pousse le cerf en
chaleur.
RUTILANT, du L. rutilare, briller.
S
1. SABBAT, jour de repos, L. sabbatum,
grec 9à662roy , mot biblique , de Thébr.
schabat, repos. — De sabbati dies vient fr.
samedi p. sabedi (cp. vha. sambaz-dag, nha.
samstag). Le prov. , retournant les termes, dit
dissapte (et aussi sapte tout court).
2. SABBAT, assemblée nocturne des sor-
cières, accompagnée de danses (d'où le sens
bruit, tintamarre . Ce mot est prob. identique
avec le préc., l'idée fondamentale paraissant
être fête, solennité, ou un dénigrement du
sabbat dos Juifs. Le savant Huet pensait au
au grec la^xitoi, épithôte de Bacchus, en
L. Sahasius, aussi Stibadiits.
1. SABLE, L. sabulum. — D. sabler;
sableux^ L. sabulosus; sablier, sablière
(v. c. m.), sablo7i (v. c. m.), ensabler,
2. SABLE, terme d'héraldique, couleur
noire ; du vfr. et angl. sable, marte zibeline,
BL. sàbcllum (mot d'origine slave = russe
sobol, d'où ail. zobef). — Do sable, nom d'ani-
mal, vient le vfr. sebelin, aujourd'hui zibeline
(v. c. m.).
SABLIÈRE, 1. lieu où l'on tire du sable,
dér. de sable; 2. t. de chai-pentier, pièce de
bois de support. D'après Ménage, le deuxième
sens renvoie au primitif de scapularia (sca-
pnla', quasi une épaulière; d'après nous,
sablière est plutôt p. stablière^ et remonte à
L. stabilis. Pour la chute du t dans st, cp.
saison et sabot,
SABLON, L. sabulo, -onis. — D. sablon-
nevx, sablonnière, sablonner.
SABORD, embrasure au bordage d'un vais-
seau par où Ton tire le canon ; d'origine incon-
nue. On y a vu une corruption de angl. sawn
boai'd (planche sciée), mais ce terme est in-
connu aux Anglais. — D. saborder,
1 . SABOT, soulier de bois. Je ne suis pas à
môme d'établir l'étymologie de ce mot, mais
bien certainement il ne vient ni de xx>o7ro4i7y,
pied en bois, ni -do sac de bos (Du Cange), ni
do Sabaudia (« chaussure de Savoie »). J'incli-
nerais plutôt pour une dérivation du vfr. et
prov. sap « sapin, donc pr. chaussure en
bois de sapin, si réellement le sens « soulier
de bois », et non pas plutôt le sens général
de soulier, doit servir de point do départ pour
la rochcrche do l'étymologie. Frisch rappro-
chait le mot du slave sabogi, chaussure. Quelle
que soit la valeur du radical sab ou sap, nous
pensons que le sabot (rouchi chabot) est radi-
calement identique avec l'it. ciabatta, esp.
zapata, etc. (voy. l'art, savate). — Le mot
sabot, qui dan3 ses nombreuses acceptions
techniques emporte l'idée de chaussure, de
garniture aii bas des objets (la qualité >« de
bois n s'effîiçant tout à fait), s'expliquerait
facilement s'il était permis de tirer. le thème
sap de la racine german. stap, exprimant
fouler, marcher (cp. ail. stappen, marcher,
fouler, stapf, trace du pied, stapel, pieu,,
support); pour le sens, cp. le slave stopa,
vestige et chaussure. — D. sabotia\ verbe
saboter.
2. SABOT, corne du pied du cheval et
d'autres animaux. C'est le même mot que le
pi'écédent. Le latin solea réunit de môme les
deux acceptions.
3. SABOT, toupie ; d'après La Monnoye, le
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SAC
— 452 —
SAC
même que sabot \, ces toupies étant faites la
plupart d'un morceau de vieux sabot. J'en
doute. — D. saboter, jouer au sabot, faire
tourner.
SABOTIERS, ustensile pour péparer les
glaces; mot altéré, suivant Littré, de sarbo-
itère, qui, à son tour, serait pour sorbetière
(de sorbet). L'ail, appelle cet ustensile qiterl,
quirl, pr. moulinet, subst. du verbe querlcn,
faire tourner; cela nous engafçe à voir dans
sabotière plutôt une dérivation de saboter,
fiiire tourner (dér. de sabot 3).
SABOULER, terme populaire, houspiller,
tirailler, réprimander. C'est peut-être un dé-
rivé du même radical sab, qui est dans sabot,
toupie; le prov. sabotar signifie également
secouer, ébranler, agiter. Je ne puis admettre
de rapport entre le verbe saboiiler et un jeu
d'enfants usuel en Espagne et en Italie, et qui
consiste à faire des espèces d'anguilles (mou-
choir roulé) que l'on remplit de cendre ou de
sable et dont on frappe ceux qui ont fait
quelque faut« au jeu. Ni Tesp. ni Tit. ne pré-
sentent un verbe sabidare. — Ou bien le
thème sab remonterait-il au L. sapo, savon,
ascendant du terme figuré savonner t Dans les
patois du }A.\à\,saboula s'emploie pour rouler
dans l'ordure.
SâBRS, it. sciabola, sciabla {\cnise sabaîa),
esp. sable; de l'ail, sabel, qui à son tour est
d'importation étrangère, cp. hongr. ssablt/a,
russe sabla, pol. szable.serhe sablja, valaque
sabfe. — D. sabrer; sabretache, de l'ail,
sàbeistache, poche de sabre.
SâBRENAS, artisan qui travaille malpro-
prement, grossièrement. On dit aussi sabre-
naitd. Peut-être de l'csp. sabenada (sait- rien) ;
l'r serait euphonique. Bugge, qui a émis cette
conjecture (Rom., IV, 365), compare le patois
suisse sapoii (sait- peu). On a trop peu d'élé-
ments historiques pour contrôler la valeur de
cette explication, qui rest« fort douteuse. —
D. sabrenasser.
SABURRE, L. saburra.
1. SAC, poche, L. saccus. — D. sachet
(dim.), sachée, sacoche (de l'it. saccoccia), —
Diez et autres considèrent comme un dérivé
de^ac levfr. sacher, sacJiier, saquer, esp. , port.
sacar, = tirer, extraire, arracher, et comme
dérivé do celui-ci, le subst. saccade, action
de tirer (d'où saccade). Nous ne partageons
pas cet avis; nous admettons que sacher est
un dérivé de sac, pour autant qu'il signifie
eizsacha; mettre dedans, comme le n. prov.
saca et le BL. saccare fvoy. l'art, suiv.), mais
nous ne pensons pas qu'on puisse lui donner
en même temps le sens contraire « faire sortir
du sac». Notre idée est que le fr. sacher et
l'csp. sacar sont des formes allégées p. stacher,
stacar (cp. sablière, saison, etc.) et reprodui-
sent l'it. staccare, détacher, séparer, et que le
subst. saccade, secousse, petits mouvements
détachés, non soutenus, répond parfaitement
à l'it. staccato. — Une seconde conjecture
que nous nous permettons d'émettre à l'égard
do saquer, tirer, tirailler, secouer brusque-
ment (d'où viendrait saccade), c'est de ratta-
cher ce verbe à l'ags. scâcan, quatere, conçû-
tes, angl. shahe, secouer. Diez, il est vrai,
n'admet pas la correspondance du se initial
germanique avec s initial roman (voy. l'art,
suiv.), mais saquer peut être p. cïiaqiier,
comme on dit beaucoup dans le Nord songer,
sarcher^. changer, chercher. Nous rappelle-
rons à ce sujet le subst. champ, socqiiet,
cahot d'une voiture, qui est sans doute un dér.
de choquer, = angl. shoh, ail. schauheln,
2. SAC, pillage, it. saxxo, esp., port, saco,
subst. verbal d'un verbe (inusité; saquer (BL.
saccare), dérivé de sac, poche, et signifiant
pr. empocher, puis fig. voler, butiner, piller.
Diez (et d'après lui Burguy) diffère de notre
manière devoir; il part du subst. saccus, an
sens de gros paquet, d'où se serait dévelop[>ée
l'acception « chose empaquetée », butin II
compare à cet égard le mot germanique/j^Mw-
der, qui veut dire en ail. bagage, et en angl.
butin. — Diez rejette l'étymologie vha. scâh,
butin, parce que, d'après lui, se initial ne se
simplifie jamais en s. Cependant il admet que
Fit. sappa (voy. sa^^) a pu venir de «iîrrziv,
et soUa do l'ail, skolla (auj. schoUe); or,
phonologiquement, ce qui s'applique à l'it. j
peut aussi s'appliquer à s, ces deux lettres
permutant si souvent dans cette langue. —
Bien que l'étymologie que nous avons posée
d'abord nous convienne parfaitement, celle du
vha. scdh, mha. schach, BL. scacus (cp. vfr.
eschec, butin), n'en pourrait pas moins être la
vraie ; et le mot BL. saccomannus (it. sacco-
wan;io, valet d'armée, goujat, esp. sacomafw,
n. prov. sacanmn, v. flam. sachmann, voleur)
me fait rcffet d'être identique avec l'ail, (bav.)
schachmann ou schâcher, voleur, brigand, et
le flam. sachen, diriper'e, depraedari, n'est non
plus peut-être qu'une forme allégée de 5cAacc-
hen, rapère. — Un autre subst. verb. (à suf-
fixe dérivatif) de saquer, piller, est saccage,
d'où saccager. Le type saccicare a donné esp.
saqnear, it. saccheggiare === saccager. — Lit
tré se trompe quand il me prête l'opinion que
sac, pillage, se rattache à l'ancien verbe sa-
ehe?', saquer = tirer ; c'est so^m^ = empocher,
ensacher, qu'il fallait dire, car les deux verbes
ne me paraissent pas identiques. Lisez aussi,
dans Littré, à l'art, saccade, à l'étymologie :
staccare p. scaccare.
SACCADE, voy. sac \. — D. saccader, sac-
cadé.
SACCHARIN. du L. saccharum, sucre.
SACCAGE, d'où saccager, voy. sac 2.
SACERDOCE, L. sacerdotium; sacerdotal,
L. sacerdotalis .
SACHÉE, SACHET, SACOCHE, voy. sac 1.
1 . SACRE, action de sacrer fv. c. m.;.
2. SACRE, sorte de lanier, esp., port.
sacre, it. sagro, ail. saker; c'est prob. une
traduction du gr. îîpx^, épervier, faucon, pr.
oiseau sacré (Virg. sacer aies), appelé ainsi À
cause de son vol circulaire (cp. en ail. weihe,
milan, du vha. rjoiho, sacré). D'autres propo-
sent pour origine l'arabe çaqr, oiseau de
proie, autour, qui, d'après des autorités com-
pétentes, n'est pas emprunté aux langues
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SAG
— 453 —
SÂI
romanes. - — Ane. sacre et son dim. sacret
désignaient aussi, comme d'autres noms d'ani-
maux, une sorte de canon.
3. SAGRl, brigand; sens métaphorique de
sacre, oiseau de proie; sinon de l'ail, schà-
cher, m. s. (voy. sac 2).
SACREMENT, L. sacramentum, consécra-
tion. — D. sacrameiital on -tel, — Voy. aussi
serment,
SACRER, L. sacrare. — D. sacre, action
de sacrer; adj. sacre',
SACRIFICE, L. sacrificium ; sacrifier, L.
sacrificare, d'où sacrificateur, -atoire, -ature,
SACRILÂGE, î. adj., L. sacrilegus (litt.qui
recueille des objets sacrés), 2. subst., L. sacri-
legium.
SACRIPANT, de Fit. sacripante, personnage
de rOrlando inamorato de Bojardo.
SACRISTAIN, it. sagrestano, prov. sagres-
tan, dér. du BL. sacriata, d'où aussi BL. sa-
cristia, fr. sacristie = 1. sacristse mu nus;
2. le lieu où sont déposés les objets du culte.
L'ancienne langue avait francisé saaHstamis,
en secretan (nom de famille encore fort ré-
pandu) et segretain ; de sacrista, l'allemand a .
tiré son mot sigrist,
SACBISTIE, voy. .l'art, préc.
SADE*, de bon goût, gracieux, du L. sapU
dus, qui a de la saveur, du goût ; de là le dim.
sadiueC, joli, gracieux, et le composé maus-
sade p. mal'Sade.
SAFRAN, it. safferano, esp. a-safran,
valaque sofran, de l'arabe zàfaràn, — D. 5a-
franer.
1. SAFRE, glouton, goulu. Diez propose
soit lo vba. seifar = l'eau à la bouche, ou le
verbe gothique (supposé par Grimm) safjan,
savourer. Chevallet y voyait tout bonnement
une transposition de l'ail, presser, d&u.fraad-
ser. 11 cite aussi un mot holl. schaffer, goulu,
de schaffen^ avaler. C'est un peu légèrement
traiter le sens des mots; le holl. schaffcn
signifie donner à manger, puis par extension
prendre ses repas. — Safre, par sa terminai-
son, rappelle /70M/a/5r, ^01 n/rt'. — Littré rap-
proche do notre mot lo berrichon chaffrer,
détériorer. Pour tout épuiser, nous indique-
rons aussi Tags. ceafle^ mâchoire. — Nicot
traduit safre par « petulans, lascivus »» ; est-ce
lo même mot? L'anc. langue avait, et quel-
ques patois ont encore, un mot safre = élé-
gant, gentil, que Littré tire du BL. safpum
(vfr. safre), orfroi, broderie.
2. SAFRE, oxyde de cobalt en poudre,
servant à faire du verre bleu, do l'it. sa/fera,
m. s.
SAGACE, L. sagax. — D. sagacité, L. sa-
gacitatem.
SAGE, vfr. saive (cp. rage et vfr. raive)^ it.
savioet saggio, esp., iport. sabio, prov. sabi,
satge, du L. sapins, vocable populaire (cp. le
cps. ne-sapius, insensé), transformé en sabius,
samus. Le wallon dit saif et m^Ua?/* (insensé) ;
cp. vfr. mausage, — D. sagesse, it. saviez 2a,
— Cps. sage-femme^ pr. femme liabile.
SAGETTE*, vfr. saielte, saète, it. saetta,
fiècho, du L. sagitta, d'où sagittaire,L, sagit-
tarius.
SAGOU, nom du sagoutier dans les langues
jïapoues. — D. sagoutier,
SAGOUIN, espèce de singé ; d'origine incon-
nue.
1. SAIE, manteau, prov. saga, saia, esp.
saga et saia, du L. saga (Ennius), forme con-
currente de 5a^um; mot d'origine gauloise. —
D. sayon, — §a^uw s'employait, suivant Dio-
fenbach (Orig. Europ ), dès les temps classi-
ques, comme nom d'une étoffe; de là BL. 5ata
(panni species), d'où les dim. it, sagetta, esp.
saycte, fr. sayette, serge.
2. SAIE, brosse des orfèvres, du L. seta,
soie de porc, pinceau. — D. saietter,
SAIGNER, du L. sanguinare, être san-
glant, dans la basse latinité =^ sanguinem
emittcre. — D. saignée,
SAILLIR, h,salire. — l>, saillant, saillie;
composés: assaillir {fingl. assail), d'où subst.
assaiU, L. assaltus, tressaillir, L. transsalire.
— Subst. verbal de salire : L. saltus, fr.^air^
d'où L. saltare, fr. sauter,
1 . SAIN, adj , L. sanus, d'où subst. sanù
tatem, fr. sante\ et te type sanitarius, fr. ,^ani-
taire. Verbe sainir (patois fr. = guérir j et
cps. assainir.
2. SAIN (dans le composé sain-doux,
graisse de porc fondue), vfr. saïn, champ.
sahin, esp. sain, prov. sagin, it. saime; du
BL. sagimen, forme variée du L. sagina,
graisse. — D. ensimer et essimcr (voy. ce.s
mots).
SAINBOIS, = bois sain, appelé ainsi à
cause de son emploi médical,
SAINFOIN (Cotgrave écrit sainct-foin), =
saint foin; l'ail, dit de même hcilig-heu. 0. do
Serres, toutefois, interprétait lo mot par foin
sain • à cause de sa vertu médicale et engrais-
sante ».
SAINT, L. sanctus, — D. sainteté, L.
sanctitatem.
SAISIR, prov, sasir, it. sagire omettre en
possession) et slaggire (saisir, user de main-
mise), BL. sacire, s'approprier. Lo vfr. saisir
avait également la valeur do l'it. sagire,
mettre en possession; c'est de cette acception
que relèvent les expr. « le mort saisit le vif»,
puis se saisir de qqch. et le cps. dessaisir,
prov. d^asir, mettre hors do possession.
Diez pose comme étymologie lo vha. sasjan,
placer (pris dans le sens du cps. bi-sasjan =
nha. besetzen, ags. biset tan, angl. beset, pren-
dre en possession); il cite à lappui le prov.
sazir la terra, occuper la terre, puis la syno-
nymie des formules BL. « ad proprium sa-
cire » et « ad proprium ponere « (ponero =
ail. selzen). La forme ital. sagire, observe
Diez, se rapporte à sasjan, comme palagio à
palatium [prononcer pal atsium). — J'aban-
donne l'idéo que j'avais eue d'abord, et d'après
laquelle le BL. sacire ne serait qu'un retour
à la forme primitive du L. sandre, établir ;
mais il no m'en reste pas moins des doutes
quant à la justesse de l'étymologie de Diez.
Comment l'accorder avec la forme it. stag-
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SAI
— 454
SAL
ffiref Ne faut-il pas ici, comme dans plusieurs
autres cas, admettre, coDtraircment à la théo-
rie de Diez, la simplification d'un st initial en
jr (cp. sablière, sçLCcade, saison) et partir de
staggire pour expliquer sogiref Or, quelle
est 1 origine de ce mot italien? Diez propose
les vieux verbes ail stâtigôn, si^terc, mettre
arrêt, ou stâlian, fixer. Pour moi, j'émettrai
deux conjectures : 1. On trouve en BL. sta-
gium avec les acceptions de demeure, séjour
{notre stage), puis d'étage, de salle; puis je
trouve stagia, maison, pieu, poteau ; enfin,
stagire, séquestrer. Toutes ces acceptions
comportent l'idée de fixer, établir, inhérente
au primitif de ce§ vocables, le L. siare, et qui
est aussi celle du verbe ail. seizen, primitif
de sagire selon Diez. 2. Dans saisir, il n'y a
pas seulement l'idée de mettre en possession,
mais aussi celle de prendre. Cette dernière
découle, par généralisation, de celle do pren-
dre en gage, en sûreté; par là nous scmmes
amené à l'étjmologie staggio, otage, caution,
qui est p. ostaggio (voy. otage), d'où staggire,
prendre ou mettre en sûreté, d'où le subst.
staggina, fr. saisine, prise de possession (cp.
se nantir, w saisir, de «atwp, gage). — Storm
(Rem., V, 167) pense, comme moi, qu'il est
diflBcile de séparer sagire de staggire, et quant
à ce dernier, il incline pour l'ail, stàtian (de
stâii, stable), proposé par Diez, ou mieux
encore pour un verbe stadjan, conservé en
norois sous la forme stedja, stabilire, sistere,
fitatucre, de stadr (thème stadi), locus. La
finale des dérivés it. staggina, fr. saisine,
ajoute Storm, en le démontrant, n'exclut
nullement une provenance germanique.
SAISON, prov. sazo, esp. sazon, port.
sazao, it. stagione. La forme ital., combinée
avec l'esp. estacion, port, esiaçào (= saison),
porte nécessairement à prendre pour origine
le L. stationcm, arrêt, séjour, point tué, d'où
le sens : le temps voulu, le moment propice
(Diez rapproche judicieusement l'ail, stiinde,
heure, de stehn = stare). Quant aux autres
formes avec s initial, Diez les disjoint etles rap-
porte, avec Du Cange, au L. sationem, action
de semer, d'où découlerait l'acception temps
convenable pour semer, et enfin temps conve-
nable en général. Nous ne partageons pas son
avis : nous voyons dans 1'* initial, ici comme
dans d'autres cas, un affaiblissement de st,
d'autant plus que le mot saison exprime essen-
tiellement les divisions ou, à proprement dire,
les quatre stations de l'année. « Cela est de
saison •» équivaut à « cela est de l'époque • .
J'ai développé ailleurs mes arguments en
faveur de l'étym. stationem; elle ne donne
lieu qu'A une seule objection, c'est que st ini-
tial ne peut se transformer en s. Cette loi, je
la reconnais ; mais des exceptions sont admis-
sibles pour toute loi, et cette exception s'im-
pose si naturellement dans un certain nombre
de cas, que, pour ma part, j'aurais de la
peine à la méconnaître. Dans ce qui précède,
on a pu voir quelle facilité elle offre pour
l'explication des mots sablière, sabot, saccade
et saisir, et plus loin je l'invoquerai encore
pour le motyoMcA^. En outre, je la vois confir-
mée par le prov. sanc (gaucher) et sanca (main
gauche), qui, bien certainement, reproduisent
le stanco, stanca de l'italien; puis par le
verbe sanchicr, rassasier, que j'ai noté cinq
ou six fois dans Froissart et qui est le même
mot que «towcare, étancher. D'ailleurs, Diez
admet l'équation st initial = z pour plusieurs
cas 'ainsi zanco p. stanco, zambecco p stam-
becco; esp. Zuniga p. Estxiyiiga)\ or, la dis-
tance de -j à « n'est pas grande. Le procédé
qui a fait lisière de listière peut foit bien
avoir exceptionnellement atteint la tète des
vocables. — Certainement, saison est le L.
satio, dans la phrase : <• domaine divisé en
trois saisons » (Berry), saison = sole; mais
je tiens ce saison-lù, pour distinct de celui qui
nous occupe. — Mentionnons encore pour
mémoire l'étym sectio, division, mise en avant
par Le Duchat. — D. assaisonner (v. c. m.),
dessaisonné, anc. = déplacé, dérangé, décon-
certé,
1. SALADE, ail. salai, angl. salad, it.
insaJaia, pr. mets assaisonné avec du sel,
puis, par extension, herbes destinées A être
mangées en salade, subst. partie, des verbes
prov., esp. 5a/ar, it. saJare, fr. saler, dér. du
L. sal. — D. saladier,
2. SALADE, casque, it. celata, esp. celada,
V. angl. salet, cymr. saled, du L. cassis
cœlata, casque pourvu d'une image ciselée.
SALAIRE, L. solarium (sal), pr. indemnité
donnée aux soldats pour acheter le sel, puis
salaire en général. — D. salarier.
SALAMALEG, de la salutation arabe salam-
aleich, salut à toi.
SALAMANDRE. L. salamandra, gr. <>«>&-
SALE, d'après Diez, du vha. salo, trouble,
terne, étymologie corroborée par le rapproche-
ment de rit. salavo = sale, qui- répond au
même mot germanique à l'état fléchi : salaiœr,
gén. salatoes. — L'étymologie L. squalidus,
crasseux, n'est guère plausible. — Che-
vallet invoque le celtique, en citant l'écoss.
et irl. salach, gaél. salio, «=■ malpropn»;
reste à savoir si ces dérivés sont du fonds cel-
tique; cp. angl. salloto, ni. zcUuio, terne,
livide. — D. saleté, salir, salaud, saligaud.
SALEP, pr. oreliis, puis substance tirée des
tubercules des orchis, enfin boisson que les
Orientaux font avec les bulbes des orchis
(arabe sahlab, turc salleb). Le mot est tiré,
d'après Dozy, de la phrase chozà at'tha*l€b ■=*
testicules de renard,
SALER, voy. salade. — D. salade, salai-
son.
SALIÈRE, de L. sal, sel.
SALIN, saline, L. salinus (sal),
SALIR, voy. sale. — D. salisson fcp. p. la
ÎOTTCïe polisson], salissure.
SALIVE, L. saliva. — D. saliver, -atton.
SALLE, it., esp., port., prov. sala, du vha.
sal, maison, demeure, séjour; cette significa-
tion était aussi celle du vfr et du prov.
(u celestials sala n, céleste séjour). Plus tard,
elle s'est restreinte à celle de « grand apparte-
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SAN
— 455 —
SAN
ment i*; auj. Fall. saal dit la même chose que
fr. salle. — Les mots romans étant féminins,
M. Kern leur assigne pour origine directe le
francique sala, moy.néerl. saU (auj. jgaal).
— . D. salon,
SALMIAG, corruption de sal ammonia-
cum.
SALHIQONDIS, roj. salmis.
SALMIS, d'origine inconnue. On est tenté
d*y voir une contraction d'un type salffamicius,
du L. salffama, choses confites dans la sau-
mure. Je suis tout aussi embarrassé pour
salmigondis; serait-ce le mot salmis amplifié
de conditus, accomtnodé, assaisonné ?
SALON,' angl. saloon, voy. salle.
SALOPE, soit un dér. de sale (mais com-
ment expliquer la désinence?), soit p. slope,
correspondant de Tangl. slop, gâchis, saleté.
— D. saloperie, — Le holl. slomp, salope,
parait être la forme nasalisée de slop,
SâLOROE, magasin de sel, selon Bu gge,
un composé foiiné de L, sal, sel + ?u>rreum,
grenier, ^dépôt, magasin.
SALPÊTRE, mot savant, de L. sal petrœ,
sel de roche. Le circonflexe n'a pas de raison
d'être.
SALSEPAREILLE, it. salsapariglia, de
l'esp. zarzaparilla^ composé de l'esp. zarsa,
ronce, et de Parillo, nom d*un médecin qui a
employé le pi*emier cette racine. Telle est
l'explication de Scaliger, rapportée par Mé-
nage.
SALSIFIS, anc. sersifi; l'it. sassefrica en
est-il l'original ou une déformation?
SALTATION, L. saltationem (de saltare,
sauter;.
SALTIMBANQUE, de l'it. saltimbanco, qui
saute sur un banc {saltare in banco) ; l'it. a
de même cantimbanco, chanteur de tréteau.
SALUBRE, L. salubris. — D. salubrité.
SALUER, prov., esp. saludar, it.salutare,
du L. saliUare, — D. salut, subst. verbal,
action de saluer; saluade; salutation, L. salu-
tationem.
SALUT, vfr. salu, 1. L. salus, -utis, d'où
salutaris, fr. salutaire; 2. subst. verb. de
saluer,
SALVE, décharge de mousqueterie, d'abord
en signe de salutation, de bienvenue, du L.
salx>e (impératif de salière, se bien porter),
formule romaine de salutation.
SANGIR, t. de marine, couler bas (en par-
lant d'un navire); Diez pense que c'est une
altération du prov. sumsir, submerger, dont
l'étymologie est encore discutée et que Paris
(Rom., VI, 148 et 437) croit pouvoir rattacher
à L. sorpsus, de sorbere, engloutir.
SAMEDI, voy. sabbat,
SANCTIFIER, FICATION, L. sanctificare,
•ationem.
SANCTION, L. sanctionem (sandre). — D.
sanctionner.
SANCTUAIRE, L. sanctuarium (sanctus).
SANDAL, aussi santal, en botanique santa-
lum; de l'arabe zandal {gv. tàvzAXovj, lequel
répond au sanscrit tschandana.
SANDALE, L. sandalium (vzvC&Uov).
SANDARAQUE, L. sandaraca (iMiapiutu).
SANDRE, nom de poisson, de l'ail, saiuier,
zander.
SANO, L. sanguis. — D. sanguin (doù
sanguine., minéral), L. sanguinus, p. sangui-
neus; sanguinaire, L, sanguinarius ; san-
glant, L. sanguilentus (forme accessoire de
sanguinolentus, qui se trouve chez Scribo-
nius Largus). A propos de sanglant, Gachet
observe : - Nous sommes tenté de croire qu'une
satire sanglante est une satire qui sangle ou
qui fouette ; il en est de même d un reproche
sanglant, etc. Le sang n'a rien de commun
avec cette expression » . Cela peut être vrai ;
cependant, nous ne voyons pas pourquoi san-
glant ne serait pas justifiable comme méta-
phore ; sanglant et cruel se touchent de bien
près, et crudelis n*est-il pas lui-même un
dérivé de crudus, saignant, cru? — Le cps.
sang-froid paraît être une corruption de
l'anc. locution sens froid (cp. sens rassis). Le
changement du i*oste est naturel, cp. l'ail.
kaltbliUig(&àj,),
SANGLE, vfr. cengle, it. cinghia, prov.
singla, du L. cingula (de cingcre » ceindra,
— D. sangler^ 1. ceindre avec une sangle, 2.
donner des coups d'étrivières, fouetter, d'où
sanglade,
SANGLIER, sengler*,pToy, cinglar, it. sin-
ghiale, du BL. singularis. Cette di^nomina-
tion est une imitation du gr. /iovio;, bête sau-
vage, pr. solitaire. — Quelques patois ont
conservé un a^j. sangle, unique, du L. sin»
gulus,
SANGLOT, voy. l'art, suiv.
SANGLOTER, prov. sanglotar, du L. sin-
guitare, transposé en singlutare; à l'autre
forme latine singultire se rattache le vfr. sen-
glotir, souglotir, — D. subst. verbal sanglot,
vfr. sanglout, segloiU, souglaut, prov. san-
glot, singlot, sangliU, L. singultus, — La forme
it singhiozzo est basée sur singluttio p. sin-
gultio; le vfr. souglout, sur une transforma-
tion de sin en sub.
SANGSUE, prov. sancsuga, L sanguisuga,
qui suce le sang.
SANICLE, d'un type sanicula, dimin. de
sana, la (plante) saine.
Si^CnE, L. sanies; mot de formation
savante, ce qui équivaut ici à irréguliôre, car
il faudrait ja^t^e. — D. sanieux, L. saniosus.
— Voy. aussi essanger,
SANITAIRE, néologisme, voy. sain,
SANS, vfr. sens, prov. senes, sens, ses, it.
senza, v. it. sen, esp. sin, port. sem. C'est le
latin sine, pourvu de 1'; adverbial.
SANSCRIT, du sanscrit sanskrita, parfait.
SANSONNET; cet oiseau ne s'appelle pas
ainsi, comme dit l'abbé Corblet, parce qu'il
apprend facilement à chansonner (le mot
s'applique du reste également à un poisson) ;
le mot vient du prénom Samson, commQ pier*
rot de Pierre eijacquot de Jacques.
SANTAL, voy. sandal.
SANTÉ, voy. sain.
SANTON, de l'esp. santon, hypocrite (de
santo, saint). Rabelais a sanctoron.
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SÂR
— 456
SAU
SANVE, nom populaire du sénevé, du L.
sinapi, accentué sdnapi; cp. angl. senvy, ail.
senf.
SAOUL, voy. sottJ.
1. SAPE, action de *a;)er, subst. verbal.
2. SAPE, outil pour saper ; it. zappa, esp.
sapa, boyau. L'initiale s engage Diezà rap-
porter le mot au gr. v/scnniv, fouir (cp. it.
jsoJIa, motte, du vba. sholla). L*it. et Fcsp. s
procédant parfois de s (cp. it. solfo, soufre,
de Sîilphur, esp. zandalo, sandale), je ne vois
pas pourquoi Tétym. L. sappa f Isidore) ne
serait pas préférable. — Chevallct voit dans
zappa une transposition de l'ail, spaten (vba.
spiuo), pioclie. C'est par trop bardi. — D. sa-
per,
SAPER, voy. sape 2. — D. sapeur.
SAPHIR, L. sapphiriis {vxit^upoi).
SAPn)B, L. sapidiis, dont la langue vul-
gaire a fait sade (v. c. m.).
SAPDBNGE, L. sapientia,
SAPIN, L. sapinus. Le vfr. et le prov.
avaient dégagé de ce mot le simple sap, —
D. sapine, sapinière.
SAQUEBTJTE, angl. sackbut, esp. saca-
bûche ; je ne connais pas l'étymologie du nom
de cet instrument de musique (à vent), car je
ne puis approuver Ménage, qui voit dans le
mot une altération du L. ^ram^uca (instrument
musical à cordes). Une fois qu'on se laisse
aller aussi loin, autant vaudrait remonter au
L. sambucus, sureau ; les patois disent en
effet sambuque pour une flûte de sureau. La
forme esp. sacabuche a l'air de dire quelque
cbose comme tire-bedaine.
SARABANDE, it. pg sarabanda, de l'esp.
sarabanda, qui vient du persan serbend (espèce
de chant, d'aprôs Ménage).
SARBACANE, anc. sarbatane, esp. cerba-
tana, sarbatana, it. cerbotana, de l'arabe
zabalâna, sarbacane pour tuer les oiseaux.
SARCASME, L. sarcasmus, grec 9xpnx'Sfi6i
(de ^apAàiiu, ronger, fig. railler) ; sarcastique,
grec <yapxg7Tty.d;.
SARCELLE, voy. cercelle.
SARCHE, cerceau qui porte la peau d'un
tambour, d'un crible, du L. circus ou plutôt
circa. donc p. cerchc (cp. cercelle et sarcelle).
SARCLER. L. sarculare (sarculus).
SARCOPHAGE, L. sarcophagus, gr. ^xpxo-
fà/oç pr. qui consume les chairs, camivore! Le
nom s'appliquait d'abord à une espèce particu-
lière de pierre à chaux qui avait la propriété de
consumer, dans l'espace de quarante jours, la
chair et même les os d'un corps que l'on y ren-
fermait(voy. Pline, H. N., XXXVI. 27). Cette
pierre servait à faire des cercueils, quand on
enterrait le corps tout entier sans le brûler,
ce qui fit que le mot a fini par s'employer
pour toute espèce de cercueil quels qu'en fus-
sent les matériaux. C'est dans ce sens général
que Juvénal en fait usage (Sat., X, 172).
SARDE, baleine, du L. sarda. — D. sar-
dine, L. sardina {vapùivvi).
SARDOINE, it. sardonico, prov. sardonic,
du L. sardonyx, gveccxpiôMi^àpSiOi ôvu| .
SARDONIQTJE (ri*), gr. axpSôjtoi yOc;, de
capSotiov, sorte d'herbe qui causait, dit-on, le
rire sardonique; voy. les commentateurs
d'Homère (Od., XX. 501).
SARMENT, L. sarmentum (de sarpere,
émondcr). — D. sarnientevx, L. sarmen-
tosus.
SARRASIN, musulman, BL. saracetnts, de
l'arabe scharkiin, gens de l'Orient. Le bl<^
sarrasin s'appelle ainsi parce qu'il est de
provenance africaine. Sarrasine, herse (t. de
fortification), tire également son nom de sa
forme orientale.
SARRAU ou SARROT, wallon sarot, rouchi
saro, BL. sarroius. Cette dernière forme est
altérée, par assimilation, de sarcotus (d'où
BL. sarcotium^ rochet). Chevallet dérive sar-
cotus de l'isl. serh, tunique, ags. syrc, sj/ric,
m. s., dan. et suéd. saerk, chemise. Il peut
avoir raison, mais l'angl. shirt, chemise, qu'il
cite également, n'a rien à voir ici. Il aurait dû
citer avant tout comme primitif immédiat de
sarcotus, saricotus, le BL. ^arica, robe mise
par-dessus les vêtements ordinaires.
SARRETTE ou SERRETTE, anc. sarra,
ail. scharte, formes dégagées de Tit. serra-
tola, qui est le L. serratula, bétoine.
SARRIETTE, dimin. de sarrie; celui-ci
répond au prov. sadreia, lequel vient du L.
saliireja (ail. saturei, it. santoreggia).
1 . SAS, tissu de crin pour tamiser, contrac
tion du vfr. seas, saas, langued. sedas, =
BL. sedcUium, sitacium, qui sont pour^eta-
ceum, dérivé du L. seia, soie, crin. L'it. a
transformé sctaceum en staccio p. setaccio;
l'esp. a cedqso, l'angl. searce. — D. sasser,
ressasser.
2. SAS, t. d'hydraulique, du néerl. sas,
écluse, qui tient prob. au thème sat (a\\. sots),
arrêt, station. — D'après Littré, de l'it. sasso,
t. de fortification, qui est le L. saxum,
pierre; étym. peu probable.
SASSAFRAS, esp. sassafras, salsifrax,
saxifragia; de même origine que saxifrage.
SASSER, voy. sas 1.
SATAN, mot hébraïque (pr. l'ennemi), grec
ftoLTTLvii. L'anc. langue traduisait litt. le mot
par avei'sier (adversaire). — D. saianique.
SATELLITE, L. satelles, -iits, garde du
corps.
SATIÉTÉ, L. satietatem.
SATIN, vfr. (par la chute de la médiale)
saïn, it selino, port, setim, dér. de seta, soie.
— D. satiner, saiinade.
SATIRE, L. satira ou satura. — D. sati-
inique, satiriser. Il faut distinguer satire de
satyre, pièce de théâtre chez les Grecs, qui
vient de vzrypoi, satyre.
SATISFAIRE, L. saiisfacere; snbst. satis-
faction, L. satisfactionem.
SATURER, L. saturare (satur).
SAUCE, vfr. saussc, it., esp., prov. saîsa,
de l'adj . salsus, salé ; donc pr. chose prépa-
rée au sel. — D. saucer, saucière. A un type
salsicia, dérivé de salsiis, répondent it. solde-
cia, esp. sàlchicha, BL. salcitia, fr. saucisse.
SAUCISSE, voy. l'art, préc. — D. sau-
cisson.
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SAU
— 457 —
SAV
SAUF, L. scUvus. — D. sawcet^. Compo-
sés : sauf-conduit (it. salvocondutto) et sauve-
garde (it. sahaguardia)f d'où sauvegarder.
SAUGE. L. salvia.
SAUGRENU ^anc. aussi saugreneux)^ com-
posé de sel et àe grenu; pr. « au gros sel, au
sol p^renu ».
SAULE ; ce mot ne peut se déduire du L.
salix, gén. salicis. A ce dernier cependant
répondent les formes bourg, et lorr. sausse,
vfr. saux, prov, sauze, sauts^ it. saîcio, esp.
^a/c6, sauce, saus, de môme que le dér. saus-
saie reproduit le L. saïicetum, Dioz assigne à
la forme fr. saule pour origine le vlia. scdahat
m. s , écourté en sala (d'où saule, comme
gaule de valus). — D. saulet, nom d'oiseau.
SAUMATRE, it. salmastro, d'un type sal-
master, p. salmacidus. Ce dernier vocable
a donné le prov. sa)7iaciu, vfr. saumache.
SAUMON, it. salamone et sermone^ du L.
salmo, 'Onis. — D. saumoyié. — Saumon de
plomb (cbamp. sommon) est-il le même mot,
par assimilation de forme, ou un dérivé de
somme, charge, poids? L'espr. angl. pig (ou.
sow) oflead, pr. cochon de plomb, fait pencher
pour la première interprétation.
SAUMURE, it. salamqja, esp. salmuera,
composé de sal, sel, et du L. muria, sau-
mure (vfr. mûrie)', cp. le gr. UX-fiupl;', m. s
SAUNER, faire du sel, d'un type salinare
(sal). — D. saunage, saunier, L. salinarius,
d'où saunerie.
SAUPE, nom de poisson, L. salpa.
SAUPIQUET, du verbe saupiquer", prov.,
esp. salpicar == piquer ou saupoudrer de sel,
assaisonner au sel.
SAUPOUDRER, pr. poudrer ou asperger
de sel. L'idée du sel s'effaçant, on dit : saupou-
drer de farine, de sucre, etc. Pour cette géné-
ralisation de sens, c^. joncher.
SAUR et SAURE, vfr. sor, sore, de couleur
brun clair, jaune tirant sur le brun, prov.
saur, blond jaune, it. sauro, soro. Le sens
foncier est « desséché «(cp. « hareng saur »'),d'où
s'est déduit celui de jaune, blond (cp. le color
aridus do Pline, et les vestes serampelinœ, ha-
bits do couleur do feuille morte, de Juvénal).
Le mot vient, selon Diez.du néerl. «oor, angl.
sear, sec (verbes ags. searian, vha. soren, sau'
ren, sécher); d'après Mahn, du basque ^rurûi,
churia, blanc. Dicfenbach (Kuhn, Zeitschrift,
t. XII) propose goth. Sauria, it. Soria, Syrie,
en alléguant le syricum pigmentum d'Isidore
(Orig., XIX, 17j. — Littré songe à saurex,
sor ex, souris (une nuance prise pour une
autre». — Cheval'et remonte à un mot goth.
sor, bnin, bis, fauve ; le grand défaut de cette
étymologie est que l'on ne trouve pas ce mot
gothique dans les dictionnaires. — D. soreV
(nom pr. Agnès Sorel) = angl. sorely sorrel,
brun rouge; sauret (hareng); verbes «aitnr et
sau7*er.
SAURER, SAURET, SAURIR, voy. saur.
SAUSSAIE, voy. saule.
SAUT, soit direct, du L. sal tus (salire),
soit subst. verbal de sauter.
SAUTER, L. saltare, fréq. de salire. —
D. saute, t. de marine; sauté, t. de cuisine;
sauteur, sauterie, sautereau, sauterelle, sau-
toir, sautiller.
SAUTOIR, pr. une pièce du harnais du che-
valier, qui lui servait d'étrier pour sauter sur
son cheval ; de là, d'après Littré, par assimi-
lation de forme, la locution en sautoir.
SAU7AGE, angl. savage, it. salvaggio et
selvaggio, aussi salvatico, prov. sahatge, esp,
salvage, port, salvagem, direct, du BL. sal va-
ticus p. silvaiicus fsilva). — D. saiœagerie,
sauvageon, sauvagin, -ine.
SAUVER, L. saltare (salvus). — D. sau-
veur ; dimin, sauveter, d'où sauvetage.
SAVANE, de l'esp. sabana. Ce dernier, au
propre, signifie drap de lit, du L. sabanum
i'jxtavov), linge, nappe ; la savane est donc
envisagée comme une nappe de verdure. —
D'après Roulin (Littré, Suppl.), le mot est
d'origine américaine, ce qui parait probable.
SAVANT, pr. part. prés, du verbe savoir.
Le mot ne vient pas direct, de la forme L. sa-
piens, à laquelle ne répond que la forme
sachant. — Les latinistes de la Renaissance,
imaginant quelque rapport étymologique
entre savant, savoir et le L. scire, crurent
faire honneur à leur savoir en écrivant sça-
vant, sçavoir.
SAVATE, it. ciabatta, m. s., esp. sapaia,
espèce de bottine, port, sapata, soulier de
dame, bottine ; formes masc.esp. zapato, port.
çapato, prov. sabato, soulier. Dicz cite Sousa,
d'après lequel le mot vient de l'arabe sabat,
subst. d'un verbe sabota, chausser, mais c«tte
signification du verbe n'est pas indiquée par
Freytag. Selon Mahn, du basque zapata, sou-
lier, zapatu, mettre le pied, zapatcea, fouler
aux pieds, presser, enfoncer, chiffonner.
A coup sûr, les vocables sçdfot (v. c. m.) et
savate sont d'origine commune, mais cette
origine resto encore à fixer. Pouc ma part,
sans contester la valeur de l'opinion de Mahn,
je soupçonne fort le rad. sap ou zap de n'être
qu'un allégement de stap, racine fort répan-
due dans le système indo-européen et signi-
fiant « mettre le pied, marcher », d'où l'idée
semelle, soulict . Voy. sabot. En admettant un
type sapa p. slapa, chaussure, objet servant
À marcher (ail. stappen, stapfen, etc.), nous
en déduirons sans difficulté : 1. sapotus »
sabot; 2. sapata = savate; enfin, avec réserve
cependant, 3. sapella, = sebelle (hypothé-
tique), d'où semelle (cp. samedi p. sabedi). —
D. savetier (anc. sabotier, savatiery, verbe
savater, saveter,
SAVEUR, vfr. savour (d'où savourer, savou^
reux), du L. saporem (de sapere, avoir du
goût).
SAVOIR, it. sapere, savere, esp., prov.
sabér, du L. sapere p. sapere (avoir du goût,
être sage), qui, dans les langues romanes, a
supplanté le verbo scire (conservé encore dans
le mot escient et l'adv. sciemment). — Le
subj. latin sapiam a régulièrement fait sache,
comme sepia a donné sèche; le part. prés,
s est produit sous une double forme, 1 . sa»
chant, répondant littéralement au type sapien-
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SCE
— 458 —
SCO
tem; 2. saeani, tiré de Tinfinitif savoir.
L'usage a réservé ce dernier à l'emploi adjec-
tival. — D. savoir, infinitif substantivé.
SAVON, L. sapo, -onis. — D. saoonner,
saoonnier, savonnerie, savonnette.
SAVOUREB, SAVOUREUX, SAVOURST,
dér. de saveur, wir, savour. — Le L. saporare
signifie, difTéremment de savourer, rendre
savoureux.
SAXIFRAGE, nom de plante. L. saxifraga
(pr. brise-pierre^, appelée ainsi à cause des
vertus litbontriptiqucs attribuées à cette
plante. Voy. aussi sassefras.
SATETTE, nom d'une étoffe de laine, voy.
saie 1 . Comme il s'agit de laine, il faut écarter
l'étymol. saie, forme variée de soie.
SAYNÈTE, pièce de théâtre bouffonne, de
Tesp. sainete, qui est dérivé de sain, graisse
(voy. sain); donc pr. morceau de graisse,
morceau délicat.
SATON, voy. saie 1 .
SBIRE, de l'it. sbirro. m. s. .
SGABELLON, L. scabellum, dont le vrai
correspondant roman est escabel" escabeau.
SGABIEUSE, nom de plante, dér. du L.
scabies, gale, à cause des propriétés dépura-
tives de cette plante.
SGABBE, rude au toucher, L. scaber, sca-
bra, rude, raboteux. — D. scabreux.
SCABREUX, voy. l'art préc.
SCALPEL, L. scalpellum.
SCALPER, L. scalpëre, gratter.
SCANDALE, occasion de chute, puis, par
métonymie, les actions ou paroles qui la four-
nissent, puis, par une nouvelle progression
d'idée, l'indignation qu'on ressent, ou l'éclat
qui se produit des actes ou discours de mau-
vais exemple: L. scandalum, gr. <Txàv5a)ov,
piège, trébuchet. — La langue commune a
métamorphosé scandalum en esclandre (v. c.
m.). — b. scandaleux, scandaliser = grec
9xscy2se>({siy.
SCANDER, L. scandere(*^ scandere versus »,
Horace).
SCAPHANDRE, corset à nager, mot tech-
nique fait de «aj.»}, nacelle, et ivttp, àvSp6i,
homme, donc pr. homme-bateau.
SCAPULAIRE, BL. scapulare • vestis sca-
pulas tantum tenens ».
SCARABÉE, L. scarabœus (vx&f a6o«).
SCARIFIER, L. scaHficare.
SCARLATINE, voy. écarlate.
SCEAU, anc. scel; vfr. seel, sael, saiél,
angl. seal, du L. sigiUum (d'où l'ail, siegel).
Le c est inorganique et une ajoute moderne,
motivée peut-être par le désir de distinguer
le mot de l'homophone seau. — D. sccllei;
cps. desceller.
SCÉLÉRAT, L. sceleratus (scelus). —
D. scélératesse.
SCELLER, voy. sceau. — D. scellement.
SCENE, L. scena, gr. ffyTjvij. — D. scénique,
L. scenicus.
SCEPTIQUE, L. scepticus, gr. ««TTrixo,- (de
cxknTtodai, considérer, méditer). — D. scepti-
cisme.
SCEPTRE, L. sceptrum, gr. w^ffrpov, bâton
(de 9xrticTtiv, appuyer).
SCHISME, it. cisma, du gr. 9xltfia, division
(de t^iitiv, fendre). — D. schismatique, grec
SCHISTE, gr. »x«»t6î, fendu. — D. schis-
teux.
SCHLAGUB, de l'ail, schlag, coup.
SCIATÏQUE, BL. sciaticus, mot tronqué du
L. ischiadicus, gr. lY^tactro;, dér. de cT^a;,
'kZoi^ douleurs à la hanche (Itx'cv)*
SCIE. voy. scier.
SCIEMMENT, it. scientemente, adv. du
part. prés. L. sciens, sachant, vfr. scient,
escient.
SCIENCE, L. scientia (sâre). Dérivé mo-
derne : scientifique; on a sans doute, par
cette création, voulu éviter le mot peu harmo-
nieux scientiel.
SCIER le c a été inséré par abus, comme
dans scavant' et .^ceau),vfr. séer, seier, soier, it.
segare, prov.,esp segar,àxi L. secare, couper
(cp. nier, vfr. noyer, de negare). — D. scie,
vfr. sigue, instrumment à scier.
SCILLE, oignon marin, L. scUla (^ais).
SCINDER (mot savant), L. scindere; supin
scissum, d'où scissio, fr. scission; scissura,
fr. scissure.
SCINTILLER, L. scintillare, de scintilla,
5= fr. étincelle (v. c. m.).
SCION, p. secion, du L. sectionem, cou-
pure ; cp. le terme analogue ail. scJmittlitig
de schfieiden,coMper.Lesens concret de scion
a motivé le genre masculin.
SCISSION, voy. scinder. — D. scission-
nuire.
SCOLAIRE, du L. scholaris (schola, t^oIt.).
type aussi du mot écolier; 8cola8tiquk, L.
scholasticus (type aussi de écoUttre).
SCOLIE, gr. 9xo)i9y, note, de là «x^icse^ccy,
faire des notes, d'où Tiolik'srni, annotateur,
fr. scoliaste.
SCORBUT, it. scorbuto, esp., port, escor-
buto, du bas-ail. schorbock, néerl. scheur-
buik, dont la signification étymologique est
incertaine. On a expliqué le terme néerl. par
scheuren, déchirer -[- buik, ventre; d autres
rapportent l'élément scor à l'ail, schorf., angl.
scurf, escarre, croûte, gale. Le même mot
s'est modifié en ail. scharbock, suéd. 4korb-
jugg, angl. scurvy. Le fait est que l'origine
de cet important terme médical, que le latin
du moyen âge nous a légué sous la forme de
scorbutus nest pas encore découverte; qui
sait si scorb n'est pas le scorp radical de scor-
pius, l'insecte venimeux? — On m'apprend au
dernier moment que la plus ancienne forme
néerl. se terminait par but (au lieu de buik).
— D. scorbutique.
SCORIE, L. scoria, gr. nupia, déchet de
métal. — D. scorifier.
SCORPION, L. scorpionem, gr. 9xop7r{e«.
SCORSONÈRE, de Fit. scorzonera, composé
de scorza, écorce, peau, et de nera, noire;
l'ail, l'appelle 5cAK7arji.(7iir^, litt. racine noire.
— Diez pense que scorzonera, la forme ital.
actuelle, a été précédé de la forme soorso-
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SÉC
— 459 —
SËD
niera et quo la véritable étymologie est scar-
zone, serpent (la plante étant supposée salu-
taire contre la morsure des serpents}.
SCRIBE, L. scriba.
SCRIPTBUR, L. scriptorem,
SCEOFULB, L.5cro/u7a(scrofa).Voy. aussi
éa-ouelU. — D. scrofuleux.
SCRUPULIi, L. scrupulus (dim. de scru-
pus), pr. petite pierre pointue, puis le poids
le plus faible (et la plus petite monnaie d'or
qui eût cours à Rome), enfin sentiment d'in-
quiétude pour peu de chose, embarras, exac-
titude minutieuse. — h. scrupuleux, L. scru-
pulosus, m. s. — Il se peut que l'acception
morale attachée au L. scrupulus ne découle
pas de ridée de bagatelle, mais plutôt de celle
de pierre pointue ou de pierre en général
(métaph. = chose qui gène, chose scabreuse);
elle s'appliquait en latin de même au primitif
scrupus. Cp. les expr. figurées ail. einen stein
votn hersen toâlzen, roulrr une pierre de son
cœur = décharger son cœur d'un souci ; aile
steùie aus dcm %oege rdumen, ôter toutes les
pierres du chemin, «= aplanir toute difficulté ;
et ne disons-nous pas de même, p. cmbairas,
« pierre d'achoppement • ?
SCRUTER, L. scriOari, pr. fouiller. — D.
scrutaieury L. scrutatorem. — Du même radi-
cal : scrutinium, fr. scrutin, pr. = inqui-
sitio, recherche, examen, puis action ou mode
de recueillir les suffrages.
SCRUTIN, voy. l'art, préc.
SCULPTER, L. sculptare\ fréq. de seul-
père, graver, ciseler; supin sculptum, d'où
les subst. sculpter, -tura, fr. sculpteur, -ture.
SCURRILITÉ, L. scurrilitatem,
SE, L. se; c'est la forme secondaire et atone
de soi fvfr. sei),
SÉANT, part. prés, do seoir (v. cm);
comme adj. = qui siège et qui sied; comme
subst., =» position assise (cp. le vieux mot
estant, voy. l'art, étant), — D. séance, action
de seoir (anc. = convenance, gré).
SEAU, vfr. seel, du L. sitellus. La pronon-
ciation sé-au est réprouvée par la bonne com-
pagnie; elle est, à la vérité, plus correcte au
point de vue étymologique, mais à ce titre il
faudrait également prononcer téau p veau,
ce mot venant de ve-el, =» L. vitellus. Les
formes Isi.situlus, situla, syncopes en sitlus,
sitia, s'étant altérées en siclus, sicla, il en est
résulté les mots équivalents it. secchia,
secchio (cp. vecchio de vetulus), prov. sel ha,
fr. seille (forme vieillie).
SÉBACÉ, mot de création scientifique, tiré
do L. sebaceus (de sebam, suif).
SÉBILE, d'origine inconnue. Peut-être le
persan zambil, panier, corbeile, (Littré.)
SEC, L. siccus, — D. sécheresse, anc.
séchasse (le vfr. disait aussi sécheur). — Verbe
sécher, L. siccare. — Les savants ont tiré
dircsct. du radical latin : siccité, L. siccitatem,
et siccatif,
SiCABLE, SÉCANTE, SÉCATEUR, du L.
secare, couper.
SiSCHS. SEICHE, L. sepia (^nm'a).
SÉCHER, voy. sec.
SECOND, prov. segon^ vfr. seon, de L.
secundus (desequi, suivre). — D. secondaire,
L secundarius ; subst. seconde, pr. deuxième
division de l'heure ou du degré.
SECONDER, L. secundare (de secundus,
favorable).
SECOUER; d'après G. Paris (Rom., VIII,
620), un verbe tout moderne fait par méprise
sur l'anc. indic. prés, secout (de vfr. secorre,
secouer) ; cette opinion n'est-elle pas quelque
peu contrariée par le prov. secodar (Blondin
de Cornouailles, 139;, et n'y a-t-il pas plutôt
lieu d'admettre un métaplasme de date an-
cienne succutare p. succuteref — Quoi qu'il
en soit, la forme usuelle, dans l'anc. langue,
était secorre, correctement formée de L. suc-
cutere ; elle correspond avec le prov. socodre,
secodre. L'esp. et le port, ont jraci*rfiV; l'it.
scuotere représente le composé eaxiutere (voy.
escousse). — Le participe succussus s'est
francisé en vfr. secous, et a produit le subst.
participial féminin secousse, action de se-
couer.
SECOURIR, vfr. succurre, secorre, du L.
succurrere, — D. secourable, 1. qui peut être
secouru, 2 disposé à secourir (cp. l'anc.
aidabU, qui aide volontiers). Subst secours,
BL. succursus, d'où succursalis, auxiliaire,
fr. succursale,
SECOUSSE, voy. secouer,
SBCàET, vfr. segret, segroi (cp. cot de
quietus), du L. secretus, secretum (de secer-
nere, mettre à part). — D. seci*étaire, BL.
secretarius, «= qui est a secretis, scriba ; d'où
secrétariat.
SECRtTAIRE, subst., 1. pei-sonno de con-
fiance chargée des écritures (voy. secret) \
2. meuble dans lequel on serre ses papiers,
bureau.
SÉCRÉTER, L. secretare\ fréq. de secer-
nere, séparer, supin secretum, d'où subst.
secretioncm, fr. sécrétion.
SECTATEUR, voy. secte,
SECTE, du L. seda, manière de vivre,
méthode, système; puis parti, secte. Ce mot
latin, en tant que signifiant parti, renvoie à
secare, diviser (cp. l'origine départi); cepen-
dant, sectari, s'attacher à un système (d'où
sectatorem, fr. sectateur), signifie en premier
lieu suivre assidûment et est incontestable-
ment le fréq. du verbe sequi. — D. sectaire.
SECTEUR, L. sectorem (secare), coupeur ;
SECTION, L. secHonem, coupure (voy. aussi
scion). — C^s. prosecteur,
SÉCULAIRE et SÉCULIER (cp. scolaire et
écolier), du L. sœcularis. La seconde forme
se rattache au sens religieux de sœcidum, fr.
siècle, «= monde, choses do ce monde. — D.
séculariser.
SÉCURITÉ, L. securùatem. Voy. sûr,
SÉDATIF, du L. sedare, calmar.
SÉDENTAIRE, L. sedentarius (sedcns).
SÉDIMENT, L. sedimenUcm(sedeve), affais-
semont. tassement.
SÉDITION, L. seditionem (subst. du verbe
sedire\ aller A l'écart, faire dissidence); sédi-
tieux, L. seditiosus.
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SEI
— 460
SEL
SÉDUIRE, L. se-chtcere, pr. conduire à
l'écart, supin seductttm, d'où seductio, -tor,
fr. séductioti, séducteur,
SEGMENT, L. segmmtum (secare).
SEGRAIS, bois séparés des grands bois et
qu'on exploite à part, subst, verbal de l'anc.
segi'ayer^ segréer, qui vient de secretare
(fréq. de seceimere), mettre à part. L'officier
forestier chargé des bois segrais s'appelait
segrayer^ en BL. secretarius. N'était cette
forme latine, on pourrait aussi rattacher ces
termes au L. segregare, séparer.
SEICHE, voy. sèche,
SÉIDE, du nom d'un personnage de la tra-
gédie de Mahomet par Voltaire. — De Zàid,
nom d'un affranchi de Mahomet.
SEIGLE, vfr. soiîc^ it. segaJe, segoîa,
prov. seguel, du L. secale, m. s., soit par
déplacement de l'accent {sécale p. secdîe), soit
par l'intermédiaire d'une foime sécula ou
séculum (cp. 4t. ségola),
SEIGNEUR, prov., port, senhor, esp. setior,
it. signore, du L. seniorem, pr. plus âgé,
devenu dans la basse latinité un terme d'hon-
neur et de dignité, équivalent de dominus.
Cp. le gr. TtfuttxjTifiOi, l'ags. ealdor (pr. senior,
puis princcps, dominus), l'angl. alderman et
l'arabe cheihh (vieillard et chef). — Le mot
seigneur est une forme d'accusatif, répondant
au L. seniôrem; le nom. senior a fait saire
et par euphonie sendre; les serments de 842
présentent sendra (cp. fradra p. fradre). La
forme senre^ à son tour, s'est contractée en
sire. D'après Diez, cette contraction s'est pro-
bablement produite dans le nord de la France,
où les Picards ont également modifié tendre
en tere, et tiendrons en térons. On pourrait
alléguer encore à ce si\jet le mot latin tiro que
Docderleîn suppose être une contraction de
tenero (donc pr. le tendron, d'où l'idée :
jeune homme inexpérimenté). — Après tout,
l'explication de sire par senre reste douteuse ;
mieux vaut admettre un thème S(j'r, produit
par l'élision de n, et qui justifie parfaitement
la voyelle i. D'autre part, seigneur s'est
simplifié en sieur. En partant d'une forme
seim* (contraction de senior), nous trouvons
pour les formes sieur et sire une analogie
frappante dans la francisation du L. pefor,
qui se produit également sous les formes joïor,
pieur (formes d'accusatif perdues) et pire
(forme de nominatif encore debout). Il faut
croire que les mots prov. sira, sire, esp. ser,
sire, angl. sir, sont d'introduction française.
— D. seigneurie, seigneurial.
SEILLE, voy. seau.
SEIME, t. de maréchalerie, fente de la
corne du cheval, du L. segmen (secare)? On
m'a objecté contre cette étym. que ce serait
le seul cas de la résolution par i d'un g
devant m; en effet, pigmentitm fait, en vfr.,
piument, flegma fait fleuma. Littré pense
que c'est le même mot que seine, filet (vfr.
aussi seime), mais les sens sont trop dis-
tants.
SEIN, vfr. et pat. soin y du L. sinus.
SEINE, filet, vfr. saine, seï'ne, angl. sean,
du L. sagena, m. s. On trouve aussi, par cor-
ruption, senne.
SEING, prov. senh, du L.signum; ou plu-
tôt le stibst. verbal de signer (vfr. seingner}.
SEIZE, du L. sedecim; cp. treise de tretle-
cim.^
SÉJOUR, voy. l'art, suiv.
SÉJOURNER, anc. sqjoi^ier (d'où l'angl.
sqfourn), prov. sojomar, it. soggiorttare, du
L. suhdiumare" , cps. de diurnare, rester
longtemps. — Subst. verb. st^our, prov.
sojom, it. soggionw.
SEL, patois se, sau, du L. sol, — D. saler,
salière, etc.
SELLE, pr. petit siège, du L. sella p.
sed'la (sedere). — D. sellette, seller (cps. des-
seller), sellier.
SELON, vfr. sélonc. Diez, suivi par Bur-
guy, explique selon par une espèce de fusion
du L. secundum et du L. longum; car il ne
faut pas perdre de vue que le sens ancien de
selon, comme celui du L. secundum, est le
long, à côté de, en suivant. Secundum a fait
le vfr. second, et longum (cp. ail. lângs) a
fait lm\g; ces deux termes combinés auraient
produit le vocable selon. (L'anc. forme sdonc
serait un effet d'assimilation aux formes
sqjorner, socors, p.Sfjmirncr, secors). J'avoue
que ce procédé, pour ne pas être impossible,
me paraît improbable, et que je me range
plutôt de l'avis de von Orelli, à qui les formes
vfr. solunc, sulunc, etc., ont fait proposer,
pour le mot qui nous occupe, Tétymologie
sublongum. A ce sujet, Burguy observe :
« Orelli aurait dû avant tout expliquer la
signification qu'on peut attribuer à suhUjn-
gum, car ce n'est pas facile à découvrir », et
Diez se pi'ononce dans le même sens. On pour-
rait d'abord leur rétorquer le même argu-
ment à propos do Tétymologie subdiumare
appliquée, de leur consentement, je pense, au
fr. séjourner, bien que le latin classique ne
produise pas do composé semblable. Admettre
un composé sublangum n'est pas plus arbi-
traire qu'admettre un composé subdiu7*nare.
Mais à part cela, nous croyons qu'il n'est pas
si difficile de découvrir la valeur que l'on a pu
attacher au mot sublongum admis par M. von
Orelli comme type de selonc. Deux interpi^S
tations se présentent aussitôt. 1. Le préfixe
sub remplirait ici le rôle qui lui est propre
en latin, savoir d'atténuer la force du simple,
p. ex. dans subdurus, subrusticus; 2. (et cette
interprétation me plait davantage) le préfixe
sub avait chez les bons auteurs déjà la valeur
d'exprimer proximité; sublongum ne serait
donc pas moins rationnel que le L. subinde
ou subsequens. Et même en considérant, dans
notre cas, sub comme préposition, et non
comme préfixe, il me semble que sub longo
maris (vfr. selonc la mer) est tout aussi bien
dit que le sub montis radicibus de César. Je
pense avoir répondu d'une manière suffisante
aux scrupules qui empêchent Burguy de se
rendre à l'avis de von Orelli, et nous termi-
nons par demander, à notre tour, à l'auteur
de la Grammaire de la langue d'oïl do vou-
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SEM
— 461 —
SÉN
pir bien fournir un précédent qui justifie
ïétymoiogie seciindum'longum qu'il patronne.
— La vieille langue avait aussi, avec la valeur
de selon, les formes sont, son^ sun ; ce sont là
des contractions, non pas de selon, comme le
fait entendre Burguy, mais de scgonâ. —
Ménage voyait dans selon une dérivation de
sccundum par le changement de c en l; un
changement semblable est inouï. — Chevallet
déduit également selon de secundum ; seule-
ment, n'osant sans doute pas aller jusqu'à
admettre Téquation c (k) = 1, il tombe dans
l'amphigourique. « Dans *r/o>i, dit-il, le n de
secundxim s'est changé en / et le m final en
n. n Mais cela ne ferait que seculdon ; Che-
vallet va-t-il peut-être tacitement de là à
seculon, secîon, pour aboutir à selon f Le phi-
lologue français se garde bien de citer, parmi
les anciennes formes de selon, celles termi-
nées en c (solonc, selonc)\ il se serait compro-
mis davantage. — Depuis la publication de
ma dernière édition, la controverse sur ce
mot s'est compliquée par l'intervention de la
forme vfr. soron, seront. Ici, Tobler voit une
nouvelle application do sa théorie du c médial
élidé, puis remplacé par r (donc sccundum,
scont, se-^'Ont)-^ Paris, une simple permuta-
tion des liquides l etr; Fœrst^r enfin, la vraie
forme (il approuve Tobler), celle qui a pré-
cédé selon. Si Tobler et Fœrster paraissent
appuyer par ser-on l'étymon secutidum, il
n'en ont pas pour cela pércmptoifement
détrôné sub-longo. Seron de selon est tout
aussi présumable (cp. caramel do calamet)
que selon àQ seron, et même davantage. Je sais
que secont a laissé dos traces dans l'anc. lan-
gue (voy. Littré; et j'accorde que som (xii® s.)
soit une cjntraction de segon, seon, mais il
n'en est pas moins certain^ qu'il a dû céder le
pas à selonc ou à lonc tout court.
SEMAINE, prov. setmana, it. settimana,
scmmana, du L. septimana = hebdomas (Cod.
Théod ). — D. semainier.
SÉMAPHORE, mot technique moderne,
représente un mot gr. mfAx-fopoi = porte-
signal.
SEMBLER, vfr. sanler, it. sembrare, sem-
biare, esp., prov. semblar, du L. similareow
simulare = similem reddere, imiter, avoir
l'air. Le mot fait double emploi avec simuler.
Notez que les anciens construisaient sembler
avec l'accusatif. — D. semblable (cet adj. fait
les fonctions du L. similis ; o\}p. diisemblable,
fait d'après le L. dissimilis), semblant, appa-
rence, mine; semblance', opp. dissemblance ;
cps. ressembler (re comme dans reproduire,
représenter),
SEMELLE, voy. savate. Vétymologïe sapella
(comme dim. do^opa, prim. desapinus), qu'a
proposée Ménage, est trop hasardée. Le
sapella, d'où moi j'ai déduit le mot, est p.
stapella. — Une autre voie étymologique,
toutefois, se présente. Le glossaire de Lille
(voy. mon éd., p. 17) traduit solea par som-
mêle ; ce mot peut donc être considéré comme
l'étym. de semelle (le changement do som-
nielle, sotnclle en semelle serait parfaitement
régulier). Quant à sommele, on peut le rat
tacher soit à summum, extrémité, soit à
somme, charge Dans le dernier sens, il
faudra définir sommele par « support » (porte-
charge); cp. sommier. — Bugge (Rom., III,
157) part aussi d'une fonne primitive 'sumella,
mais selon lui celle-ci serait pour subella
(comme samedi p. sabedi), donc un dim. de
suber, liège. Semelle signifierait donc propr.
« petit morceau de liège ». — D. ressemeler,
SEMENCE» voy semer, — D. ensemencer,
SEMER, h,semxnare,sem*nare'cp, nomer
de nominare, entamer de intaminare), prov.
semenar, semnar, esp. setnbrar, port, semear,
it. seminare — D. semeur, semaille- (prov.
setnenalha, L. seminalia*); semence, it. se-
mensa, prov. semensa, d'un type latin semen-
tia p. sementis (Berry sèment)', semis. — Cps.
parsemer.
SEMESTRE, L. semestris (sex menses). —
D. semestriel, -ter,
SEMI (en composition) L. semi (gr. y]>i),
demi.
SÉMILLANT, part, de sémiller, être sémil-
lant, d'où aussi le subst. vfr. semille, agita-
tion, vitesse, semilleiix, alerte, vif; d'après
Diez, d'une racine celtique : cymr. sim,
remuant, léger. — D'après une coiyecture
de Bugge (Rom., IV, 365), l'anc. verbe sémil-
ler représente L. 'sub-miculare, dim. de mt-
care [sub signifierait « un peu •»). Pour se =
L. sub, cp. séjourner. On sait que dans lo
lat. micare les deux idées de • remuant • et
de « brillant » sont associés, ce qui fait que
la conjecture de Bugge no laisse pas que
d'être correcte.
SEMINAIRE, L. seminarium (semen), pr.
pépinière. Tite-Live : seminarium senatus. —
D. séminariste,
SEMONCE, voy. l'art, suiv. — D. scmoncer.
SEMONDRE', du L. sub-monere (pour le
préfixe se, cp. secourir, secouer): le part,
passé de vfr. semondre est semons, de là le
subst, semonse*, semonce. — Le vfr. , par un
changement de conjugaison, a produit aussi
la forme semoner, d'où provient le subst. se-
monneur (vfr. somoneor, xinf siècle). L'angl.
dit to summon, Génin a été mal inspiré en com-
battant l'étymologie submonere au profit d'une
dérivation de sermo. — Voy. aussi l'art, som-
mer,
SEMONNBUR, voy. setnondrc,
SEMOULE, gruau de froment pur, de Fit.
semola, qui est le L. simila (p. simula).
SEMPITERNEL, h. sempiternalis' p. soni-
piternus ; cp. éternel, de œternus,
SÉNAT, L. senatus (scncx). — D. sénateur,
L. senalorem, d'où sénatorial.
SENAU, =a ail. schnaue, angl. &*nou?, néerl.
snaauw, dan. snav.
SÉNÉ, it., esp. ^ena, ail. senes-baum, angl.
senna, de l'arabe semX. — La finale dans séné
s'explique peut-être par senel (cp. sénevé p.
se>ievel\. car on trouve aussi saine p. séné,
SÉNÉCHAL, BL. scnescalcus, it. siniscalco
etsescalco, esp., pvoy,senescal; selon (iriram,
du \\m. siniscalh (mot compoaé hypothétique),
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SEN
462 —
SEN
litt. le plus ancien serviteur, surveillant des
autres esclaves. Cp. pour la deuxième partie
du mot, le composé maréchal. — D BL.
senescaJcia, yfr. senechauchie, nfr. séné-
chaussée,
SENEÇON, L. scncdonem (petit vieillard).
SENEGRÉ, nom vulgaire du fenugrec. ré-
pond au catal. sinigrec, que l'on explique par
fœnum grascum en admettant un changement
de f initial en 5, comme dans cat. sivella =
L. fibula. Voy. Diez, Gnimm.. éd. fr. I, 263,
note. Les cas de s p. /"sont trop isolés dans le
domaine roman pour qu'on admette sans
réserve cette explication, que Grandgagnage
a appliquée aussi au vfr. sirtait^ wall. sina,
fenil. Je crois donc que l'étymologie par
semen grœçum (Baist) mérite d'être prise en
considération, bien que G. Paris objecte que
ce type aurait rigoureusement fait sengré.
SENELLE, aussi ceneUei^ïcoi écrit cineJle)\
Chevaliet, se fondant sur la définition du dic-
tionnaire de Trévoux : petite prune violette
qui vient sur réi)ine noire, rattache le mot,
comme diminutif, au vha. sleha ^nha. schlehe),
pnmelle. C'est inadmissible. Ménage, inter-
prétant le mot cenelle par baie du houx, y
voit avec raison une forme tronquée de coc-
cineila, dim. de cocctnus, de couleur écar-
late.
SÉNESTRE, gauche, L. sinister. La forme
savante sinistre n'a plus que l'acception figu-
rée du mot latin, c.-à-d. mauvais, malheu-
reux, funeste.
SÉNEVÉ, p. smetcr{cp. dé p. deV), du L.
stuapillus, dimin. de sinapi. Ce dernier a
donné au.ssi it. scnapa, goth. sinap^ ags.
saupe^ angl. senvy, vha. sctiaf, nha. senf,
v. flam. senncp, Voy. aussi sanvc.
SENILE, L. senilis (senex;. — D. sêfiilité,
SENILLE, nom de plante, aussi sniicJe, du
L. schœnicula (de schœnus^ jonc). Grandga-
gnage, à l'art, sainètc (traînasse ou renouôe),
invoquant les deux noms fr. correspondant au
mot wallon, savoir : sanguitiaire et fausse
sénille, voit dans tous ces mots dos dérivés de
sanc; en dialecte wallon, le verbe saigner .se
dit sainî, en picard saincr. Le nom botanique
sénilUi .<^rait ainsi d'origine wallonne.
SENS, L. sensus. — L'ancienne langue
employait, avec la même valeur, le mot sm
s= prov. sen, ccn, it. senno, de là sont déduits
vfr. seiie, prov. sencU, esp. scnado = sensé,
et les composés fr. forscné, gâté en forcené ^
hors de sens. Ce sen vient du vha. sin, nha.
sinn. m. s. — 11 existait en outre dans la
langue d'oïl un second subst. sen, signifiant
sentier, voie, manière. Celui-ci se rapporte au
vha. sinnan, proficisci, tendere, qui proba-
blement est identique avec sinnan, meditari,
cogitarc, et, par conséquent, au fond le même
mot que sen, sens. Nous citons ce vieux voca-
ble sen, chemin, parce que le mot sens actuel
(cp. « marcher dans tel sens, à contre-sens »)
nous laisse encore apercevoir les relations
intimes qui existent entre les notions ratio et
via ; sens =» L. sensus absorbe donc à la fois
la valeur de sen, intelligence, et de sen, direc-
tion, manière. — La loc. sctis dessus dessous
(aussi sens devant derrière) est le produit
d'une altération de •i mettre c*en dessus des-
sous I* (ce qui est en dessus mis dessous) ; on
trouve fréquemment chez les anciens ce des-
sous dessus ou ce que d. d.
SENSATION; ce mot, répandu dans toutes
les langues romanes, répond à un type L. sen-
sationem, qui fait présumer un verbe sensare,
frapper les sens. Le dérivé sensé, pourvu de
sens (opp. insensé"), accuse également un verbe
sensare, et sejisatus se trouve en effet dans
Firmicus et dans la Vulgate.
SENSÉ, voy. l'art, préc. — D. sensémmi,
avec sens (qu'il ne faut pas confondre avec
cefisément de censé, réputé, putatif).
SENSIBLE, L. setfsilnlis (sensus); anc,
comme l'angl. sensible, s» intelligent, sensé.
— D. sensibilité, L. sensibilitatatem ; néol.
spisiblerie.
SENSITIF, prov. sensitiu ; dér. anormal du
supin sensum, de sentire, — D. sensitive
(plante).
SENSUEL, L. sensualis (sensus). — D. sen-
sualité, -alisme, -aliste.
SENTE, vieux mot, esp, senda, = chemin,
du L. sémita, — D. sentier (pr. un adjectif,
on disait d'abord « chemin sentier »), it. sen-
tiero, esp. sendero, prov. semdier, = L. se-
tnitarius. Dans quelques provinces, sentier
signifie sergent de ville, guet; cp. voyer de
voie. Voy. aussi sentinelle.
SENTENCE, L. saitentia (sentire), maniera
de voir, opinion, jugement, vote, pensée for-
mulée, phrase. — D. sententicux, L. senien-
(lOJTKjr (plein de sens et plein de sentences).
SENTEUR, subst. façonné de saitir dapi*és
l'analogie de saoeur et odeur.
SENTIER, voy. sente.
SENTIMENT, voy. sentir. — D. senti-
mental.
SENTINE, L. scntina.
SENTINELLE, it. sentinella, esp. centinela.
Le mot a pris naissance en Italie. Vossius et
autres ont prétendu qu'il est tiré du verbe
ital. sentire, entendre, comme l'équivalont
.-«co/fa l'est de scoltarc, écouter. Mais comment,
dans cette hypothèse, se rendre compte de la
terminaison inella f Galvani, avec plus de
raison, est d'avis que c'est un dérivé de scn-
tina, et désignait d abord, comme le L. senti-
nator, le gardien qui veillait à la sentine, d'où
le sens se serait élargi en celui de veilleur en
général. Deux autres conjectures pourraient
encore être émises, sans toutefois lever les dif-
ficultés de la finale ; on pourrait partir d'un
BL sentina indépendant du L. se^itina, dont
le sens serait « détachement militaire, piquet
de garde *•, et qui se rattacherait soit au vba.
senlan (nha sendcn, goth. sandjan, envoyer,
charger d'une mission), ou au verbe roman
sentare, placer (qui vient du partie, sedens,
-entis^ de scdere) ; dans ce dernier ca&,S€niina
serait un terme analogue à planton, pofte,
piquet. Dans l'une et l'autre de ces conjec-
tures, il faut admettre que le sens abstrait ou
collectif « garde » a tourné en s^ns concret ou
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SÉQ
463 —
SÉR
individuel de « homme de garde »», conversion
de sens fréquente et que nous retrouvons dans
le mot garde lui-même et son équivalent alle-
mand wache (cp. it,pf*ifftatw = prison et pri-
sonnier;. — Wedgwood (Rom., VIII, 438}
propose de dériver notre mot de vfr. sente,
sentier =» L. semita; ce serait un dimin.
secondaire de ce dernier et signifierait d'abord
le passage confié à la garde d'une sentinelle
(signification constatée et subsistant encore
dans les loc. : «• lever ou relever de sentie
nelle «>), puis « gardien de sentinelle » . Cette
étymologie» comme la déjà remarqué G. Paris,
est séduisante, mais elle se heurte contre le
fait qu'elle ne peut s'appliquer à Vït.sentineUa,
qui aprécédé le mot français.
SEIItIR, pr. recevoir l'impression des
objets par les sens; puis appliqué particuliè-
rement à la sensation de Ibdorat et du tou-
cher; enfin, répandre de l'odeur ou avoir une
saveur; L. sentire, — D. sentiment, anc.
sentent ent (cp. consentement).
SEOIR, vfr. sedsir, seeir, prov. seger, it.
sedere, du L. sedere (cp. voir, anc. veoir, de
videre). Le sens premier • être assis » s'est
efiacé ; il ne reste plus que l'acception figurée
• être convenable », appliquée d'abord à un
vêtement qui va bien (l'ail, dit de même
« dièses kleid sitjtt gut »). Le sens naturel
cependant est encore inhérent au partie, prés.
séant (v. c. m.}. — Le d radical, syncopé à
l'infinitif, reparait dans la forme verbale
sied = L. sedet, — Comment expliquer le
participe m f Burguy, dans sa grammaire,
cite, pour les divei-ses formes de la conjugai-
son du verbe seoir, de nombreux textes à l'ap-
pui, mais pour sis pas un seul ; Littré en a un
exemple du x* siècle (« j'ai sis sur le siège de
mes pères »). Ni l'un ni l'autre n'en indiquent
le type latin : selon, moi sis représente sesiis,
yt.sessiis, comme pris vient àepresus p.prensus.
Brachet rapporte sis à situs, ce qui présente-
rait de graves irrégularités.
SÉPARER, L. separare, popul. seperare,
dont la langue d'oïl avait fait sevrer = sépa-
rer, lequel n'est plus d'usage que dans un
sons spécial. — D. séparation, -a'/le^ L. sepa-
i-atirmem, -abilis.
SÉPIA, de l'it. scpia, qui est le fr. seiche.
SEPS, lézard, gr. o^-f.
SEPT, L. septem. — D. septante. L. septua-
ginta ; septembre, L. septembris (le septième
mois de l'année romaine) ; septénaire, L sep-
tenarius; septennal, L. septennats; septua-
génaire, L. septuagenaiius.
SEPTEMBRE, voy. l'art, préc.
SEPTENTRION, du L. septentHonem^pv. la
constellation des sept étoiles placées vers le
p<Me Nord, puis le nord). — D. septentrio-
nal.
SÉPULCRE, L. sepuJcrum (sepelire). —
D. sépulcral, L. sepulcralis.
SÉPULTURE, vfr. sepouture, L. sepultura
(sepelire).
SÉQUELLE, L. sequela, suite (de sequi).
SÉQUENCE, L. sequentia (sequi).
SÉQUESTRE, personne tierce, médiateur.
arbitre, dépositaire, L.^egwerfôr; d'où séques-
trer, L. sequestrare, confier à une tierce per-
sonne, puis éloigner, séparer; de ce verbe
procèdent les subst. verbaux séquestre (action
de séquestrer, état de la chose séquestrée, puis
la chose séquestrée) et séquestration.
SEQÛIN, de l'it. zecchino, nom d'une mon-
naie d'or; ce dernier est dérivé de siecca
(esp. seca, seca), lieu où l'on frappe la mon-
naie, lequel, à son tour, reproduit l'arabe
sekkah , coin qui sert à frapper la monnaie.
SÉRAIL, direct, de l'it. serraglio; ce der-
nier vient du mot persan et turc serai, pilais,
château. La forme ital. est motivée par une
confusion avec serraglio clèture (de serrare,
enfermer, dér. du L. sera, serrure). Sérail,
signifie en général château, hôtel, et particul.
la résidence du sultan, puis restreint à l'ap-
partement ré.«ervé aux femmes, dont le nom
spécial en turc est harem, c.-à-d lieu défendu.
— Voy. aussi caravansérail, pr. hôtellerie de
caravane.
SÉRAN, anc. serans, subst. verb. du verbe
sérancer (cp. élan de élancer). Quant au verbe
sérancer, il reproduit d'après Frisch, approuvé
par Diez, le bas-ail. schranien^ déchirer,
dilacérer.
SÉRAPHIN, de l'hébreu serafim (suhst
plur.), que l'on interprète par « les brûlants,
les anges de feu **. — D. séraphique.
SERASQUIER, du turc serasker, chef d'ar-
mée.
SERDEAU, officier de bouche de la maison
du roi, qui recevait des mains des gentils-
hommes servants les plats que l'on desservait
de la table ; puis lieu où l'on portait cette des-
serte. L'ancienne forme du mot était sert-de-
Vcau; elle en fournit aussi l'étymologie Cp.
Paris sous Philippe le Bel, par Géraud, p 1 43 :
Jehan, sert de Veaue,
1. SEREIN, adj., L. serenus —D. sérénité,
L. serenitas ; verbe rasséréner. Notez encore
l'expr. .«superlative sérénissime.
2. SERÎBIN, subst., prov. seren, napol. se-
rena, vapeur froide du soir, esp. sereno, garde
du soir. D'après quelques-uns, dérivé de sera,
soir, mais le suffixe enus étant tout à fait
étranger aux langues romanes, Diez se
demande s'il ne faut p^s plutôt admettre un
type seranus, d'où en fr. serain, puis serein ;
celui-ci aurait déterminé le prov. seren, qui à
son tour serait la source de l'esp. sereno. Mér
nage favorise l'étymologie L. serenus, la vapeur
en question se produisant particulièrement
les jours sereins. — Pour ma part, je pré-
sume que le L. serenus, clair, calme, paisible,
aura été envisagé populairement comme un
dérivé de sera, soir (cp. Caton : in seretw
noctu, par une belle nuit), de sorte qu'il a pu
prendre, outre sa valeur originelle, encore
celle de « ce qui se produit le soir «> ; de là
esp. serenada, prov. serena, chant du soir, et
notre serein, humidité du soir. — Je vois
cette opinion partagée par Stoi*m, Rom.
V. 182.
SÉRÉNADE, voy. l'art, préc.
SÉRÉNE, SERET, voy. l'art, suiv.
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SER
— 464 —
SER
SEREUX, L. sei'osus (de scrum, petit-lait).
— D. sérosité, — De sanim viennent aussi
serène, machine à battre le beurre, et séret,
espèce de fromage.
SERF, L. servus. — D. servage.
SERFOUIR, peut-être du prov. sos-foire =
L. suffodere (cp. pour 5 = r, prov. asermar
p. ajgesmar, vfr. acesmer). Ou, ce qui sourit
davantage, de serpe-fouirf — Littré, vul'anc.
orthogr. cerfoïr^ fait venir le mot de circum-
fodere. — D. serfouette,
SERGE, SARGIi. it. sargia, esp. sarga et
sirgOy prov. scrga, ail. sarsche^ du L. serica^
étoffe de soie, BL. sartca. — D. serger ou
sergier, d'où serger te.
SERGENT, it. sergente, esp. sargento (anc.
sargente). D'après Grimm, du vha. scarjo (ail.
mod. scherge, huissier). Cette opinion n'a pas
eu de succès. Nous sommes de l'avis de ceux
qui proposent pour primitif le L. seroien-
tem ; car le sens foncier du mot n'est autre que
serviteur (» serjant de deu »»)'et le piémont.
dit encore seroient p. le fr. sergent. Le mot
latin serviejitcm s'est transformé en sergent,
comme sàlma en sauge, d'après le principe
de ]a consonnification de Yi atone devant
une autre voyelle. La forme sentant se rap-
porte à sergent, comme savant à sachant. —
Pour l'application du mot à un outil de me-
nuisier, cp. le mot violet, nom de divers usten-
siles.
SÉRICIGOLE, sériciculture, mots faits sur
le primitif L. sericum D'autres préfèrent
séricolcy -culture, tirés do sa-, latinisation de
<"i/5, ver à soie. Voy. Littré, Suppl.
SÉRIE, mot savant, L. sej'ies,
SÉRIEUX, L. seriosus\ forme extcnsivo de
serius.
SERIN, M nomen habcre putatur a Sireni-
bus, à cause de son chant » (Nicot). En effet,
on trouve, dans Hésychius, «i.oi^v avec la signi-
fication de petit oiseau. — D'autres, à cause
de la couleur, voient dans serin l'adj. L. citri-
nus, couleur de citron ; étyrnologie démentie
par le BL. serena (xiv" siècle), défini j)ar « avis
viridis coloris » , donc le serin vert de Pro-
vence. — D. seriner, d'où serinette.
SERINGAT, ou syringa^ du L. synnx,
roseau ; cp. le terme ail. pfeifen-h^-aut.
SERINGUE (Nicot syringue), L. syringa
(Végèce), clystère, lavement. — D. serin-
guer.
SERMENT, autr. sairement et plus anc.
encore sagreme^it, prov. sagramen, du L.
sacramentum, m. s. — D. assermenter.
SERMON, L. scrfnonem, discoui's, au moyen
âge = homilia. — D. sei^monner = L. ser-
tnonaH (Aulu-Gejle : sermonari rusticius
videtur scd Tecth\s,sermocinari créhrïus estscd
corruptius); sermonnaire.
SÉROSITÉ, voy. séreux.
SERPE, anc. sarpe, instrument de jardi-
nage, du L. sarpere (Fcsius : sarpcre antiqui
pro purgare dicebant). Le même thème est au
fond de sartnentum p. sarpmentum, fr. sar-
ment. Le type sarpa est sans doute identique
avec le gr. â^jr»?, crochet (on connaît la corres-
pondance entre l'esprit rude gr. et Vs latin).
— D. serpette.
SERPENT, L. se^^pentem (serpere, gr. îp'mtif).
En vfr. on disait aussi simpl. serpe, cp. prov.
serp, it. serpe, esp. sierpe. — D. serpenter,
se7'pentin, -ine.
SERPILLIÈRE, grosse toile d'emballage,
peut-être connexe avec le vfr. serpol, paquet,
trousseau, dont je ne connais pas l'origine.
Littré rappoi'te notre mot aux serapellinœ
vestes (vieux vêtements) du moyen âge. — I-.es
mots correspondants sont en esp. arpil-
lei'a, en angl. sarplier, sarp cioth; Caroline
Michaelis et Baist sont d'avis que le mot. par
son radical aj-p, satp, a dû exprimer •• toile
qui gratte » ; toutefois, Baist observe que le
mot peut avoir été rattaché par interprétation
à ces radicaux, et que la véritable origine est
encore à fixer (voy. Grôb. Ztschr., V, 234).
SERPOLET, dim. du L. serpullum, gr.
îpTivXXov (prov., esp., port., serpol. it. serpeUo,
scrpillo),
SERRE, voy. l'art, suiv.
SERRER, BL. serare, prov. serrar, sarrar,
esp. cerrar, it. serrarc, d'abord enfermer,
barrer le passage, puis étreindre, presser. La
première signification est encore vivace en fr.;
•• serrer son argent », c'est le mettre sous clef.
Le mot vient du ' L sera, serrure, barre
de clôture, verrou; un verbe latin clas-
sique serare ne se trouve pas, mais bien les
composés ob-serare, enfermer, re serare et
de-se7'are, ouvrir. — D. serre, 1. lieu où Ton
serre des plantes, 2. pied des oiseaux de proie,
griffe ; dans les patois aussi = serrure ; ser-
rement, serrure. Composés : ai-, res-, desser-
rer.
SERRURE, voy. serrer. — D. serrurier,
serrurerie.
SERTIR, enchâsser (une pierre précieuse)
dans un chaton ; Diez conjecture une origine
du L. scrtum, couronne; donc pr. entourer
d'une couronne. Peut-être le mot est-il p. en-
sertir et vient du L. inserere par le supin î«-
SfTtum. A la vérité, comme m'objecte Diez, il
faudrait sérier et non sertir, mais ce vice de
forme affecte aussi notre verbe, s'il vient do
sa'tum, couronne.
SERVAGE, voy. serf.
SERVANT, fém. servante, part. prés, de
servir. Voy. aussi sergent.
SERVIABLE, =' qui aime à servir, mot de
formation peu correcte La bonne forme est
serviçable = BL. sei^itiabilis ; jeYaï rencon-
trée dans Guillaume de Falerne,551, 755. et
elle est encore en cours dans le patois rouchi.
SERVICE, vfr. servise, du L. servilium.
SERVIETTE ; d'après Diez, ce mot est p. ser-
vitette, et vient de l'it. seitito, service (= plats
servis à table), prov. sei'vit == service en gé-
néral. Le professeur allemand n'admet pas
que serviette puisse procéder directement du
verbe sey-vir. Il faut a cet égard lui donner
raison, mais faut-il absolument que sei-viette
vienne de servir? L'it. a salvictta, l'esp. scr-
villeta = sei*viette, et salvilla = soucoupe ;
cela suggère Tidée qu'il pourrait y avoir au
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SIE
— 465 —
SIL
fond de tous ces mots l'idée de garantir et par
conséquent soit le L. salvare, soit le L. ser-
vare. Quoi qu'on pense du radical, reste tou-
jours l'irrégularité de la terminaison ieUe. On
peut présumer que cette finale se soit, popu-
lairement, par négligence de la mouillure,
dégagée d'une précédente en illette.
SERVILli, L. servilis (servus). — D. serti-
lité, 'isme.
SERVIR L. servire, — D, servant, -ante;
serviteur^ BL. servi tor, et serveur,
SERVITUDB. L. servitude ; vfr. servitune
représente sermtudinem, vfT.servttute (comme
le prov. servitut)^ le L. serviti'Uem,
SES, pronom (plur.), du L. if o«", contraction
de suos, comme les de illos,
SéSAME, L. sesamum (ai^ffoc/Aoy).
SÉSÉLI, L. seselis (tïn^^vi),
SESSION, L. sessionem (sedere).
SETIER, prov, sestier, it. sestiere.esi^. sex-
tario, du L. sextarius (sextus), sixième partie
d'une certaine mesure romaine.
S]ÊTON, it. setone, dér. du L. seta, soie de
porc, crin (cp. le terme ail. haar-seil),
SEUIL, it. soglia, soglio, prov. sulh, sol,
esp. suela, port, solha, du L. solea, BL.
soliurriy base, seuil (Festus;. — Le vha. suelli
(nha. schvoelîe) = seuil, mis en avant par
Chevallet, ne s'accorde pas avec les formes
ronnanes.
SEUL, L. solus, — D. seulet; verbe esseu-
lé^'.
SÈVE (l'Acad. écrit sève), prov. saha, du
L. sapa. Jus, mot congénère avec le vha. saf
(nha. saft), angl., néerl. sap,
SÉVÈRE, L. scverus. — D. sévérité, L.
severitatem.
SÉVICES (plur.), L. sœvitia, cruauté.
SÉVIR, L. sœvire (de sœvus, cruel).
SEVRER, pr. séparer le nourrisson de la
mère ; voy . séparer.
SEXAGÉNAIRE, L. seosagenarius,
SEXE, L. sexus. — D. sexuel, L. scxualis.
SEXTE, L. sextus; sextuple, L. scxtu-
pliis.
SHAKO, mot hongrois.
1. SI, adv., L. sic, Voy. aussi les art. ainsi
et aussi. Le même mot s'est substantivé avec
le sens de « condition », dans l'anc. loc. par
un tel si.
2. SI, conjonction, vfr. se, du L. si, Com-
i sinon.
SIBYLLE, L. sibylla. — D. sibyllin.
SIOAIRE, L. sicarius (de sica).
SIOCATIP, SICCITÉ, du L. siccus, sec.
SIDÉRAL, L. sidm'alis (sidus, -eris).
SIECLE, L. sœculum (seculum,seclum), —
La forme seclum, par la vocalisation du c mé-
dial a donné en vfr. seule (cp. vfr. reule de
ref/ula).
SIEGE, it. sedia, seggia, et sedio, seggio,
direct, de BL. sedium = sedes; du dérivé
sediare , fr. siéger, qui à son tour a donné le
subst. verbal siège = action de siéger. —
Cps. assiéger, BL. it. assediare, esp. asediar,
SIEN, voy. mien,
SIESTE, de l'esp. siesta, qui est le L. sexta.
sixième heure du jour ou midi ; de là le verbe
esp. sestear, faire la méridienne.
SIEUR, voy. seigneur. Nodier expliquait
cavalièrement le mot par la formule abrévia-
tive S"" = seigneur! — Cps. monsieur;
pourquoi tolère-t-on ce monsieur et non pas
cette madame f
SIFFLER, prov. chiflar, du L. sifilare
(Non. Marc.). La forme sibilare a donné
prov. siblar siular et vfr. sibler. — D. sifflet.
SIGILLÉE (terre), marquée d'un sceau, L.
sigillata (sjigillum).
SIGISBÉE, imitation de Fit. cicisbeo, dans
lequel Pasqualino (cité par Diez) voit fr.
chiche 4- beau ! L'it. cicisbeo est-il le dérivé
ou le primitif du verbe cicisbearef Je n'en
sais rien; en tout cas, son étymologie est
encore à trouver.
SIGLE, du BL. sigla, -orum, signes abré-
viâtifs (p. singla, singula, monogrammes?).
SIGNAL, it. segnaîe, du BL. signale (si-
gnum). — D. signaler, d'où signalement.
SIGNE, L. signum ; dim. signet (la pronon-
ciation stnet est un souvenir du vfr. sinet,
dim. de la forme sin, voy. tocsin) \ signer,
L. signare; signal (v. c. m.). Voy. aussi
seing,
SIGNER, L. signare (signum) — D. signa-
ture, signataire.
SIGNIFIER, vfr. sene/ier, L. signi/icare,
marquer d'un signe, désigner. — D. signifi-
cation, L. -ationem; significatif, L. -ativus;
part. adj. signifiant, insignifiant, subst. si-
gnifiance.
SIGNOLE, voy. soigjwle.
SIL, L. sil.
SILENCE, L. silentium (silere). — D. silen-
cieux, L. silentiosus.
SnÎEX, mot latin, = caillou. — D. silice,
L. siliceus; siliceux,
SILHOUETTE; c'est le nom d'un contrôleur
général des finances sous Louis XIV, dont les
opérations infructueuses éveillèrent la raille-
rie des Parisiens et leur firent désigner par le
mot silhouette tout ce qui pi'ésente un aspect
triste, mesquin, imparfait. C'est ainsi qu'on fit
des portraits à la silhouette tirés de profil
d'après les contours de l'ombre d'une chan-
delle. Voy. Mercier, Tableau de Paris, et
Sismondi, Histoire de France, XXIX, pp. 94
et 95. — D. silhouetter,
SDjIQUE, L. siliqua, -;- D. siliqiteux,
1. SILLER, fendre les flots. D'après Diez,
du nord, sila, couper, diviser (pour 1'/ mouillé,
cp. piller de pilare). Diez rattache à ce verbe
le subst. sillon, qu'il a raison de ne pas faire
venir du L. sulcus. — Nous ne sommes pas
rassuré sur la solidité de l'étvmologie mise en
avant par le linguiste allemand. D'abord, le
terme d'agriculture sillon est-il réellement
tiré de siller, qui parait être une expression
exclusivement maritime? Puis ce dernier ne
peut-il pas aussi bien n'être que la forme
mouillée du vfr. sigle}* (auj. cingler, v. c. m.),
cp. fr. étrille, du L. strigilis; ou la représen-
tation d'un type latin secidare,dXm.àe secare,
couper (cp. it. segare = siller)? Ce dernier
30
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SIN
— 466
SIR
type «ecwZare conviendrait également au terme
agricole siUer (inus.), d'où procèdent sille'e
(fosse creusée autour de la vigne) et sillon. Il
est vrai que strictement seculare devrait faire
seiller, mais n'avons-nous pas de fréquents
exemples de TafTaiblissement de ei ou ai en if
Et d'ailleurs seiller s'est dit p. siller. Ce qui
appuie cette dernière étymologie, c'est le BL.
sica^ sillon, et la forme seillon du vfr. et du
dial. de Berry, p. sillon. On' peut comparer
encore, pour le rapport des idées, L. incite,
fossé, rigole, dérivé de tn^idere, entailler,
d'où it. inctgliare, sillonner pour la second^
fois.
2. SILLER, en t. de fauconnerie, coudre
les paupières d'un oiseau de proie, p. ciller;
du L. ciltutn, cil. — D. dessiller.
SILLET, t. de luthier, de la même famille
que sillon ; c'est pr. une fissure.
SILLON, voy. siller 1. — D. sillonner.
SILO, fosse à grains, de Tesp. silo, qui à
son tour représente L. sirus, gr. asipo'i.
SILURE (aussi par transposition sirule), L.
siluniS i^T. tjilorjpoi).
SILVES, t. de littérature, recueil, mélan-
ges, it., esp. selwi, du L. 5tVi?a, forêt, bosquet,
bouquet, recueil.
- SIMA6RÉE, prob. de la formule «t, m* agrée
= oui, cela me convient; la répétition de ces
mots dénota une obséquiosité fastidieuse, une
courtoisie affectée. Cette étymol., que je ren-
contre dans le Dict. de Brachet, peut convenir
jusqu'à meilleure information. Déjà Frisch
avait indiqué la formule s'il niagrée^ qu'il dit
avoir désigné un jeu. Toutefois, il est bon de
noter qu'à l'origine on disait cimagrée,chima-
grée. — J'ai depuis longtemps abandonné mes
étym. par simulacrum ou par simius.
SIMARRE, vfr. chamarre, it. zimarra,
voy. chamarrer.
SIMILAIRE, L. similaris (similis) ; simili-
tude, L. similitudo.
SIMILOR, mot industriel, fait de L. similis
aiiro, qui imite l'or; cp. l'ail, schein-gold.
SIMONIE, trafic des choses saintes ou des
bénéfices ecclésiastiques, de Simon le magi-
cien, qtii voulait acheter le don de conférer le
Saint-Esprit. — D. simoniaque, BL. simo-
niacus.
SIMPLE, L. simplus (forme accessoii^e de
simplex), — D. simplesse*, simplete*; simpli-
fier.
SIMPLICITÉ, L. simplicitatem.
SIMULACRE, L. simulacrum.
SIMULER, L. simulare. Voy. aussi sem-
bler.
SIMULTANÉ, mot moderne, tiré d'un type
latin simultaneuSy forgé sur la base du BL.
simultim, en même temps. — D. simulta-
néité.
SINAPISER, gr. <riva7rj^«tv, d'où subst.
atvyniifi^:, fr. sinapisme. Voy. aussi sénevé.
SINCÈRE, L. sincerus. — D. sincérité, L.
siuceritatem.
SINCIPUT,mot latin (litt. moitié de la tête).
SINDON, mot latin «^ linceul, venu lui-
même du gr. aive^v, toile des Indes.
SINÉCURE, mot reçu des Anglais et formé
du L. sine cura, sans soin, sans occupation
réelle.
SINOE, L. simius. — D. singer, singerie.
SIN6LER, t. d'architecture, = contourner
avec le cordeau, p. cingler, formé du L. cingu-
lum, dér. de cingere.
SINOULIER, vfr. singuler, L. singularis
(singulusj, d'où singularité, L. singularita-
tem ; verbe singulariser.
SINISTRE, 1. a(]y., malheureux; 2. subst.,
malheur. Voy. seriestre.
SINOPLE, en t. de blason = vert, corresr
pond à it. senopia, port, sinopla, angl. sino-
per. Malgré la différence de la couleur dési-
gnée par ces mots, ceux-ci viennent du L.
sinopis, fer oxydé ligneux rouge nommé
d'après la ville de Sinope. Il y avait deux
espèces de «nopw,à juger d'après un texte de
1400 cité par Ménestrier : •« sicut et in urbe
Sinopoli rubicundum invenitur et viride dio-
tum sinoplum... sinoplum utrumque venit de
urbe Sinopoli n. J*ai reproduit à peu près,
dans ce qui précède, l'art, sinople du Dict. de
Diez, mais il me semble qu'il renfei*me deux
étymologies distinctes : celle tirée de Sinopê
n'exclut-elle pas celle de Sinopolis, qui est en
tout cas celle qui se recommande le plus par
la forme?
SINUS, mot latin, employé dans les
sciences mathématiques et dont la langue
commune a fait sein. — D. sinueux, L.
sinuosus, d'où sinuosité.
SIPHILIS, SYPfflLIS, terme médical, d'ori-
gine inconnue. Il a été appliqué en premier
lieu par Fracastor dans son poème sur la
maladie vénérienne.
1. SIPHON, it. sifone, tuyau recourbé, du
L. sipho (îfîwv), tuyau, jet d'eau.
2. SIPHON, trombe, du gr. af^w», m. s. ;
c'est le même mot que le précédent.
SIRE, voy. seigneur. — Il faut espérer que
les étymologies tour à tour tentées, telles
que : gr. ^/>wî, gr. rMpioi, L. herus, celt. seir
(soleil) ont définitivement fait leur temps.
SIRÈNE, vfr. seraine, L. siren {9iipY,v).
SIROC, vent du sud-est, it. scirocco, sci-
locco, sirocco, esp. osirque, xaloque; de l'arabe
sjarki, oriental. Des pays occidentaux le mot
est revenu à l'arabe, transformé en sfaloeh,
sjelœk, sjoloek.
SIROP, it. siroppo, sciroppo, sciloppo, esp.
ajarope, prov. yssarop; de l'arabe sjaréi),
sjorha, m. s., pr. boisson. Voy. aussi sor-
bet.
SIROTER; d'origine inconnue. Plusieurs
pensent que siroter vient irrégulièrement de
sirop, comme tabatière de tabac.
SIRVENTE, prov. sirvente et sircentesc
(adj., d'où le vfr. servantois), pr. un poèmo
composé par un ménestrel au service de son
maître ; il peut exprimer soit le blâme ou la
louange et forme opposition aux chants
d'amour. Voy. Diez, sur la Poésie des Trou-
badours ^éd. ail.), p. 111, et Wolf, sur les
Lais, p 306. — D'autres pensent que sirven-
tesc vient direct, de sirvente (L. seroientem).
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soc
— 467 —
SOI
au sens spécial de sergent, soudoyer; voy.
Rom., X. 264.
SIS, voy. seoir,
SISON, L. sison (ilsta^t),
SISTRE, L. sistrum (^iiirpov),
SISTMBRU, L. sisymbrium (9i7Ù/iASpiov).
SITS, L. situs (gén. situs). — D. verbe
situer, placer, d'où part, situé et subst.^tfua-
tion.
SIX, L. sex, — D. sixième, sixain, sizette
(jeu de cartes;.
SIXTE, it. sesta, du L. sextus,
SIZSRIN, linotte, appartient comme le
champ, sizettes, petits oiseaux, à la famille
du mha. zisig (auj seisig), dim. zis-lin, bas-
ail, zieshe, angl. sishin, m. s.
SLOOP, de l'angl. sloop, néerl. slœp, dan.
sluppe. Voy. aussi chaloupe.
SH06LEUR, de Tangl. smuggle, néerl.
smohhelen, ail. schmuggeln, faire de la con-
trebande, qui tiennent au suéd. smyga, intro-
duire clandestinement.
SOBRE, L. sohrius, d*o(i sobrietas, fr. so-
briété (l'anc. fr. avait le subst. sobressé).
SOBRIQUET, anc. aussi sotbriquet, d'après
Diez; composé do sot et du vfr. briquet (mau-
vais drôle, = it. bricchetto, petit âne). Je
doute fort de cette étymologie, tout en la pré-
férant à celles tirées de subridiculus (Ménage)
ou de supra quest^ acquis par-dessus. Quelque
patois dévoilera un jour la véritable origine.
Pour le moment j'imagine un type supricare
(de supra) ^^ surajouter (cp. Texpr. surnom)-,
l'orthographe sotbriquet pourrait bien n'être
qu'un effet du désir do prêter un sens à un
vocable incompris. Le lat. super, supra a
donné aux patois du midi le verbe saura,
être de trop *= suprare; de là à sobriquet il
n'y a pas plus loin que de tourna* à tourni-
quet. Le picard a surpiquet, qui se comprend
mieux, et qui, au besoin, peut être envisagé
comme la forme normale : sorpiquet, sopri-
quet, sobriquet, — On trouve dans un texte
du XIV® siècle soubzbriquet avec le sens de
coup sous le menton. — Le sens premier du
mot étant « coup sous le menton » (cp. sous-
barbe), Bugge (Rom, , III, 198; rapproche l'it.
sottobecco, même sens, dont le dim. sottobec-
chetto répondrait à une forme soubzbéquet
(petits coups sous le bec), d'où sobriquet par
insertion de Vr comme dans fanfreluche, pim-
prenelle, etc. Cette explication est acceptable,
si Ton part de l'idée que le sens antérieur à
<• surnom » a été « propos railleur, bon mot »,
ce qui est probable.
SOC, BL. socus; on balance entre gaél.
soc, cymr stoch, m. s., et L. soccus, soulier
(à cause de la pointe recourbée du soc de
charrue).
SOCIABLE. L. sociabilis (sociare). — D. so-
ciabilité, sociabiliser.
SOGLÎL, L. socialis (socius). — D. néolo-
gismes socialisme, socialiste,
SOCIÉTÉ, L. societatem (socius). — D. socié-
taire,
SOCLE, it. zoccolo, csp. zocalo, zoclo, zueco,
du L. socculus, soulier, d'où le sens : base.
piédestal. Cp. seuil de solea, — Voy. aussi
l'art, souche,
SOCQUE, L. soccus, chaussure.
SODOMIE, de la ville de Sodome,
SCBUR, vfr. sor, sœr, suer, du radical sor
du L. soror, -oris ; le vfr. avait aussi francisé
le mot latin, pour le cas-régime, en seror,
sereur. Du dér. sororius, il avait fait serorge
=:beau-frôref encore en usage dans les patois).
— D. soeurette.
SOFA ou sopha, de l'arabe çoffah, estrade
élevée couverte d'un tapis; d'après Freitag
= banc de repos placé devant la maison.
SOFFITE, t. d'architecture, directement de
l'it. soffUto, m. s., qui est le L. suffictus
(p. suffixus).
SOI, pronom, voy. se.
SOIE, it. seta, esp., prov. seda, vha. sida,
nha. seide, irl. sioda, cymr. sidan, La source
de tous ces vocables est le L. seta, poil long
et rude de certains animaux, surtout du
cochon, signification encore propre au mot
fr. et esp. La signification « fil de soie » est
venue au mot seta par ellipse. On disait
d'abord seta serica = fil de soie, puis on s'est
contenté de dire tout court seta pour exprimer
la même chose ; le terme générique a absorbé,
comme souvent, le terme spécifique. Il est
curieux de voir les termes gr. fikrsL^oc, fil, et
Tesp. pelo (= fr. poil), crin, revêtir, par un
procédé identique, l'acception spéciale de soie
brute. — Les étymologies par L,sindon(g%vSôiv)f
mousseline, gr. v)};, gén. vurd;, mite, etc.,
sont dépourvues de fondement. — D. soierie,
soyeux. Voy. aussi satin et séton,
SOIF, vfr. soi, soit, prov. set, it. scte, du
L. sitis, La finale /"p. < est l'eflet d'une muta-
tion qui se présente parfois. Cp. vfr mœuf
de modus, bleif, blé, de bladum, faudestuef
(fauteuil) p. faudestuet', nif de nidus et le
nom propre Maimbeufdw vha. Meginbod(L,
Magnobodus). — Grœber (Ztschr., II, 460)
est d'avis que, dans ces mots, la finale f était
dans le principe une simple addition graphi-
que; cette opinion est combattue par Ci. Paris
(liom., VIII, 135). — Je ne puis me rallier à
l'opinion de Dicz (dern. éd.), d'après laquelle
la finale f dans soif se serait produite sous
l'influence de l'ail, saufen, boire.
SOIGNER, voy. soin.
S0I6N0LE, vfr. ceoignole, piston de pompe,
du L. ciconiola, dim. de ciconia (vfr. soigne) ;
Isidore : hoc instrumentum (telon) Hispani
« ciconiam «* vocant. En eficù Tesp. ciguena
signifie manivelle, bascule de pompe. — Lit-
tré n'a pas recueilli le mot soignole, bien que
fort répandu en province ; il en donne cepen-
dant la variété signole (dévidoir construit sur
l'axe d'un treuil), mais sans étymologie.
SOIN, vfr soing, patois sogne, prov. sonh,
voy. l'art, besoin, — D. soigner, soigneux.
SOIR, prov. ser et sera, it. sera; du L.
sérum, temps avancé de la journée (cp. le
5t>ro diVi de Tacite) . L'esp. dit, do la même
façon, tarda p. soir, du L. tardus» — D. soi-
rée (it. serata)»
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SOL
— 468 —
SOL
SOIT, conjonction, 3* pers. du prés, du
subj . du verbe étrCt = L. sit.
SOIXANTE, vfr. seisante, L. sexaginta,
1 . SOL, terroir, L. solum.
2. SOL, SOU, vfr. soU, it. soldo, esp. siteldo,
du L. solidus s. e. nummus, pr. monnaie
épaisse (opposée à la monnaie bractéate), puis
monnaie d*or ou d'argent de valeur variable.
— D. BL. solidare, soldare, fr. solder,
payer; de là le subst. verb. solde (it. soldo,
es^. sueldo, prov. sout, ail. sold), puis les
formes participiales it. soldato, esp. soldado,
fr. SOLDAT, pr. militaire à gage, mercenaire.
A un type solidariiis ressortissent les formes
vfr. et angl. soldier = soldat; à soldatarius,
prov. soudadier, vfr. soiideier, soudoier. Du
radical sold, combiné avec le suffixe germ.
ard, provient le mot soudard. — Une dériva-
tion Intérieure de solder est le verbe soudoyer
(type lat. soldicare), payer qqn. pour faire
qqch. (il faut en distinguer Tadj. vfr. sou-
doyant, souduiant, séduisant, qui est le L.
subducentem).
SOLAS*, SOULAS, prov. sokUz, esp. sola2,
it. solcLSZo^ du L. solatium. — D. solacier,
soulacier*, prov. solassar, esp. solazar, con-
soler. ,
SOLACIER. voy. l'art, préc.
SOLAIRB, L. solaris (sol).
SOLBATU, litt. frappé à la sole; cp. cour-
batu. — D. solbature,
SOLDAT, voy. sol 2. — D. soldatesque, de
rit. soldatesca. — Les soldurii gaulois, men-
tionnés par Jules César, n'ont rien à faire
avec la racine du mot soldat. Le mot est tra-
duit en grec, par Nicolaus Damasc. ap.Athe-
nseum, Deipn., par uilàZovpoi, et il se peut
bien qu'il soit ibérique (voy. Diefendach, Ori-
gines Europaeae, p. 421).
1. SOLDE, paye, voy. sol 2.
2. SOLDE, règlement de compte, subst.
verbal de solder 2.
1 . SOLDER, donner une paye, voy. sol 2.
2. SOLDER (un compte], it. soldare, du
BL. solidare, soldare, m. s., pr. affermir,
régler. — D. solde (de compte), it. saldo. —
Le même mot latin solidare, dans son accep-
tion naturelle de raffermir, a donné le verbe
fr. souder, it. soldare, esp. soldar.
1 . SOLE, t. d'agriculture, forme féminine
de sol =a L. solum, — D. assoler, dessoler,
2. SOLE, le dessous du pied (d un cheval) et
autres objets marquant base, support, pièce
plate de dessous, it. suola, prov. sol, solo,
esp. suslo, ail. sohle, du L. solea, plante du
pied, semelle. Voy. aussi soulier.
3. SOLE, prov. solha, it. soglia^ poisson de
mer plat, du L. solea, m. s. (Pline).
SOLÉCISME, L. solœcismus, du gr. 99)01
xi9fiôi, pr. la manière vicieuse de s'exprimer
propre aux làloixoi, c.-à-d. aux habitants de
Soles en Cilicie. Du verbe aoXoi/.iiuv, on a
fait soléciser.
SOLEIL, prov. solelh, du h.soliculus, dim.
do sol; la forme diminutive est fondée, comme
celle de tant d'autres vocables (p. ex. oreiUe,
genouiV, abeille, sommeil), sur une tendance
à prêter au mot plus de corps et de sonorité.
— Le simple sol est resté dans l'it. sole, cat.,
esp.. port. sol. — D. ensoleiller.
SOLEN, espèce de coquillage, L. solen
(ffaii4>!v).
SOLENNEL, L. solennalis*, extension do
solennis, d'où aussi le subst. solennité, L.
solennitatem, et le verbe solenniser.
SOLFÈGE, de l'it. solfeggio. Ce dernier est
le subst. verb. du verbe solfeggiare (= esp.
solfear et fr. solfier), qui, à son tour, dérive
du subst. sol fa (it., esp., port., prov.) =
gamme. Quant à ce solfa, voici comment on
l'explique : Les syllabes musicales, introduites
par Gui d'Arezzo, ut, re, mi, fa, sol, la, font
à rebours la, sol, fa, mi, re, ut; les trois pre-
mières ont fourni lasolfa, puis la ayant été
pris pour l'article, il est resté solfa tout court.
SOLFIER, voy. l'art, préc.
SOLIDE, vfr. soude, du L. solidus (de sol-
lus", entier, -= gr. SUi). — D. solidité', L. soli-
ditatem ; solidaire (d'où solidarité), solidifier.
SOLIER, grange, du L. solarium (sol),
plate-forme, terrassé, balcon; au moy. âge.
le plus haut étage d'une maison; cp. ail. sel-
ler (de même origine), grenier, galetas, ni.
solder, angl. sollar.
SOLILOQUE, L. 5o/i7o^utum, traduction lit-
térale dii^prr. ft^voloyici (voy. monologue).
SOLIPÈDE, it. solipeda, contraction du L.
solidipes, -pedis = dont le sabot est entier
(solidus), non fendu.
SOLITAIRE, L. solitarius (solus).
SOLITUDE. L. solitudo.
SOLIVE ; l'étymologie de ce mot n'est pas
fixée ; les langues sœurs ne l'ont pas. On a
proposé comme source : Frisch, le L. solum,
base (la solive serait donc pr. un soutien, un
étai); Du Cange, l'ags. syl, colonne; d'autres
le bas-bret. sôh jioutre ; mais la dérivation par
ivus fait difficulté. Isac Vossius pensait au L.
sublico (accent sur l'i"), pieu ; on pourrait au
besoin, pour cette étym., admettre la filiation
suivante : soulie, puis par intercalation de r,
soulive, solive, mais la signification satisfait
peu. Diez conjecture une composition solum,
sol -|- vfr. ive = equa, cavale, dans le sens
figuré de poutre (v. c. m,) ; puis il indique
aussi l'esp. solivio (= L. sublecium), de subie-
vare, soutenir, appuyer. Si l'existence d'un
vfr. solieve, au sens de support, était consta-
tée, l'étym. sublevare ne laisserait plus de
doute. — D. soliveau, solivure.
SOLLICITER, L. sollicitare. Voyez aussi
soucier.
SOLLICITUDE, L. sollicUudo (de soUicitus,
dont le sens étymologique est • fortement
agité »).
SOLO, mot it., = L. solus, fr. seul.
SOLSTICE, L. solstitium (litt. arrêt du
soleil).
SOLUBLE, L. solubilis (de solverc, dis-
soudre).
SOLUTION. L. solutionem (solverc).
SOLVABLB, mot mod. tiré du L. solverf,
dans son acception de payer. — D. solvabi-
lité.
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SOM
— 469 —
SON
SOMBRE ; Diez est d'avis que cet adjectif
(qui a donné lo néerl. somber) est identique
avec le cat., port., esp. sombra, = ombre.
Quant à ce dernier, il dérive d'un verbe som-
brar, mettre dans l'ombre (il n'existe qu'à
l'état de composé, a-sombrar). Or, ce verbe
est, selon la conjecture de Diez, une contrac-
tion de so-ombrar, qui répond à un type L.
sub-umbrare. Cette conjecture est fortement
appuyée par l'existence du prov. sota-umbrar,
ombrager. On trouve en vfr. aussi lo mot
essombre, lieu ombragé (Godefroy le consigne
avec les valeurs 1 . terre sombrée, 2. bois de
lit), lequel accuse un type ex-umbrare ; Burguy
estime que sombra pourrait en être formé par
aphérèse. Cette opinion ne me semble pas fon-
dée. Je crois que la filiation sub'um,brare^
sO'Ombrar, sombrar, satisfait parfaitement.
Elle gagne en vraisemblance par le rappro-
chement de la suivante : sub-undare, jeter
dans l'eau, so-ondar, esp. sondar, fr. sonder.
Elle se confirme encore par le verbe fr. som-
brer (couler bas, pr. disparaître sous les
eaux), qui présente une métaphore très natu-
relle de sub-umbrare, — Ce qui est digne
d'attention, c'est le passage du subst. sombra,
ombre, à l'état adjectival sombre, = qui est
dans l'ombre. — Voy. aussi l'art, suivant.
1. SOMBRER, couler bas. A l'appui de
l'étym. donnée à ce verbe par Diez (voy. l'art,
préc), je dois mentionner encore que l'exis-
tence de L. subumbrare aux iv®, v® et vni" s. a
été constatée par Rônsch ; mais une nouvelle
explication de notre verbe a surgi. Wedg-
"wood (Rom , VIII, 439) pense que somlrer
est indépendant de sombre; il le rattache au
norois sumbla, abîmer, engloutir, norm.
sumla, couvrir d'eau. C'est donc, selon toute
apparence, un terme maritime emprunté aux
Normands.
2. SOMBRER, donner le premier labour,
on parlant des jachères. Ce mot est-il identique
avec le précédent ? Je n'oserais l'affirmer, mais
il me semble que l'étym. de Littré par BL.
sombrum, anni aetas qua ager primum pro-
scinditur (Du Cange) et, par conséquent, par
l'ail, sommer, été, mérita toute considération ;
je trouve encore chez les Allemands le terme
« ein feld sommern » dans le sens de notre
sombrer.
SOMMAIRE, adj. et subst., voy. somme 2.
SOMMATION, voy. sommer 1 et 2.
1 . SOMME, sommeil, it. sonno, prov. som,
son, du L. somnus[p. sop-nus), — "ù. sommeil,
prov. sonelh, dimin. (sans valeur diminutive,
comme soleil, etc.), qui a remplacé somme,
sans doute, pour le différencier de deux
autres homonymes.
2. SOMME, quantité totale, du L. summa,
pr. le total principal (de summ^us, p. supmus,
superlatif de super us). — D. sommer (v. c.
m.), taire la somme; sommaire, qui ne donne
que les choses essentielles, principales, L.
summarius"; sommier, registre, L. summa-
rium.
3. SOMME, vfr. some, charge, it. salma,
5oma, esp. salma, œalma, enxalma, ail. saum;
du BL. salma, onus, sarcina, qui est p. sagma
et tiré du gr. ukyfici, m. s. Isidore : sagma
quse corrupte vulgo salma dicitur. Pour la
mutation de g en /, cp. smaragdus, it. sme-
raldo, d'où fr. émeraude. — D. sommier,
sommelier, assommer (voy. ces mots). —
Notons encore que Rônsch établit pour le mot
roman salmala, succession de formes suivante :
sagma, sauma, salma (voy. Grôb. Ztschr.,
III, 103).
SOMMÉ, voy. sommet,
SOMMEIL, voy. somme, — D. sommeiller,
SOMMELIER, d'après Tobler (Rom., II,
244) un dérivé direct de sommier =^ bête de
somme; donc, p. sommener, cp. vfr. œntra*
lier p. contrarier, sorcellerie de sorcier, Lo
premier sens était « qui mène une bête de
somme » ou « qui a les bêtes de somme sous
• ses ordres « . De là s'est dégagé celui de « is,
cui sagmata seu onera commeatunm ac prse-
cipue panis et vini commissa erant », donc
officier chargé des grandes provisions d'une
maison, puis particulièrement celui de cavier.
— D. sommellerie,
1 . SOMMER, faire la somme, voy. somme
2, — D. sommation, t. de mathématiques.
2. SOIOOIR, faire un dernier et suprême
avertissement. Les uns prennent ce verbe
pour un dérivé de summus, suprême, d'autres
y voient une variété du vfr. semoner, donner
assignation, variété de semondre (v. c. m.),
qui est le L. submonere. Ce dernier type a,
en effet, pu donner successivement somoner,
somener, sommer (cp. le nom de rivière
Somme, de Somona), — D. sommation,
SOMMET (d'où l'angl. summit), dimin. du
vfr. som (» en som », = en haut, « à som »,
«=a à bout), qui, ainsi que l'it. sommo, prov.
som, esp. somo, vient du L. summum, som-
met, extrémité. Le même type latin aurait
aussi, selon Diez, produit le subst. fr. son,
pr. la partie du blé moulu qui reste « en
haut •» du tamis. — Notez encore comme dé-
rivé de som le vfr. sommer, mettre le couron-
nement, d'où le terme de blason - somme' ».
1. SOMMIER, cheval de somme (BL. sag-
marius), 2. coffre de voyage, matelas (accep-
tions déduites de somme, charge, chose
lourde), 3. par métaphore (cp. les mots poutre
et chevalet \ = poutre, solive, support. C'est
un dérivé de somme, charge, fardeau.
2. SOMMIER, registre, grand-livre où s'ins-
crivent les sommes reçues, voy. somme 2.
SOMMITÉ. L. s ummitatem (summus).
SOMNAMBULE, mot de création moderne,
= qui ambulat in somno, — D. somnambu-
lisme.
SOMNOLENT, L, somnolentus (somnus). —
D. somnolence.
SOMPTUAIRE, L. sumptuarius (desumptus,
dépense); somptueux, L. sumptuosus = qui
demande de grands frais. — D. somptuosité,
1. SON, adj. ou pron. possessif, voy. mon.
2. SON, partie grossière du blé moulu. Trois
explications sont en présence : 1 . = la partie
du blé qui reste en haut, « in summo », du
tamis (Diez) ; — 2. le BL. seonnum engage
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SOR
— 470 —
SOR
Littré à supposer Texistence d'une forme vfr.
seon, dans laquelle il est disposé à voir secun-
c?u5 (cp. vfr. seon, selon, =« secundum); le
son serait ainsi « la seconde mouture ». Sëon
existe, en effet, ainsi dans EustacheDechamps,
p. ;97 (cité par Fœrster, Grôb. Ztschr., III,
262) : trible pur de seon, — G. Paris (Rom.,
VIII, 628), et c*est la 3" explication qu'il nous
reste à produire, est amené à remonter de
scon à sedon, pour lequel, à titre de simple
conjecture, il propose pour étymon L. seta,
qui a donné au gr. mod. aitrse, olra, tamis,
et au fr., par le dérivé setaceum, les mots
seas* sas (v. c. m.). 11 admet toutefois l'admis-
sibilité d'une explication par secundiis.
3. SON, bruit, L. sonus. — D. sonnet, vfr.
soneC, it. sonetto, dimin. de son, anc. = bruit
d'une petite cloche, chansonnette, petit chant.
Cp. motet de mot.
SONATE, de l'it. sonata (sonare).
SONDER, pr. descendre sous l'eau, d'un
type latin sub-undare, voy. sombre, — D.
subst. verb. sonde, instrument pour sonder,
esp. sonda,
SONGE, L. somnium; verbe sonobr, L.
somniari.
SONNER, L. sonare (sonus). — D. sonneur,
-erte, sonnette; sonnaille, type L. sonacuïa,
d'où sonnailîer, verbe, et sonnailler, subst.
SONNET, voy. son 3.
SONORE, L. sonorus (sonus). -7- D. sonorité,
SOPHA. voy. sofa,
SOPHISME, gr. vôfitxfiof^ sophistb, gr.
90fl'jrrii (de ff9^<{5<î&«i, abuser de la philoso-
phie); adj. SOPHISTIQUE, gr. (tOfivr%x6i, d'où
sophistiquer, subtiliser, s'écarter du vrai, user
de faux arguments (d'où le subst. sophisti-
querie), puis (sens particularisé) falsifier, fre-
later des drogues.
SOPHISTIQUER, voy. sophisme.
SOPORATIF, du L. soporare (sopor), en-
dormir.
SOPORIFÂRE, -FIQUS, du L. soporifer\
-ficus*.
SOPRANO, mot it., la voix de dessus, dérivé
du L. supra,
1 . SOR, variété orthogr, de saur (v. c. m.).
2. SOR (oiseau) = qui n'a pas encore mué,
qui est encore roux ; le même mot que saur.
J'abandonne l'étym. essorer, prendre son vol,
que j'avais émise dans ma l**^ éd.
SORBE. L. sorbum, — D. sorbier,
SORBET, it. sorbetto, esp. sorbeta, angl.
sherbet; du persan sjerbet, sorbet, lequel est
de la même famille que l'arabe sjariba, boire.
•— D. sorbetière.
SORCELLERIE, du verbe sorceîer", voy.
sorcier.
SORCIER, d'un type latin sortiarius (l'it.
sortiere et l'osp. sortere accusent un type sor-
tarius), du L. sors, sortis; donc pr. diseur de
sort, de bonne aventure. — D. sorcerie*; vfr.
sorcerer et sorceler; cps. ensorcerer, auj. en-
sorceler.
SORDIDE (mot de façon savante p. sorde),
L. sordidus, — D. sordidité,
SORET, voy. sauret.
SORITE, L. sorites, gr. và^ptlmi,
SORNETTE, selon Diez, du cymr. swrn,
bagatelle, baliverne; selon Huet, du breton
sorc*hen, bavardage. Le Duchat, rattachant
sornette au vieux mot fr. some, crépuscule,
prov. som, sombre, y voyait un dérivé de
serotina s. e. fabula, un conte de veillée. Il
se peut que some (voy. l'art, sournois) et sor-
nette se tiennent, mais bien certainement l'un
et l'autre sont étrangers au L. serotinus. —
En Berry, sornette s'emploie p. sobriquet. —
Le vfr. et les patois ont un verhe sorner, dire
des sornettes.
SORT, destinée, L. sors, sortis. De ce der-
nier vient le verbe latin sortiri, it. sortire, fr.
SORTIR (prés. it. io sortisco, fr. je sortis),
obtenir en partage, obtenir, recevoir (n'est
plus usité que dans la locution « sortir son
effet »). Voy. aussi ressortir 2.
SORTE, it. sorta, espèce, manière, tiré du
L. sors, au sons de manière d'être, condition.
— D. assortir (v. c. m.}; sortable, de sorte
convenable.
SORTILEGE, L. sortilcgium' , de soriilegus,
devin, prophète.
1. SORTIR (prés. Je sortis), voy. sort.
2. SORTIR (prés, je sors), it. sortire (prés.
io sorto), passer du dedans au dehors, en vfr.
aussi = s'échapper, prov. sortir, sauter, faire
sauter, esp. surtir, port, surdir, jaillir. On
a rattaché ce verbe au L. sortiri, pris dans le
sens de faire un partage, en se fondant sur
l'analogie de partir du L. partiri, diviser,
séparer, mais différentes considérations tant
de forme que de signification s'opposent à
cette étymologie. Si l'on considère que les
patois eTn]Aoïent jaillir comme synonyme de
sortir (en Berry on dit « à la jaillie de la
messe n), que l'esp. surtir signifie jaillir, et
que L. ex-perrigere, par son participe ex-
perrectus, a produit le vfr. espertir, éveiller
(cp. it. erto =» erectus), on acceptera volon-
tiers, pour le sens et la forme, l'étym. mise en
avant par Ménage et Frisch et partagée par
Diez, savoir le type surrectire (par surrectus^
participe de surgere). La signification étjnnolo-
gique du verbe serait ainsi « faire surgir» faire
sourdre (v. c. m.), faire jaillir » . Elle est encore
sensible dans les applications : sortir de table;
cette figure sort bien. L'idée d'un mouvement
de bas en haut (se lever) s'est peu à peu effacée
pour faire place à celle d'un mouvement du
dedans au dehors; après avoir, selon la valeur
étymologique du mot, dit sortir de terre, de
l'eau, on a dit aussi sortir d'un lieu, d'une
position, d'un état. — Littré, en disant que
sortir pourrait bien être un doublet de sour-
dre, n'est pas loin de notre ordre d'idées. —
D'autres explications se sont produites en der-
nier lieu. Rônsch tire sortir du part. L. exor-
tus, levé, né, sorti ; Bôhmer, d'un type latin
fictif sevortere, Storm (Rom., V, 183) se
rallie à celle que j'ai reproduite d'après
Ménage et Diez ; seulement, au lieu de partir
de surrectus, il part de sortus. la foi-me con-
tracte, bien constatée par Festus, qui observe
que Sivius Andronicus s'en est souvent servi.
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sou
— 474
SOU
Ce participe a survécu dans it. sorto^ insorto.
D. soHie; cps. ressortir ^ rejaillir (v. c. m.).
SOT, esp , port, zote^ ags., angl. sot^ hoU.
zot, BL. sottiis ; du mot rabbi nique ou syriaque
scJwteh = stultus. Diez rapporte cette étym.
comme celle de Cujas, mais sans se prononcer,
et renvoie à Du Cange, qui cite les jeux de mots
de Théodoulfe, évoque d*Orléans (mort en 821),
à propos de scottus et sottiis. Du Gange lui-
même dérivait le mot du grec 5»«toî = perdu,
qu*on ne peut plus sauver ; c'est là une étymo-
logie tout aussi malheureuse que le L. stultus,
Pictet rapproche sot de Tirl. suthan imbécile,
fripon, sotal^ orgueil, soithir, fier, sotatre,
fat, et du sanscrit çotha, sot. Dom L. Lepel-
letier le rattache au breton saot, qui signifie
gros bétail, bête à cornes. Quoi que vaillent
toutes ces conjectures, le mot nous semble être
connexe avec l'ail, zote, auj. propos libre,
obscène, qui, chez Luther, ne disait pas plus que
sottise, plaisanterie. — D. sotie*, farce, auj.
sottise (d'où sottisier) ; vfr. assoter, rendre sot.
SOU, forme secondaii'e de sol (voy. sol 2).
SOUBASSEMENT; c'est le mot bassement
(de bas) et le préfixe sous. On a aussi lieu de
croire à une altération de sous-bastement (de
bastir).
SOUBRESAUT, directement de r&<;p. sobre-
salto, it. soprassaJto; d'un type L. supra-
saltus, saut en Tair; pour la forme, cp. le
verbe prov. sobr&^aillir, surpasser, et le mot
fr. soubreveste,
SOUBEETTE, d'origine inconnue; d'après
Heyse, du L. sobrius, au sens de soigneux,
prudent. L'équivalent ail. 2ofc paraît étymo-
logiquement distinct.
SOUCHE (le prov a socca et une forme
masc. soc, Tît. (Ravenna) zocco, le BL. zoccus
et soccus): le mot signifie pr. le ti*onc d'un
arbre. Diez tient le mot pour identique avec
le latin classique soccus, chaussure, dont le
sens primordial doit avoir été base, fondement
(cp. socle), — Si l'équation si initial == 5 est
admise pour saison, sabot, eto., nous préfére-
rions ici comme primitif l'ail, stock, qui cor-
respondrait parfaitement pour le sens et pour
la lettre. — En présence de la variation des
initiales qu'a reçues notre mot : s, ch (pic.
choque, chouque), z, et de l'existence du vfr.
coche = souche (voy., outre l'exemple du
Renard cité par Littré, le suivant, que j'ai
recueilli dans le Chevalier au Lyon, 290 :
Assis esteit sur une coche^ une grant maçuo
en sa main), pourquoi ne risquerai-je pas
Vétymol. que voici : BL. caudica = L.
caudex, tronc d'arbre, souche, bûche, d'où se
tire sans le moindre effort : coche, chouche,
chouque et enfin souche (cp. les formes ser^
cher, angl. search, p. chercher), — D. sou-
chet, soucheler,
1. SOUGL plante, vfr. soulcie, soussicle; du
L. solsequium, qui dit la môme chose que le
gr. >î>coT/307riov, ou tournesol, La fleur du souci
se ferme quand le soleil se couche et s'ouvre
quand il se lève.
2. SOUCI, subst. verbal de soucier (v. c. m,).
— D. soucieux.
SOUCIER, du L. soUicitare (soVcitare),
agiter, inquiéter. — D. subst. verbal *oi«?t.
SOUCOUPE, = sous'coupe.
SOUCRILLON, espèce d'orge d'hiver, modi-
fication de vfr. soucrion. Ce dernier, dans le
Glossaire, comme dans le Catholicon, de
Lille, traduit le L. trimestris, blé tréraois.
Comme je lai dit dès 1865 dans les notes de
mon Gloss. de Lille, p. 36, d'après l'opinion
de Grandgagnage, le mot parait être une
variété de secourgeon i^oj, escourgeon),
SOUDAIN, prov. sobtan, du L. subitanus p.
subitaneus, — D. soudaineté.
SOUDAN, vfr. soldan, BL. soldanus; va
riété du mot sultan.
SOUDARD, voy. l'art, sol 1.
SOUDE, it. , esp., port, soda, vfr. soulde. On
dérive généralement ce mot de solida, nom
latin de la plante marine qui fournit le sel de
soude.
SOUDER, voy. solder 2. — D. soudure.
SOUDOYER, voy. sol 2.
SOUDRE, L. solvere,
SOUDRILLE, d'un type soldarillus, exten-
sion péjorative de soldarius, soldat, soudard.
SOUFFLER, it. soffiare, du L. sufj[lare{s\ib'
flare). — D. souffle, subst. verbal; souffleur,
-ure, soufflet (v. c. m).
SOUFFLET, dér. de souffler, signifiant
1 . instrument servant à souffler, et objets en
ayant la forme ; 2. coup du plat de la main sur
la joue : pour cette transition d'acception, voy.
l'art, bouffer. Cependant, en rectification do
cet article, je me vois amené à dire que le
deuxième sens indiqué de soufflet me semble
provenir de soufflet pris métaphoriquement au
sens de grosse joue ; c'est ainsi que giffe, gifle
signifie à la fois joue et soufflet, de même buffe,
bouffe, joue bouffie et coup. L'ail, maul-
schelle, m. s., signifie litt. coup résonnant
sur la bouche, et quant à ohr-feige, il n'a ri^n
à faire avec feige, figue (il est p. ohr-fege,
coup sur l'oreille, voy. Grimm, v<* fegc),'Je
remarquerai encore que le mot angl. blovo,
souffler, cité en comparaison dans mon article
bouffer, est, d'après les étymologistes anglais,
d'une autre origine que l'homonyme bhw,
frapper. — D. souffleter,
SOUFFRETEUX; malgré toute l'apparence
qu'il y a, cet ai^jectif ne vient pas de souffrir;
il répond au prov. sofraitos, sofrachos, vfr.
soffraitous, pauvre, privé de, et vient dir. du
subst. vfr. soufraite, souffrete, prov. sofraita,
sofracha, manque, disette, dénùment; quant
à celui-ci, c'est un dérivé du L. suffractus,
brisé, à qui l'on a retranché les ressources
(part, de suffringere, vfr. soufraindre).
SOUFFRIR, prov. sofrir, it. soffrire, d'un
type L. sufferere p. sufferre, cp. offrir de
offerre. — D. souffrant, souffrance.
SOUFRE, prov. solpre, solfre, it. solfo,
zolfo, esp. azufre, flam. solfer, du L. sul-
phur. — D. soufrer, soufrière,
SOUHAIT, subst. verbal de souhaiter,
SOUHAITER ; ce verbe composé vient du vfr.
hait, gré, plaisir, franche inclination de vo-
lonté, d'où découlent aussi en vfr. : haitier
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— 472 —
SOU
(qqn.), faire au gré de qqn., réjouir, encoura-
ger, et ^aïW^r (qqcli.), avoir à gré, dehaitier,
chagriner, abattre (subst. dekait, chagrin,
maladie), (?7i/iaiÏ2er, es haitirr, exciter, animer,
et la loc. adverbiale à hait = à souhait. Sou-
haiter est le verbe haiter, au sens de prendre
à gré, aimer, désirer, combiné avec le préfixe
mitigatif, sub. — Génin a bien mal compris ce
préfixe ; en disant sérieusement : souhait vient
de son hait =» son gré, comme couvent vient de
conventus. — Reste à savoir d'où vient ce mot
fr. hait, d'un usage si répandu jadis. Diez et
Grandgagnage le rapportent au nord, heit,
goth. ga-hait, vha. ga-heis, subst. de verbes
signifiant promettre, faire vœu (ail. mod. ver-
heissen, promettre). Une filiation de sens ana-
logue se remarque dans L. voœrc = 1. faire
vœu, 2. désirer, souhaiter, d'où votitm, fr.
tœu = promesse et désir. L'étymologie cel-
tique invoquée par Chevallet est loin de valoir
celle que nous rapportons. — D. souhait.
SOUILLE, aussi masc. souiî, lieu bourbeux
où se vautre le sanglier; selon Diez, de l'adj.
L. suilhis, « qui concerne les cochons »» (L.
sus). J'inclinais à voir dans souille un dérivé
du verbe souiller (voy. l'art, suiv.), mais je
reconnais cependant que la forme sewwilhe (to
intercalaire), que je trouve dans la Geste de
Liège de Jean d'Outremeuse, v. 1837, et que
ie suppose devoir signifier bourbier, est plus
favorable à l'explication par suilla. Voici le
passage : « ...parmi une sewvoilhe (l'éditeur,
par méprise, mais bien sciemment, a imprimé
sentoilhe) Perchoit un porc sangler qui for-
ment s'entortillie. »
SOUILLER, prov. sulhai\ angl. soiL Deux
étymologies se présentent avec des titres d'une
valeur à peu près égale. La première est ger-
manique. On a d'un côté goth. bi^auljan, pol-
luere, et mha. besulwen, solgen, v. flam.
soJutoen, inquinare, maculare, ail. mod. sich
suhlen, aussi sullen, se vautrer dans la boue;
d'un autre, l'ail, mod. sudeln ■= salir. Sans
vouloir préciser ici quel rapport de parenté
il y a entre les formes ail. sudeln et sullen
(Dîefenbach croit que sudeln est d'une souche
diff'érénte), nous rappelons que fr. souiller
peut se rapporter à sudeln, con^mc nouille à
nudel, et brouiller à brudeln, La deuxième
opinion, à laquelle Diez est favorable, part du
mot latin sucttla, dimin. de sus, cochon, d'où
prov. sulha, cochon, sulhon, cochon de mer.
De ce subst. viendraient les verbes prov. sul-
har, fr. souiller, pr. cochonner, faire mal-
proprement, couvrir de boue. — D. souille,
bourbier (v. c. m.); souillon, souillure,
SOUL, pr. rassasié, contracté de Y&nc. saoul
«B prov. sadol, it. saJtollo, valaque setul, du
L. satullus (Varron), dimin. do satur. — D.
soûler, pr. rassasier.
SOULAGER; ne doit pas être confondu avec
soulacier (voy. solas) ; il se peut pourtant que
celui-ci ait déterminé la forme soulager au
lieu de souleger, qui serait plus correct, car
le mot, comme l'esp. soliviar, répond à un
type latin sub4etiare (cp. alléget* de allemare),
SOULAS, voy. solas.
SOULER, voy. soûl, — D. soûlard.
SOULEUR, frayeur; les patois du Nord ont
sole, stupéfait ; je ne me rends pas compte de
l'origine de ce mot; serait-ce le L. solaius,
frappé d'un coup de soleil ? Littré pense à
solus, seul; souleur serait la crainte que
donne la solitude. Le fait est qu'en vfr, sou-
leur a signifié solitude.
SOULEVER, du L. sitb-lemre, 1 . relever,
exhausser, 2. soutenir, consoler. Le sens
figuré du verbe fr. : «« exciter, faire surgir ou
s'insurger » n'était pas encore propre au terme
latin ; d'un autre côté, la deuxième acception
(métaphorique) de celui-ci est passée à la forme
variée sub-leciare, d'où soulager (v. c. m.).
SOULIER parait tenir au L. solea, sandale;
cependant l'anc. forme soller fevorise î'étym.
BL. sotular, subtalar, soulier (synco[>é en
soVlar, d'où sollar), qui vient de subtel, creux
du pied (formé de sub -4- talus),
SOULOIR', avoir coutume, du L. solêre,
SOULTE, SOUTE, d'un type lat. sol'tus p..
soluius, de solvere, payer.
SOUMETTRE. L. sub-miUere; subst. sou-
mission, L. sub-missionem, de là soumission-
ner, -aire,
SOUPAPE, de l'esp. sopapo, pr. coup plat
sous le menton (papo, partie charnue sous le
ment-on), puis soupape. Cp. les acceptions
technologiques de sous-barbe, coup sous le
menton. Le sens premier de soupape, coup
plat, se rencontre dans Baud. de Condé, p. 172
(voy. ma note, p. 460). Cp. aussi, pour la
transition des sens, ail. hlappe, soupape, de
hlappen, claquer, frapper.
SOUPÇON, vfr. souspeçon, du L. suspicio-
nem, que les savants ont reproduit sous la
forme suspicion, — Cette étym. est tout à fait
satisfaisante ; cependant, comme la remarqué
M. Horning (Grôb. Zbschr.. VI, 436), pour
tenir compte des formes it. suspezione, prov.
sospeisso, port, sospeiçâo, il convient do
substituer à suspicionem le mot latin congé-
nère et synonyme suspectionem, d'où se déduit
correctement souspeçon, soupçon, comme
leço7i, prov. leisso, de lectionem, — D. soup-
çonneux ; soupçonner. — Rappelons ici encore
le verbe vfr. suscher^ tiré, par syncope du p
médial, du L. suspicari,
SOUPE, vfr. sope, it. suppa, esp., port.,
prov. sopa, potage, composé de bouillon et
de tranches de pain, puis, par spécification,
la tranche de pain seule (de là « trempé comme
une soupe »). C'est un mot germanique : nord.
saup, sup, vha. sauf, suf, néerl. sop, soppe,
= jus, sorbillum, pulmentum. Au sens de
«< tremper dans un liquide » se rattachent
l'esp. sopar, verser du jus sur des tranches
de pain, et le fr. souver, t. de tannerie =s
mettre les cuirs dans le plain cible. Les mots
germaniques rappelés ci-dessus sont congé-
nères avec l'ail, saufen, bas-ail. supen, néerl.
^uipen, angl. soop, sup, etc. = sorbere,
bibcrc; des conespondants de ces 'derniers
sont vfr. souper^ humer, et le t. de marine
super, aspirer (en parlant d'une pompe). —
D. souper, pr. prendre la soupe, puis dénomi-
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— 473 —
SOU
nation spéciale du repas du soir; soupière,
— L*étymol. donnée ci-dessus est singulière-
ment Obranlée par la remarque suivante de
(i. Paris (Rom., X, 60. note 2) : « Le mot
soupe, quoi qu'en disent Diez, Littré, Sche-
1er, etc. , signifie originairement « tranche de
pain » et non ce dans quoi on la trempe » ; de
là souper, à l'origine « faire collation » et
non « manger la soupe » au sens moderne » .
Malheureusement, Paris n'ajoute rien sur l'ori-
gine de soupe, « tranche do pain ». En ce qui
concerne soupe = potage, il parait bien diffi-
cile de le séparer de l'ail, suppe, bas-ail. sop,
soppe, et par conséquent de la racine sup,
boire, d'où procèdent mha. supfen, boire en
sirotant, et vha. sufan, auj. saufeax. Notez
encore ni. zuipen, boire, angl. sup, sip^
humer, à côté de sop, tremper, saucer.
SOUPENTE, subst. partie, du L. suspen
dere, vfr. soupendre fcp. pente de pendre).
SOUPER, voy. soupe.
SOUPIR, vfr. sospt'r, souspir, du L. suspi-
rium; SOUPIRER, L. suspirare.
SOUPIRAIL, tiré du verbe soupirer 'd'après
lo L. spiraculum (it. spiraglio), dérivé du
simple spirare.
SOUPLE, dune forme barbare L. suplus
p. supplex. Le mot fr. ne reproduit que le
sens primitif (mais inusité) du vocable latin
(rac. plicare), c.-à-d. flexible ; l'acception ordi-
naire * suppliant • fpr. qui fléchit le genou) j
reste étrangère. — D. souplesse, assouplir,
SOUQUENILLE, dimin. du vfr. souguenie,
BL. succania. L'origine de ce mot m'est
inconnue. Le BL. présente aussi les formes
succama, soscania, le gr. du moyen âge
<x9u/.vfa. Palsgrave traduit « hewke, a gar-
ment for a woman » par surquayne, froc.
SOURCE, voy. sourdre. — D. sourciller,
sourdre.
SOURCIL, prov. sobrecilh, it. sopracciglio,
du L. supercilium (de cî7n«m,cil). — D.^owr-
ciller, remuer le sourcil ; sourcilleux.
SOURCILLER, verbe, v. source et sourcil.
SOURD, vfr. sort, 1. qui n'entend pas,
2. qu'on n'entend ou ne sent pas, du L. sur-
dus. — D. sourdaud, sourdine, assourdir.
SOURDRE, vfr. sordre, du L. surgere,
s'élever, jaillir; c'est la forme ancienne du
mot savant surgir. L*anc. part, passé sors,
sours a donné le subst. sorse, sorce, auj . source,
pr. s= jaillissement. Voy. aussi ressource, —
Le vfr. disait aussi essource =» source ; c'est
un dérivé de essourdre, lat. exsurgere.
SOURIRE, verbe et subst., L. suh-ridere;
subst. souiHs, it. sorriso, du L. sub-risus.
1. SOURIS, masc, voy. l'art, préc.
2. SOURIS, fém., prov. soritz; le L sorex,
gén. sôrtcis ne s'accorde pas avec ces formes,
qui ont l'accent sur i, mais bien avec l'it. et
Q^^. sorce; il faut donc admettre pour type
soit une forme latine accentuée soricem, soit
un adj. soricius. — D. souriceau, L. sori-
cellus; souricière, La Fontaine s'est permis
l'adiectif souriquois (« le peuple souriquois »).
SOURNOIS, morne, caché, tient au même
radical que prov. soni, sombre, obscur, vfr.
sorne, crépuscule, esp. (argot) soma, nuit;
it. sornione, susornione, = sournois, susor-
niare, murmurer. Diez présente deux étymo-
logios. Il se peut, dit il, malgré la rareté du
faic, que l'acception •• sombre « au sens phy-
sique soit déduite de lacception morale
« morne » et que le mot découle d'un radi-
cal celtique, savoir le même qui est au fond
du cymr. swrn-ach, grommeler, corn, sor-
ren, être fâché (les mots sôr, sôrllyd, morose,
sournois, sont trop distants pour la forme).
D'un autre côté, rapprochant les vocables port,
et dial. de Côme soturno, piém. saturno, sard.
saturnxi, genevois saturne, esp. et florent.
saturnino, tous = sournois, Diez est d'avis
que ces formes dérivent du L. taciturnus, par
une contraction de taci en tçi, tço, tça, ça, sa
et que le radical sorn serait une contraction
de sadorn, seorn (cp. rond de rotundus, mûr
de maturus), — Avant de connaître ces expli-
cations, me fondant sur lasignifi'^tion «< terne,
silencieux, muet », qu'a fréquemment le
L. surdus, j'avais pensé à une contraction de
sourdinois (type latin surdinensis), tiré de
sourdin (cp. la loc. « à la sourdine »), comme
tapinois vient de tapin, caché. Je n'abandonne
pas définitivement cette étymologie, qu'avait
du reste déjà posée Ménage. En Champagne
on dit sourdois p. sourd, d'un type surdensis ;
ce pourrait bien être là le type immédiat du
fr. sournois; cp. ornière p. ordière. — Les
formes ital. citées, avec leur thème satum,
ne viendraient-elles pas de Satumus, ce dieu
ayant été considéré comme causant l'humeur
sombre et la tristes.se? Le prov. sont, vfr.
sorne se prêtant également à cette étym. —
Storm (Rom., V, 104) reprend mon étymon
Satumus, mais en ce faisant, il considère ce
dieu comme représentant la planète d'influence
funeste et opposé à Jupiter (d'où jovial) Cp.
angl. satur7nne, fr. saturnien, « sombre,
triste *> (voy. Littré). Le vfr. sorne serait donc,
par 'seorne, issu do *sadorne.
SOUS, vfr. soz, prov. sotz, valaque subt,
it. sotto, du L. subtus. Composé dessous (it.
di soto), analogue aux composés de-ans*
(dans), devant, dehors, dessus, etc. La langue
romane fait emploi de sous comme élément
de composition marquant infériorité, subdivi-
sion, subordination, en général ave i la valeur
du préfixe latin sut, lequel, de son côté, s'est
francisé dans les mots du fonds commun en
sou, su et se.
SOUSCRIRE, L. sub-scribere ; suhst. sous-
ription, -teur, L. sub-scriptionem, -torem.
SOUSTRAIRE = sous -h traire =» subtus
+ trahere; subst. soustraction, L. subtrac-
tionem à la lettre =» subtus-tractionem,
SOUTACHE, du hongrois szuszah, tresse
de galon au shako du hussard. — D. vorba
soutacher. Je doute fort de cette étymol. hon-
groise que je recueille dans Littré ; j'ai de la
peine à voir dans soiUache autre chose que le
subst. verb. de soutacher, de la mlm3 famille
que attacher, détacher.
SOUTANE, pr. vêtement de dessous, opp.
do surcot, surtout; dir. de l'it. sotlana. Ca
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— 474
SPO
dernier est im dér. do la prép. sotto, sous, et
répond au BL. siibtana, subtaneum; cp. BL.
superale (de super), vêtement de dessus. —
D. soutanelle,
1. SOUTE, voy. soidte.
2. SOUTE, t. de marine, chambre pratiquée
en dessous du pont d'un navire; d'après Jal,
du L. suhius, en dessous.
SOUTENIR, souste7iir\ angl. siistain, de
L. sitstineref pr. tenir en l'air. — D. soutien,
subst. verbal ; soutènement, soutenable.
SOUTERRAIN, L. sub-terranetis,
SOUVENIR (SE), du latin sub-venire. Dans
le principe, ce verbe était exclusivement im-
personnel ; l'étymologie ne s'applique qu'à la
tournure • il me souvient » = subvenit mihi,
dans le sens non classique de l'ail. « es f&Ut
mir bei », il me vient (à la mémoire . Cp. la
locution « ce nom ne me revie7it pas », pour
je ne me rappelle pas ce nom. — D. sowoenir
(inf. subst.), souvenance*,
SOUVENT, it. sovente, prov. soven, soen,
du L. subinde, qui signifie: 1. immédiatement
après; 2. successivement, à la file, coup sur
coup. Diez fait remarquer, à propos de l'it.
sovente, l'irrégularité du changement de d en
t et il est disposé à y voir quelque influence
des mots repente, fréquente, immantinente.
Pour le t final du mot fr., il n'est pas plus
étrange que dans le vfr ent (^= nfr. en), qui
est le L. inde; on sait d'ailleurs que l'anc.
langue n'admet pas de d final.
SOUVERAIN, it. sovrano, d'un type L.
superanus, formé de super (comme antianus,
fr. anciefi, de a7ite, prov. sotran, inférieur,
du L. subtus = prov. sotg). — D. souverai-
neté,
SOYEUX, voy. soie.
SPACIEUX, L. spatiosus (de spatium, fr.
espace).
SPADASSIN, de l'it. spadaccino (de spada,
fr. espée* épée).
SPADILLE, as de pique,. de l'esp. cspada,
épée (en Espagne le pique est marqué par des
épées).
SPAHI, du persan sipàhi, soldat, particul.
cavalier; angl. seapoy. On dit aussi cipaye,
SPALME, subst. verbal de spalmer = it.
spalmare, fr. espalmer (v. c. m.;.
SPALT, mot allemand.
SPARADRAP; l'étymologie de ce mot, en
ce qui concerne l'élément spara, m'est restée
inconnue. 11 est déjà constaté au xiv« siècle.
Littré cite la forme spandarapum du Lexique
de Castelli.
SPARE, nom de poisson, L. sparus, brème.
SPARTE, L. spartum (gr. anàprov), sorte
de jonc. — D. sparterie.
SPASME, L. spasmus, du gr vTca^fidi,
tiraillement (^Tràjiv, tirer); adj. spasmodique,
du gr aittifiiiSrii, convulsif. Voy. aussi
pâmer.
SPATH, mot allemand.
SPATHE, L. spatlia (iit&^r,),
SPATULE, mot de formation savante, L.
spathula, dim. de spatha, morceau de bois
large et plat.
SPÉCIAL, vfr. especial, du L. specialis (de
species, fr. espèce). — D. spécialité, spécia-
liser.
SPÉCIEUX, L. speciosus, de belle appa-
rence.
SPÉCIFIQUE, BL. speci ficus, qui constitue
une espèce à part; spécifier, BL. specifi-
care, = speciatim notaire, d'où spécification,
•atif.
SPECIMEN, mot latin signifiant exemple,
échantillon.
SPECTACLE, L. spectaculum ^spectare).
aspect, vue, théâtre (cp. dixrpov, de âiKjâai,
regarder).
SPECTATEUR, L. spectatorem,
SPECTRE, L. spectrum (specere), vision,
fantôme.
SPÉCULAIRE, L. specularis, transparent
(spéculum).
SPÉCULER, L. speculari (specere), obser-
ver, méditer attentivement.
SPfiCULUM, mot latin, « miroir.
SPÉE, t. d'eaux et forêts, mot gâté de cepée
(de cep).
SPENCER, nom de vêtement ; mot anglais
tiré d'un nom propre (lord Spencer).
SPERGQLE, nom de plante (on dit aussi
spargoute ou espargoute), ail. spark, spergeî;
d'origine inconnue; je pense qu'il tient à
L. asparagus, asperge, ail. spargel, ni.
spergel.
SPERME, gr. tntïpfir, semence.
SPHÈRE, L. sphœra, du gr. cfoUpa^ghhe.
— D. sphérique (d'où sphéricité); sphéroïde,
gr. 'jipotipotiS'^i^ à forme (tlSoi) sphérique.
SPHINX, L. sphinx, gr. «yç>fyÇ.
SPIC, du L. spicus (= spica), épi.
SPICILÉ6E, pr. glane d'épis, L. spicik-
gium (action de cueillir des épis).
SPINAL, L. spinalis (de spina = fr.
épine).
SPINELLE, espèce de rubis; d'origine in-
connue.
SPIRE, L. spira = gr. fnciipa, enroule-
ment. — D. spii*al, L. spiralis, d'où subst.
spirale.
SPIRITUEL, L. spiritualis (de spiritus =
fr. esprit). — D. spiritualité, -aliser, -diste,
-alisme.
SPIRITUEUX, mot modome, = qui con-
tient beaucoup d'esprit (L. spiritus), esprit
pris dans le sens physique ou chimique du
mot.
SPLEEN, mot anglais, pr. rate, puis mal
de rate, du L. splen (ff7r>*5v), rate.
SPLENDEUR, L. splendorem. — Laniartine
s'est servi du verbe splendir, L. splendere.
SPLENDIDE, mot à formation savante,
L. spleyididus.
SPOLIER, L. spoliare. — D. spoliateur,
-ation,
SPONGIEUX, L. spongtosus. Voy. éponge.
SPONTANÉ, L. spontaneus (de spontc, àe
son propre mouvement). — D. spontanéité.
SPONTON, voy. esponton.
SPORADIQUE, gr. ^nopccSoiài (»w«/)4{, -45«.
dispersé, isolé; .
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STÉ
— 475 —
STR
SPORT, mot angl., tronqué de Tanc. dis-
port = vfr. desport, déportement, plaisir.
SPORTS, panier des moines quêteurs, du
L. sporta, panier, dont le dim. est sportula,
fr. sportide, pr. petit panier.
SPORTULB. voy. l'art, préc.
SQUALE, L. squaïuSy chien de mer.
SQUAMMEUX, mauvaise orthogr. p. Squa-
meux, L. squamosus (de squama, écaille).
SQUELETTE, esp. esqueleto, it. schelctro,
du gr. 9XSÀST0;, desséché (tô <rxf>«rov, momie,
do (Txa^stv, .sécher).
SQUIRRE, mieux squirrhe, gr. TfKpfiOi,
tumeur dure, — D. squirreux.
STABLE, vfr. estable, estante, L. stabilts
fstare), d'où stabilitatem, fr. stabilité. Du
vei'be stabilire : fr. établir.
STAGE, BL. staff ium, obligation de résider
dans un endroit désigné, puis résidence,
séjour. Le mot stoffium, formé avec le suffixe
BL. affiiim (= L. aticum) de stare, est aussi
le type du mot fr. étage (v. c. m.). — D. sta-
giaire, BI^. stagiarius, qui in stagio est.
STAGNANT, L. stagnans, du verbe stag-
nare, dér. de stagnum = fr. étang; subst.
stagnation, L. stagnationem.
STALACTITE, dérivé du gr. »Tai«To';, adj.
verbal de »ra>àj«iv, tomber par gouttes, lequel
verbe a donné encore le subst. arot^av/^^c»
fîltration, d'où le dér. stalagmite.
STALAGMITE, voy. l'art, préc.
STALLE, BL. stallum, du vha. stal, statio,
locus. Voy. aussi étal et iyistaller.
STANCE, dir. de l'it. stansa, strophe, qui
vient d'un type L. stantia (stare) = arrêt.
STANGUE, voy. étangues.
STATHOUDBR, du holl. stadhouder = ail.
staithalter ; ces mots traduisent exactement le
fr. lieutenant; l'élément stai ne présente pas
holl. staat = état, mais stoui, lieu, place. —
D. stathoudérat.
STATION. L. stationem^ arrêt. — D. sta-
tionner ; stationnaire, L. stationarius.
STATIQUE, du grec «rarwii. s. e. riyyft,
science de l'équilibre des corps.
STATISTIQUE, mot" établi par les savants
modernes et tiré du verbe gr. aTaW^civ, éta-
blir, constater. La statistique ne fait propre-
ment que constater les faits. — D. statisti-
cien.
STATUE, vfr. estatue, du L. statua (stare).
La différence de l'accent recommande d'ad-
mettre, du moins pour vfr. estatue, le type
latin statiita. — D. statuaire, -ette,
STATUER, prov. estatuir, L. statuere, fixer,
d'où le subst. staiutum, chose arrêtée, fixée,
fr., statut,
STATU QUO W), formule latine écoui-tée de
in statu que sunt (laisser les choses) « dans
l'état où elles se trouvent ♦»; de là la locution
statu quo traitée en subst., = état de choses
actuel ou ancien.
STATURE, vfr. estature. du L. statura.
STATUT, estatut, voy. statuer. — D. sta-
tuaire.
STjyARINE, du gr. vrkap, graisse.
STÉATITE, gr. artocTlrtu, m. s.
STÉGANOGRAPHIE, gr. ^jrv/xjoypxfloc, écri-
ture en signes cachés (^nyavo;).
STELLIONAT, L. stellionatus (de stcllio,
lézard, figurément = fourbe qui change faci
lement de peau).
STENOGRAPHE, mot moderne fait d'un
type gr. (XTivoypàfo^, litt. qui écrit d'une ma-
nière serrée (^rsvo'i). — D. sténographie, -ique.
STENTOR (voix do), do Stentor, personnage
do l'Iliade d'Homère, « le guerrier à la voix
d'airain ».
STEPPE, mot emprunté au nisso.
STÈRE, nom de mesure de capacité, égale
au mètix) cube; prob. du gr. rà ^nptôv, con-
tenu cubique, de trtptôi, solide, massif.
STÉRÉOMÉTRIE, gr. ftnpiofitrpla, mesure
des corps solides (iriptô;).
STÉRÉOTYPE, mot moderne, fait du gr.
9Ttpi6i, solide, fixe, et rùnoi, type, donc pr.
type immobile (opp. aux caractères mobiles).
— D. stéréotypie, stéréotyper.
STÉRILE, L. sterilis. — D. stérilité, L.
sterilitatem.
STERNUM, du gr. vr^ovoy. m. s.
STERNUTATION, -ATOIRE. du L. sternu-
tare =■ fr. élernuer.
STIGMATE, L. stigma, -atis,gr. iriyfix, pr.
point, marque, spéc. marque que laisse le fer
sur la peau des esclaves, flétrissure. — D.
stigmatiser.
STILLATION, L. stillationem, de stillare,
couler goutte à goutto.
STIMULER, L. stimulare, exciter (de sti-
mulus, p. stigmulus, aiguillon).
STIPENDIER, L. stipendiari (do stipen-
dium, solde).
STIPULER. L.stipulari. — D. stipulation.
STOCKFISCH, mot ail., = poisson séché.
L'élément stock (bâton) vient de ce que les
poissons à sécher sont suspendus à des bâtons.
STOÏQUE, L. stoïcus, gr. ^roudi (de croi,
portique, parce que Zenon enseignait sa philo-
sophie sous un portique à Athènes). — D.
sto ïcien , stoïcisme .
STOMACAL, STOMACHIQUE, du L. stoma-
chus {vrôfixy^oi}, estomac.
STORAX ou styrax, mot latin, gr. vrûps^
STORE, du L, storea, couverture tressée,
natte faite de joncs ou de cordes ; it. stqja, esp.
estera (p. estuera).
STRABISME, gr. nxpxUtiiài (do arpuîôi,
louche).
STRANGULATION, du L. strangulare ~ fr.
estranglcr* étrangler.
STRAPASSER, de l'it. 5<rapajj'are, maltrai-
ter. Voy. plus haut l'art, estrapade. L'étymo-
logie stra (préfixe) -|- pazzo. fou, attribuée à
rit. strapazzarc\is^v Diez (donc traiter comme
un fou, railler) est contestable. — D. stra-
passon, mauvais peintre, d'où strapassonner .
STRAPONTIN, de l'it. strapuntino, dér. do
strapunto, matelas, hamac.
STRAS, composition imitant le diamant, du
nom de l'inventeur de cette composition.
STRASSE, variété de estrasse (v. c. m.).
STRATAGÈME, L. strategema, gr. <rrpa.
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SUB
— 476 —
suç
r^yvjftx, tactique militaire, puis ruse de
guerre.
STRATÈGE, gr. vrpxm/di, conducteur d'ar-
mée (ffT/saro'î, armée, ayiiv, conduire); stra-
téffie, gr. vTp^rriylst, d'où stratégique^ -iste,
STMTIFIER, lat. mod. stratificare (de
stratus, couché, étendu). — D. stratifica-
tion,
STRIBORD, esp. estribord, de l'ags. steor-
liord, angl. starboaM, suéd., dan. styràord,
ail. steuerbord, — C'est le même mot que
tribord (p. estribord).
STRICT, mot sayant, du L. strictus (strin-
gere), serré; type aussi ^e étroit (v. c. m.).
STRIDENT, L. stridentem; strideur (Buf-
fon», L. stridor.
STRIE, L. stria. — D. strié^ L. striatus;
striures.
STROPHE, grec ^t/jo^ïJ, m. s. (pr. évolution
du chœur sur le théâtre grec).
STRUCTURE, L. structura (struere).
STUC, it. stucco, esp. estuque, angl. stuc,
stuke, du vha. stucchi, croûte. — D. stuca-
teur d'après l'it. stuccatore.
STUDIEUX, L. studiosus (studium).
STUPÉFIER, L. stupeficare" p. stupefacere;
STUPÉFAIT, L. stupefactuSt d'où subst. stupé-
faction.
STUPEUR, L. stuporem; stupidk, L. stu-
pidus, d'où stupidité, L. stupiditas.
STTLE, L. Stylus, gr. ajùUi, pr. aiguille,
burin pour écrire, puis manière d'écrire.enfin,
manière en général. — D. styler, faire au
style, habituer, dresser.
STTLET, it. stiletto, dim. de slylus, au
sens naturel de poinçon.
STYLOBATE, grec urulo^xrni, litt. base de
colonne (de vrlloq, colonne, et BAû, ^oifvu, pr.
se tenir sur ses pieds).
SU, part, de savoir; anc. seû, d'un type L.
saputus i'ii. saputo). — D. insu (à F).
SUAIRE, L. sudnrium, « linteum quo sudor
detergitur ».
SUAVE, L. suavis (dont l'ancienne langue
avait fait suef, soucf^= prov. suau). — D. sua-
vité, L. suavitatem.
SUBALTERNE, 6L. subaltemus,Kày formé
de sub altemo, donc litt. placé sous les ordres
d'un autre.
SUBIR, L. sub-ire, que les Anglais tra-
duisent littéralement par to under-go,
SUBIT, L. subitus, mot de facture savante,
dont l'anc. langue a fait correctement soude
(cp. soudain de subitanus),
SUBJECTIF, relatif au sujet (subfectus).
SUBJONCTIF, L. sub-junctivus.
SUBJUGUER, L, sub-jugare, mettre sous le
joug.
SUBLIME, L. subîimis, haut, relevé. — D.
sublimité, L. -itatem ; sublimer, t. de chimie,
L. sublimare, élever, en BL. coctione perpur-
gare.
SUBMERGER, prov. somcrgir, it. sommer-
gère, L. sub-mergere, dont le supin submer-
siim a donné submersionem, fr. submersion.
SUBORDONNER, L. sub-ordinare, mettre
£0us les ordres de qqn. (la forme du composé .
est apdatée à celle du simple ordonner). — D.
subordination, L. subordinationem.
SUBORNER, L. sub-omare, pr. préparer,
former en secret. — D. suborneur, -ation,
-ement.
SUBRÉCARGUE, de l'esp. sobrecargo, « qui
a la surveillance d'une cargaison ».
SUBRÉCOT, le surplus de l'écot : c'est un
composé du L. supra et le mot écot (v. c. m.).
SUBREPTICE. L. subrepticius (sub-ripere},
enlevé, dérobé, clandestin.
SUBREPTION. L. subreptionem.
SUBROGER, L. sulnrogare, substituer. —
D. subrogation., L. subrogationem .
SUBSÉQUENT, L. sub-sequeîitem,
SUBSIDE, L. subsidium (sub-sidere), ré-
serve, aide, secours. — D. subsidiaire, L.
subsidiarius ; verbe subsidier.
SUBSISTER, L. sub-sistere, rester, conti-
nuer d'exister. — D. subsistance, L. subsis-
tentia, d'abord action, puis moyen de sub-
sister.
SUBSTANCE, L. subsiantia, traduction du
gr. uTToVraaiî, être, essence, nature — Ti. sub-
stantiel, L. substantialis ; substantif, L. sub-
stantivus.
SUBSTITUER, L. sub-stituei-e, mettre à la
place. — D. substitut, L. substitutus ; substi-
tution, L. substitutionem.
SUBTERFUGE, L. subterfugium* , subst. de
subtci'fugere, fuir secrètemeut, s'esquiver.
SUBTIL, vfr. soutil, soutif, prov. sobtil,
sotit, esp. sutil, it. sottile, du L. subtilis (pr.
finement tissé). — D. subtilité, L. subtil itatem ;
subtiliser (en vfr. soutiller, it. sottigliare),
SUBVENIR, L. sub-venire, venir en aide
(type aussi de souvenir), — Subst. subooition,
L. suhventionem", d'où subventionner.
SUBVERTIB, L. sub-vertere; supin subver-
sum, d'où subversion, subversif,
SUC, L. sitccus.
SUCCÉDANÉ, L. succedaneus, substitué.
SUCCÉDER, L. succedere (sub-cedere, venir
après), supin successum, d'où L. successus, fr.
succès; L, successionem, -orem, -ivus, fr. suc-
cession, -eur, -if, et les termes mod. succès
sible et successibilité.
SUCCÈS, L. successus (v. l'art, préc.), pr.
issue, suite d'une affaire. Composé insuccès.
SUCCESSEUR, -ION. voy. succéder.
SUCCIN, L. succi7ium (succus), m. s.
SUCCINCT, du L. succinctus (sub-cingere),
serré, court.
SUCCION, d'un type latin suctionem, subst.
de sugere, sucer (supin sucXum).
SUCCOMBER, L. suc-cumbere, être couché
dessous; cp, l'ail, untcr-liegen, succomber.
SUCCULENT. L. succulmtus,m, s. (succus).
SUCCURSALE, dérivé du L. succursus, =
fr. secours.
SUCER, it. succiare, suzzare, d'un type
latin suctiare, tiré de suctum, supin de sugere.
Voy. aussi succion. — D. suceur, suçoir, suçon
(v. c. m.); suçoter.
SUÇON est une variété populaire de succion
(lat. suctionem); en passant du sens abstrait
au concret, il est devenu masculin, comme
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SUI
477 —
SUP
c'est le cas pour nourrisson, poinçon, vfr.
prison (prisonnier).
SUCRE, it. Jtucch^ro, esp., port. a:gucar,
vha. zucura, nha. zucker, ni. suiker, angl.
sugar; de Tarabo sokhar, assohkar; cp. le
persan shakar, gr. vkiiyaLpo'*^ L. saccharum, —
D. sucrer, -ter, -erie, adj. sticrin,
SUD, esp., it. siid, port, sul, de l'ags. «wrfA,
angl. south, nord. *i«/r, néerl. jsuid.
SUER, wall. souwer, L. sudare. — D.suée,
frayeur subite; sitette. — Sueur, L. sudo-
rem,
SUFFIRE, L. sufficere (cp. confire de con-
ficeré). — D. suffisant, d*où suffisance.
SUFFOQUER, L. suffbcare (sub + faux),
étouffer. — D. suffocation,
SUFFRAGANT, du L. suffragam, pr. voter
pour, puis seconder, aider.
SUFFRAGE. L. suffragium.
SUGGÉRER, L. suggerere (sub-gerere, litt.
mettre sous (s. e. la main), fig. fournir, insi-
nuer); supin suggestum, diOXi sitggestionem,
dans la basse-latinité = avis, conseil, fr. sug-
gestion.
SUICDE, formé, avec le pron. L. sui -^ de
soi-même, sur le patron des subst. homicide,
parricide, etc.; cp. ail.- selbstmord. Ce mot,
qui dit pr. « occision de soi-même », ne re-
monte qu'au xviii* siècle et le supplément du
Dict. de Trévoux, publié en 1752, en attribue
la paternité à l'abbé Desfontaines. Montesquieu
ne l'emploie pas; il dit •• homicide de soi-
même » ou « mort volontaire •». Voltaire s'en
sert dans son Commentaire sur l'Esprit des
lois en 1778 et il est accueilli, la même année,
dans la 3® éd. du dictionnaire de l'Académie.
— D. se suicider, expression mal faite, puis-
qu'on ne peut pas suicider un autre, cepen-
dant justifiée par Génin (Récréations philolo-
giques).
SUIS, prov. suia, sueia, suga, cat. sutjc
(masc). Le type immédiat du mot français est
le prov. suga, qui, selon Diez, vient, à son
tour, de l'adj. ags. sôtig (contracté en sotg)
= angl. soottj, dérivé d'un subst. ags. sôt,
angl. soot, néeil. soet, suie, d'où vient aussi
gaél. suith, suithe. Le Gloss. de Douai a siue,
celui de Lille sieuée (sieue ?); les formes wal-
lonnes sont sife, seuve, souf,
SUIF, it. sevo, sego, esp. sebo, prov. seu, du
L. sébum, scvum, La forme fr. *Mi/peutse
déduire de seuf(cp, tuile p. teule du L. tcgula,
suite p. seute), qui, en effet, est sous la forme
fém. seuve, signalée par Grandgagnage.
Selon les règles, «erwm, devait faire sefon soif
ou seu (forme vfr.). Il se peut qu'il y ait dans
suif une substitution à une forme ancienne
soif{cp. nuit, huit, anc. noit,oit, etc.), et que
cette substitution ait été motivée par le besoin
de distinguer deux homonymes. Notez la forme
rouchi sieu, régulièrement tirée du radical
sev, — D. suiver, suiffer.
SUINTER; ce verbe ne vient pas de suer,
comme on est tenté de croire ; que ferait-on de
la terminaison? D'après Diez, il est p. suitcr
(cp., pour l'insertion de n, cingler" p. sigler,
ronfler p. rofler)'^ quant à suiter, c'est le vha.
suizan (hha. schu)itzen), angl. stœat, néerl.
stoeeten, suer. — Subst. verbal suint,
SUITE, vfr. seute, sieute, du subst. lat.
secta, formé de sequi, suivre; cp. <utfe (vfr.
teule) de tegiUa,
SUIVRE y vfr. seure, sieure, sivre, suivir,
prov. segre, seguir, it. seguire, de l'infinitif
barbare lat. sequere p. sequi, — D. suivant,
subst. rfém. suivante), puis prép. (cp. en L.
secundum également tiré de sequi),
SUJET, vfr. sougit, L. sub-jectus, soumis,
exposé à ; de là sujet, subst., personne « placée
sous » l'autorité d'un gouvernement *» (cp. Tall.
unterthan). Quant au subst. sufet, comme
terme de logique et de grammaire, d'où se sont
déduites différentes autres acceptions (entre
autres celle de personne en général), il exprime
la substance formant la base de la proposition ;
le mot traduit le gr. ùito^ol^ ou ùitôdtni. Le
mot substance répond à une idée primitive
semblable. — D. assujettir,
SUJÉTION, L. subjectionem, soumission.
SULFATE. SULFITE, du radical suif, qui
est dans L. sulphur, soufre, en chimie sulfure,
d'où aussi les adj . sulfureux, -ique.
SULTAN, dir. de l'arabe soultan, qui lui-
même vient d'un radical chaldéen sjalat,
dominer. Voy. aussi Soudan,
SUMAC, it. sommaco^ esp. sumaque, port.
sumagre, holl. smak, de l'arabe sommak,
m. s.
SUPER, t. de marine ; le sens propre parait
être • aspirer « . Voy. sous soupe,
SUPER ., préfixe marquant supériorité, ac-
croissement ou excès; du L. 5uper« au-dessus,
sur.
SUPERBE, adj., L. superbus, orgueilleux,
magnifique, d'où le subst. superbia^ fr. superbe,
SUPERCHERIE répond à l'it. soperchieria,
sovei'chieria, outrage, tromperie, dérivé de
l'adj. soperchio, = qui excède, qui dépasse la
mesure (employé aussi comme subst. p. su-
perfluité, puis p. outrage et supercherie).
L'it. soperchio répond à un type latin non
classique supcrculus, dér. du L. super; il
marque donc excès en tout genre (cp. outrage,
de ultra). — Ménage, malgré sa familiarité
avec l'italien, a commis la bévue d'imaginer
une contraction do super -tricherie. Roquefort
et Bescherelle ont versé dans la même
erreur.
SUPERFÉTATION, subst., du L. super-
fetare, produire en sus, par surabondance.
SUPERFICIE, mot savant, L. superficies
(faciès) ; ce mot fait double emploi avec sur-
face, — D. superficiel, L. superficialis.
SUPERFLU, L. super ftuus, traduit exac-
tement par l'ail, ûberflussig. — D. super-
fluité,
SUPÉRIEUR, L. superiorem (comparatif de
super us). — D. supériorité',
SUPERLATIF, L. superlativus (de super-
lotus, porté outre mesure, exagéré).
SUPERPOSER, = poser par-dessus.
SUPERSÉDER, forme savante de surseoir,
SUPERSTITION, L. superstitionem, — D.
superstitieux, L. superstitiosus.
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SUR
— 478 —
SUR
SUPPLANTER, L. sup-pJantare [de planta,
plante du pied), pr. renverser qqn. en lui
donnant un crooen-jambes
SUPPLfiER, du L. siipplere, compléter. Ce
verbe est de facture moderne et ne s'accorde
pas avec celle des analogues emplir, accom-
plir (on trouve en vfr. soupplir) ; il vaut donc
mieux partir d'un type fréquent, suppletare,
qui répondra aussi à une autre forme ancienne
souploier, — D. suppléant , supplément (d'où
supplémentaire), L. supplementum.
SUPPLICE, L. supplicium. — D. verbe
supplicier.
SUPPLIER, L. supplicare fpr. plier le
genou). — D. suppliant. Au type latin ressor-
tissent directement : les subst. supplique et
supplication (L. supplicationem).
SUPPLIQUE, it. supplica, voy. supplier.
SUPPORTER, L. sujjportare, pris dans
l'acception de sufferre (sub-ferre). — D. sup-
port, supportable.
SUPPOSER, déposer, d'après le L. suppo-
nere, dont le part, suppositus (mis sous la
dépendance de qqn., = subditus), a donné
fr. suppose suppôt, et h.suppositionem (trad.
du grec 67ro&s«,-), fr. supjx)sition.
SUPPÔT, voy. l'art, préc.
SUPPRIMER, L. supprimerefpremGTe; cp.
ail. unterdritcheii); du supin suppressum, le
subst. suppressio, fr. suppression.
SUPPURER, L. suppurare (pus).
SUPPUTER, L. supputare, m. s.
SUPREME, L. supremus. — D. supréma-
tie, mot moderne, façonné arbitrairement
d'après les mots primatie, aristocratie et
sembl.
1. SUR, prép., vfr. et v. it. sor, du L.
super (d'où supr, sur). Les formes vfr. socre,
soure, sore, scurc, it. sopra, sovra, esp.,
port., prov. soh^e, accusent pour type le L.
supra. Sur est moderne, dit Paris (Rom.,
X, 51); il a remplacé seur par l'effet do la
proclise (cp. l'article du p. deu, prud homme
p. preudhomme). — Comme préfixe, sur
marque position supérieure, addition et excès.
2. SUR, acide, du vba. , ags., nord, sûr, flam.
suer, soer, angl. sour, nlia. sauer, m. s. —
D. suret, surelle, oscille (pic. suriele, wall.
sitral, flam. suerich, angl. sorrel).
SUR, vfr. segur, scur, prov., cat. segur*
esp., port, seguro, it. sicuro, du L. securus
(litt. sans souci). — D. sûreté et (forme sa-
vante) sécurité, L. securitatem ; verbe assurer
(v. c. m.).
SURANNER, v n., gagner plus d'un an
dagc, vieillir. — D. suranné.
SURBAISSER, baisser par-dessus, dépri-
mer.
SURCROÎT, subst. verbal de surcroitrc,
accroître avec excès .
SURDITÉ, L. surdiiaicm (surdus). Voy.
sourd.
SUREAU, anc. surel. D'après Dicz, c'est le
vfr. 5n« augmenté du suffixe dimin. arellus;
cependant le philologue allemand se demande
comment il faut accorder avec cette explica-
tion la forme vfr. seiir, et si Ton peut« dans
celle-ci, voir la forme seùreau dépouillée do
la terminaison eau (=* ellus). — Voici ma
manière de voir jusqu'à meilleure information.
Le type est le L. sabucus, sureau; de là proT.
sauc, esp. sauco, val. soc, vfr., pic. séu^ séhu
(vf&W. saou, lang. sahuc); d'un type dimin.
sabucellus viendrait séusel, seusel, suseau
(Paré) , et par la substitution régulière de r à
s, seurel, surel, sureau; le type scUmcarius^
enfin, aurait dôtenniné, par sëuyer, la forme
suyer, consignée par Nicot. Quant à la forme
séur^ je n'y vois pas plus clair que Diez. —
Je citerai encore pour mémoire, et pour
guider les recherches, les formes sus (Pals-
grave), wall. de Namur seusse, et le dér.
champ, susain^ = sureau. — Pour Tobler
(Rom., VI, 131), Yr est l'efiet de l'épenthôse.
Sabucus, devenu seii, a produit le dim. seù-el^
puis seurel, d'où surel, sureau, mais ici
encore le vfr. seiir reste embari'assant.
SURELLE, SURET, voy. sur Z.
SURFACE, type super-fades p. superficies
(d'où la forme savante superficie).
SURFAIRE un prix, c'est pr. le faire avec
exagération, le porter trop haut ; par conver-
sion de régime, on a fini par dire « sur&ire
une marchandise •• et même « surfaire l'ache-
teur w.
SURGE, laine non lavée, non dégrai.ssée.
Cette laine, dit G. Paris (Rom., VII, 103), se
disait en latin « lana sucida », et surge est le
môme mot que sucida. Cette équation est
savamment démontrée au moyen do la succes-
sion de formes suivante : sucida, sudica, suria,
surje, surge (cp. vfr. mirje, mirge de medi-
cum).
SQRGEON, vfr. sorjon; c'est pr. une chose
qui sort (quae surgit) du pied d'un arbre.
Jadis sorjon (•• petit surjon d'eau », Montai-
gne) était .synonyme de sorce* source et dési-
gnait l'eau qui sort de terre. C'est un déi'ivé
de surgerc, fr sourdre. J'estime cette étymo-
logio plus correcte que celle tirée du L. sur-
culus^ rejeton, par un primitif surcus,
SURGIR* L. snrgere. Voy. aussi sourdre.
SURJETER, cowdveçTL jetant les deux bords
d'une étoffe l'un par-dessus l'autre. — D.
subst. verbal surjet.
SURMONTER, monter par-dessus, franchir,
cp. ail. uber-stcigen. — D. surmontable,
SURMULET, poisson; p. sor mulet (mulet
saur) ; mulet, dim. du L. mullus.
SURNAGER, formé de nager, d'après lo
précédent du L. super-natare,
SURNOM, nom ajouté (voy. sobriquet),
verbe surnommer.
SURNUMÉRAIRE, L. supra-numerarius
(de supra numeimm)-, cp. ail. iXber-sdhlig . —
D. snniuméi'ariat.
SUROS, de sur -|- os; it. soprosso.
SURPASSER, passer, aller plus haut qu'un
autre.
SURPLIS, vfr. sorpelis, prov. sobrcpclits,
BL. superpelliceum. Voy. pelisse,
SURPLOMBER, dépasser l'aplomb, avoir le
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sus
— 479 —
SYN
haut plus avancé que la base. V07. aplomb,
— D. subst. verbal surplomb.
SURPRENDRE, prendre ou saisir qqn. en
venant par au-dessus, sans qu'il puisse s'en
apercevoir, prendre à l'imprévu, fig. acquérir
frauduleusement, étonner (cp. les ex pr. ail.
liber- falleti, Uber-rasclien), D'autres expli-
quent le sur, moins bien à mon avis, par
« prendre qqn. «ur le fait ». — D. surprenant,
surprise.
SURSAUT, 1. attaque brusque (cp. sur-
prise), 2. saut en Tair, = L. supersaltus
subst. de supersalire. Cp. soubresaut.
SURSEOIR. L. super-sedere, cesser, discon-
tinuer. — D. surséance et sursis, suspension,
délai.
SURTOUT, adv., par-dessus toutes choses;
subst., pièce d*habillement ou de vaisselle,
mise par-dessus les autres.
SURVEILLE, jour au delà de la veille, en
comptant en arrière, cp. sur-lendemain.
SURVEILLER, veiller sur, cp. ail. ûber-
toachen. — D. surveillant, -ance.
SURVENIR, L. super-ventre^ arriver à l'im-
prévu .
SURVIVRE, L. super-vivere. — D. survi-
vant, d'où surtivance. Par analogie, on a tiré
de me, L. vita, le composé survie.
SUS, adverbe, prov. *M5,esp., it. suso; c'est
le L. SHsum (forme accessoire de sursum =»
subvorsum), vers le haut, en montant, abrégé
en sus dans la locution susque deque, de haut
en bas. — Composé : de-sus* dessus. Notez
aussi en-sus. — Dans quelques compositions
romanes et techniques (suscription, susdit,
' etc.), le préfixe sus équivaut pour le sens au
L. supra. — Le préfixe latin sus (dans sus-
cipere, sus-tinere, etc ) est une variété de
sub par la forme intermédiaire subs; cp. os
(dans os-tendere) p. obs, ob, et as (dans aspor-
tare) p. abs, ab; parfois, cependant, il repré-
senta sus = sursum.
SUSCEPTIBLE. L. susceptibilis (Boëce) ==
qui facile suscipit, le verbe sus-cipere (supin
susccptum) étant pris dans le sens de « éprou-
ver, être sensible » (cp. suscipere dolorem,
invidiam). — D. susceptibilité.
SUSCITER, L. sus-citare, soulever.
SUSCRIPTION, mot fait avec l'adv. fr. sus,
en imitation du L. supra-scriptio ; opposé à
souscription, L. sub-scriptionem.
SUSPECT, L. suspectus, part, passif de
suspicere, soupçonner. — D. suspecter, L. sus-
pectare, synonyme de soupçonner (l'un et
l'autre se rattachent au verbe specere, voir).
SUSPENDRE, du L. suspendere, tenir sus-
{)cndu, interrompre, arrêter. Au supin suspen-
sum se rattachent : participe suspensus, fr.
suspens, suspendu do ses fonctions, subst.
participial susponsa', fr. suspense, adv. in
suspenso, fr. en suspens ; suspensorium, sus-
pcnsoir^ -oire;^\xs\iei\ûonQm,suspensimi; sus-
pensivus, suspensif. — Voy. aussi soupente,
SUSPENS, voy. l'art, préc.
SUSPICION. L. suspicionon, voy. soupçon.
SUSTENTER, L. sustentare (fréq. de sus-
tinere).
SUTURE, L. sutura, couture (suere),
SUZERAIN; on croit ce mot formé de
susum, fr. sus, comme souverain de supra. —
D. suzeraineté.
SVELTE, de l'it svelto, dégagé, agile, lequel
vient du verbe svellere (fait du L. ex^ellere),
arracher, étirer, dégager. — Ceux qui rap-
portent it. svelto à svegliaio, fr. éveillé, com-
mettent une grave erreur.
SYCOMORE, L. sycomorus, gr. 9uxo>o/»9;,
litt. fijçuier-mùrier.
SYCOPHANTE, gr. <xu<oî>ivTnî, pr. dénon-
ciateur de figues fraudées, puis en général
délateur, calomniateur.
SYLLABE, L. syllaba (ail. silbe), du gr.
9uX;ia€ii, ce qui est pris en une seule émission
de voix; du gr. âux^ia/iSÀyiiv, prendre ensem-
ble, L. comprehendere. — D. syllaber, sylla-
baire. Un autre dérivé du même verbe greo
est ffû).).>j|i;, fr. syllepse, pr. action de lier en-
semble.
SYLLABUS, terme ecclésiastique, récapitula-
tion sommaire des erreurs doctrinales, signa-
lées dans les allocutions, encycliques et autres
documents officiels du Souverain- Pontife ; du
L. syllabus, sommaire, résumé (du même
verbe 9uÀXa/A,3àvsiy qui a donné syllabe).
SYLLEPSE. voy. l'art, préc.
SYLLOGISME, L. syllogismus, du gr.
9uUoyiT,uo;, calcul, raisonnement. — D. syllo-
gistiquc, gr. auXio/cîTi/o,-.
SYLPHE, ail. sylphe, papillon, génie élé-
mentaire de l'air; tient sans doute au grec
til^fi, mite (cp. salamandre, génie du feu;. —
D. sylphide.
SYMBOLE. L. symbolum, du gr. aùfi^oAov,
signe, marque, de au/i-tkXXuv , deviner,
expliquer, traduit littéralement par le L. con-
jicere (d'où conjecture). — D. symbolique, gr.
ffu/xôoiiifo;; symboliser, -isme.
SYMÉTREB, gr. au^fitrplx^ juste mesure,
accord, concordance, proportion. — D. symé-
trique, -iser.
SYMPATHIE, gr. ffu^TTst^ia, que les Latins
ont traduit exactement par com-passio. — D.
sympathique, -iser.
SYMPHONIE, gr. auyt*f»«vt«, litt. =: L. con-
sonantia^ accord. Le vfr. en avait fait chi fouie.
SYMPTÔME, gr. <rûyuiTru/Aa , coïncidence ,
accident qui accompagne une maladie (de
ffw/xTriTrriiv, coïncider). — D. symptomatique,
gr. 9U/Air7ai/ia7t)(0{.
SYNAGOGUE, gr. ffuyxyoDyii, réunion, assem-
blée.
SYNALLAGMATIQUE, a^j. du gr. auvâX-
Xoy^x, objet d échange, contrat.
SYNCHRONE, du gr. aûyxoovo,-, simultané.
— D. synchronique, sytu:hronisme.
SYNCOPE, gr. «u/xott^ (r.oîrruv, couper),
1 . raccourcissement par la suppression d'un
terme, d'un élément, 2 alTaiblissement subit,
défaiIlanct^ — D. syncoper.
SYNCRÉTISME, gr. 9uyxp>j n^^uto^, mélange.
SYNDÉRÉSB, t. d'ascétique, remords de
conscience; on a, pour origine, proposé gr.
9vy-rv;jo<}7t;, observation, garde, mais l'adou*
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TAB
— 480 —
TAC
cissement du r, pourquoi? Un linguiste mo-
derne a imaginé la composition allemande
sûnde, péché, -[- reissen, arracher ; je la cite
à titre de curiosité.
STNDIG, L. syndicus, gr. tOvûirtoç, conseil
dans un procès (iUri), avocat, procureur.
SYNECDOQUE, gr. «uvwJox^î. compréhen-
sion (implication d'un sens dans un autre).
STNÉRÂSE, gr.^vjvlptiii, contraction.
STNODE, L. synodus, gr. <tû»o5o;, compa-
gnie de route (é^o;), puis compagnie, assem-
blée en général. Le mot français devrait être
du genre féminin, comme les correspondants
gr., lat. et ail. — D. synodal,
SYNONYME, gr. ^uvitwfioi, = qui dé-
nomme concurx'emment (avec un autre mot).
— D. synonymie f ^ique.
SYNOPTIQUE, grec tnjv-oitmôf, qui fait em-
brasser divers objets d'un seul coup d'œil.
SYNOVIE, t. médical, forgé par Paracelse
au moyen de vuv -|- ûov (œuf) ou plutôt lat.
ovum,
SYNTAXE, grec ^ûvraÇi; (litt. = co-ordi-
natio), arrangement.
SYNTHÈSE, gr. aùv^wi,-, litt. = L. com-
positio; adj. synthétique, gr. ffw^^irtxo;.
SYPHILIS, voy. siphilis. — D. syphili-
tique, syphiliser,
SYSTÈME, grec vv-vr^/uz, -zro;, réunion de
plusieurs choses pour former un tout, assem-
blage, composé organique; par sa facture
(7\)j + Ur^ifii), le mot correspond exactement
au L. con-stitutio. — D. systématique, grec
T
TABâO, it. tabacco, esp. tabaco, mot né en
Amérique ; c'était en premier lieu le nom du
tube dans lequel les indigènes fumaient le
tabac; la plante elle-même s'appelait cohiba.
D'autres font dériver le mot de l'ile de Tabaco,
une des petites Antilles, d'où l'on pense que
le premier tabac fut apporté en Espagne. Je
ne sais qui a raison. — Les Anglais disent
tobacco, les Allemands tabak (aussi tobak, tu- \
bah). — D. tabagie, tabatière, sluc. tabaquière,
it. tabacchiera.
TABARIN ; ce fut d'abord le nom donné à un
farceur, vers le commencement du xvii* siècle,
à cause du tabard (aussi tabar) ou petit man-
teau qu'il portait. Tabard se trouve dans l'it.
tabarro, esp., port, tabardo, angl. tabard,
cymr. tabar, grec du moy. âge rufiTtàpiov,
mais l'étymologie en est inconnue.
TABELLION, L. tabellionem, notaire.
TABERNACLE, L. tabemaculum (taberna),
tent«, petit temple.
TABIS, taffetas onde, calandre, it. tabi,
néerl. tabijn; ajigl.tabby, ail. tabin, •• Tabis,
satabiSf tabith, sorte d*étoffe de soie faite par
ondes dont on établissait des robes et des
jupes et aujourd'hui des garnitures pour les
livres. Huet pense que ces mots ont été faits
du royaume de Thibet, Thébeth, d'où venaient
ces étoffes, n Ainsi s'exprimait Roquefort. La
vérité est que le mot représente l'arabe attabi,
m. s. Celui-ci, nous apprend Dozy, vient d'une
rue de la ville de Bagdad, nommée d'après
Attab, petit-fils d'Omaya, et où se fabriquait
cette étoffe. Vs final du vocable fr. est adven-
tice et s'est communiqué au dérivé tabiser,
TABLATURE, descriptions ou indications
diverses dans l'enseignement de la musique,
faites sous forme de tableau ; au fig. = chose
difficile, embarrassante ; dér. d'un verbe tabu-
lare, faire des planches ou tableaux (tabula),
TABLE, patois taule, prov. taula, esp.
tabla, it. tavola, du L. tabula, qui signifiait :
1 . planche, ais (d'où s'est déduit le sens mo-
derne =» mensa); 2. morceau plat de métal ou
de pierre servant à écrire ou graver, d'où lac-
c^ption écrit, liste, registre ; 3. peinture sur
un panneau de bois, tableau. — D. attabler,
entabler. — Sont encore issus de table ou
tabula : Tableau, tableT, type latin tabu-
lellus. De là la langue des feuilletonistes s'est
permis de lancer le dim. tableautin. — Ta-
blette, petite planche, pièce plate, petite
tabula à écrire. — D. tabletier, faiseur de
tables ou planches à jouer (échiquiers, tric-
tracs, etc.); de là tabletterie. — Tablature,
voy. ce mot. — Tablier, l . échiquier, damier,
de tabula = planche à jouer (d'où ans.si le
verbe tabler, poser, caser les dames sur l'échi-
quier); 2. parquet ou plancher d'un pont;
3. objet de vêtement, servant à préserver les
habits quand on se trouve à table, soit pour
travailler, soit pour manger; ou bien cette
dernière acception vient-elle de tabula, comme
signifiant chose plate et mince? Cp. en L. tabu-
larepalati, employé par Végôce p. le voile du
palais.
7ABL0IN, terme d'artillerie, plate-forme
faite de madriers pour placer une batterie de
canons, dér. de tabula, (par un type t^ibulo-
rium) î
TABOURET, dérivé de tabour tambour,
donc pr. un petit siège à forme de tambour.
TAC, maladie contagieuse des moutons;
m*est avis que ce mot est analogue à l'expres-
sion clou, L. clavus (d'où la maladie dite cla-
veau ou clavelée); or, nous verrons dans l'art,
suiv. que tac signifie en efiet clou. — D'après
Brachet, c'est le L. tactus, contact, au sens
de contagion, de lèpre, qu'on trouve à ce mot
dans la version de la Bible dite Itala.
TACHE, marque, souillure, it. tacca, coche,
cran, tache, vice, taille, taccia, tecca, tache,
— D'autres rejetons du même radical tac se
rencontrent dans les idiomes romans avec
diverses significations ; nous citons it. tacco,
talon (pr. pièce plate) de soulier, wallon tac,
plaque, fer-blanc, rouchi tacq, pièce de terre,
langued. tacho, clou à tête plate ; it. taccone,
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TAC
— 481 —
TAI
fr. tacon, morceau de cuir (pour raccommoder
des souliers; cp.fr. ro^aconer = raccomomder,
rapiécer), esp., port, tacoriy talon de bois pour
souliers, et tachon, galon, clou à tête dorée, "
fr. tacmi, ulcèi*e contagieux de certains
oignons, taquon, t. dlmprimeur, pièce plate
mise sur le grand tympan ou sous les carac-
tères trop bas; les ouvriers champenois
appellent tache leur tablier de peau. Il est
probable que toutes ces variétés sont de la
même famille et découlent d'une racine tac,
désignant toutes sortes d'objets faisant saillie
ou relief sur une surface plane, ou, pour nous
servir du mot même, « faisant tache » . Tantôt
Tobjet en relief est plat lui-même, tantôt
pointu. Cette racine se retrouve tant dans
l'élément celtique que dans les idiomes ger-
maniques : nous citerons gaél. tac, corn, tach,
clou, angl. tack, pointe, crochet, néerl. tak
(ail. zache), dim. fr. taquet; verbe néerl.
taekmi, ags. taecan, angl. tahe, empoigner,
prendre. C'est du même primitif tac que pro-
cèdent encore nos verbes fr. attacher, atta-
quer (v. c. m.) et détacher. — Notre mot
tache, dans son acception marque, souillure,
est donc identique avec le même mot signifiant
morceau, pièce plate ; une transition de signi*
fication analogue se rencontre dans le mot
allemand flcck, qui signifie à la fois pièce
d'étofle, pièce de terre (d'où flickcn, ra-
piécer) et tache. — Burguy pose la ques-
tion s'il ne faut pas séparer étymologi-
quement le mot fr. tache ou taiche des autres
vocables rapportés ci-dessus, et le rattacher
directement au goth. taikns, ags. tâcu7i,
tacn^ etc. (ail. mod. zeichen), qui signifie
marque, signe. Il est toutefois disposé à la
résoudre négativement, comme l'avait déjà fait
avant lui Diefenbach, et à accueillir la manière
de voir de Diez, qui est celle qu'il a repro-
duite dans son livre et que nous avons suivie à
notre tour. — Si l'on voulait disjoindre tachc^
taiche* des autres mots cités, une autre éty-
mologie se présenterait, réunissant toutes les
conditions voulues de sens et de forme. Nous
déclarerions tache pour le subst. verbal de
tacher, et tacher pour la représcntfition d'un
type L. taciiare, toucher, meurtrir, tiré du
part, tactus; nous citerions à l'appui, pour la
forme, phchter' plisser, de plie tus, et pour le
sens, le L. maca\ dim. macula, de macare',
fouler, presser (voy. notre article macquer). —
D. tacher. — On ne saurait traiter l'art, tache
sans, rappeler le vfr. taiche, teche = qualité
distinctive (bonne ou mauvaise). Je le tiens
pour identique avec tache; le sens qui les relie
est l'idée « point saillant, marque distinctive ».
TâCHS, vfr. tasche, tasque, angl. task, ou-
vrage imposé; prov. tasca, tascha, BL. tasca,
taxa^ impôt sur les teiTes, champart. Ces
mots dérivent du L. tarare (cp. lâcher, de
laxaré) et signifient ce qui a été adjugé, assi-
gné à qqn., ce qu'on l'a taxé. — D. tâcher,
pr. prendre à tâche, chercher à réussir dans
une entreprise.
TACHER, voy. tache. — D. fréq. tache-
ter; cps. entacher.
TÂCHER, voy. tâche.
TACHYGRAPHE, du gr. rxx^ypàfoi, qui écrit
vite. — D. tachygraphie.
TACITE, mot à forme savante, L. tacitus;
TACITURNE, L. tocitumus, d'où ta^tumiié^ L.
-itatem.
TACT, L. tactus ftangere), le toucher; tac-
TiLË, L. tactilis, palpable; tactuel,
TACTIQUE, gr. 57 Taxnxifî, s. e. rî/vn, art
de ranger, de disposer (Tarruv) des troupes.
Pour le sens fig., cp. stratagème. — D. tacti-
cien.
TAFFETAS, it. taffetà, esp. tafetan, angl.
taffety, taffeta, ail. taffèt, néerl. taf, du per-
san tàftah, tissu.
TAIE, vfr. toie; d'après Ménage, suivi par
Diez, du L. theca (^x»ï), étui,, gaine, enve-
loppe, ^iez appuie cette origine du grison
teija {teigia), = gaine et housse de lit, qui
s'accorde avec th^a, comme gris, speija avec
spica. — Avant de connaître cette étymologie,
j'avais noté celle de tega (tegere), pr. couver-
ture ; je ne l'abandonne pas définitivement ;
elle est acceptable au point de vue tant du
sens (cp. L. tegumentum, couverture, housse,
enveloppe) que de la forme, au même titre que
celle de theca. — Le vha. ziecha, ail. mod.
jtieche, taie, parait être congénère avec taie.
Vi germanique se retrouve dans le dim. champ.
tiquette = taie d'oreiller, ni. tijk, angl. tick.
Le mot taie, dans le sens médical de pellicule
formée sur l'œil, s'accommode en tout cas
mieux avec l'étymologie tega. Il pourrait être
tiré du prov. taca, tache, si la forme toie
qu'on lui trouve en vfr. ne postulait un radi-
cal tec ou teg.
TAILLANDIER, voy. tailler. — D. taillan-
derie,
1. TAILLE, coupe, tranchant, stature, etc.,
it. taglia ou taglio, esp. taja, prov. talha;
subst. verbal de tailler (v, c. m.).
2. TAILLE, impôt. Ce mot, à mon avis,
représente un type tacula, dimin. du BL.
tacus, impositio (charte de Charles le Simple
de 916), dont je ne fixerai pas l'origine (p.
tascus, taxus, de taxare t). Il peut, cependant,
je n'en disconviens pas, facilement être ramené
au mot précédent; cp.le terme accise iy. cm.)
et assiette des impôts =» L. assecta (secare).
— D. taillable, taillon.
TAILLER, d'après Diez, du L. tàlea, bou-
ture, scion (cp. paille, ït-paglia, du L.palea);
opinion appuyée par le verbe inter4aleare
(Nonius Marcellus), couper (un surgeon). Une
origine du goth. dailjan, partager, pour la-
quelle s'est prononcée Chevallet, ne s'accorde
nullement avec la lettre. — D. taillk. sub-
stantif verbal (v. cm.); taillade, it. tagliata,
d'où taillader; taillant, tranchant, outils
tranchants (surtout ciseaux), d'où taillandier;
tailleur (cp. l'ail. Schneider), angl. tailor;
taillis, jeune bois mis en coupe réglée;
TAILLOIR, plat pour tailler (d'où le v. flam.
talioor, holl. ttljoor, ail. teller, voy. notre
art. assiette). — Composés : détailler, en-
tailler.
TAILLEUR, -IS, -OIR, voy. taiUer.
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TAL
— 482 —
TAN
TAIK, écourté de estain étain (v. c. m.);
cp. prêle ^ p. espreile, pâmer p. espa$mer.
TAISE, d'une foime barbare tacère ^cp.
plaire deplacere). En vfr. ou avait aussi taisir,
forme plus correcte, puisqu'elle respecte Ve
long de la bonne forme lat. tacère.
TAISSOH (champ, tachon), it. tasso^ proT.
tais et taisô^ esp. texon, BL. toârta et too^,
•onis; du gotb. thahs\ forme (hypothétique)
antérieure à c/aA^, ail. mod. dachs. — Rônsch
(Grob. Ztschr., I, 420) rattache BL. taxusei
ail. dachs à l'hébreu thachasch, m. s. — D.
taissanière, contracté en vfr. taisnière, tes-
nière, d'où tanière (v. c. m.) ; cp. maisnage*
mesnage* ménage, p. maisonage,
TALC, it. talco, ail., angl. talk, de l'arabe
ialaq (d'origine persane). — D. talcaire, toi-
cique,
1. TALSHT, poids d'or ou d'argent, L. ta-
lentum (du gr. T4ia»To», 1. balance, 2. l'objet
pesé).
2. TALENT, autrefois = désir, envie, vo-
lonté, gré, signification propre encore à l'it.'
talento, esp. talento, talants, prov. t€d€n,
to7an,wall. dalant. Comme le mot préc., celui-
ci découle du gr. Tài^vro», balance ; il marque
propension, inclination. — D. talenter*, ata-
lenter', avoir à gré, désirer, etitalaiter* , ren-
dre désireux; cps. maltalenC mautalent,
mauvaise volonté, haine, rancune.
3. TALENT, aptitude à faire q^ch., habi-
leté ; c'est le mot préc. avec une acception dé-
duite. Du sens inclination à celui d'aptitude, il
n'y a pas loin. — Ou bien faut-il voir danscetto
signification « don naturel » une allusion au
talent de l'Evangile, qui est le « trésor », l'en-
semble des facultés que chacun a reçues de
Dieu . pour qu'il les fasse valoir on les mettant
en œuvre? — La forme écarte l'étymol. ail.
theil, teil, part, lot, que j'ai vu tenter ces der-
niers temps.
TALION, du L. talio, -onis (taWs).
TALISMAN, it. tcUismano, esp. talisman;
direct, du persan tilismàn, plur. de iilism
(arabe tilsam), qui à son tour reproduit le
bass-grec r'ùttfia^ image magique.
TALLE, branche qu'un arbre pousse à son
pied, esp., it. tallo, du L. thallus (^^y^ôi),
m. s. — D. talla'.
TALMOUSE, soufflet, coup de poing; de
taler, frapper (voy. taloche) et mouse, dans
les patois = museau, visage (cp. le terme
casse-museau), — Je ne me charge pas d'ex-
pliquer ce mot comme signifiant une espèce
do pâtiFstirie. Par l'élément tal, il tient sans
doute à l'anc. taletnelier, boulanger, pâtis-
sier, que Littré explique par taler, battre
-\- mêler.
TALMUD, de lliébreu talmond, doctrine,
enseignement.
1 .^TALOCHE, coup do main sur la tête ;
dérivé d'un verbe taler, frapper, meurtrir,
qui se trouve dans plusieurs patois, et dont je
ne connais pas l'origine. Cp. talmouse.
2. TALOCHE, anc. = bouclier. Ce mot est
p. taveloche (type tabulaceus), comme on expli-
que très plausiblement le vfr. talecas, m. s., |
par une transposition de tavelas, donc comme
le corresp. de l'it. tacolaccio,tjpe de L. tabuU
aceiis. On nomme encore taloche une planche
mince et carrée pour étendre le plâtre.
TALON, it. tallone (le double l est irrégu-
lier), esp., port, talon; dér. du L.toiitf. che-
ville du pied, talon. — D. talonner, marcher
sur les talons de qqn.; talonniére,
TALUS, pente, du L. talus, taloo, parce
que le talon du pied va en pente par dimina-
tion d'épaisseur. — On écrivait jxulis acssi
talut, de là le verbe dér. taluter.
TAMABIN, it., esp. tamarindo, de l'arabe
thamar hindi =. datte indienne. — D. tama-
rinier.
TAHARIS, aussi tamarisc, it. tamerice, da
L. tamaHx, m. s.
TAMBOUR, it. tamburo, esp., port, tambor,
atamhor, vfr. tahor, tabour, prov. tabor. On
déi ive généralement ce mot du persan tam-
bûr, arabe tonbur = cithara. — D. tabourer,
tabouler, it, tamburare, frapper comme sur
un tambour; tambourin, d'où tambouriner;
tabouret (v. c. m.).
TAMIS, prov. tamis, it. tamigio, vénitien
tamiso, esp. tamiz. Diefenbach y voyait un
dérivé du celt. tamma, mettre en pièces. Dans
ce cas la terminaison is (= it. igio) devrait
répondre à un suffixe latin itium, mais.observe
Diez, non seulement le BL. dit tamisium,
mais encore un type tamitium aurait néces-
sairement fait en prov. tamijsi ou tamits et
non pas tamis. Le philologue allemand rap-
porte donc de préférence tcmiis au néerl.
teems, tems, m. s. Mais d'où vient temsf Diez
ne s'en occupe plus qu'en citant le vba. se-
misa^ son. Reste à savoir si tems n'est pas un
emprunt au BL. tamisum ou tamisium. La
porte aux conjectures est donc encore ouverte.
— L'angl. a taminy, tammy, blutoir, mais
ces formes représentent le fr. estamine' éta-
mine et sont étymologiquement distinctes de
tamis. — D tamiser.
TAMPON ou tapon, angl. tampion, BL.
tappo, esp. tapon, dér. de tape^ m. s. (terme
de brasserie). Tape est l'ags. taeppe, angl. tap,
ail. 2apf{â:o\i it. zaffo), m. s. — D. tampon-
ner.
TAN, écorce de chêne moulue. D'après
Friscli, de l'ail, tanne, sapin, le tan s'étant lait
(et se faisant encore) avec de Técorce de sapin ;
d'après Diefenbach et autres, du breton tann,
chêne, mais Diez objecte que ce mot est étran-
ger aux langues celtiques et même au breton,
à l'exception du dialecte de Léon. En ce der-
nier point, il se trompe ; Chevallet cite plu-
sieurs composés celtiques de tann. — D'où
que vienne ce subst. , le verbe tanare remonte
très haut dans la basse latinité. — D. verbe
tanner (rouchi tener, champ, tenner, v. flam.
tanen, teynen) ; la signification métaphorique
qui s'y rattache, tourmenter, lasser, fatiguer,
se rencontre déjà chez les trouvères ; cp. esp.
2urrar, corroyer les peaux, fig. pousser à
bout; tanin,
TANAISDB, angl. tamy, vfr. tenaise; c'est
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TAN
— 483 —
TAP
la forme écourtée ^athanasie (du gr. àdavaYts,
immortalité). L'esp. dit tanaceto et atanasia,
TANGER, vfr. tencer, tencher; de là subst.
vfr. tenceon tençon, insistance, dispute, que-
relle. D'un type lat. tentiare, tiré de tentas,
part, de te}idere, s'efforcer, lutter, disputer
(voy. Baû^t, Grôb. Ztschr., VI, 119). L'étyra.
par tentus de tanere doit être écartée. — , Le
Vocabulaire d'Byreux présente Tadj. tenceux
= contentiosus.
TANCHE, angl. tench, du L. tinca, m. s.
TANDIS, aussi longtemps, pendant ce temps
(signification ancienne de cet adverbe), du L.
tamdiu. L'adverbe diu, romanisé en di, et,
avec r^r adverbial, en dis, se trouve aussi
dans Jadis, Chevallet et Littré expliquent
tandis par tantos dies; en effet, le mot a pris,
dans l'ancienne langue, parfois cette valeur
par confusion, mais le prov. tandius, corré-
latif de quandius, témoigne en faveur de l'é-
tymologie tamdiu,
TANGENTE, du L. tangentem, qui touche,
subst. tangence;iiJiSQihUi, L. tangibilis [tajor
gère).
TANGUE, dépôt terreux qui se trouve
en certaines baies et qui est un excellent en-
grais. Non pas de l'ang. dung, fumier, comme
pense Roulin (ap. Littré), xnais, selon Joret
(Rom., IX, 303), de l'ail, tang, angl. tang et
tangle, espèce d'algue ou fucus ; le fucus sert
à fumer la terre comme la tangue; il n'est donc
pas surprenant qu'on ait donné à la seconde
le nom du premier. — D. tanguier, engrais-
ser de la terre avec de la tangue.
TANGUER, balancer de poupe à proue;
d'origine inconnue ; d'aprôs Roulin, de tangue,
£a.nge, vase (v. c. m.); ce serait pr. s'enfoncer
dans la tangue par l'avant. — Joret est disposé
à rapporter tanguer à l'island. tangy, « a point
projecting into the sea », ou « the pointed end
by which the blade is driven into the handle » .
Il compare pour le sens cp. ail. stampfer,
« pilon I*, et stampfen^ « tanguer » . Cela mérite
confirmation. — D. tangage.
TANIARE, pr. le trou du taisson, voy. taiS'
son. N'était la forme vfr. taisnière, qui appuie
Tétymologie que nous avons suivie, le mot se
déduirait plus naturellement de l'it. tana,
caverne, tanière (se trouve aussi dans un texte
latin de 1245), que l'on prend, à défaut de
mieux, pour une forme ti'onquée de sottana,
pr. la souterraine.
TANNE, petit bulbe durci dans les pores de
la peau; de l'anc. fr. tanne, couleur de tan,
la tanne (pr. maroue qui reste sur une peau
d'animal après qu elle a été préparée) est ainsi
dite de sa couleur (Littré).
TANNER, voy. tan. — D. tannée; tanneur,
tannerie,
TANT, L. tantum. — D. tantef^i tantin,
d'où dim. tantinet; tantième,
TANTE ; la forme ancienne (encore en usage
dans les patois) est ante = angl. aunt, prov.
amda, et vient du L. amîta. La langue d'oi'l
avait en outre la forme accusative antain (cp.
iionain, putain), La prosthèse du t est pure-
ment euphonique ; à l'époque où Ton ne disait
plus muante (cp. tn'amie), reculant devant la
forme mon ante (à Valanciennes on dit cepen-
dant m*n ante, et Jean Lemaire des Belges a
ion ante), on a dit ma-tante, comme on
dit encore a-i-on, voilà-t-il. L'ail, tante est
tout à fait moderne et pris du français. Littré
pense que tajite est pour ta ante, et est devenu
synonyme de ante par le même procédé po-
pulaire qui a donné le wall. mononh, p. oncle
(mon mononh =» mon oncle). — Canello (ap-
prouvé par Paris) voit dans tante un redou-
blement hypocoristique de ante; peut-être
a-t-on dit d'abord antante. Gela est plus facile-
ment imaginé que démontré.
TANTINET, vfr. aussi tantelet, voy. tant,
TANTÔT, p. tant tôt, voy. tôt.
TAON, prov., vfr. ta\>an, esp. tabano, it. ta-
fano, du L. tabanus,
TAPABOR, mieux tapabord (Corneille et
Richelet), esp. de bonnet de campagne, qu'on
portait pour aller à la mer; de l'anc. expres-
sion taper à bord, aller & l'abordage (Littré,
Suppl.).
TAPAGE, dér. de taper, — D. tapager,
d'où tapageur,
1. TAPE, coup de la main, subst. verb. de
taper.
2, TAPE, bouchon, ail. :iapf, voy. tampon,
— D. tapette.
TAPER, frapper, d'une racine tap, répan-
due partout pour exprimer l'action de battre,
surtout battre à plat. — D. tapage, tapin, ta-
poter. Cps. tapecu (tape<;ul), bascule.
TAPINOIS lEN), voy. tapir,
TAPIOCA, mot brésilien.
TAPIR (SE), se blottir dans le but de se
soustraire aux regards; de là vfr. et prov.
tapin, caché, prov. a tapi, vfr. en tapin, d'où
tapiner, cacher, déguiser, d'où en tapinage,
auj. en tapinois = en cachette. — Pourl'éty-
mologie de toptr,Frisch a pensé à fap, bouchon,
pr qqch. de roulé, de ramassé ensemble, et
Diez, à l'appui de cette manière de voir, rap-
pelle le fr. cacher (v. c. m.), qui au fond dit
la même chose, c.-à-d. presser, serrer. Se
tapir serait donc se peloter, se mettre en
paqoet. Du Cange dérivait le mot de taîpa,
taupe ; mais, sans parler du sens, qui pourrait
bien s'y opposer aussi, Diez pense que i'élision
de / serait un fait trop insolite pour oser lui
donner raison. D'un autre côté, le linguiste
allemand ne disconvient pas que l'acD. champ.
taupin, secret, est en effet une forme créée
par assimilation à taupe. — Littré doute que
tapir ait pu produire un adj. tapin; ce doute
est fondé, mais nous avons un fait analogue
dans lapin, p. clapin, de clapir. Le terme
tapinois est, paraît-il, né au xvi« siècle; je me
l'explique par une assimilation au mot voisin
sournois.
TAPIS, prov. tapit, it. tappeto, esp., port.
tapete, tapitz, du L. tapes, tapete et tapetum
(gr. râffv}{), étoffe de laine À longs poils qui
servait de tapisserie pour les murs d'un appar-
tement, de tapis pour les planchers, etc. —
Cornu (Rom., VII, 351) remarque avec raison
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TAR
— 484
TAR
qu'à cause de son s final, fr. tapis ne peut
venir ni de tapétem, ni de tapetum, mais qu'il
représente le dim. gr. rsc^r^Ttov, latinisé en
tapétium, — D. tapisser ^ it. tappezzare;
tapissier, tapisserie, dont langl. a fÈiit tapes-
try,
TAPON, voy. tampon,
TAPOTER, fréquentatif de taper.
TAQUS, t. d'imprimerie, plaque de fonte ou
de bois, voy. sous tache, — D. verbe toquer,
en imprimerie, presser la taqiie sur une
forme.
TAQUSR, voy. taqm, — D. taquoir,
TAQUST, piquet, crochet, de tac, clou ; voy.
sous tache,
TAQUIN, vilain, chicbe, chicaneur, etc., it.
taccagno, esp. tecano; de là les verbes it. tac-
cagnare, fr. taquiner, avoir l'humeur taquine,
quereller, contrarier pour des riens. La source
do ce mot est germanique; c'est, suppose-
t-on, quelque forme bas-allemande (too^, tach,
hoU. tatg^ taeg), répondant au haut-allemand
zàhe, tenace, avare. Cp. le dérivé néerl.
taeyaerd, homo tenax, avarus (Kil.); les
Latins employaient de même tenax dans le
sens d'avare. — Cependant, nous préférons
citer ici le verbe tagghen, renseigné par
Kiliaen et traduit par disceptare, vitilitigare,
altercari ; ce verbe répond mieux au radical
du mot fr. ; à notre avis, tagghen est la forme
néerl. correspondant au haut-ail. zanke^i,
disputer. — Littré rattache taquin à tac,
clou = « ce qui attache » ; la liaison des sens
me semble forcée.
TAQUINER, voy. l'art, préc. — D. taqui-
nerie,
TARABUSTER, prob. une forme extensive
du vfr. tabuster et tabuter, faire du tapage
(prov. tabustar, tabussar, it. tambussare;
subst. prov. tabust et talabust, it. trabusto,
bruit, vacarme); mots d'origine inconnue.
TARAUD, voy. tarière, — D. tarauder.
TARD, du L. tardus, m. s.; de là ac^. tar-
dif, prov. tardiu, esp., port, tardio, it. tar-
dive; verbe TABOER, L. tardare; cps. retarder,
attarder, — Le vfr. targier, wall. targt^
taurgi, pic, norm. targer représente le type
L. tardicare.
TARE, déchet, diminution sur le poids
d'une marchandise, prov., it., esp. tara; de
l'arabo tarah, écarté, tarh, chose laissée en
arrière, rebut. — D. tarer, causer de la tare,
endommager, gâter; de là le part.-adj. taré,
avarié, gâté, mal noté.
TARENTELLE, danse nommée d'après la
ville de Tarente,
TARENTULE, it. tarantola; cet insecte
tire son nom de la ville de Tarente, où il est
assez commun.
TARER, voy. tare,
TARET, voy. tarière. Congénère avec L.
teredo, gr. Tt/sïjowv, teigne.
TAR6E, it. targa, esp., prov. tarja; du
vha. sarga, défense, abri, ags. targc, nord.
targa, bouclier. L'ail, mod. tartsche est réem-
prunté du roman. — D. dim. target, targette;
verbe se targuer, pr. se couvrir de qqch.
comme d'un bouclier, fig. se prévaloir avec
défi ou ostentation. En vfr. targier signifiait
protéger.
TAjaGUER (SB), voy. l'art, préc.
TARâiRE (dans les dialectes terère, terière),
prov. taraire, esp. tdladro p. taradro, du L.
tora^rwm (Isid., 19, 19) = gr. rkpirpov (rti^ti»);
les gloses de Cassel portent taradrus. Tara-
trum autorise à supposer l'existence d'un
ancien verbe latin tarare, dont relèvent direc-
tement les subst. taraud, instrument pour
faire des écrous, taranche, grosse cheville, et
taret, mollusque qui troue le bois des digues
et des vaisseaux. Du même radical vient le
L. tarmes, ver qui ronge le bois, d'où it.
tarnia, esp. tarma, it. tarlo, ver rongeur. —
Les langues celtiques ont un mot corres-
pondant à taraUmm, savoir cymr. taradr,
bret. tarar, tarar, tarer^ terer = foret. Les
formes dialectales terère, terière découlent
peut-être directement du L. terebra (cp. pau-
pière de palpebra), dont le dimin. L. terebel-
lum a donné le prov. taravel, tarière, trépan.
TARIF, it. tariffa, esp. tarifa, de l'arabe
tarif, annonce, publication. — D. tarifer; néol.
tarification,
TARIN, chardonneret; dans les dial. tairin,
tirin, térin; selon une conjecture de Diez, du
pic. tère, tendre (L. tejier}; l'équivalent ail.
zeisig vient de même, dit-on, du mha. zeiz,
tendre.
TARIR, du vha. tharrjan, darrjan, dessé-
cher.
TARLATANE, prob. d'origine indienne. Ou
le mot aurait-il quelque rapport avec Tit. tor-
Jata, piqué des vers (dér. de tarlo)% Le Mila-
nais dit tarJantanna p. tiretaine.
1 . TAROT, basson. Cet instrument de mu-
sique tire peut-être son nom des trous dont il
est pourvu et appartient ainsi à la famille du
subst. tarière,
2. TAROTS, jeu de cartes, de l'it. taroccho
(ail. tarok), dont j'ignore l'origine. Notez que
tarot signifie aussi un dé dont chaque c6té
porte son nombre de trous noirs. Dans cette
signification, le mot se confond étymologique-
ment avec le préc. Il se peut que le nom du
dé se soit transporté aux cartes, à cause du
dessin de leur revers. — D. taroté.
TAROUPE, d'origine inconnue. — Dans le
Mans, = chanvre grossier.
TARSE, gr. r&pvoi, m. s., pr. claie (voy.
Larousse). — D. tarse, tarsien, tarsier.
TARTAN, étofie de laine à carreaux; de
l'angl. tartan, que les étymologistes anglais
croient être roman et identique avec l'esp.
tiratana (fr. tiretaine), espèce de soie mince.
TARTANE, it., esp., port, tartana, espèce de
petit bâtiment do la Méditerranée; du BL.
tarida, tareta et tarta, qui vient de l'arabe
(égyptien) taridah, nom d'un vaisseau afi*ecté
spécialement au transport des chevaux.
TARTE, p. tcyrte^ it. torta, du L. torta (tor-
quere), chose faite en spirale, BL. torta panis
(Vulgate), miche de pain. Le même L. torta
(ail. torte) a donné également le mot tourte.
— La supposition d'après laquelle la forme
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TAT
— 485 —
TAU
tarte, BL. tarta, est simplement une modifi-
cation de torte ou torta, ne me semble pas
être à l'abri de toute objection. Il doit, en
tout cas, j avoir eu, pour opérer ce change-
ment de o en a (que Ton rencontre du reste
encore dans prov. tartuga p. tortuga, fr. tor-
tue), l'influence de quelque autre mot de fac-
ture et de signification similaires. L'it. a
p. tarte aussi la forme tartara, et le BL. la
forme tartra. La tarte, c'est un point à noter,
implique plutôt l'idée d'un gâteau plat qu&
d'une pàti.sserie montante, à forme contordue.
Vossius pensait au L. tracta, pièce de pâtis-
serie allongée; sa conjecture n'est pas à
dédaigner; tracta, tarcta, tarta est une filia-
tion régulière et admissible. — D. tartelette,
tartine,
TARTRE, prov. tartari, it.,esp., port.tor-
taro, BL. tartarum; la pierre de vin a été
ainsi nommée, d'après Paracelse, • parce
qu'elle brûle le malade, comme l'enfer (T4p-
Taooî) ». — D. tartarique, tartrique,
TARTUFE; la valeur actuelle de ce mot se
rattache au héros de la célèbre comédie de
Molière. Quant à la question, fort débattue,
des sources d'où Molière a tiré le nom de son
personnage, nous n'avons pas à la traiter ici.
Cependant, nous signalons à nos lecteurs deux
notices qui peuvent les initier aux éléments
de cette controverse : l'une, celle de M. Des-
barreaux-Bernard, a été insérée dans le Bul-
letin du Bibliophile, publié par Techener,
année 1859, p. 24; l'autre est de M. Géninet
figure dans ses Récréations philologiques, 1. 1,
p. "293 et suiv. Nous extrayons de la dernière
ces quelques lignes, qui en forment pour ainsi
dire la substance : « Molière n'a pas inventé
le mot Tartufe, il l'a pris tout fait dans la
langue italienne vulgaire, où il s'employait
déjà comme épithète, non pas, il est. vrai, dans
l'acception d'hypocrite que le chef-d'œuvre de
Molière lui a imprimée irrévocablement, mais
avec un sens métaphorique voisin de celui-là. »
Nous retrouverons le vocable en question eu
traitant du mot truffe. — D. tartuferie,
1. TAS, amas, prov. tats,deYsigs., angl.
tass, néerl. tas, amas de blé; cp. gaél. dais,
cymr. dds, — D. tasser, entasser, détasser,
2. TAS, enclume portative; il se pourrait
que tas fût le L. taxus, primitif inusité de
taanllus (petit bloc, petit cube), qui a donné
tasseau, sinon le subst. verbal de vfr. tasser,
battre à plat, que je présuppose avoir existé
d'après Fane, subst. tas, coup plat (voy. ma
note Baudouin de Condé, p. 406)
TASSE, prov. tassa, esp. taza, port, taça,
it. tazza; de l'arabe tassah, bassin, coupe (du
verbe tassa, tremper).
TASSEAU, tasseV, it. tasselo, du L. taxil-
lus (voy. tas 2).
TASSBTTB, dim. du BL. tascia, tassia,
formes variantes de tasca, pera, sacculus
(= ail. tascheî).
TÂTER, Utster, BL. et it. tastare, prov.
tastar, ail. tasten, angl. taste. Ce verbe roman
représente le fréquentatif du L. taxare {Auhi-
gelle : taxare pressius crebriusque est quam
tangere). Tastare est donc une forme contrac-
tée de taxitare. Au fig,, tûter, toucher, est
devenu synonyme d'éprouver, essayer. — D. à
tâtons (cp. à reculons)^ tâtonner (mot très
ancien dans la langue); tatillonner,d!oix tatil-
lon (popul. tatouillon),
TATOU, it. tatusa, esp. fo/o; mot brésilien.
TATOUER, angl. tattoo, ail. tâttowiren;
mot d'origine polynésienne ; dans l'ile d'Ota-
hiti, tatatï signifie marque, signe, écriture.
TAUBE, banne de toile étendue par-dessus
des marchandises; du nord, tjald, tente
(ts angl. tilt), ou, ce qui parait plus naturel,
directement du v. flam. telde (l'ail, zelt). De
là vfr. taudir, couvrir, abriter, et taudis,
butte, refuge, plus tard logement misérable.
TAUDIS, voy. taude, — D. dim. taudion,
TAUPE, L. talpa, — D. taupier, taupière,
taupinée, taupinière,
TAUR* ou tor* (fém. taure), L. taurus. —
D. taureV taureau, d'où taurillon,
TAUREAU, voy. l'art, préc.
TAUTOLOGIE, gr. rsuro^oyfa, subst. de
rxuT9)ov'»f => •* qui dit la même chose ».
TAUX est considéré par Diez comme la
forme nominative du vfr. tail, masc. de taille
(cp. it taglio, impôt), et l'anc. verbe tau^ser
comme le dérivé de taux. Cela me semble peu
probable ; l'emploi de la finale nominative s
pour la dérivation est insolite ; je ne connais
que le verbe foncer (de fond, nomin. fons),
qui présente ce phénomène, mais ce mot ne
remonte qu'au xv« siècle. — Taux, loin
d'avoir produit le verbe vfr. tousser, en est le
dérivé, et quant à tausser, il représente
L. taxare. — Dès 1861, javais écrit : « Taux
est le subst. verbal masc. de taxare; la forme
fém. du même mot est taxe, it. tassa ». En
1869, Littré a imprimé : « Taux est le masc.
de taxe ». En 1872, où parut ma deuxième
édition, je m'exprime ainsi : « Taïuc est le
subst. verbal de tausser ». J'ai donc été sur-
pris de lire, en 1882, dans un article consa-
cré à notre mot par M. Fœrster, dans GrOb.
Ztschr., Vf, 1 10, que Scheler s'est placé •♦ sur
les épaules do Littré » en considérant taux
comme un masc. de taxe. — Quant à la forme
tausser «= taxer, elle a sa raison, selon Fœr-
ster (voy. aussi Ztschr., U, 166, note), dans la
règle de phonétique, d'après laquelle lat. ac
devant consonne devient au ; donc tacsare =
fr. tausser, — En justifiant la forme tausser
relativement à taxer, je me suis prévalu dans
ma dernière éd. des mots épaule, fantôme,
orteil (j'ai lâché les deux derniers dans mon
Appendice à la quatrième éd. de Diez), et en
cela, le successeur de Diez a raison de me
blâmer. J'aurais mieux fait, pour le change-
ment de ac (devant cons.) en au, d'alléguer
*austour autour (iat. 'acceptorem) on 'saume,
somme (lat. sagma) ou d'autres encore, si
toutefois le changement en question doit, pour
le français, être porté dans les principes pho-
nologiques rigoureux. — Il est utile de rappe-
ler ici que lat. taxare s'est francisé, l<> par
*tausscr, doù taux; 29 par tâcher (par le
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TEM
— 486 —
TEN
type tascare); 3® par taaer (forme savante),
d'où tciœe.
TÂYSIiSR, mouclieter, tacheter, du vfr.
tavelé *=> L. tabdla, échiquier. — D. tave^
lure.
TÂVSRNE, L. tabema. — D. tar>emier^
BL. tabernarius (voy. Quicherat, Addenda).
TAXER, L. taxare^ 1 . blâmer, censurer, 2.
estimer, évaluer. — D. taxe, taxateur, -atùm,
— Voy. aussi taux,
TB, TOI, du L. te, — Toi est la forme toni-
que régulièrement issue du lat. te; te, par
contre, est la forme atone et proclitique ; il en
est de même de me et se relativement à moi et
soi, et de que interrogatif (L. quid) relative-
ment àjMOt.
TECHNIQUE, gr. rty^iytéi. de ré^vi;, art,
d'où aussi le cps. gr. rtyyoU/lKf fr. technolo-
gie, science qui traite des arts et métieis.
TE DEUM, cantique d'actions de grftces,
nommé ainsi d'après les paroles initiales :
« Te Deum laudamus », nous te louons.
Dieu.
TÉGUMENT, L. tegumentum, couverture.
TEIGNE f autr. aussi tigne), mite, vermine,
it. tigna, prov. teina, du L. tinea. Le nom de
l'insecte s'est transporté à une sorte de gale
qui vient à la tète, signification secondaire
déjà propre au L. tinea, dans Fortunat. — ;
D. teigneux, L. tineosus. Les mots teignasse
ou tignasse f mauvaise perruque, et tignon,
coifiure du derrière de la tête, chignon, sont-
ils de la même famille? Nous n oserions
l'affirmer, bien que Bescherelle ajoute à sa
définition de teignasse : coiffe enduite d'un
onguent contre les teignes (voy. aussi ii-
gnasse),
TEILLE, TEILLEB, voy. Hlle 1.
TEINDBE, it. tignere, esp. tenir, du L.
tingere, — D. subst. part. : 1. masc. teint,
2. fém. teinte; teinture, L. tinctura.
TEINTE, voy. l'art, préc. — D. teinter,
teinté,
TEINTUBE, voy. teindre, — D. teinturier,
d'où teinturerie; on disait jadis aussi teindeur
et teinteur.
TEL, L. talis,
TiLiGRAMME, se rappoHe à télégraphe,
comme gr. ypà/nfi», écrit, à ypàfOi, qui écrit.
TiLÉGRAPHE, mot moderne fait sur un
type imaginaire ti/iU-ypoifOi, pr. qui écrit à
distance, — D. télégraphie, d'où télégraphier,
-ique^ 'iste,
TÉLÉPHONE, d'un type gr. <n}>i-f«ivo< ^
qui parle loin.
TÉLESCOPE, grec rvj^é-noTros, litt. qui voit
loin.
TÉMÉRAIRE, L. temerarius; TéHÉRiTé, L.
temeritcttem .
TÉMOIN, vfr. tesmoing, du L. testimonium,
témoignage, preuve ; en BL., le mot a pris le
sens concret de testis (cp. le mot record), —
D. tesmoignier" témoigner, d'où subst. témoi-
gnage,
TEMPE, anc. temple, prov. templa, it.
tempûi, du plur. neutre L. tempora, les
tempes (r changé régul. en Q.
TEMPÉRER, vfr. temprer, du L. tempe-
rare, mélanger convenablement, modérer. —
D. tempérant, L. temperans; tempérance, L.
temperantia; tempérament, L. temperamen-
tum, «a combinaison proportionnelle de qua-
lités diverses, juste mesure; température, L.
temperatura, pr. juste proportion, constitu-
tion régulière, puis, par extension, état acci-
dentel, spéc. état sensible de l'air. — La trans-
position de la liquide dans le verbe roman
temprare (p. temperare) a produit la forme
tremper, prov. trempar, cp. en latin les loc.
temperare ces, vinum, tremper le cuivre, le
vin.
TEMPESTIF*, L. tempestivus (tempus), qui
vient en son temps ; intempestif, L. intem-
pestivus.
TEMPÊTE, L. tempesta, p. tempestas. —
D. tempêter, tempétueux, L. tempestuosus.
TEMPLE, L. templum, — D. templier,
TEMPORAIRE, L. temporarius.
TEMPORAL, relatif aux tempes, L. tempo-
ralis (du L. tempora, tempes).
TEMPOREL, relatif au temps, L. tempo-
ralis (de L. tempus, -oris, temps).
TEMPORISER, it. temporeggiare , dérivé
roman de tempus, -oris, pr. gagner du temps,
hésiter.
TEMPS, vfr. tans, tens (formes survivant
dans le terme de granunaire anglaise tense),
du L. tempus (it. tempo), Vs final est un reste
de l'ancien nominatif latin, comme dans corps,
fils et autres.
TENACE. L. tenacem (tenere); TÉNAaTÂ,
L. tenacitatem,
TENAILLE, prov. tenalha, it. tanaglia, du
L. tenaculum (ou plutôt d'un fém. tenaeuia),
instrument pour t«nir. — D. tenailler^ tenait-
Ion,
TENANCIER» de tenance\ dér. de tenant,
voy, tenir,
TENDER, mot anglais, de to tend (p. attend),
être de service.
TENDON, voy. l'art, suiv.
1. TENDRE, verbe, L. tendere, 1. tendre,
déployer, tirer, 2. se diriger vers (l'ail, zie-
hen réunit également ces deux acceptions).
— D. part. prés, et a^j. tendant, d'où ten-
dance, tendeur, -erie, tendon, extrémité du
muscle, it. tendine, fait d'après un type L.
tendo, gén. tendonis ou tendinis (cp. en ail.
sehnen, tendre vers, et sehne, tendon). — Du
participe tentus, tendu, vient le BL. tenta,
fr. tente, cp. L. tentorium. Les formes it.,
port., prov. teruia, esp. tienda, "=- tente, re-
présentent des subst. verb. radicaux détendre
(cp. esp. prenda, gage, prise, de prender^
prendre). Autre dérivé du part, tentus : subst.
tenture, Voy. aussi tancer, — Au parti-
cipe L. tensus ressortissent le BL. tensa, tesa,
pr. étendue, largeur des bras étendus, d'où it.
tesa, vfr. ieise, nfr. toise (cp. mois de mensis,
pois* (auj. poids) àe pensum),
2. TENDRE, a^j., L. tener, teneri, — D.
tendresse et tendreté {L, teneritatem) ; tendre-
let, tendron; verbe (wctîûf attendrir.
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TER
— 487 —
TER
TENANT, voy. tenir. — D. tenance*, fief,
possession, d'où tenancier.
TÉNÈBRES, L. tenebrœ. — D. ténébreux,
L. tenebrosus.
TÉNEMENT, dér. de tenir, BL. tenemen-
tum (id quod quisab aliquo tenet;.
TÉNESME, L. tenesmus, gr. rctvi7/«o;
(ticv«), pr. tension.
TENEUR, stibst. féminin, continuité, snite,
enchaînement de paroles, du L. tenorem
(masc), m. s. Comme terme de plain-chant,
L. ténor a pris le sens de « action de tenir
la note dominante «*, puis celui de taille dans
son acception musicale, de là it. tenore, fr.
ténor , taille, spécialement haute-taille.
TÉNIA, L. tœnia (rxivfx), pr. bandelette.
TENIR, L. tenere. — D. tenable; masc.
teneur t qui tient; tenant, 1. qui tient contre
ou pour, 2. qui tient une terre d'un autre,
vassal, 3. =« attenant, 4. continuité; tène-^
ment, tenure; tenue, action de tenir ou de se
tenir, puis spéc. manière dont les troupes
sont vêtues ou entretenues, uniforme ; tenailles
(v. c. m.); en chirurgie tenettes (cp. pincettes),
tenon (v. c. m.).
TENON est généralement considéré comme
un dér. de tenir ; les divers applications du
mot, cependant, me font plutôt y soupçonner
un dér. du néerl. tinne, angl. tine, extrémité
pointue, dent.
TÉNOR, voy. teneur, — D. ténorisant.
TENSION, L. tensionem (tendere). Le même
primitif a donné aussi tenson tençon, prov.
tenso, it. tenzone, querelle, puis dispute entre
poètes, sorte de poésie. Voy. aussi l'art, tan-
cer.
TENSON, voy. tension.
TENTE, voy. tendre 1 . — Au sens chirur-
gical de sonde, le mot est le subst. verbal de
tenter, tâter.
TENTER, L. tentare (fréq. de tendere). —
D. tentation, -ateur. L. tentationem, -atorem;
tentatif, L. tentativus, d'où subst. tentcUive;
tentacule, L. mod. tentaculum; tente, sonde.
TENTURE, YOj. tendre, 1.
TÉNU, vfr. ienve, du L. tenuis. — D. té-
nuité, L. tenuitatem.
TÉORBE, esp. de luth, de l'it tiorba.
TERGER ou TERSER, TIERCER, du L. ter-
tiare, m. s. (de tertius, troisième).
TERCET, de Ht terzetto (de terzo, troi-
sième); cp terzina.
TÉREBINTHE, L. terebinthus, gr. rsoi-
€iv&oç. — l). térébenthine.
TÉRÉBRÂNT, -ÂTION, du L. terebrare,
perforer.
TERGIVERSER, L. tergiversari, pr. tour-
ner le dos. — D. tergiversation^ -ateur.
TERME, L. terminus (cp. lame de lamina),
borne, limite, fin; au moyen âge = ratio,
modus, d'où Tacception moderne « le mot, en
tant qu'il détermine, ou pris dans un sens
déterminé ». — D. atermoyer. Mot savant :
terminologie, explication des termes.
TERMINAL, L. termina/w (terminus).
TERMINER, L. «erminarô (terminus). —D.
terminaison, -able.
TERNAIRE. L, temarius (terni).
1. TERNE, adj., sans éclat, d'où le verbe
ternir, angl. tarnish; selon Diez, du vha.
tarni, voilé, verbe tamjan, voiler, obscurcir.
L'étymologieL. terrenire(deterrenus), enduire
déterre, mise en avant par Ménage, est dénuée
de fondement. — Si l'étym. de Diez ne satisfai-
sait pas, j'en tiens une autre en réserve, savoir
lat. teter, sombre, obscur, d'où tetrinus (je
trouve dans les vieux gloss. tetricus), d'où fr.
terne; cp. vernir de titrinire (par Tadj. viiri'
nus de vitrum). — Bugge /Rom., IV, 366,»
favorise mon étymon * tetrinus et allègue,
pour le sens, it. tetro^ ténébreux, esp. tetro^
noir, sombre.
2. TERNE, réunion de trois nombres, L.
ternus,
TEIUnR, voy. terne. — D. ternissure.
TERRAIN, voy. terrein.
TERRASSE, BL. terracea, levée de terre,
— D. terrassier; verbe terrasser.
1. TERRASSER» faire des levées de terre,
de terrasse. — D. terrassement.
2. TERRASSER, jeter par terre, abattre, de
terre au moyen de la terminaison péjorative
cuser (cp. fricasser^ rêvasser).
TERRE, L. terra. — D. terrage, redevance
sur les fruits de la terre ; terrasse (v. c. m.);
terreau, terrein \y. c. m.); terrestre, L. ter-
restris; terreux, L t^rrosus; terrien, qui
possède des terres, aussi = terrestre ; terrier
(V. c. m.); terrine, vase de teri-e ; territoire,
L. terri toriu m, d'où par syncope terroir (terre
considérée par rapporta lagriculturej; verbes
terrer, couvrir de terre, et terrir, prendre
terre.
TERREAU, de terre, — D. terreauder ou
terreauter.
TERREIN (l'orthographe terrain est fau-
tive, car elle pèche contre l'étymologie), it.
terreno, du L. terrenu^, adj. de terra.
TERRE-PLEIN, AQterre-\-plain (L. planus).
L'origine du mot réclame l'orthogr. terre-
plain (cp. de plain-pied). Cependant l'it. ter-
rapieno montre qu'on s'est expliqué le mot
par « bastione ripieno di terra » (de terre
plein).
TERRER, voy terre. — Cps. enterrer, dé-
terrer.
TERRESTRE, L. terrestris (terra).
TERREUR, L. terrorem, d'où les néolo-
gismes terroriser, -isme, -iste,
TERRIBLE, L. terribilis (|errere).
TERRIEN, voy. terre,
TERRIER, d'un type latin terrarius rterra).
Signifie : 1 . relatif aux terres (« papierterrier *»
ou terrier tout court) ; 2. trou dans la terre ;
3. esp. de chien basset, fouissant la terre.
TERRIFIER, L. terrificare (Vir^We).
TERRINE, voy. terre, — D terrinéc.
TERRIR, voy. terre, — Cps. atterrir.
TERRITOIRE, voy. terre. — D. territo-
rial, L. territorialis.
TERROIR, voy. terre.
TERSER, voy. tercer.
TERTIAniE, L. tertiarius (tertius).
TERTRE, vfr. aussi teltre^ prov. tertre.
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TET
— 488 —
THY
Etienne dérivait co mot du gr. rip^pov^
sommité d'une chose; Diez, revendiquant le
mot à l'élément latin, l'explique par terrœ
tonis^ élévation de terre; pour la négligence
de l'accent, placé sur la syllabe to, et l'élision
de la voyelle accentuée, il rappelle le mot
trèfle de trifolium. Ce qui vient à l'appui de
l'étymologie de Diez, c'est le termegr.y^Aoç)^;,
qui signifie la même chose et qui est formé
de la même manière. — Je trouve dans Frois-
sart plusieurs fois terne = tertre; ce mot peut
s'expliquer soit par un type terrimis ( i bi'ef;,
contracté en tei'niis^ ou par la mutation
de terte en teme^ analogue à celle de ordière
en ornière. Les dial. wallons ont aussi teme^
tieme, lièiie, à Liège tiérf
TES. voy. mes.
TESSON, débris de poterie, est p. teston,
dér. de test, têt (v. c. m.).
TEST, voy. têt.
TESTACE, L. testaceus (testa).
TESTAMENT. L. testamentum (testarij.—
D. testamentaire,
TESTER, L. testari., déclarer ses dernières
volontés. — D. testateur .^ L. testatorem.
TESTICULE, L. testiculus (t«stis), dont le
prov. a régulièrement fait Ustil. L'étymologie
testis est ainsi expliquée par l'Elucidarius :
- quar so testimoniquehom es mascle e pode-
ros de generar ».
TESTIMONIAL, L. testimoniaJis (testimo-
nium).
TESTON. monnaie, ainsi nommée à cause
de la teste du roi qui y est gravée, it. testone.
TESTONNER, peigner les cheveux, de testoii
= tfite ; donc pr. arranger la tête.
TET, TEST (d'où tesson, v. c. m.), du L.
testum^ couvercle en terre cuite, pr. objet
creux, rebombé. Le sens s'est spécialisé en
celui de fragment de poterie. Anciennement
test signifiait crâne (cp. it. teschio^ d'un type
testuhis). — D. testacé, L. testaceus.
TETANOS, mot grec signifiant tension.
TETARD, voy. l'art, suiv.
TETE, teste*, du L. testa, pr. vase de terre
cuite, fragment de poterie, puis fig. = crâne.
Le mot burlesque et populaii-e a fini par se
substituer au mot propre caput(d*oii fv.chef).
Dans le principe, testa se rapportait à caput,
comme auj. caboche, boule et autres expres-
sions semblables se rapportent à tête. — D.
têtard, 1. le petit de la grenouille, 2. chabot
(mot qui vient de cap comme têtard de tête);
têtière, têtu, entêté. — Il est intéressant de
noter que la notion première du sanscrit
kapâlas, tête (d'où gr. xio«i>î) est également
celle d'écale, têt.
TETER, tBTIN, TETINE, TETON, voy.
tette. ^
TETRA — , élément initial de composition,
annonçant que la chose exprimée par le sim-
ple est au nombre de quatre; du gr. Tkrp^,
p. TîTopt = rkrrapx, quatre. Ex. tétracordt\ à
4 cordes (xo>^o;);fé?^ra6Wre. à 4 bases rie»,
t^ragone, à 4 angles (y«vf«) '
TETTE. it. tetta, gitta, esp., prov. teta;
d origine germanique :ags. tite, angl. teat.
ni. tel, bas-ail. titte, ail mod. zitze. Cp. le
gr. t/t9vj, m. s. — D. subst. Utin, tctinc,
tcton., verbe teter.
TEXTE. L. textus ftexere), pr. tissu, puis
fig. suite ou enchaînement d'idées, et suite de
mots. — D. textuaire^ textuel,
TEXTILE. L. textilis (de texere, tisser). •
TEXTURE, L. textura (texere); c'est la
forme savante du mot ordinaire tissure.
THAUMATURGE, gr. ^xuuaTOjpyôi, faiseur
de miracles.
THÉ, it. tè, esp. tê, angl. tea, ail. thee, du
chinois tschà, (dialectes tha, the). La forme
tscha a donné le russe tschai^ et les formes it.
cià, esp. cha. — D. théière,
THÉÂTRE. L. theatrum, du gr. ^mt^îv (de
àtx'jOyi)^ voir(cp. h. spectaculum despectare).
— D. théâtral. — Le circonflexe est arbi-
traire.
THÉISME. THÉISTE, mots savants faits du
grec &îo-', comme déisme, déiste ont été faits
du L. deus,
THÈME, gr. &«.««, sujet posé (de 3i«, HSîî.ui,
je pose). Autre dérivé de âsw : subst. &îîi;,
action de poser, d'où L. thesis, fr. thèse.
THÉOCRATIE, gr. ^lo^prrir, pr. gouverne-
ment de Dieu (par l'organe de ses ministres).
THÉOBICÉE. mot scientifique créé par
Leibnitz, et formé de ^lôc. Dieu, et 5u«9?,
juste, la théodicée traitant de la justiœ de
Dieu.
THÉOCrONIE, gr. âwyovfa. génération des
dieux.^
THÉOLOGIE, gr. ^îo)©-/», science de Dieu.
THÉORÈME, voy. théorie,
THÉORIE, gr. &««p{a (de ^sw/sûv, voir, exa-
miner), spéculation, science ; de là théorique^
^ttapuo;, et théorétique„ ^itaprirtxôi. — Théo-
rème, gv, &î«i>pvj;*«, objet de Texamen, propo-
sition établie par la science.
THÉRAPEUTIQUE, gr. ^ipa-Ktunri, s. e.
riyvrj, branche de la science médicale qui a
pour objet le traitement des maladies; de
^zoamùuv, servir, soigner, guérir.
THÉRIAQUE. vfr. triacl€,'h. theriaca^dn
grec &>ï^i«/.à, s. e fipiAxr.x^ remèdes contre les
morsures d'animaux (&<j5(o», animal). Voy.
aussi triacleur.
THERMES, L. thermœ, s. e. aqua, gr.
^tpfi.it, s. e. wôara, eaux chaudes, bain chaud.
— D. thermal.
THERMOMÈTRE, litt. mesureur (ciirp^ç) de
la chaleur {^îpixôi),
THÉSAURISER, BL. th^aurizare, d'après
le gr. a*jîau/5t^5iv, m. s. (de dii^xupô;, L. thé-
saurus, fr. trésor).
THÈSE, voy. thème.
THON, it. toniio, ail. thunfisch, angl
tunny, du L. thunnus, gr. aûwoi.
THORAX, gr. &«o«Ç. tronc, buste, puis poi-
trine, estomac. — D. thorachique [m&Atho-
raciquc).
THURIFÉRAIRE. L. thuriferaHus\ pr.
porteur d'encens (thus, thuHs).
THUYA, L. thya ou thyia, gr. 3^w«.
THYM, L. thymum, gr. aû/*ov.
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TIL
— 489 —
TIM
THYRSB, L. thyrsus pV^^oO.
TIARE, L. tiara, gr. nica.
TIBIA, mot latin, régulièrement francisé
sous la forme tige, — D. tibial, L. tibialis.
TIC. it. ticchiOy mouvement convulsif. On
tient généralement ce mot pour une onoma-
topée, comme tic-tac, mais il me fait l'effet d'ap-
partenir à la même famille que ail. :tucken,
bas-saxon tucfieit, angl. tug, ainsi que l'ail.
secken (provincialisme), qui sont des formes
renforcées de ziehen {siegen), ags. teogan,
tirer, tirailler. Cp. spasme de aitx-uv, tirer. —
Diez incline à voir dansit. ticcliio, tic, caprice,
bizarrerie, le vha. siki, chevrcuu, en rappro-
chant capriccio, caprice, qui vient de capra,
chèvre. — D. tiquer.
TIÈDE, du L. tepidiis (par tep*dns). — Le
prov. tebe, vfr. tève (esp. tibio), sont produits
par le rejet du suffixe idus, comme paie, rance
(v. c. m.). — I^s dialectes wallons ont
té)ie^ tiène. — D. tiédeur^ tiédir, attiédir.
TIEN, voy mien.
TIERCELET, voy. tiers, — Le nom de cet
animal, comme c'est le cas pour plusieurs
autres noms d'armes, a donné l'it. terzeruolo,
pistolet de poche, ail. terzerol.
TIERCER, voy. tiers.
TIERS, fém. tierce, L. ^er^iM*. — D.subst.
tierce (terme de musique) ; tiercer (en termes
d'agriculture aussi tercer, terser), L. tertiare;
tiercelet, dimin. de l'it. terzuolo, esp. tor-
zxtelo, port, tresô, prov. ter sol, vfr. terciol,
angl. tiercel, tarsel et tassel, qui viennent du
BL. tertiohis, accipitris species minor, ou
plutôt le mâle de l'autour, ainsi nommé, selon
les uns, parce qu'il est d'un tiers plus petit
que la femelle, selon d'autres, parce que le
troisième de la nichée se trouve toujours être
un mâle.
TIGE, régulièrement tiré du L. ^i^ia, jambe.
— D. tigette.
TIGNASSE, TIGNON, voy. teigne. — Ces
mots ne tiendraient-ils pas au prov. tcnher,
teindre, subst. tenh, couleur, fard, avec le
sens primordial de cheveux teints, faux che-
veux ?
TIGRE, fém. tigresse, L, tigris, gr. rf/pi,-.
— D. tigrer.
TIL, tilleul, forme masc. àe tille {y, c. m.),
correspondant à l'it. tiglio.
TILBURT, mot anglais : le nom du carros-
sier qui inventa cette espèce de cabriolet.
TILDE, t. de gramm. Voy. titre.
TITiLAO, du nord, thilia, suéd. tilja. ags.
thille, vha. dili (ail. mod. diele), lambrissure,
parquet (cp. vha. thil, ima pars navis). Mais
comment se rendre compte, demande Diez.
l'auteur de cette étymologie, du suffixe acf
Serait-il l'effet d'une assimilation au mot BL.
astracum = pavimentum domus? Pour ma
part, me rencontrant sur ce point avec Mé-
nage, j'avais imaginé un type tegulacum (do
te^ere), séduit par l'analogie de l'ail, verdeck
(de decken, couvrir), mais j'avoue que ce type
est quelque peu forcé. On peut, du reste, éta-
blir aussi que tillac est issu de tUh, qui existe
également comme terme de marine désignant
une portion du tillac. L'étymologie tegula
(tigla) pourrait être appuyée du dïm.tillette,
([uï signifie petite ardoise, et dont l'origine du
L. tegula (cp. champ, teille^ ags. tigel, angl.
tile) ne parait pas contestable. — L'esp. tillà,
port, tilha, tillac, sont empruntés du fran-
çais.
1 . TILLE, anc. telle, teille; ce mot signifiait
d'abord tilleul (cp. angl. teiV-frc^); auj. il ne
s'applique plus qu à la peau fine et déliée
entre l'écorce et le bois du tilleul ; puis, par
extension, à l'écorce des brins de chanvre ou
de lin. Du L. tilia, qui signifie 1 . tilleul,
2. aubier, écorce. — De la forme teille vient
le verbe teiller ; de tille, l'équivalent tiller. —
Au type dim. tiliolus répond le fr. tilleul.
2. TILLE, terme de marine, voy. tillac. —
M. Petilleau (ap. Littré, Suppl.) pense que ce
tille n'a rien à faire avec tillac et n'est que la
transcription de l'angl. till, petite caisse.
3. TILLE, hachette des tonneliers, des cou-
vreurs et autres artisans. « C'est un mot ger-
manique, qui signifie, dans les dialectes de
l'Allemagne, « petite hache, erminette, hache
des tonneliers » ou quelques autres instru-
ments pareils ; dans les dial. norvég. et suéd.
teksla, hoU. dissel, vha. dehsaUi, nha. dechsel.
« Tille est peut ère modifié pour tile d'une forme
antérieure tish. m (Bugge, Rom., III, 158). —
Joret(Rom., fX, 435) préfère nord, telgja, un
instrument à tailler.
TILLEUL, voy. tille 1.
TIMBALE, direct, de l'it. timballo. Ce
dernier est une modification, faite sous l'in-
fluence du L. tympanum (gr. TÛ/*irxvov), des
formes tàballo, ataballo, qui, ainsi que l'esp.
aiabal, viennent de l'arabe thabal (avec l'ar-
ticle, altabl, attabï), m. s. — D. timbalier.
1. TIMBRE, du L. tympanum, tambour
(comme diacre de diaconus, coffre de cofimts,
pampre de pampinus). — Le mot timbre
signifie d'abord timbale, puis une cloche frap-
pée par un marteau, puis, par métonymie, le
son que rend le timbre, enfin, son de voix en
général. Par ressemblance avec une cloche,
on a nommé timbre, en termes de blason, le
casque qui surmonte l'écu (et tout ce qui se
met sur l'écu pour distinguer les degrés de
noblesse ou de dignité), puis aussi populaire-
ment la tête (« avoir le timbre fêlé, être tim-
bré "). — Quant à la signification « cachet,
marque imprimée sur un papier »•, elle pro-
cède, pensons-nous, également du mot gr.
TÛ/xTravov, dans l'acception d'un instrument
servant à frapper (tûttuv). Cp. l'ail, stempel
de stampen,=- fr. estamper (d'où estampiller).
— D. timbrer.
2. TIMBRE, « un certain nombre do peaux
de martre ou d'hermine », voy. D. C, v<» tim-
brium. — C'est le même mot que l'ail, zim-
mer pris dans le même sens, dont l'origine
n'est pas connue.
TIMIDE. L. timidus (timere) ; mot d'intro-
duction savant<î. — D. timidité, L. timidita-
tem ; verbe intimider, BL. intimidaro.
TIMON, L. temo^ temonis (BL. timo)^ tra-
verse, timon. — D. timonier.
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TIR
— 490 —
TOC
TDfORi, L. timoratus (saint Jérôme), de
iimor^ crainte.
TIN, aussi tein, t. de marine, morceau de
bois servant d'appui, prob. du L. tignum,
poutre. Le dérivé tinter = assujettir avec des
tins, serait, dans ce cas, librement formé, sans
respect de l'étymologie.
TINCTORIAL, dér. du L. tinctorim {ïm-
gère), qui sert à teindre.
TINS, L. tina, vase pour le vin. — D.
tinette,
TINTAMARRE, d*aprôs Pasquier. un com-
posé de tinter, faire sonner une cloche, et de
marre ^ instrument pour fosser la vigne;
« anciennement, dit-il, les vignerons avertis-
saient leurs compagnons de se retirer en tin-
tant ou en frappant avec des pierres sur leurs
marres ». De là viendrait le sens de vacarme,
de clameur.
1 . TINTER, sonner, L. tinnitare, fréq. de
tinnire, m. s. — D. tititement, — La forme
L. tintinare (Catulle) a donné subst. verb.
tintin', altéré en tintouin»
2. TINTER, t. de marine, voy. tin.
TINTOUIN, voy. tinter l.
TIQUE, it. jrecca, du bas-ail. teke, haut-ail.
zeche, angl. tike, tick, m. s. — Dim. tiquet,
nom vulgaire des altises.
TIQUER, de^ic (v. c. m.).— D. tiqueur.
TIQUETÉ, tacheté, pointillé, peut être tiré
soit de tique insecte (cp. moucheté de moitclié),
ou du V. flam. tik, point (donc pointillé). —
n me semble inutile d'expliquer le mot, ainsi
quejeTai vu faire je ne sais plus où, comme
une forme tronquée de étiqueté, marqué (cp.
angl. ticket =« étiquette).
TIR, subst. verbal de tirer,
TIRAILLER, fréq. de tirer, — D. tiraille-
ment, tirailleur
TIRASSER. dér. péjoratif de tirer, — D.
tirasse, filet pour prendre des cailles, ce filet
étant tiré par le chasseur.
TIRELIRE (déjà dans J. de Meung), petit
pot avec une fente, d'où Ton « tire les lires n
(ou francs). Telle était ma première manière
de voir, mais je dois l'abandonner pour deux
raisons : d'abord, le mot it. tira-lira n'existe
pas, et en fr. lire ne s'est jamais dit p. livre
(franc). Puis tirelire avait anc. un autre sens,
savoir réjouissance. J'ai noté dans Watriquet
de Couvin (xiv* siècle), p. 129, le passage sui-
vant : « Mais jangleurmesdisant, gent de
poure matire Et amassour qui font d'argent
grand tirelire... Cilz ont grâce et avoir en
France et en l'Empire. » A l'avis de Littré, un
mot de fantaisie et peut-être une modification
de l'interjection de joie turelnre,
TIRER, it. tirare, esp., port. , prov. tirar, du
goth. tairan, vha. jxeran, néerl. teren, angl.
tear, scindere, rumpere, lacerare, delere.
Cette étyraologie, généralement admise parmi
les étymologistes sérieux (Ménage, et d'après
lui Bescherelle, Dochez, etc., avaient imaginé
de faire venir tirer du L. trahere/), est-elle
bien la véritable? Il faut le croire, puisqu'il
ne se produit rien de mieux. Du reste, la filia-
tion des idées lui vient à l'appui ; le sens fon- |
cier est : faire un mouvement brusque et
rapide pour détruire, pour arracher; de là se
déduit l'idée de tirailler (cp. Tafidnité de forme
et de sens entre l'ail, zehren, détniire. et
serren, tirailler, distendere, vellere). L'ail.
reissen signifie également à la fois déchirer
et faire un mouvement rapide, tirer (tracer
des lignes). — D. subst. verb. 1. masc. tir,
2. fém. tire (dans « à tire-d'aile, tout d'une
tire »); tirade, tirage, -eur, tiret, tirant, tiroir,
tirasser, tirailler; composés: attirer, détirer,
étirer, retirer, soutirer. Toutes les acceptions
modernes peuvent se ramener à celle de «• mou-
voir en sens do longueur, soit en approchant,
soit en éloignant » ; tirer une arme à feu ne
s'explique que comme formule faite sur celle
de « tirer l'arbalète ou l'arc ».
TIRETAINE.de lesp. tirUaha,yoj. tartan.
TISANE, it., esp., prov. tisana, du h. pti-
sana, hL. tisana, décoction de gruau (nrtvÂvis).
Pour l'apocope du p initial, cp. prov. /i Wa,
p. phtizia, vfr. tisique, p. phtisique, saitme^
p. psaume. — Le p s'est déplacé dans la
forme prov. tipsana.
TISON, it. tizzone, esp., prov. tixon, du L.
titio, 'Onis. — D. tisonner, tisonnier. — A
un type latin titius se rattachent les termes it.
tizzo, esp. tizo, d'où le verbe it. attizare, esp.
atizar, prov. atizar, atuzar, et fr. attiser.
TISSER, vfr tissir et tistre, prov. teisser,
du L. texere. Le part, tissu se rapporte à Tin-
finitif tistre (cp. it. tessuto de tessere). — D.
tissu, subst. part.; tisserand, gâté du vfr.
teisserenc (c. flamand p. flamenc) ; ce dernier
dérive du subst. vfr. tissier (tisserand) par le
suflixe germ. inc, ing (= vfr. enc); tissure,
tissage.
TISSERAND, voy. tisser. -— D. tisserande-
rie.
TISSU (vfr. tissut), voy. tisser. -— D. tis-
sutier.
TITILLER, L. tUillare. -— D. Htillation.
TITRE, angl. title, du L. titulus, inscrip-
tion, signe, marque, cause, prétexte; cp.
épftre de epistola. — D. titrer, tittdaire, L.
titularis. — Le L. titulus a donné aussi Tesp.
tilde, nom du signe typographique par lequel
on distingue le mouilU-ment de l'n.
TITUBER, L. titubare. — D. titubation.
TITULAIRE, voy. titre.
TOAST, mot anglais qui proprement signifie
rôtie. La signification « santé » vient, dit-on,
de l'usage qu'ont les Anglais de mettre parfois
du pain rôti dans leur vin pour boire les
santés. On orthographie aussi en fr. toste,
d'où le verbe toster. Toste et toast viennent du
L. tostus, rôti. — D'après Wedgwood, toast
pourrait bien n'être que la corruption de l'ail.
stoss (lisez plutôt stosst) an, qui est la for-
mule usuelle pour inviter à choquer les
verres.
TOC, subst. verb. du verbe toquer. Voy.
toucher.
TOGAN, V. le mot suiv.
TOCANE, vin nouveau de la mère goutte.
Bugge (Rom , IV, 366) rapproche le mot
masc. tocan »* saumon qui a moins d'un an.
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TOM
— 491 —
TON
et rit. xtffuannoUo, petit poisson qui a moins
d'un an (litt. qui est de cette année), et pense
que iocan est issu d'un prov. peis d'ogan
(poisson de cette année), devenu, par l'effet
de la consonne précédente, peis togan. En
supprimant peis^ on a dit togan (cp. dinde p.
poule d*Inde). Pour le c du mot fr. , cp. celui
de marcotte t vfr. parcamin = pergamenum.
C'est ainsi que tocane répondrait à un prov.
gota d'ogan, goutte de cette année.
TOOSIN, p. toque^sin, cps. de toquer «
toucher (v. c. m.) etvfr. sing, «n, --= cloche.
Ce subst. sin, qui correspond au v. il. segno,
port, sino, est le L. signum^ qui dans le BL.
a pris le sen» de signal et, par métonymie, de
cloche de signal.
TOGE, L. toga.
TOI, vfr. tei, du L. te, Voy. te.
TOliiB, L. tela, — D. toilette, nappe de la
table où se déposent les objets servant à l'or-
nement ou à Tigustement d'une personne, puis
tout ce qui couvre le meuble pourvu de la
toilette, lequel meuble lui-même s'appelle
aussi toilette (pour ce transport d'idée, cp.
bureau). Par une métonymie ultérieure, le
mot s'est transmis t l'action de se parer ou de
s'habiller. '— Les Italiens disent tavoletta, pr.
petite table, et tœletta, forme empruntée au
français. Marot emploie toilette dans le sens
de tissu très fin, et il se pourrait bien que le
sens moderne du mot vint de celui de linge
fin. — Autres dérivés de toile : toUier^ toile-
rie, verbes entoiler, rentoiler,
TOILBTTll, voy. toile,
TOISE, voy. l'art, tendre. — D. toiser,
TOISON, it. tosone, esp. tuson, du L. ton-
sionem, action de tondre. Le sens abstrait
s'est concrétisé en celui de produit ou d'objet
de la tonte (cp. potion),
TOIT, vfr. aussi teit, prov. teg^ tet, esp.
techo^ it. tetto, du L. tectum (tegere;. — D.
toiture, L. tectura.
TÔLE, plaque de fer battu; variété gra-
phique de la forme anciennq et dialectale
taule, »i L. tabula, planche, tablette (cp.-
parole àe parabola, it. fola de fabula),
TOLÉRER, L. tolerare, — D. tolérant, -ance,
TOLLÉ, impératif du L. tollere, enlever. La
signification actuelle de ce mot « cri d'indi-
gnation «I vient historiquement du « toUe
hune », que se mirent à crier les Juifs contre
Pilate pour qu'il fit mourir Jésus-Christ.
TOMATE, esp., port, tomate, cat. tomatec,
tomaco; du mexicain tomatl.
TOMBAO, it. tombacco^ esp. tumbage, port.
tambaca^ du malais tambùga, cuivre.
TOMBE, L. tumba, gr. rùfiUi, — D. adj.
tombal; subst. tombeau, d'un type tumbellus,
dim. de tumba,
TOMBER, vfr. tumber (qni avait aussi le
sens actif • feire tomber »), esp., prov. tum-
bar, port., prov. tombar,it.(âim,)tombolare,
angl. tumble. On peut hésiter, dit Diez, entre
deux étymologies, savoir 1. nord, tumba,
tomber ia tète en avant; 2. le L. tumba, au
sens de tas, tertre (tomber serait pr. faire tas).
A l'appui de la dernière, Diez allègue la locu-
tion ail. iiber den haufen toerfen, jeter à
terre, litt. jeter par-dessus tas, puis l'esp.
tropellar, renverser, detropel, tas. On pourrait
tout aussi bien alléguer lexpression familière
« faire un cumulé » (== faire la culbute), qui
rappelle naturellement le L. cumulus, tas. —
Ménage en était réduit à imaginer pour type
de tomber un verbe latin ptomare (du grec
irrw.ttx, chute), doû tomare, tobare, tombarel
— L'ancienne langue avait aussi une forme
tumer (encore en Lorraine on dit teumei, en
Champagne tumer, à Liège et Namur tourner),
et rit. a tomare p. culbuter, dfscendre. Diez
rattache ces formes privées de b au vha.
tumon, nha. taumeln, tournoyer, trébucher,
sauter. D'après Littré, tumer est la forme pri-
mitive, et tumber une forme postérieure et
modifiée de tumer, qui a fini par prévaloir. —
D. tombée, tombereau (v. c. m.).
TOMBEREAU, angl. tumbrel^ du verbe
tomber, de même que le bourg., champ, tume-
reau, tumerel, vient de la forme tumer. Le
tombereau est une charrette dont on • ren-
verse » la caisse. — D. tombrelier, tombelier,
conducteur du tombereau.
TOMBOLA, mot italien, jeu de loto, subst.
verbal de tombolare, tomber, échoir.
TOME, L. tomus, du gr. rôfioi, pr. section,
division. — D. tomer, d'où tomaison,
TOMENTEUX, dér. de L. tomentum, bourre.
1. TON, a4j. possessif, voy. mon,
2. TON, subst., L. tomts, gr. rrfvos (pr. ten-
sion). — D. tonique, tonalité.
TONDRE, L. tondére, p. tondêre, — D.
tonte, subst. participial, d'an type tonditus
(cp. pente, vente, ponte, ete.), d'où tonture,
tontice ou tontissê, tondeur, tondaison. — Du
supin L. tonsum : les subst. tonsionem, fr.
toison (v. c. m.), et tonsura, fr. tonsuré.
TONLIETJ, tonliu\ du BL. tonleium, cor-
ruption de telonium (riiôiviTov), bureau de per-
ception des impôts, dér. de t*XAv»75, fermier
des impôts.
TONNE, prov. tona. Ce mot se rencontre
dans tous les idiomes germaniques (p. ex.
vha. tunna, nha. tonne), mais on lui suppose
une origine étrangère ; les gloses de Cassel et
de Schelestadt indiquent tunna comme un vo-
cable latin. La racine tun ou ton semble êtra
une variété de la racine tin de tina. — D.
tonnage; dim. tonneV, tonneau, fém. tonnelle,
chose faite en forme de tonneau, voûte en
plein cintre (angl. tunnel), puis espèce de filet
pour prendre des perdrix.
TONNEAU, voy. tonne. — D. dim. ton-
nelet, tonnelier.
1 . TONNELET, petit baril, voy. tomieau.
2. TONNELET, t. de théâtre, petit panier
qui relevait le pan d'un habit à la romaine;
c'est le même mot que le précédent.
TONNELIER, voy. tonneam. — D. tonnel-
lerie.
TONNELLE, voy. tonne. — D. tonneler.
TONNER, L. tonare (tonus).
TONNERRE, vfr. tondre, tonoire, prov.
tonedre, du L. tonitru.
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TOR
492 —
TOR
TONSURE, voy. tondre, — D. tonsiircr,
L. tonsurare (S. Grégoire).
TONTE, voy. tondre.
TONTINE, d'après le nom de l'inventeur de
ces établissements, Laurent Tonti (1653). —
D. tontinier,
TOPAZE. L. topazion (roTràJiov).
TOPER, it. toppare, ail. toppe7i, consentir à
une offre. De la racine top, onomatopée pour
exprimer le bruit de la poignée de main par
laquelle ce consentement est confirmé. C'est
donc une modaliété de taper. — D'autres, à
tort, pensent que c'est le même verbe que Tesp.
topar, rencontrer, ou le primitif de l'it. in-
toppare^ heurter, trébucher.
TOPINAMBOUR, mot américain.
TOPIQUE, litt. = local, puis == (médica-
ment externe) appliqué sur une place déter-
minée; du gr. Toîrixd; dér. de to'tto;, lieu.
Subst. fém. topique, doctrine des lieux com-
muns, du gr. rà ToTsmà, lieux communs.
TOPOGRAPHE, gr. ronoypifoç = qui décrit
les lieux (tottoç). — D. topographie, -ique.
TOQUE, it. tocca, esp. toca; mot celtique :
cymr. toc, coiffure. — D. toqiiet.
TOQUER, variété de toucher. L'expr. fig.
être toqué rappelle l'ail, einen tick haben,Siyoir
le cerveau dérangé, de tichen, mot populaire
pour toucher ; cp. l'expr. fr. avoir reçu un
coup de marteau. — D. toc, subst. verbal ;
tocàde ou toqucuie; voy. aussi tocsin.
TORCHE, prov. torcha, pr. faisceau, amas
de choses tordues ensemble (en t. de blason on
appelle torque le bourrelet rond qui se pose
sur le heaume), bouchon de paille, brandon
fait d'un bouquet de paille (funale tortitium),
puis flambeau en général. Que ce mot vienne
directement de quelque ancien subst. torca
(tiré de torcare ou plutôt torquare, primitif
du surnom Torquatus), ou par BL. tortia (it.
torcia), d'un participe tortus, il se rattache en
définitive au verbe latin torquerç, = fr. tor-
dre (ou disait autrefcHs aussi tortis, d'un type
L. torticius). — D. torcher (v. c. m.), tor-
chon, -ette, torchère.
TORCHER, BL., torcare, detergere, dér.
de torca, fr. torche = bouchon ou rouleau de
paille servant à nettoyer. Les étymologistes
modernes le ramènent au type lat. torticare.
— D. torchis.
TORCOL ou torcou, genre d'oiseaux grim-
peurs « qui tord son cou » (Meunier), it. torci-
collo, esp. torcecuello.
TORDRE, it. torcere, esp. , port, torcer, de L.
torquére p torquère. — D. tordage, tordeur,
TORE, L. torus, nœud, renfiement. — D.
toron.
TORÉADOR, mot espagnol, du verbe torear,
combattre les taureaux iforo).
TORMENTILLE (plante), de tourment (à
cau.se qu'elle apaise le toui*ment des dents,
dit 0. de Serres).
1 . TORON, assemblage de plusieurs fils de
caret, tournés ensemble; la lettre se refuse à
la rigueur à une étymologie par tordre; mais
le wallon dit simplement toir (oi = o), et l'on
peut admettre que*or(ï=tortum),étant devenu
un mot d'usage populaire, ait pu engendrer le
dérivé toron, comme tmir = tumus a fait
tour et, comme plafond a faM plafonner.
2. TORON, t. d'archit«cture, voy. tore.
TORPEUR, L. torporrem.
TORPILLE, sorte de raie, qui frappe d'une
commotion électrique et engourdit la main de
celui qui la touche, puis engin sous-marin;
d'un type dim. torpicula, dérivé de torpere,
être engourdi. La torpille, comme poisson, se
disait en latin torpédo. L'ital. dit torpiglia et
torpedine.
TORQUE, voy. torche.
TORQUER, type L. torquare, p. torquère.
Cp. extorquer. — D. torquette, certaine quan-
tité de marée entortillée dans de la paille. —
Au sens ûg. du L. torquère, taire du tort, se
rapporte le vieux mot torquet, piège, moyen
d'induire en erreur.
TORRÉFIER,L. torreficare"^ , p. torrefacere.
dont le subst. torrefactioa donné torréfaction.
TORRENT, L. torrentem, qui dessèche, brû-
lant, impétueux, puis, comme subst., ruis-
seau rapide. Littré déduit le sens de ce dernier
de torrere, au sens de dessécher : « un cours
d'eau qui se dessèche Tété ». — D. torrentiel»
torrentueux.
TORRIDE, L. torridus, brûlant.
TORS, L. torsus, part, passé de torquère,
tordre (forme concurrente de tortus). — D.
torser et torsade, frange tordue. a
TORSADE, voy. tors,
TORSE, de l'it. torso, trognon de chou ou
de fruit, puis statue sans tête, lequel répond
au piém. trou^, esp., port, trozo, prov. etvfr.
tros, tors, fr. trou de chou. Comme le vha.
turso, torso, nha. dorsch, trognon de chou, il
vient, selon Diez, du L. thyrsus, gr. Svp9o$,
tige des plantes. Pour le transport d'idée, cp.
le subst. L. truncus, tronc, et adj. truncus,
coupé, mutilé (d'où en fr. trognon, tronçon),
TORSION, L. torsionem (torquère).
1 . TORT, subst., it. torto, esp. tuerto, prov.
tort, BL. tortum •= injustice, lésion, dom-
mage, du L. tortus (torquère), tordu. C'est
une métaphore corrélative à celle de droit
= jus, qui rappelle la ligne droite. On
trouve encore dans les patois le verbe tordre,
p. porter dommage, préjudicier, comme en
latin déjà torquère signifiait torturer, tour-
menter.
2. TORT, -adj., tordu, L. tortus (torquère).
TORTICOLIS, d'abord un adjectif, puis
substantif; de tortum collum, cou tordu (Hta-
lien dit collotorto et torticoUo).
TORTILLER, d'un type torticulare (tortus).
— D. tortille, tortillage, -ement, -is, -on.
Cps. entortiller,
TORTIS, L. torticius (tortus).
TORTU. d'un type BL. tortuus ou tortucus
(extension de tortus). — D. tortue (v. c. m.);
verbe tortuer; adj. tortueux, L. tortuosus,
d'où tortuosité.
TORTUE, esp. tortuga, prov. tortuga, tar-
tuga, du BL. tortuca, tartuca Mér. de tortus^
tortu). En anglais le mot est tortoise. L'it. a
la singulière forme tartaruga. I^a tortue a.
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TOU
— 493 —
TOU
dit-on, pris son nom de ses pieds tortus.
L'ail, nomme cet amphibie schildhrôte, litt.
crapeau à bouclier; Tit. dit de même botta
scudaja.
TORTUEUX, voy. tortu.
TORTURE, L. tortura (torquei'e).— D. tor-
turer, — Cp. tourment de tormentum^ autre
dérivé de torquere.
TOSTE, TOSTBR, voy. toast,
TOT, promptemont, it. tosto, prov. tosi. On
s*est beaucoup torturé pour éclaircir l'origine
de cet adverbe roman, qui s'est substitué au
L. statim ou illico. L'explication la mieux
soutenable est celle qui le rattache au part.
L. tostwf, qui vient de torrere et signifie brûlé.
Le même verbe torrere n'a-t-il pas donné
torrens, brûlant, puis violent, impétueux, ra-
pide? Diez, de son côté, cite à l'appui de cette
explication les expressions it. caldocaldo^iowi
à coup, et vfr. chalt pas (= passu calido,
promptement, cp. en ail. suisse fuss-warms).
IjB sens de tôt s'accorderait davantage, d'après
l'opinion de Diez, avec une étymologie qui
verrait dans tosto une contraction de tot-dto,
c.-à-d. tout vite, d'où toç^to^ tosto (cp. it.
amistà deamicilatem et destare àede-excitare);
pour la composition avec totus, cp. it. tutto
in un tempo, fr. tout à l* heure. M. Rajna
voit dans it. tosto un redoublement de isto (là,
en ce moment-là). — Composés : bientôt, tan-
tôt, sitôt, aussitôt, plutôt,
TOTAL, BL. totalis (totus). — D. totalité,
TOTON, L. totum, le tout : le dé appelé
toton a une des faces pourvues de la lettre T
désignant le mot totum, parce que, lorsque
le dé présente cette face, le joueur gagne tout.
TOUAILLE, vfr. toailc. toeille, angl. totoel
(BL. toacula), linge pour se laver les mains;
ce mot n'est en aucune façon une corruption
de toile, comme on a prétendu. La simple
comparaison de l'it. toroaglia, de l'esp. toalla
(cat. totDoZla) et du prov. toalha engage à re-
jeter cette absurde étymologie. Le mot est
germanique et vient du vha. duahilla (mha.
tioehele, nha. swehle), m. s., dérivé du vha.
diiahan, laver. C'est à la même famille qu'il
faut rattacher le verbe vfr. touailler, tooiUer,
laver; mais il faut en distinguer, je pense, le
vfr. toouiller^ tœiller, brouiller, troubler,
souiller, dont le mot actuel touiller, mélanger,
remuer, est la forme contracte. Voy. mes notes
sur Baudouin de Condé, p. 500, et Gloss. des
Chroniques de Froissart s. toveillier,
TOUCAN, mot brésilien, que Ton rapporte
au cri de l'oiseau.
TOUCHER, variété chuintante de toquer (cp.
moquei"" et moucher), it. toccare, esp., port.,
prov. tocar, 11 se peut que ce mot soit issu do
la racine onomatopée toc, comme taper vient
de la syllabe imitative tap. C'est à une moda-
lité vocale de toc que se rattache le latin TAC
ou T AG, dans tago* tango = toucher. — Diez
est d'un autre avis, qui peut-être doit préva-
loir. Il voit dans toccare la représentation
romane du vha. zuchôn (ail. mod. zuckcn),
tirer, arracher. Cette signification originelle
du verbe toucher se reconnaît encore, dit-il,
dans l'expr. vfr. se toucher de qqch.^ = se
séparer deqqch., échapper, et dans la locution
nfr. toucher de Vargent, qui rappelle l'ail, ^e/d
einjsiehen. Pour la filiation des idées tirer et
toucher, Diez allègue encore les verbes L.
slringere, qui a de même les deux accep-
tions, et attingere = toucher et prendre, puis
le goth. tekan =» toucher, comparé à son simi-
laire angl. tahe = prendre, tirer à soi. —
Schacht fait venir tocçre du goth. daupjan,
vha. toufàn, immerger, qu'il identifie avec
mha. tuppen, nha. tupfen, pointiller; il se
dispense de dire de quelle manière ; pensait-il
à un intermédiaire top-icare (d'où top*care,
tocare)! — Boucherie explique toucher par un
type latin *tudicare(detud, racine de tundere,
frapper). Il ne trouvera pas grand crédit,
d'autant moins qu'il faudrait disjoindre toquer
et l'it. toccare, — D. touche, touchant, adj. et
prép.; toucher, inf.-subst.; cps. attoucher (cp.
L. attingere;, retoucher,
TOUER un navire, angl. tow. Ce verbe se
rattacherait très bien au BL. tocare, au sens
de tirer, qui. selon Diez, est le sens primordial
de ce mot (voy. l'art préc); cp. louer de
locare. Cependant, il semble plus naturel de
le rattacher au subst. néerl. touio, angl. toio,
ail. tau, nord, taug, = câble. — D. toue,
touage.
TOUFFE, vfr. toffe, v. angl. tuff, corres-
pond au mot suisse aniffe = poignée de qqch.;
on connaît la correspondance qui existe entre
le z haut-ail. et le t roman. Ce mot zuffe est
une variété littérale du mot ail. zopf= touffe
de cheveux, lequel, à son tour, n'est que la
forme haut-allemande du bas-ail. topp =
nord, toppr, ags., angs. top, touffe de cheveux,
sommet d'un arbre, d'où vient le vfr. tope^ nfr.
toupe, et son dimin. toupet Cp. aussi BL.
toppus, faisceau. — Littré identifie avec touffe
le tufa latin, qui se trouve dans Végèce avec
la valeur d'un étendard fait de plumes. — D.
touffu,
TOUFFEUR, de ra4j. touffe, suffoquant,
cité sous étouffer,
TOUILLER, remuer, mélanger, brouiller;
voy. sous touaille. — Mon étymologie tocu-
lare,, lancée en 1 86 1 , doit être anéantie, le mot
étant d'abord toeiller,
TOUJOURS, = tous jours ; cp. le vfr. tosdis,
toudis = totos dies,
TOUPE, dimin. toupet, toupillon, voy.
touffe.
TOUPET, voy. touffe, toupe. Le sens déduit
« sommet, tête » (cp. angl. top) a donné lieu
aux locutions « le feu lui monte au toupet,
avoir du toupet *• .
TOUPIE (angl. top, ail. topf), en Norman-
die toupin; vfr. topoie (Jean Bodel); de la
rac. top = pointe, extrémité, rac. identique
avec le top, tof, d'où touffe et toupet. Cette
racine se rencontre également dans les idiomes
celtiques. C'est d'elle aussi que procède le
nord, top et vfr. toupon, bouchon, pr. chose
conique. Littré propose en outre vfr. toupin,
prov. topi, pot (de l'ail, topf, m. s.), à cause
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TOU
- 494 —
TRA
de la forme ronde de la toupie, mais les éty-
mologistes ail. sont davis que c'est plutôt
topf, toupie, qui a donné naissance & <op/*,pot,
que rinverse. — D. toupiller,
1. TOUR, fém., L. turrU, — D. tourelle.
2. TOUR, masc, prov. torn, 1. mouvement
en rond, subst. verbal de tourner (v. c. m.);
2. machine ou appareil du tourneur (dim.
modernes touret, tourillon), du L. tomus,
gr. To>v«ç, primitif du verbe tomare, fr. tour'
ner.
TOURÂILLE, t. de brasserie, étuve pour
sécher le grain germé, du L. torrere.
1. TOUÎEtBE, substance combustible, it.
torba, esp. turla^ wall. ^par transposition)
trouf, pic. troube, trouble; du vha. zurba,
ags. turf,sM, mod. torf, m. s. — D. tourbeutc,
tourbière,
2. TOURBE, multitude, L. turba,
TOURBILLON, dérivé d'un type L. turbi-
cula fd'oû tourbille*), dimin. du L. turbo, -inis
(it. turbine), m. s. — D. tourbillonner,
TOURB, du L. turdus, grive et espèce de
poisson. — D. tourdelle,
TOURDDjLE (gris), couleur de cheval, dér.
de L. turdus, grive.
TOURELLE, dimin. de tour 1 .
TOURET. TOURILLON, voy. tour 2.
TOURISTE, mot d'introduction anglaise,
dér. de tour^ au sens d'excursion, voyage.
TOURICENT, L. tormentum (torquere), cp.
torture, — D. tourmentei\
TOURMENTE, orage, bourrasque; e.st-ce le
sub.st. verbal fémin du verbe tourmenter, ou
vient-il de quelque type barbare turbimejUum,
de turbo, tourbillon? J'incline pour la pre-
mière explication ; tourmenter = agiter vio-
lemment, s'y prête pai*faitement. — D. tour-
menteux,
TOURNELLE, dim. de tour (lat. turris)-^
cela parait historiquement juste, mais n'en
est pas moins phonétiquement un problème ;
comment expliquer l'existence simultanée de
tourelle et tournellet Cette dernière forme
(elle remonte au xiii* siècle/ serait-elle due à
une influence de l'ancienne forme ail. turn
(ni. toren) concurrente de turm f
TOURNER, angl. turn, mouvoir ou se mou-
voir en rond, changer de direction, it. tor-
nare, esp., port., prov. foniar, du L. tomare,
façonner au tour (L. tomus). On est porté à
croire que la langue vulgaire latine employait
déjà tornare dans le sens de vertere, ce sens
se produisant dans les plus anciens documents
de la moyenne latinité. Le roman tornare,
n'était le L. <(/»'ni«,venu du grec to>vo«, s'expli-
querait aussi parfaitement par une contrac-
tion de L. turbinare, volvere, vertere (voy.
Quicherat, Addenda). — Subst. verbal, it.,
esp., port, torno, prov. torn, fr. tour (cp.
four ^ jour, àe fom,jo7-n). De tour viennent
les locutions adverbiales : 1. entour (v. c. m.),
it. intotmo (cp. ennVon), d'où à Ventour et le
subst. alentours (v. c. m.) et le verbe entourer
(v. c. m.); 2. autour. Dérivés de tourner:
tournant, -eur^ -ée, -ure, tournoyer (v.c. m.),
tou7*nailler, tourniquet (voy. tournoyer), —
Composés : vfr. atcumert diriger vers, puis
préparer, arranger, habiller, orner (cp. dres-
ser), d'où vfr. aiorn, nfr. atour; — bistourner
(v. c. m.); — cofxtoumer, subst. contour;
— détourner, subst. détour; — pourtour
(v. cm.); — retourner, subst. retour,
TOURNESOL, traduction du gr. nlior/se^to*,
« qui se tourne vers le soleil ».
TOURNOI, subst. de tournoyer,
TOURNOIS, terme de monnaie, L. Turo-
nensis, frappé à Tours.
TOURNOYER, vfr. toumier, foire des évo-
lutions, corresp. du prov. tomeiarf it. tor-
neare, esp. , port, tomear; d'un type tomicare
(d'où provient aussi le subst. it. tomichetto,
fr. tourniquet). Subst. verbal tournoi, prov.
tomei, esp., it., port, tomeo,
TOURTE, ail. torte, voy. tarte. — D. tour-
ter tourteau.
TOURTEAU, voy. tourte. — D. tourtdet,
-elette,
TOURTEREAU, -ELLE, L.turturdlus,-ella,
dim. deturtur, primitif conservé dans le vieux
mot fr. tourtre, angl. turtle,
TOUSELLE. blé sans barbe, féminin du vfr.
tousel, touseau, imberbe (pr. tondu, lisse), puis
» damoiseau, mignon. Dimin. de tosus =»
tonsus, tondu, ras.
TOUSSAINT, fête consacrée à « tous les
saints «.
TOUSSER, voy. toux,
TOUT, du L. tottts, ou, strictement parlant,
dune forme vulgaire tottus (Rom., X, 42).
TOUTEFOIS, pr. en tout cas; voy. fois. An-
ciennement on disait aussi toutevoie et toutes
voies «s it. tuttama, esp. todatia,
TOUTENAQUE, aussi tvUenague; du per-
san toùtiyânàk, litt. -» analogue à la tutie (v.
c. m.).
TOUX, L. tussis, — D. tousser; en vfr.
toussir, d'après L. tussire,
TOXIQUE, L. toancum (ro^xov;. De là toxi-
cologie, science des poisons.
TRABAN, it. trabante, suéd. drabant,
behéme drabanti, ail. traJbant. On rapporte
ces mots à l'ail. traJben, trotter, courir; le
traban serait ainsi pr. un piéton, un coureur.
Littré parait préférer l'étym. trabe, bâton de
bannière, aussi hallebarde, qui est L. trabes,
poutre.
TRABE, voy. l'art, préc.
TRAC, 1. allure du cheval, de la racine
trac, aller, marcher, qui se rencontre dans
presque toutes les langues germaniques (voy.
tracasser) ; cp. néerl. trekhen, tirer, aller ; —
2. trace, piste, angl. trach; parait être le
subst. verbal masc. de tracer; on peut toute-
fois aussi y voir le nord, trahha (p. tradka),
dér. de trôda, marcher, fouler le sol. On
trouve en BL., dès le vu* siècle, traco, -onis,
pour voie, surtout voie souterraine.
TRACAS, subst. verbal de tracasser.
TRACASSER, d'abord mettre en agitation;
puis au sens neutre, s'agiter, courir çà et là
comme une bête traquée ; peut être considéré
comme une forme péjorative de traquer. Il
peut, cependant, eu être indépendant et être
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TRA
— 495 —
TRA
rapproché de l'écoss. traik, courir çà et là,
du bavarois tràckeln (suisse trockeln), être
indécis (la racine trah tient sans douce au tra-
gère latin, forme antérieure de trahere, sans-
crit trak, marciier, courir, gr. rpiyo», courir).
Il vaut la peine, pour confirmer cette dernière
étym., de rapprocher de tracasser un syno-
nyme vfr. : c'est irepeiUer (= courir çà et là,
être inquiet; qui vient du vfr. trepcr, faire
des pas, sauter (étymologiquement identique
avec le néerl. trippen, ail. trippeln, angl.
iript fûre des petits pas, voy. trépigner), et
d'où vient vfr. trepeil, inquiétude, tourment,
tracas. — D. tracas, tracassier,
TRACE (it. traccia, esp. trajia, prov. trassa),
subst. verbal de tracer,
TRACER, tirer des lignes, it. tracciare,
suivre la piste, esp. trazar, tracer. D'un type
latin tractiare, tiré, d'après le génie roman,
du L. tractus, part, de trahere, tirer des
lignes, faire des traits, (cp. chacer chasser ^
de captiare), — D. trac, trace (v. ces m.) ;
subst. part, trace'.
TRACHÉE-ARTJIRE, gr. rpxxtix àprriplx^
artère raboteuse.
nTRACTION, h.tractionem (trahere).
TRADITION, L. tradUionem, action de
transmettre [tradere). Le même subst. latin,
avec le sens * action de livrer », s'est ft-ancisé
en trahison (v. trahir). — D. traditionnel,
TRADUIRE, L. tra-ducere, 1. transférer
(cp. traduire devant les tribunaux); 2. faire
passer d'une langue dans une autre ; cp. les
termes analogues fr. translater' et angl. trans-
late (de iranslatum, supin de transferre)^ et
ail. iibertragen, ubcrsetzcn, — D. tradui'
sihlc. Du L. traductorem, -tionem : fr. tra-
ducteur^ -tion,
TRAFIC, voy. l'art, suiv. L'ancienne langue
avait aussi la forme féminine traficque.
TRAFIQUER, it. trafficare, prov. trafe-
guare, sp. trafigar, trafagar, port, trafegar;
de là le subst. verbal trafic, it. traffico, prov.
trafec, trafey, esp. trafago, trafico, port, tra'
fcgo, trafico. L'origine de ce mot n'est pas
encore tirée au clair. « Il est remarquable,
dit Diez, que le v. port, trasfegar, transvaser
(= L. transvicare' de r)ices), signifie aussi
« ûiire commerce », et que le cat. trafag, com-
merce, artifice, signifie aussi transvasement.
Mais si trafegar est identique avec l'anc. tras-
fegar, il faut qu'il y ait eu dans les subst. v.
port, trdsfego, n. port, tràfego, trdfico, un
transport de Tac^^nt sur le préfixe, ce qui est
très exceptionnel. » — Le sens primitif parait
exprimer mouvement inquiet, choc des inté-
rêts, et survivre dans lelangucd. tra fi, tracas,
trouble, désordre ; aussi Wedgwood rattache-
t-il le mot au verbe cymr. trafu, remuer,
agiter. — Si le sens primordial du mot était
« commerce, négociation •», on pourrait à la
rigueur partir d'un adj. barbare traficus (de
tranS'ficere) au sens de « qui transmet, négo-
ciateur i>. Toujours est-il que toutes les formes
citées ne s'y prêtent pas aisément.
TRAQACANTHfi, gr. r/^xyiexxvdx (épine de
boucj. Voy. aussi adragant.
TRAGÉDIE, L. tragœdia, gr. T^ar/»«:a. —
D. tragédien,
TRAGIQUE, L. tragicus, gr. rpa^i*6;.
TRAHIR, anc. traïr, it. tradire, du L. tra-
dere (pr. livrer) = prodere; cp. envahir, de
invadere. — Du subst. traditionem : fr. trahi-
son^ traïson; de traditor : fr. traître (v. c. m.).
TRAILLE, pont volant, d'après Diez, du L.
traguia (tragere* = trahere), employé par
Varron pour traîneau, claie, herse; selon
d'autres, p. tiraille,
TRAIN, anc. traïn, trahin, it. traitu), esp.
tragin, cat, tragi, prov. trahi, marche, allura,
trace, suite, attirail; dérivé de trahere, tirer.
Pour la relation entre tirer et marcher, cp.
l'ail, ziehen, qui réunit les deux acceptions,
le L. ducere, etc. Le type immédiat de traïn
doit avoir été un subst. L. trahimen; c^,gain,
anc. gain (dans le cps. regain) =» it. gua-ime.
Les formes it. et esp. paraissent calquées sur
la forme fr. ou prov. — D. trainer (anc. traî-
ner, trahiner,.
TRAINER, voy. train, — D. traine, traî-
neau, -ée, -ant, -ard, -asse; cps. entraîner,
TRAIRE, it. traître, esp. traer, du L. tra-
cere ou tragere, forme primitive de trahere;
cp. faire de facere. Le mot traire^ anc. d'un
usage aussi fréquent que le ^tr^r d'aujourd'hui,
a rétréci son application à l'action de tirer le
lait d'une vache. — Du part, latin tractus : le
part. fr. trait, d'où le subst. partie, fém.
traite, étendue de chemin, lettre de change
tirée sur qqn., transport de marchandises,
commerce, trafic. — Dér. du fr. traire; subst.
trayon, bout du pis d'une vache.
1 . TRAIT, L. tractum trahere), pr. chose
tirée ou tracée ; de là : flèche, corde, ligne,
marque, etc. (cp. Tall. zitg),
2. TRAIT, action de tirer (« d un seul trait ••),
du subst. L. tractus (trahere).
TRAITE, voy. traire.
TRAIIER, L. tractare, fréq. de trahere,
tirer; donc tirer beaucoup ou en tous sens,
manier, cultiver. — D. traitable, traitement^
traiteur, traité, (L. tractatus).
TRAÎTRE est la forme contractée du vfr.
trahitre, traître et vient du L. traditor (qui
dans le bas-latin portait l'accent sur la seconde
syllabe); au cas-régime, l'anc. langue avait
trahitour =■ L. traditôrern, — D. traïteus',
traïtreus, resté dans l'adv. traîtreusement. —
Voy., sur l'histoire de ce mot, Tobler, Ver-
mischte Beitrâge, p. 81.
TRAJET, L. trajectus (tra-jicere), tra-
versée.
TRALE, nom vulgaire du mauvis, vfr.
trasle, du vha. throscela, ags. throsle, angl.
throstle, ail. mod. drossel.
TRAMAIL, trémail', it. tramaglio, angl.
tramel, BL. tremaculum. Ce dernier substan-
tif, qui représente la forme normale, se
décompose, d'après Diez, en tre =- très, et
macula, maille; donc filet à trois mailles;
cp. le L. tri-licium, d'où it. traliccio, fr. treil'
lis. Le wall. dit tramaïe pour treillis ; le piô-
montais a trimcy\
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TRA
— 496
TRA
TRAME, L. trama, — D. tramer.
TRAMONTANE, de l'it. tramontana, nord,
puis vent du nord, étoile du nord ; de trans
montes, au delà des montagnes (des Alpes).
Lanc. fr. â'iMdt tresmontaine,
TRAMWAT, mot anglais, abrégé de Outram-
toat/ (d après Outram, le nom d'un ingénieur
anglais).
TRANCHER, autrefois trencher, prov. tren-
car, trincar, trinchar, esp., port, trincar,
it. trinciare, couper, rompre, pic. trinquer.
L'étjmologie de ce verbe est encore controver-
sée. Le verbe transcindere, allégué pour type
par Roquefort, ne mérite qu'une mention do
curiosité. Il faut également rejeter L. trun-
care et transsecare, ainsi que le type mons-
trueux trennicare, que Ton fait dériver de
Tall. trenneti, séparer, diviser. Langensiepen
propose, avec trop de subtilité, le type fictif
dirimicare, d^rimicare, d'rimcare, de diri-
mère; irrégularité de t p. rf n'est pas sans
précédent, mais si elle paraissait trop cho-
quante, Fauteur de cette étymologie recom-
mande la filière suivante : L. interimere (pr.
enlever du milieu, détruire, tuer), interimi-
care, intrimicare, trincare (cp. it. tra p.
intra). A propos de cett« dernière étymologie,
Diez conjecturerait plus volontiers interne-
care, que Prudence emploie dans le sens de
détruire et qui pourrait avoir donné nais-
sance au prov. entrencar, briser, d'où, par
aphérèse, trencar, etc. — Littré opte pour
truncare ; trencher serait p. tronc?ier comme
vfr. volenté p. volonté. La difficulté des formes
avec i (triticiare) ne lui semble pas assez
importante pour invalider cette origine. Au
Suppl., il allègue en confirmation de son étym.
une forme troinchier recueillie dans Floovant
(xiii* siècle), V. 153. — H. tranche, tranchant,
tranchée (p. le sens « douleurs de ventre »,
cp. l'expr. analogue ail. leibschneiden), tran-
chet, -air, retrancher.
TRANQUILLE, L. tranqiUUus. — D. tran-
quillité, L. tranquillitatem; tra>iquilliser.
TRANS-, élément de composition d*un grand
nombre de mots de provenance latine. C'est
l'adv. ou prép. trans, au delà, à travers. On
Ta appliqué aussi à quelques verbes du fonds
non latin, p. ex. transborder, transpercer.
Dans la couche ancienne de la langue fr., le
préfixe latin trans s'est régulièrement converti
en très (cp. L. mansus^ vfr. mes), dont la
finale s s'est efiacée dans l'orthographe mo-
derne devant les consonnes autres que $ : ex.
trespasser' trépasser, tressaillir. La forme
corresp. it. et prov. est tras (en it. aussi ira).
Le mot très = L. trans sert aussi d'adverbe
pour marquer, sinon Texcis, du moins le haut
degré : très grand = excessivement grand,
it. ti-as grande, cp. en ail. ûbergross. L'anc.
langue en faisait un usage bien plus étendu ;
elle disait, par exemple : si très grand Ja plus
très belle gent.
TRANSACTION, L.transactionem, subst. do
transigei^e (litt. pousser outre, jusqu'à bout) =
fr. transiger. — D. transactionnel.
TRANSCENDANT, L. transcendeniem, litt.
qui va au delà (des limites ordinaires;. — D.
transcendance.
TRANSCRIRE, L. transcribere ; sabst.
transcriptio, fr. transcription.
TRANSE ; ce mot signifie en premier lieu
les angoisses de la mort ; c'est Tesp. ou port.
trance /masc.) = moment suprême, pas de la
mort. Ce mot trance, suivant les lois phoné-
tiques de la langue esp., correspond à Ht.
transito (L. transitus), passage de la ?ie à la
mort (cp. le mot trépas), d'où transita, trance,
transe. Frisch cite à l'appui une forme ail.
usuelle en Suisse : transt = transe. Jusqu'ici
nous avons reproduit l'opinion de Diez. Nous
nous permettons à notre tour une petite va-
riante d'explication. Nous partons du verbe L.
traîU'ire, au moy. âge ^ trépasser, mourir,
de là le verbe fr. transir, anc. == mourir,
plus tard = être glacé, c.-à-d. perdre le sen-
timent de la vie ; or, le subst. transe peut très
bien être considéré comme le subst. verbal de
transir et signifier torpeur, frayeur ; de sorte
qu'il n*est pas nécessaire de supposer un em-
prunt direct à l'espagnol. Cp. faille àe faillir,
coiœine', de convenir. D'ailleurs, les éty-
mologistes ont renoncé à l'expUcation de
l'esp. tratwe par transitus. En angl. trance
équivaut à extase. — Ménage proposait striu-
gère, serrer, et Nodier en était encore une
fois réduit à la ressource de Tonomatopée.
TRANSEPT, mot technique, formé de L.
trans, et de septum, enceinte; donc espace
transversal.
TRANSFÉRER, L. transferere, forme bar-
bare p. trans fen*e; du part, barbare tram-
fertus vient le subst. transfert.
TRANSFIQURER, L. trans- figurare.
TRANSFORMER, L. trans-formare.
TRANSFUGE, L. transfuga.
TRANSFUSER, L. transfitsare\ fréq. de
transfundere, par le supin iransftisiim, d'où
aussi subst. transfusionem, fr. trans fiisioti.
TRANSGRESSER, L. transgressare , fréq.
de transgredi, dont le supin transgressum a
donné transgressorem, -ionem, fr. transgres-
seur, transgression.
TRANSIGER, voy. transaction.
TRANSIR, voy. transe.
TRANSIT, mot savant, L. transitus, pas-
sage.
TRANSITIF, L. transitivus; transition,
L. transitionem ; transitoire, L. iransUo-
rius, passager.
TRANSLATER, angl. tramlale, voy. tra-
duire.
TRANSLATION, L. trans-lationem (trans-
ferre).
TRANSMETTRE, anc. tramettre, L. trans
mittere, supin transmissum, d'où transmis-
sion, L. transmissionem, et transmissihU, L.
transmissibilis.
TRANSMUER, L. rra>w-mutor«, d'où t^an^-
mutationem, fr. transmutation.
TRANSPARENT, mot nouveau faitde rra«5.
à travers, et du part, parentem, qui parait,
qui luit. C'est une imitation du gr. cufa/iii,
diaphane. — D. transparence.
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TRA
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TRA
TRAHSPIRER, du L. (fictif; trans-spirare,
s'exhaler à travers, sortir d'une manière in-
sensible.
TRANSPLANTER, L. irans-p/antare.
TRANSPORTER, L. trans-portare, — D.
substantif verbal transport.
TRANSPOSER, déposer, d'après L. trans-
poiiere, dont le supin transpositum a produit
transpositionem, fr. transposition.
TRANSSUBSTANTIER, mot théologique,
changer une substance en une autre. — D.
transsubslan tiation,
TRANSSÏÏDER, L. (fictif) trans-sivdare,
L'anc. langue disait tressuer, transpirer.
TRANSVASER, it. travasare, mot nouveau,
= faire passer d'un vase dans un autre.
TRANSVERSAL, mot scientifique, tiré de
transToersxis, voy. travers.
TRANTRAN. aussi train-train, d'après Lit-
tré, subst. verbal de Tanc. verbe trantranei\
qui représente, selon lui, le néerl. tranten,
trantelen, se promener çà et là. Le mot train
n'y serait donc pour rien.
TRAPÈZE, BL. trapesium, dér. du gr.
T/aâTTîJ», table, puis toute surface carrée.
TRAPPE, prov. et BL. trappa, csp. trampa,
it. (dim.) trappola, du vha. trapo, piège, tré-
buchet. — D. attraper (v. c. m ).
TRAPU, vfr. trape ; Diez admet la possi-
bilité que trape soit venu, par transposition,
du gaél. tarp, monceau (cymr. talp) ; cepen-
dant, il préfère le rattacher au mha. dapfer,
tapfer, solide, ramassé, lourd, gros (= ail.
mod. tapfer, fort, brave), d'où vient le subst.
vha. taphaiH, monceau. On voit de la même
manière se correspondre pour la lettre le
verbe mha. tapfern, maturare,et le fr. traper
r=a egregie succrescere (Dictionn. de Tré-
voux). Auj. on dit encore d'un melon qu'il
trape, qu'il grossit. Trape peut en effet aussi
bien venir du groupe tapar que tremper de
tcmperare.
1 . TRAQUENARD, 1 . cheval marchant une
espèce d'amble appelé entre-pas, puis 2. cette
allure elle-même. Nicot traduit le mot par
asturco. Hier. Victor par chinea, hacanea;
Monet le définit par * qui va l'amble, qui
marche un pas serré, doux, mesuré et
vite ». D'où vient-il? Il faut écarter l'étym.
tricanarius de tricare, « quod intricet pedes n
(Borel, Saumaise). Le P. Labbé dit :
•• Trac vient du bruit que font les chevaux en
marchant, et le môme bruit fait que nous di-
sons - il va son traquenard «.. Littré tire la
valeur de notre mot de celle du suivant (v.
celui-ci). Diez rapproche l'it. ti'accheggiare,
faire lentement, traîner. — Pour moi, il me
semble difficile do le séparer de trac =» allure
du cheval; pour le reste, je ne saurais rien
en dire, sinon qu'il a pu se former par un
subst. intermédiaire traqiion, d'où verbe tra^
qiœner et subst. traquc7iard (qui serait donc
simplement = marchant l'amble, equus tolu-
tarius).
2. TRAQUENARD, piège, trébuchct; do
traque-renard f Qq n'est pas impossible. Lit-
tré rattache notre mot au même radical que
tracanei\ dévider de la soie (dont l'origine est
inconnue). Il voit aussi dans traquenard 1 une
simple déduction de sens ; « le piège, qui est
du genre des trébuchets, a donné son nom à
l'allure dans laquelle le cheval semble trébu-
cher n.
TRAQUER, pr. tirer des toiles autour d'un
bois pour y faire entrer le gibier; du néerl.
trekhen, tirer. Cette origine du mot n'est pas
assurée; il est difficile de le séparer d'un
thème lat. tract (cp. it. tracciare, suivre la
piste); la forme fr. peut n'être qu'une variété
dialectale de ' trac/ier, tracer comme attaquer
de attacher. — M. Ulrich voit dans le thème
traccare une forme romane conmiune issue de
tracticare (de tractum), — D. traque, action
de traquer; traqueur, traquet, piège; peut-
être aussi tracctëser (v. c. m.).
TRAVAIL, it. travaçlio, esp. trabajo, port.
trabalho, prov. trabalh, trebalh, anc. tour-
ment, chagrin, peine, puis ouvrage (même
enchaînement que dans le L. labor]. On s'est
bien torturé pour fixer l'origine de ce mot
roman. Ferrari le fait venir de tribidum, tri-
buîare, Sylvius de trans-vigilia, veille, insom-
nie, Muratori et autres de l'it. x>aglio, tamis
(traoagliare serait pr. = secouer*, Wachter
du cymr. trafod «= travail ; d'autres, moins
aventureux, du gaél. treabh, labourer (cp.
l'ail, arbeiten, pr. labourer, travailler la terre,
et le fr. labourer = L. laborare, travailler).
Diez ne croit pas devoir sortir du domaine
latin ; il voit dans travail un rejeton du verbe
Jravar (d'où le fr. en-traver), arrêter, empê-
cher, qui lui-même procède du subst. L. trabs
(vfr. tref), poutre. Travail c'est pr. mettre
des bâtons dans les roues, entraver ; de là
se dégage l'acception contrarier, tourmenter.
Voici, en définitive, l'encliainement des for-
mes et des acceptions : Trabs, poutre, barre ;
— de là le type trabare, d'où esp. travar,
mettre des entraves (cp. le fr. embarrasser
de barre) ^ arrêter, empêcher, tourmenter,
contrarier, — puis la forme diminutive tra-
bacuiare, ou -iculare, avec les mêmes signi-
fications, d'où travailler, traveiller, etc. —
De là le subst, verb. travail, 1. (sens propre)
appareil composé de poutres pour tenir en
respect les chevaux vicieux; 2. (sens fig.) con-
trariété, peine, tourment (cp. embai'ras). Du
subst. verbal travail s'est de nouveau dégagé
un verbe travailler, de seconde formation,
signifiant se mettre en peine, se donner du
mal, s'efforcer, exercer ses forces sur qqch.,
comme labor, peine, a donné lafjoi'are, tra-
vailler. — L'angl. a travcl = faire du che-
min, voyager ; le vfr. donnait la môme accep-
tion au verbe traveiller et le bavarois arbei-
ten a le même sens. C'est la peine, l'effort,
envisagés à un point de vue spécial.
TRAVAILLER, voy. l'art, pi-éc.
TRAVÉE, d'un type latin trabata, dér. du
L. trabs, trahis, poutre.
TRAVERS, du L. trans-versus, tra-versus,
placé (pr. tourné) en travers, oblique ; de là :
subst. ma.sc. travers (l'idée d'obliquité a dé-
gagé le sens moral irrégularité, bizarrerie,
32
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TRÉ
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TRE
caprice), fém. traverse; les locutions adverb.
de travers, à travers, au travers de, l'adj.
traversier, le subst. traversin, oreiller qui
occupe toute la largeur du lit, etc. ; le verbe
traverser, passer à travers.
TRAVERSER, voy. Tart. préc. — D. tra-
versée.
TRAVESTIR, it. travestire, d'un type latin
trans-vestire, faire changer de vêtement.
TRAYON, dér. àe traire (V. c. m.).
TRÉ..., préfixe, voy. trans,
TRÉBUCHER, esp., prov. trabucar, sens
actif = renverser, jeter à terre, sens neutre
= tomber à la renverse. Selon Diez, ce verbe
est un composé du préfixe trans^ tra et du
vfr. biic, qui signifiait tronc, buste du corps
humain (voy. buste 2j et que l'on croit iden-
tique avecit. buœ, buca, cavité, trou. Comme
analogie, il cite l'it. trambustare, renverser,
de busto, buste. Trébucher qqn. serait donc
pr. faire dévier le tronc de sa direction natu-
relle en passant sur quelque obstacle. —
Nous n'avons pas une foi entière dans cette
étymologie. Évidemment, Ton ne peut guère
séparer trabucher trébucher, de l'it. traboc-
care, lancer, jeter, renverser. Or, ce verbe
ital. dérive de trabocco, baliste (cp. accabler,
pr. abattre, de cadabula). Ou fautril, en sens
inverse, dériver trabocco, l'instrument, du
verbe traboccare, et voir, comme le pense
Diez, dans ce dernier, une simple variété de
trabiicaref — Au SuppL, Littré observe que
l'it. ^raftoccarc signifie pr.jetersurla bouche,
comme le vfr. ad enter jeter sur les dents.
Mais en admettant le primitif ôe^cca, L. biicca
pour traboccare, comment le fr. a-t-il trébu-
cher et non pas trcbouchcr î pourquoi le prov.
distinguc-t-il les voyelles dans trabucar (tré-
bucher) et dans abocar (renverser)? — Si l'on
trouvait quelque part le type trabuscare, rien
ne serait plus facile que d'expliquer le mot
par « mettre une bûche à travers « pour faire
tomber; mais le radical ne se rencontre que
sous la forme bue (non pas bitsc^j. — Enfin, no
pourrait-on pas invoquer un primitif ^ro^wca,
trabucus, dérivé de trabs avec le sens de
poutre mise en travers, traverse (cp, carmica,
massuca et tant d'autres^l Cp.en li.trabacca,
baraque, autre dérivé de trabs. — Do trabu-
cus rapporté à trabs, viendrait le dimin. tré-
buchet, 1. obstacle, piège, 2. barreau, fléau,
levier d'une balance. Les subst. prov. trabuc,
esp. trabuco, it. trabocco =-- baliste, s'accom-
moderaient aussi d'un primitif trabs.
TRÉBTJCHBT, it. trabocchetto, voy. l'art,
préc.
TRÉFILER, type ly'ans-filare, passer le fil
à travers la filière. — D. tréfileur, -ei'ie.
TRÈFLE ne peut venir du L. trifolium que
par un déplacement de l'accent primitif : tri-
foUum, triflium, trèfle. L'accent sur o est
respecté dans le vfr. trefeuJ, prov. trcfeuil. —
D. tréflier, chardonneret.
TRÉFONDS, d'après NicotetDu Gange, con-
traction de tfi^^ce fundus. Cette étyra. est par-
tagée par Darmcsteter ; d'abord ter fonds.
d'où, par métathèse, tréfofuis (c^.ïtJremwào
a=r terrse motus). D'autres expliquent le mot
par très -\- fonds, fonds, allant au delà du
sol, c.-à-d. sous le sol. Grandgagnage est con-
traire à Tét. terrœ fundus et démontre que
très-fonds est simplement une forme superla-
tive de fonds n'ayant en soi d'autre significa-
tion que celle de ce dernier ; pour ainsi dire
archi-fonds. 11 aurait pu à ce sujet invoquer,
comme formation, le BL. transcensus (1138;,
plus tard trecensus, rente d'un fonds de terre
(voy. Du Cange). — D. tre'foncier.
TREILLE, prov. trelha, du L. trichila, tri-
cla, triclia, berceau de verdure. — D. wrbe
treiller, d où treillage et treillis, assemblage
de barreaux de bois qui se cix>isent en forme
de treille.
1 . TREILLIS, voy. l'art. pi*éc. — D. ireil-
lisser.
2. TREILLIS, toile grossière, vfr. trelis,
treslice, it. traliccio, esp. trelis, du L. trilix,
tissu de trois fils (licium), qui est ausâ le
type de l'équivalent ail. drillich.
TREIZE, du L. tre-decim, cp. seize àe sedc-
dm, onze de un-decim,
TRÉMA, du gr. rpr^fia, trou, puis les
points^ percés dans les dés à jouer.
TREMAIL, voy. tramail.
TREUBLE, it. tremula, du L. tremida, s.
e. populus, peuplier tremblant. — D. trem-
blaie.
TREMBLER, it. tremolare, esp. tremblar,
BL. tremulare, de rac(j. L. tremulus \\xe-
mere),^ agité, tremblant. — D. trembloter,
TRfiliQE, forme altérée des vieux mots trc-
mule, trémoiCy it. tramoggia, sic. trimoja,
prov. tremueia. Selon les uns, de L. trinvodius
(la trc mie envisagée comme renfermant tr&
modios) ; selon d'autres (et c'est à eux que
nous donnons raison, la trémie étant toujoui's
dans un état de tremblement); tramog^a
serait pour trema-moggia (moggia =-fr. tnuh
représente le L. modia p. modius, boisseau ,
donc pr. = boisseau tremblant. Cp. l'expr.
angl. mill'hopper,(-= trémie), litt. sauteur de
moulin, et les expr. BL. tremellum, tremula.
TRÉMIÊRE (rosé), du L.tremere,iTemUer;
cp. l'ail, zitter-rose. Comme cette rose en réa-
lité n'a rien qui justifie cette origine, Legua-
rant explique son nom par une corruption
d^outre-mcr. — Selon d'autres de Treinkr*
importateur de la plant« (?j.
TRÉMOIS. blé de trois mois, BL. trerii^-
sium, du L. trimense, s. e. triticum.
TREMOUSSER ; on est t«nté d^ voir le radi-
cal latin trentere, mais il resterait à justifier le
sufiixe ousser, à moins de trouver quelq"û
type italien tremosso, tremozsare. Diez expli-
que le mot par un vocable barbare trmi-^
motiare, se remuer fort (tratîs marquerait
l'excès comme dans tressaillir). Ce qui app«'^
cette étyni., c'est le participe it. mosso, àc
muovere, mouvoir.
TREMPER, transposé de l'anc. temprer, n-
tempj'are, angl. temper; voy. tempérer. —
L'application du sons « durcir, aciérer » a»
lat. tempcrare se rencontre dès le iv* siècle
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TRÉ
— 499
TRI
(Rônsch., Jahrbuch, XIV, 339). — D. trempe;
détremper,
TREMPLIN, selon Bracliet, de Tit. tram-
pellino, mais je cherche en vain ce mot dans
les dictionnaires ; je crois plutôt que tremplin
est une forme nasalisée de trepelin et vient du
vfr. trepeler, dim. de trcper, sauter (voy.
trépigner). Ou bien il vient, comme l'it. tram-
poli^ échasse, directement de l'ail, trampeln,
angl. tramp, trample, trépigner, marcher,
fouler.
TBENTE,.it. trenta, esp. treinta, du L.
triginia, — D. trentième, -aine,
.TRÉPAN, it. trepano, trapano, du grec
TpvTstvîv, m. s. — D. trépaner.
TRÉPAS, voy. l'art, suiv.
TRÉPASSER, a'nc. tres-passer, it. trapas-
sare, outre- passer, puis fig. passer de la vie à
la mort, mourir. Voy. aussi l'art, transe, —
D. subst. verbal trépas, mort, autref. = pas-
sage en général.
TRÉPIED, it. treppiede, du L. tri-pes, gén.
tripedis, à trois pieds.
TRÉPIGNER, p. trepiner, dérivé du vfr.
treper, sauter. Treper, triper, appartiennent
à la racine trap, triji, à laquelle se rattachent
les mots germaniques trappen, trappeîn,
trampehi, trempeîn, irippeln, néerl. trippen,
angl. trip, etc., qui tous expriment mouve-
ment du pied. Cette racine se trouve égale-
ment dans le celtique. Voy. aussi le mot ti^em-
plin.
TREPOINT ou trépointe, litt. (chose) piquée
à travers.
TRÈS, voy. trans,
TRÉSAILLE, pièce de bois pour maintenir
les ridelles d'un chariot; ce terme est sans
doute de la même famille que trésillon, mor-
ceau de bois pour serrer deux cordages ou
pour séparer des ais nouvellement sciés. Kn
1 absence de toute autre information, je fais
dériver ces mots de très, anciennement le cas
sujet de tref, pièce de bois, qui est le latin
trabs ou trahis. Nous aurions-là un de ces
cas où Vs accidentel du nominatif a persisté
dans la dérivation (cp. fond, nomin. fous,
verbes fonser, foncer, enfoncer; L. j^^^teus,
fr. puch et (avec 1'* de flexion) puis, d'où
jmiser). Je rattache au môme ii'és, pièce de
bois, un verbe hypothétique estresiller, mettre
des étançons pour soutenir des terres ou des
murs, d'où nous est resté le terme technique
étrésillon, pièce de soutien.
TRÉSILLON, voy. l'art, préc.
TRÉSOR, it., esp. tesoro (v. esp. tresoro),
prov, thesaiir, du L. thésaurus (gr. diiiaucôi).
D'où vient Vr de la forme française? Est-ce
une simple insertion euphonique, comme dans
fronde de funda, ou une transposition de l'a
linal? Diez pense que cette insertion, parti-
culière aussi au napolitain trasoro, remonte
très haut, puisque l'ags. a trésor et le vha.
treso, triso, et que ces mots germ. sont d'im-
portation romane. Il se peut, dit-il, qu'elle
soit basée sur une raison étymologique. Il est
établi que le mot latin tliesaurxis a été pré-
cédé d'une forme thensaums, qui, s'étant con-
sei*vée parmi le peuple, a pu passer dans le
roman (on en trouve une trace dans le breton
tensaour). De tensaur se serait produit tnesor,
puis trésor (pour ?i changé en r, cp. la forme
latine frestra, qui se trouve chez Papias p.
fcnestra, fnestra).
TRESSAILLIR, du type trans-salire, sauter
fort [trans préfixe de l'excès). — D. tressail-
lement,
TRESSAÏÏT, en termes de monnaie, inéga-
lité entre deux essais d'une même espèce ; d'un
type trans^altus ; c'est donc un terme analo-
gue à ressaut =« resaltus; cp. le mot saillie,
TRESSE, anc. trece,it, treccia, prov. tressa
(esp. trenjsa, port, trança). Les étymologies
L. tricœ, embrouillement, confusion, ou grec
^pfÇ» gèn. T/51X0Ç, cheveu, sont insoutenables.
Mieux vaut celle tirée de l'adv. rpix%, en trois
parties, d'où a pu se produire un subst. tri*
chea, puis treccia (cp. L. brachium, it. brac-
cio). Cette manière de voir, qui est celle de
Diez, a pour elle le rapprochement de l'it.
trina, pi-ov. trena, synonyme de treccia et
venant du L. trinus, triple. Elle se recom-
mande en outre en ce que le mot latin trichea
n'est pas trop hypothétique, puisqu'il fournit
en même temps le primitif de tinchila, d'où
fr. treille, — D. tresse}-, -eur, -oir.
TRÉTEAU, anc. trestel, BL. trestelhis,
angl. trestle; selon Diez, du néerl. drie-stdl,
siège à trois pieds. Cola me semble probléma-
titjue, et je préfère l'étymol. L. transtrum,
proposée par Diez en seconde ligne. Trans-
trum, traverse, poutre — dim. transtellum
— fr. trestel constituent ime série de formes
parfaitement correctes, et je renonce à la con-
jecture transitellus, trastellus, que j'avais
posée dans ma première édition. D'après
Littré, du cymr. trestyl, m. s., dér. de trawst,
poutre.
TREUIL, anc. = pressoir, auj. = machine
pour soulever des fardeaux; c'est le prov.
trolh. Celui-ci est p. torlh et vient, comme
l'it. torchio, torcolo, pressoir, du L. torculum,
m. s. (twquere, tordre, tourner).
TRÊVE, vfr. trive^ triuwe, it., esp., prov.
tregua, port, tregoa^ BL. treuga. L'ancienne
acception de ces mots est sûreté, « securitas
prsestita rébus et personis, discordia nondum
finita »' ; de là s'est déduite celle de suspension
d'hostilités. Du vha. triuwa, tnwa, goth.
int/gua, confiance, sécurité; de triggua vient
tregua (par transposition (re'u^a), d'où tregva,
treva, trêve.
TRIAGLEUR, charlatan, fanfaron, pr. ven-
deur de ihériaque; du vfr. triacle p. triaque
= L, Xhenaca.
TRIANGLE, L. tn-angulus, d'où triangu-
laire et trianguler, d'où triangulation.
TRIBORD, p. stribord (v. c. m.}.
TRIBU. L. tribus,
TRIBULATION, L. tribulationem, du verbe
trihulare, écraser, tourmenter, affliger, d'où
it. tribolare, \iT. trible^\ écraser, ainsi que les
anc. termes tnboulei* et tribouiller, remuer,
troubler, tourmenter.
TRIBUN, L. tribunus (tribus). De là : tri-
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TRI
— 500 —
TRI
uunatus, fr. tribunat, et tribunal, pr. le siège
plus élevé où siègent les tribuns ou les magis-
trats, fr. tribunal. I^ sens « siège élevé »•
s'est conservé dans le mot BL. tribuna, fr.
tjnbune.
TRIBUNAL, TRIBUNE, voy. l'art, préc.
TRIBUT, vfr. treût, du L. tributwn, —
D. tributaire f L. tributarius.
TRICHER, vfr. trecher^ it. treccare, prov.
tHchar, Diez, rejetant, pour des scrupules
pbonologiques, l'étymologie L. tricari [i long),
faire des difficultés, des détoui's, rattache le
mot au néerl. trek, trait (cp. l'expr. fr. « faire
des traits »), subst. du verbe trekken, mha.
treche7i, tirer; cp. l'angl. trick, tour de main,
trait d'adresse. — Storm incline pour l'éty-
mon tricari^ repoussé par Diez. Ve dans le
vfr. trecher, it. treccare se justifie pleinement,
dit-il, si l'on admet pour la basse latinité le
redoublement du c radical {triccare), de mérnc
que les formes romanes nous obligent d'ad-
mettre un type ghUtus p. glûtus^ cupjux p.
cdpa (Rom., V, 172). — D. tricheur, triche-
rie, vfr trecerie,
TRIGOISE, champ, trecoise, tenaille, du
néerl. irek-ijscr^ fer à tirer. — Je tire cette
étym. de Diez ; mais trek-ijzer a-t^il jamais
signifié tenaille? Auj. il ne signifie que filière.
Dans Palsgrave, je trouve, comme équivalent
de pinces, estriquoires, et le rouchi dit esiri^
caisse. Cela nous porte vers étHquer. —
D'après Littré, qui s'appuie sur des textes,
tricoises est une altération deturcoises; donc
tenailles à la turque. Mais, à mon avis, les
formes turcoise, timcoise, sont tronquées de
estrucoise, esturcoise, mots constatés par
Godefroy et évidemment altérés de estHcoise.
TRICOLORE, L. tri-color' (cp. bi-color), à
trois couleurs.
TRICOT, 1 . subst. verb. de tricoter, 2. =
bâton, voy. trigue.
TRICOTER, former des mailles avec un fil,
pour cstricoter (cp. pâmer p. espasmer), de
l'ail, strickeii, m. s. (pr. faire des nœuds). —
Littré préfère l'étym. tricot, bâtonnet ; l'aiguille
en bois aurait été nommée une petite trique^ —
D. tricot, subst. verbal.
TRICTRAC, mot de fantaisie; anc. tictan,
onomatopée tirée du bruit que font les dés
lancés sur le damier.
TRIDE, t. de manège, vif, prompt, angl.
tride; emprunté à l'angl. ou l'inverse? L'ori-
gine m'est inconnue et je décline les conjec-
tures L. tritus au sens de « exercé, habile »
(Millier) et angl. tread, fouler (Littré).
TMDBNT. L. tH-dentem, A trois dents.
TRIENNAL, -AT, du L. tri-ennis (annus;,
de trois années.
TRIER, prov., cat. triar, angl. try. Suivant
Diez, du L. tritare, fréq. de terere isup. tri-
tura), broyer. Le sens actuel se serait dégagé
de la locution « granum terere »», battre le
blé, c.-à-d. séparer le grain de la paille. Le
philologue allemand invoque en sa faveur !e
l)rov. triar lo gra de la palha^ le norm. tril-
lor et rouchi trilier^ qui répondrait ù un type
tritularc, puis l'it. trilare, qui signifie à la
fois broyer et examiner de près. Je me rends
volontiers à l'autorité de Diez ; pour ma part,
j'y avais vu le L. ex4ricare, it. strigare,
démêler (chute du préfixe comme dans pâmer
p. espasmer, dans les patois saier p. essayer).
— D. triage (sir. tri, trie).
TRIGAÙD, BL. tricaldus, du L. tricari,
user de finesses. — D. trigauder, -erie.
TRIGLE, poisson, du gr. rplyl^, m. s.
"TRIGONOMÉTRIE, mcsurage 0»srpt«) des
triangles irpl/uvov).
TRILLE, it. trillo, tremblement de voix ;
verbe it. trillare, fr. triller, ail. triUern, angl.
trill; probablement une onomatopée; le mot
danois trille, suéd. tHlla, rouler, rapproché
de l'expr. fr. roulade, mérite cependant d'être
pris en considération.
TRILLION, formé de très, comme billion
de bis; c'est le troisième ordre en partant do
million comme premier; million =1000 mille;
billion = 1000 millions; trillion = 1000 bil-
lions.
TRIMBALER, mot populaire, fonne nasa-
lisée de tribal 1er, qui signifie agiter, secouer,
danser, et qui semble être une modification
de triboider (voy. tribulation)} Ou bien faut-il
y voir une contraction du mot équivalent
trinquebaler (Rabelais), lequel est peut-être
pour treque-baller (néerl. trekken) = tirer,
remuer le paquet? En Hainaut, trihbale, et
dans le rouchi, trinkebale désignent des char-
rettes à la main pour traîner des fardeaux.
L'idée première attachée au verbe parait, en
eflet, avoir été «• traîner par les chemins -.
Voy. aussi triqueballe.
TRIMER, marcher vit«, se fatiguer; Che-
vallet le tire du bret. tremeni, cymr. tramwy,
courir çà et là ; Diez rapproche v. esp. trymar,
courir çà et là, et le basque trimatu, se fati-
guer (ce dernier do provenance romane). Le
mha. présente trimen, l'angl. trim, signifiant
vaciller, balancer. En Normandie, on dit
tramer.
TRIMESTRE, L. trimestiHs, — D. trimes-
triel.
TRINGLE ; Diez ne connaît pas l'étymologie
de ce mot, il rappelle seulement, en suivant
Ménage, le BL. taritigce, broches en fer, mais
sans dire d'où vient ce dernier. Je crois que
tringle ne veut dire autre chose que « règle »,
car on dit encore tringler pour tracer une
ligne; cela favorise l'étymologie suivante :
tringle p étringle (cp. trésillon, t. de marine,
p. étrésillon, pâmer p. épàmer, etc.), d'un
type strigula (avec n intercalaire), dimin. du
L. stj'ix, raie, rainure, cannelure. — D. irin-
gler, tringlette.
TRINGUEBALLE, voy. triqueballe.
TRINITÉ, L. trinitatem (trinus). — D, tri-
nitaire.
TRINQUER, it. trincare, de l'ail, trinhen,
boire.
TRINQUET, mât de misaine des bâtiments
gréés en voiles triangulaires, it. trinchetto,
esp. trinquete; d'origine incertaine. Le mot
désignant d'abord la voile (triangulaire), Diez
allègue l'esp. triiica, assemblage de trois
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TRI
501
TRO
choses, mais aussi it. trinche, esp. trincas,
cordages à lier. Muller cite le L. tHquetriis,
triangulaire. Storm (Rom., V, 186) reconnaît
ce dernier comme l'original. De là, par dissi-
milation triqut^o, triketto^ puis par nasalisation
(phénomène fréquent devant les gutturales),
trinketto, — L'esp. irinca, trincas accuse un
type "trinica^ triple, formé de trinus comme
tinicus de unit s (Bugge).
TRK). mot italien.
TEIOLDT, petit poème de huit vers, dont
le premier vers se répète après le troisième et
le sixième. Le nom vient de la triple répétition
du premier vers ; rac. tri = L. tris, ires,
TRIOMPHE, L. triwnphus, — D. triom-
pher^ triomphateur^ -al.
TRIPE, esp., port, tripa^ it. trippa, boyau,
puis, par métonymie, ventre (d'où tripaiU",
ventru); on trouve aussi angl. tripe, anc.
flam. trijpf cymr. et basque tripa, mais ces
mots semblent importés du roman. L'étymo-
logie du mot est encore douteuse. Voici, en
attendant, ma conjecture : tripe est pour
estripe (cp. les mots tringle et trique) et vient
de Tall. striepe, strippe, courroie, lanière.
Cette étymologie ne s'accorde pas avec tripe
dans sa signification de ventre, mais cette
dernière, comme je l'ai dit, est secondaire.
Par contre, elle a pour elle la forme bretonne
stripen et BL. stripa. Ce qui la rend suspecte,
c'est qu'elle fe!*ait du terme fr. la source des
autres mots romans cités, et qu'un ancien mot
BL. estripa ne se trouve que comme nom
d'étoffe, qui est, toutefois, encore une des
acceptions du fr. tripe, — D. tHpette, tri-
paille^ tripière, triperie, verbe étriper,
TRIPLE, L. triplex ou plutôt triphis. —
D. tHpler,
TRIPOLI, sorte de craie, selon Bescherelle,
de la ville de Tripoli en Syrie.
TRIPOT, voy. l'art, .suiv.
TRIPOTER, brouiller, mélanger. Le mot
exprime confusion, ou plutôt mouvement
désordonné, le va-et-vient sans but déterminé;
ne serait-ce donc pas un dimin. du vfr. triper,
trepcr, marcher, faire des petits pas (le champ,
dit en effet tripoter, avec le sens de frapper du
pied, danser), dont il a été question sous tré-
pigner t Le sens « place rései-vée aux joueurs
de paume », puis u maison de jeu n, attaché au
subst. tripot, s'aoxîorderait assez bien avec
cette étymologie ; c'est la place pour les mou-
vements, les ébats. — Ou bien faut-il partir
d'un subst. tripot, marmite, qui serait fait de
pot, sous l'influence de L. ttHpiis, tnpodis,
trépied? Mais alors, d'où vient tripot au sens
de jeu de paume? Tout cela reste encore à
débrouiller. En tout cas, le L. tripudiare,
danser, trépigner, doit être écarté. — D. tripot,
tHpotage, tripotier.
TRIQÏÏB, bâton, p. étriqué (cp. tain p.
e'tain, champ, train p. estrain, etc.), du
néerl. stiijken, frapper (ail. streichen), angl.
strike, — D. tricot, gros bâton; triquet, petit
battoir au jeu de paume; triquer, aussi tricoter,
donner des coups de bâton.
TRIQUEBALLE, litt. trainc-ballc, traîne-
fardeau. Do trique7* = néerl. trekken, tirer.
Tringueballe est la forme nasalisée du même
mot. Verbes : triqueballcr, tringuebaler, d'où
par contraction, trimbaler {y. c. m.). Cp.
brimbaler. Voy. Darmesteter, Composés,
p. 197.
TRIQUE-MADAME ou tripe-madame ; j *aban-
donne à la fantaisie d'autrui le soin de tirer au
clair l'origine de cette appellation populaire
de la petite joubarbe. Voy. Littrô.
TRIQUER, au sens de choisir, séparer, trier,
ne peut guère s'accorder avec un type tricare
ou extricare (voy. l'art, trier) ; aussi Diez le
rangc-t-il sous le mot roman treccare = néerl.
trekken, tirer, extraire. Cp. tnqiceballe.
TRIQUET, voy. trique.
TRISTE, L. tristis. — D. tristesse, L. tris-
titia; verbe factitif o^^W*/^.
TRITURE, L. <nïi<ra(terere), broiement.—
D. triturer, L. triturare.
TRIVIAL, L. irivialis, m. s., de trivium,
endroit où aboutissent trois chemins (très viœ),
carrefour. De là se déduit le sens « commun,
rebattu, vulgaire »». — D. trivialité.
TROC, subst. de troquer.
TROOART ou TROISQUARTS, instrument
de chirurgien, mauvaise orthographe p. trois-
carres, instrument à trois ca)*res (can^c =
angle, fac«).
TROGHE*, dim. TROGHET, bouquet natu-
rel de fleurs ou de fruits; ce mot pourrait
bien être de la famille de l'ail, traube, grappe,
vlia. drupo, par l'intermédiaire d'une forme
BL. drupea, trupea. Quelques dialectes ail.,
du reste, présentant la forme trauch, et le
wall. a troke, grappe, bouquet. — Ou troceh
serait-il une transposition de torche et signi-
fierait-il proprement faisceau? Un autre dérivé
de troche est le t. d'agriculture trochée.
TROËNE, en bot. Ligustrum vulgare; anc.
formes troine, tronne, troesne. Forme origi-
naire fictive : *trûg-inus. Pour la dérivation,
cp. les noms d'arbre querdnus^ fraxinus,
carpinus (fr. chêne, frêne, charme). Pour le
radical germ. trugi, Bugge renvoie à vha.
hart-trugil ihart, dur), auj. /iar/r?>^e/ (Cornus
sanguinea, aussi Ligustrum vulgare), dont
l'origine est soigneusement examinée dans
l'article du savant linguiste suédois (Rom..
III, 158).
TROGNE, piémont. trogno; Palsgrave :
troignettc, petit visage ; selon les uns du cymr,
UtDyn, Cornouailles tron, museau; Diez pré-
fère le nord, triona (dan. tryna), groin de
cochon. Du français vient le néerl. tronie,
Diez indique aussi le L. truo, -onis ^corbeau
de mer), employé par CaMîilius pour un
homme à gros nez et dont a pu très bien déri-
ver une forme trogno, trogne.
TROGNON parait, d'après Diez, venir du
vfr. tron, m. s., comme rognon de rein;
quant à <m«, il pourrait être abstrait de tron-
çon. — L'esp. dit truncha di wia col, le sarde
a truncu, p. tronc de chou. — Voy. slvls^ï trou
de chou,
TROIS, vfr. treis, du L. /m*. — D. tj-oi-
sidme.
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TRO
— 502
TRO
TRÔIiSR, mot germanique : ail. troUen,
angl. troll, irowl, rouler, puis courir çà et là.
Il faut prob. disjoindre de ce mot le vfr. trau-
lej\ qui est le L. ou it. travolare, traverser
rapidement, s'envoler.
TROMBE, anc, trompe, it. tromba, voj.
trompe.
TROMBLON, p. trombelon, de Tit. tromba,
tube, arme à feu.
TROMBONE, mot italien, augmentatif de
tromba, trompette.
TROMPE, esp. , port, trompa, it. tromba,
prov. trompa et tromba. Du L. tuba, avec
insertion de r (cp. trmxar p. tonar, tonner) et
de m (cp. prov. pimpa p. pipa). Cette étymo-
logie de Guyet, reprise par Diez, se confirme
par Ja circonstance qu'en it. tromba signifie
aussi tuyau, tube (comme en latin le mot tuba
n'est que le fém. de tubus). — D. vfr. trom-
per, publier à son de trompe; dim. trompette,
it. trombetta, — Le fr. trombe fit. tromba)
est-il identique avec trompe = trompette ou
plutùt = tuba, ou représente-t-il une transpo-
sition du L. turbo (d'où tourbillon)! Nous
inclinons pour la dernière opinion, d'autant
plus que le L. turbo, au sens de toupie, s'est
également transformé en esp. trompo et
trompa, et le fr. trompe lui-même signifie
parfois une coquille en forme de toupie. (Voy.
aussi l'art, tromper.) L'étymologie tuba, du
reste, peut au besoin aussi s'appliquer k la
trombe d'eau, par laquelle on entend une
« colonne •• d'eau qui s'élève en tourbillon à la
surface de la mer; aussi les Allemands la
nomment-ils toasser-trompete (aussi voasser-
hose, pr. culotte d'eau). — Si l'on n'avait
à faire qu'au fr. , nous rattacherions trompe,
aussi bien que trombe, au L. strombus (grec
txrpdfipoç), objet en spirale, à forme conique,
puis aussi tourbillon ; la chute de Vs initial
n'est pas sans précédent (cp. pâmer). — Une
dernière étym. de trompe^ celle de Settegast,
doit être enregistrée ici, d'autant plus que
G. Paris la tient pour très vraisemblable : L.
triump(h)are est devenu trumpare, comme
quieto est devenu queto ; ce verbe a pris le
sens de « faire entendre un son joyeux,
bruyant »; de là le subst. trompa, fr. trompe,
angl. trump, de là aussi l'ail, trumpf, la
carte victorieuse. G. Paris n'approuve plus
M. Settegast quand il pose triumphare
comme le primitif do tromper, décevoir
(Rom.. XII. 133.)
TROMPER, décevoir, v. esp. trompar. L'é-
tymologie de ce mot est loin -d'être fixée. Il ne
faut pas perdre de vue qu'avant de dire « trom-
per qqn. •» on disait « se tromper de lui » (cp.
se jouer de qqn. et jouer qqn.). Or, * se trom-
per de qqn. » signifiait d'abord s'amuser, se
moquer de lui. D'après Génin, le mot se rat-
tache au subst. trompe, en tant que celui-ci
signifiait guimbarde. Que ce soit la guim-
barde ou la trompette qui a donné naissance
à l'expression, peu importe (cp. en ail. eincm
etvoas vorblasei^k, vorpfeifen, au fig. =^ en
débiter à qqn.), cela reviendrait, pour la fixa-
tion de l'idée qui y était primitivement atta-
chée, à la même chose. — Diez pense que
tromper, décevoir, duper, vient de trompe =
toupie (L. turbo) et veut dire pr. faire tourner
qqn. dans un cercle, au lieu de le conduire
droit au but. Une fois qu'on a recours à tuHw,
autant vaudrait, quant à la lettre, partir du
verbe turbare = troubler ; mais dans l'un on
l'autre cas on ne se rendrait pas bien compte
de l'ancienne tournure « se tromper de qqn. ».
Citons encore l'étymologie suivante de Valois
le Jeune : L. stropha, ruse, artifice, d'où^ro-
phare, puis, par la chute de Vs initial, tro-
pare, nasalisé en trompare. — Tobler (Gôt-
tinger gelehrte Anzeigen. 1874. p. 1044)
admet aussi l'identité de tromper, décevoir,
avec tromper, jouer de la trompe. — D. trom-
peur, -erie; cps. détromper.
TROBIPETTE, voy. trompe. — D. trompeter.
TRONC, L. truncM. — D. tronçon (v.c.m.);
verbe tronquer, L. truncare. — Le terme
d'architecture tronche (d'où tronchet) repré-
sente la forme féminine de truncus.
TRONGE, TRONCHE, variété féminine de
tronc. — D. dim. trotichet.
TRONCHET, voy. l'art, préc.
TRONÇON, peut dériver de truncus, tronc,
par un type L. truncio (cp. arçon de arc),
mais Diez préfère, avec raison, y voir le dérivé
direct de trons (v. pi. loin s. trou de chou].—
D. tronçonner, vfr. tronconer.
TRONE, anc. trosne (s intercalaire), du L.
thronus, gr. ^pôvoç, siège. — D. trôner, dé-
trôner.
TRONQUER, voy. tronc.
TROP, it. troppo, est le même vocable que
BL. troppus (voy. troupe); il exprimait en
premier lieu une grande quantité en général,
puis excès de quantité ou de mesure. Au xvi^
siècle encore, trop était synonyme de beau-
coup ; on disait ainsi trop mieux.
TROPE, L. tropus (gr. rpônoç), litt. tou^
nurc.
TROPHÉE, angl. trophy, it., esp., port,
trofeo; du L. tropœum, qui est le gr. rpcinto».
Le pA p. p serait-il l'effet de quelque confu-
sion entre les synonymes grecs «-^of «»«« et
TjDoffaîoçl Au reste, pour /"oupA substitué à/),
rappelons les mots fr. golfe et it. Jsifile p.
Hypsipyle.
TROPIQUE, du gr. rooirwo;, L. tropicits,
m. s., litt. tournant.
TROQUER, vfr. trocher, esp., port, trocar;
d'origine douteuse. En désespoir de cause, on
a mis en avant l'ail, trug, tromperie, ou le gr.
rpô^oi, course circulaire. Diez émet deux con-
jectures : 1. de rpo^T/i, tour, changement, ou
plutôt de l'adj. rponixâi (cp. tropica — chan-
gements, mot employé par Pétrone), d'où tro-
picar, trop*car, trocar ; 2. du L. vicis, tour,
changement, d'où le composé tra-vicar, trau-
car, trocar. Langensiepcn y voit une transpo-
sition detorqitar, et compare, pour le sens,
l'ail, verdrehen =» vertauschen. — Le mot fr.
troquer, ainsi que l'angl. truch, parait tiré
directement de l'espagnol. — D. subst. verb.
troc.
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TRO
— 503 —
TRO
TROTTIR, it. trottare, esp., prov. trotar,
ga<U. trot, cymr. trotio. L'expression latine
« ire tohUim •». = ajler au trot, permet de
supposer, avec Sanmaise, un verbe latin tolu-
tare, contracté en tlutare, d'où, par la muta-
tion de / enr, trutare, trotare. — D. trot, trotte,
trotteur, trottoir, trottin, trottitier, vfr. tro-
tier, qui répond au L. tolutarius.
TROU, voy. trouer.
TROUBADOUR, voy. troiwer,
1. TROUBLE, adj. verbal de troubler (cp.
les adj. lâche, comble),
2. TROUBLE, subst. verbal de troubler.
TROUBLER, vfr. torbler, du L. turbulare,
dim. de turbarc, troubler. — D. trouble,
TROU DE CHOU n'est pas. comme pense
Littré, une simple variété de tronc de chou,
bien qu'il dise la même chose : Trou est ici,
daprès Diez, une altération de vfr. tours,
trous, aussi par nasalisation trons; c'est le
même mot que it. torso, esp., port, trozo,
prov. tros itros del caul), qui signifient tro-
gnon, tronc, tige et qui sont = L. tht/rsus,
tige, pousse.
TROUER, picard trener, wall. trawer, prov.
traucar, BL. traucare. I^s étjmologies par
gr. Tpûîi» ou goth. thairkô .sont impossibles.
Par simple conjecture. Diez propose pour trau-
car, la forme provençale d'où émane le mot
français, un type tra-bucar, dans le sens de
percer (cp. it. huco, creux, trou, bucare, creu-
ser-, d'où traVcar^ traucar [c^. aul de avolus,
faula de fabula). C'est la seule étymologie
plausible et correcte que nous ayons rencon-
trée. Les langues celtiques présentent cymr.
tnoch, bret. troch, incision, coupure. — D.
subst. verb. trou, prov. tranc, BL. traugus
(loi des Ripuairos). anc. cat. troc; subst. part.
trouée.
TROUILLE, résidu de la fabrication des
huiles, subst. verbal de trouillcr, dér. de
troxUr ou treuil, pressoir.
TROUILLOTTE, voy. truble,
TROUPE, esp., port, tropa, prov. t^'op, '==
grex (l'it. truppa est tiré du fr.). La loi Alle-
mannique présente déjà le mot troppus p.
troupeau. Quant à son origine, on a longtemps
tâtonné. On s'est adressé au gaél. drobh, m.
s., mais celui-ci est, selon Diez, l'angl. drove,
qui à son tour est l'ags. drdf, subst. do dréfan,
= ail. mod. treiben, faire aller (cp. L. agmen
de agere) Le cymr. torv, troupe, répond au
L. turba. Diez, jusqu'à meilleure information,
s'est déclaré en faveur d'un type turpa, gâté,
sous l'influence germanique, du L. turba. De
là, par transposition, procéderait irnpa, tru-
pus, — L'obscurité qui régnait jusqu'ici sur
troupe paraît devoir se dissiper par l'étymo-
logie mise en avant, dès 1872, par Storm
(Rom.. I, 490). Il rattache BL. troppus au
gerni. thorp, torp (auj. dorf, village), dont le
sens premier, comme il le démontre, a été
assemblée, multitude, troupe, troupeau. L.
turba, dit-il, est sans doute de même origine
que thorp, mais n'est nullement la source
directe de tiyyppus. La métathôse troppo de
torpo est un procédé fréq^uent et bien connu.
— Nous devons observer que la latinité du
moyen âge présente aussi, avec le sens de
troupeau, la forme stropus. — D. esp., port.,
prov., vfr. tropel, fr. troupeau; troupier;
verbe at-trouper. — Le BL. troppus, grande
quantité, a donné aussi l'adv. trop (v. pi. li.j.
TROUPEAU, voy. troupe,
TROUSSE, vfr. tourse, subst. verbal do
trousser; de là gaél. trus, paquet, ail. tross,
bagage. — D. trousseV trousseau, trousse-
quin (cp. en ail. l'expr. sattel-pausch, litt.
bourrelet de selle).
TROUSSEAU, voy. trousser,
TROUSSER, anc. trosser, prov. trossar;
c'est une forme transposée du vfr. torser,
mettre en paquet, = it. torciare, tordre en-
semble, ficeler, esp. a-trosar, amarrer la
vergue au mât. Or. torser, torciare représente
un type tortiare, dérivé à la façon romane de
tortus, part, de torquere. — Cette explication
de Diez n'est pas agréée par M. Fôrster (Qrôb.
Ztsehr., III, 563). Selon lui, trousser, vfr.
trosser (o fermé), ne peut venir de tortiare
(o ouvert), qui ne pouvait produire en vfr.
qu'un verbe torcier. Il faut, par conséquent,
dit-il, trouver un étymon à voyelle radi-
cale?) ou lî. G. Paris (Rom., ÏX, 333) oppose
à ce jugement trop catégorique d'autres déri-
vés du thème tor avec ou, tels que tourner^
tourte; pourquoi pas tourserow trousser t De
son côté, il propose pour et. lat . thyrsus =»
it. torso ^trognon); fr. trousse en serait la
forme féminine. On trouve fréquemment les
expr une torse, une trousse d'herbe, de foin,
de là le sens « paquet «* en général, puis
« valise », etc. — D. trousse, paquet, fais-
ceau, d'où trosseV, trousseau (it. torsello);
troussis, retrousser, détrousser, 1. détacher
ce qui était troussé, 2. dépouiller qqn. de son
bagage.
TROUVER (vfr. aussi trover, truver; a\\
prés., dans les syllabes toniques, l'o ou ou se
modifiait en eu, cp. mourir, prés, meurs,
prouver, subst. preuve), it. trovare, pr<ÎV.,
cat. trobar. Ce vocable, qui dans les langues
néo-latines, a supplanté le L. invenire, a beau-
coup occupé les étymologistes. Du Cange pro-
posait pour origine le vfr. trett, qui. représente
le L. tributum ; les agents du fisc auraient
désigné par treuvé les impôts perçus. Cette
conjecture est de toute invraisemblance. On
s'est attaché aussi au part. vha. trofan, atteint,
rencontré, trouvé; mais ce serait le seul cas
do la dérivation d'un verbe roman d'un parti-
cipe allemand. Grimm suppose, pour expli-
quer trouver, un verbe goth. drnpan, qui
correspondrait au vha. trcfan (ail. mod. tref-
fen), comme goth. trudan répond à Tall. /re-
tm. Cette étymologie, observe Diez, peut satis-
faire, si l'on veut se contenter d'un mot ima-
giné pour le besoin de la cause. Selon lui, il
n'est pas nécessaire de sortir de l'élément
latin. Dans le verbe « trouver •», dit-il, les
notions chercher et trouver se rencontrent.
Tune est corrélative de l'autre (cp. guada^
gnare = fr. gagner, qui d'abord signifie
poursuivre, puis atteindre, obtenir ; L. conse-
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TRU
— 504 —
TRU
qui, poursuivre et atteindre). Et du reste, le
sens poétique de trohar ou trouver, faire do
la poésie (d'où troubadour et trotit>f)re), n'em-
porte-t-il pas celui de recherche, méditation?
Kn partant donc du sens premier chercher,
on peut fort bien rapporter trobar au L. tur-
bare (transposition de la liquide comme dans
troubler) =» remuer, fouiller. Ce qui vient à
l'appui de cette étymologie, c'est que l'on
trouve en effet, avec le sens naturel du latin
turbare, en v. port. tr€ff?ar, n. napol. stru-
rare (= disturbare), et contrœare (= contur-
bare). — L'it. controvarc. et fr. controuvei'
(v. c. m.), nous l'avons dit, est, comme compo-
sition d'un verbe roman avec con, d'un carac-
tère tout à fait insolite ; cette singularité n'en
est plus une si, comme le pense Diez, le mot
ti*ouver est d'origine romaine, et si controuver
ne fait que reproduire, avec un sens détourné,
le L. conturbare. — Dans un petit poème
dévot du XII* siècle, publié par Gaston Paris
en 1865, on rencontre la forme tortèrent p.
trouvèrent; ce qui pourrait appuyer l'opinion
de Diez. — Celle-ci, cependant, ne résiste plus
à l'examen minutieux de la phonologie subtile
de nos jours; G. Paris (llom , VII, 418) y a
découvert des défauts sérieux, et se sent forcé-
ment renvoyé vers un type lat. tropare, dérivé
du BL. tropus (rpoTrof), dans son sens musi-
cal « vanation dans une mélodie »>. Tropare
serait donc soit « varier un air •* , soit plus
généralement « composer ou inventer un
air », ce qui concorderait fort bien avec l'an-
cien sens do trouioer = composer musicale-
ment ou poétiquement (cp. prov. trobaire, fr.
trouvf^re). De ** composer »• se dégagera faci-
lement celui de « inventer, découvrir », qui a
fini par l'emporter. Diez déjÀ tenait l'esp.
trobar pour emprunté au français; Paris
pense qu'il en est de même de l'it. trovarc.
L'exemple du Psautier d'Oxford, cité par Lit-
tré à l'appui d'un trouver fr. = turbare
(troubler) perd toute valeur quand on sait que
tntverent y traduit lat. inveiierunt. — D.
prov. trobador, poète, d'où fr. troubadour^
vfr. troveor (au cas-sujet prov. trobaire^ vfr.
trovère, anj. trouvère).
TROUVÈRE, voy. trouver.
TRUAND, prov. truan[{ém. truande^, esp.
truhan, port, truào, vagabond, gueux ; d'après
Diez, d'origine celtique : cymr, tru, iruan,
trtoch, misérable, Comouailles tru, triste.
La latinité du moyen âge présente truaivius,
mais aussi truiannus. Cette dernière forme
peut avoir été déterminée parle vha. truhting,
compagnon, BL. trotingus, jongleur. L'anc.
néerl. a trouwatit, tratoant, truvoant; c'est à
tort, je pense, qu'on fait venir ces mots de
l'ail, trabant. Les formes prov. et v. esp.
trufan sont des métamorphismes faits sous
l'influence de truffa. — Du Cange posait pour
étymologie le vfr. treu, tribut; les treuans
seraient pr. les collecteurs de l'impôt ; il négli-
geait le fait que la forme truant est antérieure
à l'époque où treii (tribut) s'est contracté en
treu. — D. truander, truander te.
TRUBLB, aussi trouble, wall. traiU, trûl,
Blet de pêche en forme de sac, attaché au
bout d'une perche; peut être du L. tribiifa,
fléau, par assimilation de forme (cp. affubler
de affibulare). En vfr. trouille, d'où trouil-
lotte, espèce de truble sans manche.
TRUG, esp. de billard, esp.<rwco,it. trucco;
d'après Diez, de l'ail, drucken, anc. nord.
thrychia, ags. thryccan, pousser, presser (cp.
prov. /n<c, coup, choc). — Est-ce de ce jeu
que vient l'expr. avoir le trucf Car certaine-
ment il faut écarter Tall. trug, tromperie.
TRUCHBMAN ou MENT, voy. drogman.
TRUGHSR, mendier. Si le radical de truatul
est trut, comme il y a lieu de supposer
d'après BL. trutannus, notre verbe pourrait
bien être connexe et représenter un type tru-
ticare.
TRUELLE, diminutif de Irua (BL.), cuiller,
truelle; le L. trulla, m. s., est p. truiUa.
1. TRUFFE, corps végétal, aussi <nt/^(cat
trumfo, trumfa, plante bulbeuse). On a déduit
ce mot roman du L. tubcr (primitif de titber-
culum), devenu trufe par la transposition de
Yr et le changement de b enf; le plu r. neutre
txibera aurait, comme souvent, déterminé le
genre féminin du mot fr. Quant aux formes
it. tartufo (à Milan tartvffol, dans le Piémont
iarlifla), fr. tartufle, qui signifient, sinon
précisément la truffe, toujours quelque autre
végétal bulbeux, elles représentent, comme
le pensait déjà Ménage, la combinaison L.
terrœ tuber, employée par Pline pour dési-
gner une sorte de plante tuberculeuse (Diez
cite A l'appui le sicil. tirituffidu); tartufo,'
d'après cette manière de voir, serait une
forme euphonique pour tartruffo, etc. — Diez
serait disposé à sanctionner sans réserve
l'opinion qui explique truffe par tuber, si les
dialectes ne pi^sentaient pas généralement
des formes sans r (ainsi genev. tufelle, lan-
guedocien tufeda, etc.). Il se demande s'il
faut rapporter ces formes à l'it. tufo, vapeur
(voy. le mot étouffer), soit à cause de la qua-
lité pulvérulente de la truffe ou à cause de
son odeur, ou bien s'il faut les prendre pour
des mutilations de tartufo. Il penche pour la
dernière opinion, ce qui nous ramène à tuber.
— La foi'me it. tartufola a donné, par dissi-
milation, l'ail. Aarto/7èZ, pomme de terre, anc.
et encore dans lesdial. tartoffel, isl. tartuflur;
le n. prov. trufa a revêtu la même significa-
tion. — D. truffer, garnir de truffes; subst.
truffière.
2. TRUFFE*, aussi trufle, vieux mot français
signifiant conte en lair, plaisanterie, four-
berie, it. truffa, esp., port., prov. trufa. C'est
le même mot que le précédent; le langage a
transporté le nom d'un petit fniit à une baga-
telle, une niaiserie. — Les Italiens em-
ployaient tartufo dans le sens de • homme
de petit esprit **. La comédie s'en est emparée
pour dénommer par là certains personnages
niais ou vils; c'est à la comédie italienne que
Molière a emprunté le nom de son célèbre
personnage. — Génin lapproche ingénieuse-
ment, pour expliquer la métaphore, la valeur
du L.fufjgus, champignon, fig. sot, imbécile.
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TRU
— 505 —
TUL
et du fr. cornichon , citrouille^ etc. — Nous
soumettons à do plus experts que nous la ques-
tion de savoii si le mot fr. trufle ne pourrait
pas être mis en rapport avec le mot tribuhis,
qui était chez les Latins le nom de la châ-
taigne ou, autrement dit, tritffe d'eau, et si une
altération en tritbiîus, truhlus^ trufltis, est
admissible ou non (cp. tribnla devenu intble).
Quoi qu*il en soit, Tangl. trifle^ bagatelle,
sottise, plaisanterie (v. angl. aussi truflc), y
répondrait parfaitement pour le sens et la
lettre. — D. truffer, plaisanter, railler, trom-
per ; trxifferie,
. TRUIE, vfr. troic (Geste de Liège), it. /ro;a,
anc. esp. troya, prov. trueia, BL. trqja. Les
Romains appelaient « porcus trojanus -, un
cochon servi à table et farci d'autres animaux,
par allusion au cheval de Troie, « machina
fœta armis *», comme a dit Virgile. De ce
terme porco di Trqja s'est naturellement pro-
duit le mot troja pour désigner une tniie
pleine. C'est par un procédé analogue qu'on a
fait en esp. bemia, gros drap de laine, de
panno (Tlbemia, et en it. ficato fvoy. foie) du
L. jecur ficatum, pr. foie d'oie engraissé de
figues. Le terme trqja, truie, remonte très haut
dans la basse latinité. — Chevallet rattache
truie au BL. troffa, qu'il intierprète comme
féminin du celtique (écoss., irl.) torch, porc
mâle. Cette forme troga jette en effet quelque
doute sur Fétymologie troja, patronnée par
Diez.
TRUTTE, angl. trout, du L. triicta (Isidore),
qui parait venir du gr. T/awxnj-, esp. do thon
(litt. le mangeur).
TRUMEAU, jarret de bœuf. « Nos pères di-
saient trvmel pour jambe, cuisse, gigot de
mouton ; ce mot fut ensuite employé pour dési-
gner un mur solide et massif placé entre deux
portes ou fenêtres, puis à une glace appliquée
sur cet intervalle ». Roquefort, dont nous
venons de citer les paroles, fait venir trumeau
du gr. Tpj.u'î» trou " parce que l'os s'en sépa-
rant aisément, il reste un grand trou au mi-
lieu du trumeau «.Cette explication, j'ai hâte
de le dire, ne m'inspire aucune confiance; j'y
substituerai la conjecture que voici : tru-
meau, gigot, serait pour tumel (r intercalaire),
tenant au vfr. tumer, s'agiter, sauter, gam-
bader, comme ffif/ot, selon moi ^v. c. m.),
vient d'une rac. giff exprimant remuement,
agitation. C'est un souvenir de tremere qui a
peut-être donné naissance â l'orthographe
trumeau. On a, d'ailleurs, aussi dit tremeau
p. trumeau, de sorte que même un type tre-
mellus (tenant soit au verbe trimer, marcher,
soit au L. tremere, être agité) ne serait pas
trop aventureux ; pour la substitution de m à
e, on aurait à l'appui le cas àe jumeau p.
gémeau. — Diez dérive notre mot de l'ail.
trumm, qui primitivement signifie une pièce
courte et grosso ; mais le mot français, dans
toutes SOS applications, emporte l'idée d'une
chose allongée. — Dansl'anc. langue, triÂmeau
a dû avoir désigné un vêtement de jambe ; d'où
l'adj. vfr. estrumelê, privé de ses chausses
(voy. G. Paris, Rom., X, 591).
TU, L. tu. De tu et de toi on a fait tutoyer-
TUBE, L. tubus. Voy. aussi tuyau.
TUBERCULE, L. tubercuîum. — D. tuber-
culeux.
TUBÉREUSE, plante bulbeuse, du L tube-
rosus, bulbeux.
TUBULÂIRE, dérivé du L. tubulus, petit
tube.
TUDESQUE, it. tedesco, du vha. diutisc,
ail. mod. deutsch, allemand.
TUDIEU, juron ; expliqué par Meunier par
« Dieu me tue ! »
TUER, avant de revêtir la signification de
« occidere » (vfr. occire), signifiait mettre
(une chose) à l'abri du danger et s'appliquait
particulièrement au feu : tuer le feu ou la
chandelle, c. a. d. l'éteindre ; tuer le vent (d'où
le subst. tue-vent), c'est le rendre inoffensif;
l'expr. tuer un animal ou un homme dit donc
au fond « le rendre inoffensif ». Notre mot se
retrouve dans les cps. it attuiare et stuiare,
apaiser, comprimer, éteindre, dans le prov.
tudar, attuzar, estusar, éteindre, étouffer,
tuar, tuer. Cette histoii'e du mot justifie plei-
nement l'étymologio L. tutare*, factitif de tutus,
sur, hors de danger. C'est à Diez que revient
le mérite de cette solution étymologique ; seu-
lement il s'adresse dir. au L. classique tutari,
protéger (du mal), détourner (le mal). — Littré
n approuve point cette manière de voir; il
part d'un sens foncier frapper, assommer et
ramène le mot au latin tuditare, choquer,
frapper, ou même à tudare (qu'il présuppose
d'après BL. tudanus, marteau y. Tuer la chan-
delle serait pr. frapper dessus. — Un primitif
ttiditare est tout aussi inacceptable que tudare
(voy. Mussafia, Beitrag, p. 52). — Une nou-
velle étymologie est développée par Ascoli
(Saggi romani. 36;. Il s'adresse au L. totus, ou
plutôt tutus (d'où aussi it. tutto)\ de là tutare^
extutare [■==> it. stutare), achever. On peut
alléguer en faveur de cette manière de voir
les expr. analogues : terminare et extermi-
nare, fr. assommer (de summus)^ achever,
ail. allé machen, den garaus machen, —
Nous ne rappelons plus que pour mémoire les
étymologias gr. dùuv, sacrifier, ou ail. tôdten
(vha. todjan), tuer, quelque accréditées qu'elles
aient été jadis. — D. tueur, tuerie,
TUT, direct, de l'it. tufo, qui est = L.
tophus.
TUILE, vfr. teuJe (p. eu devenu ni, cp.
suite p. seute)^ du L. tegula (cp. vfr. reuJe de
régula, prov. teun de tenuis). Tegula s'est
francisé aussi .sous la forme teille, mot champ.
=.- tuile. — D. tuilier, -erie^ verbe tuiler.
TULIPE, esp. tulipa. angl. tulip, ail. tulpe,
irl. tulp; ce sont des formes écourtées de it.
tidipano, esp. tulipan, qui viennent du per-
san dulband, turban. La fleur a pris son nom
de sa ressemblance avec un turban. — D, tuli-
pie**.
TULLE, tissu, d'origine inconniM-; an a cru
généralement que ce tissu tenait son nom de
la ville de Tulle, mais le Suppl. de Littré
nous apprend que le tulle ne s'est jamais
fabriqué ni à Tulle, ni dans Vbs environs.
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UME
— S06 —
UNI
TUMEUR, L. tumorem; tuméfier, type
tumeficare, p. tumefacere (d'où tuméfaction),
TUMULAIRE, L. tumuiaris (tumulus).
TUMULTE, L. tumu/ius. — D. tumultueux,
iumvltuaire, L. tumiiltuosus, -arius.
TUNIQUE, L. tunica,
TUNNEL, voy. tonne,
TURBAN, anc. turbant, esp., it. turbante,
BL. tulipantii.^, tulipus; du persan dulband,
m. s. (voy. tulipe).
TURBINE, t. de mécanique, mot savant tiré
du L. turbo, turbin is, toupie, mouvement de
rotation.
TURBITH, nom de plante, mot oriental ; les
Arabes écrivent turbadh.
TURBOT, angl. turbot, cymr. torbuyt, gaél.
tnrbaid, néerl. tarbot. Selon Huet, approuvé
par Diez, du L. turbo avec le suffixe roman
ot. Dans les Vocabularies de Wright,on trouve
les mots BL. turbo, turbis traduits par angl.
but. Les Grecs ont de même appliqué le mot
^o>i6oç, =* turbo, à un poisson de la même
espèce que le turbot. — L'ail, dornbutt, tur-
bot (angl. thornbut), composé de dom, épine,
et butt, nom de la famille des poissons dite
pléonectes, n'a pas de parenté avec turbot ; il
parait même façonné par imitation du mot
roman et pour simuler un sens.
TURBULENT, L. turbulmtus, — D. tur-
bulence.
TURF, mot anglais, signifiant gazon. Voy,
aussi tourbe.
TURGESCENT, -ENCE, du L. turgescere, se
gonfler.
TURLUPIN, nom théâtral que prit un acteur
de l'ancienne farce, qui vivait sous Louis XIII.
— Le mot n'appliquait au moyen âge À une
secte d'hérétiques, mais l'origine en est incon-
nue. — D. turlupiner^ -ade.
TURNSP, mot anglais ^s navet, dans lequel
E. Mûller reconnaît les éléments celt. tum^
rond -[- gaél. neip == L. napus,
TURPITUDE, L. turpitudincm (turpis).
TURQUOISE, it. turchese, esp., prov. tur-
quesa; de turquois, anc. adj. de Turc; la
couleur bleue s'appelle turchino en italien.
TUTELLE, L. tutela, d où tutélaire, L. tu-
telaris.
TUTEUR, L. tutorem (tueri).
TUTUS, esp. d'oxyde de zinc, port, tidia,
de l'arabe toutiyâ, m. s.
TUTOYER, voy. tu.
TUYAU, tuyeV (d'où Tangl. teu>et), esp.,
prov. tudel; ce mot ne peut pas venir, comme
le prouvent les formes asp. et prov. , de iuhel-
lus, dimin. de tubus; il dérive, selon Diez, du
nord, tuda, dan. tud, néerl. tuit = tuyau. —
D. tuyauter. — Au même radical que tuyau
se rapporte le terme technique tuyère.
TYMPAN, mot de forme savante, L. tym-
/)anMm(TÛtt7r«v9v de TVn-w, frapper). Voy. aussi
timbre, — D. tympaniser (cp. tambouriner,
ail. aus-trommeln),
TYPE. L. typus, gr. tûto« (de irn-ai. frap-
per). De là le terme technique typographie,
art d'imprimer (pr. d'écrire) avec des types
mobiles.
TYPHON, espèce de tourbillon, port, tufâo,
angl. typhon, du chinois taï fong, grand vent
(Littré)
TYPHUS, BL. typhus, du gr. tû^j^s, vapeur,
fumée, puis appliqué par Hippocrate à une
espèce de fièvre. — D. typhoïde, gr. rw^sitoiji
du genre du typhus.
TYRAN, vfr. tirant, angl. tyrant^ L. iy-
rannus, gr. rû/aavvo;. — D. tyrannie, -igiit^
'iser.
U
UBIQUITÉ, UBIQUISTE, mots modernes,
dérivés do l'adverbe L. ubique, partout.
UHLAN, mot allemand, tiré du polonais
ula, lance.
UKASE, mot russe, dér. du verbe ukasat,
indiquer, prescrire.
ULCERE, mot do formation savante, du L.
uîcus, plur. ulcéra. — D. ulcérer, -ation, -eux,
L. ulcerare. -ationem, -osus.
ULTÉRIEUR, L. ulteriorem (comparatif de
tdter).
ULTIMATUM, mot diplomatique formé de
ultimare* au sens de « faire un dernier avis »»,
de îdtimus, dernier.
ULTRA, mot latin, = fr. outre, employé
en composition et marquant excès, exagéra-
tion.
ULTRAMONTAIN, it. idtramontano,dG ultra
montes, au delà des monts (des Alpes).
UMBLE. nom de poisson, variété de ombre ^
L. umbi'a.
...UME, terminaison =lat. ,,.udinem, Dïez
est d'avis que le suffixe urne répondant à lat.
udinem, ud'nem, ne peut s'être produit par
évolution phonétique normale ; que le g<<^nie
créateur roman, en présence de ce suffixe, a
tout bonnement eu recours au suffixelat. umen,
qu'il a appliqué p. ex . aussi dans it. asprume,
prov. frescum, et qui se transforme, suivant
les langues, en uma, um, urne, esp. umbre.
Ascoli s'évertue inutilement à établir la filia-
tion formale suivante : udine, udne, unne,
umne (d'où esp. umbre), enfin urne.
UN, L. U71US, — D. unité', L. unitatem;
unième.
UNANIME. L. unanimis (uno animo), d'où
unanimité, L. unanimitatem,
UNIFORME adj.. L. uniformis, de là sub?t.
uniforme, p. habit uniforme; uniformiser,
uniformité, L. uniformitatem.
UNION, L. unionem (unus). — D. unioniste.
UNIQUE, mot savant, L. unicus (unns).
UNIR, L. unire (unus). — D. uni; cps.
ré-unir, dés-unir.
UNISSON, L. uni-sonus (Boèce), traduction
du grec ^ov«Tovo« .
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VAC
— 507 —
VAÏ
TTHiri, L. unitatem. — D. unitaire.
UNIVERS, L. universus, tout entier. — D.
universel, L. -alis, d'où univet^salite' {L, uni-
versalitatem 'Priscien); université, L. iiniver-
sitatem, ensemble, généralité, communauté,
collège.
UNIVERSITÉ, institution de haut enseigne-
ment, litt. ensemble des membres d'une com-
pagnie, voy. univers. — '• D. universitaire.
URBAIN, urbanus (urbs), opp. de rusticus.
— D. urbanité, L. urbanitatem.
URE. L. unis,
URÉTHRB, L. urethra (Coel. Aurel.», du
gr. oCpvi^ya, conduit de l'urine (oùpfcai, uriner).
— Uretère, du gr. oùpv)Tinp, m. s.
URGENT, L. urgentem (urgere), pressant.
— D. urgence. L. urgentia (iv" siècle).
URINE, L. uri7m (du gr. oùpsîv, pisser). —
D. urinai, -aire, -eux; verbe uriner.
URNE. L. urna.
URTICAIRE, -ATION, duL. urtica, francisé
en ortie (de urei^e, brûler).
US, L usus (uti).
USER, d'un type L. usare, fréq. de uti,
se servir. — D. usage (d'où adj. usager),
usance.
USINE, BL. usina, = officina qusevis ad
aquas exstructa. Ce mot est-il tiré de uti (su-
pin usum), par rapport à la concession ou droit
ô!user de l'eau, ou est-ce une altération du L.
ustrina, lieu où l'on brûle, atelier à feu? La
plus ancienne signification étant celle de
macliino mue par l'eau, la dernière étymologie
paraît inadmissible .
USITÉ, du L. usitare, fréq. de usare* (voy.
useï').
USTENSILE, du BL. ustensilia pour uten-
silia (it. utensiJi); peut-être 1*5 provient-il
d'une assimilation à M5<ir, d'où outil (y. c. m ).
USTION, L. ustionem (urere).
USUEL, L. M5wa/î5 (usus).
USUFRUIT, du L. ususfructus, abréviation
de l'expr. lat. tisiis fructusque, l'usage et
les fruits ; de là usufruitier et v^ufructuairc,
L . usufructuarius.
USURE, L. usura (uti), 1. usage, jouis-
sance, détérioration d'un objet par l'usage;
2. jouissance du capital prêté ; 3. ce que l'on
pave pour cett« jouissance, intérêt. Le sens
moderne péjoratif •• intérêt exagéré, illégal ♦»
(d'où usuraire, usurier) est survenu.
USURPER, L. usurpare.
UTÉRIN, L. uterinus (eodem utero natus).
UTILE, L. utilis (uti). — D. utilité, L. utili-
tatem(d'où utilitaire); verbe utiliser. Pourquoi
les "hiodemes ont-ils forgé de utilis, fertilis
les verbes utiliser, fertiliser, tandis que habi-
lis. debilis ont fait, d'après le génie latin,
hàbilitare, débiliter t Après avoir introduit
ces adjectifs utile, fertile, qui sont contraires
au génie français (aussi en vfr. a t-on utle), il
fallait aussi appliquer à leurs dérivés le mode
dérivatif latin.
UTOPIE, mot forgé du gr. oO-totto;, non-
lieu, c.-à-d. lieu qui n'existe pas. Thomas
Morus a nommé ainsi le pays imaginaire où
il ptSice son gouvernement fictif. Le nom du
pays s'est transporté à ce gouvernement même ;
puis le mot est devenu synonyme de rêverie,
idéal. Rabelais s'en est également servi pour
désigner le royaume de Grandgousier. — D.
I utopique, utopiste.
VACANCE, voy. vacant,
VACANT, L. vacans, part, de vacarc, être
vide, inoccupé. — D. vacance, 1. temps pen-
dant lequel une place est inoccupée; 2. temps
pendant lequel on est sans occupation, loisir,
repos.
VACARME, anc. wacarme, du cri néerl.
toacharme, malheur 'à toi, misérable (proh
dolor! Kil.). Comp. le Roman du Renard, IV,
p 239. « Flament seut, si cria %joaskarme *•.
Pour la transition de sens, cp. les mots alerte,
alarme. — Je doute fort de l'interprétation
donnée ci-dessus au flam. toacharme et suivie
par Littré. En tout cas, l'interj. ail. weh! n'a
rien à y voir; à mon avis, toach est = toak,
éveillé, ici comme interj. = debout, sus !
VACATION, 1. action de vaquer à une
affaire, puis le temps qu'on y met, 2. = L.
vacatio, cessation de fonctions.
VACCIN, du L. vaccinus (vacca), qui vient
de ou qui se produit sur la vache. — D. vac-
ciner, d'où le subst. verb. vaccine.
VACHE, prov., esp., port, vaca, it. vacca,
du L. vacca. Voy. aussi l'art, bâche. —
D. vacher, vacherie.
VACILLER, L. vacillare (rac. vac, cp. l'ail.
toach-eln et wank-en).
VACUITÉ, L. vacuitatem (vacuus).
VADE, terme de jeu ; de l'it. vade = fr. va
(impératif); cp. l'expr. do jeu va et va-tout).
VADE-BCBCUM, mots latins sign. « va avec
moi, accompagne-moi ».
VAGABOND, L. vagabundus (vagari). —
D. vagabonder, -âge.
VAGIN, mot savant, à forme masc, tiré de
L. vagîna, type aussi du fr. gaine, gaine. —
D. vaginal,
VAGIR, L. vagire. — D. vagissement.
1. VAGUE, subst., ne vient pas de unda
vaga, mais du vha. toâc, goth. vegs, v. flam.
waeghe (ail. mod. woge, angl. wave), =
vague.
2. VAGUE, a<y.,L. ra^i«, errant, non fixe;
verbe vaguer, L. vagari. Dans terres vaines
et vagues et autres applications, cependant, le
mot représente pluttit le L. vacuus, vide.
VAGUEMESTRE, de l'ail, wagenmcister,
maître des équipages.
VAIGRE, t. de marine, de l'ail. u>eger,
weiger, planche de revêtement, dan. icaeg,
suéd. tD('igg. paroi. — D. vaigrer.
VAILLANT, forme mouillée du part. t?a7an*,
du L. valentem, qui a de la valeur, de la
force, vigoureux. — Cp. la forme veuillant
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VAL
— 508 —
VAR
à cAté de voulant, vfr. douiUant à cAté de
dolant, — D. vaillance, L. valentia.
VAIN, prov. van, L. vanus, — D. vanité,
L. vanitatem. Pour la loc. en vain, cp. gr.
VAINGRE (vfr. veintre), L. vincere. — D.
vainqueur.
VÂIR, it. vajo, du L. varius^ de couleur
variée, bigarré. — D. vairon, m. s., aussi
nom d'un poisson à couleurs très variées (on
écrit aussi véron).
VAISSEAU, vaisscV, angl. vcssel, vfr. vas-
ciel, it. vascello^ prov. vaissel, esp. baxel;
du dim. L. vascellnm p. vascidum (vas). La
forme féminine est vaisselle, employé pour
Tensemble des vaisseaux (vases) ou plats ser-
vant à la table et reproduisant le plur. neutre
vascella.
VAISSELLE, voy. Tai-t. préc.
VAL, plur. vaux (dans « par monts et par
vaux nj; val se pré^nte sous la forme vau
-d&ns « à vaU'Veau », fuir à vau-de-route, et
dans vaudeville (v. c. m.). Du L. vallis, —
D. vallon, vallée (v. c. m.); adv. aval (v. c. m.)
et verbe a-ra/^, faire descendre. — LÀ langue
des trouvères présente, p. petite vallée, le dim.
vaucicl. d'un type vallicellus.
VALÉRIANE, lat. mod.ra/<?r>ana; d'origine
inconnue (on a songé ù. L. valere, venir en
aide !); l'ail, en a fait haldrian.
VALET, anc. vaslet, qui est pour vasselet,
le dim. de vassal; ce mot signifiait autr. jeune
homme placé en apprentissage auprès d'un
chevalier, pour devenir écuyer ; puis apprenti,
enfin = domestique, serviteur. De vaslet, par
la mutation s en r, s'est produite la forme
varlet (cp. vfr. marie, p. masle, mâle) et par
a.ssimilation celle de vallct. Le mot sert aussi
â désigner divers objets teclinologiques. — D.
val étage, valetaille, verbe familier valeter.
VALiTlJDINAIRE, L. valetudinarius (vale-
tudo). maladif.
VALEUR, L. valorem (valere). — D. valeu-
reux.
VALIDE, L. ralidus (valere); opp. invalide.
— D. validité, L. validitatem ; valider, rendre
valide. Voy. aussi ravauder.
VALISE, de Tit. valigia. Voici l'étymologie
do celui-ci proposée par Diex : L. vidulus,
malle en cuir, valise (Plante), de là vidul-itia
(cp. en L. capillus et capiUitium), contracté
régulièrement en vellitia, velligia (cp, it.
strillo, hauts cris, de stridulus), d'où (e atone
passant régulièrement en a) vallegia (gloses
d'Alfric) et valigia. De valise vient le mha.
velis, d'où l'on a forgé le mot fellisen, auy
felleisen, simulant une combinaison de fell,
cuir, et cisen, fer; pour ainsi dire « cuir
à serrure •». — Ascoli pose la question : Les
valises ne seraient- elles pas les valeurs, c'est-
â dire les choses de quelque prix que le voya- •
geur mène avec lui (Saggi lad. 512, note)? —
Devic mentionne l'arabe vualiha, « saccus fru-
mentariiK^, cophinus magnus », et le persan
walitchd^ - grand sac », mais il ne sait si ces
mots sont indigènes dans ces langues. — D.
dévaliser (cp. détrousser).
VALLÉE, angl. valley, prov. vallada, it.
vallata, dér. de vallis, fr. val.
VALLON, dimin. de val.
VALOIR, L. valere {vaux p. vais, vaudrai
p. valrai). — D. valable; value, subst. part.
VALSER, de l'ail . iDalsen,m. s., pr. rouler,
tourner. — D. valse (ail. toal^er); valseur.
VALUE, it. valuta, voy. valoir. — D. éva-
luer; composé plus-value.
VALVE. L. valva, porte.
VAMPIRE, mot venu d'Allemagne, mais, à
ce qu'on dit, d'origine serbe.
VAN, L. vannits. — D. dim. vanneawr,
grosses plumes des oiseaux de proie, à cause
de leur res.semblance avec le van; vanneau (it.
vannello) est aussi devenu le nom d'une espèce
d oiseau, à cause de sa huppe, qu'il peut,
comme une penne, dresser et baisser à volonté :
vannier, faiseur de vans; verbe vanner, L.
vannare.
VANDALE, destructeur, du nom des Van-
dales rpar allusion au pillage de Rome
en 455). — D. vandcUisme.
VANDOISE, nom de poisson, aussi vandcse :
d'origine inconnue.
VANILLE, it. vainiglia, esp. vainilla et
vainica, dimin. de l'esp. vaina, gousse, qui
représente le L. vagina, — D. vanillier.
VANITÉ, L. vaniiatem (vanus). — D. vani-
teux,
VANNE, vfr. venne., du BL. venna, digue,
haie, clôture, dont lorigine est incertaine;
Diez suppose une contraction de viminea,
chose faite de branches flexibles [vimen), en
vimna, d'où venna.
VANNEAU, VANNER, voy. van.
VANNIER, voy. van. — D. vannerie.
VANTAIL, p. ventail, voy. vent.
VANTER, it. vantare, prov. vantar, du L.
vanitare (saint Augustin), fréq. de tanare,
dire des futilités, mentir, fanfaronner (le prov.
a à la fois vanar et vantar). Quelques-uns font
erronément- venir vanter* de venditare, cher-
cher à vendre, faire valoir, vanter sa marchan-
dise. Malgré l'aflSnité de sens entre le L. veit-
tosus et le fr. vantard, et bien que les .alle-
mands disent lo/nd machen p. se vanter» il
serait faux de rattacher vanter â vcntus, vent.
— D. vantcrie, vantard.
VAPEUR, L. vaporem. — D. vaporeux, L.
vaporosus; vaporiser, évaporer.
VAQUER, 1. être vacant, interrompre ses
occupations ou prendre ses vacances, 2. ?e
livrer à, s'occuper de qqch., s'y appliquer; du
L. vacare, 1. être vide, être hbre, 2 avoir le
temps, le loisir de faire qqch., y consacrer ses
loisirs. — D. vacant, vacation (v c. m.).
VARAN, esp. de lézard d'Egypte, de l'arabe
ouaral, lézard.
VARAI6NE, forme variée de varennc.
VARANGUE, du suéd. (plur.) vrânger. les
côtes du navire.
VARECH, 1. fucus, plante marine que la
mer arrache en montant et jette sur le rivage.
2. navire coulé, débris quelconques rejetés par
la mer; de l'ags. vrdc, qqch. de rejeté, angl.
wreck, débris de navire; cp. goth. vrihan.
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VAS
— 509 —
VEI
siiéd. voràka, pousser, heurter. — D'après
Liebrecht, varech vient en ligne direct© du
nord, veffreh, épaves maritimes.
VARENNB. Ce mot est étymologiquement
identique avec garenne (v. c. m.). De « lieu
défendu à la culture » s'est dégagé le sens
« lieu inculte »» .
VAREUSE, blouse; mot de date récente;
d origine inconnue.
VARIOE, mot de formation savante, L.
varix, -ïcts. — D. variqueux^ L. varicosus.
VARICELLE a l'air d'être undim. de varice,
mais en fait, c'est un diminutif mal fait de
varioîe.
VARIER, L. variare (varius). — D. va-
riante, variation, L. variationem; variable,
L. variablis; variabilité,
VARIÉTÉ, L. varietatem,
VARIOLE, BL. variola, dim. de varius^
bigarré, tacheté; Tit. a vajiiola, Tesp. viruela;
ces formes parlent en faveur de notre étymolo-
gie et contre celle de varus, pustule. Le fr.
vérole est p. vairole et procède de l'adj. voir
(v. c. m.) = varius, La forme espagnole sem-
ble avoir été déterminée par une influence de
virus.
VARLET, voy. valet.
VARLOPE, rabot, riflard; mot altéré du
n éerl. roor/oop, litt. avant-coureur (c.-à-d.qui
précède les autres plus fins); cp. le terme
wallon analogue coureressc. En limousin ^ar-
lopo, esp. garlopa, — Je ne me câche pas
que le g initial de ces derniers favorise plutôt
l'ét. de Diez, qui propose un mot supposé
néerl. toeer-loop = qui va en retour (weer).
1. VASE, masc.,du L. t'o^um, forme acces-
soire de vas,
2. VASE, fém., bourbe (en norm. aussi
gase), du néerl. loase, ags. vase, Voy. aussi
gazon — D. vaseux.
VASISTAS (aussi gâté en vggistas), petite
fenêtre servant à espionner ce qui se passe ;
mot populaire moderne, tiré de la phrase ail.
« loas ist das », qu'est-ce? qu'est-ce qu'il y a?
VASQUE, bassin rond et peu profond, d'un
adjectif vasicus (vas)? ou vasque est-il pour
vascle et représente-t-il le dim. L. vascuhimî
Le mot vient dir. de Tit. va^ca, bassin (dans
dos documents du vn° siècle on trouve basca).
Il est sans doute indépendant du BL. vàscus,
vacuus. innnis.
VASSAL, prov. vassal, it., port, vassallo,
esp. vasallo, BL. vassallus. La Loi des Alle-
mands a le simple vassus, au sens de servi-
teur. L'anc. langue attachait à vassal le sens
général de « homme » et de « combattant »,
et l'on y trouve le dér. vasselage, employé
pour vaillance. Comme l'a déjà établi Leibnitz,
le mot vient du cymr. gwas, jeune homme,
serviteur. On explique également le suflixe al
par une influence de la forme cymr. gioassawl,
servant. Dim. valet {v, cm.), Subst. marquant
l'état de vassal : vassalité et vasselage. De
vassus vassorum vient le fr. vavasseur (prov.
vasvassor), tronqué en vasseur tout court.
VASTE, L. vastus. — D. vastité', L. vasti-
tatem; vastiiude, L. vastitudinem.
VAUDEVILLE ; ce mot est, comme on sait,
d'abord le nom d'une chanson. Il est altéré de
vau-de-vire, qui tire son nom du val (ou vau)
de Vire en Normandie, où cette espèce de
poème prit naissance au xv® siècle. Voy. les
cours de littérature. — D. vaudevilliste,
VAU-L'EAU (A), = à val Veau (voy. val) =
en descendant l'eau. — Expression de forma-
tion et signification analogues : à vau-dc-
route,
VAURIEN, cp. les expressions fai-néant,
va-nu'pieds, etc. L'ail, dit, comme le fr.,
taugenichts, le néerl. deugniet,
VAUTOUR, du L. vulturius, dér. de vultur.
Cette étym. parait être la bonne ; mais pour-
quoi vautour et non pas, selon la règle, vou*
tourf Je pense que c'est un eflet de dissimila-
tion. On trouve d'ailleurs vfr. vouteur, Cp.
aussi vautrer p. voutrer,
VAUTRE, espèce de chien pour la chasse
au sanglier, vfr. véltre, viaulre, viiUre, it.,
prov veltro^ = L. vertragus. Loi salique vel-
trum, mot d'origine celtique. — D. vautrait,
anc. vautroy, équipage pour la chasse au san-
glier.
VAUTRER (SE), autref. voUrer, voutrer;
la forme primitive est voltrer, qui cori-espond
à l'it. voUolare, lequel dérive de t7oZ^o, parti-
cipe it. du L. volvere, rouler. Cette étymolo-
gie est confirmée par la forme conçu ri*en te
vfr. voûter = voltare; Bestiaire de Gervaise,
288 : El tais (= boue) se voûte maintenant.
— Littré, se fondant sur la forme viutrer,
dérive le verbe du subst. viittre (îr. mod. vau-
tre, v. c. m.) = it. veltro, lévrier. Se vautrer
serait, selon lui, se rouler comme font les
lévriers.
VAVASSEUR, voy. vassal,
VEAU (d'abord vedel, forme prov., puis
vé-el, aussi viel, enfin vc-au, veau), du L. vitel-
lus. De la forme anc. véel viennent le verbe
vêler et le subst. vélin, pr. peau de veau.
A la forme vedel se rattache vedelet, pâtre qui
soigne les veaux.
VEDETTE, de l'it. vedetta. La facture de ce
dernier ne se prête en aucune façon à ime
dérivation de vedere, voir. Diez suppose avec
raison un changement de veUtta en vedetta
(cp. L. amylum, fr. amidon) \ov,veletta, qui
signifie vedette, est un dérivé de veglia ■■=»■
L. vigilia.
VÉGÉTAL, dér. du L. vegetus, plein de
vie; VBGKTBR, L. vegetare, pris dans le sens
neutre do vegetum esse. — D. végétation,
L. vegetationem ; végétable, anc. = végétal,
L. vegetabilis.
VÉHÉMENT, L. vehementem, — D. véhé-
mence, L. vehementia.
VÉHICULE, L. vehiculum (vehere).
VEHME = mha. vëme, condamnation,
punition, tribunal secret.
VEILLE, it veglia, subst. verbal de veiller;
non pas de lat. vigilia (qui a l'accent sur le
second i).
VEILLER. L. vigilare, — D. veille (y, c. m.),
veillée, veilleur, -euse; cps. éveiller, d'où
réveiller, surveiller.
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YEN
— 510 —
VER
VEIN£» L. vena, — D. veineux, L. veno-
sus; vetfier, Voy. aussi r^enelle.
VELGHIi» de Tall. toûlisch, wàlsch, gau-
lois.^
VELER, voy. veau.
VÉLIN, peau de veau, voy. veau,
VELLÉITÉ, terme philosophique formé de
l'infinitif latin velle, vouloir.
VÉLOGE, L. veîocem. — D. vélocité, L. velo-
citatem.
VELOURS, anc. veïous (Vr est intercalaire ;
cp. vfr. jalours p. jalous, survivant dans le
Tiéevl. jaloersch) ; du L. villosus, velu. L'it.
dit veilutOf l'esp. veludo; ces formes sont cor-
respondantes du fr. velu et viennent dn L. ri7-
Jutus. D'un diminutif veluet vient angl. vel-
vet, velours; un autre diminutif se trouve
dans l'anc. langue fr. sous la forme velluau
== BL. velludellum, pannus sericus villosus.
Quant au verbe velouter,ïi est fait soit d'après
l'it. vellutare, ou librement déduit de velous*
(cp. taluter de talus),
VELTE, mesure de capacité. De Tall. viert,
ticrtel, mesure de capacité, pr. quart, quar-
taut. Buggc, auteur de cette étym. (Rom., III,
160j, rappelle les formes variées verte, verle,
vergue et pense que trois mots différents sont
ici confondus : 1. notre velte ou verte;
2. vergue, antenne = virga; 3. verte =^
virgula. — D. velter.
VELU, voy. velours. — D. velvote p. veluotc,
plante à tiges velues.
VELVOTE. voy. velu.
VENAISON, angl. vem'son, du L. veuationem
(venari), chasse, produit de la cliasse. Le verbe
venari a donné vetier, courre un animal
domestique pour en attendrir la chair ; vena-
iorem, vfr. veneeur, auj. veneur, d'oix vénerie.
VÉNAL, L. venalis. — D. vé}uilité.
VENDANGE, L. vindeynia [i consonnifié).
Le prov, dit vendenha. — D. vendanger
(— L. vindcmiare). Le L. vindemia a fourni
le nom au mois dit vendémiaire.
VENDIQUER, mot savant, employé dans La
Fontaine pour revendiquer, du L. vlndicare
(dont la forme franc, normale est venger),
VENDRE, L. vendere. — D. vente, it. ven-
dita, == L. vendita fcp. 7'ente, pente, etc.);
ve7ideur, vendable, revendre.
VENDREDI, \i.renerdi,à\\ L. Veneris dies.
Le prov. retourne les termes et dit divendres;
l'espagnol (sans dies) dit tout court vie7'nes
(p. vienres), le prov. de même aussi ven7'es,
VÉNÉFIGB, L. veneficium.
VENELLE, i)etite rue; p. veinelle, pr.
petite veine? Cela rappellerait la métaphore
du mot artère = rue principale d'une ville.
Kn filer la venelle signifie prendre la fuite;
avoir la venettc, gagner peur. Il n'y a cepen-
dant pas de rapport de famille entre venelle
et venette. lloquefort explique ce dernier
assez cavalièrement par - peur pareille à celle
du gibier poursuivi par les veneurs ». Notre
opinion est que venette dérive de vener,
expression populaire p. vesser, contraction de
vesiner; cp. la loc. avoir la foire. Quant à
venelle, si l'explication ci-dessus ne satis£ùt
pas, nous émettrons une autre conjecture :
dim. du BL. venna, haie, buisson (voy. vanne),,
qui se prête assez bien pour expliquer la
locution en question. D'autres ont plus hardi-
ment expliqué venelle par un dim. vianella,
de ma, chemin. — Il est bon, pour se diriger
dans les recherches, de noter que Du Gange
cite un document du xiii® siècle portant la
forme latine vanella, via strictior.
VÉNÉNEUX. L. ve}ienosus (venenum).
VENER, VENEUR, VÉNERIE, voy. venai-
son.^
VÉNÉRER, L. venerari, — D. vénération,
-able, L. venerationem, -abilis.
VÉNÉRIEN, relatif à Venus, gén. Veneris.
VENETTE, voy. ve7ielle.
VENGER, prov. vengar, venjar, esp. vetv-
gar, it. ve)igiare, duL.vindicare (cp. manger
de mand'care), — D. vengeur, vengeance,
revenger et revancher (v. c. m.).
VÉNIEL, L. venialis (venia).
VENIN, vfr. velin et vei'in ; du L. venenum.
Pour la confusion de la finale lat. en (us, a»
um», avec m (us, a, um), cp. pullicenus :
poussin ,raLcem\\s : i^aisin, catena : chaîne'
d'où chaîne, sagena : seine' (d'où seine), per-
gamenum : parchemin; aussi étrén ne, *<rc/wi,
variait jadis entre estrcne et estrine. — D
venimeux, envenimer; m p. n par euphonie,
comme dans étamer de étain, vfr. leonimc «=«
leoninus.
VENIR, L. venire. — D. subst. part, venue.
VENT, L. ventus. — D. vente?*, venteux^
L. ventosus; ventait (orthographié aussi van-
tail), pr. soupirail ipar où l'on respire), puis
aussi battiint de porte (cp. venteau, iwrte
d'une écluse); cps. contrevent, paravent;
verbe éventer, d'où éventail (v. cm.). — Ro-
quefort a commis la colossale méprise de pla-
cer l'adj. éventuel sous la rubrique vent!
VENTE, voy. vendre.
VENTILER, L. ventilare (ventus), remuer
à l'air, agiter, scruter. — D. ventilation,
-ateur.
VENTOUSE, prov., esp., it. et BL. ventosa,
pr. soupirail, donnant passage à leau ou à
Tair; de là les différentes applications techno-
logiques et médicales de ce mot. Ce que nous
appelons ventouse en chirurgie s'appelait clicz
les Latins cucu7*bita, chez les Grecs «ixûa, \n\
courge; Juvénal a cucurbita ventosa. Du
L. ventosus (ventus), primitif aussi du nom
de mois républicain dit ventôse, — D. ven-
touser,
VENTRE, L. venter, — D. dim. ventricule,
L. ventriculus; ventrée, -ière, ventru, se ven-
troniller; ventriloque, L. ventriloquus (qui
parle du ventre) ; verbe é-centrer,
VENTRBBLEU, euphémisme p ventredieu;
cp. morbleu, sac7'ebleu.
VÊPRE, du L. vesper, soir.
VER, prov., vfr. tj^w, L. vermis. — D. Cf'-
7'eux, piqué des vers ; téroter, chercher des
vers. Ces dérivés sont faits en négligence du
radical primitif vei^m.
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VER
— 511 —
VER
VÉRACB (néol.), L. verax. — D. véracité,
L. veracitatem.
- VÂRANDA, dir. de l'esp. baranda, port.
varand<i, mot d'origine orientale : malais
baranda, persan baramadah ; sansc. varanda,
portique.
VERBE, L. verbum, pr. parole. — D. uer-
balf L. verbalis (de l'expr. procès-verbal vient
le verbe verbaliser) \ verbeux, L. vcrbosus,
d'où verbosité; verbiage (d'où verbiager), d'un
verbe ancien verbier, type L. verbicare,
VBRD. voy. vert.
VERDICT, mot d'introduction anglaise, du
L. veredictum; Tall. àxiwahr'Spruch.
VERDIER, garde forestier, BL. viridarius,
dér. de viHde, verdure, feuillage; cp. le terme
gruyer(w. c. m.). — D. verderie.
VERDURE, voy. vert. — D. veixturier,
•ière.
VÉREUX, voy. ver.
VERGE, L. virga. — D. vergé, barré, rayé ;
verger, mesurer avec la verge; vergeure;
enverger (v. c. m.); dim. vergette, d'où ver-
geter.
1 . VEROER, verbe, voy. verge.
2. VEROER, subst., prov. vergier et ver-
dier, du L. viridiarium, forme concurrente
de viridarium (viridis).
VERGLAS, composé de verre et de glace,
donc pr. verre glacé. On trouve aussi en vfr.
vm^giel (fficl = it. gielo, L. gelu, glace).
A cause des formes vfr. wereglas, wall. war-
gless, Littré explique le mot par - gare à la
glace n. Cela me semble bien risqué, sur-
• tout en présence du parmesan vedergiass =
verglas, et du rouchi tooirglache (wotr = vfr.
voire, verre).
VERGNE. voy. veme.
VERGOGNE, vfr. aussi vergonde, prov.utr-
gonha, it. vcrgogna, du L. verecundia, subst.
de l'adj. vereciindiis, pudique. — D. déver-
gondé (v. c m.).
VERGUE (cp. prov. vergua), comme verge,
du L. virga, baguette, pièce de bois longue.
— D. enverguer (v. c. m ).
VÉRICLE, du L. vitricidus (vitrum).
VÉRIDIQUE, L. veri-dicus. — D. vcridi-
cité.
VÉRIFIER, BL. vei-ificare; subst. vérifica-
teur, vérification.
VÉRIN, nom d'une machine en forme de
presse ; n'est pas, comme on a avancé, un dér.
de ver, par allusion à la forme de la vis ou de
l'écrou, mais de la famille du L. verii; voy.
vrilie.
VÉRITÉ, vfr. verte, L. veritatem. — D. véri-
table (cp. équitable de équité, charitable de
chanté).
VERJUS, p. vert jus, jus de fruit encore
vert. — D. verjuté.
VERLE, jauge pour mesurer les futailles,
de virgxda, dim. de L. virga, fr. verge.
VERMEIL, it. vermiglio, du L. vermiculus
(dim. de vermis), pr. petit ver, puis = coc-
cura, teinture écarlate, cochenille. Le mot
s'est appliqué surtout à la couleur que l'on
donne à l'or, pour rendre son feu plus vif et
qui est composée en grande partie de vermil-
lon, puis 4 l'argent doré. En agriculture ver-
meil se disait d'un lieu où il y a des vers. —
Dim. vermillon, cinabre, couleur vermeille.
VERMICELLE, de l'it. vermicelli, petiU
vers.
VERMIFUGE, du L, vermis, \cr, + fugare,
chasser.
VERMILLER, chercher des vers (vermis).
VERMILLON, voy. vermeil.
VERMINE, prov. vermena, d'un type ac^ec
tival verminus (vermis j. — D. verminière.
VERMISSEAU, anc. vermicel, du L. vermi-
cellus, forme accessoire de vermiculus (cp.
arbrisseau, ruisseau),
VERMOULU, pr. fnoulu par les vers; de là
vermoulure; de vermoulu, au mépris des
règles, on a abstrait un verbe se vermoulcr.
VBRMOUT, de l'ail, tœrmuth, absinthe
(celui-ci étymologiquement = racine contre
les versi.
VERNAL, L. vernalis (de ver, printemps),
VERNE, ou vergne, aune (arbre), prov.
verna, vern. Du L arbor verna = arbre prin-
tanier ? Diez préfère une étymologie celtique :
cymr. gwern, marais, d'où la combinaison
coed gwern, aunes, pr. arbres de marais (on
trouve aussi tout court gwern = aune).
VERNIR, d'après Ménage, approuvé par
Diez, d'un type L. vitrinire, dérivé de vitri-
nus, adj. de vitrum, verre (cp. prov. veirin).
Diez appuie cette manière de voir sur le sens
identique des verbes it. vitriare, esp. vedriar,
sarde imbidriare; cp. aussi l'ail, glasiren,
vernir, glacer, de glas, verre. Il repousse
comme origine le vha. bernjan, rendre lui-
sant, le germanique b initial ne s'afTaiblissant
jamais en v ; n'était ce scrupule phonétique,
le mot s'accommoderait très bien de l'ail, ber^i-
stein (pr. pierre luisante), ambre, succin, cotte
substance fournissant im vernis très usité.
L'ancienne poésie appliquait fréquemment à
l'écu l'épithète verni et vernis (voy. des exem-
ples dans Bormans, Texte do Cléomadès,
p. 199, et Gachet, Glossaire); le premier est
le participe passé de veimir, le second répond
à un type adjectival en icius. — D. subst.
vernis, collatéral de it. vcrnice, esp. bcrnis
et barnis, prov. vernitz (gr. mod. (itpAxi,
angl. vaimish, ail. firnis).
VERNIS, voy. l'art, préc. — D. vernisser
(it. verniciare, prov. vernissa?'), d'où vernis-
sure.
VÉROLE (autr. v^airole) vient de vair, ve?''\
donc, comme variole, du primitif lat. varias .
Un autre dérivé de vair ou ver est vérette =
varicelle, et véron p. vairon, nom d'un pois-
son (cp. héron p. hairon). — D. vérole.
VÉRON, voy. l'art, préc.
VERRAT (p. verracf cp. esp. verraco), dér.
du L. verres (vfr. ver): on rencontre aussi les
formes veirrou, verau, ven'ot.
VERRE, vfr voire, it. vetro, prov. reire,
régul. tiré du L. vitrum, dont la langue
sa vantera fait vitre. — D. verrier, -ière, -crie,
verreux, verroterie.
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VER
— 512 —
VES
VERROU, anc. verrouil (d'où le verbe ver-
roidllcr), prov. verrolh, du L. verucuhim,
petite broche.
VERROUILLliR, voy. verrou,
VERRUE, L. veri^ca.
1. VERS, subst., L. versus (vertere; cp.
G7pQfT, de arpifû»), — D. verset, versicuhf L.
versiciilus; verbe versifier, L. vcrsificare,
subst. versification, 'Oteur, L. versificationem,
-atorem.
2. VERS, prép., L. vei'sus (pr. tourné).
Composés : envers, devers.
VERSATILE, mot de facture savante, L. ver-
saiilis. — D. versatilité,
VERSÉ, exercé, du L. versatus (versari).
VERSEAU, terme d'astronomie; d'après
Littré, la saison où il faut verser (retourner)
la terre ; d'après Moisy = verse-eau, une tra-
duction populaire de L. aquarius, m. b.
VERSER, it. vei'sare, prov. versar; du L.
versare, fréq. de vertere; propr. retounier,
renverser. Le sens répandre, faire couler, est
déduit de l'idée renverser un vase ou l'incliner
pour en faire sortir le liquide. Le sens origi-
naire « retourner » (La Fontaine disait encore
verser un champ, imitant en cela le versare
gleha^ d'Horace) reparait dans les composés
enverser', renverser. — D. versant, pente d'une
montagne d'où découlent les eaux ; à verse^
locution adverb. = en versant (de là le subst.
averse,; versement, verseaulv. c. m.).
VERSION, L. versionem (vertere), action de
tourner, puis de traduire.
VERSO, sous-entendu folio, mots latins =
au feuillet tourné.
VERT, fém. verte (autrefois, selon la règle,
vei*de),du L. viridis. — D. verdûtre, verdelet,
verdet, verdier (oiseau), verdeur, verdure,
verdir, vei'doyer (it. verdeggiare, esp. vet'-
dear).
VERT-DE-GRIS est une forme corrompue ;
au xiii* siècle, on trouve verte-grejs, au xiv",
vert de gricc; Littré conjecture conmie forme
première vert aigret, le vert produit par
l'aigre, l'acide.
VERTÈBRE, L. vertcbra (vertere}. — D,
vertébré, L. vertebi'atus ; vei^tébral.
VERTICAL, L. verticalis, perpendiculaire,
dér. du L. vertcx, -icis, point culminant, som-
met de la tôte, zénith.
VERTIGE, it. ve7'tigine, du L. vertigo, -mis
(vertere), tournoiement. — D. vertigineux, L.
vertiginosus. On a conservé le mot L. vertigo
pour caprice, fantaisie.
VERTU (anc. aussi a= force, courage), du
L. virtutem.hQ là }^vos.v€rtudos,'ii.vinuoso^
fr. VERTUEUX ^le mot virtuose est emprunté de
rit.); verbe évertuer, prov. es-vertudar.
VERTUGADIN, dér. de Vesy.vertugado (vfr.
vertugade), m. s., dont j'ignore l'origine.
D'après Littré, le mot espagnol, aussi pro-
noncé et écrit verdugado, dérive de terdugo^
pr. scion, baguette, lequel vient du L. viridis,
vert. Cette étymologie ne m'inspire aucune
confiance et le synonyme esp. guardc- infante
pourrait bien m'autoriser à supposer que l'in-
vention du vertugadin visait, pour une raison
quelconque, à protéger Vinfante et que oe sont
bien les éléments vertu et garder qui se
cachent sous le tei*me bizan-e que les modistes
du xvi*' siècle ont imaginé pour l'engin de
toilette nouvellement inventé.
VERVE, du L. vaxa, tête de bélier, orne-
ment de sculpture ; de là l'acception : fantaisie
d'artiste, caprice. Un développement analogue
d'idée se remarque dans le mot caprice, de
capra, chèvre. Seulement, on se demande, à
l'égard de ce dernier, si le sens figuré ne re-
pose pas sur un autre point de vue impliquant
une allusion au caractère bizarre de la chèvre.
Ménage voyait dans verve, enthousiasme,
l'inspiration du verbe divin ; le P. Labbe pen-
sait à vertere; entre vertige et verve, il y a en
effet de l'affinité, mais il faut aussi se mettre
en règle avec la forme des mots ; or. verve ne
se prête en aucune façon à un radical vert.
D'autres se sont adressés à l'ail, vœrfen, ni.
werpen, jeter (donc pr. élan d'esprit) ; Roque-
fort y voyait le mot vertu! Fôrster (Ztschr.,
IV, 381) dit que l'ét. par verva n'est nulle-
ment assurée; l'examen de l'emploi du mot
dans l'ancienne langue indique plutt^t le sens
« verbiage, folle parole, proverbe ». Cela favo-
rise l'étym. verba, plur. de verbum; mais le
passage de rb en rv serait tout à fait excep-
tionnel, car mœ-ve = *morba (p. morbus)
n'est pas sur. Do son côté, G. Paris observe
(Rom., X, 302) qu'il professe depuis longtemps
la même manière de voir ; pour la forme, il
rapproche verveine de vei'bena et le latin verva,
pluriel de vitTf = verbum. Suchier (Roman.
Forschungen, Ij oppose la forme piém. cerver
et propose l'ét. verbera, mais Paris ne croit
à l'existence de ce mot piém. verver que sous
la forme ver ver «Rom., XII, 133). — Citons
encore, pour la fin, la bizarrerie d'un savant
allemand, qui voit dans verve le L. fervor!
VERVEINE, L. verbena.
VERVELLE, voy. l'art, suiv
VERVEUX, filet, anc. verveu; ce mot est,
d'après Pott, suivi par Diez, la représentation
fr. de l'it. vertovello ou bertovello^ nasse, qui,
à son tour, est le L. veriebolum (Loi salique^
ou plutôt vcrtebellum (cp. en fr, la forme ver-
velle, gonds dans la quille d'un bateau foncet,
pour y accrocher le gouvernail ; aussi anneau,
cylindre). Or, vertebolutn est un dimin. de
vertcbra, et tire sa signification du verbe ver-
tere; la nasse est ainsi nommée parce que lo
col est retourné en dedans ; aussi l'orifice de
la nasse s'appelle- 1- il de même en it. ritroso
= retro7*sus (pr. retourné;. — La forme
limousine vertuel se rappixxîhe plus sensible-
ment du type vert'bcUum.
VESGE, vfr. vesse, vèche, it. veccia, vezsa,
angl. vetch, fitch, v. flam. vitsen, ail. toicke;
du L. vida. — D. vescermi.
VÉSICATOIRE, du L. res/carc, produire des
vessies, d'où aussi vésicant. — Vésicule, L.
vesicula, petite vessie.
VESOU, jus de la canne à sucre : d'après
Roulin, de vfr. vese, vessie, à cause des vessies
ou cloches que produit le dégagement du gaz
acide carbonique.
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VEU
— 513 —
VII)
VSSPÉTRO, « de vesse, pet et rot, à cause
dès propriétés carminatives attribuées à cette
liqueur » (Littré). Je connaissais cette étymo-
logie, mais je n'osais pas la prendre pour
sérieuse.
VESSE, L. visium (du verbe visire), mot
radicalement identique avec Tall. fiess, fiest,
angl. fis sic t tese, — D. vesser. — Au lat. visire
répond walt. ces(. Du même primitif latin
vient le verbe vfr. vesiner, doù berrichon
véner, rouchi vener, d'où, selon moi, l'expr.
avoir la venette (v. pi. h.). Le wall. dit dans
le même sens avù Vtèse (voy. Grandgagnage).
VESSIE» L. vesica, vessie, ampoule» cloche,
d'où le verbe L. vesicare, se gonfler» et l'adj.
vesicatoriiis* , fr. vésicatoire, — D. vessiffon,
VESTE» dir. de l'it. resta, habit» robe» qui
vient du L. vestis, vêtement. — D. veston.
VESTIAIRE, L. vestian'um (vestis)» garde-
robe.
VESTIBULE» L. vestibuhim, cour d'entrée.
VESTIGE» L. vestiffium,
VETEMENT, L. vestimentum fvestire).
VÉTÉRAN» L veteramis (vêtus). — D. tété-
rance, mot formé comme si le primitif était
vétéran t.
VÉTÉRINAIRE» L. veterinarhts (de veterina,
s. e. bestia. bête de traie ou de somme).
VÉTILLE» d'après Diez» du L. vitilia, mar-
chandises en osier, treillis, etc. (choses de peu
de valeur) ; il cite à l'appui lo L. gerrœ, qui
signifie l . choses en osier» 2. bagatelles, bali-
vernes. D'autres font venir le mot de titilitU
gare, chicaner, mais cette étymologie est for-
cée. — Pour ma part, je ne vois pas pourquoi
vétille ne serait pas un dimin. de vetiis, mar-
quant d'abord une vieillerie, chose usée, sans
valeur. Raynouard rattache le mot. peut-être
avec raison, au prov.,esp. veta, cordon»bande
(c= L. vitta), et allègue le passage suivant :
• paubre lairon pent hom per una veta »» qu'il
traduit « pauvre larron on pend pour une
vétille f*. — Brachet dit tout court : du pié-
montais vetiîia, m. s. — D. vétiller, -eux,
VÊTIR» L. vestire. — D. vêtement, L. ves-
timentum ; vêture, prise d'habit; cps. re-vétir,
dé-tétir,
VETO, mot latin = je défends, je m'oppose.
Le verbe vetare se trouve en prov. et esp.
sous la forme vedar, en vfr. véer, en it. vie-
tare,
VÉTUSTÉ, L. vetustatem (vêtus).
VEUF, voy. veuve.
VEULE» vieux mot « mou» faible» léger»
primitivement = vain, vide. D'après Diez, la
forme veule procède de la forme vole (Rute-
beuf : M pensée vole »). Or» vole vient de vola,
le creux de la main» soit que l'on ait pris
creux dans le sens de vide, soit sous l'in-
fluence de l'expression composée vanvole,
chose futile (Rom. du Renard, I, p. 147), qui
signifie pr. vana vola, main vide» et que l'on a
interprétée par vain et vole, combinaison fré-
quente chez les anciens.
VEUVE» du L. vidua, par l'intermédiaire
de vfr. vedve, veve (cp. L. tennis, vfr. tenve, et
I pour le changement de e en eu, plevir devenu
pleuvir). Les mots parallèles des autres lan-
I gués sont prov. veuva, vesoa, it vedova, esp.
viuda, port, viuva, valaqiie vèduvë. néerl.
toedutoe, angl. voidow, ail. wittwe. — Le cor-
re.<«pondant masculin de v^^uve est veuf. — Le
I latin viduus, au sens déduit de privé de» non
remi)li» s'est francisé, dit-on, par vide, mais il
l>ourrait bien y avoir là une erreur (v. c. m.).
— D. veuvage.
I VEXER, L vexare (vehere), pr. secouer,
ballott4*r, tirailler. — D vexation, vexatoire.
VIABLE, p. vivable; cp. viande pour
vivamle. Le mot étant d'introduction récente,
, il a été tiré peut-être par les médecins de la
formule vitœ hahilis, apte à la vie ; étymolo-
gie donnée par Littré. — D viabilité,
VIADUC, formé de vice ductus, d'après l'ana-
. logie de aquœ ductus, tt. aqueduc.
VIAGER» dérivé du subst. viage, cours de la
vie» ressources pour vivre» revenu annuel; ce
viage a pour type soit une forme vitaticum,
soit L. viaticum = provisions de route» moyen
de subsistance (voy. viatique).
VIANDE, prov. vianda, it vivanda, anc.
nourriture en général; la forme ancienne et
complète est vivande (de là : vivandière), du
L. vivenda, mot de façon barbare devant
signifier « ad vivendum necessaria •«. Le sens
ancien de pâture subsiste encore dans les dé-
rivés (termes de vénerie) viander, pâturer, et
I viandis. Guiot de Provins dit des chanoines
I réguliers qu'ils étaient nobles vivandiers ^qu'ils
faisaient bonne chère).
VIATIQUE, L. viaticum (via), argent ou
frais de voyage. S. Grégoire emploie déjà le
I mot au sens de sacrement administré aux mo-
ribonds. Viaticum est aussi le type du mot
voyage.
i VIBRER, L. vibrare. — D. vibration.
VICAIRE, vfr. viguier (v. c. m.), L. vicarius
I (vicia), qui tient la place d'un autre, lieutenant,
substitut. — D. vicariat, -al, verbe vicarier.
1. VICE, défaut, L. vitium.. — D. vicieux,
L. vitiosus; vicier, L. vitiare, corrompre.
2. VICE-, élément prépositif de composition
du L. vice, à la place de, abl. de vicis, alter-
native» cours» lieu ; vice-roi est celui qui gou-
verne vice régis, à la place du roi.
VIGSNNAL» L. vicennalis, de vicennium
(viccnti anni}, espace de vingt ans.
VICINAL. L. vicinalis(de vicinus, fr. voisin).
Un chemin vicinal est un chemin qui relie des
localités voisines.
VICISSITUDE» L. vicissitudo.
VICOMTE, p. vice-comte, BL. vice-comitem,
— D. vicomte.
VICTIME» L. victima, animal offert en sacri-
fice. — D. victimer, L. victimare.
VICTOIRE» L. Victoria (vincere). — D. vic-
torieux, L. victoriosus.
VICTUAILLES, vfr. vUailles, L. viciualia
(victus). De vitailles vient r-avitailler,
VIDAME, contraction de vice-dame, à Genève
vidomne, du L. vicc-dominus,
VIDANGE, voy. l'art, suiv. — D. vidanger,
VIDE, vfr. vuide, vuit, voit, prov. vuei;
33
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VIG
— 514 —
VIN
selon l'ét. reçue, du L. viduus. — D. vider,
autr. Tuidei-; delà vidange^ propr. action de
vider, et vidure; cps. dé-tUier (v. c. m.).
é'Vider. Voy. aussi veuw. — L'étymologie
viduus, à l'avis de Schuchardt, ne convient
qu'ait, vedovo, fr. *tedve, veuf, veuve. L'ori-
gine de vfr. Voit, vuit, vuide, nfr. vide, it.
voito, toto, est le participe vocitus (cp. rogUus
de roffaré),à\\ verbe bas-latin cocare=^racare.
Pour la forme, cp. L. cogitare devenu it. coi-
tare, cotare, vfr. cuidier, Voy. Schuchardt,
Rom , IV, 256, et Thomscn, ib . p. 257-262,
ainsi que mon Appendice à la 5' éd. du Dic-
tionnaire de Diez, pp. 765 (voto, et 818 {vide),
VIDSGOQ, en Normandie tico, un des noms
de la becus.se; altération de Tangl. woodcock
s= coq des bi»is.
VIDIMUS, mot latin « nous avons vu ; de
là le verbe vidimer, apposer le vidimus.
VIDRECOHE, grand verre à boii-e, » ail.
viiederh(mitn.\ïXX. retour; ce verre a été appelé
ainsi, dit-on. ])arcc qu'il fait le tour de la
table, chaque convive le vidant à chaque santé
qui se porte. Je doute de cette interprétation ;
.SI le mut ail existe ou existait' je ne lai jamais
entendu et Sundors ne le porte pas), j'imagine
que le nom hii est plutôt venu de l'occasion
du festin : le retour d'un ami. Ou le mot
vidrccome ne serait-il p:i< pln'ôi f.Tîr^ sur le
terme ail. t<;i7/Ai.»im-humpLn, le giund bocal
de bienvenue^
VIBUITÉ, terme savant pour veuvage, L.
vidait cUem. Voy. veuf.
VIB. L. vita.
YIÉDASE, imbécile: mot du Midi, composé
vit, et aze, âne (Litti^é .
VIEIL (avec Y s du nom., vieW, d'où vieux),
prov. vielh^ it. recchio, teglin, esp. rar/o, port.
velho, du L. vetulus, cc^ntracté en velius, d'où
veclus, toutes formes dont l'existence est
constatée. — I). vieillot, vieillard, vieiUir,
vieitiessc, -crie. — Le L. Tceius a laissé au
vfr. la forme indéclinable vies (cette opinion
est contestée).
VIELLE, instrument de mnsifjne, formé du
L. vile.Ua, comme tiule est fuit de vUula; voy.
viole. — D. vielle^', d'où vielleur.
VIERQE, vfr. virge, prov. verge, du L. virgo,
-iuis. Du thème virgin vient le vfr. virgine,
prov. vergcua et angl. virgin.
VIEUX, voy riVîY.
VU', L vimis. — D vivifier, L vivificare;
a-viver, raviver.
VIGQi, du port, vigia, veille, sentinelle,
espion, :5nbst. verbal de vigiar, veiller.
VIGILE, forme savante de v>eille (y. cm.);
vigilant, -auce^ L. vigilantem, -antia.
VIGNE, L. viiiea. — D. vigneron (cp.
bûcheron)\ vignette (les premières vignettes
représentaient des pampres et des raisins ; cp.
le {evme cul -de-lampe]'^ vignoble (v. c. m.).
VIGNETTE, voy. l'art, piéc.
VIGNOBLE (se trouve déjà dans Gaydon);
d'après les uns, le mot est gâté de vignole (cp.
it. vignuola; on disait autr. vignolette, p. pe-
tite vigne); d'après Diez. de vini opulens,
abondant en vin (pour l'apocope de ens, il cite
serpe p. serpens) Peut-éti*e le mot est-il modi-
fié de vinobre el désigne-t-il proprement un lieu
où Ion fait du vin, prov. obrar = operari.
VIGOGNE, it. vigogna, esp. vicuîta, port.
vigunha; en latin rcientifique, camelus ri-
cunna; du péruvien vicunna.
VIGUEUR, L. vigorem. De la forme vfr.
vigour vient l'adj. vigoureux, BL. vigorosus,
et le verbe vfr. raviyourer,
VIGUIER, prévôt, foime prov. du L. vica-
rius, lieutenant. — D. viguerie.
VIL, L. ri lis — D. vilete' (vfr. vilte, vieiite\
prov. viutatf; verbe amlir.
VILAIN, it. villano, BL. viUanus{àe viUa\
pr. habitant de la campagne (voy ville], rus-
tique. Le mot vil a peut-être contribué à fixer
les acceptions modernes de vilain. — D. tii<?-
nic, action de vilain ; villaneUe, poésie pasto-
rale.
VILEBREQUIN, anc. aussi virebrequifi,à^ns
les ))atois vuilberquin, biberquin, etc. ; ce mot
représente le flamand wielboarken, composé
de vciel, roue, tour, et de boorken, petit foret
ideborett, percer); donc pr. foi-et à tour. L'al-
tération de vile en vire peut s'être produite
s<nis rinflnence de fr. virer, tourner. C'est du
français que viennent esp. berbigui et port.
berbequim. Le Duchat expliquait le mot par
gyrans verucum ! Frisch y voyait le bas-ail.
vsinborekcn (de winden, tourner, et hohrcn^
percer, cp. l'ail, windel-bokrer, m. s.\ —
Pal^jrrave présente la torme altévèe vibriqitet.
VILENER. VILENIE, voy. ville.
VILIPENDER, L. vilipendere, mépriser.
VILLA, forme lat. ou it. de ville (v. c m.>.
VILLAGE, voy. l'art, suiv. — D. villageois.
VILLE, L. villa. Dès les premiers temps du
moyen âge, le sens primitif de villa, savoir
maison de campagne (encore propre à lit.
villa), s'est modilié en celui de hameau ou de
village. Par extension, le mot s'est appliqué à
une ville de campagne, opposée à la cité ou
au bourg, défendus par un château. De vill^
dérive rillain\ auj. vilain, it. villano, prov.
vilan, d'ub(»rd ^ paysan, homme de la cam-
pagne, puis, selon les préjugés du citadin, —
grossier, vil, bas, laid ; c'est de cette dernière
acception que relève le subst. tilenie. et le
verbe fr. vilener, injurier, outrager, désli<»-
norer, dont le part, vilené a pris une acception
spéciale en termes de blason. — Do ville, dan-
son acception d'établissement rural, vient le
terme collectif village, pr. réunion de plusieurs
fermes.
VILLÉGIATURE, de Tit. viUeggiatura, dér.
du verbe vitleggiare, séjourner à la campagne
[villa).
VIMAIRE, du L. vis major, force majeure.
VIN, L vinum. — D. vinaire, L. vinariu?;
vineux, L. vinosus (d'où vinosité); tiné^,
vinasse (it. vinaccio), vinicole (néol.), = q"^
cultive le vin.
VINAIGRE, p. vin aigre, it. vino agro,
angl. vinegar. — D. vinaigrer, -ette, vinai-
grier, vinaigrerie.
VINDAS, cabestan; on dit aussi guiiidds
(v germ. =^gu fr.); voy. le mot guinder.
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VIR
— 515 —
VIS
VINDICATIF, du L. vindicare (fr. neiger).
VINDICTB, it. vendetta, L. vtndicta.
VINGT, L. viffinti. — D. vingtième^, -aine,
1. VIOLE» primitif inusité de violette, ït.,
esp., prov. viola, vha. viol, mha. viel, auj.
veil, dlm. veilchen; du L viola (dim. du
gr. tov). — D. violacé, -a/, -ler, -d/re, et sur-
tout violet et violette,
2. VIOLE, instrument de musique, prov.
viula, viola, it , esp., port, viola. Diez tient
la forme prov. vi-ula pour la plus ancienne,
car, d'après lui, viula a pu dégénérer en viola,
mais non pas viola en viula. Or, viula repré-
sente le BL. vitula. Ce dernier est, d abord,
par transposition, devenu viutla (cp. prov.
veuza de vedua, teuna de tenuis), doù (par
la cluite du t. cp. rolar de rotlare) viula,
viola. Or, i?2Ïu/a (qui est aussi le primitif de
l'équivalent ail. fiedel) vient du L. vitulari, se
réjouir litt. gambader comme un veau, vitu-
lus) ; la viole était l'instrument de la joyeuse
compagnie (« vitula jocosa », dit un poète
cité par Du Cange). Comme viole vient de
vitula, ainsi vient vielle (v. c. m.) de la forme
variée vitella. — D. it. violone et violoncello,
d'où nos mots fr. violon et violoncklle.
VIOLENT, L. violentus. — D. violence,
L. violentia; verbe moderne violenter.
VIOLER, L. violare. — D. subst. verb. viol,
VIOLET. -BTTE, voy. viole 1
VIOLON, voy. viole 2. — D. violoniste.
VIOLONCELLE, voy. viole 2.
VIORNE, it, viburno, du L. vibumum,
m. s.
VIPÈRE, L. vipera. Ce mot est de façon
savante; la vraie f«)rme ancienne est vivre,
vuivre, voivre, guivre, voy. pi. h. givre 2 et
pi. b vivre.
VIRAGO, mot Intin = femme robuste.
VIRELAI, — tire-lai, de vire7^; donc lai
en rond, rondeau.
VIRER ^roucbi virlei* p. vireler), esp , port.,
prov. virar, BL. virare (Loi des Allemands j.
Diez rejette l'étymologie gyrare communé-
ment reçu*», la .«yllnbe^i ne changeant jamais
en vi; il fuit dériver le verbe du vfr. vire, dial.
ital. vira, vera = cercle, anneau. Or, ce
subst. vire représente le L. riria, espèce de
bracelet (dim. tiriola, = fr. virole, cercle,
esp., prov. virola, d'où le cat. virolet =
girouette). Au dire de Pline, viria et viriola
(^= esp., prov. virola) sont des vocables celti-
bériques, et Guill. de Humboldt avait même
cru les retrouver dans le basque viruncalu,
tourner, en quoi le grand linguiste s'est
trompé, ce mot basque représentant, selon
Diez, le L. verruncare, tourner. Diefenbach
(Origines Europjeîe) démontre que le thème
vir de t'iria se produit tout autant dans des
vocables celtiques désignant courbure, ron-
deur, tournoiement, sans que toutefois on soit
autorisé à les admettre pour sources directes
du mot roman, car Diefenbach est bien d'avis
que le v initial roman ne peut répondre ni au
celt. V (== cymr. gv>, gaél. f), ni au germ
V, w. (Voy. aussi l'art, guirlande.) Le prin-
cipe que 10 germanique ne peut devenir v en
roman exclut donc l'étym. flam. wieren, tour-
ner, qui a été mis en avant ; cependant, ce prin-
cipe n'est pas absolu, comme le prouvent les
mots vacarme t vague, varenne, vilebrequin
et voguer. Au verbe virer se rattache : viron,
cercle, circuit, dans l'expression en viron {cp.
entour, à Ventour), d'où le verbe envii'vnner.
Le Sage fait dire à Sancho : « Le papillon, à
force de vironner autour d'une chandelle, finit
par se brûler » Subst. verbal virement. Cps.
rwirer\ d'où revii'ement. — Storm (Rom., V,
187 , dérive virer de vibrare, brandir. Pour
la forme, il allègue it. lira de libra; pour la
transition de l'idée brandir à celle de faire
tournoyer, il rapproche angl. swing, brandir,
et stoing a ship, faire tourner un navire. 11
aurait pu citer encore Tall. schivenken, qui
signifie brandir, agiter et faire tourner.
VIRES, en t. de blason, anneaux concen
très, voy. l'art, préc. — Dim, de vire: vireton,
flèche tournoyante.
VIRSUX, L. vii^o^-us (virus).
VIREVOLTE, de l'it. giravolta (« movi-
mento in giro »). Le fr. dit aua^i virevousse
(pour vousse = volte, voy. l'art voiïte).
VIRGINAL, L. virginalis; virglnitk, L. vir-
ginitas (virgo, -inis).
VIRGULE, L. virgula (virga), trait d'écri-
ture.
VIRIL, L. virilis fvir). — D. virilUé.
VIRLIQUE, t. de jeu, de l'ail, vier gliche
(gleiche), litt. quatre égales (s. e. cartes).
VIROLE, voy. virer. — D. virole.
VIRTUEL, néologisme formé de L. virtutem,
force, puis.sance, fr. vertu; it. virtuaie,
VIRTUOSE, voy. vertu.
VIRULENT, -ENCB, L. virulentus, -entia.
VIRUS, mot latin = venin.
1. VIS, subst. masc, vieux mot, ■= visage,
conservé dans l'expression vis à-vis =» face à
face, téte-à-téte; c'est le L. visus, vue, action
de voir, qui, au moyen âge (peut-être sous
l'influence de l'ail, ge-sicht, visage, de sehen,
voir), a pris la valeur du L. vultus vfr. vont).
— D. visage, terme a'igmentatif ; visière,
chose qui garantit le vis. — L'expression vfr.
il m est vis est le L. visum est mifii; ce visum
latin est aussi au fond du mot aDi> (v. c m.).
2. VIS, subst. fém., vfr. vis. Le vfr. vis, vis
et prov. vit 2 signifiaient aussi escalier tour-
nant ou limaçon. Le mot représente le latin
vitis, vrille de vigne, pampre; en BL. = vis
de pressoir et vis en générai ; en it. nous
voyons de même le mot vite réunir les accep-
tions de vigne et de vis, et en prov. mod. vis
signifie sarment, jet de la vigne. La forme vis,
qui a précédé vis, représente le radical vit,
plus la finale du nominatif i-. Cette étymologie
vitis satisfait pleinement, et il y a lieu de
croire que le flam vijse, vis (verbe vijsscn,
visser) e.st emprunté du roman. — D. visser.
— L'angl. vice est tiré de fr vis.
VISA, mot tiré de la formule de chnncel-
lerie - visa estn, (la- pièce) a été vue (et
approuvée). — D. viser, apposer le visa.
VISAGE, voy. vis. — D. en-visager, dé'
visager.
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VIV
— 516 —
VOI
YISCiBE, mot savant, du plur. L. viscera.
— D. viscéral,
VISER, porter la vue, regarder, d'un type
visare, fréq de videre. — D. visée. — A dis-
tinguer : viser = mettre le visa, qui vient
immédiatement de visa(v, c. m.).
VISIBLE, L. visibilis, — D. visibilité.
VISIERE, voy. vis 1.
VISION, L. visionem. — D. visionnaire.
VISITER, L. visitare (fréq. de visere) —
D. visite (terme savant Visitation)^ visiteur.
VISQUEUX, L. viscosus (de viscum, «^ fr.
gui). — D. viscosité.
VISSER, dér. de vis 2 (v. c. m.).
VISUEL, L. visualis* (visusj.
VIT, = lat. pénis, du L. vectis, en BL =
vcretrum.
VITAL, L. vUalis (vita). — D. vitalité,
vitaliser.
VITGHOURA, du polonais vilczur, fourrure
de loup : c est en imitation de celui-ci que les
Allemands ont forgé leur mot équivalent tcild-
schur^ litt. fourrure de béte feuve, puis sur-
tout garni de fourrure.
VITE (mieux vite^,dsic. viste^ prompt, alerte,
it. visto. Diez, dans la première édition de sa
Gramnmire, s'était prononcé en faveur de
l'étymologie L. veffetus, avec intercalation
de s. Des scrupules lui sont venus à ce sujet,
, et dans son Dictionnaire il exprime lopinion
que le mot italien est antérieur au mot fr. et
qu'il ne représente autie chose qu'une forme
écourtéo de awisto, prévoyant, avisé, cir-
conspect; il allègue, pour justifier cette tran-
sition du sens « circonspect, attentif, vigilant »
en celui de « prompt dans ses mouvements,
vif •, l'analogie de î'adj. alerte (v. c. m.), pr,
sur ses gardes, puis vif, allègre. Diefcnbach
iCeltica), après avoir reproduit l'étym. vegetus,
pose en outre les conjectures suivantes : 1 . it.
visto, vu, le mot signifierait « à peine vu, ou à
première vue, d'un coup d'œil » ; 2. corruption
de vividus (ce qui est tout & fait improbable).
Enfin, il pose la question si le synonyme
basque fite est emprunté de vite. — D. vitesse.
VITRE, forme savante de verre, vfr. voire,
du L. vitrum. — D. vitrer, -âge, -ail, vitrier,
-erie, vitrine. La science a tiré de vitrum les
termes : vitrifier, vitreux et l'it. vitriuolo,
d'où fr. vitriol.
VITRIOL, voy. vitre.
VIVAGE, L. vivacem (vivus). — D. viva-
cité.
VIVANDEÈRE, voy. viande.
VIVAT, mot latin « « qu'il vive » ; cp. l'ex-
pression lat salve.
VIVE, dragon de mer; prob. le même mot
que vfr. vivre, serpent (voy. vivre).
VIVIER, it. vivôjo, L. vivarium, réservoir
d'animaux, surtout de poissons; de là aussi
vba. wiwari, auj. weiher.
VIVIFIER, voy. vif.
VIVIPARE, L. vivi-parus (vivum parère).
VIVRE, L. vivere. Le parf. vesquis (plus
tard vcscus, vécus) reproduit le latin ric-si
transposé en vis-ki. — D. vivre, infinitif sub-
stanti\é; vivoter; cps. revivre, survivre.
VIVRi!,adj., t. de blason, de vivre, mot vfr.
reproduisant le L. vipera. Voy. givre 2.
VIZIR, de l'arabe xoaMr ou toejtr, pr. chargé
(de fonctions), du verbe toasara, porter.
VOCABLE, L. vocabulum (vox), d'où oooo^
bulaire.
VOCAL, L. vocalis (vox). — D. vocaliser,
d^où vocalise ou vocalisation.
VOCATION. L. vocationem (vocare).
VOCIFÉRER, L. vociferari. — D. vociféra-
tion.
VŒU, prov. vot, it. voto, du L. votum
(vovere); = 1. promesse faite aux dieux,
2. souhait, désir. Du même subst. latin la
langue savante a tiré le terme vote, vœu ex^
primé par le suffrage. — D. vouer, prov.
vodar, àa L. votare", fréq. de vovere.
VOGUE, V. l'art, suiv.
VOGUER, it. vogare, esp. vogar, port.,
prov. vogar, nager sur l'eau, du vha. v>ag&n,
altéré en \cog6}i (d'où l'ail, loogen, flotter), se
mouvoir; cp. l'expr. vha. m loagô toesan = fr.
être en vogue. — D. vogue, mouvement d'un
navire, fig. = cours, réputation, dans « avoir
la vogue, être en vogue ».
VOICI, VOILÀ, = vois-ci, voiS'là.
VOIE, L. via. — D. voyer, L. viarius,
inspecteur des chemins, d'où voirie p. voierie.
Le subst. voie est au fond des composés :
avoyer (vfr.), mettre sur la voie, convoyer
(V. c. m.), envoyer (v. c. m.), dévoyer (cp.
L. conviare, inviare, deviare) et forsvoyer,
fourvoyer, mettre hors (voy. fors) de la route.
Voie a en outre poussé les rejetons : voyagb,
pr. cheminement it rio^^io, esp. rio^c. prov.
viatge), qui, par sa facture, répond au L. via-
ticum. pr. argent de voyage, mais employé
déjà avec l'acception moderne dans Venantius
Fortunatus. — En ital., via a servi aussi à ré*
pondre à la question « combien de fois • ; una
via, une fois (cp. le nord. ga7tg, allée, venue,
le néerl. reis, voyage, et keer, tour, it. volta,
tour, qui tous signifient également • fois >•).
De ce même via, durci en fia, vfr. fie, dérive
it. fiata, vfr. fiede, fiée, foiée, wall. feie, =»
fois. Cependant, le mot fr. fois (v. c. m.) ne
représente pas le L. via dont nous parlons;
ce dernier n'a plus g^ère de trace dans la
langue actuelle, car l'anc. expression toutes'
voie^ (esp. todavia, it. tottavia), sous l'influence
de fois, s'est transformée en toutefois.
1. VOILE, masc., it. vélo, L. velitm. —
D. voiler, L. velare; cps. dévoiler; dim. ©ot-
lette.
2. VOILE, fém , it. vêla, du L. vêla, plur.
de vélum; donc une simple variété du mot
préc. — D. voilier, voilure, voilerie.
VOIR, contraction de vfr. ve-oir; du L.
videra. Du part, vu (vfr. ve-u) vient le subst.
participial vue (it. veduta).
VOIRE (anc. , avec 1*5 adverbial, x>oires), du
L. vere. Autrefois cotr ■= L. verus, s'employait
aussi comme adjectif.
VOIRIE, voy. voie.
VOISIN, vfr. vesin, du L. vicinus. — D.
voisiner, -âge; avoisinant.
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VOL
— 517 —
VOU
VOITTIRS, it. vettura, du L. vectura (ve-
tiere), transport. Sens raodei*nes : 1 . transport,
2. charge, cargaison, 3. moyen de transport,
véhicule. — D. voiturer; voiturier et (daprôs
Vit. veUurino) vaiturin.
VOIX, L. vox, vocis.
1. VOL, subst. verbal de voler =« dérober.
2. VOL, subst. verbal de voler == se mou-
voir dans les aire.
VOLAGE, prov. volatge, du L. volaticus
(Sénèque : volaticus et levis; Cioéron : o aca-
demiam volaticam!). Cp. Tall. flatterhaft,
m. s , deflattern, voltiger.
VOLAILLS, nom collectif, vfr. aussi voleille,
volille; du L. volatilia, plur. de Tadj.
volatilist dont les savants ont fait volatile,
— D. volailler, — L'étymon volatilia est
approuvé par Littré et Brachet ; cependant il
m*est suspect; la syncope volatlia, retran-
chant im 1 bref, mais accentué, me semble
inadmissible et j'opine pour un type volalia,
VOLATILE, animal qui vole, voy. Fart,
préc. Le latin volatilis, dans son acception
figurée • léger, fugitif », a donné le terme de
chimie volatil, d*oû volatiliser, 'ite'. — La
double l dans le terme collectif volatiUe, se
îustifie par la finale plur. ilia,
VOL-AU-VSNT . sorte de pâtisserie feuilletée ;
pour vole-au vent à cause de la légèreté de la
pâte.
VOLCAN, it. vuîcano, du L. vulcaniis, feu,
flamme. — D . volcanique, -iser,
VOLS, terme de jeu de cartes; d'où vient ce
terme? Du L. vola, paume de la main (cp
• faire toutes les mains «) ou gâté de volte,
tour, ou enfin du verbe voler, fig. = faire
rapidement?
VOLÉE (type volata, action de voler), 1 . «>
v^ol, 2. bande d'oiseaux, fig. troupe, gens de
même rang, 3. mouvement (ou explosion) de
plusieurs choses â la fois.
1. VOLER, se mouvoir dans les airs, L.
vclare. — D. vol, volée (y. c. m.); volant;
dim. voleter (cp. L. volitare)\ volière,
2. VOLER, prendre furtivement: d'après
Diez, une forme écourtée de en-voler, prov.
envolar, it. involare,({\\\ reproduit le L. invo-
lare (pr. voler sur), employé dans le sens de
«* faire incursion, dérober, enlever » (cp . Cic.
involare in possessionem). Il est inutile de
recourir â involare. L'acception « prendre
furtivement • peut être envisagée comme
dérivant directement de voler =— L. volare;
ce ne serait qu'une extension du terme de
vénerie « voler la corneille, le héron, etc. »
= faire la chasse. Involare a donné le vfr.
embl^ (voy. emblée) qui signifie dérober,
enlever, mais ce verbe parait plutôt être un
composé àQvola, main. — D. vol, voleur, dim.
voierean, La Fontaine), volerie.
1. VOLET, pr. colombier à volets, puis
pigreonnier en général ; cp. pour cette manière
de généraliser les significations, les mots
réverbère, foie, truie, etc.
2. VOLET de fenêtres. Je suppose que le
sens propre de volet dans cette application est
aile, comme l'instrument pour volor. Les
volets seraient envisagée comme dos ailes ou
des battants d3 fenêtres. Cp. le terme volant
d'un moulin, d'une robe.
3. VOLET, tablette pour trier des graines,
appartient à la même famille que volige,
planche mince dd sapin, et volice, voliche,
latte à ardoi^. L'origine de ces mots m est
inconnue; sontce des dérivés du L. vola,
paume de la main?
VOLIM, voy. volet 3. — D. voliger,
VOLITION, L. volitionem', mot forgé par les
philosophes, du L. volere, forma barbare p.
velle.
VOLONTÉ, L. volunta'em. — D. volontaire,
vfr. volontier, L. voluntarius ; de volontier il
nous est re^té (avec Vs caractéristique des
adverbes) l'adv. volontiers.
VOLTE. t. de manège, de Tit. volta, tour,
évolution, lequel est un subst. participial du
verba volgere. = L. volvere (cp. révolte de
revoîvere). De volte vient le verbe volter,
t. d'escrime, changer de place; d'où volte-face,
litt. = tourne-visage.
VOLTIGER, pr. tournoyer, de l'it. volteg-
giare dér. de volta, voy. l'art, préc). — D.
voltige, voltigeur.
VOLUBILIS, sorte de liseron; mot savant
tiré du L. volubilis (volvere) =» qui s'enroule
facilement (cp. le nom de plante convolvidus),
— De L. volubilis, = qui tourne facilement,
prompt, rapide, vient le subst. volubilitatem,
fr. volubilité.
VOLUME, L. volumen (volvere), rouleau,
livre. — Du sens étymologique tour, circon-
férence ^pr. courbure), s'est déduit le sens
« grosseur, étendue dans l'espace ». — D.
volumitwux; Sidonius déjà emploie volumi-
nosus dans le sens de • glomerosus, convo-
lutus ».
VOLUPTÉ. L. voluptatem. — D. volup^
tueux, L. voluptuosus; t?oluptuaire, L. -arius.
VOLUTE (mot savant , enroulement, L.
voluta (Vitruve); du part. L.volutus (volvere),,
tourné, roulé. — D . voluter,
VOMIR, L vomere. — D. vomissement,
vomitif ; vomique, subst. = L. vomica, acy.a»
L. vomicus.
VORAOS, L. voracem. — D. voracité.
VOTE, voy. vœu, — D. inoter.
VOTIF, L. votivus,
VOTRE. VÔTRE. BL. voster p. vester.
VOUER, prov. vodar,à\\ L. votare", fréq. de
t?oocre Composés : a-vouer (v. cm.); dé-vouer,
qui a son précédent dans le L. devotare, fréq.
de devovere.
VOUOE, anc sorte de lance à deux tran-
chants, anj. esp. d'épieu de vénerie; en prov,
vezoig. L'original de ce mot est, comme l'a
démontré M. Meyer (Ztschr. X, 173), lat.
vidutium, qui dans des glossaires gréco-latins
traduit gr. iUiMa (tuyau à deux pointes).
VOULOIR, it. volere, prov. voUr, du L.
volêre, forme barbare p. velle. Le part. vfr.
veillant, ventilant, s'est modifié en veillant
dans les composés bienveillant, malveillant,
VOUS, pronom, L. vos. — D. vousoyer,
VOUSSOIR, -URE, voy. l'art, suiv.
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WAL
— 518 —
WIII
VOUTE, vfr. volte, it., prov. tx)Ita, de
toVtus, volutus, part, de volcere, tourner,
courber. — D. txtûter. — Les dérivés vous-
seau, -oir^ -xire présupposent un verbe vousser,
qui, de son côté, accuse un type latin voVtiare
p. volutiare. — Voy. Siwssi ent7*evous .
VOYAQB. voy. voie. — D. voyage»', -eur.
VOYELLE, L. tocalis,
VOTER, voy. voie.
VOYOU. D'après Nisard (Curiosités, p. 174
et suiv.}, pour voirou, forme populaire de
toaroii, garoii loup-p:arou); d'après Fran-
cisque Michel ' Dict. d'argot), de voie (« l'homme
de la voie publique, de la rue »).
VRAI, vfr. et prov. verai, d'une forme déri-
rative latine veracics (cp. prov. ybriai. fait du
L. ebriax:itsàév.êieebriiis; cp. aussi Cambrai,
Douai, du L. Camera/mm, Duacum). Le
simple veriis existait dans l'anc. langue sous
les formes ver (d'où avérer), veir et voir
(voy. voire). — Composés : vraisemblable,
-ance.
VRILLE, cirrhe de vignp, puis foret; forme
syncopée p. verille (cp. vrai p. verai)\ ce mot,
comme ses connexes it. verrina, laceret, piton
à vis, rouchi, ve'rin, vis, fr. vérin, machine
■pourvue de vis, ne vient pas de virare, tour-
ner (les dér. de ce dernier conservent tous
leur t radical intact), mais du L veru ou
verum, pique, broche à rôtir (cp. pour Fit.
verrina le dérivé L. vcridna, javeline, em-
ployé par Plaute). Le mot vrille, par exten-
sion, s'est appliqué aux cirrhcs de la vigne.
— L'étymologie ci- dessus est proposée par
Diez; avant de la connaître, je pensais que
vrille était une forme dimin. d'un primitif
germ. rrî^ ou i?ric. racine d'où sont sortis
une foule de mots germaniques à base nasa-
lisée wring, torink, aussi hring, etc., mar-
quant chose tournée, tortue, cercle, etc.; à
cette même famille toriA, vorah, voroh, appar-
tiennent p. ex. les mots flam. xcronghel, spira,
cinnus,angl. xcriggle, serpenter, et ail. ranhe,
vrille. Je suis encore porté à croire que le
sens dû foret est postérieur au sens bota-^
nique, et qu'il y a ici le même transpoi-t d'idée
que celui que nous avons remarqué dans le
mot vis. Ou bien vrille, par un type vritula,
vrifla, ne tiendrait-il pas au v. flam. vrijten,
angl. voreeth (ags. x>ridan), tourner, tordre?
Mais de nouvelles explications se sont pro-
duites, qui devront probablement l'emporter.
Ainsi Bugge (Rom., [II, 150y objecte aux et.
avancées par Diez et par moi, la circonstance
qu'au XIV* siècle le mot n'avait pas dir. Il
prend donc viille, ville pour lat. viticida
(petite vigne) et vrille pour une forme ana-
logue à fronde p. fonde. Comme moi, il envi-
sage le sens « foret *» comme dérivé, ce qui
corrobore 1 opinion admise pour vis (lat.
vilis). Pour Tobler aussi, vrille représente
lat. viticula, devenu successivement ve-ille,
puis par insertion de r (voy. Vsirt. grammmre),
verille, vrille. Il n'admet pas, comme Bugge
et Paris, que Yr ait été introduit d'emblée
après V, ce qui serait un procédé sans exemple.
Voy. Kuhn, Ztschr.. nouvelle série, III, 4, et
Grôb. Ztschr.,- 1, 481.
VUE. voy. voir.
VULOAIRB, L. viilgaris ^vulgus). — D. val-
garité, vulgariser.
VUL6ATE; du L. vulgata se. scriptura,
version do l'Écriture sanctionnée pour l'usage
public.
VULNÉRABLE, L. vulnerabilis (vulnerare);
vulnéraire, L. vulnerarius (vulnus).
VULVE, L. vidva, tbrme accessoire de tolva
(volvere), pr. enveloppe, gatne.
W
Observ. Les quelques mots du dictionnaire
français commençant par w sont d'importation
étrangère. Fort peu d'entre eux sont d'un
usage commun.
WAGKE, t. de minéralogie, ail. wacke.
WAGON, de l'angl. tcaggon, chariot, qui est
l'ags. vaegen, ail. loagen, char, pourvu d'une
terminaison romane.
WALLON, dérivé du thème wal =« L. gai,
gallus, gaulois, appliqué dans la suite par les
Allemands aux Gallo-Homains. Le même
thème se retrouve dans valaque, valais, et
dans Tadj. vha. voalah, nha. wdhch par lequel
les Allemands désignent tout ce qui est roman
en opposition au tudesquo. Le mot wallon
s'est restreint aux habitants de l'extrémité
septentrionale de la Gaule, aux Belges parlant
roman ; la langue wallonne est l'idiome parlé
par ces habitants et constitue un des dialectes
de la branche romane française. L'ail, wdlsch
signifiant ce qui est non-allemand, comme bar^*
barus s'appliquait à tout ce qui était non-
romain, on comprend l'acception de déni-
grement attachée à la forme française de
ce mot %oelche ou velche. Voy. aussi l'art.
Gaule.
WARNETTE, d'origine germanif^ne; com-
posé de garn, fil, + net, auj. netz. filet. Voy.
Grimm, v. garnnets. — D. voarnetteur.
WELCHS, voy. vekhe et l'art, préc. — D.
\oelcherie.
WHISKT, eau -de-vie de grain, an^l. whis-
key, altéré du celt. gwisgi, uisge, eau; com-
posé uisge-beatha, eau de vie (angl. usque»
baugh).
WHIST, mot anglais ; pr. l'interjection par
laquelle on commande le silence; le jeu de
cartes de ce nom a été ainsi nommé, disent
les étymologistes anglais, parce qu'il requiert
du silence.
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ZIB
— 519
ZOO
X
Obsbrv. Les. mots commençant par x sont
tous d'impoi'tation étrani^ère et appartlehneat
à la terminologie scientifique.
X£RA.SIB, maladie des chevaux, du gr.'
Ç»î93tjfx, sécheresse (do ; 17/99;, sec;.
XT(jOORÂ?HIE. art d*imprim3r ou de gra<
ver sur bois (Çjàov). On trouve déjà sur une
inscription grecque le verba iuU/pxfilv, écrire
sur du bois.
XTRIS, glaïaul piant, gr. Çwp{;, m. s.
Y, it. ivi, vi, ï, V. esp. et prov. Ai, y, du L.
tbi, là (cp, en de inde).
TAGHT; ce mot nous est venu directement
des Anglais, qui à leur tour le tiennent des
Hollandais; Kiliaen : eo^A^ liburnica, celox.
navis praedatoria ; le môme mot signifie
chasse; c'est donc pr. un vaisseau pour faire
la chasse.
TâTAGâN, mot turc, signifiant coutelas.
TfiBLG, form^ variée de hièbh (v. c. m.).
TfiUSE, p. ieuse, forme diphthonguée du
prov euse, it. elce, du L. iîex, ilicis^ m. s.
TfiUX, p. ieux, forme diphthonguée p.eux^
plur. df^eul == œil (v. c. m.).
TPRÊÀU, aussi ypereaii^ esp. d'orme, ori-
ginaire, dit-on, de la ville d'Ypres.
ZÂIN, it., esp. saiuo, cheval d'una couleur
unique; d'origine inconnue. Djzj demande si
ce n'est pis une altération de l'arabe aça^ri^nif
qui se trouve avec le sen? da lahi.
ZÈBRE, it. sebro, ans^l., ail. zebrx, esp.
cebra; d'après Mahn d'origine africaine —
D. jsébré.
ZÉ DOUAIRE, racine médicinale, 6L. zedoa-
ria, it. setlovario, vfr. citoual, vha. cUaioar,
zitvar (auj. zitvocr). De l'arabe zetvoàr.
ZELE. it.. esp., port, zelo, angl. zeal, du
L. zeliis (jÂÀo;), envie ardente, émulation. —
D. zélé; zélateur t L. zolator, du verbe zelare,
avoir du zèle. — Voy &\issi jaloux.
ZÉNITH, mot écourté de la formule arabe
SKMT-er ras, le chemin de la tête. La finale h
est c>ontraire à l'étjmologie et n'existe pas
dans l'it , esp et port, zenit. — Voy. aussi
nadir et azimut.
ZéPHYR, L. zephirus (J?s»u5o;).
ZÉRO, gâté de l'arabe çafrun^ cifrun, m.
s. , pr. = vide ^en arabe mod. et en turc, le
zéro s'appeUe syfr). Voy. aussi l'art, chiffre.
ZEST. ZESTE, nom qu'on donne à une
petite peau dure qui sépare les parties de la
noix, puis à une petite tranche de l'écorce des
oranges, des citrons, etc ; au fig. le mot
signifie « chose de peu de valeur, bagatelle »»;
de là l'expr. » je n'en donnerais pas un zdste »
et l'interjection zest ! — Zeste vient, d'après
Diez, du L. schistus (t/iito,), séparé, divisé. Il
est probable que le mot désignait à l'origine
les parties de la noix ; celles-ci s'appellent de
même en dial. de Côme fis, du L. fissus^
synonyme de schistus.
ZIBELINE, it. zibellino, prov. et vfr. sebe-
lin, esp., port, cebellina, zebellina, v. flam.
sabelijn, BL. sahellinuf, dont le primitif
sabôllu^ répond au vfr. et angl sable ^ ail.
zohel (voy. l'art, sable). Le mot est originaire
du nord-est dol'Europe; cp. l'appellation russe
sobol^ scrb3 et valaque samur.
ZIB3TH, it. zibetto. voy. disette.
ZIGZAQ, ail. zickzach, combinaison onoma-
topée tenant peut-être à la famille allemande
zicke (zinhe) et zacks, chose allongée en
pointe.
ZINC, de Vall. zink; le nom allemand de
ce m^tal n'est pas do date ancienne, et Ton
suppose que c'est le même mot que l'ail, zinn,
étain, muni du suffixe slave k, qui aurait été
emprunté au slave pour spécifier le sens de
zinc. D'autres tiennent le m3t pour congénère
avec l'ail, zinhe, branche, fourchon, parce
qu'à la fonte, le zinc se fige par fourchons. ^
D. zingner.
ZINZOLIN, violet, rougeâtre. aussi gingeo-
lin, selon Ménage de l'arabe giolgolan (Devic
orthographie djoVgolan), semence du sésame
dont on fait cette couleur.
ZIST, variété phonétique de zest, employé
dans la loc. « entre le zist et le Z3st » ■= entre
deux choses dont Tune vaut l'autre.
ZIZANIE, ivraie, du L. zizania (gr.
J.Jiviîv) m. s ; l'expr. fig. « semer la ziza-
nie *•, c.-à-d. la mauvaise graine, a fait de ce
mot le synonyma de discorde, mésintelli-
gence.
ZODIAQUE, L. zodiacus, gr. Jvici^xo;, s. e.
jcw^iîî. le cercle des {«5ia, signes d'animaux,
ou constellations (J'i-ît^v p. {«fîov, dirn. de
{ôiîv, animal). — D. zodiacal.
ZONE, L. zona^ gr. ^'ûv^, ceinture.
ZOO-, élément initial de composition, disant
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zou
— 520 —
ZUT
animal (du gr. {«ov); p. ex. zfto-logie, des-
cription d'animaux, zoolithe, litt. animal-
pierre (it'aî;), zoophijte^ litt. animal-plante
(ffurô.). zootechnie, art (tIx>»ï) relatif à l'élève
des animaux.
ZOSTÉRE, vareclr, L. soster, gr. laixrp,
m. s.
ZOUAVE, soldat d\in corps français en
Afrique, tirant son nom de celui d*une tribu
kabyle appelée zouaoua.
ZUT, interjection de dédain ou do refus,
qui, comme la plupart des interieccions,
échappe à l'analyse étymologique. Si on ea
trouve des traces en sanscrit, c'est que les pro-
duits spontanés de la voix humaine naissent
sous tous les climats.
FIN.
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ADDITIONS ET REGTIFICATIONS
Les mots précédés d'an astérisque manquent an Dictionnaire
AI6LS. La forme vfr. aille manquant encore
dans Godefroy , il m'importe de citer le passage
qui me Ta fourni : c'est le Bestiaire de Ger-
vaise, v. 831 et 862 (voy. Rx)m., 1. 1, p. 437).
AINS', le type généralement admis aujour-
d'hui pour cet ancien adverbe est lat. antius',
comparatif de ante (cp. postius*, d'où fr.
puis),
ALLIIR. Malgré la longueur de cet article,
le champ aux conjectures reste encore ou-
vert ; ime nouvelle solution du problème en
question vient de se produire sous le patro-
nage d*un nom bien connu et bien autorisé.
Dans la dernière livr. de Grober'sZtschr. (Xf,
247), H. Rônsch développe avec autant de
confiance que de modestie une conjecture de
grande valeur et d'un grand attrait. L'idée
fondamentale qu'il s'agit de rendre étant le
mouvement des deux ^i&mbes etdesdeux^ïeds,
il part de L.am^, d'où, d'une part, un dérivé
ambulare, générateur du fr. cUler, d'autre
part, im fréq. ambitare, d'où le thème roman
concurrent andare, et qu'il faut distinguer de
Vambitare =* amb- (àfi-fi) + itare*, auquel je
rapporte fr. 'anter, hanter. La lettre est moins
favorable à ce raisonnnement que l'idée, car
l'équation ambitare = it. andare, à côté de
vfr. conte ^^^ œmitem, est-elle soutenable? En
présence dautres cas analogues de m^ p nt
(voy. Flechia, Archiv. glott., II, 340 , je n'en
doute pas. D'ailleurs, l'nndogie du gr. ^^iràv,
qui est, d'après Rônsch, une forme mutilée
de àufurxv (dérivé de «/*?«, «.«aolv) comme
pensent les hellénistes, — vient à l'appui
de la nouvelle étymologio. Pour l'équation
ambulare (qui est également issu de amho)
= fr aller, Rônsch y voit un cas d'assimila-
tion de consonnes non miins étrange que it.
spaUa de spatida, sollo de 5o/<u/u^* (Diezi.
AMADOUEB. Tobler fZtschr., X. 577) a éta-
bli que de toutes les étym. tentées jusqu'ici
sur ce verbe 'lequel figure déjà dans Nicot),
aucune ne résiste à la critique, et voici celle
qu'il avance : Il part du mot picard synonyme
amidouler {amidouier, dans mon texte, est
un lapsus typographique), qui évidemment
repose sur la phrase populaire « ami doux »
et dont il justifie la facture; donc d'abord amt-
douer, d'où, par une déviation naturelle,
am€uiouer. Il rend compte aussi du dévelop-
pement de l'idée qui a fait naître le subst.
amadou /que l'Académie n'a inséré dans son
Dict. qu'en 1740).
AMBAGT Signalons encore tardivement
l'opinion de Mahn (émise dès 1876), qui décom-
pose ambactus par l'anc. celt. ambi -f* armo-
ricain ahetujg, diligent (de akett, être dili-
gent), Je manière que ambacttts dirait exac-
tement la même chose que le gr. ififlitoloi,
serviteur.^
AMITIÉ. De l'ancienne finale -tiet, -tié »
lat. -tat'tn, il ne reste à la langue moderne
des traces que dans les trois subst. amitié,
moitié et pitié'; sur la cause probable de leur
conservation, voy. G. Paris, Rom., IV, 128.
ATTACHER et ATTAQUER. Ulrich explique
Ztschr., IX, 429) le thème roman taccare par
le type tacticare; le sens foncier serait donc
« toucher, mettre la main à <*.
BAFOUER. Selon Tobler (Ztschr., X, 577),
ce verbe est issu de bes-fouer et de même ori-
gine que fouet (v. c. m.j. d'où fouetter. C'est
donc un péjoratif de verberare, mais au mo-
ral : maltraiter, gourmander. Cp. en ail.
geisseln, fouetter, ^^, bafouer, de geissél,
fouet.
BARAOOUIN. Le néerl. bargœnsch, argot,
est- il connexe?
BASCULE. L'étymologie donnée par Meu-
nier n'est pas aussi assurée qu'elle en a l'air.
Il faut tenir compte des formes bascJi, bascul,
W5CM/(Frioul) biscolo(Naples), it. bisciancola,
qui signifient la même chose et ne s'en accom-
modent guère. La tentative de ramener toutes
ces formes èl un type lat. fictif bis-anculare
(BL. ancla = ancula, pompe à puiser de
l'eau), faite par Caix (Studi, n° 206) est par
trop risquée. D'après Caix, le mot bascule se
rattacherait donc au L. anculare * fare ail*
altalena *• (composé exanclare, pomper), dont
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— 522 —
la connexitéavec gr à/T>âv n'est pas douteuse.
Explication hardie, pense G. Paris, mais qui
mérite toute considération. — Dans le patois
messin, on dit bomtl pour une longue poutre
au bout de laquelle il y a un seau et qui,
en la faisant basculer, sert à tirer de Teau
(Rom.. V, 198).
BERNIQUE. A propos de cette interjection,
Schuchardt (Literar. Centralblatt, 1873, n« 14)
rapproche dans les dial. ital. les mots bar-
gnich^ hargnif^ harlichy berlich^ diable; en
outre, l'expr. vénitienne /)«r berUche^perberlo-
che, d'une manière ou de l'autre ; en Tjrol, ber-
lichete berJochete, exclamation quand on se
jette par terre ; il cite enfin le rouchi « faire
tout berlique berloque », faire tout de tra-
vers. Mais y a-t-il là moyen de retrouver
la valeur de notre fr. bernique f
'BESI, nom gén'^rique de plusieurs espèces
de poires; Berry bezige, poire sauvage; voy.
le Gloss. du Centre par Jaubert, d'où il résulte
que besi, dans divers patois de France, signifie
sauvageon. Le mot parait indépendant de
goth. b€isi,ïiéev\.bes,b€sie, ail. becre =baie,
ainsi que de ags. basa, succineus
BI6NE. Les formes avec r dans les dialectes
ital. biergna, brogna/ii.bernocchio ^so\\te\\e&
congénères?
BOUFFER. Nous avons placé sons cet
entête les mots rebuffer et rebuffade; comme
il est difficile, vu leur valeur actuelle, de les
séparer du mot italien rabbiiffo — rebuffade,
il nous importe d'insérer ici l'opinion émise
par Caix (Studi, n® 469;, d'après laquelle ce
rabbuffo est indépendant de it. rabbuffare^
ébouriflèr, et représente une métathèse de
6arM/7?); quant à celui-ci, Caix y voit le vha.
piruofan, auj. berufen, au sens de «faire des
remontrances ». Je n'adhère pas à la distinc-
tion faite entre les deux verbes it. rabbuffare,
et s'il faut renoncer à mon étym. bouffe^ je
m'adresserai plutôt à rabbuffare, = ébourif-
fer ; cp. les acceptions métaphoriques prêtées
au terme fr. houspiller.
BOULE. Le rouchi dit bourle, bourlet,
bourlot, qui sont prob. de la famille de bour-
relet.
BRAGUER; voy. Storm, Rom., V, 172. Je ne
veux pas omettre, à propos de bragard, que
Nicot rattache ce mot à bragues (le même mot
que braie,, espèce de caleçons que ne pou-
taient que les élégants; mais y a-t-il moyen
de tirer vanité de ses caleçons?
BRAIRE. Schuchardt y voit la même racine
brag qui est dans l'ail, souabe braigen, bràgen,
m. S-, ladin bragir, sbragir, lomb. bragid,
vénit. sbragiar.
BRELAN. Peut-être, pense G. Paris (Rom..
VIII, 618). vfr. berlenc = brel<in tient-il de
vfr. bellinc, bellin, it. bilenco, oblique, que
l'on explique par bis (particule péjorative;
+ vha. slinc, gauche.
BRETELLE. Je serais disposé à voir dans
ce mot une altération populaire de braietelle^
dim. de braiette, lui-même dim. de braie^
courroie, ceinture.
BRETTE. D'anciens textes romans du Frioul
et du Tyrol ofirent brittola, britula, signifiint
couteau pliant, ce qui rend lurigine bretonne
peu probable.
BROUÉE. Signalons ici une intéressante
étude de M. Joret (Kom., IX, 119). où les
mots français broue, brouée, brouiiie, bnUne,
brouillard, s'ébrouer 'v. c, m.) sont tous
placés sous le primitif germanique vha. prot,
prod, angl. broth dans ses diverses at-ception*
- eau bouillante, écume, vapeur qui s'élève
d'un liquide en ébullition, vapeur aqueuse 'ail.
mod. brodem) ».
BRUIRE ; strictement, ce verbe renvoie à un
type latin brugère, comme luire à huxre
(p. lucëre:
CAHUTE. Diez décline avec raison une
explication du mot par ail. Aaue, réduit,
cage (= lat. cavea- -\- fr. hutte; il est d'avis
que le mot était déjà à l'état de composé avant
son passage au français; la fi)rmeanc. ca^Kt^/g
lui .<emble issu de cahiUette, commi seniette
de seiTitette.
CALOTTE. Le BL. reticulum (coiffure de
femme» se trouve traduit par calle dans les
glossaires du moyen âge. Voy. ma Leiicogr.
lat. des xn®et xiii* siècles, p. 135.
CAMAIL Buist Grôb. Ztschr.. V. 560) fait
dériver le mot du gr. rviaài (aussi /attoVl.
L. camus (Isidore), muselière, licou, menton-
nière.
CAPORAL. J'ajoute que le BL. caporaîis^
trouve dès 1364, et it. caporale. dans.1. Vil-
lani. Un poème français de la croisade 'voy.
Rom., VI. 492) donne coj-pera/ correspondant,
dans un texte latin de Baudri, à corpalalUim
(garde du corps), sur lequel voy. DC. au mot
cura palatii, sous cura 7.
CHACUN. L'emploi de chasque au delà du
XV i* siècle est maintenant constaté par un bon
nombre d'exemples; voy. Grôber Ztschr., I,
399.
CHANTEPLEURB; Caix (Studi, n° 18) voit
dans ce mot une métamorphose populaire
de L. canna impletoria. C'est très admis-
sible.
CHÉNEAU. L'accent aigu sur Ve est anor-
mal ; il faudrait au même titre clienal au lieu
de chenal. D'anciens textes et des dialectes
ont aussi In forme chenelle et quenelle.
CHENET. L'anc. langue pré.sente avec la
valeur de chenet les foi-mes cheminel, -^^"»
-o^ dérivées de caminus, - cheminée - ; «"
serait donc tenté d'expliquer notre chenet par
chemnet, d'autant plus qu'on ne trouve p»'*
d'anciens exemples de chienet,-el, petit cliit^n,
au sens de choiet.
CHÈRE. A.scoli f-\rchivio glotlol., I^«
119-2*2) dérive it. cera^ ciere, de L. cff^^
cerea, figure en cire, et tient la locution clas-
sique far buona cera pour une simple imit»'
tion Hu fr. faire bonne chère,
CHIER. On ne peut plus se refuser ««J^^'T
d'hui à l'explication étymologique de ce vert)e
par L. cacare., défendue en dernier lie»* P*^
Cornu (Rom.. Vil, 354); il me semble ju^f^
d'ajouter ici qu'elle avait été affirmée àè^
trois ans auparavant par G. Paris' Rom. i '
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— 523
123, note 4). Voy. aussi Waldner, dans Her-
rigs. Archiv, etc., t. LXXVIII (1887), p. 422.
OHIPIB. Pourrait aussi dériver de chipe =»
chiffe et signifier soit une personne qui Fe
pi-éoccupe de chiffes fcp. le dérivé chipoter)^
soit déguenillée. Je tiens chipie pour un anc.
participe fém. à sens actif «= chipiée,
CONTRACTER et le subst. verb. contrat
sont de formation savante, p. contraiter, con-
trait.
'CONTRE-PETTERIE, dérive de Tancien
contre-peter, rendre un son de travers, d'où
les sens « contrefaire, singer, équivoquer ».
COULEUVRE. Ce mot présente plus d'une
difficulté phonétique sans que le grand public
s'en doute ; elles ont été relevées et discutées
dans la Romania par Darmesteter fV, 147),
Havet (VI. 433 et suiv.) et G. Paris (X, 49);
nous y renvoyons les spécialistes.
CRAPAUD. Voy. aussi mon Appendice ad
Diez, 5«éd., p. 790.
CUIVRE; n'est pas, selon Baist (Grôb.
Ztschr , VII, 116,, = lat. cupreum, mais
= cyprium. — Notez encore les anc. formes
cuecre et coivfe,
DARTRE. En rhéto-roman, on dit diervet.
DÉLECTER. Le vfr. delechier ne peut venir
directement de dcîectare (comme je l'ai inci-
demment fait entendre sous empêcher) ; je le
tire de delectiis (part, de delicerc) par l'inter-
médiaire d'une forme dérivative drlectiare. Il
est distinct, à mon avis, de 'delecqurr, lécher.
DÉTRACTER. L'anc. langue avait le pri-
mitif rfc^raire dans la même acception, subst.
detrait = médisance, et detraiteur = détrac-
teur.^
DÉTRAQUER ; doit se confondre étymologi-
qutîment avec it. straccare, lasser, ennuyer,
incommoder; or, M. Ulrich (Zeitschr., IX,
429) est d'avis que le type roman traccare est
issu d'un type lat. vulg. tracticare; cela don-
nerait donc à détraquer le type lat. distracti-
care. — Godefroy cite un exemple de se des-
traguier ^ se séparer.
DOLÉANCE. Littré présuppose l'existence
d'un anc in fin. dàleier ou doîoier; c'est peu
probable. Le fait est que doieant est déjà dans
le Fraprment de Valenciennes.
DRAPEAU, voy. drap.
ÉCUEIL et les autres parallèles romans
accusent -pour type immédiat scoc(u)lus et non
scopidus ; c'est uinsi que vieil vient de V€t{u)-
lus par l'intermédiaire de vec*lus. On a mis
aussi notre écueil en rapport avec le vha.
scellan, auj.irc/te//cn, fendre, briser; onditd'un
vaisseau : « es sercheîîtc an den klippen », il
échoua contre les rochers; mais comment
rendre compte de la voyelle radicale et de la
mouillure?
EFFRAIE, ce mot (anc. esfraiei a été expli-
qué inutilement par une transposition de fre-
saie.
EMPÊCHER. D'après ce que j ai dit au mot
fléchir^ il ne peut plus être question des équa-
tions impactare — empêcher, flectere = flé-
chir, delecher = delectare, posées dans cet
article.
*ENDÉANS, = dan.<s l'espace de, au bout de
(appliqué au temps), forme syncopée de ende-
dans. Cett^ expression prépositionnelle, ren-
due dans la langue normale soit par circonlo-
cution ou par en ou dans tout court, est
encore en pleine vogue dans le pays que
j'habite, soit dans le langage des actes publics,
soit dans la conversation ; c'est à ce titre que
je la signale; c'est un provincialisme digne
d'exister soit comme facture, soit comme sens.
Il intéressera l'auteur de la « Note sur l'Hist.
des prépos. franc, en, enz, dedans, dans »
(Paris, 1885, 22 p. in-12). M. Arsène Darmes-
teter; cet explorateur romaniste, dont la
finesse du sens est un des traits caractéris-
tiques, conviendra queendéans est plus expres-
sif et précis que dans.
2. ERRER. Pour le sens •* agir «. cp. Chan-
son de Roland, 167 : •• Pour cels de France
vuelt il del tout errer. »
ESTROPIER. D'après Schœtensack, p. es-
cropier et appartenant au même radiai! que
l'ail, krûppel (impotent, contrefait, rabou-
gri). Cela mérite examen.
FA6NE et FANGE. En traitant ces articles,
je ne connaissais pas encore celui d'Arbois de
Jubainville 'Mém. de la Soc. de linguist. de
Paris, II, 72), et je tiens d'autant plus à le
signalei", que ce philologue y développe une
opinion conforme à celle émise par feu Grand-
gagnage, dès 1845, dans son Dictionnaire, et
qui lui avait échappé.
FICHER. Ulrich établit pour ce verbe,
comme pour l'it. ficcare, un typo commun
ficticare, d'un supin fictum, concurrent de
fixum (voy. Diez, I, v° fitto).
•piGUB. L'expr. faire la jfiffue dit pvoyiv. faire
un geste d'une signification obscène et vient
de l'it. fica = cunnus. En esp. far la fisga a
la même valeur, mais doit en être étymologi-
qucment séparé.
FLÉTRIR 1. L'ancien Bà}.flaistre, primitif
de ce verbe, est, d'après W. Meyer^Zti^chr.,
XI, 254), une variété de flaiste, et celui-ci
régulièrement produit du lat. flaccidus par le
même procédé qui a donné hoisle (boite) de
buxida, moiste^ moite (v. c. m. ) de mnccidus, —
Au même passage cité, en note, on m'impute
une erreur que je n'ai pas commise ; c'e.«t
flétrir 2 que je dérive du thème flat, mais non
pas celui dont il est question.
FLIN. C'est à ce même flin, silex, pierre à
feu, que remonte, depuis le xvii* s., lall.
flinte, fusil, ainsi que et le mot populaire fr.
flinffot, vieux fusil
FRACASSER. Ulrich rattache, sans se pré-
occuper de la finale, le radical frac à un verbe
fraccare.^ issu de fracticare (fractum); il cite
l'analogie formative entre tracas et fracas,
Vuïï issu de tract, l'autre de fract.
FRELATER. La foi-me fralater est posté-
rieure à frelater et a été abandonnée. Le
sens premier « transvaser » est signalé par
Nicot.
FRESAIE. M. Holthausen (Ztschr., X, 293)
est d'avis que l'initiale /* pourrait s'être pro-
duite sous l'influence du germ. foresaga, équi-
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— 524 —
valant à L. prœsaga^ et que ce mot aurait
donné naissance à un lat. vulgaire *fresaga,
W. Meyer (ib. , XI, 255 conteste cette opinion
à cause de l'absence d'identité logique entre le
mot germanique et le gallo-roman prœsaga.
Il s'explique plutôt l'initiale de fresaie (p. pre-
saie) par une fusion de ce mot avec le syno-
nyme effraie. Il admet, toutefois, qu'une in-
fluence de fraise (puisque, dit Littré, on a dit
que la fresaie portait une sorte de fraise au-
tour du cou) est aussi possible.
GALE. Je rappelle ici Baud. de Condé,
p. 166. v. 393 :
A t^s cro'>8 mustiaus as soros
Et à tes plas pië« plains de gales.
GRAFliLLE, grateron; du th>me grap^
accrocher (cp. grappin^ crochet, ancre).
HABIT. II est difficile de se refuser à l'étym.
L. hàbitvs, mais il faut admettre en même
temps que, quoique d'une haute antiquité, il
soit venu au français sous l'influence du lan-
gajre savant ou que l'on ait accentué hahitus,
HOUSPILLER. Comment expliquer le subst.
vfr. hoiissepaiUer, valet d'armée, palefrenier?
Sans doute de vfr. hoiisser, brosser, balayer
+ paillel
HURE*. Notez vfr. dehure\ que j'ai relevé
dans La Veuve, par Gautier le Long ^v. 373; et
qui parait signifier chauve :
Nous avoDS chaiens un brehier.
Un defeû, un dehuré.
IL, pronom. L'étymologie L. ille, quel-
que assurée qu'elle paraisse, ne résiste pas à
l'objection « pourquoi pas el, comme illa fait
elie^ iîlos, els" (d'où eux) »? La cause de cette
inconséquence n'a pas échappé à des cher-
cheurs aussi pénétrants que MM. Mussafia et
Cornu (voy, surtout le travail de ce dernier
Rom., IX, 360) ; elle vient de ce que il ne pro-
cède pas'de ille, mais de la forme concurrente
et archaïque ilJic et que la persistance de Xi
est un eflet de l'influence régressive de l't atone
final sur la tonique précédente. — D autre
part, M. Homing (Romanische Studien, IV, 2)
nous a démontré que il, dans son emploi de
pronom neutre, emploi relativement tardif
dans la langue, ne répond pas à son primitit
naturel illud, qui postule el, mais qu'il esf
l'effet d'une application abusive du masc. il.
JONGLER L'ail, gauheln, jongler, avec le
subst. gaukier, bateleur, jongleur, bouffon,
parait difficile à séparer du XbX. joculari ; ce-
pendant Grimm, par des raisons diverses, judi-
cieusement développées, n'en croit pas moins
devoir lui revendiquer uneoriginegermanique.
JUGE. Ce subst. ne ^'accorde ni avec le cas-
sujet judex, ni aveo le cas-régime judicem ;
Diez le considère donc comme abstrait du
verbe juger , bien que cette abstraction soit
insolite pour les subst. à signification per-
sonnelle.
2. LAI. Voy. sur ce mot une étude spéciale
par d'Arbois de Jubainville, Rom., VIII, 422;
il part de l'irl. lôid^ plus tard laid.
LÉCHER. Ulrich fait remonter le type
roman leccare à un type lat. barbare licti-
care, de licturn, part, de lingere.
LOGHER. Une étym. par L. luxare, déboî-
ter, est combattue par P. Meyer, Rom., XI,
618, sur des arguments phonétiques décisifs.
LORGNER L'anc. a^j. lorgne, louche,
parait être abstrait du verbe.
LUBIE. Ce mot étant étranger aux textes
du moyen âge, G. Paris juge qu'il est em-
prunté à l'italien et repi-oduit Tit. ubbia,
appréhension superstitieuse, mauvais présage
(Rom., IV, 499). — Dans le florentin, on
trouve lubégine, humeur mélancolique; dans
le Frioul, lubie,
MALADE. Pour L. nude hab'tus devenu ma-
Icuie ; cp. coude de cubitus, cub'tus,
MALANDRIN. Ajoutez que l'observation da
Paris est amenée par l'àdj. malendos, souf-
frant, dans la Vie de Saint-Alexis, str. 111.
'MARCHEPIED, it. marciapede; selon Lit-
tré, « marche pour poser les pieds », selon
Meunier (et il a raison) « lieu que marche
(foule) le pied » .
MASSAGRE. Le mot ne date que du
XVI' siècle, et est sans doute altéré du thème
macecl ; j'ai relevé dans les Enfances Ogier,
3685, maceclerie, boucherie, et ailleurs mase-
crier, bourreau.
MÂGUE. Parmi les étymologies ^malheu-
reuses; tentées, citons encore le gr. fiùxa, lait
aigre.
MENISQUE. Le même mot se voit en vfr.
sous la forme menois (pierre précreuse).
MDÎGE. Notez en it. m«ncio, verbe ammen-
cire, pour lesquels un primitif 'miniUire (pro-
posé par' Caix) est insoutenable.
' MINQUE, en Belgique, lieu où le poisson
frais est mis aux enchères; du flam. m,ijne,
minhe, m. s. D'après les lexicographes néer-
landais, du verbe mijnen, uit-mijnen, mettre
aux enchères, adjuger publiquement à celui
qui crie my w, mien (à moi !) Cela parait être
fondé, mais pourquoi minke concurremment
avec mijne f Est-ce une forme diminutive?
2. MOYEU. Lisez L. mûtuhis p. mutilus.
n se peut qu'en bas-latin on ait dit mutélus ;
alors l'étymologie de Diez serait sauve pour
la lettre.
MUGIR. Je trouve en vfr. en effet muîr^
mais le plus souvent muire (ut faisant diph-
thongue), ce qui accuse un type latin barbare
fntigëre.
NANTIR. Je dois ajouter que l'esp. prenda^
gage, ne vient pas de prender, prendre, mais
du V. esp. pendrar, transposé enprendar =
L. pignorare de pignus, gage; voy. Cornu,
Rom., IX. 135.
2. NOUE. Est, selon Schuchardt, «« esp.
pg. uava, plaine, mot basque, d'où, d'après
Al. de Humboldt, le nom géogr. Navarra.
ORFROI. Darmesteter, Composés, p. 23,
se prononce pour aurum Phrygium, d'où a
pu facilement se produire or f rois (p. s issu de
g, cp. les mots fraise, ge^xcive, gésier).
OUI. D'après l'étymologie nouvelle attribuée
ci-dessus au pronom il (v. c m.), il faut poser
pour vfr. oïl l'équation = hoc illic. Voy.
Cornu, Rom., IX, 117.
PARRAIN est aussi ancien que parrin et
accuse un type ^L.patranus (Fôrster).
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— 5i5 —
PINCER. Ulrich retrouve dans ce mot le
même thème pict, dont il déduit piquer (voy.
pi. b.), en procédant ainsi : pictiare, it. ptjt'
zare^ pinzare^ fr. (avec nasalisation) pincer,
PIQUER, picard ptcAer, it. piccare, se rap-
porte, d'après Ulrich, à un type pidicare
qui remonte à un thème pici, le même qui a
donné le génois pittà, piquer, prov. pitar^
béqueter, vfr. apiter, toucher de la pointe des
doigts (mot cité par Diez I, v^pito, mais omis
dans le dictionnaire Godefroy), voy. Grôber
Ztschr.. IX, 429.
POUR. Presque tous les composés français
avec pro- sont savants, la forme populaire est
pour-. Pour reproduit la forme du latin vul-
gaire par; si ce deniier n'a pas fait selon la
règle peur, mais pour, c'est qu'il est toujours
proclitique et que son o est dès lors atone ;
voy. Paris, Rom , X, 45.
'PRÉ6NANT. Ce mot, surtout comme terme
didactique, est encore assez vivant pour qu'il
ne mérite pas d'être inséré ici. Son premier
sens est « gros (en état de gestation) », d'où se
dégagent aisément les sens modernes (cp. en
latin la connexité entre lat. ff ravis et graci-
dus). L'étym. L. prœgnantem s'impose à vue,
mais elle se voilait un peu sous la forme
ancienne prenant et encore plus sous celle de
praing, prains, praigne (v. imprégner), qui
représente régulièrement le cas-sujet prœg-
nans owprœgnas.
PUER. L'anc. langue, au lieu àe puanteur,
disaitpHCur = h.putorem.
RAIRE. Une forme barbare latine radare
a donné le fr. reer.
RANGER D'après M. Beauvois (Revue crit.,
1870, n° 5, p. 67 j, un mot raingo n'existe pas
en laponais.
KEGROQUEVILLER. Schœtensack interprète
cette forme par re-ccque-triller (de vrille).
REFRAIN. D'après 0. Schultz (Ztschr., XI,
249), le sens foncier du fr. refrain est retour,
redite, répétition; il répond ainsi aune appli-
cation du L. refringere suffisamment con-
statée.
REGIMBER. Sur la forme regiper «« lat.
repedare), voy. Fôrster ad Lvoner Ysopet,
V. 2656.
REGRATTER. G. Paris (Rom., IX, 483)
tient l'it. rigattiere et fr. regraitier^nv deux
mots distincts.
REGREITER. L'étym. de Diez est aussi
patronnée par G. Paris (Saint-Alexis, 26 e).
REPROCHER. CaixiStud., n« 115) propose
un type fictif reprobicare; c'est un effort
inutile, ce me semble.
RICANER. Pour la solution du problème
étymologique attaché au vfr. recaner^ voy.
les indications données pai* Fôrster (au v. 877
de l'Ysopet de Lyon) et Van Hamel s. v caner
du Gloss de son éd. de Li romans de Cari té
et Miserere du Rendus de Moiliens.
RIÊBLE, alternant avec rèble^ qui est la
forme première ; la synonymie du mot avec
grateron engage À lui assigner un type latin
radibulum, par contraction rabulum, de L.
radere, gratter, mais il faudrait rable.
* RINGARD est propr une barre servant à
• tourner » et paraît tenir À la famille germa-
nique hring, vring, exprimant cercle, tourner
en rond .
RISQUER. Canello déduit it. risicare de
L. resecaré, au sens de fendre les flote à
reboui*s, d'où celui de s'exposer au danger
(Arch. glott., XXIII, 418).
RODÉ. A distinguer de ce mot : 1. vfr.
ruiste^ qui signifie a) sauvage, fort ; b) roide,
escarpé; 2. roiste (parfois, sans s, roité),
qui ne signifie que « escarpé » et qui est
le même que le synonyme prov. raiisi et de
I son côté diflërent de ruiste. Fôrster ad
V. 11692 de son Chevalier as deux espées,
me blâme avec raison d'avoir, dans mes
Notes de Jean de Condé et mon Gloss. des
Chron. de Froissart, rattaché roiste à roide.
Quant à ruiste, c'est une variété de ruste,
rustre = L. rusticus (v. rustaud),
SAC. Quoi qu'en ait dit Gaix (Studi,
n° 530), le fr. saccader est tout à fait indé-
pendant de L. succutere (ou esp. sacudir),
G. Paris est du même avis (Rom., VIII, 620).
• SAULE. Vfr. saus reproduit le nom. latin
salix.
SOLAS*. L. solatium requérant en fr. la
forme solais, mieux vaut considérer l'ancien
solas comme le subst. verbal de solacier.
SOLEIL En vfr. on avait aussi, d'après le
même type latin, une forme seloil.
SOIF. Ascoli explique la finale par la filière
suivante : sitis-sede-see, d'où, par épenthèse,
sève =r fr. soif.
SOUBRETTE. De vfr. soubr et 'du L.sob^fnus\
sobre, prudent, ru.sé, espiègle (Mahn).
'SOUQUER. On a proposé pour ce terme
de marine l'ail, zucken, l'intensif do ziehen,
tirer, mais il n'est pas admissible qu'une
forme exclusivement haut-ail. se soit commu-
niquée au langage maritime ; une tran.sfor-
mation de saquer (opinion de Jal) est encore
moins probable.
SPARADRAP. En présence de la forme span-
darapum et dans la pénuiie de tous rensei-
gnements ultérieurs sur la provenance et la
première forme du mot, on est tenté d'y voir
une corruption populaire d'un composé où
entraient le subst. drap et soit vfr. espardre,
spardre (lat. spargere), soit (pour spanda-
rapum) espandre, spandre (lat. expandere).
Le tei-me parait né en France.
STRAPASSER. Gaix (Studi, n» 62) divise le
mot italien par strap-azz are et y voit le verbe
strappare fvoy. estrapade) avec le suffixe
péjor£itif (cp. svelazzare, spelazzare et a.).
G. Paris (Rom., VIII, 649; accepte cette ma-
nière de voir, mais la trouve contradictoire à
une remarque de l'auteur (p. 205), d'après
laquelle fr. estrapasser et esp. estrapazare
seraient des formes parallèles, non dérivées
du mot italien, car strappare n'existe ni en
français, ni en espagnol, et fr. estrapasser ne
date que du xvr s.
TAC. L'étym. L. tactus me ssmble pécher
contre la phonétique; ce mot latin se fût fran-
cisé par ttit; cp. vfr. entait p. intact.
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— 526 —
TAPINOIS, TAPIR. Malgré Taffinité des
idées et ridentité de la racine, ce n*est pas au
grec raTTîivd,-, bas (au propre et au fig.;, que
ces mots doivent leur origine; cependant,
comme en tapinois a surgi dans le monde des
savants au \\i^ s., la finale de cette loc.
adverb. pourrait avoir été créée sous in-
fluence du mot grec. •
TlâDE. Aux formes anciennes citées, ajoutez
tieve et tedde.
TRESnJiON. Godefroy renseigne estresil-
Ion, aussi estesillon, avec la valeur de
bâton.
TSIBAR, TRIBARD, probabl. un composé
de goth. triu, bois, et du german. bar, chose
qui sert à fermer ou à empêcher, bâton, ver-
rou (voy. barre) ; Tall. traduit exactement par
holz-spcrre.
•''-*.±JiX>Sif^^=^^-^^»^
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ERRATA
REMARQUÉS PENDANT L*IMPRESSION.
AIIADOTJER. Deuxième colonne, ligne 16, lisez : amidouler pour amidouier.
AMER Corrigez ... urne pour ... titme.
ANDOUILLER. Ajoutez à l'artitle: « Voyez Bugge (Rom., IV, 349;. »
ASSENER. Lisez : locution pour locutiod.
BRIN. Ligne 7, lisez : du pour au,
BRUSQUE. A la ligne 10, lisez : IV, 352 au lieu de Kl, 351.
CHARADE. A ravant-dernièie ligne de la 2^* colonne, page 99, lisez : caragius pour
càrarius; à la dernière de l'article, lisez : xvii® pour xii*.
CHARIVARI. Vers la fin, lisez: p({jorative pour préforative.
EMPÊCHER. Ligne 13, lisez : en e pour en c.
FADE. Ligne 11, fermez la parenthèse après rade.
POURCHE-FIERE. Ligne 3, lisez : ferrea pour ferra.
FOURREBUISSON. Ligne 2. 6tez la virgule après la pareiitbèse.
GAINE. Lisez : Gaine. — Ligne 2, il faut : va^^ina pour vaglna.
GROLLB. Corr. W. Meyer pour Ed. Meyer.
HAMEÇON. Dernière ligne, mettez : haniîca pour hamicium,
HOCHER. Ligne 3, lisez : 90 polir 98.
INGÉNIEUR. Ligne 1, lisez : engigneiir pour engigneus.
1. MORVE. Ligne 1, lisez : port, mormo pour rnorma.
2. MOTEU. Ligne 7, corr. mutuîus pour mutilus.
OTER. Ligne 13, lisez : là pour la.
PASSER. Page 380, l" colonne, ligne 3, effacez les mots : « dans une foule de substan-
tifs composes n.
RABOTER. Ligne 8, lisez : rabot pour rebot.
RUCHE. Dernière ligne, corr. rucher pour ruche.
SECOUER. Ligne 5, lisez : Blandin pour Blondin.
SERPILLIÈRE. Dernière ligne, mettez : 234 pour 238.
SORNETTE. Avant-dernière ligne, lisez : verbe pour verhe.
SOUL (on a oublié le circonflexe).
VARECH. Dernièro ligne, lisez : vagrek pour vegrek.
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UCT a 6 1S37
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