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Full text of "Dictionnaire d'étymologie française d'après les résultats de la science moderne"

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DICTIONNAIRE 


D'ÉTYMOLOGIE   FKANÇAISE 


D'APRÈS  LES  RÉSULTATS  DE  LA  SCIENCE  MODERNE 


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DEPOSE   AU  VŒU  DE  LA   LOI 


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DICTIONNAIRE 

D'ÉTYMOLOGIE  FRANÇAISE 


I)  APRES 


LES  RÉSULTATS  DE  LA  SCIENCE  MODERNE 


AUGUSTE  SCHELER 

DOCTEUR   BN    PHfLOSOVHIB  ET   LETTRES 

MEMBRE    DR    L'aCADÊMIE    ROYALE    DE    BELGIQUE 

BIBLIOTHÉCAIRE   DU   ROI   DES   BELGES  ET   DU   COMTE   DE   FLANDRE 

PROFESSEUR    A   l'UNIVERSITÉ   DE   BRUXELLES 


TROISIÈME    ÉDITION 

REVUR   ET  AUGMENTÉE 


*    oscggfci    < 


BRUXELLES 

LIBRAIRIE  EUROPÉENNE  C.  MUQUARDT 
TH.  FALK,  ÉDITEUR,  LIBRAIRE  DE  LA  COUR 

18-20-S2,  RUK  DES  PAROISSIBNS 


PARIS 

F.  VIEWEG,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 
E.  BOUILLON  ET  E.  VIEWEG.  SUCCESSEURS 

67,  RUE  I>B  RICflFLIBU,  67 


TOUS   DROITS   RÉSERVÉS 

1§ 


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THE  NEW  YOFK 

PUBLIC  LIBRARY 

911427A 

ASTOR,  LENOX  AND 

TILDEN  FOU  N  DATIONS 

i<  1937  L 


i^*  BRUXELLES 

-«^P.WEISSENBRUCH,IMP.DO 

^^  40,  HUK   DU  POINÇON 


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PRÉFACES. 


PREMIÈRE  ÉDITION. 

L'origine  des  mots  français  a,  depuis  trois  siècles,  occupé,  en  France  et  ailleurs, 
un  grand  nombre  de  savants,  et  la  bibliographie  des  ouvrages  consacrés  à  cette 
matière  est  passablement  longue.  Et  cependant,  j'ose  me  flatter  qu*en  publiant 
le  mien,  j*ai  non  seulement  fait  une  œuvre  utiles  mais  comblé  en  quelque  sorte 
une  lacune  dans  la  littérature  philologique  française. 

Précisément  en  présence  de  la  multiplicité  des  livres  qui  traitent  d*étymologie 
française,  soit  d'une  manière  générale  ou  théorique,  soit  sous  forme  de  recueils 
embrassant  les  faits  en  détail,  il  était  désirable  qu*il  en  surgît  un  qui,  réunissant 
en  un  faisceau  les  résultats  partiels  de  ces  investigations  diverses,  les  résumant, 
pour  la  facilité  de  l'usage,  sous  la  forme  d'un  dictionnaire  alphabétique,  permît 
de  saisir  d'un  coup  d'œil  l'état  de  la  science  en  ce  qui  concerne  chaque  vocable 
de  la  langue.  A  ce  titre  seul,  la  composition  de  mon  dictionnaire  me  semble 
pleinement  justifiée  ;  c'est  un  manuel  qui  dispense  de  longues  recherches,  qui 
renseigne  promptement  sur  tous  les  points  du  vaste  sujet. 

Toutefois,  le  but  prédominant  que  je  poursuivais  n'était  pas  de  fournir  un 
simple  relevé  des  solutions  variées  émises  successivement  sur  des  questions  d'éty- 
mologie  française.  Ce  que  j'avais  à  cœur,  ce  n'était  pas  de  remettre  en  circulation 
une  foule  d'erreurs  évidentes,  d'accorder  l'honneur  d*une  nouvelle  publicité  à  des 
bévues  trop  longtemps  accréditées.  Je  tenais  plutôt  à  présenter  au  public  lettré, 
d*une  manière  substantielle  et  concise,  les  fruits  nouvellement  acquis  à  la  science, 
et  aie  familiariser  avec  les  conquêtes  récentes  de  la  linguistique  française. 

En  effet,  toute  une  phalange  de  philologues  capables  a  pris  à  t&che,  dans  le 
cours  du  dernier  quart  de  siècle,  de  faire  profiter  à  la  science  lexicologique,  d'un 
côté,  les  progrès  réalisés  en  ce  qui  concerne  la  théorie  générale  de  la  formation 
et  du  développement  des  langues  et  l'étude  des  idiomes  romans  en  particulier  ; 
^  d'autre  part,  les  matériaux  mis  au  jour  par  la  publication  d'intéressants  monu- 

«<  ments  littéraires  enfouis  jusque-là  dans  Tobscurité  des  bibliothèques,  ainsi  que 

c^  les  ressources  importantes  offertes  par  les  études  qui,  dans  ces  derniers  temps, 

g  se  sont  portées  sur  les  dialectes  et  les  patois.  Appuyés  sur  un  système  de  lois  et 

c^  de  principes  généraux,  qui  constituent  en  quelque  sorte  la  grammaire  étymolo- 

gique, —  fortifiés  par  de  longues  observations,  —  placés  assez  haut  pour  dominer 
du  regard  tout  le  vaste  domaine  des  langues  indo-européennes,  et  surtout  pro- 
cédant avec  la  sévérité  du  juge  consciencieux,  —  les  travailleurs  auxquels  je  fais 


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—  Vï  — 

allusion  sont  parvenus,  en  matière  d*étymologie  française,  à  dissiper  enfin  la 
défiance  et  le  discrédit  qu'avaient  justement  attirés  à  cette  branche  d*étude  les 
assertions  aventureuses  d'hommes  plus  spirituels  que  soucieux  de  la  vérité,  ou 
les  pédantesques  et  subtiles  discussions  de  savants  réels,  qui  s'avançaient  sans 
boussole  dans  le  fouillis  des  matériaux  amoncelés  autour  d'eux.  Malgré  toute 
Testime  que  doivent  inspirer  les  efforts  des  Nicot,  des  Ménage,  des  Caseneuve, 
des  Du  Gange,  etc.,  et  quelque  justes  qu'aient  été,  en  mainte  occasion,  leurs 
jugements  et  leurs  conjectures,  on  ne  peut  plus,  en  présence  des  théories  nou- 
velles, les  placer  au  rang  d*autorités  scientifiques,  comme  continuent  à  le  faire 
la  plupart  de  ceux  qui,  jusqu'à  ce  jour,  se  sont  occupés,  incidemment  ou  accessoi- 
rement, des  origines  des  mots  français.  Montaigne  disait  :  «  Ne  regarde  pas  qui 
est  le  plus  savant,  mais  qui  est  le  mieux  savant  d  ;  c'est  en  suivant  ce  conseil 
que  je  me  suis  tourne  vers  la  nouvelle  école  allemande,  fondée  par  les  Bopp,  les 
Grinim,  les  Pott,  les  Diez,  etc.,  sans  dédaigner  pour  cela  les  philologues  français 
que  je  viens  de  citer  et  qui  conservent  un  incontestable  mérite. 

Comme  l'énonce  le  titre  de  mon  ouvrage,  le  point  de  vue  où  je  me  place  est 
celui  de  la  science  moderne.  Tout  ce  qui  ne  peut  être  scientifiquement  démontré 
par  des  preuves  soit  historiques,  soit  physiologiques,  est  relégué  dans  le  domaine 
du  caprice,  de  la  fantaisie,  de  l'arbitraire.  Ces  éléments  ont  longtemps  prévalu 
en  matière  étymologique;  tantôt  on  les  trouve  mêlés  à  infiniment  d^esprit  et  de 
grâce,  t  intôt  à  une  prodigieuse  érudition.  Mais,  à  la  suite  du  mouvement  général 
de  l'activité  sociale  de  nos  temps,  et  grâce  h  l'élargissement  progressif  de 
rhorizon  scientifique,  k  la  multiplication  continuelle  des  observations,  la  critique 
âprc!  et  minutieuse  est  venue  s'emparer  du  sujet,  la  synthèse  des  faits  a  dégagé 
des  principes,  et  ce  sont  ces  principes,  vérifiés,  éprouvés,  sanctionnés,  qui  sont  dès 
lors  appelés  à  régner.  De  patientes  et  consciencieuses  recherches  ont  révélé  les  lois 
d'après  lesquelles  les  vocables  se  constituent,  se  développent,  se  dégradent.  Ces 
lois  veulent  être  respectées;  il  ne  suffit  plus,  pour  s'occuper  des  origines  de  nos 
mot43,  d'être  doué  d'un  esprit  fin  et  délicat,  il  faut  passer  par  un  long  apprentis- 
sage pour  s'initier  à  la  physiologie  du  langage.  Bref,  la  divination  a  fait  son 
temps,  et  l'étymologie  est  parvenue  au  rang  d'une  science  positive,  nous  dirons 
même  d'une  science  exacte.  Cette  science,  à  la  vérité,  n'est  pas  faite  encore, 
mais  en  pleine  élaboration. 

Tirer  au  grand  jour  d'une  publicité  plus  large,  mettre  à  la  portée  de  tous  ceux 
qui  ont  reçu  quelque  culture  littéraire,  les  fruits  déposés  par  les  savants  de  la 
nouvelle  école  dans  des  publications  éparses  et  peu  répandues  dans  le  public 
auquel  je  destine  ce  livre,  tel  est  le  principal  objet  que  j'avais  en  vue  en  entre- 
prenant ce  dictionnaire. 

C'est,  avant  tout,  à  l'homme  éminent  à  qui  revient  la  gloire  d'avoir  le  premier 
fixé  et  méthodiquement  exposé  les  lois  qui  président  à  la  formation  des  langues 
néo-latines,  au  vénérable  professeur  Diez,  de  Bonn,  que  j'ai  voulu  rendre  hom- 
mage, en  consignant  dans  mon  livre,  pour  mieux  les  faire  valoir  en  dehors  des 
frontières  de  sa  patrie,  ses  heureuses  découvertes,  ses  judicieuses  démonstrations, 
ses  habiles  et  prudentes  conjectures.  Les  deux  principaux  ouvrages  du  philologue 
allemand,  savoir  :  Grammatik  der  romanischen  Sprachen  (3  vol.,  1™  éd. 
Bonn,  1836-1844;  2»  éd.,  entièrement  refondue.  Bonn,  1856-1861)  «,  et  Etymo- 


*  Une  troisième  édition  a  paru  en  1869;  MM.  Au  g.  Brachet,  Morel-Fatio  et  Gaston 
Paris  en  ont  entrepris  la  traduction  française,  publiée  à  Paris  de  1874  à  1876,  en 
3  volumes. 


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—  VII  — 

logisches  Wôrterhiich  der  romanischen  Sprachen  (Bonn,  1853)  ',  ne  sont  pas, 
il  est  vrai,  restés  inaperçus  en  France.  Un  homme  d'une  science  reconnue  et  plus 
compétent,  peut-être,  en  ces  matières  qu'aucun  de  ses  compatriotes,  M.  Littré, 
de  rinstitut  français,  a*  mis  en  lumière  les  grandes  et  solides  qualités  qui  les 
distinguent,  dans  une  série  d'articles  insérés,  en  1855,  dans  le  Journal  des 
Savants.  Néanmoins,  en  jugeant  d'après  ce  qui,  dans  ces  dernières  années,  a  été 
jeté  dans  la  grande  circulation  par  des  éditeurs  français  en  fait  de  travaux 
lexicographiques,  j'ai  lieu  de  croire  que  Diez  et  son  système  ne  sont  pas  encore 
naturalisés  en  France,  n'y  jouissent  pas  encore,  dans  le  monde  érudit,  de  toute 
l'autorité  qu'ils  méritent  et  qui,  j'ai  hâte  de  le  dire,  leur  a  été  franchement 
accordée  par  les  philologues  belges  :  les  Grandgagnage,  lesBormans,  les  Cachet, 
les  Chavée  et  autres  «. 

Il  va  de  soi  qu'en  exposant,  par  ordre  alphabétique,  l'origine  des  vocables 
français,  je  n'ai  pas  voulu  me  borner  au  rôle  de  simple  compilateur  et  enregistreur 
des  opinions  d'autrui.  Tout  en  m'appliquant  à  être  bref,  substantiel,  dans  les 
articles  sujets  à  discussion,  je  me  suis  permis  parfois  d'énoncer  mon  avis,  de 
proposer,  avec  toute  la  modestie  qui  convient  en  ces  matières,  la  solution  d'un 
problème  ou  d'émettre  une  conjecture  personnelle. 

L'objet  essentiel  de  chacun  de  ces  articles,  c'est  d^établir  letype  immédiat  d'où 
procède  le  mot  français  en  question  ;  je  me  suis  fait  une  règle  de  ne  donner  des 
développements,  de  ne  discuter  ou  raisonner  que  lorsque  ce  type  était  contesté 
ou  que  le  rapport  de  forme  ou  de  sens  entre  le  primitif  proposé  et  le  vocable  en 
question  présentait  de  l'obscurité  ou  soulevait  des  doutes  légitimes.  J'éprou- 
vais souvent  la  tentation  de  faire  quelque  excursion  sur  le  domaine  de  l'étymologie 
latine  ou  germanique,  mais  à  part  de  fugitives  indications,  je  suis  resté  fidèle  à 
ma  règle.  En  générale,  on  remarquera  que  j'ai  visé  à  être  aussi  bref  dans  la 
rédaction  de  mes  articles  que  le  permettait  la  clarté,  écartant  tout  ce  qui  ne 
concourt  pas,  directement  ou  indirectement,  à  établir  ou  à  confirmer  une  étymo- 
logie  mise  en  avant.  Je  me  suis  abstenu  ainsi  de  reproduire  les  diverses  applica- 
tions passées  ou  actuelles  d'un  mot,  quand  des  considérations  tenant  à  mon  sujet 
ne  m'y  engageaient  pas.  Les  lecteurs  auxquels  je  m'adresse  possèdent  suffi- 
samment le  grec  et  le  latin  pour  que  j'aie  pu  me  dispenser  de  traduire  ou  de 
définir  chaque  fois  les  vocables  de  ces  langues  que  je  cite  ;  ils  sont  également 
censés  être  en  état  de  vérifier  les  nombreuses  citations  tirées  des  autres  langues 
européennes. 

Le  cadre  de  mon  travail  ne  comprend,  en  principe,  que  les  vocables  de  la 
langue  actuelle  entrés  dans  lu  circulation  commune  ;  il  exclut  par  conséquent  les 
mots  appartenant  à  la  terminologie  des  sciences  spéciales,  des  arts  et  métiers, 
et  qui  sont  restés  en  dehors  de  l'usage  général.  Toutefois,  dans  l'intérêt  du  lecteur, 
ce  principe  ne  pouvait  être  observé  dans  toute  sa  rigueur;  mieux  valait,  en 
pareille  matière,  fournir  trop  que  trop  peu. 

En  vue  de  tant  de  méprises  commises  pour  avoir  négligé  ces  rapprochements, 
j'ai  attaché  une  grande  importance  à  la  mention  et  à  l'examen,  à  propos  d'un 


*  2«éd.,  1861.62;  3«ôd.*  1869-70;  4«  éd.,  augmentée  d  un  appendice  par  Aug.  Scheler, 
1878  ;  5*  éd.,  avec  le  même  appendice,  revu  et  augm.,  1887. 

^  A  1  apparition  de  la  l'*'  éd.  de  mon  livre,  je  n  avais  pas  encore  pu  mettre  A  profit  l'acti- 
vité prodigieuse  déployée  depuis  en  France  par  toute  une  école  d  explorateurs  forte- 
ment armés  et  en  tète  desquels  je  nommerai  toujours,  avec  une  respectueuse  gratitude, 
MM.  0.  Paris  et  P.  Meyer,  deux  coryphées  de  la  science  auxquels  toute  l'Europe  rend 
hommage. 


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—  VIII  — 

grand  nombre  de  vocables  français,  des  formes  collatérales  à  ces  vocables  dans 
les  autres  langues  ou  dialectes  de  souche  romane. 

Je  ne  me  cache  pas  les  imperfections  de  ce  livre  ;  j'ai,  dans  le  cours  de  mes 
recherches,  trop  bien  appris  que  chaque  journée  d'étude  fournissait  de  nouveaux 
enseignements,  pour  que  je  me  fasse  illusion  sur  la  valeur  de  mon  travail.  Quelque 
solides  que  soient  les  principes  sur  lesquels  la  science  étymologique  est  assise, 
que  de  fois  l'occasion  ne  vient-elle  pas  se  présenter  où  il  faut  humblement  revenir 
sur  une  assertion  carrément  énoncée,  démolir  une  conjecture  péniblement 
élaborée,  et  émise,  pour  ainsi  dire,  avec  triomphe  !  D'autre  part,  je  ne  méconnais 
pas  Tutilité  que  j'aurais  pu  tirer  de  certains  ouvrages  qui  ne  se  trouvaient  pas  à 
ma  portée  ;  bien  des  choses  ont  du  m'échapper  que  tel  livre  aurait  jju  me  révéler. 

Cependant,  encouragé  par  le  jugement  bienveillant  de  quelques  hommes 
compétents,  et  fort  de  la  conviction  que,  tel  qu'il  est,  l'ouvrage  pent  rendre  des 
services,  j'ai  osé  braver  la  publicité,  résolu  du  reste  de  continuer  à  consacrer  mes 
loisirs  au  perfectionnement  de  l'œuvre.  Mon  ambition  ne  va  pas  plus  loin  que 
d'avoir  fourni  un  livre  utile  et  qui  ne  soit  pas  trop  indigne  du  rôle  éle^  assigné 
à  l'art  étymologique  dans  Tensemble  des  connaissances  qui  ont  pour  objet  la 
génération  et  la  manifestation  des  idées. 

Bruxelles,  l"' novembre  1861. 


DEUXIÈME  ÉDITION. 


L'accueil  très  favorable  que  mon  livre  a  rencontré,  tant  auprès  des  critiques 
exercés  que  parmi  les  lecteurs  qui  l'ont  acquis  dans  un  but  d'instruction,  —  l'im- 
possibilité où  se  trouvait  l'éditeur,  depuis  plusieurs  années,  de  satisfaire  aux 
personnes  qui  cherchaient  à  se  le  procurer,  —  enfin,  le  désir  légitime  de  le  per- 
fectionner en  mettant  à  profit  les  enseignements  nouveaux  provenant  soit  de  mes 
propres  études,  soit  de  source  étrangère—  m'ont  fait  un  devoir  et  un  plaisir  d'en 
entreprendre  une  seconde  édition. 

Tous  les  articles  de  la  première  ont  été  soumis  à  un  soigneux  examen,  à  la 
suite  duquel  j'ai  retranché  ce  que  j'ai  reconnu  comme  inutile  ou  erroné  et  ajouté 
les  solutions  nouvelles  qui  me  semblaient  dignes  d'être  présentées. 

Un  grand  nombre  d'articles  nouveaux  ont  été  intercalés;  quelques-uns,  relatifs 
à  des  mots  abandonnés  par  l'usage,  ont  été  éliminés;  d'autres  ont  reçu  de 
notables  développements. 

Une  des  principales  sources  d'information  où  j'ai  puisé  pour  mettre  mon  œuvre 
au  courant  de  la  science,  est  le  gigantesque  Dictionnaire  de  M.  Littré,  dont  la 
publication,  commencée  en  1863,  deux  ans  après  l'émission  de  mon  livre,  est 
enfin  sur  le  point  d'arriver  à  son  terme.  L'illustre  académicien,  dont  le  nom 
figurera  désormais  au  premier  rang  parmi  les  lexicographes  français  du  xix*  siècle, 
en  exposant  sous  une  rubrique  spéciale  l'historique  de  chaque  mot,  a  singulière- 
ment facilité  la  tâche  de  l'étymologiste.  Pour  établir  rationnellement  la  provenance 
d'un  vocable,  rien  n'est  plus  fructueux  que  la  connaissance  de  l'époque  et  du 
terrain  où  il  apparaît  pour  la  première  fois.  D'autre  part,  le  Dictionnaire  de 
M.  Littré  m'a  non  seulement  renseigné  sur  un  bon  nombre  d'étymologies  qui 
m'étaient  inconnues  et  méritaient  toute  mon  attention,  mais  il  m'a  suggéré  aussi 


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—  IX  — 

des  indications  propres  à  confirmer  ou  à  invalider  celles  que  j*avais  posées  ou 
adoptées. 

Si,  par-ci,  par-là,  je  me  suis  vu  dans  le  cas  de  révoquer  en  doute  les  assertions 
ou  les  conjectures  du  maître,  le  plus  souvent  j'ai  pu  fortifier  de  son  autorité  ma 
propre  manière  de  voir  ou  fonder  sur  elle  Tabandon  de  certains  passages  de  ma 
première  édition. 

En  relevant  ici  Tappui  que  j*ai  trouvé  dans  l'œuvre  magistrale  du  linguiste 
français,  je  ne  puis  résister  au  désir  de  déclarer  aussi  que  la  bienveillance  et 
Testime  témoignées  à  l'égard  de  mon  livre  par  M.  Littré  et  par  un  autre  coryphée 
de  la  science,  M.  Diez,  m'ont  été  la  plus  douce  satisfaction  pour  les  peines  qu'il 
m'a  données,  et  un  puissant  encouragement  à  lui  conserver  la  bonne  réputation 
qu'ils  ont  concouru  à  lui  créer. 

La  deuxième  et  la  troisième  édition  du  Dictionnaire  de  Diez  ont  également 
fourni  des  éléments  précieux  à  l'amélioration  et  au  complètement  du  mien. 
L'ouvrage  publié  il  y  a  deux  ans  par  M.  Aug.  Brachetsous  le  titre:  Dictiœinaire 
étymologique  de  la  Imigue  française,  a  été  moins  abondant  sous  ce  rapport  ; 
l'auteur,  aussi  apte,  cependant,  que  tout  autre  à  se  mêler  à  la  discussion  critique 
des  faits  controversés,  s'est  tracé  un  plan  qui  l'engageait  à  ne  recueillir  dans  son 
livre  que  les  étymologies  définitivement  reçues,  en  s'attachant  surtout  à  en 
démontrer  la  justesse  au  point  de  vue  phonéfiquc.  Visant  plutôt  à  faire 
connaître  la  science  faite  que  la  science  en  élaboration,  il  s'est  abstenu  de 
consigner  les  solutions  sur  lesquelles  la  certitude  n'est  pas  encore  acquise  et  qui 
pouvaient  prêter  matière  à  contestation. 

Mon  intention  avait  été  de  faire  précéder  mon  livre  d'une  introduction,  dans 
laquelle  auraient  été  méthodiquement  exposées  les  lois  principales  qui  ont  présidé 
à  la  formation  et  à  la  transformation  successives  des  mots  français.  Elle  devait  en 
quelque  sorte  servir  d'appui  aux  faits  étymologiques  énoncés  dans  l'ouvrage; 
mais  comme  des  aperçus  de  ce  genre  se  rencontrent  ailleurs  et  qu'un  travail 
développé  sur  cette  matière,  traitée  d'ailleurs  en  substance  dans  la  grammaire 
de  Diez,  eût  considérablement  grossi  le  volume,  j'y  ai  renoncé  pour  en  faire,  plus 
tard,  l'objet  d'une  publication  spéciale'. 

Bruxelles,  !•'  novembre  1872. 

Auo.  SCHELER. 


TROISIÈME  ÉDITION. 

Quinze  années  se  sont  écoulées  depuis  l'apparition  de  la  dernière  édition  de  ce 
dictionnaire  ;  quinze  années  fructueuses  en  résultats  scientifiques  dans  l'explora- 
tion du  terrain  spécial  dont  la  culture  est  ma  tâche.  Que  d'auxiliaires  nouveaux 
ont  surgi  dans  cet  intervalle  pour  m'éclairer  et  me  fortifier  dans  le  travail  que 
je  poursuis  depuis  plus  d'un  quart  de  siècle!  Puissé-je,  en  lançant  cette  nouvelle 

•  Ce  sera  lamplification  de  mes  Études  sur  la  transformation  française  des  mots  latins 
qui  ont  paru  en  1869  dans  la  Retue  de  V instruction  publique  en  Belgique  (tirées  à  part  en 
un  vol.  de  199  pages  in-8°).  —  Cet  ouvrage  a  paru  depuis  sous  le  titre  :  Exposé  des  lois  qui 
régissent  la  transformation  française  des  mots  latins.  Bruxelles  et  Paris,  1875,  in- 12. 


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—  X  — 

édition,  et  c*est  là  mon  unique  ambition  d'auteur,  être  jugé  ne  pas  avoir  décliné 
et  ne  pas  avoir  démérité  des  encourageants  éloges  accordés  à  mes  efforts,  tant  de 
la  part  des  critiques  autorisés  que  du  public  qui  leur  a  voué  sa  confiance;  puisse 
la  qualification  de  revue,  corrigée  et  augmentée  être  reconnue  pleinement  justifiée. 

Rien  dans  le  plan  ni  dans  l'ordonnance  et  la  méthode  de  mon  livre  n'a  été 
modifié  ;  des  suppressions  d'un  côté,  des  ajoutes  et  des  rectifications  nombreuses 
de  l'autre,  suivant  que  l'intérêt  du  sujet  et  le  respect  de  la  critique  me  les  com- 
mandaient. Visant  surtout  à  la  concision,  j'ai  peut-être  souvent  compromis  la 
précision,  et  je  n'hésite  pas  à  reconnaître  le  côté  faible  de  ce  travail  :  une  allure  un 
peu  trop  libre,  parfois  même  désordonnée,  dans  la  rédaction  des  articles. 

Je  ne  puis  clore  cet  avant-propos  sans  faire  mention  de  mes  deux  principaux 
nouveaux  auxiliaires  dans  l'élaboration  de  cette  troisième  édition  ;  ce  sont  deux 
recueils  périodiques  de  philologie  romane,  sous  l'impulsion  desquels  la  science 
que  je  cultive  a  réalisé  des  progrès  surprenants  dans  ces  derniers  temps  et  qui 
continuent  à  la  féconder  de  la  noble  émulation  qu'ils  ont  suscitée  :  en  France, 
la  Romania  de  MM.  P.  Meyer  et  G.  Paris,  créée  à  Paris  en  1872,  et  en  Alle- 
magne, la  Zeiischrift  fur  romanische  Philologie,  fondée  en  1877,  et  dirigée 
depuis  par  le  professeur  D^*  Gustave  Grôber,  à  Strasbourg.  Presque  chaque  page 
de  mon  livre  témoignera  des  ressources  qu'ils  m'ont  fournies. 

Bruxelles,  en  octobre  1887. 

Auo.  SCHELER. 


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ABRÉVIATIONS  USITÉES  DANS  LE  LIVRE. 


ags. 

—  anglo-saxon. 

m. 

—  littéralement. 

alL 

—  allemand. 

loc. 

—  locution. 

anc. 

—  ancien  ou  anciennement. 

mha. 

—  haut  allemand   du   moyen 

angl. 

—  anglais. 

âge. 

ap. 

—  apud. 

ML. 

—  latinité  du  moyen  âge. 

art. 

—  article. 

mod. 

—  moderne. 

auj. 

—  aujourd'hui. 

m.  s. 

—  même  signification. 

autr. 

—  autrefois. 

n. 

—  nouveau. 

BL. 

—  basse  latinité 

;  le  signe  com- 

néerl.  ou  ni. 

—  néerlandais    (terme    géné- 

prend aussi 

la  latinité  du 

rique  pour  flamand  et  hol- 

moyen âge, 

par-ci,  par  là 

landais). 

indiquée'  par 

Ml.. 

nfr. 

—  nouveau  français. 

bret. 

—  breton. 

nha. 

—  nouveau  haut  allemand. 

c.-à'd. 

—  c'est-à-dire. 

nord. 

—  nordique    (ancien    Scandi- 

cat. 

—  catalan. 

nave). 

cfr. 

—  confer  (comparez). 

norm. 

—  dialecte  normand. 

champ. 

—  champenois. 

opp. 

—  opposé. 

comp,  ou  cp. 

—  comparez. 

P- 

—  pour. 

cps. 

—  composé. 

part. 

—  participe. 

cymr. 

—  cymrique. 

pic. 

—  dialecte  picard. 

D. 

—  dérivé. 

port,  ou  pg. 

—  portugais. 

DC.  ou  Duc. 

—  Du  Gange. 

pr. 

—  proprement. 

dan. 

—  danois. 

prov. 

—  provençal. 

dér. 

—  dérivé. 

qqch. 

—  quelque  chose. 

dial. 

—  dialecte. 

qqn. 

—  quelqu'un. 

din\> 

—  diminutif. 

rac. 

—  racine. 

écoss. 

—  écossais. 

rom. 

— -  roman. 

tsp. 

—  espagnol. 

se. 

—  scilicet. 

cxpt. 

—  expression. 

s.  e. 

—  sous-entendu. 

fig- 

—  figuré  ou  figurément. 

3,  V. 

—  sub  verbo. 

flam. 

—  flamand. 

suéd. 

—  suédois. 

fr. 

—  français. 

syn. 

— -  synonyme. 

fréq. 

—  fréquentatif. 

t. 

—  terme. 

gaél. 

—  gaélique 

V, 

—  vieux. 

goth. 

—  gothique. 

• 

val. 

—  valaque  (roumain) 

gr* 

—  grec. 

V.  c.  m. 

—  voyez  ce  mot. 

hM, 

—  hollandais. 

vfîr. 

—  vieux  français. 

irl. 

—  irlandais. 

vha. 

—  vieux  haut  allemand. 

it. 

—  italien. 

V.  pi,  h. 

—  voyez  plus  haut. 

L. 

—  latin. 

toall. 

—  wallon. 

Rom.  —  Romania  :  Recueil  trimestriel  publié  par  Q.  Paris  et  P.  Meyer. 

Zeitschr.  ou  Ztschr,  —  Zeitschrift  fÛr  roraanische  Philologie,  herausgegebeii  von 
D'  G.  Grôber. 

Vcutérisque  placé  auprès  d'un  mot  français  indique  la  forme  antérieure  du  mot  actuel  ou 
un  mot  appartenant  à  lancienne  langue;  placé  auprès  d'un  mot  latin,  il  fait  entendre  que  ce 
mot  est  fictif. 


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DICTIONNAIRE 


D'ÉTYMOLOGIE    FRANÇAISE 


A.  Cette  préposition,  dans  la  plupart  de 
ses  emplois,  se  rattache  ôtymologiquemcnt  à 
la  prôp.  ad  des  Latins.  Elle  est  devenue,  dans 
le  système  des  langues  néo-latines,  un  instru- 
ment important  pour  suppléer  aux  inflexions 
casuelles  de  la  langue  latine.  On  a  prétendu 
(voy.  Chevallet,  III,  349)  que  le  fr.  à  repré- 
sentait également  dans  certaines  tournures, 
telles  que  :  «  ôter  l'écorce  à  un  arbre  » ,  la  pré- 
jiosition  latine  ab.  Cela  est  erroné.  Aussi  bien 
vaudrait  dire  que  le  latin  constniisait  mal  en 
disant  :  «  vitam  adimere  cUiciii  » .  Evidemment, 
le  datif  dans  cette  phraiio  est  aussi  logique 
que  dans  la  tournure  française  eu  question. 
Dans  les  phrases  telles  que  :  •♦  l'homme  à  la 
jambe  de  bois  n,  à  représente  le  pix)v.  ab,  lui- 
même  issu,  comme  l'it.  appo,  du  L.  apud 
(voy.  avec). —  La  langue  française  a  maintenu 
le  ad  latin  comme  élément  de  composition, 
comme  préfixe.  Elle  s'en  sert  surtout  pour 
ci-écr  des  verbes  factitifs  (ex.  attrister,  assour- 
dir, alourdir^  adoucir ^  aviver,  resp.  de 
triste,  sourd,  lourd,  doux,  vif,  ou  à  renforcer 
des  verbes  simples  sans  modification  sensible 
de  leur  signification  (ex.  :  a-baisser,  a-tourner, 
vfr.  a-deoitier),  ou  enfin,  comme  moyen  de 
dérivation  (ex.  :  a-joumer  àejour;a-dosser,  do 
dos).  Quant  à  la  préposition  latine  ab,  on  n'en 
trouve  plus  de  trace,  en  ce  qui  concenie  dos 
compositions  verbales  nées  sur  le  terrain 
roman;  même  dans  abattre,  il  n'est  pas  sûr 
que  a  soit  issu  du  lat.  ab.  Dans  arracher,  il  y 
a  une  transformation  phonétique  do  lancicn 
esrachier  =  exradicare. 

ABAISSE,  morceau  de  pâte  qui  a  été  abaissé 
ou  aminci  par  le  rouleau. 

ABAISSER,  forme  extensive  de  baisser,  cp. 
vfr.  arnœUer.  —  En  angl.  abase. 

ABAIT,  appât,  vfr.  et  prov.  abet,  action 
d^abeter  (attirer  avec  une  amorce),  fig.  ruse, 
tromperie;  l'anc.  verbe  abeter,  qui  a  survécu 
dans  Tangl.  to  abet,  instiguor,  se  rapporte  à 
Yags.  baeteii,  mha.  beizen,  mnl.  beeteti,  faire 
mordre.  Cp.  amorce  de  a-mordre. 

ABAJOUE,  de  à  bqjoue  f  Peut-être  l'élément 


a  est-il  le  résultat  d'une  confusion  entre  l'aba- 
joue et  la  bajoue?  Cp.  abée. 

ABALOURDIR,  factitif  do  balourd. 

ABANDONNER,  verbe  formé  de  l'ancienne 
locution  à  baiidon,  à  volonté,  à  merci,  donc 
pr.  mettre  à  la  merci.  Quant  au  mot  bandon, 
c'est  un  dérivé  àcbati,  BL.  bannum,  banditm, 
prcxîlamation  publique,  j)ormission  (voy.  ce 
mot).  «  Mettre  à  bandon  »  voulait  dire  : 
mettre  à  discrétion,  exposer,  livrer,  laisser 
aller,  sacrifier,  délaisser;  «  bestcs  à  bandon  » 
étaient  des  bêtes  sans  gardes.  Le  subst.  verbal 
abandon  a  amené  la  conversion  de  l'anc. 
à  bandon  en  à  abandon,  ou  à  V abandon. 

ABAQUE  ,  du  L.  abacus,  venu  lui-même  du 
gr.  «êaÇ,  buflet,  table. 

ABASOURDIR,  assourdir,  étourdir.  Ce  verbe 
parait  assez  nouveau  ;  il  semble  être  formé 
d'assourdir,  pour  produire  l'idée  à  bas,  à 
tei*re  (cfr.  les  expressions  allemandes  yiieder- 
schmettem,  niederdœmern),  ou  plutôt  n'est-ce 
qu'une  assimilation  do  forme  à  abalourdir. 
Nicf>t  ne  connaissait  encore  ni  l'un  ni  l'autre. 
Le  Dictionnaire  historique  de  l'Académie,  par 
une  singulière  méprise,  fait  venir  abasourdir 
de  l'acy.  latin  absurdus. 

ABATTRE,  composé  de  battre,  Cp.  pour  lo 
sens  fig.,  l'ail,  niederschlagen,  le  lat.  affli- 
gère.  Notre  verbe  entre  dans  les  substantifs 
composés  abai-jour,  abat-vent,  abat-voix.  Dér. 
abattage,  -is,  -oir,  —  Cps.  r-abaUre.  Le  terme 
de  marine  abatée  est,  par  sa  terminaison,  de 
mauvaise  formation. 

ABBAYE,  voy.  abbé. 

ABBÉ,  vfr.  abbet,  prov.  abbai,  angl.  abb(^, 
ail.  abt,  du  L.  abbatem,  ace.  do  abbas;  ce 
dernier  est  tiré  du  syriaque  abba,  père,  titre 
do  respect  donné  primitivement  aux  moines. 
Du  iémminabbatissa,  prov.  abbadessa,  se  pro- 
duit abbe-esse  et  par  contraction  abbesse.  Le 
dérivé  abbaiia  s'est  ronianisé  en  prov.  c^at. 
esp.  abadia,  it.  abbadia,  fr.  abbeïe,  ortho- 
graphié plus  tard  abbaye,  quoique  prononcé 
a-bé-ïe. 

1 


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ABl 


—  2  — 


ABO 


ABC,  nom  donné  à  la  collection  des  signes 
d'écriture  que  l'on  emploie  dans  une  langue. 
Le  mot  est  formé  du  nom  des  trois  premiers 
de  ces  signes.  C'est  ainsi  que  alpha,  beta,  les 
deux  premières  lettres  de  la  collection  grecque, 
ont  donné  naissance  au  mot  alphahet,  —  D. 
abécédaire,  prov.  becedari,  L.  abecedarius; 
dans  ce  mot  la  4*^  lettre  d  est  venue  aider  à  la 
dérivation. 

ABCiS,  L.  abscesstis  (non  pas  alxessus, 
comme  dit  Littré)  ;  subst.  de  abs-cedere,  qui 
lui-même  a  été  reçu,  dans  .son  acception  médi- 
cale, sous  la  forme  abcéder;  cp.  l'analogue 
grec  àitôvTTj/iXf  fr.  apostômc,  de  ànosTiivxi. 

ABDIQUER,  L .  abdicare  (se  dédire,  renon- 
cer). — ■  D.  abdication,  L.  àbdicatio. 

ABDOMEN,  transcrit  du  latin  abdomen, 
ventre. 

ABECQUER,  aussi  abéqtcer  et  abécher, 
forme  extensive  de  becquer,  prendre  ou  don- 
ner la  becquée  ;  voy.  bec, 

ABÉE,  ouverture  par  laquelle  coule  Teau 
qui  fait  tourner  un  moulin.  Ménage  dérive  ce 
mot  à  tort  du  L.  abitus,  issue,  sortie;  YoJbée 
n'est  qu'une  fausse  orthographe  p.  la  bée. 
Bée  de  moulin  se  dit  encore;  c'est  le  subst. 
verbal  du  verbe  béer^  être  ouvert  (v.  c.  m.). 

ABEILIiE,  prov.  abelha,  esp.  abefa,  it.  pec- 
chia  (p.  apecchia),  est  régulièrement  formé 
de  apicula,  apic'la,  dimin.  de  apis.  On  sait 
que  pour  se  romaniser,  un  grand  nombre  de 
primitifs  latins  ont  revêtu  la  forme  diminutive 
(p.  ex.  oreille,  oiseau,  soleil,  sommeil).  Le 
primitif  apis  a  laissé  des  traces  dans  l'an- 
cienne langue  et  dans  les  patois,  sous  les 
formes  é  (cas-sujet  es),  ef,  abe,  etc.  On  y  trouve 
aussi  ks  dimin.  aveUe,  avilie.  Le  dérivé  apia- 
rium,  ruche,  existait  en  vfr.  sous  la  forme 
achier  (pi  devant  une  voyelle  fait^*,  d'où  ch, 
cfr.  ache,  de  apium^  sache,  de  sapiam). 

ABERRATION,  L.  'aberratio,  écart  (errare). 
Le  mot  a  été  d'abord  employé  dans  un  sens 
exclusivement  astronomique. 

ABÊTIR,  factitif  de  béte.  La  langue  fran- 
çaise forme  des  verbes  inchoatifs  et  factitifs  en 
ir,  de  primitifs  ac^jectifs  ou  substantifs,  au 
moyen  du  préfixe  a,  modifié  diflféremmcnt 
suivant  l'initiale  du  primitif;  ex.  :  adoucir 
(doux],  asservir  (serf),  attendrir  (tendre),  avi- 
lir (vil),  abâtardir  (bâtard). 

ABHORRER,  L.  ab-horrere.  On  disait  autre- 
fois de  préférence  abhorrir  (cp.  prov.  aborrir, 
aorrir,  it.  aborrire), 

ABIOiAT,  du  L.  ahigeatus  (de  abigem  = 
qui  abigit). 

ABÎME,  ABISME\  prov.  abis  et  ahisme.  On 
rapporte  généralement  ce  mot  au  L,  abyssus, 
goufifre  (lui-même  tiré  du  grec  fieweroj),  mais 
cette  étymologie  ne  peut  s'appliquer  qu'à  la 
fonne  prov.  dbis  et  à  l'it.  abisso.  L'explication 
la  plus  heureuse  est  incontestablement  celle 
de  Diez,  qui  dérive  abisme,  par  l'efiet  d'une 
contraction  tout  à  fait  régulière  (cfr.  vfr. 
bonisme,  aliisme,  etc.),  d'un  substantif  super- 
latif abissimus,  formation  analogue  au  domi- 
nissimus  de  la  moyenne  latinité,  et  à  oculis- 


simus,  employé  par  Plante.  —  D.  abîmer;  la 
sign.  précipiter  dans  im  abîme  s'est  généra- 
lisée en  celle  de  détruire,  anéantir,  ruiner 
(cfr.  en  ail.  su  grund  richten),  comme,  dans 
un  sens  inverse,  l'acception  générale  de  necare, 
tuer,  s'est  spécialisée  en  celle  de  noyer. 

ABIMER,  voy.  abime. 

ABJECT,  L.  abjectus{paLTt.  passé  àeabjicere, 
jeter  loin),  bas,  commun,  vil.  —  Subst.  abfec- 
tion,  L.  abjectio,  état  de  ce  qui  est  abject; 
autrefois,  on  avait  aussi  le  néologisme  abjecter, 
humilier,  avilir. 

ABJURER,  L.  abjurare.  Le  mot  latin  tout<2- 
fois  impliquait  l'idée  de  parjure;  cette  idée 
s'est  effacée  dans  le  mot  français. 

ABLATIF,  sixième  cas  de  la  déclinaison 
latine,  exprimant  éloigncment,  séparation, 
du  L.  ablativus,  formé  de  ablatum,  supin  de 
au  ferre,  enlever. 

ABLE,  petit  poisson  à  ventre  blanc  ;  ce  mot 
devrait  sonner  alble  (les  Suisses  et  les  Autri- 
chiens disent,  en  effet,  albele,  albel),  car  il  vient 
de  l'adj.  albulus  (dim.  de  cUbus,  blanc).  Les 
Romains  désignaient  Fable  par  un  autre  dérivé 
A'albus,  savoir  :  alburnus,  d'où  l'asp.  albiir 
(Rob.  Estienne  cite  auboiirfie  comme  employé 
en  Saintonge).  —  Dimin.  ablette  (angl.  abl^). 
Autres  dérivés  :  ablière*  et  son  dimin.  ableret, 
filet  pour  pêcher  des  ables. 

...ABLE,  suffixe,  =  lat.  abilis;  ce  suffixe 
est  appliqué  en  français  : 

1°  A  des  verbes  de  toutes  conjugaisons  avec 
un  sens  tant  actif  que  passif  [adorable,  rede- 
vable, veixdable,  convenable,  aidable,  sccou- 
rable,  péi*issable)\ 

2°  A  des  substantifs  en  té  [charitable,  équi' 
table,  véritable,  amistable*), 

ABLÉ6AT,  L.  ablegcUus,  envoyé  [ab-legare). 
La  terminaison  cU  pour  é  (cfr.  relégué,  d^}lé- 
gué)  dénote  le  caractère  non  vulgaire,  non 
populaire,  ou  l'introduction  relativement  ré- 
cente d'un  vocable  ;  nous  citerons  ici  à  l'appui 
les  mots  Ugat,  délicat,  rosai,  renégat;  ces 
mots  n'appartiennent  pas  au  vieux  fonds  de  la 
langue.  Aussi  bien  ablégat  est-il  un  terme  de 
chancxilleric  romaine. 

ABLERET,  ABLETTE,  voy.  able. 

ABLUER,  L.  abluere  [ab,  luo),  enlever  en 
lavant.  —  Ablution,  L.  ablutio,  action  de 
laver,  purification. 

ABNÉGATION,  L.  ab-negatio,  de  ab-negare, 
refuser,  dénier. 

ABOI,  voy.  aKoyer. 

ABOLIR,  L.  abolere,  arrêter  dans  sa  crois- 
sance, faire  dépérir,  anéantir.  —  abolition, 
L.  abolitio;  de  là  le  néologisme  abolition- 
niste,  adversaire  de  l'esclavage. 

ABOMINER,  L.  obominari,  propr.  repous- 
ser une  chose  de  mauvais  augure  [omen),  puis 
en  général,  abhorrer.  —  abomination,  L.  abo- 
minatio;  abominable,  L.  abominabilis. 

ABONDER',  L.  abundare  [imdn,),  pr.  débor- 
der, couler  en  abondance,  être  en  grande 
quantité.  —  abondant,  -anck.  L.  abundans, 
•a7itia.  —  Cps.  surabonder,  L,  superabun- 
dare. 


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ABO 


—  3  — 


ABR 


ABONNER,  anc.  aussi  abîmer,  abosna^ 
signiiic  pr^pr.  limiter,  et  vient  do  bonne^  anc. 
forme  de  binme^  limite.  S'est  employé  parti- 
culièrement dans  le  sens  de  fixer  ou  régler, 
au  moyen  d'une  convention,  une  redevance  à 
payer;  de  là  abonnement^  accord  entre  un 
propriétaire  et  son  fermier,  puis  convention 
quelconque  relativement  à  un  senice  à  ren- 
dre d'une  part  et  à  payer  de  l'autre.  Cette  éty- 
mologie,  approuvée  par  Littré,  est  parfaite- 
ment acceptable;  cependant  l'acception  mo- 
derne du  mot  pourrait  tout  aussi  bien  être 
ramenée  au  primitif  bon;  s'abonner  n'est 
autre  chose  que  se  faire  bon,  c.  à  d.  fort  (cfr. 
en  ail.  (/lU  stehen,  et  en  français  u  donner  un 
bon  »),  s'engager  à  payer  au  prix  convenu 
une  marchandise,  dès  que  celle-ci  sera  pi'é- 
sentôe,  ou  à  l'échéance  convenue.  Diez  allègue 
à  l'appui  de  cette  dernière  manière  de  voir  le 
terme  espagnol  abo7iar,  répondre  pour  quel- 
qu'un, assurer. 

ABONNIR,  inchoatif  et  factitif  de  bon.  — 
Cps.  r-a-bonnir. 

ABORDER,  V.  n.,  prendre  terre;  v.  a.,  s'aj)- 
procher  de,  arriver  à;  dérivé  de  bord,  dans 
la  signification  de  rivage  (cfr.  arriver).  Dér. 
abmxlage,  -ée,  -able  et  subst.  verbal  abord, 
action  d'aborder,  d'approcher,  puis  lieu  où 
l'on  aborde;  par  extension  aussi  action  d'en- 
tamer, d'attaquer  une  chose;  de  là  les  locu- 
tions :  de  prime  abord,  et  sirapl.  d*abord  = 
dès  le  principe,  au  commencement,  cp.  les 
anciennes  locutions  de  venue*,  de  première 
venue*. 

ABORIGENES,  L.  ahorigines  (ab,  origine, 
dès  l'origine),  habitants  primitifs.  On  en  a  dé- 
gagé un  adjectif  aborigène,  —  Le  mot  est  de 
formation  peu  correcte. 

ABORTD*,  L.  abortivus,  formé  de  aborius, 
part,  de  ab-oriri,  ne  pas  venir  U  l'existence, 
avorter.  Ce  terme  est  scientifique  ;  un  autre 
dérivé  du  latin  aboriri,  savoir  le  fréq.  abor- 
tare,  s'est,  par  l'adoucissement  habituel  du  b 
en  V,  romanisé  en  avorter. 

ABOUCHER,  pr.  mettre  boucT^e  à  bouche, 
face  à  face.  Autrefois,  s'aboucher  signifiait 
tomber  le  visage  en  avant  sur  quelque  chose. 

ABOUT,  voy.  abouter. 

ABOUTER,  joindre  deux  objets  bout  à  bout 
(voy.  bout).  De  là  le  subst.  verbal  about,  l'ex- 
trémité par  laquelle  on  aboute.  Les  marins 
disent  ahuter  de  but,  qui  est  étymologique- 
mcnt  identique  avec  bout. —  Un  autre  dérivé 
de  bout  est  le  verbe  neutre  aboutir  (angl. 
abut),  toucher  par  un  bout  à  qqch.,  fig.  se 
terminer  par.  De  là  :  les  aboutissants, 

ABOUTIR,  V.  l'art,  prôc. 

ABOTER,  anc.  bayer,  abayer.  L'étym.  reçue 
porto  sur  lat.  baubari,  m.  s.;  Forster  (Gro- 
ber,  Ztschr.  V,  95)  la  conteste  par  des  raisons 
phonologiques  et  prétend  que  ad-baubari  n'a 
pu  donner  la  forme  ancienne  a-bnier,  tandis 
que  de  celle-ci  a  régulièrement  surgi  aboyer, 
c<imme  citoyen  do  cilei-ien,  soudoyer  do  sol- 
dei-ier,  (hnoi  du  vf r.  esmai.  Quant  à  *  bayer, 
il  l'identifie  avec  l'it,  b(yare,  qui  a  le  môme 


sens  et  ramène  tous  les  deux  à  L.  badare, 
otivrir  la  bouche  ;  bayer  ne  serait  donc  (pi'une 
variété  de  bée?'.  Pour  l'analogie  des  sens,  il 
compare  en  ail.  klaffenjÀro  béant,  eikiàffen, 
japper,  clabauder.  Boucherie  explique  ainsi  : 
adbaubare,  d'où  par  syncope  de  la  médialo  b 
et  conversion  de  au  en  a  (cp.  augustus  de- 
venu 'a-oût),  abayer,  d'où  aboyer.  —  Subst. 
verbal  aboi,  dont  le  pluriel  exprime,  au  pro- 
pre, l'extrémité  où  est  réduit  le  ceif  forcé, 
lorsque  les  chiens  l'entourent  en  aboyant;  au 
figui-é,  dernière  extrémité. 

ABRÉGER,  d'où  l'angl.  abridge.  Ce  mot  se 
rattache  au  L.  brevis,  comme  alléger  à  lecis; 
l'un  et  l'autre  dérivent  directement  des  formes 
latines  abreoiare  et  aUeoiare;  cp.  encore  le 
vfr.  assouager  de  suavis.  On  sait  que  dans 
les  syllabes  finales  eus  {ea,  eum)  ou  tu;  (ia, 
ium)  les  voyelles  e  et  i  se  transforment,  après 
des  consonnes,  en  consonnes  chuintantes; 
après  une  forte,  en  ch,  après  une  douce,  cnj 
ou  g.  Exemples  :  somniare,  songer;  simia, 
singe;  cambiare,  changer;  vindemia,  ven^ 
dange ;  Yineua,  linge;  commeatus,  congé;  ru- 
peus,  roche;  propius,  proche;  apiarium, 
achier  *.  —  D.  abrégé. 

ABREUVER,  faire  boire,  forme  transposée 
du  vfr.  abeuvrer,  abevrer,  prov.  abeurcr^  it. 
abbeverare.  Le  fond  de  ce  vocable  est  le  verbe 
lat.  bibere,  romanisé  d'abord  en  bevre,  puis  en 
boivre  et  définitivement  en  boire.  On  trouve 
du  reste  dans  l'ancienne  langue,  au  lieu  de  la 
forme  dérivative  abeuvrer,  une  forme  plus 
primitive,  aboicre.  Voy.  aussi  breuvage. 

ABRI,  prov.  a&ric.,esp.  abrigo,  La  forme 
du  verbe  esp.  abrigar,  couvrir,  protéger,  a 
amené  Dicz  à  recourir,  pour  l'étymologio  de 
ce  mot,  à  un  verbe  vha.  sujqKJsé  bi-rilum, 
couvrir  (on  trouve  ant-rihan,  découvrir), 
auquel  on  aurait  adapté  le  préfixe  roman  a. 
Le  .savant  linguiste  croit  devoir  repousser 
l'étymologie  qui  se  présente  le  plus  natiu'cl- 
lement,  savoir  colle  du  L.  apriclis,  vu  la  signi- 
fication contraire  de  ce  mot  :  ouvert,  exp(^sé 
(aperire)  au  soleil,  tandis  qu'aôri  veut  dire 
un  lieu  couvert  et  ombragé.  «  Quidquid  in 
occulto  est.  in  apricum  proferet  aotas  » 
(Horace).  Diez  invoque  en  outre  contre  l'ori- 
gine latine  la  circonstance  que  le  mot  fait 
défaut  en  italien  dans  le  sens  d'abri  ;  puis  la 
signification  couvrir  qu'a  le  vfr.  abrier  dans 
certains  passages  du  Roman  de  la  Rose  et  de 
Guill.  Guiart.  Ces  scrupules  ne  semblent  pîis 
fondés  à  d'autres,  comme  Mahn,  Littré  et  les 
auteurs  du  Dictionnaire  historique  ;rt/)rîCMm, 
disent-ils,  désignait  bien  aux  Latins  un  lieu 
qui  garantissait  de  l'ombre,  du  froid,  do  l'hu- 
midité ;  mais  do  cette  acception  première  i)OU- 
vait  fort  bien  se  déduire  et  se  fixer  le  sens 
général  de  «  lieu  protecteur". — Diez,  enfin, 
croit  aussi  digne  de  quoique  considération 
l'ail.  6m/<;«,  mettre  en  sûreté,  à  couvert  (qui 
en  vha.  fait  au  présent  birgu),  lequel,  par  la 
métatlièso  ordinaire  de  l'r,  pourrait  fort  bien 
avoir  fourni  le  mot  roman.  Insistant  surtout 
sur  les   acceptions   bien  constatées  qu'avait 


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ABS 


4  — 


ABU 


apricits  dans  la  basse  latinité,  savoir  :  •*  jiiciin- 
dus,  delectabilis,  locus  sino  frigorc,  locus 
temperatus  sine  vento  »,et  se  fondant,  en 
outre,  sur  l'oxistcnco  bien  démontrée  du  verbe 
apricare  au  sens  do  «  protéger,  garantir  » , 
Bugge  (Rom.  IV,  348)  appuie  décidément 
Vétym.apricum,  Pour  ma  part,  je  crois  aussi 
que  la  série  génétique  :  apricus-apricare^ 
d'où  vfr.  ahrier,  d'où  subst.  abri^  est  tout  à 
fait  plausible.  Le  dér.  abriter  est  en  tout  cas 
de  foimation  moderne  et  arbitraire.  —  Il  est 
curieux  encore  de  noter  que  le  wallon  et  le 
bourguignon  emploient  la  locution  «  être  à 
l'abri  »  dans  le  sens  du  lat.  apricus,  pour  «  être 
exposé  à  " . 

ABRICOT,  appelé  chez  Pline  pntnum 
Armeniacum.  Les  formes  esp,  et  port,  albari- 
coque,  albriœquej  ainsi  que  l'it.  albercocco, 
albicoccOy  v.  angl.  apricok  (ail.  aprikose), 
donnent  la  clef  de  l'origine  de  ce  mot.  Elles 
se  rattachent,  comme  le  font  voir  les  mots 
grecs  du  moyen  âge  ^rpatxoxxiov  et  Trpfxoxxioy 
(Dioscoride),  au  latin  prœcoquus  (cp.  Mar- 
tial, 13,  46),  prœcox,  cuit  ou  mùrî  &vant  la 
saison,  précoce,  hâtif.  L'arabe  ayant  emprunté 
le  mot  grec,  en  a  fait  birqùq  et  burqii'tq,  et 
avec  son  article  al,  aîberqùq,  qui,  on  défini- 
tive, parait  être  l'original  direct  du  fr.  abri- 
cot (cp.  gr.  mod.  ^tpOxoxov). —  D'autres  (Jolm- 
son  et  le  P.  Labbe)  ont  songé  à  apricus, 
exposé  au  soleil,  que  les  formes  correspon- 
dantes des  autres  langues  ne  permettent  abso- 
lument pas  d'accepter. 

ABRITER,  voy.  abri, 

ABROGER,  L.  àb-rogare,  pr.  demander 
l'annulation  d'une  loi. 

ABROUTI,  part,  d'un  verbe  inusité  aôroutiV, 
dér.  de  brout, 

ABRUPT,  L.  abruptus  (nimpere),  rompu, 
rapide,  escarpé.  C'est,  à  ce  qu  il  parait,  tant 
au  propre  qu'au  figuré,  un  mot  d'introduc- 
tion toute  moderne.  —  La  locution  latine  ex 
abrupto,  brusquement,  est  passée  dans  le  dic- 
tionnaire français. 

ABRUTIR,  factitif  de  brute, 

ABSCISSE,  L.  abscissus,  part,  de  abscin- 
dere,  retrancher. 

ABSENT,  L.  absentem;  verbe  s  absenter,  L. 
absentare;  subst.  absence,  L.  absentia, 

ABSDE  et  apside,  du  L.  apsis,  gén.  apsi- 
dis  (flc^ftç),  arceau,  voûte.      •  / 

ABSINTHE,  L.  absintkium  (à^tyOïov). 

ABSOLU,  vfr.  assolu,  du  L.  ab-solutus, 
d'où  aussi  lesnéologismesa^^o/ua'^me,  -iste, — 
ABSOLUTION,  L.  absolutio;  absolutoire,  L. 
absolutorius. 

ABSORBER,  absorbir,  vfr.  assmber,  du  L. 
absorbere,  engloutir. 

ABSOUDRE,  vfr.  assoudre,  L.  absolvere, 
devenu  d'abord  absolre,  puis  par  l'intercala- 
tion  euphonique  de  d  (cfr.  «vô/aa  p.  5v«/5a) 
absoldre,  enfin  par  la  i)ermutation  habituelle 
de  /  (suivi  d'une  consonne)  en  i«,  absoudre. 
De  la  même  manière  s'est  produit  moudre  de 
molere,  poudre  de  pulverem.  [Une  ancienne 
forme  fr.  assaillir,  a  laissé  l'angl.  assoil.]  VI 


radical  i*eparait,  ainsi  que  le  t,  dans  les 
flexions  :  absolvons,  absolves,  etc.  Le  part, 
passé  absolutus,  accentué  absôlutus  et  devenu 
absoVtus,  a  donné  absout  et  par  le  maintien 
de  Vs  caractéristique  du  nominatif,  absous;  le 
fém.  obsoVta  est  devenu  absolte,  absoute,  fém. 
du  part,  passé,  et  à  la  fois,  par  l'habitude 
propre  aux  langues  romanes  de  former  des 
subst.  abstraits  au  moyen  du  participe  passé 
—  p.  ex.  :  alUe,  venue,  perte  (perdita),  vente 
(vendita),  chute  (caduta),  saiUie,  etc.  —  le 
substantif  absoute,  La  forme  primitive  abso- 
lutus s'est  maintenue  dans  l'adj.  absolu.  On 
trouve  de  même  du  part,  revolutus,  dans  la 
langue  actuelle,  à  la  fois  révolu,  adj.,  et  le 
subst.  participial  révolte,  formé  par  la  syncope 
de  u,  de  revoluta.  Le  substantif  absoute  est, 
au  fond,  la  même  chose  que  absolution,  qui 
est  directement  tiré  du  L.  absolittio;  l'usage 
seul  les  a  distingués,  comme  il  est  ariivé  à 
révolte  et  révolution. 

ABSTÊME,  L.  abstemius,  qui  s'abstient  de 
boire  des  liqueurs  enivrantes;  racine  iemum 
=  fikBv,  primitif  de  temetum,  vin. 

ABSTENIR  (S'),  vfr.  astenir,  du  L.  abs- 
tinere.  —  Dér.  savants  :  abstinent,  L.  absti- 
nens;  abstinence,  L.  abstinentia.  Nous  avons 
tort  de  ne  pas  dire  abstenant,  abstenance, 
conmie  on  disait  jadis,  et  comme  on  dit  encore 
aJttenaiVt,  contenance, 

ABSTENTION,  h.absieniio(ïk\  sM^inabsten- 
tum). 

ABSTERGER,  L.  abs-tergere  {tergere  , 
essuyer).  —  D.  abstergetU,  L.  abstergens ;  A\x 
supin  latin  abstersum  viennent  abstersion,  L. 
abstersio,  et  abstersif. 

ABSTINENCE,  voy.  abstenir, 

ABSTRAIRE,  du  L.  abs-trahere;  le  parti- 
cipe abstractus  a  donné  abstrait. 

ABSTRUS,  du  L.  abstrusus,  part,  passé 
d^abstrudere,  litt.  poussé  loin,  enfoncé,  éloi- 
gné, difiicile  à  aborder  ou  à  comprendre.  Pour 
l'idée,  cp.  abstrait,  qui  originellement  signi- 
fie également  tiré  loin,  détaché,  puis  impé- 
nétrable, difficile  à  saisir. 

ABSURDE,  L.  absurdus;  subst.  absurdité, 
L.  absurditas. 

ABUS,  mauvais  usage(anc.  aussi  «erreur), 
du  L.  abusus  (ab,  utor^;  cfr.  us  de  usus.  Le 
verbe  abuser  ne  vient  pas  directement  du 
subst.  fr.  abus,  mais  du  fréquent,  abiisari, 
tiré  par  la  moyenne  latinité  du  supin  aftw^wm, 
de  abuti.  C'est  ainsi  que  user,  raser, oser,  aie., 
viennent,  par  les  supins  usum,  rasum,  au- 
sum,  de  uti,  radere  et  audere.  M,  de  Cheval- 
let  (Orig.II,  96,  97)  commet  une  grave  erreur 
en  établissant  à  l'égard  de  ces  verbes  une  per- 
mutation do  d  ou  t  Qii  s  doux.  C'est  un  trait 
caractéristique  do  la  langue  romane,  que  de 
tirer  ses. verbes  de  la  forme  fréquentative 
plutôt  que  de  la  forme  primitive.  —  Abuser, 
c'est  aussi  bien  faire  abus  do  quelque  chose 
que  do  «piclqu'un  en  le  ti*ompant,  mais  dans 
le  sens  do  tromper,  le  verbe  a  pris  la  construc- 
tion active.  —  Cps.  désabuser,  détromper.  — 
Le  part,  abusus  a  donné  à  l'ancienne  langue 


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ACC 


—  5  — 


ACC 


un  adj.  iibuSf  =»  qui  se  trompe,  fourvoyc^, 
troublé. 

ABUSER,  voy.  abiis, 

ABUSIF,  L.  ab-usimis  (abusus). 

ACABIT,  qualité  bonne  ou  mauvaise  ;  ap- 
pUqué  d'abord  aux  fruits,  légumes,  œ  mot  a 
fini  par  devenir  tout  à  fait  synonyme  do  qua- 
lité, caractère,  genre.  Quant  à  son  origine,  il 
est  formé  du  BL.  accapitum  (ad,  capere),  prise 
de  possession,  achat;  de  bon  acabit  voulait 
dire  de  bonne  prise,  de  bonne  possession, 
avant  de  signifier  :  de  bon  genre  ou  do  bonne 
condition. 

ACACIA,  L.  acacia  (ixax(a). 

ACAJOU^  d'après  Dovic,  le  mot  provien- 
drait bien  do  l'Asie  orientale,  mais  serait 
dorigine  malaise.  (Voir  Littré,  suppl.). 

ACANTHE,  du  L.  acaiUhus  (xxay6o«). 

ACARIATRE,  d'une  humeur  £àcheuse, 
aigre  ;  ce  mot,  qui  ne  remonte  pas  au  delà  du 
xvr  siècle,  est,  selon  Diez,  de  la  même  ori- 
gine que  les  vieux  vetbes  acarer,  acarier 
(esp.  carear,  acarar),  confronter  (mettre  face 
à  face).  Le  primitif  serait  donc  le  mot  roman 
cara  (voy.  chàre),  têtxi,  visage,  et  le  sons  fon- 
damental «  qui  tient  tête  dans  une  confronta- 
tion »,  diflîcile  à  convaincre.  A  cette  étymol., 
Tobler(ZeitiJchr.  IV,  375)  objecte  qu'un  verbe 
acarier  n'a  jamais  existé  et  que  acarei\  con- 
fronter, était  un  terme  réservé  à  la  langue 
juridique  et  n'est  d'ailleurs  guère  propre  à 
engendrer  la  forme  acariâtre.  Mais  .sans 
insister  sur  la  forme,  l'éminent  prof,  de  Berlin 
appuie  sur  la  disparité  des  sens  «  confronter  » 
et  «  diflficile,  grondeur,  hargneux  » ,  et  s'adresse 
à  une  autre  source.  Il  reconnaît  dans  acariâ- 
tre une  création  de  Rabelais  ou  de  quelque 
autre  érudit,  fondée  sur  le  gr.  âx^pii,  bas- 
lat.  acaris,  trad.  par  un  gloss.  du  xv®  siècle 
par  «  mal  gracieulx  »  (voy.  mon  011a  Pa- 
tcUa,  1879,  p.  12),  auquel  on  aurait  joint, 
très  bien  à  sa  place,  le  suffixe  astre  (cp.  opi- 
mâtre).  — G.  Paris  (Rom.  X,  302) n'est  pas  do 
cet  avis.  «  La  folie,  dit-il,  s'appelait  jadis  le  mal 
sailli  Acaire  parce  que  saint  Acaire,  évêquo 
de  Noyon,  en  guéri.ssait;  de  là,  à  mon  avis, 
acariastre,  qui  signifiait  jadis  «  fou  furieux  ». 
(Voy.  Saint€-Palaye  aux  mots  Acaire  et  aca- 
ria^tre.)  Sylvius,  dès  le  commencement  du 
XV*  siècle,  a  rapproché  les  deux  mots,  mais  il 
semble,  d'après  ce  qu'en  dit  Sainte-Palayo, 
qu'il  ait  attribué  à  saint  Acaire  la  renommée 
de  guérir  les  acariastres  à  cause  de  la  res- 
semblance de  srm  nom  au  leur,  tandis  que  le 
leur  me  semble  dérivé  du  sien  ;  la  terminaison 
a  sans  doute  été  influencée  par  folastre.  »  — 
Rappelons  encore  que  Ménage  se  tirait  d'af- 
feire  en  imaginant  un  ty^K)  aceriaster  de  acer. 

ACCABLER,  dérive  d'un  vieux  mot  fr.  cada- 
ble,  caabie,  chaable,  BL.  cadahula,  qui  signi- 
fiait machine  de  guerre  pour  lancer  des  pierres, 
puis  action  de  jeter  par  terre,  et  que  Diez 
rapporte  justement  à  xaTa6o^>î,  renversement. 
Accabler  a  donc  signifié  en  premier  lieu  jet<îr 
bas,  atterrer,  puis  abattre  au  sens  figuré.  Le 
mot  fr.  chablis,  arbres  abattus  dans  la  forêt 


par  le  vent,  est  de  même  origine  et  suppose 
un  verbe  chabler;  il  s'est  anglisé  en  cablish^ 
bois  chablis. 

ACCAPARER  (mot  d'introduction  moderne), 
arrher  ou  acheter  tout  ce  qui  se  trouve  ofibrt 
en  vente  pour  se  rendre  le  maître  du  cours, 
fig.  prendre  tout  pour  soi,  vient  du  BL.  ca- 
pan^a  (it.  esp.  capa'i'ra)^  arrhes.  Ce  subst.,  à 
son  tour,  paraît  composé  de  capere  et  arrhae. 

ACCASTILLER,  terme  de  marine,  de  castel- 
lum,  château  (dans  son  acception  maritime). 

ACCÉDER,  du  L.  accedere,  marcher  vers 
(cp.,  pour  le  sens  figuré  de  Cjq  verbe,  Tall. 
beitreten,  consentir).  —  Accessit,  mot  latin, 
sign.  «  il  s'est  approché  (du  prix)  ».  —  Dérivé 
moderne  du  mot  latin  :  accessoire,  pr.  ce  qui 
se  joint  à. 

ACCÉLÉRER,  L.  accelerare  (de  celer,  vite). 

ACCENT,  pr.  intonation,  du  L.  accentus 
(rac.  cano,  chanter,  cp.  le  grec  w/99;-«3(a).  — 
D.  accentuer,  formé  do  accejiiiis,  comme  ffrà- 
.  duer,  statuer^  àe-ffradus,  status. 

ACCEPTER,  L.  acceptare  (fi^ôq.  de  accipere^. 

ACCEPTION,  action  ou  manière  de  prendre, 
d'admettre,  du  L.  acceptio  (accipere). 

ACCÈS,  L.  accessus  (ac-codere),  approche. 

ACCESSIBLE,  L.  accessibilis  (accedere), 
dont  on  peut  approcher. 

ACCESSIT,  voy.  accéder. 
•  ACCIDENT,  du  L.  accidens,  ce  qui  tombo 
ou  arrive,  en  bien  ou  en  mal,  «  quod  casu  ac- 
cidit  »  ;  accidere,  advenir,  est  un  composé  de 
cadere,  verbe  simple  qui  a  donné  le  fr.  choir; 
cp.  l'ail,  jgu-fall,  fait  acx^identel.  hasard. 
L'acception  «  manière  d'être  fortuite,  impré- 
vue, irrégulière  »  a  donné  lieu  au  terme  acci- 
dent de  terrain,  d'où  l'a^j.  participial  acci- 
denté, inégal,  d'aspect  varié.  —  D.  accidentel 
(on  trouve  le  L.  accidentalis  dans  Boëce). — 
Le  mot  accident,  pour  l'origine  et  le  sens, 
rappelle  incident  (v.  c.  m.). 

ACCISE,  BL.  accisia,  dér.  du  part,  accisus 
(de  accidere,  composé  de  caedere,  couper).  Les 
Anglais  disent,  avec  un  autre  préfixe,  excise; 
cp.  le  tei-me  taille,  de  tailler.  D'autres  (Du 
Cange,  Diez)  prennent  accise  pour  une  variété 
orthographique  de  assise,  fixation  ou  assiette 
de  l'impôt  ;  nous  pensons  qu'ils  ont  tort. 

ACCLAMER,  L.  ac-clamare,  ôrier  vei*s. 

ACCOINTER,  prov.  «coinc/ar,angl.  acquaint, 
BL.  accognitare,  faire  faire  c^nnai.**.sance, 
mettre  en  rapport,  vient  du  L.  cognitus, 
connu  (lequel,  par  cogn'tus,  congtus,  a  donné 
l'ancien  a^j.  cointe  =  qui  i«'y  connaît,  habile, 
bien  appris,  de  bonnes  manières.  L'ail.  huy\d 
n'a  rien  à  voir  ici.  —  D.  accointance  (angl 
acquaintance).  Notons  encore  vfr.  acointe,  it. 
acconto,  familier,  ami  intime. 

ACCOISER,  tranquilliser,  prov.  aquezar, 
du  L.  quietus  (par  une  dérivation  verbale 
quietiare;  voy.  coi), 

ACCOLADE,  voy.  le  mot  suiv. 

ACCOLER,  prendre  au  cou,  embrasser,  puis 
joindre,  réunir;  do  col,  cou.  —  D.  accolage, 
-lire,  -ode,  et  racola,  qu'il  faudrait,  par 
analogie,  écrire  avec  deux  c.  Quant  à  la  ter 


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minaison  ode  dans  accolade,  nous  prenons 
(K'casion  de  remarquer  ici  qu'elle  représente 
d'abord  l'ital.  aia  et  le  prov.  ada^  et  par  là  le 
féminin  participial  aia  des  Latins,  qui  a  servi 
de  moyen  dérivatif  pour  faire  des  substantifs 
verbaux.  La  tennin.  ade  a  un  caractère, 
étranger  ;  elle  est  introduite  dans  la  langue 
par  imitation,  son  correspondant  vraiment 
français  est  ée.  Accolade  est  un  terme  relative- 
ment moderne  ;  les  anciens  disaient  accolée, 
comme  on  disait  colée  pour  le  prov.  colada 
(coup  sur  le  cou).  Aujourd'hui  encore,  nous 
disons  à  la  fois  escapade  et  échappée. 

ACCOMMODER,  pr.  rendre  commode,  conve- 
nable, puis  arranger,  ajuster,  apprêter,  mettre 
d'accord,  concilier,  L.  ac-commodare  (com- 
modus)  ;  composé  :  r-accommoder,  remettre 
en  état,  réconcilier. 

ACCOMPAGNER,  dérivé  du  vfr.  compaing, 
primitif  de  compagnon  (v.  c.  m.).  —  D.  accom- 
pagnateur^ -airice,  -ement.  Accompagnateur 
est  un  mot  mal  fait.  On  ne  peut  appliquer  la 
terminaison  ateur  (=  lat.  aior)  à  un  mot 
essentiellement  roman,  c'est-à-dire  non  latin  ; 
c'est  comme  si  du  verbe  owrrer,  romanisation 
du  L.  operari,  on  voulait  faire  un  subst. 
ouvrateuVi  au  lieu  de  ouvreur.  Pour  satisfaire 
à  la  loi  étymologique,  il  fallait  dire  acoom- 
pagneur  et  non  accompagnateur,  comme  on 
dit  dégraisseur  et  non  pas  dégraissaieur, 

ACCOMPLIR,  L.  complere,  avec  préfixion 
romane  de  la  particule  ad,  cp.  vfr.  a-emplir, 
do  implere, 

ACCORDER,  BL.  accordare,  réunir  les  cœurs 
(corda),  concilier,  mettre  en  harmonie.  De 
l'anc.  acception  neutre  consentir,  être  de 
mémo  sentiment  relativement  à  un  deman- 
deur, s'est  dégagé  le  sens  actif  concéder, 
conférer,  octroyer.  Cp.  le  môme  mouvement 
de  sens  dans  consentir  une  chose.  —  L'ex- 
pression accorder  un  instrument  a  fait  déri- 
ver accorder  de  chorda,  corde;  mais  cette 
dérivation,  justifiable  à  la  lettre,  ne  se  re- 
commande pas  en  vue  des  diverses  applica- 
tions du  mot.  Accorder  appartient  à  la  même 
famille  que  concorde  et  discorde.  —  D.  subst. 
verbal  accord  (en  vfr.  aussi  le  fém.  accorde), 
rapport  harmonieux,  concordance,  assenti- 
ment, convention;  accordailles  (terminaison 
assimilée  à  fiançailles,  épousailles).  Compo- 
sés :  désaccorder,  désaccord;  raccorder,  rac- 
cord. 

ACCORE,  t.  de  marine,  est  prob.  *=  escore 
(conversion  de  préfixes  fréquente),  donc  dans 
.<40s  diverses  applications,  le  même  mot  que  le 
nord,  skora,  ni.  schoor,  angl.  shore;c^.  csp. 
escoi^a  =  accore. 

ACCORT,  avisé,  subtil,  adroit,  insinuant. 
L'emploi  de  cet  adj.  ne  remonte  pas  au  delà 
du  XVI®  siècle.  L'acception  première,  d'après 
Nicot,  était  :  avisé  d'entendement,  claiiToyant, 
de  bon  esprit  et  jugement,  et  dans  la  suite  il 
a  pris  celle  de  conciliant,  d'humeur  facile. 
II  est  directement  tiré  de  l'it.  accoHo,  avisé, 
l(M|uol  so  rattache  au  verbe  accorga^si,  s'aper- 
cevoir (formé  do  ac-coi*i'igere).  Reste  à  ex  pli» 


quer  le  passage  de  l'ancienne  signification  à  la 
moderne;  n'y  aurait-il  pas  eu  ici  quelque 
malencontreuse  influence  du  mot  accord,  ou 
quelque  faux  rapport  avec  corte,  d'où  cortese, 
fr.  courtois  t  Cependant  l'idée  d'adre.sse  peut 
fort  bien  engendrer,  au  [X)int  de  vue  des  rela- 
tions sociales,  celle  de  complaisant,  d'un 
commerce  facile.  Voltaire,  en  commentant 
Corneille,  s'est  fourvoyé  en  rattachant  sans 
plus  accort  au  verbe  accorder.  —  D.  Accori  a 
produit  deux  formes  .substantivales  :  ax:cor- 
tesse  et  accortise  ;  toutes  deux  répondent  à  l'it. 
axicoriesjsa. 

ACCOSTER,  BL.  accostare,  formé  de  costa, 
cAte,  comme  aborder  do  bord.  —  D.  accos 
table,  abordable,  d'un  accès  facile. 

ACCOTER,  V.  a.  appuyer,  v.  n.  (en  pari, 
d'un  navire)  être  couché  sur  le  côté,  n'est  pas 
une  variété  du  précédent  et  ne  vient  pas  de 
côte.  Le  mot,  très  fréquent  dans  l'ancienne 
langue  dans  le  sens  tantôt  d'appuyer,  accou- 
der, tantôl  de  se  coucher,  reproduit  un  type 
latin  accubitare,  qui  à  son  tour  représente 
au.ssi  bien  le  fréq.  de  accubare  (cp.  doter*, 
douter,  de  dubitare),  qu'un  dérivé  de  cubitus, 
l'original  de  coûte*,  coude.  Notre  verbe  mod. 
accouder  no  fait  que  remplacer  l'anc.  acoter 
ou  acouter,  comme  coud^  s'est  .substitué  à 
coûte.  —  Il  se  peut  que  dans  «  chemin  d'ac- 
cotetnent  »  l'idée  de  côte  se  soit  mêlée  au  .sens, 
qui  d'abord  est  appui. 

ACCOUCHER  ou  s*accoucher,  pr.  se  mettre 
en  la  couche  (v.  c.  m.),  tomber  malade,  et  par 
métaphore  au  sens  actif,  délivrer  d'enfant. 
Le  terme  est  donc  au  fond  identique  avec  ali- 
ter et  a  subi  une  restriction  de  sens.  —  Le 
vfr.  disait  de  même  agesir  p.  ac<*oucher; 
c'est  le  latin  ad-jacere{\.  gésir).  On  y  emploie 
aussi  gésine  =  couches,  puerperium,  et  qui 
gist  d'enfant  «=  puerpera. 

ACCOUDER,  vfr.  acouter,  voy.  accoter.  — 
D.  accoudoir. 

ACCOUER,  pr.  suivre  à  la  queue,  de  coe\ 
coue*,  anciennes  formes  de  queue. 

ACCOUPLER,  dér.  de  couple. 

ACCOURCIR,  dér.  de  co\iH.  Quant  à  la  ter 
minaison  en  cir,  nous  remarquons  ici  qu'elle 
correspond  à  l'esp.  et  au  port,  ecer  (a ne.  escer) 
et  au  prov.  ezir,  et  qu'elle  reproduit  la  ter- 
minaison inchoative  latine  escere.  Le  sons 
inchoatif  a,  dans  les  langues  nouvelles,  fait 
place  au  sens  factitif.  C'est  ainsi  que  se  sont 
produites  les  formes  noircir  (esp.  negrccer, 
prov.  negrejsir,  lat.  nigrescere),  obscurcir, 
évlaircir,  durcir.  —  L'anc.  forme  acorcier  se 
rapporte  à  un  type  roman  accurtiare,  dérivé 
de  cui'tus  (comme  aliiare,  fr.  h-aucier*,  Imus- 
ser,  do  altus). 

ACCOURIR  (vfr.  acorre,  acourre),  L.  ac-air- 
rere. 

ACCOUTRER,  acoustrer*,  prov.  acotrar; 
d'après  Diez,  pour  accouturer,  de  couture  (it. 
costura);  .selon  d'autres,  de  constre,  coutre, 
sacristain  chargé  de  la  toilette  de  la  Viei^o 
et  de  l'arrangement  du  mobilier  d'une  église. 
La  seconde  étymologio  n'a  aucune  valeur  ;  la 


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première  se  recommande  davantage,  et  cepen- 
dant  nous  n'oserions  l'admettre,  surtout  en 
présence  des  expressions  anciennes  :  «  Accx)us- 
trer  des  cheveux,  un  lieu,  un  repas,  des 
navires,  ».  etc.  Une  origine  tirée  de  cuUura, 
pris  dans  le  sens  de  cuUiis,  soin,  arrange- 
ment, mise,  toilette,  no  serait-elle  pas  plus 
probable  ?  L'*  de  la  forme  accoustrer  peut  fort 
bien  n'être  que  prosodique,  comme  dans 
trosne, pasle^  (p.  trône,  pale),  etc.;  d'ailleurs, 
il  n'existe  pas  dans  la  forme  provençale. 
Notre  supposition  est  coriX)borée  par  l'expres- 
sion «  un  champ  bien  accoutré  >»  =  bien  tenu, 
bien  cultivé,  que  nous  avons  rencontrée  dans 
Noël  du  Fail.  Pour  la  forme,  cp.  cintrer  de 
cincturare,  —  Une  explication  parlât,  culcitra, 
vfr.  coutre,  couverture  {accoiUrer  serait  pr. 
couvrir),  a  été  mise  en  avant  par  M.  Ulrich 
(Ztschr.  in,  266),  mais  elle  ne  me  sourit  guère. 
—  D,  accoidrement,  habillement.  —  Cps. 
raccoutrer, 

ACCRÉDITER,  terme  moderne,  mettre  en 
crédit, 

ACCROC,  subst.  verbal  do  accrocher. 

ACCROCHER,  suspendre  ou  attraper,  saisir 
au  moyen  d'un  croc  (v.  c.  m.);  en  termes  de 
maiine,  jeter  les  grappins  pour  l'abordage. 
Au  fig.  attraper  adroitement.  Raccrocher, 
.s'attacher  à  quelque  chose  de  crochu,  puis  en 
général  s'attacher;  cp.  se  cramponner.  —  D. 
accroc,  subst.  verbal,  exprimant  à  la  fois  l'acte 
de  s'accrocher  ou  d'accrocher,  et  le  résultat 
do  cet  acte,  une  déchirure  ou  bien  encore  un 
embarras,  un  obstacle.  —  Cps.  raccrocher 
(d'où  raccroc). 

ACCROIRE,  du  L.  ac-credere,  ajouter  foi. 
Anciennement,  accroire  signifiait  aussi  con- 
fier ;  accroire  (de  l'argent)  =»  donner  (et  par 
corrélation,  aussi  prendre)  à  crédit;  cp.  L. 
credero  pecuniam. 

ACCROÎTRE,  verbe  neutre  et  actif,  du  L. 
acci'escere.  —  D.  accroissement,  accrue. 

ACCROUPIR,  voy.  croupe, 

ACCUEILLIR,  BL,  accoUigere;  extension 
du  simple  ci<€j7/tr.  Comparativement  t  cueillir 
et  à  recueillir,  le  sens  primitif  de  réunir, 
assembler  des  objets  multiples  (res  collectas), 
s'est  élargi  dans  accueillir  en  celui  de  rece- 
voir en  général.  L'idée  de  collection  s'en  est 
donc  eifacée  (cp.  le  verbe  ramasser).  —  Dans 
l'ancienne  langue,  le  verbe  avait  pris  des  sens 
plus  variés  :  prendre,  saisir,  attaquer  ;  p.  e. 
acueillir  un  chemin,  prendre  un  chemin;  être 
accueilli  par  l'ennemi,  par  la  tempête.  On 
dit  encore  à  Liège  acoï  p.  assaillir.  —  D. 
subst.  verbal  accueil. 

ACCULER,  pr.  pousser  qqn..  le  cul  contre 
un  mur,  pousser  au  pied  du  mur  ;  lat.  in  an- 
gustias,  vel  in  arctum  redigere.  —  D.  subst. 
verbal  accul,  d'abord  action  d'acculer,  puis 
lo  lieu  où  on  est  acculé,  lieu  sans  issue. 

ACCUMULER,  du  L.  accumulare  (cumulus). 
La  vraie  forme  française  acombler  s'est  perdue, 
tandis  que  l'introduction  de  cumuler  n'a  point 
fait  disparaître  combler, 

ACCUSER,  L.  accusare  (causa). 


-ACÉ,  suffixe  introduit  par  la  science  mo- 
derne, en  imitation  du  latin  aceus,  et  con- 
trairement aux  l'ègles,  Ve  n'étant  pas  tonique 
en  latin .  La  vraie  francisation  de  aceus,  acea  est 
as,  ace  on  asse  ou  ac?ie,  formes  appliquées  dans 
fatras,  fouace,  cuirasse,  rondache,  etc.  Aussi 
bien  cétacé,  rosacé,  liliacé  et  sembl.  sont-ils 
exclusivement  du  domaine  scientifique,  tandis 
que  rosace  appartient  à  la  bonne  souche  fran- 
çaise. 

ACENSER,  anc.  acensir,  donner  à  ccnj  (cp. 
arrenter  do  rente),  —  Subst.  acens,  t<îrre 
tenue  à  c<îns. 

ACERBE,  L.  acerbus,  m.  s. 

ACÉRER,  voy.  acier. 

ACÉTATE,  terme  de  chimie,  représentant 
un  part,  latin  acetatus,  de  acetare,  verbe  formé 
de  acetum,  vinaigre.  Ce  dernier  substantif  a 
donné  encore  à  la  langue  savante  les  a(\j. 
acétique  et  acétenx, 

ACHALANDER,  pourvoir  do  chalands 
(v.  c.  m.). 

ACHARNER,  propr.  donner  le  goût  et  l'ap- 
pétit de  la  chair,  anc.  chaim,  char  (v.  c.  m.), 
fig.  irriter  :  mot  appliqué  d'abord  aux  chiens 
ou  aux  loups  "  qui  s'addentent  sur  Quelque 
bosto  sans  qu'on  les  puisse  retirer  »  (Nicot). 
—  D.  acharnement,  fureur,  animosité. 

ACHAT,  subst.  verbal  de  achaJter,  anc. 
forme  de  acheter. 

ACRE,  pr.  api,  esp.  apio,  du  L.  apium 
(5Tri9y);  cp.  saclie  do  sapiam, /jrocAtf  de  pro- 
pius.        

ACHEMINER,  mettre  dans  lo  chemin 
(v.  c.  m.),  fig.  mettre  en  bonne  voie  pour 
réussir.  En  i^r.  on  disait  aussi  s'aroiUer,  se 
mettre  en  route. 

ACHETER,  anc.  achater,  acater,  it.  accat 
tare  =  emprunter,  v.  esp.  acabdar,  du  BL. 
accaptare,  litt.  prendre  à  soi.  Le  radical  est 
donc  le  verbe  capere.  [D'autres,  toutefois, 
voyant  dans  accaptare  une  forme  syncopée  de 
accapitare,  prendre  en  possession,  partent 
d'un  radical  caput  dans  son  sens  de  bien 
meuble  ou  capital.]  —  Ac-captare  s'est  sub- 
stitué au  latin  classique  emere^  qui  se  prêtait 
mal  à  la  romanisation.  D'ailleurs,  .le  rapport 
idéal  entre  prendre  et  acheter  se  révèle  déjà 
dans  le  latin  emere,  qui,  en  premier  lieu, 
signifiait  prendre,  comme  son  composé  su- 
mère  (=  sub-emere),  et  sumere  lui-même  n'a- 
t-il  pas  également  signifié  acheter,  acquérir  I 
Les  Espagnols,  les  Provençaux  et  les  Italiens 
ont  remplacé  emere  par  le  verbe  comparare, 
acquérir,  devenu  comprare  et  comprar,  — 
D.  achaJt,  subst.  verbal  se  rattachant  à  la 
forme  première  achater,  —  Cps.  rac?ieter(à*o\x 
rachat). 

ACHEVER,  esp.  port.  prov.  acabar,  angl. 
achieve,  mener  à  fin,  à  chef  (v.  c.  m.)  ;  on 
disait  aussi  veitir  à  chef,  p.  venir  à  bout.  — 
Cps.  parachever  {cîr .  les  formations  anciennes 
paraimer,  paremplir  et  sembl.). 

ACHOPPER,  heurter  du  pied.  vfr.  assouper; 
de  a  -\-  chopper,  donc  chopper  contre,  — ' 
D.  achoppement. 


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ACT 


—  8 


ADI 


AGHORES,  croûtes  de  lait,  du  grec  iyw.o. 
ACHROMATIQUE,   non  chromatique,   du 
gr.  xf«/*«»  couleur,  et  de  Va  privatif. 

ACIDE,  -ITÉ,  L.  acidits,  -itas.  Dimin.  aci- 
dulé, L.  acîduhis,  d'où  le  verbe  aciduler. 

ACIER,  it.  acciajOf  esp.  acero,  prov.  aciers 
vfr.  achr,  BL.  aciarium,  dér.  de  actes  se.  forri, 
fer  durci.  —  D,acérer,  fig.  rendre  plus  tran- 
chant, plus  vif  (de  la  fonne  ancienne  ace)*), 
et  aciérer,  convertir  en  acier  (do  la  forme 
nouvelle  acier). 

ACOLYTE,  lat.  acoliUhus  et  acolythus,  du 
gr.  àxo>ouôo«,  celui  qui  suit,  sen'itcur.  La  ter- 
minaison yie  p.  ou6o$  est  incorrecte  :  il  fau- 
drait acoliUhe  ou  -lythe;  cp.  le  t.  de  gramm. 
an-acolutJie  (pr.  manque  de  suite). 

ACOMPTE,  terme  commercial,  payement 
fait  à  compte. 

ACONIT,  L.  aconitum  (àxovirov). 
ACOQUINER,  propr.  allécher,  attirer  à  la 
cuisine,  apprivoiser,  fig.  faire  contracter  une 
habitude  basse,  du  L.  coquina,  cuisine.  Littré 
y  voit  un  factitif  do  coquin  ;  cela  ne  me  semble 
pas  probable. 

ACOUSTIQUE,  gr.  àxou^nxo^,  de  àxouuv, 
entendre. 

ACQUÉRIR,  vfr.  aquerre,  du  L.  acquirere. 
Les  composés  conquérir,  acquérir,  enquérir, 
requérir  ont  tous  été  adaptés  au  verbe  simple 
quérir  (v.  c.  m.),  —  D.  acquéreur.  Le  subst. 
acquisition  est  tiré  directement  de  acquisitio; 
mais  le  roman  a  créé  un  autre  dérivé  syno- 
nyme au  moyen  du  particii^o  acquisîtus,  con- 
tracté en   acquistus  ;  c'est  acquêt  (comparez 
quête,  requête,  etc.),  anc.  =  gain,  profit. 
ACQUET,  voy.  acquéinr.  —  D.  acquêter. 
ACQUIESCER,  L.  acquiescere  (m  sign.). 
ACQUITTER,  rendre  ou  tenir,  quitte  de  qqch. 
(v.  c.  m.),  dégrever;  de  l'idée  se  libérer  en- 
vers quelqu'un,  se  dégage  le  sens  de  payer. 
•—  Subst.  verbal  acquit, 

ACRE,  BL.  acra,  acrum.  Les  uns  font  venir 
ce  mot  de  acker,  mot  ail.  signifiant  champ, 
et  désignant  aussi  une  mesure  de  t«rre  ;  les 
autres  l'expliquent  par  une  transformation 
du  L.  acna,  mesure  agraire  (cfr.  diacre,  pam- 
pre, de  diaconus,  pampinus), 

ACRE,  L.  acris;  mot  d'origine  savante,  fai- 
sant double  emploi  avec  aigre,  qui  reproduit 
le  même  mot  latin.  Le  circonflexe  dans  acre 
n'a  pas  de  raison  étymologique.  —  âcrph'é, 
vfr.  aigreté,  L.  acritas  ;  acrimoxik,  L.  acri- 
monia,  d'où  acrimonieux. 

ACROBATE,  mot  fait  sur  un  type  gr. 
à/po^àrrii  {ixpoi,  extrême  +  /SÀTTïî,  qui  mar- 
che), prim.  du  verbe  gr.  àx/jo^aréw,  marcher 
sur  la  pointe  des  pieds. 

ACROSTICHE,  du  gr.  àxpo^rixo^,  propr. 
pointe,  extrémité,  commencement  de  vers 
{xxpoi  +   vrlyoi). 

ACTE.  Ce  mot  représente  à  la  fois  le  L.  ac- 
tus,  opération,  action,  acte  d'une  pièce  de 
théâtre,  et  le  lat.  adum,  cliose  faite  (p.  ex. 
dans  acta  apostolorum,  actes  dcB  api^tros)  et 
l'exposé  écrit  de  ce  qui  s'est  passé  ou  do  ce 


qui  a  été  discuté  ou  négocié.  —  D.  verbe  ac- 
ter  (néologisme),  actuaire,  BL.  actuarius, 
greffier. 

ACTEUR,  actrice,  L.  actor,  actrix  (agere). 
ACTIF,  L.  arfiViw  (figerc),  qui  agit.  En  hitin 
chussique,  cependant,  activus  n'avait  pas  encore 
le  sens  de  «  solcrs,  industrius  »».  Sénôque 
l'emploie  dans  le  sens  de  pratique,  opposé  à 
speculativus.  —  D.  activité,  L.  activitas;  verbe 
activer  (néologisme)  f 

ACTION,  L.  actio  (rad.  agere).  Déjà  le  mot 
latin  possédait  les  deux  acceptions  princi[mles 
du  français,  savoir  :  \.  opération,  2.  pour- 
suite en  justice  (d'où  actionner).  Quant  à  la 
signification  commerciale  et  industrielle  du 
mot  action,  titre  de  créance,  etc.  (D.  action- 
naire), elle  est  tout  à  fait  moderne  ;  c'est  en 
Hollande,  à  ce  qu'il  jmrait,  que  le  mot  actie, 
forme  hollandaise  de  actio,  a  été  en  i)remier 
lieu  employé  pour  désigner  la  quittance  \KH\r 
le  vei*sement  effectué  d'une  somme  contribu- 
tive à  quelque  entreprise  do  société.  —  Cps. 
inaction, 

ACTUEL,  propr.  effectif,  réel,  puis  syn.  de 
présent,  L.  (Ktualis  (de  actus),  —  D.  actua- 
lité, actualiser  (néologismes). 

ACUITÉ,  mot  f<n'gé  au  xvi«  siècle,  pour 
donner  un  subst.  abstrait  à  l'adj.  acutus  (fr. 
aigu).  Il  est  mal  fuit  ;  aussi  bien  vaudrait  tirer 
minuité  de  minutus. 

ACUPONCTURE,  piqûre  à  l'aiguille;  terme 
technique  formé  au  moyen  du  L.  acus,  aiguille, 
et  de  pungere,  poindre,  piquer. 
ABA6E,  L.  adagium  (ad-agendum) 
ABA6I0,  terme  de  musique;  c'est  Fit.  ad- 
agio, pr.  à  Vaise,  Voy.  aise, 

ADAPTER,  L.  acfa/>^are (aptus)  ;  cp.  le  terme 
analogue  approprier  de  propre,  et  l'ail,  an- 
passen  de  pass, 

ADDITION.  L.  additio  (de  addere,  ajouter). 
—  D.  additionnel,  additionner. 

...ADE,  suffixe  de  subst.  ;  voy.  accolade, 
ADENS,  terme  adverbial  du  vfr. ,   k  plat 
ventre,  de  à  dents,  litt.  sur  les  àcnXs  ;  de  là 
vfr.  adenter,  renverser,  coucher   par  terre. 
Cp.  l'art,  aboucher, 

ADEPTE,  L.  adeptus  (part,  de  adipisci), 
qui  a  obtenu,  trouvé,  saisi,  qui  s'est  initié.  Se 
disait  particulièrement  dos  alchimistes  qui 
croyaient  avoir  trouvé  la  pierre  philosophale. 
ADÉQUAT,  L.  adaequatus,  mis  de  niveau, 
mis  on  juste  proportion. 

ADEXTRÉ,  terme  de  blason,  accompagné 
du  cAté  droit,  du  L.  dexter,  droit.  En  \'fr. 
adestrer  était  syn.  d'accompagner. 

ADHÉRER,  L.  ad-hcerere,  s'attacher  à.  [Ad- 
ha*i'e)*e,  traité  d'après  la  3'  conjugaison,  a 
donné  aussi  le  vfr.  acrdre  et  ahierdre,  s'atta- 
cher à,  prendre,  saisir.]  —  adhérent,  L.  ad- 
hœrens;  adhkrknck,  L.  adhœre^Uia.  — adhé- 
sion. L.  adhœsio  (du  iîupin  ad-hœsum). 

ADIEU,  =  à  Dieu  !  cfr.  it.  addio,  ail.  Goit 
befohlen  !  La  locution  pleine  est  à  Dieu  soyes 
(prov.  a  Dieu  siatz)  ou  à  Dieu  vous  com- 
mande, qu'on  rencontre  souvent  dans  la 
vieille  langue. 


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ADM 


—  9 


ADR 


ABIPEUX,  L.  euliposus  (de  culeps,  graisse). 

ADIRER,  terme  do  palais,  perdre,  égarer 
une  pièce  de  procôdui'e,  anc.  perdre  en  géné- 
ral, BL.  adirare;  l'origine  en  est  obscure. 
Du  Cange  propose  les  étyraologies  ad-cerare, 
fixer  le  prix  de  la  pièce  i)erdue,  qu'il  s'agit 
de  réparer,  ou  l'it,  ad-irato,  «  nam  qui  sunt 
irati  seu  quonim  ira  provocatur,  ab  eorum 
consortio  abstinent  qui  bus  irascuntur,  ut 
aniplius  non  compareant  uti  prius  cum  iis  »; 
fidtré  serait,  d'après  cette  manière  de  voir, 
propr.  celui  qui,  par  colôi'e,  ne  se  présente 
plus.  C'est  par  trop  subtil  !  Henschel  préfère 
adexiraiiis,  éloigné  de  la  main;  Ckevallet 
invofjue  aderrare,  orrer,  aller  çà  et  là  ;  tous 
deux  sans  se  soucier  de  l'impossibilité  phoné- 
tique d'une  pareille  transformation.  Selon 
Nu  blé  (dans  Ménage),  de  l'expr.  à  dire,  eu 
défaut,  dans  la  locution  :  «  Il  s'y  est  trouvé 
à  dire  un  écu.  «  Cette  locution  est  fréquente 
en  vfr.,  cp.  Chron.  de  Norm^f.  169  :  «  Aisi 
cunh  nef  n'en  fu  à  dtre^  i  arrivent  à  sauve- 
ment.  »  C'est  C45tte  dernière  manière  do  voir 
qui  parait  être  dans  le  vrai. 

ADinON,  L.  aditio  (ad-  ire);  cfr.  ail.  cine 
erbs^îliaft  arUreten. 

ADJACENT,  L.  adjacei^s,  situé  près. 

ADJECTION,  L.  adjectio  (jacei^)  ;  adjectif, 
L.  cidjectivus,  qui  s*ajoute,  traduction  du  gr. 
iitlQiTOi,  épithète. 

ADJOSrôRE,  L.  adjungere  (voy.  joindre). 
—  ADJONCTION,  L.  odjuiKiio. 

ADJUDANT,  terme  moderne,  ail.  adjutant, 
aide  de  camp,  du  L.  adjutans,  qui  arde,  ser- 
viteur. Voy.  aide. 

ADJUGER,  L.  adjudicare,  voy.  juger  ;  à 
loriginal  latin  se  rattachent  directement  les 
dérivés  :  adjudication,  -atif,  -cUaire. 

ADJURER,  L.  ad'jurare, 

ADMETTRE,  L.  ad-mittere  (cfr.  ail.  sulas- 
sen),  —  Du  supin  cuJmissum  :  L.  admissio, 
fr.  admission.  Néologisme  :  admissible. 

ADHINIGULE,  L.  adminiculum^  appui, 
soutien. 

ADMINISTRER,  vfr.  amenistrer,  L.  admi- 
nistrare  (minister). 

ADMIRER,  L.  ad-mirari. 

ADMONÉTER  ou  admonester,  \îr.  amones- 
ter,  du  L.  admonitare,  fréq.  •  de  admonere. 
L'insertion  de  Vs  (cfr.  esp.  prov.  amonestar, 
port,  amoestar)  devait  avoir  pour  effet,  selon 
la  conjecture  de  Diez,  d'empêcher  monitare 
de  ^  romaniser  en  monter  (cfr.  L.  vanitare, 
fr.  va7iter),  ce  qui  eût  produit  une  confusion 
avec  monter  =  ascendere.  —  Cette  manière 
de  voir  a  trouvé  des  contradicteurs.  Cornu 
s*est  prononcé  en  faveur  de  *admolestare 
(ennuyer,  fatiguer)  ;  n  p.  /  ne  ferait  pas  diffi- 
culté, et  il  rapproche  monaostà,  qui  .s'emploie 
à  Montbovon  (Haute-Gniyôre)  dans  le  sens  de 
«  dire  à  quelqu'un  qu'il  a  mauvaise  conduite, 
Tennuyer  de  reproches.  »  (Voy. Rom.  111,377.) 
Quelques  années  plus  tard  (ib.  VII,  365), 
traitant  de  la  mutation  d  en  n,  le  mémo 
savant  se  montre  favorable  à  un  type  *admO' 
destare,  ce  qui  me  semble  par  trop  .subtil.  On 


a  beaucoup  invoqué  encoi*e  (voy.  Littré  et 
Rom.  VIII,  264)  roxistence  d'un  part,  bas-latin 
monestusy  analogue  à  de  nombreux  part,  en  esto 
dans  les  dialectes  nord-italiques  et  qui  expli- 
querait aisément  prov.  monestar,  amonestar 
et  les  autres  formes  romanes  citées,  mais  il  se 
trouve  qu'on  n'en  rencontre  aucune  trace  dans 
les  dialectes  italiens.  D'ailleurs,  il  est  pro- 
bable que  comme  submonitus  a  donné  au 
prov.  somos,  somost,  admonitiis  eiit  fait  amos, 
amost,  donc  aussi  amostar.  En  partant  môme 
d'un  thème  participial  mo^ist,  il  faudrait,  sans 
être  appuyé  d'aucun  précédent,  admettre  qu'il 
s'en  soit  dégagé  une  forme  allégée,  monest. 
Ni  Diez,  ni  Mussafia  (voy.  son  étude  sur  les 
part,  en  -ect  et  -est,  Grôb.  Ztschr.  III,  267  et 
suiv.)  ne  sont  disposés  à  sanctionner  cette 
explication.  —  On  a  relevé  un  subst.  vfr. 
moneste,  «  admonestation  »  (Théâtre  fr.,  p. 
Monmerqué  et  Michel,  p.  446),  mais  ce  mot  a 
tout  l'air  d'un  simple  subst.  verbal  de  mones' 
tare,  dont  il  s'agit  préci.sément  d'élucider  la 
formation.  —  D.  admonestatio^x,  coexi.stant 
avec  admonition,  qui  est  tiré  directement  du 
L.  admonitio;  admoniteitr,  L.  admonitor. 

ADOLESCENT,  -ENCE,L.  adolescens,  -entia; 
le  participe  passé  du  même  verbe  adolescet'e 
(grandir,  pousser),  adultus,  a  donné  adulte. 

AD0NI3ER,  parer,  faire  beau  comme  un 
Adonis. 

ADONNER  (S*),  extension  de  donner;  cfr. 
en  ail.  sich  hingeben. 

ADOPTER,  L.  ad-optare,  fréq.  d'un  primi- 
tif inusité  ad-opere  ;  c'est  du  supin  de  ce  der- 
nier que  s'est  déduit  le  subst.  ac/qp<io,fr.  adop- 
tion,  et  l'adj.  adoptivus,  fr.  adoptif. 

ADORER,  vfr.  a-ourer,  du  L.  ad-orare  (par 
1er  à).  . 

ADOSSER,  mettre  le  dos  contre  qqch. 
En  vfr.  ce  verbe  avait  aussi  la  signification  de 
jeter  derrière  .soi,  abandonner,  mépriser.  — 
D.  ados  (terme  de  jardinage). 

ADOUBER,  it.  addobbare,  esp.  adobar,  BL. 
adobare.  Diez,  suivant  en  ceci  les  bénédictins 
éditeurs  de  Ducange,  part  de  l'anglo-saxon 
diibban,  angl.  dud,  v.  nord  dubba  (wallon  de 
Namur  dauber),  toucher  de  la  main,  frapper  ; 
do  là  adouber  à  cheoalier,  frapper,  c.-à-d. 
armer  chevalier.  L'idée  primitive  toucher  (cp. 
le  wallon  adobé  «=■  qui  a  reçu  un  fort  coup), 
mettre  la  main  à  qqch.,  s'est  étendue  et 
développée  en  celle  d'équiper,  arranger,  répa- 
rer, raccommoder  (dans  ce  sens,  le  fr.  se  sert 
plutôt  du  cps.  r-adouber).  —  D.  vfr.  adoub, 
armure,  harnais,  équipement. 

ADOUER,  accoupler,  dér.  de  deu*,  deux. 

ADRA6ANT,  corniption  de  T/aa/àxaveat,  tra- 
gacanthe,  pr.  épine  de  bouc  (r/^àyoç,  ox^vOoî). 

ADRESSE  représente  :  1»  le  subst.  verbal 
de  adresser*,  diriger,  donc  au  fond  direction 
(anc.  =  chemin);  2"  le  subst.  abstrait  de 
adroit  =  habile  (v..  c.  m.). 

ADRESSER,  it.  addiriszare,  esp.  aderesar, 
pr.  diriger  vers,  d'un  type  ad-directiare,  déri- 
vîition  romane  de  ad-directus  (cp.  dresser).  — 
D.  adresse  (v.  c.  m.). 


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AFF 


10  — 


AFF 


ADROIT,  pr.  bien  dirigé,  du  type  ad-direc- 
tiis.  —  D.  adresse,  habileté  (v.  cm.).  —  Ladv. 
vfr.  adroit  peut  être  envisagé  soit  comme  notre 
adj.,  dépourvu  de  la  désinence  adverbiale,  ou 
comme  la  réunion  des  mots  à  droit  «  recto, 
convenablement. 

ADULBR,  L.  adulari,  flatter. 

ADULTE,  voy.  adolescent. 

ADULTÈRE,  adj.,  L.  aduUer  (rac.  aUer). 
Le  vieux  français  avait  transformé  ce  mot  en 
aoultre,  puis  (par  rintcrcalation  euphonique 
do  c)  avoultre,  avoidre.  —  adultèrk,  subst., 
vfr.  avontierffe,  avoiitire,  angl.  advoutry,  du 
L.  adulterium;  adultérin,  L.  adulterimts  ; 
ADULTÉRER,  L.  adulterave. 

ADUSTE,  L.  adustus  (part,  de  adiirere, 
brûler),  subst.  adustion,  L.  adiisito.  Le  part, 
présent  adurensai  donné  l'adj.  adiirent  (dans  : 
fièvre  adurente). 

ADVENIR,  forme  concurrente  et  savante  de 
avenir  (v.  cm.). 

ADVENTICE,  L.  adventicius  (ad-venirc). 

ADVENTIP.  L.  adveiitivus'  (quod  advenit). 

ADVERBE,  L.  adverbium. 

ADVERSE,  vfr.  avers,  du  L.  ad-versiis,  pr. 
tourné  contre  ;  advkrsairk,  L.  -arius(  lo  vfr. 
avcrsier  ou  aversaire  se  di.sait  particulière- 
ment du  diable)  ;  adversité,  L.  adversitas. 

AÉRER,  L.  aerare  (aër).  —  akrikn,  du  L. 
avriamis,  extension  de  acxtus. 

AÉROGRAPHIE,  grec  àtpoyp^^lx,  descrip- 
tion 4p  l'air  ;  aéorologie,  iipoXoyU,  science  de 
l'air;  aàromaiicie,  iipofi^vrtlx,  divination  par 
le  moyen  de  Tair;  aéromHre,  litt.  mesureur 
de  l'air  ;  aérolithe,  pierre  (itôoç)  tombée  de 
l'air  ;  aéronaute,  qui  navigue  (vxùtvh)  dans 
l'air  ;  a&i'ostat,  qui  se  tient  ('s-zkr-m  de  2TA-w) 
dans  les  aii's, 

AÉTITE.  gr.  àtxirru,  pierre  d'aigle  (iiTo;). 

AFFABLE,  L.  affabilis(fiin),  pr.  d'un  abord 
facile. 

AFFABULATION,  L.  affabulaiia  (fabula), 
Priscicn,  p.  1330.  Ce  grammairien  a  forgé 
ce  mot  d'après  le  terme  gr.  s:ri/iû&i9v,  mora- 
lité ajoutée  au  ft-'j^o^. 

AFFADIR,  rendre  fade. 

AFFAIRE,  subst.  formé  de  à  faire,  comme 
avenir  de  à  venir,  La  différence  du  genre  ])ro- 
vicnt  de  la  terminaison  respective  dos  deux 
substantifs.  L'italien  affare,  d'ailleurs,  est  mas- 
culin, comme  l'était  anciennement  aussi  le 
mot  français.  —  D.  affairé^  qui  a  beaucoup 
d'affaires,  anc  aussi  affaireux  =  embarrassé 
dans  ses  affaires. 

AFFAISSER,  de  faix,  poids;  propr.  faire 
courber,  ployer  sous  le  faix. 

AFFAITER;  anc.  préparer,  instruire,  dres- 
ser, élever  (vfr.  afaitié  =  bien  élevé,  cour- 
tois), auj.  t.  do  fauconnerie  pour  apprivoiser; 
romanisation  du  L.  affectare,  ou  i)lutùt.  stric- 
tement, du  type  af-factare,  préparer,  appro- 
prier à  l'usage  voulu.  Froissart  emploie 
affaitier  dans  le  sens  de  mettre  au  fait  :  «  mes- 
sages (mc.s.sagers)  affaitiés  de  ce  faire.  »  Voy. 
aussi  affecter. 


AFFALER,  abaisser,  du  néerlandais  afTui- 
len,  tirer  en  bas.  D'autres  y  voient  un  com- 
posé do  l'allemand  fall^n,  tomber.  —  Voy. 
aussi  rafai-e. 
AFFAMER,  dér.  do  faim  (L.  famés), 
AFFECTER,  du  L.  affectare.  Le  roman  a 
ajouté  aux  acceptions  déjà  propres  au  verbe 
latin  (rechercher,  viser  à)  celle  de  destiner, 
ap])roprier,  inhérente  aussi  à  la  forme  a/7àft<îr 
{affectare,  fréq.  de  afficere  signifie,  en  effet, 
très  convenablement  faire  ou  produire  une 
chose  dans  un  but  déterminé^  et  celle  d'im- 
pressionner, toucher,  affliger  (=*  L.  afficere). 

—  D.  adj.  affecté  et  affété  (pour  la  syncoi>e 
du  c,  cp.  refliHer);  affétei*ie,  formé  à  l'imita- 
tion de  sensiblerie,  pruderie,  etc. ,  et  faisant 
double  emploi  avec  affectation. 

AFFECTIF.  L.  affectivits  (quod  afficit). 
AFFECTION,  L.affectio,  inclination,  amour. 

—  D.  affectionner,  dont  le  participe  affectionné 
signifie  à  la  fois,  activement,  «  qui  a  de  l'af- 
fection « ,  et  passivement,  «  qui  en  est  l'objet  »  ; 
désaffection,  désaffectionner. 

AFFECTUEUX,  L.  affectuosus  (affectus). 

AFFÉRENT,  qui  revient,  qui  est  dû  ;  c'est 
le  part.  ])rés.  du  verbe  vfr.  afferir,  convenir, 
appartenir  (prés,  il  affiert).  Quanta  ce  dernier, 
il  ne  représente  pas  le  verbe  L.  afferre,  ou, 
selon  le  type  roman,  affei'ere,  mais,  comme  lo 
pi'ouve  le  participe  afférissant,  un  composé 
de  férir,  frapper,  toucher;  on  pourrait  en 
rapprocher  le  terme  similaire  ail.  anschlaffen 
=  prodesse.  —  Cette  ét3rmologie  à'afférent, 
que  nous  donnons  sur  les  traces  de  Littré, 
n'est  cependant  pas  à  l'abri  de  tout  doute; 
d'abord,  le  terme  n'est  pas  dans  la  vieille  langue; 
puis,  il  faudrait  afférant;  enfin,  le  latin  affe- 
rens  \)Q\\t  fort  bien  avoir  dégagé  le  sens  de  ••  .se 
rapportant  «,  (jui,  au  fond,  est  bien  cehii  du 
mot  dans  l'expression  «  la  paii  afférente  «. 
En  tout  cas,  le  terme  d'anatomio  afférent  est 
bien  =«  lat.  afferens. 

AFFERMER,  anc.  =  affirmer;  auj.  =  don- 
ner ou  ])rendre  à  fei'me  (v.  c.  m.)  ou  à  bail. 

AFFERMIR,  factitif  do  fei-me.  —  Cps. 
r-affermir. 

AFFÉTÉ,  AFFÉTERIE,  voy.  affecter. 

AFFICHER,  coller  \\n  placard  contre  un 
mur.  dans  un  but  do  publicité,  fig.  exposer 
en  public,  étaler;  extension  de  ficher.  En 
vfr.  le  mot  était  synonyme  de  affirmer,  comme 
fixns  cM.  syn.  de  firmiis  ;  safichier  s'y  ren- 
contre p.  s'attacher,  s'appliquer,  s'engager, 
promettre.  —  D.  subst.  verbal ay/îrAe,  placard. 

AFFIDÉ.  vfr.  afié,  du  BL.  affidatus  (fides), 
«  qui  fidem  suam  alicui  obstrinxit  ». 

AFFILER,  donner  le  fil(v.  c  m.). 

AFFILIER,  du  BL.  affiliare,  in  fllium 
ado])tare,  par  extension,  recevoir  dans  un 
ordre  ou  une  corporation.  La  vieille  langue 
disait  aussi  affrérir  (de  fr'âre)  pour  as.«^ocier, 
rendre  participant. 

AFFINER,  rendre  fin,  c.  à  d.  pur  (BL. 
afpnare,  purgare,  exeoquere  metalla)  ;  /?»= 
rusé  a  donné,  d'autre  part,  affiner,  avec  lo 
s<»ns  do  tromper,  duper.  En  vfr.  le  mot  signi- 


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AFF 


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AGA 


fiait  aussi  certifier,  aflirmer  (de  fin  =«  vrai). 
Cps.  r-affiner, 

AFFINITÉ,  L.  affinilaslûnisj.  On  avait  anc. 
aujssi  Tadj.  affin  (L.  affinis),  allié  par  mariage. 

AFFIQUET,  dimin.  du  vfr.  affique,  dér.  do 
affiquer,  qui  n'est  qu'une  variété  do  afficher; 
cp.,  pour  le  sons  et  la  forme,  le  mot  colifichet. 

AFFIRlOiR,  vfr.  a  fermer,  afremer,  L. 
affinnare  (firmus). 

AFFLEURER,  être  ou  mettre  à  fleur 
(v.  c.  m.),  c.  à.  d.  de  niveau  :  cfr.  effleurer. 

AFFLIGER  fvfr.  aflire  qui  est  la  vraie 
forme  française),  du  L.  affligere  ^rac.  klag, 
d'où  flagellum).  —  affliction,  L.  afflictio; 
AFFUCTiF,  L.  afflictiuus. 

AFFLUER,  L.  affluere,  1.  couler  vers, 
2.  couler  en  abondance;  —  affluent,  L. 
afflae-tis;  affluenck,  L.  affluentia. 

AFFOLER,  rendre  fol  ou  fou.  Composé 
raffoler^  sens  neutre,  être  fou.  —  En  ce  qui 
concerne  l'ancien  verbe  affola,  «  endom- 
mager, blesser  «,  Tobler  a  péremptoirement 
démontré  qu'il  «  ne  doit  pas  être  séparé  du 
môme  verbe  au  sens  de  rendre  fou  «  (voy. 
Kulm,  Ztschr.  XXIII,  419).  G.  Paris  l'ap- 
prouve pleinement  Roro.  VI,  156.  J'ai,  de 
mon  cAté,  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir, 
invoqué  le  sens  ancien  du  mot  folie  =  dom- 
mage, perte,  ainsi  que  celui  de  folier,  aler  à 
folie  ^«  courir  à  sa  perte  :  voy.  monBastart. 
do  Buillon,  ad  v.  1058.  —  Le  verbe  affblir, 
devenir  fou,  a  vieilli. 

AFFORAGB,  BL.  affbragium,  droit  de  fixer 
le  prix  des  denrées,  surtout  du  vin  ;  du  vieux 
verbe  afforer^  a  fleurer,  mettre  le  prix  aux 
denrées  ;  dérivé  du  L.  forum,  marché,  prix. 

AFFOUAGE,  BL.  affbcagium,  affoagium, 
droit  de  couper  du  bois  dans  une  forêt  pour 
son  usage  ;  du  BL.  affocare,  mettre  au  foyer, 
ad  focum. 

AFFOURCHER,  dér.  de  fourche.  —  D. 
affburçhe. 

AFFRANCHIR,  rendre  fra7ic. 

AFFRE, effroi, terreur;  du  y]m. eiver,  eipar, 
acer,  horridus,  immanis.  Cette  étymologie, 
patronnée  par  Grimm  et  par  Diez,  convient 
pour  le  sens  et  la  lettre.  Cp.  l'it.  afro,  âpre, 
aigre,  —  Quicberat  rapporte  le  mot  à  L.  affa- 
niœ,  qui  dans  un  glossaire  latin-grec  traduit 
oOi^juara  (vulnera),  et  dans  lequel  il  voit  un 
correspondant  de  l'it.  affanno,  angoisse;  ce 
rapport,  me  semble  douteux.  —  li.  affreux. 

AFFRÉTER,  forme  extensive  de  fréter  (v. 
c.  m.). 

AFFREUX,  voy.  affre. 

AFPRIANDER,  rendre  friand,  attirer  par 
des  friandises. 

AFFRIOLER  a  le  même  sens  que  affriander, 
et  vient  du  vfr.  friole  ^^  friand  ;  verbe  frioler, 
frire  et  être  friand,  désirer  vivement. 

AFFRONT,  voy.  affronter. 

AFFRONTER  (it.  nff'ronlare,  esp.  prov. 
afrontar),  se  mettre  intixîpidement  en  face  de, 
braver  avec  courage,  mais  aussi  braver  avec 
dédain  ou  avec  insulte  (de  là  le  subst.  verbal 


affront,  it.  affronto,  acte  do  mépris  jeté  en 
face).  UefrofU;  cp.  Texpr.  ail.  «*  die  stirne 
bietén  »,  ou  plutôt  «  einen  vor  dio  stirne  (ad 
frontem)  sto.ssen  «. 

AFFUBLER,  vfr.  afeuter,  afuler,  afumbler 
(=3  coiffer,  se  couvrir),  reproduit  L.  affibu- 
lare  (it.  affibhiare)  et  dérive  do  fibida  (prov. 
fumla),  boucle  ;  la  signification  propre  serait 
ainsi  agrafer,  bouder.  L*anc.  forme  afeul'er 
est  à  affibulare,  comme  esteule  (auj .  éteule)  est 
à  stipula,  dit  fort  bien  Grandgagnage.  Cp. 
encore,  à  l'égard  do  ïu  p.  i,  chasuble  de  casi- 
bula  et  truble  de  tribuUi.  L'anc.  fr.  et  les  dia- 
lectes ont  aussi  défubkr,  défùler,  p.  désha 
biller. 

AFFÛT,  composé  de  fuit,  fut  (v.  c.  m).  Afi'iit 
signifie  propr.  le  bois  d'un  instniment,  d'une 
machine,  donc  la  partie  accassoire,  la  chose 
de  pou  do  valeur;  c'est  ainsi  ({we  affùiiau, 
qui  corresj)ond  par  sa  facture  à  un  diminutif 
latin  *affustellus,  a  pu  prendre  le  sens  do 
chose  futile,  bagatelle.  —  D.  affûter,  ajuster 
les  outils  aux  fûts  qui  les  maintiennent,  les 
mettre  en  ét^it,  aiguiser  un  burin,  disposer 
un  canon  pour  tirer,  puis  disposer,  prépai»er 
en  général.  Dans  ce  dernier  sens,  le  verbe  a 
dégagé  le  .substantif  verbal  affût  dans  la  h  ►cu- 
ti on  "  se  mettre  à  V affût  »  =  en  position,  en 
garde. 

APFÛTIAU,  voy.  l'art,  préc. 

AFIN,  pour  à  fin  ;  fin  =•  but,  intention. 

AGAG|!  ou  AGASSE,  it.  gazza,  gazzera, 
prov.  agassa,  corruption  du  vha.  ag'alstra, 
pie  (contracté  dans  l'allemand  moderne  en 
elster).  —  D.  agassin,  agacin  (popul.),  bour- 
geon, cor  au  pied;  cp.  l'ail,  dstei'-auge  (\i\\ 
œil  d'agacé),  cor  au  pied,  et  l'expression  fran- 
çaise «  œil  de  perdrix  n . 

AGACER,  irriter,  provoquer,  it.  agazzare; 
du  vha.  hazjan  (auj.  hetzen),  poursuivre,  har- 
celer ;  c'est  le  préfixe  a  qui,  ayant  rendu  le  h 
médial,  a  motivé  le  durcissement  do  celui-ci 
en  g  (cp.  le  mot  populaire  agonir,  injurier, 
p.  ahônir)  —  D.  agacerie.  —  Dans  l'expres- 
sion agacer  les  dents,  le  verbe  n'est  plus  le 
môme;  l'emploi  fréquent  en  vfr.  de  aacier 
les  de7is  a  fait  penser  à  une  composition  a  -f- 
acer  et  partant  au  radical  ac  de  acere,  être 
acide  (l'agacement  des  dents  provenant  du 
contact  des  acide.*^),  mais  l'insertion  du  g  reste- 
rait inexpliqué,  car  aacier  ne  semble  être  autre 
chose  qu'une  forme  syncoj)ée  de  agacer.  — 
Diez  coryecture  modest-ement,  pour  agacer 
appliqué  aux  dents,  un  primitif  allemîind 
gatzen,  qui  répondrait  à  un  vha.  ga-az- 
jan,  donc  à  un  composé  de  âtzen,  agir  sur 
un  objet  au  moyen  d'acides.  Palsgrave  a  les 
mots  agasseté,  agassure,  qu'il  traduit  par 
«  bluntness  of  any  edged  toole  » .  —  Littré, 
no  distinguant  pas  entre  les  deux  verbes 
agacer,  part  d'un  verbe  ancien  agasser  (crier 
comme  une  agasse),  et  la  série  des  sens  serait 
d'après  lui  :  crier  comme  une  pie  qui  chasse 
les  autres  oiseaux  ;  puis  piquer,  irriter,  pro- 
voquer, et  enfin  irriter  les  dents.  — -  On  a 
aussi  mis  en  avant  le  gr.  àxàjïtv,  aiguiser; 


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AGO 


—  12 


AlIA 


étymologie  insoutenable.  —  Wodgwood  (Rom. 
VIII,  435)  ramène  les  deux  sens  à  lalïa. 
hwassi,  mha.  wasse,  trancliant,  d'où  Tall. 
mod.  wetsen,  aiguiser.  Ses  observations  sont 
dignes  d'attention,  mais  no  persuadent  pas  ; 
son  explication,  aussi  bien  que  celle  do  Diez,  . 
restera  douteuse,  tant  que  l'on  n'aura  pas  con- 
staté l'emploi  de  agacer  (les  dents)  au  moyen 
âge  ;  la  forme  constante  y  est  aacier,  —  Il  est 
bon,  pour  aider  à  la  solution  du  problème,  . 
de  rappeler  que  Rabelais  employait  esffouassié 
au  sons  de  dégoûté,  et  à  celui  d'agacé,  en 
parlant  des  dents. 

AOAPE ,  repas  d'amour,  de  ày&Tri},  amour. 

AGARIC,  L.  agaricum  (àya/stxov)» 

AGATE,  L.  achaJles  («xàr>j«) 

...  AGE,  suffixe  franc.,  appliqué  surtout  à 
des  adj.  (pour  marquer  la  disposition  à,  cp. 
volage)  et  à  des  subst.  marquant  l'action  (cp. 
assemblage),  et  répondant  au  latin  ^alicus 
(-«m),  it.  -aggio,  esp.  -âge,  prov.  -atge. 

AGE,  vfr.  edage,  eage,  aage,  etc.,  d'une 
forme  latine  aetaticum,  dér.  de  aetas.  C'est 
un  de  ces  mots  de  la  langue  française  que  la 
contraction  a  réduits  à  la  simple  terminaison  ; 
cfr.  oncle  de  av-unculus.  Aetas  (thème  aetat) 
a  donné  au  prov.  et  à  l'esp.  edad,  à  l'it.  età  et 
au  vfr.  a<*. 

AGEKGEB  (type  latin  *a-gentiare),  ajuster, 
dér.  de  l'adjectif  ^cjrf  (v.  c.  m.). 

AGEKDA,  mot  latin,  =»  les  choses  qui  sont  à 
faire,  puis  les  livres  où  on  les  inscrit. 

AGENOUILLER,  voy.  genou, 

AGENT,  du  L.  agms  (qui  agit).  —  D. 
agence. 

AGGLOMERER,  L.  agglomerare  (de  glo- 
mns,  -en's,  peloton). 

AGGLUTINER,  L,  ag-glutinare  (de  gluten, 
glu,  colle). 

AGGRAVER,  vfr.  agrever,  L.  ag-gracare 
de  gravis,  pesant).  —  Subst.  verbal  aggrave 
|t.  d'Eglise),  deuxième  monitoire. 

AGILE,  L.  agilis  (agere)  ;  mot  d'introduc- 
tion savante,  car,  selon  le  génie  naturel  de  la 
langue,  agilis  eût  donné  aile,  comme  fragilis 
a  donné  fraile,  frêle. 

AGIO,  t.  de  banque,  de  l'it.  aggio,  forme 
variée  de  agio,  aise.  Le  bénéfice  résultant  du 
change  de  la  monnaie  et  des  valeurs  en  papier 
a  été  envisagé  comme  une  aisance.  —  D. 
agioter  (le  t  sert  à  la  dérivation  comme  dans 
abriter,  feutier,  etc.). 

AGIR,  L.  agere.  —  Cps.  ré-agir. 

AGITER,  L.  agitare  (fréquent,  de  agere), 
mettre  en  mouvement. 

AGNEAU,  ogneT,  L.  agnellus,  dim.  de 
agnus.  De  là  :  dimin.  agnelet,  adj.  agnelin, 
verbe  agneler,  mettre  ba.s*  en  parlant  de  la 
brebis. 

AGNUS,  mot  latin  signifiant  agneau,  appli- 
qué à  la  cire  bénite  par  le  pajie,  sur  laquelle 
est  imprimée  la  figure  d'un  agneau  (l'agneau 
de  Dieu). 

AGONIE,  lutte  de  La  mort,  L.  agonia  (S. 
JeW^me).  anxiété,  trouble;  tiré  du  gr.  àyitv, 
combat;  agoniser,  L.  agonisnre,  gr.  âywf^nv. 


AGRAFE,  ci-ochet,  it.  graffio,  esp.  garfio, 
garfa,  prov.  grafiô,  vfr.  graffbn  ;  verbe  agra- 
fer, it.  aggraffare,  esp.  agarrafar  (wall. 
agrafer,  saisir)  ;  du  vha.  krapfo  ou  krapffo, 
crochet,  crampon.  La  vieille  langue  possédait 
aussi  un  vçrbe  agrajypcr,  avec  le  sens  de  saisir, 
accrocher;  ce  n'est  qu'une  variété  à'agrafer 
(cp.  griffer  et  grippeij;  voy.  aussi  grappe, 
AGRAIRE,  L.  agrarius  (ager)  ;  vfr.  agrier, 
AGRÉABLE,  pr.  digne  d'être  agréé.  —  Cps. 
désagréable. 

1.  AGRÉER,  it.  aggradare,  prov.  agi^adar, 
agreiar,  \^  prendre  à  gré,  trouver  bon; 
2®  être  à  gré,  plaire  ;  de  L.  grains,  agréable 
(voy.  grc).  —  D.  adj.  agréable;  subst.  agré- 
ment, V*  approbation,  "2®  plaisir,  qualité  de 
ce  qui  plaît,  3°  ornement.  —  Cps.  désagréer. 

2.  AGRÉER,  t.  de  marine,  mettre  les  agrès 
(voy.  ce  mot). 

AGRÉGER,  L.  ag-gregare  (grex),  pr.  incor- 
porer au  troupeau.  Terme  savant  :  agrégat, 
assemblage.  —  Cps.  désagréger, 

AGRÉMENT,  p.  agréement,  voy.  agréer  1. 
—  Cps.  désagrément.  —  De  agrémerd,  on  a 
fait  agrémenter,  onier  d'un  agrément. 

AGRÈS,  apparaux,  plur.  de  *agret  (aussi 
vfr.  agrei  et  agrot)  préparation,  équipement  ; 
subst.  ^verbal  de  agréer,  anc.  aussi  agreier, 
forme  extensive  de  gréer.  Quant  à  gréer,  il 
dérive  du  ni.  gereide,  gerei,  appareil,  lequel 
correspond  à  l'ail,  ge-râth,  outillage,  usten- 
siles (islandais  redi,  reidt),  dérivé  lui-même 
d'un  primitif  signifiant  ordonner,  préparer 
et  que  représente  fort  bien  le  gothique  raidjan , 
ga-raidjan,  ou  l'anglo-saxon  gerœdian.  Le 
même  radical  s'est  conservé  dans  l'ail,  be-reit, 
prêt,  verbe  bereiten,  suéd.  reda,  préparer; 
angl.  ready,  ni.  gereed,  etc.  Il  a,  en  outre, 
donné  naissance  aux  vocables  français  suivants, 
dans  losqu(  Is  le  préfixe  ge  est  supprimé  ou 
remplacé  : 

1 .  ROI*,  RKi*,  RAI*,  ordre,  arrangement. 

2.  ARROi,  ordre,  disposition,  appareil, 
train,  équipage,  subst.  du  vfr.  arroger,  arréer, 
préparer  (it.  arredare,  angl.  array)\  de  là 
désarroi,  autrefois  aussi  desroi,  désordre. 

3.  coNRof,  ordre,  cortège,  troupe  rangée 
(voy.  coi*royer). 

AGRESSION,  AGRESSEUR,  L.  aggressio, 
aggressor  (de  aggredi,  marcher  contre,  atta- 
quer). —  D.  aggressif  [mot  nouveau). 

AGRESTE.  L.  agrestis  (agcr). 

AGRICOLE,  anciennement  un  subst.,  n'est 
plus  employé  que  comme a^j.;  du  L.  agiHcola 
(qui  colit  agnim).  —  agriculteur,  -ture,  L. 
agrictdtor,  -tura. 

AGRIFPER  (S'),  dér.  de  griffe  (v.  c.  m.). 

AGRIPPER,  cps.  ào  gripper  (v.  c.  m.). 

AGRONOME,  gr.  iypovofioi.  D.  ag^^onomie, 
-ique. 

AGUERRIR,  habituer  à  la  guei^e  (cp.  pour 
la  composition,  acclimater), 

AGUETS  (phir.),  subst.  verbal  de  l'anc. 
verbe  agitetier  ou  agaitier,  cps.  de  guetter 
(v.  c.  m.). 

AHAN,  AFAN*.  n/fnnno,  esp.  port.  prov. 


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AIG 


—  VA  — 


ÂIG 


afan,  travail  corporel,  peine,  martyre.  Lo 
baji-latin  ahanare,  et  le  vfr.  ahaner  ou  affa- 
«C7'*  s'employaient  beaucoup  en  parlant  du  tra- 
vail agricole,  de  là  l'ancien  subst.  ahan  = 
terre  de  labour  ;  1  anc.  langue  présente  aussi 
enhan,  angoisse^  et  les  verbes  haner,  enhaner, 
labourer,  cultiver.  Ducange,  ainsi  que  Pas- 
quier  et  autres,  assignent  à  ce  mot  une  ori- 
gine onomatopoétique,  en  rappelant  le  cri  han 
que  laissent  échapper  avec  une  respiration 
pressé©  les  pei*sonnes  qui  font  un  travail 
pénible,  comme  les  forgerons,  les  bûche- 
rons, etc.  C'est  le  son  qui  s'échappe  d'une  poi- 
trine essoufflée  ;  d'où  l'idée  de  peine,  fatigue, 
labeur  et  labour,  qui  s'estattachée  au  vocable. 
Diez  est  disposé  à  se  ranger  à  cette  opinion  ; 
cependant,  il  cite  l'existence  tout  à  fait  isolée 
du  mot  afan,  querelle,  trouble,  dans  un 
poème  en  dialecte  kymrique.  Pour  la  permu- 
tation de  h  et  /*,  on  sait  qu'elle  se  présente 
souvent  dans  le  domaine  roman,  cfr.  Her- 
nando  et  Fernando,  L.  forets  et  fr.  hors  ;  il 
faut  dire  toutefois  que,  si  l'on  voit  bien  le  /", 
aspiration  labiale,  se  convertir  en  A,  aspiration 
gutturale,  nous  ne  connaissons  guère  de  cas 
du  contraire,  si  ce  n'est  it.  falda,  do  l'ail. 
hcUde,  et  lo  sicilien  finnire  pour  hennir.  Le 
radical  pourrait  donc  bien  être  fan  plutôt 
que  han. 

AHURIR,  étonner,  interdire,  troubler;  de 
hure,  chevelure  hérissée,  puis  têto  d'animal. 
Le  mot  rappellerait  l'ail,  anschnauzen,  ru- 
doyer, brusquer  (de  schnause,  miLscau, 
groin),  si  lo  sens  propre  d'à Ai^nr  ne  paraissait 
être  plutôt  celui  de  faire- drosser  les  cheveux. 
(Comparez  le  rapport  d'idée  entre  le  mot 
bitrra,  qui  au  fond  signifie  •«  gros  poils  »,  et 
bourru,  grossier,  et  prov.  a-burrar,  osp. 
a-burrir,  effrayer,  ahurir.  Sispidus,  hérissé, 
est  également  au  fond  de  hisde*,  Iiide',  effix)i 
(d'où  hideux). 

AIDE,  ^-fr.  aide,  aïe,  et  ajude,  ajue,  prov. 
qjiida,  esp.  ayuda,  it.  aiuto,  aita;  subst. 
verbal  du  verbe  aider  (v.  c.  m.). 

AIDER,  vfr.  aider ,  aïer,  ajuer,  prov.  qju- 
dar,  esp.  ayudar,  it.  ajutare,  aitare.  Le  type 
latin  est  adjutare  (fréq.  de  adjuvare)^  la 
forme  aider  (d'où  aider)  repose  sur  la  syncope 
aftare,  où  j  s'est  résolu  en  i  (cp.  bailler  de 
bqj{u)lare.  La  fluctuation  entre  les  thèmes 
aju  et  aid  se  manifeste  déjà  dans'  la  conju- 
gaison ancienne  do  notre  verbe  ;  devant  une 
syllabe  tonique,  elle  employai tq;i«,  devant  une 
syllabe  atone,  aid  :  le  présent  était  donc  au 
sing.  ajô,  qft'tes,  ajûe,  auplur.  aidûns,  aidiez  y 
aiiieni.  Voy.  Darmesteter,  Rom.  V,  154.  — 
D.  aidable,  autrefois  =  qui  peut  aider,  sc- 
courable  (dérivé  du  subst.  aide),  auj.  =  qui 
peut  être  aidé  (dérivé  du  verbe  aider). 

AJUBUL,  it.  avolo,  prov.  aviol,  esp.  abuelo, 
du  L.  acoltis  (strictement,  pour  le  franc,  et  le 
prov.,  d'une  forme  rustique  aviolus),  dim.  de 
atiis  ;  la  forme  diminutive  était  nécessaire  à 
cause  du  peu  de  consistance  du  primitif  ap-ws. 

AIGLE,  prov.  aigla,  it.  aquila,  angl.  eagle^ 
du  L.  aquila,  dont  ladj.  aquilinns  a  donné 


nquilin.  On  trouve  en  vfr.  aussi  aille,  forme 
tout  aussi  régulière  que  caille  do  BL.  qiia^ 
quila.  —  D.  aiglon,  aiglette,  aigliaii. 

AIGRE,  prov.  ogre,  angl.  eager,  du  L.  acris, 
qui,  dans  la  nouvelle  langue,  a  également 
donné  acre  (v.  c.  m.).  En  vfr.  aigre  signifiait 
vif,  empressé,  acharné.  —  D.  aigreur  (on 
trouve  a.cror  dans  Fulgence),  aigrir,  et  les 
dim.  aigret,  aigrelet. 

'  AIGREFIN,  escroc,  chevalier  d'industrie, 
aussi  églefin,  égrefin;  pour  aigle  An,  comme 
on  dit  fin  renard.  Littré,  cependant,  explique 
le  mot  par  aigre  faim  (donc  pr.  homme 
affamé,  ail.  hungerleider).  Toutefois,  il  ne 
reproduit  plus  cette  et.  au  suppl.  —  Le  mot 
désigne  aussi  un  ix)isson  du  genre  gade  (éga- 
lement prononcé  aiglefin,  éclefin,  églefin); 
c'est  sans  doute  un  homonyme.  Dans  le 
GesprâchbOchlein  du  xiv*  siècle  publié  par 
Hofimann  von  Fallersleben(Horse  belgicœ,  IX), 
je  trouve  esclefin  traduit  par  scelfisch;  cela 
met  sur  la  voie  de  l'étymologie.  La  finale  fin 
peut  avoir  été,  populairement,  substituée  à 
fisch. 

AIGREMOINE,  prov.  agrimen,  du  L.  agri- 
monia  (Pline),  qui  est  le  gr.  iypt/titwi. 

AIGRETTE,  1 .  sorte  de  héron,  2.  Taigrette 
qu'il  porte;  dimin.  du  vha.  heigir,  heigro, 
qui  est  aussi  le  primitif  du  mot  héron» 

AIGU,  prov.  agut,  it  aciUo,  aguto,  du  L. 
acutiis.  Le  dérivé  BL.  acutiare  a  donné  at- 
guiser,  prov.  agusar,  it.  agussare;  cp.  fr. 
menuiser*,  de  minutus, 

AIGUAIL,  rosée,  dér.  de  aiguë  (v.  c.  m.),  de 
même  que  aiguayer,  laver,  baigner. 

AIGUË*,  ancienne  forme  pour  eau,  repré- 
sente le  L.  aqua.  Rien  de  plus  varié  que  la 
manière  dont  ce  vocable  latin  s'est  reproduit 
dans  la  langue  d'oïl  ;  on  y  rencontre  :  aiguë, 
aiwe,  aive,  awe,  eve,  iece,  iace,  eave,  eaue,  d'où 
finalement  a  procédé  la  forme  eau,  réduito 
pour  l'oreille  au  son  o,  qui  certainement  ne 
rappelle  plus  guère  le  mot  primitif.  La  forme 
aiguë  nous  est  restée  dans  quelques  noms  de 
lieux  :  Aigues-Bonties,  Aigues-Caudes,  etc., 
Aix,  puis  dans  l'expression  aigue-marine  et 
dans  les  dérivés  :  aiguail,  aiguayer,  aiguade, 
aiguière.  —  On  retrouve  èce  dans  évier.  — 
Dérivés  ^rects  et  savants  de  aqua  :  aquati- 
que, L.  aquaticus  ;  aqueux,  L.  aquosus  ;  aque- 
duc, L.  aquseductus. 

AIGUIÈRE,  voy.  aiguë. 

AIGUILLE,  patois  agouille,  it.  aguglia,  esp. 
prov.  agulha,  du  latin  acucula  (dim.  de  acus), 
forme  secondaire  de  adcula  (cfr.  genuculum, 
d'où  genou,  coexistant  avec  geniculum).  — 
La  prononciation  moderne  aig-ui-Ue  au  lieu 
do  ai-gid-le,  quoique  recommandée  déjà  par 
Chifflet,  est  abusive  ;  elle  s'est  produite  par 
une  fausse  représentation  de  l'orthographe 
uiUê,  où  t  n'a  pas  plus  la  valeur  de  t  que  dans 
quenouille,  et  n'est  qu'un  signe  graphique  du 
mouillemcnt  de  II.  On  a  eu  tort  d'en  tirer  des 
argumcntij  contre  l'étymon  acucula.  C'est  à 
acicula,  toutefois,  qu'il  faut  attribuer  le  wallon 
aweie,  awie  et  le  berrichon  agueille.  —  D. 


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AIR 


14  — 


AIN 


aiguillée,  aiguiller  (verbe),  aiguillier  (subst.); 
aiguillelte;  aiguillon. 

AINSI,  vfr.  ainsinc,  mi,  prov.  acsi,  aissi, 
V.  esp.  ansi,  auj.  asi,  est  formé  du  L.  œque 
sic,  d'où  s'expliquent  aussi  parfaitement  les 
formes  it.  cosi  p.  cusi,  sic.  accussi  (cfr.  quant 
à  la  mutation  ain  et  an  p.  œq  les  formes  esp. 
aun  =  adhuc,  nin  =  nec,  sin  «^  sic).  Ménage 
(auquel  se  rallient  Littré  et  Brachet),  se  fon- 
dant sur  l'ancienne  forme  ensi,  fait  venir 
ainsi  de  in  sic,  et  le  prov.  aissi  de  ad  sic, 
L'étymologio  ci-dessus,  démontrée  par  Diez, 
nous  semble  plus  rationnelle  et  parfaitement 
conforme  aux  procédés  liabitueb  de  romani- 
sation. 

1  •  AIR,  dans  le  sens  physique,  prov.  aer, 
air,  aire,  it.  aria  (poôt.  aère),  esp.  aire,  port. 
ar,  du  L.  aer  (ài^p). 

2.  AIB,  vfr.  aire,  it.  aria,  prov.  et  t.  it. 
aire,  apparence  extérieure,  mine,  façon  (le 
prov.  et  vfr.  aire  prennent,  en  outre,  le  sens 
de  :  origine,  race).  On  a  beaucoup  agité  la 
question  do  savoir  si  notre  mot,  dans  ces 
divei-ses  significations,  est  identique  avec  le 
précédent.  Diez  ne  le  pense  pas  :  il  proposait 
à  son  égard  la  racine  ar,  qui  dans  le  vieil 
allemand  a  produit  aran,  labourer,  et  de  là 
lé  dérivé  aW,  qui  signifie  d'aboixi  sol,  puis 
provenance  et  disposition  naturelle;  mais, 
dans  les  éditions  .subséquentes  de  son  livre, 
il  abandonne  cette  étymologie  et  discute,  pour 
le  sens  origine,  race,  et  sans  se  prononcer, 
les  titres  des  mots  lat.  agrum  (BL.  arum)  de 
ager,  signifiant  lieu,  et  airium,  place  de  la 
maison  où  se  trouvait  le  lit  coi\iugal.  Bur- 
guy,  par  contre,  rappelant  les  acceptions 
déduites  du  L.  spiritus,  esprit  (air,  soufile, 
ton,  bruit,  pas.sions,  humeur,  disposition), 
croit  à  la  communauté  d'origine  des  deux 
homonymes.  Littré  est  d'avis  que  le  mot  en 
question,  dans  toutes  les  acceptions  mention- 
nées, est  le  môme  que  aire  =  nid  (v.  c.  m.) 
et  il  admet  la  filiation  suivante  :  place  et  nid, 
demeure,  famille,  qualité,  manière.  Aire  se 
serait  transformé  en  air  par  confusion.  — 
Les  anciennes  expressions  de  mal  aire,  de 
put  aire  (do  mauvais  naturel)  et  de  bon  aire 
(de  bon  naturel)  ont  laissé  l'adj .  deboitaire\ 
débonnaire,  Littré  et  Génin  admettent  que, 
dans  ces  locutions,  aire  est  le  môme  mot 
que  aire,  nid  d'aigle;  de  bonne  aire  éc^ui- 
vaudrait  à  :  issu  d'un  bon  nid,  donc  do  bonne 
race.  C'était  déjà  l'opinion  do  Henri  Estienne. 
3.  AIR,  suite  de  tons  et  de  notes,  it.  aria 
(d'où  le  dimin.  fr.  arieUe),  est  le  même  mot 
que  1(?  précédent  ;  en  ail.  aussi,  le  mot  loeise, 
manière,  a  dégagé  le  sens  de  mélodie,  air. 

AIRAIN,  prov.  aram,  esp,  arambre,  alam- 
bte,  it.  rame,  wal.  arame;  du  L.  cerameti  (ees, 
aeris),  forme  mentionnée  dans  Festus. 

1,  AIRE,  place  unie,  du  L.  area. 

2.  AIRS,  nid  d'aigle,  se  rattaclio  peut*ôtre 
à  l'ail,  a/ir,  aigle.  Ducangc  dérive  BL.  aëria 
nidus  accipitris,  du  fr.  aire,  et  non  pas  le  der- 
nier du  latin,  ce  qui  n'était  ce{)endant  pas 
inadmissible.  Diez  rappoxie  aire,  nid,  au  vfr. 


aire,  origine,  race  (voy.  air  2)  et  s'appuie  sur 
l'expression,  **   un  faucon  do  bonne  aire  ». 
Littré,  comme  l'Académie,  l'identifie  avec  aire 
=  arca,  donc  pr.  «  surface  plane  de  rocher  où 
l'aigle  fait  son  nid  « .  —  D.  airer,  faire  son  nid. 
AIGUILLETTE  (angl.  aglet,  aiglet),  dim.  do 
aiguilU,  —  D.  aiguilleler;  subst,  aiguilletier. 
AIGUILLON,  de  aiguille  et  non  pas  d'un 
subst.  fictif  aculeo,  -onis  (de  aculeus).  De  là  : 
verbe  aiguillonner, 
AIGUISER,  voy.  aigu, 
AIL,  prov.  alh,  du  L.  allium,  —  D.  aillade. 
...  A&j,  suffixe,  =  latin  aculum  {ac'lum); 
ex.  trab-aciilum,  fr.  travail, 

AILE,  du  L.  ala;  dimin.  aileron,  ailette; 
a^j.  ailé,  L.  alaius. 

...  AILLE,  suffixe,  représentant:  1.  L. 
plur.  -alia,  -ilia  (muralia,  muraille,  ovilia, 
ouaille)  ;  il  sert  surtout  à  indiquer  la  pluralité; 
2®  L,  -acula,  -acla  (tenacula,  tetiaille). 
AILLEURS,  du  L.  aliorsum, 
AIKANT,  vfr.  aimant,  aiemant,  prov.  adi^ 
man,  aziman,  port,  et  esp.  iman,  du  L. 
adamas,  -antis,  fer,  acier,  diamant  (du  gr. 
iSùfixi,  indomptable).  Au  moyen  âge,  ada- 
mas était  devenu  synonyme  de  magTies,  Par 
contre,  on  y  rencontre  au.ssi  le  mot  aimant 
avec  la  valeur  de  diatnant  (v.  c.  m.).  —  D. 
aimanter,  aimanlin  (L.  adamantinus). 

AIME,  mesure  de  capacité,  du  L.  hama 
[apyi),  seau,  BL.  ama,  vase,  gros  tonneau. 

AIMER,  vfr.  atner,  L,  amare;  amans, 
amant,  variété  du  part,  aimant;  amator, 
amateur;  amabilis,  -itas,  aimable,  amabilité. 
...  AIN,  suffixe,  répondant  :  !•  à  L.  -amen 
faeramen,  fr.  airain);  examen,  fr.  essaim; 
2°  à  L.  -anus  (mundanus,  fr.  mondain). 

AINE,  \'fr.  aigne,  prov.  mod.  lengue  (p. 
Vengue),  esp.  engle,  it.  inguine,  du  L.  inguen, 
-inis,  aine. 

AINE,  anc.  ainsné,  mot  composé  de  ains* 
=3  anto,  et  né  =  natus  ;  il  fait  opposition  à 
puîné,  qui  représente  «  postca  natus  •».  —  D. 
aînesse,  cfjntraction  du  vfr.  ainsneece  (type 
latin  antenatitia), 

AINS',  ancien  adverbe  et  préposition, 
forme  romane  française  du  lat.  aiite,  devenu 
en  it.  a7isi,  en  esp.  et  port,  antes,  en  prov. 
ans,  ant,  La  finale  s  est  particulière  à 
un  grand  nombre  d'adverbes  remans  (p.  ex.: 
sans,  ores',  p.  ore,  or,  lors,  certes,  etc.).  La 
signification  adverbiale  avant,  plutôt,  a  passé 
aussi  en  celle  do  mais,  marcpiant  ainsi  l'op- 
position. La  vieille  langue  avait  encore  formé 
de  la  combinaison  ante  ipsum,  les  adverbes 
ançois,  anchois,  ainçois,  etc.,  prov.  anceis, 
signifiant  avant,  mais,  plutôt.  Puisqu'il  s'agit 
du  L.  ante,  mentionnons  ici  ses  autres  reje- 
tons romans.  Ce  sont  : 

1.  ANCIEN,  a<!y.  reproduisant  BL.  anlianus, 
it.  ansiano,  esp.  anciano,  prov.  ancian,  et 
signifiant  ainsi  au  fond  :  ce  qui  est  ou  a  été 
avant,  antérieur. 

2.  AVANT,  it.  avanti,  prov.  abajis  et  avaiU, 
de  la  combinaison  ab-ante,  que  l'on  rencontre 
sur  des  inscriptions  romaines  de  l'empire. 


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AJO 


—  45 


ALC 


3.  DEVANT,  vfr.  ci  dial,  aussi  datant  ^  it. 
datpanti^  pmv.  davan  et  devant ,  synon.  du 
prtH'édcnt  et  formé  de  celui-ci  au  moyen  du 
pi*éfixc  de, 

AIRELLE,  myrtille,  port,  airella,  me  sem- 
ble être  un  dérivé  diminutif  du  L.  ater^  atra 
noir;  cp.  pour  la  lettre,  pairem^  prov.  paire, 
fr.  père,  vfr.  airemerU  =  L.  atramentiim; 
jjour  le  sens,  lall.  schtoar^-beere,  myrtille 

ÂIS,  planche,  du  L.  00:15,  assis.  —  Dim. 
aisseau,  bardeau. 

AISE,  subst.,  contentement,  commodité 
(dans  lancienno  langue  aussi  =:^  provisions, 
choses  néce^aires,  puis  facilité, .  occasion), 
it.  €u;io,  prov.  ais,  aise,  port.  ajso.  Le  môme 
mot  sert  aussi  d'adjectif  avec  le  sens  de  con- 
tent, joyeux  (anc.  =»  facile);  il  a  donné  les 
anciens  verbes  aisier  et  a-aisier,  fournir  du 
nécessaire,  soigner,  mettre  à  l'aise  (d'où  nous 
est  venu  lacy.  participe  aisé,  mis  à  l'aise, 
rendu  facile),  et  le  subst.  abstr.  aisance. Qimnt 
à  son  origine,  les  uns,  comme  H.  Estienne, 
invoquent  le  grec  «taios,  de  bon  augure,  heu- 
reux, convenable  (le  subst.  aise  signifierait 
ainsi  ce  qui  convient,  ce  qui  est  commode); 
Ménage  songe  hardiment  à  otium,  Ferrari  à 
ad-aptare,  Frisch  au  radical  de  l'ail,  behag- 
lich,  à  l'aise;  Grimm,  Diefenbachct  Diez,  sur 
les  traces  de  Junius,  Schilter  et  Castiglione, 
s'arrêtent  sur  la  racine  hypothétique  azi,  d'où 
pix)cédo  lacy.  gothique  azêts,  facile,  com- 
mode, et  le  subst.  asêii,  commodité. Selon  eux, 
l'expression  provençale  mure  ad  ais  serait 
analogue  au  goth.  vizon  in  azêtjam.  En 
basque,  on  trouve  aisia,  repos,  et  aisina, 
loisir,  mais  Diez  a  des  raisons  pour  attribuer 
à  ces  mots  une  provenance  provençale.  Il  est 
curieux  de  voir,  en  provençal,  se  déduire  de 
aise  le  subst.  aizi,  avec  le  sens  de  demeure, 
maison,  asile,  et  les  verbes  aisir,  aizivar  = 
accueillir.  —  En  dernier  lieu,  Buggo  (Rom. 
IV,  349)  établit  comme  étymon  le  lat.  vulg. 
asa  (=  ansa)  ou  plutôt  une  forme  dérivativo 
*asium,  *asia  (cp.  praesepiiim  do  praesepe 
et  tant  d'autres).  Rien  à  obje<'ter  (piant  à 
la  lettre;  rien  non  plus  pour  le  sens.  Ansa 
signifiant  au  fig.  «  prise,  facilité,  occasion, 
aise  »»,  est  bien  constaté  et  déjà  Darmcste- 
tcr  (Rom.  I,  157)  avait,  dans  un  texte  du 
XI''  siècle,  relevé  pour  aise  la  valeur  «  espace 
vide  aux  côtés  do  quelqu'un  » .  En  cflet,  aise 
emporte  l'idée  de  facilité  dans  les  mouvements; 
avoir  ses  aises,  être  à  son  aise  é(piivaut  îi 
avoir  ses  coudées  franches.  Cette  expliciitiou 
est,  à  coup  sur,  à  la  fois  ingénieuse  et  plau- 
sible; aurions-nous  la  solution  du  problème? 
'^C^s.  malaise,  anc.  mesaise  (v.  it.  misagio). 
Le  mot  alaise,  drap  qu'on  met  sous  les  malades, 
est-il  formé  de  à  Vaisef  C'est  possible  et 
probable,  puisqu'on  l'orthographiait  aussi 
alaise. 

AISSEAU,  voy.  ais. 

AISSELLE,  it.  ascella,  eut,  accclla,  du  L. 
axilla,  m.  s. 

AJONO  (arbuste  épineux),  Berry  c^on ,  aujon , 
EL.  adjolum\  vfr.  ajout,  njou,  af^jonb,  à  la 


fois  =  ajonc  et  terrain  planté  d'ajoncs.  D'ori 
gine  inconnue. 

AJOURNER,  àQJorn,joHr(w,  c.  m.),  cit^îr 
à  jour  fixe,  renvoyer  à  un  autre  jour;  cfr. 
l'ail,  vertagen;  en  vfr.  aussi  =  faire  jour. 

AJOUTER,  qjouster',  pr.  mettre  à  côté,  ad- 
joindre, vient  du  vfr.  joiiste,  à  côté,  qui  est  le 
loiinjuxta  (rac.  jug,  Jung,  joindre).  Subst. 
verbal  ajoute.  - —  Voy.  &nssï  jouter. 

AJUSTER,  dans  le  sens  de  accommoder, 
assembler,  joindre,  arranger,  parer,  n'est  peut- 
être  qu'une  variété  du  mot  pinScédent,  —  D. 
ajustement;  ajutoir  ou  ayo?<<oir  (syncope  de  \s). 

—  Dans  la  signification  de  rendre  un  jwids  ou 
une  mesure  juste,  et  dans  celle  de  viser,  le 
verbe  ajuste^'  est  factitif  et  tiré  do  Y&àyjuste, 

—  D.  ajusteur,  -oir,  -âge;  désajuster, 
rajuster, 

AJUTOIR,  voy.  l'art,  préc. 

ALAISE,  anc.  orthographe  de  atèze  (v.  c.  m .). 

ALAMBIC,  it.  lambicco,  csp.  alambique,  do 
l'arabe  al-anbiq,  vase  à  distiller,  qui  lui- 
même  est  d'origine  étrangère;  le  grec  a  le 
mot  ifi^iï,  calix,  vas,  cadus.  —  D.  alambi- 
quer,  dont  le  sens  est  exclusivement  figuré  : 
subtiliser. 

ALANQUIR,  extension  de  languir,  avec  sens 
factitif  ou  inchoatif  ;  la  vieille  langue  avait 
tiré  de  langueur  le  verbe  alangourir, 

ALARGTOR,  it.  aUargare,  gagner  le  large, 

ALARME,  de  l'it.  aU*  arme,  aux  armes,  ou 
plutôt  (car  le  mot  est  ancien)  du  fr.  à  l*arme! 
Comparez  l'expression  alerte.  D'autres  y  voient 
à  tort  un  dérivé  do  l'ail,  làrm,  bniit,  tapage. 

—  D.  alarmer,  donner  l'alarme. 
ALATERNE,  L.  alatemus. 

ALBATRE,  L.  alabastrum  (àX&Cavr/sov). 

ALBERGE,  anc.  auberge,  sorte  de  poche; 
selon  Ménage,  dér.  de  aJbus,  à  cause  de  la 
chair  plus  claire  de  cette  pêche;  Saumaiso 
propose  ime  origine  arabe  :  alrbeg;  Frisch,  le 
XdXin  persicum,  augmenté  do  l'art,  arabe  al, 
en  supposant  une  forme  intermédiaire  alver- 
chia.  L'espagnol  dit  albérchigo,  dans  lequel 
M.  Devic  voit  l'arabe  cUbirqouq,  abricot. 

ALBIQUE,  craie  blanche,  dér.  de  albus, 
blanc. 

ALBINOS,  de  l'esp.  albino,  nègre  blanc. 

ALBUGO,  mot  latin,  tache  blanche  sur  les 
yeux;  du  dér.  albuginosus  :  fr.  alàugineux. 

ALBUM,  mot  latin,  sign.  tablette  blanche 
(blancliic  avec  du  [dâtre). 

ALBUMINE,  du  L.  albumen,  bLonc  d'œuf 
(régulièrement  francisé  dans  le  vfr.  aubun), 

ALOADE,  juge  en  Espagne,  esp.  akalde,  de 
l'arabe  al-qàdi,  juge. 

ALOALI,  mot  tiré  de  l'arabe  al-qàli^  sel  do 
soude. 

ALOHIMIB,  prov.  alkimia,  esp.  port,  alqui- 
mia,  it.  alchimia,  ail.  alchemie  et  alchymie  ; 
moy.  gr.  àpyrifilx,  vfr.  alqUemie,  arquemie;  de 
l'arabe  al-kimià,  qui  est  le  mot  chimie,  aug- 
menté do  l'article  arabe  al,  —  [Scaligcr  sur  lo 
Culex  de  Virgile  :  Arabes  addito  suo  al,  ple- 
raque  gi'seca  ad  morem  suum  intorpolarunt. 
Ut  Lilïcr  Ptolemœi  est  Almageste  :  est  cnim 


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ALE 


—  i6  — 


ÂLI 


»î  fxv/lsTYi  TtpxyfAXTtlx.  Slc  Alchf/mîa ,  yyfitlx. 
Sic  Almajiak,  kalendarium,  /mavsxo;  a  lima  et 
mensibus  ;  unde  circulus  lunaris  apud  Vitni- 
vium  fjLxvxMi,  Sic  Alambic  a  grseco  a/*6iÇ  apud 
Dioscoridem.] 

ALOOOL,  âne.  cUœhol,  de  Tarabc  al^oçhî, 
poudre  très  volatile  pour  noircir  les  pau- 
pières; l'extrême  ténuité  paraît  avoir  déter- 
miné les  chimistes  à  appliquer  le  mot  à  l'cs- 
pnt-de-vin  (signification  encore  étrangère  au 
mot  arabe). 

ALCORAN,  mot  arabe,  composé  de  Tart.  al 
et  de  cwan,  lecture,  chose  lue. 

ALCOVE,  selon  Grimm  et  autres,  du  vha. 
alah'how) ,  composé  hypothétique  de  alah, 
temple,  et  de  koto  (*=^  nlia.  kofêrif  koben)^ 
réservoir;  d'autres,  avec  plus  de  raison,  le 
dérivent  directement  de  l'esp.  alcoha,  que  l'on 
rattaclio  à  son  tour  à  l'arabe  al-qobbah,  voûte, 
tonte.  Cette  dernière  signification  se  retrouve 
dans  le  prov,  alcuba  et  vfr.  auciibe,  qui  sem- 
blent ainsi  provenir  de  la  même  source. 
ALCYON,  mot  latin,  tiré  du  gr.  aXxu^v. 
ALÉATOIRB,  L.  aleaiorius  (do  alea^  dé,  jeu 
de  liasard). 

ALENE,  alesne,  esp.  alesna^  it.  lésina;  du 
vha.  alansa  (même  sens),  transposé  en  alasna, 
La  forme  italienne  lésina  (les  aphérèses  de  l'a 
initial  sont  fréquentes  dans  cette  langue)  a 
fourni   aussi  à  la  langue  franç-aisc  le  mot 
lésine,  épargne   sordide;  et  voici  comment, 
selon  Ménage,  s'est  opéré  le  passage   d'idée 
entre    poinçon  et  épargne  :   «  Lésine,  lat. 
nimia  parcimonia.  Du  livre  intitulé  :  ««  Délia 
famosissima  compagnia  délia  Lésina  » ,  lequel 
contient  divei*s  moyens  de  ménage.  L'autour 
de  ce  livre,  qui  est  un  nommé  Vialardi,  feint 
(pie  cette  compagnie  fut  ainsi  appelée  di  cerii 
taccagnonif  i  quali  per  marcia,  miser ia  et 
aoarijsia  si  mettevano  iiuitvo  a  raUaœnar  le 
scarpeUe  e  le  pianelle,   con  le  loro  proprie 
mani  per  non  ispendere,  E  perche  toi  mestier 
del  rattaconare  non  si  piio  fare  sensa  lésina, 
ansi  è  la  stromeitto  principale,  presono  questo 
nome  délia  Lésina.  Quant  à  l'étymologie  de 
alesna,  voici,  pour  distraire,  la  filière  fantas- 
tique mise  en  avant  par  Ménage  :  aculeus, 
aculcsus,aculosinus,  aculesina,  alesina,  alesna. 
On  va  loin  avec  ce  procédé-là. 

ALENTIR,  anc.  aussi  alenter,  factitif  de 
lent.  Composé  rafeïUïV. 

ALENTOURS  (les),  subst.  formé  de  l'expres- 
sion adverbiale  à  Ventour  ;  voy .  enlour, 
ALÉPINE,  de  la  ville  ôHAlep,  en  Syrie. 
ALÉRION,  petit  aigle  (t.  de  blason),  duBL. 
alario,  que  Littré  est  d'avis  d'expliquer  par 
aquilario  (augmentatif  barbare  do  aquil<i), 
étymologie  beaucoup  moins  plausible  que  celle 
qui  s'adresse  au  v.  ail.  adelar,  auj.  adler  (pr. 
aigle  noble). 

ALERTE,  adv.,  adj.  et  subst.,  de  l'italien 
air  erta,  qui  signifie  :  debout,  sur  vos  gardes, 
garde  à  vous  !  (cfr.  akirme).  Quant  au  subst. 
it.  erla,  il  vient  do  V'dâj.  erto,  abrui)t,  escarpé, 
part.  pa«sô  de  ergere,  i\m  est  le  latin  erigcre. 


di*esser.  D'où  l'expr.  stare  aWerta,  user  de 
précaution,  se  tenir  sur  ses  gardes. 

ALÉSER,  aussi  aliser,  rendre  uni,  esp.  a/i- 
sar,  rendre  poli  ;  du  vfr.  alis,  doux  au  tou- 
cher, prov.  lis  (voy.  lisse),  esp.  liso. 

ALEVIN,  alvain',  menu  poisson  de  repeu 
plement,  dér.  de  aleœr,  anc.  forme  pour 
élever  (v.  c.  m.).  Cp.  le  terme  analogue  noiir- 
9'ain  de  iiourrir  (anc.  ===■  élever).  —  D.  aleoi^ 
ner(\\n  étang). 

ALEZAN  ou  ALZAN,  de  l'esp.  alasan  ;  ce 
dernier,  d'après  Pilian,  de  l'arabe  aUhasan,  le 
beau  ;  d'après  d'autres,  de  aVaihan,  la  fumée  ; 
d'après  Devic,  de  l'ar.  ahlas,  fém.  halsâ,  qui 
caractérise  un  cheval  de  couleur  alezane. 
ALEZE,  voy.  sous  aise, 
ALFANGE,  sabre,  coutelas,  cimeterre,  de 
l'esp.  alfange,  qui  lui-même  esttiré  de  l'arabe 
alchangar,  poignard.  Voltaire,  par  méprise, 
a  employé  le  mot  dans  le  sens  de  phalanges. 
(Orphelin  de  la  Chine,  I,  3.) 

ALGALIE  (anc.  algarie),  esp.  cUgalia, 
Propr.  instrumentuminquo  liquores  injiciun- 
tur  in  vesicam,  quod  etiam  siringa  dicitur. 
D'après  Ménage,  du  grec  barbare  àpyxXtiov, 
dit  pour  io'/xUUv,  lequel  signifiait  instrument 
en  général,  puis  particulièrement  instrument 
pour  jeter  de  l'eau.  Cette  étymologie  satisfait 
pleinement. 

ALGARADE,  deTesp.  algarada,  tumulte  do 
gueiTe,  dérivé  de  algara  (arabe  al-gàrah), 
incursion  sur  le  territoire  ennemi.  On  sait 
(in  algarade  avait  d'abord  un  .sens  militaire  : 
attaque  brusque.  Fleury  de  Bellingen  fait 
venir  le  mot  des  pillages  (pie  font  les  coi'saircs 
d'Alger;  il  serait  p.  algerade!  Oudin  a  pensé 
de  même. 

ALGÈBRE,  esp.  et  it.   algebra,  de  l'arabe 
aUljaJbr^  proi)r.    reconstitution  d'objets  dis- 
loqués (le  mot  espagnol  algebra  a  conservé 
cette  acception   première),   puis    reconstitu- 
tion en  un  tout  d'éléments  divers.  Ménage  : 
«  L'algèbre  est  la  perfection  et  comme  la  répa- 
ration de  l'arithmétique,  que  les  Arabes  ap- 
pellent attaçsir,  c'ast^à-dire  fraction.  « 
ALGIDE,  L.  algidus,  froid. 
ALGUAZIL,  mot  espagnol  [alguacil  et  alva- 
cil,  port,  alguazil,  alvàcil,  alvacir,  magis- 
trat, port,  guazil,  ministre),  formé  do  l'arabe 
al'Vasir,  administrateur  de  l'Etat.  De  algua- 
zil pourrait  bien,  selon  Ménage,  s'être  pi'o- 
duit  par  corruption  le  fr.  argousin  (Rabelais  : 
algosans),  et  l'it.  agussino,  surveillant  des 
forçats  dans  les  bagnes. 
ALGUE,  L.  alga  (m.  s.). 
ALIBI,  subst.,  de  l'adv.  latin  a/i6t, ailleurs. 
Ce  même  adverbe,  au  moyen  de  la  terminai- 
son anus,  a  donné  le  EL.  albanus,  d'où  al- 
bainy  aitbain,  étranger  (v.  c.  m.). 

ALIBORON  (maître),  homme  ignorant,  qui 
prétend  tout  savoir.  Ce  mot  doit  son  origine 
à  ime  anecdote,  à  joe  que  l'on  prétend.  Un 
avrxrat,  dans  sa  plaidoirie,  fit  un  jour  en- 
tendre la  phrase  que  voici  :  «  nulla  ratio  est 
habenda  istorum  aliborum  »  ;  voulant  dire 
par  là  (lu'il  ne  fallait  t-enir  aucun  compte  dos 


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aiibi  dont  se  prévalait  la  partie  adverse.  Ce 
pônitif  hardi  cUiboriim  resta  pour  désigner 
plaisamment  les  avocats  de  cette  force.  C'est 
Tabbé  H  net  qui  est  l'inventeur  de  cette  histo- 
riette. D'autres,  moins  Imaginatifs,  allèguent 
le  subst.  arabe  alborân,  âne  (plutôt  bête  de 
somme),  comme  l'original  du  mot  en  question, 
ce  qui  concorderait  certainement  mieux  avec- 
remploi  qu'en  a  fait  Lafontaine,  mais  on  ne 
trouve  pas  que  le  mot  ait  été  appliqué  à  l'âne 
avant  Tillustre  fabuliste.  Le  sens  premier 
parait  être,  au  contraire,  «  savant,  docteur  «, 
d'où  s'est  dégagé  le  sens  péjoratif  de  faux 
savant,  sot  qui  se  donne  de  l'importance. 
Cette  circonstance,  parmi  une  foule  de  ten- 
tatives d'explication,  tant  plaisantes  que 
sérieuses,  donne  plus  de  crédit  à  deux  étymo- 
logies  dévelopi)ées  par  un  collaborateur  de 
Y  Intermédiaire  (1866,  p.  276).  Il  propose, 
comme  origine  du  mot,  soit  Al-Biroiini,  le 
nom  d'un  mathématicien,  astronome  et  géo- 
graphe, qui  a  joui  au  moyen  âge  d'une  répu- 
tation immense  dans  les  écoles  arabes  (c'est 
là  l'ét,  professée  par  Devic),  soit  le  mot  helle- 
borum,  nom  latin  de  Y  ellébore;  ce  dernier 
primitif  expliquerait  &  la  fois  aliboron,  em- 
ployé comme  nom  de  i)lante  dans  le  Roman 
du  Renard,  et  l'application  du  mot  à  l'apothi- 
cairo  dans  le  Testament  de  maistre  Pathelin, 
où  l'expression  «  maistre  Aliborum  n  se  pré- 
sente i>our  la  première  fois.  —  Quant  au  sens 
de  "  diable  »  que  le  mot  prend  dans  le  procès 
d'Egidius  du  Rays  (1440),  cité  par  Ducange, 
et  qui  a  fait  produire  l'étymologie  altboran 
(mot  allemand  signifiant  vieil  ennemi),  le 
même  savant  est  d'avis  qu'il  faut  n'y  voir 
qu'un  mot  mai  entendu  par  un  témoin. 

AUCHON,  ais  de  roue  de  moulin  à  eau, 
probablement  un  diminutif  de  ala,  aile  (op. 
anichon,  petit  âne). 

ALIÉNER,  L.  alienare,  litt.  transi^orter  à 
d'autres  (de  alienus,  étranger,  dérivé  de 
aliuSf  autre).  L'expre.ssion  classique  «  alie- 
nare mentem  »  (perdre  ses  facultés  mentales) 
a  donné  le  réfl.  s'aliéner  b=  tourner  à  la  folie, 
et  le  jKirtic.-adj.  aliéné  =  fou.  —  D.  alié- 
niste, 

ALIGNER,  ranger  sur  une  ligne, 

ALIMENT,  L.  alimentum  (alere,  nourrir). 
—  D.  alimenter f  -aire,  -eux. 

ALINÉA,  de  ad-lineam^  à  la  ligne!  D'après 
Littré,  plutôt  de  la  fomiule  a  linea  =  quittez 
la  ligne! 

ALISE  ou  alise,  de  l'ail,  aise  ou  else  (dans 
else-beere,  cratœgus  torminalis).  — D.  alisier, 

ALITER,  mettre  au  lit. 

ALIZÉS  (VENTS),  esp.  alisios;  de  l'ancien 
verbe  aliser,  unir,  polir;  donc  vents  unis, 
réguliers.  Etymologie  problématique,  mais 
plus  plausible  que  it.  alito,  souffle,  L.  electi 
(vents  choisis)  et  autres  du  même  acabit. 

ALLAITER,  L.  al-lactare  (de  lac,  lattis, 
lait). 

ALLÉCHER,  it.  allettare,  du  L.  allectare 
(fréqu.  de  cUlicere).  Malgré  l'existence  do  l'it. 
alleitare,  qui  est  certainement  =»  L.  allectare, 


le  mot  français,  vu  la  forme  picarde  al^quier, 
me  semble  appeler  un  thème  lek  et  avoir  pour 
signification  première  celle  d'affnandor  ;  j'ai 
do  la  peine  à  le  séparer  du  BL.  lecatoi',  vfr. 
lecheeur,  lecheur,  pr,  gourmand,  puis  séduc- 
teur, corrupteur,  et  le  rattache  de  préférence 
à  la  famille  du  verbe  lécher,  par  l'intermé- 
diaire d'un  adj.  verbal  leque,  lèche,  friand, 
glouton  =  ail.  lecker.  Voyez  mon  étude  lexi- 
cographique  sur  les  poésies  de  Gillon  le 
Muisit,  s.  V.  alekier,  —  L'étym.  par  allée- 
tare,  fréqu.  de  allicere,  est  d'autant  moins 
admissible  que  le  passage  de  et  on  ch  n'est 
po.ssible  que  devant  un  i  suivi  de  voyelle  (cp. 
'fachon,  façon;  "lechon,  leçon).  Fr.  fléchir  ux^ 
vient  pas  directement  de  L.  flectere.  Homung 
a  proi>osé  le  type  allecticare;  il  serait  correct, 
mais  ne  s'accorderait  pas  avec  alequier, 
ALLÈGE,  subst.  verbal  ^alléger. 

1.  ALLÉGEANCE,  adoucissement,  de  aUé- 

2.  ALLÉGEANCE,  dans  «  serment  d'allé- 
geance »,  du  BL.  ad'legiare,  se  faire  lige 
(BL.  ligius,  legiiis), 

ALLÉGER,  BL.  alleviare  (levis);  cp.  abré- 
ger, de  breois.  En  terme  d'arts  et  métiers,  on 
dit  aussi  allégir, 

ALLÉGORIE,  gr.  à»>}V9/(<x,  du  verbo 
iXXvi/opifa,  dire  (àyopiw)  autre  chose  {iDov) 
que  ce  qu'on  parait  dire. 

ALLÈGRE,  vfr.  alaigre,  haligre  (verbe  vfr. 
salégrer,  se  réjouir),  du  latin  aiacris,  dont 
la  2"  syllabe,  traitée  en  longue,  a  pris  l'accent 
tonique.  L'italien  allegro  parait,  à  cause  du 
double  /,  emprunt4S  au  français.  —  D.  allé- 
gresse, 

ALLÉGUER,  L.  al-legare,  citer,  invoquer. 

ALLÉLUIA,  phrase  hébraïque,  signifiant  : 
Chantez  le  Seigneur. 

ALLEMAND,  du  vha.  aleman,  prapr.  réu- 
nion d'hommes;  terme  collectif  de  nationa- 
lité. Le  d  final  est  paragogique.  Le  subst. 
Allemagne  procède  de  la  forme  latine  Aile- 
mania.  —  D.  allemaiide,  danse  vive  à  deux 
temps. 

ALLER,  it.  andare,  esp.  port,  andar,  cat. 
prov.  anar,  vaudois  annar,  vfr.  aner,  aler, 
I^'origine  de  ce  mot  si  important  de  la  langue, 
qui  s'est  substitué  au  vocable  ire  des  Latins, 
trop  inconsistant  pour  se  soutenir,  a  beau- 
coup torturé  les  étymologistes,  et  malgré  tous 
les  efforts,  elle  échappe  encore  à  la  certitude. 
On  a  mis  d'abord  en  avant  une  contraction 
de  ambiilare,  qui  efi'ectivement  avait  pris 
au  moyen  âge  le  sens  général  d'aller  ;  mais 
une  contraction  semblable  n'a  pas  de  précé- 
dent dans  la  langue,  et  comment  concilier 
cette  etymologie  avec  les  correspondants  dos 
langues  sœurs?  —  Ménage,  lui,  y  va  ronde- 
ment ;  il  rattache  toutes  les  fonnes  en  ques- 
tion à  un  type  grec  &ù»  (==  f«  et  L.  eo),  qui 
se  serait  modifié  :  1.  en  «vo»,  d'où  la  iforme 
prov.  anar,  2.  en  av5w,  d'où  andare,  3.  en 
&X<a,  d'où  aler,  enfin  4.  en  âSw,  d'où  ambo*  et 
le  dérivé  ambulo.  —  D'autres  ont  tout  aussi 
étourdiment  invoqué  l'allemand  wallen,  mar- 

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cher  solennellement,  et  le  vha.  wandaton, 
auj.  %Dandeln,  marcher!  —  L'ôtymologie  ad- 
nare  {ad  -\-  nare,  cfr.  arriver  do  adripare) 
se  présente  avec  plus  de  chance  ;  par  trans- 
position on  obtient  en  effet  andare  ;  l'assimi- 
lation annare  expliquerait  la  forme  anar, 
d'où,  par  la  mutation  de  n  et  /,  le  ii\  aler. 
Mais  le  sens  primitif  de  adnare  a  cependant 
quelque  chose  de  trop  spécial  qui  fait  recu- 
ler devant  cette  explication.  —  Ambttare, 
fréqu.  de  ambirCt  fournirait  également  la  clef 
des  diverses  formes  néolatines  ;  contracté  en 
amtare^  il  deviendrait  andare  (cfr.  en  esp. 
conde  de  comHem^  senda  de  sem'ta)  et  par 
syncope  du  d,  anar  (forme  catalane  et  prov.; 
cfr.  manar,  fonar,  de  mandare,  fundare), 
puis  (l  pour  n)  le  fr.  aler.  Mais  la  forme  ita- 
lienne andare,  d'après  les  lois  phonologiques 
propres  à  cette  langue,  ne  peut  procéder  d'un 
type  am*tare,  et  l'on  ne  peut  admettre  qu'un 
mot  aussi  usuel  ait  été  introduit  du  dehors. 
—  Diez,  aprôs  avoir  discuté  minutieusement 
ces  diverses  étymologies,  part  d'un  verbe  fré- 
quentatif latin    aditare,    déjà  proposé   par 
Muratori  (Ennius   :  ad  eum  aditaverey  ils 
allèrent  près  de  lui).  Comme  on  a  vu  le  subst. 
lat.  aditus  se  transformer  en  andito  (it.  et 
esp.).  et  reddere  devenir  rendere,  on  est,  en 
effet,  autorisé  à  admettre  une  intercalation 
de  n  dans  aditare,  ce  qui  donne  anditare. 
Alléguant  en  outre  le  vieux  mot  esp.  et  it. 
rendia,  p.  reddita,  Diez  se  croit  en  droit  de 
passer  de  anditare  à  la  forme  simple  andare. 
Cette  dernière  une  fois  établie,  il  n'y  a  plus 
de  raison  phonétique  pour  repousser  l'équa- 
tion andare  ■='  anar,  aner  =  aler  (cfr.  *velin 
p.  venin,  orphelin  p.  orpJienin),  Ce  qui  re- 
commande encore  la  conjecture  du  linguiste 
allemand,  c'est  que  toutes  les  formes  corres- 
pondantes des  idiomes  néo-latins  se   dédui- 
raient, selon  les  lois  générales  de  transfor- 
mation, d'un  même  type,  appartenant  à  la 
langue  vulgaire  des  Latins,  qui  a  fourni  aux- 
dites  langues  un  si  grand  nombre  des  termes 
les  plus  usuels.   —  Depuis  l'apparition  du 
dictionnaire  de  Diez,  M.  Langensiepen,  réfu- 
tant l'opinion  de  celui-ci,  propose   pour  le 
problème  qui  nous  occupe  une  autre  solution. 
Il  ramène  toutes  les  formes  en  question  au 
lat.  addere.  Pour  la  forme,  il  se  fonde  sur 
l'existence  ancienne  de  andere,  formé  comme 
rendere  de  reddere,  Andere,  passant  de  la 
3*  coi\jugaison  à  la  1",  serait  devenu  andare 
(comme  consumere  est  devenu  consumare). 
Une  dérivation  andulare  (cfr.  it.  crepolare  de 
crepare,  fr.  mêler  =■  miscufare  de  miscere) 
aurait  produit  ultérieurement  anxdare,  an* 
lare,  àUare,  fr.  aler  et  aner.  Quant  au  sens, 
l'auteur  de  cette  solution,  en  tout  cas  ingé- 
nieuse,   rappelle    le    passage  de   Virgile    : 
JGéorg.  I,  513)  quadrigse  addunt  in  spatia 
(cfr.  Silius  Italiens   16,374),  et  l'expression 
addere  (=  accelerarc)  ffradum,  doubler  le 
pas;  il  cite  en  outre  l'expression  familière 
allemande  voranmachen  (littéral,  latin  profi- 
cisci).  En  un  mot,   pour  M.  Langensiepen, 
addere  devait  avoir,  dans  le  langage  du  peuple, 


pris  le  sens  de  marcher  et  servi  ainsi  à  rem- 
placer le  terme  usuel  ire.  «  Aller,  du  reste, 
dit-il,  n'est-ce  pas  une  espèce  d'addition  !  — 
On  a  récemment  fait  de  nouveaux  efforts  pour 
défendre  les  types  ambidare  ou  addere,  mais 
ils  ne  résistent  pas  à  de  sérieuses  objections. 
Ainsi  Foerster,  insistant  avec  raison  sur  le 
fait  que  la  source  du  mot  roman  andare  (d'où 
anar,  aner,  aler)  doit  être  un  vocable  d'un 
usage  commun  à  tous  les  âges  du  parler  latin, 
a  posé  l'étymon  vadere,  pour  lequel  il  a  con- 
staté la  forme  barbare  rant/^re, 'voy.  Bôhmer, 
Rom.Studien,  IV,  196, et  Grôbor,  Ztschr.HI, 
564.  —  Schuchardt,  en  ce  qui  concerne  fr. 
cUer,  incline  à  admettre  une  origine  celtique, 
le  radical  al,  el  =  aller  se  rencontrant  dans 
divers  dialectes  britanniques  (voy.  Ztschr.  IV, 
126).  — "Enfin,  je  ne  puis  omettre  une  coiyec- 
ture  émise  par  M.  Baur  (Ztschr.  H,  592).  Un 
infinilif  roman  allare  se  serait  dégagé  du  part. 
allatus  (cp.  Virgile  :  hanc  urbem  afferimus), 
comme  le  mot  vomoxi  prostrare  de  prostratus, 
G.  Paris  oppose  à  cette  explication  une  obser- 
vation qu'il  a  faite,  c'est  que  o/er,  de  même  que 
andare,  exprime  toujours  une  idée  d'éloigne- 
ment  et  que  tout  étymon  contenant  l'élément 
ad  doit  être  écarté.  (Rom.  VIII,  298.)  Cepen- 
dant celle  des  solutions  du  problème  qui  l'at- 
tire le  plus  est  addere  au  sens  de  «  addere 
gradum  » ,  marcher,  avancer  ;  cet  addere  serait 
àQyeïLMaddare,  non  parle  passage  à  la  1'®  con- 
jugaison, mais  «  par  le  phénomène  roman 
bien  connu  de  la  restauration  dans  les  com- 
posés de  la  voyelle  du  simple  »  (Rom.  IX,  174 
et  333).  Disons  encore,  en  faveur  delà  coiyec- 
ture  allare  de  allaJtus,  que  le  BL.  présente  col- 
lare  =  çonferre,  qui  ne  se  comprend  que  par 
collatus,  et  que  Godefroy  cite  un  cas  de  fr. 
coler,  qu'il  traduit  dubitativement  par  colla- 
tionner,  vérifier. — Avant  de  quitter  le  terrain 
des  coiyecturcs,  n'oublions  pas  de  rappeler 
que  le  français,  pour  conjuguer  aller,  em- 
prunte quelques  formes  (;c  vais,  tu  vas,  il 
va,  ils  vont)  au  L.  vadere,  et  que  le  futur 
et  le  conditionnel  (irai,  irais)  procèdent  du 
L,  ire.  -—  Dérivés  :  allée  (subst.  participial), 
allure  ;  ils  correspondent  à  it.  andata,  anda- 
tura,  prov.  anada.  La  forme  andare  a  donn«5 
au  français  andain,  ce  qu'un  faucheur  peut 
faucher  à  chaque  pas  qu'il  avance  ;  ce  subst. 
se  rattache  à  un  type  andamen  (cfr.  airain 
de  aerameti).  M.  Langensiepen,  toutefois, 
prend  cet  andamen  non  pas  pour  un  dérivé  de 
andare,  signifiant  marcher,  mais  pour  une 
modification  littérale  de  addamen  (=  addita- 
mentum)  ;  andain  serait  ainsi  l'espace  ajouté 
à  chaque  nouveau  pas  que  le  faucheur  fait  en 
avant.  —  En  Bourgogne,  on  dit  aixdée  =»  - 
sentier  dans  la  vigne. 

ÂLLEU,  prov.  aloc,  vfr.  aloud,  alou,  aluef, 
vient  directement  du  BL.  alodium,  qui  s'est 
changé  en  prov.  aloc,  comme  fastidium  en 
fastic.  Quant  au  terme  alodium  (loi  salique 
alodis),  il  vient  de  l'allemand  al-ôd,  j)ro])ri(>té 
entière,  fonds  dont  on  peut  disposer,  opposa  û 
bien  bénéficiaire.  —  D.  allodial,  BL.  allodia- 
lis;  aUetUier  (Chateaubriand). 


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ALT 


ALLIER,  vfr.  aloier,  L.  cU-ligare,  attacher. 
Cps.  rallier  \  més-^illier.  Remarquez  quoliffare 
et  ses  composés  ont  syncopé  on  français  le  ^ 
radical,  à  l'exception  de  obligare,  fr.  obliger; 
cette  exception  prouve  l'introduction  relati- 
vement moderne  de  ce  dernier. 

ALLIGATOR;  ce  mot  nous  est  venu  de  l'an- 
glais; c'est  d'après  Mahn,  une  latinisation 
arbitraire  de  l'esp.  el  lagarto  ou  port,  o 
lagarlo  (lagarto  =»  L.  lacertus,  voy.  lézard), 
qui  est  la  véritable  dénomination  du  croco- 
dile ou  caïman  d'Amérique.  Cette  étymologie 
est  corroborée  par  la  dénomination  aUegar- 
den,  que  l'on  trouve  employée  par  un  voya- 
geur allemand  de  1549. 

ALLITERATION,  mot  savant,  fait  sur  un 
type  verbal  fictif  allitterare,  adapter  à  la 
lettre  [liUera). 

ALLOCATION,  L.  allocatio.  Le  primitif  de 
allocaiio,  le  verbe  non  classique  allocare,  est 
devenu  le  fr.  allouer  dans  «  allouer  une  somme 
d'argent  »,  propr.  placer  une  somme,  la  des- 
tiner à  qqch.  L'étymologio  qui  fait  venir 
allouer  de  allaudare  n'est  pas  fondée;  la 
valeur  accessoire  que  prend  ce  verbe,  savoir 
celle  d'approuver,  d'accorder,  découle  natu- 
rellement de  celle  de  placer,  destiner,  établir, 
inhérente  au  L.  allocare,  prov.  alogar,  it. 
allogare,  vfr.  aleuer. 

ALLOCUTION,  L.  alhcutio  (de  alloqui, 
adresser  la  parole). 

ALLODIAL,  voy.  alleu, 

ALLONGER,  rendre  plus  long.  En  vfr. 
alongier,  aloigner  se  disait  pour  eslongier, 
esloigtwr,  par  la  même  permutation  de  pré- 
fixe (pli  a  donné  aleoer  p.  eslever,  élever  et 
amender  p.  émender,  —  D.  alUmge. 

ALLOUER  (d'où  l'angl.  alloio),  voy.  alloca- 
tion. 

ALLUMER,  vfr.  alumer  (éclairer,  au  sens 
neutre  :  briller),  it.  alluminare,  esp.  alitm- 
Ifrar,  prov.  alumenar,  alumnar,  BL.  allu- 
minare, extension  du  L.  luminare.  Pour  la 
forme,  cp.  prov.  7iomnar,  fr.  nomer  *,  nom- 
mer, du  L.  nominare,  et  semer  de  L.  semi- 
tiare.  —  D.  allumette. 

ALLUSION,  L.  allusio  (de  ludere,  jouer); 
le  sons  classique  «  badinage  »  s'est  modifié  en 
celui  de  «  jeu  de  mot  »,  parole  destinée  à  rap- 
peler un  fait  ou  une  chose,  avec  ou  sans  inten- 
tion malveillante  ou  ironique;  cfr.  l'expres- 
sion allemande  anspielung\  les  Anglais  ont 
conservé  le  verbe  L.  alludere  dans  to  aUude. 

ALLUYION,  L.  aliuvio(de  alluere,  arroser). 

ALKAGESTS,  voy.  sous  alchimie. 

ALMANAGH,  voy.  sous  alchimie.  Outre 
l'étymologie  consignée  sous  cet  article,  on  peut 
encore  choisir  entre  les  suivantes.  Pour  l'élé- 
ment €U,  tout  le  monde  est  à  peu  près  d'ac- 
cord pour  y  voir  l'article  arabe;  quant  à 
mofuich,  il  représenterait,  suivant  les  avis 
divers,  soit  l'arabe  manaj,  feuillet,  d'un  verbe 
matuy,  nombrer  (Saumaise,  arabicum  alma- 
nach  idem  prorsus  sonat,  quod  Gi'wtîonim 
jtlTtx^,  brevis  in  quo  res  phires  ordino  enumc- 
rantur  ac  roceasentur),  soit  le  verlx?  manaTia, 


donner  en  cadeau  (l'almanach  serait  un  ca- 
deau do  nouvel  an).  Lenormant,  enfin,  expli- 
que almanach  par  les  éléments  coptes  al 
(calcul)  et  m4in  (mémoire),  «  calcul  pour  la 
mémoire  » .  La  provenance  égyptienne  du  mot 
résulte,  en  eflet,  d'un  passage  de  Porphyrius, 
cité  par  Eusébe,  où  il  est  question  de  calen- 
driers appelés  â>/xfvixixxà.  Il  va  de  soi  que 
nous  ne  nous  prononcerons  pour  aucune  de 
ces  tentatives. 

ALOàS,  L.  alœ  (k\6^). 

ALOI,  BL.  aUegium,  subst.  dér.  de  l'anc. 
verbe  aloger,  mettre  (les  monnaies)  en  confor- 
mité avec  la  loi  {ad  legem),  correspondant  do 
l'it.  allegare,  esp.  alcar.  t,2L  racine  est  donc 
leg  du  L.  fca7(en  ail.  on  dit  legieren),  et  il  faut 
abandonner  l'étymologie  qui  rapporte  alci  à 
aloyer,  anc.  forme  de  allier,  à  cause  du  carac- 
tère bien  prononcé  des  vocables  correspon- 
dants dans  les  langues  congénères,  bien  que, 
dans  certains  emplois,  le  sens  à'aloi  se  con- 
fonde avec  celui  d'alliage.  Aloi  est  employé 
pour  :  1.  l'action  d'aloyer  les  monnaies,  2.  le 
titre  reconnu,  la  qualité  constatée  à  la  suite 
de  la  vérification,  3.  bonne  ou  mauvaise  qua- 
lité en  général. 

ALORS,  it.  allora,  formé  de  ad  illamhoram, 
à  cette  heure-\èi  (heure  *«  moment,  temps). 
Autrefois,  on  disait  aussi  simplement  a  ore  ■» 
L.  ad  horam  (prov.  aora,  aoras,  adoras,  esp. 
ahora)  p.  maintenant,  à  cette  heure.  La  forme 
lors  ou  lores  *  représente  la  formule  illa  hora, 
comme  le  port,  agora  vient  de  hoc  hora,  I«e 
su'bst.  hora  a  donné  naissance  en  outre  aux 
adverbes  ores  *,  ore*^  or  etencor,  encore,  it. 
ancora  (=  lat.  hanc  horam,  jusqu'à  cette 
heure).  Il  est  encore  au  fond  des  composés  : 
dorétiacant,  anc.  d*ores  en  avant,  et  désor- 
mais, anc.  des  ore  mais,  de  cette  heure  en 
plus  (mais  ^»  m,agis)y  c.  à.  d.  en  avant.  La 
finale  s  dans  lors,  alors,  ores  *,  est  le  môme 
signe  adverbial  qu'on  remarque  dans  les  B.dr 
yerhes  ains  ',  jadis,  tandis,  guères,  Jusques, 
volontiers,  oncques  *,  etc. 

ALOSE,  L,  alausa  ou  alosa  (Ausonc). 

ALOUETTE,  dim.  de  vfr.  aloue;  ce  dernier 
reproduit  L.  alauda,  que  Pline,  Suétone,  Mar- 
cellus  Empirions  et  Grégoire  de  Tours  cit<?nt 
expressément  comme  étant  d'origine  gauloiso 
ou  celtique.  En  effet,  on  trouve  en  bas-breton 
les  formes  alchouéder,  alchouédez,  qui  con- 
firment cette  assertion.  Le  latin  alauda  est 
aussi  le  primitif  de  :  it.  allodola,  lodola, 
V.  esp.  alocta,  n.  asp.  alondra,  prov.  alauza, 
alauzeta,  sicil.  loduna. 

ALOURDIR,  factitif  àalourd.  —  L'ancienne 
langue  avait  aussi  eslorder,  étourdir. 

ALOYAU,  d'après  Ménage  de  ad  +  'w»w- 
hellus,  «  chair  qui  est  au  dos  »  ;  d'après  Roque- 
fort, c'est  une  forme  vulgaire  modifiée  de 
(Ulodial\  l'alloyau  serait  ainsi  la  pièce  noble! 
Nous  no  citons  naturellement  ces  étymologies 
do  fantaisie  que  pour  mémoire,  en  attendant 
La  véritable. 

ALPHABET,  voy.  abécé.  —  D.  alphabétique. 
ALTERCATION.  L.  aUercatio  (de  altcrcari, 


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AMA 


20  — 


AMA 


disputer,  anc.  cdtcrqucr).  —  La  forme  insolite 
allcrcas  représente  îesubst.  latin  do  la  4*^décl. 
altcrcaiiis  au  cas  du  sujet  sing. 

ALTÉRER,  BL.  altcrare,  ebangor,  de  L. 
alter,  autre;  cp.  ail.  àndcrm, do  a«f/fr,  autre. 
De  changer,  gâter,  troubler  le  sens  a  passé  à 
celui  de  «  émouvoir,  affecter  péniblement  » . 
L'acception  «  causer  de  la  soif  »  (d  où  altéré, 
désaltérer)  s'explique  par  Tintermédiaire  do 
l'idée  :  «  mettre  en  effervescence,  embraser  » . 
Cependant  Egger,  approuvé  par  Diez,  y  voit 
une  corruption  de  artéricr,  en  alléguant  le 
BL.  arteriaius  **■  cujus  fauces  rheumatizant  ». 

ÂLTERNS,  L.  altemus;  aUemin\  L.  altcr- 
nare;  alicmatioti,  L,  altematio.  —  D.  alter- 
naiif,  altemative. 

ALTESSE,  directement  de  Tit.  aUczsa, 
formé  do  L.  àltus,  haut.  La  forme  vraiment 
française  est  hautcsse  (voy.  haut), 

ALTIER,  do  rit.  aliicro,  formé  d'un  type 
bas-latin  altarius,  dérivé  do  altus,  comme 
plcnarius  de  plcnits.  Le  mot  fait  double 
emploi  avec  hautain,  de  haut. 

ALTISE,  genre  de  petits  insectes  coléop- 
tères, ail.  erdfloh,  spring<yr;  tiré  du  grec 
âlUtiai,  sauter  (cp.  gr.  o(Xrixo;,  sauteur). 

ALTITUDE.  L.  altitudo,  hauteur. 

ALUBE.vfr.  alue,  du  L.  aluta,  cuir  souple. 

ALUDEL,  t.  de  chimie;  de  l'ar.  al-outhet, 
instniment  pour  sublimer  (Dozy). 

ALUINE,  nom  vulgaire  de  l'absinthe,  dérivé 
de  aioc.  Cette  étymologie  est  correcte,  mais 
Diez  observe  avec  rai.son  qu'il  faut  tenir 
compte  des  formes  anc.  aloisnc,  alogne,  esp. 
alosna,  port,  losna,  BL.  aloocinum  (Gloses 
de  Reichenau,  40)',  dont  l'origine  reste  à 
éclaircir.  —  Godefroy  consigne  l'adj.  cduis- 
nier,  ce  qui  suppose  le  subst.  aluisne  et 
confirme  Tétymon  aloxinum, 

ALUMELLE,  vfr.  aussi  aloncle,  formation 
produite  sous  l'influence  de  l'article  ;  lalemele 
a  été  altéré  en  VaJemele  et  le  mot  lemele  répond 
à  un  type  latin  lamella,  diminutif  de /amma, 
fr.  lame.  Pour  I'm  p.  e  dans  alumelle,  cp,  cha- 
lumeau p.  chalemeau, 

ALUMINE,  voy.  alun. 

ALUN,  L.  alumen.  —  D.  aluner,  alunier, 
alunière.  Les  savants  ont  dire  directement  du 
latin  les  termes  alumine  (cp.  albumine  p. 
aubun'),  ahtmineux  et  aluminium, 

ALVÉOLE,  L.  alveohts[dhn,  de  alveus,  qui 
a  donné  auffe). 

ALviM,  L.  alvinus  (de  alvus,  ventre). 

AMABITiTTÉ,  voy.  aimer. 

AMADOU,  voy.  l'art,  suivant. 

AMADOUER,  allécher  par  des  flatteries, 
des  caresses;  Diez,  pour  expliquer  ce  mot, 
remonte  au  vieux  nordique  mata  (dan.  made), 
donner  à  manger,  appâter.  La  terminaison 
ouer  serait,  d'après  lui,  analogue  à  celle  de 
bafouer.  C'est  jusqu'ici  la  plus  probable  des 
étymologios  présentées.  —  Ménage  suppo- 
sait une  forriio  monstrueuse  amatutare  tirée 
do  amaJtus,  D'autfcs,  partant  do  l'acception 
cai'esser,  proposent  un  original  ad-manutum 
(de  manK^,  main).  Tout  cela  est  aussi  absurde 


que  l'étymologie  a  man  (main),  douce.  Une 
dérivation  de  matou  (cp.  chatouiller  de  chat) 
nous  sourirait  davantage,  quoique  nous  no 
la  proposions  pas  comme  sérieuse.  On  a 
également  songé  au  vfr.  amadour  =  amou- 
reux ;  mieux  aurait  valu  proposer  Tesp. 
amado,  lo  mignon.  Grandgagnage,  en  vue 
des  formes  wallonnes  adatoi,  adoider,  andou- 
1er,  part  d'un  primitif  «K/oitfer  •■=.  L.adulari, 
d'où,  par  syncope,  adouer,  et  avec  le  pré- 
fixe a,  lié  euphoniquement  au  primitif  par 
un  m,  amadoue7\  Cela  est  plus  quo  douteux. 
Littré  pense  que  notre  mot,  assez  récent  dans 
la  langue,  est  venu  des  patois  du  Nord,  et 
opine  en  faveur  de  l'explication  de  I>icz.  Le 
picard  dit  amidouler.  —  Le  subst.  amadou 
est  tiré  du  verbe  amadoue?*  dans  son  sons 
d'allécher,  attirer.  On  peut  comparer  pour 
ce  rapport  le  .«synonyme  it.  et  prov.  esca  (vfr. 
èche)  et  esp.  t/esca  venant  du  lat.  esca,  appât, 
amorce,  et  signifiant  amadou. 

AMAIGRIR,  factitif  do  maigre, 

AMALGAMER,  d'où  le  substantif  verbal 
amalgame,  2i,  selon  Diez,  pour  primitif  le  gr. 
fiécXoty/xa  (ramollissement),  transposé  en  fixX- 
yafioc.  Cette  étymologie  l'emporte,  à  coup  sûr, 
sur  celle  des  lexicographes  français  :  ifix 
yxfiil'j,  marier  ensemble,  avec  un  X  explétif! 

—  Devic  rapproche,  sans  rien  aflSnner, 
l'arabe  amal-al-djâm^a,  l'œuvre  de  la  con- 
jonction. 

AMANDE,  dial.  amandde,  ama}idrc,  vfr. 
alemande  (transposition  de  amandclc,  cp. 
angl.  almond),  \^tov.  almandola,  esp,  almen- 
dra,  it.  mando7*la,  mandola,  ail.  mandel, 
ni.  amandel,  toutes  formes  gâtées  du  L. 
amygdala  [ifixrfikXti).  En  valaque  :  mygdaU 
et  manduli.  Le  tjpe  commun  des  formes 
romanes  est  amindala,  qui  se  rappoi'to  à 
amiddala,  amidcUa  *=  amygdala,  comme 
fr.  rendre  â  reddcrc,  it.  imbriaco  à  cbriacus, 
it.  fangottoiX  fr.  fagot  (Havet,  Rom.  VIII,  94). 

—  D.  amandier, 
AMANT,  voy.  aimer. 

AMARANTE,  de  à/xàpavros  {juxpvhu),  «  qui 
ne  se  fane  pas.  n 

AMARINER,  dér.  de  marin, 

AMARRER,  esp,  port,  amarrar,  du  ni. 
marron,  mcrrcn  (ags.  mrrran,  vha.  marr- 
jan),  retenir,  attacher.  D'autres  proposent 
l'arabe  marr,  corde,  mais  l'origine  germa- 
nique est  plus  probable.  —  Le  contraire  est 
rendu  par  démarre?'.  —  Subst.  verbal  : 
ama?TC. 

AMASSER,  dér.  de  masse,  —  D.  amas, 
subst.  verbal,  sign.  1.  action  d'amasser,  2. 
ensemble  de  choses  amassées.  —  Cps.  ramaS' 
ser,  d'où  ramas,  ramassis.  Il  est  curieux  de 
voir,  dans  ramasser,  l'idée  s'élargir  en  celle 
de  relever  ce  qui  est  à  terre,  sans  égard  au 
nombre  ou  à  la  quantité  des  objets,  ce  qui 
Téloignc  tout  à  foit  de  son  primitif.  Un  fait 
analogue  so  présente  dans  le  verbe  accueillir. 

AMATEUR,  voy.  ahncr;  fém.  auiatrice 
(rare  aujourd'hui,  sans  doute  à  cause  du 
calembour  que  présente  ce  mot).  Amateur 
est  une  foiTne  savante,  pour  hiquelle  l'anc. 


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AME 


—  21   — 


A.MO 


Ismgiic  einplojiiit  au  sujet  sing.  amêrc  et  au 
i^gime  ameour, 

AMATIR,  factitif  do  mat  (v.  c.  m.). 

AlfAUROSE,  du  gr.  i^uîtûpwîi;,  obscurcisse- 
ment. 

AMAZONE,  L.  amazon  (vymxjûv). 

AHBACT,  étendue  de  juridiction  féodale, 
ail.  ambacht,  goth.  andhahti,  vha.  ampaht, 
ministcrium,  d'où  par  contraction  l'allemand 
amt,  office.  Selon  Grimm,  le  mot  .signifiait 
aussi  ministor,  diaconns.  CVst  là  également 
le  sens  du  mot  amfjocUis  employé  par  César. 
B.  G.  6,  15;  de  ce  dernier  s'est  produit  le 
subst.  BL.  ambaciûif  service,  office,  mis.sion, 
modifié  en  ambassia,  ambnscia.  Ce  substan- 
tif, à  son  tour,  a  donné  naissance  au  verbe 
ambasciare,  accomplir  ime  mission,  d'où  it. 
ambasdata,  ambasciatore,  et  fr.  ambassach', 
ambassadeur. 

AMBAGES,  L.  ambages,  détours  (ambi- 
ago) 

AMB^.SSADE.  voy.  ambact, 

AMBE,  du  L.  ambo,  deux. 

AM6ESAS  =  L.  ambas  asses,  deux  as. 

AMBIANT,  L.  ambiens,  allant  autour. 

AMBIGU,  L.  ambiffuus,  lîtt.  qui  pousse  des 
deux  côtés;  ambif/uïté,  L.  ambif/nitas. 

AMBITION,  L.  ambitin,  du  verbe  ambirc, 
circonvenir  quelqu'un  pour  obtenir  son  suf- 
frage. —  D.  ambitionner.  —  Ambitieux,  L. 
ambitiosits. 

AMBLE,  voy.  ambler, 

AMBLER,  it.  ambiare,  est  le  L.  ambulare, 
qui  s'employait  au  moyen  âge  en  parlant  d'un 
cheval  «  qui  cum  alterno  crurum  cxplicatu 
moUcm  gressum  glomcrat  «.  —  D.  subst. 
verbal  amble  (une.  amblm'e);  amhleur. 

AMBRE,  it.  ambra,  esp.  port,  ambar,  aJam- 
bar,  alambre,  directement  de  l'arabe  an  bar, 
qui  lui-même  est  de  source  étrangère.  —  D. 
ambrer;  ambrette. 

AMBROISIE,  vfr.  ambroise,  du  L.  ambrosia 
(itiZ'i'i'sly).  —  D.  amb7'osien. 

AMBULANT,  L.  ambxdans.  —  D.  aynbu- 

lance,  hôpital  ambulant   —  Ambulatoire,  L. 

ambidatoriiis,  qui  n'a  pas  de  siège  fixe. 
/% 
AME,  vfr.  anme,  anifne,   anrrne,    arme, 

aime,  prov.  anma,  arma,  esp.  it.  aima,  du 

L.  anima  {infi'ii). 

AMÉ,  anc.  forme  pour  aimé,  L.  amatiis; 
cfr.  amant  pour  aimant. 

AMÉLIORER,  L.  ameliorarc  (mclior). 

AMEN,  adverbe  hébraïque,  signifiant  :  en 
vérité,  ainsi  soit-il. 

AMÉNAGER,  mettre  en  ordre,  régler,  voy. 
méncu;er. 

AMJBNDE,  voy.  amendei\ 

AMENDER,  rendre  meilleur,  anc.  corriger, 
punir,  modification  du  vfr.  esmender  =  L. 
emendare  (mendinn,  faute),  prov.  emendar. 
L'ancienne  langue  disait  de  même  alever  p. 
élever.  Dans  Bocthius,  on  lit  v.  12  emenda- 
ment  et  v.  250  amendement.  —  D.  amende, 
correction,  punition,  réparation  :  a/mvîf/aW^, 
-nnent;  ramender,  baisser  de  prix. 

AMENER,  cps.  de  menei\  It.  ammainare. 


et  esp.  port,  amainar  s'employent  seulement 
dans  le  sens  de  amener  les  voiles.  —  D.  ra- 
tnener, 

AMÉNITÉ,  L.  amocnitas  {doamoenns,  agré- 
able, gracieux). 

AMENTEVOm  et  RAMENTEVOIR,  vieux 
mots  formés  de  mente  habere,  avoir  à  l'esprit: 
on  trouve  dans  la  vieille  langue  aussi  mentoi- 
ivcet  inentevoir  (cfv.  reçoivrc,  doit>rc*,  variant 
avec  recevm'r,  r/troir);  l'expression  s'accorde 
avec  l'it,  avère  a  mente,  et  doit  avoir  signifié 
d'abord  se  souvenir,  avant  de  prendre  l'accej)- 
tion  factitive  de  faire  souvenir. 

AMENUISER,  rendre  plus  mince,  plus  memi, 
compo.sé  de  menuiser  (v.  c.  m.). 

AMER.  L.  amants;  subst.  amertume,  L. 
amaritudinem.  Voy.  l'art  ...tume.  Le  vfr. 
disait  également  amerté,  voire  amertonde, 

AMÉTHYSTE,  L.  amethystas  (i^î^uîTo;). 

AMEUBLER,garnirdem(?et&/<w(v.c.m.),d'où 
ameublement.  —  Ameublir,  rendre  meuble 
(v.  c.  m.),  d'où  ameublissement. 

AMEUTER,  mettre  en  meute  (v.  c.  m.),  en 
mouvement. 

AMI,  prov.  amie,  L.  amicus;  fém.  amie, 
prov.  amif/a,  L.  arnica;  amical,  L.  amicalis; 
amiable,  prov.  amicable,  L.  amicabilis;  ami- 
tié (v.  c.  m.). 

AMIABLE,  voy.  ami. 

AMIANTE,  L.  amiantus  (gr.  à/ifxvro;,  qu'on 
no  peut  souiller,  incombustible). 

AMICAL,  voy.  ami. 

AMIGT,  \^,amictus(Aeamicire,  envelopper, 
couvrir). 

AMIDON,  it.  amido,  esp.  almidon,  du  L. 
amylum  (âjuuXov);  pour  /  changé  en  d,  cfr.  port. 
escada  de  scala. —  D.  amidonner. —  Amylum 
a  fourni  encore  aux  savants  l'adj  amylacé. 

AMINCIR,  factitif  de  mince  (v  cm.). 

AMIRAL,  vfr,  amirant,amiras,amire,  etc., 
it.  esp.  port.  prov.  amiran,  prov.  amiralh,  it 
aussi  ammira/^lin,  almira{/lio,  grec  du  moyen 
âge  :  i/jL/ioxlri;,  Ce  mot  vient,  selon  Mahn.  do 
la  formule  arabe  amir-al-bahr,  commandant 
de  la  mer,  par  apocope  de  la  dernière  syllabe. 
Ln  faux  rapport  avec  admirari  aurait  donné 
naissance  aux  formes  BL.  admiraldus,  admi- 
rabilis,  d'où  ail.  et  angl.  admirai.  Diez oppose 
à  ro])inion  de  Mahn  que  le  sens  ancien  était 
plutôt  chef  d'infidèles  que  commandant  de  flotte 
et  s'en  tient  à  un  primitif  arabe  amir,  prince, 
que  les  Occidentaux  auraient  habillé  de  diffé- 
rentes façons  au  moyen  de  suffixes  variés.  — 
D.  amiral  té",  amirauté, 

AMITIÉ,  vfr.  amistiet,  it.  esp.  amistad,  do 
L.  amicitatemy  forme  rustique  p.  amicitia. 
Cp.  vfr.  mendistié  (chanson  de  Roland)  de 
mendicitatem. 

AMMONIAQUE,  L.  ammoniacum,  gomme 
que  distillait  un  des  arbres  du  temple  de 
Jupiter  Arnmon,  en  Lybie. 

AMNISTIE,  gr.  ifivritrU,  oubli.  —  D.  am- 
nistier. 

AMODIER,  donner  à  ferme,  BL.  admodiare, 
vfr.  amuidier,  de  ad  +  modius   (boisseau. 


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AMU 


22  — 


ANC 


voy.  muid)\  proprement,  fixer  les  prestations 
en  gn^ains. 

AMOINDRIR,  factitif  de  moindre. 

AMOLLIR,  factitif  de  ^nol. —  Cps.  ramollir. 

AMONCELER,  de  mmiccV,  monceau. 

AMONT,  du  L.  ad  montem,  cfr.  aval  de  ad 
vallem. 

AMORCE  (anciennement  écrit  amorcé),  subst. 
formé  du  participe  passé  amors  du  vfr.  amor- 
dre  =s  amorcer;  il  signifie  :  1.  appât,  2.  par 
extension,  poudre  du  bassinet  d'un  fusil,  qui 
fait  prendre  le  feu  à  la  charge. —  D.  amorcer. 
—  Le  sens  primitif  du  classique  admordere 
perce  encore  dans  le  nom  do  loutil  appelé 
amorçoir. 

AMORTIR,  vfr.  aussi  amorter,  factitif  de 
mort,  rendre  moins  vif,  moins  dur,  éteindre, 
afiaiblir. 

AMOUR,  vfr.  amor,  L.  amôrcm  (accus,  de 
ampr;  je  mets  l'accusatif,  parce  qu'il  porte 
l'accent  sur  l'o).  —  La  terminaison  latine  or, 
gén.  oris  a  donné  au  vfr.  aussi  bien  our  que 
eur  {honneur  et  honour)\  au  fr.  mod.  cur  seu- 
lement, et  amour  constitue  une  exception  uni- 
que à  cette  règle  ces  labour  est  tiré  non  pas  du 
lat.  laborem,  mais  du  verbe  labourer.  —  D. 
dim.  amourette;  a^j.  amoureux,  verbes  amou- 
racher (fait  sur  Fit.  amoraccio,  amour  déré- 
glé) et  s'énamourer. 

AMOVIBLE,  L.  amovibilis  (a-movere). 

AMPHIBIE,  gr.  à/ut^tSios,  à  double  vie, 

AMPHIBOLOGIE,  L.  amphihologia,  mau- 
vaise combinaison  de  «ju^(€o>o«,  qui  porte  de 
deux  côtés,  ambigu,  et  do  Uyo^,  discours, 
parole;  il  faudrait  amphibolologia.  Les  Latins 
ont  fait  de  même  idolâtres  p.  idololatres. 

AMPHIGOURI,  mot  de  fantaisie,  d'intro- 
duotion  récente,  que  nous  nous  abstenons,  et 
pour  cause,  d'analyser.  Dochez,  copiant  Bes- 
cherelle  :  de  ifiçi,  autour,  et  yw/9o«,  cercle. 
Mais,  sans  parler  de  la  finale,  yûpoi  no  sonne 
pas  yeûpofi.  —  D.  amphigourique. 

AMPHITHÉÂTRE,  gr.  àiL^i^ixrpo^,  théâtre 
circulaire. 

AMPHITRYON,  nom  propre  grec,  qui  a 
reçu  sa  signification  actuelle  du  personnage 
de  ce  nom  dans  la  comédie  de  Molière,  lequel 
y  donne  un  grand  repïis  aux  officiers  de  son 
armée. 

AMPHORE,  L.  amphora  (ifi^optùi),  vase  â 
deux  anses.  C'est  ainsi  que  l'ail,  suher,  cuve, 
tine,  signifie  étymologiquement  «  qui  se  porte 
moyennant  deux  anses  ». 

AMPLE,  L.  amphis.  —  D.  ampleur,  anc. 
ampleté.  —  am plier,  L  ampliare  (amplus), 
agrandir,  élargir,  augmenter.  —  amplifier, 
L.  ampli ficare  (amplus),  d'où  amplification, 
L.  ampli ficatio.  —  amplitude,  L.  amplitude. 

AMPOULE,  I.  fiole;  2.  tumeur;  du  L. 
ampulla,  qui  signifie  :  1 .  vase  à  large  ven- 
tile; 2.  enflure,  emphase  du  style.  —  D. 
ampoulé. 

AMPUTER,  L.  amputarc  (couper  autour). 

AMULETTE,  L.  amulrtnm  (dans  Pline). 
Quelques-uns  cherchent  l'étymologio  do  ce 
mot,    écrit  aussi  amoletnm,    dans   le   verbe 


amoliri,  éloigner  ;  pour  ainsi  dire  ad  amo 
licndum  fascinum.  Cela  n'est  pas  soutenable. 
Le  mot  est  d'origine  sémitique.  Dozy,  dans 
ses  Oosterlingen,  faisant  abstraction  do  l'em- 
ploi du  mot  chez  Pline,  tient  le  mot  jiour 
moderne  et  le  rapporte  au  verbe  arabe  hamala, 
porter,  l'amulette  étant  suspendu  au  cou. 

AMUSER,  fixer  l'attention  de  qqn.  sur  qqch . , 
arrêter  inutilement,  faire  perdre  le  t^mps, 
puis  divertir,  composé  de  muser  (v.  c.  m.), 
regarder  fixement  comme  un  sot.  —  D.  amu- 
sette. 

AMTGDALE,  gr.  ifivySàyyi,  amande. 

AN,  L.  annus,  —  D.  année,  durée  d'un  an 
[cîv,  jour,  journée  ;  soir,  soirée,  etc.). 

ANABAPTISTE,  mot  savant  fait  do  àvst 
marquant  n^pétition,  et  ^xttW^civ,  baptiser, 
donc  ««qui  baptise  une  seconde  fois. 

ANACHORÈTE,  de  àvax<u/»i{r>}$,  qui  va  à 
l'écart,  dans  la  retraite. 

ANACHRONISME,  de  àvaxf>ovi9/uio;,  faute 
contre  la  chronologie  (yjtôvoi,  temps). 

ANACOLUTHE,  t.  de  gramm.,  pr.  manque 
de  suite,  de  àvat/oXowSoç  =  sans  suito.  Cp. 
acoli/te. 

ANAGRAMME,  de  àvxypTCfjLfix  (gén.  -7to;), 
inversion  ou  transposition  de  lettixîs.  —  D. 
anagratnmatiste,  -tiser. 

ANALECTES,  de  àvàXcxra,  fragments  choisis 
(iva>è*/eiv,  recueillir). 

ANALOGUE,  de  ààkW/oi,  proportionné, 
conforme;  analogie,  àvaAoyfx;  analogique, 
àva)oy(xo{. 

ANALYSE,  de  àvitXu^if  (^û^)),  résolution.  — 
D.  analyser.  —  Analytique,  ù'i7LXur\A6i\  ana- 
lyste, mot  nouveau  formé  contre  toutes  les 
règles;  il  faudrait  d'après  àvat^wnj;,  analytc, 
ou  bien,  d'après  d'autres  précédents,  analy- 
ticien. 

ANAMORPHOSE,  mot  forgé  d'après  méta- 
morphose et  voulant  dire  pr.,  selon  la  valeur 
de  àv«,  transposition  de  forme. 

ANANAS,  it.  esp.  ananas;  port,  ananaz; 
le  mot  nous  vient  avec  la  chose  de  l'Amérique 
du  Sud.  Le  dictionnaire  de  la  langue  Tuxis 
(Brésilien)  porte  anana  ou  nana. 

ANARCHIE,  de  ivxpylx,  absence  de  gouver- 
nement. —  D.  anarchisme,  -iste. 

ANATHÉME,  de  âvâ^'^x(gén.  -xroi),  chez  les 
auteurs  sacrés  un  homme  exposé  (xvxrl^fii, 
exposer)  à  la  honte  et  à  la  malédiction; 
anathématiser,  L.  anathematizare,  gr.  àvaO«- 

fXXXi^iiV* 

ANATOMIE,  art  de  la  dissection  (x«xro/Ai;, 
subst.  de  àvaTé/*v«v.  disséquer). 

ANCETRE,  ancestrc  *,  du  L.  antccc^sor 
(prov.  ancessor,  esp.  antecesor).  Dans  l'an- 
cienne langue,  le  mot  no  s'appliquait  stricte- 
ment qu'au  nom.  sing.,  les  cas-régimes  étaient 
ancessor  au  sing.  et  ancessctrs  au  plur.  (cp. 
past7'e  et  ])a  tcio').  On  sait  que  ce  dualisme 
ej<t  fondé  auv  la  difit^rence  de  l'accent  dans 
antrcâssor  et  antcccssôretn. 

ANCHE,  tuyau,  du  vha.  rt>îc/m,  jambe,  tibia. 
Ce  môme  orijarinal  germanique  (ail.  mod. 
anhr)  signifiait    aussi    nuque,    os   articulé, 


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AND 


23 


ANI 


propr.  courbure,  flexion  ;  dans  ce  sens,  il  a 
donné  BL.  avca,  it.  port.  osp.  anca,  fr. 
hafirhr,  anche',  angl.  haimch.  Anche  et 
hanche  (la  lettre  h  sert  à  différencier)  sont 
donc  originairement  identiques.  (Voy.  toute- 
fois une  autre  manière  do  voir  à  l'art,  hanche.) 
Ménage  faisait  venir  hanche  du  gr.  «y/ïj, 
coude. 

ANCHOIS,  esp.  anchoa,  port,  anchova, 
hoU.  antsonuoe,  angl.  aiichocy.  Ces  mots  dé- 
rivent, selon  Diez,  directement  de  l'it.  ax^ciwja 
(p.  ajyj'uga),  qui,  à  son  tour,  serait  formé  du 
L.  aphya,  apiia,  gr.  à^ùri,  au  moyen  de  la 
terminaison  iif/a.  —  Malin  rattache  toutes  les 
formes  romanes  au  basque  antzua,  sec  (forme 
secondaire  anchua;  la  permutation  de  tz  et 
ch  est  fréquente  en, basque).  Il  voit  dans 
la  forme  italienne  une  assimilation  au  verbe 
asciugare,  sécher,  torréfier,  et  un  souvenir 
de  l'idée  foncière  propre  au  primitif  basque. 
Les*  dialectes  italiens  difibrent  cependant 
entre  eux  pour  la  forme  de  ce  mot  :  Sicile, 
anciova,  Vérone,  anctoa.  Gênes,  anciua, 
Venise,  anchioa. 

ANCIEN,  voy.  oins.  —  D.  ancienneté, 
ANGOLEB,  du  latin  botanique  aquilegia,  qui 
vient,  dit-on,  de  aquilegium,  réservoir  d'eau) 
par  allusion  aux  pétales  conformées  en  unie. 
Le  vfr.  disait  aussi  anqiϕie  et  angorie;  le 
vha.  a  ageîeia  (ail.  mod.  agïei),  le  v.  flam. 
acoleie  (ni.  akelei), 

ANCRE,  it.  esp.  port.  prov.  ancora,  vfr. 
anchore;  du  L.  ancora  (gr.  ayxupot),  —  D. 
ancrer;  cps.  désancrer. 

ÂNDAIN,  voy.  aller  (it.  andarc), 
ANDANTS,  mot  italien,  propr.  en  marchant 
(do  andare,  aller).  —  Dim.  andnntino. 

ANDOUILLE,  p.  endoitille,  d'après  Diez,  do 
l'adj.  BL.  inductîHs,  que  l'on  trouve  dans  des 
glossaires  du  moyen  âge  comme  signifiant 
boudin  et  qui  dérive  de  inducere,  introduire, 
de  même  que  le  vieux  terme  allemand  sciibe- 
ling  (espèco  de  saucisse)  vient  de  scioban  (ail. 
mod.  schieben),  pousser.  D'autres  étymolo- 
gistcs  avaient  proposé,  les  uns  (Huet)  L.  edit- 
îium,  mangeaille,  d'autres  (Ménage)  le  mot 
fictif  indusiola  (de  induere).  Génin  dérive 
andmiille  de  douille,  adj.  signifiant  gonflé, 
rebondi  en  la  forme  d'un  tonneau  (dolium)  ; 
l'élément  a?i  ne  serait  autre  chose  que  le  pré- 
fixe in  du  latin.  Andouille  serait  donc,  d'après 
lui,  pr.  un  boyau  gonflé,  farci.  —  Baist 
(Ztschr.  V,  233)  voudrait  identifier  ce  mot 
avec  les  termes  espagnols  (d'origine  arabe) 
albondiga,  albondigitilla ,  almmidiguilla 
(boulette  de  chair),  mwtt/on^o (tripes,  intestins 
remplis  de  sang  en  forme  de  boudins).  Il  est 
bien  difficile  do  l'approuver;  l'étymon  indue- 
tilis  de  Diez  (cp.  d'ailleurs  douille,  douillet) 
paraît  assuré.  —  D.  ayidouillette. 

ANDOUILLBR,  une.  endeuiller,  petite  corne 
de  cerf.  On  pourrait  songer  à  rattacher  ce 
mot  soit,  par  ressemblance  de  forme,  au  vieux 
mot  andouiller,  bâton  pour  suspendre  les 
andouilles,  soit  à  l'ail,  ende,  qui  a  la  même 
signification.  Mais,  outre  que,  pour  la  der- 
nière étym.,  il  resterait  à  expliquer  l'élément 


ouillcr,  il  paraît  que  la  forme  primitive  était 
antouiller  (l'anglais  a  conservé  le  t  dans  an- 
tler),  ce  qui  favorise  l'étymologie  donnée  par 
Roulin  :  ante-oculum,  d'où  l'on  aurait  fait 
l'adj.  antoculare  (se.  cornu).  Ce  qui  me  con- 
firme particulièrement  dans  cette  manière  de 
voir,  c'est  l'expr.  ail.  augensprosse,  pr.  bour- 
geon oculaire,  =*  andouiller. 

ANE,  asne*,  L.  asinus.  —  D.  ànesse.  Ane- 
rie,  Anier,  Anée;  dim.  Anon,  -ichott. 

ANÉANTIR,  vfr.  anienter,  dér.  do  néant, 
nient* . 

ANECDOTE,  propr.  particularité  dliistoire 
inédite,  du  gr.  àv4xJoTo«,  inédit. 

ANÉMONE,  L.  anémone  (àvs/x6vij). 

ANETH,  L.  anethum  (Svijdov). 

ANÉVRISHE,  gr.  à^ùpuifi^  (cùpûyu),  dilata- 
tion. Mieux  vaut  l'orthographe  anéorysme, 

ANFRACTUEUX,  L.  anfractuosus  (de  an- 
fractus,  échancrure,  courbure,  détour,  sinuo- 
sit45). 

ANGrE,  angle*,  angre*,  prov.  angel,  du  L. 
angélus  (gr.  ayyaXoî,  messager)  ;  la  forme  latine 
est  conservée  dans  le  langage  de  l'Eglise  pour 
désigner  une  prière  qui  commence  par  ce  mot. 
—  D.  angelot,  monnaie  empreinte  d'un  ange; 
angélique,  L.  angelicus. 

ANGELOT,  dimin.  d'ange. 

ANGINE,  L.  angina  (de  angere,  serrer, 
étrangler,  suffoquer). 

ANGLE,  L,  angulus.  — D.  onglet,  angleux 
(t.  de  botanique).  Au  latin  remontent  directe- 
ment les  adjectifs  anguleux,  angulosus,  et 
angulaire,  angularis. 

ANGLOIS,  auj.  anglais,  du  L.  anglensis  = 
anglicus  (do  Angli).  —  D.  anglaise  et  anglai- 
se^'. —  Anglican  =*  anglicanus,  extension  de 
anglicus;  nôol.  angliciser,  anglicisme,  anglo- 
mane,  -ie. 

ANGOISSE,  it.  angoscia,  prov.  angustia, 
angl.  anguish,  du  L.  angustia. — D.  angoisser, 
angoisseux. 

ANGORA,  acy.  et  subst.,  de  la  ville  d'An- 
gora  en  Asie  Mineure. 

ANGUILLE,  L.  anguilla,  diminutif  de  an- 
guis,  serpent. 

ANICROCHE,  HANICROCHB,  propr.  une 
arme  de  main  en  forme  de  croc,  puis  obstacle, 
embarras,  prétexte,  vaine  excuse.  Quant  à 
l'élément  ani  ou  hani,  on  le  rattache  à  Tall. 
hahn,  chien  d'un  fusil,  ou  à  hand,  main.  Le 
mot  reste  encofe  obscur. 

ANIMAD VERSION.  L.  animadversio,  répri- 
mande, de  animadvertere,  diriger  l'esprit, 
remarquer,  réprimander,  châtier. 

ANIL,  esp.  aiiil,  anir,  de  l'ar.  an-nîl,  qui 
vient  du  persan  nil,  bleu.  —  D.  aniline. 

ANIMAL,  subst.  et  acy.,  L.  animal  et  ani- 
malis.  —  D.  animalcule,  animalité,  anima- 
User.  —  Du  pluriel  animalia  s*est  formé 
aumaille,  gros  bétail,  collectif  et  individu. 

ANIMER,  L.  animare;  animation,  anima- 
tio  ;  ranimer,  redanimare  ;  inanimé,  inani- 
matus,  animosité,  animositas.  Tous  dérivés 
de  a%nmus,  esprit,  ou  anima,  principe  vital. 


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AXT 


—  24  — 


ANU 


ANIS.L.  (misHm{gi\  x-ato-j). —  h.aniser  et 
aniseUe. 

ANNAL,  L.  annalis  (annus)  ;  annales,  L. 
annales  (s.  e.  libri),  récits  faits  année  par 
année.  —  D.  annaliste, 

ANNATB,  BL.  annota  (annus),  revenu  d*un 
an. 

ANNEAU,  and  *,  L.  annellus,  forme  secon- 
daire de  annuliis.  —  D.  annclet;  verbe  anne- 
^*  —  De  la  forme  annulus  :  L.  annularis, 

—  osus,  fr.  anfiulairc,  -eux, 
ANNÉE,  voy.  an, 

ANNEXE,  L.  annexas,  part,  de  ad-nectere, 
joindre  à,  d*où  aussi  subst.  annexio,  fr.  an- 
nexion. —  D.  annexer. 

ANNIHILER,  L.  annihilare{ào  nihil,  néant). 

ANNIVERSAIRE ,  L.  annivey'sarius ,  qui 
retourne  tous  les  ans. 

ANNONCER,  L.  anntintiare.  — l^. annonce. 

—  Annonciaiion,  L.  annuntiatio. 
ANNOTER,  L.  annotare  ^=  ad-notarc. 
ANNUAIRE,  dér.  de  L.  annuits,  annuel. 
ANNUEL,  L.  anniialis,  extension  à'a7inuus. 
ANNUITE,  dér.  de  L.  annuus,  annuel. 
ANNULAIRE,  voy.  anneau, 
ANNULER,   L.  annnllare  (nullus).  —  D. 

annidatimi. 

ANOBLIR,  rendre  noble.  —  D.  -issement. 

ANODIN,  calmant,  adoucissant,  fig.  peu 
efficace,  sans  valeur.  L.  anodyniis  (àvw^uvoç, 
sans  douleur). 

ANOMAL,  L.  anomalus,  gr.  i-jiûfi^Xo;,  iné- 
gal, irrégulier.  —  D.  anomalie. 

ANON,  voy.  âne,  —  D.  ânonncr,  faire  le 
malhabile. 

ANONYME,  gr.  iv&ivu.tto;  (sans  nom,  Svofi^). 

ANORMAL,  mot  savant  fait  en  opposition 
de  normal,  au  moyen  de  l'a  privatif  grec.  11 
serait  mieux  remplacé  par  abnonne,  du  L. 
abnctrmis,  hors  do  la  règle. 

ANSE,  L.  ansa. 

ANTAGONISME,  —  ISTE,  gr.  ivraryàv»»^,, 

—  irnii  (de   àvW,   contre,  et  à/«vfj«w,  com- 
battre), 

ANTAN,  de  L.  antc  anniim.  — D.  antenois, 
agneau  né  l'année  avant.  Ce  mot  très  ancien 
est  de  formation  bizarre;  le  wallon  dit  a«/i- 
nia,  le  rouchi  anteniau. 

ANTARCTIQUE,    opposé  à  arctique,   gr. 

ANTE,  en  technologie,  manche,  est  le  même 
mot  que  le  vfr.  hante,  bois  de  lance,  et  vient 
de  L.  âmes,  -itis,  perche. 

ANTÉCÉDENT,  L.  antecedais,  qui  marche 
avant,  qui  précède. 

ANTE  . . . ,  préfixe  employé  pour  marquer 
l'antériorité  :  antédiluvien,  antépénultième. 
C'est  le  aitte  (avant)  des  Latins. 

ANTECHRIST,  voy.  anti  .  .  . 

ANTÉDILUVIEN,  dér.  de  L.  aiite  dihmum, 
avant  le  déluge. 

ANTENNE.  L.  ante^ma. 

ANTENOIS,  voy.  antan. 

ANTÉRIEUR,  L.  anierior,  qui  est  plus  avant 
(prim.  ante)  relativement  t  un  autre  (dans 


l'ordre  du  temps  cx)mme  de  l'espace). —  D.anté- 
Hointé. 

ANTHÈRE,  partie  de  la  fleur  qui  renferme 
le  pollen,  de  l'adj.  5v^,oo,-,  formé  do  âvâoi, 
fleur. 

ANTHOLOGIE,  gr.  àAoU^U,  recueil  de 
fleurs,  employé  figurément  par  les  Grecs  déjà 
pour  recueil  de  j)oésies. 

ANTHRAX,  du  grec  àva^saÇ,  charbon.  —  D. 
anthracite,  gr.  à^^ç,a.yÀr^i, 

ANTHROPO-,  élément  de  composition;  du 
grec  âva^ftiTTo^,  hommo:  anthropologie,  science 
de  l'homme,  anthropophoffe,  mangeur  d'hom- 
mes {f&yttv,  manger). 

ANTI .  .  ,  préfixe  marquant  opposition,  ex. 
anti-social,  anti-pape;  c'est  le  ivW  (contre) des 
Grecs.  Dans  le  mot  antechnst,  qui  vient  du 
vieux  fonds  de  la  langue,  Vi  s'est  assourdi  en 
e  muet.  Anti  est,  par  contraire,  abusivement 
employé  dans  le  sens  du  latin  ante  dans  : 
antichambre  et  antidate  (date  antérieure  à  Li 
véri  table). 

ANTICIPER,  L.  anticipai'c,  prendre  par 
avance. 

ANTIDOTE,  du  gr.  ivrtôoTov,  ce  qui  est 
donné  contre. 

ANTIENNE,  formé  par  syncope  du  L.  anti- 
phona,  terme  d'église,  signifiant  «  cantus 
ecclesiasticiis  alternus  »  et  reproduisant  le  gr. 
kvt£vwv5«  =  qui  répond  ;  le  prov.  a  anti^cna, 
l'ags.  antefn  ;  pour  la  syncope  de  f,  comparez 
EstiennedeStephaijus. 

ANTILOPE,  mot  d'origine  inconnue.  On  a 
fait  dériver  ce  mot  de  àv&o>wf ,  œil  de  fleur. 
Ce  n'est  là  qu'un  expédient;  un  mot  grec  do 
cette  conformation  ne  peut  être  imaginé  que 
par  des  ignorants,  et  encore  l'original  forgé 
ré|X)nd-il  mal  au  vocable  français. 

ANTIMOINE,  HL.  antimonium,  d'origine 
incertaine.  Vossius  imagine  ce  qui  suit  :  «  Usus 
ejus  est  mulieribusin  fucanda  facie,  quod  quia 
dedecet  homines  religiosos,  eo  Italis  antimonio 
videtur  usurpari ,  ab  ivrl,  contra,  et  Italico 
moine,  monachus.  n  Cette  étymologie  est  ridi- 
cule. Furetière  raconte,  de  son  côté,  une  his- 
toire de  moine  pour  expliquer  le  mot.  Selon 
Mahn,  c'est  une  altération  de  alithmidum  «=i 
arabe  al  +  ithmid  =  gr.  9TlfAfn,  oxyde  noir 
d'antimoine. 

ANTINOMIE,  contradiction  avec  la  loi,  con- 
tradiction entre  deux  lois,  ivrcvo^ia  (vo>05,  l«i). 

ANTIPATHIE,  àvrtTràdsix,  disposition  con- 
traire ;  opposé  à  tufiiôidity,  sympathie.  —  D. 
antipathique  (le  gr.  dit  àwTi7r«S*j{). 

ANTIPHONAIRE ,  de  antiphona,  voy.  an- 
tienne, 

ANTIPHRASE,  àvW?©Mi;,  contradiction. 

ANTIPODES,  gr.  à^Tiito^n,  L.  antipodes, 
propr.  qui  ont  le  pied  opposé  (i»Ti,  ttoû,-). 

ANTIQUE,  vfr.  antif,  L.  antiquus.  —  D. 
antiquité,  antiquitas  ;  antiquaire,  antiquarius; 
antiquaille,  BL.  antiqualia, 

ANTITHÈSE,  gr.  ivTtô?,ir,  opposition;  adj. 
antithtHique,  gr.  ivriaîrixo;. 

ANTRE.  L.  antrum  (5vt.-d-îv). 

ANUITER(S'),  de  nuit.  La  vieille  langue 


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—  25 


Al»0 


avait  \e  verbe  neutre  anuiiier,  — ir,  =  faire 
nuit,  signification  particulière  également  au 
prov.  anttchir  et  anoitar. 

ANUS,  transcription  du  mot  latin. 

AflALETs,  L.  aujcietas  (de  anxius,  rac.  an- 
gerey  resserrer). 

AORTE,  artôre  de  la  biise  du  cœur,  gr. 
âopns  (de  àit.<sM,  suspendre). 

AOUT,  aoxtsi  *,  par  syncope  de  la  médiale  g 
(cp.  proT.  agosH.  aost,  esp.  port.  it.  agosto)^ 
du  L.  augustus.  Pour  la  prononciation  ac- 
tuelle oui,  cp.  «ot</  pour  lanc.  saoul.  —  D. 
aoiiUnr,  aotiteroit, 

APAISER,  prov.  apasiar,  dér.  de  pais*  , 
paix;  cp.  pour  la  dérivation,  l'adj.  paisible. 
^équivalent  vfr.  apaier  rôpcmd  à  un  tyjie 
latin  ailpftcare. 

APANAGE,  BL.  apanagium.  Ce  mçt  vient 
de  panis,  pain  ;  être  au  pain  de  qqn.  signi- 
fiait être  sous  sa  dépendance  ;  ainsi  s'est  pro- 
duit le  verbe  apaner,  nourrir,  entretenir; 
apanage  est  donc  propr.  une  dotation  pour 
entretien,  une  i)en.sion  alimentaire.  C'est  la 
seule  et  jmologie  raisonnable  parmi  les  diverses 
qui  ont  été  mises  en  avant.  —  D.  apana- 
ger,  -iste. 

APARTÉ,  lat.  a  pane,  à  part,  de  ctMé. 

APATHIE,  gr.  àTrâ^uz,  impassibilité.  — 
D.  apathique, 

APERCEVOIR ,  extension  de  la  forme  pet* 
cecoir.  De  pareilles  extensions  par  le  préfixe 
ad  étaient  autrefois  bien  plus  fréquentes  : 
ainsi  l'on  disait  au  xvi*  siècle  accomparer 
aussi  bien  que  comparer.  La  langue  a  su,  du 
reste,  fort  bien  nuancer  la  valeur  des  deux 
termes  percevoir  et  apercevoir.  —  D.  apei*çit, 
apercecable  ;  à  forme  savante  et  latine  :  aper- 
ception,  aperceptible. 

APERITIF,  qui  ouvre,  du  L.  aperire,  ou- 
vrir. 

APERT  *,  ouvert,  manifeste  ;  adv.  aperte- 
ment;  du  L.  aperiiis.  L'adj.  vfr.  apert,  habile, 
vif,  adroit,  pileux,  e&t,  selon  moi,  un  homo- 
nyme, qui,  par  changement  de  préfixe  (cp. 
amender,  alecer  *),  représente  soit  ev-perrec- 
ttis,  éveillé,  soit  expertus,  expérimenté.  C'est 
de  ce  second  apert,  en  tout  cas,  que  vient 
a/K»r<w«,  adresse,  prouesse. 

APERTISE,  voy.  apert, 

APETISSER  (cps.  rapetisser),  de  petit.  Vss 
est  dû  au  même  principe  qui  a  donné  vfr. 
acorcier,  auj.  accoiircir  [c  =  s  dur), 

APHÉRÈSE,  gr.  àfxUs'si;,  enlèvement. 

APHORISME,  du  gr.'  àfopi^fiài,  définition 
(àf «/jljstv,  délimiter,  définir,  déterminer). 

APHTHE,  L.  aphiha,  du  gr.  sc?»x  (âîtrciv. 
mettre  le  feu,  enflammer);  cp.  l'expression 
latine  «  sacer  ignis  »  pour  aphthc. 

API,  (pomme  d*),  du  L.  malum  appianum; 
cp.  it.  mêla  appiola. 

APITOYER,  disposer  à  la  pitié  (v.  c.  m.). 
Ce  composé  (on  disait  sans  doute  aussi  pitoyer, 
d'oii  pitnyable,  ce  qui  fait  pitié)  doit  sa  termi- 
naison à  une  forme  latine  en  icare,  qui  est  le 
type  du  fr.  oyer  et  que  l'on  retrouve  dans 
terdoycr,  fossoyer,  guerroyer,  etc.  On  trouve 


dans  la  vieille  langue  aussi  la  forme  plus 
simple  apiter. 

APLANIR,  vfr.  aplanier,  aplaigner;  facti- 
tif de  plane. 

APLATIR,  factitif  do  plat. 

APLOMB,  de  à  plomb;  ce  qui  est  placé  à 
plomb,  c.  à  d.  dans  la  direction  verticale  du 
fil  à  plomb,  est  forme,  do  là  le  sens  figuré 
do  solidité,  a.ssurance. 

APOCALYPSE  (adj.-yp6'9i{<;),  gr.  àicoxà)u;is 
révélation  (ànd-/aciw»Tïi»,  découvrir). 

APOCOPE,  gr.  iîroxoffïj,  rotranchoment 
(jraiTTTicv,  couper).  Comparez  syncope. 

APOCRYPHE,  gr,  à^o/pwpoi,  caché,  obscur. 

APOGÉE,  gr.  inô'/Tcioi  (iffo,  yn)f  éloigné  do 
la  terre. 

APOLOGIE*  gr.  iitoXo/i^,  de  «7roloyiT^&:ri, 
s'excuser,  défense,  discours  do  justification.  — 
D.  apologétique,  gr.  à:ro>oyii7uo{  ;  apoUgiste. 

APOLOGUE,  gr.  à^oiovo^,  narration;  puis 
conte  allégorique,  fable. 

APOPHTHEGME.  gr.  iwov&r//uix.  i^arolo  spi- 
rituelle, sentencieuse  (do  ^arV/yscv,  imrlcr), 

APOPLEXIE,  gr.  àit^^itUHoL  (iTt'.nH'^ru^ » 
frapper),  étourdisscment,  paralysie.  —  'Atto- 
7riïî«Two;,  apoplectique. 

APOSTASIE,  gr.  à'K^trx9i%,  défection,  d'où 
le  verbe  apostasies*. 

APOSTAT,  gr.  iirovT&Tfn,  qui  déserte  une 
cause.  —  D.  vfr.  apostater,  dévoyer,  se  déré- 
gler (Gillon  le  Muisit). 

APOSTÉME,  abscès,  gr.  i:ro'TTïîjui7(iffo,  <TTà«), 
écartement.  La  forme  usuelle  et  ancienne  du 
mot  est  apostume,  d'où  le  verbe  aj)ostumer. 

APOSTER,  it.  appostare,  du  BL.  apposi- 
tare,  fréq.  do  ap-ponerc. 

APOSTILLE  est  lo  subst.  vorbal  de  apos- 
tiller,  annoter  ;  quant  à  co  dernier,  il  est  dé- 
rivé de  la  formule  lat.  post  illa.  Vossius,  dans 
son  traité  Devitiis  sermonis,  p.  551,  explique 
pastilla  par  explanatio:  quia  qui  discipulis  dic- 
tarent  identidam  in  orc  haberent  «  (X)st  illa  », 
puta,  ad  hsec  vel  illa  auctoris  verba,  adsori- 
bite.  Cette  opinion  do  Voss  est  approuvée  par 
Diez.  —  Ménage  établit  la  filiation  suivante  : 
posita,  posta,  post  illa;  adposita,  adposta, 
apostilla. 

APOSTOLAT,  -IQUE.  de  apostolus,  voy.  apô- 
tre. 

APOSTROPHE,  gr  iittTTpofYt,  action  do  so 
détourner  (àwo^r/sissiv)  de  l'objet  d'un  discours 
pour  s'adresser  directement  à  la  jxîrsonne 
intéressée.  —  D.  apostropher. 

APOSTUME,  voy.  apostème. 

APOTHÉOSE,  gr.  âT9diM«i$,  divinisation, 
déification. 

APOTHICAIRE,  du  BL.  apothecarius,  dér. 
de  apotheca  (iito^^yvi),  dépîNt,  magasin.  Co 
même  apotheca  a,  par  aphérèse,  donné  it. 
bottcga  (Naples  potega,  Sicile  putiga),  osp. 
botica,  prov.  botica,  fr.  boutique. 

APÔTRE,  apostre*,  en  vfr.  apostle,  du  L. 
apostolus,  gr.  iitôiT'iXoi  (ttîÂXjiv,  envoyer), 
envoyé,  mes«iger.  Kn  vieux  roman,  lo  mot 
apostole  désignait  le  souverain  pontife;  ce  mot, 
vu  le  déplacement  de  l'accent,  appelle  un  typo 


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—  26  — 


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immédiat  apostôUus,  —  Pour  la  forme,  com- 
parez épistre  de  epistoia,  mot  de  la  môme 
famille  arUisiv,  envoyer. 

APPARAITRE,  csp.  aparcca',  correspond  à 
un  type  latin  apparescere,  tandis  que  l'ancien 
apparoir  répond  à  L.  appar&re;  on  a  de  même 
comparoir  et  comparaître. 

APPARAT,  mot  savant,  tiré  du  L.  apparaJtus 
(du  verbe  apparare,  préparer),  appareil  somp- 
tueux, pompe. 

APPARAUX,  voy.  l'art,  suivant. 

APPAREIL  (it.  apparecchiù),  subst.  verbal 
de  appareiller  (it.  apparecchiare,  osp.  apare^ 
jar^  prov.  aparelliar,  angl.  apparel).  Ce  verbe, 
dérivé  de  pareil  (v.  c.  m.),  signifie  propr. 
mettre  ensemble  des  choses  pareilles  ou  sor* 
vant  au  même  but,  assortir,  puis  réunir  ce 
qu'il  faut  pour  une  œuvre  ou  une  entreprise, 
faire  les  préparatifs  nécessaires,  arranger 
(notez  en  anglais  apparel  =s  babiller);  toutes 
ces  significations  se  reproduisent  dans  le 
subst.  verbal  appareil  (plur.  particulier  appa- 
raux •«  ensemble  des  agrès)  et  dans  le  terme 
de  marine  appareiller,  mettre  à  la  voile.  — 
D.  appareillage, 

APPARENT,  -BNOE,    L.  apparais,  -entia. 

APPAREITTER,  rendre  joart'/t^ 

APPARIER,  cat.  prov.  apariar,  esp.  apa- 
rcar,  BL.  appariare  (rac.  par,  paire),  assortir 
par  paire.  —  D.  appariement ;  désapparier, 

APPARITEUR,  L.  apparitor,  pr.  qui  appa- 
raît à  l'appel  du  supérieur,  d'où  le  sens  :  huis- 
sier assistant  le  magistrat  en  fonctions. 

APPARITION.  L.  apparitio. 

APPAROIR,  L.  apparere;  l'anc.  conjugaison 
de  ce  verbe  nous  a  laissé  il  appert  =  L.  ap- 
paret. 

APPARTEMENT,  dér.  de  vfr.  apartir,  par- 
tager, diviser;  donc  propr.  une  division  do 
maison;  en  BL.  appartimentum  bonorum 
signifiait  partage  des  biens;  cp.  département 
et  compartiment. 

APPARTENIR,  du  L.  ad-^-pertincre.-^h. 
appartenance. 

APPAS,  dans  l'ancienne  langue  et  d'après 
ses  lois,  était  la  forme  normale  du  nom.  sing. 
et  du  pluriel  du  mot  appast^  auj.  appât  (cp. 
repas).  «  D'un  mot  unique,  dit  fort  bien  Littré, 
on  a  eu  le  tort,  de  faire  deux  mots  différents  »» . 
Les  appas  ne  sont  pas  autre  chose  que  des 
appâts. 

APPAT,  ce  avec  quoi  on  amorce,  on  attire; 
subst.  verbal  du  verbe  appâter,  donner  la 
pâtée,  amorcer,  qui  vient  d'un  type  lat.  ad- 
pastare  (depasci,  s\\]pm  pastiim). 

APPEAU  se  rapporte  à  appel,  comme  beau 
À  bel,  peau  kpeV. 

APPEL,  subst.  verbal  de  appeler. 

APPELER,  L.  appel  lare. —  D.  aj)pel;  cps. 
rappeler,  rappel. 

APPENDICE,  voy.  appauire. 

APPENDRE,  du  L.  ap-petulêrc,  pendre  au- 
près; do  là  viennent  L.  appendix,  d'où  fr. 
appendice,  et  appendicius,  d'où  vfr.  apcndisc, 
dépendance,  et  le  mot  appentis,  bâtiment 
ajouté,  adossé  à  un  autre  (pour  la  substitu- 


tion du  t  à  d,  dans  appentis,  voy.  apprenti). 

APPENTIS,  voy.  appendre. 

APPERT  {il),  voy.  sous  apparoir. 

APPESANTIR,  îact'iiïî  do  pesant. 

APPÉTER,  L.  ap-petcre,  désirer,  d'où  déri- 
vent :  appetcntia,  fr.  appétence;  appetitus,  fr 
a/fpétit. 

APPÉTIT,  voy.  appéter.  —  D.  appétissant 
(pour  la  forme,  cp.  apetisser  de  petit). 

APPLAUDIR,  L.  ap-plaud^^e  (de  plaudere, 
battre  des  mains). 

APPLIQUER,  L.  ap-plicare  (propr.  plier  ou 
tourner  vers),  vfr.  aploycr.  —  D.  application, 
L.  applicatio;  applicable;  l'ac^.  participe 
appliqué  «»  studieux,  zélé,  présente  une  in- 
téressante métaphore.  Au  fond,  ce  n'est  qu  un 
transport  d'un  sens  défini  (appliqué  à  qqch.) 
&  un  sens  général;  cfr.  occupé,  emporté,  posé, 
qui  expriment  également  des  manières  d'être 
d'abord  passagères,  temporaires,  puis  perma- 
nentes ou  habituelles. 

APPQGIATURE,  terme  de  musique;  de  Ht. 
appoffffiatura,  dér.  de  appoggiare,  forme  ita- 
lienne du  fr.  appuyer. 

APPOINT,  la  somme  qu'il  faut  pour  arriver 
au  point  (adpunctum)  voulu,  au  solde  entier 
de  ce  qui  est  dû  ou  exigé.  Peut-être,  cepen- 
dant, le  mot  n'est-il  que  le  subst.  verbal  do 
appointer,  régler. 

APPOINTER,  BL.  appunctare,  1)  régler, 
fixer  les  d\\ev%points  dans  un  arrangement;  2) 
donner  un  salaire  fixe.  —  D.  appointcment, 
règlement;  salaire  fixé,  anc.  aussi  =  conven- 
tion; dés-appointer ,  1  )  opp.  de  appointer,  appli- 
qué à  une  pers.  s=  contrarier,  tromper;  2) 
priver  de  salaire.  Le  verbe  appointer  signifie 
aus.si  rendre  pointu  et  se  rapporte  alors  au 
subst.  féminin  pointe. 

APPORTER,  L.  ap-portarc^-D.  apport.— 
Cps.  r apporter*,  traduction  du  L.  re ferre. 

APPOSER,  composé  de  joo^^,  d'après  l'ana- 
logie de  L.  apponere. 

APPOSITION,  L.  appositio. 

APPRÉCIER,  L.  appretiarc  (de  pretium, 
prix). 

APPRÉHENDER,  1°  saisir  au  corps;  ^ 
craindre  (le  rapport  des  deux  sens  s'établit 
ainsi  :  saisir  des  mains,  fig.  saisir  par  la 
pensée,  prévoir,  se  douter,  craindre);  du  L. 
apprehendere,  prendre,  saisir,  dont  le  subst. 
apprehensio  a  donné  appréhension,  d'où  l'on 
a  tiré  l'adj.  apprchensif  {c\).  craintif). 

APPRENDRÎB,  saisir  par  l'esprit,  prendre 
connaissance.  Du  L.  apprendere,  forme  con- 
tractée de  apprehendere  (voy.  l'art,  préc).  Lai 
même  métaphore  se  retrouve  dans  compren- 
dre, concevoir,  apercevoir;  nous  citerons 
encore  en  grec  itoLpoL^^ii^k^ni^,  prendre  vers 
soi  et  apprendre,  le  latin  accipere,  l'arabe 
capital,  prendre  et  apprendre,  l'hébreu  lehach, 
instruction,  de  lakach,  prendre.  Quant  au 
passage  du  sens  "  acquérir  une  connaissance  « 
à  celui  d'enseigner,  il  est  l'effet  de  la  même 
métonymie  par  corrélation  qui  se  remai'que 
dans  les  sons  opposés  attachés  aux  mots  hôte, 
louer,  etc.  —  Cps.  dés-apprendre. 


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APR 


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ARC 


APPRENTI,  vfr.  apprentie  (fém.  appren- 
iicc)^  ix)uchi  apprentiche,  angl.  et  wallon 
apren<h'ct\  esp.  port,  apremiis.  Ce  mot  a  pour 
IviKî  le  BL.  iipprcnticius  ;  la  terminaison  is 
ou  ice  explique  la  dérivation  apprentissage. 
La  forme  apprenti f  (îém.  ive)  qui  se  produit 
au  XVI*  siècle  et  que  Littré  donne  à  tort  pour 
la  normale,  est  aussi  justifiable  que  celle  en 
ic  (et,  suivant  les  cas,  is),  mais  en  tout  cas  pos- 
térieure.  —  Le  <  dans  co  mot  (pour  rf),  comme 
dans  appentis,  ponte  et  fonte,  est  motivé  peut- 
être  par  l'assimilation  aux  thèmes  en  t  de 
rente,  vente,  ejitente,  qui  proviennent  de 
formes  participiales  terminées  en  enditiis;  aussi 
la  vieille  langue  avait^Ue  à  la  fois  aprenture, 
tiré  d'un  type  imaginaire  a-prend-itus,  apren- 
tus,  et  apresure  de  aprcnsus» 

APPRETER,  factitif  de  prêt.  Subst.  verbal 
apprêt. 

APPRIVOISER,  factitif  d'un  a^j.  privois 
(d'un  type  privmsis)  équivalent  éipriviis.  — 
Le  vfr.  disait,  et  les  dialectes  disent  encore, 
apriver, 

APPROBATION,  L.  approbatio  {de  ap-pro- 
bare,  fr.  approuver). 

APPROCHER,  do  proche;  subst.  verbal 
approche.  —  Cps.  rapprocher, 

APPROFONDIR,  factitif  de /wo/'omi. 

APPROPRIER,  L.  ap'propriare. 

APPROUVER,  L.  approbare.  —  Cps.  dils- 
approuver. 

APPROVISIONNER,  pourvoir  de;)rotijrf  092  x. 

APPROXIMATIF,  -ATION,  dérivés  du  L. 
approximare,  lui-même  formé  de  proximiis, 
le  plus  proche,  ad(jectif  superlatif  dont  la  lan- 
gue d  oïl  avait  fait  proisme  (prov.  prosme), 

APPUI,  voy.  le  mot  suiv. 

APPUTER,  vfr.  aussi  apoyer,  it.  appog» 
giare;  dér.  du  yfv.pui,  pcn,  qui  signifiait  col- 
line, lieu  élevé,  hauteur,  sommet  (on  trouve 
aussi  vfr,  puie,  perron,  balcon),  et  qui  dérive 
du  L.  podium,  tertre,  base,  piédestal  (it. 
poggio,  prov.  pueg,  puoi,  esp.  port  poyo). 
De  ce  primitif  put,  la  vieille  langue  avait  tiré 
puiot,  soutien,  et  puier,  gravir,  monter. 
Appuyer  est  donc  primitivement  soutenir  au 
moyen  d'un  pui,  c.  à  d.  de  quelque  chose 
d'élevé. —  Subst.  verbal  a/}pMj  (vfr.  aussi  apuie). 

Le  vfr.  avait  encore  le  dér.  apoiàl,  soutien. 

/\ 

APRE,  ojspre,  L.  asper. — D.  âprete,  coexis- 
tant avec  une  forme  savante,  aspérité,  direc- 
tement tirée  du  L.  asperitas. 

APRÈS,  it.  appresso,  est  une  forme  exten- 
sive  de  près,  it.  presso.  Tandis  que  ce  dernier, 
ainsi  que  la  combinaison  auprès  (anc.  aussi 
e7iprès),  correspond  pour  le  sens  au  latin 
prope,  le  composé  après  tient  lieu  de  post. 
Le  mot  pré*  représente  le  n&rt.pressiis,  pressé 
contre.  Comparez  en  grec  ôy^i,  qui  proprement 
signifie  serré,  en  latin  jiixta,  formé  dejwigere 
(comme  {t.  joignant  de  joindre),  secundum  de 
sequi,  suivre.  —  La  prép.  latine  prope  s'em- 
ployait encore  dans  la  vieille  langue  sous  les 
formes  prof,  prœf,  pref,  aprop,  aprof,  apref, 
mais,  quoi  qu'en  dise  Chevallet,  ces  formes  n'ont 
étymologiquement  rien  de  commun  avec  près 


ou  «pré*. Composé  :  (F après,  que  l'usage  aurait 
aussi  bien  pu  nous  transmettre  sous  une  forme 
sans  apostrophe  :  comparez  devant  pour  de- 
avant,  dans  pour  de-ens,  dedans  pour  de- 
dans. 

APSIDE,  voyez  abside 

APTE,  L.  aptus;  subst.  aptitude,  L.  aptitude 
(Boethe».  Voy.  aussi  attitude,  —  Voy.  aussi  le 
mot  malade, 

APURER,  factitif  de  pîir. 

AQUARELLE,  de  l'it.  acquarella,  couleur 
en  détrempe,  formé  lui-même  du  L.  aqua, 
eau. 

AQUARIUM,  mot  latin,  signifiant  réservoir. 

AQUATIQUE,  L.  aquaticus  (aqua). 

AQUEDUC,  L.  aquœductus,  conduite  d'eau; 
cfr.  viaduc. 

AQUEUX,  L.  aquosus  (aqua). 

AQUILIN,  L.  aquilinus,  \aquila,  aigle). 

AQUILON,  L.  aquilo  gén.  -onis. 

ARABE,  L.  Arabs.  —  D.  arabique,  -esque, 

ARABLE,  L.  arabilis,  de  arare  (vfr.  arer), 
labourer. 

ARACK,  d'après  Mahn,  de  l'arabe  araq, 
sueur,  suc,  du  verbe  araqua,  suer,  distiller. 

ARAIGNÉE  (vfr.  iraincde,  iraignie),  an- 
ciennement la  toile  d'araignée,  puis,  par  abus, 
l'insecte  môme  ;  le  mot  a  pour  type  V.  arane- 
ata,  dérivé  du  L.  aranea,  le  nom  de  l'in- 
secte, qui  est  devenu  en  it.  aragna,  en  prov. 
aranha,  et  en  vfr.  araigne,  iraigne.  Le  mot 
latin  correspond  au  gr.  à/»4z*»ï,  d'où  arach' 
nide. 

ARAIRE,  charrue,  L.  aratrum. 

ARASER,  forme  ext«nsive  de  raser,  pr. 
mettre  à  ras,  de  niveau.  —  D.  subst.  verbal 
plur.  arases. 

ARATOIRE,  L.  aratorius  (arare,  labourer). 

ARBALÈTE,  arbaleste',  -estre*,  du  L.  arcu- 
bdlista,  syncojjé  arc'  balista.  —  D.  arbalestier, 
arbal4*trier . 

ARBITRE  représente  :  1.  L.  arbiter-,  2.  L. 
arbitrium;  arbitraire,  L.  arbitrarius;  arbi- 
trer (subst.  -âge),  L.  arbitrari;  arbitration, 
L.  arbitratio;  arbitral,  L.  arbitralis. 

ARBORER,  voy.  arbre. 

ARBOUSE  ;  on  a  songé  à  un  type  latin  arbu- 
tea,  tiré  do  arbutum  (d'où  port,  ervodo  ;  esp. 
albedro,  arbousier),  mais  Paris  (Rom.  X,  42) 
repousse  cotte  origine  pour  des  raisons  de 
phonétique  en  ajoutant  que  l'arbouse  est  un 
fruit  du  Midi  et  que  le  nom  lui  en  vient.  — 
D.  arbousier. 

ARBRE,  it.  albore',  aJbero,  prov.  arbre, 
albre,  esp.  <Ubol,d\i  L.  arbor;  dimin.  ar^ris' 
seau,  d'un  type  lat.  arboriscellus  (gloses  de  Rei- 
chenau  arbriscellus);  voy ,  Paris,  Rom ,  VIII,6 1 9, 
Arboriceïlus  aurait  fait  arbroisel.  —  Autres 
dérivés  du  subst.  latin  arbor  :  arborer,  élever 
droit  comme  un  arbre  (it.  alberare  esp.  albo* 
rar);  arborisie  ;  arborisé  ;  arbroie*,  lieu  planté 
d'arbres,  =  L.  arboretum. 

ARBUSTE,  L.  arbustum. 

ARC,  L.  arcie;.  Ce  mot  a  pous.sé  en  fran* 
çais  de  nombreux  rejetons,  savoir  :  arquer, 
courber  (L.  arcuare)  ;  —  arche,  forme  fémi- 


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ARC 


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ARG 


nine  de  aiT  ;  —  archer,  prov.  arquici\  it.  ur- 
etère; —  arcade,  BL.  arcata  ;  —  arçon ,  prov. 
arson,  csp.  arjoii,  port,  arsào,  it.  arcione, 
d'un  type  latin  a^^cio  (Saumaiso  :  Arcioncs 
vocAmus  ab  arcu,  quod  in  moduin  arciis  sint 
incuiTi  ;  il  allègue  le  moty.oùfAix  employé  par 
les  Grecs  modernes  pour  arçon);  —  les  dimin. 
arceau  et  archet  ;  —  anciennement  encore  les 
mots  archée(\frov.  arqueia,  it.  arcata) = portée 
d'arc;  archoier,  tirer  de  l'arc;  ardiière, 
meurtrière,  etc. 

ARCADE,  voy.  arc.  —  D.  arcature. 

ARGANE,  L.  arcanum. 

ARGASSE,  it.  arcaccia,  du  L.  arca,  coifrc. 

ARGEAU,  voy.  arc, 

ARGHAÏSHE,  du  gr.  xf.y-xïifiài  (xpx^M*  ^^~ 
ploi  de  foraies  vieillies.  De  là,  par  dégage- 
ment, l'adj.  archaïque. 

ARGHAL,  it.  oricalco,  esp.  auricalco,  du 
L.  orichalcum  et  aurichalcum,  formé  d'après 
le  gr.  ôyAxxÏMi,  litt.  airain  de  montagne.  — 
L'a  initial  protonique  p.  au  (dans  aurichaU 
cum)  se  voit  aussi  dans  ao\U  de  auguslus, 

ARGHANGE,  gr.  àpx^T/*^^i'  L'élément  clpx 
ou  iayi  (en  lat.  archif  en  ail.  erjs)  se  ratta- 
chant à  «pxuv,  être  à  la  tête,  marque  préémi- 
nence, supériorité,  excès;  on  le  trouve  en 
français  appliqué,  avec  ou  sans  précédent 
latin,  aux  mots  suivants  : 

Archevêque,  L.  archiepiscopiis  (v.  évéque). 
—  D  archi^iscopal y  -ai  ;  archevêché. 

Archichancelier,  archiprétre,  archiduc 
et  sembl. 

Architecte,  L.  architectus  (du  grec 
à/îx»Ti/.T«v)  ;  de  là  architecture^  -tural,  -tonique. 

Architrave,  maîtresse  poutre  (L.  trabs, 
trabis). 

Et  enfin  dans  les  expressions  populaires 
telles  que  archibête,  archifripon. 

1.  ARGHE,  vaisseau,  coifre,  L.  arca, 

2.  ARGHE,  partie  d  un  pont  sous  laquelle 
l'eau  passe,  voy.  arc. 

ARGHÉOLOGIE,  gr.  «r^yMloyl^,  science  de 
l'antiquité  ;  arcJiéologue^  «px^noXà/oi;  archéolo- 
gique, àoyxioïo/vfài. 

ARGHBR,  ARGHBT.  voy.  arc,  —  D.  arche- 
rot. 

ARGHBVÊQUB,  voy.  archange 

ARGHÉTYPE,  gr.  àpyïrxj-::^^,  frappé  le  pre- 
mier, original,  premier  modèle;  ce  mot  est 
synonyme  de  prototype. 

ARGHI,  particule  initiale,  voy.  archange. 

ARGHTTBGTB,  voy.  archange. 

ARGHITRAVE,  voy.  archange. 

ARGHIVES,  L.  archivum  ou  archium,  dépôt 
de  titres  officiels,  du  grec  ipytXo;,  officiel  (cp. 
Argivus,  de  ^Apyiîoi).  —  D.  archiviste. 

ARGHIVOLTE,  de  Fit.  archivoJtn,  formé 
des  mots  L.  arcus,  arc,'  et  volutus,  roulé. 
D'après  Littré,  de  archi,  principal,  et  volta, 
voûte.  —  Le  mot  ital.  paraissant  être  plutôt 
emprunté  soit  au  BL.  archivoîturn,  soit  au 
mot  français,  et  l'idée  doprincijyaJ,  qu'impli- 
que l'explication  do  Littré,  ne  se  compi'enant 
pas  trop  bien  pour  la  valeur  actuelle  du  mot, 
le  propose  de  traduire  celui-ci  par  tête  (ipyr,) 


de  vm'Ue,  sens  restreint,  plus  tard,  à  des  déco- 
rations de  C€ttc  tête  do  voûte. 

ARÇON,  voy.  arc.  —  D.  arçonncr,  désar- 
çonner. 

ARGTIQÏÏE,  grec  àoxTwo;,  de  «/sxto?,  ours  ; 
cps.  antarctique,  oL-jT^piLnuoi ,  opposé  au  i>ôlc 
arctique. 

ARDÉLION,  L.  ardeîio  (de  ardet-e,  brûler, 
fig.  être  empressé) 

ARDENT,  L.  ardens,  part.  prés,  de  ardere, 
lequel  verbe  latin  était  représenté  dans  la 
vieille  langue  par  ardre  (part,  passé  ars) 
Ce  verbe  fr.  ardre  répond  au  même  type  latin 
ardere  auquel  se  rapporte  le  part,  latin  arsus. 
A  côté  do  ardre,  on  employait  jadis  aussi 
ardoir  =  L.  ardere.  Un  verbe  franc,  arder, 
bien  que  figurant  dans  Littré,  n'existe  pas  en 
réalité. 

ARDEUR,  L.  ardorem. 

ARDILLON,  it.  ardighofie,  prov.  ardaVion, 
mot  d'origine  douteuse,  qui  rappelle  le  grec 
5j&3i;,  pointe  d'une  flèche;  Ménage  part  de 
dard,  d'où  dardiUon,  puis  ardillon;  Langen- 
sie]3cn  admet  pour  type  artiglio,  tiré  de  arti- 
culus.  Litti-é,  insistant  sur  l'ancienne  forme 
hardillon  (avec  h  aspirée),  explique  le  mot 
comme  dimin.  de  harde,  bâton,  donc  petit 
bâtxîu,  petite  tige,  cp.  \'fr.  hardier,  aiguil- 
lonner. Cett«  dernière  explication  a  contre 
elle  le  fait  qu'en  vfr  harde  ou  arc/c*=  bâton, 
n'est  pas  constaté. 

ARDOISE,  BL.  ardesia,  ardosia,  it.  arde- 
sia,  port  ardosia.  Adelung  admet,  sans  en 
fournir  aucune  preuve,  une  origine  celtique; 
Ménage  parvient  à  dériver  ardoise  de  argilla, 
et  voici  comment  :  argillus,  argillidus,  argil- 
dus,  argildensis,  ardonsis,  ardese.  Le  chemin 
est  long,  mais  à  la  fin  on  arrive.  Philander  : 
ardcsiam  vocamus  credo  ab  ardendo,  quod  o 
tectis  ad  solis  radios  veluti  flammas  jaculatur. 
Vergy  croit  que  le  nom  de  l'ardoise  lui  vient 
de  la  ville  d'Ardes  en  Irlande,  supposition 
toute  gratuite;  Frisch  :  later  Artesius  (du 
pays  d'Artois).  Le  Duchat  conjecture,  avec 
beaucoup  plus  de  probabilité,  selon  Mahn, 
que  pierre  ardoise  est  une  contraction  pour 
pierre  ardenoise,  les  Ardennos  étant  particu- 
lièrement productives  en  ardoises.  Littré, 
•appuyant  sur  la  couleur,  invoque  le  cymr. 
arddu,  ardion,  très  sombre  (Ardenne,  forêt 
sombre).  Diez  ne  se  prononce  pas.  —  D.  ar- 
doisidre. 

*ARDRE,  voy.  arde>U. 

ARDU,  L.  arduus. 

ARE,  du  L.  area,  surface,  d'où  vient  aus.si 
aire  (v.  c.  m.)  et  le  dérivé  aréal. 

ARÉAL,  voy.  are  et  aire, 

ARENE,  L.  arena;  arc'neux,  L.  arenosus. 

ARETE,  prov.  aresta,  du  L.  arista,  barbe 
d'épi,  emi)loyé  déjà  par  le  i>oète  Ausone  pour 
arête  de  poisson  —  D.  arêtiei\ 

AR6ANEAU,  it.  arganello,  dim.  de  it.  ar- 
gano,  vindas,  cabestan.  Il  est  difficile  d'y  mé- 
connaitre  le  lat.  oi^fanum,  engin,  instrument, 
pour  la  forme;  cependant  Dioz  admet  que  l'on 
ait  emprunté  ce  dernier  sous  l'influence  de 


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ARL 


—  29  — 


AKM 


lat.  ergota  (cabestan),  moy.  lat.  argata  (annu- 
lus  crassior).  Storm  (Rom.  II,  328)  y  voit 
plutôt  une  tnmsformation  du  celtique  ^aranocf 
=  gr.  yipayo;  (gme),  transformation  amenée 
IKîutréti'e  par  le  souvenir  de  orgamim.  Aussi 
bien  dit-on  de  même  organeau  p.  argaucan. 
ARGENT,  L.  argentum.  —  D.  argentier, 
crie;  verbe  argcnier;  argentin;  argentosus, 
argenteux. 

ARGILE,  L.  argilla  (ipyiUoî);  argileitœ,  L. 
argillosus, 

1.  ARGOT,  langage  des  voleurs,  vocable 
d'origine  encore  inexpliquée  ;  on  a  voulu  y 
voir  une  altération  de  l'it.  gargo  {fr.  jargon), 
ou  un  dérivé  du  L.  argiUari,  disputer  (en 
wallon  argoter).  Cette  dernière  étymologie 
est  fortifiée  par  le  wallon  argoté,  rusé,  malin 
(L.  argutus).  Diez  rappelle,  pour  le  radical, 
le  vfr.  arcagc  =  langage,  dialecte,  que  l'on 
rencontre  dans  Gui  de  Bourgogne  («  en  arcage 
grezois  «). 

2.  ARGOT,  branche  morte,  voy.  ergot-,  — 
D.  argoter. 

ARGOÏÏSIN,  voy.  alguasil. 

ARGUE,  t.  d'arts  et  métiers,  certaine  ma- 
cliine  des  tireurs  d'or  ou  d'argent,  s'explique 
parfaitement  par  L.  organum,  instrument, 
outil,  d'où  aussi  it.  argano,  cabestan  (v.  pi. 
h.  arganeau).  Argue  serait  donc  une  forme 
variée  de  orgue;  Vo  tonique  changé  en  a  se 
trouve  aussi  dans  dame  de  dmnina  ;  cp  encore 
arpaiV/eicr,  prononciation  vulgaire  pour  orpail- 
leur. —  D.  arguer. 

1.  ARGUER  (trissyllabiquo),  contredire, 
accuser,  argumenter,  raisonner,  it.  arguite, 
esp.  poi-t.  prov.  argnir,  du  L.  anyiterc  (comme 
statuer  de  statuere).  Anciennement,  arguer 
signifiait  tancer,  attaquer,  invectiver,  harce- 
ler, aiguillonner.  Il  se  peut  très  bien  que  le 
primitif  du  verbe,  dans  ses  anciennes  accei)- 
tions,  soit,  comme  l'affirme  Littré,  plutôt  ar- 
gutare  (=  vé\^tcT  sans  cesse)  que  arguere, 
mais  je  ne  vois  pas  que  la  phonologie  refuse 
ce  dernier  et  que  arguer,  venant  de  arguere, 
réclame  nécessairement  au  présent  f  argue 
(prononcé  arghe)  au  lieu  de  arguë,  que  pré- 
sentent les  textes.  Il  ne  faut  pas  perdre  do 
vue  que  le  verbe  arguer,  du  moins  dans  les 
applications  modernes,  est  d'introduction  sa- 
vante, et  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  sur  Xii 
de  arguere,  comparé  à  Trt  de  ar  gutare. 

2.  ARGUER  (pron.  argher),  voy.  argue. 
ARGUMENT,  L.  argumentum  (arguo).  — 

D.  argumenter,  L.  argumentari. 

ARGUTIE,  forme  savante,  qui  a  supplanté 
le  vfr.  arguée;  du  L.  argutia. 

ARIDE,  -ITB,  L.  aridus,  ariditatcm. 

ARIETTE,  voy.  air. 

ARISTOCRATIE,  gr.  à|5iï«x/jaTs(»,  gouver- 
nement des  meilleurs  (â^oiiroi).  —  D.  aristo- 
a'ote,  -tique. 

ARITHMÉTIQUE,  gr.  à/si^iîTixo,-,  qui  se 
rapporte   au  calcul  (ipiS/Ao;  nombre,  verbe 

ARLEQUIN,  dans  le  sens  actuel  du  mot,  do 
rit.  arleccfnno.  Mais  celui-ci  d'où  vient-il?  car 


il  n'est  pas  né  sur  le  sol  italien.  Représente- 
t-il  originellement,  comme  certains  pensent, 
le  vfr.  hellequin  ou  hierlequin,  si  souvent 
employé  par  les  écrivains  du  moyen  âge  pour 
désigner  le  diable?  «  Tout  éloigné  qu'il  est 
par  son  caractère  du  hellequin  primitif,  dit 
Gachet,  arlequin  a  pourtant  conservé  l'accou- 
trement des  farces  du  xiv"  siècle  :  son  masque 
noir  annonce  bien  un  fils  de  l'enfer  et  son 
vêtement  composé  de  pièces  jaunes,  rouges  et 
noires  ne  rappelle  pas  moins  bien  les  flammes 
au  milieu  desquelles  il  se  trépignait  en  tour- 
mentant les  damnés  » .  Quant  à  ^^uin(dont 
le  Dante  a  fait  alichino),  son  et.  reste  encore 
à  trouver;  les  conjectures  mises  en  avant  jus- 
qu'ici ne  donnent  aucune  certitude.  La  fac- 
ture du  mot  accuse  une  origine  flamande. 
Aussi  Mahn  ramène  harlequin,  en  détachant 
le  suffixe  diminutif  kin,  à  l'ail,  harl,  variété 
de  Karl  (Charles),  et  s'appuie  des   expres- 
sions analogues  Peterinânnchen,Hûnneschen, 
Hein^ehnànnchen,    toutes   employées    pour 
désigner    des    esprits    familiers  ou     lutins. 
Comme  on  trouve  aussi  hennequin  p.  helle- 
quin, je  prendrais  volontiers  cette  forme  pour 
la  première  et  elle  nous  fournirait  la  repré- 
sentation néerl.  de  l'ail,  hànschen,  dim.   de 
hans,  qui  est  aussi  le  premier  terme  de  l'ail. 
hajiswurst  (arlequin).  —  Weigand  cxjnsidère 
hellehin  «  groupe  aérien  d'esprits  se  combat- 
tant avec  bruit»,  comme  le  diminutif néerlan 
dais  hellehin,  petit  enfer.  —  Génin  (Varia- 
tions du  lang.  franc.)  met  ar/e^wm  en  rapport 
avec  le  cimetière  d'Arles  ou  alescamps,  dont 
le  vulgaire  aurait  fait  le  nom  d'un  fantôme, 
toujours  suivi  d'une  compagnie  qui  bruyait 
dans  ce  cimetière, — Nous  rapportons  encore, 
pour  mémoire,  l'explication  donnée  dans  le 
dictionnaire  de  Dochez  :  «  Du  vieux  germa- 
nique erle,  ou  elle,  aune,  et  hing,  roi,  roi  des 
aunes  et  des  fantômes  qui  habitent  dans  les 
bois.   Cette  opinion  des  fantômes  et  des  fées 
germaniques  se  fondit  avec  celle  de  la  danse 
des  morts  illustres,  tombés  autour  de  la  ville 
d'Arles,    dont  le  chef  était  envelopi)é  d'un 
manteau  rouge  et  noir.  Ces  rapports  de  cos- 
tume avec  le  bouflbn  italien  amenèrent  une 
complète  transformation   des   arlequins  qui 
avaient  effrayé  le  moyen  âge.  » 

ARME,  L.  arma  (phir.).  Pour  le  terme  hé- 
raldique armes,  cfr.  en  allemand  tcaffe  et 
voappen  ;  les  armes  sont  la  reproduction  do 
l'écu  avec  ses  blasons.  —  D.  armer  (L.  armare), 
pourvoir  d  anncs  ou  mettre  sous  les  armes, 
équiper  un  vaisseau  ;  garnir,  munir  ;  armoier", 
blasonner,  d'où  armoirie  (cp.  plaidoirie  de 
plaidoyer). 

ARMÉE,  force  armée,  BL.  armata  (armare), 
it.  armata,  esp.  -ada;  angl.  army. 

ARMELTNE,  du  BL.  armelinus  =  armeni- 
nus;  voy.  hermine. 

ARMER,  voy.  arme.  —  D.  armateur,  ar- 
mature  (mots  savants),  armure.  —  C.  désar* 
mer. 

ARMET,  p.  almet,  it.  almele,  angl.  helmct; 
diminutif  do  healme,  lialme,  elme,  auj. 
heaume.  L'absence  d'une  forme  almet  dans  les 


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ARR 


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ÂRR 


vieux  textes  fait  incliner  Littré  pour  une  dé- 
rivation de  arme. 

ARMILLBS,  L.  armiUa,  bracelet. 

ARMISTIGB,  L.  armistitium* ,  mot  nouveau 
forgé,  d'aprôs  l'analogie  de  solstiiiitm,  do 
arma  et  stare;  cfr.  le  terme  allemand  tDaffen- 
stiUstand. 

ARMOIRE,  armaire*j  vît.  alr^taire^  au- 
maire,  angl.  almery,  ambn/,  allem.  a^m^; 
du  L.  armarium,  buffet,  armoire  (de  arma 
dans  le  sens  d'ustensiles). 

ARMOIRIE,  voy.  arme.  —  D.  ai*morier, 
armoriai,  armoriste. 

ARMOISE  (vulg.  herbe  de  la  SaintJean),  L. 
artemisia. 

ARMOISIN,  taffetas  peu  lustré,  it.  erme- 
sino,  BL.  ermesiniis;  d'origine  inconnue. 

ARMON,  pièce  du  train  d'un  carrosse  où 
s'attache  le  gros  bout  du  timon,  soit  du  L. 
artemon  (dans  la  basse  latinité  &=  timon),  soit 
du  L.  armw,  jointure,  emboîture. 

ARMORIER,  voy.  armoirie. 

ARMURE,  voy.  a^'mer.  —  D.  armurier, 
d'où  armurerie. 

AROME»  du  L.  aroma,  gén.  aromaJLis  (gr. 
£pw/A«,  épiœ,  herbe  odoriférante),  d'où  pro- 
vient aussi  la  forme  aromate.  —  D.  aroma» 
tique,  aromatiser. 

ARONDS,  voy.  hirondelle, 

ARPÈGE,  de  l'it.  arpeggio,  subst.  verbal 
de  arpeggiare,  fr.  arpéger,  pr.  jouer  de  la 
harpe  (it.  arpa). 

ARPENT,  prov.  arpen.  Pour  le  t  final,  cp. 
l'ancienne  orthographe  française  chambel- 
laftt,  païsani  (angl.  peasant),  tirant  (angl. 
tyrant),  faisant  et  l'ail,  pergament,  parchemin 
comparé  à  l'it.  pergamena.  Du  L.  arepennis, 
que  Columelle  5,  1 , 6  cite  comme  une  expres- 
sion gauloise  équivalente  à  un  semijugerum. 
—  D.  arpenter. 

ARQUEBUSE,  it.  arcobugio,  archibuso. 
L'étymologie  arcus,  arc,  et  bugio,  buso, 
percé,  donc  «  arc  percé  »,  n'est  guère  admis- 
sible. Se  fondant  sur  les  formes  harquebuso 
(wall.  harkibuse)  et  ?iacquebtUe,  Qrandga- 
gnage  et,  d'après  lui,  Diez  font  venir  le  mot 
de  Pall.  ?uihenbCichse,  flam.  haeck-buyse,  c. 
&  d.  arquebuse  à  croc,  dont  on  appuyait 
l'extrémité  sur  une  fourche.  Grandgagnage, 
toutefois,  ne  condamne  pas  absolument  l'cx 
plication  arc-à-buse,  c.  à  d.  arc  lançant  des 
traits  au  moyen  d'un  tube,  l'arquebuse  étant, 
en  effet,  à  son  origine  une  sorte  d'arbalète. — 
D.  arquebusier,  arqtiebuser. 

ARQUER,  voy.  arc. 

ARRACHER,  vfr.  esrachier,  esragier,  ara- 
chier,  prov.  esraigar,  araigar,  du  L.  ex^ra- 
dicare,  avec  changement  du  préfixe,  comme 
dans  ame^u^r  de  emendare.  Pour  la  terminai- 
son de  ces  verbes,  nous  rappelons  fr'.  petuiher, 
prov.  pengar,  du  lat.  pendicare,  reoancher 
e=a  revenger. 

ARRAISONNER,  vfr.  araisnier,  adresser  la 
parole;  do  raison,  dans  l'anc.  sens  do  propos, 
parole. 

ARRANGER,  voy.  rang. 

ARRÉRAGE,  voy.  arrière.  —  D.  arrérager. 


ARRÊTER,  arester,  comp.  de  a  et  de  res- 
ter ;  c'est  tout  bonnement  le  factitif  de  rester, 
signifiant  faire  rester,  entraver  la  marche, 
fixer,  clore  (une  délibération);  subst.  arrât 
(esp.  it.  arresto),  et  arrêté,  jugement,  résolu- 
tion. L'étymologie  par  gr.  àpttTôv,  résolution, 
invoquée  parfois  pour  arr^t,  est  inadmissible  ; 
la  ressemblance  de  sens  et  de  forme  est  for- 
tuite. 

ARRHES,  vfr.  erre,  du  L.  arrha.  -r-  D. 
arrher. 

ARRIÈRE,  vfr.  arère,  prov.  areire,  de  la 
combinaison  barbare  ad-rctro,  conune  derrière 
vient  de  de-retro.  —  D.  arriérer  (esp.  arrc- 
drar),  arrérage  (prov.  areyrxigcs). 

ARRIÈRE-BAN.  Ce  mot,  quoique  très  an- 
cien, parait  s'être  formé  par  l'effet  d'une  fausse 
interprétation  du  BL.  hartbannum,  ariban- 
num  =«  ail.  hcer-bann  (convocation  de  l'ar- 
mée), d'où  aussi  vfr.  arban,  herban  (citation 
pour  aller  en  guerre  ou  pour  faire  les  corvées). 
Toutefois,  d'Arbois  de  Jubainvillc  (Rom.  1,141) 
refuse  au  mot  bas-latin  l'étymon  vha,  hariban, 
celui-ci  n'étant  point  constaté;  selon  lui,  il 
remonte  à  la  période  franco-mérovingienne  et 
représente  charebannus  (ch  franc  est  l'équiva- 
lant de  h  des  autres  langues  germaniques). 

ARRIMER,  arranger  la  cargaison  d'un  bâti- 
ment, altération  de  vfr.  arrumer,  esp.  arru- 
mar.  Or,  ce  dernier  dérive  du  subst.  vfr.  rum, 
fond  de  cale,  lequel  représente  le  ni.  ruim, 
ail.  nïm,  ai\j.  raum,  espace  (en  termes  de 
marine  :  entrepont),  angl.  room,  —  Arri- 
mer répond  pour  le  sens  à  ail.  einràumen, 
emménager  (des  meubles). 

ARRISER  et  RISER  tout  court,  t:  de  marine  ; 
du  vha.  risan,  arrisan,  tomber. 

ARRIVER,  L.  adripare,  propr.  toucher  la 
rive  (comp.  aborder,  de  bord).  Le  mot  a  géné- 
ralisé son  sens  en  celui  d'advenire.  —  D.  arri- 
vage, arrivée;  més-arriver. 

ARROGHE,  irrégulièrement  formé  du  L. 
atripliccm,  m.  s.;  it.  aJtrepice,  wallon  artpc; 
on  trouve  en  vfr.  araschc  (Wright,  Vocab., 
p.  141);  l'angl.  dit  orocA. 

ARROGANT,  -ANGE,  L.  arrogam,  -antia 
(arrogare). 

ARROGER  (s'),  L.  ar  -rogare  sibi,  demander 
pour  soi,  s'approprier. 

ARROI.  voy.  sous  agrès. 

ARRONDIR,  factitif  de  ro^id.  —  D.  arron- 
dissement •  (comparez,  pour  le  sens  do  cir- 
conscription administrative,  l'expression  ana- 
logue cercle). 

ARROSER,  prov.  arrosar;  le  verbe,  à  l'état 
simple,  sans  le  préfixe,  n'existe  pas  dans  la 
langue  d'oïl,  mais  bien  dans  l'esp.  rociar  et 
le  catalan  ruxar.  Quant  à  ces  dernières  for- 
mes, Diez  y  voit  des  dérivés  du  L.  roscidus, 
en  alléguant  limpiar  de  limpidiis;  mais  il  ne 
nous  est  point  démontré  que  les  formes  fran- 
çaise et  prov.  roscr  et  rosar,  et  les  formes 
rociar  et  ntxa'r  se  correspondent.  Je  ratt»a- 
cherais  volontiers  roser  ou  arroser  aux  verbes 
latins  rorare  ou  adrorare,  mais  la  permuta- 
tion do  r  et  s  (cp.   les  mots  bcsiclr,  chaise. 


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ART 


—  31  — 


ASP 


poitssière)  est  relativement  trop  moderne 
pour  Tadmcttre  ici,  bien  qu'elle  fût  particu- 
liopcment  motivée  dans  notre  cas  par  le  désir 
d'éviter  le  concours  do  deux  syllabes  com- 
mençant par  un  r.  Il  vaut  donc  mieux, 
pour  rosar  et  roscr,  admettre  une  dérivation 
directe  du  L.  ros,  —  Le  subst.  verbal  de  ces 
verbes  est  respectivement  rociada,  ruxada, 
rosada,  fr.  rosée,  it.  rugiada. 

ÂRS,  t.  de  vétérinaire,  le  pli  qui  se  remar- 
que à  la  réunion  de  la  poitrine  et  du  membre 
antérieur  du  cheval.  Oachet  le  rattache  au  L^ 
arca,  coffre  :  il  rappelle  que  dans  plusieurs 
langues  la  poitrine  est  exprimée  par  un  terme 
signifiant  coffre,  creux;  cp.  esp.  arcas,  les 
flancs,  le  creux  qui  est  au-dessous  des  côtes, 
angl.  chcst^  it.  casso,  cassera,  thorax.  Papias, 
en  parlant  du  thorax,  dit  :  «  quam  nos  arcam 
dicimus,  quod  sit  ibi  arcanum  »,  Diez  oppose 
que  ars  ne  désigne  pas  la  poitrine,  mais  un 
joint,  et  rapporte  le  mot  à  L.  armu*,  jointure; 
Littré  y  voit  une  comparaison  des  deux  mem- 
bres de  devant  du  cheval  avec  un  arc  et  s'en 
tient  à  arcus;  d'autres  établissent  pour  pri- 
mitif le  latin  artxis,  [articulation.  —  Dans 
tous  les  cas,  1'^  final  est  un  reste  de  l'ancien 
nominatif,  comme  dans  fils,  rets,  fonds. 

ARSENAL,  it.  arzanà,  arsenale,  grec  du 
moyen  âge  àf^tvfklviq  ;  ces  vocables,  auxquels 
se  joignent  it.  darsejia,  partie  séparée  d'un 
port,  fr.  darse  et  darsine,  viennent  de  l'arabe 
dàr  çaiiah,  persan  tarsanah,  maison  de  tra- 
vail, atelier  de  construction.  Arsenal  paraît 
ainsi  avoir  sonné  d'abord  darsenaL  Cependant 
Devîc  dit  que,  dans  les  formes  sans  l'initiale  d, 
le  mot  représente  l'arabe  as-shiô^a,  qui  se  dit 
d'un  arsenal  maritime. 

ARSENIC,  du  L.  arseniciim  (àp«vi>t«(v,  pr. 
le  métal  mâle).  On  trouve  en  vfr.  la  forme 
correcte  arsoine.  • 

ART,  L.  ars,  artis;  le  mot  latin  signifiait 
dans  la  basse  latinité  aussi  instrument,  engin. 
—  D.  artiste. 

ARTliRB,  L.  arteria  (àprnpCx). 

ARTÉSIEN  (puits),  du  BL.  Artesia,  fr. 
Artois,  province  où  ces  puits  ont  été  établis 
en  grande  quantité. 

ARTICHAUT,  de  l'ital.  articiocco,  ail.  ar- 
tischoke.  L'étude  qu'a  faite  M.  Dozy  expose 
que  l'arabe  ardhi-chaukî  (litt.  terreux-épi- 
neux), loin  d'être  l'original  de  Tit.  articiocco, 
en  est  plutôt  la  reproduction,  favorisée  par  un 
rapport  de  son  avec  deux  adjectifs  que  l'on  a 
trouvés  convenablement  applicables  à  la  chose; 
qu'il  a  été  introduit  en  Syrie,  où  seulement 
on  le  trouve  en  usage  à  la  suite  des  relations 
de  ce  pays  avec  l'Italie  ;  que  le  vrai  et  ancien 
mot  arabe  pour  artichaut  est  harsjef,  ou 
charsjof,  et  que  c'est  de  là  que  proviennent 
les  formes  esp.  aJcarchofa,  alcachova,  port. 
alcachofra  et  l'it.  carcioffo;  enfin  que  car- 
cioffb  s'est  transformé  en  arciocco  (forme  citée 
par  Dodoens).  qui  à  son  tour  serait  devenu 
articiocco,  —  Devic  (Journal  asiat. ,  jaùv.  J  862, 
p.  83),  explique  articiocco  par  une  corruption 
du  gr.  rà  àpTurcxa,  **  têtes  d  artichaut  » . 

ARTICLE,  L.  articnlus,  dimin.  de  artus. 


joint.  Le  même  mot  latin  a  donné  régulière- 
ment orteil  (v.  c.  m.),  anc.  artcil.  —  Dérivés  : 
articulare,  articuler;  -atio,  -ation;  -aris,  -aire?; 
inarticulatus,  inarticulé, 

ARTIFICE,  L.  artificium.  —  D.  artificier; 
artificialis,  artificiel;  -osus,  -eux. 

ARTILLER*,  munir  d'engins  (de  là  le  t«rme 
do  marine  artillé),  du  BL.  artillum  (dimin. 
de  ars  dans  le  sens  d'engin).  —  De  là  :  subst. 
artillerie,  l'ensemble  des  engins,  subst.  artil* 
leur,  anc.  qui  dirige  l'emploi  des  engins,  et 
enfin  l'ancien  adj.  artilleux,  artificieux,  rusé. 
Pour  le  rapport  entre  art  et  artillum,  cp. 
engin,  ingénieur  et  ingénieux,  de  ingenium. 
Comme  engigner,  notre  verbe  artiller  a 
signifié  aussi  user  d'artifice.  En  prov.,  on 
trouve  artilha  dans  le  sens  de  redoute. 

ARTILLERIE,  voy.  le  mot  précédent. 

ARTIMON,  L.  artemo  (ipriytay). 

ARTISAN,  it.  artigiafw,  esp.  artesayto, 
dérive  direct,  d'un  ac^.  artUianus  formé  du 
part,  artitus,  habile  («  bonis  instructus  arti- 
bus  «  Festus).  C'est  de  la  même  manière  que 
partisan  s'est  produit  de  partitus.  Selon  Fle- 
chia  (Postille  etimol.  13),  la  finale  française 
isan  ne  représente  pas  un  type  itiantis,  mais 
une  combinaison  de  -ensis  (=  is)  -(-  -c^nus 
(=a  a7î)  ;  do  même  dans  partisan. 

ARTISON,  vfr.  artuison,  insecte  rongeur. 
Voici,  d'après  Bugge  (Rom.  IV,  350),  l'his' 
toire  de  ce  mot  :  Lat.  tarmitem,  devenu  tar- 
mita,  a  donné  tarie,  d'où  par  aphérèse  arte  et 
artre  (forme  ancienne  fi'équente);  de  là  un 
composé  arte-toison,  devenu  artoison,  -uison, 
'Uson,  -ison,  toutes  formes  constatées.  Je  ne 
trouve  dans  Godefroy  que  artre  et  l'adj.  artui- 
sonneux  au  sens  de  Hneosus. 

ARTISTE,  BL.  artista,  dérivé  de  ars,  aHis. 
—  D.  artistique. 

AS,  it.  asso,  angl.  ace,  du  L.  os,  mot  dési- 
gnant l'unité. 

ASBESTE,  gr.  â^Csvres,  qui  ne  se  consume 
pas  au  feu,  litt.  inextinguible. 

ASCARIDE,  L.  ascaris,  -idis  (àneap<$). 

ASCENDANT,  L.  ascendens,  part,  de  as- 
cendere,  monter,  d'où  l'ancien  verbe  franc. 
ascendre  (angl.  ascend),  qu'on  a  eu  tort 
d  abandonner.  —  D.  ascendance.  —  L.  ascen- 
sio,  ascension,  d'où  ascensionnel. 

ASCÈTE,  gr.  àwiiT^js,  qui  s'exerce.  —  D. 
ascétique  ascétisme, 

ASILE  ou  ASTLE,  L.  asylum  {iiulov,  lieu 
inviolable). 

ASPE  (aussi  asple),  it.  aspo,  dévidoir,  du 
vha.  haspa  (ail.  mod.  haspel),  m.  s. 

ASPECT,  L.  aspcctus,  de  aspicere,  regar- 
der. 

ASPERGE,  L.  asparagus  [àfsitkpivtoi). 

ASPERGER,  vfr.  asperdre,  de  aspergere 
(comp.  do  spargcre).  —  Aspersio,  aspersion  ; 
aspersorium*,  aspersoir. 

ASPÉRITÉ,  voy.  âpre, 

ASPHALTE,  L.  asphaltus  {i^f^lroi). 

ASPHODÈLE,  gr.  à^çàosïoi.  Dans  l'ancienne 
langue,  le  nom  de  cette  plante  se  présente  sous 
les  formes  asphrodille,  afrodille  (Palsgravo); 
V.  angl.  affadill,  auj.  daffbdiU. 


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32  — 


ASS 


ASPHYXIE,  gr.  i^yuÇ^x,  absence  de  pulsa- 
tion (ïf  û^siv,  battre,  en  parlant  du  pouls).  — 
D.  asphyxier, 

1.  ASPIC,  plante  (lavandula  spica),  p.  es- 
pic,  du  L.  spicum,  dit  par  métaplasme  pour 
spica. 

2.  ASPIC,  serpent,  L.  aspis,  -idis,  gr. 
àçwé;;  le  prov.  a  aspis  et  aspic,  l'csp.  et  le 
port,  aspid,  l'it.  aspide.  Le  c  final  de  la 
forme  provençale  est  r&sté  en  français  ;  et  je 
crois  que  le  prov.  aspic  vient  d'un  diminutif 
ÙTTtUiov,  op.  dans  cette  langue  fastic  (L.  fas- 
tidium),  aloc  (L.  allodium)  et  autres  mots  où 
le  c  est  un  effet  de  Vi  palatal  de  la  terminaison 
ium.  La  vraie  forme  française  est  le  vfr.  aspe, 

3.  ASPIC,  t.  de  cuisine,  plat  composé  de 
viande  ou  de  poisson  froid  et  de  gelée.  D'où  ? 
De  la  loc.  «  être  froid  comme  un  aspic  »?  se 
demande  Littré. 

ASPIRER,  L.  a-spirare;  —  D.  aspirant, 
aspiration,  aspirail. 

ASSAILLIR,  L.  as-salire. 

ASSAINIR,  fact.  de  sain,  —  D.  assainisse- 
ment, 

ASSAISONNER,  propr.  rendre  convenable 
à  la  saismi  (v.  c.  m.),  puis  porter  qqch.  à  son 
point  voulu,  enfin  accommoder  convenable- 
ment (cp.  ail.  surccht  machen),  rendre  plus 
agréable.  L'idée  de  saison  a  fini,  comme  on 
voit,  par  s'effacer  entièrement. 

ASSASSIN,  subst.  et  adj.,  vient  de  l'arabe 
haschischin,  qui  est  le  nom  d'une  secte  reli- 
gieuse dont  les  adhérents  ont  fait  vœu  de 
commettre  tout  meurtre  qui  leur  serait  or- 
donné par  leur  chef  (appelé  le  seigneur  de  la 
montagne,  schajch  algabal),  en  s'enivrant  à 
cet  effet  d'une  boisson  préparée  avec  le  chan- 
vre [haschisch).  Le  nom  de  ces  sectaires  est 
dans  la  suite  devenu  synonyme  de  meurtrier 
soudoyé.  —  D.  assassiner,  assassinat, 

ASSAUT»  it.  asalto,  BL.  assaîtus,  subst. 
verbal  du  BL.  assaltare,  vfr.  assauter,  fré- 
quent, de  aS'Salirc,  fr.  assaillir. 

ASSÉCHER,  factitif  de  sec  i  v.  c.  m.). 

ASSEMBLER  i^eprésente  une  forme  latine 
assimulare,  dérivée  de  l'adv.  simiil,  en  même 
temps,  à  la  fois  ;  assembler,  c'est  faire  venir  ou 
mettre  ensetnble  (v.  c.  m.).  Dans  l'ancienne 
langue  le  verbe  signifiait  combattre  (cp.  jou- 
ter de  jiixta.  —  D.  assanblée,  assemblage; 
dcsassembler,  rassembler, 

ASSENER,  dans  l'ancienne  langue,  signifiait 
diriger  ;  le  mot  n'est  resté  que  dans  la  locu- 
tiod  assener  un  coup.  Il  vient  de  sen,  sens, 
direction,  qui  est  aussi  le  primitif  de  forsené', 
forcené, 

ASSENTIR',  vieux  verbe  fr.,  du  L.  as-sen- 
tire;  il  nous  en  est  resté  le  subst.  assentiment. 
Il  est  curieux  de  remai'quer  à  côté  de  la  ter- 
minaison iment,  dans  assentiment,  ressen- 
timent, celle  en  ement  dans  consentement. 
Les  anciens  employaient,  du  reste,  la  forme 
normale  assentement, 

ASSEOIR.  Le  verbe  seoir  (pron.  soi?-), 
anc.  sedeir,  siieir,  seoir,  représente  le  L.  sc- 
dêre  (cp.  veoir,  voir,  de  videre)  ;  asseoir,  le 
composta   assidêre.    Seulement,    le    compos 


français  est  actif  (=  poser,  fixer),  tandis  que 
le  terme  latin  est  exclusivement  neutre  (ctro 
assis).  La  langue  d'oïl  avait  aussi  la  forme 
assire,  qui  répond  à  un  primitif  latin  assi- 
dêre. Le  participe  assis  reproduit  le  L.  asses- 
SHS  (cp.  pris  de  presus  i^.prensus^.  C'est  de  ce 
participe  assis  que  vient  le  subst.  assise, 
assemblée,  séance  de  juges,  puis,  par  exten- 
sion, le  jugement  porté  par  eux,  ou  bien  aussi 
imposition,  taxe  décrétée  par  l'autorité.  Le 
sens  primitif  et  matériel  du  mot  reparait  dans 
assise  signifiant  couche  de  pierres.  —  Com- 
posé :  rasseoir,  rassis, 
ASSERMENTER,  lier  par  serment. 
ASSERTION,  L.  assertio,  subst.  de  asse- 
rere,  prétendre,  affirmer. 

ASSERVIR,  factitif  de  serf,  comme  assu- 
jettir de  si'jet.  Cette  étymologie  fait  compren- 
dre la  différence  de  conjugaison  qui  se  remar- 
que entre  asservir  et  servir.  Le  latin  asservirc 
n'avait  qu'une  signification  neutre. 

ASSESSEUR,  L.  assessor  (de  assidêre,  s'as- 
seoir auprès)  ;  ralleraand  a  imité  le  terme  latin 
par  le  mot  beisitzer. 

ASSEZ,  pr.  assats,  it.  assai,  de  l'adverbe 
composé  L.  adsatis,  assatis  (cfr.  pour  la 
finale  es,  L,  amatis  et  fr.  aimes). 
ASSIDU,  -ITÉ,  L.  assiduus,  -itas  (assidêre). 
ASSIÉGER  se  rapporte  à  siéger  (voy.  siège, 
comme  le  mot  latin  assidêre,  qui  a  le  même 
sens,  au  primitif  sedcre.  Jadis  on  disait  plu- 
tôt asseoir  une  ville. 

ASSIETTE.  Les  diverses  significations  pro- 
pres à  ce  mot  dans  la  langue  ancienne  et  mo- 
derne, jointe  à  sa  similitude  avec  la  forme 
verbale  assiet,  assied,  font  difficilement  renon- 
cer à  la  supposition  d'un  rapport  étymolo- 
gique avec  le  verbe  asseoir,  lat.  assidêre.  Je 
disais  dans  ma  dernière  éd.  que  ce  rapport 
ne  se  laissait  établir,  à  moins  de  violenter 
la  phonétique,  qu'en  partant  d'une  forme  ty- 
pique imaginaire,  c'es^à-dire  non  constatée  : 
le  fréquentatif  asseditare,  tiré  d'un  supin  bar- 
bare seditum  pour  sessum.  Ce  type,  disais-je, 
nous  mènerait  naturellement  à  un  infinitif 
prov.  asetar,  fr.  aseter,  assieter,  et  au  sub- 
stantif verbal  assiette,  en  invoquant  l'analogie 
de  pedito  {^onis)  devenu  piéton  et  de  peditare 
(dérivé  de  peditus)  devenu  petar,  péter.  Il 
expliquerait  également,  continuais-je,  l'espa- 
gnol et  le  prov.  sentar,  asentar,  it.  sentare 
et  assentare,  vieux  fr.  assenter  =  asseoir, 
qui  se  rapporterait  à  seditare  comme  renta, 
rente  à  reddita  (1).  Dans  mon  hypothèse  d'un 
supin  seditum  (ce  barbarisme  ne  serait  pas 
plus  étrange  que  le  premitum  pour  pres^ 
sxim^  auquel  l'on  doit  impretita  et  empreinte), 
je  prétendais  que  les  déductions  que  j'en 
tirais  ne  soulèveraient  aucune  difficulté  sé- 
rieuse, tandis  qu'il  y  en  a  de  très  graves 
à  voir  avec  Littré,  au  fond  du  mot  assiette, 
un  thème  siet,  répondant  à  L.  situs  D'abord, 

(1)  Diez  voit  dans  ces  formes  des  dérivations  du  parti- 
cipe présent  sedentetn,  mais  la  lettre  s'y  oppose,  à  ce 
qu'il  me  semble  ;  en  français  la  marche  :  seti^ntare^ 
t^anter,  santer,  pourrait  être  admise  sur  Tanalogie  de 
ct'cd^ntarc-ci'éanter-crantet',  grante%\  mais  en  est-il  de 
même  pour  les  langues  du  Midi? 


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on  ne  connaît  aucun  exemple  d'un  i  bref 
latin  se  francisant  par  ie  ;  puis  la  citation 
du  Recueil  de  Tailliar,  dont  s'appuie  l'auteur 
du  Dictionnaire  de  la  langue  française  :  un 
jour  con  i  a  siet^  prouverait  au  contraire,  à 
cause  de  l'emploi  actif  do  ce  participe  siety  en 
faveur  d'un  participe  seditus.  Aujourd'hui, 
grâce  au  Dictionnaire  de  Godefroy,  il  est  per- 
mis d'abandonner  le  terrain  conjectural,  et 
de  fonder  sur  le  vfr.  assetei\  assetter  = 
asseoir,  placer,  disposer,  dont  ce  dict.  nous 
donne  de  nombreuses  preuves,  l'étymologie  : 
assiette  y  subst.  verbal  fém.  de  assetter  (la 
diphthongue  ie  en  syllabe  tonique  est  de 
rôprle).  n  n  y  a  que  pour  l'acception  «  plat  » 
qu'il  peut  encore  rester  quelque  doute  (v.  pi. 
loin).  —  Mais  nous  avons,  à  propos  de  la 
famille  du  L.  sedëre,  encore  d'autres  formes 
romanes  à  débrouiller.  L'espagnol  sitio  (place, 
siège)  est,  selon  moi,  le  substantif  verbal 
de  sitiar  (composé  :  asitiar^  prov.  asetiar, 
asetjar).  Ce  sitiar ^  je  serais  disposé  à  le  rame- 
ner à  un  type  sitiare,  fonné  de  situs,  comme 
acidiare^  capiiare,  tractiare,  etc.  de  aciUttSy 
captKs,  tractitSy  si  ce  proct^dé  do  dérivation 
verbale,  fort  usuel  en  roman,  ne  se  produisait 
pas  en  espagnol  par  un  simple  ::  iagusar^ 
casar,  trasar).  Cette  dernière  circonstance 
m'engage  à  me  rallier  à  Diez,  qui  conjecture 
pour  primitif  des  formes  en  question  (voyez 
son  article  sitio)  le  vieux  liaut-all.  sizan^ 
vieux  saxon  sittian  (sedcrc).  —  Le  provençal 
a^sestar  (placer,  asseoir)  et  l'italien  asscstnre 
(actif  =  arranger,  ajuster,  neutre  =  seoir, 
convenir)  ne  reposent  pas,  comme  le  pense 
Littré,  sur  une  mixtion  du  supin  sessum  avec 
situSf  mais  ils  ont  pour  type  assessitare^  dé- 
rivé de  assessum,  assessare  (le  simple  sessi- 
tare  est,  comme  on  sait,  classique).  C'est  ainsi 
que  taxitnit  supin  secondaire  de  iag&re  ^  tan- 
gere,  a  produit  ta^itare^  d'où  it.  tastare^  prov. 
tastar,  fr.  tàier.  —  Jusqu'ici,  nous  avons  su, 
sauf  la  forme  sitiar ^  nous  accommoder  du 
Iirimitif  sedere,  soit  par  seditnm  ou  par  ses- 
sum. En  sera-t-il  de  môme  à  l'égard  de  l'ita- 
lien asseiiarc,  ajuster,  agencer,  disposer, 
asseoir,  châtrer?  Je  ne  le  pense  pas.  Le  double 
t,  d'après  les  règles  de  formation  italienne,  ne 
jKîrmet  point  d'y  voir  une  simple  modification 
formelle  de  aseiar  ou  de  asestar  traités  ci-des- 
sus; et  malgré  la  conformité  do  son  et  la 
cf)ïncidence  des  significations,  il  îsvwi  lui 
chercher  un  autre  original.  Or,  la  facture  du 
mot  appelle  nécessairement  rt6'5ec<rt7'6,  fréquen- 
tatif de  as'secare,  couper  pour  chacun  et 
pour  chaque  chose  dans  les  proportions  vou- 
lues, diviser  par  justes  parts,  répartir,  arran- 
ger, placer,  asseoir  convenablement,  assigner, 
fixer.  Arrangement,  disposition,  placement, 
sont  des  idées  qui  découlent  naturellement 
de  couper,  diviser,  et  d'ailleurs  le  sens  chà- 
tivr  vient  on  surplus  corroboror  cotte  étymo- 
lr>jrie,  que  je  ne  fais  que  reproduire  ai)rès 
Diez.  —  Et  maintenant,  pour  en  revenir  à 
assiette  t  point  de  départ  de  ce  long  article,  ne 
vaut-il  pas  mieux,  pour  l'expliquer,  laisser  là 
lo  type  asseditare,  assigner  au  mot  français  la 


même  origine  qua  l'italien  asselto,  agence- 
ment, ordre,  et  le  faire  passer  par  la  même 
filière  idéologique  :  couper,  diviser,  répartir, 
arranger,  asseoir,  placer  à  table?  Pour  la 
lettre,  nousaurions  pour  nous  le  mot  disiette', 
disette  de  disecta  (retranchement  de  vivres), 
et  pour  le  sens,  la  conception  primordiale 
"  tailler  »  ne  perce-t-elle  pas  encore  dans  le 
terme  assiette  (taille,  répartition)  d^  impôts , 
puis  dans  l'expression  usuelle  en  termes  d'eaux 
et  forêts  :  \ assiette  des  t>entes  [on  marquait  les 
bois  à  vendre  en  les  entaillant),  et  enfin  dans 
l'emploi  du  mot  assiette  désignant  le  plat  sur 
lequel  on  sert  ou  on  mange,  et  au  sujet  duquel 
il  me  reste  encore  quelques  mots  à  dire. 
Assiette  =  vaisselle  plate,  peut  être  une  mé- 
tonymie de  assiette  ==  service,  mets  (co  qui 
est  mis  sur  table),  mais  l'inverse  est  égale- 
ment possible,  et  phis  probable  (comparez  les 
termes  fr.  plai  et  angl.  disk  =  mets).  Dans 
les  deux  cas  (1),  il  peut  y  avoir  au  fond  l'idée 
de  trancher  les  viande*  (il  faut  les  trancher 
avant  de  les  .servir),  et  dans  le  deuxième,  on 
est  involontairement  rappelé  à  nos  vieux  mots 
tailloir  et  tranchoir,  à  l'it.  tcu/lière,  esp.  tcU- 
lei\  ail.  teller.  On  le  voit,  je  reste  dans  l'indé- 
cision pour  ce  qui  concerne  le  mot  assiette  : 
l'élément  secare  parait  y  avoir  autant  de  droit 
(pie  sedere. 

ASSICrNER,  vfr.  assiner,  assener,  du  latin 
assignare. 

ASSIMILER,  L.  assimilare  (similis). 

ASSISE,  voy.  asseoir. 

ASSISTER,  L.  ad-sistere.  —  D.  assistance, 
1.  présence,  aide,  secours;  2.  ensemble  des 
pei-sonnes  présentes. 

ASSOCIER,  L.  ad-sociare  [socius,  compa- 
gnon). 

ASSOLER,  de  sole  (v.  c.  m.). 

ASSOMBRIR,  rendre  sombre. 

ASSOMMER,  selon  les  uns,  de  somme  == 
L.  somnus;  assommer,  qui  s'employait  autrefois 
en  effet  pour  assoupir,  serait  ainsi  employé 
métaphoriquement  pour  tuer,  comme  l'expres- 
sion "  in»soporem  collocare  »»  dans  Plante, 
Amphitr.,  1,  147;  selon  d'autres  (Ménage  et 
Diez),  de  somme,  fardeau  (v.  c.  m  ),  de  ma- 
nière que  assommer  serait  propr.  accabler 
sous  la  pesanteur  d'un  poids.  Nous  tenons  la 
dernière  explication  pour  d'autant  plus  accep- 
table que  le  verbe  signifie  aussi  fatiguer, 
affliger.  Cependant,  l'ancienne  acception  «  me- 
ner à  fin  »  qui,  ainsi  que  celle  de  «  énu- 
mérer  «,  se  rattache  à  «  summum,  summa  », 
engage  à  admettre  ce  dei'nier  primitif  aussi 
pour  le  sens  «  tuer  ».  —  D.  assommoir. 

ASSOMPTION,  L.  assumptio,  substantif  de 
fzssitmere,  prendre  à  soi. 

ASSONANT,   L.    ad-sonans.   —  D.    asso- 


(1)  L'emploi  du  mot  mniette  pour  vaisselle  platn, 
d'après  Icîs  cit/itions  de  M.  Lillré,  ne  parait  i-cmonter 
qu'ail  XVII"  sic'clo.  Cela  parle  en  faveur  de  l'antério- 
rité du  sens  mets,  service.  —  Gotlefroy  ne  cite  qu'un 
.seul  ex.  (le  (issicctc  ou  ce  mot  revient  plusieurs  fois  dans 
cette  liaison  :  «  une  chainturc  k  assirctcs  d'argent  et  de 
perles  •»;  il  traiiutt  \yar  plaque;  J'y  vois  plutm  la  valeur 
«  piëco,  pnreello  ". 

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AST 


34  — 


ATI 


Assortie,  v.  act.,  mettre  ensemble  selon 
les  sortes,  assembler  d'une  manière  conve- 
nable, pourvoir  im  magasin  de  diverses  sortes 
convenables  ;  neutre,  être  de  môme  sorte, 
convenir;  de  sorte  {y.  c.  m.).  —  D.  assorii- 
nient;  désassortir. 

ASSOTER,  factitif  de  sot,  comme  affoler 
de  fol;  cps.  rassoter. 

ASSOUPIR,  du  L.  sopire,  endormir  (rac. 
SOP,  d'où  sopnus*,  somnus). 

ASSOUPLIR,  randre  souple, 

ASSOURDIR,  rendre  sourd. 

ASSOUVIR  a  l'air  d'être  une  forme  variée, 
adoucie  (p  en  u),  de  assoupir  ;  le  latin  sopire 
signifiait  également  calmer,  apaiser.  Cepen- 
dant, cette  étjmologie  pourrait  n'être  que 
spécieuse.  Diez,  dans  la  1'^^  édit.  de  son  ac- 
tionnaire, dérive  le  mot  du  goth.  ffosôthjan, 
rassasier  ;  lé  fait  de  l'élision  de  la  dentale  et 
de  son  remplacement  par  un  r  euphonique  se 
rencontre  aUssi  dans  pouvoir  pour  podoir 
(prov.  poder).  Mais,  dans  les  éd.  suivantes, 
pour  rester  dans  le  domaine  latin,  il  a  préféré 
identifier  assouvir  avec  vfr.  assoit ffir,  satis- 
faire, contenter,  qui  vient  du  latin  sufficere, 
bien  que  le  changement  de  /f  en  r  soit  insolite. 
Littréi  insistant  en  outre  sur  les  anciennes  ac- 
ceptions parfaire,  accomplir,  pense  qu'il  peut 
y  avoir  eu  confUsion  en  un  seul  des  deux 
verbes  :  assopire  (satisfaire  la  faim,  l'assou- 
pir) et  assufficere,  suflSro,  satisfaire,  achever. 

ASSUJETTIR,  factitif  de  sujet. 

ASSUMER,  prendre  sur  ou  pour  soi,  du  L. 
as-sumere. 

ASSURER,  vfr.  assegurer,  asseû7*er,  L. 
assecurare,  —  Cp.*5.  rassurer. 

ÀSTELLE  (on  dit  plus  souvent  attelle), 
lame  de  bois,  du  L.  astella,  p.  astula,  frag- 
ment do  bois,  ais,  bardeau.  L'étjmologic  has- 
telia,  dimin.  de  hasta,  lance  (Littré),  ne  con- 
vient pas  au  sens. 

ASTER,  plante,  du  grec  à^n/ip^  étoile,  qui 
est  aussi  le  primitif  de  astérie,  astérisme, 
astéroïde,  astérisque  («vrtplwoi,  petite  étoile). 

ASTHtfS,  vfr.  asme,  esp.  it.  prov.  asma,  du 
grec  ac^fit,  respiration.  —  D.  asthmatique, 

ASTIG,  ou  asti,  instrument  pointu  des  cor- 
donniers pour  lisser  le  cuir;  subst.  verbal  de 
astiquer  (v.  c.  m.). 

ASTICOTER,  voy.  astiquer.  —  D.  asticot, 
ver  que  l'on  pique  à  l'hameçon,  pour  prendre 
les  poissons  ;  anc.  ■=  irritation  ;  cp.  wallon 
asticote,  contrariété,  indisposition  légère. 

ASTIQUER,  employé  familièrement  tantôt 
pour  toucher  légèrement  à  une  partie  malade 
(rouchi),  tantôt  pour  ajuster,  parer  (surtout 
au  réfl.  s'astiquer),  tantôt  pour  frotter  le  cuir 
avec  un  polissoir  pointu  (voy.  astic);  dérivé 
de  la  racine  germanique  stech,  stich,  piquer, 
pointer.  De  là  subst.  astic  (v.  c.  m.);  le  fréqu. 
asticoter  (v.  c.  m.),  p<jintiller,  irriter,  tour- 
menter (cp.  l'ail,  sticheln). 

ASTRAGALE,  L.  astragalus  (à9TpKva)o{). 

ASTRE,  L.  aslrum.  —  D.  rf^;((w/rc(cfr.all. 
unstern),  et  malotru  (v.c.  m.). 


ASTREINDRE,  L.  ad-stringere.  — Du  part, 
latin  astriiigcns  :  fr.  astringent,  du  subst. 
astrictio  :  fr.  astriction. 

ASTROLABE,  du  gr.  à9T/so>ix6ov  (àvr/so^xeixov 
op/avov),  instrument  pour  mesurer  les  dimen- 
sions des  étoiles. 

ASTROLOGIE,  gr.  àtrpoïoyin'^^ astrologue, 
àirpoXoyoi  ;  -ique,  -cxo^. 

ASTRONOMIE,  gr.  irfpovofilx  ;  astronome, 
sL9rpov6fioi  ;  'ique  -1x05. 

ASTUCE,  L.  astutia.  —  D.  astucieux. 
ATELIER.  Le  prov.  astelier  et  esp.  astil- 
le7'o  signifient  un  râtelier  pour  les  lances  et 
se  rapportent  à  hasta.  Diez  pense  (\\\aiclicr 
est  le  même  mot  et  que  le  sens  actuel  serait 
déduit  de  celui  de  «  dépôt  d'outils  ».  — 
D'autres  y  voient  le  BL.  artiUaria,  boutique 
de  travail  (de  artillum,  outil,  voy.  artiller), 
mais  l'élision  de  \r  fait  difliculté.  —  Littré 
pense  que  le  primitif  est  attelle  ou  astel/e, 
petite  planche;  il  s'agirait  ainsi  d'un  lieu  où 
l'on  prépare  les  attelles  ;  en  d'autres  mots,  un 
atelier  de  menuisier.  Rônscli  aussi  part  d'un 
type  lat.  astularium,  lieu  où  il  se  fait  des 
astulœ,  des  éclats  de  bois  ou  de  pierre,  donc 
lieu  de  travail,  où  l'on  charpente,  taille,  oie 
C'est  peu  plausible,  bien  que  astula  «=■  éclat 
de  pierre,  soit  constaté  dans  VitruvefArchit., 
7,  6).  —  Enfin,  feu  M.  le  prof.  J.-H.  Bor- 
mans,  de  Liège,  veut  apparenter  notre  mot 
avec  l'it.  attillare,  mettre  en  ordre,  arranger, 
et  avec  l'expression  wallonne  en  aiileure,  en 
ordre,  en  bon  état,  et  ceux-ci  avec  l'ags,  tiljan, 
arranger,  construire.  —  C'est  cette  dernière 
explication  qui  me  sourit  le  plus  ;  seulement, 
au  lieu  d'alléguer  l'italien,  je  rappelle  le  bon 
vieux  mot  fr.  atillier,  arranger,  aju.stor,  pi*o- 
parer,  équiper,  armer,  d'où  subst.  atil,  action 
d'atiller,  de  préparer  ce  qu'il  faut  ;  de  là  à  un 
subst.  atiliei;  atelier,  lieu  de  travail,  labora- 
toire, il  n'y  a  pas  loin.  Reste  à  savoir  l'origine 
de  atillier  =  prov.  atilhar,  it.  aitillare,  esp. 
atildar.  Diez,  qui  ne  connaissait  pas  notre  fr. 
atillier,  rattache,  avec  quelque  hardiesse,  ces 
derniers  verbes  à  un  type  aititulare,  de  titulus 
(it.  titolo,  esp.  tilde)  =  le  ix)int  sur  l't. 

ATERMOYER,  reculer  le  terme.  Pour  la 
terminaison  dérivative  oyer  (=  L.  icare), 
cfr.  tournoyer,  flamboyer,  rudoyer,  etc. 
L'ancienne  langue  disait  atet'mer. 

ATHÉE,  gr.  i-^jg-.—  D.  atliéisme. 

ATHÉNÉJB,  gr.  à^/jvaTov  (de  'Aa»5*>ï,  Minerve, 
déesse  des  sciences). 

ATHLÈTE,  gr.  àârx-^rra,  combattant. 

ATINTER,  ajuster,  parer,  attifer,  anc  au.ssi 
armer,  équiper;  vfr.  aiintelé,  paré,  attifé.  L'ori- 
gine de  ce  vieux  mot,  synon.  de  atillier  (voy. 
aiclier),  n'est  pas  encore  tirée  au  clair.  L'éty- 
mon  le  plus  naturel,  'attinctare,  fréqu.  do 
attingere,  attoucher,  ofl're  cela  d'irrégulier 
qu'il  suppose  un  supin  tinctum  au  lieu  de 
tactum;  mais  cette  inv*^ularité  a  de  nom- 
breuses analogies  et  n'est  pas  plus  choquanto 
que  celle  qui  îixit  scditum  de  sedtre  ;  pour  les 
acceptions  tirées  de  l'idée  foncière  «  toucher  ^ , 
ce  sont  les  mômes  que  «telles  propres  à  l'an- 


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ATT 


—  35 


ATT 


cien  adouber,  «  vêtir,  anner,  équiper,  ajuster, 
soigner  »,  lequel  on  est  d'accord  à  rattacher 
à  un  mot  germanique  signifiant  toucher.  J  cs- 
j>èrc  que  mon  explication  trouvera  meilleur 
accueil  que  les  tentatives  faites  par  Littré  à 
l'aide  de  vfr.  tin  =»  tempe  (cUinter  serait  pr. 
orner  la  tête)  ou  du  vfr.  tin,  pièce  de  bois.  Rap- 
pelons encore  comment  les  verbes  tirer,  tour- 
ner, dresser  ont  développé  des  significations 
analogues  (voy.  atour  et  attire^'),,  —  Littré  (au 
Suppl.)  signale  le  roumain  aiintar  (pron. 
a-tsin-ta),  fixer,  attacher,  dér.  de  tinta,  clou, 
pointe. 

-ATION,  terminaison  reproduisant  le  latin 
-ationcm  ;  elle  appartient ,  comme  -ateitr 
=  L.  -atorem,  au  domaine  savant  ;  réguliè- 
rement la  langue  d'oïl  en  a  fait  aison, 
oison,  ison;  ces  finales  ont  survécu  dans 
oraison,  pâmoison,  vfr.  et  angl.  venison.  L'a 
du  latin  est  atone  ;  c'est  ce  qui  explique  sa 
conversion  multiple  en  ai,  oi  et  ». 

ATLAS,  recueil  de  cartes  géographiques  ; 
cotte  signification  a  été  donnée  à  ce  mot  en 
premier  lieu*  par  Mercator,  par  allusion  à 
Atlas,  le  Titan,  porteur  de  la  voûte  céleste. 

ATHOSPHâRE,  mot  scientifique  formé  de 
àrfiôi,  vapeur,  et  vfoûpa,  globe. 

ATOMB,  gr.  âroftoi  indivisible  (de  Tfc/*»w, 
couper).  —  D.  atomique,  atomisme,  -istc,  -is- 
iique. 

ATONIE,  gr.  àreyfa,  absence  de  tension 
(tcIvù»,  tendre). 

ATOUR,  vfr.  atom,  parure,  subst.  verbal 
du  vfr.  atoumer,  diriger,-  totirner  vers,  puis 
arranger,  ajuster,  parer. 

ATOUT,  de  à  tinit,  fort  contre  tout. 

ATRABILE,  du  latin  atra  bilis,  bile  noii*e, 
mélancolie.  —  D.  atrabilaire. 

ATRE,  anc.  astre,  aistre,  propr.  le  bas 
d*une  cheminée  garni  de  carreaux,  de  l'ac^ec- 
tif  BL.  astricus,  qui  a  donné  aussi  le  vha. 
astnh  et  Tall.  mod.  estrich,  pavé,  plancher 
carrelé.  Dicfenbach  rattache  notre  mot  au 
L.  asser,  ais,  solive,  latte,  planche.  L'idée  de 
pierre  ne  serait  dans  l'origine  que  l'accessoire. 
Diez  pense  que  it.  astrico  et  BL.  astricus  sont 
issus  de  l'it,  lastrico,  pavé,  dalle,  par  l'aphé- 
rèse de  l'initiale  (prise  pour  l'article),  et  quant 
à  lastrico,  il  le  dérive  du  BL.  plastrum 
(i^TtXaiTpov,  sol  pavé,  vfr.  pîaistre,  ail.  pflas- 
ter). 

-ATRE,  dans  blanchâtre,  marâtre,  etc., 
sufidxe  péjoratif  ou  afiaiblissant,  représente 
L.  -aster,  àànspatrcLSter,  surdaster. 

ATROCE,  L.  atroccm  ;  atrocité,  L.  atroci- 
tatem.      

ATROPHIE,  gr.  àrpofla,  pr.  absence  de 
nourriture,  puis  dépérissement.  —  D.  verbe 
{ttrophier, 

ATTABLER,  mettre  à  table. 

ATTACHER,  it.  attaccare,  esp.  atacar.  Ce 
mot  n'est  qu'une  variété  dialortalc  de  fiWa^«cr; 
cp.  toucher  et  toquer.  L'un  et  l'autre,  ainsi 
que  le  terme  contraire  détacher,  proviennent 
d'une  racine  tac,  qui  se  rencontre  avec  des 
significations    variées    aussi    bien    dans   les 


langues  germaniques  que  dans  les  idiomes 
celtiques,  et  dont  le  sens  fondamental  est 
«  chose  j)roéminente  qui  sort  à  fixer  «  ;  la  h»- 
cution  s'attaquer  à  est,  pour  ain.si  dire,  iden- 
tique avec  s* attacher  à,  entreprendre  ;  c'est 
d'elle  que  procède  le  sens  actif  du  verbe  atta- 
quer, cfr.  l'expression  grecque  aTTreiâraf  tivo«  ; 
attacher,  c'est  fixer  à.  L'étymologie  attexcre 
est  une  bévue.  —  D.  attache,  attachement, 
rattacher  ;  notez  encore  le  terme  de  couturier 
ou  de  passementier  soutacher  (d'où  soutache) 
pour  sous-tcu:her.  Voy.  aussi  l'article  tache. 

ATTAQUER,  voy.  attacher.  Attaquer,  dans 
son  sens  actuel,  est  venu,  au  xvi«siôcle,  se  sub- 
stituer aux  anciennas  expressions  entaïr,  cm- 
peindre  (impingere),  requerre  acoeillir.  — 
D.  attaque,  attaquable. 

ATTARDER,  factitif  de  tard.  L'ancienne 
forme  atargier,  être  en  retard,  se  rattache  à 
un  type  latin  attardiare,  et  nous  no  pouvons 
admettre  les  raisons  alléguées  par  Gachct 
pour  prouver  que  attargié  signifiait  dans  le 
principe  «  couvert  d'une  targe  »»,  embarrassé, 
gêné. 

ATTEINDRE,  L.  attingere  (tango).  —  D.  at- 
teinte; ratteindre. 

ATTELER.  L'étymologie  de  ce  verbe,  ainsi 
que  de  son  contraire  dételei',  est  encore  incer- 
taine. L'ancienne  forme  asteler  ou  esteler 
permet  de  voir  dans  le  mot  une  représentatioil 
de  l'ail,  stellen,  mettre,  placer  ;  Diez  rappelle 
à  ce  sujet  les  termes  esp.  poner  et  angl.  to 
put  employés  pour  atteler.  La  forme  aleler  p. 
esteler  n'dst  pas  plus  étrange  que  le  berrichon 
atelon  p.  étalon,  Littré  admet  pour  primitif 
attelle  ou  attelle  (v.  c.  m.),  pris  dans  le  sens 
de  M  partie  du  collier  des  chevaux  à  laquelle 
les  traits  sont  attachés  » .  Il  rappelle  qu'twf c- 
let  s'est  dit  pour  le  bois  du  collier  des  che- 
vaux. D'autres  ont  pen.sé  au  radical  tel  qui  est 
au  fond  du  protelum  boum  (trait  de  bœufsj  de 
Pline,  du  verbe  protelare,  tirer  en  longueur  ; 
on  pourrait,  en  effet,  admettre  rcxistence  d'un 
subst.  latin  telum  ou  tela,  signifiant  timon, 
et  qui  serait,  comme  nous  le  supposons,  à 
l'égard  do  telum,  javelot,  ainsi  que  de  tela, 
toile,  une  contraction  de  tendlum  ou  tedlum. 
Un  pareil  rapport  entre  iendere  et  telum,  s'il 
était  justifié,  rappellerait  les  expressions  alle- 
mandes anspannen  et  ausspannen;  mais  l'éty- 
mologie stellen  se  prête,  pour  la  forme,  bien 
plus  naturellement.  Enfin,  je  citerai  l'opinion 
de  Langensiepen,  qui  dérive  atteler  du  L.  *ap- 
tnlare,  fixer  à,  attacher  ;  à  part  l'étrangeté  de 
la  forme  diminutive,  elle  ne  convient  nulle- 
ment pour  le  composé  dételer,  qui  évidem- 
ment représente  de-steler. 

ATTELLE,  voy.  astelle, 

ATTENANT,  participe  de  l'ancien  vorl)e 
attenir,  confiner,  être  parent,  L.  attinere. 

ATTENDRE,  du  L.  attendn-e,  tondre  l'es- 
prit vers  qqch.,  prendre  garde;  le  sens  latin 
est  resté  à  î'angl.  ta  attend,  et  dans  les  dérivés 
fr.  attention  (L.  attentio)  et  attentif. —  D.  at- 
tente (cp.  descente,  rente,  rente,  de  descenr 
dre,  rendre,  rendre),  vfr.  atendue. 

ATTENDRIR,  rendre  tendre. 


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AUB 


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AUG 


ATTENTER,  L.  ad-tentarc,  litt.  faire  une 
tentative  sur.  —  D.  attoUat  (mot  savant), 
d'où  attntldttrirc. 

ATTENTIF,  ATTENTION,  voy.  aiUmdre. 

ATTÉNUER,  L.  attcnuarc  (icnuis). 

ATTERRER,  it.  atterrare,  csp.  atey^ar,  je- 
ter d  tcrre^  terrasser;  ont.  de  marine,  appro- 
cher de  la  t^rre. 

ATTERRIR,  prendre  terre. 

ATTESTER,  L.  aUrstari[testis,  tt^moin). 

ATTIGISME,  du  grec  àTTi/.i9/A0i,  manière 
élégante  de  parler  des  habitants  de  XAttique 
ou  Athéniens. 

ATTIÉDIR,  rendre-<//V/^. 

ATTIFER,  ATTIFFER,  vfr.  tiffer,  en  Pié- 
mont, tifté,  anc.  angl.  tife,  parer,  coiffer,  du 
germanique  tippan,  toucher  de  la  pointe  des 
doigts  (ni.  aantippen,  couper  les  pointes  des 
cheveux).  —  D.  atiifet,  ornement  de  icto. 

ATTIQUE,  terme  d'architecture,  petit  étage 
supérieur,  se  rapporte  à  Atticns  =  particulier 
aux  Athéniens. 

ATTIRAIL,  voy.  attîrei\ 

ATTIRER,  tiî'er  à  soi,  après  soi,  faire  venir 
(voy.  tirer).  Dans  le  vieux  langage,  ce  verbe 
signifiait  aussi  ajuster,  orner,  décorer,  pré- 
parer, disposer  (cp.  atoumer^  tourner  vers  et 
décorer,  parer,  et  Tangl.  dress,  habiller,  du 
fr.  dresser).  C'est  à  cette  dernière  significa- 
tion (elle  est  encore  propre  à  l'angl.  to  attire) 
que  sp  rapporte  le  subst.  attirail ^  tout  ce  qui 
est  nécessaire  pour  une  opération,  terme 
analogue,  pour  la  valeur,  à  appareil. 

ATTISER,  voy.  tison. 

ATTITUDE,  it.  attitudine,  disposition  ou 
position  convenable  ;  ce  n'est  qu'une  variante  do 
aptitude;  cp,  l'adj.  italien  atto  =  L.  aptiis.  — 
L'étymon  habitxtdo  n'est  pas  soutenable. 

ATTOUCHEMENT,  de  l'ancien  verbe  attoii- 
chcr^  toucher  à. 

ATTRACTIF,  ATTRACTION,  L.  attractit-us, 
'tiOf  de  attractwn,  supin  de  at-trahere,  at- 
trairo. 

ATTRAIRE,  it.  attrarre,  du  L.  aitrahere. 
—  D.  attrait,  subst.  participial,  exprimant 
l'action,  ou  subst.  verbal  du  vfr.  atraitier  = 
*attractarc. 

ATTRAPER,  prendre  à  un  piège,  tromper, 
puis  saisir  au  passage,  atteindre,  obtenir, 
prov.  esp.  atrapar,  en  esp.  aussi  atrampar, 
ital.  attrapparc ;  de  traitjïe^  piège.  —  I).  at- 
trape, attrajmre.  —  Cps.  rattraper. 

ATTREMPER,  vfr.  atteni2)rer,  propr.  mo- 
dérer; voy.  tremper. 

ATTRIBUER.  L.  attribucrc;  attributio,  at- 
tribution, —  D.  attributif;  attribut  du  L.  at- 
tributum,  chose  attribuée. 

ATTRISTER,  rendre  triste. 

ATTRITION,  L.  attyitio  (tcrere).  Cfr.  crmiri- 
tion. 

ATTROUPER,  réunir  en  troupe. 

AU,  anc.  al  y  cnntrartion  do  à  Je;  plur.  nu.T, 
pour  ah,  =  à  les. 

AUBADE,  voy.  aube  1 . 

AUBAIN,  étranger,  BL.  albanus,  dérivation 
de  l'adv.  alibi  (cfr.  ancien  de  ante,  jjnpchain 


do  proche),  —  D.  aubaine,  succession  aux  biens 
d'un  au  bain. 

1.  AUBE,  albc\  point  du  jour,  it.  alba,  du 
L.  aïba  dies,  cfr.  l'expression  latine  «  cœlum 
albet«.  —  D.  aubade,  esp.  albada,  concert 
donné  à  l'aube  du  jour,  cfr.  sth-enade. 

2.  AUBE,  prov.  a/^a,  vêtement  do  toile  bhxn- 
che,  du  L.  al  bus,  blanc. 

3.  AUBE,  ais  ou  palette  d'une  roue,  t.  d'hy- 
draulique; selon  Littré,  du  vfr.  aube,  bois 
blanc,  qui  vient  du  L.  albus;  Dannesteter 
pense  que  le  terme  a  été  appliqué  à  la  iialette 
d'une  roue  hydraulique  par  extension  de  aube 
=  toile  blanche  des  ailes  de  la  roue. 

AUBÉPINE,  aubcspine',  L.  alba  spina,  épine 
blanclie. 

AUBÈRE,  d'un  type  L.  albei'ius,  de  albus ^ 
blanc.  D'après  Dozy  =»  esp.  orcro(anc.  hobero), 
de  l'ar.  hobcri,  aubère. 

AUBERGE,  prov.  alberc,  it.  albergo,  vfr. 
herberc,  helberc,  lœrbcrt  et  fém.  hcrbergc 
(prov.  àlberga).  Du  vha.  heriberga,  campe- 
ment militaire  (ail.  mod.  herbei'ge,  auberge). 
—  D.  aubergiste.  —  De  l'ancienne  forme  her- 
bei*gc  vient  le  verbe  héberger, 

AUBERGINE,  dim.  de  albergc  (v.  c.  m.)  ou 
auberge.  D'après  Davie,  aubergine  ne  vient  pas 
d'auberge,  mais  de  l'arabe  al-badindjan ,  d  où 
esp.  aberengena, 

AUBETTE,  corps  de  garde;  propr.  le  bureau 
où  les  sous-officiéi*s  d'une  garnison  vont  à  l'or- 
dre; «  dim.  de  aube,  à  cause  que  l'on  va  d'or- 
dinaire à  l'ordre  de  bon  matin  »  (Littré).  Cette 
étymologie  peut  être  vraie,  mais  laisse  quehjuo 
/Ion  te. 

AUBIER,  prov.  albar,  bois  blanchâtre  entre 
l'écoix^  et  le  corps  de  l'arbre,  dérivé  du  L. 
albus,  bhmc.  Cfr.  aubour*,  du  L.  albumum, 
prov.  alborn. 

AUBIFOIN,  du  L.  album  fœnum,  i.cyamus 
flore  albo»,  appliqué  phis  tard  au  «cyamus 
flore  cœruleo  ^ . 

AUBIN,  t.  de  manège,  est  une  variante  ortho- 
grai)hique  de  hobiyi  (v.  c.  m.).  —  D.  aubiner. 

AUBRIER,  nom  vulgaire  du  faucon  h<^bc- 
reau  ;  selon  le  Dict.  de  Trévoux,  de  aubt^re, 
blanc  tacheté,  cp.  en  prov.  alban,  albanel,  et 
en  it.  olbanello,  qui  signifient  la  même  chose. 

AUCUN,  alcun,  it.  alcuno,  esp.  alguiw,  du 
L.  aliquis  unus,  comme  chacun  de  quisque 
uniis, 

AUDACE,  L.  audacia.  —  D.  audacieux. 

AUDIENCE,  L.  andientia  (audire),  mot  appli- 
qué au  moyen  âge  à  l'action  d'une  cour  do 
ju.stice  qui  ^  écoute  »  les  débats  d'un  pnxvis. 
Le  représentant  vraiment  français  du  mot 
latin  est  le  vfr.  oiance,  —  D.  audiawicr.  — 
Auditor  auditeur;  auditorium  auditoire,  au- 
ditio  audition  ;  auditivus  auditif.  —  Le  verbe 
audire  s'est  francisé  en  ouYr  (v.  c.  m.). 

AUGE,  it.  alveo,  du  L.  alveus  (cp.  L.  salvia, 
fr.  sauge).  — I).  dim.  augH,  aiigelot,  augette; 
vcrbo  augrr,  cronsor  on  fjouttiôre, 

AUGMENT,  L.  avgmentum  (augcrc,  accroî- 
tre).—  D.  augmenter,  L.  augmentare. 

AUGURE.  L.  augurium  (voy.  heur);  augu- 
rer, L.  aiigurari;  augurai,  L.  auguralis. 


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AUT 


—  37  — 


AUT 


AUGUSTE,  L.  auffustiis. 

AUJOURD'HUI,  p.  aujourd'hui.  Voy.  hui. 

AUUQUE,  L.  auiicus,  adj.  de  auUi,  cour. 

AUMAÏTiLE,  almaille^  toniio  collectif  (cp. 
bétail,  volaille),  propr.  bétiiil;  du  plur.  latin 
animalia. 

A 

AUMONE,  aimosne'f  pi*OT.  ahnosna,  ail.  al- 
mosen,  angl.  alms  (v.  angl.  alnwsc),  it.  Jimo- 
sina^  csp.  limosna,  du  gr.  i).«>î/*99Ûv>ï,  commi- 
sération, employé  par  les  pères  de  l'Église 
latine  pour  acte  de  charité.  —  D.  aiimôiiier; 
aumànière,  propr.  boui'se  renfermant  l'argent 
destiné  aux  aumônes. 

AUMUSSE,  anmuce',  primitivement  un  bon- 
-net  de  jKîau  d'agneau  avec  le  j)oil,  prov.  al- 
mnssa,  esp.  ahnucio;  dim.  aumucette\  esp. 
muceUt,  it.  moszetta.  Explicpié  jusqu'ici 
comme  composition  do  l'art,  arabe  al  et  de 
quelque  subst.  correspondant  à  l'ail,  mût 2e, 
nét*rl.  muts^  bonnet  (de  vha  muozan,  couvrir). 

1.  AUNE  (mesure),  it.  ahui,  auna,  alla, 
prov.  aliia,  directement  du  BL.  alcna  =  goth. 
aleina,  vha.  c/ma,  mha.  et  nha.  vile.  Lesprin- 
ci|x»s  phonétiques  n'autorisent  pas  à  admettre 
une  dérivation  immédiate  du  L.  ulna.  — 
D.  awter,  -agc. 

2.  AUNE  (arbre),  L.  al  nus,  d'où  alnetum, 
fr.  aunaie.  ' 

AUNEE,  du  L.  kelcnata,  dér.  de  hcleniiim 
(kXi'Jio'j). 

k\rPÈBAYlLST,=  au  par  avant;  pour  cette 
dernière  composition,  cp.  par  après,  par  delà, 
etc. 

AUPRES,  voy.  sous  ap7'ès. 

AURÉOLE,  L.  aurrola,  couronne  d'or. 

AURICULAIRE,  L.  aunculaHus;  adj.  du 
subst.  auricula,  devenu  le  fr.  orHlle  (v.c.m.). 

AURIOL,  voy.  lorint. 

AUROCHS,  do  l'ail,  aucrochs,  composé  de 
aun\  qui  e.'^t  le  latin  urus,  et  ochs,  bœuf. 

AURONE  ^plante),  très  régulièrement  formé 
du  L.  abrotoiium  (àiSpôTovov). 

AURORE,  L.  aurara. 

AUSCULTER.  L.  auscuUare,  dont  la  vraie 
rei)résentation  française  est  ascoutcr,  escouter, 
écouter. 

AUSPICE,  L.  auspidum. 

AUSSI,  alst,  de  la  formule  lat.  aliud  sic. 
De  aliud  la  langue  d'oïl  a  tiré  al,  signifiant 
**  auti*e  chose  ",  et  qui  se  trouve  encore  dans 
autant,  qui  représente  la  formule  aliud  tnn- 
tum,  La  vieille  langue  disait  également  altrcsi 
(rons(»rvé  on  it.),  et  altretant,  de  àltcrum  sic, 
alteruyn  tantum.  —  Composé  aussitôt,  voy. 
tôt, 

AUSTÈRE,  L,  austcrus  (aùtryipoç). 

AUSTRAL,  L.  australis,  de  austcr,  vent  du 
midi. 

AUTAN,  L.  altanus,  vent  qui  .soufflo  de  la 
haute  mer  (altum). 

AUTANT,  voy.  aussi, 

AUTEL,  vfr.  altet',  autier,  prov.  altar,  it. 
altare;  du  L.  altare^  pr.  partie  sujwrieure 
de  l'autel  (de  altus).  Le  changement  de  la 
finale  ar  en  el  en  syllabe  tonique  et  futaie  tjst, 
je  jjonî^o,  sans  exemple. 


AUTEUR,  L.  autor  ou  plutôt  auctor.  Auc- 
toritas,  autorité;  auct^)ria:ire*  (BL.),  auto- 
riser. 

AUTHENTIQUE,  L.  authenticus,  qui  relève 
d'une  source  originale,  «=  gr.  aù^vrixo^  (do 
«ù&èvTflî,  ne  dépendant  que  de  soi,  maître). — 
D.  authenticité,  verbe  authentiquer. 

AUTOCHTHONE,  grec  «yrox&wv,  du  pays 
même. 

AUTOCRATE,  gr.  «ÙToxpà-nj;,  puissant  par 
soi-même.  —  D.  autocratie,  -ique. 

AUTO-DA-PE,  mots  portugais  signifiant 
*•  acte  de  foi  »,  décision  en  matière  de  reli- 
gion. 

AUTOGRAPHE,  gr.  aùrôypafoi,  écrit  de  la 
propre  main  de  l'auteur. 

AUTOMATE,  gr.  aOrouaTo;,  de  son  propre 
mouvement,  sans  impulsion  étrangère. 

AUTOMNE,  L.  autumiuis.  —  h.  automnal, 
latin  autumnalis. 

AUTONOME,  gr.  wJrovôiJLOi,  se  gouvernant 
selon  sa  propre  loi;  autonomie,  gr.  uùvovofilu. 

AUTOPSIE,  gr.  «ùro^fa,  action  de  voir  par 
soi-même. 

AUTORISER,  voy.  auteur. 

AUTORITÉ,  voy  auteur.  —  D.  néol.  auto- 
ritaire. 

1 .  AUTOUR,  de  au  tour,  voy.  tour. 

2.  AUTOUR,  oiseau,  it.  astore,  prov.  austor, 
vfr.  ostor.  Diez  s'oppose  à  une  dérivation  du 
L.  astur,  -uns;  cet  original  aurait,  selon  lui, 
produit  la  forme  a^tre.  Il  fait  donc  venir  cwfor, 
astour,  autour  d'une  forme  acceptai^  -ôns 
(=  accipiter).  citée  pai*  le  grammairien  Caper. 
Los  Espagnols  et  les  Portugais  ont,  de  accep- 
tor,  fait  azor,  absolument  comme  ils  ont  tron- 
qué recitare  en  rezar.  —  D'autres  ont  ratta- 
ché autour,  sinon  à  astur,  du  moins  A  la 
forme  adjective  asturius,  comme  Diez  lui- 
même  rapporte  vautour,  pour  sauver  la  règle 
de  l'accent,  plutôt  à  vuUurius  qu'à  vultur. 
Cette  étymologie  convient  parfaitement,  car 
la  mutation  a  en  au  ou  o  devant  s  n'a  rien 
d'étrange  (cp.  le  prov.  austronomia  et  fr. 
malotru  du  prov.  malastruc),  Langensiepen 
propose,  d'après  l'analogie  des  termes  au- 
truche, outarde  (v.  ces  mots),  la  composition 
avis-taurus,  qui  aurait  été  une  désignation 
populaire  de  l'autour.  Ces  deux  conjectures 
peuvent  être  abandonnées  au  profit  do  Texpli- 
cation  de  Diez,  que  Forster  (Ztiichr.,  II.  166, 
note)  appuie  en  citant  le  pas.sage  suivant  des 
Moralités  sur  ,Iob,  de  Grégoire  ;  Acciperenum- 
que  aliquando  dicimus  auferre.  imde  et  aves 
ilise  que  sunt  rapiendis  avibus  avidœ  acci- 
pitres  vocantur. 

AUTRE,  vfr.  altre,  du  L.  alter.  Du  génitif 
alterius,  vient,  par  transposition  de  iu  en  ui, 
autrui,  forme  propre  aux  cas  indirecte,  cfr. 
lui  de  illiuSf  nului  de  nullius,  etc.  La  valeur 
génitivale  de  autrui  res.sort  bien  du  passage 
de  Saint-Bernard  :  «  Force  que  la  malic^e 
altrui  l'avoit  supplanté,  si  le  pooit  aider  la 
cliarité  altrui  »,  et  de  l'expression  Vautrui  = 
le  bien  des  autres.  Diez,  toutefois,  vu  l'étran- 
getéde  la  transposition  iu  en  wi,  préfère  expli- 
quer a//r*^7,  autrui,  par  al4er-huic.  —  C.  au- 


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AVA 


—  38  — 


AVE 


tvefois,  une  autixî  fois  (se  disait  anciennement 
tant  pour  «  alias  "  que  pour  «  quondam  «). 

AUTRUGHii,  du  L.  iwis  struthio,  esp.  ax>€S' 
trus.  La  forme  autruche  est  dialectale  pour 
auiruce.  Le  BL.  disait  strucio  pour  struthio. 
—  Pour  la  combinaison  avis  avec  le  nom  de 
loiseau,  cp.  outarde. 

AUTRUI,  voy.  autre. 

AUVENT,  répond  auprov.  anvan,  rempart, 
retranchement;  pour  a7i  changé  en  au,  cp.  le 
vieux  mot  erranment  (sur  le-champ)  alternant 
avec  erraument.  Quant  à  aiivan,  il  vient, 
d'après  Diez,  do  ante-vannus,  van  avancé, 
dénomination  fondée  sur  queUiue  similitude 
de  la  chose.  Ducange  explique  notre  mot  par 
altus  vannus.  La  forme  française,  avec  le  t 
final,  accuse  une  étymologie  imaginaire  ante- 
ventum,  abri  contre  le  vent.  Aux  xv**  et  xvi^' 
siècles,  on  rencontre  aussi  ostevent,  ostvent; 
c'est  là  une  interprétation,  mais  non  pas 
l'étymologie  réelle  du  mot  auvent.  Le  bas-latin 
a  auvanniis,  auventus. 

AUXILIAIRE,  L.  auxiliaris  (de  auxilium, 
aide). 

AVACHIR,  se  détendre,  se  relâcher;  selon 
Diez,  du  vha.  ai'waichjaji,  amollir.  Par  une 
note  manuscrite  du  prof  de  Bonn,  je  vois 
qu'il  songeait  aussi  au  L.  vascus  =  vacuus, 
consigné  par  Quicherat  et  signifiant  inanis, 
vanus.  En  wallon  liégeois,  s'avachi  signifie 
s'affaisser.  Le  champ  des  conjectures  étant 
ouvert,  je  cite  encore  l'ail,  watsdieln,  branler 
le  corps,  se  dodiner,  adj.  watschig,  watsclie- 
liQy  dodu,  grassouillet  ;  tout  le  mouvement 
d'idées  qui  se  rattache  au  mot  avachir  per- 
met aussi  de  placer  ce  dernier  dans  la  famille 
du  lat.  vacillare,  manquer  de  fermeté,  de 
consistance. 

AVAL,  p.  à  val,  du  L.  ad  vallem,  comme 
aYnœit  de  ad  moiitem.  D'adverbe  le  mot  s'est 
fait  subst.  dans  la  locution  à  l'aval,  et  comme 
terme  de  commerce  (.souscription  mise  en  bas 
d'un  effet).  —  D.  avaler,  propr.  faire  des- 
cendre, abaisser,  employé  auj.  exclusivement 
p.  faire  descendre  par  le  gosier;  anc.  aussi 
neutre,  descendre. 

AVALAISON,  -ANCHE,  -ASSB,  voy.  avaler. 

AVALER,  voy.  aval.  — D.avalaison,  -asse, 
pr.  descente;  avaloire;  avalanche,  anc.  ava- 
lante; le  synonyme  lavande  ou  lavanche  est, 
d'après  Diez,  soit  une  corruption  de  avalanche, 
soit  un  dérivé  du  L.  Idbina,  éboulement  (de /aftt, 
glisser;  employé  par  Isidore).  —  C.  ravaler. 

AVANCER,  prov.  et  esp.  avanzar,  it.  avan- 
zare,  dérivation  verbale  de  avant.  —  D. 
ax>ance,  avancement. 

AVANIE,  mot  d'origine  grec -vulgaire; 
àtu^Aa,  affront  avec  supercherie,  parait  être 
le  turc  avan,  vexation;  en  hébreu,  on  trouve 
iven  pour  iniquité.  —  Quoi  que  vaille  cette 
étymologie.  il  est  difficile  de  considérer  ava- 
nie comme  dérivé  du  vfr.  avanir  (ordonnance 
de  Philippe  le  Bel,  xiii®  siècle  :  «  Son  droit 
n'est  amoindri,  ne  son  lionneur  avanie),  qui 
n'est  autre  chose  qu'im  factitif  ou  inchoatif  do 
L.  vanus,  vain.  —  Voy.  d'autres  conjectures 
au  suppl.  de  Littré. 


AVANT,  voy.  ains.  En  composition,  le  mot 
exprime  antériorité  ou  priorité  [avant-coureur 
(L.  prsecursor),  avant-propos  (^.  latin  pne- 
fatio) . 

AVANTAGE,  dér.  de  avant.  L'avantage  est 
une  avance  sur  autrui.  —  D.  avantager,  avan- 
tageux, désavantage, 

AVARE,  L.  acarus;  l'ancienne  langue  d'oïl 
disait,  et  le  picard  dit  encore,  arer  pour 
avare,  comme  on  a  fait  amer  de  amarus.  — 
D.  avarice,  L.  avaritia;  de  là  apanciewa:. 

AVARIE,  dommage-,  perte,  particulière- 
ment dommage  éprouvé  par  uii  navire  ou  par 
les  marchandises  qu'il  contient,  it.  esp.  ave- 
ria,  haberia;  holl.  haverij,  ail.  haferei.  Il  est 
difficile  de  disjoindre  le  mot  de  la  racine 
germ.  haf,  mer  en  général,  ou  du  dér.  hafe^x, 
haven,  port  de  mer.  Cependant,  Dozy  le  fait 
venir  du  subst.  arabe  aïoâr,  défaut,  dommage. 
—  Le  même  mot  avarie,  dans  l'acception  de 
droit  d'ancrage,  paraît  être  indépendant  et 
vient  de  havre,  havene,  ni.  haven,  ail.  hafen, 
port.  —  D.  avarier,  gâter. 

AVÉ  MARIA,  mots  latins,  «  salut,  Marie!  >* 
premiers  mots  de  la  salutation  angélique. 

AVEC  était  d'abord  adverbe,  avant  d'être 
employé  comme  préposition.  Cet  adverbe, 
écrit  aussi  anciennement  avoec,  avuec,  avoc, 
etc.,  et  renforcé  parfois  par  la  terminaison 
adverbiale  es  (avecques),  est  le  résultat  de  la 
combinaison  de  la  prép.  ave,  ove,  qui  repré- 
sente le  apud  latin,  et  du  pronom  oc,  cela, 
=  latin  lioc.  Comparez  les  compositions  ana- 
logues des  mots  latins  antea  (anto-eaj,  postea 
(post-ea),  de  it.  perô,  par  cela,  pour  cela, 
prov.  senso,  sans  c^la,  vfr.  puroc,  pour  cela, 
senuec,  sans  cela.  L'adverbe  avec  fut  dans  la 
suite  employé  comme  préposition,  comme  il 
est  advenu  aux  adverbes  dessus,  dedans, 
devant,  etc.  —  Primitivement,  le  cum  latin  .se 
rendait  dans  la  langue  d'oïl  par  les  formes 
ave,  ove,  ad,,  a,  od,  o,  toutes  altérées  de  apud, 
préposition  qui  s'employait  dans  la  basse  lati- 
nité fort  souvent  avoc  la  valeur  de  cum. 

AVEINDRE,  aller  prendre  qcjch.  à  la  la  ré- 
quisition de  qqn.,  ne  vient  pas  de  advenire, 
comme  on  admet  généralement,  mais  d'un 
verbe  abemere,  6ter,  cité  par  Festus  (cfr. 
gemere  devenu  geindre).  Cette  étymologie  do 
Diez  satisfait  beaucoup  mieux  et  le  sens  et,  la 
foiTTie.  L'analogie  de  adulter,  vfr,  avoutre, 
permettrait,  du  reste,  aussi  de  dériver  ce  mot 
de  adimere. 

AVEINE,  variante  dialectale  de  avoine,  latin 
avena. 

AVELINE,  avelaine*,  L.  avellana,  noisette 
(de  Avella,  ville  de  la  Campanie).  —  D.  arc- 
linier. 

AVENANT,  propr.  qui  convient,  qui  est 
conforme  (de  là  la  loc.  à  V avenant),  puis  qui 
est  agréable,  qui  plaît;  de  avenir,  dans  l'an- 
cienne acception  convenir.  Vfr.  aussi  ave- 
nable. 

1 .  AVEIHR  (aussi  advenir),  arriver,  se  faire, 
L.  advenire.  —  D.  aventure  (angl.  adventure, 
mha.  aventiure,  nha.  abenteuer),  ce  qui  ad- 
vient, particul.  ce  qui  advient  d'une  manière 


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AVI 


—  39 


AZY 


imprévue,  événoment,  action  hîisardcusc, 
hîu^ard,  iM'n'il  [le  mot  ne  vient  pas  plus  do 
aventiirus  (Brachct)  que  peinture  ne  vient  de 
picturus;  c'est  le  suffixe  iire  appliqué,  comme 
toujours,  au  supin  :  adventum^  adventiira]-, 
avenant  (v.  c.  m.)  ;  at&nernetit  ;  aoenue,  chemin 
par  où  l'on  anive. 

2.  AVSNIR,  subst.,  de  à  venir,  comme 
affaire  do  à  faire. 

AVENT,  pr.  l'avènement  (do  Jésus-Christ), 
du  L.  adventus. 

AVENTURE,  voy.  avenir.  —  D.  aventurer, 
risquer,  aventureux^  -ier. — C.  nv^s-avaxture. 

AVÉRER,  certifier,  constater,  du  L.  rerus^ 
vrai.  De  là  avérage,  la  moyenne  constatée. 

AVERSE,  de  à  verse,  voy.  verser. 

AVERSION,  L.  aversio,  éloignement  (de 
avertere,  détourner).  Cp.,  pour  le  sons,  répul- 
sion de  repeUere,  repousser. 

AVERTIN,  vertige,  de  avei-tere,  détourner, 
égarer. 

AVERTIR,  L.  advertere,  tourner  ou  faire 
tourner  (l'attention)  vei-s.  —  D.  avei'iissement. 

AVBT,  esi)èce  de  sapin,  du  L.  abietem. 

AVBTTE',  voy.  abeille. 

AVEU,  voy.  avouer. 

AVEUER  ou  AVUER,  tenir  en  vue,  suivre 
de  l'œil,  dér.  de  veue*,  vue. 

AVEUGLE,  vfr.  aveule,-  ït.  avocolo,  vocolo, 
se  rapjwrto  à  un  mot  barbare  ab-oculus,  sans 
yeux,  formé  d'après  l'analogie  do  ab-normis, 
a-mens.  Le  grec  du  moyeu  âge  avait  do  mémo 
àTtôfifiaroi  pour  i^ofifiaroq.  —  D.  aveugler;  anc. 
aus.si  aveuglir,  devenir  aveugle. 

AVIDE  (mot  savant),  L.  avidus.  —  D.  «i-t- 
dité,  L.  aviditas. 

AVILIR,  rendre  vil.  —  Cps.  ravilir. 

AVINER,  imbiber  de  pin. 

AVIRON  est  généralement  tiré  de  virer. 
Grandgagnagc,  à  cause  de  la  forme  naviron 
qu'a  le  wallon,  et  remarquant  que  l'aviron  no 
sert  qu'accessoirement  à  virer,  dérive  aviron 
do  navirer,  naviguer;  il  ne  tient  pas  compte 
de  l'apocope  do  l'initiale,  bien  qu'il  eût  pu 
alléguer  l'angl.  apron  p.  napron  et  autres  cas 
de  ce  genre.  Littré  oppose  à  cette  étymologio 
que  aviron  est  trop  ancien  dans  la  langue 
pour  permettre  cette  explication.  En  effet,  il 
est  probable  que  le  wallon  naviron,  aviron, 
n'est  qu'une  assimilation-an  naviron  du  même 
dialecte  signifiant  nageoire. 

AVIS,  opinion,  manière  de  voir,  répond, 
comme  il  ressort  des  anciennes  formules  :  «  il 
m'est  vis,  m'est  avis  «,  au  participe  rt</i?f>î(m, 
forme  composée  de  visum,  donc  ce  qui  est 
vu.  ce  qui  semble.  Quant  à  avis,  avertisse- 
ment, c'est  le  subst.  verbal  de  aviser. 

AVISER,  d'abord  voir,  apercevoir,  puis  voir 
avec  attention,  examiner,  réfléchir  (de  là 
avisé,  réfléchi),  puis  pourvoir,  puis  avec  un 
rég.  direct  personnel,  faire  voir  à,  instruire, 
conseiller  (de  là  aus.'îi  s'aviser,  d'abord  se  faire 
VOIT  une  chose  comme  bonne  ou  possible,  puis 
prendre  une  résohition);  du  BL.  advisare, 
forme  dérivée  de  BL.  ad  vider  e.  —  D.  avis  (v. 
c.  m.).  —  C.  ravisc7\ 


AVISO  est  le  mot  espagnol  répondant  à 
avis;  donc,  barque  d'avis. 

AVITAILLER,  de  vitailles,  ancienne  forme 
do  victuailles  (v.  c.  m.).  —  C.  ravitailler. 

AVIVER,  rendre  vif  —  C.  raviver. 

AVIVES,  vfr.  vives,  glan4es  à  la  gorge  des 
chevaux.  Nicot  :  «  Avives  pour  eaux  vives, 
car  les  chevaux  communément  prennent  ce 
mal  i)ar  boire  des  eaux  vives,  comme  on  voit 
à  Estampes.  «  Les  Italiens  disent  vivole. 

AVOCAT,  L.  advocatus,  appelé  on  aide.  — 
D.  advocacie*,  d'où  avocassier,  avocasser, 
avocasserie.  —  Avocat  est  très  ancien  dans  la 
langue,  mais  n'en  est  pas  moins  un  terme 
.'iavant  ;  la  vraie  francisation  do  advocatus  est 
avoué,  qui  anc.  signifiait  protecteur,  défen- 
.seur,  particulièrement  dos  droits  d'une  égliso 
ou  fondation.  Cfr.  ail.  vogt,  de  vocatus. 

AVOINE,  aveine,  L.  ave7îa. 

AVOIR,  AVEIR*.  L.  habere;  part,  eu, 
p.  ë-u,  de  habutus,  forme  barbare  p.  habitus 
(cfr.  voir,  vu  p.  veu,  de  vidutus).  —  D.  avoir, 
infinit,  subst.  =  bien,  richesse,  employé  dans 
co  sens  déjà  dans  les  lois  do  Guillaume. 

AVOISINER,  être  voisin. 

AVORTER,  esp.  port,  abortar,  du  L.  abor- 
«are  (Varron),  fréq.  do  aboriri;  Vanc.  forme 
aJbortir,  prov.  abordir,  it.  abortire,  procède 
directement  du  L.  abortire.  —  D.  avorte- 
ment,  avorton. 

AVOUÉ,  voy.  avocat.  —  D.  avouerie. 

AVOUER,  prov.  avoar,  pr.  accorder,  con- 
sentir, puis  reconnaitro,  confesser;  do  ad 
votum  selon  le  vœu  (voy.  ce  mot)  ;  lo  subst. 
fr.  aveu  parait  plutôt  lo  primitif  que  lo  dérivé 
du  verbe  avoiiet\  Gachet,  se  fondant  sur  le 
sens  reconnaître,  donné  souvent  au  .verbo 
advocare  dans  la  busse  latinité,  prend  ce  der- 
nier pour  le  primitif  aussi  bien  du  verbe 
avouer  que  du  subst.  avoué,  et  rejette  l'éty- 
mologie  ad-votum,  proposée  par  Raynouard. 
Dîez  se  rallie  à  l'opinion  de  Gachet.  —  C. 
désavoue7\  no  pas  avouer,  ne  pas  justifier  ou 
ratifier. 

AVRIL,  L.  aprilis.  —  D.  avrilkt,  blé  semé 
en  avril. 

AXE,  L.  axis. 

AXILLAIRE,  du  L.  axilla,  aisselle. 

AXIOME,  gr.  à^(v).ua,  proposition. 

AX0N6E,  L.  axungia  (de  axis  +  ungerp), 
graisse  pour  les  essieux. 

AZALÉA,  du  gr.  ùialioç,  sec. 

AZIMUT,  de  l'arabe  cd-semt,  assemt,  le 
chemin.  Voy.  aussi  zénith. 

AZOTE,  terme  chimique  tiré,  un  peu  ma^- 
droitement,  du  gr.  «{woî,  sans  vie,  l'azote 
ét^nt  impropre  à  la  respiration 

AZUR,  it.  asun-o,  BL.  lasur,  lasuriui, 
/«jw/«em;  aujourd'hui,  les  naturalistes  nom- 
ment cette  pierre  lapis  lasuli  ou  lasiUite. 
Le  mot  vient  du  persan  kifouward,  pierre 
bleue,  par  l'arabe  lâ^oeward  (adj .  lazoutoardi  ; 
17  initial,  ayant  été  pris  pour  l'article,  a  été 
retranché  comme  dans  le  fr.  aveV  de  lapillus, 
once  (it.  lonza)  de  lynx,  it.  iisignuolo  de  lus- 
cinia,  etc.  —  D.  azurer. 

AZTME,  du  gr.  i^ufio^,  sans  levain  (jO^ttij). 


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BAC 


—  40  — 


BAC 


B 


BABEURfiE,  mot  d'origine  incortaiiie.  Diez 
le  rapi)orte  à  battre  le  beurre,  d'autres  à  bas 
beurre  ;  Littrô  voit  dans  ba  le  pi-éfixe  i)éjom- 
tif  bes  (v.  barlong).  L'étyniologic  de  Diez  est 
appuyée  par  la  forme  wallonne  bcU  Vbùr. 
BABIGHE,  corruption  de  barbiche, 
BABILLER,  mot  naturel,  qui  so  retrouve 
partout  et  procède  des  syllabes  iinitativcs  ba 
ba  ba,  qu'émet  l'enfant  en  s'efforça nt  de  par- 
ler; cp.  en  angl.  babble,  en  ail.  babbehi, 
en  grec  ^aêàjuv.  Il  n'est  pas  besoin,  pour 
expliquer  ce  vocable,  de  recourir,  avec  Nicot, 
à  la  villede  Babel  «  ubi  exstitit  linguarum 
confusio  «.  Les  efforts  de  Ménage,  qui,  par- 
tant de  bambin,  pose  la  succession  de  formes 
suivantes  :  bambino,  enfant,  bambinare,  bam- 
binulure,  bambillare,  babiliare,  sont  égale- 
ment en  pure  perte.  —  D.  babil,  babillard, 
babillage. 

BABINE,  lèvre  de  singe  ou  mufle  de  vache, 
probabl.  un  mot  imitatif;  milanais  babbi, 
cfr.  en  ail.  populaire  bâpite,  gueule. 

BABIOLE  ;  ce  vocable  appartient  à  la  même 
racine  que  les  mots  latins  babiihis,  balmri^ts, 
insensé,  babm^a,  sottise,  it.  babbeo,  babbac- 
cio,  etc.,  sot,  babbole,  babioles.  De  la  même 
famille  sont  irl.  et  cymr.  baban,  enfant,  angl. 
babe,  baby.  Voy.  aussi  bambin, 

BABORD,  de  l'ail,  bakbord,  bord  ou  côté 
de  deiTière,  «  parce  que  le  pilote  conduisant 
le  gouvernail  tourne  le  dos  au  côté  gauche  du 
navire  «  (Diez  et  Grimm).  Littré  explique  le 
mot  allemand  par  bord  du  château  d'avant, 
«  parce  que,  dans  les  anciennes  embarcations 
du  Nord,  le  château  d'avant  était  sur  la  gau- 
che »».  Kiliaen  :  backbord,  navigii  sinistra 
pars  :  pars  navigii  quse  furnum  et  focum  con- 
tinet.  Cette  définition  parait  rattacher  bach  à 
ail.  backen,  cuire. 

BABOUCHE,  de  l'arabe  bàbusch,  qui  vient 
du  ^ev^B.npâpusch,  litt.  vêtement  de  pied. 

BABOUIN,  espèce  de  singe,  puis  figure  gro- 
tesque, it.  babbnino,  esp.  babuino,  ail.  ba- 
vian,  pafian,  BL.  babouinus,  babei'wynus , 
Ce  mot  étant  aussi  appliqué  aux  enfants 
badins  et  étourdis,  il  faut  lui  supposer  une 
origine  commune  (rac.  bab)  avec  babiole.  Dau- 
nou  (Histoire  littéraire,  t.  XVI,  p.  39)  dit  que 
tracer  ou  peindre  les  figures  marginales  sur 
les  manuscrits  s'appelait  babuinare,  et  que 
babouin  avait,  au  xiii®  siècle,  la  valeur  de 
homuncio,  petit  bonhomme.  Cette  valeur 
d'enfant  so  trouve  encore  dans  le  dérivé  era- 
babouiner,  déterminer  à  quelque  cho.se  à 
force  de  cajoleries.  —  Rap^Mslons  encore  qu'en 
vfr.  baboue  signifiait  à  la  fois  moue,  grimace, 
croquemitaine  et  bagatelle,  babiole. 

BAC,  du  néerl.  bak,  auge,  ou  du  breton 
bag,  bak,  barquette.  —  D.  dimin.  baquet, 
bachot,  bachotte.  —  Bac  est  probablcmcînt 
aussi  le  primitif  de  bacin,  orthographié  plus 
tard  bassin  (v.  c.  m.). 


BACCALAURÉAT,  vov.  bachelier. 
BACCHANALES,  L.  bacchanalia  (Bacchus). 
BACCHANTE,  L.  baccha^is  (Bacchus). 
BACHA,  voy.  pacha. 

BACHE;  l'idée  de  voûte  ou  de  creux,  notam- 
ment dans  l'acception  de  cais.se  vitrée,  engage 
à  prêter  à  ce  mot  une  origine  commune  avec 
bac.  —  L'acception  «  gros.se  toile  dont  on 
recouvre  les  voitures  «  est  également  propre 
à  vache  (voy.  ce  mot  dans  Littré  sous  le 
n°  10)  ;  elle  appartient  donc  prob.  à  un  homo- 
nyme. —  D.  bâcher. 
BACHELETTE,  voy.  l'article  suivant. 
BACHELIER,  bacheler\  baccler\  it.  bacca- 
lare,  prov.  bacalar  (les  formes  it.  bacceliere, 
esp.  bachiller,  port,  bacharel,  se  sont  pix)- 
duites  sous  l'influence  du  mot  français)  ;  BL. 
baccalarius.  La  signification  primitive  de  ce 
mot  est,  .selon  Diez,  propriétaire  d'une  métai- 
rie (BL.  du  IX*  siècle  baccalaria)  ;  elle  s'éten- 
dit ensuite  au  jeune  chevalier,  qui,  trop 
pauvre  ou  trop  jeune  iK)ur  avoir  sa  propre 
bannière,  se  rangeait  sous  celle  d'un  antre  ; 
puis  au  jeune  homme  qui  avait  acquis  la  di- 
gnité inférieure  à  celle  do  maître  ou  de  doc- 
teur; en  dernier  lieu,  le  terme  (surtout  l'angl. 
bachelor)  est  devenu  synonyme  de  garçon. 
Comme  tcnne  d'école,  il  a  été  plus  tard  lati- 
nisé et  transfomié  en  baccalaurciis,  «»  do  biio- 
charo  (gante léo)  e  do  sempre  verde  louro  ^ 
(Lusiadc,  3,  97),  d'où  le  subst.  baccalauréat. 
Quant  à  l'étymologie,  on  en  avait  proi»osé 
diverses,  naturellement  sans  s'inquiéter  du 
développement  des  .sons,  tel  qu'il  est  prô.senté 
ci-dessus,  entre  autres  :  bas-chevalier-,  puis 
L.  baculus  ou  plutôt  le  gaél.  bachall  (irl. 
bac(d),  bâton  Ccommo  signe  de  la  dignité), 
mais  ce  ne  sont  là  que  de  vaines  tentatives, 
que  n'autorise  nullement  l'histoire  du  mot.  Le 
mot  baccalaria,  métairie,  d'où  part  Diez, 
rapproché  de  baccalaior  =  vaccarum  custos. 
renvoie  naturellement  au  mot  bacca,  employé 
au  moyen  âge  pour  vacca.  D'autres  étymofo- 
gistes,  et  avec  raison  peut-être,  partent  do  la 
rac.  celtique  bach,  petit,  jeune,  d'où  so  dé- 
dui.scnt  naturellement  les  vieux  termes  ba- 
cheh\  bachelette  =  jeune  fille,  servante  ;  et 
baceller,  faire  l'amour,  commencer  son  ap- 
prentissage (vfr.  bachelage).  BacheJe,  à  .^^on 
tour,  aurait  engendré  ia  forme  bachelier. 
«  On  dit  encore  en  Picardie  baichot,  et  en 
Franche-Comté  paichan  pour  petit  garçon  » 
(Chevallet).  —  Littré  remont©  avec  Diez  à 
baccalaria,  domaine  rural,  mais  il  préfère 
dériver  celui-ci  dos  mots  celtiques  bachall, 
bacal,  bâton,  pièce  de  bois.  Il  aurait  pu  invo- 
quer en  .s;i  faveur  l'origine  analogue  de  ba- 
raque et  de  bordel  (maisonnette). 

BACHIQUE,  L.  bacchicus(BiXQc\\\\^). 

BACHOT,  voy.  bac.  —  D.  bachnteur. 

BACLER,   prov.   baclar,   pr.    fermer   (une 
porte)  avec  une  barre  de  bois,  du  L.  baculus 


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BAG 


—  41  — 


BÂl 


bàtoii.  Cp.  bai'i*er  do  barre,  et  le  wallon  asUh- 
ker^  m.  sign.,  de  l'ail.  sUick,  bâton.  Le  circon- 
flexe n*est  pas  motivé  par  rétymolojçie.  —  D. 
dcbàcler,  pour  ainsi  dire  dés-obstruer,  débar- 
l'asser. 

BAGUL,  CTOupiôro.  =  bat-cul. 

BADAUD,  voy.  bayer.  —  D.  badauder, 
badauderie. 

BADIGEON,  mot  d'introduction  moderne . 
Buprgc  (Rom.,  IV,  351)  est  porté  à  le  rattaclier 
â  l'ail,  batze  (accusatif  batsen),  ma.sse  pâte, 
matière  adhérente  mise  en  une  masse  et 
comme  j)étrie  ensemble  ;  verbe  batzen,  adhé- 
rer. —  D.  badif/ecnvier, 

BADIN,  voy.  bayei\  —  D.  badiner,  -âge, 
-ei*ie;  bailiixe^  canne  mince  et  souple,  seiTant 
à  s'amuser  plut^^t  qu  a  se  soutenir  ou  se  dé- 
fendre. 

BAFOUER  est  une  forme  dérivée  d'un  pri- 
mitif baffer  ou  beffcr,  analogue  à  it.  beffarc, 
esp.  brfar  (anc.  bnfar),  qui  signifient  railler. 
Les  subst.  sont  :  it.  beffa,  esp.  befa,  prov. 
btifa,  et  vfr.  baffe,  befje,  raillerie  (vfr.  baffe, 
aussi  soufflet).  L'origine  de  ces  mots  est  pro- 
bablement germanique,  cfr.  le  bavarois  bef- 
fen,  ni.  baffm,  aboyer,  clapir,  bougonner 
((irimm  consigne  une  forme  dérivée  bœfzcn). 
Diminutif  de  befjer  :  vfr.  be/ler,  angl.  <o  baffle. 

BAFRER,  d'où  le  subst.  bâfre.  Ce  mot  appar- 
tient sans  doute  â  la  niême  famille  que  bave, 
cfr.  le  pic.  bafe,  goui-mand.  En  Hainaut  on 
dit  bafreux,  en  Piémont  bafron,  pour  glou- 
ton. —  Dans  le  Novum  Glos.sarium  de  Diefen- 
bacli  (1867)  on  trouve  :  L.  bafer,  grossus, 
agrestis,  corpulentus.  Il  pouiTait  bien  être  le 
primitif  de  bâfrer,  s't>ngraisser.  —  Divers 
dialectes  du  nord  do  l'Italie  ont  baffa,  bafa, 
au  sens  de  flèche  de  lard,  tranche  de  lard, 
substance  graisseuse.  Voy.  Mussafia,  Bei- 
ti-ag,  etc..  p.  31. 

BAGAGE,  terme  collectif  dérivé  de  baf/ue, 
faisceau,  barde  (cfr.  la  locution  :  se  retirer 
bagues  sauves).  Quant  au  mot  bague  (en  BL. 
Ixiga  signifiait  aussi  coflre),  on  le  retrouve 
dans  le  gaél.  bag,  cymr.  baich,  bret.  beach, 
fardeau,  paquet;  nous  citons  encore  les 
verbes  gaél.  bac  et  vieux  nordique  baga,  sign. 
emban*asser,  impedire.  Il  n'est  j)as  nécessaire, 
on  le  voit,  de  dériver  bague  de  l'ail.  ^ycicA, 
d'où  le  fr.  paquet. 

BAGARRE,  tumulte,  encombrement.  Ce 
doi-nier  sens  engagerait  â  le  rattacher  aux 
verbes  cités  sous  bagage,  et  signifiant  «  en- 
combrer n.  Partant  de  la  signification  que- 
relle, Diez  cite  le  vha.  bâga,  dispute,  que  Che- 
vallet  aurait  bien  fait  de  no  pas  mettre  en 
nipixjrt  avec  balgen  (se  chamailler),  ce  der- 
nier appartenant  à  une  racine  toute  difl*érente. 

BAGASSE,  \'fr.  baiasse,  d'abord  servante, 
puis  mauvaise  femme,  it.  bagascia,  esp^  ba 
gasa.  Si  l'on  ne  veut  pas  décomposer  ce  mot 
en  bague  (v.  pi.  h.  sous  bagage)  -[-  la  termi- 
nai.'^on  asse  =  lat.  acea,  et  y  voir,  quant  au 
sens,  une  analogie  avec  le  terme  injui-ieux 
des  Allemands  :  lumpeupack,  on  peut  avoir 
recours  au  cymr.  bâches,   petite  femme,  de 


bach,  petit,  ou  à  l'arabe  bagez,  honteux,  ou 
bâgi,  prostituée. 

BAGATELLE,  del'it.  bagatella.  Ce  dernier 
suppose  un  \iV\rmûî  bagatta  ou  baghetta,  qui  à 
son  tour,  d'après  Diez,  est  dérivé  de  baga, 
vieux  mot  roman  que  nous  avons  indiqué 
comme  primitif  de  bagage.  On  trouve,  en 
effet,  dans  le  dialecte  de  Parme,  le  mot  ba- 
gâta,  avec  le  sens  de  petite  chose. 

BAGNE,  it.  bagno,  esp.  batio,  lieu  où  l'on 
renferme  les  esclaves  ou  les  forçats,  propr. 
=  bain.  On  prétend  (pie  le  cachot  des  esclaves 
à  Constantinople  ayant  été  établi  par  les 
Espagnols  dans  une  maison  de  bains,  le  nom 
l)Our  bain  a  reçu  sa  signification  actuelle. 

BAGUE,  anneau.  Du  L.  bacca,  signifiant 
perle,  globule,  anneau  de  chaîne.  Ce  même 
mot  latin,  toutefois,  dans  son  sens  propre  do 
menu  fruit,  baie,  a  produit  le  fr.  baie,  it. 
bacca,  esp.  biwa,  port,  baya,  prov.  baca, 
baga.  D'autres  citent,  comme  primitif  de  ba- 
gue, l'anglo-saxon  beag,  beah,  couronne,  an 
neau,  collier. 

BAGUENAUDE,  d'où  baguamudier,  en  bo 
tanique  colutoa  vesicaria  ;  baguenauder,  pr. 
faire  claquer  das  baguenaudes,  fig.  s'amuser  à 
des  choses  frivoles;  bagucimuderie,  futilité. 
D'origine  inconnue.  Ménage,  dans  son  em- 
barras, s'est  amusé  à  enchaîner  :  bacca,  bac- 
cana,  baccanalda.  Avec  ce  procédé-là,  on  est 
toujours  sur  d'aboutir. 

BAGUER,  anc.  lier,  attacher,  trousser,  so 
rattache  à  bague,  faisceau,  mais  en  est-il  do 
mémo  de  baguer,  coudre  à  gros  points? 

BAGUES,  voy.  bof/age. 

BAGUETTE,  comme  l'esp.  bagueia,  vient 
directement,  parait-il,  del'it.  bacchelta (iïxmm. 
dcbacchio,  bâton  =  L.  baculus);  cependant, 
le  cch  rendu  par  g  est  contre  l'analogie  de 
raquette  de  racchetta. 

BAHUT  correspond  à  l'it.  baûle,  esp.  baûl, 
port,  bahut,  prov.  baûc.  Les  formes  avec  la 
finale  /  font  incliner  pour  l'étymologio  du  L. 
bajulus,  porteur,  déjà  proposée  par  Nicot 
(cfr.  it.  gerla,  corbeille,  pour  gerxda,  do 
gerere,  porter);  il  faudra  alors  admettre  avan- 
cement de  l'accent  tonique  do  l'antépénul- 
tième sur  la  pénultième,  comme  on  le  trouve 
dans  esp.  casulla,  du  L.  casula.  Il  faut  observer 
que  le  t  final  dans  bahut,  étant  d'introduction 
postérieui'e,  ne  peut  être  invoqué  contre  c^'tto 
étymologie.  Ménage,  Chevallet  et  autres  font 
venir  bahut,  du  vha.  behuotan  (ail.  mod. 
behuten),  garder,  c<:)nserver;  Malin  invofpie 
le  subst.  mha.  behut,  garde,  magasin;  en 
tout  cas,  cetto  étymologie  no  pourrait  conve- 
nir qu'aux  formes  fr.  et  prov. 

BAI,  it.  bajo,  esp.  bayo,  prov.  bai  ;  du  L. 
badius,  brun,  châtain  (Varron).  De  là  le 
dimin.  baillet,  roux  tirant  sur  le  blanc; 
celui-ci  est  fait  d'a])rès  un  type  latin  badio- 
lettus.  Baillet,  toutefois,  pourrait  aussi,  d'après 
Diez,  être  un  dimin.  du  L.  balius;  cp.  balio- 
lus,  brun  rnarron,  dans  Plante. 

1.  BAIE,  jK^tit  golfe,  it.  baja,  esp.,  prov  , 
sarde  bahia.  Isidore  :  hune  portum  vetcrcs  a 
M  bajulandis  »  mercibus  vocabant  bajas.  Cela 


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BAI 


—  42 


BAL 


nci>i  fcnore  vraisomblablc.  Frisch,  prêtant  au 
riKit  le  sons  fondamental  d'ouverture,  le  rat- 
tache à  bayer,  de  badare.  Cette  manière  de 
voir  est  corroborée  par  l'existence  d'une  forine 
catalane  badia.  D'autres  prennent  6a Ata  pour 
un  mot  basque,  qui  aurait  aussi  donné  le  nom 
à  la  ville  de  Bai/ona,  qu'ils  décomposent  en 
bâta,  poi-t,  et  ona,  bon.  D'autres,  enfin,  citent, 
avec  raison  peut-être,  les  mots  celtiques  badh 
ou  baffhf  qui  signifient  la  même  chose.  Littré 
se  décide  pour  Bajae,  lieu  agréable  sur  la 
côte  do  la  Campanie,  qui  aurait  fini  par 
prendre  le  sens  de  tout  lieu  maritime  agréable 
et  enfin  celui  de  refuge  pour  les  marins. 
L'acx^ent nation  esp.  bahia  est  expliquée  i)ar 
la  forme  gr.  ^Ttit.  —  L'étymologie,  par  baie, 
ouverture  (v.  c.  m.),  conviendrait  pour  le 
sens,  mais  pour  la  lettre,  il  y  a  cette  difli- 
eulté  qu'au  vi*  siècle,  dans  le  glossaire  dlsi- 
dore,  le  dérivé  de  badare  se  serait  présenté, 
non  pas  sous  la  forme  de  baia,  mais  sous 
celle  de  bada,  Grimm  ramène  le  mot  à  la 
racine  ail.  biegeti,  courber,  ce  qui  n'est  p<is 
plausible. 

2.  BAIE,  menu  fruit,  du  L.  baca  (forme 
secondaire  de  baccd),  m.  s.  Voy.  bngw. 

3.  BAIE,  ouverture  (cp.  ail.  beie  et  angl. 
bay,  fenêtre),  de  bayei\  être  ouvert  (v.  c.  m.). 

4.  BAIE,  tromperie,  mystification,  pr. 
vaine  attente,  de  bayer ,  tenir  la  bouche  ou- 
verte, attendre  vainement. 

BAIGNER,  voy.  bain,  —  D.  baigneur,  -oire. 

BAIL,  pr.  action  de  donner,  prêter,  louer, 
Rubst.  verbal  de  bailler,  donner.  Il  existait 
dans  l'ancienne  langue  un  autre  subst.  bail, 
avec  la  signification  de  tuteur,  précepteur, 
administrateur;  ce  dernier  correspond  à  it. 
bailo,  balio  (Dante  :  balia,  nourrice),  esp. 
hayle,  port,  bailio,  prov.  baile;  c'est  le  primi- 
tif :  1)  du  vieux  verbe  baillir,  it.  balire,  prov. 
bailir,  administrer,  gouverner,  traiter,  d'où 
vfr.  bail,  tutelle,  et  baillie,  it.  balia,  esp.  et 
prov.  bailia,  administration,  garde,  j)ouvoir, 
domination  et  res.<;ort  d'une  juridiction  ;  2) 
du  subst.  bailli,  anc.  bailli f  (fém.  baillive), 
angl.  bailif,  it.  balivo,  prov.  bailieit,  d'où 
bailliage;  enfin  3)  du  verbe  bailler,  donner  à 
administrer,  mettre  en  main,  confier  au  soin, 
puis  par  extension  donner,  livrer  en  général, 
d'où  bail,  dans  l'acception  encore  usuelle  de 
ce  mot.  Quant  à  l'origine  de  bail,  tuteur,  on 
admet  généralement  comme  telle  le  L.  baju- 
Ihs,  porteur,  qui  dans  la  basse  latinité  avait 
pris  l'acception  de  «  custos  »  ou  «  paedago- 
gus  «,  élargie  plus  tard  en  celle  de  «  procu- 
rator,  œconomus,  gubcmator  "  (BL.  bajidare 
=  officium  gerere), 

BAILLE,  baquet  (terme  de  marine),  du  BL. 
baciila,  baclc,  dimin.  de  bac  (v.  c.  m). 

BAILLER,  anc.  baaillei\  it.  badigliare, 
prov.  badàlhar,  extension  du  tyiK)  badare, 
qui  a  donné  béer  et  bayer  (v.  c.  m.).  Compensé 
entrC'bàiller . 

BAILLER,  voy.  bail, 

BAILLET,  vov.  bai. 

BAILLI,  BAILLIAGE,  voy.  bail. 


BAILLON,  accuse  un  ty])e  latin  baculo,  gén. 
'07iis,  tiré  de  bacidus,  bâton.  CejKîndant,  le 
BL.  badallnm  porte  à  croire  que  le  mot  est 
un  dérivé  de  bâiller  :  donc  pi-opr.  ce  qui  tient 
la  bouche  ouverte.  —  D.  bâillonner. 

BAIN,  it.  bagno,  esp.  bano,  prov.  banh, 
du  L.  balneum,  avec  syncope  de  /.  —  D.  bai- 
gner, L.  balneare. 

BAÏONNETTE.  Cette  arme  tire,  dit-on,  son 
nom  de  Bayonne,  parce  que,  selon  quelques 
auteui*s,  elle  fut  employée  en  premier  lieu  à 
l'assaut  de  cette  ville  en  1665  ;  selon  d'autres, 
parce  qu'elle  y  fut  inventée  (selon  Hey.se,  en 
1640).  —  Quoi  qu'il  soit  .  de  Tétymon 
Bayonne,  l'existence  de  la  baïonnette  et  de 
son  nom  est  con.statée  dès  1575.  D'autre  part, 
il  faut  aussi  tenir  compte  de  ce  que  l'on  tixsuve 
dans  Cot grave  (1611)  à  l'article  Baionette  : 
«  A  kind  of  small  fiât  pocket  dagger,  fur- 
nished  with  knives,  or  a  great  knife  to  hang 
at  the  girdle  like  a  dagger;  baienier,  un 
arbalestier.  •♦ 

BAISER,  L.  basiare.  —  D.  infin.-subst.  bai- 
ser; baisotter,  baisure, 

BAISSER,  voy.  bas.  —  D.  baisse,  baissier, 
baissi^e;  composé  (d^aisser  (v.  c.  m.),  sur- 
baisser. 

BAJOUE,  selon  Littn')  de  ba,  préfixe  péjo- 
ratif, et  joue. 

BAL,  subst.  verbal  de  baller  (v.  c.  m.). 

BALADIN,  voy.  baller, 

BALAFRE  ;  Diez,  rappelant  les  formes  wall. 
berlafe  (Hainaut),  milan,  barleffi,  it.  sberleffe, 
prend  ce  mot  pour  un  composé  de  la  parti- 
cule i)éjorative  bis,  ber  (voy.  sous  barlong)  et 
le  vha.  leffur,  lèvre.  Li^re  serait  alors  pris 
dans  le  sens  fig.  de  plaie  béante,  comme  le 
gr.  yiWoi,  et  balafre  signifierait  litt.  mau- 
vaise blessure.  Dans  le  patois  de  Champagne, 
on  dit  berlafre  pour  mal  à  la  lèvre.  —  Selon 
Grandgagnage  :  du  wallon  lafrer,  gâter,  et 
le  préfixe  bar,  de  travers,  donc  une  blcîvurc 
oblic^ue: —  D.  balafrer, 

BALAI,  d'où  balayer;  la  signification  pri- 
mitive de  balai  est  verge,  rameau,  particu- 
lière au.ssi  au  prev.  balai  (verbe  balaiar, 
flageller,  recurer).  Dans  les  patois,  on  dit 
balai  pour  genêt.  L'origine  est  pn>b.  celtique. 
On  trouve  cymr.  bala,  taillis  (pluriel  balaon, 
bourgeons  d'arbre),  bret.  balaen,  balai  (de  là, 
peut-être,  la  forme  balain  employée  pour 
fiagellum  dans  le  Livre  des  Rois),  hret.  bàlan, 
genêt  (cp.  en  angl.  broom  =  genêt  et  balai). 
La  teiTninaison  ai  n'étant  ]>as  appliquée  en 
français  à  la  foiTuatien  do  substantifs,  Diez 
est  d'avis  que  balai  a  été  tiré  tout  fait  de 
quelque  dialecte  celtique.  —  Voy.  aussi 
balayer. 

BALAIS  (nibis),  it.  balascio,  esp.   baJax, 

prov.  balais,  balaclh,  de  Balaschan  (Balaxiam, 

auj,  le  khanat  de  Badakschan),  près  de  Sa- 

'   markand,  lieu  où  cette  pierre  précieuse  a  été 

découverte.  Voy.  DucAnge,  v*  balascus, 

BALANCE,  it.  bilanda,  esp.,  milan.,  vénit. 
bnlanza,  iirov.  balans,  dn  L.  bilanx,  gén. 
ancis,  litt.  «  qui  a  doux  plateaux  «.  Du  même 


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BAL 


43 


BAL 


primitif  s'est  produit  le  terme  technique  oom- 
meirial  bilan ^  qui  signifie  la  balance  entre 
doit  et  avoir.  —  D.  balancer ,  -ieri  -otre,  — 
I^  syllabe  protoniqiie  ba  p.  bi  est  conforme 
aux  habitudes  du  roman;  cp.  calandre,  de 
cylindriis  et  voy.  barlong. 

BALANDRÂN  ou  balandras,  it.  palan- 
drano,  «  veste  lunga  e  larga  »,  dérivé  de 
palandro  «  vestito  d'uomo  con  molta  falda  i , 
BL.  «  balandrana  et  supertoti  »»,  balandrans 
et  surtouts  (Règle  de  saint  Benoît,  1226). 
D'origine  inconnue.  Schuchart  y  voit  des 
vêtements  de  gens  mal  famés  et  voudrait 
rattacher  ces  mots  à  lat.  baîatro,  it.  bahin- 
dron,  dans  les  patois  balandrttf  fripon,  vaga- 
bond. 

BALANDRS,  it.  palandra^  BL.  palandva, 
bîitiment  de  transport.  D'origine  inconnue. 
N'est-ce  pas  le  môme  mot  que  bélandre  f 

BALAÙSTl),  fleur  du  gi'enadier  sauvage, 
L.  baJaustium  (^9alaw7Ti-9v). Voy.  aussi  baJitstre, 
—  D.  balausUer. 

BAIiATIiR,  voy.  balai.  Il  se  peut  que.  ce 
verbe,  plutôt  que  d'être  tiré  de  balai,  en  soit 
le  primitif  et  que,  comme  les  formes  baloier, 
balier  =  balaier,  il  soit  identique  avec  le 
verbe  vfr.  baloier,  balier,  se  remuer  de  côté 
et  d*autre,  voltiger,  flotter  dans  les  airs.  Pour 
la  forme,  cp.  frayer  =  fraier;  naier  (dial.)  = 
nier,  noier  (negare).  Quant  au  rapport  des 
acceptions,  cp.  en  ail.  schtoanken,  flotter, 
vaciller  et  schvoenhen,  nettoyer,  rincer.  Seu- 
lement, dans  cette  hypothèse,  déjà  émise  par 
Littré,  il  faudra  séparer  les  mots  celtiques 
allégués  à  propos  de  balai  comme  non  con- 
nexes avec  le  verbe  et  formant  un  groupe  à 
part.      

BALBUTIER,  mot  incorrectement  tiré  du 
L.  balbiUire,  Il  se  peut  que  le  verbe  ait  été  fait 
directement  sur  le  subst.  balbutie  ■=  BL. 
balbuties,  tiré  lui-même  d'un  primitif  fictif 
balbittus.  —  Le  vfr.  disait  bauboyer,  -ier,  d'un 
type  balbicare  (L,  balbus). 

BALCON,  it.  balcone,  esp.  balcoti,  liort.  bal- 
cao;  du  vha  pa/cAo,  balcho  (ail.  mod.  balke), 
qui  signifie  poutre.  Dans  cette  dernière  accep- 
tion on  rencontre  en  picard  bauque,  régulière- 
ment formé  de  l'ail,  balkc.  Quelques-uns  pré- 
fèrent l'étymologie  du  persan  bâla  hhaneh, 
chambre  ouverte  au-dessus  de  la  grande 
entrée. 

BALDAQUIN,  anc.  baudequin,  it.  baldac- 
chino,  esj>.  baldaquin,  de  Baldacco,  forme 
italienne  du  nom  de  la  ville  de  Bagdad,  d'où 
.«5c  tirait  l'étoffe,  tissée  d'or  et  de  soie,  employée 
à  la  confection  des  dais.  Le  mot  ancien  boude- 
quin,  angl.  batcdkin,  s'appliquait  d'abord  à 
l'étofTe. 

BALJ3IH1!,  L.  balœna,  —  D.  baleineau, -ier, 

BALâVRE,  anc.  lèvre  en  général;  prob. 
formé,  comme  bajoue,  balafre,  au  moyen  du 
préfixe  péjoratif  ba  «=  bar,  ber, 

1.  BALISE,  terme  de  marine,  anc.  aussi 
balis,  esp.  balisa;  l'étymologie  est  très  incer- 
taine :  un  type  latin  palitia,  ào  palus,  pieu, 
ix>teau  (cp.  palissade)  satisferait  pleinement, 
mais,  comme  remarque  Diez,  l'adoucissement 


de  p  initial  en  b  en  esp.  et  en  fr.  est  trop  rare 
pour  oser  l'admettre  en  notre  cas.  Chevallet 
invoque  le  ni.  balie,  cuve,  mais  à  part  qu'une 
cuve  n'est  pas  une  tonne,  les  Néerlandais  n'ap- 
pliquent jamais  ce  mot  à  une  balise  (perche, 
tonne).  —  D.  baliser. 

2.  BALISE,   BALISIER,  t.  do  botanique; 
ôtymologie  inconnue. 
"BALISTE,  L.  ballista  (de  /Sàiiîiv,  lancer). 

BALIVEAU,  vfr.  baiviau,  boiviau,  BL.  bai- 
velîus,  -aHus  ;  d'origine  inconnuo.  On  .«soup- 
çonne quelque  rapport  avec  bajulus,  j)orteur, 
soutien. 

BALIVERNE.  Origine  obscure.  Nous  lais- 
sons à  Ménage  la  responsabilité  de  la  filiation 
suivante  :  bajulus,  bajulivus,  bajulirarius, 
bajulivarinus.  Baliverne  serait  ainsi  un  di.s- 
cours  de  portefaix  ou  crochetcur  (bajulus;! 
On  va  loin  avec  ce  système  de  Ménage,  mais 
on  est  sûr  d'arriver.  Dochez,  lui,  fait  plus 
cavalièrement  venir  balioerne  de  baver!  — 
En  vénitien,  balircrno  signifie   une   masure. 

BALLADE,  voy.  bailler. 

BALLAST,  mot  ail.  (aussi  angl.  et  néerl.), 
signifiant  lest  et  que  Mahn,  contraircment  à 
d'autres  opinions  qu'il  l'éfute,  décompose  par 
becd,  mot  irlandais  signifiant  sable,  et  last, 
poids,  charge. 

1 .  BALLE,  it.  balla,  palla,  esp.,  prov.  bala, 
globe,  boule,  paquet  de  forme  ronde;  du  vha. 
balla,  palla,  même  sign.  Dérivés  :  1.  it.  bal 
lœie,  esp.  balon,  fr.  ballon;  2.  ballot;  3.  dé- 
balle^', emballer. 

2.  BALLE,  BALE,  pellicule  qui  recouvre 
l'avoine,  Torge,  etc.;  on  a  proposé  le  latin 
palea,  paille,  l'ail,  bal^,  peau,  enveloppe,  et 
le  cymr.  ballast;,  peau,  glume,  gous.se.  Toutes 
étymologies  sans  solidité;  voy.  plus  bas  balle7\ 

BALLER(mot  vieilli),  danser,  L.  ballare{^r. 
/Sâiiw,  /8«Uf{«).— D.  subst.  verbal  bal,  danse; 
ballet,  dimin.  de  bal;  ballade,  pr.  chant  accom- 
pagné de  dan.se,  d'où  baladin,  anc.  balladin, 
pr.  danseur  de  profession  sur  les  théâtres  pu- 
blics, puis  danseur  grotesque.  L'ail,  bail  est 
tiré  du  roman;  Chevallet  a  pensé  le  contraire. 
Wackemagel,  suivi  par  Burguy,  met  le  verbe 
balier  en  rapport  d'origine  avec  le  jeu  de 
paume,  jeu  de  balle.  Nous  pensons  qu'il  se 
trompe.  Notre  mot  balier,  balcr,  appartient 
au  même  radical  exprimant  ••  remuer,  vacil- 
ler», qui  se  trouve  dans  vfr.  baloier,  men- 
tionné sous  balayer  et  qui  se  retrouve  encore 
dans  notre  fr.  ballant  =  oscillant.  On  le  voit 
encore  dans  le  vfr.  baler  — ■  secouer,  vanner, 
et  je  suis  porté  &  croire  que  notre  baie,  balle  2 
(enveloppe  des  grains),  dont  on  ne  connaît  pas 
l'origine,  n'e.st  autre  cho.se  que  le  subst.  verbal 
de  CX3  verbe  bain'  et  signifie  le  produit  de 
l'opération  du  vannage,  c.-à.-d.  la  paille  qu'il 
détache  du  grain. 

BALLET,  voy.  balier, 

BALLON,  voy.  balle,  I.—  D.  ballonner. 

BALLOT,  voy.  balle,  1.  —  D.  ballotter,  se 
renvoyer  la  balle.  Dans  le  sens  de  :  donner 
des  suffrages,  ce  verbe  vient  du  subst.  ballotte, 
j>etit  bulletin,  ou  petite  boule  de  divei-ses  cou- 
leurs, senantàtii-erau.'îort  dans  les  élections. 


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BAN 


—  4i  — 


BAN 


—  L'accoj)ti(>u  «  agiter  en  sens  contraii'tî  »  so 
i-arnène  facilement  au  sens  proiire  se  renvoyer 
la  balle,  mais  elle  i>ouiTait  tout  aussi  bien  se 
rattacher  au  radical  bal,  marquant  «  agitation, 
fluctuation  »  et  traité  sous  baUey\ 

BALOURD,  direct,  de  l'it.  balordo.  Le  pré- 
fixe ba  est  le  même  que  nous  avons  relevé 
sous  bajoue,  baîèvre  et  qui  est  aussi  propre  à 
l'italien  (cp.  barlume,  lueur  faible).  —  D.  ba- 
lourdise. 

BALSAMINE  (le  wallon  a  transformé  ce  mot 
en  benjamine,  rouclii  beljaminc),^\\  ^^xAixfihr,  ; 
balsamique,  balsamicus  (baîsamum,  baume). 

BALUSTRE,  it.  balaustro,  esp.  balaustrc, 
pr.  petite  colonne  d'ornement,  du  L.  balau- 
stium  (,3aiaÛ7Tiov),  fr.  balauste,  it.,  esp.  balau- 
stra,  calice  de  la  fl(nir  do  grenade.  Cette  éty- 
mologie  est  fondée  sur  quelque  ressemblance 
do  forme  entre  les  deux  choses.  Pour  Wcdg- 
wood,  la  forme  secondaire  esp.  barauste  est 
la  bonne  ;  d'après  lui,  le  mot  vient  de  bara  ou 
Tara,  verge,  perche,  de  même  rpie  baranda, 
barandilla,  garde-fou,  barandado ,  balus- 
trade. Mais  comment  expliquer  la  tcnninai- 
son  liste  f  L'r  après  t  est  épenthétique  comme 
dans  it.  giostra  (joute),  fr.  registre,  etc.  — 
D.  balustrade,  it.  balaustrata. 

BALZAN,  vfr.  bauçant,  marqué  de  blanc, 
bigarré  do  noir  et  de  blanc,  it.  balzano,  prov. 
bausan;  d'après  Diez  de  l'it.  balsa,  bordure, 
frange,  walaque  balts,  lacet,  que  l'on  rattaclie 
au  L.  balteus,  ceinture.  Cette  manière  de  voir 
se  confirme  par  la  valeur  de  bahane,  tache 
blanche  circulaire.  D'autres  proposent  l'arabe 
bàlthasan,  pour\'u  du  signe  de  beauté;  mais 
notre  mot  manquant  à  l'espagnol,  on  peut  dou- 
ter de  la  provenance  arabe.  —  On  a  toutefois, 
en  dernier  lieu,  aussi  cité  arabe ablaq,  fém .  bal- 
qua',  plur.  bolq,  selon  Freytag  =  nigro  alboquo 
colore  variegatus  ;  fai'as  balque,  jument  bal- 
zane. Cet  étymon  j)ourrait  bien  l'empoi-tcr  sur 
celui  de  Diez.  —  Chevallet  place  le  mot  dans 
l'élément  celtique,  et  allègue  le  breton  bal, 
tache  blanche  au  front  des  animaux,  mais  il 
passe  sur  l'élément  s  ou  ç,  qui  cependant 
veut  être  expliqué. 

BAMBIN,  de  l'it.  bambino,  comme  bambo- 
che, marionnette,  de  l'it.  bamboccio,  tous  deux 
dérivés  de  bambo,  enfantin,  puéril.  Tous  ces 
mots  ont  une  origine  commune  avec  L.  bam- 
balio,  surnom  romain,  et  le  grec  ^«à/xSaioj,  qui 
bégaye.  La  racine  est  bab;  voy.  babiole. 

BAMBOCHE,  voy.  bambin.  L'acception  dé- 
bauche, ripaille,  dérive,  je  pense,  de  l'idée  de 
puérilité,  pétulance  juvénile.  —  D.  bambo- 
cher. —  Le  terme  bambochade  est  tiré  de  l'it. 
bambocciata,  peinture  à  la  manière  do  Pierre 
de  Lacr,  surnommé,  à  cause  de  sa  personne, 
Bamboccio  (poupée). 

BAMBOU,  mot  d'origine  indienne. 

BAN,  prov.  ôa»,it.,  esp.,  port,  bando,  pro- 
clamation publique  ;  de  là  les  verbes  it.  ba7i- 
dire,  esp.,  prov.  bandir,  fr.  bannir,  pr.  publier 
à  son  de  trompe,  d'où  s'est  produit  le  sens 
spécial  de  proscrire.  It.  bandito  désigne  un 
homme  mis  au  ban,  un  proscrit,  un  brigand; 
de  là  notre  bandit.  De  bonne  heure  on  ren- 


contre dans  le  latin  du  iiKjycn  âge  les  termes 
bannum,  bandiiim  =  cdictum,  interdietum, 
bandire,  bannirc  =  edicere,  citare,  relegare. 
Ils  sont  d'oi'igine  germanique  et  viennent  du 
gothique  bandrjan,  désigner,  indiquer,  subst. 
bandva,  signe;  la  forme  secondaire,  sans  d, 
banvjan,  semble  avoir  déterminé  la  forme 
romane  bannir  pour  bandir.  Directement, 
cependant,  le  roman  doit  avoir,  selon  Diez, 
emprunté  le  mot  à  quehjue  dialecte  où  le  v 
des  formes  gotliiques  s'est  effacé.  La  fomio 
ail.  banncn,  (pii  a  la  valeur  de  edicere,  inter- 
dicere,  prohibere,  expi^Uere,  ne  peut  ôtix;  le 
primitif  immédiat  :  il  aurait  donné  bannn\ 
non  bannir  bandir.  De  bannum  ou  bandium 
vient  le  vfr.  bandon,  qui  signifiait  :  1.  ban, 
p.  ex  :  vendre  gage  à  bandon;  2.  gié,  merci, 
p.  ex  :  tôt  à  vostro  bandon.  De  cetto  locution 
adverbiale  à  bandon  s'est  formé  le  verbe  aban- 
donner  (v.  c.  m.).  Composés  de  bannir  ou 
bandir  :  1 .  l'anc.  verbe  forbannir,  i*eléguer  du 
pays  par  un  édit  public  [for  =^  fm\is,  dehors), 
d'où  le  subst.  forban,  d'abord  action  de  for- 
bannir, puis  celui  qui  est  l'objet  do  cet  acte  : 
exilé,  pirate  ;  2.  it.  contrabbando,  litt.  contre 
la  loi,  d'où  fr.  contrebande;  3.  arrière-ban 
(v.c.m.). —  D.  de  ban  dans  le  sens  de  «  publi- 
cation du  seigneur  féodal  pour  se  faire  rendre 
les  hommages  ou  lui  payer  les  redevances  n 
vient  l'adj .  banal,  désigné  par  le  seigneur  jwur 
l'usage  de  tout  le  monde,  commun,  vulgaire. 

BANAL,  voy.  ci-dessus,  .sous  ban.  —  D. 
banalité. 

BANANE,  BANANIER,  mot  d'origine  in- 
dienne. 

BANC,  it.,  esp., port,  banco,  prov.  banc,  du 
vha.  banch.  Outre  la  forme  masculine,  il  .'^'est 
produit  une  forme  féminine  :  it.,  esp.,  \yovi., 
prov.  banca.  L'it.  banco,  désignait  le  siège,  le 
comptoir  où  les  banquiers  s'asseyaient  dans 
les  places  do  commerce;  de  là  le  fr.  banque, 
—  D.  banquet  (v.  c.  m.)  et  banquette. 

BANCAL,  BANOROOHE.  Les  étymologisto.*; 
nous  laissent  au  dépourvu-  .«^ur  ces  deux 
termes.  Nous  sommes  étonné  de  no  pas  voir 
Ménage  proposer  à  sa  manière  l'enfilade  sui- 
vante :  L.  valgus  (qui  signifie  bancal),  valcalis, 
vancalis,  bancalis,  bancal!  Eu  attendant 
mieux,  il  faut  s'en  tenir  à  l'étymologie  fondée 
sur  rexi)ression  populaire  «  avoir  les  jambes 
en  pieds  de  banc  »,  les  pieds  d'un  banc  étant 
rapprochés  j)ar  le  haut  et  éloignés  par  le  bas 
(Littré,  sujipl.). 

1.  BANDE,  pièce  d'étoffe  coupée  en  longueur 
et  servant  à  lier;  it.,  esp.,  prov.  banda;  du 
goth.  baiuH  (fém.),  ou  du  vha.  band  (neutre), 
lien,  ou,  en  ce  qui  touche  les  formes  avec  e 
(it.,  prov.  be^ula,  esp.  venda),  de  l'ail,  binde, 
m.  s.  —  Dimin.  bandeau,  bandel',  d'où  ban- 
deleite  ;  *bandier,  d'où  bandereau. 

2.  BANDE,  troupe,  compagnie,  est  le  môme 
mot  que  le  précédent,  du  moins  il  se  rattache 
évidemment  à  l'ail,  bind^x,  lier,  réunir.  Il 
peut  aussi  avoir  été  introduit  sous  l'influence 
dr  l'ail,  band,  dans  son  acception  de  dra[)eau 
(BL.  bandum,  vexillum).  L'ail,  mod.  bande 
Qi^i  repris  du  français. 


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BAN 


45  — 


BAR 


BANDSR,  serrer  avec  une  corde,  mettre  un 
bandeau  ;  se  bander ,  se  roidir  ;  de  bande  1 . 
Pour  le  sens  tendre,  roidir,  il  se  déduit  do 
bande  do  la  mémo  manière  qu'en  angl.  strinff 
signifie  à  la  fois  corde  et  tendre,  serrer  ;  com- 
parez encore  en  allemand  le  rapport  entre 
strickf  corde,  et  strecken,  tendre,  ou  entre 
strang,  corde,  et  an-strenf/en,  tendre,  faire 
faire  un  effort.  —  D.  bandage  (d'où  banda- 
giste),  —  Composé  débander, 

BANDSROLS,  voy.  bandidre. 

BANDIÊRE,  it.,  prov.  bandiera,  esp.  ban- 
derai  de  lall.  band,  bande,  drapeau,  BL. 
bandum  =  vexillum.  —  Par  la  chute  du  rf, 
le  mot  est  devenu  banière* .bannifre, —  Dim. 
banderoU. 

BANDIT,  voy.  ban. 

BANDOUIÎR,  brigand,  esp.  bandolero,  fac- 
tieux, séditieux,  de  bandola,  dim.  de  banda, 
tmu|>e. 

BANDOULIÈRE,  esp.  bandolei-a,  ail.  ban- 
delier,  de  l'esp.  bandola,  dim.  de  banda,  lien, 
niban. 

BANLIEUE,  BL.  banleuca,  bannum  leucœ, 
composé  de  ba7i,  juridiction,  et  lieue,  mille, 
champ,  territoire;  donc  le  territoire  soumis 
à  une  juridiction,  espace  dans  leuuel  un  ban 
était  valable.  L'allemand  a  traduit  banleuca 
par  bannmeile, 

BANNE,  vfr.  benne,  grand  panier  (Nicot), 
auj.  aussi  grande  toile  (syn.  de  bâche),  dont 
on  recouvre  des  voitures  de  roulage  ou  des 
vaisseaux.  Fcstus  :  Benna,  lingua  gallica 
genus  vehiculi  (voiture  à  panier,  tombereau), 
appellatur;  Le  mot  est  très  répandu  dans  les 
langues  romanes  et  germaniques;  dans  les 
idiomes  celtiques,  la  iormamen  (cp.  fr.  manne) 
prédomine;  cependant,  le  cymr.  a  benn,  voi- 
ture. Dimin.  banneaxi^  benneau,  bannelîe; 
bannette,  -eton. 

BANNIÈRE,  voy.  bandière.  De  là  l'allemand 
banier,  panier,  banner.  —  D.  bamxeret  (cp. 
les  composés  ail.  bannerherr;  flam.  (Kiliaen) 
banerheere,  banderheere), 

BANNIR,  voy.  ban. 

BANQUE,  voy.  banc,  —  D.  banquier;  cp. 
en  gr.  le  terme  analogue  TpaTrsJfnjî. 

BANQUEROUTE,  angl.  bankrupt,ix\\.bank' 
roU,  de  lit.  banco  rotto  [rotto  =*  L.  ruptus), 
biinque  rompue  ;  on  rompait  le  banc  qu'occu- 
pait le  marchand  failli  sur  les  marchés. 

BANQUET  =  repas  (d'où  verbe  banqueter) 
a  été  jusqu'ici  teiui  iK)ur  un  dérivé  do 
banc  (cp.  en  ail.  tafel,  table  et  repiis),  mais 
Tobler  est  venu  récemment  discréditer  cette 
manière  de  voir  (Ztschr.  III,  573).  Il  voit  dans 
banquet  un  dim.  de  ban  (convocation,  invita- 
tion), qui  aurait  été  confondu  avec  banc  et 
allègue,  comme  analogie,  l'ail,  gastgebol, 
régal,  festin,  litt.  convocation  de  commen- 
saux. —  G.  Paris  (Rom.  IX,  334)  objecte 
contre  cette  étymologie  nouvelle  ce  qui  suit  : 
«  Au  XV*  siècle,  où  le  mot  apparaît,  il  no 
signifie  jamais,  comme  dans  l'exemple  cité 
|>ar  T.,  que  petit  repas  pris  après  le  souper, 
dans  la  serrée  »  (voy.  notamment  la  moralité 
bien  connue  de  \n  Condamnation  dr,  Bnnqurt)\ 


c'est  donc  en  partant  de  cjo  sens  qu'il  faut 
chercher  l'étymologie  du  mot,  qui  n'est  peut- 
être  pas  français  d'origine  ».  —  A  mon  avis, 
ce  qui  vient  à  l'appui  de  la  thèse  du  profes- 
seur do  Berlin,  c'est  l'analogie  du  vfr.  conm, 
qui,  à  son  sens  naturel  «  invitation,  appel  », 
joignait  celui  de  «  festin,  banquet  »  (Godofroy 
en  donne  de  nombreux  exemples,  et  Litti^ô 
lui-même  cite  de  Commines  «  les  convLs  et 
les  banquets  »).  A  la  vérité,  on  pourrait,  dans 
la  formation  du  sens  secondaire  de  convi,  soup- 
çonner l'influence  d'un  souvenir  du  L.  convi- 
vium. 

BANSE,  manne,  BL.  bansta,  vfr.  banste, 
du  goth.  bansts,  grange,  d'où  aussi  l'ail. 
banse,  1 .  partie  de  la  grange  où  l'on  place  les 
gerbes;  2.  grande  corbeille  carrée.  —  BL. 
banasta  (corbeille)  est  un  dér.  de  benna,  fr. 
ban7ie{v.  pi.  h.). 

BAPTÊME,  it.  battesimo,  du  L.  baptisma 
(.9àTTi7/*a);  &ap<i5itna/,  baptismalis  ;  baptisth*e, 
baptisterium  ;  baptiser,  baptizare  (^arrri Juv, 
dér.  de  ^kitriv*,  immerger).  L'adjectif  baptis- 
taire  réjx)nd  à  un  type  latin  baptistarius . 

BAQUET,  voy.  bac. 

BAR,  voy.  bard, 

BARAGOUIN,  mot  formé  du  breton  bara, 
pain,  et  de  çtoin,  vin;  ce  sont  c^s  deux 
mots  qui,  dans  le  langage  des  Bretons,  fraj)- 
pôrcnt  le  plus  l'oreille  des  Français  et  qui 
leur  servirent  à  désigner  ce  langage  inintelli- 
gible. Voy.  Villemarqué,  Dictionnaire  franc, 
bret.,  p.  XXXIX.  L'étymologie  bargina,  mot 
du  BL.  signifiant  étranger,  est  moins  pro- 
bable que  celle  que  nous  citons  et  (pii  a  été 
adoptée  par  Diez  et  Littré.  Une  explication, 
tout  an.ssi  peu  plausible,  par  bret.  bara  pain 
-f-  gwenn,  blanc,  se  trouve  au  suppl.  de 
Littré.  —  G.  Paris  (Rom., VIII,  619)  est  d'avis 
que  baragouin  est  de  la  même  famille  que 
Vit. bar  acundia,  baraonda,  confusion,  tumulte, 
dont  l'origine  hébraïque  est  démontrée  par 
Caix,  Studi.  n®  181.  —  D.  baragouiner. 

BARAQUE,  it.  baracca,  e.sp.  barraca,  écoss., 
irl.  barrachad;  dér.  de  barre,  longue  pièce 
de  bois  (v.  c.  m.),  cp.  it.  trabacca,  m.  s.,  de 
trabs.  D'après  Dozy  (voy.  Littré,  suppl.),  le 
mot  est  d'origine  berbère.  —  D.  baraquer. 

BARAT*,  barate',  it.  baratta,  ancien  esp. 
barato,  prov.  baraJt,  tromperie,  troc  fraudu- 
leux, désordre,  confusion;  do  là  le  verbe  ba- 
réter^ faire  un  mauvais  commerce,  friprmncr, 
angl.  ta  barter.  Diez,  parmi  les  divci*scs  expli- 
cations étymologiques  qui  se  pi'^scntent  (Che- 
vallet  cite  plusieurs  mots  celtiques,  brad  ou 
barad,  signifiant  tromperie  et  que  Diez 
n'allègue  point),  incline  pour  le  grec  rr/»iTT«iv, 
trafiquer, user  de  pratiques  (en  serbe,  baralati 
signifie  faire  commerce)  ;  l'Occident  aurait 
emprunté  ce  terme,  en  lui  donnant  une  mau- 
vaise acception,  aux  marchands  grecs.  Nous 
rappellerons  à  l'appui  de  cette  opinion  l'ox- 
[)n's>iou  allomando  srhacht*rn,  brocanter, 
grappiller,  faire  un  n<;goce  sordide,  mot 
appliqué  surtout  aux  trafifpiantjs  juifs  et  tii*é 
d'un  mot  hébreu  qui  signifie  tout  simplement 
faire  commorco.  —  D.  baraterie. 


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BAH 


46  — 


BAR 


BARATTHR.  battre  du  beurre;  Dicz  est 
disposé  à  rattacher  ce  verbe  au  mot  banit 
ci-dessiis;  le  sens  propre  en  serait  brouiller. 
—  On  pourrait  aussi,  sans  trop  s'aventurer, 
donner  à  baratte  le  même  primitif  qu'à  baril 
et  barrique  :  cp.  en  breton  baras^  baquet, 
baril,  baratto.  —  D.  (ou  primitif?)  baratte ^ 
vaisseau  à  barattor. 

BARBâCANIi,  it.  barbacaiie,  esp.,  prov. 
barbacana.  Ducange,  v®  barbacana,  inter- 
prète ce  mot  par  «  propugnaculum  exterius 
quo  oppidum  aut  castrum,  prsesertim  vero 
eorum  portae  aut  mûri  muniuntur  «;  auj. 
cette  signification  s'est  rétrécie  en  celle  de 
meurtrière  (wallon  babecine  =  lucarnp)  ou 
d'éçout.  Gachet  remarque  que,  dans  Gode- 
froid  do  Bouillon,  barbacano  a  toujours  le 
sens  de  herse.  On  prête  généralement  à  ce 
mot  une  origine  arabe;  M.  Piques,  docteur 
en  Sorbone,  cite  babi-al-khan^h,  lit  t.  porte 
do  la  maison  des  eaux  ;  Pougens  le  rattache  à 
bar-bak-khaneh,  galerie  qui  sert  do  rempart 
à  la  porte;  Wedgwood,au  môme  bàla-khaneh 
qui  est  cité  sous  balœn.  Toutes  ces  explica- 
tions laissent  à  désirer. 

BARBARE,  L.  barbants,  étranger,  puis 
grossier,  sauvage,  ciiiel.  —  D.  barbarie,  bar- 
baria;  barbarisme,  barbarismus. 

BARBE,  L.  barba.  —  D.  barbeau  (poisson), 
barbillon,  barbet  (chien);  —  barbiche,  barbi- 
chon;  —  barbote  (poisson);  —  barbeyer,  raser 
la  voile;  barbelle,  barbelé;  barbier;  barbille, 
filament  des  monnaies;  barbon;  barbu;  bar- 
bue (poisson);  ébarber,  couper  les  barbes; 
rcbarber  ,  cx)ntrarier ,  d'où  rébarbatif  (y  .cm.). 

BARBITON,  L.  barbitum  (fiàptiroi,). 

BARBOTER,  patauger  dans  la  boue  et  mar- 
motter, bredouiller  ;  l'association  de  ces  deux 
sens  se  comprend,  le  second  se  rapportant  au 
bruit  du  bouillonnement  de  l'eau  occasionné 
par  le  barbotement.  En  it.  on  a  barbottare  et 
borbottare,  en  esp.  barbotar  et  borbotar,  pour 
l'une  ou  l'autre  des  deux  acceptions  du  mot 
français;  cp.  vfr.  borbeter,  patauger.  Si  l'on 
considère  encore  l'it.  borbogliare,  pic.  bor- 
boulier  (marmotter),  esp.  borbollar,  bouil- 
lonner, fr.  barbouiller  =  barboter,  prononcer 
indistinctement,  on  verra  que  les  formes  en  o 
et  en  a  no  sont  au  fond  que  des  variations  de 
son;  peut-être  celles  en  a  se  sont-elles  pro- 
duites sous  rinfluence  de  barbe  (cp.  l'expres- 
sion ail.  in  de7i  bari  bnimmen,  grommeler 
dans  sa  barbe,  entre  les  dents).  Les  formes 
au  thème  borb  rappellent  borbe,  bourbe,  qui 
au  fond  signifie  do  leau  bouillonnante  (cp. 
^ôpfiopoi,  bourbe,  et  pop^opùitiv,  bniire). 
Borbogliare  et  ses  parallèles  ont,  outre  leur 
thème  borb,  une  terminaison  qui  donne  au 
mot  un  certain  air  de  parenté  avec  bullare, 
lancer  des  bulles,  bouillonner.  Il  est  intéres- 
sant, pour  la  liaison  des  sens,  de  porter  ici 
l'attention  sur  les  mots  ail.  brodeln,  brudeln, 
spriidein  signifiant  à  la  fois  bouillonner  et 
parler  indistinctement,  et  lo  mot  mousser 
n'est-il  pas  identique  avec  L.  7nussare,  parler 
entre  les  dents? 

BARBOUILLER,  parler  confusément,  mdis- 


tincterucnt,  est  expliqué  suffisamment  par  ce 
qui  précède  sous  barboter.  Il  n'est  donc  jjas 
nécessaire  do  décomposer  le  mot,  c<)mme  fait 
Littré,  par  bar  (préfixe  péjoratif)  +  bouille 
(ancien  mot  signifiant  bourbier),  ou  avec 
Génin  par  bar  -\-  bouille  (perche  pour  remuer 
la  vase).  Les  acceptions  salir,  étendre  gros- 
sièrement une  couleur  avec  une  brosse  expri- 
ment, comme  la  première,  confusion,  trouble, 
absence  de  netteté  et  de  précision.  Ici  encore 
nous  dirons  que  la  forme  bai'bouiller  peut 
avoir  sa  cause  dans  quelque  rapprochement 
du  mot  barbe,  très  voisin  par  le  sens  de 
celui  de  brosse. 

BARBU,  de  barbe;  c^.membru,  lippu,  c7ie- 
vehi,  —  D.  barbue  (pois.son). 

BARGAROLLE,  de  l'it.  barcarola,  chant  de 
batelier  [barcaruolo,  de  barca,  barque). 

BARD,  BAR'  (le  d  dans  bard  est  parasite), 
du  vha.  bàra,  civière,  brancard,  ags.  bœr^ 
bère,  m.  s.  (cfr.  goth.  bairan,  porter,  ail. 
mod.  bahre,  flam.  baei^e,  civière.).  Le  mot 
bière  2,  it.  bara,  est  de  la  même  origine.  — 
D.  barder. 

BARDAGHE,  pathicus.  mignon,  it.  bar- 
dascia,  esp.  bardaxa,  de  l'arabe  bardqf, 
esclave. 

1 .  BARBE,  selle,  aiTnure  de  cheval,  it.  et 
esp.  barda.  Il  nous  manque  une  étymologie 
tout  à  fait  satisfaisante  pour  ce  mot;  aussi 
Ménage  en  est-il  réduit  à  un  de  ses  tours  de 
force  habituels  ;  il  établit  la  filiation  suivante  : 
cooperia,  cooparta,  parla,  barta,  barda.  Le 
sens  premier  semble  être  bât,  selle,  d'où  s'est 
déduit  celui  d'armure  de  cheval  en  lames  de 
fer,  ainsi  que  celui  de  mince  tranche  de  lard. 
Quelques  provinces  emploient  aubardei^.  selle; 
c'est  l'esp.  et  port,  albarda,  bât.  Littré 
indique  pour  primitif  l'ar.  bardahet,  couver- 
ture placée  sous  le  bât  (du  persan  barzaket}; 
Diez,  le  nord,  bardi,  bouclier.  —  Le  vfr.  barde, 
hache,  répond  au  vha.  barta,  ni.  barde, 
hache.  —  D.  bardeau,  ais  mince  et  court  ; 
bardelle,  espèce  de  selle;  bardot,  le  mulet  cou- 
veii;  d'une  selle  qui  port«  le  muletier;  verbe 
barder. 

2.  BARDE,  poète,  L.  bardus  (mot  gaulois); 
bardit,  L.  barditus. 

BARDEAU.  -ELLE,  voy.  barde,  l. 

1.  BARDER,  charger  sur-  un  bard.  — 
C.  débarder. 

2.  BARDER,  couvrir  un  cheval  de  .sa  barde. 
BARDOT,  voy.  barde,  1. 

BARÉGE,de  Baréff es,  village  des  Pyrénées,' 
lieu  de  fabrication. 

BARÈME,  du  nom  de  François  Barrômc 
(mort  en  1703),  auteur  d'un  recueil  intitulé  : 
Comptes  faits. 

BARGE,  embarcation  plate,  BL.  bargia, 
prov.  batya;  yoj.  barque. 

BARGUIGNER,  jadis  aussi  bargaigner,  anc. 
=  marchander  (signification  encore  vivace 
dans  l'angl.  bargain^  it.  bargagnare,  port., 
prov.  bai'ganhar,  BL.  barcaniare),  auj.  avoir 
de  la  peine  à  se  déterminer.  Vu  la  forme  bas- 
lat.,  Dicz  rapporte  le  mot  à  barca,  la  banpie 
étiint  destinée,  d'après  la  définition  d'Isidore, 


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BAR 


—  47 


BAH 


à  apporter  les  niaivliandises  vei-s  le  navire  et 
à  les  en  rapporter.  Il  y  aurait  donc  au  fond 
du  mot  l'idée  de  va-et-vient,  d'où  so  serait 
développée  celle  de  «  mait:hander,  balancer, 
hésiter,  tergivei*scr  » .  Cette  explication  semble 
un  peu  forcée.  Chevallet  cite  l'écossais  bara- 
gan^  marché,  traité,  accord;  bret.  harkaiia, 
marchander.  Mais  ces  mots  peuvent-ils  comptoir 
pour  primitifs?  L'étymologie  bar  -{-  gagner, 
mise  en  avant  par  Génin,  n'a  pas  de  probabi- 
lit«î  non  plus.  —  Selon  Ulrich  (Ztschr.,  III, 
266),  de  l'ail,  borgen,  «  mutuum  darc  et  acci- 
pere  »,  sur  la  base  d'une  foiTne  vha.  terminée 
en  anJuH.  C'est  ainsi  qu'on  tire  giiadagnare 
(d'où  fr.  gaagtier,  gagner)  d'un  type  vha. 
loeidanjan  supposé.  A  p.  o  ne  ferait  pas  diffi- 
culté. Mussafia  (Beitrag.  etc.,  p.  3G)  men- 
tionne des  foi-mes  ital.  (dialect.)  transposées, 
surtout  un  terme  vénitien  rustique  hragagnar 
signifiant  «  tâter,  palper  « ,  puis  un  bragagnar 
et  bragotar  défini  par  «  prenderc  in  mano, 
brancicare,  come  si  usa  colle  cose  poste  in 
vendita  ».  Ailleurs,  dans  Mutinelli,  on  voit 
bragolo,*^  mercato  ».  Y-a-t-il  entre  l'it.  barga- 
gnare,  -  marchander  »,  et  le  vén.  bragagnar, 

-  palper  »,  homonymité  fortuite  ou  commu- 
nauté originelle?  Dans  ce  dernier  cas,  quelle 
est  la  valeur  primordiale?  Dans  le  premier 
cas.  quelle  est  la  source  de  l'un  et  de  l'autre? 
Notez  que  dans  l'anc.  vénitien  on  trouve  aussi 
bragolar  r=a  pêcher.  —  Mussafia  se  garde  do 
rien  trancher  sur  ces  questions.  J'en  fais  pru- 
demment de  même. 

BARI6EL  ou  BARISEL,  chef  des  sbires,  » 
it.  bargello,  esp.  barracM,  BL.  barigildus; 
mot  d'origine  germanique,  mais  encore  inex- 
pliqué. 

BARIL,  it.  barile,  esp.,  port,  barril,  BL. 
barile,  barillus,  de  môme  que  barrique ^  et  vfr. 
darrot,  sont,  selon  Diez,  des  dérivations  d'un 
mot  bar,  branche  d'arbre,  qui  se  rencontre 
dans  plusieurs  idiomes  celtiques,  et  auquel  se 
rattache  également  le  mot  barre.  Du  reste  on 
trouve  en  cymr.  baril  et  en  gacl.  baraill  avec 
le  même  sens.  —  D.  barillet,  -on. 

BARIOLIïR;  l'étymol.  variolare  (de  variiis) 
est  ajuste  titre  repousséo  par  Diez;  il  n'y  a 
aucune  probabilité  que  r  initial  ait  été  changé 
en  6  ;  il  propose  donc,  et  est  en  cela  suivi  par 
Littré,  une  composition,  bar  (la  particule  pé- 
jorative) -\-  riolé,  rayé  (dans  u  riolé  et  piolé  »). 

—  Le  type  bis-regulare,  proposé  par  Darme- 
steter,  est  inacx?eptablc,  car  regulare  ne  peut 
donner  que  rieuler,  riuler  (2  syll.),  mais  non 
pas  ri-oler. 

BARLONG,  berlong",  qui  a  la  figure  d'un 
carré  long  mais  irrégulier,  défectueux,  est  p. 
besloiig  (on  trouve  dans  la  langue  d'oïl  aussi 
bellojic),  it.  bishingo.  —  Bis  (en  français 
aussi  bes,  puis  bé,  ba)  est  une  particule  romane, 
appliquée  en  composition  et  exprimant  une 
id«^  d'infériorité,  d'inconvenance,  de  fau.ssc 
application.  Pai-fois  ce  préfixe  jx'^joratif  se 
modifie  cuphoniquement  en  ber,  bar  ou  bi'e. 
*-  Bar,  dit  Nicotj  diction  indécîlinablo  qui 
empire  le  mot  auquel  elle  est  jointe  par  com- 
position, comme  en  bnrlv.e  (voy.  nr)tre  mot 


berlue)  et  barlong.  »  Exemples  :  it.  biscan 
tare,  mal  chanter,  fix^donner;  prov.  bcslei, 
fausse  croyance;  barlume  p.  bishime,  lu- 
mièi*e  faible,  douteuse  ;  fr.  bcrtouser,  tondre 
avec  des  inégalités  (cité  par  Ménage),  béoue, 
p.  besvue,  vue  fausse;  vfr.  bestor,  bestourner; 
piém.  berlaita,  ixjtit  lait  ;  cat.  besœmpte  =» 
mécompte;  wall.  bestemps,  mauvais  temps  ; 
notez  encore  l'anc.  verbe  besjugei\  mal 
juger.  Diez,  examinant  l'origine  de  cx»tto  par- 
ticule bis,  après  avoir  rejeté  les  conjectures 
portant  sur  L.  vice  ou  vix,  s'arrête  à  l'adv.  lat. 
bis,  deux  fois,  d'où  se  serait  dégagé  le  sens 
de  trop  ou  de  mal  ;  il  fonde  cette  expliciition 
sur  des  mots  tels  que  l'esp.  bisojo,  à  double 
vue,  louche;  fr.  bi-iiis  (v.  c.  m.),  à  double  face; 
vfr.  beS'ivre,  fort  ivre,  bes-order,  souiller  for- 
tement. —  Voy.,  sur  la  particule  bis  au  sens 
dépi"éciatif,d'intére.ssant.s  rapprochements  avec 
la  valeur  propre  aux  particules  congénères 
gr.  5u;,  5i;.  St'xai  Darmestetor,  Traité  do  la 
formation  des  mots  comparés  dans  la  langue 
française,  p.  109. 

BARNAGHE,  -AGLE.  -lOLS  (aussi  ber- 
nache,  etc.),  espèce  d'oie  sauvage,  de  bar^ 
nacle",  espèce  de  coquillage  flepas  anatifera), 
où  cet  oiseau  place  son  nia.  D'origine  cel- 
tique. 

BAROMÈTRE,  mot  tcchn.  composé  du  gr. 
/xkrpo'j,  mesure,  et  Skpoç,  pesanteur. 

BARON,  propr.  forme  d'accusatif,  le  subst. 
nominatif  étant  ber;  correspond  au  prov.  f}ar, 
it.  barone,  esp,  varone.  Ce  vocable  .signifiait 
d'abord  tout  simplement,  comme  le  latin  vir, 
l'homme  opposé  à  la  femme.  Puis  il  s'y  rat- 
tjicha  le  sens  de  viril,  fort,  courageux,  bravo 
(de  là  les  dérivés  anciens  :  prov.  barnatge, 
vfr.  baroniCy  barnie,  bravoure,  cmbarnir,  se 
fortifier).  A  ces  significations  so  joignit  do 
bonne  heure  celle  d'homme  libre,  do  grand 
de  Tempire  ou  va.s.sal.  L'étymologio  du  mot 
n'est  pas  encore  éclaircie;  il  parait  n'avoir 
rien  de  commun  avec  le  baro  du  latin  cla.s- 
sique.  (Cornutus,  un  commentateur  de  Perse, 
attribue  à  baro  le  sens  de  «  scrvus  militum  »» 
et  une  origine  gauloise  ;  Isidore  le  glose  par 
mercenarius,  en  le  dérivant  de  pxpù;,  fort, 
gro.^sier,  fortis  in  laboribus.)  On  trouve  en 
celtique  (ancien  gaél.)  un  mot  bar  avec  la 
valeur  de  héros  ;  mais  une  circonstance  digne 
de  considération  s'oppose  à  ce  que  l'on  reven- 
dique une  origine  celtique  à  notre  vocable 
français.  C'est  que  ber  ou  bar  français  fait 
aux  cas  obliques  baron,  avec  l'accent  sur  la 
terminaison,  et  que  tous  les  mots  de  cotte 
nature  sont  do  provenance  soit  latine  (drac, 
dragon;  laire,  lairon),  ou  germanique  {fel, 
félon;  Uc,  Ugon).  Diez,  par  conséquent, 
pense  que  le  baro  latin,  qualifié  de  gaulois 
par  le  scoliaste  Cornutus,  avec  le  sens  do 
goujat  d'armée,  représente  plutôt  un  vha. 
bero  (accus,  berun,  beron),  porteur,  dérivé 
naturel  du  vha.  beran,  goth.  bairan,  porter, 
et  que  lo  fr.  ber,  baron  est  tiré  du  mémo 
radical.  Du  sens  pi-imitif  porteur,  se  seraient 
successivement  dôduits  ceux  de  «  fort  »,  puis 
de  »»  homme  «  et  enfin  de  «  homme  puis.sant, 


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BAR 


—  48  — 


BAS 


vassal  «.'Tout  cela,  du  reste,  est  encore  pro- 
blématique. Pour  notre  part,  nous  préfc^rons 
nous  en  tenir  à  une  communauté  d'origine  de 
bar&ii  avec  les  mots  vha.  harn^  infans,  proies, 
et  heorn  (ags.),  homme  fort,  qui  d'ailleurs 
remontent  également  en  dernier  lieu  à  bairan 
ou  beran,  porter,  produire.  —  D.  baronne, 
etrie,-affe. 

BAROQUE  était  d'abord  un  terme  de  joail- 
lier, indiquant  une  perle  qui  n'est  pas  parfai- 
tement ronde  ;  de  l'esp.  ban^ncco,  berrneccOy 
port,  barroca.  (aussi  avec  le  sens  de  rocher, 
raboteux).  Pour  Tétymologie,  on  a  proposé 
le  L.  verntca,  rocher,  verrue  (employé  par 
Pline  pour  une  tache  dans  une  pierre  pré- 
cieuse), puis  bf^ochtis,  dent  saillante,  défec- 
tueuse, enfin  bisroca,  en  donnant  à  bis  la 
valeur  que  nous  avons  exposée  sous  barlong. 
Nous  nous  prononcerions  le  plus  volontiei*s 
pour  la  dernière  conjecture  :  roche  avec  un 
défaut. 

BARQU£,it.  ,esp.  ,prov. , poi-t.  &arca.  Isidore  : 
«»  Barcii,  quae  cuncta  navis  commcrcia  ad  litus 
portât".  Barque  parait  être,  en  français,  d'in- 
troduction savante  ;  le  mot  propre  était  anc. 
barge,  auj.  berge  (prov.  ba?ja),  formes  qui 
accusent  l'existence  d'une  forme  latine  barica, 
(cfr.  carrica  —  charge  ;  srrica — serge).  Quant 
à  barica,  il  paraît  être  (comme  aiica,  avica,  de 
avis)  une  dérivation  de  baris,  canot  d^écpii). 
Barca  serait  ainsi  une  contraction  de  date 
ancienne  pour  barica.  Wackernagel  préfère 
le  nordique  barkr,  m.  s.,  litt.  bateau  fait 
d'écorco  {bôrkr.,  suéd.,  angl.  bark,  écorce).  — 
D.  barquette,  embarquer,  débarquer. 

BARRE,  it.,  esp.,  prov.  barra,  angl.  bar, 
pièce  de  bois  (ou  de  métal)  menue  et  longue 
(servant  à  fermer).  Le  mot  est  celtique  :  cymr. 
bar,  branche  de  bois.  Dérives  :  barreau  ;  bar- 
rih'c;  barras*;  verbe  barrer  (voy.  ces  mots). 
Voy.  aussi  baraque  et  baHl. 

BARRAS'  ;  ce  mot,  non  constaté  dans  les 
textes  français,  et  répondant  au  prov.  barras, 
barre,  bâche,  est  le  primitif  des  verbes  embar- 
rasser, obstruer,  gêner,  et  débarrasser, 

BARREAU,  diminutif  de  barre,  puis  clô- 
ture, puis  enceinte  réservée  aux  avocats,  lieu 
où  l'on  plaide,  etc. 

BARRER,  de  barre;  pr.  fermer,  obstruer, 
rayer.  —  D.  barrage.  —  Cps.  s'embarrer, 
déballer. 

BARRETTE,  prov.  ben'eta,  barréta,  esp. 
birreia,  BL.  birretum,  it.  berretta.-  Se  ratta- 
che au  mot  latin  Oirrus  (byrrhus),  sorte 
d'étoflc  gro.ssière.  — Le  rapport  étymologique 
avec  bii'Tus,  burrus,  peut  être  fondé,  observe 
Bai.st  (Ztschr.,  VI,  1 16),  soit  sur  la  couleur 
rouge,  soit  sur  ce  que  le  couvre-chef  en  ques- 
tion faisait  d'abord  partie  du  manteau  {i^ippov 
«=  manteau).  Cfr.  l'origine  de  chapeau.  — 
Une  variété  du  même  mot  est  le  maso,  béret, 
—  Voy.  aussi  bure. 

BARRICADE,  voy.  barrique.  —  D.  barri- 
caffer  (vfr.  barriquer). 

BARRIÈRE,  prov.,  it.  barricra,  esp.  Inir- 
rcra,  d'un  type  barraria,  dér.  de  barra, 
barre. 


BARRIQUE,  voy.  fmnl,  —  D.  it.  barricaia, 
retranchement  fait  avec  des  barriques,  fr. 
barricade. 

BARS,  poisson  ;  ail.  bars,  barsch. 

BARYTON,  it.,  esp.  ôaW/ono, du gr.  ^Saf^vra- 
voi,  qui  a  la  voix  grave. 

1 .  BAS  (fém.  basse),  it.  basso,  e.sp.  bajo,  port. 
baixo,  prov.  ba^,  BL.  bassus.  Le  glos.saire 
d'Isidore  dit  :  «  Ba.ssus  cras.sus  pinguis  », 
celui  de  Papias  :  «  Bassus  curtus  humilis  » . . 
Il  faut  déduire  de  là,  obser\'e  Diez,  que  le 
.sens  fondamental  du  mot  bassus  est  celui  do 
trapu,  coui*t  et  large.  En  effet,  la  langue 
d'oïl  présente  souvent  l'adj.  bas  avec  le  .sens 
de  large  et  court.  Pour  la  provenance  de  ^o*- 
sus,  il  est  inutile  d'en  chercher  l'origine  soit 
dans  le  grec  ^3a»ywv  (comparatif  de  ^»Bùi,  pro- 
fond) ou  dans  le  celtique.  Les  Romains  possé- 
daient déjà  le  mot,  mais  nous  ne  le  rencon- 
trons plus  que  comme  surnom  ou  comme 
véritable  nom  propre.  —  Dérivés  :  bassesse; 
basse  (t.  de  musique),  basson;  basset,  chien 
de  chasse  de  i)etite  taille  ;  bas,  vêtement  de 
jambes,  abrtH'iation  de  bas  de  chausses,  opp. 
à  haut  de  chausses;  verbe  baisser  (v.  c.  m.). 

2.  BAS,  vêtement  des  jambes,  voy.  bas  ci- 
des.sus. 

BASALTE,  L.  basaltes.  Du  pays  de  Baschan 
en  Palestine,  gr.  Bx^àvriç. 

BASANE,  de  Icsp.  badana,  m. s.,  qui  vient 
do  l'arabe  biianah.  La  lettre  a*  accuse  pour 
intermédiaire  un  prov.  bazana  (cp.  Masculine 
p.  Madehnne). —  D.  vfr.  basanier,  cordonnier; 
basaner,  donner  à  la  peau  une  teinte  noirâtre; 
cp.  le  sens  du  vfr.  tanne,  roux,  brun. 

BASANER,  voy.  basane. 

BASOOUETTE,  espèce  de  mésange  (en  ail. 
schwanzmeise),  comi)osé  jKDpulaire  de  battre 
-f-  couette  (petite  queue),  donc  un  «  volatile 
dont  bat  (=  danse)  la  queue»;  cp.  batte- 
queue,  un  des  noms  de  la  bergeronnette.  Si 
cette  étymologie  de  Meunier  est  la  bonne,  il 
faudra  considérer  la  forme  basconette  que 
donne  Littré  conjointement  avec  basconette, 
comme  une  altération  de  ce  dernier. 

BASGUL,  au.s.si  bacul,  nom  donné  à  certaines 
pièces  du  harnachement  des  chevaux  (voy. 
Littré),  est  un  composé  de  battre  -}-  cul.  Cp.  le 
mot  suiv. 

BASCULE,  anc.  bacule,  signifie  pr.  uno 
l)lanche  qui  «  bat  le  cul  »;  selon  Meunier,  ce 
qui  a  donné  naissance  aux  diverses  acceptions 
de  ce  mot,  c'est  lo  jeu  des  enfants  se  balançant 
sur  une  planche  dont  l'un  des  bouts  .se  lève 
tanths  que  l'autre  frappe  réellement  le  cul. 
C'est  bien  là  l'origine  du  mot,  et  il  est  inutile 
de  reproduire  les  autres  explications  mises  en 
avant.  Us  dans  l'élément  bas  est  parasite  ;  de 
même  dans  basconette  (v.  pl.  h.).  —  D.  bas- 
culer. 

BASE.  L.  basis  (gr.  /5A»t;,  plante  du  pied). 
—  D.  baser. 

BASILIC,  lézard,  L.  basiliscus  (,93(ffiXf«o,-, 
litt.  petit  roi). 

BASILIQUE,  église,  du  L.  basiliead^TLrAluLri), 
qui  désignait  d'abord  un  édifice  public  pro- 
fane, pr.  maison  royale. 


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BÂT 


—  49  — 


BÂT 


BASDf,  fonne  tronquée  de  bombasin;  de 
rit.  hamhagino,  qui  est  dérivé  de  hambagio, 
BL.  hambaciumt  grec  du  moyen  âge  ^a/ASàxtov, 
coton.  1^  primitif  deces  mots  est  leL.  bomhix 
(^o>€u(),  soie. 

BASOCHE,  dû  L.  basilica,  lieu  où  se  tenaient 
les  tribunaux.  La  terminaison  ilica,  par  iha, 
s'est  régulièrement  francisée  par  euche,ouche, 
oche  (cp.  le  mot  fougère). 

BASQUE,  pan  dliabit  ;  d'origine  inconnue. 
Huet,  é?êque  d'Avranches,  croit  qu'on  a  dit 
basques  de  pourpoint,  parce  que  la  mode  d'en 
porter  est  venue  de  Biscaye.  —  D.  basquine, 

BASSIN,  bact'n*,  bachin*,  BL.  bacinus,  ba- 
chinum,  it.  bacino,  prov.,  esp.  bacin.  Des 
raisons  phonologiques  font  rejeter  à  Diez  la 
dérivation  de  l'allemand  beckeit,  qui  a  le 
même  sens  ;  il  faudrait,  prétend-il,  pour  cela 
la  forme  baquin.  Le  mot  vient  de  quelque 
racine  celtique,  comme  bac,  creux,  cavité, 
d'où  bakinus,  bacinus,  bacin(yoj.  bac).  Ce  qui 
confirme  cette  étym.,  c'est  que  Grégoire  de 
Tours  parait  indiquer  bacchinon  comme 
appartenant  à  la  langue  du  pays.  —  D.  bas- 
siiiet,  bassiner^  bassùwire. 

BASTER,  vfr.  suffire  (resté  dans  bastant, 
suffisant,  et  l'interjection  baste),  =  it.  bas- 
tare,  esp.,  port.,  prov.  bastar,  suffire,  d'un 
adj.  basto  existant  encore  en  esp.  et  en  port., 
et  signifiant  rempli.  Diez,  pour  le  sens,  rap- 
proche l'esp.  karto  «=  rempli  et  suffisant. 

BASTEREE,  L.  baster^m. 

BASTIDE,  BASTION.  BASTILLE,  voy.  bâtir. 

BASTIN6ÏÏE,  défense  mobile,  ital.  bastinga, 
prob.  de  basttr  comme  bastide,  bastion. 

BASTONNADE,  voy.  bàtoit. 

BASTRINGUE,  mot  populaire  qui  reste  à 
éclaircir.  C'est  peut-être  le  même  mot  que 
bastivgue  (dér.  de  bastir),  signifiant  d'abord 
hutte,  guinguette,  puis  bal  de  guinguette. 

BAT,  t.  de  pêche,  queue  (de  poisson),  d'après 
littré  de  battre;  d'après  d'autres,  deTécoss., 
irl.  bod,  queue. 

BAT,  bast\  it.,  esp.  basto,  prov.  bast,  ail. 
Miissc  bast,  BL.  bastum,  clitella)  sella,  sagma. 
Dicz  suppose  (jue  basturn  pourrait  bien  appar- 
tenir à  la  langue  romaine  vulgaire,  et  avoir 
pour  signification  fondamentale  celle  d'appui, 
base,  support,  soutien  (cfr.  /3affTâJïiv,  pàLixaX, 
et  basterna,  litière).  —  D.  bâter,  débâter, 
em  bâter. 

BATACLAN,  mot  onomatopée. 

BATAILLE,  voy.  battre.  —  D.  bataillon, 
batailler. 

BATARD,  bastard\it.,  esp.  port,  bastardo, 
prov.  bastard,  ail.,  angl.  bastard,  hoU.  bas- 
tert,  lith.  bostras;  équivaut  à  l'expr.  vfr.  fils 
ou  homme  de  bast  ou  de  bas.  (On  disait  de 
même  venir  de  bas.)  Ce  mot  bast,  d'où  dérive 
bastard,  est  identique  avec  bât,  selle  de 
somme,  traité  ci-dessus.  Diez,  tout  en  admet- 
tant oe  rapport  de  forme,  ne  dit  rien  pour 
l'expliquer  quant  à  l'idée.  Burguy  et  Mahn 
sont  plus  explicites  à  ce  sujet  :  »  On  sait 
assez,  dit  Burguy,  la  vie  que  les  conducteurs 
de  mulets  menaient  avec  les  filles  d'auberge. 


pour  croire  à  un  grand  nombre  d'enfants 
conçus  sur  les  bâts  et  à  une  généralisation  du 
nom.  "  Ce  savant  appuie  son  explication  sur 
l'analogie  des  expressions  fr.  coitard,  c.-à-d. 
issu  du  coitre  (matelas),  et  ail.  banftert^  issu 
du  bano,  von  der  banh  fallen,  avoir  une  nais- 
sance illégitime.  —  Autre  est  l'explication  de 
Caix  (Studi,n<'  8);  d'après  lui,  bastardo  signifie 
propr.  «  porteur  du  bât,  bête  de  somme  »,  et 
équivaut  à  «  mulet  •*;  de  là  Id  sens  «  filius 
spurius  ".  C'est  ainsi  que  mulus  a  donné  esp. 
mulato  (fr.  mulâtre),  «  né  de  parents  de  con- 
ditions (c.-à-d.  couleurs)  diverses  •»;  c'est  ainsi 
encore  que  lat.  burdo,  mulet,  est  connexe 
avec  esp.  borde,  prov.  bort,  vfr.  borde,  sard. 
burdu,  qui  signifient  bâtard.  L'expression 
«  fils  de  bast  »  ne  serait,  dit  Caix,  qu'une 
interprétation  populaire  de  bastardo.  Voy.  à 
ce  sujet  les  doutes  de  G.  Paris  (Rom.,  VIU, 
618).  Citons  en  dernier  lieu  l'avis  de  Grimm, 
pour  qui  le  germ.  bast  (écorce)  aurait  déve- 
loppé le  sens  «  res  vilis  nullius  pretii  »»  et  de 
là  celui  de  «  homo  spurius  illegitimus  » .  — 
D.  bâtardise,  abâtardir. 

BATARDEAU,  anc.  bastardeau,  construc- 
tion hydraulique,  dimin.  de  vfr.  bastard,  m. 
s.,  qui  parait  être  dérivé  de  bastir  ou  bâtir 
(racine  bast).  Le  wallon  a  le  mot  bâte  dans  le 
sens  de  fascinage  au  bord  d'un  cours  d'eau, 
de  batardeau  et  de  quai  ;  est-il  de  la  même 
famille? 

BATEAU.  bateV,  prov.  baielh,  esp.  batel, 
it.  batello,  dimin.  de  batto,  BL.  batus,  vais- 
seau à  rames.  Se  rattache  à  ags.  bât,  v.  nord. 
bâtr,  petit  vaisseau;  on  trouve  aussi  cymr. 
bâd,  nacelle.  —  D.  batelier,  batelet,  batelée. 

BATELEUR,  bastcleur,  charlatan,  bouffon; 
selon  Saumai.se,  de  BL.  batalator,  batailleur, 
c.-à-d.  qui  fait  des  tours  surprenants  avec  les 
armes  ;  Guyet,  plus  sobre,  dérive  ce  mot  de 
bastel,  qui,  formé  de  basturn,  signifierait  un 
échafaud  do  bois,  un  tréteau;  bateleur  serait 
donc  une  espèce  de  saltimbanque.  D'autres 
proposent  un  mot  gaulois  baste,  qui  signifie 
tromperie.  Nicot  pense  au  grec  lioirroUyoç, 
hâbleur  !  Après  ces  tentatives-là,  nous  hasar- 
derions bien  aussi  une  conjecture,  savoir: 
basteler  =  faire  des  tours  d'adresse  sur  un 
bast  ou  bât  (v.  c.  m.),  puisque  nous  savons  que 
les  petits  meubles  à  l'usage  des  escamoteurs», 
appelés  aujourd'hui  des  gobelets,  s'appelaient 
au  moyen  âge  des  basteaux,  et  que  l'on  disait 
jongleur  ou  faiseur  de  basteaux,  etc.  C'est 
donc  bien  évidemment  un  primitif  bastel  qui 
a  produit  basteler  et  bateleur.  Quant  à  bastel, 
ce  pourrait  être  une  variété  de  baston  et  signi- 
fier baguette.  Cp.  «  tour  de  bâtx)n  «.Quoi 
qu'on  ait  dit,  il  n'a  rien  à  faire  avec  bateau. 

BATIFOLER,  folâtrer,  s'amuser;  de  l'it. 
battifolle,  par  quoi  l'on  désigne  certaines 
tours  de  bois  érigées  sur  les  remparts  et  les 
befirois,  et  où  les  jeunes  gens  allaient  jouer 
et  badiner.  Pour  le  mot  italien,  cp.  BL.  bat- 
'  tifollum  =  bastion  et  moulin  à  vent. 

A 

1 .  BATIR,  bastir,  it.  bastire,  pr.  bastir,  con- 
struire. De  la  même  racine  bast,  exprimant 

4 


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BAV 


—  50  — 


BEA 


appui,  soutien,  fondement,  base,  d'où  bdt, 
bâton.  —  D.  bâtiment,  bâtisse ;^roY,  bastida, 
fr.  bastide  ;  it.  bastia,  bastione,  prov.  bastio, 
fr.  bastion;  enfin  bastille. 

2.  BÂTIR,  coudre  à  gros  points,  esp.  bas- 
tear,  embaMar^  it.  imba^tare,  angl.  baste,  du 
vha.  bestan^  rentraire. 

BATISTE,  toile  de  lin  très  fine,  tire  son 
nom  du  premier  fabricant  de  cette  toile. 

BATON,  propr.  soutien,  appui,  dérive  de 
bât,  qui  lui-même,  paraît-il,  exprime  propr. 
appui,   base,    sur  quoi   se  place  la  charge 
d'une  bête  de  somme.   Il  est  intéressant  de 
remarquer  à  cette  occasion  que  le  nom  du 
mulet,  en  tant  que  porte-charge,  a  développé 
à  son  tour  le  sens  de  bâton  ;  voy.  l'art,  bour- 
don 1.  —  D.  bâtonnier,  bastonnade  (anc.  bas- 
tonnée)  ;  bâtonnier. 
BATTE,  voy.  battre. 
BATTERIE,  voy.  battre. 
BATTOLOGIE,  gr.  jixxToUylei,  m.  s. 
BATTRE,  prov.  batre,  esp.  bâtir,  ït.  battere, 
du  L.  batuere,  corrompu  en  battere.  Dérivés  : 
batteur  y    -âge,    -ant,  -ement;   battue,   batte, 
battoir,  batterie,  bataille,  it.  baJtaglia,   esp. 
batalla  (Adamantinus  Martyr  :  batualia,  quœ 
vulgo  hattalia  dicuntur).  —  Composés  de  bat- 
tre :  abattre,  combattre,    débattre,   ébattre, 
embattre,  rebattre  (v.  ce.  mm.). 

BAU,  poutre,  anc.  bauc,  de  l'ail,  balh, 
balke,  m.  s.  Voy.  aussi  balcon. 

BAUD,  nom  dune  race  de  chiens  courants, 
appelés  aussi  chiens  muets.  Cette  dernière 
dénomination  a  donné  lieu  aux  étymologies 
gaél.  baoth,  sourd,  goth.  bauth,  sourd,  muet, 
auxquels  Diez  ajoute  le  norm.  baude,  en- 
gourdi. Littré  indique  le  vfr.  baut,  hardi 
(voy.  baudir). 

BAUDET,  dimin.  de  baud  (en  rouchi,  fém. 
baude),  de'  bauC,  gai,  hardi  (voy.  baudir). 
L'âne  serait  ainsi  l'animal  plein  de  contente- 
ment et  de  hardiesse.  La  fable  l'appelle  bau- 
douin  (d'où  le  terme  baudouiner  de  Rabelais). 
BAUDIR,  pr.  réjouir,  puis  exciter,  et  son 
composé  s'ébaudir,  it.  anc.  sbaldire  ;  dér.  de 
l'adj.  baut*,  prov.  baut,  it.  baldo,  hardi,  in- 
solent, joyeux,  qui  correspond  à  angl.  bold, 
courageux,  goth.  balths,  vha.  bald,  hardi,  à 
cœur  ouvert. 

BAUDRIER,  en  vfr.  baudré,  prov.  baiidrat; 
du  vha.  balderich,  v.  angl.  baldrick,  bau- 
drick.  Ces  mots  sont  des  formes  dérivatives 
de  Tags.  belt,  qui  pour  le  sens  et  la  forme 
correspond  au  L.  balteus,  bord,  encadre- 
ment, ceinturon.  Dans  la  granmiaire  proven- 
çale de  Faidit,  on  lit  :  baltjg,  corea  (courroie). 
BAUDRUCHE  ;  ce  mot  est  sans  doute  de  la 
même  famille  que  l'anc.  verbe  fr.  baudroyer, 
préparer  des  cuirs,  et  par  conséquent  de  celle 
de  baudrier. 

BAUGE,  mortier,  crépi;  anc.  bauche.  Voy. 
à  l'art,  débaucher. 

BAUME,  anc.  bausme,  basme,  du  L.  balsa- 
mum  (par  bals'mum,  balmum),  ■—  D.  bau- 
mier,  embaumer. 

BAVARD,  voy.  bave.  —  D.  bavarder. 


BAVE,  it.  bava,  esp.  baba  ;  verbe  baj?er. 
Paraît  être  un  mot  onomatopée  pour  expri- 
mer la  salive  qui  accompagne  le  babil  des 
petits  enfants  ;  aussi  dans  l'ancienne  langue, 
bave  signifie-t-il  également  babil,  caquetage 
inintelligible  (cp.  en  grec  /SaSàJctv).  —  D.  ba- 
vette, baveiac,  bavard  (nous  trouvons  dans 
Calvin,  avec  la  même  sign.,  bavereau);  ba- 
vasser  =  bavarder;  ba;oure,  bavoche,  carac- 
tère d'imprimerie  qui  ne  vient  pas  net  et  qui 
paraît  avoir  de  la  bave;  l'anc.  mot  bavière 
signifiait  d'abord  bavette  et  a  été  appliqué 
dans  la  suite  à  la  partie  de  l'armure  dont  on 
protégeait  le  cou  et  le  menton  ;  de  là  bave- 
rette  et  baverole. 

BAVOCHE,  voy.  bave,  —  D.  bavocher. 

BAVOLBT  ;  n'est  ni  étymologiquement  con- 
nexe avec  bave  (cp.  bavette,  bavière),  comme 
j'ai  pensé  d'abord,  ni  dérivé  de  bas  -J-  w^r, 
mais,  d'après  Darmesteter,  =  ba^  volet.  En 
vfr.  volet  signifiait  pièce  d'étofie  flottante  (qui 
volé),  spécialement  une  pièce  d'étoffe  qu'on 
mettait  sur  la  tête  ;  le  bavolet  est  un  volet  qui 
se  met  en  bas  du  chapeau,  sur  la  nuque. 

BATER,  vfr.  baer,  béer,  it.  badare,  prov. , 
cat.  badar,  BL.  badare.  Ces  mots  signifient 
I .  ouvrir  la  bouche,  2.  attendre  bouche  béante, 
attendre  en  vain,  puis  anc.  aspirer  à  qqch. 
Dante,  Inf.  31,  139  :  Stare  a  bada,  =t  prendre 
garde  à.  Plutôt  que  de  recourir  au  vha.  bei- 
tôn  (ou  baidôn),  attendre,  tarder,  qui  ne 
répond  pas  à  la  signification  première  de 
badare,  Diez  part  d'une  racine  onomatopée  ba. 
— Dérivés:  prov.  badalhar,  baailler  , bâiller  ; 
badaud,  prov.  badau  (dans  le  patois  de  Mons 
béaut,  beyaut)  ;  badin,  que  les  lexicographes 
du  XVI®  siècle  traduisaient  encore  par  *»  inep- 
tus  ». 

BAZAR,  mot  persan  signifiant  marché  cou  • 
vert. 

BÉANT,  part,  de  béer,  forme  variée  de 
bayer  (voy.  ce  mot).  — Notez  encore  les  vieux 
mots  bée,  ouverture,  vaine  attente,  et  béance, 
désir,  aspiration. 

BÉAT,  mot  savant,  L.  bcatus;  béatitude, 
beatitudo;  béati figue,  beatificus;  béatifier, 
béatification,  beatificare,-atio.  —  D.  béatilles, 
menues  choses  précieuses,  restreint  auj.  aux 
menues  choses  délicates  dont  on  garnit  les 
pâtés  ;  pr.  petites  choses  d'heureux. 

BEAU,  BEL,  it.,  esp.,  port,  bello,  du  L.  bel- 
lus.  —  D.  beauté,  bellâtre,  bel  lot,  embellir. 
Vfr.  abélir,  prov.  abelhir  =  plaire,  être 
agréable;  abeausir,  t.  de  marine,  répond  au 
pr.  abellezir.  —  Le  mot  beau  dans  beau-père, 
belle-mère,  beau-frère,  belle-sœur,  beau-fils, 
belle-fille,  est  une  expression  honorifique 
pour  distinguer  les  membres  nouveaux  intro- 
duits par  le  mariage  dans  une  famille.  La 
langue  néerlandaise  applique  do  la  même 
manière  l'a^.  schoon. 

BEAUCOUP,  de  beau  coup  fcfr.  faire  un 
beau  coup,  =  prendre  un  grand  nombre  à  la 
fois)  ;  cette  locution  s'est  peu  à  peu  substituée 
À  l'adverbe  moult  «=»  L.  multum,  qui  s'em- 
ployait généralement  dans  l'ancienne  langue 


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BED 


—  5i 


BEI 


d'oIl.  On  disait   anciennement   aussi  grand 
coitp 

BEAUPRÉ,  de  Fall.  bogspriet,  ou  néerl. 
hoegspriet,  angl.  botosprit,  mots  composés  de 
b<jg,  boeg,  bote,  flexion,  proue,  et  spHet  ou 
sprit,  perche,  mât. 
BSAUTÉ,  anc.  bcaliet,  beJté,  ?oy  beau. 
BÉBÉ,  francisation  de  l'angl.  baby,  petit 
enfant. 

BEC,  it.  becco,  port,  bico;  Suétone,  dans 
Vitellius,  I8,cite  ce  vocable  comme  gaulois.  En 
cflet,  on  trouve  gaél.  beic,  bret.  beh.  — 
D.  béquet  (petit  bec);  becquer,  -ée,  d*où  abec- 
quer,  donner  la  becquée,  becqueter,  beau,  se 
rebéquer  (femiLer),  répliquer  à  un  supérieur. 
Notez  aussi  vfr.  bechier,  frapper  du  bec.  Déri- 
vent encore  de  bec:  1.  prov.  beca,  croc  (prob. 
identique  avec  le  fr.  bêche,  besche*,  malgré 
Vs  intercalaire);  2.  bécasse;  3.  beccard; 
4.  béchot, bécot,  béqiiot,  bécasseau  ;  5.  béquille; 
6.  béquet,  becquet,  noms  vulgaires  du  bro- 
chet et  du  saumon,  et  bécune,  poisson  ressem- 
blant au  brochet. 

BÉGABITN6A,  espèce  de  véronique  qui 
croît  sur  le  bord  des  ruisseaux  ;  du  bas-ail. 
beckebunge,  ail.  mod.  bachbwnge,  litt.  tuber- 
cule de  ruisseau. 

BÉCARRE,  t.  de  musique,  de  Tit.  bequadro 
=  b  carré.  —  D.  bécarrer, 

BÉCASSE,  it.    beccaccia,  catalan  becada, 
dér.   de  bec.  —  D.  bécasseau,  -in,  -ine,  -on. 
BEC  (ou  BEGQITE)  -CORNU,  sot,  imitation 
de  rit.  becco  (==  bouc)  comuto, 

BÊCHE,  besche*,  BL.  becca,  besca,  voy.  bec, 
—  D.  dim.  béchctte,  béchot,  verbe  lécher. 
BÉCHOT,  bécasseau,  voy.  bec. 
BECQUER,  primitif  de  becqueter,  d'où  les 
composés  becquebois,    becquefleurs,    becfgue 
(it.  becca fico). 

BEDAINE,  panse  (anc.  vase  à  grande  panse) 
et  bedon  ^  homme  gras,  tambour  (il  existe  une 
forme  fusionnant  en  quelque  sorte  ces  deux 
termes  :  bedondaine),  sont  sans  doute  des 
rejetons  d'une  même  racine;  cp.  dans  le  dial. 
de  C6me  bidon,  gras  et  paresseux,  dans  celui 
du  Hainaut  bidofi,  grand  lourdeau.  Diez 
croit  que  cette  racine  bed  est  identique  à  bid 
dans  bidet  (v.  ce  mot)  ;  il  cite  le  mot  hennuyer 
bedène,  qui  réunit  les  acceptions  de  bedaine 
et  de  bidet.  Nous  hésitons  à  adopter  ce  rap- 
prochement, puisque  Tune  de  ces  racines 
désigne  quelque  chose  de  gros.  Vautre  quel- 
que chose  de  petit.  Il  est  probable  que  le  sens 
primitif  de  bedaine  et  de  bedon  était  resp. 
boule  et  tai^bour.  On  trouve  d'ailleurs  aussi 
boudaine,  boudiné,  p.  ventre,  ce  qui  me  fait 
voir  dans  bed  une  forme  assourdie  de  bod, 
boud  (voy.  bouder). 

BEDEAU,  BEDEL*,  it.  bidelîo,  esp.,prov. 
bedel,  BL.  bedeUus  ;  du  vha.  petiî,  emissarius, 
ags.  bydeî,  messager,  ou  du  vha.  butil,  prœco, 
apparitor  (ail.  mod.  buttel). 

BEDON  (norm.  =  clochette)  ;  voy.  bedaine, 
—  D.   bedoneau,   bedouan    (en  Normandie 
bedou),  nom  donné  au  blaireau. 
BEDONDAINE,  voy.  bedaine. 


BÉDOUIN,  mot  arabe  =  qui  demeure  dans 
le  désert  [bedou). 

BÉE  (à  gueule  bée),  dans  futailles  à  gtieule 
bée  ;  du  verbe  béer,  avoir  la  bouche  ouverte, 
voy.  béant  et  bayer.  Cette  exprcs.«^ion  ^«ew/e 
bée  (cfr.  it.  bocca  badada)  se  retrouve  retour- 
née dans  bégueule,  qui  signifiait  d'abord 
niais,  imbécile.  «  Singulière  destinée  des  mots, 
dit  Cachet,  puisqu'une  bégueule  peut  aujour- 
d'hui faire  la  petite  bouche.  » 

BEFFROI,  berfroV,  beffroiC,  angl.  belfry, 
BL.  berfredus,  belfredus;  du  mha.  bergvrit, 
bertrit,  tour  «  qui  garantit  la  sûreté  «  ;  on 
appelait  beffroi  d'abord  une  tour  de  défense 
mobile,  puis  une  tour  située  dans  l'intérieur 
d'une  cité,  d'où  l'on  sonnait  l'alarme.  On  a 
faussement  rattaché  ce  mot  à  bell,  mot  fla- 
mand et  angl.,  signifiant  cloche.  L'it.  batti- 
fredo  repose  sur  un  faux  rapprochement  avec 
battere. 

BÉ6AUD,  sot,  ignorant;  dérivé  de  bègue; 
cp.  le  synonyme  pr.  bob,  esp  bobo,  dér.  de  L. 
balbus. 

BÉ6ATER,  voy.  bègxie. 
BÉ6U,  t.  d'art  vétérinaire,  anc.  aussi  bigu; 
d'origine  inconnue. 

BEGUE,  pic.  beique,  bièque,  mot  d'origine 
inconnue.  Diez  émet  comme  simple  conjecture 
l'idée  d'une  contraction  du  prov.  bavcc,  sot 
bavard  (voy  bave).  —  D'après  Bugge  (Rom. 
IV,  351),  bègue  serait  une  forme  tronquée 
d'un  ancien  baubègue,  qui  serait  un  dér.  de 
L.  balbus,  vfr.  baube.  On  retranche  quel- 
quefois, dit-il,  la  première  syllabe  dans  les 
mots  de  plus  de  deux  syllabes  où  la  seconde 
syllabe  a  la  même  consonne  initiale  que  la 
première;  de  là  basin  p.  bombasin,  cineîle, 
p.  coccinelle.  Quant  au  sufiixe,  il  rappelle  it. 
mocceca  (niais),  spizzeca  (ladre),  prov.  bavec 
(bavard),  ufec  (orgueilleux).  11  est  fâcheux 
qu'il  n'y  ait  pas  d'analogue  français  pour  le 
suffixe  en  question,  qui  d'ailleurs  est  d'une 
nature  assez  obscure.  —  D.  bégayer,  au 
XV*  siècle  besgoyer  ;  les  dialectes  ont  bèguer, 
bèketer, 

BÉGUEULE,  voy.  bée. 
BÉGUINE,nom  d'une  corporation  religieuse, 
fondée  par  sainte  Begge,  dont  elle  aurait  tiré 
le  nom;  d'autres  font  dériver  ce  nom,  comme 
celui  des  Béguins  et  Béguards,  du  verbe 
angl.  beg,  mendier,  à  cause  de  la  pauvreté  à 
laquelle  ces  hérétiques  se  vouaient.  On  se 
demande  encore  si  la  coifie  de  linge  appelée 
béguin  doit,  ou  a  donné,  son  nom  aux 
béguines.  —  D.  beyuinage;  embéguiner, 
mettre  un  béguin. 

BEIGBJlaine)  =  it.  bigio,  voy.  bis. 
BEIGNET,  bignet*,  sont  des  diminutifs  de 
beigne*,  bigne,  bugne,  sorte  de  crêpes  roulées 
et  frites  (angl.  bun),  et  sont  de  la  même 
famille  que  les  mots  italiens  des  dialectes  de 
Milan,  Venise,  etc  ,  bugna,  bogna,  vfr.  bugyie, 
qui  signifient  bosse,  tumeur.  Diez  rapproche 
ces  vocables  du  vha.  bungo,  bulbe,  v.  angl. 
bung,  bunny,  enflure.  Quant  au  passage  de 
u  en  t,  cp.  billet,  billon,  de  bulla,  frume  et 
frime.  Pour  le  rapport  entre  choses  arrondies, 


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BEL 


—  52  — 


BER 


bulbe,  bosso  ot  pâté,  nous  rappelons  boulange 
(d'où  boulatiffcr),  de  boule. 

BÉ JAUNE,  corruption  de  bec  jaune;  cfr.  en 
ail.  gelbschnabel,  m.  s. 

BEL,  voy.  beau, 

BÉLANDRE,  esp.  de  bateau  de  transport  à 
fond  plat,  du  holl.  bijlander,  bâtiment  qui 
côtoie  la  terre  (bij,  près,  et  land,  terre).  Voyez 
aussi  balandre. 

BÊLER,  vfr.  beUer,  du  L.  belare,  employé 
par  Varron  p.  balare.  Le  circonflexe  accuse 
une  forme  besler,  et  par  conséquent  une  inter- 
calation  purement  prosodique  d'un  s  (cp. 
pasie,  pâle,  p.  palle).  —  D.  bêleme^it 

BELETTE,  diminutif  de  bêle*,  esp.  beleta, 
milanais  bellora,  peut  être  rapproché  du 
cymr.  belc  ou  do  l'ail.  W/7c  (Frisch,  197; 
manque  dans  Grimm),  vha.  bil-ik  (auj.  bilch), 
zizel.  Toutefois,  Diez  préfère  voir  dans  bêle  le 
mot  latin  bella,  en  se  fondant  sur  des  expres- 
sions analogues  employées  dans  d'autres  lan- 
gues pour  désigner  la  belette,  p.  éx.  le  bava- 
rois schônthie7^lein  ou  schôndinglein,  le  danois 
deii  kjônne  (pulchra),  le  vieux  angl.  fairy. 
En  Normandie,  on  dit  roselet,  en  Lorraine, 
niotnle  (du  L.  mustcla), 

BÉLIER;  voici  les  étymologies  diverses 
mises  en  avant  sur  ce  mot  :  balarius,  de 
balare,  bêler  (Grimm  adopte  cette  étymologie)  ; 
—  vellarius,  le  velu,  de  vellus,  toison;  — 
bell,  mot  néerl.  et  angl.  signifiant  cloche 
(cfr.  belière),  le  bélier  précédant  le  troupeau, 
muni  d'une  clochette.  Diez,  rappelant  les 
expressions  néerl.  belhamel,  angl.  bellwcther, 
fr.  clocheman,  et  mouton  à  la  sonnette,  s'en 
tient  avec  raison  à  la  dernière.  La  fable  donne 
au  bélier  le  nom  de  Bel  in, 

BÉLIÉRE,  dérivé  du  mot  bell,  cloche,  men- 
tionné sous  bélier, 

bélître,  BELISTRE*,  gueux,  mendiant, 
homme  de  rien,  d'où  l'esp.  belitre,  port,  biltre; 
dér.  it.  belitrone,  L'étymologie  la  plus  rai- 
sonnable, tout  en  restant  suspecte,  est  celle 
de  Nicot,  qui  voit  dans  ce  mot  une  transposi- 
tion de  l'ail,  bettlei^;  d'où  bleter,  bliter,  fran- 
cisé par  belitre.  (On  trouve  dans  des  teites 
officiels  du  commencement  du  xvi*  siècle  le 
fôm.  blitresse,  les  subst.  bliter ie  et  blitrcau.) 
Pour  rintercalation  de  1'*,  cp.  besler  p.  bêler. 
D'autres  ont  proposé  L.  bal  air  o,  farceur,  vau- 
rien, ballistarius^  soldat  qui  sentait  les  ba- 
listcs,  blitum,  herbe  sans  saveur,  d'où,  par 
métaphore,  homme  stupide,  enfin  Yelitreixsis, 
de  Velitree,  ville  des  Volsques.  Citons  encore 
l'explication  de  Atzler  par  L.  benedictor, 
«  celui  qui  vous  comble  de  bénédictions  »  ;  la 
lettre  s'y  prête  [benettre,  benitre,  belitre),  et 
pour  le  sens,  Diez  cit«  l'esp.  pordiosero  (men- 
diant), dér.  de  la  phrase  por  dios,  pour 
l'amour  de  Dieu  ! 

BELLADONE,  de  l'it.  bella  donna,  belle 
dame.  Les  Italiens  ont  appelé  ainsi  c^tte 
plante,  parce  qu'ils  s'en  servent  pour  faire  du 
fard. 

BELLI6ÉRER  (n'est  guère  employé  qu'au 
paît,  prés.),  mot  savant  nouveau,  formé  de 
bellum  gerci'e,  faire  la  guerre. 


BELLIQUEUX  (mot  nouveau),  L.  bellicosus 
(bellum,  guerre). 

BELVEDERE  ou  BELVSDER,  mot  italien, 
qui  se  traduit  en  français  par  beauvoir,  beau- 
regard,  bellevue, 

'BEMOL,  de  b  mol;  it.  bimmolle.  Voir  là- 
dessus  les  dictionnaires  et  les  manuels  de  mu- 
sique ;  cfr.  bécarre  B  est  la  deuxième  note  de 
la  gamme  en  la  et  la  première  qui  se  présente 
pour  être  baissée  d'un  demi-ton  ou  amollie  ; 
le  nom  b  mol  s'est  étendu  à  toutes  les  notes. 

BÉNÉDICITÉ,  mot  latin  (impératif  de  &enc- 
dicere),  sign.  bihiissez ,  rendez  grâce.  Le  verbe 
benedicere  (d'où  le  subst.  bededictio,  fr.  béné- 
diction, vfr.  benëiçwi,  benisson,  angl.  béni- 
son),  it.  benedire,  s'est  contracté  en  français  en 
benëir",  puis  bénir,  anc.  aussi,  par  l'intro- 
duction d'un  t  euphonique  entre  la  sifllante  c 
et  l'r  (cp.  cognoistre,  de  cognosc*re),  beneïstre, 
benistre.  On  disait  de  même  anciennement, 
pour  L.  maledicere,  maleïr. 

BÉNÉDICTIN,  de  Benedictus,  forme  latine 
du  fr.  Betwtt. 

BÉNÉDICTION,  voy.  béyiédicité, 

BÉNÉFICE,  L.  beneficium,  bienfait,  avan- 
tage, profit;  au  moyen  âge,  ce  mot  était 
appliqué  à  un  bien  tenu  en  vertu  du  bon 
vouloir  d'un  seigneur.  —  D.  bénéficiai,  -taire, 
-ier  ;  verbe  bénéficier. 

BENET,  BENEST*,  variante  dialectale  de 
henoit. 

BÉNÉVOLE,  L.  bcnevolus,  bienveillant. 

BÉNIN,  anc.  bening,  fém.  bénigne,  it.  beni- 
gno,  du  L.  bcnignus  ;  bénignité,  L.  beni- 
gnitas.  • 

BÉNIR,  voy.  bénédicité.  Le  participe  betie- 
dictus  est  devenu  à  la  fois  benéoit  [ict  régu- 
lier, transformé  en  oU),  d'où  benoît  (le  circon- 
flexe est  sans  raison),  et  beneït,  contracté  en 
bénit,  fém.  bénite.  La  forme  béni,  -ie,  est 
faite  en  conformité  de  la  conjugaison  des 
verbes  en  ir,  mais  contraire  à  l'étymologie. 
—  Do  benediciarium;  terme  de  l'Eglise  pour 
vaisseau  à  eau  bénite,  s'est  produit  le  fr, 
bénitier,  anciennement   bcnoislicr,  benestier. 

BÉNIT,  BÉNITIER,  voy.  bénir. 

BENJOIN,  esp.  benjui,  it.  belzuino,  bcl- 
guinOy  de  l'arabe  louban  djavoi,  encens  java- 
nais. 

BENNE,  hotte,  variété  de  banne  (v.  c.  m.). 

BENOIT,  voy.  bé^iir.  Propr.  béni,  puis  par 
ironie,  ainsi  que  benêt  (v.  c.  m.),  dévot, 
béat,  sot,  niais. 

BBQUET,  voy.  bec. 

BÉQUILLE,  dérivé  de  bec  (v.  c.  m.),  1.  bâ- 
ton recourbé,  2.  instrument  aratoire.  Dans 
ce  dernier  sens,  peut-être  un  dimin.  de  béch^ 
(BL.  becca).  —  D.  béquillard,  béquillcr. 

BERCAIL,  voy.  brebis. 

BERCEAU,  voy.  bei'cei\ 

BERCER,  prov.  bressar,  anc.  esp.  brizar. 
Selon  Ménage  et  Chevallet,  de  versare  (fréq. 
de  vcrtere);  cela  n'est  pas  soutenable.  Diez 
croit  ce  mot  identique  avec  l'anc.  verbe  ber- 
cer, berser,  qui  signifiait  chasser  à  l'arc  (ail. 
birschen),  dont  |il  puise  l'étymologie  dans  le 


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BER 


—  53 


BES 


passage  suivant  d'une  chronique  italienne  : 
«  Trabs  ferrata  quam  bercellum  appellabant  •» . 
Ce  mot  bercellus  désigne  clairement  la  ma- 
chine de  guerre  que  Ton  nomme  ailleurs  un 
bélier,  et  peut,  par  conséquent,  fort  bien 
dériver,  ainsi  que  le  verbe  herser,  transper- 
cer, tuer,  de  berbex,  gén.  berbicis,  mouton; 
berbicelliis^  berbiciare  se  seraient  contractés 
en  berceî,  bercer.  Quant  à  la  signification 
branler,  agiter,  elle  proviendrait  du  mouve- 
ment imprimé  au  bercellits.  Comme  analogie, 
Diez  cite  le  terme  bas-latin  agitatorium,  pour 
berceau.  —  Le  subst.  bercer,  berceau,  est  la 
francisation  du  bercelliis  traité  ci-dessus.  Au 
lieu  de  eett«  forme  diminutive  berceau,  nous 
trouvons  un  grand  nombre  de  formes  radi- 
cales ayant  le  même  sens  :  vfr.  bers,  biers, 
prov.  bers,  bres,  bretz,  cat.  bres,  picard  et 
norm.  ber.  A  Bruxelles,  nous  entendons  aussi 
la  berce,  *»  Il  est  remarquable,  dit  Gachet, 
que  l'espagnol  appelle  h^ezo,  blezo,  un  lit 
d'osier,  et  que  comble za  signifie  concubine.  » 
Ce  fait  donne,  en  effet,  à  réflécliir  sur  la  jus- 
tesse de  l'étymologie  de  Diez  ;  il  pourrait  bien 
y  avoir  au  fond  du  mot  bers  et  berceau  une 
idée  de  claie,  de  treillage,  de  sorte  que 
berceau,  dans  le  sens  de  voûte  en  treil- 
lage, charmille,  nç  serait  pas  une  expres- 
sion tirée  de  quelque  ressemblance  avec  la 
forme  d'un  lit  d'enfant.  Aussi  bien  Ducange 
tire-t-il  ba^ceau  du  BL.  hersa,  claie  d'osier 
dont  on  entourait  les  forêts  de  chasse. 

BÉBfiT,  BERRET,  voy.  barrette. 

BERGAMOTE,  du  turc  beg  armôdi  «  poire 
du  seigneur. 

1.  BERGE,  bateau,  voy.  barque. 

2.  BERGE,  bord  relevé  d'une  rivière,  esp. 
barga;  mot  prob.  celtique  :  cymr.  bargodi, 
surplomber,  bargod,  bord,  gouttière. 

BERGER,  voy.  brebis.  —  D.  bergerie,  et  les 
noms  d'oiseaux  bergère,  bergerette  (v.  c.  m.), 
bergeronnette  (qui  habitent  avec  les  bergers). 

BERGERETTE,  1.  petite  bcrgàre;  2.  = 
bergeronyiette  ;  3.  anc.  fr.,  chant  de  berger 
qui  .se  chantait  le  jour  de  Pâques  en  certaines 
contrées  ;  de  là  :  4.  boisson  composée  de  vin 
et  de  miel,  dont  on  faisait  usage  quand  on 
chantait  la  bergerette. 

BERGERON,  foraie  extensive  de  berger,  de 
là  :  bergeronnette,  pr.  la  petite  bergère,  l'oi- 
seau qui  vit  dans  les  prés,  en  compagnie  des 
troupeaux  (cp.  bouvreuil,  le  petit  bouvier). 

BERIL.  voy.  hert/L 

BERLINE,  carrosse  inventé  à  Berlin.  — 
D.  berlingot. 

BERLOQUE,  voy.  breloque. 

BERLUE  est  le  même  mot  que  le  vfr.  hellu- 
gue  et  prov.  béluga,  qui  signifie  étincelle  et 
dont  le  diminutif  est  beluette  (patois  norm. 
aussi  berluctte),  aujourd'hui  contracté  en 
bluette.  L'un  et  l'autre  sont  composés  du  L. 
lux,  lumière,  et  de  la  particule  péjorative  bis, 
bes,  ber,  dont  nous  avons  parlé  sous  harlong  ; 
le  sens  foncier  est  fausse  lueur.  Cfr.  un  mot 
de  signification  analogue  :  Tit.  barlume, 
faible  clarté,  re.«îp.  vislumbre(àe  bis  eilumen). 
Remarquez  encore  les  mots  du  dialecte  de 


Berry  éberluette  =■  berlue,  et  éberluter, 
éblouir.  Quant  au  prov.  béluga,  pour  bes- 
luga,  bellugue,  il  est  de  formation  analogue 
à  l'ancien  belloi,  pour  besloi,  mauvaise  loi, 
iiyustice.  • 

BERME,  terme  de  fortification,  bord;  du 
néerl.  brème,  ail.  brame,  angl.  brim,  bord  ; 
cfr.  le  flam.  berm  (Kiliaen),  digue.  L'ail. 
berme  est  tiré  du  français. 

1.  BERNE,  t.  de  marine,  d'origine  incon- 
nue. L'it.  dit  démo. 

2.  BERNE,  subst.  verbal  de  berner. 
BERNER,  faire  sauter  qqn.  en  l'air  dans 

une  couverture;  du  vfr.  berne,  manteau 
d'étoflb  grossière,  que  les  Latins  appelaient 
sagum  (de  là  sagatio,  le  jeu  de  berner]  et  qui 
servait  à  berner.  Quant  à  berne,  it. ,  esp.  ber- 
fiia,  il  vient,  selon  Nicot,  do  Hibemia,  pays 
d'où  l'on  tirait  l'étoffe. 

BERNIQUE,  interjection  dont  l'origine  nous 
est  inconnue.  Est^îe  le  ber  péjoratif -f-wijwef 
Quelques-uns  y  ont  vu  une  altération  de  l'ail. 
aber  nickt,  mais  non  !  Littré  rappelle  l'anc. 
locution  «  envoyer  qqn.  au  bemiquet  »,  le 
ruiner,  et  conjecture  que  berniquet  se  trou- 
vant avec  le  sens  de  coffre  à  mettre  le  son,  le 
primitif  bernique  a  pu  signifier  son,  une 
chose  de  rien.  Or,  bernique  serait  pour  breni- 
que  et  viendrait  de  bran,  bren,  son. 

BERTAUDER,  voy.  bretauder. 

BÉRTL,  aigue-marine,  vfr.  bericle,  du  L. 
heryllus  (,3>{|du;3io;).  Voy.  aussi  besicles. 

BESACE,  it.  bisaccia,  esp.  bisaza,  du  L. 
bisaccium,  plur.  bisaccia  (Pétrone),  pr.  sac  à 
deux  poches.  Le  mot  masc.  bissac,  piém. 
bersac,  répond  à  un  type  laXin  bisaccits. 

BESAIGRE,  composé  de  la  particule  péjo- 
rative bis,  bes  (voy.  harlong)  et  de  acer  = 
aigre. 

BESAIGUË,  =  doublement  (&w)  aiguë,  c.-à-d. 
à  deux  taillants. 

BESANT,  it.  hisante,  esp. ,  port,  besante, 
prov.  bezan,  BL.  byzantins,  byzantus,  mon- 
naie do  Byzance.  —  D.  besanté,  t.  de  blason. 

BESAS.  Voy.  le  mot  suiv. 

BESET,  altération,  dit-on,  de  hesas,  qui  dit 
la  même  chose  et  qui  est  =■  bis  -f-  assis.  Je 
préfère  y  voir  l'adv.  lat.  bis  muni  du  suffixe 
et,  comme  dans  besson,  jiuneau,  le  même  bis 
avec  la  terminaison  on. 

BESICLES  ;rétym.  par  bis-cyclus,  à  deux 
ronds,  est  aussi  fausse  que  celle  de  bis-drculi 
ou  de  bis-oculi  ;  d'après  Ménage,  le  mot  n'est 
qu'une  modification  de  l'anc.  bericle  (wall. 
berik),  qui,  lui,  représente  une  transforma- 
tion de  heryllus,  signifiant  au  moyen  âge  lu- 
nette, et  que  représenta  également  lall.  brille. 
Pour  5  =  r,  cfr.  chaise  p.  chaii^e. 

BESOGNE  est  la  forme  féminine  de  besoin, 
besoing'  [cfv.  prov.  besonh  et  hesonha);  ce  sont 
des  composés  de  soin,  dans  le  sens  duquel 
aussi  les  acceptions  des  deux  formo<  se  con- 
fondent. La  vieille  langue  possédait  en  outre 
du  même  radical  :  essoigne,  eœoine,  nôcossité, 
difficulté,  embarras,  empêchement,  exruse  en 
justice  (d'où  le  verbe  essoigner)  et  cnsoignier, 
occuper,  resoignie7\  craindre.  Dès  le  moyen 


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BÉV 


—  54  — 


BIC 


âge  le  plus  reculé  on  rencontre  les  mots  BL. 
sunnis,  sunnia,  sonia,  avec  le  sens  d'empê- 
chement légal  ;  de  là  l'idée  de  s'arrêter  à  une 
afCûre  difficile,  de  soin.  Grimm  tient  sunnis 
pour  un  mot  tudesque,  identique  avec  le  nord. 
Sî^Hf  abnegatio,  et  rapproche  de  celui-ci  le 
goth.  sunja,  vérité,  et  sunjôn,  justifier,  puis 
le  vieux  saxon  junnea,  justification,  nécessité, 
empêchement.  Gepenc^int,  le  préfixe  be,  que 
les  formes  orthographiques  de  besoin,  pas  plus 
que  le  sens,  ne  permettent  d'envisager  comme 
la  fameuse  particule  péjorative  bis  (voy.  bar- 
lonff,  berlue,  besaigre),  fait  préférer  l'étymolo- 
gie  bi'Siuniffi,  mot  vha.  qui  signifie  scrupulo- 
sitas,  et  dont  se  laisse  fort  bien  inférer  bisiuni, 
qui  serait  définitivement  le  type  de  besoin» 
Ducange  propose  comme  original  de  soin  le 
latin  somnium,  ayant  trouvé  dans  un  ancien 
glossaire  :  somnium  fpovriç,  mais  ni  la  forme 
ni  l'idée  ne  permettent  de  le  suivre.  Impos- 
sible aussi  de  rattacher  le  néerl.  beziç,  occupé, 
à  besoin  et  besogne.  Disons  finalement  que  les 
mots  ^01»,  besoin  et  besogne  ne  sont  pas  encore 
tirés  au  clair,  malgré  les  efibrts  des  savants. 
—  D.  besoigneux  ;  besogner  (autrefois  ce  verbe 
équivalait  à  être  nécessaire). 

BESOIN,  voy.  l'article  précdent. 

BESSON,  jumeau,  BL.  bisso,  voy.  beset, 

BÉTAIL,  voy.  bête. 

B&TE,  BESTE*,  L.  bestia,— D.  bêtise,  abêtir, 
embêter  ;  sans  doute  aussi  le  terme  populaire 
bêta.  —  Bestialis,  bestial;  bestialitas,  bestia- 
lité; bestiarius,  bestiaire;  bestiola,  bestiole. — 
Bétail,  p.  bestail,  et  leplur.  bestiaux,  viennent 
du  BL.  bestiale.  Le  sens  collectif  était  exprimé 
autrefois  par  la  forme  fém.  bestaille,  qui  ré- 
pond au  plur.  neutre  bestialia  (cp.  aumaille), 

BÉTOnVE,  de  bettonica,  variété  du  L.  vetto- 
nica,  que  Pline,  xxv,  8,  dit  être  d'origine 
gauloise.  On  trouve  aussi  dans  les  auteurs  la 
forme  vétoine. 

BETON,  sorte  de  mortier,  anc.  betun,  gra- 
▼ois,  boue,  fange.  Etymologie  incertaine. 
5«tMn  pourrait  s'expliquer  par  bitument  (prov. 
betum),  si  le  sens  s'y  prêtait  davantage.  Littré 
le  rapproche  de  l'anc.  verbe  beter,  durcir,  se 
cailler,  dont  l'origine  n'est  pas  sûrement 
établie  (d'après  Diez,  de  l'ags.  bœten,  ail.  bei- 
zen,  faire  mordre,  corroder,  mortifier). 

BÉTON,  au  sens  de  «  lait  trouble  qui  se 
trouve  dans  les  mamelles  au  moment  de 
l'accouchement  »;  peut-être,  selon  Bugge 
(Rom.  m,  145),  un  dérivé  du  vha.pûwf,  ail. 
mod.  biest  (colostra,  TrpwToyala).  Cette  etymo- 
logie, phonétiquement  correcte,  suppose  une 
forme  antérieure  beston . 

BETTE,  L.  beta;  cps.  betterave,  L.  beta 
râpa. 

BEUGLER,  vfr.  bugler,  mugir  comme  un 
bœuf,  du  L.  6ucu/t<^,  jeune  taureau  ;  ce  même 
primitif  a  aussi  fourni  le  vfr.  bougie,  bœuf. 

BEURRE,  du  L.  butyrum  (gr.  ^oùr^jpov). 
L'allemand  butter,  néerl.  boter,  comme.l'it.  bu- 
tiro,  contracté  burro,  sont  de  la  même  source. 

BÉVUE,  composé  à^bes  ^^  mal  (voy.  sous 
barlong)  et  vue. 


BÉZOARD,  it.  belzuar,  port,  bezuar;  du 
persan  pâdzahr,  composé  depdcf,  qui  chasse, 
et  zahr,  zahir,  poison.  En  arabe  bàdizahr, 
bàzahr, 

BIAIS,  prov.,  esp.  de  Valence  et  catalan, 
^1007,  angl.  bias,  sarde  biasciu,  it.  (avec 
un  s  prépositif)  sbiesco  (Naples  sbiaso).  Par 
syncope,  du  L.  bifax.  Isidore,  gloss.  :  bifax 
duos  habens  obtutus,  donc  =«  u  à  deux  vues, 
louche  w;  comparez  esp.  bis-ojo  à  deux  yeux, 
louche.  Papias  donne  la  même  définition  «  à 
deux  vues  »  à  l'adj.  bifacius  ;  aussi  trouve-t-on 
dans  la  latinité  du  moyen  âge  bi fades  (subst.) 
avec  la  signification  de  dissimulation.  De  bifax 
(bis-fax  =3  bis-oculus)  s'est  produit  bifais  et 
en  dernier  lieu  biais  (pour  la  syncope  de  f, 
cfr.  prov.  reî4sar  de  refuser,  preon  de  pro- 
fundus).  Biais  a  donc  pour  acception  primi- 
tive celle  de  louche,  d'où  celle  d'obliquité. 
L'it.  bieco,  louche,  de  travers,  n'est  cependant 
pas  le  correspondant  du  fr.  biais,  si  î'étymo- 
logie  donnée  ci-dessus  d'après  l'opinion  de 
Diez  est  juste;  bieco  vient,  selon  Diez,  par 
aphérèse  du  L.  obliquus,  —  D.  biaiser, 

BIBELOT,  variété  do  bimbelot. 

BIBERON,  qui  aime  à  boire,  forme  exten- 
sive  de  L.  bibo,  bibonis,  buveur.  —  Le  même 
mot  s'est  appliqué  au  bec  d'un  vase  et  aux 
appareils  destinés  à  faire  boire  les  malades  ou 
les  enfants.  —  J'ai  relevé  dans  mon  011a  Pa- 
tella  la  glose  bibilo,  fr.  biberon  au  sens  de 
«  culex  nascens  in  vino  »  (dans  Isidore  :  bibio). 
Cp.  vfr.  bibet,  moucheron. 

BIBLE,  du  pluriel  L.  biblia  (jH^lix,  les 
livres).  —  D.  biblique,  L.  biblicus.  Termes 
formés  avec  le  mot  grec  /9{6iioy,  livre  : 

1 .  Bibliographe,  qui  décrit  les  livres  ;  en 
grec  cependant,  ^i6>io/pa;»o{  signifiait  qui 
écrit  des  livres. 

2.  Bibliophile,  qui  aime  les  livres. 

3.  BiBLiOMANB,  qui  rafible  des  livres 
(,ttac<v£»^ai). 

4.  BiBUOTHÈQUE,  /9iS).i9^y)y«7,  dépôt  de  livres. 
BIBUS  dans  chose  de  bibiis,  chose  de  rien, 

sans  valeur.  Prob.  un  terme  de  fantaisie  créé 
par  l'humour  de  quelque  moine  sur  la  base 
du  vfr.  bibaille,  petit  don  fait  pour  boire 
(biberé). 

1 .  BIOHE,  femelle  du  cerf,  vfr.  bisse,  wall. 
bih,  n.  prov.  bicho,  piém.  becia;  c'est,  selon 
quelques-uns,  le  môme  mot  que  bique  (v.  cm.); 
selon  d'autres,  du  L.  ibex,  bouc,  chamois  (vfr. 
ibiché).  La  deuxième  etymologie  est  plus 
acceptable,  bien  que  douteuse.  —  D.  bichette, 

2.  BICHE  *,  petite  chienne,  de  l'ags.  bicce, 
angl.  bitch,  nord,  bihhia,  ail.  betze.  Frisch 
supposait  une  mutilation;  le  mot  complet 
serait,  selon  lui,  barbiche,  d'où  babiche,  biche 
(cfr.  barbet).  —  D.  bichon, 

3.  BICHE,  t.  de  blason,  variété  de  bisse, 
BICHON,  voy.  biche  2.  —  D.  bichonner. 
BICOQUE,  it.  bicocca.  Ce  mot  vient,  disent 

les  dictionnaires,  d'une  place  du  duché  de 
Milan  «  qui  était  une  simple  maison  de  gen- 
tilhomme, entourée  de  fossés,  et  dans  laquelle 
les  Impémaux,  s'étant  postés  en  1522,  sou- 
tinrent l'assaut  de  l'armée  française  comman- 


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BIE 


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BIG 


dée  par  le  seigneur  de  Lautrec.  Cette  bataille 
s'appelle  la  journée  de  la  Bicoque.  »  L'étymo- 
logiste  ne  s'accommodera  guôre  de  cette  expli- 
cation historico-géographique.  Il  s'agit  plutôt 
de  trouver  sérieusement  l'origine  de  tout  un 
ensemble  de  mots  romans,  réunis  par  Diez, 
savoir  :  it.  bicocca  (aussi  bicciocca,  bicicocca), 
échauguctte  ou  petit  castel  sur  une  hauteur, 
vénit.  bicoca,  maison  caduque,  sarde  bicocca, 
petite  maison,  escalier  à  deux  paliers,  terrasse, 
lomb.  bicocca,  toumette,  guindre,  esp.  bicoca, 
guérite  en  pierre,  chambrette,  place  mal  for- 
tifiée ;  enfin  fr.  bicoque,  1 .  place  mal  fortifiée, 
2.  maison  chétive  ;  masc.  bicoq,  pied-de-chèvre 
(machine)  ;  verbe  lomb.  bicocà,  balancer.  Rap- 
pelons encore  Tesp.  bicoquete,  bonnet  de 
paysan,  bicoquin,  bonnet  à  deux  bouts,  piém. 
bicochin,  bonnet  de  prêtre,  fr.  bicoquet,  espèce 
de  chaperon.  Pour  beaucoup  de  ces  termes, 
une  explication  par  bis  (marquant  ce  qui  est 
double  et  ce  qui  est  mauvais)  -\-  cocca,  coque 
(coquille,  au  figuré  »«  cabane,  maisonnette, 
chaperon)  parait  assez  satisfaisante. 

BDBT,  cheval  de  petite  taille.  La  racine 
est  celtique;  gaél.  btdeach,  menu,  bidein, 
petite  créature,  cfr.  cymr.  bidan,  homme 
faible,  bidogan,  petite  arme. 

BDON,  peut-être  de  la  même  famille  que 
bedon,  tambour,  vaisseau  bombé,  ventru.  — 
D'après  Bugge(Rom.,  m,  145),  il  paraît  être 
emprunté  aux  langues  du  Nord;  l'isl.  a  bydha, 
vase  rétréci  par  le  haut;  les  dialectes  norvé- 
giens ont  bide,  baratte,  bidne,  broc. 

BIBP,  voy.  biej, 

BIEN,  adv.,  du  L.  be^ie,  La  forme  adver- 
biale s'est  substantivée  dans  le  bien,  rendant 
le  neutre  latin  bonum,  Cp.  en  it.  subst.  beii, 
plur.  béni  (Dante).  Composés  avec  cet  ad- 
verbe :  bien-être  (cp.  ail.  wohlsein),  bien- 
faire*,  bienfaisant,  •^)u:e  (du  L.  benefacere)  ; 
bienfait,  L.  benefactum;  bienfaiteur,  L.  be- 
nefactor;  bienheureux,  bienséant,  bientôt, 
bienoeillant  (cette  forme  veillant  =  voulant, 
est  remarquable  ;  c'est  ou  une  corruption  do 
l'ancienne  forme  vceiUant  voillant  ou  un  sou- 
venir de  l'infinitif  latin  velle)  ;  bienvenu,  bien- 
tenue  (do  benevenire  Fancienne  langue  avait 
fait  un  verbe  actif  bienveigner  «=3  bien  accueil- 
lir ;  nous  avons  conservé  ce  sens  actif  à  bien- 
venir dans  se  faire  bienvenir). 

BIENNAL,  L.  biennalis  (de  biennium,  pé- 
riode de  deux  ans,  rac.  annus). 

1 .  BIÈRE,  boisson,  it.  birra,  du  mha.  bier. 
On  rencontre  ce  mot  sous  différentes  formes 
dans  les  idiomes  germaniques  et  celtiques. 

2.  BdiBS,  civière,  cercueil,  voy.  bard. 
BliVRE,  castor,  angl.  beaver,  ail.  biber, 

néerl.  bever,  it.  bibaro,  esp.  bibero,  bevaro, 
lith.  bebrus.  Le  L.afiber,  mais  unescolie  de 
Ju vénal  présente  l'adj.  bebrinus.  —  La  muta- 
tion àoî  enie  est  correcte,  observe  Fœrster  ; 
elle  est  amenée  par  la  labiale  suivante,  comme 
dans  genièvre  de  Juniper um,  antiefne,  an- 
tienne, de  antîphona  {CWgQt,  p.  346). 

BIEZ  ou  bief,  BL.  bedium,  vfr.  bied,  breton 
béi;  deTangi.  bed,  ail.  bett,  lit. 


BIFFER,  d'origine  inconnue;  prob.  d'un 
subst.  biffe,  signifiant  raie  (l'ancien  français 
avait  nn  mot  biffe,  signifiant  une  étoffe  rayée). 
—  C.  débiffer. 

BIFTECK,  gâté  de  l'angl.  beef-steah,  tranche 
de  bœuf. 

BIFURQUER,  de  l'adj.  L.  bifurcus  (bis, 
furca). 

BIGAME,  L.  bigamus  (St.  Jér.),  deux  fois 
marié  (mot  hybride  formé  du  L.  bis  et  du 
grec  y%fii(a,  se  marier).  —  D.  bigamie. 

BIGARRER;  selon  Ménage,  du  L.  bis-va- 
riare  (pour  v  devenu  g,  cfr.  giron)  ;  d'après 
Diez,  un  adoucissement  de  bicarrer,  com- 
posé de  bis  (voy.  barlong)  et  carrer,  échique- 
ter.  Littré  rappelle  en  faveur  de  Tétym.  de 
Ménage  les  termes  berrichons  gare,  garian, 
etc.  =  de  couleur  variée.  —  D.  bigarrure, 
bigarreau,  bigarade,  sorte  d*oiunge(î). 

BIGLE,  anc.  bide,  louche.  Ce  mot  est-il  as 
it.  bieco  (qui  vient  de  obliquus)  pai'  transpo- 
sition de  7;  ou  (cp.  esp.  bisojo)  contracté  de 
bis  oculus  [bisigle,  bisgle,  bigle)  ?  Diez  donne 
la  préférence  à  la  dernière  supposition,  en 
citant  le  mot  bomicle,  borgne,  du  dialecte  du 
Jura.  —  D.  bigler. 

BIGNE,  tumeur,  patois  beugne,  voy.  bei- 
gnet. 

BIGORNE,  p.  bicorne,  L.  bicornis;  enclume 
à  deux  cornes  ou  pointes. 

BIGOT,  terme  injurieux  appliqué  en  pre- 
mier lieu,  dit-on,  aux  Normands.  L'expÛca- 
tion  et  l'occasion  de  cette  injure  sont  exposées 
dans  Ducange,  qui,  sous  le  mot  Bigothi,  rap- 
porte le  passage  d'une  chronique  d'après 
lequel  le  duc  RoUon  se  serait  refusé  à  baiser 
le  pied  du  roi  Charles,  en  disant  en  anglais  : 
«  Ne  se  bi  God  »  (jamais  par  Dieu).  Cette  anec- 
dote, observe  Diez,  peut  avoir  été  inventée 
pour  expliquer  le  terme,  bien  qu'elle  ne  soit 
pas  invraisemblable  en  elle-même.  On  peut 
admettre  que  les  Normands,  se  servant  sou- 
vent de  ce  juron,  l'aient  reçu  pour  sobriquet. 
Si  god,  dit  encore  Diez,  ne  s'est  pas  trans- 
formé en  goi,  comme  dans  les  jurons  vfr. 
vertu-goi,  prov.  mod.  tron  [de  goi,  cela  peut 
tenir  à  l'influence  du  synonyme  cagot.  Fran- 
cisque Michel  a  proposé  Visigothus.  D'autres 
voient  dans  bigot,  it.  bigotto,  une  forme  se 
rattachant  à  Beguini,  Beghardi,  Beguttae, 
noms  de  sectes  religieuses  aspirant  à  une  vie 
de  dévotion  et  portant  l'habit  gris  des  francis- 
cains (voy.  béguine),  et  Wedgwood  n'hésite 
pas  (évidemment  à  tort)  à  déduire  toutes  ces 
dénominations,  auxquelles  il  ajoute  Bizzocchi, 
Bizoccari,  à  l'acyectif  it.  bigio,  vénit.  bizo 
(voy.  le  mot  bis),  gris.  Quoi  qu'il  en  soit,  le 
sens  que  nous  attachons  à  bigot  ne  date  pas 
d'avant  le  xvi*  siècle.  Pour  décider  la  ques- 
tion de  l'origine  du  mot,  il  faudra,  observe 
Diez,  s'occuper  en  même  temps  de  l'espagnol 
bigote,  moustache  (de  là  le  vfr.  bigotere  ou 
bigotelle,  pièce  d'étoffe  pour  retenir  la  mous- 
tache en  état,  et  l'expression  espagnole  hombre 
de  bigote,  homme  d'un  caractère  ferme  et 
sévère),  en  outre  de  l'it.  sbigottire,  faire  per- 
dre courage,  et  du  vfr.  bigoter,  irriter.  Aussi 


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BIL 


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BIQ 


Langensiepen  rattache-t-il  hardiment  tous  ces 
vocables  au  L.  obliquus  (d'où  Fit.  bieco  et  bic», 
de  travers,  louche)  ;  il  prend  donc  biffot  pour 
obliguottiis,  en  lui  donnant  le  sens  métapho- 
rique de  faux  dévot  ;  l'it.  sbigottire  est  expli- 
qué de  la  même  manière  par  faire  aller  de 
travers,  faire  perdre  contenance,  et  enfin 
bigote,  moustache,  par  barbe  transversale.  Il 
pense  que  le  mot  bigot  a  pris  naissance  soit  en 
Italie,  soit  en  Espagne,  mais  non  pas  en 
France.  Nous  tenons  cette  expLcation  pour 
peu  plausible.  —  Littré  incline  pour.  Yisi- 
goth  ;  cette  étymologie  permet  de  voir  dans 
bigot  à  la  fois  un  terme  de  mépris  et  un  terme 
d'éloge,  ayant  pu,  selon  le  point  de  vue,  expri- 
mer ou  un  homme  méchant  ou  un  homme 
brave  et  courageux  ;  le  changement  du  v  en  b, 
toujours  difficile  en  français,  a  pu  se  faire 
dans  les  autres  langues  romanes,  qui  le  com- 
portent davantage. 

BIGRE,  jurement  adouci  de  bougre, 

BIJOU  est  expliqué  par  un  type  bijociis, 
tiré  de  bis-jocare  ;  ce  serait  quelque  chose  de 
taillé  et  de  brillant  de  deux  côtés,  à  deux  fa- 
cettes. Chevallet,  approuvé  par  Diez,  dérive  le 
mot  du  celtique  :  breton  bizou,  bésou,  bague, 
de  biz,  doigt.  Langensiepen  propose  un  ori- 
ginal bijitgtts,  A  deux  dos,  à  doux  faces.  —  D. 
bijoutier. 

BILAN,  L.  bilanXf  voy.  balance. 

BILBOQUET,  de  bille  -f  boquet,  petit  bois? 
voy.  bois.  Frisch  :  de  bille  +  bocca,  bouche, 
trou.  Selon  d'autres  :  de  bille  -f-  bocquet,  fer 
de  lance. 

BILE,  L.  bilis;  bilieux,  L.  biliosus. 

BILL,  mot  anglais,  mais  d'origine  française 
et  représentant  fr.  bilW,  primitif  de  billet, 

BILLARD,  d'abord  bâton  recourbé  pour 
pousser  des  boules,  puis  queue  de  billard, 
puis  la  table  sur  laquelle  on  pousse  des  boules 
avec  le  billard;  le  mot  ne  vient  donc  pas  de 
bille,  boule,  mais  de  bille,  pièce  de  bois. 

1.  BILLE,  boule,  it.  biglia,  esp.  billa, 
d'après  Diez  prob.  du  mha.  bickel,  osselet, 
néerl.  bikhel  ;  d'apràs  Littré,  il  y  aurait  assi- 
milation entre  bille,  bâtonnet,et  bulle,  boule. 

2.  BILLE,  pièce  de  bois,  tronc,  branche, 
anc.  aussi  quille  ;  du  celtique  :  irl.  bille,  bret. 
bill,  pill,  gaêl.pill,  tronc  d'arbre.  —  D.  bil- 
lot ;  billon,  sarment  ;  verbe  biller. 

BILLSBARRER,  barrer  avec  des  billes  (bille 
dans  le  sens  de  bâton),  cp.  le  terme  bàtonncr. 

BILLEBAUDE,  désordre,  confusion;  de  bille, 
boule,  et  baude,  hardie,  folle  (voy.  baudet)  ? 
Le  t^îrme  se  rapporterait  d'abord  au  jeu  de 
quilles  ou  de  billard.  D'après  Littré  :  belle 
hardiesse  [baude  pris  substantivement). 

BILLET,  pour  bullet,  it.  bolletta,  bidletta, 
propr.  petit  papier  muni  d'un  sceau.  C'est  le 
diminuHf  de  bille  p.  bulle,  cédule  (v.  c.  m.). 
Pour  l'altération  de  bidlet  en  billet,  cp.  bigne, 
de  biigne,  —  D.  bilhtte  (v.  c.  m.)  bilieter, 
étiqueter. 

1.  BILLETTE,  vfr.  bullette,  petit  écriteau, 
forme  fém.  de  billet. 

2.  BILLETTE,  bois  de  chauffage  ;  en  t.  de 


blason,  figure  en  forme  de  carré  long,  dim. 
de  biUe  2. 

BILLEVESEE;  selon  Leduchat  :  de  bille 
(boule)  et  vesée  (soufllée),  cp.  veze,  pleine  de 
vent,  dans  Rabelais;  d'après  Littré  :  =' belle 
'  vessie,  chose  de  vent,  chose  de  rien. 

BILLION,  «  mot  formé  sur  le  modèle  de  mil- 
lion, avec  bi  pour  bis,  le  degré  au-dessus  de 
million  »  (Littré). 

BILLON,  it.  biglione,  esp.  vellon,  BL.  billio. 
Les  étymologies  ne  font  pas  défaut.  Covarru- 
vias  fait  venir  billoii  et  vellon  du  L.  vellus, 
toison,  parce  que  les  Romains  marquaient 
anciennement  leur  monnaie  de  cuivre  de  la 
figure  d'une  brebis.  Antoine  Nebrissensis,  au 
lieu  de  xyelîon,  écrit  villon,  qu'il  dérive  de 
tilis.  Ménage  propose  bulla,  conformément  à 
l'avis  de  Scaliger,  qui,  à  propos  du  moy.-grec 
/SoulAftiniowv  =s  cuneus  monetae,  s'exprime 
ainsi  :  «  bulla  enim  est  diploma  regium  ;  ita 
quoque  dicta  est  mon(>tae  matrix,  quia  regiam 
habeiat  effigiem.  »  Billon  serait  ainsi,  comme 
billet  et  bulletin,  un  rejeton  de  bulljx,  fr.  bulle 
(v  c.  m.).  Voici,  d'après  Littré,  la  série  des 
sens  de  ce  mot  :  Le  sens  primitif  est  lingot, 
soit  d'or,  soit  d'argent  (or  et  argent  en  bille 
opposé  à  celui  en  plate);  puis  lieu  où  Ion  fait 
des  billons,  où  l'on  fabrique  la  monnaie  ;  en 
troisième  lieu,  monnaie  bonne  ou  mauvaise 
qu'on  porte  au  billon,  à  l'hètel  des  monnaies 
pour  y  être  refondue  ;  en  quatrième  lieu,  mau- 
vaise monnaie,  cuivre  avec  alliage  d'argent, 
et  même  cuivre  seulement.  «  Littré  fait  ainsi 
venir  billon  de  bille,  pièce  de  bois  allongée 
(cp.  billette).  Pour  la  forme  angl.  bullion,  il 
n'y  voit  qu'une  altération  du  mot  français. 

BILLOT,  voy.  bille  2. 

BIHBELOT,  aussi  bibelot,  jouet  d'enfants, 
propr.  poupée  ;  de  la  même  racine  bimb  ou 
bamb  qui  a  donné  bambin,  anc.  ital.  bimbo, 
enfant,  poupée.  —  Dans  ma  lexicographie  la- 
tine du  xii*  et  XIII*  siècle  (p.  135)  j'ai  consigné 
L.  7'ecw7a  (petite  chose)  glosé  par  fr.  benbeloj. 

BINAIRE,  L.  binarius, 

BDCARD,  chariot  ayant  les  deux  paires  de 
roues  d'égale  hauteur,  de  L.  bi7ius  double. 

BINER,  donner  un  second  labour,  du  L.  bi- 
nus.  —  D.  binette;  binot,  charrue. 

BINET,  petite  bobèche  ;  peut-être  de  binus, 
le  binet  étant  envisagé  comme  un  deuxième 
chandelier. 

BINOCLE,  de  L.  binioculi,  deux  yeux,  donc 
lunette  double.  C'est  un  mot  inventé  en  même 
temps  que  la  cliose. 

BINOME,  terme  scientifique,  composé  de  L. 
bis  et  du  gr.  vo/x^,  division.  Le  circonflexe 
est  sans  raison. 

BIOGRAPHE,  mot  nouveau,  de  ;5toj,  vie,  et 
'/pxfuv,  écrire.  —  D.  biographie. 

BIPÈDE,  L.  bipes,  -edis,  à  deux  pieds. 

BIQUE,  chèvre,  correspond  à  l'it.  becco,hoiic 
On  trouve  déjà  sur  une  inscription  romaine 
le  mot  becco,  accompagnant  la  figure  d'un 
bouc.  Ce  mot  doit  être  d'origine  difl'érente  que 
bouc.  Cfr.  dans  les  patois  :  bequi  =  chevreau 
(Jura),  bequot,  id    (Champagne),  beque7iau. 


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BIS 


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BIS 


agneau  (Hainaut),  becardy  bélier  (Normandie). 
—  D.  biquet,  1.  dirain.  de  bique,  2.  espèce 
de  trébuchet,  cp.  chèore,  chevron, 

BIBIBI,  nom  dun  jeu,  de  Vit.  biribisso, 
m.  s.,  dont  j'ignore  l'origine. 

BIROUGHETTE,  voy.  brouette. 

1.  BIS,  adverbe  latin,  sign.  deux  fois.  Em- 
ployé comme  préfixe  dans  bisaïeul,  bisannuel, 
bispomu,  biscuit  et,  avec  retranchement  de  1'*, 
dans  bigorne,  bipède,  etc.  Sous  la  forme  plus 
ftiuiçaise  bes,  be,  nous  trouvons  le  mot  dans 
les  composés  besace  et  besaiguë.  Pour  la  va- 
leur toute  spéciale,  c.-à-d.  péjorative  ou  dé- 
préciative  de  ce  préfixe  et  ses  altérations  en 
bes,  be,  bcr,  bre,  bar,  voy.  sous  barîong.  — 
D.  bisser,  t.  de  théâtre. 

2.  BIS.  de  couleur  grise,  noirâtre,  prov. 
bis,  it.  bigio.  Isaac  Voss  dérive  bis  d'un  adj.  hy- 
pothétique bysseus,  de  couleur  coton.  Outre 
que  les  noms  des  couleurs  sont  sujets  aux 
variations  de  sens  les  plus  diverses,  cette  éty- 
mologie  gagne  en  probabilité  do  ce  que  le  gr. 
^xit'joi  signifie  aussi  la  soie  brune  de  la  pinna 
marina,  et  de  ce  que  le  portugais  pré.sent« 
pour  bis  la  forme  buzio.  Le  double  s  simpli- 
fié ne  fait  pas  difficulté,  cp.  fr.  mise  du  L. 
missa.  Toutefois,  Diez  se  prononce  en  faveur 
de  1  etymologie  botnbycius  (de  coton),  mot  qui 
existe  et  dont  la  première  syllabe  a  été  retran-  * 
chée  comme  dans  basin.  —  Le  mot  fr.  bise, 
vent  du  nord  (en  vfr.  aussi  =  contrée  septen- 
trionale), pourrait  être  considéré  comme  un 
dérivé  de  l'adj.   bis,   puisque  en  latin  aussi 
nord  et  sombre    ou  noir   sont  synonymes, 
comme  le  prouvent  aquilo,  vent  du  nord,  et 
aquihis,  brun,   noirâtre;    cependant  ce  mot 
bise  parait  être  plutôt  d'origine  germanique, 
et  venir  de  bisa,  pisa,  vent  orageux,  que  Ton 
trouve  dans  les  plus  anciens  monuments  du 
haut  allemand  (cfr.  le  suisse-ail.  bisecX  beis- 
wind,  vent  du  nord).  A  Come,  le  mot  biss, 
sombre,   s'applique   particul.  au  temps  cou- 
vert. —  Enfin,  peut-on  se  demander,  le  nom 
de  couleur  viendrait-il  du  nom  du  vent?  Tout 
cela  est  difficile  à  débrouiller.  —  L'esp.  dit 
pan  bazo  pour  pain  bis;  Mahn  tient  ce  mot 
hazo  pour  identique  avec  le  basque  baza, 
beza,  noir, 'auquel  il  rattache  également  l'it. 
bigio  et  le  fr.  bis,  tandis  que  Diez  rattache 
bazo  à  bombacius,  variété    de    bombyceus. 
Ménage  avait  proposé  piceus  (de  pix,  poix). 
—  D.  de  l'adj.  bis  :  biser,  noircir  (en  parlant 
des  blés  céréales)  ;   bisaille,  farine  employée 
pour  le  pain  bis  ;  biset,  pigeon  sauvage  de 
couleur  bise  ;  bisette  (v.  c.  m.)  ;  bisonne,  sorte 
de  toile  grise. 

BISÂILIiS,  voy.  bis. 

BISBILLE,  de  lït.  bisbiglio,  bruit  sourd  et 
confus. 

BISCORKTJ,  du  L.  bis  cornutus,  à  deux 
cornes  ;  puis,  bis  revêtant  son  sens  péjoratif, 
=*  qui  a  une  forme  irrégulière,  baroque. 

BISCOTTE,  voy.  biscuit. 

BISCUIT,  vfr.  becuit  (Joinville),  it.  biscotio, 
esp.  biscocho,  du  L.  bis  coctus,  deux  fois  cuit. 
Les  mots  français  biscotte  et  biscotin   (BL. 


biscottum)  sont  tii'és  directement  de  la  forme 
italienne. 

BISE,  vent  du  nord,  voy.  bis,  gris. 
BISEAU,  esp.  bisel,  bord  taillé  oblique- 
ment, angl.  bezeî,  chaton  d'une  bague,  basil 
=  fr.  biseau.  On  fait  dériver  ce  mot  du  L. 
bis,  sans  bien  s'en  rendre  compte.  Diez  rap- 
pelle à  cet  effet  les  mots  fr.  biais  (v.  c.  m.)  et 
esp.  biS'OJo  (fr.  biglé),  dans  lesquels  l'idée  de 
bis  tourne  en  celle  de  travers,  oblique.  — 
Biseau  ne  serait-il  pas  dérivé  dr  L.  bis  comme 
signifiant  bordure  à  deux  facettes  taillées 
obliquement,  en  talus?  Ou,  comme  l'indique 
Littré,  de  biseUium,  traduction  de  îfc^pa, 
dièdre.  —  D.  biseauter,  ébiscler, 
BISET,  voy.  bis. 

BISETTE,  dentelle  de  bas  prix,  de  bis,  gris; 
cp.  it.  bigieUo,  et  le  fr.  grisette.  Cp,  aussi 
blonde,  dentelle  do  soie. 

BISMUTH,  ail.  bissmuth  et  wissmitth,  dan. 
bismut.  Origine  inconnue. 

BISON,  bœuf  sauvage,  L.  biso^i  (/9î«wv). 
BISONNE.  voy.  bis  2. 

BISQUE  ;  ce  mot  rest«  obscur  soit  dans  le 
sens  do  potage,  soit  comme  terme  du  jeu  de 
paume.  On  dit  en  it.  bisca,  p.  jeu,  tripot. 

BISQUER,  éprouver  du  dépit  ;  on  indique 
nord,  besk,  v.  angl.  baish,  aigre;  ou  le  mot 
viendrait-il  de  bisque,  comme  terme  du  jeu  de 
paume,  avec  le  sens  d'accepter  la  bisque, 
s'avouer  plus  faible?  Ampère  pensait  à  l'it. 
bizza,  colère;  il  faudrait  pour  cela  un  inter- 
médiaire bizzicare.  Le  prov.  a  biscar,  que 
les  étymologistes  expliquent  par  s'emporter 
ou  s'impatienter  cx)mme  la  chèvre  (bisca). 
BISSAC,  voy.  besace. 

BISSE,  t.  de  blason,  couleuvre,  it.  biscia; 
d'après  Diez,  d'un  subst.  fictif  vha.  biso,  bête 
mordante;  cp.  dans  les  dial.  lombards  ftwia, 
besia,  piquer,  bisiell,  aiguillon  d'abeille, 
norm.  beser,  être  piqué. 

BISSECTION,  section  en  deux,  du  L.  bis  + 
sectio. 

BISSER,  faire  répéter  un  morceau,  du 
L.  bis,  deux  fois. 

BISSEXTE,  jour  intercalé  après  le  24  fé- 
vrier, qui  était  le  6  des  calendes  de  Mars,  de 
sorte  qu'il  y  avait  deux  sixièmes  (bis  sextus); 
acy.  bissextile,  L.  bissextilis,  qui  contient  un 
jour  bissexte.  De  bissextus,  jour  réputé  mal- 
heureux déjà  par  les  Romains,  vient,  par  cor- 
ruption, l'ancien  mot  bissétre,  bissestre  = 
malheur. 

BISTOURI,  vfr.  bistorie,  couteau,  poignard. 
On  a  en  BL.  bastoria,  gourdin,  massue,  du 
même  radical  que  bâton;  mais  l'identité  de 
ce  mot  avec  bistourie  reste  problématique. 
Elle  est  en  tout  cas  moins  improbable  que  les 
étymologies  bis-tortuosu^  ou  pistoriensis  (de 
la  ville  de  Pistoie),  que  l'on  a  sérieusement 
mises  en  avant. 

BISTOURNER.  BBSTOURNBR*,  mal  tour- 
ner, déformer,  de  bis,  mal  (voy.  barlong)  + 
tourner. 

BISTRE,  suie  cuite  et  détrempée,  ail.  bies- 
ter.  Beaucoup  de  dictionnaires  rapportent  ce 
mot  à  bis,  mais  cette  presque  unanimité  d'opi- 


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BLA 


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BLA 


nion  ne  nous  convainc  pas  sur  l'exactitude 
de  ce  rapport.  —  D.  bistrer. 

BITARDE.  BISTABDE,  voy.  outarde, 

BITORD,  espèce  de  cordage,  du  L.  bis  tor- 
tus,  tordu  deux  fois. 

BITTE,  pièce  de  bois,  pieu,  it.  bitta;  du 
nord,  biti,  poutre  transversale,  angl.  bit; 
gloses  d'Erfûrt  :  bitus,  lignum  quo  vincti 
flagellantur. 

BITUME,  prov.  betum,  esp.  betun,  du  L. 
bitumer,  m.  s. 

BIVAG  ou  BIVOÏÏAG,  de  lall.  bivoacht  ou 
beiioacht,  garde  accessoire  et  extraordinaire 
(beif  auprès,  wacht,  garde).  —  D.  bivaqiier 
ou  bivouaque7'. 

BIZARRE,  drôle,  capricieux,  it.  bizarro, 
colère,  vif,  entêté,  drôle,  esp,  et  port,  bizarro, 
chevaleresque,  magnanime.  Il  est  difficile 
d'expliquer  soit  l'origine,  soit  le  rapport  ré- 
ciproque de  ces  mots.  Le  subst.  bizza,  colère, 
parait  avoir  été  déduit  de  l'adjectif.  La  langue 
basque  possède  ra4j .  bizarro  avec  le  même 
sens  que  l'esp.,  et  en  outre  le  mot  bizarra, 
avec  Tacception  barbe.  Malin  établit  ainsi  la 
filiation  des  sens,  en  partant  de  barbe  :  barbu, 
viril,  brave,  courageux,  violent,  vif,  etc.  On 
disait  autrefois  biff  carre  ;  la  satire  Ménippée 
a  se  bigearrer  p.  se  disputer. 

BLAGBOTJLER,  néologisme,  imité  de  Tangl. 
blackbaU,  rejeter  au  vote  par  une  boule  (angl. 
bail)  noire  (angl.  black). 

BLAFARD,  selon  Diez,  du  vha.  bleih-faro, 
de  couleur  pâle.  Le  d  serait  ajouté  comme 
dans  hotnard,  bard,  etc.,  pour  obtenir  une 
forme  plus  française.  —  Le  mot  n'apparais- 
sant pas  avant  le  xiv«  siècle,  Storm  (Rom.  V, 
168)  en  conclut  qu'il  n'est  pas  germanique; 
il  y  voit  une  altération  de  blaoard  et  le  tire 
du  prov.  blau,  blava,  livide.  Pour  v  devenu  f, 
cp.  toutefois  de  toutevoies,  it.  schifare  =  fr.  es- 
quiver.  —  Anciennement,  le  mot  s'appliquait 
aussi  à  la  mollesse  de  caractère. 

BLAGUE,  vessie  ou  petit  sachet  de  toile  ou 
de  peau  ;  de  là  blaguer,  hâbler,  faire  des  contes 
ou  des  blagues.  Pour  le  rapport  d'idée  entre 
«  chose  vaine  «  et  «  chose  enflée  " ,  comparez 
boursoufler,  billevesée  et  autres  expressions 
analogues.  Blaguer  peut,  du  reste,  aussi  bien 
n'être  qu'une  modification  de  braguer  (v.  c. 
m.),  cp.  flai7'er  p.  frairer.  Le  substantif 
blague,  s'il  ne  vient  pas  du  celtique  (gaël. 
blagh,  souffler),  pourrait  être  une  métathôse 
de  l'ail,  balg,  dont  le  sens  premier  est  outre, 
soufflet,  et  qui  vient  d'un  verbe  belgan,  s'en- 
fler. Il  y  a  également  affinité  entre  ce  balg 
germanique  et  le  mot  gaulois-latin  bidga, 
bourse,  fr.  bouge. 

BLAIREAU,  6LÉREAU',  accuse  un  type 
laXin  bladarellus,  diminut.  de  bladarius,  mar- 
chand de  blé,  vfr.  blaier,  dér.  de  bladum, 
blé  ;  le  blaireau  a  été  dénommé  ainsi  comme 
voleur  de  blé,  destructeur  des  campagnes; 
par  la  même  raison,  cet  animal  s'appelle  bad- 
gér  chez  les  Anglais,  mot  gâté  de  bladger  = 
bladarius.  Cette  étymologie  suffit  à  toutes  les 
exigences.  Aussi  Diez  repousse-t-il  celle  éta- 
blie par  Diefenbach,  d'après  laquelle  blaireau 


viendrait  de  l'at^.  cymrique  blawr,  gris  de  fer 
(cfr.  en  anglais  gray,  qui  signifie  à  la  fois 
gris  et  taisson,  et  le  pic.  grisard,  qui  est 
aussi  le  nom  du  blaireau  dans  le  Renard);  non 
seulement  il  n'existe  pas  de  trace  d'un  adjec- 
tif fr.  blair,  mais  encore  l'équation  cymr.  aw 
ES  fr.  ai  est  contre  l'analogie.  Saumaise,  peu 
scrupuleux,  admettait  l'identité  de  bléreV  et 
de  L.  glirellus,  petit  loir,  parce  que  l'un  et 
l'autre  de  ces  animaux  s'engraissent  en  dor- 
mant. Guyet  songeait  à  un  original  melarellus, 
formé  de  melis  ou  mêles,  martre.  Nous  citons 
ces  étymolog^es  pour  mémoire,  ainsi  que  l'opi- 
nion de  Littré  (Journal  des  Savants,  1855), 
qui  pensait  à  un  rapport  d'origine  entre  blai- 
reau et  bêle",  primitf  de  belette,  (Depuis  lors, 
le  savant  et  consciencieux  auteur  du  Dict.  de 
la  langue  fr.  s'est  rangé,  à  l'opinion  de  Diez.) 
Une  autre  dénomination  anglaise  du  blaireau, 
bawsin,  que  MûUer  croit  identique  avec  fr. 
bauçant  (voy.  balzan)  et  qu'il  rapporte  à  la 
barre  blanche  sur  le  visage  du  mammifère,  lui 
suggère  le  soupçon  que  badger  pourrait  bien 
venir  de  badge,  signe,  et  blaireau  du  néerl. 
blaere  «  vacca  nigra,  sed  fronte  albo  »  (Ki- 
liaen).  —  L'étym.  «  marchand  de  blé  «  est 
appuyée  (Rom.,  VIII,  436)  par  Wedgwood 
sur  les  traditions  populaires  anglaises,  et  ap- 
prouvée par  G.  Paris. 

BLAIRIE,  droit  perçu  par  le  seigneur  (sei- 
gneur blayer)  pour  la  permission  de  faire 
paître  sur  les  terres  et  prés  dépouillés  ou 
dans  leg  bois  non  clos;  BL.  bladaria,  de  bla- 
dum, blé. 

BLAMER,  BLASMER*,  it.  biasimare,  du 
lat.  ecclésiastique  blasfemare  (gr.  ^Xaaf/ifitTv), 
qui  au  moyen  âge  avait  pris  l'acception  de 
vituperare,  damnare,  culpare.  L'original  s'est 
conservé  intact  dans  le  terme  savant  blasphé- 
mer. Le  subst.  blasfemia  a,  par  un  change- 
ment remarquable  de  Vf  en  t,  produit  aussi  le 
vfr.  blastetige,  prov.  blastenh,  it.  biastemmia 
(aussi  bestemmia), —  D.  blâme,  prov.  blasme, 
it.  biasimo,  biasmo. 

BLANC,  it.  biatuio,  esp.  blanco,  prov.  blaitc. 
—  Le  mot  vient  incontestablement  du  vha. 
blanch,  ail.  mod.  blank,  brillant,  blanc  (de 
la  môme  famille  que  le  verbe  allemand  blin- 
Aen,- briller).  Comparez  L.  candidus,  de  can- 
dere.  —  D.  blancheur,  blanchâtre,  dimin. 
bl-anchet,  blanchir,  blanchaille;  blanque, 
blanquet,  blanquette, 

BLANOHIR,  fact.  et  inchoat.  de  blanc,  — 
D.  blanchiment,  -isseur,  -isseuse,  -issage, 
-isserie, 

BLANDIR*,  L.  blandiri  ;  subst.  blandices* 
(encore  employé  par  Chateaubriand  pour  flat- 
terie caressante),  L.  blantitiœ. 

BLANQUE,  espèce  de  jeu,  direct,  de  l'it. 
bianca.  Dans  ce  jeu,  la  blanche  est  signe  de 
perte. 

BLANQUETTE,  ragoût  deviandes  blanches. 

BLASER,  verbe  inconnu  aux  anciens  dic- 
tionnaires et  dont  l'étymologie  n'est  pas  fixée. 
Nous  ne  prenons  pas  au  sérieux  les  renvois 
au  grec  ^)À{c(y,  dire  des  sottises,  ou  â  l'a^jec- 


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BLÉ 


—  59 


BLE 


tif  /3>àÇ,  mou,  relâché.  Autant  vaudrait  allé- 
guer lall.  blass,  pâle,  ou  l'acyectif-participe 
aufyeblasen,  orgueilleux  (de  blasen,  souffler). 
Littré  rappelle,  avec  plus  de  probabilité,  le 
mot  blaser  des  dialectes  signifiant  brûler, 
dessécher,  lorsque  cet  effet  est  produit  par 
Tusage  excessif  des  liqueurs  fortes  (c'est  Tangl. 
blaze). 

BLASON,  armoiries,  science  héraldique,  it. 
blasone,  esp.  blason,  port,  brasâo.  Le  mot 
blason  (prov.  blezô,  blizô)  se  produit  d'abord 
avec  le  sens  de  bouclier  ou  d'écu,  surtout 
d'écu  orné.  Jaume  Febrer,  poète  de  Valence 
de  la  fin  du  xiii*  siècle,  emploie  bUisô  à  la  fois 
pour  armoiries,  et.  pour  gloire,  éclat,  signi- 
fication encore  attachée  au  mot  espagnol. 
Diez  en  cherche  l'origine  dans  l'ags.  bl€iese, 
angl.  blaze,  flambeau,  d'où  se  dégagerait  le 
sens  d'éclat,  de  magnificence  ;  de  U  le  terme 
aurait  été  appliqué  aux  écus  rehaussés  de 
couleurs;  cp.  prov.  blezô  =  écu  «  cubert  de 
teins  e  blancs  e  blaus  n.  Si  nous  saisissons 
bien  la  pensée  de  Diez,  il  faudrait  laisser  se 
développer  le  sens  de  blason  de  la  manière 
suivante  :  flambeau,  lustre,  gloire,  enfin  ar- 
moiries, reflétant  les  hauts  faits  ou  l'illustra- 
tion d'un  gentilhomme.  Généralement,  on 
rattache  blason  à  l'ail,  blasen,  sonner  du  cor, 
angl.  blaze,  publier,  néerl.  blazen,  vanter, 
parce  que  ceux  qui  se  présentaient  aux  lices 
des  anciens  tournois  sonnaient  du  cor  pour 
faire  connaître  leur  venue.  Les  hérauts  en- 
suite sonnaient  à  leur  tour,  puis  blasonnaient 
les  armoiries  de  ceux  qui  se  présentaient; 
quelquefois  même  ils  s'étendaient  sur  les 
louanges  et  les  exploits  de  ceux-ci.  D'après 
cette  explication,  blasonner  serait  pr.  publier 
au  son  de  la  trompette,  et  blason  l'objet  de 
cette  publication. 

BLASPHIMBR,  voy.  blâmer.--  D.  blasphé- 
mateur, -atoire;  le  subst.  masculin  blasphème 
est  le  subst,  abstrait  du  verbe  blasphémer  et 
non  pas  le  représentant  du  mot  latin 
blasphemia, 

BLATIER,  marchand  de  blé,  anc.  bladier, 
EL.  bladarius,  de  BL.  blaJtum,  bladum,  blé. 

BLATTE,  L.  blatta, 

BLAUDE,  voy.  blouse. 

BLÉ,  vfr.  bled,  bleif,  prov.  blat,  it.  biado  ; 
formes  féminines  it.  Hada  (dial.  biava),  vfr. 
blée.  Le  BL.  dit  bladum  et  blatum.  Diez  n'ad- 
met point  l'origine  german.  de  ce  mot  (ags. 
blaed,  fruit,  bénédiction),  les  idiomes  german. 
n'ayant  fourni  qu'un  fort  petit  nombre  de 
termes  agricoles  aux  langues  romanes.  D'autre 
part,  le  cymr.  blawd,  farine,  mis  en  avant 
par  J.  Grimm,  ne  s'accorde  pas  avec  la  lettre 
de  la  forme  romane.  De  tout  cela  Diez  conclut 
à  la  nécessité  d'une  étymologie  latine;  elle 
lui  est  fournie  par  le  participe  ablaJta  (pluriel 
neutre),  choses  enlevées,  dépouille,  récolte,  et 
il  cite  à  l'appui  l'ail,  getreide,  qui  vient  de  tra- 
gen,  ainsi  que  herbst,  moisson,  et  xaoTro;,  fruit, 
qui,  de  même,  signifient  pr.  choses  enlevées. 
Avec  l'article,  ablata  serait  devenu  Vablata, 
Vabiad<iy  la  biada,  et  traité  en  masc. ,  il  biado. 
On  trouve,  en  effet,  au  moyen  âge,  ablatum. 


abladium  pour  blé  récolté.  Pour  établir  la 
dérivation  «  bladum,  blada  de  L.  ablatum, 
ablata  »,  il  n'est  pas  même  nécessaire  d'ad- 
mettre une  influence  de  l'article  ;  l'aphérèse 
de  a  ne  serait  pas  plus  étrange  que  celle  de  o 
dans  le  mot  du  dial.  de  Crémone  biada,  pour 
oblata,  fr.  oublie.  —  Mahn  défend  la  prove- 
nance celtique  de  blé;  il  croit  à  l'existence 
d'un  celt.  blad,  avec  le  sens  de  fruit,  froment, 
blé.  —  Dérivés  de  bladum,  :  blairie  (v.  c.  m.), 
blatier  ou  bladier;  BL.  imbladare,  doù  em- 
blaver  ^p.  embla-er),  ensemencer,  autrefois 
aussi  embléer,  emblayer);  BL.  debladare,  fr. 
déblayer,  debléer';  blavet,  blavéole,  anciens 
noms  pour  bluet. 

BLÊGHE,  vfr.  blaische*,  blaiche*,  blèque*, 
mou,  du  grec  ^XàÇ,  même  signification  (cp. 
BL.  blax,  stultus).  Selon  Grandgagnage,  de 
Tall.  bleich,  ni.  bleeh,  pâle,  ce  qui  nous  plaît 
davantage.  —  D.  bléchir. 

BLÂME,  blesmé'{Vs  ne  parait  pas  organique, 
car  les  textes  anciens  ont  aussi  blême),  très 
pâle  ;  de  là  le  verbe  blêmir  (angl.  blemish). 
Ce  dernier  signifiait  dans  l'ancienne  langue  à 
la  fois  frapper  (pr.  faire  des  taches  bleues), 
léser,  blesser  et  salir  ;  c'est  ce  qui  engage  Diez 
à  rattacher  ce  mot,  autrement  inexplicable, 
au  nord.  bWni,  couleur  bleue  [blà,  bleiî). 
Blême  serait  dont  primitivement  =  bleuâtre. 
—  Bugge,  à  l'appui  de  l'explication  de  Diez, 
allègue  le  subst.  norois  blaman  «  tache  bleue 
produite  par  une  contusion  »,  lequel  suppose 
un  verbe  blâma,  faire  des  taches  bleues  (Rom., 
III,  146).  Il  faut  écarter  les  types  latins  bled- 
mus  (de  l'ail,  bleich,  ags.  blaec)  ou  blaximus 
(de  ^XàÇ,  mou,  faible),  mis  en  avant  resp.  par 
Chevallet  et  Ménage. 

BLÉSER,  du  lat.  blœsus  (prov.  blés,  vfr. 
blois),  d'où  aussi  le  subst.  blésitê. 

BLJBSSER,  BLEGIER";  Diez  rappelle  lemha. 
bletzen,  sarcire,  reficore,  et  le  subst.  bletz, 
morceau  d'étoflb,  d'où  blesser  se  serait  produit 
avec  le  sens  du  composé  mha.  zêbletzen,  met- 
tre en  morceaux.  L'étymologie  be-letzen  irait 
mieux,  si  l'allemand  présentait  cette  forme 
composée  de  letzen,  comme  il  a  ver-letzen, 
équivalent  du  fr.  blesser.  Les  anciens  philo- 
logues ont  eu  recours  au*  grec,  en  proposant 
soit  ir>q99t(v,  frapper,  soit  l'infinitif-aoriste 
jiXk^xi,  nuire  ;  c'est  aussi  peu  admissible  que 
l'avis  de  Ménage,  qui  explique  blesser  par  lœ- 
sare  (de  lœdere)  avec  un  b  prosthétique.  — 
Pour  moi,  je  pense,  comme  Diez,  que  le  mot 
est  l'ail,  blazen,  mais  non  pas  dans  le  sens 
qu'il  lui  prête  ;  je  le  rapporte  à  ce  verbe  dans 
sa  signification  do  marquer  par  une  tache  ou 
une  incision  {einen  baum  blet  zen,  marquer  un 
arbre,  t.  d'eaux  et  forêts)  ;  d'ailleurs,  le  primi- 
tif &/ef^  lui-même  a  parfois  la  valeur  de  lésion, 
blessure  (voy.  Grimm).  Cp.  l'ail,  fleck,  qui 
signifie  lambeau  et  tache  ;  cp.  aussi  les  sens 
divers  de  fr.  tache.  En  dernier  lieu,  j'ai  vu 
poser  comme  la  source  de  blesser  le  vha. 
bleizza,  mentionné  à  l'art,  blet.  En  effet,  notre 
mot  se  retrouve  dans  les  dialectes  morvan  et 
berrichon  avec  les  sens  de  pâlir,  devenir 
blême  ou  de  blettir,  et  repose,  d'après  les  con- 


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BLO 


60 


BOB 


statations  nouvelles,  sur  l'idée  fondamentale 
u  amollir,  affaiblir,  meurtrir  »  ;  on  a  dit 
«  blecier  des  olives  «  p.  les  amollir  en  bat- 
tant. 

BLET,  dans  •<  poire  blette  »;  d'après  Diez,  en 
rapport  avec  le  vha.  bleizza,  tache  bleue  pro- 
venant d'une  contusion.  On  trouve  aussi  poire 
blèque;  ce  mot  serait  alors  le  même  blèqne 
qui  est  mentionné  sous  bièche.  Voy.  aussi 
l'art,  blesser. 

BLEU,  vfr.  bloi,  it.  (dialectes)  biavo^  anc. 
esp.  blavo,  prov.  blave  (fém.  blava);  du  vha. 
blàOf  blaw,  ail.  mcd.  blaii.  —  D.  bleuir, 
bleuâtre,  bleuet  ou  bluet  (v.  c.  m.). 

BLINDER,  couvrir,  masquer,  rendre  invi- 
sible; d'orig.  allemande  ;  goth.  blindjan, 
vha.  blendan,  ail.  mod.  blenden,  aveugler, 
boucher  [die  thore  blenden,  fermer  les  porter  ; 
einen  schacht  blenden,  fermer  un  puits  ;  cp. 
en  fr.  woeugler  une  voie  d'eau).  —  D.  blindes, 

BLOC,  du  vha.  bloc,  bloch  (ail.  mod.  block), 
d'abord  verrou,  clôture,  puis  tronc,  souche. 
Ces  mots  sont  composés  du  préfixe  bi  et  de 
loh,  et  dérivent  du  vha.  /lecAen,  goth.  lukan, 
fermer.  Le  bloc  est  donc  une  pièce  ou  un 
ensemble  de  pièces  destinées  à  boucher  les 
akords  d'une  place,  puis,  par  extension  d'idée, 
une  masse  quelconque.  —  D.  bloquer  à' oix  it. 
bloccare,  esp.  bloquear),  blocage,  blocaille, 
débloquer.  —  Le  terme  blocus  vient  de  l'anc. 
ail.  bloc'hus,  auj.  block-haus,  fortin;  le  sens 
concret  s'est  dans  la  suit«  converti  en  sens 
abstrait  :  action  de  bloquer. 

BLOCUS,  voy.  bloc. 

BLOND,  it,  biondo,  prov.  blon  (l'ail,  blond 
est  un  emprunt  fait  au  français).  On  trouve 
dans  l'anglo-saxon  le  terme  blo>uien^fear  «» 
à  cheveux  mélangés,  c.-à-d.  gris.  Le  sens  de 
gris  a-t-il  dégénéré  à  la  longue  en  celui  de 
fauve  et  de  blond?  Cela  est  possible,  vu  les 
changements  de  sens  que  l'on  voit  subir,  aux 
noms  de  couleurs,  mais  toujours  quelque  peu 
problématique.  Le  mot  ne  se  présente  que 
tard  dans  le  latin  du  moyen  âge.  —  Ou  bien, 
et  c'est  là  une  conjecture  émise  par  Diez,  blond 
serait -il  pr.  un  synonyme  du  nord,  blaud, 
dan.  blôd,  suéd.  blôt,  qui  signifie  doux,  mou, 
le  blond  étant  la  couleur  de  la  douceur?  L'in- 
tercalation  de  la  nasale  n  est,  comme  on  sait, 
chose  fort  commune.  —  Quant  au  vfr.  bloV, 
blond  ardent,  jaune,  synonyme  de  blond,  ce 
n'est  qu'une  forme  variée  de  bleu,  dont  l'ori- 
ginal germanique  signifiait  à  la  fois  flavus  et 
cœruleus.  (Pour  les  formes  diverses,  compa- 
rez pau,  poi,  peu,  du  L.  paucus.  )  Bloi  a  été 
latinisé  en  bloius  et  blodius.  Cette  dernière 
forme,  nasalisée,  n'aurait-elle  pas  engendré 
la  forme  française  blond  f  —  D.  blondir, 
'Oyer;  blondin;  blonde  (espèce  de  dentelle). 

BLOQUER,  voy.  bloc. 

BLOTTIR  (SB),  se  tapir,  se  ramasser  en 
petit  volume  ;  Diez  laisse  le  choix  entre  ballot 
(blottir  serait  pour  bàllottir,  comme  frette  p. 
ferrette,  gline  p.  geUne)  et  l'ail,  blotzen,  frap- 
per, écraser.  On  pourrait  appuyer  cette  der- 
nière étym.  des  sens  premiers  des  mots  tapir 
et  cacJier.  Ménage,  rapprochant  l'expression 


synonyme  se  motter,  dérive  blottir  de  lanc. 
fr.  blote,  bloutre,  motte  de  terre.  Dans  l'incer- 
titude, il  est  permis  encore  d'indiquer  bloc, 
qui,  orthographié  blot,  signifie  en  t.  de  faucon- 
nerie, le  chevalet  où  repose  l'oiseau. 

1.  BLOUSE,  trou  de  billard;  le  néerl. 
bluts,  trou,  conviendrait  parfaitement,  mais 
en  admettant  cette  origine,  il  faudra  admettre 
aussi  que  l'ancienne  forme  beliuse  est  une  al- 
tération de  blouse^  pour  l'explication  duquel 
on  n'a  que  le  terme  BL.  belosius,  sorte  de 
drap.  — D.  blouser,  jeter  dans  la  blouse;  fig. 
se  blouser  =  se  perdre,  se  tromi>er. 

2.  BLOUSE,  vêtement  ;  ce  vocable  est  sans 
doute  le  même  que  blaxuis  et  biaude,  mot 
bourguignon  pour  sarrau,  dont  on  trouve 
aussi  les  variétés  vfr.  bliaut,  lyonn.  blode, 
norm.  plaude,  pic.  bleude.  L'origine  n'en  est 
pas  établie.  Mahn  indique  le  persan  baljàd, 
vêtement.  Le  BL.  belosius,  signifiant  une 
sorte  d'étoffe  (v.  l'art,  préc),  est  peut^tre 
connexe  avec  blouse. 

BLUET,  p.  bleuet,  de  bleu. 

BLUBTTE,  petite  étincelle  pour  belluette 
ou  bélluguette,  voy.  sous  berlue. 

BLUTEAU,  voy.  l'art,  bluter. 

BLUTER  est  généralement  dérivé,  par  mé- 
tathèse  de  /,  de  l'équivalent  ail.  beuteln,  anc. 
biuteln.  Diez  trouve  cette  métathèse  trop  irré- 
gulière et  avance  une  tout  autre  étym.,  beau- 
coup phis  plausible.  Le  latin  du  moyen  âge 
dit  buletelhim  pour  cri  bru  m  farinarium,  et 
buletare  pour  farinam  cribro  sccernere  ;  cela 
concorde  avec  les  formes  anc.  bulteau  et  bule- 
ter,  pour  bluteau  et  blu/er  (dans  le  Hainaut 
et  à  Namur,  on  dit  encore  buUer).  Au  lieu  de 
buletel,  la  vieille  langue  présente  buretel,  le 
bourguignon  burteau,  formes  qui  concordent 
avec  it.  buratello,  prov.  buratel  (aussi  baruteTj, 
dim.  de  buratto,  qui  signifie  bluteau.  Or.  bu- 
ratio  vient  du  vfr.  bure,  étoffe  de  laine  gros- 
sière. Nous  avons  donc  la  succession  que 
voici  :  buretel,  buletel,  blutel,  bluteau,  et  ces 
mots  signifient  propr.  une  étoffe  grossière, 
propre  à  tamiser;  d'autre  part,  bureter,  bule- 
ter,  bulter,  bluter.  Pour  le  rapport  des  idées 
bure  et  bluter,  on  peut  comparer  filtre  et 
feutre,  deux  formes  et  deux  acceptions  diffé- 
rentes du  même  mot.  —  L'ancien  buleter  a 
donné  l'angl.  bouU,  boit. 

BOA,  L.  boa,  espèce  de  serpent  de  mer. 

BOBAN",  BOBANCE*, auj.  bombance,  pompe, 
faste  vaniteux,  du  L.  bombus,  bourdonne- 
ment, bruit.  Vénance  Fortunata  l'adj.  bombi- 
cus,  vaniteux,  bruyant;  cp.  en  prov.  bomba 
=  bobansa. 

BOBÈCHE.  Ce  mot  a-t-il  le  même  radical 
que  bobine  f  La  forme  de  l'objet  porte  à  n'y 
voir  que  le  môme  mot  avec  un  changement 
de  terminaison. 

BOBINE,  angl.  bobbin;  selon  Saumaise,  de 
bombyx,  à  cause  de  la  ressemblance  de  la 
bobine  garnie  de  fil  avec  le  cocon  du  ver  à 
soie  ;  Diez  préférerait,  sans  l'établir,  l'étymolo- 
gie  bombus,  bourdonnement,  à  cause  du  bruit 
de  la  bobine  en  mouvement.  Wedgwood  indi- 
que gaél.   baban,   une  tassette  de  fil.  Il  est 


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BOl 


—  61 


BON 


•  douteux  que  bobinette,  petite  pièce  de  bois 
mobile  pour  fermer  les  portes,  soit  un  dimin. 
de  bobine. 

BOGAQl,  voy.  bois.  —  D.  bocager, 

BOCAL»  vfr.  boucal,  boucel,  it.  boccale,  esp. 
bocal;  les  uns,  à  cause  du  BL.  bancale,  citent 
le  grec  ^2ûxa>i  ou  ^aux«}.(ov,  vase  à  goulot 
étroit;  d*autres,  le  L.  bucca,  it.  bocca,  donc 
vase  pour  la  bouche  (cp.  l'it.  boccia,  qui  si- 
gnifie également  carafe). 

BOGARD,  machine  à  écraser  la  mine,  de 
Fall.  bochen,  pochen,  frapper. 

BOCK  de  bière,  néolog. ,  contenu  d'un  grand 
verre.  A  signifié  à  Paris  en  premier  lieu  la 
bière  de  Munich  appelée  bochbier  (litt.  bière 
de  bouc)  ;  puis  le  verre  dans  lequel  on  servait 
cette  bière  ;  enfin,  le  mot  s'est  appliqué  à  verre 
de  bièi*e  en  général. 

BODIITB,  quille  de  marine,  de  l'ail,  boden, 
m.  s.  (voj.  borner ie). 

BQSUF,  du  L.  bos,  gén.  ^cù  (cp.  œuf  àQ 
omim).  Ce  même  primitif  latin  a  produit  : 
bocin^  L.  bovinus;  boiweau,  bonmUon\  bou- 
vier, BL.  bovarius,  bouverie,  boverie*,  BL. 
bovaria. 

1 .  BOQÏÏE,  poisson,  le  ^  Boops  vulgaris  »  de 
Cuvier,  it.  boca,  esp.  boffo,  prov.  buffa,  du  L. 
box,  bocis,  aussi  bacs  (gr.  ^6x^,  ^wç).  —  D. 
bouguière,  «  filet  très  délié  »  ;  c'est,  on  n'en 
peut  douter,  proprement  un  filet  pour  pren- 
dre les  bogues  ;  il  se  retrouve,  avec  le  même 
sens,  dans  l'it.  bogara,  esp.  boguera,  port. 
bogueiro.  —  Voy.  Bauquier,  Rom.,  VI,  269 
et  suiv. 

2.  BOGUE,  enveloppe  piquante  de  la  châ- 
taigne, du  BL.  bauca,  bracelet,  lequel  vient 
du  vha.  boîtga,  bracelet  (de  biugan,  fléchir, 
courber).  Cp.  \'fr.  bon,  anneau. 

BOIRE,  vfr.  boivre,  bevre,  beire,  du  L.  W- 
bere;  part,  bu  p.  bé-u,  de  bibutus,  forme  bar- 
bare ;  buvons,  biœej  sont  des  formes  irrégu- 
lières pour  bevons,  -es  (qu'employaient  les  an- 
ciens). —  Du  latin  bibitionern,  bib*tionem 
s'est  régulièrement  déduit  beisson,  boisson. 
De  bevre',  anc.  forme  française  pour  boire, 
vient  becrage  (it.  beceraggio,  prov.  bcuratge, 
angl.  beverage),  d'où  beurage,  beitvrage  et, 
enfin,  par  transposition  de  l'r,  breuvage  (voy. 
abreuver).  La  permutation  de  Ve  atone  en  u 
dans  les  fonnes  verbales  buvons,  buvez,  etc., 
s'est  étendue  aux  dérivés  buvable,  buvette,  bu- 
vetier,  buveur,  buvotter.  Est  encore  dérivé  de 
boire  \e  subst.  fém.  boite,  degré  auquel  le  vin 
devient  bon  à  boire;  il  répond  au  partie, 
fém.  bibita  (bib'ta). 

BOIS,  prov.  bosc,  it.  bosco,  esp.,  port,  bos- 
gue,  du  BL.  boscus  et  buscus  (cfr.  néerl.  bos, 
bosch  ;  l'ail,  busck  paraît  être  emprunté  aux 
langues  romanes).  Ce  mot  boscus  est  dérivé, 
suivant  Grimm,  d'un  adj.  vha.  hypothétique 
buvnsc,  buisc,  formé  de  bauen,  bâtir,  et  signi- 
fierait ainsi  propr.  matériel  à  bâtir.  Le  franc. 
bois  a  étendu  la  signification  ordinaire  de  boscus 
et  des  formes  parallèles,  qui  est  celle  de  silva 
(réunion  d'arbres),  à  celle  de  lignum  (matière 
de  l'arbre).  —  On  conteste  aujourd'hui  l'origine 
germanique  du  BL.  boscus,  Canello  y  voit  legr. 


^ôtrxoi  «  pâturage  »  (cp.  le  mélange  des  sens 
«<  pâturage  et  bois  »  dans  les  mots  latins  sal- 
tus,  nemus,  silva)  ;  Storm,  lat.  buxus,  «  buis  » 
(le  nom  de  l'espèce  appliqué  au  genre,  comme 
l'inverse  se  présente  dans  le  gr.  Joû^,  pr.  ar- 
bre, puis  chêne).  Voy.  Rom.,  V,  169.  —  D. 
boiser,  boiserie, 

BOISSEAU,  boisseV,  buisseV,  wallon  bois- 
teau,  BL.  bustellus;  selon  toute  apparence, 
un  dérivé  de  boiste,  boite,  voy.  ce  mot.  De 
buissel  les  Anglais  ont  fait  bushsL  —  D.  bois- 
selée,  boisselier. 

BOISSON,  voy.  boire. 

BOITE,  voy.  boire. 

BOITE,  boiste*,  prov.  bostia,  baissa  et  bros- 
tia.  Ce  mot  vient  du  BL.  buxida,  accus,  de 
buocis  (grec  ttûÇi;).  Buxida  transposé  en  bux' 
dia,  bustia,  a  donné  bostia  et  enfin  fr.  boiste. 
De  boite  vient  déboiter,  faire  sortir  (un  os)  de 
son  articulation,  disloquer  ;  c'est  à  cette  der- 
nière acception  que  se  rapporte,  selon  toute 
probabilité,  le  terme  boiter  (wall.  baisti),  pr. 
avoir  mal  à  la  boite  ;  il  vaudrait  donc  mieux 
l'écrire,  comme  jadis,  avec  un  circonflexe. 
—  Autres  dérivés  directs  de  boite  :  bottier, 
emboîter,  opp.  de  déboiter, 

BOITER,  voy.  boite.  —  D.  boiteux  (anc. 
boisteus'). 

1.  BOL,  terme  de  pharmacie,  L.  bolus  (do 
^3w>oî,  motte  de  terre).  —  D.  bolaire, 

2.  BOL,  coupe,  vase  hémisphérique,  est, 
comme  l'ail,  botole,  emprunté  à  l'angl.  botol, 
qui  lui-même  est  =  ags.  bolla,  vase  à  boire, 
et  appartient  à  la  même  famille  que  ail. 
bolïe,  oignon,  L.  bulla,  fr.  boule. 

BOLIDE,  du  gr.  ^^oXli,  -îôo;,  chose  lancée 
(de  /3à)i*iv,  lancer). 

BOMBANCE,  pr.  magnificence,  faste;  voy. 
boba7t. 

BOMBARDE,  comme  instrument  de  guerre 
et  comme  instrument  de  musique,  de  L.  bom- 
bus,  bruit,  fracas.  —  D.    bombarder^  -icr. 

BOMBASIN,  voy.  basin.  Il  est  curieux  de 
voir  comment  de  bombasin  se  sont  produits, 
par  une  fausse  interprétation  étymologique, 
les  termes  germaniques  ail.  bauniioolle,  qui 
a  l'air  de  dire  «  laine  d'arbre  »,  et  angl. 
bombast,  qui,  d'abord  le  nom  d'une  étofie  des- 
tinée à  ouater,  a,  sous  l'influence  de  bom- 
bance, pris  l'acception  de  parole  empoulée, 
phébus. 

BOMBE,  it.  bomba,  angl.  bomb,  ail.  bombe, 
du  L.  bombus,  à  cause  du  bruit  sourd  qui 
accompagne  le  lancement  de  la  bombe.  —  D. 
bombc7*,  rendre  convexe  à  la  façon  dune 
bombe. 

BOMERIE,  contrat  ou  prêt  à  la  grosse 
aventure  sur  la  quille  du  vaisseau.  De  l'ail. 
bodmerei,  qui  vient  de  bodem*,  boden,  carène 
(fr.  bodine).  Cp.  angl.  bottomry,  m.  s.,  de 
bottom,  carène. 

BON,  L.  bonus.  —  D.  bonace  (v.  c.  m.); 
adj.  bonasse  (le  suffixe  asse  avec  sens  péjora- 
tif); bonne,  garde  d'enfants;  bonbon,  d'abord 
un  terme  enfantin  ;  abonnir  et  abonner  (v.  c. 
m.);  bonté,  L.  bonitaiem. 


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BON 


—  62  — 


BOR 


BONAGE»  calme  de  la  mer  après  un  orage» 
it.  bonaccia,  esp.  honanza^  prov.  honassa; 
àehonus^  bon;  cp.  anc.  esp.  malina,  orage, 
tempête. 

BON-GHRÉTIIN  (poire  de).  Ce  nom,  selon 
une  opinion  sérieusement  accréditée,  vient 
de  saint  François  de  Paule,  dit  le  bon  chré- 
tien, qui  apporta  ces  poires  d'Italie  en  France. 
Voy.  Darmesteter,  Compos.,  25. 

BOND,  angl,  boutid,  subst.  verbal  de  bon- 
dir (v.  c.  m.). 

BONDE,  1 .  bouchon,  tampon,  2.  le  trou  du 
tonneau  à  boucher;  mot  germanique.  On 
trouve  encore  avec  le  même  sens  le  suisse 
punt,  le  souabe  bunte,  etc.;  le  vha.  a  la  forme 
renforcée  spunt,  d'où  le  mot  actuel  spund, 
hoU.  spond.  —  D.  bondon,  débonder.  —  Le 
vfr.  bonde,  limite,  borne,  a  une  autre  origine, 
voy.  borne.  —  Dans  le  dial.  de  Come,  bondon 
signifie  une  grosse  petite  femme,  et  boldon, 
bouchon,  ce  qui  permettrait  aussi  de  ranger 
bonde  sous  le  radical  bod  (voy.  bouder)  et  de 
le  rattacher  à  bodne,  bmide,  bonne,  auj.  borne 
(v.  c.  m.).  Voy.  Mussafia,  Beitrag,  p.  35 
(note). 

BONDIR,  picard  bonder,  angl.  bound  ;  dans 
la  langue  d'oïl  et  en  prov.  bondir  signifie  re- 
tentir (Ducange  cite  BL.  blinda  ■=  sonus  tym- 
pani,  vfr.  subst.  bondie,  bruit  retentissant),  ce 
qui  justifie  l'étymologie  bombitare,  bourdonner, 
contracté  en  bontare,  bondare.  Quant  à  l'infi- 
nitif en  ir,  on  a  l'analogie  de  retentir,  de  tin- 
nitare;  pour  le  d,  celle  de  coude,  de  cubitus, 
(on  trouve  du  reste  aussi  bontir,  avec  un  t). 
Mais  ce  bondir  =  sonner,  est-il  bien  le  même 
que  le  bondir  =  sauter?  Ce  serait  l'effet, 
c.-à-d.  le  rebondissement,  la  répercussion  du 
son,  nommés  d'après  la  cause,  c.-à-d.  l'émis- 
sion du  son.  Si  cette  métonymie  est  admise 
(et  l'ail,  praîlen,  qui  se  rapporte  également 
au  coup  et  au  son,  la  rend  très  plausible),  il 
faudra  rejeter  l'étymologie  posée  par  Ménage, 
qui  rapproche  l'expression  espagnole  botar  la 
pelota,  faire  bondir  la  balle.  Botar,  par  l'in- 
sertion de  n,  peut  fort  bien  avoir  donné  bon- 
der et  bondir,  mais  de  toute  manière,  il  est 
inutile  de  recourir  à  l'espagnol,  botar  étant 
identique  avec  le  fr.  boter*,  bouter» —  D.  bond  ; 
rebondir, 

BONDON,  voy.  bonde.  —  D.  bondonner. 

BONHEUR,  =  bon  heur,  voy.  heur. 

BONI,  génitif  neutre  du  L.  bonus,  c'est 
«  ce  qui  reste  de  bon  » . 

BONIFIER,  L.  mod.  bonificare,  rendre  bon, 
(bonum  facere).  —  D.  bonification. 

BONNET,  prov.  boneta,  esp.,  port.  &o«e<c. 
Caseneuve  :  «  C'était  certain  drap  dont  on 
faisait  des  chapeaux  ou  habillements  de  tète, 
qui  en  ont  retenu  le  nom  et  qui  ont  été  appe- 
lés bonnets,  de  même  que  nous  appelons  cas- 
tors les  chapeaux  qui  sont  faits  du  poil  de  cet 
animal.  Le  roman  de  Guillaume  au  court  nez 
dans  le  Charroy  de  Nismes  :  «  Un  chapelet  de 
bonnet  en  sa  teste  ».  Quant  à  Torigine  du 
mot,  on  la  cherche  encore.  —  D.  bonnetier, 
bonneterie;  bonneter,  saluer  du  bonnet. 

BONNDBR,  mesure  agraire,  voy.  borne. 


BORAX,  mot  arabe  :  baurak,  bôrak,  du 
persan  bourah.  De  borax,  les  chimistes  ont 
dégagé  le  subst.  bore  (d'où  borate,  -ique). 

BORD,  dans  le  sens  d'extrémité  d'une  sur- 
face, lisière,  rive,  se  trouve  dans  la  plupart 
des  langues  germaniques  :  vha.  port,  goth. 
baurd,  ags.  bord,  angl.  board,  néerl.  bo7'd  et 
boord, suéd.,  dan.  bord;  BL.  bordus,  borda, 
bordum,  it. ,  esp.  bm'do,  —  Dérivés  de  bord  = 
côté  :  bordée^  border,  bordeycr  ;  aborder,  dé- 
border, rebord.  —  Dans  le  sens  de  «  mem- 
brure de  navire  »,  bord  vient  également  des 
langues  germaniques,  où  l'on  trouve  ce  mot 
avec  le  sens  de  planche,  madrier,  et  ensuite 
avec  celui  de  «  vaisseau  ».  Faut-il  déduire 
l'acception  «•  vaisseau  »  de  celle  de  planche  ou 
plancher  (au  fond,  le  mot  bord  ne  désigne  que 
la  membrure  du  vaisseau)  ou  de  celle  de  bord, 
extrémité,  côté  (le  tout  pour  la  partie).  C'est  ce 
que  nous  ne  saurions  établir;  cependant, 
l'analogie  du  L.  trabs,  poutre  et  vaisseau,  fait 
opter  pour  la  première  métonymie. —  Le  vha. 
bo^'t,  goth.  baurd,  planche,  madrier,  a  encore 
fourni  aux  langues  romanes  les  mots  suivants  : 
prov.  et  cat.  borda,  fr.  borde,  baraque,  petite 
maison  rustique  ;  de  là  les  dimin.  it.  bordello, 
fr.  et  prov.  bordel,  esp.  burdel,  angl.  brothel^ 
BL.  bordellum  (cfr.  l'ail,  hiïttchen,  bordel,  de 
hutte,  cabane).  Le  sens  de  planche  ressort 
encore  clairement  dans  les  dér.  border,  -âge, 
bordaille,  en  tant  que  termes  de  marine. 

BORDE,  métairie,  voy.  bord. — D.  bordier*, 
métayer. 

BORDEL»  bordeau*,  pr.  petite  cabane,  voy. 
bo7'd. 

BORDÉE,  toute  la  ligne  d'artillerie  placée 
sur  le  même  bord  d'un  vaisseau,  puis  dé- 
charge simultanée  de  cette  ligne. 
BORDER,  voy.  bord.  —  D.  bordure. 
BORDEREAU,  dimin.  de  bord,  petit  bord  de 
papier.  Cp.  l'origine  analogue  de  liste. 
BORÉE,  BORÉAL,  L.  boreas,  bœ^ealis. 
BORGNE,  it.  bomio,  cat.  borni,  limons. 
borli.  L'expression  bornicle,  œil  louche  (dial. 
de  Genève)  et  bornicler,  loucher  (dial.  du  Jura), 
ainsi  que  le  vocabulaire  de  Douai  qui  traduit 
boi'ne  par  strabo,  attestent  que  le  sens  pri- 
mordial du  mot  était  «  louche  » .  Diez  le  rap- 
proche donc  de  l'esp.  bornear,  fléchir,  cour- 
ber, en  comparant  les  expressions  esp.  tuerto 
(pr.  tordu),  louche,  borgne,  et  turnio,  borgne 
(de  tor^iear,  tourner).  Mais  l'origine  de  ce 
verbe  esp.  bornear  est  tout  aussi  incertaine 
que  celle  de  borgne  (le  breton  born,  borgne, 
paraît  emprunté  du  français).  Notons  encore 
que  dans  le  languedocien,  borni  a  signifié 
aveugle  ;  Cupidon  y  était  appelé  lou  picho 
(petit)  borni;  que  le  vocabulaire  de  Douai, 
déjà  cité,  traduit  bornier  par  lippire  (être 
chassieux)  ;  enfin  que  dans  le  dial.  ail.  de  la 
Siléwe,  on  appelle  bomickel  la  tumeur  ocu- 
laire dite  orgelet.  — J.  Ulrich  (Ztschr.,  III, 
266),  se  fondant  sur  l'affinité  des  idées  forer  et 
tourner,  propose  pour  borgner  (d'où  vien- 
drait l'adj.  borgne),  l'ail,  bohren,  forer,  en  ad- 
mettant l'existence  anc.  d'une  forme  dérivative 
fen  anjan;  cp.fr.  épargner,  qui  est  de  même 


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BOT 


63  — 


BOU 


expliqué  par  ail.  sparen  moyennant  une  forme 
hypothétique  sparanjan.  Cotte  étymologie  est 
par  trop  forcée.  —  D.  borgnesse,  bomoyer, 
éborgner, 

BORNE,  vfr.  bonne,  bonne,  bosne,  bodne, 
bonde.  Ces  vocables  procèdent  d'une  forme 
plus  ancienne  bodina,  bodena.  Colle-ci  donne 
d  abord  bodne,  d'où,  par  assimilation,  bonne 
(BL.  bonna),  et  par  transposition  bonde  (BL. 
bonda,  angl.  bound);  d'autres  modifications 
de  bodne  sont  bosne,  d'où  boime;  cp.  d*une 
part  Rhône,  Rhosne,  de  Rhodanus,  et  d'autre 
part,  pour  la  substitution  de  r  à  5,  varlet*  de 
vaslet.  Mais  d'où  viennent  bodina  (forme  pri- 
mitive du  mot  bonna  et  qui  exclut  absolument 
la  dérivation  du  gr.  ^oûvos,  colline,  proposée 
par  Caseneuve)  et  la  forme  variée  bodula, 
d'où  le  prov.  bozola  {=  borne)?  Ils  appar- 
tiennent, selon  Diez,  à  la  môme  racine  bod, 
enfler,  qui  a  donné  bouder,  boudin  (voy.  ces 
mots);  la  borne  serait  donc  qqch.  en  relief,  en 
saillie,  une  butte  de  terre  (cfr.  l'ail,  schwelle, 
seuil,  de  schwcllen,  s'enfler).  La  forme  BL. 
bonna  a  pour  dérivé  bonnarium,  mesure 
agraire,  d'où  le  fr.  bonnia%  flam.  blinder,  — 
D.  borner, 

BOSQUET,  dimin.  du  BL.  bosciis  (=  fr. 
bois)  ;  Froissart  emploie  le  diminutif  bosque- 
tel  et  boquetel. 

1.  BOSSE,  enflure,  relief,  it.  bozza,  prov. 
bossa,  flam.  butse,  vient  de  l'anc.  ail.  bôsen, 
pousser,  reposser  (d'où  ail.  butz,  chose  ren- 
flée, ramassée).  Cp.  aussi  bret.  bos,  cymr. 
biyth,  tumeur.  —  D.  dim.  bossette;  verbe  bos- 
seler (delà  ail.  bosseln,  travailler  en  bosse, en 
relief,  aussi  bossiren)\  adj.  bossu,  qui  aune 
bosse  (anc.  aussi  appliqué  aux  choses). 

2.  BOSSE,  bout  de  corde  (t.  de  marine),  le 
même  mot  que  le  préc,  à  cause  de  la  forme 
nouée  —  D.  bosser  d'où  bossoir;  embosser, 

BOSSELER,  voy.  bosse. 

BOSSEMAN,  du  v.  ail.  bootsmann  (ni.  boots- 
man),  marin  ;  litt.  homme  de  bateau. 

BOSSU,  voy.  bosse.  —  D.  bossuer, 

BOT  (pied),  esp.  boto,  tronqué,  et  botte, 
faisceau  (cp.  ail.  bosze,  bote,  fasciculus,  voy. 
Grimm),  paraissent  appartenir  à  la  même 
racine  germanique  bôzen,  boszen,  goth.  bau- 
tan,  fipapper,  pousser,  repousser,  enfler,  faire 
boule,  que  nous  avons  signalée  dans  l'article 
bosse.  Il  faut  encore  observer  que  l'adj.  bot 
rappelle  l'ail,  bott,  butt,  ni.  bot,  goth.  bauths, 
signifiant  stupidus,  hebes,  obtusus. 

BOTANIQUE,  gr.  jSoravix^  {de^or&vr,,  plante). 
—  D.  botaniste. 

1.  BOTTE,  faisceau,  liasse,  voy  bot.  —  D. 
dim.  bottillon;  verbe  botteler.  Du  dim.  botel, 
boteau,  vient  l'angl.  bottle,  botte  de  foin. 

2.  BOTTE,  chaussure,  est  le  môme  mot  que 
botte,  tonneau  ;  l'un  et  l'autre  expriment  quel- 
que chose  de  creux.  On  trouve  des  mots  simi- 
laires dans  beaucoup  de  langues,  p.  ex.  gr. 
fiovrti,  ^vTii,  bouteille;  BL.  butta,  ags.  butte, 
angl.  butt,  ail  mod.  batte,  grand  vase. —  Dér. 
de  botte,  chaussure  :  botter,  bottier,  bottine, 
débotter.  —  Dér.  de  botte,  tonneau,  vase  (vfr. 
aussi  boute,  outre,  grosse  bouteille)  :  le  dimin. 


BL.  buticula,  it.  bottiglia,  esp.  botilla,  botija, 
fr.  bouteille,  angl.  bottle, 

3.  BOTTE,  tonneau,  voy.  l'art,  précédent. 

4.  BOTTE,  terme  d'escrime,  de  l'it.  botta 
(de  bottarc,  frapper,  voy.  bouter). 

BOUO  ;  ce  mot  se  présente,  avec  de  légère  î 
variantes  littérales,  dans  les  langues  celtiques 
aussi  bien  que  dans  les  langues  germaniques. 
Grimm  rapporte  le  mot  au  verbe  ail.  poche n, 
bochen,  heurter.  —  D.  bouquin;  subst.  bou- 
cher (v.  c.  m.). 

1.  BOUCAN,  gril  de  bois  où  les  Caraïbes 
fument  leurs  viandes;  mot  caraïbe  qui  signi- 
fie claie.  —  D.  boucaner. 

2.  BOUCAN,  vacarme,  bordel.  Ce  mot  mo- 
derne ne  viendrai tril  pas,  demande  G.  Paris, 
de  l'it.  baccano,  qui  signifie  aussi  à  la  fois 
«  fracasso  »  et  «  bordello  »  et  que  Storm  ratr 
tache  à  bacchanale  f  Voy.  Rom., IX,  624. 

BOUCANER,  1.  faire  sécher  à  la  fumée,  de 
boucan  1  ;  2.  aller  à  la  chasse  des  bœufs  sau- 
vages. Cette  dernière  acception  serait-elle 
sans  rapport  avec  bos,  bovis,  par  bovicus,  bovi- 
canusf  —  D.  boucanier,  qui  chasse  le  bœif 
sauvage;  fusil  servant  pour  cette  chasse;  fli- 
bustier des  Antilles. 

BOUCASSIN,  futaine,  it.  boccacino,  esp. 
bocaci.  «  Ce  mot  n'appartiendrait-il  pas  au 
même  radical  que  bucherame  =  fr.  bougran  f 
Question  posée  par  Mussafia  (Beitrag,  34).  — 
Baist  (Ztschr.  V,  556)  l'explique  par  l'angl. 
buckskin  =  peau  de  daim. 

BOUCAUT,  tonneau,  prob.  de  la  m5me  fa- 
mille que  bocal. 

BOUCHE,  it.  bocca,  esp.,  port., prov.  boca, 
du  L.  bucca,  joue,  cavité,  puis  cavité  buccale, 
bouche,  ouverture.  —  D.  bouchée,  aboucher, 
déboucher  (sortir  d'un  défilé);  emboucher, 
Voy.  aussi  boucher,  bouchon,  bouque.  Signa- 
lons encore  le  vieux  mot  boucon  ==  appât, 
aussi  breuvage  empoisonné,  prov.  bocon, 
morceau,  bouchée. 

1.  BOUCHER,  fermer  une  ouverture,  de 
bouche  =  ouverture  ;  cp.  bondon,  trou  de  ton- 
neau, et  bondonner,  boucher.  Littré,  toutefois, 
préfère  pour  primitif  le  vfr.  bouche,  gerbe, 
botte,  faisceau  de  paille,  mentionné  par  Du- 
cange  et  qui  se  rapporte,  comme  bouquet,  au 
BL.  boscus,  bois.  La  forme  anc.  boschier, 
et  les  acceptions  diverses  de  bouchon,  donnent 
quelque  crédit  à  cette  étymologie.  —  Cps. 
déboucher. 

2.  BOUCHER,  subst.,  propr.  le  tueur  de 
bmtcs;  cp.  it.  beccaio,  beccaro,  boucher,  de 
becco,  bouc.  —  D.  boucheHe. 

1 .  BOUCHON,  objet  servant  à  boucher;  peut 
venir  tout  simplement  du  verbe  boucher, 
comme  torchon  de  torcher.  Cependant  Diez 
identifie  le  mot  avec  prov.  bocon,  it.  boccone, 
bouchée,  morceau  ;  donc,  ce  qui  remplit  la 
bouche  ou  une  ouverture  quelconque.  Littré 
ramène  le  mot  à  bouche",  faisceau  de  bran- 
chage, dont  il  dérive  également  le  verbe  bou- 
cher, ainsi  que  le  mot  suivant. 

2.  BOUCHON,  bouquet  jde  verdure  servant 
d'enseigne  à  un  cabaret,  puis  le  cabaret  lui- 
même  ;  poignée,  torchon  de  paille  ;  de  bouche'. 


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BOU 


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BOU 


faisceau  (voy.  boucher  1).  Cp.  en  wallon,  bou- 
chon, bouhon  =  buisson.  —  D.  boiicfionner. 

3.  BOUCHON,  dans  «  tomber  à  bouchon  », 
de  bouche;  tomber  sur  la  bouche,  sur  le  vi- 
sage (cp.  les  expressions  vfr.  analogues  à  dens, 
s'adenier^  s'aboucher). 

BOUOLE,  angl.  bucMe,  anneau  de  métal, 
puis  anneau  que  forment  les  cheveux  frisés  ; 
vfr.  bocle,  patois  divers  blouque,  dim.  bïou- 
quette,  prov.  bocla,  bJoca,  bosse  ou  éminence 
métallique  au  centre  du  bouclier,  BL.  bucula 
scuti  (d'où  le  mha.  buckel)\  du  latin  buccula, 
joue,  donc  proprement  chose  rebombée  ou  en 
relief.  —  D.  boucliet*,  angl.  buckler,  prov. 
bloquier,  it.  brocchiere;  verbes  boucJer,  dé- 
boucler, 

BOUCLIER,  ancicnn.  adjectif,  BL.  buccula- 
rius  ;  escut  boucliet*  est  =  écu  à  boucle  ou  écu 
bombé  ;  l'épi  thète  a  pris  le  sens  de  la  chose 
qu'elle  qualifiait,  voy.  boucle, 

BOUGON,  voy.  bouche. 

BOUDER,  pr.  enfler  la  lèvre  inférieure  par 
mauvaise  humeur  (en  rouchi,  boder  =  enfler). 
Bouder  y  gonfler  et  être  de  mauvaise  humeur, 
peut  se  comparer  à  bouffer  qui  avait  les  deux 
sens  et  au  L.  turgere,  être  gonflé  de  colère.  Ce 
mot  appartient  à  la  racine  bod  exprimant  quel- 
que chose  de  repoussé,  de  saillant,  d'enflé.  On 
la  retrouve  dansôoi^c/zw,  espèce  de  saucisse,  et 
boudiné,  nœud  du  verre,  anc.  nombril,  dans 
boursoufler,  pour  boudsouffler  (voy.  ce  mot)  et 
dans  le  mot  BL.  bodina  qui  a  donné  bodne, 
bonne  et  bm^ne  (v.  c.  m.).  Il  se  peut  qu'elle 
soit  latine  et  identique  au  bot  qui  a  fourni  bo- 
tuluSy  botelhis,  d'où  boyau.  —  D.  boudoir, 
cabinet  où  les  dames  se  retirent  quand  elles 
veulent  être  seules  (cp.  les  expressions  alle- 
mandes :  schmollhàtnmerchen,  launaistûb- 
ch  en ,  trutswin  kel) . 

BOUDIN,  voy.  bouder. 

BOUDINE,  voy.  bouder.  Cachet  consigne 
boudiné  avec  le  sens  de  ventre,  employé  dans 
la  chronique  rimée  do  Godefroid  de  Bouillon. 

BOUE,  BOE*.  En  vfr.  on  trouve  brouc,  p. 
boue;  si  cette  forme  est  la  primitive  (ce  qui 
est  fort  douteux),  on  poun^it  prêter  à  ce  mot 
une  communauté  d'origine  avec  l'it,  broda, 
qui  signifie  à  la  fois  boue  et  bouillon,  et  par 
conséquent  avec  le  fr.  brouct  (v.  c.  m.). —  Ea 
cymr.  on  trouve  avec  le  même  sens  baw  [bud- 
hyr,  boueux),  mais  on  ne  saurait  y  rapporter 
les  formes  angl.  bog,  marais,  it.  (lombard  et 
coma.sque)  bog .  Leur  liaison  avec  la  racine  goth . 
boug  dans  le  verbe  composé  goth.  v^-baugjan, 
nettoyer,  reste  douteuse.  Le  mot  boue  a-t-il 
quelque  rapport  avec  les  formes  bonasse,  etc., 
mentionnées  sous  bouse  f  Les  formes  bodèi'e 
(en  Lorraine),  boue,  et  picard  baudelé,  crotté, 
parlent  en  faveur  d'un  thème  bod,  bot.  Ma 
conjecture  serait  donc  de  partir  du  BL.  botta, 
bota,  mare,  dont  l'étymologie  reste  à  trouver. 
—  D.  boueux. 

BOUÉE,  forme  dérivative  du  vfr.  boie,  bute, 
esp.  boy  a,  ail.  boje,  angl.  buoy,  néerl.  boei, 
qui  vient  du  latin  boja,  chaîne,  corde;  la 
bouée  est  une  pièce  de  bois  flottant  sur  l'eau 
et  retenue  par  une  corde. 


BOUFFER,  BOUFFIR,  souffler,  s'enfler  les 
joues,  anc.  être  de  mauvaise  humeur;  vfr. 
buffier,  souffleter,  frapper;  it.  buffb,  coup  de 
vent,  \'fr.  buffe,  coup,  heurt  (d'où  rebuffer, 
angl .  rebuff,  subst.  rebuffade)  et  dim.  buffet, 
soufflet  (d'où  le  v.  mot  buffeter,  souffleter). 
Tous  ces  mots,  ainsi  que  pouffer,  sont  les  dé 
rivés  de  l'inteijection  buf,  bouf  ou  pouf!  pro- 
duite par  le  gonflement  des  joues.  Il  n'est  pas 
nécessaire  de  les  rattacher  à  des  produits  ana- 
logues dans  les  langues  germaniques  ;  ce  sont 
évidemment  des  vocables  de  formation  sponta- 
née. Cp.  pour  le  rapport  d'idée  entre  souffler 
et  frapper,  le  verbe  angl.  blow,  souffler  et 
frapper,  et  le  mot  fr.  soufflet,  de  souffler.  — 
D.  bouffée,  bouffer  ^manger  goulûment), 
bouffette;  bouffissur'e.  Voy.  aussi  bouffon. 

BOUFFON  est  tiré  direct,  de  l'it.  buffbne,  qui 
vient  de  buffare,  souffler  (gonfler  les  joues), 
puis  plaisanter  (primitif  aussi  de  buffa,  plai- 
santerie, d'où  fr.  bouffe).  Buffare  est  notre 
bouffer;  les  idées  d'enflure  et  de  plaisanterie 
se  touchent  ;  un  rapport  analogue  me  semble 
lier  l'ail,  bôzen,  repousser  (voy.  bosse),  à  bosse, 
posse,  plaisanterie;  cp.  encore  les  sens  divers 
de  baguenaude  et  de  blague. 

BOUGE,  réduit  étroit  ;  it.  bolgia  et  vîr.boge, 
bouge,  sac  de  cuir;  directement  d'un  adj. 
latin  bulgia,  dérivé  de  bulga,  que  Festus  dé- 
signe comme  un  mot  gaulois  :  «  bulgas  Galli 
sacculos  scorteos  vocant  »  ;  en  effet,  l'on 
trouve  gaël.  builg,  et  anc.  irl.  bolc,  mais  on 
rencontre  aussi  en  vha.  le  subst.  bulga  (ce 
dernier  issu  du  verbe  belgan,  enfler).  Le  dimi- 
nutif bougette,  petit  sac,  a  donné  l'anc.  angl. 
bogette,  bougett,  transformé  dans  la  suite  en 
budget.  Sous  ce  costume  anglais,  le  mot  est 
revenu  en  France  avec  une  signification  pu- 
rement financière.  Pour  le  passage  du  sens 
de  bourse  à  celui  de  petit  réduit  attaché  au 
masc.  bouge,  il  ne  fait  pas  difficulté.  L'inter- 
médiaire est  celui  de  «  chose  qui  renferme  »»  ; 
en  it.  bulgia  signifie  à  la  fois  bourse  et  ca- 
veau. D'autre  part,  le  radical  exprimant  aussi 
enfler  (les  mots  celtiques  bolg,  bulg,  baig,  si- 
gnifient saccus,  pharctra,  venter,  pustula, 
follis),  on  comprend  la  valeur  secondaire  de 
bouge  :  la  partie  la  plus  bombée  du  tonneau. 

BOUGEOIR,  chandelier  portatif;  on  peut 
hésiter,  pour  l'étym.,  entre  bouger  et  boggie. 

BOUGER,  wallon  bogé,  angl,  budge,  prov.  bo- 
jar;  selon  Leibnitz  et  Frisch,  du  vha.  biugàn, 
ail.  mod.  beugeii  ou  bicgen,  fléchir;  selon 
Diez,  plutôt  de  la  forme  vha.  bogen,  nord. 
buga,  courber.  Cette  étymologie  cependant, 
observe  Diez,  perd  en  probabilité  par  la  com- 
paraison de  la  forme  provençale  correspon- 
dante, qui  est  bolegar  =  it.  bulicare  (la  forme 
prov.  bojar  parait  être  empruntée  au  fran- 
çais). Quant  à  bolegar  (à  Lyon  bouliguer),  dont 
bouger  se  déduit  très  régulièrement,  c'est  un 
dérivé  de  bulir,  bolir,  fr.  bouillir,  et  signifie 
propr.  être  en  ébullition,  fig.  ne  pas  rester 
en  place.  Le  portugais  dit  également  bulir 
dans  le  sens  de  bouger,  et  l'esp.  buTlir  dans 
celui  d'être  en  mouvement  continuel  (cp.  notre 
expression  :  bouillonner  d'impatience).  Che- 


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vallet  fait  venir,  bien  maladroitement,  bouger 
de  l'ail,  hewegent   mouvoir;   Ménage,    non 
moins  hardi,  pensait  &  l'ail,  wogen,  s'agiter. 
—  D.  bougeoir  (?),  boitgiUon, 
BOUGETTI!,  voy.  bouge, 
BOÏÏOIS,  it.   bugia,  esp.,  prov.  bogia,  de 
Bottgie,  ville  du  nord  de  l'Afrique  qui  four- 
nissait la  cire.  —  D.  bougeoir  (?),  bougillon. 
BOUGON,   d'où  bougonner t  gronder  entre 
ses  dents,   se  rattache  sans  doute  à  bueca, 
bouche,  comme  fourgon  kfurca\  cp.  une  ex- 
pression analogue  en  allemand  :  maulen,  de 
maul^  bouche. 

BOUOBAN,  vfr.  bouquerant,  it.  buckerame, 
cat.  bocaram,  prov.  bocaran,  boqueran,  ungl. 
buckratn,  tissu  fait  primitivement  de  poils  de 
chèvre,  ce  qui  a  donné  lieu  à  l'étjmologie 
bouc,  boc.  Schmeller  cependant  dérive  le  mot 
de  l'italien  bucherare,  trouer  (primitif  buca^ 
trou);  bougran  serait  ainsi  pr.  une  étoffe 
lâche,  à  mailles  peu  serrées,  roidie  ensuite  à 
la  colle.  D'après  Baist  (Ztschr.  V,  556),  bou- 
gran et  ses  correspondants  romans  seraient 
=  arabe  barcàn,  barracân  (d'où  aussi  ail. 
barchent,  futaine);  par  métathèse  bacaran; 
par  adaptation  à  bock,  angl.  buck,  fr.  bouc 
(cp.  boucassin),  bocaran,  etc.  —  G.  Paris  tire 
notre  mot  du  nom  de  Boukhara.  —  Les  dic- 
tionnaires présentent  encore  baracan  et  bou- 
racan  (v.  c.  m.),  espèce  de  tissu  de  laine. 

BOUGRE,  de  Buïgarus.  Les  Bulgares  ont 
fourni  ce  terme  d'injure  en  tant  qu'hérétiques 
manichéens.  Nicot  donne  à  ce  terme  la  valeur 
de  pœdico  et  Ménage  suppose  que  c'est  parce 
que  les  hérétiques  et  les  pédérastes  étaient 
passibles  de  la  mémo  peine,  —  D.  bougrerie; 
pour  rabougrir,  v.  c.  m. 

BOUGUIÈRE,  sorte  de  filet,  dér.  de  bogue 
(voy.  pi.  h.). 

BOUILLE,  voy.  l'art,  suivant. 
BOUILLIR,  du  L.  bullire  (rac.  buVa).  — 
D.  bouillon  (it.  boUone);  bouilli,  -ie,  -oire; 
ébouillir,  L.  ebullire,  ébiillition,  L.  ebullitio. 
I^  verbe  actif  bouiller,  mettre  en  agitation, 
d'où  bouille,  perche  pour  troubler  l'eau, 
parait  être  le  même  mot  que  bouillir;  de  là 
aussi  le  nom  de  l'instrument  pour  remuer  la 
chaux,  àiibouloir, 

BOUILLON,  dans  ses  diverses  acceptions, 
dérivé  de  bouillir,  jeter  des  bulles,  cuire.  — 
D.  bouillonner, 

BOUILLOTTE,  de  bouillir;  pr»  bouilloire, 
puis  le  nom  d'un  jeu  de  cartes  ;  les  diction- 
naires n'établissent  pas  le  rapport  entre  ces 
deux  significations;  quelqu'un  a  dit  que 
l'idée  qui  les  relie  est  celle  de  la  vitesse  avec 
Laquelle  le  jeu  de  la  bouillotte  se  joue.  J'at- 
tends confirmation. 

BOULAIE,  voy.  bouleau, 
BOULANGER,  BL.  bulengarius  ;  l'esp.  bollo, 
pain  au  lait,  et  l'it.  de  Côme  bulet,  espèce  de 
pain,  justifient  l'étymologie  de  Ducange,  qui 
fait  dériver  boulanger  de  boule;  la  filiation 
se  présente  ainsi  :  boule,  boulange  (en  Berry, 
s=  mélange  de  foin  et  de  paille  pour  la  nourri- 
ture des  bestiaux),  de  là  :  1 .  boulanger,  fai- 
seur de  boulanges  ou  pains  arrondis;  2.  verbe 


boulange^',  faire  les  boulanges.  —  Wedgwood 
(Rom.,  Vin,  436)  présente  une  autre  explica- 
tion du  mot.  Il  part  du  siv.  bolenge  (Walter 
de  Biblesworth)  »*  blutage,  lequel  aurait  la 
même  origine  que  le  néerl.  builen  (bluter), 
qui  est  contracté  de  buidelen.  Je  préférerais 
remonter  au  thème  bitl  debuletus',  buletelhim 
(fr.  bluteau),  buletare  (fr.  bluter),  oui  à  son 
tour  parait  être  transformé  de  bur  (voy.  Wu- 
ter, 

BOULE,  du  L.  buUa,  qui  est  également 
l'original  de  bulle  (v.  c.  m.).  Le  sens  primitif 
de  buUa  est  encore  attaché  au  pic.  boule  «» 
enflure,  et  au  verbe  bouler,  enfler  la  gorge 
(en  parlant  des  pigeons).  —  D.  boulet  (angl. 
bullet),  boulette,  bouleux,  boulin,  -ichs,  bou* 
Ion,  cheville  à  tête  ronde  ;  ébouler,  boulever- 
ser {boule  -f-  verser  =  retourner). 

BOULEAU,  dimin.  de  l'anc.  subst.  boule,  m. 
s.,  encore  employé  dans  les  patois  et  contracté 
de  béoule;  quant  à  ce  dernier,  il  vient  du 
L.  betulla,  m.  s.  Ce  mot  latin  est,  d'après 
Pline,  16, 18,  d'origine  gauloise;  on  en  trouve 
en  effet  la  racine  dans  l'irl.  et  l'écoss.  beith, 
bouleau.  —  D.  boulaie,  d'après  l'analogie 
de  saulaie,  aunaie,  etc. 

BOULEDOGUE,  de  Ys.n%\  bulldog ,  pr.  chien- 
taureau. 

BOULER,  enfler  son  jabot  (en  parlant  du 
pigeon),  voy.  boule, 

BOULEUX,  cheval  de  fatigue,  de  l'anc. 
verbe  bouler,  rouler  (de  boulé), 

BOULEVARD,  anc.  boulevert,  représente 
l'ail,  bollwei'k.  Ce  mot,  né  au  xv*  siècle,  avec 
la  valeur  de  «  défense,  rempart  »,  est  décom- 
posé par  les  uns  en  werk  (ouvrage)  et  vha. 
bolon  (lancerj,  donc  pr.  une  machine  à  lancer, 
un  engin  de  guerre,  puis  la  place  où  elle  est 
montée;-  —  par  les  autres  en  %joerh  -\-  bohle 
(ais,  planche),  donc  une  construction  en  plan- 
ches. Le  mot  est  devenu  l'angl.  bulwark,  le 
ni.  bolwerk;  l'it.  baluarto  et  l'esp.  baluarte 
sont  tirés  du  f rancis.  —  Voltaire  expliquait 
boulevart  de  boule  et  vert  :  place  verte  à  jouer 
aux  boules  !  —  Les  boulevards  sont  devenus 
des  promenades  après  avoir  été  des  terre- 
pleins  de  remparts. 

BOULEVERSER,  voy.  boule. 

BOULIMIE,  gr.  fiouU^aix  (faim  de  bœuf). 

BOULIN,  pot  de  terre  qui  sert  de  retraite 
aux  pigeons,  etc.  ;  de  boule,  à  cause  de  la 
forme  arrondie. 

BOULINE,  vfr.  bolinghe  (Jean  Lemaire  de 
Belges),  est  le  même  mot  que  dan.  bugline, 
corde  à  l'avant,  angl.  bowline,  boline,  cor- 
dage de  proue,  hoU.  boelijn,  ail.  boleine,  — 
D.  bouliner. 

BOULINGRIN,  de  l'angl.  bowling-green, 
gazon  où  l'on  joue  à  la  boule. 

BOULOIR,  voy.  bouillir. 

BOULON,  voy.  boule,  —  D.  boulonner. 

BOUQUE,  forme  picarde  p.  bouche  (ouver- 
ture) ;  de  là  les  termes  de  marine  embouquer, 
débouquer. 

BOUQUER,  1.  baiser,  baiser  de  force,  de 
bouque,  forme  picarde  de  bouche;  —  2.  se 
plier,  se  soumettre,   de  Tall.  bûcken,  néerl. 


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bi(k?ten,  plier,  courber.  —  Le  même  verbe, 
dans  sa  dernière  acception,  se  trouve  dans  le 
composé  reboucher,  fausser,  émousser  un 
dard  ou  autre  instrument  pointu,  pr.  le 
courber;  vfr.  rebuchier,  rebouquer,  Ûangl. 
rebuhe  est  le  même  mot  avec  une  acception 
détournée  :  censurer,  gronder. 

BOUQUET,  bosquet,  puis  assemblage  de 
fleurs,  variété  de  bosquet  (v.  c.  m.). 

BOUQUETIN,  écrit  par  Belon  boiic-estain ; 
de  l'ail,  steinbock,  bouc  des  rochers. 

BOUQUETTE,  blé  sarrasin,  du  flam.  boeh- 
weit,  m.  s.,  litt.  froment  de  hêtre,  à  cause  de 
la  forme  du  grain,  qui  ressemble  à  la  faîne. 
On  trouve  aussi,  avec  changement  de  termi- 
naison, bucail. 

1.  BOUQUIN,  voy.  bouc.  — D.  bouquiner. 

2.  BOUQUIN,  vieux  livre,  de  l'anc.  néerl. 
boeckin,  petit  livre  ;  le  suffixe  diminutif  néer- 
landais kin  se  trouve  encore  en  fiançais  dans 
mannequin,  brodequin,  vilebrequin,  etc.  — 
D.  bouquiner,  bouquiniste. 

BOURàGAN,  autrefois  baracan,  esp.  bar- 
ragan,  sorte  de  gros  camelot,  BL.  barraca- 
nus;  se  retrouve  dans  le  dan.  barcan,  angl. 
barrakan,  oW.berkan  et  barchetU;  de  l'arabe 
barrakàn,  vêtement,  qui  vient  du  persan 
barikana,  espèce  de  tissu  de  laine. 

BOURBE,  du  gr.  ^optopoi  ;  Tapocope  de  la 
terminaison  opoç  est  un  effet  naturel  de  l'ac- 
centuation. Il  est  probable  que  le  latin  vul- 
gaire a  également  eu  le  terme  borborus.  — 
Littré  a  recours  au  radical  celtique  berw  ou 
borv,  exprimant  bouillonnement.  —  D.  bour- 
beux, bourbier,  -illon,  -otte  (poisson),  verbes 
embourber,  débourber.  Voy.  aussi  barboter. 

BOURDE,  mensonge,  vfr.  bourdeur,  syn. 
de  menteur,  verbe  bourder  =«  garrire  (voc. 
d'Evreux).  Le  v.  flamand  avait  également 
boerde  ««  nugae.  En  picard  et  en  wallon,  un 
bourdeux  est  un  menteur.  L'ancienne  accep- 
tion de  réjouissance,  plaisanterie,  parle  en 
faveur  du  rapport  de  ce  mot^  avec  l'anc.  bou- 
horder,  jouter,  et,  par  extension,  s'amuser, 
folâtrer  La  langue  provençale  présente  déjà, 
pour  bouhourder,  behourder,  les  formes  con- 
tractes biordar,  bordir,  burdir,  avec  le  sens 
de  s'amuser,  et  les  subst.  biort,  bort,  jeu  che- 
valeresque. Les  mots  analogues  du  celtique 
ont  l'air  d'être  d'origine  romane.  Quant  & 
bouhourder,  on  n'est  pas  au  clair  sur  son 
origine;  Diez  voit  dans  hourd  l'ail.  hUrde, 
BL.  hourdum,  rouchi  hourd,  clôture,  et  dans 
bo,  bou  le  mot  bouter;  donc  jeter  la  lance 
contre  l'échafaudage  de  l'enceinte. 

B0URDI6UB  ou  bordigue,  espace  retranché 
avec  des  claies  pour  prendre  le  poisson  ;  du 
BL.  bordigula,  bordiculum,  prob.  un  dimin. 
de  borda,  borde",  hutte  (voy.  bord). 

1.  BOURDON,  long  bâton  de  pèlerin,  it. 
bordone,  esp.,  prov.  bordon;  métaphorique- 
ment tiré  du  L.  bwxlo,  bête  de  somme,  mulet. 
Covarruvias  cite  à  l'appui  de  cette  dérivation 
l'esp.  muleta,  qui  signifie  à  la  fois  mulet, 
soutien  et  béquille.  —  On  avait  aussi  anc. 
la  forme  simple  borde,  bourde  pour  bâton, 
béquille. 


2.  BOURDON,  tuyau  d'orgue,  puis  ton  de 
basse,  et  abeille  mâle.  La  signification 
«  tuyau  »  engage  Diez  à  rattacher  notre  mot 
à  bourdon,  long  bâton.  Il  faudrait  alors  con- 
sidérer le  gaél.  bûrdon  «=  bourdonnement, 
comme  un  emprunt  fait  au  roman.  Cette 
langue  employant  cependant  dans  le  même 
sens  aussi  durdon,  il  est  préférable  de  consi- 
dérer les  syllabes  burd,  durd  comme  des 
onomatopées,  et  la  signification  tuyau  d'orgue 
comme  découlant  du  bruit  exprimé  par  le 
mot. 

BOURO,  dans  le  principe  =  ville  défendue 
par  une  forteresse,  opposé  à  la  ville,  lieu 
ouvert;  it.  borgo,  esp.,  port,  burgo,  prov. 
bore  ;  du  latin  vulgaire  burgus  (Vegèce,  De 
re  milit.,  4,  10  :  Castellum  parvum,  quem 
burgum  vocant).  Il  n'est  pas  nécessaire  de 
déduire  directement  le  mot  bourg  des  langues 
germaniques,  où  il  se  rencontre  partout,  et 
qui  en  ont  aussi  le  primitif,  savoir  :  bei^gan, 
goth.  bairgan,  cacher,  protéger.  C'est  la 
langue  latine  rustique  qui  parait  l'avoir 
transmis  aux  langues  romanes.  Le  grec 
Ttùpyoi  est  de  la  même  famille.  —  De  burgus 
dérive  l'adj.  burgensis,  d'où  it.  borgese,  esp. 
burges,  fr,  bourgeois.  Diez  suppose  néan- 
moins dans  les  formes  borghese,  port,  bur- 
guez,  prov.  borgues,  vfr.  borgois,  toutes 
formes  où  le  ^  a  le  son  guttural,  une  influence 
directe  du  germanique  burg.  —  D.  bourgade. 
Le  mot  bourgmestre  est  un  composé  de  bourg 
et  du  néerl.  meester,  maître,  chef;  latinisé 
par  burgimagister,  l'ail.  bUrgermeister  est 
=  maître  des  bourgeois. 

BOURGEOIS,  voy.  bourg.  —  D.  bourgeoisie. 

BOURGEON,  angl.  burgeon,  vfr.  bourion, 
burjon.  Diez  trouve  une  dérivation  du  vha. 
burjan,  lever,  parfaitement  acceptable  au 
point  de  vue  des  lois  grammaticales;  bour- 
geon  désignerait  donc  quelque  chose  qui  lève, 
qui  pousse.  Bourgeon  s'appliquait  primitive- 
ment à  la  vigne  et  traduisait  dans  les  glos- 
saires L.  botrus;  je  le  ramène  donc  au  BL. 
botrionem.  —  D.  bourgeonner;  débourgeon- 
ner, ôter  les  bourgeons. 

ROUBLE,  voy.  s.  bourre. 

BOURGMESTRE,  voy.  bourg. 

BOURNOUS,  mot  arabe  :  bomos,  vêtement 
à  capuchon,  esp.  albomoz. 

BOURRACHE,  it.  borraggine  (contracté  bor- 
rana),  esp.  borraja,  prov.  borrage,  ail.  bor- 
retsch,  latin  mod.  borrago,  -inis.  Diez  tire  le 
mot  du  radical  burra,  à  cause  des  feuilles 
hérissées  de  poils. 

BOURRAS,  voy.  bourre. 

BOURRASQUE,  de  Fit.  burrasca,  esp., 
port.,  prov.  borrasca\  selon  Diez,  de  borea 
ou  bora  (forme  particulière  â  quelques  dia- 
lectes), vent  du  nord  (du  L.  borea^)\  c'est 
ainsi  que  de  l'esp.  nieoe,  neige,  s'est  formé 
nevasca,  une  tombée  de  neige.  Le  redouble- 
ment de  Vr  n'a  rien  de  gênant  pour  cette 
étymologie. 

BOUâtE,  it.,  esp.,  prov.  borra,  pr.  flocon 
de  laine,  etc.,  du  L.  burra,  m.  s.,  singulier 
inusité  de  burrœ,  niaiseries,  fodaises;  le  sin- 


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gniier  présente  le  sens  propre,  le  pluriel  le 
sens  métaphorique.  La  même  métaphore  se 
rencontre  dans  le  latin  florciis,  qui  signifie 
flocon  de  laine,  poil  d'une  étoffe,  et  bagatelle. 
—  D.  bourras,  houras,  étoffe  grossière,  prov, 
borras  ;  bourrer,  d*où  débourrer,  ébourrer, 
embourrer,  rembourrer;  bouturée;  bourrade; 
bourru,  grossier  (cp.  angl.  boi*reI,  homme 
grossier);  prov.  borreJ,  vfr.  bourrel  =  bour- 
relet, d'où  bourreler,  bourrelet  ou  bourlet. 
Peut-être  faut- il  rattacher  ici  le  mot  rebours 
(v.  cm.)  dans  le  sens  de  revêche,  BL.  rebur- 
rus.  Voir  aussi  brosse.  —  Le  dim.  burrula 
a  donné  Tanc.  fr.  bourle,  attrape,  tromperie. 

BOURRSâU,  prov.  boreJ,  Â  la  lettre,  bour- 
reau correspond  à  angl.  borrel,  homme  rude, 
grossier  (voy.  bourre).  Le  sens  du  mot  fran- 
çais pourrait  bien  s'en  être  dégagé.  Ménage 
aventure  Tidée  d'une  contraction  de  bouche- 
reau.  D'après  Diez,  borel  se  déduit  facilement 
de  rit.  bqja  (wall.  boie),  qui  a  la  même  signi- 
cation,  au  moyen  du  double  suffixe  ei^-elî, 
dont  la  langue  française  présente  tant 
d'exemples  (cfr.  mât,  màtereau)  ;  le  mot  cor- 
respondrait  donc  à  une  forme  italienne  hypo- 
thétique bqjarello.  Nous  rapportons  pour  ce 
qu'elle  vaut  l'observation  de  Dochez  :  De  Borel, 
possesseur  du  fief  de  Bellecombe  en  1261,  à 
charge  de  pendre  les  voleurs  du  canton.  (Littré 
observe  que  ce  nom  propre  pourrait  bien  être 
un  surnom,  donné  d'après  les  fonctions.)  — 
Quant  ait.  boja,  bourreau,  il  parait  identique 
avec  bqja,  carcan. 

BOURRILSR,  ET,  voy.  bour^^e. 

BOïïRRIGHIi,  espèce  de  panier  oblong  (pour 
gibier,  poisson,  etc.);  Ménage  rapporte  le  mot 
à  bourre,  à  cause  de  la  bourre,  foin  ou  paille, 
dont  on  garnit  les  bourriches  ;  j'aimerais  tout 
autant  une  étymol.  burricius,  de  burricus, 
bourrique  ;  donc  pr.  panier  de  marché,  porté 
par  des  ânes. 

BOURRIQUE,  esp.  borrico,  it.  brico,  du  L. 
burricus  (Isidore  :  Equus  brevior  quem  vulgo 
buricum  vocantj.  Quant  à  burricus,  les  uns 
le  font  venir,  à  cause  de  la  peau  velue  de  l'âne, 
de  burra,  flocon  de  laine  (l'esp.  et  le  port, 
disent  aussi  burro  pour  âne,  et  dans  le  Berri- 
chon l'ânon  est  appelé  bourru);  d'autres,  de 
burrus,  rougeâtre.  —  D.  bourriquet. 

BOURRU,  voy.  bourre. 

BOURSE,  it,,  prov.  borsa,  esp.,  port. ôofea; 
du  BL.  byrsa,  bursa,  qui  est  le  gr.  ^upsa, 
peau,  cuir.  —  D.  boursier;  boursiller;  bour- 
sicot  (mot  populaire,  d'où  boursicoter),  débour- 
ser, débours;  embourser*,  rembourser.  Quant 
au  mot  bourse,  en  tai^t  qu'il  signifie  lieu  de 
réunion  des  banquiers,  agents  de  change,  etc. , 
Guichardin  en  établit  l'étymologie  qui  suit  : 
La  première  place  qui  correspond  à  ce  que  Ton 
appelle  bourse  aurait  été  celle  de  Bruges 
(xiv«  siècle);  c'était  l'hôtel  d'une  famille  pa- 
tricienne appelée  Van  den  Beurse  (fr.  de  la 
Bourse),  dont  les  armes  sculptées  qui  surmon- 
taient la  porte  et  qui  se  composaient  de  trois 
bourses  auraient  donné  le  nom  à  tous  les 
bâtiments  de  l'espèce.  Ce  qui  rend  cette  expli- 
cation de  bourse  ea  forum  mercatorum  plus 


que  suspecte  et  ce  qui  oblige  â  donner  raison 
â  ceux  qui  déduisent  cette  valeur  du  BL.  bursa 
=s  sac  de  cuir,  bourse,  c'est  que,  dès  avant  le 
XIV*  siècle,  le  mot  latin  fitnda,  bourse,  a 
signifié  «  locus  publicus  ubi  conveniunt  mer- 
catores  de  rébus  suis  et  commerciis  acturi  »• 
(voy.  DC).  Voy.  aussi,  dans  Godefroy,  l'art. 
fonde  «a  lieu  de  réunion  des  commerçants. 

BOURSOUFLER,  selon  Diez,  pour  boud- 
souffler,  analogue  au  prov.  mod.  boud-cnflà, 
boudouflà,  boudifla,  gonfler.  Quant  â  l'élé- 
ment bod,  boud,  voy.  sous  bouder.  Toutefois, 
Diez  ne  rejette  pas  absolument  l'étymologie 
bour se-en fier,  et  cite  même  l'expression  wa- 
laque  bos-unfla.  Grandgagnage  explique  le 
mot  par  boule-sou ffler,  souffler  en  boule; 
Littré  par  «  souffler  en  bourse  »,  en  citant 
l'anc.  fr.  bourser,  enfler. 

BOUSCULER,  altéré  du  vfr.  bouteculer,  qui 
vient  de  bouter  et  cul. 

BOUSE,  prov.  boza,  buza,  d'origine  dou- 
teuse. On  trouve  dans  l'anc.  langue  bouasse, 
bouace  (cfr  le  grison  botatscha,  dial.  de  Côme 
boascia,  de  Parme  bouzsa,  avec  la  même 
signification),  mais  il  n'est  guère  permis  de 
voir  dans  bouse  une  contraction  de  bouasse, 
dérivé  de  bos,  bœuf;  les  mots  bretons  beiïzél, 
bousel,  bouzil  ont  l'air  d'être  tirés  du  fran- 
çais. Frisch  rappelle  l'ail.  biUse,  monceau, 
employé  en  effet  pour  la  morve,  et,  comme  dit 
Grimm,  pour  «  quidquid  emungitur  ».  —  Si 
bouCy  comme  je  le  pense,  vient  d'un  radical 
bat,  bod,  les  formes  bosa,  bouse  pourraient 
bien  n'en  être  qu'une  variété  (en  prov., 5^  pour 
d  est  tout  à  fait  normal),  mais  l'objection  qu'on 
fait  à  cette  étymol.  (voy.  Van  Hamel,  Gloss. 
du  Reclus  de  Moliens),  c'est  que  boue  avait 
primitivement  l'o  ouvert.  —  Le  plus  ancien 
exemple  du  mot  est  dans  le  Miserere  du 
Reclus  de  Moliens  (xii^  siècle)  : 

Ki  de  tel  viche  est  embousés, 
Se  devant  mort  n'est  desbousés, 
Il  muerl  corne  bues  en  se  bouse. 

D.  bouser,  bousiller;  bousin,  tourbe  de 
mauvaise  qualité,  croûte  terreuse  et  friable 
(de  là  ébousiner). 

BOUSINOOT,  chapeau  de  marin,  dér.  de 
l'angl  bowsing,  cabaret  de  matelots. 

BOUSSOLE,  de  l'it  bossolo,  voy.  buis. 

BOUT,  ôo<*,subst.  verbal  de  bouter,  pousser, 
repousser;  donc  chose  en  relief,  en  saillie, 
puis  pointe,  extrémité.  —  D.  debout  (v.  c.  m.),. 
aboutir,  emboutir. 

BOUTADE,  forme  étrangère  p.  boutée  (pous- 
sée), de  bouter,  heurter.  Corneille  a  le  mot 
dans  le  sens  de  jet  d'inspiration  :  «  pousser  um 
sonnet  par  boutade,  sans  lever  la  plume.  • 

B0UTAR6UB,  sorte  de  mets,  it.  bottagra, 
esp.  botagra.  de  l'arabe  boutarha,  m.  s. 

BOUTE,  variété  de  boUe,  tonneau. 

BOUTEILLE,  voy.  boUe  2.  ~  D.  boutillier, 
angl.  butler. 

BOUTER,  pousser,  heurter,  frapper,  mettre 
en  poussant,  dumha.  bôzen,  heurter,  frapper, 
ou  plutôt  d'une  forme  antérieure  bautan, 
botan.  —  D.  bouton  (v.c.m.);  boutade  (v.c  m.); 


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bouture,  branche  boutée  en  terre;  boutoir, 
-eroUe  ;  suhsi.  verbal  bout  (v.  c.  m.),  botte, 
coup  (v.  c.  m.);  composés  boutefeu,  boute-en- 
train, boute-hors,  boute-selle;  verbe  composé 
débouter,  repousser. 

BOUTIQUS,  voy.  apothicaire. 

BOUTON,  it.  bottone,  prov.  et  esp.  boton, 
pr.  chose  qui  repousse,  qui  fait  relief;  de  bout 
ou  de  bouter,  —  D.  boutonner,  déboutonner. 

BOUTURE,  voy.  boutei\  —  D.  bouturer. 

BOUVEAU,  -ERIE,  -ILLON,  -1ER,  tous  déri- 
vés  de  bœuf. 

BOUVREUIL,  aussi  bouveret,  bouvron,  pr. 
M  le  petit  bouvier  •,  parce  qu'il  suit  le  labou- 
reur qui  promène  sa  charrue  dans  son  champ, 
afin  de  se  nourrir  des  vers  ou  des  graines  qui 
sont  mis  au  jour  ;  il  passe  même  pour  pincer 
les  bœufs  et  les  aiguillonner  ainsi  à  sa  façon 
(G.  Paris).  Cp.  les  expressions  analogues  ail. 
bullenbeisser  (mordeur  de  taureaux),  angl. 
bulfinh  /pinson  des  taureaux). 

BOVIN,  voy.  boeuf. 

BOXER,  de  l'angl.  box,  m.  s. 

BOYAU,  vfr.  boël,  it.  budello,  du  L.  boteUus, 
petit  boudin  (Martial);  la  signification  actuelle 
de  boyau  était  propre  au  mot  botellu^  dès  les 
premiers  temps  du  moyen  âge  :  L.  Angl.  : 
«  Si  intestina  vel  botelli  perforati  claudi  non 
potuerint  ».  Voy.  aussi  boudin  sous  bouder. 
—  D.  boyaudier. 

BRACELET,  dim.  do  vfr.  bracel,  braçhel 
(Vie  de  saint  Eloi,  26*>),  anneau  de  bras;  cp. 
lat.  brachile,  cingulum. 

BRACHIAL,  L.  6racA ta/f>(brachium,  bras). 

BRACONNER,  voy.  braque. 
,  BRAGUER,  mener  grand  train,  faire  l'élé- 
gant, fanfaronner  ;  mot  germanique  :  nord. 
braka,  faire  du  bruit,  parader.  L'angl.  brag 
parait  emprunté  du  fr.  —  D.  bragard,  vani- 
teux. —  Cp.  aussi  le  wallon  brâkeler,  habler. 

1 .  BRAI,  suc  résineux,  goudron,  anc.  fange, 
it.  brago,  prov.  braxt,  fange;  Ménage  propose 
le  gr.  i^pxyoi,  marais  (Hesyche);  d'autres,  le 
nord,  brâk,  goudron.  —  D.  brayer.  —  Le 
mot  braye,  fange,  boue,  terre  grasse,  est  la 
forme  féminine  de  brai. 

2.  BRAI,  escourgeon,  orge  broyée  pour  la 
bière,  vfr.  brais;  du  gaulois  latinisé  brace, 
espèce  de  blé  (voy.  brasser). 

BRAIE,  anc.  culotte,  auj.  lange  d'enfant,  it. 
braca,  esp.,  port,  braga,  prov.  braya,  du  L. 
braca,  désigné  par  les  auteurs  comme  mot 
gaulois  (breton  bi'agez).  —  D.  brayette;  vfr. 
braiel,  ceinture  placée  au-dessus  des  braies, 
d'où  le  verbe  fr.  débraîUer,  pr.  lâcher  la  cein- 
ture qui  retient  les  vêtements  ;  brayer,  prov. 
braguier,  ceinture,  bandage. 

BRAIL,  piège,  voy.  brayon. 

BRAILLER,  voy.  braire.  —  D.  braillard. 

BRAIRE,  signifiait  d'abord  crier  en  général 
(de  là  le  subst.  partie,  brait*,  auj.  braiment), 
prov.  braire;  cp.  BL.  bragire.  L'analogie  de 
bruire,  formé  de  rugire  avec  b  initial  addi- 
tionnel, engage  à  voir  dans  braire  le  verbe 
raire  (v.  c.  m  )  augmenté  d'un  b.  On  a  aussi 
rattaché  ce  mot  au  gaél.^cï^ain,  crier,  cymr. 
bragal,  faire  du  bruit,  vociférer.  De  la  forme 


participiale  brait  viennent  prov.  braidar, 
port,  bradar,  et  l'adj.  prov.  braidiu,  vfr. 
braidif,  pr.  hennissant,  puis  ardent,  fou- 
gueux. De  braire  vient  brailler  (cfr.  criailler 
de  crier,  piailler  de  pier  (inus.)  =  li.piare).  — 
La  forme  fr.  braire  appelle,  selon  la  r^le, 
un  type  latin  immédiat  bragère. 

BRAISE,  it.  bi'agia,  brascia,  brada,  esp., 
prov.  brasa,  port,  brasa,  flam.  brase,  BL. 
brasa  ;  ainsi  que  le  verbe  braser,  anc.  brûler, 
auj.  souder,  du  nord,  brasa,  souder,  suéd. 
brasa,  flamber.  Cfr.  en  dial.  de  Milan  brascà, 
allumer.  —  D.  braiser,  braisier,  -ière;  bra- 
sier, brasiller;  embraser,  vfr.  esbraseï*. 

BRAMER,  crier,  it.  Iramare,  désirer 
ardemment  (pour  ce  transport  d'idée,  cfr.  le 
passage  de  Festus  :  Latrare  Ennius  pro  poscere 
posuit),  du  vha.  breman,  néerl.  bremmen, 
mugir,  qui  répond  au  gr.  ^pifitiv, 

BRAN,  excrément,  ordure,  déchet,  son, 
dial.  ital.  breymo,  vieux  fr.,  prov.  et  vieux  esp. 
bren.  Mot  celtique  :  gaél.  bran,  cymr.  bran, 
bret.  brenn,  angl.  bran,  son.  —  D.  breneux, 
ébrener,  embrener, 

BRANCARD,  voy.  bramhe. 

BRANCHE,  it.,prov.,  v.  esp.  branca,  prov, 
aussi  branc,  BL.  branca,  angl.  branch.  Une 
dérivation  directe  de  brachium  est  inadmis- 
sible ;  il  faudrait  pour  cela  une  forme  latine 
brancia.  Diez  croit  que  le  mot  branca  appar- 
tient au  fond  de  la  langue  vulgaire  latine,  et 
allègue  des  raisons  à  cet  égard.  Il  admet 
toutefois  la  parenté  do  ce  mot  rustique  avec 
l'anc.  gaél.  brac,  corn.  ln*ech,  cymr.  breich, 
bras  (bret.  brank  «»  branche).  —  D.  branchu, 
brancher;  ébrancher,  embrancher;  brancard, 
litière  à  branches.  —  Depuis  que  Diez  postu- 
lait un  mot  latin  branca,  ce  dernier  a  été 
dûment  constaté  dans  les  Gromatiques  avec 
la  valeur  de  «  grifle,  ongle  »  (branca  lupi, 
ursi),  qui  se  déduit  naturellement  du  sens 
branche.  —  Neumann  (Ztschr.,  V,  386),  se 
fondant  sur  l'ail.  jtiDeig  (branche),  qui  est  un 
dérivé  de  stoei,  deux,  à  cause  de  l'idée  de 
bifurcation,  propose  pour  lat.  bi'anca  l'étym. 
bi-ramica  (bis  -|-  ramus). 

BRANCHIES,  gr.  ySpifcyxtx. 

BRANDE,  sorte  de  bruyère,  broussaille; 
sans  doute  de  l'ail,  brand  (combustion),  au 
sens  de  L.  novale  :  «  ubi  sylva  eradicata  et 
ligna  inutilia  combusta  sunt  » .  — Vfr.  àrandoi, 
champ  de  bruyères. 

BRANDADE,  du  prov.  brandar,  remuer, 
agiter,  à  cause  que  la  morue  «  en  brandade  • 
doit  être  agitée  pendant  tout  le  temps  de  la 
cuisson. 

BRANDEBOURG,  nom  tiré  des  casaques  que 
portaient  les  gens  de  l'électeur  de  Brande- 
bourg lors  d'une  invasion  en  France  en  1674. 

BRANDEVIN,  francisation  de  l'ail,  brant- 
wein,  eau-de-vie  (pr.  vin  brûlé). 

BRANDIR,  angl.  brandish,  prov  brandar, 
d'abord  agiter  l'épée,  puis  agit«r  en  général, 
du  vfr.  brant,  branc,  bran,  lame  de  l'épée  (it. 
brando,  prov.  bran)^  tjui  vient  lui-même  du 
vha.  brant,  tison,  nord,  bratuir,  glaive  ;  pour 
le  rapport  des  idées,  Diez  rappelle  Xe  nom 


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d'épée  e^.  Tizon,  —  D.  les  dimin.  bran- 
diller  et  branler  (angl.  brandie  et  brandie), 
contraction  de  vfr.  brandeler,  it.  brandolare. 

BRANDON,  proT.  brandô,  esp.  blandon^ 
du  vha.  brant,  tison  (rac.  brinnan,  ail.  mod. 
brennen,  brûler). 

BRANLER,  voy.  brandir,  —  D.  branle, 
brankdre,  branle-bas,  ébranler.  —  Je  ne  cite 
que  pour  mémoire  l'explication  du  mot  bran- 
ler par  un  type  latin  imaginaire  mbrantulare, 
qu'a  mise  en  avant  M.  Boehmer. 

BRAQUB,  broche ,  chien  de  chasse,  fig. 
étourdi,  dér.  bracon;  du  vha.  braccho,  aU. 
broche,  m.  s.  —  De  bracon  vient  braconnier, 
dont  la  première  signification  était  «  cui  brac- 
conum  cura  est  »,  c.-à-d.  piqueur  conduisant 
les  limiers,  opposé  au  fauconnier.  De  braco^i- 
nier,  dans  sa  signification  moderne,  s'est 
dégagé  le  verbe  braconner, 

BRAQUEHART,  épée  courte  et  large  ;  éty- 
mologie  incertaine  ;  Roquefort  y  a  vu  le  gr. 
^pax«»«  .«*«x**P«»  courte  épée  (étymologie  de 
fantaisie).  Braque,  sabre,  épée,  existe  en  vfr. 
et  dans  les  patois  (Grandgagnage  rapproche 
le  dim,  bavarois  brOchzen,  sorte  de  serpe,  et 
par  mépris,  épée),  mais  que  faire  de  l'élément 
martf 

BRAQUER,  plier  au  point  voulu,  pointer; 
d'après  Diez,  du  nord,  braha,  fléchir,  assu- 
jettir. 

BRAQUES,  pinces  d'une  écrevisse,  forme 
picarde  du  vfr.  brace;  du  lat.  brachium, 
bras. 

BRAS,  vfr.  brace  (brace  levée.  Chanson 
d'Antioche),  it.  braccio,  esp.  brazo;  du  L. 
brachium.  Dans  le  dial.  picard,  à  l'accus. 
sing.  et  au  nom.  plur.,  brac,  brach,  brace; 
Ys  daas  bras  n'est  pas  plus  la  flexion  du  no- 
minatif que  dans  sas  ^^  setacium  ;  achium  y  est 
traité  comme  acium,  tandis  que  la  forme  pi- 
carde brac  a  sauvé  le  son  guttural  primitif. 
—  Du  plur.  brachia  vient  le  nom  de  mesure 
brasse  (v.  c.  m.),  prov.  brassa,  esp., port. 
brasa,  longueur  des  deux  bras  étendus  (d'où 
brassiage).  Dérivés  de  bras  ou  brace  :  brace- 
let, brassard,  brassée;  embrasser,  rebrasser 
(ses  manches)  =  retrousser. 

BRASSR,  BRASIER,  BRASILLER,  voy. 
braise. 

BRASSE,  nom  de  mesure,  du  L.  brachia 
(v.  brcLs),  ou  plutôt  le  subst.  du  vfr.  braiser, 
mesurer  avec  les  bras  (on  trouve  aussi  bras- 
seier  =  prov.  bi'aciar). 

BRASSER,  bracer*  (wallon  brèser),  BL. 
braciare,  braxare,  brassare;  dér.  du  subst. 
vfr.  braz,  breij,  brés,  malt,  blé  préparé  pour 
faire  de  la  bière  (grain  torréfié  après  l'avoir 
fait  germer),  BL.  bracium;  mot  gaulois 
r Pline,  XVIII,  11,  12,  4,  cite  le  mot  brace 
comme  une  espèce  de  blé  gaulois,  dont  on 
préparait  de  la  bière)  ;  gaél.  braich,  brocha, 
oom.  bràg,  anc.  wallon  braz  (auj.  ftr^),  grain 
fermenté.  Il  y  a  probablement  communauté 
d'origine  entre  le  celtique  brace  et  le  germa- 
nique brauen  =  coquere,  angl.  brew,  flam. 
brotiwen  (voy.  Grimm,  v«  brauen),  —  D. 
brasseur,  -erie,  brassin. 


BRAVE,  it.,  esp.,  port,  braxx),  prov.  brau 
(fém.  brava),  La  plus  ancienne  signification 
de  cet  a^ectif  est  sauvage,  dur,  fougueux  (BL. 
bravus  bos)  ;  le  mot  français,  resté  étranger  à 
ce  sens  primitif,  parait  être  tiré  directement 
de  l'it.  ou  de  l'espagnol  ;  il  manque  du  reste  à 
l'ancienne  langue,  où,  comme  le  remarque 
Diez,  il  se  serait  produit  sous  1^  forme  brou. 
Et  cette  forme  se  présente  en  efiet  avec  l'ac- 
ception primitive  dans  les  verbes  s'ébrouer, 
s'eflfrayer  (en  parlant  du  cheval),  et  rabrouer, 
repousser  avec  rudesse.  Elle  découle  de  brau, 
forme  provençale,  comme  clouer  de  clau.  — 
L'étymologie  de  bravo  est  encore  douteuse.  On 
a  proposé  diverses  dérivations  :  celles  du  L. 
pravus,  du  cymr.  brato,  terreur,  et  du  vha. 
rau),  cru,  rude.  Diez,  penche  pour  la  der- 
nière; pour  le  sens,  il  pense  que  de  raw  pou- 
vaient, tout  aussi  bien  que  du  L.  crudus,  se 
dégager  les  significations  «  indomptable, 
sauvage,  rude,  vaillant  »,  et  quant  à  la  forme, 
il  rappelle  bruire  de  rugire,  braire  de  raire, 
brusco  de  ruscum.  Au  lieu  de  l'ail,  ravo, 
Langensiepen  préfère  le  L.  ravus,  rauque 
(Festus;  Sidoine  Apollinaire).  Cette  .origine 
s'accorderait  mieux  avec  le  sens  de  s'ébrouer, 
rabrouer,  esp.  braviar,  mugir.  Pour  la  pros- 
thèse  du  b,  il  rappelle  celle  d'un  f  dans  rau- 
eus,  devenu  fraucus,  flaucus,  puis  it.  fioco, 
rauque.  —  En  dernier  lieu,  et  par  la  même 
méthode,  Storm  propose  (Rom.,  V,  170),pour 
source  de  bravo,  L,  rabidus,  avec  un  b  pros- 
thétique,  d'où  découleraient  à  la  fois  réguliè- 
rement les  formes  brade  (taureau)  et  bravo. 
En  efiet,  le  sens  premier  doit  avoir  été  «  sau- 
vage, indomptable  » .  —  Quant  au  mot  brave 
signifiant  magnifique,  beau,  paré,  on  le  trouve 
avec  le  même  sens  dans  les  idiomes  celtiques 
et  dans  l'anc.  anglais;  cette  acception  est-elle 
déduite  de  celle  de  vaillant,  noble,  ou  se  rap- 
porte-t-elle  à  un  autre  primitif?  La  question 
reste  ouverte.  —  L'emploi  du  mot  allemand 
brav  ne  parait  pas  remonter,  selon  Grimm, 
au  delà  de  la  guerre  de  Trente  Ans.  Brink- 
mann  (Metaphern,  pp.  443-51)  a  con.sacré  an 
mot  roman  brave  et  à  ses  nombreuses  appli 
cations  une  étude  pleine  d'int/^rèt  ;  à  son  avis, 
toutes  les  significations  remontent  à  l'expr,  v.it. 
unde  brave  (vagues  battues  par  la  tempjte  ou 
battant  contre  le  rivage),  ce  qui  lui  fait  poser 
comme  origine  du  mot  l'adj.  goth.  blagg- 
vus,  supposé  par  Grimm  et  Diefenbacb  comme 
la  base  du  verbe  bliggvan,  frapper.  —  D. 
braver,  bravade  (it.  bravataj,  bravcrie,  bra- 
voure (de  l'it.  bravura),  brax>ache  (it.  braoac- 
cio).  Sont  pris  aux  Italiens  le  subst.  bravo 
(pi.  brojot),  assassin  à  gages,  et  les  interjec- 
tions bravo,  bravissimo. 

BRATE.  voy.  brai. 

BRAYBR,  -ETTE.  voy.  braie. 

BRAYON,  piège,  vfr.  broion,  dér.  du  vfr. 
bret,  broi,  piège  d'oiseau.  Ce  dernier  corres- 
pond à  l'it.,  esp.,  y^ori.,brele,  prov.  brec,  bret, 
m.  s.  Le  mot  brail,  piège,  parait  être  un  dé- 
rivé de  bretet  répondre  A  un  typebretaculum, 
d'où  bre-ail,  puis  brail.  On  trouve  aussi  avec 
la  même  valeur,  bril  (Watriquet  de  Couvin, 


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•p.  249),  d'où  le  dim.  brillet\  et  le  verbe 
briller  (Cotgrave  :  hreller),  faire  la  chasse,  pr. 
mettre  des  pièges  (cp.  le  néerl.  briîlen,  sur- 
prendre, tromper)  ;  ce  brilt  s'il  ne  vient  pas 
du  néerl.  brillen  et  que  celui-ci  n'est  pas  plu- 
tôt tiré  du  fr.,  je  lui  dormerais  pour  type  bre- 
ticulus,  d'où  breïl,  bril  (cp.  ffril  de  crcUi- 
culus).  Quant  au  radical  bret,  j'y  vois  l'ail. 
bret,  planche,  qui,  d'après  Grimm,  s'emploie 
aussi  pour  trappe.  Mabn  établit  pour  bret^ 
piège,  qu'il  interprète  plutôt  par  lacet  que 
par  trappe,  l'étym.  brettan,  verbe  vha  signi- 
fiant serrer  (cps.  g&'brettan,  contexere),  ags. 
bredan,  tresser.  D  peut  avoir  raison.  Bret, 
selon  lui  et  Diez,  serait  aussi  le  primitif  de 
bretelle, 

BREANT,  autre  forme  de  bruant. 
BREBIS,  prov.  berbitz^  vfr.  et  pic  berbis, 
it.  bcrbice,  BL.  berbix,  du  L.  berbex,  forme 
vulgaire  employée  par  Pétrone  au  lieu  de 
vervex,  bélier.  Du  dérivé  berbicarius  s'est 
produit  par  contraction  le  fr.  bercer.  Un  type 
latin  bei'bicale  a  donné  bei^cail;  l'anc.  bet'cil, 
même  sign.,  suppose  un  \iv\ia\ûf  berbicile. 

BRÈCHE,  it.  breccitty  angl.  breach.  Ce  mot 
doit  être  le  vha.  brecha^  action  de  rompre 
(ail.  mod.  brechen,  rompre).  Les  Allemands 
ont  repris  le  fr.  brèche  sous  la  forme  bresche. 
On  allègue  cependant  aussi  comme  primitif 
le  cymr.  brég,  rupture. —  D.  ébrecher. —  Le 
mha.  brëchely  rompeur,  catapulte,  pourrait 
avoir  fourni  it.  briccola,  esp.  brigola^  fr.  bri- 
cole ^  machine  à  lancer  des  pierres. 

BRECHET,  vfr.  bruscJiet,  brich&,  angl. 
brisket;  du  cymr.  brysced,  bret.  brusck,  bru- 
ched,  poitrine  d'un  animal,  estomac. 

BREDI-BREDA,  expression  familière  et  ono- 
matopéique,  qui  a  peut-être  donné  naissance 
au  mot  moderne  bredouiller, 

BREDOUILLER,  d'après  Diez  du  vfr.  h-ai- 
dir,  bredir^  prov.  braidir^  hennir  (voir  sous 
braire).  Ménage,  par  le  procédé  qu'il  a  inventé, 
établit  le  L.  blœsiis,  bègue,  comme  primitif 
de  bredouiller!  Dochez  montre  encore  plus  de 
sagacité  en  disant  :  du  celtique  broë,  verbiage 
ou  broiement  de  paroles!  —  Bredouiller signï- 
fiant  parler  d'une  manière  confuse  ou  préci- 
pitée, on  est  tenté  de  rapprocher  ce  vocable 
des  formes  ail.  brodein,  brudcln^  bradehi, 
qui  expriment  la  même  chose.  Le  français 
aime  la  terminaison  ouiller  dans  les  verbes 
exprimant  une  succession  rapide  de  sons  ou 
de  mouvements,  cp.  gazouilUr^  chatouillc7\ 
popul.  cafouiller,  fafouilîei\  tàtuuiller.  — 
Ajoutons  encore  une  dernière  conjecture.  Bre- 
douiller pouirait  aussi,  par  sa  racine,  tenir  du 
prov.  brcts  (Faidit)  =»  homo  linguse  impc- 
ditsB,  d'où  verbe  b^'etoneiar  =  loqui  impedite 
(la  leçon  du  texte  «  impetuose  »  est,  selon 
G.  Paris,  une  erreur  du  scribe).—  Il  est  utile 
de  noter  que  les  patois  du  nord  ont  berdele7\ 
gronder  entre  ses  dente,  en  picard  bertonner, 
et  qu'on  dit  aussi  en  vfr.  bredaler  pour  le 
bruit  du  fuseau  d'un  rouet.  Cp.  aussi  berda- 
cher  (patois  de  Mons),  barboter,  et  berdouille, 
boue.  Voy.  aussi  l'art,  préc. 


BREF.  BRifVE,  a^., aussi  avec  IVdiphthon- 
gué  brief,  brièoe,  du  L.  breois.  Le  neutre  latin 
breoe,  ayant  pris  au  moyen  âge  le  sens  d'écrit 
officiel,  a  donné  lesubst.  bref  (M.  brief  lettre), 
d'où  brevet,  —  Lat.  brevitas,  briAvete;  abbre- 
viare,  abréger  (voy.  ce  mot);  breviarium  (litt. 
abrégé),  bréviaire. 

BRÉGUET,  d'après  le  nom  d'un  manufactu- 
rier né  à  Neuchâtel  en  1747,  mort  à  Paris 
en  1823. 

BREHAIQNE,  stérile;  autres  formes  :  barai- 
gne,  wall.  brouhagne,  dial.  de  Metz  bereigne, 
pic.  breine,  anc.  angl.  barragiui,  angl.  mod. 
barren,  Diez  propose  l'étymologie  ftar,  homme 
opposé  à  la  femme  (voy.  baron);  une  baraigne 
serait  ainsi  une  femme-homme,  une  hom- 
masse;  comparez  esp.  machorra,  femme  sté- 
rile, de  macho,  mâle,  prov.  toriga,  de  taur, 
taureau.  D'ordinaire,  on  rattache  le  mot  au 
bret.  brec'han,  mais  ce  mot  fait  défaut  aux 
autres  dialectes  celtiques  et  parait  être  d'ori- 
gine romane.  Nous  rattacherions  volontiers 
brehaigne  à  l'ail,  brach,  qui  signifie  infertile, 
en  friche,  en  jachère;  mais  il  reste  douteux  si 
le  radical  primitif  est  bar  ou  brah,  breh.  On 
trouve  aussi  brehaigne  avec  le  sens  d'impuis- 
sant 

BRELAN,  bellanc,  brelenc,  berleixc* ,'^c\\  de 
cartes.  Le  mot  signifie  proprement  la  planche 
pour  jouer  aux  dés  et  parait  venir  de  l'ail. 
breiling  (de  brett  «=  planche).  De  là  l'esp.  ber- 
langa,  jeu  de  hasard.  Génin  tient  berlenc, 
brelenc,  brelan  pour  des  variations  de  forme 
de  barlong.  Berlenc  serait  d'abord  un  ais 
barlong.  —  D.  brelander,  brelandier. 

BRELLE,  assemblage  de  pièces  de  bois,  ra- 
deau ;  du  verbe  breller,  lier  des  poutres  ou 
madriers,  dont  l'étymologie  est  inconnue; 
serait-ce  un  dim.  de  breter*  =  vha.  bretten, 
serrer?  Donc  breteler,  bretler,  breller  t 

BRELOQUE,  berloque*.  L'élément  loque  pa- 
raît être  identique  avec  loque,  morceau  d'étofle 
pendant,  lequel  vient,  selon  Diez,  du  vieux 
nord,  lokr,  quelque  chose  de  pendant.  Cp.  le 
terme pauf cloque.  Quant  à  la  première  partie 
du  mot,  elle  n'est  point  encore  expliquée. 
Grandgagnage  pense  qu'elle  n'est  autre  chose 
que  le  bar,  bre,  corruption  de  la  particule 
préjorative  bis,  dont  il  a  été  traité  sous  bar- 
long  et  signifiant  de  travers,  en  biais  :  le 
verbe  wallon  barloker,  pendiller,  vaciller  (cfr. 
patois  de  Reims  halloquer,  grison  balucar) 
signifierait  pr  remuer  obliquement,  se  mou- 
voir en  biais.  Quant  à  breloque,  ou  berloque, 
batterie  de  tambour  (fig.  battre  la  berloque, 
déraisonner),  Génin  y  voit  une  composition 
ber-cloque,  cloche  d'alarme,  batterie  irrégu- 
lière (ber,  la  particule  péjorative).  Cette  expli- 
cation n'est  guère  acceptable;  Littré  admet 
une  comparaison  de  la  batterie  de  tambour 
avec  la  breloque,  chose  agitée,  â  cause  du 
mouyement  qu'elle  produit.  Je  croirais  plutôt 
que  breloque,  dans  son  premier  emploi,  s'ap- 
pliquait à  des  clochettes,  d'où  le  mot  s'est 
étendu  d'une  part  à  de  petits  bijoux  suspen- 
dus à  une  chaîne,  d'autre  part  à  l'appel  fait 
au  son  de  la  cloche  ou  du  tambour. 


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BBAMK»  poisson  (Nicot  :  brame  et  bremmé), 
pour  bresme  de  Fall.  brachsen,  mha.  brahsem, 
BL.  braximus,  néerl.  brasem. 

BRENKUX,  voj.  bran. 

BRKQUlM,  outil  pour  percer,  voy.  vilebre- 
quin. 

BBÉSIL,  bois  rouge  de  teinture,  prov.  bre- 
iilh,  esp.,  port,  brasil,  it.  brasiîe;  c'est  & 
l'abondance  de  ce  bois  que  le  Brésil  doit  son 
nom.  Diez  tire  le  mot  du  prov.  briza,  petit 
morceau  (de  bn'jgar,  briser),  à  cause  de  la 
forme  brisée,  feuilletée,  sous  laquelle  le  brésil 
s'importait  de  tout  temps  en  Europe;  c'est 
également  la  forme  qui  a  donné  le  nom  à  la 
grana,  cochenille,  et  à  la  cannelle  (v.  c.  m.). 
D'autres  ont  proposé  brasa,  braise  (à  cause  de 
la  couleur).  —  D.  brésiller,  teindre  avec  du 
brésil  ;  brésillet. 

BRÉSILLER,  rompre  par  petits  morceaux, 
prov.  brezUhar,  ni.  brijselen,  diminutif  de 
brizar,  fr.  briser,  Voy.  aussi  l'art,  précédent. 

BRÉTAILLER,  voy.  breUe, 

BRBTAUDER,  tondre  inégalement,  couper 
les  oreilles  à  un  cheval;  anc.  bertauder^  ber- 
tonder;  c'est  un  mot  populaire,  qui  se  décom- 
pose par  bre  (préfixe  péjoratif)  et  tonder 
(tondre),  d'où  touder,  tauder.  Mieux  vaut, 
comme  formation,  l'anc.  bertoiiser  {ber  ou  bre 
-4-  tonzus).  Le  latin  tonsus,  tondu,  imberbe, 
est  aussi  le  primitif  de  imise",  jeune  fille,  et 
tousel,  jeune  garçon.  —  Diez  admet,  pour 
notre  mot,  un  radical  bert,  en  rappelant  it. 
bertone,  cheval  qui  a  les  oreilles  coupées,  le 
comasque  bertoldd  =  bretauder,  prov.  ber- 
iaut,  pauvre  diable,  rouchi  bertawi,  châtré. 
n  ramène  ce  radical  bert,  exprimant  mutila- 
tion et  au  figuré  moquerie  (it.  berta,  raillerie, 
berteggiare,  railler),  au  mot  berta,  instru- 
ment servant  à  enfoncer  des  pieux  dans  la 
terre,  hie,  demoiselle.  Et  pour  ce  berta-là,  il 
rappelle  la  Berta  de  la  mythologie  germa- 
nique, qui  s'appelle  particulièrement  «  la  pié- 
tineuse  » .  Diez  ne  veut  cependant  pas  décider 
si  réellement  bretauder  doit  être  mis  en  rap- 
port avec  berta,  moquerie,  et  parla  avec  berta, 
hie,  ou  s'il  en  est  indépendant  ;  si  les  corres- 
pondants des  autres  idiomes  romans  ont  une 
autre  provenance  que  celle-là,  ou  non.  — 
Burguy  présente  bertauder,  anc.  bertoder, 
comme  un  composé  d'un  celtique  berth,  riche, 
beau,  parfait,  et  d'une  syllabe  ud;  il  signi- 
fierait propr.  ôter  ce  qui  rend  beau,  décom- 
pléter une  personne.  Ghevallet,  de  son  côté, 
cite  des  mots  celtiques  bearr,  bearrta,  signi- 
fiant couper,  écourter,  tondre  (racine  ber, 
court).  Le  champ  de  la  discussion  est  donc 
encore  ouvert.  Mussafia,  dans  son  Beitrag, 
p.  33,  à  propos  des  formes  bertonar,  sbèr- 
tona,  etc.  des  dialectes  du  nord  de  l'Italie, 
s'occupe  de  la  question  soulevée  par  notre 
mot,  mais  n'arrive  pas  à  la  débrouiller  com- 
plètement. —  J'ajouterai  que,  dans  l'ancien 
français,  bestondu  éttât  une  qualification  ii\ju- 
rieuse. 

BRETAGHS,  prov.  bertresca,  it.  bertesca,  bal- 
tesca,  BL.  bretachiœ,  écha&udage  de  guerre. 
Ohgine  inconnue;  aÙ.  bret,  planche?  D'après 


Fôrster(Ztschr. ,  VI,  1 13).  bretèche  répond  à  un 
typelat.  britisca,  et  vient  de  Britto,  vfr.  Bret. 
L'application  de  ce  mot  à  l'espèce  de  tour  ap- 
pelée bretèche  serait  fondée  sur  une  raison 
analogue  à  celle  qui  a  donné  le  nom  à  la  sar- 
rasine  (it.  saracinesca).  —  D.  le  t.  de  blason 
bretessé. 

BRETELLE,  sangle  ou  courroie  pour  sup- 
porter un  fardeau,  soutien  de  pantalon,  filet 
pour  prendre  les  chiens  de  mer;  d'après  Diez, 
de  la  même  famille  que  le  vfr.  bret,  lacet,  piège 
(voy.  brayon).  Cette  étymologie  est  admis- 
sible, car  le  mot  n'est  que  du  xvi«  siècle  et 
parait  importé  (cp.  le  comasque  bretela,  crou- 
pière), de  sorte  que  le  maintien  du  t  ne  fait 
pas  difficulté  (l'anc.  fr.  eût  ùÂt  bréelle  ou 
brayelle).  Une  autre  étymol.  pourrait  être 
établie  directement  sur  le  vha.  pritil,  brit- 
til,  d'où  bride  (v.  c.  m.). 

BRETTE,  longue  épée;  de  brette,  bretonne, 
de  la  Bretf^ne;  donc  pr.  épée  de  Bretagne; 
Diez  en  rapproche  inutilement  le  nord.  br^Uia, 
couteau  court.  —  D.  bretteiir,  brétailler  (cp. 
ferrailler). 

BRETTER,  BRETTELER,  graver,  gratter, 
ébaucher;  peut-être,  dit  Littré,  du  nord. 
bredda,  couteau  court  (voy.  brette).  J'aimerais 
tout  autant  le  vha.  breton,  tailler. — En  picard 
on  trouve  le  subst.  bertègue  pour  désigner  «  un 
instrument  fendu  de  traces  inégales  et  destiné 
à  gratter  les  pierres  ou  à  tailler  les  murs  » . 

BREITIL,  taillis  clôturé  de  haies,  fourré, 
it.  broglio,  bruolo,  prov.  bruelh;  formes  fémi- 
nines port,  brulha,  prov.  bruelha,  vfr.  bruelle; 
BL.  brogilus,  broilus,  brolius.  On  croit  l'ori- 
gine de  ce  mot  celtique  ;  le  cymr.  brog  signifie 
gonfler,  idée  corrélative  de  germer,  pousser; 
mais  le  suffixe  il,  observe  Diez,  accuse  une 
extraction  directe  germanique,  que  la  racine, 
en  allemand,  soit  originaire  ou  empruntée; 
on  trouve,  d'ailleurs,  beaucoup  de  noms  de 
localités  allemandes  qui  la  représentent.  Nous 
pensons,  pour  notre  part,  que  l'idée  de  maré- 
cage s'attachait  primitivement  à  breiiil  ou  bro- 
gilus (d'abord  =  pratum  palustre)  et  nous  y 
voyons  de  préférence  l'ail,  brahl,  marais  (for- 
mes variées  brogel,  brôget),  qui  vient,  par  l'in- 
termédiaire de  brûchl,  de  bruch,  lieu  maréca- 
geux, ags.  brooc,  angl.  brooh,  holl.  brœk. — 
Voir  aussi  brouiller. 

BREUILLES,  entrailles  de  poisson;  même 
mot,  selon  G.  Paris  (Rom.,  VI,  133),  que  vfr. 
buille,  entrailles,  avec  un  r  intercalaire  (cp. 
vrille,  fronde).  Quant  à  buille,  bouille,  il 
représente  une  forme  fém.  du  lat.  botulus, 
boudin,  boyau,  mot  signalé  par  Aulu-Gelle 
comme  populaire  fvoy.  Rom.,  V,  382).  — 
L'ét.  BL.  burbalia  (intestina  majora),  indiqué 
par  Littré,  doit  être  abandonné  en  ce  qui  con- 
cerne breuilles,  mais  il  se  recommande,  à 
mon  avis,  pour  la  forme  brouaiUes. 

BREUVAGE,  voy.  boire. 

BREVET,  dim.  de  bref,  lettre.  —  D.  breve- 
ter, 

BRiVIÂIRE,  voy.  bref. 

BRIBE,  vfr.  brimbe,  BL.  briba,  morceau  de 


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pain  destiné  au  mendiant,  wall.  brib,  aumône, 
verbes  wall.  hriber,  brimber,  mendier,  gueu- 
ser.  La  forme  picarde  est  brife,  de  là  le  îr. 
brifer,  manger  avec  avidité  comme  un  men- 
diant, brifaut,  glouton.  Les  Espagnols  ont 
bribar,  gueuser,  subst.  briba,  vie  de  gueux, 
bribon,  gueux,  vagabond;  les  Italiens,  birba, 
gueuserie,  et  birbone,  birbante,  gueux  =  vfr. 
briban,  briberesse.  Grandgagnage,  d'après 
Diefenbach,  met  en  avant  le  cjmi.  briw, 
rompre,  briser,  et  en  tire  bribe,  morceau,  et 
briber,  vivre  de  bribes  ou  quêter  des  bribes. 

BBIG,  dans  de  bric  et  de  broc,  et  bric-à-brac, 
reste  obscur;  il  est  fait,  semble- tril,  pour 
trancher  avec  broc  et  broc.  Quant  à  ce  der- 
nier, il  rappelle  Tall.  brack,  déchet,  mauvaise 
marchandise. 

BRICK,  de  l'angl.  briff  (que  Ton  tient  pour 
une  forme  écourtée  de  briganline), 

BRICOLE,  engin  de  guerre  pour  lancer  des 
pierres,  it.  briccola,  esp.  brigola,  BL.  bricola; 
dér.  du  vfr.  bric,  briche,  piège,  dont  l'origine 
est  incertaine  (voy.  cependant  Fart,  brèche). 
La  machine  à  lancer  a  donné  le  nom  au  bond 
de  la  pière  lancée  (d'où  bricole  comme  t.  du 
jeu  de  paume  et  de  billard).  Mais  la  valeur 
de  bricole,  comme  pièce  de  harnais  ou  comme 
bretelle,  lanière  de  porteur,  se  déduit  diffici- 
lement de  bricole,  catapulte  ;  le  mot,  dans  ces 
sens,  ne  serait-il  pas  plutôt  altéré  de  bride- 
col  f —  D.  bricoler;  le  sens  d'engin  perce 
encore  dans  le  verbe  actif  bricoler  =  mani- 
gancer, agencer,  que  l'on  rencontre  dans 
Corneille. 

BRIDS,  esp.,  port.,  prov.  bridu,  dim.  vfr. 
brtdel,  angl.  bridle,  it.  predclla;  du  vha.  brit- 
til,  pritil,  dér.  d'une  racine  signifiant  serrer, 
tisser,  nouer.  Cp.  l'art,  bretelle,  —  D.  brider, 
bridon,  débrider» 

BRIEF,  voy.  bref, 

BRIPE,  d'où  brifer,  brifatit,  voy.  bnbe. 

BRIGADE,  voy.  briffue, 

BRIGAND,  d'abord  soldat  à  pied,  apparte- 
nant à  une  troupe  ou  brigade  [BL.  bridantes), 
puis  soldat  mal  discipliné,  enfin  pillard,  vo- 
leur. Cette  étym.  est  trop  bien  appuyée  pour 
être  admis  à  passer  les  autres  sous  silence.  — 
D.  briff ander,  briff andine  ;  briff antin,  de  l'it. 
briffantiiw,  dans  le  principe  navire  de  pirate  ; 
briffaniine. 

BRIGNOLE,  prune  tirée  de  la  ville  de  BH- 
ff noies  en  Provence. 

BRIGUE,  anc.  querelle,  puis  réunion  tu- 
multueuse pour  faire  réussir  une  entreprise, 
manœuvres,  intrigues;  it.  briffa,  esp.,  prov. 
brcffa,  querelle  ;  verbes  it.  briffare,  fr.  briffuei; 
désirer,  solliciter  vivement,  esp.  breffar,  que- 
reller, s'efforcer;  subst.  it.  briffante,  intri- 
gant, perturbateur,  port,  briffâo,  querelleur, 
esp.  berffante,  port,  barffatite,  fripon,  fr. 
BRIGAND,  voleur  de  grand  chemin  (y.  c.  m.); 
it.  briffata,  troupe,  assemblée,  division  d'ar- 
mée, de  là  BRIGADE.  A  tous  ces  mots  se  rat- 
tache un  sens  fondamental  d'activité  inquiète 
et  de  perturbation.  Où  faut-il  en  chercher  la 
racine?   Les  langues  germaniques  n'offrent 


aucune  ressource,  et  le  briga  des  idiomes 
celtiques  (élément  d'un  grand  nombre  de  noms 
de  ville,  puis  cymr.  briff,  cime)  ne  nous 
avance  pas  non  plus.  H  faut  presque  déses- 
pérer de  la  trouver.  L'opinion  de  ceux  qui 
rattachent  briffand  aux  Brigantes,  peuple  de 
la  Rhétie,  n'est  fondée  sur  rien  ;  l'it.  briffante 
est  tout  simplement  le  participe  présent  du 
verbe  briff  are,  —  Voici,  sur  le  problème  qui 
nous  occupe,  en  résumé,  l'opinion  de  M,  Storm 
(Rom.,  V,  171)  :  L'it.  briffa,  source  du  mot 
français  signifiant  bruit,  querelle,  indique 
goth.  brihan,  rompre,  qui  signifiait  aussi  lut- 
ter (cp.'  lat.  fraffor,  bruit,  de  franffere).  Le 
sens  mod.  de  briffue  répond  pour  le  sens  au 
norois  brek,  instance  ou  intrigue,  verbe 
breha,  tâcher  d'obtenir  ce  à  quoi  on  n'a  pas 
droit. 

BRILLER,  it.  brillare,  esp.,  prov.  brillar; 
c'est  un  dérivé  de  beryllus  (dont  l'ail,  et  le  dial. 
de  Parme  ont  fait  brill).  Cette  étymologie  est 
confirmée  par  la  circonstance  que  la  forme 
italienne  n'est  pas  Wiffliare,  mais  brillare. 
L'étymologie  vibrillare  ou  vibriculare  exige- 
rait en  italien  soit  brellare  ou  briff  liare.  — 
D.  brillant,  brillanter.  Un  subst.  bril,  éclat, 
se  trouve  dès  le  xiv*  siècle. 

BRIMBALER,  agiter,  branler,  osciller.  On 
explique  ce  verbe  tantôt  par  le  verbe  picard 
brimber,  «  aller  et  venir  »,  tantôt  comme  con 
tracté  de  brinffuebaler  =  mettre  tout  en 
brinffues  (pièces),  bouleverser.  Voy.  Littré. 
Ces  explications  sont  peu  satisfaisantes;  la 
seconde  est  contraire  au  sens,  et  quant  à 
brimber,  il  signifie  gueuser,  vagabonder.  — 
D.  subst.  verb.  brimbale,  aussi  brinffuebale, 
levier  qui  est  au  sommet  d'une  pompe. 
—  Puisque,  sur  ce  mot  populaire  brim- 
baler, le  champ  des  coiyectures  reste  ouvert, 
j'oserai  bien  risquer  la  suivante  :  Il  me 
paraît  reposer  sur  une  combinaison  des  deux 
radicaux  équivalents  braiid-ir  et  bal-ev  (voy. 
bal).  De  là  :  braindebaler,  brindebaler,  brin- 
ffuebaler, brimbaler.  Pour  an  devenu  ain,  in, 
cp.  brindille;  brinffue  p.  brinds  porte  tout  à 
fait  le  cachet  du  procédé  populaire  (cp.  quinte 
issu  de  quinque)  et  peut  d'ailleurs  avoir  été 
influencé  par  trinffuebaler  (d'où  trimbaler). — 
C'est  du  verbe  que  procèdent  les  subst.  brin- 
ffuebale et  brimàale,  cloche,  clochette,  levier 
au  sommet  d'une  pompe. 

BRIMBORION,  briboHon,  d'après  Pasquier 
(approuvé  par  Littré),  à  cause  de  la  termi- 
naison et  du  sens  de  prières  qu'il  avait  autre- 
fois, de  breviarium,  estropié  en  briborion, 
brimborion.  Le  peuple  aurait  étendu  le  sens 
prières  de  bréviaire  à  des  choses  de  rien,  ba- 
gatelles. Cette  étymologie  est  peut-être  vraie, 
mais  ne  souritni  pour  la  forme,  ni  pour  le  sens; 
j'admettrais  donc  plutôt  une  dérivation  de 
bribe,  brimbe,  avec  une  terminaison  de  fan- 
taisie. Les  brimborio)is,  prières,  pourraient 
bien  n'être  que  des  «  petits  morceaux  »  réci- 
tés par  les  prêtres.  Le  mot,  d'ailleurs,  a  tout 
l'air  d'une  création  monacale, 

BRIN,  jet  de  bois,  pousse  grêle  et  allongée, 
petite  partie  d'une  chose  allongée,  prov.,  esp. 


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BRI 


73  — 


BRO 


brin;  d'après  Diez,  de  même  origine  que 
bran,  bren,  déchet.  Etjmologie  peu  plausible. 
L'ancien  mot  brin,  dans  sa  signification  de 
bruit,  cri,  orgueil,  est  rapproché  par  le  même 
philologue  au  nord,  brim,  grondement  des 
flots.  Les  deux  valeurs,  Tancienne  et  la  mo- 
derne, se  rattachent-elles  à  un  seul  et  même 
mot?  On  n'a  rien  pour  se  fixer  à  cet  égard. — 
D.  bnndUleit), 

BBDf  D'ESTOC,  mot  façonné,  dit-on,  sur 
l'ail.  sprinff'Stock,  bâton  servant  à  sauter. 

BBniBS,  coup  que  Ton  boit  à  la  santé  de 
qqn.,  en  patois  roman  bringue,  de  Fit.  brin- 
disi.  Diez  explique  le  terme  italien  par  l'ail. 
brinff  dir's,  je  te  la  porte  ;  en  Lorraine,  brin- 
giiéi  signifie  boire  à  la  santé  de  quelqu'un. 

BBINBILLE,  petite  branche;  d'origine 
incertaine.  Peut-être  un  dérivé  de  brande 
(v.  c.  m.);  pour  la  mutation  de  m  et  an,  cp. 
fr.  sangle  et  L.  cinguîum.  —  Le  prov.  a 
brondelh,  rameau,  branche. 

BRINGUE,  dans  la  loc.  en  bringues,  en 
pièces  et  morceaux,  en  désordre,  est  une 
déformation  de  brimbe  =  bribe  (v.  c.  m.). 

BBINGUEBALE  »  brimbale;  voy.  brim- 
baler.     

BRIOCHE,  étymologie  inconnue.  Le  P.  Tho- 
massin  appelait  à  son  secours  l'hébreu  bar, 
froment,  ou  bari,  gras  !  Je  chercherai  plutôt 
l'origine  chez  les  boulangers  français,  qui 
disent  brier  la  pâte,  pour  Técraser,  lequel 
brier  est  le  même  mot  que  broyer.  D'ailleurs, 
Cotgrave  indique  un  mot  brioche  avec  le  sens 
d'instrument  â  broyer  le  chanvre. 

BRIQUE,  it.  bricco;  de  l'ags.  brice,  angl. 
brick,  fragment  ;  dans  certains  patois,  brique, 
brèche,  en  vfr.  briche,  signifie  morceau  tout 
bonnement.  L'acception  moderne  est  donc 
secondaire.  Le  dimin.  briquet  serait-il  ainsi 
simplement  un  morceau  de  métal?  D'autres 
ont  vu  dans  brique  le  L.  imbrex,  -icis,  tuile 
faîtière.  —  D.  de  brique,  morceau  de  terre 
cuite  :  briquet,  -ette;  briquetier,  biiqueter, 

1.  BRIQUET,  morceau  de  fer  ou  d'acier, 
voy.  brique. 

2.  BRIQUET,  petit  chien  de  chasse,  variété 
de  braquet,  dim.  de  braque. 

BRIS,  subs.  verbal  de  briser, 

BRISE,  angl.  breeze,  it.  brezza,  milan. 
brisa,  léger  vent  du  nord,  esp.  brisa,  vent  du 
nord-est;  d'origine  incertaine.  Diez  propose 
rezza  (forme  écourtée  de  arezza,  vent  doux) 
avec  un  ft  prépositif .  Orezza,  à  son  tour,  est  un 
dérivé  de  L.  aura,  —  Peut'^tre,  comme  pen- 
sait déjà  Diez,  une  modification  de  bise  (voy. 
Schuchardt,  Rom.,  IV,  256). —  Il  est  à  noter 
que  brise  est  un  mot  récent,  introduit  dans  le 
Dictionnaire  de  l'Académie  en  1762  seulement. 
—  Heyse  admet  une  provenance  celtique  et 
cite  les  adjectifs  corn,  brysg,  gaél.  briosg,  vif. 

BRISÉES,  branches  rompues,  indiquant  la 
piste  d'une  bête,  de  là  l'acception  «  trace  »  ; 
de  briser. 

BRISER,  prov.  brisar,  brizar,  réduire  en 
morceaux;  d'après  Diez,  du  vha.  brëstan, 
bristan,  rompre.  Pour  l'élision  du  t,  cp. 
lisière.  Je  doute  de  cette  étymologie,  et  rap- 


porte plutôt  briser  au  L.  brisa,  marc  de 
raisin,  qui  se  trouve  dans  Columelle  et  qui, 
d'après  Diefenbach,  est  un  mot  celtique.  Brisa, 
d'usage  encore  en  Espagne  pour  marc  de 
raisin,  est  le  subst.  de  brisar,  écraser  (dial. 
angl.  brise,  brisse,  écoss.  briz,  briss,  conte- 
rere,  gaél.  bris,  brisd,  frangerc).  —  Un  radical 
brus  est  au  fond  de  l'ags.  brysan,Bii^\.  bruise, 
vfr.  bruiser,  bruser,  écraser,  concasser  ;  Diez 
le  rapporte  au  vha.  brochison,  m.  s.  —  D. 
subst.  verbal *rw;  brisant;  brisée;  dim.  bré- 
siUer  (v.  c.  m.);  vfr.  debriser,  d'où  débris, 

BROC,  anc.  broche,  prov.  broc,  it.  brocca, 
vase  à  liquide  ;  prob.  de  broche,  chose  pointue, 
à  cause  de  la  forme  resserrée  du  goulot  ou  du 
bec  ;  Diez  rapproche  les  dérivés  prov.  broisson, 
goulot,  et  pic.  brochon,  visière  du  casque. 
L'étymologie,  proposée  par  Ferrari,  gr. 
Tcpô/oMi,  cruche  à  eau,  est  trop  hardie. 

BROCANTER  vient  immédiatement  du 
subst. brocante,  «  terme  technique  des  ouvriers, 
désignant  un  ouvrage  fait  irrégulièrement  en 
dehors  des  heures  de  travail  payées  par  le 
patron,  un  ouvrage  qui  n'ira  pas  dans  la  bou- 
tique, mais  que  l'ouvrier  vendra  de  gré  à  gré, 
pour  son  propre  compte,  quand  il  pourra,  en 
l'offrant  à  celui-ci,  à  celui-là  »  (Génin,  Récréa- 
tions philologiques.  II,  67).  Brocanter,  c'est 
donc  pr.  acheter  et  revendre  de  la  brocante. 
Mais  d'où  vient  brocante?  En  BL.  on  disait 
abrocamentum  pour  achat  de  marchandises 
neuves  en  gros,  destinées  à  être  revendues  en 
détail  ;  abrocator  pour  entremetteur,  courtier, 
n  est  plus  que  probable  que  ces  mots  sont  de 
la  même  famille  que  brocanteur,  qui  du  temps 
de  Ménage  signifiait  marchand  en  gros.  Nous 
ne  pensons  pas  qu'on  puisse  voir  dans  abro- 
cator une  altération,  par  l'r  euphonique  inter- 
calaire, de  abboccator,  pr.  =»  qui  s'abouche 
{bucca,  it.  bocca),  et  qui  signifiait  cflectivement 
courtier,  entremetteur.  Il  y  a  évidemment 
connexité  entre  le  radical  de  notre  mot  et 
l'angl.  brohe,  faire  le  courtier,  broker,  cour- 
tier. —  Le  BL.  vendere  vinum  ad  brocam, 
vendre  le  vin  en  détail,  fait  penser  à  l'ail. 
brock,  morceau.  Cependant,  broca  parait 
plutôt  être  =  broc,  pot. 

BROCARD,  raillerie.  Expression  métapho- 
rique qui  se  rattache  probablement  au  verbe 
brocher,  piquer,  broder.  —  D.  brocarder 
Calvin  :  brocarder  et  médire. 

BROCART,  voy.  broche,  Dim.  brocatelle, 
direct,  de  l'ital.  broccato  =  fr.  brocart, 

BROCHE,  BL.  et  it.  brocca,  prov.  et  esp. 
broca,  dial.  pic.  broque,  chose  pointue, 
aiguillon,  etc.  (vfr.  aussi  broc);  verbe  broche}', 
prov.  brocar,  ital.  broccare,  piquer,  pointer, 
donner  de  l'éperon,  broder  (de  là  it.  broccato, 
fr.  brocaJt",  brocart,  étoffe  brochée).  Diez  avait 
pensé  d'abord  à  L.  brocchus,  brocciis,  dent  en 
saillie  (en  termes  de  vénerie,  broches  signifie 
encore  les  défenses  du  sanglier),  mais  il  a 
abandonné  cette  étymologie,  vu  que  l'on  a 
découvert  que  brocchus  ne  signifie  pas  dent 
proéminente,  mais  lèvre  courte  ou  grosse.  Ne 
pouvant  se  rallier  aux  tentatives  faites  avec  L. 
veru  (verucus,   veroc,   vroc,    broc),  ou   ail 


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BRO 


—  74  — 


BRO 


broch,  britck,  morceau,  fraction,  il  s'en  tient 
à  brog  (irl.  et  gaél.),  alône,  si  tout-efois  ce 
vocable  n'est  pas  lui-même  tiré  du  roman.  — 
D.  bt'ochet  (v.  c.  m.),  brochette;  verbes  brocher, 
embrocher. 

BROCHER,  voy.  broche,  —  D.  brochure, 
petit  ouvrage  qui  n'est  que  broché. 

BROCHET,  poisson,  dérivé  de  broche,  à 
cause  de  la  bouche  pointue,  cfr.  en  angl.  pike, 
qui  signifie  à  la  fois  lance  et  brochet,  fr. 
bequet  =r  bec  et  brochet,  lanceron,  ^eiine  bro- 
chet, de  Ja)ice.  —  D.  brochetofi, 

BROCOLI,  chou  d'Italie,  plur.  du  subst.  it. 
broccolOy  tendron,  rejeton,  dim.  de  brocco, 
rejeton,  branche  pointue  (forme  masc.  du  fr. 
broche), 

BRODEQUIN,  it.  borzacchino,  esp.  borce- 
gui,  du  flamand  brosekin,  brosehen  iKiliaen), 
diminutif  de  broos,  m.  s.,  qui  est  supposé  être 
une  transposition  do  byrsa,  cuir;  cp.  flam. 
leerse,  botte,  de  leer,  cuir.  Une  et.  arabe, 
quelque  peu  obscure,  par  Dozy,  est  donnée 
dans  Littré,  suppl. 

BRODER,  cat.  brodar;  mot  celtique  :  cymr. 
brodio,  gaél.  brod,  bret.  brouda,  anc.  angl. 
brode,  angl.  mod.  broid^r,  Cp.  en  ail.  sticken, 
broder,  propr.  piquer.  Les  formes  BL. 
brosdiis,  brustus,  wall.  brosder,  anc.  esp. 
broslar  pour  brosdar,  se  rattachent  toutefois 
mieux  à  vha.  ga-prorton,  broder,  ags.  brord, 
nord,  broddr,  pointe,  qui  font  supposer  un 
goth.  brusdon.  D'autres  enfin,  séduits  sans 
doute  par  la  forme  esp.  bordar,  supposent 
dans  broder  une  simple  transposition  de 
border.  —  D.  brodeur,  -erie, 

BROIE,  voy.  broyer. 

BRONCHES,  du  gr.  Iip6-/Y0i,  gorge.  —  D. 
bronchique,  bronchite. 

BRONCHER,  du  .subst.vfr.  bronche*,  buisson, 
anc.  esp.  broncha,  rameau,  it.  bronco,  tronc. 
Pour  le  rapport  logique,  cfr.  it.  cespo,  petit 
buisson,  et  cespicare,  broncher,  ail.  strauch 
et  straucheln.  Pour  bronche,  bronco,  Diez 
propose  vha.  bruch,  néerl.  brok,  chose  cassée, 
tronquée  (cfr.  le  prov.  briic,  tronçon,  et  burcar 
pour  brucar,  broncher).  —  Une  autre  expli- 
cation du  verde  broncher  s'est  fait  jour  ces 
dernières  années.  Dans  Tanc.  langue,  ce  verbe 
signifiait  baisser,  pencher,  surtout  baisser 
tristement  le  visage  (dans  ce  dernier  sens, 
plus  souvent  emhro)ichier).  C'est  à  ce  mot 
français,  et  non  pas  à  l'it.  bronco,  tronc,  qu'il 
faut,  d'après  Fôrster,  rapporter  le  sens 
«  mettre  le  pied  à  faux  ••  Le  professeur  de 
Bonn  ne  fait  que  poser  cette  opinion  dans  son 
Glossaire  du  Chevalier  as  deus  espées,  sans  la 
motiver  et  sans  rien  nous  dire  sur  l'origine  de 
broncher,  baisser  (Diez  admettait  par  coiyec- 
ture,  pour  vfr.  embronchier,  un  type  lat. 
im-pronicare,  de  promis).  Je  ne  sais  si  je  dois 
me  rallier  à  l'opinion  de  Fôrster;  d'une  part, 
le  passage  de  l'idée  de  tronc,  souche,  à  celle  de 
chopper,  broncher,  est  confirmé  par  les 
termes  analogues  cités  plus  haut  et  auxquels 
j'agouterai  chopper,  de  vfr.  chope,  tronc, 
souche,  choquer  de  vfr.  choque^  bloc.  D'autre 
part,  la  transition  logique  de  pencher  à  chan- 


celer se  présente  encore  dans  L.  nutare, 
chanceler  (de'  nuere,  inusité,  qui  doit  avoir 
signifié  baisser  la  tête:),  et,  circonstance  acces- 
soire, le  vfr.  tronche,  primitif  immédiat  de 
notre  mod.  broncher,  n'est  pas  constaté.  — 
Dans  Baud.  de  Condé,  1, 6,  j'ai  noté  bronchier 
avec  le  sens  de  «  hésiter  »  (signification  né- 
gligée par  Godefroy);  cela  nous  rappelle  ail. 
stocken,  m.  s.,  de  stock,  tronc,  souche. 

BRONZE,  it.  bronzo,  esp.  bronce,  d  après 
Muratori,  approuvé  par  Diez,  de  bruno,  brun, 
par  l'intermédiaire  du  dérivé  brunizzo,  irré- 
gulièrement accentué  brûnizo  et  contracté  en 
bronzo.  Dozy  y  voit  le  persan  bourindj  ou 
biri}ufj,  cuivre,  airain  de  montagne.  L'ags. 
bras,  angl.  brass,  bronze,  doit  être  mis  hors 
de  cause. 

BROSSE,  broce*  (wall.  branche),  BL.  brus- 
tia,  vfr.  broisse,  angl.  brush,  prem.  sign. 
menu  bois,  broutilles  (cette  acception  s'est 
conservée  dans  le  verbe  brosser,  brousser,  en 
langage  do  chasse  =  courre  à  travers  des 
bois  éjmis),  esp.  broza,  déchet  des  arbres, 
puis  brosse,  prov.  brus,  bruyère.  Du  vha. 
burst,  brusta,  quelque  chose  de  hérissé,  ail. 
mod.  borste,  soie,  c.-à-d.  poil  roide  d'un  ani- 
mal, et  bUrste,  brosse.  De  brosse  =*»  menu 
bois,  branche,  rameau,  vient' broussaille,  cp. 
en  latin  virgultum,  ronces,  de  virga,  verge. 
La  forme  du  primitif  burst  perce  encore  dans 
rebours,  à  contre-poil,  BL.  rebursus,  d'où 
rebourser,  transposé  en  rebrousser.  —  D. 
brosser. 

BROU,  enveloppe  verte  de  la  noix,  vfr. 
broust,  BL.  brustum  ;  de  la  même  famille  que 
brosse,  à  cause  des  piquants  du  brou  f 

BROUÉE,  subst.  participial  d'une  origine 
obscure.  Le  pic.  en  a  tiré  brouache,  pluie 
fine,  le  dial.  de  Berry  brouasser,  faire  de  la 
pluie  fine.  Il  parait  être  de  la  même  famille 
que  brouillard,  son  synonyme  (voy.  brouiller) 
et  appartenir  au  radical  brodh,  vapeur. 

BROUÂILLES,  intestins  de  poisson,  voy. 
breuilles. 

BROUET,  it.  brodetto,  formes  diminutives 
de  it.  brodo,  broda,  esp.  brodio,  bodrio,  prov. 
bro,  vfr.  breu,  BL.  brodum,  brodium;  le  vha. 
brod,  ags.  brod,  angl.  broth,  gaél.  brot,  ont 
tous  la  même  signification  :  jus,  sauce, 
bouillon. 

BROUETTE,  p.  birouetie,  wall.  benoeUe, 
Berry  berouette,  charrette  à  deux  roues,  du 
L.  bis  -f-  rota.  Il  est  vrai,  la  brouette  actuelle 
n'a  plus  qu'une  roue,  mais  elle  en  avait  deux 
d'abord,  et  Grandgagnage  a  tort  de  voir  dans 
brouette  (vfr.  barouete)  un  diminutif  du  vfr. 
barot,  rouchi  barou,  qui  signifie  tombereau, 
et  qu'il  rattache  à  la  famille  germanique  bae- 
ren,  porter.  Barot  répond  à  BL.  birotum 
(bis-rota).  L'it.  a  aussi  baroccio,  biroccio, 
charrette;  c'est  de  là  que  nous  tenons  la 
birouchette.  —  D.  broi^etter. 

BROUILLAMINI,  voy.  brouiller, 

BROUILLARD,  voy.  brouiller. 

BROUILLER,  mettre  en  désordre,  mêler, 
confondre,  troubler.  Nous  pensons  qu'il  faut 


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BRU 


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BRU 


séparer  ce  verbe  du  raot  prov.  h^alhar,  bruel- 
har,  bourgeonner,  surgir,  pousser,  qtii  est 
un  dérivé  du  subst.  bruelh,  bruoil,  bois,  bran- 
chage, fr.  breuil  (v.  c.  m.),  bien  que  le  terme 
s'embrouiller  s'expliquerait  assez  facilement 
par  s'engager  dans  un  taillis,  un  fourré. 
Brouiller  (comme  l'it.  brogliare,  nous  semble 
représenter  l'allemand  brudeln  ou  brodeln^ 
jeter  des  vapeurs,  bouillonner,  remuer, 
brouiller  (on  dit  p.  ex.  loeine  brudeln,  mêler 
des  vins;.  Cette  origine  explique  également  le 
subst.  brouillard,  vfr.  brouillas,  propr. 
vapeur.  Pour  la  conformité  littérale  entre 
brouiller,  it.  brogliare  et  ail.  brudeln,  nous 
rappelons  it.  briglia  (bride),  de  l'ail,  bridel, 
fr.  haillon,  de  l'ail,  hadel,  et,  avec  doute, 
aussi  souiller,  de  l'ail,  sudeln.  La  racine  de 
brudeln  est  l'ags.  brodh,  vapeur,  alL. 6rod<îm, 
m.  s.  —  Dérivés,  outre  brouillard  :  brouille, 
brouillon,  -erie,  embrouiller,  débrouiller; 
brouillamini,  terme  burlesque  formé  avec 
une  terminaison  latine  du  2*  plur.  de  l'indicat. 
prés,  du  passif  (comme  pour  dire  :  vous  êtes 
brouillés),  et  que  l'on  a  fait  sérieusement 
venir  de  boli  armenii,  parce  que  l'on  appelle 
brouillamini  une  sorte  d'emplâtre  pour  les 
chevaux,  préparé  avec  le  bol  d'Arménie, 
Cependant,  Littré,  au  suppl.,  consigne  un 
passage  de  1664,  qui  parait  confirmer  cette 
étymologie. 

BROUIR.  vfr.  bruir,  brûler;  on  le  rattache 
à  mha.  bruejen  (nha.  bruhen),néer\.broeijen, 
échauder,  rôtir;  la  forme  occitanienne  braouzi 
a«  prov.  brauzir  (qui  se  rapporte  à  brouir, 
comme  auzir  à  ouïr,  jauzir  é.  jouir)  fait  sup- 
poser l'existence  d'un  vha.  brodjan  ou  braud- 
jan,  source  de  ce  brau2ir.  —  D.  brouissure. 
BROUSSAILLES,  voj.  brosse. 
BROUSSm,  excroissance  de  quelques 
arbres,^  dimin.  de  broust  (voy.  brout). 

BROUT,  broust\  brosV,  pousse,  jet  d'arbre, 
de  l'ags.  brustian,  bourgeonner  (bret.  broust, 
buisson),  ou  du  vha.  proz,  bourgeon  (ail. 
mod.  bross).  —  D.  brouter,  prov.  brostar, 
manger  les  pousses;  broutilles.  —  Il  y  a 
quelque  air  de  famille  entre  brost,  b^'oust  et 
le  thème  borst,  d'où  brosse  (v.  pi.  h.). 

BROTSR  se  rattache  au  goth.  brikan, 
rompre,  comme  ployer  à  L.  plicare,  noyer  à 
necare,  vfr.  noier  à  negare  ;  une  forme  socon- 
daire  est  brier,  écraser  la  pâte;  cp.  plier 
=  ployer,  etc.  A  rapprochei;  encore  prov. 
briga,  miette,  es-brigar,  émietter.  —  D. 
broie,  instrument  pour  broyer. 

BROTON,  variété  de  brayon  (v.  c.  m.). 
BRU,  brut*,  broit*,  brut*,  femme  du  fils; 
mot  germanique  :  goth.  bruths,  vha.  brut  (aiy . 
braiû),  néerl.  bruid,  ags.  bryd,  angl.  brids, 
fiancée  ou  jeune  mariée.  C'est  le  seul  terme 
de  parenté  d'origine  germanique  qui  se  ren- 
contre dans  les  langues  romanes. 

BRUANT»  aussi  bréant,  nom  vulgaire  de 
l'embérize  citrinelle.  Sur  la  base  d'une  forme 
fictive  ail.  embering  «a  ûmmering,  Bugge 
(Rom.,  IV,  351)  établit  la  succession  suivante, 
phonétiquement  correcte,  mais  purement  fac- 
tice  :   emberenc,   eberenc,  berenc,   berant. 


breant,  bruant.  Pour  le  moment,  ce  n'est  là 
qu'un  tour  de  force  par  trop  à  la  Ménage. 

BRUCELLES,  sorte  de  petites  pinces;  du 
verbe  brucf,  pincer,  mot  du  patois  limousin 
d'origine  inconnue. 

BRUCOLAQUE.  mot  employé  par  Victor 
Hugo,  dans  les  Travailleurs  de  la  Mer  avec 
le  sens  de  vampire,  spectre  (?).  Sans  doute  le 
même  mot  que  l'anc.  slave  vlukodlaku,  rou- 
main varcolac,  bulgare  vruholak,  gr.  mod. 
y99ul/olxx«,  i^oQw.6X%*xp  ;  il  signifie  primitive- 
ment :  homo  lupi  spociem  habens  ;  russe  vol- 
kulak  =  incantator  qui  in  lupum  vel  ursum 
se  mutare  potest.  —  Voy.  Gaster,  Ztschr. , 
IV,  585. 

BRUGNON,  it.  bi'ugna,  port,  brunlho,  dé- 
rivé d'une  forme  prugna,  de  prunea  {prunus, 
prunier).  Ane.  on  disait  brignon  (i  p.  u 
comme  dans  bignet  ou  beignet  p.  bugnet; 
billet  p.  bullet,  etc.). 

BRUINE,  prov.  bruina.  Diez  et  Grandga- 
gnage,  l'un  pour  des  raisons  grammaticales, 
l'autre  pour  des  raisons  logiques,  rejettent 
l'étymologie  L.  pruina,  gelée  blanche.  La 
racine  de  bruine  est  peut-être  le  celt.  bru, 
pluie.  L'anc.  fr.  broïne,  pic.  brouaine,  wall. 
brouhène,  etc. ,  toutefois,  rendent  l'étymologie 
brodh,  vapeur  (d'où  brouée,  brouas*  et  brouil- 
lard) assez  plausible  ;  lô  subst.  bruine  vien- 
drait directement  du  verbe  bruîr,  faire  du 
brouillard  (mot  champenois),  en  t.  de  métier, 
imbiber  de  vapeur.  —  D.  bruiner. 

BRUIRE,  it.  bruire,  prov.  brugir,  bmzir; 
subst.  bruit,  it.  bruito,  prov.  bruit,  bruida. 
Du  lat.  rugire,  renforcé  d'un  b  euplionique 
(voy.  braire)  —  D.  bruissement. 

BRUIT,  voy.  bruire.  —  D.  ébruiter. 

A 

BRULER,  brusler*,  directement  d'une  forme 
brustulare,  it.  brustolare.  Deperustus,  part, 
du  verbe  laiïn  perure^'e,  s'est  produit  le  fréq. 
perustare,  syncopé  en  prustare,  de  là  brus- 
tare,  et  par  un  procédé  fréquent,  it.  brus- 
ciare,  bruciare,  prov.  bruzar,  pour  brussar. 
De  brustare  s'est  tirée,  ultérieurement,  la  forme 
diminutive  brustolare  (correspondant  à  un 
type  l&tmperustulare,  cfr.  le  simple  ustolare, 
anc.  esp.  uslar,  prov.  usclar,  vfr.  urler, 
walaque  usturà);  de  là  brustlar,  brusler, 
brûler.  —  La  genèse  de  brûler  est  autrement 
présentée  par  Storm(Rom.,  V,  173»  ;  il  part 
du  composé  comburere;  le  participe  de  ce 
dernier,  combustus,  aurait,  sous  l'influence 
de  bustum,  perdu  le  com,  d'où  se  serait  pro- 
duit bustulare  (cp.  lat.  ustulare)  et,  par 
l'épenthôse  (fréquente)  d'un  r  après  b  initial, 
brustulare,  brustolare,  fr.  brusler,  brûler.  — 
Avec  ce  procédé,  je  ne  vois  pas  pourquoi  l'on 
ne  partirait  pas  tout  aussi  bien  de  burere, 
bustus  (subst.  bustum),  que  Corssen  rapporte 
à  sanscrit  prus. 

BRUME,  brouillard,  du  L.  bnima,  hiver. 
—  D.  brumeux;  -aire,  -al;  embrumé. 

BRUN,  du  vha.  brun  (ail.  mod.  braun).  — 
D.  brunâtre,  brunet,  brune  ;  crépuscule  du 
soir  ;  brunir,  rendre  brun  (angl.  par  transpo- 
sition burnxsh)\  etnbtunir,   rembrunir,  — 


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BUG 


—  76 


BUG 


Brunir,  rendre  brillant,  polir  (d*oû  Tall.  bru- 
nieren),  anc.  bumir,  angl.  bumish,  se  rat- 
tache directement  à  la  racine  bem,  bum,  ex- 
primant brûler  et  briller,  sans  l'intermédiaire 
de  brun,  nom  de  couleur,  bien  que  celui-ci 
procède  au  fond  de  la  même  racine. 

BRUNIR,  voj.  brun. 

BRUSG,  it.  brusco,  du  L.  ruscum,  fragon 
épineux,  renforcé  d'un  b  initial  (voy.  bruire, 
et  braire). 

BRUSQUE,  vif,  qui  s'emporte,  it.  brusco, 
aigre,  colère,  esp.,  port,  brusco  m.  s.  ;  d'après 
Diez,  du  vha.  bruttisc^  sombre,  fâché.  L'éty- 
mologie  du  celt.  brise,  prompt,  impétueux, 
ne  s'accorde  pas  avec  la  lettre,  mais  bien  avec 
le  sens.  Si  l'idée  foncière  est  la  rudesse,  la 
grossièreté,  et  non  pas  la  vivacité,  la  promp- 
titude, on  peut  admettre  connexité  entre  notre 
brusque  et  brusc,  bruyère.  —  D'après  Bugge 
(Rom.,  III,  351),  le  mot  fr.  brusque,  vient  de 
l'it.  brusco,  aigre,  âpre.  La  notion  originaire 
est  prob.  la  rudesse  (on  disait  au  xvi'  siècle 
«  diamant  brusque  »)  —  Le  mot  serait-il  iden- 
tique avec  lat.  bruscum  (tuber  aceris  arboris 
intorte  crispum,  Pline,  H.  N.,  XVI,  16,  27)î 
Pour  la  connexité  des  idées,  cp.  ail.  hnolle, 
nœud  dans  le  bois  et  homme  rude,  rustre.  » 
— Quant  au  lat .  ^i^cum  ,selon  Baist(Zeitschr ., 
V,  137),  c'est  le  même  que  L.  ruscum,  d'où 
fr.  brusc,  et  angl.  rusk,  biscote;  l'idée  fon- 
cière serait  :  raboteux,  rude,  crépu.  —  D. 
brusquer,  brusquerie. 

BRUT,  du  L.  brutus,  lourd,  stupide. — Cet 
adjectif  formant  une  épithète  habituelle  de 
bête,  brute  est  devenu  synonyme  de  bête,  et  a 
déterminé  le  sens  de  brutal  et  brutalité.  — 
D.  abrutir,  rendre  brute;  débrutir,  dégros- 
sir, polir. 

BRUTÉRE,  cat.  bruguera,  milanais  bru- 
ghiera,  BL.  bruarium,  bruera;  d'un  primitif 
brug,  qui  se  trouve  dans  le  prov.  truc  (nomin 
brus),  vient,  d'après  Diez,  du  cymr.  bru)g, 
forêt,  buisson,  breton  bnïg  =  bniyôre  (en 
suisse  brùcli),  —  Selon  Schuchardt  (Ztschr. , 
IV,  148),  le  primitif  de  bruyère  savoir 
prov.  bru,  catal.  bruch,  milan.  brUg,  est  le 
correspondant  roman  de  l'anc.  irois  froech 
(auj.  fraoch),  cymr.  grug.  Le  breton  brùg 
paraît  influencé  par  la  forme  romanisée. 
Quant  à  brxog.,  forêt,  allégué  par  Diez,  il  n'est 
pas  de  la  famille. 

BUANDIER,  voy.  buée. 

BUBALE,  du  L.  bubalus,  qui  a  aussi  donné 
buffle. 

BUBE,  bouton,  ampoule,  voy.  l'art,  suiv. 

BUBON,  it.  bubbone,  esp.  bubon,  du  gr. 
^6»y€wv.  tumeur  à  laine.  De  cette  forme  bubon 
on  a  dégagé  un  primitif  esp.  buba,  bua,  fr. 
bube. 

BUGAIL,  blé  sarrasin,  autre  forme  de  bou- 
quette  (v.  c.  m.). 

BUCCAL,  L.  buccalis  (de  bucca,  bouche). 

BUCHE,  vfr.  buisse,  baisse,  it.  busca,  du 
BL,  busca,  forme  fém.  de  buscus,  boscus, 
voy.  bois.  —  D.  bûclier  (verbe  et  subst.); 
bûchette,  bûcheron  (cp.  vigneron  de  vigne). 


BUCOLIQUE,  gr.  powolMi,  pastoral. 

BUDGET,  voy.  bciige.  —  D.  budgétaire. 

BUEE,  lessive,  bourg,  bute,  it.  bucato,  esp., 
prov.  bugada,  angl.  buck;  verbes  buer',  angl. 
Imck,  néerl.  buhen,  lessiver.  Ces  mots  sont 
radicalement  identiques  avec  l'ail,  bauchen, 
lessiver,  mais  n'en  sont  pas  dérivés.  Ferrari 
les  fait  très  convenablement  venir  de  Fit. 
bucare,  filtrer,  dér.  de  buca,  trou,  la  lessive 
étant  tamisée  à  travers  un  linge  percé  de 
petits  trous  (cfr.  l'esp.  colada,  lessive,  de  colar, 
couler).  Wedgwood  rattache  l'angl.  buck  au 
gaél.  bog,  tendre,  mou,  bret.  bouh  m.  s.,  et 
rappelle  fr.  mouiller  de  mollis  et  ail.  einwei- 
chen,  laisser  tremper,  de  loeich,  mou. 

BUFFET.  Ce  vocable  est  généralement  rangé 
dans  la  famille  bouffer  (voy.  ce  mot)  et  les 
acceptions  «  coup  sur  la  joue,  soufflet  »  (ce  sens 
s'est  perdu)  et  «  partie  du  casque  qui  couvre 
les  joues  »  ne  font  à  cet  égard  aucune  difficulté. 
Mais  le  rapport  entre  notre  mot  daus  l'accep- 
tion usuelle,  et  l'idée  d'enflement  n'est  pas 
aussi  évident.  Voici  l'explication  bien  problé- 
matique de  Burguy  :  «  Le  buffet  était,  dans 
le  principe,  une  sorte  de  table  placée  près  de 
la  porte,  à  laquelle  on  admettait  les  pèlerins, 
ménétriers,  etc.  qui  réclamaient  l'hospitalité. 
Les  gens  de  cette  espèce  étant  doués  d'un 
bon  appétit,  tout  ce  qui  venait  du  dois  ou 
grande  table  (voy.  dais)  passait  et  disparais- 
sait à  l'endroit  qu'on  nommait  bufet  par  oppo- 
sition au  dois,  c.-à-d.  que  bufet  fut  d'abord 
le  lieu  à  se  bouffir,  le  lieu  bouffi,  et  de  là  peu 
à  peu  les  significations  actuelles.  »  Tant 
qu'on  n'aura  pas  de  preuves  historiques  pour 
soutenir  cette  étymologie,  nous  pi^férerons 
l'opinion  de  Ménage,  qui  dérive  buffet  de 
buffare,  les  premiers  buffets  «  étant  d'une 
figure  courte  et  grosse,  ou,  pour  mieux  dire, 
d'une  figure  enflée  » .  On  serait  tenté  de  croire 
que  buffet  est  une  corniption  de  buvette;  ou 
du  moins  que  le  sens  actuel  s'est  produit  sous 
l'influencÎB  de  ce  mot.  Du  Gange  prend  en  effet 
le  BL.  bufetagium,  bufetaria,  impôt,  accise 
sur  la  boisson,  pour  équivalent  de  fr  buvc- 
toge,  buveterie,  et  y  rattache  le  mot  buffet. 
Mais  très  anciennement  bufffet  s'employait 
(comme  esp.  bufete  encore  maintenant)  pour 
un  bureau  à  écrire.  Nous  tenons  l'opinion  de 
Ménage  pour  d'autant  plus  juste,  que  buffet 
semble  s'appliquer  en  premier  lieu  à  un  petit 
.  meuble  superposé  à  un  autre,  qu'il  a  l'air  de 
renfler.  Diez  ne  se  prononce  pas.Mahn  voit  dans 
buff^et  une  table  de  parade,  qui  sert  à  bnffer, 
ce  buffer  ou  bouffer  étant  pris  dans  le  sens 
de  s'enfler,  être  orgueilleux  ;  cp.  bnffoi*,  faste, 
orgueil.  A  mon  avis,  tous  les  sons  prêtés  suc- 
cessivement à  biiffel  :  seuil  d'une  porte  (cp. 
ail.  schu^'Ile  de  schweïhn,  enfler),  meuble 
d'étalage,  table  servant  à  divers  usages,  ar- 
moire, découlent  do  l'idée  première  :  «  chose 
renflée  ou  chose  creuse  ♦>. 

BUFFLE,  du  L.  hufdlus,  forme  postérieure 
à  bubalus.  —  D.  bufflctin,  buffleterie. 

BUGLE,  vfr.  bougie,  instrument  de  musique. 
En  anglais,  &ie^/<;  signifie  1.  une  espèce  de 
bœuf  sauvage,  2.  un  cor  de  chasse,  p.  bugle- 


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BUS 


77 


BUT 


?u>rn,  corne  de  bugle.  Cest  le  L.  bucuîus, 
bouvillon,  lequel  a  aussi  donné  beitgler, 

BUIRE,  primitif  de  burette,  vase  à  liquide. 
D'origine  incertaine;  peut-être  du  même  mot 
ail.  bùr,  bauer,  maison,  cage,  d*où  viennent 
Tfr.  buron,  buinm,  maisonnette,  panier. 
Grandgagnagc  t  re  ùuret  e  du  wall.  beùre, 
boire;  cette  étymologie  ne  convient  assuré- 
ment pas  pour  biiire, 

BUIS,  it.  bosso,  esp.  box,  port,  biixo,  prov. 
bois,  angl  6007,  ail.  buçhs,  du  L.  buxus. — D. 
it.  buscione,  prov.  boisson,  fr.  buisson  (v.  c. 
m.);  it.  bossolo,  boite  en  buis,  esp.  brùxula 
(pour  l'insertion  de  r,  cfr.  brostia,  boîte,  p. 
bostta),  fr.  boussole. 

BUISSON,  voy.  buis.  En  rattachant  buisson 
au  primitif  buis,  nous  reproduisons  Tavis  de 
Diez,  fondé  sur  la  forme  prov.  boisson,  qui 
serait  bosœn,  selon  ce  philologue,  si  le  pri- 
mitif était  bois  ou  bosco,  bosc  (voy.  bois).  Nous 
penchons  néanmoins  pour  l'étymologie  bois,  à 
eause  do  la  signification  et  de  la  forme  ita- 
lienne. Le  prov  a  du  reste  aussi  boyssada, 
forêt,  bois,  <=  it.  boscata,  et  certainement  on 
ne  rattachera  pas  ce  dérivé  au  primitif  bois, 
buis,  mais  bien  à  bosc,  bois.  En  outre,  nous 
rappelons  la  forme  \fr,  buisse,  p.  bûche,  — 
D.  buissonneux,  -ier.  " 

BULBE,  en  L.  bulbus  (gr.  ^oXîôi).  —  D. 
bulbeux. 

BULLE,  du  L.  buUa,  d'où  également  boule 
(v.  c.  m.).  L'acception  sceau  provient  de  ce 
que  le  sceau  était  renfermé  dans  une  boule  de 
métal  ;  celle  de  sceau  a,  à  son  tour,  déterminé 
celle  de  bref,  lettre  patente  —  D.  bullet', 
billet;  buUette*,  certificat,  diplôme,  enfin  it. 
buUettino,  =  fr.  bulletin. 

1.  BURE,  grosse  étofie  de  laine,  BL.  bura; 
on  rattache  ce  mot  au  vfr.  bure*,  buire*, 
rouge  brun,  qui  répond  à  un  type  adjectival 
burins,  formé  du  L.  burnis  (grec  -nuppô-), 
lequel  parait  être  identique  avec  birrus,  man- 
teau de  grosse  laine  contre  la  pluie.  —  D. 
burat,  buratin;  bureau  (v.  c.  m.). 

2.  BURE,  puits  d'une  mine,  en  wallon  beur, 
probablement  de  l'ail,  bohren,  trouer,  percer. 

BUREAU,  burel,  1.  grosse  étofie  de  laine, 
2.  tapis  de  table,  3.  table  couverte  d'un  tapis, 
senant  à  écrire,  etc.,  4.  chambre  de  travail 
des  employés  aux  écritures,  etc.  On  voit,  le  sens 
s'élargit  de  plus  en  plus.  C'est  le  dimin.  de 
bure,  étoffe  de  laine.  —  D.  buraliste;  bureau- 
a-ate  (néologisme). 

BURETTE,  dimin.  de  buire{y.  c.  m.). 

BUR6RAVE;  de  l'ail,  burg-graf,  comte  du 
château. 

BURIN,  it.  borino,  esp.,  port,  buril;  du 
vha.  bora,  foret,  borôn,  percer.  — D.  buriner. 

BURLESQUE,  de  l'it.  burlesco,  dérivé  de 
bitrla,  farce,  tiré  lui-même  du  L.  burra,  farce, 
niaiserie  (burra,  burrula,  burla), 

BUSARB,  voy.  buse. 

BUSG,  busqué',  du  BL.  buscus,  busca, 
bois  ;  les  buses  étaient  d'abord  des  lames  de 
bois.  —  Littré  s'avance  un  peu  trop  en  iden- 
tifiant busqué  avec  buste  -=  corps  de  jupe.  — 
D.  busquer,  busquière. 


1.  BUSE,  tuyau,  cavité,  vfr.  buise.  néerl. 
buis  ;  c'est  le  même  mot  que  it.  Imso,  bugio, 
vide,  d'où  bugia,  mensonge  (pr.  chose  creuse), 
mais  d'où  vient-il?  L'étymologie  BL.  butta, 
buttis  =  /Sevrt;,  vase,  ne  satisfait  ni  pour  le 
sens,  ni  pour  la  forme. 

2.  BUSE,  BUSON,  oiseau,  it.  busxa,  du 
L.  buteo,  espèce  de  faucon.  —  D.  busard,  ail. 
busshart  (et  même  par  interprétation  popu- 
laire busS'Oar),  angl.  buzjsard,  néerl.  bui- 
jsert,  prov.  buzac,  it.  bozzago. 

BUSSARB,  anc.  mesure  de  capacité,  dérivé 
de  busse",  BL.  buza  =.  botte,  tonneau,  bar- 
rique. 

1.  BUSTE,  t.  de  commerce,  boite  pour 
conserver  le  raisin  de  Damas,  du  BL.  busta, 
coffre,  caisse  (primitif  de  bustellus,  fr  bois- 
seau) ;  or,  busta  est  formé  de  buxida,  pixgda 
(voy.  botte). 

2.  BUSTE,  it.  esp.  busto,  prov.  btist,  par- 
tie supérieure  du  corps  ;  c'est  le  même  mot 
que  le  mot  précédent,  qui  a  pris  le  sens  de 
tronc  du  corps  ;  cp.  BL.  arca,  it.  casso  (cap- 
sus),  angl.  chest,  ail.  brust-kasten,  etc.,  qui 
tous  offrent  la  même  assimilation  d'idée.  — 
Le  mot  buste  est  d'un  emploi  assez  récent  ; 
l'ancien  terme  était  bue,  bu,  qui  s'accommode 
très  bien,  pour  l'étymologie,  du  vha.  pûh, 
bûh  (mha.  bûch,  nha.  bauch),  ventre  et  car- 
casse (c'est  aussi  le  primitif  du  prov.  bue, 
ruche).  A  côté  de  bu,  lanc.  langue  et  le  prov. 
présentent,  pour  tronc  du  corps,  aussi  bruc 
(brut  n'est  qu'une  variété  orthograpliique), 
que  Diez  explique  par  vha.  bnth,  nha.  bruch, 
fragment,  et  qui  pourrait  bien  n'être,  car  on 
trouve  aussi  brusc,  que  le  même  mot  que  le 
prov.  brusc,  ruche,  rouche  (voy.  ruche).  L'ail. 
brust  doit,  pour  tous  ces  mots,  être  laissé  en 
dehors.  Gachet  est  d'avis  que  le  vfr.  bus,  bue, 
bu,  rouchi  biisch  =  buste,  tronc  humain,  le 
wallon  et  prov.  bue,  BL.  buca,  busca,  tronc 
d'arbre,  sont  des  mots  identiques,  procédant 
tous  de  boscus,  buscus,  bois.  Busca  se  serait 
modifié  en  busta,  arbor  ramis  truncata,  de 
là  le  fr.  buste.  Pour  le  changement  de  c  en  t, 
Gachet  cite  vfr.  miw^ioa?,  jarret,  wall.  niustai, 
rouclii  muiiau,  qui  viennent  de  musculus, 
»  soris  de  jambe  »  (Gloss.  lat.-rom.  de  Lille). 
La  forme^  intermédiaire  a  dû  être  musquiau, 
muquiau.  Cette  manière  de  voir  présente  di- 
verses difficultés. 

BUT,  variété  de  bout  (v.  c.  m.),  pr.  chose 
en  relief,  proéminente,  puis  particulièrement 
le  point  de  mire  du  tireur,  ce  à  quoi  l'on  vise, 
la  fin  de  la  carrière,  extrémité.  La  forme  fé- 
minine du  mot  est  butte,  petit  tertre,  massif 
de  terre  où  l'on  place  le  but  pour  tirer.  —  Le 
verbe  buter  est  de  double  nature  :  dans  sa  si- 
gnification de  heurter,  pousser,  appuyer,  il 
est  une  variété  de  bouter  et  le  primitif  de 
but,  butte,  chose  repoussée  ;  d'autre  part,  si- 
gnifiant frapper  au  but,  il  est  un  dérivé  de 
but.  Voir  aussi  début  et  rebuter. 

BUTER,  voy.  but.  —  D.  biUoir. 

BUTIN,  it.  bottino,  esp.  bolin,  dér.  du  nord. 
bi^ti,  angl.  booty,  mha.  bùten,  ail.  beiUe, 
même  sign.  —  D.  butiiier. 


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CÂB 


—  78  - 


CAB 


BUTOR,  oiseau  de  proie,  do  L.  bos-taurttê, 
selon  Belon,  Nicot,  etc.  ;  d'après  Ménage,  de 
buffi'taurus,  pour  muffUctunis,  Les  formes 
wall.  puttair,  flam.  putoor,  v.  angl.  bitUmr, 
biUire  (cp.  BL.  hitorius),  angl.  mod.  bittern 
(q).  aussi  esp,  bitor,  roi  des  cailles)  démon- 
trent la  vanité  de  cesétymologies.  Le  mot 
reste  à  éclaircir. 

BUTTE,  voy.  bxU.  —  D.  butter  (pour  l'ac- 


ception chopper,  faire  un  faux  pas,  tôt.  des 
métonymies  analogues  dans  lart.  broncher)^ 
buttée. 

BUVABLE,  -arrf,  -ce,  -ette^-eur,  -otter,  tous 
dérivés  de  boire,  par  un  radical  biw  pour  bev 
(lat.  bib).  Ce  changement  de  i  ou  e  ou  u  n'est 
propre  qu'à  la  langue  moderne  et  s'est  proba- 
blement opéré  sous  l'influence  du  participe  bu. 

BTSSUS,  mot  latin,  tiré  du  gr.  ^(mot. 


ÇA,  contraction  familière  de  cela. 

ÇÀ,  adverbe  de  lieu,  prov.  sa,  sai,  contrac- 
tion de  la  formule  latine  ecce  hac,  comme  ci 
vient  de  ecce  hic.  —  Les  formes  it.  qtia,  esp. 
acà,  port,  cà,  viennent  du  L.  eccuhac.  — 
Composé  :  deçà. 

CABALE,  it.,  esp.,  port,  cabota,  interpréta- 
tion mystique  du  Vieux  Testament  ;  de  là  les 
acceptions  modernes  :  pratiques  ou  machina- 
tions secrètes,  etc.;  de  l'hébreu  kabalah,  tra- 
dition, science  occulte.  L'opinion  qui  rattache 
l'origine  de  cabale  aux  lettres  initiales  des 
cinq  ministres  {Cliflford,  Ashley,  Buckingham, 
Arlington  et  Lauderdale)  composant  en  1670 
le  cabinet  du  roi  Charles  II  d'Angleterre,  est 
erronée,  malgré  le  crédit  que  lui  ont  donné 
de  graves  historiens.  L'emploi  du  mot  cabale 
est  antérieur  à  1670;  il  figure  déjà  dans  le 
dictionnaire  de  Monet  (1636).  —  D.  cabaler, 
intriguer;  cabaliser;  cabaliste,  savant  dans  la 
cabale  des  Juifs. 

CABAN,  d'un  mot  bas-latin  capamis  dérivé 
de  capa  ou  cappa,  voy.  chapeau.  A  caban 
correspond  Tit.  gabbano,  sarrau,  balandran, 
esp.  caban.  D'autres  rapportent  le  mot  à  l'arabe 
aban,  capote  avec  des  manches  et  un  capuchon  ; 
le  mot  arabe  a  pour  initiale  un  ain,  lettre 
gutturale  permutant  facilement  avec  c  ou  ^. 

CABANE,  it.  capanna,  esp.  cabana,  prov. 
cabana;  du  BL.  capanna,  maisonnette  de 
chaume,  mot  mentionné  par  Isidore,  et  qui 
parait  identique  avec  le  cymr.  caban,  même 
sign.,  dimin.  de  cab.  Les  étymologies  cop^re, 
contenir,  et  cappa,  manteau  (qui  se  rencontre 
en  V.  esp.  et  en  milanais  avec  le  sens  de  ca- 
bane) sont  fautives,  le  suffixe  anna  étant 
étraxiger  aux  langues  romanes.  Ménage  dé- 
rive le  mot  de  xxtk^,  étable,  coche  (il  faut 
lire  neatkvri),  —  D.  cabanon,  cabaner.  — Une 
modification  de  cabane  est  l'angl.  cabin,  fr. 
cabine  (Palsgrave  donne  un  masc.  cabain), 
d'où  le  dim.  cabinet. 

1 .  CABARET,  l'origine  de  ce  mot  est  encore 
à  trouver  ;  Ménage  le  dérive  de  xAini,  lieu  où 
l'on  mange,  crèche  (de  xAirrccv,  manger  à  gou- 
lée);  de  là  se  seraient  produits  successive- 
ment caparis,  caparetum,  cabaret.  Du  même 
xÂTrrctv  vient,  en  effet»  xàmiUi,  marchand  de 
vivres,  puis  petit  marchand  et  tavemier.  — 
Frisch  voit  dans  cabaret  une  corruption  de 
caponerette,  et  le  rapporte  au  L.  caupona. 


auberge,  taverne  ;  Heyse.  à  son  tour,  l'expli- 
que par  cabaneret  (de  cabane). 

2.  CABABET,  plante  ;  d'après  Ch.  Etienne, 
p.  bacaret,  du  L.  bacchar  ou  beccar,  nard 
sauvage  ;  d  après  Saumaise,  gâté  de  combre- 
tum  ou  cobretum,  espèce  de  jonc. 

CABAS,  CABACHE',  esp.  capa^o,  capacho, 
port,  cabai,  accuse  un  type  latin  cabaceus, 
que  Ménage  rapporte  à  un  mot  grec  hypo- 
thétique xàîxxoi  qui  viendrait  de  r.àv,  verbe 
inusité,  auquel  il  prête  le  sens  de  capere, 
contenir.  Mieux  vaut  ranger  le  mot  sous  le 
primitif  cappa,  dont  il  sera  question  sous  cape, 
ou  sous  la  racine  cap  de  capere.  —  M.  Defre- 
mery  (Retue  crit.,  18  déc.  1868)  indique 
l'arabe  gafas,  cage,  panier.  —  D.  cabasset, 
espèce  de  petit  casque  ;  cabasser,  empocher, 
filouter  (angl.  cabbage,  ni.  cabassen). 

CABESTAN,  de  l'angl.  capstan,  capsterti  ;. 
celui-ci  de  l'esp.  cabrestante,  cabestrante  (ra- 
cine :  capra,  clièvre).  On  sait  que,  dans  beau- 
coup de  langues  la  chèvre  et  le  bouc  ont 
prêté  leur  nom  à  des  machines  servant  à  sou- 
lever des  fardeaux.  Cabrestante  veut  dire 
chèvre  debout. Les  Néerlandais  ont  gâté  le  mot 
en  kaapstander  et  les  Allemands  en  hopfstân- 
der.  —  Mahn,  à  tort,  préfère  pour  primitif 
l'esp.  cabestrar,  mettre  un  licou  (de  capestro, 
fr.  checétre). 

CABILLAUD,  CABLIAU,  du  néerl.  habel- 
jaauw  ;  quant  à  celui-ci,  on  le  fait  venir  par 
transposition  de  lettres  de  bacalaiba,  nom 
basque  de  la  morue,  qui  a  donné  l'esp.  bacor 
lao,  fr.  bacaliau,  et  le  bas-ail.  bakheljau 
(Venise  :  bacalâ). 

CABINE,  CABINET,  it.  gabinetto,  esp.  ga- 
binete,  voy.  cabane, 

CABLE,  CHABLE,  it.  cappio  (cordon, 
nœud),  esp.,  port,  cable;  du  BL.  capulum 
(Isidore  :  capulum,  funis).  Le  grec  du  moyen 
âge  présente  y^&nUov,  le  néerl.  kabel.  La  pro- 
venance du  mot  est  incertaine.  On  a  proposé 
tour  à  tour  le  grec  nà/itUçt  corde,  l'hébreu 
chabal  et  l'arabe  habl,  qui  signifient  la  même 
chose,  mais  ces  suppositions  sont  dépourvues 
de  fondement.  (Les  mots  d'origine  arabe  sont 
postérieurs  à  Isidore.)  Qui  oserait  affirmer 
que  capulum  n'appartient  pas  au  fond  latin? 
—  Pour  un  autre  mot  cable*,  chaable*,  voy. 
l'art,  accabler.  —  D.  cùbUau  ou  cdblot,  câbler; 
aussi  chableau,  chabler. 


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CAC 


79 


CAD 


OABOCHE,  mot  burlesque  pour  désigner  la 
tête  ;  de  l'it.  capocchia,  employé  encore  pour 
la  tète  d'un  clou,  d'une  épingle,  ainsi  que  pour 
le  gros  bout  d'un  bâton  (primitif  capo,  tête 
=  L.  caput),  —  D.  cabochon,  terme  de 
joaillerie. 

CABOTER,  naviguer  de  cap  en  cap  (esp. 
cabo).  Telle  est  l'explication  courante  de  ce 
terme  maritime,  mais  elle  n'est  pas  soute- 
nable.  —  J'ai  lu  (Nederlandsche  Specfator, 
1875,  n®  27),  dans  le  récit  fait  par  M.  Félix 
Bovet  d'une  renconti'e  avec  un  Américain, 
descendant  de  Jean  et  Sébastien  Cabot, 
grands  navigateurs  du  xvi*'  siècle,  que 
celui-ci  prétendait  qu'une  tradition  de  fa- 
mille attribuait  à  ces  navigateurs  l'origine 
du  terme  maritime  caboter.  A  l'appui  de 
cette  attribution,  je  remarquerai  que  ni  l'it., 
ni  l'esp.  n'ont  formé  de  capo,  cabo  un  verbe 
analogue.  —  D.  cabotage,  -ier, 

CABOTIN,  comédien  ambulant;  non  pas 
de  caboter,  mais  d'après  un  célèbre  opéra- 
teur charlatan  de  la  seconde  moitié  du  xvii« 
siècle,  appelé  Cabotin.  (Voy.  Littré,  suppl.) 

CABRER  (SB),  du  L.  caper,  gén.  capri, 
bouc,  dont  le  propre  est  de  se  cabrer. 

CABRI,  vfr.  cabriV,  du  L.  capriUus,  forme 
secondaire  de  capreolus,  chevreuil. 

CABRIOLER,  pr.  sauter  comme  une  jeune 
chèvre,  du  L.  capreola,  chèvre  sauvage.  — 
D.  cabriole,  cabriolet,  voiture  sautillante. 

CABUS,  dans  chou-cabus  et  laitue-cabusse, 
de  rit.  cappxiccio,  petite  tête.  Cp.  ail.  happes, 
angl.  cahbage;  flam.  cabuyskooîe  fKiliaen). 
L'orthographe  cabxd  engageait  Ménage  à 
faire  venir  le  mot  français  d'un  participe 
fictif  capxUixs,  pourvu  d'une  tête. 

CACABE,  du  L.  cacare, 

CACAO,  mot  américain  :  mexicain  haha- 
huatl.  L'arbre  est  nommé  en  esp.  cacagual. 

CACATOIS,  1.  nom  d'oiseau;  2.  nom  de 
mât  (cp.  perroquet)  ;  au  fond,  une  onomato- 
pée du  cri  de  l'oiseau,  mais  tiré  directe- 
ment du  malais  hahatoua, 

CACHALOT.  Le  nom  de  ce  mammifère  cé- 
tacé,  qui  se  retrouve  aussi  en  anglais,  repro- 
duit directement  l'esp.  cachalote.  Or,  celui-ci, 
à  l'avis  de  Tobler  (Ztschr.,  IV,  376),  n'a 
rien  à  faire,  comme  on  a  prétendu,  ni  avec 
qutjcil  «  dent  »,  ni  bxecqxiijar,  «  mâchoire  », 
étant  l'augmentatif  de  cachuelo,  qui  se  dit 
d'une  espèce  de  poisson  de  rivière,  mais 
qui  dans  le  principe,  comme  cachorro,  a  la 
valeur  de  jeune  chien.  Cacko,  le  primitif, 
signifie  de  même  en  esp.  à  la  fois  jeune 
garçon  et  une  espèce  de  barbeau  ;  en  port. 
cachorra  signifie  à  la  fois  chienne  et  cacha- 
lot. L'original  est  donc,  selon  les  règles,  le 
lat.  catulus.  L'irrégularité  cachalote  p.  ca- 
cholote,  c'est-ârdire  a  p.  o,  en  syllabe  atone, 
n'est  pas  rare  en  espagnol. 

CACHEMIRE,  tissu  ;  de  Kaschmir,  capitale 
d'une  province  du  même  nom  dans  le  royaume 
de  Lahore. 

GACHER,  ce  verbe  répond  â  un  type  latin 
coacticare,  tiré  régulièrement  du  participe  L. 
coactus,  serré,  resserré,  enfermé.  Pour  coa 


contracté  en  ca,  cfr.  cailler,  de  coagulare. 
Le  part  coactus  est  aussi  l'original  de  l'it. 
qitatto,  tapi,  caché.  —  D.  cache;  cachette, 
cachot;  verbes  dimin.  cacheter  (anc.  celer, 
puis  rendre  invisible  le  contenu  d'une  lettre 
au  moyen  du  cachet)  et  cachotter.  —  Le  sens 
foncier  de  comprimer  s'est  conservé  dans  éca- 
cher  (v.  c.  m.). 

CACHET,  subst,  verbal  de  cacheter  (comme 
projet  de  projeter),  car  je  pense  que  le  verbe 
a  préexisté. 

CACHETER,  voy.  cacher.  —  D.  cachet; 
composé  décacheter. 

CACHEXIE,  gr.  nx/^t^la,  mauvaise  disposi- 
tion (xaxo;,  mauvais  +  ïç»»f  état). 

CACHOT,  dim.  do  cache  (voy.  cacher). 

CACHOTTER,  dim.  de  cacher.^  D.  cachot 
terie. 

CACHOU,  de  l'indien  catechu 

CACOCHTHE,  gr.  y.  xo/u/tto;,  qui  a  de  mau- 
vaises humeurs.  —  D.  cacochymie. 

CAC06RAPHIE,  teriiio  grammatical  formé, 
d'après  l'analogie  de  op'^oypx^iet,  au  moyen  de 
nanôi,  mauvais,  et  de  //sâvïtv,  écrire. 

CAC0L06IE,  terme  technique  formé  de 
xaf/.eî  4"  lôfo^,  mauvaise  expression  ou  façon 
de  parler. 

CACOPHONIE,  gr.  xocxo^&iv^a,  dissonance, 
litt.  mauvais  son. 

CACTUS,  gr.  /àxTo;.  —  D.  cactier,  cactée. 

CADASTRE,  it.  esp.  catastro,  du  BL.  capi- 
tastrum,  pr.  liste  de  l'impôt  capital,  dérivé 
decopM*,  tête  (cfr.  en  esp.  cabezon,  rôle  des 
impositions,  de  cabesa,  tête).  Grégoire  de 
Tours  employait  capitularium  au  même  sens 
que  capitastrum, 

CADAVRE,  L.  cadaver  (rac.  cadere,  tomber). 
—  D.  cadavéreux,  L.  caàaverosus. 

CADEAU,  anc.  cadel;  on  appelait  ainsi 
anciennement  les  traits  «  enchaînés  »  ou 
entrelacés  dont  les  maîtres  calligraphes  en- 
tourent ou  ornent  leurs  modèles  d'écriture 
(de  là  l'ancien  terme  :  écriture  cadelée)  ;  puis, 
par  extension,  petit  divertissement,  partie  de 
fête;  enfin,  petites  choses  inutiles,  accessoires, 
de  pure  fantaisie,  données  en  présent.  Du  L. 
catelhis,  dim.  de  catena,  chaîne.  —  Cette  éty- 
mologie  traditionnelle  a  été  renversée  depuis 
que  Brachet  (Doublets  français,  suppl.,  p.  17) 
a  posé  pour  cadeau,  dans  son  premier  sens, 
celle  de  L.  capitellum;  cp.  p.  la  forme  ca- 
dastre de  capitastrum,  et  pour  le  sens,  l'ex- 
pression «  lettre  capitale  » .  —  Cette  expli- 
cation a  eu  du  succès,  et  elle  le  mérite  au 
point  do  vue  du  sens  et  de  la  lettre  ;  mais  la 
transition  du  sens  lettre  capitale,  cadelée,  â 
celui  de  fête,  partie  de  plaisir,  telle  qu'on  la 
représente  dans  les  dictionnaires  et  qui  m'a 
toigours  semblé  quelque  peu  factice,  n'en  est 
pas  rendue  plus  plausible.  En  tout  cas,  je  m  y 
rallie  franchement,  en  considérant  que  si  ca- 
deau est  réellement  du  orù  français,  le  L. 
catellus  ne  serait  pas  devenu  cadel,  mais  caiel 
ou  chayel.  —  Rônsch,  en  ce  qui  concerne 
l'acception  *«  don,  présent  »,  la  rapporte 
aux  chaînettes  (catelli)  d'or  dont  (selon  Tite- 
Live,  XXXIV,  31,  18)  on  récompensait  les 


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CAF 


80  — 


GÂH 


soldats  romains.  Mais  encore  une  fois,  cadel^^ 
cateUus  heurte  trop  les  lois  de  formation 
françaises. 

CADENAS,  de  l'it.  catenaccio,  dérivé  de  car 
teiia,  chaîne.  Anciennement,  le  cadenas  avait 
une  petite  cliaine  au  lieu  de  ce  que  nous  nom- 
mons aujourd'hui  l'anse  ou  l'anneau  du  cade- 
nas. —  D.  cadencusser. 

CADENCE,  it.  cadenza,  du  BL.  cadentia, 
subst.  dérivé  de  cadcre,  tomber;  cadence  est 
donc  pr.  la  manière  dont  le  ton  musical  s'élève 
ou  s* abaisse,  puis  la  mesure  qui  règle  les 
mouvements.  Ce  terme  cadence  est  savant, 
car  la  transformation  véritable  de  cadentia 
est  cheance  ',  chance  (v.  c.  m.). —  D.  cadencer. 

CADÉNE,  de  cadma,  forme  provençale  et 
espagnole  du  L.  catena\  chaîne.  —  D.  code- 
nette.  J'apprends,  cej>endant,  par  le  Dict.  de 
Littré,  que  Isicadenette  tire  son  nom  d'Honoré 
d'Albret,  seigneur  de  Cadenet,  qui  affection- 
nait particulièrement  les  cheveux  en  cade- 
nette. 

CADENETTE,  voy.  lart.  préc. 

CADET,  fém.  cadette ^  it.  cadetto,  angl.  ca- 
det, du  L.  capitettum  (cp  cadastre  de  capi- 
tastiiim),  diminutif  barbare  de  caput.  Le 
cadet  est  donc  envisagé  comme  la  «  jeune 
tête  »,  -  le  petit  chef  »  de  la  famille,  relative- 
ment à  laine,  qui  en  est  la  tête,  le  chef  pro- 
prement dit.  —  Le  tvpe  fictif  capitettum  est, 
dit  P.  Meyer  fRom.  "lll,  316),  une  hypothèse 
superflue  ;  cacict,  mot  entré  dans  le  français 
au  XVI®  siècle,  est  le  béarnais  ou  gascon  cap- 
det,  qui,  selon  une  particularité  phonétique 
de  ce  dialecte,  répond  au  prov.  capdel  (chef) 
=  lat.  capitellum. 

CADMIE,  L.  cadmia  {*acfitlix), 

CADRE,  it.  qitadrOf  du  L.  quadrum,  carré. 
—  D.  encadrer.  A  la  même  famille  appar- 
tiennent : 

Cadrer,  L.  quadrare. 

Cadran,  L.  quadrans;  les  cadrans  solairçs 
sont  carrés. 

Cadrât,  L.  quadratus;  dim.  cad^'atin, 

Cadrature,  L.  qttadratura. 

Tous  ces  termes  sont  savants  ou  nouveaux  ; 
pour  la  langue  vulgaire,  le  radical  quadr  est 
devenu  carr,  en  vertu  de  l'assimilation  habi- 
tuelle. En  voici  les  rejetons  : 

Carré  «=  L.  quadratus  ;  carrer  ==  qua- 
drare;  carrière  =  BL.  quadraria,  lieu  où 
l'on  extrait  les  pierres  ;  équerre,  équarrir, 
etc.  (voy.  ces  mots). 

CADUC,  L  caducus  (de  cadere,  tomber). — 
D.  caducité,  L.  caducitas, 

CADUCÉE,  L.  caduceus  (qui  représente  le 
gr.  xïj/5wx«Iov,  bâton  de  héraut). 

CAFARD,  anc.  cafar,  hypocrite,  bigot  ;  on 
a  proposé  esp.  port,  cafre,  rude,  cruel,  de 
l'arabe  kûfir,  infidèle,  perfide,  ingrat.  Cafard 
disignerait  proprement  un  infidèle  qui  se 
fait  dune  autre  religion,  sans  bonne  foi,  sans 
conviction.  Littré,  à  cause  de  l'orthographe 
anc.  caphard,  préfère  l'étymologie  de  Du- 
cange,  savoir  caphardum,  sorte  de  vêtement 
mentionné  au  xiv«  siècle  dans  des  statuts 
d'université  ;  mais  Ducange  ne  dit  rien  de  plus 


ni  sur  l'origine  de  ce  mot,  ni  sur  le  rapport 
des  idées.  D'après  Bovet,  le  mot  se  rattache 
à  la  secte  des  cathares  (xxOap^j),  le  0  étant 
rendu  par  f  conmie  dans  Féodor  p.  Théodore. 
Voy.  Littré,  suppl.  En  somme,  l'étym.  du  mot 
reste  incertaine. 

CAFÉ,  esp.  café,  it.  caffe,  angl.  coffee,  ail. 
ka/f'ee;  de  l'arabe  qahvah,  turc  kahiceh,  vin, 
puis  boisson  de  baies  cuites;  d'autres,  avec 
peu  de  probabilité,  tirent  café  de  kaffa,  nom 
d'une  contrée  d'Afrique,  pays  originaire  du 
café.  —  D.  caféier  ou  cafier;  cafetier,  -ère. 

CAGE,  angl.  ca^e,  it.  ffobbia,  esp.  gavia, 
du  L.  cavea;  pour  la  consonnification  de  eout 
devant  une  voyelle,  cp.  abréger  de  abreviare, 
singe  de  simia,  pigeon  de  pipio,  congé  de 
commeatus,  linge  de  lineum,  etc. —  D.  cagée, 
eyicager, 

CA6NARD,  fainéant,  paresseux,  de  cogne* 
(se  dit  encore  pour  mauvais  chien),  it.  cagne, 
chienne  (L.  canis).  Autrefois  le  subst.  cagnard 
se  disait  aussi  pour  chenil.  —  D.  cagnarder, 
•ise,  s*acagnarder, —  Le  même  primitif  co^ne, 
chienne,  puis  aussi  terme  d'injure,  a  donné 
cagneux  (la  plupart  des  chiens  sont  cagneux, 
dit  Ménage),  cagnot,  chien  de  mer,  et  acagner 
(patois  berrichon),  combler  d'iiyures. 

CAGNE,  CAGNEUX,  voy.  l'art,  préc. 

CAGOT  ;  l'acception  d'hypocrite  attachée  à  ce 
mot  ne  remonte  pas  au  delà  du  xvi®  siècle. 
Quant  à  l'origine  du  mot,  on  le  croit  identique 
avec  le  nom  d'une  caste  ou  d'une  race  disper- 
sée dans  le  Béarn  et  les  contrées  avoisinant«s. 
Une  bande  de  Goths  et  d'Arabes,  dit-on,  qui 
s'étaient  réfugiés  en  Guienne,  obtinrent  de  la 
part  de  Charles  Martel  et  de  ses  successeurs 
appui  et  protection;  mais  les  indigènes  les 
traitèrent  d'Ariens  et  de  lépreux  et  les  frap- 
pèrent du  surnom  de  cagots,  c.-à-d.  canes 
gothi.  L'étymologie  n'a  rien  à  opposer,  observe 
Diez,  à  cette  ancienne  explication  du  mot 
cagot,  qui  peut  fort  bien  être  composé  du 
prov.  câ,  chien,  et  de  Goth;  on  aura  fait  dé- 
vier le  sens  primitif  de  cagot,  savoir  :  «  infi- 
dèle »' ,  en  celui  d'hypocrite,  homme  qui,  contre 
sa  conscience,  suit  les  pratiques  de  la  religion 
catholique  (cp.  pi.  h.  une  étymologie  anidogue 
attribuée  à  cafard).  —  Frisch  décompose  le 
mot  en  prov.  cap,  tête,  et  ail.  Gott,  Dieu; 
capgot,  cagot,  serait  un  juron,  «  par  la  têt« 
de  Dieu  « ,  que  les  hypocrites  aiment  particu- 
lièrement à  prononcer  pour  dissimuler  leur 
mauvaise  foi.  —  Des  études  nouvelles  sur  les 
cagots  (voy.  V.  de  Rochas,  Les  Parias  de 
France  et  d'Espagne.  Paris,  1876)  indiquent, 
cx>mme  origine  du  mot,  le  breton  cacodd 
u  lépreux  ** .  La  signification  moderne  a  pu 
s'être  produite  sous  l'influence  de  bigot, 

CAGOUILLE,  1.  nom  patois  du  colimaçon, 
2.  volute  ornant  le  haut  de  l'éperon  d'un  vais- 
seau. —  Cp.  pour  le  thème  cag  le  prov.  mod. 
cacalan,  escargot,  bitarrois  cagarol. 

CAHIER,  anc.  cayer,  pic.  coya*,  x*ouchi 
quoyer,  en  angl.  quair,  puis  quire.  Du  L. 
quaternum  (cp.  hi'cer  de  hibemum,  enfer  de 
infernum),  liasse  de  quatre  feuillets.  Cette 
étymologie  est  assurée  par  l'emploi  fréquent 


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du  mot  qwjUemum  ou  quatemio  («  chartse 
compactœ  »>)  dans  le  latin  du  moyen  âge,  et 
les  formes  prov.  catem,  quadem.  Un  ano- 
nyme français,  faisant  la  critique  du  diction- 
naire de  Diez  (Atkenceutn  français,  1853), 
prétend  avec  autorité  que  coAter  vient  de  qua- 
temio Ce  critique  est  peu  initié  aux  procédés 
mécaniques  de  la  romanisation  ;  quatemio  n'a 
jamais  pu  faire  cahier,  mais  bien  cargnon 
ou  chargnon  (on  trouve  en  effet  U  forme 
charreignon).  —  Uétym.  L.  codicarium,  con- 
damnée par  ta  phonétique,  doit  être  aban- 
donnée. —  Voy.  aussi  carnet  et  casemet. 

GAHIN-OAHA,  du  L.  qua  hinc  qua  hac 
(Ménage). 

Cahoter,  étymologie  inconnue.  Ménage 
indique  une  forme  cadutare,  faire  des  chutes 
V.  c.  m.),  comme  ayant  pu  donner  naissance 
à  ce  mot  (il  allègue  à  Tappui  le  nom  propre 
Cahors,  de  Ckidurcum),  Nous  y  voyons  de 
préférence  une  onomatopée,  ou  bien,  vu  la 
forme  wallonne  kihoter  (Ai,  préfixe,  —  fr.  co, 
cott),  le  radical  ail.  ?iot,  marquant  secousse, 
balancement  (cp.  ail.  katze,  berceau).  — 
Bugge  admet  pour  type  une  forme  romane 
quatottare,  fréquent,  de  quaiere.  Cahoter  se 
serait  produit  comme  baisoter,  grignoter, 
trembloter,  etc.  J'approuve,  en  théorie  et  pho- 
nétiquement, cette  étymologie;  mais  je  la 
tiens  pour  suspecte  tant  qu'on  ne  produira 
pas  à  l'appui  d'autres  verbes  en  oter  ne  décou- 
lant pas  d'un  autre  verbe  français  préexistant. 
Je  m'en  tiendrai  donc  au  wallon  kihoter,  dont 
Bugge  ne  fait  pas  même  mention.  —  Subst. 
verbal  cahot, 

GAHUTI!,  anc.  cahutte,  cahuette,  dan.  ka- 
hyt,  suéd.  hajuyta,  kaota,  kota  (holl.  kajuit, 
cabine  d'un  navire).  La  forme  actuelle  cahute 
parait  être  une  contraction  de  cahuette;  le 
primitif  serait  alors  calme,  BL.  cahua,  et 
répondrait  à  l'ail,  kaiœ,  réduit,  ni.  houio. 
L'anc.  fr.  et  certains  patois  emploient  cahuet 
p.  capuchon  ;  cela  fournit  un  nouvel  exemple 
de  ce  rapport  idéologique  entre  les  mots  ex- 
primant maison  et  habillement,  que  nous 
avons  relevé  dans  caban,  chasuble  et  casaque, 

CÂIEÏÏ,  bulbe,  oignon;  étymologie  incon- 
nue, 

CAILLS,  it.  quaglia,  prov.  calha,  angl. 
quail,  du  BL.  quaquila,  qualia,  v.  ilam. 
quakele.  Papias  :  «  Quaquila,  gentts  avis, 
vulgo  cotumix,  a  vocis  sono,  n  Cfr.  l'ail,  qua- 
hen,  coasser.  —  D.  caillette,  femme  babillarde 
(angl.  collet),  cailleteau,  cailleter, 

CAILLER,  vfr.  coailler,  it.  quagliare,  ca- 
gliare,  esp.  cuajar,  port.  coaJhar,  du  L.  coa- 
gulare.  Ce  primitif  latin  a  été  une  seconde 
fois  introduit  dans  la'  langue  par  les  savants 
sous  la  forme  de  coaguler,  —  D.  caillotte; 
caillot,  Cps.  caillebotte^  de  caille  -|-  b(^te, 
faisceau,  monceau  (voy.  bot), 

CAILLOU,  rouchi  caliau,  pic.  cailleu,  prov. 
calhau,  Grandgagnage  propose  comme  source 
de  caillou  le  néerl.  kai,  kei,  ou  le  cymr.  cal- 
lestr,  bret.  calastr,  même  signif.  Diez  ratta- 
che caillou  &  cailler:  caillou»  pierre  caillée; 


il  se  fonde,  en  faisant  cette  coi\jecture  quelque 
peu  hardie,  sur  une  origine  tout  à  fait  ana 
logue  de  l'allemand  Aie^c/,  qui  signifie  à  la  fois 
caillou  et  grêlon.  L'explication  la  plus  naturelle 
est,  à  mon  avis,  la  succession  de  formes  :  L. 
calculus,  calcolus,  callocus,  fr.  caillou,  cail- 
leu, ou  celle-ci  :  calculus,  caculus  (la  sup- 
pression de  l  radical  me  semble  très  admissi- 
ble), caclus  :  d'où  cJuiil,  cail,  caille  (formes 
en  usage  dans  les  patois),  puis  au  moyen  des 
suffixes  ol,  ou,  eul,  ot,  les  diverses  formes 
caillot,  -ou,  -eul,  ot.  (C'est  cette  dernière  ma- 
nière de  voir  que  Diez  avait  adoptée  en  der- 
nier lieu.)  —  D.  caillouter,  caillouteuœ  (ces 
dérivations  par  /  sont  modernes). 

caïman,  du  caraïbe  acayouman,cTocodl\e, 

CAIQUE,  espèce  de  vaisseau  de  mer  ;  mot 
turc. 

CAISSE,  it.  cassa,  esp.  caœa,  prov.  caissa, 
angl.  cash;  du  L.  capsa  (xàfa),  coffre.  —  D. 
cassette,  caisson,  caissier,  encaisser,  —  Le 
latin  capsa  se  trouve  encore  dans  la  langue 
française  sous  la  forme  de  casse  (t«rme  d'im- 

!)rimerie),  d'où  casseau,  et  sous  celle  de  châsse 
voy.  c.  m.). 

CAJOLER,  anc.  c\x9Xii&v{**  cageoller  comme 
un  gay  «,  dit  Paré);  le  sens  semble  donc  être 
«  enchanter,  gagner  par  de  douces  paroles  » . 
N'était  le  sens  premier  de  chanter,  l'étymol. 
cageole  «  petite  cage  (  =  L.  caveola  ;  cp. 
geôle),  conviendrait  assez  bien  ;  cajoler  serait, 
comme  etijôler  (v.  c.  m.),  finir  par  attraper 
l'oiseau  et  le  mettre  en  cage.  Mais  la  première 
signification  du  mot  oblige  à  chercher  ailleurs. 
A  Namur,  on  dit  cajoler  dans  le  sens  d'eiyoli- 
ver  ;  or,  en  présence  du  préfixe  ca  assez  fré- 
quent dans  les  dialectes  wallons  et  dont  le  sens 
parait  être  itératif,  on  est  autorisé  à  s'adresser, 
avec  Grandgagnage,  au  thème  Joi  de  joli,  qui 
signifie,  en  premier  lieu,  gai. 

CAJTTTfi,  autre  forme  de  cahute,  tirée  di- 
rectement du  ni.  hajuit. 

CAL,  du  L.  callus;  on  dit  aussi  en  fr.  calus. 
—  D.  calleux,  L.  callosus. 

CALADE,  t.  de  manège,  de  l'it.  calata,  des- 
cente ;  celui-ci  du  verbe  calare,  baisser  ;  voy. 
cale, 

CALAIS,  sorte  de  panier,  d'un  type  cala- 
tium  (cp.  palais  depalatium),  dérivé  de  cala- 
thus,  xàXoL^oç  (en  grand  usage  dans  le  bas 
latin);  voy.  Bugge,  Rom.,  IV,  352. 

CALAMENT,  gr.  x»XafAh^  (Utt.  beUe 
menthe). 

CALAMINE,  vfr.  chalemine,  BL.  calamina, 
paraît  être  altéré  du  L.  cadmia  (xai/aéa),  m. 
s.,  dont  le  terme  ail.  galmey  se  rapproche 
davantage. 

CALAMISTRER,  L.  calamistrare,  de  cala- 
mister,  fer  à  friser  (dér.  de  calamus), 

1.  CALAMITE,  gomme-résine,  qu'on  re- 
cueille dans  des  tiges  de  roseau;  du  L.  cala- 
mus, roseau. 

2.  CALAMITE,  aimant,  it.,  esp.,  port,  cala- 
mita,  prov.,  catal.  caramida;  soit  de  calamus, 
chaume,  soit  de  %xlaLfilnii,  grenouille  verte. 
Diez,  observant  que  l'ancien  fr.  n'appliquait 

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guère  la  dérivation  par  ita  A  des  noms  de 
choses,  opte  pour  .le  dernier.  «  Avant  l'inven- 
tion de  la  boussole,  on  mettait  cette  pierre 
dans  un  bassin  d'eau,  suspendue  entre  deux 
fétus,  où  elle  nageait  comme  une  grenouille.  » 
(Le  père  Fournier.) 

CALAMITÉ,  L.  calamiias.  —  D.  calami- 
teux,  L.  calamitosus. 

1.  CALANDRE,  alouette  huppée,  ail. ^a^n- 
der;  vfr.  caradril  et  caladril;  on  avait  pro- 
posé, les  uns  galarita,  nom  latin  de  loiseau, 
les  autres  caliendrum,  bonnet,  huppe.  Diez, 
se  fondant  sur  une  forme  secondaire  esp.  cala- 
dre,  préfère  le  gr.  xapaô/oio;,  pluvier,  d'autant 
plus  que  les  vieux  glossaires  latins-allemands 
traduisent  caradrius  par  alouette.  Je  trouve 
cependant  dans  les  dictionnaires  aussi  la  forme 
nklxvZpoi  comme  nom  d'alouette. 

2.  CALANDRE,  charançon,  angl.  calender, 
ail.  kalander,  glander,  ni  Mander;  du  BL. 
caladrius,  calendra;  prob.  étymologique- 
ment  identique  avec  le  nom  de  l'oiseau. 

3.  CALANDRE,  machine  à  tabiser  les  étoffes, 
esp.  calandria^  angl.  calander;  du  L.  cy/in- 
df^s  {}tùiivSpoij\  la  bonne  ortliographe  serait 
colendre,  qui  est  la  formation  régulière  de 
q/lindrus,  —  D.  ccUandrer. 

CALANQUE  ou  carangiie,  petite  baie,  it. 
calanca;  dérivé  de  cale  2. 

CALCAIRE,  L.  calcarius  (de  calœ,  chaux). 

CALCINER,  BL.  calcinare  (calx),  transfor- 
mer en  chaux. 

CALCUL,  1.  pierre  (en  médecine),  L.  caicu- 
lus  (dimin.  de  calœ),  d'où  calculeux;  — 
2.  subst.  verbal  de  calculer,  L.  calculare. 

1 .  CALE,  plan  incliné,  fond  de  navire,  châ- 
timent usité  en  mer;  se  rattache  au  verbe 
caler,  baisser,  enfoncer,  it.  calare,  esp.  calar, 
BL.  calare,  qui  est  le  L.  chalare,  lâcher, 
faire  descendre,  suspendre  (gr.  x«>âv),  d'où 
calade,  calaison. 

2.  CALE,  abri  entre  deux  pointes  de  ro- 
chers, petite  baie.  Du  gaél.  cala,  baie,  port, 
ou  de  calare,  cala*,  descendre  (dans  le  port). 

3.  CALE,  morceau  de  bois,  de  pierre,  etc., 
placé  sous  un  objet  pour  l'assujettir  et  lui 
donner  de  l'assiette.  L'ail,  heil  (vha.  chail), 
coin,  satisferait  au  sens  et  à  la  lettre  (cp. 
gale*  de  geil).  Diez,  cependant,  rapporte  le 
mot  à  caler  (voy.  cale  Ij,  au  sens  d'enfoncer. 

CALEBASSE,  courge,  gourde,  de  l'esp. 
calabaza  (cat.  carabassa),  qui  lui-même  vient 
peut-être  de  l'arabe  que7'àaà,  outre  (plur. 
qeràbai).  —  D.  calebassier. 

CALÂCHE,  it.  calesso,  esp.  calesa,  angl. 
calash;  c'est  le  bohème  kolesa,  dim.  koleska 
(polonais  kolasa,  -aska),  dér.  de  kolo,  roue. 

CALEÇON,  de  l'it.  calzone,  dérivé  de  calzo 
(voy.  chausse), 

CALÉFACTEUR,  -FACTION,  L.  calefactor, 
tio  (de  calefacere,  chauffer). 

CALÉIDOSCOPE,  mot  nouveau,  fait  par 
l'inventeur  (Brewster  à  Edimbourg,  1817) 
avec  les  éléments  grecs  suivants  :  xa2â  «t^ij  = 
de  belles  images,  et  vMnia»,  je  vois,  je  con- 
temple. 


CALEMBOUR,  étymologie  inconnue.  Phil. 
Chasles  indique  l'abbé  de  Calemberg,  person- 
nage plaisant  de  contes  allemands  (d'autres 
disent  conteur  burlesque  lui-même).   Autre 
histoire  :  un  souverain  de  Nancy  avait  A  sa 
cour  un  certain  comte  de  KcUembourg  ;  cet 
Allemand  parlait  si  mal  le  français  qu'il  fai- 
sait à  chaque  instant  des  équivoques  par  le 
double  sens  des  expressions  dont  il  se  servait 
à  tort  et  à  travers.  De  là  «  expression  à  la 
Kalembourg  »   et  Kalembourg   tout  court. 
Citons  encore  l'explication  de  Boiste  :  de  l'it. 
calamc^o,  encrier,  et  burlare,  railler,  et  celle- 
ci  :  xaiïj  (belle)  -f-  bourde,  —  Mot  de  la  même 
façon  :  calembredaine,  bourde,  absurdité,  en 
picard  bredaine  tout  court,  à  Genève  calent- 
bourdaine.  Darmesteter  (p.  114)  décompose 
ce  mot  en  calem  Qa  particule  péjorative  cali 
nasalisée  devant  la  labiale)  4-  berdaine  ou 
bourdaine    (de    bourde).     Calembourdaine, 
selon  lui,  donne  l'étym.  de  calembour,  qui  se 
trouve  être  la  forme  masculine  de  calembre- 
daine; en  effet,  ajoute-t-il,  aux  environs  de 
Chateaudun   calembour  se  dit  au  sens  de 
calembredaine,  —  Voyez  aussi  Littré,  suppl. 
CALEMBREDAINE,  voy.  l'art,  préc. 
CALENDES,  L.  calendœ.  —  D.  calendrier, 
anc.  calendier  =  L.  calendarium,  it.,  esp. 
calendario. 

CALENDRIER,  voy.  calendes. 
CALEPIN  ;  ce  mot  a  pour  origine  le  diction- 
naire polyglotte  composé,  vers  la  fin  du 
XV*  siècle,  par  Ambroise  Calepin;  ce  gros 
dictionnaire  était  considéré  comme  un  volume 
indispensable,  et  le  nom  de  son  auteur  a  fini 
par  désigner  un  livret  portatif  servant  à  in- 
scrire des  notes. 

CALER,  1 .  baisser,  2.  assujettir  au  moyen 
d'une  cale,  voy  cale  1  et  3. 

CALFATER,  de  l'it.  calafatare,  calefatare, 
esp.  calafatear^  grec  vulgaire  xaiaf  acraîv.  Ces 
verbes  viennent  de  l'arabe  qallef  -  ferrumi- 
nare  ».  On  disait  autrefois  aussi  calfatrer, 
d'où,  sous  l'influence  de  feutre  peut-être,  s'est 
produite  celle  de  calfeutrer.  L'allemand  dit 
calfaterai.  —  D.  calfat,  subst.  verbal. 
CALFEUTRER,  voy.  l'art,  précédent. 
CALIBRE,  it.  esp  ,  port.,  ca/î6ro,  v.  esp. 
calibo,  capacité  ou  diamètre  d'un  tube  ;  moule 
à  briques,  etc.;  d'après  Herbelot,   de  l'arabe 
kalib,  modèle,  moule.  Le  dictionnaire  arabe 
de  Freytag  donne  qâlab,  modèle,  et  qalib,  fon- 
taine. Mahn  conjecture  inutilement  une  éty- 
mologie ;  qua  librat  (de  quel  poids?),  en  se 
fondant  sur  l'ancienne  orthographe  qualibre 
(R.  Etienne  et  Cotgrave).  —  D.  calibrer. 
\ .  CALICE,  du  L.  ccUiœ,  -icis,  vase  à  boire. 
2.  CALICE,    t.  de  botanique  du  L.  calyx 
(xA)uÇ). 

CALICOT,  de  la  ville  de  Calicut  (Inde  an- 
glaise), d'où  cette  étoffe  fut  d'abord  importée. 
CALIFOURCHON,  anc.  calfourchon,  cafour- 
chon;  le  premier  élément  cali  représente, 
d'après  Darmesteter  (Mots  composés,  p.  1 12)  la 
particule  péjorative  cal,  cali,  ca.  —  A  cali- 
fourchon dirait  donc  pr.  «  mal  enfourché  ». 


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GAM 


CALIN.  Ce  mot  moderne,  auquel  Littré 
attribue  les  deux  sens  «  dépourvu  d'activité 
et  d'intelligence  »  et  «  cajoleur  »,  a  un  histo- 
rique trop  maigre  pour  oser  établir  une 
étymologie  définitive.  Trévoux  l'interprète  par 
paysan,  fainéant,  gueux  ;  cela  concorde  assez 
bien  avec  le  wall.  ccUiriy  coquin  (dans  Grand- 
gagnage  ;  Forir  ne  l'a  pas  accueilli).  En  atten- 
dant des  renseignements  plus  sûrs,  je  main- 
tiens l'étym.  catellus\  petit  chien  ou  petit 
chat,  d'où  cflrftf/f Mt«*,  caelin,  câlin.  —  Brink- 
mann  (Metaphem,  p.  227)  n'hésite  pas  à  voir 
dans  câlin  une  transformation  euphonique  de 
canin  (cp.  wallon  faim  câline)  ;  c'est  donc  un 
dérivé  de  canis,  chien,  par  application  méta- 
phorique d'une  des  qualités  caractéristiques 
de  cet  animal.  Cette  explication  mérite  toute 
attention.  —  D.  câliner,  câl inerte, 

GALLSUX,  L.  calJosus.  —  D.  callosité. 

CALUGRAPHE,  -lE,  -IQIJE,  composés  des 
mots  grecs  xàXXoçy  beauté,  et  yf^à'^tiv,  écrire. 

GALMANDE,  aussi  calamandre,  sorte 
d'étoffe,  esp.  calamaco,  anglais  calamqnco, 
ni.  hcUmink.  D'origine  inconnue  ;  vu  le  grec 
mod.  xayttfXscû/tov,  OU  a  pensé  à  une  origine 
analogue  à  celle  de  camelot. 

CALMAR,  étui  à  plumes,  du  L.  calama- 
riitm  {caJamus).  Rabelais  a  dit  galemar. 

CALME,  it.,  esp.,  port,  calma,  pr.  absence 
de  vent.  En  esp.  et  en  prov.  calma,  signifie 
aussi  la  partie  de  la  journée  où  le  soleil  est 
le  plus  ardent,  ce  qui  donne  lieu  à  voir  dans 
calma  une  transformation  du  BL.  cauma, 
ardeur  du  soleil,  qui  est  le  grec  xaûfix,  cha- 
leur. Le  changement  de  au  en  al  est  rare  ;  on 
peut  citer  l'it.  aldire,  du  L.  audire,  aldaçe, 
du  L.  audax,  palmento  p.  paumento,  du  L. 
pœotmentum,  et  le  cat.  galta  p.  ganta,  joue. 
Dans  notre  cas,  il  peut  avoir  été  produit  par 
une  influence  du  mot  calor.  La  partie  du  jour 
où  le  soleil  est  le  plus  chaud  entraine  l'idée  de 
cessation  de  travail,  de  repos,  de  tranquillité; 
aussi  le  mot  chômer,  p.  chommer,  chaumer, 
n'est-il,  à  l'avis  de  Diez,  qu'une  modification 
de  calmer.  En  provençal  et  autres  dialectes, 
chaume  signifie  encore  aigourd'hui  le  temps 
de  repos  des  troupeaux. —  D'autres  ont  proposé 
le  grec  fixlxxêi  (d'où  /ascAscx/x,  L.  malacia, 
calme  de  la  mer),  modifié  par  transposition 
en  xxXafiôi.  —  D.  calme,  &dj.,  et  calmei', 
verbe. 

CALOMNIE,  L.  calumnia;  verbe  calom- 
nier, -ateur,  L.  calumniari,  -ator;  calom- 
nieux, L.  calumniosus.  Le  vieux  fr.  disait 
correctement  caZon^e,  chalenge,  p.  calomnie, 
mais  avec  le  sens  de  reproche,  défi  (cp.  angl. 
challenge). 

CALORIQUE,  CALORIFERE,  CALORIME- 
TRE, termes  formés  du  L.  calor,  chaleur. 

CALOTTE,  1.  sorte  de  coiffure,  vfr.  calette; 
2,  ûg.  un  coup  sur  la  tête,  BL.  calota  C'est 
un  diminutif  de  l'anc.  cale,  nom  d'une  coif- 
lîire  de  femme,  dont  nous  ne  connaissons  pas 
la  provenance.  Le  L.  calautica,  coiffure  de 
femme  descendant  sur  l'épaule,  pourrait  à  la 
rigueur,  par  l'apocope  du  sufiSxe  ica,  avoir 
donné  calatUe,  calote,  mais  il  faut  piurtir  de 


cale.  —  D.  caîotin,  terme  de  mépris  en  par- 
lant des  prêtres  (porteurs  de  calottes)  ;  calot- 
ter.  —  Dans  ma  Lexicographie  latine,  p.  135, 
j'ai  signalé  la  glose  :  reticulum  (réseau)  calle. 

CALQUER,  it.  calcare,  angl.  chalk,  càlh, 
du  BL.  calcare,  vestigium  alicujus  premere, 
insequi  (rac.  calx,  talon,  au  fig.  trace).  Cette 
étymologie,  cependant,  reste  encore  à  véri- 
fier. On  y  oppose  une  autre,  tout  aussi  accep- 
table ;  celle  de  L.  calx,  chaux,  de  manière 
que  le  premier  sens  de  calquer  serait  trans- 
porter un  dessin  sur  de  la  chaux  fraîche,  puis 
le  reporter  de  là  sur  le  papier  [décalquer). 

CALUMET  ou  chalumetest,  comme  chalu- 
meau, un  dimin.  du  L.  calamus,  roseau. 

CALUS,  voy.  cal. 

CALVAIRE,  L.  calvarium,  traduction  du 
mot  sémitique  golgotha,  qui  signifie  «  lieu 
du  crâne  (L.  calvaria)  »  et  qui  est  le  nom  de 
la  montagne  où  Jésus  fut  crucifié. 

CALVITIE  (mot  savant),  L.  calmties  (de  cal- 
vus,  chauve). 

CAMAÏEU,  voy.  camée. 

CAMAIL,  it.  camaglio,  prov.  capmalh; 
c'est  pr.  la  partie  de  la  cotte  de  mailles 
ipialha)  qui  couvre  la  tête  (cap). 

CAMARADE,  it.  camerata,  esp.  camarada, 
ail.  kamerad,  angl.  comrad,  compagnon  de 
chambre  (L.  caméra).  La  fonne  de  ce  mot 
accuse  le  passage  du  sens  collectif  chambrée 
en  sens  individuel  ;  cp.  en  ail.  frauensimmer, 
litt.  chambre  des  femmes,  puis  l'ensemble  des 
femmes  habitant  une  chambre,  enfin  dame, 
femme;  cp.  aussi  l'ail,  bursch,  d'abord  = 
contuberniimi,  puis  «.  contubernalis,  compa- 
gnon, enfin  le  piém.  mascarade,  réunion  de 
masques,  puis  personne  masquée. 

CAMARQiLA,  diminutif  de  l'esp.  camara, 
chambre. 

CAMARB,  dér.  de  camus  (v.  c.  m.). 

CAMBISTE,  de  l'it.  cambio,  change. 

CAMBOUIS,  selon  Raynouard,  du  prov. 
camois,  boue,  souillure. 

CAMÎBRER,  arquer  légèrement,  du  L.  ca- 
merare,  voûter  (de  caméra,  xxfi&px,  voûte). 

CAMBUSE,  néerl.  habuys,  angl.  caboose, 
ail.  habuse;  prob.  comme  cabaret,  un  dérivé 
du  radical  cab,  d'où  cabane,  cabine.  Le  sens 
général  de  hutte  s'est  spécialisé  en  celui  de 
cajute,  cabine,  et  de  nouveau  en  celui  de  cui- 
sine ou  dépense  de  vaisseau.  Kiliaen  :  hom- 
buys,  promptuarium  navis. 

CAMÉE,  camaïeu,  it.  cammeo,  cameo, 
esp.  camafeo.  Mots  d'origine  obscure.  On 
trouve  dai|s  le  latin  du  moyen  âge  les  formes 
suivantes  :  camahutus  =  sardonyx,  camaho- 
tus,  camahelus,  camasil,  camaeus,  camaynus, 
camayx;  en  fr.  camaheu,  camahieu,  cama- 
hier,  camayeu.  On  s'est  épuisé  en  conjectures, 
dont  nous  ne  relèverons  que  les  principales, 
puisque  aucune  ne  présente  un  cachet  de  pro- 
babilité. Mahn,  qui  les  a  toutes  soumises  à  sa 
critique  éclairée,  présente  la  solution  suivante 
de  ce  problème  étymologique  :  Camma  ou 
cama  est  au  moyen  âge  le  représentant  du 
I    mot    classique    gemma    (vfr.    game,    vha. 


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kimma);  de  là  camœus,  it.  cameo,  fr.  ca- 
mée. Quant  à  la  foime  camahotus  (d'où  les 
mots  fr.  camaheUf  puis  camayeu,  camaïeu^ 
se  sont  aussi  régulièrement  produits  que  tosu 
de  votum,  neveu  de  nepotem),  il  y  voit  une 
altération  de  camceiis  altus  (altus  =*  vfr. 
hault,  prov.  aut).  Le  camaïeu  exprimerait 
donc  étymologiquement  une  «  gemme  en  haut 
i-elief  » .  Diez  objecte  que  l'initiale  ç  changée 
en  c,  ainsi  que  la  dérivation  par  ceus,  sont 
contraires  au  génie  roman  ;  camaheii  lui  parait 
plutôt  avoir  donné  naissance  au  BL.  cama' 
hotus  qu'en  être  issu.  Il  propose,  très  dubi- 
tativement, un  mot  roman  commatulum 
Sdimin.  de  gr.  *6fifi9,  ciselure,  empreinte), 
l'où  camaïeu  se  serait  produit  comme  vieux 
de  vetithts  ;  pour  ca  substitué  à  co,  il  allègue 
calessa,  calandre,  canapé,  p.  colessa,  colan- 
dre,  ccrnopé.  —  Littré  enfin,  négligeant  l'exa- 
men de  la  terminaison  des  mots  français,  part 
dti  gr.  /à/*vttv,  travailler,  d'où  le  bas-grec 
xflt/AaTov,  travail,  œuvre,  xa/A«îo»,  atelier,  etc. 
Cette  étymologie  me  sourit  assez  :  cama- 
tum,  œuvre  d'art  ou  pierre  travaillée,  peut 
donner  camé,  le  fém.  camata,  camée;  du 
dimin.  camatelhim,  d'autre  part,  peuvent 
s'être  produits  caméeJ^  cameiel,  camaïeu,  etc. , 
car  j'admets  avec  Diez  que  les  formes  bas- 
latines  ne  font  que  reproduire  les  diverses 
formes  françaises.  L'esp.  camafeoe&t  fondé  sur 
camaheu  (/"  p.  ^,  comme  d'ordinaire). 

CAMÉIJJON,  du  gr.  x:ryui3t(}.«(uv  (litt.  lion  ter- 
restre). 

CAlfELLiÂ,  du  P.  Camelli,  qui  a  introduit 
la  plante  en  Kurope. 

CAMELOT,  angl.  camiet,  étoffe  grossière 
en  poil  de  chameau,  du  L.  camelus;  de  là 
aussi,  en  terme  de  relieur  et  d'imprimeur, 
camelote,  ouvrage  mal  fait,  sans  valeur.  — 
D'après  un  article  du  Journal  officiel  du 
12  mai  1874,  de  l'arabe  seilel  kernel,  qui  est 
le  nom  de  la  chèvre  angora  (Littré,  suppl.). 

CAMELOTS,  voy.  camelot. 

CAMÉRIER,  L.  camerarius,  officier  de  la 
chambre  (caméra);  caméristb,  it.  camerista, 
dame  de  chambre;  camerlingue,  it.  camer- 
lingo,  vient  de  YdM.kammerling,  formé  de 
kammer,  chambre;  voy.  chambellan. 

CAMION,  1.  chariot;  2.  épingle;  etc.  Ety- 
mologie inconnue.  —  D.  camionner. 

C  A  MISA  DE,  it.  incamiciata,  esp.  owami- 
sada,  attaque  faite  de  nuit,  l'armure  couverte 
d'une  chemise,  L.  camisia.  —  De  là  aussi  le 
nom  des  Camisards, 

CAMISOLE,  de  l'it.  camiciuola,  dér.  de 
camicia  =  fr.  chemise. 

CAMOMILLE,  anc.  aussi  camamille,  ail. 
hamille,  du  L.  chamcemelum[Aac/i9Llfi^Xov,  litt. 
humile  malum).  On  trouve  cependant  déjà 
camomilla  chez  Plinius  Valerianus,  médecin 
du  iv«  siècle. 

CAMOUFLET,  d'après  l'opinion  reçue,  du 
L.  calamo  ftatus,  soufflé  avec  un  chalumeau. 
On  trouve,  en  effet,  à  l'appui  de  cette  explica- 
tion, la  forme  chaumouflet.  L'expression 
chaud  mouflet  =  grand  soufflet,  que  l'on 
trouve  dans  un  mystère  du  xv*  siècle,  pourrait 


bien  netre  qu'une  interprétation  arbitraire 
du  mot.  Grandgagnage  est  d'avis  que  le  mot 
est  tiré  par  transposition  de  l'équivalent  wal- 
lon cafouma,  qu'il  fait  dériver  d'un  verbe 
cafoumer,  noircir  de  fumée. 

CAMP,  L.  campus.  Ce  vocable  latin  a  pris 
au  moyen  âge  l'acception  de  castra,  c.-à-d  de 
terrain  occupé  par  une  armée.  Nous  prenons 
occasion  de  traiter  en  une  fois  les  principaux 
mots  français  de  la  famille  latine  campus.  Ce 
primitif  s'est  francisé  et  conservé  sous  deux 
formes.  1.  champ.  2.  camp.  A  l'acception 
classique  de  campus  se  rapportent,  outre 
champ,  les  mots  suivants  : 

CAMPAGNE,  étendue  de  pays  plat  et  décou- 
vert, paysage,  BL.  campania  (conmie  nom 
propre  Champagne). 

CHAMPÊTRE,  L.  campestHs. 

CHAMPIGNON,  agaricus  campestris,  it.  cam- 
pignuolo. 

CHAMPART,  du  BL.  campi  paTS  et  campars. 
portion  de  champ. 

A  la  signification  «  lieu  ou  théâtre  d'une 
action  militaire  » ,  signification  particulière  à 
la  forme  camp,  se  rapportent  : 

CAMPAGNE,  aans  ses  diverses  acceptions  mi- 
litaires. 

CAMPER,  d'où  décamper,  lever  le  camp. 

CHAMPION,  voy.  ce  mot. 

CAMPAGNE,  voy.  camp. —  D.  campagnard; 
campagnol,  rat  des  champs. 

CA]^ANE,de  l'it.  ,esp.  ,cat. ,  prov.  campana, 
cloche  (quelques  dialectes  français  ont  aussi 
le  mot  campana  pour  cloche,  p.  e.  Limousin 
campano^  Berry  campaine).  Le  nom  de  cam- 
pana donné  à  la  cloche  provient,  dit-on,  de 
ce  que  les  cloches  d'église  ont  été  introduites 
en  premier  lieu  dans  la  Campagne  romaine. 
—  D'autres,  comme  Littré,  se  fondant  sur  ce 
que  la  première  mention  de  campana  est  dans 
Isidore  avec  le  sens  de  plateau  de  balance 
(avec  la  note  que  la  campane  est  un  genre  de 
balance  inventé  en  Campanie),  pensent  que  le 
sens  de  cloche  est  déduit  de  celui  de  plateau 
creux.  —  D.  campanile  ou  -tUe,  clocher;  cam- 
panule, plante  à  fleurs  en  forme  de  clochettes. 

CAMPÊCHE,  de  la  baie  de  ce  nom  au 
Mexique. 

CAMPER,  voy.  camp.  —  D.  campements 

GAMPHRÎB,  BL.  camphora,  formé  de 
l'arabe  kafor,  avec  insertion  de  n  ou  m  ;  it. 
canfora,  cafora,  esp.  canfora  et  alcanfor.  — 
D.  camphrer,  camphrier. 

CAMPOS,  mot  latin,  tiré  de  la  locution 
campos  habere,  litt.  avoir  les  champs,  fig. 
avoir  congé.  Les  champs  sont  ici  mis  en  oppo- 
sition avec  les  quatre  murs  de  l'école  ;  cp.  la 
locution  «  prendre  la  clef  des  champs  h,  se 
rendre  libre. 

1 .  CAMUS,  qui  a  le  nez  court  et  plat,  prov. 
camus  (fém.  'Usa),  it.  camuso,  oamoscio; 
d'origine  fort  problématique;  les  langues 
romanes  n'ont  pas  do  suffixe  us  qui  puisse 
autoriser  à  dériver  camus  du  cymr.  cam, 
courbé,  tortu.  —  Le  latin  présente  le  mot 
cdmurus  avec  le  sens  de  recourbé  ;  mais  la 
transformation  de  r  en  «  est  non  seulement 


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un  phénomène  <^uï  ne  se  présente  que  tard  en 
français,  et  qui  est  inconnu  en  it.  et  en 
proY.,  mais  la  différence  de  Taccent  s'y  oppose 
également.  —  D'autres  ont  pensé  à  chamois, 
it.  camosdo,  esp.  camiuia,  le  chamois  étant 
camus.  —  Diez,  à  cause  de  l'it.  camoscto,  se 
prononce  pour  le  vfr.  camoissié^  contusionné, 
meurtri.  —  D'après  Brinkmann  (Metaphern, 
p.  263),  le  mot  roman  camuso  est  composé 
de  canis  +  muso  (cp.  cagol)  et  signifie  donc 
pr.  «  qui  a  un  museau  de  chien  ».  —  En 
somme,  l'étymologie  reste  encore  à  fixer.  En 
attendant,  j'avancerai  une  modeste  coi\jechire  : 
si  camums  fait  difficulté,  il  n'en  serait  pas  de 
même  pour  camusus  ou  camusius;  or,  cette 
forme  peut  être  supposée  avoir  existé  dans  la 
langue  mstiquc,  d'après  l'analogie  de  asena, 
osa,  hausio,  qnaeso,  etc.,  formes  concur- 
rentes de  arena,  ara,  haurio,  qiuero,  etc.  — 
Pour  la  forme  camard,  il  faut  admettre  une 
modification  arbitraire  de  la  terminaison  iis 
en  ard, 

2.  CAMUS;  embarrassé,  confus,  prov. 
camus,  pamus,  niais,  sot.  Peut-être  est^  le 
même  mot  que  le  précédent,  dans  un  sens 
figuré  ;  cp.  le  sens  figuré  qu'ont  pris  les  mots 
aplati,  écrasé  ;  ou  bien  serait-ce  un  mot  venu 
du  nord  et  composé  du  préfixe  ca  (voy.  cajoler) 
et  du  radical  m%is  de  muser  (avoir  la  bouche 
béante)? 

GANAILLS,  it.  caiiaglia,  esp.  canalla,  du 
L.  canis,  chien,  donc  propr.  race  de  chien. 
Anciennement  on  disait  chienaille.  —  D.  enca- 
nailler, 

CANAL.  L.  canalis  (rad.  canna);  le  même 
vocable  latin  a  donné  aussi  chenal  et  chcneau. 
L'anglais  a  trois  formes  diverses  se  rattachant 
au  L.  canalis,  savoir  channel,  hennel  et  canal, 
—  D.  canaliser. 

CANAMELLE,  du  BL.  cannamella,  canne  à 
miel,  c.-à-d.  à  sucre. 

CANAPÉ,  it.  canopè,  angl.  canopy,  du  L. 
cotwpeum  (xuvuffiîov),  rideau  destiné  à  ga- 
rantir des  cousins  ;  ce  mot  désignait  d  abord 
un  lit  de  repos  pourvu  d'un  rideau  de  ce 
genre  ;  cfr.  le  mot  bureau,  qui  signifie  d'abord 
une  étoffe,  puis  une  table  garnie  de  cette 
étoffe. 

GANAPSA,  du  ni.  hnapzak,  ail.  knappsack, 
petit  sac  à  provisions  (de  knappen,  manger, 
grignoter). 

CANARD,  dérivé  de  cane.  —  D.  canarder, 
faire  feu  d'un  lieu  où  l'on  est  à  couvert, 
d  après  la  manière  dont  on  tire  le  canard  au 
marais. 

CANARI,  serin  des  lies  Canaries. 

CANASSS,  CANASTRE,  caisse,  boite,  esp. 
canasto,  canastro,  du  gr.  xàva»T|99v,  L.  cani- 
strum,  corbeille. 

CANCAN,  pr.  bavardage,  est,  semble-t-il, 
le  subst.  verbal  de  cancaner,  et  celui-ci  tiré, 
par  onomatopée,  du  cri  du  canard,  comme  le 
synonyme  caqueter  de  celui  de  la  poule  ;  l'éty- 
mologie tirée  du  L.  quamquam,  à  cause  do 
la  querelle  des  écoles  sur  la  prononciation  de 
ce  mot,  est  de  pure  fantaisie.  Certainement,  le 
mot  peut  s'être  formé  ou  du  moins  soutenu 


sous  l'influence  d'un  vieux  mot  très  ancien 
dont  le  sens  est  voisin  de  cancan  et  qui, par  sa 
facture,  non  élucidée  encore,  n'en  est  pas 
éloigné  :  c'est  caquehan,  taquehan,  tanquehan 
qui  s'est  dit  d'une  assemblée  tumultueuse,  où 
l'on  cabale,  conspire,  diffame,  et  dont  on  peut 
trouver  de  nombreux  exemples  dans  Godefroy 
et  dans  Ch.  Nisard  (Curiosités  de  l'étym.  fr., 
p.  180).  —  Comment  expliquer  l'acception 
moderne  de  catuMn,  «  danse  effrénée,  désor- 
donnée n  ?  Y  auraitril  là  aussi  un  souvenir  du 
dérèglement  qui  régnait  dans  les  assemblées 
dites  caquehan  t 

GANCàlL,  du  L.  catu^llus,  barreau,'  treillis, 
espace  entouré  de  barrières. 

CANCSLLER,  du  L.  cancellare,  bàtonner 
un  écrit,  l'eflacer  en  forme  de  treillis  (ca/i- 
cellus). 

CANCER  est  le  mot  latin  cancer  \  outre  cette 
forme  latine,  la  langue  française  a,  du  même 
primitif,  fait  catu:re,  dans  le  sens  propre 
d'écrevisse,  et  cha>u:re,  dans  un  sens  médical 
ou  métaphorique.  —  D.  cancéreux, 

CANCRE,  voy.  ca)u:er. 

CANDEUR,  L.  candor,  blancheur,  pureté. 

CANDÉLABRE  (dans  YAlezis,chandelabre), 
L.  candelabrum  (candela). 

CANDI  (sucre),  it.  catidito  ou  candi,  esp. 
cande,  ail.  kandies,  est  généralement  rap- 
porté à  la  famille  caïuierc,  être  blanc.  Mahn  a 
démontré  la  fausseté  de  cette  étymologie  tra- 
ditionnelle, que  cependant  la  couleur  seule  du 
sucre  dit  candi  rendait  suspecte.  Candi  vient 
directement  de  l'arabe  qand,  mel  anindinis 
sacchariferae  concretum  i.  e.  saccharum  candi 
(Freytag),  mais  ce  mot  arabe,  de  son  côté,  est 
d'origine  persane  et  identique  avec  l'indien 
hhanda,  morceau,  puis  sucre  en  morceaux, 
cristallisé  (rac.  khad,  fendre,  rompre).  —  D. 
verbe  candir. 

CANDIDAT,  L.  camiidatus,  vêtu  de  blanc 
Les  brigueurs  de  dignités  à  Rome  étaient 
habillés  de  blanc. 

CANDIDE,  L.  candidus,  blanc,  fig.  inno 
cent,  sincère. 

CANDIR,  voy.  candi, 

CANE  a  signifié  d'abord  bateau,  de  là  canot 
(cp.  BL.  canardus,  sorte  de  bateau);  puis  on 
a  transféré  le  mot  à  l'oiseau  nageur  par  excel- 
lence, la  cane.  Le  mot  vient  du  ni.  kaan,  ail. 
hahn,  barquette.  L'ancienne  langue  avait  ane, 
du  L.  anas,  canard.  On  y  trouve  aussi  quenne 
opposé  à  mallart,  malart,  et  ceci  me  suggère 
la  pensée  que  comme  tnallart  (p.  masiart) 
vient  de  masle,  mâle,  quenne  pourrait  être 
le  quinna,  quàn,  quenne,  etc.  des  langues 
germaniques,qui  signifie  femelle, femme;  or, 
cane,canne  peut  fort  bien  n'être  qu'une  forme 
variée  de  quenne  (cp.  benne  et  banne).  Dans 
cette  hypothèse,  l'étymologie  tirée  du  néer- 
landais tomberait  â  néant.  —  D.  canette, 
caneton,  canete}\  canard;  vfr.  catwt,  canard. 

CANEPETIÉRE,  outarde  naine  (primitive- 
ment écrit  en  deux  mots).  Le  sens  de  l'adjectif 
petière  reste  obscur.  —  En  Normandie,  cane- 
petière  est  une  canne  creuse  dont  les  enfants 
se  servent  pour  lancer  bruyamment  des  balles 


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CAP 


de  filasse^  c'est  un  toat  autre  mot,  qui  veut 
dire  «  canne  bruyante  ».  Voy.  Darmesteter, 
FoFm.  des  mots  comp.,  p.  29. 

1 .  OâNSTTB,  petite  cruche,  de  l'ail,  kanne, 
pot,  cruche.  Le  même  primitif  a  donné  canon, 
mesure  de  liquide.  Le  simple  canne  était 
d'usage  dans  le  nord  de  la  France  :  «  Tant  va 
la  canne  à  l'iauve  qu'en  le  fin  est  brisians.  » 

2.  CANETTI,  dimin.  de  cane.  —  D.  caneton. 
CANEVAS  (angl.  canvass),  it.  canavaccio, 

prov.  canabas,  toile  grossière.  Ces  mots  sont 
dérivés,  par  le  suffixe  aceiis,  fr.  as,  du  L. 
cannabis  (xâvvaSt^),  qui  lui-même  s'est  con- 
servé sous  les  formes  it.  canapé  esp.  canamo, 
prov.  canebe,  cambre,  fr.  chanvre. 

OANEZOU;  étymologie  inconnue.  Peut-être 
le  même  mot  que  prov.  camzil,  pannus  lini 
subtilissimi. 

GANGRÈNE,  voy.  gangrène. 

CANI,  t.  de  marine,  bois  qui  commence  à  se 
pourrir,  du  verbe  canir*  =  L.  canescere, 
blanchir,  vieillir. 

CANICHE,  soit  du  L.  canis,  chien,  ou  du  fr. 
cane,  canard,  à  cause  du  goût  que  ce  chien  a 
pour  l'eau. 

CANICULE,  L.  cantcu/a  (canis);  caniculaire, 
L.  caniculahs. 

CANIF,  du  nord,  knifr,  ags.  cnif,  angl. 
hnife,  =  ail.  kneip,  hneif,  —  Dér.  ganivet, 
vfr.  cnivet,  prov.  canivat. 

CANIN,  L.  caninus  (adj.  de  canis). 

CANIVEAU,  pierre  creusée  dans  le  milieu 
pour  l'écoulement  des  eaux.  D  après  Bugge, 
=  lat.  colliqiiialis,  dér.  de  colliciœ  ou  coUi- 
quiœ,  gouttières  (cp.  dans  Caton  colliciaris 
tegula,  qui  signifie  la  même  chose  que  notre 
caniveau).  Cette  explication  est  aussi  ingé- 
nieuse que  plausible.  Colivel,  coniveî,  canivel 
constituent  un  enchaînement  de  formes  par- 
faitement correct. 

CANNE,  L.  canna,  roseau,  jonc,  tuyau.  — 
D.  cannelle,  pr.  petit  tuyau;  canneler,  pr. 
faire  des  creux  ;  canneUe  ou  cannelle,  robinet  ; 
cannetille  (v.  c.  m.),  canule,  L.  cannula;  ca- 
non (v.  c.  m.),  pr.  tube. 

CANNELER,  voy.  cawie.  —  D.  cannelure, 

CANNELLE,  voyez  canne.  —  D.  cannelas, 
cannellier. 

CANNETILLE,  de  l'esp.  canutillo,  it.  cana- 
tiglia,  dér.  du  L.  canna,  tuyau. 

CANNIBALE,  du  nom  d'un  peuple  aborigène 
des  Indos  occidentales  ;  cp.  esp.  caribe  (Ca- 
raïbe), m.  s  II  se  peut  que  l'esp.  Canibal  soit 
une  variété  de  Cartbal,  et  que  les  deux  mots 
Caraïbes  et  Cannibales  n'en  fassent  qu'un. 

1.  CANON,  ii.cannone,  prov.  canon,  angl. 
cannon,  1 .  tube  cylindrique  ;  2.  pièce  d'artil- 
lerie ;  dér.  de  canne,  roseau,  tuyau.  Les  Ita- 
liens emploient  encore  le  primitif  dans  canna 
(Tarchibuso,  canon  de  fusil.  —  D.  canonner, 
canonnade,  canonnier,  -ière. 

2.  CANON,  règle  ecclésiastique,  du  L.  canon 
(xavwv),  règle.  —  D.  canon,  adj.  dans  droit 
canon,  d'où  canoniste  (en  angl.  canon,  subst. 
=  chanoine);  canonius.cAanoine;  canonialis, 
canonial  ;cdkViomc\x&,  canonique;  canonicatus. 


canûmcat  (vfr.  canongé)\   canonicitas,  cano- 
nicité;  canonizare,  canoniser. 

3.  CANON,  mesure  de  liquide,  voyez  ca- 
nette  1. 

CANOT,  voy.  cane.  Les  mots  esp.  et  it.  ca- 
noa,  angl.  canoë,  sont  tirés  de  canâoa  de  la 
langue  des  Caraïbes.  Catiot  est^il,  ou  non,  in- 
dépendant de  ces  formes?  C'est  difficile  à 
décider.  —  D.  canotier. 

CANTABILE,  mot  italien,  sign.  diantable. 

CANTAL,  fromage  du  mont  Cantal  en 
Auvergne. 

CANTALOUP,  sorte  de  melon,  de  Ca^Ua- 
luppo,  maison  de  campagne  des  papes,  près 
de  Rome,  d'où  est  venu  ce  melon. 

CANTATE,  de  l'it.  catUata  («  fr.  chantée); 
dimin.  cantatille. 

CANTATRICE,  it.  cantatrice,  L.  cantatrix, 
chanteuse. 

CANTHARIDE,  L.  cantharis,  -idis  (xxvâxpli). 

CANTILiNE,  L.  cantilena. 

CANTINE,  it.,  esp.  cantina,  angl.  canteen. 
Selon  Diez,  dérivé  du  vfr.  cant,  it.  esp.  canto, 
qui  signifie  coin  (voy.  s.  canton);  cantine 
serait  donc  un  «  com  «•  où  l'on  donne  &  boire 
et  à  manger  (cfr.  le  néerl.  winhel  «»  coin  et 
boutique)  ;  d'autres,  avec  bien  peu  de  vraisem- 
blance, y  voient  une  contraction  de  canovettina, 
dimin.  de  canova,  mot  it.  signifiant  cave.  Enfin, 
Tardieu  y  reconnaît  le  L.  quintana,  petite 
place  dans  les  camps  romains  où  se  tenaient 
les  vivandières  et  où  les  soldats  vendaient  leur 
butin.  On  trouve,  en  effet,  dans  Ducange, 
quintana  avec  la  valeur  de  bannum  vini  ou 
banvin.  CantiiUL  serait  ainsi  produit  par  l'in- 
termédiaire d'une  forme  quintina,  d'où  quen- 
tine,  qiiantin^,  cantine;  les  mots  esp.  et  it. 
sont  peut-être  de  provenance  française.  —  D. 
cantinier,  -ère. 

CANTIQUE,  L.  canticum. 

CANTON,  it.  cantone,  esp.  prov.  cafiton,  pr. 
coin  de  terre,  portion  de  pays;  dérivé  du  mot 
roman  canto,  vfr.  cant,  coin,  côté,  mentionné 
sous  cantine.  Quant  à  ce  primitif,  on  le  rap- 
porte tantôt  au  L.  canthus,  cercle  de  fer  au- 
tour d'une  roue  (qui  est  le  gr.  nxv^ôi,  coin  de 
l'œil  et  cercle  de  roue),  tantôt  au  cymr.  cant, 
clôture,  cercle,  bande  de  roue,  bord  ;  ou  au 
V.  frison  kaed,  nord,  hantr,  ail.  liante,  côté 
aigu,  bord.  Il  serait  difficile  d'établir  duquel 
des  trois  il  faut  déduire  le  mot  roman  canto, 
côté,  coin  (en  esp.  et  port.,  il  prend  aussi  le 
sens  de  pierre).  —  D.  catitonner;  cantonnier, 
homme  chargé  d'une  portion  de  route  ;  can- 
tonnière,  draperie  qui  couvre  une  partie  d'un 
objet. 

CANTONADE,  de  l'it.  caniotuUa,  m.  s.,  dér. 
de  cantone,  coin  (voy.  canton). 

CANULE,  petit  tuyau,  voy.  canne^  En  vfr. 
canole  veut  dire  le  canal  de  la  respiration. 

CAOUTCHOUC,  de  cahuchu,  nom  indien  de 
cette  substance. 

CAP,  1.  tête  (  «  de  pied  en  cap  »),  2.  pro- 
montoire, 3.  proue  d'un  navire.  Du  L.  caput, 
it.  capo,  prov.  cap.  La  forme  ordinaire  sous 
laquelle  le  radical  cap,  de  caput,  s'est  fran- 
cisé, est  chef,  —  D.  décaper,  sortir  d'un  cap. 


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CAP 


—  87  — 


CAP 


CAPABLE;  c*est  le  latin  capax  (de  capere, 
saisir,  comprendre),  dont  la  terminaison  ax  a 
été  échangée  contre  la  terminaison  able.  Ce 
mot  est  formé  comme  s'il  avait  Jamais  existé 
un  verbe  caper.  On  trouve  copa^ù  déjà  dans 
Cassiani  Incam.  («»  qui  contineri  potest),  et 
dans  Epiphanii  Hist.  eccl.  («=  capax). 

GAPàGITÉ,  L.  capacUas.  —  D.  capacUaire 
(néoL),  pourvu  de  la  capacité  légale  de  voter. 

GAPARAQON,  angl.  caparisan,  de  Tesp. 
capareLion,  augmentatif  du  BL.  caparo,  cha- 
peron. 

OAPS,  même  mot  que  chape,  it.  cappa, 
esp.,  port.,  prov.  capa.  Ce  mot  roman  est  de 
ti^ès^mcienne  date  et  pourrait  bien  remonter 
à  la  rustique  des  Latins.  La  dérivation  de  ca- 
put  est  erronée  ;  mieux  vaut  celle  de  capere 
(Isidore  :  Capa,  quia  quasi  totum  capiat  homi- 
nem),  cfr.,  vha.  gifang,  habit,  de  fahan  s» 
capere.  Les  rejetons  principaux  de  capa, 
dont  le  sens  fondamental  est  chose  qui  couvre, 
sont  : 

1.  It.  capello,  fr.  chapeV,  chapeau  (Fall. 
emploie  le  primitif  kappe  également  dans  le 
sens  de  couvre<;hef)  ;  chapel,  à  son  tour,  dans 
le  sens  de  couronne  [chapel  de  roses),  a  donné 
chapelet  <=■  rosaire. 

2.  It.  capella,  fr.  chapelle.  Selon  Ducange, 
le  mot  capella,  dimin.  de  capa,  et  signifiant 
une  petite  cape  ou  chape,  s'appliquait  parti- 
culièrement à  la  «  chape  de  S.  Martin  »  et  a 
été  ensuite  affecté  au  lieu  sacré  où  cette  chape 
était  conservée  :  <•  in  quam  (aedem)  etiam 
praedpua  sanctorum  aliorum  Ui-^x^x  illata, 
unde  ob  ejusmodi  reliquiarum  reverentiam 
aediculae  istae,sanctaecapellaeappellantur.  » 
Cest  ainsi  que,  par  métonymie,  capella  serait 
devenu  sjnonyme  de  sacellum.  D*autres,  reje- 
tant cette  étymologie  historique,  attribuent  à 
ce  mot  le  sens  premier  de  couverture,  de 
dais  surmontant  un  autel,  d'où,  par  exten- 
sion, se  serait  produite  l'acception  «  lieu 
séparé  dans  une  église,  chapelle  i>.  Il  est  pas- 
sablement hardi  de  rapprocher,  comme  fait 
Chevallet,  capella  de  capseUa,  petite  châsse. 

3.  It.  cappotto,  esp.  capote,  fr.  capot  et 

CAPOTE. 

4.  It.  cappuccio,  fr.  capuce,  d  où  capuchon, 

5.  It.  capperone,  fr.  chaperon. 
CAPILIN]!,  dér.  du  BL.  capellus,  fr.  cha- 
peau. 

OAPENDU,  aussi  carpendu,  altération  de 
court-pendu;  les  pommes  ainsi  nommées  le 
sont  à  cause  de  leur  courte  queue. —  Darmes- 
teter,  cependant,  considère  l'initiale  ca  comme 
le  préfixe  péjoratif. 

GAPHARNAUM»  lieu  de  désordre,  confu- 
sion. Allusion  à  la  ville  de  CaphamaUm,  en 
Palestine,  où  se  faisait  un  grand  trafic  et  où 
se  rencontraient  des  hommes  de  nationalités 
très  diverses.  Mieux  vaut  invoquer  le  passage 
de  rÈvangile  de  S.  Marc,  II,  2,  où  il  est  fait 
mention  d'un  entassement  confus  de  monde. 

CAPILLAIRE,  L.  capillaris  (de  capillus, 
cheveu). 

CAPILOTADE,  Rabelais  cabirotade,  esp.  ca- 


pirotada,  it.  capperottaJto,  Étymologie  dou- 
teuse ;  on  a  songé  à  un  primitif  capo,  chapon  ; 
d'autres  à  Tesp  capirote,  chaperon  («  le  plat  au 
chaperon  »),  ou  au  gr.  xsirupo«,  sec,  notnvoliix, 
sorte  de  gâteau.  Tout  cela  ne  peut  satisfaire, 
n  se  peut  que  le  mot  procède  du  verbe  capu- 
lare,  fr.  cTuipeler. 

CAPITAINE,  qui  est  &  la  tête  (caput)  d'une 
troupe  ;  l'anc.  langue,  comme  elle  a  fait  cl^ef 
de  caput,  a  fait  cheoetaine  de  capitanus  (d'où 
Fangl.  chieftain),  —  La  forme  vfr.  catagne 
renvoie  à  une  forme  adjectivale  capitaneus. 

CAPITAL,  L.  capUaiis  (de  caput,  tête),  1 .  où 
il  s'agit  de  la  tête,  2.  principal.  Comme  subst. 
(principal  d'une  dette  ;  ensemble  des  produits 
accumulés,  biens,  richesse),  le  mot  se  produit 
dans  la  langue  vulgaire  sous  la  forme  cheptel 
(v.  c.  m.).  —  D.  capitaliser,  -iste. 

CAPITAN,  forme  espagnole  de  capitaine, 
employée  pour  rodomont,  fanfaron. 

CAPITATION,  L.  capitatio,  impôt  par  tête 
(caput). 

CAPITEUX,  qui  porte  à  la  tête  (caput).  — 
Cotte  signification  est  moderne  ;  BL  capitosus, 
it.  capitoso  signifient  entêté,  emporté. 

CAPITON,  de  l'it.  capUone,  pr.  la  bourre,  le 
plus  gro§  ou  le  fond  de  là  soie  (rac.  caput). — 
D.  capitonner. 

CAPITULER  est  un  dérivé  de  capitulum, 
chapitre,  division  d'un  écrit,  d'une  charte; 
c'est  proprement  fixer  les  articles  d'une  trans- 
action ;  le  sens  actuel  du  verbe  en  est  déduit. 
—  D.  capitulation.  —  Du  L.  capitulum,  qui 
s'est  francisé  en  chapitre  (voy.  ce  mot),  sont 
issus  :  le  subst.  capitulaire,  règlement  rédigé 
par  chapitres,  et  Tacy.  capitulaire,  qui  appar- 
tient à  un  chapitre  de  chanoines.  Le  mot  capi- 
tule, terme  de  liturgie,  est  calqué  sur  l'origi- 
nal latin. 

CAPON,  hypocrite,  joueur  rusé,  poltron, 
n'est  qu'une  forme  variée  de  chapon  ;  au  moyen 
âge  cappus  était  synonyme  de  juif  (voy.  Du- 
cange), «  ob  circumcisionem  »,  à  ce  qu'il  pa- 
raît. Dans  charge  caponne  (sinécure),  caponne 
vient  de  l'esp.  capona  en  la  locution  llave  ca- 
pona,  clef  châtrée,  c.-à-d.  office  de  chambellan 
sans  exercice  ni  appointement.-»  D.  caponner, 
faire  le  capon. 

CAPONNIÉRE,  de  l'esp.  caponera,  chapon- 
nière,  mue  â  engraisser  les  volailles  (de  capon, 
chapon). 

CfAPORAL,  it.  caporàle,  dér.  de  capo,  tête, 
chef.  On  prétend  que  le  mot  corporal,  ancienne 
forme  de  caporal,  conservée  encore  en  ail.  et 
en  angl.  et  dans  plusieurs  dialectes  français, 
est  gâtée  de  caporal.  Le  contraire  ne  serait- 
il  pas  tout  aussi  vraisemblable?  La  termi- 
naison de  caporal  est  suspecte;  or,  corporal 
rend  parfaitement  l'idée  de  chef  d'un  corps  de 
garde  et  dérive  régulièrement  du  L.  corpus, 
-oris.  —  L'explication  de  Langensiepen  :  ca- 
poreale,  chef  royal,  n'est  pas  soutenable. 

1 .  CAPOT,  CAPOTE,  grand  manteau,  dérivé 
de  cape  (v.  c.  m.). 

2.  CAPOT,  t.  de  jeu  ;  selon  Littré,  du  capot 
précédent,  pris  métaphoriquement,  la  défaite 
au  jeu  étant  considérée  comme  une  capote 


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CAQ 


—  88  — 


CAR 


qu'on  jette  sur  le  vaincu.  —  L'ail,  a  le  mot 
capiit  «=■  perda,  abîmé.  Ce  terme  est-il  tiré  du 
français,  ou  le  français  de  caputf  Car  il  se 
pourrait  que  des  joueurs  savants  aient  rendu 
par  le  mot  latin  caput  l'expression  allemande 
«  auf's  haupt  schlagen  »,  battre  complète- 
ment. Ou  enfin,  en  présence  du  terme  ail. 
kapunieren,  faire  capot,  qui  reproduit  le  fr. 
chaponner,  it.  caponnaret  ne  pourrait-on  pas 
expliquer  capot  par  châtré,  rendu  impuis- 
sant? 

CAPOTE,  it.  capotto,  voy.  capot  1 . 

CAPRE,  vaisseau  corsaire  ;  c'est  le  néerl. 
haper,  dér.  du  verbe  hapeti,  ravir,  voler  («-» 
L.  capere  f),  ail.  capem,  prendre  un  vaisseau 
en  faisant  la  course. 

A 

CAPRES  (Nicot  :  cappre),  ii,  cappero,  L. 
capparis,  gr.  ^kmcxpii,  arabe  al-habar.  —  D. 
câprier, 

CAPRICE,  volonté  d'esprit  qui  vient  sans  au- 
cune raison,  it.  capriccio,  esp.  capricho,  dér. 
de  capra,  chèvre,  à  cause  des  bizarreries, 
des  mouvements  brusques  de  cet  animal.  On 
remarque  un  transfert  d'idée  semblable  dans 
rit.  ticchio  -■  caprice,  dér.  du  vha.  zike  ™ 
capra,  et  dans  fr.  wroe  du  L.  verroex,  enfin 
dans  l'it.  nucia  (dial.  de  Côme),  chevreau,  et 
nuce,  caprice.  —  D.  caprieieiuc. 

CAPRICORNE,  L.  capricornus  (capra  -f- 
comu). 

CAPRISER,  sautiller,  en  parlant  du  pouls, 
BL.  caprizare  (de  capra,  chèvre). 

CAPRON  ou  CAPERON,  fraise  ;  selon  Gébe- 
lin,  de  câpre,  à  cause  du  goût  aigrelet  de 
cette  fraise  ;  selon  Ménage,  le  mot  vient  du 
BL.  capero,  chaperon,  et  signifierait  propr. 
«  petite  tête  »,  ou  «  petit  capuchon  ». 

CAPSE,  forme  savante  p.  caisse, —  D.  cap- 
sule, L.  capsula  ;  capsulaire. 

CAPTAL,  chef,  du  L.  capiialis,  pris  dans  le 
sens  de  capitanxis. 

CAPTER,  L.  captare,  fréq.  de  capere,  —  D. 
captatetir,  -ation,  -atoire, 

CAPTIEUX,  L.  captiosus  (de  capere), 

CAPTIF,  it.  cattivo,  esp.  cautivo,  du  L.  cap- 
tivus  (capere).  —  D.  captivité,  vfr.  chaitiveté, 
L.  captivitas;  captiver,  L.  captivare.  —  Le 
latin  captivus  a  fourni  aussi  au  vieux  fonds 
français  chaitif*,  chétif,  prov.  caitiu,  esp. 
cativo,  angl.  caitiff,  esclave.  De  l'idée  captif 
se  déduisit  naturellement,  comme  signification 
accessoire,  celle  de  malheureux,  misérable  ; 
c'est  la  seule  qui  soit  restée  à  la  forme  chétif; 
voy.  notre  observation  à  l'égard  du  sens  figuré 
de  chartre,  prison. 

CAPTURE,  L.  captura  (capere).  —  D.  cap- 
turer. 

CAPUCE  ou  capuche,  voy.  cape.  —  D.  capu- 
chon, d'où  encapuchonner ;  capucin,  d'où 
capucinade;  capucine  (plante  ainsi  nommée  à 
cause  de  ses  fleurs  à  forme  de  capuchon). 

CAPUCHON,  voy.  capuce, 

CAQUE,  voy.  l'art,  suivant. 

CAQUER  (des  harengs),  du  néerl.  kaaken, 
propr.  couper  les  ouïes  (kaecken),  puis  prépa- 
rer le  poisson  pour  le  mettre  en  caque.  —  Le 


mot  caque  «■  baril,  parait  être  indépendant 
du  précédent  et  se  rattacher  à  kah,  vieux 
mot  néerlandais  qui  signifie  tonne  (cfir.  angl. 
cag,  suéd.  kagge);  de  ce  subst.  caque  vient 
encaquer. 

CAQUESANGUB,  dysenterie,  de  l'it.  caca- 
sangue  (litt.  chie-sang). 

CAQUET,  subst.  verbal  de  <Mqueter  ;  celui-ci 
est  un  mot  onomatopée  ;  cp.  gr.  xxx^{eiy,  ail, 
gacken,  gackem,  angl.  cackle,  gaggle,  suéd. 
kahla,  holl.  haheîen. 

CAR>  vfr.  et  prov.  quare.  Du  latin  quare, 
c'est  pourquoi  ;  la  coi\jonction  car  équivaut  & 
«  voici  pourquoi  ».  La  langue  ancienne  em- 
ployait le  mot  avec  l'impératif  pour  renforce 
l'exhortation.  —  Le  yàp  des  grecs  n'a  étymo- 
logiquement  rien  de  commun  avec  notre  car. 

CARABIN  signifiait  anciennement  :  1.  blé 
sarrasin,  2.  cavalier  (de  là  carabine,  arme  des 
carabins);  auj.  le  mot  signifie  garçon  chirur- 
gien et  joueur  méticuleux.  L'origine  du  mot 
est  incertaine.  Selon  Diez,  carabine  aurait 
précédé  le  masculin  carabin,  et  ce  dernier 
signifierait  un  cavalier  pourvu  d'une  carabine, 
ta  forme  anc.  calai  rin,  ii,  calabrino,  lui  fait 
dériver  ces  mots  du  prov.  calabre,  instrument 
de  guerre  pour  lancer  des  pierres,  lequel  mot 
serait  transformé  du  BL.  cadabula  (voy.  le 
mot  accabler).  Les  engins  de  guerre  en  usage 
avant  l'invention  de  la  poudre  à  canon  ont 
prêté  leurs  noms  à  ceux  qui  ont  suivi  cette 
invention.  Pour  Ducange  aussi,  carabin  est 
p.  calahrin,  mais  ce  mot  signifierait  soldat 
de  la  Calabre,  cette  sorte  de  cavalerie  étant 
venue  de  la  Calabre.  —  La  signification  ac- 
tuelle vient,  dit-on,  de  la  formule  «  carabin 
de  Saint-Côme  »  (école  de  chirurgie  à  Paris). 
Voy.  une  autre  explication  historique  par  un 
terme  escarrabi  ■«  infirmier  (trouvé  dans  des 
actes  de  Montélimart  en  1543  et  1583),  dans 
Littré,  suppl. 

CARABINE,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  carabi- 
nier; verbe  carcUfiner, 

CARACOLE,  de  l'it.  caracoîlo,  mouvement 
en  demi-rond  que  le  cavalier  fait  exécuter  à  sa 
monture  ;  ce  mot,  identique  avec  l'esp.  cara- 
col,  et  signifiant  proprement  limaçon,  co- 
quille en  forme  de  vis  (dans  ce  sens.  Fit.  dit 
caragollo),  puis  escalier  tournant,  est  d'ordi- 
naire tiré  de  l'arabe  harhara,  tourner  en 
cercle.  Mieux  vaut,  selon  Diez,  le  rattacher  au 
gaél.  carach,  tordu,  tourné.  —  D.  caracoler, 

CARACTÈRE,  L.  c^aroc^er,  du  gr.  xoe/>xxrii/D, 
empreinte,  cachet,  donc  propr.  la  marque 
des  qualités  deqqch.,  puis  ces  qualités  mêmes. 

—  D.  caractériser,  caractéristique. 
CARAFE,  it.  caraffa,  esp.  garrafa,  sicil. 

carrabba  ;  du  verbe  arabe  gara  fa,  puiser.  — 
Mohl  allègue  le  persan  garabah,  bouteille  en 
verre  à  gros  ventre,  destinée  à  laisser  reposer 
le  vin  pendant  quarante  jours  (Littré,  suppl.). 

—  D.  carafon. 

CARAMBOLE,  esp.  carambola,  la  bille  rouge 
au  jeu  de  billard,  puis  partie  qui  se  joue  avec 
cette  bille;  verbe  caramboler,  toucher  les 
deux  billes  du  jeu  avec  la  sienne.  Ëtymologie 
inconnue. 


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CAR 


89  — 


CAR 


CARAMBTi,  esp.,  it.,  port,  caramelo;  d*aprës 
littré,  de  Tarabe  kora  mochalla,  boule  douce. 
Etym.  peu  probable.  Je  pense  que  le  cara- 
mel tire  son  nom  de  sa  forme  tubulaire  et 
vient  de  L.  caiamelîiis,  petit  tube;  cp.  en  esp. 
caramillOf  prov.  caramel,  chalumeau. 

CABÂPAOE,  esp.  carapacho;  d'origine  in- 
connue. Ne  serait-ce  pas  une  transposition  de 
caparace,  d'où  caparaçofi  f  le  sens  du  mot  s'y 
prêterait  parfaitement.  L'espagnol  capara^ron 
signifie  paiement  carcasse  d'oiseau.  Littré 
rapproche  le  mot  du  catalan  carabassa  «>  fr. 
calebasse, 

GÂ&AQTJX,  it.  caracca,  esp.  carraca,  ni. 
kraeche,  ail.  karrache,  angl.  carack;  d'ori- 
gine orientale.  De  l'arabe  qorqour,  grand  ba- 
teau marchand,  plur.  qaràqir  (Dozy  et  Defre- 
roery).  Quant  au  mot  arabe,  Devic  le  tire  du 
malais  hourakoura  (tortue  de  mer),  korakora 
(grand  bateau),  que  reproduisent  port,  cora- 
cora,  corccora,  esp.  caracoa, 

GARÂT,  it.  carato,  esp.  quilate,  anc.  port. 
quirate,  petit  poids;  de  l'arabe  qirât,  lequel, 
lui-même,  vient  du  gr.  Mpànov,  pr.  petite 
corne,  puis  la  silique,  fruit  du  caroubier,  ser- 
vant de  poids,  latinisé  par  Isidore  en  cerates 
H  oboli  pars  média  est,  siliquam  habens  unam 
et  semis  » . 

GARAVAinB,  mot  oriental,  arabe  kairaioan, 
persan  kanoan,  troupe  de  personnes  voya- 
geant ensemble.  —  Composé  caravansérail, 
maison  de  caravane. 

CARAVELLE,  it.  caravella,  esp.  carabela, 
dim.  de  carahus,  «  parva  scapha  »  (Isidore, 
19,  1,  26)  ■=■  gr.  xà|9x€9«,  barque  et  crabe. 

GARBONADE.  voy.  l'art,  suiv. 

CARBONE.  CARBONIQUE,  CARBONISER, 
CARBONATE,  termes  savants,  tirés  du  L.  carho, 
charbon.  Les  chimistes,  avec  un  suffixe  ure, 
ont  fait  le  terme  carbure.  —  Carbonade,  de 
rit.  carhonoJta  ou  esp.  carbonada,  grillade  sur 
des  charbons  ;  au  xvii«  siècle  on  se  servait 
encore  du  mot  vraiment  français  charbonnée. 

CARRONGLE,  1.  pierre  rouge,  rubis;  on 
dit  aussi  carboucle  et  escarboucle,  angl.  car- 
buncU,  ail.  karfunkél;  2.  en  médecine,  fleg- 
mon  enflammé  ;  puis  l'ancien  nom  de  la  mala- 
die appelée  le  charbon.  Du  L.  carbunculus 
(litt.  petit  charbon),  qui  avait  déjà  les  diverses 
acceptions  du  français.  —  La  forme  carbouille, 
carie  du  froment,  renvoie  à  un  type  lat.  car- 
bucuJa, 

GARGADET,  caille,  et  carcailler,  crier 
comme  une  caille,  paraissent  tenir  au  L. 
querquedula^  sarcelle. 

CARCIN.  prov.  carcan,  collier,  ni.  kar- 
kant,  ne  vient  ni  du  L.  carcer,  prison,  ni  du 
gr.  nvpnhoç,  écrevisse,  tenailles,  ni  de  l'ail. 
kragen,  collet;  c'est,  selon  Diez,  im  dérivé  du 
vha.  querca,  nord,  qverk,  gorge,  cou.  Cer- 
tains dialectes  fr.  disent  charchant,  cher- 
chant. En  prov.  l'on  trouve  aussi  la  forme 
carcol  pour  collier.  —  Bugge (Rom., El,  165, 
tout  en  admettant  l'étymologie  de  Diez,  est 
d'avis  que,  plus  exactement,  vfr.  carcant 
représente  le  composé  norois  querk-band  (ju- 
gulaire, mentonnière),  d'où  *carquebant,  *carc- 


bant  et  finalement  carcant,  carcan.  Cela  me 
semble  hardi  ;  la  terminaison  ancienne  en  ant 
est  p.  an  (cp.  sluc.  paysarU,  faisant);  aussi 
le  moy.  lat.  n'a-t-il  que  carcapius,  carcannus 
(ou  -Mm).  Le  vfc,  d'ailleurs,  offre  aussi  car- 
caille. 

CARCASSE,  it.  carcassa,  esp.  carcasa.  La 
deuxième  partie  de  ce  composé  est  le  mot 
capsus  (BL.  cossus),  poitrine,  thorax  (en 
dial.  de  Parme,  on  dit,  pour  carcasse,  simple- 
ment cassiron);  la  première  paraît  être  le 
mot  caro,  chair.  Le  sens  primitif  serait  ainsi 
«  caisse  à  chair  »» .  —  Quelle  que  soit  l'origine 
de  carcasse,  il  est  étymologiquement  distinct 
de  carquois. 

GARDE,  nervure  des  feuilles  du  cardon, 
chardon  à  foulon,  machine  à  peigner  le  drap, 
it.  cardo,  esp.  carda;  du  L.  carduus,  char- 
don. —  D.  carder;  cardon,  espèce  d'arti- 
chaut. 

CARDINAL,  L.  cardinalis  (primitif  cardo, 
gén.  cardinis,  gond,  pivot),  principal,  ce  sur 
quoi  tout  roule;  de  là  nom  d'une  dignité 
ecclésiastique. 

GARDON,  mot  savant  pour  chardon. 

CARÊME,  it.  quaresima,  esp.  quaresma, 
prov.  caresma,  contraction  du  L.  quadrage- 
sima,  le  quarantième  jour  (avant  Pâques);  on 
dit  de  même  en  gr.  mod.  rtiv^pxMix'/i. 

CARENCE,  t.  de  jurisprudence,  L.  carentia; 
àecarere,  manquer. 

CARÂNE,  it.  caréna,  L.  carina.  —  D.  ca- 
réner. 

CARESSER,  de  l'it.  carezzare,  dér.  de  caro 
(L.  carus),  cher,  affectionné.  D'après  Dochez 
et  Bescherelle,du  grec  xa/9/i4{«vfp.  xaTst^^sJnv), 
flatter,  apaiser;  c'est  faire  de  l'érudition  en 
pure  perte.  —  D.  caresse. 

CARGAISON,  subst.  dérivé  de  cargxier  (v. 
c.  m.). 

CAROTTER,  forme  provençale  p.  charger; 
de  là  :  cargaison,  charge.  —  Carguer  les 
voiles,  c'est  en  faire  une  charge,  un  paquet. 
—  D.  cargue,  cordage  servant  à  carguer. 

CARIATIDE,  gr.  (plur.)xapudtTi5iç.  les  jeunes 
filles  de  Caryœ. 

CARICATURE,  de  l'it.  caricatura,  qui  est 
un  dérivé  de  caricare,  correspondant  du  fr. 
charger.  Cp.  l'expression  française  charge  = 
caricature. 

CARIE,  mot  savant,  L.  caries.  —  D. carier; 
carieux. 

CARILLON,  selon  Ménage,  d'un  vocable 
BL.  quadrillio,  pr.  assemblage  de  quatre 
cloches.  —  Le  vfr.  carenon,  m.  s.,  vient  de qua- 
temio,  dit  Littré  ;  selon  moi,  plutôt  d'un  type 
qiuidrino. 

CARLIN,  it.  carlino  -=  CaroUnus.  Cp.  les 
termes  :  un  louis,  un  napoléon,  et  sembl. 

1.  CARMAGNOLE,  espèce  d'habit  ou  de 
veste  fort  en  vogue  pendant  la  Révolution. 
D'origine  incertaine  ;  de  la  ville  de  Carma^ 
gnole  en  Piémont?  ou  de  l'ancien  cramignole, 
sorte  de  vêtement  de  tête? 

2.  CARMAGNOLE,  chanson  et  danse  révo- 
lutionnaires. Origine  inconnue  ;  chant  exécuté 


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CAR 


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CAR 


par  des  gais  vâtns  delà  carmagnole?  le  chant 
liégeois  dit  cramignon  tlj  est-il  pour  rienî 

CARME,  coup  de  dé  qui  amène  les  deux 
quatre,  anc.  came,  du  L,qiuUemus,  coup  de 
quatre. 

CARMES,  nom  des  membres  de  Tordre  du 
mont  Carmel,  d'où  aussi  carmélite,  religieuse 
du  même  ordre. 

CARMIN,  it.  carminio,  ainsi  que  cramoisi 
(transposé  de  carmoisi',  it.  carmesino,  cre- 
misi,  cremisino,  esp  carmesi,  viennent  de 
Tarabe  qermez,  écarlate,  adj.  qermazi. 

CARNAGE,  CARNATION,  CARNIER,  déri- 
vés  de  Tanc.  carn,  car,  auj.  chair,  =  L. 
caro,  gén.  carnis,  —  Du  prov.  camaza, 
chair  morte  :  l'adj.  carnassier  et  le  subst. 
carnassière,  gibecière. 

CARNASSIER,  voy.  l'art,  préc.  —  En  vfr., 
carruxcier  signifiait  bourreau. 

CARNAVAL,  de  Vit.  cameoale,  camovale, 
esp.  carnaval.  Le  mot  italien  est  composé, 
dit-on,  de  came,  chair,  viande,  et  du  subst. 
vale,  adieux,  et  signifie  les  adieux  faits  à  la 
viande  (cp.  les  expressions  analogues  BL. 
camiprivium,  privation  de  chair,  et  Fesp. 
camestolendas,  retranchement  de  viandes). 
Cette  étymologie,  toutefois,  n'est  quespécieuse. 
Il  faut  savoir  que  le  type  primitif  est  le  BL. 
çamelevamen  (carnis  levamen),  d'où  camele- 
vale,  plus  tard  étranglé  en  carneoale.  C'est 
donc  pr.  soulagement  de  la  chair,  plaisir  per- 
mis la  veille  du  carême,  cp.  les  autres  termes 
employés  pour  la  même  idée  :  BL.  carnica- 
pium,  it.  camelasda  (camem  laxare),  d'où, 
par  corruption,  camasciale, 

CARNE,  angle  saillant,  du  L.  cardinem, 
gond  (cp.  charnière). 

CARNEATJ,  CARNELER,  voy.  sous  cran. 

CARNET  est  p.  caemet,  dim.  de  caer^  cahier 
(lat.  quater^ium^  voy.  sous  cahier),  donc  un 
petit  cahier.  D'autre  part,  la  forme  prov. 
cazem  a  fourni  au  français  le  terme  maritime 
casernet,  cahier  de  bord. 

CARNIVORE,  L.  camivorus,  composé  de 
caro,  gén.  carnis,  chair,  et  vorare,  manger. 

CAROONE,  t.  d'ii\jure,  variante  de  cha- 
rogne. 

CARONADE,  espèce  de  canon,  du  nom  pr. 
Carron,  propriétaire  de  forges  considérables 
en  Ecosse. 

CARONCULE,  L.  caruncula,  petite  chair. 

CAROTIDE,  gr.  plur.  xxp^nSti,  m.  s. 

CAROTTE,  du  L.  caroto  ^Apicius).  —  D. 
carotter;  sur  le  sens  figuré  de  ces  mots,  voy. 
Littré. 

CAROUBE,  de  l'it.  carrubo,  esp.  garrobo, 
algarroho,  de  l'arabe  charrub,  m.  sign.  — 
D.  caroubier, 

CAROUOE,  variante  de  caroube,  et  répon- 
dant aux  formes  it.  carrubbio,  esp.  garrubia. 

1.  CARPE,  poisson,  BL.  carpa,  prov.  es- 
carpa,  it.  carpione;  du  vha.  charpho,  ail. 
mod.  harpfen,  angl.  carp.  L'aflinité  des  mots 
germaniques  avec  le  grec  xuitpivoi,  L.  cypri- 
nus,  doit  être  contestée.  —  D.  carpeau,  car- 
pillon. 


2.  CARPE,  t.  d'anatomie,  poignet,  du  grec 

XvpTTO;,  m.  S. 

CARPETTE,  gros  drap  rayé,  etc.,  angl. 
carpet,  vfr.  carpite,  BL.  et  it.  carpita;  du  L. 
carpere,  détirer  de  la  laine  (voy.  charpie). 

CARQUOIS,  vfr.  carquais,  it.  carcasso,  esp. 
carcax;  l'étymologie  la  plus  plausible  est  L. 
carchesium,  coupe  à  anses,  hune  d'un  vais- 
seau ;  il  peut  y  avoir  eu  confusion  idéologique 
entre  carcasse  et  carquois.  On  est  en  droit 
aussi  d'expliquer  carquais  ou  carquois  par 
l'ancienne  forme  tarquais,  qui  vient  du  per- 
san torkach  (d'où  l'arabe  tarkach,  l'it.  tur- 
casso,  et  bas-grec  r«/Bje&9i9y),  étui  à  flèches;  le 
changement  de  t  en  A  peut  encore  être  l'effet 
d'une  assimilation  avec  carcasse;  nous  avons 
vu  une  permutation  analogue,  à  propos  de 
cancan,  entre  les  mots  vfr.  caquehan  et  taque- 
han,  Caroline  Micliaelis  ne  doute  pas  de 
l'étymon  «sp^^Tioy.  mais  elle  sépare  le  mot  de 
vfr.  tarquais,  qui  est,  d'après  elle,  le  turc 
terkasch,  persan  tarkasch  «•  pharetra  •»  ;  vfr. 
turcois  serait  une  altération  de  tarcais  par 
assimilation  à  turc  (Jahrbuch,  XIII,  313).  — 
De  son  côté,  Fôrster  (Grôber  Ztschr..  I,  156) 
expose  comme  quoi  l'ancienne  littérature 
française  ne  présente  ni  carquois  ni  carquais; 
les  seules  formes  authentiques  sont  turcais 
(moy.  lat.  turcasia,  it.  turcasso)  et  tarcais. 

CARRE,  angle,  carrure,  subst.  verb.  de 
carrer. 

CARRÉ,  CARRER,  voy.  cadre.  —  D.  car- 
rure; cps.  contrecarrer  (v.  cm.) 

CARREAU,  vfr.  quarrel,  it.  quadrello,  du 
BL.  quadrellum,  petit  cadre.  —  D.  carreler, 
décarreli^r;  carrelet,  poisson  ayant  des  taches 
en  carreaux. 

CARREFOUR,  prov.  carre  fore,  représente 
un  mot  latin  quadrifurcum,  litt.  à  quatre 
fourches. 

CARRICK.  mot  anglais. 

1 .  CARRIÈRE,  BL.  quadraria,  lieu  où  l'on 
extrait  des  pierres  de  taille  (en  ail.  quader, 
pierre  équarrie);  voy.  sous  cadre.  —  Le  type 
masc.  quadrarius  a  produit  fr.  carrier,  ou- 
vrier qui  extrait  des  quadros  lapides. 

2.  CARRIÈRE,  lieu  de  course,  puis  étendue 
de  la  course  à  fournir,  it.  carriera,  esp.  car- 
rera, prov.  carriera  (rue),  angl.  career;  dér. 
de  carrus,  char  ;  donc  propr.  voie  d'un  char, 
route  carrossable;  l'ancienne  langue  disait 
aussi  charrière  et  quarrière. 

CARRIOLE,  de  lït.  carriuola,  dimin.  de 
carro,  fr.  char, 

CARROSSE,  de  l'it.  carrozza  ou  plutôt  du 
masc.  carroccio,  dér.  de  carro,  char.  —  D. 
carrossier,  carrossable. 

CARROUSEL,  it.  carosello,  garosello.  Ce 
mot  a-t-il  du  rapport  avec  carrus,  char?  Ou 
carr  représente-t-il  le  quadr  de  quadriller 
Nous  ne  pensons  pas  ni  l'un  ni  l'autre,  et  nous 
y  voyons  plutôt  un  dimmutif  de  carrousse 
(v.  c.  m.). 

CARROUSSE,  grand  régal,  fête,  partie  do 
boire,  angl.  carouse,   vfr.  carrons,  v.  esp 
carauz;  étymologie  douteuse  ;  nous  ne  sau- 
rions accepter  l'ail,  garaus  trinken,  boire 


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CAS 


—  91  — 


CAS 


jusqu'à  bout,  que  s'il  était  démontré  qne  le 
mot  n'est  en  effet  qu'un  terme  de  caserne  in- 
troduit par  la  soldatesque  allemande. 

GARTABLI,  portefeuille  d'écoliers;  cp. 
les  mots  wallon  cartabel,  it.  scartabello,  esp. 
eartapeJ,  composé  de  charta  et  peliis.  Voy. 
Caix,  Studi,  n«>520. 

GARTATER,  selon  Littré,  de  quatre  (mieux 
vaudrait  de  qttart)  ;  «  cartayer,  c'est  couper  en 
quelque  sorte  la  route  en  quatre,  c'est  tracer 
une  quadruple  voie,  les  deux  ornières  et  les 
deux  voies  des  roues  ».  N'était  cette  définition, 
j'aurais  interprété  notre  mot  par  carafte  (char- 
rette, angl.  cart)  -f-  suffixe  icare;  cp.  Tit. 
carreggiare^  conduire  un  char,  de  carro, 
char. 

CARTE,  variété  savante  de  charte,  du  L. 
charta  (x^tp-nn),  —  Dérivés  :  cartel^  -on, 
-ouche,  'ier.  —  Je  ne  puis  adhérer  à  l'opinion 
qui  voit  dans  carte  le  L.  qitarta  au  sens  de 
quart  de  feuille  de  papier;  fr.  qitarteet  BL. 
quarta  sont  des  modifications  orthographiques 
introduites  sous  l'influence  de  qiiartus. 

CARTEL,  de  l'it.  cartello,  esp.  cartel,  petite 
carte,  affiche,  puis,  spécialement,  provocation 
en  duel  par  écrit. 

CARTILAGE,  L.  cartilago,  -inis.  -—  D.  car- 
tilagineux. 

CARTON,  de  l'it.  cartone,  augmentatif  de 
caria,  —  D.  cartonner,  cartonnier. 

CARTOUCHE,  de  l'it.  carioccio,  cornet  de 
papier,  gargousse  (dér.  de  carta). 

CARTÏÏLAIRE,  recueil  de  cartides  (L.char- 
tulœ),  actes,  titres.  Le  mot  fait  double  emploi 
avec  chartrier. 

CARUS,  t.  de  médecine,  du  gr.  x&poç,  som- 
meil profond. 

CARVI,  it.,  esp.  carvi.  Directement  de 
l'arabe  harawia  ou  harvoia,  formé  à  son 
tour  d'une  forme  grecque  hypothétique  «srpufx 
ou  xxpivtx,  dérivée  de  Kàpov,  xxpiov,  lat.  ca- 
rum,  careum  (Devic).  —  Voy.  aussi  chervis, 

1.  CAS,  du  L.  casus,  chute,  événement, 
désinence  (de  cadere,  tomber). 

2.  CAS,  a^j.,  fém.  casse,  cassé,  du  L.  quas- 
sus,  brisé. 

CASANIER,  attaché  à  la  maison,  représente 
un  type  latin  casatiarius,  du  BL.  casana, 
forme  dérivative  de  casa,  maison.  —  L'it. 
emploie  dans  le  même  sens  casalingo, 

CASAQUE,  it.  casacca,  esp.  casaca,  angl. 
cassock,  dér.  de  casa,  case  ;  pour  le  rapport 
d'idées,  cfr.  le  BL.  casula,  qui  signifie  à  la 
fois  petite  case  et  vêtement;  l'idée  d'abri,  de 
protection,  relie  les  deux  acceptions.  Ainsi, de 
la  même  racine  cap  nous  voyons  procéder 
capanna,  fr.  cabane,  et  cape,  chape,  chapeau, 
etc.  Quant  à  la  terminaison  ojcca,  cfr.  it. 
gvtamacca,  espèce  de  pardessus.  —  D'autres 
tiennent  le  mot  pour  slave  et  identique  avec 
cosaque,  —  D.  casaquin, 

CASCADE,  de  Fit.  cascata,  dér.  de  cascare, 
tomber,  verbe  italien  qu'il  faut  rattacher  à 
une  forme  antérieure  casicare,  issue  à  son 
tour  du  L.  cadere,  par  le  supin  casum.  — 
D.  it.  cascatella,  fr.  cascatelle 


CASE,  maison,  loge,  compartiment,  L.  c 
hutte,  maison.  C'est  casa  aussi  qui  a  fourni 
la  prép.  fr.  chei  (v.  c.  m.).  —  D.  caser,  pour- 
voir d'une  place,  établir;  casier,  bureau 
garni  de  cases;  voy.  aussi  caserne. 

CASÉEUX,  CASÉUM,  t.  de  chimie,  dér.  du 
L.  caseus,  fromage. 

CASEMATE.de  l'it.  casamatta  ou  esp., port. 
casamata,  dont  Tétymologie  est  douteuse.  On 
a  décomposé  le  mot  par  casa-matta,  et  l'on  a 
prêté  à  cette  expression  matto  tantôt  le  sens 
de  caché,  borgne,  tantôt  celui  de  pseudo, 
faux,  ou  de  sombre  ;  enfin,  on  a  expliqué  le 
mot  par  ••  maison  {casa)  de  la  tuerie  (mofa)  >•, 
expression  analogue  à  l'ail,  mordkeller,  caseK 
mate,  litt.  caveau  de  meurtre.  Ménage  avait 
songé  au  gr.  ^icjfix,  fosse,  caverne  (plur. 
X^cT/tAary);  étymologie  inacceptable,  bien  que 
Rabelais  ait  employé  la  forme  chasmaJte,  Ci- 
tons encore  une  conjecture  de  Devic,  qui  se 
demande  si  le  mot  italien  n'a  pas  été  créé  sous 
l'influence  de  l'ar.  qasaba,  forteresse. 

CASER,  voy.  case. 

CASERNE,  it.  caserma,  esp.,  port,  caserna, 
dérivé  de  casa,  maison,  par  le  sufiixe  émus, 
comme  caverne  de  cave,  Diez,  patron  de  cette 
étymologie,  dans  sa  dernière  éd.,  ne  se  rallie 
pas  à  l'opinion  de  Mahn,  qui,  à  cause  de  l'it. 
caserma,  walaque  çesarme,  anc.  ail.  casarm, 
avait  proposé  avec  quelque  doute  casa  d'arme, 
maison  d'armes.  —  Dans  Furetiôre,  on  lit  : 
«  Cazemes,  ce  sont  de  petites  chambres  bâties 
sur  le  rempart  des  villes  de  guerre  pour  loger 
les  soldats  de  la  garnison  ;  on  y  loge  ordinai- 
rement six  soldats  qui  montent  la  garde  alter- 
nativement. »  En  supposant  qu'on  y  ait  pri- 
mitivement logé  quatre  soldats,  G.  Paris  pose 
pour  étymon  prov.  cazema  (qu'il  déduit  du 
verbe  descazernar,  expulser,  déloger)  =  lat. 
quatema.  Ce  serait  donc  propr.  une  f*scouade 
de  quatre  hommes.  —  D.  caserner, 

CASERNET,  cahier  de  bord,  voy.  cartiet, 

CASIMIR,  angl.  cassimer,  variante  de 
cachemire, 

CASINO,  mot.  ital.,  dér.  de  casa,  maison. 

CASOAR,  oiseau,  esp.  casobar,  angl.  cassa- 
loary,  du  malais  cassuioaris, 

CASQUE,  it.  et  esp.  casco.  Le  mot  est  assez 
récent  en  fr.  et  a  supplanté  l'anc.  heaume. 
Ménage  le  rattache  au  L.  cassis,  par  l'inter- 
médiaire cassicus,  mais  Diez  observe  que  le 
suffixe  ic  ne  produit  en  roman  que  des  subst. 
féminins.  En  espagnol,  casco  signifie  en  outre 
têt,  tesson  (pr.  chose  brisée,  car  le  mot  vient 
de  cascar  =  quassicare),  puis  crâne,  coque  de 
navire,  etc.  La  comparaison  des  diverses 
significations  du  mot  latin  testa  (d'où  fr.  têt, 
tesson,  tété)  autorise  à  voir  dans  casco,  signi- 
fiant casque,  le  même  mot  que  casco,  chose 
brisée.  Les  significations  s'enchaînent  ainsi  : 
débris,  tesson,  têt,  armure  de  tête.  —  D. 
casquette. 

CASSADE,  de  l'it.  cacciata,  cassade  au 
brelan,  de  cacciare,  chasser,  pousser.  «  Cas- 
sade s'est  dit  d'abord  au  brelan,  puis  pour 
toute  espèce  de  feinte,  de  bourde  •  (Littré). 
Voy.  casser. 


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CAT 


92  — 


CAT 


1.  GISSE,  t.  d'imprimerie,  caisse  à  com- 
partiments, voy.  caisse.  —  D.  casseau^  cas- 
setin, 

2.  CASSE»  fruit  du  cassier,  BL.  cassia, 
casia,  angl.  cassia,  ail.  cassie,  du  gr.  x»99lx, 
xxalot,  —  D.  cassier, 

3.  OASSE»  poêle  à  queue,  lèchefrite,  it. 
ccLtza^  cat.  cassa;  du  vha.  chezi,  hesi^  v. 
nord.  haJti,  vase  à  cuire,  d'où  Tall.  kessel, 
flam.  ketel.  —  D.  it.  cazzuola,  esp.  cazuda, 
et  fr.  casserole  (it.  C€LSserolci)\  pour  l'insertion 
de  er,  cfr.  mouch-er-olle,  mus-er-olle,  etc. 

4.  CASSE,  subst.  verbal  de  casser. 
CASSER,  briser,  angl.  quash,  du  L.  quas- 

sare,  briser,  dér.  de  quassus,  participe  de 
quatere.  Le  partie,  quassus  s'est  conservé 
dans  le  prov.  quass  et  le  fr.  cas  =  brisé.  — 
D.  casse^  action  de  casser;  cassement;  cas^ 
sure;  d'un  composé  conquassare  on  a  fait 
concasser,  —  Dans  le  sens  «  annuler  »,  causer 
vient  du  L.  cassare,  dér.  de  cassus  (vfr.  quas^ 
prov.  casSt  it.,  esp.  casso),  vide,  vain,  inutile. 
De  là  le  subst.  cassation. 

CASSEROLE,  voy.  casse  3.  Quelques  dia- 
lectes disent  castrde;  l'allemand  en  a  tiré  son 
kastrol. 

CASSETTE,  voy.  caisse. 

CASSIER,  arbre,  voy.  casse  2. 

CASSINE,  dérivé  de  la  forme  BL.  cassa  p. 
casa. 

CASSIS,  groseillier  dit  ribes  nigrum  ;  éty- 
mologie  inconnue. 

CASSOLLE,  autre  forme  pour  casserole,  it. 
cazznola,  voy.  casse  3.  —  De  là  cassolette. 

CASSON  «=  caisson:  cette  dénomination 
vient  de  ce  que  le  sucre  casson  se  met  dans 
des  caissons.  —  D.  cassonade  (port,  casso- 
nada). 

CASSONADE,  voy.  casso}x. 

CASTAONETTES,  de  l'esp.  castahetas,  dér. 
de  castana,  châtaigne,  à  cause  de  la  ressem- 
blance des  castagnettes  avec  les  châtaignes. 

CASTE,  esp.,  port,  casta^  race,  pr.  quelque 
chose  de  pur,  non  mélangé.  Du  L.  castus, 
pur. 

CASTEL,  angl.  castle,  du  L.  castellum, 
dim.  de  castrum.  Castel  est  la  forme  savante 
de  chasteV,  château  (v.  c.  m.). 

CASTILLE,  petite  querelle,  subst.  verbal  de 
se  castiller.  Autrefois  la  castille  désignait  une 
espèce  de  joute,  et  tire  son  nom  de  l'esp. 
castillOf  château,  parce  que  dans  ces  joutes  on 
attaquait  des  simulacres  de  châteaux,  de 
tours,  etc. 

CASTOR,  vfr.  castoire,  L.  castor  {^M^rup). 
—  D.  castoreum,  mot  latin  ;  castoritie. 

CASTRAT,  de  rit.  castrato  =  L.  castratus, 
fr.  chûtré.  —  Castration,  L.  castratio. 

CASUEL,  CASÏÏISTE,  mots  savants,  dérivés 
de  casus,  cas. 

CATACHRASE,  du  gr.  xar&xP'i'i;,  abus. 

CATACLYSME,  du  gr.  naraLxXvsfxôi,  inonda- 
tion, déhige. 

CATACOMBES,  d'après  Diez,  composé  de 
catar,  —  verbe  roman  qui  signifie  voir  et  que 
l'on  retrouve  dans  les  compositions  catafalque, 
et  it.  cataletto,  lit  de  parade  —  et  de  tomba, 


tombe.  Catacombe  serait  une  altération  de 
catatombe  (forme  que  l'on  rencontre  parfois) 
et  signifierait  «  tombe  exposée  à  la  vue  des 
fidèles  ».  On  peut  cependant  aussi  prendre 
l'élément  combe  pour  l'esp.  comba,  qui  signifie 
voûte.  Bellermann,  auteur  d'un  ouvrage  sur 
les  plus  anciens  tombeaux  des  chrétiens,  fait 
venir  catacombe  d'un  mot  grec  supposé 
KocroLTÙfitiov  ;  pourquoi  pas  tout  aussi  bien  de 
xecraxùfittoit  (de  xû^aSoc,  cavité)? 

CATAFALQUE,  it.  catafaïco,  esp.  cadafaiso, 
cadahalso,  cadalso,  prov.  cadafatc,  vfr.  esca- 
défaut,  cadefauz,  d'où  le  mot  actuel  échafaut 
(champ,  cadefaut).  Les  mots  ail.  schafott, 
fiam.  scavaut  et  angl.  scaffbld,  sont  tous  des 
modifications  du  fr.  échafaud.  —  Catafaïco 
est  composé  de  catar,  voir,  et  de  falco,  corrup- 
tion de  palco,  assemblage  de  poutres  (mot 
italien  d'origine  germanique).  Catafaïco  si- 
gnifie donc  proprement  un  échafaudage  de 
parade,  cp.  it.  caialetto,  lit  de  parade  (voy. 
châlit)  et  fr.  catacombe  (v.  c.  m.).  Quant  au 
verbe  catar,  qui  dans  le  vieil  esp.  signifiait 
voir  avec  soin  (Lex.  roman  de  Raynouard, 
verbo  catar  :  •  es  dit  cat,  quar  catar  vol  dire 
vezer)  »  et  qui  signifie  aig.  examiner,  c'est  le 
captare  des  Latins,  pour  ainsi  dire  captare 
oculis,  saisir  des  yeux.  Ménage  cite  un  verbe 
fr.  catiller,  employé  par  Monstrelet  dans  le 
sens  d'espionner,  et  l'explique  également  par 
captilare,  dim.  de  captare.  Cette  étymologie 
de  Diez  satisfait  pleinement  et  doit  l'emporter 
sur  celle  de  Ducange  :  x«t4  -f-  palus  ou  fala 
(échafaudage). 

CATALECTES,  recueil  de  pièces  détachées, 
du  gr.  xaràXcxra,  choses  choisies. 

CATALEPSIE,  du  gr.  ^arklti^i;,  saisisse- 
ment. —  D.  cataleptique. 

CATALOOTJE,  du  gr.  xarâioy?;,  recensement. 
—  D.  cataloguer. 

CATAPLASME,  du  gr.  xzr&?r>ai/ui2,  action 
d'enduire. 

CATAPULTE.  L.  catapulta  (xaTaîrèltTï^). 

CATARACTE,  chute,  L.  cataracta,  du  gr. 
neira^pxxrrji,  litt.  qui  descend  en  se  brisant,  de 
xarat/i^ïiyvu/Ai,  briser  (au  passif,  tomber  avec 
violence).  Comme  terme  de  chirurgie,  le  mot 
signifie  pr.  une  clôture  ou  coulisse  et  se  rap- 
porte au  même  subst.  grec  au  sens  de  porte 
coulisse. 

CATARRHE,  L.  catarrhus,  du  gr.  xxr&yj^ou^, 
subst.  de  nxrupj^ita,  couler  en  bas.  —  D.  ca- 
tarrhal,  -eu^c. 

CATASTROPHE,  du  gr.  xxrxnrpof/i,  renver- 
sement, dénouement  dramatique. 

CATECHISER,  gr.  xaTȔx'{"v,  enseigner  par 
demandes  et  réponses;  catéchèse,  yanfxijYt;, 
instruction  ;  catéchisme,  t.xrttxt'sjiôu  catéchiste^ 
xa-nj^^TTï?;  ;  COtéchumène,  xar^iyoû/uiivos  (part, 
prés,  passif  de  x7Tiî>ft«,  primitif  de  xaTTïx'?«)f 
celui  que  l'on  catéchise. 

CATÉGORIE,  gr.  Kx-myopix,  attribut,  qua- 
lités ou  propriétés  attribuées  à  qqn.  ou  à 
qqch.;  catégorique,  tLetryjyopitôi,  qui  énonce 
nettement  un  fait.  Comme  terme  de  logique 
nxrriyopkoi,  pr.  parler  sur  quelqu'un,  signifie 
établir  positivement    les  particularités,    les 


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CAU 


—  93 


CED 


caractères  distinctifs  d'une  chose  ou  d'une  per- 
sonne. 

GATEL»  voy.  cheptel. 

CATHÉDRALE  (église),  église  établie  au 
siège  dun  évêque,  du  L.  cathedra  [%iâi^pot\^ 
siège  (voy.  chaire). 

CATHOUQUl,  L.  catholicus,  du  gr. 
x2^o^i«9{,  universel.  —  ï>.  catholicisme,  catho- 
licité, 

1.  CATIN,  forme  ûimilière  pour  Catherine, 
puis  appliquée  dans  un  mauvais  sens  ;  cfr.  en 
ail.  Kûthe,  bubenkûthe 

2.  CATIN,  bassin,  du  L.  catinus,  m.  s. 

CATIMINI  (EN),  en  cachette,  mot  de  fan- 
taisie, tiré  de  catir,  cacher,  peut-être  sous 
l'influence  du  vfr.  catamini  (gr.  xara/uiiivia), 
les  menstrues,  état  que  les  femmes  cherchent 
à  cacher. 

CATIR,  presser  une  étoffe  pour  lui  donner 
le  Itf^tre^  anc.  =  cacher;  du  L.  coactics, 
pressé  (voy.  cacher).  —  D.cati;  cps.  décatir. 

GATOPTRIQÏÏE,  gr.  AXTourpuôi,  dér.  de 
xâirùitTpov,  miroir. 

CAUCHEMAR»  pic.  cauquemar,  est  composé 
du  verbe  ancien  caucher  (=  pic.  cauquer, 
bourg,  coquai,  it.  calcare,  L.  ccUcare),  pres- 
ser, fouler,  et  du  mot  germanique  mar,  qui 
se  retrouve  dans  l'ail,  nachtmar,  angl.  night- 
mare,  incube  de  la  nuit.  Le  wallon  dit  aussi, 
sans  le  premier  élément,  marke,  pour  cauche- 
mar. Les  termes  équivalents  dans  d'autres 
langues  expriment  tous  l'idée  de  poids,  d'op- 
pression, p.  ex.  esp.  pesadilla,  it.  pesaruolo, 
ail.  alpdriichen.  Nicot  expliquait  cauchemar 
par  calca  tnala,  mauvaise  oppression.  Pou- 
gens,  avec  beaucoup  de  science,  établit  la 
valeur  do  cauchemar  comme  étant  «  la  sor- 
cière, le  génie  femelle  de  la  suffocation  ». 
Pour  lui,caucAe  est  l'ail,  kauch,  heuch,  angl. 
cough,  difficulté  de  respiration,  et  mar,  le 
Scandinave  maer,  femme,  vierge,  nymphe. 
Les  Lyonnais  désignent,  au  rapport  de  Mé- 
nage, le  cauchemar  par  cauchevieille. 

CAUCHER,  t.  de  dorure,  répond  à  un  type 
calcarium,  dér.  de  calcare,  fouler,  battre, 
presser. 

CAUCHOIS,  du  pays  de  Caux. 

CAUBATAIRB,  qui  porte  la  queue,  du  L. 
cauda. 

CAUSE,  du  L.  causa.  Ce  dernier  a  égale- 
ment donné  cTiose.  Cause  a  été  tiré  de  causa 
par  le  langage  savant;  c?iose  en  est  issu  par 
procédé  naturel.  —  D.  causal,  -alité,  L.  cau- 
salis,  -alitas  ;  causatif,  L.  causativus  ;  causer, 
dans  le  sens  de  «  être  cause  » . 

CAUSER,  s'entretenir  familièrement,  est  de 
formation  autre  que  causer,  être  cause;  il 
vient  du  L.  causari,  disputer,  discuter  (it. 
cusare,  prétendre,  prov.  chausar,  vfr.  choser, 
disputer/ ;  ce  même  causari  s'est  également 
reproduit  dans  le  vha.  choson,  ail.  mod.  hosen, 
parler  amicalement.  —  D.  causeur,  causerie; 
causeuse,  espèce  de  petit  canapé  qui  invite  à 
la  causerie. 

CAUSTIQUE,  L.  cavtsticus  (xauïTi/.rfî),  brû- 
lant, mordant,  incisif.  —  D.  causticité. 


CAUT*.  prudent,  du  L.  cautus  (caverej, 
m.  s. 

CAUTÊLE,  L.  cautela  (de  cautus,  voy.  caut). 
—  D.  cauteleux. 

CAUTÈRE,  L.  cauterium  (««un^piov);  cauté- 
riser, L.  cauterizare  (xatwTnpfJjiv). 

CAUTION,  L.  cautio  (cavere),  garantie, 
sûreté.  —  D.  cautionner. 

CAVALCADE,  de  Fit.  caoalcata,  dér.  de 
cavalcare  =  fr.  cheoaucher;  cavalcadour  = 
esp.  cahalgador. 

CAVALE,  fém.  de  cheval;  du  L.  caballus, 
mot  employé  par  la  langue  rustique  au  lieu  de 
equus.  Ce  caballus  (it.  cavaUo,  esp.  caballo, 
prov.  caiDol,  fr.  cheoaX),  a  produit  les  dérivés 
suivants  : 

1 .  It.  cawilcare,  esp.  caJbalgar,  fr.  chevau- 
cher, BL.  caballicare  (cfr.  en  latin  equitare 
de  equus,  en  grec  c7r;riÛ!iy  de  Iinro;);  subst. 
chevauchée,  mot  qui  rendait  inutile  celui  de 
cavalcade,  tiré  du  parallèle  italien  cavalcata. 

2.  BL.  cahallarius,  it  cavalière,  fr.  chk- 
VALiKR  et  CAVALIER  (voy.  CCS  mots). 

CAVALIER,  même  mot  que  chevalier,  mais 
tiré  directement  de  l'it.  cavalière  (voy.  plus 
haut  cavale).  —  D.  cavalier,  aclj.;  cavalerie^ 
it.  cavalleria. 

GAVATINE,  de  l'it.  cavatina,  air  de  musique, 
dont  l'étymologie  nous  échappe. 

CAVE,  a^j.,  L.  caous;  verbe  caver,  L. 
cavare;  cavité,  L.  cavitas.  L'adjectif  cavus, 
creux,  voûté,  a  donné  aussi  le  subst.  fém. 
cave,  grotte,  partie  souterraine  de  la  maison 
(it.,  esp.,  port.  cava).  —  D.  caveau,  cavier; 
cavée,  chemin  creux  ;  encaver. 

CAVECÉ  de  noir,  en  parlant  d'un  cheval  ;  de 
lesp.  cabeza,  tête. 

CAVEQON,  wall.  cabaçon,  it.  cavezzone 
(esp.  cabezon,  col  de  chemise),  dérivés  resp.  de 
it.  cavezza,  licou,  esp.,  port,  cabeza,  tête. 
Ces  derniers  accusent  un  type  latin  capitia 
(dér.  de  caput,  tête).  Notez  encore  le  vfr. 
chevece,  ouverture  d'une  cotte  par  où  on  passe 
la  tête. 

CAVERNE,  L.  caverna  (cavus).  — -  D.  caver- 
neux» 

CAVIAR,  it.  caviale,  esp.  cabial,  port. 
caviar,  gr.  mod.  xseuiàpt,  turc  haviàr.  Mot 
d'origine  tartare,  dit-on. 

CAVILLATION,  L.  cavillatio. 

CE,  vfr.  iço,  ço,  ceo,  it.  cià,  prov.  aisso,  so. 
Ce  pronom  représente  le  latin  ecce  hoc  (cp. 
çà).  Composés  ceci  (-=  ce  ici)  et  cela  (=  ce  là). 

CÉANS,  vfr.  çaiens,  prov.  saïm,  adverbe 
composé  de  ça,  sa  et  de  ens,  L  i^\tus,  et  signi- 
fiant <*  ici  dedans  ».  L'expression  corrélative 
vfr.  laiois,  prov.  lalns,  fr.  léans,  est  formée 
de  la  même  manière  delà  -{- ens. 

CECI,  voy.  ce. 

CÉCITÉ,  L.  cœcitas  (de  cœcus,  aveugle). 

CÉDER,  du  L.  cedere,  dans  le  sens  res- 
treint de  se  retirer  devant  qqn.,  lui  faire  place. 

CÉDILLE,  it.  zediglia,  esp.  cedilla,  dimin. 
de  zêta,  nom  de  lettre,  propr.  petit  zed 
ajouté  au  c  pour  donner  à  celui-ci  la  valeur 
de  s. 


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CEN 


94  — 


CER 


dDRAT,  de  Tit.  cedrato,  dôr.  du  L.  cUrus, 
citron. 

CiDKSi,L,cedrusUkipoi).—'D.c^rie{xgèpU). 

GÉDULS,  it.,  esp.,  prov.  cedola,  BL.cediUa, 
pour  scJiedula,  dim.  de  sc?ieda(Txkiri),  feuillet  ; 
cp.  vfr.  cisme  de  schisme. 

GSINDRE,  L.  cingere;  cfr.  peindre  de 
pinffere,  astreindre  de  astringere,  etc.  — 
D.  ceinture,  L.  cinctura.  D'un  verbe  dérivé 
L.  cincturare,  formé  de  cinctura,  on  a  fait 
cintrer,  d'où  le  subst.  cintre.  Composé  :  dé- 
ceindre, 

GEINTURS,  voy.  ceindre.  —  D.  ceinturier, 
ceinturon, 

GELA,  voy.  ce. 

GÉLADON,  vert  pâle,  couleur  dite  ainsi 
d'après  Céladon,  personnage  d'une  tendresse 
fade  du  roman  de  l'Astrée. 

GÉLJIBRE,  L.  celebris;  célébrer,  L.  cele- 
brare;  céW>rUé,  L.  celebritas. 

GÉLSR,  L.  celare.  —  Cps.  déceler  ;  receler. 

GELSRI,  piém.  seler,  à  Côme,  selar,  Venise 
seleno,  it.  sedano  (et  sellaro),  ail.  selleri,  du 
gr.  aiiivov,  persil. 

GÉLÉRITÉ,  L.  celeritas  (de  celer,  vite). 

GÉLESTE>  L.  cœlestis  (de  cœlum,  ciel). 

GÉLIBAT,  L.  cœlibatus  (cœlebs).  —  D. 
célibataire. 

GELLE.  voy.  celui. 

GELUER,  L.  cellarium  (ecUa);  cellérier, 
préposé  au  cellier,  BL.  cellerarius. 

GELLULE,  L.  celliila  (cella).  ■—  D.  cellu- 
laire, celluleiix. 

GELUI,  propr.  une  forme  de  génitif  de  ceV 
(cfr.  lui,  autrui);  quant  à  cel,  fém.  celle,  ils 
correspondent  à  it.  quello,  quella,  esp.  aquel, 
prov.  aicel,  vfr.  icel.  Toutes  ces  formes  repré- 
sentent le  L.  ecce  ille;  celui  est  le  génitif  ecc* 
illius.  Ecce  iste,  d'autre  part,  a  donné  it. 
questo  (costui),  esp.  aqueste,  prov.  aqiiest, 
aicest,  vfr.  icest,  cest,  et  le  fr.  mod.  cet,  fém. 
cette. 

CÉMENT,  L.  ccementum  (contr.  de  cœdi- 
mentum),  1.  moellon,  2.  éclats,  parcelles  de 
marbre.  —  D.  cémenter.  —  Le  même  original 
latina  fourni  aussi  le  mot  ciment  (v.  c.  m.). 

GeNAGLE,  L.  cœnaculum  (cœna),  salle  à 
manger. 

GENDRE,  it.  cencre,  du  L.  cinis,  gén. 
cineris  ;  pour  l'insertion  du  d,  cfr.  gendre, 
tendre,  potidre.  —  D.  cendrer,  cendrier,  cen- 
dreux, ccndrillon. 

GÊNE,  L.  cœna,  repas. 

GENELLE,  fruit  du  houx,  petit  et  rouge; 
mot  tronqué  de  coccifiella,  dim.  de  coccina, 
dér.  lui-même  du  L.  coccum,  kermès,  cou- 
leur d'écarlate  (voy.  cochenille). 

GÉNOBITE,  moine  qui  vit  en  communauté, 
BL.  ccenobites,  dér.  du  latin  ccenobium,  cou- 
vent, =  gr.  xoiye'€toy  (composé  de  xoivo'î,  com- 
mun ,  et  ^loç,  vie). 

GiNOTAPHE,  gr.  juvoràfiov,  tombeau  vide, 
de  simple  parade. 

GENS,  L.  ceftsus,  1.  recensement,  état  de 
fortune,  contrôle,  2.  au  moyen  âge,  rede- 
vance annuelle  (d'où  ail.  :nns).  —  Censé, 
métairie  donnée  &  ferme,  du  BL.  censa,  fer- 


mage, puis  ferme.  —  D.  censier  (BL.  censa- 
rius),  censitaire,  censive. 

GSNSSR,  part,  censé,  réputé,  du  L.  cen- 
sere,  compter,  estimer. 

GENSEUR,  L.  censor.  —  D.  censorial. 

GENSURE,  L.  censura.  —  D.  censurer. 

CENT,  L.  centum.  —  D  centaine.  —  Ceti- 
tenaire,  L.  centenarius;  du  même  original 
latin  aussi  centenier,  chef  de  cent  hommes. — 
Centième,  du  L.  centesimus,  d'où  vient  égale- 
ment centième',  centime,  centième  partie  du 
franc  et  le  dér.  centésimal. —  Dans  les  cx)mpo- 
sitions  on  exprime  par  centi-,  la  centième 
partie  d'une  unité  déterminée,  p.  ex.,  centi- 
mètre, centiare. 

CENTAUREE,  du  centaure  Chiron,  rangé 
parmi  les  habiles  médecins. 

CENTON,  du  L.  cento,  couverture  faite  de 
plusieurs  morceaux. 

CENTRE,  L.  centrum;  central,  L.  cen- 
tralis.  —  D.  cetitraliser,  décentraliser;  con- 
centrer, faire  converger  vers  le  centre  ;  con- 
centrique; excentrique. 

CENTRIFUGE,  GENTRIPATE,  mots  savants 
signifiant  «  quod  fugit,  quod  petit  centrum.  » 

CENTUPLE,  L.  centuplus.  —  D.  centupler. 

GENTURIE,  L.  centuria  (centum). 

CEP,  du  L.  cippus,  pieu,  barre;  dans  les 
gloses  cippus  est  interprété  par  xopfAÔi  c.-à-d. 
tronc.  La  langue  savante  a,  en  outre,  tiré  de 
cippus,  dans  son  acception  de  colonne  tumu- 
laire,  le  mot  fr.  cippe.  Le  mot  latin  avait  pris 
aussi  le  sens  de  «  entraves  de  bois  ou  de  fer 
mises  aux  pieds  des  criminels  »  ;  de  là,  la 
locution  :  avoir  les  ceps  aux  pieds  et  aux 
mains,  ainsi  que  le  vfr.  cepier,  chepier,  geb- 
lier,  BL.  cipparius.  —  D.  cépeau  (billot), 
cépée;  recéper,  aicéper. 

CEPENDANT,  pour  ce  pendant,  pendant  ce 
temps-là. 

G^RAGÉE,  sorte  de  laitage,  est  prob.  une 
mauvaise  orthographe  p.  séracée,  et  un  dérivé 
de  lat.  sérum,  petit-lait.  —  Cp.  seracium  ap. 
Du  Cange. 

GÉRAMIQUE  (art),  du  grec  Ap%fioi,  vase  en 
argile. 

GfiRAT,  L.  ceraium,  de  cera,  cire. 

GERGEAU,  voy.  cercle. 

GERGELLE,  prov.  cercela  (l'esp.  a  cerceta, 
sarseta),  du  L.  querquedula  {querqued*la, 
querquella).  —  Sarcelle  n'est  qu'une  variété 
orthographique  de  cercelle. 

CERCLE,  L.  circulus.  —  D.  cei-cler,  encer- 
cler. —  La  forme  diminutive  latine  circellus 
a  donné  naissance  à  cerceV,  cerceau. 

CERCUEIL,  vfr.  sarquel,  sarqueu,  dérivé 
par  le  suffixe  el,  du  vha.  sarc  (auj.  sarg), 
même  sign.  Autres  étymologies  proposées, 
mais  insoutenables  :  1 .  Contraction  de  sarco- 
phagulus  (Saumaise  et  Caseneuve).  2.  Du  L. 
sarcophagus,  par  apocope  des  syllabes  atones 
phagus.  3.  D'un  type  sarcolium,  formé  de 
aàp^  :  lieu  où  repose  la  chair.  4.  De  arca, 
coffre,  par  la  filiation  suivante  :  arca,  arcula, 
arcola,  arcolium,  sarcolium,  sarcoeil,  cer- 
cueil; ce  sont  Guyet  et  Ménage  qui  patron- 
nent la  dernière. 


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CEU 


—  95    - 


CUA 


CiRÉAIiI,  L.  cerealis  (de  Cérès,  déesse  des 
moissons). 

CÉRÉBRAL,  L.  cerebralis  (de  cerebrum, 
cerveau). 

CÉRÉMONIE,  L.  ccerimoixia, 

ClRf,  L.  ceiDus.  —  D.  certaison,  cermn, 

CXRFCÏÏIL,  L.  cœrefoHum  (-/aif>i9u»ov),  it. 
cerfoglio,  esp.  cerafolio,  angl.  chervil. 

CniSE,  it.  cirieffia,  esp.  cereza,  hoU.  ?ierse, 
ail.  hirschti,  ags.  cirse,  angl.  cherry.  Les  for- 
mes romanes  accusent  pour  type  latin  non  pas 
cérasum,  mais  le  dérivé  féminin  cerdsea  (pour 
Vit.  ciriegia,  cp.  primiero  de  jwumariii^).  Le 
prov.  cereira  était  précédé  de  cereisa,  duquel 
découle  directement  lefr.  cerise, —  On  trouve, 
du  reste,  déjà  une  forme  latine  ceresia  chez 
Gargilius.  auteur  du  m*  siècle. 

CERNE,  it.  cercine,  esp.  cercen;  verbes  esp. 
cercenare,  couper  en  rond,  fr.  cerner  (v.  mot 
encemer  =  entourer);  du  L.  circinus,  circi- 
nare  (decircw*,  cercle).  Le  diminutif  circtncZ- 
lits  a  donné  cerneau  (pr.  noix  cernée,  noii 
en  coque),  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  déri- 
ver de  Tall.  kern,  graine,  pépin,  noyau. 

CERNEAU,  CERNER,  voy.  cerne. 

CERTAIN,  ac^jcctif  roman,  dérivé  du  L. 
certus;  ce  dernier,  dans  sa  forme  adverbiale, 
s'est  conservé  dans  certes  (v.  c.  m.).  —  D.  vfr. 
acertener,  assui-er. 

CERTES,  L.  certe.  La  finale  s  est  adverbiale, 
cfr.  ores*,  jiisques,  lors,  etc. 

CERTIFIER,  L.  certificare;  subst  certificat, 
L.  certificatum. 

CERTITUDE,  it.  certitudine,  esp.  certidud, 
du  L.  certitiido. 

CÉRULÉ,  mot  de  formation  savante  et  irré- 
gulière, L.  cœruleiis. 

CÉRUMEN,  subst.  latin,  dér.  de  cera,  cire. 

CÉRUSE,  L.  ceriissa. 

CERVEAU,  cerveV  (forme  féminine  cervelle), 
it.  cercello,  du  L.  cerebellum,  dim.  de  cere- 
bnim.  —  D.  cervelet;  cervelas  (v.  c.  m.);  écer- 
vêlé,  pr.  privé  de  cerveau. 

CERVELAS,  anc.  cervelat,  it.  cervellata,  dér. 
de  cervelle.  Sans  doute  on  y  faisait  entrer  pri- 
mitivement de  la  cervelle. 

CERVELLE,  voy.  cerveau. —  En  vfr.  cervelle 
signifie  souvent  «nuque»;  ainsi  danslegloss. 
de  Lille  (mon  éd.,  p.  15),  lat.  cervix  est  tra- 
duit par  cerveille;  dans  ce  sens,  il  reproduit 
lat.  cervicula. 

CERVICAL,  L.  cervicalis  (de  cervix,  cou). 

CERVOISE,  L.  cervisia  (mot  gaulois),  voy. 
Pline,  XXII,  25.  —  Strictement  parlant,  c'est 
la  forme  secondaire  cervïsa  qui  a  produit  fr. 
cercoise. 

CESSER,  L.  cessare.  —  D.  subst.  verbal 
cesse;  incessant;  cessation,  L.  cessatio. 

CESSIBLE,  L.  cessihilis*  (cedere^  ;  cession, 
L.  cessio,  d'où  cessionnaire. 

GESTE,  L.  cœstus,  cestus. 

CÉSURE,  L.  cœsura,  coupure  (ccedere), 

CET,  voy.  celui, 

CÉTACÉ,  mot  savant,  L.  cetaceus*,  dér.  de 
cetus  'hHtoç),  grand  poisson  de  mer. 

CETTE,  voy.  celui. 

CEUX,  cels",  plur.  de  ceV,  voy.  celui. 


CHABLE,  CHABLEAU,  CHABLER,  voy.  câ- 
ble, 

CHABLIS,  bois  abattus,  voy.  sous  accabler, 

CHABOT,  poisson,  port,  ccîboz;  dér.  de  cap, 
tête  (=  L.  caput)  avec  le  sufiîxe  ot,  à  cause 
de  la  grosse  tête  de  ce  poisson.  Cp.  en  latin 
capito,  gr.  xi^xlo^,  noms  d'un  poisson. 

CHABRAQUE,  ail.  schabracke,  du  turc^^cM- 
prah. 

CHACAL,  mot  oriental;  en  turc  djakàl, 

CHACUN,  vfr.  chascun,  chescun,  cascun,  it. 
ciascuno,  prov.  cascun,  du  L.  quisque  unus, 
quischinus.  C'est  de  chacun  que  s'est  dégagé 
chaque;  bien  que  répondant  par  sa  significa- 
tion au  L.  quisque,  on  ne  peut  admettre  que 
chaque  (mot  qui  nest  pas  constaté  avant  le 
XVI"  siècle)  en  soit  directement  issu  ;  l't  latin 
accentué  ne  devient  iamais  a.  Le  correspon- 
dant prov.  de  chaque  est  qiiecs  pour  quescs, 
qui,  lui,  est  bien  le  ^uû^ue  latin. 

CHAFOUIN,  personne  grêle  et  sournoise, 
ressemblant  à  une  fouine  ;  composé  de  chat  et 
fouine. 

CHAGRIN,  subst.  et  adj.  Ce  mot,  dit  Diez, 
inusité  encore  au  xii^etau  xiii"  siècle,  est  sans 
aucun  doute  identique  avec  chayrièi,  cuir 
grenu,  it.  zigrino,  dial.  de  Venise  et  de  la 
Romagne  sagrin,  mha.  sager,  néerl.  segrijn. 
Or,  on  dérive  ces  formes  du  mot  turc  sagri, 
croupe,  la  peau  en  question  étant  tirée  de  la 
croupe  de  lane  et  du  mulet;  les  Arabes  la 
nomment  zargab,  —  Borel,  dit  Ménage,  en 
dérivant  chagrin  de  chat  et  de  grain,  comme 
qui  dirait  chat  de  grain  marin,  n'a  pas  bien 
rencontré.  Comme  on  s'est  servi  des  peaux  de 
chagrin  ou  plutôt  des  peaux  de  phoque,  à 
cause  de  leur  rudesse,  pour  faire  des  râpes  et 
des  limes,  on  conçoit  aisément  que  l'on  ait 
métaphoriquement  employé  le  mot  chagrin 
pour  désigner  une  peine  rongeante  ;  le  mot 
lima  en  italien,  et  scie  en  français,  présen- 
tent des  métaphores  analogues  et  viennent  à 
l'appui  de  cette  étymologie. —  D.  cliagriner, 

CHAINE,  vfr.  chaène,  chaîne,  du  L.  catena, 

—  D.  chaînon, chaînette,  enchaîner, déchainer, 

—  Pour  chaînon,  le  vfr.  avait  la  forme  chaai- 
gnon,  puis  chaïgnon,  de  là  est  venu  par  con- 
traction chignon,  qui  signifiait  autrefois  aussi 
chaînon  (cp.  gril  de  graïl), 

CHAIR,  vfr.  car,  carn,  charn,  prov.  carn, 
du  L.  caro,  gén.  carnis.  —  D.  charnel,  L. 
camalis,  charnier,  L.  camarium;  charnu, 
charnure,  charogne  (v.  c.  m.);  déchamer, 
acharner  (v.  c.  m.),  échamer,  détacher  la 
chair. 

CHAIRE,  vfr.  chaère,  chayère,  prov.  cadeira, 
du  L.  cathedra  (gr.  xàâc^px),  siège.  Par  la 
mutation  de  r  en  5  s'est  produite  la  forme 
chaise,  que  les  anciens  lexicographes  ne  con- 
naissaient pas  encore.  Le  grammairien  Pals- 
grave  (1530)  signale  le  mot  chèze  pour  chaère, 
comme  un  vice  de  la  prononciation  parisienne. 
Par  extension,  chaise,  d'abord  chaise  à  por- 
teurs, est  venu  à  signifier  aussi  une  espèce  de 
voiture. 

CHAISE,  voy.  cfiaire. 


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CHA 


96 


CHA 


1 .  CHALAND,  bateau  plat»  vît.  calant,  cha- 
landre,  anc.  cat.  ocelandrin,  BL.  chelandium, 
chelinda,  galandria,  gr.  moy.  -^yà^Siov.  Cette 
espèce  de  vaisseau  était  particulièrement  en 
usage  chez  les  Byzantins;  il  se  peut  donc, 
observe  Diez»  que  ces  mots  viennent  par  cor- 
ruption de  xs>vJ/99«,  tortue  de  mer,  serpent  de 
mer.  —  Quant  au  mot  chaland,  acheteur  ha- 
bituel, Diez  le  croit  identique  avec  le  nom  de 
bateau  :  on  aura  comparé,  dit-il,  l'acheteur  au 
bateau  qui  reçoit  la  marchandise  du  vendeur 
A  Tappui  de  cette  explication,  il  cite  le  mot 
barguigner  de  barca.  Caseneuve,  se  fondant 
sur  une  citation  de  Papias  portant  :  calones, 
i.  e.  negotiatores,  naviculse,  fait  venir  cha- 
land do  calo.  homme  de  peine,  mais  la  forme 
du  mot  s'y  refuse.  On  pourrait,  nous  semble- 
t-il,  ramener  chalant',  qui  propr.  exprime  des 
rapports  d'attachement  volontaire,  au  verbe 
chaloir,  pr.  être  chaud,  fig.  s'intéresser;  cp. 
l'expression  nonchalant, 

2.  CHALAND,  acheteur,  pratique,  client, 
voy.  l'art.  pi*éc.  —  Mon  explication  par  le 
partie,  calentem,  vfr.  chalant  (synon.  de  ac- 
cointe, ami,  compagnon)  est  partagée  par 
Tobler  (Ztschr.,  I,  22).  —  D.  chalandise, 
achalander, 

CHALE,  angl.  shaiol,  du  persan  schàl, 
manteau  d'une  fine  étoffe  de  laine,  tirée  de 
la  chèvre  du  Tibet. 

CHALET,  vfr.  chaslet  (champ,  casalet),  dér. 
de  casa,  maison  ;  selon  Littré,  d'un  type  cas- 
telletum,  petit  castel. 

CHALEUR,  du  L.  calérem;  le  nominatif 
calor  a  donné  à  Tanc.  langue  la  forme  caiire. 
—  D.  chaleureuœ, 

CHALIT,  vfr.  chaelit,  pic.  calit,  it.  cataletto, 
lit  de  parade,  litière,  cercueil,  esp.  cadalecho, 
lit  de  branchages;  d'un  type  catalectiis,  lit  de 
parade  (voy.  catacombe  et  catafalque).  L'éty- 
mol.  chasselit  [capsa  lecti)  est  erronée. 

CHALOIR,  prov.  caler,  it.  calere,  du  L. 
colère,  dans  le  sens  métaphorique  de  «  être 
d'importance  »  (3«  pers.  ind.  prés,  chalt*  chaut 
=  L.  calet).  Il  me  chalt  ou  chaut  ■=  je  me 
soucie;  cp.  la  locution  :  cela  ne  me  fait  ni  chaud 
ni  froid.  De  l'opposé  non-chaloir  est  resté  l'adj . 
non-chalant,  insouciant.  —  Voy.  aussi  cha- 
land 2. 

CHALON,  anc.  bateau,  auj.  grand  filet  de 
pêche  trainé  entre  deux  bateaux.  Du  Bh.calo, 
-onis,  navicula? 

CHALOUPE  (angl.  shallop,  it.  scialuppa, 
esp.  chalupa  viennent  du  français);  du  ni. 
sloep,  danois  sluppe  (angl.  sloop).  Ces  mots 
tiennent  sans  doute  du  radical  slup,  glisser. 

CHALUMEAU,  pour  chaletneau  (cp.  alu- 
melle,  p.  alemelle),  vfr.  chalemel,  prov.  cara- 
mel, esp.  caramillo,  ail.  schalmei;  du  L. 
calamcllus,  dim.  de  calamus,  roseau. 

CHAMADE,  it.  chiantata,  du  port,  chamada, 
appel,  dér.  du  verbe  chamar,  qui  est  le  L. 
clamare. 

CHAMAILLER  (SE)  est  généralement  dérivé 
de  camail  (v.  c.  m.),  armure  qui  couvrait  la 
tête  et  le  cou.  Ce  serait  ainsi  pr.  frapper  sur 


le  camail.  Nous  doutons  quelque  peu  de  cette 
étymologie  ;  le  mot,  qui  ne  parait  pas  remon- 
ter au  delà  du  xvi*  siècle,  fait  reffeC  d'être  un 
synonyme  de  criailler,  quereller,  et  de  venir, 
aussi  bien  que  chamade,  du  L.  clamare.  Cepen- 
dant, comme,  à  son  origine,  le  terme  implique 
une  idée  de  combat  plus  sérieux  qu'une  criail- 
lerie,  on  pourrait  aussi  proposer  une  compo- 
sition capo^malleare,  capmailler,  chamailler 
=^  frapper  sur  la  tête. 

CHAMARRER,  de  jgamarra,  chamarra,  mot 
esp.  signifiant  vêtement  large,  robe  de  cham- 
bre, faite  en  peau  de  mouton  {zamarro).  L'an- 
cienne langue  française  avait  d'ailleurs  elle- 
même  le  subst.  chamarre,  avec  le  sens  de 
pelisse,  d'où  s'est  déduit  celui  d'ornement 
d'habit  en  général.  C'est  cette  dernière  accep- 
tion qui  a  donné  naissance  au  verbe  chamar- 
rer, orner,  parer.  —  L'it.  a  zimarra  pour 
robe  de  chambre;  c'est  de  là  que  nous  avons 
reçu  cimarre*  et  simarre.  —  D.  chamarrure. 

CHAMBELLAN,  BL.  chambellanus,  forme 
romanisée  du  german.  kâmmerling  (m.  sign.), 
dont  on  trouve  les  formes  variées  cambrelin- 
gue,  Chamberlain,  chambrelenc.  —  Chambre- 
lan,  ouvrier  qui  travaille  en  chambre,  est 
étymologiquement  le  même  mot. 

CHAMBRANLE;  étymologie  inconnue.  Y  a- 
tril  rapport  avec  chambre,  ou  avec  le  verbe 
cambrer,  voûter?  Le  BL,  a  caméra,  avec  le 
sens  de  boiserie.  —  Darmesteter  se  demande 
si  le  mot  n'est  pas  altéré  de  chanlambre,  = 
lambre  (de  lamina,  cp.  lambris)  de  chant,  c- 
à.-d.  planches  des  cètés  (de  la  fenêtre). 

CHAMBRE,  du  L.  caméra,  qui  signifiait 
voûte  de  chambre,  puis  chambre  voûtée;  it. 
caméra,  ail.  kammer.  —  D.  chambrer,  être 
de  la  même  chambre,  mettre  en  chambre; 
chambrette;  chambrée;  chambrier,  -ière,  pour 
lesquels  on  a  aussi  tiré  directement  de  Tit. 
cameriere  les  formes  fr.  camérier,  -ière. 

CHAMEAU,  vfr.  chamoil,  L.  camelus 
{éL&firiUi).  —  D.  chamelier;  chamelle. 

CHAMOIS,  it.  camoscio  ;  formes  féminines  : 
it.  camozza^  esp.  camuza,  gamuza,  port,  ca- 
muça,  çamurça;  de  même  origine,  sans  doute, 
que  le  mha.  gamz  (contracté  d  un  vha.  gamuz, 
cp.  vha.  hiruz,  cerf),  ail.  mod.^em**.  Le  corps 
du  mot  serait-il,  comme  le  pensait  Cobarruvias, 
l'esp.  ou  port,  gamo,  îém.gama,  daim,  lequel 
pourrait  bien  venir  du  L.  dama,  puisque  l'on 
trouve  dans  ces  langues  golfin  pour  dolfin, 
delfin  (L.  delphinus),  gragea  pour  dragea,  et 
gazapo,  lapereau,  pour  dazapoî  —  Pougens 
propose  pour  chamois  une  origine  de  l'arabe 
kohy-maïz,  chevreau  des  montagnes.  Cela 
concorderait,  moins  pour  la  lettre  que  pour 
la  valeur,  avec  le  terme  latin  rupicapra,  chè- 
vre des  rochers.  —  D.  chamoiser. 

1.  CHAMP,  L.  campus;  voy.  camp. 

2.  CHAMP,  côté  étroit  d'une  pièce  de  bois 
ou  d'une  brique,  employé  surtout  dans  la 
locution  adverbiale  d^  champ;  orthographe 
vicieuse  pour  chant,  côté  (voy.  canton). 

CHAMPART,  voy.  sous  camp,  —  D.  c?iam- 
parter. 


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CHA 


—  97  — 


CHA 


GHAHPSAUX,  prés,  prairies;  reste  de  l'anc. 
locution  prés  champaux^  prés  des  champs, 
opp.  à  prés  de  rivière;  de  Ta^j.  campcUis  (de 
campus), 

CHAMPliTRB,  L.  campestris  (campus). 

CHAMPI  (EHFANT),  enfant  trouvé,  vfr. 
tihampil,  de  campilis  (de  campus)  ;  pr.  enfant 
trouvé  dans  les  champs. 

CHAMPIGNON,  voy.  sous  camp, 

CHAMPION,  it.  campione,  esp.  campeon, 
ail.  hampe;  dix  BL.  campus,  champ  clos,  puis 
combat  en  champ  clos. 

CHAMPLÏÏRE,  trou  pratiqué  au  fond  d'un 
tonneau  ;  robinet  d'un  tonneau  qu'on  a  mis  en 
perce;  c'est  une  corruption  de  chantepleure 
(Littré). 

CHANCE,  contracté  de  chéance*  (allem. 
scJumze,  it.  cadenza)\  d'un  type  \sX\Ticadentia, 
de  cadere,  tomber  ;  chance  signifie  propre- 
ment la  tombée  du  dé,  de  là  :  hasard,  sort, 
coup  de  fortune.  Ce  mot  est  la  forme  vraiment 
romane,  cadence,  la  forme  savante,  du  L.  ca- 
dentia.  —  D.  chanceux, 

CHANCELER,  pr.  croiser  les  jambes,  pour 
s'empêcher  de  tomber,  puis  au  fig.  manquer 
de  fermeté,  du  L.  cancellare,  faire  un  treillis. 
Diez  (3^  éd.)  appuie  cette  étym.  sur  le  mha. 
schranhen,  chanceler,  dérivé  du  subst. 
schranhe  =  treillis.  Littré  rapporte  égale- 
ment chanceler  au  L.  cancellare,  mais  en  ob- 
servant que  la  vraie  forme  française  est  celle 
qui  se  trouve  dans  Job  :  scancelhier  ^»  échan- 
celer,  donc  sortir  des  barreaux.  «  Elle  s'est 
confondue,  »  dit-il,  «  avec  chanceler,  lat.  can- 
cellare, rayer,  faire  des  raies,  et,  figurément, 
n'aller  pas  droit  «.  Cette  étymologie  est  non 
seulement  forcée  pour  le  seAs,  mais  elle  a 
contre  elle  la  circonstance  que  des  glossaires 
du  VIII"  siècle  prêtent  déjà  au  verbe  simple 
cancellare  le  sens  de  «  nutare  »».  —  L'étymo- 
logiecAanc«,pr.  chute,  a  été  reconnue  fautive 
et  abandonnée  par  Diez  dans  sa  dernière 
édition. 

CHANCELIER,  L.  canceUarius,  huissier, 
scribe,  greffier  qui  se  tenait  aux  barreaux 
{cancelli,  anc.  fr.  chanceC)  qui  séparaient  le 
tribunal  de  l'assistance.  Angl.  chancellor,  ail. 
hanzler,  —  D,  chancellerie;  chaiicdière,  nom 
d'un  meuble  garni  de  peau  (cp.  les  termes  du- 
chesse, marquise,  châtelaine  et  autres,  appli- 
qués à  des  meubles  ou  ustensiles). 

CHANCIR,  moisir,  sans  doute  du  L.  canus, 
blanc,  par  le  suffixe  cir,  comme  noircir  de 
noir  (Rom.,  V,  142).  —  D.  chancissure. 

CHANCRE  (en  wallon,  par  transposition, 
cranche),  voy.  cancer,  —  De  la  forme  chancre 
procèdent  :  chancreux,  échancrer, 

CHANDELEUR,  du  latin  canddarum  (ou 
plutôt,  avec  transposition  de  genre,  candelo- 
rum)'y  de  candela,  chandelle,  dans  la  locu- 
tion «  festum  sanctse  Mari»  candelarum  »  ; 
cp.,  pour  la  finale génitivale,  le  vieux  mot 
pascour,  dans  le  «  temps  pascour  »,  le  temps 
de  Pâques. 

CHANDELLE,  L.  candela.--  D.  chandelier, 
Chandeleur  (v.  c.  m.), 


CHANFREIN,  anc.  chamfrain,  partie  de 
l'armure  qui  couvrait  la  tête  du  cheval  de  ba- 
taille. Etymolo>gie  incertaine  ;  d'après  Ménage 
du  L.  camus,  licou,  carcan,  et  frœnum,  frein, 
M  sorte  de  réduplication,  dit  Littré,  où  un 
mot  moins  connu  est  déterminé  et  expliqué 
par  un  mot  plus  connu  » .  —  Comme  terme 
d'architecture,  chanfrein  correspond  à  angl. 
chamfer,  esp.  chaflan.  L'existence  du  verbe 
chanfreindre  =  faire  un  chanfrein,  nous  fait 
coiyecturer,  pour  l'application  de  ce  mot  aux 
arts  et  métiers,  l'étymologie  cant,  coin,  côté 
aigu  (voy.  canton),  et  fraindre  =■  L.  frangere, 

CHANGER,  vfr.  cangier,  wall.  cangî,  it. 
cambiare,  cangiare,  esp. ,  port,  cambiar,  prov. 
cambiar,  camgar;  du  L.  cambiare  (loi  sa- 
lique),  pour  cambirc  (Apulée).  —  D.  change, 
changement,  -eur;  rechange.  Le  composé 
excambiare  a  donné  l'it.  scambiare  et  le  fr. 
échanger, 

CHANOINE,  voy.  canon  2. 

CHANSON,  VÎT,  chançon[c^,.  façon,  rançon), 
it.  canzone,  du  L.  cantiônem  (canere).  —  D. 
chansonîiette,  chansonner,  chansonnier. 

CHANT,  L.  cantus  (de  canere,  chanter). 

CHANTEATJ,  chanteV,  angl.  caMle,  morceau 
coupé  à  l'extrémité,  du  BL.  cantus,  coin,  côté  ; 
voy.  sous  canton, 

CHANTEPLEURE,  sorte  d'entonnoir  (d'où  it. 
et  esp.  cantimplora),  «•  vient  des  mots  cAan- 
ter  et  pleurer,  le  chant  étant  représenté  par  le 
bruit  que  fait  l'eau  de  la  chantepleure  en  sor- 
tant par  ses  petits  trous,  et  les  pleurs  étant 
représentés  par  l'eau  qu'elle  répand  ••  (Ménage). 
—  Nous  soupçonnons  fort  ce  mot  de  n'être 
qu'une  altération  de  champleure,  en  rouchi 
campélouse,  norm.  cliampelure,  picard  cham- 
pieuse,  cannelle  du  tonneau.  D'autres  mots 
appartenant  au  domaine  des  arts  et  métiers 
nous  révèlent  l'existence  d'un  verbe  champler 
avec  une  idée  fondamentale  d'entaille,  de  per^ 
cemént  ou  de  creusement  {champleoer,  creu- 
ser, champlure,  trou).  Il  tient  probablement 
de  la  même  racine  cAop,  mentionnée  sous  cha- 
peler  et  chapuiser,  et  qui  est  également  au  fond 
de  chapon.  Chantepleure  est  un  de  ces  mots 
populaires  façonnés  de  manière  à  donner  une 
forme  plus  saisissable  à  des  mots  incompris. 

CHANTER,  L.  cantare.  — -  D.  chanteur, 
-euse;  chantre,  directement  de  L.  cantor, 
tandis  que  chanteur,  vfr.  chanteeur,  vient  de 
cantaJlàrem;  chanterelle,  corde  la  plus  déliée 
d'un  instrument  et  qui  a  le  son  le  plus  aigu  ; 
chanterille,  petite  bobine  (terme  comparable 
avec  l'expression  chantepleure)  ;  chantonner  ; 
cps.  déchanter,  pr.  rabattre  le  chant,  le  ton. 

CHANTIER,  lieu  où  Ion  entasse  des  pièces 
de  bois  à  brûler  ou  de  construction,  puis  lieu 
où  l'on  travaille  le  bois,  et  enfin  lieu  de  con- 
struction en  général.  Ce  mot,  dans  ces  diver- 
ses significations,  nous  semble  se  rattacher 
au  vfr.  cant,  coin,  côté  (voy.  canton),  et  dési- 
gner propr.  le  ihagasin  de  réserve  où  se  met- 
tent de  côtelés  pièces  de  bois  dont  on  n'a  mo- 
mentanément pas  besoin.  Nicot  le  fait  venir 
du  L.  canterius,  qu'il  dit  avoir  sig^fié,  entre 
autres,  magasin  de  bois,  mais  nous  ne  oon- 


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GHA 


98 


GHA 


naissons  pas  cette  acception  prêtée  à  eante- 
rius,  —  Nous  séparons  le  mot  chantier,  dans 
les  significations  ci-dessus  énoncées,  de  chan- 
tier s>  soutien,  bois  de  soutènement,  ma- 
driers pour  soulever  un  poids,  it.  cantiere, 
port,  canteiro.  C'est  ce  dernier  qui  peut  se 
rapporter  au  L.  canterius,  auquel  on  con- 
naît des  acceptions  analogues  :  dievron,  sou- 
tien. 

CHAimOKOLE  semble  être  une  forme  di- 
minutive  de  chantier,  bois  de  soutènement, 
chose  aplatie,  brique  plate  ;  ou  dérive-t-il  du 
vfr.  cant,  côté,  bord? 

CHANTOURNER,  composé  de  chant  == 
cant*,  coin,  bord,  et  de  tourner  (cp.  chan- 
frein). 

CHANTRE,  voy.  chanter:  —  D.chantrcrie. 

CHANVRE,  it.  canapé,  esp.  cdnamo,  prov, 
canehe,  cambre,  du  L.  cannabis,  cannaJbus 
(xA»va6i5,  -o«).  L'r  est  euphoniquement  inter- 
calé; des  dialectes  ont  canve,  chambe,  cambe. 
Voy.  aussi  canevas  et  chènevis, 

CHAOS,  L.  chaos  (xâoç).  —  D.  chaotique, 
dérivation  incorrecte  des  savants  modernes 

CHAPE,  variété  de  cape  (v.  c.  m.).  —  D 
chapier. 

CHAPEAU,  chapeT,  voy.  cape,  —  D.  cha- 
pelier, chapellerie, 

CHAPE-CHUTE,   litt.  chape  tombée;  elle 
forme  une  bonne  aubaine  pour  celui  qui  la 
trouve  et  s'en  empare.  —  Pour  le  participe 
fém.  chute,  voy.  chute, 
'    CHAPELAIN,  voy.  chapelle. 

CHAPELER  (du  pain  »,  vfr.  chapier,  capler, 
chaploier,  du  BL.  capulare  =  tailler,  tran- 
cher. On  fait  venir  généralement  ce  capulare 
de  capulus,  poignée  de  l'épée.  Que  cela  soit 
fondé  ou  non  (nous  optons  pour  la  négative), 
notre  avis  est  que  chapeler  est  radicalement 
le  même  mot  que  chapoter,  dégrossir  le  bois 
avec  la  plane,  et  le  vfr.  chapuîser,  prov.  ca- 
pujtar,  couper  menu.  Le  radical  chap  est,  à 
ce  qu'il  semble,  le  cap  de  capo,  captis,  coq 
châtré  ;  la  terminaison  uiser  dans  chapuiser 
pourrait  avoir  été  déterminée  par  Tanalogie 
de  menuiser*,  cfr.  en  it.  tagliuzsare.  Dans 
beaucoup  de  dialectes,  chapuis,  pr.  celui  qui 
taille,  s'emploie  pour  tailleur  de  bois  ou  char- 
pentier. —  Ménage  fait  venir  chapeler  de 
scapellare,  dérivé  fictif  de  scalpellum;  c'est 
un  peu  hardi.  Mieux  vaudrait,  s'il  fallait 
chercher  ailleurs  que  dans  le  domaine  latin, 
invoquer  dans  le  domaine  germanique  angl. 
chap,  ni.  happen  et  ail.  kappen,  fendre,  cou- 
per. —  D.  chapelure, 

CHAPELET,  couronne  de  grains  ou  de 
fleurs,  rosaire,  voy.  cape. 

CHAPELLE,  voy.  cape.  —  D.  chapelain, 
BL.  capellanus,  ail.  haplan;  d'où  chapel- 
lenie. 

CHAPERON,  voy.  cape.  Nous  laissons  à 
d'autres  le  soin  de  vérifier  l'origine  de  l'ex- 
pression «  servir  de  chaperon  »  à  une  jeune 
personne.  Chaperon  est-il  pris  fig.  p.  abri, 
protection?  Je  le  pense:  en  allemand,  hut  si- 
gnifie au  masc.  chapeau,  au  fém.  garde,  pro- 
tection. —  D.  chaperonner. 


CHAPITEAU,  L.  capitellum,  diihinutif  da 
caput. 

CHAPITRE,  angl.  chapter,  du  L.  capitu^ 
lutn  (caput).  Cfr.  épitre  de  epistola,  apôtre  de 
apostolus.  —  «  Capitulum,  locos  in  quem 
oonveniunt  monachi  et  canonici,  sic  dictum, 
inquit  Papias,  quod  capitxda  ibi  leguntur.  • 
On  disait  aller  au  chapitre,  conune  on  dit 
aller  au  catéchisme.  Cela  &it  que  chapitre^ 
dénomination  de  lieu  de  réunion,  est  devenu 
synonyme  d^assemblée  ou  corps  des  moines  et 
chanoines.  —  D.  chapitrer,  réprimander  en 
plein  chapitre,  cp.  l'ail,  capiteln,  einem  dos 
capitel  lesen. 

CHAPON,  it.  capone,  esp.  capon,  ail.  Aa-^ 
paun,  néerl.  capoen,  capuyn,  angl.  capon^ 
du  L.  caponctn  (xàTTMv].  —  D.  chaponneau,^ 
chaponner.  —  L'espagnol  a  un  verbe  capar, 
sign.  châtrer;  cp.  ail.  kappen.  Voy.  aussi 
cJvapeler. 

CHAQUE,  voy.  chacun.  —  Notez  que  ce 
mot  ne  date  que  du  xvi«  siècle. 

CHAR,  angl.  car,  néerl.  har,  ail.  karren, 
du  L,  carrus.  —  D.  charrette,  chariot,  char^ 
ron  {yîr.  carlier  ■=»  carelier).  Le  dérivé  latin 
carricare  (saint  Jérôme)  s'est  transmis  au 
français  sous  diverses  formes  : 

1.  Charger  =  it.  caricare,  carcare,  esp., 
prov.  cargar;  forme  picarde  cargucr;  le  sena 
premier  est  mettre  sur  un  char. 

2.  Charrier  =-  it.  carreggiare,  esp .  carear^ 

3.  Charroyer,  variété  de  charrier  (cfr, 
plier  et  ployer), 

CHARABIA,  d  après  Dozy,  de  Tosp.  algara-^ 
bia,  baragouin,  galimatias  (port,  arabia  tout 
court)  =  al-aradpya,  la  langue  arabe  (un 
charabia  pour  ceux  qui  ne  la  comprennent 
pas).  —  Voy.  aussi  Rom.  U,  87  (note). 

CHARADE  ;  étymologie  douteuse;  mot  d'aiK 
leurs  étranger  aux  anciennes  éditions  du  Dic- 
tionnaire de  l'Académie.  Quelques-uns  le  font 
venir  du  verbe  charer  (dial.  de  Normandie), 
Languedocien  chara,  converser  pour  passer  le 
temps,  s'amuser,  cliarada,  babillage.  La  clia- 
radc  serait  ainsi  dans  le  principe  un  amuse^ 
ment  par  paroles.  Cette  manière  de  voir  doit 
céder  le  pas  à  la  suivante  :  Charade  est  anei 
forme  aflaiblie  de  vfr.  charaudc,  aussi  clia- 
raute,  qui  signifie  charme,  sortilège,  et  qui 
accuse  le  type  caracta  (voy.  Raynouard)  ^=:» 
xajoàx-njp,  signe,  marque,  et  part.  «  schedula 
magicis  notis  sou  litteris  exarata  »,  A  côté 
de  charaute,  l'anc.  langue  oflre  encore  cha- 
rait,  qui  répond  à  'caractum,  et  cKaraio 
(aussi  charoie),  qui  reproduit  BL.  caragiits. 
La  correspondance  de  lat.  act  avec  fr.  aut  ou 
ait  [charaute  et  charait)  ne  fait  pas  doute.  D. 
n'est  pas  nécessaire  do  s'arrêter  encore  à  la 
production  du  sens  actuel  do  charade  sur  la 
base  de  la  valeur  «  billet  couvert  de  formulea 
magiques  ».  Telle  est  la  substance  d'un  art. 
de  Fœrster,  dans  Ztschr.,  m,  263.  Il  m> 
reproche  avec  raison  l'observation  dont  j'avais 
fait  suivre  l'^tymologie  par  charer  :  «  Il  n'y  a 
donc  guère  lieu  d'admettre  quelque  rapport 
entre  charade  et  les  BL.  caragus,  cararius, 
caraida,   carauda,  sorcier,   magicien,  devi^ 


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CHA 


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GHÂ 


oeur  »,  répudiant  ainsi  précisément  les  élé- 
ments qui  devaient  m'éclairer  dans  Télucidar 
tion  du  mot  charade.  Qu'il  me  soit  permis, 
pour  me  disculper,  de  foire  remarquer  qu'en 
1872,  je  n'avais  point  encore  rencontré  Ib 
forme  charaute,  et  l'eussé-je  connue,  je  n'au- 
rais, dans  l'état  de  la  phonétique  d'alors,  pas 
osé  assimiler  charaute  à  caracta,  ni  charade 
à  charaïUe,  La  loi  de  la  résolution  de  ak  par 
au  n'était  pas  encore  découverte.  D'ailleurs, 
l'opinion  du  successeur  de  Diez  n'est  pas 
à  l'abri  de  toute  objection.  Avant  de  s'y 
rallier,  Gaston  Paris  (Rom..  VIQ,  629; 
demande  ses  apaisements  sur  les  points  sui- 
vants :  A-t-on  des  exemples  de  charade  pour 
charaute  f  Comment  charaude  a-t-il  changé 
en  français  propre  son  au  en  a  f  A-ton  des 
preuves  de  la  transition  du  sens?  Le  mot  cha- 
rade ne  paraît  pas  plus  ancien  que  la  fin  du 
xu«  siècle  ;  d'où  sortait-il  î 

CHARANÇON,  étymologie  inconnue.  Un 
synonyme  de  charatiçon  est  caîande*,  calan- 
dre; le  premier  serait-il  une  dérivation  du 
second?  Cp.  les  dérivés  écusson,  arçon;  r  p.  / 
ferait  d'autant  moins  de  difficulté  si  l'original 
de  calandre  (v.  c.  m.)  était  le  gr.  xapao/>io;,  BL. 
caradrius.  —  Le  primitif  immédiat  du  fr. 
cJiarançon  est  fourni  par  le  prov.  carence  {Lïy, 
de  Sydrac  :  malas  bostias,  escorpios,  caren- 
ces). 

CHARBON,  L.  carbonem,  —  D.  charbon- 
ner,  charbonneuof,  charhonnée  — ■  carbon- 
sade  (v.c.  m.);  charbonnier,  L.  carbonarius. 

GHARBOUILLER,  gâter  (en  parlant  de  la 
nielle  des  blés),  dér.  du  subst.  carbouUle,  =» 
L.  'carbuculat  fém.  de  carbuculus  =  carbun- 
culus,  charbon  brouisseur.  —  En  lat.,  carbun- 
culare  a  le  sens  neutre  »  être  atteint  du 
charbon  » . 

CHARCUTIBR,  dér.  de  char  (chair)  cuite. 

—  D.  cîiarcuter,  charcuterie. 
CHARDON,  esp.,  prov.  cardon^  dér.  du  L. 

•  eardui^.  L'it.,  î'osp.  et  le  port,  ont  directe- 
ment tiré  de  cardus  (p.  carduus)  la  forme 
cardo. —  D.  chardonnette,  artichaut  sauvage  ; 
chardonnet*  on  chardonneret  (cp.  l'aU.  distel- 
finh,  litt.  linotte  de  chardon);  échardonner. 
Composé  avec  ex,  le  L.  cardus  a  produit  it. 
scardo,  d'où  le  fr.  écharde. 

GHARGSR,  voy.  char.  —  D.  charge;  com- 
posés :  décharger  [L.  discaricare);  surcJiarger. 

CHARIOT,  aussi  charriât,  dér.  de  char. 

CHARITÉ,  L.  caritaiem,  affection,  amour. 

—  D.  charitable;  le  suffixe  abU,  générale- 
ment appliqué  à  des  verbes,  se  rencontre  par- 
Ibis  joint  à  des  substantifs,  p.  ex.  équitable, 
véritable,  vfr.  amistable. 

CHARIVARI,  vfr.  caribari,  chalivali,  BL. 
eharivarium,  chalixiricum^  pîc.  queriboiry, 
dauph .  chanavari,  prov.  mod.  taribari.  On  a 
fait  des  dissertations  sur  l'origine  de  ces  mots, 
et  Ton  trouvera  dans  «  Phillips,  ûber  die 
Katafenmusiken  (1849;  »  une  riche  collection 
de  termes  analogues  dans  les  diverses  lan- 
gues et  dialectes.  Charioari  est  évidemment 
un  composé;  l'élément  vari  se  retrouve  dans 
une  foule  d'expres^ons  pc^ulaires  marquant 


bruit,  désordre  (^uroort,  bouïevari,  etc.); 
quant  au  premier  élément,  il  semble  avoir 
été  formé  par  assimilation  au  second,  et  l'on 
suppose  qu'il  représente  un  mot  signifiant 
quelque  ustensile  de  cuisine  et  servant  pour 
la  circonstance  d'instrument  de  musique  ;  cfr. 
en  wsMonpailtège  —  charivari,  dér.  depaill, 
c.-à.-d.  poêle.  Le  sens  étymologique  de  cha- 
rivari serait  donc  «  bruit  de  poêlons  » .  Aussi 
Diez  est-il  tenté  de  voir  dans  chali  ou  chari 
le  latin  calix,  verre,  pot;  on  a  poiu*  cela 
aussi  beaucoup  tenu  à  l'étym.  L.  chalyba- 
rium,  de  chalybes,  objets  en  acior.  Voy.  aussi 
mon  Glossaire  de  Lille,  p.  24,  où  chalivali 
traduit  à  la  fois  morganicum  et  larnadum, 

—  Darmesteter  (p.  1 13)  analyse  le  mot  par  la 
particule  préjorative  caZt +  oan,  «tumulte», 
qui  se  retrouve  dans  les  mots  composés  hour- 
vari,  boulevari,  normand  vari-vara  (en  dés- 
ordre), etc.;  cp.  ail.  toirr-toarr,  confusion,  ' 
verbe  toirren,  embrouiller. 

CHARLATAN,  de  l'it.  ciarlatano,  dérivé  de 
ciarZarc,  =  esp.,  port.  cJiarlar,  val.  charrar, 
fr.  (norm.)  charer,  bavarder. 

1 .  CHARMB,  anc.  chanson  magique,  sorti- 
lège (cp.  vfr.  charmeresse,  sorcière);  it.  carme, 
chant,  poésie;  du  L.  carmen.  —  D.  charmer, 
BL.  carminare;  ac(j.  cluirmant. 

2.  CHARME,  arbre  (Berry  charne,  Hainaut 
came),  du  L.  carpinus,  it.  carpino,  esp. 
carpe.  —  D.  charmoie,  cliarmille. 

CHARNEL,  CHARNIER,  CHARNU,  CHAR- 
NURE,  voy.  cAair. 

CHARNniRE,  répond  au  type  latin  cardi- 
naria,  du  L.  cardo,  gén.  cardinis,  qui  signi- 
fiait gond,  pivot,  poutres  emboîtées,  cavité, 
entaille,  rainure.  —  D.  encharner. 

CHAROONE,  pic.  carone,  it.  carogna,  prov. 
caronha  (esp.  caroho,  pourri),  anc.  angl.  ca- 
royne,  n.  angl.  carrion,  d'un  type  lat.  carotiea, 
formé  de  caro,  chair. 

CHARPENTIER,  angl.  carpenter,  it.  car- 
pentiero,  du  L.  carpentarius.  Le  mot  latin 
signifiait  charron,  carrossier  (de  carpentum, 
voiture);  le  sens  s'est  peu  à  peu  élargi  en  celui 
de  «  faber  lignarius  n  en  général.  —  D.  char- 
penter,  charpente,  charpenterU. 

CHARPIE  (BL.  carpia),  subst.  participial  du 
verbe  ancien  charpir  (comp.  escharpir,  des- 
charpir),  qui  représente  le  L.  carpere,  arra- 
cher, effiler,  effilocher.  L'it.  carpire  signifie 
accrocher,  déchirer,  puis  rafler,  enlever. 

1 .  CHARRÂE,  cendre  lessivée.  Joret,  retenu 
par  l'initiale  ch,  rejette  le  type  cinerata  et 
postule  un  radical  car;  il  ramène  donc  le  mot 
au  lat.  du  moyen  âge  carrata,  charretée  (vfr. 
charée).  Quant  au  rapport  des  sens,  il  ne  sait 
pas  l'établir  nettement;  «  tout  ce  que  l'on  en- 
trevoit, c'est  que  cette  cendre  étant  un  engrais 
précieux  que  l'on  recueille  avec  soin  et  que 
l'on  exporte  même  de  province  en  province,  on 
a  pu  lui  donner  un  nom  emprunté  à  la  ma- 
nière dont  on  la  transportait  »  (Rom. ,  VI. ,  595). 

—  Tobler,  de  son  côté,  n'approuve  pas  plus 
cette  explication  que  celle  par  cinerata.  Les 
formes  T^vov.chairel,cheirél  et  surtout  thadro 
lui  paraissait  indiquer  un  tkàme  catr,  oadr. 


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CHA 


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CHA 


2.  GHARRtS,  larve  d'insecte  qui  sert  d'ap- 
pât, vient,  d'aprôs  Joret,  de  lat.  caryuUa  (cp. 
l'équivalent  esp.  camada,  même  sens),  avec 
assimilation  de  né^r.  —  Tobler  le  rattache 
de  préférence  au  mha.  herder,  keder,  nha. 
hôder,  appât. 

CHARRETTE,  it.  carretta,  esp.  carreta, 
angl.  cart,  dimin.  de  carrus,  char,  —  D. 
charretier^  charretée,  charreton  ou  charton. 

CHARRIER,  voy.  char. 

CHARRON,  dér.  de  char, 

CHAROTER,  voy.  char,  —  D.  charroi. 

CHARRUE,  pic.  querue,  prov.  carruga,  du 
L.  carruca  (carrus). 

CHARTE,  variété  de  carie  (v.  c.  m.).  —  La 
forme  chartre  (angl.  charter)  répond  au 
dimin  c?iartula  (cp.  NÎcglandre  deglandula), 

—  D.  chartrier  =  cartularium. 

1.  CHARTRE,  voy.  cAarté. 

2.  CHARTRE,  prison,  p.  charcre,  it.  car- 
cere,  esp.  carcel,  du  L.  carcer,  gén.  carceris, 

—  De  l'acception  prison  s'était  déduite  celle 
de  tristesse,  langueur,  dépérissement;  c'est 
ainsi  qu'en  Champagne,  un  enfant  charcreux 
signifie  un  enfant  chétif.  Comparez  le  rap> 
port  logique  qui  existe  entre  chétif  et  cap- 
tif, tous  les  deux  de  captivus, 

CHAS,  trou  d'une  aiguille,  parait  être  la 
forme  masculine  de  châsse,  ce  qui  enserre, 
enclôt  (v.  c.  m.).  Dans  l'anc.  langue  on  trouve 
la  forme  fém.  chasse, 

CHASSE,  subst.  verbal  de  chasser, 

A 

CHASSE  (le  circonflexe  n'a  pas  de  raison 
d'être),  du  L.  capsa.  C'est  donc  une  variété 
des  mots  caisse  et  casse,  —  D.  châssis,  en- 
châsser (it.  incassaréj, 

CHASSER,  vft*.  cachier,  chader,  it.  cac- 
ciare,  esp.,  port,  cazar,  vieux  esp  cabzar, 
prov.  cassar.  On  a  beaucoup  coi\jecturé  sur 
la  provenance  de  ces  mots,  mais  aucune  de 
ces  coi^ectures  ne  peut  convenir  à  la  science, 
si  ce  n'est  celle  de  Ménage,  qui  propose  cap- 
tare.  Seulement,  il  faut  poser,  comme  l'origi- 
nal do  chasser,  non  pas  la  forme  captare, 
mais  la  modification  captiare  (formée  du  part. 
captus,  comme  BL.  suctiare,  de  sudus,  d'où 
sucer,  conciare  p.  comtiare,  de  comptus,  per- 
tugiare,  p.  pertusiare,  àepertusus,  etc.).  C'est 
évidemment  de  captiare  que  procèdent  chas- 
ser et  les  autres  formes  romanes  citées.  Les 
Latins  déjà  disaient  captare  feras,  et  dans 
un  vieux  glossaire  on  trouve  «  ^pcuni$,  cap- 
tator,  venator  ».  Du  fr.  chasser  (dialecte  rou- 
chi  aussi  cacher)  viennent  les  deux  verbes 
anglais  catch  et  chase,  —  D.  chasse  (BL.  cap- 
tia,  diplôme  de  1162),  chasseur;  composé 
pourchasser,  d'après  l'analogie  di^  poursuivre, 

CHASSIE,  étymologie  inconnue.  Lit.  dit 
pour  chassie  cacca  d*occ}\j,  ordure  d'yeux; 
chassie  pourrait  donc  venir  d'une  forme  déri- 
vative  caccia,  —  Grandgagnage  suppose  un 
rapport  entre  chassie  et  caseus,  fromage,  et 
cite  l'expression  allemande  augenbutter, 
beurre  des  yeux.  —  Littré  pense  à  L.  cœcutia, 
vue  faible,  en  expliquant  l'esp.  cegajoso  (chas- 
sieux) par  cœcaliosus  et  le  vfr.  chaceuol  par 


caxutiolus.  Le  sens,  pas  plus  que  la  lettre, 
ne  favorise  cette  opinion.  —  D.  chassieux, 
—  L'anc.  langue  avait  le  verbe  chassier,  être 
chassieux;  peut-être  apt-il  précédé  chassie. 

CHASSIS,  voy.  châsse, 

CHASTE,  L.  castus,  —  D.  chasteté,  vfr. 
chasteé,  chaste,  L.  castitcUem, 

CHASUBLE  correspond  étymologiquement 
à  it.  casipoîa,  casupola,  quoique  ces  derniers 
signifient  petite  hutte.  Une  autre  forme  fran- 
çaise était  casule,  qui  répond  au  casulla  des 
Espagnols  (ail.  casel),  lequel  A  son  tour  est  p. 
casupla,  casubla  «»  it.  casupola  (Storm, 
Rom.,  V,  174).  Flechia  voit  dans  casipulaim 
dérivé  de  casa  au  moyen  du  suffixe  dim. 
pula  ;  Paris  incline  à  croire  que  le  mot  ita- 
lien n'est  pas  du  fonds  latin.  —  Pour  le  rap- 
port d'idée  entre  hutte  et  manteau,  cp.  le  mot 
cappa  (fr.  cap  et  chape),  qui  se  trouve  dans  le 
vieux  esp.  et  le  milanais  avec  le  sens  de  hutte. 
Voy.  aussi  casaque.  —  D.  chasublier, 

CHAT,  prov.  caJt,  esp.  goto,  it.  gatto;  ce 
mot,  répandu  dans  les  idiomes  germaniques 
et  celtiques,  ne  parait  que  tard  en  latin  (chez 
Palladius)  ;  il  doit  cependant  avoir  existé  dans 
la  langue  vulgaire.  —  D.  chatte,  chaton; 
chatter;  chatoyer;  chatouiller  i})  (v.  c.  m.). 

CHATAIONE,  it.  castagna,  prov.  castanha, 
du  L.  castanea  (gr,  MiTwxtuov  x&pvov,  noix  de 
Castana).  Ane.  angl.  chesteyne,  chesten,  d'où 
le  composé  actuel  chest-nut;  mha.  hestene, 
nha.  hastanie,  —  D.  a^j.  châtain;  châtai- 
gnier, -eraie, 

CHATEAU,  chastel  *,  L.  castellum  (dimin. 
de  castrum).  —  D.  chàtelet;  châtelain,  L.  cas- 
tellanus;  châtellenie, 

CHAT-HUANT,  anc.  orthographié  c?uthuan, 
est  probablement  une  transformation,  opérée 
par  l'étymologie  populaire,  du  mot  c?iouan, 
quoiqu'on  rencontre  le  simple  mot  huant  (pr. 
cheant)  p.  ex.  dans  la  phrase  suivante  de 
Birter,  aux  grands  pieds  «  les  leus  oy  uUer  et 
li  huans  hua  **.  —  Voy.  sous  chouette, 

CHATIER,  vfr.  chastier,  castoier,  chastoier, 
angl.  chastise,  ail.  casteien,  du  L.  castigare 
(rac.  castus;  cp.  purgare  àepurus),  —  D.  châ- 
timent (vfr.  chasti,  c?iastot),),  castoiement, 

1.  CHATON,  petit  chat  /et  terme  de  bota- 
nique), dimin.  de  chxU.  —  b.  chatonner. 

2.  CHATOK,  partie  d'une  bague  qui  ren- 
ferme la  pierre  précieuse,  vfr.  caston,  chas- 
ton,  it.  castone;  selon  Diez,  p.  casseton, 
dimin.  de  cassette,  dim.  de  caisse  (L.  cajola)  ; 
selon  moi,  plutôt  de  l'ail,  kasten,  caisse, 
employé  également  pour  chaton.  —  D.  encha- 
tonner,  en  esp.  engastonar,  engastar. 

CHATOUILLER,  vfr.  catiller,  catouiller. 
Diez  tire  ce  mot  du  L.  catulire,  être  en  cha- 
leur (dérivé  de  catula,  chienne),  lequel  se 
serait  converti  en  catuliare,  comme  cambire 
en  camàiare  (voy.  changer),  et  qui,  par  ce 
changement  même,  aurait  pris  la  significa 
tion  factitive  :  faire  éprouver,  donner  ce  fré- 
missement des  sens,  cette  sensation  que  nous 
appelons  chatouillement.  Cette  étymologie  est 


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CHA 


iOl  — 


CUÉ 


difficile  à  Térifier,  en  présence  de  tant  de 
formes  approchantes  et  cependant  variées 
dans  les  dififôrents  dialectes  germaniques  et 
romans;  nous  n'en  citerons  qu'un  petit  nom- 
bre :  wallon  cati,  gatî,  ffuett;  bourg.  gaJUxUli; 
lorr.  gattié;  Piémont,  gatié;  ail.  hitzeln  (en 
Suisse  kidzeln);  bas-saxon  heddeln;  ags 
cUeian  (d'où  angl.  hittle  et  par  transposition 
Hchle):  néerl.  kittelen;  suéd.  kittla.  Partou 
un  thème  hat,  kid,  ket  ou  kit.  Qui  sait  si  le 
L.  titillare  n'est  pas  aussi  une  altération 
euphonique  de  kitiliaret  —  Ascoli  (Arch. 
glott.,  n,  322)  ramène  aussi  toutes  les  formes 
en  question  à  ccUus,  chat  ;  dans  notre  cas,  par 
l'intermédiaire  d'un  dérivé  catuculus,  —  D. 
ehatouiUeux, 

GHATOTSR,  changer  de  couleur,  avoir  des 
reflets  comme  l'œil  du  chat  ;  dér.  de  chat.  — 
Dans  le  Berry,  le  mot  signifie  :  flatter,  cares- 
ser (cp.  l'ail,  kàtzeln). 

CHATRER,  L.  castrare. 

GHATTEIOTB,  du  L.  cota  mitis,  douce 
chatte.  —  D.  cliaUemitterie,  fausse  caresse. 

GHATJCHSR,  autre  forme  de  caucher  (v. 
cauchemar)  et  de  cacher  ;  elle  s'est  conservée 
dans  chauche-branche,  1 .  levier  (branche  qui 
presse  les  autres)  ;  2.  nom  d'oiseau  (litt.  qui 
serre  la  branche),  et  dans  chauche-poule^  nom 
vulgaire  du  milan. 

GHAÏÏD,  du  L.  calidus  cal'dus,  —  D.  chàu 
dbâu,  chaud^r,  d'un  type  bas-latin  calddlum\ 
CHAUDIÈRB,  it  caMaja,  esp.  caldera,  prov. 
eaudiera,  BL.  caldaria;  chaudron,  it.  caîde- 
rone^  esp.  calderon,  angl.  cauldron;  âchau- 
DER,  vfr.  escauder,  it.  scaldare,  angl.  scald, 
=«  L.  excaldare*, 

GHAÏÏDEAU,  V.  chaud. 

GHAÏÏDISRE,  V.  chaud,  —  D.  chauderon, 
chaudron. 

GHAUDRON,  v.  chaitd  et  chaudière.  —  D. 
chaudronnier,  -erie. 

GHAII7FSR,  angl.  chafe;  du  prov.  calfar, 
it.  ccdefare,  formes  romanes  du  L.calefacere, 

—  D.  chauffe,  chauffage,  chauffoir,  -eur, 
-ereUe;  cps.  échauffer,  prov.  escalfar,  d'où 
réchauffer. 

CHAII70UR*,  litt.  four  à  chaux.  —  D. 
chaufournier, 

GHATJLSR,  dérivation  arbitraire  de  chaux. 

—  D.  échauler, 

CHAUM1I,  du  L.  calamus,  tige  de  toute 
plante  élevée  («À>a/&9«),  BL.  calmus,  —  D. 
chaumer,  couper  le  chaume;  chaumière  et 
chaumine,  petite  maison  couverte  de  chaume; 
déchaumer. 

GHAÏÏSSS,  vfr.  cauche,  it.  calzo,  colza, 
esp.  calza,  prov.  calsa,  caussa,  du  L.  cal- 
eeus,  soulier.  Ménage  s'est  étrangement  four- 
voyé en  songeant  au  L.  caliga.  —  D.  chaus- 
son, it.  calzone  (de  ce  dernier  fr.  caleçon), 
chaussette,  chaussetier,  chaussure,  chausser, 
L.  calceare,  cps.  déchausser. 

GHAUSSÉE,  vfr.  cauc^t>,oatict«,  esp., port. 
calzada,  prov.  caussada  (flam.  kautsije,  kaus- 
sffdê,  kassije),  correspond  à  un  participe 
latin  calciata  (s.  e.  via),  dér.  de  calx,  pierre 


à  chaux  ;  chaussée  est  une  route  faite  aveo. 
des  pierres  calcaires  broyées.  Dautros  (ainsi 
Ducange,  Littré,  Rônsch)  interprètent  cal- 
ciata par  «  la  foulée  »,  en  le  ramenant  à  un 
verbe  calciare,  issu  d'une  forme  BL.  calcia  =» 
caJx^  talon.  Ds  pourraient  bien  avoir  raison. 

GHATJSSE-TRAPE,  BL.  calaxtrepa,  calci- 
trepa,  signifie  propr.,  &  mon  avis,  soit  ••  trape 
pour  le  talon  i>  ou  ••  trape  pour  celui  qui 
marche  dessus  »  ;  l'élément  chausse  s'accorde 
pour  la  lettre  avec  le  type  calcitrepa,  tandis 
que  l'anc.  forme  concurrente  chauche-trape 
s'accorde  mieux  avec  calcaJtrepa.  Comme  sen», 
cp.  les  expressions  ail.  fitss-angeJ,  fiiss-eisen, 
—  Le  même  composé  français  s'applique  à  la 
plante  dite  autrement  chardon  étoile;  il  tra- 
duit dans  les  glossaires  du  moyen  âge  le  lat. 
saliunca,  au  sujet  duquel  Jean  de  Gênes  dit  : 
H  Est  herba  spinosa,  a  salio,  quod  eam  cal- 
cantes  facit  salire  et  vulgo  dicitur  calca 
crêpa,  quod  calcantes  facit  creparef  »  Il  est 
probable  que  cette  forme  calcacrepa,  qui  se 
voit  en  effet  souvent  dans  les  glossaires  du 
moyen  âge,  à  côté  de  calcatrepa,  -tripa, 
•Irippa,  est  l'effet  de  la  confusion  graphique 
de  c  et  ^  Le  Glossaire  et  le  Catholicon  de 
Lille  rendent  saïiunca  par  caudetrepe  ou 
•trape;  ailleurs,  je  trouve  cauketrap  ou  caudie- 
trape.  L'anglais  moderne  en  a  fait  caltrqp; 
l'it. ,  pour  la  plante,  dit  calcitreppo.  —  Littré 
et  Darmesteter  voient  à  tort  dans  notre  com- 
posé le  verbe  chausser;  Meunier  (Les  compo- 
sés, etc.,  p.  137),  par  contre,  interprétant 
chausse  par  chaucher,  fouler,  traduit  le  terme 
pur  «  elle  foule,  elle  serre,  la  trappe  ». 

CHAUVE,  L.  calvus.  —  D.  chauveté,  L.  cal- 
vitas.  —  Quant  â  chauve-souris,  Grandga- 
gnagc,  se  fondant  sur  les  formes  wallonnes 
cJunoe-sori,  chehau-sori,  etc.,  suppose  dans 
cette  composition  une  transformation  de  c?ioue- 
souris,  équivalant  à  souris-hibou.  Certains 
dialectes  disent  7'ai  volant  ou  crapaud  volant  : 
prov.  rata  pennada  (cfr.  ail.  fledermaus),  en 
Lorraine  bo-volant.  Diez  et  Littré  s'en  tien- 
nent à  l'interprétation  par  souris  chauve  (â 
cause  des  ailes  dépourvues  de  plumes);  d'après 
Baist  (Ztschr.  V,  264),  souris  est  le  lat.  soriw, 
qui  était  déjà  dans  Marcius  Victorinus  un 
volatile  nocturne,  auquel  le  fr.,  pour  plus  de 
clarté,  aurait  préposé  le  mot  cave,  choe,  le  nom 
de  la  chouette. 

CHAUVE- SOURIS,  voy.  cliauve. 

CHAUVIR  des  oreilles  (Rabelais  :  cliauver, 
c?u)uery^  pr.  agiter  les  oreilles  soit  en  les  dres- 
sant, soit  en  les  abaissant;  d'après  Littré, 
prob.  de  choc  (voy.  chouette),  â  cause  de  ce 
mouvement  des  plumes  particulier  â  la 
chouette,  qui  figure  des  oreilles  comme  celles 
du  chat. 

CHAUX,  prov.  calz^  cous,  esp.  cal,  it.  calce, 
du  L.  calx,  m.  s. 

CHAVIRER,  prob.  pour  cap-virer,  tourner 
la  tête  en  bas  ;  cp.  le  terme  analogue  it.  capo- 
volgere, 

GHÉBSC,  it.  sdabecco,  stambecco,  zafnbecco, 
esp.  xdbeque,  port,  chaveco,  esp.  de  vaisseau  de 
mer.  L'ét.  est  controversée  entre  l'arabe  cha- 


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CHE 


iOâ 


CHE 


beca,  filet,  anc.  forme  sounbeki,  et  Fall.  stein-' 
beck,  bouquetin  (voy.  Littré,  suppL). 

CHBF,  francisation  régulière  du  radical  cap 
de  L.  caput;  prov.  cap,  it.  capo,  esp.  cabo.  I^e 
mot  signifie  tête  {ûg.  chose  principale,  article 
principal),  puis  extrémité  en  général,  com- 
mencement ou  fin;  composés  :  rechef  (dans 
derechtfjf  prov.  rescap,  pr.  recommencement; 
méchef  (v.  c.  m.),  —  D.  chevet,  checeteau; 
checage*,  capitation,  chevance  (cfr.  capital, 
autre  dérivé  de  capui)^  chevetaine',  p.  capi- 
taine (angl.  chiefîain);  acheoer  (v.  c.  m.); 
cheoir*^  venir  à  chef,  à  bout  de  qqch. —  Chef 
prend  un  caractère  d'ac^ectif  dans  la  combi- 
naison chef-lieu. 

CHEMER  (SE),  maigrir,  répond  à  Tit.  sce- 
mare,  diminuer,  aflfeiblir,  prov.  semar,  dimi- 
nuer, que  Diez  tire  du  L.  semis,  demi,  de  sorte 
que  le  sens  propre  serait  réduire  à  moitié  (cp. 
en  BL.  sem^us,  mutilé,  verbe  simare,  estro- 
pier). 

CHEMIN,  it.  cammino,  esp.  camino,  prov. 
camin,  du  L.  caminiis,  four,  cheminée,  qui, 
dans  la  basse  latinité,  avait  pris  la  significa- 
tion de  via.  Peut-être,  toutefois,  le  camintis 
du  latin  classique  et  le  caminus  du  latin  du 
moyen  âge  sont-ils  des  mots  tout  à  fait  dis- 
tincts. En  efiet,  caminus,  chemin,  parait  être 
un  dérivé  de  la  racine  cam,  si  féconde  dans  les 
idiomes  celtiques.  Cette  racine  exprime  cour- 
bure, incurvation;  mais  elle  a  fort  bien  pu 
dégager  de  cette  idée  primordiale  le  sens  de 
circuler  ou  de  marcher.  On  n'a,  pour  s'en  con- 
vaincre, qu'à  comparer  les  mots  fr.  tour  {de 
promenade),  it.  girare,  courir  çà  et  là,  circu- 
ler, ail.  xjoandern,  uxindeln,  de  wctiden,  tour- 
ner. Aussi  le  cymr.  ofi*re-t  il  les  subst.  cam, 
pas,  et  caman,  chemin.  Quant  à  la  forme  par- 
ticipiale cheminée,  elle  i^pond  au  BL.  camt- 
nata  (champ,  caminade),  =■  chambre  pourvue 
d'un  foyer  (L.  caminus,  gr.  xàyutivoc).  Puis  le 
sens  de  chambre  à  foyer  s'est  restreint  à  celui 
de  foyer;  cest  ainsi  que  le  mot  étuve  signifiait 
d'abord  chambre  à  étuve  avant  de  signifier 
étuve  ;  il  en  est  de  même  de  poéh,  pr.  cham- 
bre à  chauffer.  —  D.  de  chemin  :  cheminer, 
acheminer. 

"CHEMINÉE,  angl.  chimriey,  voy.  chemin. 

CHEMISE, it.camtc?a,camf«c]V{,  esp.,  port  , 
prov.  ca^nisa,  du  BL.  camisa,  camisia,  dont 
on  trouve  la  première  trace  dans  saint  Jérôme. 
Abandonnant  l'étymologie  vha.  hamidi,  he- 
midi,  ail.  d'aujourd'hui  hemd  =  chemise,  Diez 
prétend  que  camisia  doit  provenir  d'un  primi- 
tif cam/«.  Or,  il  trouve  ce  primitif  dans  le  vieux 
gaél.  caimis  (gén.  caimse)  =  chemise,  cymr. 
camse,  long  vêtement,  ainsi  que  dans  l'arabe 
qamiç,  vêtement  de  dessous;  toutefois,  il  ré- 
serve la  question  de  l'originalité  dos  mots  cités 
dans  les  idiomes  où  on  les  trouve.  Camicia  est 
la  forme  extensive  du  mot  italien  camice,  aube 
de  prêtre,  qui  répond  exactement  au  vfr. 
chainse,  chinche,  vêtement  entoile;  Isidore 
rapportait  camisia  à  cama,  lit,  donc  vêtement 
de  lit,  mais  le  suffixe  isia  fait  quelque  diffi- 
culté. Mahn  se  prononce  en  faveur  de  l'arabe 
qamiç,  qu'il  fait  dériver  du  sanscrit  kschauma. 


de  lin.  —  D.  chemisette;  voy.  aussi  co- 
misole. 

CHENAL,  variété  franc,  de  canal  (v.  c.  m.); 
chéneT,  auj.  chéneau,  est  une  autre  variété, 

CHENAPAN;  c'est  l'ail.  schnc^haJin,  terme 
figuré  s=  brigand,  litt.  coq  qui  cherche  à  tout 
gripper  {schnappen), 

CHÊNE,  vfr.  chesne  quesne*,  BL.  casnus. 
Chesne  vient  du  L.  quercus  par  l'intermé- 
diaire de  Tadj.  querdnus,  contracté  ea 
querç'nus  et,  par  la  chute  de  Vr  devant  la  sif- 
flante (cp.  dosum  p.  dorsum),  en  quesnus 
(comp.  l'it.  quercia  •»  chêne,  de  Tadj.  latin 
quercea).  Pour  qu  latin  devant  c  ou  t  =  ch  fr. , 
cp.  chasque  de  quisque.  —  D.  chéneau;  chê- 
naie'^ L.  querfietum  (p.  quercinetum),  ques^ 
netitm^  (d'où  aussi  le  nom  de  ville  le  Quesnog), 

CHIîNEATJ,  voy.  chenal. 

CHENET,  dér.  de  cTien,  chien,  à  cause  de 
la  forme  ou  de  Tomementation  donnée  d'abord 
i  cet  ustensile.  Cp.  en  normand  quenot =^tit 
chien  et  chenet. 

CHENEVIÉRE,  du  L.  cannabaria,  dér.  de 
cannabis,  chanvre. 

CHÊNEYIS,  graine  de  chanvre,  renvoie  à 
un  type  cannahicium  (la  forme  patoise  chêne- 
boît,  à  un  type  cannabolus).  —  Chencvotte  est 
L.  cannabis,  avec  le  suffixe  diinin.  otte. 

CHENIL,  angl.  kennel,  d'un  mot  latin  ca- 
nile",  dér,  de  canis^  chien  (cp.  les  termes 
latins  analogues  ovilf?,  borile^  equ.ile,  etc.). 

CHENILLE,  prov.  canilha.  Voici  trois  éty- 
mologies  diverses  de  ce  mot  :  1 .  Caienicula — 
chainille — chenille,  èiaiu^c  de  la  stiiïcture  de 
cet  animal.  —  2.  L.  enica  (chenille),  d'où 
erucana,  erucanilîa,  canilla,  chenille;  c'est, 
comme  on  le  devine,  une  conjecture  de  Ménage. 
—  3.  Canicula,  petit  chien.  On  pont  all'^guer, 
pour  la  dernière,  l'expression  milanaise  can  ou 
cagnon  (pr.  chien)  =  ver  à  soie.  Les  Lom- 
bards disent  pour  chen.lle  gatta,  gattoîa,  ce 
qui  signifie  proprement  petit  chat;  les  Por- 
tugais, lagarta  —  lézard  ;  les  Anglais,  Cater- 
pillar^ mot  dont  on  n  a  pas  encore  su  établir 
l'origine  ;  en  France,  on  trouve  aussi  l'expres- 
sion chate  pelcuse  ou  pehœ  (en  Normandie, 
carpleuse).  —  D.  échenillrr. 

CHENU,  prov.  canut,  it.  canuto,  du  L.  ca- 
nutiis  (dér.  de  ca7ius). 

CHEPTEL  est  le  môme  mot,  sous  forme  vul- 
gaire, que  capital;  on  trouve  aussi  ch-eptal; 
par  l'élision  du  p  on  obtient  la  forme  chatel, 
auj.  catel.  Le  sens  fondamental  de  tous  ces 
mots  est  bien,  surtout  bien  mobilier.  L'angl. 
cattle  et  le  genevois  chédal  ont  rétréci  cette 
signification,  et  ne  s'emploient  plus  que  dans 
le  sens  de^^tail. 

CHÈQUE,  t.  de  commerce,  mot  d'importa- 
tion anglaise  (check). 

CHER,  L.  carus.  —  D.  cherté  (v.  c.  m.), 
chérir  (y.  c.  m.). 

CHERCHER,  vfr.  cerchier,  pic.  cerquier,  it. 
cercare,  prov.  cetcar,  sercar,  val.  cerca,  alban. 
khërcôig,  cymr.  kyrchu,  bret.  kerchat.  Ce 
mot  signifiait  autrefois  aller  à  la  ronde,  pai^ 
courir,  et  vient  dti  L.  circare,  employé  par 
Properce  pour  aller  çà  et  là;   il  est  inutile 


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CHE 


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CHE 


tl'avoir  recours  à  un  verbe  hypothétique 
quœricare  (de  qucBrere,  quérir).  On  trouve 
•le  même  mot  circare  (Isidore  :  circat  circum- 
tenit)  dans  les  subst.  BL.  circa^  la  ronde, 
circator,  le  guet.  —  Cps.  rechercher, 

CHâRE  signifiait,  jusqu'au  xvi''  siôcle,  tête, 
visage,  mine,  semblant,  et  le  signifie  encore 
dans  les  dial.  norm. ,  lorrain  et  wallon.  Nicot  : 
avoir  la  chère  baissée»  vultum  demittere.  De 
Texpression  faire  bonne  ou  mauvaise  chère 
{=  mine)  à  qqn,  s'est  dégagé  le  sens  accueil, 
réception,  et  enfin  manière  de  traiter,  de 
recevoir  les  amis,  dépense  pour  la  mangeaille 
(angl.  cheer).  Le  subst.  chère,  anc.  care^  tête, 
OMcrespond  à  l'esp.,  port.,  prov.  cara,  visage, 
'  figure.  Le  mot  cara  se  rencontre  déjà  dans 
Corippus,  poète  latin  du  vi«  siècle.  On  le  fait 
Venir  -du  grec  x&/9)},  tète,  visage,  mais  on  sus- 
pecte avec  raison  cette  étymologie,  parce  que 
l'italien,  celle  des  langues  néo-latines  qui  a 
reçu  le  plus  de  mots  grecs;  ne  présente  pas  la 
forme  cara,  mais  celle  de  cera,  introduite  du 
français  selon  toute  vraisemblance^  En  BL. 
i:era  signifie  effigie,  visage,  développement  du 
sens  «  sceau»;  cela  favorise  l'ét.  -^p^  cire. 

GHÉBIB,  angl.  cherish,  dérivé  de  l'adj .  clier, 
—  D.  chérissable;  cps.  enchérir,,  renchérir, 
surenchérir, 

GHERTS,  subst.  de  cher,  signifiait  ancien- 
nement aussi  amitié,  tendresse,  estime,  abso- 
lument comme  son  analogue  latin  caritas,  que 
le  fr.  a  reproduit  sous  la  double  forme  cherté 
et  charité, 

CHÉRUBIN,  de  l'hébr.  hheroubim,  pluriel 
de  hheroub,  nom  d'une  figure  de  la  symboli- 
que juive,  emprunté  aux  Phéniciens. 

CHERYIS,  GHERVI,  esp.  chirivia,  le  siser 
des  Latins;  toutefois,  ce  dernier  ne  peut  en 
fournir  l'étymologie  ;  il  &udrait  la  forcer  au 
moyen  de  siservilla,  sermlla.  Nous  estimons 
que  cartûi  et  cheroie  sont  étymologiquement 
identiques,  v.  caanoi, 

GHÉTIF,  vfr.  caitif,  voy.  captif. 

OHBVAL,  voy.  caixile, — D.  chevaler;  che- 
wtlet,  machine  de  bois  ayant  la  ressemblance 
d'un  cheval  (cp.  en  latin  equuJeus,  petit  cheval 
et  instrument  de  torture);  acy.  cheialin, 

(SSVALIER,  voy.  cawde  et  cavalier.  —  D. 
chevalière {hsLgiie);  chevalerie  {AUgl.  chivalry); 
chevaleresque  (ce  dernier  imité  de  l'italien 
caballeresco), 

GHEVâNGE,  voy.  chef 

GHEVAUGHER,  voy.  cavale. 

CHEVEGIER,  BL.  capiceriits,  m  cui  capicii 
ecclesiae  cura  incumbit  »,  Le  capicium  ou 
tapitium  de  l'église  est  ce  que  l'on  nommait 
autrefois  le  chevet  de  l'église.  Radical  caput» 

CHEVELU,  voy.  cheveu, 

CHEYSR,  creuser,  t.  d  arts  et  métiers,  est 
la  bonne  forme  française  p.  caver, 

CHEVET,  dim.  dechef{v,  c.  m.).  Les  Italiens 
et  les  Espagnols  disent  dans  le  même  sens 
tapezzale,  cabeçal  (comm&  cTievet,  du  L.  ca- 

OnJSVâTRE,  vfr.  queoestre,  chevoistre,  licou, 
it.  capestro,  esp.  cabestro,  prov.  cabestre,  du  L. 
capistrum,  muselière.  La  signification  archi- 


tecturale de  ce-  mot,  «  pièce  de  bois  dans 
laquelle  on  emboîte  les  soliveaux  d'un  plan- 
cher n,  est  également  déduite  de  capistrum. 

—  D.  enchevêtrer,  it.  incapestrare,  esp.  enca- 
bestrar,  »-■  L.  ificapistrare  (enchevêtrer,  fig. 
embarrasser). 

CHEVEU,  vfr.  cavel,  chevel,  prov.  cabelh, 
esp.,  port,  cabello,  it.  capeUo,  du  L.  capillus. 

—  D.  chevelu,  chevelure;  décheveler  (prov. 
descabelhar),  écheveler. 

CHEVIIiLB,  it.  cavicchia,  cavifflia,  port., 
prov.  caoilha;  du  L.  clavicula  [clavicla,  puis 
cavicla,  le  premier /ayant  été  élidé  par  eupho- 
nie comme  dans  foible  p.  floible),  La  langue 
savante  a  repris  le  même  clavicula  pour  en 
faire  clavicule,  —  G.  Paris  (Rom.  V,  382), 
rejette  l'étymon  clavicula  en  faveur  de  capi" 
tula  (petite  tète),  devenu  capitla,  capiela, 
cheville.  Je  ne  vois  pas  pourquoi  il  faudrait 
strictement  abandonner  clavicula,  —  D.  cAe- 
villette,  cheviller, 

,  GHEVIOT.  mouton  des  monts  Clieviots,  en 
Ecosse  ;  de  là  cheviote,  laine  d'agneau  d'Ecosse 
et  étoffe  faite  de  cette  laine. 

CHEVIR,  venir  à  bout  ou  à  chef  de  qqch., 
s'acquitter  de  ses  redevances  ;  voy.  cJief. 

GHÉVRE,  du  L.  capra,  —  D.  chevreau 
(prov.  cabrcl,  vfr.  chevrel);  checrier,  prov. 
cabrier,  esp.  cabrero,  L.  caprarius;  chevrette 
(v.  c.  m.);  chevreuil,  prov.,  cat.  cdbirol,  it. 
cavriuolo,  L.  capreolus;  chevron  (v.  c.  m.); 
chevroter,  chevrotin. 
.  CHÈVREFEUILLE,  L  caprifolium. 

CHEVRETTE,  nom  d'une  sorte  de  crustacô 
(le  crangon  ou  le  palémon);  Dioz  et  Joret  le 
dérivent  de  chèvre  (à  cause  de  l'agilité  de  ce 
crustacé);  selon  Joret,  par  transposition  s'est 
produite  la  forme  secondaire  crevette  (v.c.m.). 
Pour  Suchicr,  chevrette  est  formé,  par  un  faux 
rapprochement  avec  chèvre  et  par  le  procédé 
dit  «  uradeutung  »,  de  crevette,  lequel,  d'après 
lui,  est  le  moy.  ni.  crevet  (écrevisse).  Voy.  pi, 
Xoïu  crevette, 

CHEVRON,  vfr.  caprion,  prov.  cabrion^ 
cabiron  (cfr.  esp.  cabrion,  caviron,  bloc  de 
bois),  dér.  du  L.  capcr,  capri,  bouc;  com- 
parez en  latin  le  terme  analogue  capreolus, 
étançon,  soutien. 

CHEVROTINE,  balle  de  petit  calibre  pour 
tirer  le  chevrot  ■=»  chevreuil. 

CHEZ,  =  lat.  apud,  est  une  abréviation  de 
l'anc.  formule  en  chez  (v.  esp.  et  v.  port,  en 
cas),  qui  équivaut  à  «  dans  la  maison  »,  lat. 
in  casa.  Chez  mon  père,  c'est  étymologique- 
ment «  dans  la  maison  de  mon  père  »  ;  Fit.  a  • 
la  formule  complète  in  casa  ou  a  casa  ;  l'es- 
pagnol de  même.  L'étymolc^e  de  chez  fait 
comprendre  la  combinaison  de  chez  mon  père. 
La  prép.  lez  s'est,  de  la  même  manière,  pro- 
duite du  subst.  lotus,  côté.  Cp.le  wallon  aman, 
chez,  de  mon,  contraction  de  m^hon,  maison. 
Cette  étymologie,  universellement  reçue,  ne 
fait  pas  doute  ;  chez  est  virtuellement  =  casa; 
mais  comment  se  rendre  compte  de  la  forme? 
Pourquoi  le  mot  latin  a-t-il  perdu  sa  finale, 
de  manière  que  le  radical  cas  a  pu  se 
franciser  par  chez,  comme  nasus  par  nez. 


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GHI 


—  104  — 


CHi 


rcuus  par  rezf  Et  encore,  pourquoi  Tancienne 
langue,  qui  n'aurait  jamais  toléré  une  forme 
diphtonguée  niés,  ries  p.  nej,  res,  em- 
ployait-elle  de  préférence  chiés  f  Cette  question 
a  été  pour  la  première  fois  étudiée  par 
M.  Cornu  (Rom.,  XI.  82);  il  conclut  à  attri- 
buer la  chute  de  l'a  de  casa  dans  esp.  en  cas, 
vfr.  en  chiés,  nfr.  c?iez  au  fait  que  le  sub- 
stantif complément  de  la  préposition,  par  son 
accentuation  plus  forte  et  son  contact  immé- 
diat, réduisait  la  tonalité  et  la  consistance  du 
mot  cdsa  en  un  simple  cas,  fr.  chiés*,  chez. 
En  esp.  nous  avons  à  la  fois  a  caso  et  à  cas,  et 
c'est  la  comparaison  des  applications  de  ces 
deux  formes  qui  a  pu  fJBÛre  arriver  M.  Cornu 
à  sa  conclusion  ;  mais  ce  savant  ne  nous  dit 
pas  si,  en  français,  il  existe  une  trace  d'une 
forme  en  chese  (ou  chiese)  coexistant  avec 
en  chiés,  Godefroy  a  de  nombreux  exemples 
de  chiesedeu  (»  casa  Dei,  église);  on  se 
demande  pourquoi  Ve  s'est  maintenu  dans 
ce  composé,  tandis  qu'il  a  disparu  dans  en 
chiés  le  rey, 
CHICANE,  voy.  chiche.  -—  D.  chicaner, 

1.  CHICHE,  peu  abondant,  parcimonieux. 
Ce  mot,  dont  les  dérivés  sont  :  chiquet,  chicot, 
chicoter,  se  rattache,  ainsi  que  it.  cica,  baga- 
telle, it.  ciffolo  et  esp.  chico,  petit,  exigu, 
au  L.  ciccum,  bagatelle.  Comparez  en  grec 
ûfuxp6i,  petit,  et  9/nxpht)i,  avare.  Chicane,  qui, 
dit-on,  signifiait  d'abord  une  miette  de  pain, 
est  probablement  de  la  même  famille  ;  le  sens 
se  sera  élargi  en  minutie,  puis  dispute  pour 
un  rien,  tracasserie;  cp.  les  termes  chicoter, 
chipoter,  vctiUer  (v.  c.  m.),  qui  offrent  des 
rapports  d'idée  analogues.  Mahn  rattache 
chicane  au  basque  chikia,  chihcrra,  petit. 
Littré,  appuyant  sur  la  signification  ••  ma- 
nière de  jouer  au  mail  »  et  sur  l'existence  du 
bas-grec  r^uxâviov,  jeu  do  mail,  prend  ce  der- 
nier (=  persan  tschaugan)  pour  l'origine  du 
mot  fr.  et  enchaîne  ainsi  les  sens  :  jeu  de 
mail,  action  de  disputer  la  partie,  manœu- 
vres processives. 

2.  CHICHE,  pois,  it.  cecci,  esp.  chicaro, 
prov.  cezer,  ail.  kicher;  du  L.  cicer,  d'où 
tient  aussi  le  dérivé  diminutif.  ctc0ro7e. 

CHICORÉE,  L.  cichoreum  (mx^ptov). 

CHICOT,  pr.  morceau,  fragment,  dér.  de 
chiche  1  (v.  c.  m.).  Au  xvi*  siècle,  cAtcot expri- 
mait une  qualité  morale.  Du  Verdier  :  «  Sa 
cour  estoit  pleine  de  bons  esprits  et  de  gens 
de  sçavoir  au  lieu  de  fols,  de  chicots,  de  flat- 
teurs, d'harlequins.  »  —  D.  chicoter  >=>  chi- 
caner sur  des  bagatelles. 

CHICOTIN,  suc  d'aloès,  vfr.  cicotrin.  D'après 
Nicot,  cicotrin  est  fait  par  corruption  de  coco- 
terin  (port,  çocotrino)  et  est  l'épithète  de  l'a- 
loés  pour  en  désigner  la  meilleure  sorte.  Cet 
adj.  serait  pris  de  Çocotare,  qui  est  une  lie 
sur  l'embouchure  de  la  mer  Rouge,  d'où 
vient  le  meilleur  aloès. 

CHIEN,  vfr.  et  patois  cTien,  chin,  chein,  du 
L.  canis.  Régulièrement,  canis  appelle  fr. 
chain,  mais  nous  trouvons  encore  a  bref  latin 
devenu  ie  âBnB  çrief  (ÏBt.  gravis)  et  vfr.  chiel 


(a  lat.  cadU  de  eadere).  —  D.   chienne^ 
chienner;  v.  aussi  le  mot  suiv. 

CHIENDENT;  expression  incompréhensi^ 
ble;  l'ail,  hundsgras  se  comprend  (hunds-^ 
zahn  est  imité  du  français),  de  même  l'angl. 
dogsgrass,  couchgrass  (herbe  qui  rampe), 
mais  que  veut  dire  chiendent  f  Darmesteter 
juge  que  <•  ce  doit  être  une  création  indivis 
duelle  de  la  Renaissance  et  prendre  place  à 
côté  de  fourmi-lion  (Composés,  p.  135.) 

CHIER  ;  le  vfr.  a  eschUer,  qui  est  un  mot 
d'origine  germanique;  vha.  scizan  (auj. 
scheissen),  ni.  schijten,  ags.  seitatï  (d'où  angi. 
shite).  Est-il  l'original  du  fr.  cAt«r  f  c'est  dou* 
teux,  mais  toujours  a4-il,  conune  pense 
Diez,  influencé  ce  dernier.  Qicare  lat.  appelle 
en  fr.  choyer;  néanmoins  il  faut  le  considérer 
comme  ayant  donné  chier,  surtout  en  pré- 
sence du  fréquent  emploi,  en  vfr.,  du  composé 
conchier,  souiller  »=  L.  eon-cacare.  D'ailleurs» 
Cornu  explique  l't  du  verbe  fr.  par  les  mêmes 
raisons  qui  ont  transformé  lat.  jacentem  en 
gisant  etjactare  en  prov.  gitar, 

CHIFFE,  dérivé  chiffon.  L'arabe  chiff  «  ves- 
tis  tenuis  et  pellucida  »,  invoqué  par  Devic, 
parait  trop  éloigné  pour  un  mot  si  usuel. 
Grandgagnage  identifiant  chiffonner  avec  le 
wallon  cafoitgni,  même  sign.,  et  chiffon  aveo 
cafou,  chose  sans  valeur,  recommande  Vétj^ 
mologie  néerl.  haf,  angl.  diaff*,  balle  de  blé. 
Diez  préfère  celle  du  vha.  A^a,  silique,  cosse, 
Génin  voit  dans  cAt/7«  une  variante  de  chippes, 
rognures,  et  le  rattache  à  l'angl.  chip,  couper 
par  morceaux;  la  chiffe  serait  ainsi  de  1& 
rognure  —  D.  chiffonner,  chiffonnier, 

CHIFFRE,  signe  de  nombre,  écriture  se- 
crète, it.  cifra,  cifera,  écriture  secrète, 
esp.,  port,  cifra,  signe  de  nombre,  ail.  ziffer, 
chiffre.  Primitivement,  ce  mot  désignait  un 
signe  de  nombre  sans  valeur  déterminée,  un 
zéro,  sens  propre  encore  au  valaque  cifrë;  cp. 
le  Breviloquus  :  cifra  figura  nihili,  et  la  locu^ 
tion  angl.  a  mère  cipher.  L'Europe  ayant  tiré 
des  Arabes  le  système  numérique  des  Indiens, 
le  mot  doit  être  arabe.  Dans  cette  langue,  on 
trouve  les  mots  çafar,  cifr,  vide,  cifron  (comme 
subst.)  «»  zéro(v.  c.  m.).  Le  nom,  parexten* 
sion,  est  devenu  synonyme  de  signe  numéri* 
que.  —  D.  chiffrer,  déchiffrer. 

CHIGNON,  vfr.  chaaignon,  chaignon  pour 
cJiaïgnon,  de  chc^ne,  aig.  chaîne  (v.  c.  m.). 
Chignon  est  donc  une  simple  variété  de  chai' 
non,  Nicot  :  chaînon  du  col  =  cervix,  ver- 
tèbre du  cou;  cp.  languedocien  :  cadena 
daoun  col, 

CHIMÈRE,  L.  chimaera  (de  x<i»«tp«>  <^^ 
vre).  —  D.  chimérique, 

CHIMIE,  it.,  esp.,  port,  chimica  ;  arabe  al^ 
kimta  (voy.  alchimie)  ;  le  mot  arabe,  oepen* 
dant,  n'est  pas  d'origine  indigène.  Malgré 
l'autorité  d'Al.  de  Humboldt  (Kosmos)  et 
d'autres,  qui  pensent  que  chimie  vient  de 
xnfil9,  selon  Plutarque  un  des  noms  de 
l'Egypte,  et  que  le  mot  désigne  •  la  science 
ég3rptienne  »,  une  étude  approfondie  de  cette 
question  engage  Mahn  à  soutenir  que  chimie 
provient  du  grec  x^f^t*  ^^  î  lC*f^**^  ^XVf  ^^* 


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cm 


—  105  — 


CHO 


prîmait  d'abord  Tart  de  tirer  des  sucs  hors  des 
plantes,  qui  fut  le  point  de  départ  de  ce  que 
la  science  a  désigné  plus  tard  sous  le  nom  de 
chimie  ou  d'alchimie.  Le  souvenir  du  terme 
Xiifila,  terre  de  Cham  ou  d'Egypte,  a  peut- 
être  contribué  à  continuer  le  mot  chimie  pour 
exprimer  l'art  de  faire  de  l'or^  que  l'on  savait 
être  fort  en  estime  chez  les  E^ptiens,  et  à 
introduire  dans  les  textes  grecs  la  variante 
xn/uto,  x^/ii»f  ftu  lieu  du  mot  primitif  yy/ul*. 
A  l'appui  de  Tétjmologie  xv/utd{,  Mahn  cite  le 
sanscrit  rcaayana,  chimie,  alchimie,  poison, 
élixir  de  vie,  composé  de  rasa,  suc  (aussi  vif- 
argent),  et  de  ayana,  procédé,  espèce,  ma- 
niére.  —  D.  chimique ^  chimiste» 

OuihA,  voy.  quinquina. 

GHINOHIIiLA,  motesp.,  litt.  animal  puant, 
de  l'esp.  chinche,  punaise  (L.  cimex), 

OHDISR,  de  Chine;  chiner^  c'est  donner  à 
une  étoffe  des  couleurs  ou  des  dessins  à  la 
manière  chinoise. 

GHIOITRME,  it.  ciurma,  sicilien  chiurma, 
esp.,  port,  chusma,  génois  ciusnta.  Diez, 
partant  de  la  forme  espagnole,  dérive  ces 
mots  de  xUcu^ux,  commandement,  devenu  suc- 
cessivement cleusma,  chusma  (cp.  c?iamar  de 
damare).  Le  mot  désignait  d'abord  le  com- 
mandement de  l'inspecteur  des  rameurs  et 
a  fini  par  être  employé  pour  l'ensemble  d'un 
équipage  placé  sous  un  même  commande- 
ment. L'étymologie  turma  est  fautive;  le 
turc  tcheurmé  «a  chiourme  est  sans  doute  un 
emprunt  fait  au  roman. 

CHIPER,  voler,  dérober  une  chose  de  peu 
de  valeur,  de  chipe*,  lambeau,  chose  de  mince 
valeur  (voy.  chiffe).  «  Les  couturières  ap- 
pellent chippes  ce  qu'elles  volent  à  leurs  pra- 
tiques. »  (De  l'Aulnaye).  Ce  chipe  correspond 
à  angl.  chip,  copeau. 

OHIPIS,  terme  populaire,  d'origine  incer- 
taine. On  rapproche  de  ce  mot  le  subst.  vfr. 
chipoe,  grimace,  mauvaise  mine.  Dans  le  pa- 
tois norm.,  chiper  signifie  crier;  serait-ce  le 
primitif  du  mot?  femme  criarde  ?  En  tout  cas, 
i'all.  chepisa,  aig.  hebse,  concubine,  qu'on  a 
aussi  allégué,  n'a  rien  à  voir  ici. 

OHIPOIiATA,  de  l'it.  cipollata,  m.  s.,  dér. 
de  cipolla,  ciboule. 

CâPOTBR,  s'arrêter  à  des  riens,  vétiller, 
lanterner,  de  'chipe,  bagatelle,  vétille  (voy. 
chiper).  —  D.  chipotier. 

1.  GHIQUll,  puce  ;  prob.  le  même  mot  que 
chiche  1,  petit. 

2.  GHIQUl,  propr.  petite  quantité,  petite 
chose,  est,  conmie  le  précédent,  une  variété 
de  chiche  1 ,  d^ns  le  sens  de  petit,  mince.  — 
D.  dimin.  chiquet,  petite  partie  ;  verbe  chi- 
quer, manger,  pr.  broyer  en  petits  morceaux, 
on  manger  une  chose  de  peu  de  valeur  (cp. 
briferde  brife  «=  brib^, 

OHIQUINAnDB,  selon  Génin,  un  composé 
de  chique,  petite  chose,  puis  petite  monnaie 
(voy.  chiche),  et  de  naud,  qui  serait  une  con- 
traction de  nasaud;  chiquenaude,  d'après 
cette  coigecture,  serait  une  chique  fiasaude. 
Génin  cite  à  l'appui  l'expression  allemande 
nasenstliberts»  cïnquBTkBXxâid,  litt.  stuber  {nom 


d'une  monnaie)  de  nez.  Cette  étymologie  est 
surjette  à  caution.  Le  picard  dit  ptkenote; 
Rabelais  chinque-naude. 

CHIQUER,  voy.  chique  2.  —  D.  subst.  ver- 
bal chique  (de  tabac). 

CHIQUET,  petite  parcelle,  voy.  chique  2. 

—  D.  chiqueter,  déchiqueter, 
CHIRAGRB,  goutte  aux  mains,  de  x*^p*^vp» 

^tlp  +  cr/pa),  cfr.  podagre,  goutte  aux  pieds, 
ous  retrouvons  encore  l'élément  chir  ou 
cAtro,  représentant  le  grec  Y.tlp,  main,  dans 
les  motâ  usuels  suivants  : 

1.  Chirographb,  écrit  de  propre  main, 
d'où  chirographaire. 

2.  Chiromancie,  divination  (/uayTcfa)  par 
l'inspection  de  la  main. 

3.  Chirurgik,  gr.  xctpoupyCa,  litt.  opération 
avec  la  main.  —  D.  chirurgien,  vfr.  sirur- 
gien,  surgien  (angl.  surgeon). 

CHLORE,  CHLORATE,  CHLORIQUE,  CHLO- 
RURE, termes  savants  tirés  du  grec  x^^P^^* 
vert  clair,  pâle. 

CHLOROFORME  est  forgé  avec  les  éléments 
chlore  et  forme,  abstrait  du  t.  de  chimie  for- 
mique  (de  L.  formica,  fourmi). 

CHLOROSE,  gr.  x^i^p^^i  (de  x><»/>o'«'>  P&le.) 

—  D.  chlorotique. 
CHOC,  voy.  choquer. 

CHOCOLAT,  anc.  chocolaté,  it.  cioccoîata, 
esp.  chocolaté.  Le  nom  de  cette  substance  est 
le  mexic.  chocoUUtl.  Nous  ne  trouvons,  quant 
à  sa  composition,  pas  d'autres  renseignementa 
que  ce  qui  suit  :  1 .  «  Du  mexicain  choco,  bruit, 
et  lattle,  eau  ;  les  Mexicains  préparaient  le 
chocolat  en  le  faisant  mousser  dans  de  l'eau 
chaude.  »  (Bescherelle) ;  2.  -Du  mex.  choco, 
cacao,  et  lattle,  eau.  »  (Dochez.)  Nous  lais- 
sons à  ces  auteurs  la  responsabilité  de  ces  ' 
assertions,  que  nous  ne  sommes  pas  à  même 
de  vérifier. 

GH(BUR,  L.  chorus  (xopôi).  Ce  mot  a  fini 
par  signifier  aussi  la  «  place  «  où  se  tient  le 
chœur,  et  par  désigner  une  des  divisions  prin- 
cipales d'une  église. 

CHOIR,  vfr.  cheoir,  du  L.  cadere  (traité 
d'après  la  2"  coi\jugaison,  donc  prononcé 
cadére),  prov.  cazér,  it.  cadér.  Du  part,  passé 
L.  cadxUus*,  it.  caduto,  fr.  clie-u  chu,  vient 
le  subst.  participial  chute,  prov.  casuta.  Du 
part.  prà.  chéanJt  vient  chéance',  chance 
(v.  c.  m.).  —  Composés  :  déchoir,  échoir, 
mescheoir';  rechoir  d'où  rechute. 

CHOISIR,  primitivement  =  voir,  aperce- 
voir, discerner,  rouchi  chusir,  prov.  causir, 
chausir;  du  goth.  hausjan,  essayer,  examiner 
(cfr.  le  nom  propre  Choisy,  de  Causiacum). 
Si  la  forme  prov.  était  cavisar  au  lieu  de 
causir,  Diez  donnerait  la  préférence  au  goth. 
kiusan  (ail.  mod.  hiesen),  élire.  —  D.  chois*„ 
choix,  angl.  choice. 

CHOIX,  subst.  verbal  de  choisir. 

CHÔMER,  d'après  Diez,  de  calme  (y.  c.  m.). 
Littré  oppose  À  cette  étymologie  que  la  plus 
ancienne  forme  du  mot  est  choiiter  et  non  pa& 
chaumer;  il  préfère  donc  le  celtique  :  bret. 
choum,  s'arrêter,  cesser,  gaél.  cum,  anê^r. 


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CHO 


—  106 


CIC 


Mallieureusement,  Arbois  de  Jobainvilie, 
grande  autorité  en  cette  matière,  tient  ces 
mots  celtiques  pour  empruntés  au  roman. 

GHOPB  (d'où  cTwpme),  gobelet  contenant 
environ  un  demi-litre;  de  l'ail,  schoppen, 
m.  s.  (de  schùpfen^  puiser).  Ménage  y  voyait 
un  L.  cuppina,  dim.  àecuppa;  mais  le  c  latin 
devant  0  ou  u  ne  devient  jamais  ch, 

GHOPINE,  voy.  chope.  —  D.  chopiner. 

CHOPPER,  vfr.  souper,  heurter  du  pied, 
trébucher  ;  vient  du  subst.  vfr.  chope,  tronc 
d'arbre,  souche  (pour  la  filiation  des  idées, 
cp.  broncher  et  choquer).  Quant  à  chope,  je 
n'en  connais  pas  l'origine;  je  doute  de  son 
rapport  avec  le  verbe  ni.  scJwppen,  ail. 
schupfeny  pousser  du  pied.  —  Cps.  achopper. 

CHOQUER,  angl.  shoch^  esp.  chocar,  heur- 
ter du  pied;  du  subst.  vfr.  choque  (dimin. 
chouquet),  it.  ciocco^  tronc,  bloc,  dont  l'ori- 
gine est  obscure.  —  D.  subst.  verbal  choc; 
adj.  choquant, 

CHORISTE,  qui  chante  dans  le  chœur,  et 
choral,  chant,  dérivés  du  L.  chorus,  fr.  chœur 
(v.  c.  m.),  dont  la  forme  latine  s'est  conservée 
dans  l'expi'ession  faire  chorus. 

CHOSE,  it.,  esp.,  port.,  prov.  oosa,  du  L. 
causa  (voy.  cause).  Le  mot  chose  s'est  substitué 
dans  les  langues  romanes  au  latin  res,  dont 
Tacc.  rem  a  donné  rien.  L'ail,  sache  réunit, 
comme  le  BL.  causa,  les  deux  significations 
de  cause  et  de  chose. 

CHOU,  vfr.  choV  (plus  souvent  le  dim. 
cholet),  it.  cavoîOf  esp.  col,  prov.  caul,  ail. 
kohl,  du  L.  caulis,  colis  (xauid«),  tige,  chou. 

CHOTJG,  choucas  noir;  du  mha.  chouch, 
hibou  (voy.  chouette).  —  D.  choucas  (prov. 
caucaîa). 

CHOUCROUTE,  corniption  de  l'ail,  sauer- 
kraut  (composé  de  sauer,  aigre,  et  hraut, 
herbe);  l'élément  chou  s'est  facilement  sub- 
stitué à  sauer  (prononcé  soûr  par  les  Suisses), 
le  tout  désignant  une  espèce  de  chou. 

CHOUETTE  (wallon  chaweUe),  dér.  de  vfr. 
choe,  pic.  cave,  prov.  eau,  chau.  Autre  dérivé 
du  môme  mot  :  pic.  caican,  Anjou  chouan, 
Berry  chavant,  prov.  c/wzuana;  bret.  kaouan, 
BL.  cavannus  (v®  siècle).  Le  mot  chat-huant 
nest  probablement  qu'une  transformation 
populaire  pour  chaûan.  Le  primitif  choe  doit 
être  identique  avec  le  mha.  chouch,  hibou 
(angl,  chouf/h,  chouette);  cp.  néerl.  kauto, 
corneille.  Voy.  aussi  chouc.  On  rencontre 
aussi,  pour  chouette,  la  forme  dérivative 
chevêche,  c)iavèche. 

CHOUQUBT,  bloc  de  bois,  voy.  choquer. 

CHOYER,  traiter  soigneusement  (hommes 
ou  choses),  ménager,  «*  contrcgarder  »  (Nicot). 
Deux  opinions  méritent  attention.  Bugge 
(Rom.,  III,  146),  mettant  en  parallèle  vfr. 
suer,  chuer,  cares.ser,  flatter  (xiii®  s.),  it. 
sotare,  flatter,  propose  le  goth.  suthjon,  cha- 
touiller. Cette  et.  laisse  des  doutes,  tant  pour 
la  lettre  que  pour  le  sens.  Havet  (ib.  331, 
note)  part  d'un  type  caïuxire  =*  cavicare  (de 
cacerettt  il  invoque  le  normand  couaycr 
(Guernesey),  ménager,  épargner;  «  couayer 
le  feu  n,  prendre  garde  au  danger  du  feu.  — 


Ne  vaudrait^il  pas  tout  aussi  bien  partir  du 
fréqu.  BL.  caulare,  traiter  avec  prôcaationi 

CHREME,  dugr.  ^(«y^a.  onction.  —  D.chré- 
meau, 

CHRE3T0HATHIE,  gr.  ypii9rofi6&€ia,  recueil 
d'extraits  de  choses  intéressantes  (xpn^fii)  & 
apprendre  (/io^clv),  tirées  de  différents  auteurs. 

GHRÂTIEN,  L.  christianus  (Christus).  ^  D. 
chrétienté,  L.  christianitatem;  christianisme 
est  un  terme  savant,  reproduisant  exactement 
le  gr.  xp(9i'(^9tvi7/K07. 

CHME,  L.  ehria^  de  x^s^x,  sentence. 

CHROME,  CHROMATE,  du  gr.  x^/m,'»ti>u 
couleur.  —  D.  chromatique, 

CHRONIQUE,  adj.,  gr.  y^ponitéi,  de  xp^^^ 
temps;  chronique,  subst.,  du  plur.  xpom«&» 
s.  e.  ^itïtot,  les  livres  des  temps  passés.  —  D. 
chroniqueur. —  L'élément  xpov^it  temps,  entre 
encore  dans  les  mots  suivants  : 

Ghronogramme,  inscription  marquant  la 
date. 

Cronolooir,  science  du  temps. 

Chronomètre,  mesure  du  temps. 

CHRTSALIDE,  gr.  xpuvalJif,-,  -£^o$  (de  xpwéu 
or).  Cp.  en  latin  aurelia  de  aurum, 

CHRYSANTHÈME,  gr.  xpMtkv^tf^o'» .  fleur 
d'or. 

CHRTSOCALE,  mot  industriel,  litt.  beau 
{Asàôi)  comme  de  l'or  (/jouj^^). 

CHRTSOLITHE,  gr.  xpu^e^ido;,  pierre  d*or. 

CHUCHOTER,  autrefois  chucheter,  aussi 
chuchiller,  prov.  chuchutare,  esp.  cucÀear, 
cuchuchear;  mots  imitant  le  chuchu  que  l'on 
entend  quand  on  est  près  de  deux  personnes 
qui  se  parlent  à  l'oreille.  Ce  sont  des  onoma- 
topées, de  même  que  les  équivalents  lat. 
sitsurrare,  angl.  tohisper,  it.  cicciorare, 
basque  chuchurlatu, 

CHUT,  onomatopée.  Cp.  it,  xitto,  esp.  chito, 
—  D.  chuter,  crier  chut. 

CHUTE,  voy.  chùir.  —  D.  chuter,  faire 
chute. 

CHYLE,  gr.  xw>o;,  suc.  —  D  chyltfier. 

CHTME,  gr.  yvfiôu  suc.  —  D.  chymifier, 

CI.  Les  formes  vfr.  iqià,  equi,  it.  qui,  esp., 
prov.  aqui  viennent  du  L.eccu^hic,  tandis  que 
it.  ciy  prov.  aici,  aissi,  cat.  assi,  fr.  ici  et  ci, 
accusent  une  provenance  de  ecce  hic,  contracté 
en  eccic.  Cfr.  ça, 

CIBLE,  anc.  cibe;  du  vha.  sdba,  aug* 
scheibe,  m.  s.  (angl.  shivc,  ni.  schyf).  La 
lettre  /  dans  cible  est  euphonique. 

CIBOIRE,  vase  consacré  aux  saintes  hosties, 
L.  ciborium  (nlùpiov).  — ^  On  trouve  sur  une 
épitaphe  gravée  sur  cuivre  dans  l'église  de 
Jollain-Mcrlin,  i  une  lieue  et  demie  de  Tour- 
nai :  *  Le  chibou/c  pour  mettre  corpus 
Christi.  »»  Ailleurs  chyboiUe. 

CIBOULE,  vfr.  civoUe,  it.  cipolla,  esp. 
ceboUa,  angl.  chibbol,  ail.  jtwiebel,  du  L. 
cœpuUa,  dim.  de  cœpa,  oignon  v.  ctw).  — 
D.  ciboulette. 

CICATRICE,  L.  cicatria;,  —  D.  cicatriser, 

CICEROLE,  voy.  chiche. 

CICÉRONE,  mot  italien,  tiré  du  nom  de 
Cicéron,  le  grand  orateur,  à  cause  de  la 
loquacité  de  ces  gens. 


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CIN 


407  — 


CIS 


dDRJS,  it.  sidro,  ddro,  esp.  sidra  (anc. 
9iffra)t  valaque  cigheaHii;  du  L.  sicera 
\tiitMov),  gâté  en  cicera,  d'où  ctdra  (cp.  ladre 
de  Lazarus). 

QWL,  L.  cœlum, 

CIERGB,  prov.  ciri^  du  L.  cereus  prononcé 
eerius  (de  cera,  cire). 

GIGALB,  it.,  pr.,  cat.  ciffala,  esp.  amarra, 
ta  L.  dcada.  Pour  d  =»  l,  comp.  it.  co/mco 
pour  caditco,  elîera  (lierre)  de  kedera.  -.-  Je 
n'admets  pas,  avec  Brachet,  dans  cigrale  une 
oontraction  de  L.  cicadula. 

dOARB»  de  Tesp.  cigarro,  qui  vient  de 
Hgarra,  cigale,  soit  par  iine  vague  compa- 
raison de  forme  avec  le  corps  d'une  cigale, 
Boit  par  l'intermédiaire  du  verbe  esp.  cigarrar^ 
papilloter.  —  D.  cigarier;  cigarette. 

GIGOCrNB,  L.  dconia.  En  vfr  ,  par  la  chute 
de  la  consonne  médiane  c  (cp.  vfr.  ceUe  «=» 
ciguë),  dconia  était  devenu  cëoigne,  puis 
soigne;  ce  dernier  nous  fournira  le  primitif  de 
8ùignolé[y.  c.  m.). 

GIGUfi,  vfr.  cette,  it.,  esp.  cicuta,  du  L. 
deuta^  m.  s. 

CIL,  L.  dlium.  —  D.  dller;  composé  dédl- 
1er,  orthographié  plus  tard  dessiller,  it.  disd- 
gliare. 

GILIGE,  L.  dlidum  (kiXxi^v),  étoffe  de  poil 
de  chèvre  (de  Cilicie). 

GDQr,  it.,  esp.,  prov.  dma,  du  L.  cyma 
(xw/t*»),  pousse,  pr.  la  partie  la  plus  élevée  d'un 
vôgétiil.  Cfr.  it.  %>etta,  qui  signifie  à  la  fois 
rejeton  et  sommet.  —  D.  dmier,  ornement 
qui  surmonte  la  cime  d'un  casque,  it.  cimiero, 
esp.  dmera. 

CIMENT,  angl.  cernent ,  du  L.  cœmentum 
(csedere),  moellon  ;  il  faut  d'après  cette  étym. , 
supposer  à  ciment  le  sens  propre  :  petits  mor- 
ceaux de  pien^es.  —  D.  dmenter. 

CIMETERRE,  it.  sdmitarra,esp.  dmitarra, 
mot  probablement  oriental  ;  on  cite  le  persan 
ehimchir.  Si,  toutefois,  le  mot  est  de  prove- 
nance espagnole,  dit  Diez,  l'explication  de 
Larramandi,  par  le  basque  dmc4arra,i*  celui 
au  fin  tranohant  »,  pourrait  bien  être  fondée. 

GIMBTiéRE,  it.  dmeterio,  esp.  dmenterio, 
vfip.  aussi  chimentire,  du  L.  ccemeterium 
(x9i^i9T>ict9y).  pr.  lieu  de  repos. 

ÔDOER,  voy.  dme.  Ce  même  mot,  employé 
coname  terme  de  boucherie,  a  donné  aux  Allo- 
inands  leur  ziemer. 

CINABRE,  it.  dnabro,  prov.  cynobre,  angl. 
■dnnabar^   ail.   zinnoher,   du   L.  dnnabaris 

CINÉRAIRE,  L.  dnerarius[àecinis,  cendre). 
-  1.  CINGLER,  autref.  singler,  esp.  singlar, 
vfr.  sigler,  naviguer;  du  vha.  segeîen,  nord. 
zigla,  faire  voile,  avec  insertion  de  n. 

2.  CINGLER,  frapper  avec  quelque  chose  de 
léger  et  de  pliant  (fouet,  lanière).  C'est  le 
même  mot  que  sangler,  qui  s'emploie  égale- 
ment pour  fustiger.  L'un  et  l'autre  viennent 
àe  dngle,  sangle,  qui  représentent  le  cingu- 
îum  latin  (voy.  sangle).  Cingle  signifiant  la- 
nière a  produit  le  verbe  dngler,  comme  fouet 
«  donné  fouetter,  et  it.  staffile,  étrivière, 
staffilare,  fouetter. 


dNNAMOME,  L.  dnnamomumlxtwijmfuw). 
De  là  :  vha,  sinamin,  mha.  zinment,  d'où 
nha.  zimmt,  cannelle. 

CINQ,  L.  guinque.  —  D.  dftquihne,  — 
Quinquaginta,  dnquante.  D.  cinquantième, 
-aine. 

CINTRE,  CINTRER,  voy.  cdndre.  Nous 
ajouterons  ici  que  les  formes  parallèles  it. 
centina,  centinare,  qui  paraissent  plus  an- 
ciennes, jettent  de  l'incertitude  sur  l'étymolo- 
gie  dncturare, 

CIPPE,  L.  dppus,  voy.  cep. 

CIRCON-,  forme  que  prend  en  français  la 
prép.  lat.  drcum,  autour,  dans  les  composi- 
tions ;  ne  se  rencontre  que  dans  des  composi- 
tions déjà  latinas  ;  nous  ne  connaissons  comme 
nouvelle  formation  faite  avec  cet  élément, 
parmi  les  mots  usuels,  que  drcœvooisin. 

CIRCONCIRE,  L.  drcumeidere,  couper  au- 
tour; drcondsion,  L.  cireumdsio. 

CIRCONFÉRENCE,  L.  drcumferentia  (de 
dt'cumferre,  litt.  porter  autour);  cp.  ntpif  iplx. 

CIRCONFLEXE,  L.  drcumflexiis  (fiecto), 
fléchi  des  deux  côtés. 

CIRCONLOCUTION.  L.  drcumlocuUo,  tra- 
duction littérale  du  gr.  mrAfptvii'^  cp.  l'ail. 
umschrdbung,  employé  dans  le  mémo  sens. 

CIRCONSCRIRE,  L.  drcumscribere,  tracer 
les  limites  autour  d'un  espace  ;  drconscription^ 
L.  drcumscriptio. 

CIRCONSPECT,  L.  drcumspectiis  (circum- 
spicere,  regarder  de  tous  côt^s  par  prudence); 
cp.  en  ail.  le  terme  analogue  iimsichtig.  — 
D.  drconspection,  L.  circumspectio. 

CIRCONSTANCE,  L.  drcumstantia,  traduc- 
tion exacte  du  gr.  mahr'X'jt^,  litt.  état  autour 
d'une  chose,  l'accompagnant;  cfr.  Tall.  wm- 
stand.  —  D.  drconstander,  drconstandel, 

CIRCONVALLATION,  du  L.  drciimoallare, 
fortifier  autour. 

CIRCONVENIR,  L.  drcumvenire,  qui  avait 
déjà  le  sens  métaphorique  propre  au  terme 
français. 

CIRCONYOISIN,  extension  de  voisin  au 
moyen  de  drcum,  autour;  voy.  l'art,  drcon, 

CIRCONVOLUTION,  du  L.  drcumvolvere, 
rouler,  tourner  autour. 

CIRCUIT,  L.  drcuitus  (circum-irc).  On.se 
sert  parfois  aussi  du  verbo  drcuir,  c»  L. 
circu-ire. 

CIRCULAIRE,  L.  drcularis;  verbe  ctrcw/cr, 
L.  drculari  Primitif  :  drculus  (dim.  de  dr- 
eus),  «  fr.  cercle,  ail.  zirkel. 

CIRE,  prov.,  it.,  esp.  c&^a,  du  L.  cera,  — 
D.  di^er,  drage,  drier. 

CIRON,  vfr,  siron,  bourguign.  soiron,  BL. 
sirio,  siro,  surio,  flam.  siere  (hoU.  zier),  du 
vha.  siuro,  m.  s. 

CIRQUE,  L.  drcus. 

CIRRE,  L.  drrus,  boucle  de  cheveux. 

CIS-,  préfixe,  signifiant  en  deçà,  du  L.  ds, 
m.  s. 

CISAILLES,  voy.  dsean.  —  D.  dsailler. 

CISEAU,  ciseV,  esp.  cincel,  port,  sizel,  it. 
cesello,  BL.  dsellus,  angl.  chisel,  L'étymo- 
logie  L.  cœstis,  coupé,  est  fort  problématique. 
Mieux  -vaut,   d'après  Diez,  celle  de  sicilica 


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CLA 


108  — 


CLA 


(Plaute),  petit  instrument  à  couper;  ce  voca- 
ble aura  été  altéré  en  sicilicellus,  sciicellus^ 
d'où  les  diverses  formes  romanes  citées.  —  D. 
cisailles  (cfr.  tenailles);  ciseler,  ciselet, 

CISELER,  -ET,  voy.  ciseau, 

CITADELLE,  de  Tit.  cUtadella,  dimin.  de 
città  «s  cité. 

CITABIN,  de  l'it.  dUadino,  dér.  de  città  = 
cité;  cp.  citoyen. 

CITÉ,  it.  città,  esp.  ciudad^  prov.  citctat, 
ciptat,  angl.  dty,  du  L.  cimtàiem  —  D.  citoyen 
(v.  c.  m),  concitoyen, 

GITERt  L.  citare;  subst.  citation,  L.  citatio. 

CITÉRIEUR,  L.  citerior  (de  citra,  en  deçà). 

CITERNE,  L.  cistema,  —  D.  dtemeau, 

CITHARE,  L.  cithara  [^i^xpo),  ail.  cUher, 
Voy.  aussi  guitare. 

CITOTEN,  vfr.  citien,  citeen,  prov.  ciptadan, 
d'un  tjTpe  civitadanus  (de  civitas);  cp.  mi- 
toyen =  mitadanus,  dér.  de  prov.  miiad,  fr 

CITRON,  dér.  du  L.  citrus  (citronnier),  d'où 
aussi  citrin,  -dque,  -ate,  et  citrouille  (v.  c.  m.). 

—  D.  dironnier, 

CITROUILLE,  par  un  tj^dtrucula  (p.  dtri- 
cula),  du  L.  citrus,  citron,  &  cause  de  la  c^u- 
leur. 

CIVE,  L.  cœpa,  oignon.  —  D.  dvet,  anc. 
dvé,  pr.  ragoût  dans  lequel  il  entre  des  cives; 
dvette,  espèce  d'ail.  L.  œ  changé  en  i,  se 
rencontre  encore  dans  dboule,  dment  et 
pivoine. 

CIVETTE,  chat  musqué,  it.  zib^o,  dbetto, 
angl.  dvet,  ail.  siheth,  bas-grec  JaTrin^v,  de 
l'arabe  zahàd,  zehed,  qui  proprement  signifie 
écume  ;  l'animal  a  pris  son  nom  de  la  sécré- 
tion odorante  qui  le  distingue. 

CIVIÈRE,  vénitien  cimera,  milanais  «aidera, 
sont  des  formes  dérivatives  de  l'it.  dcéa,dx>éo, 
traîneau  à  panier.  On  explique  ce  dernier  par 
le  BL.  camovehum,  charrette  à  transporter  le 
fumier,  puis  brancard,  civière,  mais  cette  éty- 
mologie  est  douteuse.  D'autres  proposent 
pour  sons  premier  un  engin  à  transporter  des 
provisions  de  bouche  et  pour  étymon  le  L. 
dbus, 

CIVIL,  L.  civilis;  dvilité,  L.  civilitas.  — 
D.  dviliser, 

CIVIQUE,  L.  dvicus.  —  D.  civisme,  néolo- 
gisme; terminaison  grecque  appliquée  à  un 
radical  latin. 

CLABAUD,  propr.  chien  aboyeur,  appar- 
tient, comme  clapir,  glapir,  à  la  racine  ger- 
manique, d'où  l'ail,  klûffen,  néerl.  klappen, 
suéd .  glappa,  faire  du  bruit,  bavarder,  aboyer. 

—  D.  clahauder, 

CLAIE,  anc.  cloie,  prov.  cleda,  BL.  clida; 
le  type  direct  d'où  vient  date  est  cleta  (Gré- 
goire de  Tours  a  le  dim.  cletella).  Le  mot  est 
celtique  :  v.  irl.  dyath,  cymr.  cltoyd,  même 
sign.  (irl.  ia,  cymr.  loyetë  sont  des  modalités 
vocales  qui  se  correspondent).  —  D.  clayon, 
clayonnage,  cloyère  (tiré  de  l'anc.  forme 
cloie). 

Clair,  L.  clarus.  —  D.  clarté;  clairet 
(angl.  claret)  ;  clairière  ;  clairon,  BL.  claro, 
angl.  Clarion  ;  darine,  clarinette  (cp.  en  latin 


le  terme  clarisonus)  ;  éclairer,  éclairdr  (v. 
ces  mots).  Composé  :  clairvoyant;  claire-voie, 
anc.  clairvoie  (de  voir  ou  de  voief)  ;  clairsemé. 

CLAMEUR,  L.  clamor.  L'ancienne  langue 
se  servait  encore  beaucoup  de  clamer,  appeler 
(angl.  daim),  d'après  le  L.  clamare.  De  cla^ 
mosus,  criard,  vient  clameux,  p.  ex.  dans 
chasse  clameuse  s»  chasse  bruyante. 

CLAMP,  morceau  de  bois  servant  à  jumeler 
un  jnât;  hoU.,  angl.  clamp,  ail.  hlampe, 
crampon  (tous  mots  congénères  avec  l'alU 
klemmen,  serrer,  presser). 

CLANDESTIN,  L.  dandestinus  (rac  clam). 

CLAPET,  petite  soupape,  ail.  klappe  •=  cla^ 
pet,  valvule,  languette  (cfr.  klappen,  klap^ 
pem,  faire  du  bruit,  claquer,  cliqueter). 
BL.  clappa,  trappe. 

CLAPâiR,  dérivé  du  prov.  clap,  tas  de 
pierres  (d'où  aclapar,  entasser),  BL.  clapus, 
acervus  lapidum,  hara  cunicularia  ;  les  ga-^ 
rennes  étaient  formées  d'abord  au  moyen  de 
pierres  superposées  de  manière  à  ménager  des 
trous  de  retraite.  Quant  à  dapus,  les  uns  lo 
rapportent  au  cymr.  clap,  clamp,  masse,  d'au- 
tres au  nord,  hlaupp,  roc. 

CLAPIR  (dit  du  cri  des  lapins),  de  la  même 
famille  que  dahaud,  clapoter. 

CLAPIR  (SE),  se  cacher,  selon  Diez.  du  L. 
se  depere,  se  dérober  ;  selon  d'autres,  le  terme 
s'employant  particulièrement  des  lapins,  de 
dap  (voy.  clapier),  donc  pr.  s'entasser.  Du 
Gange  pensait  au  BL.  dappa,  trappe,  piège. 

CLAPOTER  rappelle  lall.  klappen,  angl. 
clap,  clapper,  tous  verbes  exprimant  le  bruit 
produit  par  le  choc  des  corps. 

CLAQUE,  mot  onomatopée  exprimant  un 
bruit  sec  et  éclatant,  comme  celui  du  coup  du 
plat  de  la  main  ;  cp.  mha.  klac,  néerl.  klak- 
lien,  claquer,  ail.  klack  (interjection)  et  klut" 
schen;  cat.  daca,  babil,  norm.  daquard, 
babillard.  Clac,  d'ailleurs,  n'est  qu'une  va- 
riété  phonique  de  clap.  —  D.  claquer,  cla* 
queur,  claquet;  daqueter,  daquette;  daque* 
dent,  misérable  qui  tremble  de  froid.  —  De 
la  même  espèce  est  l'ancien  verbe  cliquer, 
retentir.  L'expression  clique,  société  de  caba* 
leui*s,  est  tout  à  fait  analogue  à  claque,  réu- 
nion de  claqueurs.  —  Cliques  et  daques,  expr. 
populaire,  =  l'ensemble  des  choses  d'une 
maison,  réunies  bruyamment  pour  les  enle- 
ver. L'ail,  a  le  terme  analogue  gerùmpel,  de 
rumpeln,  faire  du  bruit. 

CLAQUEMURER,  dérivé  du  subst.  claque^ 
mur,  -  homme  qui  claque  n  (tape,  bat)  le  mur 
de  sa  prison,  prisonnier  (Meunier). 

CLARIFIER,  L.  clarificare.  —  D.  clarifica- 
tion. 

CLARINE,  CLARINETTE,  dér.  de  dair 
(v.  c.  m.). 

CLARTÉ,  L.  claHtatem  (clarus).  En  vfr. 
aussi  =>  renommée. 

CLASSE,  L.  dassis. —  D.  classique,  L.  das^ 
sicus  (qui  est  de  la  première  classe)  ;  classer, 
déclasser;  classification. 

CLATIR,  onomatopée  d'une  racine  dat^ 
exprimant  un  bruit,  conmie  clcu:,  dap;  cp« 
ail.  klatschen,  ni.  klateren. 


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CLI 


109  — 


CLO 


CLAUDE,  sot»  imbécile  ;  du  nom  de  baptême 
Claude ;cp.  Benoit,  Nicolas,  etc.,  employés 
dans  le  même  sens. 

GLAUDIOATION,  L.  cïaitdicatio.decïaudus, 
boiteux  (voy.  clocher). 

GLAUSII,  pr.  chose  arrêtée,  disposition,  du 
L.  dausa,  substantif  participial  de  claudere, 
clore,  conclure;  c'est  le  primitif  du  dimin. 
clausula,  it.  clausoUif  fr.  clausule,  ail.  A/au- 
sel. 

CLAUSTRAL»  L.  daustralis,  de  claustrum 
s=  fr.  cloître, 

CLAVEAU,  claoel,  1 .  terme  d'architecture, 
dér.  de  L.  clavus,  dou,  le  claveau  étant  taillé 
en  forme  de  coin  ;  2.  terme  d'art  vétérinaire, 
maladie  des  bêtes  à  laine,  dér.  de  claovts, 
clou  (la  pustule  étant  comparée  à  un  clou)  ; 
de  là  claoelée.  —  D'autres  placent  le  nom  de 
la  maladie  dans  l'élément  celtique  :  gaél. 
clavar,  teigne,  gale. 

CLAVECIN  est  tronqué  de  claoicymbalum, 
nom  donné  d'abord  à  cet  instrument  (it.  claoi- 
cemhalo  et  gracicembalOf  esp.  clavecimbano), 
composé  du  L.  elaeis,  au  sens  de  touche  mo- 
bile  (d'où  le  mot  claoier,  ensemble  des  touches 
ou  clefs  du  clavecin)  et  de  cymbalum,  instru- 
ment à  forte  résonance. 

CLAVETTE,  dim.  moderne,  tiré  de  L.  cla- 
vis,  clef. 

CLAVICULE,  voy.  chemUe. 

CLAVIER,  voy.  clavecin.  Clamer  se  repro- 
duit dans  l'ail,  hlavier,  devenu,  dans  cette 
langue,  le  nom  du  clavecin. 

CLAYON,  voy.  claie. 

CLEF,  L.  clavis  (cfr.  nef,  de  navis;  grief, 
de  gravis). 

CLEMATITE,  gr.  xl^j/Aarên;  (de  xX^/axW,-, 
menue  branche). 

CLEMENT,  L.  clemens.  —  D.  clémence,  L. 
clementia. 

CLEPSTBRE,  it.  clessidra,  du  L.  clepsydra 

(xislrû^ose),  m.  s. 

CLERC,  L.  clericus  («3i»ï,oixo';),  de  clerus 
(*lrtpoi],  clergé;  pr.  appartenant  ou  aspirant  à 
l'état  ecclésiastique,  puis  homme  lettré,  enfin 
homme  de  plume,  greffier,  commis,  apprenti 
(de  là  la  locution  pas  de  clerc }.  De  clerc  pro- 
cède le  vieux  mot  clergie,  condition  de  derc, 
doctrine,  science.  —  Le  latin  clericus  a  pro- 
duit subst.  clericatus,  d'où  fr.  clergé,  corps 
des  clercs  ;  —  clericatura,  fr.  clericature  ;  — 
clericalis,  fr.  clérical, 

CLERGÉ,  voy.  clerc, 

CLÉRICAL.  CLÉRICATURS,  voy.  cUrc. 

CLICHER,  variété  de  cliquer;  cp.  en  alle- 
mand le  terme  équivalent  ab-klatschen  ae 
dicher,  de  kUOschen^  claquer.  L'opération  du 
clichage  est  envisagée  comme  se  faisant  avec 
le  plat  de  la  main. 

CLIENT,  L.  c/t6n5.  — D.  clientèle,  L.clien- 
Uia. 

CLIFOIRE,  jouet  d'enfant,  voy.  sous  écîa' 
hausser. 

CLIGNER,  vfr.  cliner,  clinner,  du  L.  di- 
naré,  incliner,  baisser  la  paupière.  Pour  la 
forme  cligner,  cp.  vfr.  crigne,  p.  crine,  L, 
crinis;  la  forme  vfr.  clingier  accuse  un  type 


clinicare.  —  D.  clin  (subst.  verbal),  cligne^ 
ment;  dim.  clignoter, 

CLIMAT,  L.  clima,  gén.  climatis  (xAi/cx).-^ 
D.  acclimater. 

CUMATÉRIQUE,  du  h,climactericus(^\ifuat 
rriptKôi),  de  x)i(/caxni/3,  échelon,  puis  les  divers 
degrés  de  l'échelle  de  la  vie  humaine. 

CUN,  dans  clin  d*ceil,  voy.  digner. 

CLINGHE,  ou  clenche,  principale  pièce  du 
loquet,  en  Belgique  diche  et  clichkte,  pic. 
cliquet;  c'est  l'ail,  klinhe,  néerl.  hlink, 
loquet. 

CLINCAILLE,  voy.  clinquant. 

CLINIQUE,  L.  dinicus,  gr.  xAcyixo's  (de  xlfyij, 
Ut). 

CLINQUANT,  lorr.  dindant,  prov.  mod. 
clincan,  soit  de  l'onomatopée  allemande 
klingklang,  soit  un  part.  prés,  de  clinquer=» 
néerl.  klinken,  ail.  klinhen  et  hlingen,  son- 
ner, tinter,  rendre  un  son  métallique.  Les 
Allemands  rendent  clinquant  ^aivrauschgold, 
litt.  or  bruyant.  —  Le  subst.  dincaille,  dérivé 
du  même  radical,  et  signifiant  ustensiles  de 
ménage  en  métal,  s'est  altéré  en  quincaille, 
d'où  quincaillier,  quincaillerie, 

CLIQUER,  d'où  clique,  voy.  claque.  —  D. 
cliqueter  (d'où  cliquetis),  cliquet,  cliquette. 

CLISSE,  vfr,  clice  (d'où  le  composé  esclice*, 
éclisse),  du  vha.  hliozan,  fendre.  Pour  vha. 
io  =  fr.  t,  cp.  fr.  quille  du  vha.  kiol.  —  D. 
disser, 

CUVER,  de  l'ail,  klieben,  ags.  cleofan, 
angl.  cleave,  fendre. 

CLOAQUE,  L.  cloaca(àe  cluere  =:  purgare). 

CLOCHE,  BL.  doca{yni'^  siède),  prov.  cloca, 
clocha.  (En  vfr.  et  quelques  parties  de  la 
France,  on  appelle  aussi  cloche  ou  cloque  un 
large  manteau  de  voyage  ;  c'est  de  là  que  les 
Anglais  ont  tiré  leur  cloak.)  Il  y  a  lieu  de 
douter  si  les  formes  germaniques  :  ags.  clucga, 
nord,  klucka,  vha.  clocca  (ix*  siède)  et  glocca 
(ail.  mod.  gloche,  angl.  dock),  ou  les  mots 
celtiques,  irl.  clqg,  cymr.  doch,  sont  les  ori- 
ginaux ou  des  reproductions  du  mot  roman. 
On  a  donc  proposé,  pour  ce  dernier,  diverses 
étymologios,  telles  que  :  verbe  fr.  clocher  (v. 
c.  m.)  à  cause  du  balancement  de  la  cloche, 
—  ags.  doccan,  angl.  cluck,  glousser  (cp. 
closseri,  —  vha.  hlochôn,  frapper,  —  vha. 
hloppen,  frapper,  roraanisé  en  cloppicare, 
d'où  clocher.  La  dernière  conjecture  se  re- 
commande le  plus  à  cause  de  l'existence  du 
^alaque  dépôt  ^=»  cloche.  Cp.  aussi  ail.  hlop- 
pel,  battant  de  cloche.  —  D.  clocher,  BL. 
clocarium;  clochette,  clocheton. 

CLOCHER,  boiter,  pic.  cloquer,  prov.  dop- 
char,  vient  ou  du  L.  daudicare,  m.  s.,  ou,  vu 
la  facture  du  mot  provençal,  d'un  BL.  cloppi- 
care, issu  de  BL.  cloppus  (voy.  dopin),  qui 
parait  tenir  à  l'ail,  hloppen,  frapper  (en  pre- 
mier lieu,  comme  hlappen,  produire  un 
bruit).  Cette  dernière  explication  gagne  en 
vraisemblance  par  le  rapprochement  de  l'it. 
zoppicare,  boiter,  zoppo,  boiteux,  qui  se  rat- 
tache à  l'ail,  schuppen,  heurter,  et  celui  du 
vieux  verbe  français  doper  —  clocher  (voy. 
dopin).  L'idée  boiter  se  déduirait  donc  du  fer 


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CLU 


HO 


CGC 


d'un  cheval,  qui  s'est  détaché  ei  qui  clapote 
contre  la  terre,  ou  bien  de  l'effet  de  la  clau- 
dication, qui  est  de  se  heurter,  de  trébucher. 

—  Cps.  à  cloche-pied, 

CLOISON,  du  L.  clausio  closio,  fermeture 
(de  daudere).  Cp.  poison  de  potio»  —  D.  cZot- 
sonnage, 

GLOÎTREt  angl.  cloister,  ail.  hloster,  du  L. 
cîaustrumy  barrière,  clôture.  —  D.  cloîtrer. 

CLOPIN-OLOPANT,  terme  familier.  Cett« 
expression,  comme  le  verbe  ancien  doper  et 
son  dérivé  clopiner  y  tire  son  origine  d'un 
ancien  adj.  clop,  boiteux,  BL.  cloppus  (Lex 
Alam.).  Ce  cloppus ^  à  moins  que  l'on  n'ap- 
prouve l'étymologie  aventureuse  claudipes  ou 
clodipes  (de  claudus  et  pes),  ou  bien  celle  du 
grec  jfwiofTTow,-,  perclus  du  pied,  doit  provenir 
du  germanique  kloppen,  frapper  (voy .  clocher). 

—  De  clop  :  Vndj.  éclopé,  boiteux,  estropié. 
CLOPORTE ,  mot  altéré  de  claiisporque^^vcs^ 

clusilis,  porc  enfermé.  Cette  étymologie  se 
confirme  par  le'  rapprochement  des  noms 
donnés  à  ces  insectes  dans  différents  dialectes  : 
en  Languedoc  jooMrceZ^i^,  en  Italie  ^orcc/7inî, 
porceletii,  en  Anjou  et  Bretagne  trëes  (truiesj, 
à  Lyon  et  en  Dauphiné  kaïons  (cochons),  en 
Champagne  cochons  de  saint  Antoine.  Les 
Grecs  et  les  Latins  les  nommaient  des  petits 
ânes,  gr.  ôv(»xo«,  L.  asellus,  d'où  Vall.  assel  = 
cloporte).  Cselius  Aurelius,  cependant,  emploie 
dé^à porcellio.  —  Bugge  (Rom.,  IV,  353),  se 
fondant  sur  le  nom  actuel  de  cloporte  dans  le 
prov.  mod.,  porquet-de-crota,  suppose  comme 
forme  première  crote-porque  (porc  de  cave,  de 
grotte),  d'où  clote-porte  {dota  p  crota  se  dit 
encore  en  prov.),  doù  c?qpoWe  (op.,  p.  la  con- 
traction, cJiamphtre  fr.  chantepleiire).  La 
forme  dausporque  (xvii®  siècle)  parait  être 
une  interprétation  ;  on  trouve,  au  xvi"  siècle, 
douporte,  dooporte. 

CLORE,  dorj'e*,  du  L.  daudere^  daud*re. 
Du  part,  passé  daiisiis  :  fr,  dos  y  employé  à  la 
fois  comme  adj .  («  à  huis  clos,  porte  close  •) 
et  comme  subst.  dans  le  sens  de  ««  espace 
fermé  ».  De  là.  les  dérivés  doseait,  doset,  do- 
sette,  doserio.  —  Composés  de  clore  :  édore 
(v.  c.  m.),  enclore,  déclore.  —  Édore  et  en- 
clore sont  étymologiquement  identiques  avec 
eosclure  et  inclure  et  tirés,  sous  Tinfluence  du 
primitif  c/ore,  dos  formes  latines  indudere, 
eœdudere.  —  L'anglais  a  tiré  sa  forme  dose 
du  fréq.  dausare.  ^ 

GLOSEAU,  CLOSERIE,  voy.  dore, 
CLOSSER,  variété  de  glousser  (v.  c.  m.). 

CLOTURE,  dér.  de  L.  daudere  par  un  su- 
pin barbare  daustum;  l'anc.  langue  employait 
plus  souvent  closure  (de  clausum).  —  Du  dô- 
turer, 

CLOU,  vfr.  do  y  wall.  dà,  prov.  dau,  esp, 
daoo,  it.  chiavo,  du  L.  davus.  —  D.  douar, 
esp.  daoar,  31.  davare;  douter,  garnir  de 
clous,  p.  doueter;  doiUie)'  (cp.  feutier  de  feu). 
Composés  ;  dédouer,  endouer, 

CLOTURE,  panier  à  huîtres,  dér.  de  doie, 
ancienne  forme  pour  claie  (v.  c.  m.). 

CIiUB,  mot  anglais.  —  D.  clubiste. 


CLT30IR,  du  gr.  x3tvifcy,  laver,  ^  est  le 
primitif  aussi  de  x)iw<rnj/9,  pr.  le  nettoyeur, 
d'où  fr.  dy stère.  Du  même  x^^ûjitv  vient  dysù% 
pompe  (pompe  &  laver). 

CLYSTÈRB.  voy.  l'art,  préc. 

CO-,  CON-  (par  assimilation  devant  les  la» 
biides  com,  devant  1,  col,  devant  r,  cor;  de^ 
vant  des  voyelles  co).  Ce  préfixe  latin  repré- 
sente, conune  on  sait,  la  préposition  cum^ 
avec.  Nous  n'avons  pas  à  exposer  ici  les  modi^ 
fications  de  sens  qu'il  conférait  en  latin  au 
primitif;  les  langues  romanes  ne  s'en  sont 
guère  servies  conrnie  élément  de  composition. 
On  ne  le  rencontre,  à  peu  d'exceptions  près, 
que  dans  des  vocables  formés  d'après  un  pré* 
cèdent  latin.  Quelquefois  les  composés  latins 
en  question,  en  se  romanisant,  se  détériorent 
au  point  de  ne  plus  laisser  reconnaître  la 
particule  latine,  ainsi  dans  cailler,  couvrir, 
coudre,  coucher,  cueillir,  etc.  Dans  les  caa 
rares  où  le  roman  se  sert  de  la  particule 
pour  créer  des  composés,  elle  exprime  asso^ 
ciation  (p.  ex.  coaccusé,  compoffnon,  conci- 
toyen, confrère,  combattre),  entourage  (con^ 
tourner),  ou  renforcement  (cotitrouver).  — 
Nous  omettons  dans  ce  livre  les  mots  de 
façon  nouvelle,  qui  s'expliquent  d'eux  mêmes, 
comme  coaccusé,  coadjuteur  et  sembl. 

COACTIP,  COACTION  (L.  coactio),  dérivés 
du  L.  coactum,  supin  de  cogère  (p.  coagere), 
contraindre. 

COAGULER,  du  L.  coagulare,  qui  s'est  in- 
troduit dans  le  fonds  populaire  de  la  langue 
sous  la  forme  cailler  (v.  c.  m.).  —  D.  coo^m- 
UUio7%. 

COALESCENT,  -ENOE,  du  L.  coalescere, 
s'unir  à,  faire  corps  avec.  Du  supin  du  même 
verbe,  coalitum,  le  fr.  a  tiré  :  coalition;  se 
coaliser  (par  un  type  fictif  coalitiare). 

COALISER,  COALITION,  voy.  l'art,  préc. 

COASSER,  L.  coaacare  (de  xo'à^  onomato^ 
pée). 

COBALT,  de  l'ail,  hobalt,  m.  s.,  sur  Tori^i 
gine  duquel  voy.  Grimm,  s.  v. 

COCAGNE,  it.  cuggagna,  esp.  cucaiia,  v. 
angl.  cokaygne,  signifie  proprement  une  e&i 
pèce  de  pain  ou  de  gâteau  ;  de  là  l'expression 
pays  ds  cocagne,  pays  où  tout  abonde,  pays  de 
délices,  et  les  autres  applications  de  ce  mot.  Le 
primitif  est  le  mot  cat.  coca,  pic.  couque,  gâ- 
teau  (du  L.  ooquere,  cuire),  qui  a  également 
donné  l'ail,  kuchen,  gâteau.  Le  v.  angl.  oo* 
haygne  parait  être  le  primitif  du  mot  actuel 
cokney  (anc.  coheney),  enfant  gâté.  ^*  Le 
mot  cocagne,  pain  conique  de  pastel,  vient 
du  L.  coccum,  kermès. 

COCARDE,  '  it.  coccarda,  angl.  cochade^ 
wall.  cockàd,  dérivé  probablement  de  coq,  4 
cause  de  la  ressemblance  avec  la  crête  de  cet 
animal.  Anciennement,  cependant,  le  mot  ne 
désignait  pas  un  insigne  porté  au  chapeau, 
mais  un  bonnet  porté  coquettement  sur  un 
côté  de  la  tête  ;  Rabelais  :  bonnet  à  la  co«« 
quarde.  Ce  dernier  sens  renvoie  à  l'anc.  adj. 
coquart,  vaniteux,  fat.  —  Ou  cocarde  tien- 
drait-il â  l'expression  «  coque  de  ruban  n  (ru- 
ban plissé  en  nœud)?. 


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coc 


—  111 


coc 


G00A8SB,  étrange  et  ridicule,  prob.  dé- 
rivé de  coq,  ogmme  coqiiard^  coquet.  Jadis,  on 
employait  le  mot  pour  coquille,  mais,  dans 
cette  acception,  il  est  différent  du  nôtre  et 
yient  de  coque, 

OOGATBIX,  animal  &ntastique,  espèce  de 
basilic,  esp.  cocotris;  mot  altéré  éj/L  \fr.  coco- 
drilîe,  esp.  cocotrix  =:  crocodile. 

GOGGINELLI!,  nom  savant  de  la  bête  à  bon 
Dieu  ;  du  L.  coccinus,  de  couleur  écarlate  (de 
caecum,  grain  rouge). 

1.  GOGHS,  vfr.  coque,  bateau,  it.  cocca, 
esp.  coca,  La  forme  italienne  se  refuse  à  Téty- 
mologiè  L.  caudica,  que  Papias  interprète 
par  namcuJa.  Diez  le  fait  venir  du  L.  concha, 
coquille,  vase,  et  cite  à  Tappui  it.  cocchiglia, 
de  conchylium,  et  le  dim.  yîv,  coquet,  qui  si- 
gnifie bateau  et  vase.  On  trouve  également  le 
mot  roman  dans  les  idiomes  germaniques 
et  celtiques  :  vba.  koccho,  dan.  hogge,  néerl. 
hog,  cymr.  cv)ch,  bret.  kohed, 

2.  GOGHE,  voiture  couverte,  surtout  grande 
voiture  de  transport  en  commun,  it.  cocchio, 
esp.  coche,  angl.  coach,  ail.  hutsche,  néeri. 
koets,  La  forme  italienne  favorise  l'étjmologie 
L.  conchulus,  petite  coquille,  ou  cochJea,  co- 
quille de  limaçon.  La  dérivation  du  hongrois 
ftoto^(valaque  code,  albanais  cotsi,  bohémien 
hotsch)  ne  s'accorde  pas  avec  Tit.  cocchio,  bien 
qu'elle  s'appuie  d'un  passage  d'Avila  où  il  est 
dit  que  Charles-Quint  se  mit  à  dormir  dans 
une  voiture  couverte  u  al  quai  en  Hungrialla- 
man  cocTie,  el  nombre  y  la  invencion  es  de 
aquella  tierra  ».  Diez  est  donc  d'avis  que  fr. 
coche  vient  de  l'it.  cocchio,  comme  niche  de 
nicchia.  —  D.  cocher;  porte  oocAére. 

3.  GOGHS,  entaille,  prov.  coca,  it.  cocca, 
angl.  cock.  Probablement  d'origine  celtique  ; 
le  gaél.  a  sgoch,  m.  s.,  le  breton  coch.  Le  mot 
désigne  particulièrement  l'entaille  faite  à  l'ar- 
balète pour  arrêter  la  corde  ou  à.  la  flèche 
pour  l'assujettir  à  Ja  corde.  De  là  les  verbes 
encocher  et  décocher. 

4.  GOGHS,  truie,  primitif  de  cocJion  (v.  c. 
m.),  esp.  cochiiia.  Coche  ayant  d'abord  si- 
gnifié l'animal  châtré,  ce  mot  pourrait  se  rat- 
tacher au  précédent  signifiant  entaille.  Diez 
rapproche,  pour  justifier  ce  rapport,  l'esp, 
carnero,  mouton,  et  le  piémontais  crina 
(truie),  qu'il  rattache  à  L.  cretm,  entaille.  Il 
repousse  comme  primitif  le  cymr.  hwch,  bret. 
hoc* h,  houe* h,  cochon  (d'où  l'angl.  hog).  Littré 
observe  que  la  signification  première  d'ani- 
mal châtré,  prêtée  à  coche,  n'est  pas  consta- 
tée et  que  l'origine  celtique  a  plus  de  vrai- 
semblance (h  aspirée  changée  en  c  dur).  Le 
hongrois  a  hotza,  l'illyrien  kutsitza.  —  u.  co- 
chon {^^  m.). 

COGHlSflLLS,  it.  cocciniglia,  esp.  cochi- 
niîla,  dérivés  du  L.  coccinus  (coccum),  cou- 
leur d'écarlate.  Voy.  aussi  coccinelle.  L'esp. 
cochinilla  signifie  aussi  cloporte,  mais,  en  ce 
sens,  il  est  distinct  de  notre  mot  et  vient  de 
cochino,  cochon  (voy.  cloporte).  Le  vfr.  cote- 
chiîle  est  le  diminutif  de  L.  coccum.  — ^  D. 
▼erbe  cocheniller. 

OOGHIR,  subst.,  voy.  a>c^2. 


GÔOHBR,  anc.  coucher,  chaucher,  du  L. 
calcare,  fouler,  presser, 

GOGHBT,  dim.  de  coq. 

GOOHSVIS,  alouette  huppée,  pic.  ctmot, 
wall.  cohlivis  (d'où  fr.  cochelivier).  Grandga- 
gnage  croit  le  mot  français  oocheois  formé  du 
wallon  et  analyse  celui-ci  en  livi  (  ««  i^s.  /a- 
werk,  néerl.  leuwerik,  alouette,  d'où  l'ail,  fer- 
che\  et  cok,  ce  genre  d'alouette  étant,  relative- 
mentaux  autres,  quant  à  la  forme,  caque  le  coq 
est  aux  poules.  Mahn  rapproche  cochevù  du 
port,  cotovia,  alouette  (esp.  totovia)  et  en  voit 
l'origine  dans  le  celtique  :  bret.  kodioch^ 
D'après  d'autres  cokiivis,  cochevis  représen- 
tent le  cri  de  l'oiseau  (Littré,  suppL). 

GOGHON,  porc,  type  de  la  malpropreté, 
voy.  coche  4.  De  là  :  cochonner  (ce  verbe  si- 
gnifiait anciennement  tuer  un  cochon  pour 
régaler  les  amis),  cochonnerie,  -ode,  -et, 

1 .  GOGO,  fruit  du  cocotier;  angl.  cocoa,  ail. 
hokos;  on  trouve  déjà  en  gr.  xowi.  —  D.  coco-^ 
tier. 

2.  GOGO,  terme  de  caresse  ou  de  moquerie, 
prob.  p.  cocot  et  dér.  de  coq;  cp.  cocote. 

3.  GOGO,  sorte  de  boisson;  d'origine  in- 
connue. 

GOGON,  dér.  de  coque.  —  D.  coconner, 

GOGOTB,  poule,  dér.  de  coq. 

OOGTION,  L.  coctio  (coquere).  Coction  est  la 
représentation  savante  du  mot  latin  ;  la  vraie 
forme  française  est  cuisson. 

GOGÏÏ,  variété  du  mot  coucou.  Par  anti- 
phrase, on  a  appliqué  au  mari  trompé  le  nom 
do  l'oiseau  qui  pond  ses  œufs  dans  le  nid  d'au- 
trui.  Encore  n'a-t-on  pas  besoin  d'admettre 
une  antiphrase,  si  l'observation  du  scoliaste 
Acron(ad  Horat.  Sat.  VI,  7)  est  juste  :  «  Cacu- 
lus  avis  hoc  vitio  naturali  laborat,  ut  ova,  ubi 
posuerit,  oblita,  sœpe  aliéna  calefaciat  n .  Le 
cocu  de  même  nourrit  des  produits  étrangers . 
L'étymologie  ci-dessus  est  appuyée  par  le 
vieux  substantif  cous,  celui  «  de  qui  sa  femme 
fait  avouterie  »  (adultère),  commo  dit  le  Père 
Labbe.  Cous  reproduit  le  BL.  cugus  (avec 
conservation  de  1'^  nomihatival),  altération  de 
cucus  (Isidore)  et  primitif  de  cuculus,  coucou. 
De  ce  cucus  dérive  BL.  cucucia,  adaltôre  de 
la  femme,  et  cucuciatus,  mari  trompé  (prov. 
cogotj).  Malgré  le  crédit  dont  jouit  cette 
étym.,  qui  convient,  en  effet,  au  prov.  cogul, 
cat.  cugul,  e^.  cuqmllo,  cudillo,  elle  sou- 
lève de  graves  difficultés  phonétiques  en  ce 
qui  concerne  le  fr.  cocw,  qui  ne  peut  s'accor- 
der  ni  avec  le  L.  cucus^  ni  avec  cuculus.  Aussi 
bien  qite  la  forme  prov.  cucut  (fém.  eue  (da), 
cocu  accuse  un  type  lat.  cocutus  et  un  radical 
coq.  Or,  en  présence  des  termes  synonymes 
champ,  coquard,  ooquUlard,  ail.  hàknrei 
(qui,  sans  aucun  doute,  comme  l'a  démontré 
Grimm,  est  un  composé  de  hahn,  coq),  angl. 
huckold  (s»  koke-ioold),  on  ne  saurait  mécon- 
nattre  dans  cocu,  un  dérivé  de  coq,  l'animal 
jaloux  par. excellence;  \bcocu,  c'est  celui  qui 
se  trouve  placé  dans  la  position  du  coq .  lésé 
dans  ses  droits  de  mari.  Cest  par  une  méta- 
phore analogue,  tirée  d'un  animal  tout  anesi  ar- 
dent et  jaloux  que  le  coq.  que  l'cMi  a  qualifié  lo 


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COI 


H2  — 


COL 


mari  trompé  de  cornard  ou  porte-cornes  (gr. 
x«par(a;,  xipxvfôpoi).  Cette  explication  étym. 
de  cocu  par  coq,  que  j*ai  dubitativement 
émise  dès  1861,  a  fait  Tobjet  d'un  long  et  sa- 
vant article  de  M.  Brickmann  dans  ses  «  Meta- 
phem  »  (1«  vol.,  pp.  521-533).  —  D.  co- 
cuoffe,  cocu  fier.  —  On  voit  l'ai^.  cocu  appli- 
qué au  sens  de  cornu  à  certains  objets 
(heaume,  pain,  chaudron)  ;  peut-on  admettre 
que  la  synonymie  de  cocu  avec  cornu  au  sens 
figuré  se  soit  transférée  au  sens  propre? 

CODE,  du  L.  codex,  m.  s.  (pr.  assemblage 
de  planchettes  à  écrire,  puis  manuscrit,  re- 
gistre), it.  codice,  esp.  codigo,  —  D.  codicille, 
L.  codicUlus;  néolog.  codifier,  -fication, 

GOEMPTION,  L.  cœmptio. 

COERCITION,  COERCITIF,  du  L.  co-ercere, 
forcer,  vfr.  coercer.  Au  lieu  de  coercition,  on 
disait  anc.  cohertion;  l'angl.  a  coercion. 

CCBUR,  it.  cuore,  prov.  cor,  L,  cor.  ^  D. 
courage;  écœurer.  —  La  locution  par  cœur 
rappelle  Texpression  prov.  et  esp.  decorar, 
apprendre  ou  réciter  par  cœur.  —  Autre 
combinaison  :  contre-cœur,  anc.  subst.  = 
dépit,  répugnance,  d'où  la  locution  adver- 
biale :  à  contre<œur. 

COFFRE,  it.  cofano,  esp.,  prov.  cofre,  angl. 
coffer;  dans  le  sens  de  panier  ou  étui,  esp., 
prov.  cofin,  fr.  coffin  (l'angl.  coffin  signifie 
cercueil).  Toutes  ces  formes  reproduisent  le 
L.  cophinus  (xoyivo«),  panier.  —  D.  coffrer 
(emprisonner);  coffret,   coffretier,  encoffrer, 

COGNAC,  eau-de-vie,  de  Cognac,  ville  de 
France,  département  de  la  Charente,  où  se 
fabriquent  les  eaux-de-vie  les  plus  renom- 


OOGNASSE,  voy.  coing.  —  D.  cognassier. 

COGNAT,  COGNATION,  L.  cognatus,  -atio. 

COGNÉE,  vfr.  quignie;  répondàBL.  cuneata, 
dér.  de  cuneus,  coin  à  fendre  le  bois. 

COGNER,  fendre  ou  frapper  avec  un  coin, 
se  heurter  contre  un  coin  ;  dér.  de  coin,  vfr. 
coing  =»  L.  cuneus  (cp.  L.  cuneare).  Voir 
aussi  cognée, 

COHABITER,  L.  cohabitare  (St.  Aug.). 

COHERENT,  L.  cohœrens;  subst.  cohé- 
rence, L.  cohœrenJtia.  La  langue  a  conservé 
adhérer,  pourquoi  repousse-t^e  cohérer  pour 
rendre  le  L.  cohœrere,  qui  dispenserait  de 
bien  des  circonlocutions?  L'allemand  traduit 
fort  bien  le  mot  latin  par  zusammenhàngen. 

COHÉSION,  L.  cohœsio  (cohœrere). 

COHORTE,  L.  cohors,  -iis, 

COHUE,  BL.  cohua,  anc.  halle  de  marché, 
aussi  lieu  où  siégeaient  certains  petits  tribu- 
naux. Probablement,  d'après  Diez,  le  sub- 
stantif verbal  d'un  verbe  co-huer,  crier  en- 
semble. Voici  ce  qu'inventa  Ménage  pour 
sortir  d'embarras  :  L.  eoneocium,  ensemble 
de  voix,  convocum,  convoca,  coUoca,  coUa, 
cohue/ 

COI,  autr.  quei,  quoit  (de  là  encore  le  fém. 
coite),  it.  cheto,  esp.,  port,  quedo,  du  L.  quie- 
tus,  tranquille.  De  quietus,  par  quietiare, 
vient  le  verbe  coiser  (cp.  hausser  de  altus)  et 
le  composé  aquoiser,  apaiser.  —  Au  moyen 
âge  ra4j.  quietus  avait  pris  racception  «  libre, 


libéré,  dégagé»;  Lex  Longobardorum  :  sit 
quietus  »>sit  absolutus.  Dans  cette  acception, 
on  lui  trouve  la  forme  spéciale  quitus.  De  là 
viennent  les  adj.  vfr.  quite,  cuite,  auj.  quitte, 
prov.  quiti,  esp.  quito,  ail.  quitt,  et  les  verbes 
esp.  quitar,  libérer,  élargir,  enlever,  fr.  quit- 
ter, renvoyer  quitte,  exempter,  laisser  aller, 
abandonner,  it.  quitare,  chitare,  céder  son 
droit. 

COIFFE,  it.  cuffia,  scufpa,  esp.  cofia,  escofia, 
port,  coi  fa  (anc.  escoifa),  angl.  coif,  BL.  cofea, 
cofia,  cuphia.  Comme  l'original  de  ce  voca- 
ble on  a  proposé  :  1 .  l'hébreu  kohha,  kooa, 
casque,  mais  la  facture  du  mot  s'y  refuse;  2. 
ail.  haube,  néerl.  huif,  mais  le  durcissement 
de  h  initial  en  c  dur  ne  se  produit  dans  aucun 
appellatif  roman;  3.  vha.  kuppa,  kuppha, 
kuphya  «»  mitra.  Cette  dernière  étymologie, 
mise  en  avant  par  Diez,  est  la  plus  probable, 
celle  qui  concorde  le  plus  avec  le  BL.  cuphia. 
Toutefois,  ces  vocables  germaniques  eux- 
mêmes  sont  des  emprunts  faits  au  latin; 
kuppa,  kuppha  représentent  le  L.  cuppa, 
vase,  gobelet,  fr.  coupe.  Pour  le  rapport  logi- 
que entre  coupe  et  coiffe,  cpi  h.gcdea,  casque, 
etgaleola,  vase,  et  le  vfr.  bacin,  prov.  bassin, 
signifiant  aussi  heaume.  —  D.  coiffer,  -eur, 
'ure;  décoiffer, 

COIN,  vfr.  coing,  it.  conio,  esp.  cuna,  cuno, 
angl.  quoin,  coin,  du  L.  cuneus,  coin  à  fendre 
le  bois,  BL.  =»  angle.  —  D.  cogner  (v,  c.  m.), 
encogner;  cognée  (v.  c.  m.);  quignon  (v.c.m.); 
recoin. 

COÏNCIDER,  mot  savant  formé  àeco^=  cum 
-[-  incidere  (rad.  cad-ere),  tomber  sur,  surve- 
nir. —  D.  coïncident,  -ence. 

COING,  anc.  cooing,  prov.  codoing,  it.  coto- 
gna,  du  L.  cotonia,  forme  accessoire  de  cydo- 
nium  ou  -a  (xuîAviov),  fruit  nommé  d'après  la 
ville  de  Cydon  dans  l'ile  de  Crète.  —  D. 
cognasse,  coing  sauvage,  coudoignaç*,  coti- 
gnat*,  auj.  cotignao,  confiture  de  coings. 

COÏON,  poltron,  lâche,  prov.  colho,  it.  co- 
glione,  esp.  cqfon,  angl.  cidlion;  par  anti- 
phrase du  L.  coleus,  testicule. —  D.  cokmner, 
cotonnade, 

COKE,  mot  anglais  sign.  charbon  désoufré. 

COL,  forme  antérieure  à  cou  et  coexistant 
encore  avec  cette  dernière,  mais  pourvue 
d'acceptions  spéciales,  du  L.  collum,  —  D. 
collier,  L.  collarium;  collet,  collerette^  colée*, 
coup  sur  le  cou;  accoler;  décoller,  nUion; 
encolure, 

COLAS,  homme  stupide;  abrégé  de  Nicolas, 

COLATÏÏRS,  L.  colatura,  de  colare^  couler. 

COLBAGK,  du  turc  kalpàk. 

COLÈRE,  it.  collera,  du  L.  choiera  (xoX&ps), 
maladie  bilieuse,  choléra,  plus  tard  «»  bile. — 
Notez  l'emploi  acyectival  de  colère,  analogue 
à  celui  de  chagrin.  —  D.  colérique.  —  Colère 
était  remplacé  en  vfr.  par  ire  (L.  ira)  ou  par 
cole  h^  gr.  xol«i*  bile)  joint  aux  adject.  mole 
ou  chaude, 

COLIBRI,  mot  de  la  langue  des  Cars^[bes. 

COLIFICHET,  composé  de  col,  et  fichet^ 
donc  pr.  chose   petite  attachée  au  cou   en 


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COL 


—  113  — 


COM 


guise  d'ornement;  cp.  afftquet.  D'autres  pré- 
tendent que  ce  mot  signifiait  d'abord  des 
petits  morceaux  de  papier  ou  de  carton  repré- 
sentant des  images  et  collés  sur  du  bois,  et 
expliquent  le  mot  par  fichés  (fixés)  à  la  colle. 
COLIMAÇON,  d'un  type  latin  cochlolimax, 
limaçon  à  coquille?  Cochlo  représenterait  le 
grec  MyUi  =  concha,  d'où  L.  cochlea,  lima- 
çon. —  Pour  la  chute  do  la  syllabe  lo  dans  le 
type  cochlolimax,  cp.  idolâtrie  p.  idololâtrie, 
matin  p.  matutin.  —  Darmesteter,  alléguant 
les  formes  pic.  et  nonn.  calimachon,  à  côté 
de  resp.  limichon  et  limachon^  voit  dans  l'élé- 
ment co  la  particule  péjorative  cal,  ca, 

COLIN-MAILLARD,  de  Coli7i,  nom  d'homme, 
et  maillard,  qui  parait,  comme  maillot,  être 
dér,  de  maille,  filet,  tricot. 

COLIQUE,  L.  colica  (xwlw»5),  dér.  de  xw>ov, 
intestin. 

COLIS  ou  coli,  de  l'it.  colli,  plur.  de  colla 
€iu  sens  de  charge,  ballot  de  marchandise. 
COLLABORER,  L.  collaborare. 
COLLATÉRAL.  BL.  collateralis,  -  qui  ad 
latus  est  altorius,  socius,  amicus.  •• 
COLLATBTJR,  L.  collator  (qui  confère). 
COLLATION,  L.  collatio  {conferre),  signifie 
conformément  au  latin  :  1.  action  de  conférer; 
2.  action  do  comparer  (d'où  le  verbe  colla- 
tionner).  Une  troisième  signification  s'y  est 
attachée,  celle  de  repas  léger.  En  voici  l'ori- 
gine la  plus  accréditée,  telle  que  l'expose  Du 
Cange  :  «  A  collatiotiibus  monasticis  (confé- 
rences, lectures  de  moines),  quibus  finitis  ad 
bibitionem  ibatur,  serotinse  cœnsa  collatio- 
num  appellationem  sortit»  sunt.  »  Collation 
serait  ainsi  un  rafraîchissement  pris  à  l'issue 
d'une  conférence  ;  le  terme  a  élargi  ce  sens 
primordial  et  a  fini  par  passer  du  couvent 
dans  le  monde.  D'autres,  à  tort,  pensons-nous, 
ont  vu  dans  la  collation  un  pique-nique,  pour 
lequel  chacun  contribue  («  confert  ")  sa  part. 
Cette  explication  pourrait  au  besoin  s'autori- 
ser du  terme  BL.  conferturn  =  compotatio, 
festin  à  écot.  En  it.,  pour  le  sens  repas,  la 
forme  savante  collazione  s'est  modifiée  en  cola- 
sione,  CiAezione,  -izione,  ce  qui  a  fait  surgir 
l'idée  que  le  vrai  type  latin  est  colationem  «= 
bouillon,  soupe  (cp.  souper  do  soupe);  voy. 
Canello,  Arch.  glott.,111,  401.  A  cette  expli- 
cation, Suchier  (Ztschr.,  IV,  183)  objecte  fort 
bien  que  l'it.  colazione  ne  s'est  jamais  appli- 
qué à  un  mets  déterminé  ;  on  n'y  voit  jamais 
prendere  ou  mangiare  colazione,  mais  tou- 
jours far  colazione. 

COLLE,  L.  colla  [mW^).  ■—  D.  coller,  dé- 
coller,  e7icoller. 

COLLECTANÉES,  recueil  de  différentes  piè- 
ces, L.  plur.  collectanea.  Cp.  miscellanées. 

COLLECTE,  BL.  collecta,  subst.  participial 
du  verbe  colligere,  recueillir;  cp.  quête,  subst. 
partie,  de  quœrere.  Collecte  est  la  forme  sa- 
vante de  cueillette.  —  D.  collecter,  -eur, 
COLLECTIF,  L.  collectivus. 
COLLECTION,  L.  collectio.  —  D.  collec- 
tionner. 

COLLÊOS,  L.  collegium,  association,  corps. 


compagnie  (de  colligere,  réunir).  —  D.  coUé- 
gial;  collégien, 

COLLÈGUE,  L.  collega. 

COLLER,  voy.  colle. 

COLLERETTE,  dimin.  de  collier,  voy.  coL 

COLLET,  dim.  de  col.  —  L.  colleter,  pren- 
dre au  collet  ;  se  décolleter,  pr.  ôter  son  col- 
let. --  D'après  Roulin,  il  faut  séparer  l'ex- 
pression collet  de  buffle,  sorte  de  pourpoint, 
où  collet  se  rattache  à  L.  culeus,  sac  (voy. 
Littré,  suppl.). 

COLLIER,  voy.  col.  —  D.  collerette. 

COLLIGER,  mot  savant,  du  L.  colligere,  qui 
est  également  le  type  du  verbe  cueillir. 

COLLINE,  it.  collina,  esp.  colina,  du  L. 
collinus,  adjectif  tiré  de  collis  (it.  colle),  col- 
line. 

COLLISION,  L.  collisio,  rencontre,  choc  (de 
collidere,  se  heurter). 

COLLOCATION,  L.  collocatio,  placement. 

COLLOQUE,  L.  colloquium,  entretien. 

COLLOQUER,  L.  collocare,  placer;  forma- 
tion savante,  car  du  même  verbe  latin  le  fr.  a 
fait  coucher  (v.  c.  m.). 

COLLUDER,  L.  colludere;  swhs^i.  collusion, 
L.  collusio;  adj.  collusoire,  L.  collusorius. 

COLLTRE,  L.  collyrium  UolKipin'»). 

1.  COLOMBE,  pigeon,  L.  columba.  Du 
masc.  columbus,  le  fr.  a  fait  le  masc.  colon 
couloyi  (it.  Colombo,  prov.  colomb).  —  D.  co- 
lombier, L.  columbarium  ;  colombin,  L.  co- 
lumbinus. 

2.  COLOMBE,  grosse  solive,  anc.  =  co- 
lonne, du  L.  columna,  prov.  colompna.  — 
D.  colombage,  colonnade;  colombelle,  en 
typographie,  le  filet  qui  sépare  deux  colonnes; 
colombette,  champignon. 

COLON,  L.  colonus  (de  colère,  cultiver). 

COLON,  gr.  xûXov,  membre  du  corps,  et 
particulièrement  un  des  intestins. 

COLONEL,  .vfr.  coronel,  esp.  coronel,  de 
l'it.  colonello,  chef  de  la  colonne.  —  Colon- 
nelle  =  première  compagnie  d'un  régiment. 
-—  L'étymologie  corona,  couronne,  est  fau- 
tive ;  coronel  est  une  modification  euphonique 
de  colonel.  Les  Anglais,  tout  en  écrivant 
colonel,  prononcent  queurnel. 

COLONIE,  vfr.  cologne,  colonge,  du  L. 
colonia  (dér.  de  colonus).  —  D.  colonial,  co- 
loniser. 

COLONNE,  vfr.  colombe,  L.  columna,  — 
D.  colonnade,  -ette. 

COLOPHANE,  anc.  colophone,  du  L.  colo- 
phonid,  résine  de  Colophou. 

COLOQUINTE,  gr.  xoioxûv&«,  citrouille. 

COLORER,  L.  colorare  (color). 

COLORIER,  COLORIS,  voy.  couleur, 

COLOSSE.  L.  colossus  (koXo,s6ç),  —  D. 
colossal. 

COLPORTER,  de  col  +  porter,  litt.  =>  coUo 
gestare.  —  D.  colporteur,  -agc, 

COLURS,  gr.  xàXoupoi. 

COLZA,  colzat  (Richelet),  du  flam.  kool- 
saed,  semence  de  chou  ;  cp.  en  ail.  rObsamen 
==  colza,  litt.  semence  de  raves. 

COMBATTRE,  it.  combattere,  esp.  comba-^ 
tir,  voy.  battre.  C'est  un  des  rares  exemples 

8 


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COM 


—  144 


COM 


OÙ  le  français  fait  application  de  la  particule 
prépositive  con  (cum).  —  D.  combat, 

GOMBE,  vallon,  gorge,  prov.  comba;  sans 
doute  le  même  mot  que  prov.  comb,  esp. 
combo,  courbé.  On  trouve  en  BL.  cumba, 
comme  nom  géographique,  dôs  631  ;  quant  à 
son  origine,  les  uns  le  tirent  du  BL.  cumba 
p.  a/mba  (xvfityi),  barque  (le  point  de  rapport 
serait  la  concavité),  les  autres  du  cymr.  ctom, 
vallée,  breton  comb.  Diez  oppose  à  cette  der- 
nière étjmologie  que  cumi  laisse  le  b  de  la 
forme  romane  inexpliqué  et  que  le  breton 
comb  pourrait  être  emprunté  au  français  ;  il 
conjecture  donc  pour  type  L.  cdncava^  qui, 
par  la  chute  do  la  syllabe  atone  ca,  a  réguliè- 
rement pu  produire  comba  ;  il  rappelle  sur- 
tout les  expressions  usuelles  du  BL.  «  con- 
cava  vallium,  concava  montium  ».  Cette  opi- 
nion est  contestée  en  faveur  de  q/mba^  par 
Storm,  Rom.  V,  175. 

COMBIEN,  p.  com  bien  (com  =s  comme,  et 
bien  dans  le  sens  de  muUum),  donc  qitam 
muJtum,  op.  ail.  toie  viel,  angl.  fiotomuch, 

COMBINER,  L.  combinare  (Wnt,  deux).  — 
D.  combhiaison, 

1 .  COMBLE,  substantif,  it.,  esp.  colmo.  Pour 
l'étymologie  de  ce  mot,  on  peut  balancer  entre 
L.  culmen,  -inis  (BL.  culmus\  faîte,  sommet, 
et  L.  cumulus,  tas,  amas,  surcroit.  Le  sens 
et  la  forme  permettent  l'un  et  l'autre  ;  toute- 
fois, d'un  côté  la  forme  colmo  fait  pencher 
pour  culmen,  de  l'autre  le  français  comble 
pour  cumulus,  qui,  au  moyen  âge,  signi- 
fiait aussi  faite,  comble.  C'est  évidemment 
cumulus  qui  a  donné  le  port,  cômoro, 
combrOy  tas  de  terre,  BL.  combrus,  prov. 
cômol,  tas.  ainsi  que  les  composés  fr.  en-com- 
bre  et  décombre.  On  peut  aussi  distinguer 
entre  comble,  mesure  qui  déborde,  haut 
degré,  et  comble,  faite,  en  ramenant  le  pre- 
mier à  cumulus,  le  second  à  culmen,  par 
l'esp.  cumbre  (p.  culmbre),  —  D.  combler,  it. 
colmare,  esp.  colmar,  L.  cumulare.  Le  latin 
cumulare  s'est  reproduit  aussi  sous  la  forme 
savante  cumuler. 

2.  COMBLE,  adjectif,  tiré  du  verbe  cwn- 
bler  de  la  même  manière  qui  a  produit  lâche 
de  lâcher,  trouble  de  troubler,  à  Genève 
gonfle,  erifle  =  gonflé,  enflé. 

COMBLER,  voy.  comble  1. 

COMBUSTION,  L.  combustio,  du  supin 
combustum  (comburere),  dont  est  tiré  aussi 
l'adj.  combustible. 

COMÉDIE,  L.  comœdia  (K^fi^Bia).  —  D. 
comédien. 

COMESTIBLE,  BL.  comestibilis  (Isidore), 
dér.  du  L.  comestum,  supin  de  comedere 
manger  ;  formé  à  la  façon  de  combustible. 

COMÈTE,  L.  cometa  (ko/i^ttu,  de  xo>»j,  che- 
velure). Notez  le  changement  do  genre  du 
latin  au  français,  dans  ce  substantif,  conmie 
dans  planète. 

COMICES,  du  plur.  L.  comiiia  (cum-ire). 

COMIQUE,  L.  comicus  (xtafitndi). 

COMITÉ,  de  l'angl.  committee,  tiré  lui- 
même  du  L.  committere,  déléguer,  commettre. 


De   «  commission  ••   le  sens  s'est  étendu  4. 
«  petite  réunion  ». 

COMMANDER,  L.  commendare  (mandare), 
confier,  transmettre,  recommander,  puis, 
dans  la  basse  latinité,  =>  ordonner,  enfiii 
avoir  le  droit  de  commander,  dominer.  —  D. 
commande(it.  comando,  vfr.  comant),  comman» 
dément;  commandant,  commandeur,  -erie;^ 
par  un  singulier  métaplasme  :  it.  commen-- 
dita  d'où  fr.  commandite,  d'une  forme  latine 
commendire,  etc.  le  subst.  vfr.  comandie  et 
commandise.  —  Cps.  recommander,  qui, 
malgré  le  re  intensitif,  exprime  une  action 
moins  intense  que  le  simple  commander. 

COMMANDITE,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  com^ 
manditer,  -aire. 

COMME,  it.  corne,  esp.,  port,  como,  prov. 
et  vfr.  com,  cum.,  forme  tronquée  du  L.  çuo^. 
modo.  Joint  à  ^élément  adverbial  ment,  com 
est  devenu  prov.  coment,  fr.  comment.  L'ex- 
plication de  comment  par  quomodo  inde  (com 
ent)  est  peu  probable.  Voy.  pi.  loin  l'art. 
comment,  —  Le  comme  français  exprime,  de 
même  que  le  une  des  Allemands,  aussi  bien 
des  rapports  de  comparaison  que  des  rapports 
de  temps  ou  de  causalité.  Les  formes  des  lan- 
gues it.,  esp.  et  port,  défendent  de  ratta- 
cher le  mot  dans  cette  dernière  fonction  au 
latin  cum. 

COMMÉMORATION,  -AISON,  L.  commemc- 
ratio.  —  Néol.  commémoratif. 

COMMENCER,  it.  comindare,  esp.,  prov. 
comcfizar,  d'un  type  latin  cum-initiare  (ini-^. 
tium).  Dans  le  Milanais,  on  emploie  le  mot  4 
l'état  simple  (sans  cum)  :  tn^a  =  L.  initiare^ 
—  D.  commencement. 

COMMENDE,  it.  commenda,  subst.  verb. 
du  L.  commendare.  —  D.  commendataire, 
BL.  commendatarius. 

COMMENSAL,  BL.  commensalis,  compa^ 
gnon  de  table  (L.  mensa), 

COMMENSURABLE,  mot  scientifique,  de 
cum  (préfixe  de  corrélation)  et  me?tsurare, 
mesurer. 

COMMENT,  voy.  comme.  —Cornu  (Rom., 
X,  216)  repousse  aussi  bien  l'explication 
étym.  do  cet  adverbe  par  quomodo  -\-  menie 
(Diez)  que  celle  par  quomodo  -\-  ent  (Littré). 
Il  démontre  l'origine  qua  mente.  L'a  de  qua 
s'est  changé  en  u  (la  plus  anc.  forme  est 
cument)  ou  o  sous  l'influence  des  deux  la- 
biales [v  et  m).  G.  Paris  conteste  cette  expli- 
cation en  note  de  l'art,  de  M.  Cornu,  et  l'ét.  de 
Littré  lui  parait  encore  la  meilleure. 

COMMENTAIRE,  L.  commentarius. 

COMMENTER,  L.  commentari. 

COMMERCE,  L.  commercium,  trafic,  puis 
en  général  relation  sociale.  —  D.  commer- 
cer,  L.  commerciari  (d'où  commerçant)  ;  com^ 
mercial. 

COMMÈRE,  BL.  commater  (qui  est  mère  de 
société  avec  une  autre,  cp.  compère),  prov. 
comaire,  esp.  comadre,  it.  comare  [-aire, 
-adre).  —  D.  commérage. 

COMMETTRE,  L.  committere,  litt.  mettre 
ensemble,  d'où  les  sens  :  préposer  qqn.  à  une 
affaire  ou  confier  qqch,  à  qqn.,  mettre  ei\ 


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115  — 


COM 


mauvais  rapport,  compromettre,  exposer; 
dans  «  commettre  une  faute  » ,  sens  déjà  clas- 
sique, commiitere  se  rapproche  de  permitiere 
et  exprime  au  fond  Tidée  de  laiss  t  aller,  ne 
point  retenir.  A  ce  verbe  se  rattachent  les 
substantifs  :  comYnettantj  commis  (L.  com- 
missus,  préposé  à);  commise,  commissaire, 
commission,  1.  action  de  commettre,  de  pré- 

r»r,  de  confier  ;  2.  objet  de  cette  action  ; 
ensemble  des  personnes  commises. 

COMMINATOIRS,  L.  commincUorius"  (de 
comminaH,  menacer). 

COMMIS,  pr.  chargé  d'une  affaire,  voy. 
commettre. 

COMMISÉRATION,  L.  commiseratio,  pitié. 

COMMISSAIRE,  voy.  commettre.  —D,  com- 
missariat. 

COMMISSION,  voy.  commettre.  —  D.  com- 
missionner,  -aire. 

COMMISSURE,   L.  commissura,  jointure. 

GOMMITTIMUS,  mot  latin  signifiant  «*  nous 
commettons  ». 

COMMODE,  a(\j.,  L.  commodus, —  D.  com- 
mode (subst.,  meuble);  commodité,  L.  com- 
moditas;  incommode, 

COMMOTION,  L.  commotio  (com-movere, 
vfr.  commx)uvoir). 

COMMUER,  L.  commutare,  —  D.  com- 
fnuable. 

COMMUN,  L.  communis.  —  D.  commune 
(cp.  en  ail.  gemcinde,  de  gemein);  commu- 
nal, d'où  communalté"  communauté;  L. 
communio,  fr.  communion,  1.  conununauté  ; 
2.  participation  au  sacrement  de  l'eucharistie  ; 
L.  communicare  (en  t.  d'église,  prendre  part 
à  la  communion),  d'où  fr.  :  1 .  communiquer 
(mot  savant);  2.  communier. 

COMMUNAL,  -AUTÉ,  voy.  commun. 

COMMUNIER,  pr.  rendre  ou  être  partici- 
pant, voy.  commun.  —  Cps.  excommunier. 

COMMUNION,  voy.  commun. 

COBOIUNIQUBR,  voy.  commun.  —  D.  com- 
municahle,  -ication,  -icatif, 

COMMUNISME,  -ISTE,  néologismes,  tirés 
de  commun. 

COMMUTATION,  L.  commutatio  (commu- 
tare). 

COMPACITÉ,  V.  l'art,  suiv. 

COMPACT,  L.  compactus  (part,  de  com- 
pingere),  resserré,  pressé.  Les  physiciens  ont 
tiré  de  cet  adj.  le  mauvais  subst.  compacité; 
il  fallait,  d'après  les  règles  do  l'analogie,  com- 
pactité. 

COMPAGNE  (fém.),  vfr.  compaing  (masc), 
it.  compagno,  esp.  compano,  ail.  kompan; 
d'un  latin  barbare  cum-panio,  qui  mange  le 
pain  avec  (depanis,  pain),  donc  =  commensal; 
composition  analogue  au  vha.  gi-majso  ou  gi- 
leip  (de  gi  =  L.  cum,  et  resp.  mazo,  nour- 
riture, et  leip,  pain).  —  D.  compagnie  (angl. 
Company);  compagnon  (qui  en  réalité  n'est 
que  la  forme  du  cas-régime  de  l'anc.  com- 
paing) ;  compagner*,  fréquenter,  et  accompa- 
gner. —  L'étymologie  com-paganus,  «  qui  est 
du  même  pagus,  du  même  pays  »,  bien  que 
patronnée  de  nouveau  par  Grimm,  est  insou- 
tenable ;  il  faudrait  compaj/en.  Ce  qui  con- 


viendrait mieux,  cest  un  type  compaginus 
(de  compingere,  réunir),  analogue  à  compa- 
gina,  réunion  (iv**  siècle),  mais  l'explication 
^^Avpanis  satisfait  complètement. 

COMPAGNIE,  COMPAGNON,  voy,  com- 
pagne. 

COMPARAITRE,  du  L.  comparescere  tan- 
dis que  la  forme  cofnparoir  reproduit  le 
L.  comparere.  —  De  comparens,  fr.  compa- 
rant; de  comparitio,  fr.  comparution,  forme 
vicieiise  p.  comparition. 

COMPARER,  L.  comparare  (de  par,  égal. 
En  vfr.,  comparer,  pr.  égaliser,  signifiait  com- 
penser, payer,  expier).  —  D.  comparaison, 
L.  -atio  ;  -aàle,  L.  -abilis;  -atif,  L.  -ativus.  — 
Le  comparare  latin,  homonyme  du  précédent, 
composé  de  parare,  et  signifiant  acquérir,  se 
procurer,  s'était  conservé  dans  l'ancien  com- 
parer, acheter  (aussi  comprer),  qui  corres- 
pond à  esp.,  port,  et  prov.  comprar,  it.  com- 
prare  et  cotnperare. 

COMPAROIR,  voy.  comparaître. 

COMPARSE,  dans  le  principe  un  terme  de 
carrousel  exprimant  l'entrée  des  quadrilles. 
Le  sens  propre  est  :  apparition,  car  il  vient 
de  l'it.  comparsa,  action  de  paraître,  puis,  en 
sens  concret,  figurant  de  théâtre,  subst.  par- 
ticipial do  comparire;  comparsa  est  un  dou- 
blet de  compacta. 

COMPARTIMENT,  subst.  du  vfr.  compar- 
tir,  L.  compartiri,  distribuer,  diviser.  La  ter- 
minaison n'est  pas  d'accord  avec  département, 
appartement  (cp   SQUtiment  et  consentement). 

COMPARUTION,  voy.  comparaître. 

COMPAS,  it.  compasso,  esp.  compas,  angl. 
compass  ;  d'après  Diefenbach,  du  cymr.  cwmp 
=  cercle,  cwmpas  =  circuit  (cp.  en  ail.  sirkel 
=  cercle  et  compas).  M^gré  ces  mots  celti- 
ques, Diez,  partant  du  sens  primitif  du  vfr. 
et  prov.  compas,  savoir  «  pas  égal  »,  propose 
l'étymologie  L.  com-passus.  (On  trouve  le 
verbe  compasser,  tenir  pas  égal,  marcher  au 
pas,  mis  en  opposition  avec  trespasser,  ne 
pas  aller  au  pas,  marcher  outre,  c.-à-d.  pren- 
dre les  devants.)  De  cette  première  accep- 
tion découla  celle  de  mesure,  juste  mesure, 
régularité,  puis  d'instrument  à  mesurer.  — 
D.  compasser,  faire  selon  la  règle,  etc.  ;  part. 
compassé,  régulier,  mesuré. 

COMPASSION,  L.  compassio,  pr.  soufirance 
commune  (cum-passio,  cp.  l'ail.  mU-îeiden). 

COMPATIR,  L.  com-patiri,  litt.  souffrir 
avec;  de  là  l'adj.-part.  compatissant,  d'où 
compatissance  (néolog.).  De  là  aussi  l'adj. 
compatible  d'après  un  type  compatibilis  -  qui 
peut  être  toléré,  qui  peut  s'accorder  avec  un 
autre;  p.  ex.  compatibile  beneficium  i.  e. 
quod  potest  cum  alio  possideri. 

COMPATRIOTE,  BL.  compatriota  (cum  + 
patria),  cfr.  gr.  nufiito^lrru,  et  fr.  concitoyen. 

COMPENDIUM.  subst.  latin,  signifiant 
épargne,  action  d'abréger. 

COMPENSER,  L.  compensare,  pr.  contre- 
balancer, équilibrer.  —  Cps.  récompenser. 

COMPÈRE,  it.  compadre,  compare,  BL. 
compater,   1.   parrain  d'un  enfant,  relative- 


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H6 


COM 


inent  au  pèro  et  à  la  marraine,  cp.  ail.  ge^ 
vatter,  2.  sodalis,  amicus.  —  D.  compérage, 

COMPÉTER,  appartenir,  revenir  de  droit, 
du  L.  coifipetcrc,  m.  s.  [ào.pctere^  au  sons  de 
tendre  vers).  De  là  compétent,  L.  compe- 
tens,  qui  convient,  d'où  compétence.  —  Au 
même  L.  competere,  dans  son  sens  actif  de 
rechercher  ensemble  et  concurremment,  se 
rapportent  les  subst.  compétiteur  et  compéti- 
tion ^  L.  competitor,  -itio. 

COMPILER,  L.  compilare,  pr.  ramasser 
pièce  à  pièce,  puis  piller. 

COMPLAINDRE",  extension  de  plaindre^ 
plaindre  avec  sympathie,  angl.  complain.  — 
D.  complainte,  lamentation,  chanson  lugubre. 

COMPLAIRE,  L.  com-placcre.  —  D.  com- 
plaisant, qui  cherche  à  complaire  ;  complai- 
sance. 

COMPLANT,  t.  d'agriculture,  de  complan- 
ter,  planter  en  masse,  comme  plant  de2)lantcr. 

COMPLÉMENT,  L.  complementum  (com- 
plere).  —  D.  complémentaire. 

COMPLET,  L.  compktus.  —  D.  compléter. 

COMPLEXE,  L.  complcxiis,  part,  de  ctmi- 
plecti,  enlacer,  embrasser.  —  D.  complexité, 

COMPLEXION,  L.  complexio,  assemblage, 
an'angement;  le  mot  s'applique  en  français  à 
rcnsemble  des  propriétés  physicpies,  disposi- 
tion générale.  En  anglais,  ce  mot  a  rétréci 
cette  signification  de  constitution,  tempéra- 
ment, à  celle  de  teint. 

COMPLICE,  it.,  csp.,  angl.  complice^  du  L. 
compleXy  'iciSy  ou  strictement  d'un  type  com- 
plicius,  litt.  impliqué  dans  la  même  affaire. 
D.  complicité. 

COMPLIES,  prov.,  cat.,  csp.,  port,  complé- 
tais,  it.  compieta,  du  BL.  complet œ,  officium 
ecclesiasticum  quod  csetera  diurna  officia 
complet  et  claudit. 

COMPLIMENT,  it.  complimento  (prov.  com- 
plimen,  achèvement),  officiosa  urbanitas,  ci- 
vilité, du  L.  complere,  au  sens  de  officium 
exsequi,  rendre  ses  devoirs,  cfr.  it.  compier 
voti,  efFcctucr  ses  \tbux  (angl.  co)èiply,  s'ac- 
commoder). L'it.  a,  pour  L.  compier e,  outre 
compierCy  la  forme  compire,  faire  son  devoir, 
se  rendre  obligeant.  La  forme  compliment 
(comme  le  mot  complies)  se  déduit  de  l'anc. 
verbe  complir,  et  no  vient  pas  directement  du 
latin  complementum.  —  D.  complimenter, 

COMPLIQUER,  L.  compHcare. 

COMPLOT,  pr.  toute  résolution  prise  en 
commun.  Du  L.  complicitum  complic*tum,  = 
complicatio,  intrigue.  Complot  est,  d'après 
Diez,  pour  coynploit,  comme  frotter''^,  froitei'. 
—  Cette  étymologie  soulève  quelques  doutes. 
Pourquoi  la  forme  comploit  ne  se  présente-t- 
elle jamais  comme  esploit  (de  explicitum),  et, 
d'autre  part,  pourquoi  jamais  esplol  p.  es- 
ploitf  L'angl.  a  le  simple  plot,  signifiant 
pièc«  de  terre,  plan,  puis  complot  ;  cette  der- 
nière signification  parait  être  survenue  sous 
rinfluenc«  de  complot,  et  il  est  diflficile  d'éta- 
blir une  connexité'de  sens  entre  plot,  pièce 
de  terre,  et  plot,  complot,  si  ce  n'est  par  cette 
filière  :  terrain,  plan,  projet,  machination  (cp. 
dessin  et  dessein).  Si  V'dngl.  plot  est  le  primi- 


tif du  mot  roman  complot,  d'où  vient-il? 
D'après  Wedgwood,  c'est  une  forme  parallèle 
de  pUit.  —  Il  est  bon  de  noter  que  complot  se 
présente  en  vfr.  aussi  avec  la  valeur  de  fouie 
et  de  bataille.  —  D.  comploter. 

COMPONCTION,  L.  compunctio,  de  corn- 
pungi,  pr.  être  piqué,  blessé,  fig.  être  tour- 
menté par  les  remords  de  la  conscience. 

COMPORTER,  du  L.  comportare,  mais,  en 
latin  classique,  ce  composé  signifiait  trans- 
porter plusieurs  choses  à  la  fois  ou  vers  le 
même  lieu,  tandis  que  le  mot  français  a  pris 
l'acception  :  1 .  porter  en  soi  matière  à,  don- 
ner lieu  à;  2.  au  réfléchi,  se  conduire,  cp. 
L.  se  gerere,  ail.  sich  betragen. 

COIQ^OSER  remplace  le  latin  componere, 
voy.  poser.  —  Cps.  dé-,  recomposer. 

COMPOSITE,  terme  savant,  L.  compositus. 
La  vraie  forme  française  de  ce  participe  est 
compost,  mélange  de  terre,  de  fumiers,  etc. 
(en angl.  «=  engrais);  au  féminin,  composte', 
compote,  propr.  mélange  (it.  composta). 

COMPOSITEUR,  -ITiON,  L.  compositor, 
-itio.  —  Forme  syncopée  :  composteur. 

COMPOST,  voy.  composite.  —  D.  compos- 
ter, fumer  les  terres,  anc.  aussi  sophistiquer 
le  vin. 

COMPOTE,  voy.  composite.  —  D.  compo- 
tier. 

COMPRÉHENSION,  -IBLE,  L.  comprehen- 
sio,  -tbilis. 

COMPRENDRE,  L.  comprehendere,  corn- 
prendere. 

COMPRESSE,  subst.  verbal  de  compresser* 
(du  L.  comprcssus,  serré). 

COMPRESSION,  L.  compressio  (compri- 
mere). 

COMPRIMER,  L.  comprimere. 

COMPROMETTRE,  L.  compromittere  ;  le  la- 
tin exprime  pr.  l'engagement  pris  par  divers 
intéressés  réunis  à  s'en  rai)porter  au  juge- 
ment d'un  arbitre  ;  le  mot  fr.  a  développé  en 
outre  le  sens  de  mêler  quelqu'un  dans  une 
affaire,  en  l'exposant  à  l'une  ou  l'autre  at 
teinte,  de  là  l'acception  exposer,  mettre  en  dan- 
ger. —  D.   compromis,  BL.  compromisswn, 

COMPTABLE,  voy.  cotnpter.  —  D.  compta- 
bilité. 

COMPTER,  it.  contare,  esp.  contar,  prov. 
comtar,  angl.  count,  du  L.  computare,  comp*- 
tare,  calculer,  supputer.  Substantif  verbal  : 
compte,  it.  computo,  conto,  BL.  comptUits; 
ce  dernier  a  donné  aussi  le  terme  scientifique 
comput.  —  D.  cojnptable,  mot  détourné  de 
son  sens  naturel  «  qui  peut  être  compté  »  et 
signifiant  :  1.  chargé  de  tenir  les  comptes; 
2.  responsable  ;  comptant  (argent),  forme  ac- 
tive, sens  passif;  à-compte  (un);  comptoir 
(angl.  counier)'.^  décompter,  subst.  décompte; 
mécomptcr,  mécompte.  —  La  langue  savante 
se  sert,  outre  compter,  de  la  forme  computer 
dans  le  même  sens  que  supputer.  Voir  aussi 
conter,  forme  variée  de  compter, 

COMPULSER,  BL.  comp\dsare,  fréq.  de 
compellei'e,  forcer,  obliger  quelqu'un  à  pro- 
duire do^  titres  en  justice  ;  de  là,  par  une 
extension  de  sens,  <•  compulser  des  registres  » , 


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CON 


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CON 


rechercher  des  pièces  dans  les  registres,  puis 
«  compulser  des  pièces  ».•  Du  terme  de  droit 
«  litera  compulsoria  »  vient  le  subst.  fr.  corn- 
pulsoire,  ordre  donné  pour  se  faire  expédier 
un  acte,  etc. 

OOMPUT,  COMPUTER,  voy.  compter, 

COMTE,  it.  conte,  esp.,  port,  conde,  angl. 
oount,  du  L.  cornes t  comitis;  à  la  forme  du 
nominatif  corne;  se  rattachent  prov.  coms,  vfr. 
cuenSf  quens.  —  D.  comtesse;  comté,  BL. 
comitatus;  comJtal;  cps.  :  vicomte  =  viceco- 
mes. 

CONCASSER,  L.  con-quassare, 

CONCAVE,  L.  concavus. 

CONCÉDER,  L.  con-cedere;  du  subst.  lat. 
concessio,  fr.  concession,  d'où  concession- 
naire, 

CONCENTRER,  CONCENTRIQUE,  voy.  cen- 
tre. 

CONCEPT,  L.  conceptum  (concipere),  chose 
conçue,  angl.  conceit,  it.  concetto.  Le  plur.  it 
concetti,  pensées  brillantes,  fausse  pointe,  a 
été  reçu  dans  le  dictionnaire  français  avec  le 
même  sens. 

CONCEPTION,  L.  conceptio  (concipere). 

CONCERNER,  BL.  concemere  (de  cemere, 
voir);  cp.  Texpression  regarder  dans  «  cela 
me  regarde  »  et  le  L.  spectare.  —  D.  concer- 
nant. 

CONCERT,  voy.  Fart.  suiv. 

CONCERTER,  L.  concertare,  combattre, 
lutter,  puis  lutter  en  paroles,  disputer,  d'où 
s'est  dégagé  le  sens  moderne  :  conférer  entre 
plusieurs  pour  l'exécution  d'un  projet;  con- 
certé, qui  a  été  l'objet  d'une  discussion,  d'une 
entente  préalable,  puis  (appliqué  à  des  per- 
sonnes), ajusté,  composé,  trop  étudié.  — 
Substantif  verbal  concert,  it.  concerto,  1 .  ac- 
tion d'agir  en  commun,  2.  intelligence  entre 
des  personnes  pour  arriver  à  une  fin;  3. 
lutte  musicale,  puis  production  musicale, 
avec  le  concours  de  plusieurs.  —  D.  concer- 
tant; décoticerter,  troubler  un  concert,  un 
ensemble  de  mesures  prises,  faire  perdre 
contenance.  —  On  a  aussi,  vu  surtout  l'or- 
thographe it.  conserto  (coexistant  avec  con- 
certo), rapporté  concert  au  L.  cwiserere,  lier, 
enchaîner,  p.  e.  dans  conserere  sermonem, 
s'entretenir,  converser.  D'autres  enfin,  avec 
moins  de  probabilité  encore,  ont  conjecturé 
dans  concerto  une  altération  du  L.  concentus, 
accord  de  voix,  harmonie  (gr.  aufiftavla). 

CONCERTO,  mot  italien,  «  concert,  appli- 
qué à  un  morceau  écrit  pour  un  instrument  de 
musique,  avec  accompagnement  d'orchestre. 

CONCESSION,  voy.  concéder. 

CONCETTI,  voy.  concept. 

CONCEVOIR,  angl.  conceive,  du  L.  conci- 
pere (capere),  traité  par  les  langues  romanes 
(de  même  que  re-,  décevoir)  comme  étant  de  la 
conjugaison  en  ère  ou  en  ire;  esp.  concebir, 
it.  concepire,  port,  conceber,  fr.  concevoir;  à 
l'infinitif  classique  se  rattachent  toutefois  le 
prov.  concebre  et  le  vfr.  conçoivre.  —  D.  con- 
cevable. 

C0NCHTLI0L06IE,  science  des  xoyxû^ix,  co- 
quilles. 


CONCIERGE,  BL.  (texte  de  1  \06)comergiiis, 
esp.  conserge;  Gloss.  de  Lille  (mon  éd.,  p.  47): 
conservator  conchierge.  Le  P.  Labbe  déduit 
notre  mot  de  con-scario,  composé  du  BL. 
scario,  qui  est  le  vha.  sharjo,  nha.  scherge, 
sergent,  guichetier;  cette  étym.  pèche  par  le 
sens  et  la  forme.  Ménage  établit  pour  type 
conservius  de  conservare,  mais  Diez  objecte 
qu'il  est  insolite  d'appliquer  le  sufiîxe  tus  à 
des  verbes.  Cette  objection  me  semble  trop 
absolue  ;  le  BL.  a  bien  fait  de  pelles  parare 
le  subst.  pelliparius,  pelletier  (Gloss.  de  Lille, 
p.  46).  D'ailleurs,  s'il  faut  écarter  conservius, 
je  poserai  la  forme  conseT^um,  action  de 
garder,  que  les  formations  analogues  exter- 
minium,  dispendium,  repurgium,  et  même 
commercium  autorisent  à  supposer,  et  dont  le 
sens  abstrait  «  garde  »  peut  facilement  avoir 
tourné  en  celui  de  «  gardien  »  (cp.  garde,  té- 
moin et  autres).  Le  BL.  consergius  est  calqué 
sur  le  français.  —  Diez,  se  fondant  sur  R.  Es- 
tienne,  qui  définit  concierge  par  «  qui  ha  la 
charge  du  lieu  d'exercice  »  et  qui  le  traduit 
par  gymnasiarchus,  prend  ce  mot  gréco-latin 
pour  la  source  du  mot  français;  la  syncope  en 
ayant  fait  gymsarchus,  il  a  pu  en  effet,  sous 
l'influence  de  conservare  (car  gym,  régulière- 
ment, appelait  gon),  s'être  métamorphosé  en 
conserge,  consierge,  coficierge.  —  Littré,  se 
mettant  en  contravention  avec  le  principe 
posé  par  Diez  et  mentionné  ci-dessus,  enchaîne 
ainsi  les  formes  et  les  sens  :  con-servire,  être 
a^u  service,  conservius,  serviteur  en  général 
(sens  rétréci  dans  la  suite),  fr.  consierge  (cp. 
sergent  de  serviefitem)  et  concierge.  —  D. 
conciergerie. 

CONCILE,  L.  concilium  (de  conciere,  assem- 
bler). 

CONCILIABULE,  L.  conciliabulum  (conci- 
lium). 

CONCILIER,  L.  conciliare  [\^  sign.  assem- 
bler, unir).  —  D.  conciliation,  -ateur,  -aMe; 
cps.  réconcilier. 

CONCIS,  L.  concistts,  litt.  coupé,  morcelé. 
—  Concision,  L.  concisio.  —  Cp.  précis,  pré- 
cision. 

CONCITOYEN,  voy.  citoyen. 

CONCLAVE,  pr.  lieu  de  réunion,  du  L.  con- 
clave, appartement  (sous  une  même  clef).  Pour 
la  valeur  actuelle  du  mot,  comparez  les  termes 
analogues  chambre,  cahiyiet,  consistoire,  di- 
van, pris  dans  leur  sens  politique. 

CONCLURE,  L.  conc/urf^e  (claudere).—  D. 
concluant.  Du  supin  conclusum  :  conclusion 
(L.  conclusio),  et  conclusif. 

CONCOMBRE,  prov.  cogombre,  it.  cocomero, 
esp.  cohombro,  angl.  cucumber,  ail.  hukum- 
mer,  du  L.  cucumis,  gén.  cucumeris. 

CONCOMITANT,  -ANCB,  du  L.  concomitari, 
renforcement  de  comitari,  accompagner. 

CONCORDE,  L.  concordia  (cor).  —  Concor- 
der, L.  concordare,  se  mettre  d'accord;  D. 
concorda^U,  -ance,  -at. 

CONCOURIR,  L.  concurrere;  concurrent. 
L.  concurrens;  concours,  L.  concursus. 

CONCRET,  L.  concretus  (c;oncrescere).  Un 
nombre  concret  est  un  nombre  exprimé  -con- 


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CON 


—  118  — 


CON 


jointement »  avec  Tespôce  des  unités;  il  est 
opposé  au  nombre  abstrait.  De  là  le  sens  phi- 
losophique du  mot. 

CONCRÉTION,  L.  concretio. 

CONCUBINE,  L.  concuhina  (con-cubare,  cp. 

le  gr.  ffa/9âxocTc$). 

CONCUPISCBNCB,  L.  concupiscentia  (de 
concupiscere,  convoiter). 

CONCURRENT,  voy.  concourir.  —  D.  con- 
currence. Pour  la  loc.  jusqu'à  concurrence 
de,  cp.  l'expr.  ail.  bis  zum  belauf  (de  laufen, 
courirj. 

CONCUSSION,  exaction,  extorsion,  du  L. 
concicssio,  litt.  secousse,  employé  dans  le 
Digeste  avec  le  sens  du  mot  français.  —  D. 
concussionnaire. 

CONDAMNER,  L.  condemnare. 

CONDENSER,  L.  condensare  (densus). 

CONDESCENDRE,  L.  condescendere,  des- 
cendre, s'abaisser  pour  se  mettre  au  niveau 
(de  là  le  préfixe  con);  sens  mod.  céder  com- 
plaisamment  aux  désirs  ou  aux  goûts  de  qqn. 
L*anc.  langue  employait  dans  ce  sens  aussi  le 
simple  descendre. 

CONDIMENT,  L.  condimentum,  assaisonne- 
ment (de  condtre,  confire). 

CONDITION,  L.  condUio  (de  condere,  éta- 
blir, fixer),  état,  situation  ;  pacte,  clause.  — 
D.  conditionner,  mettre  dans  tel  ou  tel  état  ; 
conditionnel. 

CONDOLÉANCE,  subst.  formé  sur  le  patron 
du  simple  doléance,  du  verbe  condouloir,  L. 
condolere,  litt.  souffrir  avec  (cfr.  compatir), 
c.rà-d.  prendre  part  à  la  douleur  de  qqn. 

CONDOR,  de  cuntur,  mot  de  la  langue  des 
Incas. 

CONDOULOIR,  voy.  condoléance. 

CONDUCTEUR,  L.  conductor.  Les  anciens 
employaient  le  mot  conduiseur,  tiré  du  fr. 
conduire  (cp.  faiseur  à  côté  de  facteur). 

CONDUIRE,  L.  conducere  conducVe.  —  D. 
conduite,  subst.  part,  fém.,  désignant  l'action 
et  Tagent  ou  l'instrument  ;  conduit,  subst. 
partie,  masc,  exprimant  aiy.  l'agent  (autre- 
fois aussi  l'action);  de  là  sauf-conduit;  cps. 
éconduire  (sens  figiiré),  se  méconduire,  recon- 
duire; inconduite. 

CONE,  L.  conus  (xwvo?);  le  circonflexe  n'a 
pas  de  raison  étymologique.  —  D.  conique; 
terme  de  botanique  :  conifère,  qui  porte  du 
fruit  en  forme  conique. 

CONFECTION,  L.  confectib  (conficere).  — 
D.  confectionneur. 

CONFÉDÉRER,  L.  confœderare  (fœdus,  al- 
liance, traité).^-  D.  confédération,  -atif. 

CONFÉRER,  L.  conferre  (pourvu  déjà  de 
toutes  les  acceptions  modernes).  —  D.  confé- 
rence (autrefois  aussi  dans  le  sens  de  compa- 
raison). 

CONFESSER,  L.  confessari,  fréq.  de  confi- 
teri.  Du  part.  lat.  confessus  •  qui  s'est  confessé  » 
vient  conpis;  le  fém.  L.  confessa,  dans  le  sens 
de  l'action,  a  donné  confesse  (celui-ci  pourrait 
cependant  aussi  répondre  à  confessio,  comme 
préfacQ  à  prœfatio).  —  Confessio,  fr.  confes- 


sion, d*où  confessionnal,  -aie.  —  Confesser, 
fr.  confesseur. 

CONFIDENCE,  voy.  l'art,  suiv. 

CONFIER,  du  L.  confidere,  qui  n'avait 
encore  que  le  sens  neutre  avoir  conflance  ;  du 
part,  latin  confidens  viennent  :  1.  confiant; 
2.  confident;  du  subst.  confidentia,  1.  con- 
fiance, 2.  confidence,  d'où  confidentiel.  Le 
maintien  du  d  radical  caractérise  les  formes 
du  fonds  savant. 

CONFIGURER,  L.  configurare. 

CONFINS  (plur.),  L.  confine. —  D.  confiner, 
1 .  toucher  aux  confins,  2.  reléguer  dans  un 
certain  lieu  (litt.  assigner  des  limites),  faire 
vivre  à  l'écart  (angl.'  confine,  bannir,  empri- 
sonner). 

CONFIRE,  régulièrement  formé  de  conficere 
conficWe  (=»  préparer,  apprêter),  comme  dire 
de  dicere.  L'acception  générale  préparer  de 
conficere  s'est,  au  moyen  âge,  restreinte  à  la 
confection  de  remèdes  ou  de  préparations  cu- 
linaires; aig.  confire  signifie  faire  cuire  des 
fruits,  etc.,  dans  un  suc  ou  ime  liqueur  qui 
pénètre  leur  substance.  L'allemand  emploie 
pour  la  même  opération  un  terme  analogue  : 
einmachen.  C'est  ainsi  que  le  sens  général  de 
préparer,  inhérent  au  mot  corroyer  (v.  c.  m.), 
a  été  limité  par  l'usage  à  l'apprêt  des  cuirs, 
que  necare,  tuer  en  général,  ne  signifie  plus 
que  tuer  par  immersion.  —  Les  formes  esp. 
confitar,  angl.  confect,  comfit,  it.  confettare 
sont  tirées  du  dér.  confectare*.  —  Au  moyen 
âge  confectœ  signifiait  «  fructus  saccharo 
conditi  »  ;  la  même  signification  s'attache  en- 
core à  l'ail,  confect  et  it.  confetto.  t—  D.  confi- 
ture (litt.  =  latin  confectura),  confiseur  (de 
fonnation  moderne);  cps.  déconfire  {y.  cm.).  • 

CONFIRMER,  anc.  confermer,  L.  confir- 
mare  (firmus). 

CONFISEUR  (les  Anglais  disent  confectio- 
ner),  voy.  confire.  —  D.  confiserie. 

CONFISQUER,  L.  confiscare,  adjuger  au 
fisc.  —  D.  confiscation. 

CONFIT.  L.  confectus,  voy.  confire. 

CONFITEOR,  mot  latin.  =  je  confesse. 

CONFITURE,  voy.  confire. 

CONFLAGRATION,  L.  conflagraJtio,  embra- 
sement. 

CONFLIT,  L.  conflictus,  subst.  de  conftigere, 
se  heurter  l'un  contre  l'autre,  combattre. 

CONFLUER,  L.  confluere,  couler  ensemble; 
part.  prés,  confluens,  d'où  fr.  confluent. 

CONFONDRE,  L.  confundere,  verser  ensem- 
ble, mélanger,  mettre  en  désordre,  en  déroute, 
déconcerter.  Du  participe  latin  confusus,  fr. 
confus  ;  du  subst.  eonfiisio^  fr.  confusion. 

CONFORME,  L.  conformis,  qui  a  la  même 
forme  ;  de  là  subst.  conformitas,  fr.  confor- 
mité. 

CONFORMER,  1.  L.  conformare,  donner  la 
forme  complète;  de  là  conformcUûm;  2.  dérivé 
de  conforme,  =  rendre  conforme. 

CONFORTER,  it.  confortare,  esp.  conhaHar 
(h  =  f).  prov.  conortar  (d'après  Diez,  par 
chute  de  f,  comme  dans  preon  de  profun- 
dus);  du  BL.  confortare,  fortifier  {fbrtis). 
—  D.  confort,  secours,  consolation  (pius  bien- 


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CON 


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CON 


ttre,  aise,  acception  particulière  au  mot  cor- 
respondant anglais,  confortable,  qui  procure 
tlu  confort);  —  Cps.  déconforter,  réconforter. 

GONFBÂRS,  BL.  confrater.  —  D.  confrérie, 
BL.  confratria,  association  de  confrères, 
confraternité,  BL.  confratemitas,  rapport 
entre  les  personnes  d'un  même  corps. 

CONFRONTER,  pour  ainsi  dire  mettre /ronf 
a  front;  les  Latins  disaient  pour  la  même 
chose,  d'une  manière  moins  imagée,  conferre 
ou  componere.  A  la  longue,  confronter  s'est 
appliqué  aux  choses  et  a  fini  par  devenir  syno- 
nyme de  comparer.  Le  BL.  employait  con- 
frontare  dans  le  sens  d'assigner  des  limites, 
Bt  confrontari  pour  ;  être  limitrophe;  ces 
verbes  sont  tirés  du  subst.  frons  =  frontière 

Îy,  c.  m.)  ;  ils  ont  laissé  des  traces  dans  des 
ocutions  telles  que  :  «  ce  bois  confronte  du 
côté  du  levant  au  pré  d'un  tel  ».  —  D.  con- 
frontation, 

CONFUS,  CONFUSION,  voy.  confondre. 

CONGÉ,  vfr.  conget,  congiet,  prov.  comjat  ; 
du  L.  commeatus  (meare),  permission  d'aller, 
puis  permission  en  général.  Le  verbe  congé- 
dier, qui  a  remplacé  l'anc.  congéer  (d'où  Ta^j. 
vongéable)  ou  congier,  parait  être  formé  sous 
l'influence  de  de  Vit  congedo,  qui,  lui,  est  tiré 
tlu  subst.  vfr.  conget.  Qui  reconnaîtrait  encore, 
sans  le  secours  de  la  science,  dans  congé  le 
Verbe  meare,  élément  fondamental  de  com- 
meatus f 

CONGELER,  L.  con-gelare. 

CONGÉNÂRE,  L.  con-gener,  du  même 
l^enre. 

OONGÉNIAL,  ou  congénital,  termes  savants 
tirés  de  congenitus,  né  avec  ;  congénial,  cepen- 
dant, par  sa  formation,  implique  aussi  l'idée 
«  qui  a  le  même  génie,  le  même  naturel  ». 

CONGESTION,  L.  congestio  (congerere), 
accumulation,  afflux. 

CONGLOBIÉRER,  L.  oon^^omerare (glomus, 
^TÏsY  pelotonner. 

CONGLUTINER,  L.  conglutinare  (gluten). 

CONGRATULER,  L.  congratulari,  féliciter. 

CONGRE,  poisson,  du  L.  congrus  (yoyy/»o«). 

CONGRÉGATION,  L.  congregaiio,  réunion 
(rac.  grex,  troupeau).  Le  terme  congréganiste 
procède  de  BL.  congreganus,  «<  qui  est  du 
même  troupeau  » . 

CONGRÈS,  L.  congressus  (congredi),  entre- 
vue, assemblée. 

CONGRÉVE,  du  nom  du  colonel  anglais  qui 
inventa  les  fusées  à  la  Gongrève. 

CONGRU,  L.  congruus,  conforme,  conve- 
nable. — D.  congruité;  incongru,  incongruité, 

CONIFÉRE,  CONIQUE,  voy.  cône. 

CONJECTURE,  L.  conjectura  (de  conjicere, 
combiner  dans  l'esprit,  juger). . —  D.  conjec- 
turer, -al. 

CONJOINBRE,  L.  conjungere,  d'où  pro- 
cèdent aussi  :  conjonction,  L.  conjunctio,  con^ 
jonctif,  L.  coiyunctivus;  conjoncture  {mot 
moderne],  liaison,  enchaînement  de  circon- 
stances. Le  terme  participial  conjoint,  uni  par 
mariage,  est  analogue  au  subst.  latin  conjuos, 
époux  ou  épouse  fcon-JUG,  con-jungo),  d'où 
fa<\).  coi^ugalis,  fr.  conjugal. 


CONJONCTION,  -TURE,  voy.  l'art,  préc. 

CON  JOUIR  (se),  L.  congaudere;  cp.  condou-^ 
loir.  —  D.  conjouissance,  terme  corrélatif  de 
condoléance,  qu'il  ne  faudrait  pas  abandonner. 

CONJUGAL,  voy.  conjoindre. 

CONJUGUER,  L.  conjugare  (jugum),  pr. 
réunir,  puis  réunir  toutes  les  formes  diverses 
d'un  verbe.  —  D.  conjugaison. 

CONJURER,  L.  conjurare,  pr.  se  lier  par 
un  même  serment,  conspirer,  comploter.  — 
L'acception  moderne  supplier,  prier  instam- 
ment, est  analogue  à  celle  de  L.  adjurare; 
c'est  prier  sous  l'invocation  de  quelque  chose 
de  sacré  ;  cp.  l'ail,  hesch-wôren,  et  le  L.  obse» 
crare,  —  D.  conjuratioti. 

A 

CONNAITRE,  dixiccognoistre,  L.  cognoscere. 
—  D.  connaisseur,  -ance,  -able,  -ement;  corn- 
méconnaUre,  reconnaître. 

CONNÉTABLE,  autr.  conestable,  it.  cônes- 
tabiîe  et  contestabUe,  esp.  condestable,  port. 
condestavel,  angl.  constahle,  du  L.  cornes  star 
buli,  comte  de  l'étable.  Cette  dignité,  dans 
l'origine,  était  donc  à  peu  près  celle  d'un 
grand  écuyer;  nous  n'avons  pas  à  nous  occu- 
per ici  des  applications  successives  de  ce  titre. 
La  langue  néerlandaise,  ayant  gâté  le  mot  en 
conincstavel,  a  donné  lieu  à  la  fausse  étymo- 
logie  M  fulcrum  régis  »,  soutien  du  roi  (coninc 
et  stavel) .  La  forme conestablep&r&it  irrégulière 
à  côté  des  formes  avec  c^  ou  ^  :  contestabile, 
condestable.  Une  chute  du  t  ou  ef  est  inadmis- 
sible ;  elle  s'explique  plutôt  par  le  BL.  cones- 
tabulus  (a.  807),  p.  come^^o^uZu^.  Jean  de  Gênes 
donne  conestabularius.  —  D.  connétdblie, 

CONNEXE,  L.  conneoous  (con-nectere)  ;  de 
là  conneœité.  —  Connexion,  L.  connexio. 

CONNIL*,  lapin,  it.  coniglio,  esp.  conejo, 
port,  coelho,  prov.  conil,  angl.  coney,  du  L. 
cuniculus.  Le  même  radical  se  retrouve  dans 
vfr.  connin,  flam.  konyn  et,  modifié,  dans 
l'ail,  kanin,  dim.  kaninchen.  —  D.  coniller, 
avoir  peur,  se  tapir,  chercher  des  subterfuge. 

CONNIVER,  L.  connivere,  cligner  les  yeux, 
fig.  être  indulgent.  —  D.  connivent,  L.  con- 
nivens,  d'où  connivence. 

CONQUE,  L.  conc?ui  {*6yyr!)  ;  la  forme 
conque  est  savante  ;  la  forme  vulgaire  du  mot 
est  coque  (v.  c.  m.). 

CONQUÉRIR,  vfr.  conquerre,  angl.  con^ 
quer,  du  L.  conquirere  (ou  strictement  con- 
qucerere,  voy.  acquérir),  rechercher  avec  ar- 
deur; l'acception  romane  est  étrangère  au 
latin  classique  et  exprime  le  résultat  de  la 
recherche  ou  de  la  poursuite,  le  gain,  la  vic- 
toire. —  D.  conquérant;  le  vfr.  conquéreur 
est  resté  dans  l'angl.  conqueror  ;  du  part,  latin 
conquisitus,  conquis*ius  viennent  :  1.  conquét 
(sa  acquêt),  2.  conquête,  angl.  conquest,  it., 
esp.  conquista.. 

CONSACRER,  L.  consecrare.  En  règle  gé- 
nérale, le  français  adapte  ses  verbes  composés 
à  la  forme  du  verbe  simple  ;  c'est  pourquoi 
consacrer  et  non  pas  consecrer  (cfr.  acquérir, 
condamner,  etc.)  ;  Ye  du  mot  latin  reparaît 
dans  le  dérivé  savant  consécration  (L.  conse- 
cratio). 


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CON 


^  120  — 


CON 


CONSANGUIN,  L.  consan^uineus,  stricte- 
ment coyisanguinus .  —  D.  consanguinité^  L. 
consanguinitatem . 

GONSGIENOE,  L.  conscientia.  —  D.  con- 
sciencieux. 

CONSCRIPTION,  L.  conscriptio,  enregis- 
trement ;  conscrit,  L.  conscriptus  (àe  con-scrir 
hère,  inscrire  sur  un  rôle,  enrôler). 

CONSÉCRATION,  voy.  consacrer. 

CONSÉCUTIF,  mot  de  formation  nouvelle, 
tiré  de  consecutum,  supin  de  consequi,  suivre. 
Le  part.  prés,  du  même  verbe,  consequens,  a 
donné  conséquent  «  qui  suit  »  et  conséquence, 
suite. 

CONSSIL,  angl.  counsel,  it.  consiglio,  esp. 
çonsejo,  prov.  conselh,  du  L.  consilium.  — 
Verbe  conseiller,  L.  consiliari  (composé  :  dé- 
conseiller)'^ subst.  conseiller,  L.  consiliarius. 

CONSENTIR,  L.  consentire,  litt.  sentir, 
penser  de  même  ;  le  passage  de  ce  sens  primi- 
tif à  celui  de  «  acquiescer  au  désir  de  quel- 
qu'un, admettre,  permettre  »  se  présente  aussi 
dans  le  mot  accorder.  —  D.  consentement, 

CONSÉQUENT,  -BNCB,  voy.  consécutif. 

CONSERVER,    L.  conservare.  —  D.  co^i- 

*  serve,  subst.  verbal  =  conservation,  puis,  au 

sens  concret,  =  substances  conservées  (aussi 

espèces  de  lunettes  pour  conserver  la  vue)  ; 

cofiservation,  -ateur,  -atoire. 

CONSIDÉRER,  vfr.  consirer,  L.  conside- 
rare,  —  D.  considération,  L.  -atio;  considé- 
rable, qui  mérite  considération,  cp.  les  termes 
analogues  ail.  ansehnlich,  hetrûcMlich  (de 
ansehen,  betracJUen,  regarder);  considérant, 
substantif  formé  de  la  formule  adverbiale  ou 
gérondive  considérant  qui  se  trouve  dans 
l'introduction  des  arrêts  judiciaires  ;  inconsi- 
déré, part,  passif  à  sens  actif  (cp.  réfléchi). — 
Cps.  déconsidérer,  mettre  hors  de  considéra- 
tion. 

CONSIGNER,  L.  consignare,  revêtir  d'un 
sceau  (signum),  établir  sous  la  foi  du  sceau, 
certifier,  garantir,  marquer,  noter,  ordon- 
ner. —  D.  consigne,  consigtiation,  -ataire. 

CONSISTER,  L.  consistere,  se  composer  de. 
—  D.  consistant,  solide,  et  consistance,  soli- 
dité, force  de  résistance,  acceptions  tirées  du 
L.  consistere  aii  sens  de  tenir  ferme,  persis- 
ter ;  consistoire,  L.  consistorium,  pr.  Heu  où 
l'on  se  réunit  fde  consistere  =  s'arrêter,  sé- 
journer, siéger),  puis  assemblée  délibérante 
(cp.  conclave,  chambre  et  assemblée  délibé- 
rante). 

CONSISTOIRE,  voy.  cottsister. 

CONSOLE,  voy.  l'art,  suivant. 

CONSOLER,  L.  consolari.  —  D.  consola- 
tion, -ateur,  -able.  Le  verbe  français  a  dégagé 
aussi  le  subst.  verbal  console,  mais  ce  dernier 
offre  un  singulier  retour  du  sens  moral,  inhé- 
rent au  verbe  consolari,  au  sens  physique  et 
primitif  de  ce  mot,  savoir  soutenir,  affermir 
(rac.  sol,  d'où  solum,  solidus),  sens  effacé 
déjà  dans  la  langue  classique.  Les  mots  cor- 
respondants it.  consolo,  esp.  con-suelo,  sont 
synonymes  de  consolation.  —  Si  l'étymologie 
que  nous  prêtons  ci-dessus  à  console  n'est 
point  jugée  digne  d'approbation,  il  faudra  le 


rattacher  à  consolidare;  consoU  serait  tiré 
d'un  subst.  consolida,  comme  pâle  de  paJli- 
dus  (retranchement  du  suffixe  atone).  Cette 
manière  de  voir  serait  justifiée  par  le  fait 
que,  dans  les  patois,  on  trouve  console  p. 
consolide,  autre  représentation  du  L.  conso^ 
lid<i. 

CONSOLIDER,  L.  consolidare. 

CONSOMMER,  it.  consumare,  esp.  consu'^ 
mar,  du  L.  consummare,  achever,  parfaire^ 
L'acception  attachée  au  mot  français  dans 
«  consommer  des  denrées,  des  objets  manun 
facturés  »,  ainsi  que  celle  de  «  absorber, 
user  »,  est  moderne  et  déduite  'de  celle  de 
«  achever,  venir  à  bout  de  ».  Il  est  probable 
cependant  que  le  latin  consuniere,  fr.  consu^ 
mer,  a  eu  quelque  influence  sur  la  produc^ 
tion  de  ce  sens  nouveau  ;  aussi  les  Allemands 
traduisent  le  dérivé  français  consommateur 
par  consument  =>  L.  consumentem;  l'espa^ 
gnol  rend  consommer  =  dépenser,  user,  etc., 
par  la  forme  consumir,  qui  se  rapporte  au 
consumere  latin.  La  confusion  des  deux  ver-^ 
bes  ressort  du  reste  encore  du  fait  que  l'espa-» 
gnol,  pour  consommer  le  mariage,  contre  le 
sens  étymologique,  dit  consumir  maJtrimonio. 
—  D.  consommation,  -ateur;  consomma 
(bouillon)  =  parfait. 

CONSOMPTION,  L.  consumptio,  destruc^ 
tion  (de  consumere). 

CONSONNE,  L.  consona,  litt.  qui  sonne  en<^ 
semble  ;  consonant,  L.  consonans,  d'où  oon^* 
sonance. 

CONSORTS,  L.  consortes,  plur.  de  consors,, 
qui  participe  à,  coïntéressé. 

CONSOUDE,  plante,  esp.  cotisuelda,  L. 
consolida.  Voy.  aussi  console. 

CONSPIRER,  L.  conspirare,  souffler  ensem-. 
ble,  fig.  comploter. —  D.  conspiration,  -ateur* 

CONSPUER,  du  L.  cotispuere  (souiller  de 
crachat),  ou  plutôt  du  fréq.  consputare. 

CONSTABLE,  mot  anglais  qui  n'est  qu'une 
transformation  de  connétable  (v.  c.  m.)  ;  titre 
officiel  qui  signifiait  successivement  gouver- 
neur, commissaire,  officier  de  police.  La 
forme  constable  peut  s'être  fixée  par  la  suppO" 
sition  de  quelque  rapport  étymologique  avec 
constare,  se  tenir  fixe,  être  planté  là  (cp.  le 
mot  français  platUon).  Le  mot  allemand  con^ 
stabler,  qui.  entre  autres  acceptions,  signifie 
aussi  artilleur,  est  rapporté  par  quelques-una 
à  constabularius,  ce  mot  étant  pris  non  pas 
comme  une  des  transformations  subies  par 
cornes  stabuli,  mais  comme  un  composé  dis-^ 
tinct  de  cum,  avec,  et  de  stabulum,  écurie 
et  signifiant  propr.  compagnon  d'écurie  ;  on  y 
a  vu  une  latinisation  du  terme  allemand  ^to/Z-. 
bruder,  employé  tout  bonnement  pour  cama* 
rade.  Nous  pensons  au  contraire  que  consta-^ 
bularius  ==  compagnon  d'une  constabularia 
(compagnie  militaire  ou  connétablie),  ayanfe 
été  étymologiquement  mal  compris  et  mal 
analysé,  a  donné  naissance  au  terme  aile-, 
mand  stallbruder,  qui  serait  ainsi  une  malen<^ 
oontreuse  traduction  du  mot  latin. 

CONSTANT,  L.  constans  (de  constare,  tenir 


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CON 


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CON 


ensemble,  tenir  ferme);  constance,  L.  con' 
stantia, 

CONSTATER,  mot  nouveau,  tiré  du  parti- 
cipe L.  status,  fixé,  déterminé  ;  constater  un 
&it,  c'est  le  fixer,  l'établir  comme  vrai, 
comme  réel.  Il  se  peut  aussi  que  constater 
soit  une  formation  fondée  sur  la  loc.  impers. 
constat  (il  est  constaté;. 

CONSTELLÉ,  L.  constellatus  ;  constella- 
tion, L.  constellatio. 

GONSTER,  L.  constare,  être  établi,  avéré, 
sûr.  Cp.  constater. 

CONSTERNER,  L.  constemare,  m.  s., 
forme  accessoire  de  con^tem^re,  jeter  à  terre, 
atterrer  (d'eflroi).  —  D.  constemaJtion,  L. 
consternatio. 

CONSTIPER,  du  L.  constipare,  presser, 
resserrer.  —  D.  constipation,  L.  -atio. 

CONSTITUER,  L.  constUuere,  établir,  fon- 
der, instituer.  —  D.  constitution,  L.  consti- 
tutio  (d'où  les  néologismes  constitutionnel, 
-alité,  -alisme)  ;  constituant,  constitutif, 

CONSTRICTEUR,  L.  constrictor;  constric- 
tion,  L.  constrictio;  constringent,  L.  con- 
stringens  ;  tous  termes  savants,  procédant  du 
verbe  latin  constringere,  signifiant  resserrer 
et  passé  en  fr.  sous  la  fi^me  contraindre. 

CONSTRUIRE,  L.  construere;  d'où  con- 
structio,  -tor,  fr.  construction,  -teur. 

CONSUL,  L.  consul.  —  D.  consulaire,  L. 
-aris  ;  consulat,  L.  -atus. 

CONSULTER,  L.  consultare  (fréq.  de  con- 
sidère), examiner,  réfléchir,  demander  con- 
seil. —  D.  consulte  (subst.  verbal)  ;  constUta- 
tion,  L.  -atio,  consultatif. 

CONSUMER,  L.  consumere.  Yoy.  aussi  conr 
sommer. 

CONTACT,  L.  contactus  (con-tingere,  tou- 
cher à). 

CONTAGION,  L.  contagio  (con-tingere); 
contagieux,  L.  contagiosus. 

CONTE,  voy.  conter. 

CONTEMPLER,  L.  contemplari. 

CONTEMPORAIN,  L.  contemporaneus  ou 
plutôt  contemporanus' .  —  D.  contempora- 
néité. 

CONTEMPTEUR,  L.  contemptor  (contem- 
nere).  —  Les  anciens  employaient  encore  le 
verbe  contemner  =  mépriser,  et  l'ac^j.  con- 
temnible. 

CONTENANT,  -ANGE,  voy.  contenir. 

CONTENDANT,  L.  cotitendens,  de  conten- 
dere,  au  sens  de  combattre,  lutter,  rivaliser. 

CONTENIR,  L.  continere,  1.  renfermer; 
2.  maintenir,  retenir.  —  Du  part,  continens  : 
1.  contenant,  qui  contient;  2.  continent,  a) 
adj.  qui  se  contient,  chaste;  b)  subst.,  terme 
de  géographie,  pr.  qui  tient  ensemble,  qui 
forme  une  suite  continue,  de  là  continental, 
—  De  continentia  :  1.  contenance,  a)  capa- 
cité; b) maintien;  de  là  décontenancer;  2.  con- 
tinence^  chasteté. 

CONTENT,  L.  coiUaitus  (continere),  propr. 
qui  se  retient,  se  renferme  dans  certaines 
limites  et  ne  vise  pas  au  delà.  —  D.  contenter, 
contentement,  mécontent. 

CONTENTION,  vfr.  contençon,  L.  contentio 


(contendere),  1 .  eflbrt,  tension  ;  2.  lutte,  riva- 
lité, combat.  —  Contentieux,  1 .  qui  aime  la 
dispute  ;  c'est  l'acception  du  L.  cofitentiosus  ; 
2.  qui  fait  l'objet  d'un  débat. 

CONTER,  variété  orthographique  de  comp- 
ter (v.  c.  m.).  Pour  le  rapport  entre  énumérer 
et  narrer,  nous  rappelons  le  vha.  seljan,  qui 
réunit  également  les  deux  sens  (cp.  en  ail. 
mod.  zâhlen  ==  compter,  et  erzàhlen  =  con- 
ter). —  D.  conte,  conteur.  —  Cps.  vfr.  aconr 
ter,  d'où  raconter. 

CONTESTER,  L.  contestari,  avoir  un  débat 
judiciaire,  avec  appel  et  confrontation  de  té- 
moins [testes),  entamer  un  procès  ;  de  là  Tac- 
ception  mod.  élever  opposition.  On  a  vu  à 
tort  dans  contester  une  mutilation  de  contres- 
ter  (voy,  contraster).  —  D.  conteste,  contesta- 
tion, -ahle. 

CONTEXTE,  L.  contextus  (contexcre),  pr. 
tissu,  enchaSnement,  contexture;  de  là  l'ac- 
ception moderne  :  texte  dans  son  ensemble  ou 
son  enchaînement.  —  Contexture,  L.  contex- 
tura,  tissure. 

CONTIGU,  L.  contiguus  (contingere),  qui 
touche  à.  —  D.  contiguïté. 

CONTINENT,  -ENCE,  voy.  contenir. 

CONTINGENT,  du  L.  contingere,  au  sens 
neutre  d'échoir,  tomber  en  partage. 

CONTINU  (vfr.  contenu),  L.  coiUinuus,  pr. 
qui  tient  ensemble.  —  D.  continuel.  —  Con- 
tinuité, L.  continuitas.  —  Continuer,  L.  con- 
tinuare;  cps.  discontinuer. 

CONTONDANT,  du  L.  contundere,  broyer, 
meurtrir.  Du  supin  contusum  :  subst.  contu- 
sio,  fr  contusimi. 

CONTORSION,  L.  contortio  (contortum,  su- 
pin de  cofîtorquere,  tordre,  entortiller). 

CONTOUR,  voy.  l'art,  suiv. 

CONTOURNER,  du  BL.  contomare,  1 .  tour- 
ner autour;  2.  tracer  les  lignes  extrêmes 
d'un  corps,  d'une  figure  (l'anglais  désigne  fort 
bien  ces  lignes  par  outliné).  Anciennement, 
contourner  se  prenait  aussi  dans  le  sens  de 
retourner,  bouleverser  et  de  détourner,  soit 
en  bien  ou  en  mal.  Cette  signification  est 
encore  en  vigueur  au  sens  physique.  —  D.  le 
subst.  verbal  contour,  it.  coniorno. 

CONTRACTER,  du  L.  contractare,  fréq.  de 
contrahere  (vfr.  contraire),  1°  resserrer,  ré- 
trécir, 2°  conclure,  faire  un  arrangement.  Du 
participe  passé  de  contrahere,  contractus, 
viennent  :  1.  vfr.  contrait*,  contrefait,  dif- 
forme; l'ail,  dit  encore  dans  ce  sens  Aon- 
traht;  2.  le  terme  de  grammaire  contracte. 
Le  subst.  contractus,  pacte,  convention,  a 
donné  contrat,  d'où  contractuel;  le  subst. 
contractio,  fr.  contraction.  Néologisme,  régu- 
lièrement tiré  du  supin  contractum  :  con- 
tractile. 

CONTRADICTEUR,  -TION.  -TOIRE.  L.  con- 
tradictor,  -tio,  -torius*.  Le  verbe  contradicere 
a  été  régulièrement  francisé  par  contredire. 

CONTRAINDRE,  angl.  constrain,  du  L. 
constringere,  serrer,  lier,  obliger.  Pourquoi 
la  terminaison  aindre  dans  contraindre  et 
celle  de  eindre  dans  étreindre,  astreindre, 
restreindre,  qui  dérivent  cependant  tous  du 


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CON 


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CON 


même  pnmiUîstrinfferef — D.  adj.  contraint, 
subst.  contrainte. 

CONTRAIRE,  L.  conirarius  (contra).  -—  D. 
contrariété,  L.  contrarietas;  contrarier,  •<int. 
On  avait  anciennement,  p.  contrarier,  la 
forme  contrdlier;  c'est  l'effet  d'un  change- 
ment euphonique.  Le  verbe  corUrarier  se  liait 
jadis  avec  un  régime  indirect,  contrarier  à  ou 
t>ers  qqn. 

CONTRARIER,  voy.  contraire. 

CONTRASTER,  it.  contrastare,  prov.  con- 
trastar,  BL.  contrastare,  être  contraire,  faire 
opposition.  Nous  pensons  que  contrcuter, 
d^s  le  sens  moderne,  est  un  emprunt  fait  à 
l'italien,  la  forme  française  du  mot  latin  étant 
vfr.  contrester,  =  résister  (  «  rien  ne  lui  pour- 
roit  contrester  »,  Marie  de  France). —  D.  con- 
traste, it.  contrasto. 

CONTRAT,  voy.  contracter, 

CONTRAVENTION,  dérivé,  à  forme  savante, 
du  L.  contravenire,  fr.  contreoenir, 

CONTRE,  L.  contra.  — D.  contrée  (v.  c.  m.); 
cps.  encontre  (v.  c.  m.).  —  La  particule  contre 
a  servi  dans  les  langues  néo-latines  à  de  nom- 
breuses compositions  pour  marquer  l'oppo- 
sition (parfois  aussi  la  juxtaposition,  p.  ex. 
dans  contre-allée,  ou  la  subordination,  p.  ex. 
dans  contre-amiral,  contre  maître).  La  forme 
latine  contra  {contra  dans  controverse)  s'est 
maintenue  dans  plusieurs  cas  et  accuse  l'in- 
troduction récente  du  mot  composé  ;  les  com- 
posés du  vieux  fonds,  tant  ceux  de  provenance 
latine  que  ceux  de  façon  romane,  ont  la  forme 
contre.  Nous  ne  consacrons  d'articles  spé- 
ciaux qu'aux  composés  qui  nous  semblent 
offrir  quelque  particularité  intéressante,  soit 
au  point  de  vue  du  sens,  soit  pour  la  forme. 

CONTREBANDE,  voy.  ban.—  D.  contreban- 
dier. 

CONTRECARRER,  selon  Frisch  (approuvé 
par  Diez),  de  carrer  =  L.  quadrare,  pris  dans 
le  sens  de  compasser,  régler,  arranger  ;  donc 
=3  déranger,  contrarier.  —  D.  vfr.  contre- 
quarre',  opposition,  rivalité. 

CONTREDANSE,  danse  où  chacun  fait  en 
sens  contraire  ce  que  fait  son  vis-à-vis.  Le  mot, 
dans  son  application  à  une  certaine  danse 
rustique,  importée  d'Angleterre  en  France, 
est  altéré  du  terme  anglais  country-dance, 
litt.  danse  de  campagne. 

CONTREDIRE,  L.  contradicere.  —  D.  con- 
tredit. 

CONTRÉE,  it.,  prov.  contrada,  angl.  coun- 
try,  du  BL.  contrata,  le  paysage  qui  s'étend 
devant  (contra)  vous;  cp.  en  ail.  le  subst. 
gegend^  contrée,  de  ge§en,  contre.  Ménage  a 
commis  la  bévue  de  rapporter  contrôla  à  con- 
tracta  s.  e.  regio. 

CONTREFAIRE,  1.  faire  contrairement  à  la 
règle  (de  là  le  part,  contrefait  ^=  difforme); 
2.  faire  en  opposition,  ou  en  imitation  de 
quelque  chose  d'autre.  —  D.  contrefaçon  ou 
contref action;  cotitrefacteur  ou  contre  faiseur. 
Du  part,  contrefait  (it.  contrafatto,  esp.  con- 
trahecho,  angl.  counterfeit),  l'ail,  a  tiré  son 
subst.  honterfei,  image,  portrait.  L'anc.  lan- 


gue avait  aussi  le  subst.  oonJtrtfaiture  (cp. 
forfaiture). 

CONTREFORT  est  le  subst.  verbal  d'un 
ancien  verbe  contreforter,  renforcer,  servir 
d'appui  (cp.  confort  de  conforter). 

CONTREGARDER*,  garder  contre  les  dan- 
gers, l'attaque  ou  la  convoitise  ;  vieux  mot  qui 
méritait  d'être  conservé.  De  là  le  subst.  contre- 
garde,  pr.  ouvrage  qui  préserve. 

CONTREMANDER,  it.  contrammandare, 
donner  un  ordre  en  sens  contraire;  cp.  l'ex- 
pression contre-ordre. 

CONTRE-MONT,  adv.  très  ancien,  signifiant 
(comme  amont)  en  montant,  vers  le  haut.  Son 
opposé  était  contreoal.  Contre  exprime  ici  la 
direction. 

CONTRE-PIED,  d'abord  un  terme  de  chasse  ; 
chasse  contre-pied,  où  les  chiens  suivent  les 
voies  de  la  bête,  mais  sur  le  chemin  qu'elle 
vient  de  faire  au  lieu  de  suivre  celui  qu'elle 
fait.  De  là  le  sens  métaphorique  :  l'inverse,  le 
contraire  de  qqch. 

CONTRE-POINT,  it.contrappunto;  point,  en 
musique,  équivaut  à  note,  et  le  contre-point 
est  la  science  de  mettre  une  note  en  rapport 
harmonique  avec  une  autre. 

CONTRETEMPS,  inopportunité;  propr.  un 
terme  de  musique  signifiant  ime  infraction  à 
la  mesure,  qui  jette  le  désordre  dans  l'ensem- 
ble. 

CONTREVALLATION,  de  contre  +  L.  val- 
latio,  palissade. 

CONTREVENT  exprime  en  termes  français  la 
môme  chose  que  paravent,  qui  est  emprunté  à 
l'it.  paravento.  Voy.  parapluie. 

CONTRIBUER,  L.  contHbuere,  litt.  donner 
ou  payer  avec  d'autres. —  D.  contribution,  L. 
contributio;  contribuable,  sujet  à  contribution 
(la  finale  able  prise  en  sens  actif). 

CONTRISTER,  L.  contristare. 

CONTRIT,  L.  coniritus,  part,  passif  de  oon- 
terere,  broyer,  briser;  contrition,  L.  contritio. 
Le  sens  métaphorique  de  ces  mots  leur  a  été 
donné  par  les  théologiens;  le  mot  tribulation 
présente  le  même  trope,  il  est  également  tiré 
de  terere. 

CONTRÔLE,  autr.  contre-rôle,  d'abord  deu- 
xième rôle  ou  registre  servant  pour  la  vérifi- 
cation du  premier,  puis  marque  de  vérifica- 
tion, enfin  vérification,  critique. —  D.  contrô- 
ler, -eur. 

CONTROUVER,  inventer  une  chose  fausse. 
C'est  une  curieuse  application  du  préfixe  con 
à  un  mot  non  latin.  Le  même  préfixe  se  trou- 
vait dans  des  termes  ana^3gues  latins,  tels 
que  :  comminisci,  commentiri,  confingere, 
contechnari.  L'angl.  aie  verbe  contrive,  signi- 
fiant inventer,  en  bon  et  mauvais  sens;  c'est 
une  forme  altérée  du  v.  angl.  cowtrove,  con- 
treve.  Le  vfr.  avait,  et  les  di^dectes  ont  encore, 
le  subst.  verbal  contreuve  ==  mensonge. 

CONTROVERSE,  L.  controversia,  opposi- 
tion d'avis,  dispute  (de  contro-versus,  litt. 
tourné  contre,  opposé).  —  D.  controœrser^ 
-iste. 


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CON 


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COQ 


GOKtuMAZ»  mot  latin,  »>  récalcitrant,  en  t. 
de  droit,  qui  refuse  de  comparaître  en  justice. 
On  se  sert  aussi  de  la  forme  vraiment  fi:ûiçaise 
contumace,  —  D.  subst.  contumace,  L.  oon- 
tumacia;  verbe  coirtumocer,  juger  par  oontu- 
mace. 

CONTÏÏSIOH,  voj.coniondant.'-D.  contu- 
sionner, 

CONYAINGRE,  angl.  convince,  L,  convin- 
cere,  d'où  subst.  convictio,  îr,  conoiction. 

GOHYALSSGSNT,  du  L.  conoalescere,  re- 
couvrer la  santé.  —  D.  convalescence. 

COlTVEinB,  L.  convenire.  Acceptions  du 
mot  latin  :  1 .  venir  ensemble,  s'assembler  ; 
de  là  conventus,  assemblée,  corporation,  fr. 
couvent  (vfr.  convent);  conoentio,  m.  s.,  fr. 
convention  =s  assemblée  constituante,  et  con- 
venticulum,  fr.  conventicule,  petite  assem- 
blée, réunion  illicite  ;  —  2.  être  ou  tomber 
d'accord  (de  là  conventio,  fr.  convention, 
pacte,  accord).  De  cette  dernière  acception 
découle  celle  d'accorder,  d'admettre  une  asser- 
tion avancée  par  un  autre  ;  l'opposé  de  conve- 
nir, dans  cette  signification,  est  disconvenir; 

—  3.  être  conforme  à  ce  que  l'on  désire  ou 
exige.  A  ce  sens  du  mot  latin,  qui  s'est  aussi 
communiqué  au  verbe  français,  se  rattachent 
les  dérivés  convenance,  L.  convenientia,  con- 
venablCy  et  déconvenue. 

GONYSNTIGULS,  voy.  convenir. 

GONVSNTION,  voy.  convenir,  —  D.  conven- 
tionnel,  1.  conforme  à  une  convention,  2. 
membre  d'une  convention.  Cps.  reconvention. 

GONVEHTUIIL,  qui  appartient  au  couvent, 
L.  conventus,  voy.  càkvenir.  —  D.  conven- 
tuaîité. 

GONVBRGEB,  L.  convergere  (Isidore),  pen- 
cher, tourner  vers  un  point  commun.  —  D. 
convergent,  -ence. 

GONVSRS,  L.  coTVoersus,  converti  ;  en  basse 
latinité  ï=  religieux  sorti  du  monde  pour  en- 
trer au  couvent;  spécialement  aussi  =  frère 
laïque  chargé  des  travaux  manuels  des  mo- 
nastères. 

GONVERSSR  (dans  l'ancienne  langue,  ce 
verbe  signifiait  généralement  demeurer,  sé- 
journer), du  L.  conversari,  demeurer,  vivre 
en  société  ;  sens  actuels  du  mot  :  1 .  échanger 
des  paroles  ;  2.  faire  un  mouvement  de  con- 
version (—  L.  conversare,  fréq.  de  convertere), 

—  P'  conversation f  L.  -atio. 

CONVERSION,  L.  conversio  (convertere). 

CONVERTIR,  L.  convertere,  —  D.  conver- 
tible, convertissement,  -isseur. 

GONVEXE,  L.  convexus  (convehere).  —  D. 
convexité f  L.  convexitas. 

CONVICTION,  voy.  convaincre. 

CONVIER,  it.  convitare,  esp.,  port.,  prov. 
convidar,  d'un  verbe  bas-latin  convitare  == 
invitare;  ce  préfixe  con  parait  avoir  pour 
cause  une  assimilation  au  mot  convive,  —  D. 
vfr.  conct,  it.  convito,  prov.  convit,  invitation, 
repas,  banquet. 

CONVIVE,  L.  conviva,  commensal.  En  vfr. 
convive  répondait  à  L.  convivium,  festin. 

CONVOCATION,  voy.  convoquer, 

CONVOI,  voy.  convoyer. 


CONVOITER  (l'n  est  parasite),  vfr.  covoiter, 
coveiter,  cuveiter,  it. cupitare,  covidare,ipTOV. 
cobeitar,  angl.  covet.  Toutes  ces  formes  diver- 
ses se  rattachent  à  un  type  latin  cupitare, 
fréq.  de  cupere,  désirer.  —  L'ac^ectif  convoi- 
teux,  vfr.  convoitous,  coveitous,  prov.  cobei- 
tos,  it.  cubitoso,  angl.  covetous,  est  tiré  du 
verbe  convoiter,  comme  boiteux  de  boiter. 
Quant  au  substantif  convoitise,  covoiiise*,  qui 
correspond  à  it.  cupidigia,  cupidezza,  esp. 
codicia  (p.  cobdicia),  prov.  cobitizia,  cobezeza, 
il  accuse  pour  type  BL.  cupiditia  p.  cupidi- 
tas  (de  cupidus,  désireux).  Le  changement  de 
d  en  t,  cependant,  étant  insolite,  j'aimerais 
autant  considérer  convoitise  comme  le  dérivé 
direct  de  convoiter;  cp.  vfr.  vantise,  hantise, 
de  vanter,  hanter. 

CONVOLER  en  secondes  noces,  phrase  du 
Digeste  :  convolare  ad  secundas  nuptias. 

GONVOLVULUS,  nom  latin  du  liseron  (on 
l'a  aussi  francisé  par  convolve),  dér.  de  con- 
volvere,  rouler  ensemble,  dont  le  part,  convo- 
lutus  a  donné  le  terme  de  botanique  cônvo- 
luté,  roulé  en  forme  de  cornet. 

CONVOQUER,  L.  convocare,  —  D.  convo- 
cation, L.  convocatio. 

GONVOTER  (d'où  it.  convoiare,  esp.  con- 
voyar),  accompagner,  escorter,  du  BL.  con- 
viare  (via),  faire  route  avec  qqn.  (cp.  envoyer 
do  inviare).  Ménage  a  proposé  l'étymologie  L. 
convehere,  qui  est  inadmissible.  —  D.  convoi, 
pr.  accompagnement,  escorte. 

CONVULSION,  L.  convulsio,  spasme,  crampe 
(convellere),  d'où  convulsionnaire. — Du  même 
conveUere,TpaT  le  supin  convulsum  :  l'adj.  con- 
vulsif. 

COOPÉRER,  L.  cooperari, 

COOPTER,  L.  cooptare,  choisir,  se  donner 
un  collègue. 

COPEAU,  BL.  copellus,  vfr.  coupeau,  cou- 
pel,  dérivé  de  coper  =  couper.  On  trouve 
aussi  copon,  correspondant  à  l'it.  coppone,  et 
formant  une  variété  du  mot  coupon. 

COPIE,  angl.  copy  ;  ce  mot  vient  sans  doute 
de  la  phrase  latine  «  copiam  facere  scripti  », 
multiplier  les  exemplaires  d'un  manuscrit.  Il 
signifie:  1.  transcription;  2.  exemplaire  de 
la  transcription  ;  3.  en  imprimerie,  le  manu- 
scrit d'après  lequel  on  imprime.  —  D.  copier 
=  transcrire;  copiste,  néolog.  (le  BL.  disait 
copiator  p.  librarius,  écrivain);  la  termin. 
iste  a  été  particulièrement  choisie  dans  les 
temps  modernes  pour  désigner  des  professions, 
p.  ex.  fumiste,  lampiste,  droguiste,  —  Du  L. 
copiosus,  adj.  de  copia,  abondance  :  fr.  co- 
pieux,  angl.  copious. 

COPIEUX,  voy.  copie, 

COPTER  la  cloche,  p.  clopter,  clopeter, 
dim.  du  bas-ail.  hloppen,  frapper?  Ou  p.  co- 
peter,  de  copet,  petit  coup?  Nicot  songeait  à 
xoTrrtiv,  frapper. 

COPULE,  terme  savant,  du  L.  copula,  lien, 
union,  francisé  en  couple  (v.  c.  m.). 

1 .  COQ,  mot  imitatif  fait  d'après  le  chant 
de  cet  oiseau  «  coquerico  »  ;  cp.  ags.  coc,  angl. 
cock,  ail.  gâcher,  gôchel,  —  Le  primitif  coq 
a  engendré  de  nombreux  dérivés  «  dont  les 


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COQ 


—  124  — 


COR 


mœurs  du  coq  sont  le  type  figuré  »,  comme 
dit  Ch.  Nodier.  Les  principaux  dérivés  usuels 
sont  :  coquet,  vain  comme  un  coq  ;  dans  Tan- 
cienne  langue  et  dans  les  patois,  on  trouve 
aussi  coquart,  p.  fat,  élégant,  niais,  ridicule  ; 
cocarde  (v.  c.  m.);  cocasse  (v.  c.  m.);  cochet, 
petit  coq  ;  cocotte  ;  coqueliner.  —  Yoy.  aussi 
cocu, 

2.  COQ,  cuisinier  à  bord  d'un  vaisseau,  du 
L.  coqiius,  cuisinier;  cp.  queux, 

GOQUARD,  vieux  coq,  fig.  fou,  benêt. 

COQUE,  du  L.  concha,  coquille.  Pour  la 
lettre,  cp.  coquille  de  conchylium.  —  D.  co- 
quetier,  cocon  (v.  c.  m.). 

GOQUEGIGRÙE,  aussi  coccîgrue,  baliverne, 
balourdise;  mot  burlesque,  dont  nous  n'es- 
sayerons ni  d'établir  î'étymologie,  ni  de 
réfuter  ou  d'approuver  celles  qui  ont  été 
émises.  Seulement,  nous  nous  passons  la  fan- 
taisie de  traduire  à  notre  tour  la  locution  pro- 
verbiale M  à  la  venue  des  coccigrues  »  (qui 
dit  la  même  chose  que  «  quand  les  ânes 
voleront  »)  par  «  à  la  venue  des  gnies  écar- 
lates  »  (coccum-\-gru8).  Evidemment,  coccigrue 
est  le  nom  do  quelque  oiseau  aquatique  fabu- 
leux. Littré  rapproche  le  mot  d'autres  compo- 
sitions similaires  et  tout  aussi  obscures  pour  le 
sens  précis  et  l'origine  :  coquefague,  coque- 
fredouille,  coqueluirie. 

COQUEIiIGOT,  variété  de  coquericot,  imita- 
tion du  cri  du  coq;  ces  mots  désignaient 
d'abord  le  coq,  puis,  vu  la  couleur  de  la  crête 
du  coq,  le  pavot  des  champs  (cp  le  languedo- 
cien cacaraca,  et  le  pic.  coqriacot,  signifiant 
également  à  la  fois  cri  du  coq  et  coquelicot). 
Chevallet  y  voyait  le  mot  gaulois  calocatonos, 
papaver  sylvestre,  cité  dans  Marcellus  Empi- 
rions, De  remediis  empiricis. 

GOQUELOURDE,  espèce  d'anémone  ;  d'ori- 
gine douteuse  ;  d'après  Ménage,  de  clocca  lu- 
rida,  cloche  jaune;  d'après  Bourdelot  =« 
coque  lourde,  la  coque  de  la  coquelourde 
ayant  plus  de  poids  que  celle  des  autres  ané- 
mones. L'anglais  nomme  la  coquelourde 
Flora's  bell,  cloche  de  Flore. 

GOQUELUGHI!  (d'où  coqxieluchon) ,  capu- 
chon, dérivé  du  L.  cucullus,  capuchon  d'un 
vêtement.  La  maladie  dite  coqueluche  a  été 
ainsi  dénommée,  dit-on,  parce  que  ceux  qui 
en  étaient  atteints  s'cncapuchonnaient  la  tête. 
Du  même  primitif,  les  Italiens  ont  dénommé 
une  maladie  semblable  coccolina.  Nous  ne  ga- 
rantissons pas  la  justesse  de  cette  explication 
du  nom  donné  au  rhume  appelé  coqueluche. 
Pour  l'élément  coque,  il  n'y  aurait  pas  de 
difiiculté  à,  alléguer  l'angl.  cough,  fiam.  huch, 
respiration  difficile,  suflbcation,  toux,  et  l'ail. 
keuchhusten  =  coqueluche,  mais  que  faire  de 
la  fin  du  mot?  —  En  Champagne,  coqueluche, 
aussi  cocloche,  signifie  un  gâteau  au  lard. 

GOQUEIIAR,  dérivé  du  L.  cucuma,  chau- 
dron ;  cp.  it.  cogoma,  pot,  coquemar. 

GOQUET,  dérivé  de  coq,  l'oiseau  vaniteux 
par  excellence;  voy.  coq.  —  D.  coqueter, 
coquetterie. 

GOQUETIER,  dér.  de  coque. 


GOQUILLE,  it.  cocchiglia,  du  L.  conchy- 
lium, BL.  conquUium  (gr.  xoyxûSiiov).  —  D. 
coquillage,  coquillier,  recoquiller. 

GOQinN,  gueux,  fripon.  Voici  les  diverses 
étymologies  avancées  sur  ce  mot  :  1.  L.  co- 
qulna,  cuisine  ;  coquinus  serait  un  «  sectator 
coquinœ  »  (Nicot);  2.  gr.  x«kûîiv,  pleurer;  le 
coquin  serait  un  pleurnicheur  qui  demande 
l'aumône;  3.  nord,  hok,  gouffre,  koka,  ava- 
ler, dévorer  (conjecture  de  Diez)  ;  4.  vfr.  eau- 
quain,  chausson,  dont  coquin  aurait  été  tiré 
pour  désigner  un  honmie  de  rien,  un  va-nu- 
pieds  (l'auteur  de  cette  étymologie  a  négligé 
un  point  essentiel,  c'est  qu'un  va-nu-pieds  ne 
porte  pas  de  chaussons)  ;  5.  L.  coquus,  cuisi- 
nier; un  coquin  serait  pr.  un  marmiton 
M  homo  vilissimus,  nec  nisi  infimis  coquinœ 
ministeriis  aptus  »  ;  6.  coq  ;  donc  une  variété 
de  coquet,  mais  avec  un  sens  plus  défavorable; 
enfin,  7.  nous  lisons  ce  qui  suit  dans  la  Meuse 
belge  du  docteur  Fremder  (M.  Morel)  :  «  Le 
même  ordre  (les  Augustins)  avait  en  ville 
d'autres  représentants,  entre  lesquels,  au  bas 
du  faubourg  Saint-Gilles,  les  frères  Cockins, 
installés  en  1 150  par  le  vénérable  Lambert 
le  Bègue.  Hâtons-nous  de  dire  que,  vulgaire- 
ment, un  cuisinier  s'appelait  autrefois  un  coq^ 
(coquus).  Les  Cockins  de  Lambert  le  Bègue 
avaient  des  fourneaux  charitables  où  ils  cui- 
saient pour  les  pauvres.  Mais  les  pauvres  qui, 
sans  travail,  sans  d'excuse  des  infirmités,  de 
l'âge  ou  du  manque  d'ouvrage,  trouvent  à  se 
faire  nourrir  de  l'aumône,  ne  sont  pas  tou« 
jours  de  simples  fainéants.  Le  coquin  ali- 
menté par  les  Cockins  est  un  vilain  person- 
nage, flétri  même  autrefois.  De  là  le  mauvais 
sens  du  mot  qui  le  désigne  ainsi  que  les  dis- 
tributeurs de  sa  pitance  quotidienne  :  de 
même  un  hôte  [hospes),  c'est  tour  à  tour  celui 
qui  donne  et  celui  qui  reçoit  l'hospitalité.  » 
On  le  voit,  il  n'y  a  que  l'embarras  du  choix. 
Notons  encore  que  dans  les  plus  anciens 
exemples,  le  mot  signifie  truand,  gueux.  — 
D.  coquiner,  -erie. 

GOR,  1.  durillon;  2.  instniment  à  vent; 
3.  corne  qui  sort  des  perches  du  cerf  (ne 
s'emploie  qu'au  pluriel).  Ce  mot,  masc.  dans 
ces  trois  acceptions,  écrit  primitivement  com^ 
est  le  latin  cornu.  —  D.  de  cor,  instniment 
à  vent  :  cornet,  petite  trompe  ;  corner,  sonner 
du  cor.  Voy.  corne. 

OORAIL,  L.  coralium,  aussi  corallum 
(xop&yytov),  —  D.  corallin. 

GORÂN,  mot  arabe,  signifiant  «  lecture  •,. 
la  lecture  par  excellence.  Voy.  aussi  alcoran. 

GORBSAU,  anc.  corhel,  dîm.  du  vfr.  corb,, 
m.  s.,  prov.  corp;  ce  primitif,  comme  l'it. 
corbo,  corto,  esp.  cuervo,  vient  du  L.  corvus. 
Pour  b  ^^  V,  cp.  courbe  de  cun>us.  —  De 
corbeau,  corbeV,  employé  comme  terme  d'ar« 
chitecture,  vient  le  composé  encorbellement. 

GORBEILLE,  L.  corbicula,  dim.  de  corbi» 
(ail.  korb).  —  D.  corbiïlon,  corbillard(\. c.  m.). 

GORBILLÂRD,  de  corbeille;  signifiait  dans 
le  principe  une  voiture  tressée  en  jonc,  un 
char  à  panier,  cp.  en  ail.  l'expression  horlh 
wagen.    D'autres,   se  fondant  sur  l'ancienne 


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COR 


125  — 


COR 


signification  du  mot  «  cocho  d'eau  faisant  le 
service  de  Paris  à  Corbeil  »» ,  le  font  venir  du 
nom  de  cette  viUe. 

CORBLEQ,  aussi  corbieu,  modification 
euphéraistique  de  cors  Dieu  (donc  =  par  le 
corps  de  Dieu);  cp.  morbleii, palsambleii. 

CORDE.  L.  chorda  (xopor,).  —  D.  cordeT, 
cordeau  (d'où  cordellet  cordelier,'ière);  corder, 
cordf/er,  décoi'der,  cordier^  -erie,  cordage, 
cordon . 

CORDIAL,  BL.  cordial is  (de  cor,  cordis, 
cœur).  —  D.  cordialité. 

CORDON»  voy.  corde.  —  D.  cordonner, 
cordanihct. 

CORDONNIER»  gâté  de  cordouanier,  en- 
core en  usage  dans  les  dialectes  it.  cordova- 
niere,  angl.  cordicainer.  Cestun  dérivé  de 
cordouan,  prov.  cordoan,  esp.  cordoban,  it. 
cordovano,  espèce  de  cuir,  tiré  do  Cordoue 
(Cordoba\  en  Espagne. 

CORIACE,  L.  coriaceus*,  de  corium,  cuir. 

CORIANDRE»  L    coriandrum   (xo/sfavS-sov). 

CORME»  dial.  aussi  corbe,  d'après  Littrô,  du 
L.  ct/rnuin^  corme.  Mais  ce  mot  latin  dé.signe 
la  coiTiouille  et  non  pas  la  corme,  —  D.  cor- 
mier. 

CORMORAN  ;  ce  mot  représente  le  breton 
morTra)i  i  ccmposé  de  môr,  mer,  et  de  bran, 
corbeau,  précédé  par  pléonasme  du  mot 
roman  corb,  corbeau.  Un  .semblable  pléo- 
nasme se  trouve  dans  la  combinaison  loup- 
garou  (v.c.  m.j.  Cette  étymologie  se  confirme 
par  le  prov.  corjnnari,  et  port,  corvmna- 
rinho,  qui  représentent  le  \a.corr)us  marinus. 

CORNAC,  mot  indien,  conducteur  d'élé- 
pbant. 

CORNALINE»  voy.  .sous  cor^xe, 

CORNE,  du  L.  corna,  plur.  de  comum, 
forme  acces.soire  do  cornu.  Ou  sait  que  beau- 
coup de  substantifs  féminins  français  remon- 
tent à  des  formes  plurielles  neutres  (par  ex. 
fétc^armc^  fde y  joie,  graine ^eUi.).  Le  singulier 
cornu  ou  cornum  s'est  reproduit  dans  le  fran- 
çais sous  la  forme  masc.  corn,  cor  (v.  c.  m.). 
Dérivés  de  corne  ou  de  cor  : 

1.  Corné,  adj.  mal  formé  par  les  savants 
moderaes  du  L.  corneus,  d'où  le  subst.  corme, 
(cp.  on  ail.  hornhaui),  tunique  extérieure  de 
Vœil. 

2.  C0R.NALINE»  prov. ,  port,  cornelina,  esp. 
cornerina.  L'it.  dit,  d'après  l'adj.  latin  cor- 
ncolus  :  cf/rniola;  l'angl.  a  corneUan  ou  car- 
nehan  stone.  Le  nom  a  été  donné  à  cette 
pierre  à  cause  do  sa  transparence.  Comparez 
le  nom  donné  pour  la  même  raison  à  l'onyx 
(de  ovuç,  ongle).  Une  assimilation  à  caro, 
carnis  (couleur  de  chair)  a  déterminé  sans 
doute  la  fonne  ail.  kameol  au  lieu  de  kor- 
neol.  Ménage  voyait  dans  cornaline  une  modi- 
fication de  coraline. 

3.  CoRNARD,  cocu,  quî  porte  des  cornes, 
expression  très  ancienne  pour  désigner  un 
mari  trompé.  Les  Italiens  disent  becco  cor- 
nuto,  bouc  cornu»  ou  simplement  becco;  les 
Espagnols»  cabroti,  =  bouc. 

4.  Cornemuse,  de  corne  +  muse  (roy.  mu- 
sette) \   primitivement,  cet    instrument  était 


pourvu  de  deux  cornes.  Il  faut  donc  abandon- 
ner l'étym.  «  qui  corne  do  la  muse  ».  D'après 
Meunier,  toutefois,  l'italien  conia-musa,  non 
pas  como-miisa,  prouverait  que  c'est  celle-ci 
qui  est  la  bonne  (Composés,  etc.»  p.  138). 

5.  Corner,  sonner  du  cor  ou  de  la  trompe. 
—  D.  corneur. 

6.  Cornet,  diminutif  de  cor  [corn)  ou  corne, 
1 .  petite  trompe  ;  2.  petit  morceau  do  papier 
roulé  en  cône  ;  3.  autres  objets  (comme  écri- 
toire)  faits  do  corne  ou  en  forme  de  corne. 

7.  Cornette,  BL.  cometa,  1.  coiflure  de 
femme  avec  deux  bouts  ressemblant  à  des 
cornes  ;  anc.  aussi  chaperon  de  docteur  (déjà 
le  primitif  conw  signifiait  jadis  une  coifiiire 
de  femme)  ;  2.  petit  étendard  de  compagnie  (à 
cause  de  sa  forme);  3.  genre  masculin  = 
porte-étendard.  —  D.  encorneter, 

8.  Corniche,  1.  petite  corne;  2.  petit  con- 
combre, d'où  cornichon. 

9.  C0RNIER,  BL.  comerius,  qui  forme  lo 
coin  (de  là  l'angl.  corner,  coin).  Le  prim. 
corne  s'applique  parfois  aussi  pour  désigner 
un  angle  saillant,  p.  ex.  dans  :  faire  une 
corne  à  un  livre  ;  à  cette  signification  se  rat- 
tache encore  lo  verbe  écorner.  —  D.  cor- 
nière, gouttière  à  la  jointure  de  deux  pentes 
de  toit. 

10.  CoRNOUiLLE,  it.  comiola,  angl.  corncZ, 
ail.  kornelhirsche,  BL.  cornoïium»  La  forme 
franc,  procède  de  cornucula,  dimin.  du  L. 
cornum,  m.  s.  —  D.  cornouiller  (arbre), 
anc.  aussi  corniller. 

11.  Cornu,  L.  comutus.  —  D.  subst.  cor- 
nue,  prov.  cornuda,  nommée  ainsi  à  cause  de 
sa  fomie  recourbée  ;  cps.  biscornu  (v.  c.  m.). 

12.  Les  composés  :  bigo7'ne  (v.  c.  m.);  écor- 
ner,  rompre  les  angles  saillants;  encorner, 
racornir,  rendre  dur  comme  de  la  corne. Voy. 
aussi  licorne. 

CORNEILLE,  it.  cornacchia,  esp.  contefa^ 
prov.  cornelha,  du  L.  cornicida,  dim.  de 
cornix  (grec  /.o/î^vtj). 

CORNEMUSE,  voy.  sous  corne. 

1 .  CORNICHE,  voy.  sous  corne.  —  D.  c(yr- 
nichon. 

2.  CORNICHE,  terme  d'architecture,  it. 
cornice,  esp.  cornisa,  wall.  coronise,  ail. 
hamies,  du  L.  coronis  (/.o/9«vt;),  fin,  couron- 
nement. Toutefois,  les  formes  franc.,  et  ital. 
accusent  plutôt  comme  primitif  le  L.  cornix 
(corneille),  auquel  on  a  fort  bien  pu  prêter 
le  sens  de  coronis,  d'autant  plus  qu'en  grec 
Mp6ivvi  signifie  à  la  fois  corneille,  courbure  et 
couronne. 

COROLLE,  L.  corolla,  dim.  de  corona.  — 
D.  corollaire,  L.  corollarium,  1.  petite  cou- 
ronne de  fleurs  ;  2.  petit  présent  supplémen- 
taire ;  de  là  3.  dans  la  basse-latinité,  l'accep- 
tion :  argument  supplémentaire  ;  en  mathé- 
matiques, conséquence  naturelle  découlant 
d'une  proposition  déjà  démontrée. 

CORPOREL,  voy.  corps. 

CORPS,  vfr.  cors,  du  L.  corpus,  corporis 
(en  opposition  avec  la  terminaison  us  de  la 
2*  décl.  lat.,  celle  de  la  3^  décL  a  transmis 
son  s  aux  formes  françaises,  cp.  temps,  lez). 


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COR 


—  126 


COS 


—  Du  primitif  latin  découlent  :  corporel,  L. 
corporalis  ;  corporation,  réunion  de  personnes 
formant  un  corps;  corpulent,  L.  corpulentus, 
corpulence,  L.  corpulentia;  corpuscule,  L. 
corpusculum.  —  Dérivés  romans  :  corset,  pr. 
petit  corps  (cp.  les  expr.  angl.  hodice  de  body, 
corps,  ail.  îeibchen,  de  leib,  corps,  it.  cor- 
petto,  corpettino)  ;  corselet,  corsage,  corsé. 

CORPULENT,   OORPUSCULB,  voy.  corps. 

CORRECT,  L.  correctus,  participe  de  cor- 

rigere,  —  Correctif,  correcÔvus*  (comgere). 

—  Correction,  correctio»  d'où  correctionnel. 

—  Correcteur,  corrector. 
CORRÉLATION,  CORRÉLATIF,  mots  didac- 
tiques modernes,  servant  à,  mieux  préciser  les 
simples  relation,  relatif;  le  préfixe  cor  (cum) 
marque  ici,  comme  souvent,  correspondance, 
réciprocité. 

CORRESPONDRE,  L.  correspondere* ,  com- 
posé inusité  de  respondere  ;  ici  encore  le  pré- 
fixe sert  à  mieux  faire  ressortir  un  rapport 
mutuel.  —  D.  correspondant,  -ance. 

CORRIDOR,  de  l'it.  corridore,  esp..  prov. 
corredor,  dérivés  du  L.  currere,  courir  ;  cp. 
couroir,  t.  de  marine,  passage,  et  ail.  gang 
de  gehen,  aller.  Le  mot  est  fréquemment 
gâté  par  le  peuple  en  coltdor.  Voy.  aussi 
couloir. 

CORRIGER,  L.  corrigere,  redresser,  amé- 
liorer (rad.  regere,  diriger).  —  D.  corrigible. 

CORROBORER,  L.  corroborare,  fortifier  (de 
robur,  force). 

CORRODER,  L.  corrodere  (de  rodere,  ron- 
ger) ;  du  supin  corrosum  :  subst.  corrosio,  fr. 
corrosion,  adj .  corrosivus.  fr.  corrosif. 

CORROI,  substantif  verbal  de  corroyer  (v. 
c.  m.). 

CORROMPRE,  L.  corrumpere;  du  supin 
corruptum  :  corruption,  corruptio;  corrup- 
teur, -trice,  corruptor,  -trix;  corruptible, 
^ibilité,  corruptibilis,  ibilitas. 

CORROSIF,  -ION,  voy.  corroder. 

CORROTER,  préparer  les  cuirs,  le  mor- 
tier, etc.  ;  signification  primordiale  :  apprê- 
ter. Ce  verbe  correspond  à  it.  corredare, 
garnir,  équiper,  meubler,  prov.  correar,  vfr. 
conréer.  Il  se  rattache  par  conséquent  aux 
subst.  it.  corredo,  prov.  conrei,  \ir.  conroi, 
équipement,  préparation,  arrangement,  etc. 
Or,  ces  subst.  composés  viennent,  de  même 
que  le  primitif  vfr.  roi,  ordre,  soit  do  la 
même  racine  qui  a  donné  goth.  raidjan, 
déterminer,  arranger,  ags.  ge-raedian,  ail. 
be^'eiten,  préparer,  néerl.  reden,  soit  du 
gaél.  reidh,  uni,  terminé,  prêt,  rangé  (le 
breton  reiz,  règle,  loi,  raison,  qui  concorde 
parfaitement  avec  le  vfr.  roi,  est  probable- 
ment, selon  Diez,  un  emprunt  fait  au  fran- 
çais). Le  mot  agrès  (v.  c.  m.)  est  de  la  même 
famille.  —  Ceux  qui  ont  mis  corroyer  en 
rapport  avec  le  L.  corium,  fr.  cmi>,  ou  avec 
courroie,  ont  bien  mal  rencontré.  —  D.  corroi, 
corroyeur. 

CORRUPTEUR,  -TION,  -TIBLE,  voy.  cor- 
rompre. 

CORS,  plur.,  voy.  cor. 

CORSAGE,  voy.  corps. 


CORSAIRE,  it.  corsare,  corsale,  esp.  corsa^ 
rio,  cosario,  prov.  corsari,  navire  qui  fait  la 
course  (esp..  it.,  prov.  corsa). 

CORSE,  CORSELET,  CORSET,  voy.  corps. 

CORSER,  donner  du  cor*  =  corps  (v.  c.  m.). 

CORSIN,  banquier,  usurier,  mlat.  caor- 
cinus,  prov.  chaorcin.  De  cadurcinus,  habi- 
tant de  Cahors  ou  plutôt  de  Caorsa  en  Pié- 
mont (voy   Littré,  et  Godefroy  s.  v.  caorsin). 

CORTÈGE,  de  Tit.  corteggio,  pr.  suite  dune 
cour,  subst.  verbal  de  corteggiare  (en  vfr. 
cortoier),  faire  la  cour,  dérivé  de  corte,  cour. 

CORVEE,  BL.  corvaia,  la  tâche  exigée  par 
le  seigneur.  Ce  mot  est  formé  de  corrogata 
(comme  vfr.  rover  de  rogare,  enlerver*  de 
interrogare,  Bavay  de  Bagacum)  et  signifie 
propr.  convocation,  appel.  Cette  étymologie  est 
appuyée  par  les  formes  prov.  courroc,  vfr.  et 
rouchi  cowroto^,  wallon  et  picard  du  xiii*  siè- 
cle coruée.  On  trouve  même  dans  la  basse  la- 
tinité la  forme-type  corrogata  avec  le  même 
sens  que  corvée. 

CORVETTE,  anc.  corbette,  francisation  du 
L.  corbita,  navire  de  transport,  esp.  corbeta, 

CORTPHÉE,  du  gr.  xopuf  «io«,  chef,  particu- 
lièrement chef  de  chœur  (de  xopvf^,  sommet). 

COSAQUE,  en  langue  kirghise  kusak,  cava- 
lier ou  guerrier. 

COSfiulTIQUE,  gr.  Mnn-nn^ôi  (xoit/a&w),  qui 
orne,  embellit.  • 

COSMO-,  élément  de  composition,  dexo^ymof, 
monde.  On  le  trouve  dans  :  cosmogonie, 
r.ov{ioyoyi%,  genèse  du  monde;  cosmographie, 
MiiiJLoypoi^ix,  description  de  l'univers  ;  cosmolo- 
gie, xovfjLoXoyla,  science  du  mondo;  cosmopo- 
lite, no'SfioTzollxvii,  citoyen  du  monde. 

COSSE,  forme  écourtée  de  écosse  p.  escosse. 
Quant  à  ce  dernier,  il  vient,  d'après  Frisch, 
du  néerl.  schote,  schosse  (Kiliaen),  m.  s.  Les 
étymologies  L.  excussa  (Ménage)  ou  concha 
(Poitevin)  ne  sont  pas  heureuses.  —  D.  écosser. 
—  L'adjectif  cossu  se  rattache  naturellement 
à  cosse;  cependant  on  y  a  vu,  avec  quelque 
raison,  pour  certaines  applications  du  mot, 
une  altération  de  vfr.  corsu,  dér.  de  corps 
(cp.  corsé,  corset)  et  signifiant  «  qui  a  du 
corps,  corpulent,  gros  ».  —  Génin  prend 
cossu  p.  copsu  et  pose  pour  primitif  L.  copio- 
sus,  abondant;  c'est  par  trop  étourdi. 

COSSER,  frapper  des  cornes,  it.  cozzare; 
selon  Diez,  d'un  type  coctiare,  issu  d'un  part, 
latin  coctiis  p.  co-ictus,  de  co  icere;  cfr.  it. 
dirizsare,  fr.  dresser,  de  directus.  —  D'après 
Caix  (Studi  di  etim.),  l'it.  cozzare  (d'où  le 
mot  français)  vient  de  l'expr.  dar  di  cozzo, 
donner  de  la  tête,  cozzo  étant  un  terme  popu- 
laire p.  tête. 

COSSON,  espèce  de  charançon,  dérivé  du 
L.  cossus,  ver  do  bois. 

COSSU,  voy.  cossè. 

COSTAL,  adj.  moderne  dér.  de  costa,  côte. 

COSTUSQi,  it.,  port,  costume,  prov.,  cat. 
costum;  ces  vocables  masculins  correspondent 
aux  formes  féminines  it.,  prov.  costuma,  esp. 
costumbre,  fr.  coutume.  On  sait  que  costume 
et  coutume  ne  difiëraient  anciennement  que 
par  une  légère  variation  de  forme  et  par  le 


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COT 


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COU 


genre,  et  que  leur  signification  oommune 
était  habitude.  Costume^  qui,  d'ailleurs,  parait 
d'importation  italienne,  a  fini  par  particula- 
riser son  acception  et  ne  plus  signifier  qu'ha- 
bitude en  matière  de  vêtement  ;  cp.  L.  habi' 
tus,  habitude,  devenu  le  îr.  habita  vêtement. 
Les  mots  cités  sont  les  représentants  du  L. 
consuetudinem.  Pour  la  terminaison  urne, 
▼oy.  l'article  amertume,  La  forme  BL.  <xw- 
tuma  se  présente  déjà  dans  un  texte  de 
l'an  705.  —  D.  costumer,  ^^ier. 

COTE,  it.  quota,  prov.  cota,  quote-part, 
nombre  indiquant  le  quantième,  etc.,  du  L. 
quotus,  en  quelle  quantité.  —  D.  coterie  (v. 
c.  m.);  coter,  marquer,  numéroter,  it.  quo- 
tare,  mettre  en  ordre,  esp. ,  port,  cotar-,  acotar, 
marquer  suivant  l'ordre  des  nombres  ;  cotiser, 
régler  la  quote-part  de  chacun. 

COTE,  caste',  it.,  prov.  costa,  du  L.  costa, 
c<yte,  flanc,  paroi,  côté.  De  costa  vient  égale- 
ment l'ail.  kUste,  néerl.  kust,  angl.  coast, 
rivage  de  la  mer.  —  Dérivés  :  1 .  BL.  costa- 
tum,  it.  costato,  esp.  costado,  prov.  costat,  fr. 

C»STET*,CÔTÉ. 

2.  Coteau  (il  faudrait  à  la  rigueur  un  cir- 
conflexe sur  lo),  d'un  type  latin  costeîlus. 

3.  Côtelette  (d'où  angl.  cutlet),  petite  côte; 
le  prov.  dit  costeta. 

4.  Côtoyer,  costoyer,  costier,  it.  costeg- 
giare,  esp.  costear. 

5.  CôTiER,  it.  costiere;  côtière,  it.  cos- 
fiera. 

6.  Accoster,  accoter  (v.  ces  mots);  âoô- 
ter,  ôter  les  côtes. 

COTER,  voy.  cote. 

GOTEBIE,  BL.  coteria,  anc.  réunion  de 
paysans  exploitant  les  terres  d'un  seigneur, 
auj.  compagnie  de  personnes  qui  cabalent 
dans  un  intérêt  commun;  d'après  Diez,  de 
cote,  quote-part,  chaque  associé  retirant  sa 
quote-part;  d'après  Littré,  du  BL.  cota, 
cabane  (d'où  angl.  cottage), 

COTHURNE,  L.  cothurnus  (xe^opvo;). 

CÔTIER,  voy.  côte, 

COTIGNAC,  voy.  coing. 

COTILLON,  voy.  cotte, 

COTIR,  meurtrir,  vfr.  coitir  (Catholicon  de 
Lille  =»  allidere,  hurter)  ;  est-ce  le  même  mot 
que  quatir,  catir  =  L.  quateref  ou  bien, 
comme  vfr.  coitier  (serrer,  presser),  dér.  du 
L.  coctus  =s  coactus,  serré?  —  Littré  pense 
que  cotir  est  le  simple  du  prov.  percutir,  L. 
percutere.  —  D.  cotissure,  meurtrissure. 

COTON,  it.  cotone,  esp.  algodon,  ail.  hat- 
tun,  de  l'arabe  ^ofon,  avec  l'article  :  al-qoton. 
L'esp.  algodon  et  alcoton  signifie  aussi 
ouate  ;  c'est  de  là  que  provient  le  prov.  al- 
cotô,  vfr.  auqueton,  auj.  hoqueton,  moy.  ni. 
acotoen,  casaque  brodée.  Glossaire  de  Lille  : 
bombicinium,  aucton  ou  pourpoint.  —  D.  co- 
toftnier,  -eux;  cotonnade,  -ine;  se  cotonner. 

COTOYER,  voy.  câte, 

GOTRET,  vfr.  costeret,  fagot  de  bois  court 
et  menu.  Ëtymologie  incertaine  ;  Ménage  ad- 
mettait pour  type  L.  costrictum  p.  constric' 
tum,  serré,  lié  (it.  costretto,  renfermé,  serré). 


Littré  signale  le  vfr.  costeret,  panier,  botte 
(«  du  poisson  en  costerés  »)  ;  ce  mot,  BL.  005- 
teretum,  vient  de  costa,  dans  le  sens  de 
panier,  botte  («  costa  circulorum  »,  botte  de 
cercles).  De  botte  à  fagot,  la  transition  serait 
naturelle.  —  Savary  (Dict.  de  commerce)  tire 
le  mot  de  YUlers-Cotterets,  premier  lieu  de 
provenance  (réfuté  par  Littré). 

COTTE,  vfr.  cote,  angl.  cocrf,  jupe,  it.  coUa, 
esp.,  port.,  prov.  cota,  BL.  cotta^  cottus.  On 
tif  e  généralement  ce  mot  roman  des  langues 
germaniques,  où  l'on  trouve  d'un  côté  ags. 
cote,  angl.  cot,  ail.  kote,  ni.  kot,  hutte, 
cabane  (nous  avons  vu,  par  les  mots  ceuaque 
et  chasuble,  que  les  idées  hutte  et  vêtement 
sont  connexes),  de  l'autre  vha.  chozso,  ail. 
mod.  kotze,  couverture  à  longs  poils,  hutte, 
froc,  etc.  Diez,  qui  pense  que  ces  derniers 
sont  empruntés  au  roman,  est  d'avis  que  cote 
pourrait  bien  représenter  un  type  latin  cuta 
(par  métaplasme  pour  cutis,  peau,  enveloppe), 
dont  le  (  médian,  contre  la  règle,  se  serait 
maintenu  comme  dans  bette,  carotte  et  autres. 
—  D.  cotillon,  cotteron,  surcot. 

COU,  voy.  col.  Composé  courde-pied,  vfr. 
col  del  pied,  it.  collo  di  piede. 

COUARD,  vfr.  coard  (d'où  angl.  coward), 
prov.  coart,  it.  codardo,  v.  esp.  co6art/o (dans 
ce  dernier  le  ô=»r  est  intercalaire,  cp.  Juw'cio, 
p.  juicio),  fiam.  kuioaerd.  Ce  mot  roman 
vient  du  L.  couda  =  queue,  vfr.  coe,  coue, 
pris  soit  dans  son  sens  naturel,  —  les  chiens 
et  autres  animaux,  quand  ils  ont  peur,  serrent 
la  queue  entre  les  fesses,  —  soit  dans  un  sens 
dérivé  :  queue  d'une  armée  ;  le  couard  serait 
celui  qui  se  tient  à  la  queue  par  poltronnerie  ; 
Etienne  :  ultimus  in  bello  aut  acio  ut  primus 
sit  in  fuga.  Le  premier  point  do  vue  semble 
plus  naturel.  En  langage  héraldique,  on  ap- 
pelle lion  couard  celui  qui  porto  sa  queue 
retroussée  entre  ses  jambes.  Dans  la  fable, 
couard  est  devenu  le  nom  du  lièvre  (cp.  en  ail. 
l'expression  hasenfuss,  poltron,  litt.  pied  de 
lièvre).  Mahn  rattache  également  couard  et 
ses  correspondants  à  cauda,  mais  il  l'inter- 
prète arbitrairement  par  :  qui  a  la  (jucuo  trop 
courte  ;  c'est  à  ce  titre  seulement  que  couard 
lui  semble  être  devenu  synonyme  de  lièvre,  et 
par  là  de  poltron.  —  D.  couardise, 

COUCHER,  vfr.  colcher,  BL.  colcare,  it. 
colcare,  corcare,  prov.  colgar,  contraction  du 
L.  collocare,  placer,  coucher.  —  Nicot  son- 
geait erronément  à  un  type  latin  cnbicare.  — 
D.  couche,  prov.  colga;  couchette,  -ee,  -âge, 
couchant  ;  coucheur,  avec  qui  l'on  couche; 
coMc/iiv/cps.  accoucher,  découcher. 

COUCI-COUCI,  tellement  quellomont.  imi- 
tation de  rit.  cosi  cosi  (cp.  ail.  et  angl.  so  so), 

COUCOU,  est  un  mot  onomatopée,  comme 
l'ail,  huchuch;  le  latin  le  rend  par  cucus  (Isi- 
dore) et  cucûlus,  un  des  mots  cjui,  par  leur 
caractère  imitatif,  convaincront  le  plus  faci- 
lement de  la  prononciation  ou  do  la  voyelle  u 
chez  les  Latins.  —  L'it.  dit  cucùlo,  le  prov. 
cogûl,  l'esp.  cuclillo. 

COUDE,  vfr.  coûte,  it.  cubito,  prov.  coide, 
code,  esp.  codo  (anc.  cobdo),  du  L.  cubitus,. 


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COU 


cub'tus.  —  D.  couder,  -ée;  coudoyer,  accou- 
der et  accoter  (v.  c.  m.). 

1.  COUDRE,  verbe,  p.  cousdre;  le  d  est 
intercalaire,  comme  dans  moldre  (auj.  mou- 
dre) p.  moire.  Du  L.  cwisuere,  contracté  en 
consre,  cousre.  Du  Cange,  du  reste,  cite  déjà 
une  forme  latine  cusere,  et  un  glossaire  arabe- 
latin  porte  cosere.  Les  formes  it.  cucire,  eus- 
cire,  esp.  coser,  cusir,  se  rapportent  en  par- 
tie à  une  forme  latine  cusire,  qui  se  trouve 
dans  Isidore.  —  D.  cousoir,  couture  -=»  it., 
esp.  costura  =  L.  consutura  ;  cps.  découdre. 

2.  COUDRE,  noisetier,  du  L.  corylus 
(xd/9uioi),  m.  s.,  devenu  d'abord  colrus,  par 
syncope  de  Vt/  et  la  transposition  des  liquides, 
puis,  par  suite  de  l'intercalation  euphonique 
de  d,  coldrus,  d'où  coudre.  —  D.  coudrier, 
coud  raie,  coudrette. 

COUENNE,  it.  cotentia,  codenna,  prov.  co- 
dena,  dér.  du  L.  cutis,  peau,  par  un  intermé- 
diaire cutanus,  d'où  d'abord  couaine,  puis 
couè^xe,  couenne.  Cette  explication,  obsciTe 
Diez,  n'est  admissible  que  pour  le  français, 
mais  fait  difficulté  pour  la  terminaison  des 
formes  it.  et  prov. 

COUETTE,  lit  de  plumes;  anciennement 
orthographié  coîïc,  vfr.  coûte,  heute,  quieuie; 
formes  issues  de  cuilte,  coite,  coûte,  coite, 
couhe  {anc.  flam.  hulcht,  angl.  quilt),  qui  re- 
présente le  L.  culcta,  contraction  de  culcUa. 

—  A  la  fonne  latine  culcitra  remontent  :  it. 
coltrice  p.  colcitre,  v.  esp.  colcedra,  prov. 
coiisscr.  Une  forme  contracte  culctra  a  donné 
it.  coltra,  coJtre,  couverture,  vfr.  cotre,  contre. 

—  Enfin,  culcitinum,  cidc^tinum,  forme  dimi- 
nutive  de  culcita,  a  fourni  le  type  à  l'it.  cus- 
cino,  esp.  coxin,  prov.  coissi,  fr.  coussin, 
angl.  cushion,  ail.  kûssoi,  kissen.  —  D. 
couetteux,  efféminé  (cp.  poUron,  mot  logique- 
ment analogue).  Voy.  aussi  le  mot  coutil, 
dérivé  de  coûte*,  et  courte  pointe. 

COUILLE,  vfr.  coil,  prov.  colho,  colha,  du 
L.  coleus,  m.  s.  —  D.  couilloii,  it.  cogîione. 
Le  mot  it.,  ainsi  que  l'esp.  cnllon  et  fr.  coïon 
(d'où  coïonner,  traiter  avec  mépris),  s'emploie 
pour  poltron  et  fripon. 

COULE,  espèce  de  capuchon  ;  du  L.  cuculla 
par  une  forme  intermédiaire  cooule;  cp. 
gourde  de  gougourde,  par  goourde  (voy. 
courge). 

COULER,  ce  verbe,  substitué  en  français  au 
latin  fluere,  signifiait  en  premier  beu,  d'après 
son  primitif  latin  colare,  filtrer,  faire  passer 
par  un  sas,  signification  encore  propre  à  it. 
colare  et  esp.  colar.  11  a  fini  par  exprimer 
tout  mouvement  fluide  et  est  devenu  aussi 
synonyme  de  glisser.  —  D.  coulant,  -âge,  -ée; 
coulis,  adj.  (v.  c.  m.),  vfr,  couleïs,  =  prov. 
coladitz  et  L.  colaticius  ;  —  couloir,  1 .  tamis, 
2.  ==  corridor  ;  couloire,  -ure.  —  Cps.  écou- 
ler, décoider, 

COULEUR,  L.  color.  —  D.  colorer,  L.  colo- 
rare  ;  coloris  (la  finale  5  a  été  «youtée  à  faux), 
it.  colorito  (part,  d'un  type  fictif  colorire  ==* 
colorer);  coloriste.  La  forme  colorier  a  été 
dérivée  dans  les  temps  modernes  du  subst. 
coloris. 


COULEUVRE,  du  L.  colubra  (it.  colubro^ 
prov.  colobre,  du  L.  masc.  coluber,  -brt). 
Notez  que  le  roman  a  fait  subir  au  fém.  côlu- 
hra  un  avancement  d'accent  et  le  traite 
comme  co/ii&ra.  —  D.  couleucreau  ;  couleu' 
vrine  ou  coulevrine,  pièce  d'artillerie  fcp.  les 
termes  serpentin,  et  ail.  feldschlange). 

COULIS,  adj.,  qui  glisse  ou  qui  coule,  voy. 
couler,  —  De  là  :  vent  coulis,  et  coulis,  subst., 
tt  éprainte  de  chappon  ou  autre  chair  bouillie 
à  outrance,  coulée  avec  le  bouillon,  qu'on 
baille  aux  malades  «  (Nicot)  ;  coulisse,  propr. 
fém.  de  l'ac^j.  coulis,  puis  chose  (rainure)  pour 
faire  glisser. 

COULOIR,  corridor,  galerie.  Dans  cette  ac- 
ception, le  mot  est  peiit-étre  gâté  de  couroir, 
qui  peut  fort  bien  avoir  existé,  et  qui  répond 
aux  équivalents  it.  corritoio,  BL.  corritorium 
(pour  la  confusion  de  r  et  /,  cp.  la  prononcia- 
tion populaire  colidor  p.  corridor).  Sinon, 
cette  acception  doit  être  déduite  de  celle  de 
conduit,  canal,  qui,  comme  celle  d'écuelle  à 
fond  de  toile  par  où  l'on  coule  le  lait  que  Ton 
vient  de  traire,  se  rapporte  à  couler. 

COULPE,  vfr.  aussi  corpe,  du  L.  culpa.  — 
D.  coupable,  L.  culpabilis  fdu  verbe  culpare, 
accuser),  d'où  le  substantif  culpabilité.  Nous 
n'avons  plus  le  verbe  coulper,  accuser,  incul- 
per, mais  les  patois  ont  le  dérivé  coupoier, 
qu'ils  emploient  pour  médire. 

COUP,  vfr.  colp,  col,  it.  colpo,  v.  esp.  colpe, 
esp.,  port,  golpe,  prov.  colp.  Par  syncope  d^i 
L.  colaphus  [if.ol7.rf  G i),  coup  de  poing,  que  l'on 
trouve,  dans  la  basse-latinité,  transformé  en 
colapus,  colopus,  puis  colpus.  Le  verbe  dérivé 
colper*,  couper,  it.  colpire,  a  signifié  dans  le 
principe  abattre  ;  le  sens  de  trancher,  tailler, 
lui  est  survenu.  Chevallet  et  autres  se  trom- 
pent en  faisant  venir  colper  du  germanique 
klopfen  ou  kloppen;  les  langues  romanes 
auraient,  selon  Diez,  plutôt  favorisé  que  dé- 
truit la  consonnancc  initiale  cl.  D'autres  en- 
core ont  proposé  vha.  holpo,  holbo  (ail.  mod. 
kolben),  ou  le  cymr.  colp,  désignant  des  in- 
struments à  percer  ou  à  frapper,  mais  l'étymo- 
logie  latine  l'emporte  en  vraisemblance.  Celle 
du  gr.  xoTTTfcv  est  également  insoutenable. 

COUPABLE,  voy.  coidpe. 

1 .  COUPE,  action  de  couper. 

2.  COUPE,  vase  à  boire,  vfr.  cope,  it.  coppa^ 
esp.,  port.,  prov.  copa,  du  L.  cwp/>a.  Ce  mot 
latin  est  distinct  de  cupa,  chose  creuse,  ton- 
neau, qui  est  le  primitif  de  fr.  cuve  (v.  c.  m.). 
Dér.  coupelle  (v.  c.  m.).  Composé  :  soucoupe» 

COUPEAU,  COPEAU,  sommet,  dér.  du  vfr. 
cope,  m.  s.,  qui  est  peut-être  le  même  mot 
que  le  précédent,  lequel,  désignant  une  chose 
concave,  peut  aussi  servir  d'appellation  à  une 
chose  convexe  ;  renversez  la  tasse  et  elle  prend 
la  forme  dune  montagne.  Le  primitif  L. 
cuppa,  dans  le  sens  que  nous  lui  attribuons, 
a  donné  l'ail,  koppe  et  huppe,  m.  s.  —  Quelle 
que  soit  l'origine  de  cope,  copeau,  on  ne  peut 
méconnaître  la  parenté  de  ces  mots  avec  Tall. 
kop,  hopf,  tête.  Et  tête  lui-même  vient  d'un 
mot  signifiant  une  chose  concave. 


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COUPELLE,  petite  coupe,  da  L.  cuppella, 
dim.  de  ciippa,  —  D.  coupeller. 

COUPER,  voy.  coup.  —  D.  coupe;  coupé, 
division  d'une  voiture;  coupeur;  couperet; 
coupoir,  -071,  'ure;  copeau ,  composés  :  décou' 
per,  entrecouper. 

COUPEROSE,  it.  cqpparosa,  esp.,  port,  ca- 
parrosa,  d'après  Diez,  du  L.  cupri,  rosa,  rose 
de  cuivre,  expression  imitant  le  gr.  xâcXxxv^ov 
vitriol,  couperose,  litt.  fleur  de  cuivre.  La 
forme  angl.  copperas  semble  faite  sur  un  type 
ail.  kupferasche,  cendre  de  cuivre,  cuivre  cal- 
ciné; le  flam.  dit  koperrood,  rouge  de  cuivre. 
—  L'acception  médicale  de  couperose  parait 
fondée  sur  l'idée  de  rouge  qu'évoque  l'élément 
rose;  ou  peut-être  sur  une  confusion  avec^ 
goutte-rose.  —  Diefenbach,  au-  mot  coporosa, 
cite  les  trois  termes  ail.  suivants  comme  tra- 
ducteurs de  ce  mot  :  coperock,  kupferrauch, 
coperrait;  ce  sont  des  formations  arbitraires, 
et  elles  ne  peuvent  guère  être  invoquées, 
comme  Ta  fait  Littré  (suppl.),  ni  pour  ni  contre 
Tétymologie  de  Diez. 

COUPLE,  it.  coppia,  du  L.  copula,  lien,  d'où 
viennent  encore  anc.  it.  côbbola,  prov.  cobla, 
strophe,  c.-à-d.  enchaînement  de  vers,  signi- 
fication propre  encore  au  diminutif  français 
couplet.  —  D.  coupler,  accoupler,  découpler. 

COUPLET,  voy.  couple.  —  D.  coupleter. 

COUPOLE,  de  l'it.  cupola,  diminutif  de 
coppa,  voy.  coupe  2;  l'ail,  en  a  fait  kuppel. 

COUR,  anc.  court,  cort,  esp.,  port.,  it. corte, 
prov.  cort,  BL.  cortis,  curtis,  à\\  L.  cohors, 
chors,  cors,  -lis,  cour  de  ferme;  escorte,  cor- 
tège. Acceptions  du  terme  en  bas-latin  : 
1.  cour  de  maison,  ferme,  métairie,  basse- 
cour,  de  là  les  dérivés  :  courtil,  BL.  curtile, 
wallon  corti,  jardin  dépendant  d'une  habita- 
tion rurale  ;  courtine  (v.c.m.);  2.  cortis  regia, 
regia  aula,  familia  et  domus  principis  ;  de  là  : 
it.  cortese,  esp.  certes,  fr.  courtois,  répon- 
dant à  un  type  latin  cortensis;  it.  cortigiano, 
esp.  cortesano,  BL.  cortisanus,  fr.  œuRTi- 
SAN  (cp.  la  forme  it.  Parmigiatw  =  Parmen- 
fiis);  verbe  it.  corteggiare,  esp.  cortefar,  prov. 
eortezar,  fr.  courtiser;  corteggio,  subst.  de 
ce  verbe,  a  donné  au  français  le  mot  cortéob 
(v.c.m.).  —  Le  mot  latin  chors,  BL.  cortis, 
s'est  ainsi  substitué  au  latin  classique  aula, 
dans  les  deux  sens  qu'avait  ce  dernier  ;  ces 
deux  sens  sont  également  propres  à  l'ail,  hof. 
Nous  rappellerons  encore  une  troisième  ac- 
ception du  mot  cour,  dérivée  de  la  deuxième, 
savoir  celle  de  siège  de  justice. 

COURAGE  (anc.  =  cœur,  sentiment),  it.  co- 
raggio,  esp.  corage,  prov.  coraige,  BL.  cora- 
gium;  dér.  de  cor,  fr.  cœur.  L'absence  du  d 
radical  (L.  cor,  cordis)  prouve  que  le  dérivé 
s'est  produit  sur  le  terrain  roman,  en  dehors 
de  toute  influence  latine  ;  il  en  est  de  même 
du  dérivé  vfr.  corée,  entrailles.  —  D.  com- 
rageux;  encourager,  décourager. 

COURBATU,  part,  passé  d'un  verbe  flctif 
courbattre,  que  les  uns  expliquent  par  battre 
à  bras  »  raccourci  »  (Littré),  d'autres  par 
«  courbe-battre  »,  et  qui,  selon  moi,  repré- 
sente •  frapper  au  cœur  n  ;  cp.  ail.  herz- 


schlûchtig,  courbatu,  poussif,  asthmatique 
(de  herZ'Schlag,  battement  de  cœur).  La  forme 
cour  p.  cœur  en  syllabe  atone  est  correcte. 
Comme  composition,  cp.  solhatu.  —  D.  cour- 
bature, d'où  courbaturer. 

COURBE,  adj.,  prov.  corb,  du  L.  curvus 
(pour  tj  médial,  devenu  b,  cp.  corbeau).  — 
D.  courbe,  subst.;  courber  (L.  curvare),  cour- 
bure, -ettej  recourber. 

COURCAILLET,  dans  certaines  contrées 
carcaillet,  sifllet  pour  appeler  les  cailles  ;  la 
première  partie  du  mot  seule  est  sujette  à  ex- 
plication; est-ce  peut-être  une  modification 
de  cor,  quoique  le  mot  désigne  un  sifileti  Po- 
trus  de  Crescentiis  a  traduit  cet  instrument 
par  qualilatorium  (quod  qualiam  afiert?). 
Littré  tient  le  mot  pour  une  onomatopée. 

1.  COURGE,  anc.  coourge,  qui  représente 
L.  cucurbica,  transformation  du  classique 
cucurbUta,  qui  de  son  côté  a  fait  régulière- 
ment le  prov.  œugourde,  d'où  fr.  goourde, 
auj.  gourde  (en  wallon  cahoûte). 

2.  COURGE,  bâton  recourbé  à  l'aide  du- 
quel on  porte  sur  l'épaule  deux  seaux,  l'un 
en  avant,  l'autre  en  arrière.  Etymologie  incer- 
taine. Littré  rappelle  le  corgo  du  moy.  lat., 
que  D.  C.  interprète  par  «  stirps,  truncus,  fus- 
fis  »;  mais  tout  en  admettant  connexité  avec  ce 
mot,  celui-ci  n'est  pas  le  primitif  immédiat 
de  courge.  Notre  vocable  traduit  dans  le 
Gloss.  de  Lille  (p.*  53  de  mon  éd.)  le  lat. 
coligerium  (aussi  coligeriatum),  mot  forgé 
de  collo  gerere  (cp.  fr.  colporter)  et  resté  in- 
connu à  D.  0.  et  à  Diefenbach;  mais  on  ne 
saurait  faire  sortir  courge  de  coligerium. 

COURIR,  vfr.  corre,  courre  (forme  conser- 
vée dans  chasse  à  courre),  L.  currere.  —  D. 
courant,  courante  =  diarrhée,  coureur,  cou- 
reuse; courrier. 

COURLIEU,  courlis,  courleri,  angl.  curlew, 
BL.  corlivus,  it.  chiourlo,  esp.,  chorlito,  oi- 
seau nommé  d'après  son  cri. 

COURONNE,  L.  corona.  —  D.  couronner, 
L.  coronare. 

COURRE.  COURRIER,  voy.  courir. 

COURROIE,  it.  correggia,  esp.  port,  correa, 
prov.  correa,  valaque  cureà,  du  L.  corrigia, 
courroie,  lanière,  fouet. 

COURROUX,  vfr.  coroce,  prov.  corroiz,  it. 
corruccio.  D'après  Diez,  ces  mots  sont  formés 
de  colroux,  colruccio  et  viennent  de  choiera, 
bile,  colère.  Littré,  se  fondant  sur  l'it.  corrotto, 
vfr.  corrot  (rare),  deuil,  qui  répond  à  un  type 
L.  corruptus,  action  de  corrumpere  (au  sens 
d'irriter,  mettre  en  peine),  estime  que  la  forme 
corons,  courroux  (avec  s,  ^  ou  a?  à  la  fin)  ac- 
cuse pour  type  un  subst.  fictif  corrtiptium.  Il 
est  difficile  de  ne  pas  souscrire  à  l'opinion  de 
Littré  ;  selon  moi,  vfr.  corrot,  corropt  repré- 
sente le  subst.  verbal  de  corruptare,  courroux 
cehii  de  corruptiare  (cp.  vfr.  corroptios, 
coroços  =  L.  corruptîosus);  vfr.  coreçon 
(courroux)  =»  corruptionem.  —  Pour  le  sens 
de  «  irriter,  fâcher  »,  dont  corrumpere  s'est 
revêtu,  cp.  ail.  ârgern,  fâcher,  litt.  gâter,  et 
fr.  altérer,  propr.  gâter,  —  D.  courroucer 
(vfr.  courecier,  courcier). 

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cou 


130 


CRA 


COURS,  it.  corso,  csp.  curso^  prov.  cors, 
du  L.  cursus  (currere).  Les  langues  romanes 
ont  en  outre  une  forme  féminine  :  it. ,  esp  , 
prov.  cor^'a,  fr.  course,  action  de  courir. 

COURSE,  voy.  cours.  —  D.  coursier,  prov. 
corsiery  it.  corsiere  ;  corsaire  {y.  c.  m.). 

COURSON,  voy.  court. 

COURT,  it.,  esp.  corto,  prov.  cort,  L.  cur- 
tus,  —  D.  courson,  branche  taillée  de  court 
(type  latin  curtio);  courtaud,  it.  cortaldo; 
écourter,  accourcir  (v.  c.  m.). 

COURTAGE,  voy.  courtier. 

COURTAUD,  voy.  court.  —  D.  courtauder. 

COURTEPOINTE,  p.  coulte  pointe  =  cuir 
cita  pu7icta,  couverture  piquée.  Pour  coulte 
■=■  cul  cita,  voy.  couette. 

COURTIER,  contraction  du  vieux  mot  cou- 
ratier,  couretier,  it.  curattiere  (p.  curatiere); 
d'un  type  latin  curatarius,  dérivé  du  L.  eu- 
ratus,  chargé  d'une  affaire  (de  cura,  soin).  — 
Le  subst.  courtage  se  rapporte  dir.  au  verbe 
courcter,  courter  (peu  usité). 

COURTIL*,  voy.  cour.  —  D.  courtilière,  in- 
secte qui  ravage  les  jardins,  taupe-grillon  ; 
cp.  le  nom  de  l'insecte  àltjarcUnière. 

COURTINE,  it.,  esp.,  prov.  cortina.  Sont 
tirés  du  français  :  ail.  gardine,  angl.  curtain. 
Isidore  :  cortinse  sunt  aulsea.  Comme  au- 
laeum  («Oiafa)  se  rattache  à  aula  (aù>>5),  cour, 
courtine  vient  du  BL.  cortis,  cour.  Au  moyen 
ftge  cortina  signifiait  «  minor  cortis  »,  la 
petite  cour,  puis  une  certaine  partie  des 
remparts,  encore  aujourd'hui  appelée  cour- 
tine. Leur  origine  respective  permet  d'assi- 
gner à  courtine  et  au  L.  aulasum  pour  signi- 
fication première  :  mur  de  clôture,  séparation 
entre  deux  cours,  d'où  découle  l'acception 
abri,  rideau.  Le  cortina  du  latin  classique 
(espèce  de  vase)  n'a  de  commun  avec  le 
cortina  des  langues  romanes,  issu  de  cortis, 
que  la  racine,  qui  exprime  une  chose  ou  un 
espace  circulaire.  —  Bugge  explique  le  cor- 
tina classique  par  une  contraction  do  corsor- 
tina,  cf.  l'ombrien  cotortus.  Voy.  Rom.,  V, 
176,  note.  —  D.  encourtiner. 

COURTISAN,  COURTISER,  voy.  cour. 

COURTOIS,  voy.  cour.  —  D.  courtoisie,  it., 
esp.  cortcsia,  angl.  courtesy. 

1 .  COUSIN,  it.  cugino,  prov.  cosin,  est  selon 
l'opinion  généralement  reçue  et  sanctionnée 
par  Diez,  une  contraction  du  L.  consobn'nus. 
Les  formes  grisonnes  accusent  davantage  cette 
origine  :  cusrin,  cusdrin;  l'esp.  a  sol/rino 
-=  neveu.  Chevallet,  à  la  suite  de  Nicot,  pro- 
posp  pour  primitif  une  contraction  de  consan- 
guineus.  Entre  les  deux  contractions  mises 
en  avant,  le  choix  ne  peut  rester  douteux.  — 
D.  cousin'er,  -âge. 

2.  COUSni,  anc.  cusin,  moucheron,  d'un 
type  latin  culicinus,  diminutif  de  culeœ,  cou- 
sin. Grober,  récemment,  a  objecté  contre 
Tétymon  culex  qu'il  postule  en  fr.  coucin  ou 
coissin;  mais  que  mettre  à  sa  place?  —  D. 
cousinière. 

COUSSIN,  voy.  couette.  —  D.  coussinet. 

COUT,  voy.  coHUer. 


COUTEAU,  colteV,  coutel,  it.  coltello,  prov. 
coltclh,  du  L.  culteîlus,  dim.  de  cultcr  — 
D.  coutelier  (angl.  cutler),  coutellerie,  coutelas 
=  it.  coUellaccio. 

COUTER,  couster,  it.  costare,  esp..  prov. 
costar,  ail.  kosten,  du  L.  constare,  m.  s.  Pour 
la  transformation  du  mot  latin,  comparez  les 
mots  costume  et  coutume,  coudre,  couture, 
Coutance,  nom  de  ville,  de  Constantia.  —  D. 
subst.  verbal  coût,  prov.  cost,  it.  costo;  adj. 
coûteux,  esp.  costoso. 

COUTIL,  keutiV,  dérivé  du  vfr.  coûte,  coite, 
keute,  r=:  L.  culcita  (voy.  couette),  toile  dont 
on  couvre  des  oreillers,  matelas,  etc.  Autre 
dérivé  du  même  primitif  :  coutier,  faiseur  de 
coûtes,  tisseur  en  coutil. 

COUTRE,  it.  roltro,  du  L.  culter,  -tri,  soc 
de  charrue. 

COUTUME,  voy.  costume.  —  D.  coutumier, 
accoutumer  {y .  c.  m.). 

COUTURE,  voy.  coudre.  —  D.  couturier. 

COUVENT,  voy.  conve7iir. 

COUVER,  1.  en  parlant  des  oiseaux,  it. 
covare,  prov.  coar,  du  L.  cubare,  pris  dans 
le  sens  de  incubare,  être  couché  dessus  ;  de 
là  :  couvaison,  L.  cubatio  ;  couvée,  couvin  = 
L.  cubamen*;  couveuse,  couvi;  2.  en  parlant 
du  feu,  du  L.  cubare,  dans  le  sens  d'être 
couché  (=  caché  sous  la  cendre)  ;  de  là  :  cou- 
vet  (bourg,  coiweau),  chaufferette. 

COUVERCLE,  it.  coperchio,  du  L.  coopet^cu- 
lum  (cooperire).  L'ancien  mot  coiwerseau 
répond  à  un  type  coopercellum. 

COUVERT,  voy.  couvrir. 

COUVBT,  voy.  couver. 

COUVRIR,  angl.  coter,  it.  coprire,  esp., 
prov.  cubrir,  du  L.  cooperire.  Du  part.  L. 
coopertus,  copertus  :  fr.  couvert.  —  D.  subst. 
couvert,  1 .  ce  dont  on  couvre  une  table,  une 
lettre  ;  2.  ce  qui  couvre,  abri,  asile  ;  couverte, 
couverture,  couvreur;  cps.  découvrir,  recou- 
vrir^ couvre-chef  ei  sembl.  —  Je  tiens  couvert 
et  couverte  pour  des  subst.  verb.  d  un  type 
dérivé  copertare. 

CRABE,  mot  d'origine  germanique  :  ags. 
crabba,  angl.  crab,  suéd.  krabba,  alLkrabbe 
(cp.  gr.  xàpaSo;).  —  D.  cTobier,  oiseau  qui  se 
nourrit  do  crabes;  dim.  crevette  (v.  c.  m.j. 

CRAC,  onomatopée  (cfr.  vha.  krac,  ail. 
krach,  angl.  crack,  gaél.  crac).  —  D:  cra- 
quer, ail.  krachen;  craquelin  «=  néerl.  A;ia- 
keling. 

CRACHER  (prov.  es-cracar,  vfr.  escrachier) 
parait  être  un  renforcement  des  équivalents 
vfr.  rocher,  wall.  rachi,  pic.  raquer,  prov. 
racar.  Ces  formes  sont  identiques  avec  le 
nord,  hràki,  salive,  hrœkia,  cracher,  ags. 
hraekan.  Malgré  ces  rapports  étymologiques 
incontestaUes,  on  est  admis  à  ne  voir  dans 
cracher  qu'une  des  manières  adoptées  dans 
les  diverses  langues  pour  imiter  le  bruit  qu'on 
produit  en  tirant  un  flegme  du  fond  de  l'esto- 
mac. —  D.  crachat  (cp.  pour  la  finale  pissai), 
crachoir,  -oter. 

ORAIB,  vfr.  croie,  it.  creta,  esp.  greda. 


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CRA 


131  — 


CRÉ 


anc.  flam.  hryd^  ail.  hreide,  du  L.  creta,  — 
D.  crayeux,  crayon,  rouchi  croïon, 

CRAINDRE,  vfr.  cremre,  criembre,  cre- 
mir,  prov.  cremer,  du  L.  iremere  (prov.  et 
vfr.  tremir),  avec  changement  euphonique 
de  tr  en  cr.  Pour  la  forme  finale,  cp.  ffein- 
dre  de  gemere,  empreindre  de  imprimei'e  et 
sembl.  —  D.  crainte,  d'où  craintif. 

CRAMOISI  (le  peuple  dit  encore  en  quelques 
provinces,  d'une  manière  plus  juste,  her- 
moisi),  voy.  carmin, 

CRAMPE,  BL.  crampa,  d'origine  germa- 
nique, =  angl.  cramp,  ail.  krampf.  Le  mot 
est  de  la  même  famille  que  le  suivant;  l'idée 
fondamentale  est  contracter,  resserrer,  re- 
courber. 

CRAMPON,  de  l'ail,  krampe,  crochet  (vha. 
cramph,  courbé);  cp.  it.  grampa,  griffe.  — 
D.  cramponner,  -et. 

CRAN,  wall.  cren,  vfr.  crenne,  entaille, 
pays  de  Coiro  crenna  (cp.  le  mha.  krinné), 
du  L.  crena,  rainure,  entaille.  — D.  créneau, 
vfr.  crenel,  et  par  transposition  de  Vr  :  carnél, 
carneau,  -èîe  (d'où  carneler)-^  créner, 

CRANCELIN,  de  l'ail,  kr&nslin,  dimin.  de 
hranz,  couronne. 

CRANE  (mot  inusité  en  vfr.,  où  il  aurait 
fût  crange),  du  L.  cranium,  gr.  xpxvLov.  De 
crâne,  dans  le  sens  métaphorique  «  écervelé, 
tapageur,  rodomont  »,  vient  le  subst.  crânerie. 

CRAPAUD,  vfr.  crapot,  picard  crapeux, 
PjTov.  crapaid,  grapaut,  cat.  gripau,  limou- 
sin gropal.  On  fait  généralement  venir  ce  mot 
du  L.  crepare,  le  crapaud  étant  un  animal 
prêt  à  crever;  mais  pourquoi,  dans  cette  hy- 
pothèse, le  mot  ne  s*est-il  pas,  conformément 
A  la  règle,  francisé  en  crevaud  f  Chevallet 
prend  crapaud  ^wc  une  corruption  du  danois 
grœnpadde  =:  crapaud,  mot  composé  de 
groen,  vert,  etpadde,  grenouille  ou  crapaud.  * 
Il  cite  à  l'appui  de  sa  supposition  le  passage 
suivant  du  Dictionnaire  de  Trévoux  :  «  Le 
plus  dangereux  crapaud  est  celui  qu'on  ap- 
pelle crapaud  verdier  ou  graisset  ou  raine 
verte  (rana  viridis).  ■•  Nous  ne  nous  rangeons 
pas  à  l'avis  du  linguiste  français;  les  diverses 
formes  romanes  du  mot  nous  disposent  plutôt 
en  £aveur  de  l'opinion  de  Diez  et  autres,  qui 
rattachent  le  mot  à  la  racine,  signifiant  ram- 
per, des  vocables  germaniques:  ags.  creopan, 
angl.  creep,  néerl.  kruipen.  D'après  Brachet, 
il  existerait,  en  effet,  en  vfr.  un  verbe  craper, 
ramper,  mais  il  est  inconnu  à  Oodefroy.  — Il 
faat,  du  reste,  aussi  citer  ici  le  mot  crape, 
qui  se  rencontre  dans  des  patois  français  avec  le 
sens  d'ordure.  Crapaud  en  serait-il  un  dérivé? 
Dans  le  dialogue  français-flamand  publié 
par  Hoffinann  de  Fallersleben  (Horse  belgi- 
cse,  IX,  p.  -99),  nous  rencontrons  crapois, 
traduit  par  merswin  (marsouin).  Cp.  cror 
poussin.  Ménage  invente  pour  le  besoin  une 
de  ses  enfilades  favorites  :  repère,  repave,  re- 
paldus,  crepaîdus,  crapaldus,  crapaud,  — 
On  a  vu  aussi  dans  crapaud  l'onomatopée  du 
lé^er  son  guttural,  court,  flùté,  que  ces  ani- 
maux donnent  vers  le  soir  au  temps  de  leurs 


amours.  —  Enfin,  l'on  a  proposé  le  mot  grec 
ncrpfrjxTÔi  ;  pour  notre  part,  nous  ne  connais- 
sons pas  cette  forme,  mais  bien  un  verbe 
r,&p:ptiv,  contracter.  On  voit  que  le  nom  de  ce 
hideux  reptile  a  beaucoup  embarrassé  les  éty- 
mologistes.  —  D.  crapaudine,  -ière;  crapdet, 
jeune  crapaud. 

CRAPAUDAILLE,  espèce  de  crêpe;  corrup- 
tion pour  crépodaille  (radical  crêpe,  angl. 
crap^, 

CRAPOUSSIN,  1.  sorte  de  crustacé  (?); 
2.  pçrsonne  contrefaite,  terme  de  dérision. 
Ce  mot  est  sans  doute  du  même  lignage  que 
crapaud, 

CRAPULE,  L.  crapula  {tpxnticU).  —  D. 
crapuler,  -eux, 

CRAQUE,  bourde,  vanterie,  =  chose  qui  fait 
du  bruit,  sonore,  qui  craque;  on  a  fait  du  mot 
un  personnage  de  comédie. 

CRAQUELIN,  voy.  crac, 

CRAQUER,  voy.  crac;  sens  métaphorique, 
faire  le  vantard,  débiter  des  mensonges  (cp. 
angl.  io  crack).  —  D.  craque,  mensonge, 
gasconnade  (v.  c.  m.);  craqueur,  -erie;  craque- 
ler, -eter, 

CRASE,  contraction,  du  gr.  x/^ân;,  mélange, 
fusion. 

CRASSANE,  sorte  de  poire  fondante.  Mot 
gâté  de  cresane,  par  suite  d'un  faux  rapport 
avec  cra^sus,  épais,  ramassé  ;  il  vient  de  Cre- 
sane, nom  d'un  village  de  la  Nièvre  (Littré, 
suppl.). 

CRASSE,  adj.  fém.  (dans  crasse  ignorance), 
du  L.  crassus,  épais,  gras  (voy.  aussi  gras), 
—  D.  crûsse,  subst.,  ordure  épaisse  et  grasse, 
variété  de  graisse,  à  forme  plus  latine  ;  cras- 
seux, décrasser,  encrasser. 

CRATÈRE,  L.  crata*,  gr.  xpxr^p,  pr.  coupe 
où  l'on  mélange  (xsp&sj,  mélanger). 

CRAVACHE,  esp.  corbacho,  ail.  karbaische^ 
holl.  kdrwats,  russe  harbatsch  ;  du  turc  kyi*^ 
batch,  nerf  de  bœuf. 

CRAVATE  (patois  croate,  croyate),  it.  cra-* 
vatta,  croatta.  esp.  corbata.  Le  mot  s'est  in- 
troduit en  France  dans  la  première  moitié  du 
XVII*  siècle  et  vient  du  nom  de  peuple  Cra- 
vatte  =•  Croate  (esp.  corvato).  Le  même  mot 
cravate,  au  masculin,  désigne  un  cheval  de 
Croatie. 

CRATON,  voy.  craie.  —  D.  crayonner. 

CRÊANCÎS,  ancienne  forme  de  croyance;  la 
créance,  dette  active,  est  un  effet  de  la  con- 
fiance, de  la  croyance,  du  crédit  accordé  à 
qqn.  Le  mot  est  tiré  de  credens,  vfr.  créant 
(voy.  croire).  —  D.  créancier. 

CRÉATEUR,  -TION,  -TURE,  voy.  créer. 

CRÉCELLE,  moulinet  de  bois  qui  fait  un 
bruit  aigre.  Selon  Ménage,  de  crécerelle,  à 
cause  de  la  ressemblance  du  son  de  la  crécelle 
avec  le  cri  de  cet  oiseau  ;  étymologie  bien  pro- 
blématique. Peut-être  d'un  type  latin  crépi- 
cella,  tiré  du  L.  crepare,  craquer,  rendre  un 
son,  pétiller  (cp.  L.  crepitaculum',  hochet, 
créceUeJ;  ou  bien  du  holl.  hrehel,  (alle- 
mand d  Aix-la-Chapelle,  krechel)  grillon  (voy. 
criquet),  ou  enfin  du  v.  néerl.  krehen,  cra- 
queter (angl.  creah,  creek).  —  Le  Nomen- 


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CRÉ 


132 


CRE 


clator  de  Junius  donno  cercerelle,  claquette, 
pour  traduire  crotalus.  —  Disons  encore 
qu'on  a  proposé  de  rattacher  crécelle  à 
kyrielle,  par  hysielle  (qui  se  trouve),  d'où 
crisielley  créselle,  cresselle (Rom,,  VIII,  619). 
C'est  par  trop  d'eflTort. 

CRÉCERELLE,  anc.  querquerelle,  oiseau  de 
proie  ;  variété  de  vfr.  crécelle,  homonyme  du 
subst.  traité  plus  haut.  Ce  primitif  cr^ceZ^ 
est  une  modification  de  cercelle  (y.  c.  m.),  qui 
vient  du  L.  querquedula, 

CRÈCHE,  vfr.  crebe,  greche,  wall.  crêpe, 

cripe  (angl.  cratch,  râtelier),  prov.  crepia, 

crepcha,  it.  greppia,  du  vha.  krippa,  krippea, 

vieux  saxon  cribbia,  ail.  krippe,  angl.  crib, 

'  Pour  la  forme,  cp.  sèche  de  sœpia  (sepia). 

CRÉDENCE,  mot  d'introduction  étrangère, 
it.  credenza,  esp.  credencia,  ail.  hredenz-tisch, 
du  BL.  credentia,  1.  prœgustatio,  experiliien- 
tum,  épreuve  ;  2.  la  table  «  in  qua  vasa  in  con- 
vivio  reponuntur  ».  Du  L.  credere,  croire. 
Avant  de  servir  les  vins  et  les  mets,  ils  étaient 
dégustés,  pour  certifier  qu'ils  ne  renfermaient 
rien  de  nuisible;  cette  dégustation,  inspirant 
confiance,  s'est  appelée  crédence,  variété  de 
créance  et  de  croyance.  L'acte  a  communiqué 
son  nom  à  la  table  sur  laquelle  il  s'accomplit. 
Le  sens  de  crédence  s'est  dans  la  suite  élargi 
et  le  mot  signifie  aujourd'hui  buffet,  dressoir, 
chambre  à  provisions.  —  D.  crédencier,  BL. 
credentiarius . 

CRÉDIBILITÉ,  L.  credibilitas  (de  credibi- 
lis,  croyable). 

CRÉDIT,  it.  crédita,  ail.  kredit,  du  L.  cre- 
ditum,  pr.  la  somme  de  ce  qui  est  cru,  c.-à-d. 
confié  à  qqn.,  ou  de  ce  qui  lui  est  fourni  ou 
prêté  dans  l'espoir  d'un  remboursement,  puis 
=  réputation  de  solvabilité,  et,  enfin,  con- 
fiance en  général.  Crédit  est  le  corrélatif  de 
débit,  L.  debitum,  chose  dito.  —  D.  créditer, 
inscrire  au  crédit,  créditeur;  accréditer,  pour- 
voir dé  crédit  ;  décréditer  ou  discréditer,  pri- 
ver de  crédit. 

CREDO,  mot  latin  «-je  crois  ;  premier  mot 
du  symbole  apostolique. 

CRÉDULE  (en  Champ.,  créole,  criole),  du 
L.  credulus,  m.  s.  —  D.  crédulité,  L.  -itas; 
incrédule,  L.  incredulus,  qui  ne  croit  pas. 

CRÉER,  L.  creare.  —  D.  créateur,  ^atio7i, 
-ature^,  L.  creator,  -atio,  -atura. 

CRÉMAILLÈRE ,  CRÉMÂILLON,  vfr.  cra- 
mail,  wall.  crama,  cramion,  cramier,  champ. 
cramaille,  du  bas-latin  cramaculus,  venu  lui- 
même  du  néerl.  kram,  croc  de  fer.  L'origine 
grecque  x/5«;u5aaac.  suspendre,  est  peu  pro- 
bable. Du  fr.  crémaillère,  Tëspagnol  a  fait 
gramallera. 

CRÈME,  prov.  crema,  angl.  cream,  du  L. 
cremum  (Vénance  Fortunat),  p.  cremor,  Cre- 
mor  lactis,  suc  du  lait  est  une  expression  sem- 
blable à  flos  lactis,  it.  fior  di  latte,  fleur  du 
lait  ;  l'it.  dit  aussi  capo  ou  cima  di  latte.  Vs 
dans  vfr.  cresme  est  intercalaire.  —  D.  cré- 
mer,  -eux,  -iei';  écrémer, 

CRÉNEAU,  voy.  cran»  —  D.  créneler, 

CRÉOLE,  anc.  criole,  de  l'esp.  criollo,  qui 
paraît  être  d'origine  indienne.  Le  sens  le  plus 


large  do  ce  mot  est  :  individu  de  race  étran- 
gère né  dans  le  pays. 

CREPE,  crespe*,  du  L.  crispus,  frisé.  —  Le 
subst.  fém.  crêpe,  pâte  faite  de  farine  et 
d'oeufs,  jBst  le  même  mot;  pour  ainsi  dire, 
pâte  rugfueuse,  ridée.  Anciennement  on  em« 
ployait,  dans  ce  sens,  aussi  le  dimin.  crepet. 
Ou  bien  crêpe  et  crepet  seraient-ils  de  la 
famille  de  l'ïil.  krapf,  dim.  krâppel,  espèce 
de  gâteau?  —  D.  crêper,  L.  crispare;  crépir, 
enduire  de  mortier  (les  aspérités  du  crépi  ont 
donné  naissance  à  ce  mot  ;  cp.  le  terme  angl. 
roughcast)\  crépine,  crépon  (esp.  crespon)^ 
crépodaille,  gâté  en  crapaudailU;  crépu. 

CRÉPIN  (SAINT),  ensemble  de  l'outillâpe 
d'un  cordonnier,  de  saint  Crépin  (Crispinus), 
patron  des  cordonniers. 

CRÉPINE,  prov.  crcspina,  voy.  crêpe. 

CRÉPIR,  vfr.  crespir,  voy.  crêpe.  —  D. 
crépi,  crépissure. 

CREPITER*,  -ATION,  L.  crepitare,  -atio. 

CRÉPUSCULE,  L.  crepusculum,  dim.  d'uu 
subst.  (inusité)  crépus,  qui  a  laissé  sa  trace 
dans  l'adj.  crêper  us,  sombre,  douteux.  —  D 
crépusculaire. 

GRÉQUIER,  prunier  (ou  cerisier)  sauvage 
du  vfr.  crêque,  prunelle;  celui-ci = vha.  crick, 
petit  fruit  A  noyau;  cp.  dans  quelques  dia- 
lectes ail.  krieke,  kriechr,  cerise  ou  petite 
prune;  dan.  hrâge,  prunelle. 

CRESCENDO,  terme  de  musique  italien, 
mot  latin  signifiant  •»  en  croissant  •• . 

CRESSON,  pic.  hc7son,  BL.  crissonus,  it. 
crescùme.  Selon  Cli.  Estienne,  «  a  céleri tate 
crescendi  »;  si  cette  étymologie  est  la  bonne, 
il  faut  considérer  comme  empruntés  au  roman 
les  mots  germaniques  vha.  chresso,  nha. 
kresse,  ags.  càrse,  angl.  cress,  néerl.  herse; 
Weigand,  cependant,  les  rattache  au  verbe 
vha.  chresan,  ramper,  à  cause  des  tiges  ram- 
pantes du  cresson  de  fontaine.  Le  mot  s'est 
aussi  transmis  aux  lan^j^ues  slaves.  Voy.  aussi 
Hildebrand  dans  le  Diet.  de  Grimm. 

CRETE,  it  ,  esp.  cresta,  angl.  crest,  =  L. 
crista.  —  D.  crété;  vfr.  crcsteau  =  créneau, 
cp.  prov.  cristal,  hauteur;  écréter,  t.  d'art 
militaire. 

CRETIN,  dans  la  Gironde  crcstin,  dans  les 
Pyrénées  crestian.  Lotym.  christianus  (bon 
chrétien,  innocent,  idiot),  mise  en  avant  par 
Bridel,  Canello,  Gôiiin,  ne  laisse  plus  de 
doute;  les  idiots,  dit  G.  Paris,  sont  appelés 
dans  toute  la  France  des  innocents.  —  D. 
crétinisme,  -iser. 

CRETONNE,  toile  blanche;  du  nom  du  pre- 
mier fabricant  de  cette  toile,  à  Lisieux. 

CRETONS,  déchets  de  graisse  de  bœuf  ou 
de  mouton.  Origine  inconnue;  le  picard  dit 
croton  pour  graillon.  Le  mot  pourrait  se  rat- 
tacher A  crotte. 

CREUSER,  voy.  crc^x. 

CREUSET  (angl.  cmiset,  cruiset),  vfr.  croi- 
sel,  creusol,  croiscul,  lampe,  esp  crisol,  creu- 
set, crisuelo,  lami)e  ;  it.  crogiitolo,  ci'euset. 
Tous  ces  mots,  comme  leurs  équivalents  bas- 
ail,  kreuscl,  krusel,  etc.,  dérivent  du  mha. 
A7*u^(nha.  kraus),  pot,  cruche,  jatte, =néerL 


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CRI 


433  — 


CRO 


Aroes,  angl.  cruse,  cruise,  —  Le  BL.  cntcibO' 
Ivis,  crucibulum,  lampe  de  nuit  (d'où  la  forme 
angl.  crucible,  creuset),  est  une  extension 
arbitraire  du  radical  germanique,  opérée 
peut-être  sous  l'influence  de  crux,  à  cause  des 
mèches  croisées  de  certaines  lampes.  —  Les 
formes  picardes  crachet,  crechet  et  angl.  cres- 
set,  lampe,  sont  indépendantes  de  notre  mot 
et  tiennent  à  crache,  graisse,  suif.  —  Diez  ne 
traite  pas  creuset;  mais  il  rapporte,  à  tort 
probablement,  Tesp.  crisiielo  et  crisol  au  mot 
basque  criseîua,  lampe  ;  ce  dernier  paraît 
plutôt  emprunté  au  roman. 

CREUX,  prov.  cros,  BL.  crosus,  Etymolo- 
gie  incertaine  ;  Diez  émet  modestement  une 
conjecture,  d*aprôs  laquelle  le  prov.  cros 
serait  une  forme  contracte  de  corrosus.  Il 
cite  à  l'appui  un  passage  provençal  :  pan 
on  raton  fan  cros,  pain  dans  lequel  les  rats 
font  des  trous,  «  quem  corrodunt  ».  Littré, 
tenant  compte  de  formes  dialectales  creiit  et 
du  BL.  crotum,  se  prononce  pour  le  L.  crypta, 
grotte,  mais  il  ne  s'explique  pas  sur  l'intro- 
duction de  la  finale  s  ou  x. — Fôrster  (Zeitschr. , 
VI,  109)  condamne  l'étymologie  corrôsits  (o 
fermé)  comme  contraire  à  la  forme  ue  que 
notre  adjectif  présente  en  vfr.  (crues)  et  qui 
postule  absolument  un  type  crosum  (o  ouvert), 
lequel  fait  défaut.  Il  va  sans  dire  qu'il  est 
plus  sévôre  encore  contre  l'opinion  de  Littré, 
qu'il  ne  discute  même  pas.  —  Avant  Fôrster 
déjà,  Paris  avait  élevé  la  même  objection 
contre  cor^osus. 

CREVASSE,  voy.  crever,  —  D.  creoasser. 

CREVER,  prov.  crebar,  it,  crepare,  esp. 
quebrar  (rompre),  du  L.  crepare,  craquer, 
s'ouvrir  avec  bruit,  éclater.  Le  roman  a  donné 
en  outre  à  ce  mot  le  sens  de  mourir  en  par- 
lant des  animaux  (=«  ail,  hrepiren)\  dans  le 
sens  actif,  le  verbe  signifie  faire  éclater,  rom- 
pre, percer  (crcoer  les  yeiiœ),  —  D.  crevasse, 
prov.  crebassa;  cps.  crèoe<œur,  it.  crepa- 
cuore. 

CREVETTE,  petite  écrevisse;  la  provenance 
de  crabe  (v.  c.  m.)  est  combattue,  au  double 
point  de  vue  du  sens  et  de  la  phonétique,  par 
Joret  ;  pour  celui-ci,  le  mot  vient  du  type  *cra- 
petta^  métathèse  do  *capreUa  (de  caproij,  qui  a 
donné  chevrette.  Sous  ce  dernier  mot,  nous 
avons  déjà  dit  que  Suchier  conteste  cette  ma- 
nière de  voir  et  rapporte  crevette  au  moy.  ni. 
crînet  (écrevisse);  on  trouve  au  xvi*  siècle 
une  forme  escrevette.  La  longue  polémique 
entre  les  deux  savants  se  déroule  dans  Rom., 
Vm,  441  ;  IX,  301,  431  ;  Grôber,  Ztschr.,  m, 
611;  IV,  383;  Y,  173. 

CRIBLE,  L.  cribrum.  Du  dim.  L.  cribel- 
lum  vient  la  foiTne  it.  crivello,  —  D.  cribler. 
Directement  de  la  forme  latine  cribrare  pro- 
cède le  terme  de  chimie  cribration, 

CRIC,  angl.  creeh.  Onomatopée,  imitant 
le  bruit  de  cette  machine. 

CRIER  (angl.  cry),  esp.,  port,  gritar,  it. 
gridarc,  prov.  cridar,  du  L.  quiritare  (m. 
s.),  par  syncope  critare  (cfr.  Cricq,  nom 
propre,  de  Qidricus),  Les  gloses  Lindenbr. 
portent  «  quiritant  venues  cum  vocem  dant  » . 


Inutile  de  remonter  à  des  sources  celtiques 
ou  germaniques  (goth.^^an,  pleurer,  néerl, 
hrijten,  crier;  ou  bien  vha.  scrian,  ail. 
schreten).  —  D.  cri,  vfr.  et  prov.  crit,  it. 
grido,  esp.  grilo;  crieur,  -ard,  -ée,  -erie; 
criailler,  prov.  crisaillar;  cps.  d&yrier, 
s'écrier  (it.  sgridar,  prov.  escridar). 

CRIME,  L.  crimen. 

CRIMINEL,  L.  crimincUis  (crimen).  —  D. 
criminalité,  -aliser,  -aliste, 

CRIN,  vfr.  aussi  crine  (fém.),  L.  crinis, 
cheveu.  —  D.  crinier,  crinière;  crinoline, 
étofie  de  crin;  crinon,  petit  ver  fin  comme 
du  crin. 

CRINCRIN,  onomatopée. 

CRINIERE,  CRINOLINE,  voy.  crin, 

CRIQUE,  petite  baie,  ^  ags.  crecca,  angl. 
creeh,  holl.  crech, 

1 .  CRIQUET,  insecte,  angl.  crichet,  néerl. 
hrehel  (d'où  picard  crequeillon),  cymr.  cricell, 
wallon  crihiod,  crehion.  Tous  ces  mots  sont 
imitatifs. 

2.  CRIQUET,  petit  cheval  faible,  cp.  ni. 
hraah,  ail.  hracke,  'hricke  (Luxembourg 
hreh),  m.  s.  En  anglais,  crtcfte/ s'emploie  aussi 
pour  tabouret;  terme  analogue  à  chevalet  de 
cheval. 

CRISE,  L.  crisis  {xplvt;,  jugement,  déci- 
sion). 

CRISPER,  L.  crispare,  friser,  rider,  con- 
tracter; c'est  la  forme  savante  de  crêper, 

CRISSER,  vfr.  crinser  (Froissart  dit  en 
parlant  d'un  doux  vent  :  «  si  net  et  si  serein 
que  feuillettes  n'en  faisoient  que  crinser  n). 
Ce  verbe  ne  peut  être  identique  avec  grincer 
(v.  c.  m.);  il  appartient  sans  doute  à  la  même 
famille  que  vfr.  croissir,  grincer  des  dents, 
it.  crosciare,  esp.  cruœir.  On  trouve  sou- 
vent dans  les  vocables  exprimant  un  bruit  ou 
un  mouvement  des  modifications  de  voyelles, 
sans  changement  essentiel  de  sens;  cp. cra- 
quer,  criqucr,  croquer,  claquer,  cliquer. 
Comparez  du  reste  encore  holl.  krissen,  bas- 
saxon  hrisch^n,  hrisken,  ail.  hreischen,  pé- 
tiller, craqueter. 

CRISTAL,  L.  crystaïlum  {npÙjrxUoç).  — - 
D.  cristallin,  L.  crystallinus  ;  cristalliser. 

CRITERIUM,  latinisation  du  gr.  ttpiv^piov, 
moyen  de  juger  (x/jfvw;. 

CRITIQUE,  gr.  /pirtxo;  (qui  juge),  fém. 
xpiTixïî,  de  y.plvtiv,  juger.  —  D.  critiquer, 

CROASSER,  onomatopée;  cp.  L.  crocire, 

gr.  npititiv, 

CROC,  it.  crocco,  prov.  croc,  port,  croque, 
esp.  cloque;  ce  mot  roman  se  trouve  aussi 
bien  dans  les  langues  germaniques  que  dans 
les  idiomes  celtiques  :  v.  nord,  hrohr,  angl. 
crook,  néerl.  kroohe  (Kiliaen),  cymr.  crog,  — 
D.  crochet;  croche,  adj.  et  subst.  ;  crochu; 
verbes  accrocher  (v.  c.  m.)  et  décrocher,  A 
croc,  dent  canine,  se  rattache  peut-être  cro- 
quer, mettre  sous  la  dent,  manger  (v.  c.  m.). 

CROCHET,  dér.  de  croche,  voy.  croc,  —  D. 
crocheter,  ouvrir  avec  un  crochet;  croche^ 
teur,  crocheton, 

CROCHU,  dér.  de  croche,  voy.  croc. 


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CRO 


—  134 


CRO 


CROCODILB,  L.  crocodilus  (x/joxoôsaos).  Par 
transposition  de  IV.-it.  cocodrillo,  esp.,  port. 
cocodrilo,  prov.  cocodrille. 

CROCUS,  mot  latin,  gr.  xpôMç,  safran. 

CROIRE,  vfr.  creire,  du  L.  credere,  credWe, 
Ane.  part,  présent  :  créant^  conservé  dans 
mécréant.  De  là  le  subst.  créance,  et  le  vieux 
verbe  creanier,  cautionner,  assurer,  dont  la 
forme  adoucie  greanter,  graanter  est  la  source 
de  l'anglais  ^ran^  accorder.  —  D.  croyable, 
croyance;  cps.  accroire,  décroire,  mécroire, 

CROISER,  voy.  croix,  —  D.  croisé,  croi- 
sade (it.  crociata,  prov.  crozada,  esp.  cru- 
2ada),  croisement,  -ure  ;  croisière,  croisée,  pr. 
fenêtre  croisée  par  des  montants  et  des  tra- 
verses (cp.  l'ail.  hreu2stock,  pr.  montant  en 
forme  de  croix). 

CROÎTRE,  croistre*,  vfr.  creisire,  du  L. 
crescere;  du  part,  croissant,  les  subst.  crois- 
sant et  croissance;  du  part,  cru,  les  subst. 
cru,  terroir  où  quelque  chose  croît  («  vin  du 
cru  »),  crue  =  croissance  ;  subst.  verbal  ra- 
dical :  croit.  Composés  :  accroître,  L.  accres- 
cere  ;  décroître,  recroître,  sur  croître.  Le  latin 
excrescere  a  founû  en  outre  Iç  subst.  excrois- 
sance (cp.  ail.  ausvouchs). 

CROIX,  vfr.  crois,  wall.  creus,  it.  croce,  esp. , 
port.  cruZf  prov.  crotz,  angl.  cross,  ail. 
hreuz,  du  L.  crux,  crucis.  De  là  :  croiser  (v. 
c.  m.),  prov.  crozar;  dim.  croisillon,  croi- 
sette. 

CROQUANT,  homme  de  rien,  va-nu-pieds, 
vient  peut-être  de  croc,  croquer,  comme  le 
terme  de  mépris  crocheteur  de  crochet,  cro- 
cheter. 

CROQUE-MITAINE;  la  seconde  partie  de 
ce  mot  II  est  pas  encore  expliquée. 

CROQUER,  variété  de  crcLquer,  1 .  sens  neu- 
tre, faire  un  bruit  sec  («  cela  croque  sous  la 
dent  »),  de  là  croquant,  croquet,  croquette 
(cp.  craquelin);  2.  sens  actif,  manger  des 
choses  croquantes.  Le  sens  général  manger 
avec  avidité,  cependant,  pourrait  bien,  ce  me 
semble,  se  rattacher  à  croc,  dent.  —  Cro- 
quer =  crocher  est  une  forme  picarde.  Jadis, 
croquer  signifiait  aussi  dérober,  enlever 
promptement,  subitement  ;  cette  acception  lui 
vient  également  du  primitif  croc  =  au  sens 
de  crochet,  instrument  qui  sert  à  saisir,  agrip- 
per. Le  terme  métaphorique  croquer,  peindre 
à  la  hât«  (d'où  croquis),  me  paraît  dériver  de 
ce  sens  accessoire  enlever.  Comparez  l'expres- 
sion figurée  :  enlever  un  morceau  de  musi- 
que ;  c'est  enlevé  !  La  même  acception  enlever 
a  donné  lieu  aux  composés  croque-morts, 
croque-7iotcs. 

CR0QUI6N0LE  ;  désignant  une  pâtisserie, 
ce  mot  se  rattache  évidemment  au  verbe  cro- 
quer, manger  ;  dans  le  sens  de  chiquenaude, 
je  me  l'explique  par  le  verbe  croquer,  déro- 
ber, enlever,  comme  exprimant  un  petit  coup 
donné  rapidement  et  à  l'improviste.  On  peut 
rapprocher  l'angl.  rap,  qui  signifie  à  la  fois 
enlever  et  frapper  vivement.  La  terminaison 
est  en  tout  cas  insolite  et  étrange,  à  moins 
d'admettre  la  filière  suivante  :  croquer,  cro- 


quigner,  croquigne,  dim.  croquignoU.  Le 
wallon  dit  crohke. 

CROQUIS,  voj.  croquer.  La  terminaison 
est  analogue  à  celle  de  gâchis,  chablis,  et 
sembl. 

CROSSE,  bâton  pastoral,  partie  reeourbée 
du  fût  d'un  fusil,  =  it.  croccia,  gruccia, 
béquille,  cruccia,  boyau,  prov.  crossa,  v. 
esp.  croza,  m.  sens  que  le  mot  français.  Diez, 
pour  des  scrupules  fondés  sur.  les  règles  de 
permutation  littérale,  conteste  une  origine 
de  croc,  chose  crochue  (qui  aurait  donné,  selon 
lui,  en  fr.  une  fornje  croche)  ;  il  pose  par  con- 
séquent l'étymologie  crux,  croix,  par  l'inter- 
médiaire d'un  adj.  cruceus.  Nous  ne  compre- 
nons pas  trop  les  scrupules  du  linguiste  alle- 
mand, et  pourquoi  croceus,  dérivé  du  roman 
croccus,  ne  peut  pas  aussi  bien  déterminer 
la  foime  crosse  que  cruceus,  ac^.  de  crux. 
Les  divers  objets  désignés  par  crosse  et  les 
analogues  étrangers  ne  permettent  guère  de 
renoncer  à  l'étymologie  croc  (cp.  ail.  hriicke, 
angl.  a^utch,  béquille,  et  ail.  krummstab, 
crosse,  litt.  bâton  recourbé).  Crosse,  du  reste» 
s'orthographiait  autrefois  cj'oce,  ce  qui  témoi- 
gne encore  en  faveur  de  l'étymologie  commu- 
nément adoptée.  —  Ce  qui,  aux  yeux  de 
Fôrster,  doit  décider  en  faveur  de  crocceus, 
c'est  que  l'o  de  crosse  a,  dans  l'anc.  poésie, 
toujours  été  traité  d'o  ouvert,  tandis  que 
crucea  eût  produit  un  o  fermé.  —  D.  cros- 
sette,  crosser, 

CROTTE  (ce  mot  se  trouve  déjà  dans  le 
Reclus  de  Moliens),  angl.  crottle,  prov.  crota, 
d'origine  inconnue;  peut  être,  dit  Diez,  delà 
même  famille  que  le  bas-allemand  et  suéd. 
hlôt  (=  ail.  kloss),  angl.  clod,  dot,  masse, 
boule,  motte,  grumeau.  La  forme  prov.  s'op- 
pose à  l'étymologie  latine  CT^usta.  —  Quant 
au  sens  de  galle  ou  de  croûtes  sur  la  peau,  si 
l'on  ne  veut  pas  le  déduire  du  sens  primitif  de 
globule  (cp.  grêlé),  on  pourrait  au  besoin 
l'expliquer  par  une  altération  du  mot  croûte. 
—  D.  crotter,  décrotter,  crottin;  les  termes 
populaires  croteux*,  crotu,  marqué  de  la 
petite  vérole. 

CROULER,  vfr.  crodler,  croller  (it.  crol- 
lare,  prov.  crotlar,  crollar,  ébranler,  secouer), 
du  h.co-rotulare*,  contracté  en  crotulare,crot- 
lare  (cfr.  rouler  de  rotulare).  Diez  juge  cette 
étymologie  préférable  à  celle  du  nord,  krulla, 
mettre  en  désordre,  brouiller.  Crouler,  c'est 
tomber  par  morceaux  se  détachant  et  roulant 
du  haut  en  bas.  Ce  qui  appuie  c«tte  étymo- 
logie, c'est  l'analogie  du  terme  ébouler,  de 
boule  et  de  l'ail,  gerôlle,  éboulis,  de  rollen, 
rouler.  Diez  invoque  aussi  l'expression  an- 
cienne crouller  les  iex,  synonyme  de  rotller 
les  iex,  et  sur  le  terme  crouler  un  vaisseau, 
le  lancer,  propr.  le  rouler  à  la  mer.  —  D. 
croulier,  -ière.  Cps.  s*écrouler. 

CROUP,  espèce  d'angine,  mot  anglais  et 
employé  en  premier  lieu  en  Ecosse;  d'une 
racine  celtique  marquant  contraction,  rétré- 
cissement; gaél.  crup,  contracté,  crupadh, 
contraction. 

CROUPE,    vfr.    crope,    prov.    cropa,    it. 


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CRU 


—  135 


CUI 


çrcppa,  esp.  yrupa.  Ces  mots  paraissent  ap- 
partenir à  la  même  famille  que  groupe,  angl. 
group,  it.  groppo,  gruppo,  esp.  gr^po  et 
gorupo,  et  se  rattacher  à  une  racine  mar- 
quant agglomération,  quelque  chose  de  ra- 
massé, faisant  saillie  en  forme  de  boule.»  On 
la  retrouve  dans  le  vha.  chroph  (ail.  mod. 
hrcpf),  goitre,  nord,  hryppa,  bosse,  ail. 
kruppeî,  homme  estropié,  rabougri;  puis 
dans  le  gaél.  crup,  rétrécir,  contracter,  déjà 
mentionné  à  l'art,  précédent,  cymr.  cropa, 
gésier,  goitre.  —  D.  croupir,  dont  la  signifi- 
cation propre  est  se  tenir  sur  la  croupe,  auj. 
sa  rester  dans  un  état  d'immobilité  ;  com- 
posé s'accroupir  (le  préfixe  ad,  comme  dans 
asseoir)  ;  croupe',  croupière,  croupion  (v.  c. 
m.).  La  locution  «  être  assis  en  croupe  der- 
rière qqn  »  a  donné  naissance  aux  termes  de 
jeu  croupe  et  croupier, 

CROUPIER,  voy.  croupe. 

CROUPION,  it.  groppone,  voy.  croupe.  En 
allemand  bûrzel  =  croupion,  signifie  éga- 
lement quelque  chose  de  protubérant.  —  En 
vfr.  on  trouve  aussi  crépon  crespon  =  crou- 
pion, échine,  et  dans  certains  dialectes  du 
nord,  crépon  ou  querpon  existe  encore  pour 
signifier  la  croupe  d'un  toit.  Rabelais  a  cres 
pion  pour  croupion.  Peut-être,  dit  Gaçhet, 
ces  formes  avec  e  ne  sont-elles  pas  de  la  même 
fiaunille  que  croupe,  et  désignent  au  propre 
la  partie  du  corps  de  l'animal  dont  le  poil  se 
hérisse.  Elles  se  rattacheraient  alors  au  L. 
crispus,  Diez,  cependant,  préfère  dériver  cré- 
pon du  nord,  krippa,  forme  secondaire  de 
kryppa,  bosse. 

CROUPIR,  voy.  croupe, 

CROUTS,  crouste',  it.  crosta,  esp.  costra, 
aU.  hruste,  holl.  korst,  du  L.  crusta,  —  D. 
croûtelette,  croûton  croustille,  croustiller, 
crousttlleux  (ne  s'emploie  qu'au  figuré)  ;  cps. 
écroûter,  encroûter,  —  Croûte,  dans  l'accep- 
tion de  vieux  tableau  gercé  par  le  temps,  et 
dans  celle  de  mauvais  tableau  en  général,'  a 
produit  croùtier,  mauvais  peintre,  faiseur  de 
croûtes  (on  dit  aussi  croûton). 

OROTABLE,  -ANCE,  voy.  croire, 

1.  CRU,  subst.,  voy.  croître, 

2.  CRU,  adj.,  L.  crudus,  —  D.  crudité,  L. 
•itas, 

CRUAUTÉ,  voy.  cruel, 

CRUCHE,  anc.  cruie,  prov.  crugô,  gasc. 
cruga,  du  cymrique  cnjoc,  vase  arrondi.  Cette 
origine  est  plus  directe,  selon  Diez»  que  celle 
du  vha.  cruoc,  crc^  (nha.  hrug),  m.  s.  —  D. 
cruchon,  cmxhée, 

CRUCIAL,  L.  crucial is  (de  cruœ,  croix). 

CRUCIFÈRE  =  crucem  ferens,  porte-croix. 

CRUCIFIER,  prov.  crucificar,  du  L.  cruci- 
ficare',  forme  altérée  de  crucifigere  (d'où  it. 
crocifiggere),  attacher  à  la  croix.  —  Littré  se 
trompe  en  identifiant  l'élément  -ficar,  -fier 
avec  le  verbe  ficher. 

CRUCmX,  du  part.  L.  crucifiants. 

CRUDITÉ,  voy.  cru. 

CRUE,  subst.  participai  fém.  de  croître, 

CRUEL,  L.  crudelis  (crudus).  —  D.  cruaUé", 


cruauté',  L.  crudelitas.  —  La  forme  cruaUé 
se  rapporte  à  la  forme  anc.  crual  (cp.  féat), 

CRURAL,  L.  cruralis  (de  crus,  cruris, 
cuisse). 

CRUSTACÉ,  L.  crustaceus*  {crusta,  croûte). 

CRYPTE,  L.  crypta,  gr.  xpu^rr»},  du  parti- 
cipe xouTTToç,  caché.'De  là  l'aÛ.  gruft,  caveau. 
Voy.  aussi  (^ott«. 

CRYPTOGAME,  de  x/juTToyà/xoî,  mot  forgé 
do  yac/A&u,  se  marier,  et  de  xpu?rro;,  caché, 
donc  •  qui  a  les  organes  sexuels  cachés  n, 

CRYPTOGRAPHIE,ôcriture  cachée  ^x/îuwto;). 

CUBE,  L.  cvbus  («ûSos).  —  D.  cuber,  -âge; 
cubique,  L.  cubicus. 

GUBOÏDE,  du  gr.  xuSotf^^i^,  qui  a  la  forme 
d'un  cube. 

GUBÉBE,  prov  ,  esp.  cubeba,  de  l'arabe 
?tabâbat. 

CUBITUS,  mot  latin  =  fr.  cow^.  —  D. 
cubital, 

CUEILLIR,  anc.  coillir,  it.  cogliere,  prov. 
colher,  esp.  coger,  du  L.  colligere,  colligWe 
(légère).  Pourquoi  colligere  n'a-t-il  pas  fait. 
cueillirefcp.  affligere,  vfr.  afflire.  Je  n'ai  pas 
de  réponse  à  cette  question,  mais  je  décline 
celle  de  Littré,  qui  présuppose  un  type  immé- 
diat colligirc.  —  D.  cueillette,  forme  vulgaire 
du  mot  savant  collecte  «=»  L.  collecta;  Frois- 
sart  emploie  ce  mot  dans  le  sens  de  réunion  : 
«  cueillette  de  gens  d'armes  »  ;  cueilloir;  cps. 
accueillir  (v.  c.  m.),  recueillir  (v.  c.  m.). 

GUIDER*,  prov.,  esp.,  port,  cuidar,  anc. 
it.  coitare,  du  L.  cogitare,  cog*tare,  penser. 
Ce  verbe,  abandonné  par  l'Académie,  s'est 
conservé  dans  le  cps.  qutrecuider. 

CUILLER,  anc.  masc,  it.  cucchiajo,  prov. 
culhier;  formes  féminines  :  it.  cucchiaja,  esp. 
cuc?uira,  fr.  cuillère,  du  L.  cochleare,  plur. 
cochlearia. 

CUIR,  it.  cuqjo,  esp.  cuero,  prov.  cuer,  du 
L.  corium.  —  Le  sens  *»  faute  de  langage  n 
est  attribué,  dit  Littré,  à  l'analogie  que  pré- 
sentent les  expressions  écorcher  un  mot  et 
faire  un  cuir  avec  l'action  d'enlever  la  peau 
des  animaux  pour  en  faire  du  cuir.  Peut-être 
est-ce  aussi  à  cuir  de  rasoir  qu'il  faut  le  rap- 
porter, les  cuirs  étant  de  prétendus  adoucis- 
sements de  la  prononciation,  comme  le  cuir 
adoucit  les  rasoirs.  —  D.  cuirasse,  formé 
sur  l'exemple  du  prov.  coirassa,  esp.  coraza, 
it.  corazza.  L'ancienne  langue  avait  cuirie, 

CUIRASSE,  voy.  cuir,  —  D.  cuirasser, 
cuirassier, 

CUIRE,  it.  cuocere,  esp.  coccr,  prov. 
cozer  et  coire,  du  L.  coquere,  cocre.  — 
D.  CUITE,  subst.  partie.  ;  cuisson  =  L.  coc- 
tio;  CUISTRE  (v.  c.  m.);  cuisine,  it.  cucina, 
esp.  cociwa,  prov.  cozina,  vha.  kuchina  fnha. 
huche),  angl.  hitchen,  du  BL.  cocina,  =  L. 
coquina,  forme  qui  a  remplacé  dans  les  au- 
teurs de  la  décadence  le  mot  classique  culina, 

CUISINE,  voy.  cuire.  —  D.  cuisinier,  cui- 
sinière; verbe  cuisiner, 

CUISSE,  prov.  cueissa,  coissa,  it.  coscia,  du 
L.  coxa,  hanche.  —  D.  cuissard,  cuissot, 
écuisser. 


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CUR 


—  136 


CUV 


CUISSON,  voy.  cuire. 

CUISTRE»  valet  de  moines,  répond,  selon 
Diez,  à  un  type  latin  coquaster,  cp.  prov. 
coguastro(\Gs  gloses  dlsidore  portent  cocistro). 
D'autres,  comme  Littré,  supposent  que  cuistre 
n'est  qu'une  autre  prononciation  du  vît.  cous- 
tre,  sacristain  (ail.  kUstei'),  qui  vient  du  BL. 
custor,  =  L.  custos.  G.  Paris  (Alexis,  p.  184), 
tout  en  accordant  que  le  cocistro  dlsidore 
soit  la  source  du  vfr.  coisiron,  est  du  même 
avis.  L'idée  que  cuistre  est  appelé  à  exprimer 
s'attache  plus  naturellement  à  un  sacristain 
qu'à  un  marmiton.  —  Cette  manière  de  voir 
est  appuyée  par  vfr.  coustor  (cas-régime),  citée 
par  Littré  au  Suppl. 

CUITE,  subst.,  voy.  cuire, 

CUIVRE,  esp.,  port,  cabre,  ail.  kupfer, 
du  L.  cuprum  ou  plutôt  quant  à  la  forme 
française,  à  cause  de  la  diphthongue  ui,  de 
l'adj.  cupreum,  —  D.  cuivrer,  -eux, 

CUL,  L.  culus.  —  D.  culasse;  verbe  culer, 
aller  en  arrière  ;  culée  (l'it.  dit,  par  un  trope 
analogue,  les  cuisses  [cosce)  d'un  pont);  eu- 
Hère,  culot,  culotte,  Cps.  acculer  =  mettre  à 
cul;  éculer,  reculer;  culbute  (v.  c.  m.);  cul- 
de-sac  =  fond  de  sac,  fig.  rue  qui  ne  pré- 
sente pas  d'issue,  impasse. 

CULBUTE,  voy.  l'art,  suiv. 

CULBUTER  =  buter,  ôoirfer  (pousser)  le  cul 
en  l'air  ;  d'après  Darmestéter,  =  buter  sur  le 
cul;  cp.  en  ail.  burzélbaum,  m.  s.,  de  burjsel 
croupion,  et  bâumen,  dresser  en  l'air.  Le 
danois  a,  avec  le  même  sens,  kuldbôtte,  le  suéd. 
hullbytte;  sont-ce  des  mots  exactement  iden- 
tiques avec  le  français  culbute  f  Nous  ne  som- 
mes pas  à  même  d'en  juger.  —  D.  culbute,  -is. 

CULÉE,  CULER,  -lïÈRE,  voy.  cul. 

CULINAIRE,  L.  culinarius,  de  culina,  cui- 
sine. 

CULMINER,  L.  culminare  (culmen). 

CULOT,  voy.  cul.  —  D.  culotter  (une 
pipe). 

CULOTTE,  voy.  cul.  —  D.  culotter  (un  en- 
fant). 

CULPABILITÉ,  voy.  coulpe. 

CULTE,  L.  cultus  (colère).  Se  rattachent 
encore  au  L.  colère  par  le  supin  cultum  : 
culture,  vfr.  couture,  L.  cultura;  l'adjectif 
latin  (inus.)  cultivus,  d'où  le  verbe  BL.  cuUi- 
vare,  fr.  cultiver;  inculte,  L.  incultus. 

CULTIVER,  voy.  culte.  —  D.  cultivateur, 
cultivable. 

CULTURE,  voy.  culte. 

CUMIN,  L.  cuminum  (xu/icvov). 

CUMULER,  L.  cumulare  (voy.  aussi  com- 
bler). •—-  D.  subst.  verbal  cumul;  cumulatif. 

CUNÉIFORME,  en  forme  de  coin,  du  L. 
cuneus,  coin. 

CUPIDE,  mot  savant,  du  L.  cupidus  (de 
cupere^  désirer)  ;.  cupidité,  L.  cupiditas. 

CUPULE,  L.  ciipula,  petite  coupe. 

CURABLE,  L.  curabilis  employé  par  Cob- 
lius  Aurelianus  (iii^  siècle},  dans  le  sens  de 
»  qui  sanari  potest  ». 

CURAÇAO,  liqueur  préparée  en  premier 
lieu  dans  l'Ile  du  même  nom. 

CURATELLE,   du  L.  curatela,  mot  intro- 


duit, au  lieu  de  curatio,  dans  le  latin  du 
moyen  âge  sur  l'exemple  de  tutela. 

CURATIF,  L.  curativus*  (curare).  —  cura- 
teur, L.  curatorem.  Si  ce  mot  s'était  autant 
répandu  dans  le  peuple  que  procurator  (fr. 
procureur),  il  se  serait  francisé  par  cureeur", 
Ituis' cureur. 

CURE,  1 .  soin,  souci  ;  du  L.  cura,  m.  s.  ; 
2.  charge  ecclésiastique,  pr.  cure  d'âme  (cp.  le 
terme  allemand  seelsorge),  et  par  extension, 
habitation  du  curé;  de  là  "BL.  curatus, 
chargé  d'une  cure,  fr.  curé,  angl.  curate,  it. 
curato  (l'esp.  emploie  le  mot  abstrait  cura 
p.  curé);  3.  guérison,  subst.  verbal  de  curer, 
guérir. 

CURÉ,  voy.  l'art,  préc. 

CURÉE,  terme  de  vénerie,  anc.  cuirée, 
angl.  'querry,  quarry  ;  de  cuir,  parce  que  la 
cuirée  se  préparait  et  se  donnait  dans  un  cuir; 
voy.  Modus,  f»  xxiii,  verso,  passage  cité  par 
Littré,  et  décisif  sur  la  question.  Le  vfr. 
Corée,  courée  (prov.,  esp.  corada,  anc.  it.  co- 
rata),  viscères,  entrailles,  qui,  comme  le  vfr. 
coraille,  se  rapporte  à  cor,  cœur,  présente- 
rait, malgré  lu  dans  curée,  une  excellente 
explication  de  ce  mot,  si  l'on  avait  des  exem- 
ples du  mot  Corée  employé  ^vec  le  sens  de 
curée.  —  Brakelmann  pense  que  curée  pour- 
rait dériver  de  l'angl.  cur,  vilain  chien,  = 
ail.  hôter,  m.  s.  (anc.  chien  de  chasse). 

CURER;  du  L.  curare,  soigner.  Cette  si- 
gnification première  du  mot  français  s'est 
effacée  dans  la  langue  moderne.  —  L'accep- 
tion spéciale  porter  des  soins  à  un  malade,  le 
guérir,  encore  vivace  dans  l'it.  curare,  esp. 
curar,  ail.  hurieren,  s'est  également  perdue  ; 
elle  subsiste  cependant  dans  les  dérivés  cure 
(ail.  hur),  curaiif,  curation,  curable,  ificura- 
ble.  Aujourd'hui,  curer  ne  signifie  plus  que 
nettoyer,  ôter  les  ordures.  De  là  :  curage, 
cureur,  curette  (t,  de  cliirurgie),  recurer, 
écurer;  cure-dents,  cure-oreilles. 

CUBIAL,  L.  curialis,  qui  concerne  le  ser- 
vice religieux  d'une  curie;  auj.,  comme  au 
moyen  âge,  c=  qui  concerne  une  cure  (v.  c. 
m.).  Toutefois,  le  mot  n'est  pas  tiré  de  cura, 
mais  de  curia. 

CURIEUX,  L.  curiosus,  pr.  soigneux,  sou- 
cieux. L'acception  «  digne  de  curiosité  »  était 
étrangère  au  mot  latin.  —  D.  curiosité,  L. 
curiositas. 

CURSIF,  BL.  cursivus  (de  currere,  supin 
cursum). 

CUSTODE,  vfr.  garde,  auj.  rideau,  du  L. 
custodia,  garde  (BL.  vélum,  aulsBum);  cp.  en 
allemand  jardine,  rideau  mobile,  flam,  ^ar- 
dijne,  gordijne  (Kil.),  mot  étranger  iformé 
en  réalité  de  courtine,  courditie*,  mais  sous 
l'influence  de  garder. 

CUTANÉ,  L.  cutaneus*  (de  cutis,  peau). 

CUTTER,  petit  bâtiment  qui  tire  plus  d'eau 
à  son  arrière  qu'à  sa  proue,  mot  anglais  de 
eut,  couper;  donc  «  qui  fend  les  eaux  •». 

CUVE,  du  L.  cupa,  voy.  coupe.  —  D. 
cuvée,  cuvette,  cuveau,  cuveV  (d'où  cuveler), 
cuvier;  cuver,  séjourner  ou  laisser  séjourner 
dans  la  cuve,  fig.  laisser  s*évaporer. 


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DAD 


—  137  — 


DAI 


GFVILEB,  propr.  faire  une  sorte  de  cuœ 

rintéricur  du  puits  de  nûne  ;  dér.  du  dimin. 
<?upeZ,  voy.  cuve. 

CUVER,  voy.  cuve. 

CYCLE,  du  gr.  xwxioç,  cercle.  —  D.  cjy- 
cUque,  gr.  xuxAuo'î;  cyclone,  tempête  tour- 
nante. 

CYCLOPE,  de  xOxJiwf ,  à  l'œil  rond.  —  D. 
cycîopéen  et  cyclopien. 

CYGHE,  du  L.  cycnus,  cygnus  (xuxvo^).  Le 
v£r.  cisnep  qui  se  retrouve  également  en  esp. 
et  en  port.,  a  une  autre  origine;  il  vient  du 
BL.  cecinus,  cicinus,  qui,  ainsi  que  Fit.  ce- 
cero  (cygne),  vient  de  cicer,  pois,  et  se  rap- 
porte au  tubercule  sur  le  bec  de  l'oiseau. 

CYLINDRE,  L.  cylindrus  (xù)ivî/>oç).  Voy. 
aussi  calandre.  —  D.  cylindrer,  -ique. 

CYMAISE,  it.  cimasa,  terme  d'architecture, 
L.  cynuUium,  grec  xv/jlàtiov,  m.  s.  (litt.  petite 
onde). 

CYMBALE,  ail.  zimbel,  L.  cymhalum,  grec 
xû/t6aiov,  de  xu/*6o«>  cavité,  vaisseau.  Le  vfr. 
présente  la  forme  régulière  cymble.  —  D. 
cymbalier. 

CYME,  orthographe  première  de  cime  (v. 
c.  m.). 

CYNANCHE  ou  cynancie,  angl.  quinsy,  an- 
gine, dans  laquelle  les  malades  tirent  la 
langue  à  peu  près  comme  font  les  chiens  hale- 
tants; du  grec  xuv&yx^»  angine  des  chiens.  La 
prothèse  d'une  s  a  fait  de  ce  mot  it.  schi- 
nanjgia,  d'où  anc.  fr.  squinance,  esquinance, 
aig.  esquinancie. 


CYNIQUE,  L.  cynicus,  gr.  xuvtxo';,  dér.  de 
xu^y,  chien.  Cependant, la  philosophie  cynique 
ne  tire  pas  son  nom  directement  de  xuùv, 
mais  d'un  gymnase  à  Athènes  où  son  fonda- 
teur, Antisàiène,  avait  établi  son  école  et  qui 
s'appelait  Kuvdsapytç .  Il  est  vrai  que  l'on  n'a 
pas  tardé  à  faire  d'une  épithète  tirée  d'une 
circonstance  accidentelle  une  qualification  ca- 
ractéristique de  la  doctrine  même.  Un  ancien 
commentateur  d'Aristote  dit  :  •»  Les  cyniques 
sont  ainsi  nommés  à  cause  de  la  liberté  de 
leurs  paroles  et  de  leur  amour  pour  la  vérité  ; 
car  on  trouve  que  le  chien  a,  dans  son  in- 
stinct, quelque  chose  de  philosophique  et  qui 
lui  apprend  à  distinguer  les  personnes  ;  en 
effet,  il  aboie  à  la  vue  des  étrangers  et  flatte 
les  maîtres  de  la  maison  ;  de  même  les  cyni- 
ques accueillent  et  chérissent  la  vertu  et  ceux 
qui  la  pratiquent,  tandis  qu'ils  repoussent  et 
blÂment  les  passions  et  ceux  qui  s'y  abandon- 
nent, quand  même  ils  seraient  assis  sur  le 
trône  » .  Pour  être  étymologiquement  fausse, 
cette  définition  de  la  philosopnie  cynique  n'en 
est  pas  moins  intéressante.  —  D.  cynisme. 

CYPRÈS,  L.  cupressus  {nuTzàpitaoç). 

CYSTIQUE,  -ITE,  de  xr^vris,  vessie. 

CYTISE,*  L.  cytisus  (xûtiws). 

CZAR  (mieux  vaut  l'orthographe  tzarj^ 
mot  slave,  que  l'on  suppose  connexe  avec 
le  L.  cœsar,  d'où  vient  également  l'ail.  Aat- 
ser,  empereur.  —  D.  czarine;  czarowick 
(l'Académie  écrit  czarowiU)  signifie  fils  du 
czar. 


D 


DA,  dans  oiii-da,  nenni-da,  vient  de  divà, 
ancienne  interjection  exhortative,  contractée 
en  dea,  puis  da.  Nicot  :  «  Dea  est  une  inter- 
jection, laquelle  enforce  la  diction  où  elle  est 
apposée,  comme  non  deâ,  oui  deâ^  mais  en 
telles  manières  de  parler  on  use  plutôt  de  dâ, 
fait  dudit  ded,  par  contraction  ou  syncope,  et 
dit-on  ;  non  dâ,  oui  dà.  n  —  Pour  diva  on  a 
proposé  :  1 .  la  formule  vi}  rèv  Ma,  ou  v^  i^ 
(Ménage),  2.  Diva,  mère  de  Dieu  (Franc.  Mi- 
chel), fr.  3.  dùf  valet,  imitation  du  L.  die. puer 
(P.  Paris),  etc.  Tout  cela  n'est  pas  soutenable. 
Diez  y  voit  l'ancienne  interjection  va  (impé- 
ratif du  verbe  aller),  qui  est  employée  dans  un 
même  sens,  renforcée  par  di  (impératif  de 
dire),  et  fournit  à  cet  égard  des  exemples  par- 
lai tement  suffisants. 

DACTYLE,  du  L.  dactylos  (îàxTuXo«),  qui  est 
aussi  le  primitif  de  datte  (v.  c.  m.). 

DADA,  vocable  enfantin,  exprimant  les  pre- 
miers essais  à  marcher  ;  cp.  angl.  to  dade  a 
child,  apprendre  à  marcher  à  un  enfant  ;  vfr. 
dadée,  enfantillage.  Cette  même  racine  a 
donné  \e  mot  dadais,  niais,  nigaud  ;  nasalisée, 
elle  est  devenue,  dit-on,  la  source  de  dandiner, 
balancer  le  corps;  modifiée  en  dod,  elle  a 
donné  d<xUner. 

DADAIS,  voy.  l'art,  préc. 


DA60RNE,  vache  à  qiii  il  ne  reste  qu'une 
corne;  ce  mot,  abandonné  par  l'Académie 
dans  sa  dernière  édition  et  repris  par  Littré, 
est  analysé  par  ce  dernier  et  par  d'autres  : 
doffue-î- corne,  la  corne  unique  étant  compa- 
rée à  une  corne.  Je  partage  l'avis  d'un  critique 
qui  dit,  à  propos  de  cette  étymologie,  qu'une 
vache  peut  perdre  son  licou,  mais  non  pas  une 
corne,  et  qu'il  ne  peut  y  avoir  dans  aucune 
langue  un  mot  substantif  pour  désigner  une 
vache  qui  s'est  cassé  une  corne.  Je  doute  donc 
et  de  la  définition,  et  de  l'étymologie  usuelle 
de  ce  terme,  pour  lequel,  d'ailleurs,  Littré  ne 
cite  aucun  exemple. 

DAGUE,  it.,  esp.  daga.  D'origine  germa- 
nique :  suéd.  daggért^  angl.  dagger,  néerl. 
dagge,  m.  s.  (cp.  l'ail,  degen,  épée).  Les  lan- 
gues celtiques  ont  également  le  mot.  Le  sens 
de  pointe  explique  le  mot  dague  en  tant 
qu'il  désigne  le  premier  bois  du  cerf.  La 
forme  portugaise  adaga,  observe  Littré, 
pourrait  indiquer  une  origine  arabe.  —  D. 
daguer  ;  daguet,  jeune  cerf. 

DAHLIA,  du  nom  d'un  botaniste  suédois, 
Dahl,  é,  qui  Cavanilles  dédia  cette  plante 
vers   1790. 

DAIONER,  it.  degnarsi,  du  L.  dt^«an,  juger 
digne.  Composé  :  dédaigner,  L.  dedignari. 


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DAM 


—  438 


DAN 


DAIM,  vfr.  dain  (d'où  le  fém.  dain^^  it. 
daino,  daina  du  L.  damus  p.  dama. 

DAIHE,  voj.  daim, 

DAIS,  modifîcation  du  vfr.  (ibû  (cfr.  ^^û, 
anc.  espois),  prov.  dets.  Le  mot  désignait 
une  table  à  manger,  '  surtout  une  table  d'ap- 
parat; il  est  régulièrement  formé  du  latin 
dtscus,  primitif  de  Tit.  desco  et  de  Tall.  tisch, 
table  L'acception  du  mot  moderne  se  rap- 
porte aux  tentures  en  forme  de  ciel  dont  les 
dois  ou  dais  étaient  ordinairement  surmontés 
pour  empêcher  quo  rien  ne  tombât  du  plafond 
sur  les  mets.  —  L'étymologie  ail.  dach,  toit, 
ne  peut  être  soutenue  en  présence  des  an- 
ciennes formes  du  mot. 

DALLE,  tablette  de  pierre,  tranche  de  gros 
poisson,  tient  sans  doute  à  la  même  racine 
que  goth.  daiijan,  ags.  daeîan,  angl.  deal,  ail. 
theilen,  bret.  dala,  irl.  tallam,  qui  tous  signi- 
fient fendre,  diviser,  partager.  —  D'après 
Mahn,  du  cclt.  Jo/,  daJen,  feuille,  planche 
mince  (Herrig,  Archiv,  XXXVH,  133).  — 
Le  mot  dalle,  employé  dans  quelques  patois 
du  Nord  pour  évier,  et  d'où  vient  dcUot^  gout- 
tière pour  faire  écouler  les  eaux  hors  du  na- 
vire, représente  plutôt  une  idée  de  concavité 
et  rappelle  la  famille  des  mots  goth.  dal,  ags. 
dad,  ail.  thaï,  signifiant  vallée.  Cependant, 
Diez  préfère  pour  primitif  l'arabe  dalla,  con- 
duire (cp.  it.  doccta,  égout,  du  L.  ducere, 
conduire);  il  se  fonde  sur  le  rapprochement 
de  la  forme  espagnole  adala  =  dalle,  évier, 
qui  présente  dans  sa  première  syllabe  l'article 
arabe  al.  —  D.  daller,  couvrir  de  dalles.  — 
Le  vfr.  dail,  faux,  prov.  dalh,  esp.  dalle, 
d'où  vfr.  dailler,  trancher,  ferrailler,  parait 
être,  selon  Diez,  un  diminutif  de  doffa, 
dague. 

DALOT,  voy.  dalle. 

DAM,  dommage,  du  L.  damnum,  m.  s.  Le 
suffixe  ope  en  a  fait  damage  (forme  usitée  en- 
core en  anglais)  et,  par  la  mutation  de  a  en  o, 
dwnage"  dommage,  Voy.  aussi  danger. 

DAMAS,  it.  damasco  et  damasto,  BL.  da- 
mascus,  ail.  damast;  de  la  ville  de  Damas 
(Damascus),  lieu  d'origine  de  cette  étoffe.  — 
D.  damasser. —  Le  même  nom  géographique  a 
donné  le  mot  damas,  lame  d'acier  finement 
trempée,  it.  damaschino,  d'où  le  verbe  fr.  dor 
masquiner. 

DAMASQUIN73R,  voy.  damas. 

1 .  DAME,  interjection,  =  domina  (c.-à-d. 
la  Vierge),  ou  plutôt  =  domine,  cp.  en  vfr. 
l'expression  dame  Dieu,  =  dominus  Deus. 
Nodier  s'est  trompé  en  y  voyant  le  L.  dam- 
num. 

2.  DAME,  subst.,  it.  dama,  vient  du  L. 
domina,  de  la  même  manière  que  le  masc.  do- 
minus a  produit  les  formes  vfr.  dam,  dan, 
dame,  damp  (dans  damedieu,  vidame,  et  les 
noms  propres  Dampierre,  Dammartin).  Pour 
la  mutation  o  :  a,  rappelons  encore  vfr.  da- 
mesche  de  domesttcusy  et  vfr.  danter  de  demi- 
tare.  —  Les  formes  correspondantes  dans  les 
autres  langues,  pour  dominus  et  domina 
(Inscript,  domnus,  domna),  sont  en  it.  donno, 
donna;  en  esp.  don,  dona,  duena  (de  ce  der- 


nier les  Français  ont  &it  duègne)-^  en  port. 
dom,  dona  ;  en  prov.  don,  donna.  Les  dimi- 
nutif de  ces  formes  diverses,  représentant  un 
type  latin  dominicellus  {domnicellus,  domi- 
cellus),  sont  respectivement  :  it.  domelîo, 
-dla;  esp.  doncel,  -ella;  prov.  donsel,  -ella, 
fr.  damoiseV  damoiseau,  damoisele*  demoi- 
selle. C'est  des  Français  que  les  Italiens  ont 
pris  leur  damigello,  -ella.  —  Dérivés  de 
dame  :  1 .  dans  son  acception  propre,  dame- 
ret,  it.  damerino  ;  2.  dans  l'acception  que  ce 
mot  a  prise  au  jeu  des  échecs  et  des  dames, 
damier,  verbes  damer,  dédamer. 

3  DAMS,  terme  des  ponts  et  chaussées, 
du  flam.  dam,  ail,  damm,  digue. 

DAME-JEAKHE,  sorte  de  très  grosse  bou- 
teille, it.  damigiana,  prov.  mod,  dama-jana 
(Honnorat),  fait  l'effet  d'être  une  altération  po- 
pulaire et  burlesque  d'un  mot  français  corres- 
pondant au  synonyme  it.  damigiana,  arabe 
damajan,  qui  ont  la  même  signification,  et 
dont  l'origine  reste  à  fixer.  Le  mot  arabe 
paraît  venir  de  l'étranger.  On  a  pensé  à  une 
forme  catalane  (fictive)  damajana,  qui  ré- 
pondrait à  lat.  dimidiana  et  s'expliquerait 
par  •  demi  •  -aime.  Grôber  (Ztschr.,  H,  352) 
remarque  qu'en  argot  de  Paris  on  dit  dame- 
blanche  pour  une  bouteille  de  vin  blanc,  de 
manière  que  jan«  =^  jalne'  jaune  s'applique- 
rait à  la  couleur  de  l'enveloppe  nattée  de  la 
bouteille.  En  définitive,  l'histoire  du  mot  est 
encore  à  faire. 

DAMER,  DAMERET,  DAMIER,  voy.  dame2. 

DAMNER,  L.  damnare. 

DAMOISEAU,  -ELLE,  voy.  dame  2. 

DANDINER,  balancer  niaisement  son  corps 
faute  de  contenance  ;  selon  Pasquier,  de  dan 
din  ou  din  dan,  terme  imitatif  pour  désigner 
le  bruit  et  le  mouvement  des  cloches  ;  selon 
Diez,  de  l'ail,  tand,  niaiseries;  cp.  anc.  flam. 
danten,  ineptie,  ail.  tândeln,  badiner,  angl. 
dandle,  bercer;  selon  nous,  de  la  rac.  dad 
(voy.  dada)  exprimant  les  premiers  pas  tentés 
par  un  enfant,  et  appliquée  ensuite  fig.  à  un 
maintien  peu  assuré.  Le  mot  peut  d'ailleurs 
être  considéré  comme  une  variété  de  dodiner 
(v.  c.  m.).  —  De  dandiner  vient  dandin, 
homme  niais,  fat,  et  peut-être  l'anglais 
dandy. 

DANGER,  anciennement  domination,  auto- 
rité, particulièrement  droit  du  suzerain  relati- 
vement aux  possessions  de  ses  vassaux  pour  se 
dédommager  éventuellement  du  non-acquit- 
tement de  leurs  obligations  ;  de  là  la  locution  : 
estre  en  dangier  de  qqn.,  être  sous  sa  puis 
sance,  à  sa  merci.  C'est  ainsi  que  danger  prit 
l'acception  de  violence  arbitraire  (sens  inhé 
rent  encore  à  ce  mot  en  Normandie),  puis 
celle  de  refus,  contestation,  difiiculté  :  faire 
danger  de  dire  qqck.  =  refuser  de  dire  qqch. 
Ces  anciennes  significations,  ainsi  que  l'or- 
thographe dongier  qui  se  rencontre  assez  sou- 
vent, prouvent  en  faveur  d'un  type  latin  do- 
miniarium,  dom*niarium,  forme  extensive 
de  dominium,  souveraineté,  autorité.  Le  sens 
actuellement  attaché  au  mot,  celui  de  péril, 
peut  à  la  vérité  se  ramener  assez  facilement  à 


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DAT 


139  — 


DE 


celui  de  domination  ou  de  son  corrélatif  dé- 
pendance ;  être  en  danger  de  mort,  c'est  avoir 
la  mort  pour  maîtresse,  c'est  être  sous  la 
puissance  de  la  mort  ;  cependant,  la  définition 
de  danger  par  «  situation  où  l'on  encourt  du 
dommage  (damnum)  »  fait  pencher  beaucoup 
de  philologues  pour  le  type  damnarium, 
d'où  damnier,  puis  danger  (cp.  calenger  p. 
calomnier)  ;  et,  en  effet,  les  deux  étymologies 
proposées  sont  justifiables,  smvant  les  deux 
significations  puissance  et  péril,  et  l'on  est  en 
droit  de  soupçonner  que  les  deux  sens  se  rap- 
portent à  deux  homonymes.  Il  est  curieux  que 
la  moyenne  latinité  ne  présente  ni  dominta- 
rium,  ni  damnarium,  et  qu'au  xiv*  siècle  on 
ait  latinisé  dangier  ou  dongier  par  domtge- 
rium,  dangerium.  —  D.  dangereux, 

DANS,  yfr.  deois  dens,  combinaison  de  de 
et  ens  (v.  c.  m.)  =  L,  de  tntus.  Par  une  nou- 
velle combinaison  avec  de,  on  a  fait  dedans, 
modifié  par  syncope  en  déans,  d'où  le  cps. 
endéans. 

DANSER,  angl.  dance,  it.  danzare,  esp., 
port.,  prov.  danzar  ou  dansar,  du  vha.  dan- 
sôn,  tirer  en  long.  La  danse,  étymologique- 
ment,  désigne  une  chaîne,  une  file  (cp.  l'ail. 
reigen,  danse,  mot  identique  avec  rethe,  file, 
série).  Le  mot  tanzen  de  lallemand  actuel 
est  un  emprunt  fait  aux  langues  romanes.  — 
D.  danse,  subst.  verbal. 

DARD,  it.,  esp.  dardo,  prov.  dart,  de  l'ags. 
daradk,  darodh,  angl.  dart,  nord,  darradhr, 
vha.  tart,  lance.  Le  mot  se  trouve  aussi  dans 
les  idiomes  celtiques.  —  D.  darder. 

DARNE,  tranche  de  poisson,  du  cymr.  ou 
bret.  dam,  morceau,  pièce  (cfr.  sanscrit  da- 
rana,  division). 

DARON,  maître  do  la  maison,  à  Lille  = 
mari  ;  Bugge  y  voit  une  forme  familière  déri- 
vée, peut-être  sous  l'influence  de  baron,  du 
vfr.  danre  =  lat.  dominum;  cp.,  pour  la 
chute  de  Vn,  sire  de  senior,  Berry  darée  = 
denrée, —  Notez  que,  dans  les  Assises  de  Jéru- 
salem, le  mot  daron  signifie  **  manoir  sei- 
gneurial ». 

DARSE,  darsine,  de  l'it.  darsena,  voy. 
arser^l. 

DARTRE,  patois  dertre,  Diez  rejette  l'éty- 
mologie  Sa^rcf;,  écorchô  ;  s'il  avait  fallu  recou- 
rir au  grec  pour  trouver  un  nom  à  la  mala- 
die appelée  dartre,  les  médecins  y  auraient 
puisé  le  nom  propre  de  cette  maladie,  qui  est 
Ictx^v.  Pictet  opine  pour  un  radical  celtique, 
en  alléguant  le  cymr.  tartodan,  m.  s.,  bret. 
darvu^en,  dervoéden  ;  on  rattache  aussi  le 
mot  à  l'ags.  ieter,  angl.  tetter  (ail.  zitter),  qui 
signifie  dartre.  Quelle  que  soit  l'origine  immé- 
diate du  mot  fr.,  celui-ci  est  incontestable- 
ment identique  avec  le  sanscrit  dardru,  m. 
s.,  venant  d'un  verbe  signifiant  gercer.  —  D. 
dartreux. 

DATAIRE,  en  EL.  primus  cancellariœ  roma- 
nsa  minister,  sic  dictus  a  litteris  expeditis, 
quibus  vnlgo  addit  :  datum  Rçmœ.  La  charge 
de  cet  officier  s'appelait  dataria,  fr.  daterie. 
C'est  aussi  cette  formule  daJtum  Romœ,  donné 
à  Rome,  etc.,  qui  a  donné  naissance  au  terme 


date  =  indication  du  lieu  et  du  jour  do  l'ex- 
pédition ou  de  l'enregistrement  d'une  pièce, 
puis,  en  général,  époque  précise  où  une  chose 
a  été  faite. 

DATE,  voy.  dataire,  —  D.  dater,  cps.  anti- 
-dater  (mieux  vaudrait  antédater)  et  post- 
dater. 

DATIF,  L.  datinm  (dare). 

DATION,  L.  datio  (dare). 

DATTE,  anc.  dacte  (p.  dactle,  cp.  amande 
p.  amandîe),  it.  do^^cro, esp., prov.  rfa^iZ,  ail. 
dattel,  du  L.  dactylus,  m.  s.  —  D.  dattier. 

DAUBE,  voy.  dauber, 

DAUBER,  frapper,  angl.  dab,de  l'ags.  dub- 
ban,  m.  s.  (voy.  adouber).  —  D.  daube  (pour 
être  mise  à  la  daube,  la  viande  doit  être  frap- 
pée); endauber. 

DAUPHIN,  prov.  dalfin,  L.  delphinus. 
Comme  titre  de  l'héritier  du  trôno  de  France, 
dauphin  vient  du  nom  propre  Dauphin,  porté 
par  plusieurs  seigneurs  du  pays  dit  Bau- 
phiné.  »  Par  le  privilège  de  la  donation  que 
Himbert,  dernier  seigneur  de  Dauphiné,  fit 
de  sa  terre,  l'aTfi  1349,  à  Jean  Roy  de  France, 
autre  ne  peut  estre  Dauphin  que  le  fils  du 
Roy  régnant.  •  (Fauchet). 

DAURADE  (poisson),  d'un  type  L.  de-auraia 
(la  dorée)  ;  donc  de  la  même  origine  que  le 
poisson  dit  dorade. 

DAVANTAGE,  p.  d'avantage,  cp.  it.  di 
vantaggio  ;  voy.  l'art,  ains. 

DAVIER,  pince  recourbée  dont  se  servent 
les  dentistes;  origine  inconnue.  Comme  on 
trouve  dans  Rabelais  l'orthographe  daviet,  et 
que  des  noms  propres  sont  parfois  donnés  à 
des  outils,  Littré  émet  conjecturalement  l'éty- 
mologie  Daviet,  dimin.  de  David,  qui  a  été 
aussi  le  nom  d'un  outil  de  menuisier  ou  de 
tonnelier. 

DE-,  DÉ-,  DÉS-,  particules  prépositives, 
répondant  aux  préfixes  latins  de  et  dis.  1 .  Le 
de  latin  se  retrouve  en  français  sous  la  forme 
de  et  dé,  tant  dans  les  verbes  transmis  du  latin 
(ex.  demander,  déclarer,  désigner,  déléguer) 
que  dans  ceux  de  création  nouvelle  (ex.  dé- 
choir, défiler,  découler).  On  remarque  que  la 
forme  de  (sans  accent)  se  met  de  préférence 
devant  des  primitifs  appartenant  déjà  au  vieux 
fonds  constitué  de  la  langue,  comme  debout, 
dedans,  devers,  degré.  La  forme  dé  est  d'in- 
troduction plus  moderne;  elle  est  générale- 
ment appliquée  aux  verbes,  tant  à  ceux  do 
provenance  latine  qu'à  ceux  de  création  ro- 
mane; exceptions  :  demander,  devenir,  de- 
meurer, —  Le  préfixe  c^(it  di,  esp.,  prov. 
de)  a  servi  particulièrement  à  exprimer  éloi- 
gnement,  privation,  enlèvement.  Comme  le 
préfixe  L.  dis  =  fr.  dés,  il  communique  au 
primitif  le  sens  du  contraire  :  fr.  débàtir, 
prov.  de-bastir.  Il  se  fait  surtout  remarquer 
comme  l'opposé  du  préfixe  en,  p.  ex.  embour- 
ber, débourber  ;  embrouiller,  débrouiller.  — 
2.  Le  préfixe  latin  dis,  di  se  retrouve  dans 
des  mots  fr.  de  provenance  latine  (ex.  discer- 
ner, dispenser,  dilacérer).  Appliqué  à  des 
vocables  nouveaux,  où  il  sert  à  exprimer  sé- 
paration, cessation  ou  négation,  il  se  trans- 


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DËB 


—  140 


DËB 


forme  en  dé  devant  les  consonnes,  en  dés 
devant  les  voyelles  ;  parfois,  cependant,  devant 
des  consonnes  et  dans  des  mots  de  formation 
savante,  le  dis  latin  reparaît.  Ex.  désoffvéer, 
décharger,  défaire,  déranger,  discontinuer; 
désarroi,  désastre,  désagréable,  déloyal,  dis- 
grâce. Il  arrive  que  dés,  à  cause  de  son  sens 
plus  précis,  a  supplanté  le  de  du  composé 
latin  :  cp.  L.  de-armare,  it.  disarmare,  esp. 
desarmar,  fr.  désarmer;  il  en  est  de  même 
dans  déformer,  dénier,  dénuer,  etc.,  vfr. 
desforiiier,  desnier,  desnuer,  etc.  Parfois  il 
est  difficile,  même  impossible,  de  décider  si 
le  préfixe  dé  se  rapporte  au  L.  dis  on  à  de; 
p.  ex.  déchoir,  qui  d'un  côté  correspond  au 
prov.  des-cazer,  d'un  autre  à  l'esp.  de^aer. 
—  Notez  encore  la  forme  des  pour  de,  devant 
des  primitifs  commençant  par  s,  ex.  :  dessus, 
dessous,  dessécher,  desservir,  dessiner. 

1 .  DÉ  à  coudre,  forme  apocopée  du  vfr. 
del.  Ce  dernier  est  contracté  de  deel  (Anjou 
déau,  Berry  diau),  lequel,  ainsi  que  fit. 
ditale,  esp.  dedal,  vient  du  BL.  digitale  (de 
digitus,  doigt). 

2.  DÉ  à  jouer,  prov.  d<it,  it.,  esp.,  port. 
dado,  BL.  dodus.  Voici  ce  qui  a  été  avancé 
sur  l'étymol.  de  dodus  ;  1.  =■  L.  datus,  de 
dare,  jeter  (dans  des  locutions  comme  «  dare 
ad  terram  »,  etc.),  donc  chose  jetée;  2.  Go- 
lius  :  arabe  dadd,  jeu  ;  3.  Ménage  :  dez,  de 
dati,  donnés,  c.-à-d.  donnés  de  main  en  main  ; 
4.  DuCange,  au  raoidecius  (latinisation  bar- 
bare du  vfr  dez),  prétend  que  jeu  de  dé 
vient  par  corruption  àejuis  de  Dé,  lequel 
groupe  do  mots  représente  judtciMm  Bei,  ju- 
gement de  Dieu;  dé,  selon  lui,  se  rapporte- 
rait ainsi  à  Deus,  Au  rapport  de  Ménage,  Du 
Gange  appelait  cette  découverte  la  reine  de 
ses  étymologies.  —  Pour  notre  part,  nous  ne 
souscrirons  à  aucune  de  ces  assertions  ou 
conjectures.  Bé,  à  notre  avis,  représente  L. 
daJtum,  et  a  d'abord  signifié  le  hasard,  litt.  ce 
qui  est  donné  (cp.  chance  =  ce  qui  tombe, 
quod  accidit);.jeu  de  dé  est  synonyme  de  jeu 
de  hasard  ;  puis  le  nom  s'est  donné  à  l'instru- 
ment servant  à  consulter,  à  tenter  la  for- 
tune. 

DÉBÂCLSR,  contraire  de  bâcler  (v.  c.  m.), 
désobstruer,  débarrasser,  rompre.  —  Ti,  dé- 
bâcle, rupture  des  glaces,  fig.  changement 
subit,  confusion. 

DÉBAGOtJLER,  vomir  des  .injures;  puis 
vomir  en  général.  Ce  terme  accuse  un  pri- 
mitif bagoiile,  auquel  on  doit  aussi  l'ancien 
verbe  bagouler,  bavarder,  et  le  subst.  bagoul, 
bavardage  (usité  dans  les  dial.  du  Nord).. 
On  peut  aussi  l'expliquer  par  ^OMZe,*^CM/^, 
muni  du  préfixe  péjoratif  ba,  bé;  une  ba- 
goule  serait  une  mauvaise  langue  ;  cp.  l'ex- 
pression vulgaire  engueuler  qqn. 

DÉBALLER,  voy.  balle, 

DÉBANDER,  1.  6ter  une  bande,  desser- 
rer; 2.  rompre,  disperser  une  bande  de  com- 
battants. —  D.  débandade  [à  la),  néolo- 
gisme. 

DÉBARCADÈRE,  voy.  débarquer. 


DÉBARDER,  enlever  (des  marchandises)  au 
moyen  du  bard  (v.  c.  m.).  —  D.  débardeur, 

DÉBARQUER,  sortir  de  la  barque  (v.  c. 
m.).  • —  D.  débarcadère,  terminaison  espa- 
gnole, cp.  esp.  desembarcadero,  m.  s.  (an- 
ciennement on  disait  débarcadour). 

DÉBARRASSER,  esp.  desembaraaar,  it. 
sbarazzare;  voy.  barre,  —  D.  subst.  ver- 
bal débarras, 

DÉBAT,  subst.  verbal  de  débattre, 

DÉBATTRE,  composé  de  baUre;  se  débat- 
tre est  un  terme  analogue  à  se  démener;  le  . 
préfixe  dé  ne  représente  pas  dis  (car  l'an- 
cienne langue  ne  disait  pas  d^sbattre),  mais 
de,  ayant  force  intensitive  ;  cp.  it.  dibattere, 
esp.  debatir. 

DÉBAUCHER,  d'un  primitif  bauche,  vieux 
mot  fr.  signifiant  boutique,  atelier,  et  dont 
l'origine  n'est  point  éclaircie.  L'étymol.  prov. 
bottica=  boutique,  n'est  pas  admissible;  le 
mot  pourrait  bien  remonter  au  balk  germa- 
nique, signifiant  poutre,  puis  par  extension 
hangar  et  choses  scmbl.  Débaucher  serait 
ainsi  pr.  tirer  qqn.  de  son  atelier,  puis  fig.  le 
détourner  de  son  travail,  de  ses  devoirs  ; 
embaucha^  par  contre,  c'est  attirer  dans  un 
atelier,  enrôler.  Nicot  ne  mentionne  pas  le 
sens  de  boutique  attribué  par  Ménage  au 
subst.  bauche,  mais  bien  celui  de  crépissure 
d'une  muraille,  barbouillage.  Ce  sens,  qui 
indique  un  primitif  de  la  famille  du  gaél. 
baie,  croûte  de  terre,  s'accorderait  bien  avec 
la  signification  d'ébaucher,  dessiner  grossière- 
ment ;  cependant,  ce  verbe  paraît  avoir  une 
autre  origine  (voy.  plus  loin).  —  En  Sain- 
tonge,  bauche  signifie  tâche,  de  sorte  que 
débaucher  serait  détourner  qqn.  du  travail, 
embaucher,  l'y  mettre  (Littré,  SuppL).  Mais 
d'où  vïeiii  bauche  =  tâche?  —  D.  subst.  ver- 
bal débauche,  pr.  abandon  du  travail,  puis 
dérèglement  (d'où  l'adj.  débauché)  \  déSau- 
cheur, 

DÉBET,  mot  latin,  «  il  doit. 

DÉBILE,  du  L.  debilis,  faible  (contraction 
de  de-habilis,  inhabile).  —  D.  débilité,  L. 
-itas  ;  débiliter,  L.  -itare.  —  La  vraie  francisa- 
tion du  L.  debilis  est  deble,  dieble,  doivle 
qui  ne  se  trouve  que  dans  les  composés  vfr. 
endeblc,  endieble;  y&i  relevé  endoivle  dans  les 
Poésies  de  Froissart,  t.  I,  p.  131,  1518). 

DÉBINER,  wall.  dibiner,  aller  en  déca- 
dence, perdre  sa  fortune  (d'où  subst.  débine, 
misère);  je  ne  connais  pas  l'origine  de  ce 
mot  familier.  Est-il  identique  avec  le  rouchi 
biner,  débiixer,  qui  signifient  s'enfuir?  Ou 
est-ce  une  formation  de  fantaisie,  tirée  de 
debere,  avoir  des  dettes? 

DÉBIT,  mot  savant,  du  L.  debitum,  ce  qui 
est  dû,  comme  crédit  de  credttum,  ce  qui  est 
cru  (confié,  prêté).  De  là  débiter  «»  inscrire 
au  compte  du  débit.  Le  mot  debitum  sig^fie 
également  la  marchandise  vendue  et  portée  au 
débit  de  l'acquéreur,  comme  due  par  lui  ;  de 
là  le  verbe  débiter,  dans  son  sens  de  vendre, 
surtout  vendre  en  détail,  fig.  mettre  en  cir* 
culation,  émettre  (des  nouvelles),  réciter, 
produire  en  public.  C'est  à  ce  dernier  que  se 


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rapporte  comme  subst.  verbal  le  mot  débit 
signifiant  vente,  droit  de  vendre,  et  fig.  ma- 
nière de  réciter,  do  prononcer. 

DÉBITER,  voy.  débit. 

DÉBITEUR,  vfr.  deteur,  1.  «  L.  débiter^ 
qui  doit(fém.  débitrice)  \  2.  dér.  du  verbe  rf^- 
biier  (voy.  débit)  =  qui  débite  (fém.  débiteuse). 

DÉBLAI,  voy.  déblayer. 

DÉBLATÉRER,  L.  deblaterare,  jaser,  dé- 
biter. 

DÉBLATER,  BL.  deblâdare  (bladum),  voy. 
blé.  —  D.  déblai. 

DÉBLOQUER,  voy.  bloc. 

DÉBOmE,  mauvais  goût  que  laisse  une 
boisson  dans  la  bouche,  fig.  dégoût,  regret. 
Infinitif  subtantivé  d'un  verbe  inusité,  repré- 
sentant le  L.  debibere,  boire  de  qqch.,  dégus- 
ter ;  selon  Littré,  de  dé,  préfixe,  et  boire  :  un 
boire  qui  ôte  l'envie  de  boire. 

DÉBOÎTER,  voy.  boite. 

DÉBONNAIRE,  voy.  air.  —  D.  débon- 
n  air  été. 

DÉBORDER,  pr.  sortir  hors  des  bords,  voy. 
bord.  —  D.  débord,  débordement. 

DÉBOUCHER,  1 .  v.  a.,  opp.  de  boucher;  2. 
V.  n.,  sortir  par  la  bouche  (ouverture)  d'un 
défilé,  d'une  gorge,  d'une  rue,  de  là  débouché, 
endroit  où  l'on  débouche,  issue,  lieu  d'expor- 
tation pour  les  marchandises. 

DÉBOUILLIR,  renforcement  do  bouillir  \ 
cp.  L.  decoquere,  ail.  abhochen. 

DÉBOUQUER,  terme  de  marine,  variété  de 
déboucher. 

DÉBOURSER,  voy.  bourse.  —  D.  débours, 

DEBOUT,  p.  de  bout,  sur  le  bout.  Yeitt  de- 
bout, vent  qui  souffle  sur  la  proue  (le  bout)  du 
vaisseau^ 

DÉBOUTER,  dér.  de  bouter,  =  pousser 
loin,  repousser,  voy.  bouter. 

DÉBRAHiLER,  voy.  braie. 

DÉBRIS,  voy.  briser;  1.  (acception  fort 
rare)  action  de  débriser  (verbe  tombé  en  dé- 
suétude), destruction,  ruine;  2.  reste  d'une 
chose  brisée. 

DÉBUCHER,  sortir  du  bois  ou  buisson  ;  du 
BL.  buscus,  bois. 

DÉBUSQUER,  variété  de  débucher;  comme 
verbe  actif,  faire  sortir  de  l'embuscade,  fig. 
chasser  d'un  poste  avantageux. 

DÉBUT,  subst.  verbal  de  débuter,  jouer  le 
premier  coup  au  mail,  à  la  boule,  pr.  tirer  de 
but,  du  lieu  où  est  le  but,  puis  commencer  en 
général. 

DÉBUTER,  voy.  début.  —  D.  débutant. 

DEÇA-,  dans  les  compositions  décoffrantTne, 
décalitre,  etc.,  marque  le  décuple  de  l'unité. 
Du  grec  SUoc,  dix. 

DEÇÀ,  voy.  çà. 

DÉCADE,  dizaine,  espace  de  dix  jours,  du 
gr.  èu.à;,  'kSoi  dizaine. 

DÉCADENCE,  L.  decadentia* ,  dér.  de  deçà- 
dere,  forme  barbare  pour  decidere  (primitif 
cadere).  Le  mot  n'est  qu'une  forme  savante  et 
moderne  de  déchéance,  comme  on  a  cadence 
concurremment  avec  chéance*  chance. 


DÉCADI,  mot  créé  pour  le  calendrier  répu- 
blicain pour  désigner  le  dixième  jour  de  la 
décade,  de  déca,  Bixa  =  dix,  et  dies,  jour. 

DÉCAGONE,  à  dix  angles  (^èxa,  yûvoç). 

DÉCALOGUS,  gr.  Si^kloyoi,  litt.  les  dix  pa- 
roles. 

DÉCALQUER,  voy.  calquer. 

DÉCAMPER,  lever  le  camp,  puis  se  retirer 
précipitamment,  voy.  camp. 

DÉCANAT,  L.  decanatus,  dérivé  de  decor 
nus,  litt.  dizenier.  Ce  primitif  decanus  s'est 
francisé  en  doyen  (cp.  necare  ==  noyer).  On 
disait  autrefois  aussi,  par  la  syncope  du  c  mé- 
dial,  dtean^  forme  conservée  dans  la  langue 
anglaise. 

DÉCANTER,  it.  decantare,  esp.  decantar, 
pr.  verser  une  liqueur  en  penchant  le  vase  ; 
dérivé  de  canthus,  it.  canto,  coin,  côté  (voy. 
canton  et  champ'Z^. — J'abandonne  ma  conjec- 
ture décaneter,  de  canette,  petite  cruche. 

1.  DÉCAPER,  pr.  enlever  la  superficie,  la 
croûte  de  qqch.;  de  cape,  chape,  vêtement, 
enveloppe. 

2.  DÉCAPER,  t.  de  marine,  prendre  la 
haute  mer;  de  cap. 

DÉCAPITER,  BL.  decapitare  (caput),  enle- 
ver la  tête;  cp.  decollare,  couper  le  cou. 

DÉCATIR,  voy.  catir.  —  D.  décatisseur, 
décatissage. 

DÉCÉDER,  L.  decedere,  mourir,  pr.  s'en 
aller. 

DÉCELER,  le  contraire  de  celer  (v.  c.  m.). 

DÉCEMBRE,  L.  deceniberidocem),  ledixième 
mois  de  l'ancienne  année  latine. 

DÉCENNAL,  L.  decennalis  (decem,  annus). 

DÉCENT,  L.  decens  (part,  de  decere),  con- 
venable. —  D.  décence,  L.  decentia. 

DÉCEPTION,  L.  deceptio,  dérivé  du  verbe 
decipere  =*  fr.  décevoir. 

DÉCERNER,  L.  decernere. 

DÉCÈS,  L.  decessus,  départ,  dérivé  do  de- 
cedere,  fr  décéder. 

DÉCEVOIR,  angl.  dcceive,  du  L.  decipere, 
m.  s.  (cp.  concevoir,  recevoir  de  concipere, 
recipere).  Les  formes  en  -cevoir  ont  pour  type 
L.  -cipëre;  la  bonne  forme  latine  -cipere  a  pro- 
duit les  anc.  formes  d^çoivre,  conçoivre,  re- 
çoivre.  —  D.  décevable. 

DÉCHAÎNER,  it.  scatenare,  ôtcr  la  chaine 
(v.  c.  m.).  —  D.  déchaînement,  signifiant  à  la 
fois  l'action  et  l'état  qui  en  résulte. 

DÉCHANT,  deschant*,  it.  discanto,  angl. 
descant,  BL.  discantus,  litt.  variation  de 
chant,  discordance.  —  D.  déchanter. 

DÉCHARGER  ==  lat.  dis-caricare  (Venant. 
Fort.);  it.  scaricare,  esp.  descargar,  angl.  rfw- 
charge.  —  D.  décharge. 

DÉCHARNER,  it.  scarnare,  esp. ,  prov.  des- 
camar,  ôtcr  la  chair,  charn  *;  voy.  chair. 

DÉCHAUSSER,  enlever  la  cAau^^^,  esp.  d€S' 
calsar\  cp.  lat.  discalceare.  —  D.  déchauœ 
(carmes),  vfr.  descaus,  forme  a^j.,  tirée  du 
BL.  discalceus  =  discalceatus. 

DÉCHE,  misère,  terme  populaire,  dans 
«  tomber  dans  la  déche  » .  Comme  l'équivalent 
débine,  ne  tiendrait-il  pas  à  L.  debere,  par 


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DEC 


142  — 


DEC 


quelque  type  barbare  debicare,  mettre  en 
dette?  ou  par  un  subst.  lat.  debiaf 

BÉGHIIANGE,  dér.  de  déchéant,  part.  prés, 
de  déchoir;  étymologiquement  identique  avec 
décadence. 

DÉCHET,  dérivé  bizarre  de  déchoir;  Tall. 
dit  de  même  ab-fall,  litt.=  déchet.  Le  mot 
répond  exactement  au  BL.  decatum,  decessio, 
imminutio,  mais  je  suis  porté  à  croire  que 
decatum  a  été  formé  d'après  le  mot  français  ; 
or,  ce  dernier  me  semble  issu  du  L.  decasus, 
subst.  de  decadere,  qui  en  BL.  signifie  la 
même  chose  que  decatum;  de  là  d'abord  nom. 
dechez,  puis,  par  méprise,  déchet,  Littré  et, 
après  lui,  Brachet  prennent  déchet  pour  la 
prononciation  normande  de  déchoit,  et  ce 
dernier  pour  un  part,  passé  de  déchoir.  Un 
part,  decheoit  p.  decheii  se  rencontre  en  effet, 
et  déchet  pourrait  au  besoin  s'y  rapporter 
comme  benêt  à  benoît. 

DÉCHIFFRER,  ôter  à  qqch.  son  caractère 
àechiffréf  c.-A-d,  difficile,  illisible,  embrouillé. 
L'ail,  dit  de  même  entziffeivi;  it.  descifrar, 
esp.  diciferare;  voy.  chiffre. 

DÉCHIQUETER,  tailler  menu,  de  chiquet 
(v.  c.  m.).  —  D.  déchiqueture. 

DÉCHIRER,  composé  du  vfr.  eschtrer, 
prov.  csquirar.  Ce  dernier  se  laisse  très  bien 
rapporter  au  vha.  sket^an,  scalpere,  radere, 
eradere  (ags.  sceran,  ail.  scheren,  tondre, 
couper). 

DÉCHOIR,  d^heoir\  prov.  descazer,  d'un 
type  de-cadei'e.  strictement  -coder e  (=  latin 
classique  décider e)\  du  même  type  :  angl. 
deco-y  =  déchoir  ;  voy.  choir,  —  D.  déchéance 
(v.  c.  m.). 

DÉCI-,  mot  de  convention  tiré  du  L.  deci- 
mus,  et  employé  pour  former  des  noms  de 
mesure,  exprimant  la  dixième  partie  de 
l'unité  :  ex.  déciare,  décilitre.  Cp.  déca-, 

DÉCIDER,  L.  decidere  (prim.  cœdere),  pr. 
trancher,  fig.  décider.  Du  supin  decisum  : 
décision,  L.  decisio;  indécis,  iïidécision;  déci- 
sif. 

DÉCILLER,  forme  orthographique  qui  a 
précédé  dessiller;  dérivé,  de  ci7(v.  c.  m.). 

DÉCIME,  dixième  partie,  du  L.  décima 
(sous-entendu  pars),  dont  la  vraie  forme 
française  est  disme*  dime.  De  decimus  déri- 
vent encore  :  décimer,  frapper,  punir  le 
dixième;  décimal;  décimateur,  qui  lève  la 
dime 

DÉCISIF,  DÉCISION,  voy.  décider. 

DÉCLAMER,  L.  declamare  (clamare). 

DÉCLARER,  vfr.  declaiiHer,  it.  dichiarare, 
du  L.  declarare  (clarus);  cp.  ail.  erhlàren 
(klar). 

DÉCLIN,  subst.  verbal  de  décliner. 

DÉCLINER,  1 .  dévier,  pencher  vers  la  fin; 
2.  terme  de  grammaire,  fléchir  la  forme  d'un 
mot  ;  3.  éviter,  se  soustraire  (à  cette  dernière 
acception  se  rapporte  le  terme  de  procédure 
déclinatoire).  Du  L.  declinare,  qui  a  les 
mêmes  significations.  —  D.  déclin,  déclinai- 
son, h.  declinatio  ;  déclinable, 

DÉOLIVE,  L.  declixds  (de  clivus,  pente).  — 
D.  déclivité,  L.  declivitas. 


DÉCOCHER,  it.  scoccare,  litt.  faire  partir 
la  flèche  de  la  coche  (v.  c.  m.). 

DÉCOCTION,  L.  decoctio  (coquere). 

1 .  DÉCOLLER,  L.  decollare,  couper  le  cou 
(collum),  —  D.  décollation. 

2.  DÉCOLLER,  détacher  une  chose  collée, 
de  colle. 

DECOLLETER,  de  collet,  voy.  col, 

DÉCOLORER,  L.  de-colorare. 

DÉCOMBRER,  débarrasser;  subst.  verbal, 
pi.  décombres  ;  voy.  combl-e. 

DÉOONFIRE,  défaire,  détruire,  d'un  type 
disconficere,  propr.  désasscmbler  les  parties 
d'un  tout.  Voy.  confire.  —  D.  déconfiture. 

DÉCONVENUE,  formé  de  la  particule  adver- 
sative  dé  =^  h.  dis^  et  du  subst.  inus.  con- 
venue, arrangement.  Déconvenue  signifie 
donc  pr.  le  dérangement  d'un  plan,  de  là  : 
contre-temps,  mauvaise  aventure,  déception. 

DÉCOR,  subst.  verbal  de  décorer. 

DÉCORER,  L.  decorare  (de  decus,  -oris,  or- 
nement). —  D.  décoi;  décoration,  -ateur, 
-atif, 

DÉCORUM,  mot  lat.  sign.  bienséance; 
propr.  le  neutre  de  l'adjectif  decorus,  conve- 
nable, décent.  Ce  terme  étranger  s  est  popu- 
larisé, comme  si  la  langue  était  impuissante 
à  le  remplacer  par  un  mot  français.  Garder 
le  décorum  est  devenu  une  locution  tout  à  fait 
bourgeoise. 

DÉCOUCHER,  autr.  le  contraire  de  coucher, 
donc  se  lever  ;  auj.  =  no  pas  coucher  chez  soi; 
cp.  L.  decubare,  coucher  loin  ou  dehors. 

DÉCOUDRE,  voy.  coudre.  —  D.  décousure; 
ce  dérivé  est  tiré  du  partie,  décousu,  tandis 
que  couture  a  pour  primitif  le  latin  consu' 
tura. 

DÉCOULER;  cp.  le  L.  de-flucre. 

DÉCOUPER,  couper  par  morceaux  ;  le  pré- 
fixe dé  rend  ici  la  valeur  primitive  du  L.  dis; 
cp.  l'ail,  zer-schneiden.  —  D.  découpure. 

DÉCOURS,  L.  decursus,  cours  descendant. 

DÉCOUVRIR,  pr.  ôter  ce  qui  couvre,  angl. 
discover;  cp.  ail.  ent-dcchen,  L.  de  -légère. — 
D.  subst.  participial  découvert  et  découverte, 

DÉCRASSER,  voy.  crasse. 

DÉCRÉDITER,  voy.  crédit.  Variété  de  dis- 
créditer. 

DÉCRÉPIT,  mot  savant  forgé  par  imitation 
de  lat.  decrepitus  {i  bref);  le  génie  naturel 
de  la  langue  avait  transformé  decrepare  en 
decrever,  au  participe  decrevé.  Jean  de  Ôondô, 
I,  363  :  Halés,  magres  et  decrevés.  —  Le  mot 
latin  signifie  propr.  qui  a  cessé  de  faire  du 
bruit  (rac.  crepare),  puis  fig.  sans  force,  usé. 
—  D.  décrépitude. 

DÉCRET,  L.  decretum  (decernere).  —  D.  dé- 
créter; décrétale,  L.  decretalis,  s.  -e.  epistola. 

DÉCRIER,  crier  ou  proclamer  en  sens  défa- 
vorable, rabaisser  en  criant.  —  D.  décri. 

DÉCRIRE,  du  L.  describere,  primitif  de  : 
descriptio,  fr.  description,  descriptivus,  fr. 
descriptif. 

DÉCROCHER,  détacher  une  chàke  accro- 
chée ;  voy.  croc. 

DÉCROIRE,  ne  pas  croire,  cp.  L.  discredere 
(Jules  Valère). 


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DÊF 


443  — 


DÉF 


DÉGROITRS,  L.  decregcere,  —  D.  décroU 
(cp.  croU)y  décroissement,  -ance;  décrue. 

DÉCROTTER,  voy.  crotte.  —  D.  décrotteur, 
décrottoir. 

BÉORUS,  voy.  décroître. 

DÉCRUER,  lessiver  le  fil  cru;  d'un  type 
discrudare^  du  L.  crudus,  qui  avait  aussi 
l'acception  do  «  non  préparé  *»  [coinumcrudum, 
cuir  non  tanné).  —  La  forme  décruser  pour 
L.  discrudare  est  conforme  aux  habitudes  des 
idiomes  du  midi  de  la  France  ;  cp.  L.  cru- 
deliSy  prov.  crusel. 

DÉCUPLE,  L.  decuplus.  —  D.  décupler. 

DÉDAIGNER,  it.  disdegnare,  voy.  daigyier. 
—  D.  dédain  (v.  c.  m.),  dédaigneux. 

DÉDAIN,  vfr.  desdaing,  subst.  verbal  de 
dédaigner t  it.  disdegno. 

DÉDALE,  labyrinthe,  de  Dœdalus,  nom 
mythologique  de  l'architecte  du  labyrinthe  de 
Crète  (de  è/ioaio;,  savant,  habile). 

DEDANS,  voy.  dans. 

DÉDICACE,  L.  dedicatio  (dedicare,  dédier). 
Dédicace,  préface  et  vfr.  estrace  =  extraction, 
(peut-être  encore  populace)  sont  les  seuls  mots 
dans  lesquels  la  désinence  latine  atio  se  soit 
convertie  en  ace  au  lieu  de  ation  ou  aison, 
qui,  comme  on  sait,  vient  strictement  de  l'ac- 
cusatif a/ eo«  cm,  l'accent  tonique  sur  o.  Il  est 
curieux  de  voir  dédicace^  appliqué  à  la  dédi- 
cace d'une  église,  se  corrompre  en  dicace,  du- 
cace  et  ducasse,  mots  wallons  exprimant  la 
fêto  patronale  de  l'église  et  ôorrespondant 
ainsi  .à  l'ail,  kirch-weih,  néerl.  kerpiesse  (p. 
kerkyness,  messe  de  l'église).  Roquefort  s'est 
fourvoyé  en  rattachant  ducasse  à^  duc  (fôte 
donnée  par  les  ducs). 

DÉDIER,  L.  dedicare,  d'où  dédicace  (v.  c. 
m.),  et  dédicatoire. 

DÉDIRE,  BL.  dedicere  =  contredire,  nier, 
désavouer.  —  D.  dédit, 

DÉDOMMAGER,  indemniser  d'un  dommage 
souffert. 

DÉDOUBLER,  défaire  le  double,  enlever  la 
doublure. 

DÉDUCTION,  L.  deductionem,  m.  s.  (dedu- 
cere). 

DEDUIRE,  du  L.  deducere,  tirer  loin,  éloi- 
gner. —  Le  subst.  déduit,  amusement,  BL. 
deductus,  est  tiré  du  L.  deducere,  dans  le  sens 
de  divertir  que  lui  donnait  le  moyen  âge  ;  cp. 
divertir,  distraire,  formés  d'une  manière  tout 
analogue  et  signifiant  litt.  tourner  en  sens 
divers,  c.-à-d.  détourner  des  choses  graves  ou 
tristes. 

DÉDUIT,  voy.  déduire. 

DÉESSE,  vfr.  deuesse,  it.  ckessa  (aussi 
dea),  prov.  deuessa,  diuessa  (aussi  dea).  Pour 
donner  au  L.  dea  une  terminaison  plus  sonore 
qu'un  simple  a  ou  e  muet,  on  a  eu  recours  au 
suflSxe  essa,  esse.  L'espagnol  a  fait  de  dios, 
dieu,  le  fém.  diosa. 

DÉFAILLIR,  propr.  manquer,  faire  défaut, 
s'affaiblir  ;  la  composition  avec  de  est  peut-être 
faite  sous  l'influence  du  L.  deficere,  m.  s.  — 
D.  défaillance,  défaillant. 

DÉFAIRE,  it.  disfare,  esp.  deshacer,  prov. 
desfar,  BL.  disfacere  p.  deficere,  d'abord  opp. 


de  faire,  puis  désassembler,  mettre  en  déroute 
(cp.  déconfire,  mot  de  formation  et  de  signi- 
fication analogues).  Pour  la  locution  se  défaire 
de  ipk  laquelle  se  rattache  défaite  ^=  débit, 
placement  d'une  marchandise),  cp.  l'ail,  sich 
losynachen.  —  D.  défaite,  1.  état  de  celui 
qui  a  été  défait,  2.  excuse  employée  dans  la 
défaite. 

DÉFAITE,  voy.  défaire. 

DÉFALQUER,  it.  diffalcare,  esp.  defalcar, 
prov.  defalquar,  est  généralement  rapporté  à 
faix,  faux,  donc  enlever  avec  la  faux,  pour 
ainsi  dire  défaucher.  Diez  cependant  préfère 
le  vha.  falgan,  falcan,  priver,  retrancher. — 
D.  défalcation. 

DÉFAUT,  anciennement  fém.  défaute;  ce 
dernier  (cp.  it.  diffalta,  prov.  defauta)  se 
rapporte  à  défaillir,  comme  faite*,  faute  (v.  c. 
m.)  à  faillir.  Comme  le  verbe  défaillir,  dans 
sa  structure,  paraît  avoir  subi  l'influence  du 
L.  deficere,  faire  défaut,  nous  attribuons  de 
même  l'introduction  du  masc.  défaut  à  l'in- 
fluence du  subst.  defectus  =  défaut,  it.  di- 
fetto.      

DÉFAVEUR,  it.  disfavore,  voy.  /ôceur;  cp. 
disgrâce.  —  D.  défavorable. 

DÉFÉCATION,  voy.  déféquer. 

DÉFECTIF,  L.  defectivus,  de  deficere,  man- 
quer. De  ce  verbe  procèdent  encore  L.  defec- 
tio,  abandon  d'un  parti,  fr.  défection  ;  L.  de- 
fectus, manque  (mot  conservé  dans  défet, 
terme  de  librairie,  =  feuilles  superflues,  dé- 
pareillées d'un  ouvrage,  pr.  ouvrage  à  défaut), 
d'où  l'adj.  fr.  défectueux. 

DÉFECTION,  voy.  défectïf, 

DÉFECTUEUX,  voy.  défectif  —  D.  défec- 
tuosité. 

DÉFENDRE,  L.  defendere,  litt.  détourner, 
repousser,  écarter  les  dangers  de  qqn.,  puis 
protéger.  La  signification  «  interdire,  prohi- 
ber »,  qui  se  tire  naturellement  du  sens  fon- 
cier «  repousser,  ne  pas  admettre  »,  n'était 
pas  encore  propre  au  mot  latin.  Au  supin 
latin  defensum  remontent  les  dérivés  :  dé- 
fe7ise,  L .  defensa  (TertuUien)  ;  défens  (bois  end.), 
L.  defensum;  défenseur,  L.  defensor;  dé f en- 
si  f,  -ive  (opp.  de  offensif,  -im).  Sont  dérivés 
du  mot  français  :  défendable,  défendeur, 
•eresse,  qui  se  défend  en  justice. 

DÉFENSE,  voy.  défendre.  —  D.  défen- 
sable  ',  en  état  de  se  défendre. 

DÉFÉJiUBR,  L.  defœcare,  ôter  la  lie.  les 
ftces(L.  fsex). —  D.  défécation,  L.  defsecatio. 

DÉFÉRER,  L.  déferre,  litt.  porter  vers, 
puis  présenter,  offrir,  accorder,  d'où  la  signi- 
fication moderne  :  céder,  condescendre. — D. 
déférence,  condescendance. 

DÉFERRER,  1.  ôter  le  fer,\a,  ferrure;  2.  ti- 
rer le  fer,  l'épée,  dôg;ainer. 

DÉFET,  voy.  défeàif 

DÉFI,  voy.  défiîer, 

DÉFICIT,  mot  latin,  signifiant  «  il  man- 
que »  (de  deficere,  manquer). 

DÉFIER  (SB),  du  L.  difjfidere,  ne  pas  se 
fier. —  D.  défiant,  a^).,  L.  diffidens;  dé- 
fiance,  L.  dif&dentia.  Le  verbe  défier,  au  sens 
actif  de  provoquer,  braver,  d'où  le  substantif 


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DÉG 


—  144  — 


DEG 


DÉFI,  vient  du  BL.  diffidare  (prim.  fidus), 
dont  le  sens  est  :  a  fide  quam  quis  alicui  débet 
aut  pollicitus  est,  per  litteras  aut  epistolam 
deficere;  donc  retirer  sa  foi,  se  mettre  en  état 
de  guerre  ouverte.  It.  sfidare,  prov.  desfijsar, 

DÉFIGURER,  gâter  la  figure,  déformer; 
verbe  de  création  romane;  it.  dis-figurare, 
esp.  desfigurar. 

DÉFILER,  1.  V.  a.,  ôter  le  fil,  voy.  fil; 
2.  V.  n.,  aller  Tun  après  l'autre,  à  la  file.  De  la 
seconde  acception  dérive  défilé^  1 .  action  de 
défiler,  2.  passage  étroit,  où  il  faut  marcher 
un  à  un. 

DÉFINIR,  L.  definire,  m.  s.  (litt.  fixer  les 
limites,  fines).  —  D.  définissable,  indéfinis- 
sable, défini,  indéfini.  Au  supin  latin  défini- 
tum  ressortissent  :  définitif,  -itivus,  défini- 
tion,  -itio. 

DÉFLAGRATION,  L.  deflagraJtio,  combus- 
tion. 

DÉFLBURIR,  L.  deflorere,  cesser  de  fleu- 
rir; déflorer,  L.  deflorare,  ôter  la  fleur,  flé- 
trir. 

DÉFLORER,  voy.  défleurir. 

DÉFONCER,  ôter  le  fond  (vfr.  fons),  aussi 
fouler  au  fond,  voy.  fond, 

DÉFORMER.  L.  defoi-mare. 

DÉFOURNER,  tirer  du  four  (v.  c.  m.). 

DÉFRATER,  dispenser  du  payement  des 
frais,  payer  pour  un  autre,  entretenir.  Voy. 
frais. —  D.  dé  frai*,  défraiement* . 

DÉFRICHER,  faire  sortir  de  l'état  de  friche 
(v.  c.  m.). 

DÉFROQUER,  priver  du  froc  (v.  c.  m.),  fig. 
faire  sortir  de  l'état  monastique.  —  D,  dé-^ 
froque,  efiets,  bardes,  laissés  par  un  religieux 
décédé;  par  extension,  biens  mobiliers  laissés 
par  un  particulier  décédé.  Cp.  le  terme  dé- 
pouille. 

DÉFUBLER,  vfr.  desfuler,  dégrafer,  désha- 
biller. Voy.  affubler. 

DÉFUNT,  L.  defunctus  (de  defungi  terra 
ou  vita,  ou  simplement  defungi,  mourir); 
dans  certains  patois  on  trouve  défunker,  dé- 
functer  p.  mourir. 

DÉGAGER,  opp.  Rengager;  par  extension, 
désobstruer,  débarrasser.  —  D.  dégagement. 

DÉGAINER,  it.  sgnainare,  esp.  desenvai- 
nar\  faire  sortir  de  la  gaine  (v.  c.  m.)»  —  D. 
dégaina,  propr.  manière,  attitude  de  celui  qui 
se  met  en  garde,  puis  par  extension  :  tour- 
nure (ridicule),  manière,  maintien;  dégaineur, 
batailleur. 

DÉGÂT,  subst.  d'un  verbe  dégdter  (vfr  de- 
ou  desgaster)  tombé  en  désuétude.  La  compo- 
sition dégâter  est  analogue  à  celle  du  L.  de- 
vastare.  Voy.  gâter. 

DÉGELER,  contraire  de  geler.  —  D.  dégel. 

DÉGÉNÉRER,  L.  degenerare,  litt.  sortir  de 
son  genre,  perdre  ses  qualités  génériques. 
D'un  primitif  non  classique  degenerescere,  on 
a  fait  l'acy.  d^généxscent\  et  le  subst.  dégéné- 
rescence. 

DÉGINGANDÉ,  anc.  déhingandé,  dial.  nor- 
mand déguengandé,  délabré,  mal  tourné. 
Roquefort  pose  pour  étymologie  L.  dehinc- 


hanCf  deçà  et  delà.  Nous  la  renseignons  pour 
mémoire.  Le  sens  propre  paraît  être  «  dislo- 
qué, désarticulé  »  et  la  forme  primitive,  dé- 
gigandé  (usitée  à  Genève,  Berry  déguigue- 
nandé\\  ce  qui  donne  raison  à  Littré,  qui 
explique  le  mot  par  le  primitif  gigue  :  «  qui 
n'est  pas  bien  sur  ses  jambes  » .  On  trouve  le 
verbe  déhingandey*  dans  Rabelais  :  «  brûlez, 
noyez,  crucifiez,  bouillez,  escarbouillez,  escar- 
telez,  dehingandeSf  carbonnadez  ces  méchants 
hérétiques,  etc.  »  Que  voulait  dire  l'auteur 
par  déhingander,  sinon  démembrer? — Bugge 
(Rom.  III,  146)  rapproche  l'it.  sgangherato, 
pr.  sorti  des  gonds,  fig.  dégingandé.  L%  pri- 
mitif gingand  (norm.  genguatui)  serait  une 
transformation  de  it.  ganghero,  prov.  gan- 
guil,  gond:  d  final  serait  paragogique;  tn, 
en,  pour  ain  an;  le  2**  n  fait  l'effet  d'une  assi- 
milation au  1**'  (cp.  milan,  canchen  =  it. 
ganghero). 

DÉGLUTITION,  L.  d4>glutitio  (de  deglutire, 
avaler). 

DÉGOBILLER,  dér.  de  gober,  avaler. 

DÉGOISER,  Berry  dégoisiller,  parler  avec 
volubilité,  gazouiller,  jaser;  anc.  chanter  à 
pleine  gorge,  s'ébattre;  se  rapporte  proba- 
blement au  primitif  de  gosier;  cp.  égosiller. 
—  Subst.  verb.  degois*,  ébat. 

DÉGOMMER,  terme  populaire,  tiré  de 
gomme;  propr.  décoller,  fig.  déplacer  d'une 
position  où  l'on  se  croyait  sûrement  établi. 

DBGOR,  voy.  l'art,  suiv. 

DÉGORGER,  1.  rendre  ^or^e;  2.  contraire 
à^ engorger.  —  Substantif  verbal  dégor,  tuyau 
de  décharge. 

DÉGOTER,  faire  tomber  au  tir  un  objet 
placé  comme  but;  fig.  déposséder  qqn.  d'une 
position  acquise.  Anciennement  degotter,  dé- 
goutter; le  sens  premier  serait-il  «  faire  cou  • 
1er  bas  »  ou  "  couler  dessus  *•  ? 

DÉGOURDIR,  contraire  de  engourdir,  de 
l'adj.  gourd  {v.  c.  m.). 

DÉGOÛT,  prov.  degot,  subst.  de  dégoutter. 

DÉGOÛT,  it.,  esip.,disgusto,  angl.  disgust, 
absence  do  goût  (v.  cm.).  —  D.  dégoûter, 
ôter  le  goût,  l'appétit,  inspirer  de  la  répu- 
gnance; a<^.  part,  dégoûtant. 

DÉGOUTTER,  couler  en  h&s  goutte  à  goutte 
V.  c.   m.),  cp.  le  terme  L.  de-stillare.  — 

.  dégoût. 

DÉGRADER,  L.  degradare  (Cod.  Just.), 
faire  descendre  de  son  grade;  par  extension, 
diminuer  graduellement,  puis  détériorer,  en- 
dommager. 

DÉGRAFER,  opp.  de  agrafer  (v.  c.  m.). 

DÉGRAISSER,  contraire  de  engraisser, 
voy.  gras.  —  Subst.  verbal,  dégras,  graisse 
exprimée  des  peaux. 

DÉGRAVOYER,  litt.  enlever  le  graoois  (v. 
c.  m.) 

DEGRÉ,  prov.  degrat,  port,  degrao,  com- 
posé du  L.  gradus.  Le  préfixe  de,  dont  l'in- 
tention était  de  marquer  l'abaissement, 
comme  dans  le  verbe  dégrader  (intention  sur- 
tout sensible  dans  dégradation  des  tons),  cp. 
ail.  abstttfen,  a  eu  pour  effet  secondaire  de 


g: 


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DËJ 


—  145 


DÉL 


différencier  gré  =  gradus  de  g^'é  =  gra- 
titm. 

DiGRÉER,  ôter  les  agrès  (v.  c.  m.);  opp. 
de  gréei'  et  de  agréer. 

DÉGREVER,  opp.  dégrever  {y.  c.  m.).  No- 
tez que  le  latin  degraxare  signifiait  juste  l'op- 
posé du  fr.  dégrever t  c.-à-d.  courber  sous  le 
poids,  surcharger.  Le  préfixe  de,  dons  le  mot 
latin,  marque,  conformément  à  sa  nature, 
mouvement  descendant,  tandis  que  le  préfixe 
français  est  la  particule  adversativo.  —  D.  dé- 
grî^nnent. 

DiGRINGOLER,  rouler  du  haut  en  bas.  Le 
P.  Menestricr  établit  un  primitif  çrivgoJe, 
qui,  selon  lui,  est  à  la  fois  un  .««ynonyme  et 
une  corruption  de  gargouille.  Dégringoler, 
serait  ainsi  tomber  d'en  haut  comme  l'eau  qui 
tombe  des  gargouilles.  Le  picard  a  dérin- 
goler,  ce  qui  fait  penser  à  un  primitif  iHtigole 
=  rigole.  Pour  la  prothèse  de  g^  cp.  gre- 
nouille. Voj.  aussi  le  mot  gringolé. 

DÉGUSNILli!,  de  guenille  (v.  c.  m.);  litt. 
tombé  en  guenille.  La  composition  n'est  pas 
heureuse,  puisqu'elle  exprimerait  tout  aussi 
bien  l'opposé,  c.-à-d.  «  privé  de  guenilles  » . 

DÉGUERPIR,  litt.  jeter  loin,  abandonner  ; 
de  l'ancien  verbe  guerpir  werpir,  BL.  guer- 
pire^  abandonner,  quitter.  Ce  primitif  vient 
du  gotli.  vairpan,  ancien  saxon  werpan  (ail. 
mod.  werfet^,  jeter.  L'expression  guerpir 
avec  le  sens  d'abandonner  est  fondée  sur  un 
ancien  usage  germanique,  selon  lequel  on 
jetait  un  fétu  dans  le  sein  do  qqn.  pour  sym- 
boliser un  acte  de  cession,  do  renoncement  à 
une  propriété.  —  La  signifioation  neutre  s'en 
aller  est  déduite  de  celle  de  renoncer. 

DÉGUISER,  prov.  desguisar,  quitter  sa 
guise  habituelle  jwur  en  revêtir  une  autre, 
travestir.  —  D.  déguisemnU. 

DÉGUSTER,  L.  drgustare  (gustus). 

DEHISCENT  et  déhiscence,  du  L.  dehiscere, 
s'entr'ouvrir. 

DÉBOUTÉ,  privé  de  hotite  (v.  c.  m.).  On  dit 
de  même  éhonté.  Corneille  s'est  sei-vi  du  verbe 
déhonter  dans  le  sens  de  couvrir  do  honte. 

DEHORS,  vfr.  defars,  voy.  fors. 

DÉIFIER,  L.  deificarc,  mot  de  la  latinité 
de  l'Église,  fait  comme  tant  de  mots  modernes 
se  terminant  de  même,  et  formés  d'après  le 
précédent  des  vocables  latins  œdificare,  am- 
pli ficarc  (-ficare  est  un  dérivé  de  ficus,  adj. 
de  facio,  faire).  —  D.  déification. 

DÉISME,  DÉISTE,  termes  savants  tirés  du 
L.  Deus,  comme  on  a  fait  théisme,  théiste,  du 
grec  Siôi. 

DÉITÉ,  L.  dcitas  (deus),  mot  créé  par  les 
Pères  pour  dimnitas, 

DÉJÀ,  anc.  desjà,  composé  de  la  particule 
dès  (v.  c.  m.),  et  do  l'adverbe  ja,  qui  est  le 
latinjam,  et  qui  s'est  conservé  encore  dans 
jadis  et  jamais.  Défà  signifie  donc  au  fond 
«  dès  l'heure  présente  *• . 

DÉJECTION,  L.  d(jcctio  (dejiccre). 

DÉJETER,  anc.  =  rejeter,  L.  dejectare*, 
fréq.  de  dejicere.  L'acception  actuelle  de  se 
d^eter,  s'enfler,  se  courber,  se  contourner, 


rappelle  l'expression  allemande  *ic/t  tcerfen, 
angl.  toarp. 

DÉJEUNER,  BL.  disjejunare,  litt.  cesser 
déjeuner;  cp.  l'angl.  break fast,  litt.  rompre 
le  jeûne,  et  en  ail.  subst.,  frithstUch,  dé- 
jeuner (d'où  le  verbe  fi^ihstftckcn),  litt.  = 
morceau  matinal).  En  esp.  on  dit  disayunar, 
litt.  5=  dis-adjejunare.  En  italien,  le  composé 
digiunar,  ainsi  que  le  prov.  dejitnar,  signifie 
jeûner  (le  préfixe,  dans  ces  verbes,  n'est  pas 
négatif).  —  D.  df\jeuner,  subst.  Dans  l'anc. 
langue,  de^jeuner  avait  un  sens  i)lus  large  : 
act.  nourrir,  régaler,  réfl.  se  nourrir,  se  ré- 
galer. 

DÉJOINDRE,  du  L.  dtjungcre  ou  disjun- 
gei^e,  comme  on  veut.  En  tout  cas,  le  mot  fait 
double  emploi  avec  disjoindre. 

DÉJOUER,  jouer  (c.-à-d.  travailler,  ma- 
nœuvrer) en  sens  contraire,  faire  manquer  ou 
échouer  un  pix)jet  ;  cp.  le  L.  de-lvdere,  jouer, 
tromper  une  personne,  jouer  contre  elle. 

DÉJUC,  voy.  l'art  suiv. 

DÉ  JUCHER,  sortir  du  juchoir,  y  oj.  jucher; 
subst.  verbal  déjuc,  temps  du  lever  des  oi- 
seaux. 

DÉJUGER  (SE),  désavouer  un  jugement 
qu'on  avait  porté,  cp.  le  terme  se  dédire, 

DELA,  corrélatif  de  f/é»fà,  p.  de  là,  it.  di 
là,  esp.  de  alla;  combinaisons  :  au  delà,  par 
delà. 

DÉLABRER,  voy.  lambeau,  vfr.  labeV 
labeau,  cfr.  l'ail,  ser-fet^en  —  D.  délabre- 
ment, 

DÉLAI,  voy,  délaye^'  1 . 

DÉLAISSER,  abandonner  ;  le  préfixe  parait 
appliqué  par  imitation  du  L.  de-sei'crc,  de- 
relinquere.  —  D.  délaissement  ;  anc.  délais. 

DÉLARDER,  terme  d'architecture;  étymo- 
logie  inconnue.  Si  parmi  les  divei*ses  ojiéra- 
tions  techniques  désignées  par  ce  verbe  on 
peut  l'éellement  placer  en  premier  lieu, 
conmie  le  fait  Roquefort,  celle  de  piquer  la 
pierre  avec  le  marteau,  alors  il  est  jMîrnns  de 
voir  dans  le  mot  un  dérivé  de  lard,  aussi  bien 
que  dans  le  verbe  simple  larder,  dans  son  ac- 
ception métaphorique,  jxîrc^r  de  coups.  Ou  le 
sens  foncier  est-il  rendre  mince  comme  une 
pièce  de  lard  ? 

DÉLASSER  =  dés-lasser,  le  contrai rc  de 
lasser.  Le  lat.  de-lassare  dit  l'opposé  du  mot 
français;  le  préfixe  y  a  une  autre  valeur. 

DÉLATEUR.  L.  delator  (dcferi-e);  terme  lo- 
giquement égal  uu  terme  fr.  rapjiorteur  ou  ull. 
hintei^bri7igcr. 

DÉLATION,  L.  delatio. 

DÉLAVÉ  =  eflacé;  en  parlant  des  couleurs  *. 
faible,  blafard;  du  L.  delavare,  cp.  ail.  ab- 
waschen.  Le  vfr.  deslaré,  sale,  est  le  contraire 
de  lacé,  comme  l'indiriuc  le  préfixe  des  =  dis. 

1.  DÉLAYER'  et  DILATER,  retarder,  dif- 
férer, du  BL.  dilatare,  m.  s.,  fi-éfi»  de  differre 
(cp.  le  L.  pro-laiare,  remettre,  difl*érer,  do 
profcrrc)\  subst.  verbal  délai.  —  Fôrster 
repousse  le  type  dilatare,  qui,  dit-il,  ne  peut 
produire  que  dc-laer,  de-lérr,  formes  introu- 
vables. Il  y  voit  un  compo.sé  de  l'anc.  verbe 

10 


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DËL 


—  146  — 


DÉM 


laier,  laisser,  tarder.  J'accepte  son  étymolo- 
gie,  mais  en  observant  qu'en  ouvrant  le  dict. 
de  Godefroy,  il  verra  maintenant  que  deléer=» 
dilayer  n'est  nullement  introuvable. 

2.  DÉLATER,  vfr.  alayer,  détremper  dans 
un  liquide,  prov.  des-leffuar,  it.  dilcf/uare; 
d'un  type  latin  dis-liquarc  (du  L.  liqiiarc, 
rendre  liquide).  Pour  le  préfixe,  il  est  ana- 
logue à  celui  de  détrem^ier.  —  D.  délayant ^ 
délayemeut.  Dans  l'expression  «  délayer  son 
discours,  ses  idées  »,  on  peut  se  demander 
auquel  des  deux  homonymes  il  faut  le  ratta- 
cher. On  peut  invoquer  d'un  cùté  la  phrase 
latine  :  dUatare  orationem,  argumentum,  al- 
longer un  discours,  développer  un  sujet; 
d'un  autre,  une  métaphore  tirée  de  délayer  = 
détremper  serait  tout  à  fait  naturelle;  cp.  en 
allemand  toàsserigc  schreibart,  litt.  style 
aqueux,  p.  trop  fluide,  lâche  ;  et  en  fr.  même 
le  terme  diffus,  litt.  répandu  (L.  diffusus,  de 
diffundei'e),  —  Fôrster  n'admet  ni  dilatare, 
étendre  (voy.  l'art,  préc),  ni  dis-liquare,  qui 
ne  répondrait  qu'à  déleguei\  ou,  dans  l'hypo- 
thèse d'une  forme  lat.  secondaire  dislicare,  à 
desleier,  disliey\  disloîicr.  L'examen  plioné- 
tique  de  la  question  le  pousse  vers  un  type 
dis-lacare,  de  iacus  (lac),  d'où  aussi  it.  alia- 
gare  (vfr.  alayer)  et  dilagare,  submerger, 
noyer  (Ztschr.,  VI,  108).  G.  Paris  (Rom.,  XI. 
444)  sauve  l'étym.  disliquarc,  devenu  disli- 
care,  en  invoquant  l'anc.  forme  desleyer.  Il 
n'y  a  donc  pas  lieu  de  séparer  fr.  délayer  du 
prov.  deslcgar,  it.  dileguare. 

DBLÉBILB*,  L.  delebilis  (do  deUre,  effacer). 
—  D.  indélébile: 

DÉLECTER,  vfr.  déliter  (cp.  lit  de  lectus, 
confit  de  confectiis),  angl.  delight;  du  L.  de- 
lectare  (fréq.  do  delicere).  —  D.  délectation ^ 
délectable^  (vfr.  délitaljlc);  l'anc.  langue  avait 
en  outre  le  subst.  verbal  délit  =  plaisir,  agré- 
ment. 

DÉLÉGUER,  L.  delegare,  m.  s. 

DÉLÉTÈRE,  gr.  Snl^nipioi,  nuisible  (5,jiéw). 

DÉLIBÉRÉ,  voy.  l'art,  suiv.    • 

DÉLIBÉRER,  L.  delibei'are,  pr.  peser,  pon- 
dérer, examiner  (dér  de  libra^  balance).  — 
Le  sens  do  l'adj .  délibéi^é,  résolu,  .«^e  rappoi'te, 
comme  l'anc.  a<y .  délivre,  au  verbe  deliberare 
=  rendre  libre,  dégager. 

DÉLICAT,  L.  delicatus  (de  d^liciœ),  1 .  char- 
mant, délicieux,  2.  voluptueux,  efféminé, 
douillet,  3.  fin,  doux,  tendre.  L'anc.  fonds 
avait  une  forme  plus  française  :  delget,  delgé 
(prov.  delguat,  delgat,  csp.  delgado),  puis 
deitgé,  dougé.  La  langue  actuelle  a  con- 
servé une  autre  forme  tout  aussi  régulière- 
ment tirée  du  primitif  latin,  sans  syncope  de 
Tt  radical;  c'est  l'adjectif  rftVîV,  menu,  mince, 
fin  (cp.  plié,  de  plicaiiis),  qui  n'a,  étymolo- 
giquement,  rien  (fè  commun  avec  le  verbe 
délier.  —  D.  délicatesse,  délicaJter;  indélicat, 
«  qui  manque  de  délicatesse.  » 

DÉLICES,  L.  deliciœ.  —  D.  délicieux,  L. 
deliciosus. 

DÉLIÉ,  menu,  mince,  fin,  voy.  délicat. 

DÉLIER  ="  diS'ligare;  le  latin  deligare  est 
un  intensif  de  ligare. 


DÉLIMITER,  du  L.  delimitare  (limes,  -itis), 
cp.  ail.  ab-grûnsen. 

DÉLINÉÂTION,  du  L.  delineare  (linea),  tra- 
cer les  contours,  esquisser. 

DÉLINQUANT,  partie,  prés.  dodélinquer=^ 
L.  dclinquere,  manquer,  faire  faute.  Du  verbe 
latin  vient  encore  le  subst.  delictum,  primitif 
du  fr.  délit. 

DÉLIRE,  L.  deliriurn;  verbe  délirer,  L. 
delirare  (sens  litt.  :  sortir  du  sillon,  do  la 
ligne  droite). 

1.  DÉLIT,  infraction  à  la  loi,  voy.  délin- 
quant. 

2.  DÉLIT,  t.  do  maçon,  pr.  c6té  (d'une 
pierre)  hors  de  son  lit,  de  sa  position  natu- 
relle dans  la  carrière.  —  D.  déliter. 

DÉLITESCENCE,  du  L.  delitescerc  (latere), 
se  cacher. 

1.  DÉLIVRE,  subst.,  nom  des  enveloppes  du 
fœtus,  qui,  en  .sortant,  délivrent  la  femme. 

2.  DÉLIVRE,  anc.  adj.  (voy.  délibérer), 
conservé  dans  le  t.  de  fauconnerie  :  un  oiseau 
à  délivre.  Pour  la  forme,  cp.  comble. 

DÉLIVRER,  1.  mettre  en  liberté,  2  = 
livrer,  expédier  ;  du  BL.  deliberare,  composé 
de  liberare.  Le  préfixe  de  est,  dans  les  deux 
acceptions,  parfaitement  à  sa  place,  puisque 
le  verbe  implique  Tidée  de  séparation.  —  D. 
délivrance  ;  swhsi.  délivre  (v.  c.  m.). 

DÉLOGER,  contraire  do  loger^  c.-à-d.  quit- 
ter ou  fîiire  quitter  un  logement. 

DÉLOYAL,  it.  disleale,  négation  de  loyal. 
—  D.  desloialté*  déloyauté. 

DELTA,  quatrième  lettre  do  l'alphabot 
grec,  ayant  la  forme  d'un  triangle. 

DÉLUGE,  du  L.  diluviwn  (diluere),  d'où 
aussi  les  termes  scientifiques  diluvial,  dilu- 
vien, diluvion. 

DÉLURÉ,  dégourdi,  déniaisé,  anc.  déleurré, 
donc  pr.  qui  ne  se  laisse  plus  piper  ou  leur- 
rer. 

DÉLUTER,  ôtcr  le  lut(L.  lutum). 

DÉMAGOGUE,  gr.  a/j/Aa/cayo^,  qui  entrai  ne 
le  peuple  [^^ft-oi,  ié/siv).  —  D.  démagogie, 
'ique,  is^mo,  -iser. 

DEMAIN,  it.  dimani,  domane,  prov.  de- 
man,  du  L.  mane,  matin,  pourvu  du  préfixe 
de.  —  D.  lendemain,  it.  rindom^ni,  composi- 
tion de  le  -\-  *endemain;  l'ignorance  étymolo- 
gique a  fait  que  l'article  s'est  uni  au  corps  du 
mot  ;  la  môme  chose  est  arrivée  dans  le  subst. 
lierre  (v.  c.  m.)  ;  le  lendemain  est  une  aber- 
ration de  langage  p.  V  en  demain. 

DEMANDER,  it.  domandare,  prov.,  esp., 
port,  demandar,  L.  demandare.  Le  mot  clas- 
sique ne  signifie  que  confier,  recommander  ; 
la  latinité  du  moyen  âge  donna  à  ce  composé 
de  mandare  le  sens  de  mander,  faire  savoir, 
pour  faire  connaître  ce  que  l'on  veut  (cp.  com- 
mander);  enfin,  de  l'idée  de  prier  que  l'on 
fasse  telle  ou  telle  chose,  s'est  déduite  une 
nouvelle  et  importante  acception,  savoir  : 
prier  que  l'on  dise,  interroger. —  D.  demande, 
demandeur,  fém.  -euse  et  -eresse. 

DÉMANGER,  comp.  de  manger.  «  Ce  mot 
a  été  dit  par  rapport  aux  parties  do  notre 
corps   qui  sont  rongées   des  vers  de  notre 


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DÉM 


—  i47  — 


DÉN 


vivant,  lesquels,  par  leur  mouvement,  exci- 
tent en  nous  une  démangeaison,  n  Nous 
n'ajouterons  rien  à  cette  explication,  un  peu 
crue,  fort  plausible  du  reste,  de  Ménage  (cp, 
en  latin  vei'tninaiw  de  vcrmis,  et  en  ail. 
tourmen,  de  wurm,  ver);  nous  dirons  seule- 
ment que  l'expression  demander  est  logiciue- 
ment égale  aux  termes  ail.  bcissoi,  mordre,  it. 
pissicare,  pincer,  esp.  picar,  piquer  (nous 
disons  aussi  picutciucnt  p.  dcfnanycaison),  esp. 
comezoH  =  L.  comestio,  qui  tous  ont  la 
même  valeur  que  le  mot  français.  —  D.  dcman- 
f/eatson. 

DÉMANTELER,  dépouiller  du  manter  man- 
teau, ce  primitif  étant  pris  dans  le  sens  dérivé 
de  remf)art. 

DÉMANTIBULER,  micdémandibuler  (pour 
d  changé  eti  <,  cp.  appentis  et  apprenti)^  pr. 
démettre  la  mâchoire  (L.  mandibuîa),  puis 
dislo/iuer,  démonter  en  général. 

DÉMARCATION,  tii^  du  BL.  wiarca,  limite, 
d'après  l'anah^gie  de  dclirnifation, 

DEMARCHE,  subst.  verbal  d'un  ancien  verbe 
dvniarchc)\  se  mettre  en  mouvement  ;  1 .  façon 
de  marcher,  allure  ;  2.  façon  de  se  conduire, 
de  s  y  prendre  pour  arriver  à  un  résultat. 

DEMARQUER,  ôterla  marqiw. 

DEMARRER,  contraire  de  amarrer  [\.  c.  m.), 
défaire  un  amarrage. 

DÉMASQUER,  ôter  le  masque,  fig.  mettre 
à  nu,  d^écouvrir  (une  batterie). 

DÉMÊLER,  contraire  de  tnèler;  fig.  dé- 
brouiller, débattre  une  affaire,  reconnaître 
qqch.  au  milieu  de  beaucoup  d'autres,  discer- 
ner. —  D.  déniéléf  querelle,  pr.  action  de 
débrouiller  une  affaire  ;  déinêtenient ,  -oir, 

DÉMEMBRER,  it.  smembrare,  =  dépecer, 
mettre  en  pièces,  dér.  de  membre,  —  D.  dé- 
membrement. 

DÉMÉNAGER,  opp.  de  emménof/er,  voy. 
mcnaf/e. 

DÉMENCE,  L.  dnneniia  [de-mens,  sans 
raison).  L'ancienne  langue  employait  le  verbe 
:se  drmentcr  dans  le  sens  do  se  lamenter. 

DÉMENER  (SE),  it.  dimcnarsi,  esp.  me- 
nearse.  Se  mener  =  se  conduire  ;  se  démener 
=  b'éloigner  de  la  convenance  dans  un3 
affaire,  user  de  violence,  se  débattre;  cp. 
déjiortement.  Anciennement,  démener  n'avait 
pastouj<>urs  un  mauvais  sens,  c'était  l'équiva- 
lent do  diriger.  Le  subst.  dém(>ncment  (cp. 
angl.  dcmeanour)  est  tombé  en  désuétude. 

DÉMENTIR,  prov.,  esp.  desmentir,  it. 
smentire,  BL.  dismentiri,  convaincre  de  men- 
songe, prouver  comme  faux;  se  démentir , 
s*accuser  de  mensonge,  se  contredire;  en 
parL  de  choses,  ne  pas  répondre  à  ce  que 
l'on  en  attend,  se  montrer  en  défaut.  Les  an- 
ciens disc'ûent  ««  desmentir  le  haubert  »,  dans 
le  sens  de  le  p<.'rcer;  c'est  propr.  faire  voir  sa 
faiblesse,  son  incapacité  de  remplir  sa  tâche, 
le  mettre  en  défaut;  on  employait  do  la  même 
manière  le  ver])e  fausser.  Au  fond  du  mot,  on 
le  voit,  il  y  a  l'idée  d'annuler  le  mousongc,  de 
mettre  la  vérité  à  nu.  —  D.  sul).>t.  détnenti. 

DÉMÉRITER,  c'est  faire  le  contraire  do 
mériter,  ^-  D.  démérite. 


DÉMESURE,  hors  de  mesure,  excessif. 

DÉMETTRE,  opp.  do  mettre,  mettre  hors 
do  sa  place,  dislo(pier,  déposséder.  Le  terme 
français  ne  correspond  pas  logiquement  au  L. 
denifttere,  pas  plus  que  le  substantif  c^rnt^ 
sion  (v.  c.  m.)  au  L.  demissio.  Le  préfixe  de 
du  vocable  français  est  négatif,  c.-à-d.  le  de 
latin  marquant  éloigncment,  partant  privation; 
dans  "le  mot  latin  il  exprime  l'abaissement. 
Le  vfr.  a  gt*'néralement  démettre  et  non  pas 
desmettre;  le  type  latin,  est  donc  bien  dc-mit^ 
tere  et  non  pas  dis-mittere  ou  di-mittere.  La 
dernière  forme,  cependant,  peut  être  invo- 
quée on  faveur  du  verbe  «  démettre  d'un  em- 
ploi »  ;  cp.  langl.  dis-miss. 

DEMEURE,  it.  dimora,  esp.,  prov.  detnora, 
subst.  verbal  de  demeurer. 

DEMEURER,  1.  s'arrêter,  rester,  tarder; 
2.  séjourner,  habiter.  C'est  le  L.  demorari 
(morari),  dans  le  sens  neutre  do  ce  verbe.  — 
D.  demeure,  1.  séjour,  retard  (signification 
propre  déjà  au  L.  mora),  2,  habitation;  cp. 
maison  =  mansio,  de  manere,  rester,  de- 
meurer; demeurant,  subst.,  =  reste;  loc. 
adv.  (tu  detnearant  ^=  au  reste. 

DEBO,  adj.  L.  dimidins» 

DÉBOSSION,  vfr.  desmission,  angl.  dismis- 
sîon,  d'un  type  latin  dis-missio  (cp.  l'ail,  ent- 
lassiuif/).  —  D.  démissionner,  -aire, 

DÉMOCRATIE,  gr.  oi,,uoxoàrii«,  gouverne- 
ment du  peuple  ;  de  ce  subst.  abstrait  on  a 
dégagé  le  subst.  personnel  démocrate  =  qui 
est  attaché  à  la  démocratie.  —  D.  démocra- 
tique, 'isrne. 

DEMOISELLE,  anc.  damoiseJle,  voy.  dame. 

DÉMOLIR,  L.  démoli  ri,  contraire  de  mo- 
liri,  bâtir.  —  D.  démolisseur;  démolition,  L. 
démolit  io. 

DÉMON,  L.  dœmon  (Sxifiuv),  esprit,  génie. 
' — D.  démoniaque,  du  gr.  oai//5vi'/zo,-. 

DÉMONÉTISER,  terme  mod.  tiré  directe- 
ment du  L.  tnoneta,  type  du  fr.  monnaie. 

DÉMONSTRATION,  -ATEUR.  -ATIP,  L.  de- 
mcmstratio,  -ator,  ativus;  mots  savants,  tan- 
dis que  démontrer,  =  L.  demonstrare,  ap- 
partient au  fonds  commun  de  la  langue. 

DÉMONTER,  pr.  faire  tomber  ou  descendre 
ce  qui  était  monté,  dressé,  défaire  ce  qui  était 
assemblé,  arrangé.  Voy.  monter. 

DÉMONTRER,  anc.  demonstrer,  du  L.  de- 
monstrare. 

DÉMORDRE,  cesser  de  mordre,  lâcher  prise  ; 
anc.  employé  en  sens  actif  «  démordre  une 
opinion  ». 

DÉMOUVOIR,  L.  demoeere,  écarter. 

DÉNAIRE,  adj.,  L.  denarius,  qui  contient 
le  nombre  dix.  Le  même  type  a  produit  denier 
=  dis  as;  cp.  primaire  et  premier, 

DÉNATURER,  faire  chaîner  de  nature,  cp.  ' 
défigurer, 

DENCHÉ,  t.  de  blason,  v.  dent.  D'un  type 
latin  denticatus. 

DÉNÉGATION,  L.  denegaiio, 

DÉNI,  subst.  verbal  de  denier, 

DÉNICHER,  pr.  faire  sortir  du  nid,  fig.  dé- 
busquer d'une  retraite.  Voy.  nicher.  Le  con- 
traire, «  faire  entrer  au  nid,  faire  couver  »,  se 


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DÉP 


—  148 


DÉP 


rendait  autrefois  par  anichcr  («  un  aniclieur 
de  poules  »,  Noël  du  Fail).  —  D.  dénicheur. 

DENIBR,  L.  denaritis,  voy.  dénaire. 

DÉNIliR,  L.  dencgare;  voy.  nier.  —  D. 
subst.  verbal  déiii. 

DÉNIGRSR,  L.  dmigrare,  noircir  ;  le  mot 
français  n'a  plus  que  le  sens  figuré  ;  cp.  ail. 
anschwàrzen. 

DÉNOMBRSR,  L*.  denumerare. 

DÉNOMMER,  L.  denominare.  —  D.  déno- 
mination, -atettr,  -atif,  L.  denominatio,  -ator, 
-ativus. 

DÉNONCER,  L.  denimtiare.  —  D.  dénon- 
ciation, -ateur,  L.  denuntiatio,  -ator. 

DÉNOTER,  L.  denotai'e  (àe  nota,  signe, 
comme  designare  do  signxim), 

DÉNOUER,  défaire  le  nœud,  opp.  de  nmier, 

DENRÉE,  prov.  dcnairada,  esp.  dinerada, 
it.  derrata,  duBL.  rfcwaro/a (aussi  denariata), 
pr.  somme  ou  valeur  d'un  denier  (denaynus), 
puis  valeur  d'une  chose  en  deniers,  enfin  toute 
espèce  de  marchandise  qui  s'acquiert  à  beaux 
deniers  comptants;  auj.  principalement  mar- 
chandise destinée  à  la  nourriture. 

DENSE,  L.  densHS.  —  D.  densité,  L.  den- 
sitas. 

DENT,  L.  dens,  gén.  dentis  —  D.  den- 
taire, L.  dentarius  ;  dental,  L.  dentalis  ;  denté, 
L.  dentatus,  opp.  édenté;  dentier,  denture, 
dentiste;  dentelle  (v.  c.  m.);  dentition,  L.  den- 
titio,  du  verbe  dentire,  faire  ses  dents.  —  Les 
t.  de  blason  denché,  denchure  accusent  pour 
source  un  type  verbal  denticarc. 

DENTELLE,  pr.  petite  dent,  puis  tissu  i\ 
bords  dentelés;  aujourd'hui,  cette  définition 
ne  suffirait  plus  à  ce  que  nous  appelons  une 
dentelle.  Le  terme  allemand  spitscn  =  den- 
telles ne  dit  également  que  pointes.  Ane.  den- 
tille,  qui  répond  à  un  type  denticula.  —  D. 
dentelé,  -tire. 

DENTIFRICE,  L.  dentifridum,  litt.  frotte- 
dent^(mot  employé  par  Pline). 

DÉNUDER,  L.  denudare  (nudus),  mettre  à 
nu.  —  La  forme  dénuder  est  savante  ;  le  fran- 
çais du  fonds  commun  a,  d'après  la  règle  gé- 
nérale do  la  suppression  de  la  consonne 
médialc,  la  forme  dniucr. 

DÉNUER,  voy.  l'art,  pi'éc.  ;  de  mettre  à  nu 
s'est  déduite  raccoption  dépouiller  de  ce  qui 
est  nécessaire.  —  D.  dcnûment, 

DÉPAREILLER,  opp.  de  appareiller. 

DÉPARER,  faire  lo  contraire  de  parer 
(orner),  enlever  ce  qui  parc. 

DÉPARIER  (le  peuple  dit  plus  naturelle- 
ment dépairer),  séparer  ce  qui  fait  la  ^>af rc, 
opp.  de  appa'iHei\ 

DÉPARLER,  cesser  do  parler  ;  en  \'fr.  = 
parler  en  mal,  décrier. 

DÉPART,  voy.  départir. 

DÉPARTEMENT,  voy.  l'art,  suivant.  —  D. 
départemental. 

DÉPARTIR,  anc.  despartir,  it.  spartire,  esp. 
despartir,  L.  dispartir e,  1. acception  propre: 
distribuer,  partager,  diviser  ;  de  là  procède 
le  dérivé  départ,  séparation,  triage,  et  dépar- 
tement^ pr.  division;  2.  signification  déduite, 
iûconnue  au  latin  classique  :  se  départir,  se 


séparer,  se  désister,  s'éloigner,  s'en  aller  ;  de 
là  le  subst.  départ  (anc.  aussi,  tiré  du  parti- 
cipe, départie).  Voy.  aussi  paHir,  qui  pré- 
sente les  mêmes  variétés  d'acception;  cp.  l'ail. 
scheideïi,  v.  a.  ■«  diviser,  v.  n.  =  partir. 

DÉPASSER,  1.  aller  au  delà,  devancer,  ex- 
céder en  longueur  ou  en  largeur  (le  préfixe 
est  le  L.  de),  2.  (t.  d'arts  et  met.)  retirer  ce 
qui  était  passé  (le  préfixe  est  le  négatif  dis). 
Dans  le  premier  ordre  d'acceptions,  le  préfixe 
n'ajoute  guère  au  sens  du  verbe  simple  que 
l'idée  d'un  point  servant  de  départ  à  la  com- 
paraison, ou  bien  simplement  l'idée  d'éloigné 
ment,  d'écart. 

DÉPATSER,  litt.  mettre  hors  de  son  pays; 
fig.  dérouter,  désorienter. 

DÉPECER,  ou  dépiécer,  it.  spezzare,  mettre 
en  pièces.  Voy.  pièce.  L'ancienne  langue  disait 
aussi  simplement  pecici',  peçoycr. 

DÉPÊCHE,  voy.  l'art,  suiv. 

DÉPÊCHER,  it.  dispacciare,  spacciare,  esp., 
port,  despachar  ;  subst.  it.  dispaccio,  spaccio, 
esp,  dcspacho,  fr.  dépêche.  C'est  le  contraire 
de  anpêcher  (v.  c.  m.).  Quoique  dépécher  cor- 
responde, quant  aux  significations  et  même 
quant  à  la  représentation  métaphorique  qui 
les  a  produites,  au  L.  expedire,  il  n'e.st  pas 
permis  de  rattacher  le  mot  français,  et  encore 
moins  ses  analogues  it.  et  esp.,  à  un  primitif 
latin  dis-pedire  ou  dispedicare  (ou,  comme 
veut  Ménage,  depediscare).  Nous  le  montre- 
rons à  l'art,  empêcher.  Le  sens  fondamental 
de  dépêcher  est  débarrasser.  Il  faut,  toutefois, 
convenir  que  la  forme  vfr.  despeecher,  con- 
currente de  despesclier,  accuse  bien  réelle- 
ment un  type  dispedicare. 

DÉPEINDRE,  L.  depingere. 

DÉPENAILLÉ.  Ou  ce  terme  s'appliquait 
d'abord  aux  oiseaux  dans  le  sens  de  déplumé, 
ou  plutôt  «  qui  a  le  plumage  en  désordre  » 
(BL.  depennare,  déplumer),  et  vient  du  mot 
penne,  L.  penna  =  plume;  ou  bien  c'est  un 
dérivé  du  vfr.  dcpané,  déchiré,  en  haillons 
(BL.  depanare,=  dilacerare),  qui  a  pour  pri- 
mitif le  L.  pannus,  morceau,  lambeau,  pan. 
Le  mot  penaille  et  l'analogie  de  déguenillé 
parlent  en  faveur  de  la  seconde  étymologie. 

DÉPENDRE,  1.  sens  actif,  opp.  àe  pendre, 
détacher  une  chose  pendue  ;  2.  sens  neutre,  du 
L.  dependêre,  être  subordonné,  assujetti  ;  de 
là  :  dépendant,  -ance;  3.  vfr.  despendre,  auj. 
d^emlre,  du  L.  dispendcre,  dépen.<îer.  De  ce 
dernier  verbe  latin  procède  le  part,  dispensus, 
d'où  fr.  dcspens*  dépens,  ce  qu'on  dépense, 
frais  ;  puis  BL.  dispensarc,  fréq.  de  dispen- 
dcre, d'où  fr.  DÉPENSER.  Le  latin  classique 
avait  également  produit  un  fréq.  dispensaire, 
mais  avec  le  sens  de  distribuer  ;  c'est  notre  fr. 
DISPENSER  (v.c.m.)  =  distribuer,  qu'il  faut  dis- 
tinguer à  son  tour,  étymologiquement,  de  dis- 
penser =  exempter. 

DÉPENS,  voy.  dépendre,  dans  sa  troisième 
acception. 

1 .  DÉPENSE,  subst.  verbal  de  dépenser, 
voy.  dépendre,  troisième  acception.  —  D.  dé- 
paxsicr,  adj.,  qui  aime  la  dépense. 


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DÉP 


—  149 


DÉP 


2.  DÉPENSE,  promtuarium,  lieu  où  Ton 
conserve  et  où  Ton  distribue  les  provisions  de 
bouche,  office,  cambuse  d'un  vaisseau,  subst. 
de  vfr.  desjMniser,  notre  dispenser  actuel.  — 
D.  dépensier,  économe,  maître  d'hôtel. 

DÉPENSER,  voy.  dépendre, 

DÉPERDITION,  L.  dcpeixlitio*  {deperdere), 

DÉPÉRIR,  L.  dc'perire,  —  D.  dépérisse- 
meitt, 

DÉPÊTRER,  anc.  depeytrer,  débarrasser 
les  pieds  d'une  entrave,  opposé  de  empêtrer. 
Ces  verbes,  correspondants  de  Tit.  impasto- 
jare  et  spastcgare,  ont  jiour  primitif  le  vfr. 
posture  (voy.  paturon),  BL.  pastorium  (it. 
pcuf^^^a)  s»  compedes  quibus  equi,  ne  abcrrent 
in  pascuis,  impediuntur,  entraves  des  chevaux. 
Empêtrer,  dépêtrer  sont  des  contractions  de 
emjkUurcr,  dépàturer  (cp.  accoutrer,  de  cul- 
ture, cintrer,  de  ceinture).  Uétymologie  de- 
pet  rare  (petra)  est  tout  à  fait  rejetable. 

DÉPEUPLER,  contraire  do  peupler. 

DÉPILER,  L.  depilare  (de  pilus,  poil). 

DÉPISTER,  découvrir  la  piste,  —  La  struc- 
ture de  ce  verbe  parait  faite  par  assimilation 
  découvrir,  dénicher, 

DÉPIT,  dcspit'  prov.  dcspieg,  chagrin  mêlé 
de  colore,  déplaisir,  humeur,  du  L.  despectus, 
dédain,  mépris  (subst.  de  despicere,  litt.  voir 
du  haut  en  bas).  Pour  la  forme  du  mot  fr.,  cp. 
répit  de  respect  us,  confit  de  confectus.  Le 
.sens  chissique  prévaut  encore  dans  la  locution 
en  dépit  de,  au  mépris  de,  malgré,  anglais  in 
spiteof{cospite  est  une  mutilation  de  despife), 
—  D.  dépiteux';  dépiter  =  fâcher.  Notez  que 
le  dépiter  actuel  est  tiré  de  dépit  ;  c'est  mettre 
en  dépit.  Par  contre,  le  vfr.  despiter,  comme 
le  prov.  despeytar,  it.  dispettare,  est  le  L. 
despecta^'e,  mépriser,  fréq.  de  despicere.  Ce 
dernier  s'était  aussi  introduit  dans  l'ancienne 
langue  sous  la  forme  despire  (cp.  confi- 
cere,  fr.  confire),  et  se  retrouve  encore  dans 
l'angl.  despise.  L'anc.  langue  avait  aussi  un 
acy.  despit  =  lat.  despectus  au  sens  de  mépri- 
sable et  de  méprisant. 

DÉPLACER,  mettre  hors  de  sa  place  ;  le  dé 
est  le  préfixe  de  l'éloignement. 

DÉPLAIRE,  anc.  infinitif  desplaisir,  opp. 
déplaire;  cfr.  L.  displicere. —  D.  déplaisir 
subst.,  déplaisant,  -ance, 

DÉPLIER,  anc.  desplier,  d'un  verbe  L.  dis- 
plicare  (inusité;  on  trouve  bien  de-plicare, 
mais  le  préfixe  des  du  vfr.  accuse  un  ty|)e 
dis). 

DÉPLORER,  L.  dephrare. 

DÉPLOTER,  forme  secondaire  de  déplier, 

DÉPLUMER,  L.  deplumare, 

DÉPOPULATION,  L.  depopulatio, 

DÉPORTER,  L.  deportare,  exiler.  Se  dé- 
porter a  pris  le  sens  littéral  :  se  porter  loin, 
se  tenir  à  l'écart,  puis  s'abstenir,  se  désister. 
— Au  moyen  âge,  deportare  etdéporter  avaient 
l'acception  excepter,  exempter,  épargner;  elle 
s'est  tout  à  fait  effacée.  Comme  divertir,  pr. 
tourner  en  sens  divers,  et  distraire,  sens  ana- 
logue, le  mot  déporter  a  revêtu  aussi  le  sens 
de  s'amuser;  enfin,  nous  lui  trouvons  encore 
l'acception  du  L.  se  gevere  dans  le  subst.  dé- 


portement,  conduite  (ordinairement  pris  en 
mauvaise  part),  cp.  fr.  se  comporter,  angl. 
portancc,  ail.  betra{/en,  conduite.  —  D.  dé- 
port (dans  l'acception  délai,  ce  subst.  accuse 
l'existence  d'un  ancien  verbe  déporter,  avec  le 
sens  du  L.  differre,  dont  il  est  la  traduction 
exacte),  déportement,  -ation, 

DÉPOSER,  prov.  depausar,  composé  de  po- 
ser, d'après  l'analogie  du  L.  depotwre, 

DÉPOSITAIRE,  L.  depositarius  (depositum). 

DÉPOSITION,  L.  depositio. 

DÉPOSSÉDER,  mettre  hors  de  possession  ; 
mot  de  création  moderne  et  fabriqué  comme 
si  posséder  signifiait  mettre  en  possession  ; 
mieux  valait  le  vfr.  despossesser  (angl.  dis- 
possess)  =  ex  possessu  mitterc  ;  dépossession, 
action  de  déposséder,  état  d'une  personne  dé- 


DÉPOT,  du  L.  depositum,  depos'tum. 

DÉPOTER,  ôter  du  pot. 

DÉPOUniiER,  esp.  despqjar,  prov.  despol- 
har,  it.  spogliare,  du  L.  despoliare. —  D.  dé- 
pouillement, action  de  dépouiller  ;  dépouille, 
ce  qui  reste  après  le  dépouillement,  puis  ce 
que  laisse  une4)ersoBne  Â  sa  mort.  Ce  com- 
posé s'est  substitué  au  simple  latin  spolium, 
qui  se  retrouve  dans  vfr.  esfpoillcs,  angl. 
spoils  ==  dépouilles  enlevées  à  l'ennemi,  it. 
spoglio,  spofflia  (dégénéré  aussi  en  scofflia), 
V.  esp.  espqjo.  Du  Cange  consigne  BL.  dis- 
polia  dans  une  pièce  de  834. 

DÉPOURVOIR,  opp.  de  pourvoir;  loc.  au 
dépou7*vu  =3  sans  être  pourvu  ou  préparé,  à 
l'improviste. 

DÉPRAVER,  L.  depravare  (de  pravus,  per- 
verti). 

DEPRÉGATION,  L.  deprecatio  {precari, 
prier).  Cp.  ail.  abhitte, 

DÉJPRÉOIER,  L.  depretiare  (pretium),  bais- 
ser le  prix,  la  valeur.  Le  bon  mot  français  est 
dépriser. 

DÉPRÉDER,  L.  deprcedari  {prœda,  proie). 
—  D.  déprédation,  -ateur,  L.  depreedatio, 
dcprœdator. 

DÉPRENDRE,  détacher,  séparer;  se  dé- 
prendre, au  fig.,  est  l'antonyme  de  s* éprendre. 
Le  part.  vfr.  despris  signifiait  dénué,  pauvre, 
misérable. 

DÉPRESSION,  L.  depressio  (deprimere). 

DÉPRIER,  1 .  demander  une  remise  au  sei- 
gneur, du  L.  deprecari  (prier  pour  détourner 
un  mal);  de  là  l'anc.  subst.  dépri;  2.  retirer 
une  invitation,  opp.  do  prier, 

DÉPRIMER,  L.  de-primere  (de  premere, 
presser).  Le  vfr.  disait  depraindrc,  depresser, 

DÉPRISER  despriser  \  prov.  desprezar, 
fait  double  emploi  avec  déprécier;  c'est  un 
composé  de  priser,  moins  négatif  que  mépri- 
ser.—  Subst.  verbal  c^rtj*. 

DÉPUCELER,  priver  du  pucelage,  voy.  pu- 
celle. 

DEPUIS,  voy.  puis. 

DÉPURER,  L.  depurare.  —  D.  dépuration, 
dépuratif,  -aioire. 

DÉPUTER,  L.  deputare,  assigner,  destiner, 
désigner  pour.  —  D.  député,  -ation. 


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DÊR 


150 


DÉS 


DÉRACINER,  arrachcravocla  racine,  cp.  lo 
L.  ermUcarCt  exstirpare.  Le  picard  (Jéracher 
a  pour  type  dis-radicare.  Cp.  arracher. 

DÉRAILLER,  sortir  des  rails.  Voy.  rail. 

DÉRAISON,  contraire  do  raison.  —  D.  dé- 
raisminer,  -able. 

DÉRANGER,  opp.  de  ranger,  arranger, 

DERECHEF,  voy.  chef.  L'it.  da  capp  dit 
simplement  dechef, 

DÉRÉGLER,  faire  sortir  do  la  règh.  —  D. 
dérégJéy  -cment, 

DÉRISION,  L.  derisio  (ridere);  dérisoire,  L. 
dori^oriiis. 

DÉRIVE,  snbst.  verbal  de  dériver  2. 

1 .  DÉRIVER,  vfr.  dcs-river,  quitter  le  ri- 
vage, de  7*ive. 

2.  DÉRIVER,  vfr.  dériver,  1.  couler  ou 
faire  couler  (fig-.  provenir)  de;  2.  sortir  ou 
faire  sortir  de  son  courant.  Du  L.  derivare 
(rivus).  Nous  ne  voyons  pas  ce  qui  a  pu  enga- 
ger Clievallet  à  mettre  dfb^iver  en  rapport 
avec  l'angl.  c/rire  (ail.  ty^ciben).  Il  existe,  à  la 
vérité,  dans  le  vieux  fr.,  un  verbe  driver  dans 
la  locution  «  laisser  driver  un  bateau  «  p.  lo 
laisser  flotter  à  la  merci  du  courant;  il  se 
peut  bien  que  co  terme  do  navigation  soit 
emprunté  à  l'angl.  drive  ou  au  flam.  drijvcn, 
fluitare,  fluctuaro,  mais  il  est  indépendant  du 
mot  dériver,  —  D.  dériver,  dérivation,  -cUif. 

DERME,  gr.  Siofx^,  peau. 

DERNIER,  contraction  de  vfr.  derrenier  p. 
derraiiùer;  or,  celui-ci  est  dérivé  de  l'ancien 
adj.  drrrain,  ==  dernier.  Quant  à  dei'rain, 
vfr.  deerrain,  il  représente  une  forme  barbare 
latine  deretranns  (do  de  rétro,  dont  un  autre 
dérivé  dercirarius  a  produit  le  prov.  déifier 
=  dernier).  Lo  dernier  est  donc  étymologi- 
quement  celui  qui  est  le  plus  par  derrière,  ou 
eu  arrif're  (v.  c.  m.). 

DÉROBER  desrober,  BL.  derobare  et  dis- 
robare,  dépouiller  (qqn.),  piller,  enlever  fur- 
tivement, puis  soustraire,  cacher.  Se  rap- 
porte à  HL.  roba,  comme  despoîiare  à  spoliiim 
(dépouille)  ;  c'est  ]>r.  priver  de  la  roba,  pris 
dans  le  sens  large  de  supellex  en  général 
(biens,  vivres,  équipement).  Voy.  robe. 

DÉROGER,  du  L.  dc-rogare,  déroger  à  une 
loi.  Du  sens  primitif  :  annuler  une  ])artie  d'une 
loi,  iM)rter  atteinte  à  un  droit,  découle  l'idée 
de  manquer  à  son  honneur,  se  discréditer, 
s'abaisser.  —  D.  dérogation,  L.  dcrogatio; 
déro'/cancti. 

DÉROULER,  étendre  ce  qui  était  roulé; 
terme  analogue  à  déplier,  développer. 

DÉROUTE,  \{v.  dcaroute,  est  la  représenta- 
tion  exacte  du  L.  disrupta,  substantif  parti- 
cipial do  disrump'^re,  vfr.  desrompre,  rompre 
une  ligne  do  bataille  à  divers  endroits.  L'it.  a 
dans  le  même  sens  rotta,  esp.,  port.,  prov. 
rota,  et  en  vfr.  roiUe  s'employait  aussi  p.  dé- 
route. Tous  é(piivalcnt  au  L.  rupta.  Le  .subst. 
route  (v.  c.  m.),  chemin,  est.  étymologique- 
ment  cunuoxe  avec  roule  et  déroute  =  dé- 
faite. 

1.  DÉROUTER,  mettre  hors  de  la  bonne 
route  (v.  c   m.). 


2.  DÉROUTER  [se],  vfr.  desrouter,  rompre 
les  lignes,  se  débander;  de  dis-ruptare,  fr6<]. 
de  dis-runiperi'.  Voy.  déroute. 

DERRIÈRE,  it.  dietro  (p.  diretro),  prov. 
dereyre,  du  composé  BL.  de-retro,  comme 
arriére  de  adret ro.  L'adverbe  s'est  substantivo 
dans  le  derrière,  cp.  l'arrière,  le  devant. 

DERVICHE  ou  d^yrvis,  du  persan  dertoisch, 
pauvre. 

DES,  gén.  plur.  de  l'articlo  défini,  contrac- 
tion de  ciels  ;  c'est  donc  le  pluriel  de  del,  voy. 
du.  Comparez  vfv.jes  p.jels  =  je  les.  Four 
l'élision  do  l,  cp.  vfr.  as  p.  als  =  aux. 

DÉS,  depuis,  à  partir  do,  vfr  aussi  dois, 
prov.  des,  deis,  v.  esp.,  v.  port,  des,  n.  esp. 
desde  =  des  de.  On  a  généralement  expliqué 
cette  préposition  par  uno  concrétion  de  de 
ipso  ou  de  isto  s.  e.  illo  tempore,  à  partir  de 
ce  temps-là.  Diez,  suivi  par  Littré,  est  d'un 
autre  avis;  pour  lui,  dès  représente  l'associa- 
tion des  deux  prépositions  latines  de  et  ex.  Il 
appuie  cette  opinion  sur  le  caractère  exclusi- 
vement prépositionnel  de  dès  et  en  citant  vfr. 
desans  =  de  ex  antc,  v.  esp.  desent  =  de  ox 
inde,  dcsi  =  do  ex  ibi,  esp.  mod.  despues  = 
de  ex  post.  Ces  différentes  combinaisons  néo- 
latines ont  d<'Jà  en  quelque  sorte  leur  précé- 
dent dans  le  L.  exante  et  exinde.  —  On  trouve 
encore  dès  dans  la  combinaison  adverbiale 
désormais  (v.  c.  m.). 
DÉS-,  préfixe,  voy.  dé-. 
DÉSAPPARBILLER,  1 .  enlever  un  appareil, 
un  vêtement,  une  parure  (signification  obso- 
lète) ;  2.  =»  dépareiller. 

DÉSAPPOINTER,  voy.  appointer, 
DÉSARÇONNER,  jeter  hors  des  arçons. 
DÉSARROI,  voy.  sons  agrès. 
DÉSASTRE,  prov.  desastre,   it.   disastro, 
pr.  astre  contraire,  infortune  ;  cp.  l'ail,  un- 
stern.  —  D.  désastreux. 

DESCELLER,  ôtcr  le  scel  (sceau). 
DESCENDRE,  du  L.  (/ef-^c^yïrfer*?  (scandere). 
En  vfr.  descendre  s'employait  aussi  p.  con- 
descendre.  —  D.  descente  {d\\n  siij^in  barbare 
descenditum  ;  le  vfr.  descense  vient  du  supin 
classique  descens  uni)  ;  descend<int,  -ance. 

DESCRIPTION,  -TIF,  L.  descriptio,  -tivus, 
de  désert  hère  =  fr.  décrire, 

DÉSEMPARER,  voy.  emparer.  —  Autre- 
fois j^  démanteler  (une  place  forte). 

DÉSERT,  ac\j.,  L.  descrtus  (part.  pass.  de 
desererc,  abandonner);  dksert,  subst.,  L. 
désert urn  ;  dkskrter  (ce  verbe  s'est  aussi  em- 
jiloyé  jadis  dans  le  sens  de  rendre  désert),  L. 
déserta rc',  fréq.  de  deserere;  désertion,  L. 
drsertio;  déserteur,  L.  deserlor. 
DÉSERTER,  voy.  désert, 
DÉSESPÉRER,  négation  de  espérer;  déses- 
poir, négation  de  espoir.  Lo  latin  rendait  la 
négation  par  lo  préfixe  privatif  de  :  de-spe- 
rare,  cVnii  vfr.  desperer,  despoir. 

DÉSHÉRENCE,  absence  d'héritiers,  com- 
posé du  préfixe  négatif  dés  et  do  herence, 
i'rivô  de  heir\  hoir*,  héritier. 

DÉSHÉRITER,  priver  d'héritage;  do  dis  et 
hœreditare*  --=  hasredem  facere. 


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DES 


—  151  — 


DËT 


DÉSIGNER,  L  destf/Jiare.  Le  mémo  mot 
latin  s*est  vulgarisé  en  dessigner  dessiner 
(v.  cm.). 

DÉSINENCE,  L.  desinentia,  de  desincre, 
terminer. 

DÉSINTÉRESSER,  lo  contraire  de  intéres- 
ser ^  propr.  mettre  les  inU^rôts  de  qqn.  hors 
do  cause,  les  tenir  saufs;  dés-interesse,  a^j. 
=  qui  détache  son  intérêt  dans  une  aifaire  ou 
qui  en  fait  abstraction.  —  D.  désintéresse' 
ment, 

DÉSINVOLTE,  a^j.  employé  par  Voltaire, 
Chateaubriand,  etc.,  imité  de  l'it.  dis-involto, 
pr.  non  enveloppé  (du  L.  involvere)^  libre, 
dégagé.  —  D.  désinvoUi'.re,  it.  disinvoltura, 
tournure  désinvolte. 

DÉSIR,  subst.  verbal  de  désirer;  le  mot  ne 
vient  pas,  comme  c'est  le  cas  pour  le  vfr. 
desier,  prov.  désire,  du  L.  desideriiim.  — 
D.  désireux. 

DÉSIRER,  du  L.  desiderare;  cp.  vfr.  con- 
sirer  de  consid^irare.  —  D.  désir,  désirable, 

DÉSISTER,  jadis  neutre,  auj.  pronominal, 
L.  desistere,  litt.  se  tenir  loin. 

DÉSOSUVRÉ,  opp.  de  œuvré*  =^  occupé, 
voy.  œuvre,  —  D.  désœuvrement. 

DÉSOLER,  convertir  en  solitude,  en  désert, 
ravager,  du  L.  desolare  (solus),  1.  ravager, 
dévaster,  2.  fig.  jeter  dans  le  délaissement, 
dans  l'affliction  («  desolatus  et  exspes  »).  Le 
mot  n*a  que  l'apparence  d'être  l'opposé  de 
consoler.  —  D.  désolant,  -atton. 

DÉSOPILER,  désobstruer,  déboucher,  néga- 
tif du  L.  oppilare,  boucher. 

DÉSORMAIS,  combinaison  de  des  ore  mais 
=s  dès  cette  heure  en  plus,  c  -à-d.  en  avant, 
locution  tout  à  fait  analogue  à  dorénavant, 
qui  est  une  concrétion  de  «  de  ore  en  avant  », 
it.  d*or  innansi. 

DÉSOSSER,  dépouiller  de  ses  os. 

DESPOTE,  g'r.  Ziinôrm,  maître,  seigneur. 
—  D.  despotique,  -isme. 

DESSAISIR,  autrefois  actif,  =  dépouiller, 
déposséder,  voy.  saisir;  se  dessaisir,  se  dé- 
pouiller, céder  ce  que  Ton  avait.  —  D.  d^sai- 
sissement, 

DESSÉCHER,  du  L.  de-siccare  (siccus),  d'où 
les  mots  savants  dessiccation,  -atif.  —  D.  des- 
sèchement. 

DESSEIN,  it.  discgno,  osp.  designio,  angl. 
design,  pr.  tracé,  puis  plan,  pixjet,  inten- 
tion ;  ce  mot  n'est  qu'une  variété  graphique 
de  dessin  (voy.  dessiner). 

DESSERRER,  relâcher  ce  qui  était  serré. 
Subst.  verbal  desserre,  dans  la  locution  «  être 
dur  à  la  desserre  » ,  desserrer  avec  peine  les 
cordims  de  sa  bourse. 

DESSERT,  DESSERTE,  voy.  desservir. 

DESSERTIR,  opp.  des^^ir,  enchâsser. 

DESSERVIR,  1 .  opp.  de  servir,  enlever  le 
service  ou  les  mets  d'une  table  ;  de  cette  signi- 
fication relèvent  :  le  subst.  masc.  dessert,  ce 
que  l'on  sert  à  table  quand  les  plats  princi- 
paux ont  été  enlevés  (l'allemand  dit  pour  des- 
sert :  nach-tisch,  litt.  arrière-table)  ;  puis  le 
subst.  fém.  desserte  =  les  mets  desservis; 
2.  =  mal  servir,  rendre  un  mauvais  office, 


nuire  ;  3.  «=  L.  deservire,  servir  avec  zèle, 
avec  soin,  remplir  une  fonction,  faire  le  ser- 
vice d'une  cure,  de  là  desservant,  jjrêtre  fonc- 
tionnant, desserte,  fonction  du  desservant; 
4.  mériter  (cp.  ce  verbe  mériter  \ui-mèmQ,  qui 
dérive  de  merere,  signifiant  à  la  fois  servir  À 
l'armée  et  mériter;  ;  cette  dernière  significa- 
tion do  desservir  s'est  perdue  en  fr.,  mais  elle 
a  survécu  dans  l'angl.  deserve. 

DESSICCATION,  -ATIP,  voy.  dessécher. 

DESSILLER,  séparer  les  paupières,  afin  de 
faire  voir  clair;  orthographe  vicieuse,  mais 
autorisée  malheureusement,  pour  déciller, 
voy.  cil.  Le  terme  est  tiré  de  l'usage  de  ciller, 
c.-à-d.  coudre  les  paupières  do  l'oiseau  de 
proie  à  dresser. 

DESSIN,  voy.  dessiner. 

DESSINER,  anc.  dessigner,  it.  disegnare, 
esp.  disehar,  du  L.  designare  (signum), 
marquer,  tracer  (cp.  en  ail.  zeichnen,  dessi- 
ner, de  zeichen,  signe).  C'est  étymologique- 
ment  le  même  mot  que  désigner;  celui-ci  a 
une  forme  plus  latine  que  l'autre.  —  D.  subst. 
verbal  dessin,  ortliographié  dessein  dans  le 
sens  métaphorique  de  projet,  intention;  des- 
sinateur, il  faudrait,  selon  la  règle  dessi- 
neur  ;  voy.  mon  observation  au  mot  accompa» 
gnateur. 

1 .  DESSOLER,  ôter  la  sole  d'un  cheval,  de 
sole  2. 

2.  DESSOLER,  t.  d'agriculture,  changer 
l'ordre  des  soles  d'une  terre  labourable,  de 
sole  1. 

DESSOUS,  voy.  sous. 

DESSUS,  voy.  sus. 

DESTIN,  voy.  l'art,  suiv. 

DESTINER,  L.  destinare,  fixer,  arrêter, 
désigner.  —  D.  subst.  verbal  destin,  it.  des- 
tino,  ce  qui  a  été  arrêté  par  la  Providence  à 
l'égard  du  sort  de  qqn.,  puis  synonyme  de 
providence,  fatalité  (cp.  L.  fatum,  litt.  ce  qui 
a  été  prononcé,  ail.  geschich,  ce  qui  a  été 
envoyé  par  la  volonté  suprême);  destinée, 
subst.  participial,  synonyme  do  destin,  mais 
exprimant  plus  particulièrement  l'efiet  du 
destin. 

DESTITUER,  L.  destituere  (statuere),  litt. 
=  déplacer.  —  D.  destitution. 

DESTRIER,  it.  destriere,  du  BL:  dextra- 
rius  (dérivé  du  L.  dexter,  vfr.  destre),  pr.  le 
cheval  que  l'écuyer  conduisait  à  sa  droite, 
avant  que  le  chevalier  montât  dessus;  c'est 
donc  propr.  le  cheval  du  chevalier,  puis  che- 
val de  distinction,  de  bataille. 

DESTRUCTEUR,  -TION,  -TIF.  L.  destructor, 
-tio,  -tivus,  de  destrucre  (fr.  détruire),  par  le 
supin  latin  destructum.  —  Destructible,  L. 
destructibilis,  d'où  destructibilité ;  indestruc- 
tible. 

DÉSUÉTUDE,  L.  de-snetudo  (opp.  do  con- 
suetudo,  coutume),  perte  d'une  habitude. 

DÉTACHER,  dcstachim'\  it.  staccare,  opp. 
de  attaxiher  (v.  c.  m.);  délier,  défaire,  puis  par 
extension,  séparer,  éloigner.  —  D.  détache- 
ment, 1 .  action  de  détacher,  éloignement,  2. 
partie  do  troupe  détachée  pour  une  mission 
particulière. 


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DÉT 


152  — 


DÉV 


DÉTAIL,  subst.  vcrb.  de  détailler, 
DÉTAILLER,    pr.  tailler  en  pièces,   puis 
vendre  par  petites  parties,  fig.  exposer  miiui- 
tieusement.  —  D.  détail ^  détaillaJit. 

DÉTAIJiR»  dcstaler,  opp.  de  étalct*  (v.  c. 
m.);  c'est  remballer  sa  marcliandise ,  fig. 
décamper,  s'en  aller  au  plus  vite.  —  D.  déta- 
loge. 

DÉTEINDRE,  desteindre\  opp.  de  teindre; 
faire  perdre  ou  (sens  neutre)  perdre  la  cou- 
leur. 

DÉTELER,  d^steler*,  opp,  de  atteler  (v.  c. 
m) 

DETENDRE,  destendre'  opp.  de  toidre;  ce 
n'est  pas  logiquement  le  L.  distendere,  qui 
signifie  étendre,  déployer.  On  trouve  en  latin 
de-tendere  dans  le  sens  de  notre  détendre.  — 
D.  détente  (cp.  tente  de  tendere). 

DÉTENIR,  L.  detinere,  d'où  detentor,  fr. 
détenteur;  detentio,  fr.  ddtentûw. 
DÉTENTE,  voy.  tendre. 
DÉTENTEUR,  -TION,  voy.  détenir, 
DÉTERGER,  -ENT,  L.  detergere,  -ens. 
DÉTÉRIORER,  L.  deteriorare,  de  détériora 
pire.  —  D.  détérioration, 

DÉTERMINER,  L.  determinarc  (terminus), 
pr.  marquer  les  limites,  d'où  l'idée  cii*con- 
scrire,  arrêter,  fixer,  pi>ôciser,  résoudre.  — 
D.  détermination,  décision,  résolution;  adj. 
déterminé,  résolu  (sens  actif). 

DÉTERRER,  tirer  déterre,  opp.  de  enterrer; 
logiquement  égala  exhumer  de  humus,  terre, 
opp.  de  inhumer, 

DÉTERSIF,  dér.  de  L.  detersum,  supin  de 
deter^ei'c,  essuyer. 

DÉTESTER,  L.  detestari,  pr.  prendre  (les 
dieux)  à  témoins,  puis  maudire,  exécrer. 
DÉTIRER,  destirer  ,  tii*er  en  tous  sens. 
DÉTISER,  éloigner  les  tisons  les  uns  des 
autres,  voy.  attiser, 

DÉTONER,  faire  explosion,  du  L.  detonare, 
éclater  comme  la  foudre,  —  D.  détojiation, 
L.  detonatio. 

DÉTONNER,  sortir  du  ton,  fig.  faire  dispar 
rate.  —  D.  dctonnation, 

DÉTORDRE,  1.  défaire  ce  qui  était  tordu, 
opp.  de  tordre,  =  L.  distorquere;  2.  dans  «  se 
détordi^e  le  pied  » ,  augmentatif  de  tordre,  => 
L.  d^orquere, 

DÉTORQUER,   mot  savant,   du   L.  detor- 
qucre,  détourner  par  violence. 
DÉTORS.  opp.  de  tors,  tordu. 
DÉTOUPER,  opp.  de  ctouper. 
DÉTOUR,  subst.  verbal  de  détourner, 
DÉTOURNER,  destourner,  pr.  tourner  en 
sens  contraire,  faire  changer  de  direction, 
faire  quitter  le  droit  chemin.  —  D.  détour, 
changement  do  direction,  chemin  qui  éloigne 
de  la  route,  fig.  biais,  ruse;  détournement, 
action  de  soustraire  qqch.  à  sa  destination. 

DÉTRAGTER,  L.  detractare,  ravaler,  déni- 
grer, fréq.  de  detrafiere,  tirer  en  bas;  cp. 
ail.  herabjtiehen  =:  détractKir ;  du  supin  de' 
tractum  :  detractor,  fr.  détracteur;  detractio, 
fr.  détraction, 

DÉTRAN6ER,  chasser  les  animaux  nuisibles 
aux  jardins  ;  renforcement  par  de  de  l'ancien 


verbe  estraiigier,  mettre  dehors,  chasser,  BL. 
extraneare  (extraneum  facere). 

DÉTRAQUER,  pr.  faire  sortir  de  son  allure 
habituelle,  voy.  trac,  traquer;  cp.  le  nécil. 
vertrekken,  déranger  une  chose  en  la  faisant 
bouger  de  place. 

DÉTREMPER,  1.  opposé  de  treinper,  faire 
perdre  la  trempe;  2,  intensif  de  tremper; 
pour  dé-,  cp.  délaye}',  —  D.  détrempe, 

DÉTRESSE,  vfr.  destrece,  prov.  destreissa, 
subst.  verbal  d'un  ancien  verbe  destrecier, 
destresser,  prov.  destreissar,  répondant  à  un 
type  latin  districtiare,  formé  lui-même  du 
part,  district  us  (stringere),  serré,  oppressé. 
Dét7'csse  est  donc  logiquement  égal  &  angoisse, 
qui  vient  de  angustus,  étroit,  serré. 

DÉTRIMENT,  L.  detrimentum,  dommage 
(de  deterere,  user  en  frottant). 

DÉTRITUS,  du  L.  détritus,  part,  de  dete- 
rere, user  en  frottant. 

l>tTROJT,destroit\  prov.  destreit,destretch, 
représente  le  bas-latin  districtum  (de  distrin- 
gère;  cp.  étroit  de  strictus)  =  via  stricta,  pas- 
sage étroit,  gorge,  défilé.  Dans  l'anc.  langue, 
l'acy.  destroit  signifiait  oppressé,  tourmenté, 
et  l'on  disait  estre  en  destroit,  pour  être  à 
l'étroit;  comme  subst., ce  mot  était  synonyme 
de  détresse  (v.  c.  m.).  Le  subst.  bas-latin  dis- 
tiHctus,  d'où  nous  est  resté  le  terme  savant 
district^  se  rattache  au  même  primitif  latin  ; 
il  signifiait  :  1 .  amende,  punition  pécuniaire, 
d'après  le  verbe  BL.  distringere  (vfr.  destrain- 
dre)  en  son  acception  punir,  châtier  (cp.  con- 
travulre)\  2.  droit  de  justice;  3.  étendue  d'une 
juridiction,  ressort  administratif,  circonscrip- 
tion; c'est  le  dernier  sens  qui  est  resté  au  mot 
fr.  district  (vfr.  aussi  destroit),  it.  distretto, 
esp.  distrito, 

DÉTRÔNER,  déposséder  du  trône, 

DÉTROUSSER,  1.  opp.  de  trousser;  2.  dé- 
pouiller qqn.  de  ses  trousses,  c'est-à-dire  de 
son  bagage  ;  cp.  dévaliser, 

DÉTRUIRE,  destruire',  du  L.  destruere 
(struerc),  abattre,  démolir. 

DETTE,  L.  débita  deb'ta,  plur.  de  debitum 
(debere),  ce  qui  est  dû.  —  D.  endetter, 

DEUIL,  vfr.  duel,  subst.  verbal  de  l'ancien 
verbe  doloir  =  L.  dol^re  (cp.  le  vfr.  vuel  vϕ^ 
volonté,  de  voloir  vouloir), 

DEUX,  vfr.  d^us  (au  nominatif  doi,  dut), 
de  l'accusatif  lat.  duos,  —  D.  deuxième;  cps. 
vfr.  ambedui,  andui  w=  L.  ambo  duo,  tous 
les  deux. 

DÉVALER,  descendre  ou  faire  descendre» 
de  val  (v.  c.  m.);  cp.  avaler,  ravaler.  Le  pi^é- 
fixe  do  marque  ici  le  mouvement  descendant. 

DÉVALISER,  pr.  dépouiller  de  la  valise  (v. 
c   m .  ) .  Cp .  détrousser, 

DEVANCER,  de  devant,  comme  avancer  de 
avant,  voy.  sous  ains,  —  D.  devance'  (cp. 
av  ince),  d  où  le  subst.  devancier, 

DEVANT,  voy.  sous  ains.  —  D.  devantier 
(anc.  aussi  devantail),  tablier;  devantière; 
dcvantiire;  devancer  (voy.  ce  motV 

DÉVASTER,  L.  devastare  (vastiis;. 

DÉVELOPPER,  it.  sviluppare,  pmv.  desvo- 


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DEV 


—  453  — 


DÉV 


lopar;  opp.  de  envéloppei*.  Ces  verbes  sont  des 
composés  (avec  transposition  des  voyelles)  du 
vfr.  voleper,  envelopi)er  (anc.  it.  volupparc, 
anc.  esp.  et  prov.  voiopar),  lequel  se  rattache 
au  subst.  it.  vilitppo,  assemblage  confus  de 
fik,  touffe.  Mais  Torigine  de  viluppo  reste 
encore  à  débrouiller.  —  D.  développement. — 
Pour  expliquer  le  thème  roman  volitp,  voîep, 
Storm  (Rom.»  I,  187),  fait  appel  à  un  type  lat. 
voliUuaf'e,  tiré  du  subst.  vohUits  (comme  fliic- 
tuare  de  fluctus),  d'où  se  serait  produit  volu- 
pare  comme  pipila  depititita  (cp.  dv  =  b,  dans 
lat.  bis,  bellum  p.  duis,  dueUiim), 

DEVENIR,  it.  divenire,  du  L.  decenire, 
auquel  le  moyen  âge  a  donné  l'acception  du 
classique  évaderez  dont  le  sens  littéral  corres- 
pond  exactement  à  celui  de  devenire, 

DÉVERGONDÉ,  part,  de  se  dévergonder  , 
litt.  se  dépouiller  de  vergonde  ou  vergogne 
(honte);  prov.  desoergonhat,  —  D.  déoergon- 
dag^- 

DfiYXKS,  forme  composée  de  vers,  cp. 
dehors,  deDa)it,  dessus,  etc. 

DÉVERS,  L.  deversus,  tourné  d'un  côté.  — 
D.  déverser,  pencher,  incliner  (sens  actif  et 
neutre). 

1 .  DÉVERSER,  incliner,  courber,  de  dévers 
(v.  c.  m.). 

2.  DÉVERSER,  faire  couler,  répandre,  com- 
posé de  verser.  —  D.  déversoir,  endroit  où  se 
porto  l'eau  superflue  d'un  étang. 

DÉVIDER,  vfr.  desvuidier,  dérivé  de  vide 
(v.c.m.).  Dévider,  c'est  propr.  vider  le  fuseau. 
—  D.  dévidoir,  Jean  do  Garlande  :  Dovacua- 
trices  gallice  dasvuidcressés  dicimtur. 

DÉVIER,  L.  deviare  (Macrobe),  sortir  du 
chemin;  la  bonne  forme  fr.  du  mot  est  : 
dévoyer  (v.  c.  m.).  —  D.  déviation.  —  Un  au- 
tre verbe  dévier,  formé  de  vie,  s'employait 
autrefois  pour  mourir,  trépasser  ;  cp.  l'expr. 
ail.  ableben. 

DEVIN,  du  L.  divinus,  employé  déjà  dans 
la  bonne  latinité  au  sens  de  «  ariolandi  vel 
divinandi  peritus».  —  D.  deviner,  L.  divi- 
nare.  Delà  subst.  devineur,  fém.  l.devineuse, 
2.  devineresse  (cp.  défenderesse,  péclieresse). 
Cette  dernière  forme  n'est  nullement,  comme 
dit  l'Académie,  le  féminin  grammatical  de 
devin.  — Pour  le  vfr.  devinement,  on  a  préféré 
reprendre  la  forme  latine  divination  (divi- 
natio). 

DEVINER,  voy.  l'art,  préc. 

DEVIS,  angl.  device,  prov.  devis,  it.  diviso, 
est  le  subst.  verbal  de  devise^'  =  diviser  (cp. 
deviner  de  divinare),  it.  divisare,  esp.  devi- 
sar.  Le  mot  devise  (it.  divisa,  esp.  divisa,  de- 
visa) n'est  également  pas  autre  chose  qu'un 
subst.  verbal,  à  forme  féminine,  du  même 
verbe.  Les  significations  de  ces  mots  décou- 
lent tontes  d'acceptions  particulières  déjà  au 
L.  dividere  (prov.  devire)  et  passées  naturel- 
lement à  son  fréquentatif  divisare.  Deviser 
(comme  diviser,  son  correspondant  à  forme 
savante)  veut  dire  tout  simplement  détailler. 
Un  devis  est  la  division,  le  ••  détail  »  d'un  projet 
en  ses  diverses  parties,  cp.  les  expressions 
logiquement  analogues  :  le  menu  d'un  dîner. 


les  détails  d'un  récit.  En  ce  qui  concerne  le 
sens  do  s'entretenir  familiôrcmont,  propre 
encore  au  verbe  deviser  et  auquel  se  rattache 
le  subst.  devis,  discours,  propos,  il  découle 
du  L.  dividere,  en  tant  que  signifiant  détailler, 
exposer,  discuter  (divisus  sermo  =  menus 
propos,  cp.  cœdero  sermones,  dans  Térence, 
Héaut.  II,  3,  1).  Quant  au  subst.  fém.  devise, 
on  lui  trouve  dans  l'ancienne  langue  les  trois 
acceptions  suivantes  :  1.  testament,  pr.  la 
division,  le  partage  des  biens;  2.  division, 
portion  de  l'écu  (t.  do  blason);  3.  les  robes  ou 
habits  bigarrés  (u  vesti  divisât!  »)  servant  de 
marques  distinctives  soit  des  emplois  que 
l'on  occupait,  soit  des  maisons  au  service  des- 
quelles on  se  trouvait.  Ces  significations  déri- 
vent clairement  de  l'idée  diviser.  La  significa- 
tion actuelle  :  signe  ou  emblème  distinctif, 
sentence  choisie  (cp.  l'ail.  waJdspruch)  paraît 
procéder  de  la  troisième  de  ces  applications 
(pr.  marque  de  famille,  ou  de  parti),  ou  bien 
elle  tient  à  l'acception  distinguer,  choisir, 
inhérente  déjà  au  L.  dividere,  mot  organisé 
tout  à  fait  de  môme  que  dis-cernere.  Devise, 
dans  sa  valeur  actuelle,  peut  aussi  être  ramené 
à  devise  «-  division  de  l'écu,  étant  d'abord  le 
terme  propre  pour  la  légende  placée  au-dessus 
d'une  fasce  en  devise,  L'anc.  locution  à  devise 
ou  à  devis  «^  à  souhait,  suivant  qu'on  se  l'était 
proposé,  tient  au  verbe  deviser,  projeter,  sou- 
haiter, lequel,  à  son  tour,  peut  se  ramener  à 
divisare,  régler  les  détails  d'une  affaire,  si  on 
ne  préfère  y  voir  un  type  devisare  (dér.  de 
devidcre),  analogue  à  l'ail,  ab-sehen,  d'où 
absicht,  intention. 

DÉVISAGER,  1 .  analogue  de  défigurer,  2. 
regarder  quelqu'un  longuement  et  avec  effron- 
terie. Cette  seconde  acception  métaphorique, 
omise  dans  le  dictionnaire  de  l'Académie,  dé- 
coule de  la  première,  savoir  :  arracher  le 
visage  à  qqn. 

DEVISE,  DEVISER,  voy.  devis. 

DÉVOIEMENT,  voy.  dévoyer. 

DÉVOILER,  ôter  le  voile.  Révéler  ne  dit  lit- 
téralement pas  autre  chose. 

DEVOIR,  L.  debere.  —  D.  devoir,  subst. 

DÉVOLE.  t.  de  jeux  do  cartes,  vole  man 
quéc.  —  D.  dévoler. 

DÉVOLU  (on  trouve  aussi  dans  l'anc.  langue 
le  participe  devolt),  L.  devolutus,  part,  de  devol' 
vere,  pr.  rouler  d'un  endroit  à  un  autre, 
employé  au  moyen  àgo  pour  :  transporter  un 
bénéfice  de  l'un  à  l'autre  ;'  subst.  devolutio^  fr. 
dévolution,  transmission  d'un  bien.  La  locu- 
tion jeter  son  dévolu  sur  tient  à  l'emploi  sub- 
stantival  do  dévolu  au  sens  de  :  provision 
en  cour  de  Rome  d'un  bénéfice  vacant  par 
incapacité  du  titulaire;  de  là  les  phrases  : 
obtenir  un  dévolu,  plaidar  un  dévolu;  do 
mémo,  jeter  un  dévolu  sur  un  bénéfice,  c.-à-d. 
l'impétrer,  le  solliciter  par  dévolu.  C'est  ce  qui 
a  fait  donner  à  ladite  locution  la  valeur  do  : 
prétendre  à  qoch.,  arrêter  ses  vues  sur  qqch. 
—  Quel  est  l'mfinitif  du  fr.  dévolu  f  II  faut 
bien  lui  en  fixer  un,  puisque  ce  participe  entre 
dans  la  conjugaison  («  on  lui  a  dévolu  »»).  On 
ne  saurait,  d'après  l'analogie  de  résolu,  qui 


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DIA 


—  154  — 


DIË 


vient  do  resohe^^e^  lui  en  établir  un  autre  que 
dévoudre.  Les  anciens  disaient  dévolver,  mais 
cet  infinitif  est  savant  et  ne  cadre  pas  avec  le 
participe  dévolu  (anc.  de.volt). 

DÉVORER,  L.  devorare. 

DÉVOT,  du  L.  devotus,  dévoué,  auquel  lo 
moyen  âge  a  donné  la  valeur  de  pieux.  —  D. 
dévotion,  piété,  du  L.  devotio;  déootieux  (mot 
mal  fait  du  xvi*  siècle). 

DÉVOUER,  L.  dévot  are,  fréq.  de  devovere, 
—  D.  dévouement. 

«DEVOYER,  vfr.  destoyer,  prov.  et  esp.  des- 
viar,  it.  disviare,  détourner  de  la  voie,  éga- 
rer; c'est,  au  fond,  lo  même  mot  que  dévier, 
mais  il  a  pris  le  sens  actif.  Parfois  aussi  = 
donner  le  dévoiement.  —  D.  dévoiement,  1 .  en 
architecture  =  inclinaison,  en  t.  de  marine  = 
écartement  de  la  direction,  2.  flux  du  ventre 
(cp.  l'ail,  ab'tœichen,  litt.  =  decursus). 

DEXTÉRITÉ,  voy.  l'art,  suiv. 

DEXTRE,  destre*,  vieux  mot,  -=  main  droite, 
côté  droit,  do  l'adj.  L.  dexter  (Si^Uipoi),  «  qui 
est  du  côté  droit  »•.  Au  sens  figuré  adroit 
(encore  vivace  dans  l'adv.  d^xtrement)  se  rat- 
tache le  dérivé  L.  dexteiHias,  fr.  dextéi^ité. 

DI,  vieux  mot  français  signifiant  jour,  du  L. 
dies;  ne  subsiste  plus  que  dans  les  composés  : 
lundi t  mardi,  etc.,  jadis,  tandis,  midi;  cet 
élément  di  est  préposé  aussi  dans  dimanche  ; 
voy.  ces  mots. 

DI-,  préfixe,  voy.  dis. 

DIABÈTE,  gr.  ata6y;ni$,  m.  s.,  de  otxtuhtt*, 
aller  à  travers.  —  D.  diabétique. 

DIABLE,  du  L.  diaholus  (lix'^Qloi,  litt.  le 
calomniateur  ou  accusateur).  —  D.  diablesse, 
diablerie,  diablotin,  endiabler,  adv.  diable- 
ment. —  Dérivé  dir.  du  latin  ou  grec  :  diabo- 
lique. 

DIACRE,  vfr.  diacne  (pour  cette  permuta- 
tion n-r,  cfr.  coffre  de  cophinus,  ordre  de 
ordinem,  pampre  de  pamjnnus,  etc.),  du  L. 
diaconus  (ciàKo-joi),  dcsscr\'ant,  ministre.  Dé- 
rivés du^latin  :  diaconesse,  diaconie,  -at,  -al. 

DIADÈME,  L.  diadema  (itàSrifi^x,  bandeau). 

DIAGNOSTIC,  -IQUE,  du  gr.  ^la/v«arl/o;; 
DiAGNOSE»  gr.  iià/vojîi;,  art  de  discerner  (Six- 
•/vwa/«iv  =  L.  dignoscere).  —  D.  diagnostiquer. 

DIAGONAL,  L.  diagonalis,  du  gr.  ^laywvi^ç, 
qui  va  d'un  angle  (jùMa)  à  l'autre. 

DIALECTE,  L.  dialectus  (^làicxroî).  Ce  mot 
dérive  do  SixUytt^oii,  s'entretenir,  discourir, 
dont  relève  aussi  l'adj.  subst.  ^cx/ixti/ïj,  s.  e. 
Ti/vij,  l'art  do  disputer,  fr.  dialectique,  d'où 
dialecticien. 

DIALOGUE,  L.  dialogus,  gr.  l^kloyou  en- 
tretien, de  ii7>«y«7&7i,  s'entretenir,  —  D. 
dialogique,  dialof^isme,  dialoguer. 

DIAMANT,  it.,  esp.  diamante,  prov.  dia- 
man,  angl.  diamond;  par  corruption  du  L. 
adamas,  gén.  -atUis  (voy.  aimant).  Cette  cor- 
ruption s'est  faite  peut-être,  dit  Diez,  par 
quelque  influence  du  mot  diafano,  diapha^ie. 
Le  vba.  avait  la  forme  correcte  adamant, 
écourtée  et  transformée  depuis  en  demant 
(encore  en  usage  chez  les  poètes);  auj.,  les 
Allemands  disent,  comme  les  néo-latins,  dia- 
mant. —  D.  diamantaire,  lapidaire. 


DIAMÈTRE,  gr.  Siàfurpoi,  litt.  qui  mesure  A 
travere,  expression  exactement  traduite  par 
l'ail,  durchmesser.  —  D.  diamétral. 

DIANE,  dans  «  battre  la  diane  »,  =  battre 
le  réveil,  de  l'esp.  diana,  étoile  du  matin,  qui 
vient  de  l'adj.  diano,  dérivé  de  dia,  jour. 

DIANTRE,  euphémisme  pour  diable. 

DIAPASON,  L.  diapasoyi,  octave;  de  la 
phrase  grecque  iii  ^ra^ûv  p^opjûv  au/A^wv^x,  litt. 
accord  sur  toutes  les  cordes  ;  Jixwaawv  signi- 
fiait chez  les  Grecs  l'octave,  comme  ^  Sià 
Titiàptav,  la  quarte,  >j  oià  îrévrc,  la  quinte. 
Aujourd'hui,  lo  mot,  détourné  de  son  accep- 
tion originelle,  exprime  l'étendue  des  sons 
qu'un  instrument  ou  une  voix  peut  parcourir, 
puis  spécialement  un  instinment  d'acier  pour 
prendre  lo  ton. 

DIAPHANE,  gr.  itafa^^ç,  transparent.  — 
D.  diaplianéitéjmot  mal  fait). 

DIAPHRAGME,  gr.  Si&fpayfi  ,  m.  s.,  pr. 
cloi.son  intermédiaire. 

DIAPRER,  varier  de  plusieurs  couleurs, 
dérivé  do  vfr.  diaspre,  étofie  de  couleur 
bigarrée  ou  jaspée,  drap  do  soie  &  ramages, 
à  arabesques.  Quant  à  ce  dernier,  c*cst  le 
même  mot  que  jaspe,  it.  diaspro  (pour  j 
rendu  par  di,  cp.  la  forme  dialectale  it.  diacere 
=  Isit.jacëre).  —  D.  diapnire. 

DIARRHÉE,  L.  diarrhœa,  du  gr.  ^lÀ^^oia 
Uio^ppïu),  quo  les  Allemands  ont  traduit  à  la 
lettre  par  durch-Iauf,  et  qui  serait  exacte- 
ment traduit  en  latin  par  un  composé  trans- 
fluxus. 

DIATHÈSE,  gr.  £tâdi9i,-,  mot  traduit  litté- 
ralement par  lo  L,  dis-positio. 

DIATRIBE,  L.  diatriba,  école,  académie, 
puis  discussion,  conférence;  du  gr.  iiirpi^r,, 
pr.  manière  d'user  le  temps,  divertissement. 
On  voit  que  le  mot  a  singulièrement  dévié 
de  son  sens  primitif. 

DICTAME.  L.  dictamnus  (oUnxfivov). 

DICTATEUR,  L.  dictator.  —  D.  dictatorial, 
dictature. 

DICTER,  L.  dictare,  fréq.  de  dicere.  —  D. 
dictée, 

DICTION,  L.  dictio  (dicere),  action  ou  ma- 
nière de  dire.  Un  recueil  de  manières  de  dire, 
dictions,  phrases,  locutions,  a  été  appelé  un 
dictionnaire,  terme  étendu  plus  tard  à  toutes 
sortes  de  recueils  disposés  par  ordre  alphabé- 
tique. Cp.  le  terme  gr.  )t^ni<h,  lexique,  de 
ifc^i;,  diction. 

DICTON,  L.  dictum,  chose  qui  se  dit.  Cet 
original  latin,  francisé,  est  le  subst.  actuel 
dit,  qui  fait  ainsi  double  emploi  avec  dicton. 

DIDACTIQUE,  adj.  gr.  eiff^xn/d,-,  qui  con- 
cerne renseignement  (^i2à«tiv,  enseigner). 

DIÉRÈSE,  gr.  it^lptuu  séparation. 

DIÈSE,  gr.  SU'jii  (subst.  fém.  de  Sdnfji'),  ré- 
solution d'un  ton.  Le  français  a  fait  de  dièse 
un  subst.  masc.  —  D.  dicser. 

1.  DIÈTE,  régime  hygiénique,  du  L.  diœta, 
gr.  Shirx,  manière  de  vivre;  du  verbe 
êiyiTâiâai,  mener  un  régime,  vient  l'adj. 
5i«iT«jTi/o,-,  fr.  diététique. 

2.  DIÈTE,  assemblée  politique,  it.,  esp. 
dieta.   C'est  un   dérivé   de   dies,   jour.    Au 


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DIG 


—  ISS  — 


DIM 


moyen  âj^e,  lo  mot  (lies  signifiait  accossoi re- 
ment le  jour  fixé  pour  une  délibération  ou 
une  réunion  officielle,  puis  cotte  réunion 
même;  p.  ex.  dies  baronum,  •»  quo  scilicet  ba- 
rones  convenire  soient  ad  dijudicandas  vassal- 
lorum  lites  « .  La  même  valeur  est  attachée  à 
Tall.  tcu;,  qui  signifie  jour  et  assemblée  ;  ainsi 
reicTis-tag^  assemblée,  diète  de  l'empire,  d'où 
le  verbe  tctgen,  être  assemblé,  siéger,  traduc- 
tion du  BL.  dietare,  commorari  (le  BL.  a  de 
la  même  façon  fait  dériver  de  dies  l'adv. 
die<im=^quotidie).  C'est  ce  verbe  BL.  qui  est 
le  générateur  direct  du  subst.  dicta,  fr.  diète. 

DIEU.  vfr.  deu  (cfr.  lieu  de  vfr.  leu),  L. 
deus.  Composés  :  adieu  (v.  c.  m.),  et  l'excla- 
mation dame-dieu  (voy.  dame)  =  it.  domened- 
dio  (écourté  en  iddio),  seigneur  Dieu  ;  Dieu- 
donné,  nom  de  baptême,  =  a  deo  datiis,  cp. 
le  nom  Déodxd, 

DIFFAMER,  L.  diffamare  (fama).  —  D. 
diffamateur,  -aiion,  -atoire. 

DIFFÉRENCE,  voy.  différent'.  —  D.  diffé- 
rencier. 

DIFFÉREND,  voy.  différer. 

DIFFÉRER,  abstrait  du  L.  differre,  1.  dans 
le  sens  d'ajourner  (du  sn^'m  dilatum  :  fr.  délai, 
v.  c.  m.);  2.  dans  celui  d'être  différent.  Du  part. 
prés,  differens,  fr.  différent  (d'où  difforentia, 
fr.  différence  et  différentiel);  le  négatif  î'nt/î/- 
férent  signifie,  1.  qui  ne  donne  pas  lieu  à 
faire  une  différence  ;  tel  est  aussi  lo  sens  du 
L.  indiffcrens  (trad.  littérale  du  gr.  àJiàao/îo;), 
2.  qui  ne  met  aucune  différence,  qui  n'a  pas 
de  préférence.  L'ail,  gleichgiltig,  indifférent 
(litt.  équivalent),  a  également  un  sens  double 
analogue. —  Le  terme  différend,  contestation, 
querelle,  n'est  qu'une  variété  orthographique, 
d'une  introduction  assez  récente,  do  différent. 
L'adjectif  a  pris  la  valeur  du  subst.  diffé- 
rence, en  tant  que  différence  de  vues,  d'opi- 
nions; le  BL.  employait  déjà  differerUia  pour 
controversia,  dissidium. 

DIFFIOILB,  L.  difficilis  (facere);  difficulté, 
L.  difficultas.  —  D.  difficultueux,  dérivation 
moderne,  tiré  de  difficultas  selon  l'analogie 
(le  voluptueux  de  volnjitas. 

DIFFORME,  du  L.  deformis,  avec  change- 
ment du  préfixe  de  en  dis  pour  mieux  accu- 
ser l'opposition  ;  on  disait  anc.  aussi  déforme. 
—  D.  difformité  (Calvin  et  Montaigne  di- 
saient encore  déformité),  difformer,  syno- 
nyme de  déformer. 

DIFFUS  du  L.  diffusus,  participe  de  dif- 
fiindere,  répandre.  Diffus  est  un  de  ces  nom- 
breux adjectifs-participes  do  la  langue  fran- 
çaise, dont  l'énoncé  s'applique  d'abord  à  une 
chose,  puis  à  la  personne  qui  fait  l'action  ex- 
primée par  le  verbe  ;  ainsi  diffus  se  dit  du  dis- 
cours au.ssi  bien  que  de  l'orateur.  Cp.  réfléchi, 
recherché,  avisé,  discret,  et  en  latin  déjà  : 
circumsp^ctus.  —  Diffusion,  L.  diffusio. 

DIGÉRER,  du  L.  digerere,  qui  signifiait  : 
1 .  distribuer,  séparer,  dissoudre,  et  dans  «  ci- 
biim  digerere  »,  digérer  les  aliments,  litt.  les 
distribuer  dans  tout  le  corps  ;  2.  classer, 
mettre  en  ordre,  arranger.  A  la  première  si- 
gnification ressortissent  les  dérivés  latins  : 


digestio,  digestivus'  (p.  digestorius),  digesti- 
bilis,  indigcstus,  d'où  en  fr.  digestion,  diges- 
tif, digestible,  indigeste  ;  à  la  si'conde,  digesta, 
pr.  recueil  méthodique,  bien  classé,  puis  spé- 
cialement le  recueil  de  lois  appelé  code  Justi- 
nien,  fr.  digeste. 

DIGESTE  (anc.  du  genre  fém.),  voy.  digé- 
rer. 

DIGESTION,  voy.  digérer.  —  D.  indiges- 
tion. 

DIGITAL,  L.  digitalis  (de  digitus,  doigt). 
La  plante  dite  digitale  a  été  ainsi  nommée 
parce  que  sa  corolle  ressemble  à  un  doigtier 
renversé. 

DIGNE,  L.  dignus;  dignité,  L.  dignitas. — 
D.  indigne,  indignité;  dignitaire. 

DIGRESSION,  L.  digressio  (de  digredi, 
s'écarter). 

DIGUE,  it.  diga.  esp.  dique  (masc),  du 
néerl.  dgh,  m.  s.  =  ags.  die,  angl.  dike,  ail. 
deich.  —  D.  diguer,  endiguei\ 

DILAOERBR,  L.  dilacerare  (lacorare). 

DILAPIDER,  L.  dilajndare  (lapis),  pr.  dis- 
perser des  pierres,  de  là  fig.  jeter  l'argent 
comme  si  c'étaient  des  pierres,  dissiper,  dé- 
penser follement. 

DILATER  (mot  savant),  du  L.  dilatare  (de 
latus),  élargir,  étendre. 

DILATOIRE,  L.  dilaiorius*  (de  dilatum, 
supin  de  differre),  qui  fait  différer  et  gagner 
du  temps. 

DILATER,  renvoyer  à  un  temps  plus  éloi- 
gné, anc.  délayer  (v.  c.  m.). 

DILECTION,  L.  dilcctio,  amour  (diligcre). 

DILEMME,  L.  dilcmma,  gr.  oO.>}/x^ua,  m.  s., 
litt.  action  de  prendre  (ia/jiSivuvj  par  deux 
côtés. 

DILETTANTE,  mot  italien  signifiant  ama- 
teur, part.  i)rés.  de dileitarsi(=  L.  sedelectare, 
fr.  se  délecter),  prendre  plaisir.  —  D.  dilet- 
tantisme. 

DILIGENCE,  voy.  le  mot.  .suiv. 

DILIGENT,  L.  diligens,  attentif,  soigneux, 
assidu;  c'est  l'opposé  de  negligens. —  D.  dili- 
gence {L.  diligentia),  1.  soin,  empressement, 
poursuite  active,  2.  voiture  publique,  ainsi 
nommée  à  cause  de  son  service  régulier  et 
accéléré,  cp.  ail.  eilwagen,  m.  s.,  litt.  voiture 
qui  se  presse;  —  verbe  diligenter,  hâter, 
presser. 

DILUVIEN,  voy.  drluge.  Cps.  anté-diluvien . 

DIMANCHE,  vfr.  diemenche,  prov.  dimenge. 
On  explique  généralement  lo  mot  par  une 
contraction  de  dies  dominica,  d'où  success. 
diedominica,  died'min'ca,  fr.  diemenche,  di- 
manche. La  nécessité  de  supposer  cette  con- 
traction est  basée  uniquement  sur  l'élément 
die  pour  di  dans  l'anc.  formj  diemenche;  les 
Italiens  disent  tout  court  domcnica,  les  Es- 
pagnols domingo.  N'était  l'ancienne  forme 
française,  on  pourrait  aussi  no  voir  dans 
dimanche  que  le  simple  mot  dominica;  le 
do  se  serait  chanû^é  en  di,  comme  dom^sticus 
a  fait  en  italien  dime^tico.  —  Un  type  lat.  dies 
dominia  a  motivé  les  formes  vfr.  die  -moine 
ou  -maine,  ou  (sans  l'élément  dies)  d-*nnoine 
ou  demaine. 


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DIN 


456  — 


DIP 


DIMS,  p.  distne,  contracté  du  BL.  décima, 
la  dixième  partie  ;  voy.  aussi  dccime.  —  D. 
dimer, 

DIMENSION,  L.  dimcnsio  (dimctiri),  me- 
sure. 

DIMINUER,  L.  diminiterc  (de  minitSf 
moins).  —  I).  diminution,  L.  diminutio; 
diminutif,  L.  diminutivus. . 

DINANDERES,  marchandises  (ustensiles  en 
cuivre  jaune)  qui  autrefois  faisaient  la  répu- 
tation de  la  ville  do  Binant  en  Belgique. —  D. 
dina'tulicr, 

DINDE,  expression  elliptique  pour  coq  (ou 
plutôt  poK/d)  d'Inde,  cp.  angl.  turkey-hen, — 
D.  dindon,  d'où  dindonneau, 

DINER,  anc.  disner,  disf/nei;  digner,  it. 
desinare,  disinare,  prov.  disnar,  dirnar,  di- 
nar. Voici  les  étymologics  diverses  qui,  à  ma 
connais.sance,  ont  été  mises  en  avant  sur  ce 
mot.  1.  grec  ^sittviîv,  devenu  d*abord  diner, 
puis,  par  l'épenthèse  d'un  5,  disner» — 2.  Diff- 
nare  Domine,  «  daigne.  Seigneur!  »,  com- 
mencement d'une  prière  de  table  ;  cette  éty- 
mologie  s'est  surtout  accréditée  par  l'ortho- 
graphe digner,  —  3.  Decimare,  manger  à  la 
dixième  heure;  on  allègue  pour  justifier  cette 
origine  le  vfr,  noner,  goûter,  et  quant  à  la 
permutation  m-n,  on  pourrait  au  besoin  s'ap- 
puyer de  l'it.  decina,  dizaine,  dérivé  de  decem^ 
—  4.  Desinare,  p.  desinere,  cesser  de  tra- 
vailler. —  5.  Dis-jfjunare,  donc  le  même  ori- 
ginal que  celui  de  dtjjenner.  C'est  l'opinion 
de  Mahn.  Enfin,  6.  decœnare,  d'où  decenare, 
desnare,  disnare;  pour  la  formation,  cp.  dé- 
cima, desme,  disme,  dime;  L.  buccina,  it. 
busna;  cp.  surtout  cecinus,  primitif  du  vfr. 
cisne  (cygne).  La  dernière  étymologie,  pa- 
tronnée par  Dicz  et  Pott,  est  celle  qui  se 
i-ecommande  le  plus  parmi  celles  passées  en 
revue  jusqu'ici.  Toutes  les  formes  diverses 
citées  plus  haut  s'en  déduisent  facilement, 
sans  sortir  des  règles  do  la  romanisation.  Elle 
s'appuie  surtout  de  l'existence,  dans  l'ancienne 
langue  et  dans  les  patois,  d'un  verbe  analogue, 
signifiant  goûter,  faire  collation;  c'est  reci- 
ncr)  aussi  receigncr,  rechinm\  rechigner,  er- 
chiner),  qui  dérive  de  re-cœnare  (d'où  BL.  reci- 
nium,  mcrenda).  On  rencontre  encore  en 
italien  pusignare,  faire  un  repas  après  le  sou- 
per, qui  est  évidemment  le  L.  post-cœnarc. 
Enfin,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  la 
forme  disnare  est  celle  qui  remonte  le  plus 
haut,  Ys  est  par  conséquent  radical  et  essen- 
tiel ;  on  trouve  au  ix®  siècle  (Gloses  du  Vati- 
can) :  disnavi  me  ibi,  disnasti  te  hodie;  dans 
Papias  on  lit  :  jentare  disnare  dicitur  vulgo. 
Le  préfixe  dans  deccetuire  a  la  mémo  valeur 
logique  que  dans  devorare^  depascere,  etc.  — 
Aux  six  étymologies  consignées  ci-dessus,  il 
y  en  a  quatre  nouvelles  à  ajouter  dans  cette 
nouvelle  édition,  à  savoir  :  7.  Storm  (Rom., 
V,  177)  admet  un  type  *discœnare,  calqué  sur 
disjcjunare,  d'où  disrmare,  disscnare,  disi- 
nare^ disnare.  —  8.  Suchier  (Ztschr.,  I,  429) 
propose  pour  primitif  disais,  table,  en  moy. 
lit.  ^^  table  à  manger,  d'où  discinare,  etc. — 9. 


Ronsch  (ib.,  418)  :  escare,  escinare,  deesci 
nare  (cp.  l'expression  ail.  ab-fUttem),  dssci- 
7iare,  etc.  —  Toutes  ces  explications  ont  leur 
pour  et  leur  contre.  Voy.  'mon  Anhang, 
au  Dictionnaire  de  Diez,  p.  717.  —  10.  En 
dernier  lieu,  Gaston  Paris  (Rom.,  VIII,  95) 
développe  longuement  l'équation  disner  ■= 
dis  4"  Jw««»*«.  Cette  forme  junare  était 
usuelle  en  lat.  populaire  à  côté  de  jefunare 
et  a  donné  vfr.  juner,  qui  n'est  nullement 
une  contraction  de  jeûner  -»  jejunaro.  A 
côté  de  juner  existait  aussi  desjwner  (con- 
curremment avec  desjeiiner),  qui  dans  le  prin- 
cipe, en  se  conjuguant,  prenait  dans  les 
formes  à  terminaison  accentuée  le  thème 
contracté  disn.  Ce  phénomène  verbal,  bien 
connu  des  romanistes,  a  fait  qu'il  a  subsisté 
dans  la  suite  deux  verbes  distincts  desjuner 
et  disner,  disant  la  même  chose  et  dont  l'un 
seul  est  parvenu  aux  temps  modernes  ;  car  il 
ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  notre  déjeuner 
actuel  (anc.  desjeiiner),  tout  en  coexistant 
avec  desjunei'  et  disner  (dont  il  était  syno- 
nyme) est  autrement  fait  :  il  vient  de  des  et  de 
jeiin  et  signifie  :  «  faire  qu'on  ne  soit  plus  à 
jeun  ».  L'étymologie  exposée  ici  est  on  ne 
peut  plus  correcte  dans  ses  moindres  détails 
(Tobler  l'a  sanctionnée  sans  réserve);  il  ne  res- 
tait plus  que  la  signification  foncière  «  déjeu- 
ner, prendre  le  premier  repas  *  »  à  justifier. 
Or,  G.  Paris  a  démontré,  par  d'abondantes 
citations,  que  c'était  bien  là,  et  que  c'est  en- 
core, dans  beaucoup  de  patois,  le  sens  vi*ai  et 
exclusif  du  mot  diner.  D'ailleurs,  déjà  Papias 
(xi*^  siècle)  porte  :  «jentare  disnare  dicitur  », 
et  le  proverbe  suivant  n'en  fait  pas  moins  foi  : 
«  Lever  à  six,  diner  à  neuf,  souper  à  six, 
coucher  à  neuf,  fait  vivre  d'ans  nonante-neuf.  » 
— Espérons  que,  par  ce  dernier  avis,  la  cause 
est  finalement  jugée.  —  Il  est  encore  digne 
de  remarque  que  diner  s'employait  dans  la 
langue  d'oïl,  avec  l'acception  active  donner  à 
diner,  et  qu'on  disait,  au  lieu  de  diner,  pren- 
di*e  son  repas,  se  diner  (voy.  la  phrase  latine 
citée  plus  haut).  Il  en  était  de  môme  de  déjeu- 
ner. L'anc.  forme  digner  p.  disner  est  ana- 
logue à  vfr.  règne  p.  rcsne  (réne).  —  Dérivés 
du  verbe  din^ir  :  diner,  subst,;  ditieur,  dî- 
nette, dinée,  après-diitée. 

DIOCiSE,  anc.  féminin,  du  L.  dioscesis  = 
gr.  SioUyiti;  (Smxiii),  administration,  puis 
province,  district.  —  D.  diocésain. 

DIOPTRIQUE,  gr.  ^l9;rr/&lxo;,  de  SioitTpa, 
miroir. 

DIPHTHONQUE.  prov.  diptonge,  du  L. 
diphthongus  (du  gr.  i/y3oyyo;,  à  deux  voix). 

DIPLOMATE,  etc.,  voy.  diplôme. 

DIPLOME,  acte  public,  chartre,  titre,  du 
gr.  ZiTiltufL-x,  gén.  -«TOï,  pr.  écrit  plié  en  deux 
(du  verbe  Znzlora),  lettre  ouverte,  lettre  do 
crédit.  —  D.  diplômer,  pourvoir  d'un  di- 
plôme ;  diplomatique,  qui  se  rattache  aux  di- 
plômes; comme  subst.  fém.  —  science  de  lire, 
d'interpréter  et  de  reconnaître  les  titres  au- 
thentiques. Les  savants  appellent  aujourd'hui 
les  connaisseurs  en  diplomatique  des  diplo^ 


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DIS 


157 


DIS 


matistes;  coux  qui  s'occupent  particulière- 
ment des  traités  internationaux  ont  été  nom- 
més des  diplomates,  et  leur  profession  a  reçu 
le  nom  de  diplomatie.  Tous  ces  dérivés  sont 
de  création  moderne.  On  ne  se  dout-o  "guère 
que  le  mot  diplomate  découle  d'un  terme  mar- 
quant duplicité  ! 

DIPTYQUE,  du  gr.  ilnrux^i,  à  deux  plis, 
double. 

DIRE,  L.  dicere,  dic*re,  —  D.  dire,  subst.  ; 
diseur,  dit  (voy.  dicton),  —  Composés  :  contre- 
dire, dédire,  maudire,  médire,  jyrédire,  re- 
dire, 

DIRECT,  L.  directus,  part,  de  dirigere.  Le 
même  type  latin  a  donné  le  mot  droit;  direct 
appartient  à  la  couclie  savante  de  la  langue. 

—  Direction,  L.  directio;  directeur,  h,  direc- 
tor;  directoire,  L.  directorium,  d'où  directo- 
rial, 

DIRIGER,  L.  dirigere  (regcre). 

DIRIMANT,  adj.,  du  L.  dirimere,  séparer, 
rompre. 

DIS-,  particule-préfixe  latine,  marquant  di- 
vision et  opposition.  Nous  avons  déjà  fait  re- 
marquer que  cette  particule  s'est  générale- 
ment francisée  en  dés  ou  dé  (voy.  dé),  mais 
que  néanmoins  on  la  rencontre  dans  bon 
nombre  de  composés  français  sans  précédent 
latin.  C'est  ainsi  que  de  faveur  on  a  fait  l'op- 
posé défaveur,  tandis  que  de  grâce  on  a  fait 
disgrâce.  On  peut  établir  que  les  composés 
•  avec  dis  appartiennent  au  fonds  savant  de  la 
langue.  Désavouer  est  du  fonds  ancien,  dis- 
continuer, un  terme  savant.  —  Nous  rappe- 
lons que  L.  dis  reste  invariable  devant  les 
voyelles  et  devant  c,  p,  q,  t  et  s  (suivi  d'une 
voyelle),  qu'il  a.ssimile  1*5  final  devant  f(diffa- 
mare  p.  dis-famare),  et  qu'il  le  perd  devant 
les  autres  consonnes  (diligere,  dirigere,  dimi- 
care,  dividere). 

DISGALE,  déchet  dans  le  poids  d'une  mar- 
chandise ;  verbe  discaler,  perdre  son  poids  ; 
d'un  type  lat.  dis-calare,  descendre,  s'abaisser 
(voy.  cale  1);  cp.  it.  calo,  déchet. 

DISCERNER,  L.  discernere,  séparer,  dis- 
tinguer. 

DISCIPLE,  vfr.  deciple,  L.  discipulus  (de 
discerc,  apprendre). 

DISdPLINB,  L.  disciplina.  —  D.  discipli- 
ner, L.  disciplinari  (S.  Aug.),  disciplinable, 
disciplinaire. 

1.  DISCORD.  vfr.  descort,  adj.,  du  L.  dis- 
cors,  -dis,  qui  est  en  désaccord. 

2.  DISCORD,  vfr.  descort,  subst,  verbal  de 
discorder. 

DISCORDE,  vfr.  descorde,  du  L.  discordia. 

DISCORDER,  L.  discordare  (opp.  de  co9i- 
cordare).  —  D.  discord,  discordant,  -ance. 

DISCOURIR,  L.  discurrere,  courir  çà  et  là. 
employé  déjà  par  Ammien  Marcellin  dans  le 
sens  figuré  moderne  :  s'étendre  sur  un  sujet. 

—  D.  discoureur. 

DISCOURS,  du  L.  discursus,  action  de  dis- 
currere (s'étendre  sur  un  sujet).  Le  latin  clas- 
sique ne  donnait  pas  encore  le  sons  figuré  au 
subst.  discursus. 

DISCRÉDITER,  voy.  décréditer. 


DISCRET,  du  L.  discretus,  part,  passé  de 
discer7iere;  l'acception  classique  est  •«  quod 
discernitur  »,  l'acception  romane  «  qui  dis- 
ccmit  »,  qui  sait  distinguer  la  convenance  et 
l'inconvenance,  de  là  =  avisé,  retenu,  pru- 
dent. C'est  un  de  ces  adjectifs  à  forme  passive 
et  à  sens  actif  dont  nous  avons  parlé  à  propos 
de  diffus.  —  Discrétion,  L.  discretio;  ce 
subst.  correspond  à  l'adj.  discret  dans  toutes 
ses  acceptions  ;  mais  l'ancienne  signification 
distinction,  discernement,  survit  encore  dans 
le  dérivé  discrétionnaire.  Termes  négatifs  : 
huliscret,  indiscrétion;  ils  se  trouvent  en 
latin,  avec  leur  valeur  actuelle,  dans  Corippe 
et  dans  S.  Grégoire. 

DISCRÉTION,  voy.  l'art,  préc. 

DISCULPER,  vfr.  descouper,  du  BL.  dis- 
culpare,  culpam  amovere,  cp.  ail.  ent-sckul' 
digen. 

DISCUSSION,  voy.  l'art,  suiv. 

DISCUTER,  L.  discutere  (quatere),  pr.  sé- 
parer en  frappaut  =  in  partos  divisas  concu- 
tere,  d'où  l'acception  figurée  (étrangère  à 
l'usage  classique)  :  distinguer,  démêler,  bien 
examiner  les  arguments  et  les  objections  ;  le 
mot  débattre  présente  la  même  métaphore.  Du 
supin  latin  discussum  :  subst.  L.  discussio, 
fr.  discussion, 

DISERT,  L.  dise^-tus,  éloquent. 

DISETTE,  d'un  type  latin  disecta,  subst. 
participial  de  di-secarc  ;  pr.  état  où  l'on  se 
trouve  dépourvu,  litt.  retranché  (cp.  l'cxpr. 
ail.  abgeschnitten)  do  subsistances.  —  L'étyrao- 
logie  desita,  part,  de  desinere,  cesser,  pêche  à 
la  fois  contre  le  sens  et  contre  les  règles  pho- 
nologiques ;  ce  type  aurait  produit  une  forme 
deste.  —  L'aiic.  forme  disjetc,  alléguéo  par 
Littré,  est  reconnue  fautive  ;  elle  est  fondée 
sur  disiete  (e  diphtongue  en  ie),  abusivement 
lu  disjetc.  —  D.  disetteux. 

DISGRÂCE,  1 .  absence  de  faveur  ;  de  là  le 
verbe  disgraxner  ;  2.  absence  de  grâce,  d'agré- 
ment; de  là  l'adj.  dhgracieux. 

DISCRÉCATION,  de  dis-gregare"  (grei),  dés- 
agréger, opp.  de  aggr égare. 

DISJOINDRE,  L.  disjungere,  d'où  disjunc- 
tio,  fr.  disjonction,  disjunctivus*,  disjonçtif, 

DISLOQUER,  BL.  dislocare,  loco  movere, 
mettre  hors  place.  Les  anciens  avaient  une 
forme  plus  française  de  ce  verbe  ;  ainsi  on  lit 
dans  Biaise  de  Montluc  :  «  je  me  deslouay  la 
hanche  ».  —  D.  dislocation, 

DISPARAÎTRE,  négatif  de  ;9arar/r(?;  subst. 
disparition,  fait  sur  le  modèle  do  apparition  et 
comparition  (qu'un  mauvais  usage  a  déna- 
turé en  comparution). 

1 .  DISPARATE,  action  capricieuse  et  dérai- 
sonnable, mottirédel'esp.  disparate,  sottise, 
extravagance  (du  verbe  dAsjnirar,  faire  des 
sottises). 

2.  DISPARATE,  mot  savant,  adj.  et  subst., 
du  partie,  disparatus,  difltSrent,  de  disparare, 
litt.  dépareiller,  difl'ércncier. 

DISPARITÉ,   L.   disparitas",   de  dis-par, 
inégal. 
DISPARITION,  voy.  disparaitrc. 


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DIS 


—  158  — 


DIV 


DISPUNDIEUX,  L.  dispendiosus  (do  dispen- 
dium,  dépense,  subst.  de  dispciidere,  voy. 
dépendre). 

1.  DISPENSER,  vfr.  despenser,  distribuer, 
L.  dispensaire f  litt.  peser  à  divers,  donner  à 
différentes  personnes,  voy.  d^ndre,  et  dé- 
pense  2.  —  D.  dispensateur,  -ation,  L.  -ator, 
-atio;  mot  moderne  :  dispensaire,  du  BL. 
dispensarius  =  dispensa  tor. 

2.  DISPENSER,  exempter,  d'un  type  dis- 
pensare,  dér.  do  pensum,  donc  litt.  déchar- 
ger de  la  tâclie,  du  «  pensum  »  imposé.  —  D. 
dispense,  dispe^isable,  sujet  à  disjjense  ;  in- 
dispensable, non  sujet  à  dispense. 

DISPERSER,  L.  disj^crsare' ,  fréq.  de  dis- 
pergcre  (spargere),  dont  le  supin  dispersum  a 
donné  dispersio,  fr.  dispersion. 

DISPONIBLE,  mot  savant  tiré  do  disponere, 
et  signifiant  «  dont  on  peut  disposer  » . 

DISPOS,  anc.  dispost  f  Ronsard  a  môme  le 
féminin  disposte),  du  L.  dispositus,  disposé, 
contracté  en  dispostus. 

DISPOSER,  composé  de  poser,  d'après 
Tanalogie  du  L.  dis-ponere,  dont  il  partage 
les  significations,  en  y  ajoutant  celles  de  pré- 
parer, engager,  «faire  ce  que  l'on  veut  de 
quelqu'un  ou  de  qqcb.  ».  Nous  voyons  de 
même  le  verbe  ordonner,  pr.  arranger,  pas- 
ser au  sens  de  commander.  Le  français  a  ingé- 
nieusement su  distinguer  entre  je  dispose  mes 
soldats,  je  les  range  (selon  mon  bon  plaisir), 
et  entre  je  dispose  de  mes  soldats,  j'ai  puis- 
sance sur  mes  soldats,  c.-à-d.  faculté  de  m'eïi 
servir  comme  bon  me  semble.  —  Disjjosi- 
tion,  L.  dispositio, arrangement,  ordre;  terme 
savant  :  dispositif. 

DISPUTER,  L.  disputare,  discuter,  exa- 
miner, débattre.  —  D.  dispute,  disputcur. 

DISQUE,  L.  discus,  palet  {Hv^oi),  voy.  aussi 
dais. 

DISQUISITION,  L.  disquisitio  (do  disqui- 
rere,  examiner  en  tous  sens). 

DISSECTION,  L.  disscctio,  subst.  du  verbe 
dissecare,  disséquer. 

DISSÉMINER,  L.  disscminare  (semen).  — 
D.  dissémination. 

DISSENSION,  L.  dissensio  (dissentire).  Fait 
double  emploi  avec  dissoitiment,  qui  dérive 
directement  de  l'ancien  verbe  dissentir. 

DISSÉQUER,  mot  savant  et  irrégulièrement 
tiré  du  L.  dis-secare,  m.  s. 

DISSERTER,  L.  dissertarc,  fréq.  de  disse- 
rere,  di.scutcr.  —  ï).  dissertation,  -ateur,  L. 
-atio,  -ator. 

DISSIDENT,  L.  dtssidens  (sedere).  litt.  qui 
siège  à  part,  puis  qui  diffère  d'opinion.  —  D. 
dissidence,  L.  dissidentia. 

DISSIMULER,  L.  dissimulare.  —  D.  dissi- 
mulation, -ateur,  L.  dissimulatio,  -ator. 

DISSIPER,  L.  dissipare  (p.  dis-supare  [su- 
pare  =  jeter).  —  D.  dissipation,  -ateur,  L. 
dissipât io,  -ator. 

DISSOLU,  L.  dissolutus,  relâché  (part,  do 
dissoh'cre),  d'où  dissolutio,  fr.  dissolution. 
Vc»y.  dissoudre. 

DISSOLUBLB,  L.  dissolubilis  (disi>olvcrc). 


DISSONER,  L.  dissonare.  —  D.  disso- 
nant, dissonance. 

DISSOUDRE,  p.  dissolre,  L.  dissolvere.  Le 
participe  dissolutus  s'est  produit  sous  deux 
formés  :  1.  dissolu,  employé  au  figuré  seule- 
ment ;  2.  dissous,  fém.  dissoute,  directement 
de  dissoltus,  forme  syncopée  de  dissolutus. 
C'est  ainsi  que  absolu  existe,  avec  le  carac- 
tère d'adjectif,  de  concurrence  avec  absous.  — 
D.  dissolvant,  L.  dissolvons. 

DISSUADER,  L.  dissuaderez  subst.  dissua- 
sion, L.  dissuasio. 

DISTANCE,  voy.  distant.  —  D.  distancer. 

DISTANT,  L.  dUtans  (de  di-stare^  être 
éloigné)   —  D.  distance,  L.  distantia. 

DISTENDRE,  L.  distendere,  tendre  en  tous 
sens.  Le  dis  est  loin  d'être  négatif  dans  ce 
verbe,  bien  que  celui-ci  soit  étymologique- 
ment  identique  avec  détendre  (du  moins  au 
point  de  vue  de  l'orthographe  ancienne  des- 
tendre).  —  Subst.  distension,   L.  distensio. 

DISTILLER,  neutre,  couler  goutte  à  goutte; 
actif,  épancher,  verser;  signifie,  technique, 
extraire  le  suc,  l'esprit,  avec  l'alambic.  Du 
L.  distUlare  (stilla),  forme  concurrente  de 
destillare,  dégoutter.  —  D.  distillation,  dis- 
tillateur, anc.  distillcur  (d'où  distillerie). 

DISTINCT.  L.  distinctus  (part,  de  distin- 
guerc).  —  D.  distinctif.  —  Distinction,  L. 
distinctio. 

DISTINGUER,  L.  di-stinguere  (litt.  séparer 
par  des  points)  ;  le  terme  scolastique  distin^  ' 
guo  est  du  latin  pur  et  signifie  «je  distingue  •». 

DISTIQUE,  du  gr.  èi^nxoi,  litt.  à  deux 
rangs,  à  doux  vers. 

DISTORDRE,  du  L.  distorquere,  dont  le 
supin  distorsum  a  donné  distorsio,  fr.  distor- 
sion. 

DISTRAIRE,  L.  distrahere  (cp.,  pour  l'ac- 
ception figurée,  le  terme  analogue  divertir  de 
divertere);  du  participe  latin  distractus,  Ir. 
distrait,  procède  le  subst.  distractio,  fr.  dis- 
traction. 

DISTRIBUER,  L.  distribuera,  d'où,  par  le 
supin  distributum,  les  dérivés  distribution, 
-teur,  -tff. 

DISTRICT,  voy.  détroit. 

DIT.  subst.,  voy.  dire. 

DITHYRAMBE,  L.  dithijrambus,  gr.  5i3û- 

DITO,  mot  fait  d'après  l'it.  detto  (part,  do 
dire)  =  déjà  dit. 

DITON,  intervalle  composé  de  deux  tons» 
de  l'adj.  gr.  clrovoi  =  de  deux  tons. 

DIURNE,  du  L.  diurnus  (dics),  le  mémo 
primitif  d'où  est  issu  le  mot  jour;  diumal, 
forme  savante  de  journal,  L.  diurnalis. 

DIVAGUER,  L.  divagari,  errer  çà  et  là.  — 
D.  divagation. 

DIVAN,  de  l'arabe  diwàn  (d'origine  per- 
sane), qui  signifie  d'abord  registre,  puis  par 
extension,  bureau  des  finances,  conseil  d'Etat, 
salle  d'audience,  cabinet  des  ministres.  Au 
moyen  âge,  l'ara Ik^  diwàn  s'employait  particu- 
lièremoat  dans  le  sens  do  bureau  de  douane; 
latinisé  par  diuana,  doana,  duana,  il  est 
devenu  le  mot  fr.  douane.  ^-  L'acception  sofa. 


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DOD 


—  159  — 


DOM 


propre  à  dican  dans  le  turc  actuel  (et  en  fran- 
çais), est  déduite  de  colle  de  conseil  des  minis- 
tres; le  nom  de  celui-ci  s'est  transporté  au 
meuble  sur  lequel  les  ministres  sont  assis. 
DIYE  =  divine,  L.  diva,  féni.  de  divus. 
DIVERGER,  L.  divergere,  opp.  de  coiwer- 
gère.  —  D.  divergent,  -axce. 

DIVERS,  L.  diversus,  pr.  tourné  en  sens 
différents,  part,  de  divertere,  —  D.  diversité, 
L.  diversitas;  diversifier,  du  latin  fictif  rfii?cr- 
sificare. 

DIVERSION,  action  de  détonnicr  et  l'effet 
de  cette  action,  L.  diversio',  do  divertere, 
détourner. 

DIVERTIR,  L.  divertcj'c,  sens  littéral  :  dé- 
tourner; sens  figuré  :  distraire,  amuser.  —  D. 
divertissement  (appliqué  au  sens  figuré  seule- 
ment). Cp.  déduit, 

DIVIDENDE,  L.  dividenda  (s.  e.  pars),  part 
à  diviser,  à  partager. 

DIVIN,  L  divinus,  —  D.  diviniser;  divi- 
nité, L.  divinitas;  divination,  voy.  deviner. 
DIVIS.  partage,  subst.  verbal  de  diviser, 
DIVISER.  L.  divisare,  fréq.  de  divide^-e. 
Subst.  verbal  divis.  —  Dérivés  du  supin  latin 
divisum  :  divisus,  -a,  d'où  le  subst.  divise,  t. 
de  blason,  et  l'adj.'  indivis;  divisio,  fr.  divi- 
sion; diviser,  fr.  diviseur;  divisibilis,  fr.  divi- 
sible, d'où  indivisible. 

DIVISION»  voy.  diviser.  —  D.  division- 
naire. 

DIVORCE,  L.  divortium  (divertere).  —  D. 
divorcer. 

DIVULGUER,  L  divulgare,  répandre  dans 

le  monde  \pidgus),  publier.  —  D.  divulgation. 

DIX,  vfr.  dis,  prov.  dets,  du  L.  decem.  — 

D.  dixième,  disain,  disaine  (d'où  dizenie)'); 

discau. 

DOCILE,  L.  docïlis,  litt.  qui  se  laisse  ensei- 
gner (lat.  docere).  —  D.  docilité,  L.  docilitas. 
DOCK,  mot  anglais,  =  chantier,  bassin. 
DOCTE,   L.  doctus  (pr.    part,  de  docere, 
instruire);  doctmtr,  L.  doctor,  pr.  maître  en- 
seignant, d'où  doctorat,  -al. 

DOCTRINE,  L.  doctrina  (docere),  enseigne- 
ment. —  D.  doctHnal,  -aire;  endoctrine7\ 

DOCUMENT,  L.  documentum,  pr.  moyen 
d'instruction.  —  D.  docwnentaire. 

DODINER,  DODELINER,  aussi  dondeliner, 
bercer  un  enfant  pour  l'endormir;  expression 
onomatopéique,  comme  faire  dodo,  expression 
enfantine  pour  dormir.  Df>do,  comme  dada, 
exprime  vacillation;  aussi  se  dodiner,  pr. 
se  balancer,  se  bercer,  se  dorloter,  au  sons 
figuré  ^=s  prendre  «soin  de  sa  personne,  n'est-il 
qu'une  variété  do  se  (/a>idi?icr  (radical  varié  et 
nasalisé). — Appartiennent  à  la  môme  famille  : 
angl.  doddle  (en  province  aussi  daddle,  dai- 
dle),  se  laisser  aller  nonchalamment,  dandle, 
bercer,  dorloter,  it.  dondolare  «i  dodiner, 
dandiner. 

DODO.  voy.  l'art,  préc. 
DODU  appartient  sans  doute  à  la  mémo  ra- 
cine que  vfr.  dondé,  gras,  replet,  nfr.  doiidon 
Cette  racine  pourrait  se  trouver  dans  le  frison 
dodd,  bloc,  masse,  ou  bien  dans  le  thème 
dod,   exprimant  mouvement  vacillant,  d'où 


sont  sortis  dodiner,  dodeliner- ;  le  rapport  de 
balancement  et  de  corpulence  n'a  guère  besoin 
d'être  justifié. 

DOGE,  mot  vénitien  formé  de  L.  dux,  ducis 
(voy.  duc). 

DOGME,  gr.  Sôyat  (doitéu),  o])inion,  décision; 
ûoyfjiXTi/.6;,  dogmatique;  ©'//«aTîJîiv,  dogmati- 
sa\  d'où  dogmatiste,  -isme. 

DOGRE,  esp.  de  bateau,  du  néerl.  doggcr- 
boot,  nom  des  bateaux  pécheurs  du  Doggers- 
bànk. 

DOGUE,  de  l'angl.  dog,  chien.  —  D.  doguin; 
cps.  bouledogue  (v  c.  m  ). 

DOIGT,  vfr  éUnt,  doit,  du  L.  digitus  (cp. 
i*oide  de  Hgidus,  froid  de  frigidus).  —  D. 
doigter^  doigtier. 

DOIS.  DOIT,  petit  cours  d'eau,  du  L.  ductus, 
conduit  (dans  aquœ  ductus). 

DOL.  L.  dolus,  fraude. 

DOLABRE.  L.  dolabra. 

DOLBANCE.  grief,  plainte,  do  l'anc.  adj. 
dolMnt,  forme  incorrecte  p.  dolent.  Cp.  con- 
doléance. 

DOLENT,  pr.  qui  souffre,  du  L.  dolcns, 
part,  de  dolere  (d'où  fr.  se  douloir).  —  D.  do- 
léance  (v.  c.  m.);  indolent,  qui  se  soucie  peu, 
nonchalant. 

DOLER,  L.  dolare;  de  ce  dernier.  BL.  do- 
latoria,  vfr.  doleoire,  nfr.  doloirc. 

DOLIMAN  ou  (hlman  ;  mot  hongrois  :  dol- 
mang,  bohème  doloman. 

DOLLAR,  mot  angl..  représentant  l'ail,  tha- 
1er,  écu,  lequel  tire  son  nom  do  Joachims-thal 
en  Bohême,  où  cette  monnaie  a  été  frappée  en 
premier  lieu. 

DOLOIRE.  voy.  doler. 

DOM,  ancien  titre  d'honneur  de  cléricature, 
du  L.  dominus.  —  D.  domeric. 

DOMAINE,  vfr.  demaine,  directement  du  L. 
domininm,  pro])riété.  Pour  le  changement  de 
i  en  ai,  cp.  je  maine  (forme  vfr.  p.  je  moine, 
auj.  tnihie,  do  minare,  moiier);  l'anc.  langue 
offre,  du  reste,  aussi  la  formo  plus  réguliôro 
deninine.  —  I).  domanial. 

DOME.  gr.  Sôtu-x,  maison,  puis  église,  église 
à  coupole  (signification  propre  surtout  à  l'ail. 
dom  et  à  Fit.  domo).  Au  moyen  âge  déjà  la 
signification  s'est  réduite  à  celle  de  coupole. 
Le  gr  ôw'/a,  cependant,  au  dire  do  saint 
JérAnn».  aurait  d'\jà  eu  le  sons  réduit  do  tec- 
tum  :  -  Domi  in  oricntalibus  provinciis  ipsum 
dicitur  qti.xl  a')!i«l  L-itinos  toctum;  in  Palaes- 
tina  criini  et  .K^^ypto  ..  \\n\  habont  in  t^jctis 
cnlnjiuM  sed  dornita  (|-ue  Knn  e  vol  solaria, 
vol  iii.eiiiana  voc.mt.,  itl  est,  plana  tc^ctxi  qu» 
tran.svcrsis  trabibis  sustontantur  «.  Aussi  la 
Vulufato  traduit-elle  habiter  au  coin  d'un  toit 
(Prov.  '21 ,  9)  par  «  sotUn-o  in  an^ulo  domatis  » . 
Ailleurs  :  «  Kos  (jui  in  domitibus  adorant 
niilitiaincœli.soleni  et  lunam.  et  astra  reliquat. 

DOMERIE,  v(.y.  dum, 

DOMESTIQUE.  L.  dom-sUcui  {iX)m-\fi^.  La 
vraie  form.'  tV.mc  lisi»  du  m  )t  est  le  vfr.  doines- 
cJie.  n|).  ])r>V.  r/u /j '.sy//</').  —I).  tl  >èn\'itirité, 
L.  dom.vsticira-;  VitIh'  (itlu  tinUif/nif  'Sjint- 
Simon). 


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DON 


—  100  — 


DON 


DOMIGILS,  L.  domiciliitm  (domus).  —  D. 
domicih'aire,  se  domicilier. 

DOMINER,  L.  dominari,  être  le  maitre. — 
D.  domiiicUettr,  -ation,  L.  dominator,  -atio. 
DOMINICAL,  dér.  du  L.  dominiciis  Moini- 
nus),  1.  qui  appartient  au,  ou  qui  vient  du 
Seigneur,  2.  relatif  au  dimanche,  jour  du 
Seigneur,  voy.  dimanche. 

DOMINO,  mot  esp.  qui  signifiait  à  Torigine  : 
capuchon  des  ecclésiastiques,  camail.  De  do- 
mino, titre  d'ecclésiastique  à  certains  degrés 
de  la  hiérarchie  ;  les  ministres  du  culte  s'ap- 
pellent encore  en  Hollande  des  domine',  —  La 
jeu  de  domino,  dit  Littré,  a  été  ainsi  nommé  à 
cause  du  revêtement  noir  que  chaque  dé  porte 
en  dessous  ;  mais  voici  une  anecdote  qui  révèle, 
paraitril,  la  véritable  origine  du  jeu  et  de  son 
nom  ;  je  Tai  cueillie  dans  mon  journal  et  Tai 
retrouvée  plus  tard  dans  le  suppl.  de  Littré  : 
Dans  un  des  nombreux  couvents  entourant 
le  célèbre  monastère  du  Mont-Gassin,  fondé  par 
Saint-Benoit  au  sixième  siècle,  deux  moines 
avaient  été  enfermés  un  beau  jour  dans  la  cel- 
lule de  pénitence,  par  suite  d'une  infraction  à 
la  règle.  Pour  passer  plus  aisément  le  temps 
de  leur  réclusion,  ils  imaginèrent  de  tailler 
en  forme  de  carrés,  de  petites  pierres  blan- 
ches (de  craie  probablement),  sur  lesquelles 
ils  gravèrent  des  points  noirs  en  nombre  va- 
riable pour  chacune  d'elles.  Puis  ils  disposè- 
rent ces  petites  carrés  de  manière  à  former  des 
séries  dont  les  diverses  combinaisons  tenaient 
leur  esprit  en  éveil.  Cette  distraction  leur  fut 
si  agréable,  que,  sortis  de  leur  cellule,  ils 
mirent  les  frères  du  couvent  dans  le  secret  de 
leur  invention,  et  tout  le  monde,  depuis  le 
prieur  jusqu'au  portier,  se  passionna  pour  ce  ■ 
jeu.  Celui  des  joueurs  qui  avait  trouvé  le 
moyen  de  placer  le  premier  tous  ses  dés  té- 
moignait sa  satisfaction,  comme  il  est  d'usage 
parmi  les  religieux,  après  un  travail  ou  une 
recherche  quelconque,  en  s'écriant  :  Benedir 
camus  Domino,  De  sorte  que  le  mot  domino, 
revenant  toujours  à  la  fin  de  chaque  partie, 
finit  par  servir  à  désigner  ce  jeu,  auquel  on 
ne  savait  encore  quel  nom  donner.  L'exclama- 
tion :  Domino!  et  l'expression  faire  domino, 
qui  s'emploient  encore  aujourd'hui  pour  mar- 
quer la  fin  do  chaque  partie,  prouvent  bien 
que  c'est  là  la  véritable  origine  du  mot  dont 
nous  parlons.  —  D.  dominotier,  dominoterie, 

DOMMAGE,  voy.  dam,  —  D.  dommageable, 
dédommager,  endommager, 

DOMPTER,  anc.  douter,  dattier,  angl. 
daimt,  du  L.  domitarc,  —  D.  dompteur, 
domptable,  indomptable. 

DON,  L.  donum, 

DONC,  vfr.  dune,  donhes,  it.  dunque,  prov. 
donc,  doncas;  sous  forme  comjiosée  vfr. 
a-donc,  adonques,  aussi  adont.  Le  sens  de  doiw 
était  à  l'origine  alors;  c'est  de  là  que  s'est 
déduite  l'acception  ergo,  cfr.  Festus  :  igitur 
apud  antiquos  poncbatur  pro  inde  et  postea 
ettum;  cp.  en  allemand  le  môme  rapport 
entre  dann,  alors,  et  la  variété  denn,  donc. 
L  etyniologie  du  mot  n'est  pas  encore  assurée  ; 
un  type  dc-unquam  est  contraire  au  sens,  de 


même  que  ad  hune  (s.  e.  modum  ou  finem),  allé- 
gué parMuratori.  Diez  s'en  tient  à  <u»c;  seule- 
ment, vu  l'inadmissibilité  d'une  mutation  du  t 
initial  en  d,  il  pense  quïl  faut  prendre  pour 
base  une  forme  barbare  ad-tunc,  d'où  a-tunc, 
adonc,  puis,  par  aphérèse  du  préfixe,  f/w/c(cp. 
lors  p.  alors), —  Cornu  (Rom.  VII,  363)  cherche 
à  expliquer  toutes  les  formes  romanes  jMir  la 
formule  numqua,  plur.  de  numquid,  d'abord 
interrogative,  puis  conclus! ve  (cp.  car  do 
quarc)  ;  pour  n  devenu  d,  cp.  vfr.  domer  p. 
nomer.  —  En  dernier  lieu,  Fœrster  (Roman. 
Forschungen,  I,  322)  propose  lat.  donique, 
altération  de  dcnique, 

DONDAINE,  V.  dondon. 

DONDON,  femme  grasse  et  d'un  teint  frais, 
voy.  dodu,  —  Diez  est  porté  à  voir  dans  ce  mot 
un  redoublement  de  don  et  rapproche  don  de 
l'angl.  dump,  radical  de  dumpy,  court  et 
épais,  et  de  dumpling,  petite  personne  grasse. 
Le  mot  dondaine,  soit  qu'il  signifie,  comme 
dans  Froissart,  une  macliine  de  guerre  pour 
lancer  de  grosses  pierres,  ou  qu'il  s'applique 
à  un  instrument  à  vent  du  genre  de  la  corne- 
muse, est  sans  doute  une  variété  de  dondon, 
et  s'y  rapporte  comme  bedaine  à  bedott,  mi^ 
taine  à  mitofi. 

DONJON,  DONGEON,  vfr.  aussi  doignon, 
dongnon,  dangeon,  ^roy,  donjô,Bh.do7nnio, 
le  plus  haut  bâtiment  d'un  castel,  maitrcsse 
tour.  Zeuss,  sur  la  base  d'une  orthographe 
dangio,  qui  est  dans  Orderic  Vidal,  y  i*econ- 
nait  rirl.  daingean,  fortification  ;  mais  dangio 
n'est  que  l'imitation  du  vfr.  dangeon,  modifi- 
cation toute  naturelle  de  dongeon  (cp.  volenté 
p.  volonté,  chalenger*  p.  chalonger),  Grand- 
gagnage  (Mémoires  sur  les  anciens  noms  de 
lieux  de  la  Belgique  orientale,  p.  77,  ad 
vocem  dunch,  donck),  après  avoir  expliqué  le 
terme  dune,  dung,  dofik,  sufiixe  si  fréquent 
dans  les  noms  de  lieux  des  pays  flamand  et 
rhénan,  par  «  locus  e  palustribus  emergens  », 
définition  déjà  donnée  parGramaye  et  Hcylen, 
fait  l'observation  suivante  :  «  Une  émiuenco 
entourée  d'eau  ou  de  marécages  formant  né- 
cessairement un  lieu  de  refuge  convenable  ou 
un  fort,  on  pourrait  peut-être  dériver  le  mot 
français  donjon  de  notre  dungo,  dong,  forme 
citée  par  Hcylen,  aussi  bien  ou  mieux  que  de 
l'irlandais  dun,  d'après  Diez,  ou  de  l'irlandais 
daingean,  d'après  Zeuss,  qui  signifient  aussi 
un  lieu  fortifié  ».  A  l'appui  de  cette  significa- 
tion de  refuge  ou  de  fort  que  le  savant  philo- 
logue wallon  prête  au  mot  dungo,  il  cite  le 
nom  de  lieu  Ursidongus,  expliqué  par  un 
biographe  de  saint  Ghi.slain  «  ideo  sic  dictus, 
quod  ibi  solita  erat  ursa  catulos  fovere  »,  donc 
la  tanière  de  l'ourse.  Diez,  abandonnant  son 
ancienne  opinion  en  faveur  de  l'irl.  dt'm  (lieu 
fortifié),  par  l'inteimédiaire  du  BL.  dunio,  se 
rallie  à  celle  qui  admet  pour  type  immédiat 
le  BL.  dotmiio  (p.  dominio),  avec  le  sens  de 
corps  de  bâtiment  principal,  dominant;  elle 
est  rendue  indubitable,  dit-il,  par  l'emploi  de 
la  forme  rfomiiiton  =  donjon,  relevée  par  Mus- 
safia  dans  l'écrivain  milanais  Bonvesin  da  Riva. 

DONNER,  L.  donare.  —  D.  donnée,  don- 


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DOT 


161  — 


DOU 


ucitr,  qui  aime  à  donner  ;  donateur^  L.  dona- 
tor;  dmxation,  L.  donatio;  donataire,  -cUif, 
L.  donatariiis,  -ativus. 

DONT,  it.,  esp.,  port,  donde^  prov.  don,  du 
L.  de  unde,  composition  barbare  pour  itnde. 
Il  faut  observer  que  le  simple  tiude  (it.,  port., 
V.  esp.  ond^,  cat.  on,  prov.  ont,  oti)  avait  pris 
le  sens  de  où,  ce  qui  justifie  la  composition 
de-xinde  pour  d*on.  L'emploi  pronominal  de 
xrnde  ou  de-unde  n'a  rien  qui  puisse  paraître 
étrange  ;  le  fr.  d*oii  s'emploie  également  pro- 
nominalement dans  cei'taines  applications, 
p.  ex.  :  c'est  vouloir  renfermer  un  chêne  dans 
le  gland  d*oiï  il  est  sorti  (Bem,  de  Saint- 
Pierre).  Et,  du  reste,  le  latin  en  a  déjà  donné 
l'exemple  :  «  in  fines  suos  wide  erant  profecti  n 
(César)  ;  «  hereditatem  iinde  ne  numum  quidem 
unum  attigisset  »  (Cic.  de  Fin.,  2,  17).  Dont 
est  un  adverbe  pronominalisé  avec  caractère 
relatif,  comme  le  sont  «»  =  L.  ùide,  et  y  *= 
L.  ibi  avec  caractère  démonstratif. 

DONZBLLB,  de  l'it.  et  prov.  donzella,  di- 
min.  de  donna,  voy.  dame. 

DORADE,  du  part.  prov.  dorada  =  fr. 
dorée;  l'it.  dit  orata,  —  D.  doradon.  Voy. 
aussi  daurade. 

DORÉNAVANT,  concrétion  des  mots  dore 
(de  cette  heure)  en  avant.  Cp.  désormais. 

D0R8R,  L.  de-aurare.  —  D.  doreur,  -ure; 
dorarfe (poisson);  opp.  dédorer. 

DORLOTER,  du  xir.dorelot,  mignon,  favori 
(Rabelais  emploie  le  mot  pour  enfant  gâté). 
Diez  rapporte  dœ-clot  à  l'ags.  dcorling  (angl. 
darling),  et  rappelle  le  cymrique  dorlawd, 
qu'Owen  décompose  en  dati»%  avoir  soin,  et 
Uavxi,  garçon.  Cheval Ict  cite  le  terme  breton 
et  gaél.  dorlota  =  dorloter,  qu'il  dérive  de 
dorléi,  dorlô,  caresser  avec  la  main  comme 
on  fait  aux  petits  enfant.s.  Mais  ces  mots  pour- 
raient bien  être  empruntés.  D'autres  voient 
dans  dorelot,  mignon,  une  acception  figurée 
d'un  ancien  subst.rfore/ot  signifiant  une  espèce 
de  bijou,  et  qu'ils  rattachent  à  dorer  (cp.  le 
terme  de  cai*esse  :  mon  bijou  !).  On  trouve  en 
eflfet  dans  la  vieille  langue  les  mots  dorlotier, 
dorioterie,  désignant  le  métier  do  bijoutier. 
Tout  en  admettant  qu'un  mot  populaire  dore- 
lot  ait  pu  se  produire  de  dorer  sur  le  patron 
de  bimbelot,  bibelot,  je  pense  qu'il  est  préfé- 
rable de  ne  voir  dans  dorelot, ]oy9\\,  qu'une 
acception  déduite  do  dorelot,  mignon. 

DORMIR,  L.  dormire.  —  D.  dormeur,  doi^- 
meuse;  dortoir,  contracté  du  L.  domiitoi-ium  ; 
eps.  endormir. 

DORSAL,  du  L.  dorsum,  dos. 

DORTOIR,  voy.  dormir. 

DOS,  it.,  esp.  dorso  (it.  aussi  dosso),  prov. 
etanc.  catal.  dors,  dos;  du  L.  dorsum,  do- 
venu  dossum  (voy.  Paris,  Rom.,  X,  47).  — 
Rabelais  dit  dours.  —  D.  dossier,  1.  dos  d'un 
siège  ;  2.  terme  d'administration  :  le  carton 
ou  la  liasse  relative  à  une  affaire,  étiqueté  au 
dos;  endosser,  édosscr. 

DOSE,  L.  dosis,  gr.  5wiiç,  quantité  donnée. 
—  D.  doser. 

DOSSIER,  voy.  dos.  —  D.  dosserct. 

DOT,  L.  dos,  dotis.  —  D.  dotal,  L.  dota- 


lis;  doter,  L.  dotare,  qui  est  aussi  le  primitif 
de  douer,  pr.  pourvoir;  dotation,  L.  dotatio; 
douaire,  BL.  dotarium. 

DOUAIRE,  angl.  dower,  voy.  dot.  —  D  adj 
douairier,  subst.  douairière,  veuve  qui  jouit 
d  un  douaire  (angl.  rfowayer). 

DOUANE,  it.  dogana.  Voici  les  diverses  éty- 
mologies  inacceptables  qui  ont  été  mises  en 
circulation  :  1.  Frisch  :  Ducere,  introduire 
des  marchandises,  mais  on  n'a  pas  d'exemple 
d  un  suffixe  ana  joint  à  des  radicaux  verbaux 
2.  Ferran  :  Doga,  baril,  tonneau,  puis  les 
marchandises  arrivant  dans  des  tonneaux- 
mais  d<^a  ne  signifie  jamais  tonneau  (voy! 
douve).  S.  Ménage  :  Joxiv.,,  lieu  de  réception, 
puis  heu  où  Ion  perçoit  l'impôt,  dérivé  de 
èdi^n  =  Soy^ii  (de  *ix"^«*).  niais  ôo/àv„  n'a  eu 
le  sens  de  douane  à  aucune  époque  de  la 
langue  grecque.  4.  Dogana  serait  la  forme 
normale  d  où  se  sont  produites  les  autres  •  BL 
duatm.  prov.  doajia,  fr.  douane,  et  signifie! 
rait  1  impôt  du  doge,  comme  les  regalia  sont 
1  impôt  du  roi.  Cette  dernière  explication  était 
celle  que  je  hasardais  dans  ma  première  édi- 
tion ;  depuis,  j'ai  cru  devoir  accueillir  l'étym 
posée  par  Diez  et  indiquée  déjà  sous  divan. 
L  origine  arabe  du  mot  ressort  surtout  de 
1  esp  et  port,  aduana  (le  préfixe  a  représen- 
tant  1  article  arabe).  Le  g  de  l'it.  dogatm  est 
intercalaire,  comme  dans  ragunare  p.  rau- 
nare.  -—  D.  douanier. 

DOUBLE.  L.  duplus.  ^  D.  doubler,  L.  du- 
plare(Festus);  doubleau,  doublet,  -ette,  -on, 
'ure;  cps.  dédoubler,  redoubler 

DOUCHE,  de  Fit.  dœcia.  conduit,  tuyau, 
dérivé  du  verbe  it.  docctare,  couler,  verser 
fr.  doucher),  qui  lui-même  représente  un 
type  latin  c/«c«ïarc.  formé  de  ductus,  comme 
suctiarcl(v.  sucer)  de  suctus. 

DOUBLLB,  vfr.  docile,  douille,  lorr.  dou- 
ville,  dim.  de  douve  (v.  c.  m.).  Ces  mots  expri- 
ment un  revêtement  voûté  ou  une  courbure 
quelconque. 

DOUER,  forme  vulgaire  de  doter,  voy.  dot  • 
du  L.  dotare;  angl.  en-doio. 

DOUILLE,  manche  creux  d'une  baïonnette, 
etc.,  selon  1  opinion  très  plausible  do  Diez,  du 
BL.  diictile,  gouttière;  cp.  andouiUe  de  in- 
ductile.  Toutefois,  douille  pourrait  bien  être 
ISSU  par  contraction  de  dou-ille  indiqué  sous 
douclle.  * 

DOUILLET,  dimin.  de  l'anc.  adj.  douille, 

uî\T'\  V'  ''^^"*  ^»  L-  'f^''Ct^f^^,  ductile, 
""^in^f^^"^®  ^  rfot«7/£?/te.  vêtement  ouaté. 
DOULEUR,  vfr.  dolour,  L.  dolor.  -  D.  dou> 

DOULOIR  (SE),  du  L.  dolcre,  éprouver  do 
la  douleur. 

DOUTER,  L.  duhitare  (cp.  coude,  do  cubi 
tus).  Anciennement,  douta-  s'employait  dans  le 
sens  actuel  de  redouter,  se  douter,  dans  celui 

nA^^^-~^-  ^'''"^^'  douteux\  redouter. 

DOU^.  it.,  prov..  cat.  doga,  milan,  dova, 
nôerl.  diiig  (suisse  daugc),  ail.  daube  (p. 
(Imnoc).  Doga  se  rai)i)ortcà  fr.  donve,  comme 
L.  rngarc  au  vfr.  rouccr;  c.-à-d.  qu'il  v  a  ou 


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DRA 


—  162 


DRI 


d'abord  syncope  du  g  médial  [doué),  puis 
intercalation  de  o  {^owoé),  Diez  admet  Tiden- 
tité  de  dx>ga,  douve,  ais  de  tonneau,  avec  le 
prov.  doga,  norm.  douve,  fr.  doue,  qui  signi- 
fient revêtement  d'un  fossé.  Quant  à  l'origine 
de  l'un  et  de  l'autre,  Frisch  a  proposé  le  L. 
ducere  (cp.  doccia,  douche),  comme  ayant 
déterminé  le  sens  de  fossé,  cavité.  Mieux 
vaut  l'étymologie  de  Ducange,  savoir  le  latin 
doga,  signifiant  un  vase  ou  une  mesure  et  qui 
vient  du  gr.  cox^t  receptaculum.  La  filiation 
logique  serait  ainsi  :  réservoir  d'eau,  creux, 
fossé  (signification  encore  existante),  puis 
revêtement  ou  parement  d'un  fossé,  enfin 
planche  d'un  tonneau.  —  D.  de  la  forme  doue  : 
le  dim.  douelle  (v.  c.  m.);  de  douve  :  douvain. 

DOUX,  fém.  douce,  vfr.  dois,  L.  dulcis.  — 
D.  douceur,  L.  dulcor  (TertulL);  doucet;  dou- 
ceâtre, doucereux;  doucir,  L.  dulcire  (Lu- 
crèce); adoucir.  Dérivés  directs  du  thème 
latin  :  dulcifier;  édulcorer,  L.  edulcorare. 

DOUZE,  contracté  du  L,  duodecim.  —  D. 
douzième,  dousain,  -aine. 

DOUZIL,  DOUSIL,  angl.  dosil,  fausset  pour 
tirer  du  vin,  cheville  servant  à  boucher  le  trou 
d'un  tonneau  ;  du  BL.  duciculus,  m.  s.,  dérivé 
de  ducere. 

DOTSN,  angl.  dean,  néerl.  dehen,  voy.  dé- 
canoit.  —  D.  doyetiné. 

DRACHME.  DRAGME,  vfr.  drame,  du  gr. 
èp»yfji^  (monnaie  et  poids). 

DRAGÉE,  vfr.  aussi  dragie,  prov.  dragea, 
esp.  et  port,  dragea  (et  gragea,  grangea),  it. 
treggea;  BL.  dragata,  -eia,  -ia;  toutes  for- 
mes altérées  de  tragemata  (Papias)  s»  gr. 
xriOL'/'f^li.xrx,  friandises,  de  rpa/tiv,  intin.  aor.  2 
de  rpùyiiv,  grignoter.  —  D.  drageoir,  sou- 
coupe pour  servir  des  dragées. 

DRAGEON,  rejeton,  bouture,  du  verbe  goth. 
t7'aibjan  (b\\.  mod.  treiben),  pousser;  cp.  bou- 
ton de  bouter,  pousse  àe  pousser.  Cette  ôtymo- 
logie  est  préférable  à  celle  du  subst.  fictif 
traducio,  -onis  (dér.  du  L.  tradux,  sarment 
de  vigne),  qu'avait  avancée  Ménage.  —  D. 
drageonner. 

DRAGON,  animal,  L.  draco,  -otiis.  Quant 
à  l'origine  de  dragon,  en  tant  que  terme  mili- 
taire, les  opinions  varient  beaucoup.  Adclung 
pense  que  les  dragons  ont  été  nommés  ainsi 
d'après  leurs  épauliôres,  appelées  dragoni; 
Voltaire,  d'après  Ménage,  parce  qu'ils  portè- 
rent un  dragon  dans  leurs  étendards  ;  d'autres 
font  remonter  le  nom  au  pistolet  orné  d'une 
tête  de  dragon  dont  le."^  dragons  auraient  dans 
le  principe  été  muni.s.  Peut-être  dragon 
est-il  tout  bonnement  le  nom  de  l'arme, 
étendu  &  ceux  qui  s'en  servaient  (cp.  carabi- 
niers,  mousquetaires);  et  quant  au  nom  de 
l'arme,  il  serait  analogue  à  cehii  de  coulevrine 
(voy.  aussi  notre  article  mousquet).  On  peut 
encore  admettre  que  le  nom  dragon  ait  servi 
de  symbole  pour  exprimer  l'audace  et  l'éner- 
gie militaires,  sens  qui  s'attache  encore  acces- 
soirement à  ce  mot*.  —  D.  dragonne,  galon 
d'une  poignée  d'épée  ;  dragonnier,  plante  d'où 
coule  le  sang-dragon  ;  enfin,  les  fameuses  dra- 
gonnades, d'odieuse  mémoire. 


1.  DRAGUE,  instrument  pour  draguer,  de 
l'ags.  drâge,  angl.  drag,  crochet,  râteau.  — 
D.  draguer,  -eur. 

2.  DRAGUE,  orge  cuite  qui  demeure  dans 
le  brassin  après  qu'on  a  cuit  la  bière,  rouchi 
drague,  wallon  dràhe,  du  v.  nord,  dregg, 
angl.  dregs,  lie,  sédiment  (ail.  dreck,  fumier). 

DRAIN,  subst.  verbal  de  drainer. 

DRAINER,  terme  d'agriculture,  tiré  du 
verbe  angl.  to  drain,  ^ire  écouler  l'eau, 
mettre  à  sec.  —  D.  drah\;  drainage. 

DRAME,  gr.  opâ/Ax,  pr.  action,  puis  pièce  de 
théâtre;  ûpxfi^rtMi,  dramatique;  èp^fix^litiv, 
dramatiser,  SpxpLurljTyn  (inus.),  dramaJListe  ; 
SpxfAxrovpyôi,  litt.  faiseur  de  drames,  drama- 
turge. 

DRAP,  it.  drappo,  prov.,  cat.  drap,  esp., 
port,  trapo,  BL.  drappus,  pannus.  L'origine 
de  ce  mot  n'est  pas  encore  tirée  au  clair. 
Frisch  a  supposé  quelque  connexité  avec  l'ail. 
trappen,  fouler,  serrer.  Diez,  dans  sa  dernière 
édition,  indique  un  mot  allemand  trabo,  qui, 
dans  un  glossaire  du  xii*  siècle,  se  trouve 
traduit  par  m  trama,  extrema  pars  vestiraenti, 
fimbria  »;  le  nom  de  la  trame  ou  de  la  bor- 
dure a  pu,  ditril,  s'étendre  à  tout  le  tissu.  — 
J'ai  rencontré  dans  Jean  de  Çondé  l'orthogr. 
trap. —  Baist  (Zeitschr.  VI,  1 16)  propose  ags. 
Iràf,  =  vfr.  tref,  prov.  trap,  tente  en  drap 
(opp.  àZogre,  tente  en  feuillage),  dont,  d'accord 
avec  Suchier  [ib.  I,  433),  il  conteste  la  con- 
nexité avec  le  lat.  trahs,  poutre.  [L'opinion 
qui  distingue  entre  vfr.  tref,  poutre,  et  vfr. 
tref,  tente  (=^  a}? s.  tràf)  est  péremptoirement 
renversée  par  G.  Paris,  Rom.  VI,  629.]  ■ —  D. 
drapeau  (ce  mot  a  signifié  autrefois  aussi  vê- 
tement; pi'overbe  :  «  l'on  ne  connoist  pas  la 
gent  au  drapeau  •»;  aujourd'hui  encore  les 
patois  emploient  ce  mot  pour  linge  et  langes), 
du  BL.  drapellus,  panniculus;  drapier,  dra- 
perie; verbe  draper. 

DRASTIQUE,  gr.  Spx^n^ôi  (Spit^),  agissant, 
énergique. 

DRÂGHE,  marc  de  l'orge  concassée  qui  a 
servi  à  faire  de  la  bière,  est,  d'après  Diez,  le 
vfr.  drasche,  BL.  drascus,  qui  dit  la  même 
chose  et  qui  vient  du  vha.  drascan  (ail.  mod. 
dreschen),  battre  le  blé  en  grange.  La  drèche 
serait  donc  le  grain  battu,  trituré,  le  résidu. 
Il  y  a  quelque  difiiculté  à  identifier,  étymolo- 
giquement,  les  mots  drague  et  drèche.  —  D'a- 
près Bugge  (Rom.  III,  147),  drèche  représente 
î'aha.  drastja,  dresija,  mot  à  supposer  d'après 
l'ags.  dœrste  («  faex  »),  a.  angl.  drastes  (pi.), 
résidu  des  grappes  pressurées,  ail.  mod.  tres- 
ter. 

DRESSER,  voy.  droit.  —  D.  dressoir,  re- 
dresser. 

1 .  DRILLE,  camarade,  du  vha.  drigil,  gar- 
çon, serviteur,  nord,  thraell. 

2.  DRILLE,  lambeau,  chifibn.  Diez  met  en 
avant,  avec  quelque  hésitation,  le  nord,  dril, 
déchet.  Chevallet  cite  le  bret.  trul,  chiffon  et 
le  cymr.  dryU,  lambeau,  verbe  drylliavo, 
mettre  en  pièces.  —  D.  driller  (v.  pi.  bas). 

3.  DRILLE,  foret,  de  l'angi.  drill,  ni.  dnl- 
Icn,  percer,  forer. 


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DRU 


—  163  — 


DUC 


D&ILLER,  1 .  aller  vite,  courir  ;  j'y  vois  l'ail. 
drillen,  tourner  çà  et  là,  aussi  tourbillonner; 
2.  ramasser  des  chiffons,  voy.  dj-ille  2. 

BROC,  un  des  noms  do  l'ivraie.  En  vfr.  on 
trouve  la  forme  fém.  droe;  Besant  de  Dieu, 
1593  :  Dessus  le  biau  furmcnt  sema  |  Gai-zorie 
e  droe  e  neele  |  Ë  ivraie.  —  D'autres  exem- 
ples ap.  Godefroy. 

DR06MAN,  prov.  drogomany  esp.  drago- 
man,  it.  dragomanno;  de  l'arabe  tardjoman, 
tordjoman,  interprète  (qui,  selon  Dozy,  vient 
de  tardjama,  interpréter).  Le  même  vocable 
oriental  s'est  encore  introduit  dans  nos  lan- 
gues sous  les  formes  it.  turcimannOy  esp. 
trujaman,  fr.  trucheman,  truchement,  vfr. 
trughemani, 

1.  DROGUE,  épice,  matière  chimique,  etc., 
it.,  esp.,  port.,  prov.  droga,  angl.  drug,  du 
nécrl.  droog,  sec,  donc  pr.  marchandise  sèche. 
—  D.  droguerie,  droguiste^  droguer. 

2.  DROGUE,  chose  sans  valeur,  mauvaise 
marchandise  ;  prob.  le  même  mot  que  le  pré- 
cédent, pris  dans  une  acception  pc^jorative.  — 
D.  droguet,  étoffe  de  laine  de  bas  prix,  angl. 
dnigget. 

3.  DROGUE,  esp.  de  jeu  de  cartes  (voy.  Lit- 
tré),  d'un  mot  gaulois  signifiant  nez  ou  bec 
(id.,  suppl.). 

DROIT,  adj.  ctsubst. ,  prov.  dreit,  dreich ,  it. 
diritto,  dritlOy  esp.  derccho,  du  L.  directus 
(part.  pass.  de  dirigere),  qui  a  la  môme  va- 
leur et  qui,  dans  les  langues  romanes,  a  sup- 
planté le  simple  reclus.  Le  neutre  directum 
s*est  substitué  au  L.  jus  pour  signifier  le 
droit;  cp.  ail.  redit ^  tiré  également  d'une  ra- 
cine reg  signifiant  diriger,  ajuster.  Cicéron 
déjà  a  employé  directum  comme  synonyme  de 
justum  et  vcrum.  —  D.  droitier,  qui  se  sert 
de  la  main  droite;  droiture^  signification 
morale  (dans  Vitruve,  on  trouve  directura 
dans  le  sens  propi'e  d'alignement).  De  droi- 
ture :  vfr.  droiturier^  droit,  juste,  légitime. 
Composés  :  adroit  (v.  c.  m.),  endroit  (v.  c.  m.). — 
Du  part,  directus  s'est  produit  un  verbe  direc- 
tiare,  d'où  les  formes  it.  dirissare,  drizzare, 
esp.  derczar,  prov.  dressar,  fr.  dresser,  vfr. 
drecier  (cps.  adresser,  v.  c.  m.).  L'angl.  em- 
ploie le  même  mot  dans  le  sens  de  préparer, 
arranger,  puis  spécialement  dans  celui  d'ha- 
biller. L'it.  possède  en  outre  une  forme  ris- 
2are  =  dresser,  tirée  de  rectiare",  de  reclus, 

DROLE,  mot  inconnu  aux  lexicographes  du 
XVI®  siècle,  bien  qu'on  le  rencontre,  orthogra- 
phié droite,  dès  le  xv*;  sans  aucun  doute 
identique  avec  l'angl.  droll,  plaisant,  comique, 
ail.  et  nécrl.  drollig,  =  drôle  ;  cp.  née  ri. 
dtol,  nord,  drioli,  gaôl.  droll,  lourdaud.  — 
D.  drolatique  (formation  populaire;  ;  drôle- 
rie. Le  féminin  drôlesse  se  rapproche,  par 
sa  valeur,  de  l'ail,  drolle,  femme  commune, 
angl.  truU,  prostituée,  et  trollop,  salope. 

DROMADAIRE,  L.  drotnadarius,  dér.  de 
dromas,  -adis,  ■■=  gr.  ûpo/xài,  coureur. 

DROSOHKI,  espèce  do  voiture  ;  mot  russe, 
ail.  (iroschke. 

DRU,  adj.,   gaillard,  vif,  abondant,  serre, 


épais.  Ce  mot  est  distinct  du  vieux  subst. 
français  drut,  it.  drudo,  qui  signifie  ami, 
chéri,  et  qui  vient  de  lall.  triU  (drùt),  traut, 
m.  s.  11  dérive,  dit-on,  du  celtique  :  gaél. 
druth,  pétulant,  cymr.  drud,  vigoureux, 
hardi.  J'accepte  cette  étymologie  pour  le  sens 
gaillard,  mais  quant  au  sens  abondant,  dense, 
elle  ne  me  parait  pas  satisfai.sante.  Rabelais  se 
sert  de  dru  avec  le  sens  de  dodu,  bien  nourri 
et  dans  celui  d'épais.  Cachet  pense  que  cet 
adjectif  pourrait  se  rattacher  à  l'islandais 
driugr  et  au  suéd.  dryg,  qui  réunissent 
toutes  les  acceptions  du  mot  français,  accep- 
tions qui  se  retrouvent  aussi  dans  l'adjectif 
grec  xopoi  (lisez  kûooi),  indiqué  déjà  par  H.  Es- 
tienne  Ce  dernier,  en  effet,  signifie  à  la  fois 
robuste,  fort,  gras,  serré,  dense,  abondant, 
luxuriant  ;  mais  il  n'a  aucune  affinité  étymo- 
logique avec  le  mot  français  :  àô/Bo'î,  d'après 
Buttmann,  est  une  variété  de  à^ivo';,  qui  si- 
gnifie à  peu  près  la  même  chose  et  a  pour 
racine  aà.  d'où  aussi  scd>iv,  adv.,  à  satiété.  — 
Une  transposition  de  dur  us  ou  de  rudis  n'est 
pas  acceptable.  —  Nodier  rattache  dru,  fort, 
vigoureux,  à  IpZ^,  chêne,  se  fondant  sur 
l'exemple  de  robuslus,  qui  vient  de  robur, 
chêne;  cette  étymologie  est  spécieuse,  mais 
iasoutenable. 

DRUGE,  pousse  surabondante  de  pois  ;  vfr. 
provision,  multitude;  vfr.  drugier,  pousser 
abondamment  (en  parlant  des  plumes);  dans 
le  Haut-Maine,  drugir  =  devenir  dru, 
grand,  fort.  D'origine  incertaine  ;  il  est  diffi- 
cile de  séparer  le  mot  do  dru  (abondant,  luxu- 
riant), dont  la  consonne  finale  a  dû  être  g.  Le 
mot  parait  être  identique  avec  vfr.  druge  =» 
plaisanterie,  bourde;  pour  la  relation  logi- 
que, cp.  l'expression  bombance,  qui  implique 
à  la  fois  l'idée  de  richesse,  ampleur  et  celle  do 
fanfaronnade. 

DRUPE,  fruit  charnu,  portant  un  noyau  ; 
d'origine  incertaine.  On  trouve  eu  latin 
drup2)a,  en  grec  ôpûrtTra,  appliqué  à  l'olive 
trop  mure  ou  qui  commence  à  mûrir,  et  rat- 
taché par  Pline  à  l'adj.  composé  grec  ipuitirnu 
signifiant  •*  qui  tombe  de  l'arbre,  mûr  ».  Lit- 
tré  fait  venir  druppa,  avec  plus  de  probabi- 
lité, du  gr.  opur.tTtr^i  en  tant  que  ce  composé 
(de  ^p'ji  -[-  TTcTTrciv)  signifie  <«  mûrissant  sur 
l'arbre  »  ;  les  lexiques,  en  effet,  ont  soin  de 
distinguer  entre  les  deux  mots  grecs. 

DU,  vfr.  deu,  dou,  régulièrement  formé  de 
del  =«  de  le. 

DU,  contracté  de  vfr.  deU,  du  L.  debiUiiS, 
forme  barbare  p.  debitus. 

DUALITÉ,  -ÂLISME,  -ALISTE,  dér.  du  L. 
dualis,  adj.  de  duo,  doux. 

DUBITATIF,  mot  savant  pour  douteux,  du 
L.  dubitativus. 

DUC,  it.  duca,  esp.,  port,  duque,  val.  duce. 
Du  latin  dux,  ducis;  sauf  l'italien  duca,  qui, 
selon  Diez,  remonte  au  L.  dux  par  l'intermé- 
diaire de  la  forme  byzantine  ooûÇ  (accus,  ôoûxa) 
ou  ôcj/xi,  employée  longtemps  avant  l'époque 
littéraire  do  la  langue  italienne  pour  dêïiigner 
I    le  chef  militaire  d'une  ville  ou  d'une  province. 


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£ 


—  164 


DYS 


Une  dérivation  directe  du  L.  duoc  n'eût  jamais 
pu  produire  l'italien  duca,  mais  bien  doce,  que 
l'on  rencontre  en  effet  adoucie  dans  le  vénitien 
doffe,  —  D.  ducliesse,  BL.  ducaiissa;  ducal; 
duchés  it.  ducato,  esp.  ducado,  prov.  ducat, 
BL.  ducatus.  Ce  dernier  terme  ducatus  signi- 
fiait aussi  une  espèce  de  monnaie,  frappée 
d'abord  par  Roger  II,  roi  de  Sicile,  pour  le 
duché  de  Fouille  (ducato  d*Api(fflta),  vers 
1 140  ;  de  là  fr.  ducat  et  ducaton,  —  Duc  est 
aussi  devenu  une  appellation  ornithologique 
pour  désigner  un  genre  d'oiseau  nocturne;  on 
distingue  le  grand  duc,  le  moyen  duc  et  le 
petit  duc. 

DÏÏGâT,  voy.  duc;  dimin.  ducaton. 

DUCHÉ,  autrefois,  comme  comte\  du  genre 
féminin,  voy.  duc.  —  La  forme  vfr.  ducheet, 
ducheé  (fém.)  accuse  un  type  ducitatem;  de 
là  s'explique,  par  contraction,  la  duché, 

DUCTILB,  L.  ductilis  (ducere).  Voy.  aussi 
douille.  —  D.  ductilité. 

DUÉ6NE,  de  l'esp.  dueha,  =  L.  domina; 
voy.  dame. 

DUEL,  combat  singulier,  du  L.  duellum, 
ancienne  forme  de  bellum  (celui-ci  vient  d'une 
racine  bis,  l'autre  de  duis,  son  équivalent  ;  cp. 
duonus,  ancienne  forme  de  bonus).  Ce  n'est 
que  dans  le  moyen  âge  que  duellum  a  pris  le 
sens  actuel  de  duel.  —  D.  duelliste. 

DUI&E,  verbe  neutre,  convenir,  plaire,  du 
L.'  ducere t  pris  dans  le  sens  de  conducere.  Au- 
trefois, duire  avait  aussi  le  sens  actif  du  L. 
ducere,  conduire  (un  vaisseau),  diriger,  élever 
(un  enfant),  dresser  (des  animaux). 

DULCIPIBR,  voy.  doux.  —  D.  dulcifica- 
tien. 

DULGINÉB,  maîtresse;  d'après  le  nom  de 
la  maîtresse  de  don  Quichotte  ;  mot  tiré  de 
dulcis,  doux. 

DULIE,  gr.  SouUlx,  pr.  culte  scrvilo. 

DUNE,  it.,  esp.,  port,  duna;  d'origine  ger- 
manique :  vha.  dûn,  dùna,  promontorium, 
nécrl.  duin,  ags.  dùn,  angl.  doion.  Ces  mots, 
toutefois,  appartiennent  aussi  aux  langues 
celtiques  :  auc.  irland.  di'm,  gaél.  din,  col- 
line, primitivement  lieu  fortifié.  Cp.  aussi  gr. 
^iç  dfy,  butte  de  sable  au  bord  de  la  mer, 
colline.  Dun  a  donné  le  suffixe  des  noms  de 
lieux  tels  que  Lugdunum,  Augustodunum,  etc. 
Voy.  aussi  l'art,  donjon.  —  D.  du7iette. 

DUO,  forme  italienne  et  latine  de  deux. 

DUPE;  étymologie  inconnue.  Frisch  rap- 
proche le  souabe  dûppel,  imbécile  (voy. 
Grimm,  v^*  dôbcl  et  diippel).  D'après  Cheval- 


let,  dupe  a  été  le  nom  de  la  huppe,  oiseau  qui 
passe  pour  un  des  plus  niais,  et  c'est  ce  qui 
expliquerait  le  sens  attaché  à  ce  mot  dans  la 
langue  actuelle.  Littré,  qui  approuve  cette 
étymologie,  compare  la  valeur  analogue  don- 
née à  pigeon  (cfr.  aussi  celle  de  l'ail,  gimpd, 
bouvreuil).  Il  est  possible  que  Chevallet  ait 
bien  rencontré  ;  cependant,  il  est  curieux  de 
noter  que  le  nom  de  la  huppe  a  aussi  donné 
naissance  à  l'a^j.  huppé,  dans  le  sens  de  fin, 
adroit  :  «  les  plus  huppés  y  seront  pris  ».  Cet 
a4j.  sauve  un  peu  la  réputation  que  fait  à  cet 
oiseau  le  mot  dupe.  En  admettant  que  notre 
mot  dupe  vienne  de  dupe^  huppe  (le  glossaire 
de  Jaubert  porte  dube),  il  reste  à  trouver  l'ori- 
gine de  ce  dernier.  —  D.  duper,  -eur,  --erie. 

DUPLICATA,  pluriel  neutre  de  duplicatus, 
participe  latin  signifiant  doublé. 

DUPLICITÉ,  L.  duplicitas.  Chez  Horace 
déjà  duplex  avait  le  sens  de  faux,  perfide,  à 
double  langage  ;  cp.  le  vfr.  doubler,  tromper. 

DUPLIQUER,  répondre  à  une  réplique, 
litt.  doubler  la  réponse,  en  faire  une  deuxième; 
forme  savante  du  L.duplicare.  —  D.  duplique. 

DUR,  L.  durus.  —  D.  duret;  dureté,  L. 
duritas  ;  durcir,  L.  durescere  (cps.  endurcir); 
durillon,  bourg.  duroUlon  (à^  dur-\-œilf). 

DURER,  L.  durare  (de  durus,  dur,  résis- 
tant et  par  conséquent  persistant).  —  D.  du- 
rant (prépos.),  durée,  durable. 

DUVET,  étymologie  inconnue.  Si  l'on  peut 
admettre  l'identité  de  ce  mot  avec  l'anc.  mot 
dumet,  m.  s.  (qui  pourrait  bien  en  effet  s'être 
modifié  d'abord  en  dubet  et  de  là  en  duvet), 
l'embarras  disparait.  Le  vfr.  dun,  duvet  (d'où 
dumet),  BL.  duma,  remonte  au  nord,  dùn, 
qui  est  aussi  le  primitif  des  équivalents  angl. 
down  et  ail.  daune.  —  D.  duveteux. 

DTNAMIE,  gr.  ôûva^t;  (strictement  ^uvz/xfx), 
puissance.  —  D.  dynamique;  dynamite. 

DTNâSTE,  gr.  ouvxTTTj,-,  qui  tient  le  pou- 
voir (ôûvat^aai)  ;  dynastie,  gr.  5uva»T£«,  puis- 
sance; sens  moderne  :  succession  de  souve- 
rains dans  la  même  famille. 

DTSCOLE,  difficile  à  nourrir,  de  mauvaise 
humeur,  gr.  oÙ7no).oi,  m.  s.  (de  iù;,  préfixe 
péjoratif,  et  xo'iov,  nourriture). 

DYSPEPSIE,  gr.  BwsmUx,  digestion  pénible 
(de  TTswrjiv,  cuire,  digérer). 

DTSSENTERIE,  gr.  aufcvnpéa,  litt.  mal  aux 
intestins  (îvnpx).  —  Le  redoublement  de  Vs 
est  contraire  à  l'étymologie  et  vicieux. 

DTSURIE,  gr.  Su^ouplx  (Su;,  mal,  4-  oùpûv, 
uriner.) 


E 


1 .  E-,  syllabe  prépositive,  devant  les  mots 
commençant  par  st,  se,  sp,  sm.  On  sait  que 
cette  voyelle  d'appui,  que  l'on  a  fort  bien 
comparée  à  ce  que  l'on  appelle  appoggiature 
en  musique,  est  également  propre  aux  idiomes 
provençal,  espagnol  et  portugais;  p.  ex.  L. 
stabulum,  esp.  c-stablo,  port,  e-stavel,  prov. 
et  vfr.  e-stablc.  Avec  le  temps,  1'^  de  la  com- 


binaison a  disparu  en  français  :  ainsi  nous 
prononçons  et  écrivons  état,  ctable,  écrire, 
épée,  émeraude,  p.  estât,  estable,  escrire,  es- 
pée,  es?neraude  (àe  status,  stabulum,  scribere, 
spada,  smaragaus).  Vs  s'est  cependant  con- 
servé dans  estimer,  estomac,  esclandre,  espace, 
espalier,  espèce,  espérer,  esprit,  estampe  et 
quelques  autres. 


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ÊBA 


—  165 


ÉBR 


2.  É-,  préfixe,  La  forme  actuelle  <? résulte  de 
l'élision  de  s  dans  lancien  préfixe  es,  et  quant 
à  celui-ci,  il  représente  le  latin  ex,  qui,  en 
composition,  marque  mouvement  du  dedans  au 
dehors,  par  conséquent  sortie,  extraction,  dé- 
pouillement de  la  chose,  ou  délivrance  de 
la  situation,  exprimées  par  le  radical,  aussi 
aboutissement,  parachèvement,  renforcement. 
Les  composés  latins  de  cette  espèce,  qui  se  sont 
transmis  à  l'ancienne  langue  française,  ainsi 
que  ceux  de  création  nouvelle,  changent  le  pré- 
fixe latin  ex  ou  e,  quand  il  précède  une  con- 
sonne, généralement  en  es  :  p.  ex.  eUgere, 
fr.  eslire;  ex-caldare,  fr.  es-chauffer.  Vs  du 
préfixe  a  fini  par  céder,  sauf  devant  s;  de  là 
é'iire,  é-chauffer,  essouffler,  es-suyer,  La  lan- 
gue savante,  dans  ses  emprunts  au  latin, 
maintient  soit  e,  soit  ex  (<9/*  devant  f)\  elle  dit 
donc  expirer  (non  pas  épirer)  de  expirare, 
é-noncer  de  e-nuntiare.  La  romane  d'oïl  chan- 
geait ex  aussi  en  es  devant  les  voyelles,  en 
doublant  l'jr  :  p.  ex.  essilier,  auj.  exiler,  esso» 
rer  (d'où  essor),  de  exaurare. 

SAU,  prov.  aigiia^  esp.,  port,  agua,  it. 
acqita.  Rien  do  plus  varié  que  les  formes  sous 
lesquelles  le  mot  latin  aqua  s'est  modifié  dans 
les  idiomes  français,  et  rien  de  plus  bizarre 
que  ce  simple  son  o  qui  le  représente  aujour- 
d'hui et  que  trois  voyelles  concourent  à  figu- 
rer. Voici  à  peu  près  la  succession  phonéti- 
que de  ces  transformations  diverses  :  agite, 
aigiw,  âge,  egue,  atoe,  èwe,  ève,  iave,  iaue, 
eauc,  eau.  On  soupçonne  à  bon  droit  le  goth. 
ahna,  vha.  awa,  fleuve,  d'avoir  exercé  quelque 
influence  sur  la  déformation  du  mot  latin.  Un 
philologue  allemand,  Langcnsiepen,  a  émis 
l'idée  que  les  formes  eaue,  eau,  procèdent 
d'une  forme  diminutive  aquelîa  ou  aquellus 
modifiée  successivement  en  aiœllus,  avel,  evel, 
éel,  eau;  mais  cette  conjecture  est  insoute- 
nable; Vu  dans  eau  est  un  efiet  de  la  vocali- 
sation du  V  dans  iaoe,  d'où  iaue,  eaue,  eau» 
Pour  les  dérivés  qu'ont  laissés  les  formes 
aiguë  et  ève,  voy.  sous  aiguë.  Mahn  voit  dans 
la  locution  être  en  nage  une  mauvaise  ortho- 
graphe, résultant  d'une  fausse  interprétation 
étymologique  de  être  en  âge  (âge  =»  eau), 
être  mouillé;  cependant  l'on  disait  aussi  à 
nage,  et  le  wallon  dit  été  en  nange,  Voy.  l'art. 
nager. 

ÉBAHIR  (S*),  prov.  esbahir,  wall.  esbavn, 
it.  sbaîre;  le  radical  de  ce  verbe  paraît  être 
bcûi,  l'inteijection  de  l'étonnement.  Il  aurait 
ainsi  une  origine  analogue  à  celle  de  hadare, 
d'où  béer,  —  D.  ébahissement. 

ÉBA&BER,  pr.  Ater  la  barbe,  rogner. 

ÉBâT,  subst.  verbal  de  ébattre, 

ÉBATTRE  (S'),  vfr.  esbatre,  it.  sbattere; 
ridée  première  est  se  débattre,  se  démener, 
puis  s'agiter,  se  donner  du  mouvement,  enfin 
se  divertir.  —  D.  ébat,  subst.  verbal. 

ÉBAUBI,  d'un  ancien  verbe  esbaubir  (encore 
en  usage  en  Normandie),  qui  variait  avec 
abaubir;  du  vfr.  baube  (d'où  fr.  bauber,  bal- 
bier  =  bégayer).  Ce  baube  est  le  L.  balbus, 
bègue;  ébaubir  qqn.,  ce  serait  donc  pr.  le 
faire  bégayer  do  frayeur. 


ÉBAUCHER,  voy.  dêbauchrr.  Le  mot  n'est 
pas  très  ancien  dans  la  langue;  au  xv*  siècle, 
on  le  trouve  sous  la  forme  esbocher,  qui  parait 
reproduire  l'équivalent  it.  sboszare  (=  abboz- 
zare),  dégrossir,  donner  la  première  forme. 
Esbocher,  p.  esbosser,  n'est  pas  plus  étrange 
que  la  forme  picarde  boche  p.  bosse  (it.  bozza), 
—  Subst.  verbal  ébauche. 
ÉBAUDIR.  voy.  baudir. 
EBBE,  ÉBE,  refiux  de  la  mer,  de  l'angl.  d>b, 
ail.  ebbi\  m.  s. 

ÉBÉNE,  L.  cbenus  (iU^a).  —  D.  ébénier; 
ébéniste,  ébénisterie;  ébéner. 

ÉBÊTIR,  rendre  bête.  Le  préfixe  a  ici  son 
caractère  intensif. 

ÉBLOUIR,  vfr.  esbloïr,  esbleuir;  l'étymo- 
logie  bleu  («  faire  bleu  devant  les  yeux  n)  con- 
vient très  bien  aux  formes  françaises,  mais 
non  pas  aux  termes  esbalauzir  (p.  esblaujsir), 
assourdir,  et  einblauzir,  étonner,  ébahir,  de 
la  langue  provençale.  C'est  pourquoi  Diez  se 
range  do  l'avis  de  Grandgagnage  faisant  re- 
monter ces  mots  au  vha.  bJôdi,  hebes,  infir- 
mus,  timidus  (verbe  blôdan,  afiaiblir).  L'alle- 
mand dit  encore  blôdsichtig,  p.  qui  a  la  vue 
faible.  Strictement,  observe  Diez,  blauzir  ap- 
pelle plutôt  pour  primitif  un  verbe  gothique 
bîauthjan,  mais  ce  verbe  ne  se  trouve  pas  avec 
le  sens  qu'il  faudrait. 

ÉBORONER,  rendre  borgne  (le  préfixe  est 
intensif). 

ÉBOULER,  renforcement  de  bouler =vo\\\ev 
comme  une  boule.  —  D.  éboulis,  -enient. 

ÉBOURIFFÉ,  qui  a  les  cheveux  en  désor- 
dre. Mot  moderne  d'une  bizarre  facture, 
assez  difiicile  à  expliquer.  La  seule  idée  qui 
nous  vienne,  c'est  de  le  rattacher  &  bourras- 
que :  cheveux  livrés  à  la  bourrasque;  cp.  l'ex- 
pression allemande  xer-saust,  qui  dit  la  même 
chose  que  le  mot  fr.  et  qui  exprime  également 
les  effets  du  vent  sur  les  cheveux.  Littré  pro- 
pose bourre. —  Néol.  ébouriffer,  -ant. —  Peut- 
être  ébouriffe  est-il  une  corruption  de  ébouf- 
feré,  qui  se  rapproche  du  prov.  mod.  rabu- 
ferai,  rebufeïat  (même  sens),  lequel  tient  à 
l'it.  rabuffato,  de  buffare,  souffler  (Bugge, 
Rom.,  IV,  354). —  Caix  place  notre  mot  sous 
rit.  rabbuffato,  *  désordonné,  brouillé  » .  Celui- 
ci,  selon  lui,  est  une  métathèse  de  baruffato 
«  mêlé,  confus  *»  (cp.  arruffato),  qu'il  fait  déri- 
ver Jdu  vha.  biroufan;  fr.  ébouriffai,  dans  ce 
cas,  serait  p.  ebirouffé. 

ÉBRANLER  (préfixe  intensif),  voy.  branler, 
ÉBRASER  (aussi  embraser),  terme  d'archi- 
tecture, élargir  à  l'intérieur,  suivant  un  plan 
oblique,  la  baie  d'une  porte  ou  d'une  fenêtre. 
D'origine  inconnue.  Voy.  aussi  embrcuure. 

ÉBRÉGHER,  patois  ébercher,  faire  une  brè- 
c?ie{v.  c.  m.).  Quelques  patois  du  Nord  disent, 
dans  le  sens  d'ébrécher,  escarder,  écarder; 
sans  doute  de  la  famille  de  l'ail,  scharte,  en- 
taille, brèche. 

ÉBRENER,  aussi  éberner,  de  bran  (v.c.m.); 
opï>.  de  embrener. 

ÉBRILLADE,  t.  de  manège,  =  it.  sbrigliata, 
do  briglia,  bride. 

ÉBROUER;  ce  verbe,  dans  l'emploi  réfléchi. 


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ÉCA 


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ÉCH 


=  étcrnuer,  souffler,  ronfler,  est  de  môme 
origine  qu'au  sens  actif  de  laver,  passer  dans 
l'eau.  L'un  et  l'autre  viennent  de  'broue  (forme 
masc.  breu),  qui  correspond  à  vha.  prot^prod, 
angl.  broth,  BL.  brodum,  et  qui  implique  à 
la  fois  l'idée  de  bouillon  (cp.  ail.  brûhe,  fr. 
brouet)  et  celle  de  «  écume  »  (signification 
constatée  pour  le  patois  normand  broue  et 
pour  l'angl.  froth^  doublet  de  broth.  De  là, 
d'une  part,  ébrouer,  pr.  échauder,  passer  dans 
l'eau  bouillante,  d'autre  part,  s*ebrouei\  pr. 
rejeter  l'écume  par  la  bouche  ou  les  naseaux. 
Il  faut  donc  rejeter,  pour  le  second,  l'étymo- 
logie  bravo  posée  par  Diez  et  adoptée  par 
Littré  et  moi.  Voy.  Joret,  Rom.  IX,  118.  — 
Le  primitif  germanique  signifiant  aussi  «  va- 
peur »,  ébrouer  est  de  la  même  famille  que  les 
vocables^  brouet,  brouee,  brouine,  bruine, 
brouillard  (anc.  brouilas)  et  très  probable- 
ment aussi  brouiller, 

ÉBRUITER,  faire  du  bruit  d'une  affaire; 
cp.,  pour  le  préfixe,  ail.  aus-plaudern,  m.  s. 

ÉBULLITION,  L.  ebullitio  (de  ebullire,  fr. 
ébouillir). 

ÉGâGÉER,  écraser,  anc.  escacher,  esqua- 
chier,  pic.  ecoacher,  esp.  acachar,  ctgachar, 
de  l'adj.  esp.  cacho,  qui  correspond  à  l'it. 
quatio,  prov.  quait,  et  représente  le  latin 
coactus,  comprimé.  Voy.  aussi  les  mots  cacher 
et  catir. 

ÉGÂ6NE,  portion  d'un  écheveau,  voy.  éche- 
veau. 

ÉGAILLE»  escaille*,  it.  scaglia;  d'origine 
germanique  :  goth.  scalja,  tuile,  ail.  schale, 
écaille.  Une  autre  forme  du  même  mot  est 
écale.  —  D.  écailler,  verbe;  écailler  (subst.), 
vendeur  dTiuitres  ;  écailleux. 

1.  ÉGALE,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  écaler, 
écalot. 

2.  ÉGALE  ou  ESGALE,  lieu  de  mouillage  ; 
variété  de  échelle,  m.  s.;  l'un  et  l'autre  repro- 
duisent le  lat.  scala. 

ÉGARBOUILLER.  pat.  champ,  écrabouiller, 
écacher,  broyer;  d'un  type  L.  cxcarbiculare, 
réduire  en  cendres.  A  Bruxelles,  j'entends 
nommer  scrabouilles  le  résidu  du  charbon  non 
entièrement  consumé.  Les  verbes  escarbiller 
(d'où  escarbilles)  et  escarbouiller  sont  de  sim- 
ples variétés  de  notre  mot. 

ÉGâRLATE,  escarlate",  prov.  escarlat,  it. 
scarlatto,  esp.  escarlate,  ail.  scharlach,  du 
persan  sahirldt.  —  D.  scarlatine  (fièvre), 
aussi  écarlatine, 

ÉGARQUILLER,  étymologie  inconnue.  Pour 
écartillerî  Le  fait  d'une  permutation  entre  h 
et  t  dans  des  mots  populaires  ne  serait  pas 
isolé;  nous  rappelons  la  confusion  faite  entre 
tar quais  et  carquais  (carquois),  et  fr.  quinte 
p.  ûuinque. 

ÉGâRT,  subst.  verbal  de  écarter;  voy.  aussi 
le  mot  suivant. 

ÉGâRTELER,  anc.  esquarleler,  mettre  en 
quatre  quartiers  ;  forme  dimin.  de  esquartet* 
=  it.  squartare;  de  quart,  L.  quartus.  Es- 
quarter  a  laissé  le  subst.  verbal  écart  (anc. 
esquart),  terme  de  blason,  quart  d'un  écu 
partagé  en  quatre  parties. 


ÉGâRTER,  it.  scartare,  esp.  descartar, 
d'abord  jeter  la  carte  hors  du  jeu,  puis  sépa- 
rer, éloigner  en  général;  de  L.  carta,  charta. 

—  D.  écart,  ëcartement,  écarté  (jeu  de  cartes). 

—  L'étymologie  tirée  du  jeu  de  cartes  ne 
convient,  parait-il,  qu'au  terme  de  jeu;  dans 
le  sens  d'éloigner,  détacher,  le  mot  date 
d'une  époque  bien  antérieure  au  jeu  de  cartes. 
Littré  (Suppl.)  relève  le  passage  suivant  du 
xiii°  siècle  :  »  Li  Bedoins  et  li  Sarasins  qui 
etoient  espians  entour  l'ost  quant  il  trou  voient 
qui  avoient  escarté  l'ost,  il  leur  couroient 
sus...  »  (Lettres  de  Jean  Pierre  Sarrasin, 
p.  262).  De  même  dans  Benoit,  Chron.  de 
Normandie,  9281,  on  trouve  escard  bxx  sens 
de  «  moyen  de  se  tirer  d'affaire  ».  Je  pense 
avec  Littré  que  cet  escorter  est  dérivé  de 
quart  signifiant  partie,  part.  Notez  encore  le 
vieux  terme  escart  appliqué  à  certains  droits 
mobiliers  dus  au  seigneur. 

ÉGARVER,  t.  de  marine,  joindre  deux 
pièces  de  bois  entaillées,  de  l'angl.  to  scarf, 
ail.  scharben,  m.  s.  —  Bugge  (Rom.  IV,  367) 
approuve  cette  étymologie  et  la  confirme  par 
des  termes  correspondants  des  langues  du 
Nord. 

ÉGATIR  =  caitr  (v.  c.  m.). 

EGGHYMOSE,  gr.  cxxOaw«;,  effusion  d'hu- 
meurs. 

EGGLÉSIASTE,  -IQÏÏE,  gr.  ixx^iiTia^Tii;, 
-ixoc,  dérivé  de  UA^iU,  église. 

ÉGERVELÉ,  it.  scervelîato,  évaporé,  tête 
chaude,  pr.  sans  cervelle.  Part,  du  vfr.  escer- 
vêler,  briser  la  cervelle, 

ÉGHAFAUD,  vfr.  escadafaut,  escaffaut, 
BL.  scadafaltum,  scafaldus,  Voy.  catafalque, 

—  D.  échafauder,  -âge, 

ÉGHALAS,  vfr.  escaras,  pic.  écarats,  piém. 
scaras;  selon  quelques-uns  de  scala,  échelle. 
Mieux  vaut  le  BL.  carratium,  m.  s.,  joint 
au  préfixe  es;  quant  à  celui-ci,  il  reproduit  le 
gr.  x^P*^*  pieu,  échalas.  Dans  une  charte  du 
Beau  vais  de  1158,  on  trouve  :  «  Virgas  ad 
vineas  sustentandas  que  vulgo  hescaraz  ap- 
pellantur,  »  —  D.  échalasser. 

ÉGHALIER,  anc.  eschallier,  forme  variée 
de  escalier.  Le  mot  signifie  d'abord  une  petite 
échelle  pour  passer  au-dessus  d'une  haie, 
puis  une  clôture  de  branches  d'arbre  (ayant 
la  forme  d'une  échelle). 

ÉGHALOTE,  altération  de  vfr.  eschaloigne, 
escalofie  (patois  divers  escalogne),  it.  scalogno, 
esp.  escaiona,  du  L.  cœpa  ascalonia,  ciboule 
d'Âscalon,  introduite  en  Europe  par  les  croi- 
sés; ail.  aschlauch,  eschlauch,  aussi  (d après 
le  français),  schalotte. 

ÉGHAMPIR,  réchampir,  t.  de  peinture,  dé- 
rivé de  champ  ;  pr.  faire  sortir  du  champ. 

ÉGHANGRER,  évider  en  forme  de  crois- 
sant; de  chancre  =  écrevisse,  d'après  la 
forme  de  ce  crustacé.  —  D.  échancrure. 

ÉGHANDOLE.  du  L.  scandula(sca.nàere).  — 
De  la  forme  scindula  (scindere),  l'allemand  a 
tiré  schindcl,  m.  s. 

ÉCHANGER,  prov.  escambiar,  voy.  chan- 
ger; cp.  pour  le  préfixe,  ail.  aus-tauschen. 
La  chose  échangée  sort  des  mains  de  celui 


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ÉCH 


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ÉCH 


qui  la  tenait  ;  le  préfixe  est  donc  parfaitement 
A  sa  place.  Subst.  verbal  échange. 

ÉGHANSON,  esp.  escanciano,  port,  escan- 
çâo,  BL.  scancio,  dérivés  des  verbes  vfr. 
eschancer,  esp.  escanciar,  port,  escançar.  Du 
vha.  scencan  ou  plutôt  scancjan,  verser  à 
boire,  ail.  mod.  schenken  ;  subst.  scancjo,  ail. 
mod.  mund'Schenk,  échanson.  —  D.  échati' 
sonner,  -erie. 

ÉCHANTIGNOLB  =  chantignole  (v.  c.  m.). 

ÉCHANTILLON.  Hainaut  <^can«i7/on,propr. 
morceau,  pièce,  puis  morceau  de  montre, 
étalon  de  mesure,  direct,  de  *eschantily  subst. 
verbal  de  'eschanteler,  *eschantiller  (angl. 
scantle),  mettre  en  pièces  ;  l'anc.  langue  disait 
aussi  eschantelot  (angl.  scantlet).  Quant  au 
verbe  eschanteler,  il  dérive  du  vfr.  cant, 
chant,  coin,  bordure,  morceau  (voy.  cantùie, 
canton).  —  D.  échantillonner, 

ÉGHÂPPSR,  it.  scappare,  esp.,  port.,  prov. 
escapar,  wallon  chaper^  haper;  dérivé  du 
mot  roman  cappa,  manteau.  Échapper,  éty- 
mologiquement,  c'est  se  glisser  hors  de  sa 
chape,  se  débarrasser  du  manteau,  pour  faci- 
liter la  fuite;  cp.  en  gr.  hJ^t;^%l,  pr.  se  dés- 
habiller, puis  s'enfuir.  En  dial.  champ,  j'ai 
trouvé  exuer  (L.  exuere)  =  sortir,  c'est  une 
analogie  digne  de  remarque.  Qn  ne  saurait, 
sans  faire  violence  aux  règles,  admettre  dans 
il.  scappare,  fr.  échapper,  une  altération  de 
it.  scampare,  se  sauver,  échapper,  fr.  escam- 
per  (auj.  décamper),  et  encore  moins  l'étymo- 
logie  ex'captus,  signifiant  soi*ti  de  la  capti- 
vité, posée  par  Roquefort.  —  Le  mot  échever, 
employé  par  Montaigne  pour  fuir,  est  le  vfr. 
eschever  =■  esquii>er,  et  tout  à  fait  indépen- 
dant de  échapper.  —  D.  échappée,  échappe- 
ment, échappade  ou  escapade,  échappatoire. 

ÉGHARDS.  voy.  chardon. 

ÉGHARNER,  voy.  chair. 

ÉGHÂRPE,  d'où  it.  sciarpa,  ciarpa,  esp. 
charpa,  néerl,  scaerpe,  ail.  schàrpe,  angl. 
scarf.  Dans  la  vieille  langue  escharpe,  es- 
cherpe,  escerpe  se  disaient  pour  la  poche  sus- 
pendue au  cou  du  pèlerin.  C'est  de  là  qu'on 
suppose  que  s'est  déduite  l'acception  bande 
d'étoffe  ;  l'accessoire  aurait  fini  par  emporter 
le  sens.  Quant  à  escharpe,  poche,  on- le  met 
en  rapport  avec  des  mots  germaniques  ayant 
la  même  valeur,  tels  que  :  vha.  scherbe,  Bas- 
Rhin  schirpe,  bas-ail.  schrap,  angl.  scrip. 
Nous  doutons  fort  que  le  mot  écharpe  =■  bande 
allongée,  ceinture,  soit  tiré  de  écharpe, 
poche  ;  le  prov.  esc?uii*pir  et  fr.  écharper  en 
indiquent  suffisamment  le  sens  primitif  :  cou- 
pon d'étoffe.  Quant  à  ces  verbes,  voy.  l'art, 
suiv. 

ÉGHARPBR,  vfr.  escharpir,  entailler,  puis 
tailler  en  pièces;  dim.  écharpillcr.  Peut-être 
du  simple  charpir,  d'où  charpie  (v.  c.  m.)  ; 
mais  on  peut  aussi  s'adresser,  soit  à  l'ail. 
scharf,  angl.  sharp  (ags.  scearp)^  tranchant, 
d'où  les  langues  germaniques  ont  tiré  bon 
nombre  de  verbes  signifiant  tailler,  soit  au 
néerl.  schrapen,  angl.  scrape,  gratter,  scal- 
per. 


ÉGHARS.  vfr.  escars,  ménager,  chiche,  it. 
scarso,  prov.  escars,  escas,  esp.  escaso,  néerl. 
•  schaars,  angl.  scarce.  Du  BL.  excarpsus 
(aussi  simplement  scarpsus),  participe  de 
excarpere  =  excerpere  ;  le  sens  du  mot  serait 
ainsi  •<  dont  on  a  tout  cueilli,  qui  en  est  réduit 
à  rien  ».  Donc,  d'abord  désignation  d'une 
chose  épuisée  ou  à  peu  près,  transportée 
ensuite  à  une  personne  mesquine  dans  ses 
calculs  ou  ses  dépenses.  C'est  là  l'étymologie 
proposée  par  Muratori  et  accueillie  par  Diez. 
Dans  Rathier  de  Vérone  on  trouve  scardus 
pour  avare  ;  cela  ressemble  bien  au  fr.  échars, 
mais  le  d  ne  s'accorde  pas  avec  les  formes  pa- 
rallèles indiquées  ci-dessus.  —  Le  mot  échars 
s'est  aussi  appliqué  à  une  monnaie  qui  n'a  pas 
son  titre  légal,  et  se  dit  encore,  en  termes  de 
marine,  d'un  vent  faible,  peu  prononcé. 

ÉGHâSSS,  vfr.  eschace,  wall.  écache,  du 
néerl.  schaaJts,  «  grallœ,  vulgo  scacœ,  gai. 
eschasses,  it.  zanche,  hisp.  caneos,  angl. 
skatches  •  (Kiliaen).  Aigourd'hui  les  Italiens 
disent  trampoli,  les  Espagnols  zancos.  Angl. 
shate  (=«:  scotche)  et  néerl.  schaets  signifient 
patin.  —  D.  échassier. 

ÉGHAÏÏBOÏÏLER,  probablement  de  chaude 
boule  {poule  =  bulle).  Les  dialectes  disent 
encore  chaudebouillure  ou  chaubouillure,  — 
D.  échaubotUure. 

ÉGHAIJDSR,  L.  ex-ccddare,  it.  scaldare, 
prov.  escauder,  angl.  scald,  voy.  chaud.  — 
D.  échaudé,  petit  gâteau  de  pâte  échaudée, 
dœufs,  de  beurre  et  de  sel. 

ÉGHAUFFER,  vfr.  eschaufer,  voy.  chauf- 
fer.  —  D.  échauffement,  -aison,  <ire;  cps. 
réchauffer. 

ÉGHAUFPOURÉB  (le  peuple  dit  échaffbu- 
rée)\  mot  difficile  à  expliquer.  Littré  cite  non 
seulement  deux  passages  de  Rabelais  où  l'on 
trouve  le  verbe  chauffburer  employé,  paraît- 
il,  dans  le  sens  de  salir,  maculer,  et  un  de 
Montaigne,  où  on  lit  :  «  l'idée  de  leur  amen- 
dement est  chauffburée  »,  mais  il  allègue 
encore  un  passage  de  Brantôme  qui  offre  le 
composé  escafourer  («  j'ai  délibéré  de  n'«ca- 
.  fourer  mon  papier  de  si  petites  personnes  »). 
«  Échauffourée,  dit  Littré,  vient  sans  doute 
de  ce  verbe,  mais  chaufourer,  d'où  vient-il? 
Le  verbe  fourrer  paraît  bien  y  être  ;  quant  au 
préfixe  cha  ou  chau,  on  peut  croire  que  c'est 
l'adjectif  chaud  :  fourrer  dans  le  chaud,  c'est- 
à-dire  dans  le  feu,  de  manière  pourtant  à 
s  en  retirer,  à  ne  pas  y  périr  ».  Cette  expli- 
cation  de  chauffourcr  ne  cadre  guère  aVec  les 
exemples  cités,  et  l'origine  de  notre  sub- 
stantif doit  s'expliquer  autrement.  Au  fond, 
il  ne  dit  autre  chose  que  «  entreprise  faite 
dans  un  mouvement  de  colère,  d'emportement, 
de  chaleur;  pourquoi  le  séparerions-nous  du 
vfr.  eschauffeure,  eschauffure  (variantes  de 
eschauffaison),  par  Tintermédiaire  d'un  verbe 
eschauffourer,  mettre  en  chaleur?  Froissart 
(Chron.  IV,  273,  éd.  Luce,  ms.  de  Rome)  em- 
ploie eschaufée  au  même  sens  que  le  mot  qui 
nous  occupe.  Restent  toujoure  à  éclaircir  les 
verbes  employés  dans  les  passages  cités  ci- 
dessus  par  Littlré. 


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ECU 


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ÉCH 


ÉGHâUOITETTS,  vfr.  eschargaite  (d'où  d'a- 
bord eschalguettey  puis  eschauçuette),  signi- 
fiait en  premier  lieu  une  troupe  qui  fait  senti-  ' 
nelle,  puis  sentinelle  isolée,  puis  guérite  (pour 
cette  filiation  de  sens,  op.  corps  de  garde, 
d'abord  troupe,  puis  le  lieu  où  elle  se  tient). 
Escargaite,  6L  scaraguayta,  reproduit  fidèle- 
ment Tall.  schaartoacht,  troupe-sentinelle 
(voy.  guet).  En  wallon,  l'on  dit  encore  scar- 
waiter  pour  être  aux  aguets. 

iCHÂULER,  cp.  chauler,  de  chaux, 

ÊGHE.  amorce»  L.  esca. 

ÉCHÉANCE,  subst.  tiré  do  échéant,  part, 
de  escheoir\  échoir  (v.  c.  m.). 

ÉCHSC  (jeu  d!échecâ),  vfr.  plur.  eschacs, 
eschas,  eschics;  it.  scacco,  esp.,  port,  xaque, 
prov.  escac,  BL.  scaccus,  ail.  schach.  Les  lin- 
guistes hésitent  encore  entre  deux  étymolo- 
gies.  Les  uns  (parmi  eux  Ducange  et  Diez) 
voient  dans  ce  mot  le  persan  schach,  roi,  le 
roi  étant  la  pièce  principale  du  jeu.  En  faveur 
de  cette  opinion  on  se  fonde  surtout  sur  ce  que 
plusieurs  des  noms  des  figures  du  jeu,  usuels 
dans  l'anc.  langue,  ont  incontestablement  une 
origine  orientale  /p.  ex.  fierce,  la  reine,  aufin, 
le  fou,  roc,  la  tour).  D'autres  reconnaissent 
dans  le  jeu  d'échecs  la  traduction  de  l'ex- 
pression ludus  latrunculorum,  en  usage  chez 
les  Grecs  et  les  Romains  et  d'origine  orientale. 
Les  particularités  que  nous  possédons  sur  ce 
jeu  antique  ne  permettent  aucun  doute  sur 
l'analogie  qu'il  présente  avec  le  jeu  d'échecs. 
Il  se  peut  donc  fort  bien  que  l'expression  même 
se  soit  transmise  au  moyen  âge.  Ec?iec  serait 
donc  un  nom  correspondant  par  sa  valeur  à 
latruncidus,  voleur.  Pour  établir  cette  cor- 
respondance, les  partisans  de  l'étymologie 
dont  nous  parlons  prennent  eschac,  jeu,  pour 
identique  avec  le  vfr.  eschac,  eschec,  prov. 
escac,  BL.  scacus,  qui  signifiait  butin,  prise, 
et  qui  vient  du  vha.  scah,  m.  s.,  mha.  schach 
(d'où  l'ail,  schàcher,  larron),  hoU.  schaak.  En 
flamand  schaeken  signifie  à  la  fois  jouer  aux 
échecs,  et  enlever,  ravir,  voler.  Cachet,  qui 
incline  pour  cette  dernière  étjmologie,  fait 
encore  ressortir  la  circonstance  que  le  mot 
persan  schach,  roi,  ne  servit  pas  à  désigner 
en  Europe  la  pièce  principale  du  jeu  et  que 
les  trouvères  donnent,  au  contraire,  le  nom 
échec  à  toutes  les  autres  pièces,  même  en 
opposition  avec  le  roi.  Quant  à  l'expression 
échec  et  mat  (pour  le  sens,  elle  correspond  aui 
termes  latins  alligatus,  ou  incitus,  ad  incitas 
redactus),  on  ne  saurait  lui  contester  sa  pro- 
venance orientale  ;  elle  reproduit  trop  mani- 
festement la  formule  persane  schach  mat. 
C'est  d'elle  que  découle  le  sens  figuré  donné 
au  subst.  échec,  savoir  celui  de  mauvais  coup 
de  fortune,  défaite,  et  les  locutions  tenir  en 
échec,  donner  échec. —  D.  échiquier  (v.  c.  m.), 
échiqueté  (v.  c.  m.). 

ÉCHELLE,  vfr.  eschele,  du  L.  scala  (p. 
scad'la,  de  scander e).  Dans  le  terme  de  ma- 
rine faire  échelle  (aussi  école,  escale),  le  mot 
échelle  «-  port  de  mouillage,  se  rapporte  au 
même  primitif.  L'échelle  est  essentielle  pour 
relâcher  dans  un  port.  —  D.  éch dette;  éche- 


lon, degré,  bâton  d'échelle;  verbe  écheler. 
Sont  d'une  origine  plus  moderne  et  tirés  soit 
des  langues  du  Midi,  soit  directement  du 
latin  :  escalier  et  escalade,  it.  sccUaia. 

ÉCHELON,  voy.  échelle.  —  D.  échelonner, 
ranger  en  échelons. 

ÉCHEVEAU,  anc.  eschevet,  dim.  du  vfr. 
eschief.  La  chose  désignée  par  ce  dernier  et  la 
définition  que  lui  donne  Nicot  «  spira  filaoea, 
orbis  filaceus  »  font  préférer  l'étymologie  pro- 
posée par  Diez,  savoir  L.  scapus,  rouleau,  & 
celle  de  cheoel,  cheveu  =  L.  capiUus.  Le 
même  primitif  scapus  a  donné  échevette,  petit 
écheveau  (=  it.  mod.  sgavetta)  et  vfr.  escha- 
voir,  dévidoir.  Chevallet  s'est  mépris  en  met- 
tant ces  mots  sur  la  même  ligne  avec  vfr. 
cschagne,  cscaigne  (auj .  écagne,  angl.  shain), 
qui  signifient  «  partie  d'un  écheveau  »,  et  qui 
procèdent  d'un  primitif  celtique. 

ÉCHEVELÉ,  voy.  cheveu. 

ÉCHEVETTE,  voy.  écheveau. 

ÉCHEVIN,  it.  scabino,  schiavino,  esp.  esda- 
vin,  BL.  scabinus.  D'origine  germanique  :  v. 
saxon  scepeno,  vha.  sceffeno,  scheffen,  nha. 
schôffe.  Tous  ces  vocables  se  rattachent  au 
verbe  schaffen  (bas-ail.  schapen),  régler,  soi- 
gner, administrer. 

ÉCHIF,  voy.  esquiver. 

ÉCHI6N0LE,  espèce  de  bobine  ou  fuseau 
qui  sert  à  dévider  ;  nous  tenons  ce  mot  pour 
un  dérivé  de  escaigne,  indiqué  sous  écheveau 
(cp.  pour  la  voyelle,  chignon  de  chaîne). 

ÉCHINE  (forme  variée  :  esquiné),  it.  schiena, 
esp.,  esquena,  prov.  esquena,  esquina.  L'éty- 
mologie L.  spina  est  rejetable  aux  yeux  de 
Diez  parce  que  d'un  côté  la  mutation  sp  en  se, 
sq  ne  se  produit  pas  dans  les  idiomes  néo- 
latins de  l'Ouest,  et  que,  d'autre  part,  Vi 
long  de  spina  ne  peut  se  convertir  en  e  ou  te. 
Toutes  les  formes  romanes  s'accordent  parfai- 
tement, selon  lui,  avec  le  vha.  skina,  aiguille, 
piquant  (cp.  le  L.  spina,  qui  signifie  égale- 
ment à  la  fois  épine  et  échine).  —  D.  échiner, 
rompre  l'échiné  ;  échinée,  partie  du  dos  d'un 
cochon. 

ÉCHIQUETÉ,  divisé  en  carrés  semblables  & 
ceux  d'un  échiquier;  forme  diminutivc  de  vfr. 
eschequié. 

ÉCHIQUIER,  anc.  eschequier,  tableau  pour 
jouer  aux  échecs  (v.  c.  m.),  cp.  en  latin  tabula 
latruncularia.  La  magistrature  d' Angleterre 
et  de  Normandie,  désignée  par  ce  mot  (BL. 
scacarium),  a-t-elle  tiré  son  nom,  comme 
le  pensent  Diez  et  beaucoup  d'autres,  du  pavé 
en  forme  d'échiquier  de  la  salle  où  elle  tenait 
ses  séances,  ou  du  bureau  même  autour  du- 
quel siégeaient  les  juges  et  sur  lequel  on  met- 
tait un  tapis  quadrillé  ?  Nous  ne  nous  pro- 
noncerons pas  à  cet  égard.  Cachet  est  d'avis, 
ici  encore,  de  remonter  au  primitif  eschac, 
butin  ;  maistredel  eschekier,  phrase  employée 
dans  le  Livre  des  Rois  avec  le  sens  de  «  super 
tributa  praepositus  »,  aurait,  selon  Jui,  si- 
gnifié d'abord  préposé  à  la  garde  du  butin, 
puis  receveur  des  tributs  et  des  impôts.  Au- 
jourd'hui on  appelle  encore  en  Angleterre  ex- 
chequer  l'administration  du  trésor  royal,  la 


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ÉCL 


469  — 


ECO 


cour  des  finances  ;  les  bons  du  trésor  sont  des 
billets  de  Véchiqitier.  Chevellet  déduit  le  mot, 
dans  son  sens  financier,  de  l'allemand  schatz 
(ags.  sceat,  gotli.  skatt),  argent,  trésor.  C'est 
incontestablement  une  erreur. 

ÉCHO,  L.  écho,  gr.  rjx^t,  —  D.  échoïque. 

ÉCHOIR,  anc.  escheoir,  représente  L.  eocca- 
dére  (p.  excadëre),  comme  choir  (v.  c.  m.)  re- 
présente cadêre;  part.  prés,  échéant,  doù 
subi^t.  échéance. 

ÉCHOHS  (p.  échaum^t  t.  de  marine,  it. 
seaimo,  scarmo,  du  L.  scalmits,  tolet. 

1.  ÉCHOPPE,  BL.  scopa,  petite  boutique, 
bas-ail.  schupp,  néorl.  schop,  nha.  schoppen, 
et  schuppen,  angl.  shop. 

2.  ÉCHOPPS,  espèce  de  burin,  anc.  escho- 
pie,  altération  du  vfr.  eschalpre,  qui  est  le  L. 
scaîprum,  lancette,  scalpel,  esp.  escoplo,  port. 
escopro. — D.  échopper,  vfr.  eschopler, 

ÉCHOÏÏBR;  d'origine  incertaine.  Du  L.  sco- 
pus,  primitif  de  scopulus,  écueil?  ou,  comme 
propose  Diez,  du  L.  cautes,  rocher?  —  D. 
échouement;  cps.  déchouer  et  dés-échouer. 

ÉCLABOUSSER,  modification  de  l'anc. 
forme  esclaboter,  encore  usuelle  dans  les  patois. 
L'explication  par  «  éclat  de  boue  »  (Ménage 
et  autres)  n'est  pas  sérieuse  ;  il  faut  un  thème 
esclab.  Or,  ce  thème  se  trouve  dans  l'allemand 
schlabbem,  lapper,  baver,  jeter  de  la  bave, 
souiller;  Gœthe  &  »  bis  Uber  die  ohren  mit 
hoth  beschlabbert  »,  couvert  de  boue  jusque 
par-dessus  les  oreilles.  —  Littré  est  porté  à 
voir  dans  esclaboter  une  ••  transformation  ir- 
régulière de  l'anc.  verbe  esclafer,  signifiant 
éclater  et  dont  le  radical  claf  ou  clif  se 
trouve  sans  doute  dans  cli foire  «*. 

ÉCLAIR,  pr.  lumière  vive,  subst.  dérivé  de 
éclairer,  comme  L.  fulgur,  fuïmen,  de  ful- 
gere;  cp.  champ  îume^\  faire  des  éclairs,  du 
L.  luminare;  ailleurs  écloise  de  exlucere, 
angl.  lightening  de  light,  vha.  blig  (auj.  blitx) 
de  blikhen,  briller,  étinceler. 

ÉCLAIRGIR,  forme  inchoative  (factitive)  de 
Tadj .  clair,  cp.  din^ir,  noir<ir,VQj.  accourcir. 

ECLAIRER,  it.  schiarare,-^  L.  eoHilarare. 
—  p.  éclairage,  -eur, 

ÉCLANCHE,  épaule  de  mouton  (selon  d'au- 
tres définitions,  gigot  de  mouton;  l'Acadé- 
mie, depuis  1835,  s'est  prononcée  pour 
épaule).  Ghevallet,  se  fondant,  je  suppose,  sur 
l'acception  gigot,  indique  le  vha.  scinca,  ail. 
mod.  schinken,  angt.  shanh,  jambe,  jambon; 
il  tient  la  lettre  /  pour  euphonique.  Génin 
consacre  à  notre  mot  plusieurs  pages  de  ses 
Récréations  philologiques  et  s'attache  à  dé- 
montrer qu'il  désigne  la  partie  gauche,  ce  qui 
revient  à  dire  la  partie  antérieure,  donc 
l'épaule,  de  l'animal  et  qu'il  représente  l'anc. 
adj.  fém.  esclenche  =  gauche.  Ce  dernier, 
dont  Génin  ne  donne  pas  l'étymologio,  est  le 
néerl.  slink  (ail.  link),  gauche.  On  a  pensé 
aussi  au  vha.  hlanca,  fianc,  mais  ce  primitif 
est  contraire  à  la  lettre.  —  Baist,  alléguant 
rit.  lacchetta  et  l'esp.  camero  (dérivé  de  crena), 
qui  traduisent  le  fr.  éclanche,  pose  pour 
étjmon  le  fr.  cran,  entaille  (par  un  verbe  es- 
crancher,  d'où  esclancher). 


ÉCLATER,  prov.  esclatar,  it.  schiattare\ 
schiantare,  se  fendre,  se  rompre,  se  briser 
par  éclats  et  avec  bruit;  du  vha.  slcizan  (ail. 
mod.  schleisSen,  schlitzen),  *=  ags.  slitan 
(aussi  slaetan),  angl.  slit  La  correspondance 
de  la  diphthongue  vha.  ci  avec  la  voyelle  fr,  a 
est  le  fait  d'une  règle  commune,  et  5/  initial 
germanique  est  souvent  roraanisé  par  sel.  — 
Le  même  mot  exprimant  un  mouvement  subit 
(propr.  une  rupture,  une  scissure)  accompa- 
gné de  bruit,  et  frappant  la  sensibilité  audi- 
tive, a  été  transporté,  comme  il  arrive  sou- 
vent, dans  le  domaine  de  la  sensibilité  visuelle. 
Le  même  vocable  signifiant  frapper  l'ouïe  a  servi 
pour  signifier  frapper  la  vue.  On  dit  donc, 
aussi  bien  de  la  lumière  que  du  son,  qu'elle 
éclate.  —  Nous  sommes  loin  de  contester  l'éty- 
mologie  ci  dessus  établie  pour  éclater;  elle  est 
conforme  aux  principes  phonologiques.  Ce- 
pendant, ne  pourrait-on  pas  aussi  bien  ratta- 
cher eS'Clater,  en  tant  que  signifiant  bruit,  à  la 
racine  klat  d'où  le  néerl.  klateren  =»  strepere, 
fragorem  edere?  Le  préfixe  es  serait  le  ex  in- 
tensif, ou  bien  même  le  ex  marquant  mouve- 
ment du  dedans  au  dehors.  Les  idées  rupture 
et  bruit,  du  reste,  sont  corrélatives;  logique- 
ment il  vaudrait  mieux  partir  d'un  verbe 
marquant  rupture  (cp.  L.  fragor,  d'abord  bri-  ^ 
sure,  puis  son  éclatant),  mais  la  transition  in- 
verse se  rencontre  aussi  dans  crepare,  d'abord 
faire  du  bruit,  puis  crever.  En  picard,  efc/a*cr 
s'est  régulièrement  modifié  en  ëclager,  vorbo 
qui  exprime  la  disjonction  des  douves  d'un 
tonneau  par  l'oflet  de  la  chaleur  (cp.,  pour  la 
forme,  dilaiare,  fr.  dilayei*).  —  D.  éclat  de 
bois,  de  voix,  de  lumière;  adj.  éclatant. 

ÉCLECTIQUE  (d'où  éclectisme),  gr.  U)ti^Tip.6'„ 
de  ftyf>è-/uv,  choisir. 

ÉCLIÉ,  qui  se  rompt,  qui  éclate,  vfr.  esclier, 
briser,  d'où  aussi  subst.  verbal  écli  ;  de  l'ags. 
slitan  =  vha.  sleizan  (voy.  éclater). 

ÉCLIPSE,  L.  eclipsis,  du  gr.  (xlei|i;.  pr. 
manque,  défaut.  —  D.  éclipser,  faire  dispa- 
raître, mettre  dans  l'ombre,  effacer.  —  Éclip- 
tique,  gr.  è*iïnrri/.o';. 

ÉCLISSE,  vfr.  esclice,  pic.  éclèche,  propr. 
morceau  de  bois  plat,  puis  osier  fendu,  etc., 
voy.  clisse. 

ÉOLOPÉ,  voy.  cloper. 

ÉCLORE,  esclorre*  (part,  éclos),  prov.  es- 
claurc,  du  L.  exclaudere',  faire  sortir.  Le 
verbe  n'a  plus  aujourd'hui  que  le  sens  neutre. 
La  forme  vraiment  latine,  ex-cludere,  a  donné 
exclure  ;  le  môme  rapport  existe  entre  enclore 
eiinclure.  —  D.  éclosion. 

ÉCLUSE,  esp.  esclusa,  néerl.  sluis,  ail. 
schleuse,  du  BL.  exclusa,  .schisa,  subst.  de 
excludere  (part,  exclusus),  défendre  l'entrée. 
Donc  litt.  =  retenue  d'eau.  —  D.  éciuser, 
éclusier,  éclusée. 

ÉCOBUER,  terme  d'agriculture;  la  pre- 
mière opération  de  l'écobuage,  c'est  enlever 
d'un  terrain  couvert  d'herbes  des  parties  de 
plusieurs  pouces  d'épaisseur,  à  l'aide  d'un 
outil  appelé  écobiie.  D'où  vient  ce  mot?  Y  a-t-il 
communauté  radicale  entre  écobue  et  écopet 


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ECO 


—  470  — 


ECO 


ÉCŒURER,  faire  perdre  le  cœur  (le  goût), 
dégoûter. 

ÉCOFRAI,  ÉCOPROI.  établi  d'ouvrier,  vfr. 
aussi  escoffraie^'froir  ;  doit  être  une  alté- 
ration du  flamand  schap-raede  (Kiliaen  : 
promptarium,  repositorium),  anj.  schapraey. 
—  Le  mot  se  trouvant  avec  le  sens  de  bou- 
tique où  Ton  vend  du  cuir,  Littré  estime  qu'il 
tient  au  german.  schnhy  soulier;  c'est  bien 
difficile  à  admettre. 

ÉGOINÇON,  terme  d'architecture,  dérivé  de 
coin\  cp.  arçon  de  arc,  écusson  de  êcu.  Le 
préfixe  es,  é  n'a  pas  plus  de  valeur  que  dans 
échantignole,  écni ,  etc. 

ÉCOLE,  L.  schola.  —  D.  écolier,  L.  scho- 
laris  ;  écolâtre,  L.  scholasticus  (r  euphonique, 
cp.  rustre  de  rusticus)\  écoler',  enseigner, 
d'où  écolage. 

ÉCONDUIRE,  litt.  conduire  hors,  éloigner; 
de  bonne  heure  le  mot,  quant  à  sa  valeur, 
s'est  confondu  avec  l'anc.  verbe  es-condire 
(type  lat.  ex-condicere),  refuser,  débouter. 

ECONOME,  L.  œconomus,  du  gr.  ol/.ovo>9«, 
qui  gouverne  le  ménage.  —  D.  économie, 
ique,  'iste;  économiser, 

ÉCOPE,  aussi  escope,  escoupe;  d'origine 
germanique  :  néerl.  shop,  ail.  schuppe,  angl. 
seonp,  m.  s. 

ÉGOPERCHE  ou  escoperche,  t.  d'arts  et 
métiers  ;  d'après  Littré,  de  escot  (morceau  de 
bois)  -\-  perche,  L'anc.  langue  présente  les 
formes  escoberge,  escorherge,  escouberge  au 
sens  de  «  petite  perche  de  bois  scié  ». 

ÉCORCE,  prov.  escorsa,  it.  scorza.  On  peut 
faire  venir  ces  mots  soit  de  la  forme  adjecti- 
vale L.  scortea,  de  cuir  (cuir  et  écorce  ont 
souvent  la  même  appellation),  soit  du  L.  cor- 
tex, corticis,  avec  s  prépositif,  représentant 
un  préfixe  ex,  ajouté  sous  Tinfluence  d'un 
verbe  ex-corticare,  écorcer.  J'incline  pour  la 
dernière  dérivation.  —  D.  direct  du  fr. 
écorce  :  verbe  écorcer,  —  De  cortex,  par  l'in- 
termédiaire de  l'adj.  corticeus,  dérivent  les 
formes  it.  corteccia,  esp.  corteza,  port.  c<yr- 
tiça,  signifiant  également  écorce  ;  puis  les 
verbes  it.  scorticare,  prov.  escorgar  (a.  prov. 
escourtega),  esp.,  port,  escorchar,  fr.  6cOR- 
CHER.  qui  tous  répondent  au  L.  excorticare. 
La  forme  française,  surtout  en  présence  des 
mots  similaires  des  autres  langues,  ne  peut  se 
déduire  de  excoriare;  ce  dernier  a  donné 
escourger  (v.  c.  m.)  ou  écourger, 

ÉOORCHER,  voy.  écorce. 

ÉCORE,  et  par  altération  accore,  terme  de 
marine,  lieu  abrupt  sur  la  cAte,  représente 
l'ags.  score,  angl.  shore,  rive,  propr.  le  lieu 
où  la  terre  est  coupée,  cp.  néerl.  schorre,  pr. 
ruptura,  scissura.  Pour  le  sens  d'étai,  cp.  angl. 
shore,  néerl.  schoore,  appui,  étai. 

ÉCORNIFLER,  «  écorner  les  dîners,  pren- 
dre une  corne,  un  morceau  à  quelque  bonne 
table  d'autrui  »  ;  dérivé  de  fant-aisie  de  écor- 
ner (on  trouve  aussi  escornicher,  escorni- 
zer).  Il  est  difficile  de  démontrer  une  con- 
nexité  avec  le  mot  ail.  harniffel,  karnôffel, 
qui  signifie  à  la  fois  une  hernie,  et  un  célèbre 
jeu  de  cai'tes;  verbe  hamôffeln,  1.  jouer  au 


karnôffel  \  2.  rouer  de  coups.  Hildebrand,  en 
traitant  le  mot  allemand,  cite  le  verbe  angl. 
canifle,  employé  dans  le  Devonshire  pour 
flatter.  —  L'étymologie  de  Ménage  mérite 
bien  une  mention  pour  sa  singularité.  Les 
Grecs  ayant  nommé  les  parasites  des  nôpmi, 
c'est-à-dire  des  corbeaux,  il  veut  qu'^corwt- 
fler  tienne  de  ex-corniculare  (rad.  cornix, 
corneille).  C'est  pousser  un  peu  loin  l'esprit 
d'analogie.  —  D.  écarni fleur,  -erie. 
ÉCOSSER,  voy.  cosse. 

1.  ÉCOT,  escot\  it.  scotto,  esp.,  port,  es- 
cote,  prov.  escot,  BL.  ïscotum,  contribution, 
taxe,  cens.  C'est  le  même  mot  que  le  v.  fri- 
son skot,  angl.  scot,  shot,  gaél.  sgot,  ail. 
schoss,  qui  tous  ont  la  signification  impôt, 
contribution.  Tous  ces  mots  se  rapportent  à 
la  racine  germanique  skût  (ail.  mod.  schies- 
sett),  dont  l'idée  radicale  est  «  sortir,  faire 
sortir  ».  Cp.  l'ail,  ziurschuss,  contribution, 
écot  supplémentaire. 

2.  ÉCOT,  tronc  d'arbre  mal  dépouillé  de 
ses  menues  branches,  du  vha.  scujz,  nha. 
schoss,  angl.  shoot,  pousse,  branche.  Mot 
congénère  avec  le  précédent. 

ÉCOUER,  escoer,  couper  la  queue  (vfr. 
coue).  , 

ÉGOUPLE,  sorte  de  milan.  Diex  pense  que, 
puisque  les  oiseaux  de  proie  ont  donné  le 
nom  à  diflTérents  engins  de  guerre,  il  se  pour- 
rait bien  aussi  qu'une  arme  de  guerre  ait 
prêté  le  sien  à  un  oiseau  de  proie  ;  il  propose 
donc,  dans  notre  cas,  l'ail,  schupfer,  nom 
d'une  ancienne  arme  à  projectiles,  qui  répond 
parfaitement  à  escofle,  écoufle.  Pour  r  changé 
en  /,  cp.  crible  de  cribrum,  temple  (tempe) 
de  tempora,  eschople*  de  scalprum.  Le  breton 
skoul,  m.  s.,  allégué  par  Chevallet,  répugne 
à  la  lettre  du  mot  français. 

ÉCOULER,  composé  de  couler,  litt.  «»  ex- 
colare,  logiquement  =  effluere,  ail.  aus-fUes- 
s  en. 

ÉOOUROEON,  voy.  escourgeon. 

ÉCOURTBR,  it.  scurtare,  =  L.  ex-curtare*, 
voy.  court, 

1 .  ÉCOUTE,  lieu  où  l'on  écoute, 

2.  ÉCOUTE,  it.  scotta,  esp.  escota,  terme  de 
marine,  espèce  de  cordage,  du  suéd.  skot, 
néerl.  schoot,  ail.  schote,  m.  s.  ^ 

ÉCOUTER,  anc.  escouter,  escolter,  ascouter, 
it.  ascoltare,  seoUare,  prov.  escoutar,  du  L. 
auscultare,  gâté  en  ascûltare.  Les  médecins 
ont  tiré  du  même  verbe  latin  le  terme  savant 
ausculter.  —  D.  écoute,  1.  action  d'écouter; 
2.  lieu  où  l'on  écoute,  petite  loge. 

ÉCOUTILLE,  esp.  escotilla,  angl.  scuttle; 
Wedgwood  rapporte  le  mot  à  l'esp.  escotar, 
couper  en  forme  de  croissant,  échancrer  (le- 
quel verbe  dérive,  d'après  Diez,  du  goth. 
skaut,  vha.  scoz,  ail.  schoss,  flexion,  giron, 
sein)  ;  Mahn  le  dérive  de  écoute,  lieu  où  l'on 
écoute,  à  cause  de  la  communication  que  les 
écoutilles  sont  destinées  à  établir  entre  deux 
étages  d'un  vaisseau.  Littré  dit  q\i*escoutiUe 
a  signifié  le  panneau  qui  recouvre  l'ouver- 
ture; si  c'est  bien  là  le  premier  sens,  on 
serait  tenté  d'indiquer    le  néerl.   sckuUen, 


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ÉCR 


—  171  — 


ECU 


fermer,  obstruer,  angl.  shut,  subst.  néerl. 
schut,  ail.  schiitZt  protection.  —  D.  écoiUil- 
lon. 

ÉCOUVBTTB,  petit  balai  ;  ^co?/m7/on,  linge 
ou  peau  à  nettoyer;  diminutifs  du  vfr.  es- 
couve,  vergette,  balai,  prov.  esroba,  qui  est 
le  L.  scopa,  menue  branche,  ramille  ;  dans  la 
Vulg.  =  balai. 

ÉGftAIGKE,  aussi  ecraine^  escrenne,  anc. 
hutte  recouverte  de  paille  et  de  gazon,  dans 
laquelle  les  femmes  'allaient  passer  la  veillée 
pendant  l'hiver.  De  l'ail,  schranne  (vha. 
scra7ina),  clôture  de  treillis,  hutte,  chau- 
mière. On  a  aussi  proposé  une  origine  du  L. 
scrinium,  coffre  (d'où  fr.  écrin  et  ail.  schrein), 
dont  le  sens  est  voisin  de  c«lui  de  hutt-e. 

ÉORAN,  escran',  escren\  escranne,  selon 
les  uns  du  vha.  scranna^  mentionné  sous 
Tart.  préc,  selon  les  autres  de  Tall.  schragen, 
tréteau  à  pieds  croisés  (cp.  flan  de  l'ail. 
fladen).  Pour  admettre  l'étymologie  de  M.  de 
Chevallet,  savoir  le  vha.  scerm,  abri,  ail. 
mod.  schirm,  il  faut  supposer  les  transforma- 
tions suivantes  :  scerm,  screm,  scren,  scran, 
écran.  L'angl.  screen  paraît  tiré  du  mot 
français  sous  l'influence  de  scrimum,  écrin. 
Wedgwood  cite  le  bohème  chranili,  schraniti, 
garder,  protéger. 

ÉGRANGHER,  effacer  les  faux  plis  d'une 
étoffe;  dérivé  de  cran,  pur  un  type  excreni- 
care;  une  forme  variée  est  é<dancher. 

ÉCRASER,  mot  d'origine  germanique  : 
nord,  krassa,  triturer,  suéd.  hrasa,  écraser, 
angl.  crash  etcrush, 

ÉGREVISSS,  escredsse,  d'un  thème  ren- 
forcé scrab  p.  crab;  cp.  vha.  chrepas  (ail. 
mod.  hrebs)\  en  wallon  du  Hainàut,  on  dit, 
gracicJie,  à  Namur,  gravase;  le  vfr.  disait 
aussi  crecice.  —  Pour  le  groupe  initial  scr  p. 
cr  ou  gr,  cp.  en  angl.  grabble,  griffonner  (= 
ail.  krabbeht)  et  scrabble,  m.  s.  Voy.  aussi 
Tart.  écrit. 

ÉGRIER  (S'),  voy.  crier.— Pour  le  préfixe, 
cp.  L.  eX'Clamare,  ail.  aus-rufen. 

ÉGRILLE,  prob.  une  mauvaise  prononcia- 
tion p.  égrille  (le  mot  dit  la  même  chose  que 
égriUoir)\  j'y  vois  un  subst.  verbal  d'un  verbe 
es-griller,  retenir  par  une  grille. 

EGRIN,  it.  scrigno,  angl.  shrine,  ail. 
schrein,  du  L.  scrinium,  pr.  meuble  pour 
conserver  des  objets.  De  l'ail,  schrein,  caisse, 
armoire,  vient  fiXl.  schreiner,  menuisier,  si- 
gnification qu  avait  également  le  vfr.  escrimer 
(rouchi  ecrenier). 

ÉGRIRE,  escrire*,  L.  scribere,  scrib're.  — 
D.  écrit,  L.  scriptum,  dim.  écriteau,  vfr. 
escriptel,  BL.  scriptellum;  écritoire,  L.  scrip- 
torium;  écriture,  L.  soriptura;  écrivain,  BL. 
scribanus,  p.  scriba;  éa'ivailîer,  -eur,  -erie; 
écrivassier;  écriveur;  écriveux  (M™*  de  Se  vi- 
gne). 

1.  BGROU,  anc.  écroue,  trou  pour  faire 
passer  une  vis.  On  rapporte  généralement  ce 
mot  à  l'ail,  schrube,  schraube,  vis,  mais  Diez 
est  davis  que  ce  primitif  aurait  déterminé 
une  forme  fr.  écrue  ou  écru;  il  préfère  L. 
scrobis,  fosse,  cavité  (dont  la  connexité  avec 


ags.  scrac.f,  scraefe,  scrufie,  suéd.  ski*iibb, 
cavité,  ne  saurait  ôtro  méconnue).  L'angl. 
screvo,  vis,  parait  venir  du  français.  Dans  cette 
langue  ou  distingue  female  screw  =  écrou 
(cp.  d\\.schraubenmutter)etmal€Screvo^=='y\^. 

2.  ÉGROTJ,  article  du  registre  des  prisons 
indiquant  le  jour,  la  cause,  etc.,  d'un  empri- 
sonnement, d'où  écrouer,  inscrire  au  registre 
de  la  prison.  Les  exemples  cités  par  Littré 
et  Godofroy  démontrent  que  le  sens  originel 
dVcroM  (vfr.  escroe,  escroue) était  lambeau,  ban  • 
dclette,  d'où  cédule,  liste.  L'origine  reste  dou 
teuse;  l'angl.  scroU,  rôle,  liste,  ne  peut  servir 
d'étymologie  au  vfr.  escroue;  bien  au  con- 
traire, \\'edgwood  est  d'avis  qu'il  est  altéré 
d'une  ancienne  forme  escrow,  qui  reproduit 
le  mot  français;  pour  ce  dernier,  l'étymolo- 
gistc  anglais  cite  le  nord,  shra,  suéd.  skrâ, 
petit  écrit.  Pour  ma  part,  je  pense  qw'escroue 
est  identique  avec  le  flamand  schroode, 
schroye,  que  Kiliaen  définit  par  «  segmen, 
pars  abscissa,  pagella,  segmen  chartaceum, 
sceda  «,  et  qui  est  le  subst.  du  verbe  schroo- 
den,  truncare,  resecare.  —  Mon  ancienne 
conjecture,  d'après  laquelle  écrouer  serait  le 
L.  scrutari,  examiner,  doit  naturellement 
être  jotéo  par-dessus  bord. 

ÉGROÏÏELLES,  du  L.  scrobella,  dim.  de 
scrobs  (donc  pr.  fossettes  ;  allusion  aux  rava- 
ges que  font  les  écrouelles  sur  la  peau),  ou 
du  L.  scrofella,  p.  scrofula.  La  dernière  ori- 
gine, quoique  approuvée  par  Diez,  me  semble 
moins  bonne,  vu  la  grande  rareté  de  la  syn- 
cope de  1/.  Cette  syncope  se  produit,  à  la 
vérité,  dans  Estienne  et  antienne,  mais  dans 
d'autres  conditions;  c'est  là  plutôt  une  assimi- 
lation qu'une  syncope.  On  n'oserait  donc  trop 
se  reposer  sur  ces  exemples. 

ÉGROUBR,  voy.  écrou,  2. 

ÉGROÏÏES,  plur.,  autrefois  les  états  ou  rôles 
de  la  dépense  de  la  bouche  pour  la  maison  du 
roi;  c'est  le  même  mot,  à  la  forme  féminine, 
qu'«^croM  2. 

éCROUIR,  battre  à  froid  un  métal  pour  le 
rendre  plus  dense;  étymologie  inconnue. 

ÉGROULER,  voy.  crouler. 

ÉGRÏÏ,  escru,  qui  n'a  pas  été  passé  &  Veau 
bouillante  ;  soie  écrue  »»  soie  naturelle.  En 
présence  du  L.  crudum  scorium,  cuir  non 
tanné,  crudum  linum,  lin  écru,  et  du  verbe 
fr.  décruer  la  soie,  on  ne  saurait  se  refuser  à 
l'étymologie  crudus.  Ècru  est  tout  bonnement 
une  variété  de  cru;  dans  la  langue  des  ouvriers, 
on  trouve  de  nombreux  exemples  de  cet  es 
prépositif,  ne  répondant  à  aucune  modifica- 
tion de  sens,  et  basé,  soit  sur  l'euphonie,  soit 
sur  une  fausse  assimilation  au  préfixe  es  ou 
é.  Ainsi  les  couvreurs  disent  échenal  pour 
chenal;  ainsi  l'on  dit  encore  indifféremment 
chantignole  et  échaniignole. 

ÉCRITES,  bois  qui  ont  crû  spontanément  ; 
f  )rmo  participiale  du  vfr.  escroistre  =  L.  ex- 
crescere. 

ECU,  escut',  bouclier,  puis  monnaie,  ainsi 
nommée  parce  qu'elle  était  chargée  de  Vécu 
du  souverain,  it.  scudo,  du  L.  scutum.  —  D. 
prov.  escudier,  it.  scudiere,  BL.  scutarius,  fr. 


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ÉDI 


—  172 


EFF 


escKyer',  écuykr,  d*abord  gentilhomme  por- 
tant Vécu  d'un  chevalier,  puis  officier  de  cour 
en  général,  particulièrement  celui  chargé  des 
écuries,  enfin  expert  dans  l'art  de  l'équitation, 
dresseur  de  chevaux.  Du  fr.  escuyer  Tanglais 
a  fait  esquive  et  squire.  —  Le  mot  écusson 
(v.  c.  m.)  répond  à  un  type  latin  scutio  (cp. 
L.  arcus,  arcio,  =^  fr.  arc,  arçon).  Vient  en- 
core d'écu  :  le  vieux  terme  écuage=  BL.  scu- 
tagium. 

ÉGUBIER,  aussi  écubdn  (Littré  cite  encore 
les  formes  équibien,  escouvan  et  escouve); 
d'origine  inconnue.  Le  mot  est  sans  doute 
connexe  avec  l'angl.  scuppers,  trou  par  où 
l'eau  se  décharge. 

ÉCTJEIL,  prov.  escuelh,  it.  scoglio,  esp. 
escolio,  du  L.  scopulus  {vxônûoi). 

ÉCTJELLS,  escuelle*,  prov.  escudela,  it. 
scodella,  du  L.  scutelïa,  dimin.  de  scutra,  — 
Jadis  on  prononçait  es-cu-elie. 

ÉCULER,  voy.  cul. 

ÉCUME,  it.  schiuma,  aussi  scutna,  sguma, 
esp.,  port.,  prov.  escuma,  du  vha.  scûm, 
nord,  skûm,  gaél.  sgùm,  m.  s.  L'étymol.  L. 
spuma  est  aussi  insoutenable  que  celle  de 
spina  attribuée  à  échine,  —  D.  écumer;  le 
sens  figuré  de  ce  verbe  :  «  prendre  çà  et  là, 
butiner  »,  a  donné  lieu  au  terme  écumer  les 
mers  (d'où  écumeur  de  mers,  pirate). 

ECURER,  escurer*,  it.  sgurare,  esp.  escu- 
rar,  du  type  latin  excurare;  donc  un  renfor- 
cement de  curer,  soigner,  tenir  propre.  On 
pourrait  ramener  aussi  le  mot  aux  verbes 
germaniques  ail.  scheuem,  néerl.  schuren, 
angl.  sœur,  mais  Dicz  tient  plutôt  ces  der- 
niei's  pour  empruntés  au  latin.  —  D.  récurer. 

ECUREUIL.  escureuiV,  prov.  escurol,  angl. 
squirrel,  du  BL.  scuriolus,  altéré  du  L.  sciu- 
rulus,  dim.  do  sciurus  (jr-hupoi)  L'it.  scofat- 
tolo  accuse  de  même  un  primitif  latin  scurius 
p.  sciurus. 

ECURIE,  escurie*,  escuyrie*,  prov.  escuria, 
escura,  du  vha.  sciira,  skiura,  BL.  scuria 
(Loi  salique)  =  stabulum  (ail.  mod.  scheuer, 
grange).  —  Littré  pense,  avec  raison,  que  la 
forme  en  rie  du  mot  français  escurie  (qui  n'est 
pas  très  ancien)  s'est  produite  sous  l'influence 
à*escuyer;  il  se  fonde  surtout  sur  l'it.  scu- 
deria,  écurie,  qui  évidemment  vient  do  scu' 
diere,  écuyer. 

ÉCUSSON  (d'où  l'angl.  scutcheon),  voy.  écu; 
sign.  1.  écu  d'armoiries.  2.  en  horticulture, 
petit  morceau  d'écorce  d'arbre,  taillé  en  écus- 
son et  portant  un  œil  ou  bouton,  que  l'on 
enlève  pour  l'appliquer  ou  l'enter  sur  le  bois 
d'un  arbre  ;  de  là  le  verbe  écussonner  =  gref- 
fer. 

ÉCUTER,  voy.  écu.  —  D.  écuyèrc, 

ÉDEN,  mot  hébraïque  (signifiant  pr.  délice), 
nom  du  lieu  de  séjoiu»  des  premiers  hommes, 
paradis  terrestre,  auj.  employé  au  fig.  pour 
lieu  plein  de  charmes.  —  D.  édénien. 

ÉDIFICE,  vfr.  edefce,  du  L.  œdificium. 

ÉDIFIER,  vfr.  edefier,  du  L.  œdificare  (= 
»dem  facere),  doù  tedificator,  -atio.  fr.  édi- 
ficateur,  -ation.  Le  sens  figuré,  religieux,  de 


ces  termes  est  également  propre  à  lanalogue 
allemand  erbauen. 

ÉDUiE.  L.  œdilis  (do  œdes,  édifice).  —  D. 
édilite,  auj.  =  magistrature  municipale. 
ÉDIT,  L  edictum,  proclamation. 
ÉDITER,  d'un  type  L.  editare,  fréqu.  de 
edere,  publier,  dont  le  supin  a  donné  :  editor, 
fr.  éditeur,  editio,  fr.  édition,  in-editus,  fr. 
inédit, 

ÉDREDON  (en  angl.  edderdoum),  de  Tall. 
eiderdaun,  composé  de  daun,  nord,  dun, 
duvet,  et  de  eider,  nord,  edder,  oie  du  nord  ; 
donc  litt.  a>  duvet  d'oie. 

ÉDUCATION,  L.  educatio,  du  verbe  educare 
(fr.  éduquer,  mot  dédaigné  pour  je  ne  sais 
quelle  raison). 
ÉDULCORER,  voy.  doux;  cp.  L.  edulcare, 
EFFACER,  prov.  esfassar,  propr.  enlever 
l'empreinte,  la  figure,  la  marque  de  qqch., 
puis  en  général  faire  disparaître.  Du  L. 
fades,  figure,  face. 

EFFANER,  ôter  les  fa7ies  (v.  c.  m.). 
EFFARER,   prov.  esferar,  du  L.  efferare 
(férus),  rendre  sauvage;  sauvage  pns  dans  le 
sens  de  timide,  troublé,  épouvanté.  D'un  dérivé 
de  férus,  L.  feroœ  =  fr.  farouche,  vient  le 
verbe  analogue  effaroucher, 
EFFAROUCHER,  voy.  effarer. 
EFFECTIF,  L.  effectivus{efficeTe),  pratique, 
qui  entre  en  action,  d'où  l'acception  :  réel, 
positif;  cp.  en  ail.  roirklich,  m.  s.,  de  teirAen, 
agir,  et  fr.  actuel,  de  agere,  agir. 

EFFECTUER,  dér.  du  subst.  lat.  cffectus 
(efficere),  exécution,  qui  est  le  primitif  du  fr. 
effet.  Cp,  pour  la  formation,  graduer  de  gra- 
dus,  habituer  de  habitus. 
EFFÉMINER,  L.  effemi^tare  (femina). 
EFFERVESCENT,  L.  effertescens,  —  D. 
cffaDescence. 

EFFET,  L.  effectus  (efficere);  signifie  :  1. 
exécution,  «  mettre  à  eflet  »,  2.  résultat  de 
l'action.  Le  français  y  a  ajouté  l'acception  : 
valeur  effective,  chose  mobilière. 

EFFICACE,  1.  adj.,  L.  efficax,  2.  subst.,  L. 
effîracia  =  efficacitas  (fr.  efficacité). 
EFFICIENT,  L.  efficiois,  agissant. 
EFFIGIE,  L.  effigies  (fingere),  image.— -  D. 
effigier,  exécuter  en  effigie.  Au  xvii"  siècle 
encore,  ce  verbe  équivalait  à  L.  effigiare, 
faire  le  portrait,  et  il  se  pourrait  bien  que 
effigie  (si  ce  n'est  pas  un  mot  savant,  car  lat. 
effigies  réclame  effige)  fut  le  subst.  participial 
de  ce  verbe  effigier. 

EFFILER,  prov.  esfilar,  1.  ôter  les  fils,  2. 
v.  réfi.  s'allonger  en  forme  de  fil;  de  là  effilé, 
mince,  étroit. 
EFFILOCHER,  -OQUER,  voy.  filoche. 
EFFLANQUER,  étirer  les  flancs,  les  affai- 
blir, rendre  maigre. 

EFFLEURER,  1.  ôter  la  fleur;  2.  ne  faire 
qu'enlever  la  superficie  de  qqch,^  toucher  lé- 
gèrement, raser,  passer  tout  près,  de  fleur, 
niveau.  —  Au  L.  efflorescere,  être  en  fleur, 
ressort issent  le  verbe  effleurir,  terme  de  chi- 
mie, puis  efflorescent  et  efflorescence  (enduit 
pulvérulent). 

EFFLUENT,-ENCE,  du  L.  effiuerr,  s'écouler 


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EGA 


—  173  — 


ËHO 


SFFLUVE.  L.  effluvium,  écoulement. 

EFFONDRER,  prov.  esfondrar  et  esfondar, 
défoncer  un  terrain,  puis  briser  le  fond.  Du 
subst.  fond.  La  forme  effondrer  ne  parait  pas 
reposer  sur  une  intercalution  euphonique  d'un 
r,  mais  sur  une  correspondance  avec  la  forme 
diminutive  it.  sfondolare.  —  D.  effbndrilles 
«=  ce  qui  reste  au  fond. 

EFFORCER,  vfr.  esforcer,  it.  sforzare,  esp. 
esforzar,  composition  intensive  de  forcer  \ 
anciennement,  avec  sens  neutre  =  gagner  de 
la  force.  —  D.  subst.  verbal  anc.  es  fors,  auj. 
effort;  cp.  renfort  de  renforcer, 

EFFORT,  voy.  efforcer, 

EFFRACTION,  L.  effractio  (de  effrinçere, 
supin  g/7raclMm) . 

EFFRAIE,  nom  d'une  espèce  du  genre 
chouette,  du  verbe  effrayer  ;  c'est  l'oiseau  de 
mauvais  augure,  qui  cause  de  l'efiroi.  Cet 
oiseau  s'appelle  aussi  fresaie  (v.  c.  m.). 

EFFRAYER.  Voici  la  véritable  histoire  de 
ce  moC  pour  la  première  fois  établie  par  G. 
Paris  (Rom.  VII,  121).  Le  type  est  exfridafe, 
litt.  mettre  hors  paix  (vha.  fridu,  ail.  mod, 
friede),  d'où  prov.  esfredar,  esfreiar,  fr. 
esfreer,  esfraer  (dans  les  formes  verbales  toni- 
ques esfroiE,  esfrAiE),  enfin  effroyer  (d'où  le 
subst.  effroi) t  effrayer,  Voy.  pour  plus  de  dé- 
tails Fœrster,  Ztschr.  VI.  109,  et  Rom.  X,  443; 
ib.  XI.  444. 

EFFRENâ,  L.  effrenatus,  sans  frein  (fre- 
num).  L'opposé  enfrené  se  trouve  déjà  dans 
les  Lois  de  Guillaume.  —  D.  effrènement. 

1 .  EFFRITER  une  terre,  l'épuiser,  la  rendre 
stérile,  autrefois  effruiter,  donc  un  dér.  de 
/rui7;  cp.  prov.  csfrugxiar,  m.  s.,  du  h.fruges, 
fruits. 

2.  EFFRITER  (S*),  s'en  aller  en  poussière, 
s'user,  d'un  tyipoe ffrictare,  fréqu.  de  cffricare, 
enlever  en  frottant. 

EFFROI.  EFFROYABLE,  dériv.  de  effrayer, 

EFFRONTÉ,  prov.  esfrontat,  it.  sfrontato, 
dérivation  participiale  de  l'adj.  L.  ef-frons 
(Vopiscus),  m.  s.  (litt.  =  le  front  en  avant,  le 
front  levé).  Littré  définit  le  mot  par  «  qui  a 
du  front  »  et  l'explique  cependant  étymoïogi- 
quement  par  «  sans  front  n;  cela  ne  s'accorde 
guère.  —  D.  effronterie, 

EFFUSION.  L.  effiisio  {dGeff^usum,  supin  de 
effTundere,  répandre). 

ÉFOURCEAU,  espèce  de  chariot;  peut4tre, 
comme  fourgon,  un  dérivé  de  fiirca,  fourche. 

ÉGAILLER,  vfr.  esgailler,  éparpiller,  éten- 
dre (Littré,  Suppl.).  Répond,  selon  Joret,  au 
prov.  mod.  eigalhar,  cÛniin.  de  eigar,  arran- 
ger, préparer,  qui  est  =  eisgar  =  ex(e)quare 
=  exœqiiare  (Rom.  VIII,  440).  Cette  étymo- 
logie  est  contestée  par  Suchier  (Ztschr.  III, 
611);  la  forme  s'y  refuse  aussi  bien  que  le 
sens. 

EGAL,  L.  œqualis,  —  D.  égalité,  L.  sequa- 
litas  (d'où  le  néol.  égalitaire);  égaler  (dans  les 
arts  et  métiers  aussi  égalir),  égaliser. 

ÉGARD,  esgard\  attention,  respect,  subst. 
verbal  du  vieux  verbe  fr.  esgarder,  it.  sguar- 
dare,  considérer,  examiner,  composé  do  gar- 
der; cp.  respect,  de  respiccre,  regarder. 


ÉGARER,  csgarer,  perdre  de  vue,  mal  sur- 
veiller, mal  guider,  fourvoyer,  composé  de 
garer  (v.  c.  m.);  adj.  égaré,  perdu,  éperdu; 
subst.  égarement, 

ÉGAYER,  factitif  de  gai, 

ÉGIDE,  bouclier,  gr.  «l/;  -too;, 

ÉGLANTIER,  ÉGLANTINE,  dérivés  du  vfr. 
aiglent,  prov*.  aguilen,  fruit  du  rosier  sau- 
vage. Diez  explique  ce  dernier  par  aiguille, 
prov.  aguilha,  muni  du  sufiBxe  ent.  D'après 
d'autres,  aiglent  serait  le  gr.  âxxy^o^  flitt.  = 
fleur  épineuse),  avec  insertion  de  /;  cela  n'est 
pas  impossible. 

ÉGLISE, prov.  gleiza,  glieysa,  esp.  iglesia, 
it.  chiesa,  du  gr.  UKlrtjlx,  dont  le  premier 
sens  est  assemblée. 

ÉGLOGUE,  L.  ecloga,  du  gr.  Iaïo/^,,  propr. 
choix,  recueil,  puis,  au  plur.,  poésies  fugi- 
tives 

EGO,  pronom  latin,  ■«  je  (al ter  ego,  autre 
moi-même).  —  D.  égoïsme,  le  culte  du  moi 
(l'angl.  dit  egGtism)\  égoïste,  -îstique,  égoïser. 

ÉGORGER,  couper  idi  gorge  (v.  c.  m.),  puis 
tuer  en  général;  cp.  en  latin ^if^ie/are,  de 
jugiilwn,  gorge. 

ÉGOSILLER,  du  vfr.  gueuse  =  gosier,  1 .» 
égorger,  2.  réfl.  =■  se  faire  mal  à  la  gorge  & 
force  de  crier.  Cp.  dégoiser  et  gosier, 

ÉGOUT,  subst.  verbal  de  égoutter.  —  D. 
égoxUier. 

ÉGOUTTER,  faire  écouler  gouUe  à  goutta; 
cp.  L.  exstillare,  destilla,  goutte. — h.égoiU. 

ÉGRATIGNER,  vfr.  sans  mouillure  esgra- 
tiner,  forme  dimin.  de  esgi'ater.  Rabelais  dit 
esgrafignar,  dont  le  radical  est  graf,  lequel 
rappelle  graphium,  poinçon,  primitif  de 
greffe.  Nous  mentionnerons  ici  encore,  comme 
issu  du  même  graf  et  comme  tout  à  fait  ana- 
logue au  fr.  égratigner,  l'it.  sgraffiare,  l .  faire 
des  liachures  (terme  de  gravure),  d'où  l'ail. 
schraffiren,  2.  égratigner.  La  même  langue 
dit  aussi  sgraffinare  pour  voler,  dérober,  cp. 
notre  gripper. 

ÉGREFIN,  aussi  églefin,  nom  d'un  poisson  ; 
variété  orthographique  de  aigrtifin  (v.  c.  m.). 

ÉGRENER,  p.  égrainer,  voy.  grain. 

ÉGRILLARD,  1.  vif,  gaillard.  2.  fin.  adroit. 
Selon  Roquefort  =  esguillard  *,  do  aculeus, 
aiguillon,  donc  pour  ainsi  dire  un  boute-en- 
train. Nous  sommes  loin  de  souscrire  à  cette 
étymologie,  mais  nous  n'en  avons  pas  d'autre 
à  y  substituer.  Celle  de  Littré,  «  qui  sort  des 
grilles,  c.-à-d.  des  bornes  n,  ne  nous  sourit 
pas  non  plus.  Le  dialecte  bourguignon  a 
s*égrailli,  se  divertir. 

ÉGRILLOIR,  voy.  écrille. 

ÉGRISER  le  diamant,  d'où  égrisée,  poudre 
de  diamant,  qui  sert  à  polir  ce  corps  ;  d'ori- 
gine incertaine;  de  l'ail,  cries,  gravier, 
poudre  grossière?  ou  de  la  couleur  ^m«,  le 
diamant  perdant  sa  couleur  foncée  par  le 
frottement? 

ÉGRUGER,  voy.  gruger. 

ÉGUEULER,  de  gueule,  1.  ôter  le  goulot 
(v.  c.  m.);  2.  v.  réfl.,  se  faire  mal  à  la  gueule 
à  force  de  crier,  cp.  s  égosiller. 

EHONTÉ,  vfr.  esfionté,  qui  est  sans  honte. 


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ÉLE 


174 


ÉLO 


ÉJOUIR  (S'),  esjouïr,  prov.  esf/ausir,  com- 
posé àû jouir.  —  D.  réjouir. 

ÉLABORER,  L.  e-laborare. 

ÉLAGUER,  Berry  alayer.  Selon  Ménage, 
d'un  L.  e-ïucare;  malgré  l'existence  du  L.  col- 
lucare,  m.  s.,  il  est  impossible  d'approuver 
cette  étymologie.  Frisch  propose  ab-laqueare, 
déchausser  un  arbre.  Diez  rejette  ce  primitif, 
qui  aurait  fait  élacer,  selon  lui  ;  il  serait  plu- 
tôt disposé  à  admettre  ce  même  verbe  sous  la 
forme  ablaquare;  toutefois,  il  rattache  de  pré- 
férence élaguer  au  vha.  lah  =  incisio  arbo- 
rum  (étymologie  proposée  aussi  par  Grand- 
gagnage),  ou  au  v.  flam.  laken,  deterere,  at- 
tenuare. 

1 .  ELAN,  subst.  verbal  de  élancer. 

2.  ÉLAN»  animal,  du  vha.  claho,  accus. 
eldhon  (contracté  en  élan),  ail.  mod.  elen- 
thier. 

ÉLANCER,  jeter  en  l'air,  composé  de  lan- 
cer; pour  le  préfixe,  cp.  L.  ef-ferre,  et  fr. 
é'ieoer.  —  D.  élan,  p.  élans;  adj.  élancé. 

ÉLARGIR,  eslargir  \  factitif  de  large.  Le 
préfixe  ex,  en  français,  a  quelquefois  le  sens 
factitif,  comme  arf,  p.  ex.  dans<f^ay«';  toute- 
fois, ici  le  mouvement  du  dedans  au  dehors 
n'est  pas  à  méconnaître.  Notez  une  acception 
particulière  d'élargir  :  relâcher,  mettre  hors 
de  prison.  Je  me  suis  demandé,  s'il  y  avait  là 
une  imitation  du  L.  ampliare  (de  amplus, 
large),  différer  l'affaire  judiciaire  de  qqn.,  ou 
quelque  souvenir  du  L.  largiri,  donner  par 
libéralité,  par  ex.  libertatcm  largiri  populo 
(Bossuet  emploie  en  effet  eslargir  dans  le  sens 
du  L.  largiri.)  Mes  doutes  se  sont  dissipés 
quand  j'ai  lu  dans  le  Roman  de  la  Charrette 
de  Chrétien  de  Troics,  à  propos  de  Lancelot, 
délivré  de  prison  ;  •  Or  est  au  large  et  à 
l'essor,  w 

ÉLASTIQUE,    gr.  aa^rixo;  (de  ilkra,  axûveo, 

pousser;,  qui  a  du  ressort,  de  la  force  propul- 
sive. —  D.  élasticité. 

ELBBUF,  espooc  de  drap  fabriqué  à  Jï/ôcm/' 
(Normandie). 

ELDORADO,  mot  espagnol  :  el  dorade,  litt. 
le  (pays)  doré;  nom  d'un  prétendu  pays  d'une 
riciiosse  fabuleuse,  découvert  lors  de  l'expé- 
dition do  Pizarre  dans  l'Amérique  méridio- 
nale. Beaucoup  d'aventuriers  ont  en  vain,  de- 
puis le  XVI®  siècle,  cherché  à  constater  cette 
découverte.  En  attendant,  le  nom  a  été  donné 
à  une  province  de  la  Californie,  et  même  à 
une  petite  ville  de  l'Arkansas. 

ÉLECTEUR,  L.  elector  (de  eligere,  élire). 
d'où  électoral,  électoral;  élection,  L.  electio; 
électif,  ncol.  =  qui  est  étiibli  ou  qui  s'obtient 
par  voie  d'élection. 

ELECTRE  (peu  usité),  L.  electrum,  succin 
ou  ambre  jaune,  gr.  ^Xsxrpov,  —  D.  électri- 
que, -icien,  -icité,  -iser. 

ÉLECTUAIRE,  anc.  Icttuaire,  it.  lottovaro, 
lattuaro,  esp.  electuario,  prov.  lactoari,  ail. 
latwerge,  du  L.  electuarium,  forme  accessoire 
de  electarium,  dér.  du  gr.  UXn/roj,  médi- 
cament qu'on  laisse  fondre  dans  la  bouche 
(de  î/.'j ziy iiv,  h'chcr). 


ÉLÉGANT,  L.  elegans,  litt.  choisi,  exquis 
(do  eligere);  élégance,  L.  elegantia. 

ÉLÉGIE,  L.  elegia  {iXsyiia). — D.  élegiaque, 
gr.  è>'V«»axo,. 

ÉLEGIR,  aussi  àllégir  (vfr.  eslegier,  allé- 
ger), en  technologie,  >»  amincir;  formé  de 
levis,^  comme  alléger  (v.  c.  m.). 

ÉLÉMENT,  L.  elementum;  adj.  élémen- 
taire, L.  elementarius. 

ÉLÉPHANT,  L.  elephantus  (ac?a;). 

ÉLÈVE,  1.  fém.,  action  d'élever,  2.  masc. 
et  fém.  celui  ou  celle  qu'on  élève. 

ÉLEVER,  esleoer',  du  L.  e-leûare,  soulever, 
dresser.  Pour  le  sens  »  nourrir,  éduquer  -, 
cp.  le  terme  e'ducare(e'ducere)  et  l'ail,  auf-  ou 
erziehen.  —  D.  élève  (v.  c.  m.),  élevage,  éle- 
veur, élévation,  élevé  =  haut. 

ÉLIDER  (mot  de  facture  savante),  de  L.  <?-/«- 
dere  (faire  sortir,  éliminer  en  blessant  l'orga- 
nisme), d'où  L.  elisio,  fr.  élision. 

ÉLI6IBLE,  L.  eligitilis  (eligere),  d'où  éli- 
gibilité. 

ELIMER,  user  en  limant  ou  frottant,  L.  eli- 
mare.  L'idée  d'usure  n'est  propre  qu'au  mot 
français,  mais  conforme  à  la  nature  du  pré- 
fixe. Cependant  Ion  trouve  dans  Cœlius  Au- 
relius  elimatus  avec  le  sens  fig.  d'affaibli, 
énervé. 

ÉLIMINER.  L.  eliminare,  litt.  mettre  hors 
du  seuil  (limen). 

ÉLINGUE,  ancicnn.  eslingue,  fronde  sans 
bourse,  it.  slinga,  esp.  eslingua,  port,  es- 
linga,  du  vha.  slinga,  fronde.  Le  même  mot 
élingue,  comme  terme  de  marine,  signifie  un 
cordage  à  nœud  coulant  (=  ail.  schlingc).  — 
D.  élinguer. 

.  ÉLIRE,  part,  élu,  du  L.  eligere,  m.  s,,  dont 
le  part.  fém.  electa  a  donné  le  français  élite, 
1,  choix,  2.  troupe  choisie. 

ÉLISION,  voy.  élider, 

ÉLITE,  voy.  élire. 

ÉLIXIR,  esp.,  angl  ,  ail.  elixir,  it.  cli- 
xirc.  D'après  Adelung  et  autres,  du  L.  elixus, 
cuit,  bouilli  (dér.  de  lix,  lessive).  L'origine 
arabe,  supposée  déjà  par  Ménage  et  les  au- 
teurs du  dictionnaire  de  l'Académie  d'Es- 
pagne en  1732,  est  aujourd'hui  hors  de  doute. 
Le  mot  représente  un  composé  de  l'art,  al  et 
du  subst.  iltsir  =»  quintessence,  pierre  philo- 
sophale,  lequel  est  issu  du  verbe  hasara, 
rompre.  La  pierre  philosophale  devait,  comme 
on  sait,  servir  également  de  remède  universel. 

ELLE,  pronom  personnel  fém.,  =  L.  illa. 

ELLÉBORE.  L.  elleborus  (imtopoi). 
ELLIPSE,    grec    ()/si>|t;,    pr.    omission; 
iUiiTtrizo,-,  fr.  elliptique. 

ELME  (SAINT-),  p.  saint  Erastne  (protec- 
teur des  marins),  Erasme  a  été  corrompu 
d'abord  en  Erme,  d'où  Ëlme. 

ÉLOCHER,  eslocher,  secouer,  ébranler; 
ne  peut  venir  du  type  ex-locare,  qui,  selon  les 
règles,  donnerait  eslouer;  c'est  un  composé 
de  lâcher  (v.  c.  m.)  —  L'ét.  ex-luxare,  posée 
par  M.  Rigal  (dans  la  Revue  des  Langues  ro- 
manes, VIII,  145)  convient  parfaitement  pour 
le  sens,  mais  p()ur  la  phonétique  elle  soulève 
deux  graves  diflicultés  :  c'est  d'abord  que  les 


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175  — 


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textes  anciens  n'ont  pas  d*s  ni  dans  eïocher 
(êsîoschier  dans  un  ms.  de  Joinville  du  xiv«  s. 
est  une  forme  accidentelle),  ni  dans  locher  ; 
puis  que  Vu  de  luxare  [==  luscaré)  postule  la 
forme  eslouchier.yoj. P.  Meyer,  Rom.XI,618. 

ÉLOCUnON,  L.  elocutio  (eloqui). 

ÉLOOE,  L.  dogium,  sentence,  inscription 
tumulaire.  —  D.  élogieux,  élogier^  t^logiste, 
—  D  aprôs  Schuchardt  (Vokalismus,  II,  325), 
éloge  représente  sGlr/ta  (louange),  eu  étant 
=»  «  en  latin  vulgaire. 

ÉLOIGNER,  anc.  eslongier,  esloignier,  dér. 
de  loin,  anc.  loing.  —  Le  terme  de  marine 
élonger  est  synonyme  de  longer  ou  allonger. 

ÉLOQUENT,  -ENGE,  L.  eloquens,  -entia. 

ÉLUCIDER,  rendre  lucide,  BL.  elucidare. 

ÉLUGUBRER,  L.  elucubrare,  produire  à 
force  de  veilles  (de  lucubrare  =  luçe  operari), 

ÉLUDER,  du  L.  eludere,  parer,  esquiver. 

ÉLTSÉE,  mot  mal  formé  du  L.  elysium 

(l}JlÛ9C0v). 

ÉMAGIÉ,  L.  emaciatits,  amaigri. 

ÉMAIL,  anc.  esmail,  it.  smalto,  esp.,port. 
esnuUte,  ail.  schmelz,  BL.  snialtum.  Diez 
préfère  à  l'étym.  L.  maltha,  espèce  de  ciment, 
une  origine  du  vha.  smahjan,  smaltjan, 
smelsan  (ail.  mod.  schmehen),  fondre,  parce 
que  la  contexture  du  mot  français  email  ne 
concorde  nullement  avec  maltha,  mais  bien 
avec  smelzi,  smalti,  dont  Vi  final  a  été  attiré 
par  Ta,  comme  d'habitude,  et  le  t  final  apo- 
cope. L*émail,  en  efiet.  est  du  verre  fondu 
avec  de  l'étain.  —  D.  émailler. 

ÉHANGIPER,  L.  emancipare,  mettre  hors 
de  tutelle,  affranchir. 

ÉMANER,  L.  c-manare,  écouler. 

ÉMARGER,  1.  couper  la  marge;  2.  signer 
un  reçu  en  marge  d'un  compte.  —  D.  émar- 
gement. 

EMBABOUINER,  voy.  ba/mtin. 

EMBALLER,  voy.  balte. 

EMBARGADÉRE,  de  l'csp.  embarcadero  (do 
embarcar,  embarquer). 

EMBARGO,  mot  espagnol,  subst.  du  verbe 
embargar,  séquestrer,  saisir  par  autorité  de 
justice;  prov.  embargar,  embarrasser  (subst. 
embarc,  obstacle);  ces  verbes  représentent  L. 
imbarricare,  de  barra,  barre,  obstacle  (d'où 
aussi  embarrasser,  etc.). 

EMBARQUER,  voy.  barque,  —  D.  embar- 
cation (le  sens  abstrait  de  ce  mot  s'est  effacé  ; 
il  signifie  canot  d'embarcation),  embarque- 
ment. 

EMBARRAS,  subst.  verbal  de  embarrasser. 

EMBARRASSER,  voy.  barras.  —  D.  em- 
barras. 

EMBÂTER,  voy.  bât. 

EMBAUCHER,  voy.  débaucher.  Le  sens  at- 
taché au  primitif  bauche,  savoir  :  boutique, 
atelier,  usine,  se  révèle  encore  dans  le  dérivé 
embouchure,  qui,  dans  les  salines,  signifie 
fourniture  des  ustensiles  nécessaires  pour  la 
fabrication  du  sel,  pr.  approvisionnement 
d'at^ïlier. 

EMBAUCHOIR,  terme  de  cordonnier,  alté- 
ration de  embouchoir,  voy.  co  mot. 


EMBAUMER,  voy.  baume. 

EMBELLIR,  voy.  beau. 

EMBÉRIZE,  nom  scientifique  du  genre 
bruant,  tiré  de  l'ail,  emmeriz,  emberitz,  em- 
britz,  qui  lui-môme  est  un  dérivé  de  Tall. 
ammer,  m.  s.,  dont  la  racine  exprime  l'idée 
de  brillant. 

EMBERLIFICOTER,  embarrasser;  mot  de 
fantaisie  et  d'origine  inconnue. 

EMBERLUGOQUER  (S'),  s'aveugler, s'entêter 
d'nne  idée  (on  trouve  aussi  embrelicoqucr  et 
emberloquer);  mot  do  fantaisie  dans  lequel 
berlue  paraît  jouer  un  rôle  ;  cp.  prov.  s'abel- 
lucar,  s'aveugler.  Le  Duchat  définit  le  mot  : 
«  s'occuper  de  chimères  semblables  à  celles 
que  les  moines  ont  coutume  de  loger  sous 
leurs  capuchons  de  bure  (coques)  ». 

EMBETER,  terme  vulgaire  formé  de  béte, 
syn.  de  abrutir  ;  fig.  ennuyer. 

EMBLAISON,  voy.  l'art,  suiv. 

EMBLAVER  (un  champ),  ensemencer  en 
blé,  voy.  blé.  —  D.  emblavure.  Les  mots  em- 
blaison,  p.  embléaison,  et  emblure,  p.  em- 
bléure,  se  rattachent  à  \ii  forme  anc.  embléer, 
régulièrement  tirée,  sans  insertion  de  v,  du 
BL   imbladare. 

EMBLÉE  (D')  »"  de  plein  saut,  du  premier 
effort,  litt.  d'une  levée,  d'un  coup;  du  vieux 
verbe  français  embler,  qui  signifiait  enlever, 
dérober  («  l'avoir  d'autrui  tu  n'embleras  •); 
le  verbe  réfi.  s'embler  signifiait  anc.  s'esqui- 
ver. Co  verbe  embler,  prov.  emblar,  vient  du 
L.  in-volare,  litt.  empaumer  {vola,  le  creux 
delà  main);  cp. L. ma» wari, voler,  de  ma7ius, 
main.  Chevallet  fait  dériver  embler  du  L. 
ablatus  ;  cela  n'est  pas  sérieux. 

EMBLEME,  L.  emblema,  du  gr.  if^^)rifisi 
(de  «/x6à>>uv,  jeter  dessus),  ouvrage  en  relief 
des  vases  ou  autres  ustensiles  ;  de  là  :  orne- 
ment symbolique,  figure  symbolique  ;  ifiZïvi- 
/*ari»o:,  emblématique. 

BMBLURE,  voy.  emblaver. 

EMBOIRE,  absorber,  composé  de  boire; 
forme  vulgaire  de  imbiber,  L.  imbiber e.  Le 
part'cipe  embu  a  donné  le  subst.  embu,  terme 
do  peinture. 

EMBOISER,  enga<^er  (]qn.  par  de  petites 
fiatteries  à  faire  ce  que  Ton  souhaite  de  lui, 
même  signification  que  l'ancien  vorbe  simple 
boiser  =  tromper,  surprendre.  Boiser  vient 
du  BL.  bausia,  trahison,  perfidie,  vfr.  boiS' 
die,  it.  bugia,  termes  généralement  rappor- 
tés au  vha.  bausi,  ail.  mod.  bôse,  méchant 
Le  verbe  emboiser,  toutefois,  pourrait  au 
besoin  s'expliquer  aussi  par  «  attirer  dans  le 
bois  »  ;  ce  serait  une  variété  du  vieux  verbo 
embùcher  (d'où  embûche),  qui  ne  signifie  pas 
autre  cho.sc. 

EMBOITER,  de  boite,  comme  enchâsser,  do 
châsse. 

EMBONPOINl,  réunion  en  un  mot  de  en 
bon  point,  c.-à-d.  en  bon  état. 

EMBOQUER  des  animaux,  c'est  leur  intro- 
duire de  force  le  manger  dans  la  bouche  (syn. 
de  engaver,  empâter)  ;  de  boque,  variété  do 
bouche,  L.  biicca  ;  puis  généralement  =  en- 


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—  176 


ËMM 


graisser;  do  là  le  t^rmepre  d* embouche,  pré 
consacré  à  l'engrais. 

EMBOSSER,  amarrer,   de  bosse,  cordage. 

EMBOUCHE,  subst.  verbal  de  emboucher, 
voy.  emboquer, 

EMBOUCHER,  mettre  en  bouche,  dresser 
(un  cheval)  à  la  bouche.  L'endroit  où  la  mer 
ou  un  fleuve  reçoit  un  affluent  est  comparé  à 
une  bouche  ;  do  1&  le  terme  s'emboucher,  en 
parlant  d'une  rivière,  cp.  ail.  mimden  ou 
einmûnden,  de  mund,  bouche.  —  D.  embou- 
chure, 1 .  partie  d'un  instrument  à  vent  sur 
lequel  on  applique  les  lèvres  pour  en  tirer 
des  sons  ;  2  entrée  d'un  cours  d'eau  dans  la 
mer  ou  un  autre  cours  d'eau;  embauchoir, 
aussi,  par  corruption,  embauchoir,  instni- 
ment  de  cordonnier  qui  embouche  la  bott«. 

EMBOUQUER,  terme  de  marine,  entrer 
dans  un  canal  ou  dans  un  détroit,  variété 
d^em,boucher, 

EMBOURRER,  garnir  de  bourre;  composé 
r-embourrer. 

EMBOUTER,  garnir  le  bout  d  une  canne, 
d'un  parapluie  ;  de  là  le  subst.  verbal  emboiU. 

EMBOUTIR,  donner  une  forme  concave  ou 
repoussée  à  une  plaque  de  métal,  comp.  do 
botir,  bouter,  frapper,  voy.  bout. 

EMBRANCHER,  lier  à  un  corps,  comme  la 
branche  se  joint  au  tronc.  —  D.  embranche- 
ment^ 1.  action  d'embrancher;  2.  la  chose 
embranchée,  telle  qu'une  route  accessoire  qui 
part  d'un  chemin  principal. 

1.  EMBRASER,  mettre  en  braise, 

2  EMBRASER,  variété  d'ébraser  (v.  c.  m.). 
—  D,  embrasure,  1.  ouverture  pratiquée 
dans  l'épaisseur  des  murs  d'une  maison  pour 
y  placer  les  fenêtres  ou  les  portes;  2.  ouvcr 
turo  percée  dans  le  massif  d'une  batterie  à 
épaulcment  et  ménagée  pour  donner  passage 
à  la  bouche  d'une  pièce.  L'existence  des 
termes  d'architecture  ébraser  et  embraser, 
qui  concordent  parfaitement  avec  la  chose 
appelée  embrasure,  ne  permet  guère  de  rap- 
porter la  deuxième  signification  de  ce  dernier 
à  embraser  =  mettre  en  feu. 

EMBRASSER,  serrer  dans  ses  bras,  puis, 
par  extension,  baiser;  do  là  découlent  d'un 
côté  les  acceptions  ceindre,  environner,  ren- 
fermer, d'un  autre,  s'attacher  à,  saisir  avec 
affection  et  empressement.  —  D.  embrasse; 
embrassade  (à  suffixe  étranger;   Montaigne 
disait  encore  :  donner  une  embrassée). 
EMBRASURE,  voy.  embraser  2. 
BMBRENER,  de  bran  (v.  c.  m.). 
EMBU,  voy.  emboire. 

EMBRYON,  gr.  «>6/>u9v  =  rà  ivrô;  ppùov, 
qui  germe  dedans,  c.-à-d.  dans  le  ventre  de 
la  mère. 

EMBÛCHE,  subst.  verbal  de  embuscher\ 
embusquer  (it.  imboscare,  prov.  et  esp.  em- 
boscar),  litt.  aposter,  dans  un  bois  ou  buisson 
(BL.  buscus,  boscus),  des  personnes  chargées 
de  surprendre  1  ennemi.  Les  chasseurs  disent 
encore  d'une  bête  qu'elle  s'embiïchc,  quand 
elle  entre  dans  le  bois. 


EMBUSQUER,  voy.  embtïche.  —  D.  efnbus- 
cade. 

ÉMENDER,  L.  e-mendare;  le  peuple  a  dé- 
formé ce  mot  en  amender  (v.  c.  m.). 

EMERAUDE,  it.  smeraldo,  esp.,  port,  esme- 
ralda,  prov.  esm^rauda,  du  L.  smaragdus 
(ifi&pa'/ùoi).  Pour  la  permutation  de^  en  /,  cp. 
ffiy/*at,  it.  salma,  d'où  fr.  saume\  somme, 
Baldacco,  p.  Bagdacco  (Bagdad).  La  guttu- 
rale primitive  s'est  conservée  dans  le  v.  esp. 
esmeracda,  prov.  maragde. 

EMERGER,  L.  e-mergere,  sortir  (en  parlant 
de  choses  situées  dans  l'eau).  Chateaubriand  : 
*  les  Açores  émergèrent  du  sein  des  flots  ». 
Du  participe  emergens,  les  physiciens  ont  tiré 
émergent  et  émergence. 

ÉDQiRI,  mieux  émeril,  it.  smeriglio,  esp. 
esmeril,  ail.  smirgel,  schmergel;  dimin.  du 
grec  <5fiùpi:,  9/Upii,  pierre  servant  à  polir. 

EMERILLON,  espèce  de  faucon,  le  plus  pe- 
tit et  le  plus  vif  des  oi^aux  do  proie,  it.  sme- 
riglione,  esp.  csmerejon,  prov.  csmcrilhô,  for- 
mes diminutives  de  prov.  esmirle,  it.  smerlo, 
ail.  schmerl,  m.  s.  Ces  mots  viennent  du  L. 
meria,  p.  merula,  renforcé  d'un  s  initial. 
L'anglais  noinme  le  même  oiseau  merlin,  anc, 
marlyon.  Ce  nom  d'oiseau  s'est  communiqué, 
comme  beaucoup  d'autras,  à  des  instruments 
divers  et  anciennement  aussi  à  uno  sorte  de 
canon;  cp.  fauconneau  de  faucon.  —  D.  ^mc- 
rilhnn^.,  gai,  vif,  éveillé  comme  un  émerillon. 
EMÉRITE,  L.  e-meritus,  qui  a  fini  de  ser- 
vir^ (inererc).  —  D.  éméritat. 

EMERSION,  L.  emersio  (de  eme^^sum,  supin 
de  emergere,  fr.  émerger). 

ÉMERVEILLER,  do  merveille.  Le  préfixe 
é=ex,  par  assimilation  à  étonner, 

ÉMÉTIQUE,  gr.  ifiiriKÔi  (i/tèw,  vomir).  —  D. 
émc'tiser. 

ÉMETTRE,  L.  e-miitcre,  d'où  emissio,  fr. 
émission,  et  emissarius,  fr.  émissaire. 

ÉMEUTE  (La  Fontaine  a  dit  émiUe),  voy. 
émouvoir.  —  D.  émeuter,  émeutier, 

ÉMEUTIR,  fienter  (en  pari,  des  oiseaux), 
vfr.  esmeltir;  du  néerl.  smelten  •»  stercus  li- 
quidum  egererc  » ,  mot  identique  avec  «nic/- 
ten,  ail.  schmelzen  =  liquidum  facere.  Il  n'y 
a  pas  lieu  de  songer  ni  à  ex-motiis,  écaiter,  ni 
à  emunctus,  mouché. —  D.  émeut,  excrément. 
ÉMIER,  ou  émiettcr,  de  mie,  miette. 
EMIORER,  L.  e-migrare;  cp.  ail.  aus-toan- 
dcrn. 

ÉMINENT,  L.  e-minens,  qui  s'élève  au-des- 
sus d'un  niveau,  hors  ligne.  —  D.  éminence, 
L.  ominentia. 

EMIR,  mot  arabe  signifiant  commandant; 
du  verbe  amara.  commander. 
ÉMISSAIRE,  ÉMISSION,  voy.  émmre. 
EMMANCHER,  pourvoir  d'un  manche,  ajus- 
ter le  manche  à  un  instrument  pour  s'en  ser- 
vir, de  là  l'expression  fig.  emmancher  uno 
affaire  (pr.  y  mettre  le  manche,  le  premier 
bout)  et  s* emmancher  =«  s'agencer. 

EMMITOUFLER,  de  mitoufle,  forme  altérée 
de  movfle  sous  l'influence  de  mitaine;  le  vfr. 
présente  emmofler. 
EMMUSELER,  voy.  museau. 


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EMP 


177 


EMP 


ÉMOI,  esnioC,  grande  peine,  frayeur;  alté- 
ration de  esmai  (oi  p.  ai,  cp.  carquois,  ef- 
froi), it.  smago,  découragement,  prov.  esmai, 
souci,  subst.  verbal  du  vfir.  esmaier,  esytioyer, 
être  en  émoi,  prov.  esmaiar,  anc.  it.  smagare. 
Le  primitif  de  ces  verbes  est  le  goth.  magan^ 
être  fort  (d'où  Tall.  machJt,  puissance,  force). 
Esmaier  signifie  donc  proprement  perdre  sa 
force,  n'en  pouvoir  plus,  et  correspond  logi- 
quement au  vha.  un-magen,  tomber  en  défail- 
lance (ail.  mod.  un-fiMLcht,  mal  orthographié 
ohnmacht,  défiiillance}.  L'étjmologie  L.  emo- 
vere  est  une  bévue. 

ÉM OUJENT,  L.  emolïiens  (de  mollis). 

ÉMOLUMENT,  L.  emotumetitum  (emoliri), 
pr.  effort,  peine,  puis  profit  que  l'on  retire  de 
ses  peines.  —  D.  émolumenter, 

ÉMONGTOIRS,  L.  emunctorius  (de  emun- 
gère,  moucher). 

ÉMONDEB,  L.  emundare  (de  mundus,  net). 

ÉMOTION,  L.  emotio  (de  emovere,  fr.  êmou- 
wnr).  —  D.  émotionner. 

EMOUGHER,  de  mouche.  —  D.  émouchette, 
-oir;  émoucheter. 

ÉMOUGHET,  aussi  mouchet;  de  mouche,  à 
cause  du  ventre  moucheté  de  cet  oiseau  ;  Tit. 
dit  moscardo. 

ÉMOUDRE,  L.  emolere  (de  mola,  meule). — 
D.  émouleur,  -erie;  cps.  rémoudre. 

ÉMOUSSER,  l.  6terlamoi<^50;  2.  rendre 
mousse. 

ÉMOUSTILLER,  litt.  rendre  pétillant  comme 
du  moût  (L.  mustum). 

ÉMOUVOIR,  L.  e-movere,  dont  le  sens  clas- 
sique (éloigner)  diffère  du  sens  moderne  (met- 
tre en  mouvement,  agiter,  troubler);  de  l'anc. 
participe  esmeiit,  d'où  esmeut,  s'est  produit  le 
subst.  émeute;  cp.  m^eiUe  de  movcre, 

EMPALER,  voy.  pal. 

EMPAN,  altération  du  vfr.  espan,  wallon 
aspagne,  BL.  spannus;  du  vha.  spanna,  mha. 
span,  mesure  de  la  main  étendue .  —  Il  se  peut 
qu'empan  se  soit  produit  de  espan  par  une 
forme  intermédiaire  enspan  (cp.  vfr.  engrot  =» 
segrotus,  vfr.  ensir  =  exire,  vfr.  ensaier  p. 
essaier). 

EMPARER  (S'),  se  rendre  maitre  de  qqch., 
esp.,  port.,  prov.  emparar,  amparar,  prendre 
en  possession;  le  contraire  est  rendu  par  dés- 
emparer, abandonner,  lâcher  ce  dont  on  s'est 
emparé.  La  signification  actuelle  découle  de 
l'acception  •  fortifier,  renforcer  i»  qu'avait  en 
premier  lieu  ce  verbe  et  qui  correspond  à  celle 
du  verbe  simple  parer,  défendre,  garantir 

iv.  c.  m.).  —  De  emparer,  fortifier,  viennent 
e  composé  désemparer,  démanteler,  mettre 
hors  d'état  de  servir,  et  remparer,  remettre 
en  état  de  défense,  d'où  le  subst.  rempar, 
orthographié  plus  tard  rempart, 

EMPATER,  it.  impasiare,  rendre  pâteux, 
voy.  pâte.  —  Dans  le  sens  d'engraisser  de  la 
volaille  =*  L.  impastare*,  fréq.  de  impascere'. 

EMPEAU,  ente  en  écorce,  prov.  cmpaU,  cat. 
empelt,  subst.  du  verbe  empeltar.  Celui-ci  est 
dérivé  depellis,  peau  ou  écorce  de  l'arbre,  ou 
plutôt  du  dimin.  peleta;  empeltar  p.  cmpele- 


tar,  c'est  enfoncer  dans  Técorce.  L'ail,  emploie 
également  pour  enter,  greffer,  le  mot  peUen, 
depels,  peau.  Une  assimilation  avec  le  mot 
peau  a  fait  transformer  empeut  en  empeau. 

EMPÊCHER,  mettre  entrave,  anc.  empescher 
(dont  ïs  est  épenthétique);  ce  mot  s'accom- 
mode, aussi  bien  pour  la  lettre  que  pour  le 
sens,  d'un  primitif  lat.  impedicare,  enlacer 
(in,  pedica),  les  anciennes  formes  empecchier 
et  etnpegier  (cp.  esragier  à  côté  de  esrachicr) 
et  le  prov.  empedegar  l'imposent  en  quelque 
sorte;  cp.  h. prœdicare  devenu  fr.  preechier, 
prechier,  prescher,  prêcher.  Cependant  il 
existait  en  vfr.  un  synonyme  de  notre  mot 
sous  la  forme  empocher,  dont  empechier,  em- 
pecier  peuvent  fort  bien  dériver  (l'atténuation 
de  a  en  c  étant  un  fait  régulier).  Cette  forme 
secondaire  et  concurrente  est  parallèle  au 
prov.  empachar  empaitar,  esp.,  port,  empa- 
char,  it.  impacciare.  Pour  ces  verbes,  Mura- 
tori  avait  proposé  un  type  impactiare,  au  sens 
de  pacta  inire,  s  engager  dans  des  procès. 
Son  avis  n'est  pas  digne  d'accueil.  Mieux  vaut 
assurément  celui  de  Diez,  qui,  partant  du 
verbe  L.  impingei*e,  mettre  qqch.  sur  les  bras 
de  qqn.,  l'en  charger,  l'en  embarrasser  (com- 
posé de  pango  et  reproduit  par  vfr.  empain- 
dre),  en  tire  un  fi-éq.  impactare,  d'où  s'expli* 
quent  très  régulièrement  les  formes  empachar 
(et  encore  mieux  la  forme  accessoire  prov.  em- 
paitar, subst.  empaig),  et  vfr.  empacher  et 
empêcher  (cp.  fléchir  de  ftedcre,  vfr.  delecher 
de  delectare).  Quant  à  la  forme  italienne  im- 
pacciare, elle  accuse  un  primitif  impactiare  p. 
impactare,  modification  familière  aux  langues 
romanes.  Cotte  f(.)rme  me  semble  aussi  devoir 
être  admise  comme  source  immédiate  des 
autres  verbes  cités  à  radical  pach  ou  j)€cli.  — 
A  empêcher  correspond  le  terme  opposé  dépé- 
cher (v.  c.  m.),  qui,  par  sa  variété  despeecier, 
remonte  à  dispedicare,  mais  par  ses  corres- 
pondants esp.  despachar,  it.  dispacciare,  au 
type  diS'pactare  ou  -pactiare,  de  dis-pingertf, 
qui  fait  opposition  à  impingere,  comme  dis- 
jungere  à  injungere,  discingere  à  incingcre. 

EMPEIGNE,  vfr.  empiegne,  empengne  (esp. 
empeyne,  cou-de-picd)  ;  d'origine  incertaine. 
Le  bas-latin  présente  impedia,  de  in  etpes, 
pedis  (litt.  cuir  sur  le  pied),  mais  ce  ne  peut 
être  le  type  du  mot  français;  il  faudrait  impc- 
dina,  cp.  it.  redina  «=  vfr.  règne,  reigne 
(rêne). 

EMPENNER,  voy.  penne. 

EMPEREUR,  vfr.  empereor  (nomin.  empe- 
rere),  du  L.  imperator.  Pour  rendre  le  fémi- 
nin et  ne  pas  dire  empereuse,  les  modernes 
ont  préféré  tirer  du  L.  imperatrix  le  m(»t 
savant  impératrice.  Pourquoi  dédaigner  tous 
les  termes  de  l'ancien  vocabulaire  :  empcrcri'i, 
•pereresse,  -jtereïs,  -peresse  (d'où  angl.  cm- 
press),  -péris,  periei'c,  -pereusel  L'ancienne 
langue  ne  reculait  pas  devant  les  formes 
naturellement  indiquées. 

EMPESER,  anc.  empoisser  (d'où  est  resté  le 
subst.  empois),  de  poix  (v.  c.  m.).  Empoisser 
est  une  dérivation  française  depoio;;  ejnpescr, 
comme  prov.  empesar,  se  rapporte  au  prov. 

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EMP 


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ENC 


pes,  pez  «=  poix.  On  trouve  aussi  empiger 
pour  enduire  de  poix,  formé  d'après  le  Latin 
impicare  (piz,  picis). 

EMPÊTRER,  voy.  dépêtrer. 

EMPHASE,  gr.  i/xf  x?»,-,  pr.  apparence,  puis 
éclat,  pompe  dans  le  discours;  adj.  ifi fxTixài 
fr.  emphatiqxte.  Racine  s'est  permis  le  terme 
emphatiste  =  qui  parle  avec  emphase. 

EMPHYTEOSE,  altéré  de  l'anc.  mot  emphy- 
leuse,  du  gr.  ififùrivu^,  action  d'implanter, 
BL.  emphyteosis ={nnâi  perpétua  locatio. — 
D.  emphytéotique. 

EMPIÉTER,  1 .  donner  du  pied  (à  une  co- 
lonne) ;  2.  mettre  le  pied  sur  (le  terrain  d'au- 
trui);  dérivé  de piet  (auj.  pied);  cp.  piéton, 
piétiner'.  —  Composé  :  rempiéter. 

EMPIFFRER,  voy.  piffre.^ 

EMPIRE,  L.  imperium. 

EMPIRER,  BL.,  impejorare,  voy. pire. 

EMPIRIQUE,  gr.  itxitn^i^ô;,  qui  agit  d'après 
l'expérience  (et  non  pas  d'après  les  principes 
scientifiques).  —  D.  empirisme. 

EMPLAGER,  voy.  place.  —  D.  emplace- 
ynent;  cps.  remplacer. 

EMPLATRE,  esp.  emplasto,  it.  empiasto,  du 
h.emplasirum,  gr.  iijLr.Xx-sTov  (s.  e.  yip^aa/ov), 
aussi  itiTiïxyrpov,  do  èyui-7r>a97sty,  appliquer 
dessus.  —  D.  emplâtrer,  it.  impiastrare:  — 
De  l'a^j.  su7rÀxîTi/o;,  fr.  emplastique. 

EMPLETTE,  vfr.  emploite,  norm.  empleite, 
du  L.  implicita  implicta,  part,  passé  de  im- 
plicare,  au  sens  de  dépenser  (voy.  employer). 

EMPLIR,  L.  implere;  cps.  dés-emplir,  rem- 
plir. 

EMPLOYER,  it.  impiegare,  esp.  emplear, 
prov.  empleiar,  du  L.  implicare,  impliquer, 
usité  dans  la  basse  latinité  p.  expendere, 
insumero.  Ce  même  trope  :  engager  qqch. 
dans  une  affaire,  en  faire  usage  pour  un  but 
déterminé,  se  rencontre  également  dans  l'ail. 
cer-voenden,  de  toenden,  tourner,  plier.  — 
D.  subst.  verb.  emploi,  it.  impie  go;  employé; 
voy.  aussi  emplette. 

EMPOIS.  EMPOISSER,  voy.  empeser. 

EMPORTER,  porter  loin  («m,  en  =«  inde), 
enlever;  s'emporter,  fig.  =  se  laisser  entraî- 
ner par  nn  mouvement  de  colère;  cp.  les 
expressions  analogues  fr.  transporter,  émou- 
voir, se  démener,  et  L.  efferre.  —  D.  em- 
2)orlé,  emportement;  cps.  remporter. 

EMPOTER,  mettre  en  pot. 

EMPREINDRE,  du  L.  imprimcre,  litt. 
presser  dessus  ;  c'est  la  forme  vulgaire  de  im- 
primer (cp.  geindre,  de  gemere).  Du  participe 
empreint  vient  le  subst.  empreinte,  d'où  ont 
été  tirés  l'it.  imprenta,  impronta,  esp.,  prov. 
cïhprenta,  puis  les  verbes  néerl.  printen,  im- 
primer, et  angl.  print. 

EMPRESSER  (S),  se  mettre  en  presse,  en 
mouvement.  —  D.  empressé,  empressement. 

EMPRUNTER,  wall.  épronter,  it.  impron- 
tare;  du  L.  in promutuum,  en  prêt  (Digeste). 
Cotte  étymologie  de  Diez  est  confirmée  par  la 
forme  valaque  imprumut,  et  met  à  néaht  les 
anciennes  explications  par  in  promtu  dare 
ou  accipere,  ou  par  promptare,  fréq.  de  pro- 


mère.  —  A  l'appui  de  l'ét.  promtituum^ 
Rônsch  (Ztschr.,  Ilf,  102)  cite,  dans  le  gloss. 
gréco-latin  de  Cyrille  (éd.  Vulcan.,  p.  58)  : 
TrpoJïtvaJo/xai,  promutiior.  —  Subst.  verbal  : 
emprunt. 

ÉMULE,  L.  œmulus,  rival.  —  D.  émuler  , 
emulateur,  -aiion. 

EMUL6ENT,  du  L.  emulgere,  traire  jus- 
qu'à la  dernière  goutte  Du  supin  emulsum  : 
fr.  émulsion  (d'où  émulsionner),  émulsif. 

EN  représente  :  1 .  la  particule-préposition 
L.  in;  2.  l'adverbe  L.  inde,  vfr.  int,  eytt  (en 
Hainaut  end,  dans  le  cps.  endraller  =>  en 
aller).  De  même  que  unde  ou  plutôt  la  forme 
composée  dc-unde  a  donné  l'adverbe  pronomi- 
nal relatif  dont,  ainsi  le  L.  inds  a  fourni  l'ad- 
verbe pronominal  démonstratif  en.  Dont  (L. 
unde)  est  le  corrélatif  de  en  {h.  inde),  comme 
oii  (L.  ubi)  l'est  de  y  (L.  t^.  —  L'un  et 
l'autre  en,  tant  celui  qui  représente  le  L.  in, 
que  celui  qui  est  issu  do  inde,  servent  d'élé- 
ment de  composition,  en  se  modifiant  en  em 
devant  des  consonnes  labiales  (p.  ex.  anpor- 
ter,  embellir).  —  En  préfixe  =  L.  in  se 
trouve  d'abord  en  tét^î  de  quelques  verbes 
français  d'ancienne  formation,  repix>duisant 
des  verbes  latins  déjà  pourvus  du  préfixe,  p. 
ex.  emplir,  L.  im-plere,  enfler,  L.  in-flare, 
enduire,  L.  inducere,  empreindre,  L.  impri- 
mere,  employer.  L.  implicare.  Les  verbes 
latins  composés  avec  in,  entrés  dans  la  langue 
française  sous  l'influence  savante,  conservent 
la  forme  latine  :  in-duire,  im-primer,  im. 
pliquer  (comparez  ces  verbes  avec  les  trois 
derniers  mentionnés).  Appliqué  à  des  mots 
romans  sans  précédent  latin,  le  préfixe  en  est 
destiné  à  exprimer  le  passage  d'un  état  en  un 
autre  ;  c'est  là  sa  valeur  inchoative  et  factitive; 
ex.  enorgueillir,  empirer,  embellir,  enrichir, 
endormir,  embraser,  puis  introduction  dans 
l'intérieur  de  (ir^ch.,  engagement,  implication 
{empiéter,  enfoncer,  embûche,  engager),  ou 
action  de  pourvoir  ou  toucher  qqch.  de  la 
chose  exprimée  par  le  primitif  (empoisonner, 
en  fariner).  —  Le  préfixe  en  ■«  inde  exprime 
éloignement.  Il  ne  se  rencontre  plus  que 
dans  s'encourir,  enfuir,  enlever,  emmener, 
emporter,  s'ensuivre,  envoler,  entraîner. 

ENCAISSER,  voy.  caisse.  Le  subst.  encaisse 
équivaut  à  :  ce  qui  est  en  caisse. 

ENCAN,  anc.  encant,  prov.  enquant,  encant, 
it.  incanto, hnc.  esp.  encante,  ail.  gant;  delà 
phrase  lat.  in  quaïitum,  à  combien?  —  D. 
vfr.  enquanter,  encantcr,  enchanter,  mettre 
à  l'enchère.  Ménage  songeait  à  incantare, 
auquel  il  prétait  le  sens  do  proclamer; 
d'autres  à  in  cantu,  vente  faite  au  son  de  la 
trompe  ! 

ENCAQUER,  voy.  caque. 

ENCARTER,  terme  d'imprimeur  ou  de  re- 
liure,  de  carte  -*  carton. 

ENCASTfiLER(S'),t.de  vétérinaire;  d'après 
Littrô  du  BL.  incastellare,  emmurailler  (de 
castellum),  la  corne  du  cheval  étant  compa- 
rée à  une  muraille.  Le  sens  étant  tout  sim- 
plement «  enserrer  ",  on  peut  très  bien  expli- 


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ENC 


179  — 


ENC 


Ajuer  encasteleTt  comme  dimin.  du  BL.  incas- 
tare{voj.  encastrer). 

ENCASTRER,  emboîter,  enchâsser,  prov. 
encastrar,  ital.  vicastrare,  du  BL.  ùicaS' 
trare  (Vulgate,  Isidore),  forme  variée  de 
incàstare  (d'où  esp.  engastar^  enchâsser,  ser- 
tir). Le  radical  de  ce  dernier  peut  être,  soit 
l'alL  kasten  (vha.  chasto),  caisse,  coffre,  ar- 
moire et  particulièrement  chaton  (v.  c.  m.), 
ou  le  thème  congénère  latin  cast  (exprimant 
serrer,  enfermer)  qui  est  au  fond  de  castrum 
et  de  son  dimin.  castcUum,  et  qui  remonte  à 
la  même  racine  cas  qui  a  donné  casa,  maison. 
ENCAUSTIQUE,  L.  cncausticus,  gr.  i //.au»- 
Ti/o;,  dérivé  de  iyr.^uyroi,  adjectif  verbal  de 
ly/eafct»,  brûler  sur  ou  dans.  L'encaustique  est 
l'art  de  peindre  avec  des  couleurs  mêlées  de 
cire  et  durcies  ensuite  par  l'action  du  feu.  — 
Le  L.  encaustiim,  gr.  v/axuitov,  était  aussi  le 
nom  de  l'encre  rouge  dont  se  servaient  les 
empereurs  romains  pour  signer.  Les  Italiens 
en  ont  fait  incosto,  inchiostro;  d'autres  lan- 
gues ont  singulièrement  écourté  ce  mot,  et 
Tont  transformé  en  vfr.  enque,  ci\che,  auj. 
ENCRE,  angl.  twA,  néerl.  inkt.  L'ail,  tinte,  esp. 
tinta,  =  encre,  vient  du  L.  tinctiis,  part, 
passé  de  tingere,  teindre. 

ENCEINDRE,  L.  in-cingere;  part,  enceint, 
doù  le  subst.  participial  fém.  enceinte,  cir- 
cuit, clôture.  Quant  à  l'adj.  fém.  enceinte, 
grosse  d'enfant,  =  it.  incincta,  prov.  encen- 
cha,  voici  ce  qu'en  dit  Isidore  :  «  incincta  == 
prsegnans  eo  quod  est  5in<?  cinclu  ».  D'après 
cette  étymologie,  incincta  serait  =^  discincta 
ou  non  cincta;  c'est  comme  si  nous  disions 
aujourd'hui  par  euphémisme  «*  femme  sans 
corset  «.  —  M.  de  Chevallet,  d'après  Ménage, 
rattache  le  BL.  incincta  (grosso)  au  latin  classi- 
que inciens,  -tis,  qui  a  la  même  signification. 
Cette  dérivation  n'est  pas  impossible  ;  seule- 
ment il  faudrait  admettre  que  la  forme  lat.  et 
it.  incincta  fût  l'effet  d'une  fausse  application 
étymologique,  ce  que  la  date  reculée  de  l'em- 
ploi de  ces  formes  engage  à  repousser.  L'es- 
pagnol dit  estar  en  cinta  ;  cela  fait  songer  à 
une  autre  représentation  de  la  chose,  savoir  : 
être  enveloppé,  être  doublé,  in  cinctu  (ou  en 
mauvais  latin  :  in  cincta)  esse.  L'it.  indgnere, 
prov.  encenher,  vfr.  enchaindre  (Richart  li 
Biaus)  =»  engrosser,  confirment  cette  manière 
de  voir;  ils  représentent  le  L.  incingere,  en- 
tourer ;  c'est  une  figure  un  peu  moins  gros- 
sière que  le  fr.  engrosser;  elle  rend  l'idée  : 
donner  de  l'ampleur,  du  volume. 
ENCEINTE,  voy.  l'art,  préc. 
ENCENS,  it.  incensOfd^^.  incieyxso,  BL.  in- 
censum,  =  thus,  de  incendere,  allumer, 
brûler  —  D.  encenser,  -oir.  —  Les  Aile- 
jnands  rendent  e^icens  par  weih-rauch,  fumée 
sacrée. 

ENCÉPHALE,  gr.  2yxi?aXd;,  adj.,  =>  qui  se 
trouve  dans  la  tête  («t^alïj)  ;  comme  subst.  = 
cerveau.  —  D.  encéphcUie,  -ite. 

ENCHANTELER,  du  subst.  chanter,  chan- 
tcau  •=  chantier;  voy.  caiiton. 

ENCHANTER,  L.  tn-cantare,  fasciner  par 
le  chant  de  formules  magiques  (cp.  charmer. 


du  L.  Carmen,  chant);  de  là  subst.  verbal 
vfr.  encant,  it.  incanto,  esp.  encanto.  —  D. 
enchantement,  -eur;  désenchanter,  rompre 
l'enchantement. 

ENCHAPER,  de  chape,  couverture. 

ENCHASSER,  voy.  châsse. 

ENCHÈRE,  voy.  enchérir. 

ENCHÉRIR,  devenir  plus  cher,  augmenter 
de  prix  ;  le  sons  actif  élever  le  prix,  rendre 
plus  cher,  propre  auj.  à  la  forme  enchérir, 
était  autrefois  rendu  par  eitcherier  (BL.  inca- 
riare)\  c'est  à  cotte  dernière  forme  que  res- 
.sortit  le  subst.  enchère,  offre  d'un  prix  plus 
élevé. —  D.  enchère,  enchérissoiient,  -isseiir; 
cps.  re7icherir,  surenchérir. 

ENCHEVÊTRER,  voy.  chcvétre. 

ENCHIFRENER,  causer  un  embarras  dans 
le  nez;  étymologie  douteuse.  Ménage,  pour 
sortir  d'embarras,  forge  un  mot  barbare  inca- 
mifrœnarc,  en  se  fondant  sur  Psaume  32,  9  : 
«  in  camo  et  frœno  maxillas  eorum  con- 
stringe  » .  Littré  appuie  cette  explication  en 
disant  :  «  De  en  et  chanfrein,  par  l'intermé- 
diaire de  chinfreneau,  coup  à  la  tète  ;  le  sens, 
qui  était  général  (on  trouve  d'amors  enchi- 
frenés dans  le  Roman  de  la  Rose)  s'étant  par- 
ticularisé au  rhume  assimilé  à  un  chanfrein  ». 
Pdur  notre  part,  nous  citerons  le  bas-breton 
sifern,  rhume,  mais  il  se  peut  qu'il  soit  d'ori- 
gine frança'ise. 

ENCHYMOSE,  gr.  èy^OuMn;,  effusion  d'hu- 
meurs (y^unô;). 

ENCLAVER,  du  BL.  inclacare,  enclore  (de 
clams,  clef).  —  D.  enclave. 

ENCLIN,  L.  inclinis,  penché. 

ENCLORE,  prov.  enclaure,  L.  inclaudere, 
forme  barbare  pour  includere;  do  ce  dernier 
les  savants  ont  fait  inclure.  Le  part,  enclos 
(L.  inclausus)  a  donné  le  subst.  enclos,  doù 
les  chasseurs  ont  forgé  le  verbe  enclotir. 

ENCLOS,  voy.  enclore. 

ENCLOTIR,  voy.  enclore. 

ENCLOUER,  voy.  clou. 

ENCLUME,  it.  incude,  incudine,  ancude, 
ancudine,  esp.  ayunque,  yunque,  prov.  en- 
clutge,  encluget;  toutes  ces  formes  viennent 
du  L.  incus,  incudis.  Une  déclinaison  bar- 
bare incudo,  incudinis,  a  donné  les  formes 
italiennes.  L'espagnol  s'explique  par  la  syn- 
cope du  d,  d'où  incue,  d'où,  par  la  transpo- 
sition de  u  :  iunce,  yunque.  Le  provençal  ac- 
cuse un  type  incudium,  avec  l  intercalaire. 
Quant  au  mot  français,  il  vient  de  l'ace,  incu- 
dinem  avec  /  intercalaire;  pour  la  terminai- 
son, cp.  L.  amaritudinem,  fr.  amertume.  — 
D'après  Cornu  (Rom.,  VII,  594),  enclumrC  se 
serait  produit  par  la  série  de  formes  suivantes  : 
tncudinem,  'encumne,  *e7icnume,  enclume. 

ENCOCHBR,  voy.  coche  3. 

ENC06NER,  voy.  coin.  —  Cps.  rencogner. 

ENCOLURE,  voy.  col. 

ENCOMBRE,  subst.  verbal  de  encombrer.   • 

ENCOMBRER,  prov.  encombrar,  it.  ingo»n- 
brare,  obstruer,  embarrasser,  du  BL.  com- 
brus,  abattis;  voy.  sous  comble.  —  D.  encom- 
bre, pr.  obstruction,  obstacle. 


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ENC 


180 


END 


ENCONTRE,  ancienne  préposition,  compo- 
sée de  contre^  -«  BL.  in-conira  p.  contra,  cp. 
L.  insuper  p.  super.  —  D.  encontrer  à  qqn., 
verbe  tombé  en  désuétude  =  le  rencontrer, 
l'attaquer,  lui  venir  à  rencontre;  de  là  le 
subst.  encontre  (it.  incontro,  esp.  encuentro), 
événement  imprévu,  embarrassant.  Ce  subst. 
nous  est  resté  dans  la  locution  à  rencontre  et 
dans  le  composé  malencontre  p.  mal  encontre 
(encontre  était  masculin).  Encontrer  et  encon- 
tre ont  fait  place  aux  composés  rencontrei'  et 
rencontre.  Ces  termes  sont  analogues  à  l'ail. 
hegegnen,  hegegniss,  de  gegen,  contre. 

ENCOR,  ENCORE,  it.  ancora,  prov.  encara, 
enquera  ;  du  L.  hanc  oram,  «=  jusqu'à  cette 
heure-ci  ou  cette  heure-là.  Comparez  L.  ad- 
huc,  m.  s.,  litt.  jusqu'ici.  De  même  que  ce 
dernier,  d'abord  adverbe  de  temps,  a  pris  le 
sens  ad'hoc  et  marque  addition,  gradation, 
avec  la  valeur  de  quoque,  etiam,  il  en  est 
arrivé  de  même  à  son  équivalent  néo-latin 
encore.  Sénôque  :  unam  rem  adhuc  acyiciam, 
j'ajouterai  encore  une  chose;  Quintilien  :  Cal- 
licles  adhuc  concitatior,  encore  plus  animé. 
—  L'étymologie  hanc  horam  échappait  encore 
à  Sylvius  et  Nicot,  qui  faisaient  forcément 
venir  encore  du  L.  incoram,  en  présence  de.  — 
Havet  (Rom.,  VIÏI,  93)  cherche  à  démontrer 
pour  cet  adverbe  fr.  (it.  ancora)  l'étym.  aique 
ad  horam,  atque  étant  devenu  acque,  puis  par 
nasalisation  anche,  et  ore  (o  ouvert)  issu  de 
aora.  Cette  explication  nouvelle  est  théori- 
quement correcte  et  sourit  beaucoup,  mais 
elle  se  heurte  contre  un  fait,  relevé  par  Su- 
chier:  c'est  que  la  formule  prov.  anc  no,  pic. 
aine  ne,  =  jamais  (relativement  au  passé) 
appuie  trop  .solidement  pour  anche  l'origine 
oûihuc  ou  ad  hune. 

ENCORBELLEMENT»  voy.  corbeau, 

ENCORNER,  voy.  corne. 

ENCOURAGER  (au  xvi*  siècle,  on  disait  aussi 
acourager),  voy.  courage. 

ENCOURIR  =  courir  dans,  s'exposer  à;  cp. 
en  latin  le  même  emploi  figuré  de  incurrere 
dans  incurrere  odia  hominum,  encourir  la 
haine  des  hommes,  incurrere  i7i  crimen,  en- 
courir l'accusation.  —  Dans  le  réfléchi,  s'en- 
courir, le  préfixe  en  est  =  inde. 

ENCRASSER,  voy.  crasse.  En  vfr.,  eiu^as- 
sier  avait  la  valeur  de  engraisser  ;  il  en  est  de 
même  du  wall.  ecrauchi,  rouchi  encrachier. 

ENCRE,  voy.  encaustique.  —  D.  encrier. 

ENCROUE  (arbre)  ne  vient  pas  de  croix, 
comme  prétend  Besclierellc,  mais  par  le  BL. 
incrocare{Lo\  salique),  cncrocher,  de  la  racine 
croc. 

ENCYCLIQUE,  gr.  fyxu/t>i/o,-,  de  xOxio;,  cy- 
cle, cercle;  cp.  L.  circularis  (decirculus),  d'où 
le  subst.  fr.  circuiaire,  ail.  rundschreihen. 

ENCYCLOGRAPHIE,  mot  nouveau  formé 
d'après  encyclopédie,  recueil  de  traités  sur 
les  diverses  branches  d'une  science  ou  de  la 
.«science  en  général. 

ENCYCLOPÉDIE,  du  gr.  i'ftu^Uitonhim,  qui 
est  une  fausse  leçon  pour  cyxwx/ioç  r.onûtlr,  lo- 
cution fréquemment  employée  depuis  Aristote 
pour  désigner  le  cercle  (xûxioi)   de  connais- 


sances, de.  sciences  ou  arts,  que  tout  jeune 
Grec  de  condition  libérale  devait  parcourir 
avant  de  s'engager  dans  l'étude  des  matières 
nécessaires  à  une  profession  spéciale;  les 
branches  dont  se  composait  cette  éducation 
(irKiôcix)  s'appelaient  cyxûxlix  ttxdr.uzrs.  La  va' 
leur  du  mot  a  été  élargie  par  les  modernes. 

ENDÉMIE,  -IQUE,  du  gr.  li^.r.tio^,  particu^ 
lier  à  un  peuple. 

ENDÊVER,  enrager  ou  faii  e  enrager  ;  com^ 
posé  du  vfr.  desver,  derver,  m.  s.,  d'où  vfr. 
desi^é,  dense,  diervé,  furieux,  forcené.  Ce 
verbe  a  fort  torturé  les  linguistes.  Ducange 
proposait  L.  deviare.  sortir  du  droit  chemin; 
M.  de  Reiffenberg,  le  flam.  dief,  voleur; 
d'autres,  un  BL.  de-ex-viare,  puis  l'esp.  der" 
ribar,  abattre,  démonter.  Toutes  ces  tenta- 
tives sont  malheureuses.  Diez,  s'appuyant  sur 
l'expression  :  «  tôt  a  le  sanc  desvé  »,  avait  été 
porté  à  rattacher  desver  au  L.  dissipare^ 
gâter  (it.  scipare);  il  alléguait  dans  ce  sens  le 
vers  de  Dante  :  «  La  memoria  il  sangue  ancor 
mi  scipa  »  ;  mais  il  est  revenu  sur  cette  coiyec* 
ture,  arrêté  par  le  scrupule  qu'il  est  impro- 
bable que  dissipare  fasse  disipar  en  prov.,  et 
desver  en  français.  D'autres  raisons  l'ont  em- 
pêché de  poser  les  étymologies  :  diruere 
(transformé  en  diruare,  d'où  dervare,  dev 
ver),  et  derogare  (cp.  fr.  enterver  =  interrO' 
qare,  fr.  corvée  =  corrogata).  Il  s'en  tient 
donc  à  la  coi\jecture  (consignée  dès  la  2*  édit. 
de  son  livre)  :  on  s'est  servi  d'abord  de  la 
3*  pers.  sing.  desve,  qui  répond  correcte- 
ment à  h.  desipit  (il  est  fou);  puis  de  la  forme 
du  présent  desve  on  a  dégagé  un  infinitif  deS' 
ver  et  un  participe  desvé.  —  Chevallet,  au  mé- 
pris de  toutes  les  règles  de  dérivation,  met  en 
avant  l'ail,  taub,  insensé,  fou,  verbe  toben, 
être  enragé  ;  il  aurait  mieux  fait  de  citer  les 
mots  angl.  deaf{=^a,\\.  taub),  verbe  bas-saxon 
daven,  =^  ail.  toben,  qui  se  rapprocheraient 
davantage  du  mot  français.  —  Gachet,  par- 
tant du  fait  que  la  derverie  semble  avoir 
emporté  une  idée  de  possession  diabolique, 
incline  vers  ceux  qui,  avant  lui  déjà,  ont 
pensé  à  une  origine  de  diable,  par  la  forme 
angl.  devil  ou  aU.  teufeh  Endêvé  serait  ainsi 
—  endiablé.  En  rouchi,  on  dit,  pour  «  il  est 
diablement  beau  »  :  il  est  biau  endêvé.  Pour 
faire  accorder  aussi  bien  la  lettre  que  le  sens 
avec  cette  étymologie,  Gachet  rapproche  le 
port,  endiabrar  et  prov.  endiablar,  qui  selon 
lui  peuvent  s'être  altérés  en  endiavrar,  en- 
diai'var,  d'où  enfin  enderver,  endesver.  Il 
pense  aussi  (à  tort,  sans  aucun  doute)  que 
l'angl.  endeavour,  s'efforcer,  s'acharner  à 
faire  qqch.,  est  le  même  mot.  —  De  mon 
côté,  j'ai  proposé  quelque  part  l'explication 
de  dervé  (d'où  desvé)  par  le  BL.  debriatus  (p. 
de-ebriatus),  enivré,  fou.  En  somme,  la  con- 
jecture de  Diez  est  celle  qui  satisfait  le  plus 
aux  conditions  d'une  saine  étymologie.  Littré 
s'abstient  de  se  prononcer,  et  laisse  la  discus- 
sion ouverte.  Et  voici  ce  que  j'ai  enregistré 
de  nouveau  sur  ce  terrain.  L'explication  do 
l'ancien  desver  par  dis-vadere (soviiv  du  sens», 
tentée  par  Ulrich  (Rom.,  VDI,  264),  est  par 


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ÉNE 


181 


ENF 


trop  ingénieuse.  Voici  son  procédé  :  Diswidere 
—  disvarre  —  disvare,  fr.  desver,  comme 
calefacere  a  fait  calfarre,  calfare,  d'où  fr. 
chauffer.  Une  autre  coi\}ecture  du  même 
auteur  (Rom.,  JX,  579)  porte  sur  de-ex- 
ripare.  Pour  le  sens,  cp.  lat.  delirare,  «  sortir 
du  sillon  •>.  La  coi\iugaison  aurait  été  d*abord 
desrif,  desrives,  desrice^  desvôns,  desr>éz, 
desrivent,  puis  le  thème  des  formes  syncopées 
et  accentuées  sur  la  finale,  comme  dans  beau- 
xïoup  d'autres  verbes,  aurait  pris  le  dessus. 
On  objecte,  d'une  part,  que  Ve  du  thème  desv 
est  ouvert  et  postule  un  e  bref  d'origine  (6. 
Paris),  d'autre  part,  que  les  composés  par  de 
-)>  ex  sont  imaginaires  (Grdber). 

ENDIVE,  it  ,  esp.,  port.,  prov.  endivia,  du 
L.  iniybus  (c/ruSov),  ciiicorée,  ou  plutôt  de  la 
forme  adjectivale  intybea, 

ENDOLORIR,  litt.  affecter  ou  être  affecté 
4'une  doiUeur. 

ENDORMIR,  factitif  de  dormir.  Le  latin 
xîlassique  indonnire  dit  autre  chose,  c.-à-d. 
dormir  ou  s'endormir  sur  qqch.,  et  fig.  la 
traiter  avec  négligence.  Végèce  cependant 
l'emploie  dans  le  sens  de  s'engourdir  en  par- 
lant des  membres. 

ENDOS,  subst.  verbal  de  endosser. 

ENDOSSER,  mettre  sur  le  dos,  de  là  endos- 
ser un  habit;  puis  mettre  sa  signature  au  tios 
d'un  papier,  d'où  endosser  une  lettre  de 
change;  en  reliure,  mettre  le  dos  à  un  vo- 
lume. —  D.  endos;  fém.  endosse  «»  poids 
dont  on  est  chargé  (terme  familier). 

ENDROIT,  anciennement  préposition,  = 
dans  la  direction  de,  vers,  à  l'égard  de,  quant 
Â,  p.  ex.  oidroit  le  vespre,  vers  le  soir  ;  aussi 
adverbe,  avec  le  sens  de  vis-à-vis,  en  face,  di- 
rectement, du  côté  qui  se  présente  tout  d'abord 
A  nos  regards.  Cet  adverbe  ou  préposition  re- 
présente littéralement  le  L.  in-directum,  di- 
rigé vers  (voy.  droit).  La  combinaison  avec  in 
est  analogue  à  celle  de  ejicontre,  envers,  etc. 
Quant  au  sens,  endroit  rend  à  peu  près  la 
même  idée  et  de  la  même  manière  que  envers, 
qui  représente  le  L.  in-versus,  tourné  vers. 
D'adverbe,  le  mot  s'est  fait  substantif,  et  en- 
droit a  pris  les  significations  :  1 .  place,  lieu, 
propr.  ce  qui  est  devant  nous,  cp.  contrée  de 
contre  (l'ancien  sens  adverbial  perce  encore 
dans  la  locution  à  Vendi'oit  de  =  en  ce  qui 
concerne);  2.  côté  droit,  beau  côté  (d'une 
étoffe),  opp.  au  subst.  envers,  côté  retourné. 

ENDUIRE,  du  L.  iïxducere,  litt.  appliquer 
sur,  puis  =  enduire,  p.  ex.  dans  colorem  in- 
ducere  pictiirœ  (Pline).  Dans  le  sens  de  mener 
vers,  le  L.  inducerc  est  devenu  le  fr.  induire. 
^  D.  enduit,  subst.  participial,  =  L.  induc- 
tum. 

ENDURCIR;  le  préfixe  ajoute  à  la  valeur 
factitive  du  verbe  simple. 

ENDURER,  L.  indurare,  pris  dans  le  sens 
de  durare,  obdurare,  résister,  persister,  sup- 
porter («  perfer  et  obdura  »). 

ENERQIE,  gr.  hipyuot,  activité,  puissance 
^t/gyv,  travail).  —  D.  énergique. 

ÉNER6UMÊNE,  gr.  htpyoùfitm*  travaillé, 
possédé,  s.-e.  par  le  démon. 


ÉNERVER,  L.  enervare  (nervus). 
ENPAGOTER,  voy.  foffot. 
ENFANT,  du  L.  infantem  (le  nomin.  infans, 
avec  l'accent  sur  i,  a  donné  naissance  au  vfr. 
enfe  ou  enfes,  forme  réservée  au  cas  du  sujet 
masculin).  —  D.  enfance,  L.  infantia;  enfan- 
çon;  enfantin,  L.  infantinus*  p.  infantilis; 
enfantillage;  enfanter  (y.  c.  m.). 

ENFANTER,  donner  le  jour  à  un  enfant, 
it.  infantare,  prov,  enfantar,  efatUar,  du  L. 
tnfantare;  toutefois,  ce  verbe  latin  ne  se 
trouve  que  dans  Tertullien,  au  sens  de  nour- 
rir. —  D.  enfantement. 

ENFARINBR,  1.  poudrer  de  farine;  2.  ûg. 
endoctriner.  Cette  dernière  acception  se  rat- 
tache peut-être  au  sens  métaphorique  qu'a  le 
L.  farina,  dans  ejusdem  farinœ  esse,  être  de 
la  même  pâte,  de  la  même  trempe. 

ENFER,  prov.  enfern,  it.  inferno,  du  L. 
infernum  (Tacite  :  inferna,  -orum,  =  les  en- 
fers), d'où  infernalis,  fr.  infernal. 

ENFERMER,  mettre  dans  un  lieu  fermé, 
composé  de  fermer,  comme  includere  de  clau- 
dere.  —  Cps.  renfermer. 

ENFERRER,  enfoncer  un  fer,  percer  d'un 
fer,  de  ferrum,  glaive.  —  Autrefois  =  mettre 
aux  fers. 

ENFILER,  passer  un  fil  à  travers  le  trou 
d'une  aiguille,  réfl.,  sens  fig.,  s'introduire, 
s'engager  dans.  —  Enfiler  des  phrases,  etc., 
est  une  métaphore  tirée  de  «  enfiler  les 
grains  d'un  chapelet  ».  —  D.  enfilade,  suite 
de  choses  disposées  sur  une  même  ligne,  pro- 
pres à  être  enfilées  ou  traversées  sans  obstacle 
(«  enfilade  de  chambres  »). 

ENFIN,  p.  en  fin,  ■=■  pour  finir,  pour  ré- 
sumer. 

ENFLAMMER,  L.  inflammare, 
ENFLER,  L.  in-flare,  litt.  souffler  dans, 
cp.  gonfler  de  con-flare.  —  D.  enflement,  -ure; 
cps.  renfler.  Notons  encore  l'ans.  adjectif 
enfle  =  enflé,  encore  en  usage  dans  quelques 
dialectes. 

ENFONCER,  pousser  vers  le  fo)uî  (v.  cm.), 
puis  faire  pénétrer  dans  le  fond,  enfin  défon- 
cer et  en  général  briser,  rompre  ^«  enfoncer 
une  porte  »).  Nous  ne  citons  pas  les  emplois 
figurés  de  ce  verbe.  —  D.  enfoncement,  1.  ac- 
tion d'enfoncer;  2.  vide,  creux,  profondeur; 
enfonçure,  chose  enfoncée.  L'ancienne  langue 
disait  aussi  enfondrer,  pour  enfoncer  (cp. 
effondrer).  Voy.  aussi /bnccr. 

ENFORCIR,  rendre  ou  devenir  plus  fort, 
cp.  endurcir  =  durcir.  L'ancienne  forme 
enforcier  nous  est  restée  dans  le  composé  ren- 
forcer. 

ENFOUIR,  L.  in-fodere,  mettre  dans  la 
terre. 

ENFOURCHER,  prendre  en  fourche,  aussi 
percer  avec  la  fourche,  ou  disposer  en  forme 
de  fourche. 

ENFOURNER,  de  four  (anc.  forn). 
ENFREINDRE,  non  pas  du  L.  in-frendere, 
comme  prétendait  Caseneuve,  mais  de  in-frin- 
gère,  briser,  d'où  le  subst.  infractio,  fr.  in- 
fraction. 

ENFUIR  =  fuir  loin  ;  e»  =  L.  inde. 


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ENG 


182 


ENG 


ENFUMER,  emplir  de  fumde,  prov.  enfu- 
mar,  du  vfr.  fum\  fumée. 

ENGAGER  (ital.  ingaggiare,  prov.  engat- 
jar),  1.  mettre  en  gage{v.  c.  m.),  à  la  merci 
d'autrui,  aliéner;  opposé  :  d^fgager;  2.  pren- 
dre gage  de  qqn.  qui  s'oblige  à  vous  servir, 
le  prendre  à  son  ser\'ice,  l'enrôler,  le  déter- 
miner  à  un  sen'ice,  à  une  prestation,  lier, 
obliger;  3.  exhorter,  persuader  à  prendre 
part  dans  une  affaire  ou  à  faire  qqch.  ;  de  là 

4.  faire  entrer,   entraîner   dans,    mêler   à  ; 

5.  dans  les  locutions  •»  engager  le  combat,  la 
conversation  »,  le  verbe  équivaut  à  s'engager 
dans,  et  devient  synonyme  de  commencer.  — 
D.  engageafît  (se  rattache  à  l'acception  3); 
engagement  fse  rattache  à  toutes  les  accep- 
tions du  verbe)  ;  engagistc. 

ENGAINER,  mettre  en  gaine  (v.  c.  m.).  — 
Cps.  rengaine?'. 

ENGAVER,  M  le  pigeon  engave  ses  petits  «, 
c.-à-d.  il  dégorge  la  nourriture  dans  le  bec; 
dans  le  nord  de  la  France  --=  engraisser  de  la 
volaille,  empâter;  du  même  radical  que  le 
^ic&và  gaviot,  gosier,  ou  gavion  (le  peuple 
dit  :  en  avoir  jusqu'au  gavion  =  jusqu'à  la 
gorge,  se  rincer  le  gavion  ==  boire.  Le  pri- 
mitif est  ^atv,  terme  populaire  pour  le  jabot 
des  oiseaux  ;  cp.  wallon  gaf,  champ,  giieffe. 
Diez  rapporte  ces  mots  au  L.  cavus  ou  cavea. 
—  Voy.  aussi  engouer. 

ENGEANCE,  pr.  action  do  multiplier  par 
engendrcment,  puis  terme  collectif  ])our  des 
êtres  d'une  même  espèce,  race  ;  dér.  de  eiiger 
«=a  croître  (v.  c.  m.).  —  Engeance  signifie 
aussi  populairement  embarras,  do  là  le  verbe 
engeancer  qqn.  d'une  chose,  l'en  embarrasser, 
la  lui  mettre  à  charge.  Dans  le  deuxième 
sens,  c'est  un  dérivé  de  eifger  =  embarrasser. 

ENGEIGNER  (vieux).  =  tromper  (Lafon- 
taine),  aussi  cngignicr^  prov.  enginhar^  en- 
geingnar.  cat.  engegnar^  voy.  engin.  Les 
formes  vfr,  enganer,  esp.  engatiar,  it.  ingan- 
fiare,  qui  signifit;nt  la  même  chose,  sont  d'une 
source  différente. 

EN  GELER,  se  congeler  ;  de  geler,  avec  le 
préfixe  en  marquant  passage  d'un  état  à  un 
autre.  —  D.  engelure. 

ENGENDRER,  L.  ingenerare. 

ENGEOLER.  voy.  enjôler. 

ENGER,  embarrasser  qqn.  de  qqch.,  «  qui 
m'a  engé  de  cet  animal?  «,  -  Nicot  a  engé  la 
France  de  l'herbe  nicotiane  »».  Selon  Diez  du 
L.  e-necare  (contracté  encare),  qui  avait 
également  Tacception  torturer,  fatiguer,  im- 
portuner ;  pour  la  forme,  cp.  pincZ/'care,  contr. 
vincare,  fr.  ve)iger.  Le  port,  engar,  solliciter 
vivement,  doit  être  le  même  mot.  —  Un  ho- 
monyme enger  signifiait  autrefois  croître,  se 
multiplier,  en  parlant  surtout  de  choses  nui- 
sibles, vermine,  etc.,  «  cette  dartre  enge 
grandement,  la  peste  enge  fort  »  (il  avait 
aussi  le  sens  actif  peupler,  propager).  Mé- 
nage fait  venir  ce  second  verbe  enger  du 
L.  ingignere;  cett^  dérivation  ne  peut  être 
admise,  et  l'origine  du  mot  reste  encore  un 
problème.   En  dialecte  limousin,  on  trouve 


s'endià,  s'engendrer  (en  parlant  de  la  ver- 
mine), et  le  sarde  présente  atigiai,  faire  des 
petits.  —  D.  engeance  {y.  c.  m.);  vfr.  enge, 
race,  engeance.  —  Il  y  a  lieu  de  noter  ici 
encore  le  composé  vfr.  a-engier,  sign.  à  l'ac- 
tif :  faire  croître,  augmenter;  au  neutre  : 
grandir,  s'accroître  («  Partout  voi  le  mal 
a-engier  »  Baud.  de  Condé). 

ENGIN,  vfr.  engieng,  engien,  it.  ingegtio, 
prov.  engeinh,  engin^  d'abord  esprit,  surtout 
esprit  inventif,  puis  ruse,  finesse,  instrument 
de  guerre  ou  de  chasse  ;  du  L.  ingenium.  De 
l'anc.  forme  enginh',  engeinh'  vient  le  vieux 
verbe  engeigner  (v.  c.  m.),  machiner,  imagi- 
ner, tromper,  BL.  ingeniari,  ■=■  ingenium 
exercere  (la  langue  moderne  en  a  tiré  s* ingé- 
nier =  se  creuser  l'esprit)  ;  puis  le  subst. 
engigiieor" ,  faiseur  de  machines,  mot  que  les 
savants  ont  plus  tard  réhabillé  en  ingénieur 
[ingénieur  se  rapporte  logiquement  à  inge- 
nium,  comme  mécanicien  à  /Aiîx«vïi,  L.  ma- 
china) ;  enfin,  l'adj .  engignos^,  abandonné  pour 
la  fonne  plus  latine  ingénieux,  et  répondant 
à  L.  ingeniosus. 

ENGLOBER,  joindre  à  un  ensemble,  de 
globus,  au  sens  de  masse,  amas. 

ENGLOUTIR,  it.  inghiottire,  du  L.  inglu^ 
tire. 

ENGONCER,  rendre  la  taille  lourde,  con- 
trainte, gênée,  en  parlant  d'un  vêtement  qui 
produit  cet  effet.  «  Comme  tu  es  engoncée 
dans  ton  corset  ",  dit  Picard.  Roquefort  se 
fourvoie  en  donnant  à  ce  verbe  pour  premier 
sens  «  rentrer  la  tête  dans  les  épaules  «  et 
l'identifiant  avec  le  vfr.  esconser,  se  cacher. 
Corblct  dit  de  même  :  -  engoncé,  perdu  dans 
ses  vêtement.»?,  gêné  dans  un  habit  qui  monte 
jusqu'aux  oreilles  ;  du  roman  esconcé,  caché  » . 
Je  crois  aussi  que  ce  mot  se  rattache  au 
L.  condere,  mais  non  par  le  composé  abscoti' 
dere  (dont  le  partie,  barbare  absco}isus  a 
donné  esconser),  mais  par  le  participe  barbare 
inco7isus,  p.  inconditus,  qui  signifiait  désor- 
donné. Pline  a  dit  «  inconditus  ordo  ramo- 
rum  -,  Suétone,  «  turba  incondita  n.  On  pour- 
rait du  reste  aussi  donner  au  primitif  inœn- 
sus  le  sens  de  conditus,  «  caché,  enfoncé  » 
(cp.  «  engoncé  dans  son  chapeau  »»),  en  pre- 
nant in  pour  le  préfixe  marquant  mouvement 
du  dehors  au  dedans.  Remarquons,  en  outre, 
que  l'anc.  langue  employait  en  effet  sescotiser 
au  sens  de  «  se  cacher  » .  —  Ménage  expliquait 
le  mot  par  ingonnicatus.  mot  qu'il  a  forgé  4 
plaisir  de  gonne",  robe.  Littré  le  dérive  do 
go}id  (it.  gonzo),  engoncer  étant  comparé  à 
l'état  d'une  porte  mise  en  ses  gonds. 

ENGORGER,  anciennement  >»  gorger,  met- 
tre dans  la  gorge,  avaler  ou  faire  avaler,  cp. 
ingurgiter;  de  là,  le  mot  gorge  étant  pris 
dans  le  sens  de  tuyau,  canal,  se  dégage  l'ac- 
ception obstruer.  Le  composé  se  rengorger, 
cependant,  se  rattache  à  gorge,  poitrine; 
c'est  se  donner  de  la  gorge.  —  D.  engorge^ 
ment,  obstruction. 

ENGOUER  (d'où  engouement)  est  une  forme 
accessoire  de  engaver,  mentionnée  plus  haut. 
Elle  s'y  rapporte  comme  clouer  à  clavus.  Le 


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ENL 


—  183  — 


ENQ 


mot  signifie  d*abord  bourrer  le  gosier  ;  s^eti- 
gouer,  c'est  pr.  se  gorger,  s'en  donner  jusqu'à 
la  gorge;  le  sens  figuré  :  se  passionner, 
s'exalter,  s'explique  aussi  facilement  que  celui 
donné  parfois  à  se  repaître.  Ce  dont  on  raf- 
fole est  représenté  comme  quelque  chose  qui 
vous  remplit. 

ENOOULER,  faire  entrer  dans  la  gueule, 
avaler,  aussi  saisir  de  la  gueule,  mordre  ;  dé 
goule,  variété  de,  gueuh  (d'où  goulot)^  L. 
gula.  Le  participe  oigoulé  est  particulière- 
ment un  terme  d'héraldique.  —  Cps.  engoule- 
vent, nom  d'un  oiseau,  appelé  ainsi  à  cause 
do  la  grande  ouverture  de  son  bec. 

ENGOURDIR,  opp.  de  dégourdir,  voy.  ce 
mot. 

ENGRAISSER,  it.  higrassare,  vfr.  encras- 
sier,  dér.  dégraisse,  — D.  eiigrais, 

ENGRAVER,  s'engager  dans  le  sable,  voy. 
grève.  —  D.  eixgravée,  terme  d'art  vétérinaire, 
maladie  du  pied  des  bœufs,  résultant  des  ter- 
rains garnis  de  cailloux  sur  lesquels  ils  mar- 
chent. 

ENGRÊLÉ  (t.  de  blason),  muni  de  petites 
dents  arrondies,  àe grêle.  —  D.  engrâlure. 

1 .  ENGRENER,  mettre  le  grain  dans  la  tré- 
mie du  moulin  (appliqué  aussi  à  d'autres  opé- 
rations analogues)  ;  empâter  avec  du  grain. 
De  grain. 

2.  ENGRENER,  terme  de  mécanique,  faire 
entrer  les  dents  d'une  roue  dans  les  rainures 
d'un  cylindre.  De  L.  crena,  entaille,  cran  (pour 
g  =  c,  cp.  gonfler,  grotte,  vfr.  englume  p. 
enclume).  —  D.  engrenage,  -ure.  —  Cette 
étymologie  n'est  peut-être  pas  la  vraie  ;  l'ac- 
ception mécanique  pourrait  bien  découler 
d'une  acception  plus  générale  que  donnaient  à 
engrener  les  meuniers,  comme  celle  de  «  met- 
tre en  mouvement  » ,  de  sorte  que  notre  second 
engrener  ne  serait  pas  un  homonyme  distinct 
du  premier. 

ENGUEULER,  c'est  gueuler  dans  le  sens 
actif,  l'action  étant  portée  sur  qqn. 

ÉNIGME,    gr.  «rviy/uiat,  -aT05  (de    alvlitti^at, 

parler  en  paraboles)  ;  énigmattque,  alvi/^urrixo',-. 

ENJAMBER,  litt.  prendre  entre  ses  jambes 
(fig.  franchir  un  espace),  puis,  écarter  ses 
jambes,  marcher  à  grands  pas  ;  dépasser,  em- 
piéter. —  D.  enjambée,  -ement. 

ENJEU,  ce  qui  est  mis  enjeu  (au  jeu). 

ENJOn^DRE,  L.  injungere,  m.  s.,  d'où  le 
subst  injunctio,  fr.  injonction. 

ENJOLER,  aussi  engeôler,  pr.  attirer  dans 
IsL  geôle  (v.  cm). 

ENJOLIVER,  yoy.  joli,  smcjolif. 

ENJOUER,  égayer;  du  L.jocari,  plaisan- 
ter, badiner  ;  c'est  un  factitif  rendant  l'idée  : 
mettre  en  bonne  humeur;  de  là  le  participe 
passif  enjoué,  gai,  plaisant.  —  D.  enjoue- 
ment. 

ENLACER,  1.  enfermer  dans  des  lacs,  fig. 
serrer,  étreindre;  2.  passer  l'un  dans  l'autre 
des  lacets,   rubans,  etc.,  syn.  de  entrelacer. 

ENLEVER  ■=  en  (L.  inde)  -{-  lever,  porter 
loin. 

ENLISER  (S*),  s'enfoncer  dans  les  sables  ; 


selon  Nodier,  de  la  famille  du  bourguignon 
lijreu,  glissoire;  ce  serait  donc  pr.  glisser 
dans.  Quant  à  li^eii,  il  se  rattache  k glisser, 
dont  l'initiale  a  été  retranchée,  cp.  en  norm. 
lider  =  ags.  glidân,  angl.  glide.  Littré  dé- 
rive notre  verbe  de  lije,  lise,  nom  donné,  dans 
la  baie  du  mont  Saint-Michel,  à  la  boue  des 
chemins  et,  plus  spécialement,  aux  sables 
mouvants  ;  il  croit  que  lise  pourrait  être  «= 
gliise,  nom  de  la  glaise  en  normand. 

ENLUMINER,  forme  vulgaire  de  illuminer, 
L.  illuminare,  illustrer,  rehausser  de  cou- 
leurs. 

ENNEMI,  du  L.  inimicns  ou  plutôt  du  lat. 
populaire  inamiaus  (cp.    prov.   enamic)  ;   du 
subst.   inimicitas,    p.  inimicilia,  fr.  inimiti»- 
(vfr.  enemistié). 

ENNUI,  vfr.  anoi,  anui,  chagrin,  peine.  Les 
étymologies  diverses  tentées  à  l'égard  de  ce 
mot  {noxa,  noxia,  nausea,  gr.  ewnx  et  iAa) 
sont  toutes  contraires  aux  règles  phonolo- 
giques ou  au  sens.  La  seule  qui  puisse  soute- 
nir la  critique  est  celle  de  L.  odium,  déjà  pro- 
posée, mais  imparfaitement,  par  Cabrera.  Le 
mot  se  rattache  à  la  phrase  «  est  milii  in 
odio  • .  Les  deux  mots  in-odio,  ayant  subi  une 
sorte  de  concrétion,  ont  donné  esp.  enojo  (anc. 
enoyo),  port,  nqjo,  prov.  enoi,  ennei,  it.  7wja, 
anc.  anssi  nojo,  p.  inojo,  et  enfin  fr.  a/?ot,etc.; 
dans  l'anc.  dialecte  vénitien,  on  trouve  encore 
la  formule  intacte  inodio.  Pour  justifier  le 
rapport  littoral  entre  ces  formes  et  le  primitif 
in-odio,  cp.  L.  badius,  devenu  it.  bajo,  esp. 
bayo,  prov.  bai;  et  pour  la  transformation 
française,  il  suffit  de  rappeler  hoV  hui  de 
hodie.  Au  lieu  de  «  l'amors  m'es  en  oi  »  (ob- 
serve Diez,  auteur  de  notre  étymologie),  = 
amor  mihi  est  in  odio,  le  provençal  a  fini  par 
substantiver  la  formule  et  par  dire  :  amors 
m'es  enois  » .  Cette  opinion  se  confirme  encore 
par  l'ancienne  construction  du  verbe  ennuyer 
avec  le  datif.  Diez  cite  à  cet  égard  le  passage 
suivant  du  Livre  des  Rois  :  a  icest  afaire  al 
rci  enuiad  ».  —  Les  mots  it.  nabisso,  nin- 
ferno,  ingordo,  fr.  enjeu,  avenir,  fournis.sent 
d'autres  exemples  de  la  réunion  de  la  prépo- 
sition avec  le  substantif.  Il  n'est  pas  sans  inté- 
rêt de  mentionner  ici  l'expression  champenoise 
oder  p.  fatiguer,  ennuyer,  v  odable  p.  en- 
nuyeux. —  D.  ennuyer,  -eux. 

ÉNONCER,  L.  e-nuntiare,à'o\\  énonciation, 
-atif,  L.  enuntiatio,  -ativus, 

ÉNORME,  L.  enormis  (e  norma)  «  qui  sort  de 
la  règle  ».  —  D.  énormité,  L.  enormitas. 

ÉNOUER,  ôter  les  nœuds,  type  lat  e-nodare 
(nodus). 

ENQUÉRIR,  anc.  enquerre,  comp.  de  que- 
rir  (ou  querre)  avec  en,  cp.  L.  inquirere.  La 
tournure  s*enquérir  est  illogique;  elle  s'est 
produite  pent-ètre  par  imitation  de  s'informer. 
—  D'un  part,  latin  fém.  inquisUa  vient  le  subst. 
enqucste,  enquête,  d'où  s*enquêter.  Le  mot 
enquête  fait  double  emploi  avec  le  terme 
savant  inquisition  ;  le  subst.  enquêteur  se  tire 
régulièrement  de  inquisitor  et  forme  double 
emploi  avec  inquisiteur.  Les  participes  e^j" «'5, 


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ENT 


—  184  — 


ENT 


conquis,  etc.,  de  inquis*tus,  ont  perdu  leur^ 
primitif,  comme  dispos  p.  dispost. 

EMQUINAIIDER,  litt.  rendre  quinaud  (v. 
c.  m.),  pr.  rendre  confus,  gagner  en  sa  faveur. 
L'auteur  Quinault  n'a  rien  à  voir  dans  ce  mot 
créé  par  Lafontaine. 

1 .  ENRATER,  retenir  les  roues  en  barrant 
les  rais  (v.  c.  m.);  cps.  dés-enrayer, 

2.  ENRAYER,  patois  envoyer,  tracer  le 
premier  sillon  dans  un  champ  qu'on  veut 
labourer,  de  roie'  raie  (v.  c.  m.). 

ENROLER,  pr.  inscrire  sur  le  rôle.  L'esp. 
dit  de  même  alistare,  l'angl.  enîist,  de  lista, 
liste. 

ENROUER,  it.  arrocare,  rendre  rauque,  dér. 
du  L.  rauciis  rocits'  (cp.  louer  de  locare). 

ENS\  prov.  ins,  inz,  intz,  du  L.  intus;  ce 
vieux  mot  nous  est  resté  dans  les  compositions 
dans  (v.  c.  m.),  eéafis  (v.  c.  m.)  et  léans. 

ENSABLER,  I.  mettre  sur  le^a^^,  cp.  en- 
graoer;  2.  couvrir  de  sable. 

ENSACHER,  rouchi  ensaqiter,  mettre  en 
sac. 

ENSEIGNE,  it.  insegna,  anc.  esp.  ensena, 
du  L.  insignia,  plur.  de  insigne,  qui  est  le 
primitif  également  du  mot  moderne  insigne. 
—  Enseigne  signifie  en  premier  lieu  signe, 
marque  distinctive,  puis  indice  d'identité, 
d'authenticité,  de  vérité  ;  de  là  les  locutions 
à  bonnes  enseignes  =  à  bon  titre,  avec  sûreté; 
à  telles  enseignes,  avec  telle  garantie.  Enfin, 
le  mot  s'emploie  pour  drapeau  (au  masculin 
=  porte-drapeau;.  La  valeur  d'indice,  marque 
de  reconnaissance  («  donner  enseignes  »  ==: 
indicia  dare  («  montrer  par  enseignes  »  «« 
argumentis  monstrare)  a  donné  naissance  au 
verbe  enseigna*,  indiquer,  instruire,  informer, 
it.  insegnare,  esp.  ensenar,  port,  insinar. 
D'autres  ont  préféré  rapporter  enseigner  di- 
rectement au  L.  insignare,  qui  se  présente,  en 
effet,  très  naturellement  ;  Diez  est  aussi  de  cet 
avis  en  prêtant  à  ce  verbe  le  sens  primitif 
«  graver  dans  »,  d'où  découlerait  le  sens  fig. 
«  mettre  dans  l'esprit  n . 

ENSEIGNER,  voy.  enseigne.  D.  enseigne- 
ment ;  cps   renseigner. 

ENSEMBLE,  it.  insembre,  insembra,  anc. 
esp  etisembra;  du  L.  in-simul,  p  simuL  Cp. 
le  verbe  sembler  de  simulare. 

ENSEVELIR,  vfr.  sevelir,  du  L.  sepelire. 

ENSIMER,  enduire  de  saindoux,  vfr.  ensey- 
mer,  ensainer,  du  L.  sagime^i  p.  sagina  ;  voy. 
saindoux.  Le  contraire  à'ensimer  est  essimer, 
dégraisser,  faire  maigrir. 

ENSORCELER,  voy.  sorcier. 

ENSOUPLE,  aussi  ensuble,  ensuple,  du  L. 
insubulitm  (Isidore),  m.  s. 

ENSUITE,  de  en  suite,  cp.  ail.  in  der  folge. 

ENSUIVRE  (S')  =  en  (L.  inde)  +  suivre.-^ 
Le  verbe  actif  vfr.  ensuivre  est  «»  L.  insequi. 

ENTABLER,  assembler  des  planches  ou 
planchettes  (L.  tabula)  \  le  dérivé  entablement 
répond  à  peu  près  pour  le  sens  au  L.  tabula- 
tum,  litt.  couche,  assise. 

ENTAILLER,   tailler  dans.  —  D.  entaille. 


ENTAMER,  prov.  entamenar,  du  L.  in-ta- 
minare,  au  sens  de  at-taminare,  mettre  la 
main,  toucher  à;  radical  tamen  p.  tagmen 
(racine  tag*  tang,  toucher).  Chevallet  invoque 
inutilement  des  racines  celtiques  signifiant 
couper;  l'étymologie  ivrifLvn*  (avancée  par 
Nicot,  Etienne,  etc.)  est  encore  moins  digne 
d'attention.  —  D,  entame,  entamnre. 

ENTASSER,  mettre  en  tas  (v.  c.  m.). 

ENTE,  voy.  enter. 

ENTENDRE,  L.  intendere  s.  e.  animum  ; 
donc  proprement  tendre  l'esprit  vers,  faire 
attention,  s'appliquer  à,  écouter.  Ce  sens  an- 
cien s'est  affaibli  et  entendre  n'exprime  plus, 
au  propre,  que  l'activité,  même  passive,  du 
sens  de  l'ouïe  (comme  tel,  le  verbe  a  fini  par 
supplanter  le  verbe  ouïr  =  L.  audire)  et,  au 
figuré,  comprendre,  saisir  ^d  où  le  part,  en- 
tendu, à  sens  actif,  =  qui  s'entend  à).  —  D. 
entendeur,  -ement;  malentendu.  Du  part.  L. 
intentus  procède  le  subst.  fém.  entente  (cp. 
attente,  vente,  descente). 

ENTENTE,  voy.  entente. 

ENTER,  d  où  subst.  ente.  Ce  mot  se  rattache 
au  gr.  ifiyvTov,  implanté  (verbe  ifipuTiùnv  = 
enter)  par  l'intermédiaire  de  la  forme  BL. 
impotus,  greffe,  que  l'on  rencontre  dans  la  Loi 
salique  (pour  ph  devenu  p,  cp.  gr,  nôXafoçf 
BL.  colapus).  Le  même  primitif  grec  a  donné 
le  vha.  impiton,  mha.  impfeten,  nha.  impfen, 
enter,  inoculer.  Cette  étymologie,  due  à  Diez, 
ne  laisse  rien  à  désirer  ;  elle  l'emporte  sur 
toutes  les  autres,  savoir  :  1.  in  +  flamand 
poot  =«  pied  et  greffe,  bouture,  marcotte.  C'est 
de  cette  combinaison  que  Diefenbach  fait  déri- 
ver le  BL.  impotus,  greffe,  primitif  direct  de 
empter,  enter;  mais  cette  étymologie  est  diffi- 
cile à  admettre,  car,  dit  Diez,  elle  entraîne- 
rait le  recul  de  l'accent  sur  le  préfixe,  puisque 
dans  lliypothèse  de  Diefenbach,  le  BL.  impo- 
tus aurait  l'accent  sur  l'o,  tandis  que  pour 
Diez,  cet  accent,  conformément  au  grec 
ifi'^uTov,  repose  naturellement  sur  le  préfixe. 
2.  Im-putare,  couper  dedans;  Diez  trouve  ce 
primitif  parfaitement  acceptable  au  point  de 
vue  des  principes  phonétiques  ;  mais  il  a  des 
doutes  quant  à  la  signification  que  lui  prête 
Pott,  auteur  de  cette  étymologie.  3.  InsUus, 
insUus,  participe  de  inserere;  mais  comment 
veut-on  y  rapporter  la  forme  intermédiaire 
empter  f  —  D.  ente,  greffe;  en  vfr.  branche, 
arbre,  plante. 

ENTÉRINER,  anc.  accomplir,  parfaire,  auj. 
ratifier,  del'anc.  adj.  enterin,  entier,  parfait, 
juste,  qui  représente  un  type  integrinus,  dér. 
de  integer,  fr.  entier. 

ENTORITE,  dér.  du  grec  ^vri/oîv,  intestin. 

ENTETE  =  ce  qui  s'écrit  en  tête. 

ENTÊTER,  porter  à  la  tête,  étourdir,  fig. 
=  préoccuper,  prévenir  en  faveur  de  qqn.  ou 
qqch.;  de  là  entêté  ==  trop  prévenu,  qui  ne 
revient  pas  facilement  sur  une  opinion  ou  sur 
une  résolution,  opiniâtre.  —  D.  entêtement. 

ENTHOUSIASME,  gr.  iv^ou^tx^^uo;  (de  e'vdou; 
p.  «v&ï9«,  litt.  plein  de  Dieu).  —  D.  eyxthou- 
siasmer.  —  Etithousiaste,  gr.  iv&ouicxaniî  in- 
spiré, fanatique. 


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ENT 


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ENT 


ENTICHER,  vfr.  entechier,  propr.  infecter 
<d*iine  contagion  ;  selon  Diez,  de  l'ail,  anstec- 
ken,  m.  s.  On  trouve,  en  effet,  dans  le  vocabu- 
laire d'Evreux  entichement  =  contagium; 
cependant,  cette  étymologie  soulève  quelques 
doutes,  d'abord  à  cause  de  l'absence  de  Vs  ra- 
dical dans  les  anciens  textes,  puis  à  cause  du 
caractère  r  lativement  moderne  du  sens  infec- 
ter inhérent  au  mot  allemand.  Il  me  semble 
plus  rationnel  de  ne  voir  dans  enticher  qu'une 
variété  du  vfr.  entecher,  entacher,  vicier,  de 
teche,  tache.  Le  passage  de  e  en  t,  en  syllabe 
atone,  rentre  dans  les  faits  habituels  de  la 
langue  (cp.  lion^  ciboule,  pion,  etc.).  Littré  se 
prononce  également  pour  entecher,  —  Dans 
son  emploi  réfléchi,  enticher  est  peut-être  un 
homonyme,  savoir  :  le  vfr.  enticiei',  aussi 
•entechier  (angl.  entice),  inciter,  instiguer, 
propr.  attiser. 

ENTIER,  it.  intero,  esp.  entero,  port,  tn- 
ieiro,  prov.  enteir^  du  L.  integer,  gén.  integri, 
pr.  intact.  —  D.  Pour  donner  à  entier  un  sub- 
stantif, on  recule  aujourd'hui  devant  la  forme 
naturelle  et  ancienne  entièreté  et  on  a  préféré 
repêcher  la  forme  latine  et  faire  intégrité. 
C'est  ainsi  que,  par  des  scrupules  dont  on  ne 
se  rend  pas  compte,  cour^,  complet  et  beau- 
coup d'autres  adjectifs  sont  restés  privés  d'un 
subst.  abstrait  correspondant. 

ENTIERGER,  BL.  intertiare,  mettre  en 
main  tierce,  séquestrer. 

ENTITÉ,  terme  philosophique,  formé  de 
ens,  entis,  participe  présent  du  verbe  esse, 
signifiant  chose,  être  (Qnint.,  8,  3,  33;  plur 
entia.  2,  14,  2). 

ENTOMOLOGIE,  science  des  insectes;  du 
grec  evrouov,  insecte.  Ce  mot  grec,  comme 
le  mot  latin  insectum  (in-secare),  qui  n'en  est 
que  la  traduction,  signifie  littéralement  «  en- 
taillé «.. 

1.  ENTONNER,  mettre  en  tonne.  —  D.  en- 
tonnoir. 

2.  ENTONNER,  mettre  un  air  sur  le  ton, 
BL.  intonare,  in  tonum  ponere,  cantum  impo- 
nere,  d'où  ititonation.  La  double  n,  dans  ce 
verbe,  comme  dans  détonner,  est  vicieuse, 
mais  autorisée. 

ENTORSE,  du  L.  intorsus  (p.  intortus),  par- 
ticipe de  intorquere,  =  tordu  en  dedans. 

ENTOUR,  formé  de  «i  +  tour,  était  d'abord 
adverbe  et  préposition,  synonyme  de  autour, 
comme  l'est  encore  le  correspondant  it.  in- 
tomo;  puis  on  en  a  fait  un  subst.  signifiant 
lieu  environnant  ;  de  là  les  entours  et  la  locu- 
tion adverbiale  à  Yentour.  De  cette  dernière 
on  a  fait  sans  nécessité  un  nouveau  subst.,  les 
alentours.  —  D.  entourer,  mettre  ou  être 
entour  (cp.  environner  de  environ).  Le  carac- 
tère récent  de  cette  dérivation  se  trahit  par 
le  fait  qu'on  n'y  a  plus  respecté  Vn  final  du 
radical  turn,  devenu  tour.  Au  xvi*  siècle  et 
dans  quelques  dialectes,  on  trouve  encore, 
cependant,  la  forme  ancienne  et  normale 
entourner. 

ENTOURER,  voy.  entour.  —  D.  entourage. 

ENTRAILLES,  prov.  intralias.  C'est  le  plur. 
L.  interanea  (Loi  salique,  intrania),  intestins 


(d'où  it.  entragno,  esp.  entratuis),  dans  lequel 
on  a  substitué  au  suffixe  aneus  la  terminaison 
de  collectivité  aille  (cp.  tripaille).  La  termi- 
naison latine  était  encore  observée  dans  le  vfr. 
entraigne,  gloses  de  Cassel  entrange  (cp.  estra- 
g  ne*  étrange,  de  exlraneus). 

ENTRAÎNER  =«  en  (L.  inde)  -f  traifier,  donc 
pr.  traîner  loin,  syn.  de  emmener,  enlever.  — 
D.  entrain. 

ENTRAVE,  subst.  verbal  de  entraver. 

ENTRAVER,  du  L.  trabes,  poutre,  bâton; 
donc  litt.  mettre  une  poutre  dans  le  chemin, 
d'où  embarrasser,  gêner  la  marche,  puis  gêner 
en  général;  opp.  vfr.  destraver,  débarrasser. 
Le  mot  embarrer,  d'où  embarras,  s'est  formé 
de  la  même  façon.  —  D.  entrave, 

ENTRE,  L.  inter,  intra.  Comme  préfixe 
roman,  le  mot  exprime  mutualité,  réciprocité 
(s'entr*aider,  s^entre-choquer);  il  s'y  attache 
parfois  aussi  l'idée  d'un  ou  de  plusieurs  inter- 
valles (entre-larder,  entre-couper,  entre-méler, 
entr*ouvrir);  le  préfixe  revêt  alors  souvent  le 
sens  de  «  parnû  par-là  »  ou  de  «  à  moitié  n.  — 
Le  préfixe  latin  inter,  marquant  insertion, 
interposition,  conserve  sa  forme  latine  dans 
les  mots  à  physionymie  savante,  comme  inter- 
caler, interrompre,  intervalle.  Les  anciens 
disaient  régulièrement enfre-rompre,  entreval. 

ENTRECHAT,  mot  tiré  de  l'it.  capriola  in- 
trecciata,  litt.  cabriole  entrelacée. 

ENTREFAITES  {sur  ces)  équivaut  à  :  ces 
choses  étant  faites  (accomplies)  dans  l'inter- 
valle. 

ENTREGENT,  usage  du  monde,  adresse  à 
se  conduire  entregent,  c.-à-d.  en  société. 

ENTRELACER,  enlacer  une  chose  dans  uue 
autre,  entortiller.  —  D.  subst.  verbal  e^vtrélacs 
(où  Vs  final  n'a  pas  plus  de  raison  d'être  que 
dans  le  simple  lacs). 

ENTREMETS,  vfr.  entremés,  it.  tramesso, 
mets  servi  entre  deux  principaux  services  ;  de 
entre  +  *we/5  (v.  c.  m.). 

ENTREPOSER,  déposer  provisoirement. 

ENTREPOT,  L.  interpositum*  (interponere); 
cp.  dépôt,  impôt. 

ENTREPRENDRE,  prendre  entre  ses  mains, 
se  charger  de,  aussi  s'attaquer  à,  d'où  l'accep- 
tion gêner,  embarrasser  ;  anssi  =^  empiéter.  — 
D.  entreprenant,  -proieur,  -prise. 

ENTRER,  L.  intrare.—p.  entrée;  rentrer. 

ENTRE-SOL.  litt.  entre  le  sol  et  l'étage. 

ENTRE-TEMPS,  intervalle  de  temps;  aussi 
employé  comme  adverbe  =  dans  l'intervalle. 

ENTRETENIR,  pr  te}iir  entre  ses  mains, 
d'où  tenir  en  état,  rendre  durable,  faire  sub- 
sister, pourvoir  aux  dépejises  de  subsistance  ; 
fig.  retenir  par  la  conversation,  amuser,  d'où 
s*entretenir  =  converser.  Toutes  ces  accep- 
tions sont  également  propres  au  terme  ana- 
logue ail.  unterhaXten.  —  D.  entretien;  entre- 
iènement. 

ENTRETIEN,  v.  Tart.  préc;  cp.  maintien, 
soutien. 

ENTREVOIR,  1 .  voir  imparfaitement  ou  ra- 
pidement, ne  voir  qu'à  demi  (cp.  e}Hr*ouïr)\ 


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ENV 


—  186  — 


ÉPA 


2.  s*entretx)ir,  se  voir,  se  visiter  mutuelle- 
ment, d'où  le  subst.  participial  oitreoiie, 

BNTREVOUS,  t.  d'architecture,  subst.  ver- 
bal de  entrecoiisser  (voy.  voûter). 

ÉNUMÉRER,  L.  enumerare. 

ENYAHIR,  vfr.  ettvaïr,  prov.  envazir,  du 
L.  invadere  (op.  traïr  trahir,  de  tradere), 

ENVELOPPER,  vfr.  e)woleper,\oj.  dévelop- 
per. —  D.  enveloppe. 

ENVENIMER,  voy.  vettin. 

ENVER6ER,  garnir  de  petites  verbes  ou  de 
baguettes.  —  D.  envergeure. 

ENVERGUER,  attacher  (les  voiles)  aux  ver- 
gues (v.  c.  m.)  —  D.  envergure,  développe- 
ment d'une  voile  dans  la  partie  qui  touche  à 
la  vergue;  en  hist.  nat.,  étendue  des  ailes 
déployées  d'un  oiseau. 

1.  ENVERS,  préposition,  composition  de  en 
et  de  vers  (v.  c.  m.),  cp,  encontre^  vfr.  enprès. 

2.  ENVERS,  subst.,  du  L.  inversus,  re- 
tourné, dont  les  savants  ont  directement  tiré 
l'adj.  inverse  qHq  subst.  V inverse. 

ENVI,  prov.  envit^  anc.  subst.  signifiant  ap- 
pel, provocation,  défi;  il  nous  est  resté  comme 
terme  de  jeu  et  dans  la  locution  à  Venvi  =»  en 
se  défiant  mutuellement.  Ce  mot  n'est  pas 
connexe  avec  envie,  encore  moins  avec  l'an- 
cien adverbe  envis,  involontairement  (=  lat. 
invitus),  comme  a  cru  Génin  ;  c'est  le  subst. 
verbal  de  l'ancien  verbe  envier,  prov.  envidar, 
enviar,  inviter,  provoquer,  défier  fcp.  Jean 
de  Condé,  II,  108  :  Car  lor  nature  i  envie  eus, 
car  leur  nature  les  y  pousse).  Ce  verbe,  qui 
est  la  bonne  forme  française  du  mot  savant 
inviter,  a  laissé  le  composé  r envier,  d'oùre;it?t 
Raynouard  n'avait  pas  entrevu  de  rapport  en- 
tre envidar,  inviter,  et  envidar,  renvier,  car  il 
les  a  placés,  le  premier  sous  la  rubrique  con- 
vit  [t.  II),  le  dernier  à  part  (t.  III).  Et  cepen- 
dant il  cite  un  vers  de  Merlin  Coccaïe  qui 
aurait  bien  pu  le  mettre  sur  la  trace  : 

Quam  facio  invitttm,  fiicias  quoque,  Balde,  revitu^n. 

En  cff'et,  et  par  là  nous  résumons  cet  article, 
envier,  c'est  faire  une  invite,  renvier,  c'est  y 
répondre,  y  faire  face.  Mon  explication  du 
mot  envi,  que  j'avais  émise  pour  la  première 
fois,  à  propos  du  dérivé  enviai,  dans  mes  notes 
sur  Baudouin  de  Condé  (1866),  p.  426.  a, 
depuis,  été  sanctionnée  par  Ad.  Tobler  (Mit- 
theilungen  aus  altfranz.  Handschriften  (1870). 
p.  262)  et  G.  Paris  (Mémoires  do  la  Société  de 
linguistique,  1870,  I,  p.  289). 

ENVIE,  it.  invidia  (Dante  inveggia),  prov. 
enveia,  esp.  envidia,  cat,  enveja,  1  déplaisir 
qu'on  ressent  du  bien  d'autnii,  jalousie; 
2.  désir,  volonté.  Du  L.  invidia.  L'acception 
désir  se  déduit  naturellement  du  premier  sens; 
on  dit  de  môme  être  jaloux  de  faire  qqch 
Pour  les  acceptions  pathologiques  données  au 
mot  envie,  1 .  marque  sur  la  peau  que  l'on  ap- 
porte en  naissant,  2.  petits  filets  douloureux 
qui  s'enlèvent  de  la  peau  autour  des  ongles 
(les  Allemands  disent  de  môme  tieid-nagel), 
nous  ne  savons  commsnt  en  expliquer  l'ori- 
gine. —  D.  envier  (pour  la  forme  ==-  BL.  invi- 


diare,  pour  le  sens  =  L.  invidere);  envieux, 
L.  invidiosus. 

ENVIER,  verbe,  voy.  envie.  —  D.  enviable, 

ENVIRON,  de  la  formule  en  viron  (voy. 
virer),  comme  entour  de  e?i  tour;  à  la  fois  pré- 
position et  adverbe.  On  en  a  fait  aussi  un 
subst.  plur.  :  les  environs  (cp.  les  entours). — 
D.  verbe  environner. 

"ENVIS  ou  à  envis,  =«  contre  son  gré,  à 
regret.  Cette  expression,  perdue  aujourd'hui 
et  qu'il  est  intéressant  de  rappeler,  est  le  L. 
invitus.  Monstrelet  :  -  laquelle  chose  luy  fut 
octroyée  assez  envis  ».  Ce  mot  figure  encore 
dans  le  dictionnaire  de  Nicot  en  1573. 

ENVISAQER,  pr.  regarder  au  visage,  face  à 
face;  fig.  regarder  ou  considérer  une  chose 
de  telle  ou  t^Ue  face. 

ENVOI,  voy.  envoyer. 

ENVOLBR"^  fS')  =  e7i  (L.  inde)  +  voler. 

ENVOUTER  (le  circonflexe  est  fautif),  dé- 
chirer, piquer,  brûler  une  figure  de  cire  avec 
certaines  paroles  cabalistiques,  en  vue  de 
maléfice  ou  de  fiiire  soufl'rir  celui  qu'elle  re- 
présente; répond  exactement  au  BL.  invuU 
tare,  vultum  effingere.  Diez  est  d'avis  que 
envoûter  n'a  été  mis  en  rapport  avec  vultus 
que  par  méprise,  qu'en  réalité  il  faut  y  voir  le 
type  in-votare  =  devctare  (employé  par 
Apulée  avec  le  sens  de  devovere).  Il  cite  à 
l'appui  de  son  opinien  ce  distique  d'Ovide  : 

Det^oret  absentes  simulacraqtiP  cerea  flngit. 
Et  mi  sérum  tenues  in  jeeur  nrgel  acus. 

Cette  explication  est  forcée  et  ne  satisfait 
pas  à  la  lettre,  car  L.  devotare  n'a  pu  donner 
au  français  que  la  forme  dévouer.  D'ailleurs 
on  trouve  le  primitif  vout  avec  le  sens  de 
figure  de  cire  servant  aux  sortilèges. 

ENVOYER,  it.  inviare,  esp.,  prov.  enviar, 
mettre  en  chemin,  en  voie  (L.  in  viam).  Le 
mot  latin  inviare  se  trouve  employé  par  Solin, 
mais  avec  le  sens  de  marcher  sur,  parcourir. 
Cp.  vfr.  avoyer,  mettre  en  route.  —  D.  envoi; 
renvoyer. 

ÉPACTE,  du  gr.  iitxurô;  (iwiyw),  intercalé. 
ÉPA6NEUL.  variété    de    l'adj.    espagnol; 
cette  espèce  de  chiens  est  originaire  d'Espa- 
gne ;  anj?l.  spaniel. 

ÉPAIS,  anc.  espais,  espois,  prov,  espes,  it. 
spessoy  esp.  espeso,  du  L.  spissus,  dense, 
épais.  —  D.  épaisseur,  épaissir. 

ÉPANCHER  représente  un  type  latin  cxpan- 
dicare,  dérivé  de  ex-pandere,  fr.  espandre' 
épandrc  (cp.  penchei\  formé  de  la  même 
manière  de  pauiicare).  —  D.  épanchement . 
ÉPANDRE,  espandre',  dti  L.  expandere, 
ét>endre.  d-^ployer,  d'où  expanHo,  fr.  expan' 
sion,  et  l'adj.  expansif.  —  D.  répandre. 

ÉPANOUIR,  déployer,  extension  du  vfr.  es- 
panir,  p.  eipandir,  forme  accessoire  de  espan- 
dre (cp.  évanouir,  p.  esvanir).  Pour  la  chute 
du  d,  cp.  prenons  p.  prendons.  —  D.  épa- 
nouissement. 

ÉPARGNER,  espargner*,  it.  sparagnare, 
dér.  du  vha.  sparen,  m.  s.  Pour  la  terminai- 
son on  peut  rapprocher  le  verbe  lorgner  de 
l'ail,  luren;  mais  elle  n'en  reste  pas  moins 


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ÉPA 


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ÉPI 


difficile  à  expliquer.  Peut-être  faut-il  voir 
dans  épargner  une  contraction  de  esparigner, 
formé  d'un  primitif  esparer  à  la  façon  de 
égratigner,  trépigner.  Lorgner  de  même  serait 
pour  lorigner.  Tous  ces  mots  procéderaient 
d'un  primitif  adjectival  en  in  :  sparin,  lorin, 
trepin,  gratin  (cp.  cliner,  cligner).  De  esparin 
viendrait  d'abord  espariner^  puis  esparinier^ 
esparigner,  espargner,  épargner.  Il  n'y  a  pas 
de  doute  que  le  L.  parcere  ne  soit  au  fond 
connexe  avec  le  fr.  épargner,  mais  ce  dernier 
n'en  dérive  pas  immédiatement  ;  l'ail,  sparen, 
ags.  sparian,  est  bien  plus  voisin  de  la  forme 
itiéilienne  et  française  que  le  mot  latin.  Ce 
dernier,  comme  le  mot  ail.,  remonte  au  sans- 
crit sparç,  presser,  serrer.  —  L'opinion  la 
plus  acceptable  parait  être  celle  de  Ulrich 
(Ztschr.,  III,  266),  qui  revendique  pour  5pa- 
ragnare  Qt  épargner  un  type  vha.  'sparanjan; 
de  même  pour  lorgtier  :  luranjan  (cp.  gagner 
de  toeidanjan).  —  D.  épargne. 

ÉPARPILLER,  vfr.  esparpeiller,  v.  angl. 
desparple,  prov.  esparpalhar,  it.  sparpa- 
gliare;  du  même  radical  que  le  subst.  it.  par- 
paglione,  prov.  parpalhô,  formes  altérées  du 
L.  papilio,  fr.  papillon.  Le  prov.  actuel  dit 
de  même  esfarfalhà  =  éparpiller,  do  farfalla, 
papillon.  L'idée  primordiale  serait  donc  battre 
des  ailes,  voltiger,  voleter  çà  et  là  à  la  ma- 
nière des  papillons;  cp.  l'expression  papil- 
lonner. Le  verbe,  neutre  en  principe,  a  dans  la 
suite  pris  une  acception  active  --=:  disperser,  et 
s'est  appliqué  surtout  à  des  objets  qui  volent 
facilement  dans  l'air,  comme  de  la  paille,  du 
foin,  de  la  braise,  etc. 

1.  ÉPARS,  L.  sparsus,  partic.de  spargere, 
verbe  latin  que  l'anc.   langue  possédait  sous  , 
la  forme  espardre  (cp.  sourdre  de  surgeré). 

2.  ÉPARS,  éclair  (mot  autrefois  très  ré- 
pandu et  usuel  encore  comme  terme  de  mer), 
en  réalité  espart;  subst.  verbal  de  l'ancien 
verbe  espardre  =  spargere  (voy.  l'art,  préc), 
dans  son  acception  faire  des  éclairs,  pr.  ré- 
pandre de  la  lumière.  Espart,  à  son  tour,  a 
produit  l'ancien  verbe  espa^'tir,  faire  des 
éclairs.  —  Notre  étymologie  laisse  subsister 
quelques  doutes  ;  il  est  difficile  de  l'accorder 
avec  le  verbe  ancien  s'esparer,  s'éclaircir. 

ÉPARVIN  ou  épervin,  anc.  esparvain,  ma- 
ladie du  cheval,  it.  spavenio,  spavcnto,  esp. 
esparacan,  angl.  spavin,  cat.  esparverenc; 
Machaut  a  la  forme  espavain .  D'après  Ménage, 
approuvé  par  Diez  et  Littré,  d'épervier,  parce 
que  les  chevaux  ayant  ce  mal  lèvent  le  pied 
à  la  façon  des  éperviers.  Les  formes  it.  et 
angl.  suggèrent  quelques  doutes. 

ÉPATER.  1 .  casser  le  pied,  tronquer,  de 
patte;  2.  aplatir,  écraser  («  nez  épaté  «).  Ce 
dernier  sens  peut,  au  besoin,  également  être 
rapporté  à  patte;  mais  il  nous  semble  dériver 
plus  naturellement  de  la  racine  pat,  expri- 
mant un  coup  plat,  racine  largement  répandue 
dans  les  langues  de  l'Europe.  Nous  la  trou- 
vons surtout  dans  le  L.  patina,  plat,  dans 
l'ail,  patsch,  etc.  Épater  correspond  au  wal- 
lon spater,  écraser;  cp.  en  esp.  espadar, 
broyer  le  chanvre.   Dans  les  usines  de  fer  on 


appelle  espatard  l'enclume  et  le  marteau  d'un 
gros  martinet.  Le  vfr.  espautrer,  écraser  ^en- 
core usuel  en  Picardie)  est  de  la  même  famille. 

ÉPAULE,  espaule",  vfr.  espald^,  espalle, 
prov.  espatla,  esp.  espalda,  it.  spalla,  du  L. 
spathula,  diminutif  de  spatha,  gr.  ink^y}^ 
omoplate.  —  D.  épauler,  1 .  rompre  l'épaule  ; 
2.  prêter  l'épaule  à  qqn.,  fig.  =  assister  ; 
épaulette,  -ière. 

ÉPAVE,  êspave*,  propr.  égaré,  errant  ^en 
parlant  de  bêtes),  puis,  en  général,  chose 
dont  on  ne  connaît  pas  le  propriétaire.  Du  L. 
expavidus^  effrayé,  qui  s'enfuit  de  frayeur. 

ÉPEAUTRE  (l'r  est  parasite),  prov.  espeuta, 
esp.  espelta,  ït  spelta,  BL.  spelta  (iv*  siècle); 
du  vha.  spelta,  speha,  ail.  mod.  spelz,  m.  s. 

ÉPÉE,  espée  ,  esp.,  port.,  prov.  espada,  it. 
spada,  du  L.  spatha  (tnz^ti),  dont  le  sens  géné- 
rique est  «  chose  plate  »  (voy.  épaule,  du  dim. 
spathula),  et  qui  dans  Tacite  déjà  se  rencontre 
avec  le  sens  d'épée  large  à  deux  tranchants. 
De  la  forme  esp.  espada  vient  le  dérivé  espa^ 
don.  A  la  même  racine  appartiennent  les  mots 
germaniques  ags.  spadu,  angl.  spade,  néorl. 
spade,  ail.  spaten,  signifiant  bêche. 

ÉPÉICHE,  vfr.  espeche,  pic.  épèque,  du  vha. 
spe?i,  ail.  mod.  specht,  m.  s. 

ÉPELER,  vfr.  espelir,  anc.  =  énoncer,  dire, 
expliquer,  prov.  espelar,  expliquer,  angl. 
spell,  épeler;  du  vha.  spellôn,  goth.  spillôn, 
raconter.  L'étymologie  appel  lare  est  tout  à 
fait  inadmissible,  bien  que  l'anc.  langue,  par 
conversion  do  préfixe,  ait  es-peler  p,  ap-peler. 
—  D.  épellation. 

ÉPERDU,  prov.  esperdut,  it.  sperduto,  par- 
tic,  du  vfr.  esperdre,  égarer,  étonner,  trou- 
blei\ 

ÉPERLAN,  esperlanc*,  =  angl.  sparling, 
ail.  spierling,  néerl.  spiering,  esp.  espe- 
rinque, 

â^ERON,  anc.  esporon,  esperon,  prov.  es- 
perô,  esp.  espolon,  port,  esporào,  it.  sperone, 
sprone  ;  formes  simples  (sans  suffixe)  :  esp. 
espuela,  espuera,  port,  espora.  Du  vha.  sporo 
(accus,  sporon),  q\\.  moà..  sporen,  fponi,angl. 
spur,  holl.  spoor.  —  D.  verbe  eperonncr. 

ÉPERVIER,  espcrmer',  prov.  espa^^ier, 
anc.  esp.  esparval,  it.  sparaviere,  sparviere, 
du  vha.  sparawaH,  ail.  mod.  sperber  (la  ra- 
cine spar  se  retrouve  aussi  dans  le  goth. 
sparva,  ail.  mod.  sperling,  angl.  spai'row, 
moineau).  —  D.  épervière,  plante. 

ÉPERVIN,  voy.  éparvin. 

ÉPHÉMÈRE,  gr.  Mutpoi,  ne  durant  qu'un 
jour,  passager;  éphémérides,  gr.  Ifti^jupl;, 
-iSoi,  journal;  cp.  L.  acta  diurna. 

ÉPI,  espi',  L.  spicus  p.  spica  (cp.  ami  de 
amicus);  it.  spiga,  esp.  espiga,  —  D  épier, 
monter  en  épi;  dimin.  épiUe*  =  L.  spicula, 
d'où  épillet. 

ÉPIGE,  vfr.  espèce  et  espice  (angl.  spice),  esp. 
especia,  it.  spezie;  du  L.  species,  employé 
déjà  avec  le  sens  d'épice  dans  Macrobius,  Pal- 
ladius  et  autres.  Pour  le  rapport  logique  entre 
species  (espèces)  et  épices,  on  peut  rapprocher 
l'ail,   materialien  «^  drogues,    de  materies. 


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ÉPI 


—  188  — 


ÉPI 


matière.  —  D.  épicier  fcp.  it.  speziale,  dro- 
guiste, pharmacien);  épicerie,  ail.  spezerei; 
verbe  éptcer.  —  Êpice  n'est  qu'une  forme  con- 
currente et  variée  de  espèce  (cp.  empire  du  L. 
imperium), 

ÉPIDÉMIE,  du  gr.  iitar,fiix  (m,  sur,  et 
SUfioi,  peuple),  maladie  répandue  par  tout  le 
peuple. 

ÉPIDERMB,  gr.  imUpfili  {iitl,  sur,  et  ikpfix, 
peau). 

ÉPIE*,  espie*,  espion,  angl.  spy,  it.  spia, 
esp.,  prov.  espia;  du  vha.  speha,  —  D. 
espion,  it.  spione,  ail.  spion;  verbe  épier,  it. 
spiare,  esp.,  prev.  espiar  (op.  vha.  spehen, 
auj.  spdhen,  m.  s). 

1.  ÉPIER,  voj,  épi, 

2.  ÉPIER,  voy.  ^. 

ÉPIEU,  vfr.  espieil,  champ,  espiel,  du  L. 
spiculum,  pointe,  trait,  dard  (cp.  essieu  de 
axiculus).  —  On  rattache  à  tort  épieu  à  Vit. 
spiedo,  épieu,  broche;  ce  dernier  est  iden- 
tique avec  Tesp.  espeto,  broche  (d'où  espeton, 
rapière,  grosse  épingle,  etc.),  vfr.  espiet, 
espiez,  espois,  BL.  spietum,  spitum.  Ces  vo- 
cables se  rapportent  aux  mots  germaniques 
vha.  spis,  pointe,  lance,  ail.  mod.  spiess,  hoU. 
speet,  angl.  spit,  suéd.  5/nu^  signifiant  pique, 
broche,  épieu .  —  L'étymon  spiculum  {i  long) 
est  contesté  par  Suchier  (Ztschr.  1, 429)  ;  pour 
lui,  la  plus  anc.  forme  du  mot  a  été  prov. 
espeut  (=  bourg,  ou  franque  speut  =  ail. 
mod.  spiess).  A  espeut  aurait  succédé  espieut, 
dont  le  nom.  espieus  a  fait  supposer  et  provo- 
qué un  thème  espiel,  espieu.  Quant  à  vfr.  es- 
pieil, il  se  rapporterait  à  espieus,  comme  vieil 
&  vieus  (vieux). 

ÉPIGRAMBfE,  gr.  iiciypxfifi^,  litt.  »  inscrip- 
tion, puis  légende  poétique  écrite  au-dessous 
d'une  œuvre  d'art,  enfin,  petite  poésie  sur  un 
sujet  quelconque,  faisant  ressortir  une  pensée 
délicate  et  intéressante.  A  cette  dernière  ac- 
ception du  grec  ressortit  le  sens  moderne  du 
mot.  —  D.  épigrammatique,  gr.  J:rt//>aa.aaTwoi. 
ÉPIGRAPHE,  gr.  lTiy/5xp*5,  inscription. 
ÉPILEPSIE,  gr.  iita^-^ir,  m.  s.;  de  è7r»ii,7rTo'« 
(adj.  verbal  de  iTrtïayuieiyttv),  affecte,  saisi,  vient 
iirtivjTrrcxo';,  fr.  épileptique. 
ÉPILER,  L.  e-pilare  ^pilus),  ôter  les  poils. 
ÉPILLET.  voy.  épi, 

EPILOQUE,  gr.  inlXoyoç,  péroraison,  opp. 
de  Tipôlo'/oi,  prologue.  —  13.  épiloguer,  faire 
des  observations  critiques  à  ce  que  Ton  dit, 
trouver  à  redire  (se  rattache  au  sens  litteral 
de  ÏTtCkoyoi,  discours  ajoute). 

ÉPDfARD  (le  d  est  ajoute),  vfr.  et  prov.  es- 
pinar,  dérivé  de  espine*,  épine,  à  cause  des 
pointes  épineuses  du  calice  fructifère.  L'it. 
spinace,  esp.  espinaca,  vfr.  espinoche,  angl. 
spinage,  sont  tirés  d'une  forme  latine  adjec- 
tivale spinaceus  ou  spinaticus.  L'ail,  spinat 
accuse  un  primitif  latin  spinatus.  Sans  doute, 
tous  les  mots  romans  cités  ci-dessus,  auxquels 
j'iyouterai  le  port,  spinafre  (=lat.  spinifer), 
sont  inconsciemment  formés  sous  l'influence 
de  lat.  spina,  mais  Devic  démontre  qu'ils  sont 
en  rôaUte  tirés  de  l'arabo-persan  équivalent 


isfinddj,    isfânàdj,    aspanakh    (moy.   grec 
97r2v&x(oy)- 

ÉPINE,  espine*,  L.  spina;  alba  spina  «»  fr. 
aubépine,  —  D.  épinaie,  L.  spinetum;  épi- 
neux, L.  spinosus;  épineUe  (v.  c.  m.);  épi- 
nier,  4ère  (adj.);  e'pinard  (v.  cm.);  épinoche, 
poisson  (cp.  anglais  sticÙe-bach,  aÙ.  stick' 
lingj, 

ÉPINETTE,  it.  spinetta,  esp.  espineta,  ail. 
spinett,  instrument  de  musique  à  clavier  et  à 
cordes;  du  L.  spina,  épine.  Cette  dénomina- 
tion est  fondée  sur  ce  que  l'instrument  en 
question  était  touché  avec  des  tubes  de  plume 
pointus.  —  Épinette,  cage  à  volaille,  tire  son 
nom  des  épines  dont  ces  cages  étaient  primi- 
tivement faites. 

ÉPINS-VINETTE,  arbuste  ainsi  nommé, 
d'après  Legoarant,  parce  qu'on  fait  avec  ses 
baies  une  sorte  de  vin  ;  Littré  pense  que  le 
mot  pourrait  venir  de  ce  que  les  fruits  en 
grappes  de  l'épine-vinette  lui  donnent  l'aspect 
d'une  petite  vigne, 

ÉPINGLE,  espingle*,  du  L.  spinula,  dim.  de 
spina.  Épingle  est  dit,  selon  Dioz,  p.  épinle, 
et  le  g  est  intercalaire  ;  le  patois  champenois, 
par  transposition  de  la  liquide  /,  dit  éplin- 
gue.  [Le  picai*d  épieulc,  épiule  et  vfr.  espille 
accusent  une  origine  du  L.  spiculum  (voj. 
épieu).']  Ducange,  v^  spinula,  cite  le  passage 
suivant  de  Tacite,  Germ,,  c.  17,  favorable  à 
l'étymologie   rapportée    :    tegmen    omnibus 
sagum  fibula,  aut  si  desit,  spina  consertum. 
L'it.  spillo  vient  également  de  spinula  (cp. 
it.  ella  de  enola,  lulla  de  lunula,  L.  ullus  p. 
unulus,  et  pour  le  changement  du  genre,  cp. 
orlo  de  orula).  Le  flam.  dit  spelJeetspelde, — 
•L'étym.  spinula  pour  fr.  épingle,  malgré  l'au- 
torite  de  Diez,  ne  nous  paraît  pas  à  l'abri  de 
toute  objection.  Cette  insertion  de  g  entre 
n-l  est  trop  insolite  (on  trouve  plutôt  ten- 
dance à  supprimer  la  gutturale  dans  la  com- 
binaison i^gl;  à  preuve  le  vfr.  estranler  p. 
étrangler)  pour  ne  pas  nous  décider  à  don- 
ner la  préférence  à  une  étymologie  germa- 
nique. L'ail,  spange,  agrafe,  a  produit  dans 
les  dialectes  des  diminutifs  spangel,  spengel 
et  spingel,  qui  nous  paraissent  expliquer  plus 
naturellement  la  forme  française  épingle,  — 
L'ét.  spicula,  avec  insertion  de  n,  me  paraît 
peu    probable,    malgré    l'autorité    d'Arcoli. 
G.  Paris  admet  identité  de  épingle  avec  sphin- 
gula,  dim.  du  BL.  sphinx,  agrafe  (Rom.,  IX, 
623).  —  D.  épingler,  -ter,  -ette. 

ÉPINOGHE,  poisson,  aussi  dit  écharde  ou 
épinard,  voy.  épine, 

EPIPHANIE,  fête  de  la  manifestation  de 
Jésus,  du  gr.  km^fàvux,  apparition. 

ÉPIQUE,  gr.  irtiMi  (de  iit^ç,  pi.  int),  épopée). 
ÉPISGOPAL,  -AT,  L.  episcopalis,  -atus  (de 
episcopus,  gr.  irtlvxoitoç,  fr.  évéque), 

ÉPISODE,  gr.  ImivdSiov,  action  intercalaire, 
incident    (composé  de  ini,    adv.   marquant 
ajoute,  insertion,  et  de  tîtoio;,  pr.  entrée), 
puis  marche  du  chœur  au  théâtre.  —  D.  épi-  ■ 
sodique. 
ÉPISSER,  terme  de  marine,   séparer  les 


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ÉPO 


189 


ÉQU 


torons  de  deux  bouts  de  corde  et  les  entrelacer 
de  manière  à  réunir  les  deux  cordes;  du 
néerl.  splitsen,  fendre,  diviser,  angl.  split, 
splice^  par  la  syncope  de  L 

ÉPISTOLAIRE,  L.  epistolaris  (de  epistola). 

ÉPITAPHB.  gr.  Itririçio*  (adj.),  tumulaire. 

ÉPITHALAME,  gr.  tiri»a)À/utioy  s.  e.  ^iXoç, 
litt.  chant  exécuté  devant  la  chambre  (dÀÀ0t/Ao$) 
de  la  mariée. 

ÉPirHÂTE,  gr.  infdtrof,  ajouté,  expression 
traduite  exactement  par  le  L.  adjectivus,  ad- 
jectif. 

SPITOME,  gr.  jTTtTo/uYî,  litt.  retranchement, 
uis  abrégé,  résumé. 

iPÎTRE,  épistre*,  du  \j,eplst6la  (gr.  InitroH, 
do  lTci9xklUkv^  envoyer,  mander,  faire  savoir); 
cp.  apôtre  de  apostolus,  chapitre  de  capitu- 
îum.  —  La  langue  moderne  a  de  même  créé  le 
subst.  missive  du  L.  mittere,  envoyer. 

ÉPIZOOTIE,  maladie  qui  se  jette  sur  les  ani-  . 
maux  (iTTt  {ûa).  C'est  un  mot  de  forge  moderne 
et  peu  correcte. 

EFLORÉ,  du  L,plorare,  pleurer;  le  préfixe 
rappelle  celui  de  éperdu  (v.  c.  m.). 

^LOTER,  esployer*,  L.  explicare.  Le  mot 
fr.  n'est  plus  d'usage  qu'au  participe  passé,  et 
comme  terme  de  blason. 

ÉPLUCHER,  espluc?ter*,  composé  de  es  s=» 
ex  -\-  plucher,  picard  pluquer,  champ,  plu- 
chotter;  dans  Walter  de  Biblesworth  et  dans 
le  Reclus,  je  trouve  espeluker;  l'it.  a  piluc- 
care,  égrapper  des  raisins.  Ces  verbes  sont 
dérivés,  par  le  suffixe  uc,  du  L.  pilare,  arra- 
cher des  poils.  Il  ne  faut  pas  songer,  observe 
Diez,  à  l'ail,  p/lûcken,  cueillir  (ni.  plueken, 
ags.  pluccian,  angl.  pluck),  qui  parait  plutôt 
de  provenance  romane  ;  notons  toutefois  que 
Ton  peut,  à  tout  aussi  bon  titre,  soutenir  l'ori- 
gine germanique  de  |9^uccar«*,  fr.  es-plucher, 

ÉPOINTER  signifie,  suivant  la  difiërente 
valeur  du  préfixe  é,  tantôt  casser  la  pointe, 
émousser,  tantôt  rendre  pointu. 

ÉPOIS,  espois*,  cors  qui  sont  au  sommet  do 
la  tête  du  cerf;  du  vha.  spir,  pointe,  lance, 
néerl.  spit,  broche.  C'est  le  même  mot  que  vfr. 
espiet  mentionné  sous  épieu. 

ÉPONGE,  esponge*,  L.  spongia  (owoyyiA), 
d'où  l'adj.  spongiosus,  fr.  spongieux, — D. 
éponger^  L.  spongiare, 

ÉPOPÉE,  gr.  iTroTToifar,  composition  épique 

ÉPOQUE,  gr.  iitoxA  (de  lir-&x((y>  retenir,  ar- 
rêter), arrêt,  point  fixe  dans  lliistoire. 

ÉPOUILLER,  voy.  pou, 

ÉPOULIN,  aussi  espolin,  espoulin,  épolet, 
dér.  de  espole,  espoule,  vfr .  espeul,  qui  vient  du 
vha.  spuolo,  ail.  mod.  spule^  fuseau,  bobine. 

ÉPOUSER,  voy.  époux.  —  D*.  épousailles, 

ÉPOUSSBTER,  voy.  poussière,  —  D.  épous- 
sette. 

ÉPOUVANTER,  vfr.  espaventer,  espaenter, 
espoenter,  espoventer,  it.  spaventare,  spantare, 
csp.  espantar,  prov.  espaventar;  patois  fr.  du 
nord  :  épanter.  Du  L.  expaventem,  participe 
présent  de  expavrre,  s'effrayer.  Pour  le  chan- 
gement de  a  en  o  ou  ou  en  syllabe  atone,  cp. 


noël  de  natalis,  dommage  àedamnum,  — *D. 
épouvante,  épouvantail, 

ÉPOUX,  espous',  fém.  épouse,  it.  sposo,  esp. 
esposo,  prov.  espos,  du  L.  sponsus  (part,  de 
spondere,  fiancer;.  —  D.  épouser,  prendre 
comme  époux  ou  épouse,  prov.  esposar,  it. 
sposare\}^.'Sponsare  ■=  promettre  en  mariage). 
Anciennement,  épouser  se  disait  aussi  p.  ma- 
rier, en  parlant  du  prêtre  qui  donne  la  béné- 
diction nuptiale. 

ÉPREINDRE,  espreindre*,  du  L.  exprimere 
(cp,  empreindre),  —  D.  épreinte, 

ÉPRENDRE,  esprendre',  saisir,  forme  ren- 
forcée du  simple  prendre,  anc.  «=  enflammer, 
au  propre  et  au  figuré;  de  là  le  part,  épris, 
ÉPREUVE,  subst.  du  verbe  éprouver.  Le 
changement  de  voyelle  repose  sur  la  circon- 
stance que  dans  le  subst.  l'accent  porte  sur  le 

radical. 

ÉPROUVER,  esprover",  L.  ex-probare\  in- 
tensitif  de  probmre,  —  D.  éjpreuve,  éprou- 
vette. 

ÉPUGHE,  pelle  pour  enlever  la  tourbe, 
subst.  du  V.  verbe  épucher;  celui-ci,  variété 
picarde  de  épuiser,  se  rattache  au  vfr.  pue, 
puch  =  L.  puteus,  puits. 

ÉPUISER,  espuiser,  puiser  jusqu'au  bout, 
tarir,  mettre  à  sec,  consumer,  affaiblir,  etc. 
Voy.  aussi  épuche. 

ÉPURE,  voy.  le  mot  suivant. 
ÉPURER,  L.  ex'purare'  (punis),  —  D.  épu- 
ration, -atif;  subst.  verbal  épure,  dessin  tracé 
au  net,  plan  définitif. 

ÉPUR6E,  espurge*,  plante  purgative,  l'eu- 
phorbe ;  subst.  verbal  de  espurgier,  L.  expur- 
gare. 

EQUARRIR,  tailler  à  Vequerre  (v.  c.  m.).  — 
Le  verbe  équarrir,  dépecer  une  bête  morte, 
doit  être  le  même  mot  ;  il  signifie  pr.  couper 
en  quartiers. 

EQUATEUR,  L.  œquator,  qui  partage  en 
deux  parties  égales.  —  D.  équatorial, 
ÉQUATION,  L.  œquatio,  égalité. 
ÉQUERRE,  esquerre*,  esquarre',  angl. 
square,  esp.  esquadra,  it.  squadra,  subst. 
d'un  verbe  L.  ex-quadrare,  fr.  équarrer,  tail- 
ler en  carré  ou  à  angles  droits.  —  Les  mots 
it.  et  esp.  signifient  aussi  un  carré  d'hommes 
de  guerre,  troupe,  détachement.  De  là  fr.  e^- 
cadre;  puis,  d'après  l'augmentatif  it.  squa- 
drone,  esp.  esquadron,  le  fr.  escadron  et  l'ail. 
schwadron. — Vient  à  son  tour  de  esquarre*, 
anc.  forme  pour  équerre,  le  verbe  actuel 
équarrir  (v.  c.  m.). 
ÉQUESTRE,  L.  equestris  (equus). 
ÉQUI-,  premier  terme  de  composés  scienti- 
fiques, marquant  égalité  de  la  chose  désignée 
par  le  second  terme,  ex.  :  équiangle,  équiaxe, 
équicrural,  équilatère  ou  -latéral  (L.  sequila- 
terus).  C'est  le  latin  œquus,  égal,  en  composi- 
tion œqui, 

ÉQUILIBRE,  L.  œquilihrium,  de  ladj. 
œquilibris  (aequus,  libra),  de  poids  égal.  — 
D.  équilibrer;  éqiiilibriste. 

ÉQUINOXE,  L.  œquinoctium,  égalité  des 
jours  et  des  nuits.  —  D.  équinoxial. 


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ERG 


190 


ERR 


ÉQUIPER,  esquiper*,  esp.  esquifar,  esqut- 
par,  pr.  pourvoir  un  navire  du  nécessaire, 
puis  en  général  fournir  le  nécessaire  à  qqn. 
Ce  verbe,  qui  en  premier  lieu  signifiait 
quitter  le  rivage,  prendre  la  mer,  vient 
du  subst.  esquif,  vfr.  eschif,  eskip,  it.  schifo, 
esp.  esquife.  Quant  à  ce  primitif,  c'est  le 
vha.  skif  goth.,  ags.,  nord,  skip,  scip,  ail. 
mod.  schifft  navire.  —  D.  équipe^  subst  ver- 
bal, pr.  attirail  de  choses  nécessaires,  puis 
détachement  d'ouvriers  ;  —  équipement ,  1 .  ac- 
tion d'équiper  ;  2.  les  choses  qu'il  faut  à  cet 
effet.  —  Équipage,  1 .  ensemble  de  ce  qu'il 
faut  pour  commencer,  continuer  et  mener  à 
bonne  fin  certaines  opérations  ;  en  ce  sens,  le 
mot  est  synonyme  d'attirail  ;  de  là  :  train  de 
chevaux,  de  carrosses,  de  valets,  puis  l'ensem- 
ble du  personnel  d'un  navire;  2.  voiture  et 
tout  ce  qui  s'y  rattache;  3.  accoutrement, 
manière  dont  une  personne  est  vêtue.  —  Équi- 
pée, entreprise  (particulièrement  entreprise 
téméraire  et  manquée),  pour  laquelle  on 
s'était  équipé.  —  L'historique  des  applica- 
tions du  verbe  esquiper  mériterait  une  étude 
particulière. 

ÉQUIPOLLSNT,  L.  œquipollem. 

ÉQUITATION,  L.  equitatio  (equitare,  de 
cquus), 

ÉQUITÉ,  L.  œquitas  (œquus),  m.  s.  —  D. 
équitable;  cp.  charitable  de  charité. 

ÉQUIVALOIR,  L.  œquivalere;  de  \&  équiva- 
lent, -ence. 

ÉQUIVOQUE,  L.  œquivocus,  à  double  sens. 

—  D.  e'quivoquer. 

ÉRABLE,  esrable*,  esrabre*,  concrétion  des 
mots  latins  acer  arbor,  ou  acer  albula  (?). 

ÉRAPLER,  voy.  rafle.  —  D.  éraflure. 

ÉRAILLER,  esrailler*,  d'un  type  latin  ex- 
rallare,  tiré  de  l'adj.  rallus,  transparent  en 
parlant  d'une  étoffe,  ou  du  subst.  rallum, 
racloir.  Un  type  e-radulare,  de  radula,  ra- 
cloir,  est  également  admissible.  D'autres  ont 
j)roposé  le  type  exradiculare, 

ÈRE,  du  L.  œra  —  nombre,  chiffre  (Luci- 
lius),  —r  époque,  ère  (Isidore).  L'origine  du 
mot  latin  n'est  pas  encore  fixée;  peut-être 
est-ce  le  pluriel  cera,  de  œs,  pièces  de  cuivre, 
jetons  de  compte, 

ÉRECTION,  L.  erectio  (de  erigere,  dresser). 

—  D.  l'adj.  néo-latin  erectilis,  fr.  érectile. 
ÉREINTER,  vfr.  esrener,  rompre  les  reins 

(v.  c.  m.). 

ÉRÉSIPÉLE,  orthographe  et  prononciation 
vicieuses  p.  éiysipèle,  du  gr.  Ipu^iTrOa;  (de 
I/5U&50;,  rouge,  et  TriAo;,  peau  =  L.  pellis), 

ÉRÉTHISMB,  gr.  Ipg5n,fi6i,  irritation. 

ER60,  mot  latin  =  donc,  introduisant  la 
conclusion  dans  le  syllogisme  ;  de  là  ergoter 
(v.  c.  m.),  faire  des  syllogismes,  fig.  pointiller, 
disputer,  chicaner.  La  formule  familière  ergo 
glu  constitue  les  premiers  mots  de  la  conclu- 
sion :  ergo  glu  capiuntur  aves,  donc  les  oi- 
seaux sont  pris  par  la  glu. 

ERQOT,  aussi  argot,  ongle  pointu  à  la  par- 
tie postérieure  de  quelques  animaux;  aussi 
l'extrémité  d'une  branche  morte;  production 


végétale  en  forme  d'éperon  ou  de  corne  qui 
vient  sur  les  épis  de  quelques  graminées. 
L'origine  de  ce  mot  reste  encore  à  établir. 
Ménage  invente  pour  la  trouver  la  filière  sui- 
vante :  articus  (primitif  de  articulus  selon 
Ménage),  articottus,  arcottus,  argottus,  argot. 
Nicot  renvoie  d'ergot  aux  synonymes  hérigote 
et  argot;  d'autres  proposent  soit  L.  erigere^ 
soit  gr.  e(/9>ctv,  défendre,  repousser;  enfin, 
Frisch  invoque  l'ail,  harken,  râteau.  Diez 
s'abstient  et  ne  fait  que  rappeler  la  forme 
champ,  artot.  Une  fois  que  nous  sommes 
dans  le  domaine  des  conjectures,  nous  en 
hasarderons  une  à  notre  tour.  Ergot  serait 
une  contraction  de  érigot,  et  signifierait  quel- 
que chose  de  pointu,  de  saillant  comme  un 
éperon  ;  cet  érigot  viendrait  du  même  radical 
eric  qui  a  donné  L.  ericius  (d'où  fr.  ?iéris- 
son),  ainsi  que  le  gr.  ipgUvi,  L.  erica,  bruyère. 
L'existence  d'une  forme  érigot  se  révèle  par 
celle  du  dérivé  erigoté  (orthographié  plus  tard 
vicieusement  hérigote)  =  muni  d'un  piquant 
ou  d'un  éperon.  Ce  mot  est,  dit-on,  un  terme 
de  vénerie  désignant  les  chiens  qui  ont  une 
marque  aux  jambes  de  derrière,  mais  on  ne 
dit  pas  en  quoi  cette  marque  consiste.  Je 
pense  que  mon  étymologie  de  ergot  ne  sera 
pas  qualifiée  de  trop  aventureuse.  Mais  s'ap- 
pliquera-t-elle  aussi  à  ergot,  nom  de  la  mala- 
die qui  attaque  le  seigle?  Je  suis  disposé  à  le 
croire,  puisque  cette  maladie  consiste  dans 
des  excroissances  en  forme  de  corne  ou  d'épe- 
ron qui  se  produisent  sur  les  épis.  Quant  à  la 
forme  argot,  elle  me  paraît  postérieure  à 
ergot;  cp.  fr.  ^narle,  p.  merle,  margotté', 
marcotte,  de  mergus,  —  D.  ergoté,  -isme. 

ERGOTER,  voy.  ergo.  L'étymologie  L.  ar- 
gutari  (bavarder,  discourir),  proposée  par 
Ducange,  est  contraire  aux  règles.  Littré  cite 
les  verbes  vfr.  hargoter,  provoquer,  quereller 
(bourguignon  erigotay,  provoquer,  erigo,  chi- 
cane), qui  paraissent,  di^-il,  devoir  être  rap- 
portés à  ergot,  éperon.  —  D.  ergoteur,  -erie, 
-isme  (Marot  :  ergotis,  chicane  théologique). 

ÉRIGER,  L.  &rigere,  élever,  dresser. 

ÉRIGNE,  ÉRINE,  instrument  de  chirurgie 
(pince  armée  de  crochets),  altération  du  vfr. 
araigne,  iraigne,  araignée. 

ERMINETTE,  aussi  herminette,  espèce  de 
hache  à  tranchant  lunaire  convexe  ;  «  de  her- 
mine parce  qu'on  a  comparé  la  partie  recour- 
bée de  lerminette  au  museau  de  Vhermine  » 
(Littré), 

ERMITE  ou  hermite,  du  L.  eremita,  gr. 
Iprifiirr);  {(prifioi,  désert).  —  D.  ermitage  ou 
?iermitage. 

ÉRODER,  L.  erodere,  d'où  erosio,  fr.  éro- 
sion, 

ÉROTIQUE,gr.  Ipunaco;,  ai^.  def/»»;,  amour. 

ERRATA,  mot  latin,  plur.  de  erratum,  er- 
reur, faute. 

ERRATIQUE,  L.  erraticus  (errare). 

ERRE,  voy.  errer  2. 

1.  ERRER,  aller  çàetlà,  s'égarer,  être  dans 
l'erreur,  du  L.  et^are. 

2.  'ERRER (chant  de  St. -Léger  c^/rar),  voya- 
ger, faire  du  chemin,  procéder,  agir,  se  con- 


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duire;  composé  mes-ei-rer*  c=  mal  agir.  Le 
primitif  est  le  verbe  L.  ittnare,  cheminer 
(Venant.  Fortun.),  tiré  de  »^/^  chemin.  De 
là  :  checaliei'  et^rant^  juif  errant  ;  de  là  encore 
les  subst.  erre,  allure,  trace,  vestige,  et  erre- 
ments marche  d'un  procès,  procédure,  manière 
d'agir.  Notez  encore  l'adv.  vfr.  errant,  et 
erramment  =  tout  de  suite,  litt.  couramment. 

ERREUR,  L.  ejTor. 

ERRONÉ,  L.  erroneus,  errant,  vagabond, 
dér.  de  ei^o,  -onis,  vagabond. 

ERS  (Ys  est  la  finale  de  l'ancien  nominatif, 
cp.  Uics,  rets),  it.  ervo,  esp.  yeroo;  catal.  er, 
prov.  ers,  du  L.  eroum,  m.  s.  Les  mots  ail. 
erbeis,  erbis,  erbse,  ags.  earfe,  néerl.  enœt, 
ertot,  ert,  signifiant  pois,  sont  de  la  même 
famille. 

ERUBESGENT,  L.  ei'uhescens[i-ubery  rouge). 

—  D.  érubescence. 

ÉRUCTER,  L.  e-ructari;  voy.  aussi  roter. 

ÉRUDIT,  L.  eruditus,  part,  de  erudire,  in- 
struire, litt.  dégrossir;  érudition ^  L.  eruditio. 

ÉRU6INEUX,  L.  oçruginosus  (de  œrugo, 
inis,  rouille  de  cuivre,  vert-de-gris). 

ÉRUPTION,  L.  eruptio(dQ  e-rionpere) . 

ÉRYSIPÊLB,  voy.  érésipèle. 

ES,  contraction  de  en  les  (cp.  des  p.  de  les, 
vfr.  ques,  nés  p.  que  les,  ne  les).  N'est  plus 
guère  en  usage  que  dans  •  maitre  es  arts, 
docteur  es  lettres  n . 

ESCABEAU,  ESCABELLE,  en  terme  d'archi- 
tecture escabelon  ou  escablon  =3  piédestal,  du 
L.  scabellum,  m.  s.  De  la  forme  latine  sca- 
mellum,  dimin.  de  scamnum  (pic.  escaine) 
vient  vfr.  eschamel,9X\.  schàmel,  escabeau. 

ESCACHE,  t.  d'équitation,  mors  ovale. 
Probablement  du  verbe  escacher,  écacher, 
aplatir. 

ESCADRE,  ail.  ge-schvoader,  voy.  équerre, 

—  D.  escadrille.  —  Voy.  aussi  escouade. 
ESCADRON,  angl.  squadron,  ail.  schwa- 

dron,  voy.  équerre.  —  D.  escadronner. 

ESCAFI6N0N,  espèce  de  chaussure  (de  là 
sentir  Vescafignon,  sentir  mauvais  des  pieds), 
anc.  escafilon  (Eust.  Dechamps)  ;  de  la  même 
famille  que  escafotte,  écale  de  noix  ou  de 
moule  (Froissart  ;  dans  Watriquet  de  Cou  vin, 
escafilon,  escafelote,  m.  s.),  en  rouchi  écaflion, 
brou  de  noix,  écaflier,  écailler  des  noix, 
écafote,  écaille.  Ces  mots  dérivent,  soit  du  L. 
scapha,  gr.  nànoi,  auge,  bateau,  ou  de  vha. 
scaf,  aig.  schaff,  cuve,  boisseau,  ou  enfin  de 
l'ail,  schelfe  {sîidL.  sceliioa),  écaille,  écosse. 

ESCALADE,  it.  scalata,  voy.  échelle.  —  D. 
escalader. 

ESCALE,  voy.  échelle.  —  H.escaler. 

ESCALIER,  6L.  scalarium,  voy.  échelle, 

ESCALIN,  it.  scellino,  esp.,  prov.  escalin, 
BL.  schelingius  =  vha.  shilling,  ail.  mod. 
schilling,  flam.  schelling,  angl.  shilling, 
Kiliaen  rapporte  schelling  à  schelle,  sonnette 
(vfr.  esquille),  comme  signifiant  une  pièce  de 
monnaie  «  sonnante  •*. 

1.  ESCALOPE*,  coquille,  angl.  escalop, 
scallop;  de  la  famille  germanique  scala,  ail. 
mod.  schale,  écaille  ;  néerl.  schelp,  ail.  mod. 
aussi  schelfe. 


2.  ESCALOPE,  tranches  de  viande  roulées 
en  escolope  (voy.  l'art,  préc.). 

ESCAMOTER,  esp.  escamotar,  d'origine  in- 
connue. Ménage,  s'appuyanc  de  l'esp.  camo- 
dar,  changer  l'état  ou  l'ordre  des  choses, 
propose  le  L.  commutare,  échanger.  C'est 
peu  probable.  Ihre,  d'après  Ducan«?e,  cite  le 
vha.  scamara,  voleur.  Diez,  sous  forme  dubi- 
tative, met  en  avant  le  L.  squama;  escamer 
ou  escamoter  serait  pr.  enlever  comme  des 
écailles;  il  invoque  l'expression  allemande 
v)eg-put2en,  enlever  d'un  coup  de  balai  ou  de 
brosse  en  nettoyant  (putzen),  puis  souffler  une 
chose  à  la  manière  d'un  escamoteur.  Le  cymr. 
et  gaél.  cam,  tromperie,  artifice,  également 
cité  par  Diez,  aurait,  selon  lui,  produit  plutôt 
une  forme  fr.  échamoter.  —  D.  escamote. 

ESCAMPER,  vfr.  eschamper,  it.  scampare, 
d'un  type  L.  ex-campare,  cp.  décamper;  de 
là  l'expression  familière  poudre  d'escampette, 
qui  a  peut  être  été  d'abord  dite  en  plaisan- 
tant par  assonance  avec  poudre  à'escopette. 
Escampette  est  proprement  le  dimin.  de  l'anc. 
subst.  escampe,  action  d'escamper. 

ESCAP,  terme  de  fauconnerie,  subst.  verbal 
de  escaper,  mettre  le  gibier  en  liberté  pour 
lâcher  l'oiseau  de  proie  à  sa  poursuite.  Esca- 
per est  une  variété  de  échapper  {v .  c.  m.). 

ESCAPADE,  it.  scappata,   voy.  échapper. 

ESCAPE,  fut  d'une  colonne,  L.  scapus,  m. 
s.,  du  gr.  TxÂTrg;,  tige,  rameau. 

ESCAPER,  voy.  cscap. 

ESCARBILLES,  voy.  écarbouiller. 

BSCARBOT,  vfr.  escharbot,  it.  scarabone, 
prov.  escaravat,  dérivés  du  gr.  (yxApaCo;.  Le 
L.  scarabeus  a  donné  la  forme  savante  scara- 
bée ;  à  l'aide  d'une  prononciation  scarabaius, 
aussi  l'it.  scarafaggio,  esp.  escarabajo,  prov. 
escaravai. 

ESCARBOUCLS,  du  L.  carbunculus  (avec 
prosthèse  du  préfixe  es);  it.  carbonchio,  esp. 
carbunclo,  ail.  karfunheL 

BSCARBOUILLER.  écraser,  voy.  écarbouil- 
ler. 

ESCARCELLE,  it.  scarsella;  d'après  Diez 
d'un  type  scarp(i)cella,  dimin.  du  BL.  scarpa 
=  fr.  écharpe  (v.  c.  m.)  dans  son  ancienne  si- 
gnification de  poche  de  pèlerin.  D'autres  font 
du  mot  un  dér.  de  Vadjectif  escars",  échars 
(v.  c.  m.),  avare,  économe;  ce  serait  la  poche 
à  épargnes.  L'it.  scarsella,  et  esp.  escarcela 
paraissent  être  empruntés  au  français. 

ESCARGOT,  vfr.  escargol,  probablement  le 
même  mot  que  caracol,  augmenté  d'un  s  ini- 
tial, devenu  la  syllabe  es.  Il  peut  avoir  été 
façonné  par  imitation  de  escarbot. 

ESCARMOUCHE,  it.  scaramuccia,  scher- 
mugio,  esp.,  prov.  escarmuza,  BL.  scarmu- 
Ma,  angl.  scarmish*,  skirmish,  ail.  schar- 
miitzel.  La  forme  italienne  est  la  primitive  ; 
c'est  une  dérivation,  à  l'aide  du  suffixe  uccia, 
du  verbe  schermire,  faire  des  armes,  lequel 
vient  du  vha.  skerman,  se  défendre  contre 
une  attaque,  combattre  (dér.  de  skerm,  bou- 
clier, ail.  mod.  schirm,  abri).  Ducange  et 
autres  décomposent  le  mot  enscara-ynuccia; 
scara,  pour  eux,  est  l'ail,  schaar,  troupe,  et 


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mucci'a,  un  subst.  du  fr.  musser,  cacher;  le 
sens  primitif  serait  ainsi  :  troupe  sortant 
d'une  embuscade  ;  mais  cette  étymok  gie  ne 
s'accorde  ni  avec  le  sens,  ni  avec  la  forme. 
L'ancienne  langue  possédait,  au  surplus,  un 
dérivé  du  type  schêirmire  plus  simple,  savoir 
escartnie,  combat  Le  germanique  skerman 
est  également  le  primitif  du  mot  roman  escri- 
mer,  it.  schermare  et  schermire,  esp.,  port. 
esgrimir,  vfr.  escrimtr,  escremir. 

ESGAROLE,  en  botanique  îactuca  scariola  ; 
d'origine  inconnue. 

ESCARPE,  it.  scarpa,  esp.  escarpa,  du 
nord,  skarp,  vha.  scarf,  ail.  mod.  scharf, 
aigu,  tranchant,  l'escarpe  exprimant  quelque 
chose  de  terminé  en  pointe,  en  angle  aigu.  — 
D.  escaiper,  escarpé^  -ement  ;  cps.  contres- 
carpe. —  La  signification  du  fr.  escarper, 
couper  à  pic,  droit  de  haut  en  bas,  et  celle  de 
l'esp.  escarpar,  nettoyer,  râper,  polir,  laissent 
quelques  doutes  sur  la  justesse  de  l'étymologie 
ci-dessus  ;  nous  la  préférons  toutefois  à  celle 
du  L.  eœcarpere,  Y  aurait-il  quelque  incon- 
vénient à  voir  dans  escarper  et  ses  similaires 
le  latin  scalper e,  tailler  et  gratter?  Il  est  évi- 
dent que  it.  scarpello,  ciseau,  est  bien  le  L. 
scalpellum,  d'où  scarpellare,  sculpter,  tailler 
des  pierres.  L'esp.  escarpar,  du  i*este,  peut 
fort  bien  venir  aussi  du  germanique  sc^rop^n, 
gratter.  —  Obs.  On  me  fait  dire  à  tort  dans 
Littré  que  escarpe  pourrait  venir  de  Fit. 
scarpelïo  =  lat.  scalpellum,  petit  couteau.  Ce 
que  j'ai  dit,  c'est  que  le  verbe  escarper,  dont 
escarpe  est  le  substantif,  pourrait  aussi  bien 
se  rapporter  à  scalpere  que  Fit.  scarpelïo 
représente  lat.  scalpellum, 

ESCARPÉ,  ESCARPER,  voy.  l'art,  préc. 

ESCARPIN,  vfr.  aussi  escapin,  it.  scappino, 
scarpino,  esp.  escarpin,  dérivés  du  BL.  scar- 
pus,  it.  scarpa,  sorte  de  chaussure.  Ménage 
connaît  un  plur.  L.  carpi,  espèce  de  souliers 
découpés  ^de  carpere  —  scindere),  dont  il  tire 
les  mots  cités  par  une  forme  composée  inter- 
médiaire excarpi,  Diez  y  voit  le  germanique 
sharp,  scarf  (voy.  escarpe)  ■-  terminé  en 
tranchant  ou  en  pointe.  —  D.  escarpiner, 
courir  légèrement. 

ESCARPOLETTE,  diminutif  de  escarpole, 
autre  dérivé  de  escarpe  ■■  echarpe,  «  Origi- 
nairement, dit  Ménage,  on  brandillait  à  l'es- 
carpolette dans  une  grande  écharpe.  »  Selon 
Brachet,  de  rit.  scarpoletta,  m.  s.;  mais  je 
cherche  ce  mot  en  vain  dans  les  dictionnaires 
de  cette  langue. 

1.  ESCARRE,  t.  de  blason,  »  e^gt^irre, 
équerre, 

2.  ESCARRE,  aussi  escare,  eschare,  es- 
charre,  croûte  formée  sur  une  plaie,  du  gr. 
hxàpv,  L.  eschara,  m.  s.  —  D.  escarrifier; 
escarrotique,  gr.  hyxpoirixàe. 

3.  ESGARRJB,  entaille,  ouverture,  plaie 
(terme  vieilli),  paraît  appartenir  à  la  famille 
germanique  skar,  tailler  (ail.  schereti),  d'où 
suéd.  skàr,  dan.  skaar,  entaille.  Froissart 
(Poésies)  orthographie  escart;  cela  fait  penser 
À  l'ail,  scharte,  entaille,  brèche. 

ESCIENT,   du   L.   scietis,    -ntis;   à   mon 


escient  ■=  me  sciente.  Anciennement  escient, 
aussi  enscient,  prov.  esciax,  essieu,  étaient 
des  substantifs  signifiant  sens,  avis,  discer- 
nement; ils  avaient  pour  opposés  en  prov. 
nescies,  nescieza,  nescietat,  ignorance,  sot- 
tise. Cp.  le  vieux  substantif  estant  également 
tiré  d'un  participe  présent. 

ESCLANDRE,  vfr.  eschandle,  escandre,  es- 
cande,  du  L.  scandalum  avec  insertion  de  /. 

ESCLAVE,  vfr.  escla,  prov.  esdau,  it. 
schiavo,  esp.  esclavo,  port,  esci'aco,  de  l'ail, 
sklave,  angl.  slave,  BL.  sclavus.  Le  terme 
s'appliquait  d'abord  aux  prisonniers  slaoes 
réduits  à  la  servitude  par  Othon  le  Grand  et 
ses  successeurs.  —  D.  esclatoffe, 

ESCLAVON,  pr.  langue  des  Slaves. 

ESCOBAR,  «  adroit  hypocrite,  qui  sait  ré- 
soudre dans  le  sens  convenable  à  ses  intérêts 
les  cas  de  conscience  les  plus  subtils  »,  du  nom 
d'un  célèbre  casuiste  espagnol,  de  l'ordre  des 
Jésuites,  Ant.  Escobar  y  Mendoza  (1589- 
1669),  auteur  d'une  Théologie  morale,  deve- 
nue célèbre  par  la  doctrine  qu'elle  défend.  — 
D.  escobarder,  -erie, 

ESCOFFIER,  mot  forgé  populairement  sur 
le  vfr.  esconfire,  prov.  escofir,  it.  sconfigffere, 
tuer,  défaire  ;  ces  mots  représentent  un  type 
latin  exconficere;  voy.  déconfiture.  —  L'ital.  a 
scuffiare,  manger  goulûment,  dévorer;  qui 
sait  s'il  n'a  pas  donné  naissance  au  terme  po- 
pulaire français? 

ESCOPFION,  de  l'it.  scuffione,  dér.  de  sciif- 
fia  (=  cuffia,  fr.  coiffe). 

ESCOGRIFFE,  mot  de  fantaisie  ;  le  griffe  se 
comprend;  quant  à  esco,  les  uns  y  voient  le 
L.  esca,  mangeaille,  les  autres  le  mot  escroc. 

ESCOMPTE,  de  l'it.  sconto,  subst.  verbal  de 
scontare  =  dis  -[-  comptUare.  Cp.  esp.  des- 
cuetito,  ail.  disconto,  angl.  discount,  cor- 
respondants litt.  du  fr.  décompte.  —  D, 
escompter. 

ESCOPE,  escoupe,  voy.  écope. 

ESCOPETTE,  de  l'it.  schioppetto,  scoppietto, 
diminutif  de  sckioppo,  fusil.  Quant  à  schioppo 
(transposé  en  scoppio),  il  signifie  propr.  déto- 
nation, bruit,  n  vient  du  L.  stloppus,  claque 
(employé  par  Perse,  5,  13;  d'autres  lisent 
sclopus).  Pouf  la  transformation  de  ce  mot, 
cp.  fistula,  fisVla,  devenu  it.  fischia.  La  Loi 
salique  déjà  présente  le  verbe  sclupare,  p. 
tirer  avec  une  arme.  —  D.  escopetterie. 

ESCORTE,  de  l'it.  scorta;  celui-ci  du  verbe 
scortare,  qui  lui-même,  par  le  part,  scorto, 
vient  de  scorgere,  accompagner.  Scorgere  re- 
présente le  L.  ex'corrigere  ;  de  la  signification 
diriger  du  primitif  latin  s'est  déduite  celle  de 
conduire,  convoyer.  —  D.  escorter. 

ESCOUADE,  p.  escouadre,  anc.  appliqué 
aussi  dans  le  sens  de  flotte,  est  la  forme  fhin- 
cisée  de  l'esp.  escuadra  (prononcez  :  escoua- 
dra),  =  it.  squadra,  d'où  fr,  escadre. 

ESCOUPE,  voy.  escope. 

ESG0UR6ÉE,  fouet  de  lanières,  it.  scu- 
riada;  d'après  Diez,  de  excoriata,  s.e.  scutica, 
fouet  préparé  de  cuir.  Cela  est  correct  pour  la 
forme,  mais  excoriare  n'est  pas  connu  avec 
cette  valeur.   Ce  verbe,   en  basse  latinité, 


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ESP 


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ESP 


signifie  plutôt  écorcher  et  s'appliquait  spécia- 
lement À  la  peine  de  la  flagellation  ;  il  a  donné 
au  vfr.  le  verbe  escorgie}\  battre  à  coups  d'es- 
courgées.  De  ce  verbe  se  sont  dégagés,  pour 
exprimer  d*abord  Tacte,  puis  lïnstrument  de 
la  flagellation,  deux  subst.  verbaux,  l'un  à 
forme  radicale,  vfr.  escourge^  Tautro  à  forme 
participiale,  notre  escourgée  (=  vfr.  escorgie). 
—  Malgré  Vit.  scoreggiata,  coup  do  fouet, 
une  étymologie  par  ex<orrigiare  (de  cat^ri- 
gia,  courroie)  est  peu  probable;  en  BL.  ce 
verbe  signifiait  dénouer  la  courroie.  Chevallet 
range  notre  mot  dans  l'élément  celtique,  mais 
les  mots  analogues  qu'il  cite  trahissent  une 
provenance  romane.  —  On  emploie  encore, 
en  style  familier,  le  verbe  escourger  avec  le 
sens  de  fouetter. 

BSGOXIROBON  ;  le  terme  analogue  allemand 
fiitter-gerste,  litt.  orge  de  fourrage,  justifie- 
rait l'étymologie  L.  esca,  nourriture,  -1-  o7'ge. 
Mais  les  formes  wallonnes  soucrion,  souco- 
rion  (rouchi),  socouran  (Namur),  orge  semée 
avant  ITiiver,  soucrion,  orge  nue  (Liège),  ne 
s'en  accommodent  pas  et  la  rendent  douteuse. 
La  série  des  formes  pourrait  bien  être  :  sou- 
crion, scourion,  scoiirjon,  escourgeon,  Ve 
initial  serait  dans  ce  cas  purement  euphoni- 
que. Du  Cange  cite  le  BL.  scario,  avec  le 
même  sens;  ce  pourrait  bien  être,  vu  l'uni- 
cité de  Texemple  allégué,  une  faute  de  lecture 
p.  scurio. 

S8G0USSB,  it.  scossa,  prov.  escosa,  subst. 
tiré  du  vfr.  escous,  partie,  de  escourre*  =  L. 
exciUere,  secouer.  Cp.  rescousse  et  secousse, 

ESGBDIE,  subst.  verbal  de  escrimer^  sur 
lequel  voy.  escarmouche, 

BSGROG,  it.  scrocco  (écomifleur).  Ces  mots 
n'ont  rien  de  commun  avec  croc,  crochet; 
mais,  ainsi  que  le  néerl.  schrock,  glouton, 
écomifleur,  ils  reproduisent  l'ail,  schurke 
(vha.  scurgo),  àaji,,s\xéà»shurk,  coquin,  dont 
le  sens  étymologique  est  probablement  grip- 
peur.  Ce  qui  appuie  cette  étymologie  de  Diez, 
c'est  la  forme  it.  scorcone, —  D.  escroquer  (it. 
scroecare),  escroqueur,  -eiHe,  —  Je  dois  ajou- 
ter que  l'identité  radicale  entre  Tall.  mod. 
schurke  et  le  vha.  scurgo  (qui  signifie  plutôt 
un  H  repoussé  »)  n'est  pas  absolument  certaine. 

BSCULENT,  L.  esculentus, —  D.  escuJence. 

ESPACE,  L.  spatium,  —  D.  espacer, 

ESPADE,  t.  de  teclmologie,  lame  de  bois  en 
forme  de  sabre  pour  battre  le  clianvre  ;  c'est 
la  forme  prov.  (espacla)  du  L.  spatha,  qui  a 
aussi  donné  épée,  —  D.  espader;  espadot  (t.  de 
pêche). 

ESPADON,  de  l'it.  spadone,  augmentatif  de 
spada,  fr.  espée*  épée.  —  D.  espadonner, 

ESPAGNE,  L.  Hispania;  l'adj.  espagnol 
(variété  :  cpagneul,  v.  c.  m.)  vient  d'une  forme 
latine  Hispaniolus.  —  D.  espagnolette  (les 
objets  désignés  par  ce  mot  étant  d'importa- 
tion espagnole),  espagnoliser. 

ESPAGNOLETTE,  voy.  l'art,  préc. 

ESPALE,  distance  de  la  poupe  au  banc  des 
rameurs  le  plus  en  arrière;  autre  forme 
d*épaide,  dans  le  sens  d'appui  ;  de  là  espalier, 
le  premier  forçat  d'un  banc  de  rameurs  dans 


une  galère,  dit  ainsi  parce  qu'il  était  placé 
sur  Yespaie. 

ESPALIER,  it.  spaUiera,  spalliere  (aussi  = 
dossier),  esp.  espaldera,  du  L.  spatula,  spaJL*la, 
chose  plate  en  général,  qui  est  aussi  le  pri- 
mitif de  épaule  (it.  spalla)\  dos  arbres  en 
espalier  sont  pr.  des  arbres  â  dossier,  à  palis- 
sade. 

ESPALMER,  it.  spahnare,  prov.,  esp.  espal- 
mar,  goudronner  (un  navire),  du  BL.  ex-pal- 
mare,  litt.  frotter  avec  la  paume  {palma)  de 
la  main. 

ESPAR,  ESPART,  perche,  levier,  etc.,  do 
l'ail,  sparren,  néerl.,  angl.  spar,  chevron, 
barre. 

ESPARCETTE  ou  esparcct,  sainfoin  ;  en  esp. 
esparcilla;  du  verbe  esp.  esparcir,  disperser? 

ESPART,  voy.  espar.  Le  t  final  est  adven- 
tice. 

ESPACE,  du  L.  species  (voy.  aussi  épice), 

ESPÉRER,  L.  sperare,  —  D.  espoir,  pix>v. 
esper,  subst.  verbal;  le  changement  de  e  en  ai, 
en  syllabe  tonique,  est  conforme  aux  règles  ; 
aussi  les  anciens  disaient  j*espoirep,jespèrc; 
cp.  pois'  (poids)  de  peser.  Il  est  tout  â  fiiit 
inutile  d'avoir  recours,  avec  Littré  ^suivi  par 
Brachet),  à  la  forme  insolite  latine  speres  (plur . 
de  S2)es),  dont  on  ne  retrouve  aucune  trace 
dans  la  basse  latinité  ;  espérance,  it.  speranza  ; 
cps.  dés-espérer  (analogue  au  L.  d^-sperare], 
subst.  désespoir. 

ESPIÈGLE.  Le  latin  spéculum,  miroir,  a 
donné  it.  specchio,  speglio,  esp.  espejo,  port. 
cspeljo,  prov.  cspelh,  ail.  spiegel.  Ce  dernier 
mot  étant  entré  dans  la  composition  eulen- 
spicgel  (litt.  miroir  des  hiboux),  qui  est  le  nom 
du  iiéros  d'une  composition  littéraire  bien  con- 
nue et  traduite  en  français  sous  le  titre  Tiel- 
Ulespiégle,  a  fourni,  par  allusion  à  ce  person- 
nage, type  de  l'espièglerie,  le  mot  fr.  espiègle. 
—  D.  espiègUrie. 

ESPINGOLE,  voy.  l'art,  suiv. 

ESPINGIJER  et  espringuer  (mots  obsolets), 
sauter,  danser,  it.  springare,  spingare,  do 
l'ail,  springen,  sauter,  sprengen,  faire  sauter, 
lancer.  —  D.  espHngarde,  espingarde,  esprin- 
gaXc,  ancienne  machiné  de  guerre  pour  lan- 
cer des  pierres  ou  des  traits,  esphigard,  petite 
pièce  d'artillerie,  et  espingole,  espèce  de  fusil. 

ESPION,  voy.  épie.  —  D.  espionner. 

ESPLANADE,  de  l'it.  spianata,  terrain 
aplani,  nivelé,  de  spianare=  L.  ex-planare 
(planus),  vfr.  esplaner. 

ESPOIR,  voy  espérer, 

ESPOLE,  ESPOLIN,  voy.  époulin. 

ESPONTON,  de  l'it.  spuntone;  ce  dernier 
est  le  mot  puntone,  grosse  pointe,  renforcé 
de  1'^  initial. 

ESPOULE,  it.  spuola,  voy.  époulin. 

ESPRINGALE,  voy.  espinguer. 

ESPRIT,  vfr.  espcrit,  L.  spiritics  (spiraro). 
L'ancienne  langue  avait  ime  forme  secondaire 
plus  conforme  à  son  génie,  puisqu'elle  res- 
pecte Taccent  tonique  du  primitif  latin  et  sa- 
crifie les  syllabes  atones  qui  suivent  la  toni- 
que :  c'est  espir.  —  D'après  d'autres,  espir  est 
le  subst.  verb.  de  spirare. 

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ESS 


—  194 


EST 


SSQUIGEIIR»  esquiver  le  coup  au  jeu  de 
cartes.  Etym.  inconnue.  Littré  cite  l'ancien 
verbe  eschisser,  glisser,  couler.  L'identité  est 
probable,  mais  d'où  vient  eschi$ser  f    . 

ESQUIF,  voy.  équiper, 

vJBSQUILLB,  dim.  du  L.  schidiœ,  copeau, 
éclat  de  bois  (grec  t^Umv),  it.  scheggia.  Che- 
vallet  se  trompe  en  rappoitant  le  mot  au 
verbe  ancien  esclier,  fendre,  briser.  — D. 
esquilleux 

ESQinNANCIS,  it.  schinanjiia,  voy.  q^tjan- 
che, 

ESQlJINli.  forme  variée' de  échine. 

ESQUIPOT,  sorte  de  tire-lire;  si  ce  n'est  un 
composé  de  pot  (cp.  flam.  spaer-pot,  tire-lire), 
on  pourrait  l'envisager  comme  un  dérivé  de 
esquiper  (équiper],  fournir  du  nécessaire  (d^nc 
litt.  fonds  d'équipement;,  ou,  à  caus^  de  la 
forme  donnée  à  l'objet,  comme  un  dérivé  d'e*- 
quipe,  forme  dialectale  p.  esquif,  ou  enfin 
comme  tronc  des  équipes  (ouvriers). 

ESQUISSE,  esp.  esqutdo,  all.;At>^^,  néerl. 
schets,  angl.  sketch,  de  l'it.  schizzo.  Quant  à 
ce  dernier,  il  vient  du  L.  schedium,  im- 
promptu, gr.  itxklioi,  fait  à  la  bâte;  schizzo 
est  pour  schezzo,  cp.  BL.  scida  p.  scheda. 

ESQUIVER,  vfr.  eschiver,  escheter,  esquie- 
ver,  it.  schivare,  schifare,  esp.,  port.,  prov. 
esquivar,  du  vha.  shiuhan,  ail.  mod.  scheiten, 
avoir  peur,  s'effrayer.  A  l'at^.  ail.  scheu,  pri- 
mitif de  scheuen,  correspondent  it.  schivo, 
schifo,  esp.  esquivo,  prov.  esquiu,yfr.eschiu, 
eskiexi,  craintif,  revêche,  nfr.  échif,  farouche 
(en  parlant  du  faucon). 

ESSAI,  vfr.  assai,  épreuve  que  l'on  fait  de 
qqch.,  it.  saggio,  esp.  ensayo,  cat.  ensaig, 
prov.  essay,  BL.  assagium.  Ces  mots  vien- 
nent du  L.  exagium,  que  l'on  trouve  dans 
Théodose  et  sur  une  inscription  latine  avec 
le  sens  d'estimation.  Cp.  examen  p.  exagmen, 
épreuve,  contrôle.  —  Un  ancien  glossaire 
gréco-latin  porte  :  iç^yiov,  pensitatio.  Il  est 
probable  que  le  mot  essai  s'appliquait  d'abord 
à  l'essai  de  l'or  et  de  l'argent.  —  D.  essayer, 
it.  saggiare,  assaggiare,  esp.  ensayar. 

ESSAIM,  prov.  eissam,  esp.  enxa/mbre, 
port,  enxame,  it.  sciame,  sciamo,  du  L.  exa- 
men  (p.  exagmen),  m.  s.  Pour  la  deuxième 
acception  du  mot  latin  (épreuve),  nous  avons 
lo  mot  savant  examen.  —  D.  essaimer  (anc. 
aussi  par  corruption  échemer)  =  L.  exami- 
nare,  former  un  essaim. 

ESSANGER  ■=*  L.  ex-saniare*,  faire  sortir 
la  sanie  [santés). 

ESSART,  prov.  eissart,  subst.  verbal  de  es- 
sarter (BL.  exartare),  arracher  les  ronces 
d'une  terre  pour  la  défricher  ;  celui-ci  dérive 
du  part.  ex-saHus  (p.  ex-saritus)  de  ex-sarire, 
sarcler,  houer.Dans  les  provinces  du  Nord  on 
dit  simplement  sart  pour  champ,  du  BL.  sar- 
tum,  terre  défrichée. 

ESSARTER,  angl.  ossaH,  voy.  l'art,  préc. 

ESSAYER,  enlever  l'eau,  d'un  type  L.  exa- 
qiîore*. 

ESSAYER,  voy.  essai, 

ESSE,  instrument  en  fer  ayant  la  forme  de 
la  lettre  S.  —  D.  essetU. 


ESSENCE,  L.  essentia  (esse)  ;  en  chimie,  oe 
qu'il  y  a  de  plus  pur  et  de  plus  subtil  dans  un 
corps,  de  1â  les  termes  «  essence  de  rose,  de 
menthe,  etc.  »  —  D.  essentiel,  L.  essentialis. 

ESSEULÉ,  délaissé,  de  seui,  —  L'anc.  lan- 
gue présente  sesseuler,  rechercher  la  soli- 
tude.   

ESSIEU,  p.  aissieu  <Noël  du  Fail  a  aixeul)^ 
it.  assiculo,  du  L.  axieulus,  dim.  de  axis. 

BSSIMER  ou  e^jetm^,  amaigrir  (un  oiseau), 
affaiblir,  diminuer,  voy.  ensimer. 

ESSOR,  subst.  verbal  de  essorer. 

ESSORER  (S*),  prov.  s'eisaurar,  it.  sarare, 
angl.  soar,  s'élever  dans  les  airs,  du  L.  ex- 
aurare  (aura),  pour  ainsi  dire,  prendre  l'air. 
Dans  le  provençal  actuel,  on  trouve  le  verbe 
simple  aura,  avec  le  sons  de  voler;  le  dial. 
champenois  emploie  le  subst.  essor  dans  le 
sens  de  soupirail.  —  D.  essor,  pr.  élan  pour 
prendre  le  vol.  —  Le  verbe  actif  essorer  (it. 
sciorinare),  sécher,  représente  également  le  L. 
exaurare,  pr.  exposer  à  l'air. 

ESSORILLSR,  vfr.  essoreiller,  prov.  ysso- 
relhar,  couper  les  oreilles,  d'un  type  L.  ex- 
auriculare" . 

ESSOUFFLER,  mettre  hors  de  souffle,  d'ha- 
leine. 

1.  ESSUTSR,  vfr.  aussi  essuer,  prov.  dsu- 
gar,  it.  asciugare,  esp.  enxugar,  du  L.  ex- 
sucare,  ôter  le  suc,  l'humidité.  —  D.  essiei, 
prov.  eissxig. 

2.  ESSUTSR  =  éprouver,  subir,  souffrir. 
Ce  verbe,  dans  ce  sens,  doit  être  séparé  du 
précédent.  C'est  le  L.  exequere  p.  exequi,  qui 
signifiait  également  supporter,  cp.  œrumnam, 
egestatem,  probrum  exsequi.  De  la  3*  coi^ug. 
le  verbe  a  passé,  comme  souvent,  dans  la 
première.  —  Littré,  vu  le  caractère  insolite 
de  la  forme  fr.  suyer  p.  sequi,  cherche  à 
démontrer  que  le  sens  souffrir,  subir,  peut 
très  bien  se  déduire  du  sens  propre  du  verbe 
essuyer,  ôter  l'humidité;  en  disant  :  «  elle  a 
essuyé  mes  lassitudes  » ,  M*"*  de  Maintenon 
fait  entendre  à  la  fois  qu'elle  lui  a  enlevé  ses 
lassitudes  et  qu'elle  s'en  est  chargée  elle- 
même.  Qu'un  même  verbe  puisse  signifier  & 
la  fois  ôter  la  chose  d'un  autre  et  la  prendre 
pour  soi,  la  subir,  n'aurait  en  soi  rien  de 
surprenant  (Littré  allègue,  à  cet  égard,  les 
acceptions  diverses  du  verbe  saisir),  mais 
dans  l'espèce,  cette  explication  par  la  conver- 
sion des  rapports  me  semble  quelque  peu 
forcée.  Les  exemples  ^essityer,  subir,  soufiHr, 
ne  vont  pas  au  delà  du  xvi*  siècle. 

EST,  mot  germanique  :  ags.  est,  angl.  east, 
ail.  ost. 

ESTAGADE,  à  l'origine  e^tecade,  de  l'it. 
stecccUa,  palissade,  de  steccare,  clore,  dér.  de 
stccchi,  bâtons,  palis  ;  stecco  est  l'ail,  steck, 
stecken,  bâton.  La  forme  estocade  s'est  pro- 
duite sous  l'influence  de  l'anc.  subst.  estache, 
estaque,  pieu  (it.  stacea,  esp.,  prov.  estaoa}, 
qui  vient  du  vha.  siaca,  angl.  stake,  m.  s. 

ESTAFETTE,  de  l'it.  staffetta,  selon  Ferrari 
=»  Qursor  tabellarius  cui  pedes  in  stapede 
perpétue  sunt.  Cette  définition  est  juste,  car 
staffeta  est  un  dérivé  de  staffa,  étrier,  qui 


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EST 


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EST 


vient  du  vha.  siaph,  stapho  »«  pas,  marche  ; 
aU.  mod.  stapfe,  trace»  staffel,  degré,  marche. 
Du  vha.  staphf  le  BL.  a  fait  stapia,  stojpha, 
étrier  ;  le  subst.  stapes,  gén.  -edis,  trahit  la 
même  origine,  mais  en  même  temps  la  ten- 
dance à  lui  faire  dire  •<  in  quo  pes  stat  ». 

BSTAFIBB,  laquais  qui  tenait  Tôtrier  à  son 
Bistre,  etc.,  de  Ht.  staffiere,  dérivé  de  staffa, 
ëtrier  (voy.  l'art,  précédent).  Le  sens  originel 
du  mot  s'est  considérablement  modifié  dans  les 
temps  modernes. 

ISTAFQiADI,  de  l'it.  staffUata,  coup  d'étri- 
vière.  Le  sens  coupure,  attaché  actuellement 
au  mot,  découle  de  cette  première  acception  ; 
couper  lui-même  ne  signifie  également  dans  le 
principe  que  frapper.  StaffUata  est  un  dérivé 
de  staffile,  étrivière  (pr.  courroie  qui  soutient 
les  étriers),  lequel  vient  de  staffa,  étrier  (voy 
estafette)  —  D.  estafilader. 

ESTAGNON,  vase  de  cuivre  étamé,  dér.  de 
estaiAi   étain  (v.  c.  m.),  it.  stagno, 

ESTAIM,  ÉTÂIM,  prov.,  catal.  estam,  esp. 
estambre,  it.  stame,  du  L.  stame}7,  fil  do  la 
quenouille  ou  du  fuseau. 

BSTÂHE,  même  mot  que  le  préc.  —  D. 
estamet,  estamette. 

KSTAMlNlfiT,  mot  usuel  en  Belgique  pour 
cabaret,  lieu  public  où  l'on  se  réunit  le  soir 
pour  boire  de  la  bière.  On  cherche  encore 
Tétymologie  de  ce  mot.  Je  ne  sais  où  Besche- 
relie  a  puisé  ce  qui  suit  ;  le  fait  est  que  ses 
assertions  semblent  plus  que  hasardées  :  «  Es- 
taminet vient  du  flam.  stamenay^  dérivé  de 
stamm,  souclie  ou  famille,  parce  que  c'était 
autrefois  une  coutume  de  la  Flandre,  pour 
tous  les  membres  d'une  famille,  de  se  réunir 
alternativement  chez  l'un  et  chez  l'autre,  après 
les  travaux  de  la  journée,  pour  y  boire  et  y 
fumer;  on  appelait  ces  assemblées  être  en 
stamme,  c.-à-d.  en  famille.  »  —  Littré  :  on 
peut  y  voir  un  dérivé  à*étamine,  sorte  d'étofle, 
et  supposer  que  les  tables  étaient  couvertes 
d'étamine.  —  On  n'oserait  certainement  pas 
avancer  que  les  estamientos  espagnols  aient 
prêté  leur  nom  pour  désigner  les  assemblées 
de  buveurs  flamands,  bien  que  l'on  prétende 
que  le /aro,  la  bière  si  renommée  de  Bruxelles, 
a  reçu  son  nom  des  Espagnols,  des  anciens 
maîtres  du  pays. 

ESTAMPIS,  subst.  verbal  d! estamper. 

ESTAMPER,  it.  stampare,  esp.  estampar, 
faire  une  empreinte  avec  une  matière  dure, 
du  vha.  stamphon,  ail.  mod.  stampfen,  flam. 
stampen,  angl.  stamp,  signifiant  frapper  du 
pied,  fouler,  presser.  Au  lieu  de  estamper,  on 
dit  aussi  en  terme  d'arts  et  métiers,  avec  la 
syncope  habituelle  de  Vs,  étamper,  —  D.  es- 
tampe, it.  stampa;  estampille,  estampiller. 

ESTER  (en  jugement,  à  droit),  du  L.  stare 
(cp.  la  formule  latine  stare Juri). 

BSTÉRE,  natte  de  jonc,  de  l'esp.  estera,  qn^ 
vient  du  L.  storea,  natte,  par  la  forme  inter- 
médiairee^uerii . 

ESTHÉTIQUE,  du  gr.  alT»>}rix</;,  adj.  tiré 
de  abdifT^f,  part,  du  verbe  àit^k^ti^au,  sentir, 
percevoir;  de  là  subst.  esthétique  «^  science 
esikéiique.  -~  Du  subst.  «cvi^^i;,  sentiment, 


sensibilité,  vient  le  terme  philosophique  esthe* 
sie.  L'esthétique  est  la  science  qui  a  pour  objet 
la  sensibilité  de  l'homme  relativement  à  l'art 
en  tant  que  l'expression  du  beau.  Le  nom  de 
cette  science  a  été  créé  par  A.  G.  Baumgar- 
tén,  philosophe  allemand  (mort  en  1762),  qui 
le  premier  en  a  fait  une  branche  philosophi- 
que spéciale. 

ESTIMER,  L.  œstimare.  —  D.  estime,  subst. 
verbal;  estimatiott,  L.  aestimatio;  -ateur,  L. 
-ator;  -iible,  -atif;  cps.  més-estimer  d'où  més- 
estime. —  L'ancienne  langue  avait  pour  le  L. 
œstimare  la  forme  contracte  esmer  =  estimer, 
évaluer,  calculer,  viser;  c'est  le  correspondant 
de  l'anc.  esp.  et  anc.  port,  asmar.  C'est  de 
esmer  (aussi  aumer,  amer)  que  vient  le  verbe 
angl.  aim,  nha.  amen,  viser,  tendre  à. 

ESTIVAL,  L.  œstivaîis,  extension  do  œsti- 
vus,  qui  concerne  l'été.  —  Le  même  mot  latin 
a  fourni  le  nom  d'une  chaussure  légère  d'été  : 
vfr.  estival,  resté  dans  it.  stinale,  ail.  stiefel. 

1.  EStiykR,  passer  (ou  faire  passer)  l'été, 
du  L.  œstivare,  m.  s. 

2.  ESTIVER,  t.  de  marine,  serrer,  entasser 
des  marchandises,  du  L.  stipare,  serrer,  pres- 
ser. —  D.  estiw,  t.  de  marine,  pr.  la  (bonne) 
manière  de  charger  les  marchandises. 

ESTOC,  1.  souche,  2.  ancienne  épée  longue 
et  étroite;  de  l'it.  stocco,  ail.  stock,  souche, 
bâton.  —  D.  estocade  =  it.  stoccata. 

ESTOMAC,  L.  stomachus  (.TTo>ax^»)i  verbe 
estomaquer  is*),  L.  stomachari^  se  fâcher. 

ESTOMPE,  de  Tall.  stumpf,  néerl.  stomp, 
tronqué,  épointé.  V estompe  est  un  instru- 
ment à  pointe  émoussée,  de  là  le  nom.  —  D. 
estomper. 

ESTOUPPADE,  t.  de  cuisine,  de  estouffer 
étouffa*;  autre  forme  (méridionale)  de  étouffée. 

1.  ESTRADE,  route,  chemin,  dans  baUre 
Vestrade  =  courir  les  grands  chemins  ;  de  l'it. 
strada,  esp.,  port.,  prov.  estrada,  chemin  pavé 
(la  véritable  forme  française,  abandonnée  au- 
jourd'hui,  est  estrée;  en  picard  on  dit  encore 
étrée).  Du  L.  strata,  chemin  recouvert  de 
pierres,  empierré,  forme  participiale  de  ster- 
nere,  étendre.  Le  même  mot  latin  a  donné  le 
néerl.  straat,  ail.  strasss,  angl.  street,  rue. 
On  rattache  aussi  à  strada,  grande  route,  le 
mot  estradiot  ou  stradiot,  nom  d'une  espèce 
de  cavalerie  légère.  La  provenance  grecque 
de  ces  chevau-légers  nous  fait  préférer,  cepen- 
dant, une  dérivation  du  gr.  9Tp%ri6»nii,  soldat. 

2.  ESTRADE,  siège  ou  plancher  élevé,  esp. 
estrado,  prov,  estrat,  it.  sirato,  du  L.  stra- 
tum,  chose  étendue,  dans  Vitruve  =  plate- 
forme (de  stemere,  étendre). 

ESTRADIOT,  voy.  estrade  1. 

ESTRAGON;  Saumaise  :  «  Hodie  dracuncu- 
lus  vocatur  herba  hortensis,  qua  vulgo  utun- 
tur  in  acetariis  cum  oleribus  et  lactucis,  facie 
in  totum  diversa  ab  illis  dracunculis  Plinianis. 
Targonem  vulgo  vocant  :  olitores  nostri  ss- 
tro^on^mcorrupta  forte  dictione  ex  dracone.n 
Estragon  correspond  à  it.  tarpone,  esp.  tara- 
gona,  wall.  dragons^  ail.  dragun,  arabe  tar- 
chun,  port,  estragâo.  —  Devic  pense  que  le 


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EST 


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ÉTA 


préfixe  es  dans  les  formes  port,  et  fr.  est  une 
altération  de  rarticlo  arabe  eL 

ESTRâMâÇON,  coup  d'épée,  puis  le  nom 
d'une  espèce  d'épée;  de  Tit.  stramas^one^ 
action  de  renverser.  Le  verbe  it.  stramaz- 
sare  signifie  jeter  à  terre,  étendre  sur  le  car- 
reau. C'est  probablement,  comme  le  subst. 
it.  stramaz so,  matelas,  un  dérivé  du  L. 
stramen,  couchette  (de  stemere,  étendre). 
L'arme  dite  estramaçon  aui*a  reçu  son  nom 
d'après  l'effet  qu'il  produit.  Chevallet,  suivi 
par  Littré,  voit  dans  estramaçcni  le  BL.  sera- 
masaxus,  mentionné  par  Grégoire  de  Tours 
avec  le  sens  de  culter  validus,  mais  je  ne  vois 
pas  comment  scramasaxus  a  pu  produire  le 
mot  it.  stramazzone. 

ESTRAN,  aussi  ctrain,  terme  de  marine, 
plage,  de  l'ail,  ou  angl.  strand,  m.  s. 

ESTRAPADE,  «=  it.  strappata,  esp.  estra- 
pada,  du  verbe  it.  sirappare,  arracher,  tirer, 
qui  correspond  à  Tall.  (suisse)  strapfeu,  tirer, 
lequel  est  de  la  même  famille  que  l'adj.  ail. 
strafiT,  fortement  tendu.  Un  dérivé  de  l'it. 
strappare,  savoir  strapassare,  maltraiter, 
excéder  de  fatigue,  a  donné  le  fr.  estrapasser, 
et  l'ail,  strapaze,  grande  fatigue.  —  Le  verbe 
français  (w^rop^r  ou  étraper(v.  cm.),  arracher 
les  chaumes,  parait  plutôt  venir  de  l'it.  strap- 
pare  que  d\iyîr.estreper==:  extirper.  Cepen- 
dant, vfr.  estraper  =«  estreper,  extirper,  est 
bien  constaté. 

ESTRÂPASSER,  voy.  estrapade.  Diez,  suivi 
par  Littré,  explique  l'it.  strapazzarc  par  stra 
==  extra '\-pazzOy  fou;  donc  pr.  rendre  fou. 
J'ai  contesté  cette  manière  de  voir  dans  la 
4*^  éd.  du  Dictionnaire  de  Diez  sous  pazzo, 
p.  741.  Voy.  aussi  Caix,  Studi,  n»  62. 

ESTRAPER,  voy.  estrapade.  —  D.  estra- 
poire. 

ESTRASSE,  ÉTRASSE,  bourre  de  soie,  =« 
it.  straccio,  cliiflbn,  pi.  stracci,  fleuret,  soie 
grossière,  du  verbe  stracciare,  déchirer,  la- 
cérer. Ce  verbe  représente  un  type  latin  dis- 
tractiare  ou  extractiare  du  part,  distract  us  ou 
cxtractiiSt  étiré,  détiré. 

ESTRIF,  voy.  estrive. 

ESTRIQUE,  fourneau  pour  recuire  les  gla- 
ces, aussi  un  outil  de  l'étendeur  dans  les 
verreries,  de  l'ail,  strecken,  vha.  strecan, 
étendre. 

ESTRIVE,  vieux  mot  (aussi  estrif,  estr {],==> 
querelle,  débat,  subst.  du  verbe  estriver,  que- 
reller, angl.  strife,  lutter.  Ce  verbe  repré- 
sente peut-être  le  vha.  streban,  faire  des 
eflbrts  contre,  combattre.  Il  peut  cependant 
aussi  venir  du  vha.  strilan,  lutter  (ail.  mod. 
streiten)\  il  y  aurait  eu  d'abord  estri-er,  puis 
estriver,  cp.  pouvoir  de  po-oir  p.  podoir. 
Môme  en  partant  du  subst.  estrif,  comme 
anteneur  au  verbe  estriver,  Vf  final  ne  s'op- 
pose nullement  à  l'étymologie  stritan.  On 
trouve  encore  /*pour  d  ou  t  dans  le  vfr.  bîeif 
m»  blé  de  bladv.m,  et  dans  soif  de  sitis.  La 
forme  estrit,  qui  se  présente  dans  le  chant  de 
Saint- Léger,  décide  Diez  en  faveur  de  stritan, 
—  Le  rouchi  dit  encore  estrife,  p.  débat,  dis- 
pute, angl.  strife. 


ESTRIVIÊRES,  voy.  êtrividre. 

ESTROPE,  ÉTROPE,  terme  de  marine, 
espèce  de  cordage,  du  néerl.  ou  angl.  strop, 
m.  s.  (connexe,  sans  doute,  avec  L.  struppus^ 
couiToie).  Le  mot  estroffe  est  de  même  ori- 
gine. 

ESTROPIER,  esp.  estropear,  de  Tit.  strop- 
piare,  storpiare.  Fartant  de  cette  dernière 
forme,  Diez,  avec  doute,  fait  venir  le  mot  d'un 
type  L.  extorpidare' ,  =■  torpidum  reddere, 
engourdir,  paralyser  (on  trouve  en  latin  la 
forme  inchoative  extorpescere).  Muratori  pro- 
posait, conrnie  primitif,  le  L.  turpis,  difforme. 

ESTUAIRE,  du  L.  œstus,  marée,  flux. 

ESTURGEON,  BL.  sturio,  it.  storione,  esp. 
esturion,  angl.  sturgeon;  du  vha.  sturio,  ail. 
mod.  stôr. 

ET,  L.  et. 

ÈTABLE,  estdbîe\  du  L.  stabulum  (stare). 

—  D.  établer,  L.  stabulare. 

ÉTABLIR,  establir,  angl.  establish,  du  L. 
stalilire,  litt.  rendre  stable  {stabilis,  de  stare). 

—  D.  établi,  établissement, 

ÉTAGE,  estage,  BL.  stagium,  —  it.  stag- 
gio,  demeure,  séjour,  prov.  estatge,  demeure, 
résidence,  étage.  Ce  substantif  roman  exprime 
ainsi  à  la  fois  l'action  de  se  tenir,  de  séjour- 
ner, de  s'arrêter,  et  la  manière,  l'ordre  dans 
lcs(|ucls  une  chose  se  trouve  placée.  Le  mot 
français  moderne  a  considérablement  res- 
ti'eint  la  signification  première  et  ne  désigne 
plus  au  propre  que  l'espace  qui  sépare  les 
gitages  superposés  les  uns  sur  les  autres 
dans  un  bâtiment.  L'anglais  stage  signifie, 
d'une  manière  plus  conforme  au  sens  pre- 
mier, établi,  échafaud,  théâtre,  relais  de 
poste.  Quant  à  l'étymologie,  il  représente  un 
adj.  L.  staticus,  dérivé  de  status,  état.  Il  faut 
absolument  rejeter  l'étym.  tirée  du  gr.  arty*! 
(toit,  puis  maison,  chambre),  patronnée  par 
Nicot,  Ménage,  ete.  De  l'it.  staggio,  rési- 
dence, l'on  a  tiré  le  mot  savant  stage.  —  D. 
étager,  disposer  par  étages  ;  étagère. 

ÉTAI,  ÉTAIE,  esp.  estay,  angl.  sta^;  d'après 
Diez  du  fiam.  stcede,  stœye,  fulcrum,  sustcn- 
taculum  (Kiliœn),  dér.  du  verbe  stceden,  sta- 
bilire.  —  Breusing,  quant  à  la  sign.  «  gros 
cordage  qui  sert  à  soutenir  le  mât  d'un  vais- 
seau »,  y  voit  avec  raison  l'alL  stag,  m.  s.  — 
D,  étayer, 

ÉTAIM,  voy.  estaim. 

ÉTAIN,  estairC,  it.  stagno,  esp.  cstano^ 
prov.  estanh,  du  L.  stagnum,  forme  primi- 
tive de  stannum.  —  D.  étamer  p.  étatier  (cp. 
oeiiimeux  p.  venineux).  —  Voy.  aussi  tain, 

ÉTAL,  estai*,  lieu  l'où  on  expose  des  mar- 
chandises, it.  stallo,  demeure,  habitation  (lieu 
où  l'on  prend  position),  prov.,  vfr.  estai,  lieu 
où  l'on  est,  séjour,  position  fixe  ;  angl.  stall, 
établi.  Ces  mots  appartiennent  à  la  lacine 
stal,  marquant  fixité,  racine  fort  répandue 
dans  la  famille  des  langues  germaniques; 
cependant,  l'origine  directe  des  mots  romans 
semble  être  le  vha.  stal  «s  statio,  locus,  sta- 
bulum. —  En  dehors  des  formes  masculines, 
il  existe  des  formes  féminines  :  it.  stalla,  esp. 


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ÉTA 


197  — 


ÉTA 


estala,  étable,  fr.  stalle,  siège.  —  D.  étalci* 
(flam.  staeleti,  stallen,  m.  s.),  opp.  détaler,  pr. 
plier  bagage;  étalier. —  Le  t.  de  marine  étaler 
vient  également  de  estai,  dans  son  acception 
de  position  fixe,  résistance  (cp.  vfr.  rendre 
estai,  résister,  tenir  tête). 

ÉTAIiX,  dans  mer  étale;  do  la  même  rac. 
stal  dont  il  vient  d'être  question  et  qui  marque 
fixité.  La^j.  ail.  still,  tranquille,  est  égale- 
ment de  cette  nombreuse  famille. 

ÉTALER,  voy.  étal,—  D.  étalage, 

1.  ÉTALON,  estalon,  it.  stallone,  angl. 
stallion.  D'après  Ménage,  approuvé  par  Diez, 
du  BL.  et  It.  stalla,  établc  ;  Diez  cite  l'expres- 
sion eqnits  ad  stallum  dans  la  loi  des  Visi- 
goths.  L'étalon,  dit  Ménage,  reste  à  l'écurie. 
M.  de  Chevallet,  ainsi  que  Roquefort,  fait 
venir  estalon  du  vfr.  estalles,  testicules,  qu'il 
rattache  au  gaél.  yslalw,  productif,  généra- 
teur. Je  ne  trouve  pas  estalles,  testicules, 
dans  Godefroy,  mais  j'y  trouve  estaillé  =  châ- 
tré, qui  fournirait  une  excellente  étymologie, 
s'il  n'vavait  à  rendre  compte  que  du  sens. 

2.  ÉTALON,  modèle  de  poids  ou  de  mesure 
réglé  par  la  loi,  BL.  stallo  ;  do  la  racine  ger- 
manique stal  marquant  fixité.  Cp.  Tangl. 
standard,  modèle,  étalon,  dérivé  de  la  racine 
stand,  être  fixe.  —  D.  étalonner. 

3.  ÉTALON,  baliveau,  vfr.  estaillon,  d'après 
Littré,  du  vha.  stihil,  poinçon,  pieu  ;  selon 
moi,  plutôt  d'un  type  stacula  (=  fr.  estaillé), 
dim.  de  BL.  staca,  pieu  (voy.  estacade). 

ÉTAWBORD,  par  corruption  étambot,  litt. 
madrier  de  support,  composé  du  dan.  steaven, 
appui,  support,  et  bord,  planche,  madrier. 
Selon  d'autres  «  estant-bord  (bord-debout). 

ÉTAMER,  voy.  étain. 

ÉTAMINS,  petite  étoffe  peu  serrée,  it.  sta- 
migna,  esp.,  port.,  prov.  e^r/ameiia,  v.  flam. 
stamync,  du  h.staminciis,  adj.  de  stameti,  fil, 
filament.  Le  terme  de  botanique  étamines  est 
un  mot  savant  et  vient  du  L.  stamina,  plu- 
riel do  stamen, 

ÉTAMPSR,  variété  de  estamper  (v.  c.  m.). 

ÉTANGHER,  estancher,  angl.  stanch,  BL. 
stancare,  esp.,  prov.  estancar,  arrêter  l'écou- 
lement d'un  liquide,  puis  mettre  à  soc,  épui- 
ser. Dans  ëtancher  la  soif,  le  verbe  ne  repré- 
sente plus  que  l'idée  d'arrêter.  DuL.  stagnare, 
de  stagnum,  étang,  pr.  eau  qui  ne  s'écoule 
pas,  eau  fixe.  L'it.  stancare  a  l'acception  fati- 
guer (cp.  le  sens  ^g,  de  épuiser)  ;  pour  le  sens 
arrêter  l'écoulement,  cette  languie  a  la  forme 
latine  stagnare,  Raynouard  considérait  le 
prov.  estancar  comme  un  composé  de  tancar, 
boucher,  dont  il  n'indique  pas  la  provenance. 
Diez  tient  tancar  pour  une  mutilation  de 
estancar,  et  il  s'appuie  avec  raison  du  port. 
tanque,  étang,  p.  estanque.  Pour  le  rapport 
littéral  entre  estancher,  etc.,  et  L.  stagnare, 
voy.  âang.  En  champenois,  on  se  sert  de 
estancher  dans  le  sens  d'éteindre  ;  cela  fait 
penser  à  un  primitif  latin  extinctiare,  qui 
pourrait  convenir  aussi  au  fr.  étancher,  en 
tant  qu'appliqué  à  la  soif  (ou  à  la  faim),  si 
elle  n'était  en  désaccord  avec  la  forme  picarde 
estankier  (Reclus  de  Moliens).  —  M.   Bau- 


quicr  (Rom.,  VI,  452)  assigne  à  fr.  estancher, 
prov.  estancar,  barrer  (une  porte),  faire  un 
barrage  à  un  cours  d'eau,  arrêter  (la  faim,  ete.), 
le  primitif  ail.  stange,  bâton,  barre,  it.  stanga, 
barre.  Étang  serait  le  subst.  verbal  de  étan- 
cil  Ci*,  faire  un  barrage,  et  non  pas  la  reproduc- 
tion de  L.  stagnum.  —  D.  subst.  verbal 
étanche,  dans  les  locutions  à  étanche  d'eau, 
mettre  à  étanche. 

ÉTANGON,  du  vfr.  estance,  m.  s.  ;  ce  der- 
nier du  L.  staniia,  état  do  ce  qui  est  debout. 
Ici  encore  le  nom  de  l'effet  est  appliqué  à  l'in- 
strument qui  le  produit.  —  D.  étançonner; 
vfr.  estançot,  tronc  d'arbre  coupé. 

ÉTAN7IGHE,  d'après  Littré,  suivi  par  Dar- 
mesteter,  =  estant  (debout)  4-  fiche.  Mais  que 
sïgiûûe  fiche  f 

ÉTANG,  estang*,  esp.  estanque,  port,  tan- 
que, prov.  estanc,  du  L.  stagnum;  le  durcis- 
sement de  gn  en  ne  (au  lieu  de  fig,  esp.  n, 
prov.  7ih),  dans  quelques-unes  des  formes 
romanes,  est  peut-être  motivé  par  le  désir  do 
distinguer  le  mot  de  cstain,  étain,  es^.estaho, 
prov.  estanh,  qui  vient  d'un  autre  stagnum 
latin  C'est  aussi  ce  durcissement  qui  a  déter- 
miné les  formes  étancher  (p.  étanger  ou  éta- 
gner),  et  it.  stancare  À  côté  de  stagnare.  — 
Voy.  aussi  étancher. 

ÉTANGUES,69faatyt<e«,  tenailles  composées 
de  deux  stangues;  stangue  (it.  stanga,  barre) 
s'emploie  en  langage  héraldique  et  signifie 
une  perche;  lomot  vient  de  l'ail,  stange,  long 
bâton.  Avant  de  connaître  cette  étymologie  de 
Diez,  j'avais  considéré  estangue  comme  un 
composé  du  préfixe  es  et  du  flam.  tanghe,  te- 
nailles =  ail.  zange,  angl.  tongs.  Je  ne 
renonce  pas  absolument  à  cette  manière  de 
voir. 

ÉTANT,  estaM*,  part,  du  verbe  être,  =  L. 
stantem.  Autrefois, e*to«<  était  traité  en  subst. 
exprimant  la  position  d'un  homme  ou  d'une 
chose  qui  est  debout,  comme  séant  exprime 
la  position  d'un  homme  assis  («  être  sur  son 
séant  »).  «  Se  mettre  en  son  estant  »,  c'est  se 
lever.  Gachet  compare  fort  à  propos  les  tour- 
nures «  en  son  vivant,  en  son  dormant,  en 
son  ensciant  «  (voy.  escient).  Aujourd'hui  en- 
core, quelques  patois  se  servent  de  la  locution 
en  estant  pour  debout,  et  les  forestiers  vous 
parlent  de  même  d'arbres  en  étant  p.  arbres 
sur  pied. 

ÉTAPE,  estape*  (anc.  aussi  estaple,  angl. 
staple,  qui  est  la  forme  exacte),  a  signifié 
foire,  marché,  boutique;  auj.  =s  provisions 
de  vivres  et  de  fourrages,  puis  lieu  où  Ton 
distribue  les  vivres  aux  soldats  en  marehe  ; 
enfin,  lieu  d'arrêt.  Le  mot  vient  de  l'ail,  stapel, 
amas  (d'où  auf^tapeln,  entasser),  flam  stapel, 
emporium,  forum  ronim  venalium.  —  Une 
ville  d'étape  est  une  ville  où  se  déchargent  les 
marchandises  importées  du  dehors.  —  D.  éta- 
pier. 

ÉTAT,  estat\  it.  staio,  esp.  estado,  ail. 
staat,  angl.  state,  estate,  du  L.  status  (stare). 
Il  est  curieux  de  suivre  la  filiation  dos  idées 
qui  sont  rendues  par  le  mot  français  ;  d'abord 
manière  d'être,  situation,  position,  puis  posi- 


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ÉTÉ 


198  — 


ÊTO 


tion  dans  la  société,  profession,  métier  ;  écrit 
constatant  Tétat,  la  situation  d*iine  al&ire  ou 
d'une  personne  relativement  à  l'administra- 
tioa,  de  1&  «  inventaire,  compte,  mémoire, 
bordereau,  etc.  ;  enfin,  la  forme  du  gouverne- 
ment sous  lequel  vit  un  peuple  (L.  status  civi- 
tatis),  d  où  :  gouvernement,  et,  par  métony- 
mie, société  politique  unie  par  le  lien  d'un 
même  gouvernement. 

1.  ETAU,  boutique  déboucher,  etc., forme 
variée  de  étal  (v.  c.  m.). 

2.  ÉTAU,  instrument  de  serrurier,  etc.  La 
forme  lorraine  eitauque  permet  de  donner  à 
ce  mot  pour  original  le  mot  ail.  stock,  souche, 
bloc;  Tall.,  en  effet,  dit  schraub-stoch  pour 
étau  (litt.  étau  à  vis)  ;  stock,  dans  cet  emploi, 
exprime  pièce  fixe.  Ce  qui  nous  confirme  dans 
cette  étjmologie,  c*est  que  le  picard  dit  égale- 
ment ^au  p.  souche  morte,  ce  qui  est  indubi- 
tablement une  transformation  de  estoc,  qui  a 
le  même  sens.  Étau  est  prob.  une  forme  pos- 
térieure à  étou,  plus  rapprochée  du  primitif 
germanique.  —  D.  estoqitiau,  étoquereauœ,  éto- 
queresse. 

ÉTATSB,  voy.  état 

1.  ÉTÉ,  esté*,  subst.,  prov.  estât,  du  L. 
œstas,  'Otis, 

2.  ÉTÉ,  part,  passé  du  verbe  être,  *=  it. 
stato,  esp.  estado,  du  L,  status  (de  stare). 

ÉTEINDB]!,  esteindre*,  du  L.  exstinguere, 
—  D.  éteignoir. 

ÉTELON,  estelon,  modèle,  épure,  prob.  une 
modification  de  étalon  2. 

ÉTEKDARD,  estendard*,  prov.  estandart, 
it.  stendardo,  esp.  estandarte,  ail.  standarte, 
angl.  standard,  BL.  standardum;  selon  Diez, 
du  L.  extendere,  fr.  estendre*,  déployer.  Cette 
étymologie,  quelque  séduisante  qu'elle  soit, 
n'est  pas  à  l'abri  de  contestation  ;  on  lui  oppose 
celle  du  vha.  standen,  angl.  stand,  être 
debout,  être  dressé,  être  fixe,  qui,  d'utfe  part, 
s'accommode  mieux  des  formes  avec  a  (esp. 
estandarte,  angl.  standard),  et,  d'autre  part, 
explique  très  bien  le  sens  particulier  propre  à 
l'angl.  standard,  que  j'ai  relevé  sous éfo/on  2. 

ÉTENDBE,  estendre*,  L.  ex-tendérc,  — 
Subst.  participial  fém.  étendue. 

ÉTBRNBL,  L.<^«rwa/i5,(Tertullien);  forme 
dérivative  de  ceternus.  —  ÊxERNrrÉ,  L.  œter- 
nitas  —  Dérivé  moderne  :  éterniser. 

ÉTERNTJER,  L.  stemutare, 

ÉTEUF,«5/eM/*,  balle  ;  le  sens  étymologique 
est  bourre,  car  le  mot  parait  être  de  la  même 
famille  que  étoupe  estoupe,  et  venir  du  L. 
stuppa.  Pour  le  changement  de  p  final  en  f, 
comparez  e^^/*  de  caput,  vfr.  apruef^=^  prov. 
aprop,  près.  On  pourrait  aussi  remonter  au 
via.  stophôfi,  angl.  stu/f,  bourrer,  farcir.  Le 
BL.  stoffus,  qui  n'apparaît  qu'au  xiv*  siècle, 
peut  être  calqué  sur  le  français  et  ne  doit  pas 
nous  guider  dans  la  recherche  du  primitif  du 
mot  esteuf, 

ÉTEULE,  esteule*,  estuble*,  chaume,  du  L. 
stipula;  cp.  vfr.  iteule,  du  L.  nebula.  Les 
formes  fr.  étouble,  prov.  estoble,  it.  stoppia, 
accusent  une  origine  ou  du  moins  une  in- 
fluence germanique  et  reproduisent  vha.  stup- 


fila,  ail.  mod.  stoppel,  angl.  stubhle,  m.  s. 
~  D^près  Schuchardt  elles  découlent  du  lat. 
vulgaire  stupula . 

ÉTESR,  L.  œtker  (vt^p),  air  subtil  des  ré- 
gions supérieures.  —  D.  éthéré,  éthériser. 

ÉTHIQUE,  gr.  «jdcxo;,  mond,  a4}.  de  ^oç, 
pi.  ^^,  mœurs. 

ETHNIQUE,  gr.  idytxe's,  de  Dv&ç,  peuple  {rà. 
B'ni\  les  gentils).  Ce  dernier  a  donné  encore 
ethnographie,  description  des  peuples. 

ÉTIA6E,  le  plus  grand  abaissement  des 
eaux  d'une  rivière,  litt.  niveau  des  eaux  pen- 
dant l'été;  dérivé  d'un  verbe  estier  =»  lat.i»ft- 
wwr,  passer  l'été,  ou  représentation  du  BL. 
asstvDoticus,  extension  de  œstivus,  relatif  à 
l'été.  Cette  étymologie  est  sigette  à  caution  ; 
un  verbe  estier  fait  défaut,  et  la  chute  du  v  est 
insolite  ;  malheureusement,  le  mot  n'a  pas 
d'historique. 

ÉTIER  ou  estier,  petit  conduit  d'eau,  du 
L.  œstarium  (p.  œstuarium),  canalis  quo 
intrat  sestus  maris. 

ÉTINCELLE,  estincelle*,  par  transposition 
pour  escintèle,  du  L.  scintilla.  —  D.  Mincder, 
L.  scintillare^d'où  le  terme  savant  scintiUer), 

ÉTIOLER,  à  coup  sûr,  n'a  rien  de  commun 
avec  le  mot  étiologie,  partie  de  la  médecine 
qui  traite  des  causes  (gr.  xlrlv)  des  maladies, 
sous  la  rubrique  duquel  Roquefort  l'a  rangé. 
Littré  trouve  l'étymologie,  longtemps  cher- 
chée, de  ce  mot  dans  le  normand  s'étieuler, 
pousser  en  chaume,  qui  vient  diéteule.  (Ètieule 
se  rapporte  à  éteule,  comme  vfr.  nieule  = 
nebula,  à  neule.) 

ETIQUE,  forme  populaire  du  mot  savant 
hectique  (v.  c.  m.).  —  D.  étisie. 

ÉTIQUETTE,  estiquette*,  écriteau  affiché. 
L'étymologie  est  hic  quœstio,  abrégé  en  est 
hic  quœst.  (mots  inscrits  sur  les  sacs  à  procès), 
est  une  pure  plaisanterie.  Le  mot,  écourté  par 
les  Anglais  en  ticket,  vient  du  verbe  ail.  stec- 
hen,  angl.  stick,  ficher,  afficher.  (Le  même 
primitif  germanique,  à  l'état  de  siibst.,  signi- 
fiant bâton,  a  donné  naissance  au  fr.  étiquet, 
petit  bâton,  étiquette,  filet  à  perche.)  —  Se 
conformer  rigoureusement  à  Vétiquette,  à  l'in- 
dication, à  la  règle,  a  donné  lieu  au  sens 
figuré  «  formes  cérémonieuses  n  qui  s'est  atta- 
chée  A  notre  mot.  -^  D.  étiqueter. 

ÉnSEB,  substantif  fait  de  l'acy.  étique  (v.  c. 
m.),  sous  l'infiuence  àephthisie. 

ETNETTE,  pince,  p.  estenette;  le  même 
mot,  avec  un  autre  suffixe,  que  vfr.  estendles, 
tenailles,  pinces. 

ÉTOC,  tronc,  souche,  variété  de  estoc  (v. 
c.  m.). 

ÉTOFFE,  estoffe,  it.  stoffa,  stoffb,  esp. 
estofa,  BL.  stoffa.  Le  sens  originel  parait  être 
bourre,  remplissage,  d'où  l'acception  géné- 
rale matière,  et  venir  du  L.  stuppa,  étoupe, 
par  l'intermédiaire  de  la  prononciation  ail. 
de  ce  mot  stupfa,  stuffa.  Le  mot  ail.  staff  esX 
un  emprunt  au  roman.  —  D.  étoffer, 

ÉTOILE,  estoile*,  prov.  estéla,  esp.  estrella, 
it.  Stella,  du  L.  Stella  on  plutôt  stéla*,  —  D. 
étoile,  L.  stellatus. 

ÉTOLE,  estole*,  L.  stola  {ftolri}. 


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ÉTO 


—  199  — 


ÉTR 


irOHlTKR,  anc.  e»-fonn^,  v.  angl.  astone 
(aiij.  astùnish),  du  L.  ex-tanare,  p.  attonare, 
frapper  de  la  foudre,  fig.  frapper  de  stupeur. 
Cette  étjmologie,  patronnée  par  Diez,  satis- 
fait parfaitement;  cependant,  l'absence  du  mot 
dans  les  idiomes  du  Midi  donne  quelque  pro- 
babilité à  une  origine  germanique  :  le  mha.  a 
stûnen  (ail.  mod.  gtaunen)^  s'étonner,  l'ang). 
stun,  étourdir. 

.  ROurrJUl,  eslouffer'  (le  mot  n'est  pas  an- 
cien dans  la  langue),  est,  d'après  Diez,  dérivé 
d'un  subst.  touffe  (inus.  )  =:  it.  tufo,  tuffo,  esp. 
tufo^  vapeur  suffocante,  dont  le  primitif  est 
le  gr.  Tvf  o«,  vapeur.  On  se  demande  cependant 
comment  il  se  fait  d'un  c<^té  que  le  primitif 
touffe  n'existe  plus  en  fr.,  et  de  l'antre  que  les 
autres  langues  n'en  ont  pas  le  dérivé.  Le  mot 
ne  serait-il  pas  plutôt  foncièrement  identique 
avec  étouper,  par  l'intermédiaire  du  vha.  st<h 
p?um,  ail.  mod.  stapfen,  bourrer?  L'idée  bour- 
rer, boucher  et  celle  de  couper  la  respiration, 
obstruer  les  conduits  de  l'air,  sont  assez  rap> 
prochées  pour  qu'on  puisse  avancer  cette 
étymologie,  qui  en  tous  cas  ne  répugpe  pas  à 
la  lettre.  On  pourrait  encore  invoquer  Tangl. 
stuff,  étouffer,  mais  ce  mot  peut  être  tiré  du 
français.  Le  terme  allemand  sticken  (étouffer), 
en  ce  qu'il  exprime  propr.  obstruction, 
arrêt  de  la  respiration,  favorise  ma  manière 
de  voir;  d'autre  part,  le  synonyme  dàmpfen 
(de  dampf,  vapeur)  corrobore  celle  de  Diez. 
Celui-ci  cite,  en  sa  faveur,  le  lorrain  touffe, 
suffocant,  mais  cet  adjectif  pourrait  bien 
être  p.  stouffe,  comme  tain  p.  stain  (j'entends 
souvent  dire  autour  de  moi  :  il  fait  stouffe), — 
Bien  que  peu  plausible,  je  ne  puis  négliger 
l'opinion  de  Boucherie,  qui  part  d'une  forme 
stupefare  p.  stupefacere,  qui  serait  analogue 
à  caiefare  (d'où  fr.  chauffer)  p.  ccUefacere. 

ÉTOUPB,  estoupe*,  it.  stoppa,  esp.  estopa, 
du  L.  stuppa  (trvTtu).  Ce  dernier  est  congénère 
avec  l'ail,  stopfen,  boucher,  cité  dans  l'art, 
précédent  (voy.  aussi  étoffe).  —  D.  étouper, 
wall.  stopeir,  rouchi  stoupper,  it.  stoppare, 
boucher  avec  de  l'étoupe,  puis  en  général 
boucher;  détouper,  déboucher;  étoupille, 
étaupillon. 

irOUPER,  voy.  étoupe, 

ÉTOURDIR,  estourdir,  it.  stordire,  d'un 
type  latin  eœ-turdire,  L'esp.  dit  a-turdir. 
Covarrurias  explique  aturdir  par  une  allu- 
sion à  la  grive  (L.  turdus,  esp.  tordo),  la- 
quelle tombe  étourdie  à  la  grande  chaleur  du 
jour,  d'où  le  proverbe  :  tener  eabeza  de  tordo, 
avoir  une  tête  de  grive,  p.  s'étourdir  facile- 
ment. —  Wachter  avait  proposé  une  origine 
du  cymr,  twrdd,  bruit,  tonnerre,  en  s'appuyant 
du  terme -analogue  étonner, —  Diefenbach  cite 
l'angl.  sturdy,  fort,  hardi,  mais  les  significa- 
tions ne  concordent  pas.  —  L'étymologie  de 
l'ail,  stûrzeft,  précipiter,  fig.  frapper  de  stu- 
peur, suivie  par  Chevallei,  et  celle  de  Ménage, 
qui  avance  le  L.  stoïidus,  sont  démenties  par 
la  forme  espagnole.  —  Diez,  qui  s'était  pro- 
noncé d'abord  en  faveur  du  primitif  turdus, 
explique  maintenant  étourdir  par  un  type  ex- 
torpidire,  modifié  régulièrement  en  extordire. 


Le  primitif  serait  ainsi  torpidus,  engourdi.  L*o 
ouvert  de  L.  torpidus  fait  repousser  cet  étymon 
à  FOrster;  il  reprend  l'étymologie  turdus, 
comme  phonétiquement  plus  correcte.(Ztschr. , 
II,  84).  Baist  (ib.,  VI,  119)  préfère  turbidus, 
troublé. 

ÉTOÏÏRNIAU,  L.  sturmllus*,  diminutif  do 
L.  stttrnus. 

ÉTRAKOB,  estrange*,  angl.  strange,  it. 
stranio,  esp.  estraho,  prov.  estranh,  du  L. 
extraneus  (de  extn£). —  D.  âtranoer,  it.  stra- 
niero,  prov.  cstrangier,  esp.  extrangero, 
angl.  stranger;  étrangeté;  verbe  étranger, 
éloigner. 

ETRANOLIR,  estrangler,  L.  strangularc, 
—  D.  étranglement,  étranguiUon, 

ÉTRÂPER,  estraper*,  aussi  estreper,  être- 
per,  prov.  cstrepar.  Les  formes  avec  e  sont 
probablement  issues,  par  transposition,  du  L. 
exstirpare.  Les  formes  avec  a  rappeUent  l'it. 
strappare  (voy.  sous  estrapade)  et  sont  par 
conséquent  d'origine  germanique  :  cp.  suisse 
strapfen,  enlever  la  surface,  bavarois  straffen, 
tailler.  —  D.  étrape,  faucille  à  couper  le 
chaume;  on  dit  aussi  étrèpe  et  éterpe, 

ÉTRASSE  »  estrasse  (v.  c.  m.). 

ÉTRAVE,  t.  de  marine,  nom  des  pièces  do 
bois  courbes  qui  forment  la  proue  du  vais- 
seau ;  du  dan.  statn,  suéd.  staef,  holl.  steven, 
m.  s.,  avec  épenthèso  d'un  r;  il  est  inutile 
d'y  chcrher  le  subst.  verbal  d'un  verbe  étrax>e^* 
=»  ex'trabare,  de  trabs,  poutre. 

ETRE,  estre*,  it.  cssere,  prov.  esser,  du  L. 
essere,  forme  barbare  pour  esse,  cp.  tistre'  do 
texere  (tisser).  —  D.  êty^e,  subst.;  cps.  bien-être 
(cp.  ail.  toohlsein). 

ÉTRÉOIR,  voy  étroit;  cps.  rétrécir, 

ÊTREINDRE,  estreindre*,  L.  stringere.  — 
D.  subst.  participial  étreinte, 

ÉTRBNNE,  estrenne',  L.  stretia,  présage, 
augure,  puis  présent  do  bonne  année.  —  D. 
étrenner, 

ETRES  (les)  d'une  maison  ;  ce  terme,  à  mon 
sens,  est  le  même  mot  que  être,  existence, 
manière  d'être,  état  particulier.  Les  applica- 
tions qui  en  sont  faites  dans  l'ancienne  lan- 
gue (p.  ex.  les  estres  d'un  verger,  d'une  tour) 
et  le  caractère  tout  à  fait  exceptionnel  do  l'or- 
thographe aitre  doivent  écarter  l'étymologie 
atrium  que  l'on  a  mise  en  avant.  On  voit,  en 
anglais  aussi,  le  mot  being  signifier  à  la  fois 
existence,  manière  d'être,  condition,  et  de- 
meure, place.  —  D'après  Neumann  (Ztschr., 
V,  386),  le  mot  signifie  pr.  les  localités  exté- 
Heures  d'un  édifice  et  a  i)Our  étymon  lat. 
extei^as  (s.-e.  partes  domus).  Le  sens  restreint 
originel  se  serait,  avec  le  temps,  généralisé. 

ÉTRÉSILLON,  voy.  trésiUon, 

ÉTRIER,  estrier,  vfr.  estref,  estrief,  cstrieu, 
estriu,  estrif,  prov.  estreup,  estnub,  cat. 
estreb,  esp.  estribo,  BL.  strepa;  cette  forme 
latine,  d'après  Diez,  vient  du  vha.  streban, 
s'appuyer  avec  effort.  L'étrier  est  donc  envi- 
sagé comme  un  appui  pour  le  cavalier.  — 
Chevallet,  insistant  sur  la  circonstance  que 
les  étners  ne  consistaient  autre  fois  qu'en 


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ÉTR 


—  200  — 


ÉTY 


une  courroie,  invoque,  avec  raison,  je  pense, 
des  primitifs  allemands  signifiant  la  même 
chose.  Dans  le  nombre  de  ceux  qu'il  cite, 
l'ail,  striepc  est  celui  que  j'accepte;  on 
dit  aussi  dans  cette  langue  sUHppe;  l'angl. 
a  stripe,  Wackemagel  proposait  l'ail,  stef^e- 
rcif,  étrier  (litt.  anneau  pour  monter),  ou 
plutôt  la  forme  bas-ail.  de  ce  mot,  sttreip, 
qui  se  serait  contractée  en  streep,  mais  Diez 
observe  que  les  fonues  romanes  ont  dû  pré- 
exister à  la  formation  du  mot  sti-reip,  L'angl. 
stirntp  (dial.  stighrope)  est  un  composé  de 
stfgaut  monter,  et  de  rope,  corde.  —  Dérivés  : 
estritièi'e,  étrivièi^e,  anc.  synonyme  d'étrier, 
auj.  la  courroie  de  l'étrier  (cp.  esp.  cstri- 
bera,  port,  estribeira,  prov.  estrubw'at 
tous  =  étrier).  Notez  encore  le  bon  vieux 
verbe  dés-estriver  (Raoul  de  Cambray),  i^en- 
verser  des  étriers,  désarçonner.  —  Ce  qu'il 
importe  d'observer  encore,  c'est  que  contrai- 
rement à  l'opinion  émise  jusqu'ici  dans  les 
dictionnaires  (le  mien  compris),  étrier  n'est 
pas  une  contraction  de  estrivier.  Il  se  rap- 
porte à  vfr.  esirieu  comme  Angiet's^  Poitiers 
à  AngieuSf  Poitieus,  vfr.  nicrs  à  vfr.  nieus 
(neveu).  Voy.  sur  cette  confusion  des  finales 
?V',  ien  avec  ter  (Tobler,  Jalirb.,  XV,  262; 
(t.  Paris,  Rom.,  V,  380;  Suchier,  ZUclir.,  I, 
430). —  La  forme  en  ieu  existe  encore  dans  le 
terme  technique  étrieux  (i>lur.),  étais  trans- 
versaux. 

ÉTRILLE,  es(riUe\  it.  striglia,  ail.  striegel, 
du  L.  strigilis  (stringere),  m.  s.  —  D.  ét7'ilie}\ 

ÉTRIPER  (dans  à  etripe-chevat),  c'est,  éty- 
mologiquement,  faire  sortir  les  tripes, 

ÉTRIQÏÏER,  rétrécir;  origine  douteuse.  L-e 
fréquentatif  strictare  (de  stHngere,  étreindre) 
ne  convient  pas  à  la  lettre;  si  le  sens  premier 
emporte  l'idée  de  maigre  et  allongé,  on  peut 
proposer  l'ail,  strecken,  étendre,  allonger 
(cp.  l'art.  est7*iqué);  si  l'idée  primitive  est  celle 
de  mesurer  rigoureusement,  on  peut  rappe- 
ler le  rouchi  étriqué,  rouleau  de  bois  ser\'ant  à 
raser  les  mesures  de  grain,  râcloirc,  qui  vient 
du  flam.  stnjhen,  tergere,  radere,  ail.  mod. 
streichen,  angl.  strihc.  Enfin,  le  verbe  ail. 
strichen  (de  strick,  corde),  dans  son  acception 
lier,  serrer,  se  prête  également  comme  pri- 
mitif du  mot  français.  Ltriquer  n'est  pas  an- 
cien dans  la  langue  au  sens  de  serrer  et  pour- 
rait bien  être  une  forme  wallonne  du  latin 
strictare.  Dans  ce  dialecte,  on  dit  affeqité  p. 
affecté. — Dans  «  étriquer  les  harengs  »,  le  mot 
représente,  semble-t-il,  une  forme  picarde  du 
L.  ejc-tricarc,  démêler. 

BTRIQUBT,  espèce  de  filet,  de  l'ail,  stnck, 
corde. 

ÉTRIVIÉRB,  voy.  étrier. 

ÉTROIT,  estroit\  prov.  cstreit,  it.  stretto, 
du  L.  strictus,  serré,  part,  do  stringere. — D. 
étwitesse  (l'ancienne  langue,  sur  le  type  strie- 
tia,  avait  la  forme  estrece);  verbe  étrécir  (un  do 
ces  verbes  à  forme  inchoative  et  à  signification 
factitive,  dont  la  langue  française  présente  tant 
d'exemples,  cp.  chscurcir,  durcir^  éclaircir)\ 
l'ancienne  langue  avait  aussi  la  forme  estre- 


cMer  qui  répond  à  un  type  strictiare, —  Voy. 
aussi  détroit,  détresse. 

ÉTRON,  estron',  estronC,  it.  stronio,  BL. 
strontiis,  du  néerl.  stront,  ail.  strimt,  m.  s. 

ÉTROPE,  voy.  estrope. 

ÉTUDE,  estude\L.stiuliiim.  —  D.  étudier. 

ÉTUI,  estui*,  prov.  estug,  estui,  port,  estqfo, 
esp.  estuche,  BL.  estugiitm;  du  mha.  stûâie. 
ail.  mod.  stauche^  pr.  objet  dans  lequel  on 
fourre  qqch.  L'it.,  avec  le  préfixe  ad,  dit  as-, 
tuccio.  —  Notre  étym.,  pmposée  en  premier 
lieu  par  Frisch,  n'est  point  approuvée  par 
Langensiepen,  qui  établit  le  L.  studium  pour 
primitif  d'étui.  La  forme,  en  effet,  ne  s'y 
oppose  pas,  cp.  appui  de  appodium;  pour  le 
rapix>rt  logique,  il  admet  une  métonymie  du 
contenu  au  contenant  ;  studium  d'abord  ■=» 
objet  de  l'étude  ou  du  travail,  puis  le  petit 
meuble  qui  le  renferme  (cp.  le  mot  étudiole, 
nom  d'un  ixïtit  meuble  do  travail).  Quant  à  la 
fonne  it.  astuccio,  il  l'explique,  un  peu  violem- 
ment, par  un  type  ad-studicium,  ou  même 
adstudium,  d'où  astutium,astucium  [c^.messo 
de  médius).  —  Cette  étym.  par  studium,  bien 
que  recommandable  à  certains  égards,  ne  me 
semble  pas  favorisée  par  les  sens  cachette, 
prison,  baquet,  qui  s'attachaient  à  étui  dans 
leprimnpe. 

ÉTUVS,  estuvé*,  prov.  estuba,  esp.,  port. 
estufa,  it.  stufa,  angl.  stove,  néerl.  stoof,  BL. 
stuba,  stuffa,  =  6rt/>WKm,hypocaustumsuda- 
torium.  Ces  mots  sont  identiques  avec  le  vha. 
stuba,  ail.  mod.  stube,  d'abord  chambre  à 
bains,  auj.  =  chambre  en  général,  angl.  stove, 
étuve,  poêle.  Aujourdlmi,  l'on  appelle  étuioe 
une  chambre  ou  armoire  dans  laquelle  on 
fait  circuler  l'eau  réduite  en  vapeurs  pour 
faire  suer,  de  même  un  lieu  chauffé  pour  faire 
sécher,  enfin,  en  Belgique  du  moins,  le  mot 
équivaut  aussi  à  poêle.  — \>.étuver.  —  Bugge 
(Rom.,  IV,  354)  démontre  que  les  mots  germa- 
niques invoqués  sont  empruntés  au  roman. 
Selon  lui,  étuve  est  le  subst.  verbal  de  étuver 
(=  esp.  estuvar,  estofar,  estovar,  it.  stufare), 
lequel  i-eproduit  une  forme  lat.  vulg.  ex'tufare, 
tirée  du  grec  TÛyo«,  vapeur,  it.  tufo,  tuffo,esp. 
tufo.  Cp.  en  terme  de  cuisine,  l'ail,  ddmpfen, 
étuver,  de  dampf,  vapeur.  —  L'opinion  de 
Bugge  quant  à  l'origine  ix)mane  de  Tall. 
stube  a  trouvé  des  contradicteui^,  et  je  crois 
que  les  formes  avec  /"radical  doivent  êti*e 
séparées  de  celles  avec  v.  Ex-tufare  peut  avoir 
donné  étouffer  (v.  c.  m  ),  mais  non  pas  étuver. 

ÉTTMOLOOIE,  gr.  iru^toloy^K,  subst.  abstrait 
de  2ruyuio/o'/o{  =*  qui  s'occu|îe  de  l'irv/tov,  subst. 
adjectival,  exprimant  chez  les  Grecs  la  vraie 
signification  d'un  mot  d'après  son  origine 
(ÎTwjuioî,  vrai,  pur).  «  L'étymologie,  qui  s'oc- 
cupe de  l'origine  des  mots,  est  api)elée  par 
Cicéron  notatio,  parce  qu'elle  est  désignée 
chez  Aristote  .sous  le  nom  de  »w/*69lov,  qui  veut 
dire  signe,  car  il  se  défie  du  mot  veriîoquium, 
qu'il  a  créé  lui-même  et  qui  est  la  traduction 
littérale  de  iru/£9>oy{x.  D'autres,  qui  se  sont 
attachés  au  sens  virtuel  du  mot,  l'appellent 
oi*iginatio,  »  Quintilien,  I,  6.  —  D.  étymolo 
gique,  -iser,  -iste. 


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ÉVA 


—  201  — 


EX 


SU,  part,  passé  de  avoir,  anc.  eii  ;  e  repré- 
sente le  radical  hab,  u  la  terminaison  utus 
(cp.  su  s=3  L.  barb.  sap-utus,  dtX  =  deb-titus). 

EUGHABISTH,  L.  eucharisHa,  du  gr. 
vjx^piTFlx,  pr.  actions  do  grâces  (de  lùx^/sivroa, 
reconnaissant]  ;  les  pores  ds  l'Eglise  ont  appli- 
qué le  mot  &  la  sainte  Cène  ;  dans  la  suite,  ce 
nom  abstrait  d'un  acte  est  devenu  concret  et 
signifie  le  saint  sacrement.  —  D.  eucharis- 
tique. 

SUCOLOGE,  gr.  lOxo^oV^^vC^^^^)  ="  recueil 
de  prières  (aùxii). 

BUFRAISB,  plante,  du  gr.  tùfpx^lx,  gaité. 

EUNUQUE,  gr.  lùvoi^of,  castrat  ;  sens  éty- 
mologique  :  gardien  du  Ut  (svviS  -]-  ixe»). 

SUPHÉiaSMB,  gr.  tù^-nfutixài,  emploi  d'un 
terme  plus  agréable  à  entendre  pour  une 
chose  qui  ne  l'est  pas  en  réalité  (de  l'adj. 
fvf>i/to«,  bien  sonnant  ;  su,  bien,  ^li/uiïi,  parole). 

EUPHONIE,  |gr.  sOpuvfa,  subst.  de  sûpuvo,-, 
qui  sonne  ou  qui  parle  bien  (iv,  bien,  ^oivii, 
voix).  —  D.  euphonique. 

EUX,  anc.  els,  plur.  de  eV,  il.  Dans  la 
langue  d'oïl,  on  trouve  aussi  les  formes  ah, 
els,  aus,  eus,  iaux. 

ÉVACUER,  L.  ctacuare  (de  vacuus,  vide). 

ÉVADER  (S'),  L.  ecadere,  litt.  s'en  aller; 
du  supin  evasum  :  subst.  évasion  (L.  evasio), 
adj.  évasif. 

ÉVAGATION,  L.  eoagaiio  (vagari). 

ÉVALUER,  dér.  do  value,  subst.  participai 
de  valoir.  —  D.  évaluation. 

ÉVANGILE,  du  gr.  sOayytliQv,  bon  message. 
—  D.  évanffélique,  -iser  (-f^siv),  -iste  (-cïrr,^). 

ÉVANOUIR  (S*),  esvanouir,  vfr.  aussi  esva- 
nir  et  envanir,  prov.  esvanuir,  it.  svanire 
(présent  svanisco).  C'est  le  L.  ex-vancsccre, 
dans  lequel  le  français  a  intercalé  une  espèce 
de  suffixe  ou,  comme  dans  épanouir  et  vfr. 
ey\genouir,  engendrer.  Quant  à  la  raison  de 
cette  singulière  intercalation,  Gachet  et  To- 
Wer,  approuvés  par  Diez,  y  voient  un  effet  de 
l'ancien  parfait  latin  en  ui.  La  langue  romane 
avant  emprunté  tout  d'une  pièce  les  formes 
latines  ingéniât,  ecanuit  en  faisant  ettgenouis, 
esvoiiouis,  on  en  a  déduit  des  infinitifs  d'une 
façon  analogue.  Par  assimilation,  on  a  traité 
le  verbe  épanir  (p.  épandir)  à  la  manière  de 
csvanir^  et  on  lui  a  donné  au  prêt.  déf.  la 
forme  épanouis.  Car  il  faut  bien  insister  sur 
ce  point  que  les  verbes  en  question  présentent 
d'abord  un  infinitif  en  ir,  et  que  c'est  le  par- 
fait en  oui  qui  a  déterminé  une  nouvelle  forme 
verbale  en  ouir,  —  D'intéressants  détails  sur 
les  circonstances  qui  ont  fait  naitre  les  verbes 
en  ouir  ont  été  donnés  par  Suchicr  dans 
Ztschr.,  VI,  437. 

ÉVAPORER,  L.  etaporare  (vapor). 

ÉVASER,  élargir  une  chose  circulairement, 
à  la  façon  d'un  vase,  dont  la  largeur  va  en 
augmentant  jusqu'à  son  ouverture.  — Ce  verbe 
moderne  évaser  doit  être  séparé,  je  pense,  de 
l'ancien  esvaser  (voy.  Godefroy),  qui  signifiait 
s'ébouler,  fig.  trouver  une  échappatoire  (= 
c-vasare*,  de  evadere,  sortir  des  fondements?) 
Toutefois  il  se  peut  que  esvaser  =  s'ébouler 
soit  une  variété  de  envaser  (de  vase,  fém.). 


ÉVASIF,  EVASION,  voy.  évader. 

ÉVECHÉ,  voy.  évéque. 

ÉVEILLER,  esveiller',  =>  L.  ex-vigilare, 
mais  avec  une  signification  factitive.  —  D. 
éveil;  c^s.  réveiller. 

ÉVÉNEMENT,  it.  evenimento,  mot  dérivé 
du  L.  evenire,  d'après  le  précédent  de  acéne- 
moxt.  Le  subst.  latin  eventum,  chose  arrivée, 
est  resté  dans  Tit.  evcnto,  angl.  event.  On 
trouve  dans  l'Art  poétique  de  Vauquelin  de 
LaFresnayo,  poète  qui  florissait  sous  Henri  III, 
plusieurs  fois  le  mot  évent  p.  événement. 
L'iiomonyme  évent  de  éve}Uer  n'a  pas  permis 
à  ce  terme  de  se  fixer.  A  la  foiTne  L.  eve}itus, 
gén.  'US,  se  rattache  l'adj.  fr.  éventuel  (pour 
lequel  Rousseau  s'est  permis  éventif). 

ÉVENTAIL,  voy.  éventer. 

ÉVENTER,  mettre  au  vent,  faire  du  vent, 
donner  de  l'air,  cp.  L.  eventilare,  que  l'it.  a 
conservé  sous  la  forme  sventolare  et  que  la 
langue  d'oïl  possédait  également  sous  la  forme 
s*esventele7\  —  D.  ^twi/ (subst.  verbal);  éven- 
tail («  prov.  ventalh,  it.  ventaglio);  éventoir. 

ÉVENTRER,  ouvrir  le  voUre.  Mot  du 
XVI*  siècle,  qui  &  la  lettre  dit  «  priver  du 
ventre  ». 

ÉVENTUEL,  voy.  événement.  —  D.  éven- 
tualité. 

ÉVEQUE,  évesque*,  du  L.  cpiscopus,  gr. 
inhxono;,  litt.  surveillant,  inspecteur.  Le  mot 
episcopus,  par  l'aphérèse  de  la  syllabe  initiale, 
adonné  vfr.,  prov.  vesque,  it.  vescoto,  néerl. 
bisschop,  angl.  bishop,  all.bischof.  Au  dérivé 
latin  episcopatus  se  rapportent  :  1.  episcopat, 
terme  savant  ;  2.  évéché,  vfr.  cvesquiet  (formé 
comme  œmté,  duché  de  comte,  duc).  Cps.  ar- 
clievéque  (y.  c.  m.). 

ÉVERSION,  L.  eversio  (de  cvetHere,  ren- 
venier). 

ÉVERTUER  (S'),  vfr,  ïesvertuer,  prov.  es- 
vert  udar,  de  vertu  (dans  le  sens  de  vigueur), 
comme  s'efforcer  de  force,  vfr.  s'csvigorer  de 
vigueur.  Gachet  rappelle  le  vieux  terme  fr.  se 
resvertue}*,  et  prov.  revertusar  =  reprendre 
courage. 

ÉVICTION,  action  d'évincer,  L.  evictio,  de 
evincere,  pr.  vaincre  complètement. 

ÉVIDENT,  -ENOE,  L,  evidens,  -entia  (vi- 
derc). 

ÉVDER  =  vide7':  le  préfixe  ajoute  l'idée 
du  mouvement  du  dedans  au  dehors,  qui  s'at- 
tacho  à  l'opération  désignée  jmr  le  verbe. 

ÉVIER,  du  vfr.  ùve,  eau,  voy.  sous  aiguë. 

ÉVINCER,  L.  e-vincere,  voy.  éviction. 

ÉVITER,  L.  e-vitare. 

ÉVOLUTION,  L.  e-volutio  (de  evolvere,  dé- 
rouler, déployer).  Les  écrivains  militaires  en 
ont  dégagé  le  verbe  évolua^  qui  d'ailleurs 
répond  fort  bien  à  un  fréq.  latin  evoliUarc, 
d'où  aussi  le  t.  de  zoologie  :  coquilles  évolu- 
iées. 

ÉVOQUER,  L.  e-vocare.  =  D.  évocation. 

ÉVULSION,  L.  evulsio,  du  L.  e-vellere,  arra- 
cher, par  le  supin  e-vulsum,  d'où  aussi  l'ac^. 
évulsif. 

EX,  imrticule  latine  dont  le  sens  premier 
est  hors.  En  tant  qu'élément  de  composition. 


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EXC 


—  202 


EXH 


la  langue  française  se  l'est  appropriée  sons  la 
forme  es,  plus  tard  é  (voy.  é-).  Le»  composés 
qui  ont  conservé  la  forme  ex  appartiennent  à 
ce  que  nous  appelons  le  fonds  savant  de  la 
langue.  Dans  les  temps  modernes,  on  a  beau- 
coup appliqué  le  préfixe  ex  &  des  substantifs 
marquant  une  condition,  une  qualification, 
un  emploi,  pour  indiquer  que  cette  condi- 
tion, etc. ,  se  rapporte  à  des  temps  passés,  que 
la  personne  en  question  ne  la  possède  plus, 
p.  ex.  ex-roi,  ex-prétre,  etc. 

EXACT,  L.  exadiis,  m.  s.  (exigere),  —  D. 
exactitude,  façonné  d'après  rectitude,  etc. 
«  Cest  un  mot  que  j'ai  vu  naitre  comme  un 
monstre  contre  qui  tout  le  monde  s'écriait  » 
(Vaugelas). 

EXAGTEUR,  -TION,  L.  exactor,  -tio,  m.  s. 

EXAGÉRER,  L.  ex-aggerare  (agger),  pr. 
élever  par  des  terres  rapportées,  hausser, 
amonceler.  Notez  le  sens  actif  du  part,  exagéré 
(cp.  exalté  =»  qui  exalte). 

EXALTER,  L.  exaltare,  hausser,  élever. 
Le  fr.  a  prêté  au  mot  des  significations  de 
l'ordre  moral  toutes  particulières.  —  D,  exah 
tation. 

EXAMEN,  it.  esame,  du  L.  examen.  Le  mot 
latin  a  deux  sens  principaux  :  1.  essaim 
(v.  c.  m,);  2.  la  languette  ou  aiguille  de  la 
balance  qui  sert  à  mesurer,  é  ex-igere,  c'est- 
à-dire  dégager  le  vrai.  C'est  du  dernier  que 
se  déduit  le  sous-sens  épreuve,  contrôle.  Le 
même  primitif  lat.  exigere,  mesurer,  peser,  a 
aussi  produit  le  BL.  exagium,  mesurage,  d'où 
essai  (v,  c.  m.).  —  D.  examUier,  L.  exami- 
nare. 

EXASPÉRER,  L.  ex-asperare  (asper),  irriter. 

EXAUCER»  p.  exaiisser,  vfr.  e^halcer,  essai- 
cet  y  essaucier,  prov.  eissaitssar,  esp.  ensalsar 
Le  mot  exaucer,  étymologiquemeut,  n'est 
qu'une  variété  orthographique  de  exJiaiisser  ; 
tous  deiix  signifient  élever,  l'un  au  propre, 
l'autre  au  figui^,  et  répondent  à  un  type  iktin 
exaUare,  ou  plutôt  exaltiare.  Exaucer  une 
prière,  c'est  la  relever,  terme  métaphorique 
pour  «  l'accueillir  favorablement  »» . 

EXC  AVER,  L.  eX'Ca;care  (de  caous,  creux). 

EXCÉDER,  L.  ex-cedere,  outrepasser.  — 
D.  excédant.  —  Du  supin  latin  excessum 
viennent  :  subst.  excessus,  action  de  dépas- 
ser la  limite  voulue,  fr.  excès,  puis  l'adj. 
excessif. 

EXCELLER,  L.  excellere  (pr.  s'élever,  cp. 
excelsxis).  —  D.  excellent,  -ence,  L.  excellens, 
excellentia. 

EXCENTRIQUE,  du  L.  ex  centra,  hors  du 
centre,  opp.  de  concentrique.  —  D.  excentri- 
cité. 

EXCEPTER,  L.  ex<eptare,  fréq.  de  ex- 
cipere,  litt.  prendre  hors,  ôter,  enlever.  —  D. 
excepté,  logiquement  égal  à  hormis  (=  hors 
mis).  —  La  forme  primitive  excipere  est  restée 
dans  le  langage  du  palais  sous  la  forme  exci- 
per,  alléguer^ou  opposer  une  exception.  Du 
supin  exceptum  :  subst.  exceptio,  fr.  excep- 
tion, d'où  exceptionnel. 

EXCÈS»  EXCESSIF,  voy.  excéder. 

BXdPER,  voy.  excepter. 


EXCITER,  L.  exeitare,  fréq.  do  eaxiêre, 
pr.  appeler  hors,  provoquer. 

EXCLAMER,  L.  eohclamare. 

EXCLURE,  L.  excludere  (claudere);  du 
supin  exclusiim  :  subst.  exdusio,  fr.  ^xHu- 
sion,  cp.  ail.  atts-schluss  (de  schliessen,  fer- 
mer), adj.  exclusif.  —  Voy.  aussi  édort. 

EXCOMMUNIER,  vfr.  esoomenier,  du  L. 
d'église  excommunicare,  mettre  hors  de  la 
communion  de  l'Eglise.  —  D.  excommuni- 
cation. 

EXCORIER,  L.  excoriare,  enlever  la  peau 
{corium). 

EXCORTICATION,  subst.  du  verbe  L.  ex- 
corticarc,  primitif  d'ocorc/t^r  (v.  c.  m.). 

EXCRuENT,  L.  excreme^Uum^  (de  eoxser- 
ncre,  séparer).  —  Excrétion,  excréter  sont 
des  dérivés  de  excretum,  supin  du  même  verbe 
ex<ernere. 

EXCROISSANCE,  du  L.  cx-erescentia, 
(Pline),  m.  s.  L'ancien  verbe  escroistre  était 
synonyme  de  accroître. 

EXCURSION,  L.  excursio  (ex-currere). 

EXCUSER,  L.  excusare  (causa),  litt.  mettre 
hors  de  cause,  cp.  disculper,  mettre  hors  de 
coulpe.  —  D.  subst.  verbal  excuse. 

EXEAT,  mot  latin,  =  qu'il  s'en  ulle 
(3*  pers.  du  prés.  subj.  de  cxire). 

EXÉCRER,  L.  ex'Secrare  (sacor),  maudire. 

EXÉCUTER,  L.  ex-secutare  *,  fîréq.  de  ex- 
sequi,  poursuivre  jusqu'au  bout,  achever,  exé- 
cuter. —  Dérivés  du  supin  ex-secutum  (de 
eX'Seqid)  :  subst.  exécution,  L.  exsecutio, 
exécuteur,  L.  exsecutor,  adj.  exécutif,  exécu- 
toire. 

EXÉGÈSE,  gr.  U^'/>7»;»  interprétation;  exé- 
gète,  «Ç»j'iot»î;;  exégetique,  cÇ^yi^rtxo^. 

KEMPLE,  it.  esempio,  du  L.  exemplum. 
(dér.  de  ex-imere,  prendre  hors),  pr.  échan- 
tillon, modèle.  —  D.  exemplaire,  subst., 
=  L.  exemplar,  modèle,  type;  exemplaire, 
a^j.,  =  L.  exemplaris. 

EXEMPT,  L.  exemptus,  partie,  de  eximere, 
prendre  hors,  excepter,  dispenser;  exempt 
tion,  L.  cxcmptio  ;  exempter,  rendre  exempt. 

EXÉQUATUR,  p.  exsequatur,  mot  latin 
signifiant  «  qu'il  exécute,  qu'il  exerce  » 
(3*  pers.  du  subj.  prés,  de  exsequi,  exécuter). 

EXERCER,  L.  exercere  (arcere)  ;  EXBRacB, 
L.  exercitium, 

EXERGUE,  it.  esergo,  du  gr.  îÇt^/o»  (inu- 
sité) =  hors  d'œuvre  ;  l'exergue,  dit  Domergue, 
est  un  espace  ménagé  hors  de  l'o'dvrage,  hors 
du  type,  au  bas  de  la  médaille. 

EXFOLIER  (S'),  L.  ex-foliare  (folium). 

EXHALER,  L.  ex-lialare,  faire  sortir  par 
le  souffle,  rendre  sous  forme  de  vapeur.  —  D. 
exhalaison  et  exhalation,  L.  exhalationem. 

EXHAUSSER,  —  ex-{-hausser,  voy.  exau- 
cer et  hausser.  Exhausser  est  une  compo- 
sition produite  sous  l'infiuenoe  du  L.  ex- 
altare. 

EXHÉRÉDER,  L.  exhceredare,  déshériter. 

EXHIBER,  montrer,  L.  ex-hihere  (habere), 
litt.  tenir  hors,  cp.  le  terme  ex-poser;  du 
supin  exhibitura  :  subst.  exhibitio,  îr.  exhi- 
bition. 


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EXP 


—  203  — 


EXP 


SZHORTXR,  L.  eœ-hortari.  —  L'ancienne 
langue  employait,  dans  le  même  sens,  le  eom- 
pogéewor^,  du  L.  inkortari, 

IZHUMKR,  L.  eœ  humarê  *,  tirer  de  terre, 
eœhumo;  opp.  de  inhumer, 

KKIOIR,  L.  ex-igere,  litt.  tirer  hors,  de  là 
faire  payer,  puis  réclamer  comme  dû.  —  D. 
eacigeoMty  exigence,  exigible, 

EXIGU,  L.  exiguus,  strict,  étroit,  faible,  etc. 
—  D.  exiguïté,  L,  exiguitas. 

EXIL,  vfr.  eissil  (cp.  vfr.  eissir,  auj.  issir, 
deexire),  du  L  exiUum,p,ex^ilium,  dérivé 
de  exsul,  banni.  —  D.  ea^ler, 

EXISTER,  L.  eX'Sistere,  —  D.  existence, 

EXODE,  gr.  iloioi^  sortie  ;  nom  du  ^  des 
cinq  livres  de  Moïse,  qui  raconte  la  sortie  des 
Israélites  hors  du  pays  d'Egypte. 

EXOniE,  BL.  exonium,  vfr.  essogne,  excuse, 
▼oy.  l'art,  besogne. 

EXONÉRER,  L.  exonerare,  litt.  décharger. 

EXORABIiE,  L.  ex-orabilis,  qui  se  laisse 
fléchir  par  des  prières.  L'opposé  inexorable 
est  plus  souvent  employé. 

EXORBITANT,  du  L.  exorbitare,  sortir  de 
VorbUe,  dévier. 

EXORCISER,  L.  exorcisare,  du  gr.  HtpAluit 
(Jpxof,  serment)  =  conjurer.  —  D.  exorcisme, 
'iste,  gr.  i^op*i7fi9i,  -tTTT,;, 

EXORBE.  L.  exordium  (de  ordiri,  ourdir). 

EXOSTOSE,  gr.  èÇo^rw^i;  («yriov,  Os). 

EXOTIQUE,  L.  exoticus,  gr.  U^rixo;,  de  fÇw, 
dehors  ;  cp.  L.  extraneiis,  de  extra: 

EXPANSION,  L.  expansio;  adj.  expansible, 
expatisif.  Du  L.  expansiim,  supin  de  expan- 
dere^  fr.  épandre,  étendre,  dilater,  épancher. 

EXPATRIER,  it.  spatriare,  BL.  expatriare, 
a  patria  recedere,  de  ex  patria,  loin  de  la 
patrie.  Ce  verbe,  comme  son  antonyme  rapa- 
trier, est  actif  aujourd'hui  ;  le  sens  neutre  est 
rendu  par  la  forme  réfléchie  s*expatrier, 

EXPBOTANT,  -ATIP,  -ATIVB,  du  L.  ex- 
spectare  (fréq.  de  ex-spicere),  attendre. 

EXPECTORER,  L.  ex-pectorare  (de  pectus, 
-pris,  poitrine),  litt.  faire  sortir  de  la  poitrine. 

EXPEDIER,  d'un  type  expeditare,  fréq.  de 
expedire,  débarrasser,  débrouiller,  délivrer, 
mener  à  fin.  —  expédient,  adj  et  subst.  du 
L.  expedietis,  panic.  de  expedii^e,  au  sons 
impersonnel  «  être  avantageux  • .  —  expédi- 
tion, 1.  action  d'expédier,  2.  préparatifs 
militaires,  L.  expeditio;  de  là  adj.  expédi- 
tionnaire; expédia f,  qui  expédie  prompte- 
ment;  expéditeur,  =5  ail.  spediteur  (de  Tit. 
spedire). 

EXPÉRIENCE,  L.  expericntia,  du  verbe 
expereri,  éprouver,  faire  l'essai.  De  ce  verbe 
viennent  encore,  par  le  part,  expertus,  l'a^j. 
expert,  et  par  le  sub.«5t.  experimertum,  essai, 
l'adj.  expérimental  et  le  verbe  expérimenter. 

EXPERT,  voy.  expérience.  —  D.  expertise, 
d'où  expertiser, 

EXPIER,  L.  expiare  (pius),  m.  s. 

EXPIRER,  L.  ex-spirare,  1 .  rendre  l'air 
aspiré;  2.  cesser  de  respirer,  rendre  Tàme; 
3.  cesser  en  général,  échoir.  —  D.  expiration, 
\ .  action  de  rendre  l'air  aspiré  ;  2.  échéance. 

EXPLÉTIF,  L.  expletivus  (de  expiere). 


EXPLIQUER,  L.  ex-plicare,  litt.  déployer, 
développer.  —  Du  part,  latin  expHdtus  = 
expUcatus,  vient  le  terme  savant  expliciie,  pr. 
déployé,  d'où  clair,  distinct,  opp.  de  impli- 
cite, 

EXPLOIT,  esphif,  prov.  espleit,  esplee, 
subst.  verbal  de  exploiter,  ptx)v.  espleitar, 
espîech4ir.  Ce  verbe  répond  correctement  au 
type  explicitare,  fréquentatif  de  expUoare, 
débrouiller,  expédier,  exécuter  une  affaire 
(cp.  en  latin  «  peto  a  te,  ut  ejus  negotia  ex- 
plices  et  expédias  •»  Cic,  Fam  ,  13,  26,  et 
«  his  explicitis  rébus  »,  Caes.  B.  O.  3,  75);  il 
s'y  est  attaché  l'idée  d'une  exécution  prompte 
et  vigoureuf^e,  et  subsidiairement  celle  d'un 
travail  fait  avec  fniit.  On  comprend,  par  ce 
développement  de  signification,  les  acceptions 
militaire  et  judiciaire  qu'a  prises  avec  le  temps 
le  terme  exploit.  Au  fond  de  l'une,  il  y  a  l'idée 
d'accomplissement,  d'exécution  ;  au  fond  de 
l'auti'e,  celle  d'exposé,  de  signification,  en  vue 
d'exécution.  Le  passage  de  Cicéron  cité  ci- 
dessus  établit  fort  bien  la  synonymie  des  deux 
mots  fr.  exploit  et  expédition,  tant  comme 
termes  militaires  que  comme  termes  judi- 
ciaires. —  En  vfr.,  on  trouve  la  forme  s'es- 
ployer  p.  se  presser  ;  c'est  bien  encore  là  le 
L.  explicare  au  sens  de  expedire.  Quant  à  la 
locution  vfr.  à  esploit,  promptement,  prov.  a 
espleit,  a  espleg,  elle  découle  directement  du 
sens  «  délié,  dégagé,  libre  dans  ses  mouve- 
ments »,  propre  déjà  au  L.  explicitus.  —  Il 
est  hors  de  doute  que  le  L.  explicare,  part. 
explicitus,  est  la  seule  étymologie  (déjà  pro- 
posée par  Ménage)  qui  puisse  satisfaire  au 
point  de  vue  tant  de  la  forme  que  des  accep- 
tions diverses  des  mots  exploit  et  exploiter. 
Ce  verbe  se  rencontre  aussi  en  vfr.  sous  la 
forme  espleiter  esploiter  et  avec  le  sens  de 
faire  une  chose  à  espleit,  promptement.  Nous 
rejetons  positivement  comme  impossibles  les 
explications  par  explere  (Génin)  ou  par  cxpla- 
citare  (Bescherelle). 

EXPLOITER,  voy.  l'art,  préc. 

EXPLORER,  L.  explware. 

EXPLOSION,  L.  explosio,  subst.  du  verbe 
explodere  (plaudere),  rejeter  un  acteur  en  bat- 
tant des  mains,  le  siffler,  fig.  chasser,  con- 
damner. La  langue  moderne  a  attaché  au  mot 
explosion,  et  aux  a^j.  explosif,  explosible,  le 
sens  général  de  commotion  violente,  accompa- 
gnée de  bruit,  de  détonation  ;  fig.  manifestation 
bniyante  d'un  sentiment, 

EXPORTER,  L.  ex-portare. 

EXPOSER,  de  ex  +  poseï;  par  analogie 
avec  L.  ex-ponere,  dont  le  verbe  fr.  a  conservé 
tous  les  sens.  L'anc.  langue  avait  régulière- 
ment francisé  le  mot  latin  par  espondre.  — 
Expositeur,  -ition,  L.  expositor,  -itio. 

EXPRÉS,  voy.  exprimer. 

EXPRIMER,  1.  presser  hors  (dans  ce  sens 
nous  avons  la  forme  plus  française  «5pr«>idre); 
2.  énoncer,  expliquer  ;  du  L.  ex-primere,  cp. 
ail.  ausdrOcken.  —  D.  exprimable,  inexpri- 
mable. —  Du  supin  expressum  dérivent  : 
exprès,  L.  expressus  =  distinct,  clair,  for- 
mel ;  expression,  L.  expi^essio  ;  expressif. 


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FAB 


—  204  — 


FAC 


SXPROPRIER,  BL.  expr&priare,  quod  ali- 
cul  proprium  est  auferre,  donc  •=  déposséder. 

EXPULSER,  L.  expidsare,  fréq.  de  expel- 
1ère,  dont  le  supin  expulsum  a  donné  :  expul- 
sion, L.  ezpulsio,  expulsif  et  expiilseiir.  — 
Expnhrice  vient  du  L.  expxiUrix,  lequel  dé 
rive  d'une  fonne  do  supin  expultitm, 

EXPUROER.  L.  ex'purgare,  émonder. 

EXQUIS,  p.  esquist,  it.  squisito,  angl.  ex- 
quisite,  du  L.  ex-quWUiis,  pr.  recherché, 
choisi. 

EXSANGUE,  privé  de  sang,  L.  ex-sanguis. 
Montaigne  a  dit  :  «  des  paroles  si  exsangues, 
si  descharnées,sivuidesdc  matière  et  de  sens.  •• 

EXSUGGION,  L.  ex-suctio  (exsugere). 

EXSUDER,  L.  ex'sudare,  litt.  suer  hors. 

EXTASE,  L.  ecstasis,  du  gr.  (X9T«fft{  (ilit- 
TtTjBti),  litt.  déplacement  (au  propre  et  au  moral), 
dérangement  d'esprit,  ravissement,  enthou- 
siasme, folie,  aussi  pâmoison  ;  verbe  s'extasier. 
Do  l'adij.  Levrarixo;  :  îv.  extatique.  Les  mots 
fr.  ravisseme^it  [àe  ravir),  ail.  verriickt,  fou, 
néerl.  ver)*uc?U  =  ravi,  présentent  le  même 
trope. 

EXTENSION,  L.  extensio;  extensif,  L.  ex- 
tensivus;  extensible;  tous  àeexlensum,  supin 
de  exteiîdere,  étendre. 

EXTÉNUER,  L.  extenuare  (tenuis). 

EXTÉRIEUR,  L.  exterior,  comparatif  de 
eo.^erus. 

EXTERMINER,  L.  exterminare  (terminus), 
litt.  chas.ser  loin  des  frontières.  Pour  la  filia- 
tion des  idées  expulser  et  détruire,  cp.  le  vfr. 
rssillier^  pr.  exiler,  bannir,  puis  ravager,  dé- 
truire, exterminer. 

EXTERNE,  L.  exle^-mis  (exter).  —  D.  ex- 
ternat, 

EXTINCTION,  L.  exstinctio,  du  verbe  ex- 
slinguere  (■«  fr.  éteindre),  d'où  encore  in-cx- 
tinguible, 

EXTIRPER,  vfr.  estreper,  du  L.ex-stirpare 
(stirps),  arracher  avec  la  racine,  et  arracher 
les  racines  dans  un  champ. 

EXTORQUER  (mot  savant  p.Vsmc.estordre), 
L.  ex-torquere,  pr.  tordre  hors  des  mains  de 
qqn.,  fig.  obtenir  par  violence;  du  supin 
cxtorsum  : swh&t,  extorsio,  fr.  extorsion,  d'où 
extorsionnaire, 

EXTRA,  adv.  et  prép.  latine  (=■  exterà  de 
exiei^),  signifiant  en  dehors.  Nous  en  avons 


fait  un  substantif  dans  ••  faire  un  extra  *>, 
faire  quelque  chose  en  dehors  de  la  coutume. 
Le  sens  «  hors,  outre  •,  propre  à  extin  dans  les 
compositions  latines,  lui  a  aussi  été  appUqué 
dans  quelques  compositions  du  cru  roman,  p. 
ex.  extravaguer,  extravaser.  Il  marque  supé- 
riorité dans  extra- fin, 

EXTRACTION,  L.  ex  tractio  {ex  trahere  = 
fr.  extraire). 

EXTRADER  (néologisme),  du  L.  ex-tradere  ; 
extradition,  L.  extraditio. 

EXTRADOS,  surface  extérieure  d'une  voûte, 
du  L.  extra  dorsiim, 

EXTRAIRE,  vfr.  estraire,  L.  extrahere; 
^rtïc.  extrait  =  L.  extractiis-,  de  U  le  subst. 
extrait. 

EXTRAORDINAIRE,  L.  extra-ordinarius. 

EXTRAVAGUER,  errer  au  delà  des  idées 
raisonnables,  L.  extra-vagari  (mot  non  clas- 
sique). —  D.  extravagant,  -ance. 

EXTRAVASER(S'),  sortir,  se  répandre  hors 
du  vase,  —  D.  extravasation,  forme  préfé- 
rable à  extratxision,  qui  est  une  abnormité.  — 
Linguet  a  employé  le  mot  extravasion  dans  le 
sens  de  digression;  parlant  des  discussions 
du  parlement  d'Angleterre  :  «  Hommes  assez 
heureux,  dit-il,  pour  pouvoir  influer  sur  les 
opérations  du  gouvernement,  ne  perdez  pas 
dans  des  extravasions  puériles  votre  temps  et 
votre  enthousiasme.  »  Mais  œ  substantif  n'a 
rien  à  faire  avec  extravaser,  sortir  du  vase  ;  il 
répond  â  un  type  latin  extra-vasio,  du  verbe 
exlra-vada'e,  qui  est  d'une  structure  et  d'une 
valeur  analogues  à  celles  de  di-gredi  ou  de 
exlravagari, 

EXTREME,  L.  extremiis  (superlatif  de  exter). 
—  D.  extrémité,  L.  extremitius. 

EXTRINSÈQUE,  de  l'adverbe  latin  extrin- 
secus,  du  ou  en  dehors. 

EXUBÉRANT,  -ANCE,  L.  ex-uberans  (de 
uber,  abondant,  riche),  -antia. 

EXULCÉRBR,  L.  ex-ulcerare. 

EXULTER,  L.  exsultare,  sauter  de  joie. 

EXUTOIRE,  du  verbe  L.  cxuere  (part,  cxu- 
ti'.s),  litt.  tirer  dehors,  dégager. 

EX-VOTO,  expression  latine,  —  offrande 
faite  ex  voto,  c.-à-d.  à  la  suite  d'un  vœu. 
Les  Latins  donnaient  déjà  au  substantif  oo£u/?i, 
par  métonymie,  le  sens  d'objet  votif  (Virgile  ; 
lustramurquc  Jovi  votisque  incendimus  aras). 


F 


FABLE,  it.  favola,  prov.  faula  (en  esp. 
fabla,  habla,  et  port,  falla,  discours),  du  L. 
fabxUa  (de  /art,  dire),  récit,  histoire,  tradi- 
tion, fable.  —  D.  vfr.,  prov.  fablel,  d'où  fr. 
fabliau  (cp.  vfr.  biau,  p.  bet)\  fablier;  verbe 
fr.  f obier,  raconter,  parler,  it,  favolare,  favel- 
lare,  esp.  hablar  (c'est  de  l'esp.  que  nous  tenons 
lo  mot  hàbler),  prov.  faular  =  L.  fabulari. 
Dérivés  à  forme  latine  :  fabuleux,  L.  fabulo- 
sus,  fabuliste. 

FABRIQUE,  L.  fabrica.  Le  sens  ecclésiasti- 
que attaché  au  mot  fi*,  vient  du  BL.  fabrica, 


revenus  d'une  église  affectés  à  son  entretien  et 
aux  besoins  temporels  du  culte;  de  là  le  subst. 
fabricien. — D.  fabriquer,  L.  fabricari;  fabri- 
cant, -at.  —  La  langue  romane  a  en  outre,  par 
la  résolution  du  b  en  u  et  l'orthographe  o  p. 
au,  converti  fabr'care  et  fabr*ca  en  forger, 
forge  (cp.  tabula,  fr.  tôl-e), 

FABULEUX,  -ISTE,  voy.  fable, 

FAÇADE,  voy.  face, 

FACE,  it.  faccia,  prov.  fatz,  fassa,  esp.  has, 
du  L.  fada  p.  fades  (facere),  pr.  figure,  as- 
pect, forme,  puis  visage,  ce  qui  se  présente  à 


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FAC 


—  205 


FAI 


la  vue.  —  D.  façade,  extérieur  d'un  édifice,  de 
rit.  faociata  (esp.  fachada);  facette,  pr.  petite 
face;  facer,  t.  de  jeu  de  cartes;  face  (aussi 
facié),  «  un  homme  bien  face  »;  facial;  effacer 
(v.  c.  m.);  surface, 

FAGÉTIS  (mot  de  façon  nouvelle),  du  L. 
facetia  (facetus).  —  D.  facétieux, 

FACITTB,  voy.  face,  —  D.  facetter, 

FÂCHER,  fascher\  du  prov.  fasticar,  fasti- 
gar,  dégoûter  (cp.  mâcher  de  masticaré).  Le 
verbe  prov.  est  dérivé  de  fastic,  fastig^  qui, 
conformément  au  génie  de  la  langue  proven- 
çale, représente  le  L.  fastidium,  dégoût, 
aversion,  ennui;  fâcher,  c'est  donc  pr.  donner 
du  dégoût,  de  l'ennui.  Le  L.  fastidirc  n'a  pu 
directement  donner  la  forme  fâcher,  —  D. 
fâcheux,  prov.  fastigos\  fâch*nne;  cps.  se 
défâcher, 

FAGIENDS,  BL.  facienda,  negotium,  litt. 
=  ce  qui  est  à  faire  (d'où  affaire),  puis  cabale, 
intrigue. 

FACILE  (mot  du  fonds  savant  de  la  langue, 
comme  affile,  habile),  du  L.  facilis  (facere), 
litt.  faisable.  —  D.  facilité,  L.  facilitas; 
faciliter, 

FAÇON,  angl.  fashion,  it.  fazione,  prov. 
faissô,  du  L.  factianem  (ûicere),  action  ou 
manière  de  faire.  —  D.  façonnier;  foçonnier; 
cps.  malfaçon,  Voy.  aussi  faction,  forme  sa> 
vante  de  factionem, 

•  FACONDE,  vfr  faconde,  L.  facwuiia,  Ron- 
sard employait  aussi  l'a^j-  facond,  L.  facioi' 
dus. 

FAC-SmiLl!,  expression  latine  signifiant 
litt.  «*  fais  de  même  •.  —  D.  fac-similer, 

FACTEUR,  L.  factor  (facere),  celui  qui  fait, 
qui  soigne,  etc.  —  D.  factoraffe  (aussi  factage), 
factorerie  (mot  mal  fait)  ou  factorie, 

FACTICE,  it.  fattisio,  L.  factitius  (facere). 
Le  même  mot  latin,  en  modifiant  son  sens,  a 
donné  le  vfr.  faitis,  bien  fait,  gracieux. 

FACTIEUX,  L.  factiosus  (factio). 

FACTION,  parti,  L,  factio.  Ce  primitif  latin, 
pris  dans  le  sens  de  «  accomplissement  d'un 
service  »,  a  également  donné  le  mot  faction 
dans  son  acception  militaire  :  soldat  en  fac- 
tion est  en  quelque  sorte  équivalent  à  soldat 
en  action,  en  service.  —  D.  factionnaire, 

FACTOTUM  (expression  lutine  de  facture 
moderne),  litt.  =  un  fais-tout, 

FACTUM,  mot  latin,  ea  fait,  acte;  on  lui  a 
donné  le  sens  de  «  exposé  d'un  fait,  d'un 
litige  »,  puis  il  est  devenu  synonyme  de 
libelle;  cp.  le  mot  acte  =  exposé  d'un  acte. 

FACTURE,  vfr.  faiture,  1 .  manière  de  faire, 
syn.  de  façon,  2.  énumération  des  choses  fai- 
tes, compte  de  marchandises;  il  se  peut  cepen- 
dant que  ce  deuxième  sens  découle  de  celui 
qu'avait  pris  factura  au  moyen  âge,  savoir  le 
prix  d'nn  travail;  du  L.  factura  (facere),  façon, 
confection.  —  D.  facturer, 

FACULTÉ,  puissance  physique  ou  morale 
d'agir,  du  L.  facidtas  (de  facul,  dér.  àe  facere). 
Le  terme  faculté  désignant  les  divisions  éta- 
blies, dans  le  corps  universitaire,  suivant  les 
principales  branches  de  l'enseignement,  se 


rattache  à  l'expression  facilitas  doccndi,  li- 
cence d'enseigner  telle  ou  telle  science.  Tous 
ceux  qui  ont  obtenu  cette  licence  spécialisée 
ont  plus  tard  été  compris  sous  le  nom  collec- 
tif de  faculté.  —  D.  facultatif,  pr.  laissant  la 
faculté  de  faire  ou  de  ne  pas  faire. 

FADE,  prov.  fat  (it.  fado  est  un  emprunt  au 
français),  du  L.  fatuus,  fade,  sans  goût,  sot 
(pour  la  chute  de  u,  cp.  videdemduus,  prov. 
vacs  de  vacuus),  Gaston  Paris,  n'admettant 
pas  que  le  t  de  fatuus  (qui  équivaut  à  fatvus) 
puisse  s'aflaiblir  en  d,  n'accepte  ce  primitif 
que  pour  le  mot  fr.  fat,  sot,  niais,  et  assigne 
à  Tadj.  fade,  pour  origine,  le  L.  vapidus,  éva- 
poré, éventé,  gâté.  Ce  qui  gêne  dans  cette 
étymologie,  d'ailleurs  très  plausible  (cp.  sa- 
pidus,  sade',  rapidus.  rade',  c'est  l'imtiale  c 
durcie  en  f,  qui  n'est  constatée  que  dans  un 
seul  autre  cas,  savoir  L.  vicem,  fr.  fois,  /îc*. 
Le  scrupule  qui  fait  rejeter  à  M.  Paris  l'étym. 
fatuus  est  fondé,  mais  on  peut  le  faire  dispa- 
raître sans  difficulté.  Fatuus  a  donné  d'abord 
le  masc.  fat;  ce  masc,  ensuite,  selon  les  rè- 
gles, a  dégagé  le  féminin  fade,  lequel  féminin 
s'est  substitué  au  masculin,  comme  la  forme 
roide,  féminin  de  roit',  s'est  fixée  pour  les 
deux  genres.  —  D.  fadeur,  fadaise  (vfr. 
fadessr);  adj.  fadasse, 

FAONE,  ou  faif/nc,  dans  les  Ardennes,  clai- 
rière marécageuse  dans  les  bois.  C'est  le  même 
mot  que  fange  {v,  c,  m.);  cp.  le  wallon  s'èfanii^ 
s'embourber. 

FAQOT,  aussi  faguette^  it.  fagotto,  esp. 
fogoie,  angl.  faggot.  Ces  mots  ne  viennent  pas 
de  fagiis,  hêtre,  qui  aurait  fait  en  fr.  fagot, 
mais  du  L.  fax  (thème  fac),  dont  le  sens  pri- 
mitif est  faisceau  de  petit  bois  (cp.  gr.  fxxiXoq, 
fasciculus).  Ce  primitif  fax  •=  faisceau  parait 
s'être  conservé  dans  le  valaque  hoc  =■  fagot 
îfagus,  hêtre,  fait  dans  cette  langue  fag).  Nicot 
pensait  à  fascis  en  disant  •  fagot,  quasi  un  fas- 
cot  »  Los  Italiens  ont  nommé  l'instrument 
dit  basson  fagotto  (d'où  ail.  fagott),  parce  que, 
après  lavoir  démonté,  les  diverses  pièces  sont 
réunies  en  forme  de  fagot.  —  D.  fagoter,  met- 
tre en  fagot,  fig.  arranger,  et  surtout  mal 
arranger,  mal  vêtir  (cp.  l'expr.  •  cet  homme 
est  habillé  comme  un  fagot  »);  fagot  in. 

FAGOTER,  voy.  fagot.-— D.fagotage,  -aille, 
-eur;  cps.  enfagoter. 

FAOIFENAS,  odeur  de  sueur  «  telle  que  celle 
d'un  crocheteur  échauffé  ».  De  la  Monnoye  y 
voit  un  dérivé  de  faquin,  portefaix.  —  Selon 
Bugge  (Rom.,  lU,  147),  c'est  une  métathèso 
de  fanegas,  auquel  il  donne  pour  primitif  lo 
vha.  fnehan,  mha.  phnelien,  «  anholare  », 
bavarois  pfnechen,  d'où  j^piâckeln,  «  puer  », 
subst.  pfnàkeln,  «  odeur  rebutante  » .  L'initiale 
/>!  francisée  par  fan  (cp.  hanap),  et  l'aspirée 
h  remplacée  en  fr.  par  un  g  sont  conformes  aux 
règles.  Mais  comment  ce  mot  nouveau  aurait- 
il  était  cherché  chez  les  Allemands? 

FAIBLE,  FOIBLE,  vfr.  floihle,  floibe,  it. 
fiecole,  esp.,  prov.  feble,  port,  feàre,  du  L. 
flebilis,  déplorable,  qui  est  à  plaindre,  misé- 
rable. L'allemand  schtoach,  faible,  a  signifié 
également  en  premier  lieu  flebilis,  miser,  et 


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FAI 


—  206  — 


FA( 


dans  la  même  langue,  vo€nig,  parcus,  pauois, 
vient  de  vmnen,  pleurer,  et  a  pour  sens  fon- 
cier «  déplorable  ••;  notre  chéHf  n*9st  non 
plus  au  fond  que  captif,  misérable.  —  D.  fai- 
blesse; faiblir,  a/faiblir, 

FAÏKNGS,  sorte  de  poterie  recouverte  d'un 
vernis,  £gLbriquée  d'abord  &  Faënza,  d*où  le 
mot. 

1.  FAILLE  (dans  l'ancienne  locution  sans 
faille  et  comme  t.  de  géologie,  endroit  où 
la  roche  faut),  subst.  verbal  de  faillir, 

2.  FAILLE,  étoffe  de  soie  noire  à  gros 
grains,  fabriquée  en  Flandre;  vêtement  de 
tête  des  bourgeoises  flamandes;  flam.  falie. 
La  faille  est,  dit-on,  un  vêtement  introduit  par 
les  Espagnols;  ne  serait-ce  donc  pas  l'esp. 
falla,  sorte  de  chaperon  que  portaient  les 
femmes  espagnoles?  Tout  en  admettant  l'iden- 
tité de  l'esp.  falla  avec  notre  mot  faille,  on 
ne  doit  pas  négliger  le  fait  que  faille  était  en 
cours  dans  la  langue  française  longtemps 
avant  l'arrivée  des  Espagnols  dans  les  Pays- 
Bas;  dans  le  Gloss.  de  Douai,  il  traduit  L. 
paniula,  manteau  à  capuchon. 

3.  FAILLE,  ancien  mot,  encore  usuel  dans 
les  dialectes,  torche,  du  L.  facula,  m.  s. 

FAILLIR,  manquer,  it.  fallire,  anc.  esp. 
faUir,  falir;  du  L.  fallere  au  sens  de  man- 
quer à,  ne  pas  répondre  à.  On  sait  que  le  L. 
fallere  comme  le  gr.  »?> àiisiv  signifient  éty- 
mologiquement  tomber  ou  faire  tomber  et 
sont  congénères  avec  Tall.  fallen,  tomber,  et 
peut-être  avec  fehlen,  manquer.  —  D.  faille, 
prov.  falha,  manque,  faute;  failli,  qui  a 
manqué  à  ses  engagements  ;  faillite,  BL.  fal- 
\\iBL\  faillible,  infaillible;  faillibilité,  infail- 
libilité; cps.  défaillir,  —  Outre  la  forme  en 
ir,  le  L.  fallere  a  donné  au  fr.  une  forme  en 
re  et  en  oir,  savoir  falloir,  vfr.  faldre,  faudre, 
employé  impersonnellement,  avec  le  sens  de 
faire  défaut,  de  là  :  être  nécessaire,  cp.  en  L. 
fàllit  me,  cela  m'échappe,  me  fait  défaut.  Une 
forme  fréq.  fallitare  a  donné  les  verbes  it. 
faltare,  esp.,  port.,  prov.  faltar,  manquer  ; 
c'est  de  là  que  proviennent  les  subst.  verbaux 
it.,  esp.,  port,  falta,  fr.  faute,  et  le  composé 
diffalta,  prov.  de  fauta,  vfr.  dbfaute  (auj. 
défaut). 

FAILLITE,  voy.  faillir. 

FAIM,  prov.  fam,  it.  famé,  du  L.  famés.  — 
D.  fami?ie  (d'un  type  famina),  affamé. 

FADI-VALLS,  faim  excessive,  composé  de 
faim  et  du  celto -breton  ^loa//,  mauvais.  Cette 
étymologie,  corroborée  par  l'expression  ana- 
logue maie- faim,  explique  aussi  les  formes 
accessoires  faim-galle^  faim-calU  et  fraim- 
galle,  fringale.  Ménage  y  voyait  une  faim  de 
cheval;  Nodier  une  famés  valida;  conjectures 
insoutenables. 

FAINE,  contraction  du  vfrT  faïm,  en  picard 
faigne,  de  l'a^j.  fagineus,  àefagus,  hêtre.  — 
O.  f aînée,  récolte  des  faines. 

FAINÉANT,  qui  fait  néant;  cp.  le  terme 
vaurieti,  et  l'it.  farniente,  le  rien-faire,  la 
douce  oisivité.  Une  expression  analogue  est  le 
vieux  mot  faitard  =■  qui  tard  fait,  paresseux. 


—  D.  fainéanter,  fainéantise  (Montaigne  disait 
fainéanee).  —  Il  faut  distinguer,  comme  l'ob- 
serve fort  bien  Génin,  le  mot  fcUnéani,  «  qui 
ne  Eût  rien  »,  de  feignant,  mot  populaire, 
signifiant  «  qui  ne  va  pas  de  tout  cœur  au 
travail,  ou  plutôt  qui,  n'osant  pas  avouer  sa 
paresse,  accepte  le  travail  sans  le  rechercher  ». 
Ce  feignant-làk  vient  de  se  feindre,  héetter, 
faire  difficulté,  se  soustraire  au  travail.  Un 
terme  analogue  est  Fit.  infingardo. 

FAIRE,  L.  facere,  fac're  (cp.  taire,  plaire 
de  tac*re,  plac*re}  ;  de  là  fait,  L.  £actum  ;  fai- 
sable, faiseur,  faisances;  cps.  affaire  {y.  c.  m.), 
bienfaire  *  (voy.  bien),  contrefaire,  défaire, 
for  faire,  mal  faire,  mé faire,  refaire,  satis- 
faire, surfaire  (voy.  ces  mots). 

FAISAN,  anc,  avec  un  (  adventice,  faisant, 
fém.  faisande  et  faisane,  angl.  pkeasant,  it. 
fagiano;  du  L.  pluisianus,  gr.  ^xvt«y«{,  litt. 
oiseau  du  Phase.  —  D.  faisandeau,  faisan- 
der, faisandier,  -erie,  se  rattachant  tous  A. 
l'ancienne  terminaison  en  ont). 

1.  FAISANDIER,  qui  tient  une  faisanderie, 
de  faisan, 

2.  FAISANDIER,  dans  les  Landes,  métayer 
de  passage,  du  BL.  facie^ida,  métairie.  Le 
même  mot  latin,  pr.  choses  à  faire,  a  dégagé 
les  sens  «  affaire,  exploitation,  terres  à  ex- 
ploiter, biens  »,  inhérents  à  l'it.  faccenda, 
port.,  prov.  fazenda,  esp.  hacienda,  fr.  fa- 
ciende  (v.  c.  m.).  Cp.  prov.  afar,  pr.  aflaire,^ 
puis  métairie,  domaine. 

FAISCEAU,  faiscel  \  faissel  ',  du  L.  fas- 
cellus,  p.  fasciculus,  dim.  de  fascis,  fr,  faix, 

FAISEUR,  qui  fait.  Littré  ramène  vfr.  fai- 
sière  (nom.)  et  faiseor  (accus.),  je  ne  sais  com- 
ment, à  un  type  factatôrem  ;  à  la  vérité,  il  ne 
peut  provenir  du  L.  factorem,  mais  il  y  a  une 
ressource  pour  l'expliquer  sans  recourir  à  des 
moyens  forcés.  Le  suffixe  fr.  éeur,  d'où  eur 
(=  L.  atôrem,  itôrem),  s'est  appliqué  au  thème 
fais,  qui  représente  le  lat.  foc  devant  une 
voyelle  (le  e  devenant  sifflant),  tout  aussi  natu- 
rellement que  able  dans  faisable,  ons,  oie 
dans  faisons,  faisoie  ".  Cp.  liseur,  du  thème 
lis,  de  lire  ««  légère,  confiseur  de  confire. 
L'anc.  faiseor  ne  peut  représenter  que  la 
forme  théorique  facitôt'em;  factatôrem  répond 
à  vfr.  faiteor. 

FAISSE,  L.  fascia,  lien,  bande.  —  D.  fais- 
ser,  faissier  (vannier),  faisserie. 

FAISSELLE,  du  L.  fiscella,  petit  panier  de 
jonc,  dim.  de  fiscus,  —  Cp.  féchelle. 

FAIT,  L.  foetus  ou  factum,  voy.  faire, 

FAITARD,  voy.  fainéant. 

FAITE,  faisle  \  vfr.  aussi  fest,  festre;  selon 
Diez,  du  L.  fastigium,  mais  cet  original  ne 
s'accommode  guère,  puisqu'il  porte  l'accent 
sur  ti,  à  moins  de  présumer  un  déplacement 
de  l'accent  sur  la  première  syllabe;  il  n'ex- 
pliquerait pas  non  plus  la  forme  vfr.  faîste 
que  suppose  le  linguiste  cité.  D'autre  part, 
une  forme  latine  fastum,  telle  que  la  propose 
Littré  comme  radical  de  fastigium,  appelle- 
rait faste,  et  non  pas  faiste.  J'admettrais  éopc 
plutôt  un  type  faslium  comme  intermédiaire 


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FAL 


—  207  — 


FAN 


entre  faaiiffium  et  faiste.  En  Suisse,  on  dit 
frète  ifreste);  Vr  peut  être  euphonique,  mais 
n'y  aurait-il  pas  Ûeu  de  rapporter  cette  forme 
à  Tall.  first,  sommet,  faite?  —  D.  faitasfe, 
fattière,  enfatter,  —  Cet  article  était  depuis 
longtemps  textuellement  rédigé  comme  ci- 
dessus,  quand  parut  le  premier  cahier  de  la 
Remania,  où  Gaston  Paris,  par  une  démons- 
tration historique  et  phonologique  irrécu- 
sable, a  placé  î'étjm.  first  au-dessus  de  tout 
doute.  Il  résulte  de  scfa  étude  approfondie  que 
les  formes  constantes  de  Tancienne  langue 
étaient  fest  (masc.)  et  feste  (fém.)  et  que  Texis- 
tence  d'une  forme  faïste  n'est  aucunement 
assurée.  Ajoutez-y  à  l'appui  les  formes  an- 
ciennes festre,  freste, 

FAIX,  prov.  fais,  it.  fascio,  esp.  haz,  du  L. 
fascis,  faisceau,  paquet,  charge.  —  D.  affais- 
ser (v.  cm.).  Voy.  aussi  faisceau. 

FALAISE,  vfr.  falise,  faJoise,  BL.  falesia, 
du  vha.  felisa  (forme  masc.  feh),  rocher.  — 
D.  falaiser. 

FALBALA,  de  même  en  it.,  esp.,  port.,  en 
esp.  aussi  farfala,  dial.  it.  de  Crémone  et  de 
Parme  frambàla,  piémont.  farabala,  en  Hai- 
naut  farbala,  ail.  falbel.  On  a,  sur  ce  mot,  qui 
date  du  temps  de  Louis  XIV  et  qui  est  syno- 
nyme de  ce  que  nos  dames  appellent  de  nos 
jours  un  volant,  diverses  étymologies  anecdo- 
tiques  que  nous  passons  sous  silence  comme 
n'offrant  aucune  probabilité.  Le  Duchat  le 
rapporte  à  l'aU.  faldplat,  «qui  signifie, selon 
Leibnitz,  jupe  plissée  »,  mais  ce  mot  est  in- 
connu aux  Allemands.  Johanneau  voit  dans 
falbala  l'angl.  fiirbeloio,  m.  s.,  composé  de 
fur,  fourrure,  et  de  beloto,  en  bas.  Cette  ori- 
gine, fort  acceptable  pour  le  sens,  ne  serait 
pas  plus  improbable,  sous  le  rapport  de  la 
conformation  littérale,  que  celle  de  redingote, 
de  Tangl.  riàingcoat  (les  termes  désignant 
des  objets  de  toilette  sont  particulièrement 
exposés  à  l'altération,  surtout  en  venant  d'une 
langue  aussi  peu  fixée  dans  sa  prononciation 
que  l'anglais),  mais  le  mot  furbeloto  pourrait 
bien  n'être  qu'un  arrangement  du  mot  roman, 
imaginé  pour  donner  à  ce  dernier  une  appa- 
rence de  sens.  MûUer  est  porté  à  prendre  les 
formes  avec  r,  farbala  et  farfala,  pour  anté- 
tieures  aux  autres  et  à  les  rapporter  au  mot 
roman  farfala,  papiUon.  —  Génin  fait  venir 
falbala  de  Tesp.  falda,  bord  ou  pan  de  robe 
(voy.  faude),  d*oix  faldellin,  cotillon  plissé;  il 
lui  parait  •  clair  **  que  falda  s'est  allongé  en 
falbala/  —  Il  est  bon  de  noter  que  si  falbala 
date  en  France  du  xvii®  siècle,  Luther  s'est 
déjà  servi  de  l'ail,  falbel  dans  ses  Propos  de 
table  (voy.  Grimm). 

PALLAOB,  L.  fallacia  (fallere).  —  D.  falla- 
cieux. 

FALLOIR,  voy.  faillir. 

1 .  FALOT,  lanterne,  it.  falô,  feu  de  joie, 
du  gr.  favoi,  lanterne,  ou  de  f&poç,  phare 
(piém.  fard,  vénit.  fana),  La  mutation  des 
liquides  permet  les  deux  dérivations.  Le  mot 
7af0«  est  aussi  le  primitif  de  fanal, 

2.  FALOT,  plaisant,  drôle;  cp.  it.  fcdctico, 
fimtasque,  capricieux.  Origine  inconnue.  Diez 


range  it.  falotico  sous  l'art,  préc.;  le  sens 
propre  serait  ainsi  «  flambant,  vacillant.  •  — 
D.  faloterie. 

1 .  FALOURDS,  fagot  de  bûches  ;  d'origine 
inconnue.  L'étym.  de  Nicot,  faix  lourd,  re- 
prise par  Diez,  est  contredite  par  les  formes 
vehuride,  belourde  qui  se  trouvent  dans  Frois- 
sart.  Bugge  pense  que  falourde  s'est  fait  de 
velourde,  mot  équivalent  (voy.  mon  Gloss.  de 
Froissart),  sous  l'influence  de  falourde  = 
bourde.  Quant  à  velourde,  belourde,  il  y  voit 
le  fém.  d'un  acy.  veloiird,  qui  serait,  comme 
l'esp.  vilordo  (—  lourd),  formé  avec  la  parti- 
cule péjorative  bis  (Rom.,  IV,  355j. 

2.  FALOURDE.  dans  le  vfr.  et  les  patois, 
bourde,  tromperie  (d'où  falourder,  falour- 
deur).  Est-ce  le  même  mot  que  le  précédent, 
pris  dans  un  sens  métaphorique  ?  L'acception 
identique  que  prend  fagot,  son  synonyme, 
autorise  k  l'admettre.  D'autres  cependant,  et 
parmi  eux  Burguy,  font  de  falourde  ^=^ 
bourde  une  composition  analogue  à  celle  de 
balourd  (v.  c.  m.),  c'est-à-dire  fa4ourd  {fa  de 
fore,  faire).  —  Les  mots  familiers  falibourde, 
menterie,  faligoterie,  sottise,  niaiserie,  faJot, 
plaisant,  et  faribole,  p.  falibole,  nous  dispose- 
raient à  supposer  à  toutes  ces  formes  une 
origine  commune.  Ont-elles  quelque  affinité 
avec  le  L.  faUere,  tromper,  vfr.  falir,  d'où  vfr. 
falie,  faloise,  tromperie?  Le  prov.  faular  (L. 
fabulari),  conter  des  fables,  ou  même  le  fr. 
fabler,  y  seraient-ils  tout  à  fait  étrangers? 
C'est  sur  quoi  nous  ne  saurions  décider.  — 
Nous  ajouterons  qu'en  Champagne  on  a  le 
mot  fafelourde,  p.  mensonge,  conte. 

3.  FALOURDE,  hirondelle  de  mer  ;  dori- 
gine  inconnue. 

FALQUER,  t.  de  manège,  d'où  subst.  fal- 
que;  du  L.  faix,  faux,  à  cause  de  la  courbure 
des  mouvements  du  cheval  que  Ton  fait  fal- 
quer. 

FALQUES,  t.  de  marine,  aussi  fargues,  it. 
falche,  esp.  falcas;  d'origine  inconnue. 

FALSIFIER,  L.  falsificare.  —  D.  falsifica- 
tion, falsificateur. 

FALTRANK,  mot  allemand,  boisson  (trank) 
pour  les  chutes  {fall). 

FALUN,  terre  coquillière;  étymologie  in- 
connue ;  d'après  Littré,  de  l'ail,  fahl,  angl. 
fallow,  gris  cendré,  à  cause  de  la  couleur  du 
terrain  felunier.  —  D.  faluner,  falunière. 

FAME,  vfr.  aussi  faume,  L.  fama.  —  D. 
famé,  L.  famatus;  fameux,  prov.  famos,  L. 
famosus.  Voy.  aussi  infâme. 

FAMiSJQUE,  L.  famelicus  (famés);  le  vfr. 
disait  fameleux,  fameilleux  ;  en  t.  de  faucon- 
nerie on  dit  encore  familleux. 

FAMEUX,  voy.  famé. 

FAMILLE,  L.  familia  (famul);  familier,  h, 
familiaris,  d'où  familiarité,  L.  -itas,  verbe 
familiariser, 

FAMINE,  voy.  fcdm, 

FANAL,  it.  fanaie,  voy.  falot  1. 

FANATIQUE,  L.  fanaticus,  inspiré  des 
dieux  (de  fanum,  temple).  —  D.  fanatisme, 
fanatiser, 

FANGHON,  objet  de  toilette  féminine  (espèce 


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FAN 


—  208  — 


FAR 


de   fichu),   de    Fanchon,    nom  familier    de 
femme,  dimin.  de  Fannt/  (Françoise). 

FASiS,  subst.  verbal  de  faner.  —  D.  fanu. 

FAKSR,  vfr.,  pic.  fener^  convertir  en  foin, 
faire  flétrir  une  plante  (anc.  famr,  au  sens 
neutre)  ;  du  L.  fœnum,  fœniim,  foin.  —  D. 
fane,  pr.  feuille  sèche,  fané,  flétri,  faneur, 
fanage;  fanaison,  mienj.  fenaison  ;  fanoir. 

FANFAN,  terme  de  caresse,  tiré  de  enfant. 

FANFARE,  musique  bniyante.  —  H.fan- 
farer;  fanfaron,  pr.  tapageur,  vantard,  esp. 
fanfarron.  —  Fanfare  est  probablement  une 
onomatopée,  cp.  it.  fanfano,  hâbleur,  anc. 
esp.  fan  fa,  bravade,  far  faute,  rodomont.  En 
arabe  on  trouve  far  far  p.  babillard  ;  serait-ce 
l'original?  —  Pour  Tonomatopée  fan  fa,  on 
pourrait  rapprocher  flafla,  larifari,  qui 
disent  à  peu  près  la  même  chose. 

FANFARON,  voy.  fanfare,  —  D.  fanfaron- 
ner, fanfaronnade,  -erie. 

FANFRELUCHE,  vfr.  fanfeltie,  chose  futile, 
bagatelle  (norm.  fanfliie,  éblouissemeht),  it. 
fanfaluca,  flammèche,  fig.  chanson,  vétille. 
On  trouve  dans  les  gloses  florentines  :  fam- 
faluca  gnece,  bulla  aquatica  latine  dicitur. 
C'est,  selon  toute  apparence,  une  corruption 
du  grec  nofifÔAvÇ,  qui  signifie  bulle,  bosse  de 
bouclier,  puis  un  ornement  de  la  coifiure  dçs 
femmes,  enfin  vapeur  arsenicale  coagulée.  Ces 
significations  divei'ses  font  très  bien  compren- 
dre celles  du  mot  français  et  italien.  Par  aphé- 
rèse, fanfreluche  a  donné  freluche,  freluquc, 
d'où  freluquet.  —  Fan  fiole,  mot  de  Diderot: 
«  les  fanfiolos  de  la  toilette  »,  parait  égale- 
ment dégage  de  fanfreluche. 

FANGE  (vfr.  masc.  fane),  it.,  esp.  fango, 
prov.  fanhaeifanc.  Du  goth.  fani,  gén.  fan- 
jis,  boue;  pour  le  rapport  littéral,  cp.  L. 
venio  (je  viens)  et  it.  vengo,  prov.  venc.  On  a 
sans  raison,  dit  Diez,  rattaché  le  dérivé  fan- 
geux, it.,  esp.  fangoso,  prov.  fangos,  au  L. 
famicosus,  qui  se  trouve  dans  Festus  avec  le 
sens  de  marécageux.  Pour  notre  part,  nous 
penchions  également  pour  cette  dernière  éty- 
mologie,  qui  satisfait  parfaitement.  Famicosus 
présuppose  un  primitif  famex  ou  famicus  ou 
famica,  qui  représenterait  très  bien  le  type 
du  subst.  roman  fange.  La  forme  famex  se 
trouve  effectivement  avec  la  signification  de 
sang  coagulé,  abcès.  Malgré  cela,  nous  avons 
cru  devoir  donner  la  préférence  à  une  origine 
germanique,  après  avoir  lu  l'article  de  Grand- 
gagnage  relatif  au  mot  wallon  fanië  (fr. 
fagne),  appliqué  surtout  au  nom  géographique 
les  hautes  faniez  des  Ardennes,  dont  la  signi- 
fication de  marais,  ainsi  que  sa  connexité  avec 
les  mots  allemands  équivalents  veen  ou  venne 
(angl.  fen,  néerl.  xicen),  a  été  si  bien  démon- 
trée par  le  savant  philologue  liégeois.  Or, 
fanië  (BL.  fania)  répond  exactement  par  sa 
facture  aux  formes  fr.  fange,  prov.  fanha  et 
ne  pouiTait  pas  être  rapporté  à  L.  famicem 
ou  famica,  d'où  famicosus.  —  Littré,  au 
Suppl.,  se  prononce  aussi  en  faveur  de  fange 
B>  fagne,  en  citant  l'Aunisien  fagne,  boue, 
fagnon,  boueux. 
FANON,  aussi  fanion,  du  vha.  faiw,  goth. 


fana,  morceau  d'étoffe  (ail.  mod.  fahne  = 
drapeau).  Voir  aussi  gon fanon.  —  Fanon, 
comme  t.  de  chirurgie,  cylindre  de  paille  ou 
de  foin  entouré  d'une  bande,  se  disait  auti^ 
iox&fenon  et  vient,  d'après  Littré,  de  foin. 

FANTAISIE,  gr.  va»T«»£»,  L.  phantasia, 
imagination,  vision,  force  sensitive.  Le  sens 
actuel  du  mot  français  est  un  peu  détourné  de 
sa  valeur  primitive,  qui  est  encore  entière 
dans  l'allemand  phantasie.  Le  grec  ^avràjctv, 
rendre  visible,  a  produit  en  outre  :  1 .  le  subst. 
ficvTX9fix,  vision,  d'où  prov.  fantasma,  fan- 
tauma,  fr.  fantôme;  2.  l*a<y.  ^syroe^Tixc;,  d'où 
fantastique,  et  par  contraction,  fantasque; 
3.  le  terme  moderne  fantasmagorie  (composé 
de  fàvTxvfjiTc,  fantôme,  et  de  iyopla,  subst. 
supposé  de  ù/optûtvj,  parler,  annoncer),  donc 
propr.  appel  ou  évocation  de  visions,  de  fan- 
tômes. 

FANTASMAGORIE,  voy.  fantaisie. 

FANTASQUE,  voy.  fantaisie. 

FANTASSIN,  de  l'it.  fantaccino,  soldat  à 
pied.  Voy.  infanterie. 

FANTASTIQUE,  voy.  fantaisie.  —  D.  fan- 
tastiquer^,  suivre  sa  fantaisie. 

FANTOME,  voy.  fantaisie.  En  vîv.,fantosmc 
était  synonyme  d'iUusion  ou  de  mensonge. 

FAON  (d'où  angl.  favon),  vfr.  féon,  pr.  petit 
de  toute  espèce  de  bèt«  fauve.  Féon,  d'où  plus 
tard  faon  (pron.  fan),  a  été  précédé  d'une  forme 
fedon  et  vient  du  L.  fétus,  m.  s.  —  D.  faon- 
ner,  anc.  fedoner,  feonncr,  metti'e  bas. 

FAQUIN,  it.  facchino,  esp.  faquin,  d'abord 
portefaix,  puis  homme  de  pou,  coquin,  inso- 
lent. Si  le  mot  se  rencontrait  dans  Tanc. 
langue  fr.,  Diez  serait  disposé  à  croire  que 
le  sens  primitif  était  celui  de  jeune  honmie, 
d'où  ceux  de  fort,  robuste,  fier,  et  que  Tac- 
ception  portefaix  (homme  fort)  s'en  serait  dé- 
gagée dans  la  suite.  Les  Italiens  et  les  Espa- 
gnols auraient  emprunté  le  mot  avec  ce  der- 
nier sens  au  français.  Dans  cette  vaine  suppo- 
sition, il  fait  dériver  le  mot  d'une  forme  néerl. 
vanthin,  antérieure  au  mot  actuel  veni^e  (Ki- 
liaen  d^  veynthen), lewne  garçon.  Il  écarte  Téty- 
mologie  L.  fascis,  et  accepterait  plutôt  celle 
de  l'arabe  faqir,  pauvre,  misérable.  Dans 
quelques  dialectes,  faquin  signifie  un  élégant; 
en  français,  Tacception  crocheteur,  portefaix, 
s'est  tout  à  fait  perdue.  Il  est  certain  que  si 
faquin  n'était  pas  si  récent  dans  la  langue,  les 
divers  emplois  du  mot  s'accorderaient  assez 
bien  avec  le  sens  étymologique  que  lui  prête 
Diez;  cp.  en  ail.  ke^-l,  en  fr.  garçon,  qui  ont 
des  valeurs  analogues.  L'avis  du  philologue 
allemand  serait  corroboré  par  le  sens  «  manne- 
quin de  bois  »  ;  on  n'a  qu'à  rapprocher  le  mot 
mannequin  même,  qui  est  également  d'ori- 
gine germanique  (néerlandaise)  et  signifie 
petit  homme.  —  D.  faquUverie, 

FARANDOLE,  danse  provençale,  est  le 
même  mot  que  l'es  p.,  cat.,  port,  farandula, 
comédiens  ambulants,  qui  dérive  d'un  primi- 
tif/àranda,  dans  lequel  Diez  retrouve  le  par- 
ticipe ail.  fàhrêtid,  ambulant. 

FARAUD,  homme  fier  de  ses  beaux  habits  ; 


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FAR 


209 


FAU 


étymologie  incertaine;  la  plus  probable  est 
/f«r,  L.  férus;  pour  le  passage  d'e  en  a,  en 
syllabe  atone,  cp.  farouche,  faon,  etc, 

FARCE,  it.,  esp.,  port,  farsa,  voy.  farcir. 
—  D.  farcer,  faire  des  farces,  d*où  farceur, 

FARGIN,  L,  farcimen  =■  farciminum.  — 
D.  farcineux. 

FARCIR,  L.  farcire.  —  Du  partie,  farsus 
p.  fartus,  dérive  subst.  farce,  1 .  remplissage  ; 
2.  au  fig.  bouffonnerie  (en  quelque  sorte  pot- 
pourri  de  plaisanteries),  pièce  de  théâtre  bouf- 
fonne. Pour  la  seconde  acception,  Wackerna- 
gel  rapproche  L.  satira.  1.  mélange,  pot- 
pourri;   2.  satire. 

FARD.  D'après  Diez,  l'analogie  de  teinte, 
L.  tincta,  autorise  à  faire  remonter  ce  mot  au 
vha.  ge-fanoit,  gi-farit  (part,  de  farwjan, 
teindre).  —  D.  farder. 

FARDE,  esp.,  port,  fardo,  paquet,  ballot; 
dim.  esp.  fardiîlo,  port.,  prov.  fardel,  fr. 
fardeau.  L'esp.  ou  port,  farda,  aï  farda  signi- 
fie à  la  fois  entaille  dans  une  poutre,  puis  un 
certain  impôt  (cp.  l'expression  fr.  taiîle  = 
impôt),  enfin  le  manteau  du  soldat;  le  dérivé 
esp.  fardage  (port,  fardagem,  it.  fardaggio) 
équivaut  à  bagage  de  soldat.  La  forme  al- 
farda  accuse  une  extraction  arabe  ;  aussi  Diez 
juge-t-il  que  le  mot  roman,  avec  ses  diverses 
acceptions,  est  l'arabe  fard,  qui  réunit  égale- 
ment les  significations  coche  de  flèche,  paye- 
ment légal,  solde  militaire,  étoffe,  vêtements. 
Pour  le  sens  paquet,  si  on  ne  veut  pas  le  faire 
découler  du  sens  bagage  de  soldat,  on  pour- 
rait alléguer  l'arabe  hard  {h  =  esp.  f),  qui 
signifie  impedimentum,  chose  embarrassante. 
En  tout  cas  l'étymologie  de  l'ail,  burde, 
charge,  fardeau,  avancée  par  Chevallet,  ne 
mérite  aucun  crédit.  Il  en  est  de  même  de 
celle  du  gr.  fôproç,  fardeau.  —  Devic  allègue 
l'arabe  fard^  pour  autant  qu'il  signifie  une 
des  deux  parties  d'un  objet  divisé  en  deux,  et 
particulièrement  une  des  deux  charges  que 
porte  le  chameau.  —  D.  fardeau,  farder, 
peser,  s'affaisser  ;  fardier,  chariot  pour  con- 
duire de  gros  poids. 

FARDEAU,  fardcV,  voy.  farde.  —  D.  far- 
deîer  (voy.  aussi  ferler),  fardelier. 

FARFADET,  lutin,  esprit  follet,  fig.  homme 
vif  et  frivole  ;  it.  (dial.  de  Côme)  farfatola, 
esprit  léger.  Ces  mots  paraissent  être  de  la 
même  famille  que  Vit.  farfalla,  papillon,  fig. 
évaporé,  léger. 

FARFOUILLER,  fouiller  sans  ordre;  les 
formes  it.  farfoghare  (Naples),  farfqja  (Lom- 
bardie),  esp.  farfullar,  rouchi  farfoulier, 
montois  farfeyer,  signifient  bredouiller,  bé- 
gayer. Le  mot  est  difficile  à  démêler.  Ménage 
y  voit  une  altération  depar'fouiNer;\e  désir 
d'assimiler  aurait  amené  le  changement  du  p 
initial.  Je  proposerais  bien  d'expliquer  far- 
fogliare  (forme  it.)  par  fra-fogliare  =  fureter 
parmi  les  feuilles  ;  mais  comment  y  ramener 
lacception  bredouiller,  bégayer?  Serait-il  per- 
mis de  la  rattacher  à  l'idée  de  confusion  ou 
d'embrouillement?  D'un  autre  côté,  on  est 
tenté  de  voir  dans  cette  bizarre  composition 
le  primitif /buiWer,  et  de  reconnaître  dans  far- 


fouiller (on  dit  aussi  fafouiller)  un  de  ces 
redoublements  que  se  permet  parfois  la  lan- 
gue populaire,  cp.  en  Hainaut  béhéte  p.  bête; 
on  peut  encore  rappeler  fa?ffan  de  enfant, 
floflotter  p.  flotter.  —  Vu  le  langued.  fur- 
fuliâ,  Ascoli  explique  far  dans  notre  mot  par 
le  préfixe  péjoratif  for  «^  L.  foris  (cp.  for- 
faire,  forconseiller,  etc.).  Mais  il  faudrait 
quelque  preuve  à  l'appui  do  cette  altération 
de  for  en  far. 

FARGUES.  =-  falques{v.  c.  m.). 

FARIBOLE  p.  falibole,  voy.  falourde  2. 
Henri  Estienne,  La  Monnoye  et  Trippault 
y  voyaient  une  altération  de  parabole;  cela 
est  aussi  absurde  que  l'étymologie  frivole, 
tentée  par  Ménage.  —  Quelques-uns  ont 
pensé  à  fart  bullas,  dire  des  bulles.  D'après 
Littré,  c'est  un  mot  de  création  individuelle, 
sans  racine  réelle,  comme  faridondaine. 

FARINE,  L.  famna  (de  far,  blé).  —  D. 
farineux,  farinier;  fariner,  cps.  en  fariner 
(v.  c.  m.). 

FAROUCHE.  L.  ferox,  -ocis  {c  =  ch  se 
trouve  aussi  dans  mordache).  Le  même  mot 
latin  a  donné  au  fonds  savant  de  la  langue 
la  forme  féroce.  —  D.  effaroucher.- 

FARRA60,  mot  latin,  mélange  de  grains 
(dérivé  de  far,  blé). 

FASCE,  L.  fascia,  bande. —  D.  fascé.Yoj. 
aussi  faisse. 

FASCICULE,  L.  fasciculus  (fascis). 

FASCINE,  L.  fascina  (fascis).  —  D.  fasci- 
nage. 

FASCINER,  vfr.  fe$ner,  du  L.  fascinare 
(^affxa/v<u).  —  D.  fascination. 

FASÉOLE,  vfr.  faisole,   du   L.  phaseolus 

(fiiTriloi). 

FASHION,  mot  anglais  d'origine  romane  et 
identique  avec  le  fr.  façoji,  dont  il  partage  ]es 
significations  principales.  Le  français  l'a  repris 
aux  Anglais. —  D.  fashionable,  «  qui  est  à  la 
mode  »t. 

FASTE,  L.  fastus.  —  D.  fastueux. 

FASTES,  L.  fasti,  calendrier,  annales. 

FASTIDIEUX,  L.  fastidiosus. 

FASTUEUX,  L.  fastuosus'  (p.  fastosus). 

FAT,  L.  fatutis,  insipide^  fig.  sot;  voy. 
fade.  —  D.  fatuité,  L.  fatuitas  ;  fatuisme; 
infatuer,  L.  infatuare. 

FATAL,  L.  fatalis  (de  fatum,  destin).  — 
I^.  fatalité,  L.  -ilas;  fatalisme, -iste,  'iser. 

FATIDIQUE,  L.  fatidicus. 

FATIGUER,  L.  fatigare.  —  D.  fatigue. 

FATRAS,  par  transposition  p.  fartas,  d'un 
type  latin  fai-taceus,  dérivé  de  fartus,  farci, 
bourré.  Cp.  le  terme  latin  fartilia,  mélange 
littéraire,  macédoine,  l'atras.  —  L'explication 
par  fartas,  remarque  Littré  (au  Suppl.),  est 
contrariée  par  les  anciennes  formes  fastras, 
fastrealle,  fastrasie;  mais  est-il  démontré  que 
1'^  de  ces  mots  n'est  pas  adventice,  arbitrai- 
rement introduite? 

FAUBOURG  ;  les  savants  sont  partagés  entre 
les  étymologies  faitx-bourg  (=>  le  bourg  qui 
n'est  pas  le  vrai)  et  for-bourg,  le  bourg  extra 
muros  (for  —  foris,  fr.  hors).  On  a  allégué 
de  bonnes  raisons  pour  l'une  et  pour  l'autre. 

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FAV 


210 


FËL 


Diez  est  favorable  à  la  première  ;  il  pense 
que  les  formes  forhorg^forsbourg,  même  hors- 
bore  (Roquefort),  sont  postérieures  et  moti- 
vées par  le  désir  de  donner  un  sens  au  mot 
faubourg^  dont  l'origine  était  moins  sensible. 
Le  wallon  dit  fâbor  {fà  ^  faitx  ^  le  picard 
forbourg.  Les  deux  variétés  répondent  à  deux 
interprétations  diverses  de  la  chose.  For- 
bourg,  toutefois,  est»  d'après  les  textes,  la 
forme  la  plus  ancienne.  —  D.  faubourieniraot 
nouveau). 

FAUCHER,  voy.  faux  1.  —  D.  fauche, 
subst.  verbal;  fauchaison. 

FÂUCILLiS,  voy.  faux.  —  D.  faucillon. 

FAUCON,  falcon,  L.  falco,  -onis  (faix;.  — 
D.  fauconneau,  -ter,  -erie. 

FAUDER,  plier,  du  vfr.  faude,  it.  falda, 
esp.  falda,  haleta,  port,  fralda,  prov.  fauda, 
la  partie  inférieure  et  plissée  d'un  vêtement  ; 
du  vha.  fah,  ail.  mod  faîte,  pli. 

FAUFILER,  de  faux  fil  (fil  provisoire). 

FAUSSAIRE,  FAUSSER,  voy.  faux  2. 

1 .  FAUSSET,  voix  de  tête,  voy.  faux  2. 

2.  FAUSSET,  petit  bouchon,  prob.  pour 
faucet,  dim.  tiré  du  L.  faucem,  gorge,  fig. 
goulot. 

FAUTE,  voy.  faillir.  —  D.  fautif 

FAUTEUIL,  vfr.  faudesteul  (Nicot  :  fau- 
deteul),  prov.  fadestol,  it.,  esp.,  port,  fal- 
distorio,  du  vha.  faltstuol,  chaise  pliante  (voy. 
fauder).  —  Définition  de  Nicot  :  «  chaire  à 
dossiers  et  à  accouldoirs  ayant  le  siège  de 
sangles  entrelassées,  couverte  de  telle  estofie 
qu'on  veut,  laquelle  se  plie  pour  plus  commo- 
dément la  porter  d'un  lieu  à  un  autre  et  est 
chaire  de  parade,  laquelle  on  tenoit  ancien- 
nement auprès  d'un  lict  de  parade.  » 

FAUTEUR,  L.  /airfor  (favere). 

FAUTIF,  voy.  faute. 

FAUTRE,  variété  de  feutre  (v.  c.  m.). 

FAUVE,  it.  falbo,  prov.  falb,  angl.  fallow, 
pâle,  blême,  terne,  du  vha.  falo  (gén.  fale- 
tœs),  ail.  mod.  /a/ô,  jaune  gris.  L'étymologie 
tirée  du  L.  fulvus  n'est  pas  admissible;  le 
latin  ol  ou  ul  ne  produit  pas  al  ou  au;  L. 
flavus  doit  également  être  rejeté.  —  D.  fau- 
veau;  fauvette,  oiseau  à  plumage  tirant  sur  le 
fauve^ 

FAUVETTE,  voy.  fauve. 

1.  FAUX,  subst.,  prov.  faus,  it.  falce,  du 
L.  faix.  —  D.  faucille,  L.  falcilla  p.  falcula; 
faucher,  BL.  falcare;  les  noms  des  anciennes 
armes  de  guerre  fauchard,  faussard,  fauchon. 

2.  FAUX,  adj  ,  vfr.  et  prov.  fah,  du  L. 
falsus  (fallere).  —  D.  fausser,  L.  falsare; 
fausseté,  L.falsitas;  faussaire,  L.  falsarius; 
fausset,  it.  falsetto,  fausse  voix  ;  la  forme  ita- 
lienne défend  d'interpréter  fausset  par  faucet 
et  de  le  rattacher  à  L.  faux,  gosier. 

FAVEUR,  L.  favorem.  —  D.  favorable,  L. 
favorabilis  ;  favori  (participe  de  l'anc.  verbe 
favorir,  it.  favorire);  favoriser;  opp.  défa- 
veur.  

FAVEUX,  qui  ressemble  à  des  rayons  de 
miel,  du  L.  favus,  rayon  de  miel. 

FAVORI,  fém.  favorite  (anc.  favorie);yoj. 
faveur.  —  D.  favoritisme. 


FEAGE,  d'un  type  fedagium  p.  BL.  feoda- 
gium,  contrat  d'inféodation,  de  feodum,  fief. 

—  D.  afféager. 

FÉAL,  par  substitution  de  la  finale  <U  kel 
(cp.  vfr.  cruaV  p.  cruel),  p.  feel,  anc.  forme 
p.  fidèle,  L.  fidelis.  —  D.  féalté*  féauté. 

FÉBRICITANT,  du  L.  febricitare. 

FÉBRIFUGE,  L.  febrifugus,  qui  chasse  la 
fièvre. 

FEBRILE,  L.  febrilis  (de  febris,  fièvre). 

FÉCAL,  voy.  fèces. 

FÈCES  (pi.),  L.  fœx  fœcis.  —  D.  féxa,  L. 
fsBcalis;  verbe  fécer;  dim.  fécule,  L.  fsscula; 
cps.  déféquer  (forme  picarde),  L.  defsecare. 

FÉGHELLE,  petite  claie  pour  faire  égoutter 
qqch.,  du  L.  fiscella,  petit  panier  l/iscus), 
clayon  ;  donc  le  même  mot  que  faisselle. 

FÉCOND,  L.  fecundus  (feo).  —  D.  fécoti- 
dite,  L.  fecunditas  ;  féconder,  L.  fecundare. 

FECULE,  voy.  ftces.  —  D.  féculent,  -enee, 
L.  fœculentus,  -entia;  féculeux,féculer,-erie, 
-iste,  -oïde. 

FÉDÉRAL,  L.  fœderalis  (fœdus).  —  D. 
fédéraltser,  -alisme,  -aHste.  —  Fédérer  (sb), 
L.  fœderare  (cps  con fédérer)  ;  fédération,  L. 
fuîderatio  ;  fédératif 

FÉE,  it.  fata,  esp.,  prov.,  port,  fada,  esp. 
hada,  du  L.  fata  ^  parca  (le  mot  se  trouve 
sur  une  monnaie  du  temps  de  Dioclétien). 
Fata  se  rattache  à  L^  fari,  parler,  comme 
fatum,  destin.  On  trouve  la  forme  fatwz 
employée,  avec  le  sens  de  devineresse,  par 
Marcianus  Capella.  — D.  féer,vfv.  /aer(prov. 
fadar, esp.  hadar,  it.  fatare,  ail.  feien);  féerie, 
féerique. 

FEIGNANT,  voy.  fainéant. 

FEINDRE,  L.  /ingère.  —  Du  participe 
feint  :  subst.  feinte  (ail.  /inte)  et  feintise.  — ^ 
Voy.  aussi  fainéant. 

FELD-MARÉCHAL,  mot  ail.  =  maréchal  de 
camp. 

FELDSPATH,  mot  allemand  =  spath  de  cam- 
pagne. 

FÊLE,  FESLE,  FELLE,  canne  creuse  pour 
souffler  le  verre,  du  L.  fistula,  fisVla,  tuyau. 

—  D.  félatier,  aussi  fératier. 

FÉÛBR,  fesler\  du  L.  fissularc,  dér.  de 
fissum,  supin  de  findere,  fendre  ;  ou  bien  de 
fissiculare,  forme  qui  se  rencontre  dans 
Apulée,  et  qui  a  pu  donner  fêler,  par  la  syn- 
cope de  la  syllabe  médiale  eu,  comme  miscu- 
lare  a  fait  mêler.  —  Les  formes  wallonnes 
faieler  (Liège),  fauieler  (Namur),  foler  (Vaien- 
ciennes)  sont  ramenées  par  Grandgagnage  au 
subst.  faie  «  faille,  faute,  lacune,  fente. 
L'orthographe  ancienne  feller,  qui  suppose 
une  forme  antérieure  fesler  (avec  un  s  radi- 
cal) me  fait  douter  de  cette  étymologie  pour 
notre  fr.  fêler. 

FÉLICTPÉ,  L.  félicitas  (felix);  féliciter,  L. 
felicitare  (rendre  heureux). 

FÉLIN,  L.  felinus  (de  felis,  chat). 

FELLE,  voy.  fêle. 

FÉLON,  qui  manque  A  la  foi,  traître,  it. 
fellone,  cruel,  traître,  esp.  fellon,  prov.  félon, 
felhon,  fellon,  BL.  fello  (ix*  siècle),  cruel, 
courroucé,  félon.  Ces  vocables  sont  des  formes 


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FEL 


—  211 


FER 


dérivativcs  des  primitifs  vfr.  et  prov.  fel,  it. 
fdlo,  qui  se  rencontrent  avec  les  significations 
de  scélérat,  cruel,  impie,  terrible,  coura- 
geux. En  rouchi,  fêle  équivaut  à  fort,  ro- 
buste, en  parlant  de  choses,  et  à  arrogant 
en  parlant  de  personnes;  dans  d'autres  dia- 
lectes, le  mot  veut  dire  le  contraire,  c.-à-d. 
faible.  A  Bruxelles,  on  dit  un  felle  cadet  pour 
un  gaillard.  Comment  accorder  toutes  ces 
acceptions  bonnes  et  mauvaises,  et  les  rame- 
ner à  une  signification  originelle  commune  ? 
Comment  surtout  expliquer  le  lien  commun 
entre  cruauté  et  trahison  (car,  pour  le  rapport 
entre  les  idées  cruel,  terrible,  redoutable,  vi- 
goureux, ardent,  il  ne  présente  pas  de  difii- 
culté)  ?  Ces  questions,  malgré  la  sagacité  des 
ôtymologistes,  ne  sont  pas  encore  résolues 
d'une  manière  qui  lève  tous  les  doutes,  et  je 
suis  porté  à  croire  que  le  félon,  traître,  et  le 
félon,  cruel,  sont  deux  homonymes  d'origine 
différente.  Voici  ce  qui  a  été  successivement 
proposé  sur  l'origine  de  /«j/:Ducange  invoque 
le  saxon  faelen,  feïcn,  errare,  derelinquere, 
cadere.  Il  ajoute  que  Hickes  et  Schilter  déri- 
vent fel  de  l'ags.  felle  (d'où  Tangl.  fell,  cruel)  ; 
que  d'autres  ont  pensé  soit  au  L  jfel,  fiel, 
•  quod  qui  crimina  perpétrant  ea  felleo  animo 
perpetrare  dicantur  »,  soit  au  gr.  y»?) m,  deci- 
pere,  illudere,  d'où  v^î'^îÇi  imposteur.  Grand- 
gagnage  remonte  à  l'ags.  fell  et  le  v.  frison 
fal,  hoU.  fel,  écoss.  fell,  féroce,  violent,  rude  ; 
Chevallet,  au  vha.  /T?/,  en  citant  les  autres 
similaires  germaniques.  Duméril  propose 
risland.  fell  a,  tuer,  renverser,  en  faisant  ob- 
server que  dans  le  sens  de  faible,  propre  au 
dialecte  normand,  fêle  pourrait  se  rapporter  à 
risland.  feill,  vice,  défaut.  Diez,  récusant  l'éty- 
mologie  du  L.  fel,  bile  —  il  observe  à  cet 
€'»gard  que  l'adjectif  fel  ne  se  produit  qu'avec 
un  e,  jamais  avec  la  forme  diphtonguée, 
ïiropre  au  subst.  it.  fiele,  esp.  hiel,  fr.  fiel , 
—  ainsi  que  celle  de  l'ags.  fell,  qui  ne  se 
trouve  nulle  part  dans  les  sources  littéraires 
de  cette  langue,  place  le  prototype  des  mots 
romans  dans  le  vha.  flllo,  flagellateur,  bour- 
reau, subst.  supposé  du  verbe  vha.  fillan, 
fouetter.  Il  fonde  son  opinion  sur  deux  consi- 
dérations :  1 .  en  prov.  et  vfr.,  le  mot  fait  au 
oom.  sing.  fel  (ou  fels),  à  l'accus.  félon,  ce 
qui  concorde  Avec  le  mot  ail.,  dont  le  nom. 
est  fiUo,  Tacc.  fillun,  fillon;  2.  la  forme 
mouillée  prov.  fel  h,  felhon,  trouve  son  ana- 
logue dans  la  fiorme  germanique  filjan,  p. 
fillan.  —  D.  ftflonie, it.  fellonia,  prov.  felnia, 
feunia,  esp.  felonia. 

FSLOUQUB,  sorte  de  petit  bateau  ;  d'après 
Dozy,  de  l'arabe  harrâka,  qui  désignait  à 
l'origine  un  bateau  d'où  l'on  jetait  le  naphte 
sur  les  vaisseaux  ennemis  (du  verbe  haraha, 
brûler),  puis  un  petit  navire  en  général.  Le 
mot  arabe  a  passé  d'abord  dans  l'espagnol 
sous  la  forme  haloque  (xin«  siècle),  d'où,  par 
la  permutation  constante  entre  h  et  f,  falo* 
que;  de  là  les  formes  esp.  faluca,  it.  feluca, 
fr.  felouque,  felouque,  néerl.  fdœh.  L'arabe 
felouka  est  une  reprise  faite  an  roman  dans 
les  temps  modernes.    L'étymologie   usuelle. 


arabe  folh,  bateau,  est  repoussée  par  Doiy, 
ce  mot  n'ayant  jamais  existé  dans  l'arabe  du 
moyen  âge  avec  le  sens  de  bateau.  Devic 
n'abandonne  pas  l'étymon  folk  ou  foulk,  par 
lequel  les  traducteurs  de  la  Bible  en  arabe 
n'ont  pas  hésité  à  rendre  l'arche  de  Noé. 

FSM£LLS,  du  L.  femella,  dim.  àefemtna. 

FÉMININ,  L.  femininus  (femina). 

FEMME,  L.  femina  (rac.  feo,  donc.  pr. 
celle  qui  porte  fruit),  cp.  lame  de  lamina, 
homme  de  hominem.  —  D.  femmelette;  terme 
scientifique  féminiser. 

FÉMUR,  mot  latin  =  cuisse.  —  D.  fémo- 
ral; les  Champenois  nomment  les  caleçons 
des  fémoraux. 

FENAISON,  voy.  faner. 

FENDRE,  L.  findere.  —  D.  fente,  subst. 
partie,  (cp.  pente,  descente,  vente)  \  fendeur, 
-erie;  dim.  fendiller, 

FENÊTRE,  fenestre*,  L.  fenestra. 

FENIL,  L.  fœnile  (fœnum). 

FENOUIL,  it.  finocchio,  esp.  hinqfo,  port. 
funcho,  ail  fenchel,  angl.  fennel,  du  L. 
fceniculiim,  litt.  petit  foin,  en  basse  latinité 
fenuclum;  cp.  genouiT  genou,  de  genucu- 
lum  p.  geniculum.  —  D.  fetiouillet,  -ette, 

FENTE,  voy.  fendre.  -—  D.  fente,  jfenton. 

FSNU6REG,  L.  fœnum  grœcum. 

FÉODAL,  voy.  fief  —  D.  féodalité. 

FER,  L.  ferrum.  —  D.  ferrer,  ferrant 
(maréchal),  ferrement  (L.  ferramentum),  -ure, 
ferrailles,  ferret  d'où  ferretier,  ferreux,  fer- 
rique,  ferrièrc,  fer\on,  ferronnier,  -erie; 
cps.  verbes  enferrer,  déferrer;  subst.  fer- 
blanc  (ce  nom  vient  de  ce  que  la  lame  de 
fer  ainsi  nommée  est  trempée  dans  de  l'étain 
fcMidu).  —  Notez  encore  vfr.  fendant,  gris  de 
fer  (couleur  de  cheval). 

FER-BLANC,  voy.  fer.  —  D.  ferblantier. 

FÉRIÉ,  L.  feria,  jour  consacré  au  repos  ; 
cessation  de  travail.  —  D.  férié,  férial. 

FÉRIN,  L.  ferinus  (de  fera,  bête  sauvage). 

FÉRIR  («  sans  coup  férir  »),  L.  ferire, 
frapper.  Jadis,  férir  (prés,  je  fière,  part.  pass. 
féru)  était  d'un  usage  très  fréquent. 

FERLER,  trousser  les  voiles  en  fagot  autour 
de  l'antenne,  contracté  de  fardeler,  dér.  do 
fardel  (voy.  fardeçLu),  fagot,  paquet.  L'an- 
glais dit  furdle,  furl.  —  D.  déferler. 

1.  FERME,  adj.,  L.  /îrwia.— D.  fermeté, 
L.  firmitatem;  ce  mot,  contracté  en  ferté,  a 
pris  le  sens  de  forteresse  ;  fermer,  clore  (v. 
c.  m.);  /erme, subst.  (v.  c.  m.);  fermir,  af- 
fermir. 

2.  FERME,  subst. ,  convention,  bail  à  ferme, 
domaine  ou  héritage,  droits,  etc.,  donnés  en 
location  pour  un  temps  déterminé.  Ce  subst., 
ainsi  que  l'it.  ferma,  esp.  flrma  •=«  signa- 
ture, conclusion  d'un  traité,  d'un  accord,  est 
dérivé  du  vfr.  fermer  =  promettre,  con- 
clure, qui  est  le  L.  firmare  (firmus),  établir, 
fixer.  —  D  fermage,  fermier,  affermer. 

FERMENT,  L.  fermentum  (p.  fervimen 
tum,  de  fereerc).  —  D.  fermenter,  L.  fer- 
mentare. 

FERMER  (sens  étymologique  :  mettre  ferme, 
fixer,  de  là  clore  de  murailles,  puis  clore  en 


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FES 


212 


FEU 


général),  du  L.  firmare,  rendre  solide,  forti- 
fier. —  D.  ferme  2.  (v  c.  m.);  fermeture,  L. 
firmatura  (rfr.  fermetire,  fermure)  ;  fermoir, 
fermait  (type  L.  firmaculum)\  cps.  enfer- 
mer; vfr.  deffermer  deffremer  =»  ouvrir. 

FEBHIBR,  voy.  ferme  2. 

FÉROCE,  L.  ferox,  -ocis  (voy.  aussi  farou- 
che). —  D.  férocité,  L.  ferocitas. 

FERRâILIjE,  de  fe7\  —  D.  ferrailler,  -eur. 

FERRUGINEUX,  L.  ferruginosus\  p.  fer- 
ruffineus  (de  ferrugo,  rouille  de  fer). 

FBRTÉ.  voy. /erme  1. 

FBRTILB,  L.  feHilis  (ferre).  —  D.  fei-ti- 
lité,  L.  fertilitas;  fertiliser, 

FÉRU,  voy.  férir, 

FÉRULE,  L.  ferula  (ferire),  verge,  ba- 
guette.  

FERVENT,  L.  fervens  (de  fervere,  être 
chaud). 

FERVEUR,  L.  fervor. 

FESSE,  du  L.  fissus,  fissa,  fendu,  part,  de 
findere,  —  D.  fessu,  fessier,  fesser,  donner 
sur  les  fesses  (Grandgagnage,  suivi  par  Diez, 
rapporte  avec  plus  de  vraisemblance  fesser, 
fouetter,  à  l'ail,  dialectal  fitsen,  frapper  avec 
une  verge).  Cps.  /ewc-ma^Aieie, usurier.  Cette 
dernière  expression  n'a,  suivant  quelques-uns, 
rien  de  commun  avec  fesse.  Les  uns  l'expli- 
quent, ou  plutôt  ne  l'expliquent  pas,  par 
feste-Mathieu,  comme  qui  dirait  un  homme 
qui  chôme  la  fête  de  saint  Mathieu,  qu'on  sup- 
pose avoir  été  banquier  ;  les  autres  ont  recours 
à  face-Mathieu,  homme  à  la  physionomie  d'un 
banquier,  ou  même  à  «  qui  fait  le  mathieu  »; 
pour  Noël-Dufail,  suivi  par  Littré,  un  fesse- 
mathieu  est  uu  homme  qui  bat  Mathieu,  qui 
lui  tire  de  l'argent.  Tout  cela  ne  me  sourit 
pas.  J'admettrais  plutôt  un  verbe  fesser,  tenir 
sous  ses  fesses,  auquel  le  génie  populaire  au- 
rait attribué  le  sens  métaphorique  de  garder 
avec  soin,  caresser,  s'attacher,  etc.  Une  mé- 
taphore analogue  est  au  fond  du  L.  incum- 
bcre  alicxii  m,  pr.  être  couché  sur  qqch.,  et 
de  l'ail,  auf  elioas  versessen  sein,  pr.  être 
assis  sur  qqch.,  y  tenir  beaucoup.  Ainsi  s'ex- 
pliqueraient facilement  les  expressions  fami- 
lières fessocahier  =*  homme  qui  gagne  sa 
vie  à  faire  des  écritures  ;  fesse-mathieu,  grand 
cultivateur  de  saint  Mathieu,  le  banquier; 
fesse-pinte,  qui  cultive  la  pinte;  fesse-maille, 
qui  tient  à  la  maille  (monnaie).  N'étaient  les 
autres  compositions  similaires,  on  pourrait 
aussi  expliquer  fesse-maille  (avare,,  ladre) 
par  un  verbe  fesser  s=  fendre,  représentant 
un  mot  L.  fissare,  fréq.  do  findere.  Le  fesse- 
maille  serait  aloi*s  celui  qui  fendrait  une 
maille  en  deux.  L'expression  analogue /jùicc- 
maille  me  semble  cependant  plutôt  favorable 
à  ma  première  explication,  pincer  ét^nt  ici 
synonyme  de  serrer  fort.  Littré  rapporte 
fesse-maille,  fesse-cahier  et  fesse-pinte,  à  fes- 
ser =s  faire  vite,  locution  qui  viendrait,  selon 
lui,  de  ce  que  l'on  traite  la  chose  qu'on  fait 
comme  le  petit  garçon  qu'on  fouette  (?). 

FESSER,  voy.  l'art,  préc.  — J'ajouterai  ici 
que  Meunier  (Les  composés,  etc.)  dans  les 
composés  fesse-mathicu,  etc.,  interprète  fes- 


ser par  lat.  factare  (faire  souvent),  devenu 
faxare  (forme  en  effet  consignée  dans  Die- 
fenbach).  Cela  me  parait  par  trop  subtil  ; 
faxare,  qui  est  issu  des  formes  classiques 
faxim  =«  fecerim,  faxo  =■  fecero,  n'a  laissé 
aucune  trace  dans  l'ancienne  langue. 

FESTIN,  it.  festino  (aussi  bal),  pr.  repas 
de  fête,  d'un  adj.  L.  festinus  (festum),  équi- 
valent de  festimis.  —  D.  festiner. 

FESTIVAL,  L.  festivalis,  extension  de  fes- 
tivus,  de  fête,  gai,  divertissant. 

FESTIVITÉ,  L.  festieitas,  allégresse,  gaieté, 
de  festivus,  adj.  de  festum,  fête. 

FESTON,  it.  festonc,  esp.  feston,  guir- 
lande, propr.  ornement  de  fête,  de  l'adj.  fes- 
tus,  de  fête,  solennel,  gai,  gracieux.  —  D. 
festonner. 

FESTOYER,  prov.,  cat.,  esp.,  port,  fe^te- 
jar,  it.  festeggiare;  d'un  type  latin  festicare^ 
dérivé  de  festicus,  aôj.  de  festum  fV'arron  ap. 
Non.  a  la  forme  adverbiale  festice,  au  sens 
de  «  comme  pour  une  fête,  joyeusement  »). 

FÊTE,  feste*,  it.,  prov.  festa,  esp.  fiesta, 
du  L.  festa,  plur.  de  festum.  —  D.  féter^ 
festoyer,  festin,  festival,  festivité  (voy.  ces 
motsl. 

FETICHE,  du  port,  feitiço,  ='esp.  hechiso, 
sortilège,  maléfice,  enchantement.  Ces  for- 
mes représentent  le  latin  facticius  (cp.  en  alle- 
mand <?awô«r,  enchantement,  du  vha.^OMioa>i, 
fairoj.  Des  objets  fétiches  sont  donc  pr.  des 
objets  soumis  à  une  préparation  ou  consécra- 
tion spéciale,  des  objets  enchantés,  doués 
d'une  puissance  surnaturelle.  —  D.  féti- 
chisme. 

FÉTDE,  L.  fœtidiis,  puant  (fœteré). 

FÉTU,  festu',  vfr.  et  prov.  festuc  (à  Liège 
on  dit  fiston),  du  BL.  festucus  p.  festuca. 
L'it.  a  la  forme  classique  festuca. 

1.  FEU,  subst.,  it.  fiioco,  esp.  fiiego,  port. 
fogo,  prov.  fuec,  du  L.  focus,  foyer,  et  poét. 
=  feu.  —  D.  feutier. 

2.  FEU,  féro.  feue,  acy.,  it.  fu,  n.  prov.  fu, 
fite,  «  défunt;  du  L.  fuit  =  il  fut.  Cette  éty- 
mologie  (que  l'on  trouve  dans  R.  Estienne)  est 
corroborée  par  le  fait  que  «  les  notaires  de 
quelques  provinces  disent  encore  au  pluriel 
furent  en  parlant  de  deux  personnes  conjoin- 
tes et  décédées  »  'Jault).  Mahn  .se  prononce 
décidément  pour  fuit.  Il  dit  que  fuit  a  donné 
feut,  puis  feu  ;  et  du  reste  on  trouve  tour  à 
tour,  dans  l'anc.  langue,  fuit,  fut,  fud  et  fu, 
feu.  La  forme  féminine,  p.  ex.  /a  feue  reine,  a 
été  longtemps  combattue  ;  finalement,  quoique 
étymologiquemcnt  mal  fondée,  elle  a  été 
reçue.  — D'autres  étymologies  ont  été  tentées, 
mais  sans  succès  ;  Ménage  avançait  le  L.  felix 
(contracté  en  feuxj;  d'autres  le  participe 
functus  (cp.  berrichon  funt  ==  feu).  Wachter 
pensait  même  à  l'ail,  umh  =  sanctus,  sacer. 
Diez  ne  s'est  point  occupé  du  mot.  Littré  ex- 
plique feu  comme  contraction  du  vfr.  fahu, 
feii,  mort,  auquel  il  a.ssigne  pour  type  un 
adj.  fictif  L.  fatutus  de  fatum,  destin;  donc 
pr.  qui  a  accompli  sa  destinée. 

FEUDATIIRE,  voy.  fief. 


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FIA 


—  213  — 


FIE 


FEUILLANT,  du  nom  d'abbaye  Not^Dame 
de  FeuUlans  (Haute-Garonne). 

FEUILLly  L.  folia,  plur.  de  folium.  — 
D.  feuillet,  d*où  feuilleton  (pr.  une  petite 
feuille  détachée  du  journal  ;  la  chose  ne  répond 
plus  au  nom),  feuilleter,  feuillage,  -ard; 
verbe  f cuiller,  feuillir,  d'où  feuillée,  -aison; 
adj.  feuillu. 

FSUILLSTTB,  tonneau  à  vin  dont  la  con- 
tenance est  d'environ  135  litres;  ailleurs  on 
dit  fiUotte,  fillette  (Bourgojrne),  n.  prov.  fui» 
heta,  it.  foglietta  ;  le  mot  désigne  aussi  dans 
le  Midi  une  mesure  de  liquides  équivalant  à 
une  chopine  de  Paris  ou  à  une  double  pinte. 
Ducange  coi\jecture  que  le  mot  est  altéré  de 
fiàlette  ou  fiolette  et  vient  àepliiala,  vase; 
c'est  peu  probable.  —  Voy.,  pour  l'emploi 
ancien  du  mot,  l'article  fillette  dans  Godefroy. 

FSÏÏRRK,  vfr.  forre,  fuerre,  BL.  fodrum, 
paille  mélangée:  vient  du  vha.  fuotar,  ail. 
mod.  fiUtçr,  fourrage,  nourriture,  =  nord. 
fodr,  suéd«,  dan.  focler,  hoU.  voeder,  angl. 
fodder.  —  D.  fourrer  ,  aller  au  fourrage; 
d'où  fourrage,  fourrier,  anc.  aussi  feurrier, 

FEUTRE,  vfr.  feUre,  fautre,  it.  feltro,  esp. 
fieltro,  du  BL.  filtrum,  tissu  épais  de  laine 
ou  de  crin.  Ce  dernier  vient  de  l'ags.,  angl. 
felt,  ail.  fils,  néerl.  vilt,  feutre.  L'r  dans  fil- 
trum est  euphonique  comme  dans  épeautre, 
perdrix^  etc.  —  D.  feutrer,  —  Le  même  pri- 
mitif  a  donné  la  forme  savante  filtre, 

FlfeVE,  L.  faba,  —  D.  dim.  féverole, 

FiVBE,  dans  l'anc.  langue  et  encore  dans 
les  patois,  =  ouvrier,  forgeron,  prov.  fabre, 
du  L.  faber,  gén.  fabri  (d'où  fabrica).  Il  s'est 
consené  dans  un  grand  nombre  de  noms  de 
famille  (Lefebvre,  Lefebure,  etc.)  et  dans  le 
composé  orfèvre  s=  L.  auri  faber. 

FATRIER,  L.  februarius, 

Yl,  vfr.  fui,  interjection  du  mépris,  du  dé- 
goût, onomatopée,  =«  angl.,  dan.  fy,  ail. 
pfui,  etc.  ;  de  là  faire  fi  de  qqch. 

FIACRE.  Le  premier  entrepreneur  des  voi- 
tures ainsi  nommées  (1640)  demeurait  à  l'en- 
seigne de  Saint  Fiacre;  do  là  le  nom, 

FIANCE,  prov.  fizansa,  fiansa,  esp.  fianza, 
jt.  fidansa,  =  confiance,  serment  de  fidélité, 
promesse,  engagement,  du  L.  fidentia,  con- 
fiance. —  D.  fiancer,  promettre,  garantir  (pr. 
engager  par  serment),  promettre  en  mariage. 

FIANCER,  voy.  fiance.  —  D.  fiançailles. 

FIASCO,  dans  «  faire  fiasco  >*  ;  aucun  dic- 
tionnaire ne  me  renseigne  sur  l'origine  de 
cette  expression.  Le  mot  est  itjilien  {fiasco 
signifie  bouteille),  mais  la  locution  est  étran- 
gère à  cette  langue.  Voici  l'explication  d'un 
journal  américain  sur  l'origine  do  l'expr. 
«  faire  bouteille  »  c=5  ne  pas  réussir  (voy. 
I  jttré,  Suppl.)  :  «  Les  souffleurs  de  verre  de 
Veni.se,  essayant  de  faire  un  verre,  s'ils  man- 
quent leur  coup,  jettent  le  même  paquet  de 
sable  dans  un  fiasco,  et  leur  impatiente  répé- 
tition de  fiasco  donna  un  nouveau  sens  à  ce 
mot  *». 

FIAT,  interjection,  mot  latin  (3*  pers.  du 
subj.  prés,  de  fiere)  «=»  que  cela  se  fasse,  que 
ccLi  soit. 


FIBRE,  L.  fibra,  —  D.  fibreux,  fibrine, 
fibrille. 

FIBULE,  L.  fibula  (contr.  de  figibida). 

Fie,  excroissance  de  chair,  du  L.  ficus 
(figue),  employé  dans  le  même  sens  par  Mar- 
tial. 

FICELLE  (p.  filcelle,  cp.  pucelle  p.  pid- 
celle),  du  L.  filicella,  plur.  de  fUidllum\ 
dimin.  de  filum.  —  D,  ficeler,  enficeler. 

FICHE,  subst.  verbal  de  ficher. 

FICHER,  it.  ficcare,  v.  esp.,  port.,  prov. 
ficar  (esp.  mod.  hincar,  port,  fincar)  ;  com- 
posés it.  afficcare,  prov.  aficar,  fr.  afficher. 
Toutes  ces  formes,  impliquant  l'idée  de  fixer, 
planter,  accusent,  d'après  Diez,  un  type  latin 
figicare  (cp.  fodicare,  de  fodere,  vdlicare, 
de  vellere);  une  dérivation  immédiate  de 
figei-e  est  inadmissible.  —  Il  est  difficile  de 
se  reiidre  compte  de  la  transition  d'idée  entre 
ficher,  planter,  enfoncer,  et  se  ficher  de,  faire 
fi  de.  En  it.  et  esp., le  réfléchi  ficcarsi,  esp. 
fincarse,  signifie  persister  dans  une  chose, 
s'obstiner.  —  Dérivés  :  ficlœ,  nom  de  divers 
outils  servant  à  ficher;  la  fiche  =  marque 
au  jeu,  tient  son  nom  probablement  aussi 
d'un  objet  semblable,  destiné  à  être  fiché  dans 
qqch.  (le  sens  prim.  est  encore  propre  au 
dim.  ficliet,  marque  qui  se  met  dans  les 
trous  du  trictrac);  /îc^m,  acy., signifiait  pro- 
bablement dans  le  principe  «  planté  là  comme 
un  piquet,  borné,  stupide  »  (cp.  en  ail.  ver- 
nagelt,  m.  s.,  litt.  cloué),  puis  aussi  planté 
là,  perdu,  flambé  («  mon  espoir  est  fichu  "). 

—  Nous  ne  nous  faisons  pas  fort  de  four- 
nir la  clef  de  toutes  les  applications  basses 
ou  familières  du  mot  ficher  (p.  ex.  ficher  le 
camp,  je  t'en  fiche)  ;  n'oublions  pas  qu'on 
s'en  sert  particulièrement  pour  remplacer  le 
terme  synonyme  foutre,  lequel,  à  cause  de 
sa  nature  obscène,  est  banni  de  la  bonne 
société.  On  a  même  été  jusqu'à  charger 
fichet'  des  acceptions  propres  au  terme  mal- 
sonnant ou  du  moins  de  celles  qui  en  décou- 
lent. On  remarque  surtout  cette  tendance  dans 
l'interjection  fichtre! 

FICHU,  pièce  d'habillement;  est-ce  un  dé- 
rivé de  ficher,  jeter  négligemment?  C'est  pro- 
bable. 

FICTIF,  L.  fictimis*  (le  bon  latin  a  fictitius\ 
de  fictum,  supin  de  fittgere  (feindre),  d'où  éga- 
lement fiction,  L.  fictionem. 

FIDÉICOMMIS,  du  L.  fidei  commissum,  litt. 
confié  à  la  bonne  foi. 

FIDÉJUSSEUR,  L.  fidefussor  n>ïgesie),  cau- 
tion, répondant;  fidqjussion,  L.  fidejussio; 
de  fide  jubere,  sanctionner  par  son  crédit. 

FDàliE  (voy.  aussi  féal),  L.  fidelis  (fides). 

—  D.  fidélité,  L.  fidelitas. 

FIDUCIE,  terme  de  droit  romain,  L.  fiducia, 
confiance.  —  D.  fiduciaire,  grevé  d'un  fidéi- 
commis;  fiduciel, 

FIEF,  domaine  relevant  d'un  autre  seigneur 
que  celui  qui  en  a  la  jouissance  et  qui,  rela- 
tivement au  propriétaire  véritable,  prend  le 
titre  de  vassal.  La  forme  fief,  par  le  durcisse- 
ment de  M  ou  V  en  f,  procède  d'une  forme  an- 
térieure fieu,  Fieu  correspond  à  prov.  feu; 


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FIE 


—  214  — 


FIL 


rit,  /îo  relève  directement  du  longobardique 
fiu  dans  le  composé /èw/^yfu-m,  bien  paternel. 
Tous  ces  mots  représentent  le  vha.  fiu,  fehu, 
bétail  (ail.  mod.  vieh),  goth.  faihu,  fortune, 
biens,  frison  fia,  bétail,  avoir.  Telle  est 
l'opinion  de  Diez,  reproduite  par  Littré.  —  Le 
mot  vfr.  fiu,  fieu  est  passé  en  bas-latin  sous 
la  forme  feudum,  feodum  (gr.  mod.  ftoûicv); 
cette  forme  est,  selon  Diez,  fondée  sur  l'inser- 
tion euphonique  d'un  d;  feuum  est  devenu 
feudum,  comme  it.  ladico  est  p.  laïco,  chiodo 
p,  cAîoo  «*  L.  cîavus.  C'est  à  feodum  que  se 
rattachent  les  dér.  féodal,  inféoder,  tandis 
que  feudum  nous  a  laissé  feudataire,  feudiste, 
—  D'autres  ont  expliqué  feodum  [d'où  serait 
venu  fied,  et  de  là  fief,  comme  soif  de  sitisj] 
par  une  composition  de  vha.  fee,  salaire,  et 
ôd  bien;  Wackernagcl  y  voit  le  subst.  goth. 
thiuth,  bien.  Le  prof.  Kern,  ne  pouvant  ad- 
mettre, avec  Diez,  le  d  de  feodum  comme 
euphonique  et  insistant  sur  le  sens  «  usus, 
fructus,  id  quo  quis  fruitur,  usus-fructus  » 
attaché  anciennement  à  feudum,  défend 
une  autre  origine,  savoir  un  subst.  fehod, 
dérivé  du  verbe  goth.  feihon,  vha.  fehon, 
jouir,  profiter,  et  signifiant  «  id  quo  quis 
fruitur  ».  Fehod,  d  après  M.  Kern,  est  un 
mot  francique,  mais  peut  avoir  été  allemand 
aussi.  L'it.  fio,  selon  lui,  répond  à  un  goth. 
/ai A,  jouissance.  —  Notons  encore  que  Grober 
n'approuve  pas  la  manière  dont  Diez  rend 
compte  de  la  finale  /"dans  fief;  d'une  étude 
très  précise  sur  les  mots  français  terminés 
en  /[-«d(Ztschr.,  U,  459),  où  il  comprend 
aussi  l'histoire  génétique  de  fief,  il  résulte 
que  fiefifûnal  sonore)  est  le  subst.  verbal  tiré 
de  fieter  (BL.  fevare),  lequel  découle  directe- 
ment de  l'étymon  ail.  fe(h)u,  u  final  s'étant 
consonnifié  en  »,  comme  dans  esquiver  du 
tudesque  skiu(h)an.  Le  subst.  fief  une  fois 
créé,  Ù  a  engendré  à  son  tour  le  verbe  fiefer, 
fieffer.  Fief  ne  serait  donc  pas  une  simple 
modification  des  anciennes  formes  feu  fieu, 
comme  pensait  Diez.  * 

FIEFFER,  pourvoir  d'un  fief  (voy.  l'art, 
préc).  —  De  là  fieffë,  possesseur  d'un  fief.  Au 
figuré,  fieffé  prend  le  sens  d'achevé,  con- 
sommé, et  ne  s'emploie  qu'en  mauvaise  part, 
p.  ex.  un  fripon  ûeSê,  une  sottise  fiefi'ée. 
Cette  acception  métaphorique  découle  prob. 
du  sens  «  diplômé,  bien  en  titre,  bien  qua- 
lifié n, 

FIBL,  L.  fel.  —  D.  fielleux;  enfieiler. 

FŒNTK,  cat.  fempta,  prov.  fenta,  prov. 
mod.  fento,  fienlo.  Ces  formes  accusent  pour 
^yp«»  d'après  Diez,  un  mot  latin  fimita 
fim*ta  (cp.  vfr.  friente  de  freinitus),  lequel 
fimiia  est  probablement  une  forme  acces- 
soire de  fimetum,  fosse  à  fumier.  —  Dans 
l'ancienne  langue,  et  encore  dans  les  patois, 
on  trouve  fien,  fiens,  qui  correspond  à  prov. 
fem,  cat.  fems,  esp.  fimo,  it.  fime,  fimo.  Ces 
formes  rendent  le  L.  fimus.  —  D.  fierUer, 

1 .  FIER,  verbe,  du  L.  fidere  (passage  de  la 
3*  conjug.  à  la  l").  Composés  :  dt^fier,  confier, 
méfier  (voy.  ces  mots). 

2.  FIER,  acy..  du  L.  férus,  sauvage.  Ce   \ 


sens  primitif  a  subi  bien  des  vicissitudes  pour 
arriver  à  l'acception  moderne.  Farouche, 
cruel,  rude,  vigoureux,  inflexible,  sévère, 
orgueilleux,  superbe,  hardi  ;  telle  est  à  peu 
près  la  pente  sur  laquelle  le  mot  a  glissé.  — 
D.  fierté,  L.  feritatem. 

FIER-A-BRAS,  fanfaron,  matamore.  D  aprèâ 
les  uns  de  Fierabras,  le  héros  du  fameux  ro- 
man des  douze  pairs  ;  selon  d'autres  p.  fiert- 
à-bras  [fiert  de  férir)  *=  homme  qui  frappe  â 
tour  de  bras;  pour  d'autres,  enfin,  c'est  une 
expression  altérée,  soit  de  ferrea  brachia 
(bras  de  fer),  ou  de  fera  brachia  (bras  cruels}. 
FIÈVRE,  L.  febris,  —  D.  fiévreux, 
FIFRE,  aussi /;i/rc,  ït.  piffero,  esp.  ^i/îiro. 
De  l'ail,  pfeifer,  joueur  de  flageolet,  ou  plutôt 
de  la  forme  suisse  pfiffer  (les  fifres  étaient 
surtout  en  usage  dans  les  régiments  suisses). 

—  Le  mot  ail.  pfeifer  vient  de  pfeifen,  siffler, 
lequel  représente  le  roman  piper,  voy.  pipe. 

—  Le  mot  fifre  signifie  à  la  fois  le  joueur  et 
son  instrument. 

Tl(jË!Bi,\îv,fegier,figiei\  cailler;  n'a  rien 
de  commun  avec  L.  figere^  fixer  et  vient, 
d'après  0.  Paris  (Rom.,  VIII,  434),  d'un  type 
fediare,  dér.  de  fedio,  qui  est  une  des  multi- 
ples transformations  romanes  du  lat.  ficatutn 
(foie).  «  Le  sang  coagulé  a  paru  ressembler  au 
foie  par  sa  couleur  et  sa  consistance  <*;  cp.  le 
mha.  liber  en,  cailler,  dérivé  de  l'ail,  /côer, 
foie,  et  le  terme  ail.  leberniecr  =  fr.  mer  be- 
tée  (p.  heter,  voy.  s.  béton).  J'accepte  cette 
étymologie  comme  «  bizarre,  mais  certaine  y*„ 
selon  l'expression  de  son  auteur,  mais  la  forme 
figer  n'a-t-elle  pas  pris  le  dessus  sur  feçier 
par  quelque  souvenir  du  classique  figere,  fixer 
(cp.  ail.  erstarre7i,  raidir,  se  coaguler,  dont 
l'idée  foncière  est  la  fixité)  ? 

FIGNOLER,  mot  très  réi)andu  dans  les  patois, 
signifiant  raffiner,  faire  avec  grâce,  se  donner 
des  airs,  faire  le  fashionable.  Grandgajznage, 
v®  fignon  =  élégant,  pimpant,  propo.*îe  dubi- 
tativement, comme  primitif,  le  mha.  fin,  ail. 
mod.  fein,  etc.,  fin,  délicat,  joli.  L'anglais /fn^, 
beau,  et  l'expression  allemande  schônthun, 
cajoler,  mignoter,  appuient  cette  supposition  ; 
pour  la  consonnance^,  on  peut  alléguer  c/i- 
gner  p.  cliner,  vfr.  crigne  du  L.  crinis. 

FIGUE,  du  prov.  figa=^L,  fica,  forme  fém. 
do  ficus.  La  bonne  forme  française  fie  sq 
trouve  dans  la  Chron.  des  Ducs  de  Norman- 
die, par  Benoit.  —  D.  figuier,  figuerie.  Voy. 
aussi  fie.  En  Belgique  on  appelle,  par  assimi- 
lation, figote  une  pomme  ou  une  poire  dassé- 
chée  au  four. 

FIGURE,  L.  figura  (figere*  fingere  =  for- 
mer). —  D.  figurine;  figurer,  L.  figurare; 
-€Uif,  L.  -ativus;  figurant;  cps.  configurer, 
défigurer,  transfigurer. 

ÏTL,  it.  /î/o,esp.  Ai7o,  du  L.  filum  =  l.  fil, 
2.  objet  mince  et  allongé,  3.  tranchant  d'un 
instrument,  coupant.  A  la  2*  acception  se 
rapporte  le  dérivé  effilé  et  filardeau,  jeune 
arbre  droit  et  de  haute  tige  ;  à  la  3"  le  verbe 
affiler.  Quant  au  sens  premier,  il  s'y  rattache 
de  nombreux  dérivés  français,  à  sens  propre 
et  à  sens  figuré. 


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FIL 


—  215  — 


FIN 


FILAOBAMME,  lettres  ou  figures  en  fil  de 
cuivre  fixées  sur  la  forme  à  fabriquer  le  pa- 
pier, et  dont  la  marque  parait  sur  la  feuille  ; 
mot  technique  formé  de  vpA/*M«»  écriture,  et 
de  filum  fil.  Voy.  filigrane 

FILAMENT,  mot  à  forme  savante,  tirée  du 
BL.  filare,  fr.  filer.  —  D.  filamenteux. 

FILANDIÉRB,  formé  de  filer,  à  l'instar  de 
lavandière. 

FILANDRES  (de  là  it.  fiîandra  et  esp.  fiîan- 
dria),  dérivé  bizarre  de  filer.—  D.  filandreux. 

FOiARDEAU,  dimin.  de  filard  (inus  ),  voy. 
fil. 

FILASSE  (litt.  =*  esp.  hilacha,  hilaza),  Im 
prêt  à  être  filé,  L.  filacea\—  Ce  mot  pourrait 
bien  être  une  corruption,  ou  s'être  produit  sous 
l'influence,  de  l'ail.  flac?is  (vha.  flahs,  angl. 
flax,  holl.  vlas),  qui  signifie  la  même  chose. 
—  D.  filassier:  

FILATETJR»  -ATBICE,  -ATURB,  dérivés  à 
forme  savante  du  verbe  filare  (cp.  fileur, 
fileuse,  filure). 

FILE,  it.,  esp.,  port.,  prov.  fila,  pr.  cor- 
deau, puis  suite,  rangée,  du  BL.  fila  «=  filum; 
de  là  filer,  aller  à  la  file  l'un  après  l'autre,  et 
défiler, 

1.  FILER,  prov.  filar,  esp.  hilar,  it.  filare, 
BL.  filare,  faire  du  fil.  tirer  en  fil;  dérivé  de 
filum,  fil.  —  B.  fileur,  filerie,  filure,  -âge; 
filandière  (v.  c.  m);  filatier  (mauvais  mot 
p.  filandier);  composés  :  enfiler,  effiler,  fau- 
filer, parfiler,  tréfila  (voy.  ces  mots). 

2.  FILER,  aller  à  la  file;  voy.  file. 
FILET.  1.  petit  fil,  2.  réseau;  dimin.  de 

fil.  —  D.  fileter. 

FILIAL,  L.  filialis  (filins). 

FILIATION,  descendance  de  père  en  fils  en 
ligne  directe,  L.  filiatio  (filius). 

FILIÈRE.  1.  objet  fait  en  forme  de  fil, 
2.  instrument  servant  au  tirage  des  fils  mé- 
talliques (d'où  l'expression  «  passer  par  la 
filière  «);  dér.  de /W. 

FILIGRANE  (l'angl.  dit  filigrane,  filligram , 
fiïlegrean  et  filligree-work),  de  Tit.  filigrana, 
ouvrage  d'or  et  d'argent  (ou  de  tout  autre  mé- 
tal ductile),  composé  de  fils  déliés,  de  grains, 
et  d'autres  ornements.  De /î/tim,  fil.  et^a- 
num,  grain,  donc  filet  à  grain,  ainsi  nommé 
parce  que  les  Italiens,  qui  nous  ont  apporté 
ce  genre  d'ouvrage,  y  enfilaient  de  petits 
grains  ronds  ou  aplatis.  Après  qu'on  eut  em- 
ployé ce  filigrane  pour  la  fabrication  du 
papier,  on  appela  de  ce  nom  ce  qu'aupara- 
vant on  nommait  marque  du  papier  (ail. 
ukuser-zeichen,  angl.  watermark).  Le  mot 
parait  s'être  altéré  en  filagramme  (v.  c.  m.) 
par  l'effet  d'une  tendance  à  mieux  exprimer 
la  chose  énoncée  par  le  terme  filigrane.  — 
D.  filigraner, 

FIIJN,  t.  de  marine,  dér.  de  fil. 

FIUPENDULE,  terme  savant  disant  :  sus- 
pendu ipendulusj  à  un  fil  {filum). 

FILLATRB,  du  L.  filiaster  (filius). 

FILLE,  L.  filia.  —  D.  fillette,  fiUage  =^  état 
d'une  fille  qui  vit  dans  le  célibat. 

FILLEUL»  L.  filiolus,  dimin.  de  fUius;  au 


moyen  âge,  filiolus  désigna  l'enfent  relative- 
ment à  son  parrain,  de  là  le  sens  actuel  de 
filleul. 

FILOCHE,  dér.  de  fil. 
FILON,  it.  filone,  dér.  de  fil. 
FILOSELLE,  de  l'it.  filugello,  ver-à-soie; 
celui-ci  parait  être  une  altération  du  BL.  fol- 
licellus,  cocon  de  ver-à-soie  (dimin.  de  follis), 
cp.  prov.  folleil,  filoselle,  d'un  type  folliculus. 
FILOU,  en  Piémont  et  à  Côme  filon,  BL. 
filo,  vaurien.  L'origine  de  ce  mot  est  fort  con- 
testée. «  Ce  mot  a  signifié  originairement,  dit 
Ménage,  un  petit  bâton,  long  de  trois  pouces, 
de  la  grosseur  du  petit  doigt,  à  six  pans  mar- 
qués comme  un  dé  sur  chaque  face,  qu'on 
appelait  un  cochonnet  et  avec  lequel  on  jouait. 
Or,  comme  il  était  facile  de  piper  à  ce  jeu  et 
qu'on  y  pipait  ordinairement,  on  appela  à 
Paris,  il  y  a  environ  70  ou  80  ans,  filoux  et 
filoutiers  ceux  qui  pipaient  et  escroquaient  en 
quelque  occasion  que  ce  fût.  »  Cette  explica- 
tion inspire  peu  de  confiance,  bien  qu'en  Cham- 
pagne filou  signifie  encore  une  espèce  de  jeu 
de  dés.—  Langensiepen  propose  felicufus  (sur- 
nom romain,  tiré  de  felis,  chat),  d'où  felcolus, 
felocus,  filou.  Cela  est  bien  subtil;  le  mot 
caillou  pourrait  cependant  servir  d'appui  quant 
à  la  transformation.  —  Diez  remonte  au  vha. 
filon,  limer,  et  rapproche  pour  le  rapport 
d'idées  les  termes  fourbe,  fripon,  polisson, 
venant  également  de  primitifs  exprimant  frot- 
ter, user,  polir.  Il  cite  en  outre  le  lorrain 
aiffilei,  aiguiser  et  tromper,  et  le  terme  aiffi- 
lou  disant  la  même  chose  que  filou.  Pour  m^ 
part,  en  cherchant  l'étym.  do  filou,  j'ai  noté 
l'expression  rouchi  avoir  le  filile  taillant)  -» 
être  adroit,  puis  le  mot  ficelle  employé  en  Pi- 
cardie et  à  Mons  p.  petit  voleur  (d'où  ficeler, 
escroquer),  enfin  l'angl.  filch,  filouter,  qui 
semble  être  de  la  même  famille.  —  D'après 
Brachet,  filou  est  un  doublet  de  fileur,  comme 
gabelou  de  gabeleur.  —  Il  est  important  de 
noter  que  filou  est  étranger  à  l'ancienne  lan- 
gue;  Littré,   auquel  nous  renvoyons    pour 
quelques  autres  tentatives  d'éclaircir  l'origine 
de  ce  mot,  le  croit  introduit  dans  U  Ungue 
dans  le  cours  du  xvu»  siècle.  En  considération 
de  cette  introduction  tardive  de  filou,  Diez 
croit  pouvoir  signaler  l'angl.  fellov),  compa- 
gnon, qui,  dans  le  Midi  do  l'Angleterre,  a 
pris  un  caractère  injurieux.  —  D.  filouter, 
fUoutiêr.  , 

FILS,  L.  filius.  Vs  final  du  mot  français  est 
un  reste  de  l'ancien  nominatif;  on  disait  fil 
aux  cas  obliques;  cet  s  s'est  conservé  pour 
différencier  le  mot  de  fil  «^  filnm. 

FILTRE,  voy.  feutre. — D  filtrer,  infiltrer 
1.  FIN,  subst.,  L.  finis.  — D.  final,  L.  fina 
lis;  subst.  finage,  t.  d'ancienne  pratique,  ôten 
due  d'une  juridiction;  verbe  finir,  L.  finure- 
composés  afin,  enfin.  —  D'un  verbe  BL 
finare,  terminer,  conclure,  acquitter,  payer 
vient  vfr.  finer,  m.  s.;  de  là  le  subst 
finance,  d'abord  fin,  conclusion  d'une  affaire 
puis  payement  d'un  engagement  contracté 
quittance,  d'où  enfin  le  sens  général  de  somme 
à  payer,  argent.  On  employait  môme,  avec  ce 


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FIX 


—  216  — 


FLA 


dernier  sens,  dans  la  vieille  langue,  le  subst. 
verbal  masculin  fin^  p.  ex.  dans  Baudouin 
de  Sebourg  :  •  quant  il  n'ot  plus  de  fin  n, 
«  dignes  d'avoir  terre  et  grant  fin  ••  (voy. 
Gachet;.  Cp.  aussi  l'angl.  fine^  propr.  action 
de  finer(j^yer)t  p  ^is  amende. 

2.  PIN,  a4j.,  it.,  esp.,  port,  fino,  prov.  fin. 
C'est  de  l'élément  roman  que  proviennent 
mha.  fin,  ail.  mod.  fein,  angl.  fine,  et  non  pas 
les  mots  romans  du  fonds  germanique,  comme 
lont  cru  Raynouard  et  Ghevallet.  La  signifi- 
cation primordiale  est  «  parfait,  fini,  pur,  véri- 
table n,  cp.  prov  fin  aur,  fin'amor,  vfr.  fine 
ire  et  nos  expressions  :  des  vins  fins,  des  mets 
fins,  le  fin  fond,  la  fine  fleur.  De  ce  sens  pre- 
mier découle  aussi  l'emploi  adverbial  du  mot 
dans  les  patois,  où  il  sert  à  exprimer  un  haut 
degré  (voy.  des  exemples  dans  Gacbet). — Les 
acceptions  modernes  se  ramènent  facilement 
à  la  valeur  première;  d'un  côté,  au  moral  : 
adroit,  subtil;  d'un  autre,  au  physique  :  délicat, 
léger,  opp.  à  grossier,  ordinaire.  On  ne  peut 
guère  douter,  observe  Diez,  d'accord  avec  Du- 
cange,  que  cet  adjectif  ne  soit  tiré  du  L.  fini- 
tus.  Pour  le  procédé,  il  allègue  prov.  clin  de 
cîinatixs,  esp.  cuerdo  de  cordatus,  it.  manso 
de  mansuetus.  Pour  le  sens,  on  trouve  des 
analogies  dans  les  expressions  esp.  acabado, 
L.  perfectus  (d'où  parfait)  et  gr.  TiUioç.  — 
D.  finesse;  finasser  (d'où  finassier,  -erie), 
finaud;  finet  (Lafontaine),  aussi  finot;  finette, 
étoflfë  légère;  verbe  affiner  (v.  cm.).  —  Voy. 
aussi  fignoler. 

PINAlïOB,  voy.  /în  1.  —  D.  financer,  dé- 
bourser de  l'argent;  financier. 

FINGHILLS,  corde  dont  on  se  sert  pour 
haler  les  bateaux,  variété  dialectale  de  fichelle 
=  ficelle.  Le  picard  présente  aussi  la  forme 
frinchelle. 

FINIR,  vfr.  fenir,  du  L.  finire  (finis). 

FIOLX,  prov.  fiola,  it.  ficda,  du  L.  phiala 
(viiiij).  —  D.  fioler,  vider  bouteille. 

FION,  dans  «  donner  le  fion  à  un  ouvrage  » 
==-:  y  mettre  la  dernière  main.  Je  ne  connais 
pas  l'origine  de  cette  expression  populaire. 
Littré  la  rattache  à  fignoler.  —  Voici,  en 
attendant  mieux,  une  conjecture  :  Fion  me  fait 
Tefiet  d'être  un  mot  du  patois  wallon  et  de 
représenter  filon  (cp.  fioul  =  filleul);  donner 
le  filon  équivaudrait  à  donner  le  fil,  c.-à-d. 
la  finesse. 

FIORITURE,  de  l'it.  fioritura,  dér.  de  fio- 
rire=^  L.  florere.  Rousseau  a  remplacé  ce 
terme  étranger  par  fleuretis. 

FIRMAMENT,  L.  firmamentum  (firmare). 

FIRMAN;  du  persan  ferman  =  ordre  en 
général;  en  Turquie  le  mot  s'applique  spécia- 
lement à  tout  écrit  expédié  par  le  grand-vizir 
au  nom  du  souverain. 

FISC,  L.  fiscus;  le  sens  premier  de  ce  mot 
était  bien  modeste  ;  C'était  une  corbeille  d'o- 
sier. —  û,  fiscal,  L.  fiscalis  (d'où  fiscalité); 
confisquer,  L.  confiscare. 

FISSURE,  L  fissura  (finderc). 

FISTULE,  L.  fistula.  —  D.  fistuJeux. 

FIXE,  L.  fixus,  part,  passé  de  figere.  —  D. 
fixité,  verbe  fixer.  —  Littré  place  sous  fixe. 


l'ancien  acy.  fis,  assuré,  certain;  c'est  une 
erreur;  vfr.  fis  est  la  forme  du  svget  sing.  et 
du  régime  plur.  de  l'a^j.  fit,  qui  est  le  latin 
fidus;  de  là  les  formes  adverbiales  de  fit  et 
fiement,  certainement. 

FIXER,  voy.  fixe. 

FLABELLATION,  du  L.  flabellare  (de  fla- 
hélium,  dim.  de  flabrum,  soufflet,  éventail). 

FLACCIDITÉ,  L.  flacciditas,  de  flacàdus, 
fiasque. 

FLACHE,  les  diverses  significations  de  ce 
substantif,  dont  la  forme  varie  avec  flaque, 
expriment  quelque  chose  d'aplati,  d'écrasé, 
une  surface  jetée  sur  une  autre  et  faisant  en 
quelque  sorte  tache  avec  elle.  G'est  bien  là  la 
valeur  de  la  racine  flac.  Gette  racine  s&ri 
aussi  d'intexjection  imitative  du  bruit  qui  se 
produit  quand  on  jette  quelque  chose  de  large  « 
de  plat  ou  de  liquide  sur  une  sur£Bu:e.  Le 
fr.  flajche  ou  flaque  rappelle  l'ail.  fUuih,  plat, 
uni  (d'où  flâche,  sur&ce)  et  fleck,  tache.  Le 
mot  flajche  s'emploie  à  Bruxelles  aussi  pour 
flan,  tarte.  —  D.  fUucheux. 

FLACON,  fUiscon,  dérivé  du  vfr.  fUische, 
esp.  fiasco,  frasco,  it.  fiasco,  fiasca.  Ce  mot  se 
trouve  aussi  bien  dans  les  idiomes  celtiques 
que  dans  les  germaniques,  et  il  est  fait  emploi 
de  fiasca,  fiasco,  dans  les  plus  anciens  monu- 
ments de  la  basse  latinité.  Les  gloses  d'Isi- 
dore présentent  aussi  la  forme  pilasca  «=  vas 
vinarium  ex  corio;  Joh.  de  Janua  :  pilasca 
vas  vinarium  corio  piloso  opertum  ;  cela  fait 
présumer  de  leur  part  une  dérivation  de  pilus, 
poil.  Cependant  la  forme  fiasca  remonte  plus 
haut  que  pilasca,  et  voici  comment  Diex  la 
revendique  au  fonds  latin  :  Fiasco  est  issu  du 
latin  vasculum,  par  l'efiet  1)  d'une  transpo- 
sition de  la  liquide  (cp.  it.  fiaba,  p.  flaba,  de 
fabula,  prov.  floronc  de  furunculus,  fr.  blou- 
que  p.  boucle,  etc.),  2)  du  durcissement  de  v 
en  f  (cp.  palefroi  de  paraveredus,  fois  de 
vicis).  Ce  serait  le  BL. ,  selon  Diez,  qui  aurait 
fait  passer  le  mot  dans  les  diverses  langues 
de  l'Europe.  L'antiquité  du  mot,  qui  est  dans 
Isidore  et  Grégoire  de  Tours,  rend  douteuse, 
pour  Littré,  la  métatlièse  (vlasco  p.  xxisclo) 
sur  laquelle  Diez  s'appuie. 

FLAGELLER,  vfr.  flaeler,  L.  flagellare,  de 
flaçellum,  fouet  (voy.  fléau). 

FLAGEOLER,  voy.  lart.  suiv. 

1 .  FLAGEOLET,  dimin.  du  vfr.  flageol,  fla- 
jol,  prov.  flaujol,  qui  représente  un  type  dimi- 
nutif latin /{autto/u^  (voy.  soMS  flûte).  Le  primi- 
tif flageol  a  encore  donné  le  verbe  flageoler, 
jouer  du  flageolet;  au  û^.  piper,  leurrer, 
tromper.  L'acception  chanceler,  vaciller,  qu'a 
prise  le  mot  flageoler  en  parlant  des  jambes, 
est  moderne  et  est  expliquée  coi^jecturalement 
par  Littré  au  moyen  d'une  expression  méta- 
phorique flageolet  au  sens  de  jambe  grêle  et 
peu  assurée.  —  L'étymologie  gr.  itlvfixytUi, 
flûte  traversière  (=«  jriAytoç  «ùio;)  n'a  que 
l'apparence  de  vérité. 

2.  FLAGEOLET,  variété  de  haricots;  mau- 
vaise prononciation  p.  fageolet,  dimin.  de  fa- 
geol,  qui  est  le  L.  phaseolus,  haricot. 

FLAGORNER,  d'après  Le  Duchat,  un  mot 


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FLA 


217  — 


FLA 


de  fantaisie,  composé  des  éléments  fkiJUer  et 
corner  (aux  oreilles).  Nicot  lui  attribue  tout 
simplement  le  sens  du  L.  déferre  «rapporter; 
le  sens  serait  donc  pr.  dire  à  Toreille,  et  l'idée 
de  flatter  lui  est  survenue  peut-être  sous  Tin- 
fluence  de  la  syllabe  fia  ;  Littré  y  voit  une 
altération  de  fiageoler^  jouer  du  flageolet,  %%, 
piper. 

FLAGRANT,  L.  flagrans,  brûlant,  chaud; 
est  employé  dans  quelques  expressions,  telles 
que  «  en  flagrant  délit,  en  flagrant  mensonge  » , 
pour  actuel,  en  pleine  chaleur  de  l'action.  — 
D.  flagrance. 

FLAINI,  voy.  sous  flanelle. 

FLAIRSR,  prov.,  cat.  flair ar,  du  L.  fra- 
grare,  exhaler  une  odeur.  Le  mot  fr.,  d'abord 
»=  rendre  odeur  (Nicot),  a  pris  le  sens  actif 
sentir,  percevoir  une  odeur,  comme,  à  Tin- 
versé,  sentir  s'emploie  aussi  en  sens  neutre. 

—  D,  flair.  —  «  Autrefois  on  écrivait  et  pro- 
nonçait aussi  fleurer  avec  le  sens  d'exhaler 
une  odeur,  et  fleur  »■  flair,  et  l'on  a  long- 
temps douté  à  laquelle  des  deux  formes  il 
fallait  accorder  la  préférence.  L'Académie, 
dans  son  dictionnaire  de  1694,  écrivait  : 
«  Flairer,  on  prononce  ordinairement  fleu- 
rer n,  et  les  autres  dictionnaires  '  se  réglant 
plutôt  sur  l'usage  adopté  par  les  écrivains, 
entre  autres  par  Molière  et  Boileau,  qui  ont 
écrit  fleurer^  disaient  que  flairer  était  vieux 
et  qu'il  devait  se  remplacer  par  fleurer.  Au 
xvui*  siècle  enfin,  les  grammairiens  trouvè- 
i*ent  bon  d'utiliser  les  deux  formes.  Us  décré- 
tèrent que  l'un  se  dirait  p.  exhaler  une 
odeur  :  Cela  fleure  comme  le  baume  ;  et  que 
l'autre  exprimerait  la  sensation  que  l'on  en 
perçoit  :  -  flairez  un  peu  cette  rose»  (Gachot). 

—  Sur  la  vraie  origine  de  cette  concurrence 
entre  fleurer  et  flairer,  voy.  fleurer. 

FLAKAND,  vfr.  flameng^  du  néerl.  xHa- 
ming,  d'où  le  terme  flamingant  («  la  Belgique 
flamingante  n),he  d  final  du  mot  actuel  est 
anti-étymologique . 

FLAMANT,  oiseau,  anciennement /?amman/ 
ou  flambant,  de  flammer,  flamber.  Buflbn 
proteste  contre  l'idée  d'y  voir  un  oiseau  fla- 
mand, à  plus  forte  raison  que  ce  volatile  n'a 
jamais  paru  dans  les  Flandres.  Son  nom  lui 
vient  de  la  belle  couleur  rouge  de  son  plumage. 

FLAMBE  ;  ce  mot  est  prob.  gâté  de  flamble, 
qui  répond  au  L.  flammula;  cp.  étape  p.  esta- 
pie.  —  D'autres  sont  d  avis  que  flambe  est 
une  forme  spécifiquement  anglo-normande  de 
flamme  (voy.  Ztschr.,  IV,  550,  not«).  —  D. 
dim.  flamber  flambeau,  flambart;  verbes 
flamber,  flatnboyer. 

FLAMBEAU,  FLAMBER,  FLAMBOTER, 
voy.  flambe. 

FLAMBERGE,  épée;  d'après  Frisch,  suivi  par 
Diez,  un  composé  de  flanc,  côté,  et  de  bergen, 
protéger;  donc  =  défense  du  côté.  Cp.  fro- 
berge,  autre  nom  d'épéé,  litt.  (selon  Grimm) 
«s  défenseur  du  seigneur. 

FLAMINGANT,  voy.  flamand. 

1.  FLAMME,  L.  flamma  (p.  flagma). —  D. 
flammer^  L.  flammare;  flammèche  (cette  sin- 
gulière forme  dérivative  vient  peut-être  d'un 


mot  it.  fiammesca,  à  supposer  d'après  l'ana 
logie  de  faUvoesca,  p.  favalesca,  de  faoilla)\ 
flamiçhe,  gâteau  cuit  à   la  flamme;  fl<im- 
mette;  flammcrole;  cps.  enflammer, 

2.  FLAMME,  lancette  à  saigner,  esp.  fleme, 
prov.  flecmei^.  fletme),  wallon  de  Liège  flime, 
vfr.  flieme,  holl.  vlym,  angl.  fleam;  vha.  flio- 
dima,  fliedima,  nha.  fliedme,  fliede,  fliete; 
cymr.  ffluym.  Toutes  ces  formes  procèdent 
du  L.  phlebotomus  {^UîôrofiOi,  litt.  coupe- 
artère),  lancette,  par  l'intermédiaire  du  type 
syncopé  flebYmus  flebmus.  L'équisonance  de  e 
et  a  fr.  devant  m  a  déterminé  l'orthographe 
flamme. 

FLAMMiCHE,  voy.  flam^ne,  1. 

1 .  FLAN,  tarte,  est  une  contraction  du  vfr. 
flaon.  Celui-ci,  aa  it.  fiadone  (gâteau  de  miel), 
prov.  flauson,  esp.  flaon,  angl.  flaton,  BL. 
flado,  -onis  (Vén.  Fort.),  reproduit  le  vha. 
fl€uio,  flada  ^=  laganum,  placentum,  torta, 
libirni,  favus  (ail.  mod.  fleîde,  fleuien),  flam. 
vlaede,  propr.  quelque  chose  de  plat.  Cp.  en 
wall.  flate  =»  bouse  de  vache,  de  même  en 
ail.  kuh'fladen. 

2.  FLAN,  t.  de  monnayage,  pièce  de  métal 
prête  à  être  monnayée  ;  le  même  mot  que  le 
précédent;  pr,  pièce  plate  et  ronde. 

FLANC,  prov.  flanc,  it.  fianco.  Diez  op- 
pose des  raisons  phonologiques  à  l'étymologie 
vha.  hïa)u:a,  lancha,  m.  s.  Il  allègue  surtout 
le  fait  que  le  groupe  initial  tudesque  hl  ne  se 
romanise  jamais  par  fl  et  que  d'ailleurs  la 
forme  hlanca  a  disparu  de  très  bonne  heure 
en  allemand.  Flanc  désigne  proprement  la 
partie  molle  depuis  le  défaut  des  côtes  jus- 
qu'aux hanches  ;  cette  partie  du  corps  est  ap- 
pelée chez  les  Allemands  toeiche,  de  toeich, 
mou  (cp.  le  terme  fr.  mollet),  et  au  moyen 
âge  elle  s'appelait  en  ail.  hrenke,  de  hranhf 
faible.  Cette  circonstance  détermine  le  philo- 
logue allemand  à  rapporter  le  mot  roman  au 
L.  flaccus,  mou,  flasque.  L'insertion  d'un  n 
devant  les  gutturales  n'a  rien  d'extraordi- 
naire, cp.  it.  fangotto  p.  fagotto,  fr.  ancolie 
^.acolie,  jongleur  de  joculator.  Il  est  remar- 
quable de  trouver,  en  langage  de  marine  et 
d'artillerie,  le  terme  flasque  avec  un  sens 
analogue  à  flanc.  On  serait  tenté  d'en  inférer 
que  les  deux  formes  ont  été  employées  comme 
synonymes,  l'une  venant  de  flaccus,  l'autre  du 
dérivé  flaxidus,  p.  flaccidus  (voy.  flasque). — 
C'est  du  roman  que  les  langues  germaniques 
ont  tiré  leur  mot  flanke  —  D.  flanquer, 
flanchet,  flanconade. 

FLANBRIN,  adj.,  qui  est  de  Flandre. 
Comme  subst.  signifiant  homme  grand  et  fluet, 
le  mot  a,  selon  Littré,  la  même  origine  ;  c'est 
un  sobriquet  péjoratif  motivé  par  la  haute 
taille  qui  est  ordinaire  chez  les  Flamands  ; 
j'avais  soupçonné  autrefois  une  contraction  do 
filandrin  (cp.  filaixUau). 

FLANELLE,  it.  flaneîla,  frendla,  esp. 
franela,  angl.  flannel;  du  vfr.  flaine,  cou- 
verture de  lit  faite  de  laine  (au) .  flaine  signi- 
fie une  espèce  de  coutil  de  Flandre).  En  gaél, 
on  voit  également  le  mot  curaing  signifier 
d'abord  couverture,    puis  flanelle.  Quant  à 


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FLA 


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FLÉ 


flaine,  couverture,  Diez  le  rapproche  du  L. 
velamerif  -inis  (r7awi«tî),  ce  qui  voile,  couvre  ; 
cp.  flasca  p.  vlasca  (voj.  flacon).  —  Les  éty- 
mologistes  anglais  tirent  le  mot  du  gaél. 
ffwlanen,  ffwlan,  laine. 

A 

yLÂHER,  mot  populaire  des  patois  ;  Diez 
cite  risl.  flâna,  marcher  à  l'aveugle  ;  en  nor- 
mand, le  verbe  se  dit  aussi  p.  faire  des  com- 
mérages. —  D.  flâneur,  -trie. 

FLANQUER,  voy.  flanc.  Dans  les  locutions 
populaires  «  flanquer  par  terre,  flanquer  un 
soufflet  »,  ce  verbe  me  fait  Teffet  d'être  une 
variété  nasalisée  de  flaquer  (rac.  flac).  C'est 
aussi  l'avis  de  Littré. 

FLAQUE,  aussi  floche,  BL.  flaco,  flam. 
vlacke  (Kiliaen  :  locus  stagnantibus  aquis 
opertus).  De  la  racine  flac  traitée  sous  floche. 

FLAQUER,  jeter  avec  force  un  liquide  ;  de 
la  racine  flac  (voy.  floche).  —  D.  flaquée. 

1.  FLASQUE,  mou,  sans  vigueur;  selon 
Diez,  d'un  type  latin  flaxidus  (p.  flaccidus), 
m.  s.,  transposé  en  fla^quidus.  Dans  les  patois 
on  dit  aussi  floche  (cp.  laxus,  fr.  lasque, 
idchei.  Quant  aux  mots  similaires  it.  fiocco, 
esp.  flaco,  port,  fraco,  prov.  et  vfr.  flac,  flo' 
que,  ils  relèvent  directement  du  L.  flaccus. 
—  Selon  Caix,  flasque  serait  le  résultat  d'une 
confluence  des  deux  thèmes  'flac  et  'lasque 
(lâche). 

2.  FLASQUE,  subst.,-=>  flanc  [v.  c.  m.).— 
On  appelle  aussi  flasque  la  poire  à  poudre 
des  chasseurs,  mais  dans  ce  sens,  le  mot  est 
=  flasque,  le  primitif  de  flacon  (v.  c.  m,). 

FLATIR  (angl.  flatten),  dér.  du  vfr.  flot, 
coup,  tape.  D'origine  germanique  :  nord. 
fletia,  aplatir  (ail.  mod  dos  metall  fletschen, 
aplatir  le  métal  avec  le  marteau  >,  vha.  flajs, 
angl.  flot,  plat.  Dans  la  langue  des  trouvères, 
flatir  signifiait  aussi  jeter  ou  tomber  à  plat 
et  est  synonyme  de  flastrir.  —  D.  flatoir.  — 
Le  vfr.  flastrir,  tomber  à  plat,  est  probable- 
ment distinct  de  flaistrir  (d'où  flétHr  ■-• 
ternir,  décolorer)  et  a  laissé  sa  trace  dans 
flàtrei\  appliquer  un  fer  chaud  à  un  ani- 
mal mordu,  se  flairer  (subst.  flâtrurej,  se 
mettre  sur  le  ventre  ^ terme  de  vénerie).  —  De 
la  même  racine  flot  (s  plat)  procède,  d'après 
Diez  et  autres,  prov,  flatar,  fr.  FLATTiCR  (v. 
cm.),  pr.  caresser  (»»  passer  avec  la  main 
plate  sur  la  surface  du  corps^.  On  pourrait 
tout  aussi  bien  partir  de  l'idée  se  mettre  à 
plat  devant  qqn.  ;  nous  disons  encore  être  à 
plat  ventre  devant  qqn.  p.  lui  faire  bassement 
la  cour. 

FLATOIR,  voy.  flaiir. 

FLAIRER,  d'où  flâtrure,  voy.  flatir. 

FLATTER,  voy.  flatir.  Nicot  :  «  aucuns 
pensent  de  flatare  (fréq  de  flare),  parce  que 
les  flatteurs  soufflent  toujours  qqch.  aux 
oreilles  de  ceux  qui  les  veulent  ouïr,  et  les 
enflent  de  la  bonne  opinion  d'eux-mêmes  n. 
Cette  étym.  pourrait  s'appuyer  du  vfr.  flavelle, 
flatterie,  de  flabellare,  souffler  sur.  —  Grimm 
met  le  mot  en  rapport  avec  l'ail,  flattem 
(aussi  fladern),  voleter;  «  le  flatteur  bat  des 
ailes,  comme  le  chien  flatte  de  la  queue  » . 


Cela  parait  subtil  ;  cependant,  cette  opinion  a 
pour  elle  le  nord,  fladra  =  blanditiis  £bl1- 
1ère.  En  flamand  on  disait  aussi  vlaeden  p. 
flatter  (auj.  vleijen).  —  Enfin,  nous  croyons 
qu'il  est  utile  de  sfgnaler  le  verbe  latin  fla- 
tare défini  dans  les  glossaires  de  Placidus  et 
de  Papias  par  «  augere  et  ad  amplura  red- 
dere  » .  En  prenant  ce  verbe  intensif  de  flare 
pour  le  primitif  de  flatter,  nous  aurions  au 
fond  de  la  flatterie  Tidée  de  boursouflure, 
d'exagération.  Mais  on  oppose  avec  raison  à 
l'étymologie  flatare  que  ce  type  aurait  donné 
flayer  ou  flcer,  et  quant  au  passage  cité  dans 
les  gloss.  de  Placidus  et  de  Papias,  Bugge 
croit  qu'il  faut  y  corriger  elatare.  Storm  a 
donc  recours  à  une  forme-type  équivalente  : 
flatitare  (Rom.,  V,  179;.  Mais  ce  qui  méfait 
hésiter  à  l'approuver,  c'est  que  je  ne  connais 
dans  le  fonds  commun  de  la  langue  aucun 
autre  exemple  d'une  formation  semblable.  H 
faut  par  conséquent  en  revenir  au  germanique 
flot,  plat;  flatter  serait  ainsi  =3  lécher  du 
plat  de  la  langue,  laper,  ou  caresser  du  plat 
de  la  main.  L'action  contraire,  c'est  graUer, 
mc»t  germanique  aussi.  —  A  l'appui  de  cette 
dernière  manière  de  voir,  G.  Paris  (Rom.,  X, 
404,  note)  rappelle  qu'on  disait  jadis  :  «  l'ourse 
flatte  son  ourson  »,  et  qu'on  dit  encore  :  •  le 
palefrenier  flatte  son  cheval  » .  L'ancien  fran- 
çais disait  aussi  flater  du  lait  pour  «  Ir 
laper  »,  l'absorber  à  coup  de  plat  de  langue. 
—  D.  flatteur,  -erie. 

FLATUEUX  (d'où  flatuasité),  et  flatulmtt 
(d'où  flatulence),  dérivés  du  L.  flatus,  souflle. 
vent. 

FLÉAU,  vfr.  flaiel,  flael,  angl.  flail,  it. 
fragello,  ail.  flegel,  du  L.  flageUum,  fouet, 
fléau,  dim.  Aq  flagrum. 

1.  FLAGHE,  au  sens  du  L.  sagitta,  it. 
freccia  (dial.  frijiia),  v.  esp.,  port,  firecha. 
esp.  mod.,  prov.  flécha,  wall.  fliche;  du 
néerl.  flils,  mha.  flitsch,  m.  s.,  ail.  mod. 
flitZ'pfeil. 

2.  FLÈCHE  (aussi  fliche)  de  lard,  vfr.  flique, 
flec;  comme  le  précédent,  d'origine  germa- 
nique :  ags.  flicce,  v.  angl.  flich;  angl.  mod 
flitch,  nha.  flich,  flech,  morceau,  pièce.  — 
L'étymologie  ail.  fleisch,  viande,  nord,  flash, 
lard,  posée  par  Chevallet  et  autres,  ne  peut 
prévaloir  sur  celle  que  nous  venons  d'indiquer 
d'après  Diez. 

FLÉCHIR,  du  L.  flectere;  cp.  réflcchir  de 
reflectere.  Pour  et  =  ch,  cp.  empêcher  de  im- 
pactare,  cacher  de  coactare,  allécher  de  allée- 
tare.  —  Cette  étym.  est  douteuse  ;  l'équation 
et  lat.  =*■  ch  franc,  n'est  pas  suffisamment  assu- 
rée. L'anc.  langue  employait  tout  aussi  bien 
flechier,  fleschier,  qui  accusent  pour  type  lat. 
flexare  (dérivé  de  flexus)\  cp.  lâcher  de  laaeare. 
Fléchir  serait  donc  postérieur  A  flechier.  Mais 
ce  qiri  fait  difficulté,  ce  sont  les  formes  picardes 
flehir  (Reclus  de  Moliens),  flekier,  qui  ne  s'ac- 
cordent plus  avec  fleœare.  —  D'après  G.  Paris, 
la  généalogie  de  fléchir  se  présenterait  ainsi  : 
Il  part  de  flexus,  de  là  verbe  vfr.  fleschier  «■ 
flexare,  de  là  a^j.  vfr.  flesche  (cp.  laschê, 
lâche,  issu  de  laschier  »  laxare),  d'où  enfin 


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FLE 


219  — 


FLO 


fleschir,  fléchir  (Rom.,  VIII,  628).  Mais  ici 
encore  le  thème  picard  fait  difficulté. 

FLEGMB,  vfr.  flemme,  fleume,  aa  propre 
pituite,  humeur  visqueuse,  du  L.  phlegma 
(f>r//Kfic).  —  De  là  :  flegmatique,  fUy/ixTutôç, 
pK>pr.  pituiteux,  lymphatique,  fig.  d'un  ca- 
ractère froid,  calme.  C'est  le  sens  fig.  de  l'adj. 
qui  a  reflué  sur  celui  du  primitif  flegme,  dans 
sa  signification  de  calme,  tranquillité  d'âme. 
Du  grec  ^Xv/fià-fti,  inflammation  des  parties 
sous-cutanées,  vient  L.  phlegmone,  fr.  fleg- 
mon, 

FLET,  FLETAN,  aussi  fleton,  fietelet,  noms 
de  divers  poissons  plats  ;  de  la  racine  flat,  plat, 
voy.  flatir, 

1 .  FLIITBIR,  altéi^er,  corrompre,  diminuer 
la  force,  la  fraîcheur  ou  la  vivacité  naturelle 
d'une  chose,  fig.  déshonorer;  vfr.  flaistrir, 
dans  le  Berrichon  flatrir;  de  l'adj.  vfr.  flais- 
tre,  flestre^  fané,  décoloré,  qui  représente,  à 
l'avis  de  Diez  (peu  soutenable  selon  moi),  une 
forme  latine  flaccasier  (de  flaccus).  —  D.  flé- 
trissure. 

2.  FLÉTRIR,  marquer  d'un  fer  chaud,  vfr. 
flastrir,  flétrir.  C'est  une  variété  de  flatir  (r 
euphonique),  qui  ne  diffère  que  par  la  termi- 
naison du  terme  identique  flairer,  employé 
par  les  vétérinaires.  Le  verbe  dont  nous  par- 
lons est  distinct  du  précédent. — D.  flétrissure, 

FLETTE,  sorte  de  petit  bateau  de  rivière; 
d'après  Jal,  de  l'angl.  flat,  plat;  peut-être 
tient-il  à  l'anc.  flam.  vletten^  flotter. 

1.  FLEUR,  it.  flore,  esp.,  port.,  prov.  flor, 
du  L.  flos,  gén.  floris,  —  D.  fleurir  et  florir, 
L.  florere;  —  fleuraison,  aussi  floraison  (cp. 
feuillaison),  subst.  du  BL.  florare,  pousser 
des  fleurs;  —  fleuré,  bordé  de  fleurs,  BL.  flo- 
ratus ;  —  fleuri  =r  en  fleur;  —  fleuret,  it.  fio- 
retto,  épée  munie  d'un  bouton  garni  de  peau 
et  ressemblant  à  un  bouton  de  fleur;  aussi 
soie  tirée  de  la  bourre  qui  est  aux  environs 
du  cocon  et  qui  est  comme  une  fleitr  que  le 
▼er-à-soie  a  produite  avant  de  former  son 
ouvrage  ;  —  fleuron,  ornement  à  forme  de 
fleur,  un  des  éléments  de  l'ensemble  d'une 
couronne  ;  —  fleurette,  petite  fleur,  fig.  jolie 
petite  chose,  de  là  propos  galant,  cajolerie 
amoureuse*  —  fleuriste  (néolog.),  qui  cultive 
les  fleurs.  Do  fleur  de  lis  on  a  fait  le  verbe 
fleurdeliser.  —  Dans  la  locution  à  fleur  de, 
au  niveau  de,  sur  le  même  plan,  on  est  tenté 
de  rapporter  le  mot  fleur  à  l'ail,  flur,  terre- 
plein,  angl.  floor,  néerl.  vloer;  cependant, 
cette  expression  peut  aussi  se  déduire  du  sens 
superficie  attaché  parfois  à  fleur  (p.  ex.  ne 
contempler  que  la  fleur  des  objets);  l'italien 
dit  aussi  à  flor  d*acqua.  Voy.  aussi  affleurer, 
effleurer. 

2.  FLEUR,  au  plur.,  menstrues,  est  le  même 
mot  que  le  précédent;  on  a  comparé  les  mens- 
trae<«,  à  cause  de  leur  couleur  rouge,  à  une 
fleur.  L'explication  usuelle  par  flueurs  est 
démentie  par  le  BL.  flores  et  l'it.  fiori. 

TLEURDELISER,  voy.  fleur. 

FLEURIR,  flairer;  dérivé  du  subst.  vfr. 
fleur,  fleur,  odeur,  qui  est  =  lat.  flatùreni 
(ii.  fiatore),  lequel  explique  aussi  angl.  flavour. 


Voy.  Suchier,  Ztschr.,  I,  431.  —  Cette  étym., 
approuvée  par  G.  Paris  (Rom.,  VI,  629),  no 
l'est  pas  par  Cornu  (Rom.,  XI,  413),  qui,  lui, 
part  do  L.  fragrorem,  d'où  vfr.  flairur,  puis, 
Vr  étant  venu  à  tomber  par  dissimilation, 
flaieur,  devenu  plus  tard  fleitr,  fleur.  Pour 
ma  part,  je  trouve  l'effort  de  Cornu  inutile  et 
ne  vois  pas  pourquoi  l'ancienne  langue  n'a 
pas  pu  posséder  d'un  côté  flaieur,  fleeur, 
fleitr  de  flatôrem,  d'un  autre*  flairur  de 
fragrorem, 

FLEURET,  voy.  fleur. 

FLEURON,  voy.  fleur.  —  D.  fleurojDier. 

FLEUVE,  vfr.  fluie,  du  L.  fluvius.^Du.  L. 
flumen  la  langue  d'oïl  avait  fait  flun  =  prov. 
flum,  it.  flume. 

FLEXIBLE,  L.  flexihilis.  —  D.  flexilnlité. 

FLEXION,  L.  flexio  (flectere). 

FLIBOT,  petit  navire  de  flibustier,  esp.  fli- 
bote,  fllibote,  néerl.  vlieboot,  de  l'angl.  fly- 
boat,  litt.  vaisseau  volant  (cp.  flying  coach, 
diligence) 

FLIBUSTIER,  anc.  ftnbustier,  du  néerl. 
vrybuiter,  dan.  fribytter,  angl.  freebooter, 
ail.  freibeuter,  litt.  franc  butineur.  L'*  est 
intercalaire  comme  dans  fluste*  (flûte). 

FLIN,  du  vha.  flins,  ags.  angl.  flint,  silex, 
d'où  le  terme  (anglais)  flint-glass,  sorte  de 
cristal. 

FLIRTER,  coquetcr  ;  mot  nouveau  d'impor- 
tation anglaise  ;  to  flirt  est  expliqué  par  Bau- 
dry  (vu  la  prononciation  fleuri),  par  fr.  fieu- 
reter,  conter  fleurettes;  d'autres  le  rappro- 
chent de  l'ags.  fleurdjan,  nugari,  ou  de  l'ail. 
flirren,  flirtsen,  flirtschen,  faire  du  bruit, 
bourdonner,  voltiger. 

FLOG,  FLOCHE,  toufi'e  de  laine  ou  de  soie  ; 
aussi  traité  on  adj.  (*»  étoffe  floche  »•)  =  velu, 
velouté.  Du  L.  floccus,  m.  s.  (cp.  ail.  flocke, 
angl.  flock).  Voy.  aussi  froc.  —  D.  flocon, 
propr.  petite  touffe  do  laine. 

1.  FLOCHE,  subst.,  petit  morceau  de  laine, 
houppe,  voy.  floc. 

2.  FLOCHE  (dans  les  patois),  adj.,  mou,  it. 
fioscio,  esp.  floxo,  prov.  fluis,  du  L.  fluxus, 
pr.  fluide,  fig.  mou,  sans  force. 

FLOCON,  voy.  floc.  — D.  floconner,  flocon- 
7ieux. 

FLONFLON,  onomatopée. 

FLORAISON,  voy.  fleur. 

FLORAL,  L.  floralis  (flos).  Les  auteurs  du 
calendrier  républicain  ont  eu  recours  à  un 
type  florealis,  extension  de  floreus,  pour  eu 
âiire  un  nom  de  mois. 

FLORE,  nom  de  la  déesse  qui  présidait  aux 
fieurs  ;  on  en  a  fait  le  titre  des  ouvrages  ayant 
poiir  objet  la  description  des  plantes  et  des 
fleurs  d'un  pays. 

FLORISAL.  voy.  floral, 

FLORENCE,  FLORENTINE,  tafl'etas  léger; 
de  la  ville  de  Florence,  qui  elle-même  tire  son 
nom  des  campagnes  fleuries  qui  l'environnent. 

FLORES,  dans  «  faire  florès  »,  faire  deréclat, 
du  plur.  L.  flores,  fleurs. 

FLORILÈGE,  du  latin  moderne /fon7<^um, 
imitation  du  gr.  xv^olo/l^,  recueil  de  fleurs 
{fhres  légère). 


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FLU 


—  220  — 


FOI 


FLORIN»  it.  fioriiio;  les  premiers  florins, 
frappés  à  Florence,  portaient  une  fleur  de  lis; 
de  là  le  nom. 

FLORIR,  voy.  fleuHr. 

FLOSGULE,  ail.  floskd,  L.  flosculus  (flos). 

FLOT,  it.  fiotto,  frotto,  du  L.  flitctus,  m.  s. 
Dans  la  locution  «  être  à  flot  »,  le  mot  est  le 
subst.  verbal  de  flotter,  —  D.  flotter,  pr.  ba- 
lancer sur  les  flots. 

FLOTTE,  vfr.  flote,  signifiait  anc.  affluence, 
foule,  troupe  (<«  la  grande  flote  de  ses  larmes  n, 
«  une  flote  de  brebis,  flote  de  gens  *»),  signifi- 
cation conservée  dans  l'csp.  flota^  it.  flotta, 
frotta.  C'est  la  forme  féminine  de  flùt  (L. 
fluctus)  dans  son  sens  de  multitude,  abon- 
dance. Le  sens  moderne  du  mot  peut  aisé- 
ment se  déduira  du  sens  primitif  troupe, 
d'autant  plus  que  cette  troupe  était  flottante. 
Cependant  il  est  difiicile  de  méconnaître  une 
influence  des  idiomes  germaniques,  où  l'on 
rencontre  des  mots  similaires  signifiant  train 
de  bois,  radeau,  flotte.  L'acception  actuelle, 
groupe  do  navires,  ne  date  que  du  xvi*  siècle, 
dit-on.  Effectivement  ou  rendait  la  chose  au- 
paravant par  name,  naoirie  ou  cstoire  (BL. 
storium,  du  gr.  «toXo;). 

FLOTTER,  voy.  flot,  —  D.  floUe,  bouée; 
train  de  bois  flottant;  flottaison,  -abù. 

FLOU,  vfr.  flo,  floi,  flau^  mou,  mat,  sans 
vigueur;  dans  certaines  conditions  cependant, 
le  flou  peut,  en  peinture,  devenir  une  bonne 
qualité  ;  il  est  alors  opposé  à  dur,  sec.  Il  se 
peut  que  ce  flou  =  fondu,  tendre,  représente 
le  L.  fluidus.  Pour  l'autre,  les  formes  an- 
ciennes obligent  à  admettre  une  provenance 
du  néerl.  flauw  m.  s.  (angl.  flew,  ail.  raod. 
flau).  Pour  le  rapport  de  au  —  oi  —  o  —  ou, 
cp.  L.  paucus,  vfr.  pau,  pot,  po,  pou,  —  D. 
fliœt,  anc.  flouet, 

FLOUER,  voler,  duper;  étant  un  mot  po- 
pulaire, flouer  parait  être  un  doublet  de  /î/om- 
ter  (filou).  —  Boucherie  le  tire  trop  savam- 
ment du  lat.  fraudare. 

FLUCTUATION,  L.  fluctuatio  (fluctuare). 

FLUER,  L.  fliicre.  —  D.  fluant,  -ent, 
fluence;  cps.  affluer,  refluer.  Du  verbe  fluere 
viennent  en  outre  :  flueur,  L.  fluor,  et  les 
termes  de  chimie  :  fluate,  fluor,  fluorique, 
fluorure;  —  fluide,  L.  fluidus,  d'où  flui- 
dité, 

FLUET,  voy.  flou. 

1.  FLÛTE,  fluste*  (s  intercalaire),  instni- 
ment  à  vent,  contraction  du  vfr.  fiante,  fla- 
hute  (encoro  usuel  dans  les  dialectes),  aussi 
flahuste.  Do  flaiUe  le  prov.  a  fait  flauta,  d'où 
sont  tirés  esp.  flauta  et  it.  flauto,  mha.  jfloUe, 
nha.  flôte.  Le  primitif /faute  est  le  subst.  ver- 
bal du  verbe  vfr.  flaûter;  or,  celui-ci  s'est 
produit,  par  l'eflct  d'une  transposition,  de  flor 
tuer,  cp.  vfr.  veude  p.  vcdue,  prov.  teun  p. 
tenu.  Le  verbe  flaiuer,  à  son  tour,  est  un  dé- 
rivé du  subst.  L.  flatus^  souffle.  —  D'un  type 
diminutif  flautiolus  proviennent  les  formes 
prov.  flautol,  flaïUjol,  flaujol,  vfr.  fiageol, 
flajol,  conservé  sous  la  forme  diminutive  fla- 
geolet (v.  c.  m.).   —  On  peut  demander  si 


flùic,  dans  l'acception  verre  long  et  étroit 
(d'où  flûter,  boire  à  longs  traits),  n'a  pas  une 
autre  origine  que  le  nom  de  rinstrument  de 
musique  ;  Littré  écarte  ce  doute  en  faisant 
remarquer  qu'on  dit  flûter,  siffler  un  verre 
de  vin,  ce  qui  autorise  à  confondre  flûte  verre 
et  fliUe  instrument.  Ce  qui  permet  encore 
cette  confusion,  est,  me  semble-tril,  l'analogie 
du  terme  pipe  employé  comme  mesure  de 
liquide.  —  D.  flûter,  flûteur,  -iste. 

2.  FLUTE,  verre  à  boire,  long  et  étroit  (ail. 
flôtenglas),  voy.  l'art,  préc, 

3.  FLUTE,  espèce  de  bâtiment  de  charge, 
angl.  flûte,  bas-ail.  fleute,  néerl.  fluytschip; 
de  la  famille  du  verbe  ags.  fteotan,  fluere, 
fluctuare.  —  Roulin  tient  le  mot  germanique 
pour  emprunté  au  roman  ;  flûte  est  ss  vfr. 
fluste,  qui  est  ^,fuste  et  vient  de  l'esp.  fusta, 
sorte  de  navire  (=  L.  fustis,  bois). 

FLUVIAL.  L.  fluvialis  (fluvius). 

FLUX,  L.  fluxus  (fluere).  —  D.  reflux. 

FLUXION,  L.  fluxio  (fluere).  —  D.  fluxion- 
naire. 

FOARRE,  FOUARRE,  variété  de  feurre, 

FOC,  FOQUE,  t.  de  marine,  sorte  de  voile, 
«  nord,  focka,  ail.  focke,  hoU.  fbk, 

FOCAL,  du  L.  focus,  foyer. 

FŒTUS,  mot  latin,  aussi  feius,  =  embryon. 

FOI.  vfr.  feid,  fei,  L.  fides. 

FOIE,  vfr.  fie,  wall.  feùte,  fête,  it.  fégato, 
esp.  higado,  port,  ftgado,  prov.  fetge,  val. 
ficaJt,  du  lat.  ficatum,  s.  e.  jecur,  litt.  foie 
d'oie  engraissé  de  figues,  puis  foie  en  géné- 
ral. Par  l'usage,  l'expression  composée  fica- 
tum jecur  s'est  réduite  au  terme  ficatum  et 
l'accessoire  a  fini  par  l'emporter  sur  le  mot 
principal  (jecur).  Un  fait  analogue  se  pré- 
sente dans  trojanus  porcus,  d'où  truie,  dans 
seta  seritea  pr.  écheveau  de  soie,  d'où  soie, 
dans  réverbère  p.  lanterne  à  réverbère,  etc. 
Le  grec  moderne  a  de  même  réduit  l'expres- 
sion 9vxMrev  ^itKp,  traduction  du  L.  ficatum 
jecur,  à  vcxon,  qui  signifie  maintenant  foie.  Le 
souvenir  des  figues  n'existe  plus  que  pour  le 
linguiste  et  pour  le  lecteur  d'Horace  («  pingui- 
bus  et  ficis  pastumjetmr  anseris  albi  H,Sat.2, 
8,  88)  Ce  qui  est  à  noter,  c'est  le  déplace- 
ment de  l'accent  de  la  seconde  sur  la  première 
syllabe  :  ficatum  p.  ficatum,  —  Sur  les  dé- 
gradations successives  qu'a  subies  le  type 
ficatum  dans  le  domaine  roman,  surtout  à  la 
suite  du  déplacement  de  Faccent  (thèmes 
fcgaXo,  figido,  fldico),  voy.  G.  Paris,  Rom., 
VI,  132.  C'est  le  type  fidico  qui  a  créé  le  fr. 
fie  et  foie;  le  wallon  feûte  {eu  =  oi)  répond  à 
figido. 

FOIN,  ^'fr.  fain,  du  L.  fœnum,  fenum,  — 
Comme  interjection,  servant  à  exprimer  la 
répulsion,  Jaubert  tire  le  mot  de  fouin,  qui 
signifie  en  Berry  «  putois  »,  personne  qui 
pue.  Cela  reste  douteux. 

1.  FOIRE,  marché,  it.  fiera,  esp.  feria, 
port.,  prov.  feira,  angl.  fair  ;  du  L.  feria, 
ou  plutôt  du  pluriel  feriœ,  temps  de  fête,  de 
chômage.  On  sait  que  les  foires  coïncidaient 
avec  des  jours  fériés.  Comparez  en  ail.  messe, 


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FON 


221  — 


FON 


foire,  qui  est  identique  avec  messe,  messe, "et 
€iult,  m. s., du  BL.  induUum,  indulgence,  jour 
d'indulgence.  —  L'étymologie  L.  forum  n'a 
pas  de  valeur. 

2.  FOIRE,  norm.  foure,  flux  de  ventre,  du 
L.  foria,  m.  s.  —  D.  foirer,  -eur, 

FOIS,  vfr.  /îe,  prov.  vêts,  fetz,  it.  vece, 
esp.,  port,  ves,  du  L.  vicis  («  tribus  vici bus  » 
=  trois  fois).  Le  o  initial  s'est  durci  en  f  Voir 
aussi  le  mot  voie. 

FOISON,  Yfr.  fitison,  du  L.  fusio  (fundere), 
effusion,  profusion.  —  D.  foisonner. 

FOL,  FOU.  it.  folle,  v.  e.sp.  et  prov.  fol, 
angl.  fool,  BL.  folîus.  L'origine  du  mot  est 
le  L.  follere,  se  remuer  çà  et  là,  qui  vient 
du  subst.  L.  follts,  soufflet,  pr.  qqcli.  qui  est 
toujours  en  mouvement  de  va-et-vient.  Cette 
idée  de  mouvement,  de  ballottement,  était 
encore  propre  à  l'anc.  verbe  foler,  folier, 
errer  çà  et  là.  marcher  de  côté  et  d'autre, 
flotter,  puis  extravaguer,  errer,  mener  une 
vie  de  débauche  ;  elle  est  encore  sensible  dans 
it.  folletto,  prov.,  cat.  et  fr.  follet,  =  lutin, 
feu  follet  (cp.  alL  ^n•-/tc/l^pr.  lumière  errante). 
En  BL.  on  trouve  d'abord  Tadj.  follis, pnïs  fai- 
llis. —  D'autres  admettent  bien  comme  source 
le  L.  foUis,  soufflet  (vfr.  fou),  mais  ils  insistent 
moins  sur  l'idée  de  remuement  que  sur  celle 
de  gonflé  de  vent.  C'est  afl'aire  de  goût  ;  ils 
pourraient  avoir  raison,  seulement,  le  termes 
feu  follet  ne  s'y  prête  pas  aussi  bien.  —  D. 
follet,  V.  pL  h.  ;  folie,  probablement  un  subst. 
verbal  du  vfr.  foliei\  être  fou  (l'anc.  langue 
avait  encore  pour  folie  les  formes  folage, 
folour);  folâtre,  folichon;  affoler  (v.  c.  m.). 

FOLATRE,  de  fol,  fou.  —  \y.  folâtrer. 

FOLICHON,  de  fol;  cp.  harhichon,  corni- 
chon. —  D.  folichon) ICI' . 

FOLIE,  voy.  fol.  —  Quant  au  sens  «  maison 
de  tolérance  •  donné  parfois  à  ce  mot,  il  se 
peut  qu'il  soit  dû  à  une  confusion  avec  feiiil- 
lie;  cette  coiyecture  s'est  imposée  à  Littré 
X)ar  des  textes  du  moyen  âge  tels  que  :  «  foleia 
quse  erat  ante  domum  »,  «  folia  Joannis  Mo- 
relli  ». 

FOLIO,  ablatif  du  L.  /bZn^m,  feuille  ;  on  dit 
folio  3,  litt.  =  à  la  feuille  trois,  comme  on 
dit  numéro  3  p.  au  nombre  trois.  Do  là  folio- 
ter =5  numéroter  les  feuillets. 

FOLLE,  filet  à  larges  mmillcs,  du  L.  follis, 
pr.  poche  de  cuir,  puis  soufflet.  —  D.  follier, 
bateau  pour  pêcher  aux  folles. 

FOLLET,  voy.  fol. 

FOLLICULAIRE,  du  L.  folliculus  (follis), 
l .  petit  ballon  ;  2.  terme  de  mépris  pour  dési- 
gner un  écrit  sans  valeur.  —  Le  mot  ne  dé- 
rive pas  de  folium,  feuille,  pas  plus  que  le 
terme  de  botanique  follicule,  qui  signifie  pr. 
capsule,  pochette. 

FOMENTER,  L.  fomentare,  de  fomentum 
(p.  fovimentum,  subst.  de  fovere),  mpyen  de 
réchauffer,  calmant,  lénitif. 

FONCEAU,  petit  vallon,  d'un  type  latin 
fundicellus  (fundus). 

FONCER,  voy.  fond;  mettre  au  fond,  faire 
le  fond,  fournir  des  fonds.  Dans  les  patois  du 


Nord,  on  dit  foncer  p.  se  frayer  un  passage, 
pr.  s'enfoncer  dans  la  foule.  —  D.  foju:é, 
couleur  de  fond,  de  couleur  sombre  ;  foti- 
çcnllcs,  traverses  du  fond  d'un  lit  ;  composés  : 
enfoncer,  défoncer, 

FONCIER,  voy.  fond. 

FONCTION,  L  functio  (fungi).  —  D.  fotic- 
tionnaire,  fonctionnel,  fonctionner, 

FOND,  et  avec  conser\'ation  de  l'ancienne 
finale 5  du  nominatif,  fonds.  L'usage  a  nuancé 
la  signification  des  deux  formes.  Les  deux 
mots  répondent  au  L.  fundus,  fond,  base, 
fonds  de  terre,  domaine,  d'où  fundare,  fr. 
fonder.  —  La  fonne  fonds  a  communiqué  1'^ 
(devenu  c)  à  quelques  dérivés,  .savoir  :  foncer, 
prov.  fonsar;  foïicier,  qui  tient  au  fonds; 
en-,  défoncer.  On  remarque  un  r  intercalaire 
dans  le  dérivé  :  fondrer*,  aller  au  fond  (angl. 
founde^'),  d'où  fondiHm\  fondrière,  fondrilles, 
effondrei'  (v.  c.  m.).  — Dans  l'anc.  langue,  lu 
forme  dominante  était  fons,  tant  au  sujet 
qu'au  régime  ;  ce  n'est  que  plus  tard  qu'on 
établit  une  distinction  de  sens  entre  les  deux 
formes.  Voy.  mes  notes  sur  Jean  do  Condé, 
t.  I,  p.  459.  L'5  final  étant  considéré  comme 
radical,  le  dérivé  fonser*  foncei'  est  tout 
naturel. 

FONDAMENTAL,  du  L.  fundamentum  (fun- 
dare), fondement. 

FONDER,  angl.  found,  du  L.  fundare  (fun- 
dus).  —  D.  fondement,  L.  fundamentum; 
fondation,  L.  fundatio;  fondateur,  L.  fun- 
dator. 

FONDRE,  sens  actif  ec  neutre,  L.  fundere. 
La  filiation  des  sens  est  :  répandre,  d'où,  d'une 
part,  rendre  liquide,  mettre  en  fusion,  d'autre 
part,  verser,  renverser,  tomber,  se  précipiter. 
—  D.  fo7ite,  d'un  type  L.  fundita;  fondeur, 
-erie;  fondue;  fondis  et  fontis. 

FONDRIÈRE,  du  vieux  verbe  fondrer„  s'af- 
faisser, s'enfoncer;  voy.  fond. 

FONDRUiLES.  lie  qui  se  forme  au  fmid  des 
vases,  voy.  fond. 

FONDS,  voy.  fond. 

F0N6E  (en  médecine  fongus),  du  L.  fun- 
gus,  champignon. —  D.  foncer;  fongueux,  L. 
fungosus,  d'où  fongosité\  fongineux,  L.  fun- 
ginosus*,  extension  de  l'adj.  funginus. 

FONGIBLES  (choses),  L.  res  fungibiles  (Di- 
geste). 

FONGUEUX,  voy.  fonge, 

FONT,  source,  fontaine,  du  L.  fons,  fontis. 
Quoique  le  subst.  latin  soit  du  genre  mascu- 
lin, le  mot  français  n'en  est  pas  moins  du 
genre  féminin,  comme  le  prouvent  encore  une 
foule  de  noms  propres,  tels  que  Lafont,  Bel- 
le font,  la  Chaudefont,  Fonfrède  (fons  frigida). 
Dans  fonts  baptismaux,  qui  est  la  seule  appli- 
cation du  mot  qui  nous  soit  restée,  le  genre 
est  également  féminin,  car  l'expression  re- 
monte à  une  époque  où  les  adjectifs  en  al  ne 
distinguaient  pas  encore  les  deux  genres  (cp. 
lettres  royaux).  Bien  que  cela  ne  rentre  pas 
précisément  dans  notre  cadre,  nous  citons 
encore,  dans  la  catégorie  des  mots  latins  en 
ns  ou  rs,  les  changements  de  genre  suivants  : 
est  devenu  féminin  le  masculin  dens,  fr.  la 


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FOR 


222  — 


FOR 


(lent;  sont  devenus  masculins  les  féminins 
frotis,  le  froiit,  —  fflans,  le  gland^  —  ars^  le 
artf  —  sœ'Sf  le  sort,  —  D.  fonlainc,  L.  fon- 
tana*  (de  l'adj.  fontanus). 

FONTAINE,  voy.  font  —  D.  fontainier  et 
fontenier.  De  fontaine,  L.  fontana,  les  anato- 
mistes  et  les  chirurgiens  ont  tiré  le  dim.  fon- 
tanelle, litt.  =  petite  source;  cp.  aussi  l'ex- 
pression analogue  fonticule,  L.  fonticulus. 

FONTANELLE,  voj.  fontaine. 

F0NTAN6E,  nœud  de  ruban  à  la  coiffure 
des  femmes,  du  nom  de  la  duchesse  de  Fon- 
tanges,  une  des  maîtresses  de  Louis  XIV. 

1.  FONTE,  action  de  fondre,  voy.  fondre. 

2.  FONTE,  fourreau  de  pistolet  sur  le  devant 
d'une  selle;  p.  fonde,  du  prov.,  ital.  funda, 
poche  ;  prob  le  même  mot  que  fund4i,  fronde, 
qui  se  trouve,  dans  Macrobe,  avec  les  accep- 
tions de  valise,  sacoche.  Pour  le  changement 
de  d  en  t,  cp.  détnantibuler. 

FONTS,  voy.  font. 
FOQUE,  voy.  foc. 

1.  FOR,  it.  fwo,  esp.  /*m^o,  juridiction,  tri- 
bunal, du  L.  forum,  barreau. 

2.  FOR-,  préfixe,  voy.  fors. 

FORAGE,  terme  de  coutume,  im[)6t  sur  les 
denrées,  surtout  sur  les  vins,  du  BL.  forum, 
prix  des  marchandises.  Voy.  forfait  2. 

FORAIN,  it.  foraneo,  forano,  angl.  foreign, 
BL.  foraneus,  syn.  de  extrancus^  étranger, 
dérivé  de  l'adv.  L.  foras,  dehors.  Le  marcliand 
forain  est  un  marchand  qui  vient  du  dehors. 

FORBAN,  voy.  sous  ban. 

FORBOnUB,  anc.  »»  boire  avec  excès  {for, 
I)réfixe  de  lexcès).  Voy.  aussi  fourbu. 

FORÇAT,  forme  prov.  de  forcé;  voy.  force. 

1.  FORGE,  it.  forza,  esp.  fucrza,  prov. 
forsa,  BL.  forcia  p.  foriia.  Ce  subst.  est  soit 
un  dérivé  de  l'ac^j*  fortis  (cp.  BL.  faUia  de 
falsus),  ou  le  subst.  verbal  du  verbe  fortiare 
(qui  est  le  fr.  forcer),  verbe  formé  de  fortis, 
comme  BL.  graviare,  leviare  de grams,  levis. 
—  D.  forcer;  forçat,  autr.  aussi  forcé,  it. 
forsato,  esp.  forzado,  condamné  aux  travaux 
forcés. 

2.  FORGE,  ciseau,  voy  forces. 
FORCENÉ,  mauvaise  orthographe  pour  for- 

séné,  prov.  forsttwX,  it.  forsennaXo,  litt.  hors 
de  sens;  c'est  un  composé  de  for  (voy.  /b»**)  et 
le  vfr.  sen,  sens,  =  it.  senno,  v.  esp.  et  prov. 
sen.  Ce  mot  sen  est  le  vha.  sin  (ail.  mod.  sinn), 
sens,  .sentiment.  De  U  vfr.  sene',  prov.  sénat, 
sensé.  Anciennement  on  avait  aussi  un  verbe 
forcener,  forsencr  =  perdre  la  raison,  d'où 
les  subst.  forcènement,  mot  employé  par  Cor- 
neille, et  forcènerie. 

FORCEPS,  mot  latin,  signifiant  tenailles, 
pince. 

FORGER,  voy.  force  1.  Cps.  efforcer,  ren- 
forcer. 

FORGES,  grands  ciseaux,  it.  forbici,  du  L. 
forpices,  forp*ces  (plur.  de  forpex),  tenailles, 
ciseaux.  Cp.  Iierce'  herse  de  hirpex,  -icis. 
Diminutif  forcettes. 

FORGLORE,  it.  forchiudere,^  L.  forisciau- 
dere;  synonyme  de  exclure.  —  D.  forclusion. 


d  après  exclusion  ;  il  faudrait  strictement  for-- 
closion,  comme  éclosion.- 

FORER,  prov.  forar,  it.  forare,  du  L.  fo- 
rare,  percer.  —  D.  foret. 

FORESTIER,  voy.  f(yrêt. 

FORÊT,  fnrest',  it.  foresta,  esp.,  portug. 
florcsta,  prov.  forest.  l^es  documents  de  la 
basse  et  moyenne  latinité  portent  indiflFérem- 
ment  forestis,  forest e,  forestus,  forestum,  fo- 
resta, forasta.  On  désignait  par  là  le  bois 
soumis  au  dix)it  de  chasse,  mais  non  enclos 
(en  opposition  à  parcus,  bois  enclos,  parc), 
puis  aussi  les  viviers  de  poissons.  On  fait 
généralement  venir  le  mot  de  Tall.  forst,  m.  s., 
mais  c'est  lo  contraire  qui  parait  être  le  vrai. 
Pour  l'origine  de  forst,  et  par  là  de  forêt,  les 
primitifs  vha.  forahà,  pin  (ail.  mod.  fohre)  ou 
forahahi  (ail.  mod.  forchach),  bois  de  pins,  se 
présentent  fort  naturellement,  mais  on  ne  se 
rend  pas  compte  de  la  terminaison  en  est. 
Abandonnant  la  dérivation  germanique,  on 
s'est  adressé  au  L.  foris  ou  foras  (notez  qu'on 
trouve  à  la  fois  les  formes  BL.  foresta  et  fo- 
rasta), eij  se  fondant  sur  un  adj.  forasticus  = 
exterior,  cité  par  le  grammairien  Placidus, 
et  formé  à  la  façon  de  cras-tinus,  rus-ticus. 
La  forme  forasticus  aurait  été  écourtée  en 
forastis,  forestis,  et  signifierait  un  lieu  mis  à 
part,  prohibé,  réservé  pour  la  chasse  ou  la 
pèche.  A  l'appui  de  cette  manière  de  voir, 
Diez  rappelle,  pour  justifier  la  supposition 
d'un  acyectif  tiré  do  foras,  l'it.  forastico,  sicil. 
furestico,  prov.  foresgue,  cat.  feresteg,  sau- 
vage, rude,  puis  vaudois  forest,  it.  forestière, 
étranger,  qui  se  rattachent  sans  aucun  doute 
à  l'adv.  foris  ou  foras.  La  signification  spé- 
ciale «  bois  réservé  •♦  s'est,  avec  le  temps,  géné- 
ralisée, comme  il  arrive  souvent,  et  forêt  est 
devenu  synonyme  de  bois.  —  D.  forestier; 
C7iforester  =  planter  en  bois. —  Grimm,  au  mot 
forst,  s'attache  à  démontrer  l'origine  germa- 
nique du  BL.  forestis  et  tient  ce  terme  pour 
un  vocable  introduit  en  France  par  les  Francs, 
n  insiste  surtout  sur  ce  que  l'extension  du  sens 
primitif  «  bois  de  pins  »  en  celui  de  bois  en 
général  se  présente  encore  dans  le  slave  bor 
(correspondant  de  l'ail,  fohre)  =*  pinus  et 
silva.  Aussi  le  mha.  tan,  pr.  bois  de  sapin,  a 
signifié  bois  en  général. 

FORFAIRE,  anc.  it.  fœ-fare,  prov.  forfar, 
BL.  foris  facere,  ofiendere,  nocere,  litt.  faire 
hors  de  (c.-à-d.  contre)  son  devoir.  Ancienne- 
ment on  construisait  forfaire  avec  le  datif  de 
la  personne;  on  disait  aussi  *^ /br/atre  envers 
qqn.  (cp.  ^-fr.  se  mes  faire  vers  qqn.).  Avec  Tacc. 
de  la  chose,  le  verbe  signifiait  «  se  rendre  indi- 
gne, se  priver  de  la  possession  d'une  chose 
par  quelque  forfait  »» ,  p.  ex.  forfeire  son  fief,  de 
même  en  mha.  ver-u>urhen  (auj.  vervnrhen), 
ags.  foi'-vyrcean.  Ces  analogies  me  suggèrent 
la  remarque  que,  selon  mon  sentiment,  le  pré- 
fixe roman  for,  tout  en  se  rattachant  au  L.  fo- 
ris, doit  avoir  été  apphqué  sous  Tinfluence  du 
préfixe  germanique  goth.  fair,  fra,  vha.  far, 
fir,  fer,  mha.,  nha.  et  néerl.  ver,  ags.,  nord, 
et  angl.  for.  Les  idées  se  correspondaient.  On 
ne  saurait  contester  les  influences  germaniqo^ 


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FOR 


223  — 


FOS 


quont  subies  même  les  éléments  latins  de  la 
langue  française.  —  D.  forfait^  BL.  forisfac- 
tum,  forfaiture,  BL.  forisfactura. 

1.  FORFAIT,  crime,  voy  forfaire. 

2.  FORFAIT,  dans  •*  vendre  ou  acheter  à 
forfait  »,  à  forfait  est  une  concrétion  de  à  for 
fait,  c.-à-d.  à  prix  fait.  Ce  for  -=  prix  est  le 
L.  forum  (marché),  qui,  au  moyen  âge,  signi- 
fiait •*  pretium  rerum  venalium  ».  (voy.  plus 
loin  fur).  Cette  étymologie  n'est  pas  mention- 
née par  Littré  ;  mais  il  en  présente  une  autre, 
qui  pourrait  l'emporter.  Dans  un  texte  du 
XVI®  siècle,  on  trouve  la  forme  retournée 
fayfort,  d'où  il  conclut  que  forfait  vient  de 
se  faire  fort  de,  s'engager  à. 

FORFANTERIE,  hâblerie.  Ce  mot  n'est  pas, 
comme  l'ont  avancé  quelques-uns,  l'it.  fur- 
faniaria,  dérivé  de  l'it.  furfante,  qui  signifie 
tout  autre  chose,  savoir  coquin,  fripon;  j'ai- 
merais mieux  y  voir  un  dér.  de  l'esp.  farfante, 
rodomont,  ou  d'un  type  foris-fari,  parler  avec 
excès.  Mais  d'autres  explications  se  présen- 
tent. En  wallon,  for  font  veut  dire  prodigue, 
beau,  magnifique,  et  Grandgagnage  y  voit  le 
part.  prés,  du  verbe  wall.  forfer  (=  fr.  for- 
faire), dépenser,  cp.  ail.  ver-thun.  De  l'idée 
prodigue,  magnifique,  &  celle  de  hâbleur, 
vantard,  la  transition  est  facile.  Un  autre 
mot  wallon  encore  se  rapproche  beaucoup 
du  sens  et  de  la  forme  de  forfanterie  :  c'est 
fortantise,  fanfaronnade;  forvanter,  c'est  se 
vanter  outre  mesure  On  pourrait  fort  bien 
admettre  une  dégénérescence  de  forcanterie 
en  forfanterie  amenée  par  l'influciice  de  Vf 
initial.  On  a  bien  fait  fois  de  vicem,  Littré  se 
prononce  pour  l'origine  italienne,  en  allé- 
guant que  le  sens  italien  se  trouve  dans  les 
exemples  du  xvi"  siècle  qu'il  a  cités  et  que  le 
passage  du  sens  coquinerie  au  sens  actuel  ne 
doit  pas  faire  difficulté. 

FORGE,  FORGER,  voy.  fabrique.  —  L'esp. 
a  fofja  et  forjar,  mais  l'a  s'est  conservé  dans 
le  prov.  farga,  fargar  et  dans  le  nom  propre 
La  Farge.  —  D.  forgeron  (cp.  bûcheron, 
vigneron). 

FORIÊRB,  terme  d'agriculture,  =  terre 
qui  forme  la  ceintiu'e  des  champs,  aussi 
lisière  d'un  bois.  Nous  pensons  avec  Grandga- 
gnage que  ce  mot  représente  un  type  latin 
foraria,  de  foras,  en  dehors.  D'auti<es,4ui 
prêtant  le  sens  de  pâturage,  le  placent  dans 
la  famille  de  fourrage,  fourrier  (voy.  feurre). 

FORJSTy  subst.  verbal  de  forjeter;  voy. 
fors. 

FORLIGNER,  dégénérer,  litt.  aller  fors  (c- 
â-d.  hors)  de  \sl  ligne  (=^  lignage). 

FORLONGER,  s'éloigner;  voy.  fors. 

FORME,  L.  forma.  —  D.  former,  L.  for- 
mare,  formateur,  -ation,  L.  formator,  -atio; 
format,  L.  formatum  ;  formel,  L.  formalis  ; 
formule,  L.  formula. 

FORMEL  et  formai,  L.  formalis.  De  là  : 
formalité,  formalisme,  -iste;  se  formaliser, 
pr.  s'attacher  aux  formalités,  et  s'offenser 
quand  on  les  croit  négligées. 

FORMIGANT,  -ATION,  du  L.  formicare 
(Pline  :  venarum  formicans  percussas,  pouls 


petit,  qui  ne  donne  que  la  sensation  d'un  four- 
millement). 

FORMIDABLE,  L.  formidabilis  (de  formi- 
dare,  redouter,  fomiido,  crainte). 

FORMULE,  L.  formula  (forma).  —  D.  for- 
mulaire,  L.  formularium  ;  fonnnler. 

FORNIQUER,  L.  fomicarc  (de  fornix,  pr. 
voûte,  puis  mauvais  lieu).  —  D.  fomicateur, 
-ation,  L.  fornicator,  -atio. 

FORS,  hors  ;  cette  préposition,  correspon- 
dant à  it.  fuori,  fuora,  esp.  /i««*a(anc.  fueras), 
prov.  foras,  fors,  est  l'adv.  latin  foras  ou 
foris,  qui  est  venu,  dans  les  langues  néola- 
tines, se  substituer  au  latin  classique  extra. 
La  fonne  fo^'s  n'est  plus  d'usage  depuis  le 
XVI''  siècle;  mais  tout  le  monde  connaît  lé 
mot  de  François  l*'',  après  la  bataille  de 
Pavie:  ••  tout  est  perdu,  fors  l'honneur  ».  Par 
le  changement  de  l'aspirée  labiale  en  aspirée 
pure  —  changement  fréquent  en  espagnol  et 
en  valaque,  rare  en  français  (cp.  vfr.  haroucc 
p.  farouche,  wallon  horbi  p.  fourbi)  —  fors 
est  devenu  hors.  —  Le  fr.  fors,  avec  retran 
chement  de  15  final,  a  été,  comme  le  L.  extra, 
employé  comme  préfixe;  il  exprime  comme 
tel  exclusion,  écart,  abandon  de  la  ligne 
tracée,  excès.  Il  devient  ainsi  souvent  syno- 
nyme du  préfixe  mes,  mé.  Voici  les  prin- 
cipales de  ces  compositions,  dont  plusieui*s 
appartiennent  au  vieux  langage  :  forbannir 
(voy.  ban),  forboire  (voy.  fourbu),  forcené  (v. 
cm.);  forclore,forconseiller,  mal  conseiller, 
forcompte  =  mécompte,  forfaire  {y.  c.  m.), 
forhuer,  sonner  du  cor  pour  rappeler  les 
chiens,  fotjeter  (se),  sortir  de  l'alignement, 
fofjuger,  mal  juger,  aussi  débouter  qqn.  de 
son  droit,  forlancer,  lancer  une  bête  hors  de 
son  gite,  forligner,  dégénérer,  forlonger, 
traîner  en  longueur,  formarier,  se  mésallier, 
forpaiser,  anc.  forpaïser,  quitter  son  gite, 
forpattre  (d'où  forpaisson)^  chercher  sa  nour- 
riture loin  de  son  gîte,  fortraire,  faire  sortir, 
soustraire,  aussi  excéder  de  fatigue,  forvoyer, 
auj.  fourvoyer  (v.  c.  m.),  forvâtu  (orthogr. 
vicieuse  fort- vêtu),  vêtu  hors  de  sa  condition, 
au  delà  de  ses  moyens. 

FORT,  adj.  et  adv.,  L.  fortis.  —  D.  fort 
(subst.)  =  place  fortifiée,  dim.  foi'tin;  forte- 
resse, vfr.  fortelesse,  prov.  fortalessa,  esp. 
fortaieza,  du  BL.  fortalitia,  arx,  castrum  ; 
force  (v.  c.  m.);  adv.  fortement. 

FORTE,  t.  de  musique,  de  l'it.  forte,  avec 
force;  au  superlatif /br(t»5imo. 

FORTERESSE,  voy.  fort. 

FORTIFIER.  L.  /<>r<i7?carc  (rendre  fort).— 
D.  fortification. 

FORTIORI  (A),  foi*mule  latine,  à  plus  forte 
raison,  litt.  •*  en  partant  d'  [im  argument] 
plus  fort  ». 

FORTRAIT,  de  fortraire,  voy.  fors. 

FORTUIT,  L.  fortuitus{îovs). 

FORTUNE,  L.  fortuna  (fors).  —  D.  infor- 
tune, L.  infortunium  ;  fortune,  L.  fortunatus, 
opp.  infortuné. 

FOSSE,  creux  dans  la  terre,  L.  fossa  (part, 
passé  de  fodere,  creuser).  —  D.  fossette,  dim.  ; 
fossé,  vfr.  fosset,  prov.  fossai,  it.  fossato,  BL. 


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FOU 


—  224 


FOU 


1 


fossatum,  du  partie,  latin  fossatus  do  fossare 
(fossa),  faire  une  fosse  ;  fossoyei\  d'un  type 
fosstcare, 

FOSSÉ,  fosse  creusée  en  long,  voy.  fasse, 

FOSSILE,  L.  fossilis,  ^T.  enifoui  dans  la 
t«rre  {fossum,  supin  do  foderc).  —  U.  se  fos' 
sUiser. 

FOSSOIR,  L.  fossorium*,  instrument  à 
creuser  (de  fossum,  supin  de  fodere). 

FOSSOTER,  voy.  fosse.  —  D.  fossoyeur. 

1.  FOU,  adj.,  voy.  fol, 

2.  FOU,  au  jeu  d'échecs,  du  persan  /?/, 
éléphant  (dans  l'ancien  jeu,  le  fou  était  figuré 
par  un  éléphant).  Avec  l'article  a/,  le  mot  fil 
a  donné  l'esp.  al  fil,  arfil,  port.  a//î/,  arfir, 
it.  alfido,  aussi  al fiei^e,  vfr.  aitfin,  BL.  dlpki- 
nus.  Pour  fil  devenu  fou,  cp.  fougèi^e  de  fili- 
carius.  D'abord  fil  a  donné  feu;  la  mutation 
en  fou  se  présentait  d'autant  plus  naturelle- 
ment que  l'on  y  voyait  une  allusion  aux  fous 
de  cour.  Les  Anglais  nomment  la  pièce  que 
nous  désignons  par  fou  bishop  (évoque)  ;  les 
Allemands,  lûufer  (coureur), 

3.  FOU,  nom  du  hêtre  en  vfr.  et  dans  plu- 
sieurs patois,  variété  de  fau.  Du  L.  fagus, 
hêtre.  Voy.  aussi  fouet. 

FOUACE,  dans  le  Midi  aussi  fougasse,  sorte 
de  pâtisserie  en  forme  de  galette,  =  it.  fccac- 
cia,  esp.  hogasa,  BL.  focacia,  panis  sub 
cinere  coctus;  du  BL.  focus,  feu. 

FOUAGrE,  BL.  focagium,  census  pro  singu- 
lis  vassallonim  focis,  redevance  .sur  les  feux. 

FOUAILLE,  t.  de  vénerie, curée,  Bh,  focale; 
le  mot  vient  du  feu  (focus)  sur  lequel  cette 
curée  se  fait. 

FOUAILLER,  voy.  fouet.  —  Dans  le  sens 
«  détruire  par  l'artillerie  »,  ce  verbe  vient  de 
focus,  feu,  et  signifie  pr.  brûler. 

1.  FOUDRE,  prov.  foldre,  folzcr,  du  L. 
fulgur  [d^oxx  d'abord  foire,  foUlrej,  it.  folgore. 
—  D.  foudroyer  (cp.  L.  fulgurirc,  part,  ful- 
guritus,  =  foudroyé). 

2.  FOUDRE,  dans  «  foudre  de  vin  »,  de 
Tall.  fuder,  flam.  voeder,  pr.  charretée,  puis 
mesure  de  c<ipacité, 

FOUDROYER,  voy.  foudre  \. 

1.  FOUEE,  chasse  aux  petits  oiseaux,  à  la 
clarté  du  feu  ;  de  focus,  feu. 

2.  FOUÉE,  feu  pour  chauffer  un  four  ;  de 
focus,  feu. 

3.  FOUÉE,  fagot,  petite  provision  de  bois 
à  brûler  ;  également  de  focus,  foyer,  feu  ;  en 
partant  du  sens  de  ramée,  on  pourrait  aussi 
bien  y  voir  un  dérivé  de  fou,  hêtre  (v.  c.  m.). 

FOUET,  diminutif  de  fou,  hêtre  ;  à  l'origine 
=  faisceau  de  verges,  acception  encore  pro- 
pre au  mot  dans  le  Hainaut  ;  de  là  s'est  déve- 
loppé le  sens  baguette,  verge  pour  frapper. 
Du  radical  fou  vient  encore  fouaille{GTi  cham- 
penois =r  fagot,  botte),  d'où  fouailler,  verge- 
tcr.  —  Un  autre  dérivé  analogue  do  fagus 
est  fouenne  p.  faine,  =  L.  fagina.  — D. 
fouetter. 

FOUGASSE,  t.  de  guerre,  de  focus,  feu. 

FOUGER,  du  L.  fodicare,  fod:care.  —  D. 
fouge. 


FOUGÈRE,  anc.  feugè^'e,  feuchih^,  walL 
fechère,  du  L.  filicaria',  dér.  de  filix,  filici.s 
(type  de  l'it.  felce).  —  D.  fougeraie. 

FOUGON,  prov.  fougon,  it.  foconc,  cuisine 
de  vaisseau,  de  focus,  foyer. 

FOUGUE,  directement  de  l'it.  foga,  ardeur. 
Ce  dernier  (dans  la  Romagne  et  à  Crémone 
fuga)  est  le  L.  fuga,  fuite,  précipitation, 
zèle  ;  cp.  esp.  fuga,  vivacité.  Pour  admettre 
une  dérivation  de  focus,  feu,  chaleur,  il  fau- 
drait en  it.  la  forme  fuoca  ou  fuoga,  —  D. 
fougueux. 

FOUILLER,  du  L.  fodiculare*,  diminutif 
de  fodicare (y oy.  fouger). —  D.  fouille,  subst. 
verbal;  fouillis  {\a  terminaison  is  marque  ici, 
comme  ailleurs,  le  résultat  de  l'action). 

1 .  FOUINE,  martre  des  hêtres,  vfr.  fayne 
(en  rouchi  ftoène,  florène,  wallon  faioeine), 
it.,  prov.  faina,  cat.  fagina,  n.  prov.  fa- 
guino,  fahino,  BL.  fagina;  l'esp.  fuina  ost 
un  emprunt  au  français.  D'après  Adelung,  de 
l'ags.  fag,  fah,  ail.  feh,  fech,  adj.,  de  couleur 
bigarrée  (également  nom  d'une  espèce  d'écu- 
reuil) ;  mieux  vaut  rapporter  le  mot.  dans  ses 
diverses  formes,  à  L.  fagus,  hêtre,  fr.  fou,  par 
l'adjectif /*a^i«i<5.  Nous  avons  déjà  rencontré 
ag  converti  en  ou  dans  fou,  hêtre,  et  fouet. 
—  D.  fouiner,  s'esquiver  comme  la  fouine; 
peut-être  aussi  le  genevois  fouiner,  rouchi 
fongner,  fouiller  (la  terre),  cp.  fureter  de 
furet. 

2.  FOUINE,  espèce  de  fourche  pour  éle- 
ver les  gerbes  en  tas,  espèce  de  trident  pour 
percer  les  gros  poissons,  prob.  d'un  type 
fodina,  de  fodere,  creuser,  fouiller;  selon 
Littré,  du  L.  fuscina,  trident,  par  fiisne, 
foaie,  fouine  (filiation  de  formes  peu  proba- 
ble). 

FOUIR,  du  L.  fodere  (cp.  p.  la  finale,  L. 
tradere,  fr.  traïr'  ti^ahir). 

FOULARD,  nom  d'un  taffetas  des  Indes  ;  le 
mot  est-il  oriental,  ou  vient-il  do  fouler  f 

FOULE,  it.  folla,  fola,  esp.  folla,  pr.  == 
presse,  dérivé  de  fouler,  presser.  Cp.  it. 
calca,  m.  s.,  du  L.  calcare,  fouler. 

FOULER,  it.  follarc,  esp.  hollare,  prov. 
folar,  d'un  verbe  latin  inusité  fullare,  à  sup- 
poser d'après  le  subst.  fuUo.  —  D.  foule, 
grande  multitude  (v.  c.  m.j;  le  sens  primi- 
tif presser,  fouler,  est  encore  sensible  dans 
cette  phrase  :  «  Les  impôts  sont  la  foule 
des  habitants  de  cette  province  »•  ;  ainsi  que 
dans  -  la  foule  des  draps  »;  —  foulon,  it. 
follone,  L.  fullo,  -onis,  —  foulcur,  -erie,  'Oir, 
'ure.  —  Cps.  refouler.  —  L'anc.  verbe  affo- 
ler, blesser,  a  été  lire,  par  Diez,  de  notre  fou- 
ler; mais  cette  manière  de  voir  n'est  plus  ad- 
mise ;  voy.  affoler. 

FOULQUE  (cacographie  moderne  p.  fougue), 
genre  d'oiseau  aquatique,  prov.  folca,  it.  /b* 
lega,  du  L.  fulica.  —  De  là  prob.  fouquet, 
hirondelle  de  mer  (v.  c.  m.). 

FOUPIR,  vfr.  feupir,  chiffonner,  friper;  du 
vfr.  felpe,  friperie  (cp.  norm.  feupes,  mauvais 
vêtements);  felpe  est  une  forme  variée  de  ferpe 
(voy.  fripe). 


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FOU 


—  225  — 


FOU 


FOUQUET,  1 .  hirondelle  de  mer,  2.  ancien 
nom  vulgaire  de  récurenil.  Liihé  :  «  dimin. 
de  Foulque,  nom  propre  ;  les  noms  propres 
sont  plus  d'une  fois  devenus  des  noms  d'ani- 
maux. »  Le  premier  sens,  toutefois,  ne  s'ac- 
commoderait-il pas  mieux  de  l'étymologie 
foulque  (v.  c.  m.)*  Quant  au  sens  écureuil,  je 
ne  le  trouve  pas  consigné  dans  Godefroy. 

FOUR,  vfr.  for,  fœm,  prov.  fœm,  du  L. 
fumus.  —  D.  fourneau,  fomeV,  it.  forneUo; 
fournée,  -âge,  foumier,  L.  furnarius,  bou- 
langer; fournil,  verbe  enfourner,  defourner, 

FOURBE,  adj.,  it.  furbo,  du  verbe  fourbir; 
cp.  polisson,  dépolir  (voy.  aussi  le  mot  filou). 
C'est  par  une  métaphore  semblable  que  le 
grec  a  produit  les  expressions  iiiroifjLfiot, 
ntplrpi/iiioi,  homme  rusé,  fin,  du  verbe  rpl^tiv, 
frotter.  —  D.  fourbe  (subst.),  fourber,  four- 
berie, —  L'étymologie  tirée  du  L.  furvus, 
noir,  sombre,  admissible  au  besoin  quant  à 
la  lettre,  se  refuse  pour  le  sens. 

FOURBIR,  angl.  furbish,  it,  forbire,  prov. 
forbir,  du  vha.  furban,  nettoyer,  frotter.  — 
p.  fourbe  (v.  c.  m  ). 

FOURBU,  forbu,  part,  passé  de  l'anc.  verbe 
for-boire,  boire  outre  mesure  ou  hors  de  sai- 
son; de  là  le  subst.  fourbure,  La  maladie  des 
chevaux  ainsi  nommée  exprime  pr.  un  rhu- 
matisme provenant  d'avoir  bu  en  état  d'échauf- 
fement.  Cette  définition  n'est  plus  satisfaisante 
aujourdliui;  mais  notre  étymologie  n'en  est 
pas  moins  valable,  elle  se  rapporte  à  une  pre- 
mière représentation  de  la  chose. 

FOURCHE,  prov.,  it.  força,  angl.  fork,  du 
L.  furca, — D.  fourchet,  fourchette,  fourchon, 
fourchu,  fourcher,  enfourcher.  Le  latin /"«rca 
est  en  outre  le  primitif  do  fourgon  1 .  outil  do 
boulanger,  2.  chariot  à  fourche  (it.  forcone, 
esp.  hurcone/,  ainsi  que  de  fourcat,  terme  de 
marine,  «»  varangue  dont  les  branches  font 
la  fourche.  L'ancien  fr.  avait  aussi  un  verbe 
furgier,  remuer,  fouiller  avec  une  furca  ou 
qqch.  de  semblable  (furgier  les  dents,  les  cu- 
rer); cp.  rit.  frugare  (p.  furgare),  fouiller, 
sonder. 

FOURCHE-FIÊRE,  fourche  à  deux  dents; 
Darmesteter  repousse  avec  raison  l'explication 
de  fiere  par  ferra  (de  fer);  il  ne  peut  s'agir 
que  dé  fe^'us  (fier)  au  sens  de  fort. 

FOURDAIKE,  nom  vulgaire  du  prunellier. 
En  vfr.  et  dans  les  patois,  fourdine  signifie  le 
fruit  de  l'épine  noire  ou  du  prunier  des  haies  ; 
Nicot  écrit  fourdrine,  Cotgrave  de  même.  — 
Cachet  cite  du  Roman  de  Perceval  :  «  si  œl 
furent  noir  comme  fordino.  •  Quant  à  l'éty- 
mologie, nous  n'en  .savons  rien." 

FOURGON,  voy.  fourche.  —  D.  fourgonner, 
remuer  avec  le  fourgon. 

FOURMI;  ce  mot  était  autrefois,  et  est 
encore  dans  les  patois,  du  genre  masculin  et 
répond  à  un  type  latin  formicxts  (cp.  fétu  de 
festucus  p.  festuca).  Le  féminin  fonyiica  a 
donné  l'ancienne  forme  formie,  fourmie.  — 
D.  vfr.  formier,  =  L.  formicare;  fourmiller, 
d'un  type  fœ^miculare;  subst.  fourmilier, 
four^nilih'e=^foYm\c\\\;xvi\\s,  -ia;  fourmilion. 
Composé  fourmi-lion;  le  terme  savant  est 


myrmèleon  (les   LXX   ont  fjL\jpfi'ijï(oUoi'j,    de 
IxùpfXYj^t  fourmi,  et  iiwv,  lion). 

FOURMILLER,  voy.  fourmi,  1.  abonder; 
2.  démanger  (cp.  L.  foi'micarc;  voy.  aussi 
démanger,  où,  à  propos  de  la  citation  du  L. 
terminare,  nous  aurions  encore  pu  citer  l'esp. 
giisanear,  m.  s.,  dogusano,  ver). 

FOURNAISE,  prov.  fornas,  it.  fm-nace, 
esp.  hornaza,  du  L.  fornas,  -acis  (furnus). 

FOURNEAU,  FOURNIER,  FOURNIL,  voy. 
four. 

FOURNIR,  angl.  furnish,  it.  fornire  (aussi 
fronire,  fruniré),  esp.,  port.,  prov.  fornir.  Kn 
prov.  on  trouve  aussi  formir,  furmir,  au  sens 
d'achever,  exécuter,  satisfaire;  c'est  sans 
aucun  doute,  observe  Diez,  le  même  mot  que 
foi-nir,  fornire,  puisque  ce  dernier  a  une  va- 
leur identique  en  it.,  en  esp.  et  même  en 
français  II  faut  donc  admettre  soit  un  dian- 
gement  de  m  en  n  ou  de  n  en  m,  ce  qui  des 
deux  manières  est  rare  dans  le  corps  des 
mots.  Une  forme  accessoire  du  prov.  formir, 
savoir  fromir,  étant  prise  pour  la  plus  an- 
cienne, Diez  est  amené  à  poser  pour  source 
de  notre  mot  le  vha.  frumjan,  mettre  en 
avant,  faire  avancer,  accomplir,  produire. 
Donc  frumjan  —  fromir  —  formir  —  fornir 
—  fournir.  Cette  dérivation  est  certainement 
plus  plausible  que  celle  du  président  de 
Brosses,  qui  pensait  à  furnus,  four.  •  Après 
que  la  farine  est  cuite  au  four,  dit-il.  le  pain, 
aliment  nécessaire,  est  la  principale  provi- 
sion dont  on  a  soin  de  fournir  sa  maison. 
Mais  on  généralise  cette  expression  fournir. 
On  l'emploie  pour  apporter  des  provisions 
quelconques,  se  pourvoir  de  quelque  chose 
que  ce  soit.  »  —  D.  fournissement  (la  forme 
fourniment  est  analogue  à  garnimcnt,  gar- 
nement, anc.  équipement),  fournisseur,  four- 
niture. 

FOURRAGE,  voy.  feurre.  —  D.  verbe  four- 
rager, acy.  fourragère, 

FOURREBUISSON,  nom  d'oiseau;  selon 
Meunier  =  qui  fourre  (c.-à-d.  qui  fourrage), 
le  buisson.  Pour  l'anc.  verbe  fourrer  (it.  fode- 
rare,  esp.  forrar),  voy.  sous  feui^e, 

FOURREAU,  vfr.  forrelT,  BL.  f(yrellus,  dé- 
rivé du  vfr.  fuerre,  fœ^re,  gaine,  fourreau  (it. 
fodero,  esp.  forro),  d'où  aussi  le  verbe  fourrer, 
doubler,  prov.,  cat.  folrar,  esp.,  port,  forrar, 
it.  foderare.  —  Le  primitif /(Wt«,  fuerre,  re- 
présente le  goth.  fodr,  vha.  fuotar  (ail.  mod. 
futte^'),  gaine,  enveloppe,  doublure,  pr.  chose 
qui  contient. 

FOURRER,  voy.  fourreau.  Ce  verbe  exprime 
1 .  garnir,  doubler,  envelopper,  2.  mettre  une 
chose  dans  une  autre,  introduire. — D.  fourré 
d'un  bois,  endroit  où  ce  bois  est  très  garni, 
très  épais;  fourreur;  fourrure,  BL.  forratura. 
FOURRIER,  BL.  fodranus,  deforre,  feurre, 
voy.  feurre.  Les  fourriers  étaient  d'abord  des 
officiers  chargés  des  fourrages  et  de  l'appro- 
visionnement. —  Le  même  primitif  forre, 
fourrage,  nourriture,  a  donné  fourrière,  dans 
••  mettre  un  cheval  en  fourrière  »»,  et  fourrière, 
lieu  où  l'on  renferme  les  provisions. 
I        FOURRIÈRE,  voy.  fourrier. 


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FRA 


226 


FRA 


FOURRURE,  prov.  folradura,  voy.  fourrer. 

FOURVOYER,  forvoyer\  «  mettre /f>rà'  ïa 
voie^  éfçarer,  induire  en  erreur. —  D.  fouj'voi. 
FOUTEAU,  nom  vulgaire  du  hêtre.  Selon  Lit- 
tré,  du  L.  faffus,  vfr.  fou,  fo,  feu,  par  un  type 
fagitelhis.  Ce  type  est  inadmissible;  mieux 
vaut,  avec  Diez,  voir  àansfouteau  une  variété 
de  forme,  avec  t  intercalaire,  du  rouchi  foiau 
{==:  fagdlus'),  A  l'appui  de  cette  explication, 
on  peut  citer  le  norm.  foutille,  faine.  Pour 
l'emploi  du  t  dans  un  but  de  dérivation,  cp. 
cloutier  de  clou,  feutier  de  feu,  —  D.  fou- 
telaie. 

FOYARD.  hêtre,  dér.  de  fou  =  L.  foffus; 
cp.  en  picard  foyau. 

FOYER,  prov.  foguier,  du  BL.  focarium, 
dérivé  du  L.  focus,  foyer  (en  BL.  =  feu). 

FRAC,  ail.  fi^ack,  polon.  frac.  Mot  d'origine 
obscure. 

FRACAS,  subst.  verbal  de  fracasser, 

FRACASSER,  it.  fracassare,  esp.  fraïasar. 
Ce  mot  a  probablement  pris  naissance  en 
Italie,  et  doit  s'analyser  par  fra-cassare,  litt. 
opérer  une  brisure  au  beau  milieu  d'une 
chose,  la  briser  en  morceaux  (cp.  une  compo- 
sition analogue  dans  le  L.  inie^-rumjiere ;  it. 
fra  =  infra  a  la  môme  valeur  que  L.  inter). 
D'autres  ont  pensé  à  une  combinaison  de  fran- 
gère  avec  quassare.  l'no  décomposition  eu 
radical  frac  (—  frangere)  -\-  suffixe  ass  est 
inadmissible,  selon  Diez,  l'italien  ne  connais- 
sant pas  ce  suffixe.  —  Caix  analyse  le  mot  par 
p'oc  +  quassare.  Quant  à  /?'ac,  il  y  voit  soit 
un  produit  de  frangere,  soit  le  thème  flxtc  de 
fiaccus.  —  D.  pacas,  it.  fracasso,  esp.  fra- 
caso. 

FRACHOIR,  petit  râteau  pour  égrapper  la 
vendange,  prob.  d'un  subst.  prov.  frachor, 
qui,  comme  fracha  à  fracta,  frachura  à  frac- 
tura, répondrait  à  L.  fractorium,  brisoir. 
Pour  ch  p.  et,  cp.  fléchir. 

FRACTION,  L./7-ad«o(frangere).  —  D.  frac- 
tionnaire, fractionner*. 

FRACTURE,  vfr.  fraitiire,  L. '/racium  (fran- 
gere). —  D.  fracturer^ 

FRAGILE,  L.  fragilis  (frangere)  ;  le  même 
primitif  a  donné  à  l'ancien  fonds  le  mot  frrle; 
d'abord  fraile  (angl.  frail),  puis  frêle,  frcsle 
\s  parasite),  frêle.  —  D.  fragilit'é,  L.  fragi- 
litas. 

FRAGMENT,  L.fragmcntum  (frangere). 

FRAGON,  petit  houx;  d'origine  inconnue. 

FRAI,  subst.  verbal  de  frayer  2  (v.  c.  m.j. 

FRAÎCHEUR,  voy.  frais  2. 

FRAIRIE,  voy.  frère. 

l.  FRAIS,  subst.  plur.  ;  singul.  vfr.  frait, 
du  BL.  fredum,  pr.  l'amende  à  laquelle  était 
condamné  celui  ((ui  s'était  rendu  coupable 
d'avoir  troublé  la  paix  publique;  d'après  Du- 
cange  :  compositio  qua  fisco  exsoluta  reus 
pacem  a  principe  exsequitur.  On  fait  donc 
venir  fredtun  du  vha.  fridu,  paix  (ail.  mod. 
friede).  Cette  relation  entre  frcdwn,  pr.  ac- 
quittement de  l'amende,  et  l'ail,  fridu,  paix, 
rappelle  celle  qui  existe  entre  fr.  payer  et  L. 
}t(U\  entre  BL.  compositio,  amende,  et  corn- 


jjonere,  apaiser.' —  Le  sens  de  fredum  s'est, 
avec  le  temps,  généralisé  :  on  la  employé 
pour  taxe,  redevance,  déjîense  de  tout  genre. 
Le  mot  est  distinct  du  subst.  frait,  fret  (v.  c. 
m  ),  dépense  pour  la  location  d'un  navire. 
L'orthogr.  fractum,  dans  le  latin  du  xiv*  siè- 
cle, repose  sur  l'analogie  de  vfr.  frait  =  frac- 
tus,  brisé.  —  D.  adj.  frayeux,  verbe  vfr. 
fraier,  dépenser  (d'où  frayant,  coûteux),  dé- 
frayer. 

2.  FRAIS,  adj.,  fém.  fraic?ie,  vfr.  fresch, 
fres,  frec,  fém.  fresche,  it.,esp.,  port. /rcsco, 
prov.,  cat.  fresc,  wall.  fyHss;  du  vha.  frise 
(ail.  mod.  frisch),  néerl.  v>ersch,  ags.  fersc, 
angl.  fresh,  cymr.  fresg,  bret.  fresk;  la  suc- 
cession des  sens,  en  ail.,  est  :  recens,  crudus, 
vegetus,  subfrigidus.  —  D.  fraîcheur,  fraî- 
chir, rafraîchir,  fraîche  (tarme  rural). 

1.  FRAISE,  fruit,  directement  d'un  type 
latin  fragea,  dér.  de  fragum  (it.  fraga,  wall. 
frève).  —  D.  fraisier, 

2.  FRAISE,  t.  de  boucherie,  rouchi  frasse, 
BL.  frassa;  variété  de  frise  (v.  c.  m.).  Cp. 
le  terme  équivalent  ail.  gekrôse,  pr.  frisure. 

3.  FRAISE,  collet  plissé  ;  de  frise  (v.  c.  m.). 
—  D.  fraiser;  dim.  fraisette, 

FRAISER,  plisser,  de  fraise  3.  Dans  fraiser 
la  pâte,  fraiser  des  fèves,  le  mot  vient  du  L. 
fres  us  (frendere),  brisé,  concassé. 

FRAISIL,  menues  parcelles  do  charbon 
restant  après  combustion,  peut-être  de  fraiser, 
briser  (voy.  l'art,  préc).  Le  type  fractillum, 
conjecturé  par  Littré,  est  inadmissible. 

FRAISSE,  aussi  frèche,  nom  vulgaire  du 
frêne,  esp.  frexo,  port,  freixo,  prov.  mod. 
fraisse,  du  L.  fraxns,  primitif  de  fraxinus. 

FRAMBOISE,  wall.  frombdfie,  frambàhe  ; 
selon  Diez,  du  néerl.  braambezie,  vha.  In'àm- 
beri  (ail.  mod.  brombeere),  composé  de  beri 
(néerl.  bezic)  =  baie,  et  du  vha. />rdmo,  mha. 
brame,  arbuste  épineux.  Le  b  initial  s'est 
changé  en  f,  prob.  sous  l'influence  du  mot 
fraise.  Grandgagnage  décompose  le  mot  en 
vha.  fram,  from,  utile,  bon,  +  goth.  jxwi, 
hoU.  bezie.  Bourdelot  interprétait  fautive- 
ment framboise  par  fragum  bosci,  fraise  de 
bois.  La  forme  française  a  donné  naissance  à 
esp.  frambuesa.  —  D.  framboisier. 

1.  FRANC,  a4j.,  it.,  esp.,  port,  franco, 
prov.  franc,  libre,  sincère,  loyal  ;  du  vha. 
franco,  libre,  le  même  adj.  qui  a  donné  le 
nom  au  peuple  des  Francs.  Contrairement  à 
cette  étym.,  patronnée  par  Grimm,  Diefen- 
bach  juge  l'origine  de  franc  plutôt  celtique 
que  germanique.  —  Les  Francs  ont  donné 
leur  nom  à  la  France,  L.  Francia,  d'où  fran 
ceis,  fi^ançois,  français  =  L.  francensis  ou 
francisciis,  puis  le  verbe  franciser,  —  De 
l'adj.  franc  dérivent  :  franchise,  it.  fran- 
chezsa,  esp.  franquesa;  —  franchir,  pnn-. 
franquir,  pr.  s'affranchir,  se  débarrasser  d'un 
obstacle,  traverser  (cp.  L.  liberare  flumen  dans 
Hygin);  enfin  la  locution  populaire  à  la  bonne 
franquette. 

2.  FRANC,  monnaie  ;  tire  son  nom  de  la 
figure  d'un  Franc  ou  Français  à  pied  ou  à 
cheval,  qu'il  représentait  dans  l'origine. 


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FRA 


—  227  — 


FRÉ 


FRANÇAIS,  voy.  franc, 

FRANCHIR»  voy.  franc;  cps.  affranchir  = 
rendre  franc. 

FRANCHISE,  voy.  franc, 

FRANCO,  forme  it.  de  l'adj.  franc,  =■  sans 
frais. 

FRANGE  (d'où  it.  frangia,  esp.  franja,  ail. 
franse),  d'abord  fringe  {qui  est  encore  la 
forme  anglaise,  cp.  wall.  frinche,  sicilien 
frinza)\  du  L.  fimkria,  extrémité,  bord, 
transposé  en  frimhia  (en  valaque  on  dit  encore  . 
fr^mbiê).  —  D.  frangea^  frangeon. 

FRANGIPANE,  de  l'it.  frangipana.  Nous 
ne  hasarderons  aucune  conjecture  sur  le  nom 
de  la  pâtisserie  dite  frangipane,  pas  même 
celle  de  frangere  panem,  qui  se  présente  en 
première  ligne.  En  tant  que  signifiant  une 
espèce  de  parfum  («  pommade  à  la  frangi- 
pane "),  le  mot  vient,  dit-on,  de  l'inventeur, 
le  maréchal  marquis  de  Frangipani.  Il  se 
peut  que  la  pâtisserie  ait  été  nommée  d'après 
le  parfum. 

FRANQUETTE  (forme  picarde  p.  fran- 
cheite),  voy  franc.  • 

FRAPPER,  prov.  frapar,  Diez  y  voit  le  nor- 
dique hrappa,  rudoyer,  faire  la  leçon.  L'exis- 
tence du  mot  anglais  (dialectal)  frajye  =«  faire 
des  reproches,  lui  fait  supposer  que  le  fr. 
frappa'  a  dû  à  l'origine  avoir  une  significa- 
tion semblable.  Nous  avons  quelque  peine  à 
croire  qu'un  mot  exprimant  une  idée  aussi 
matérielle  que  taper,  battre,  puisse  avoir  eu 
pour  primitif  immédiat  le  nom  d'une  action 
rentrant  dans  l'ordre  moral.  A  la  vérité,  le 
mot  moral  doit  remonter  à  une  représenta- 
tion physique  ;  à  ce  titre,  l'avis  de  Diez  ne 
doit  pas  être  repoussé  en  principe,  et  dans 
notre  cas  le  L.  increpare  de  crepare  présente- 
rait im  exemple  d'une  métaphore  analogue. 
Mais  il  nous  semble  qu'il  faudrait  du  moins 
démontrer  pour  /V-oppe?' l'existence  réelle  d'un 
correspondant  exprimant  faire  du  bruit,  et 
Diez,  à  cet  effet,  ne  cite  que  l'angl.  frapie, 
d'où  frape  (vfr.  frapin,  frapaillej,  qui  signi- 
fie assemblée.  Nous  préférons  une  dérivation 
du  bas-allemand  flappen,  angl.  fîap,  frapper 
avec  qqch.  de  plat.  On  trouve  du  reste  dans 
la  vieille  langue  fîaber,  flauber,  en  wall.  fia- 
lauder,  =  battre.  La  permutation  de  Z  et  r 
est  ordinaire.  —  L'italien  a  le  verbe  frappare 
avec  le  sens  de  découper,  hacher,  subst. 
frap^M,  lambeau.  Ce  dernier  peut  avoir  dé- 
terminé le  verbe  ;  sinon,  on  serait  autorisé  à 
voir  dans  frappare,  couper,  un  transport  de 
sens  analogue  à  celui  qui  a  produit  couper 
de  coup.  Quant  à  frappa,  lambeau,  on  pour- 
rait aussi  le  rapprocher  de  l'angl.  fiap^  pan 
d'un  habit  (cp.  le  champenois  frapouilïe,  gue- 
nille). —  N'oublions  pas  de  rappeler  que 
dans  Tancienne  langue,  f râper  signifiait  aussi 
••  courir  ",  d'où  le  subst.  frapier  dans  les 
locutions  fréquentes  «  se  mettre  au  frapier  » 
(se  mettre  à  la  course),  et  à  frapant  (à  la 
course).  C'est  à  cette  valeur-là  (pr.  «  battre 
les  routes  »•)  qu'il  faut  peut-être  rapporter  le 
collectif /'ra/wi7/e,  •  gens  de  rien  »,  vagabonds 
(cp.  ail.  fahrendes  volk)  et  aussi  fi-appart 


(encore  dans  Littré)  au  sens  de  libertin,  cou- 
reur. —  D.  subst.  verbal  frappe. 

FRASER,  variété  formale  de  fraisa-, 

FRASQUE,  action  extravagante,  imprévue 
et  faite  avec  éclat,  tour  malin,  de  l'it.  frasca, 
pr.  feuillage,  branchage,  puis  baliverne,  farce. 
—  Sur  la  parenté  possible  de  l'it.  frasca  avec 
lall.  fratz  (bouffon),  voy.  Grimm,  Dictionn., 
IV,  1,  p.  68. 

FRATERNEL,  L.  fraternalis,  extension  de 
frcAernus  (frater)  ;  de  ce  dernier  :  subst.  fra- 
ternitas,  fr.  fraternité,  et  verbe  fraterniser. 

FRATRICIDE,  vfr.  frerecide,  subst.  de  la 
personne,  L.  fratricida;  subst.  abstrait  de  la 
chose,  L.  fratricidium  (fratrem  csedere). 

FRAUDE,  L.  fraus,  fraudis.  —  D.  frauder, 
L.  fraudare;  fraudeur;  frauduleux,  L.  frau- 
dulosus. 

FRAXINELLE,  du  L.  fraxinus,  frêne. 

FRAYANT,  voy,  frais  1. 

1.  FRATER  un  chemin,  bourg,  froyer;  ce 
mot  peut  s'expliquer  soit  pai*  une  altération 
du  vfr.  froer,  briser  (cp.  fr.  brisée  et  le  mot 
route  *=*  rupta),  lequel  parait  identique  avec 
le  verbe  ployer  frayer  de  Tart.  suiv.,  soit 
par  une  dérivation  irrégulière  et  populaire 
de  l'anc.  participe  frait  »«  fractus,  brisé. 

2.  FRATER,  frotter,  anc.  froyer,  angl.  fray, 
it.  fregare,  esp.,  port.,  prov.  fregar;  du  L. 
fricare(cp,  ployer  deplicare).  Notez  les  accep- 
tions spéciales  dans  •  frayer  avec  qqft.  »,  pr. 
se  frotter  à  lui,  puis  dans  l'application  qui  a 
été  faite  de  ce  mot  à  l'acte  de  génération  des 
poissons.  —  D.  frai,  1.  diminution  du  poids 
des  monnaies,  par  l'effet  du  frottement,  2.  ac- 
tion de  frayer(enparl.  des  poissons); /ray^e, 
lieu  ou  saison  où  les  poissons  frayent  ;  frayoir, 
frayure  (termes  de  vénerie). 

FRATEUR,  vfr.  froior,  prov.  freiw*,  du  L. 
frigor,  froid,  frisson.  —  Il  est  aiyourd'hui  re- 
connu par  la  science  que  ce  subst.  est  étymo- 
logiquement  indépendant  du  verbe  effrayer 
(v.  c.  m.).  Quant  à  son  radical,  les  opinions 
sont  encore  partagées  entre  fragorem  (cra- 
quement) et  frigoretn. 

FREDAINE,  mot  d'origine  inconnue;  à  coup 
sur  il  ne  vient  pas  de  fraudana  'dér.  hypo- 
théti([ue  de  fraus,  fraudis),  comme  le  propo- 
sait Furetière.  D'autres  invoquent  le  BL.  fre- 
dare  (de  fredum,  voy.  frais)  =  multam  exi- 
gere,  d'où  aussi  :  molestare,  vexare;  cela  ne 
nous  sourit  pas  davantage.  Mieux  vaudrait  un 
adj.  fredanus,  digne  d'amende.  Littré  pro- 
pose dubitativement  le  bourg,  vredai,  aller  çâ 
et  là,  ou  fredon,  la  fredaine  étant  à  la  con- 
duite ce  que  le  fredon  est  au  chant. 

FREDONNER  (subst.  fredon).  Ce  mot  rap- 
pelle par  le  radical  fred,  le  L.  fritinnire,  ga- 
zouiller, mais  il  pourrait  bien  être  un  produit 
naturel,  imitant  le  roulement  et  le  tremble- 
ment de  la  voix. 

FRÉGATE,  it.  fvegata,  esp.,  port.,  cat., 
napol.  fragata.  On  trouve  cette  dernière 
formé  déjà  chez  Jaymo  Febrer,  poète  de  Va- 
lence. Diez  pense  que  le  mot  pourrait  être 
une  forme  coutractée  de  fabricata  (d'abord 
fargata,  puis  fragata)\  il  rapproche  it.  lasH^ 


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FRÈ 


—  228 


FRE 


mento,  fr.  bâtiment  =  navire.  Chevallet  invo- 
que le  V.  allem.  fàrge,  ferye^  nacelle,  barque, 
dan.  faerge.  L'étymologie  do  Jal,  gr.  x^pvxry, 
bâtiments  non  pontés,  est  encore  moins  admis- 
sible. —  Roulin  (Littré,  suppl.)  tient  frégate 
pour  une  altération  de  raho  forcacfo  (queue 
fourchue)  et  forcado  tout  court,  signifiant 
d*abord  un  oiseau,  puis  par  métaphore  un 
bâtiment  de  mer. —  D.  frégaion. 

FREIN,  L.  (remim, 

FRÉLÂMPIÊR ,  homme  de  peu,  vaurien; 
mot  altéré,  dit-on,  de  frère  lampier^  allumeur 
de  lampes,  métier  peu  considéré  dans  les  cou- 
vents. 

PRBLATBR,  anc.  fralatcr,  genevois  ferla- 
ter,  propr.  transvaser,  puis  altérer,  mélanger; 
d'après  Diez,  de  l'expr.  néerl.  \oijn  verïaeten 
transvaser  du  vin  (Kiliœn  :  elutriare  vinum). 

FRELE,  voy.  fragile. 

FRELOCHE,  poche  de  gaze  pour  prendre 
des  insectes  volants  ;  prob.  le  même  mot  que 
freluche, 

FRELON  (dialectes  fridon,  foulon)-^  d'après 
Diez,  prob.  un  dérivé  de  frcle,  qui  autrefois 
signifiait  aussi  mince,  grêle;  le  nom  viendrait 
de  la  structure  effilée  de  cet  insecte  ;  celui-ci 
s'appelle  en  Berry  grêlon,  dérivé  do  grêle ^  et 
en  Normandie  l'insecte  dit  demoiselle  porte 
également  le  nom  de  frêle.  —  Comme  nom 
du  petit-houx  ou  housson,  le  mot  parait, 
selon  Lifti*é,  altéré  de  fregnon  (qui  se  disait 
pour  fragon),  par  assimilation  au  nom  de 
l'insecte. 

FRELUCHE,  f reluque*,  frcloque\  selon  Diez, 
écourté  de  fanfreluche;  Littré  préfère  y  voir 
un  composé  du  préfixe  fre,  fer,  fra  et  loque, 
—  D.  freluquet,  homme  léger,  frivole  et  sans 
mérite,  pr.  homme  qui  aime  à  porter  des 
fréluch^,s, 

FRELUQUET,  voy.  freluche. 

FRÉMIR,  L.  fretnere.  On  ne  saurait  nier  la 
correspondance  matérielle  de  ces  deux  mots; 
cependant,  il  faut  remarquer  que  le  L.  fre- 
mère  ne  signifie  jamais  trembler  ou  avoir 
peur,  mais  seulement  murmurer,  bruire, 
gronder,  etc.,  et  au  fig.  être  indigné,  être 
agité.  Il  faut  donc  admettre  que  l'idée  morale 
et  figurée  d'agitation  ait  été  reportée  dans 
l'ordre  physique  et  qu'ainsi  .se  soit  produite 
l'acception  moderne  du  mot.  —  D.  frémisse- 
ment. —  Le  subst.  L.  fremitus  avait  donné  à 
l'ancienne  langue  la  forme  frienle,  frinte, 
bruit.^tumulte. 

FRENE,  fresne*,  vfr.  fraisne,  it.  frassino, 
csp.  fresno;  du  L.  fraxinus.  —  D.  frênaie. 

FRÉNÉSIE,  nn^X.frenxy,  h.phrcnesis,  du 
gr,  ^,-5!  îjîi;  p.  ç»^5vîTi;,  maladie  mentale,  folie 
<de  ç^oïiv,  esprit);  frénétique,  angl.  frantic,  du 
L.  phreneticus,  gr.  ^piv^rixô;, 

FRÉQUENT,  L.  frcquetis;  subst.  fréquence, 
L.  frequentia;  verbe  fréquente^',  L.  frequen- 
tare. 

FRERE,  vfr.  fraire,  freire,  du  L.  fratrem, 
cas  oblique  de  fratcr.  —  D.  fraiHe  ou  frérie, 
compagnie;  de  là  :  partie  de  plaisir,  dans 
«être  en  frai  rie,  faire  frairie  ».  Composés  : 
confrère  et  confrérie. 


FRESAIE,  p.  presaie  (forme  usuelle  en  Poi- 
tou), en  Gascogne  hresague\  du  h.  prœsaga, 
qui  présage  ;  le  hibou  est  un  oiseau  de  mauvais 
augure  ;  on  l'appelle  aussi  pour  cette  raison 
effy'aie. 

FRÉSANGE,  anc.  fresanche,  fressange, 
fraissanguCt  BL.  friscinga,  1.  jeune  porc, 
2.  redevance  d'un  cochon  de  lait  imposée  aux 
fermiers  de  la  glandée  ;  du  vha.  frisking,  vic- 
tima,  porcellus  (ail.  mod.  frischling,  jeune 
animal,  marcassin).  Le  prov.  actuel  a  fraysse, 
jeune  porc. 

FRESGÂDE  (anc.)  =  air  frais  ;  de  l'it.  fresco 
s=s  frais;  loc.  être  à  la  frescade,  prendre  l'air 
frais  ;  les  patois  disent  à  la  frisquette. 

FRESQUE,  terme  de  peinture^  de  Tit.  fresco 
(correspondant  du  fr.  frais,  v.  c.  m.).  La 
peinture  al  fresco  se  fait  sur  un  enduit  encore 
frais  de  chaux  et  de  sable  combinés. 

FRESSURE,  genevois  fresure,  froissure; 
d'après  Littré,  du  BL.  frixura,  friture.  Cette 
étymologie  convient  pour  la  lettre  (Littré  cite 
vfr.  fressoir  =  L,  frixorium);  pour  le  sens  je 
pnéfère  fraysse  (jeune  porc)  mentionné  sou» 
fresange;  le  mot  signifierait  ainsi  à  l'origine 
cochonnade.  Il  se  peut  aussi  que  fresure 
vienne  de  frese*  fraise,  en  tant  que  terme  de 
boucherie  (voy.  ce  mot);  l'ail,  dit  pour  fraise 
gekrôs,  et  pour  fressure  geschlinge,  deux  ex- 
pressions presque  synonymes . — Bugge  (  Rom . , 
IV,  355)  patronne  le  type  frixatura  (friture), 
et  compare,  pour  le  sens,  le  synonyme  esp. 
asadura,  de  asar,  rôtir.  Le  foie  et  d'autres 
parties  de  la  fressure  sont  souvent  frits,  la 
plus  grande  partie  étant  cuite. 

FRET,  anc.  aussi  frait,  port,  frète,  esp. 
flete;  de  l'ail,  fracht  (vha.  freht,  nécrl.  vracht, 
angl.  freight),  qui  signifie  à  la  fois  le  prix  du 
transport  à  payer,  puis  la  charge  du  navire. 
—  D.  fréter,  donner  et  prendre  un  bâtiment  à 
louage,  d'où  fréteur;  cps.  affréter, 

FRÉTILLER,  anc.  freteler,  prov.  frezilhar; 
soit  d'un  verbe  L.  fritillare,  secouer,  supposé 
par  Saumaise  sur  la  base  du  subst.  fritillus, 
cornet  à  dés,  soit  de  frictillare* ,  dérivé  sup- 
posé de  frictare,  fréq.  de  fricai^,  frotter,  soit 
enfin  du  BL.  fritillare,  piler  du  poivre  daas 
un  mortier  {fritillum),  à  cause  du  mouvement 
de  va-et-vient  du  pilon.  —  J).  frétillard,  -on, 

FRETIN,  choses  de  peu  de  valeur;  sans 
doute  connexe  avec  BL.  freto,  fretonus,  petite 
monnaie,  mais  j'hésite  à  TattacYiGV  freto,  comme 
fait  Littré,  àl'angl.  farthing  (ags.  feoi^ding), 
anc.  ferthing,  le  quart  du  penny.  J'interpré- 
terais plutôt  freto  et  fretin  par  monnaie  frot- 
tée, usée,  ou  par  déchet,  en  rattachant  le 
mot,  avec  Frisch  et  Diez,  au  L.  pnctum, 
frotté.  —  Appliqué  au  poisson,  le  primitif 
frictum  exprime  «  ce  qui  résulte  du  frai  « , 
mot  qui  étymologiquement  signifie  frottement 
(v.  frayer)  et  vient  de  fricare. 

FRETTE,  cercle  de  fer,  aussi  fret,  contrac- 
tion de  feret,  ferette;  radical  fer,  L.  ferrum. 
De  là  frotter,  garnir  de  /It. 

FREUX,  corneille  moissonneuse;  du  nord. 
hrôhr,  m.  s.,  par  le  changement  de  h  on  /"(cp. 
frimas  ci  friper).  Vouvoli^^eux,  cp.  coquus. 


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queux.  Au  nord,  hrôkr  correspondent  vba. 
hruoch,  ags.  hrôc,  dan.  roffe,  ail.  rueck,  angl. 
rook.  Ménage  avait  vu  dans /^«i<â?  une  contrac- 
tion du  L.  frugileguSf  ramasscur  de  grains  ! 

FRIABLE,  L.  friahilis,  de  friare,  broyer, 
émier.  —  D.  friabilité. 

FRIAND,  voy.  sous  frire,  —  D.  friandise , 
affriander, 

FRIGADELLE,  boulette  de  viaade  bâchée, 
FRICANDEAU,  FRIGASSER,  FRICOT.  Tous 
ces  mots  sont  rapportés  par  Diez  au  radical 
gothique  fi^iks  =  avide,  correspondant  du  vha. 
frèh,  m.  s.,  mha.  frec^  ail.  mod.  frech^  hardi, 
gaillard,  v.  angl.  freA,  vif.  Ce  mot  germani- 
que est,  on  ne  peut  en  douter,  le  type  de  Tac^ . 
vfr.  fn'que,  encore  en  usage  dans  les  patois  et 
signifiant  gai,  leste;  ce  mot  a  pris  aussi  dans 
beaucoup  de  dérivés  le  sens  de  gourmand,  ami 
des  bonnes  choses,  du  plaisir.  Nous  rappelons 
à  ce  sujet  les  mots  prov.  mod,  fricaud,  gour- 
mand, bon  à  manger,  délicieux,  champ,  /rs- 
ca?ic{eau,' friandise,  fricot^  régal,  fricoter,  se 
régaler,  friquette,  fille  de  joie.  Il  n'y  a  donc 
rien  qni  puisse  choquer  dans  Topinion  de 
Diez  quand  il  rattache  à  Félément  germa- 
nique tous  les  mots  placés  en  tête  de  cet  arti- 
cle. Il  lui  semble  impossible,  sans  faire  vio- 
lence aux  régies  de  transformation,  de  les 
faire,  dériver,  du  moins  directement,  du  L. 
friffëre,  frire.  Néanmoins,  Mahn  cherche  à  re- 
vendiquer cette  dérivation  pour  friçasser. 
Selon  lui,  ce  verbe  est  un  dérivé  du  BL.  fri- 
care,  frire.  Quant  à  fricare,  il  y  voit  une  cor- 
ruption de  frictare  (fréq.  de  frigere,  par  le 
supin  frictum),  par  assimilation  à  fricare, 
frotter..  Pour  la  terminaison  asser^  Mahn 
pense  qu'elle  est  aussi  bien  péjorative  dans 
friçasser,  que  dans  rêvasser,  rimasser,  vfr. 
piitasser  (fréquenter  les  putes),  et  que  le  mot 
signifie  pr.  faire  toutes  sortes  de  choses  en 
mélange;  il  rappelle  à  cet  égard  le  terme 
fricasseur  =.  mauvais  cuisinier.  Si  Ton  peut 
admettre,  comme  le  fait  Mahn,  l'existence  de 
fricare,  dans  les  premiers  t^mps  du  moyen 
âge  (Ducange  ne  cite  qu'un  seul  texte,  tiré  des 
sermons  de  Menot,  xiii"  siècle),  alors  rien 
n'empêche,  nous  semble- t-il,  d'y  rattacher 
également  fricandeau,  forme  diminutive  do 
fncande,  et  fricadelle,  mot  d'un  usage  géné- 
ral en  Belgique. 

FRICANDEAU,  voy.  l'art,  préc. 

FRIÇASSER,  voy.  fricadelle.  —  D.  fricas- 
sée. 

FRICHE,  terrain  non  cultivé,  soit  de  tout 
temps,  soit  par  abandon;  Ducange  explique 
le  mot  par  l'ail,  frisch,  récent,  en  compa- 
rant L.  navale,'  terre  en  friche,  de  novus  ; 
vfr.  fresche  et  BL.  friscum  favorisent  cette 
manière  de  voir).  Grimm  part  d'un  type  frac 
iicium  (de  fractus,  rompu),  pour  arriver,  par 
fraiiche,  freîche,  à  friche;  donc,  champ  la- 
bouré pour  la  première  fois.  Cette  étymologie 
se  recommande  moins  par  la  lettre  (car  la 
syncope  de  t  après  c  offre  quelque  difficulté) 
que  par  l'analogie  des  termes  ail.  brache,  de 
brcchen,  rompre,  et  languedocien  roumpudo 
(terrain  récemment  recassé).  —  D.  défricher. 


FRICOT,  premier  sens  :  régal,  bon  repas, 
puis  toute  espèce  de  viande  en  ragoût  ;  voy. 
fricadelle.  —  D.  fricoter,  faire  un  fricot,  fig. 
manigancer  ;  dépenser  en  bonne  chère. 

FRICTION,  L.  frictio  (de  fncare,  frotter). 
—  D.  frictionner. 

FRIGIDITÉ.  L.  frigiditas  ifngidus). 

FRIGORIFIQUE,  L.  frigoriflcus. 

FRILEUX,  vfr.  frillcux,  freilleux,  contrac- 
tion d'un  type  latin  frigidulosus,  dérivé  de 
fHgidulus.  Cette  contraction  est  un  peu  forte, 
mais  cependant  régulière  :  frigdlos,  friglos, 
frillos,  frilos,  frileu.v. 

FRIMAS,  du  vfr.  frimer,  geler;  celui-ci 
du  nord,  hrim,  gelée  blanche  (d'où  angl. 
7'irne,  néerl.  rijm,  picard  rimée,  m.  s.).  — 
Du  radical  frim  on  a  aussi  tiré  frimaire, 
nom  de  mois  dans  le  calendrier  républicain 
(du  21  novembre  au  20  décembre). 

FRIME,  mine,  semblant.  Le  premier  sens 
doit  avoir  été  grimace,  «  changement  des 
traits  du  visage  ».  Charron  raconte  du  page 
d'Alexandre  «  qu'il  se  laissa  brusler  d'un 
charbon  sans  faire  frime  aucune,  ny  conte- 
nance de  se  plaindre  pour  ne  troubler  le  sa- 
crifice » .  Bugge  (Rom. ,  IV,  355)  rattache /rtm* 
au  lombardiquo  frignare,  pleurer,  faire  la 
grimace,  qui  tient  de  l'ail,  flennen,  suéd. 
flina,  patois  angl.  frine,  faire  la  grimace. 
Frime  est  donc  p.  frine  (cp.  venimeux  p.  veni- 
neux,  etc.).  —  Par  la  tendance  de  Vi  à  passer 
en  u  devant  m,  Tanc.  langue  disait  plus  sou- 
vent fi'ume,  —  D.  frimousse,  visage,  mine 
(mot  forgé  peut-être  sous  l'infiuence  de  vfr. 
mouse,  museau). 

FRINGALE,  corruption  de  faim-valle.  Voy. 
sous  faim-valle. 

FRINGANT,  part,  présent  de  fringuer  1 ,  se 
remuer  vivement,  sautiller. 

FRINGILLE,  du  L.  fringilla,  pinson. 

1.  FRINGUER,  vfr.  fringelei*,  sautiller. 
Diez  place  ce  verbe  sous  la  racine  frig,  fring, 

•d'où  sont  formés  L.  fHg-ulare  i(r.  fringuler), 
frig-utire,  fringutire,  gazouiller  (anc.  fr. 
fringoter,  it.  fringottare)  et  fringilla,  pinson. 
On  dit  encore  «  gai  comme  pinson  » .  Littré 
préfère  l'étym.  frigei'e,  sauter,  bondir,  avec 
l'interposition  de  la  nasale  7i,  mais  ce  verbe  se 
trouve-t-il? 

2.  FRINGUER,  rincer  (un  verre);  selon 
Bugge  (Rom.,  IV,  357),  emprunté  à  l'esp. 
fregar,  nettoyer  en  lavant  et  en  frottant. 
Pour  i'intercalation  d'un  n  devaiit  une  gut- 
turale, cp.  langouste  (L.  locusta),  vfr.  engrot, 
(L.  œgrotus),  etc.  Quant  k  fregar,  c'est  le  L. 
fricare,  dont  la  vraie  forme  franc,  est  froijet^ 
devenu  plus  tard  frayer. 

FRIPE,  chiffon,  vfr.  frepc  ou  ferpe  = 
frange  ;  en  BL.  vestes  frepatse  ou  ferpatœ 
étaient  des  habits  à  franges,  et  par  ironie  des 
habits  effiloqués,  frangés  par  la  misère  ou  le 
long  usage.  Telle  est,  selon  Génin,  l'histoire 
du  mot  fripe;  mais  ce  spirituel  philologue  ne 
nous  apprend  rien  sur  la  provenance  de  ce 
frepe  ou  fe7p€,  frange.  Nous  pensons  qu'il  est, 
en  tout  cas,  plus  sûr  de  suivre  Die?  et  de  tirer 
fnpe  du  verbe  fnper  au  sens  fondamental 


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d'user,  consumer,  gâter,  détruire,  de  là  man- 
ger goulûment,  et  de  rattacher  ce  verbe  au 
nord,  hripay  dont  le  sens  générique  est  «  faire 
vite  n  ;  pour  kr  initial  =  /r,  cp.  les  mots 
freux ^  frimas.  Le  même  type  hripa,  faire 
vite,  expliquera  fî'ipon,  pr.  agile,  leste,  qui 
enlève  facilement,  qui  escamote  adroitement 
(au  XVII'  siècle  on  disait  encore  fj'iper,  dans  le 
sens  de  dérober;  ainsi  Técolier  fripait  ses 
classes,  c.-à-d.  qu'il  n'y  allait  pas);  enfin,  de 
friper,  manger  goulùmeut,  nous  tirons  fHpe, 
bon  morceau,  et  fripe-sauce,  goinfre.  Fripe, 
frange  (pr .  tissu  effiloqué),  sous  sa  forme  ferpe, 
felpe,  a  donné  naissance  à  l'it.  et  esp.  felpa, 
sorte  de  peluche,  et  à  fr.  foupir  (v.  c.  m.). 

—  Après  avoir  cherché  À  démontrer  le  peu 
de  créance  que  mérite  À  ses  yeux  l'origine 
islandaise  de  ce  mot,  Bugge  (Rom.,  III,  148) 
explique  ce  dernier  (vfr.  frepe,  ferpe,  felpe, 
feupe)  par  L.  fibra,  lambeau,  extrémité,  fibre, 
filament.  Pour  la  métathôse  de  l'r,  cp.  frange 
de  fimbria;  pour  h  devenu  jo,  cp.  mxsouple  = 
insuhulum.  Le  verbe  friper  aurait  donc  pour 
acception  originelle  chifibnner,  de  là  gâter  par 
usure,  consumer,  enfin  manger  goulûment. 

—  D.  fripier,  friperie, 
FRIPER,  voy.  fripe. 

FRIPON,  yoj.  fripe.  —  D.  friponnerie,  fri- 
ponner,  —  S'il  faut,  comme  il  résulte  de 
l'opinion  de  Bugge  à  l'égard  de  fripe,  écarter 
l'idée  de  «  faire  vite  »  comme  sens  primordial 
de  friper,  il  faudra  bien  considérer  l'acception 
mangeur, gourmand  comme  la  première  dans 
fripoi  (de  friper,  manger  goulûment).  On 
est,  toutefois,  tenté  de  rappeler  ici  le  mot  ail. 
lumpf  qui  signifie  à  la  fois  chifibn,  haillon  et 
gueux,  gredin,  coquin. 

FRIQUET,  moineau,  litt.  ^  gai,  vif,  de  la 
T&cine  frique  mentionnée  sons  fricadelle.  De 
là  vient  aussi  le  vieux  mot  friquette,  jeune 
coquette. 

FRIRE,  prov.  frire  et  f régir,  it.  friggere; 
du  L.  fi\f/ere  [frig*re),  faire  rOtir.  — 11  serait 
difficile  de  ne  pas  rattacher  à  ce  verbe  le 
subst.  friand  (anc  friant),  pr.  I .  qui  aime  à 
frire;  2  qui  est  bon  à  frire  (cp  vfr.  beste 
bersant,  bête  qui  chasse  p.  qui  est  bonne  à 
chasser)  ;  3.  ami  de  la  bonne  chère,  de  même 
que  les  vieux  mots  frioler,  être  friand,  frioJet, 
gourmet,  friolerie,  friandise,  affrioler,  allé- 
cher. —  Ces  mots  ne  pourraient  s'expliquer 
aussi  aisément  par  l'anc,  adj.  frique,  dont  il 
est  fait  mention  sous  fiHcadelle.  —  Du  part. 
f  rictus  dérivent  les  subst.  friteau  (anc.  aussi 
fritce),  friture,  ainsi  que  le  terme  /Htte,  nom 
donné  dans  plusieurs  arts  industriels  à  la  tor- 
réfaction ou  demi-fusion  que  l'on  fait  subir  à 
diverses  substances. 

1 .  FRISE,  étofie  de  laine  à  poil  frisé,  est 
identique  avec  fraise,  chose  plissée,  entor- 
tillée, vfr.  fresse.  Les  mots  correspondants 
des  langues  congénères  sont  :  it.  fregio,  esp. 
friso,  freso;  ils  expriment  tous  ornement  en 
forme  frisée,  frange,  étoffe  frisée,  vêtement  à 
frisures.  L'étymologie  de  ce  vocable  est  con- 
troversée. On  a  d'abord  mis  en  avant  lesvestes 
phrygiœ  ou  «  habits  brodés  «  des  anciens,  mais 


la  lettre  et  le  sens  du  mot  roman  s'y  opposent, 
du  moins  en  ce  qui  concerne  le  français  ;  puis 
l'anglais  fleece,  ail.  vliess,  peau  laineuse, 
toison  ;  enfin,  l'on  s'est  prévalu  de  l'étymo- 
logie attribuée  au  nom  de  peuple  des  Fri- 
sons, qui  serait  un  adjectif  frisa,  fresa  =« 
crépu,  frisé  ;  le  mot  roman  se  trouve,  en  efiet, 
dans  l'idiome  frison,  sous  la  forme  frisle  (angl. 
frizle).  Diez  pose  la  question  :  les  frisii  panui 
du  moyen  âge  (voy.  Ducange),  étaient-ce  des 
draps  frisés  ou  des  draps  de  la  Frise?  Le  fait 
est  que,  dans  les  premiers  siècles  de  la  basse 
latinité,  on  trouve  fréquemment  mention  de 
saga  ou  pallia  fresonica,  vestimenta  de  FrC' 
sarum  provincia.  Reste  à  savoir  s*ils  étaient 
frisés,  velus.  —  Peut-être  faut-il  distinguer 
entre  frise,  étoffe  de  laine  grossière,  et  frisé, 
bouclé,  annelé.  Ne  pourrait-on  pas  admettre 
pour  type  commun  des  mots  romans  le  BL. 
fiigium  et  faire  procéder  celui-ci  de  la  même 
racine  qui,  sous  forme  nasalisée,  a  produit 
Tags.  vringen,  vringlian,  &nne\eT,  friser,  ou, 
ce  qu'il  vaut  encore  mieux  de  rapprocher,  le 
nord,  hringr,  anneau  (pour  nord,  hr  =  fr, 
cp.  les  mots  freux,  frimas,  fripe)  ?  —  Nous 
citons  pour  mémoire  une  conjecture  émise 
par  Atzler,  qui  rapporte  le  mot  à  l'ail,  friesel, 
frisson,  le  froid  faisant  friser  la  peau.  —  Le 
terme  d'architecture  est  généralement  envi- 
sagé comme  une  métaphore  de  frise,  chose 
plissée.  à  surface  non  unie  ;  cela  parait  fondé. 
On  parle,  il  est  vrai,  quelquefois  de  frises 
lisses,  unies  et  sans  sculptures;  mais  cela  ne 
prouve  rien,  une  fois  le  mot  appliqué  à  une 
partie  déterminée  d'une  constniction.  Le  mot 
emporte  dans  toutes  ses  applications  technolo- 
giques une  idée  de  ciselures,  d'ornements  en 
relief.  —  D.  friser,  rouler,  boucler,  plisser, 
froncer,  puis  raser,  gratter,  écorcher  une 
surface,  d'où  le  sens  :  effleurer;  frisette. 

2.  FRISE,  sorte  de  toile  venant  de  la 
Frise. 

FRISER,  voy.  frise  1 .  —  D.  friseur,  frisure, 
frison,  frisottei\  défriser. 

FRISQUE,  gai,  gaillard,  de  Tall.  frisch 
fvoy.  frais).  Ce  radical  frise  se  touche  avec 
fric,  mentionné  sous  fncadelle,  et  il  se  pour- 
rait que  frisque  fût  une  simple  variété  de 
frique,  qui  se  trouve  encore  dans  les  patois 
et  remonte  très  haut. 

FRISSON,  p.  friçon,  anc.  féminin;  du  L. 
frictioncm,  mot  employé  dans  le  sens  du  mot 
français  par  Grégoire  de  Tours  et  que  Du- 
cange explique  par  une  contraction  de  frigi- 
tio,  subst.  supposé  de  frigere,  avoir  froid.  — 
D.  frissonner, 

FRITEAU,  FRITURE,  voy.  frire. 

FRITTE,  voy.  frire.  —  D.fritter,fritteux. 

FRIVOLE,  L.  frivolus.  —  D.  frivolité. 

FROC,  prov.  floc,  pr.  étoffe  de  laine  gros- 
sière, puis  habit  de  moine;  du  L.  ftoccus,  flo- 
con de  laine.  D'après  Wackernagel,  du  vha. 
hroch,  ail.  mod.  rock,  habit.  On  a  des  exem- 
ples du  passage  de  hr  initial  en  fr  (voy. 
freux,  frimas,  etc.),  mais  Diez,  fort  scrupu- 
leux dans  ces  matières,  prétend  que  cette 
permutation  ne  se  produit  que  sur  des  mots 


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FUI 


nordiques.  — D.  frocard;  enfroquer,  défro- 
quer. 

FROID,  du  L.  frigidus  {frig'dus),  cp.  roide, 
de  rigidus,  doit'  doigt  de  digitus,  —  D.  froi- 
deur, froidure,  refroidir. 

FROISSER,  vfr.  a.\\siii  fmisser ;  du  L.  fres- 
sus,  participe  de  frendere,  broyer,  écraser. 
C'est  là  l'opinion  générale.  Si  elle  est  fondée, 
il  faut  partir  d'une  forme  fresus  avec  un 
seul  s,  car  e  latin  en  position  ne  produit  ni 
fr.  ui  ni  oi  (le  subst.  mois  vient  directement 
de  mésis,  p.  metisis).  Alors,  il  faudrait  aussi 
supposer  des  formes  froiser,  fruiser,  anté- 
rieures à  froisser,  fruisser.  Nous  inclinons 
donc  plutôt  pour  le  type  frictiarc  (de  fricius, 
frotté),  bien  que  la  forme  fruisser  ne  s'y  prête 
pas  trop  bien.  —  Littré  invoque  L.  frustum, 
morceau,  d'où  viendrait  barbarement  frus- 
tare,  mettre  en  morceaux,  qui  serait  devenu 
fruissier,  froissier.  Si  frustum  est  au  fond  de 
notre  verbe,  il  faut  partir  du  type  dérivatif 
frustiare.  Cette  étymologie  rallie  aujourd'hui 
le  plus  de  suffrages  (ainsi  ceux  de  Schu- 
chardt,  Fôrster,  Havet  et  Lûcking).  En  tout 
cas,  elle  l'emporte  en  correction  sur  les 
autres  ;  frustiare,  fruissier,  froisser  est  une 
suite  très  régulière  ;  cp.  angustia,  anguisse, 
angoisse.  Ce  qui,  à  mes  yeux,  favorisait  parti- 
culièrement le  type  frictiarc,  c'est  que  froisser 
emporte  plutôt,  et  surtout  dans  les  applica- 
tions morales,  une  idée  de  frottement,  de 
meui-trissure,  qu'une  idée  de  mise  en  pièces, 
mais,  d'autre  part,  on  ne  peut  se  dissimuler  que 
celle-ci  dominait  dans  l'ancienne  langue.  — 
D.  froissement,  -is,  -ure;  rappelons  encore  le 
subst.  vfr.  frois,  fruis,  fracas,  tumulte. 

FROLER,  d'après  Diez,  p.  frotler,  donc  une 
forme  diminutive  de  frotter.  Comme  on  trouve 
aussi  f rosser  p.  froisser,  une  explication  par 
frosler  p.  froisseîer  serait  tout  aussi  admis- 
sible, mais  si  froisser  (v.  c.  m.)  vient  non  pas 
defrictiare,  ma.\s  de  frustum,  il  fauty  renoncer. 

FROMAGE,  anc.  formage,  prov.  formatge, 
fromatge,  it.  fortnaggio,  BL.  formaticum  ; 
du  L.  formaticus,  fait  dans  une  forme.  L'ac- 
cessoire, ici  c^mme  dans  bien  d'autres  cas,  a 
fini  par  l'emport^îr  sur  le  principal.  Roque- 
fort, d'après  Barbazan,  expliquait /romaine  par 
la  formule  foras  missa  aqua,  «  dont  on  a  tiré 
l'eau  »  ;  cela  rappelle  l'étymologie  caro  data 
vermibus  prêtée  au  L.  cadaver  ! 

FROMENT,  anc.  aussi  forment,  fourment, 
du  L.  frumentum  (p.  frugimentum). 

FRONCE,  primitif  du  verbe  froncer,  voy. 
l'art.  .<5uiv. 

FRONCER,  vfr.  froncir,  rider,  plisser,  prov. 
froncir,  fronzir,  fruzir,  cat.  frunsir,  csp. 
fruncir,  ni.  fronsen;  dérivé  de  fronce,  pli, 
coexistant  anciennement  avec  ronce  (m.  s.), 
qui  répond  à  l'ail,  runze,  pli,  ride.  C'est 
ainsi  que  l'on  rencontre  dans  l'anc.  langue  à 
la  fois  ronchier,  rouchier  et  fronchier  p.  lat. 
rhonchare  (ronflcM*).  Voy.  ma  note  ad  v.  570 
du  Bastart  de  Buillon.  —  Il  faut  rejeter  l'ét. 
fro7tttarc',  pr.  plisser  le  front.  —  D.  froncis; 
composé  défroncei*. 


FRONDE,  anc.  fonde,  it.  fiunda,  esp.  honda, 
prov.  fronda,  du  L.  funda,  m.  s.  —  D.  fron- 
der, lancer  des  pierres,  fig.  blâmer,  critiquer. 
—  Un  diminutif  BL.  fondabulum,  fondibu- 
htm,  a  donné  le  vfr.  fondi(,'fle,  fondi/i^^. 

FRONT,  du  L.fro)is,frontis.—  D,  frontal; 
frontcV  frontean;  fronton  ^cp.  façade  de  fa- 
des) ;  fnmtièrc  (v.  cm  )  ;  affronter,  attaquer 
de  front,  d'où  affront  (en  vfr.  afrontcr,  comme 
le  prov.  afrontar,  signifiait  aussi  confiner)  ; 
confronter,  mettre  front  à  front  (v.  c.  m.;; 
effronté,  prov.  es  frontal,  it.  sfrontado  (cp.  L. 
frontosus,  insolent),  d'après  le  L.  offrons.  Du 
BL.  frontispicium,  pr.  ce  qui  .se  voit  de  face 
=  façade,  vient  frontispice. 

FRONTIÈRE,  dér.  de  fro)it;  BL.  frontaria, 
limite  où  deux  territoires  se  rencontrent,  ou 
pour  ainsi  dire  «  se  frontcnt  «  ;  autrefois  aussi 
=  front  d'une  troupe,  façade,  frontispice,  et 
=  fronteau. 

FRONTISPICE,  voy.  front. 

FRONTON,  voy.  front. 

FROTTER  (p.  froitcr),  aussi  fretter,  prov. 
fretar,  it.  frcttare;  du  L.  frictare,  fréq.  de 
fricare;  cp.  comploter  p.  comphite7\  d'un 
type  compile' tare  fvoy.  complot).  —  De  fretter 
vient  le  vieux  mot  frettc,  fin,  rusé,  métaphore 
analogue  à  celle  de  fourbe  et  de  polisson. 

FROTTER,  onomatopée,  comme  frou-frou. 

FRUCTIDOR,  12*"  mois  du  calendrier  repu 
blicain,  composition  hybride  de  fructus,  fruit, 
et  de  owpiîv,  donner. 

FRUCTIFIER,  -FICATION,  L.  fructificare, 
fntctificaXio. 

FRUCTUEUX,  L.  fructuosus  (fructus). 

FRUGAL,  L.  frugalis,  modéré,  économe. 
--  D.  frugalité,  L.  frugalitas. 

FRUIT,  L.  fructus.  —  Comme  t«rme  de 
maçonnerie (==  inclinaison  donnée  à  un  mur), 
fruit  est  \)o\ivfrit,  dont  l'origine  m'est  incon- 
nue. —  I).  fruitier,  fruiterie. 

FRUSQUIN,  héritage,  avoir.  Etymologie 
inconnue.  Prob.  un  dérivé  du  vfr.  frusques, 
vêtements,  eftcU,  nippes. 

FRUSTE,  de  l'it.  frusto,  usé,  vieux  ;  celui- 
ci  du  L.  frustare,  prov.  frustar,  morceler 
{frustum,  morc4îau).  Le  mot  fruste  désignait 
d'abord  une  chose  dont  on  a  enlevé  quelques 
parcelles  ;  de  l'idée  entamer  à  celle  d'user,  la 
transition  se  présente  naturellement. 

FRUSTRER,  L.  frustrari,  tromper. 

FUCHSIA,  plante  dénommée  d'après  le  bo 
taniste  bavarois  Léonard  Fuchs  (mort  en 
1565). 

FUGACE.  L.  fugax  (fugcre). 

FUGITIF,  vfr.  fuïttf,  du  L.  fugitivus  (fu- 
gere). 

FUGUE,  de  l'it.  fuga,  fuite,  L.  fuga.  Pour 
la  valeur  de  ce  mot  comme  terme  de  musique 
(morceau  dans  lequel  diiférentcs  phrases  se 
suivent,  se  succèdent,  tour  à  tour),  on  peut 
comparer  le  terme  it.  fitga  di  stanze,  enfilade 
de  chambres. 

FUIE,  colombier,  petite  volière  (en  vfr. 
aussi  =  fuite),  du  L.  fuga,  pour  ainsi  dire  = 
refuge. 


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FUR 


232  — 


FUT 


FUIR,  anc.  fuïr,  L.  fiigere.  —  D.  subst. 
participai  fuite,  fuyard  ;  cps.  s'enfuir, 

FUITE,  voy.  fuir. 

FULGURAL,  -ATION,  L.  fulguralis,  -atio 
(de  fulgur,  fondre). 

FULIGINEUX,  L.  fuUginosus  (de  fuligo, 
suie). 

FUIi^HINSR,  L.  fulminare  (fnlmen),  lancer 
la  foudre,  foudroyer.  —  D.  fiùminant,  -ation, 
t.  de  chimie  fulminate,  -ique. 

FUMER,  jeter  de  la  fumée,  de  la  vapeur; 
du  L  fumare.  Dans  le  sens  actif  exposer  à  la 
fumée,  le  verbe  est  un  dérivé  du  vfr.  fwn  = 
L.  fumiis,  fumée.  Enfin,  dans  l'acception  en- 
graisser avec  du  fumier,  c'est  un  verbe  ab- 
strait de  fumiei*(y.c.  m.).  —  D.  fumée,  subst. 
participial;  fumet;  fumeux,  L.  fumosus;  fu- 
meur, fumoir,  fumeron,  fumiste  ;c^.  enfu- 
mer, parfumer. 

FUÎflER,  altération  de  femier,  peut-être 
par  assimilation  au  mot  fumer,  car  le  fumier 
fume.  On  peut  comparer,  du  reste,  pour  cette 
permutation  de  e  en  u  devant  m,  le  vfr.,  pic, 
champ. ,  wall.  fumellep.  femelle,  et  vfr.  frumer 
p.  fremer  =  fermer.  Quant  à  femier,  il  vient 
du  L.  fimarius,  adj.  de  fimus,  excréments, 
engrais,  fumier.  —  D.  fumer,  vfr.  femer, 
prov.  femar, 

FUMIGER,  L.  fumigare  (fumus). 

FUNAMBULE,  L.  fuiuimhulus  (Suétone)» 
qui  ambuJat  in  fune,  danseur  de  corde. 

FUNÈBRE,  L.  funehris  v(de  funus,  funé- 
railles, mort). 

FUNÉRAILLES,  L.  funeralia*  (funus). 

FUNÉRAIRE,  L.  fwufrarius  (funws), 

FUNESTE,  L.  funestus  (funus),  qui  amène 
la  mort. 

FUNIN,  cordages,  dér.  du  L.  funis,  corde, 
d'où  aussi  l'expression  funer  un  mât. 

FUR,  dans  la  locution  «  au  fur  et  à  me- 
sure »,  est  une  modification  du  vfr.  fuey*, 
fcur,  taxe,  prix,  valeur,  et  vient  du  L.  forum, 
en  basse  latinité  ==  pretium  (voy.  forage  jet 
afforage).  On  disait  d'abord  payer,  estimer 
au  fur  de  l'ouvrage,  c.-à-d.  selon  la  valeur  ou 
en  proportion  do  l'ouvrage  ;  puis  l'expression 
est  devenue  équivalente  à  «  proportionnelle- 
ment à  ».  —  "En  disant  faire  qqch.  au  fur 
et  à  mesure,  nous  entendons  que  cette  chose 
doit  se  faire  proportionnellement  et  compara- 
tivement à  une  autre  »  (Gachct).  —  Je  tiens  à 
déclarer  que  la  mutation  forum- fur  présente 
quelque  irrégularité  phonétique. 

FURET,  it.  furetto,  néerl.  furet,  foret, 
fret,  ail.  frett;  anc.  esp.  furon  (auj.  huron), 
port,  furao,  vfr.  fuiron.  Isidore  connaît  déjà 
le  mot  furo,  qui  parait  appartenir  au  fonds 
vulgaire  de  la  langue  latine  :  «  furo,  dit-il,  a 
furvo  dictus,  undo  et  fur,  tenebrosos  enim  et 
occultos  cuniculos  efibdit  ».  Le  mot  vient, 
d'après  Diez,  de  fur,  voleur.  D'autres  rappor- 
tent furet  au  cymr.  ffured,  -=•  angl.  ferret, 
mais  la  terminaison  on  et  la  voyelle  radicale 
des  mots  romans,  accusant  dans  le  primitif  un 
u  long,  répugnent  à  cette  dérivation.  D'après 
Villemarqué,  du  breton  fur,  rusé.  —  De  fitret 
vient  fureter,  chasser  au  furet,  puis  fouiller 


(d'après  l'habitude  du  furet  de  pénétrer  dans 
les  terriers  des  lapins),  au  fig.  chercher  soi- 
gneusement après  qqch.  Cp.  géncYOïs  fouiner, 
l'ouclii  founier,  do  fouine, 

FURETER,  voy.  furet. 

FUREUR.  L.  furor. 

FURIBOND,  L.  fuHbundus  (furere).  —  D. 
furibonder, 

FURIE,  L.  furia.  —  D.  fw-ieux,  L.  furiosus. 

FUROLLES,  exhalaisons  enflammées,  pour 
feueroles,  dérivé  populaire  de  feu,  à  la  façon 
de  flammeroUe,  qui  désigne  un  phénomène 
marécageux  analogue. 

FURONCLE,  patois  froncle,  fronque,  du  L. 
furunculus,  pr.  petit  larron,  métaphorique- 
ment petit  abcès.  —  Schuchardt  rapporto 
notre  mot  à  un  type  lat.  fervunculus  (de  fer- 
vere,   être  enflammé),  altéré  en  furunculus. 

FURTIF,  L.  furtîvus,  adj.  du  subst.  fur- 
tum,  vol  (vfr.  fuH,  encore  dans  Rabelais). 

FUSAIN,  1 .  arbris-seau  dont  on  fait  les  fu- 
seaux (cp.  le  nom  ail.  spindel-baum,  litt. 
arbre  à  fuseau);  2.  charbon  de  fusain,  crayon 
de  fusain.  Du  L.  fiisus,  fuseau,  par  on  adj. 
fusanus. 

FUSEAU,  fuseT,  du  L.  fusellus,  dim.  de 
fusus  (prov.  fus).  —  D.  fitseler,  façonner  en 
fuseau  ;  fuselier,  faiseur  de  fuseaux. 

FUSÉE,  du  L.  fusus,  fuseau,  par  un  parti- 
cij>e  fusata;  signifie  :  1.  la  quantité  de  fil 
enroulé  sur  le  fuseau  ;  2.  par  assimilation  de 
forme  avec  un  fuseau,  pièce  de  feu  d'artifice 
composée  d'un  cylindre  en  carton  attaché  à 
une  baguette  et  rempli  de  poudre  ;  3.  en  hor- 
logerie, le  petit  cône  tronqué  autour  duquel 
s'enveloppe  la  chaîne  d'une  montre. 

FQSER,  se  répandre,  répond  à  L.  flisare, 
frôq.  de  funde^'e,  supin  fusum;  de  ce  supin 
vient  aussi  fusible,  Voy.  aussi  tratu fuser. 

FUSIBLE,  voy.  fuser.  —  D.  fusibilité. 

FUSIL,  it.  focile,  fucile,  esp.  fusil,  propr. 
pierre  à  feu,  puis  pièce  de  métal  pour  frap- 
per la  pierre  A  feu  ;  enfin,  le  nom  do  l'acces- 
soire étant  donné  au  principal,  arme  à  feu  ; 
cp.  en  ail.  flinte,  fusil,  de  fiint,  silex.  Du  L. 
focus,  feu.  —  D.  fusilla',  fusilier. 

FUSION,  L.  fusio  (fimdere);  voy.  aussi  foi- 
son. —  D.  fusionner. 

FUSTE,  espèce  de  vaisseau,  it.,  esp.,  port. 
fiista,  du  L.  fiistis,  bûche,  bâton,  en  BL.  = 
arbre,  bois.  C'est  ainsi  que  le  L.  lignum, 
bois,  a  donné  lit.  legno,  navire  ;  cp.  en  latin, 
trabs,  poutre,  employé  pour  vaisseau.  —  D. 
fustereau. 

FUSTET,  espèce  de  sumac,  pr.  petit  bois  ; 
de  fiist,  bois  ;  anc.  aussi  fiistel. 

FUSTIGER,  L.  fustigare  (de  fustis,  bâton). 

FUT,  fust\  prov.,  cat.  fust,  esp.,  port. 
fuste,  it.  fusto,  du  L.  fustis,  bois  coupé,  arbre, 
pieu,  bûche,  bâton.  Le  mot  fût  s'emploie 
surtout  pour  exprimer,  dans  certains  usten- 
siles, le  bois  en  opposition  aux  autres  parties, 
p.  ex.  le  fût  do  la  lance,  d'un  fusil,  d'un 
rabot,  puis  le  tonneau  en  opposition  avec  son 
contenu  ;  enfin,  le  tronc  d'une  colonne  (entre 
la  base  et  le  chapiteau).  En  vfr.  fuSte  signi- 


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GÂB 


—  233  — 


GAD 


fiait  poutre,  soliveau.  Dérivés  français  de  fût 
ou  fuste  :  1 .  futaie,  fustaie  (d'un  type  latin 
fustetum),  bois  composé  do  grands  arbres; 
puis  haute  croissance  (d'un  arbre);  2  fu- 
taille, vaisseau  do  bois  pour  mettre  le  vin. 

3.  FUSTER,  anc.  =  fustiger  ;  se  dit  en  véne- 
rie de  l'oiseau  qui  s'échappe  des  bois,  c.-à-d. 
de  la  tx'appe;  do  là  l'expression  futé,  fin,  rusé  ; 

4.  AFFÛTER,  AFFÛT  (v.  C.  m.);  5.  FUTIER,  fuS- 

lier,  anc.  charpentier,  menuisier,  tonnelier, 
auj.  faiseur  de  coffres. 

FUTAIE,  voy.  fût, 

FUTAILLB,  voy.  fut.  —  D.  enfutailler. 

FUTAINI,  it.  fustagno,  fi^ustagno^  es  p. 
fustan,  prov.  fiistani,  espèce  d'étoffe  croisée 
nommée  d'après  la  yille  de  FostcU  ou  Fossat, 


qui  forme  un  faubourg  du  Caire,  et  d'où  la 
futaine  était  originaire  pour  l'Europe. 

PUTÉ,  voy.  fût.  —  En  héraldique,  ce  mot 
se  dit  d'une  arme  dont  le  fût  est  marqué  d'un 
émail  différent  du  fer.  —  Littré  fait  dériver 
le  sens  «  habile,  expert,  rusé  >*,  do  l'anc. 
verbe  fiister,  fustiger,  piller  ;  donc  battu,  re- 
battu, las,  fatigué.  Je  préfère  l'explication 
que  j'ai  donnée. 

FUTIBR,  voy.  fia. 

PUTILB,  L.  futilû.  —  D.  futilité,  L.  futi- 
litas. 

FUTUR,  L.  fiUurus. —  D.  futwHtion [terme 
moderne  didactique;,  d'un  verbe  latin  fictif 
futunrc. 

FUYARD,  voy.  fuir. 


G 


OABAN,  variété  de  caban  (v.  c.  m.),  repro- 
duisant l'it.  gahbano. 

OABARE,  it.  ffobatr'a,  petit  bateau  large  et 
plat:  de  la  même  famille  que  L.  gahata,  d'où 
Jatte  t  Le  bas -breton  a  kôbar.  —  D.  gdbarei*; 
sahst.  gabarier ;  dim.  gabarot. 

6ABARISR,  t.  de  marine,  façonner  une 
pièce  de  bois  d'après  les  indications  d'un  mo- 
dèle ;  du  subst.  gabari  (ou  gabant),  modèle 
de  vaisseau,  que  Littré  rattache,  je  ne  sais 
comment  (par ^araôt/i,  à  l'arabe ga/i6,  moule, 
forme  (d'où  fr.  calibre). 

GABATINE,  tromperie,  mot  populaire  tiré 
de  rit.  gabbato  (trompé).  Voy.  gabei\ 

GABBOlE,  micmac,  intrigue.  «  Ce  mot  tri- 
vial •»,  dit  Ch.  Nodier,  qui  le  définit  par  ruse, 
fa.<;ci nation,  etc.,  «  est  d'un  usage  si  commun 
dans  le  peuple  qu'il  n'est  presque  pas  permis 
de  l'omettre  dans  les  dictionnaires  et  qu'il  est 
du  moins  curieux  d'en  chercher  l'étymologie. 
Il  est  évident  qu'il  nous  a  été  apporté  par  les 
Italiens  du  temps  des  Médicis...  Gabgie  ou 
gabbegie  est  fait  de  gabho  et  de  bugia,  ruse  et 
mensonge  «*.  —  Rien  de  plus  invraisemblable 
que  cette  dérivation.  Gdbegic  est,  selon  toute 
probabilité,  de  la  même  famille  que  l'anc.  fr. 
gabitserie;  on  le  rattachera  donc  au  verbe 
gabcr,  tromper,  railler. 

GABELLE,  d'abord  impôt  en  général,  puis 
.«spécialement  impôt  sur  le  sel,  enfin  dépôt  de 
sel,  it.  gabella,  esp.,  iptoy.  gabela.  BL.  ga- 
blnm,  gabulum,  gahella.  De  Tags.  gaful, 
gafolf  angl.  gavel,  m.  s.,  qui  dérivent  du 
Tevbegifan,  goth.  giban,  ail.  geben,  donner. 
Cp.  le  vfr.  dace,  impôt,  du  L.  datio,  don.  On 
a  aussi  mis  en  avnnt  le  vha.  garba,  manipu- 
lus,  mais  l'élision  de  r  devant  b  n'est  pas  pro- 
bable ;  d'autres  produisent  l'arabe  qabala, 
recevoir,  mais  l'adoucissement  de  q  initial 
arabe  en  g  est  sans  exemple,  d'après  Diez.  A 
cette  objection,  toutefois,  Devic  oppose  la 
forme  accessoire  it.  caballa,  cahella.  —  D.^a- 
beler,  déposer  le  sel  à  la  gabelle  ;  gdbeleur 
(popul.  gabelou),  employé  do  la  gabelle. 

OABSR',  prov.  gabar,  it.  gabbare;  subst.  it. 


gabbo,  pi'ov.  et  vfr.  gap,  plaisanterie,  moque- 
rie. Du  nord,  (suéd.)  gabha,  tromper.  La 
même  racine  se  trouve  aussi  dans  les  idiomes 
celtiques  :  bret.  goap^  goah,  irrisio.  C'est  plu- 
tôt à  ces  derniers  qu'il  faut  ramener  la  forme 
pic.  gouaper  et  l'expression  se  guabeler  de 
Rabelais. 

6ABIS,  hune,  de  Tit.  gabbia  (voy.  cage). 
—  D.  gabier,  matelot  qui  fait  le  guet  sur  la 
hune. 

GABION,  pr.  cage,  panier,  it.  gabbioïie, 
dérivé  de  l'it.  gabbia,  cage.  —  D.gabionner. 

A 

1 .  GACHE,  t.  de  serrurerie;  d'après  Devic  =» 
esp.  alguasa,  gond,  penture,  qui  correspond 
H  l'équivalent  arabe  cd-resza  (r  confondu  avec 
rh,  que  l'espagnol  transcrit  d'ordinaire  par^). 

2.  GÂCHE,  truelle,  voy.  gâcher. 

GACHER,  détremi)er,  délayer,  puis  fig. 
travailler  malproprement,  it.  guatzare  (vfr. 
tooscAter, aussi  =  souiller);  du  vha. toa«Àa;i, 
lavor,  ail.  mod.  loasclien.  —  D.  gâche, 
truelle,  instrument  pour  faire  le  mortier; 
aussi  instrument  pour  battre  l'eau  ;  gâcheur, 
gâcheux,  gâchis,  flaque  d'eau,  puis  ordure 
causée  par  un  travail  à  l'eau,  fig.  désordre, 
position  désagréable  (cp.  angl.  voash,  lavure, 
puis  marais,  bourbier).  —  Il  faut  séparer  ce 
mot,  parait-il,  de  l'it.  guazzare,  qui  acxsuse, 
lui,  une  origine  du  vha.  toazzar  [Bxxy  loasser) 
«  eau  »,  et  dont  le  subst.  verbal  estguazzo, 
fr.  gouache,  peinture  à  la  détrempe  (cp.  le 
terme  lavis). 

GADE,  du  grec  -/kSoç  (poisson  de  mer). 

GADELLE,  espèce  de  gi*oseille  rouge  ;  aussi 
gradelle,  gode,  grade.  Ces  mots  désignent,  en 
Normandie,  le  fruit  du  ribes  rubrum,  c.-à-d. 
la  petite  groseille.  Bien  que  les  gades  soient 
glabres,  Joret  n'en  croit  pas  moins  devoir 
rattacher  gode  au  norois  gaddr  (aiguillon), 
goth.  gasds  (id.),  donc  un  «  fruit  à  aiguil- 
lon ».  (Rom,,  VIII,  440).  — Suchier  (Ztschr., 
III,  611)  identifie  gade,  grade  avec  fr.  carde 
(en  Lorraine  gode).  Le  premier  aurait  perdu 
Vr  radical,  l'autre  l'aurait  transposé. 


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GAG 


234 


GÂL 


GADOUl,  vidange.  Etymologio  inconnue; 
de  caduta  (cadere),  donc  =  déchet?  ou  du 
bas-saxon  futth^gaut^iû.  kaet,  qiiaet (Kiïmerï), 
vlia.  quât,  ail.  mod.  koih,  m.  s.?  Notez  que 
le  wallon  a  godau  p.  jus  de  fumier.  —  D.  ga- 
douard,  vidangeur, 

GAFFE,  angl.  gaff',  croc  de  fer,  esp.,port. 
gafa,  prov.  gaf,  croc;  cp.  gaél.  gaf,  bret. 
gtoâf,  uncus,  hamus  ferre  cuspidatus.  Diez 
rappelle  aussi  Tall.  (dialectes  du  Midi)  verbe 
gai  feu,  tailler  en  crochet.  —  D.  gaffer, 

GAGE,  it.  gaggio,  esp.,  prov.  gage,  objet 
placé  en  nantissement  (au  plur.  =  .«salaire, 
rémunération;  angl.  toages);  en  prov.  une 
forme  secondaire  gadi,  gazi,  s'emploie  aussi 
p.  testament;  BL.  toadium,  vadium,  grec 
mod.  yvàJiov.  Dicz  préfère  à  Tétymologie  ordi 
naire  tirée  du  L.  vas,  vadis,  répondant,  celle 
du  goth.  vadi  =»  gage,  vha.  wetti,  ags.  ï)edd, 
ancien  frison  ved,  gage,  caution,  promesse. 
De  la  signification  primordiale  nantissement, 
sûreté,  .«^e  sont  déduites  les  acceptions  ga- 
rantie, assurance,  promesse,  récompense, 
salaire.  —  D.  gaga\  anc.  donner  en  gage, 
auj.  faire  un  pari  (cp.  ail.  mod.  rjoetten, 
parier,  du  vha.  toetti,  gage);  de  là  gageur, 
gagerie,  gageure,  gagiste.  Composés  :  et^ga- 
ger  (v.  c.  m.),  BL.  intadiare;  dégager,  BL. 
dtsvadiare. 

GAGNER,  \fv.gaaignier,gnaignier,  d'abord 
cultiver,  labourer,  faire  valoir,  puis  tirer  pro- 
fit, acquérir;  it.  guadagnare,  ^rov.  gazanliar 
p.  gaJdanhar,  v.  esp.  guadunar  =  mois- 
sonner. Toutes  ces  formes  viennent  soit  direc- 
tement du  verbe  vha.  xoeidanon  ou  plutôt  loet- 
danjan,  chasser,  pâturer,  soit  du  vha.  wcirfa, 
chasse,  pâture,  à  l'aide  du  suflSxe  roman  a^n. 
En  ail.  mod.  le  verbe  vyeiden  signifie  paître, 
et  l'anc.  subst.  weide,  chasse,  est  encore  con- 
servé dans  weidniami,  chasseur,  weidwerk, 
travail  de  la  chasse.  Le  sens  primordial  do 
gagner  s^e  rattache  donc  aux  travaux  soit  de 
la  vie  agricole,  soit  de  la  chasse,  puis  aux  ac- 
quisitions qui  en  résultent  :  ainsi  faire  paître, 
exploiter  un  champ,  ré(»olter,  d'où  acquérir 
en  général.  L'acception  labourer,  cultiver, 
est  encore  vivace  dans  gagnage,  pâturage, 
terre  en  produit;  cp.  vfr.  gatgneiir,  culti- 
vateur. Il  faut  rejeter  les  autres  étymolo- 
gies  qui  ont  successivement  été  émises  sur 
gagner,  savoir  :  ail.  wintten,  être  vainqueur, 
gagner  (Chevallet),  —  arabe  ganta,  tirer 
profit,  —  L.  mndicare,  —  grec  xsjsdxCvsiy,  ga- 
gner. —  Le  subst.  verbal  de  ^o^wcr  est  :  fr. 
gain,  VÎT. gaaing,  ii. giiadagno,  ]irov. gazanh. 

—  Bopp  rattache  le  L.  venari,  chasser  (p. 
vednaH),  à  la  même  famille  weid,  d'où  s'est 
produit  le  roman  gxiadagnare  d'où  gagner.  Il 
se  peut  que  l'apgl.  gain,  malgré  .sa  ressem- 
blance avec  la  forme  française  actuelle,  soit 
d'une  autre  extraction  (voy.  le  Dict.  de  Mftller). 

—  La  forme  esp.  ganar,  acquérir,  gagner, 
n'est  pas  le  môme  mot  que  gxiadagnare  ;  c'est 
le  BL.ga7ia7'e,  m.  s.,  dont  on  trouve  l'emploi 
déjà  dans  un  document  de  747,  et  qui  dérive 
du  subst.  gana,  désir,  dont  l'étymologie  est 
encore  enveloppée  d'obscurité  (Diez  indique 


conjecturalement  le  vha.  geinan,  ouvrir  la 
bouche,  auj.  gâhnen), 

GAI,  it.  gajOfV.esp.gayo,  port  ^ato,  prov. 
gai,jai;  d'après  Diez,  du  vha.^âAi,  prompt,  vif 
(ail.  moà.jàhe,  précipité,  ^oixjàhzorn,  fou- 
gue, emportement).  —  Littré  se  demande  si 
le  nom  propre  latin  Gaii«(pr.  le  réjouissant?) 
ne  pourrait  pas  avoir  donné  naissance  an  mot 
ronaan.  —  Baist  (Ztschr.,  V,  247)  conteste  la 
correspondance  littérale  entre  it.  gajo,  esp, 
gayo  et  l'étymon  posé  par  Diez;  comme  Littré, 
il  s'adresse  à  Cajus  (prononcé  Gajus),  nom 
qui  jouait  un  rôle  dans  les  cérémonies  nup- 
tiales (on  connaît  la  formule  «  ubi  tu  Cajus 
ego  Caja  »)  et  qui  pouvait  avoir  dégagé  le 
sens  de  nuptial,  gai.  —  D  gaieté,  gatté;  fac- 
titif, égayer.  —  L'adjectif  ^at  a  donné  le  nom 
à  l'oiseau  dit^cai,  ancrai,  prov. //ai, Jai. esp. 
gayo,  gaya,  donc  pr.  l'oiseau  vif,  ou  l'oiseau 
bigarré,  car  anciennement  gai  signifiait  aussi 
multicolore  (les  verbes  esp.  gayar,  wall.  gaie- 
lotey\  signifient  encore  barioler). 

GAILLARD,  it.  gagliardo,  esp.  gaUardo, 
prov.  galhard,  anciennement  =  généreux, 
vigoureux,  hardi,  a  l'air  d'être  un  dérivé  de 
gai  (cp.  bai,  haiUet),  et  les  formes  it..  esp.  et 
prov.  pourraient  n'être  que  des  assimilations 
du  fr.  Néanmoins,  Diez  préfère  rattacher  le 
mot  .soit  à  l'ags.  gagol,  geagle,  hardi,  lascif, 
ou  au  cymr.  gall,  force,  anc.  gaél  galach, 
courage,  vaillance.  —  D.  gaillarde,  gaillar- 
dise, ragaillardir.  —  Gaillard,  comme  t.  do 
marine,  est  le  même  mot;  la  locution  com- 
plète est  château  gaillard,  cliâteau  fort. 

GAILLET,  planta,  variété  de  caillet,  d'après 
Littré,  contraction  de  caille-lait, 

GAIN,  voy.  gagner.  Il  faut  di.stinguer  ce 
mot  du  vfr.  gain,  qui  est  le  simple  de  regain 
(v.  c.  m.). 

GAINE,  contraction  de  vfr.  gaine,  Hainaut 
tcaifie,  it.  guaina,  cymr.  gwain  ;  du  L.  ra- 
ghia,  m.  s.  — U.  gainiez',  engainer,  rengai 
ner,  dégainer, 

GALA,  mot  étranger;  répond  à  it.,  esp.  et 
port  gala  =  magnificence,  faste,  réjouis- 
sance, parure,  grâce.  Le  correspondant  vrai  ■ 
ment  français  de  ces  vocables  est  le  vfr,  gcde, 
d'où  l'ancien  verbe  galer,  se  réjouir,  faire  la 
noce,  mener  du  train.  Ce  vieux  mot  a  laissé 
une  trace  dans  le  wallon  sagalt,  se  parer.  — 
Sont  dérivés  de  gale  ou  gala  :  1 .  it.  gaUone, 
esp.  galon,  fr.  galon,  passementerie  de  luxe, 
ornement  de  parade  (cp.  feston  de  feste,  fête)  ; 
2.  vfr.  gai  ois,  aimable,  gentil,  poli,  répon 
dant  à  un  type  latin  galensis;  il  est  remplacé 
aujourd'hui  par  la  forme  galant,  it.  galante, 
esp.  galante,  galan,  galano;  voy.  aussi  réga- 
ler. Quant  à  l'origine  du  vfr.  gale,  nfr.  gala, 
Isetitia,  voluptates,  épuise,  facetise,  Diez,  d'ac- 
cord avec  Dicfenbach,  lui  assigne  le  vha.  ^«7. 
luxurians,  pinguis,  libidinosus  (en  Autriche, 
le  mot  geil  signifie  également  gai,  réjoui), 
ags.  gàl,  gai,  alerte;  subst.  vha.  geili,  faste, 
luxure.  Le  sens  foncier  est  donc  plaisir,  joie. 
—  Suchier,  vu  l'initiale  w  que  gale  et  galer 
ont  eue  en  premier  lieu,  préfère  comme  pri- 


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GAL 


—  238 


GAL 


m\iiîVa.Tïg\,u>eaIe,  bonbeur,  opulence,  an  moy. 
néerl.  toale.  —  Le  verbe  latin  gallare^  em- 
ployé par  Varron  ap.  Non.  Marc,  pour  bac- 
chai-if  est  distinct  de  notre  mot  et  se  rapporte 
aux  prêtres  de  Cybèle,  appelés  gaUi. 

GALANE,  genre  de  plantes;  altération  de 
chelone  (gr.  Xtiwvïï,  tortue). 

GALANT»  anc.  galand  (Lafontaino  a  dit 
au  féminin  galande),  voy.  gala.  —  Il  faut 
abandonner  l'ôtym .  tirée  du  L.  crt/en^,  d'après 
laquelle  galant  équivaudrait  à  vaillant.  Dans 
le  mot  galant  et  son  dérivé  galanterie,  se 
dessine  le  culte  de  la  femme  dans  ce  qu'il  a  de 
noble  et  d'élevé,  aussi  bien  que  dans  ce  qu'il 
présente  de  sensuel.  Voy.  à  ce  sujet  le  Dic- 
tionnaire philosophique  de  Voltaire  au  mot 
galant.  —  D.  galanterie,  d'abord  qualité, 
procédés,  attentions  d'un  homme  galant;  puis 
paroles  flatteuses,  petits  présents  de  bijoux 
que  Ton  se  fait  par  politesse  ;  aussi  intrigue 
avec  une  femme,  etc.  (toutes  les  acceptions, 
nobles  ou  basses,  de  ce  terme  se  rapportent 
en  dernier  ressort  aux  relations  do  l'homme 
avec  la  femme);  galantin,  homme  ridicule- 
ment galant;  galantise"  =  galanterie,  d'où 
galantiser,  faire  la  cour  aux  dames  (terme  bas). 

GALANTINE  (c'était  à  l'origine  une  prépa- 
ration de  poissons),  du  BL.  galatina  ;  ce  n'est 
donc  qu'une  forme  variée  do  gélatine;  cp. 
Tall.  gallerte,  gélatine. 

GALBANUM,  "  donner  du  galbamim,  bailler 
le  galbanum  »»  =:  tromper,  duper.  Cette  façon 
de  parler  peut  avoir  été  prise,  dit  de  Brieux, 
de  ce  que,  pour  faire  tomber  les  renards  dans 
le  piège,  on  y  met  des  rôties  frottées  de  gal- 
banum, dont  l'odeur  plaît  extrêmement  aux 
renards  et  les  attire  au  lieu  où  ils  en  sen- 
tent. Selon  d'autres,  la  locution  vient  de  ce 
que  la  gomme-résine  à^ite galbanum  (mot  latin, 
du  gr.  ;(ai6âvïj)  était  considérée  autrefois 
comme  une  panacée  universelle. 

GALBE,  anc.  garbe,  guerbe,  contour  gra- 
cieux, bonne  grâce,  agrément.  Le  mot  vient 
duvha.  garawi^garvoi,  ornement.  Diez,  né- 
gligeant la  circonstance  que  l'on  s'est  servi  de 
garbe  avant  galbe,  fait  venir  ce  dernier,  qui, 
en  effet,  est  proprement  un  terme  d'architec- 
ture, du  mha.  walbe  (auj.  xoalm),  courbure 
du  toit  du  côté  du  pignon. 

GALE,  maladie  cutanée;  Nicot  dérive  ce 
mot  du  L.  callus,  peau  dure,  et  eflectivement 
le  BL.  dit  callosus  ==»  galeux.  Cette  étymolo- 
gie  est  correcte  à  la  lettre,  et  s'appuie  en  outre 
du  rouchi  gale  =  cal,  durillon.  Néanmoins, 
Diez  croit  devoir  rapprocher  les  termes  ail. 
galle,  partie  endommagée,  tache,  angl.  gall, 
écorcher.  En  faveur  de  cette  étym.,  on  peut 
rappeler  le  vfr.  rasche,  gale,  du  prov.  rascar, 
prratter  ;  vfr.  gratelle  de  gratter  ;  ail.  kràtze 
de  kratsen,  gratter.  Voy.  aussi  galei\  Che- 
vallet  citele  bret.^a/,  gale,  et  le  gaél.  gall, 
émption  en  général  ;  reste  à  savoir  si  ces  mots 
sont  réellement  celtiques,  Pictet  invoque  l'irl. 
gdlar,  maladie.  —  Les  mots  it.  gai  la,  esp. 
a^a//a,  tumeur,  se  rapportent  plutôt  au  L. 
galla,  noix  de  galle,  excroissance  de  feuilles 
de  chêne.  —  D.  galeux. 


GALÉASSE,  voy.  galée, 

1 .  GALÉE  (ancien  nom  des  bâtiments  ap- 
pelés plus  t^rd  g<iliVes),  prov.  galea,  galeya, 
gale,  it.  et  anc.  esp.  galea,  port,  gale,  dan. 
galleyc,  ni.  galt?i,  angl.  galley;  EL.  galea, 
gai eia,gal€icl a.  \o'icï  les  diverses  étymologies 
mises  en  avant  sur  ce  mot  :  gr.  yodri,  belette, 
à  cause  de  la  rapidité  do  la  marche  (Ménage) 
—  gr.  '/xU,  mot  cité  par  Hésychius  avec  le 
sens  de  galerie,  à  cause  de  la  longueur  de  la 
galée  ;  —  L.  gcilea,  casque,  la  galée  étant 
comparée  à  un  casque  retourné,  ou  bien  parc« 
que  le  vaisseau  qui  portait  Ovide  tirait  son 
nom  "  a  picta  casside  «  ;  —  arabe  chali, 
ruch(y,  grand  navire  (Muratori)  ;  enfin  yrltoi, 
requin  fpour  cette  assimilation,  Diez  cite  un 
ancien  texte  décrivant  ainsi  la  galée  :  lignum 
a  prora  prsefixum  habet  et  vulgo  calcar  dici- 
tur,  quo  rates  hostium  transfiguntur  percus- 
sœ).  li  est  difficile  de  se  fixer  sur  aucune  de 
ces  opinions,  dont  aucune,  d'ailleurs,  ne  tient 
compte  du  BL.  galeida  (mha.  galeide)  et  ga- 
ledellus.  — D.  g.vléasse,  it.  goleazzo,  esp. 
port.,  galeaza;  galion,  it.  galeo7ie,  esp.  ga- 
leon,  port,  galeao;  galiot*,  galiote,  it.  ga- 
leotta,  port,  galiota. 

2.  GALÉE,  en  t.  d'imprimerie,  ais  à  rebord, 
où  le  compositeur  met  les  lignes  à  mesui'e 
qu'il  les  compose;  c'est  le  même  mot  que  le 
préc.  ;  l'ail,  appelle  de  même  la  galée,  schiff*, 
c.-à-d.  bateau;  l'angl.  dit galley. 

GALÈNE,  du  gr.  -/xH^t}. 

GALER,  gratter  ;  est-ce  le  primitif  ou  le  dé- 
rivé de  galef  D'après  ce  que  j'ai  dit  sous  gale, 
on  est  en  droit  de  poser  la  question. 

GMiÉRE,  it.,  esp.,  port.,  prov.  galera; 
prob.  un  dérivé  du  même  radical  qui  a  donné 
galée.  L'étymologie  L.  galêrus,  chapeau, 
casque,  n'a  pas  plus  do  probabilité  c^wegâlea, 
casque,  pour  galée,  bien  que  l'accent  s'y  prête 
davantage.  —  D.  galérien. 

GALERIE,  it.  galleria,  esp.  galeria,  port. 
galaria,  salle  plus  longue  que  large,  corridor, 
allée.  Le  Bh.  galeria  (il  remonte  au  ix*  siècle) 
présente  les  acceptions  :  maison  élégante,  puis 
lieu  enfermé,  cour.  D'après  Diez  (2®  et  3°  éd.), 
du  gr.  yàlïj,  sorte  de  galerie,  par  le  canal 
d'un  dérivé  galera.  —  On  avait  autrefois 
proposé  VdW.xoallen,  marcher  solennellement  ; 
puis  le  verbe  galer,  festoyer  (voy.  gala), 
donc  propr.  salle  de  fête.  —  Littré,  tout  en 
prenant  en  bonne  considération  l'étym.  de 
Diez,  rappelle  le  BL.  galilœa,  vfr.  galilée, 
signifiant  long  portique,  nef  d'église,  dont 
^a/<?>na  pourrait  s'être  produit  par  corruption. 
—  Le  vfr.  galerie  signifie  réjouissance  et  est 
un  dérivé  de  t/ale  (voy.  gala). 

GALERNE  (vent  de)  =  vent  du  nord-ouest, 
esp.,  port,  galerno,  prov.  galerna,  bret. 
gwalarn.  \ji  racine  est  gai,  qui  signifie  en 
irlandais  souffle  du  vent,  et  en  anglais,  sous 
la  forme  gale,  vent  frais.  La  terminaison  de 
galerne  fait  supposer  que  ce  mot  a  d'abord  été 
employé  dans  le  midi  do  la  France  (Diez  cite 
bolerna,  tempête,  buerna,  brouillard,  su- 
berna,  courant),  mais  le  radical  parait  celti- 
que, bien  que  Nicot  ait  pensé  au  L.  gelare 


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GÂL 


—  236 


GAM 


en  disant  :  nom  de  vent  qui  fait  geler  les 
vignes.  —  Johanneau  dérive  le  bret.  gwaîam 
de  gwall,  mauvais,  et  à*ame,  temps  d'orage. 

—  MttUer  rapporte  Tangl.^a/ô,  au  nova  ffola, 
vent  froid,  verbe  ffola,  souffler;  Wedgwood, 
au  nord,  gàlen,  furieux. 

GALET,  caillou  plat  et  rond,  qui  se  trouve 
sur  la  grève  ;  dimin.  du  vfr.  gai,  pierre  ; 
quant  à  celui-ci,  on  le  rattache  au  breton 
kaled,  dur,  gaél.  gai,  caillou.  —  De  galet 
vient  galeite,  petit  gâteau  plat  et  rond. 

GALETAS  (anc.  gakUas,  avec  le  sens  do 
grande  salle,  signification  encore  propre  au 
champenois  galetas i;  Littré  pense  que  le  mot 
est  venu,  par  les  croisés,  de  Constantinople, 
où  galaias  était  le  nom  d'une  tour;  on  lui 
voit,  dans  les  chartes,  désigner  un  apparte- 
ment dans  la  maison  des  Templiers  et  à  la 
Cour  des  Comptes. 

GALETTE,  it.  galetta,  prov.  galeta,  voj. 
galet. 

GALDSTTE  (mot  du  nord  de  la  France  et  de 
la  Belgique),  morceau  de  houille  de  moyenne 
dimension;  aussi  gaillette,  gayette,  Etymo- 
logi^  inconnue;  du  même  radical  que  caillou  t 

—  D.  gailleteries, 

GALIMAFRÉE,  anc.  calimafrée  (Ménagier 
n,  5),  ramassis  de  toutes  sortes  de  viandes, 
plat  grotesque  ;  d'après  Darmesteter  (p.  113), 
composé  do  la  particule  péjorative  cali  (cp. 
califourchon,  charivari)  et  du  radical  maflon 
mafr,  qui  se  trouve  dans  le  pic.  maflia  ou 
mafia,  gourmand,  goulu;  verbe  maflier, 
ma  fier,  ronger  entre  ses  dents,  et  qui  se  rat- 
tache au  flam.  maffelen,  moffelen,  agiter  ses 
joues.  Cp.  l'art,  suiv. 

GALIMATIAS,  discours  embrouillé  et  confus. 
D'après  Huet,  ce  mot  vient  du  quiproquo  d'un 
avocat  qui,  plaidant  en  latin  pour  le  coq  de 
Mathias,  à  force  de  répéter  Gallus  et  Slat- 
thias  et  voulant  dire  gallus  Maithiae,  vint  à 
dire  galli  Mathias,  ce  qui  fit  rire  tout  l'audi- 
toire; do  manière  que  l'expression  se  fixa 
pour  signifier  un  discours  embrouillé.  Nous 
pensons  que  cette  histoire  est  forgée  pour  le 
besoin  de  l'étymologiste,  et  que  galimatias  est 
plutôt  un  mot  de  formation  semblable  à  celle 
de  galimafrée  (v.  c.  m.),  —  Darmcsteter 
y  voit  une  forme  altérée  de  carimafiache, 
forme  picarde  de  galimafrée,  signifiant  la 
même  chose  que  celui-ci  et  en  outre,  au  figuré, 
ramassis  de  sottises,  discours  incohérent.  — 
Dans  des  glossaires  latins-allemands,  on  trouve 
ballimathia,  défini  par  cjmbale  et  par  chan- 
son malséante. 

GALION.  GALIOTB,  voy.  galce. 

GALIPOT,  résine  qui  coule  du  pin  ;  d'après 
Bugge  (Rom.  III,  149),  dérivé  de  l'ail,  klibe, 
«  gummi,  lacrima  arborum  »  (du  mha.  klîben 
"=-  haerere).  Pour  l'insertion  de  a  dans gl,  cp. 
canif;  pour  l'initiale  g,  p.  c,  cp.  ganivet;  le 
^s'explique  par  quelque  forme  haut-allemande. 
En  définitive,  galipot  serait  =  clipe,  calipe, 
galipe  -(-  suff.  ot 

GALLE,  L.  galla.  —  D.  gallique;  en- 
çaller. 


GALIiINAGii,  L.  gallinaceus  (de  gallina^ 
poule). 

GALLON,  ancienne  mesure  de  liquides  » 
encore  usuelle  en  Angleterre  ;cp.  rouchi  galoi, 
m.  s  ,  BL.  galetus,  'a,'Um.  mensura  vinaria  ; 
gillo,  gello,  galio,vas  vinarium.  D'origine  in- 
connue ;  peut-être  connexe  avec  jale,  jalon 
(v.  c.  m.). 

GALOCHE,  d'où  it.  galoscia,  esp.  galocha 
(aussi  halosa).  D'après  Baïf,  suivi  par  Roque- 
fort, du  L.  gallica,  chaussure  des  Gaulois, 
avec  changement  de  suffixe.  Cette  dérivation 
me  parait  fautive,  bien  qu'elle  soit  patronnée 
par  Dicz.  Je  préfère  celle  du  BL.  cdlopodia, 
mot  qui  correspond  au  grec  xxIoTro'^tQy  ou 
xaioTTouç,  soulier  de  bois  (j?5iov,  bois)  ;  çalop*dia 
a  régulièrement  pu  donner  la  forme  galoche 
(cp.  vfr.  treche,  danse,  de  tripudium).  Littré 
m'objecte  :  «  la  galoche  n'est  pas  le  sabot  »  ; 
non,  mais  une  espèce  de  sabot;  j'ai  porté  moi- 
même  des  galoches  à  semelles  de  bois,  et  d'ail- 
leurs l'esp.  galocha  s'emploie  pour  sabot.  — 
Dans  les  derniers  temps,  notre  mot  a  été  étudié 
par  Mussafia  (Beitrag,  p.  62);  il  ne  sait  pas  se 
décider  entre  ^a//ice  et  calones  «  calcei  lignei  « 
(ap.  Festum);  quant  kcalopodium,  il  ne  le 
repousse  pas  absolument,  mais  pense  qu'il 
faudrait,  en  l'admettant,  admettre  aussi  que 
les  formes  ital.  sont  tirées  du  français.  G.  Pa- 
ris approuve  l'étymon  calopia  p.  calopodia 
(Rom.  III,  113).  —  D.  galochier,  faiseur  de 
galoches,  autr.  aussi  :=  pauvre  et  grossier, 
Utt.  porte-sabots,  aussi  verbe  galocher,  se 
comporter  en  rustre. 

GALON,  voy.  gala.  —  D.  galonner. 

GALOPER,  it.  galoppare,  esp.  port,  galopar, 
prov.  galaupar;  du  vha.  hlaupan,  courir 
(ail.  mod.  laufen)\  avec  le  préfixe  ga:  vlia. 
gahlaupan,  ags.  gehleapan.  D'après  Warker- 
nagel,  du  vha.  gaJio  JUaupan,  courir  rapide- 
ment. —  D.  galop,  subst.  verbal,  prov.  cat. 
galop,  it.  galoppo;  galopade;  galopin,  nom 
donné  dans4a  fable  au  lièvre  faisant  office  de 
courrier,  plus  tard  ==  petit  commissionnaii-e, 
marmiton,  puis  petit  polisson  qui  trotte  dans 
les  rues,  etc. 

GALOPIN,  voy.  galoper. 

GALOUBET,  petit  instrument  à  vent;  d'ori- 
gine inconnue  ;  «  tiendrait-il  au  prov.  gualau' 
bin,  gaillard,  gracieux  •  (Littré)  ? 

GALVANIQUE,  -ISME,  -ISER,  du  nom  de 
l'Italien  Galvani^  physicien  à  Bologne,  mort 
en  1795. 

GALVAUDER,  maltraiter  de  paroles,  aussi 
=»  faire  de  la  mauvaise  besogne.  Je  ne  dirai 
de  ce  mot  qu'une  négation,  c'est  qu'il  ne  vient 
pas  do  caballicare,  chevaucher,  comme  pré- 
tendent ccHains  dicti  ^nnaires. 

GAMACHE,  guêtres,  du  vfr.  game,  jambe. 
—  Dcvic  pense  que  le  mot  vient  du  v.  esp. 
giiadamaci  signifiant  un  cuir  préparé  en  pre- 
mier lieu  à  Godâmes  (Tripoli)  et  plus  tard  en 
Espagne.  De  là  viendrait  aussi  le  mot  gara- 
mâches,  usité  dans  le  midi  de  la  France  pour 
de  grandes  bottes  à  l'écuyère. 

GAMBADE,  de  l'it.  gambata,  dér.  de^am^a 


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GAN 


—  237  — 


GAR 


=  vfr.    ffambe,  auj.  jambe  (v.   c.  m.).  — 
D,  ffambcule7\ 

6AHBES0N,  6AMB0IS0N,  sorto  de  vête- 
ment qu'on  portait  sous  le  haubert  (en  champ. 
çatnbison,  vêtement  doublé,  piqué)  ;  c'est  un 
dérivé  du  vfr.  wamheis,  prov.  ffambais,  v. 
esp.  gainbax,  v.  port,  canbas  (de  là  mha. 
wambeiSf  nha.  teams  p.  loammes),  pourpoint. 
Ces  mots  sont  issus  du  vha.  wamba,  ventre, 
par  le  BL.  toambasiittn. 

GÂMBILLiSR/de  gambe^  variété  àe  jambe. 

GAMBIT,  terme  du  jeu  d'échecs,  de  Vît, 
gambetto,  vfv.jambete,  croc-en-jambes. 

GAMELLE,  esp.,  port,  gamella,  du  L.  ca- 
mélia^ espèce  de  vase  à  boire. 

GÂiON,  mot  d'introduction  récente,  d'ori- 
gine inconnue.  Le  mot  çerait-il  pour  gambin, 
de  gambe,  jambe,  donc  trotteur,  qui  court  les 
rues?  Il  est  bon  de  rappeler  le  terme  picard 
et  rouchi  gai  mite  ==s  gamin  ;  gamin  serait-il 
peut-être  ^,galmtn;  mais  alors,  que  veut  dire 
cette  racine  gai  t  Le  fait  est  qu'elle  se  repro- 
duit dans  le  wallon  ^a/apia,  vaurien,  garne- 
ment, vfr.  galose,  drôle,  vaurien,  dauphiné 
galistran,  fainéant,  etc.  Atzler  rapporte  gai 
à  la  racine  germanique  gai,  signifiant  crier, 
faire  du  bruit.  —  On  a  aussi  pensé  à  l'angl. 
game,  jouer.  En  dernier  lieu,  nous  enregis- 
trons l'opinion  d'après  laquelle  gamin  aurait 
signifié  en  premier  lieu  un  simple  soldat, 
puis  aide-ouvrier,  enfin  enfant,  et  qu'il  vient 
de  l'ail,  gemeinei',  simple  soldat.  Voy.ArcAio 
fiir  dos  Stiidiitm  der  neueren  Spracken, 
XLI,  229.  —  D.  gaminer,  -erie, 

GAMME,  du  grec  gamma,  nom  de  la  troi- 
sième lettre  de  l'alphabet  grec.  Gui  d'Arczzo, 
inventeur  de  la  gamme,  ajouta  le  g  comme 
septième  à  la  série  des  lettres  a,  b,  c,  d^  e,  /*, 
qui  lui  servirent  à  noter  ses  tons  ou  int43r- 
valles.  C'est  cette  septième  note  g  (en  grec 
gamma),  conclusivo  de  la  gamme  en  a  (ou  la), 
qui  a  donné  le  nom  à  la  série  d'une  octave. 

GANACHE,  de  l'it.  gauascia,  forme  péjora- 
tive du  L.  gêna,  joue.  —  D'où  vient  le  sens  • 
figuré  et  injurieu!w  do  ce  mot?  Ëxprimc-t-il 
réellement  l'idée  d'un  homme  à  la  mâchoire 
pesante,  comme  le  pensait  Ménage  ?  On  est 
en  droit  de  l'admettre,  puisque  Littré  dit  que 
«  mâchoire  ••  a  le  même  sens  figuré.  —  Ue- 
monter  au  vha.  ganazso  (ail.  mod.  gatis), 
oie,  serait  par  trop  hardi. 

GANDIN,  dandy  ridicule,  du  nom  d'un  per- 
sonnage de  vaudeville. 

GANGLION,  gr.  ykyéUo^.    ~ 

GANGRÈNE,  it  ,  esp.  cangrena,  du  h.gan- 
grœna  =  gr.  ydcyy/saivoc,  m.  s.  —  D.  gangre- 
neux, se  gangretxer, 

GANGUE,  terme  de  mines,  it.  ganga,  de 
l'ail,  gang,  allée,  galerie. 

GANIVBT,  voy.  canif, 

GANSE,  aussi  gance,  L'étymologie  de  ce 
mot  ne  m'est  pas  connue,  mais  bien  certaine- 
ment il  ne  vient  pas  du  L.  ansa,  anse,  cava- 
lièrement mis  en  avant  par  Roquefort.  Diez, 
se  fondant  sur  le  sens  «  lacet  servant  de  bou- 
tonnière, accrochant  le  bouton  » ,  pense  que 
le  mot  pourrait  être  l'it.  gancio,es^.  gaucho. 


crochet.  Le  hongrois  gants  parait  emprunté 
du  français. 

GANT,  vfr.  loant,  it.  g\ianto,  esp.,  port. 
giian,  BL.  wantus,  v.  flam.  loante;  mot  ger- 
manique :  nord,  vôttr  (qui  équivaut  d'après 
Grimm  à  vantr),  dan.  vante,  —  D.  gantelet, 
ganter,  gantier, 

GARi^GE,  esp.  gransa;  un  vieux  glos- 
saire, cité  par  Ducange,  dit  :  «  Sandix,  herba 
tincturse,  quam  vulgus  varantiam  vocat  » .  On 
a  pensé  que  varantia  était  pour  verantia  et 
que  ce  dernier  venait  do  verans  color,  sive 
verus»  hoc  est  vere  rubcr  et  coccineus  «.  Cela 
ressemblé  à  un  tour  de  force  ;  on  a  cherché, 
il  est  vrai,  à  prouver  que  le  grec  à>i}Srivo; 
(vrai)  était  de  même  employé  dans  le  sens  de 
couleur  rouge,  mais  je  n'ai  pu  m'en  assurer. 

—  D.  garancer,  -ière, 

GARANT,  vfr.  toarant,  anc.  it.  guarento, 
esp.  garante,  \wov .  guaran ,  gniren,  BL.toa- 
rots,  anc.  frison  werand,  toarend,  flam.  tDae- 
rande;  du  vha.  toeren,  anc.  frison  toara, 
wera,  faire  prestation,  cautionner,  garantir. 

—  D.  garantir  (angl.  %Darra}it),  d'où  subst. 
garantie, 

GARBE,  anc.  forme  pour  galbe  (v.  c.  m.). 

GARBURE,  potage  épais;  Littré  le  rappro- 
che de  l'esp.  garbias,  ragoût.  J'ajouterai 
l'angl.  garbage  of  a  fowl,  la  petite  oie. 

GARCE,  garée*,  autrefois  fille  en  général, 
servante,  auj.  terme  d'injure;  c'est  le  féminin 
du  vfr.  gars,  prov.  gartz,  î«ens  primordial  =« 
L.  puer,  puis  serviteur,  manouvrier,  au  fig. 
et  en  mauvaise  part,  =  fripon,  goujat.  Dans 
le  dialecte  du  Jura,  gars,  garse  signifient  fils 
et  fille,  sans  aucune  mauvaise  acception.  On  a 
produit  difl'érentes  étymologies.  Pott,  et  après 
lui  Gachet  et  Littré,  alléguant  la  forme  prov. 
giiarz,  défendent  la  provenance  celtique  et 
rapportent  le  mot  au  breton  gwcrc'h,  virgi- 
nal. Chevallet  remonte  au  vha.  vair,  homme. 
Diez  rejette  l'une  et  l'autre  de  ces  opinions, 
prétendant  que  les  initiales  ail.  v  ou  to  et 
celt.  gw  auraient  produit  en  ital.  giiarzone 
et  non  pas  garzone.  Il  pense  que  le  mot  est 
latin  et  cache  une  métaphore.  Par  conséquent, 
il  le  place,  ainsi  que  son  dérivé  garçon,  it. 
garzone,  sur  la  même  ligne  que  l'it.  garzo, 
dim.  garzuolo,  cœur  de  chou,  milanais  gar- 
zoeii,  bouton,  jeune  pousse,  et  lombard  gar- 
zon,  laiteron.  Or,  ces  mots  viennent  du  L.  car- 
duus,  chardon.  Le  mot  garçon  figurerait 
ainsi  l'idée  d'une  chose  non  développée,  et 
serait  une  expression  analogue  à  l'it.  toso 
(de  tofisus),  d'où  vfr.  tosel,  garçon,  ou  au 
fr.  petit  trognon  (cp.  ail.  kleiner  biitzel), 
enfin  au  gr.  x6po;,  qui  signifie  à  la  fois  reje- 
ton, pousse  et  garçon.  Diez,  en  faveur  do  son 
étymologie,  se  prévaut  encore  do  ce  qu'à 
Milan  garzon  signifie  non  seulement  garçon, 
mais  aussi  une  plante  chardonnière.  Toute- 
fois, sa  manière  de  voir  (à  l'appui  de  laquelle 
on  serait  tenté  de  rappeler  le  fr.  c?iou,  en  tant 
que  terme  de  caresse)  n'a  pas  trouvé  grâce 
che^*  d'autres  philologues  compétents.  Ainsi 
G.  Paris,  arrêté  par  une  forme  voarçon,  citée 
par  Roquefort,  soupçonne  une  origine  germa^ 


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GÂR 


—  238 


GAR 


nique  ;  Baist  (Zt&chr.,  VI,  426)  incline  pour 
l'identité  de  gars  avec  jars,  gars  (oie).  — 
D,  garçon,  it.  garzoiie^  esp.  garjton,  port. 
garcào. 

6ARGBTTE»  t.  de  marine,  petit  cordage  ; 
de  l'esp.  garceta,  dont  l'origine  est  inconnue  ; 
l'angl.  dit  gasket,  l'it.  gaschette  (phir.). 

GARÇON,  voy.  garce,  —  D.  garçonner, 
-aille  ^  'ière. 

GARDER,  vfr.  et  dial.  warder,  it.  guar- 
dare,  esp.,  port,,  prov.  guardar,  du  vha. 
warteii^  faire  attention,  veiller  sur.  — 
D.  garde^  esp.,  it.  guardia,  prov.  giiarda 
=  goth  vardja,v\m.  warta  et  (inase.)u>arto; 
—  gardien,  it.  gnardiano,  esp.,  prov.  guar- 
dian,  ail.  voardein.  —  Composés  :  esgarder, 
avoir  l'œil  sur  (d'où  fr.  esgarf  égard),  it. 
sguardare,  v.  esp.  esguardar;  —  regarder 
d'où  regard.  Pour  le  rapport  logique  entre 
garder*  =  conserver,  et  regarder  =  voir,  cp. 
L.  sei-vare  et  observare,  tueri  et  intueri,  angl. 
?iold  et  behoîd, 

GARDIEN,  voy.  gardet\ 
GARDON,  nom  d'un  petit  poisson  ;  d'origine 
inconnue. 

GARE,  voy.  garer, 

GARENNE,  lieu  où  l'on  conserve  des  lapins 
(anc.  =  bois,  vivier,  étang,  auxquels  était 
attaché  un  droit  de  diasse  exclusif;  tenir  en 
garenne  =  tenir  en  défense),  aussi  varenne, 
vfr.  voarenne,  BL.  warenna,  angl.  \oarren, 
ni.  toarandc.  Si  le  mot,  comme  il  y  a  lieu  de 
croire,  vient  du  vfr.  garer,  loarer,  il  faut 
voir,  selon  Diez,  dans  la  forme  garenne  une 
corruption  de  garine,  cp.  vfr.  gastine,  guer* 
fine,  h^iïne,  autres  subst.  dérivés  de  radicaux 
germaniques. 

GARER,  prov.  garar,  garder,  faire  atten- 
tion, mettre  à  l'abri  ;  du  vha.  loaron,  obser- 
ver, prendre  garde.  —  D.  garc^  int^jrjection, 
=  prends  garde  ;  gare,  subst. ,  =  refuge, 
abri;  garenne  (v.  c.  m.);  esgarer  égarer, 
pr.  négliger,  laisser  aller  sans  surveillance, 
conduire  dans  l'erreur. 

GARGARISER,  gr.  /«p'/apiiuv,  L.  gargari- 
sare;  gargarisme,  gr.  -/^pyo^çi^fiôi. 

GARGOTE.  Selon  Diez,  ce  mot  na  aucun 
rapport  étymologique  ni  avec  l'ail,  garkiiche, 
qui  y  correspond  pour  le  sens,  ni  avec  le 
L.  gurgustium,  mauvaise  auberge;  il  faut 
plutôt  rattacher  ce  mot  au  verbe  picard  gar- 
goter,  bouillir  très  fort,  qui  a  l'air  d'être  une 
onomatoi)ée.  —  On  pou  irait  être  tenté  de 
songer  à  caro  cocta,  chair  cuite,  donc  endroit 
où  Ion  donne  à  manger  chaud  ;  mais  il  fau- 
drait pour  cela  un  intermédiaire  italien  car- 
cotta.  Sans  rien  préjuger  sur  le  rapport  éty- 
mologique, je  crois  ne  pas  devoir  omettre 
BL.  gurgutia  (vu®  siècle)  «  loca  ubi  convivia 
turpia  tiunt  ».  —  D.  gargoter,  gargolier. 

GARGOUILLE»  esp.  gargola,  endroit  où 
l'eau  d'une  gouttière  se  dégorge,  anc.  = 
gorge.  De  la  même  famille  que  le  yfv.gargate 
(encore  en  usage  dans  les  patois)  =  gorge, 
gosier,  it.  gargaita,  esp.  garganta  (d'où  Ra- 
belais a  tiré  son  gargantua,  équivalent  de 
•  grandgousier).  Ce  radical  garg  est  identique 


à  gurg  du  L.  gurges,  gorge  ;  l'altération  s'est 
produite,  faut-il  croire,  sous  l'influeuce  do 
gargaHzare.  On  la  trouve  encore  dans  it. 
gargagliare,  gargozza,  pour  gorgogliare, 
gorgozza,  —  D.  gargouiller,  verbe  désignant 
le  bruit  que  fait  l'eau  en  passant  par  une  gar- 
gouille, d^ dix  gargouillis. 

GARGOUSSE.  Ce  mot  se  rattache  prob.  au 
même  radical  garg,  d'où  procède  le  mot  pré- 
cédent et  qui  implique  l'idée  de  cavité  allon- 
gée. Il  parait  êtro  fait  sur  le  patron  de  l'it. 
gargozza,  gorge,  gosier.  Par  une  métaphore 
analogue,  on  appelait  au  xvii*  siècle  des  cu- 
lottes àQ& garguesques  Ou  bien  le  mot  serait- 
il  une  corruption  de  cardousse,  qui  représen- 
terait le  subst.  cartouche,  it.  cartocdot  Le 
fait  est  qu'on  dit  aussi  gargouges  et  gargoii- 
cïœs.  —  D.  gargoussier,  -ière. 

GARIGÏÏE,  terre  inculte  (pr.  couverte  de 
chênes),  \{v.  garrie,  jarn'e;  prov.  gariga, 
gwarriga,  chênaie;  du  prov.  ^ar>'ic,  chêne» 
vfr.  garris,jarris. 

GARNEBIENT  (v.  angl.  garnement,  con- 
tracté plus  tard  en  gar  ment),  autr.  =  vête- 
ment, ameublement,  armes,  dér.  de  garnir. 
L'acception  «  mauvais  sujet  «  viendrait , 
d'après  Ménage,  suivant  en  c«ci  d'auti*es  de- 
vanciers, de  ce  que  les  fainéants  et  gens  inu- 
tiles ne  servent  que  pour  garnir,  c.-à-d.  pour 
remplir  et  fournir  le  nombre  voulu  d'hommes. 
Mieux  vaut,  avec  Littré,  déduire  cotte  accep- 
tion de  celle  do  garnement,  défense  et  défen- 
seur, de  là  mauvais  garnement,  mauvais  sol- 
dat, généralisé  en  mauvais  sujet. 

GARNIR,  it.  guarnire,  guernire,  v.  esp. 
guarnir  (auj.  guarnecer),  prov.  ga}*nir^ 
d'abord  =  avertir,  prémunir,  préserver,  avoir 
soin,  puis  pourvoir  de  ce  qui  est  nécessaire» 
fournir,  munir,  foi-tifier.  Du  vha.  xcarnôn^ 
ail.  mod.  xoarnen,  avertir,  prémunir;  ou 
plutôt,  à  cause  de  la  terminai.son,  du  corres- 
pondant ags.  varnian,  prendre  garde,  avoir 
soin.  —  D.  garnisseur,  garniture;  garne- 
ment (v.  c.  m.)  ;  garnache,  mant^^u  =«  it. 
guarnaccia,  esp.  garnacha;  —  garnison, 
propr.  munition,  provision  d'argent  ou  do 
vivres,  puis  nombre  d'hommes  nécessaires 
pour  la  garde  d'une  place,  enfin  ville  occupée 
par  une  garnison.  —  Cps.  dégarnir. 

1.  GAROU,  dans  loup-garou,  vfr.  garoî, 
garoul,  garvoall,  signifiait  un  sorcier  qui  aie 
don  de  se  changer  en  loup  et  qui  rôde  la  nuit  ; 
••  (^uod  hominum  genus  geridphos  Galli  nonii- 
nant,  Angli  vero  vere-wolf  n,  dit  Gervasius 
Tillib.,  cité  par  Ducange.  Ce  mot  anglo-saxon 
vere-wolf,  qui  est  en  effet  le  primitif  du  vfr, 
garoul  (cp.  Raoul  de  Radulphus),  et  qui  est 
conservé  dans  l'angl.  were-tcolf,  ail.  wàhr- 
wolf,  signifie  litt.  homme-loup,  gr.).u/âv&/5e-;ro;. 
1  e  fr.  loup  garou  est  donc  une  composition 
en  superfétation,  puisque  l'idée  de  loup  .se 
trouve  dôjà  renfermé  dans  le  mot  garou.  De 
garou  vient  le  fr.  garouage  (norm.  varouage) 
=  vagabondage  nocturne,  vie  débauchée. 

2.  GAROU,  poisson,  un  des  noms  vulgaires 
du  smaris.  Banquier  (Rom.,  VI,  267,  note  7) 
tient  ce  mot  pour  une  mauvaise  lecture  de 


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GAU 


—  239 


GAU 


garon,  qu'indique  Rondelet  comme  nom  du 
smaris  à  Antibes  et  qui  appartient  au  même 
radical  que jarr^*  (voy.  pi.  loin). 

1.  GARROT,  articulation,  joint;  petit  bâton 
(pour  serrer).  Il  faut  abandonner  l'étymologie 
reçue  L.»erM*«w,  dard,  javelot.  Le  mot,  appli- 
qué à  une  partie  du  corps  du  cheval,  parait 
appartenir,  comme  (/at*ret,  &u},  jarret,  à  la, 
racine  celtique  ffâr  dans  cymr.  ffâr,  cuisfie, 
pr.  flexion,  courbure,  bret.  car,  os  de  la 
jambe.  —  D.  garrotter, 

2.  GARROT,  sorte  d'oiseau  du  genre  canard  ; 
peut-éti-e  un  dérivé  de  gars,  awyjars  (v.  c.  m.). 

GARS.  voy.  garce. 

GARZBTTB,  espèce  de  héron,  de  l'esp.  gar- 
jteta,  héron. 

GASCON,  L.  Vo^co,  habitantde  la  Vasconia, 
■fr.  Gascogne.  —  D.ga$conner,'ade. 

GASPILLER,  prov.  guespillar,  wall.  cas- 
pouï,  de  l'ags.  gaspillan,  vha.  gaspildan, 
consumer,  dépenser. 

GASTER,  mot  savant  pour  ventre  ou  esto- 
mac, du  gr.  yxvTtip,  m.  s.  De  là  :  gastrique, 
gastrite;  gastronomie,  gr.  yx^vfiovofjLlx,  règle 
relative  aux  soins  do  restomac,  art  de  faire 
bonne  chère  ;  gastronome  (abstrait  de  gastro- 
nomie). 

GATEAU,  gasteV,  breton  gioastel,  prov. 
gastal,  du  mha.  wastel,  m.  s. 

GATER,  vfr.  guaster,  it.  giiastare,  v.  esp. 
port.jprov.yMOjf/ar.augl.  waste,  piller,  rava- 
ger, détruire;  du  L.  vastare,  ravager,  en 
basse  latinité  =  endommager.  —  Ka  vfr.  on 
avait  l'adj.  giiaste,  inculte,  solitaire,  en  mau- 
vais état,  =  it.  guasto,  port,  gasto,  du  L. 
cactus.  —  La  forme  ancienne  gasiir,  d'où  le 
snhst.guastinc,gastine,  clairière  dans  un  bois, 
désert,  terre  en  friclie,  lando  (cp.  flam. 
wnestyne,  xoœstync),  accuse  une  dérivation 
directe  du  vha.  wastjan,  m.  s.  —  D.  gâteux; 
cps.  dêgàter,  L.  de  vastare,  d'où  dégât. 

GATTILLIER,  arbrisseau  scientifiquement 
appelé  M  vitex  agnus  cAstus  »f,  vient  de  l'esp. 
sau3  (=  salix)  gatiUo,  qui  a  la  même  valeur. 
Ce  gatUlo  a  l'air  d'être  le  dim.  degato,  chat, 
mais  le  terme  esp.  parait  être  une  altéra- 
tion populaire  de  agno  castil,  qui  se  trouve 
en  portugais  à  côté  de  agno  casto  (Bugge, 
Rom.,  IV,  357). 

GAUCHE,  V.  angl.  gauh;  l'angl.  gauïic 
liand  ^dialectes),  main  gauche,  autorise  à  pré- 
sup|X)ser  l'existence  d'un  vfr.  gale;  cp.  en  wall. 
frère  wauquier  (—  walquier),  frère  gaucher, 
dcini-frôre.  Diez  rapporte  le  vfv.galc  ou  walc 
ail  vha.  toelh,  faible,  fatigué,  ce  qui  est  par- 
faitement admissible  tant  pour  la  forme  que 
pour  le  sens.  D'autres  langues  encore  rendent 
la  main  gauche  par  un  mot  exprimant  fai- 
blesse ;  ainsi  l'it.  dit  stanca,  la  fatiguée,  et 
manca,  l'endommagée,  la  défectueuse,  l'esp. 
a  surda,  la  sourde  (qui  n'obéit  pas),  le  n. 
prov.  man  seneco,  la  vieille,  la  décrépite. 
—  D.  gaucher,  gaucheHe;  verbe  gauchir 
(V.  c.  m.). 

GAUCHIR,  sortir  de  la  ligne  droite,  détour- 
ner le  corps  pour  éviter  un  coup,  fig.  ne  pas 


parler  droitement,  franchement,  biaiser; 
aussi  =^  rendre  gauche.  Ce  verbe  vient  directe- 
ment de  gauche^  en  tant  qu'opposé  à  droit. 
Chevallet  et  Gachet  se  sont  trompés  en  pre- 
nant gauche  p.  guenche,  et  en  identifiant 
gauchir  avec  le  vfr.  ganchir,  guenchir,  se 
détourner,  éviter,  qui  vient  du  vha.  wanhjan, 
wenkjan,  vaciller,  se  retirer,  céder  (ail.  mod. 
wanhen).  Diez  se  prononce  contre  l'opinion 
qui  fait  venir  gauche  de  xoankjan,  d'abord 
parce  que  l'on  ne  voit  pas  d'ac^jectifs  romans 
dériver  directement  de  verbes,  et  que  la  muta- 
tion an  en  au  resterait  sans  explication. —  D. 
subst.  verbal  vfr.  gauche,  tromperie,  détour. 

GAUCHOIR  (t.  de  technologie),  moulin  à 
fouler  le  drap,  de  l'ail,  waiken,  fouler. 

GAUDE,  reseda  luteola,  esp.  gualda,  it. 
guada  (dans  guadarella),  esp.  gualda;  de 
l'angl.  weld,  herbe  à  jaunir,  écoss.  voald, 
waude,  v>au.  —  D.  gauder. 

GAUDIR  (SE),  se  divertir,  se  moquer,  du  L. 
gaudere  ;  gaiulir  est  donc  étymologiquement 
identique  avec jOMir.  —  D.  gaiulisseur,  -erie. 

GAUDRIOLE,  propos  facétieux,  p.  gaudiole, 
du  L.  gaudiolum,  dim.  de  gaudium,  joie, 
plaisir.  Voy.  aussi  godailler. 

GAUFRE,  pic.  waufe,àx\  holl.toa6/l'/,angl. 
wafre,  ail.  icaffel,v.  esp. guafla,  hL. gafrum. 
Cp.  ail   wabe,  rayon  de  miel.  —  D.  gaufrer. 

GAUGALIN,  p.  galgaïin,  du  L.  gallus-gal- 
lina,  poule-coq. 

GAUGE,  dans  noix  gauge,  pic.  gaugue, 
noix,  pr.  noix  étrangère;  du  vha.  xoalah, 
étranger,  non  allemand,  prononcé  d'abord 
walc.  Cp.  ags.  veal-hmit,  ail.  mod.  toallnuss, 
angl.  icalnut. 

1.  GAULE,  grande  porche,  en  Hainaut 
wauîe;  du  goth.  x>alus,  bâton,  perche,  =  fri- 
son icalu,  La  diphthongue  au,  toutefois, 
accuse  un  radiciil  à  double  /,  ce  qui  recom- 
mande l'étym.  tirée  du  L.  vallus,  pieu.  La 
mutation  du  L.  i?  en  fr.  ^  se  trouve  encore 
dans  gaine  et  gâter.  Le  mot  se  trouve  aussi 
dans  les  langues  celtiques  :  bret.  grcalen, 
cymv.  g  wial en.  Le  fr.  gaule  parait  avoir  donné 
l'angl .  goal,  pieu  marquant  le  but  de  la  lice. 
Notre  mot  n'est  pas  connexe  avec  le  vfr. 
gaut,  gault,  bois,  forêt  ^primitif  de  vfr.  gau- 
dine,  bois),  lequel  vient  de  l'ail,  wald.  On  a 
eu  tort  de  l'y  rattacher.  L'étymologie  du  L. 
caulis,  tige,  est  également  fautive.  —  D.^ai*- 
lette,  gauler,  gaulis. 

2.  GAULE,  du  L.  Gallia.  La  diphthongue 
au  vient  de  la  i-ésolution  du  premier  /  en  u; 
voy.  l'art,  préc.  —  D.  Gaulois.  —  U  est  bon 
d«  rappeler  ici  que  la  syllabe  gai,  dont  les 
Latins  ont  fait  Gallus,  est  identique  avec  v>al, 
qui  se  trouve  dans  le  vha.  voalh  ou  walah, 
non-allemand,  employé  déjà  au  via*  siècle 
pour  désigner  lespeuples  romanisés.  puis  dans 
l'angl.  Wales,  et  dans  liotre  wallon  {v.  cm.). 
Les  Allemands  appellent  encore  aujourd'hui 
walsch{\).  Wiilisch)  tous  leurs  voisins  romans, 
tant  italiens  que  français. 

GAUPE,  femme  malpropre,  vfr.  w?ai</w;d'après 
Diez  du  v.  angl.  loallop,  morceau  de  graisse. 
Je  ne  puis  souscrire  à  ce  que  dit  Trippault  : 


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GAZ 


—  240  — 


GÉM 


«  Les  anciens  Gaulois  appelaient  les  paillardes 
gaitpes,  lequel  mot  je  recherche  de  gaiisape 
et  ainsi  gaupe,  diction  prinso  des  couvertes 
où  couchaient  en  guerre  les  paillardes  *«.  Le 
L.  gausape  signifiait  une  étoffe  de  laine  à 
poil  frisé.  L'étym.  vha.  wulpâ,  louve,  est  ro- 
poussée  par  Diez  parce  qu'il  faudrait  la  forme 
goupe.  Le  nécrl.  toelp,  petite  chienne,  con- 
viendrait mieux  à  la  lettre.  —  L'arabe  gabba, 
vieille  femme,  mentionné  par  Devic,  ne  i)eut 
guère  être  mis  en  question. 

GAUSSER,  mot  obscur.  Frisch  y  voit  l'it. 
gavajtsare,  babiller;  Diez,  l'esp.  gojfarse,  se 
réjouir.  (Quant  &  l'origine  de  gojfar,  le  philo- 
logue allemand  balance  entre  L.  gaudium  et 
L.  gustiis.)  D'autres  rattachent  gausser  au 
nord,  gaisit  pétulance,  mais  le  mot  est  d'in- 
troduction trop  récente  i)0ur  que  cette  origine 
soit  admissible.  Une  dérivation  directe  d'un 
fréq.  h.  gamsare^  de  gacisunif  supin  de^au- 
dere,  n'est  point  correcte  non  plus.  —  D.  subst. 
verbal  ^aicr*^. 

GAVAGHli,  de  l'esp.  gavacho,  homme  sans 
cœur,  lâche  et  négligé. 

GAVIi,  jabot,  voy.  oigaver.  —  D.  gaver, 
gaoioii, 

GAVION,  gosier,  voj.gave. 
GAVOTTS,  danse  originaire   des   Gavots, 
habitants  du  pays  de  Gap. 

GAZ,  fluide  aériforme  et  élastique.  Ce  mot, 
créé  par  Van  Helmont  (mort  en  1644),  n'est 
pas  encore  éclairci  au  point  de  vue  de  l'étymo- 
logie.  Je  n'ose  croire  que  la  gase,  tissu  fort 
léger,  y  soit  pour  quelque  cliose;  cependant 
la  métaphore  ne  serait  pas  trop  forte,  le  gai 
rendrait  l'idée  «  subs-tanco  à  molécules  éloi- 
gnées I».  J'établirais  plutôt  comme  primitif  la 
racine  qui  a  produit  les  mots  allemands 
gàscht,  gischt,  fermentation,  mousse,  et  qui 
viennent  d'un  verbe  gOscheu,  bouillir,  mous- 
ser, variété  de  gâreti,  suéd.  gàsa,  fermenter. 
On  me  dit  que  Van  Helmont  envisageait  le 
gaz  principalement  comme  la  vapeur  qui  se 
dégage  des  liquides  en  fermentation.  I^on 
Meyer  a  démontré,  de  son  côté,  par  l'examen 
des  œuvres  de  Van  Helmont,  que  celui-ci  a 
inventé  le  mot  gaji  arbitrairement,  toutefois 
sous  l'influence  du  mot  chaos  des  anciens 
(Kuhn.  Ztschr.  XX,  303).  —  D.  ga^reux, 
gazéifier,  gaiéi forme. 

GAZE,  Gsp.gasa,  tissu  léger  et  transparent; 
de  la  ville  dé  Gaia,  en  Palestine,  d'ojii  prove- 
nait autrefois  cet  article  de  commerce.  —  D. 
gazer,  couvrir  d'une  gaze,  fig.  voiler. 

GAZELLE,  it.  gautella,  esp.  gazela,  de 
l'arabe  gasaî,  antilope. 

6AZETTE,  de  V\i,gazzetta,m.  s.  Ce  sub- 
stantif était  d'abord  le  nom  d'une  petite  mon- 
naie, pour  laquelle  on  achetait  le  journal,  et 
a  fini  par  désigner  le  journal  même.  Tel  est 
l'avis  émis  successivement  par  Ménage,  par 
Ferrari  (167C)  et  par  G.  Gozzi  (1713-1786). 
Schmeller  considérait  le  moi  gazsetta  comme 
le  diminutif  de^a^^a.  pie  ;  les  premières  ga- 
zettes auraient  porté,  supposc-t-il,  l'emblème 
de  l'oiseau  bavard  par  excellence.  Mahn  se 


prononce  pour  l'opinion  de  Ménage  ;  Diez  fa- 
vorise la  seconde.  —  D.  gazetier, 

GAZON,  du  vha.  v>aso  (ail.  mod.  wasen), 
m.  s.  —  D.  gazonner. 

GAZOUILLER,  vfr.  gaziller,    est  soit   le 
dimin.   de  gazer,  ancienne  forme   de  jaser 
(v.  c.  m.),  ou  tiré  du  bret.  geiz,  gazouille- 
ment. 
GEAI,  voj.gai. 

GÉANT,  vfr.  gaiant,  wall.gaià,  prov  .^oian^, 
cat.  gigant,  esp.,  port.,  it.  gigante,  angl. 
giaut;  du  L.  gigas,  gigantis;  de  Fit.  gigart' 
tesco  vient  fr.  gigantesque, 

GÉHENNE,  L.  gehemia,  gr.  vhvvx;  de  l'hé- 
breu gëhinnom,  nom  d'une  vallée  près  de 
Jérusalem.  Les  Israélites  idolâtres  y  avaient 
offert  leurs  enfants  au  dieu  Moloch,  c'est  pour 
cela  qu'elle  constituait  plus  tard,  aux  yeux 
des  Juifs,  un  lieu  de  damnation  étemelle,  et 
que  dans  le  Nouveau  Testament  le  mot  yîfvvx 
est  devenu  le  symbole  de  Tenfer.  —  De  ge^ 
henna  ignis,  la  condamnation  du  feu,  enfer, 
s'est  produit  le  mot  vfr.  gehène,  avec  le  sens 
général  de  condamnation,  torture,  contrainte; 
de  là,  par  contraction,  le  mot  actuel  gêne. 
Le  sens  de  torture  se  remarque  encore  dans 
le  vers  de  Molière  :  «  Je  sens  de  son  courroux 
des  gènes  trop  cruelles  n.  Dans  les  temps 
modernes,  le  terme  a  bien  perdu  de  sa  force 
primitive;  la  torture,  l'enfer,  sont  devenus 
une  légère  incommodité,  un  embarras  passa- 
ger. —  Littré,  dans  l'historique  donné  sous 
gêne,  confond  le  vfr.  gehine,  confession,  aveu, 
subst.  formé  de  gehir,  afiirmer,  avouer,  avec 
géhenne,  torture.  Dans  mettre  à  la  gehine 
(t  la  question,  arracher  des  aveux),  il  est  vrai, 
les  deux  mots,  distincts  d'origine,  viennent  à 
confondre  leur  valeur. 

GEINDRE,  ancienne  forme  p.  gémir,  régu- 
lièrement produite  du  L.  gemere  (cp.  impri- 
mère  =  empreindre) '^  de  là  geignant,  en 
Champagne  geindeux  «»  plaignard. 

GÉLATINE,  liquide  visqueux  tiré  desos.etc.» 
qui  se  prend  en  gelée  par  le  refroidissement. 
Du  L.  gelatus,  congelé.  —  D.  gélatineux. 

GELER,  L.  gelare.  —  D.  gel  (it.  gielo)  ; 
gelée  (it.  gelata,  prov.  gelada,  esp.  helada)  ; 
dégeler;  engeler. 

GÉLIF  {pois  gélifs  sont  des  bois  fendus  par 
les  grandes  gelées),  d'un  adjectif  gelimis  *, 
formé  de  gclu.  —  Le  féminin  gélisse  accuse  un 
type  latin //«/îciMJ.  —  D.  gélivure. 

GEUNE,  L.  galina  p.  gallina  (gallus).  — 
D.  gelinotte,  aussi  gel i nette. 

GÉMEAU,  L.  gcmellus  (dim.  de  geminus); 
le  mot  jumeau  n'est  qu'une  modification  pho- 
nétique de  gémeau,  lequel  est  réservé  au  lan- 
gage astronomique  ou  anatomique. 

GÉMINÉ,  du  verbe  L.  geminare,  doubler. 

GÉMIR,  h.  gemere.  Voy.  &\x^\  geindre. 

GEMME,  L.  gemma.  Le  motfr.  a  les  deux 

acceptions  du  mot  latin,  savoir  bourgeon,  œil, 

et  pierre  précieu.se.   Le  sel  gemme  est  ainsi 

nommé  à  cause  de  sa  transparence. 

GÉMONIES,  du  L.  gemoniœ,  escalier  du 
mont  Aventin  qui  conduisait  au  Tibre,  où  l'on 


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GÉN 


—  241 


GÉN 


trainait  les  condamnés  pour  les  jeter  dans  le 
fleuve.   

GENCIVE,  it.,  port.,  prov.  gengwa,  esp. 
encia,  en  Sardaigne  sinsia^  dans  le  Berrj  gen- 
dive;  du  L.  gingiva^  d'où  les  médecins  ont 
formé  directement  leurs  termes  gingival  et 
gingimte. 

GENDARME»  de  gens  d'armes  =  hommes 
d'armes.  Autrefois,  on  entendait  p&v gendarme 
un  homnîe  de  guerre  armé  de  toutes  pièces, 
puis  im  homme  pesamment  armé.  Nous 
n'avons  pas  du  reste  à  faire  ici  l'historique  de 
l'application  de  ce  mot.  Mais  comment  gen- 
darmes est-il  venu  à  signifier  les  bluettes  qui 
sortent  du  fer,  les  petites  parties  do  lie  qui 
se  trouvent  quelquefois  dans  le  vin,  etc.  ?  —  D. 
gendarmerie;  se  gendarmer  y  se  défendre,  se 
révolter,  pr.  prendre  un  air  martial,  faire  le 
brave. 

GENDRE,  du  L.  gêner,  generi.  Les  patois 
en  tirent  un  féminin  et  ài^nt  gendresse  ^\\v 
bru. 

GENE,  voy.  géhemie.  —  D.  gêner. 

GlOfÉALOGIE,  gr.  yinxlo/lit ,  litt.  esi^osé 
relatif  à  la  race,  à  la  naissance  (yiviâ). 

GÉNÉRAL,  a4j .,  L.  generalis  (genus),  relatif 
à  tout  le  genre,  universel.  — D.gené'al,  titre 
do  certains  fonctionnaires  ou  officiers  supé- 
rieui*s  (superlatif  généralissime)  \  générale, 
batterie  de  tambour  pour  avertir  tout  le 
monde  :  généralité;  généraliser, 

GÉNÉRATION,  -ATBUR,  -ATIF,  du  L.  ge- 
n€7'are  (genus),  engendrer. 

GÉNÉREUX,  du  L.  generosus  (genus),  pr. 
de  bonne  race,  de  bonne  qualité  ;  puis  digne 
d'un  homme  de  condition.  —  D.  générosité , 
grandeur,  noblesse. 

GÉNÉRIQUE,  mot  moderne,  formé  du  L. 
gc7ius,  ^generis,  genre. 

GENÈSE,  du  gr.  yivi^i;,  génération,  créa- 
tion. Le  premier  livre  de  Moïse  a  été  appelé 
ffent>se  parce  qu'il  raconte  la  création  du 
monde. 

GENET,  petit  cheval  d'Espagne,  vfr.  gitiet, 
it.  ginnetto;  moXon  toute  probabilité  du  L.  gin- 
nus,  mulet.  —  D.  adv.  à  la  geneite. 

GENET,  genest\  champ,  genistre,  ail. 
ginst,ginster,  es^i.  ginesta,  hiniesta,  it.  gines' 
tra;  du  L.  gincsta,  m.  s.  —  D,  genétière  ; 
genestroUe. 

GÉNÉTIQUE,  du  gr.  yvnrr.i,  générateur. 

GENETTE,  espèce  de  civette,  angl.  genêt, 
Jennet,  csp.  gineta;  de  l'arabe  djerneyth. 

GÉNIE,  voy.  le  mot  engin, 

GENIÈVRE,  vfr.  genoivre,  it.  ginepro, 
j)Ort.  simbro,  angl.  Juniper,  néerl.  jenever; 
du  L,Jiinij)criiS. —  D. genévrier;  genévrette, 

GiiNISSE,  vfr.  genice,  wall.  ginihe,  prov. 
junega.  Du  L.  junix,  -icis.  Vu  atone  s'est 
assourdi  en  e  comme  dans  genièvre  de  Juni- 
per us, 

GÉNITAL,  L.  gtniiaUs  (de  gmitum,  supin 
Aq  génère*,  forme  primitive,  d'où,  par  le  re- 
doublement de  la  syllabe  initiale,  ^/«/«c^t,  en- 
gendrer). Le  ^\\^\n  gcnitum  a  pi'oduit  encore 
genitivus,  d'où  fr.  génitif,  puis  gcnitura,  fr. 
géniture. 


GENOU,  anc.  genouil,  it.  ginocchio,  esp. 
hinojo,  port.  giolho,joe1ho;  du  L.  genuculum 
(genu),  forme  de  la  basse  latinité  pour ^entcw- 
lum.  —  D.  genouil lâre,  agenouiller, 

GENRE,  it.  génère,  esp.  genero,  angl.  gen- 
der,  du  L.  genus,  generis, 

GENS,  voy.  gent  1. 

1.  GENT,  nation,  peuple,  race  (auj.  d'un 
emploi  limité  au  style  badin),  du  L.  gens, 
gentis.  Le  plur.  fr.  gens  exprime  1.  un  en- 
semble de  personnes  déterminées  ou  qualifiées 
par  un  subst.  ou  adj.  {ffens  deguen-e,lesgens 
du  roi,  honnêtes  gens),  2.  le  monde,  L.  ho- 
mines. 

2.  GENT,  fém.  gcnte,  adj.  de  la  vieille  lan- 
gue (ne  s'employant  plus  que  dans  le  stylo 
enjoué),  prov.  gent,  fém.  genta,  poli,  gra- 
cieux, beau,  comme  il  faut.  Cet  adjectif  no 
vient  directement  ni  du  subst.  L.  gens,  ni  do 
gentilis  (par  le  retranchement  du  suffixe), 
mais  il  représente  le  part,  latin  genitus  (voy. 
pi.  h.  génital),  avec  le  sens  «  de  naissance  »»  ; 
homo  genitus,  c'est  un  homme  bien  né.  C'est 
do  cet  a(\jectif  gent,  ou  plutôt  du  type  bar- 
bare L.  genitius,  que  dérivent,  au  moyen  du 
préfixe  a  (=  L.  ad),  le  verbe  agença^  mettre 
en  bon  état,  (type  L.  agentiare'),  it.  agenzarc, 
cat.  agensar,  prov.  ageiuar  et  aussi  sans  pré- 
fixe ^en^ar;  on  peut  comparer,  pour  le  sens 
et  la  forme,  le  verbe  ajuster.  Le  vfr.  avait 
également  sans  préfixe  les  formes  gcncer  et 
genscr  =  orner,  parer. 

GENTIANE,  du  L.  gentiana  (ail.  ensian), 

GENTIL,  gracieux,  poli,  agréable,  pr.  de 
bonne  race,  do  manières  nobles,  distmguées  ; 
donc  de  même  valeur  que  l'adj.  gent.  Du  L. 
gentilis,  pr.  «  qui  gentem  habet,  qui  a  de  la 
race.  —  Comme  le  pluriel  gentes  exprimait 
chez  les  Romains  les  étrangers,  les  barbares, 
et  chez  les  Pères  de  l'Eglise  les  non-chrétiens, 
Viià]Gcû{  gentilis  a  pris  aussi  en  style  d'Eglise 
le  .sens  de  païen;  de  là  l'expression  les  gentils 
et  le  subst.  co)\cQ,i\ï  gentilité  (employé  par 
Bossuet)  p.  les  nations  païennes.  —  Dérivés 
àe gentil  :  subst.  gentillesse-,  adj.  gentillàtre 
=B  de  noblesse  douteuse.  Notez  l'élision  de  1*^ 
dans  l'adv.  gentiment,  p.  gcntilment.  On  sait 
que  dans  l'ancienne  langue  les  adjectifs  pro- 
venant d'adjectifs  latins  en  is  n'avaient  pas  de 
forme  distincte  au  féminin  ;  gentilment  repré- 
sente donc  correctement  l'adverbe  de  gentil. 
Le  composé  gentilhomme,  conformément  à  la 
signification  primitive  de  gentil,  par  laquelle 
il  est  l'opposé  de  vilain,  de  roturier,  signifie 
un  homme  de  noble  extraction.  Les  anciens 
disaient  même  gentilfemme,  gentifemme,  et 
plus  tard  gentillefemmc.  Les  Anglais  ont 
rendu  gentilhomme  par  gentleman,  devenu 
pour  eux,  avec  le  temps,  synonyme  de  mon- 
sieur. 

GENTILHOMME,  voy.  gent,  —  D.  gentil- 
hommerie. 

GÉNUFLEXION,  mot  néo-latin,  tiré  de 
flectere  genu,  fléchir  le  genou. 

GENUINE,  angl.  genuinc,  du  L.  genuimis, 
naturel,  non  falsifié. 


16 


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GER 


242 


GIB 


GÉODÉSIE,  grec  ysMoaiv^sc,  mot  scientifique, 
formé  de  y^,  terre  et  èulta,  partager,  donc  litt. 
partage  des  terres  ou  des  surfaces  ;  géogno- 
SIB,  connaissance  de  la  terre  (y^,  yvûsc*),  fféo- 
gnoste  (gr.  /vû^rii;»  qui  se  connaît  en),  -ique; 
GÉOGRAPHE,  gr.  yiojy/sà^oî  (yn,  vp^pw)»  Qui  dé- 
crit la  terre,  d'oii  géographie  :  gkologlb,  litt. 
qui  traite  de  la  terre  (y^,  Aoyoî),  d'oii  géologie, 
'ique;  géométrie,  gr.  ytfjtfiszpitK  (yH.  ^sr/îi*»), 
art  de  mesurer  la  terre,  d'où  géomètre,  gœ- 
métrique. 

6É06NOSIS,  GÉOGRAPHIE,  voy.  Tart. 
précédent. 

GEOLE,  vfr.  gaole,  gaiole,  jaiole,  it.  gab- 
biuola,  osp.  gayola,  port,  gaiola,  cage,  pri- 
son. Ces  formes  représentent  le  diminutif  L. 
caveola,  comme  it.  gabbia,  gaggia^e&\i.,  port, 
gax>ia,  n.  prov.  gavi,  \îr,  caive,  nfr.  cage  ré- 
pondent au  simple  cavea.  En  plaçant  le  mot 
geôle  dans  l'élément  celtique,  Chevallet  a 
négligé  les  formes  parallèles  des  langues  con- 
génères ;  les  mots  celtiques  qu'il  cite  ne  sont, 
comme  souvent,  que  des  emprunts  faits  au 
roman.  —  D.  geôlier;  voj.  aussi  cc^oler  et 
etyôler» 

GÉOLOGUE,  GÉOMÉTRIE,  voy.  géodésie. 

GÉORGIQUE,  du  gr.  ytupycxo,-,  adj.  de 
ygùipyiv,  travail  de  la  terre,  agriculture. 

GÉRANIUM,  bec-de-grue,  gr.  -/ip&viov,  de 
yi^avoî,  grue. 

GERBE,  vfr.  garbe,  jarbe,  prov.,  esp. 
garba,  du  vha.  gatba,  ail.  mod.  garbe,  m.  s. 
—  D.  gerber, 

GERCER,  dans  quelques  dialectes  jarcer; 
d'après  Diez,  du  L.  carptiare  *,  arracher,  tiré 
de  carptiis,  part,  de  carpa^e,  Litt  ré  préfère 
l'ét.  BL.  charaxare,  scarifier  (c'est  le  gr. 
Xsr/&À79!iv,  gratter),  mais  la  lettre  ne  la  recom- 
mande guère.  —  Baist  identifie  jarcer  avec 
esp.  sarjar,  sajar,  et  présume  une  forme  nor- 
male osp.  jarsar,  qui  dériverait  du  subst.  gr. 
2i9c<^i9ij  (incision  chirurgicale).  Cela  reste  pure- 
ment conjectural.  —  D.  geixe  (subst.  verbal), 
nom  d'un  insecte  rongeur  ;  gerceiix,  gerçure. 

GÉRER,  mot  d'introduction  moderne,  du  L. 
gerere,  qui  avait  déjà  l'acception  moderne 
conduire,  administrer.  — Du  L.^«fîo,  subst. 
do  gerere,  vient  le  fr.  gestion,  administra- 
tion. 

GERFAUT,  BL. ge^'ofalco,  gyrofalcu^,  ainsi 
nommé,  dit-on,  à  cause  de  son  vol  tour- 
noyant; d'auti-es  ont  expliqué  l'élément //cro 
imr  hiero  (du  gr.  ti.©o',-,  rp.  fr.  sacre),  ou  par 
xûoioî,  dominus.  —  La  vérité  est  que  le  BL. 
girofalcus  est  tout  simplement  un  mot  façonné 
d'après  l'ail,  geierfalh,  gcrfalk,  gierfalk,  qui 
est  un  composé  de  geier  (vha.  gir),  vautour,  et 
falh,  faucon. 

1.  GERMAIN,  adj.  déterminant  un  degré  de 
parenté,  du  L.  germanus,  frère. 

2.  GERMAIN,  nom  de  peuple,  du  L.  Ger- 
manus, habitant  de  la  Germanie;  de  là  ger- 
manicus,  fv.  germanique,  et  les  néologismes  : 
germanisme,  germaniser.  —  Quant  à  l'ori- 
gine du  mot  latin  ga-manus,  employé  par  les 
Romains  pour  désigner  les  peuples  trans-   | 


rhénans,  nous  n'avons  pas  à  nous  en  occuper 
ici  ;  cependant,  nous  jugeons  convenable  de 
rappeler  que  Jacques  Grimm  s'est  inscrit  en 
faux  contre  Tétymologie  d'après  laquelle  ger- 
manus serait  un  composé  de  gér  =  hasta,  et 
man  =?  homme.  Le  célèbre  linguiste  a  démon- 
tré que  ce  nom  a  été  donné  aux  Allemands 
non  pas  par  les  Allemands  eux-mêmes,  mais 
par  les  Gaulois,  d'après  une  qualité  domi- 
nante qui  frappait  le  peuple  chez  lequel  les 
Germains  vinrent  s'introduire.  Il  y  voit  un 
dérivé  du  celtique  gairm,  cri,  correspondant 
aux  mots  gaël.  gairmadair,  cymr. garmwyn, 
qui  signifie  vociférant. 

GERMANDRÉE,  it.  calamandrea,  esp.  ca- 
medrio,  ail.  gamatider,  dér.  du  L.  cltattuie- 
drys  =»  gr.  ^^x/ixiopO;, 

GERME,  L.  germen  (gerere)  ;  yerhegermer, 
vfr.  aussi gerne7',  L.  germinare,  d'où  germi- 
natio,  fr.  germination;  germinal,  septième 
mois  du  calendrier  républicain. 

GÉRONTE,  du  gr.  -/s/awv,  -ovto;,  vieillard. 

GÉSIER,  yÎY.jusier,  du  L.  gigcrium,  pi. 
gigeria,  entrailles  cuites  des  volailles;  cp. 
gencive,  de  gittgiva.  Cette  dérivation  est  con- 
firmée par  les  formes  patoises  giger,  gigier, 
=  gésier. 

GÉSINE,  anc.  =-  couches  d'une  femmo, 
subst.  de  l'anc.  verbe  gésir,  coucher,  voy. 
gisant,  La  Fontaine  s'est  encore  servi  do  ce 
mot  :  tt  La  perfide  descend  tout  droit,  à  l'en- 
droit où  la  laie  était  en  gésinc,  n 

GESSE,  du  L.  vicia,  vesse,  ail.  voiche,  Cp. 
p.  ^  s==  tj,  givre  (de  vipera). 

GESTATION,  L.  gestatio,  action  de  porter. 

1.  GESTE,  mouvement  du  corps,  du  L. 
gestus  {geveve),  m.  s.,  dont  le  dim.  gesticuhis 
a  donné  gesticulari,  fr.  gesticuler. 

2.  GESTE,  dans  «  les  faits  et  gestes  n,  du 
plur.  L.  gesta  (gerere),  les  choses  faites;  de  là 
chanson  de  geste,  et^este  tout  court. 

GESTICULER,  voy.  geste  1. 

GESTION,  voy.  gérer. 

GIBBEUX,  du  L.gibbosus  (degibbus,  bosse). 
—  D.  gibbosité. 

GIBECIÈRE,  est  présenté  par  DicE  comme 
un  dérivé  Hq  gibier  ;  le  vfr.  gibece?-,  aller  à  la 
chasse,  appuie  cette  étym.  ;  cependant,  il  se 
pourrait  bien  que  cette  parenté  ne  fut  qu'ap- 
parente. Le  fait  est  que  l'on  employait  le  mot 
pour  des  poches  de  toute  destination.  Dans  la 
latinité  du  moyen  âge,  je  trouve  giba  = 
capsa,  arca,  theca  reliquiarum  ;  c'est  de  là 
que  semblent  provenir  gibecière  (tyi^e  giba- 
catia)  et  giberne.  Quant  à  giba,  il  vient  peut- 
être  du  L.  gibbus,  bosse,  à  cause  de  la  forme 
convexe  de  l'objet,  ou  parce  qu'il  forme  bosse 
sur  la  personne  qui  le  porte.  On  ne  peut  tou- 
tefois se  défendre  de  rapprocher  do  gibe, 
gibecière  ai  giberne  les  mots  grecs  synonymes 
x/6êa,  x(S(7(;,  aussi  xi6ï}7t;,  xîSutc;  et  1  arabe 
djib,  poche. 

GIBELET,  anc.  guibelet,  guifnbelet,  foret; 
norm.  xoimblet,  Bngl.  gimlet;  on  trouve  dans 
l'élément  celtique  hrei.  gtiimelet,  ïvl.gimeleid, 
gaél.  gimleidf  signifiant  tous  foret.  Buggc 
(Rom.  III,  149)  ramène  les  formes  citées  soit 


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GIB 


243  — 


GIF 


à  L.  vibrare,  soit  à  la  forme  nasalisée  vim- 
brare  (constatée  dans  de  vieux  glossaii'es).  Dn 
sens  •  vibrer-,  branler,  tourner  »  s'est  dévciop|)é 
celui  de  •«  forer  n,  comme,  en  ail.,  drUlen  si- 
g^nifie  à  la  fois  tourner  et  foret.  Le  verl)e 
tjibler  (d'où  subst.  ffiblet,  gibelet  comme  f(n*el 
de  forer)  est  donc  ==  viblet*  (r  étant  changé 
en  /)  ;  pour  l'initiale  gi,  gui=^h.  ri;  cp.  givre, 
giiivre  =  L.  vipera. 

6IBEL0TTB,  ragoût  de  volaille  ;  en  wallon, 
on  dit gibf^d*av>e  p.  abattis  d'oie,  de  même  en 
angl.  giblets,  qui  répond  au  vfr.  gibelet,  La 
source  du  mot  est  inconnue. 

GIBSRNil,  dér.  de  Tit.  giberna  ;  voy.  gibe- 
ci^e.  Rugge  (Rom.  IV,  357)  cherche  à  dé- 
montrer l'identité  de  ce  motavec  le  BL.^aberna 
•*  arca  ubi  vestes  ponuntur  aut  quodlibet  aliud 
armariolum,  vestiarium.  »  Quant  à  sabenia, 
ce  serait  une  variété  de  sabaria^  sabarium, 
bas-grec  ^«^^^pnov  (iv  £  ai  ^«Sat,  at  «t«v  otzXol 
Âoic/iiyà,  xftoxstvrzt). 

GIBET,  vfr.  diwssiijuibety  &Tïg\,gibbetf  del'it. 
giubbetto,  m.  s.,  qui  est  un  diniin.  de  giubba, 
veste,  camisole.  Diez  voit  dans  cette  dénomina- 
tion du  supplice  désigné  par  giitbeUo  une 
plaisanterie  populaire,  par  laquelle  on  aurait 
ap|)elé  la  corde  du  condamné  «  sa  petite  veste  » . 
Il  rapproche  à  ce  sujet  le  mot  correspondant 
espagnol  jM^oîi,  qui  .signifie  à  la  fols  pour- 
point et  la  peine  du  fouet.  —  Quoi  qu'on  pense 
de  cette  étymologie,  il  faut  rejeter  celle  de 
l'aralie^î^/,  montagne,  que  l'on  fonde  sur  ce 
«lue  les  gibets  sont  d'ordinaire  érigés  sur  les 
hauteui^.  — On  a  aussi  pensé  aune  connexité 
avec  l'ail,  wippen,  trébucher,  balancer,  don- 
ner l'estrapade;  mais  il  faudrait  aloi-s  les 
formes  guibetto,  guibct,  —  Littré,  doutant 
t|u'un  mot  qui  se  trouve  dès  le  xiii*  siècle 
dans  la  langue,  soit  emprunté  de  l'italien, 
demande  si  gibet^  qui  est  essentiellement  un 
bâton,  une  fourche,  n'est  pas  identique  avec 
le  vfr.  gibtt,  désignant  une  espèce  d'arme,  et 
(|u'il  explique  comme  diminutif  do  gibe,  bâton 
ferré. 

GIBIER,  subst.,  anciennement  =»  chasse  au 
vol,  puis  le  produit  de  cette  chasse  ;  finale- 
ment l'on  a  désigné  et  désigne  encore  i)ar 
gibier  tous  le.s  animaux  que  l'on  prend  à  la 
chasse,  et  surtout  ceux  dont  on  mange  la 
chair.  Il  résulte  des  vieux  dictionnaires  que 
gibier  s'appliquait  plus  spécialement  à  la  vo- 
laille, mais  déjà  Nicot  remarque  que  le  mot 
s'est  "  entendeu  à  toute  besto  i)oursuivie  ou 
prinse  à  la  chasse,  soit  rous.se,  soit  noire  « . 
^L'étym.  du  mot  reste  encore  à  fixer.  Celle  qui 
figure  dans  la  plupart  des  dictionnaires, 
savoir  CTÔarm,  représente  le  gibier  comme  de 
la  mangeaille  en  général  ;  elle  n'est  entachée 
■que  d'une  seule  faute,  mais  suffisante  pour  la 
faire  rejeter  :  c'est  la  transition  de  ci  en  gi,  qui 
est  tout  à  fait  anormale.  Le  mot  gibier  était 
aussi  anciennement  employé  comme  verbe  ;  il 
répond  comme  tel  à  un  type  gibicare  ;  et  gi- 
boyer  =  chasser  au  gibier,  n'en  est  qu'une 
modification  (cp.  j)lier  et  ployer).  Le  latin  du 
moyen  âge  pi-ésento  gibicere  (vfr.  gibecer)  et 
gibostare.  —  Diez  n'a  donné  aucune  conjec- 


ture à  l'égard  de  l'étymologie  de  gibier;  Ca- 
chet en  a  osé  présenter  une  qui  certes  n'est  pas 
dépourvue  de  probabilité.  Il  voit  dans  gibier 
d'abord  un  verbe,  ayant  pour  signification 
forcer  l'oiseau  que  l'on  poursuit  (Ducange  cite 
un  mot  latin  gibeitit  qu'il  traduit  par  cogat), 
puis  il  eu  rapproche  le  vieux  mot  ^t^t'ei*  de  la 
langue  d'oïl  signifiant  action  de  se  démener, 
de  regimber.  De  là  il  arrive  à  supposer  une 
racine  gib  exprimant  lutte,  violence  :  d'où 
viendrait  à  la  fois  gibier,  1 ,  chasser,  2.  se 
démener,  puis  le  composé  vfr.  regiba'  (notre 
moderne  regimber),  réc&lcïtver.  Mais  d'où 
faut-il  tirer  cette  racine  gib  f  Ce  problème  est 
encore  à  rèsoudre.  Peut-être  ^iW«r,  chasser, 
est- il  congénère  avec  un  mot  gibet  indiqué 
par  Ducange  (au  mot  gibetum)  d'après  quel- 
ques textes  poétiques  et  qui  exprime  une 
espèce  d'arme  (voy.  l'art,  gibet).  —  Par  une 
conjecture  habilement  soutenue,  Bugge(Rom. 
IV,  358)  rattache  le  verbe  gibier  à  un  type 
'capicare  tiré  de  BL.  capits,  faucon,  en  rap- 
])rochant  angl.  to  hawke,  chasser  à  l'oiseau,  de 
hawk,  autour,  faucon.  Pour  expliquer  ca 
devenu  gi,  il  s'en  réfère  à  girofle  =  cargo- 
phylluni  et  à  degingander  =  milanais  scan- 
china.  Le  p  changé  en  b  (au  lieu  de  v)  ne 
parait  pas  l'arrêter. 

GIBOULÉE;  étymologie  inconnue.  En  dé- 
sespoir de  cause,  les  lexicographes  invoquent 
un  mot  grec  yvjSoiii  signifiant  trait  lancé  subi- 
tement; mais,  à  part  la  singularité  de  cett« 
métaphore,  le  mot  grec  a  le  tort  de  faire  dé- 
faut, du  moins  dans  les  dictiohnaii^es  à  ma 
disposition.  Pour  nous  en  consoler,  consultons 
Ménage,  qui  nous  dira  que  giboulée  vient  do 
nimbus,  lequel  aurait  pris  successivement  les 
costumes  suivants  :  nimbulus,  nimbulata, 
gnimbulata,  ghimbulcUa,  ghibulata,  enfin 
giboulée  !  Littré  propose  pour  radical  vfr.  gibe, 
charge  ;  donc  charge  de  mauvais  temps.  Notez 
qu'en  Berry  on  dit  gibc^  gible,  p.  giboulée  ;  on 
trouve  aussi  guebelette. 

GIBOTER,  voy.  gibier,  —  D.  giboyeux. 

GIFFSR,  ancien  verbe  signifiant  «  faire  une 
croix  sur  une  maison  en  signe  de  confisca- 
tion «,  BL.  guiffare,  xoifare,  mettre  une 
marque  à  une  propriété  en  signe  de  possession 
légale  (voy.  Du  Cange);  du  subst.  v)iffa,guiffa, 
signum  possessioni  appositum  ;  comme  l'anc. 
it.  aggueff'are,  annexere,  pr.  attoxore,  le  mot 
vient  du  germanique  loeifen,  tisser.  Voir  Diez 
s.  V.  aggueffare. 

GIFLE,  claque  sur  la  joue  ;  ce  mot  gifle, 
aussi  giffe,  a  signifié  d'abord  la  joue  même, 
d'où  gifflard,  joufflu.  Comme  l'avait  déjà 
avancé  Grandgagnage  pour  le  wall.  chifc, 
le  mot  représente  l'ail,  kiefe,  kiefel,  kiefer, 
maxilla,  branchia;  voy.  aussi  Bugge  (Rom. 
III,  150).  Génin,  peu  scrupuleux  en  matière 
phonologi(}ue,  pose  dans  ses  Réci^Sations  une 
autre  étymoh)gie  de  gifle;  je  ne  la  cite  que 
pour  mémoire.  Il  part  do  gysser,  plâtrer,  d'où 
viendrait  giffer,  faire  une  croix  avec  du  plâtre 
en  signe  de  confiscation,  d'où  giffe,  gifle t  af- 
front, soufflet,  puis  la  joue  qui  reçoit  le  souf- 
flet. 


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GIN 


244 


GIR 


6I6ÂNTSSQDE,  voy.  fféant. 

GIGOT,  cuisse,  do  ffifftte  (v.  c.  m.).  Cheval- 
let  explique  sans  aucune  probabilité  ^i^o^  par 
charnu,  et  invoque  à  cet  effet  le  bret.  ki^ek, 
charnu,  de  kiff,  chair.  —  D.  gigotter,  remuer 
les  jambes. 

QI6UI,  vfr.  aussi  ^^/<;,  it.  v.  esp. ,  prov.  giga, 
angl.  gig^  instrument  à  corde  du  genre  des 
vielles,  puis  une  espèce  de  danse,  et  en  der- 
nier lieu,  à  cause  de  la.  resiwmblance  de 
forme,  =  jambe,  la  cuisse  comprise  (de  1à  : 
gigot).  Du  mha.  gige  (auj.  geige),  violon.  La 
racine  de  ce  mot  semble  exprimer  remuement, 
vibration;  du  moins  à  en  juger  du  nord. 
geiga,  tremere,  subst.  geigr,  tremor.  Cette 
signification  a  survécu  dans  ^i^tc^r,  aller  vite, 
danser,  sauter,  et  dans  gigotter,  ixîmuer  les 
jambes,  aussi  vaciller,  balancer.  Une  modifi- 
cation de  giguer  est  gingiier,  donner  de  la 
jambe,  ruer.  —  Je  suis  porté  à  croire,  sans 
être  à  même  de  le  démontrer,  que  de  la  racine 
gerin.  gig,  se  remuer,  s'est  produit  d'abord 
l/igu^t  jambe,  d'où  gigot,  jambon,  gigotter^  se 
remuer,  gigiœi\  faire  aller  les  jambes,  danser, 
et  que  de  ce  giguer  s'est  dégagé  le  subst. 
gigue^  danse,  puis  air  de  danse,  et  enfin  in- 
stniment  de  musique  pour  faire  danser;  cette 
filiation  me  semble  plus  naturelle.  Voy.  aussi 
guinguet, 

GELDE,  confrérie;  mot  allemand,  francisé 
autrefois  par  gclde,  giteude, 

GILST.  D'après  Schuchardt  (Grober,  Zt««hr. 
V,  100),  =-  esp.  gileco  (Don  Quijote  I,  xli), 
jaleco,  càaieco, — «  Cette  étymologie  p&r gileco, 
qui  signifie  une  casaque  d'esclave  et  qui  vient 
du  turcy^/ec,  a  déjà  été  proposée  parM.MOl- 
1er,  mais  elle  me  parait  peu  probable,  à  cause 
de  la  date  fort  récente  de  l'introduction  du 
mot  en  français  :  gilet  vient  du  costume  de 
Gilles,  type  du  théâtre  de  la  foire,  comme 
pantalon  de  Pantalon  »  (G.  Paris,  Rom. 
X,  444). 

1 .  GILLS,  nom  de  baptême,  du  L.  Acgidius 
(par  aphérèse  de  la  première  syllabe).  Pour 
tdiiis  rendu  par  ille,  cp.  esquille  de  schidiœ, 

2.  GILLE,  personnage  de  théâtre,  bouffon  ; 
de  là  gillerii\  niaiserie,  sottise,  mot  de  la 
création  de  Beaumarchais.  Quant  à  la  locu- 
tion faire  gille,  prendre  la  fuite.  Ménage, 
après  avoir  combattu  l'idée  de  Bourgoing, 
qui  ixinsait  au  L.  agilis,  l'explique  par  faire 
guile,  c.-à-d.  faire  banqueroute  (^uile  = 
tromperie,  voy.  gniller  2).  Nous  pensons  que 
gille,  anc.  gilc,  est  le  .subst.  du  verbe  giler, 
qui  se  rencontre  dans  les  patois  (n.  prov. 
gilha)  avec  le  sens  de  s'enfuir,  et  que  Diez 
ra|)porte  au  vha.  gilan,  gi/jati,  se  metti'e  à 
courir.  D'auti*es  ont  rapports  faire  gilie  à 
saint  Gilles,  qui  s'est  enfui  de  son  pays  de 
peur  d'être  fait  roi. 

GDfBLETTS,  petite  pâtisserie  sèche,  dure, 
en  forme  d'anneau  ;  peut-être  do  la  même  fa- 
mille que  rit.  ciambeila,  espèce  de  craquelin 
en  forme  d'anneau.  —  On  peut  aussi  rattacher 
gimblette  à  l'angl.  gimmal,  double  amieau, 
qui  vient  de  «  anmilus  gemcllus  ». 

GINGEMBRE,  it.  gengiovo,  senserv,  scnso- 


vero,  prov.  gingeber,  esp.  gengihre,  BL.  gin- 
giber;  du  L.  singiberi,  gr.  ir/y^Sipi;.  Le  même 
mot  se  retrouve  dans  l'angl.  ginger,  v.  angl. 
gyngecerre,  gingiver,  dan.  ingefcr,  ail.  ing- 
ber,  ingvoer,  holl.  getigber.  L'origine  du  mot 
latin  et  gi*ec  est  orientale  (arabe  sendjebil, 
pràcrit  singaber,  sanscrit  çringavéra), 

GINGEOLE,  aussi  gingioùle,  jugeoU,  it. 
giuggiola,  du  L.  sisypholum,  dimin.  de  zisy- 
phum,  gr.  {c^v^iov.  Le  L.  sizyphum  est  aussi 
le  primitif  dejujubc.  —  D.  gingeolier, 

GINGUET,  adj . ,  sans  force,  puis  étroit,  serré, 
mince.  Ménage  nous  apprend  qu'on  disait  de 
son  temps  un  habit  guinguet  pour  dire  un 
habit  trop  court  ou  trop  étroit.  L'étymologie 
du  mot  est  obscure.  Peut-être  y  a-t-il  au  fond 
ridée  de  grêle,  d'efiilé  (d'où  celle  de  mince, 
étroit,  faible  se  déduirait  naturellement),  et 
le  mot  dérive-t-il  de  gigue,  jambe  (en  Picainlie 
on  appelle  une  gigue  une  grande  fille  maigre 
et  do  mauvaise  tournure).  Aujourd'hui ^/i^ieet 
désigne  particulièrement  la  qualité  d'un  jîetit 
vin  sans  force;  c'est  de  là  (on  disait  aussi 
guinguet)  que  découle  probablement  le  subst. 
guinguette,  cabaret  où  l'on  boit  du  petit  vin. 
On  pourrait  encore  proposer  pour  guinguette 
le  verbe  giguer  (forme  nasalisée  guingucr), 
danser  ;  la  guinguette  serait  nommée  d  après 
les  bals,  les  bastringues,  qui  s'y  donnent.  — 
Ginguet  est  peut-être  radicalement  connexe 
avec  gringalet  (v.  c.  m.). 

GIRAFE,  de  l'arabe  saràfa,  seràfa,  m.  s. 
GIRÂNDE,  faisceau  de  jets  d'eau,  d'où  giran- 
dole (it.  girandolà),  roue,  cercle  de  feu  ;  du 
verbe  gyrare,  tourner  (voy.  gi^^er).  Peut-être 
ce  mol  fr.  giratuie  est-il  plutôt  abstrait  que  le 
primitif  de  girandole. 

GIRANDOLE,  voy.  girand^, 
GIRASOL,  do  rit.  girasolc,  littéralement  = 
tournesol. 

GIRER.  ancien  verbe,  remplacé  par  virer,  it. 
girare,  BL.  gyrare,  du  L.  gyrus,  gr.  yûpo;, 
cercle,  tour,  rond,  it.,  esp. ^iro,  prov.  ^l'r.De 
là  :  girande,  girandole,  giratoire,  girouette 
(v.  c.  m.). 

GIROFLE,  aussi  gérofle,  vfr.  et  rouclii  ge- 
^*ofe,  genofe,  genofre,  v.  angl.  gylofre,  it. 
gai'ofano,  esp.  girofle,  girofre,  val.  carofil, 
garofd,  toutes  formes  altérées  du  L.  caryophyl- 
lum,  qui  est  le  gr.  xacwopwiiov. —  D.  giroflée, 
giroflier,  —  Les  mots  anglais  gilly-flower  et 
july-flou>er  sont  prob.  des  corruptions  du  mot 
fr.  giroflée,  dues  à  cette  tendance  du  peuple 
à  donner  une  physionomie  indigène  et  une 
apparence  de  signification  aux  mots  exotiques 
incompris. 

GIRON,  ït .  gherone,garone,  es^.  giron,  port. 
girao,  vfr.  aussi  gueron  et  (contracté)  gron. 
Sens  premier  :  pan  coupé  obliquement,  puis 
triangle  à  pointe  longue  (t.  de  blason)  ;  sens 
secondaire  :  la  partie  de  l'habillement  qui 
s'étend  de  la  ceinture  aux  genoux  d'une  per- 
sonne assise.  Gachet  (sous  gierons)  s'étend 
longuement  sur  ce  mot  pour  démontrer  qu'il 
signifiait  chez  les  trouvères  les  pans,  coupés 
en  pointe,  à  droite  et  à  gaucho  de  la  robe  ou 
de  la  tunique,  ce  qui  explique  la  valeur  du 


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GIV 


—  24î>  — 


GLA 


prov.  giro  dans  l'art  héraldique.  Il  pense 
a?ec  raison  que  le  sens  de  gremium  attaché 
au  mot  actuel  et  même  au  mot  ancien,  est  dé- 
duit de  Facception  «  pans  d'habit  ».  —  Diez 
iàve giron  d'un  vha.  gèro  (accus,  gérun],  qu'il 
suppose  avoir  existé  à  juger  du  mha.  gère, 
pan,  pointe  d'habit,  anc.  frison  gare,  m.  s. 
Ces  mots  sont,  d'après  lui,  des  dérivés  de^rV, 
pointe  triangulaire  de  la  lance.  Diez  rappelle 
à  l'appui  de  cette  ti*ansition  de  sens  le  BL. 
pihtm  vestimenti,  litt  lance  du  vêtement  ;  il 
aurait  pu  encore  citer  le  terme  L.  sagitta, 
flèche,  employé  au  moyen  âge  avec  la  valeur  : 
«  pars  ca  vestis,  quœ  contrahitur  in  sinus,  quod 
sagittœ  speciem  effingant  » .  Ducange  cite  à 
ce  sujet  un  passage  des  Coutumes  de  Cluny 
trop  intéressant  pour  ne  pas  le  reproduire. 
«  Sedens  ad  Icctionem  ant^riora  frocci  sui 
semper  in  gremium  ita  attrahit,  utpedes  pos- 
sint  bene  videri.  Girones  quoque,  vel  quos 
quidam  sagtttas  vocant,  colligit  u trinque,  ut 
non  spai*sim  jaceant  in  terra.  » 

GI&OUSTTE.  Selon  Caix,  du  thème  gir 
(tourner) +rouette  (cp.  pirouette).  Un  primitif 
it.  girotta,  invoqué  par  Littré,  n'existe  pas. 

QISAHT,  part.  prés,  du  vieux  verbe  gésir 
ou  gisir.  Ce  verbe ^«^^tr,  être  couché,  reposer, 
correspond  à  it.  giacere,  esp.  yacer,  port. 
jajser,  i^ros.jacer,  et  vient  du  L.jacere,m.  s. 
(cp.  plaisir,  taisir*,  de  placere,  tacere).  Du 
verbe  gésir  vient  l'anc.  subst.  gésine(v,  c.  m.). 
A  l'infinitif  ^wîV  se  rapportent  encore  les  3* 
pers.  prés,  indic.  :  git,  gisent,  l'imp.  gisais  ; 
puis  les  dérivé?  gisement,  et  giste,  gîte,  pr. 
couche,  couchette,  puis  lieu  de  séjour  (en 
Belgique,  ==  solives  d'un  plancher),  ^h.gista 
et  gesia.  L'i  radical  dans  le  verbe  gisir  p. 
gésir  est  un  effet  du  voisinage  do  la  palatatej 
ou  g\  cp.  vfr.  giter  =  jeter. 

QISARMS,  voy.  guisarme. 

GISEMBNT,  voy.  gisant. 

GIT,  voy.  gisant. 

QÎTS,  voy.  gisant.  —  D.  gUer,  demeurer, 
coucher  ;  en  Belgique  =  mettre  les  solives. 

1 .  GIYÎEtE,  gelée  blanche,  bourg, ^<?cr/î,  prov. 
givre,  gibre,  cat.  gehre.  En  languedocien  givre 
'se  dit  aussi  pour  les  glaçons  qui  pendent  aux 
branches  des  arbres  et  aux  gouttières.  Cette 
dernière  valeur  peut  avoir,  observe  Diez,  dé- 
gagé l'acception  générale  du  mot.  Dans  le 
Languedoc,  le  givre  s'appelle  aussi  barhasto; 
cette  expression  rappelle  celle  des  Picards  et 
des  Normands  :  gelée  barbelée.  Le  sens  pri- 
mordial de  gitre  étant  glaçon,  chose  qui  res- 
semble un  peu  à  de  petits  serpents,  on  est 
autorisé  à  confondre  le  mot  avec  le  suivant. 
La  métaphore  ne  serait  que  naturelle.  —  Mé- 
nage s'évertuait  à  adapter  le  mot  au  L.  gela- 
tara;  or,  avec  son  procédé  il  était  sur  de 
réussir  dans  ce  cas-ci  comme  dans  tous  les 
autres. 

2.  GIVRB,  en  termes  de  blason  ^  serpent. 
Le  mot  s-gnifiait  autrefois  serpent  en  général, 
et  s'écrivait  plus  correctement  guitre.  Diez 
dérive  giiivre  du  L.  vipera,  mais  par  l'inter- 
médiaire du  mot  similaire  vha.  loipera,  d'où 


s'expliquent  aussi  les  formes  vfr.  wivre,  cymr. 
gwiber,  bret.  wiber. 

GLABRE,  L.  glaber,  ras,  chauve. 
GLACE,  L.  glacia  p.  glacies.  —  D.  glaçon; 
\erhe glacer,  L.glaciare , glacial,  L.  glacialis; 
glacier,  Vre  ;  glacis,  talus,  pente  douce  et  unie 
(litt  glissante,  car  ce  dérivé  se  rapporte  à 
l'anc.  verbe  glacier,  glisser). 
GLACIS,  voy.  glace. 
GLADIATEUR,  L.  gladiator  (gladius). 
GLAÏEUL,  en  botanique  gladiole,d\\  L.gla- 
diolîts.  Le  terme glai,  employé  auj .  pour  signi- 
fier une  ile  de  glaïeuls  dans  un  étang  et  qui 
dans  le  principe  était  le  nom  de  la  plante, 
représente  le  L.  gladius  (cp.  rai  de  radius). 
—  Le  sir.glaget  répond  à  un  type  gladiellus. 
GLAIRE,  humeur  visqueuse,  blanc  d'œuf 
cru,  prov.  glara,  clara  (aussi  clar,  masc.), 
esp.  port,  clara,  it.  chiara,  angl.  glair.  Grimm 
rattache  ce  mot  à  l'ags.  glacre,  amber,  suc- 
cinum,  pellucidum  quidvis.  Diez  balance  entre 
clarus  (clara  pars  ovi)  et  ^Zarca,  gravier,  qui 
dans  d'anciens  glossaires  est  défini  par  «•  chose 
glutineuse,  argile,  colle  «.  Mahn  le  place 
dans  l'élément  celtique  en  citant  le  bas-breton 
glaour  et  glaouren,  bave,  salive,  glaire  ;  gal- 
lois glgfoer,  bave.  —  D.  glaireux  (Nicot  con- 
signe un  adj.  glaireux  =  pierreux;  mais 
celui-ci  est  le  L.glareosusdeglarea);glairine, 
glairer  (t.  de  relieur). 

GLAISE,  i^rov.  glejsa,y{r.glisse,dviBL.gli' 
teus,  gliceus  =  cretaceus,  a^j.  de  glis,  glitis, 
humus  tenax,  argilla.  Quant  à  glis,  on  n'en 
connaît  pas  l'origine  ;  on  l'a  cherchée  à  tort 
dans  le  gr.  y>fa,  colle,  et  y)iTyjièi,  collant.  Le 
subst.  BL.  glis,  glitis  paraît  plutôt  d'origine 
germanique  :  on  a  en  allemand  d'abord  le  mot 
kley,  terre  gluante,  argile,  puis  en  v.  flam. 
hlissen,  adhaerere,  d'où  Mister,  gluten  (ail. 
hleistT).  Un  t  radical  se  trouve  dans  l'ail. 
Mette,  ni.  Mit  (aussi  Mis),  glouteron.  Je  ne 
me  dissimule  pas  que  l'adoucissement  du  h 
primitif  en  g,  dans  un  mot  latin  du  temps 
d'Isidore,  fait  quelque  difficulté. 

GLAIVE,  prov.^/aji,^/aï,  glat>i,  du  L.  gla- 
dius. Le  prov.  fait  voir  comment,  dans  ce  mot, 
ainsi  que  dans  plusieurs  autres  (cp.cmfttor«-, 
avoiUtre*  p.  adultère,  neuve),  il  y  a  eu  d'abord 
syncope  du  d,  puis  insertion  d'un  v  eupho- 
nique. La  forme  française  découle  du  rest« 
directement  du  prov.^/art,  cp.  vfr.  saive,  sage, 
du  prov.  savi.  Le  prov.  glaï  a  donné  fr.  glai, 
primitif  de  glaïeul. 

GLAND,  L.  glans,  glandis;  notez  le  chan- 
gement de  genre  en  fr.  —  D. glande,  p  gla>uHe 
(vfr.  glandre),  du  diminutif  glandula,  « 
amygdale  gonflée  (terme  savant  ^towrfufe,  d'où 
glanduleux)  ;  glandée. 
GLANDE,  voy.  gland. 
GLANER,  pic.  champ,  glener,  BL.  glenare 
(vi*  siècle).  Leibnitz  admettait  une  provenance 
celtique  :  cymr.  glain,  glàn,  net,  glanhau, 
nettoyer;  cp.  nord,  glana,  éclaircir.  Glaner 
serait  donc  pr.  déblayer,  nettoyer.  Il  est  dif- 
ficile de  se  prononcer  en  faveur  de  cette  éty- 
mologie  ;car  le  subst.  glaive  implique,  à  juger 


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GLO 


—  246  — 


GOB 


de  diverses  applications  (p.  e.  glane  d'oignons), 
ridée  fondamentale  de  faisceau ,  liasse,  poignée. 
On  est  par  là  porté  à  voir  dans  glener  une 
contraction  de  geliner^  et  à  le  rapporter  au 
BL.  t/elima,  aussi  gelina^  =  manipulus, 
gerbe.  Pour  ce  gelima,  on  peut  le  référer  à 
l'ags.  gelm,  gif  m,  poignée.  Reste  à  savoir  si 
Ton  peut  admettre  pour  \eglenare  du  vi«  siècle 
une  contraction  degelinare,  —  D.  glane,  subst. 
verbal. 

QLAPIB,  de  la  même  famille  que  le  néerl. 
fdappen,  vha.  klaffoii,  auj.  klâffhi,  m.  s.;  cp. 
le  mot  fr.  clabaud.  Au  lieu  de //%>?>  on  disait, 
et  les  patois  disent  encore,  glatir  (it.  gliiat- 
tire).  Les  racines  klap  et  klat  ont  une  valeur 
fondamentale  identique.  —  *D.  glap,  ancien 
subst.  verbal, auj  glapisseme7%t .  —  L'ancienne 
langue  n'offre  pas  d'exemple  de  glapir,  mais 
dansl'Ysopet  de  Lyon(v.  298)  on  trouve  ^/aper 
au  .sens  de  «  poursuivre  en  aboyant  «  (en  par- 
lant des  chiens). 

GLAS,  anc.  glais,  prov.  clos,  it.  chiasso,  du 
L.  classicum,  signal  de  trompette,  en  BL.  =■. 
sonnerie  de  cloches. 

GLAUQUE,  L.  glaucus,  gr.  y>ixuxfli{,m.  s. 

GLifiS,  L.  gleba,  motte  de  terre,  puis  poét. 
=^  ten-ain  cultivé,  fonds,  domaine. 

GLÉNI.f.  d'anatomie,  du  gr.  yU.vii,  cavité. 

GLSTTI,  oxyde  de  plomb,  de  l'ail,  ghitte, 
m.  s.,  dérivé  de  V&W. glati, uni,  lisse,  brillant. 

GLÎBTTERON,  anc.  forme  degloitteron;  mo- 
dification du  vfr.  cleton,  gleion,  qui  vient  do 
l'ail,  kletir,  flam.  hlit,m.  s.  La  forme glniite- 
7'on  peut  s'être  produite  sous  l'influence  du  L. 
gluten  l\oy.  glu). 

GLISSER,  pio.  glichei*:  c'est  lall.  glitsm, 
glitschen,  néerl.  glitsen,  formes  dérivatives de 
gleitoi,  ags.  glidan,  angl.  glide,  suéd.  glida, 
m.  8.  On  a  clierché  à  expliquer  le  mot  par  le 
vfr.  glaicirr  (voy.  sous  glacé^,  qui  signifiait  la 
même  chose,  mais  Dicz  oppose  que  le  chan- 
gement de  ai  en  i  ne  se  rencontre  que  devant 
gn  et  /  mouillé,  cp.  chignon  de  chaignon, 
grille  de  graïlle, 

GLOBE,  L.  globus,  de  là  englober;  dim. 
globule,  L.  globula,  d'où  globuleux. 

GLOIRE,  vfr.  glorc,  dn  L.gloria.  —  D.  dim- 
gloHole,  L.  gloriola  ;  glorieux,  L.  gloriosus  ; 
glorieite,  petite  maison  de  plaisance,  pavillon 
de  jardin,  en  vfr.  =  petite  chambre  ornée, 
esp.  glorietta.  On  s'explique  cette  dérivation 
j»ar  le  sens  de  «  pompa,  apparatus  »,  attaché 
au  mot  gloHa  dans  la  latinité  du  moyen  âge. 

GLOREBTTE,  GLORIEUX,  \oy.  gloire. 

GLORIFIER,  L.  glorificare.  —  D.  gloHfica- 
tio9t. 

GLOSE,  du  gr.  ylwmt,  pr.  langue,  puis  en 
style  de  grammaire,  =  mot  tombé  en  désué- 
tude ou  étranger,  qui  demande  à  être  expliqué 
])ar  un  autre  terme  connu,  appelé  ylwç^/îuz 
Glose,  le  mot  à  expliquer,  a  donné  le  verbe 
gloser,  BL.  glossare,  interpréter,  d'où  s'est 
dégagé  le  subst.  verbal  glose  avec  le  sens  d'in- 
terprétation qui  lui  est  encore  attaché.  Dans 
les  temps  modernes  gloser,  pr.  commenter,  a 
pris  le  sens  de  critiquer,  et  un  gloseur  est  un 
homme  qui  trouve  à  redire  sur  tout.  —  Un 


recueil  de  gloses,  c.-à-d.  de  mots  obscurs,  s'est 
appelé  un  glossarium,  d'où  fr.  glossaire  ;ei  le 
commentateur  de  gloses,  un  giossateur. 

GLOSSAIRE,  voy.  lart.  préc. 

GLOTTE,  gr.  yiûirrff  (de  yi&rra,  langue). 

GLOUME,  équivalent  de  glume  (L.  gluma, 
paille,  enveloppe),  se  rattache  à  une  fonnelat. 
gloma  consignée  par  DC. 

GLOUSSER  (it.  chiocciare,  crocciarc},  ono- 
matopée; cp.  L,  glocire,  glutire,  nW.  glnch* 
sen,  gluchsen.  On  dit  aussi  du  dindon  qu'il 
glougloute.  —  D.  gloiissette,  (loule  d'eau 
brune. 

GLOUTERON,  bardane,  voy.  gletteron. 

GLOUTON,  it.  ghiottone,  esp.  prov.  glolm, 
du  L.  gluto,  -ofiis.  Du  primitif  L.  glutus  ou 
plutôt  gluttus  viennent  vfr.  gloiU  (le  pic.  a  le 
dira  glouet),  wall.  glol,  friand.  Dans  le  verbe 
L.  glutire,  d'où  vfr.  gloutir,  auj.  engloutir, 
on  ne  peut  méconnaître  la  racine  imitative^/w 
(prononcez ^/om),  que  les  poètes-buveurs  aiment 
à  célébrer  sous  la  forme  de  glouglou.  —  D. 
gloutonnerie,  anc.  gloutonnie. 

GLU,  aussi  glue,  pi*ov.  çlut,  du  L.  glus, 
glutis  (Ausone),  primitif  àe gluten,  fr.  gluten. 

—  D.  gluau,  L.  glutalis';  gluer  ou  engluer; 
gluant. 

GLUI,  d'abord  faisceau  de  chaume;  aujour- 
d'hui, paille  dont  on  couvre  les  toits.  Ce  mot 
est,  selon  Chevallet,  celtique,  et  identique 
avec  l'écossais  glac,  paume  de  la  main,  puis 
botte,  poignée,  ou  avec  le  gaél.  cloig^  botte 
de  chaume.  Ducange  le  fait  venir  du  flam. 
geluye,  gluye;  peut-être  l'inverse  est-il  plus 
probable. 

GLUTEN,  voy.  glu, —  U.glutineux,  L.  gln- 
tinosus. 

GLTGINB,  du  gr.  /Iwtù;,  doux  ;  de  même 
ghjcose. 

GLYPTIQUE,  gr.  yXuTtrix^,  l'art  du  /Jûzri;:, 

graveur,  de  ^/ûystv,  graver. 

GNOME,  mot  employé  en  premier  lieu  par 
Paracclse  et  prob.  tiré  du  grec  yvwjutï?,  intelli- 
gence, esprit.  —  D.  ^womtrf^,  gnome  femelle. 

GNOMIQUE  (poème),  du  grec  y»wj«ixo,-,  sen-. 
tencieux,  adj.  de  yvû^tiij,  sentence,  adage. 

GNOMON,  L.  gnomon,  gr.  yvà^wv,  pr.  con- 
nais.seur,  indicateur. 

GO,  dans  »*  tout  de  go  »  ==»  librement,  sans 
façon.  On  a  rapporté  celte  expression  popu- 
laire tantôt  à  l'angl.  go,  aller,  tantôt  au  L. 
gaudium  (donc  =  de  gaieté  de  cœur).  De  la 
Monnoye  explique  go  par  gobe;  tout  de  go  se- 
rait gâté  de  tout  de  gobe,  donc  =  tout  d'une 
pièce.  Kn  effet,  des  textes  du  xvi«  siècle  po^ 
tent  «  avaler  degob,  tout  degob  » .  \oy. gober. 

GOBEE,  morceau,  spéc.  morceau  d'une  com- 
position en  forme  de  bol  qu'on  donne  aux 
chiens  pour  les  empoisonner.  Il  devrait  être 
écrit  gobe,  car  c'est  le  subst.  verbal  de  gober, 
mais  je  suppose  que  le  mot  vient  direct,  de 
l'angl.  gob,  bouchée. 

GOBELET,  dimin.  degobeVgobeau,  BL.gii- 
bellus,  prov.  cubel;  dimin.  du  L.  cuppa^  coupe. 

—  De  la  forme  y^Tiéegobelot  vient  gobclotter, 
buvott«r. 

GOBELIN,  GOBLIN,   angl.  i/oWi/t, , lutin, 


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GOD 


247  — 


GOË 


esprit  follet,  ail.  koboïd.àér.  du  BL.  cobalits; 
du  grec  xo6»l9î,  fourbe,  trompeur,  malfaisant. 
Diefcnbach  (Gotli.  Wôrt.  I.  150)  cite  le  bret. 
gobilin,  feu  follet.  —  Les  matelots  disent 
goguelin,  prob.  par  assimilation  à  gogiies, 
plaisanterie,  malice. 

GOBELmS,  nom  d'une  célôbre  manufacture 
de  teinture  et  de  tapisseries,  à  Paris  ;  il  lui  a 
été  donné  d'après  Gilles  Gobclin,  teinturier 
s«us  François  I*'. 

OOBELOTTBR,  voy.  gobelet. 

(H)BBB,  avaler  sans  savourer,  avec  avidité, 
prendre  sans  réflexion,  fig.  croire  légèrement, 
d'où  gobe-mouches,  et  le  terme  gobe-affront, 
employé  comme  synonyme  de  courtisan  par 
Scarron;  d'origine  celtique  :  Chevallet  cite 
irl.,  écoss.  gob,  gaél.  gob,  gvop,  signifiant 
bouche,  bec.  —  D.  subst.  verbaux  :  gob'y  dans 
tout  de  go  (voy.  go),  tout  d'une  pièce,  eigobbt 
(V.  c.  m.)  et  son  dimin.  gobet;  verbe  dégobiller. 

1.  (H)BERGE,  morue;  d'origine  inconnue. 

2.  G0BER6IS,  petiU  ais  d'un  lit  liés  avec 
de  la  sangle  pour  soutenir  la  paillasse.  D'ori- 
gine inconnue.  Littré  croit  que  goberge,  au 
sing.  petite  perche,  servant  d'instrument  à 
diverses  opérations  de  menuiserie,  est  une 
corruption  d'écoperche  (v.  c.  m.).  —  Du  pi. 
goberges  vient  peut-être  se  goberger,  s'étendre 
sur  une  paillasse,  prendre  ses  aises,  se  diver- 
tir. L'Académie  porte  se^oèer^cr  avec  le  sens 
de  se  moquer;  serait-il  distinct  du  même 
verbe  sign.  se  divertir?  Si  cela  est,  on  peut  le 
considérer  comme  un  dérivé  du  vfr.  gobe, 
hâbleur,  fanfaron,  lequel  pourrait  bien  rele- 
ver du  même  mot  celtique  gob,  bouche,  men- 
tionné plus  haut  sous  gober  (prendre  la 
bouche  pleine).  Cependant  le  sens  foncier  de 
l'adj.  vfr.  gobe  parait  être  »«  enflé,  vain,  fier.  » 

60BERQEB  (SE),  voy.  l'art,  préc. 

GOBET,  morceau,  angl.  gobbet,voy.  gober, 
—  Le  verbe  gobcter,  jeter  du  plâtre  avec  la 
truelle  pour  le  faire  entrer  dans  les  joints  des 
moellons  d'un  mur,  vient-il  de  là,  par  l'effet 
d'une  de  ces  métaphores  un  peu  brusques  que 
l'on  rencontre  dans  le  langage  des  ouvriers? 

GOBQiLE,  p.  globillef  de  globe,  boule.  Ou 
un  dérivé  de ^o6fte,  bol? 

GOBIN»  bossu,  de  Tit.  gobbo,  hossu,  gohba, 
bosse  ;  ce  mot  italien  vient  de  la  forme  L. 
gybbus  {y  latin  =  o  roman)  pour  gibbits, 
bosse. 

GODAILLER,  boire  avec  excès;  d'après 
Diez,  un  dérivé  du  vfr.  goder,  m.  s.  D'autres 
rattachent  godailler  au  vieux  mot  fr.  godale, 
goudale,  bière,  qui  vient  de  l'angl.  good 
aie,  d'où  le  subst.  godailler  ou  godai  ter, 
brasseur  ou  buveur  de  bière.  Voy.  aussi 
godet.  —  Diez  range  encore  sous  le  même 
radical  god,  dans  lequel  il  n'ose  reconnaître 
le  gaud^re  latin,  mais  plutôt  le  cymr.  god, 
luxure,  les  mots  suivants  :  n.  prov.  goda, 
femme  de  mauvaise  vie,  fr.  godine  et  gouine, 
m.  s.,  yfv. godon,  luxurieux,  bonrg. god in<Ha, 
rouchi  godinete,  bourg,  gaudrille,  tous  à  peu 
près  de  la  même  valeur  que  godine  et  gouine. 
11  cite  encore  esp.  godo,  godeho,  godizo, 
gourmand,  goderia,  régal,  piém.  gaudincta, 


m.  s.  ;  rouchi  godan,  appât,  enfin  le  mot  fr. 
goinfre,  dont  la  terminaison  fre  lui  semble 
adaptée  à  celle  du  synonyme  goliafre.  — 
Nous  placerons  également,  à  notre  tour,  sous 
la  racine  god,  luxure,  le  champ,  godin, 
mignon,  godinet,  gentil,  galant,  le  îr.godard^ 
gouiTnand,  et  godiwau,  sorte  do  pâtisserie. 
—  Voy;  aussi  gaudriole,  qu'il  est  difficile  de 
séparer  de  gaudere.  —  D.  de  godailler  :. 
subst.  verbal  godaille. 

GODE,  mesure  de  longueur.  D'où? 

GODELUREAU,  au  xvi®  siècle  «  goguelureau, 
mot  de  fantaisie,  difficile  à  analyser.  Le  plus 
simple  est  d'y  voir  une  composition  des  radi- 
caux god  (voy.  godailler)  et  lur  (d'où  luron). 
La  forme  ancienne  godelereau  permet  cepen- 
dant d'y  voir  un  dérivé  de  godelier,  mot  trôa 
supposable  comme  dérivé  de  ^oef«r,  mentionné 
sous  godailler.  On  trouve  au  xvi*  siècle  gogue- 
lureau, fait  sans  doute  sous  l'influence  de 
gogue,  gogaille,  goguelu  (Rabelais). 

GODENOT,  magot,  idole  ;  le  mot  n'a  prob. 
rien  à  faire  avec  le  germ.  god,  dieu.  On  y  a 
vu  aussi  une  composition  du  celt.  go,  petit, 
mal  fait,  et  dett,  homme.  Cela  est  tout  aussi 
problématique. 

GODER,  faire  de  mauvais  plis,  de  Ikgodure, 
faux  pli.  Goder  parait  être  pour  gauder  (la 
mutation  au  en  o  est  fréquente)  ;  or,  gauder 
se  déduit  très  régulièrement  du  goth.valtjan, 
ags.  vaeltan,  angl.  v)elter(ù\l.  mod.  voûlzen) 
rouler.  De  gode^'  vient  encore  le  subst.  godron, 
plis  ronds,  puis,  en  architecture,  espèce  d'or- 
nements à  forme  ovale  taillés  sur  les  mou 
lures. 

GODET,  verre  à  boire  sans  anse  ni  pied  ; 
Tétymologie  par  L.  guttits,  vase  à  col  étroit 
rencontre  de  sérieuses  difficultés  phonétiques 
(voy.  Rom.,  X,  39);  il  faut  donc  l'abandonner, 
bien  qu'elle  soit  patronnée  par  Diez  et  Littré. 
G.  Paris  rattache  le  mot  au  verbe ^orfçr  (voy. 
godailler). 

GODICHE,  forme  populaire  à  suffixe  tcAe  pour 
Claude,  dont  il  parûige  le  sens  figuré  :  sot^ 
maladroit.  —  D.  godichon. 

GODINE,  forme  antérieure  à  gouine  (voy. 
godailler).  —  D.  godinette. 

GODIVEAU,  voy.  godailler. 

GODRON,  vay.  goder.  — D.  godronner. 

GOËLAND;  Chevallet,  comme  Diefenbach, 
suivi  par  Diez,  se  fondant  sur  la  forme  bre- 
tonne gwélan  (qui  se  prononce  gouéldn),  et 
sur  la  description  que  fait  Buflbn  du  cri  du 
goéland,  fait  venir  ce  mot  du  bret.  gwela, 
pleurer. 

GOfiLETTS,  1.  hirondelle  de  mer  fon  la 
nomme  aussi  goualette);  2.  sorte  de  petit  vais- 
seau de  mer  léger  et  rapide.  La  deuxième 
acception  semble  découler  de  la  première,  et 
le  nom  de  l'oiseau  parait  avoir  la  même  origine 
que  gnëland. 

GOSMON,  varech,  mot  celtique  ;  le  Catho- 
licon  du  Lagadeuc  porte  :  «  goumoc  ha  bkzin, 
gallicc  (f/oëmon),  lat.  alga,  »  où  Buggo 
(Rom.  IV,  358)  propose  la  correction goumon; 
le  gallois  donne  le  même  ietrae gwymnn  pour 
varech. 


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GON 


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GOU 


60FFE,  it.  goffo,  esp.  gofo;  d*originc  incer- 
taine. On  a  cité  ^t.  xoipo^,  stupide,  et  bava- 
rois  goff,  m.  s.  D'autres,  prêtant  au  mot  le 
sens  de  grossier,  le  retrouvent  dans  la  glose 
d'Isidore  «  bigera,  vestis  gxifa  vel  villata  », 
habillement  grossier  et  velu. 

6060  (A),  606AILIjl!,606UE,ctc.  ;  tous  ces 
vocables  découlent  d'une  lacine  gog^  expn- 
mant  plaisir,  bonne  vie  et  qu'on  retrouve  dans 
le  BL.  agogare,  donner  à  manger,  norm. 
gogoviy  doux,  mignon.  Cette  racine  est-elle iden-' 
tique  avec  celle  du  bret.  gogé,  plaisanterie, 
raillerie,  cymr.  gog,  abondance,  ^o^an,  satire, 
oudel'all. ^ai(rÂ,  jeune  sot,  niais  et  coucou,  ou 
du  nord,  gauka,  être  fier?  Tout  cela  est  diffi- 
cile à  décider.  Le  latin  Jocm^  doit  rester  hors 
de  cause;  de  même  gaitdtum  (ét^ologie  de 
Génin).  Nous  rapportons  1 .  au  sens  plaisir, 
bonne  clière,  les  mots  gogaiï le,  repas  joyeux, 
être  à  gogo  =  être  dans  l'abondance,  gogiie, 
sorte  de  mets  friand,  gogueîu,  amateur  du 
plaisir;  2.  au  sens  plaisanterie  :  gognes*  dans 
«  être  efi  ses  gogues  »»  =  être  de  bonne  hu- 
meur, d'où  goguettes,  anc.  aussi  gogueneites, 
propos  jojeux,  etc.,  goguenard,  railleur, 
anc.  gogiienette,  propos  joyeux;  3.  au  sens 
fier,  goguelu,  qui  se  disait  d'une  personne 
fière  de  sa  richesse. 

606UE.  606ni!LU,  606UENÂRD,  60- 
OUBTTB,  voy.  l'art,  préc. 

60niFRE,  voy.  sous  godailler.  Le  mot  ne 
serait-il  pas  tout  bonnement  une  altération 
populaire  de  gouffre^,  —  D.  goinfres-,  goin- 
frerie, 

60rrRE  (mot  n'apparaissant  pas  avant  le 
XVI"  siècle)  parait  venir  du  L.  guttur,  mais 
Paria  (Rom.,  X,  59)  observe  qu'il  faudrait 
pour  cela  une  forme  intermédiaire  guctur.  — 
D.  vfr.  ^ot<row,^i«ïran,  gosier;  gcdtreiix. 

60LFE,  it.,  e.sp.,  port,  golfo;  du  gr.  «0)710; 
(plus  tard  xo/ç)o»-,  cp.  it.  irofeo  de  T/soratov), 
1.  sein,  giron,  2.  golfe.  Le  mot  grec  signifiait 
aussi  fond  de  la  mer,  abîme;  c'est  dans  ce  sens 
qu'il  est  devenu  le  primitif  du  fr.  goufre, 
gouffre  (v.  cm);  flam.  golpe  (Kil.)  traduit 
par  lat.  gurges. 

60MÉNE,  6IJMÉNE.  râble,  it.  gomœta,  go- 
mena,  esp.  gomena,  de  l'arabe  al-gommal,  le 
c^ble.  Diez  doute  de  l'exactitude  de  cette  déri- 
vation. 

601001,  là.gummi,  gr.  xo>^i. — h. gommer; 
gomme'gvttc{gutte  =  L.  giUta,  goutte).  Devic. 
cependant,  est  d'avis  que  dans gomme-giUte  le 
second  mot  n'est  que  la  traduction  du  premier 
et  représente  le  malais  gatah  ou  ghetah, 
gomme,  baume  (d'où  aussi  gutta-percha). 

60ND,  soit  du  L.  contus,  croc,  épieu,  ou 
une  forme  tronquée  du  L.  ancon,  pièce  de 
bois  ou  de  fer  coudée,  que  l'on  retrouve  dans 
le  lorrain  angoii  ^^  gond,  ou  du  L.  gomphus 
(yojix^o;),  clou.  Ccttc  demiérc  étym.  convient 
surtout  au  prov.  gofo,  gofon,  gond. 

60ND0LE,  de  Tit.  gondola.  Ce  dernier  est 
un  dim.  degonda,  m.  s.,  et  vient  du  gr.  xov^u, 
vase  à  boire,  coupe.  —  D.  gondolier. 

60NFAL0N,  anc.  gonfayxon,  it.  gonfalone. 


du  sh&,  gundfano,  composé  de  gwidja,  com- 
bat, et  de  fano,  drap,  drapeau.  —  D.  gonfa- 
lonier. 

60NFLER,  ïLgonfiare,  du  L.  con-flare,  souf- 
fler ensemble  (cp.  enfler  de  in-flare).  Diez 
cite  «  intcstina  conflata  *«  (Cœlius  Aui'ehns). 

60NIN,  adroit,  frîpon,  du  nom  d'un  célèbre 
escamoteur  du  temps  de  François  I'*". 

60RD,  t.  do  pêcherie  ;  j'estime  que  c'est  le 
même  mot  que  le  vfr.  gm't,  nwygour  (v.  c.  m.). 

60RST,  dimin.  du  vfr.  gor^^,  gore,  truie, 
esp.  gonrin.  Pour  gorre,  Diez  compare  le 
verbe  allemand  goii'en,  gurren,  produire  le 
son  gurr,  grogner,  puis  le  subst.  gorre, 
jument,  rosse.  Burguy  conjecture  une  dériva- 
tion de  la  racine  vha.  et  celt.  gor,  qui  signifie 
boue,  limon,  fumier. 

60R6E, it.,  esp,,iiToy,gorga  (it.  aussi ^or- 
gia),  ail.  gurgel,  du  L.  gurges,  goufre.  La 
connexité  entre  l'idée  cavité,  profondeur,  et 
celle  de  sein,  chose  rebombée,  se  retrouve 
dans  xôX-noi,  qui  &  donné  à  la  fois  golfe  et 
gouffre,  —  L'étymon^r^c*  a  été  mis  en  doute 
par  Meyer  et  G.Paris  (Rom.,  III,  335, et  IX, 
332)  par  la  raison  que  l'o  dans  gorge  est 
fermé.  —  Le  lat.  gurges,  dans  sa  valeur  pri- 
mordiale d'abîme,  tourbillon,  est  indubitable- 
ment le  primitif  de  it.  gorgo,  prov.  et  vfr. 
gorc,  gort,  et  le  fr.  mod.  gour.  Dans  les 
Cévennes,  on  nomme  ^our^o  des  réservoirs 
destinés  à  l'irrigation  des  terres.  —  D.  de 
gorge: gorgerette;  gorgerin  ;  gorger,  remphr 
jusqu'à  la  gorge;  dégorger;  égorger;  engor- 
ger  ;  regorger  ;  rengorger, 

60RILLE,  nom  de  singe  ;  nom  donné  d'abord 
à  des  femmes  velues  que  les  Carthaginois 
disent  avoir  trouvées  sur  la  côte  d'Afrique. 

60SIEB,  dérivé  du  vfr.  gueuse,  gorge; 
quant  à  celui-ci,  on  a  invoqué,  comme  primi- 
tif, rit.  goszo,  gosier  (forme  tronquée  de 
gorgo2zo),  mais  ce  rapport  reste  douteux.  Le 
patois  lorrain  a  gosse  signifiant  le  gosier  et 
l'estomac  des  bêtes  qu'on  engraisse;  en  ail. 
gosse  signifie  tuyau,  égout,  rigole  et  parait 
indépendant  du  radical  dos  •  mots  romans 
cités.  —  D.  s* égosiller  (dans  les  trouvères,  je 
trouve  se  desgoisier^), 

60SSAMPIN,L.^o5sym/>iiii«  (Pline,  12.10, 
21),  espèce  de  cotonnier,  extension  de  gossy- 
piuni  [•/'39'jù'itiov),  m.  s. 

OOTHIQUE,  du  nom  de  peuple  Goth, 

60UACHE,  voy.  gâchei\ 

60nAILLER,  railler,  plaisanter;  wall. 
giiaii.  D'origine  inconnue  ;  peut-être  syncopé 
de  gogailler  (voy,  gogo). —  En  berrichon  notre 
mot  est  synonyme  do  godailler  (op.  gouine  = 
godine). 

OOUDRON,  aussi  goudran,  guitran,  it.  ca- 
trame,  port,  alcatrào,  esp.  alquitran,  BL. 
catarannus,  de  l'arabe  al-gatran,  m.  s.  —  D. 
goudronner. 

60UFFRE,  p.  goufle,  transposition  de  golfe 
(v.  c.  m.).  Du  nrïm.  golpe  =  gurges,  le  fla- 
mand a  fait  le  verbe  golpen,gulpen  =  ingur- 
giter. —  D.  engouffrer. 

1.  60n6E,  espèce  de  ciseau  creux  ou 
courbe,  prov.  mod.  gubio,  esp.  gubia,  port. 


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GOU 


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GOU 


ffoiva;  Bugge  (Rom.,  IV,  358)  tient  le  mot 
pour  celtique,  en  alléguant  anc.  gallois  gilb 
(foratoinum,  rostrum).  golbin  (rostrum),  gal- 
lois mod.  gylf»gylfin  (bec),  gaél.  gilb,  ciseau, 
irl.  mod.  gttlbba  («  aculeum  •»).  Le  radical 
est  gulb(=gi\'/hj^fa),(im  explique  les  formes 
BL.  gulvia,  guhium  (it.  gorbia,  sgorbia)  et 
fr.  gouge,  Cp.  aussi  Baist  (Ztsclir.,  VI,  118), 
qui  estime  que  gouge,  au  sens  de  fille,  est 
identique  avec  gouge,  mais  sans  indiquer  le 
rapport  idéologique  qui  les  relie.  —  D. 
gouge^\ 

2.  GOUGE,  n.  prov.  gougeo,  fille,  servante 
(dans  quelques  provinces  on  àiigouye)  ;  d'après 
Huet,  du  mot  Judaïque  goye,  servante  chré- 
tienne (les  Juifs  appellent  les  chrétiens  des 
goyim,  peuples,  comme  les  chrétiens  se  ser- 
vaient du  mot  gentils  pour  désigner  les 
païens);  étymologie  sujette  à  caution.  C'est  de 
gouge  que  vient,  goujat,  valet,  anc.  goujart  ; 
aussi  gouge  avait  ce  sens.  —  Voy.  aussi 
/yoit^g  1. 

GOUINS,  voy.  godailler.  On  a  erronément 
rapporté  couine  au  vha.  quena,  angl.  qiteen, 
m.  s.,  ainsi  qu'au  v.  gaél.  coinne,  femme.  Un 
poète  tire  le  mot  de  la  reine  Goïne  qui  trom- 
pait son  mari  et  le  fit  périr  pour  fuir  avec  son 
amant.  —  Le  masc.  gouin  désigne  un  matelot 
de  mauvaise  tenue. 

GOUJAT,  dial.  gouyat,  voy.  gouge. 

1.  GOUJON,  en  patois  govion,  angl.  gud- 
genn,  it.  gobio,  du  L.gobio,  -onis  (gr.  xwÇt^^). 

2.  GOUJON,  outil  de  fer  à  divers  usages; 
dans  Palsgrave, //ow^tfon  désigne  entre  autres 
des  menottes  de  prisonnier  ;  Godefroy  traduit 
le  mot  (v.  gojon)  par  •  cheville  à  pointe  per- 
due •  ;  prob.  connexe  avec  gouge  1 .  —  On  dit 
aussi  gouviun, 

GOULE,  ancienne  forme  ^oxxv gueule.  Delà: 
goulée,  grosse  ■  bouchée  ;  goulet,  goulette,  en- 
trée étroite,  petit  canal,  etc.  ;  goulot,  goulotte; 
goulu  ;  champ,  goulerie,  gourmandise  ;  verbe 
regoider  'v.  c.  m.). 

GOULOT,  dim.  de  goule  {v,  c.  m.). 

GOULU,  voy.  goule. 

GOUPIL,  aussi  golpil,  houpil,  mot  de  l'an- 
cienne langue,  remplacé  par  renard  (y.  c.  m.), 
du  L.  vulpeculus. —  D.  goupillcrie.  Voy. aussi 
goupillon. 

GOUPILLE,  fiche,  cheville,  du  L.  cuspicula, 
pointe. 

GOUPILLON.  L'étymologie  goupil,  renard 
(donc  pr.  =  queue  de  renard  ,  généralement 
reçue  jusqu'ici,  est  contestée  par  Paris  (Rom., 
XIV,  306);  il  identifie  le  mot  avec  le  vfr. 
gnespeillon  (pr.  chasse-guêpes).  —  Notez, 
cependant,  que  l'ancienne  langue  présente 
aussi  guipillon  et  qu'il  se  pourrait  bien  que 
les  étymologies  vulpeculus  et  guespa  se  fus- 
.<»cnt  rencontrées  dans  goupillon.  —  D.  gou- 
pillonner,  nettoyer  avec  un  goupillon. 

GOUR,  voy.  sous  gorge. 

GOURD,  roide,  peu  agile, esp., port. ^orf/o, 
prov.  gort,  gros,  gras.  Du  L.  gurdus,  mot 
d'origine  espagnole,  au  dire  de  Quintilien,  et 
équivalent  de  stolidus.  Isidore  l'interprète  par 
lentus,  inutilis  ;  il  faut  croire  que  le  sens  fon- 


cier était  gras.  Pour  le  rapport  logique  entre 
gras  et  sot,  cp.  le  gr.  îra/û,-  et  L.  crassus.  — 
D.  gourdir'^  engourdir,  dégourdir. 

GOURDE,  voy.  courge. 

GOURDIN,  de  l'it.  cordino,  corde  dont  on 
frappe  les  galériens  ;  métaph.  =  gros  bâton 
court;  d'après  Littré,  le  mot  se  trouvant 
déjà  dans  l'ancienne  langue,  plutôt  do  l'a^. 
gourd  au  sens  de  gros,  épais.  —  D.  gour- 
dine7\ 

GOURE,  drogue  falsifiée;  d'origine  arabe; 
Littré  indique  le  verbe  arabe  ^Aarr,  tromper. 
—  D.  gourer,  falsifier. 

GOURGANDINE,  vers  la  fin  du  xvii*"  siècle, 
un  vêtement  do  femme,  peu  chaste  à  ce  qu'il 
semble;  c'éUiit  un  corset  ouvert  par-devant 
qui  laissait  voir  la  chemise.  Le  nom  s'est  con- 
servé dans  la  langue  pour  désigner  les  femmes 
qui  ont  quelque  chose  de  trop  libre  dans  l'air 
ou  dans  l'ajustement.  Le  mot  parait  venir  de 
go7'ge;  cp.  l'anc.  a^j.  gorgias,  qui  se  disait 
d'une  personne  galamment  habillée,  vêtue 
d'une  manière  décolletée.  —  Si  réellement 
le  sens  u  prostituée  >*  a  préexisté,  comme  le 
suppose 'Littré.  à  celui  de  vêtement,  mon  éty- 
mologio  vient  à  tomber.  Littré  cite  le  verbe 
normand  ^oi«r^anrfîr,  se  livrer  à  la  débauche, 
que  Le  Héricher  décompose  par  gwe,  prosti- 
tuée, -4-  gaudir, 

GOURHàDE,  yoj.  gourmer. 
GOURMAND,  voy.  gourme  1.  — ^  D.  gour- 
mandise. 

GOURMANDER.  \oj.gourtner. 

1.  GOURME,  matière  visqueuse  que  les 
jeunes  chevaux  évacuent  par  lek  naseaux; 
croûtes  de  lait.  D'origine  incertaine.  Diez 
cite  le  nord,  gormr,  bourbe,  limon  (de  gor, 
fumier),  angl.  (dial.)  gorm  et  grom,  salir, 
berrichon  eau  gourmie,  eau  stagnante.  Che- 
vallet  mentionne  le  mot  gm*  de  différents 
idiomes  celtiques,  .signifiant  pus  ou  pustule. 
A  cette  idée  de  malpropreté,  de  bave  ou  de 
salive,  se  rattache  aussi  le  rouchi  gourmer, 
humer,  siroter.  C'est  de  ce  dernier  que  se  dé- 
duisent le  plus  naturellement  les  mots  gow- 
met  (v.  c.  m.),  gourmand,  et  norm.  gourma- 
cher,  manger  malproprement.  Grandgagnage 
traite  le  gourmet  avec  un  peu  plus  d'égards  et 
conjecture  (avec  un  point  d'interrogation), 
comme  radical  du  wall.^our>neM  =  gourmet, 
le  holl.  geur,  odeur,  dial.  d'Aix-la-Chapelle 
guhr,  saveur  de  la  viande,  bouquet  du  vin. 
Mais  la  lettre  m  resterait  inexpliquée  et  je 
pense  que  l'étymologie  de  Diez  doit  l'emporter; 
je  ne  sais  si,  pour  appuyer  cette  relation  entre 
le»  idées  bourbe,  bave  et  gourmet,  je  puis 
rapprocher  le  terme  allemand  schlâmmer, 
goinfre,  que  certaines  acceptions  m'engagent 
à  déduire  de  schlamm,  bourbe. 

2.  GOURME*,  dans  «  gourme  do  chambre», 
un  des  bas-officiers  de  la  maison  des  ducs  de 
Bretagne;  c'est  l'angl.  groom  ou  flam.  grom 
(Kil.)  transposé.  L'ancienne  langue  disait  aussi 
gromme,  dim.  gromet  «=  valet,  serviteur. 
L'esp.  agrumete  p.  mousse,  garçon  de  bord; 
c'est  évidemment  le  même  mot.  Cependant, 

I    Diez,  en  citant  sous  grumo,  mot  csp.  signi- 


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GOU 


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GRA 


fiant  monceau.  Vit.  grumolo,  cœur  du  chou, 
y  retrouve  la  même  métaphore,  sur  laquelle 
nous  l'avons  vu  tant  insister  en  faisant  l'éty- 
mologie  de  garçon  (voy.  gars).  Les  Portugais 
appellent  dans  leurs  colonies  grometos  les 
videts  nègres  gagés  sans  être  esclaves. 

3.  GOUBIDB,  roideur,  gravité  affectée,  voy. 
gourmette, 

GOUBmiR,  1.  mettre  la  gourmette  à  un 
cheval,  voy.  gourmette;  —  2.  battre  à  coups 
de  i)oing,  d'où  gourmade;  je  ne  m'explique 
pas  l'origine  du  mot  dans  cette  acception  ;  — 
3.  maltraiter,  critiquer  sévèrement;  c'est  une 
acception  adoucie  de  la  précédente;  de  là 
gourmander;  —  4.  affecter  un  air  raide,  de 
gourme  3. 

GOUBMET,  voy.  gourme  1.  Avant  de  signi- 
fier friand,gourmand,  ce  mot  signifiait,  comme 
il  signifie  encore  (c'est  même  la  seule  signifia 
cation  que  lui  assigne  TAcadémic),  dégusteur 
de  vins.  Cela  confirme  en  quelque  sorte  l'éty- 
mologie  posée  à  l'article  gourme  1 ,  et  l'étroite 
relation  de  ce  mot  avec  le  rouchi  gourmer, 
humer,  siroter.  On  connaît  Topération  buc- 
cale et  gutturale  (si  je  puis  m  exprimer  ainsi) 
qui  caractérise  la  dégustation  du  vin.  Littré 
rattache  gourmet  à  gourme  2.  par  le  sens 
intermédiaire,  •  garçon  d'un  marchand  de 
vin  •».  «le  doute  que  gourmet  ait  signifié  par 
excellence  un  valet  de  marchand  do  vin  et 
que  ce  valet  ait  eu  la  charge  de  déguster 
les  vins. 

GOURMETTE  d'un  cheval;  dimin.  àegourmc, 
inusité  dans  ce  sens;  de  ce  dernier  vient  aussi 
gourmer  un  cheval,  lui  mettre  la  gourmette; 
]iRrt.  gourmé,  ûg.  roide  dans  son  maintien 
comme  un  cheval  gourmé  (l'anglais  dit  de 
même  curbed  au  fig.);  de  cette  acception 
figurée  se  dégage  le  subst.  gourme,  roideur, 
gravité.  Quant  à  l'origine  de  gourme"  et  gour- 
mette,  le  P.  Labbe  pensait  qu'ils  venaient  de 
gourme,  bave  (cp.  bavette,  bavoïet);  mais  il  se 
trompait.  La  forme  bretonne  gromm  =  gour- 
mette, combinée  avec  la  dénomination  anglaise 
curb,  engage  à  rapporter  le  mot  au  radical 
celtique  ou  germanique  krom,  courbe.  Effec- 
tivement, la  gourmette,  accrochée  aux  deux 
côtés  du  mors,  forme  une  courbe  au-dessous 
de  la  ganache  du  cheval. 

GOUSPILLER;  variété  de  houspiller. 

GOUSPIN,  polisson,  t.  pop.;  selon  Littré, 
de  gousse-pain  (gousser  «=-  manger,  xvi*  siè- 
cle). 

GOUSSANT,  ^ou^sau^  lourd,  trapu;  du 
BL.  gossus,  chien-mâtin? 

GOUSSE,  it.  guscio,  à  MWoxiguss  et  gussa, 
dans  les  Romagnes  goss  et  gossa.  L*origine 
de  ce  vocable  roman  n'est  pas  encore  tirée  au 
clair.  Diezcite  un  mot  lat  mîoimc galliciciola, 
expliqué  par  Placido  par  «  cortex  nucis  ju- 
glandis  »  ;  il  le  suppose  mal  écrit  pour  galli- 
cioîa;  ce  diminutif  renverrait  à  un  primitif 
gallicia,  qui  équivaudrait  à  «  nux  gallica  n , 
et  qui  aurait  pu  se  transformer  en  it.  galcia, 
gai  scia,  guscio,  et  en  fr.  gausse,  gousse  C'est 
là,  on  le  voit,  une  conjecture  émise  en  déses- 
poir de  cause.  D'autres  conjectures  pourront 


avec  autant  déraison  se  porter  sur  TalLAff/jf, 
flaro.  Afc/^c^r  (Kiliaen  :  siliqua.  calyx,utricu- 
lus),  et  je  n*hê.M  te  pas,  jusqu'à  meilleure  infor- 
mation, à  identifier  gousse  (au  sens  gént^ral 
d'enveloppe)  avec  housse,  et  à  y  voir  une 
modification  de  forme  analogue  à  celle  de 
gouspilïer  pour  houspiller.  Du  reste,  le  ger- 
manique h  permute  parfois  avec  g  en  roman 
(voy.  Diez,  Gramm.,  éd.  franc.,  I,  297-2981 
—  De  gousse  vient  gousset,  creux  de  l'aissello 
(par  extension  la  mauvaise  odeur  qui  en  sort), 
puis  petite  bourse  portée  d abord  sous  lais- 
selle. 

GOUSSET,  voy.  gousse, 

GOUT,  goust",  du  L.  gustus,  —  D.  goûter, 
L.  gustare  (l'acception  «  faire  un  léger  repas- 
était  déjà  propre  au  mot  latin  :  Plin.  Ep.  6. 
16,  5  :  deinde  gustabat  dormiebatque  mini- 
mum). —  D.  goiiter,  subst.  ;  composés  :  dé- 
goîUer  ;  ragoùter, 

GOUTTE,  it  gotta,  esp.,  port,  gota,  duL. 
gutta,  La  maladie  de  ce  nom  était  attribuée 
à  certaines  gouttes  d'une  humeur  viciée  qui 
arrivaient  aux  articulations.  On  sait  que 
goutte,  exprimant  une  chose  menue,  a  sen'i 
comme  mie,  pas,  point,  à  renforcer  la  néga- 
tion fie;  cette  valeur  nous  est  restée  dans  ne 
voir  goutte.  —  D.  gouttelette,  goutteux, 
gouttier,  gouttière,  goutter,  égoutter,  dé- 
goutter. 

GOUVERNER,  L.  gubemare.  —  D.  gou- 
verné, règle,  conduite  ;  gouvernement,  gouver- 
neur, L.  gubernator;  gouvernante,  gouver- 
nail, L.  gubemaculum. 

GRAAL  f saint),  prov.  grasàl,  BL.  gradalis, 
Diez  conjecture  l'étymologie  crains,  forme 
BL.  p.  ci'atcr. 

GRARAT,  L.  çrabatus  (xpseCaro;). 

GRAREAU,  subst.  verbal  de  grabeler,  dé- 
mêler, éplucher,  examiner;  de  là  le  sens  de 
petit  morceau,  menu  fragment  et  celui  de 
discussion,  scrutin.  Voy.  l'art,  suiv. 

GRARUGE,  micmac,  désordre,  querelle.  La 
terminaison  engageait  à  tort  feu  Cachet  à 
considérer  ce  mot  comme  une  forme  accessoire 
do  gabegie.  Nous  rencontroas,  avec  le  sens  de 
désordre,  confusion,  la  même  racine  ^rafr  ou 
garb  dans  les  vieux  mots  grabeler  (d'où  gra- 
beau,  V.  c.  m.),  grabouiller  ou  garbouiller, 
brouiller,  à* oii  gr abouti,  it.  garbuglio;  on  di- 
sait autrefois  être  en  grabouil  avecqqn.  p.  être 
brouillé  avec  lui.  Je  n'hésite  donc  pas  à  rat- 
tacher au  même  groupe  notre  mot  grabuge  et 
à  voir  dans  le  radical  grab,  soit  Tall.  graben, 
creuser,  fouiller,  soit  le  néerl.  hrabbelen, 
gratter,  et  fig.  écrire  ou  peindre  d'une  manière 
confuse  ;  cp.  en  fr.  le  terme  fouillis  de  fouil- 
ler. Je  suppose  qu'il  a  existé  ou  existe  encore 
dans  quelque  coin  de  l'Italie  une  forme  gra- 
Imgia,  qui  serait  le  type  immédiat  de  gra- 
buge, car  la  terminaison  uge  n'est  pas  du  cru 
français,  et  d'ailleurs  le  mot  fr.  |îarait  être 
d'une  introduction  assez  récente  (cp.  en  it.  le 
subst.  gvattugia,  grattoir,  râpe,  en  yît.gra- 
tuise).  Le  prov.  grahusa  (p.  gra-usa),  m,  s., 
est  l'effet  d'une  syncope  de  la  médiale  b  ;  c'est 


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GRA 


—  2yi  — 


GRA 


le  primitif  du  vfr.  grahuse  greitse  (dans  le 
Jura  greuse),  querelle,  dispute. 

GRÂCE,  L.  gratta  (de  gratits^  agréable).  — 
D.  gracier,  faire  grâce,  gracieux,  L.  gratio- 
sus,  d'où  gracieuseté  et  gracieuser  ;  opp. 
disgrâce,  disgracieux,  disgracier,  composés 
modernes. 

GRACILITÉ,  L.  gracilitas.  —  L'adj.  grêle 
est  le  L.  gracilis,  mais  la  pruderie  française 
s'est  refusée  à  sanctionner  le  bon  vieux  mot 
gréleté. 

GRADATION,  L.  gradatio  (gradus). 

GRADE,  L.  gradus.  Voy.  aussi  degré,  — 
D.  gradin  ;  grader,  conférer  un  grade  ;  opp. 
dégrader;  graduel;  graduer,  diviser  en 
degrés. 

GRADINE,  ciseau  dentelé  du  sculpteur; 
d'origine  inconnue.  Le  mot  tient -il  à  vfr. 
grater,  ou  à  crates  (qui  est  au  fond  de  gynl),  ou 
à  l'ail,  grat,  arête?  —  D.  graditier. 

GRADUEL,  voy.  grade.  Le  terme  ecclé- 
siastique vient  du  BL.  gradus,  qui  signifiait 
la  partie  de  l'église  (plus  élevée)  où  se  chan- 
taient l'Evangile  et  les  leçons  de  l'Ecriture 
sainte.  V.n type g7'adalis  a  donné  le  vfr.  graHl, 
greel, 

GRAILLER,  sonner  du  cor,  de  graille*, 
trompette  (voy.  greille), 

GRAILLON,  en  picard  =  gratin,  me  semble 
être  une  contraction  de  gratillon,  donc  pr.  ce 
que  l'on  gratte  au  fond  de  la  marmite  ;  de  là 
l'expression  «  sentir  le  graillon  ».  D'après 
Littrô,  de  graille,  ancienne  forme  de  grille,  — 
Le  mot  s'emploie  aussi  pour  restes  ou  rognures 
des  marbres. 

GRAIN,  L.  granum;  le  pluriel  grana  a 
donné  le fém. ^rat^îe,  semence.  Au  fig.,^ram 
exprime  une  petite  quantité.  —  *»  H  n'est  pas 
sur,  dit  Littré,  que  grain,  au  sens  d'orage, 
soit  le  même  mot  qnegrain  de  blé  ;  cependant 
on  peut  concevoir  que  («t  orage  ait  été  appelé 
un  grain,  à.  cause  des  grains  do  grêle  et  des 
gouttes  de  pluie  qu'il  verse.  »  —  D.  grainer 
et  grener;  grenette;  grainier  ;  grenier,  L. 
granarium  ;  grançe{v.  cm.);  grainu,  grenu  ; 
composés  :  égrener,  engrener  (v.  c.  m.). 

GRAINE,  voy.  grain,  —  D.  grenaille. 

GRAISSE,  subst.  de  gras  (v,  c.  m.).  —  D. 
graisseux;  graisser,  engraisser  (TertuUien 
incrassare),  dégraisser. 

GRAISSET,  aussi  gresset,  petite  grenouille 
verte.  D'où?  Chevallet  fait  venir,  sans  qu'on 
puisse  s'en  rendre  compte,  le  mot  graisset  do 
VsAl.  griin,  vert;  c'est  vouloir  lutter  en  fait 
de  hardiesse  avec  Ménage,  qui  avait  au  moins 
le  talent  d'inventer  des  intermédiaires.  Selon 
d'autres,  graisset  pourrait  tirer  son  nom  de 
ce  qu'il  a  la  faculté  de  monter  le  long  des 
corps  les  plus  lisses  ou  graisseux  ;  ce  qui  me 
parait  forcé.  Comme  Tall.  dit,  à  côté  de  laub- 
frosch  (grenouille  de  feuillage),  aussi  gras- 
frosch,  ou  serait  tout  aussi  autorisé  à  penser 
à  l'ail,  gras,  herbe,  ou  plutôt  à  l'angl.  grass, 

GRAMEN,  mot  latin  =  gazon.  —  D.  grami- 
nés,  L.  gramineus. 

GRAMMAIRE  l.  masc,  vfr.  =  gramma- 


ticus,  grammairien  ;  2.  fém.,  «ars  gramma- 
tica,  science  des  lettres.  Pour  l'étymologie  du 
mot,  la  plus  simple  parait  être  de  prendre 
pour  type  une  forme  lat.  grammanus,  mais 
cette  forme  pécherait  contre  les  règles  et, 
en  outix),  on  n'en  trouve  aucune  trace.  De 
toute  façon,  aussi  bien  pour  le  prov.  gramàdi 
/grammairien)  et  gramatge  (grammaire),  que 
pour  grammaire  (prov.  gramaira),  il  faut 
partir  du  lat.  grammaticus.  Cette  forme  ^ram- 
màire  s'en  est  produite  par  le  même  procédé 
qui  a  fait  naître  l'afr.  mire  (médecin)  de  medi- 
eus,  vfr.  daumaire  de  dalmaticus,  et  qui  con- 
siste dans  l'insertion  d\in  r  dans  une  forme 
antérieure  en  ais  (gramaie).  Cette  théorie  do 
IV  intercalé  dans  des  conjonctures  analogues, 
soutenue  par  Tobler  (voy.,  pour  notre  cas, 
Rom.,  II,  244),  est  combattue  par  G.  Paris 
(Rom.,  VI,  132);  pour  celui-ci,  gramaire  dé- 
coule direct,  de  gramàrie,  mais  cette  forme - 
ci  est  issue,  par  l'intermédiaire  de  gramâlie, 
de  gramddie.  Cette  gradation  de  formes  est 
savamment  démonti-ée  par  le  prof,  de  Paris, 
mais,  bien  que  patronnée  aussi  par  Mussafia, 
je  n'oserais  affirmer  que  cette  manière  de 
voir  détruise  péremptoirement  le  raisonnement 
de  Tobler.  —  D.  grammairien, 

GRAMMATICAL,  mot  savant  tiré  de  gram- 
maticus, comme  musical  de  musicus. 

GRAMMATISTE,  L.  grammatisla  (Suét.)  » 
gr.  ypixfiu'xThTnit  maitre  d'école,  de  yp^fifAot- 
rfjîiv,  enseigner  les  ypkfitmrx  (lettres,  élé- 
ments). 

GRAMME,  gr.ypâfjLfjLr,  scrupule  valant  deux 
oboles. 

GRAND,  L.  gi*a}tdis,  —  D.  grandeur;  de 
la  forme  esp.  grandes  sa  nous  avons  fr.  gran- 
desse,  titre  d'honneur  (l'ancienne  langue  em- 
ployait toutefois  aussi  la  forme  grandece  avec 
la  même  valeur  que  grandeur)  ;  grandir,  sens 
neutre,  L.  grandire,  d'où  le  factitif  a^ra«f/îr  ; 
de  rit.  grandioso  :  fr.  grandiose;  superlatif 
grandissime,  L.  grandissimus  ;  grandelet  ; 
grand'pih'e ,  gra^îdmère.  Les  expressions 
grand'mère,  grandroiUe,  graruTmesse,  da- 
tent d'une  époque  où  l'adj.  grand  n'avait  pas 
encore  de  forme  féminine  ;  elles  ne  sont  donc 
en  aucune  manière  irrégulières  et  l'apostrophe 
est  un  signe  inutile,  une  trace  d'ignorance 
relativement  aux  règles  de  la  vieille  langue. 

—  Notre  adverbe  grandement  est,  par  adap- 
tation à  la  règle  moderne,  une  transformation 
de  la  forme  ancienne  et  seule  correcte  gram- 
ment,  conservée  par  les  patois. 

GRANGE,  esp.,  port.,  prov.  granja,  du  BL. 
granea,  lieu  pour  battre  le  grain.  Le  vfr. 
granche  et  prov.  granga,  m.  s., accusent  pour 
type  le  BL.  granica,  forme  cxjncurrente  de 
gratwa. —  D.  grangcr,  engranger, 

GRANIT  (de  l'it.  granito,  m.  s.,  pr.  »= 
grenu)  ;  cette  roche  tire  son  nom  des  grains 
ou  petites  taches  qui  la  caractérisent. 

GRANULE,  l^.granulum,  dim.  de  granum. 

—  D.  granuleux;  granuler. 

.  -GRAPHIE,  dans  les  compositions  telles  que 
bibliographie,  géographie,  etc.,  équivaut  à 
destTiption,  et  correspond  au  grec  -/poiflx  (qui 


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GRÂ 


252  — 


GRA 


ne  se  trouve  de  même  qu'en  composition), 
dérivé  de  -y/5à»o«,  =  qui  écrit.  Les  mots  ter- 
minés en  -graphie  sont  tous  corrélatifs  à  un 
terme  masculin  en  -graphe,  désignant  la  per- 
sonne qui  s'occupe  de  la  chose  qu'ils  expri- 
ment, ainsi  qu'à  un  adjectif  en  ^graphique, 
rendant  le  grec  -yo9f>ii(0{.  —  Beaucoup  de 
composés  modernes  de  la  nature  de  ceux  dont 
nous  parlons  n  expriment  pas  précisément  une 
idée  de  description,  mais  celle  d'écrire,  de 
tracer,  de  graver,  signification  première  du 
gr.  ypàçiiv  :  tels  sont  lithographie,  chaJco- 
f/raphie, photographie,  etc, —  Orthographe  p. 
orthographie  n'est  pas  contre  lo  génie  de  la 
langue  ;  cp.  gratia-gràce,  luxuria-luxure  ;  la 
forme  témoigne  de  l'ancienneté  de  son  usage 
et  de  l'accentuation  orthographia  de  l'origi- 
nal latin. 

GRAPHIQUE,  grec  y/sapuo;-  (v/^â^»),  relatif 
à  l'écriture  ou  au  dessin. 

6RÂPP£,  grains  ou  fieurs  attachés  en  bou- 
quets à  une  petite  branche  (en  champ,  le  mot 
se  dit  aussi  métaphoriquement  pour  ulcère, 
pustule),  it.  grappo,  grappolo;  en  vfr.,  et 
encore  dans  certains  patois,  on  trouve  crape  ; 
cp.  néerl.  grappe,  hrappe,  angl.  grape.  Par 
l'idée  «accroché,  attaché  «,  ce  mot  se  range 
sous  la  même  famille  que  l'it.  grappa,  esp., 
prov.  grapa,  vfr  grappe,  =  crampon,  cro- 
chet, et  se  rattache  ainsi  au  vha.  hrapfo, 
crochet  (voy.  agrafer),  —  D.  grappeleT,grap' 
piller' ,  grappiUon,  grappu,egrapper, 

GRAPPIN,  du  vfr.  grappe,  crochet,  cram- 
pon (voy.  grappe),  —  D.  grappitier, 

GRAS,  vfr.  cras  (de  même  en  w^all  ,  en  rou- 
chi  et  en  picard),  it.  grasso,  esp.  graso,  port. 
graxo,  prov.  gras,  du  L.  cra^sus,  Bh.grassiis 
(voy.  aussi  crasse).  —  D.  graisse  (v.  c.  m.), 
gra'iset,  grassouillet,  grasseyer*. 

GRATSRON,  de  gratter,  à  cause  de  la  qua- 
lité de  s'accrocher  propre  aux  diverses  plantes 
de  ce  nom. 

GRATIGTJLSR,  terme  de  peinture,  \i.  gratis 
colare,  du  L.  craticiila,  petit  gril  ;  la  toile 
graticuléo,  par  sa  division  en  petits  carrés, 
ressemble  à  un  gril. 

GRATIFIER,  L.  gratificaH,  accorder  une 
faveur.  —  D,  gratification, 

GRATIN.  Nicot  :  «  le  demourant  de  la 
bouillie  des  petits  enfants  qui  demeure  en  la 
paëlle;  il  vient  de  grater,  car  on  baille  aux 
autres  petits  du  pain  pour  grater  et  amasser 
ce  gratin.  »»  Pour  être  naive  et  presque  un  pe- 
tit tableau  de  genre,  cette  définition  n'en  est 
pas  moins  juste.  —  D.  gratiner. 

GRATIS,  mot  latin  =  gratuitement. 

GRATITUDE,  L.  gratitndo  (gratus). 

GRATTE,  dim.  gratteîie,  voy.  gratter, 

GRATTER»  it.  grattare,  esp.,  \irov, gratar, 
BL.  (loi  des  Frison.**),  craiare;  du  vha.  chra- 
zon,  ail.  mod.  kratsen,  suéd.  kratta,  angl. 
grate,  m.  s.  I^ngcnsiepen  a  émis  la  singu- 
lière conjecture  d'après  laquelle  gratter  re- 
présente une  contraction  du  L.  corraptare; 
c'est  là,  nous  somble-t-il,  de  la  sagacit45  mal 
employée,  car  il  no  nous  dit  pas  ce  qui  a  pu 
lui  rendre  suspecte  la  dérivation  germanique. 


—  D.  grat\  fiunier  (pr.  lieu  où  les  poules 
grattent)  ;  gratte,  grattoir;  gratin  (v.  cm.); 
grattelJe,  =-  gale,  cp.  le  terme  ail.  kr&tze; 
gratigner,  d'où  égratigner.  Notez  encore 
gratte-cul,  fruit  de  l'églantier,  expression  po- 
pulaire se  rapportant  à  la  plaisanterie  qui 
consiste  à  fourrer  ces  graines  à  bourre  pi- 
quante dans  le  lit. 

GRATUIT,  L.  gratuitus  (gratis).  —  D.  gra- 
tuité, mot  mal  formé  ;  nulle  part  ailleurs  on 
ne  trouve  un  suffixe  é  pour  faire  un  subst.  fé- 
minin. 

1.  GRAVE*,  subst.,  auj.  grève,  rive  plate  et 
sablonneuse,  anc.=  gros  sable,  petit  caillou. 
Cp.  prov.,  cat.  grava,  caillou,  grison  graca, 
greva,  plaine  de  sable,  vénitien  ^aca,  lit  d'un 
torrent.  Il  faut  sans  dout«  ranger  ici  aussi  le 
champ,  crau,  champ  de  pierre,  et  le  vfr.^ro^, 
groe,  groi,  roc,  rocher.  L'origine  de  ce  mot 
est  celtique  :  Comouaille  grou,  sable  (pré- 
suppose une  forme  antérieure  grau),  breton 
grouan,  gravier,  cymr.  gro,  gravier,  plur. 
gravel.  Les  dérivés  de  grave  sont  :  gravier, 
autr.  =  terre  abondante  en  gros  sable,  puis 
«=s  gros  sable;  gravois,  gravais  (type  litin 
gravensis)  ;  gratelle,  pr.  sable,  puis  le  nom  de 
la  maladie  que  l'on  appelle  aussi  la  pierre  ou 
le  calcul  ;  engraver  =  ensabler.  —  Le  même 
mot  a  donné  le  nom  au  vin  de  Grasœ,  pr.  le 
vin  des  terrains  caillouteux  de  la  banlieue  de 
Bordeaux.  Voy.  aussi  grève, 

2.  GRAVE,  adj.,  L,gravis,  pr.  pesant.  Sauf 
le  terme  de  physique  ««  les  corps  graves  »,  le 
mot  ne  s'emploie  phis  qu'au  figuré  p.  qui  a 
du  poids,  de  l'autorité,  de  la  considération,  etc. 
Il  appartient  à  la  couche  savante  de  la  lan- 
gue; la  vraie  forme  française  est  ^W«/'(v.  c. 
m.).  —  D.  gravite',  L.  gravitas;  gratAter,  pe- 
ser vers  un  point.  Voy.  aussi  rengréger, 

GRAVELET,  grimpereau,  voy.  gi'oxAr, 

GRAVELEUX,  voy.  l'art,  suiv. 

GRAVELLE,  voy.  grave  1.  —  D.  gravelé 
("  cendres  gravelées  »)  ;  graveleux,  l.  mêlé  de 
gravier,  2.  relatif  à  ou  aflecté  de  la  maladie 
dite  gravelle,  3.  au  fig.,  libre,  peu  décent. 
Comment  expliquer  cette  acception  figurée 
de  graveleux  et  du  subst.  gravelure  t  On  dit 
que  l'on  a  appelé  un  conte  «  graveleux  n  parce 
que  le  récit  cause  autant  d'embarras  que  si 
on  avait  du  gravier  dans  la  bouche  ou  parce 
qu'il  fait  sur  l'esprit  le  même  effet  qu'un  gi'a- 
vier  qu'on  rencontre.  Il  est  curieux  que  deux 
termes  opposés,  graxtéleux  (pierreux)  et  /«- 
brique  (glissant),  soient  venus  à  exprimer  la 
même  chose  dans  leur  sens  figuré.  Cp.  aussi 
le  terme  croustilleux, 

GRAVER,  de  l'ail,  grahen,  néerl.  grateat, 
creuser,  buriner.  —  D.  graveur,  gf*avure, 

GRAVIER,  yoy.  grave  l. 

GRAVIR;  pour  Diez,  l'it.  graàire,  monter 
par  degrés  (du  L.  gradus),  donne  la  clef  de 
i'étymologie  de  ce  mot.  Gradire  aurait 
d'abord  fait  gra-ïr,  puis,  par  l'insertion  habi- 
tuelle de  r,  destinée  à  faire  disparaître  l'hiatus, 
gravir  (cp.  emblaver,  pouvoir),  —  Je  ne  puis 
me  ranger  à  cette  opinion;  le  sens  foncier 
étant  s'accrocher,  ramper,  grimper  ;  il  serait 


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GRE 


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GRE 


difficile  de  le  détacher  de  la  racine  germanique 
qui  a  donné  l'angl.  grab^  saisir,  empoigner, 
ail.  grabeln,  ramper  en  tâtonnant,  et  beau- 
coup d'autres  formes  avec^  ou  k  initial.  —  Il 
se  peut  que  gracir  (en  patois  on  dit  aussi 
graver  et  gravouiller)  soit  directement  dérivé 
de  vfr.  gt*au  (griffe),  comme  ramper  (anc.  = 
gravir;  de  'rampa,  griffe.  C'est  à  notre  mot 
que  se  rattache  le  nom  d'oiseau  gravelet,  gra- 
visset,  -issoH  =  grimpereau. 

GRAVITÉ,  GRAyiTSR,  voy.  grave  2. 

6RAY0IS,  voy.  grave  \.  —  D.  dégra- 
toger, 

GRÉ,  subst.,  prov.  grat,  it.,  port.,  esp. 
grado,  du  L.gratum,  pr.  ce  qui  est  agréable,* 
traité  en  BL.  avec  la  valeur  du  subst.  abstrait 
graiia,  fr.  grâce,  équivalant  aussi  à.  bon  vou- 
loir, disposition  favorable,  reconnaissance, 
puis  aussi  volonté  en  général,  de  sorte  qu'il 
a  pu  être  question  autant  d'un  mal  gré  que 
d'un  bon  gré.  Le  mal  gré  =  mauvais  gré, 
nous  est  resté  dans  la  préposition  maUjfré, 
anc.  maiigré=  à  contre-cœur,  en  dépit,  et  le 
verbe  maugréer,  —  D.  agréer  (v.  c.  m.),  litt. 
=  prendre  à  gré,  avec  plaisir. 

GRÈBE,  oiseau  aquatique  ;  selon  Devic,  du 
gr.  mod.  ylit^i,  le  même  oiseau  qui  s'appelle 
gabian  en  Provence.  ♦ 

GREC,  L.grœcus  (du  gr,  ypatMi),  — D.  grec- 
que, t.  d'architectui*e  ;  grécité,  grécisei\  — 
Du  même  primitif  relèvent  :  grégal,  dans 
«  vent  grégal  »  ;  grégeois,  dans  «<  feu  gré- 
geois »;  cet  a4}.  se  trouve  aussi  dans  l'an 
ciennc  langue  sous  les  formes  gregois,  gri- 
ffais, griegois,  gresois,  et  correspond  au  v. 
cat.  gregiiesc,  prov.  grezesc  greseis.  On  en 
fait  aussi  venir  le  feu  grisou  des  houillères  ; 
ce  serait,  pense-t-on,  une  forme  wallonnisée 
de  feu  grégeoii, 

1.  GREDIN,  gueux.  Ménage  pensait  que  ce 
mot  vient  des  valets;  qui  sont  de  garde  sur  le 
degré  (sur  les  gradins)  de  la  chambre  de  leurs 
maîtres  ;  de  cette  simple  conjecture,  Roquefort, 
Bescherelle  et  Corblet  ont  fait  une  assertion 
scientifique.  D'après  Diez,  gredin  (pic.  guer- 
din,  lorr.  gordin)  est  un  dérivé  de  Vïi.gretto, 
avarice,  mesquinerie,  lequel  est  connexe  avec 
le  mha.  grit,  avidité.  Comparez  goth.  gredus^ 
feim,  nord,  grâd,  avidité,  angl.  greed,  faim, 
avidité,  d'où  l'adj.  greedy,  %o\xvmB.ïià,  rapace. 
Pour  ma  part,  je  préfère  rattacher  gredin 
directement  au  v.  flam.  grete,  avidité,  d'où 
VtkAy  gretigh,  interprété  par  Kiliaen  :  avidus, 
appetens,  vorax,  ce  qui  s'accorde  parfaitement 
avec  le  sens  de  fr.  gredin,  —  D.  gredinerie, 

2.  GREDIN,  -INE,  petit  chien  à  longs  poils. 
D'où?  Connexe  avec  vfr.  gredillé,  crêi>é,  frisé? 

GRÉER,  voy.  agrès,  —  D.  gréeur,  grée- 
ment, 

1.  GREFFE,  subst.  masc,  représente,  dans 
son  acception  actuelle,  le  subst.  verbal  d'un 
verbe  greffer,  écrire  (BL.  graphiaré);  celui- 
ci,  à  son  tour,  est  dérivé  d'un  ancien  subst. 
^*«/^.  ff^'cff'^'f  prov.  grafi,  style,  poinçon 
servant  à  écrire  ou  à  buriner.  Toutes  ces 
formes  répondent  au  h.graphium,  gr.y,05tpi9v. 


—  D.  greffier,  BL.  graphiarius  =  notarius, 
scriba. 

2.  GREFFE,  subst.  fém.,  terme  de  jardi- 
nage ;  c'est  le  subst.  verbal  de  greffier  (angl. 
graff").  Ce  verbe  est  étymologiquement  le 
même  que  celui  mentionné  à  l'art,  préc.,  et 
qui  signifie,  par  sa  dérivation,  aussi  bien 
buriner,  faire  une  incision,  qu'écrire.  Greffe, 
comme  nom  de  l'opération  greffer,  émane  di- 
rectement, du  verbe;  mais  en  tant  que  signi- 
fiant un  objet  concret,  savoir  la  petite  branche 
même  que  l'on  greffe,  le  mot  est  le  mémo  que 
çrafc^  greffe,  style,  poinçon,  d'où  dérive  le 
verbe  (cp.  en  esp.  mugron,  marcotte,  du  L, 
mucro,  pointe).  Dans  les  deux  articles  nous 
avons  donc  l'enchaînement  logique  suivant  : 
greffe,  instrument,  greffer,  opérer  avec  cet 
instrument,  puis^r<î^e,  nom  de  roj)ération  ou 
du  lieu  où  elle  se  fait. 

GREFFER,  voy.  l'art,  préc.  -—  D.  greff'oir, 

GREFFIER,  voy.  f/reffe  1. 

GRÉGE,  dans  «  soie  grége  ««  (aussi  gâté  en 
grèze)\  l'it.  dit  seta greggia.  Cet  a^.  greggio 
(aussi  grezso),  d'où  vient  dir.  le  fr.  grége^ 
signifie  :  brut,  qui  n'est  pas  travaillé.  On 
n'en  connaît  pas  l'origine.  —  L'ét.  L.  agrcstis 
(d'où  grezso  en  premier  lieu),  proposée  par 
Caix  (Studi  di  etim.  ital.  e  romanza,  n<*  39)  est 
avec  raii^on  mise  en  doute  par  Paris  (liom., 
VIII,  618).  —  Le  rapprochement  de  l'it. 
anéantit  l'étym.  de  Frisch,qui  proposait  lall. 
toerg,  étoupe,  d'où,  selon  lui,  d'abord //um/c, 
puis,  î)ar  transiwsition  de  la  liquide,  grége, 

GRÉGEOIS,  voy.  grec, 

GRÉGUE,  culotta;  d'après  Ménage,  du  L. 
grœcus;  ce  seraient  pr.  des  culottes  à  la  grec- 
que (H.  Estienne  :  chausses  à  la  greguesque). 

—  Cette  étym.  est  fautive  :  selon  Schuchardt 
(Ztschr.  IV,  149;  le  mot  appartient  à  l'élément 
celtique  :  cymr.  gwrag,  gwreggs,  corn,  gru- 
gis,  grygis.  Ces  formes  répondent  au  type  pri- 
mordial vrac,  qui  est  aussi  la  soui-ce  du  gallo- 
romain  braca,  it,  braie.  Il  y  a  affinité  radi- 
cale entre  tous  ces  vocables  et  le  gr.  /svf/yv.ui 
(rompre),  /sixo;,  ^pxr.oi  (lambeau). 

GREILLE,  vfr.  graille,  grelle,  anc.  =  in- 
strument à  son  aigu;  de  l'adj.  vfr.  graiU,  auj. 
grêle  (v.  c.  m.).  Cp.  clairon,  do  clair, 

1.  GRÊLE,  adjectif,  vfr.  graile,  graille, 
graisle,  prov.  graile,  mince,  menu,  en  par- 
lant de  la  voix  «=  faible  ou  aigu  (cp.  l'ail. 
grell,  mot  qui  a  Tair  d'être  tiré  du  roman, 
mais  qui  ne  l'est  peut-être  pas).  Du  L,  gra- 
cilis,  graclis  (cp.  frêle  de  fragilis). 

2,  GRÊLE,  greste',  siihst,,  forme  dimin.  du 
prov.  greza,  gressa,  dérivé  degrés,  pierre. 
La  grêle  signifie  doncpr.  petit  caillou.  Cp.  en 
ail.  kieseln,  gveier,  de  kies,  caillou.  Un  autre 
diminutif  de  grès,  à  forme  masculine,  est  le 
mot  fr.  grésil,  prov, grazil,  Ducange  déduisait 
à  tort  gresle  de  gracilis,  «  quod  minutatim  ca- 
dat  grando  «.  —  D.  grêler  (notez  Ye\]}v, grêlé 
=  marqué  de  la  petite  vérole),  grêlon;  gre- 
let,  mai^teau  de  maçon. 

GRELIN,  t.  de  marine,  espèce  de  cordage  ; 

de  l'ail,  greling,  dont  l'origine  m'est  inconnue. 

GRELOT  ;  on  a  preposé  diverses  étymologios 


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GRÉ 


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pour  ce  mot,  savoir  :  1 ,  rinstrument  api)elé 
Sn^dle  (voy.  greiUe)\  2.  L.  crotalum,  cli- 
quettes, castagnettes,  qui  a  pu,  en  effet,  se 
franciser  par  f/i-oël,  f/réel,  grel;  3.  le  subst. 
grêle,  en  tant  que  signifiant  pierrette.  Il  se- 
rait permis,  vu  le  terme  de  blason  ^n7/r/, 
griUot^griUette  =»  grelot,  de  penser  à  grille. 
Uidéc  de  claquer,  cliquer,  inhérente  à  crota- 
/wm,  revient  dans  le  terme  ^rc/ott«-,  trembler 
de  froid,  pr.  claquer  des  dentés. 

GRIiLOTTER,  voy.  Tart.  préc. 

6RÉMIAL,  du  L.  grernium,  giron. 

GRÉMIL,  genre  de  plantes,  selon  Ménage, 
de  granuni  milii,  Nicot  consigne  pour  la 
mémo  plante  la  forme  grenil,  qu'il  explique 
par  granilJum,  petit  grain. 

GRENADE,  prov.  granada,  du  L.  granata, 
plur.  de  granatum  sous-entendu  malum, 
pomme  à  grains.  —  D.  grenadier,  arbre  qui 
porte  les  grenades;  grenadille.  Du  sing. 
L.  granatiim  vient  le  terme  grenat,  nom 
d'une  pierre  précieuse,  de  couleur  rouge.  Le 
mot  grenade,  dans  son  acception  de  petit  bou- 
let creux  que  l'on  remplit  de  poudre,  a  donné 
grenadier,  dénomination  donnée  primitive- 
ment à  un  corps  de  fantassins  créé  pour  lan- 
cer des  grenades. 

GRENADIER,  voy.  l'art  préc.  —  D.  grena- 
dière, 

GRENAILLE,  voy, grain.  — D.grenailler. 

GRENAISON.  voy.  grain, 

GRENAT,  voy.  grenade.  —  D.  grenatique. 

GRENER,  voy.  grain.  —  D.  grenelé}";  gre- 
neler. 

GRENETER,  \oy.grenet\  —  h.greneiis. 

GRENIER,  voy.  grain. 

GRENOUILLE,  vfr.  renonille,  prov.  grano- 
Iha,  it.  ranocchia;  du  L.  ranucula,  ^.ranun- 
cula,  diminutif  de  rana  (le  simple  rana  se 
trouve  encore  dans  les  patois  sous  les  fonnes 
raine,  rane,  etc.).  Pour  le  g  initial  para- 
gogiquc,  cp.  ii. gracimolo  =  racimolo,  grappe 
de  raisin,  fr.  gri blette  et  autres.  —  D.  gre- 
fiotdller,  grenottillàre,  grenouillette, 

GRENU,  voy.  grain. 

GRES,  j)ierro  formée  par  Tagrégation  de 
petits  grains  de  sable,  BL.  grcsiim;  du  vha. 
griez,grioz,  ail.  mod.  gries,  pr.  chose  casi*éo 
en  dragées,  gravier,  gruau.  De  là  :  grêle, gn''- 
sil  (voy,  grêle)  ;  gresiêre,  gresserie.  De  grès 
vient  également  l'instrument  du  vitrier  appelé 
grêsoir,  in.strument  qui  sert  à  égruger  les 
extrémités  d'un  carreau  de  verre,  ainsi  que 
les  termes  groison,  craie  blanche  pulvérisée, 
dont  les  mégissiers  se  .servent  pour  préj)a- 
rer  le  jiarchemin  et  groisil,  rognures  de 
cristal. 

GRÉSIL,  voy.  grêle,  —  D.  grésiller*. 

GRlSILLER,  déterminer  un  plissement,  un 
racorni.«scment,  prov.  ^r«<si7/iar;  de  la  forme 
j)rov.  grasilh,  gril  ;  grésiller  est  donc  au  fond 
le  même  mot  cpie  griller.  Nicot  jMate  gredil- 
Icr,  ce  rjui  a])puie  une  étvm.  par  craticidarc. 

GRÉSOIR,  v(.y. gns. 

GRESSET,  \oy.  graissct. 

GREVE,  voy.  grave  1 .  On  sait  que  la  place 
de  la  Grève,  a  Paiis,  tire  son  nom  do  sa  situa- 


tion sur  le  bord  ou  la  gi^ève  de  la  Seine. 
Comme  c'était  là  que  les  ouvriers,  ayant  cessé 
leur  travail  pour  des  griefs  quelconques, 
avaient  coutume  de  se  rassembler,  se  sont 
produites  les  expressions  se  tenir  ou  se  tnettj^ 
eîi  grève,  faire  gr.  et  finalement  le  subst. 
grève  «=  cessation  de  travail,  coalition  d'ou- 
vriers. N'était  cette  origine  historique  et  toute 
moderne,  on  serait  tenté  de  ramener  le  mot 
au  lat.  gravaH,  éprouver  du  malaise,  se  plain- 
dre (d'où  aussi  grief),  —  D.  gréviste, 

GREVER,  du  L.  gravare,  m.  s.  —  D.  dé- 
grever, 

GRIBLETTE,  modification  de  ribleite, 

GRIBOUILLBR,  =  grabouilUr,  voy.  gra- 
buge. Pour  le  rapport  entre  les  radicaux  yroô 
et giHb,  cp.  claquer  et  cliquer;  en  ail.  krat- 
zen,  gratter,  et  kritzen,  aiy.  kritzeln,  gri- 
bouiller, flam.  krabbelen  et  hribbelen,  angl. 
scrable^  et  scriblc, 

GRIEGHE,  dans  pie-griêche,  ortie-grièche. 
Les  différents  dictionnaires  dont  je  suis  en- 
touré définissent  cet  adjectif,  les  uns  par  nido, 
piquant,  les  autres  par  sauvage,  d'autres  en- 
voYe  par  bariolé.  Pour  tenter  une  étymologie, 
il  faudrait  d'abord  être  d'accord  sur  le  sens. 
En  attendant  des  renseignements  positifs  à 
cet  égard,  je  penche  pour  le  sens  «  bariolé  »•, 
parce  que  l'ail,  traduit  pie-grièche  par  6w)j/- 
sj)€cht,  langl.  par  siiechleil  magpie.  Quant  à 
l'étymologie,  il  faudra  s'en  tenir  à  celle  de 
grœcvs,  indiquée  déjà  par  Brunetto  Latini  et 
().  de  Serres,  quoiqu'elle  ne  se  justifie  pas  par 
le  .sens;  Tangl.  dit  pour  ortie-grièche  greck 
neitle,  et  V ortie  grecque  est  en  effet  un  tenue 
de  botaniste. 

GRIEF,  gref,  fém.  grève,  griève,  anc.  adj., 
=  jiénible,  dangereux,  grave,  it.  ^rer^,  piw 
greu;  du  L.  gravis.  L'adj.  a  dégagé  le  subst. 
grief,  cliasc  qui  pèse,  qui  peine,  et  qui  par  là 
devient  l'objet  d'une  plainte;  l'ail,  dit  de  même 
beschxcerde,  grief,  de  Tadj.  schioer,  pesant, 
pénible;  cp.  xfr.pifsance,  souci,  j)eine.  —  D. 
vfr.  grcget'  (cp.  alléger  de  letis),  d  où  nous 
est  resté  cngrrger,  rengrêger;  subst, griètetê^ 
qui  fait  double  emploi  avec  le  terme  savant 
gravite.  (Quand  nous  disons  double  emploi 
dans  des  cas  comme  celui-ci,  cola  ne  veut  jwis 
dire  que  nous  méconnaissions  les  nuances  jwr 
lc\»<qnelles  on  a,  dans  l'usage,  différencié  les 
deux  termes.) 

GRIFFE,  verbe  griffcT-,  du  vha.  grif  saisie 
(au  moyen  âge  aussi  =  griffe,  serre i,  subst. 
verb.  du  vha.  gri  fan,  ail.  mod.  grcifcn,  sai- 
sir. —  Le  subst.  grijie,  j).  griffe  et  le  verbe 
grippci'  empoigner,  saisi i%  se  rattachent  aux 
variétés  goth.  greipan,  ags.  gripan,  néerl. 
grijpe7i,  m.  s.  —  D.  griffrm,  qui  écrit  mal, 
comme  avec  des  griffes  ;  s'agriffèr,  s  attaclici* 
avec  ses  griffes. 

1.  GRIFFON,  oiseau,  it.  griffo,  gHfon*\ 
e.Kp.  grifo,  prov.  grifà,  du  L.  griphus  (ypOi. 
gi'iftbn,  ycvTtoi,  croi'hu).  Du  mémo  primitif 
viennent  les  noms  d'oiseau,  gHfj'ard,  griffct. 

2.  GRIFFON,  qui  écrit  mal,  voy.  griffe.  — 
D.  griff'unnei\  -ùge. 

GRIGNON,  partie  de  la  croûte  du  pain  ou  il 


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est  le  plus  cuit.  Ce  mot,  d'après  Dicz,  est 
formé  de  ffraignon,  comme  chignon  de  chai- 
gnon,  et  vient  du  L.  granum,  grain.  La 
croûte  serait  la  partie  grenue  du  pain.  Le 
philologue  allemand  fonde  sa  conjecture  sur 
l'existence  du  n.  prov.  grignoim,  le  pépin  d'un 
raisin  (cp.  gtignoulé,  sorte  de  raisin),  qui 
vient  du  même  j)rimitif.  Ce  qui  lui  vient  en 
aide,  c  est  que  grignon  signifie  (ou  signifiait) 
aussi  les  croûtes  et  les  morceaux  de  pain  qui 
restent  d'un  repas,  ainsi  que  biscuit  de  mer 
en  morceaux.  Le  mot  est  directement  issu  de 
grigne  (p.  graigne),  encore  en  usage  en  Nor- 
mandie ;  de  ce  grtgne  se  sont  produits  :  pic. 
grigneites,  croûtes  graveleuses  de  pain,  et  le 
verbe  grignoter,  croustiller,  manger  en  ron- 
geant; on  disait  aussi  grignonner.  Dicz  rejette 
formellement  les  étymologies  tirées  du  L. 
ri^Hfiy  grincer  les  dents,  ou  de  l'ail,  rinde  ou 
grind,  croûte.  Chevallet  rattache  grignoter 
au  breton  krina,  ronger;  Littrô,  kgrigner, 
en  Berry  sc=  grincer  les  denLs(du  vha.^nnan, 
m,  s.).« 
6RI6N0TSR,  voy.  l'art,  préc. 
GRIGOU,  pingre,  avare,  selon  l'opinion 
reçue,  degrœciis,  cat.greg,  es^.griego,  port 
grego.  Cp.  pour  la  terminaison  le  terme  de 
marine  grisou,  vent  grec.  —  Le  rapport  du 
radical  avec  grec  reste  douteux.  Quant  à  la 
finale,  elle  rappelle  celle  de  fiiou,  gabeloii, 
voyou  et  est  de  création  populaire,  son  origine 
est  problématique;  pour  les  uns,  elle  est  = 
fr.  car,  eu,  pour  les  autres,  BL.  iilfus  (ail, 
oïf,  ulf),  qui  est  dans  (loup)  -garon,  giiille- 
dou(y.  c.  m.). 
GRIL,  voy.  grille. 

GRILLS,  vfr.  gratlie,  graille  (t  p.  ai,  cp. 
chignon,  grignon);  du  L.  craticula,  BL.  gra- 
tiaUa,  dimin.  de  a'otes.  Ce  dernier  a  laissé 
les  formes  it.,  esp.  grada,  port,  grade,  = 
grille,  dimin.  it.  gradella,  treillis,  réservoir 
de  poissons,  angl.  grate,  gril,  grille.  La 
forme  masc.  gril  répond  au  vfr,  grail  =  L. 
cixUiculus,  —  D.  griller  1.  faire  cuire  sur  le 
gril,  brûler  subitement  par  une  chaleur  vive, 
de  là  grillade  ;  2.  fermer  avec  une  grille  ;  de 
là  grillage. 

GRQjLST,  GRILLOT,  voy.  ^n^  grelot. 
GRILLON,  du  L.  gryllus  (■/f.xiïUi).  On  di.sait 
aussi  grillot,  d'où  grilloter.  L'anc.  mot  gré- 
sil Ion  parait  être  p.  grel-sillon  et  formé  sur 
le  modèle  de  oisillon,  par  un  type  intermé- 
diaire gryllicelliis. 

GRDIAGS,  d'après  Diez  peut-être  du  nord. 
gritna,  masque,  aussi  sorcière,  ags.  gHma, 
masque  et  fantôme  (de  là  champ,  grimarré, 
sorcier).  Le  mot  ne  se  rangerait-il  pas  mieux 
sous  le  prov.  grim.  (voy.  grime),  qui  signifie 
affligée,  triste,  et  qui  est  le  primitif  de^nma, 
tristesse,  grimar,  s'affliger?  Or,  ce  gnm  dé- 
rive du  vha.  grim,  furieux,  colère.  Pour  la 
déduction  des  idées,  on  peut  alléguer  1 .  vfr. 
granif  graim,  triste,  it,  gramo,  prov.  gram, 
du  vha.  gram,  en  colère  ;  2.  prov.  ira,  cha- 
grin, du  L.  ira,  colère.  Grimace,  contorsion 
de  vLsage,  ne  serait-il  pas  aussi  bien  issu  de 
l'ail,  grim  que  l'it.  grimo,  ridé,  froncé  (par 


allusion  à  l'homme  en  colère)?  Cet  it.  grimo, 
d'ailleurs,  est  peut-être  la  source  dii"ccte  de 
grimace.  —  D.  grimacei\  grimacier. 

1.  GRIHAUD,  écolier,  voy.  sous  grimoire. 

2.  GRIMAUD,  d'humeur  chagrine,  dér.  do 
grime.  —  D.  grimaitder. 

GRIMB,  pr.  homme  chagrin,  grognard 
(d'où  la  valeur  que  le  mot  a  reçue  dans  le  lan- 
gage du  théâtre);  il  vient  de  l'it.  grimo,  au 
front  ridé,  et  par  là  du  vha.  grim  ^voy.  gri- 
mace), —  D.  grimaxid  ;  se  grimer,  pr.  se 
rider,  .s'arranger  la  figure  pour  jouer  les 
grimes  (ce  mot  doit  être  d'une  introduction 
assez  récente).  Ou  bien  se  gi'imer  sorait-il 
proprement  =  se  noircir,  et  identique  avec 
l'angl.  be-grime,  v.  flam.  begriemcn,  degrgm, 
suie  de  cheminée? 

GRUfBR  (SB),  voy,  l'art,  préc. 

GRDfOIRÎB,  {formulaire  de  sorcellerie;  Diez 
rapporte  ce  mot  au  nord,  grima,  sorcière, 
déjà  mentionné  sous  grimace.  D'autres  l'ex- 
pliquent par  l'it.  rimario,  livre  de  rimes  (le  g 
initial  serait  paragogique  comme  dans  gre- 
nouille). Génin,  approuvé  par  Litti-é,  se  fon- 
dant sur  l'ancienne  orthographe  grimaire  et 
gramare,  identifie  grimoire  avec  grammaire, 
anc.  =s  étude  du  latin,  et  au  fig.  =»  science 
profonde.  Diez  objecte  à  cette  hypothèse  la 
différence  do  genre.  Pour  nous,  nous  attri- 
buons au  mot,  comme  idée  foncière,  celle 
d'une  écriture  indéchiffrable  aux  profan&s,  et 
nous  sommes  porté  à  y  voir  le  dérivé  d'un 
verbe  grimer  que  l'on  rencontre  dans  les  dia- 
lectes avec  le  sens  de  gratter,  mais  dont  nous 
sommes  incapable  d'établir  la  pmvenance. 
Grimoire  deviendrait  ainsi  synonyme  degrif' 
fotiJiage.  Ce  primitif  grimer  =  griffonner 
explique  en  même  temps  les  mots  gritnaud  et 
gritnelin  =  écolier,  pr.  griffonneur. 

GRUfPER,  p.  glimper,  du  vha.  klimban, 
ail.  mod.  Mimrten,  m.  s.  ;  ou  bien  grimper* 
représente-t-il  la  forme  nasalisée  de  griper 
(le  norm.  et  le  wall.  disent  en  effet  griper  p. 
grimper)  et  vient-il  ainsi  des  mêmes  primitifs 
germaniques  indiqués  sous  gnffcf  L'action. 
grimper  implique  l'idée'  de  s'accrocher,  de  se 
cramponner  (voy.  gramr)  ;  l'ail,  klettern,  m. 
s.,  a  également  pour  origine  nn  radical  signi- 
fiant s  attacher.  Cp.  aussi  l'it.  arpicare  de 
arpa,  griffe.  —  D.  gHmpereau. 

GRINCER,  ^ïc.grincher,  du  vh&.grcmizôn, 
nha.  grinsen,  m.  s.  —  De  là  le  terme  popu- 
laire ^ri/ïcA«<J7. 

GMNGâLEP,  {Kîtit,  chétif  (dans  les  trou- 
vères, le  mot  désigne  surtout  un  petit  cheval). 
D'après  Chevallet,  de  l'ail,  gering,  petit,  mi- 
nime, chétif;  étymologie  peu  satisfaisante. 
On  trouve  aussi  guingalet  et  gringalet  parait 
être  altéré  de  guingalet  fcp.  fronde  p.  fonde). 
Or,  celui-ci  vient  médiatement,  \iav  guingal, 
d'un  radical  guing;  peut-être  du  même  ({wx  a 
donné  gui nguet.  Buggo  (Rom.  III,  160)  est 
favorable  à  cette  étym.  et  pense  (jue  co  radical 
^Kiii^  est  germanique  ;  il  allègue  goth.  cai- 
nags,  vha.  wenag,  misérable,  chétif,  mince, 
petit  (auj.  toenig). 
GRINGOLÉ,  terme  de  blason  -=  qui  se  ter- 


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GRO 


mine  en  têtes  de  serpents,  dites  autrefois  gar- 
gouillc$s;  du  Tfr.  gringole,  fonne  transpos^^ 
et  nasalisée  du  Bl .  gargxda,  fr.  gargouille. 
\V»T.  aussi  dégringoler, 

GRIHGOTER.  Tfr.  aussi  gringeiioter,  ga- 
zouiller; d'origine  inconnue. 

GBINGUElIAnDE  ;  d'origine  inconnue. 

1.  GBIOTTE;  d'origine  inconnue.  Les  uns 
(Académie)  définissent  la  griotte  comme  une 
cerise  plus  douce  que  les  autres,  dautres 
(Nicotj  comme  une  cerise  aigre);  un  troi- 
sième parti  prétend  qu'il  y  a  des  griottes 
aigres  et  des  griottes  douces.  Cette  confusion 
me  confiiTne  dans  l'opinion  que  la  griotte 
(appelée  du  reste  aussi  agrUAe),  signifie  origi- 
nellement cerise  sauvage  et  vient  du  grec 
57pto,  ou  ày'^ii»TTHi.  —  D.  griottier. 

2.  GRIOTTE,  marbre  tacheté  de  rouge  et  de 
brun  ;  appelé  ainsi  d'après  la  cerise  du  même 
nom. 

GBIPPE.  voy.  Tai-t.  suiv. 
GBIPPER,  du  goth.  greipan,  nord,  gripa, 
néerl.  grijpm  =  vlia.  g  ri f an  (voy.  sous 
griffe),  saisir.  —  D.  grip^  =  rapine,  vol; 
gripite,  caprice,  idée  fugitive  qui  vous  prend 
subitement,  mauvaise  humeur  (de  là  «*  pren- 
dre qqn.  en  grippe  »  et  «  se  gripper  »).  aussi 
accès  de  catarrhe;  verbe  agripper.  Compo- 
sés :  grippe-sou;  gHppe-minaud ^  =  chat 
grippcur. 

GRIS,  it.  griso,  grigio,e»\}.,  port,  gris,  BL. 
griscus,  grisius.  Du  vha.  gris,  qui  a  les  che- 
veux blancs  (ail.  niod.  greis,  vieillard).  —  D. 
grisâtre;  griset,  jeune  chardonneret;  gri- 
sette,  étofie  de  laine  grise,  ]K)rtée  par  les 
femmes  de  médiocre  condition,  puis,  par  mé- 
tonymie, femme  du  commun,  etc.  :  grison, 
d^ on  grisonner  ;  gr isard ,  grisaille^  ôioix  gri- 
saille}' ;  verbe  griser  ==  rendre  ^ri>,  c.-à-d.  un 
])eu  ivre  (pour  cette  métaphore,  cp.  l'ail. 
benebcln,  pr.  envelopper  de  nuages). 
GRISETTE,  voy.  gris. 
GRISOU,  voy.  grégeois,  Littré  en  fait  un 
dérivé  de  gris,  l'arrivée  du  grisou  donnant 
une  teinte  grisàti*e  aux  lumiéi*es. 

GRIVE;  mot  d'origine  obscure.  Quelques-uns 
ont  pensé  au  son  gri  gri  que  cet  oiseau  fait 
entendre  ;  d'autres  le  rangent  sous  la  racine 
gris.  A  côté  de  pareilles  explications,  j'oserais 
bien  risquer  à  mon  tour  une  conjecture,  en 
faisant  venir  grive  d'un  type  gripa,  du  verbe 
grijtare,  gripper.  La  grite  serait  l'oiseau 
grippeur  (cp.  l'expr.  oiseau  de  gi'ip)  ;  le  nom 
serait  analogue  à  celui  de  l'oiseau  dit  proyer 
(de  proie).  C'est  bien  aussi  à  un  diminutif  de 
grijyare  qu'il  faut  rattacher  le  verbe  griveler, 
faire  de  [>ctits  profits  illicites,  û  moins  qu'on 
ne  préfère  une  origine  du  flam.  kribbelen, 
i*acler.  L'adjectif ^rir<?/c^  (dans  «  plumage  gri- 
vclé  »»),  bigarré,  tacheté,  parait  être  un  dérivé 
de  grive,  d'où  procèdent  encore  les  noms  d'oi- 
seau grivelin,  grivchtlc.  —  Génin,  pour  qui 
Tadj.  gris,  tant  comme  nom  de  couleur,  que 
dans  son  acception  de  «  ivre,  »  et  surtout  dans 
cette  dernière,  rei)résentait  le  vfr.  griu  (pro- 
noncez griv)  =  gra'CHs,  avait  beau  jeu  pour 
en  tirer  le  mot  grive,  puisque  cet  oiseau  aime 


beaucoup  à  firéc|uenter  les  vignes  et  à  se  gri^3er 
(d'où  le  proverbe  •*  soûl  comme  une  grive  »•). 
De  ce  même  primitif  ^riu,  fém.  grive,  vien- 
drait, d'après  le  même  auteur,  aussi  grims, 
soldat  qui  aime  à  boire.  Ne  pouvant  admettre 
la  prémisse  gris  =  griu,  je  dois  rejeter  les 
étymologies  qu'en  a  déduites  le  philologue 
français. 

GRIVELSR,  voy.  grive.  —  D.  grivelée. 
GRIVOIS,  soldat  éveillé  et  alerte,  drille; 
fém.  grivoise,  vivandière;  de  là  le  mot  a  prii» 
l'acception  •  libre,  hardi  ».  Ce  vocable,  qui 
parait  ne  dater  que  de  la  fin  du  xvii*  siècle, 
serai t'il  tiré  de  la^n'r^,  l'oiseau  maraudeur? 
Littré  déduit  grivois  de  grivoise,  «  la  râpe  à 
tabac,  s'étant  introduite  parmi  les  troupes,  fit 
mode  et  ceux  qui  s'en  servirent,  reçurent  le 
nom  de  grivois  ».  Cela  me  sourit  fort  peu. 

GRIVOISE,  râpe  â  tabac.  Pour  faire  l'éty- 
mologie  de  ce  mot,  on  a  tout  bonnement 
attribué  le  premier  usage  du  tabac  ou  de  la 
râpe  à  tabac  aux  grivois  (v.  c.  m.).  D'autres, 
plus  scnipuleux,  ont  songé  à  l'ail,  reiheisen, 
râpe,  qu'en  Suis.se  on  prononce  rib-isen.  Cette 
étymologie  est  ingénieuse  à  la  vérité  et  même 
correcte  (le^  prosthétique  est  aussi  bien  admis- 
sible ici  que  dans  grenouille,  et  pour  la  ter- 
minaison, cp,  tricoise),  mais  je  ne  voudrais  en 
garantir  la  vérité. 

GROG,  mot  anglais.  On  raconte  que  l'ami- 
ral Vemon  ayant  défendu  aux  matelots  de 
boire  du  rhum  pur,  ceux-ci,  par  dépit,  appe- 
lèrent le  rhum  baptisé  d'eau  d'après  le  sobri- 
quet Old'Grog  que  portait  l'amiral,  à  cause 
de  sa  tunique  en  groffratn  (gros  grain).  Voy. 
l'Encyclopédie  de  Chalmers,  5.  113. 

GROGNER,  vfr.  groigner,  wall.  gronni, 
prov.  gronchir,  esp.  gmhir,  it.  grugnirc, 
grugnarc,  du  L.  grunnire;  le  flam.  groonent 
et  angl.  groan,  soupirer,  sont  d'extraction 
germanique.  —  D  subst.  verbal  groin  (au 
trefois  monosyllabe),  vfr.  groing,  prov.  gronh, 
it.  grugno,  pr.  le  grogneur,  puis  museau  du 
cochon  ;  grognai'd,  grot/non.  —  Les  gi'am- 
mairiens  citent,  comme  une  forme  antérieur 
à  grunnire,  un  verbe  grundire;  c'est  de 
celle-ci  que  nous  sont  venus  le  prov.  grandir, 
vfr.  grondir,  grondre  et  enfin  gronda'. 
GROIN,  voy.  grof/w*r. 
GROISIL,  GROISON,  voy.  grès. 
GROLLE,  nom  d'oiseau,  p.  graule,  du  L. 
graculus,  gracUus;  pour  la  résolution  du  c 
en  H  (au  lieu  de  i),  Diez  rappelle  le  vfr.  seide 
du  L.  sec'lum,  scvculum.  Autre  est  l'avis  de 
Ed.  Meyer  (Zeitschr.  X,  172);  selon  lui,  le 
prototype  latin  est  *graulus  =  gravxdus, 
reste  à  décider  si  ce  dimin.  se  rattache  à 
ravus  gris  ou  à  ravis  enroué  et  si  le  g  pros- 
thétique est  dû  à  l'influence  de  L.  gracida.  — 
Je  mentionne  pour  mémoire  l'explication  par 
L.  'corvula,  tentée  par  de  Boucherie.  — L'it. 
gi'ola  et  flam.  grol  paraissent  empruntés  au 
français. 

GROMMELER,  wall.  groumî,  =  ail.  grim- 
mcn,grummcln,  angl.  grumble,  flam.  gnm- 
mch'H .  L'ancienne  langue  avait  aussi  (sans  le 
g  initial j  rummvlcr  (dict.  de  Cot grave) j  cp.  le 


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GRO 


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GRU 


dan.  rumlc,  angl.  mmble,  flain.  rommclen, 
m.  s. 

GRONDER»  voy.  yrotjncr. 

GROOM,  mot  anglais  ;  le  vfr.  gt-omme,  (jro- 
met  (voy.  f/onrme  2)  est  sans  doute  le  mérae 
mot,  mais  il  serait  difficile  de  décider  sif/rœm 
anglais  est  un  emprunt  fait  au  roman;  les 
linguistes  anglais  sont  unanimes  à  le  rappor- 
ter à  lags.  et  gotli.  f/iima,  vha.  f/omo,  homme 
(avec  épcuthèse  de  r). 

1 .  GROS,  it. .  ix)rt.  f/ros^o,  csp.  f/riteso,  prov. 
f/ros^  du  L.  f/i'ossuSt  qui  pourrait  bien  n'avoir 
rien  de  commun  avec  le  germanique  t/rot  ou 
f/ross,  grand,  UmiucI,  toutefois,  se  retrouve 
dans  les  formes  f/ivt,  f/roitt  du  Berry.  —  D. 
f/rosscitr,  grossesse;  grosse  1.  t.  de  com- 
merce, 2.  *»  écriture  eu  gros  caractères, 
puis  expédition  d'un  acte,  opp.  à  la  minute, 
qui  est  écrite  en  caractères  petits,  menus 
{minutus),  d'où  grossoyei'  ;  grossir,  opp.  dé- 
grossir; grossier  (v.  c.  m.). 

2.  GROS,  monnaie,  ail.  groschen,  du  L. 
grossus,  épais,  lourd,  cp.  sou  do  solidus.  Le 
Ims-all.  g  rot,  ni.  groot  et  angl.  groat  indi- 
quent toutefois  le  bas-ail.  grttt,  grand. 

GROSEimB,  anc.  groiselle,  esp.,  cat.  gro- 
selha,  à  Cùme  croscla,  en  i-ouchi  gritsietc, 
wall.  grusale.  Ne  vient  ni  de  l'adj.  L.  gros- 
sus,  gros,  ni  du  subst.  grossus,  _^g\\e  non 
mure,  mais  de  l'ail,  krûusel dans  hrànsefbeere, 
=  suéd.  krusbar,  néerl.  kruisbe^ie  {KWiaeii  : 
hroesbesie,  iiva  crispa,  vulgo  grossula,  cro- 
scla). Le  radical  hraus  signifie  crépu  ;  aussi 
rit.  rend-il  ^ro*«7/<'  par  ur>a  a-espa  ou  o*es- 
piua.  Clievallet  place  le  mot  dans  lélément 
celtique  et  cite  écoss.  groseid,  irl.  groisaid, 
m.  s. —  L'étymologie  germanique  ne  s'applique 
naturellement  qu'à  la  grosse  groseille  (nom 
scientifique  :  grossularia  spinosa,  aussi  ribes 
grossularia,  vulgairement  on  l'appelle  gro- 
seille à  maquereaux,  ptii*co  qu'elle  sert  à 
{ussaisonner  le  maquereau)  ;  c'est  elle  qui  a  la 
surface  crépue  et  épineuse;  aussi  les  Alle- 
mands rapjKdlont-ils  plus  souvent  stachel- 
bcere  (baie  à  épines),  les  Flamands  de  môme 
stekelfjejsie.  Le  nom  s'est  communiqué  dans 
la  suite  à  la  petite  groseille  qui  vient  \m\t 
grappes  fribes  rubrum,  ribes  Juhannis).  — 
l^s  Anglais  appellent  la  grt>s.so  groseille  goo- 
si-berry  ;  il  est  probable  que  ce  goose  est 
lK>ur  groose  et  rentre  dans  la  famille  des 
mots  germaniques  ou  romans  que  nous  ve- 
nons do  citer.  —  D.  groseillier,  gnaeillon. 

GROSSIER,  dérivé  de  gros,  Jadis,  le  mot 
signifiait  aussi  marchand  en  gros,  de  là  : 
If  rosser  ii',  commerce  en  gi*os  ;  mots  conservés 
dans  rangl.//roc<!/',  anc.  m.  s.,  auj.  =-  épicier, 
et  groccry,  épiceries.  —  De  grossier,  au  sens 
moral,  vient  grossifTetr. 

GROTESQUE,  voy.  grtdte, 

GROÏTfi ,  i t .  grtAta ,  csp  ,  \tovi,  gruta,  prov. 
crota,  vfr.  a'ote,  du  L.  crypta  (/^jurr),  ca- 
veau. Le  type  immédiat  est  une  forme.  L. 
crupta,  grupta,  relevée  en  cflct  par  Ducangc 
dans  une  charte  de  887  ;  de  là  s'est  produit 
grole,  grotte,  comme  route,  anc.  rote,  de 
rupta.  Raynouard  a  mal  i-enconti-é  pn  expli- 


quant le  mot  reman  par  cara  rota  (rota  = 
rupta),  cave  bri.sée.  On  est  autorisé  à  croire 
que  fr.  grotte  vient  direct,  de  l'italien.  —  Les 
figures  bizarres  qui  ont  été  trouvées,  à  Rome, 
dans  \qs>  g^^tes  ovx  ruines  do  Titus,  ont  donné 
lieuàTa^i.  it.  grotesco,  d'où  fi\  g t*otesqu(\ 

GROU,  dim.  grouettc,  sol  pierreux,  p.  grau, 
voy.  grave  1 .  —  Au  môme  radical  se  rattache 
grouiiie,  amas  de  gravier  calcaire. 

GROUILLER,  du  vha.  grubilôn,  bas-ail. 
grubeln,  fouiller,  fourmiller,  picoter  entre 
cuir  et  chair.  Pour  le  sens  «  remuer,  bou- 
ger ».  on  pourrait  i)eut-<'îtrc  alléguer  le  nord. 
krulla,  brouiller,  mettre  en  désordre.  Encore 
est-il  possible  que  grouiller  soit  une  contrac- 
tion de  gravouiller  (dial.  de  Berry),  qui  à  son 
tour  est  une  fonne  tirée  de  graver  comme 
gral)ouiller  (voy.  sous  grabuge),  et  vient  do 
l'ail,  graben,  creuser,  fouiller  (d'où  le  fr. 
grater),  —  I-c  picard  grouiller  signifie  .s'af- 
faisser et  e.**t  prob.  d'une  origine  distincte; 
peut-être,  comme  le  pense  Littré,  une  forme 
po)mlaire  de  l'anc.  crouller  =  crouler. 

GROUP,  voy.  groupe. 

GROUPE,  it.  groppo,  gruppo,  esp.  grupo, 
goru^H)  (angl.  gi'oup,  monceau,  d'où  le  fr. 
group),  prov.  grop,  nexus,  nodus  (Faidit). 
Ces  mots,  dont  le  radical,  exprimant  •«  chose 
ramassée,  monceau  »,  .se  rencontre  dans  un 
grand  nombre  de  mots,  tant  celtiques  que 
germaniques,  appartiennent  à  la  même  fa- 
mille que  croupie  (v,  c.  m.).  Le  mot  fr.  yiarait 
être  d'imjK^i'tation  italienne.  —  Dans  ce  qui 
pivcêdo,  nous  avons  .suivi  l'opinion  de  Diez  ; 
cependant  nous  nous  demandons  si  l'it.  grup^to 
ne  peut  pas  aussi  bien  découler  direct,  do 
l'ail,  klupiie,  qui  présente  la  même  valeur 
(choses  i*ôunies,  agglomérées),  et  dont  la 
forme  nasalisée  e.'it  A/«//«yj*'n,  m.  s.  Ce  kluppe 
est  identique  avec  Tangl.  club,  réunion,  su- 
ciété.  La  jicrmutation  de  /  et  r  après  une  gut- 
turale serait-elle  contraire  au  génie  de  la 
langue  italienne,  p<jur  que  Diez  n'ait  pas  cru 
devoir  établir  ce  rapport  ?  —  D.  grouper. 

1.  GRUAU,  vfr.  et  angl  gruel,  l^L.grutel- 
lion.  De  Tags.  g  rut,  vha.  gruzzi,  ail.  mod. 
grittze,  m.  s  ;  l'ancienne  langue  avait //n<,  la 
forme  radicale  pure. 

2.  GRUAU,  dim.  de  grue. 

GRUE,  L.  grus,  gruis,  La  valeur  technolo- 
gique, =  machine  pour  soulever  des  charges 
(dim.  gruau),  se  rattache  à  une  valeur  ana- 
logue du  mot  latin.  Kn  grec  y!,oxvo,-,  grue,  dé- 
signait également  une  machine  :  il  en  est  de 
même  do  l'ail,  krahn  et  hra*dch,  «jui  ré|)on- 
dent  aux  deux  acceptions  du  mot  français, 
l^iissant  à  d'autres  le  soin  d'examiner  ce  cpù 
a  pu  faire  nommer  la  machine  d'après  l'oi- 
seau, nous  rapjH'lons  ici  quelques  autres 
noms  d'animaux  désignant  des  machines  : 
L.  corvus,  fr.  corbeau,  machine  de  guerre; 
mouton,  bélier;  angl.  cock,  ail.  hahn,  =*  ro- 
binet ;  chien  d'un  fusil,  etc.  ;  robinet  de  robin 
(mouton  . 

GRUERIE,  voy.  gruyer. 

GRUGER,  angl.  grudge.  Le  sens  propre  est 
broyer,  cas>cr  en  petits  moreeaux  (on  gruge 

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GUÉ 


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GUÉ 


ainsi  les  saillies  du  granit)  ;  le  sens  grignoter 
n'est  qu'accessoire.  Grandgagnage,  se  fondant 
sur  le  waW.  f/ruzt\  gi^eùsi^  tire  le  mot  du  bas- 
ail,  grusen^  flam.  gruysen,  broyer.  —  D. 
gvugeur,  -rie;  c^s. égruger. 

GRUME,  vfr.   =    toute  espèce  de  grain, 
prov.  grurriy  grain  de  raisin,  it.,  esp.,  port. 
gnimo,  du  L.  grtfmus,  petit  tas.  De  là  grii- 
meA\  grumeau,  d'où  grumeleux^  se  grumeier, 
—  Quant  à  grume,  écorce  laissée  sur  le  bois 
coupé,  j'en  ignore  l'origine. 
GRUMEAU,  w  grume. 
GRUMBLER,  -EUX,  voy.  grume. 
1 .  GRUTER,  officier  ou  juge  en  matière  fo- 
restière, du  niha.  gruo,  vert,  aussi  verger  ;  cp. 
le  synonyme  fr.  verdicr,  du  L.  virùlis,  vert 
L'explication     rapportée     par     Bescherelle, 
d'après  laquelle  gruger  vient  de  grue,   parce 
que  cet  oiseau  fait  le  guet  pendant  la  nuit,  ne 
peut  être  ])rise  au  sérieux.  —  D.  gruerie. 

2-.  GRUTER,  dans  «  faucon  gruger,  faisan 
gruyer  t,  est  un  dér.  de  grue, 

GUANO,  du  mot  péruvien  huano,  signifiant 
fient«  d'oiseaux,  de  mer. 

GUÉ,  vfr.  ^i«t'/,  icc^  prov.  ^«a,  it.  guado, 
du  vlia.  loat,  nord,  vad,  m.  s.  ;  verbe  ^wt'Vr, 
prov.  guasar,  it.  guculure,  du  vha.  voiitan,  ail. 
mod.  watcn,  m.  s.  —  Coumie  nous  avons 
d'autres  exemples  du  diangcment  du  v  initial 
latin  en  y,  gu,  (cp.  gai'uCf  goupil,  gui,  etc.), 
rien  ii'euî pêche  de  dériver  gué  et  les  mots 
correspondantes  directement  du  L.  vadum,  en 
admettant  inlhicncc  de  la  forme  germani- 
que. 

GUEDE,  vfr.  gaide,  waide,  it.  guado;  du 
vha.  xoeit,  ags.  ràd,  angl.  loocw/,  ail.  mod. 
\caid,  m.  s.  L'insertion  d'un 5  muet,  si  fré- 
quente dans  l'ancienne  langue,  d'où  la  forme 
guesde,  a  donné  lieu  au  HL.  xoaisda,  guas- 
diu.m,  guesdium;  de  là  le  wall.  waiss  p. 
toaist,  bleu  royal.  Chevallet  .<e  trompe  en 
identifiant  gurde  avec  le  L.  gfaatum,  glas- 
trum  ^Plimô,  m.  s.  —  D.  gueder,  teindre 
avec  la  guède. 

GUEDER,  rassasier,  soûler,  wall.  waidi, 
paître;  de  l'ail,  wriden,  paître.  —  Littré  pense 
(pie  c'est  le  même  mot  que  guéder,  teindre  ; 
ce  serait  traiter  le  corps  comme  le  teinturier 
traite  uno  étofi'e  qu'il  guhlc. 

GUENILLE,  du  fiam.  que  ne  ■•=^  vestis  lanao 
supcrior  (Kiliaen)  ;  ce  serait  donc  pr.  un  vieux 
jupon.  D'autres,  maintenant  le  même  trope, 
explicpient  le  mot  \ii\i' gonille  \),  goneile,  c^x- 
saqu<\  de  vfr.  goac,  it.  goéina,  jupe.  —  D. 
guenilUni,  cnguenillc,  déguenillé. 

GUENIPE,  femme  malpropre  et  déréglée  ; 
daju'ès  Diez,  du  v.  fiam.  knijpc,  piège,  at- 
trape, knip,  bordel  U*p.  l'ail,  kncipe,  i)ctit 
cabaret).  La  forme  employée  dans  le  Dau- 
\)\\n\<S  C'A  ganippa;  c'est  d'elle  que  procède 
immédiatement  le  fr.  g^nuiipe.  Pour  la  forme, 
cp.  canif,  delangl.  knife. 

GUENON,  singe  femelle  ;  d'après  Frisch,  du 
vha.  fjuena,  femme,  angl.  queni;  cp.  it.  ?non)ia 
=  guonon,  contraction  do  madouna,  —  D. 
guenvche,  anc.  aussi  gueniche. 

GUEPE,  du  L.  vespa,  sous  l'influence  peut- 


être  du  vha.  wefsa,  ail.  mod.  icespc,  cp.  le 
lorr.  toisse  (m  =^  vha.  w),  champ,  gouépe.  — 
D.  guêpier. 

GUERDON,  vieux  mot  (conservé  en  anglais; 
signifiant  récompense,  contracté  de  yfv.guer- 
redon,  =  it.  guiderdone,  prov.  guizardcu 
guasardoii,  esp.  galardon  (prob.  p.  gadar- 
Ion),  BL.  loiderdonum.  Ce  mot  reproduit  le 
vha.  toidarlOn,  récompense,  (jui  est  une  corn- 
position  de  l'adv.  widar,  en  retour,  et  du  subst. 
lôn,  salaire.  La  liquide  /  a  été  convertie,  imr 
euphonie,  peut-être  sous  l'influence  du  L.  dit- 
num,  en  d.  Cette  étym.  est  la  seule  scientifi- 
quement admissible.  —  Chevallet,  négligcam 
les  analogues  étrangers  et  marchant  sur  les 
traces  de  Ménage,  rattache  gverdon  au  vha. 
werd,  prix,  valeur,  auquel  on  aurait  donné  la 
forijie  latinisée  tcerdo,  -onis,  Raynouard  a 
commis  une  autre  erreur  en  faisant  dériver  le 
l^rov.  guajsardon  degaza^ih,  gain.  Nicot  rap- 
])rochait  guerdonner,  récompenser,  du  gr. 
xs/îôacivsiv,  gagner;  Caseneuve  décomposait  le 
mot  an  guerre  don,  récompense  accordée  aux 
hommes  de  guerre, 

GUÈRE,  et  plus  correctement,  avec  l'a*  ad- 
verbial, guères,  vfr.  guaires,  waircs,  wall. 
wair,  it.  guari,  prov.,cat.  gaire.  Cet  adverbe 
est  .synonyme  de  inultum,  et  ne  .signifie  ;)tvt 
que  i>ar  son  a,sso<'iation  avec  la  négation  n".  H 
est  d'extraction  germanique.  Diez  lui  assigne 
pour  origine  le  vha.  loari,  =  L.  verus,  pri> 
adverbialement  dans  le  sens  de  probe,  c.-à-d. 
fortement,  grandement.  L'expr.  «  je  ne  l'es- 
time guère  »•  équivaut  donc  jiropr.  à  «  je  no 
l'estime  (pas)  fort  » .  De  fort  à  beaucoup  il  n'y 
a  qu'un  pas  ;  «  je  n'ai  guère  le  temps  »  é<pii- 
vaut  à  '«je  n'ai  pas  beaucoup  de  temps  « .  On 
a  émis  sur  cet  adverbe  les  plus  singulières 
conjectures,  qu'il  serait  oiseux  de  ixîpix)duirc. 
—  Une  seconde  étymologie  proposée  par  Diez 
porte  sur  le  vha.  weigaro,  beaucoup  ;  elle  s«j 
recommande  surtout  par  la  plus  ancienne 
forme  prov  du  mot,  qui  est  g  aigre.  —  De  la 
locution  impersonnelle  il  na  {=  ng  a- 
guéres,  it.  non  ha  guari,  =  il  n'y  a  pas  long- 
temps de  ça,,  vient  l'adv.  naguère. 

GUÉRET,  vfr.  gar'U,  varet,  prov.  gara//, 
esp.  barbecho,  se  déduit  très  correctement  du 
L.  veroactum,  13L.  veractum,tevve  en  friche, 
jachère  (part,  du  verbe  vercagere  défricher). 
GUÉRIDON,  nom  d'un  meuble  composé  d'un 
pilier  et  d'un  plateau.  Je  n'ai  aucune  donnée 
sur  l'étymologie  de  ce  mot,  qui  n'a  de  corres- 
pondant ni  en  it.,ni  en  esp. D'après  Ricliclet, 
c'est  un  mot  apporté  d'Afriipie  par  les  Proven- 
çaux. On  verra  au  suppl.  de  Littré  (tomment 
guih'idon,  après  avoir  désigné  un  personnage 
de  facétie,  puis  uno  espèce  de  vaudeville,  puis 
un  personnage  do  vaudeville  tenant  un  flam- 
beau à  la  main,  a  fini  par  signifier  un  meuble 
de  salon. 

GUERIR,  vfr.  warir,  guarir,garir,\t.  gua- 
rire,  guerire,  prov.  garir;  du  goth.  warjaa, 
vha.  werjan,  protéger,  défendre,  empêcher, 
mettre  en  sûreté,  ail.  mod.  wehrcn.  —  I). 
guérison,  sûreté,  sauveté  (vfr.  garison,  it. 
guariglone)\  guérite  (v.  c.  m.}. 


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GUE 


—  259  — 


GUI 


GUÉRITE  (vfr.  yarite,  refuge,  i-etraitc), 
\iVO\ .  f/uerida^  port,  yuarita^  esp.  garita^  pr. 
lieu  sur,  où  Ton  se  met  «  à  garison  ».  Le  mot 
vient  de  //uérir,  mettre  en  sûreté,  abriter  (v. 
('.  m.).  La  terminaison  ite  du  mot  fr.  fait  pen- 
ser à  une  introduction  italienne,  comme  pour 
réussite;  cependant,  on  a  des  raisons  de  croire 
c|ue  c'est  plutôt  du  français  que  les  Portugais 
et  les  Espagnols  ont  tiré  leur  fonnc.  Ces  der- 
niers ont  une  autre  forme,  plus  conforme  au 
génie  do  leur  langue,  pour  le  môme  vocable 
pris  dans  son  acception  générale  de  refuge, 
savoir  guaiHda^  tandis  que  leur  garita  ne  si- 
{j^nifio  que  loge  de  sentinelle.  De  cette  diver- 
sité il  faut  inférer  que  garita  leur  vient  d'une 
fonne  étrangère. 

GUBRRE,  it.,  esp.,  port,,  prov.  guerray 
iingl.  M?ar<  anc.  angl.  et  anc.flam.  loerrc);  du 
vha.  icerra^  dispute,  querelle.  —  D.  guerrier 
Tanc.  =r  adversaire)  ; //we/Toyer,  vfr  gnerier; 
fîgueî'rir, 

GUET,  vfr.  fém.  gaite,  guette,  prov.  maso. 
f/uach,  gayt,  fém.  guaita  ;  subst.  verbal  du 
verbe  guetter,  vfr  loaiter,  guaiter,  it.  guai' 
tare,  guatare,  prov.  guaitar.  Co  verbe*  est  le 
correspondant  roman  du  vha.  wahten,  faire 
la  garde  (angl.  xoait  ,  subst.  toahta  (auj. 
tcacht).  Composé  avec  le  préf.  a  :  it.  aggua- 
tare,  esp.,  prov.  cu/uaitar,  vfr.  of/uetier,  rou- 
clii  agueter,  wall.  awaiti,  d'où  subst.  it. 
ftguato,  esp.  agait,  fr.  agikt.  Le  composé 
guet-apetis,  autrefois  g uet-apensc,  signiûe  litt. 
guet  ))réinédité  ;  apcnser  est  un  composé  hors 
d'usage  de  penser.  —  D'après  d'Arbois  do 
•lubainville,  guetter  vient  directement  du 
franc  cac^a,  garde,  qu'on  trouve  dans  plu- 
sieurs^ textes  carlovingiens. 

GUETRE;  IV  fait  souvent  défaut:  ainsi  le 
languedocien  agueto,  le  wall.  guett,  le  champ. 
guéte,  etc.  L'origine  de  ce  vocable  est  incer- 
taine ;  on  a  proposé  le  breton  gtoehren,  m.  s. 
Diez,  rapprochant  l'it.  guattera,  récureuse,  le 
vénitien  guaterone,  lambeau  de  drap,  vfr. 
gaitreux,  misérable,  déguenillé,  suppose  à 
guêtre  une  .signification  primordiale  «  mor- 
ceau de  drap  ».  Ne  serait-ce  pas  tout  bonne- 
ment le  L.  testisy  ou  plutôt  l'ail,  weste,  veste, 
pris  dans  une  acception  spéciale?  L'r  serait 
intercalaire, 

GUETTER,  voy.  guet. 

1.  GUEULE.  L.gula.  —  D.  gueuler,  -ard, 
'*'e:  gueuleton;  vgueuler,  casser  la  bouche 
d'un  vase;  dêgueidei',  vomir;  engueuler,  crier 
contre.  Voy.  aussi  goule. 

2.  GUEULES,  angl.  gules,  terme  de  blason 
=»  rouge;  Ducangc  le  rai)porte  au  BL. 
gulœ,  vfr.  goule,  collet  ou  bordures  de  pelle- 
teries, généralement  teintes  en  rouge  ;  selon 
d'autres,  du  pei*san  gui  =  rose,  ou  bien  «ne 
contraction  du  L.  conchglium,  pourpre.  Nicot 
explique  le  terme  par  gueule  =  L.  gula, 
parce  que  le  dedans  de  la  bouche  est  ver- 
meil et  rouge  C'est  là  l'origine  la  plus  accep- 
table. 

GUEUSE,  en  métallurgie,  **  grande,  grosse 
et  lourde  masse  dp  fer  »  (Nicot).  Je  ne  sais 
d'où  vient  ce  mot;  peut-être  du  flam.  gugscu, 


«=  effluere  cum  murmure  seu  strepitu  (Kil.). 
Le  moule  d'oii  la  gueuse  sort  s'appelant  de  la 
même  manièi'e,  on  pourrait  aussi  proposer 
vfr.  gueuse,  gosier,  fig.  canal,  conduit.  Génin 
voit  dans  gueuse  le  vfr.  queux,  gueuse,  pierre 
à  repasser,  qui  est  le  L  cos,  cotis;  la  brique 
de  fer  fondu  aurait  été  ainsi  nommée  à  cause 
de  la  ressemblance  de  forme,  l'un  et  l'autre 
représentant  un  carré  allongé.  —  L'expres- 
sion ail.  gusseisen,  fer  de  fonte,  fait  penser  à 
l'ail,  guss,  action  de  verser,  couler,  mais  la 
letti^  fait  difficulté  ;  le  suéd.  gos,  m.  s.,  parait 
empnmté  du  français.  L'ail,  dit  gans  p. 
gueuse,  donc  pr.  oie  ;  cela  nous  dirige  vere 
l'angl.  goose,  oie,  qui  signifie  aussi  par  assi- 
milation de  forme  le  carreau  des  tailleui*s. 
Mais  cette  étymologie  manque  de  tout  appui 
historique. 

GUEUX,  mendiant,  misérable.  On  n'est  pas 
d'accord  sur  l'origine  de  ce  mot.  Barbazan  le 
rattachait  au  vfr.  gueuse,  gosier  ;  un  gueux 
serait  pr.  un  affamé  ou  vorace.  D'autres  ont 
songé  à  queux  =  L.  coquus;  c'est  ce  qui  sou- 
rit le  plus,  vu  l'analogie  de  coquin  et  vu  l'or- 
thographe'^leciu?  p.  queux ^  cuisinier,  con- 
statée dans  Olivier  de  la  Marche.  Le  parti 
politique  et  religieux  qui  s'est  soulevé  au 
XVI*  siècle  dans  les  Pays-Ba.s  cx)ntre  le  gou- 
vernement espagnol  a  pris  son  nom  du  mot 
français;  les  savants  qui,  de  nos  jours,  dans 
un  sens  contraire,  ont  voulu  faire  dériver  le 
dernier  du  nom  de  ce  parti,  paraissent  ignorer 
les  circx)nstances  dans  lesquelles  les  nobles 
flamands  se  sont  affublés  des  insignes  de  la 
gueuserie.  G.  Paris  (Chansons  du  xv*  siècle, 
p.  1 29 j  rejette  positivement  l'identité  du  mot 
avec  queux  (=  L.  coquus);  l'orthographe 
gueux  dans  Olivier  de  la  Marche,  cité  par 
Littré,  est,  dit-il,  une  faute  de  copie  ou  de  lec- 
ture, p.  queux.  Le  sens  primitif  est  non  pas 
tt  mendiant  •* ,  mais  «  compagnon  »  et  rappelle 
le  gayeux  ein ployé  avec  le  même  sens  dans  le 
Jargon  de  Villon.  —  D.  gueuser,  gueuserie, 
gueusaille. 

GUI,  it.,  esp.  msco,  cat.  vesc,  du  L.  vis- 
eus,  m.  s. 

GUICHET,  anc.  guischet,  prov.  guisquet, 
petite  ])orte  pratiquée  dans  une  grande.  On 
explitjue  souvent  ce  mot  comme  un  dimin.  de 
huis,  porte  (=  L.  ostium),  maia  la  forme  vfr. 
wiket  (d'où  l'angl.  wicket,  flam.  loiket,  toinc- 
ket,  m.  s.)  s'y  refuse.  Guichet  vient  du  nord. 
rik,  cachette,  ags.  rAc.  —  D.  guichetier. 

GUIDE,  masc.  et  fém.,  it.  guida,  esp.  g  fia, 
\tVO\\  guida,  guit,  yfv.guit;  subst.  verbal  de 
guidei\  vfr.  guicr,  it.  guidare,  esp.,  ix)rt. 
guiar,  prov.  guidar,guizar,  guiar.  L'origine 
de  ce  verbe  reste  doutcus<î.  Malgré  la  rareté 
de  la  permutation  du  t  goth.  avec  le  d  roman 
(cp.  goth.  hatan,  devenu  hadir,  haïr),  Diez 
s'adresse  au  goth.  vitan,  observer,  garder. 
Pour  le  sens,  il  se  pi-évaut  de  l'it.  scorgere, 
qui  réunit  également  les  acceptions  observer 
et  guider  ;  il  rappelle  aussi  le  subst.  ags.  vita, 
=  ancien  et  conseiller.  Parmi  diverses  autres 
l)ropositions  étymologiques,  nous  ne  croyons 
devoir  accueillir  que  les  deux  suivantes  :  Bugge 


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(Roin.,  111,  150)  s  adresse  au  noms  vita  (lo 
correspondant  du  goth.  vUaa)  dans  son  accep- 
tion «  signifier,  pi-ésager,  indiquer  « .  Le  sens 
fondamental  du  verbe  serait  donc  •«  indiquer 
le  chemin  «.  Settegast  (Roman.  Forscliun- 
gen,  I;  pense  au  L.  vitare^  éviter,  se  garder. 
Four  terminer,  rappelons  la  remarque  de 
Paris  (Rom.,  XII,  133),  que  le  mot  f/uider  de 
la  langue  moderne  est  pris  à  l'italien  ;  la  lan- 
gue ancienne  disait  régulièrement  f/iiyer,  — 
I).  gt'.idim,  i)cut-étre  le  cas- régime  du  vfr. 
f/uitf  peut-être  aussi  un  déiivé  à  la  manière 
deplaiiton.  Le  terme  de  marine  ou  de  poche 
f/iiidcau  est  un  composé  de  f/uider  +  eau. 

GUIGNARD,  oiseau  dont  la  chair  est  très 
délicate;  d'après  Ménage,  du  nom  de  Jean 
Gui f// tard,  bourgeois  de  Chartres,  lequel,  le 
premier,  reconnut  la  délicatesse  de  rot  oiseau 
en  1542.  .le  donne  le  fait  comme  je  le  trouve, 
à  défaut  d'autres  ressources. 

GUIGNE,  auc .//«'/«  c%  f/uisnc^  gr.  mod.Stuvov, 
valaque  t'Wï^t',  it.  r/jfcio/a;  toutes  ces  formes 
paraissent  être  des  altérations  du  vha.  vcih- 
scla^nw].  toeichsei,  griotte.  La  f orme {v.f/uisne 
serait  alors  la  bonne,  et  représenterait  une 
vontvart'ion  de  f/uisine.  —  D.f/utf/nier. 

GUIGNER,  regarder  du  coin  de  l'œil,  pic. 
f/itenier,  it.  //hif/nare,  sr/hif/nare,  sourire  en 
secret,  esp.  f/uinar^  prov.  f/uinhat\  =  gui- 
j^ner,  port*.//Mf»a/*,  s'écarter  du  chemin,  aller 
décote.  L'étymologievha.  winkjan,  ail.  iiiod. 
triuken,  faire  un  signe,  présenterait  une  diffi- 
culté s<' rieuse,  c'est  que,  contre  les  règles,  le 
h  niédial  aurait  subi  la  syncope.  Il  n'y  a  que 
lafonne  norm.  gi'.incher^  lancer  des  œillades, 
qui  s'accommoderait  de  ce  primitif.  Diez  re- 
jette de  même  Tags.  f/inian,  nord,  f/ùia»  vha. 
f/inôiif  ouvrir  la  bouche,  d'où  se  .seraient  dé- 
gagées les  acceptions  «  suivre  des  yeux,  lor- 
gner, épier,  regarder  de  travers  ». .  Il  donne  en 
définitive  la  préférence  au  vha.  fiinan  =  adri- 
dere.  Le  basque  quehua,  hhehiua,  signe  de 
tête,  porte  le  caractère  d'un  emprunt  fait  au 
roman,  et  ne  peut  donc  être  invoqué .  L'angl . 
squinc^  fonne  secondaire  de  squint^  loucher, 
ne  convient  pas  non  plus,  à  cau.se  de  son  ini- 
tiale. —  D.  f/uif/)ion  (v.  c.  111.). 

GUIGNON,  mauvaise  chance,  surtout  au  jeu. 
D'origine  douteuse.  Ménage  le  fait  venir  de 
f/HÛ/ner,  à  cause  des  fascinations  qui  se  font 
avec  les  yeux  ;  il  cite  à  cet  effet  l'esp.  aojar(dQ 
njOf  ceil)  =  ensorceler  par  le  regard.  Cette 
étymologie  est  approuvée  par  de  La  Mon  noyé 
en  ces  termes  :  «  Cette  manière  de  regarder 
du  coin  de  l'u.'il,  attribuée  à  l'envie,  a  do  tout 
temps  passé  pour  une  espèce  de  fascination 
qui  portait  malheur;   Horace,  Kpist.    1,  14: 

Non  Islic  oWtV/HO  ww/omcacoinmodaquisqiiam 
Liiiiul. ..  n 

\Vedg\vood  (Rom.,  VIII,  437)  reconnaît  dans 
notre  mot  l'anc.  angl.  wariion,  malc-chance, 
qui  vient  du  verbe  anc.  angl.  wanien,  aiij. 
tcuétCf  décroître  (en  parlant  de  la  lune).  Le 
déclin  de  la  lune  est  considéré  comme  une  pé- 
riode de  mauvaise  influence.  Pour  notre  part, 
nous  dirons  tout  court  :  f/Hif/non  est  le  coup 


d'œil  jaloux  du  destin,  et  vient  de  gnigncr, 
regarder  du  coin  de  l'œil. 

GUILÉE,  wall.  walaie,  p.  loaslaic;  d'après 
Diez,  dér.  du  vha.  tocusal,  pluie. 

GUILLEDIN,  cheval  hongre,  de  l'angl. 
f/cJdiHf/f  qui  vient  du  verbe  peld,  châtrer; 
cp  flam.  e/helte,  ffi/Ue,  =  porca  castrata  (Ki- 
liaen). 

GUILLEDOU  ;  d'origine  douteuse.  Voyez  à 
ce  sujet  les  Curiosités  de  Nisard,  qui  identifie 
guilledou  avec  f/uilledin,  cheval,  la  prosti- 
tuée ayant  été  comparée  à  une  monture. 
D'après  Bugge,  courir  le  guilledou  dit  la 
même  chose  qu'autrefois  courir  le  gai'ou. 
Guilledou  est  un  terme  mythyque  du  paga- 
nisme germanique  et  répond  à  un  mot  norois 
'kveldulfr,  vha.  *chwiltixoolf  *kiUvoolf  = 
homme  qui  se  transforme  en  loup  depuis  le 
coucher  du  soleil.  Cette  dérivation  séduisante 
est  appuyée  d'excellentes  pieuves,  tant  histo- 
riques que  phonétiques  (Rom.,  III,  151). 

GUILLEMET,  du  nom  du  premier  impri- 
meur qui  s'est  servi  de  ce  signe  typogra- 
phique. 

1.  GUILLER,  fermenter,  jeter  sa  levure,  en 
parlant  de  la  bière  :  c'est  une  contraction  de 
guesillcry  et  par  là  dérivé  du  wall.  guése„  le- 
vure de  bière;  ce  dernier  représente  le  nord. 
gàsa,  ail.  mod.  gûren^  fermenter.  —  Litti-o 
invoque  aussi  le  brct.  //ot7,  fermenter. — Btiggc 
tient  le  mot  pour  emprunté  à  l'équivalent  hoîl. 
gijlan,  qui,  à  son  tour,  a,  dans  les  langues 
germaniques,  une  nombreuse  parenté  et  ne 
peut  donc  être  emprunté  au  français.  Il  peut 
avoir  raison  ;  toujours  est-il  que  1'/  mouillé, 
dans  ce  cas,  n'est  pas  correct,  mais  il  ne  Test 
pas  davantage,  parait-il,  dans  le  guiller  qui 
suit.  —  D.  guilloire, 

2.  GUILLER,  tromper,  prov.  guilar;  subst. 
vfr.  guilh\  guile,  ruse,  fourberie.  Le  mot 
guille  rimait  jadis  avec  évangile;  Diez  en 
conclut  que  17  ne  ixMit  être  considéré  comme 
mouillé;  c'est  ce  qui  le  détermine  à  rejeter 
l'étymologic  tirée  du  nord,  vigla,  mettre  en 
désordre  ou  ags.  riglian,  faire  de  la  sorcel- 
lerie (il  faudrait  néces.sai  rement  une  forme 
prov.  /yï</7Aar),  et  à  adopter  celle  de  Tags.  vile, 
angl.  toile  et  gui  le,  m.  s.  Diefenbach  cite 
aussi  le  cyinr.  gwilf  brct.  //w?i7,  voleur. 

GUILLERET,  gai,  un  peu  libre;  étymologie 
inconnue.  Y  aurait-il  rapjwrt  avec  guilla-i, 
chant  de  moineau,  ou  avec  le  goth.  guilhati, 
réjouir  ? 

GUILLERI,  chant  du  moineau.  Onomato- 
pée? D'après  Bugge  (Rom.,  III,  152),  ])eut- 
être  \)o\\v  guiddc7'i  (à  peu  près  comme  ciga/e 
=  cicada,  it.  filera  =«  hedera),  qui  rappelle 
suéd.  quHtra,  gazouiller,  dan.  kviddrc,  écoss. 
quitter,  ail.  (patois)  kittern,  quitter  et, 

GUILLOGHER,  selon  Ménage,  du  nom  d'un 
ouvrier  nommé  Guillot  (Brachct  dit  Guil- 
loche),  qui  aurait  été  Tinventeur  de  ce  genre 
d'ornement.  —  D.  guillocheur,  -is. 

GUILLOTINE,  du  nom  de  l'inventeur,  le 
médecin  Guillutin  (mort  on  1814).  —  D.  guil^ 
lotiner. 

GUIMAUVE,  voy.  mcwxisquc 


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GYP 


GUIMBARDE;  Gônin  pense  que  c'est  l'ono- 
matopée ffuim-ffuim,  jointe  à  la  terminaison 
art/,  qui  réunit  les  idées  d'habitude  et  de  mé- 
pris ou  de  blâme.  Lt/re  f/itim barde,  musique 
f/uùnbarde,  é<|uivaudrait  à  «  qui  reproduit 
constamment  le  son  monotone  f/iiim-r/inm  n  ; 
le  b  serait  adventice  pour  l'euphonie.  Le  spi- 
rituel philologue  ajoute  à  cette  explication 
fort  hasardeuse  :  «  si  non,  his  utere  mecum  ^. 
Sa  conjecture  est  cependant  plus  près  d'obte- 
nir notre  assentiment  que  l'idée  de  ceux  qui 
attribuent  le  nom  de  f/iiimbanle  à  M.  le  con- 
seiller aulique  Guimbard  de  Nuremberg!  — 
D'autres  pi*étendent  que  c'est  un  mot  breton 
signifiant  abeille  chantante.  —  Le  mot  ijuim- 
barde  signifie  aussi  un  gros  chariot  à  quatre 
roues  et  couvert  ;  serait-ce  également  en  sou- 
venir de  son  invention  par  quelque  conseiller 
Guimbard? 

OUIHPS,  anc.  f/iiimph\  angl.  wimpJc, 
prov.  ffimpia,  voile,  fichu  ;  du  vlia.  wimj}al, 
habillement  léger  pour  l'été,  nha.  loimpei, 
banderole,  guimpe.  La  racine  du  mot  ail. 
parait  signifier  «tlotter  dans  les  airs  ».  —  D. 
f/nihiper,  faire  prendre  le  voile. 

6UINDER,  hisser  par  le  moyen  d'une  ma- 
chine, it.  ffhindare,  esp.,  port. //i«War;  de 
l'ail,  winden^  rouler,  guinder,  angl.  tcùuL  — 
De  là  :  it.  f/uiudoin^  esp.  f/uindolat  fr.  r/nin- 
dre,  petit  métier  pour  doubler  les  soies  filées, 
et  i/uindoulc,  machine  pour  décharger  un 
vaisseau  ;  r/uinde,  nom  d'une  petite  presse  à 
moulinet  et  sans  vis  ;  f/uindalf  f/iiindeau  ;  les 
formes  //nindas  et  vvidas  sont  importées  du 
néerl.  v>indas  (=  ail.  wind-achsc),  p.  l'arbre 
duguindal.  —  De  gHindei\  au  sens  figuré, 
aflecter  trop  d'élévation.  M"®  de  Sévigné  a 
ioÀiffuindeine. 

GUINÉE,  monnaie  d'or  anglaise,  ainsi  nom- 
mée pares  (pi'elle  fut  fabriquée,  dans  son 
origine,  avec  l'or  que  les  Anglais  avaient 
apporté  de  la  Guinée. 

GUINGOIS,    inégalité,   obliquité;    d'après 
Diez,   du  nord,   hintjr ^  courbure,   flexion;, 
coin  ;  le  mot  serait  ainsi  pour  qv.infjois^  et  la 
terminaison  oia  repré^-^entorait  le  suffixe  latin 
ensis.  Le  picard  n  gninfionin. 

GUINGUET,  GUINGUETTE,  voy.  (jinfjxiet, 

GUIPER  me  semble  venir  de  l'angl.  tchip^ 
surjeter,  plutôt  que  du  goth.  veipan,  bordeT 
en  rond  (ornement  circulaire)  ou  l'ail,  webeii, 
tisser,  proposés  par  Diez.  Le  subst.  angl. 
f/imp  u  a  kind  of  lace  made  of  threads  whipped 
or  twisted  round  with  silk  »»  reproduit  le  ra- 
dical français  sous  forme  nasalisée  (cp.  fr. 
f/ibelet,  angl.  f/imblet).  — Le  terme  de  marine 
f/nipon  se  rattache  prob.  à  l'ags.  wipian, 
angl.  wipe,  nettoyer. 

GUIRLANDE,  it.  ghirlanda,  esp.,  port, 
ffiiinialda,  v.  esp.  garlaiida,  port,  aussi  gri- 
fialda,  prov..  cat.  garlanda,  angl.  garJand. 
Les  dérivations  usuelles  de  giritlare,  virvlare 
(diminutifs  imaginaires  de  girare,  xÂrare)  ne 
sont  guère  recommandables.  Mieux  vaut  l'éty- 
mologie  de  Frisch.qui  rapporte //««Wawrfr  au 
mha.  wierelen,  border  (vha.  wiara,  cou- 
ronne); le  suffixe  serait  le  même  que  celui  de 


girande,  d'où  girandole.  Chevallet  pose  une 
dérivation  celtique,  et  part  d'une  racine //loyr, 
courbé.  Reste  à  savoir  si  la  deuxième  partie 
du  mot  peut  être  déduite  du  celtique,  car  il 
est  plus  que  probable  que  le  bret.  garlantes, 
gaél.  gtoyrloi,  =  guirlande,  sont  d'importa- 
tion romane.  —  D.  guirlander, 

GUISARME,  vfr.  au.ssi  gisarme,  gissarme, 
jusanne,  prov.  gazarma,  jusanna^  it.  giu- 
sur  ma;  notons  encore  vfr.  wisarme,  visarme, 
bisarme,  v.  esp.  bisarma,  v.  angl.  gisarm, 
ggsarn.  On  est  aussi  peu  d'accord  sur  la  défi- 
nition que  sur  Tétymologie  de  ce  mot.  Gîichet 
démontre  Tanc.  synonymie  du  mot  avecpaff'itt, 
qui  était  une  hache  à  deux  tranchants  ;  do  là 
s'explique  peut-être  la  variété  de  forme  bi- 
sarme,  pour  ainsi  dire  double  arme  (de  bisarme 
on  peut  tirer //Kwarme;  cp.  guimaiœe  de  bi^- 
maiva).  C'était  en  tous  cas  une  arme  tran- 
chante et  probablement,  dans  le  principe,  une 
arme  en  forme  de  faux.  Diez  conjecture, 
comme  primitif,  le  vha./7e^-i>ar/i(=all.mod. 
gnt'Cisen,  fer  à  sarcler),  par  lequel  on  traduit 
dans  les  vieux  glossaires  latins-allemands  le 
L.  faix  on  falcastriim,  et  qui  pouvait  facile- 
ment se  défigurer  en  getsama,  gisarna,  puis, 
sous  l'influence  du  mot  roman  arma,  en  gui- 
sarma.  La  fréquence  de  la  permutation  entre 
les  initiales  gu,  g  et  to,  dans  le  domaine  fran 
çais  (c'est  ainsi  que  l'on  trouve  tour  à  tour 
guivre,  givre,  wivre;  gachidre,  jachih'e,  voa- 
quirrc)  a  pu  motiver  la  multiplicité  des  formes 
de  ce  mot.  —  Gachet  admet  pour  primitif  le 
BL. gtjsarum,  qui,  d'après  lui,  est  une  forme 
allongée  de ^£p*«»î,  javelot;  nous  n'oserions 
lui  donner  raison. 

GUISE,  it.,  esp., port.,  prov., <7?«>a.  du  vha. 
wisa,  ail.  mod.  weise,  manière.  — D.  déguiser, 
changer  de  manière,  de  costume. 

GUITARE  (vfr.  guUerne,  guinterne),  it. 
chitai^a,  esp.,  port.,  prov.  guitarra;  du  gr. 
xi^xpa.  —  D.  guitariste.  —  Du  latin  cithara 
(avec  c  chuintant)  dérivent  les  fonnes  it.  ce- 
tera, cctra,  prov.  cidra,  citala,  vfr.  citarc, 
citole,  ail.  cither. 

GUITRAN,  voy.  goudron. 

GUIVRE.  serpent,  voy.  gin-e  2. 

GUMENE.  voy.  gomhie. 

GUSTATION,  dû  L.gustare,  goûter;  gustnel 
(Brillat-Savarii)),  mot  savant,  tiré  du  L.  gus- 
tus,  goût. 

GUTTA-PEROHA.  mot  forgé  par  les  Anglais 
du  malais  :  getahpffiHjah,  litt.  gomme  de  Su- 
matra. 

GUTTURAL,  L.  gutturalis  (de  guttur,  go- 
sier). 

GTMNASE,  du  gr.  yu,uvâc7i9y,  lieu  destiné 
aux  exercices  de  corps,  qui  se  faisaient  à  nu- 
corps  (de  là  le  nom  ;  vv.uvd;  =  nu  ).  —  Du  verbe 
grecyuavijîiv.  faire  dcscxercices de  corps,  vien- 
nent encore  :  subst.  ywavaçTiî;,  fr.  gy)nnaste, 
adj.  vyav«7ri/o;,  fr.  gymnastique. 

GYNÉCÉE,  du  gr.  yuvTixù^v,  appartement 
réservé  aux  femmes  (/uv^ï/s;) 

GYPSE,  du  L.  f/ypsum  (gr.  yuio;).  pierre  à 
plâtre.  L'ail,  gipset  li.gesso  signifient  plâtre. 
—  D.  gypseux. 


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HAC 


—  262 


IIÂI 


H 


HABITjB  (fonne  savante  moderne  p.    vfr. 
able)^  it.  ahile,  prov.  nbiUi^  angl.  able,  apte, 
propre,  convenable,  adroit,    intelligent,    du 
mot  latin  haJbilis  (habere),  qui  avait  de  môme 
dc^gagé  ces  diverses  acceptions   figurées   du 
sens  primordial  :  facile  à  tenir  ou  à  mettre 
(«  calcei  habiles  *•).  commode,  approprié  (jmr 
là  synonyme  de  aptus  et  idoncHs).  —  D.  habi- 
leti},  et  comme  terme  savant  de  jurisprudence 
habilité^  L.  habilitas;  inhabile,  L.  inhabilis, 
et  malhabile,  —  De  habilis  vient  BL,  habili- 
tare,  rendre  habile  ou  apte,   fr.    habiliter 
(terme  de  droit),  cp.  faciliter  de  facile,  Voy. 
aussi  habiller, 
HABILITER,  voy.  habile.  Cps.  réhabiliter, 
HABILLER,  d'où  svài^i. habillement.  Le  subst. 
BL.    habilimentum,    préparatifs  militaires, 
équipement  (angl.  habiliments,  m.   s.),   pré- 
suppose   un  verbe  habilire,  dont  les  accep- 
tions étaient  rendre  habile,  mettre  en  état, 
apprêter,  façonner,  disposer  pour  un  but  dé- 
terminé, arranger,  vêtir.  Une  filiation  analo- 
gue se  remai-que  dans  le  verbe  dresser  (angl. 
dress),   pr.  diriger  vers   un    but,    disposer, 
arranger,  puis  (en  angl.  du  moins)  habiller. 
Cependant,  notre  habiller  (prov.  habilhar, 
esp.  habillar),  ne  répond  pas  à  la  forme  halH' 
lire,  mais  à  celle  de  habillare;  or,  celle-ci  ne 
peut  remonter  à  habilis,  mais  à.  un  adj.  bar- 
bare équivalent  halnlus,  habillus. —  L'accep- 
tion ancienne  apprêter,  préparer  a  survécu 
dans  les  cxpr.  «  habiller  du  chanvre,  de  la 
volaille,  etc.  «,  et  surtout  dans  le  subst.  habil- 
loge.  Habiller  s'employait  anc.  aussi  au  sens 
d'iiabituer  ;  ainsi  Jean  Lemaire  des  Belges,  I, 
236.  —  La  dérivation  de  habitas,  par  l'inter- 
médiaire d'une  forme  barbare  habitulare,  ne 
mérite  aucune  créance.  —   D.   habillement  ; 
df^shabillpr. 

HABIT,  du  L.  habitus  (habere),  sign.  :  ma- 
nière d'être  habituelle,  état,  constitution, 
ap))aronce  extérieure,  puis  habillement,  cos- 
tume,  miso.  Pour  le  développement  de  l'idée, 
cp.  gr.  i/r.fjLx  (s^oi),  manière  d'être  et  vête- 
ment, lofr.  costume,  de  consuetudo,  coutume, 
et  fr.  f/iiise  (dans  dêtfuiser),  pr.  manière.  Au 
.«îens  premier  du  primitif  latin  ressortissent 
les  dérivés  :  habitude,  L.  habitudo  ;  habituel, 
L.  habitualis*,  habituet\  L.  habituare'. 

HABITER,  du  L.  habitare  (habere),  pr.  te- 
nir, occuper.  —  D.  habitable,  L.  -abilis; 
habitant-,  habitation,  L.-atio(m.  s.);  habita- 
cle, L.  habitaculum.  —  L'anc.  langue  avait 
aussi  un  subst.  verbal  habit  =  habitation, 
maison. 

HABITUDE,  HABITUEL,  HABITUER,  voy. 
habit. 

HABLER  (le  circonflexe  est  de  trop),  de 
l'esp.  hablar,  parler,  qui  reproduit  L.  fabu- 
lari. 

HACHE,  i-épond,  d'après  Diez,  à  l'ail,  ou  au 


néerl.  hache,  houe,  pioche  (verbe  hache», 
hacher)  et  c'est  du  mot  français  que  viendraient , 
d'après  lui,  les  formes  it  accia,  asza,  esp. 
hachât  port,  fâcha,  hacha,  prov.  apcha,  p. 
acha,  L'étymologie  tirée  du  L.  ojcia,  doloii-e, 
est  fausse  pour  hache,  mais  elle  convient  à 
rit.  ascia  et  prov.  aissa.  —  L'opinion  de  Diez 
«st  contestée  par  Fôrster  (Ztschr.,  III,  264; 
VI,  111);  selon  lui,  le  seul  type  qui  explique 
toutes  les  formes  romanes  est  ail.  "fiaj^à, 
devenu  vha.  happa,  auj.  happe,  heppe,  hippe 
(faux,  faucille,  serpette).  —  D.  hachot,  ha- 
chette, hachereau  ;  hacher  (pic.  héqucr),  ha- 
choir, -is,  -ure. 

HAGARD, angl.  haggard,  farouche;  s'appli- 
quait d'abord  au  faucon,"  qui  n'est  de  l'année, 
ains  ha  plus  d'une  mue  et  a  longuement  esté 
à  luy,  qui  a  esté  prins  de  repaire  ou  au  pas- 
sage et  est  le  contraire  de  sor  »  (Nicot'i. 
D'après  Diez,  c'est  un  mot  que  les  Normands 
français  auraient  forgé  du  v.  angl.  hauke 
(auj.  hatoh)  au  moyen  du  suflUxe  iiéjoi-atif 
ard  (cp.  busard);  le  nord.  AaA-r, tête  chaude, 
dit  Diez,  présenterait  toutefois  un  primitif 
tout  aussi  acceptable.  Huet  tirait  le  mot  de 
l'ail,  hag,  clôture,  haie,  lieu  fortifié,  «  propre 
à  rendre  fier  celui  qui  l'a  pour  défense  ». 
Litti'é  reprend  cette  étymologie,  mais  en  l'ex- 
pliquant autrement  :  «  le  faucon  hagard,  dit 
un  auteur  du  xiv*  siècle,  est  celui  qui  mue  de 
haie,  c est-à-dire  dans  les  haies  (ail.  hag)  et 
non  en  domesticité.  » —  L'ail,  (dial.  de  Mrmt- 
béliard)  présente  également  la  forme  hagart, 
pour  faucon  hagard,  et  Grimm  l'interprète 
par  hag-hart,  fort  à  la  défense.  De  hagart- 
falk  le  peuple  allemand  a  fait  hager-falk,  en 
lui  donnant  ainsi  l'air  de  signifier  faucon 
maigre  {hager}, 

HA6I0GRAPHE,  qui  écrit  sur  les  saints 
(â/itç,  saint).  —  D.  hagiographie,  -ique, 

HAIE,  BL.  haga,  haia,  du  fiam.  haeghe, 
ou  du  vha.  hag,  ail.  mod.  hag,  clôture,  pr. 
lieu  épineux,  plein  de  ronces  et  de  haies.  — 
D.  vfr.  haier,  clôturer. 

HAILLON,  par  hacrion,  dérivé  du  mha. 
hadel,  ail.  mod.  hader,  m.  s. 

HAIM,  hameçon,  vfr.  ain,  ham,  cat.  am^ 
it.  amo.  Du  latin  hamus,  m.  s.  —  D.  /lame- 
çon  (v.  cm.). 

HAINE,  anc.  haïne,  voy.  haïr.  —  D.  hai- 
neux, 

HAÏR,  vfr.  hadir;  du  goth.  hatan,  vha.  ha- 
san,  ail.  mod.  hassen,  angl.  ?uUe,  ou  plut^^t, 
vu  la  tenninaison  en  ir,  de  l'ags.  hatian,  v. 
frison  hatia.  Cette  explication  satisfait  pleine- 
ment, et  Diez,  en  la  présentant,  a  eu  raison  de 
passer  sous  silence  une  opinion  qui,  dès  1869. 
s'était  fait  jour  dans  le  Jahrbuch  fQr  rom.  Lit. 
{X,  191)  et  que  je  ne  reproduis  ici  que  comme 
un  échantillon  des  écarts  où  les  hommes  les 
plus  feri^s  en  science  phonétique  se  laissent 


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IIAL 


263 


HAM 


parfois  entraîner  :  d'après  M.  Bœhmer,  fr. 
haïr  découle  du  latin  fastidire  par  les  étapes 
suivantes  :  hassnh'r,  hasdir,  hadir,  haïr  ; 
cola  vous  est  prouvé  par  a  -\~  b,  non  pas  en  se 
jouant  des  règles,  mais  en  jouant  avec  elles. 
—  D.  hnïne^  d'où  haînCy  vfr.  aussi  haenge, 
hiior,  —  Il  faut  séparer  do  notre  haïr  les 
subst.  pruv.  azh\  vfr.  aïr^  colère;  ils  sont 
tirés  du  verbe  azivar^  atrej\  qui  représente 
lat.  adirnre,  mettre  en  colère. 

HAIRE,  du  vha.  hàra^  nord,  haera,  tissu 
de  crin  ou  de  poil  (ail.  haar  =  cheveu).  Dans 
l'ancienne  langue,  le  mot  avait  pris  aussi 
l'acception  fifrurée  peine,  ennui,  tourment, 
doù  le  verbe  hurier',  tourmenter. 

HâLBRAN,  jeune  canard  sauvage,  esp.  al 
bran.  Diez  rejette,  comme  purement  imagi- 
naire, Tétymologie  x)i-,^i-jBoi  =  oiseau  de  mer. 
proposée  par  les  ètymologistes  anciens.  Il 
pense,  comme  Le  Duchat,  que  le  mot  est  d'ex- 
traction germanique.  Dans  quelques  dialectes 
français,  on  désigne  i)ar  halbran,  haie- 
brandy  etc.,  le  môme  oiseau  que  les  Alle- 
mands, à  raison  de  sa  petitesse,  appellent 
hnlb'Ciite  (litt.  demi-canard)  et  les  Néerlan- 
dais middeUend  (litt.  canard  moyen),  c'est-à- 
dire  l'oiseau  appelé  par  les  naturalistes  «anas 
querquedula  »»  (cp.  en  v.  flam.  Tialf-vof/hel, 
pr.  demi-oiseau,  ==  anaticula,  brontus).  Au 
lieu  de  hdh-etit,  on  a  pu  dire  halbcr-ent  (eut 
étant  masculin  dans  le  mha.  j.  De  là  s'explique 
la  forme  française  à  merveiile. —  D.  halbrené 
(V.  c.  m.). 

HALBRENÉ,  au  propre  ^  qui  a  des  plumes 
rompues,  au  tig.  =  en  mauvais  état,  mouillé, 
déguenillé.  Le  faucon  liai brené,  dit  Littré,est 
celui  qui  s  est  cassé  des  plumes  en  chassant  le 
halbran.  On  dit  aussi  halbrener  p.  chasser 
aux  canards  sauvages.  —  Il  est  difficile  de  sé- 
parer haibreiié  de  halbran  ;  cependant,  cette 
dérivation  présente  l'in-égularitt^  de  négliger 
le  t  final  étymologique  du  primitif.  Cp.  fai- 
sander, de  \*fr.  faisant.  D'autre  part,  le  pa.s- 
sage  de  Montaigne,  cité  par  Littré:  «  liaras.sez 
et  halbrenez  de  travail  et  do  faim  »  rend  le 

rapport  avec  halln^an  bien  suspect. 
/\ 

HALE,  air  sec  et  brûlant;  d'après  Diez,  du 
flam.  haely  sec,  brûlant.  Si  cette  étymologie 
est  juste,  il  faut  admettre  que  1';?  est  épenthé- 
tique  et  non  radical  dans  le  vfr.  haslc^  par 
conséquent  aussi  muet.  Cependant,  ptiisqu'il 
a  subi  la  transformation  en  r  dans  harle 
«autre  forme  courante  au  moyen  âge),  il  faut 
conclure  que  cette  lettre  était  prononcée  et 
radicale.  Les  formes  successives  .seraient  : 
hasU^  harïe,  halle,  hàle  (cp.  mesler,  merler, 
rneller,  mrler;  vaslet,  varht,  vallet,  valet). — 
Chevallet  allègue  le  gallois  hnul,  soleil,  mais 
l'ela  ne  lève  pas  la  difficulté  signalée,  tout  en 
•se  recommandant  plus  que  le  aiio,-  de  H.  Es- 
ticnne,  ou  le  à)»»  (chaleur  du  soleil; de  Case- 
««Mive.  Ménage  proposait  :  L.  assum  (r6ti), 
d'où  assulion,  hasle,  hàle.  —  D.  verbe  hâler, 
vfr.  hasler,  harlcr,  haller,  wall.  aurler  (des- 
stVher);  haloir,  séchoir. 

HALSINE,  it.  alena^    lena,  prov.  alena; 


subst.  du  \Qvhe\t.àlcnare,  prov.,cat.  aJenar, 
fr.  haleiner\  halener.  Ces  formes  sont  le  pro- 
duit d'une  transposition  des  liquides  radicales 
et  viennent  du  L.  anhelare^  respirer;  on 
trouve  de  même  les  formes  plus  correctes  it. 
anelare,  esp.  anhelar,  prov.  anelar. —  Littré 
préfère  pour  type  halenare,  dérivé  de  hnlare, 
.souffler  ;  mais  la  grande  rareté  d'une  dériva- 
tion par  le  suffixe  ena  rend  cette  et.  fort  pro- 
blématique, d'autant  plus  qu'elle  est  inutile. 
HALENER,  voy.  haleine.  —  D.  halenéc. 

1.  HALER.  esp.  halar,  du  nord,  hala, 
vha.  halôn,  ni.  haalen^  angl.  hale^  haul, 
tirer. 

2.  HALER,  exciter  (un  chien);  de  l'anc.  in- 
terjection halle  «  an  interjection  of  cheering 
or  seiting  on  of  a  dog  «  (Cotgrave).  L'angl.  a 
hallnn  à  la  fois  comme  verbe  et  comme  inter- 
jection. 

HALER,  voy.  hâle. 

HALETER,  it.  alitare,  du  L.  halitare 
(halare). 

HALITUEUX,  du  L.  halitus,  -us,  .««ouffle. 
HALLALI.  Ce  cri  de  chasse  doit  s'analyser 
par  allt/  ally  =  allez  allez  (sus)  ;  le  synonyme 
hahaly  par  «  ha  allez  »  !  Voy.  Darmesteter, 
Composés,  p.  320. 

HALLE,  it.  alla,  du  vha.  halle,  temple, 
grande  salle,  ags.  heal,  angl.  hall.  —  D. 
hallage. 

HALLEBARDE,  it.  alabarda,  labarda,  esp. 
port  ,  prov.  alabarda,  du  mha.  helmbarte 
(composé  de  helm,  fût,  et  barie,  hache),  ail. 
mod.  hellebarte.  D'autres  rapportent  la  pre- 
mière partie  du  mot  à  ail.  hMm,  casque; 
donc  pr.  arme  à  fendre  les  casques.  —  Halle- 
breda  est  prob.  une  altération  plaisante  do 
hallebarde. 

HALLIER,  buisson  épais,  vfr.  halot,   pic. 
hallo.  On  fait  dériver  ce  mot  du  BL.  hallus, 
branchage,  employé  dans  la  loi  salique,  41, 
4,  ••  aut  de  ramis  aut  de  hallis  super  coope- 
ruerit;  «  cependant,  la  plupart  des  manuscrits 
lisent  en  cet  endroit  callis  pour  hallis.  Diez 
préfère  donc  s'adresser  au  BL.  hasla  de  la 
Loi  ripuaire  :  «  in  hasla,  h.  e.  in  ramo  ♦♦.  Kn 
ail.  hasol  signifie  coudrier  et  baguette  de  cou- 
drier. 
HALLUCINATION,  L.  hallucinatio. 
HALO,  du  gr.  «>&J5,  m.  s.  (pr.  aire). 
HALOT,  de  l'ags.  hal,  vha.  hol,  cavité. 
HALTE,  station,  arrêt,  vfr.  hait,   masc, 
séjour,  demeure  («  il  est  venuz  el  hait  des 
hors  fours) et  des  lions».  Partonopeus,II,26); 
it.,  esp.  alto,  arrêt.    De  l'ail,    halten,  tenir 
(sens  neutre  =  s'arrêter),  subst. /m/^  fermeté, 
fixité,  arrêt. 

HALURGIE,  fabrication  du  sel,  du  gr. 
xAoupylee.  (ai,-,  sel,  et  ip/ov,  travail). 

HAMAC,  it.  amaca,  esp.  hamaca  et  ama- 
haca,  port,  tnaca;  mot  originaire  de  l'Améri- 
que du  Sud  ;  le  ni.  hangmat  (au  XYii*"  siècle, 
hanr/mak)  et  ail.  Juingcmaite,  sont  des  trans- 
formations du  mot  roman  faites  de  façon  à 
faire  signifier  au  mot  «  natte  suspendue  »«. 
L'angl.  dit  hammoc. 


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IIAN 


—  264 


IIAN 


HAMEAU,  hameV,  dér.  du  vfr.  ham;  celui- 
ci  du  gotli.  haims,  village,  vha.  heim^  de- 
meure, angl.  home.  Du  dimin.  ancien  hamelet 
l'anglais  a  tiré  son  mot  h  ami  et, 

HAMEÇON,  dér.  de//atm(v.  c.  m.),àraido 
du  suffixe  icionem;  cp.  vfr.  angleçou,  \\eX\i 
angle;  les  formel  wall.  ainche,  ansin  répon- 
dent à  des  types  liamiciitm  et  hamicinus, 

HAMPE;  d'après  Dîez,  une  contraction  du 
vha.  hanihabe  (auj.  handhabe),  =  partie  d'un 
instrument  ou  d'un  outil  par  lafpiclle  on  le 
tient  (d'abord  hantbe^  d'où  par  transposition 
hamptp,  et  enfin  hampe  .  Malgré  la  commu- 
nauté du  sens,  il  n'a  aucun  rapport  étymolo- 
gique avec  le  vieux  mot  français  hante  ou 
hanste^  anste,  bois  de  lancH,  lequel  vient  du 
L.  ornes,  amitis,  i)erche  (l'étymologie  hasta 
étant  peu  probable). 

HAMSTER,  mot  allemand. 

HAN,  onomatopée,  exprimant  le  cri  d'un 
homme  qui  frappe  un  coup  avec  effort  ;  de  là 
ahaner,  ahan  (v.  c.  m.). 

HANAP,  henap  ,  it.  anappo,  vappo^  prov. 
enap,  nap;  du  vha.  htmp  (auj.  najifj,  vase, 
ags.  hiic^,  flam.  nap.  —  D.  vfr.  hannpter, 
crâne  (cp.  tête,  de  testa,  tesson),  casque. 

HANCHE,  voy.  a)fche,  —  Selon  Bugge 
{Rom.;  III.  152i,  ce  mot  est  indépendant  do 
anche,  tuyau.  Il  reproduit  l'ail  mod.  hanhe 
(Kiliaen  :  hanche,  hanche,  coxa,  coxendix), 
lequel  à  son  tour  est  indépendant  du  vha. 
ancha,  tibia,  crus  (=«  fr.  anche }  et  vient  du 
mha.  hinhen,  hanh,  hunhen,  boiter.  —  D. 
déhanché,  éhaèwhé, 

HANEBANE,  jusquiame,  de  langl.  hen- 
hane,  m.  s.,  litt  *=»  ]K)ison  de  poule. 

HANGAR,  ou  angar;  ce  mot  a-t-il  quelque 
rapport  avec  le  L.  angaria  (gr.  àyy«|e(at),  cor- 
vée consistant  à  fournir  dos  chevaux  pour  les 
courriers  impériaux  ?  Je  non  doute  pas  ;  le 
mot  latin  découle  du  grec  «Y/apo; ,  estafette, 
courrier,  d'où  procède  le  sens  du  BL.  anga- 
Hum  =  lieu  couvert  où  Ton  ferre  les  clievaux; 
ce  sens  .s'est  généralisé  dans  l'acception  ac* 
tuclle  du  mot  :  lieu  couvert  à  divers  usages. 
Une  dérivation  de  l'ail.  hange)i,  suspendre 
(Chevallet),  ne  convient  en  aucune  façon. 

HANIGROOHE,  voy.  anicroche, 

HANmBTON,  anc.  haneton,  aneton,  dérivé 
de  vfr.  hanette.  Celui-ci  est,  selon  toute  proba- 
bilité, le  diminutif  do  Tall.  Iiahn,  abréviation 
du  mot  composé  tceiden-hahn  (pr.  axi  dos 
sjiules  ,  (jui  est  la  dénomination  de  cet  insecte 
dans  plusieurs  contrées  de  l'Allemagne.  Malin 
corrobore  cette  étymologie  de  Diez  par  la 
comparaison  de  l'angl.  cocA-cAa/é^%  hanneton, 
composé  de  cock,  coq,  Gichafer,  scarabée.  — 
Selon  d'autres,  le  mot  .serait  p.  aletan  et  re- 
présent<îrait  le  diminutif  du  L.  ala,  aile;  mais 
par  quelle  raison  particulière  aurait-on  dé- 
nommé Je  hanneton  une  •*  petite  aile  "  ?  D^au- 
tres  encore,  dans  la  même  supposition  d'une 
forme  a/r/o«.  ont  imaginé  pour  la  cause  un 
composé  lutin  ali-tonus  =  qui  fait  du  bniit 
avec  les  ailes.  Génin,  enfin,  prend  haneton 
pour  un  diminutif  du  vfr.  ane,  ^=  L.  anas, 
canard;    cette   application  serait  fondée  sur 


quelque  rapport  de  forme  ou  d'habitude  entre 
l'insecte  et  l'oi-seau. 

HANSE,  angl.  hans,  hanse,  société  de  mar- 
chands, compagnie  ;  d'après  le  nom  de  la  eélè- 
biX3  hanse,  association  de  villes  unies  pour 
leui-s  intérêts  commerciaux.  Du  goth.  hansn, 
multitude,  compagnie,  vha.  hansa,  trouiie  de 
soldat**.  —  Adj.  hansr'atiqiie, 

HANTER,  d'où  angl.  hawit,  ail.  hantimt. 
D\ei  estime  que  ce  mot  a  été  introduit  par  les 
Normands  et  vient  du  nord,  hcimta  (de  hcitn^ 
chez  soi),  =  redemander  ou  reprendre  choz 
soi  un  objet  perdu  ou  absent;  de  là  se  sei^ic 
déduite  une  idée  d'attachement  en  général. 
Cotte  nianière  de  voir  me  .semble  subtile  et 
forcée  ;  je  veux  bien  remonter  à  un  radical 
germanique  heim,  mais  pris  dans  le  sens  de 
demeure,  habitation.  Hanter  aurait  alors  la 
valeur  «  habiter  avec  qqn.  ».  Si  le  nord. 
hcimta  n'en  est  pas  la  source  immédiate,  on 
pourrait  admettre nn type  latin  hamitare,i\vé 
de  hamits,  représentant  bas- Latin  dn  germ. 
heim  (voy.  hameau).  —  Le  verbe  se  trouve 
fréquemment  dans  la  vieille  langue  avec  le 
sens  de  manier,  pratiquer  :  hanter  la  guen'e, 
un  métier;  on  trouve  :  îe  mire  de  îegier  han- 
tcment,  le  chirurgien  à  la  main  légère,  habile, 
et  (lachet  cite  l'adj.  antaiile  (appliqué  à  che- 
min) "»  praticable,  mais  cela  ne  .suffit  pas 
lK)ur  justifier  l'étymologie  vha.  hant,  main, 
mise  on  avant  i)ar  Chevallet.  —  Littré  s'en 
tient  à  l'étym.  habitare,  qui,  «  devenant  hab^ 
tare,  a  pris  facilement  une  nasale,  et.  déri- 
vant de  habere,  a  eu  dans  la  latinité,  et  a  pu 
avoir  dans  le  français,  le  sens  de  «  avoir  sou- 
vent ••.  —  .le  crois  qu'il  se  trouve  un  mot 
latin  qui,  jx>ur  le  sens  et  la  forme,  convient 
parfaitement  et  auquel  je  sacrifie  volontiers 
le  hamitare  proposé  tout  à  l'heure.  Hanter, 
anciennement,  était  neutre  et  se  rencontrait, 
comme  signification,  avec  converser,  lequel 
avait  conservé  la  valeur  du  latin  conversari, 
se  tenir  habituellement  dans  tel  lieu,  autour 
de  telles  pei*sonnes  ;  l'un  et  l'autre  reprodui- 
sent lésons  de  l'ail,  itmgehen  [mit  jemand  h,, 
c'est  fi'équenter  qqn.,  mitetvoas  n.,  c'est  ma- 
nier, pratiquer  qqch.).  Or,  nmgehen  et  con- 
vei'sari  ont  dans  le  domaine  latin  un  corres- 
pondant loî^iijue  ;  c'est  ambire,  dont  le  fré- 
quentatif ambitare  ap|>elle  tout  naturellement 
en  fr.  la  forme  anter.  ,1e  m'attends  à  deux 
objections.  D'abord,  ambitare  est  inconnu  au 
latin  classique  et  à  celui  du  moyen  âge  ;  mais 
pour  quiconijue  s'est  familiarisé  avec  les  al- 
lures de  la  langue  française  et  qui  sait  que 
colle-ci  a  emprunté  un  grand  nombre  de  ses 
formes  verbales  aux  formes  fréquentatives  dc»s 
verbes  anciens,  cette  objection  est  sans  valeur. 
Personne  ne  contestera  que  nos  vei-bes  oser, 
iiseï',  profiter,  oublie^*,  procèdent  des  mots 
latins  aiidere,  uti,  proficcre,  oblirisci,  par 
leurs  fréquentatifs  ausare,  itsare,  profcctare, 
obhlare,  que  les  lexiques  latins  ne  renferment 
pas  plus  que  ambitare.  En  second  lieu  on  fera 
valoir  l'A  aspirée  de  hanter.  A  cette  seconde 
objection  j'opposerai  non  pas  l'orthographe 
anter,  qui  n'est  pas  rare  dans  les  manuscrits, 


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IIAR 


—  26S  — 


IIAR 


et  qui  est  déjà  uiio  présomption  en  faveur  de 
l'absence  d'aspirée,  mais  Texemplc  d'autres 
mots  pourvus  d'une  h  aspirée  contrairement 
à  leur  étymologie,  ainsi  haut  (altus),  hérisson 
(cricius),  houlette  (dimin.  du  lat.  agolum), 
hidiÀte  (ulula;,  huppe  {\\^\\\iQ.),  huiler ^  hurler 
(ululare).  1^  langue  supprime  ou  applique 
Tiispiration  tout  à  fait  à  sa  convenance,  et  quant 
à  notre  verbe  anter  ou  hanta* ,  elle  avait  une 
raison  toute  naturelle  de  l'aspirer  ;  c'est  le 
besoin  de  le  différencier  de  enter  (pUnter).  Kt 
d  ailleurs  hanter  n'a  pas  toujours  été  aspiré  ; 
à  preuve,  pour  le  verbe  même,  le  vers  suivant 
de  Baud.  de  Condé,  p.  76,  v.  384  :  Por  le 
droffon  qui  dedans  n'ante;  Baudouin  de  Se- 
bourg,  V.  347  :  Car  d* anter  ses  amis  vauH 
on  mieux  bien  souvent,  —  et  pour  le  dérivé 
antise,  les  vers  suivants  du  Trésor  amoureux , 
III,  222,  7  :  Signes  tant  qu*il  en  ait  Vantise, 
et  ib.,  188, 1648:  D* acquérir  honnourable  an- 
tise. Je  ne  pense  pas  que,  pour  la  forme  et 
le  sens,  aucune  des  différentes  étymologies 
proposées  avant  moi  présente  moins  de  diffî- 
fultés  que  celle  à^ambitare,  —  1)  hantise 
(l'anc.  langue  avait  en  outre  le  subst.  verbal 
Jiant), 

HAPPS,  demi-cercle  de  fer,  crampon,  du 
vba.  /tappd,  faucille;  de  hï  le  verbe  happei\ 
prendre,  saisir,  rafler,  angl.  hap.  Coi)endant, 
il  est  possible  que  le  verbe  happer  ne  soit 
qu'une  onomatopée.  —  Composé  happe- 
lou7'de,  pierre  fausse  qui  a  l'éclat  d'une  pierre 
précieuse,  ainsi  appelée  parco  qu'elle  happe, 
c.-à-d.  surprend  ou  trompe  une  personne 
lourde,  stupide,  qui  n'y  fait  pas  att^îiition  ;  cp. 
les  expressions  happe<hair ,  happe- foie, 
happe-lopin  ==  écorniflour,  et  surtout  attrape- 
loui'daud, 

HAPPELOURDE,  voy.  hapi}e. 

HAPPER,  voy.  happe. 

HAQUEITÉE,  cheval  de  taille  moyenne  ;  ce 
mot,  ainsi  que  le  v.  esp.  et  port,  facanea,  n. 
csp.  hacanea,  it.  acchinea,  chinea,  repré- 
sente l'angl.  hach-ney,  ou  néerl.  hakhe-nei, 
composé  de  hack,  hakke,  cheval,  et  do  net, 
=  anjrl.  nctg,  néerl.  negff,  nha.  nickel,  petit 
cheval,  bidet.  Ce  mot  germanique  hack  a 
aussi  donné  l'esp.  haca,  port,  faca,  vfr.  haque, 
bidet,  criquet.  Du  vfr.  haque  siQui  le  dimi- 
nutif vfr.  Jiaquet,  pic.  haguette,  petitejument; 
auj.  le  fr,  hoquet  signifie  une  espèce  de  char- 
rette. —  Les  dictionnaires  qui  ratlAcbent  ha- 
que au  L.  equus  commettent  indubitablement 
une  erreur. 

HAQUET,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  haquetier. 

HARANGUE, it.  aringa,  esp.,  \\ovi.  arenga, 
prov.  arengua  ;  le  masc,  it.  aringo  signifie 
le  lieu  où  se  fait  le  discours,  chaire,  tribune, 
puis  aussi  lieu  du  combat.  Du  subst.  vba. 
hring,  cercle,  assemblée,  théâtre,  tribunal, 
vient  d'abord  le  verbe  haranguer,  it.  arin- 
gare,  etc..  as.semblcr  du  monde  autour  de  soi, 
|x>ur  lui  adresser  la  parole  ;  puis  du  verbe 
procède  le  subst.  harangue  =  le  discx)urs 
même.  Pour  l'initiale  germanique  hr  dégagée 
en  har,  cp.  hanap  de  hnap,  canif  de  knif.  — 
L'ét.  angl.  hearing,  audience,  est  insoutenable. 


HARAS.  Pour  expliquer  l'origine  de  ce  mot, 
on  a  .sans  succès  mis  en  avant  le  vha.  haH, 
troupe,  armée  (nha.  heer),  de  même  le  lom- 
bard fara,  race.  Diez  préfère  l'arabe  fara^, 
cheval  (d'où  esp.  alfaras),  pris  dans  un  .sens 
collectif,  commele  prov.  mod.^o(=»:L.  equa) 
est  employé  p.  haras.  Cetto  étymologie  serait 
déci.sive,  dit-il.  si  l'on  trouvait  la  trace  d'une 
anc.  forme  fr.  faras  ou  d'un  mot  BL.  fara- 
Cium.  Cette  découverte  est  faite  ;  un  passage 
de  Bercheurc  porte  farat {voy.  Littré);  j'ajoute- 
rai que  (lodefroy  cito  plusieurs  cas  do  vfr.  fanU, 
faraiz  au  sens  de  amas,  troupeau).  —  .le  ne 
vois  cependant  pas  poui^iuoi  l'on  dédaigne 
l'étym.  tirée  du  L.  hara,  qui  signifiait  une 
petite  écurie  (pour  oies,  poules,  pon»)  :  ce 
mot  a  pu  s'étendre  au  local  où  l'on  retenait 
l'étalon  et  en  même  temjts  s'agrandir  par 
l'augmentatif  accitm;  je  m'en  tiendrai  donc  à 
Attî'a,  i»etit<î  étable,  d'où  Juiracewn,  étable  à 
étalons,  d'où  fr.  haras.  —  Dans  les  gloses 
d'Al.  Ncckam  et  d'Adam  du  Petit- Pont  (voy. 
ma  Lexicogr.  latine  du  xii"  et  xin*  siècles, 
pp.  105  et  122),  haras  est  la  traduction  de 
equitiion. 

HARASSER  (d'où  angl.  harass),  peut-être 
un  dérivé  du  vfr.  har,  baguette  d'osier,  fig. 
fouet,  cravache.  On  mobjecto  que  har  n'est 
qu'une  variété  orthographique  do  hart  et 
que  la  dentale  finale  aurait  reparu  dans  le 
dérivé  ;  cette  objection  est  en  effet  sérieuse, 
mais  il  resto  encore  à  voir  si  le  t  dans  hat'i 
n'est  pas  paragogique,  comme  dans  rempart 
et  autres.  S'il  faut  abandonner  har,  nous  nous 
bornerons  à  dériver  direct,  harasser  du  vfr. 
haricr,  lieriez',  fatiguer,  maltraiter,  agacer, 
importuner,  norm.  /mreret  angl. /<ar<?,  exciter, 
presser,  dér.  du  subst.  haire,  au  .sens  ancien  de 
jKîino.  tourment  (v.  c.  m  ).  —  Ou  bien  faut-il 
admettre  un  rapport  entre  harasser  et  le  vfr. 
harasse,  qui  signifiait  un  bouclier  couvrant 
tout  le  corps,  et  qui,  par  consét|ueat,  devait 
être  passablement  lourd  ?  Je  ne  le  pense  pas. 
R-appoitons  encore,  pour  mémoire,  l'opinion 
de  Nicot,  qui  déduisait  harasser  de  haras, 
«  auquel  l'es  talion  par  force  et  fréquentation 
de  saillir  les  juments  devient  desnué  de  force, 
estancé  et  allangoury  ».  —  Godefrey  cite  de 
nombreux  exemples  d'un  subst.  harace,  panier 
formé  de  cordes,  mais  je  doute  qu'il  soit  con- 
nexe avec  notre  verbe,  comme  on  le  présume 
dans  Rom.  VIIl,  453. 

HARAUDER,  voy.  haro. 

HARCELER,  vfr.  herceler;  d'après  Diez, 
dérivé  de  herce*,  auj.  herse  (v.  c.  m).  Il  allè- 
gue l'angl.  harrow,  qui  réunit  également  les 
significations  de  herser  et  de  tourmenter.  J'y 
verrais  plus  volontiers  une  dérivation  de  ha7'- 
celle,  vieux  mot  français  (évidemment  le  dimi- 
nutif de  fuir  ou  liart  (voy.  s.  harasser),  qui 
signifiait  une  petite  baguette  servant  à  faire 
aller  les  che%aux.  Pour  appuyer  mon  étymo- 
logie par  voie  d'analogie,  je  réunis  ici  les  dé- 
rivations suivantes  :  forme  hnr,  verbes  harer, 
harasser  r?),  forme  hart,  verbe  vfr.  hardier, 
irriter,  harceler;  —  forme  dimin.  harcelle, 
verbe  harceler;  trois  variétés  du  même  primi- 


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HAR 


266  — 


HAR 


tif  dégageant  tout  autant  de  verbes  à  forme 
variée,  mais  de  signification  semblable. 

1.  HARDE,  troupe  de  bêtes  fauves,  vfr, 
pic.  herde  ;  c'est  l'ail,  herde,  goth.  hairda, 
ags.  heard^  troupeau. 

2.  HARDE,  lien  pour  attacher  les  chiens  de 
chasse,  forme  féminine  de  hart,  corde.  —  D. 
harder,  attacher  les  chiens. 

HARDBAU,  voy.  hart. 

HARDES  =  bagage,  peut-être  le  subst. 
verbal  du  verbe  harder,  lier  (v.  harde  2), 
mais  on  peut  y  voir  aussi,  pour  autant  qu'il 
signifie  paquet,  une  simple  modification  de 
forme  du  mot  farde  (v.  c.  m.).  Pour  f  devenu 
A,  cp.  hors  do  fors.  On  trouve,  en  effet,  vfr. 
hardel  pour  fardeau, 

HARDI,  part,  du  verbe  ancien  hardir  (pour 
lequel  nous  disons  aujourd'luii  eiihirdir)  = 
prov.  ardir,  it.  ardire.  Ce  verbe  représente 
le  vha.  hartjan,  rendre  dur,  fortifier,  aguer- 
rir (radical  hart^  dur).  Bien  qu'en  esp.  ardido, 
brûlant  (de  arder,  brûler),  coïncide  avec 
l'adj.  ardidOf  hardi,  ce  deniier  n'a  rien  à  faire 
avec  le  L.  ardere.  Quant  à  Tétymologie  tirée 
du  gr.  xapoix,  cœur,  c'est  une  in.signe  bévue. 
—  D.  hardiesse  =  prov.  ardideza  (en  vfr.  on 
avait  le  subst.  hardement,  =  prov.  arditnen, 
it.  ardimento);  \erhe  enhardir,  — En  picard, 
ladv.  hardiment  équivaut  à  beaucoup,  fort, 
tout  comme  le  vha.  harto,  —  Du  même  radi- 
cal germanique  viennent  sans  doute  aussi  les 
termes  hardeau  et  hardelle^  =  jeune  garçon 
et  jeune  u  garsette  »»,  que  je  trouve  consignés 
dans  Nicot,  et  encore  d'usage  en  picard. 

HAREM,  mot  arabe,  litt.  cho.so  sacrée,  ac- 
cessible à  certaines  personnes  seulement. 

HARENG,  prov.  arenc,  du  vha.  harinc,  ags. 
haering^  nha.  hàmnq^  angl.  herrinq.  Une 
connexité  radicale  entre  ces  mots  germaniques 
et  le  L.  haleCf  saumure  (rac.  gr.  âl^,  sel), 
n'est  pas  admise  par  les  germanistes  mo- 
dernes. 

HARGNER",  fâcher,  harceler;  en  picard  = 
injurier,  .se  moquer.  Diez  rapproche  hargner 
du  vha.  harmjau,  ags.  hearmjan,  injurier, 
blesser.  On  pourrait  aussi  le  placer  dans  la 
même  famille  que  les  verbes  harer,  harasser 
et  harceler.  Pour  la  forme,  voy.  ce  que  nous 
avons  dit  à^l'article  épargner,  La  série  des 
formes  serait  :  hariner,  harinier,  haringm\ 
harigne7\  hargner,  modifications  littérales 
qui  n'ont  rien  que  do  très  ordinaire.  —  D. 
hargne,  déplaisir,  chagrin  (effet  de  l'action 
h/irgner),  aiïc.  aussi  querelle;  adi.  hargneux, 
qui  aime  à  taquiner,  à  chagriner;  chagrin, 
querelleur.  L'étymologie  L.  hcrniosus,  -=^ 
qui  a  une  hernie  (elle  date  déjà  de  Nicot), 
est  ridicule  ;  on  rencontre  bien  le  subst.  vfr. 
hargne  dans  le  sens  du  L.  hemia  (Godefroy 
ne  le  connaît  pas),  mais  ce  n'est  qu'un  homo- 
nyme de  hargne,  chagrin.  On  peut  avoir  une 
hernie  sans  être  hargneux  le  moins  du  monde  ! 
Dans  «  chien  hargneux  *•,  l'adj.  pourrait  être 
une  altération  de  hugneuoo,  qui  vient  du  verbe 
hagner  (dial.  rouchi),  mordre,  dont  on  ne 
connaît  pas  l'origine. 

1.  HARICOT  de  mouton  (en  vfr.  hericot; 


Palsgrave  :  «  hotchpotch  of  many  raeates, 
haricot  «).  Ce  mot  représente,  selon  Génin, 
une  variété  du  fém.  vfr.  hafigote,  herlignte, 
=  morceau,  pièce,  lambeau,  d'où  hafigoter, 
harigoler,  déchirer,  dépiécer.  Le  spirituel 
philologue  nous  fait  voir  par  des  recettes  cuh- 
naires  qui  remontent  au  xiv"  siècle  comme 
quoi  le  haricot  de  mouton  a  toujours  été  en- 
visagé comme  un  ragoût,  dans  lequel  le  mou- 
ton est  coupé  menu  en  beaucoup  de  morceaux. 
Quant  à  l'origine  de  hdligote,  il  la  trouve 
dans  le  L.  aliquot,  exprimant  pluralité.  Diez, 
plus  prudent,  s'abstient  d'assigner  un  primi- 
tif au  mot  haligote,  et  se  borne  à  citer  l'angl. 
harl,  fibre  et  vha.  harluf,  licium.  Quoi  qu'il 
en  soit,  l'idée  de  menu,  inhérente  au  mot  ^a- 
ricot,  ressort  clairement  du  vieux  verbe  ^ari- 
cotê",  employé  au  figuré  pour  spéculer  mes- 
quinement, et  du  tenne  haricoteitr,  pic.  hari- 
cotie7\  marchand  de  détail.  Cp.  le  wall. 
h<dcoter,  barguigner,  chipoter. 

2.  HARICOT,  plante  légumineuso.  D'ori- 
gine incertaine.  Amusons-nous  un  instant  à 
voir  le  docte  Ménage  se  débarrasser  de  la  diffi- 
culté. Le  mot  vient,  selon  lui,  de  faba,  fève  : 
«  faba,  fabarius,  fabaricus,  fabaricotus,  fari- 
cotus,  haricotus  ».  Malheureusement,  il  a 
négligé  de  nous  montrer  sur  la  carte  une 
seule  dôs  diverses  étapes  de  la  longue  route 
qui  conduit  de  faba  à  haricot.  Voici  mainte- 
nant l'avis  beaucoup  plus  ingénieux  de  feu 
M.  Génin  :  Haricot,  mot  qui  ne  fait  concur- 
rence à  fh:e  que  depuis  le  xvii«  siècle,  est  le 
même  mot,  avec  une  acception  détournée,  que 
haricot  rr=  ragoût  de  mouton  (voy.  l'art. 
préc).  •»  L'aspect  d'un  plat  de  haricots  rapi^e- 
lant  à  la  vue  un  plat  de  ces  petits  ijiorceaux 
de  mouton  mis  en  ragoût,  quelqu'un  se  sera 
avisé  de  transporter  au  légume  le  nom  du 
plat  de  viande.  Ces  ironies  ne  sont  pas  incon- 
nues dans  le  vocabulaire  gastronomique,  où 
une  croûte  de  pain  frottée  d'ail  s'«appelle  un 
chapon  «. 

HARIDELLE,  mauvais  cheval  maigre,  fig. 
et  par  mépris  =  femme  grande,  sèche  et 
maigre.  Comparez  angl.  harridan,  wall, 
harott,  rouchi  arow/r,  norm.  harin ,  harousse, 
m.  s.  N'y  aurait-il  pas  ici  encore  au  fond  le 
har  du  verbe  harer,  aiguillonner,  frapp)er  du 
fouet  ?  Haridelle  serait  une  rosse  que  l'on  ne 
fait  marcher  qu'à  coups  de  bâton.  On  a  aussi 
pensé,  mais  à  tort,  je  crois,  au  L.  aHdella, 
dérivé  imaginaire  de  aridus,  sec. 

HARLEQUIN,  voy.  arlequin. 

HARMALE,  it.  armora,  nom  de  plante,  en 
botanique  pcganum  harmala,  du  gr.  âpiixlx. 
De  là  le  ternie  de  chimie  harmaline. 

HARMONIE,  L.  harmoma  (xpfiovlx).  —  D. 
harmcniieux,  harmonique,  L.  harmonicus 
(de  là  l'instrument  dit  h&9*monica);  harmo- 
nier,  -iser,  -iste;  opp.  disharmonie,  aussi 
désharmonie  (Michelet). 

HARNACHER,  prov.  arne$car,arnassar,  dér. 
du  vfr.  harnas,  voy.  l'art,  suiv.  —  Q^s.enhar- 
nacher,  déharnach^r, 

HARNAIS,  HARNOIS,  vfr.  harnas,  p.  Jiar- 
nasc,  it.  arnese,  esp.,  port.,  prov.  amw. C'est 


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IIAR 


—  267  — 


IIAS 


la  racine  cymr.  haiarn.  îrl,  iaran,  fer,  jointe 
au  suffixe  roman  iscus  ou  pyxsis.  Ou  bien  est- 
il  préférable  d*admcttre  que  le  mot  cymr. 
/uiimmaes^  attirail  de  fer,  ferraille,  ait  d'abord 
donné  Tangl.  harness,  d'où  seraient  prove- 
nues les  formes  romanes?  Notez  que  harnais 
signifiait  dans  le  principe  armure,  attirail  do 
guerre.  On  dit  encore  «  endosser  le  harnois, 
vieillir  sous  le  harnois  «.  Le  mha.  harnasch, 
ail.  mod.  harnisch  =  cuirasse,  est  d'impor- 
tation romane.  —  D.  harnacher  (v.  c.  m.). 

HARO,  aussi  hare,  angl.  harrow,  interjec- 
tion; «crier  haro  «.D'après  Diez,  duvha.  hera 
ou  hara.  aussi  harot,  saxon  herod^  signifiant 
ici  î  L.  hue  !  La  forme  herod  donne  l'explica- 
tion du  verbe  fr.  haroder,  haraiider.  L'an- 
cienne explication  par  ha  Roii  !  (Rollon,  duc 
de  Normandie),  bien  qu'elle  date  du  xiv*  siè- 
cle, est  de  pure  fantaisie. 

HARPAGON,  avare,  du  personnage  ainsi 
nommé  dans  la  comédie  do  Molière  intitulée 
l'Avare.  Molière  avait  puisé  ce  nom,  qui  vient 
du  grec  «|57râjîiv  ravir,  piller,  dans  la' comédie 
latine. 

1.  HARPE,  instrument  de  musique,  BL. 
A«rpa,it.,  esp.,  prov.  arpa.  Du  nord,  harpa, 
ags.  harpe,  vba.  harpha,  ail.  mod.  harfc, 
VénanceFortunat  mentionne  la  harpe  cojnme 
un  instrument  particulièrement  cultivé  par 
les  Germains.  Diez  est  d'avis  que  c'est  la 
forme  crochue  de  l'instrument  qui  a  déterminé 
l'acception  griffe,  crochet,  propre  également 
au  mot  harpe  (voy.  l'art,  suiv.).  Les  A  aspirées 
trahis.<ont  selon  lui  une  provenance  germa- 
nique ;  le  grec  a/sîi*?  aurait,  suppose-r-il,  donné 
simplement  arpe.  Je  pense  que  le  célèbre  lin- 
guiste use  ici  d'un  peu  trop  de  subtilité,  d'au- 
tant plus  quelefr.  pré.sente  phis  d'un  exemple 
où  l'A  aspirée  est  ajoutée  sans  raison  étymo- 
logique, soit  par  l'influence  germanique  ou 
par  assimilation  à  quelque  homonyme.  —  I). 
harpiste,  harper  ;  jouer  de  la  harix». 

2.  HARPE,  croc,  griffe;  esp.,  prov.  arpa, 
m.  s.  Du  grec  upTtrit  croc;  ou  bien,  ce  qui 
pourrait  lever  les  difficultés  opposées  par  Diez 
à  une  disjonction  étymologique  de  harpe, 
instrument,  et  de  harpe,  griffe,  crochet  fvoy. 
l'art,  préc.),  du  vha.  hrepan,  par  transposi- 
tion Tierpen,  saisir,  accrocher,  qui  nous  parait 
également  être  au  fond  du  nom  de  l'instru- 
ment musical  ;  cp.  le  bavarois  hàrpfen,  grim- 
per. —  D.  Jiarper;  harpailler;  harpeau, 
grappin;  harpin,  harpon, 

HARPEAU,  voy.  l'art,  préc. 

HARPÊ6E,  voy.  arpège. 

HARPER,  voy.  harpe  1  et  2. 

HARPIE,  L.  harputa  (xaitulx). 

HARPIQNER  (SE),  s'attaquer,  se  prendre 
au  collet,  formé  de  harpin,  à  la  façon  de 
éparpner,  trépigner,  égratigmr.  On  dit  aussi 
harpiiler,  harpailler, 

HARPIN,  voy.  harpe  2.  —  D.  harpigner 
(v.  c.  m.). 

HARPON  (angl.  harpoon,  néerl.  harpoene, 
ail.  harpune),  augmentatif  de  harpe  2.  — D. 
harponner, 

HART,  corde;  forme  fém.  harde  (v.  c.  m.). 


D'origine  inconnue  ;  on  peut  supposer  que  le 
d  ou  t  est  paragogique  comme  dans  bard, 
homard,  etc.  (voy.  pi.  h.  sous  harasser)  et  que 
le  mot  signifie  primordialement  baguette 
d'osier,  souple  et  pliante,  servant  de  lion  ^cp. 
en  ail.  wiêde,  lien,  de  locide,  saule).  —  D. 
hardeaii,  petite  corde,  aussi  vaurien  (qui  mé- 
rite la  hart). 

HASARD,  it.  azsardo,  prov.,  esp.,  port. 
asar  (en  esp.  et  port.,  le  mot  signifie  coup 
malheureux),  cat.  atsar,  entreprise  hasar- 
deuse. Notons  d'aTïord  ((ue  le  vfr.  hasart  si- 
gnifiait pr.  un  jeu  do  dés,  puis  coup  de  dés 
N  geter  hasart  »),  enfin  chose  futile  (ainsi  dans 
la  phrase  «»  ne  valent  pas  un  hasart  »»),  L'éty- 
mologie  de  ce  vocable  a  beaucoup  torturé  les 
linguistes  sérieux  autant  que  les  amateurs. 
On  a  proposé  tour  à  tour  :  1®  le  latin  as,  au 
sens  d'unité  au  jeu  de  dés,  mais  la  consonne  s, 
qui  parait  être  un  élément  organique  du  mot 
roman,  y  fait  obstacle;  2.  l'arabe  darr,  dom- 
mage, mais  il  n'y  a  là  ni  rapport  de  sens,  ni 
concordance  littérale  ;  3.  l'hébraïque  zarah, 
nécessité,  situation  critique;  mais  ce  primitif 
aurait  donné  une  forme  féminine,  telle  que 
l'it.  sara;  4.  l'arabe  ja*ara,  jouer  aux  dés, 
jasar,  partie  de  dés  ;  la  consonne  arabe  s  per- 
mute en  effet  avec  le  z  roman,  mais  comment 
expliquer  l'aphérèse  de  l'initialej  t  —  Ajou- 
tons à  ces  conjectures  hasardeuses  la  suivante 
d'un  homme  sérieux,  mais  qui,  à  force  de  la 
démontrer,  lui  enlève  toute  probabilité  :  ha- 
sard, selon  Biihmer  (Jahrb.  f.  rom.  Phil.,  X, 
190),  provient  d'un  type  latin /àt>oranwm  par 
les  évolutions  suivantes  :  hauriar,  haryar, 
harzar,  harsar,  hasar,  hazar.  C'est  bien  là 
fatiguer  les  mots  et  soi-même  en  pure  perte. 
Diez  n'ose  pas  se  prononcer;  il  est  porté  à 
croire  cependant  que  le  d  final  est  parasite, 
comme  dans  homard,  blafard  et  autres;  que 
la  forme  it.  azzardo  vient  du  français  et  que 
le  véritable  mot  italien  est  l'ano.  zaro,  auj. 
5^ara,  jeu  delà  chance,  risque,  danger  (d'après 
Diez,  coup  de  trois  as).  —  Raynouard  rattache 
le  mot  au  suéd.  asar,  plur.  de  as,  dieu  ;  le 
hasard  équivaudrait  à  «  les  dieux,  le  destin»». 
Cela  n'est  pas  plus  probable  que  les  autres 
moyens  proposés.  —  Génin  fournit  des  preuves 
constatant  ({wehasard  signifiait  primitivement 
le  coup  de  six  au  jeu  de  dés,  le  point  qui  fait 
gagner;  Jean  de  Garlande  (xi® siècle)  :  Senio, 
-onis,  dicitur  numerus  senarius,  gallice  ha- 
sard. On  trouve  effectivement  souvent  dans 
l'ancienne  langue  **  geter  hasart  » .  Dans  la 
suite,  ridée  d'incertitude  aurait  effacé  le  sens 
primitif,  et  Ton  aurait  fini  par  pei*sonnifier  le 
hasard,  la  chance  fortuite  et  par  en  faire  en 
quelque  sorte  lesynon.de  destin.  —  Littré  fa- 
vorise l'opinion  de  Guillaume  de  Tyr,  contem- 
porain des  croisades,  à  savoir  que  le  jeu  de 
dés  'sens  primordial  du  mot)  fut  trouvé  pen- 
dant le  siège  d'un  château  de  Syrie  nommé 
Hasart  et  qu'il  prit  le  nom  de  cette  localité. 
—  Pour  compléter  l'historique  des  tentatives 
étymologiques  faites  sur  hasard  et  avant  de 
clore  par  celle  qui  paraît  être  destinée  à  ter- 
miner le  débat,  nous  donnerons  encore  accueil 


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IIAT 


—  268  — 


IIAV 


à  une  ingénieuse,  mais  tout  aussi  aventureuse 
supposition  de  Langensicpen.  La  voici  :  La 
préposition  ad,  avec  1'*  adverbial,  aurait  pro- 
duit l'adv.  roman  ads,  prov.  az.  De  cet  (uh 
(imaginaire)  procéderait  un  verbe  ads-are, 
prov.  asar  (comme  ab-atts,  =-  L.  ab-ante, 
fr.  avant,  a  produit  le  verbe  abans-are,  =fr. 
avaucer),  avec  le  sens  du  L.  accedere,  venir, 
tombera,  échoir.  Les  subst.  azar,  esp.,  port, 
et  prov.,  et  le  cat.  atjsar  no  seraient  donc 
autre  chose  que  cet  infinitif  adsare  au  sons 
d'échoir  (en  bien  ou  en  mal).  Comparez  les 
substantifs  plaisir,  ioisir,  qui  ne  sont  non 
plus  que  des  infinitifs.  Le  français  ajouta  à 
asar  un  r/  |)aragogique,  et  de  asard,  hasard, 
hazard,  Fit.  fit  assardo,  —  Les  conjectures 
n'ont  pas  fait  défaut,  comme  on  voit;  il  fout 
savoir  gré  à  Mahn  d'avoir  mis  un  terme  à 
cette  incertitude  par  une  étymologie,  sinon 
certaine,  du  moins  tout  à  fait  plausible.  Le 
mot  vient,  d'après  lui,  du  mot  arabe  sehâr, 
contracté  <;<tr,  signifiant  dé;  combiné  avec  l'art. 
al,  il  est  devenu  assahar  et  assar  ;  de  là  les 
formes  esp.,  port.,  prov.  et  franc.,  tandis  que 
la  forme  it.  zaro,  sara  reproduit  le  même 
subst.  .«sans  article.  —  L'A  initiale  est  parasite 
et  n'était  pas  aspirée  dans  le  principe,  comme 
l'a  fort  bien  démontré  M.  Génin.  —  D.  ha- 
sarder, hasardeux. 

HASE,  femelle  du  lièvre,  du  vha.  hasô,  liè- 
\Te,  ail.  mod.  liose,  ags. /mra,  angl.,  dan., 
suéd.  hare. 

HAST,  dans  «  arme  d'hast  »•,  \'fr.,  prov.  ast, 
forme  masc.  du  L.  hasta. 

1 .  HASTS,  lance,  L.  hasta, 

2.  HASTE,  broche  et  ses  dérivés  hûtier, 
hâteitr,  etc..  sont  bien,  à  l'avis  de  Bugge 
(Rom.,  IV,  359),  issus  du  lat.  hasta,  mais  en 
subissant  l'influence  de  l'ail,  harst,  ustensile 
seiTant  à  faire  rôtir,  gril,  mais  non  précisé- 
ment broclic.  Ce  mot  se  disait  au.s.si,  comme  le 
fr.  haste,  d'une  piè<-e  de  viande  rôtie,  d'une 
tranche  do  porc  rôti. 

HATE,  haste',  mot  germanique  :  v.  frison 
hast,  novd.  hastr,  ail.  hast.  —  D.  ycvhehtiter, 
adj.  htit9f(\wo\'.  astiu). 

HATELET.  dim.  de  haste,  lance  ou  broche. 
—  l).  hàielettes. 

HATEREAU,  tranche  de  foie  de  porc,  poi- 
vrée, salée  et  grillée,  de  haste,  bi-oche.  —  Il 
faut  séparer,  je  pense,  le  vfr.  haterel,  chignon, 
nuque,  que  Diez  rapporte  au  iiiha.  halsadci', 
m.  s.,  d'où  halstci'-el,  haltcrel,  haterel,  — 
Bugge  fRom.,  IV,  300),  |mis  plus  que  Grand- 
gagnage.v®/<afrCTî7cou),  ne  distingue  dé  notre 
mot  le  vfr.  haterel,  cou.  nuque,  chignon.  Le 
mot  aurait  d'abord  signifié  col  de  veau  ou  de 
porc  et  fini  par  s'appliquer  au  cou  ou  à 
l'échinc  de  l'homme.  Cela  ne  m'est  nullement 
démontré;  je  ne  puis  entrevoir  de  œnnexité 
entre  les  deux  termes;  pourquoi  pour  l'un 
régulièrement  hastei-rl,  pour  l'autre  hat(*rel  f 

HATEUR,  oflicier  de  cuisine  charjré  des 
viandes  qui  sont  à  la  broche,  de  haste,  broche 
<v.  c.  m./. 


HATIER,  de  ha^,  broche. 
HATIF,  voy.  hâte.  — D.  hâtircté,  hâtimm, 
HAUBAN,  anc  hobent,  du  nord,  iiofvâ- 
Imud,  ciirdage  princifial,  ou  plutôt  du  fiam. 
hobapit  p.  hoofdbant.  C'est  de  même  le  néeii. 
raabaml,  cordage  de  vergue,  qui  a  donné  le 
fr.  ralmn.  —  D.  haitbaner. 

HAUBERT,  cotte  de  mailles,  vfr.  haîbcrc, 
hauberc,  prov.  ansberc,  it.  osbert/o,  xisbenjo, 
BL.  halsberf/a;  du  vlia.  halsberc,  m.  s,,  litt. 
pièce  d  armure  jirotégeant  le  cou.  Le  sens  du 
mot  s'est,  avec  le  temjxs,  élargi  ;  de  même  l'ail. 
holler,  \n\  collerette,  a  signifié  dans  la  suite 
une  es|)èce  de  cuirasse  ou  de  veste  sans  man- 
ches. —  De  l'anc.  forme  hauberc  vient  le 
dim.  Tiauberf/co» .  —  Wackemagel  et  Bonckc 
voyaient  dans  halberc  un  type  germ.  al-heix 
=  qui  cache  tout  ;  mais  les  formes  it.  et  prov. 
sont  contraires  à  cette  origine. 
HAUSSE-BEC,  voy.  hausser. 
HAUSSER,  vfr.  haucier,  hnuccr,  it.  ahare, 
esj).  alzar,  prov.  alsar,  ausar;  d'un  type  latin 
altiare,  fonné  de  altus,  haut.  —  D.  haiissf 
(d'où  l'adj.  haussier);  rehausser;  voy.  aussi 
exaucei*.  —  Cps.  hausse-bec',  mouvement (jiii 
consiste  à  hausser  le  bec  en  signe  de  dédain, 
de  là  le  verbe  haussebecquer,  railler;  haussr- 
col. 

HAUSSI£RE  ou  aussière,  aussi  hansièrc, 
cordage  à  trois  torons;  n'a  prob.  rien  à  fciire 
avec  hausser.  L'angl.  dit  hatcser,  mais  ce  mot 
est  emprunté  du  fr  ;  l'étymologie  est  le  ni.  ot 
ail.  hais,  qui  signifie  cou  et,  eu  t.  de  marino, 
câble. 

HAUT,  vfr.  hait,  ait.  Vh  est  une  ajoute 
faite  sans  doute  sous  l'influence  do.  l'ail,  hoch. 
Du  L.  altus.  —  D.  hauteur;  hautesse,  jadis 
=  grandeur,  élévation;  hautain  (voy.  aussi 
altier).  Le  terme  altesse  est  tin^  direc»tcmont 
de  rit.  altezza. 

HAUTBOIS,  pr.  instniment  en  bois  qui  va 
haut,  ou  dont  le  ton  est  fort  clair.  Lïtalicii  en 
a  fait  obne,  l'ail,  hoboe,  l'angl.  hautboy.  — 
D.  hautboïste  (dérivation  in'égulièix»}. 

HAYE,  d'après  Diez,  de  l'ags.  hasva,  nilia. 
heswe,  desséché,  pâle.  —  Fôrster 'Zts<»hr.  V. 
97)  iiéprnuve  cette  étymologie,  et  pour  le  sens, 
et  pour  la  lettre.  L'anc.  français  ne  pixMcnto 
jamais  hasve,  mais  toujours  hâve.  De  plus, 
cet  adjectif  était  primitivement  un  teiToe 
technique  du  jeu  des  échecs,  synonyme  de  uiat, 
d'où  se  sont  produites  les  acceptions  actuelles. 
De  l'adjectif  hâve  vient  le  verbe  havcr  = 
faire  mat  et  hâve.  —  Le  mot ,  selon  Fr.  Michel 
(Romande  la  Rose,  I,  p.  2?  1), serait  le  L.  hare 
(bon  jour!  salut!) 

HAVENEAU,  HAVEHET,  nom  d'un  yietit 
filet  formant  une  espèce  de  poche  conique, 
ouverte  par  un  cercle  sur  lequel  il  est  tmns- 
filé.  C'est  un  mot  Scandinave;  un  filet  de 
mémo  forme  se  dit  en  norois  hâfr,  nor\'.  hawr, 
suéd.  hâf,  i)atoisdc  l 'Angleterre  sept  cntr.Aofl/. 

HAVERON,  avoine  sauvage,  du  vha.  haltaiv, 
ail.  mod.  hafer,  habci\  angl.  harer;  Diez 
projwse  aussi  une  contraction  de  nreurrun 
(folle  avoine),  dér.  de  L.  areiia. 


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IIEL 


—  269 


1I£R 


HAYET,  crochet(outil  des  ardoisici's),  ainsi 
que  haveau,  aiic.  haoel  (outil  des  sdunicis), 
di'rive  du  vfr.  hrf,  crochet,  d'où  aussi  vfr. 
havef\  tirer  à  soi  au  moyeu  d'un  crochet. 
Voy.  Fœrster,  dans  Groher,  Ztsclir. ,  VI,  111. 
Le  pluriel  h  es  (crochets)  que  j'ai  i^elevé  dans 
mon  01ossaii*e  do  Froissai!  en  le  rapportant 
à  un  sing.  conjectural  fiec  ^=  ail.  hahc\  est  on 
i"éalit6  le  plur.  do  hef  (il  se  trouve  aussi  dans 
Ph.  Mousket,  19592). 

HAVIR,  dessécher;  selon  Diez,  du  vha. 
heian,  brûler,  avec  insertion  de  r.  Le  verbe 
ne  parait  pas  avant  le  xvi«  siècle  ;  on  ne  le 
voit  jamais  avec  un  *  radical  ou  un  circon- 
flexe, ce  qui  fait  écarter  l'ags.  /nisva,  dessé- 
ché, mentionné  sous  /làve, 

HAVRE,  vfr.  tiàoenc,  Iiavle,  habic,  BL. 
hahidum,  haula,  direct,  de  Tags.  hàffen, 
nord,  hôfn,  dan.  haii,  m.  s.  L'ail,  dit  hafm, 
l'angl.  haven.  Pour  la  fonnation  du  mot.  cp. 
ordre  de  ordetie. 

HAVRE-SAC,  de  l'ail,  habersack,  sac  à 
avoine,  puis  sac  à  pix)visious. 

HEAiniE,  vfr.  /lealmCf  elnie,  Juaiune,  it., 
|K»it.  eimo,  csp.  yelmo,  prov.  elm;  du  vha. 
/icltn,  nord,  hiaîmr,  goth.  hiims^  m.  s.  Cp. 
(iuiltaumc  do  l'ail.  MHlhdm,  Voy.  aussi 
armet . 

HEBDOMADAIRE,  dôr.  du  L.  hebihmas, 
•wiis  (gr.  Mofixi),  semaine. 

HÉBERGER,  anc.  herbcrffn\  voy.  auMerf/c, 

HÉBÉTSR,  du  L.  hebctare  \de  hcbes, 
émoussé». 

HÉBRAÏQUE,  du  L.  hebraiciis.  —  D.  hé- 
braiser  La  forme  hébreu  vient  du  L.  /lebrœiuf 
=  hebreiis,  cp.  yfi\JH(ieii,  de Jad^eits. 

HiiCATOMBE^gr.  i/âC7o>6^,  s;icriHco  de  cent 
victimes. 

HECTARE  =»  cent  ares,  du  sub.st.  arc  et  du 
gVQC  UuTôv,  cent.  De  la  même  manière  :  bec- 
toiitre,  hcctostùrCt  hecUmuHre,  hectof/ramme. 

HECTIQUE,  terme  .savant  pour  etique  (v. 
c.  m.'. 

HEIDUQUE,  bohème  hayduh;  forme  slave 
du  v.  hongi-ois  hadjv,  fantassin. 

HEQf,  hein,  interjection  répondant  ix)ur  le 
seiLs  et  le  son  au  L.  hem. 

HÉLAS,  prov.  ailas,  angl.  alas,  it.  ahi 
hisso,  de  l'interjection  hé  et  do  l'adj.  la^  (L. 
lussns)^  anc.  =  malheureux. 

HELER,  appeler  de  loin,  de  l'angl.  hait  y 
pr.  saluer;  Kiliaen  donne  au  flam.  hiwten 
aii.*<si  le  sens  d'appeler. 

HÉLICE,  gr.  s7t;,  :>(/»;,  m.  s.  (de  Uîfïuv, 
riMiler  on  spirale). 

HfiLIOTROPE,  litt.  tourne-sol  (do  y;/!'.,-,  so- 
leil, et  TOîTTîcv,  tourner). 

HELLENE,  gr.  sàïijv,  habitant  de  la  Helladc, 
j>iiis  Grec  en  génénd.  —  D.  hellénique, 
/trl/t'uisie. 

HELLEQUIN,  anc.  feu  follet,  du  néerl.  hel- 
lehen,  dim.  do  lœlle  (ail.  hOlîe),  enfer.  Ce 
mot,  ayant  pris  une  acception  personnelle,  a 
Ibumi  le  nom  it.  Alichino,  employé  par  Dante 
p<iiir  un  des  démons  do  la  fosse  des  baraticri. 
Do  là  le  sens  :  chevalier  de  l'enfer,  fantôme 
armé. 


HEMATITE,  L.  hœmatites,àvL  gr.  at,a«T<T»î« 
(de  «ta»,  sang). 

HÉMI-,  élément  initial  de  composés;  c'est  le 
grec  ï5«i-,  équivalent  littéral  du  L.semi,  demi. 
Los  principaux  composés  sont  :  Hkmicyci.e, 
i7>i/.û/./i9v,  demi-cercle  (xû/io;, cercle);  —  Hk- 

MISPHÈKK,    ïî>i7va:,ciov,      dcmi-boulo     {i^rlpr, 

boule,  globe);  — Hkmi.sticiik,»;>i7t(x9;,  demi- 
vers 

HÉMORRHAOIE,  gr.  «ia^^j^xy^x,  éruption 
do  sang  (at>5e,  sang,  /iïfyvjut,  rompre). 

HÉMORRHOÏDES,  gr.  aifiopi'ii;  (plur.  -:^s;), 
flux  de  sang  (at/xv,  sang,  et  piuv,  couler;. 

HÉMOSTATIQUE,  gr.  «c.aoTrxri/o;,  propre 
à  arrêter  le  sang,  de  at.ux,  sang,  +  ^rartitoi, 
qui  arrête  (cît>j/xi,  iTA-w). 

HENNIR,  du  L.Ai>intVé;,  m.  s. 

HÉPATIQUE,  gr.  r,7Txrw6i  (de  r,7txp,  foie). 

HÉPATITE,  inflammation  du  foie,  gr.  vj^rx- 

HEPTAMÉRON,  titra  d'un  célèbre  ouvrage, 
composé  de  parties  distribuées  en  sept  jour- 
nées (îîrrà  Y,*Atf,xi).  Cp.  lodécaméron  do  Bocacc. 
Ces  mots  ne  sont  pas  trop  correctement  for- 
més.^ 

HÉRAUT,  herait\  it.  araldo,  e.sp.  haraldo, 
hera/do,  angl.  herald,  ail.  ïierold,  iK)rt. 
arautOf  esp.,  |X)rt.  aus.si  faraute;  du  BL.  ha- 
rakius,  heraidus.  Peut-être,  remanjuc  Diez. 
d'un  composé  vha.  harioxoalt  =  officier  d'ar- 
mée. On  trouve  co  mot  germanique  aussi 
employé  comme  nom  propre,  sous  les  formes  : 
Chariovaldus,  saxon  Hariolt,  nord.  Haraldr, 
N'y  aurait-il  pas  au  fond  la  racine  har,  du 
vha.  haren,  crier,  appeler,  racine  congénèro 
avec  le  sanscrit  har,  crier,  appeler,  et  qui  se 
retrouve  dans  le  gr.  x^îsm-,  héraut.  La  termi- 
naison al  dus,  aut  ne  i>eut  guère  faire  difl!i- 
culte.  —  Du  BL.  heraklus  on  a  formé  l'adj. 
héraldique, 

HERBE,  L.  herba,  —  D.  herbacé,  L.  her- 
baceus;  herbciie,  herbage,  hevbeuj:  (L.  her- 
bosusj;  herbu;  liei'bier  (L.  herbarium;;  verbe 
herber,  exposer  sur  Thorbe;  hc7'bivnrci  formé 
d'après  Carnivore),  =  herbam  vorans  ;  herbo- 
riste, herboriser,  mots  de  fantaisie,  ri'éés  pro- 
bablement par  assimilation  à  arborisie  et  arbo- 
riser,  qui  sont  moins  arbitrairement  formés, 
et  aussi  d'introduction  plus  ancienne. 

HERBORISER.  -ISTS,  voy.  herbe, 

1 .  HÈRE,'  mot  de  date  peu  ancienne  ;  d'après 
Diez,  de  l'ail,  herr  ou  néerl.  heer,  monsieur, 
seigneur.  Pourquoi  pas  aussi  bien  du  L.  /lerusf 
La  solution  de  cette  question  dépend  du  mi- 
lieu dans  lequel  l'exprossion  jmuvre  hère  a 
pris  naissance.  Forster  (Ztschr.,  III,  262)  se 
demande  si  le  mot,  dans  cet  emploi,  ne  repré- 
sente pas  le  vfr.  hère  (fém.),  figure,  mine. 

2.  HÈRE,  terme  de  vénerie,  le  j<nino  cerf 
qui  commence  à  pousser  ses  premiers  bois, 
I*Ist-ce  une  expression  métaphorique  se  ratta- 
chant au  mot  préc?  ou  y  aurait-il  1&  le  même 
radical  qui  a  donné  vha:  hiru:  (ail.  mod. 
hirsch),  ags.  heorut^  angl.  hart,  ni.  Iiert^ 
cerf? 

HÉRÉDITÉ,  vfr.  hérité,  hiretc,  du  L.  hère 


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IIER 


—  270  — 


HEU 


dttas  Chères);  héréditaire,  L.  hereditarius, 
primitif  aussi  du  fr.  héritier. 

HÉRÉSIE,  francisation  de  L.  hœresis  = 
gr.  atpsci,-,  pr.  choix,  option,  puis  la  doctrine 
pour  laquelle  on  se  déclare,  la  secte  à  laquelle 
on  s'adonne.  —  D.  hérétique^  L.  hœreticus, 
gr.  oip-rivôit  sectateur. 

HÉRIGOTÉ,  voy.  <?7«^o/. 

HÉRISSER,  voy.  le  mot  suiv. 

HÉRISSON,  vfi  .aussi  he7'içopi,eriçon,iriçon. 
wall.  iresoii,  ureson,  it.  riccio,  esp.  erizo, 
port,  ericio^oiiriço,  rouclii  hirchon/hurchon, 
angl.  urchon;  prov.  crisson  ;  dér.  du  L.  eW- 
cius^  m.  s.  —  Du  même  primitif  vient  aussi 
le  verbe  hérisser ,  it.  aiTicciarCf  esp.  erizar, 
port,  ouriçar,  prov.  erissar.  On  donne  le  nom 
de  hérissonne  à  une  espèce  de  chenille  velue, 
dont  le  poil  forme  des  houppes. 

HÉRITER,  vfr.  eritei\  ireter,  it.  ereditare, 
eredare,  redare,  esp.  heredar,  port,  herdar^ 
prov.  herctar;  quelques-unes  de  ces  formes 
accusent  pour  type  le  L.  hereditare,  d'autres 
le  BL,  heredare.  —  D.  herilé\  hir(ié\  L.  he- 
reditas;  héritance,  héritage;  cps.  déshéritet\ 

HÉRITIER,  voy.  hérédité. 

HERMÉTIQUE,  qui  a  rapport  à  la  science 
du  grand  œuvre,  de  Hermès  Trismét/iste, 
philosophe  égyptien.  La  chimie  s'appelle  aussi 
la  science  hermétique  ;  on  nomnie  sceau  her- 
métique une  manière  chimique  de  boucher  les 
vai.^seaux,  quiempèclie  que  les  esprits  les  plus 
subtils  ne  puissent  s*exhaler  ;  de  là  l'expression 
hermétiquement  scellé  ou  fermé. 

HERMINE,  vfr.  «?rm^,er?Mt»6,  prov.  ermini^ 
it.  armellino,  ermellino,  esp.  arniinOf  du  L. 
armenius.  La  peau  d*hermine  était  originai- 
rement tirée  de  l'Arménie,  vfr.  Ermeiiic. 
C'est  la  fourrure  qui  a  donné  le  nom  à  la  bête, 
car  celle-ci  n'est  pas  du  tout  arménienne 
d'origine.  —  D.  hermincr. 

HERMITE,  voy.  ei^mite. 

HERNIE,  vfr.  Iieryne,  hargne,  du  L.  her- 
nia,  m.  s. 

HÉRON,  vfr.  haircni,\)vo\.aigron,'\t.a(fhi' 
rone,  esp.  airon;  du  vha.  heigir,  heigro,  v. 
flam.  heigher,  m.  s.  Voy.  aussi  aigrette, 

HÉROS,  L.  héros  (npwi),  fém.  héroïne,  L. 
heroina  (yfpcatvïj).  —  D.  héroïque,  L.  heroicus 
(r.praivoc);  subst.  héroïsme, 

1 .  HERFE,  ancien  terme  d'art  militaire  ■=^ 
herse,  du  L.  hirpivem  Cpar  apocope  du  suf- 
fixe;. 

2.  HERPE,  griffe  d'un  chien,  variété  de 
harpe  2. 

HERPES,  matières  rejetées  par  la  mer,  pr. 
choses  herpées  ou  hatyces,  ramassées  au 
moyen  de  la  harpe, 

HERQUE,  râteau  de  fer  des  charbonniers,  de 
l'ail,  harhc,  m.  s. 

HERSE,  anc.  Jierce,  hierche,  BL.  hercia  ;  du 
L.  hijpex,  gén.  hirpicis,  m.  s.  Cette  étymo- 
logie  est  cdrrecte,  et  corroborée  par  l'it.  cr. 
pice,  et  i)ar  la  forme  hcrpc  et  hiiye,  anc. 
terme  d'art  militaire  équivalent  de  herse,  et  le 
n.  prov.  erpi  =  herse.  Le  synonyme  BL.  he- 
ricia  est  moulé  sur  le  mot  français  par  a.ssi- 
milation  au  L.  cr  ictus;  assimilation  naturelle, 


puisque  la  herse  est  hérissée  de  piquants. 
Besoherelle  reproduit  la  bévue  de  Morin, 
d'après  qui  hei*$e  vient  du  gr.  ipxic»,  barrière 
ou  clôture  dont  on  environne  une  maison  pour 
la  fortifier.  Il  est  certain  que  les  paysans  ont 
eu  le  nom  et  la  chose  avant  que  les  ingénieurs 
aient  songé  à  garnir  les  portas  des  villes  de 
grillages  à  pointas  de  fer.  —  D.  herser,  her- 
sillon  ;  voy.  aussi  harceler. 

HÉSITER,  L.  hœsitare  (îvéq.  de  hœrerc). 

HÉTÉRO-,  élément  initial  de  quelques  com- 
posés scientifiques;  du  gr.  irtpoi,  autre. 
Parmi  ces  composés  nous  citons  :  HéTKROCUTE, 
gr.  srîjBdx)iT05,  litt.  qui  se  décline  ou  fléchit 
(xÀlvv)  autrement  ;  hétérodoxk,  opp.  de  or- 
thodoxe, gr.  ivspooo^  f,  qui  est  d'une  opinion 
(ûoÇa)  différente;  hétérogène,  gr.  kTipo-/tw,i, 
qui  est  d'un  genre  (/fevo^)  différent. 

HÊTRE,  du  flam.  /ieeste7%  hester,  arbrisseau, 
bas-ail.  hester,  jeune  hêtre,  ail.  heister,  jeune 
arbre  de  bosquet.  Le  mot,  spécialisant  son 
acception,  a  fini  par  supplanter  en  roman  les 
anciennes  dénominations  du  hêtre,  fau,  fou 
(L.  fagus),  fouteau,  —  Ménage  voyait  dans 
haitre,  variété  orthographique  p.  hêtre,  une 
contraction  d'un  type  fictif  fagaster;  bien 
que  les  Kspagnols  disent  fiaya,  p.  fagtis  ou 
plutôt  pour  faf/ca,je  crois  devoir  rejeter  cette 
dtU'ivation,  puisque  la  latinité  du  moyen  âge 
ne  fournit  aucune  trace  d'une  forme  fagaster 
ou  fagistcr. 

HEUR.  Malgré  toute  l'apparence  de  vérité 
que  donnaient  à  l'étymologie  usuelle  {Jiora) 
l'usage  et  le  nom  de  Yhoroscope,  ce  vieux  mot 
masculin,  regretté  par  La  Bruyère  et  Voltaire 
et  conservé  dans  les  composés  bonïteur  et  mal- 
heur, n'a  rien  de  commun  avec  le  féminin 
heure.  Il  suffit  de  tenir  compte  des  anciennes 
formes  aitr,  eiir,  hciir,  pour  s'en  convaincre. 
Le  mot  correspond  au  prov.  auguri,  augur, 
agur,  esp.  agiiero,  port,  agouro,  it.  augurio, 
wall.  aweure,  et  reproduit  le  latin  augurium, 
présage,  auspices.  11  est  donc,  par  son  origine, 
synonyme  de  destin,  chance,  sort;  dans  le 
principe,  une  «  vox  média  »,  c.-à-d.  à  double 
sens;  l'équivoque  disparaissait  par  l'adjectif 
apposé  ;  toutefois,  l'adjectif  faisant  défaut,  le 
mot  était  pris  en  bonne  part.  Le  subst,  heur 
a  poussé  le  rejeton  heureux  (vfr.  eiireus)%  le 
.*iubst.  curté,  félicité,  a  disparu,  do  même  que 
le  verbe  a  m  Y/',  étirer,  ah^urer  «=;  it.,prov. 
ahiirar,  rendre  heureux  ;  que  vous  estes  ei'trée! 
disaient  les  anciens.  —  Mentionnons,  pour 
mémoire,  l'otymologie  L.  favar,  [jroposée  par 
B(ehmor. 

HEURE,  L.  hura.  Le  même  subst.  latin  a 
donné  aux  langues  romanes  un  grand  nombre 
d'adverbes,  ainsi  au  fr.  :or,  lors,  alors,  désor- 
mais, doràiavaut,  enctire  (voy.  ces  mots). 

HEUREUX,  voy.  hatr. 

HEURTER,  anc.  hurtcr,  prov.  urtar,  it. 
ttrtarc.  Bien  qu'on  retrouve  ce  verbe  dans  le 
mha.  hurten,  néerl.  hurten,  horteti,  angl. 
hurt,  hm'ile,  Diez  estime  que  ces  vocables 
germaniques  sont  d'importation  ix)mane,  puis- 
qu'ils font  défaut  dans  les  vieux  dialectes. 
Parmi  les  idiomes  celtiques,  le  cymrique  seul 


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IIID 


—  271  — 


MIS 


pourrait  fournir  un  primitif  :  c'est  le  subst. 
htordh,  bouc  et  heurt,  d'où  le  verbe  hyrdhu, 
hyrdhyo,  frapper,  heurter.  Pour  Nodier  heurt, 
comme  tant  d'autres  vocables  dont  l'origine 
lui  échappait,  n'était  qu'une  onomatopée,  ren- 
dant le  choc  de  deux  corps  dui^  qui  se  ren- 
contrent !  Il  faut  une  oreille  bien  fine  pour 
saisir  cette  onomatoi^éc.  —  L'étym.  proposée 
par  Langensiepcn,  L.  urr/itarc^  fréq.  de  iir- 
ycrCy  presser,  est  forcée  et  l'initiale  aspirée  ne 
serait  pas  motivée.  —  D.  heurt,  it.  urto. 
Com|X)sé  :  s'aheurter. 

HEUSE,  anc.  =  botte,  chaussure,  auj.  t. 
de  mécanique  =»  cylindre  de  bois  qui  joue 
dans  le  corps  d'une  pompe,  et  qu'on  nomme 
aussi  sabot;  c'est  le  même  mot  que  le  vfr. 
hose,  mentionné  sous  houseiiiix.  —  Le  sens  de 
piston  de  pompe  se  prête  d'ailleui^  aussi  à 
une  extraction  du  flamand  hoosen,  puiser 
(Kiliaen). 

HIATUS,  mot  latin,  signifiant  pr.  ouver- 
ture, bâillement,  puis,  comme  terme  de  gram- 
maire, rencontre  de  deux  voyelles,  sans  éli- 
sion  de  l'une  des  deux.  Cette  dénomination 
vient  de  ce  que,  pour  passer  de  Tune  à  l'autre, 
la  bouche  reste  ouverte. 

HIBOU, mot  imitatif  (cp.L.  ulula^nW.  uhu)\ 
en  vfr.  on  trouve  aussi  houpi.  —  L'origine 
onomatopéique  de  hibou  n'est  toutefois  pîis 
admise  i>ar  tout  le  monde;  Baist  ^Ztschr.,  V, 
236)  tient  le  mot  pour  celtique  et  l'identifie 
avtH*  irland.  seboec,  cambr.  hebouc;  cp.  en 
«•atalan  siboc  ==  hibou.  —  L'étym.  assignée  à 
hibou  par  Huet  est  assez  plaisante  :  hic  bubo; 
Ménage,  plus  foit  encore,  n'a  pas  même  be- 
soin du  hic;  bubo  lui  suffit  :  bubo,  bubus, 
vubuSy  hubus,  hybus,  hibns,  hibuvius,  Hi- 
BOi:  ! 

HIC,  dans  la  locution  ro//à  le  hic.  Ce  vo- 
cable hic  est  l'adverbe  latin  signifiant  ici;  la 
locution  française  reproduit  celle  du  latin  hic 
est,  sous-entendu  quiestio  (ou  autre  subst. 
analogue)  =  ci  git  la  question,  le  point  en 
discussion,  le  nœud  de  la  difficulté. 

HinE*,  HISDE',  mot  de  l'ancienne  langue 
signifiant  horreur,  et  dont  nous  est  resté  le 
dérivé  hideux.  On  a  pensé  que  hideux,  vfr. 
hisdeux,  hisdous ,  venait  du  L.  hispidosws, 
hérissé,  rude  (forme  que  présentent  quelques 
éditions  de  Catulle),  et  que  de  cet  adj.  se  se- 
rait dégagé  un  subst.  hisde,  hide.  Vu  pro- 
("étlé  semblable  ne  serait  pas  sans  exemple, 
mais  ce  qui  s'oppose  à  l'acceptation  définitive 
de  cette  étymologie,  c'est  qu'il  se  pourrait  que 
la  forme  hi(fe  fut  antérieure  à  hisde.  Peut- 
être  hide  (c'est  là  une  conjecture  de  Diez) 
émane-t-il  du  vlia.  e^jidi  «  horreur  ;  l'initiale 
h  devrait  dans  ce  cas  être  envisaîçée  comme 
adventice.  La  découverte  d'une  ancienne  forme 
h  ci  de  ou  hed4i  lèverait  tous  les  doutes  à  cet 
ôprard.  —  D'après  Schuchardt  (V'okalismus, 
II,  288).  hide  est  =  L.  yœda,  subst.  abstrait 
dr»  fœdus.  —  Les  écrivains  du  xvi'*  siècle  em- 
jjloyaient  encore  l'anc.  subst.  hideur;  Frois- 
.sart  emploie  eshider  p.  effrayer. 

HIDEUX,  donnant  (anc.  aussi  éprouvant)  de 
refTroi,  voy.  l'art,  prôc. 


HIE,  vfr.  ==  effort,  vigueur,  du  flam.  hijyh^n, 
l'cspirer  fortement,  cp.  ags.  hiye,  zèle,  verbe 
higan,  angl.  hie,  se  presser.  Ménage  cite  un 
verbe  picard  hinyuer,  s'efforcer  ;  c'est  un  cor- 
respondant nasalisé  du  flam.  hijghen.  —  Le 
subst.  hie  moderne,  nom  d'un  instrument 
servant  à  enfoncer  des  pavés  ou  des  pilotis 
(appelé  aussi  demoiselle,  mouton),  répond  au 
lioll.  hci,  et  le  verbe  hier  au  hoU.  Iieijen.  Diez 
pense  que  hcijen  n'est  qu'une  variété  littérale 
de  hijghen  et  que  la  hie  tire  son  nom  de  l'ef- 
fort que  demande  le  maniement  de  cet  in- 
strument. Ce  qui  corrobore  cette  opinion, 
c'est  qu'on  appelle  hiement  aussi  le  bruit  (les 
soupirs)  que  fait  une  machine  en  élevant  un 
fardeau  et  celui  que  cause  un  effort  violent 
dans  un  a.ssemblago  de  pièces  de  bois. 

HIJiBLE,  prov.  evol,  it.  ebbio,  du  L.  ebu- 
îum. 

1.  HIER,  adverbe,  vfr.  her,  er,  ter,  prov. 
hcr^  it.  ie7n,  esp.  ayer,  du  L.  heri, 

2.  HIER,  verbe,  voy.  hic, 

mÈRAROfllE,  gr.  itpxojcix,  autorité  souve- 
raine en  matière  religieuse  ;  le  chef  de  l'ordre 
hiérarchique  s'appelait  iipipyyn,  grand  prê- 
tre, litt.  le  saint  régent  (do  Upd;,  sacré,  et 
ipyivj,  dominer).  Le  mot  moderne  a  pris  le 
sens  de  «  ordre  des  degrés  qui  existent  dans 
l'état  ecclésiastique  entre  le  premier  pontife 
(le  pape)  et  le  simple  tonsuré  »,  puis  celui  de 
«  filière  administrative  »*  en  général.  —  D. 
hie  rare! dquc. 

HIÉROGLYPHE,  gr.  «.çoy^û^jo;.  pr.  carac- 
tère symb()li/|ue  (ts^o;,  sacré,  et  ylOy stv,  graver  ». 

HILARITÉ,  L.  hilaritas  (de  hikiris,  gai). 

HIPPO-,  élément  initial  do  quelques  com- 
posés grecs  re(;us  dans  le  dictioimaire  fran- 
çais; du  subst.  cûTTo;,  clieval.  Parmi  ces  com- 
posés, nouscitons  :  HIPPODROMK,gr.  imzoSpôfJLOÇ, 
lieu  destiné  aux  courses  de  chevaux  (é,oo/A^, 
cour^se)  :  hippogriffe  [hippogrypJie)^  =  che- 
val griffon  (y.oûf ,  L.  gryphus),  monstre  fabu- 
leux célébré  par  l'Arioste;  .hippopotame,  gr. 
iTrT-sTorxuoi,  cheval  de  rivière  (ffOT3c/*o;). 

HIRONDE,  vieux  mot,  remplacé  par  son 
diminutif  hirondelle,  du  L  hirwido,  it.  run- 
di)ie,  —  L'ancienne  langue  disait  aussi  aro;t^^, 
d'où  les  dirain.  arondean,  arondelle.,  aron- 
delet.  Ces  formes  se  retrouvent  encore  dans 
la  langue  des  arts  et  métiers,  et  dans  des 
noms  de  famille, 

HIRONDELLE,  voy.  l'art,  prôc. 

HISSER  (aussi  hinserj,  it.  issare,  esp.,  port. 
isar,  du  suéd.  hissa,  bas-ail.  hissen,  m.  s. 

HISTOIRE,  L.  historia  (iîr^pfa).  —  D.  histo- 
riette; historique,  L.  historiens;  historien; 
historial,  L.  historialis;  historiographe,  gr. 
i77'3pio /pkfo;.  Le  verbe  historier  s'employait 
anciennement,  I.  pour  décrire,  dépeindre; 
2.  pour  ornementor  un  livre,  manuscrit  ou 
imprimé,  par  des  figurines  tirées  du  sujet 
ou  de  Yhistoire  traités  dans  le  livre  (do 
là  lettrines  ou  vignettes  historiées).  Auj.  ce 
vei'bo  est  un  terme  do  peinture  qui  signifie 
observer  tout  cd  qui  regarde  l'iiistoiro  :  c'est 
ainsi  qu'on  dit  «  un  tableau  bien  historié  ». 
HISTRION.  L.  histrio. 


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HOC 


—  272 


HOM 


HIVER,  pix)v.  Jûvcrn,  du  L.  hihenuim  tem- 
juis.  —  D.  hircrnal;  hiverner,  L.  liibcrnarc. 

HOBEREAU,  HOBRSAU',  voy.  l'ut-t.  siiiv. 

HOBIN,  espèce  do  clieval  d'Kcosse  (de  là  l'it. 
itbi)w) ;  de  langl.  hobby,  qui  signifie  ù  la  foi.s 
une  espèce  de  jxîtits  chevaux  et  une  espèce 
de  petits  autours.  De  ce  primitif  hcMt/  déri- 
vent :  1 .  en  V.  angl.  subst.  hobe/vr  =  qui  monte 
un  hobfhf  (vov.  Ducange  v°  hobeflat-ii);  2.  en 
fr.  hobereau,  \\ci\t  gentilhomme,  et  i)etit  oi- 
sciui  de  proie.  Le  sens  gentilhomme  découle- 
t-il  de  celui  d'oiseau,  do  sorte  que  le  gentil- 
homme ainsi  nommé  serait  pr.  un  gentil- 
homme à  hobereau,  trop  pauvre  pour  tenir 
des  faucons?  Je  n'ose  rien  affirmer  à  ce  sujet; 
toujoui*s  est-il  que  l'esp.  tcu/arote,  comme  l'a 
fait  remarquer  Dicz,  signifie  do  mémo  petit 
faucon  et  petit  gentilhomme.  —  Richelet 
avait  la  singulière  idée  que  hobereau  était 
une  mauvaise  orthographe  jwur  hautbeî'eau, 
et  qu'il  vient  de  haut  ba*  =  haut  baron.  C'est 
faire  d'un  petit  gentilhomme  un  jiair  du 
n>yaumc;  mais  poui-quoi  ne  le  ferait-on  pas 
(juand  il  sagit  de  se  donner  la  satisfaction 
(lavoir  trouvé  une  étymologie?  —  .l'ai  repro- 
duit, pour  rétynjologie  do  hobcrrou,  en  tant 
que  nom  d'oiseau,  1  opinion  de  Diez;  c«jx;n- 
dnnt,  elle  laisse  quelques  doutes.  D'abord,  la 
signification  autour  prêtée  à  l'angl.  httbbi/ 
est-cUo  bien  établie?  Puis  n'est-il  pas  tout 
aussi  possible  que  ce  hobby  soit  tiré  du  vfr. 
hube,  oiseau  de  chasse,  qui  mo  semble  être  le 
j)rimitif  le  plus  naturel  du  vfr.  hobcl,  et  de 
hobereau;  le  rapprochement  du  mot  fr.  au- 
brier  et  des  analogues  prov.  et  it.  que  nous 
avons  cités  à  l'occasion  de  ce  mot,  ne  poite- 
t-il  pas  plutôt  à  admettre  iK)ur  hobe  un  type 
aiba,  et  pour  hoba'cav  uik  type  albareUius, 
d'où  aubcreau,  haubereau,  hobereau  f  — 
Quant  à  hobin  et  à  son  primitif  angl.  hobby, 
on  peut  en  rapi)rocher  le  frison  et  suéd.  hojtpa, 
dan.  hoppe,  signifiant  également  une  espèce 
de  cheval. 

HOC,  sorte  de  jeu  de  cartes;  du  L.  hoc, 
cela,  c'est  cela. 

HOCHE,  entaille;  on  y  a  vu  une  forme  wal- 
lonne p.  coche  fcp.  wall.  haver  =  L.  cathare, 
hoche  =  cosse),  ou  bien  le  subst.  d'un  verbe 
hocher  (pic.  ahoquei),  . accix>cher,  et  l'équi- 
valent de  coup  do  crocliet  (radical  BL.  hoccus, 
crochet,  =  flam.  hoek),  ou  enfin  le  .««ubst.  du 
L.  occare,  hei'ser,  donc  pr.  =  entaille  par 
l'effet  de  la  hei-sc.  Aucune  de  ses  conjectures 
n'est  soutenable,  l'ancienne  forme  étant  oschc, 
verbe  oschier  (l'asjiiration  est  sunenue  i)lus 
tard). —  Un  dialecte  provençal  offrant  auscar, 
Forster  iZtschr.,  V,  î)8)  propose  Tét.  L.  abse- 
carc,  étymologie  |)honétiqucment  correcte. 

1.  HOCHER,  faire  une  entaille,  voy.  l'art, 
préc. 

2.  HOCHER,  secouer,  branler;  de  la  même 
famille  que  le  flam.  hotsm,  hutseu,  wall. 
hossi  (Diez).  D'après  Forster  (Zt.*ichr.,  V,  90), 
hochei*  aurait  pour  sens  primordial  «  .saisir  et 
attirer  un  objet  fixé  ou  suspendu  moyennant 
un  hoc  (crochet),  jKir  quoi  il  est  mis  en  mou- 
vement « .  Cette  explication  est  iku  plausible  ; 


si  hocher  venait  de  hoc,  il  signifierait  plutôt 
accrocher  que  chercher  à.  décrocher  ;  en  effet, 
le  picard  dit  hoquer,  ahoquer  p.  accrocher. 

—  D'autre  part,  l'existence  du  picard  hoquc 
ta;  secouer,  faire  des  mouvements  saccadés, 
jette  du  doute  sur  la  manière  de  voir  de  Dicz. 

—  D. //ocAcf,  jouet  d'enfants;  hocheur,  espèce 
de  singe.  ComiK)sés  :  hochequeue;  hochepied  ; 
hochepot  (flam.  hutspot,  caro  jussulenta.  wall. 
hosepot),  ragoût  ainsi  nommé  parce  qu'il  faut 
parfois  hocher  le  pot,  de  peur  que  la  viande 
no  brûle;  l'angl.  a  estropié  le  mot  en  hodgc- 
podge,  hotch'potch, 

1 .  HOCHET,  jouet,  voy.  l'art,  préc. 

2.  HOCHET,  sorte  de  bêche  usitée  pour  les 
terrains  légers,  de  L.  occare,  herser. 

HOOMER,  anc.  hoigner,  hotigner,  gromme- 
ler, grogner;  Diez  rapproche  ce  verbe  des 
équivalents  ail.  hummcn,  angl.  hum,  et  sup- 
pose comme  origine  immédiate  une  forme 
vha.  humjan  ou  nord,  humja. 

HOIR,  vfr.  aussi  hoir,  du  L.  hercs,  héri- 
tier. —  D.  hoirie;  dt'S-hch'ence. 

HOLOCAUSTE,  gr.  ôio/aviTrov,  Utt.  =  entiè- 
rement brûlé;  .sacrifice  où  l'on  brùlo  la  vic- 
time tout  entière,  puis  la  victime  même. 

HOMARD  (le  d  est  parasite),  du  .suéd  ,  dan., 
ail.,  ni.  h umtmT  (de  même  famille  avec  gr. 
f.xtxv.yp^i  lat.  cammants). 

HOMBRE,  jeu  de  cartes  dont  le  nom  et 
l'usage  viennent  d'ivspagne;  Vhombre  en  esp., 
signifie  V homme;  c'est  donc  litt.  lo  jeu  de 
l'homme. 

HOMÉLIE,  du  gr.  éaiÀîa,  pr.  réunion;  pour 
la  filiation  des  .sens,  cp.  harangue,  et  L. 
coucio,  assemblée  et  discours.  —  D.  homilé- 
tique,  gr.  ôuilvt'tf.i/i,  s.-e.  rïx'j^,. 

HOBUiOPATHIE,  néologisme,  forgé  avec  les 
éléments  grecs  iwito;,  égal,  et  Ttk^oi,  affection 
maladive.  On  voulait,  au  moyen  de  cette  com- 
binaison, rendre  l'idée  :  traitement  patholo- 
gique d'après  le  principe  •  similia  similibus 
eurantur  -.  Le  terme  forme  opposition  à  ailo- 
pathie  \iXi os,  aviivo). 

HOMICIDE,  1.  adj.,  du  L.  homicida,  tueur 
d'hommt-,  2.  subst.,  du  L.  homicidium, 
meurtre. 

HOMMAGE,  it.  omaggio,  esp.  homctmgc, 
prov.  homemttge,  BL.  homiuaiicum,  dérivé 
du  L.  hominem,  homme,  dans  son  acception 
féodale  «  homme-lige,  va.ssal.  L'hommage  est 
pr.  l'engagement  pris  i>ar  le  vassal  a  l'égard 
du  seigneur,  puis  =  soumission,  resjiect,  en- 
fin =»  don  rcs|)ectueux.  —  D.adj.  hommager, 
qui  doit  l'honmiage. 

HOMME, it.  uouio, esp. humbrcyde hom'uem, 
conmw  fembrada  frm'na),  port,  hometn,  prov. 
vfr.  hom  ;  du  L.  homn,  -inis,  —  D.  homtnagc 
(V.  c.  m.),  hommasse,  hommelet,  homyneau 
(La  Fontaine).  —  Voy.  aussi  on, 

HOMO-,  clément  initial  de  certains  termes 
comjïosés  savants;  c'est  le  grec  ô,«oî,  sem- 
blable, égal,  commun.  Parmi  les  termes  les 
plus  usuels  nous  citons  : 

Ho.MtHifcNK,  gr.  s/Aoytvrii,  do  même  nature 

—  D.  homof/thivitc, 

HoMouKiL'E,  gr.  «/AS > 0/5 5,  concordant,  con- 


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HOR 


273 


HOU 


forme,  analogue.  —  D.  homologuer^  déclarer 
confonne. 

Homonyme,  gr.  éfiitwfioi,  qui  porte  le  même 
nom.  —  D.  homonymie. 

HONGRE,  cheval  coupé,  ainsi  appelé  de  ce 
que  les  Hongrois  châtraient  les  chevaux 
qu'ils  allaient  vendre  à  l'étranger.  —  D.  hon- 
grer.       ^ 

HONNETE,  L.  honestits,  —  D.  honnêteté 
(cette  forme  répond  à  un  type  BL.  honestitatem^ 
tandis  que  Fane,  mot  Aone^/^  reproduit  le  clas- 
sique honestatem), 

HONNEUR,  vfr.  honour,  cnor,  du  L.  hono- 
rem.  —  D.  honoraire,  L.  honorarius  [honora- 
rium  =  don  gratuit;  aujourd'hui,  le  mot 
n'est  plus  qu'un  euphémisme  pour  salaire)  ; 
hono7'er,  L.  honorare  ;  honorifique,  L.  hono- 
rificus  ;  opp.  déshonneur. 

HONNIR,  it.  onire,  prov.  aunire,  déshono- 
rer du  goth.  haunjan,  humilier,  faire  honte, 
vha.  hônjan,  nha.  hôhnen.  De  là  le  subst. 
participial  fém.  it.  onfa,  prov. aiitofp.  aunta), 
fr.  HONTE,  correspondants  du  vha.  honida, 
V.  saxon  honda,  déshonneur.  Anciennement, 
/<o/i/iir  prenait  aussi  le  sens  physique  de  souil- 
ler, tacher. 

HONORER,  voy.  honneur.  —  D.  honorable; 
déshonorer. 

HONTE,  voy.  honnir. — D.  honteux ;éhonté. 

HOPITAL,  mot  de  la  couche  savante,  du  L. 
hospitale  (hospes,  -itis).  Le  même  primitif  la- 
tin a  donné,  selon  les  règles  usuelles,  la 
forme  hostel,  auj.  liôtel.  —  D.  hospitalier, 
hospitalité. 

HOQUE,  aussi  hoche,  huque,  anc.  =  petite 
casaque  que  l'on  portait  au-dessus  de  l'ar- 
mure; du  moy.  néerl.  hoicke,  frison  hohke, 
manteau.  —  On  rattache  ordinaireipent  à 
lioqiie,  comme  en  étant  le  diminutif,  le  mot 
hoqueton  (v.  c.  m.),  mais  les  analogues  des 
autres  langues  obligent  à  lui  assigner  une 
autre  origine  ;  toujours  se  peut-il  que  son  or- 
thographe ait  été  influencée  par  le  mot  hoque. 

HOQUET,  onomatopée;  cp.  angl.  hickup 
et  (sous  l'influence  de  cough,  toux)  hiccough, 
wall.  hikett,  bret.  hok,  hik.  —  L'origine 
onomatopéique  de  hoquet  pourrait  bien  n'être 
qu'apparente;  le  mot  ne  serait-il  pas  plutôt 
le  subst.  de  hoqueter,  secouer,  saccader  (voy. 
hocher  2)  ?  Quel  que  soit  le  primitif  de  ce 
dernier,  il  serait  difficile  de  séparer  hoquet  au 
sens  de  «  choc,  heurt,  diflSculté,  chicane  »  du 
primitif  ^ oc,  croc,  crochet;  cp,  le  sens  méta- 
phorique du  fr.  accroc.  —  D.  hoqueter,  avoir 
le  hoquet. 

HOQUETON,  vfr.  auqueton;  voy.  coton  et 
hoque. 

HORAIRE,  L.  horarius  (hora). 

HORDE,  it.orc/a.all.  Aorcfe,  albanais /lorÉ//, 
iiisse  orrfa,  etc.  ;  mot  d'importation  asiatique. 
Dozy  indique  le  turc  ordoe,  camp. 

HORION,  coup  nidement  frappé  ;  cp.  lorr. 
horié,  fustiger,  pic.  horniotc,  petit  coup, 
norm.  horgne,  coup  de  poing.  Diez  riteChev. 
au  Cygne,  v.  1 189  :  sy  l'en  donrai  ou  chief 
un  si  grant  horion.  —  D'origine  inconnue. 


Ménage  expliquait  le  mot  par  oreillon!  On 
trouve,  en  effet,  en  vfr.  (Gaydon,  p.  244), 
orillon  =  coup  de  poing.  —  Chevaliet  range 
le  mot  sous  la  famille  heurter.  C'est  singu- 
lièrement heurter  contre  tous  les  principes  de 
phonétique. 

HORIZON,  L.  horison,  -ontis,  du  gr. 
é;5(Jwv,  =  qui  forme  la  limite  (opoi).  —  D.  ho- 
risontal. 

HORLOGE,  L.  horologium  («poio/i^v,  indi- 
cateur de  l'heure).  —  D.  horloger. 

HORMIS  p.  hors  mis,  préposition  partici- 
piale, synonyme  de  excepté.  L'expression 
hofmis  moi  répond  verbalement  k  L,  me 
excepto. 

HOROSCOPE,  L.  horoscopium  (gr.  ùpo^xo- 
TTiiov,  examen  de  l'heure). 

HORREUR,  L.  Iwrror  (de  horrere,  pr.  se 
hérisser);  ^omô/e,  L.  horibilis;  horrifique, 
L.  horrificus. 

HORRIPILATION,  L.  honHptlatio,  litt.  hé- 
rissement du  poil. 

HORS,  autre  forme  de  fors  (v.  c.  m.).  Com- 
posé :  dehors 

HORTICOLE,  -CULTEUR,  -CULTURE,  mots 
faits  du  L.  hortus,  jardin,  sur  le  patron  de 
agricole,  -cuUeur,  -culture. 

HOSPICE,  L.  hospitium,  hospitalité. 

HOSPITALIER,  -ALITÉ,  voy.  hôpital. 

HOSTIE,  vfr.  oiste,  du  L.  hostia,  victime. 
L'acception  antique  de  victime  était  encore 
vivace  du  temps  de  Corneille  et  de  La  Fontaine. 
De  là  s'est  dégagé  le  sens  liturgique  d'offrande 
et  particulièrement  celui  de  pain  eucharis- 
tique. 

HOSTILE,  L.  hostilis  (liostis).  —  D.  hostù 
lité,  L.  hostilitas. 

HOTE,  it.  oste,  prov.  oste,  osde,  esp.  hues- 
ped,  port,  hospede,  valaque  oaspete;  du  L. 
/iospiïem,  accus,  de  hospes,  lequel,  comme 
le  fr.,  avait  déjà  le  double  sens  «  qui  donne 
ou  qui  reçoit  l'hospitalité  «.  —  Le  passage  de 
Cicéron,  De  Officiis,  1.  12:  «Hostis  apud  ma- 
jores nostros  is  dicebatur  quem  nunc  pere- 
grinum  dicimus  »,  pourrait  engager  à  poser 
hostis  comme  étymologie  du  fr.  hôte,  mais 
celle  que  nous  suivons  s'accorde  seule  avec 
toutes  les  formes  et  est  mieu^  recommandée 
aussi  par  le  sens. 

HÔTEL,  voy.  hôpUal.  —  D.  hôtelier,  hôtel- 
lerie, anc.  hosteler,  loger;  composé  hôtel- 
Dieu,  r:ii  hôpital,  parce  que  les  pauvres  y  sont 
reçus  pour  Dieu  (Nicot). 

HOTTE,  de  hi  même  famille  que  l'ail,  hotjse, 
berceau,  suisse  hutte,  hotte.  La  racine  indo- 
européenne hot,  cot,  est  au  fond  d'un  grand 
nombre  de  vocables  exprimant  des  choses  qui 
couvrent,  qui  protègent  ou  renferment. 

HOUACHE,  voy.  ouaiche. 

HOUBLON,  anc.  houhelon,  dimin.  du  BL. 
hupa.  Ce  dernier  répond  à  l'angl.  ou  néerl. 
hop,  ail.  hopfen.  La  forme  BL.  humulus, 
humulo,  humlo,  reproduit  le  flam.  hommcl 
((  p.  nord,  humall,  suéd.,  dan.  humle). 

HOUE,  wall.  havoe,  du  vha.  houwa.  ail. 
mod.  haue.  D'après  Forster  (Ztschr.,  V,  98), 

18 


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HOU 


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HOU 


du  vfr.  /toc,  crochet,  qui  serait  =5  vha.  haco, 
ags.  hoc,  et  qu'il  tient  aussi  pour  le  primitif 
de  hochet.  D'autre  part  (ib.  VI,  1 1 1)  il  dit  que 
le  thème  vha.  hàko  n'a  pas  laissé  de  trace 
dans  le  domaine  roman.  En  présence  de  cette 
fluctuation,  je  maintiens  l'ét.  que  j'ai  posée 
d'après  Diez.  —  D.honel  houau,  a\3J.hoyau; 
verbe  houer  =  vha.  houtcan. 

HOUHOU,  dans  l'expression  «  vieille  hou- 
hou  ».  Ce  mot,  traduit  dans  le  Dict.  des  trois 
langues  d'Oudin  par  vecchia  strega^  vieille 
sorcière,  est  évidemment  le  nom  d'un  animal, 
^o  Elles  sont  plus  noires  que  les  taupes,  phis 
laides  que  des  guenons,  plus  sottes  que  des 
houhous  n  ^Chapelain,  traduction  de  Guzman 
d'Alfarache).  Ne  serait-ce  pas  le  uhu  allemand, 
nom  imitatif  donné  au  hibou  ? 

HOUILLS,  BL.  etesp.  huila,  yroW.hoie.  On 
croit  ce  mot  originaire  du  pays  de  Liège; 
Tétymologie  en  est  encore  à  fixer.  En  wallon, 
je  remarque  fréquemment  la  correspondance 
non  seulement  de  h  et  se,  mais  celle  de  h  et 
ch  et  de  A  et  c  (Grandgagnage  ne  reconnaît 
la  dernière  que  pour  le  dialecte  do  Ver- 
viers)  ;  n'y  aùrait-il  donc  pas  lieu  de  supposer 
un  rapport  entre  le  germ.  col,  kul,  kohU, 
charbon,  et  le  mot  houille  f  Atzler,  de  son 
côté,  propose  l'ail,  scholle,  motte.  Cela  expli- 
querait l'expression  charbon  de  terre  en 
houille,  dans  un  texte  de  1664;  ce  serait  du 
charbon  en  blocs.  En  1 854  déjà,  feu  le  professeur 
Bormans  de  Liège  écrivait  ce  qui  suit  :  «  Au- 
jourd'hui je  suis  convaincu  qu'il  faut  rappor- 
ter houille  au  verbe  thiois  schillen  ou  scfi^l' 
len,  peler,  écaler,  écailler,  etc.,  dont  les 
dérivés  schol,  schel,  schil  et  schael  signifient 
écaille,  éclat,  motte  de  terre,  schiste,  ar- 
doise, etc.  La  dérivation  du  mot  houille 
(aussi  écrit  Iwule)  du  thiois  schol,  scholle, 
déjà  si  probable  quand  on  la  considère  en 
elle-même,  devient  évidente  par  la  comparai- 
son du  mot  haye,  ardoise,  en  ancien  wallon 
scaille,  en  namurois  scaie,  qui  se  rapporte  à 
schael,  »  A  l'appui  de  l'opinion  de  Bormans, 
je  mentionnerai  la  forme  angl.  secole  dans 
Palsgrave  (p.  260),  trad.  par  charbon  de 
terre.  —  D.  houiller,  -ère,  -eur, 

HOULE  de  la  mer,  esp.,  cat.  ola.  D'origine 
celtique;  cymr.  hœwal,  mouvement  de  l'eau, 
breton  houl,  vague.  .lal,  cependant,  et  d'après  « 
lui  Littré,  invoquent  le  holl.  holle  (lisez  hol), 
creux,  dan.  huul,  creux  (huulsee,  mer  hou- 
leuse).—  On  ix)ur rai t  citer  aussi  lewall.  holer, 
s'agiter,  se  remuer,  le  vfr.  holler,  changer 
continuellement  de  place,  et  houler,  pousser, 
exciter,  mais  ces  verbes  ne  s'accordent  guère 
avec  le  sens  de  creux.  —  Devic  suppose  une 
origine  orientale  et  invoque  le  terme  arabe 
haul,  terreur,  qui,  lié  avec  mer  (donc  «  ter- 
reur maritime  »)  signifie  mer  houleuse. 

HOULETTE,  bâton  du  berger,  aussi  usten- 
sile de  jardinage  pour  lever  de  terre  les  oi- 
gnons de  fleurs,  donc  pour  creuser.  J'avais 
toujours  considéré  ce  mot  comme  le  dim.  de 
hx)He,  donc  pour  fwuelette;  rien  ne  me  sem- 
blait s'opposer  à  cette  étymologie,  tellement 
simple»  que  je  m'étais  étonné  de  ne  pas  l'avoir 


rencontrée  parmi  celles  qui  ont  été  mises  en 
avant  par  mes  devanciers.  Cependant,  l'exis- 
tence d'un  L.  agolum,  interprété  par  Festus 
comme  houlette  de  pasteur,  m'oblige  à  don- 
ner la  préférence  à  ce  primitif  latin;  houlette 
représenterait  donc  un  type  agoletta^  d'où 
aolette,  ttoulette,  oulette,  houlette,  L'A  aspirée 
pourrait  être  envisagée  comme  l'effet  d'une 
assimilation  à  houe.  Ma  conjecture  a  été  fa- 
vorablement accueillie  par  Littré  et  Brachet  ; 
Diez  n'a  pas  traité  le  mot.  —  D'après  Jehan 
de  Brie,  Le  bon  berger  (xiv*  siècle),  le  mot 
vient  de  houler  (vfr.  =s  jeter),  parce  que  la 
houlette  sert  à  «  coper  et  jeter  la  terre  légère 
sur  les  brebis,  n  II  peut  avoir  bien  rencontré, 
mais  cela  reste  douteux.  —  L'anc.  langue  avait 
aussi  le  simple  houle. 

HOULQUE,  HOUQUE,  du  L.  holcus  {iUoi)» 
orge  sauvage. 

HOUPPE,  touffe,  flocon,  bouquet,  esp,  Ao/>o, 
queue  velue  des  animaux  ;  on  a  identifié  ce 
mot  avec  le  nom  d'oiseau  L.  upnpa,  fr.  huppe 
(on  sait  que  cet  oiseau  se  distingue  par  une 
tc^uffe  de  plumes  sur  la  tête),  mais  los  lois 
phonologiques  s'opposent  à  cette  étym.  ;  aussi 
faut-il  préférer  celle  de  Diez,  savoir  :  ni. 
happe,  houblon,  à  cause  de  la  forme  globu- 
laire et  écailleuse  de  cette  plante.  —  D.  houp- 
per,  houppier,  houppifère,  t.  d'hist.  naturelle. 

HOUPPÉfi.  élévation  de  la  vague,  peut-être 
du  flam.  hoppen,  angl.  Aop,  sauter;  Littré  le 
déduit  de  houppe,  l'écume  qui  couronne  la 
vague  étant  comparée  à  une  houppe. 

HOUPPELANDE.  Les  continuateurs  de  Du- 
cange,  après  avoir  cité  divers  documont-s  du 
xv"  siècle  où  se  rencontre  le  mot  hopelanda, 
ajoutent  :  «  Vocis  etymon  ab  Uplandia  pro- 
vincia  arcessit  Huetius,  quod  inde  crédit  alla- 
tas  fuisse  huppelandas.  Pelandas  eas  vocant 
Itali  (?)  1.  La  forme  bas-latine  oppellanda 
amène  Bugge  (Rom., III,  153)  à  poser  l'étymo- 
logie  suivante  :  L.  palla,  vêtement  long,  ncm 
ajusté  à  la  taille  ;  delà  le  verbe  factice  oppal- 
lare,  couvrir  d'une  palla,  d'où  oppaUanda 
(cp.,  comme  dérivation,  les  subst.  guirlande, 
offrande,  viande,  etc.).  LA  aspirée  ne  ferait 
pas  diflSculté,  mais  l'aspect  général  de  l'éty- 
mologie  inspire  quelque  méfiance.  Voy.  aussi 
Mussafia,  Beitrag  zur  Kunde  der  nord-ital. 
Mundarten,  p.  86,  à  propos  de  l'it.  pelanda 
(vêtement  ample). 

HOUR,  anc.  hourt,  claie,  retranchement, 
palissade,  hangar;  d'origine  germanique  : 
goth.  haurds,  porte,  ail.  hiirde,  hordes  flam. 
horde,  angl.  hurdle,  claie,  cloison  formée  de 
branches  entrelacées.  —  D.  hourder  (v.  c.  m.), 
maçonner  grossièrement  (dans  le  principe 
sans  doute  =  faire  un  clayonnage)  ;  hourder 
un  plancher,  en  faire  l'aire  avec  des  lattes  ; 
hourdis\  BL.hurdicium. 

HOURDER,  voy.  l'art,  préc.  ;  dans  l'accep- 
tion pourvoir  («  hourder  ses  hôtes  de  pré- 
sents »),  le  mot  vient,  d'après  Grandgagnage, 
du  mha.  horden,  entasser,  accumuler,  qui  dé. 
rive  du  subst.  hort,  amas,  provision,  trésor 
angl.  hoard.  Le  sens  premier  des  mots  ger' 
maniques  et  romans  est  enceindro,  entourer' 


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HU 


—  278 


HUG 


établir  une  ceinture  (pour  pi'ésorver)  ;  de  là 
découlent  les  autres  acceptions;  op.  munir  :=s 
poui'voir,  procédant  de  L.  tnunire,  pr.  con- 
struire (un  mur),  etc. 

HOURET,  mauvais  petit  cliien  de  chasse. 
Diez  rapproche  l'ags.  horadr^  maigre. 

HOURQUE»  vfr.  aussi  hulque,  houlqite,  es- 
pèce de  navire,  it.  urca,  orca,  esp.  urca.  On 
a  avancé  les  et.  gr.  iUki  «  navire  tiré  à  la 
remorque  « ,  lat.  orca,  «  sorte  de  baleine  »  (esp. 
îtrca);  Caix  tire  le  mot  du  vha.  holcho,  mha. 
holche,  anc.  angl.  et  néerl.  hulh  (qu'indi- 
quai^ déjà  Littré);  Baist,  enfîn,  rapproche 
aussi  gr.  vpyrn  espèce  de  vase. 

HOURYàJtl,  cri  de  chasse.  D'après  Dar- 
mesteter  (p.  320),  ce  cri  représente  ?iouI 
revaril  ce  qui,  en  langue  de  chasseurs,  équi- 
vaut à  «  hou  !  retournes-j  (sur  la  bête)  !  •• 

HOUSEÂU,  dimin.  du  vfr.  house,  hose, 
heuse^  it.  uosa,  v.  esp.  huesa,  BL.  hosa,  bro- 
dequin, bottine..  Du  vha.  hosa,  chausse,  bas, 
nba.  hose,  haut-de-chausses. 

HOUSPILLER  ;  le  radical  housp  est  mis  en 
rapport  par  Diez,  à  défaut  d'autres  données, 
avec  l'ags.  hi/span,  injurier.  Chevallet  ima- 
gine, comme  primitif,  un  composé  ags.  ut' 
spillen,  maltraiter  quelqu'un  en  le  tirant 
dehors  ;  cela  me  parait  très  hasardé.  En  pré- 
sence de  la  forme  normande  gouspiller  (d'où 
peut-être  houspiller  s'est  produit  comme  vfr. 
houpil  de  goupit),  je  préférerais  partir  d'un 
type  latin  cuspicula,  pointe,  aiguillon,  d'où 
gouspille  et  verbe  gouspiller  ;  la  valeur  éty- 
mologique serait  ainsi  analogue  à  celle  de 
harceler.  —  La  forme  la  plus  ancienne  du 
mot  étant  houcepigner,  d'où  houssepillsr, 
Littré  l'explique  par  pigner  (peigner)  ou  piller 
(saisir)  la  housse  (le  vêtement  de  dessus)  et 
iigurément,  battre,  secouer;  il  compare  la 
loc.  tomber  sur  le  casaquin  de  quelqu'un. 
Cette  manière  de  voir  sourit  assez  ;  cependant, 
le  houcepigner  du  Renart  pourrait  bien  être 
une  transformation  populaire,  d'autant  plus 
que  housse  =  vêtement  n'est  pas  constaté. 
Pour  bien  asseoir  une  étymologie,  il  faudrait 
d'abord  savoir  si  le  mot  avait  en  premier  lieu 
l'acception  physique  secouer,  tirailler,  ou 
Tacception  morale  faire  affront.  C'ast  à  cette 
dernière  que  parait  se  rattacher  le  subst. 
hoiispilloH,  que  nous  trouvons  défini  de  la 
sorte  dans  Bescherello  :  demi-verre  d'eau  que 
l'on  faisait  boire  à  celui  qui  avait  manqué  à 
«luelque  cérémonie  de  table.  Si  l'acception 
inoraie  avait  précédé,  la  conjecture  de  Diez 
mériterait  d'autant  plus  de  considération. 

HOUSSE,  BL.  hulcia,  hulcUum,  du  vha. 
/tuht,  m.  s.,  cp.  angl.  et  ni.  holster,  fourreau. 
Littré  cite  aussi  le  cymr.  hios,  couverture. 

HOUSSâIE,  HOUSSER,  voy^  houx, 

HOUSSINB,  voy.  houx.  —  D.  houssiner. 

HOUX  (p.  hols),  du  vha.  hulis,  ruscum, 
bas-all.  huUe,  flam.  Au/«f  (ags.  hoJegn^  angl. 
holiy).  —  D.  housser,  d'où  houssoir;  hous- 
shie  ;  hoiissaie;  Iwusson,  petit  houx. 

HOYAU,  voy.  houe. 

HU,  interjection,  servant    à   effrayer  les 


bêtes  dans  une  battue,  ainsi  qu'à  exprimer  le 
mépris.  De  là  (d'après  Diez)  le  verbe  huer^ 
crier  après  qqn.  Voy.  hucher,  —  Au  cri  hu 
se  rapportent  encore  les  subst.  huard,  nom 
d'oiseau,  huette,  hibou,  appelé  ainsi  d'après 
son  cri,  norm.  huant  (cp.  ail.  uhu)  et  huyau 
=  coucou. 

HUARD,  aigle  de  mer,  voy.  hu, 

HUOHB,  vfr.  huge,  angl.  hutch,  du  BL. 
hutica  (cp.  le  vfr.  nache  et  nage,  du  L.  wjh 
tica).  Quant  à  hutica,  il  se  rapporte  à  l'ail. 
hutte  sa  fr.  Aotte  (v.  c.  m.).  On  a  invoqué 
aussi  l'ags.  koùcat^  boite,  caisse,  mais  la 
lettre  ne  correspond  pas.  Les  faiseurs  de 
huches  ou  menuisiers  se  nommaient  au 
XIV*  siècle  des  huchiers,  et  la  menuiserie  était 
de  la  hucherie, 

BUCHER,  pic.  huquer,  wall.  hauhi,  prov. 
uchar,  ucar,  BL.  hucciare;  cp  moy.  néerl. 
huuCy  cymr.  htochic,  serbe  uha,  appeler  à 
haute  voix;  n'est  plus  guère  employé  que 
comme  terme  de  chasse.  Diez,  se  fondant  sur 
l'expression  analogue  harer  (v.  c.  m.),  le  rap- 
porte à  Tadv.  latin  hue,  ici,  pris  comme  ad- 
verbe d'appel.  Au  prov.  ucar  répond  un 
subst.  verbal  uc,  cri,  appel;  je  pense  avecÛa- 
chet  que  le  subst.  vfr.  Au  (avec  Vs  nominatival 
hus  p.  hues)  est  le  correspondant  de  ce  prov. 
uc.  Le  verbe  huer  me  semble  être  l'analogue 
fr.  du  prov.  ucar,  et  une  simple  variété  litté- 
rale de  hucher.  —  De  hucher  vient  le  subst 
huchet,  petit  cor  de  chasse. 

HUER.  voy.  hu  et  hucher.  —  D.  huée. 

HUETTE,  aussi  huet,  voy.  hu. 

HUGUENOT,  sobriquet  donné  aux  réformés 
en  France,  à  partir  de  1560.  On  prétend  qu'il 
a  été  appliqué  en  premier  lieu  à  Tours.  Les 
cox^jectures  sur  l'origine  de  ce  sobriquet  sont 
nombreuses.   En  voici,  pour  distraire  mon 
public,  une  quinzaine  :   1.  L'ail,  eidgenos- 
sen,  *=  confédérés  ;  non  seulement  la  forme 
s'y  refuse,  mais  le  sens.  Le  mot  ne  consti- 
tuerait pas  un  terme  d'injure    comme  les 
calvinistes  l'envisageaient  eux-mêmes,  et  de 
plus  il  ne  pourrait  s'appliquer  qu'aux  Suisses 
protestants,  (jui  cependant  n'ont  jamais  été 
nommés  ainsi.  —  2.  AU.  hug-genossen  = 
compagnons    de  cœur   ou  d'esprit   (v.    ail. 
hugi,  hug,  cœur,  esprit);  en  ce  qui  concerne 
l'idée,  cette  opinion   est  aussi  insoutenable 
que  la  précédente.  —  3.  La  porte  du  roi  Eu- 
gon  à  Tours,  comme  lieu  présumé  des  réu- 
nions de  protestants.  -^  4.  La  tour  du  roi  Hu' 
gon  à  Tours.  —  5.  De  Hugues  Capot,  ou  roi 
Hugon;  la  tradition  populaire  à  Tours  fait 
errer  la  nuit  l'esprit  du  roi  Hugon  ;  les  pro- 
testants, à  cause  de  leurs  assemblées  noc- 
turnes, auraient  de  là  été  nommés  Huguenots. 
—  6.  Du  même  roi  Hugues  Capet,  parce  que 
les  protestants  défendaient  les  droits  de  la 
ligue  capétienne  contre  les  Guises,  qui  se  fai- 
saient passer  pour  les  descendants  de  Char- 
lemagne.  —  7.  D'après  un  certain  Hugo,  hé- 
rétique du  temps  du   roi  Charles  VL  —  8. 
D'après  un  autre  Hugo,  rebelle  contre  l'auto- 
rité royale.  —  9.  D'après  une  petite  monnaie 
I   datant  du  temps  d'Hugues  Capet  et  appelée 


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HUM 


276  — 


HUP 


huguenot  ;  le  peuple  voulait  par  cette  expres- 
sion témoigner  le  prix  auquel  il  taxait  les 
sectateurs  de  Calvin.  —  10.  De  Huss,  ou 
plutôt  de  «  les  guenons  de  Huss  ».  —  11.  Du 
suisse  hens  (p.  gens)  ffuenaits  (guenaix)  ou 
hue  gueixaus.  —  12.  Du  flam.  heghenen, 
observer,  purifier,  donc  =  puritains.  — 
13.  Un  gentilhomme  allemand,  arrêté  par 
le  cardinal  de  Lorraine  et  interrogé  sur 
la  conspiration  d'Amboise,  aurait  commencé- 
sa  défense  par  les  mots  «  Hue  nos,  sere- 
nissime  princeps,  advenimus  »»,  puis  il  se 
serait  arrêté  tout  court.  —  14.  Du  L.  ut 
nos!  —  15.  De  Huc-nox,  monstre  engendré 
par  Csilvin  avec  un  incube.  —  Nous  avons 
produit  cette  liste  de  conjectures,  plus  invrai- 
semblables les  unes  que  les  autres,  dapi'ès 
Mabn.  Ce  savant  est  d'avis  que  huguenot  est 
un  diminutif  de  Hugues,  comme  Hiiet,  et  que 
le  mot,  en  tant  que  terme  do  dérision  ou 
d'injure,  se  rattache  à  quelque  hérétique  ou 
conspirateur  de  ce  nom.  —  En  effet,  un  texte 
du  xvi«  siècle,  rappelé  par  Litti-é,  mentionne 
comme  tel  un  Pascal  Huguenot  de  Saint  Ju- 
nien  en  Limousin,  docteur  en  décret  —  En 
présence  des  formes  populaires  ayant  cours 
dans  le  midi  de  la  France  ponr  huguenot, 
comme  alganau,  higanau,  iganau  (voy. 
Rom.,  XI,  414),  l'étyinoi.  eidgenossen  gagne 
beaucoup  de  crédit;  aussi  M.  Baudry  l'a  mise 
hors  de  doute  dans  sa,  notice  préliminaire  à  la 
i-eproduction  des  gravures  lûstoriques  de  Tor- 
torcl  et  Périssin. 

HUI,  adverbe,  prov.  huei,  hoi,  esp.  hoi/,  it. 
oggi,  du  L.  hodic  ;  ne  s  emploie  plus  que 
dans  la  phrase  au  jour  d*hui  (réunie  en  un 
mot). 

HUILE,  vfr.  oille,  angl.  oil,  du  L.  oleum. 
—  D.  huiler;  voy.  aussi  œillette. 

HUIS,  porte  (n'est  plus  guère  employé  que 
dans  la  locution  à  huis  clos),  it.  uscio,  prov. 
uis,  us,  du  L.  ostiitm,  —  D.  huissier,  pr. 
portier,  it.  usciere,  L.  ostiarius  (BL.  ustia- 
rius). 

HUISSIER,  voy.  huis,  —  D.  huisse^ne, 

HUIT,  du  L.  oeto  (cp.  nuit  de  nocteni). 

HUÎTRE,  vfr.  oistre,  angl.  oyster,  ail.  aus- 
tei\  it.  ostrica,  esp.  ostra;  du  L,ostrea, 

HULOT,  t.  de  marine,  trou  pratiqué  dans 
une  écoutille,  pour  y  faire  passer  un  câble  ; 
de  Tangl.  hole,  dan.  hul,  cavité,  trou. 

HULOTTE,  espèce  de  hibou,  dérivé  du  L. 
ula  (primitif  de  idula)  =  ags.  ule,  néerl. 
uyl,  vha.  hiutoila  (dér.  de  huwo),  ail.  iiiod. 
eule, 

HUMAIN,  L.  humanus.  —  D.  humaniser; 
humanité,  L.  humanitas.  Notre  terme  huma- 
nités («  faire  ses  humanités  «)  relève  du  L. 
humanitas  dans  son  acception  culture  de 
l'esprit,  instruction.  Les  savants  appellent  en- 
core aujourd'hui  «  humaniora  studia  »  les 
études  qui  constituent  une  éducation  libérale, 
parce  qu'elles  appellent,  comme  a  dit  fort  bien 
Esticnne  Pa.<«quier,  à  une  •  due  humanité  » .  — 
«  Humanitatcm  vcteixîs  appellaverunt  id  pro- 
pemodum  quod  Graxîi  itziSiUv,  nos  eruditio- 


nem  institutionemque  in  bonasartesdicimus  • 
(Aulu-Gelle,  XII),  6). 

HUMBLE,  L.  humilis  (humus),  litt.  terre  à 
torre,  peu  élevé.  —  D.  humilier,  L.  humi- 
liare,  rabaisser;  humilité,  L.  hurailitas.  Not« 
que  humilitas  n'était,  pour  les  Latins,  en  au- 
cune manière  une  vertu  ;  le  mot,  chex  eux, 
signifiait  :  bassesse,  petitesse,  faiblesse,  pau- 
vreté. Ce  n'est  qu'au  point  de  vue  clirétien 
que  le  sentiment  de  la  faiblesse,  de  i 'indi- 
gnité, constitue  une  vertu. 
HUMECTER,  L.  humectare. 
HUMER,  wall.  houmer,  pic.  heumer,  ava 
1er  quelque  chose  en  retirant  l'haleine,  c'est 
donc  en  quelque  sorte  un  synonyme  d'aspirer. 
Diez  demande  si  le  mot  n*ost  pas  une  ono- 
matopée. Je  pense  que  cette  manière  de  voir 
est  plus  naturelle  que  celle  de  Sylvius  et  de 
Nicot,  qui  disent  :  ab  humere,  id  est  humi- 
dum  fieri,  quia  sorbitione  corpus  humcscit  ». 
—  D.  humetter  (Rabelais),  boire  à  la  manière 
des  chevaux. 

HUMÉRUS,  mot  latin,  =  bras  supérieur, 
épaule.  — •  D.  humerai, 

HUMEUR,  angl.  humour,  it.  umore,  du 
L.  humor,  liquide.  Le  sens  figuré  :  disposi- 
tion de  l'esprit,  du  tompérament,  fantaisie, 
caprice,  est  étranger  au  mot  latin.  Je  ne  vois 
pas  non  plus  qu'il  ait  eu  cours  en  France  avant 
le  XV®  siècle.  Je  n'examinerai  point  comment 
la  valeur  psychologique  actuellement  atta- 
chée au  mot  s'est  déduite  du  sens  physiolo- 
gique; mon  rôle  .se  borne  à  poser  l'étymo- 
logie.  —  A  part  la  signification  générale  : 
disposition  do  l'esprit  («  bonne,  mauvaise 
humeur,  humeur  noire,  chagrine  »),  le  mot 
hu^neur,  sans  épithète,  s'emploie  tantôt  pour 
gaieté  spirituelle,  veine  comique  (ce  sens  ré- 
pond à  l'angl.  humour,  ail.  Jiumôr),  tantôt 
pour  humeur  chagrine.  Les  deux  sens,  oppo- 
sés l'un  à  l'autre,  ont  chacun*  dégagé  le  subst. 
humoriste  (d'où  humoristique).  Le  sens  de 
gaieté  est  particulièrement  propre  au  mot 
comme  terme  de  littérature  ;  on  aime  alors, 
pour  le  distinguer  de  Tautre,  à  lui  laisser  lo 
costume  anglais  et  à  l'écrire  humour, 
.  HUMIDE,  L.  humidus.  —  D.  Jiumiditc. 
HUMILIER,  HUMILITi,  voy.  humble, 
.  HUMORISTE,  voy.  humeur. 
HUMUS,  terre  végétale;  mot  latin. 
HUNE,  du  nord,  hun,  m.  s.  —  D,  hitmei'. 
HUPPE,  du  L.  ttpupa.  Ce  mot  latin,  it. 
upupa,  s'est  d'une  part  transformé  jmr  aphé- 
rèse en  bu/ta,  poppa,  poupa,  etc.  (dialectes 
divers  d'Italie),  dimin.  bubbola,  etc.,  d'autre 
part  en  prov.  upa,  v.  flam.  hoppe,  fr.  huppe. 
Ce  dernier  signifie  aussi  la  toufl*e  de  plumes 
qui  C4iractérise  l'oiseau  huppe,  puis  particu- 
lièrement le  bouquet  de  soie,  de  fil  ou  de  laine 
qui  surmontait  le  bonnet  des  docteurs.  La 
huppe,  ét4int  devenue,  dans  le  vêtement,  une 
marque  de  distinction,  a  donné  huppé,  pourvu 
d'une  huppe,  au  fig.  =  notable,  distingué,  de 
haut  parage.  Les  patois  disent  dans  un  sens 
analogue  ojcrèté  (do  crête), 
HUPPÉ,  voy.  huppe. 


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IIUT 


—  277  — 


HYP 


HTJRE  (Palsgrave  :  heure)  ^  1.  cheveux 
hérissés;  2.  tête  de  sanglier,  aiitr.  aussi  le 
museau  du  loup,  du  lion  et  d'autres  animaux. 
Ce  mot  parait  avoir  pris  naissance  dans  les 
provinces  septentrionales  :  a  la  gent  barbée 
et  ahurie  »  (Rob.  le  Diable);  norm.  kuré,  à 
poils  hérissés  (Roman  d'Alexandre  :  hvrées 
ont  les  testes),  rouchi  hurée,  sol  raboteux. 
Uétvmologie  est  obscure.  En  Suisse,  on  trouve 
le  mot  hitwel,  qui  signifie  à  la  fois  hibou, 
grand-duc  et,  par  allusion  au  plumage  hé- 
rissé de  cet  oiseau,  homme  aux  cheveux  héris- 
sés (cp.  dans  le  Roman  do  la  Rose  «  le  huon 
avec  sa  gluant  hure  »);  Diez  conclut  de  là  que 
hure  pourrait  être  une  modification  littérale 
de  hule  (cp.  vfr.  mure  p.  mule,  fr.  fmvire  p. 
naxîile)  ;  hule  reproduirait  dans  ce  cas  le  mot 
suisse  mentionné  hutœl  =  vha.  hiutoila  (voy. 
hulotte).  Cependant,  le  philologue  allemand  ne 
pose  pas  catégoriquement  cette  étymologie  et 
pense  que  le  vha.  un-hiur,  un-hiuri,  «»  hor- 
rible, effrayant,  qui  inspire  la  peur,  mérite 
non  moins  d'être  pris  en  considération,  tant 
pour  le  subst.  hure  que  pour  le  verbe  ahurir. 
Sur  ce  dernier  point,  je  ne  puis  pas  être  d'ac- 
cord ;  car  un-hiur  ne  signifie  horrible  que  par 
le  préfixe,  et  le  simple  hiur  dit  tout  juste  le 
contraire.  —  Bugge  (Rom.,  IV,  361)  démontre 
que  le  sens  premier  de  fr.  hure  est  »  chapeau, 
bonnet  »,  d'où  s'est  développé  celui  de  cheve- 
lure, surtout  chevelure  hérissée,  et  celui  de 
Xèie  hérissée  (du  sanglier,  du  loup,  etc.)  Il 
fait  ainsi  dériver  le  mot  du  norois  hûfa,  bon- 
net ou  casquette  (surtout  bonnet  de  poil  ou  de 
peau).  La  syncope  de  /*  a  donné  en  danois 
hue,  La  base  du  mot  français  serait  donc  hue, 
d'où,  par  épenthôse  d'un  r  (cp.  vfr.  mire  de  mie), 
la  forme  hm^e.  Cette  dernière  s'est  transfor- 
mée au  xvr  siècle  en  huze;  de  là  l'expression 
huze  à  hujse  »=«  tête  à  tête  (Satire  Ménippée). 

HURLBR  a  été  précédé  de  la  forme  huiler, 
hùler,  encore  vivace  dans  les  patois  et  qui 
vient  du  L.  ululare  (forme  diminuttve  do 
nlaré).  La  prosthèso  d'une  h  est  un  effet  des 
formes  germaniques  ail.  heulen,  ni.  huilen, 
angl.  howL  —  L'r  dans  hurler,  it.  urlare,  est 
inorganique. 

HURLUBERLU,  brusque,  étourdi;  onoma- 
topée. 

HUSSARD,  de  l'ail,  husar.  Ce  dernier 
vient  du  hongrois  hussar  t=  le  vingtième 
(hus2  «  vingt).  Le  roi  Mathias  do  Hongrie 
ayant  levé  en  1458  le  vingtième  des  pay.sans 
pour  em.  faire  des  cavaliers,  on  donna  le  nom 
de  hussar  à  ces  troupes. 

HUTDf,  vfr.  hustin,  vif,  emporté,  querel- 
leur; adj.  tombé  en  désuétude,  qui  a  survécu 
dans  le  surnom  d'un  roi  de  France,  I/)uis  le 
Hutin.  Grandgagnage  rattache  avec  raison  ce 
mot  au  wall.  hustiner,  maltraiter,  brusquer, 
qu'il  suppose  radicalement  identique  avec 
Tangl.  hustle,  flam.  hutselen,  secouer,  ti- 
railler. Le  subst.  vfr.  hustin  signifiait  que- 
relle ;  le  wall.  a  le  même  mot  au  sen^  d'ébran- 
lement. 

HUTTE,  ==  ail.  hutte,  angl.  hui.  —  D.  hut- 
ter,  loger. 


HUVE,  ancienne  coiffure  de  femme,  du  vha. 
hùba  (foncièrement  connexe  avec  L.  cupa), 
ail.  mod.  liaube,  bonnet,  néorl.  huif,  huive, 
dim.  vfr.  huvet,  -ette. 

HTACINTHB,  gr.  û«cv&9;.  Ce  mot  exotique 
s'est  vulgarisé  sous  la  {ormo  jacinthe. 

HTADSS,  gr.  Gaôs;  (\mv,  pleuvoir). 

HTBRIDE,  L.  ht/brida  aussi  ibrida,  mons- 
trueux, irrégulier,  né  de  deux  espèces  diffé- 
rentes. Le  mot  latin  vient  prob.  du  gr.  C6/9c;, 
violence,  mépris  des  lois  ou  des  règles. 

HYDRAULIQUE,  gr.  ûSpxuU^ùi,  dérivé  de 
tfSpavUi,  orgue  mis  en  mouvement  par  l'effet 
de  l'eau.  «  Cette  étymologie  vient  de  ce  que 
l'hydraulique,  chez  les  anciens,  consistait  uni- 
quement à  construire  des  jeux  d'orgue  et  que 
dans  la  première  origine  des  orgues,  où  l'on 
ne  savait  pas  encore  appliquer  des  soufflets, 
c'était  une  chute  d'eau  qui  y  faisait  entrer  le 
vent  et  les  faisait  sonner  »  (Noël  et  Carpen- 
tier). 

HTDRE,  L.  ht/dra  (Oo/9x). 

HTDRO-,  élément  initial  de  mots  scienti- 
fiques composés,  =  gr.  û^po-,  de  O^wp,  eau. 
Les  principales  compositions  de  ce  genre 
sont  : 

Hydrocèlb,  gr.  ùSpox^^ii  {x^^tj,  tumeur). 

Hydrocâphalr,  gr.  ÙSpoAifxXoi,  hydropisie 
de  la  tète  (ycpalq). 

Hydrogènb,  néologisme,  rendant  l'idée 
«  qui  engendre  l'eau  » . 

Hydrographie,  description  des  mers. 

Hydrombl,  gr.  ûo0o>f)t  (fiiXi,  miel). 

Hydromètrb,  m^ureur  d'eau  (jiirpo'»,  me- 
sure). 

Hydrophobb,  gr.  ùSpofét^;,  qui  a  horreur 
de  l'eau,  enragé  (^^Cilv,  avoir  peur). 

Hydropiquk,  gr.  CSp'umxô;,  dér.  de  vSpv^, 
amas  d'eau,  hydropisie.  — D.  hydropisie  (dé- 
rivation arbitraire),  angl.  dropsy. 

HTENE,  gr.  Oxivx,  L.  hyœna. 

HT0I£NE  gr.  ûyiscvo';,  conforme  ou  relatif 
à  la  .santé  (i/fna).  —  D.  hygiénique. 

HTGROMiTRE,  mesureur  de  l'humidité 
(•>/.oo;.  humide,  /lirpo-»,  mesure). 

HTMEK,  HTl^ÉE,  gr.  Cfi^^,  û/Aîvaio;, 
pr.  dieu  ou  génie  du  mariage,  par  extension 
==  mariage.  —  Comme  terme  d'anatomie,  hy- 
men répond  au  gr.  û.ur;v,  membrane,  pelli- 
cule. 

HYMNE,  gr.  U/&V9C,  chant,  poème. 

HTPSRBOLE,  gr.  ùmoUH»  substantif  do 
ùTtin^kXUtv,  littér.  jeter  par-dessus,  puis  exa- 
gérer; cp.  en  ail.  ilber-treiben. 

HYPERTROPHIE,  de  la  particule  gr.  ;^;ic9 
marquant  excès,  et  rpofi},  nourriture. 

HYPOOONDRES,  gr.  ÛTt9xMot%.  parties  laté- 
rales de  la  région  épigastrique,  sous  les 
fausses  côtes  (de  ùità,  sous  et  xojipo^,  cartilage). 
Ces  parties  étaient  envisagées  comme  le  siège 
de  la  maladie  dite  hypocondrie.  Le  subst. 
hypocondre  s'emploie  aussi  adjectivement,  p. 
hypocondriaque,  «—  gr.  ûta^ov^P^wo'»- 

HYPOCRITE,  gr.  ÙTtoApiHif  interprète,  co- 
médien, dissimulé;  hyrocrisie,  gr.   ùnéxpmt. 


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IDI 


—  278  — 


IGN 


HYP0GA8TRB,  gr.  ÛToyàvr/scov,  bas-ventre. 

HYPOTENUSE,  gr.  ùnorthov,»,  t^rme  d'Eu- 
clide,  litt.  (la  ligne)  qui  s'étend  (rstvsty)  sous 
{ùito)  l'angle  droit,  ligne  sous-tendante. 

HTPOTHliQnE,  gr.  ùrto^riAn,  litt.  ce  qui  se 
met  dessous,  gage,  nantissement;  l'hypo- 
thèque est  ce  qui  est  placé  sotts  la  dette  et  en 
assure  le  payement.  —  D.  hypothécaire;  hy- 
pothéquer, donner  pour  hypothèque. 


HYPOTHÈSE,  gr.  ûtto&iwî,  m.  s.;  Thypo- 
thèse  est  ce  qui  est  placé  «  sous  *•  une  assertion 
pour  l'appuyer.  Le  mot  grec  est  exactement 
traduit  par  le  L.  suppositio,  —  D.  hypoihé- 
tique,  gr.  ûrro&eriyo;. 

HYSOPE    ou   hyssope,    L.   hyssopus,    gr. 

HYSTÉRIE,  dép.  du  gr.  ûirs/îa,  matrice.  — 
D.  hystérique» 


lAHBE,  L.  fambus,  gr.  ta^Soç.  —  D.  tam- 
bique. 

IBIDEM,  adverbe  latin,  =»  là  même,  au  même 
endroit. 

IBIS,  L.  ibis,  gr.  c8i;. 

IGEL',  fôm.  iceïle,  cas  oblique  icelui;  forme 
qui  a  précédé  cel,  celui;  «  prov.  aicel,  va- 
laque  acel.  Diez  proteste  avec  raison  contre 
l'éventualité  d'une  explication  par  ipse  ilïe, 
au  lieu  de  la  seule  soutenable  :  ecc'iJïe;  le  c, 
dans  icel,  ne  répond  point  à  un  5  ;  à  preuve 
la  forme  picarde  icheluy,  Icelle  et  icelui  sont 
aujourdliui  considérés  comme  archalstiques. 
L'ancienne  langue  possédait  également  icest^ 
iceste,  icestui  ==  L.  ecc'iste,  Voy.  celui. 

IGHTHYOLOOnS,  -GRAPHIE,  resp.  science 
et  traité  des  poissons  (Ix^w). 

ICI  se  rapporte  à  ci  (v.  c.  m.),  au  point  de 
vue  de  la  formation,  comme  icel  à  cel. 

IG0N00LA8TE,  briseur  d'images  (xX&ity, 
briser,  tu6tv,  image);  le  même  tlx^y  forme 
l'élément  initial  des  composés  savants  :  icono- 
graphe, iconolooue,  iconophile,  iconolâtre 
(>a»ivciv,  adorer). 

IDÉAL,  qui  n'existe  que  dans  Vidée,  opp. 
de  réel.  —  D.  idéalité,  idéaliser,  -iste,  -isme. 

IDÉE,  L.  idea,  gr.  m*,  pr.  apparence, 
forme  type,  image  d'une  chose  vue,  perçue  ; 
puis  Bs  représentation,  notion.  «  J'appelle 
idée,  dit  Locke,  tout  ce  que  l'esprit  aperçoit 
en  lui-même.  t«  De  là  idéal  (v.  c.  m.).  M.  de 
Bonald  et  autres  modernes  ont  créé  le  verbe 
idéer  ss  connaître  métaphysiquement  ;  les 
Italiens  disent  idearsi  p.  s'imaginer.  Autres 
dérivés  savants  :  idéologie,  théorie  des  idées  ; 
idéologue;  idéographie,  expression  des  idées 
par  l'image  ou  le  symbole. 

IDEM,  mot  latin,  »  le  même.  De  là  les  dé- 
rivés non  classiques  identique,  identité,  iden- 
tifier, mots  importants  qu'il  serait  difficile  de 
remplacer  (le  terme  mémeté  n*a  pu  se  natura- 
liser). 

IDIOME,  du  gr.  lHù»fici,  particularité  dans 
l'expression  (de  c^i9f ,  propre,  spécial)  ;  le  L. 
idioma  est  pris  dans  le  sens  àHdiotisme  ;  en 
tt.  le  mot  peut  se  définir  ainsi  :  langage  par- 
ticulier, ou  langue  relativement  au  génie 
particulier  qui  la  distingue.  Au  grec  t^i^mc, 
homme  privé,  homme  du  commun,  vulgaire, 
ressortit  le  verbe  lJt&»T({ciy,  parler  vulgaire- 
ment, d'où  lotfliiri«/&oj,  L.  idiotismus,  »=>  ma- 
nière vulgaire  de  s'exprimer,  élocution  com- 


mune, fr.  idiotisme.  Chez  nous,  ce  mot  a  pris 
l'acception  plus  générale  «  manière  de  parler 
particulière  à  une  langue  n . 

IDIOSYNORASIS,  gr.  liio^vyxpx^a,  consti- 
tution particulière  ;  composé  de  Wcof ,  propre, 
et  9Ûyxpa9t{,  mélange,  tempérament. 

IDIOT,  L.  idiota,  gr.  litùTru,  homme  vul- 
gaire, sans  éducation,  sot,  ignorant.  Dans  les 
temps  modernes,  la  valeur  de  ce  mot  a  été 
forcée  jusqu'à  signifier  l'imbécillité  comme 
affection  pathologique.  —  D.  idiotisme  (on 
préfère  à  ce  terme  la  fonne  idiotie,  pour  em- 
pêcher la  coïncidence  avec  le  mot  idiotisme, 
terme  de  grammaire,  voy.  idiome)  ;  idiotique. 

IDIOTIQUE,  gr.  Miunxo^,  1.  «  particulier, 
dans  «•  expression  idiotique  »  ;  2.  =  relatif  à 
l'idiotie,  voy.  idiot. 

IDIOTISME,  voy.  idiome  et  idiot. 

IDOINE  (ce  mot  n'est  plus  guère  employé 
qu'au  palais)  «apte,  du  L.  idoneus  Le  subst. 
idoineté  et  sa  forme  savante  idonéité  >=«  apti- 
tude, sont  tous  deux  également  tombés  en  dé- 
suétude. 

IDOLATRE  (le  circonflexe  est  anti-étymolo- 
gique), gr.  tlStalo)&Tpii;,  adorateur  d'inuiges 
(itiwiey,  image,  larptwv,  adorer.  —  D.  ido- 
lâtrie, gr.  glSùèUAxrptU  ;  idolàtriçfue  (Vol- 
taire) ;  verbe  idolâtrer,  —  Idolâtre  est  écourté 
àe  idololâtre  ;  cp.  amphibologie  p.  amphibo- 
lologie, 

IDOLE,  vfr.  aussi  idle,  idre  (d'après  l'accen- 
tuation grecque),  du  L.  id(^um,  =  gr.  ttè^Xov, 
image. 

IDYLLE,  L.  idyllium,  du  gr.  tlSùUtov,dïm. 
de  ilioi,  image,  donc  pr.  petit  tableau,  petite 
pièce,  pièce  fugitive.  «  C'est  le  talent  de  Théo- 
crite,  dit  Firmin  Didot,  qui  a  fait  transporter 
le  nom  àUdylles  aux  pastorales.  »  —  D.  idyl- 
lique. 

IF,  esp.,  port,  iva,  aogl.  yeu);  du  vha.  iwa, 
mha.  iwe,  nha.  eibe.  —  £n  celtique  on  trouve  : 
cymr.  yto,  bret.  ivin. 

IGNARE,  L.  ignarus,  p.  in-gnarus,  m.  s. 

IGNÉ,  mot  de  formation  savante,  L.  igneus 
(ignis).  —  Du  même  primitif  latin  ignis,  feu  : 
ignescent,  L.  ignéscens,  igntfère,  L.  ignifer, 
igniaire,  L.  igniarius,  ignttion,  subst.  du 
verbe  L.  ignire,  mettre  en  feu  ;  ignicole  (qui 
colit  ignem). 

IGNOBLE,  L.  ignobUis,  p.  in-gnMlis  {^no- 
bilis,  forme  première  de  nobilis). 


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IMB 


279  — 


IMP 


IGNOMINIE,  L.  ignominia,  p.  in-gnominia 

(de  gnomen,  nomen);  litt.  mauvais  nom, 
affnmt.  —  D.  ignominieux,  L.  ignominiosus. 
IGNORER,  L.  ignoi'are,  d'où  adj.  ignorans, 
fr,  ignorant  (d'où  ignorantin,  -isme),  subst. 
ignoraDtia,  fr.  ignorance. 

1.  IL-,  élément  de  composition  (latin  et 
franc.)  devant  des  radicaux  commençant  par 
/  ;  c'est  le  préfixe  in  (v.  c.  m.),  dont  la  finale 
s'est  assimilée  à  la  consonne  suivante. 

2.  IL,  pronom,  du  L.  ille,  dont  le  fém.  illa 
a  donné  fZ/e;  plur.  t7^  Qieuœ. 

ILE,  isW,  prov.  isla^  it.  isola,  du  L.  in- 
sula.  —  Diminutifs  :  ilôt,  ilet  et  ilette.  C'est 
de  rit.  isola  que  vient  iscdë  (it.  isolato  *= 
L.  insulatus)  et  le  verbe  isoler,  litt.  détacher 
de  toute  communication. 

ILLnMINSR,  L.  illuminare  (lumen),  ré- 
pandre de  la  lumière,  éclairer.  —  D.  néolog. 
illuminisme,  système  des  illuminés. 

ILLUSION,  apparence  fausse,  du  L.  illusio, 
subst.  de  illiidere  (ludere),  se  jouer  de  qqn  , 
le  tromper,  l'égarer  —  D.  illusionner. 

ILLUSOIRB,  L.  illusorius*  (illudere). 

ILLUSTRE,  L.  illustris,  pr.  brillant,  fig. 
rélèbre.  -^  D.  illustrer,  1.  rendre  illustre, 
2.  orner,  donner  du  lustre,  =  L.  illustrare, 
éclairer,  mettre  en  lumière  ;  subst.  illustra- 
tion, 

ILOTE,  du  gr.  ca^r*};,  serf,  esclave,  pr.  les 
captifs  pris  par  les  Spartiates  dans  la  ville 
d'Hélos  ;  selon  d'autres,  le  mot  grec  vient  de 
EAû  =  a'tp'm,  prendre  (cp.  l'équivalent  Sfiiti 
de  AEMû  =  Sxfiicu,  dompter;.  —  D.  ilotisme. 

M-,  préfixe;  voy.  in-. 

IMAGE,  du  L.  imago,  -inis.  —  D.  verbe 
imager  (néolog.),  rendre  par  imago,  par  em- 
blème, puis  orner,  embellir  d'images;  imagi- 
naire,!^, imaginarrus,  apparent,  fictif;  ima- 
giner, L.  imaginari,  se  figurer,  rêver  (cp. 
i'all.  ein-bilden,  de  bUd^  image). 

IMAGINER,  voy.  image.  —  D.  imaginable; 
imagination,  L.  -atio;  imaginaJtif,  L.  -ativus, 
d'où  le  subst.  in%aginati\ie. 

IMBÉOILLE  (l'Académie  écrit  imbécile),  L. 
imbecillus.  —  D.  imbécillité,  L.  imbecillitas. 

IMBERBE,  L.  imberbis  (barba). 

IMBIBER,  mot  savant,  du  L.  im-bibere,  ab- 
sorber, s'imprégner  de.  En  fr.,  le  mot  se  dit 
pour  mouiller,  pénétrer  de  liquide  (le  sujet  du 
verbe  ne  boit  pas,  mais  fait  boire).  —  D.  im- 
àibition,  —  La  langue  française  a  une  forme 
vulgaire  pour  imbiber,  mais  elle  est  auj.  d'une 
application  plus  restreinte  ;  c'est  emboire  (v. 
c.  m.),  dont  le  part,  embu  est  équivalent  à 
imbibé.  La  forme  imbu,  plus  particulièrement 
réservée  au  sens  moral,  représente  le  L*  im- 
butus,  part,  de  imbuere,  qui  est,  logiquement 
et  peut-être  radicalement  égal  à  imbiber e.  Ce- 
|)eudant,  comme  on  a  dit  aussi  imboire  p.  im- 
biber (Rousseau,  dans  Emile  :  s'imboire  de 
préjugés),  imbu  peut  être  envisagé  comme 
part,  de  imboire. 

IMBROGLIO,  mot  italien,  signifiant  em- 
brouillement (voy.  brouiller), 

IMBU,  voy.  imbiber. 


DOTER,  L.  imitari. 

IMMANENT,  L.  immanens,  litt.  qui  réside 
à  demeure  dans. 

IMMANQUABLE,  qui  n'est  pas  sujet  à  man- 
quer, mot  du  xviii*  siècle,  fait  de  manquer, 
comme  infaillible  do  faillir.  Le  simple  man- 
quable  n'a  point  été  mis  en  usage. 

IMMATRICULER,  BL.  immatriculare,  in 
matriculam  referre  (voy.  matricule). 
IMMÉDIAT,  voy.  médiat. 
IMMÉMORIAL,  du  latin  moderne  immeimo- 
rialis,  ce  dont  on  n'a  plus  mémoire  (m^moria), 
très  ancien.  Le  simple  de  ce  composé  n'existe 
pas  comme  adjectif. 

IMMENSE,  L.  im-mensus  (metiri),  litt.  dé- 
mesuré. —  D.  immensité,  L.  immensitas. 

IMMERGER,  L.  im-mergere,  plonger  de- 
dans, d'où,  par  le  sopin  immersum^  le  subst. 
immei*sio,  fr.  immersion,  et  l'adj.  mod.  im- 
mersif. 

IMMEUBLE,  opp.  de  meuble  (v.  c.  m.),  du 
L.  immobilis,  qui  ne  peut  être  mû  ;  un  im- 
meuble est  un  bien  fixe,  tenant  au  fonds.  La 
langue  des  savants  a  repris  le  même  mot  la- 
tin, avec  son  sens  naturel,  sous  la  forme  immo- 
bile. —  D.  immobilier,  qui  se  rapporte  aux 
biens  immeubles;  immobilité,  L.  immobilitas; 
verbe  mod.  immobiliser, 

DQQGRER,  opp.  d'émigrer,  L.  tm-mt- 
grare.  —  D.  immigration. 

IMMINENT,  L  imminens,  pr.  qui  est 
comme  suspendu  au-dessus  de  la  tête  de  qqn., 
qui  menace  par  sa  proximité,  fig.  très  pro- 
chain ;  subst.  imminence,  L.  imrainentia. 

IMMISCER,  mot  savant,  du  L.  im  miscere, 
mêler  À,  dont  le  supin  immixtum  a  donné  le 
fr.  immixtion. 

IMMOBILE,  voy.  immeuble.  —  Les  anciens 
disaient  immouvable. 

IMMOLER,  L.  im-molare,  pr.  mettre  sur  la 
tête  de  la  victime  de  l'orge  mêlée  avec  le  sel 
{mx)lam  salsam)  avant  de  l'égorger,  puis  par 
extension,  sacrifier,  tuer. 

IMMONDE,  L.  im-mundtAS,  impur.  Le  simple 
monde  «»  L.  mundus  est  tombé  en  désué- 
tude. —  D.  immondice,  L.  immunditia.  Les 
théologiens  ont  forgé,  avec  le  sens  d'impureté 
morale,  la  forme  immondicité. 

IMMORTEL,  L.  immortalis.  —  D.  immor- 
telle (plante);  immortalité,  L.  -itas;  immor* 
taliser. 

IMMUABLE,  L.  immutabiîis  ;  ona  dit  aussi, 
d'une  façon  savante,  immutable,  d'où  immu- 
tabilité. 

IMMUNITÉ,   L.  immunitas,  exemption  de 
charges  ou  d'impôts  (immunis). 
IMPAIR.  L.  im-par. 

IMPASSE,  rue  où  l'on  ne  passe  pas,  cul-de- 
sac,  négation  de  passe.  Le  mot  est  du  à  Vol- 
taire. Guillot  de  Paris  (xiv«  siècle)  disait  p. 
impas.'îo  «  rue  sans  chief  »  (sans  issue). 

IMPASTATION,  du  L.  impastare,  mettre  en 
pâte, 

IMPATIENT,  du  L.  im-patiens,  qui  ne  peut 
ou  ne  veut  supporter,  auj.  aussi  =  peu  dis- 
posé à  attendre.  —  D.  impatieftce,  L.  impa 
tiontia  ;  verbe  impatienter. 


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IMP 


—  280  — 


IMP 


DCPEHSE,  t.  de  droit,  L.  impensa,  dépense 
(impendere). 

IMPÉRATIF,  L.  impei*ativns  (de  imperare, 
commander). 

QfPÉRÂTBIGE,  vfr.  empereris,dn  L.imjie- 
ratrix.  Voy.  empereur. 

IMPÉRIAL,  L.  imperialis  (imperium).  — 
D.  impériale,  le  dessus  d'un  carrosse  ;  d'où 
vient  cette  appellation?  Découle-t-elle  de  la 
signification  qu'a  le  mot  en  architecture,  sa- 
voir celle  de  •*  dùme  dont  le  sommet  est  en 
pointe  et  qui  s'élargit  en  forme  de  deux  S 
jointes  par  le  haut  «  ?  D'après  Littré,  les  deux 
significations  indiquées  s'expliquent  par  la 
situation  élevée  de  1  impériale.  —  Autres  dé- 
rivés :  impérialisme,  -iste,  néologismes. 

IMPÉRIEUX,  L.  imperiosus  (imperium). 

IMPÉRlTUB,  L.  imperitia  (deperitiis,  ex- 
pert). 

IMPERTINENT;  c'est  le  négatif  de  perti- 
nent, qui  ne  se  dit  plus  qu'au  barreau  dans  le 
sens  de  «  qui  tient  au  fond  de  la  cause  «> .  Le 
sens  foncier  de  impertinent  est  «  inconvenant, 
incongru  **  (non  pertinens  ad  rem),  de  là 
l'acception  :  contraire  aux  convenances,  aux 
règles  de  la  politesse,  offensant.  —  D.  imper- 
tinence,   

IMPERTURBABLE,  L.  imperturbabilis,  = 
qui  non  perturbari  potest.  Le  simple  est  inu- 
sité en  français. 

IMPÉTRER,  vfr.  empêtrer,  du  L.  impe- 
trare,  obtenir  par  supplication.  —  D.  impé- 
trant. 

IMPÉTUEUX,  L.  impetxiosus  (impetus).  — 
D.  impétuosité'. 

IMPIE  (mot  de  facture  savante  ;  les  anciens 
disaient  impieus],  L.  imrpius  ;  subst.  impiété, 
L.  im-pietas, 

IMPLACABLE,  L.  imjylacabilis  (de  placare, 
apaiser].  Le  simple  n'est  pas  d'usage.  «  Il  j 
a,  dit  Voltaire,  à  propos  de  cette  lacune,  des 
gens  implacables  et  pas  un  deplacable.  On  ne 
finirait  pas  si  l'on  voulait  exposer  tous  nos  be 
soins,  n  —  D.  implacabilité. 

IMPLANTER,  L.  implaniare  (inusité). 

IMPLEXE,  L.  im-plexus  (implcctere). 

DCPLIGITiS,  L.  im-plicitus  (plicarc),  qui  est 
compris  (litt.  plié)  dans  une  chose. 

IMPLIQUER,  L.  im-plicare,  litt.  plier,  faire 
entrer  dans  une  affaire .  Le  même  mot  latin 
s'est  régulièrement  francisé  par  employer.  — 
D.  implication. 

IMPLORER,  L.  im-plorare,  supplier  pour 
ainsi  dire  avec  pleurs. 

IMPORTER,  1.  porter  dedans,  introduire; 
2.  être  de  conséquence.  Le  premier  sens 
(d'où  relèvent  les  dérivés  importation,  -atetir, 
-able)  est  naturel  et  conforme  à  celui  du 
1j.  im-portare.  Le  second  est  figuré  ;  importer, 
dans  ce  sens,  veut  dire  :  apporter,  introduire 
dans  une  affaire  des  éléments  dont  dépend  le 
succès  où  l'insuccès  d'une  entreprise,  le  bien- 
être  ou  le  malaise  de  qqn.;  de  là  :  exercer  de 
rinfluence,  avoir  de  la  valeur;  cp.  les  termes 
analogues  lat.  referre,  ail.  eintragen.  Du 
.sens  figuré  relèvent  :  important,  adj  ,  =  qui 
est  de  conséquence  (d'où  importance),  subst., 


=  homme  d'autorité  et  de  mérite,  ou  qui  s'en 
attribue. 

IMPORTUN,  L.  importunas,  incommiKie, 
qui  vient  mal  à  pro|>os.  —  D.  imjx»iwiUt , 
L.  importunitas  ;  verbe  itnportuiwr,  non  pas 
=  rendre  importun,  comme  on  lecroiRiit. 
mais  être  importun  à  l'égard  de  qqn.  (cp.  le 
L.  molestare  aliquem,  =  molestum  esse  ali- 
cui). 

IMPOSER,  poser  sur  ou  à  cliarge  de  qqn.  ; 
répond  jwur  le  sens  au  L.  im-ponere.  —  Le 
sens  absolu  du  verbe  français  équivaut  à  : 
commander  le  respect  (l'ail,  dit  de  même  im- 
poniren);  de  là  l'adj.  imposant.  —  L'accep- 
tion métaphorique  tromper,  duperie  impftsei- 
à  qqn.),  était  déjà  propre  au  mot  latin,  p.  ex 
dans  la  phrase  «  Catoni  egregie  imposuit  Milo 
noster  » .  De  cette  acception  relèvent  les  dé- 
rivés imposteur  et  imposture,  L.  impostor, 
-tura  (p.  impositor,  -itura).  En  vfr,  on  trouve 
l'adj.  cmposte,  faux,  mensonger.  —  Notons 
encore  le  néologisme  imposer  =  frapper  qqn. 
d*imp6ts. 

IMPOSITION,  L.  tm/xmtto  (imponere). 

IMPOSTE,  direct,  de  Fit.  imposta  =  L.  im- 
posita,  pr.  chose  mise  dessus  ou  dedans. 

IMPOSTEUR,  -TURE,  voy.  imposer, 

DCPuT,  L.  impositum,  pr.  chose  imposée. 

IMPOTENT,  L.  im-potens,  impuissant.  Le 
simple  potent  fait  défaut.  —  D.  impotence, 
L.  impotentia. 

IMPRÉCATION,  L.im-precatio  (\m-}^rec&n, 
pr.  souhaiter  du  bien  ou  du  mal  à  l'égard  de 
qqn.). 

IMPREGNER,  vfr.  empraigner,  pr.  féconder, 
it.  impregimre,  esp.  emprenar,  du  L.  impra*- 
gnare  =  gravidam  facere,  implere,  Cp.  les 
adj.  romans  ïi.pregno,  v.  i^ri. prenhe,  prov. 
prenh,  \{v.  praing,  prains,  =  gros,  enceinte, 
chargé,  adj.  dégagé  du  L.  prœgnans,  pra»- 
gnas,  fécondé,  enceinte.  Pour  le  sens  méta- 
phorique du  partie,  imprt^gné,  cp.  en  latin 
herba  pra*gnans  succo  (Pline),  en  fr.  l'expr. 
gros  d'orage,  ail.  geioitterschwanger. 

IMPRESSION,  du  L.  im-pressio  (im-pri- 
mere),  pr.  empreinte,  fig.  impression,  sensa- 
tion. Du  sens  moral  de  ce  subst.  relèvent  le 
verbe  impressionner  (d'où  impressiomtahlc) 
et  le  néologisme  impressible,  —  La  langue 
moderne  a  fait  naturellement  du  mot  impres- 
sion aussi  le  substantif  du  verbe  imprimer,  en 
tant  que  désignant  l'opération  technique  ex- 
primée par  ce  mot.  Ce  substantif  rend  à  la 
fois,  comme  souvent,  l'acte  et  le  résultat  de 
l'acte. 

IMPRIMER,  L.  im-primere,  litt.  presser 
sur.  Le  même  mot  latin  s'est  régulièrement 
francisé  par  empreindre  (v.  c.  m.).  —  D. 
imprimeur,  -erie. 

IMPROBATION,  -ATEUR,  L.  im-probaiio, 
-aior;  du  verbe  improbare  =  fr.  improuter. 

IMPROMPTU,  mot  moderne  tiré  de  la  locu- 
tion lat.  in  promptu  habere,  avoir  à  la  disj)o- 
sition,  sous  la  main.  Pour  la  facture  de  ce 
subst.,  on  peut  la  rapprcxîher  de  celle  du  mot 
ennui  =  m  odio.  —  Impromptu  veut  dire 


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INC 


281 


INC 


pr.  une  chose  qui  se  fait  avec  ce  que  1  on  a  sous 
la  main,  sans  préparation;  c'est  un  synomyme 
d'improvisation . 

IMPROUVER,  L.  improhare,  désapprouver. 

IMPROVISER,  direct,  de  l'it.  improvvisare, 
Tcrbe  fait  du  participe  improvviso  =  L.  im- 
provisits,  non  prévu.  —  D.  improvisation, 
-ateur.  ^ 

IMPROVISTE  (A  L'),  de  l'it.  improvtisto  =- 
à  rimpoiirvu  (ancienne  locution  française). 
On  sait  que  l'it.  fait  de  vedere,  voir,  doux 
participes  :  veditio  et  visto, 

IMPUDENT,  L.  im-pudens,  éhonté.  — 
D.  impudence,  L.  impudontia. 

IMPUONER,  L.  im-piignare,  combattre. 

IMPULSION,  L.  impulsio  (im-pellere). 

IMPUNÉMENT,  p.  impunément  (cp.  com- 
munément p.  communemoU),  adv.  de  l'a^j. 
L.  impunis,  impuni,  d'où  le  subst.  impunitas, 
fr.  impunité. 

IMPUTER,  L.  im-putare,  pr.  porter  en 
compte. 

IN,  préfixe  ou  particule  prépositive  {in  se 
change  en  il  devant  /,  en  im  devant  b,  m  ou 
/>,  en  ir  devant  r).  Il  répond  à  la  fois  au  L.  in 
=  dans  ou  contre,  et  au  L.  m,  comme  parti- 
cule négative.  Comme  représentant  de  m, 
dans,  il  est  la  forme  savante  de  en  (v.  c.  m.  i, 
et  ne  se  rencontre  que  dans  des  termes  tirés 
tout  d'une  pièce  du  fonds  latin.  —  L'emploi 
do  Vin  négatif  est  illimité  en  français.  Plu- 
sieurs composés  latins  avec  in  sont  passés 
dans  la  langue  française  sans  que  le  simple  y 
ait  été  reçu;  p.  ex.  impotent,  ingrat.  (Nous 
n  avons,  en  règle  générale,  recueilli  les  com- 
posés négatifs  que  lorsque  les  simples  font 
défaut.) 

INADVERTANCE,  absence  d'  «  advertance  »  ; 
ce  simple,  hors  d'usage  depuis  longtxîmps,  si- 
gnifie attention,  et  vient  du  BL.  advertenlia, 
tiré  du  L.  advertere,  s.  e.  animum,  faire  atten- 
tion (voy.  ave^'tir). 

INANITÉ,  L.  inanitas  (de  inanis,  vide, 
vain). 

INANITION,  pr.  vide  d'estomac,  néo-latin 
inanitio,  subst.  du  verbe  latin  inanire,  rendre 
vide,  évacuer.  —  Plaut«  a  inania. 

INAUGURER,  L.  in-augurare,  litt.  prendre 
les  augures,  puis  consacrer,  installer  (ne 
s'employait  chez  les  Latins  que  pour  les  per- 
sonnes). —  D.  inaugural,  adjectif  moderne, 
irrégulièrement  tiré  du  verbe  inaugurer, 

INOAGUER,  défier  qqn.  avec  mépris  ;  verbe 
tiré  direct,  de  l'it.  incacare,  faire  peu  de  cas 
(cp.  les  expr.  vfr.  conchier,  traiter  avec  mé- 
pris, et  l'ail,  hescheissen,  au  sens  fig.  de  faire 
î^,  tromper). 

INGAMÉRER,  faire  entrer  dans  le  domaine 
de  la  chambre  (caméra)  ecclésiastique. 

INCANDESCENT,  du  L.  incandescere,  s'em- 
braser. —  D.  incandescence, 

INCANTATION,  L.  incafitatio;  forme  sa- 
vante p.  encl lanternent, 

INCARCÉRER,  forme  savante  pour  l'anc. 
enchartrer,  du  L.  carcer,  fr.  chartre, 

INCARNAT,  de  l'it.  incarnato,  participe  de 


incarnarr,  pr.  rendre  chair  (cp.  l'art,  suiv.). 
—  D.  incarnadin. 

INCARNER,  anc.  encharner,  transformer 
en  chair  (rad.  carn).  —  D.  incarnation, 

INCARTADE,  boutade,  ruade,  insulte.  D'où 
vient  ce  mot  (évidemment  de  formation  méri- 
dionale)? La  signification  première,  est-c« 
ruade  (acte  physique)  ou  affront  (acte  moral)  ? 
Je  ne  le  sais  pas,  et  c'est  ce  qui  rend  la  re- 
cherche d'une  étymologie  d'autant  plus  diffi- 
cile. —  En  latin  du  moyen  âge,  in-cartare 
signifie  généralement  mettre  par  écrit,  puis 
aussi  mettre  qqn.  en  possession  d'un  bien  en 
vertu  d'un  titre,  d'une  charte;  toutefois,  on  y 
trouve  aussi  le  sens  de  déposer  une  plainte 
contre  qqn.  Il  faut  bien  que,  de  près  ou  de 
loin,  le  mot  incartade,  qui  certainement  n'est 
pas  de  date  ancienne,  se  rattache  à  cette  idée 
de  cartam  alicui  mittei'e,  envoyer  à  qqn.  soit 
une  plainte,  soit  une  lettre  injurieuse,  soit  un 
cartol.  —  Littré  dérive  le  mot  de  Tesp.  encar- 
tarse,  prendre  une  mauvaise  carte,  d'où  déri- 
verait le  sens  «  faire  une  sottise  ».  Mais  les 
Espagnols  ne  donnant  pas  ce  sens  métapho- 
rique à  leur  terme,  et  l'explication  de  Littré 
laissant  de  cùté  l'idée  de  brusquerie,  qui  est 
inhérente  au  mot  français,  je  ne  me  sens  pas 
sati.sfait.  Lafaye  définit  étymologiquement  i>t- 
cai'tade  par  «•  action  d'entrer  en  cartes  hors 
de  son  rang  ». 

INCENDIE,  L.  incendium  (incendere).  — 
D.  incciidier;  incendiaire,  L.  incendiarius. 

INCESSANT,  =  qui  ne  cesse  pas  (voy.  ces- 
ser). L'adv.  incessamment  signifie  d'abord, 
comme  L.  incessanter,  sans  relâche,  puis  sans 
retard,  au  plus  tAt. 

INCESTE,  subst.  et  adj.,  du  L.  incestus 
(rad.  castus),  adj.  et  subst.  —  D.  incestueux, 

INCIDENT,  adj.,  L.  in-cidens  (cadere).  litt. 
=  qui  tombe  dans,  qui  vient  interrompre  une 
continuité,  qui  survient  dans  le  cours  d'une 
affaire.  —  D.  incident,  subst.,  événement  inat- 
tendu ;  incidence,  incidentel, 

INCINÉRER,  néo-latin  inci'nerare  (de  cinis, 
cineris,  cendre).  Encendrer  serait  plus  fran- 
çais; cp.  prov.  encendrar, 

INCISE,  L.  incisa,  fém.  de  incisus  (inci- 
dere),  taillé  dedans.  Le  même  verbe  incidere, 
par  son  supin  incisum,  a  donné  :  subst.  incisio, 
fr.  incision,  a<\j.  incisivus*,  fr.  incisif,  et  le 
verbe  fréq.  incisare,  fr.  inciser, 

INCITER,  L.  in-citare,  —  D.  incitation, 

INCLINER,  vfr.  enclinei\  du  L.  in-clinare. 
Du  subst.  inclinatio  viennent  â  la  fois  »îc/i- 
iiaison  et  inclination,  dont  on  a  su  différencier 
la  valeur,  en  donnant  (relativement  à  la  signi-  ' 
fication  de  {)ente)  au  premier  un  sens  phy- 
sique, à  l'autre  une  acception  morale. 

INCLURE,  forme  plus  latine  que  enclore; 
ce  dernier  répond  au  type  non  classique  in- 
claudere;  inclure,  par  contre,  à  la  forme  clas- 
sique in-cludcre;  part,  inclus,  L.  inclusus.  — 
D.  inclusif,  inclusion, 

INCOGNITO,  sans  être  connu,  locution  ad- 
verbiale venue  de  l'italien  ;  du  L.  incognitus, 
inconnu. 


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IND 


—  282  — 


IND 


INCOLORE,  L.  incolor  (cp.  L.  muUicolor), 

INCOMBER,  L.  in-ciimbere,  coucher,  peser 
sur,  être  à  charge  de  qqn.  —  Ce  verbe,  quoi- 
que fort/  usité,  n'a  pas  été  accueilli  par  l'Aca- 
démie. 

INCOMMODE,  1.  qui  n'est  pas  commode; 
2.  importun;  du  L.  incommodus .  —  D.  incom- 
modité y  L.  -itas;  incommoder  y  L.  incommo- 
dare  (verbe  neutre  en  latin,  construit  par 
conséquent  avec  le  datif). 

INCONTINENT,  adv.  aussitôt,  vfr.  enconte- 
nant;  de  la  phrase  latine  m  continenti,  m.  s., 
pr.  sans  interruption,  tout  de  suite  (de  conti- 
nent, continu). 

INCONVÉNIENT,  reproduction  littérale  du 
L.  inconveniens  =  qui  ne  s'accorde  pas,  con- 
trariant ;  pour  l'emploi  substantival,  cp.  les 
termes  accident,  incident,  expédient.  Ancien- 
nement le  mot  était  synonyme  d'ao<;identy 
malheur,  malencontre. 

INCORPORER,  L.  in-corporare,  faire  entrer 
dans  le  corps. 

INCRÉDlffilLITi,  forme  savante  pour  in- 
croyabilité,  du  L.  incredibilitas . 

INCRÉDULE,  L.  incredulus,  qui  ne  croit 
pas  ;  cette  valeur  ne  répond  pas  exactement  à 
celle  du  simple  crédule;  ce  dernier  exprime  un 
défaut,  mais  incrédule  ne  dit  pas  l'opposé 
direct  de  ce  défaut. 

INCRIMINER,  BL.  incriminare,  =  in  cri- 
men  adducere,  cp.  inculper.  —  D.  incrimina- 
tion. Tertullien  emploie  le  mot  incrimitiatio 
dans  le  sens  opposé  de  criminatio,  c.-à-d.  dé- 
faut de  culpabilité,  justification. 

INCRUSTER,  forme  savante  de  encroûter, 
du  L.  in-crustare,  couvrir  d'une  croûte, 

INCUBATION,  L.  incubatio,  de  incubare, 
être  couché  dessus,  couver. 

INCUBE,  L.  incubus,  cauchemar  (de  in-cu- 
bare,  être  couché  dessus,  oppresser). 

INCULPER,  vfr.  encouper,  du  BL.  incul- 
pare  =  in  culpam  adducere,  cp.  incriminer. 

INCULQUER,  du  L.  inculcare  (rad.  calx), 
pr.  fouler,  tasser,  faire  entrer  de  force. 

INCULTE,  L.  in-cultus,  non  cultivé. 

INCUNABLE,  livre  imprimé  du  temps  où 
l'art  typographique  se  trouvait  encore  dans 
«  les  langes  »  ;  un  incunable  est  une  expres- 
sion brachylogique  pour  «  un  livre  datant  des 
incunables  de  l'imprimerie  ».  Du  L.  incuna 
bula,  langes,  berceau. 

INCURABLE,  L.  in-curabilis,  voy.  cure. 

INCURIE,  L.  incuria,  absence  de  cura. 

INCURSION,  L  incursio  (in-currere). 

INCUSE  (médaille),  du  L.  in-cusus  (cudere), 
non  frappé.  Selon  Littré,  de  incusus,  part,  de 
incudere,  frapper  dessus;  mais  cette  étymo- 
logie  est  contraire  à  la  valeur  du  mot. 

INDE,  d'abord  adjectif,  de  couleur  bleue,  du 
L.  indiens,  indien  (cp.  vfr.  rusie,  hérite,  de 
nisticus,  hœi^eticHs).  La  forme  esp.  indico  a 
fourni  le  mot  fr.  indigo. 

INDÉCIS,  du  L.  in-decisus  (S.  Grégoire), 
non  tranché  (décidée,  couper,  régler,  déci- 
der). De  là  aussi  indécision. 


INDÉLÉBILE,  L.  in-delebilis,  ineffaçable. 

INDEMNE,  L.  in-demnis,  sans  dommage 
[éiamnum).  —  D.  indemnité,  ifuiemniser. 

INDEX.  1.  table  d'un  livre;  2.  spéc.  cata- 
logue des  livres  prohibés  par  l'autorité  ecclé- 
siastique ;  le  terme  complet,  dans  ce  sens,  est 
inrfea?  expurgatoire;  3.  le  doigt  entre  le  pouce 
et  le  médius.  Mot  latin,  signifiant  indicateur. 

INDICE,  L.  indidum,  indication  (indicare). 

INDICIBLE,  L.  in-dicibilis.  Pourquoi  pas 
indisable,  puisque  l'on  dit  disable  et  non 
dicible  f  Pourquoi  latin  pour  l'un  et  français 
pour  l'autre? 

INDIFFÉRENT,  voy.  différent.  —  D.  ùidif- 
férence,  indifférentisme. 

INDIGÈNE,  L.  indigena  (né  à  l'intérieur). 
—  D.  indigénat, 

INDIOENT,  du  L.  indigere,  avoir  besoin.— 
D.  indigence,  L.  indigentia. 

INDIGESTE,  du  L.  in-digestus,  qui  signifie 
1.  embrouillé,  litt.  mal  coordonné;  2.  non  di- 
géré; 3.  indigestible  (Boèce).  —  Subst.  indi- 
gestion, L.  indigestio. 

INDIGNE,  L.  in-dignus;  indignité,  L.  in- 
dignitas;  indigner  {s),  L.  indignari;  le  fr. 
emploie  le  verbe  indigner  aussi  activement, 
p.  mettre  dans  l'indignation  (indignatio). 

INDIGO,  voy.  inde.  —  D.  indigotier. 

INDIQUER,  L.  indicare  (dicere). 

INDIRE,  terme  de  droit  féodal,  du  L.  indi- 
cere,  prescrire. 

INDISPENSABLE,  voy.  dispenser. 

INDISPOSER.  =  mal  disposer  ;  le  part,  in- 
disposé (qui  a  probablement  donné  naissance 
au  verbe)  équivaut  1.  à  «  non  disposé  »,  c.à-d. 
prévenu  désavantageusement  à  l'égard  de 
qqn,  2.  à  non  dispos,  c.-à-d.  malade;  subst. 
indisposition,  disposition  peu  favorable,  lé- 
gère altération  dans  la  santé. 

INDIVIDU,  mot  introduit  dans  la  langue  par 
la  philosophie  et  exprimant  un  être  distinct, 
formant  unité  relativement  à  l'espèce.  Il  est 
tiré  du  L.  individuus,  indivisible  (étymolo- 
giquement,  individu  ne  dit  pas  autre  chose 
qu'atome).  On  nomme  individuelles  les  qua- 
lités propres  à  un  être  organisé  et  qui  ne 
peuvent  être  détachées  de  lui  sans  détruire 
ce  qui  constitue  l'ensemble  de  son  organisa 
tion,  lequel  ensemble  s'appelle  individualité. 
Le  verbe  individualiser  équivaut  à  :  considé- 
rer ou  présenter  une  chose  individuellement, 
abstraction  faite  de  l'espèce  :  individualisme, 
=  esprit  ou  syst-ôme  opposé  à  celui  qui  est 
porté  vers  l'association,  la  fraternité,  l'huma- 
nité. 

INDIVIS,  L.  in-divisus;  superfétation  inu- 
tile de  la  langue,  puisque  indivisé  dit  la  même 
chose  et  que  divis  ne  se  dit  pas. 

INDOLENT,  L.  indolens  (S.  Jérôme),  pr. 
non  soufirant.  L'indolent  est  celui  que  rien 
n'afflige  ou  n'émeut.  C'est  un  synonyme  de 
nonchalant  «  qui  ne  s'échauffe  pas  ».  — 
D.  indolence. 

INDU,  non  dû,  ou  plutôt  =  contraire  à  ce 
qui  est  dû  ou  convenable. 


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Gpogle 


INF 


—  283 


INF 


INDUBITABLE,  L.  in-dubitabilût.  Le  simple 
dubitable  ne  se  dit  pas,  il  est  rendu  par  dou- 
teux. 

INDUCTION,  L.  ûiductio,  siibst.  d'vidiiire 
(L.  indv.ccré),  litt.  action  de  conduire  d'une 
chose  vers  l'autre,  du  ox)nnu  vers  l'inconnu.  De 
là  les  philosophes  ont  tiré  l'adj.  inductif 
(L.  inductivusy  chez  Priscien,  a  le  sens  d'hy- 
pothétique). 

INDUIRE,  LJnducere,  1.  mener  dans  (p.  ex. 
induire  en  erreur),  2.  inférer  (v.  induction). 
L'opération  matérielle  exprimée  par  le  verbe 
latin  est  rendue  en  fr.  par  la  forme  vraiment 
française  enduire  (v.  c.  m.). 

INDULGENT,  L.  indulgens  (de  induiffere, 
être  bienveillant),  —  D.  indulgence,  L.  indul- 
gentia. 

INDULT,  L.  induîtum  (indulgere),  conces- 
sion, permission,  grâce. 

INDUSTRIE,  L.  industria,  zèle,  travail.  — 
D.  industrieux  y  L.  industriosus,  «-  appliqué  ; 
industriel,  =  qui  se  rattache,  qui  s'applique 
A  l'industrie,  d'où  industrialisme, 

INDUT,  t.  d'église,  L.  indutus,  habillé.  — 
Ane.  subst.  indution,  investiture. 

INiDIT,  L.  in-editus,  non  édité. 

INEFFABLE,  L.  in-effabilis.  Le  simple 
effable  ne  se  dit  plus. 

INÉNARRABLE,  L.  in-enarrabilis,  qui  ne 
peut  être  narré. 

INEPTE,  L.  in-eptus  (in  aptus). — D, ineptie, 
L.  incptia,  incvonvenance,  sottise. 

INERTE,  L.  in-ers,  inertis  (ars),  inapte  à 
tout  art,  à  toute  activité,  qui  ne  produit  rien. 
—  D.  inertie,  L.  inertia  (inaction,  torpeur).  Les 
mots  inerte  et  inertie  ne  sont  employés  dans  le 
langage  ordinaire  que  depuis  le  milieu  du 
XVIII*  siècle. 

INEXORABLE,  L.  in-exorabilis  (de eœ-orare, 
gagner  qqch.  ou  toucher  qqn.  par  ses 
prières). 

INEXPIABLE,  L.  inrexpiabilis, 

INEXPUGNABLE,  L.  in-expugnabilis,  im- 
prenable {ex-pugnare  ^=»  prendre  à  force  de 
lutte). 

INEXTINGUIBLE,  L.  in-extinguibUis"  (de 
extinguere  =  fr,  éteindre), 

INEXTRICABLE,  L.  in-extricabilis  (de  ex- 
tricare,  démêler). 

INFAME  (le  circonflexe  n'a  pas  de  raison 
d'être),  du  L.  in-famis  (de  fama,  réputation)  ; 
subst.  infamie,  L.  infamia;  verbe  actif  în-/a- 
mer,  L.  infamare. 

INFANT,  de  l'esp.  infante  =  L.  infans,  en- 
fant. 

INFANTERIE.  On  n'est  pas  d'accord  sur 
l'origine  de  ce  terme  militaire.  Les  uns  le  font 
remonter  à  une  infante  d'Espagne,  qui,  à  la 
nouvelle  que  les  troupes  de  son  père  avaient 
été  battues  par  les  Maures,  aurait  rassemblé 
quelques  soldats  à  pied,  dont  l'usage  pour  les 
combats  était  alors  inconnu,  et  à  la  tête  des- 
quels elle  aurait  remporté  la  victoire.  En 
souvenir  de  cet  acte  d'héroïsme,  les  troupes 
do  pied  auraient  conservé  en    Espagne  le 


nom  de  troupes  de  l'infanta  ou  infanterie.  Ce 
récit  manque  d'appui  historique.  —  D'autres 
déduisent  le  mot  du  BL.  infancio  (dér.  de 
infans,  et  répondant  au  vfr.  enfançon),  par 
lequel  tonne  on  qualifiait  en  Espagne  les  en- 
fants des  clievaliers,  qui  n'avaient  pas  encore 
obtenu  ce  titre,  qui  n'étaient  pas  encore  ca- 
bail er os.  —  Une  autre  étymologie  se  rattache 
au  mot  ail.  fant,  it.  fante,  flam.  vent,  =  ju- 
vcnis,  adolescens,  puer;  elle  se  recommande 
par  les  formes  it.  fanteria,  fantaccino  (d'où 
fr.  fantassin),  mais  elle  ne  nous  avance  pas, 
puisque  les  mots  fant  et  fante  ne  sont  que  des 
formes  tronquées  du  L.  infantem  (pour 
l'aphérèse  de  in,  cp.  it.  stromento,  instni- 
mentum).  Le  mot  ail*  fant  est  tiré  de  l'it.  et 
indépendant  du  vha.  fetido  (mhsL,  vende),  qui 
signifiait  piéton  et  plus  tard  pion  ;  ce  dernier 
ne  peut  être  invoqué  pour  fanteria,  A  cause 
du  désaccord  entre  d  et  t.  —  En  attendant 
que  cette  origine  soit  tirée  au  clair,  je  crois 
que  le  plus  sûr,  c'est  d'expliquer  infanterie 
par  troupe  des  infantes,  ce  dernier  mot  étant 
pris  dans  le  sens  du  germ.  fant  et  it.  fante, 
c.-ârd.  valet.  Les  valets  servaient  à  pied.  In- 
fantes, d'où  infanterie,  n'est  peut-être  que  la 
traduction  du  germanique  landsknechte , 
terme  qui  litt.  signifie  valets  ou  mercenaires 
du  pays,  et  par  lequel  on  désignait  en  Alle- 
magne, vers  la  fin  du  xv*  siècle,  un  soldat 
d'infanterie. 

INFANTICDE,  1.  subst.  de  l'agent,  » 
L.  infanticida,  2  subst.  de  l'action,  ==  L.  in- 
/anf/ctrfi  M w  (infantem  caedere). 

INFATUSR,  L.  infatuare,  rendre  fou 
{fatuus). 

INFECT,  L.  infectus,  part,  de  inficere,  litt. 
mettre  une  chose  dans  une  autre,  puis  mêler 
avec  une  substance  délétère,  altérer,  cor- 
rompre. —  D.  infection,  L.  infectio;  verbe 
infecter,  d'où  dés-infecter  ;  néolog.  médical 
infectieux, 

INFÉODER,  BL.  infeodare  (feodum),  voy, 
fief. 

INFÉRER,  conclure  ^Quintilien),  litt.  intro- 
duire (dans  le  discours),  alléguer,  prétendre. 

INFÉRIEUR,  L.  inferior,  comparatif  du  po- 
sitif inferus  (dont  les  botanistes  ont  tiré  leur 
terme  infère).  —  D.  infériorité. 

INFERNAL,  L.  infemalis,  dérivé  de  infer- 
num,  type  du  fr.  enfer. 

INFESTER,  L.  infestare,  attaquer,  inquié- 
ter, puis  ravager. 

INFIBULER,  L.  infihulare,  attacher  avec 
une  agrafe  (fibula),  —  Vfr.  enfubler  =s  affu- 
bler. 

INFILTRER,  pénétrer  comme  par  un  filtre 
(v.  c.  m.). 

INFIME,  L.  infimus  (superlatif  de  infer  ou 
inferus),  placé  le  plus  bas,  au  dernier  rang, 
—  D.  infimité. 

INFINI,  L.  infinitus  (finis),  illimité  ;  subst. 
infinité.  L.  infinitas,  étendue  infinie  (le  sens 
«  grande  quantité  »  n'est  pas  classique).  Les 
mathématiciens  ont  tiré  de  infinitus  la  forme 
numérale  infinitesimus,  d'où  le  dér.  fr.  infini- 


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ING 


—  284  — 


INO 


iàsimal;  les  grammairiens  :  infinitirus  modus, 
fr.  in finitif  {mode  'indéûni,  indéterminé). 

INFIRME,  vfr.  enferm,  e)tfn\  du  L.  infir- 
mus,  non  ferme,  faible,  malade  (cp.  invalidé). 
—  D.  infirtner  (vfr.  enfermer),  L.  infirmare, 
invalider.  A  l'acception  «  malade  »  se  réfèrent 
les  mots  :  infirmité,  L.  infirmitas,  infirmier, 
infirmane. 

INFLAMMABLE,  -ATION.  ATOIBE,  du 
L.  inflammarc  =  fr.  enflammer. 

INFLÉCHIR,  formé  sur  le  simple  fléchir, 
d'après  L.  in-flectere,  d'où,  par  le  supin  in- 
fleriim,  le  subst.  inflexio,  fr.  inflexion.  — 
L'adj.  inflcxibilis,  fr.  inflexible,  dit  le  con- 
traire de  flejcibilis. 

INFLIGER,  L.  in-fligere,  litt.  frapper 
contre  ;  supin  inflidum,  d'où  infliction,  inflic- 

tif. 

INFLUER,  exercer  une  action  sur  qqch.,  du 
L.  in-fliierc,  couler  dans,  se  glisser,  s'insi- 
nuer; de  là  influent  et  influence,  d*où  in- 
fluencer,  La  langue  allemande  présente  le 
même  trope  dans  ein-fluss.  —  Le  sens  naturel 
de  couler  se  retrouve  dans  le  terme  médical 
it.  influença  (grippe)  ;  cp.  catarrhe,  fluxion. 

IN-FOLIO,  terme  latin,  litt.  »  en  feuille. 

INFORME,  L.  in-formis  (forma). 

INFORMER,  vfr.  en  former,  L.  in- for  marc, 
donner  une  forme,  façonner,  puis  au  fîg.  en- 
seigner, instruire,  dresser.  La  valeur  du  mot 
fr.  s'est  rétré<*ie,  et  Yinformation  n'est  plus 
qu'une  instruction  relative  à  un  fait  particu 
lier.  Les  Allemands  appellent  encore  infor- 
mator  un  précepteur. 

INFRACTEIJR,  -TION,  L.  in-fractor,  -tio, 
du  verbe  in/riw^^"*  (supin  infractum),  type  du 
fr.  enfreindre. 

INFUS,  L.  in-fusiis  (fundere),  versé  dedans; 
on  fr.  le  t^rme  est  devenu  synonyme  du  mot 
inné.  Ixî  subst.  infusio  (action  de  verser  sur) 
a  donné  infusion,  qui  exprime  à  la  fois  Topé- 
ration  et  .«^5n  résultat  ;  du  type  infiisare,  fréq. 
de  in  fundere,  vient  le  verbe  infuser.  Le  mot 
infusoire  a  été  créé  par  les  modernes  dans  le 
sens  de  «  qui  se  développe  dans  les  infusions 
végétales  et  animales  n. 

INGAMBE,  qui  est  bien  en  jambes,  de  Fit. 
in  gamba  (voy.  jambe),  alerte,  dispos;  au 
XVI»  siècle  on  écrivait  encore  cet  adjectif  en 
deux  mots  :  «  les  plus  in  gambe  ». 

INGÉNIER  (S'),  litt.  se  donner,  dans  un  cas 
déterminé,  le  ingenium  (l'esprit,  le  talent) 
nécessaire  pour  réussir,  donc  =  s'évertuer; 
voy.  engin. 

INGENIEUR,  vfr.  engigneus,  voy.  engin. 
«*  Tous  lesquels  instruments  de  ject  s'appe- 
loient  engins  et  artillerie  et  les  maistres  in- 
venteurs et  conducteurs  ingénieux,  pour  ce 
qu'il  falloit  avoir  vif  et  subtil  esprit  que  nous 
appelons  engin,  du  latin  ingenium,  et  de  l'art 
pour  composer  ces  ouvrages  subtils  «  (Cl.  Fau- 
chet.  Origine  de  la  milice  et  des  armes). 

INGENIEUX,  vfr.  engigneus,  L.  ingenio- 
sus  (ingenium).   —   D.   ingéniosité. 

INGENU,  L.  ingenuus,  franc,  sincère.  L'éty- 
mologie  du  mot  latin,   telle  que  la  produit 


Besclierelle,  savoir  in  privatif  et  gcnium, 
génie,  invention,  adresse,  est  fausse.  Le  latin 
ingenuus  vient  de  ingeno,  faire  naître  dans  ; 
il  est  synonyme  de  indigena  (indi,  indu  = 
gr.  «v^-îv,  et  ge7io,  gr.  TESv,  naitre  ou  faire 
naitrc).  L'idée  foncière  est  «  naturel» ,  d'où  s'est 
déduite  celle  de  légitime,  libre,  puis  celle  de 
digne  d'un  homme  libre,  généreux,  franc, 
naturel  (au  figuré)  ;  cp.  naïf  de  nativus.  — 
D.  ingénuité,  L.  ingenuitas. 

INGÉRER,  L.  in-gerere,  porter  dans,  intro- 
duire; Juvénal  employait  déjà  se  ingérera 
avec  le  sens  de  notre  expression  s'ingérer, 
c.-à.-d.  s'imposer,  s'immiscer,  s  entremettre 
avec  importunité.  —  D.  ingérence.  Le  subst. 
ingestion,  L.  ingestio,  ne  se  rapporte  qua 
l'acception  médicale  du  verbe  ingérer. 

INGRAT,  L.  in-gratus  ;  ingratitude,  L.  in- 
gratitude. —  Le  simple  gratus  n'a  pas  trouvé 
accueil  dans  la  langue  française  comme  adj., 
mais  seulement  comme  subst.,  sous  la  forme 
gré  (y.  c.  m.). 

INGRÉDIENT,  L.  in-grediens,  qui  entre 
dans. 

INGUINAL,  L.  inguinalis  (de  inguen,  aine). 

INGURGITER,  L.  ingurgitare  (gurges),  en- 
gouffrer. 

INHALER,  L.  in-halare,  souffler  dans. 

INHÉRENT,  L.  in-hcerens,  attaché  à.  — 
D.  inhérence. 

INHIBER,  L.  in-hibere,  retenir,  empêcher  ; 
subst.  inhibition,  L.  inhibitio. 

INHUMER,  L.  in-humare  (humus),  mettre 
en  terra. 

INIMITIÉ,  vfr.  enemistiet,  formé  du  L.  ini- 
micitas(^.  inimicitia),  comme  amitié  de  ami- 
citas. 

INIQUE,  L.  in-iquus  (sequus).  —  L.iniquité, 
L.  iniquitas. 

INITIAL,  L.  initialis  (àeinitium,  commen- 
cement). 

INITIER,  L.  initiari,  1 .  commencer,  de  U 
le  subst.  fr.  initiative,  2.  introduire  qqn.  dans 
les  mystères  d'un  culte,  fig.  le  mettre  au  fai) 
d'une  science  ;  de  là  les  subst.  initiation,  ini- 
tiateur. Le  primitif  est  le  L.  in-itium  (in-ire) 
propr.  entrée.  On  sait  que  ce  mot  est  aussi  au 
fond,  du  fr.  commencer. 

INJECTER,  L.  injectare,  fréq.  de  injicere 
(jeter  dans)  ;  injection,  L.  injectio  (in-jicere). 

INJONCTION,  L.  in-junctio,  subst.  de  in- 
jungere  =  fr.  enjoindre. 

INJURE,  L,  in-juria  (jus,  juris),  injustice, 
outrage.  —  D.  injurier,  L.  injuriari  ;  tfyit- 
rieux,  L.  injuriosus. 

INNÉ,  L.  in-vatus,  synonyme  de  itisitus; 
se  dit  des  choses  qui  sont  nées  avec  nous.  — 
D.  innéité,  terme  philosophique  moderne. 

INNOCENT,  L.  in-nocens,  pr.  qui  ne  nuit 
pas.  —  D.  innocence,  L.  innocentia  ;  verbe 
innocenter,  déclarer  innocent. 

INNOCUITÉ,  du  L.  in-nocuus,  inoffensif. 

INNOMBRABLE,  L.  in-numerabilis. 

INNOVER,  L.  in-novare  (novus). 

INOCULER,  L.  in-oculare,  greffer  en  écus- 


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INS 


—  285  — 


INS 


son  (oculus),  ûg,  =  inculquer  —  D.  inocula- 
tion, -ateur;  inoculiste ^  partisan  de  l'inocula- 
tion. 

INODORE,  L.  in-odorus, 

INONDER,  anc.  enondei'  —  L.  in-undare 
(unda).  —  D.  inondation. 

INOPINÉ»  L.  in-opinatus^  imprévu. 

INOin,  L.  in-auditus  (voy.  ouïr), 

INQUIET»  L.  in-quietus.  Le  simple  qnietus 
s'est  francisé  en  coi  (voy.  ce  mot).  —  D. inquié- 
tude^ vfr.  enquitume,  L.  inquietudo,  -inis; 
inquiéter,  L.  inquietare. 

INQUISITEUR,  L.  inquisitor  (de  in-qui- 
r^re  =  fr.  enquérir),  doù  inquisitorial  ;  in- 
quisition, L.  inquisitio;  inquisitif,  L.  inqui- 
sitiTus. 

INSANITÉ,  L.  in-sanitas,  de  itusanus  (pr. 
non  sain,  malade),  insensé. 

INSATIABLE,  L.  in-satiabilis.  —  D.  insa- 
tiabilité. 

INSCRIRE,  L.  in-sribere,  d'où  le  subst.  in- 
scrjptio,  fr.  inscription. 

INSECTE,  L.  insectum  (de  in-secare,  pr. 
entaillei')  ;  voy.  aussi  entomologie.  Aristote  : 
j««/w  S^i-JTOfia^  ota  îj^si  y.arà  tô  aôtjxx  ivToyuià;. 
Pline  :  jure  omnia  insecta  appellata  ab  inci- 
suris.  —  D.  inscctier, 

INSÉRER,  L.  in-serere,  intercaler,  mettre 
dans,  supin  ittsertum,  d'où  subst.  insertio, 
fr.  insertion. 

INSIDIEUX,  L.  insidiosus  (du  subst.  iiisi- 
diœ,  embûches,  rad.  sedere). 

INSIGNE,  skâj,  L.  in-signis  (signum),  remar- 
quable; le  subst.  L.  insigne,  marque  distinc- 
tive,  s'est  francisé  de  deux  manières  :  1 .  par 
enseigne[\.  c.  m.),  2.  ^t  insigne. 

INSINUER,  L.  insinuare  (sinus),  pr.  intro- 
duire dans  le  sein,  fig.  introduire  secrètement. 
—  D.  itxsinuatioti,  L.  insinuatio;  insinuatif. 

INSIPIDE,  L.  insipidits  (sapidus),  pr.  sans 
saveur.  Voy.  aussi  maussade.  —  D.  insipi- 
dité. 

INSISTER,  L.  in-sistere,  litt.  tenir  sur  ou 
à.  —  D.  insistance  (cp.  instance  do  in-starc). 

INSOLATION,  L.  imolatio  (de  in-solarc, 
exposer  au  soleil). 

INSOLENT,  L.  in-solois,  pr.  contraire  à 
l'habitude,  puis  démesuré,  immodéré,  arro- 
gant, impertinent.  —  D.  insolence,  L.  inso- 
lentia. 

INSOLITE,  L.  insolitus  (solerc),  inaccou- 
tumé. 

INSOLUBLE,  L.  in-solubilis  =^  quod  solvi 
non  potast. 

INSOLVABLE,  voy.  solvable.  —  D.  insolva- 
bilité. Le  latin  du  moyen  âge  disait  insolven- 
tia,  àcinsolven^K,  qui  ne  paie  pas;  cp.en  ail. 
insolvent  et  insolvens. 

IMSOMNIE,  L.  in-somnia  (somnus). 

INSPECTER,  L.  in-spectare,  fréq.  de  in- 
spicere,  regarder  sur,  dont  le  supin  inspec- 
tum  a  donné  :  inspectio,  -tor,  fr.  inspection, 
-teur. 

INSPIRER,  L.  in-spirare,  litt.  souffler 
dans.  —  D.  inspiré,  à  qui  on  a  communiqué 


(litt.  soufflt»)  des  révélations  ou  des  vertus 
supérieures.  —  On  se  sert  aussi  de  inspirer 
pour  exprimer  la  chose  contraire  de  ex-spi 
rare,  donc  comme  d'un  synonyme  de  aspirer. 

INSTALLER,  BL.  installare,  pr.  in  stal- 
lum  mittere.  «  A  dando  stallo  in  choro,  novo 
conflato  verbo,  dicimus  in  idiotisme  installare, 
pro  in  possessionem  mittere  *»  (La  Coste,  dans 
ses  Commentaires  sur  les  Décrétales  de  Gré- 
goire IX).  Le  terme  s'appliquait  d*abord  à 
l'installation  des  chanoines  et  des  juges  ;  de 
là,  le  sens  s'est  étendu  aux  significations  ac- 
tuelles, et  le  mot  est  devenu  synonyme  d'éta- 
blir. Quant  à  stallus,  voy.  stalle  et  étaler.  — 
D.  installation, 

INSTANCE,  vfr.  istance  (avec  le  sens  d'in- 
tention, but),  du  L.  instantia,  pr.  action  de 
se  tenir  sur  (in-stare),  d'insister,  de  presser, 
d'où  se  dégagent  les  idées  de  j^ersistance,  do 
travail  assidu,  de  prière  pressante. 

INSTANT,  adj.,  L.  instans,  1.  pressant; 
2.  imminent,  urgent  (cp.  Salluste  :  instat  nox, 
la  nuit  approche).  —  En  termes  de  grammaire 
Ta^j.  latin  instans  signifiait  présent.  Or,  le 
présent  n'est,  relativement  au  passé  et  à 
l'avenir,  qu'un  point  dans  l'espace  et  n'a 
qu'une  dui'éo  fugitive.  Cette  représentation 
de  la  chose  a  engendré  le  sens  de  momentum 
temporis,  inhérent  au  subât.  instant  do  la 
langue  moderne,  syn.  de  moment.  L'idée  ))re- 
mière  de  proximité  survit  encore  dans  la  lo- 
cution à  l'instant,  =  tout  de  suite.  On  peut 
du  l'esté  aussi  envisager  à  l'instant  comme 
l'équivalent  de  in  prœsenti  et  comiwircr  l'ex- 
pression tout  à  l* heure,  ail.  £ur  stunde,  ou 
augenblicklich.  —  Dérivé  moderne  du  subst. 
instant  :  instantané;  cet  adj.  semble  fait  sur 
le  patron  de  momentané. 

INSTAR  (À  L*),  du  L.  ad  instar,  à  Timage 
ou  sur  le  modèle  de. 

INSTAURER,  L.  in-staurare.  —  D.  instau- 
ration. 

INSTIOUER,  L.  in-stigare,  m.  s.  —  D.  in- 
stigation, -ateur,  L.  -aiio,  -ator, 

INSTILLER,  L.  in-stillare,  verser  dedans 
goutte  à  goutte  (stilla). 

INSTINCT,  L.instinctusCm-stïn^uovci,  im- 
pulsion, excitation,  mouvement.  —  D.  in- 
stinctif. 

INSTITUER,  L.  in-stituere  (statuere),  éta- 
blir. —  D.  institution,  L.  institutio;  le  mot 
fr.  exprime  à  la  fois  l'action  d'instituer  et  la 
chose  instituée  (de  même  que  le  syn.  établis- 
sement) ;  pour  ce  dernier  sens,  le  mot  institut, 
=  L.  institutum  est  plus  correct.  Du  plur. 
instituta,  principes  établis,  les  juristos  ont 
tiré  leur  terme  institutes.  —  Le  verbo  latin 
instituere  signifiait  aussi,  comme  le  terme 
analogue  in-alruerc,  élever,  enseigner  la  jeu- 
nesse ;  cette  acception  est  demeurée  dans  nos 
dérivés  institution  (enseignement,  écDlc)  et 
instituteur. 

INSTRUIRE,  L.  in-strucre.  Le  tenne  latin 
répond,  quant  aux  acceptions  déduites  du  sens 
foncier  construire,  aux  termes  synonymes 
informer,  itistitucr,  et  en  quelque  sorte  aussi 


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INT 


—  286  — 


INT 


à  édifier.  —  D.  ùistruction,  instructeur,   L. 
instructio,  -tor  ;  instructif. 

INSTRUMENT,  vfr.  estrumaU,  L.  instru- 
mentum,  pr.  moyen  pour  in-struere,  au  propre 
et  au  figuré.  —  D .  instrumentcU,  -aire,  -iste, 
verbe  instrumenter,  déduit  du  subst.  itistru- 
ment,  au  sens  d'acte  de  pi-océdure,  titi*e. 

INSU  (À  L').  opp.  de  au  su  de. 
INSUFFLER,  L.  in-sufflare. 
INSULAIRE,  L.  insularis  (insula). 
INSULTER,  L.  insuhare,  fréq.  de  insîHre 
(salij-e),  pr.  sauter  sur,  attaquer.  —  D.  m 
sidte,  subst.  verbal.  Le  vfr    insidt,  soulève- 
ment, vient  direct,   du  subst.   L.    insuUus, 
attaque. 

INSURGER,  L.  in-surçere,  litt.  se  lever 
contre.  Le  mot  fr.  a  pris  le  sens  factitif  (sou  • 
lever).  Du  supin  latin  insurrectum  :  subst. 
insurrectio,  fr.  insurrection. 

INSURRECTION,  voj.  l'art,  préc.  —  D.  in- 
surrectiofniel, 

INTACT,  vfr.  entait,  du  L.  in-tactus  (tan-    I 
ffcrc),   non  touché,   non   entamé;   intactile, 
L.  intactilis,  non  palpable. 

INTÈGRE,  L.  intcger  (rac.  TAG,  d'où  tan- 
gère,  toucher).  Le  fr.  n'a  conser\^é  que  les 
acceptions  morales  du  mot  latin;  au  sens 
propre *«  intact,  complet»,  integer  s'est  fran- 
cisé en  entier  (v.  c.  m.)  Les  deux  sens  sont 
applicables  au  subst.  dér.  intégrité.  —  D.  in- 
tégrité, L.  mtegritas  ;  intégral  (d'où  intégra- 
lité)'^ intégrant  (du  L.  integrare,  compléter)  ; 
réintégrer,  L.  redintegrare. 

INTELLECT,  L.  intellectus  (intelligere). — 
D.  intellectuel,  L.  intellectualis. 

INTELLIGENT,  L.  intelUgens  (intelligere, 
p.  ititer-legere,  discerner,  démêler,  com- 
prendre), d'où  intelligence,  L.  intelligentia, 
entendement,  connaissance.  Dans  l'acception 
«  correspondance  entre  deux  personnes  qui 
s'entendent  »  (cp.  le  terme  entente  de  entendre, 
ail.  verstàndniss,  ein-verstûndniss),  ce  sub- 
stantif a  pour  opposé  més-intelligence  (ail. 
miss-verstandniss)\  dans  les  autres  accep- 
tions ,  in  'intelligence. 

INTELLIGIBLE,  L.  inteUigibilis.  —  D.  in- 
telligibilité. 

INTEMPÉRIE,  L.  intempéries,  mauvaise 
disposition  de  l'air. 

INTEMPESTIF,  L.  in-tempestivus  (tempos- 
tas;,  qui  est  hors  de  saison,  déplacé,  inoppor- 
tun. 

INTENDANT,  L.  hitendeyis,  du  verbe  hi' 
tcndere,  au  sens  d'être  attentif,  surveiller.  — 
D.  intendance,  surintendant. 

INTENSE,  L.  intensus,  de  in-tenderc,  au 
sens  de  donner  de  la  tension,  renforcer.  — 
D.  intensité,  intensif  (t.  de  grammaire). 

INTENTER,  L.  intentare,  fréq.  de  in-tai- 
dere,  litt.  =  diriger  vers,  de  là  porter  (une 
accusation)  contre. 

INTENTION,  L.  intentio,  dessein,  projet  (de 
intendere  s.  e.  animum,  porter  son  esprit).  — 
D.  intentionné,  intentionnel, 
INTSR.  Les  composés  avec  inter  appar- 


tiennent au  fonds  savant  de  la  langue,  qu'ils 
soient  d'origine  latine  ou  non.  La  forme  vrai- 
ment française  de  inter  est  entre  (v.  c.  m.). 

INTERCALER,  L.  inter-calare.  —  D.  ititer- 
calation,  L.  -atio,  intercalaire,  L.  -ans. 

INTERCÉDER,  L.  inter-cedere,  marcher 
entre,  s'entreposer.  Du  supin  intercessum  : 
les  subst.  intercessor,  -cessio»  fr.  ititercesseur, 
-cession. 

INTERCEPTER,  L.  interceptare,  fréq.  de 
intercipere,  pr.  saisir  entre (c.-à-d.  entre  œlai 
qui  expédie  et  le  destinataire,  entre  le  point  de 
dépail  et  le  but;;  interception,  L.  intercep- 
tio. 

INTERDIRE,  vfr. entredire,  L.  inter-dicere, 
pr.  interjeter  une  opposition  (cp.  Tall.  unter- 
sagen);  interdit,  L.  interdictum;  interdiction, 
L.  interdictio.  —  Le  sens  métaphorique  du 
partie,  interdit  =  déconcerté,  troublé,  se 
déduit-il  de  l'idée  frapper  d'interdit,  ou  du 
sens  défendre  à  qqn.  l'exercice  de  ses  fonc- 
tions, le  priver  d'action,  le  paralyser?  J'in- 
cline pour  la  dernière  manière  de  voir. 
INTÉRESSER,  voy.  l'art,  suiv. 
INTÉRÊT,  subst.  tiré  du  L.  interest,  il  im- 
porte :  ce  qui  importe  ou  ce  qui  rapporte  ou 
profite  à  qqn.  s'est  appelé  son  interest.  On 
peut  comparer,  au  point  de  vue  de  la  dériva 
tion  grammaticale,  le  subst.  déficit,  du  L.  dé- 
fiât =  il  manque.  —  Le  sens  primitif  du  mot  : 
profit,  revenu,  importance,  s'est,  avec  le  temps, 
considérablement  élargi,  mais  on  le  démêle 
encore  facilement  dans  les  diverses  acception.*, 
p.  ex.  part  dans  une  aflaii^e  (pris  au  moral 
dans  :  je  prends  intérêt  =  je  prends  part)  ;  les 
intérêts  de  l'Etat  =  ce  qui  est  i  m  pointant  à  1'  'Jtat 
l'intérêt,  dans  le  sens  absolu  :  la  recherche  du 
profit,  etc.  —  L'allemand,  comme  la  latinité 
du  moyen  âge,  a  tiré  le  subst.,  au  lieu  du  prés, 
de  l'indicatif,  de  l'infinitif  interesse,  de  là 
notre  dérivé  intéresser,  offrir  de  l'intérêt, 
mettre  dans  l'intérêt,  d'où  intéressant,  inté- 
ressé, déS'intéresser.  Il  est  curieux  de  remar- 
quer que  dans  l'anc.  langue  interest,  par  son 
caractère  de  vox  média,  tournait  au  sens  do 
dommage,  int&i'csser  en  celui  de  causer  pi'é- 
judice,  nuire  ;  encore  Massillon  dit  :  Pilate 
craint  d'intéresser  sa  fortune,  s'il  rend  justice 
à  Jésus-Christ. 

INTERFOLIER,  mettre  des  feuillets  blanc;» 
entre  les  fonillets  imprimés  d'un  livre;  du 
lat.  inter  folia,  entre  les  feuilles. 

INTÉRIEUR,  L.  interior,  comparatif  de 
inter  us,  —  D.  intériorité. 

INTÉRIM,  adverbe  latin,  >==  pendant  co 
temps,  en  attendant.  —  D.  inté^-imaire. 

INTERJECTION,  L.  interjectio  (intcr-jicere, 
jeter  entre).  L'interjection  ne  fait  pas  partie 
intégrante  d'une  proposition  ;  c'est  un  cri  de 
l'âme  qui  en  interrompt  la  structure,  de  là  le 
nom. 

INTERJETER,  anc.  L.interjectare*,  fréquen- 
tatif de  interjicere, 

INTERLIGNE,  mot  technologique  formé  du 
L.  inter  lineas,  entré  les  lignes.  —  D.  interli' 
néaire,  interligner. 


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INT 


287  — 


INV 


INTERLOGITTEÏÏR,  -TION,  -TOIRE»  du  su- 
pin  interlocutum^  du  verbe  inter-làqui,  par- 
ler entre,  interrompre  le  discours  de  quel- 
qu'un; au  sens  juridique  d'ordonner  un  inter- 
locutoire, on  dit  aussi  en  fr.  interloquer. 

INTERLOPE,  direct,  de  l'angl.  to  irderlope, 
faire  le  commerce  en  contrebande.  Celui-ci 
est  une  composition  hybride  du  préfixe  tn/^r  et 
du  verbe  bas-ail.  loopen{=^  nha.  laufen)  et  ne 
dit  autre  chose  que  L.  inter-currere.  Le  com- 
merce interlope  est  celui  qui  contrecarre 
celui  d'une  compagnie  ou  d'une  nation  seule 
autorisée  à  le  faire, 

DîTERLOQUER,  voj.  interlocuteur;  aussi 
synonyme  Ôl' interdire  y  rendre  interdit. 

INTERMÈDE,  L.  inter-medius,  it.  inter- 
tnezzo.  —  D.  intermédiaire ,  intermédiat, 

INTERMITTENT,  du  L.  inter-mittei-e,  in- 
terrompre, discontinuer.  —  D.  itUermittence; 
intermission t  L.  intermissio. 

INTERNE,  L.  internus,  qui  est  en  dedans 
(de  inter;  cp.  externtis,  infernus,  supernus). 

—  D.  tnterfier,  internat, 
INTERNONOE,  L.  inter-nuntius,  pr.  négo- 
ciateur, médiateur  entre   deux  paAs;   auj. 
titre  de  la  chancellerie  romaine,   =   nonce 
intérimaire,  ou  substitut  du  nonce. 

INTERPELLER,  L.  inter-pellare,  inter- 
rompre un  discours. 

INTERPOLER,  L.  iyUer-polare,  modifier, 
refaire,  altérer. 

INTERPOSER,  variété  de  entreposer,  do 
poser^  d'après  l'analogie  du  L   inter-ponere. 

—  D.  interposition,  L.  interpositio. 
INTERPRÈTE,    L.   interpres,  -etis;  verbe 

interpréter.  L.  interpretari. 

INTERRÉGNE,  L.  inier-regnum. 

INTERROGER,  L.  hiter-rogare,  —  D.  in- 
terrogation,  -ateur,  -atif,  -atoire,  —  L'an- 
cienne langue  avait  transformé  le  simple 
rogare  en  rover,  rouver,  et  le  composé  inter- 
rogare  en  enterver\^.  etitrerover),  prov.  enter- 
var.  Cp.  coi'vée  de  corrogata. 

INTERROMPRE,  L.  inter-rumpere,  d'où  in- 
terruptio,  -tor,  fr.  interruption,  -teur. 

INTERSECTION,  L.  intersectio  (inter- 
secare,  couper  par  le  milieu). 

INTERSTICE.  L.  inter-stitium  (de  inter- 
stare,  supin  inter-stitum*}, 

INTERVALLE,  anc.  entreval,  L.  interval- 
lum,  pr.  espace  entre  deux  palissades  (val- 
lum). 

INTERVENIR,  L.  inter-mnire;  subst.  in- 
tervention,  L.  interventio;  intervetUif. 

INTERVERTIR,  L.  inter-vertere,  m.  s., 
d'où  interversio,  fr.  interversion. 

INTESTAT,  L.  in-lestatus,  qui  n'a  pas  testé. 
Ab  intestat,  L.  ab  intestato  hères,  qui  hérite 
d'un  intestat. 

INTESTIN.  \.  adj.  =  L.  intestinus,  m.  s. 
(rad.  intus)^  2.  subst.  =  L.  intestinum.  m.  s. 

—  D.  intestinal. 

INTIME,  L.  intimus  (superlatif  de  inter}. 

—  D.  intimer f  L.  intimare  -  quasi  in  intimo 
ponere  w  ;  i7itimite\  L.  intimitas. 

INTIMIDER,  BL.  intimidare  {timïàus)',  pré- 
fixe in  avec  valeur  factitive. 


INTITULER,  vfr.  entiteler,  BL.  vUitulare 
(titulus). 

INTONATION,  du  L.  intonare  (tonus),  en- 
tonner. 

INTRADOS,  composé  nouveau,  du  L.  intra 
dorsum,  ce  qui  est  à  l'intérieur  d'une  voûte. 
Cp.  extrados. 

INTRÉPIDE,  L.  ùî-trepidus,  litt.  qui  ne 
tremble  pas   —  D.  intrépidité. 

INTRIGUER,  anc,  entriquer,  du  L  in-tri- 
care  ('rad.  trica,  impedimentum),  embarra.s- 
ser,  embrouiller.  —  D.  infri^we,  subst.  verbal 
(Corneille  employait  intriques)  ;  intrigant, 
intrigailler ,  intrigoterie.  —  Le  mot  intriguer 
ne  se  présentant  ni  sous  la  forme  de  entricher, 
ni  sous  celle  de  entrier,  doit  être  attribué  au 
fonds  savant  de  la  langue  etprob.  un  emprunt 
à  ritalien.  —  On  trouve,  dès  le  xiv*  siècle, 
cntriqué  a»i  sens  physique  d'embarrassé. 

INTRINSÈQUE,  acy.  tiré  do  l'adv.  L.  in- 
trinsecus,  intérieurement. 

INTRODUIRE,  du  L.  întro-ducere,  d'où,  par 
le  supin  introductum,  les  subst.  introductio, 
-tor,  fr.  introduction,  -teur. 

INTROÏT,  du  L.  itUro-itus,  entrée. 

INTRONISER,  BL.  inthronisare,  fait  sur  le 
grec  tv^povi^iiv,  placer  sur  un  siège  ou  trône 
{^tiovoi  L.  thromiS)\  l'anc.  langue  disait  en- 
trosncr;  cp.  installer. 

INTRURE*,  L.  in-trudere,  pousser  dedans 
(cp.  inclure  de  includere)  ;  part,  intrusus,  fr. 
intrus,  subst  intrusio,  fr.  intrusion. 

INTUITION,  L.  inluUio  (de  in4ueri,  regar- 
der). —  D.  a(y.  intuitif. 

INVALIDE,  L.  in-validus  l'cp.  infirme,  im- 
potent)  —  D.  invalider  ;  cp,  infirmer, 

INVASION,  L.  itivasio,  de  in-vadere  =  fr. 
envahir. 

INVECTIVE,  de  l'adj.  L.  invectivus,  formé, 
par  le  supin  invectum,  de  invehi,  assaillir, 
attaquer.  —  D.  invectiver. 

INVENTAIRE,  L.  inventarium  =  descrip- 
tio  rerum  quœ,  post  alicujus  decessum,  in 
illius  bonis  inveniuntur.  On  rencontre  aussi 
la  forme  inventorium  ;  c'est  d'elle  qu'on  a  tiré 
le  vfr.  inventore  et  notre  verbe  inventorier, 

INVENTER,  L.  inventare\  fréq.  de  in-ve- 
nire,  venir  dessus,  trouver  (cp.  l'ail,  aufetwas 
kommen,  trouver  qqch.)  ;  du  supin  inventum  : 
invention,  L.  inventio,  inventeur,  L.  inven- 
tor;  inventif. 

INVENTORIER,  voy.  inventaire. 

INVERSE,  L.  inversus,  renversé  (in-vertere). 
Du  même  type  latin  procède  aussi  le  mot 
envers  (v.  c.  m.).  —  Substantif  de  invertere, 
par  le  supin  inversum  :  inversio,  fr.  inver- 
sion . 

INVESTIGATION,  -ATEUR,  L.  investigatio, 
-ator,  de  in-vestigare,  pr.  suivre  la  piste  {vesti- 
gium),  puis  rechercher  en  général. 

INVESTIR,  L.  investire,  pr.  revêtir.  Au 
moyen  âge  ce  mot  a  pris  le  sens  de  «  conférer 
l'habit,  les  insignes  d'une  dignité  ou  d'un  em- 
ploi, puis  en  général  mettre  en  possession  »»  ; 
de  là  le  subst  investiture.  —  Le  sons  de  «  en- 
tourer »  (investir  une  place)  était  déjà  propre 


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ISA 


—  288  — 


IVR 


au  mot  classique  ;  on  trouve  inrestire  focum 
us  s'asseoir  autour  du  fojer;  de  là  le  subst. 
investissement. 

mVÉTÉRER  (S*),  L.  inreterare  (i-ad.  vetiis, 
reteris,  vieux). 

nrnHCIBLE,  L.  intincUnlis  (vincere).  — 
D.  invincibilité, 

IUVItER,  vfr.  entier  (voy.  envi),  prov.  en- 
vidaTf  du  L.  inviiare.  —  D.  invitation,  L.  in- 
vitatio;  subst.  verb.  invite,  t.  de  jeu. 

iMVOQUER,  L.  in-vocare,  —  D.  invocation, 
L.  invocatio;  invocatoire. 

IODE  ;  le  Dom  de  cet  élément  chimique,  dé- 
couvert en  1811  par  Courtois,  est  tiré  du  gr. 
iOMr,i,  violet. 

IOTA,  la  plus  simple,  la  plus  grêle  des 
lettres  de  l'alphabet  gi^ec.  La  valeur  figurée 
de  ce  mot  se  rencontre  déjà  dans  TEvangile; 
dans  le  sermon  de  la  montagne,  Jésus  dit  : 
•*  Un  seul  iota  de  la  loi  ne  passera  pas  que 
toutes  ces  choses  ne  soient  faites   » 

lOTTLER,  de  VslLjodeln,  ou  directement  du 
cri  i-a-ou, 

TBL-,  préfixe  ;  c'est  le  préfixe  in,  modifié  par 
l'effet  d'un  r  suivant;  ex.  ir-régulier,  ir- 
réligion, 

IRASCIBLE,  L.  irascibilis,  du  verbe  irasd, 
se  fâcher  (vfr.  iraistre,  prov.  irasccr,  iraisser). 
—  D.  irascibilité. 

IRE,  L,ira.  —  D.  les  mots  vfi||i rer,  mettre 
en  colère,  iror,  rancune,  iroiis,  taché. 

IRIS,  L.  iris,  gr.  î/jt;.  —  D.  irisé, 

IRONIE,  L.  ironia,  du  gr.  « c/5«v«a,  pr.  inter- 
rogation, puis  par  allusion  à  la  méthode  de 
Socrate,  raillerie  fine.  —  D.  ironique,  gr. 
tipfjivMOi  ;  verbe  irotiiser, 

IROQUOIS,  nom  d'une  nation  saus^agc 
d'Amérique,  employé  quelquefois  comme  terme 
d'injure. 

IRRIGUER,  L.  irrigare,  ari'oser.  —  D.  ir- 
rigatioti,  -ateur, 

IRRITER,  L.  irritare,  dont  la  racine  rit  est 
peut-être  la  même  que  celle  de  l'équivalent 
ail.  rei2cn,  —  D.  irritable,  -aiion,  L.  irrita- 
bilis,  -atio. 

IRRUPTION,  L.  irrvptio  (ir-rumpere). 

ISABELLE,  nom  de  couleur.  Isabelle,  une 
princesse  quelconque,  avait  fait  le  vœu,  lors 
du  siège  d'une  ville,  dans  lequel  son  mari  était 
engagé,  de  ne  pas  changer  de  chemise  que 
son  mari  no  fût  victorieux.  Le  siège  dura 
trois  mois  ;  on  devine  la  teinte  que,  dans  cet 
intervalle,  l'auguste  chemise  avait  prise.  Aussi, 
pour  perpétuer  le  souvenir  de  cet  acte  •«  hé- 
roïque •*,  on  donna  dorénavant  le  nom  de  la 
princesse  à  la  nuance  en  question.  —  On  pré- 
tend que  la  princesse  dont  il  s'agit  est  l'ar- 
chiduchesse Isabelle,  fille  de  Pliilippe  II, 
gouvernante  des  Pays-Bas;  et  le,  siège  en 
question  serait  celui  d'Ostendc  (IGOI  à  1G04). 
D'après  cette  version,  la  chemise  aurait  été 
portée  trois  ans,  et  non  pas  trois  mois.  En 
attendant  les  preuves  diplomatiques  de  cette 
étymologie,  je  rapporte  l'historiette  pour  ce 
qu'elle  vaut  ;  si  non  ù  vero^  è  henc  trovato. 

ISARD,  chamois,  prov.  ifjxarn,  catal.  isart. 


aussi  sicart;  d'après  les  uns,  à  cause  du  siffle- 
ment que  ranimai  fait  entendre  par  les  narines, 
de  l'angl.  hiss,  sifller;  d  après  Saumaise,  da 
gr.  fÇ«ioî  (sauteur?;,  épiôiète  fréquente  du 
chamois  —  c'est  par  trop  savant  ;  enfin,  vu  la 
forme  prov.,  Littré  allègue  le  german,  isarn, 
eisem,  gris  de  fer.  Une  tentative  d'explication 
par  le  basque  beiceoorra  (!)  peut  se  lire  dans 
la  Ztscbr.  de  Grôber,  V,  559  ;  je  m'abstiens 
de  la  reproduire. 

ISLAM,  mot  arabe  signifiant  soumission  là 
la  volonté  de  Dieu),  du  verbe  aslama,  se  sou- 
mettre (d'où  aussi  le  participe  actif  moslim, 
dévot;  le  pluriel  de  celui-ci,  sous  la  forme 
persane  moslimàn,  a  donné  le  motfr.  musul- 
man), 

ISOLER,  voy.  tle;  pr.  séparer  comme  une 
ile. 

ISSU,  part,  passé  du  vieux  verbe  issir  (aussi 
eissir)\  ce  dernier,  =  prov.  eissir,  it.  escire, 
iiscire,  vient  du  L.  ex-ire,  sortir.  —  D  subst. 
issite(^TX)y.  issida,  it.  escita)  ;  le  part,  présent 
issant  (sortant)  s'emploie  encore  comme  terme 
de  blason. 

ISTHME,  L.  isthmus,  gr.  U^itôi,  pr.  pas- 
sage. 

ITEM,  mot  latin  =  de  même,  aussi. 

ITÉRATIF,  L.  iterativus,  de  iterare,  faire 
une  seconde  fois,  répéter.  Le  fr.  n'a  plus  oc 
verbe  qu'avec  le  préfixe  ré  (ré-itérer)  ;  ce  pré- 
fixe constitue  dans  ce  cas-ci  une  superfétation. 

ITINÉRAIRE,  L.  itinerarius  (de  iter,  gén. 
itineris,  chemin). 

ITOU,  dans  les  patois,  ==  aussi;  du  vfr. 
itel,  pareil,  semblable,  qui,  devant  les  con- 
sonnes, faisait  iteu,  itou.  Gp.  champ,  ilal, 
autant,  aussi. 

IVOIRE,  prov.  ecori,  it.  avorio,  angl.  irwy, 
de  l'adj.  L.  eboreus,  (de  ebur,  ivoire).  —  Pour 
l'î  initial,  cp.  ivre,  vfr.  iglise. 

IVRAIE,  anc.  ivroie,  prov.  abriaga,  du 
L.  ebriacus,  ivre,  à  cause  de  la  vertu  enivrante 
de  l'ivraie;  R.  Estienne  :  «  pour  ce  que  le  pain 
d'ivroie  enivre  n.  Cp.  le  terme  scientifique 
«  lolium  temulentum  *» .  Au  dire  de  Ménage, 
les  Italiens  nomment  l'ivraie  de  même  capo- 
girlo  (pr.  vertige)  et  imbriaca,  =  ebriaca.  Les 
Allemands  disent  7'auschkorn,  taubkraut;  en 
V.  flam.  je  trouve  dronchaert, —  Nodier  a  eu  le 
caprice  de  faire  venir  ivraie  du  verbe  L.  abo- 
rioi\  parce  qu'elle  fait  avorter  l'espérance  du 
laboureur!  Cet  homme  d'esprit  tenait  peu 
compte  de  la  vérité  étymologique,  quoiqu'il  se 
fut  beaucoup  occupé  de  phonologie.  —  I^e 
L.  ebriacus,  ivre,  a  donné  naissance  aussi  à 
l'anc.  adj.  imbriaque,  ivre,  stupidc,  it.  tm- 
briaco. 

IVRE,  du  L.  cbrius.  —  D.  ivresse;  ivrogue 
(v.  c.  m.);  verbe  enivrer. 

IVROGNE,  vfr.  ivroin,  dér.  de  tpr<î.  La  ter- 
minaison ogne  (=  L.  oneus,  it.  ogno,  esp. 
tteno,  port,  onho)  est  tout  à  fait  isolée  dans  la 
langue  française  (le  mot  ca7'qg7te  ou  charogne 
est  d'importation  étrangère,  et  la  finale  de  ci- 
gogne, vigogne  a  d'autres  raisons  detw.  — 
D.  ivrognesse;  ivrognerie. 


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JAI 


289  — 


JAL 


JÀ»  it.  già^  csp.  et  anc.  port,  f/a,  n.  port,  et 
prov.  ja,  du  L.jam.  Cet  adverbe,  très  usité 
autrefois,  ne  s'emploie  plus  à  l'état  simple  ; 
il  s'est  combiné  avec  le  préfixe  de  (cp.  de- 
dans,  de-hors,  etc.)  et  a  produit  le  composé 
dc'jà,  dont  on  a  fait  abusivement  déjà,  cp. 
it.  di già.  Le  raoijà  se  retrouve  en  composi- 
tion àoxis  jadis  et  jamais  (voy.  ces  mots). 

JABLE,  vfr.  aussi  gahlc,  t.  de  tonnellerie; 
d'origine  inconnue.  —  D.jabJet', 

JAfiOT,  p.  gibot,  d'après  Diez,  dérivé  du 
L.  gibba,  bosse  Icip.  jaloux,  \i.geloux,  aronde 
-•=«  L.  hi'rundo).  L'allemand  hropf=  jabot 
signifie  également  pr.qqch.  d'enflé.  Cette  éty- 
mologie  renverse  celle  de  Ménage,  qui,  pour 
la  circonstance,  avait  imaginé  un  mot  latin 
capuUus  fait  d'un  primitif  capus,  tout  aussi 
imaginaire,  et  auquel  il  prête  la  vertu  d'avoir 
signifié  «  toute  chose  qui  contient  ».  —  De 
iabot  vient  le  VQvhQJaboter,  babiller,  murmu- 
rer, marmotter  «  comme  les  volatiles  qui  ont 
rempli  le  jabot  •» . 

JABOTBR,  voy.  jabot. 
JACASSER,  do  jacasse,  femme  bavarde  ; 
celui-ci  tient  prob.,  dit  Littré,  kjacot  (petit 
Jacques),  nom  populaire  donné  aux  perroquets 
et  aux  pics.  —  On  serait  tenté  aussi  de  ratta- 
cher le  mot  à  la  famille  do  l'ail,  gachen, 
gackcrn,  gackscti,  caqueter,  babiller. 

JAGENT,  L.  jacetis  (jacere).  —  D.  jaccnce. 
JACHERE,  vfr.  gaschiè7'e,  gachière,  pic. 
gaquiùre,  ghesquière,  garquière.  L'origine  de 
ce  mot  n'est  point  fixée  ;  seulement,  il  est  cer- 
tain qu'il  no  vient  pas  du  L.  jacere,  ni  du 
L.  racare,  être  vide,  reposer.  En  BL.  on 
trouve  gascaria,  terre  nouvellement  labourée 
et  non  encore  ensemencée,  ainsi  qu'un  mot 
gascha  qu'on  interprète  par  «  agri  proscissio  » 
et  qui  doit  être  le  primitif  de  gascaria.  — 
D.jachch'er. 

JACINTHE,  proy.  jace7iti,jacint,  forme  vul- 
gaire p.  hyacinthe. 

JAGOIT  QUE,  encore  que,  x^jà  soit  que. 
JACONAS  ;  origine  inconnue. 
JACQUOT,  JACOT,  dimin.  de  Jacques  Cen 
champ,  on  àithussï  Jacques  pour  merle,  geai); 
pour  cette  dérivation,  l'on  peut  rapprocher 
d'autres  noms  d  animaux  tirés  de  noms  pro- 
pres, tels  que  sansonnet,  pierrot,  renard,  etc., 
et  surtout,  dans  notre  eus,  jacquet  =  bécas- 
sine, écureuil, 

JACTANCE,  L.  jactantia  (de  jactare,  van- 
ter). 

JADIS,  du  L.jam  diu;  cp.  tandis,  de  ta7n 
diu.  Vs  final  est  la  lettre  caractérisrique  de 
l'advorbe. 

JAILLIR,  anc.  employé  aussi  au  st^ns  actif 
(lancer,  jeter)  ;  ce  verbe  est,  d'après  l'opinion 
reçue,  p.  jaCUcr  et  vient  du  L.  jaculn^^i,  lan- 
cier, mais  Diez  remarque  que  l'anc.  langue 
l)i-é?ente  parfois  la  forme  <7a/er,  ce  qui  contra- 
rio cette  étym.,  car  j  peut  procéder  du  g, 


mais  non  pas  g  do  J  ;  il  conjecture  donc  une 
origine  de  l'ail,  toallen,  bouillonner.  Ce  qui 
prouve  encore  contre  jacidari,  c'est  que  la 
forme  non  mouillée  ja/ir  prédominait  dans  le 
vfr.  ;  la  forme  jaillir  est  postérieure  et  faite 
peut-être  sous  l'influenco  du  synonyme  saillir. 
Avec  tout  cela,  l'étym.  de  Diez  laisse  subsis- 
ter des  doutes. 

JAIS  parait  être  dégagé  dejayet,  que  Ton 
aura  pris  pour  son  diminutif,  mais  qui  répond 
à  la  lettre  au  L.  gagates,  gr.  yayàTïî;  (cp.  wall. 
gaieté).  L  orthographe  gest  dans  le  Livre  des 
métiers  (xiii*  siècle)  parait  arbitraire. 

JALAP,  de  Xa^apa,  ville  du  Mexique,  lieu 
de  provenance. 

JALS,  espèce  de  baquet  ;  de  là  prob.  le  vfr. 
jalon,  galon,  galoie,  jalaie,  BL.  gàlo,  gale- 
tum,  angl.  gallon  (v.  c.  m),  mesure  de  capa- 
cité ;  rouchi  galot,  broc,  jellot,  en  termes  de 
savonnerie,  =  baquet,  etc.  L'étymologie  do 
jale  est  incertaine.  On  a  proposé  le  L.gaulus, 
seau  à  puiser,  mais  ce  mot  ne  s'accorde  pas 
avec  l'a  radical.  Le  L.  galea,  casque,  s'accor- 
derait parfaitement  avec  la  forme  vfr.  jaille 
(cp.  galcola,  interprété  par  Papias  :  vas  vina- 
rium),  mais  l'absence  de  1'/  mouillée  dans  les 
formes  dérivées  ci-dessus  mentionnées  ne  per- 
met pas  de  l'adopter  comme  source  du  mot 
français.  Chevallet  cite  l'écosiï.  et  irl.  sgaX, 
sgala,  baquet,  écuelle;  autant  vaudrait  citer 
lall.  scJude,  écale,  jatte,  étymologie  contraire 
à  la  lettre.  —  Baist  (dans  Grôber,  Ztschr., 
VI,  118)  rapproche  le  radical  gai  du  BL. 
galida  =  vha.  gcllita,  nha.  gelte,  sans  toute- 
fois rien  affirmer  quant  au  rapport  étymolo- 
gique. 

JALET  ;  ce  mot  ne  vient  pas,  comme  on  l'a 
avancé,  du  h.jaculum;  c'est  une  forme  va- 
riante do  galet  (cp.  gambe  et  jambe).  Il  se 
peut  toutefois  que  l'ancienne  forme  jaillet, 
que  je  trouve  dans  R.  Etienne  et  Nicot  avec 
la  valeur  de  -  globus  missivus  •»,  soit  un  dérivé 
de^'aci(/aW. 

JALON,  bâton  planté  en  terre  pour  arpenter 
ou  prendre  dos  alignements.  On  n'est  pas 
fixé  sur  l'origine  de  ce  mot.  Voy.  aiissïjauger, 
—  D.  jalonner. 

JALOUX  (on  trouve  en  vfr.  le  dim,  gelosefj; 
=  it.  geloso,  prov.  gelos,  esp.  seloso;  du  L. 
zelosus,  dér.  de  selus,7è\e. —  D.  jalousie, \i. 
gélosia;  l'acception  figurée  :  treillis  au  tra- 
vers duquel  on  voit  sans  être  vu,  nous  vient 
de  l'Italie,  et  se  voit  déjà  dans  J.  Du  Bellay  ; 
ycvhe  jalouser  (le  cham^t.  geloser  ^=  jalouser 
signifie  désirer;  cp.  éî/?t*  te  =  jalousie  et  désir). 
La  termin.  oux,  anc.  ous  au  lieu  de  eux 
[jnleus  e.st  fréquent  au  xv<^  siècle),  est  irrégu- 
lière et  motivée  par  l'assimilation  à  jalousie, 
jalouser,  où  lat.  ô  en  syllabe  atone  =  fr.  ou 
est  régulier.  C'est  de  même  que  ventouse  p. 
venteuse  {encoro  dans  Commines)  aété  modifié 
sous  l'influence  du  verbe  ventouser. 


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JAQ 


—  290  — 


JÂR 


JAMAIS,  it.  giammai^  du  L.  jan%  magis, 
doDc  pr.  ==  ja  plus;  la  phrase  «  je  ne  le  ver- 
rai jamais  »  équivaut  dans  le  principe  à  «  je 
ne  le  verrai  de  ce  temps  (Jaj  en  avant  (magis, 
mais)  n  ;  cp.  jà  en  ma  vie  ne  verrai  mais  si 
bêle  chose  (Barbazan,  Fabliaux  et  contes,  II, 
p.  434).  La  formule  ne.,,ja  mais,  litt.  =  non 
jam  magts,  a,  avec  le  temps,  pris  la  valeur 
de  non  unquam  magis,  puis  de  nioiquam 
tout  court.  On  sait  que  jamais  sans  négation 
(excepté  quand  il  est  prononcé  seul,  sans  re- 
lation syntaxique  avec  une  proposition)  équi- 
vaut à  L.  unquam.  —  La  valeur  primitive 
«  dès  maintenant  en  avant  »»  perce  encore 
dans  l'expression  à  jamais  =  à  toujours. 

JAMBE,  it.,  esp..  cat.,  prov.  gamba,  vfr., 
pic,  wall.  ^amfte  (forme  encore  usitée  dans 
viole  de  gaynbe)  ;  en  v.  esp.  aussi  camba,  et 
dans  quelques  dialectes  du  Midi  comba;  on 
trouve,  sans  b,  en  v.  esp.  cama  et  en  vfr. 
(aussi  ch&mp.)  jame.  Que  le  radical  soit  cam 
ou  camb,  toujours  est-il  qu'il  y  a  au  fond  du 
mot  jambe  lai  même  racine  cam  =  recourbé, 
plié,  d'où  procèdent  L.  cam-urus,  cam-erus, 
courbe,  cam-era,  voûte,  catnerare,  voûter  (fr. 
cambrer),  ainsi  que  le  celt.  cam,  courbé.  Il  se 
peut  que  la  langue  vulgaire  ait  déjà  pos- 
sédé un  mot  lat.  camba,  jambe,  type  des  vo- 
cables romans.  Végôce,  en  effet,  présente  la 
forme  gamba,  mais  avec  la  signification  de 
sabot.  Il  n'y  a  pas  de  doute  que  le  vha.  hamma, 
jarret,  flam.  et  angl.  ham,  jambon,  n'appar- 
tiennent à  la  même  famille.  —  D.jamber, 
iambage,  jambon,  jambier,  -ière;  enjam- 
ber. 

JANISSAIRE,  du  turc  jeni  tsjeri,  litt.  « 
nouvelle  milice. 

JANTE,  pic,  norm.  gante,  axi%\.jant,  pro- 
bablement d'un  mot  latin  cames,  camitis,  qui 
se  trouve  mentionné  comme  synonyme  de 
canthus  dans  des  gloses  florentines,  et  qui 
procède  de  la  môme  racine  cam,  recourbé, 
dont  il  est  question  sous  jambe.  Le  wallon 
chame  -=  jante  accuserait,  selon  l'avis  de 
Diez,  pour  type  le  nomin.  cames;  la  forme 
jante,  par  contre,  viendrait  du  cas  obli(iuo 
camitis,  cam'tis.  Au  rad.  camit  répond  aussi 
le  bret.  cammecl.  —  D.  jantille,jantière. 

JANVIER,  L.  januarius,  \'ii  voyelle  devenu 
w  consonne  ;  cp.  vfr.  tenve  de  tenais,  veiive 
(vfr.  vcdve,  veve),  de  vidita. 

JAPPER,  prov.  japar;  onomatopée,  cp.  ail. 
japptm.  —  D.  jappe,  babil,  caquet. 

JAQUE,  espèce  de  justaucorps,  it.  giaco, 
e^y.jaco,  an^l.jack,  aW.jacke.  Ce  vêtement 
militaire  aurait,  d'après  une  conjecture  do 
Ducange,  reçu  son  appellation  de  Jacques, 
nom  d'un  chef  militaire  de  Beau  vais  vers 
1358.  —  D.  jaquette,  an^l.jacket. 

JAQUELINE,  espèce  de  vase  ou  do  bou- 
teille. De  Jacqueline  de  Bavière,  comtesse  do 
Hollande,  qui,  prisonnière  à  Teilingen, s'amu- 
sait à  faire  de  petits  vases  de  terre.  Histoire  à 
vérifier. 

JAQUEMART,  figure  de  métal  qui  repré- 
sente un  homme  armé,  frappant  avec  un  mar- 
teau les  heures  sur  la  cloche  d'une  horloge. 


On  l'a  ainsi  nommée,  disent  les  auteurs  du 
Dictionnaire  des  Origines,  du  nom  de  l'ouvrier 
qui  en  a  été  l'inventeur  et  qui  s  appelait  Jac- 
ques Marc.  Cette  étyraologie  demande  des 
pièces  à  l'appui  qui  font  défaut.  On  disait 
peut-être  bien  avant  l'invention  de  ce  que  nous 
appelons  aujourd'hui  un  jaquemart  ;  «  armé 
do  pied  en  cap,  comme  un  jaquemart  » .  Pour 
expliquer  cette  locution,  on  a  découvert  un 
Jaquemar  de  Bourbon,  connétable  de  France 
sous  le  roi  Jean  (xiv*  siècle),  homme  très  vail- 
lant, type  de  bravoure  et  do  bonnes  manières 
de  guerre.  Cela  est  tout  aussi  sujet  à  caution, 
mais  nous  sourit  plus  quel'étymologie^'o^Htf 
de  mailles  proposée  par  Ménage.  Qui  sait  si 
lejaquemart  n'est  pas  tout  bonnement  Jacques 
bonhomme,  affublé  en  Mars  f  Littré  pense  que 
c'est  une  altération  de  l'ail,  ou  flam.  JocAma/i, 
homme  armé  d^ nue  jaque» 
JAQUETTE,  voy.  jaque. 
JARDIN,  vfr.  aussi  gardin,  it.  giardino, 
esp.  jardin,  prov.  gardin  Jardin,  j  en  in  ;  dé 
rivé  du  vha.  garto,  enclos  (cp.  goth.  gards, 
demeure,  maison),  nlia.  garten,  jardin.  On 
trouve  aussi  le  même  radical  avec  la  valeur 
d'enclos  dans  les  idiomes  celtiques.  Lanc 
langue  se  servait  aussi  du  simple  Jart  au  sens 
de  jardin,  verger,  maison  de  campagne.  — 
D .  jardinier,  jardiner. 

JARQON,  pic.  gergon,  wall.  geargon,  it. 
gergo  et  gergone,  v.  esp.  girgons  (auj.  geri- 
gonsa),  prov.  gerzonz.  Le  vfr.  disait  aussi 
gargonner  pour  jargonner.  Le  mot  jargon 
parait  être  originaire  de  Franco  et  s'être  com- 
muniqué de  là  aux  autres  langues  congénères. 
Diez  est  d'avis  que  gargon  procède  de  la  même 
racine ^ar^  qui  adonné  gargouiller;  cp.ja- 
boter  àe jabot.  Du  temps  de  Palsgrave,  Jar^ou 
avait  encore  la  valeur  de  caquet,  gazouille- 
ment ;  il  traduit  le  mot  par  chattering,  chyr- 
king  of  byrdes.  En  champ,  jargon  signifie  le 
cri  de  l'oie,  et  d'ailleurs  déjà  dans  les  Donatz 
proensals  do  Faidit  (xiii"  siècle)  on  trouve 
gergons  traduit  par  «  vulgare  trutanorum  •. 
Tout  cela  parle  en  faveur  d'une  dérivation  do 
jar-s,  en  supposant  que  ce  mot  est  réellement, 
comme  on  l'a  pensé,  une  contraction  de  Jar/7-5  ; 
d'autant  plus  que  l'on  trouve  un  verbe  Jar- 
gauder  au  sens  de  s'accoupler  (en  parlant  du 
jars)  et  dans  celui  de  caqueter^  jaser.  L'ori- 
gine de  jaser  présenterait  aussi  un  argument 
en  faveur  de  cotte  dérivation.    L'expression 
entendre  le  jars  pourrait  également  confirmer 
le  rappoi*t  que  nous  supposons  exister  entre 
jargon  et  jars,  en  l'entendant  ainsi  :  com- 
prendre le  jars  quand  il  caquette.  —  Nous  ci- 
terons encore  pour  mémoire  quelques  autres 
conjectures  émi.ses  à  propos  de  jargon.  Covar- 
ruvias  et  Le  Duchat  pensèrent  à  grœcus  (lo 
grec  pris  pour  type  d'un  langage  incompré- 
hensible); Ménage  eut  assez  d'habileté  pour 
démontrer  la  filiation  qui  reWe  jargon  à  bar- 
baricus!  Enfin,  Génin  s'est  efforcé  do  prouver 
fiue  la  lingua  gerga  des  Italiens  vient  du  gr. 
îij&o';;  ce  serait  ainsi  la  langue  sacrée,  c-à-d. 
la  langue  secrète  connue  des  initiés  seulement. 
C'est  bien  là  une  étymologie  par  antiphrase  ! 


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JAR 


—  291  — 


JAU 


Le  jargon»  langage  de  rOljmpe!  À  part 
d'autres  objections  à  faire,  comment  accorder 
avec  cette  étjmologio  le  g  final,  car  pour  le  J 
ou  g  initial  on  aurait  au  besoin  le  précédent 
de  Jérôme^  Jérir.alem^  jusquiame^  jacUtthe, 
—  D.jargonnerifioXv'mgcrgonner). 

JARNAG  [coup  dé).  Cette  expression  tire 
son  origine,  d'après  labbé  Le  Laboureur,  du 
combat  singulier  de  Guy  de  Chabot-Jarnac 
et  de  François  de  Vivonne  de  la  Châtaigneraie, 
qui  eut  lieu  dans  la  cour  du  château  de  Saint- 
Germain  en  Laye,  le  10  juillet  1547,  et  dans 
lequel  le  roi  Henri  II  s'intéressait  beaucoup 
en  faveur  de  la  Châtaigneraie.  Jamac,  quoi- 
que affaibli  par  une  fièvre  lente  qui  le  consu- 
mait, renversa  son  adversaire  par  un  revers 
qu'il  lui  donna  sur  le  jarret  et  qu'on  a  depuis 
appelé  le  coup  de  Jarnac. 

1 .  JARRE,  grand  vaisseau  de  terre  vernis- 
sée, angl.  jar,  it.  giara^  esp.,  port.,  prov. 
jarra,  aussi  cat.  gerra,  prov.  guarra  (formes 

masc.  it.  giarro,  esp.,  port,  jarra) ;  de  l'arabe 
djarrh,  vase  â  eau. 

2.  JARRE,  poils  longs  et  durs,  qui  recou- 
vrent le  duvet  soyeux  de  certaines  pelleteries. 
Origine  inconnue.  Atzler  propose  le  vha. 
harra,  hara,  cilice,  mais  il  n'y  a  pas  corres- 
pondance entre  h  ail.  et j  fr.  Il  cite  aussi  angl. 
gare^  laine  grossière  aux  pieds  des  moutons  ; 
celui-ci  conviendrait  mieux  comme  étymologie 
de  Jarre  (écrit  aussi  jarf^  qui  s'applique  par- 
ticulièrement à  la  toison  des  moutons.  — 
Angl.  gare  étant  traduit  en  gallois  par  gwlan 
garw,  laine  rude,  Bugge  (Rom.,  IV,  362)  con- 
jecture que  gare  est  d'origine  celtique.  Ou 
bien,  poursuit  le  judicieux  étymologiste,  fr. 

jarre  vient-il  plutôt  de  l'esp.  xaro,jaro,  qui 
se  dit  du  cochon  semblable  au  sanglier  par  la 
rudesse  de  ses  poils?  Littré  (II,  p.  2609)  pense 
que  notre  mot  pourrait  être  identique  avec 

jarre,  nom  d'une  herbe  (la  cuscute)  qui  enve- 
loppe les  antres  plantes  et  se  roule  autour, 
mais  dont  l'origine  est  inconnue. 

1.  JARRET,  =  lat.  poples,  vfr.  garra,  it. 
garretto,  esp.,  ^ort.jarete.  Dérivé  du  cymr. 
gâr,  cuisse,  breton  gar,  os  de  la  jambe.  — 
l).j arrêter,  jarretière  [dïsA.jartier,  gartier, 
d'où  angl.  ^ar^er). 

2.  JARRET,  poisson,  le  Sparus  smaris  de 
Linné,  Smaris  vulgaris  de  Cuvier,  que  Littré 
a  placé  sous  la  rubrique  de  jarret  =  lat. 
poples,  n'a  rien  de  commun  avec  ce  dernier. 
Voici,  d'après  une  étude  très  détaillée  et  scien- 
tifique sur  ce  nom  ichthyologiqiio,  faite  par 
J.  Banquier,  Rom.,  VI,  266-9,  l'étymologie de 
jarret  :  Il  remonte  au  lat.  gerres,  gierres 
(Pline,  XXXII,  53,  5),  d'où  fr.  gerre,  jarre, 
dim.  jarret  ;  à  Marseille  giarret;  d'un  dim. 
lat.  gerrulns',  se  sont  dégagés  fr.  gerle, 
jarle',  d'où  gerllet,  garrlet,  jarlet.  Toute»  ces 
formes  sont  examinées,  justifiées  et  localisées 
par  M.  Banquier.  —  Sachs  consigne,  avec  la 
valeur  de  Sparus  mœna  et  comme  provincia- 
lisme du  Sud,  la  forme  jarat. 

JARRETIÈRE,  \oy,  jarret. 
JARS  (Nicot  jar),  pic,  gars,  bret.  garz, 
wall.  gear,  oie  mâle.  Le  verbe  jargauder, 


employé  pour  exprimer  l'accouplement  du 
jars,  donne  lieu  à  supposer  un  radical  primitif 
jarg.  Mais  ce  dernier  n'est  pas  plus  facile  à 
expliquer  qiie  jars.  Le  terme  nord. gassi  signi- 
fiant à  la  fois  jars  et  barboteur,  caqueteur,  on 
est  amené,  par  l'analogie,  à  rattacher  aussi  la 
forme  romane  au  latin  garrire,  conservé, 
selon  Diez,  dans  le  verbe  angl.  jar,  faire  du 
bruit,  se  quereller.  —  D'autre  part  Du  Gange, 
au  mot  jasia,  cite  jas  comme  synonyme  de 
coq,  et  dans  le  Maine,  on  trouve  la  même 
forme  pour  signifier  une  oie  mâle.  Cette  forme 
jas  s  accorde  fort  bien  avec  le  nord,  gassi  que 
je  viens  de  mentionner,  et  fournit  aussi  l'éty- 
mologie la  plus  acceptable  du  verbe  ;twcr.  — ■ 
Frisch  identifiait  gars,  oie  mâle,  avec  gars, 
garçon.  —  Pour  nous  résumer,  nous  avons  à 
choisir  entre  :  1 .  un  type  jarg  d'où  jargauder, 
jargon,  mais  dont  la  provenance  reste  obscure  ; 
—  2.  un  radical  gar,  revêtu  d'un  s  nomina- 
tival,  =  L.  garrire;  —  3.  un  radical  gas 
s=*  nord,  gassi  (d'où  jaser),  avec  insertion 
d'un  r. 

JAS,  t.  de  marine  ;  d'origine  inconnue. 

JASER,  vfr.  gaser,  prov.  gojtar;  du  subst. 
jas  ^=^jars  \y.  c.  m.).  D'autres  ont  pensé  à  l'it. 
gasza,  pie,  mais  cette  langue  non  seulement 
n'a  pas  le  verbe  gazzare,  mais,  existàt-il,  il 
eût  produit  en  fr.  gacer  et  non  pas  gazer, 
jaser.  La  forme  gaser  parait  avoir  donné  le 
dimin.  gaziller,  gazouiller  (v.  c.  m.).  —  D* 
jaseur,  jaserie, 

JASERAN,  anciennement  une  espèce  de 
cotte  de  mailles,  puis  collier  d'or  formé  de 
mailles,  bracelet  en  forme  de  chaîne,  chaîne 
d'or  à  très  petits  anneaux.  Ce  mot  est  le  même 
que  l'it.  ghiazzerino,  esp.  jacerina,  port.  ;a- 
zerina,  jtrov.  jazeran,  yfr.  jazerantjazcrenc» 
C'est  propr.  un  adjectif,  =  qui  est  fait  de 
mailles,  cp.  esp. cota jacerina,vfr.  haubercjaze- 
rant.  Le  Duchat  dérivait  le  mot  de  l'ail,  ^aitx- 
rinc  (tout  anneau),  mais  ce  composé  n'existe 
pas;  Reiflfenberg,  de  jaque  acerin  =  jaquette 
d'acier;  Chevallet,  de  lall.  eisern,  de  fer.  Diez 
rappelle  d'abord  le  mot  esp.  jazarino,  algé- 
rien, de  l'arabe  gazaïr,  Alger  (Covarruvias 
affirme  que  les  meilleures  cottes  de  mailles 
venaient  d'Alger)  ;  puis  il  cite  un  passage  du 
Willehelm  de  Wolfram,  où  il  est  dit  que  le 
roi  de  Barbarie  portait  un  haubert  travaillé  & 
Jazeranz. 

JASMIN,  \i.  gesminOy  Q^p.  jasmin;  c'est  le 
même  mot  que  l'arabe^'o^amun,  qui  toutefois, 
lui-même,  est  d'importation  étrangère,  selon 
Freitag. 

JASPE,  gr.  ra7irt{,  L.  iâspis  (d'origine  orien- 
tale). —  D.  jasper, 

JATTE,  pic.  gâte,  norm.  gode  Jade,  it.  ga- 
vctta,  esp.  gabata,  du  L.  gabata,  m.  s.  (cp. 
dette  de  débita).  Le  moijculeau  de  Rabelais  est 
le  dim.  de  jade,  forme  normande  de  jatte.  — 
D.jatiée.  —  Voy.  aussi ;ot<é. 

JAU,  nom  vulgaire  du  coq  dans  quelques 
provinces,  p.  gau;  ce  dernier,  ^^  gai,  vient 
du  L.  gallus.  Le  môme  mot  signifiait  aussi 
robinet;  ce  qui  rappelle  le  terme  allemand 
hahn,  signifiant  à  la  fois  c#q  et  robinet. 


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JAV 


292  — 


JET 


JAUGE  est  le  primitif,  ou  le  subst.  verbal  de 
jauger  (v.  c.  m.). 

JAUGER,  vfr.  gauger,  angl.  gauge.  Les  dé- 
rivations soit  du  vfr.  jalaie,  mesure  de  vin, 
ou  du  BL.  gaio  (v.  pi.  h.  soms  j aie)  ne  peuvent 
satisfaire.  Diez  conjecture  un  type  L.  œqua- 
Hficare,  égalifier,  c.-à.-d.  rapporter  à  une 
mesure  modèle.  De  ce  type  a  régulièrement 
pu  se  produire  par  syncope  une  forme  égal- 
ger  (cp.  vfr.  niger  do  ntdificare)\  de  là  se 
déduisent  naturellement  égauger,  gauger,  et 
enûn  Jauger.  Cette  ingénieuse  étymologie  ne 
laisse  rien  à  désirer  quant  à  la  régularité  des 
transformations  supposées  (les  formes  rouchi 
cauque,  gauque,  comme  observe  M.  Diez, 
accusent  un  thème  immédiat  caïc,  qui  peut 
fort  bien  avoir  été  contracté  de  calfc)  ;  et  en 
ce  qui  concerne  le  sens,  on  voit  de  même  le 
L.  œquare  donner  naissance  à  Fall.  eichen 
«=  jauger,  néerl.  ijken  (Kiliaen  :  ijcke,jecke, 
vasis  mensura  et  capacitas  ;  signum  sive  nota 
justse  mensurœ).  Si  œqualificare  peut  être 
établi  comme  le  type  àe  jauger,  il  n'y  aurait 
pas  à  douter  plus  longtemps  quant  à  l'ori- 
gine àe  jalon,  dont  le  radical  répondrait  à 
un  type  latin  œqualis;  pour  l'aphérèse  de  la 
syllabe  initiale,  cp.  le  mot  mine.  —  Diez  pro- 
pose encore  pour  Jan:^^,  comme  tout  aussi 
acceptable,  le  L.  qualificare,  d'où  calfcare, 
cal'care,  etc.),  au  sens  de  fixer  la  qualité,  les 
conditions  d'une  mesure.  —  Mon  opinion  est 
que  jauge  ou  gauge  signifiait  en  premier  lieu 
une  verge  à  mesurer  et  a  pour  radical  le 
môme  gai  ou  jal  d'où  procède  Jo/oîî,  perche 
d'arpentage.  Le  type  serait  galtca  owjalica. 
Quant  au  radical  gai,  on  peut  le  rapporter 
soit  au  breton  gtcalen,  perche,  ou  au  goth. 
valus,  bâton,  ou  enfin  au  lat.  vallus,  pieu, 
échalas  (voy.  gaule).  —  Littrô  incline  pour 
l'étymologie  jale  (v.  c.  m.),  dans  la  supposi- 
tion sans  doute  que  le  mot  s'appliquait  dès 
l'origine  au  mesurage  de  la  capacité,  ce  qui 
est  à  vérifier. 

JAUNE,  vfr.  et  pat.  gaine,  jalne,  garnie, 
gane.  Du  français  jalne  vient  esp.  et  port. 
jalde.  Le  mot  représente  le  L.  galbinus  {galb*- 
nus\  jaune  verdâtre.  La  forme  it.  giallo,  par 
contre,  découle  du  vha.  gclo  (nha.  gelb),  — 
D .  jaunâtre,  jaunir,  jaunisse,  jaunet. 

JAVART,  tumeur  chez  les  chevaux  et  les 
bœufs.  Ménage  invoque  pour  type  l'équivalent 
it.  chiatardo  (auj.  les  It.  disent  giarda),  qui 
vient  de  chiavo,  L.  clavus,  fr.  clou.  Cette  éty- 
mologie est  douteuse. 

JAVELINE,  voj.  javelot. 

1 .  JAVELLE,  prov.  guavella,  port,  gavela, 
esp.  gavilla,  BL.  gavella;  d'un  type  latin 
capellus,  p.  capuliis  (capere)  =  poignée.  La 
forme  masculine  s'est  communiquée  au  n. 
prov  gavel,  \}\g.  javiau,  anc.  fr.  javeau.  — 
L'étymologie  garbclle(degerbo)  est  arbitraire. 
—  h.jacele}',  enjateler, 

2.  JAVELLE  (eau  de),  de  Javelle,  nom  d'un 
moulin  près  de  Paris,  où.  cette  eau  se  fabri- 
quait en  premier  lieu. 

JAVELOT,  fonnes  anciennes  :  gavelot,  ga- 
verlot,  gaurclos,  garelos,   garlut,  gaurlot, 


javrelot,  glavelot  ;  bret.  gavlod,  mha.  gabiîol, 
V.  flam.  gacelote;  avec  le  suffixe  ine  :  ïv.jace- 
Une,  ïi.  giavelina,  esp.  jabalina,hTet.jaHin. 
Le  \siinjaculum  ne  se  prête  en  aucune  façon. 
Grimm  rapporte  gavelot  à  l'angl.  gavelok  ou 
plutôt  à  l'ags.  gaflac  =  javelot,  composé, 
d'après  lui,  du  nord,  gefja,  ==  lance,  et  de 
l'ags.  /àc,  jeu. —  Pott  propose  une  dérivation 
de  l'irl.  gabhla,  lance.  Diez  incline  également 
pour  l'ags.  gaflàc  ;  seulement  il  préfère  y  voir 
le  cymr.  gafl-ach  =  lance  à  plume.  Les  for- 
mes gaver  lot,  garlot  lui  semblent  être  des 
altérations  sans  importance  étymologique. 
—  Diefenbach  range  les  mots  germaniques 
cités  dans  la  même  catégorie  que  le  germ. 
gabél,  fourche,  et  le  vfr.  gaffe,  longue  perche 
avec  un  croc.  —  Littré  :  «  Javelot  ne  tien- 
drait-il pas  à  javelle  f  et  si  javelle  vient  du 
L.  capulus,  poignée,  javelot  ne  pourrait-il 
pas,  à  l'aide  d'un  diminutif,  venir  du  BL.  ca- 
pulus, capilum,  branche  taillée?  •»  —  Tobler 
(Kuhn,  Ztschr.,  XXIII,  418)  part  de  la  forme 
'glavelot^  dim.  àe glaive,  «  lance  »,  d'où  s'ex- 
pliquent toutes  les  autres.  L'r  est  épenthé- 
tique  dans  les  anc.  formes  gavrelot,  gaverlot, 
garlot  (Rom ^,  VI,  156).  G.  Paris  combat  cette 
étym.  pour  des  raisons  tenant  à  la  fois  à  la 
forme  et  au  sens. 

JATET,  voy.jaw. 

JE,  vfr.  eo,  ieo,jeo,jo,  prov.  ieu,  eu,  it.  io, 
esp.  1/0.  Du  L.  ego,  syncopé  en  eo. 

JEAN,  vfr.  Johan,  Jehan,  du  L.Johanncs. 
Il  est  curieux  de  parcourir  l'histoire  de  ce  nom 
de  baptême  à  travers  les  langues  modernes. 
Disons  d'abord  que  le  gr.  *I«âcvvï2;,  L.  JoImh- 
nes,  découle  do  l'hébr.  Jochanan  qui  signifie 
«  Jéhovah  est  clément  »  (cp.  ail.  Gotthold\, 
Les  Allemands  disent  généralement  Johann, 
puis,  par  aphérèse  de  la  syllabe  initiale,  i^oit- 
nés,  Hans  ;  les  Néerlandais  contractent  le  mot 
en  Jan,  les  Anglais  en  John  (élision  de  la). 
Les  Espagnols  en  ont  fait  Juan,  les  Portu- 
gais Joao,  les  Italiens,  par  élision  de  A  rem- 
placé par  V  (cp.  pouvoir,  glaive,  etc.),  Gio- 
vanni, les  Russes  Iwan.  —  Dérivés  :  Jeanne^ 
Jeannette,  Jeanneton.  —  I^  dérivé  Jeannot 
est  employé  souvent  pour  désigner  un  sot,  un 
homme  si mple(cp.C/««c?c,  Colas,  Bcno(t,etc.); 
on  se  sert  dans  le  même  sens  aussi  de  Jean- 
7nn  ou  Janin  (anc.  aussi  Jeitin). 

JÉRÉMIADE,  de  Jérémie,  le  prophète  juif, 
auteur  des  Lameiitations  sur  la  captivité 
d'Israël. 

JÉSUITE,  anc.  jésuiste,  religieux  de  la 
Compagnie  de  Jésus.  —  D.  Jésuitique,  jésui- 
tisme. —  Jésuite  est  aussi  dans  quelques  pro- 
vinces le  nom  vulgaire  de  dindon,  parce  que 
l'on  attribue  aux  Jésuites  missionnaires  de 
l'Inde  l'introduction  do  cet  oiseau  en  Europe. 

JÉSUS,  nom  d'une  sorte  de  papier,  qui  por- 
tait autrefois  pour  mai*quo  le  nom  de  Jésus 
(I.  H.  S.). 

JET,  subst.  verbal  de  Jeter. 

JETER,  vfr.  gieter,  giter,  prov.  getar,  gitar, 
it.  gettarc,  gif  tare,  esp.  jitar,  aussi  cchar 
(p.  jechar);  du  h.jactare,  ou  i)lut6t,  puisque 
la  mutation  de  a  en  c  ou  i  scremaixjue  dans 


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JOC 


—  293  — 


JOU 


toutes  les  branches  du  domaine  roman  et  quo 
îactare  ne  peut  faire  en  it.  geUare  ou  gittarc 
(comme  l'observe  Diez),  du  compos<^  ejectare 
\\Q\ai(\\\Q  aïepta).  Pour  l'aphérèse  do  la  syllabe 
e,  voy.  mine  et  jauger.  —  Cette  étymologie 
do  Diez  est  contestée  et  contestable;  selon 
Cornu  (Rom.,  VU,  354),  l't  radical  dans  les 
formes  romanes  est  reflet  de  la  môme  action 
de  la  consonne  j' qui  pré(*ède,  qui  a  produit  en 
fr.  gint  git  de  vfr.  gésir  =  L.  jaccre.  — 
D.  jet,  it.  geto,  ^vow.  get;  jetée,  it.  gettata; 
jeton  (v.  cm.).  Composés  :  ck jeter,  forjeier, 
rejeter,  surjeter, 

JETON,  it.  gettcnu,  dôr.  àe  jet  {voy.  jeter). 
On  disait  jadis  aussi  gettoir,  et  simplement 
giet,  get.  Les  jetons  servaient  à  calculer,  ils 
remplissaient  donc  les  mômes  fonctions  que 
les  calculi  des  Romains,  ou  les  ^ijpoi  des 
Grecs. 

JEU,  prov.  juec,  esp.juego,  it.  giuoco,  du 
L.jocus  (cp.  lien,  feu,  queux,  de  locus,  focus, 
coquus). 

JEUDI,  it.  giovedi,  du  L.  Jovis  dies;  en 
prov.  dijous  (aussi  Jom5  tout  court)  =  dies 
Jovis. 

JEUN,  vfr.  jeiin  (employé  comme  adjectif), 
du  h.jejunu^  ;  subst.  j'ci'mc,  du  "L.jejunium; 
verhQ  jeitner,  L.  jejunare,  it.  giunare  ^plus 
souvent  di-giunarei,  prov.  jeonar;  de  là  fr. 
déjeuner  (v.  c.  m.),  pr.  rompre  le  jeûne. 

JEUNE,  JEUNER,  voy.  jeun. 

JEUNE,  vfv.jouene  {oue  formant  diphthon- 
gue),  ït.  giovane,  du  L.  juvcnis,  —  D.  jeu- 
nesse; ajeunir  ,  rajeunir, 

JOAILLIER,  dérivé  du  vfr.  joail  (voy. 
joyau).  —  D.  joaillerie. 

JOBARD,  niais,  crédule;  doù  subst.  jo^ar- 
deric.  D'après  Génin,  ce  mot,  comme  nom  de 
famille,  est  une  forme  variée  de  Jobert,  Jau^ 
hcrt,  lequel  viendrait  du  bas-latin  jobago, 
jobagio,  un  esclave  appliqué  à  la  culture  du 
sol.  Comme  terme  d'injure,  le  linguiste  fran- 
çais le  rattache,  de  même  q\\ejobelot,gobelin, 
jobet,  au  personnage  Job  du  Vieux  Testament, 
dont  la  patience  et  la  longanimité  prover- 
biales auraient  donné  lieu  à  prendre  ce  nom 
comme  un  équivalent  de  niais,  dupe,  homme 
prêt  à  tout  endurer.  —  Le  v.  flamand  a  le 
mot  jobbe  =  insulsus,  ignavus,  obtusus  homo  ; 
je  pense  que  c'est  ce  dernier  qui  a  fait  naître 
vfr.  jobe,  m.  s.,  et  les  dérivés  jobet,  jobard, 
jobelin,  jobelot,  et  qu'il  n'a  aucune  aflînité 
avec  le  nom  du  patriarche  juif.  Je  rapports  au 
môme  mot  flamand  l'ancien  verbe  jober, 
railler. 

JOCKEY,  mot  anglais,  dérivé  de  Jock,  forme 
variée  de  Jack  (fr.  Jacques). 

JOCRISSE,  benêt  ;  je  ne  connais  pas  l'ori- 
gine de  ce  mot  populaire;  on  pourrait  au 
besoin  le  rapporter  au  L.  jocari,  ou  plutôt 
direct.  ÛSim.  jochen,  nugas  agere,  angl.  ^'o/i«, 
plaisanter.  La  première  signification,  cepen- 
dant, parait  avoir  été  celle  de  valet  de  ferme 
qui  avait  soin  du  poulailler.  Cela  me  rappelle 
le  suisse^'ocAcZî,  nom  donné  souvent  aux  gar- 
çons de  ferme  dans  ce  pays  et  qui  est  une  cor- 


ruption de  Jacques  ;  je  n'oserais  pas  toutefois 
le  poser  sérieusement  comme  source  de  jo- 
civssel  Le  champenois  a  un  tevmejoquesus  =>= 
dupe.  Je  le  retrouve  dans  Godefroy,  sous  la 
rubrique  joques  sus  et  traduit  par  jocrisse. 
—  En  wallon,  je  trouve  jobrise  =  nigaud, 
jocrisse,  lequel  accuse  un  thème  job  (voy. 
jobard).  Quoi  qu'il  en  soit,  la  formation  du 
mot  est  bizarre. 

JOIE,  vfr.  goie,  port.,  prov.  Joia,  it.  giqja, 
esp.  joya.  En  esp.  et  port.,  le  mot  ne  signifie 
que  joyau,  enit.  à  la  fois  joie  et  joyau.  Du  L, 
gaitdia,  plur.  de  gaudium.  Le  type  dérivatif 
gaudielium  a  donné  les  formes  it.  giqjello, 
esp.joyel,  prov.JoiW,  ïiéevl.jutoeel,  aXi.juwel, 
Angi.  jetoel,  vfr.  joël,  à!oii  joyau.  Le  BL.jo- 
cale  =  joyau  repose  sur  une  fausse  relation 
avec ji'ocitô,  jeu.  Lev.  flam.  avait,  dans  le  sens 
de  joyau,  également  le  mot  simple,  c.-à-d.  la 
forme  joye  (Kiliaen).  —  D.  joyeux. 

JOINDRE,  du  L.  jungere  (cp.  oindre,  poin- 
dre de  ungere,  pungere).  —  H.  joint,  L.  juno- 
t\\^\  jointure,  L.  junctura. 

JOINT,  substantif,  voy. joindre. —  l). jointe; 
verhe  joi}Uoyer. 

JOLI  (vfr.  jolif,  fém.  jolive)  ;  la  significa- 
tion première  de  cet  adj.  était  gai,  joyeux, 
galant,  qui  est  encore  le  sens  de  l'it.  giulivo 
et  de  Vangl.joUy.  De  là  S'est  déduite  celle 
d'agréable,  qui  plait,  gentil.  Les  étymologies 
joviatis  etjoculivus  (vocable  imaginaire  tiré 
dejocus)  n'ont  rien  de  sérieux.  Les  linguistes 
sont  d  accord  auj.  pour  rattacher  le  mot  au 
nordique  jol,  qui  désigne  les  fêtes  et  les  fes- 
tins solennels  qui  se  célébraient  vers  l'époque 
du  solstice  d'hiver  ou  de  Noël,  époque  toute 
consacrée  au  plaisir.  En  suéd.  et  dan.^'u/  (en 
angl.  yule)  signifie  fête  de  Noël.  —  D.  vfr. 
joJiver,  s'amuser,  festoyer;  jolivetés,  babioles, 
gentillesses,  pr.  petits  cadeaux  de  fête  ;  enjo- 
liver (chsimp.  jolloyer). 

JONC,  L.juncus.  —  D.  joncher,  pr.  parse- 
mer de  joncs  les  rues  par  où  passaient  les 
processions  religieuses.  On  a  plus  tard  fait 
abstraction  de  l'idée  jonc  en  disant  :  joncher  . 
de  fleurs,  d'herbes,  voire  de  morts;  cp. 
vfr.  glagier,  joncher,  de  glay.  —  De  jonc 
viennent  encore  ijonchaie,  jotuihet,  jonchère, 
jonquille  (v.  cm.). 

JONCHER,  voy.  jonc.  —  D.  jonchée. 

JONCTION,  L.junctio  (jungero). 

JONQLER,  vfr. jogler,juglcr,  yvaAL jottgler^ 
du  L.jocuJari,  jouer,  plaisanter.  Pour  la  na- 
salisation du  radical  Joe,  cp.  champ,  joncher 
(jouer)  de  jocan.  —  D.  jongleur,  vfr,  jogleor 
(au  nomin.  sing.jonglère),  d\m  jonglerie. 

JONQUE,  esp.,  port,  junco,  it.  temco  (vénit. 
sonco)  ;  du  chinois  tchouen,  bateau . 

JONQUILLE,  it.  giunchilia,  esp.  junquillo, 
en  botanique  narcissus  juncifolius  ;  diminutif 
de  jonc,  L.juticits. 

JOTTE,  voy.  joue. 

JOUBARBE,  vfr.  jombarbe,  esp.  jusbarba, 
prov,  barbajol  (invereion  des  termes),  it. 
barba  di  Giove,  du  L.  Joois  barba.  —  Comme 
la  plus  ancienne  forme  est  jumbarbe  et  que 
le  nom  de  cette  plante  était,  en  gallois,  low/ui^a- 


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JOU 


—  294  — 


JUC 


fioû/iL  (Dioscoride,  IV,  16),  Littr^  conclut  avec 
toute  raison  que  le  terme  Jovts  barba  repose 
sur  une  confusion  avec  le  terme  gaulois,  ciir 
il  n'y  a  guère  de  rapport  entre  la  joubarbe  et 
la  barbe  de  Jupiter.  Darmesteter  (Composés, 
p.  47)  partage  cet  avis, 

JOUE,  \fr.  jode^jœ,  angl.  jaw  (mâchoire, 
onc.  jotoe),  ït,  ffota,  prov.  gauia.  Cette  der- 
nière forme  nous  met  sur  la  traça  de  l'étymo- 
logie  de  ce  mot  ;  elle  procède  régulièrement 
du  L.  gabata,  écuelle,  bas-latin  çavata, 
contracté  en  ffauta  (cp.  parabola,  paravola, 
parauia,  parole).  Le  rapport  logique  entre 
jatte  et  joue  est  conforme  à  ces  comparaisons 
bizarres  que  fait  le  peuple  entre  certains  ob- 
jets et  les  parties  du  corps  (cp.  tête  de  testa), 
Le  type  latin  cabota  (d'où,  par  assimilation  de 
bt,  s'est  également  produit  le  subst.  jatte)  est 
encore  bien  sensible  dans  la  forme bret.^arecf, 
joue.  — Le  terme  de  m&ïinejotte  =  côté  de 
lavant  d'un  vaisseau,  doit  être  le  même  mot 
queçauta,  ffota,  à  en  juger  par  le  terme  équi- 
valent allemand  backen  e=  joue.  De  même 
jotte,  un  des  noms  vulgaires  de  la  bette. 

JOUIR,  prov.  Jogar,  it.  giuocare,  esp. 
jugar,  du  L.Jocari  ^ocus).  —  D,  jouet;  jou- 
jou, mot  enfantin  ;  joueur,  jouaiUer,  jouer 
petit  jeu.  Composés  :  déjouer,  enjoué. 

JOUFFLU,  mot  de  fantaisie,  pour  lequel  les 
mo\&  joue  et  enfler  ou  ^on/^  paraissent  avoir 
fourni  les  éléments.  Ou  hÏQiï  joufflu  serait-il 
pour jOM/fu,  et  ce  dernier  arbitrairement  tiré 
àejoue î 

JOUG,  it.  ^ic^o,  esp.jM^o,  du  L.jugum; 
cp.  all.joch,  angl,  yoke;  même  radical  que 
jugere',  jungere,  îr,  joindre. 

JOUIR,  vfr.  joïr,  gotr,  it.  godere,  gioire, 
\iTo\.gauzir,jaujiir(cip.  aussi  fr,  segaudir), 
du  L.  gaudere.  —  D.  jouissance,  esjouir\ 
réjouir. 

JOUR,  vfr,  et  prov.  jorn,  it.  giorno,  de 
l'adj.  latin  dtumus  (aies)  ;  cp.  les  subst.  ma- 
tin, soir,  hiver,  tirés  de  même  des  adj.  L.  ma- 
tutinus,  serus,  hibemus,  —  D.  journal,  L. 
diurnale  ;Jount^  =»  durée  d'un  jour,  travail 
d'un  jour  (en  smgl.  journey  signifie  voyage. 

!)r.  le  chemin  fait  dans  une  journée)  \joumer 
resté  dans  Xhàyerhe  journellement) ,  ajour- 
ner, séjourner  (v.  c.  m.). 

JOURNAL,  it.  giomale,  voy.  jour.  —  D. 
journalier  ;  journaliste,  -isme, 

JOUTER  (mieux  serait ^oiUcr).  La  préposi- 
tion IsXmejuasta  {rsià.jug,  jungere,  donc  pr. 
c=  joignant)  s'est  romanisée  en  it.  giusta, 
giusto,  prov.  josta,  vfr.  jouste,  joste  (les  sa- 
vants du  XVI"  siècle  disnient  jouxte).  De  là 
s'est  produit  le  verbe  it.  giustare,  giostrarc, 
esp.,  port,  justar,  prov.  jostar,  justar,  fr. 
joster',  juster,  jouster,  suj.  joutkr.  Ces 
verbes  signifient  dabord  réunir,  assembler, 
puis  particulièrement  se  rencontrer  à  la  lutte, 
au  tournoi.  Le  premier  sens  s'est  conservé 
dans  les  composés  fr.  ajuster  et  ajouter  (prov. 
ajostar)  Quant  à  la  deuxième  acception,  toute 
chevaleresque,  on  peut  rapprocher  les  mots 
assembler,  approcher,  anc.  =  combattre 
(assemblée  =  combat),  et  ne  disons-nous  pas 


aussi  rencontre  dans  nn  sens  analogue?  — 
Subst.  verbal  :  joute,  it.  giostra,  prov.josta, 
justa,  mha.  tjost,  néerl.  du  moyen  âge  joeste 
(Kiliaen  porte  jost  =  impetus).  —  Cette 
étym.  do  joute  était  déjà  connue  de  Jacques 
Sylvius. 

JOUVENCE',  jeunesse,  type  latinjuTentia, 
p.  juventa  oxijuventus  (ces  derniers  sont  les 
types  de  vfr.joiœent  etjouvetiie). 

JOUVENCEAU,  anc.  jouvejicel,  it.  giorin- 
ceJlo,  d'un  type  h.juvenicéllus;  îém,  jouven- 
celle, 

JOUXTE,  anc.  préposition  (voy.  jouter),  du 
L.juxta. 

JOVIAL  vient  directement,  je  pense,  de  Ht. 
giomale.  Quant  à  celui-ci,  on  le  rapport* 
communément  à  Jœis,  it.  Gtorc,  «  Jupiter, 
que  les  astrologues  disent  être  cause  de  joie 
et  de  bonheur  dans  les  horoscopes.  On  ap- 
pelle une  humeur  joviale  celle  qui  est  agréa- 
ble, divertissante,  qui  semble  avoir  été  com- 
muniquée par  quelque  heureuse  planète  » 
(Dict.  de  Trévoux).  Cette  étym.  est  acceptable 
(voy.  sournois)  ;  cependant,  je  suis  d'avis  que 
la  création  de  l'adj.  giovale  peut  avoir  été 
influencée  par  une  fausse  relation  avec  Giace, 
mais  que  le  mot  dérive  en  réalité  du  verbe 
giovare  (L.  juvare),  qui  signifiait,  du  temps 
de  Dante,  aussi  bien  «  faire  plaisir  »  qu'aider 
ou  être  utile.  Ou  bien  y  aurait-il  au  fond 
l'idée  de  juvénile  et  le  mot  serait-il  issu  d'un 
thème  giove,  jeune,  comme  ginvina,  giaci- 
nettof  —  D. jovialité,  ït.  giovialità. 

JOTAU,  vfr.  joel  joail,  voy.  joie.  —  D. 
joaillier. 

JOTEUX,  it.  gioioso  (Dante  a  la  forme  plus 
latine gaudioso),  voy.  joie,  — D.joyeuseté. 

JUBÉ  ;  la  partie  de  l'église  ainsi  désignée 
tient  son  nom  de  ce  que  les  chanoines  ou  le$ 
diacres  y  adressaient  au  célébrant  les  paroles  : 
Jubé,  Domine,  bencdicere.  Telle  est  l'expli- 
cation que  je  rencontre  chez  Ménage  et  Roque- 
fort et  qu'approuve  Littré.  —  Il  faut,  je  pense, 
considérer  comme  indépendante  de  notre  jubé 
la  locution  venir  à  jubé,  se  soumettre  par 
contrainte;  serait-ce  en  venir  à  dire  à  l'adver- 
saire :  tjube,  ordonne,  je  ferai  tout  ce  que  tu 
voudras  »•  î 

JUBILÉ,  iprov.jubileu,  du  L,  jubilœus  an- 
nus  (gr.  twSïîiaîoi),  année  jubilaire;  dér.  de  l'hé- 
breu ^*oW,  pr.  bruit  de  fête).  —  D.  jubilaire. 

JUBILER,  it.  giubilare,  esp.  jubilar,  ail. 
jubeln,  du  L.  jubilare,  pousser  des  cris  de 
joie.  Festus  :  jubilare  est  rustica  voce  incla- 
mare;  Varron  -.  ut  quiritare  urbanorum,  sic 
jubilare  rusticorum.  —  B.  jubilation,  L.  jubi- 
latio. 

JUC,  subst.  verbal  àejuch^r. 

JUCHER  ;  ce  verbe  français  n'est  qu'une  va- 
riante de  jouquer,  joker  (angl .ji'mâ^),  que  l'on 
trouve  dans  les  dialectes  du  nord  avec  le  sens 
de  :  croupir,  rester  en  place  sans  bouger  ;  en 
rouchi  aussi  =  se  reposer,  et  tarder,  séjour- 
ner longtemps  dans  un  endroit.  Voy.  aussi 
Godefroy  au  mot  joquier.  Je  ne  connais 
pas  l'origine  de  ces  mots  ;  bien  certainement 
ils  ne  viennent  ni  àejcxere  (quoique  le  par- 


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JUM 


—  295  — 


JUS 


îsÀtjacid  se  soit  francisé  on  ji«'),ni.  comme  le 
pensait  Ménage,  dejuf/itm  au  sens  de  perche 
mise  cntravei's.  Pour  plusieurs  de  ces  signifi- 
cations, le  néerl.  hukken,  ail.  hochen,  être 
accroupi,  conviendrait  quant  au  sens,  mais  h 
ail.  et J  fr.  ne  correspondent  pas;  cette  éty- 
mologie,  toutefois,  convient  à  la  forme  nor- 
mande hucher.  —  S'il  est  difficile  d'identifier 
ce  verbe  français  avec  le  germanique  huhken, 
hocken,  peut-être,  pensait  Diez,  en  découle-t-il 
par  l'intermédiaire  d'une  forme  composée  ge- 
hukken.  Notez  encore  la  forme  berrichonne 
gucucher,  subst.  gucuche.  —  Baist  (Ztschr., 
VI,  425),  comme  Ménage,  place  le  subst.  juc 
dans  la  famille  de  jugum  et  rappelle  goth.  et 
nl.jwÂ,  vha.Jw^,  pour  la  forme,  et  pour  la 
valeur,  le  nord.  oAi,  «  barre  transversale  en 
bois  ».  —  D.juc  (anc.  aussi  joue»,  action  de 
jucher;  juchoir.  Composé  :  déjucher, 

JTJDICATURB,  du  BL.  judicaJtura  =  digni- 
tasjudicis. 

JUDICIAIRE,  L.judiciarius  (judex). 

JUDICIEUX,  d'un  type  latin  judiciosus,  = 
qui  fait  preuve  de  jugement  (judicium). 

JUCE,  angl,  jwrf^c,  prov.,  c^t.  juge,  du  L. 
judex,  judicis  ;  verhe juger ,  L.  judicare. 

JUCER,  yoy.  juge.  — D.jugemeiit. 

JUGULAIRE,  du  L.  jugulum,  gorge  ;  ju- 
guler,  L.  jugujare,  =  égorger. 

JUIJf\  prov.  juzieut  csX,  jueu,  it  giudeo^ 
du  L.  judœus,  devenu  d'abord  judeu,  puis 
jueH,juer\juif.  Il  faut  remarquer  qu'en  vfr. 
J«ï/ était  de  deux  syllabes  ;  on  y  trouve  aussi 
le  fémin.^Mwe,  et  au  cas  oblique  du  sing., 
juis,  mais  ces  formes  accusent  un  type  judi- 
cius.  Voici,  d'après  Suchier,  la  succession 
dos  représentations  françaises  du  \&t.judœus: 
En  premter  lieu,^ uiw  (cp.Mathaeum  McUhiu, 
caecum  du,  graecum^nw);  de  ce  masc.  s'est 
dégagé  le  féminin  jmimô,  juïve  ;  de  là,  par  ana- 
logie, comme  s'il  s'agissait  d'un  adj.  en  ivus, 
s'est  produit  un  nouveau  masc.  juîf,  con- 
tracté en  juif.  Voy  Grôber,  Ztschr.,  VI,  438. 
—  D  juiverie. 

JUILLET,  vfr.  juinet,  jwgnet,  c.-à-d.  le 
deuxième  moisdejuin;  on  trouve  de  même  en 
sicilien  giugno,  juin,  giugnetto,  juillet.  Dans 
la  suite,  pour  accorder  le  terme  juinet  avec 
le  L.  julius,  on  le  transforma  en  juillet;  ce 
n'est  qu'ainsi  que  s'explique  la  forme  diminu- 
tive  donnée  au  nom  de  ce  mois.  —  L'ancienne 
langue  disait  axissï  jule,  juil,  juilot. 

JUIN,  L.junius.  —  D.  juinet  *  (voy.  l'art, 
préc). 

JUJUBE,  du  L.  zizyphum  (du  gr.  Jlju^pov)  ; 
csip.  jujuba.  —  D.  jujubier. 

JULEP,  it.  giulebbe,  esp.julepe,  de  l'arabe 
djolab^  pr.  eau  de  rose. 

JULIENNE,  sorte  de  potage;  d'abord  «  po- 
tage à  la  Julienne  »  ;  l'origine  de  l'expression, 
qui  n'apparaît  qu'au  commencement  du  xviii" 
siècle,  est  inconnue. 

JUMART,  aussi  ^emarf;  ce  vocable  tient- il 
au  h.jumentumf  ou,  comme  jumeau,  au  L. 
geminus  (animal  à  double  nature)?  Nous  n'en 
savons  rien.  Le  languedocien  gimere,  gime- 
roû,  dit  Diez,  fait  penser  à  chimœra. 


JUMEAU,  (ém.  jumelle,  vfr.  gemel,  gémeau 
(d'où  gémeaux^  t.  d'astronomie),  du  L.  gemeh 
lus,  dim.  àe  geminus).  —  D.  jumelles,  nom 
d'objets  divers,  impliquant  tous  une  idée  de 
gémination  ;  yerhe  jumeler. 

JUNGLE;  mot  indien,  sanscrit,  jangala, 
désert  (Littré). 

JUMENT,  du  L.jumentum  (p.jug-mentum), 
bête  de  trait,  surtout  chevaux,  mulets  et  ânes  ; 
en  latin  du  moyen  âge  =  cavale. 

JUPE,  SLng\.jub,jumb,  it.  giubba,  giuppa, 
esp  aljuba,  ^vov.jupa,  de  l'arabe  al-djubbah, 
vêtement  de  dessous  en  coton  (voy.  Golius, 
p.  460  et  Freytag  I,  238»).  —  D.  jupon, 
it.  giubbone,  esp.,  pvov.jubon;  Yfv.jupel.  — 
L'allemand  a  tiré  de  la  même  source  son  mot 
schuba,  auj.  schaube. 

JURER,  L.jurare,  faire  serment.  De  jura- 
tus,  participe  à  sens  actif,  vient  juré,  s»  as- 
sermenté. —  D.  jurement,  L.  juramentum  ; 
juron,  jury,  corps  de  jurés  (mot  d'importation 
anglaise). 

JURIDICTION,  L.juriS'dictio,  litt.  action 
de  prononcer  le  droit,  de  dire  la  justice  ;  à  ce 
subst.  latin  correspond  l'adj.  L.jnri-dicus^fv. 
juridique. 

JURISCONSULTE,  L.  juHs-consuUus,  litt. 
qvii  s'entend  en  droit. 

JURISPRUDENCE,  L.  juHs-prud^ntia,  de 
l'adj.  jurisprudens,  mot  de  la  décadence, 
synonyme  des  expressions  cicéroniennes^'wm- 
peritus  owjuris-consultus. 

JURISTE,  mot  savant,  mais  très  ancien, 
tiré  dejus,juris,  le  droit;  cp.  légiste. 

JURT,  aussi  jwrt,  voj.  jurer. 

1.  JUS,  subst.,  SiUgl.juice,  du  h.  jus,  m.  s. 
—  D.  juteux.  Le  t  dans  ce  dérivé  pourrait  être 
euphonique,  comme  dans  cloutier,  cafetier  et 
autres,  mais  je  pense  plutôt  qu'il  a  sa  raison 
dans  le  génitif  ;«/w,  que  h.  jus  doit' avoir  eu 
dans  le  temps,  à  juger  d'après  Jean  de  Gênes. 

2.  JUS,  ancien  adverbe,  =  en  bas,  anc.  par 
terre,  prov.  jos,  anc.  esp.  diuso,  yuso,  it. 
giuso,  =î  directement  du  BL.  jusum.  Cette 
forme  jusum  procède  régulièrement  du  clas- 
sique deorsum,  devenu  d'abord  deosum  (cp. 
en  latin  hœsi  p.  hœrsi,  susum  p.  sursum, 
dossum  p.  dorsum),  puis  djosum,  enfin 
josum,  jusum  [c^.  jusque  de  de-usque,  jour  de 
diumus\.  —  Les  Wallons  disent  encore  àju 
p.  en  bas;  à  Valenciennes  on  entend  dire  meie 

jus  p.  jeter  à  terre. 

JUSANT,  marée  descendante,  dér.  proba- 
blement de  l'adverbe ^'m5  (v.  c.  m.). 

JUSQUE,  d'un  type  latin  de-usquc,  combi- 
naison analogue  à  celle  de  de-foris,  de- 
intus,  etc.  Pour  la  forme  romane,  cp.  l'adv. 
jus  do  deosum.  La  vieille  langue  présente 
aussi  les  formes  jesque  p.  juesque,  puis  dus- 
que,  et  usque  tout  court.  Le  provençal  a 
duescasetjuscas.  Vorthograi^he  jusques,  avec 
r*  final  des  adverbes,  est  plus  conforma  au 
génie  de  la  langue  française. 

JU3QUIAME.  L.  hyoscyamus,  gr.  ù-ii/.<ixixoi, 
litt.  fève  dû  porc.  Pallade  et  Végôce  présen- 
tent déjA  la  îoTmeju^quiamus. 

JUSSION,  h.jussio{^\xbeTç). 


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LA 


296  — 


LÂB 


JUSTE,  L.  justus,  pr.  conforme  au  droit 
(jus).  Du  sens  moral  «  exact  »  s'est  produit  le 
sens  physique  «  étroit,  serrant  «  (de  là  juste, 
nom  d'un  vêtement,  et  son  composé  justau- 
corps). Le  subst.  hiûiijustitia  s'est  francisé  do 
deux  manières,  dont  l'une  appartient  au  lan- 
gage savant,  lautre  au  fonds  commun,  à  la 
première  couche  de  la  langue  ;  c'est  ainsi  que 
nous  SLVons  justesse  et  justice,  chacun  réservé 
à  des  applications  spéciales.  Justesse  se  rap- 
ports ajuste,  comme  gentillesse  EL  gentil,  c'est 
le  nom  de  la  qualité  d'une  chose  qui  est  juste  ; 
la  iormejustice  exprime  plutôt,  comme  le  latin 
justitia,  la  qualité  d'un  homme  juste  ou  cher- 
chant à  l'être;  l'un  est  l'appellation  d'un  état, 
l'autre,  d'une  vertu  morale.  Il  va  de  soi  que 
nous  n'entondons  pas  épuiser  ici  la  définition 
des  deux  termes. 

JUSTICE,  voy.  juste.  —  D.  siihst.  justicier, 
d'un  type  l&tm  justitiariiis  ;  Yevhe  justicier, 
rendre  la  justice,  punir,  d'où  justiciable,  sou- 
mis à  une  juridiction.  —  En  vfr.  le  suhst.  jus- 


tice était  traité  parfois  avec  un  sens  concret,  et 
signifiait  jtigc  ou  justicier;  cette  valeur  est 
encore  propre  à  ïanigi.  justice  dans  Lortl  chief 
justice,  le  premier  président,  a  justice  ofthe 
peace,  un  juge  de  paix.  Les  mots  patois  jotse, 
juïse  (champ.)  =  justice,  juiser  (picard)  =» 
poursuivre  un  débiteur,  ne  viennent  p»as  de 
justus  et  encore  moins  do  juif,  comme 
a  cru  l'abbé  Corblet,  mais  du  L.  judicium, 
jugement,  qui  au  moyen  âge  s'employait 
pour  juridiction,  droit  de  justice,  tribunal, 
et  qui  a  donné  le  prov.  judici,  juzizi,juizi, 
esp.  juicio,  port,  juiso,  vfr.  juïse,  juî»^e- 
ment. 

JUSTIFIER,  L.justificarc.  —  D.  justifica- 
tion, -ateur,  -atif. 

JUTEUX,  yoj.jus. 

JUVÉNILE,  L.  juvenilis  (juvenis).  — 
D.  juvénilité. 

JUXTAPOSER,  terme  introduit  par  les  phy- 
siciens, du  h.juxta,  à  côté,  et  poser;  subst. 
juxtaposition. 


K 


KAKATOÈS,  aussi  cacatou,  cacatois,  nom 
fait  d'après  le  cri  de  ces  oiseaux. 

KAIiéiDOSGOPE,  voy.  caléïdoscope. 

KALI  nom  de  la  plante  fsoudc;  dont  les 
Arabes  ont  les  premiers  retiré  le  sel  végétal, 
qu'ils  appelèrent  al-cali. 

KALPAK  ou  kolbak,  sorte  de  bonnet,  du 
turc  kalpdk,  bonnet  en  fourrures. 

KANDJAR,  sorte  de  poignard  ;  mot  arabe, 
signifiant  coutelas. 

KANGOUROU;  l'animal  et  son  nom  nous 
viennent  .d'Australie. 

KAOLIN,  sorte  d'argile  blanche;  mot  chinois. 

KARAT,  voy.  carat. 

KÉPI,  d'origine  inconnue;  selon  toute  pro- 
babilité une  transformation  de  l'ail,  kappe, 
casquette  (de  la  même  famille  que  chapeau)  ; 
en  Suisse^on  a  le  dim.  kàppli,  kûppi. 

KERMÈS,  de  larabe  qermez ,  cochenille 
(voy.  carmin,  cramoisi), 

KERMESSE,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le 
nord  de  la  France,  le  nom  de  la  fête  parois- 
siale célébrée  le  jour  de  l'anniversaire  de  la 
dédicace  de  l'église.  C'est  un  mot  gâté  de 
herk-misse  =  messe  de  l'église;  cp.  le  terme 
.synonyme  ail.  liirch-weih,  m.  s.  —  Kiliaen  : 
tt   Dies  compitalitius...  ;   vulgo   festum  sivo 


solcnnitas  dedicationis  t«mpli;  plerumquc  ker- 
misse  dicitur  de  ^^xp^u^^ûvi;,  agaudio  nem|)c  et 
lœtitia.  »  J'ai  de  la  peine  à  croire  que  cette 
dernière  interprétation  ait  jamais  pu  sérieuse- 
ment être  donnée  à  kermesse;  cp.  aussi,  à 
l'appui  de  l'étymologie  reçue,  le  terme  hen- 
nuyer  ducasse,  à  l'art,  dédicace. 

KILO-,  p.  chilio-,  mot  numérique,  servant 
d'élément  initial  dans  la  composition  des  tor- 
mes  du  système  métrique  français;  il  équi- 
vaut à  mille  et  vient  du  gr.  yS'tuoi  =  mille; 
p.  ex.  kilogramme  =  mille  grammes. 

KIOSQUE,  du  turc  kieusjk,  pavillon  de  jar- 
din, belvédère. 

KIRSOH-WASSER,  mot  allemand  ^  eau  de 
cerises;  on  dit  aujourd'hui  généralement 
kirsch  tout  court. 

KNOUT,  mot  russe  (d'origine  tartare),  signi- 
fiant fouet. 

KTRIELLE,  litanie,  mot  tiré  de  la  phrase 
grecque  Kù-m  uirisyj,  «  Seigneur,  aie  pitié  », 
qui  est  la  formule  initiale  de  la  litanie  ;  au  fig. 
«-  longue  enfilade  de  paroles  ennuyeuses, 
fastidieuses  à  entendre.  —  Le  mot  a  donné 
aussi  en  vfr.  le  nom  a  une  esp.  de  poésie  (vov. 
Littré). 

KTSTE,  du  gr.  xyTn;,  vessie,  vésicule. 


l.LA,  article,  du  L.  il  la,  par  aphérèse  de 
la  syllabe  initiale.  L'anc.  langue  présente 
aussi  bien  le  que  la,  tant  au  nom.  qu'à  l'ace, 
sing.  Le  est  une  forme  sourde  où  viennent 
aboutir  à  la  fois  les  formes  distinctes  an- 
ciennes lo,  la  et  H.  Si  le  n'est  plus  aujour- 
d'hui que  masculin,  ce  n'est  là  qu'un  effet  de 
l'usage. 


2.  LA,  pronom,  du  L.  illam;  cp.  ;a,  de 
jam.^ 

LA,  adverbe,  prov.  la,  lai,  it.  là,  esp.  alla, 
du  L.  illac,  de  ce  côté-là. 

LABEUR,  anc.  aussi  labour,  travail,  peine, 
fatigue,  du  L.  labôrcm.  —  D.  labourer, 
anciennement  travailler  en  général,  et  s|>écia- 
lement  travailler  la  terre  (synon.  du  vfr.  are-r 


1^ 

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LAC 


—  297 


LAI 


=  L.  arare),  du  L.  laborare,  travailler.  A«- 
jounriiui  laffourer  no  sappliquc  pins  qu'an 
trîivail  ajrrifolc,  d'où  s'est  déduite  on  seconde 
ligne  l'acception  :  remuer,  sillonner  (p.  ex.  le 
canon  laboure  le  rempart).  Madame  de  Sévi- 
gnô,  cependant,  l'employait  encore  avec  le 
sens  classique  neutre  "  être  en  peine,  souffrir  ». 
En  syllabe  tonique,  oit  de  labourer  devenait 
i-égulièrcment  eu  ;  cet  eu  a  survécu,  grâce  à  la 
rime,  dans  l'expression  proverbiale  :  »*  Kn  peu 
d'heure  Dieu  labeure  •». 

LABIAL,  relatif  aux  lèvres,  L.  labialis  (la- 
bia)  ;  en  botanique,  labié,  pourvu  de  lèvres. 

LABILE  (mémoire),  du  L.  labilis,  glissant 
(de  labi,  glisser,  s'écouler,  faillir). 

LABORATOIRE,  pr.  lieu  de  travail;  de  7a- 
borare.  travailler. 

LABORIEUX,  L.  lahoriosus  (labor). 

LABOURER,  voy.  labeur.  —  D.  le  subst. 
verbal  labour^  action  de  labourer  ;  labourage, 
laboureur, 

LABRE,  poisson,  L.  labriis{'iiL%p-3i). 

LABYRINTHE,  vfr.  (cas  isolé)  naMrinte;  du 
gr.  Ix^ùpvé^oi, 

LAC,  L.  lacus,  congénère  avec  l'ail,  loche, 
mare,  marais  (bas-saxon  lake)^  néerl.  Icu/h, 
lach,  ags.  laça,  îxngl.  lake,  etc.).  Voy.  aussi 
lacustre, 

LACER,  prov.  lassar,  lachar,  voy.    lacs. 

—  D.  lacis,  laçure;  enlacer,  délacer,  entre- 
lacer. 

LACÉRER,  L.  lacerare,  décliirer. 
LACET,  voy.  lacs. 

LACHE,  lasche",  dial.  lasque,  rouclii  làke, 
prov.  lasc,  lasch,  it.  lasco,  duL.  Zartts,  trans- 
jjosé  en  lascus.  — r  D.  lâcheté  (v.  c.  m.).  — 
Il  est  intéressant  de  suivre  la  filiation  des 
acceptions  de  laxus  :  ample,  large,  —  dé- 
tendu, desserré^  —  sans  ressort,  sans  cou- 
rage. La  dernière  ne  se  rencontrait  pas  encore 
d.ans  l'emploi  classique.  —  Notons  encore 
que  G.  Paris  (Rom.  VIII,  448)  considère  l'adj. 
lâche  comme  un  adjectif  verbal  de  hïcher  (cp. 
trouble,  combla,  etc.). 

LACHER,  du  L.  laxare.  —  C'est  au  fond 
le  même  mot  que  laisser  ;  seulement  lâcher  a 
|)our  type  la  forme  transposée  lascare,  l'autre 
le  mot  correct  lacsare  ou  laxare.  L'it.  dit  las- 
ciare,  pour  lâcher  comme  pour  laisser.  Lais- 
ser, c'ast  l'opposé  de  retenir,  comme  lâcher. 

—  D.  relâcher. 

LÂCHETÉ,  L.  laxitatem.  Ane.  lascheté, 
lasqueté  s'appliquait  plutôt  à  la  lassitude,  fai- 
blesse, défaillance  dans  l'accomplissement  du 
devoir. 

LACONIQUE,  concis  à  la  manière  du  par- 
ler des  Lacédémoniens,  du  L.  Laconicus, 
propre  à  laLaconie  (Lacédômone).  —  D.  laco- 
nisme. 

LACRTMAL,  L.  lacrt/malis  (de  lacrt/ma, 
larme). 

LACS  (Y s  repi'ésente  l'ancienne  désinence 
du  nominatif  comme  dans  fils,  corps,  rets, 
etc.),  it  laccio,  esp.,  port,  laso,  prov.  latz, 
du  L.  laqueus.  —  D.  dimin.  lacet;  verbe 
lacer. 


LACTATION,  L.  lactatio  (lac,  lactis),  allai- 
tement. 

LACTÉ.  L.  Incteus  (lac,  lactis). 

LACUNE,  du  L.  lacuna,  mare,  bourbier, 
puis  enfoncement,  cavité,  vide;  l'it.  a  pour 
le  sens  vide,  défaut,  comme  pour  le  sens  mare 
ou  marais,  lo6  deux  formes  lacuna  et  laguna; 
du  dernier  le  fr.  a  tiré  son  mot  lagune.  Le  la- 
tin lacuna  découle  de  lacus  (l'éceptacle  d'eau, 
bassin,  lac).  —  D.  lacuneux,  L.   lacunosus. 

LACUSTRE,  du  néo-latin  lacust^ns,  iwé  de 
lacus,  sur  le  modèle  dopalustris  de  palus. 

LADANUM.  voy.  laudanum. 

LADRE,  d'abord  =  atteint  de  la  lèpre,  puis 
insensible,  enfin  avare.  Ce  mot  correspond  à 
Tesp.  lazaro,  mendiant,  au  pic.  lasaire,  pau- 
vre, misérable,  prov.  ladre,  lépreux.  Peut- 
être  ladre,  en  tant  qu'il  signifie  avare,  pingre, 
est-il  emprunté  à  l'it.  ladro,  voleur,  larron, 
sordide,  désagréable.  Quant  à  lathe,  lépreux, 
misérable,  il  vient  de  Lazarus,  le  personnage 
de  la  parabole  évangélique  (saint  Luc,  XVI,  19, 
et  suiv.),  comme  l'a  déjà  remarqué  J.  Sylvius 
(1531)  :  u  Ladre,  id  est  leprosus  a  Lazaroesse 
videtur,  s  in  sd  soluta  « .  On  a  une  transfor- 
mation analogue  de  sdr  ou  sr  en  dr  dans  7na- 
dré  de  masar,  S.  Ludrc  do  S.  Lusor,  et  cid7'e 
de  cicera.  —  D.  ladrerie.  —  De  lasaro  déri- 
vent encore  :  it.  lazzeretto,  esp.  lazareto 
(d'où  le  fr.  lasareth)  et  le  napolitain  lasza- 
rone. 

LA6AN,  droit  du  seigneur  sur  les  débris  que 
la  mer  jette  sur  ses  rivages  ;  dérivé  du  BL. 
laga  maris,  droit  maritime.  Laga  est  le  nord. 
lag,  loi,  statut  =  ags.  lag,  lah,  angl.  laxo. 
Voir  sur  le  droit  de  lagan  le  long  article  de 
Du  Cange.  Cette  étym.  parait  fondée;  toute- 
fois, il  est  important  de  rappeler  qu'en  vfr.  la 
gan  signifiait  essentiellement  les  débris  jetés 
parla  mer  et.  par  extension  destruction,  ruine, 
dégât. 

LAGUNE,  voy.  lacune. 

1.  LAI,  fém.  laie  (cp.  ail.  laie,  angl.  lay- 
man),  forme  plus  ancienne  que  laïque;  du 
L.  laïcus,  gr.  iaiv.o,-,  pr.  qui  est  du  peuple 
(àxo,-),  opposé  à /)ïj'.4/o:,  «  qui  e.st  du  clergé  » 
(xi^so,-).  Laïcus  a  donné  lai,  par  apocope  du 
suffixe  atone,  comnio  classicum  a  donné 
glas. 

2.  LAI,  vfr.  lais,  genre  de))Oésio,  prov.  lais, 
lag;  ce  mot  ne  vient  pas  du  L.  lessus,  mais 
il  est  d'origine  celtique  :  cymr.  liais,  son, 
mélodie,  irl.,  gaél.  laoith,  poème  (cymr.  ai  et 
gaél.  aoi  se  correspondent  en  règle  générale). 
Diefenbach  admet  parenté  entre  le  gaél. 
laoith  et  le  goth.  liuhton,  chanter,  qui  est  la 
source  de  l'ail.  /ie</(vha.  liod). 

LAICHE(p.  Icche),  piém.  lesca[\i.  lisca,  fétu, 
arête),  du  vba.  lisca,  fougère,  roseau,  nha. 
liesch.  —  Le  mot  fr.  Uche,  tranche  fort  mince, 
=  it.  lisca,  cat.  Uesca,  prov.  lesca  (Faidit  : 
particula  panis},  n.  prov.  lisco,  lesco  est  le 
môme  mot. 

LAID,  it.  laido,  prov.  lait.  D'origine  g.^rma- 
nique  :  ags.  ladh,  odieux  (d'où  lathian,  dé- 
tester), vha.  leid,  mha.  leit,  détestable,  odieux, 


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LAI 


—  298  — 


LÂM 


désagréable,  nha.  /WJ,  désagréable,  pénible. 
Le  vfr.  avait  aussi  un  subst.  lait^  dans  la  lo- 
cution «  faire  lait  à  qqn.  «  lui  faire  tort.  — 
Laid  a  donc  signifié  désagréable,  détestable, 
avant  de  signifier  vilain;  il  en  est  de  même 
de  l'ail,  hûssiich,  qui  signifie  litt.  haïssable, 
et  qui  est  auj.  généralement  employé  pour 
laid,  vilain.  Du  sens  foncier  désagréable  pro- 
cèdent les  verbes  it.  laidare^  v.  esp.  Jeizar. 
blesser,  faire  mal.  Ces  verbes  correspondent  au 
vha.  leidon,  mais  Tit.  îaidire^^vow.  et  vfr.  îai- 
dir,  m.  s.,  ont  pour  type  direct  la  forme  vha. 
leidjan,  ags.  làdjan.  Le  verbe  roman,  au  sens 
de  blesser,  à  son  tour,  a  engendré  les  vieux 
subst.  français  laidange,  injure  (dont  la  ter- 
minaison n'est  pas  encore  bien  éclaircie,  mais 
qui  peut  être  rapproché  de  celle  de  vid<inge 
et  de  mélange)  et  laidure^  outrage.  —  D.  lai- 
deur^ laideron,  enlaidir. 

1 .  LAIE,  femelle  du  sanglier  (BL.  laha  se 
trouve  dans  le  Capitulare  do  villis,  mais  la 
leçon  est  douteuse).  Le  mha.  liche,  m.  s.,  pa- 
raît être  le  même  mot. 

2.  LAIE,  route  taillée  dans  une  futaie,  BL. 
lada,  leda;  d'après  Diez,  du  nord.  Zeid,  ags. 
lâd,  m.  s.,  néerl.  leyde^  Ujde^  lije,  ductus, 
tractus,  meatus.  Le  vfr.  avait  aussi  la  forme 
lée. —  De  là  le  nom  propre  Saint- Germain  en 
Laye.  —  D.  layer. 

LAINE,  L.  lana.  —  D.  laineux,  L.  la- 
nosus;  lainage,  -ier;  verbe  lainer. 

LAÏQUE,  aussi  l<iïc,  voy.  lai. 

LAIS,  t.  d'eaux  et  forêts,  subst.  verbal  de 
laisser.  Le  même  mot  avait  jadis  aussi  la 
sens  de  legs,  litt.  ce  qu'on  laisse. 

LAISSE,  it.  lascio,  wall.  Liège  lahe,  Na- 
mur  lâche;  vfr.  anssi  masc.  lais;  se  rattache 
au  L.  laccarCf  la  laisse  étant  envisagée  comme 
une  corde  *  lâchement»  tenue  (cp.  la  glose 
d'Isidore  laxamina  •=■  hahenœ..  —  Au  sens 
de  cordon  de  chapeau  (autrefois  on  orthogra- 
pliiait  lesse),  Diez  prête  au  mot  une  origine 
directe  du  néerl.  lits^  ail  litxe,  cordonnet. 

LAISSER,  it.  lasciare,  lassare,  v. e*5p.  lexar, 
Jeixar,  port,  leixar,  prov.  laissar^  valaque 
lesà;  du  L.  laœare(yoy.  pi.  haut  lâcher).  —  La 
vieille  langue  et  les  patois  ont  en  outre  une 
forme  laier,  mais  celle-ci  appartient  au  fonds 
germanique  de  la  langue  :  ags.  laetan,  goth. 
létan,  v.  saxon  Uxian,  néerl.  laeten,  haut  ail. 
lazan  (auj.  lassen).  C'est  de  cette  forme  laier 
que  vient  relayer  (v,  cm.).  Diez,  à  cause  de 
l'analogie  du  lombard  laya  employé  dans  le 
sens  de  lasciare,  admet  plutôt  le  lat.  legare 
Hais-ser  par  testament)  pour  le  primitif  do 
laier.  Je  ne  suis  pas  de  son  avis.  —  D.  de 
laisser  :  lais,  t.  d'eaux  et  forêts  (v.  pi.  h.); 
laisse,  terrain  d'atterrissement  ;  délaisser  (v. 
cm.);  relais  (v.  c  m.). 

LAIT,  L.  laCjlactis.  — D.  laitage,  laiteux, 
L.  lactosus;  laitier,  laiterie,  laiteron. 

LAITE,  L.  lactés  (plur.),  m.  s.  —  D.  lai- 
tance. 

LAITON,  laJton,  leton,  esp.  laton,  alaton, 
it.  ottone  (p.  lotone),  BL.  lato,  flam.  latoen, 
est,  selon  Diez,  dérivé  du  mot  roman  latta 


(voy.  latte  -srs  fer-blanc,  pr.  lame,  pièce  plat^î. 
C'est  do  la  même  manière  que  l'esp.  phita, 
pr.  pièce  plate,  a  pris  la  valeur  d'argent.  La 
dénomination  serait  doinc  déduite  de  la  forme 
et  nullement  de  la  substance.  —  Sans  vouloir 
contester  cette  manière  de  voir,  nous  posons 
cependant  la  question  :  est-il  bien  établi  que 
BL.  lato  n'a  rien  de  commun  avec  Tags.,  angl. 
lead  (plomb)?  de  plus,  la  forme  italienne 
lattone  (mutilée  dans  la  suite  en  otUme,  l'ini- 
tiale ayant  été  prise  pour  l'article),  n'aurait- 
elle  pas  de  rapport  avec  l'ail,  loth,  plomb. 
BL.  lotum  f  —  D'après  M.  Rossignol,  notre 
mot  vient  du  L.  hiteum,  œs  luteum,  cuivre 
jaune.  J'en  doute  fort  ;  car  laion,  qui  se  ren- 
contre dès  le  xii*  siècle,  ne  peut  procéder  d'un 
thème  lût.  —  Quelle  est  l'origine  du  wallon 
Zo/on  (aussi  laiton,  loton),  qui  signifie  sont 

LAITUE,  L.  lactuca. 

LAIZE,  largeur,  d'un  type  latin  laJtia* 
(latus)  ;  c'est  donc  une  variété  de  vfr.  laëce, 
leësst  =  laJtitia*. 

LAMA  (quadrupède),  nom  péruvien,  qui 
s'appliquait  à  tous  les  animaux  couverts  d'une 
toison. 

LAMANEUR;  procède  dir.  d'un  verbe  lama- 
ner,  dont  je  n'ai  pas  d'exemple  ;  celui-ci  du 
vfr.  laman,  pilote.  On  s'accorde  à  voir  dans 
laman  une  simple  modification  phonique  de 
locman,  son  synonyme.  Quant  à  tocman,  on 
le  considère  comme  une  altération  du  néerl. 
loodsman,  angl.  loadsman,  pilote,  que  l'on 
explique  par  «  homme  de  sonde  »  (ni.  lood, 
angl.  Icad,  plomb,  sonde).  Tout  cela  me  sem- 
ble problématique.  Pour  ma  part,  je  ne  déci- 
derai pas  si  locman,  qui  se  trouve  aussi  dans 
quelques  dictionnaires  anglais,  est  issu,  par 
corruption,  de  loods-man,  mais  je  crois  devoir 
contester  l'interprétation  donnée  à  l'angl. 
loadsman.  D'après  l'analogie  de  loadstone 
(aimant),  loadstar  (étoile  polaire),  je  l'intcr- 
prôte  par  «  homme  qui  conduit".  Lood  est 
une  modification  de  l'ags.  lâd  (angl.  Icad),  du- 
quel radical  làd,  conduire,  vient  le  composé 
lâd-man,  c<)nducteur,  qui  répond  à  merveille 
au  vfr.  laman,  et  pour  lequel  j'abandonne 
volontiers  mon  ancienne  conjecture  laman 
=  lag-man,  directeur  (du  nord.  ags.  lag, 
ordre,  droit,  loi,  voy.  lagan).  —  Je  vois  avec 
satisfaction  que  ma  manière  de  voir  est  parta- 
gée par  un  spécialiste  en  étymologie  mari- 
time, M.  Breusing,  directeur  de  l'école  de 
navigation  à  Brème,  dans  son  travail  :  Die 
Sprache  des  deutschen  Seemanns  (Nieder- 
deutsches  Jahrbuch,  V,  p.  8). 

LAMBEAU,  LAMBEL",  esp.  lamhel  (en  Berry 
lambriches,  franges).  Le  radical  lamb  a  été 
précédé  d'un  radical  non  nasalisé  :  lab  ;  l'on 
trouve  BL.  labellus,  vfr.  labian,  labeau, 
angl.  label  avec  le  sens  de  «  ornement  frangé 
de  la  casaque  de  guerre  «.  L'existence  bien 
établie  de  ce  radical  lab  ne  permet  pas  de  rat- 
tacher, du  moins  directement,  lambel  au 
L.  lamberarc,  déchirer.  Mieux  vaut,  surtout 
en  considération  de  la  forme  lampel,  propre 
au  dialecte  de  Côme,  invoquer  l'ail,  lappen, 
angl.  lap  =  lambçau.  L'élément  celtique  pré- 


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LAM 


—  299  — 


LAM 


sente  le  gaôl.  leab,  cymr.  Jlabrd,  brot.  labas- 
kcji,  —  Frisrh  identifie  le  BL.  labrJIus  avec 
le  L.  lahcllum,  diminutif  de  labrttrn,  lèvre, 
bord,  lisière  ;  pour  Ducange,  lambeUus  est  le 
diin.  du  L.  limbus,  bandeau,  ,1e  suis  d'avis 
que  les  deux  formes,  la  simple  et  la  nasalisée, 
pourraient  bien  être  indépendantes  l'une  de 
Tautre,  se  rattacher  chacune  à  une  origine 
distincte,  et  avoir  confondu  leur  sens.  — 
D.  délabrer  (v.  c.  m.)  p.  dclabcier,  mettre  en 
lambeaux.  —  Ascoli  se  prononce  en  faveur 
d'un  primitif  latin  Jambcr,  lambcati,  dont  le 
dim.  lambelhis  conviendrait  parfaitement; 
mais  il  reste  à  constater  l'existence  de  ce  lam- 
ber. 

LAMBEL,  terme  de  blason,  ancienne  forme 
de  lambeau  (v.  c.  m.). 

LAMBIN.  On  se  plaît  généralement  à  ratta- 
cher l'origine  de  ce  mot  au  philologue  Lambin 
(du  xvi«  siècle),  à  raison  de  la  longueur  fasti- 
dieuse de  ses  commentaires.  J'aime  à  douter  de 
la  justesse  de  cette  hypothèse,  sans  vouloir 
contester  absolument  que  ce  soit  un  nom  pro- 
pre qui  ait  déterminé  l'expression.  En  effet, 
Lambin  est  une  forme  variée  de  Lambert, 
comme  Hitbin  de  Hubert,  Robin  de  Robert,  et 
il  est  très  possible  que  le  peuple  ait  attaché  à 
ce  nom  propre,  comme  à  tant  d'autres,  l'idée 
de  quelque  qualité  défavorable;  d'autant  plus 
que  le  son  de  lam  coïncide  avec  celui  de  lent, 
—  Je  laisse  à  des  étymologistes  plus  autorisés 
le  soin  de  décider  s'il  y  a  lieu  de  tirer  une 
conclusion  relativement  à  un  rapport  étymo- 
logique entre  lambeau  et  lambin,  de  ce 
qu'en  ail.  trùdeln  signifie  à  la  fois  lambiner 
et  faire  le  fripier.  J'ai  pensé  que  la  coïnci- 
dence était  toujours  curieuse  à  noter.  Je  rap- 
procherai également  le  subst.  ail.  lappen, 
lambeau,  vétille,  du  verho  ver  lappen,  verldp- 
pern,  dépenser  .'son  temps,  son  argent)  à  des 
vétilles.  —  D.  lambinei\ 

LAMBOURDE;  ce  terme  de  charpentier 
paraît  tenir  au  même  thème  que  lambeau. 

LAMBREQUIN,  volets  d'étoffe  qui  descendent 
du  casque.  La  terminaison  accuse  une  piove- 
nance  directe  de  quelque  dialecte  bas-alle- 
mand. On  suppose  donc  comme  source  un 
dimin.  flam.  lamperkin,  dér.  de  lamper  ou 
lamfer,  aussi  lampen  =  velamen  tenue  et  pel- 
lucidum,  aussi  -^^  amictorium  linteum.  Ki- 
liaen  rapporte  ce  mot  à  Xvfiitpô^,  brillant,  mais 
il  est  plus  probable  qu'il  se  rapporte  à 
l'ail.  Iappe7%,  morceau  d'étoffe.  —  Le  wallon  a 
lamehène  =  basque,  pan  d'habit,  à  propos 
duquel  Grandgagnage  s'exprime  ainsi  :  Forme 
féminine  de  lambe^uin  (ou  lambrequin),  mot 
qui,  selon  le  roi  René  (voy.  Œuvres  choisies, 
II,  p.  10;,  était  employé  «  en  Flandres  et  en 
Brabant  et  en  ces  haulx  pays  où  les  tournoys 
se  usent  communément  »,  pour  signifier  la 
pièce  d'étoffe  armoriée  qui  recouvrait  immé- 
diatement le  heaume  (en  desjsous  du  timbre)  et 
tombait  sur  le  dos.  —  Le  P.  Ménestrier  pré- 
tend que  lambrequin  vient  du  L.  lemniscus 
()tifiylix>ii),  qui  signifie  les  rubans  volants 
attachés  aux  couronnes  des  anciens.  Cette  éty- 
mologie  no  peut  concourir  avec  celle  rapportée 


ci-dessus,  tant  pour  la  forme  que  pour  la 
chose  exprimée.  —  On  sait  que  notre  mot 
s'applique  aujourd'Ijui  à  toutes  sortes  de 
découpures  (v.  Littn^). 

LAMBRIS,  dérivé  du  vfr.  lambre,  boiserie, 
revêtement.  Or,  lambre  représente  correcte- 
ment le  L.  lamina  et  est  une  forme  concur- 
rente de  lame.  L'étym.  L.  ambrex  proposée 
])ar  Dacier  aurait  quelque  probabilité,  si 
l'autre  ne  satisfaisait  pas  parfaitement.  L'ini- 
tiale française  serait,  dans  cette  hypothèse,  un 
effet  de  l'article.  —  D.  lambrisser. 

LAMBRUSQUE,  LAMBRUGHE,  LAMBROT, 
it.  lambrusca,  du  L.  labrusca,  vigne  sau- 
vage. 

LAME,  du  L.  lamina,  lanùia.  —  D.  dim. 
lamelle,  L.  lamella,  d'où  lamelle,  -elleux; 
verbe  laminer. 

LAMENTER,  L.  lamentari. 

LAMIE,  poisson,  L.  lamia. 

LAMINER,  réduire  (le  métal)  en  lame,  voy. 
lam^,  —  D.  laminoir,  -crie. 

1 .  LAMPAS,  sorte  de  tumeur  dans  le  palais 
du  cheval,  nommée  ainsi,  selon  les  uns,  parce 
qu'on  la  guérit  en  la  brûlant  avec  une  lampe 
ou  un  fer  chaud  ;  selon  Morin,  parce  qu'elle 
se  produit  dans  l'intérieur  de  la  bouche,  car 
lampas  se  prend  dans  le  style  burlesque  pour 
le  gosier,  le  palais.  —  Quant  à  lampas  = 
palais  ("  arroser  le  lampas  »),  Jault  est  dis- 
posé à  le  rattacher  au  verbe  lamper,  qui  si- 
gnifie  boire  à  grands  coups,  comme  étant 
l'endroit  dans  lequel  on  verse  la  boisson  quand 
on  lampe.  —  De  ce  lampas  viendrait  le  terme 
de  blason  lampassé,  c.-à-d.  tirant  la  langue, 
u  que  le  vulgaire  en  quelques  lieux  appelle 
assez  improprement  le  lampas,  a  lambendo(î), 
pour  ce  que  les  lions,  comme  les  chiens  et  les 
chats,  boivent  en  léchant  *»  (Le  Laboureur, 
Origine  des  armes). 

2.  LAMPAS,  étoffe  de  soie  à  grands  dessins 
d'une  couleur  vive.  Le  nom  lui  a-t-il  été  donné 
en  Chine,  dont  elle  provient,  ou  par  des  tech- 
nologues  savants  qui  connaissaient  lô  gr. 
>à/x7îiv,  briller?  C'est  encore  à  savoir. 

LAMPASSÉ,  voy.  l'art,  préc. 

LAMPE,  it. ,prov.  lampa,  du  h.lampas,-adis 
(Xy/mài).  —  D.  lampion  (v.  cm.),  lamper  on  ; 
lampiste  (vfr.  lampier), 

LAMPER,  variante  nasalisée  de  laper  (v.  c. 
m.).  Le  mot  ne  peut  venir  directement  du 
L.  lambere.  —  D.  lampas  (v.  c.  m.);  lampée, 
grand  verre  de  vin;  lampan,  chanson  à 
boire. 

LAMPION,  dér.  de  lampe.  Le  caractère  in- 
solite d'un  suffixe  masc.  ion,  appliqué  à  des 
choses,  me  fait  croire  que  lampion  est  une 
altération  populair.^  p.  lampillon;  je  re- 
marque la  même  dégradation  de  illon  ou 
ign07i  en  ion  dans  chamjjignon  (p.  champillon}, 
devenu  en  wallon  champion. 

LAMPROIE,  it.  lampre(la,Q?>^.,  port,  lam- 
prea,  ail.  lampretc,  angl.  lamprey,  flam. 
lamprcye;  du  BL.  lampetra  =^  murœna, 
transposé  en  lamprêta.  Quant  à  lampreta,  on 
le  tire  de  «  lambere  petram  « .  Cette  interpré- 
tation a  déterminé  l'ancienne  dénomination 


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LAN 


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LAP 


anglaise  do  ce  poisson  :  suckstone,  Itchstnne. 

—  I).  lamproifou,  lamprillon, 

LANGE,  it.  la/icia,  osp.,  port,  huiza,  prov. 
lança,  du  L.  lancea,  qui  est,  d'après  Varron, 
un  vocable  d'origine  hispanique,  selon  d'au- 
tres, d'origine  gauloise;  ail.  lanzc,  gr.  mod. 
iàvT^a  sont  empruntés  au  roman.  —  D.  lancer 
(v.  c.  m.),  lancette,  lancier, 

LANGER,  it.  Janciare,  esp.,  port,  lamar, 
prov.  îansar,  angl.  iaunch;  dérivé  de  lance 
(cp.  (lardf^r  de  dard).  TertuUien  emploie  /<7?e- 
ceare  p.  manier  la  lance.  —  Composé  :  eslan- 
cei'\  élancer,  prov.  eslançar,  it.  slandare, 
d'où  le  subst.  verbal  fr.  eshuis',  élan,  prov. 
eslans, 

LANDE,  it.,  prov.  landa,  bniyère,  terrain 
plat,  en  vfr.  aussi  =  forêt.  Malgré  l'apparence 
d'origine  germanique  (goth.  land  =  •/<"/^«» 
à//;di,  ail.  mod.  land,  terre,  pays),  Diez,  à 
cause  de  la  signification  que  le  mot  a  eue  en 
tous  temps,  croit  devoir  donner  la  préférence 
au  breton  lann,  buisson  d'épines,  plur.  lan- 
non,  steppe  (cp.  fr.  brande,  buisson,  plur. 
brandes,  bruyère). 

LANDIER,  vfr.  andier,  andin,  wall.  andi; 
VI  initial  est  un  effet  de  l'agglutination  de  l'ar- 
ticle (on  entend  dire  de  même  au  peuple  de 
Paris  un  levier  pour  un  évier)  ;  le  BL.  pré- 
sente les  formes  a>ïd/?r/w5,  anderiusQtande^m. 
On  ne  connaît  pas  l'origine  de  ce  mot.  L'an- 
glais andiron  fPalsgrave  :  aundyernt  a  fait 
penser  à  hand-iron,  fer  pour  la  main  (le  pré- 
sident de  Brosses  traduisait  en  efïct  le  mot 
par  «  main  de  fer  «)  ;  mais  cela  n'a  rien  de  sé- 
rieux. Clievallet,  plus  hardi  encore,  explique 
andiron  par  brand-iron  (fer  à  feu).  Notons 
encore  que  le  basque  dit  landera  et  que 
Frisch  (ne  connaissant  pas  les  formes  du 
moyen  latin  et  du  vfr.)  faisait  venir  moins 
avcntureusement  landier  du  gcrm.  lander, 
dans  geltindev,  rebord,  parapet.  Andin  ou 
andiei'  ne  viendraient-ils  pas  du  germ.  ende, 
bout,  limite,  bord  [Q\\.andouiller)] 

LANDWEHR,  mot  ail.  =  défense  du  pays; 
cp.  landsturm,  litt.  tourbillon  du  pays. 

LANERET,  diminutif  de /«»i>r. 

LANGE,  anc.  un  adjectif  («  draps  langes  »), 
auj.  subst.  =  vêtement  ou  étoffe  do  laine;  de 
l'adj.  L,  laneiis  (lana).  Cp.  linffc. 

LANGOUSTE,  du  L.  locusta,  sauterelle  ;  n 
épenthétique,  comme  dans  jongleur,  lani- 
brusque,  lanterne,  etc.  —  Kn  vfr.  aussi 
laouste4 

LANGUE,  L.  lingua.  —  D.  languette;  Itin- 
gage;  languard,  babillard;  languéyer,  t.  d'art 
vétérinaire;  vfr.  languart,  bavard. 

LANGUIR,  L.  languere,  -esccre;  stibst.  lan- 
gueur, L.  languor.  —  D.  langoureux  ;  vfr. 
langourir,  alangouri,  auj.  s'alanguir. 

LANIER,  oiseau  de  proie,  it.  lanière,  angl. 
lanner,  du  L.  laniarius,  boucher,  écorcheur. 

—  D.  lanej'et.  —  En  vfr.  lanier  veut  dire 
lâche,  paresseux;  c'est  peut-être  un  homo- 
nyme, dérivé  de  lana,  laine  ''cp.  poltron).  Ce- 
pendant, cette  acception  peut  aussi  se  déduire 
du  nom  de  Toiseau  dont  un  spécialiste  (Har- 
mont,  Miroir  de  fauconnerie)  dit  qu'il  est  «  mol 


et  sans  courage,  il  voile  de  faim  et  de  néces- 
sité «. 

LANEÈRE  ;  l'orthographe  première  lasnière 
défend  de  songer  à  L.  lana,  laine  (lanière  se- 
rait une  courroie  do  laine)  ;  ou  à  l'ét.  laniare, 
déchirer,  patronnée  par  Littré.  Le  mot 
vient  du  L.  lacinia  coin  d'une  robe,  lan- 
guette, lambeau,  «  particula  rcsecta  et  sepa- 
ratxi  «,  d'où  vfr.  lasne;  d'un  prototype  lad- 
niaria  provient  régulièrement  lasnière,  auj. 
lanièi-e.  Etymologie  de  Bugge  (Rom.,  IIÏ, 
154),  que  j'avais  également  émise,  prescjue 
simultanément,  dans  mes  «  Fragments  d'un 
roman  sur  la  reine  Sébile  h. 

LANIFÈRE,  L.  lani-fer  ;  lanigàre,  L.  lani- 
ger. 

LANSQUENET,  it.  lanzichenecco,  esp.  las- 
guenete  ;  ce  sont  autant  de  formes  estropiées 
de  l'ail,  lands'knecht,  fantassin,  pr.  ser^'iteur, 
valet  du  pays. 

LANTERNE,  L.  laterna,  lanterna.  —  D. 
lanterneau,  lanternier.  —  Au  figuré,  lan- 
ternes signifie  fadaises,  balivernes  («  conter 
des  lanternes  h)  ;  do  là  le  verbe  lanterner  == 
dire  des  fadaises,  ennuyer,  fatiguer,  aussi 
perdre  le  temps  en  choses  frivoles.  D'où  vient 
ce  sens  mét^iphorique  donné  au  mot  kmtenie  f 
Les  opinions  varient;  nous  nous  bornons  à 
rappeler  la  description  du  pays  Lanternais  de 
Rabelais.  Cependant,  nous  posons  la  question  : 
le  sens  figuré  de  lanterne,  et  par  conséquent 
le  verbe  lanterner,  sont-ils  bien  réellement 
issus  de  lanterne  =  objet  qui  éclaire?  I^ 
terme  équivalent  lantiponner  éveille  à  cet 
égard  quelques  doutes.  Kiliaen  traduit  le  mot 
flam.  lentcren,  en  latin  par  ••  lento  et  ignave 
agere,  cunctari  •»,  et  en  fr.  par  lanterner;  no 
pourrait- il  pas  y  avoir  en  effet,  au  point  de 
vue  du  peuple,  quelque  rapport  étymologique 
entre  lentus  et  lanterner  ?  Pour  rien  décider, 
il  faudrait  savoir  exactement  ce  qu'au  xvi*  siè- 
cle on  entendait  par  langage  de  lanternois 
(d'après  Godefroy,  langage  trompeur;. 

LANUGINEUX,  L.  lanuginosus  {de  lanugo^ 
'inis,  duvet). 

LAPER,  forme  nasalisée  :  lamper;  delà  racine 
lap,  répandue  dans  presque  toutes  les  langues 
indo-germaniques  pour  exprimer  l'action  de 
laper  :  ags.  lappian,  angl.  lapp,  flam.  lappen, 
ail.  labbcivi,  gr.  ).àîrTîiv,  L.  lambere,  etc. 

LAPEREAU,  voy.  lapin. 

LAPIDAIRE,  L.  lapidaHus  (lapis),  tailleur 
do  pierres. 

LAPIDER,  L.  lapidurc,  lancer  des  pierres  ; 
dans  la  basse  latinité  =  poursuivre  à  couj>sde 
pierres 

LAPILLEUX,  du  L.  lapillus,  petite  pierro. 

LAPIN,  peut-être  d'un  type  latin  lapinus, 
tiré  du  radical /<7;  de  7<?/>or (primitif  de /ït^pro). 
Diez,  toutefois,  justement  retenu  par  des  rai- 
sons phonologiques,  est  d'un  autre  avis;  il 
prend  7a/9iy/  \iOwvclapin,  et  le  range  sous  le 
thème  clap,  d'où  se  clapir  et  clapier  (cp.  loir 
p.  gloir).  —  D.  lapereau  (d'où  nécrl.  lam- 
preel);  lapine,  lapin ière 

1 .  LAPS,  subst.  dans  «  laps  de  temps  »,  du 
L.  /a;9SU5(labi),  écoulement. 


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LAR 


301 


LAS 


2.  LAPS,  adj.,  du  part.  L.  lapsus  (labi),  qui 
a  glissé.  —  Cp.  relaps. 

LAPSUS,  subst.  lat.  =  glissement,  chute. 

LAQUAIS, esp.,  port,  lacayo,  all./aAaid'it. 
lacchè  est  tiré  du  français).  On  lit  dans  Frois- 
Fart  :  «  En  France,  il  y  a  cent  ans  que  les  pa- 
ges vilains  allans  à  pied  ont  conunencé  d'estre 
nommés  loquets  et  naquets.  »  l.'n  document 
de  1470  porte  :  «  gens  arbalestriei-s  appelez 
laquais,  »  On  a  émis  bien  des  conjectures 
sur  l'origine  de  ce  mot.  Les  uns  ont  pris  na- 
quet  pour  la  forme  antérieure  de  loquet  et, 
sur  cette  prémisse,  ils  ont  proposé  l'alle- 
mand hiiechtt  valet,  voire  fr.  7iarquois! 
D'autres  ont  eu  recours  à  l'arabe,  du  fond 
duquel  ils  ont  exhumé  tantôt  laquit,  garçon 
exposé,  tantôt  lahio,  sale,  vil.  Larramandi  y 
voit  un  mot  basque,  composé  de  lacun.loffun, 
société,  assistance,  et  de  ayo,  suivant,  aide. 
Tout  cela  n'a  pas  de  valeur;  un  peu  plus  ce- 
pendant que  l'idée  de  Ménage,  qui  croyait 
avoir  trouvé  la  solution  en  allongeant  le  L. 
vcrna  en  vermila,  puis  en  vertiulocus,  puis 
en  vernulacaius  ;  ici  il  s'arrête  pour  reprendre 
haleine;  puis  avec  courage  il  saisit  le  mot 
vm-itulacaïus,  pour  le  trancher  en  deux  piè- 
ces ;  la  première  est  mise  au  rebut;  la  seconde 
est  conservée  pour  en  faire  un  laquais.  Ce 
que  nous  établissons  là  ncst  pas  une  plai- 
sante invention  de  notre  part,  mais  cela  se 
voit  sérieusement  cxiwsé  dans  l'in-folio  que 
nous  avons  par  devers  nous.  Diez  se  renferme 
dans  l'élément  roman.  Partant  du  prov.  lecat, 
gourmand,  et  du  limousin  loccai,  qui  signifie 
1 .  parasite  du  froment,  2.  larjuais,  il  en  infère 
que  dans  l'acception  de  laquais  =  valet  de 
pied,  il  y  a  une  métapliore  tirée  des  parasites 
végétaux,  inséparables  de  la  plante  qui  les 
fait  vivre.  Il  appuie  sa  conjecture  du  v.  i)ort. 
lecco  =  laquais,  qui  concorde  littéralement 
avec  le  prov.  Icc,  primitif  de  Iccaif  gourmand. 

—  D'après  Pihan,  de  l'arabe  lakiyyc,  attaché; 
Littré,  ee  fondant  sur  une  anc.  forme  esp. 
alacays,  opine  pour  une  provenance  arabe. 

LAQUE,  it.  lacca,  esp.,  prov.  laça,  du  per- 
san lak,  teinture  rouge  (correspondant  du 
sanscrit  r(iksc7ià,  dérivé  de  randsch,  teindre). 

—  D.  laquer^  l aqueux. 

LARGlN,  vfr.  laredn,  du  L.  latrœimum 
(devenu,  par  transposition,  prov.  laironici, 
eisp.  ladro)ticio,  it.  ladroneccio). 

LARD,  L.  laridum,  lordum,  —  D.  larder, 
piquer  une  viande  avec  du  lard,  fig.  piquer, 
railler,  lancer  des  épigrammes,  des  brocards, 
doù  subst.  lardon. 

LARGE,  du  L.  largus,  coiiicux,  abondant, 
puis  au  fig.  généreux,  libéral.  —  Notez  que 
l'acception  princi])ale  attachée  actuellement 
au  mot  hu'f/e,  savoir  celle  d'étendue  dans  le 
sens  opposé  à  la  longueur,  éttiit  inconnue  à  la 
langue  latine.  Le  mot  larf/us  a  fini  par  rem- 
plir le  rôle  de  laius  et  par  se  substituer  au 
vieil  a^j.  lety  le,  it.  lato  =  lotus.  L'idée  d'où 
est  partie  cette  acception  moderne  G»t  l'am- 
pleur, l'abondance,  relativement  à  l'espace. 

—  D.  largeur;  élargir^  —  Au  .sens  classique 
latin  se  rapporte  encore  le  dérivé  largesse, 


lequel  répond  à  un  type  largilia\^,  largitasj, 
LARGUE,  variante  de  large.  —  D.  lar- 
guer, 

LARIGOT,  p.  Varigot  (concrétion  de  l'ar- 
ticle). Arigot  ou  harigot  peut  être  un  dérivé 
du  L.  arinca,  mot  cité  par  Pline  comme  d'ori- 
gine gauloise  et  signifiant  une  espèce  de  blé 
(seiglej.  Ce  serait,  dans  ce  cas,  un  terme  ana- 
logue au  L.  avena,  avoine,  tuyau  d'avoine, 
flûte.  —  Le  peuple  donne  aussi  à  latigot  le 
sens  de  gosier  ;  cp.  l'expression  boire  à  tire  la- 
rigot  =  boire  sans  fin.  On  sait  que  flûte  pré- 
sente de  même  une  acception  populaire  ana- 
logue. —  Frisch  tire  larigot  du  terme  musical 
it.  et  esp.  largo,  copieux,  abondant;  pour  la 
forme,  cela  est  peu  plausible,  le  sons  premier 
étant  flûte;  je  ne  sais  pourquoi  Diez  a  renoncé 
a  l'étymologie  arinca,  qu'il  avait  proposée 
danssîi  première  édition.  —  Le  mot  lat.  arinca, 
qui,  selon  Diefcnbach,  pourrait  bien  ne  pas 
avoir  été  un  mot  exclusivement  gaulois,  avait 
pour  variante  L.  alica;  cette  dernière  con- 
viendrait davantage  au  primitif  du  mot  lari- 
got. —  L'ne  étymologie  par  larynx  fi'cst 
guère  assurée  par  l'article  larigaudc,  go.sicr, 
gorge,  qui  se  trouve  dans  Ro<piefort  sans 
exemple  à  l'appui;  en  tout  cas,  ce  mot,  s'il 
est  constaté,  ne  peut  être  si'^paré  do  larigot 
dans  tire-larigot,  pour  l'expiication  dtiquel 
j'ai  une  nouvelle  tentative  à  signaler.  La 
découverte  d'un  mot  fr.  rig(yt  (lOst  do  France) 
au  sens  de  ceinture  (qui  viendrait  du  vha. 
riga  «  ligne  circulaire  »•)  détermine  G.  Hay- 
naud  à  interpréter  cette  locution  par  à  tire  le 
rigot  =^  à  Hire  la  ceinture,  en  rapprochant, 
pour  l'imago,  cotte  autre  phrase  vulgaire  : 
"  S'en  faire  péter  la  sous-ventrière  ».  Voy. 
Rom..  VIII,  100. 

LARME,  prov.  lagrema,  esp.,  port  ,  it.  la- 
grima,  du  L.  lacryma  ;  en  vfr.  lainnr  (réso- 
lution do  c  en  i).  —  D.  larmier;  verbe 
larmoyer  (vfr.  larynier),  prov.  lagrcmeiar. 

LARRON,  du  L.  latro,  latronis.  Dans  l'an- 
cienne langue,  larron  était  la  forme  du  cas 
oblique  ;  le  nominatif  latro  y  apparaît  sous  la 
forme  laire,  lerre,  lidre  =  prov.  laire. 

LARVE,  dti  L.  larva,  masque,  parce  que 
l'insecte  ailé  est  pour  ainsi  dire  masqué  dans 
la  chenille. 

LARYNX,  gr.  /àcj/Ç. 

LAS,  it.  lasso,  L.  lassus.  —  D.  lasser, 
L.  lassarc  (<>pp.  dé-lasser)  ;  lassitude,  L.  las- 
situdo.  La^i  signffiait  autrefois  aussi  mal- 
heureux, de  là  les  interjections  it.  ahi  latso, 
prov.  ai  las,  vfr.  ha  las,  nfr.  helas,  angl.  al  as. 

LASCIF,  L.  lascivus.  —  D.  lasciceU^,  L.  las- 
civitas. 

LASSER.  LASSITUDE,  voy.  las. 

LASSERET.  LASSERDS.LASSIERE.  termes 
d'arts  et  métiers,  dérivés  do  lacs  (v.  c.  m.)  = 
L.  laque  us. 

LAST,  LASTE,  it.  lasto,  port,  lasto,  la$tro, 
esp.  lastre,  =  ail.  last,  charge,  poids.  Le 
subst.  /cà'/.anc.  leste,  n'est  qu'une  modification 
vocale  du  môme  mot.  Le  mot  last  a  en  esp.  et 
port,  aussi  le  sens  de  lest  ;  il  est  donc  syno- 
nyme de  ballast  (v.  c.  m.). 


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LAY 


—  302 


LÉG 


LATENT,  L.  lataUem  (latere),  cacbé. 
LATÉRAL,  L.  laieralis  (latus,  -eris). 
LATIN,  L.  iatiîius  (Latiuin).  —  D.  latinité, 
L.  latinitas  ;  latiniste,  -isnie,  -iseï*.  —  La  lan- 
gue latine  ayant  été  considérée  comme  la  base 
de  toute  culture  scientifique,  on  a  dit  pc^-dre 
son  latin  dans  le  sens  de  «•  y  jHirdro  tout  son 
savoir,  faire  des  efforts  inutiles  *».  Toutefois, 
cette  locution  pourrait  bien  se  rattacher  direc- 
tement au  sens  >«  ruse,  finesse  »,  propre  au 
subst.  laiin  en  vfr.  ;  on  sait  que  celui-ci  y 
signifiait  aussi  langage  en  général,  même 
celui  des  oiseaux. 

LATITUDE,  L.  latitudo  (latus;.  —  D.  laii- 
tudinaire,  large  dans  les  opinions  religieuses. 
LATRIE,  gr.  iarpîfat,  sei-vice,  culte. 
LATRINES,  L.  latnna(\i,  lavatrina). 
LATTE,  it.  laita,  esp.,  prov.  lata,  du  vha. 
latta,  m.  s.,  ags.  lutta,  flam.  latte,  angl.  lath. 
—  D.  latter,  lattis;  voy.  sms^i  laitoii 

LAUDANUM,  selon  les  uns,  le  même  mot 
que  ladanum  (gomme-résine  exsudant  des 
feuilles  et  des  rameaux  de  plusieurs  espèces 
de  plantes  du  genre  cistus),  lequel  vient  d'un 
mot  persan  par  le  gr.  iàôavov  ;  d'autres  préten- 
dent que  laudanum  est  distinct  de  ladanum 
et  vient  du  L.  laus,  laudis,  pour  ainsi  dire 
«  le  médicament  loué  • . 

LAUDATIF,    néologisme,    L.    laudativus 
(laudare). 
LAUDES,  L.  laudes,  louanges. 
LAURÉAT,  L.  laureatus,  couronné  de  lau- 
rier (laurea). 
LAURIER,  dérivé  du  L.  laurus. 
LAVABO,  mot  latin  =  je  laverai.  Dans  le 
principe,  un  terme  d'église,  désignant  le  pas- 
sage du  sacrifice  de  la  messe  commençant 
par  ce  mot  latin,  puis  l'action  du  prêtre  qui 
se  lave  les  mains,  puis  linge  pour  se  laver 
les  mains,  enfin  meuble  de  toilette  servant 
au  même  but. 

LAVANCHE,  LAVAN6E,  voy.  avalanche. 
LAVANDE,  it.  lavanda,  lacendola,  esp. 
lavandul<i,  all^  lavandel.  angl.  lavetider  ;  le 
mot  est  originaire  d'Italie,  où  lavanda  a  la 
valeur  d'un  subst.  abstrait  =  lavage  ;  eau  de 
lavande,  c'est  pr.  =  eau  (parfumée)  pour 
l'usage  du  corps. 

LAVANDIER,  -1ÈRE,  du  L.  lavandarius, 
mot  supposé  d'après  le  plur.  neutre  lavanda- 
ria  (Laberius  ap.  Gellium),  signifiant  linge  à 
laver.  Pour  ces  dérivations  par  andus,  cp. 
buandier,  filandière,  taillandier,  —  Lavan- 
dière est  déjà  dans  Baud.  de  Condé,  224,  v. 
573  (au  V.  585,  laver  esse). 

LAVE<  it.,  angl.,  ail.  lava;  du  napolitain 
lava,  torrent  causé  par  la  pluie,  qui  inonde 
les  rues  ;  mot  tiré  de  lavare,  comme  lavasse, 
plnie  subite. 

LAVER,  L.  laiare.  —  D.  lavage,  laran- 
dier,  -ière  (v.  c.  m  ),  lavasse,  laverie,  lave- 
rne/it,  lavette,  lavis,  lavoir,  lavure^  relaver. 
LAXATIF,   L.   laxativus ,    de   laxare   (lâ- 
cher). 

LATER.  t.  d'eaux  et  forêts,  voy.  laie. 
LATETTE,    dimin.    de    Tanc.  laie,  boite, 
caisse,  qui  vient  du  flam.  laet/e,  laede,  =  ail. 


lade,  tiroir  d'armoire,  caisse,  coffre.  Layette 
signifie  d'abord  tiroir,  coffre,  puis  le  contenu 
du  tiruir,  et  spécialement  le  linge  d'un  enfant 
nouveau-né.  —  D.  layetier, 
LAZARET,  voy.  ladre. 
LAZARONE,  voy.  ladre. 
LAZZI,  mot  italien,  plur.  de  lazso,  badi- 
nage. 

LE,  par  aphérèse,  du  L.  ille,  illutn  et  ilUid. 
Au  dernier  type  neutre  se  réfère  le  vfr.  lo, 

LÉ,  vfr.  let,  anc.  adj.  «=  large,  du  L.  laJtus. 
11  nous  en  est  resté  le  subst.  lé  =■  largeur. 
LÉANS  (vieux),  voy.  céans. 
LÉGHE,  tranche  fort  mince,  voy.  laiche. 
LÈCHEFRITE,  voy.  lécher. 
LÉCHER,  it.  leccare,  prov.  liquar,  lichar, 
pic.  liker,  norm.  licher  (gloses  d'Isidore  leca- 
tor  =  gulosusj  ;  du  vha.  lecchon.  ags.  liccian, 
angl.  lick,  V.  saxon  liccon,  leccon,  ail.  mod. 
lecken,  m.  s.  —  D.  léchonncr.  —  Cps.  lèch^ 
frite,  anc.  lechefroie,  lèchtfraie,  d'abord  un 
mets,  puis  l'ustensile  senant  à  le  préparer  ; 
comi)os6  de  lèche,  chose  friande,  et  frire;  cp. 
it.  leccarda,  m.  s. 

LEÇON  (rouchi  et  vfr.  lichon),  prov.  leisso, 
Icsso,  du  L.  lectionem,  lecture,  puis  objet  de 
la  lecture  (cp.  façon  de  factionem,  rançon  de  ?*e- 
demptionem). 

LECTEUR,  L.  lector;  lecture,  L.  lectura. 
LÉGAL,  L.  legalis  (lex).  Du  même  mot  latin 
la  langue  a  fait,  par  la  syncope  de  la  con- 
sonne médiale,  léal,  leyal  et  la  forme  actuelle 
loyal.  —  D.  légalité;  légaliser. 

LÉGAT,  L.  legatus,  envoyé  (legare);  léga- 
tion, L.  Icgatio. 

LÉGATAIRE,  L.  legataritis,  du  L.  lega- 
tum.  legs;  légateur,  L.  legator. 

LÉGE,  terme  de  marine,  non  chargé  ;  est 
le  même  mot  que  lige,  et  vient  de  l'ail  ledig, 
vide,  par  le  néerl.  leeg,  forme  syncopée  de 
ledig 

LÉGENDE.  L.  legcnda,  s.  e.  portio,  litt. 
portion  qui  doit  être  lue  ;  dans  la  latinité  du 
moyen  âge  =  liber  acta  sanctorum  per  totius 
anni  circulum  digesta  coutinens,  •*  sic  dictns 
quia  ceitis  diebus  legcnda  in  ecclesia  et  in  sa- 
cris  .synaxibus  designabantur  a  moderatore 
cliori  ».  De  là,  découle  la  signification  ac- 
tuelle. —  On  a  nommé  de  même  légendes  les 
inscriptions  gravées  autour  des  médailles  et 
des  pièces  de  monnaie  ;  c'est  la  partie  à  lire 
opposée  à  la  partie  à  voir.  —  D.  légendaire. 
LÉGER,  it.  leggiere,  prov.  leugier,  d'un  type 
latin  IcviaHus,  dér.  de  levis  (primitif  con- 
servé dans  rit.  lieve,  prov.  leu).  —  D.  légè- 
reté, 

LÉGIFÉRER,  du  L.  legifer,  qui  porte  des 
lois. 

LÉGION,  L.  Irgio.  —  D.  légionnaire,  L.lc- 
gionarius. 

LÉGISLATEUR,  -LATION,  -LATURE,  L.  le- 
gisJator,  -latio,  -latura  ilaior,  etc.,  subst.  d«î 
ferre,  les  Latins  disaient  legem  fei*re  comme 
on  dit  encore  «  porter  une  loi  »).  Adj.  néul. 
législatif. 

LÉGISTE,  qui  connaît  les  lois,  BL.  Ifgista 
(lex).  C]^.  juriste. 


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LÉO 


303  — 


LEU 


LÉGITIME,  L.  legitimus,  —  D.  verbe  légU 
timer  ;  néologisme  légitimiste . 

LEGS,  subst.  verbal  de  léguer,  avec  main- 
tien de  l'anc.  s  nominatival.  J'attribue  la 
forme  vfr.  lais  à  laisser,  d'autant  plus  qu'on 
trouve  tout  aussi  souvent  le  fém.  laisse. 

LÉGUER,  L.  legare,  —  D.  legs  (v.  c.  m.). 

LÉGUME,  vfr.  legun^  lewi,  du  L.  legumen, 
'inis.  —  D.  légumier;  légumineux,  L.  legu- 
minosus. 

LENDEMAIN,  par  agglutination  de  l'article, 
pour  endemain,  forme  eitensive  de  demain 
(v.  c.  m.). 

LENDIT,  foire  de  Saint-Denis;  ici,  compe 
dans  landier,  lendemain,  etc.,  il  y  a  eu  con- 
crétion de  l'article,  car  lendit  est  pour  Fendit 
et  vient  du  BL.  iiidictum  =  annonce  officielle 
(spécialement  de  fête),  fête  annoncée  d'avance; 
resti-eint  auj.  à  Vendit  de  Saint- Denis. 

LANDORE,  breton  landar,  paresseux.  La 
forme  française  s'est  produite  sous  l'influence 
du  verbe  endormir  (cp  pic.  l endormi,  pares- 
seux, nonchalant).  Le  mot  rappelle  le  flam. 
Unleren,  lente  et  ignave  agero  (Kiliaen),  au- 
quel correspond  peut-être  l'ail,  sch-lendern, 
anc.  angl.  sle^iten.  Pour  landore,  le  vfr.  disait 
plus  correctement  landreiix.  En  champ.,  je 
trouve  lander,  landiiier,  fainéanter,  lendraSy 
endormi,  paresseux. 

LENIFâiR,  L.  hnificare  (lenem  facere,  ren- 
dre doux). 

LÉNITIP,  du  L.  lenire  (lenis). 

LENT,  L.  lentus.  —  D.  lenteur,  alentir, 
ralentir, 

LENTE,  prov.  Icnde,  du  L,  lens,  lendis  (it. 
Icndine),  m.  s. 

LENTILLE,  L.  lenticula  (lens,  lentis)  d'où 
l'adj.  savant /e;jiïCM/am,  fr.  lenticulaire, 

LÉONIN,  L.  leoninus  (leo).  —  Les  opinions 
varient  sur  l'origine  du  mot  léonin,  en  tant 
que  terme  de  littérature!  Maitre  Pierre  Fabry, 
curé  de  Méray,  qui  vivait  sous  Charles  VIÛ, 
tirait  cette  expression  de  leo  parce  que  la 
rime  léonine  est  la  plus  belle  des  rimes,  ainsi 
que  le  lion  est  la  plus  noble  dos  bêtes.  — 
Mervcsin  (Hist.  de  la  poésie  française j  :  Léon  II 
voulant  réformer  les  hymnes  que  l'on  chantait 
à  l'église  sur  la  fin  du  vi®  siècle,  parce  qu'elles 
étaient  trop  obscures,  ordonna  qu'on  en  fit  de 
nouvelles.  Un  diacre,  nomme  Paul,  fit  celle  de 
suint  Jean-Baptiste  en  vers  d'une  nouvelle 
espèce  qu'on  appela  léonins  du  nom  du  pon- 
tife, dans  lesquels  il  mit  une  rime  au  repos 
et  l'autre  à  la  fin.  —  Pasquier  attribue  l'in- 
vention des  vers  léonins  à  un  poète  nommé 
Léonins,  chanoine  des  Bénédictins,  qui  vivait 
à  Paris  sous  le  règne  de  Louis  Vil,  vers 
l'an  1 154,  et  qui  se  rendit  célèbre  par  ses  vers 
latins  qui  rimaient  à  chaque  hémistiche.  — 
En  vfr.  on  trouve  très  souvent  rime  lennintA 
ou  lionime,  ce  qui  fait  poser  à  Wackernagel 
l'étym.  Àsoivuusi  (de  UXoi  et  Svofxx),  donc  rime 
«  lisse  d'expression  ».  C'est  trop  subtil,  et 
Dicz  observe  fort  bien  que  la  finale  ime  p.  ine 
ne  tire  pas  à  conséquence  ;  cette  mutation 
n'est  qu'euphonique.  —  La  véritable  origine 
de  l'expression  reste  incertaine. 


LEOPARD,  vfr.  liepart,  leupart,  du  L.  leo- 
pa7'dus  {^ioTtypSoi),  litt.  lion-panthère. 

LÉPIDOPTÈRE,  mot  forgé  de  Uirl;,  -iio;, 
écaille,  et  Trrs/sov,  aile;  donc  insecte  à  ailes 
écai  lieuses. 

LEPRE,  L.  lepra,  gr.  /âîroa  (de  Xinpô;,  rude, 
écailleux).  —  D.  lépreux,  BL,  leprosus,  d'où 
léj)rose7'ie, 

LÉROT,  dérive  de  loir, 

LES.  article  (plur.),  aflaibli  du  masc.  los 
(forme  espagnole,  se  rattachant  au  L.  illos)  et 
du  fém.  las  (=  L.  illas),  comme  le  s'est  affai- 
bli de  lo  et  la  (on  sait  qu'en  vfr.  le  est  aussi 
féminin). 

LÈSE,  dans  lèse-tnajesté  et  sembl.  ;  du 
L.  lœsus,  blessé,  offensé  (laedere),  d'où  lo 
verbe  fr.  léser  et  le  subst.  lésion  (Lr.  laesio). 

LÉSER,  voy.  l'art,  préc. 

LÉSINE,  do  rit.  lésina,  avarice  sordide. 
C'est  étymologiquomcnt  lo  même  vo(^ble  que 
le  fr.  alêne  (v.  c.  m.).  Nous  ne  prétendons  pas 
que  l'étymologie  historique  qui  se  trouve  rap- 
portée sous  cet  article  soit  la  véritable  ;  tou- 
jours est-il  qu'elle  se  recommande  mieux 
que  celle  de  Le  Duchat,  d'après  qui  lésina  a 
pu  se  produire  de  lasjsarilla,  ladrerie!  — 
D.  lésiner,  -eur,  -erie,  -eux. 

LESSE*,  cordon,  voy.  laissé. 

LESSIVE,  it.  lisciva,  esp.  lexia,  prov.  lissiu, 
du  L.  lixivia,  liximum  (de  lix),  —  D.  lessi- 
ver. 

LEST,  voy.  last.  —  D.  lester. 

LESTE,  it.,  port,  lesto,  esp.  listo;  d'après 
Dicz,  du  goth.  listeigs  =^  Tzxvo'jp/o,,  vha.  listic 
(ail.  mod.  listig),  habile,  rusé;  apocope  du 
suffixe  comme  dans  it.  chiasso,  fr.  glas,  de 
classicutn,  vfr.  rusle  de  rusticiis,  et  autres 
vocables.  Du  sens  foncier  «  habile  »  se  dé- 
duisent sans  difficulté  les  diverses  acceptions 
du  mot  roman.  Liebrecht  (Jahrb.  XIIÏ,  227) 
indique  le  lat.  lestus,  dans  sublestus,  lé- 
ger ("  vinum  sublestum  »);  cp.,  pour  la  tran- 
sition du  sens  «  léger»  à  «  agile  »,  l'ac^. 
levis.  Cette  étymologie  reste  douteuse 

LÉTHARGIE,  gr.  Ariàxp/lx  (iiiàij,  oubli).  — 
D.  léthuvgique, 

LETTRE,  L.  littera.  —  D.  lettré,  illettré, 
L.  litteratus,  illiteratus;  lettnne;  lettrisés 
i^ers). 

LEU,  dans  la  locution  à  la  queue  leu  Uu, 
est  l'anc.  forme  régulière  do  loup.  Cotte  locu- 
tion est  une  modification  arbitraire  de  à  la 
queue  le  leu,  c'est-à-dire,  d'après  l'ancienne 
.syntaxe,  à  la  queue  du  loup  (Rom.,  X,  50). 

1.  LEUDE*,  «  les  leudes  du  roi  »,  de  l'ail. 
leute,  gens. 

2.  LEUDE,  péage,  redevance,  taxe,  prov. 
Icuda,  Icida.  Diez  récuse  l'opinion  de  Du 
Cange,  d'après  laquelle  le  mot  viendrait  du 
germ.  leudis,  homme,  la  leu  de  étant  pr.  une 
anionde  pour  un  homme  tué  ;  le  sens  et  la 
lettre  s'y  opposent.  Il  le  rapporte  à  levare 
(««  tribiitum  levare,  lever  un  impôt  »),  d'où 
l'on  a  fait  un  part.  Umtus  (cp.  L.  cubitus  de 
cxibare,  domitus  de  domare,  BL.  dolitus  p. 
dolatus,  rogitus  p.  rogatus),  Leoita  a  donné 
correctement  leuda  et  môme  leida.  De  la  même 


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LIA 


—  304  — 


Lie 


maniôre  on  a  tiré  do  îevarc  l'it.  liétito,  csp. 
leiido,  port,  levcdo,  levain. 

LEUR,  prov.  et  vfr.  hr,  it.  J&ro,  du  génitif 
L.  illoriim;  leur  maison  équivaut  ainsi  àt7/o- 
rum  domus.  Le  même  mot  roman  a  pris  aussi 
la  valeur  du  datif  L.  illis. 

LEURRE,  vfr.  et  prov.  /oiVc,  it.  logoro  p.  /o- 
gro.  ou  lodro  fit.  g  \},  d  est  un  fait  fréquent), 
angl.  hire;  du  mha.  hioder,  m.  s.  (cp.  fcurre 
du  mha.  vuoter).  —  D.  leitrrer, 

LEVAIN,  prov.  lecam,  d'un  type  latin  leta- 
wic»,  formé  de  îcvare.  Du  même  primitif  levare 
viennent  les  équivalents  it.  lievito,  esp.  kudo, 
prov.  levât t  napol.  levato;  cp.  Tall.  hefe, 
nécrl.  kcf  =  levain,  de  heben,  lever,  et  ail. 
bùrme^  levure,  mousse,  de  beren,  se  lever. 

LEVANT,  où  le  soleil  se  lève  (cp.  L.  oiHens, 
d'où  fr.  orient).  —  D.  levantin,  levantine^ 
étoffe  de  soie. 

LlîVE,  objet  qui,  au  jeu  de  mail,  sert  à 
lever  la  boule. 

LEVER,  L.  levare,  —  D.  lief  (v.  c.  m.), 
levéCy  levier  (cp.  ail.  hehel  de  hebcn),  levis 
(v.  c.  m.);  cps.  enlever^  relevée' {\,  c.  m.). 

LÉVIGER,  L.  levigare  (lœvi.s.  levis). 

LEVIS,  adj.  (dans  pont-levis),  vfr.  leveïs, 
répond  à  un  type  levaiicins;ydii  trouvé  en  vfr. 
planche  levndis^e  p.  pont  levis  ;  prov.  levadis. 

LEVRAUT,  voy.  lièvre.  —  D.  levrauder. 

LEVRE,  L.  labrum. 

LEVRETTE,  LÉVRIER,  LEVRON,  voy. 
lièvre. 

LEXIQUE,  gr.  >îÇi/ov.  do  iîfi,-  ()îvw),  équi- 
valent du  L.  diclio,  d'où  dictionariiim. 

LEZ,  cAté,  prov.  Iat7^  las,  esp.,  port,  /ac/o, 
it.  lato;  du  L.  leUiis,  côté.  Ce  subst.  latin  est 
déjà  employé  comme  préposition,  avec  la 
valeur  de  «»  à  côté  de  »»,  dans  la  Loi  salique: 
*•  deintus  curte  aut  latiis  curte  ».  La  langue 
d'oïl  en  faisait  un  fréquent  emploi,  aussi  bien 
comme  subst.  que  dans  le  sens  de  juxta.  Au- 
jourd'hui, cette  préposition  ne  se  trouve  plus 
que  dans  des  appellations  géographiques, 
telles  que  Saint-Denis-lez-Paris,  Ixclles-lez- 
Bruxellcs.  Anciennement  on  disait  lezàlcz  = 
côte  à  côte. 

LEZARD  (vfr.  aussi  lézarde),  it.  Iace7'ta,  lu- 
certa,  lucn'tola;  esp.,  port,  lagarto^  prov. 
lazci-t;  du  L.  lacertus  ou  lacerta.  Le  mot 
français  a  pris  la  physionomie  d'un  mot  à 
suffixe  art^  ard,  par  assimilation  à  tant  d'au- 
tres noms  d'animaux  munis  de  ce  suffixe. 

LÉZARDE,  forme  féminine  de  lézard,  1.  fe- 
melle du  lézard  ;  2.  par  assimilation  de  fomie, 
fente,  crcva.sse  dans  un  nuir.  —  D.  lézarder. 

LIAIS,  vfr.  liois,  angl.  lias;  d'origine  in- 
connue. D'après  Legoarant,  de  lier  (ligure-, 
parce  que  le  grain  de  cette  pierre  est  fin  et 
bien  lie. 

LIANE  ;  étymologie  incci-taino  ;  d'après  Lit- 
tré,  peut-être  une  autre  forme  de  lien  (de 
lier). 

LIARD,  petite  monnaie.  L'on  n'est  pas  d'ac- 
cord sur  l'origine  de  ce  mot.  Les  uns  le  rat- 
tachent au  vfr.  liart,  pris,  =  it.  leardo;  d'au- 
tres l'expliquent  par  vfr.  H  ars  =^  le  brûlé,  le 
roux,  par  rapport  à  la  distinction  que  l'on 


faisait  au  moyen  âge  entre  argentum  alimm 
et  argentum  arsum.  Do  la  Monnoye  pense  que 
la  dénomination  vient  de  deux  fleurs  de  lis 
que  portaient  les  liards  fabriqués  sous 
Louis  Xï.  Enfin,  d'autres  prétendent  qu'elle 
vient  de  Guigues-Liard,  de  Grémieu  en  Vien- 
nois, qui  en  1430  aurait  frappé  les  premiers 
liards  ;  ils  n'eurent  d'abord  cours  que  pour  le 
Dauphiné,  mais  Louis  XI  les  aurait  rendus 
communs  pour  tout  le  royaume  en  leur  con- 
servant le  nom  du  premier  ouvrier.  —  Diez 
incline  pour /t  arc/î';  hardit  était  une  petite 
monnaie  du  midi  de  la  France  (=  limousin 
ordi,  esp.  ardité),  dont  les  uns  rattachent  le 
nom  à  Philippe  le  Hardi,  les  autres  au  basque 
ardita,  dérivé  de  ardia,  brebis  (cp.  pecnnia, 
de  peciis),  —  Il  y  a  là  une  question  d'archéolo- 
gie numismatique  que  je  m'abstiendrai  do 
trancher.  Il  va  de  soi  que  nous  n'acceptons  ni 
la  dérivation  de  li  ars  ni  celle  de  lis,  —  Si, 
dans  l'origine,  le  liard  était,  comme  prétend 
Liebrecht  (Jahrbuch,  XIII,  234;,  une  mon- 
naie d'argent,  l'appellation  liart  (blanc,  gris 
clair)  s'expliquerait  aisément.  Cp.  fr.  blanc, 
esp.  blanca  (noms  de  monnaie).  —  D.  liarder. 

LIBATION,  L  libatio  (libare). 

LIBELLE,  L.  libelltis,  dim.  do  liber,  — 
D.  libeller,  libel liste. 

LIBÉRAL,  L.  libcralis  (liber).  —  D.  libéra- 
lité, L.  liberalitatem  ;  libéralisme. 

LIBÉRER,  L.  liberare,  rendre  libre. 

LIBERTÉ,  L.  libertatem  (liber). 

LIBERTIN,  L.  libertinus,  fils  d'affianchi 
[libcrtus).  Le  sens  du  mot  français  n'est  qu'une 
application  au  moral  de  l'idée  d'affranchi  ;  le 
libci^tin  est  =  celui  qui  s'affranchit,  qui 
s'émancipe  do  la  règle.  —  D.  libcninagc. 

LIBIDINEUX,  L.  libidinosus  (libido). 

LIBRAIRE,  L.  lib^-arius  (liber).  Le  mot  la- 
tin s'appliquait  aux  esclaves  employés  à  co- 
pier ou  à  rédiger;  Sénèque  cependant  s'en 
sert  déjà  dans  le  sens  de  marchand  de  livres. 
—  D.  librairie,  L.  libraria  (se.  taberna),  bou- 
tique délivres.  Le  mot  français  .signifiait  jadis, 
comme  signifie  encore  l'angl.  library,  une 
bibliothèque. 

LIBRE,  L.  liber,  génitif /iôm. 
1.  LICE,  aus.si  lisse,  lieu  destiné  aux  tour- 
nois, it.  liccia,  lizza,  esp.  liza,  prov.  lissa, 
laissa,  bret.  lez  (prob.  emprunté  au  romani. 
La  première  signification  du  mot  est  enclo.«î, 
cp.  le  terme  de  marine  lisse,  aussi  ap|)elé 
ceinte  ^t  préceinte.  Diez  conjecture  donc  une 
dérivation  du  mha.  letze  (-=  vha.  lasi),  rem- 
part, quoique  la  mutation  e  en  i  ne  soit  pas 
régulière.  —  L'explication  par  L.  licium, 
trame,  proposée  par  Ducange  (à  cause  que 
les  pieux  sont  rangés  comme  les  fils  dans  une 
trame)  parait  forcée.  Pour  ma  part,  j'imagine 
que  lisse  est  la  bonne  orthographe,  et  que  ce 
mot  vient  de  liste  dans  son  sons  primitif  de 
bord,  clôture,  lisière.  Aussi  bien  l'anglais  tra- 
duit-il lice  par  list.  fA  la  vérité  l'angl.  list 
n'e.<t  pas  concluant,  le  t  final  pouvant  être 
adventice,  après  Vs,  comme  dans  d'autres  vo- 
cables anglais.) 


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LIE 


—  305 


LIG 


2.  LICE,  LISSE,  dans  «  haute  ou  basse 
lice  »,  du  L.  licium,  trame  de  tisserand.  — 
D.  licette,  iiceron. 

3.  LIGE,  chienne  courante,  wall.  lehe  (na- 
murois,  pic.  et  rouchi  Uchci,  vfr.  hisse,  prov. 
leissa.  <«  Ce  vocable,  dit  Grandgagnage,  se 
retrouve  dans  les  mots  allemands  :  nha.  laU 
sche,  souahe lùtsch,Iaitscht  hisch  fhay.  Jeusch, 
hisch,  qui  ont  au  propre  et  au  figuré  la  même 
signification  (chienne  et  prostituée).  D'autre 
part  on  rencontre  en  latin  et  moy.  latin  le 
mot  lyciscus,  Jycisca,  letissa  (sorte  de  chien 
que  l'on  croyait  provenir  do  l'accouplement 
d'un  loup  et  d'une  chienne  :  voy.  Servius  ad 
Virg.  Eclog.,  III,  18,  et  Ducange,  v°  letissa,  et 
v**  odorenceci).  Reste  à  savoir:  1 .  si  ces  fonnes 
latines,  comme  aussi  les  formes  allemandes, 
sont  identiques  entre  elles  ou  si  elles  ont 
plusieurs  primitifs  ;  2.  si  le  roman  vient  du 
latin  ou  de  l'allemand  ;  3.  enfin,  ce  qui  rentre 
en  partie  dans  la  question  précédente,  si  le 
mot  allemand  ne  vient  pas  lui-même  du  latin. 
N'abordant  que  le  deuxième  problème,  nous 
dirons  que  l'origine  latine  semble  plus  plau- 
sible, principalement  à  cause  de  la  similitude 
des  formes  lat.  letissa  et  prov.  leissa.  Nous 
remarquerons  aussi  que  le  glossaire  de  Lille 
rend  licisca  par  lisse.  »  —  Dicz  admet  égale- 
ment l'origine  latine  ;  le  type  toutefois  auquel 
il  rattache  le  prov.  l*nssa  n'est  pas  letissa, 
mais  lycisce,  car,  selon  lui,  lycisca  (c=k)  au- 
rait entrïjiné  une  forme  prov.  leisca,  et  pic. 
lique.  Le  philologue  de  Bonn  ajoute  que  des 
glossaires  allemands  traduisent  lycisca  par 
^ôha,  chienne,  ou  brachin,  chienne  de  chasse. 
—  Quant  au  mot  letissa,  allégué  comme  latin 
par  Grandgagnage,  n'est-il  pas  plutôt  une 
latinisation  dds  vocables  germaniques  cités 
par  lui  en  tète  de  son  article?  Ou  bien  une 
mauvaise  leçon  pour  lecissa  î 

LICENCE,  L.  licentia,  permission  (tant  celle 
que  l'on  reçoit  que  celle  que  l'on  prend).  — 
Û.  licencier  (cp.  congédier,  de  congé  =  L. 
commeatus,  permission  d'allerj  ;  licencieux, 
L.  liccntiosus. 

LIGET,  mot  latin  =*  il  est  permis. 

LICHEN,  L.  lichen  (lux^v). 

LICITE,  L,  licitus,  ^rmïs  {de  licere)\  illi- 
cite, L.  illicitus. 

LICITER,  L.  licitari,  offrir  un  prix,  enché- 
rir (de  licere,  être  mis  ù,  prix).  —  D.  licita- 
tioii. 

LICOL,  LICOU,  p.  lie-col  (cp.  limier  p.  lie- 
mier,  dimanche  p.  diemanclie. 

LICORNE,  it.  liocœ'no  (cp.  linfanic),  (di- 
con/o;  gâté  du  L.  unicornis,  esp.  tmicornio. 

1 .  LŒ,  dépôt  d'une  liqueur,  prov.  Ihia, 
angl.  Icc.  Direct,  du  BL.  lia  (Papias  : 
amurca;  Gloses  de  Hcichenau  :  fex);  mais 
d\»u  vient  liaf  La  question  n'est  pas  résolue. 
On  trouve  en  breton  léit,  vase,  limon,  gaél. 
IJaid,  m.  s.  —  Une  origine  du  goth.  ligan, 
vha.  liggan^  fris,  liga,  angl.  lie,  =  jacerc, 
cubai-c,  scrait-oUc  trop  aventureuse  (cp.  sédi- 
ment, de  sedere^l  D'autre  part,  le  wall.  lise, 
anc.  angl.  lyse,  et  vfr.  lessu  =  levain,  don- 
nent quelque  probabilité  à  une  dérivation  du 


L.  lix,  gén.  /icf5  (défini  par  Non.  Marc.  :  Hoc 
étiam  cinis  dicitur  vel  humor  cineri  mixtus)  ; 
c'est  la  dérivation  pour  laquelle  paraît  incliner 
Grandgagnage.  Mon  savant  professeur,  feu 
Doederlein,  faisant  venir  lix  de  liquére  lin- 
quere,  on  est  tenté  d'admettre,  à  côté  de  lix, 
une  forme  rustique  liqua  ou  lica  qui  expli- 
querait parfaitement  le  n.  prov.  lica  et  notre 
fr.  lie,  —  Le  mot  angl.  lee  signifiant  plutôt 
levain,  d'autres  (Dieflenbach,  Diez,  Mahn) 
conjecturent  plutôt  une  dérivation  de  levare 
(cp.  levain). 

2.  LIE,  adj.,  =  gai,  joyeux;  ne  s'emploie 
plus  que  dans  l'expression  faire  ch^e  lie. 
C'est  le  féminin  de  liet*  lie"  (monosyllabe;  =» 
it.  lieto,  prov.  letz,  v.  cat.  let, esp.,  port. ledo, 
qui  vient  du  L.  lœtus.  —  Le  fém.  lie  est  tout 
ce  qu'il  y  a  de  plus  régulier,  du  moins  pour 
les  dialectes  du  Nord  ;  il  est  la  forme  contracta 
de  liée;  ainsi,  à  l'adverbe,  on  trouve  liement 
alternant  avec  liéement.  Néanmoins,  on  a  mis 
en  doute  dans  ces  derniers  temps  que  l'expres- 
sion chère  lie  soit  d'origine  proprement  fran- 
çaise (Rom.,  IX,  167);  je  ne  connais  pas  les 
arguments  sur  lesquels  on  se  fonde.  —  D. 
liesse,  L.  lœtitia. 

LIEF,  action  de  lever  (des  scellés),  subst. 
verbal  de  lever  (cp.  relief  de  relever). 

LIÉ6E,  du  L.  levis,  léger,  par  l'intermé- 
diaire d'une  forme  dérivative  levius, 

LIEN,  vfr.  Iten,  loyeii,  prov.  liam,  angl. 
leam,  du  L.  ligamen  (ligare).  —  D.  vfr.  Une- 
mier,  liemier,  nfr.  limier,  prov.  liamer, 
angl.  leamer,  pr.  le  chien  tenu  en  laisse.  Cette 
étymologie  de  limier  a  le  degré  de  certitude 
suffisant  pour  faire  rejeter  celle  du  L.  limi 
nariiis  (pris  dans  le  sens  de  chien  ouvrant  la 
chasse),  qui  ne  s'accorde  nullement  avec  les 
formes  primordiales  du  mot. 

LIENTEIlIE,gr.>stsvri/'.<ct;  deXiloi,  lisse,  et 
hnpov,  intestin. 

LIER,  anc.  loyer,  du  L.  ligare.  —  D.  liai- 
son, L.  ligationem;  lien  (v.  c.  m.);  liasse, 
—  Cps.  al-,  dé-,  relier. 

LIERRE  ;  la  consonne  initiale  l  est  un  effet 
de  l'agglutination  de  l'article;  le  mot  corres- 
pond à  vfr.  ierre,  hierre,  it.  edera,  ellera,  esp. 
hiedra,  prov.  edra,  et  vient  du  L.  hedera. 
LIESSE,  voy.  lie  2. 

LIEU,  vfr.  leu,  du  L,  locus;  cp.  feu  de  fo- 
CHS,  queux  do  coquxis.  —  Composé  :  lieute- 
nant, =  locum  tenens, 

LIEUE,  du  L.  leuca,  vocable  cité  par  les 
écrivains  latins  comme  gaulois.  Adouci 
d'abord  en  leuga,  gr.  Uù/ri,  la  transposition 
en  a  fait  légua,  vfr.  lègue,  d'où,  par  syncope 
du^  et  diphthongaison  do  cen  ie  (cp.  lieu  p. 
leu),  la  forme  actuelle  lieue.  L'it.  et  le  prov. 
ont  lega,  l'esp.  légua,  le  port,  legoa,  l'angl. 
league, 

LIEUTENANT,  it.  luogotenaUe  (et  tenenle 
tout  court;,  voy.  lieu,  —  D.  lieutenance. 

LIÈVRE,  it.  lèpre,  du  L.  lepus,  gén.  lepïrris. 
—  D  lévrier,  L.  loporarius  ;  levraut,  levrette, 
levro}i. 

LIGAMENT,  L.  ligamcntum  (ligare)  ;  liga- 
ture, L.  ligatura. 


20 

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LIG 


—  306 


LIM 


LIQB,  BL.  liffius.  Cet  adjectif  roman  avait 
le  sens  «  tout  entier,  sans  réserve  •  («  liffia 
potestas,  /i^ta  voluntas,  &dy.  ligement  et  fran- 
chement,  purement  et  ligemettt  »).  11  n'y  a 
pas  à  douter  que  ce  soit  le  même  mot  que  le 
wallon  lige  dans  la  locution  quit*  et  lige  « 
quitte  et  libre.  D'où  vient  le  mot  dans  cette 
signification  ?  Orandgagnage  y  voit  une  con- 
traction du  mha.  ledec,  gén.  lediges,  néerl.  et 
nha.  ledig  ^  libre,  dégagé.  Quant  à  l'emploi 
du  mot  dans  le  terme  féodal  hommage  lige, 
voici  comment  le  philologue  liégeois  le  mo- 
tive :  «  Un  hommage  lige  ne  signifie  pas  lit- 
téralement, comme  on  le  pense  d'ordinaire, 
un  hommage  par  lequel  on  se  lie  pleinement 
envers  son  seigneur,  bien  que  ce  soit  là  le 
sens  logique,  ou,  si  l'on  veut,  Tefiet  de  ce 
genre  dliommage,  mais  un  hommage  dégagé 
de  toute  restriction  au  profit  d'un  tiers  et  par 
1&  absolu,  n  —  Diez,  sans  prendre  de  parti  défi- 
nitif, cite  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir 
un  document  du  xiii*  siècle  portant  :  «  ligius 
homo,  quod  teutonice  dicitur  ledigman  n 
(c.-à'd.  libre  de  tout  engagement  envers  un 
tiers).  Voss  dérivait  ligius  du  mot  roman 
liga^  lien,  alliance,  de  sorte  que  la  significa- 
tion •  obligation  rigoureuee  ••  aurait  amené 
celle  de  «  obligation  absolue  » .  Mais  Diez  y 
oppose,  peut-être  trop  catégoriquement,  que 
la  langue  française  ne  présente  pas  d'adjectif 
répondant  à  un  type  latin  en  tus  ou  eus  qui 
n'ait  pas  un  précédent  dans  la  bonne  latinité. 
Gachet,  se  fondant  sur  ce  que  Guillaume  le 
Breton,  dans  sa  Philippéide,  traduit  toujours 
homme  lige  par  ligcUuSt  se  déclare  également 
en  faveur  de  ligare,  Chevallet  fait  de  même. 
—  Diez  admettrait  de  préférence  à  ligare,  une 
dérivation  du  nord,  lidi,  compagnon,  lati- 
nisé en  ZîY/x-i(À*(d  où  viendrait,  selon  les  règles, 
la  forme  fr.  lige;,  mais  il  n'en  est  pas  satisfait 
au  point  de  vue  du  sens.  —  Ducange  prend 
pour  type  un  acy.  litiusjidius,  du  BL.  litus, 
lidust  homme  attaché  à  la  glèbe.  —  Pour  ma 
part,  j'estime  l'explication  par  ledig  d'autant 
plus  acceptable  que  ce  mot,  dans  les  dialectes 
néerlandais,  se  présente  le  plus  souvent  sous 
la  forme  syncopée  leeg.  —  Les  formes  prov. 
litge,  it.  ligio,  angl.  liège,  sont  déduites  du 
français.  —  D.  allégeance  (v.  c.  m.). 

LI0NA.6B,  prov.  linhatge  lignatge,  esp.  li- 
nage,  port,  linhcu/em,  it.  legiiaggio,  voy. 
ligne,  —  D.  lignager. 

LIGNE,  trait  simple,  puis  suite,  rangée,  des- 
cendance de  famille  (linea  sanguinis).  Du  L. 
linea  (linum)  <=  cordeau,  ficelle,  signification 
encore  vivace  dans  m  pêche  à  la  ligne  »,  «tirer 
une  muraille  à  la  ligne  ».  L'ancienne  langue 
présentait  aussi  une  forme  masc.  lin,  ling, 
au  sens  de  lignage,  parenté,  race,  répondant 
au  prov.  linh,  ling  (esp.  litio  =  série,  ran- 
gée;. Génin  s'est  fourvoyé  en  expliquant  cette 
fonne  par  une  apocope  opérée  sur  le  dérivé 
lignage,  La  forme  vfr.  lin  cependant  peut 
aussi  se  rapporter  directement  au  simple  L. 
linum ^  fil,  cordon  (on  trouve  aussi  bien /maf/e 
dans  les  anciens  textes  que  lignage),  —  D. 
lignage  (v.  c.  m.),  ligneul  (v.   c.  m,},  type 


lineolus;  ligtierolle,  lignette,  ligftolel;  verbe 
ligner,  L.  lineare;  aligner;  lignée,^--  Corn 
posé  :  forligfier,  dégénérer. 

LIGNÉE,  de  ligne,  comme  bouchée  de  bou- 
che; le  mot  exprime  «  tous  ceux  de  la  ligne  •. 

LIGNER,  voy.  ligtie.  —  Composés  :  aligner, 
enligner,  souligner. 

LIGNEtlL,  fil  enduit  de  pois  ;  n'est  peut-être 
pas  un  dérivé  de  L.  linea,  fr  ligne;  il  me  pa- 
rait tenir  du  même  Uième  lien  (=  gr.  lu^v, 
d'où  âÀÂûxvtov,  mèche],  qui  a  donné  en  BL.  lu- 
cinium,  licinium,  lichenus,  licmen  (voy.  /«- 
mignon).  Son  sens  propre  serait  donc  mèche. 
J'ai  relevé  dans  Jean  de  Garlande  (ms.  de 
Bruges;  licinium  traduit  par  linel. 

LIGNEUX,  L.  lignosus,  dér.  de  lignum, 
bois  (=  vfr.  laigne,  wall.  legne).  Termes 
scientifiques  :  se  lignifier,  lignite, 

LIGUE,  du  BL.  liga  (subst.  verbal  de  li- 
gare), cx)nfœderatio.  —  D.  liguer,  ligueur, 

LILA8  it.,  esp.  lilac,  port,  lila;  mot  per- 
san (niladj,  liladj), 

LILIAGÉ,  voy.  lis. 

LIMAGE  ou  limas,  it.  lumaca,  lumaccia, 
esp.  limaza,  port.,  par  transposition,  lestna; 
du  L.  Umax,  -acis  (limus).  —  D.  limaçrm, 
wall.  limeson,  lumeson,  vfr.  limechon. 

LIMANDE,  poisson  plat,  à  peau  rude,  it. 
lima;  d'après  Le  Duchat,  du  L.  lima,  lime,  A 
cause  de  lu  rugosité  de  la  peau.  La  forme 
gérondive  limcmde  se  rattache  à  l'idée  •  11- 
mando  aptus  » . 

LIMBE,  L.  limbus,  bord. 

LIME»  L.  lima,  —  D.  limer,  L.  limara; 
limaille.  Voy.  aussi  limande, 

LIMIER,  voy.  lien, 

LIMINAIRS,  L.  limifiaris  (limen). 

LIMITE,  L.  limes,  limiiis,  BL.  limita.  ^ 
D.  limiter,  L.  limitare. 

LIMITROPHE,  L.  limitrophus,  composition 
hybride,  formée  du  L.  lim^s,  limite,  et  du 
grec  rpôfoi,  hdj.  verbal  de  rpi^siv,  nourrir, 
soigner.  —  Le  mot  se  rencontre  jwur  la  pre- 
mière fois  dans  le  Code  Justinien  :  limiirophi 
agri  ou  fundi,  terres  frontières,  nom  des 
champs  concédés  aux  soldats  qui  gardaient 
les  frontières.  Dans  la  suite,  le  mot  est  devenu 
synonyme  de  limitaneus. 

1 .  LIMON,  boue,  bourbe,  forme  augmenta- 
tivedu  L.  limus.  —  D.  limoneux. 

2.  LIMON,  une  des  deux  branches  du  timou 
d'une  voiture;  d'après  Diez,  de  l'esp.  limon, 
m.  s.,  dér.  de  leme,  timon,  gouvernail,  dont 
l'origine  n'est  pas  encore  édaircie.  —  Le  flani. 
a  lamoen  pour  limon,  et  Kiliaen  cite  à  ce  sujet 
une  forme  française  lamon.  Ce  changement  do 
voyelle,  en  syllabe  atone,  ne  prouve  rien 
contre  la  dérivation  ci-dessus  établie,  laquelle, 
toutefois,  n'est  nullement  à  l'abri  d'opposition. 
L'angl.  limbers,  limmers,  limonière,  avant- 
train,  est  rapporté  par  MttUer  au  nord,  lim, 
plur.  limar  (suéd.  lem,  lemmer),  membres, 
branches.  Ce  pourrait  bien  être  là  la  vraie 
origine  du  mot  esp.  leme  et  du  fr.  limon.  Il 
n'est  pas  probable  que  limon,  qui  se  trouve 
déjà  dans  Chrétien  de  Troyes,  soit  venu  au 


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LIO 


—  307 


LIT 


français  d'un  radical  espagnol.  —  D.  limo- 
iier,  limonier,  -ière, 

3.  LIMON,  citron,  esp.,  prov.  limon,  it. 
limone,  angl.  Umon,  flam.  limoen,  du  per- 
san limù,  arabe  laimim.  —  D.  limonade,  li- 
monier. 

4.  LIMON,  en  t.  d'architecture,  pièce  do 
bois  ou  de  pierre  taillée  en  biais,  du  L.  limus, 
oblique. 

LIMPIDE,  L.  limpidus.  —  D.  limpidité. 

LIN,  L.  linum.  —  D.  linier;  linette,  graine 
de  lin;  linon,  linot^  linotte  (cp.  en  ail.  les  ap- 
pellations hànfling  ou  leinfinke). 

LINGisilL,  it.  lensuolo,  prov.  litisol,  du  L. 
liiUeolum,  morceau  de  linge,  serviette  (dérivé 
de  linteum,  linge).  Ane.  particulièrement  = 
drap  de  lit,  d'où  l'acception  actuelle. 

UNÉAIRE,  L.  linearis;  linéal,  L.  linealis; 
linéament,  L.  lineamentum  ;  dérivés  de  linea, 
fr.  ligne. 

LINGE,  pr.  toile  de  lin;  de  l'adj.  lineus 
(linum)  ;  cp.  lange  de  laneus.  —  D.  linger, 
/ingère,  -erie.  —  Ane.  linge,  adj.  comme 
dans  dras  linges,  une  linge  robe,  a  disparu. 

LINGOT,  dér.  du  L.  Ivigua,  langue,  lequel, 
de  même  que  le  dim.  lingula,  ligula,  avait, 
dans  la  bonne  latinité  déjà,  dégagé  des  accep- 
tions diverses  se  rapprochant  de  celle  de  lin- 
got. —  Une  autre  étymologie  s'est  produite 
sur  la  base  de  l'angl  ingot  =  lingot.  On  a 
prétendu  que  lingot  n'était  que  le  mot  anglais 
avec  agglutination  de  l'article.  Et  quant  à 
iugot,  d'après  la  définition  que  lui  doime  le 
prlossaire  de  Tyrwhit,  ««  moule  à  couler  les 
lingoU  ",  on  l'explique  par  in-gut,  coulé  do- 
dans.  Nous  ne  sommes  pas  à  môme  do  com- 
battre cette  manière  de  voir;  la  seule  objec- 
tion que  nous  pourrions  y  faire,  c'est  que 
l'angl.  actuel  no  possède  pas  le  verbe  get,  cou- 
ler, fondre,  correspondant  au  néerl.  gieten, 
ail.  giessen;  mais  il  se  peut  que  la  vieille  lan- 
gue l'ait  possédé,  puisque  l'ags.  avait  geotan. 
Va\  attendant  des  preuves  plus  concluantes  de 
l'étymologie  prêtée  à  ingot,  nous  pouvon^tout 
aussi  bien  prétendre  que  le  mot  anglais  est  le 
mot  français  avec  retranchement  de  l'article, 
d'autant  plus  qu'on  a  en  angl.  le  mot  lin  get 
défini  par  «•  petite  mesure  de  métal  ».  —  D. 
litigotière. 

LINGUAL,  L.  ///li/im//^  (lingua). 

lilNOUfi,  ail.  leng,dkïi%\.ling,  nom  de  pois- 
son, du  L.  lingua;  cp.la  dénomination  allem. 
jmngenfisch. 

LINGUISTE,  néol.,  de  lingiia.  —  D.  lin- 
guistique. 

UNIMENT,  L.  linimentum  (de  linire,  oin- 
dre). 

LINOT,  LINOTTE,  voy.  lin. 

LINTEAU,  esp.  liiUel,  dintel,  BL.  linteh 
fns,  limen  superius,  d'un  type  latin  limitellus, 
dim.  de  limes,  -itis,  bord,  lisière.  Cette  éty- 
mologie de  Diez  se  confirme  par  l'esp.  linde, 
port,  linda,  =  limite,  prov.  lindar,  seuil,  = 
L.  iimitaris. 

LION,  leon*,  L.  leo,  leonis.  —  D.  lionne, 
anc.  lionesse,  dim.  lionceau. 


LIPPE,  vfr.  et  wallon  lepe,  de  l'ail,  lippe, 
lèvre.  —  D.lippée,  lippu. 

LIQUÉFIER,  d'un  type  liqueficare  p.  lique- 
facere;  liquéfaction,  d'un  type  lique factio;  pour 
mettre  le  verbe  d'accord  avec  son  substantif, 
il  fallait  dire  ou  liquéfaire  pour  l'un,  owliqué- 
ficaiion  pour  l'autre. 

LIQUEUR,  L.  liquœ^em.  —  D.  liquoreux, 

LIQUIDE,  L.  liquidus.  —  D.  liquidité,  L. 
liquiditas;  verbe  liquider,  de  liquidus  au 
sens  do  clair  et  net. 

LIRE,  L.  légère  {leg*re).  —  D.  lisible,  L.  lo- 
gibilis,  liseur  (le  L.  lector  se  trouve,  dans  les 
vieux  glossaires,  traduit  correctement  par 
litre). 

LIRON,  voy.  loir. 

LIS,  prov.  un,  lim,  lis,  esp.,  port,  lirio; 
du  L.  lilium  (gr.  lilpto-»).  Us  final  du  motfr. 
est  un  reste  de  l'ancien  nominatif,  devant  le- 
quel VI  final  du  radical  s'est  efl*acé  ;  car  lis  est 
pour  lils.  Cet  *  s'est  communiqué  aux  dérivés, 
de  là  :  liset,  liseron.  User  et,  liserolle.  —  Du 
L.  lilium  :  l'adj.  liliaceus,  fr.  liliacé. 

LISERER,  dér.  de  lisière.  —  D.  liseré. 

LISIÈRE,  pour  listière,  dér.  de  liste  (v.  c. 
m.).  —  D.  liserer, 

1.  LISSE,  adj.,  prov.  lis,  ït.  liscio,  esp., 
port.  liso.  On  peut  hésiter  entre  le  gr.  Utiôi, 
m.  s.,  et  le  vha.  lisi,  doux  (nha..  leise).  Diez, 
pour  des  considérations  phonologiques,  favo- 
rise l'extraction  germanique.  —  D.  lisse?', 
d'où  le  subst.  lissoir. 

2.  LISSE,  t.  de  marine  ou  de  construction, 
variante  de  liste  {p.  ss  de  st,  cp.  le  nom  propre 
Cassel  de  castellum).  Cette  étymologie  se  con- 
firme par  les  dérivés  listeau,  petite  lisse.  Voy. 
aussi  lice  1 . 

3.  LISSE,  ficelle  à  lier  des  marchandises, 
soit  du  L.  licium,  fil,  ou  do  l'ail,  litze,  cor- 
donnet. 

LISTE,  d'abord  pièce  longue  et  étroite  en 
général,  bord,  bande,  puis  spéc.  bande  do 
papier,  d'où  catalogue,  énumération  (une  dé- 
duction logique  semblable  se  présente  dans 
bordereau)\  it.,  osp.,  prov.  lista,  port,  lista, 
listi-a.  Du  vha.  lista,  nha.  leistc,  m.  s.  —  1). 
lister  Hier  (une  étoffe),  listcU  listeau,  liteau, 
liston,  lisière,  p.  listière.  Voy.  aussi  litre  2. 

LIT,  duL.  lectus  (c\i.  confectus,  confit  ;  pec- 
tus,  pis).  —  D.  Uter  (du  poisson;,  literie,  li- 
tière, HL.  lectaria;  \ei'hQ  aliter. 

LITANIES,  L.  litaniœ,  du  gr.  Ux^^tix, 
action  de  faire  des  iiri;  ou  prière.^. 

1.  LITEAU,  autre  forme  de  listeau,  listel, 
dérivé  de  liste. 

2.  LITEAU,  t.  de  chasse,  dér.  de  lit.     . 

1 .  LITER,  arranger  par  lits,  de  lit. 

2.  LITER,  lister  ,  couvrir  avec  de  gros  fils 
la  lisière  du  drap  avant  de  le  teindre  ;  de  liste, 
bord. 

LITHO-,  en  composition  [lithographe,  etc.), 
du  gr.  H^oi,  pierre 

LITrÈRE,  it.  lettiera,  BL   lectaria;  de  Ut. 

LITIGE,  L.  Utigium  (de  Utigare  =  litetn 
agere,  d'où  fr.  litigant)  ;  litigieux,  L.  litigio- 


1 .  LITRE,  mesure  de  capacité,  du  gr.  Urç^x. 


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LOC 


308 


LOM 


2.  LITRE,  ceinture  do  deuil,  prob.  p.  listre, 
variété  de  liste,  bande,  bordure  Iv.  c.  m.),  cp. 
la  forme  prov,  et  it.  (siennoisc)  listra. 

LITTÉRAIRE,  L.  litterarius  (de  Httcra, 
lettre)  ;  littéral,  L.  litteralis  ;  littérature, 
L.  litteratura;  littérateur,  L.  littorator. 

LITTORAL,  L.  litaralis  (de  litus,  -oris, 
rivage). 

LITURGIE,  gp.  >!iTou/9yfa,  office  public, 

LIVÉGHE,  anc.  levesse,  it.  leoistica,  libis- 
tico;  cxîtte  dernière  forme  ital.  a  été  défigurée 
par  l'interprétation  Imaginative  du  peuple  en 
V.  flam.  leveslock,  liefstickel,  ail.  liebstùckel, 
en  apparence  =  chère  petite  plante.  Du 
L.  levisticum  (Végèce),  forme  altérée  de  li^us- 
ticum  litt.  =  do  Lijruric). 

LIVIDE,  L.  limdus,  —  D.  lividité. 

LIVRAISON,  voy  livrer. 

1.  LIVRE,  masc,  L.  liber,  libri.  — 
D.  livret. 

2.  LIVRE,  fém.,  it.  libbra  et  lira,  du  L. 
Iib7'a. 

LIVRÉE,  voy.  l'art,  suiv. 

LIVRER,  prov.  liurar,  it.  livei'are,  librare, 
BL.  liberarc  («  libéra ro  dona  «,  du  L.  libe- 
rare  (liber),  rendre  libre.  L'idée  moderne  se 
déduit  naturellement  du  sens  classique  ;  aiFran- 
chir,  détacher  une  chose  ou  la  laisser  partir, 
la  livrer,  ne  plus  la  retenir,  sont  des  idées  qui 
se  tiennent.  L'ne  filiation  de  sens  analogue 
se  remarque  dans  le  latin  solverc  signifiant 
payer.  La  valeur  latine  do  liberare  (afl'ran- 
chir)  est  rendue  par  l'it.  liberare,  en  esp. 
par  librar,  en  fr.  par  le  composé  délivre^'.  Le 
prov.  liurar  i-éunit  les  deux  acceptions  an- 
tique et  moderne.  —  D.  livraison,  action  de 
livrer,  fourniture;  livrancc',  fourniture,  d'où 
livranciei';  livrée,  pr.  ce  qui  est  fourni,  puis 
spécialement  ce  qui  est  fourni  en  habille- 
ments par  le  maître  au  serviteur.  Jadis,  le 
chancelier,  les  grands  officiers  de  la  couronne 
avaient,  aussi  bien  que  les  domestiques,  leurs 
habits  de  livrée. 

LOBE,  gr.  \rAô;.  —  D.  lobé;  dim.  lobule; 
locelle  p.  lobicelle  (v.  lœellc). 

LOCAL,  L.  localis  (locus).  —  D.  localité, 
localiser. 

LOCATAIRE,  LOCATIF,  LOCATION,  du 
L.  locare,  louer. 

LOCELLE,  voy.  lobe.  D'après  d'autres,  du 
L.  locellus,  petite  loge  (de  locus). 

LOCH,  L06,  t.  de  marine,  de  l'angl.  lof/. 

LOCHE,  poi.sson,  csp.  loja,  angl.  loach; 
d'origine  inconnue. 

LOGHER,  branler;  du  niha.  lïickc  (nhn.  loc- 
he r),  =  lâche,  peu  serré,  que  l'on  met  en  rap- 
lM)rt  avec  ail.  loch,  dial.  luck,  troti,  liïcke, 
lacune.  Chevallet  place  le  verbe  locher  dans 
l'élément  celtique  et  cite  bret.  lusha,  branler, 
remuer,  écoss.  luaisr/,  gallois  llwygaw , 
irland.  luasgaim.  —  Cps.  élocher  (v.  c.  m.), 
secouer;  rouchi  ar/oc^er,  p. r^^/ocAer,  ébranler. 

LOCMAN,  voy.  lamaneur. 

LOCOMOTION,-TEUR,-TIVE.  LOCOMOBILE, 
néologisnies,  tirés  du  L.  loco  movere,  mou- 
voir de  place. 

LOCUTION,  L.  locutioncm  (loqui). 


LODS,  lcHles\  los\  dans  «  lods  et  ventes  », 
du  BL.  laudes,  qui,  comme  subst.  de  laudare, 
consentir,  octroyer,  signifiait  sans  doute  en 
premier  lieu  octroi,  puis  aliénation  d'un  bien 
en  vertu  d'octroi,  puis  le  di-oit  payé  pour 
cet  octroi  d'aliénation. 

LOF,  terme  de  marine,  angl.  loof,  ail.  /«/",- 
du  néerl.  loef,  m.  s.  —  D.  lofe7\ 

LOGARITHME,  terme  scientifique,  fait  de 
ÀÔyoi,  proportion,  et  de  àf.i^fiô;,  nombre. 

LOGE,  petite  hutte,  autr.  aussi  =  tente,  etc.. 
it.  loggia  (à  Coire  laupia,  lomb.,  piém.  lobia], 
port.  Iqja,  prov.  lotja,  angl.  lodge,  BL.  laubia. 
Du  vha.  lauba,  laubja,  nha.  laube,  feuilléc, 
berceau,  cabinet,  galerie.  Pour  la  transition 
logique,  Diez  rappelle  le  vfr.  foillie,  cabane, 
de  feuille.  —  D.  loger  (cp.  caser  de  case). 

LOGER,  de  loge.  —  D.  logis,  vfr,  logas; 
cps.  déloger, 

LOGIQUE,  gr.  io/izo^  =  relatif  au  discours 
ou  à  la  raison  (io/o;).  —  D.  logiciai. 

LOGOGRIPHE,  composé  de  io/o^,  mot,  -j- 
ypî^oî,  filet,  piège,  énigme. 

LOGOMACHIE,  gr.  Xo/ofix^^x,  dispute  de 
mots. 

LOI,  vfr.  lei,  du  L.  Icx,  Icgis.  —  D.  loyal, 
vfr.  léaJ,  L.  legalis.  —  Cps.  aloi  (v.  c.  m.), 

LOIN,  anc.  loing,  du  L.  longe.  —  D.  éloi- 
gner {eslongiei'\  esloignicr').  —  D'un  ty|)c 
longitanus  s'est  produit  it.  lontano,  prov. 
lonhdan,  fr.  lointain. 

LOINTAIN,  voy.  loin. 

LOIR,  prov.  glire,  it.  ghiro,  du  L.  glis, 
gliris.  Pour  la  chute  du  g  initial,  cp.  esp., 
port,  lande  pour  glande,  du  L.  glans.  — 
D.  li7'on  (vfr.  gliron),  esp.  liron;  lérot  (Pals- 
grave  donne  leyrot,  dormeuse).  Le  champ,  a 
hm*on  =  aorte  de  rat. 

LOISIR  ;  ce  substantif  est  proprement  un 
infinitif,  de  même  que  plaisir.  L'anc.  verbe 
loisir,  prov.  léger,  n.  prov.  léser,  Icsir, 
représente  le  L.  licere,  et  signifiait  être  per- 
mis. Le  sens  primitif  du  subst.  loisir  est  donc 
licence,  jiermission  ;  la  valeur  do  «  j ai  li  piT- 
mission  ou  la  faculté  d'écrire  »,  s'est  rétnk'ie  en 
celle  de  «  j'ai  le  temps  libre  d'écrire  « .  Léty- 
mologie  tirée  du  L.  otium,  mise  en  vogue  par 
Ménage,  est  tout  bonnement  une  absurdité. — 
Le  même  verbe  loisir  =  L.  licere  (d'où  l'an- 
cienne locution  loist  à  savoir  =  L.  scilicct) 
a  laissé  l'adjectif  loisible. 

LOMBARD  ;  le  nom  des  établissements  ainsi 
nommés  est  tiré  de  lombard  =  usurier.  «  Kn 
ce  tcmps-h\  (en  l'an  1200)  l'usure  et  l'impudi- 
cité  régnaient  à  masque  levé  dans  la  F  ranci'. 
Mathieu  Paris  dit  que  le  prcnûer  do  ccn 
vices  y  avait  été  apporté  d'Italie;  il  entend 
les  Lombards  qui  l'exerçaient  pubhqucment 
et  sur  l'autorité  des  princes,  auxquels  ils  en 
payaient  tribut  »  (Mézeray).  Les  monts-de- 
piété  étaient  dans  le  principe  des  maisons  do 
prêt  sur  gages,  les  premiers  furent  san^ 
doute  fondés  par  ces  étrangers  italiens,  dont 
le  nom  était  devenu  synonyme  d'usurier. 

LOMBES,  L.  lumbus,  dont  l'adj.  fém. /«tmô^i 
s'est  francisé  en  longe,  anc.  Joigne,  tonne  de 
boucherie,  «  longe  de  veau  *»,  wall.  logne,  v. 


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LOS 


flam.  ioe7u'e,  longie^  angl.  loin;  cj).  aussi  le 
wnll.  lomberai,  gri belette  do  porc,  écliinôo. 

LONG,  L.  loiir/ns.  —  D.  loiu/ueur  («nnc. 
lonfp'.eU\  lottf/ucsse),  lonf/uet,  îonr/uerie;  ïonr/e, 
bande  de  cuir  ou  de  cordo  ;  louper,  allotu/er. 
—  Cps.  longtemps  =  lonp:  espace  de  temps; 
ce  dernier  est  venu  bien  inutilement  rempla- 
cer l'anc.  adverbe  longues, 

LONGANIMITÉ,  L.  longanimiias ;  cp.  lall. 
langmuih, 

1.  LONGE,  courroie,  lanière,  voy.  long, 

2.  LONGE»  terme  de  boucherie,  voy.  lombes. 
LONGÉVITÉ,  L.  loi}gœmtas  i^ow^nm  œvum). 
LONGITUDE,  L.  longitudo,  —  D.  longitit- 

dinah 

LOOGH,  t.  de  pharmacie;  port,  lohoc;  de 
Tarabe  look  (du  verbe  laaka,  lécher). 

LOPIN;  l'étym.  L.  lobus  (U6oi),  follicule, 
gousse,  mise  en  circulation  par  Nicot,  est 
impossible  tant  pour  le  sens  que  pour  la  let- 
tre. D'après  Frisch,  p.  lapin^  de  l'ail,  lappen, 
morceau  ;  c'est  peu  vraisemblable.  Grandga- 
gnage  cite  l'angl.  lop,  élaguer,  d'où,  selon  Du- 
cange,  BL.  loppare,  resecare,  amputare, 
Rubst.  lopadium^  segmentum,  frustum.  Si  le 
mot  désignait  dès  l'origine  principalement 
un  morceau  à  manger,  on  serait  tenté  de  le 
rapprocher  d'un  vieux  mot  fr.  cité  par  Ro- 
quefort :  louper^  manger  goulûment.  Cp.  en 
jwitois  champ,  licher,  être  gourmand,  et  li- 
chette, petit  morceau.  Mais  le  sens  foncier 
est  masse;  je  le  placerais  donc  plutôt  dans 
la  famille  de  l'équivalent  anglais  lump,  v. 
flam.  lompe,  frustum,  massa,  qui  sont  des 
foniics  allégées  de  angl.  clump,  néerl.  klomp, 
ail.  mod.  klumpen.  —  D.  pop.  lôpiner,  cas- 
ser une  croûte  ;  ano.  aussi  diviser  en  lopins. 

LOQUACE,  L.  loquax,  —  D.  loquacité, 
L.  loquacitas. 

LOQUE,  pièce  d'étoffe  usée  ou  déchirée  ;  du 
nord,  lôkr,  chose  pendante  (ce  mot  se  re- 
trouve dans  les  composés  breloque  et  pende- 
loque). —  I).  dim.  loquette,  d'où  loquetc,  t.  do 
blason,  et  loqueteux"  =  déguenillé. 

1.  LOQUET,  laine  grossière  ;  do  l'ail,  locke, 
boucle  de  cheveux,  anc.  aussi  =  flocon. 

2,  LOQUET,  it.  luccheito,  fermeture  do 
])orto,  dim.  du  vfr.  loc,  m.  s.;  ce  dernier  vient 
de  l'ags.  lac,  angl.  lock,  flam.  luycke;  cp. 
vha.  bi'loh,  verrou,  goth.  ga-lukan,  enfermer 
(voy.  aussi  blfjc).  —  D.  loqucteau,   loqncter, 

LORETTE  ;  du  quartier  do  Notre- Dame-do - 
Lorette  à  Paris,  où  beaucoup  do  ces  femmes 
se  logèrent;  étym.  analogue  à  celle  de  fiacre. 
—  Fournier,  dans  le  Vieux- Neuf,  prétend 
que  lorette  avait  .*<a  signification  actuelle  dès 
le  temps  d'Henri  III. 

LORGNER,  en  Normandie,  Iwiner  ;  c'est, 
d'après  Diez,  un  verbe  de  la  même  famille 
germanique  d'où  sortent  suéd.  lura,  ail. 
lauern,  suisse  loren,  luren,  néerl.  loeren, 
guetter,  regarder  à  la  dérobée.  Ulrich  sup- 
posa un  type  vha.  'luranjan.  Voy.  aussi  épar- 
gner, L'angl.  lurh,  m.  s.  est  rapporté  par 
Mahn  au  coït.  ll€7^c,  llercian.  —  D.  anc.  adj. 
lorgne,  lour,  louche  ;  lorgnette,  -on  ;  lor- 
gnade. 


LORIOT  (l'initiale  l  provient  de  l'aggluti- 
nation de  l'article),  vfr.  oriouz,  pic.  iiriot, 
prov.  auriol,  csp.  oriol  ;  du  L.  aurcolus,  de 
couleur  d'or  (cp.  ail.  gold-ammcr).  Les  La- 
tins appelaient  le  merle  doré  galgulus.  — 
D'où  vient  l'expression  compte  loriot,  pour 
désigner  l'orgelet  ou  bouton  qui  vient  sur  les 
paupières?  Nous  donnons  pour  ce  qu'elle 
vaut  l'explication  qui  se  trouve  dans  le  glos- 
saire picard  de  l'abbé  Corblet  :  «  Pline  et 
Plutarque  ont  avancé  que  le  regard  du  loriot 
est  un  remède  excellent  pour  ceux  qui  sont 
atteints  de  la  jaunisse.  Cette  opinion  s'ac- 
crédita au  moyen  âge  et  les  personnes  qui 
souffraient  do  cette  maladie  prenaient  un  lo- 
riot pour  compère.  De  là  notre  expression  : 
compère  louriot  pour  exprimer  un  orgelet. 
Du  Ménil  la  dérive  du  BL.  lorum,  qui  signi- 
fiait une  blessure  dont  il  ne  sort  pas  de 
.sang.  »  Nous  espérons  que  l'on  finira  par 
trouver  une  explication  plus  satisfaisante  que 
ces  doux-là  !  Je  crois,  pour  ma  part,  que  dans 
cette  expression  populaire,  loriot  ne  repré.sente 
pas  Vorjol  =  aureolus,  mais  Vorgeol  == 
L.  ordeolus  (orgelet,  v.  c.  m.). 

LORMIER,  anc.  lorenier,  loremiei*,  lori- 
mier,  angl.  lorimer,  aussi  lorinei\  Avant  de 
signifier  éperonnier,  ce  mot  s'appliquait  à 
tous  ouvriers  fabriquant  des  objets  concernant 
le  harnachement.  11  dérive  du  vfr.  lœ'ain, 
lorin,  bride,  rêne,  longe,  et  par  là  du  L.  lo- 
rutn,  courroie.  On  appelait  autrefois  les  lor- 
miers  aussi  frenniers,  faiseurs  de  freins  Pour 
lorinier  devenu  lorimiei',  je  rappellerai  les 
mots  étamer,  p.  ctaner,  de  étai^i,  et  veni- 
meux de  venin.  —  Baudry  pense  que  lormier 
est  p.  Varmier,  et  ormiei'  un  dér.  du  radical 
orm  qui  a  donné  BL.  ormilla,  boucle,  et 
ormiscus,  collier.  Cette  étymologie  est  tout  à 
fait  inutile,  l'autre  ne  laissant  aucun  dotite. 
—  D.  lormerie. 

LORS,  vfr.  lores  (la  finale  s  caractérise  l'ad- 
verbe), du  L.  illa  hora,  à  cette  heure-là;  le 
composé  alors,  it.  allora,  représente  la  for- 
mule ad  illam  horam.  —  D.  la  conjonction 
lorsque,  litt.  =  au  temps  que. 

LOS,  vieux  mot.  signifiant  louange.  Du 
plur.  L,  laudes  (laudare).  —  Voy.  aussi  lods. 

LOSANGE,  it.  lozanga  (t.  de  blason),  figure 
quadrilatère  à  quatre  côtés  égaux  ayant  deux 
angles  aigus  et  deux  angles  obtus.  On  a  pro- 
posé, pour  expliquer  ce  mot,  d'abord  une 
transformation  de  lorange,  lequel  viendrait 
du  L.  laurus,  vfr.  lor,  à  cause  d'une  certaine 
ressemblance  avec  la  feuille  du  latirier,  puis 
une  transformation  de  loxangle,  mot  hypo- 
thétique, que  l'on  expliquait  par  une  combi- 
naison du  grec  Xoç-ç,  oblique,  avec  le  L.  an- 
gulus,  angle.  Ces  conjectures  sont  loin  de  la 
vérité.  D'après  Gachet,  le  mot  est  identique 
avec  le  vieux  subst.  losenge,  flatterie,  men- 
songe, tromperie  (voy.  plus  loin  l'article 
louange).  Jadis  les  armes,  les  devises  des  fa- 
milles étaient  brodées,  peintes  ou  gravées 
dans  ce  que  nous  appelons  des  losanges  ainsi 
que  cela  se  fait  encore  pour  les  blasons  des 
filles.  •  On  aura  dit  d'abord  do  ces  dessins, 


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destinés  souvent  à  exalter  les  grands  sei- 
gneurs par  les  allégories  qu'ils  renfermaient, 
que  c'étaient  des  losanges  ou  louanges,  puis 
des  mensonge?,  et  bientôt  le  mot,  dont  le 
sens  primitif  fut  oublié,  ne  signifiait  plus  que 
rencadrement.  •»  Nous  ajouterons,  à  l'appui 
de  cette  manière  de  voir,  quo  le  subst.  prov. 
lauza  (du  verbe  lausar  =  L.  laudare),  port. 
lotisa,  esp.  et  piém.  losa,  vfr.  lauze,  a  égale- 
ment dégagé  successivement,  du  sens  primi- 
tif louange,  celui  d'inscription  funéraire,  puis 
celui  de  [)ierre  sépulcrale,  et  enfin  celui  de 
carreau  dont  on  dalle  les  églises.  —  Diez 
«aussi,  pour  expliquer  losenge^  flatterie,  part 
du  prov.  lausar  =  laudare,  mais  cette  iden- 
tité a  été  combattue  par  Baist  (Grôb.  Ztschr., 
V,  246).  L'esp.  losa,  dalle,  surtout  dalle 
tombale,  est  probablement  connexe  avec  fr. 
losange  et  les  autres  correspondants  romans 
ou  angl.  formés  d'après  celui-ci,  mais  bien 
assurément,  pense  Paist,  il  no  tient  pas  de 
laudare;  la  mutation  d  &as  est  étrangère  à 
cotte  langue.  Le  lauda  de  la  même  langue,  au 
sens  de  tombeau  fpr.  pierre  funéraire),  que 
l'on  invoque  également  à  propos  de  losange^ 
n*a  rien  non  plus  à  faire  avec  laudare,  louer, 
et  représente  L.  lapidem,  —  Schuchardt 
(Ztschr., VI,  424)  suppose  une  origine  celtique 
et  invoque,  dans  la  Lex  metalli  Vispacensis  (de 
la  2«  moitié  du  P''  siècle),  le  terme  lapides 
laiisiœ.  Liebrccht  (Jahrb  ,  XIII,  226)  rappelle 
r.n  passage  du  livre  «  Eckcrmann,  Kelten  » 
(VII,  45)  disant  que  dans  le  Languedoc  et  la 
Provence,  losa  signifie  pierre,  que  la  Lozère  a 
pris  son  nom  de  ses  montagnes  pierreuses  et 
qu'en  breton  laç  signifie  pierre  sacrée,  dolmen. 
—  D'après  Godefroy  lause  s'appliquait  jadis  à 
une  esi)ôce  d'ardoise  et  l'on  appelle  encore 
maintenant  de  ce  nom  en  Daupbiné  des 
pierres  plates  servant  à  couvrir  des  murs  de 
clôture. 

LOT,  part  qui  échoit  à  qqn.  dans  un  par- 
tage, gain  à  la  loterie,  it.  lotto,  esp.,  port. 
Joie;  d'origine  germanique  :  vha.  hlos,  goth. 
hJaiits,  nlia.  loos,  flam  ,  angl.  lot^  sort,  part, 
lot;  op.  encore  vha.  hluz,  chose  obtenue  par 
le  soi't,  nord  hhttf  part.  —  D.  loterie;  verbe 
lotir,  faire  des  lots. 

LOTERIE,  voy.  lot. 

LOTION.  L.  lotio  (p.  lautio,  do  lavare).  — 
D.  lotionner. 

LOTIR,  voy.  lot. —  D.  lotissement  y  -issage, 

LOTO,  jeu,  de  l'it.  lotto,  lot,  sort  (v.  lot). 

LOTTE,  esp.  Iota,  d'origine  inconnue.  — 
Comme  ce  poisson  se  tient  dans  des  rivières 
limoneuses,  on  a  signalé  prov.  lot,  limon  =* 
lat.  lutum, 

LOTUS.  LOTOS.  L.  lotos  (>wTOi). 

LOUANGE,  dér.  de  louer,  comme  vidange 
de  videi'.  De  la  forme  prov.  lauzar,  =  h.  lau- 
dare, procède  le  subst.  prov.  lausenga.  vfr. 
losenge,  it  lusinga,  esp.  lisonja,  d'abord 
louange,  puis  vaine  flatterie,  mensonge,  d'où 
le  verbe  losenger,  flatter,  tromper.  Fallot 
et  Chevallet  ont  mal  rencontré  en  ratta- 
chant losenge,  l'un  à  l'ail,  lob-singen,  chanter 
des  louanges,  l'autre  au  vha.  ios,  ruse,  perfi- 


die,  mensonge.  Diez  proposerait  volontiers 
(d'après  Ziemann)  le  mha.  lôsen,  flatter  avec 
fausseté,  si  les  formes  romanes,  par  leurs  di- 
verses significations,  n'imposaient  pas  le  L./ait- 
dare,    qui   convient   d'ailleurs   parfaitement 
aussi  sous  le  rapport  de  la  forme.  Cette  com- 
munauté du  radical  Ios  avec  laud  n'est  pas 
admise  par  Baist;  voy.  l'art,  cité  sons  lo- 
sange. —  La  terminaison  ange  est  générale- 
ment rapportée  au  latin  emia  dans  vindetnia^ 
fr.  vendange,  et  dans  BL.  Zau^f emia =laudatin, 
con.<îentement,  autorisation.  Pour  la  lettre,  il 
n'y  a  rien  à  opposer,   mais  les  deux  scul.< 
exemples  latins  que  l'on  cite  ne  suffisent  pas 
pour  établir  un  suflixe  emia  =  ange,  servant 
à  former  des    subst.  de   l'action;    d'autant 
moins  que  l'élément  emia  y  tient  à  1»  compo- 
sition   (vindemia    est    expliqué  par  tinum 
demere,  laudemia  par  laudem  emere,  acheter 
le  consentement  du  seigneur  pour  aliéner  un 
bien).  Je  crois  que  ange  ou  enge  dans  les  mots 
fr.  laidange,  mélange,  vidange,  louange,  vfr. 
lavange,    haenge  (haine),   coiislange  (frais), 
doit  avoir  une  autre  source;  pourquoi  ne 
serait-ce  pas  le  suffixe  germanique  ing  (équi- 
valent do  ange),  particulièrement  propre  à 
l'anglais  et  au  néerlandais  (en  moy.  ni.  sous 
la  forme  inghe)  et  remplacé  par  ung  dans  le 
haut  ail.  actuel?  Je  ne  fais  qu'effleurer  ici  ce 
sujet,  qui  appartient  plutôt  à  la  grammaire 
historique 

1.  LOUCHE,  adj.  (le  vfr.  disait  au  masc, 
lois),  prov,  losc,  flam.  losch;  du  L.  luscus, 
borgne.  —  Chevallet,  se  formalisant  sans 
doute  do  la  difl*érence  de  signification  entre 
louche  et  luscus  (qui,  cependant,  ne  peut 
faire  difficulté),  s  adresse  à  l'ail,  lausclien, 
auquel  il  prête  la  signification  regarder  de 
côté,  tandis  qu'il  signifie  écouter.  Ce  qui  ag- 
grave cette  erreur,  c'est  que  l'auteur,  tout 
aussi  malencontreusement,  range  sur  la  même 
ligne  l'ail,  lauschen,  le  néerl.  lonhen,  r^ar- 
der  de  côté,  et  l'angl.  look  askew,  regarder 
do  travers.  —  D.  loucher. 

2.  LOUCHE,  grande  cuiller  pour  servir  le 
potage,  puis  aussi,  en  agriculture,  écuellc 
pour  répandre  les  engrais  liquides.  Génin 
s'est  à  juste  titre  récrié  contre  l'omission  de 
ce  mot  «  ancien,  fort  usité,  légitime  et  néces- 
saire «,  dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie. 
Le  mot  louche  (vfr.  lotisse,  wall.  lose)  est 
rendu  dans  la  latinité  du  moyen  âge  par  lo- 
chea;  est-ce  une  transformation  du  L.  coch- 
lear,  cuiller? 

1.  LOUCHET,  hoyau,  propre  à  fouir  la 
terre  ;  dérivé  de  vfr.  louche,  bêche,  un  homo- 
nyme de  louche,  cuiller. 
'  2.  LOUCHET,  petite  cuiller,  houlette.  Nous 
distinguons  ce  mot  du  précédent,  vu  la  forme 
dos  objets  qu'il  désigne,  laquelle  nous  engage 
à  y  voir  un  diminutif  de  louche  2. 

1 .  LOUER,  vfr.  loer,  donner  ou  prendre  en 
locafion,  du  L.  locare,  m.  s.  —  D.  louage 
(d'où  louageur),  —  Direct,  du  latin  viennent 
les  mots  savants  location, -aJtif,  -ataire;  le  dér. 
L.  locarium,  prov.  loguier,  s'est  francisé  en 
loyer. 


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LOU 


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lUE 


2.  LOUER,  donner  des  louanges,  du  L.  lau- 
dare.  —  D.  louange  (v.  c.  m.). 

LOUP,  vfr.  Uu,  du  L.  lupus;  fém.  louve, 
du  L.  hipa.  —  D.  loucat  (cp.  l'it.  lupatto); 
loiœet  (couleur),  louveteau,  louveter,  louve- 
tier^  'eterie.\oj.  aussi,  pour  la  loc.  à  la  queue 
leu  leu,  Tart.  leu. 

1.  LOUPE,  tumeur  le  plus  souvent  ronde 
ou  ovale,  puis  en  terme  d'optique,  lentille  à 
deux  faces  convexes,  esp.  lupia  et  lobanillo, 
à  Coire  luppa.  La  dérivation  de  L.  litpa,  bien 
qu'irrégulière,  est  admise  par  Diez  et  rendue 
probable  non-seulement  par  le  terme  allemand 
voolfs-geschwulst,  litt.  tumeur  de  loup,  mais 
parce  que  le  mot  fr.  loup  lui-même  s'emploie 
pour  une  sorte  d'ulcère  virulent  qui  vient  aux 
jambes.  Cette  dénomination  n'est  pas  plus 
étrange  que  celle  du  flegmon  appelé /«roncZe, 
pr.  petit  voleur.  L'animal  camivore  a  aussi 
prêté  son  nom  à  une  espèce  de  chenilles  qui 
rongent  des  boutons  d'arbre.  Notez  encore  le 
dimin.  louvet,  dans  le  sens  spécial  :  fièvre 
avec  tumeurs  charbonneuses.  —  D.  loupeux. 

2.  LOUPE,  paresseux,  «par  allusion  à  celui 
qui  travaille  à  la  loupe  et  qui,  par  conséquent, 
ne  va  pas  très  vite  »  (Bescherelle  et  Littré)  ; 
étymologie  bien  forcée,  me  semble-t-il.  —  D. 
louper,  faire  le  paresseux. 

LOUPER,  voy.  loupe  2. 

LOUP-GAROU,  voy.  garou, 

LOURD,  prov.  lort;  malgré  la  différence 
d'acception,  cet  acyectif,  aussi  bien  que  l'it. 
lordo,  lurido,  livide,  pâle,  malpropre,  sale, 
vient  du  L.  luridus,  livide,  jaune  [(part,  luri- 
datus,  sale,  souillé).  Non  seulement  il  s'est 
dégagé  de  l'acception  classique,  dans  la  latinité 
du  moyen  âge,  l'acception  de  sale,  mais  aussi 
celle  de  pourri,  purulent.  Les  gloses  de  Rha- 
banus  traduisent  en  effet  luridus  par  l'ail, 
fui.  Or,  du  sens  physique  pourri  au  sens  mo- 
ral stolidus,  stupidus,  pesant,  la  transition 
est  naturelle.  Elle  se  rencontre  plus  d'une 
fois;  nous  citerons  d'abord  l'ail,  fiïl  (auj. 
faul),  que  nous  venons  de  mentionner  et  qui 
signifie  à  la  fois  pourri  et  paresseux  (la  forme 
flam.  correspondante  vuil  veut  dire  sale). 
Le  wallon  pourri  s'emploie  également  pour 
paresseux.  La  filiation  :  livide,  malpropre, 
pourri,  paresseux,  pesant  d'esprit,  n'a  donc 
rien  qui  puisse  infirmer  l'étymologie  luri^ 
dus  ;  mais  ce  qui  est  plus  extraordinaire,  c'est 
de  voir  le  sens  physique  «  pesant  »  se  déduire 
de  l'acception  morale  pesant  d'esprit,  transi- 
tion rare  dans  la  langue.  —  D'autres  ont  rap 
porté  lourd,  it.  lordo,  au  L.  horridus,  vfr. 
ort,  it.  ordo,  sale,  en  expliquant  l'initiale  l 
par  l'agglutination  de  l'article.  Mais  cette 
agglutination  de  l'article,  dans  un  adjectif, 
serait  un  fait  presque  isolé  (on  la  suppose 
encore  dans  it.  lasso,  du  L.  acidus).  — 
D.  lourdaud,  lourdeur,  lourderie,  verbe  fac- 
titif a/ourrfir,  Cps.  balourd  (v.  c.  m.). 

LOURB,  anc.  =  musette,  de  là  le  sens  ac- 
tuel «  espèce  de  danse  grave  w.  Diez  le  fait 
venir  du  nord,  lûdr,  dan.  lour,  flûte  de  ber- 
ger. —  Littré  propose  L.  lura,  outre,  sacoche, 
bourse,  d'où  le  sens  musette  découle  naturel- 


lement. D'autres  ont  songé  à  lyra  ;  manière 
de  voir  qui  n'est  pas  aussi  contraire  à  la  lettre 
(cp.  bourse  de  /iûoTïj)  qu'au  sens.  —  Godefroy 
observe  que  dans  les  pays  de  Bray  et  de  Caus, 
loure  signifie  flûte,  flageolet.  —  D.  le  terme 
de  musique  lourer. 

LOUSTIC,  de  l'ail,  lustiff,g&ï. 

LOUTRE;  l'étym.  généralement  admise,  lat. 
liUra,  m.  s  ,  quoiqu'elle  paraisse  toute  natu- 
relle, est  fautive  ;  luira,  d'après  les  règles,  se 
fût  francisé  par  leure,  **  La  conservation  du 
t,  observe  Paris  (Rom.,  X,  42),  indique  que 
loutre  provient  soit  d'un  type  luttra  qui  n'est 
pas  attesté,  soit  de  Tall.  otter,  ce  qui  est  plus 
probable.  Le  Berri  possède  la  forme  régulière 
leure  (et  aussi  loure).  *• 

LOUVE,  L.  lupa,  1.  louve,  2.  prostituée. 
—  Le  mot  fr.  signifie  aussi,  par  comparaison 
avec  la  morsure  de  la  louve,  un  outil  de  fer 
qu'on  place  dans*  un  trou  fait  exprès  à  une 
pierre  et  qui  sert  À  l'enlever;  de  U  le  verbe 
louver, 

LOUVET,  LOUVETER,  etc.,  sojjoup. 

LOUVOTER;  les  uns  rattachent  ce  terme  à 
loum,  donc  pr.  marcher  à  la  manière  des 
loups  ;  d'autres  allèguent  l'angl.  laveer,  ail. 
laviren,  m,  s.  Une  troisième  opinit>n  déduit 
louvoyer  de  louver,  m.  s.,  qui  serait  issu  du 
subst.  lof  (v.  c.  m.),  partie  du  vaisseau  qui  est 
au  vent.  Je  tiens  avec  Diez  cette  dernière  pour 
la  plus  raisonnable. 

LOVE,  dans  «<  love  de  savon  n,  de  l'angl, 
loaf  pain,  cp.  l'expression  «  pain  de  sucre  •, 

LOVELAGE,  nom  du  héros  du  roman  de  Ri 
chardson  •«  Clarisse  Harlowe  » . 

LOTAL,  voy.  loi,  ^-  D,  loyauté;  opp.  dé 
loyal, 

LOYER,  voy.  louer  l. 

LUBIE,  fantaisie  impertinente,  caprice  ex- 
travagant, d'un  type  latin  lubia  p.  lubido, 

LUBIN,  poisson,  aussi  nommé  loup  de  mer  ; 
comme  l'it.  Inpazzo,  dér.  de  lupus, 

LUBRIQUE,  vfr.  lubre;  du  L.  lubricus, 
glissant,  qui  au  moyen  âge  a  pris  la  valeur  do 
lascif  (l'ail,  schlupfrig  réunit  également  les 
deux  acceptions).  —  D.  lubricité,  L.  lubricitas. 

LUCARNE,  selon  Diez,  du  L.  lucerna,  lan- 
terne, transformé  de  bonne  heure  en  lucarna 
(d'où  goth.  lukarn);  Littré,  en  présence  des 
anciennes  formes  luquenne,  lucane,  explique 
le  mot  par  lucanus,  dér.  de  luw,  lumière  ;  les 
finales  donnent  lieu  à  objection  et  j'aimerais 
tout  autant  recourir  à  l'ail.  luc?te,  luhe, 
ouverture  et  particulièrement  lucarne  (môme 
mot  que  liicke,  lacune). 

LUCIDE,  L.  lucidus;  le  fr.  ne  s'emploie 
qu'au  sens  figuré.  —  D,  lucidité. 

LUCRE,  L.  lucrum;  acy.  lucratif,  L.  lucra- 
tivus. 

LUETTE,  p.  uette  (par  l'agglutination  de 
l'article).  Uette  est  le  dimin.  du  L.  uva  «»  l. 
raisin,  2.  luette.  L'italien  a  la  forme  diminu- 
tive  ugola,  p.  uvola, 

LUEUR,  prov.  lugor,  v.  it.  lucore,  dérivé 
du  verbe  lucere,  luire;  un  subst.  L.  lucor  est 
admissible,  d'après  l'analogie  de  L.  putor  (vfr. 
pueur),  de  putere. 


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LUS 


—  312  — 


LUT 


LUGUBRE,  L.  luffitbrU  (lugcre). 

LUI,  cas  oblique  de  il;  d'une  forme  compo- 
sée ill-uic  (voy.Dicz,  Gramm.,2«  éd.,  II,  76). 

LUIRE,  du  L.  hicrre  p.  lucrre,  A  la  forme 
verbale  de  la  2®  conjug.  latine  répond  vfr. 
lidsir;  cp.  le  même  dualisme  de  forme  dans 
les  verbes  placere,  tacere,jacerc,  licere,  fran- 
cisés à  la  fois  par  plaisir^  taisir,  gésir ^  loisir 
et  liSiT  plaire,  taire,  gire  ,  loire". 

LUMBAGO,  L.  lumbago  (lumbus). 

LUMIERE,  prov.  lumneira,  liimeira,  du 
BL.  luminaria  (lumen)  =  lucema. 

LUMIGNON,  mèche,  n*a  rien  à  faire  avec 
L.  lumen.  Les  formes  anciennes  sont  limi- 
gnon,  lemignon;  pour  le  changement  de  i  en 
H,  cp.  fumier  p.  femier,  chalumeau  p.  chale- 
mel,  etc.  Parmi  les  nombreuses  formes  sous 
lesquelles  le  gr.  iUùyyiov  (lat.  ellychnium) 
s  est  communiqué  à  la  latinité  du  moyen  âge, 
on  trouve  licimen,  lictnen,  que  je  tiens  pour 
le  primitif  de  lanc.  limignon.  Pour  plus  de 
détails,  voy.  mon  art.  Rom.,  IV,  460  (fauti- 
vement attribué  à  M.  Cornu  dans  le  Supplé- 
ment de  Littré). 

LUMINAIRE,  L.  luminar  (lumen). 

LUMINEUX,  L.  luminosus  (lumen). 

LUNDI,  it.  lunedi,  du  L.  Lunœ  dies;  en 
prov.  diluns,  dilus  =  dies  Lunse. 

LUNE,  L.  luna{p.  hic-na).  —  D.  lunaire, 
L.  lunaris;  lunaison  ;  lunatique  (vfr.  lunage), 
L.  lunaticus  (pr.  soumis  à  l'influence  de  la 
lune);  lunel,t.  de  blason;  luneite{s.  c.  m.), 
lunule. 

LUNETTE,  pr.  petite  lune;  comme  terme 
d'architecture,  =  petites  ouvertures  réservées 
|X)ur  donner  du  jour,  ainsi  nommées  parce 
qu'elles  remplissent  en  quelque  sorte  les  fonc- 
tions de  la  lune;  le  terme  d'optique  se  raji- 
porte  à  la  forme  des  verres,  «  a  circulis  vi- 
treis  veluti  lunuRs  duabus  ••  (Sylviusj.  — 
D,  lunettier. 

LUPIN,  L.  lupinum  (lupus;  cp.  l'expr.  ail. 
toolfsbohne).  —  D.  lupinelle. 

LURON.  Quel  est  le  véritable  sens  de  ce  mot  ? 
On  l'emploie  tantôt  pour  homme  joyeux,  gri- 
vois, bon  vivant,  tantôt  pour  homme  vigou- 
reux, déterminé.  L'étym.  qui  m'attii*e  le  plus, 
c'est  Tall.  luder,  dont  le  sens  primordial  d'ap- 
pât (de  là  fr.  leurre,  angl.  lure)  a  engendré 
celui  de  charogne,  chose  vile,  etc.,  et  qui 
s'emploie  aussi  comme  t.  d'injure  dans  un 
sens  i"épondant  aux  diverses  acceptions  fran- 
çaises de  luron.  —  On  a  aussi  en  ail.  le  subst. 
laue)'  (anc.  h'cr),  coquin.  —  Partant  du  sens 
«  leste,  agile,  déterminé,  qui  no  s'embarrase  de 
rien  »,  Génin,  se  prévalant  do  l'anc.  ortho- 
graphe leuron  et  de  l'identité  de  u  et  r,  inter- 
prète le  mot  par  levron,  petit  lévrier.  —  Pour 
ne  rien  omettre,  disons  qu'on  l'a  expliqué  en 
dernier  lieu  parle  morvandeau  lu7'on,  leuron, 
lureau,  bélier  et  au  fig.  luron,  godelureau, 
qui,  à  son  tour,  est  ramené  à  un  mot  germa- 
nique dont  la  trace  est  conservée  par  le  poly- 
ptyque d'Irminon  :  le^ir,  learis  (bélier).  Voy. 
Uevuo  critique,  1880,  2«  sem.,  p.  93. 

1.  LUSTRE,  espace  de  cinq  ans,  L.  lus- 
trum. 


2.  LUSTRE,  subst.  du  verbe  lustrer  (y.  cm.). 

LUSTRER,  L.  lustrare,  éclairer,  rendre 
clair,  luisant.  —  D.  lustre,  l.  éclat,  2.  chan- 
delier susj)endu  ;  lustrine. 

LUT.  L.  lutum,  limon.  —  D.  lutcr, 

LUTH,  vfr.  leict,  prov.  lafd,  it.  liûto,  leiUo, 
csp.  laud,  port,  alaùd,  ail  laute;  de  l'arabe 
aViid,  m.  s.,  pr.  objet  en  bois.  L'étymologie 
fondée  .sur  l'ail,  laut,  son,  ou  goth.  liuthôn, 
chanter  au  son  de  la  harpe,  pèche  contre  les 
règles  phonologiques.  —  D.  luthier. 

LUTIN,  vfr  luiton  ;  dans  les  pays  wallons 
on  rencontre  fréquemment  la  forme  nuiton, 
nutnn.  Citons  en  premier  lieu  Grandgagnagc  : 
••  L'étymologie  de  ce  mot  est  fort  controver- 
sée. Selon  Roquefort,  le  vfr.  luidon  fsic;  est 
dit  pour  nuicton,  et  vient  de  nuit.  L'auteur 
des  Wallonnades  (J.  Grandgagnage,  oncle  du 
philologue),  qui  considère  nuton  comme  la 
forme  normale,  est  à  plus  forte  raison  de  cette 
opinion  :  «*  nutons,  noctis  homines;  la  nuit  se 
•»  dit  encore  nuUe  dans  plusieurs  de  nospat4)is 
«  wallons  n .  A  cela,  il  y  a  deux  diflSciiltés  : 
d  abord.  Ut  forme  lûton,lutin  est  prédominante, 
en  môme  temps  qu'elle  est  exempte  de  suspi- 
cion, tandis  que  celle  en  n  peut  avoir  été  pro- 
duite précisément  par  l'influence  du  mot  mtil; 
puis  le  u  de  nute  est  bref,  tandis  que  celui 
de  lùton  ou  mïton  est  long  ou  moyen.  —  NVl 
et  Charpentier  dérivent  notre  mot  du  lat.  lue- 
tari,  lutter.  Enfin  Grimm  dit  que  le  lutin  ou 
lùton  vient  peut-être  du  L.  luctus,  le  sens  ver- 
bal étant  esprit  plaintif,  messager  de  deuil- 
Une  étymologie  qui  se  rapprocherait  davan- 
tage do  la  tradition  serait  celle  du  vha.  Hitt, 
peuple,  gens;  cp.  la  dénomination  lusaciennc 
ludki,  les  petites  gens,  de  lud  =  vha  lixd. 
Mais  le  plus  vraisemblable  selon  nous  est  que 
lùton,  lutin  vient  du  vieux  bas-saxon  hutil, 
ags.  lytel,  angl.  little,  v.  flam.  luttel,  îiiteh 
etc.,  =  j)etit.  »  —  Diez  laisse  la  question 
indécise;  il  remarque  que  la  dérivation  de 
nuit  n'oflre,  pour  mdton,  aucune  diflîeuU»1 
sérieuse,  mais  que  l'on  no  se  rend  pas  compte 
comment,  au  mot  intelligible  nuiton,  on  a  pu 
substituer  luiton,  dont  le  sens  étymologique 
était  par  là  tout  à  fait  eflacé.  —  Sans  vouloir 
nous  prononcer  pour  aucune  des  étymologrics 
rapportées  ci-dessus ''auxquelles  il  faut  encoiv 
ajouter  celle  de  Frisch,  qui  remonte  au  vha. 
hîùt,  auj  laut,  bruit,  son),  nous  répondrons 
à  l'objection  de  Diez  que  le  vfr.  s'est  égale- 
ment plu,  au  détriment  de  la  clarté,  c'est-à- 
dire  du  rapport  sensible  avec  le  sens  du  pri- 
mitif, à  transformer  le  verbe  nomer,noHmer, 
nommer  en  lomer,  loumer,  lommer,  formes 
usuelles  en  wallon  et  dans  le  Poitou.  —  D- 
luli)iei\ 

LUTRIN,  anc.  letHn,  luitrin,  du  BL.lcctri- 
num,  dérivé  de  lectrum(\Ur{iov\  pupitre  pour 
lire,  «  analogium.  super  quo  legitur  "  (Isid.). 
Cp.  le  flam.  lessenaer,  lutrin,  de  less  =  L. 
lectio;  wall.  Icseni  (Geste  de  Liège,  lachenier) 
litt.  =  Icçonnier,  de  leçon,  L.  lectio.  —  I-a 
vieille  langue  avait,  de  la  même  façon,  fait  du 
subst.  participial  lecta,  action  de  lire,  Icsubt 
luitc,  lecture. 


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MAC 


—  313 


MAC 


LUTTE,  vfr.  luUe,  lotte,  diiL.  hicta;  verbe 
huter,  vfr.  hntei\  dn  L.  htclari. 

LUXE,  L.  luxus.  —  D,  lu.viieux,  L.liixuo 
sus. 

LUXER,  L.  7itxare{gv.  loçoOv).  déboîter,  dis- 
loquer; d'où  luxation,  L.  luxatio. 

LUXURE,  L.  hixitria  (luxus)  —  D.  luxu- 
rieux, L.  -osus;  Juxuriei\  L.  -ari;  luxm'iant, 
luxuriance. 

LUZERNE,  n.  pr.  lauzei'do;  ehamp.  lusette, 
ivraie,  Berry  luset,  gesse  sans  feuilles.  D'ori- 
gine inconnue. 


LYCEE,  du  gr.  iu/iîov,  nom  d'un  gymnase 
célèbre  près  d'Athènes,  consacré  à  Apollon 
Lycicn,e\oi\  Aristote  enseignait  la  philosophie. 

LYCOPODE,  picd-de-loup,  BL.  li/cojiodium 

(y-j^oz,  loup  +  W'yû;,  îTo^o;,  pied). 

LYMPHE,  L.  lympha,  eau.  —  D.  lympha- 
tique, L.  lymphaticus. 

LYNX,  it.,  esp.  lince,  du  L.  lynx{).ù/^)  ;  cp. 
ail.  luchs,  angl.  lox. 

LYRE,  L.  lyra  (iû^sa,  instrument  à  cordes). 
—  D.  lyrique,  L.  lyricus  ()ust/.oi);  lyrisme, 
grec  juptiuLo;. 


M 


MA,  fém.  de  mon,  du  L.  mea. 

MACABRE  (dansé),  do  chorea  Machabœo- 
rum.  —  Nous  ne  dirons  ici  sur  l'étymologio 
de  ce  terme  que  le  fait  qu'en  vfr. ,  la  forme 
Macabi'c'  =  Machahée  se  rencontre  dès  le 
XII*  siècle. 

MACADAM,  du  nom  de  l'inventeur  (mort  en 
1835).  — D.  macadamiser. 

MACARON,  de  l'it.  macarone,  plur.  maca- 
roni. L'origine  de  ce  mot  n'est  pas  encore 
éclaircie.  En  attendant,  on  a  mis  en  avant 
macco,  bouillie  de  fèves  pilées,  qui  ne  con- 
vient nullement;  puis  le  gr.  jjLocAocfitu,  pr.  béa- 
titude, cité  dans  Hesychius  comme  désignant 
jipûfir  U  ^vfiàû  X3fi  ài^jfrwv,  mets  fait  do  bouil- 
lon, et  de  farine  (d'après  Curtius,  iiTorxx^h,  en 
tant  que  nom  d'un  mets,  tient  au  verbe 
fixtiitv,  pétrir).  La  composition  de  la  pâtisse- 
rie qui  actuellement  porte  le  nom  de  macaron 
ne  répond  plus  à  cette  définition,  mais  bien 
cefle  dite  macaroni  ;  la  dénomination  «  béati- 
tude (cp.  le  terme  beatilles),  réjouissance  » 
leur  conviendrait  assez  bien.  —  Citons  encore 
Liebrecht  (Jahrbuch,  XIII,  230;,  qui  dérive 
notre  mot  de/ii/aos;,  les  bienheureux;  le  repas 
funèbre  en  l'honneur  des  morts  s'appelle  encore 
aujourd'hui  fixxvpix  ;  les  macchcroni  ou  ma- 
caroni en  formaient  le  principal  élément  ;  de 
là  leur  nom. —  D'où  vient  le  nom  de  macaro- 
nées  ou  des  vers  macaroniques  f  Etaient-ce 
des  pièces  devant  servir  d'assaisonnement  aux 
macaronis?  Ou  les  a-t-on  nommés  ainsi  à 
cause  de  leur  facture  bigarrée  à  la  façon  du 
mets  favori  des  Italiens?  C'est  ce  qui  est  le 
plus  probable.  Ce  qui  est  acquis,  c'est  que  Mer- 
lin Coccaie  (Théophile  Folengo)  est,  s'il  n'en 
est  l'inventeur,  du  moins  le  premier  qui  ait 
cultivé  avec  succès  la  poésie  macaronique  et 
qu'il  lui  a  donné  ce  nom  en  composant  son 
fameux  poème  «  Macaronea  ».  D'après  lui, 
la  poésie  macaronique  «  nilnisi  grassedinem, 
niditatem  et  vocabulazzos  in  se  débet  conti- 
nere  ».  Littré  remarque  que  le  caractère  plai- 
sant, dans  le  populaire  de  plusieurs  pays,  a 
été  désigné  par  le  nom  do  l'aliment  favori  do 
la  nation;  que  les  Italiens  appellent  les 
plaisants  do  cette  espèce  macaroni;  les  Fraii- 
çai.5,  Jean  FaHne;  les  Anglais, /ac^tcc*  Pou- 
dings. 


MACARONÉE,  -ONI,  -ONIQUE,  voy.  l'art, 
préc. 

MACÉDOINE.  «  Ce  mot,  dit  Ch.  Nodier, 
s'est  probablement  employé  d'abord  en  parlant 
d'un  mets  très  composé,  par  quelque  allusion 
à  cette  variété  incroyable  de  peuples  aux- 
quels Philippe  et  Alexandre  firent  subir  les 
lois  de  la  Macédoine  et  dont  on  remarqua  les 
vêtements  divers  et  confus  dans  les  armées  do 
ce  dernier.  Il  n'y  a  point  d'expression  plus 
heureusement  figurée  au  sujet  de  certains 
livres.  »  C'est  làtout  bonnement  une  supposi- 
tion en  attendant  que  l'on  ait  découvert  les 
circonstances  dans  lesquelles  le  mot  a  en  pre- 
mier lieu  été  revêtu  de  .sa  signification  ac- 
tuelle. La  date  do  cette  signification  n'est  en 
tout  cas  pas  très  reculée.  Il  se  pourrait  bien 
qu'elle  fût  due  au  langage  C/ulinaire  de  quelque 
Vatel  français. 

MACERER,  L.  macerare, 

MACHE,  plante  potagère  dont  on  mange 
les  feuilles  en  salade;  prob.  àcmàchei'. 

MACHECOULIS  ou  MÂCHICOULIS.  D'après 
l'Académie  :  1.  galeries  établies  à  la  partie 
supérieure  des  fortifications  anciennes,  et 
dans  lesquelles  sont  pratiquées  des  ouver- 
tures pour  voir  et  défendre  immédiatement  lo 
pied  des  ouwages,  2.  ces  ouvertures  mêmes. 
Huet  explique  lo  mot  par  machine-coulis, 
cola  n'est  pas  sérieux  ;  Le  Duchat,  \^Q,r  magna 
gula,  autre  plaisanterie.  Mieux  vaut  l'opi- 
nion de  Bonifacc  :  «  Mâche-coulis  est  une  cor- 
ruption de  masse-coulis,  espèce  de  couloir  de 
galerie,  d'allée,  de  passage,  ])our  aller  à  cou- 
vert autour  d'un  bâtiment,  d'une  tour.  C'est 
de  cette  galerie  saillante  que  les  assiégés,  pro- 
tégés par  les  {larapets,  faisaient  pleuvoir  des 
pierres,  des  masses,  etc.,  sur  les  assiégeants. 
Comme  on  trouve  aussi  musse-coulis  on  pour- 
rait faire  dériver  ce  mot  de  l'ancien  verbe 
musser,  muchei\  cacher.  »  —  Dans  Pals- 
grave,  je  trouve  :  /  magecoUe  (Lydgate),  I 
make  falsc  brayes  about  a  towne  wall, je  ma- 
checoulle.  Le  grammairien  anglais  ajoute  que 
Lydgate  a  emprunté  magecolle  dn  fr.  mache- 
coulys,  =  false  bray,  mais  que  les  Français 
n'emploient  pas  le  verbe  mach^ouller.  Los 
dictionnaires  anglais  donnent  encore  le  subst. 


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MAC 


—  3i4 


MAC 


machicolcUion  avec  la  définition  :  in  old 
castles  the  pouringof  hot  substances  through 
apertiires  upon  assailants.  Cette  définition 
cache  une  interprétation  étymologique.  Lpa 
deuxième  partie,  cotation,  peut  être  rapportée 
à  L.  coJatio  de  coiare,  couler,  verser;  quanta 
mâche,  il  parait  désigner  soit  des  substance? 
pilées  (pierres,  mortier),  soit  des  blocs,  et 
dériver  ainsi  du  verbe  macqtier,  broyer  (v. 
c.  m.). 

MACHEFER,  scorie  qui  sort  du  fer  à  la 
forge  quand  on  le  bat,  voy.  macquer.  —  Au 
sens  de  fanfaron,  le  mot  se  rapporte  au  verbe 
mâcher.  Cp.  l'it.  mangiaferro,  ail.  eisenfres- 
set'. 

BIACHELIER,  du  vfr.  machelle  =  L,  ma- 
ccilla,  mâchoire. 

MACHER,  mascher,  prov.  mcategar,  mas- 
char,  es^.^^Ti.  masticar,  mastigar,  mascar, 
du  L.  masticare  (de  mandere  par  un  supin 
mastum).  —  D.  mâche,  mâchicatoire,  p.  mas- 
ticatoire; mâchoire  (v.  c,  m.);  mâchonner, 
mâchotter,  Cps.  mâchedru,  bon  mangeur. 

MACHINE,  L.  machina  (fiiiyav-^).  —  D.  ma- 
chiner, L.  mîichinari,  inventer  qqch.  d'in- 
génieux, méditer  qqch,  de  mol  {d'où  machina- 
tion, machinateur  et  machineur,  mot  em- 
ployé par  Lafontaine)  ;  machinal,  L.  machina- 
lis  ;  m,achinerie,  machiniste,  -ismc. 

MACHOIRE,  de  mâcher  (cp.  nageoire  de 
nager).  Les  mots  équivalents  it.  masceUa, 
vfr.  machelle  (d'où  dent  mâchelière,  L.  dens 
maxillaris),  et  prov.  maisseUa  viennent  du  L. 
mcusilla,  transposé  en  mascilîa. 

MACHURE,  marque  laissée  par  une  pres- 
sion, meurtrissure,  tâche,  voy.  l'art,  masque. 
—  D.  mâcJiurer,  vfr.  mascurer,  masqueler, 
souiller,  tacher. 

MACIS,  écorce  intérieure  de  la  noix  mus- 
cade, du  L.  macis,  écorce  aromatique. 

1 .  MACLE,  t.  de  blason,  losange  percé  à 
jour  par  le  milieu,  prob.  de  macula,  maille. 

2.  MACLE,  t.  de  cristallographie;  àomacle 
I ,  par  assimilation  do  forme  ? 

3.  MACLEy  châtaigne  d'eau,  de  L.  macula, 
tache?  On  dit  aus.si  macre. 

MACLER,  t.  de  verrerie,  remuer  le  verre 
fondu,  p.  mascler,  du  L.  misculare,  voy. 
mêler  ;  a  p.  e  ne  fait  pas  difficulté  en  syllabe 
protonique. 

MAÇON,  prov.  masso,  BL.  machio,  modo. 
Isidore,  sans  aucune  probabilité,  a  dit  :  ma- 
chinnes  dicti  a  machinis  quibus  insistunt 
propter  altitudinem  parietum.  Huet,  moins 
heureux  encore,  propose  une  dérivation  du 
vfr.  mas,  maison;  le  maçon  serait  un  faiseur  de 
maisons.  L'origine  la  plus  naturelle  en  appa- 
rence est  celle  de  Tall.  metz  (steinmetz ,  tailleur 
de  pierre),  vha.  mezzo,  meizzo,  cp.  goth.  mai' 
tan,  tailler,  ail.  mod.  meisseln,  ciseler.  Toute- 
fois, Dii'Z  objecte  deux  circonstances;  d'abord, 
le  mot  étant  cité  par  Isidore,  il  y  a  peu  de 
présomption  en  faveur  d'une  provenance  ger- 
manique; ensuite,  la  forme  BL.  machio  ne 
s'accorde  pas  avec  les  vocables  germaniques 


en  question.  Il  incline  vers  une  étymologie 
déjà  mentionnée  par  Ducange,  d'après  la- 
quelle wacio  serait  tiré  du  BL.  m^rcio,  m. 
s.  ;  il  allègue  à  cet  effet,  pour  la  syncope 
delV.  l'esp.  macho,  marteau,  du  L.  marcu- 
lus.  Quant  à  marcio,  le  philologue  allemand 
y  voit  un  dérivé  du  L.  marcus,  marteau  (cp. 
tabellio  do  tabella).  Pour  le  rapport  littéral 
entre  machio  et  macio,  il  cit«  le  vfr.  hraod 
(d'où  bracelet),  du  L.  brachiale.  —  Nous  ne 
pensons  pas  que  les  objections  de  Diez  contre 
l'extraction  germanique  soient  concluantes. 
Ducange  cite  plusieurs  passages  fort  anciens 
où  il  est  fait  emploi  de  mattio,  qui  doit  étic 
antérieur  aux  formes  macio  et  machio,  et  qui 
se  déduit  très  bien  des  radicaux  germaniques. 

—  La  latinité  du  moyen  âge  présente  encore 
le  vocable  maceria  avec  la  signification  de 
mur  de  clôture  (de  là  le  vfr.  maisière).  On  ne 
peut  guère  douter  du  rapport  de  ce  mot  avec 
mojcio.  Or,  comme  on  trouve  également  ma- 
ceria, bois  de  construction,  au  lieu  de  maJte- 
ria,  on  est  peut-être  autorisé  à  ramener  le 
maceria,  mur,  et  partant  aussi  son  primitif 
immédiat  macio,  également  à  un  radical  mat. 

—  D.  maçonner,  maçonnerie,  maçonnique. 
MACQUE,  instrument  pour  briser  le  chan- 
vre, subst.   du  verbe  macqtier,   voy.   l'art, 
suiv. 

MACQUER,  briser  le  chanvre.  Ce  verbe, 
d'après  Diez,  est  de  la  même  famille  que  lit. 
maccare  (composé  s-maccare),  esp,  macar, 
prov.  macar,  machar,  fouler,  concasser.  D ic- 
fenbach  range  ces  verbes  sous  une  racine  mac, 
frapper,  meurtrir,  fort  répandue  dans  les  lan- 
gues indo-germaniques  et  à  laquelle  il  rat- 
tache aussi  le  vfr.  maquelette,  petite  massue, 
maillet,  le  goth.tn«^i,épée,  —  ags.mâki,eic., 
gr.  fjLàxnooi.  —  Gachet  porte  l'attentionen  oiUre 
sur  le  subst.  moque,  masse  d'armes,  qui,  en 
Hainaut,  signifie  un  bâton  muni  d'une  boule 
au  bout,  donc  une  petite  massue,  T^rnsmacque, 
la  partie  du  fiéau  qui  frappe  le  blé;  vnaquet, 
instrument  de  bois  avec  lequel  on  chasse  la 
boule  appelée  choulet;  enfin,  moca,  nom  du 
martinet  dans  les  usines  métallurgiques.  En 
vfr.  macque  signifie  le  gros  bout  d'un  bâton; 
c'est  de  là  qu'on  a  fait  maquelotte,  m.  s.  — 
Grandgagnage,  traitant  le  mot  wallon  mahe, 
tête  d'épingle  ou  d'un  autre  petit  objet  (dim. 
makéte,  tête,  pommeau,  verbe  maker,  dim. 
maketer),  rappelle  également  les  études  de 
Diefenbach  sur  la  racine  mac,  frapper  ;  tou- 
tefois, il  pense  que  les  verbes  romans  cités 
plus  haut  pourraient  bien  être  rapportés  au 
L.  mactare  (ctedere,  ferire),  lequel,  au  moyen 
âge,  s  employait  effectivement  dans  le  sens  de 
diffringere,  in  massam  contundere.  Le  mot 
roman,  dit-il,  représenterait  le  primitif  di» 
mactare;  cp.  pour  ce  primitif  macare,  outre 
le  gr.  fiàxi's^'>it  déjà  cité  parDoederlein,  l'anc. 
scandin.  moka,  dan.  woAAe  (tailler,  hacher). 
Cette  savante  conjecture  soulève  de  graves 
difficultés.  —  Le  wall.  mahe,  vfr.  maquet, 
foule,  amas,  it.  macco,  macca,  abondance, 
viennent  aussi  de  notre  verbe  macquer,  comme 
foule  de  fouler,  Caix  explique  it.  macca  par 


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MÂG 


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MÀG 


le  vha  manac,  beaucoup  (d'où  fr.  maint,  v. 
pi.  loin)  ;  cela  n'est  pas  sontenable. 

MAGRE,  voy.  macle  3. 

MAGRELLE,  poule  dcau  (Nicot  a  ma- 
croule)  ;  macreuse,  maerouse\  canard  de  mer, 
de  couleur  noire;  prob.  de  la  même  origine 
que  tnaquercau,  à  cause  de  la  bigarrure  du 
plumage. 

MAGULE  (mot  savant),  L.  macula,  tacbe. 
—  D.  maculer,  L.  tnaculare,  d'où  macuJation^ 
-ature,  immaculé,  —  Le  même  vocable  latin 
s'est  régulièrement  francisé  en  mailU  (v.  c.  m.). 

MADIER,  t.  de  marine,  pièce  de  bois,  est 
le  même  mot  que  madrier. 

MADONE,  de  l'it.  ma  domina,  =  ma  dame. 

MADRAGUE,  pêcherie  faite  de  câbles  et  de 
filets  pour  pi'endre  les  thons  ;  esp.  almadraba, 
qui  vient  de  l'arabe  almazraha^  enceinte  de 
filets  pour  prendre  les  thons  (du  verbe  zaraba^ 
enclore). 

MADRAS,  nom  d'une  étofTe  provenant  de  la 
ville  de  Madras,  dans  l'Inde. 

MADRE,  cœur  et  racine  des  différents  bois 
servant  à  faire  des  vases  à  boire;  puis  vase  à 
boire  en  général;  du  vha.  masar,  nœud  ou 
veines  dans  le  bois,  nha.  ma^er,  bois  madré. 
Cp.  ladre  de  lazanis.  —  D.  madré,  tacheté 
de  diverses  couleui's  ;  m-odrure. 

MADRÉ,  de  madré  (v.  c.  m.).  —  Le  sens 
figuré  de  madré,  fin,  rusé,  découle  naturelle- 
ment de  celui  de  varié  en  couleur,  cp.  en 
L.  variiis  animus  =  esprit  fécond  en  res- 
sources, et  en  gr.  TaUiXoi,  multicolore  et 
adroit,  rusé. 

MADRÉPORE,  famille  de  polypes,  de  l'it. 
madrepora  (d'après  Littré,  de  madré,  mère, 
-|-  nûpoi,  pierre). 

MADRIER,  en  t.  de  marine  madier,  planche 
de  chêne  fort  épaisse,  dér.  du  L.  mofena  (esp. 
modéra),  bois  de  charpente. 

MADRIGAL,  it.  madrigale,  anc.  madHale, 
mandriale,  v.  esp.  mandriaX;  d'après  Diez,  do 
MANDRiA  =  L.  mandra,  troupeau.  Le  mot 
exprimerait  donc  en  premier  lieu  une  chan- 
son pastorale.  Cette  étymologie  vaut  à  coup 
sur  mieux  que  celles  qui  font  venir  le  mot 
soit  de  Madrid,  ou  de  l'esp .  madrugar,  se 
lever  matin,  et  qui  ne  méritent  aucune  at- 
tention. L'opinion  de  Huet  ofTre  plus  d'inté- 
rêt, mais  tout  aussi  peu  de  vraisemblance  ;  il 
dérive  le  mot  de  martegcUes;  et  les  marte- 
gales,  dit-il,  ont  pris  leur  nom-de  martegaux, 
peuples  montagnards  de  Provence.  Toutes  ces 
étymologies  sont  d'ailleurs  rendus  suspectes 
depuis  la  découverte  d'un  text«  latin  du 
XIV*  siècle  qui  ofire  la  forme ma/na/ia,  espèce 
de  composition  musicale, 

MAÎSTRAL.  voy.  mistral, 

MAFLÉ,  MAFLU  ;  étymologie  inconnue; 
paraît  être  une  simple  variété  du  rouchi  m/)u- 
flu  et  de  mouflard  (v.  c.  m.);  cp.  esp.  mo- 
fletes,  grosses  joues. 

MAGASIN,  it.  magazzino,  esp.  magacen, 
almagctcen,  almacen,  port,  armazem;  de 
l'arabe  machzeti,  machazen,  dépôt  de  mar- 
chandises. 


MAGE,  L.  magus,  —  D.  magie,  L.  magia 
ifjivyil'r),  magique,  magicien, 

MAGISTBR,  mot  latin  (voy.  maître),  —  D. 
magistère,  L.  magisterium  ^vfr.  maistire)  ; 
magistral,  L.  magistralis;  magistrat,  L.  ma- 
gistratiis,  d'où  magistrature. 

MAGNAN,  dénomination  usuelle  du  ver  à 
soie  dans  le  midi  de  la  France  ;  d'origine  in- 
connue ;  pour  le  radical  mag,  cp.  cymr.  macai, 
angl.  maggot,  ver,  mite.  —  D.  magnanier, 
magnanerie. 

MAGNANIME,  L.  magnanimus;  cp.  ail. 
grossmiUhig,  grossliersig,  —  D.  magnani- 
mité, L.  magnani mitas. 

BIAGNAT,  L.  tnagnas,  -atis,  grand  sei- 
gneur, 

MAGNÉSIE,  nom  d'une  terre,  ou  plus  exac- 
tement, l'oxyde  d'un  métal  appelé  magnésium. 
Quant  à  ce  dernier,  je  ne  me  prononcerai  pas 
sur  l'opinion  de  ceux  qui  le  font  venir  du 
L.  magnes,  aimant,  le  magnésium  ayant  la 
propriété  de  happer  à  la  langue,  comme  l'ai- 
mant a  celle  d'attirer  le  fer. 

MAGNÉTIQUE,  adj.  formé  du  L.  magnes, 
-etis  (fià'/'frii),  aimant.  Quant  à  fiii,vrt;,  les 
anciens  ont  pensé,  les  uns  qu'il  venait  d'un 
nommé  Magnus,  qui  aurait  découvert  ce 
minéral  (Pline),  les  autres  de  la  ville  de  Ma- 
gnésie (Lucrèce).  —  D.  magnétisme,  magné- 
tiser. 

MAGNIER,  chaudronnier  ambulant  fdans 
les  dialectes);  aussi  vfr.  magnan,  maignan, 
wall.  mignon.  Etymologie  inconnue.  En  it. 
magtiano  signifie  serrurier. 

MAGNIFIQUE,  L.  magnificus.-^  D.  magni- 
ficence, L  magnificentia  ;  magnifier,  L.  ma- 
gniticare  (d'où  le -chant  dit  Magnificat,  pre- 
mier mot  du  chant). 

MAGNOLIA,  MAGNOLIER,  arbre  nommé 
d'après  Pierre  Magnai,  botaniste  mort  en 
1715.  Le  fruit  s'appelle  magnole, 

1 .  MAGOT,  gros  singe,  au  fig.  homme  fort 
laid,  figure  grotesque.  Voici  les  étymologies 
que  l'on  a  mises  en  avant  :  1 .  Magodiis,  per- 
sonnage du  théâtre  des  anciens,  qui  remplis- 
sait les  rôles  d'hommes  et  de  femmes  et  qui 
est  mentionné  dans  Athénée.  2.  L.  mimus, 
grimacier  ;  on  devine  que  nous  avons  afiaire 
ici  à  Ménage,  qui,  de  ce  type,  apparemment  si 
éloigné,  vous  construit  avec  le  plus  grand 
sang-froid  un  magot  au  moyen  des  échelons 
m,imicus,  mimacus,  macus,  macuttus  et 
magottus!  3.  L.  maccus,  acteur  qui  joue  les 
rôles  de  niais,  arlequin,  bouflbn  (dans  les 
Atellanes),  puis  nom  commun  =  niais,  imbé- 
éile.  4.  L.  imago.  En  voilà  assez,  de  sottises 
gravement  débitées.  —  Nous  laisserons  pni- 
demment  la  question  indécise. 

2.  MAGOT,  amas  d'argent  caché,  anc,  = 
poche,  le  même  mot  que  vfr.  magaut,  BL, 
magaldus,  poche,  bourse,  besace.  Mais  d'où 
vient  ce  dernier?  On  n'oserait  songer  au  vha. 
mago,  ail.  mod.  magen,  estomac,  bien  que 
l'estomac  puisse  fort  bien  être  comparé  à  une 
poche.  Et  cependant,  je  crois  pouvoir  mainte- 
nir cette  conjecture,  depuis  que  j'ai  vu,  sur 
cette  relation  d'idée  entre  estomac,   poche, 


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MAI 


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MAI 


bourse,  monceau,  les  nombreux  exemples 
tirés  des  dialectes  italiens  et  réunis  à  propos 
du  mot  magon  par  Mussafia  (Heitraj?  zur 
Kundo  der  Nord-Ital.  Mundarten,  p.  70).  — 
Grandgagnage  voit  dans  mayot  une  altération 
du  yiv.mugot  (encore  dans  La  Fontaine),  trésor 
caché,  lequel  est  prob.  dérivé  de  l'ags.  mueg, 
muga,  BL.  tnuga,  mugium,  monceau,  tas. 
«  Si  le  fr.  magots  dit  le  philologue  liégeois, 
n'a  pas  l'origine  que  nous  venons  de  dire, 
sans  doute  qu'il  vient  alors  du  souabo  maitke, 
lieu  où  les  enfants  cachent  leurs  friandises, 
bavarois  tnaucken  épargne  secrète  en  ar- 
gent, fruits,  etc.,  et  môme  cette  dérivation 
resterait  vraisemblable  (seulement  dans  ce 
cas  en  tant  que  médiate),  si  Ton  tirait  directe- 
ment magot  du  vfr.  macaui^  magaut,  c,-à^d. 
que  ce  dernier  paraîtrait  aussi  être  dérivé  de 
mauke^  etc.  »  [Ce  mot  allemand  maiike  se 
rattache,  ainsi  que  meiic/wJn,  agir  en  cachette, 
à  une  racine  muh,  mitch,  qui  pourrait  bien 
être  aussi  celle  du  vfr.  muchier^  wallon  muchi, 
nfr.  musser,  cacher  (v.  c.  m.)  L'explication  do 
magot t  .soit  par  mugot,  soit  par  l'ail,  maukc, 
n'est  d'ailleurs  pas  .sans  difficulté. 

MAT,  1.  nom  de  mois,  2.  arbre  planté  le 
1"  de  ce  mois;  du  L.  majus. 

MAIE  (dans  les  dial.  inait,  met),  auge  pour 
pétrir  la  pâte,  fond  d'un  pressoir,  prov.  mag, 
n.  prov.  mach,  mait,  du  L.  )tiagis,  -idis, 
va.<e  à  pétrir,  huche,  pétrin. 

1.  MAIGRE,  adj.,  du  L.  macei\  fém. 
macra.  —  D.  maigreur,  L.  macror;  maigHr, 
L.  niacrescere;  maigret,  maigrelet. 

2.  MAIGRE,  vfr.  maigue,  nom  de  poisson  ; 
étym.  inconnue;  Ducange  cite  maigiie,  piscis 
rcgius. 

MAIL,  it. ,  esp. ,  port,  maglio,  espèce  de  mar- 
teau, puis  nom  d'un  jeu  où  l'on  se  sert  d'un 
mail.  Du  L.maîieiis,  marteau.  —  D.  maiîîe?; 
battre;  maillet,  mailloche. 

\ .  MAILLE,  it.,  esp.  »/m^/ia. ,  petit  anneau 
ou  nœud  dont  plusieurs  font  un  tissu  ;  surtout 
aussi  les  annelcts  de  fer  dont  on  faisait  des 
armures,  d'où  le  terme  cotte  de  mailles.  Du  L. 
macula,  qui  signifiait  1.  tache,  marque  (voy. 
macule),  2.  ouverture  pratiquée  avec  art  dans 
les  choses  tricotées  ou  tissées.  Le  .»«ens  pre- 
mier «  tache  »  est  encore  propre  au  mot  fr. 
dans  quelques  applications,  comme  •*  maille 
à  l'rpil,  mailles  de  perdreau  ».  —  D.  mailler, 
d'où  maillure  (mouchetures  sur  le  plumage 
des  oiseaux),  maillon,  chaînon;  maillicr, 
chainetier  ;  maillot,  espèce  de  réseau  ou  de 
tricot,  dont  on  enveloppe  un  petit  enfant. 

2.  MAILLE,  vfr.  maaillc,  petite  monnaie 
valant  un  demi -denier,  pour  méaille,  qui 
vient,  par  syncope,  de  médaille  {v.  c.  m.);  en 
v.  port,  mcalha,  prov.  mealja.  De  là  les  locu- 
tions «  maille  à  partir;  n'avoir  ni  sou  ni 
maille  ». 

MAILLET,  -OCHE.  voy.  mail.  —  D.  7)iail' 
letfT. 

MAILLON,  voy.  maille  1 . 

MAILLOT,  voy.  maille  1.  —  D.  emmaillo- 
ter, démaillotcr, 

MAILLURE,  vov.  maille  1. 


1.  MAIN,  L.manu^. — D.  menotte,  manette; 
verbe  tnatuer  et  subst.  manière;  comp.isc 
maintenir  (voy.  ces  mots). 

2.  'MAIN,  adv.,  voy.  s.  matin. 
MAIN-D'ŒUVRE,   tournure    étrange   qui, 

logiquement,  serait  mieux  rendue  pr  «  œu- 
vre de  main  »  ;  faut-il  lui  donner  le  s^mis 
«  travail  de  façon  »  (main  étant  pris  fig.  pour 
travail),  ou  bien  y  voir  une  expression  malen- 
contreusement forgée  d'après  manœuvre  (v.c. 
m.)?  .l'incline  vers  cette  dernière  explication. 

MAINMORTE,  de  main,  au  sens  de.  puis- 
sance, droit  de  tester,  d'aliéner,  et  de  moH 
=  amorti,  sans  force. 

MAINE,  poignée  (Molière),  du  BL.  matma, 
manipulus. 

MAINT,  prov.  maint,  mant,  it.  manto,  — 
multus.  Les  étymologistes  hésitent  entre 
cymr.  maint,  multitude,  .  grandeur  (cp. 
troppo,  de  truppus)  et  le  subst.  vha.  ma- 
nagùti,  néerl.  menigte,  multitude,  ou  l'adj. 
vha.  tnan-ag,  nha.  manch.  Dans  la  sup 
position  d'une  extraction  germanique,  ce 
serait  à  la  forme  adjectivale  neutre  managa:, 
managat,  qu'il  faudrait  rapporter  directement 
le  vocable  fr.  tnaint.  Au  mot  allemand  mauch 
correspond  encore  le  néerl.  menig,  aps. 
màneg,  angl.  mang.  Langensiepen ,  {)eu 
satisfait  des  étymologies  ci-dessus  produites, 
a  émis  une  conjecture  aussi  bizarre  que  liar- 
die,  en  tirant  nmint  du  L.  humanitus.  En  ce 
qui  concerne  le  sens,  maint  dirait  propre- 
ment <*  humainement  »,  et  de  là  se  dégagerait 
l'idée  «  communément,  souvent  »  ;  maint 
homme  serait  ainsi  =  souvent  un  homme; 
poui*  la  transformation  d'un  adverbe  en  adjec- 
tif, il  allègue  les  adjectifs  tite  et  a/^te;  enfin, 
quant  au  rapport  littéral  de  humanitus  à 
tnaint,  ou  plus  exactement,  pour  l'aplu'Kîso 
de  la  syllabe  initiale,  il  rappelle  moite  de 
humectus  (?).  Nous  ne  présageons  pas  grand 
succès  à  cette  trop  ingénieuse  étymologie. 

MAINTENANT,  voy.  l'art,  suiv. 

MAINTENIR,  pr.  t<?nir  en  main,  ne  p:i5 
lâcher,  de  lA  les  subst.  maintien,  maintaïue 
(et  avec  une  physionomie  plus  .savante,  manu- 
tention), puis  l'expression  adverbiale  mainte- 
nant, it.  im-mantenente,  jadis  équivalente  à 
incontinent,  .^ur-lo-champ  (le  sens  litténil  e^t 
«  pendant  qu'on  tient  la  main,  qu'on  a  le< 
choses  en  main,  qu'on  est  après  -).  C«^tte 
valeur  littérale  de  maintenant  implique  aussi 
bien  l'actualité  que  la  conséquence  immédiate, 
ce  qui  explique  les  doux  sens  :  en  ce  moment 
et  aussitôt  (sens  ancien). 

MAINTIEN,  subst.  verbal  do  maintenir, 
donc  pr.  action  do  maititejur;  notez  la  signi- 
fication déduite  «  contenance,  habitude  du 
corps  en  repos  « . 

MAIRAIN,  voy.  merrain. 

MAIRE,  du  L.  major,  pr.  plus  grand,  plus 
important,  principal;  dans  la  latinité  du  moyeu 
âge,  appellation  usuelle  pour  diverses  fonctions 
civiles  et  militaires.  Ce  mot  lat.  major,  nom  de 
titre  ou  dignité,  .s'est  francisé  de  diverses  ma- 
nières :  au  nominatif  maire,  aux  cas  obliques 


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MÂJ 


—  317  — 


MAL 


major,  majeur,  maiour,  niayeur,  La  langue 
actuelle,  à  part  l'adj.  majeur ^  ne  connaît  phis 
que  le  major  et  le  maire.  L'expression  major- 
dame  est  tirée  tout  d'une  pièce  du  BL.  majar 
domus.  —  D.  mairie, 

MAIS,  it.  mai,  ma,  v.  asp.,  port,  mais,  n. 
csp.,  prov.  mas,  du  L.  magis.  La  signification 
primordiale  «  plus,  amplius  *•  est  encore  facile 
à  démêler  dans  les  locutions  «  ne  plus  jamais  » 
=  non  amplius,  désormais  =>  dès  mainte- 
nant en  avant  (cp.  dorénaoant),  n'en  pouvoir 
mais.  Dans  le  vieux  langage  et  dans  certains 
patois,  on  emploie  mais,  p.  plus,  devant  des 
noms  de  nombre  :  mais  de  cent,  p.  plus  de 
cent.  La  valeur  de  m^iis  comme  conjonction 
adversative  lui  vient  du  BL.  sed  magis  p. 
sed  potius  ;  au  lieu  de  sed  magis ^  on  a  fini  par 
dire  magis  tout  court.  —  L'ancienne  langue 
faisait  grand  usage  do  la  conjonction  mais 
que,  pourvu  que,  pour  peu  que.  —  Le  goth. 
inais,  =  plus,  plutôt,  auquel  correspond 
l'ail,  mer,  auj.  mehr,  n'est  pas  issu  de^nagis, 
comme  le  fr.  mais,  mais  il  appartient  à  la 
même  racine  indo-germanique  mag  d'où  pro- 
che le  mot  latin. 

HAIS,  de  mahis,  mot  haïtien. 

MAISON,  it.  magione,  prov.  et  v.  csp. 
maysoyi,  v.  port,  meyson  ;  formes  plus  com- 
plètes :  prov.,  esp. mansion,  it.  mansione,  vfr. 
mansion;  du  L.  mansionem  (manere),  séjour; 
cp.  demeure  ^q  demeurer.  —  D.  dim.  inaison- 
nette;  les  vieux  mots  maisonnée,  maisonner. 
De  maisonage,  mais*nage,  la  vieille  langue  a 
fait  ménage  (v.  c.  m.),  gouvernement  d'une 
maison,  économie  domestique,  aussi  =  mai- 
sonnée, ensemble  des  personnes  vivant  dans 
une  maison.  Un  type  latin  mansionata,  auquel 
répond  notre  maisonnée,  a  produit  par  con- 
traction les  formes  it.  masnada,  esp.  mesnada, 
menada,  prov.  mainada,  vfr.  maisnée,  mais- 
nie,  famille,  troupe,  bande.  —  Enfin,  c'est  à 
un  rejeton  de  mansionata  que  se  rattache 
aussi  le  nom  du  chien  dit  mâtin  (v.  c.  m.). 

MAITRE,  vfr.  maïstrc,  it.  maestro,  mastic, 
esp.  maestro,  maestre,  port,  mestre,  ail.  mm- 
ier,  néerl.  meestei',  angl.  master,  du  L.  ma- 
gister.  Le  mot  maître  est  traité  ac^ectivale- 
ment  avec  le  sens  de  principal  dans  mw'tre- 
aiUei,  maitrcsse-voùte,  etc.  —  D.  m-aitresse 
(le  L.  domina  avait  le  môme  sens  erotique 
que  notre  mot  français);  j/iai'/rwc (suffixe  wf; 
lanc.  langue  disait,  avec  le  suffixe  ie,  rnais- 
tric)  ;  maîtriser,  vfr.  tnaistrier. 

MAJESTÉ,  L.  majcstatcm.  —  D.  majes- 
tHf'.Hx,  dérivation  faite  comme  s'il  existait  un 
L.  majestus  de  la  quatrième  déclinaison;  cp. 
volujituetix,  de  volupté. 

MAJEUR,  L.  mqjoi'em.  Le  sens  juridiq4ie 
est  déduit  de  l'idée  aîné,  L.  major  natu.  — 
D.  majorité,  1.  état  de  celui  qui  est  majeur, 
2.  le  plus  grand  nombre  ;  majorât,  BL.  ma- 
joratus,  droit  d'aînesse;  verbe  majorer, 
augmenter. 

MAJOR,  titre  d'officier,  voy.  maire. 

MAJORDOME,  voy.  maire. 

MAJORER,  -ITÉ,  voy.  majeur. 


MAJUSCULE,  L.  majusculus^  un  peu  plus 
grand. 

1.  MAL,  adj.,  L.  màlurS.  L'adj.  mal  â  dis- 
paru de  la  langue  ;  il  n'en  reste  que  des  traces 
dans  quelques  combinaisons  traditionnelles, 
telles  que  malaise,  malgré  (v.  c.  m.),  maie- 
heure,  tiialebouc/ie ,  malencontre,  malen- 
gin, malfaçon,  malemort,  malefaim,  maie- 
peste,  etc.;  notez  encore  les  noms  de  famille 
Malherbe,   Malesherbes,  Malebranche,   etc. 

2.  MAL,  adv..  L.  maie.  En  composition,  où 
il  devient  mau  devant  consonne  (p.  c.  mau- 
gré),  il  exprime  souvent  tout  simplement  la 
négation  du  simple  ;  maladroit,  malade  (v.  c. 
m.),  malpropre,  etc. 

3.  MAL,  subst.,  L.  malum. 

MALADE,  vfr.  malabde,  it.  malato,  prov. 
malapte,  malaut  (résolution  commune  de  p 
en  h).  Cet  adjectif  avait  communément  été 
considéré  comme  représentant  la  combinaison 
latine  malc  aptus.  En  effet,  les  mots  fr. 
ifuiisposé  et  ail.  unpass ,  unpdsslich  (du 
verbe ^a:f5ô/i,  m.  s.  que  L.ap^a/'ô),  offrent  une 
métaphore  analogue.  Cependant,  le  typo  maie 
aptus  a  été  abandonné  (voy.  Cornu,  Rom.,  III, 
377  et  Rônsch,  Grober,  Ztschr.,  I.  419)  en 
faveur  de  maie  habitus  =  en  mauvais  état, 
mal  portant,  locution  constatée  déjà  dans  la 
bonne  latinité  et  qui  se  prête  parfiitoment 
pour  le  sens  et  la  lettre.  —  D.  maladie 
(Gacliet  a  recueilli  dans  son  Glossaire  un 
subst.  maladie  au  sens  figuré  d'embarras, 
position  critique)  ;  maladif;  maia'lrerie,  h(^pi- 
tal  de  lépreux,  p.  maladeric  (IV  parait  être 
l'effet  d'une  assimilation  à  ladrerie,  lèpre). 
MALADROIT,  voy.  adroit,  —  D.  mala- 
dresse. 
MALAISE,  voy.  aise. 

MALANDRE,  L.  malandrium.  —  D.  mal  an- 
dreux  (se  dit  du  bois  dans  lequel  il  y  a  des 
nœuds  pourris). 

MALANDRIN,  brigand,  vagabond,  it.  mnlan- 
drino;  d'après  Diez,p.  ynal  landrin;  or,  lan- 
dHn  est  un  dér.  du  mot  roman  lamlra, 
slandra,  coureuse,  cp.  n.  prov.  landrin,  lan- 
drai7^e,  fainéant,  truand  (à  C«'>m3,  slandron, 
m.  s.,  malandra,  meretrix),  prov.  vilandrier 
p.  vil-landrier,  vagabond.  Diez  rapproche  du 
mot  landra  le  vha.  lantdau,  litt.  qui  nuit  au 
pays,  brigand,  le  mha.  lenderen,  n\m.  schlen- 
der)i,  vagabonder;  il  cite  aussi  le  basque 
landerra',  étranger,  indigent.  —  Le  primitif 
tnalandre,  anc.  =  lèpre  allégué  par  Littré, 
n'est  pas  impossible.  G.  Paris  (Alexis,  p.  194) 
enseigne  que  les  mots  anc.  malan,  malnnd, 
malandre  s'appliquaient  aussi  à  malheur, 
misère  en  général.  Malandrin  .serait  alors 
simplement  -  misérable  ^  au  sens  moral. 

MALART,  pic.  maillard,  màlo  des  canes 
sauvages,  dér.  de  maie. 

MALAXER,  L.  malaxare  (gr.  ^alà»7îiv), 
amollir. 

MALE,  masle\  du  L.  masculus,  masclus, 
m.  s. 

MALÉDICTION,  L.  maledictio,  mot  latin 
transformé  régulièrement  dans  Tanc.  langue 


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MAL 


—  318  — 


MAN 


en  maleïçon  (cp.  vfr.  maleïr  «»  maudire,  de 
maledicefe). 

MALÉFICE,  L.  maïeficium.  —  D.  maléficié. 

MALÉFIQUE,  L.  maleficus. 

MALENCONTRE,  mauvaise  rencontre,  voy. 
encontre.  —  D.  malencontreux. 

MALFAIRE,  maufaire'lcp.  mé faire),  L.  ma- 
ie facere.  —  D.  malfaisant,  -ance;  malfaiteur ^ 
L.  malefactor. 

MALORÉ,  vfr.  mai.gré,  =»  mauvais  gré, 
déplaisir,  it.  malgradoy  prov.  malffrat.  Ce 
subst.  oomposé  ne  s'emploie  plus  que  comme 
locution  prépositionnelle:  malgré  moi  équi- 
vaut à  <•  avec  mal  gré  de  moi  »,  c.-À-d.  à  mon 
regret,  ou  en  dépit  de  moi.  La  suppression  de 
la  préposition  se  rencontre  encore  dans  force 
p.  à  force,  crainte  p.  par  crainte.  Quant  à 
l'absence  du  signe  génitivai,  elle  était,  comme 
on  sait,  conforme  au  génie  de  la  vieille 
langue;  cp.  hôtel-Dieu,  li  fils  Vempereour 
(Villehardouin)  ;  du  reste,  on  a  d'anciens 
exemples  de  construction  avec  de,  p.  ex.  dans 
les  Cent  Nouvelles  nouvelles  :  maulgré  d'elle. 
Au  lieu  du  génitif  du  pronom  personnel,  on 
trouve  aussi  le  pronom  possessif:  maugré 
vostre  p.  malgré  vous,  cp.  it.  m^  mio  grado, 
prov.  mal  vostre  grat.  La  phrase  malgré 
qu'il  en  ait  équivaut  à  **  quelque  déplaisir 
qu'il  en  ait  » .  Le  mot  ne  peut  donc  en  aucune 
manière  être  envisagé  ici  comme  conjonction. 

—  Voy.  aussi  maugré, 

MALHEUR,  voy.  h£ur.  —  Le  féminin 
malcheure,  dans  l'expression  populaire  à  la 
maleheure!  n'est  pas  le  même  mot,  mais 
représente  nuila  hora,  mauvaise  humour  (cp. 
un  mauvais  quart  d'heure). — D.  malheureux, 
vfr.  maleùré. 

MALEHEURE,  voy.  l'art,  préc. 

MALICE»  L.  malitia.  —  D.  malicieux, 
L.  malitiosus. 

MALIN,  anc.  maling,  fém.  maligne,  du  L. 
malignus.  —  D.  m^alignité,  L.  malignitas. 

MALINE,  grande  marée,  L.  malina  (Beda 
Venerabilis). 

MALINGRE,  p.  mal  heingre.  Cet  adj.  vfr. 
heingre  («  heingre  out  le  cors  e  graisle  », 
Chanson  de  Roland)  est,  d'après  Diez,  le 
L.  œger,  avec  n  intercalaire  (cp.  prov.  engal, 
vfr.  ingal,  de  œqualis,  bourg,  aincre  p.  acre. 

—  Boucherie  explique  inutilement  malingre 
par  un  type  lat.  malignulus*. 

MALITORNE,  maladroit,  voy.  maritorne. 

MALLE, anc.  maie,  esp.,  port.,  prov.,BL. 
mala  ;  soit  du  vha.  malaha,  maleha,  malha, 
mantica,  pera,  flam.  maal,  maale,  angl. 
mail,  ou  du  gaél.  maladh,  mâlah,  sac, 
gousse. —  D  mallette,  malletier,  mallier , 
composé  malle-poste. 

MATiTiÉARTiB^  L.  malleabilis  =  qu'on  peut 
étendre  à  coups  de  marteau,  de  malleare, 
frapper  avec  le  marteau  [malleus).  —  D.  mal- 
léabilitc. 

MALLÉOLE,  L.  malleolus,  dim.  de  mal- 
iens, mai'teau. 

MALMENER,  vfr.  maumener,  maltraiter, 
it.  malmenare,  prov.,  v.  cat.,  v.  esp.  malme- 
nar,  —  Voy.  mener. 


MALOTRU,  vfr.  malastru,  malestru,  wall. 
malastru,  prov.  malastruc,  v.  esp.  malas- 
trugo,  it.  (Dante)  malestrui;  dér.  de  aslrum; 
le  sens  premier  est  «  né  sous  un  astre  défavo- 
rable »  (on  dit  encore  dans  le  Midi,  dans  un 
sens  contraire,  henatru)  ;  de  là  se  produisent 
les  acceptions  malheureux,  mal  vêtu,  mal 
bâti.  —  Les  étymologies  maie  instructus 
(Ménage,  Littréj,  fnale  intrusus  (pour  ainsi 
dire  qui  s'introduit  mal  à  propos),  sont  inad- 
missibles. Ve  dans  l'anc.  forme  malestru, 
résulte  de  l'assourdissement  naturel  de  la  en 
syllabe  atone. 

MALT,  mot  germanique  :  angl.  malt,  ail. 
maljs,  ni.  molt,  moui.  —  D.  malter. 

MALTÔTE,  perception  d'impôt  illégale, 
exaction,  anc.  maie  tolte,  maletote.  ToUe  est 
le  subst.  participial  du  vfr.  tollir,  lever,  et 
signifie  levée  ou  perception  d'impôts.  --' 
D.  maliôtier. 

MALVEILLANT,  voy.  vouloir.  —  D.  mal- 
veillance. 

MALVERSER,  L.  nuile  versare  (fréq.  de 
vertere),  litt.  tourner  ou  employer  à,  mal.  — 
D.  malversation. 

MALVOISIE,  vin  fort  doux  ;  le  nom  lui 
vient  de  Napoli  di  Malvasia  (Monembasiej. 
ville  de  la  Morée,  près  d'Argos  *  plus  tard,  il 
s'est  appliqué  à  des  vins  de  même  qualité 
d'autre  provenance. 

MAMAN,  onomatopée  du  langage  des  en- 
fanta, qui  se  rencontre  partout;  on  trouve 
avec  le  même  sens  mamma  dans  Varron,  ap. 
Nonium. 

MAMELLE,  L.mamilla,  dim.  de  tnamma. 
—  D.  mamelon,  mamelu,  matnelière.  — 
Termes  savants  tirés  du  latin  :  mofnillaire, 
mamillê. 

MAMELUK,  mot  arabe,  signifiant  esclave 
(litt.  possédé),  nom  d'une  milice  du  Soudan 
d'Egypte,  recrutée  de  jeunes  esclaves. 

MAMIE,  p.  ni  amie,  ma  amie;  on  disait  de 
même  m'amx}ur,  p.  ma  amour  (le  sub^i. 
amour  était,  comme  on  sait,  autrefois  fémi- 
nin). 

MAMMIFÈRE,  litt.  »  porte -ruameUes 
(mamma). 

MAMMON,  mot  aramécn  signifiant  richesse 
et  employé  dans  le  Nouveau  Testament  comme 
personnification  des  richesses. 

MAMMOUTH,  d'origine  inconnue. 

MAN,  en  Normandie,  ver  blanc,  larve  du 
hanneton.  Du  vha.  modo  (auj.  mode),  goth. 
matha,  larve,  ver,  par  une  forme  BL.  modo, 
madonein,  d'où  fr.  *maon,  man  (cf.  flan  de 
fladonetn).  Joret,  Rom.,  IX,  120. 

MANANT,  prov.  manent,  esp.  man^îHte,  ha- 
bitant d'un  bourg,  puis  paysan,  ^%'  = 
rustre,  grossier.  Du  verbe  manoir,  demeurer. 
"  Manant  signifiait  dès  l'origine  simplement 
habitant,  demeurant.  Dieu  sait  depuis*  lors  ce 
que  la  langue  française,  sous  l'influence  d'une 
caste  orgueilleuse  et  vaine,  est  parvenue  à 
jeter  de  mépris  sur  les  manants.  c.-*--d.  les 
bourgeois  ou  habitants,  obligés  de  s^ourner 
dans  la  limite  seigneuriale  !  Voy.  ce  <iue  dit 


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MÂN 


—  319  — 


MAN 


Ducange  sur  les  niafuuits  et  habitants,  les 
levants  et  couchants,  levantes  et  cubantes.  Ce 
mot  est  encore  un  exemple  frappant  des  vicis- 
situdes philologiques.  Manant,  avant  d'être 
un  des  mots  les  plus  méprisants  de  notre  lan- 
gue, avait  désigné  au  moyen  âge  l'homme 
aisé,  l'homme  riche  qui  avait  un  manage, 
un  manoir,  une  rnanandie,  ou,  comme  on  l'a 
dit  plus  tard,  qui  avait  pignon  sur  rue.  »  (Oa- 
chet.) 

MANGENILLS,  de  Tesp.  rnanzenilla,  petite 
pomme,  dim.  de  nia%%zana,  pomme  ;L.malum 
Matianuyn).  —  D.  mancenillier, 

1.  MANCHB,  subst.  masc,  it.  mamco,  esp., 
port,  mango,  prov.  margue,  partie  d'un  in- 
strument qu'on  prend  à  la  main  pour  s'en 
servir;  du  BL.  nxanicum,  m.s.(Papias),  dér. 
de  manus,  —  D.  mancheron^  emmancher, 
démancher, 

2.  MANCHE,  subst.  fém.,  esp.,prov.  manga, 
it.  manica,  du  lat.  mantca  (manus),  m.  s.  -^ 
D.  manchon,  manchette. 

MANCHOT,  dérivé  du  vfr.  et  prov.  manc,  it., 
esp.  manco,  =  L.  mancus,  privé  d'un  mem- 
bre, estropié,  incomplet,  défectueux.  —  Au 
XVII*  siècle  on  employait  encore  l'adj.  majique 
au  sens  de  défectueux  ;  ainsi  «  un  manuscrit 
manque  de  plusieura  cayers  ». 

...  MANCIB,  dans  les  composés  chiroman- 
cie, etc.,  du  gr. /zaviTsia,  divination. 

MANDARIN,  mot  portugais  par  lequel  les 
Européens  désignent  les  fonctionnaires  publics 
en  Chine.  Les  uns  le  tirent  du  L.  mandare, 
confier,  ordonner,  d'autres  du  sanscrit  mari' 
trin.  Conseiller  (de  mantra,  conseil). 

MANDAT,  voy.  mander.  —  D.  mandate!'; 
mandataire,  chargé  d'un  mandat. 

MANDE,  panier  d'osier  à  deux  anses.  Voy. 
manne.  —  D.  mandrier,  mandreiHe{r  inter» 
colaire  comme  dans  maladrerie). 

MANDER,  L.  mandare,  litt.  =  mettre  en 
main,  donner  charge,  faire  savoir,  faire  appe- 
ler. —  D.  mandement  (vfr.  mant)  ;  mandat, 
L.  mandatum  ;  composés  demander,  comman- 
der, contre  mander. 

MANDIBULE,  L.  mandibula  (mandere), 
mâchoire.  —  D.  mandibulaire,  verbe  déman- 
tibuler (\.  c  m.). 

MANDILLS,  sorte  de  casaque  des  laquais  ; 
vfr.  mandil,-illot^,  -illon,  petit  manteau  ;  cp. 
BL.  matulela,  petite  nappe,  esp.,  port,  man- 
dit,  tablier,  couverture  de  cheval,  prov.  man- 
dit,  serviette,  arabe  mandil,  linge  à  essuyer  ; 
venant  tous  du  L.  mantele  (manus  tela),  man- 
tile,  mantilium,  serviette.  —  Dozy  admet 
pour  source  directe  de  mandille,  l'ar.  man- 
dil^  tiré  lui-même  du  bas-grec  /Aa/dyf>.i9y  = 
lat.   mantiîe, 

MANDOLINE,  voy.  le  mot  suivant 

MANDORE,  luth,  anc.  mandole  (d'où  le  dim. 
mandoline),  it.  mandola  D'après  Diez,  man- 
dora  ou  mandola  est  une  corruption  du  L. 
pandura,  pandurium,  gr.  nxviioûpTt,  qui  a 
donné  it.  pandura,  pandora,  ïv. pandore  puis 
aus.si  esp.  bandurria,  bandola. 

MANDRAGORE,  du  L.  mandragora,  grec 
fiH9ûf,u/6p7ti,  La  langue  populaire  avait  vulga* 


risé  ce  mot  savant  sous  la  forme  mande- 
gloire. 

MANDRIN,  terme  d'arts  et  métiers,  d'appli* 
cation  très  variée.  D'après  Bu gge  (Rom.,  III, 
154),  dn  L.  mamphur,  par  la  dérivation  man- 
furinum,  manf*rin,  man*rin.  Mamphur 
(dans  Festus^  signifie  l'arbre  d'un  tour,  signi- 
fication qui  convient  parfaitement  à  plusieurs 
des  acceptions  actuelles  du  mot  mandrin ^ 
Au  point  de  vue  de  la  lettre  (cp.  poudre  de 
poire  p.polv^re)  comme  du  sens,  l'étymologie 
de  Bugge  ne  laisse  rien  à  désirer. 

MANÈGE,  art  de  dompter  et  de  discipliner 
le  cheval,  de  l'it.  rnancggio,  subst.  verbal  do 
maneggiare,  manier,  gouverner,  dresser  un 
cheval.  L'it.  maneggio  a  de  plus  dégagé,  de 
son  sens  primordial  maniement,  le  sens  figuré 
de  manigance  (v.  c.  m.),  également  propre  au 
fr.  manège. 

MANES.  L.  mânes. 

MANETTE,  poignée,  dimin.  de  main  ;  cp. 
manette  et  menotte. 

MANOANÂSE,  appelé  anciennement  magné- 
sie noire;  de mo^anma, nasalisé ma>ï^anma, 
corruption  de  m^nesiai}).  L'ail. dit  mangan 
tout  court  et,  composé  avec  erz  (minerai), 
manganerz. 

MANGER,  prov.  mar\jar,  it.  mangiare,  du 
L.  manducare,  mand'care,  mâcher,  employé 
plus  tard  p.  manger  —  D.  niangeaille,  man- 
geoire, etc.;  cps.  démanger  (v.  c.  m.). 

MANGONNEAU  (p.  manganeau),  it.  man- 
ganello,  prov.  manganel,  dim  du  vfr.  man- 
gan, it.  mangano,  fronde,  qui  vient  du 
L.  manganiim,  m.  s.  ~  grec  /«à/yxvoi.,  eu- 
gin  en  général. 

MANICHORDIUM,  voy.  monocorde 

MANIE,  L.  mania,  gr.  ^xv/a.  —  D.  ma- 
niaque, L.  maniacus.  dérivé  fait  d'après  l'ana- 
logie de  dœmoniacus,  car  le  grec  ne  présente 
que  la  forme  /i^vt/ô;. 

MANIER,  anc.  manoier,  d'un  type  latin  ma-^ 
nicare  (de  manus;  cp.  en  ail  handhaben  et 
gr.  YtK^A^ii*),  d'où  it.  maneggiare  (voy.  ma- 
nège), esp.  mranear,  prov.  maneiar,  —  D. 
maniement,  inaniable. 

MANIÈRE,  BL.  fnaneria,  angl.  mcmner, 
habitude  d'être  ou  de  faire  ;  subst.  dérivé  de 
l'anc.  adj.  manier,  m  qui  a  la  main  faite  â 
qqch.,  habitué,  habile  **.  —  D.  maniéré. 

MANIFESTE,  L.  manifestus.  —  D.  mani- 
fester, -ation,  L.  inanifestare,  -atio. 

MANIGANGE,  manœuvre  artificieuse.  Ce 
mot  est  d'origine  douteuse,  du  moins  en  ce  qui 
concerne  le  primitif  immédiat,  car  il  serait 
difficile  de  ne  pas  le  rapporter  en  dernier  lieu 
à  un  radical  manus.  La  manigance  n'est  au 
fond  qu'un  tour  de  main.  11  se  rattache  évi- 
demment à  un  verbe  manicare,  mais  on  Se 
demande  si  ce  manicare  est  l'équivalent  du 
fr.  manier,  ou  si  c'est  un  dérivé  de  mantca  «• 
nuinche  Diez  est  du  dernier  avis  ;  il  rappelle 
que  les  manches  sont  l'instrument  essentiel 
des  prestidigitateui*s  pour  exécuter  leurs 
toui's  d'adresse,  et  cite  le  BL.  tnanicularc 
(ap.  Papiam)  -b  dolum  vel  strophas  excogi* 


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MAX 


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MAQ 


tare,  de  manicida,  dim.  de  manica.  Pour  ma 
part,  je  pense  que  le  manicare  =  fr.  maniai 
it.  uianeggiare^  suffit  pour  justifier  le  sens 
attaché  au  dérivé  manigance^  celui-ci  procé- 
dant direct,  d  une  forme  savante  maniguer)  on 
trouve  aussi  manigant,  artisan)  ;  on  n'a  qu*à 
se  rappeler  la  valeur  figurée  du  mot  it.  maneg- 
giOf  fr.  manège,  subst.  verbal,  issu  de  la  forme 
it.  maneggiare.  Ixi  mot  wallon  manike,  arti- 
fices, tours  d'adresse,  ainsi  que  l'anc.  fr.  ma- 
nicle,  m.  s.  (dict.  de  Trévoux),  représente  le 
subst.  verbal  du  dimin  maniculare,  C^.  aussi 
Tancienne  forme  maiiî^otter,  jouer  des  mains. 
D.  manigancer. 

MAHIÔUBTTB,  graine  de  paradis;  altéra- 
tion de  malagueiie,  esp.  mafagttela.  Ce  der- 
nier vient  du  nom  d'une  ville  d'Afrique  où 
Ton  faisait  le  commerce  de  cette  graine. 

MANIGUIÉRE,  filets  tondus  aboutissant  à 
des  mancli&s,  dér.  de  manica,  manche. 

1.  MANILLE,  it.  maniglia,  terme  du  jeu 
d'hombrc;  selon  Diez,  de  l'esp.  manilla,  bra- 
celet, it.  maniglia  =  L.  monilia.  Les  Espa- 
gnols, d'où  nous  vient  le  jeu  d'hombre,  se 
servant  p.  manille  du  terme  malilla,  il  serait 
peut-être  plus  rationnel  d'expliquer  notre  mot 
par  «  la  malicieuse  »  {rnaïiUo,  dim.  de  malo)\ 
les  Français  et  Italiens  auront  par  euphonie 
transformé  la  liquide  /  en  n. 

2.  MANILLE,  anneau,  bracelet,  autrefois 
surtout  anse  d'un  pot(Cotgrave  :  «  handle  of 
a  pot  w);  du  L.  mantcula  (manus) . 

MANIPULE,  L.  manipulus  (manus),  poi- 
gnée, faisceau,  puis  un  certain  nombre  de 
fantassins.  Du  latin  manipulus  les  chimistes 
ont  tiré  leur  terme  manipuler,  préparer  avec 
la  main.  —  En  BL.  on  trouve  le  subst.  wiam- 
pula,  signifiant  serviette  et  truelle. 

MANIPULER,  voy.  l'art,  préc. 

MANIQUE  ou  manicle,  espèce  de  gant,  du 
L.  mantcula,  petite  manche. 

MANIVEAU,  petit  panier  en  osier;  paraît 
être  un  dimin.  de  mait^ie ou  mande;  pour  la 
forme,  cp.  baliveau, 

MANIVELLE,  it.  manovello,  mot  hybride 
composé  du  L.  matins  et  du  vha.  wellan, 
tourner  (subst.  toella,  arbre,  essieu). 

1 .  MANNE,  nourriture  céleste,  suc  végétal, 
L.  manna  (hébreu  tnaji). 

2.  MANNE,  panier,  pour  ma>uîe  (forme  pi- 
carde), BL.  manda;  du  néerl.  mand,  mande, 
ags.  mond,  angl.  mannd.  —  D.  mannequin, 
m.  s.,  forme  dimimitive  faite  d'après  le  néerl. 
raandckcn,  sportula,  fiscella  (Kiliaen).  — 
L'étyniologie  gcrman.  parait  devoir  prévaloir 
sur  celle  tirée  du  celt.  men  (\oy.  banne). 

1 .  MANNEQUIN,  panier,  voy  manne  2. 

2*  MANNEQUIN,  figure  d'homme,  servant 
aux  peintres,  du  ncerl.  manneken^  petit 
homme  [man).  —  D.  ynannequiné,  t.  de  poin- 
ture, «  qui  sent  le  mannequin  «,  disposé  avec 
affectation. 

MANŒUVRE,  it.  manovra,  csp.  maniobi'a, 
BL.  ynauopcra,  subst.  verbal  (au  maso.,  c'est 
le  nom  de  l'ouvrier,  au  fém.,  le  nom  de  l'ac- 
tion); tiré  du  verbe  manœuvrer,  it.  mano- 
vrarc,  esp.  maniobrar  =  L.  manu  opcrari. 


travailler  avec  la  main.  —  D.  maïioutrier  et 
manœuvrier. 

MANOIR,  prov.  maner,  angl.  maiwr;  infi- 
nitif substantivé  de  l'anc.  verbe  manoir  = 
L.  manere,  demeurer,  qui  s'était  fi-ancisé 
aussi  sous  la  forme  nuiindre;  voyez  aussi  ma- 
nant. —  Peut-être  la  source  immédiate  est- 
elle  le  BL.  nianerium. 

MANOUVRIER.  voy.  manœuvre. 
MANQUER,  it.  mancare,  esp.  maiicar,  être 
en  défaut,  du  L.  mancus,  imparfait,  incom- 
plet. —  D.  manque,  manquement,   imman- 
quable  ^mot  du  xvii*  siècle). 

MANSARDE,  fenêtre  sur  un  toit  a  comble 
brisé,  puis  chambre  pratiquée  sous  un  comble 
brisé  ;  d'après  Jules  Hardouin  Mansard,  cé- 
lèbre architecte  à  Paris,  mort  en  1666. 

MANSUÉTUDE,  vfr.  nmnsuetume,  du  L. 
mansuetudo,  -inis. 

MANTE,  it.,  esp.,  prov.  manta^Bh.  man- 
tum.  Isidore  avait  émis  l'étymologie  absurde 
que  voici  :  mantum  Hispani  vocant  quod  ma- 
nus tegai  tan  tum.  Ije  mot  représente  le  pri- 
mitif inusité  du  L.  mantellum  :  de  ce  dernier  : 
it.  mantello,  ail.  mantel,  fr.  manteV,  man- 
teau; la  forme  fémin.  esp.  mantilla  a  donné 
le  fr.  mantille. 

MANTEAU,  voy.  niante.  —  D.  dira,  mante^ 
let;  de  manteau  an  sens  de  rempart (Froissart) 
vient  démanteler. 

MANTILLE,  voy.  mante. 
MANUEL,  qui  se  fait  à  la  main,  du  L.  ma- 
nualis.  Ane.  on  disait  argent  manuel  p.  ar- 
gent donné  en  main  ou  argent  comptant.  Isi- 
dore mentionne  déjà  uu  subst.  manualc  = 
livre  qu'on  doit  avoir  à  la  main,  d'où  le  subst. 
fr.  manuel;  cp.  le  gr.  iy/upici^j-j  de  ^^ip  main, 
et  l'ail,  handbuch.  —  D.  manuelle  (t.  d'arts 
et  métiers). 

MANUFACTURE,  mot  moderne,  tiré  de  L. 
manu  facere,  fabriquer  à  la  main(cp.  tnatiœu- 
vrer);  le  terme  a  survécu  à  l'invention  des 
machines,  qui  a  singulièrement  réduit  le  rùle 
des  mains.  —  D.  manufacturier,  verbe  ma- 
nufacturer. 

MANUSCRIT,  L.  manu  scHptus. 
MANUTENTION,    forme    plus  latine   que 
maintien,  de  manu  tenerc,  tenir  en  main,  ad- 
ministrer. 

MAPPE,  anc.  =  seiTiette,  torchon,  du  L. 
mappa,  serviette.  Mappe,  par  le  changement 
de  m  en  n,  est  devenu  iuippe  (v.  c.  m.).  ^ 
mappa  les  savants,  par  allusion  à  une  ser- 
viette pliée  en  deux  ou  à  une  nappe  étendue 
sur  la  table,  ont  cvéê  le  terme  mappa  miindù 
d'où  le  fr.  mappemonde. 

MAPPEMONDE,  voy.  l'art,  pi-éc. 
MAQUE,  MAQUER,  voy.  nuicque. 
1.  MAQUEREAU,  poisson,  moquer cV  [^o\\ 
néerl.  mahreel,  angl.  machercU,  cymr.  mi- 
crell).  Ce  vocable  est  d'habitude  tirédu  L.  ma- 
cula, Uiche,  à  cause  des  raies  que  ce  poisson 
porte  sur  le  dos;  maquereau  serait  ainsi  p. 
maclereau.  Je  préfère  ramener  macarellus 
(type  immédiat  de  maquercl)  à  maca  =  tache 
produite  par  le  fmissement  d'un  fruit.  Or,  je 
rattache  m<wa  et  son  dérivé  macula  au  verbe 


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MAQ 


—  321  — 


MÂR 


hypothétique  niacare,  dont  il  a  été  question 
sous  macquer.  La  tacke  est  envisagée  conme 
le  résultat  d'une  meurtrissure.  —  Notre  ma- 
nière de  voir  se  confirme  par  la  forme  champ. 
m{iquei  p .  maquereau . — Maquereau  s'appliq  ue 
aussi  À  des  taches  de  brûlure  aux  jambes.  — 
D'api'ès  Mahn»  le  maquereau  tire  son  nom  de 
maquereau  2,  parce  que,  selon  l'opinion  popu- 
laire, ce  poisson  |)oursuit  les  petits  poissons, 
pour  les  amener  à  leurs  mâles. 

2.  MAQUEREAU  (fém.  maquerelle),  entre- 
metteur. Du  néerl.  maker,  subst.  du  verbe 
maften  (=»  ail.  machen),  négocier,  trafiquer. 
Cp.  en  vha.  mahhari  de  mahhôn,  machinari, 
huormahhari,  entremetteur  de  prostituées. 
La  source  immédiate  du  mot  français  pour- 
rait bien  êtra  le  v.  fiam.  makelaer  (ail.  mâh- 
1er),  courtier,  entremetteur,  de  makelen, 
dérivé  de  mahen.  Cette  étymologie  est,  de 
toutes  celles  qui  ont  été  produites,  la  seule 
qui  soit  plausible.  Donat  ayant  énoncé  la 
phrase  «  leno  pallio  varii  coloris  utitur  »,  on 
avait  pensé  que  le  mot  fr.  venait,  comme  le 
préc,  de  macula.  Mais  comment,  observe 
Diez,  la  France  seule  aurait-elle  gardé  cette 
trace  d'un  usage  de  la  scène  comique  des 
Romains?  —  D'autres  ont  songé  au  verbe 
hébreu  mac?iar,  vendre,  ou  au  h.aquariolus, 
aide,  valet  de  mauvais  lieu  (ap.  TertuUien).  Le 
Duchat  y  voyait  même  une  corruption  de 
mercureati,  c.-ârd.  petit  mercure!  —  D.  ma- 
querellage. 

MAQUETTE,  t.  de  sculpteur,  de  l'it.  mac- 
chietta,  petite  tache,  première  ébauche,  dim. 
de  fhacchia  s=  L.  macula;  cp.  le  terme 
brouillon. 

MAQUIGNON,  anc.  maquUlofi,  a  la  même 
origine  que  maquereau;  c.-à-d.  néerl.  maken, 
faire,  trafiquer,  troquer.  Cp.  le  champ,  ma- 
que,  vente,  maquelard,  courtier,  maquignon. 
Le  L.  mangq,  m.  s.,  ne  peut  être  invoqué. 

MAQUILLER  (SE),  se  fai-der,  se  grimer,  pr. 
se  maculer.  Mon  étymologie  par  L.  maca,  pri- 
mitif de  macula,  tache,  a  été  taxée  par  Fôr- 
ster(Grôb.  Ztschr.,  III,  565)  d'archimalheu- 
reuse  et  de  contraire  aux  règles  les  plus 
élémentaires.  C'est  raide,  et  l'on  me  passera 
quelques  mots  de  justification.  J'avoue  que 
mon  article  est  mal  libellé,  mais  il  n'est  pas 
aussi  pitoyable  qu'on  se  complaît  à  le  pré- 
senter. Maquiller  se  présentait  à  moi  comme 
un  mot  de  façon  moderne  ou  savante,  échap- 
pant par  conséquent  aux  lois  de  formation 
rigoureuses  ;  je  le  ramenai  ainsi  à  un  thème 
savant  moque  =  esp.  maca  (meurtrissure, 
tache),  que  l'on  est  bien  en  droit  de  rappro- 
cher de  maca,  primitif  hypothétique  du  dimi- 
nutif lat.  macula.  A  la  rigueur,  maca  eût  fait 
maie  en  fr.,  mais  on  peut  admettre  une  forme 
lat.  macca  (cp.  vacca^  fr.  vaque  et  vache).  En 
tout  cas,  depuis  que  Fôrster  a  eu  la  bonne 
chance  de  rencontrer  une  forme  ancienne 
masquillie7\  dûment  constatée  (Clians.  d'An- 
tioche,IÏ,279,var.),je  nliésite  pas  à  assigner 
(avec  lui)  à  ce  verbe  la  môme  origine  qu'à  vfr. 
mascurer,  dont  je  parle  à  la  fin  de  l'art. 
masque. 


MARABOUT,  1 .  religieux  mahométan,  p«is 
2.  par  dénigrement,  homme  laid  ;  3.  par  assi- 
milation À  la  coupole  de  la  demeure  des  mara- 
bouts, cafetière  à  large  ventre  ;  4.  sorte  d'oi- 
seau, et  par  assimilation  au  plumage  de  cet 
oiseau,  sans  doute,  sorte  de  ruban.  L'appella- 
tion de  prêtre  vient  du  participe  arabe,  mara- 
bath,  lié  à  Dieu,  dévot. 

MARAICHER,  MARAIS,  voy.  mare, 
MARASME,  gr.  fiKox^/Aôi,  du  verbe  fixpzhti^ 

flétrir,  dessécher. 
MARASQUIN,  liqueur  faite  avec  la  marasca, 

petite  cerise  acide  ;  ce  dernier  mot  it.  est  p. 

amarasca,  et  vient  de  amarus^   amer;  on 

appelle  cette  cerise  en  it.  aussi  amarina, 

MARATRE,  du  BL.  matrastra  =  noverca, 
belle^mère.  Cp.  parâtre,  BL.  patraster. 

MARAUD,  homme  de  rien,  va-nu-pieds  ;  de 
là  marauder,  voler,  piller.  L'origine  de  ce 
mot  n'est  pas  encore  établie.  Passons  en 
revue  les  diverses  tentatives  faites  à  ce  siget, 
naturellement  sans  les  apprécier.  Le  Duchat 
rattache  maraud,  de  môme  que  maroufle,  à 
un  primitif  marre,  sorte  de  houe  ;  on  voulait, 
pense-t-il,  exprimer  par  ces  termes  le  rustre 
qui  n'est  bon  qu'à  manier  la  marre. — Ménage 
(suivi  par  Rônsch)  s'adressait  à  l'hébreu  ma- 
rud,  gueux,  exilé,  vagabond.  —  Mahn  se 
prononcerait  volontiers  pour  l'arabe  marada, 
maridun,  rebelle,  insolent,  si  le  mot  avait 
surgi  en  Espagne  (le  port,  maroto  est  tiré  du 
fr.).  Il  incline  donc  plutôt  pour  L.  moratcr, 
retardataire,  traînard  (en  parlant  des  sol- 
dats), étymologie  qui,  pour  le  sens,  concorde 
tout  à  feit  avec  le  fr.  maraudeur.  Le  mot 
latin  aurait,  par  le  peuple,  été  altéré  en  maro- 
tor,  —  L'opinion  du  Simplicisismus  (écrit 
célèbre  sur  la  guerre  de  Trente  ans),  d'après 
laquelle  le  mot  viendrait  d'un  comte  de  Mé' 
rode,  commandant  d'un  régiment  composé  de 
mauvais  drôles,  est  démentie  par  le  fait  que 
les  mots  maraud,  marauder,  maraudise  figu- 
rent déjà  dans  le  dictionnaire  de  Robert  Es- 
tien  ne  de  1549.  —  Diez  avait  successivement 
allégué  l'adj.  esp.  mcU-roto,  port,  maroio, 
litt.  =  mole  ruptus,  ruiné,  dépravé,  d'où 
vient  également  le  verbe  ma/ro<ar  (aussi  mar- 
lotar,  marrotar),  détruire,  dissiper  son  bien, 
puis  i'anc.  fr.  man-ir,  s'égarer.  —  Il  est  plus 
que  probable  que  marauder  s'appliquait 
d'abord  aux  déprédations  des  soldats  retarda- 
taires, aux  traînards  laissés  sur  la  route  et 
abandonnés  à  eux-mêmes  ;  il  faudrait  donc, 
si  l'étymologie  de  Mahn,  patronnée  plus  tard 
par  Diez,  n'était  pas  admise,  remonter  à  un 
mot  exprimant  fatigué,  rompu,  répondant  au 
sens  encore  attaché  à  Tall.  marode  (mot 
évidemment  tiré  des  langues  romanes),  ainsi 
qu'au  moi  marodi,  maladif  (dial.  doCoire),  et 
marô  (dial.  de  Côine).  —  D'après  Bugge, 
maraud  serait  =  'maraldus,  qui  serait,  lui, 
formé  de  ^malaldns  par  dissimilation,  comme 
mérancoUe  de  mélancolie.  Quant  à  malaldus, 
dérivé  de  malus,  il  est  analogue,  pour  la  for- 
mation, aux  acy.  courtaud,  richaud  et  scmbl. 
(Rom.,  m,   155). 

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MAR 


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MÂR 


MARAÏÏBSR»  voj.  maraud, —  D.  maraude 
(d'où  l'esp.  merode),  maraudeur,  -âge,  -aille. 

MARBRE,  angl.  marble,  it.  marmo,  prov. 
marme,  esp.  marmol,  port.  ma)'more,  du  L. 
marmor,  tnarmoris,  —  D.  marbrer,  mar- 
b^Her,  etc. 

1 .  MÂRG,  poids  et  monnaie,  de  Tall.  mark, 
pr.  signe,  puis  chose  marquée  d'un  signe, 
poids,  monnaie.  Cp.  le  moi  pinte. 

2.  MARC,  picard  merc,  résidu  des  fruits 
pressés,  d'après  Ménage  du  L.  amurca,  lie 
dliuile;  étym.  contraire. à  la  lettre;  Diez 
serait  plutôt  tenté  d'admettre  comme  source 
le  L.  emarcum,  mot  gaulois  employé  par 
Pline  et  Columelle  pour  une  espèce  de  vigne 
de  qualité  médiocre  ;  le  sons  foncier  serait 
alors  chose  de  rebut.  Pour  l'aphérèse  de  e 
initial,  cp.  mine  de  ?iemina.  —  On  pourrait 
aussi  rattacher  marc  à  l'ail,  mark,  chair  des 
fruits,  pulpe,  moelle,  angl.  marrow,  néerl. 
m,arg;  les  significations  ne  sont  pas  trop 
distantes  ;  mais  je  pense  être  plus  près  de  la 
vérité  en  faisant  dériver  marc  du  verbe  mar^ 
cher,  au  sens  de  fouler,  piétiner  (v.  c.  m.). 

MARCASSIN,  dim.  d'un  subst.  marcasse 
(inusité),  truie,  cochon,  dont  l'origine  est 
inconnue.  Y  aurait-il  communauté  radicale 
avec  le  vfr.  margoilloier,  rouler  dans  la 
boue,  .subst.  margouillis,  bourbier,  BL. 
marcasium^  bourbier,  notm.  margasse,  mare 
bourbeuse  ?  —  Chevallet  n'hésite  pas  à  remon* 
ter  au  tudesque  barc,  porc,  néerl.  barg.  Mais 
le  passage  de  b  initial  en  m  est  chose  trop 
insolite  dans  les  langues  romanes.  —  Je  ne 
puis  me  rallier  à  Roulin,  qui  (Littré,  suppl.) 
tire  marco^^m  du  ni.  melhswijn,  cochon  de 
lait.  La  lettre  s'y  oppose  trop  fortement.  Je 
maintiens  ma  conjecture  d'une  dérivation  de 
vfr.  marquais,  BL.  marcasium,  bourbier  ;  le 
gr.  '/pofi^li  et  lat.  scrofa  (truie)  sont  fondés  de 
même  sur  Tidée  de  fouiller  dans  les  bour- 
biers. 

MARCASSITE,  pyrite,  d'après  Sousa,  de 
l'arabe  markajsai,  m.  s.,  participe  du  verbe 
rakaza,  trouver  du  minerai. 

MARGHANDf  vfr.  nmrchedant,  marcheant, 
it.  mercadante,  part,  du  verbe  mercaiare, 
prov.  mercadar,  formes  fréquentatives  du 
L.  mercari.  On  a  du  reste  aussi  it.  mer- 
cante,  et  dans  la  vieille  langue  déjà  les 
formes  marchant,  marhand,  qui  se  rappor- 
tent directement  au  L.  mercari.  —  D.  mar- 
chander, marchandise  (dans  l'origine  = 
trafic,  commerce). 

1.  MARCHE,  action  de  marcher,  etc.,  voy. 
fiiarcher.  —  Cps.  marche-pied  =  marche 
pour  le  pied  ;  Meunier,  se  fondant  sur  l'it. 
nuirciapiede,  définit  le  terme  :  lieu  que  mar- 
cJic  le  pied. 

2.  MARCHE,  frontière,  BL.  marca,  it. 
marca,  vfr.  aussi  7;iarc (vocabulaire  d'Evreux, 
=a  confinium),  du  goth.  marka,  vha.  rnar' 
cha,  ags.  mear&i  nord,  mark,  mha.  mark, 
pr.  signe,  marque  (de  délimitation).  —  Do  l'it. 
marca  dérive,  par  le  type  marchensis.  Fit. 
tnarquese,  esp.  marques,  fr.  marquis. 

MARCHÉ,  L.  mci'catus,  trafic. 


MARCHER  (vfr.  aussi  tnarchir)  ;  les  mots 
it.  marciare,esp.  marchar,  ail.  marsclitren, 
sont  empruntés  du  français.  On  a  proposé 
entre  autres  comme  sources  de  ce  verbe  : 

1.  L.  mercari,  négocier,  trafiquer,  -d'où  se 
serait  dégagée  l'idée  de  va-et-vient  (cp.  le 
verbe  ail.  wandeln,  aller,  primitivemont  = 
tourner,  changer).  Sylvius,  partisan  de  cette 
étymologie,  dit  :  A  mercari  forte,  quia  «  Im- 
piger extrêmes  currit  mercator  ad  Indos  «  ; 

2.  un  subst.  nuirche  p.  marque,  au  sens  de 
vestige,  trace  du  pied.  Diez  rejette  ces  éty- 
mologies  par  dos  raisons  soit  logiques,  soit 
phonologiques.  Comme  le  verbe  marc)ier  est 
d'une  date  relativement  récente,  il  n'admet 
pas  non  plus  le  celt.  march,  ou  vha.  marah 
=s  cheval.  —  Chevallet  s'est  rendu  coupable 
d'une  insigne  bévue  en  faisant  venir  marcher 
de  l'ail,  marschiren  (il  écrit  et  prononce  même, 
seconde  méprise,  marchiren  pour  faire  venir 
le  mot  de  march,  cheval),  comme  si,  par  sa 
terminaison  déjà,  ce  verbe  ne  s'annonçait  pas 
comme  un  mot  étranger.  —  Je  ne  puis 
approuver  aucune  de  ces  tentatives  pour 
expliquer  lorigine  d'un  terme  aussi  usuel  que 
marche7\  Ce  verbe,  avant  de  signifier  «  met- 
tre le  pied  sur,  faire  des  pas  »,  signifiait  fou- 
ler, presser,  piétiner  ;  on  dit  encore  aujour- 
dliui  marcher  l'étofie,  la  ouate,  la  terre  ;  les 
briquetiers  marchent  l'argile  dans  le  m  mar- 
cheux  N,  et  l'ancienne  langue  abonde  en 
exemples  à  l'appui  de  cette  valeur  de  notre 
mot.  Or,  l'idée  de  piétiner,  fouler,  et  oello  de 
mettre  le  pied,  faire  des  pas,  se  touchent 
aussi  près  que  possible;  aussi  Tall.  treten 
signifie-t-il  à  la  fois  fouler  et  marcher  ;  il  en 
est  de  même  de  Tangl.  uxilk,  marcher,  qui, 
sous  la  forme  allemande  walhen,  veut  dire 
fouler  (le  drap,  etc.),  et  de  l'ail,  traben,  qui 
signifie  trotter  et  qui  est  à  la  fois  le  primitif 
de  trûber,  marc  (chose  pressurée).  Reste  à 
fixer  l'origine  de  marcher,  fouler.  Il  se  peut 
fort  bien  que  la  langue  latine  ait  déjà  pos- 
sédé dans  son  fonds  un  verbe  tnarcare,  frap- 
per, aplatir;  le  .subst.  7narcus,  le  frappeur, 
marteau  (dim.  marculus,  marcellus),  permet 
de  le  présumer.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  n'hésite 
pas  à  ranger  notre  mot  dans  la  même  famille 
que  L.  marcere,  marcescere,  être  flétri  (les 
idées  flétrir  et  fouler  ou  presser  sont  corréla- 
tives, à  preuve  le  mot  fr.  flétrir  lui-même,  et 
en  outre  l'ail.  u)elk,  fané,  de  walken,  rouler, 
cylindrer,  fouler).  D'après  ce  qui  précède,  on 
comprendra  que  je  considère  le  mot  marc, 
résidu  de  substances  pressurées,  comme  lo 
subst.  verbal  de  marcher;  j'ai  pour  moi  les 
équivalents  ail.  trester  (de  trete^ij,  tràber  (de 
t7'abeu)  =  néerl.  draf,  drabbe  (de  draven, 
drabben).  Le  subst.  verbal  de  marcher, 
mettre  le  pied,  a  la  forme  féminine;  c'est 
marche  1,  action  démarcher;  2.  degré  qui 
sert  à  monter  et  à  descendre.  Composés  : 
démarche;  mémarchure,  entorse  du  cheval, 
provenant  d'un  faux  pas.  —  J'ai  eu  la  satis- 
faction de  voir  mon  étymologie  de  marcher 
favorablement  accueillie  par  deux  autorités, 
Diez  et  Litiré.  Le  premier  a  renoncé  à  son 


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MAR 


—  323  — 


MAR 


ancienne  interprétation  par  «  aller  de  marche 
en  marche  •. 

MARCOTTl,  en  champ,  et  rouchi  plus  cor- 
rectement marffotte,  it.  marcotta;  du  L.  nier- 
ffus,  provin  (de  mergere^  plonger,  enfoncer). 
—  D.  marcotter, 

MARDI,  it.  matiedi,  marti,  du  L.  Martis 
dies;  les  mêmes  éléments  renversés,  aies 
Martis,  ont  donné  prov.  dimars,  ou  mars 
tout  court;  l'esp.  dit  martes. 

MARE,  amas  d'eau  dormante,  néerl.  maer, 
mcuir,  stagnum,  lacus,  palus;  du  L.  mare 
(BL.  aussi  fém.  mara),  qui  au  moyen  âge 
avait  pris  le  sens  do  «*  receptus  quarumvis 
aquarum  ••  (Isidorus  :  omnis  congregatio 
aquarum  sive  salsae  sint,  sive  dulces,  abusive 
maria  nuncupantur).  —  D.  vfr.  maresq;  de 
cette  dernière  forme  viennent  le  subst.  mare' 
coffe,  vfr.  mareschière  =  marais,  et  l'a^.  ou 
subst.  maraîcher,  jardinier  qui  cultive  des 
légumes  dans  les  marais  dont  Paris  est  envi- 
ronné. Maresq  répond  au  BL.  marescwtif 
mariscus,  v.  flam.  maerasch,  maersche, 
nieersch,  angl.  marsh,  ail.  marsch,  La  forme 
marais  (vfr.  aussi  marois)  peut  au  besoin 
venir  de  maresq,  mais  comme  il  existe  un 
it.  marese,  on  peut  aussi  lui  supposer  un  type 
latin  marensis. 

MARÉCAGE,  voy.  mare.  —  D.  maréca- 
geux. 

MARECHAL,  it.  mariscalco,  maniscalco, 
maliscalco,  esp.,  port,  mariscal,  prov.  ma- 
nescaic;  du  vha.  marah-scalc  =  vaiet  [scalc) 
qui  soigne  les  chevaux  (marah).  «  Cette  éty- 
mologie  s'explique  d'elle-même  pour  le  maré- 
chal ferrant  ou  le  vétérinaire;  quant  aux 
maréchaux,  officiers  do  divers  grades  dans 
Tarmée,  je  dois  faire  observer  que  le  mares- 
cal,  ou  BL.  tnarescaïcus,  ne  fut  d'abord  qu'un 
simple  domestique  de  la  maison  de  nos  pre- 
miers rois,  auquel  était  confié  le  soin  d'un 
certain  nombre  de  chevaux  ;  plus  tard,  il  fut 
chargé  de  ranger  la  cavalerie  en  bataille  sous 
les  ordres  du  connétable  [cornes  stabuli). 
Depuis,  l'office  de  maréchal  a  toujours  été  en 
augmentant  d'importance  jusqu'à  devenir  la 
première  charge  de  l'armée.  »  (Chevallet.)  — 
D.  maréchalat,  maréchalerie;  du  subst.  BL. 
marescalciata,  primitivement  =  troupe  sous 
les  ordres  d'un  maréchal^  vient  le  terme 
maréchaussée  (anc.  marechaussiée,  -ie). 
MARÉCHAUSSÉE»  voy.  l'art,  préc. 

MARÉE,  1.  flux  et  reflux;  2.  poisson  do 
mer  non  salé,  d'un  adj.  nuireus,  tiré  du 
L.  mare.  Dans  la  première  acception,  tou- 
tefois, le  mot  parait  être  plutôt  le  subst.  ver- 
bal du  vfr.  niaréer,  naviguer,  flotter  ;  cp.  l'it. 
mareggiare,  ondoyer,  voguer,  d'où  laareg- 
giata^  marée,  mareggio,  agitation  de  la  mer. 
MARELLE,  voy.  mérelle. 
MARFIL  (ont  dit  plus  .souvent  morfil),  dent 
d'éléphant,  direct,  de  l'esp.  tnarfil  (v.  cs}). 
al-mafiï),  port,  marfim  ;  l'explication  par  la 
combinaison  des  mots  arabes  nab,  dent,  et  fil 
éléphant,  ne  satisfait  pas  à  la  lettre.  Aussi 
Baist  propose-t-il  comme  l'origine  la  ' 
probable  nab-al-fil. 


MARCrAJAT,  galopin,  polisson;  d'origine 
inconnue  ;  tient  peut-être  à  margoule  men- 
tionné sous  marjolet. 

MARGE,  L.  margo,  -tnis.  —  D.  margelle, 
rebord  d'un  puits;  marger,  émarger;  mar- 
giner,  L.  marginare;  marginal,  L.  margi- 
nalis. 

MARGOT,  forme  populaire  du  prénom 
Marguerite;  nom  vulgaire  de  la  pie  (cp.  Jac- 
qiiot),  de  là  l'acception  «  bavarde  ».  — 
D.  margotter. 

MARGOUILLIS,  gâchis,  bourbier.  D  origine 
incertaine,  voy.  marcassin;  peut-être  le 
thème  tnarg  est-il  identique  avec  celui  du 
BL.  marcasium,  marais,  étang. 

MARGRAVE,  de  l'ail,  marh-graf,  comte 
qui  administrait  une  marche,  marquis.  — 
D.  margraviat. 

MARGUERITE,  vfr.  margerie,  1.  perle;  2. 
par  métaphore,  nom  d'une  fleur;  du  L.  mar- 
garita  (,uap/a/5fr*j«),  perle. 

MARGinLLIER,  vfr.  marreglier,  champ. 
mairlier,  du  BL.  mcUrnculaHus,  qui  tient  les 
registres  (matricula)  d'une  fabrique  d'église. 
—  D.  marguillerie,  vfr.  marlerie. 

MARI,  mariC,  prov,  marit,  it.  marito,  du 
L.  maritus  (mas.  maris).  —  D.  marital,  L. 
maritalis;  marier,  L.  mari  tare. 

MARIER,  voy.  tnari,  —  D.  mariage. 

MARIN,  L.  marinus  (mare).  —  D.  mari- 
nier; marine,  l.  science  de  la  mer,  2.  troupe 
de  mer  (anc.  le  mot  signifiait  généralement 
rivage)  ;  manner,  pr.  assaisonner  des  mets  à 
la  façon  des  marins,  les  ti*emper  dans  le  vinai- 
gre, dans  la  saumure. 

MARINE,  voy.  marin. 

MARINER,  voy.  marin.  —  D.  marinade. 

MARINGOUIN,  d'origine  inconnue. 

MARIONNETTE,  du  fr.  Marion  (Marie). 
nom  de  poupée  ;  dans  le  département  de  la 
Marne,  on  dit  aussi  mariole  pour  poupée. 

MARISQUE,  L.  marisca,  grosse  figue  et 
excroissance  de  chair  (cp.  fie). 

MARITAL,  voy.  mari, 

MARITIME,  L.  tnaritimus. 

MARITORNE,  servante  d'auberge  dans  Don 
Quichotte  ;  de  là  :  fille  homraasse,  laide,  mal- 
propre. Un  changement  de  liquide  a  donné 
malitorne,  =  grossièrement  maladroit  ;  cette 
modification  s'est  faite  sans  doute  sous  l'in- 
fluence de  •  maie  tornatus  »,  mal  tourné. 

MARIVAUDER,  imiter  le  style  de  Mari- 
vaux. 

MARJOLAINE,  v.  flam.  marghdajn^,  maio- 
leyne,  it.  majorana,  esp.  mayorana^  port. 
maiorana  et  mangerone,  ail.  mq;ora?î,  angl. 
marjoram,  vfr.  marone,  BL.  majoraca, 
majo7'aiui,  ^nagorana,  magerona;  dans  Dios- 
coride,  fixi^ovpxvTi»  Toutes  ces  formes  sont 
défigurées  du  L.  amaracus,  qui  a  la  même  si- 
gnification. 

MARJOLET,  petit  fat,  muguet  ;  selon  quel- 
ques-uns p.  mariolet,  do  mariole,  poui)éc; 
donc  pr.  =  ])etite  poupée.  Cette  étymologie 
est  peu  probable.  Mieux  vaudrait  déduire  le 
mot  de  marjolaitie  (op.  muguet).  Peut-être 
est-il  identique  aveclowall.  margoule,  homme 


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MAR 


—  324  — 


MAR 


de  rien,  valaqtic  marghioht^  fourbe,  coquin, 
cp.  rouchi  mariauïe,  homme  de  rien.  it.  ma- 
riiiolo^  niariolo,  fripon,  larron.  Grand^a- 
gnage  traite  au  long  cette  famille,  qu*il  rat- 
tache à  un  antique  primitif  mwff  exprimant 
en  premier  lieu  le  sens  de  mélange,  alliage, 
d'où  viennent  naturellement,  ensuite,  diffé- 
rentes dén(>minations  méprisantes. 

MARMAIÏiTill,  it.  marmaglia,  troupe  de 
marmots  (v.  c.  m.). 

MA&MSLâDI!,  esp.  mermelada,  du  port. 
marmelo^  coing  (esp.  par  transposition  mem- 
hrillo),  donc,  pr.  confiture  de  coing.  Quant  à 
mar^/te/Ofilvientdu  L.meîimeliim  ijiiUfiTiïoTt), 
litt.  pomme  de  miel. 

MARMITE,  it.  (dial.  lombard)  et  esp.  mar- 
mita,  de  l'it.  marmo,  marbre?  La  marmite 
était  peut-être  en  premier  lieu  un  pot  de  pierre, 
espèce  de  mortier,  et  les  marmites  de  métal 
auraient  conservé  le  nom  usuel  d'abord  pour 
la  chose.  C'est  l'étymologie  la  plus  natu- 
relle, et  encore  la  terminaison  m'embarrasse- 
t-elle  un  peu.  —  J'ajouterai  cependant  une 
autre  conjecture  :  fnarmita  se  voit  dans  le 
livre  «  Inquisitio  de  vita  et  moribus  B.  Joan* 
nis,  episcopi  Vicentini  »  avec  le  sens  de 
diaconus  ou  minister.  Cela  suggère  l'idée  que 
le  sens  de  marmite  était  d'abord  serviteur, 
valet,  au  fém.  servante;  de  là  viendraient  les 
dér.  marmiton  =  valeton,  et  marmiteux  = 
qui  a  l'air  pauvre  (voy.  l'art,  suiv.).  Le  nom 
aurait,  dans  la  suite,  été  appliqué  à  un  usten- 
sile de  cuisine,  comme  le  nom  de  raZ^f  se  donne 
pareillement  à  toutes  sortes  d'outils.  Je  citerai 
à  l'appui  de  cette  métaphore  le  rouchi  tnéquène, 
pr.  servante  (voy.  mesqitin)^  qui  signifie  le 
gros  chenet  placé  du  côté  opposé  à  la  poulie 
du  tourne-broche,  et  notre  mot  cuisinière  ne 
x'applique-t-il  pas  aussi  au  poêle  de  cuisine? 
Rest«  à  savoir  d'où  vient  ce  marmite  =  dia- 
conus. —  On  objecte  que  marmita,  dans  le 
passage  cité  est  une  leçon  douteuse  ;  il  faut 
donc  chercher  ailleurs.  Diez,  d'après  Frisch, 
voit  dans  marmite  ime  onomatopée,  tirée  du 
bouillonnement  {mannotter}  ;  Marina  le  rap- 
porte à  l'arabe  marmid,  lieu  où  on  cuit  la 
viande.  —  D.  marmiton  (it.  marmitone,  esp. 
ma7^miton), 

MARMITEUX,  mal  partagé  du  côt4^  de  la 
fortune  et  de  la  santé.  Autr.  cet  adj.,  comme 
le  simple  marmite,  signifiait  hypocrite,  pape- 
lard ;  il  se  peut  que  les  deux  sens  se  tiennent 
par  l'intermédiaire  de  l'idée  «  qui  se  donne  un 
air  faux  de  misérable  «*.  Littré  explique  mar- 
mite, hypocrite,  par  «faux  doux  »i,de  mar  ^ 
mal,  et  mite  (L.  mitis),  doux,  en  se  fondant 
sur  un  vers  du  Renard  (142)  :  Si  l'une  est 
chato,  l'autre  est  mite,  —  Diez  fait  découler 
le  sens  «  misérable  »  de  la  marmite  des  pau- 
vres. —  Je  n'insiste  pas  sur  ma  conjecture, 
émise  à  l'art,  préc,  puisque  le  marmita  »= 
serviteur  est  soupçonné  d'être  une  fausse  leçon. 
Voy.  aussi  marmot. 

MARMITON,  voy.  marmite. 

MARMONNER  =  marmotter  (?).  Littré  de- 
mande si  ce  n'est  pas  le  norm.  màner,  gein- 
dre, joint  à  la  particule  mar,  mal.   —  Cot-   | 


grave  a  marmotonner,  **  to  grumble,  mutter, 
or  murmure  ». 

MARMOT,  1.  singe,  2.  figure  grotesque. 
D'après  H.  Estienne,  du  gr.  /topp-i»,  masque, 
figure  de  femme  inspirant  la  terreur.  Cela 
est  peu  probable.  —  Pour  la  signification 
petit  garçon,  qui  est  probablement  indépen- 
dante de  marmot,  singe,  je  propose  pour  pri- 
mitif le  vfr.  merme,  petit  (qui  dérive  du  L.  mt- 
nimus  comme  vfr.  arme,  àme,  du  L.  anima). 
De  cet  acy.  viendraient  notre  marjnot,  it. 
marmocchio,  et  le  terme  collectif  martnaiUe, 
troupe  d'enfants,  it.  marmaglia,  gens  de  rien, 
canaille.  A  cet  adj.  merme  se  rapporte  aussi 
le  prov.  mermar,  diminuer,  décroître,  d'où 
subst.  mermansa,  mermaria,  décadence,  dé- 
périssement. On  pourrait  au  besoin  y  ratta- 
cher encore  le  vfr.  marmite,  nfr.  marmiteux 
(v.  c.  m.),  piteux,  minable.  Cp.  encore  dans 
le  dial.  de  Côme  et  de  Crémone  marmél, 
marmeîeen,  petit  doigt. 

MARMOTTE,  it.  marmoUa,  esp.  mamwta, 
rat  des  Alpes  ;  c'est  un  vocable  gâté,  par  assi- 
milation au  verbe  marmotter* ,  du  vha.  mure- 
monto,  murtnitnti,  suisse  murmet,  dial.  de 
Coire  murmont.  Le  même  dialecte  de  Coire 
dit  aussi  montanella,  d'où  Diez  conclut  avec 
raison  que  le  mot  murmont  représente  mus 
(gén.  mûris)  montanus,  qui  est  le  nom  scien- 
tifique donné  par  Bochart  à  la  marmotte.  Les 
Allemands  ayant  gâté  le  mot  en  murmcl- 
thicr,  les  Romans  ont  imité  ce  terme  et  en  ont 
fait  marmotte  (ail.  murmein  disant  la  même 
chose  que  fr.  martnotter). 

MARMOTTER,  vfr.  aussi  marmoitser;  prob. 
des  mots  onomatopées  analogues  au  L.  mur- 
murare,  ail.  murmein.  Grandgagnage  décom- 
pose martnouseren  mar  (yfv,  =  »ki/)-fwalL 
mùjjer,  fredonner  =  L.  mussare  (BL.  rou- 
sare),  bourdonner;  et  marmotter  en  mar  -f- 
motter  =  L.  muttire,  submissa  voco  loqui. 
Cela  est-il  aussi  vrai  qu'ingénieux?  Wacker- 
nagel  rattache  le  mot  à  la  mamwtte,  mais 
je  suis  d'avis  que  c'est  plutôt  notre  verbo 
qui  a  déterminé  le  nom  du  quadrupède  (voy. 
pi.  h.). 

MARMOUSET,  petite  figure  grotesque.  Peut- 
être  du  même  radical  que  marmot,  singe, 
dont  la  forme  bretonne  wwirmoitf  (empruntée, 
du  reste,  au  roman)  aurait  fourni  le  thème. 
Grandgagnage  est  d'avis  qu'on  pourrait  foire 
dériver  le  mot  du  wallon  marmouser  =  tour- 
menter, importuner,  dans  le  sens  verbal  : 
lutin,  petit  taquin;  mais  quant  à  ce  verbe 
marmouser,  l'auteur  du  dictionnaire  wallon 
ne  va  pas  au  delà  de  la  pui*e  conjecture 
(voy.  l'art,  préc).  —  Une  ancienne  ôtymo- 
logie,  et  c'est  la  plus  accréditée,  consiste  à 
expliquer  marmouset  par  marmouret  (on 
trouve  en  effet  vicus  tnartnoretorum  pour 
traduire  rue  des  Marmousets),  c.-à-d.  les  gro- 
tesques petites  figures  en  marbre  qui  ornent 
les  fontaines  et  par  lesquelles  l'eau  sort.  — 
Littré  (suppl.)  cite  le  BL.  marmoscti  (du 
XIII®  siècle)  appliqué  aux  écoliers  qui,  comme 
de  petites  figures  sculptées,  ne  font  pas  atten- 
tion à  ce  que  dit  le  professeur. 


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MÂR 


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MAR 


MARNS.  vfr.  et  dial.  marie,  merle,  angl. 
marie,  du  BL.  margila,  marg*la,  dérivé  de 
L.  marga,  m.  s.,  cité  par  Pline  comme  étant 
d'origine  gauloise.  Pour  /  devenu  n,  cp.  po- 
terne p.  posterle.  Dans  les  langues  germani- 
ques, margila  a  produit  vha.  mergil,  nha. 
ntergel,  v.  flam.  marghel,  —  D.  marneux, 
marner,  mamière, 

MAR0NA6S,  p.  marenage  (cp.  vfr.  chardo- 
ual  p.  chardettal,  cardinal  ;  maronier,  ma- 
rin, p.  marenier),  dérivé  de  vfr.  marrain, 
auj,  merrain  (v.  c.  m.). 

MARONNER,  t.  populaire  p.  murmurer. 
Le  mot  n'a  pas  d'histoire. 

MAROQUIN,  cuir  du  Maroc,  —  D.  maro- 
quiner, 

MAROTIQUE,  MAROTISME,  de  Ma^-ot  (Clé- 
ment), poète  célèbre  du  xvi*  siècle. 

MAROTTE,  tête  bizarre,  grotesque,  placée 
au  bout  d'un  bâton  entouré  de  grelots  ;  puis  le 
nom  du  bâton  même,  le  sceptre  de  la  folie  ; 
enfin  «=:  objet  d'une  passion  folle.  Selon  les 
uns  p.  mérotte,  petite  mère,  petite  poupée; 
suivant  d'autres,  p.  mariotte  de  marie  s»  pou- 
pée (cp.  marionnette  de  Marioti).  —  Dans  les 
Ardennes  marotte  équivaut  à  marionnette, 
poupée,  jouet  ;  c'est  de  ce  dernier  sens  qu'il 
faut  prob.  déduire  la  locution  «  chacun  a  sa 
marotte,»  etsembl.;  cp.  «  c'est  son  dada  ». 

1 .  MAROUFLE,  rustre,  fripon,  malhonnête. 
Serait-ce  le  wallon  mar/oM/'=  gourdin,  rondin, 
ûg.  homme  gros  et  court?  Ou  le  mot  vien- 
drait-il du  radical  marre,  it.  marra,  houe? 
Ou  est-ce  une  ti-ansformation  pQpulaire  de 
maraud  f 

2.  MAROUFLE,  colle  dont  on  se  sert  pour 
maroufler  des  tableaux;  étjmologie  incon- 
nue. 

MARQUE,  it.,  esp.,  port.,  prov.  marca,  de 
Tall.  mark,  signe,  borne.  Voy.  aussi  les  mots 
marc  et  marche,  —  D.  mar^w^ (ail.  merken), 
signaler,  indiquer  ;  fréquent,  marqueter. 

MARQUER,  voy.  marqxie.  —  Cps.  remar- 
quer, démarquer, 

MARQUETER,  fi-équentatif  de  marquer, 
jsynonyme  de  tacheter.  —  D.  marqueteur, 
marqueterie. 

MARQUETTE,  pain  de  cire  vierge;  selon 
Littré,  du  BL.  marca,  monnaie,  prix  de  ce 
pain. 

MARQUIS,  voy.  marche,  —  D.  marquise; 
d'après  Génin,  on  a  appelé  tnarq'uise  un  petit 
auvent  au-dessus  d'un  perron,  parce  qu'il 
protège  les  marches  ou  degrés  du  perron; 
c'est  peu  vraisemblable  ;  il  fallait  dire  plutôt, 
je  pense,  «  parce  qu'il  protège  les  marquises  «; 
marquisat. 

MARRAINE,  vfr.  marrine,  prov.  mairina, 
it.,  esp.  madrina,  du  BL.  matrina  (mater); 
cp.  pa)'rain  depatrinus. 

MARRE,  it.  marra,  houe  de  vigneron,  du 
L.  marra,  gr.  fià^pov.  —  D.  marrer, 

.MARRI,  participe  du  vieux  verbe  marrir, 
contrarier,  gêner,  fâcher,  faire  do  la  peine. 
Ce  verbe  représente  le  goth.  marzjan,  vha. 
marrjan,  ags.  mearrian,  impedire,  irritum 
facero. 


1.  MARRON,  châtaigne,  it.  maiTone.  Mura- 
tori  est  d'avis  que  ce  vocable  appartient  au 
fonds  latin  et  pourrait  être  identique  avec  le 
surnom  de  famille  vue  portait  le  poète  Virgi- 
lius  Maro.  Selon  d'autres,  le  mot  serait  gâté 
de  l'hébreu  armôn,  platanier,  que  l'on  tradui- 
sait autrefois  par  castanea.  —  Dans  Eustathe 
on  trouve  fikpoLov.  —  D.  marronnier, 

2.  MâRRON  (anc.  simarron),  nègre  fugitif, 
mutilation  de  l'esp.  cimarroii,  pr.  sauvage; 
se  dit  aussi  des  animaux  domestiques  qui  re- 
prennent le  chemin  des  bois.  —  C'est  de  ce 
marron-là  que  vient  aussi  marron  au  sens 
de  M  ouvrage  imprimé  clandestinement  »,  et 
courtier  marron  =  qui  exerce  sans  brevet. 
—  D,  marronnage, 

MARRUBE,  plante,  L.  marruhium. 

MARS,  nom  du  mois,  du  L.  martius  (de 
Mars,  dieu  de  la  guerre).  —  D.  marsage, 
blés  semés  en  mars. 

MARSAULT,  du  BL.  marsàlix,  litt.  saule 
mâle. 

MARSOUIN,  cétacé  du  genre  dauphin  ;  du 
vha.  meri-suin  (nha.  meerschioein),  litt.  co- 
chon de  mer. 

MARTEAU,  anc.  martel,  it.  martello,  esp. 
martillo,  du  BL.  martus,  primitif  du  L.  mar- 
tulus.  —  D.  martelet,  marteler, 

MARTEL,  anc.  forme  de  marteau,  restée 
dans  la  locution  avoir  martel  en  tête,  qui  se 
rattache  à  une  acception  métaphorique  du 
mot  :  tourment,  souci,  propre  aussi  à  l'it. 
martello,  Cp.  le  sens  figuré  de  marteler, 
tourmenter. 

MARTELER,  -ET,  voy.  marteau, 

MARTIAL,  L.  martialis  (Mars). 

MARTIN,  nom  propre,  appliqué  par  la  fan- 
taisie à  divers  animaux,  quadrupèdes  (âne, 
ours)  et  oiseaux  imartin  chasseur,  martin- 
pécheur  ;  diminutif  martinet,  espèce  d'hiron- 
delle). —  D'où  vient  le  vfr.  martin,  idée, 
projet,  dans  la  locution  «  chanter  ou  parler 
d*autre  martin  »,  encore  usuelle  dans  les  pro- 
vinces belges  ? 

MARTIN-BATON,  Delboulle  (Rom.,  IX, 
1 27)  pense  que  l'origine  du  dicton  est  dans  le 
roman  du  Renard  (v .  754),  où  le  prêtre  Mar- 
tin, après  avoir  pris  le  loup  dans  une  fosse, 
lui  tient  ce  langage  : 

Sire  Ysengrin,  or  vous  vouldrai 
Ce  que  je  tant  promis  vous  ai  : 
A  prendrai  vos.  à  reitba$ton 
Comment  prestve  Martin  a  nom. 

1 .  MARTINET,  hirondelle,  fig.  petit  chan- 
delier plat  à  queue  et  sans  patte;  voy.  pi.  h. 
sous  martin, 

2.  MARTINET,  gros  marteau  de  forge,  du 
même  radical  mart  qui  a  donné  marteau. 

3.  MARTINET,  fouet,  prob.  de  l'expression 
familière  martin-bàton;  sinon  du  radical  mar^ 
d'où  marteau. 

MARTINGALE,  espèce  de  cpurroie;  «  au 
XVI*'  siècle,  ce  mot  désignait  une  espèce  de 
chausses  portées  par  les  Martigaux,  habi- 
tants des  Martignes  en  Provence  n  (Ménage). 
Nous  donnons  cette  explication  sans  aucune 


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confiance,  d'autant  plus  que  notre  mot  a 
d'autres  acceptions  qui  n'en  sont  guère  justi- 
fiées. 

MARTRE,  aussi  marte,  esp.,  port,  marta, 
prov.  mai-t  ;  mot  très  répandu  dans  les  lan- 
gues genmaniques  :  ail.  mardet\  ni.  marier , 
angl.  marten.  Les  formes  it.  martora,  fr. 
martre,  paraissent  déterminées  par  le  BL. 
martalus  (r  p.  /;.  —  Le  mot  latin  martes 
(dans  Martial)  est  douteux  et  abandonné  par 
les  critiques,  qui  l'ont  remplacé  par  mêles. 

MÂRTTR,  vfr.  martre,  subst.  personnel,  du 
L.  martyr,  gr.  /làprvp,  témoin  ;  subst.  abstrait 
martyre,  du  L.  martyrium,  gr.  ftaprùpiov.  — 
D.  martyriser,  faire  soufirir  le  martyre; 
martyrologe,  BL.  martyrologium  =  fasti 
sanctorum. 
MARUM,  mot  latin,  gr.  /Aàoov. 
MAS,  dans  quelques  contrées  «»  maison  do 
campagne  (de  là  le  nom  de  famille  Dumas)  \ 
c'est  le  vfr.  ma*,  mes,  qui  vient  du  BL.  man- 
sus,  demeure  (de  manere;  cp.  manoir,  ma- 
sure et  maison). 

MASCARADE,  MASGARON,  voj.  masque. 
MASCULIN,  L.  masculinus,  dér.  de  mxLS- 
cuhts  =  fr.  m.asle*  mâle. 

MASQUE,  BL.  mascus,  larve.  La  forme  fé- 
minine masca  a  précédé  la  forme  masculine. 
Le  sens  primordial  de  masca  est  sorcière; 
Loi  des  Lombards  :  «  striga  (sorcière)  quod 
est  masca  yf.  En  Piémont  masca  signifie  encore 
une  sorcière.  Quant  à  l'origine  du  mot,  Grimm 
propose  L.  masticare,  la  sorcière  étant  envi- 
sagée comme  engloutissant  les  enfants,  cp.  le 
L.  manducus,  pr.  le  mangeur,  employé  p. 
épou vantail  (Plaute,  Rud.  2,  6, 51),  le  langue- 
docien roumeco  =  moine  bourru  et  épouvan- 
ta il  (du  L.  ruma,  gueule,  goufire),  le  roma- 
gnol  papon  =  glouton  et  épou  vantail.  D'au- 
tres, comme  Kiliacn,  attribuant  à  mascus  une 
provenance  germanique,  s'adressent  au  vha. 
masca,  filet,  nba.  masche,  et  citent  à  l'appui 
le  passage  de  Pline  XII,  14  :  persona  adjici- 
tur  c^piti  densusve  reUculus.  Diez  préfère 
l'une  ou  l'autre  de  ces  étymologies  à  celle  de 
Saumaise,  qui  proprosait  le  gr.  ^««a,  cité 
par  Hésycbe  comme  signifiant  1 .  /i«xfc)>î,  pio- 
che, houe,  2.  /3aïx«vfx,  médisance,  d'où 
^affy&via,  irpoSxffxàvta  =  res  turpicul»  et  de- 
formes  larvœ  quse  ad  avertendum  fascinum 
adhibebantur.  —  Les  formes  it.  maschera, 
esp.,  port,  mascara,  ne  sont  pas.  comme  il 
semble,  dérivées  de  masca,  mais,  d'après 
Diez,  dégagées  delà  forme  accessoire  mascra 
(r  intercalaire);  cp.  esp.  cascara,  àQcasco,  it. 
tartaruga,  do  tartuga.  C'est  à  ces  formes  que 
ressortissent  les  dérivés  mascarade,  it.  mas- 
cherata,  ctm^ascaron,  it  mascherone. — Il  nous 
reste  à  rapporter  l'opinion  de  Mahn,  d'après 
laquelle  masca  est  une  forme  écourtée  do  l'it. 
ma«c/icra,  par  assimilation  à  masca,  sorcière; 
or,  maschera  répond,  d'après  lui,  à  l'arabe 
maschara,  risée,  bouftbn.  Le  mot  se  serait 
appliqué  d'abord  au  polichinelle,  puis  à  son 
principal  caractère,  le  masque.  Dozy  appuie 
cette  manière  de  voir  de  nouvelles  preuves.  — 
D.  masquer.  —  Il  faut  détacher  du  mot  masque 


les  mots  suivants  :  port,  mascarra,  cat.  mas- 
cara, tache  noire  au  visage,  d'où  les  verbes 
mascarrar,  prov.  mascarar,  vfr.  m€ucarer, 
mascurer,  auj.  màchurer,  bourg,  macherer, 
barbouiller  de  noir;  ags.  màscre,  v.  flam. 
maschel,  mascher,  tache.  Ils  découlent,  par 
le  suffixe  arra,  du  vha.  masca,  dérivé  de 
mâsa,  tache. 

MASSACRE,  BL.  ma^^oortum.  Il  est  impos- 
sible d'admettre  que  ce  mot  soit  composé  du 
subst.  masse  =  masse  et  du  suffixe  a^re;  ce 
suffixe  n'existe  pas.  Diez  dérive  avec  plus  de 
vraisemblance  le  verbe  massacrer  (d'où  le 
subst.  verbal  massacre)  du  bas-allemand 
matsken,  ou  plutôt  des  formes  variées  présn- 
mables  matsekr.n,  matsekern,  tailler  en  piè- 
ces. Mahn  préfère  le  haut-allemand  metzgem, 
égorger  le  bétail,  en  invoquant  vfr.  masse- 
crier  ==  boucher.  —  Un  type  massaculare, 
(de  massa)  est  inadmissible  ;  j'admettrais  plus 
volontiers,  bien  que  je  ne  la  recommande  pas, 
lUie  dérivation  (avec  transposition)  du  BL. 
scramasaœus,  espèce  de  coutelas,  servant 
d'arme  de  guerre  ;  c'est  l'étymologie  qu'avait 
proposée  Caseneuve.  —  Quelle  que  soit  l'ori- 
gine de  ce  mot,  il  est  difficile  de  le  séparer  du 
thème  macecl  du  vfr.  maceclier,  -rier,  bou- 
cher, bourreau,  maceclerie,  -rerie,  boucherie, 
carnage.  L'élément  sacrer  a  tout  l'air  d'une 
assimilation  à  h.sojcrare. — Caix  (Studi,  etc., 
p.  201)  suppose  dans  massacrer  une  fusion  de 
deux  termes  *massare  (frapper)  -|-  sacrare 
(immoler).  Peu  probable. 

1 .  MASSE,  vfr.  aussi  mâche,  it.  massa, 
esp.,  port,  majfa,  prov.  massa,  maillet, masse 
d'armes,  bâton  muni  d'une  tête  en  argent, etc. , 
porté  en  cérémonie  ;  de  là  massier,  oflBcier 
qui  porte  la  masse,  et  massue,  pic.  machuque, 
gr.  mod.  /«arjoûxa,  valaque  m<iciuce,  v.  port. 
massuca,  massua.  La  forme  it.  masza  (cp. 
piazza  de  platea)  ne  permet  pas  de  douter, 
suivant  Diez,  que  ces  mots  ne  viennent  du 
L.  matea,  primitif  perdu  de  mateola,  instru- 
ment pour  enfoncer  en  terre  (Pline  et  Caton). 

2.  MASSE,  amas  de  parties  qui  font  corps 
ensemble,  du  L.  massa.  —  D,  massif,  a^j.  et 
subst.;  verbes  masser,  eta-masser^v.  c.  m.). 

MASSEPAIN,  anc.  marsepain,  de  l'it. 
marzapane,  esp.  mazapan,  ail.  marzipan, 
angl  marchpane.  On  ne  sait  que  faire  de  la 
première  partie  de  ce  composé;  les  uns  y 
voient  le  nom  de  l'inventeur,  d'autres  le 
L.  maza,  grec  fiitix,  pâte,  pain  d'orge.  Ou 
bien  le  mot  représente- t-il  massa  panis  ou 
panis  martiusf  Tout  cela  reste  probléma- 
tique. Mahn  incline  pour  maza. 

1 .  MASSER,  disposer  en  masse,  de  masse  2. 

2.  MASSER,  pétrir  les  chairs  ;  de  l'arabe 
mass,  manier,  palper,  origine  plus  probable 
que  celle  tirée  du  gr.  fiàttuv,  pétrir. 

MASSICOT,  protoxyde  de  plomb  ;  de 
masse  2,  parce  qu'on  l'obtient  par  petites 
masses. 

MASSIER,  voy.  masse  1. 

MASSIF,  voy.  masse  2. 

MASSUE,  voy.  masse  I. 


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MAT 


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MAT 


MASTIO,  li.  mastiche,  gr.  fActsrlxn-  — 
D.  mastiquer t  coller  avec  du  mastic. 

MASTICATION,  L.  masticatio,  du  verbe 
masticare^  mâcher,  d*où  vient  encore  masti- 
catoire ^  et  le  t.  de  maréclialerie  mxistigadour. 

MASTIQUER,  1.  forme  savante  de  mdchei^ 
(v.  c.  m.);  2.  voy.  mastic. 

MASTODONTE,  nom  créé  par  Cuvier  pour 
rendre  l'idée  des  dents  molaires  tuberculeuses 
ou  mamelonnées  de  ce  quadrupède  ;  de  fix^rô;, 
mamelle,  et  oSoûi,  èiàvroi,  dent. 

MASTOUCHB,  en  Belgique  =  capucine, 
cresson  indien,  graine  de  capucine  marinée, 
B=  it.  masturzo,  esp.  mastuerzo^  BL.  mas- 
tntzumy  du  L.  nasturtiiimt  cresson  à  larges 
feuilles. 

MASTURBER,  L.  masturhare,  p.  mastu- 
prare  (manus  -\-  stuprare). 

MASURE,  BL.  mansura  =  mansio,  mai- 
son ;  de  manere,  demeurer.  Le  mot  a  pris 
avec  le  temps  une  acception  péjorative. 

1 .  MAT,  au  jeu  d*écliecs,  it.  matto,  esp. 
mate;  abréviation  de  la  loc.  it.  scaccomatto, 
esp.  xaquimate,  fr.  échec  et  mat  ;  du  persan 
schach  mai  ==  le  roi  est  mort.  —  De  là  it. 
maxtare,  prov.  matar,  fr.  mater,  humilier, 
mortifier;  mots  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  le  BL.  matare,  tuer,  qui  est  le  L.  mac- 
tare.  —  C'est  de  mat  du  jeu  d'échecs  que 
découle  le  sens  «  humilié,  abattu,  triste  »», 
propre  à  l'adj.  mat  dans  la  langue  d'oïl. 

2.  MAT,  sans  éclat,  terne,  lourd;  mot 
r<fc2nt,  tiré  direct,  de  l'ail,  matt,  faible,  sans 
vigueur,  qui  lui-même  est  tiré  dès  le  XH®  siècle 
du  mot  roman  de  l'art,  préc.  —  D.  malir 
et  mater,  matite\  matoir. 

MAT,  wMwr,  prov.  mast^  port,  masto, 
mastro,  esp.  mastil;  du  vha.  mast,  nord. 
mastr,  ags.  mast,  m.  s.  —  D.  mâtereau, 
mater,  démâter,  mâture. 

MATADOR,  mot  espagnol  signifiant  le 
tueur,  appliqué  d'abord  au  principal  toréador, 
celui  qui  doit  combattre  le  taureau  à  pied  et 
le  tuer  ;  du  verbe  matar  =  L.  mactare,  tuer. 
Du  même  verbe  matar  vient  l'expression  m,a- 
tamoros,  fr.  m^amore,  litt.  sabreur  de 
maures,  terme  introduit  par  la  comédie  espa- 
gnole. 

MATAMORE,  faux  brave,  voy.  l'art,  préc. 

MATASSE,  dans  l'expr.  «  soie  en  matasse  », 
vfr.  madaisse;  du  L.  malaxa,  soie  brute,  gr. 
/xdcraÇa,   fiirv^a. 

MATASSIN,  de  l'esp.  mata/chin,  dont  je  ne 
connais  pas  l'étymologie. 

MATELAS,  anc.  materas,  it.  materasso, 
prov.  al-matrac,  esp.,  port.  aUmadraque, 
ail.  matratze,  angl.  mattress,  BL.  matera^ 
cium;  selon  Sousa  et  Dozy,  de  l'arabe  a/- 
matrah,  m.  s.,  dérivé  du  verbe  taraha,  jeter 
loin,  étendre  par  terre.  Diefenbach,  tout  en 
admettant  l'étymologie  arabe,  compare  cepen- 
dant le  cymr.  màth,  plat,  étendu,  d'où,  entre 
autres  dérivés,  mathrach,  action  d'étendre, 
de  mettre  plat.  —  D.  matelasser. 

MATELOT.  Ce  mot  ne  vient  pas,  à  coup  sûr, 
de  mât,  comme  le  pensait  Nicot,  suivi  par 


Jal.  Diez  le  tire  de  matta,  natte  ;  donc  pr. 
«  qui  couche  sur  des  nattes  ou  hamacs  ».  Le 
mot,  modifié  de  materot  (l'ail,  dit  matrose,  le 
néerl.  matroos^  cp.  aussi  matelas  p.  m,ateras), 
viendrait  donc  directement  du  L.  mattarius, 
qui  signifie  en  effet  «  qui  couche  sur  des 
nattes  » .  Cette  opinion  est  démentie  par  le  fait 
que  l'usage  de  faire  coucher  les  matelots  sur 
des  hamacs  ne  remonte  pas  au  delà  du  xvi«  siè- 
cle. L'étymologie  la  plus  digne  de  crédit  est, 
à  mon  avis,  celle  d'un  spécialiste  en  matière 
de  marine,  M.  Breiising  [Niederdeutsches 
Jahrbuch,  V,  10-12).  D'après  lui,  matenot, 
forme  première  constatée,  représente  un 
composé  pléonastique  néerlandais  maatge-^ 
noot,  dont  les  deux  éléments  signifient  associé, 
compagnon;  devenu  régulièrement,  par  la 
chute  du  préfixe  çhe,  m,atenoote,  d'où  le  mot 
français.  A  l'appui  du  sens  compagnon,  Breu- 
sing  cite  Tanc.  expression  taisseau-matelot, 
traduit  en  angl.  par  «  a  good  company  keeper  » , 
et  le  terme  de  mer  amateloter  l'équipage 
(mettre  les  matelots  deux  à  deux  pour  s'aider 
l'un  l'autre.  —  Bugge  (Rom.,  III,  155)  avait 
déjà  recommandé  pour  étym.  le  nord,  môtu  (ou 
matu)  -nautr,  répondant  à  mha.  mâz-ffenôze, 
commensal  ;  le  personnel  de  bord  se  formait 
en  plusieure  compagnies  de  table.  Breusing 
oppose  toutefois  à  cette  explication  par  matu- 
nautr  (en  angl.  mess-mate,  compagnon  de 
table),  deux  circonstances  :  c'est  que  si  tnate- 
lot  était  d'importation  noroise,  il  se  présente- 
rait dès  le  temps  des  Normands  ;  puis,  pour- 
quoi les  langues  Scandinaves  actuelles  ne 
l'auraient-elles  pas  conservé,  au  lieu  de  se 
servir  de  la  forme  néerl.  corrompue  matroos  f 
Notez  encore,  en  faveur  de  l'origine  maet,  que 
ce  mot  et  son  dérivé  maetken  sont  déjà  dans 
Kiliaen  avec  la  valeur  de  lat.  remex,  mate- 
lot. —  En  breton,  le  mot  se  dit  martôlod.  — 
D.  matelote,  mets  accommodé  à  la  manière 
des  matelots. 
MATER,  voy.  mat,  1  et  2. 

MATER.  MÂTEREAU,  voy.  mât. 

MATÉRIAUX,  du  type  L.  materialia  (dér. 
de  materia). 

MATÉRÊBL,  L.  materialis  (materia).  — 
D.  matérialiser,  -iste,  -isme. 

MATERNEL,  L.  matemalis  p.  maternus; 
maternité,  L.  maternitas. 

MATHÉMATIQUE,  gr.  fia^fAxrutéi,  adj.  de 
/Axdvi^ara,  les  mathématiques  (litt.  les  con- 
naissances), —  D.  mathématicien. 

MATIÈRE,  vfr.  matire,  L.  materia. 

MATIN,  it.  mattino,  prov.  mati,  du  L.  mn- 
tutinum  (s.  e.  tempus).  —  De  l'adv.  latin 
mane,  au  matin,  la  vieille  langue  avait  fait 
main,  que  nous  avons  encore  dans  demain, 
lendemain.  «  Tel  rit  au  main  qui  le  soir 
pleure  »,  ancien  proverbe.  —  D  matinée, 
matinal,  matineiix,  matines  (v.  c.  m.). 

MATIN,  it.  mastino,  prov.,  esp.  mastin, 
chien  domestique,  chien  de  garde;  dir.  do 
l'adj.  vfr.  mastin,  domestique.  Celui-ci  se 
rattache  au  BL.  masnaia,  famille,  ménage 
(voy.  sous  maison),   par  un  dérivé  ma^na- 


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MAT 


—  328  — 


MAU 


lima,  domesticus,  contracté  en  masiinns  ;  la 
chute  de  la  sjllabe  atone  na  ne  fait  pas  plus 
de  difficulté  que  celle  de  tu  dans  matiUinutn 
devenu  matin,  —  L'angl.,  à  Taide  du  suffixe 
ivus,  a  créé  la  forme  mtistiff.  —  Bracbet  tire 
masiin  d*un  type  fictif  mansatinus,  dérivé 
de  mansum^  maison  ;  mais  un  suffixe  cUinus 
n'existe  pas.  —  D.  màtiner;  pour  le  sens 
^^.  maltraiter  de  paroles,  cp.  ail.  hunsen, 
injurier,  de  hund,  chien. 

KATIHSS,  L.  matutinœ  (se.  precationcs). 

KATIB,  voy.  mat  2. 

KATOIS,  madré,  rusé  ;  adj.  dérivé  de  mate, 
lieu  à  Paris  où  s'assemblaient  les  gens  de 
mauvaise  vie.  Telle  est  l'étymologie  admise 
par  Littré;  voy.  d'autres  conjectures  dans 
Grandgagnage,  sous  mat.  —  D.  fnatoûerie, 
fourberie. 

KATOH,  lait  caillé  ou  réduit  en  grumeaux, 
de  l'ail,  matte,  m.  s.  —  Voy.  aussi  matton. 

KATOn,  vfr.  mitou.  On  fait  venir  milou  de 
mite  (encore  employé  dans  chattemite);  et 
mite  serait  une  onomatopée  analogue  à  it. 
micio,  micia,  mucia,  esp.  micha,  misa,  ail. 
miez,  mu2.  Notez  le  proverbe  du  Roman  du 
Renard  :  «  se  l'une  est  chate,  l'autre  est 
mite  *>.  —  Le  wallon  a,  pour  matou ^  la  forme 
marcou;  en  Lorraine,  on  dit  raoul.  On  peut 
inférer  de  là  que  comme  marcou  se  rapporte 
au  nom  d'homme  Marculphus,  et  raoul  à 
Reululphus,  matou  est  de  même  un  nom 
d'homme  (peut-être  Mathieu),  ou  du  moins, 
sous  l'infiuence  de  mitou  et  comme  celui- 
ci  lui-même,  mitou,  assimilé  à  un  nom 
d'homme.  —  Le  picard,  cependant,  dit  mar- 
lou,  qui  est  p.  maslou  (de  masle,  mâle). 
A  Yalenciennes,  on  se  sert  de  marou  (de  mas, 
maris),  mâle.  —  Matou  p.  mitou,  c'est-à- 
dire  a  p.  i  en  syllabe  protonique,  n'a  rien 
d'étrange  ;  cp.  vfr.  aronde  ==  lat.  hintndo. 
D'ailleurs,  les  mots  .synonymes  maroti,  mar- 
cou, marlou  peuvent  y  avoir  exercé  quelque 
influence. 

1 .  MATBAS,  vase  do  verre  à  col  long  et 
étroit,  vfr.  matheras,  matelas  ;  d'origine  in- 
connue; peujt-être  de  matras  2,  par  assimila- 
tion de  forme. 

2.  MAT&AS  (Palsgrave  a  matteras),  gros 
trait  d'arbalète,  prov.  matratz,  matrat,  dérivé 
du  L.  matara,  vocable  d'origine  gauloise.  — 
D.  matrasser,  écraser,  meurtrir,  assommer. 

MATRICE,  vfr.  marris,  du  L.  matricem 
(mater).  Par  extension,  on  a  nommé  matrices 
les  originaux  des  modèles,  des  poids  et 
mesures,  des  moules  de  fonte,  etc.  ;  cp.  en 
ail.  le  terme  analogue  mutter.  —  Le  latin 
donnait  kmatrix  aussi  le  sens  de  registre  ori- 
ginal, de  là  le  dim.  matricula,  fr.  matricule, 

MATRICIDE,  L.  matricida  et  matricidium 

MATRICULE,  voy.  matrice.  —  D.  matri- 
culaire,  immatriculer.  Voy.  aussi  mar- 
guillier. 

MATRIMONIAL,  L.  matrimonialis,  de  ma- 
trimonium^  mariage. 

MATRONE,  L.  matrona  (mater). 

MATTE,  matière  métallique  impure;  é 
Genève,  tas,  monceau  ;  d'après  Littré,  de  l'ail. 


mal/«, masse  compacte;  mais  le  mot  ail.  est-il 
bien  du  fonds  germanique! 

MATTON,  brique,  tourteau,  it.  maitone; 
vient  prob.,  comme  le  fr.  (dialectal)  maton, 
cat.  tnatô  =  fromage,  de  1  ail.  matz,  matte, 
lait  caillé.  L'enchaînement  :  lait  caillé  — 
fromage  —  brique,  n'a  rien  que  de  très  natu* 
rel.  Reste  à  savoir  si  le  mot  allemand  n'est 
pas  d'importation  romane  ;  Baist  (Ztschr ,  V, 
563)  est  d'avis  que  l'ail,  matz,  matie,  an  sens 
de  fromage  trempé,  ne  vient  pas  du  L.  mai- 
tus,  humecté  (Pétrone),  qui,  lui,  vient  de 
m€uiidus. 

MATURXR,  L.  maturarc,  doù  maturtftion^ 
-atif;  subst.  maturité,  L.  maturitas.  De  l'adj. 
L.  maturus,  d'où  fr.  mûr  (v.  c.  m.). 

MAU,  en  composition,  est  la  transforma- 
tion de  mal  devant  une  consonne.  Outre  les 
composés  recueillis  ci-après,  nous  citons 
encore  les  anciennes  expressions  :  maitpi" 
teux,  impitoyable,  maumener,  malmencrp 
mauhué,  mal  lavé,  mausage,  fou,  nusutalent, 
mauvais  dessein;  maitconseU,  mautnarié, 
maufé,  démon  =  malefactus  (cp.  it.  malfatto, 
napol.  bnttto  fatto,  m.  s.  que  vfr.  maufé\. 

MAUDIRE,  L.  maledicere.  Le  mot  latin 
s'était  reproduit  dans  la  vieille  langue,  par  la 
syncope  du  d  médial,  sous  la  forme  maleîr, 
analogue  à  benetr  (plus  tard  bénir)  de  bene- 
dicere.  Du  part,  mal'dictus  vient  fr.  maudit  ; 
du  subst.  maledictio,  1.  vfr.  malefçon,  aussi 
maudisson;  2.  nfi\  malédictimi. 

MAU6RÉ,  forme  ancienne  -de  maigre'.  — 
D.  maugréer,  épancher  brusquement  son 
mauvais  gré,  sa  mauvaise  humeur,  jurer, 
pester. 

MAURE,  noir,  gr.  /»xv/»o;,  foncé,  noir; 
voy.  aussi  more.  De  là  :  maurette,  fruit  de 
l'airelle,  maurin,  pigeon  noir. 

MAUSOLÉE,  L.  mausoleum  (de  Mausohts, 
roi  d'Halicamasse). 

MAUSSADE,  p.  mal  sade  =  L.  maie  sapi- 
dus  (cp.  insipide).  Voy.  sade  —  D.  maussa- 
derie. 

MAUVAIS,  vfr.  malvais,  prov.  malvais,  it. 
malvagU),  du  goth.  balvavesis  (adj.  présumé 
d'après  le  subst.  baloavesei,  méchanceté),  ou 
plutôt  dun  type  vlia.  balvasi,  méchant, 
transformé,  sous  l'influence  du  L.  malus,  en 
malvasi,  d'où  mauvais.  —  La  langue  des 
trouvères  présente  aussi  un  adj.  mais  =■ 
mauvais,  que  l'on  prend  (prob.  à  tort)  pour 
une  contraction  de  mauvais.  —  Pour  les  for- 
mes esp.  malvado,  prov.  malvattz,  m.  s.,  il 
faudra,  si  Tétymologie  ci-dessus  établie  (et 
dont  la  paternité  appartient  à  Diez,  je  pense) 
est  fondée,  leur  chercher  une  autre  origine. 
En  effet,  Diez  les  explique  comme  des  parti- 
cipes d'un  verbe  malvar,  rendre  mauvais,  et 
ce  dernier  comme  un  composé  de  mal-levar, 
mal  élever.  —  Bngge  (Rom.  IV,  362)  jette  une 
nouvelle  lumière  sur  l'histoire  de  la  forme 
mauvais.  Amenant  des  arguments  très  sérieux 
contre  l'étymologie  germanique,  il  expose 
comme  quoi  fnaux)ais,  it.  malvagio,  répond  à 
une  formation  malvatius  (cp.  palatium,  fr. 
palais,  it.  palagio),  tirée  de  'malvaJtus,  osp. 


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MÂZ 


—  329  — 


MIDC 


•  malvado,  méchant,  prov.  malvet^  vfr.  maJvé, 
Or,  ce  *tnalv€Uiis,  comme  l'a  fort  bien  établi 
Diez,  représente  maie  levains,  mal  élevé. 
Pour  la  forme  oxtensive  malvat-ius,  Biiggo 
rappelle  it.  a'ojo  =  criidius,  esp.  crasio  de 
a'ossiis,  prov.  nooi  de  novus,  —  D.  vfr.  mal- 
vestie',  maiœaiseté  =.  prov.  malvastat. 

1 .  MAUVS,  plante,  du  L.  fnalva. 

2.  MAUVS,  nom  donné  à  quelques  espèces 
de  mouettes,  vfr.  miaice,  pic.  rnavoe;  le 
même  mot  que  Tall.  môioe  =  vha.  mêh,  mlia. 
fnewe,  ags.  maeto,  angl.  moto,  meio,  ni. 
7neeiD.  —  D.  dim.  mouette. 

MAUVUSTTB,  dim.  moderne  de  maiivis. 

MAUVIS,  anc.  maltns,  wall.  rnâvi,  esp. 
malvii,  napol.  marrt>^o,  BL.  malvitius.  On 
a  proposé  une  origine  de  maltis  -{-  ^is  /^pour 
ainsi  dire  mcUitm  vitis,  le  fléau  de  la  vigne), 
cet  oiseau  étant  nuisible  aux  vignes  (c'est 
pourquoi  on  Tappelle  aussi  grive  de  ven- 
dange, en  ail.  voeingarts-vogel,  oiseau  de 
vigne).  Grandgagnage,  approuvé  par  Diez, 
allègue  le  breton  milfid,  milvid,  m.  s.  ;  en 
Comouaille,  melhuez  signifie  alouette.  Pour 
éclaircir  la  question,  il  est  bon  de  noter 
que  Jean  de  Garlande  donne  L.  maciscus 
(voy.  ma  Lexicogr.  lat.,  73),  qu'il  traduit  par 
mauûiart  —  D.  mauviette,  sorte  d'alouette; 
en  patois  rouchi,  on  a  le  mot  mauviar  pour 
merle. 

MAuviSQUE,  it.  malvamschio,  esp.  malva- 
visco,  du  L.  malva  ibiscum  (cS^txo;).  Les 
mêmes  mots  latins  retournés  ont  produit  BL. 
et  it.  bismdlva,  puis  le  fr.  guimauve  qui  est 
p.  vimauve  [h  primitif  adouci  en  î?,  puis  con- 
verti en  gu,  cp.  gui,  guêpe  de  lat.  viscus, 
vespa). 

MAXILLAIRl!,  du  L.  maxilla,  mâchoire. 

MAXIME,  du  L.  maxima,  s.  e.  sententia, 
proposition  majeure;  d'où  l'acception  «  pro- 
position générale,  principe  »  (cp.  gr.  rupUi 
oo^eec). 

MAXIMUM,  plur.  maœima,  du  L.  maxi- 
mum, le  plus  haut  point,  superlatif  de  mag- 
nus,  grand.  —  D.  maximer,  établir  le 
maximum. 

MATONNAISE,  t.  de  cuisine,  d'origine  in- 
connue; selon  quelques-uns,  il  faut  dire 
niahonnaise,  d'après  Mahon,  ville  prise  par 
Richelieu. 

MAZAGRAN,  breuvage  dont  l'usage  et  le 
nom  datent  de  la  défense  de  Mazagran  en 
Algérie. 

MAZETTE,  méchant  petit  cheval  ;  personne 
inhabile.  D'après  Frisch,  de  Tall  mats,  t.  d'in- 
jure, personne  stupide;  Littré  indique  ma- 
sette  =  fourmi  (Berry)  ;  le  nom  de  ce  petit 
insecte  pourrait  avoir  été  transféré  à  un  petit 
cheval.  Quant  à  mazette,  fourmi,  Littré  de- 
mande s'il  vient  de  l'ull.  ameise,  m.  s.  —  En 
présence  du  peu  de  crédit  qu'inspirent  les 
explications  données  jusqu'ici,  il  ne  faut  en 
négliger  aucune.  L'existence  de  l'it.  (dial.) 
mazeta  avec  le  sens  de  bâtonnet  (voy.  Mussa- 
fia,  Beitrag,  p.  78),  donc  un  dim.  de  mazza 
M  bâton  »,  a  suggéré  à  G.  Paris  l'idée  que  notre 
mazette  pourrait  êti*o  le  même  mot  dans  le 


sens  métaphorique  de  mulet.  On  sait  que  les 
sens  mulet  et  bâton  se  confondent  plus  d  une 
fois  (voy.  pi  h.  Fart,  bâton).  —  A  propos  de 
Tall.  mxUz,  faible,  inapte),  imbécile,  notez 
l'expr.  ein  matsicht  pferd  (equu-s  frigosus), 
qui  se  trouve  dans  Frisch. 

ME,  L.  më;  une  forme  secondaire  fr.  est 
moi  [c  long  latin  changé  selon  la  règle  en  oi 
fr.).  Moi  est  la  forme  accentuée,  me  la  forme 
atone  ou  sourde. 

MÉ,  préfixe,  voy.  mes, 

MEA-GULPA,  mots  latins  r==  par  ma  faute. 

MÉANDRE,  allusion  aux  sinuosités  du 
Méandre,  fleuve  de  l'ancienne  Phrygie. 

MÉAT,  L.  meeUus,  conduit. 

MÉGANIQUE,  gr.  /i7)yrvu6i,  adj.  de  fiviy^:Kv^„ 
machine.  —  D.  mécanicien,  mécanisme,  gr. 

fiviyjx'n'xuô;, 

MÉGSNE,  d'après  le  nom  de  Mœcenas, 
favori  d'Auguste  et  protecteur  d'Horace  et  de 
Virgile. 

luIGHANT,  vfr.  mes-cheant,  part,  prés  de 
mescheoir,  prov.  mescazer,  BL.  mescadere, 
litt.  =  tomber  à  mal.  mal  réussir  (cp.  esp. 
malcaïdo,  malheureux).  «  Un  honnête  philo- 
logue du  XVI"  siècle  (Ch.  Bouille),  parlant  de 
ce  mot,  a  écrit  les  lignes  suivantes  :  Meschant 
qua  voce  abutentes  Galli  virum  interdum 
inopcm,  interdum  iniquum,  dolosum  et  infc- 
licem  effantur.  Ce  brave  homme  s'est  dit,  avec 
le  proverbe  :  «  Pauvreté  n'est  pas  vice  »  et  il  a 
conclu  que  les  Français  faisaient  un  abus 
de  langage  en  donnant  tour  à  tour  au  mot 
meschant  (pr.  malheureux)  le  sens  de  mal- 
heureux et  celui  de  mauvais.  Il  aurait  pu  en 
dire  autant  do  Fit.  cattivo  (pr.  captif),  dont 
on  abuse  de  la  même  manière.  C'est  qu^indé- 
pendamment  de  la  logique  individuelle  du 
cœur  et  du  .sentiment,  il  y  en  a  une  autre  qui 
fait  croire  que  le  malheur  rend  mauvais, 
qu'il  aigrit  l'âme  et  la  rend  capable  d'actions 
criminelles.  Et  d'après  cette  loi  rigoureuse, 
tous  les  malheureux,  tous  les  déshérités  de 
la  fortune  sont  condamnés  presque  sans  ap- 
pel. On  dirait  de  ces  familles  de  l'antiquité 
que  le  destin  avait  maudites  et  dans  les- 
quelles se  perpétuait  éternellement  l'union  du 
crime  et  de  l'infortune.  »  Cette  nianière  de 
voir  de  feu  mon  ami  Gachet  est  peut-être  un 
peu  trop  sentimentale  :  la  valeur  étymologique 
de  meschant,  c.-à-d.  mal  tombé,  mal  venu, 
mal  réussi,  comporte  en  elle-même  tout  aussi 
bien  l'acception  morale  «*  méchant  »  (=»  qui 
est  tombé  dans  le  mal)  que  l'acception  «  mal- 
heureux n  (rsr  qui  cst  tombé  dans  le  malheur). 
—  D.  vfr.  meschéance,  malheur,  calamité, 
litt.  mauvaise  chance,  d'où  nfr.  méchanceté, 
dérivation  tout  à  fait  insolite  ;  c'est  comme  si 
on  se  permettait  de  forger  un  substantif  médi- 
sancfité. 

MÉGHE,  du  L.  myxus,  pr.  bec  de  la  lampe, 
lumignon.  L'it.  miccia,  esp.,  port.,  prov.  ms- 
cha,  sont  empruntés  au  français.  —  D.  mâcher 
(un  t-onneau). 

MÉGHEF,  anc.  meschef,  angl.  mischief, 
anc.  esp.  mescabo,  anc.  cat.  menyscab,  esp., 
port,  menoscabo,  prov.  mcscap.  C'est  le  subst. 


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MËD 


—  330 


MÊL 


verbal  du  vfr.  mescheoer,  ne  pas  réussir,  avoir 
mauvaise  chance,  opposé  de  a-chever^  venir  à 
chef,  à  bout  ;  il  ne  faut  pas  confondre  ce  verbe 
(==  prov.  mescabar,  esp.  menoscabar)  avec  le 
synonyme  mescheoir  (voir  méchant), 
MÉCOMPTE,  MÉGOMPTER,  voy.  compte. 

MÉCONNAÎTRE,  négatif  de  connaître;  cp. 
nW.  misshennen.  — D.  méconnaissant,  -ance, 
méconnaissable, 

MÉCONTENT,  voy.  content,  —  D.  mécon- 
tenter, 

MÉCRÉANT,  anc.  mes-créant,  part  prés,  de 
meS'Croire,  me'croire  =  ne  pas  croire. 

MÉDAILLE,  it  medaglia,  esp.  medal/a^ 
d'un  adj.  L.  métal leus,  fém.  -ea.  Médaille 
vient  direct,  de  l'italien;  Fane,  forme  fr. 
était  meaille,  d'où  maille  (v.  c.  m.).  Le  sens 
actuel  de  médaille  découle  du  sens  monnaie 
qu'avait  le  mot  dans  la  moyenne  latinité,  où 
medallia  signifiait  tantôt  une  obole,  tantôt 
une  pièce  d'or.  —  D.  médaillon ,  médaillier, 
médailliste. 

MÉDECIN,  L.  medicinus,  développement 
de  medicus  ;  le  fém.  medicina  a  donné  fr.  mé- 
decine =  1.  science  médicale,  2.  remède, 
surtout  remède  purgatif;  un  développement 
ultérieur  de  medicinus  est  medicinalis,  d'où 
fr.  médicinal,  —  Autres  dérivés  latins  et  fran- 
çais du  L  medicus  (rac.  mederi  =  guéiir)  : 
Medicalis,  fr.  médical;  verbe  medicari,  trai- 
ter, d'où  medicamentum,  fr.  médicament; 
medicatio,  fr.  médication, —  Le  lutin  medicus 
s'était  régulièrement  transmis  à  la  vieille 
langue  sous  la  forme  mege,  miege,  mige, 
puis,  par  apocope  de  la  terminaison,  meidc, 
mride,  d'où  mie  et  mire. 

MÉDECINE,  vfr.  mechine,  voy.  médecin, — 
D.  médecifver, 

MÉDIAIRE.  Le  mot  latin  médius  (=  qui  se 
trouve  au  milieu),  francisé  en  mi  (v.  c.  m.),  a 
poussé  les  dérivés  à  radical  latin  suivants: 
médiaire,  t.  de  botanique;  médial.  L.  media- 
lis;  médian,  L.  medianus  (type  du  mot  vul- 
gaire moye7i)  ;  médiat,  d'un  type  BL.  media- 
tus  =  mis  en  rapport  avec  qqch.  par  un  terme 
moyen;  médiateur,  BL.  mediator,  du  verbe 
mediare,  intervenir  dans  une  affaire  (cp.  vfr. 
moyenner),  d'où  aussi  médiation  ;  médiocre, 
L.  mediocris. 

MÉDIAN,  voy.  l'art,  préc. 

MÉDIANOCŒ.  repas  en  gras  après  minuit 
sonné;  mot  emprunté  à  l'esp.  et  venant  du  L. 
média  nox,  minuit. 

MÉDIASTIN,  t.  d'anatomie,  du  L.  mediasti- 
nus,  qui  se  tient  au  milieu. 

MÉDIAT,  voy.  médiaire,  —  D.  immédiat; 
verbe  médiatiser, 

MÉDIATEUR,  MÉDIATION,  voy.  médiaire, 

MÉDICAL,  -AMENT,  voy.  médecin. 

MÉDIOCRE,  L.  mediocris  (médius)  — 
D.  médiocrité,  L.  mediocritas. 

MÉDIRE,  =  mes  +  dire,  parler  en  mal.  — 
D.  médisant,  d'où  médisance. 

MÉDITER.  L.  meditari. 

MÉDITERRANÉ,  L.  mediterraneus,  qui  est 
au  milieu  des  terres. 


MÉDIUM,  mot  latin,  =  terme  moyen, 
moyen. 

MÉDONNER,  mal-donner  (les  cartes).  — 
Subst.  verbal  médonne. 

MEDULLAIRE,  L.  medullaris,  de  medulla 
=  fr.  moelle. 

MEETING,  mot  angl  ,  signifiant  rencontre, 
réunion.  —  D.  meeting uiste. 

MÉFAIRE,  =  mes  -\-  faire ,  mal  faire  ;  de  là 
subst.  méfait. 

MÉFIER,  =  mes + fi^f-  —  D .  méfiant,  -ance. 

MÉGARDE,  =  mes  -{-garde,  inattention. 

MÉGÈRE,  femme  méchante,  du  L.  Megcera^ 
nom  d'une  des  trois  Furies. 

MÉGIE,  subst.  verb.  de  mégir,  blanchir  les 
peaux.  Quant  à  l'origine  de  ce  mot  technique, 
on  a  proposé  tantôt  le  L.  mergere,  plonger 
dans  l'eau,  tantôt  l'angl.  meek,  doux,  ou  le 
néerl.  meuk,  amollissement.  Ce  dernier,  dit 
Diez,  pourrait  au  besoin  être  accepté,  à  la 
condition  d'admettre  dans  'm^ie  une  altéra- 
tion de  méguie,  ce  que  la  forme  picarde  me- 
guichier  =  mégisster  autorise  à  supposer. 
Littré  soupçonne  une  défiguration  de  l'équi- 
valent ail.  weissgerben  (litt.  tanner  en  blanc), 
mais  la  distance  de  forme  est  par  trop  grande. 

—  Le  subst.  mégis  signifiait  autrefois  une  com- 
position d'eau,  de  cendre  et  d'alun,  que  Ion 
employait  dans  la  mégisserie  ;  il  est  le  primi- 
tif immédiat  du  subst.  mégisster  et  du  verbe 
mégisser.  Les  formes  vfr.  mesgeyer,  mesgui- 
chier,  BL.  mesgegcus,mégis&iev,  et  le  mot  fr. 
mesquis,  basane  apprêtée  avec  du  redoul, 
indiquent  un  radical  mise,  mesc.  Tobler, 
incidemment  (Rom., II,  244),  explique  subst. 
megeïs,  d'où  megis,  par  le  type  medicaticium,, 
comme  étant  un  dérivé  de  vfr.  megier  = 
medicare  (soigner  médicalement).  Cela  est 
correct  et  sourit  beaucoup;  mais  comment 
se  rendre  compte  du  verbe  mégir,  d'où  notre 
subst.  mégie  f  Aurait-il  été  tiré  dii'ect.  du  vfr. 
megé  'médecin)  =  medicus  f  Et  qu'estrce  que 
le  médecin  a  à  voir  dans  la  mégisserie  ?  Peut- 
on  donner  ici  au  mot  la  valeur  de  chimiste,  et 
kmegis  celle  de  préparation  chimique? 

MÉGIS,  d'où  mégisser,  -ter,  -erie,  voy.  l'art, 
préc. 

MÉGUE,  petit  lait;  d'origine  inconnue.  On 
a  pensé  à  maigre  (la  partie  maigre  du  lait), 
puis  au  gaél.  m^og,  m,  s.  En  BL.,  on  trouve 
mesga,  en  vfr.  mesgue,  en  n.  prov.  mergue, 
en  pic.  mingle;  Kiliaen  cite  le  mot  meghe 
comme  allemand,  avec  le  sens  de  coagulum. 

—  Il  est  difficile  de  faire  intervenir  l'ail. 
milch,  ni.  melk,  lait. 

MEILLEUR,  de  l'anc.  lat.  meliôrem  (lac- 
cent  sur  o)  ;  le  nominatif  mélior  (l'accent  sur 
e)  a  donné  à  l'anc.  langue  la  forme  mieldre, 
mieudre, 

MÉLANCOLIE,  vfr.  mérencolie,  gr.  aslay- 
jfoXfa,  litt.  =  bile  noire.  —  D.  mélancolique, 
atrabilaire. 

MÉLANGE,  autr.  du  genre  féminin  ;  subst. 
de  mêler  (cp.  louange,  vidange).  —  D.  mé- 
langer. 

MÉLASSE,    sirop    de    sucre,    de    l'esp. 


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MËM 


—  331 


MÉN 


melaza,  qui  vient  du  L.  meUaneus  (de  meî, 
miel). 

HELER,  mesler,  it.  mischiare,  osp.,  port., 
prov.  mesclar,  duBL.  miscidare,  dim.  du  L. 
mtscere,  —  D.  mélange  (v.  c.  m.  i  ;  mêlée  (cp. 
ail.  handffemenge,  de  mengen,  mêler);  cps. 
pêle-mêle,  emmêler,  démêler. 

MÉLÈZE;  quelques-uns  prennent  ce  mot 
pour  un  dérivé  de  mel  (miel),  au  sens  de 
manne,  en  rapprochant  le  gr.  fttUx,  nom  du 
frêne  qui  donne  la  manne  commune.  Diez  y 
voit  la  combinaison  mel-lerce  (lerce  = 
L.  larix).  En  Languedoc,  on  dit  me/e  tout 
court. 

MÉLILOT,  aussi  mirlirot,  trèfle  jaune,  du 
L.  meliloton  (^s)a«rov).  De  là  aussi  flam. 
malloete  (Kiliaen). 

MÉLISSE,  appelée  aussi  piment  dos  mou- 
ches à  miel,  en  L.  melissophyllum  (gr. 
fiLÙi'X'sôfxjMù^,  plante  d'abeille),  du  gr.  n'ùiisit, 
abeille. 

MELLIFLU,  L.  mellifluus,  d'où  coule  le 
miel. 

MÉLODIE,  gr.  ^!)w«éa  [ai^oi.  phrase  ca- 
dencée, -|-  w5>j,  chant).  —  D.  mélodieux,  -ique, 
MÉLODRAME,  drame  avec  chant  (/liÀo;). 
MÉLOMANE,     qui     raffole    de    musique 
(/•afvit&7i,  être  fou,  et  /Aiio^,  chant).  —  D.  mé- 
lomanie. 

MELON,  it.  mellone,  esp.  melon,  du  L. 
melo,  'Onis,  m.  s.  (du  gr.  firilov), 

MÉLOPÉE,  gr.  fiiXoitoiUt  art  de  composer 
de  la  musique . 

MEMBRANE.  L.  memhrana,  pellicule  dont 
les  membres  sont  couverts.  —  D.  membra- 
neux. 

MEMBRE,  L.  membrum,  —  D.  membrti, 
membre,  membrure,  démembrer. 

MEME,  mesme*,  vfr.  meesme,  meïsme,  it. 
medesimo,  prov.  medesme,  esp.  meismo, 
m.ismo,  port,  mesmo.  Ce  mot  roman  repré- 
sente un  type  latin  metipsimus,  qui  est  encore 
assez  bien  conservé  dans  le  prov.  smetessme 
(Boëthius)  =  semetipsimus.  Cette  forme 
superlative  en  imus  est  développée  de  metipse, 
qui  se  trouve  romanisé  dans  le  prov.  medeps, 
metets,  medeis,  v.  port,  medes;  p.  ex.  permi 
meteis  =  L.  per  me  metipsum,  par  moi- 
même.  —  Il  faut  se  garder  de  confondre 
mesme,  meïsme,  avec  l'adv.  vfr.  maism^, 
orthographié  aussi  meisme,  mesme  (avec  le 
suffixe  ment  :  mesmement),  qui  signifie  sur- 
tout, particulièrement,  et  qui  vient  du  L. 
maxime. —  Le  subst.  mêmeté,  proposé  par  les 
journalistes  de  Trévoux  et  patronné  par  Vol- 
taire, n'a  pas  été  naturalisé.  On  ne  veut  pas 
démordre  du  terme  savant  identité. 
MÉMENTO,  mot  latin,  =  souviens-toi. 
MÉMOIRE.  L.  memon'a  —  Dans  le  sens 
de  «  écrit  destiné  à  recueillir  des  souve- 
nirs, etc.  »,  sens  qu'avait  déjà  le  mot  latin, 
le  subst.  fr.  mémoire  a  pris  le  genre  masculin. 
MÉMORABLE,  L.  memorabilis,  du  verbe 
memorare,  rappeler  à  la  mémoire,  dont  le 
participe  futur  passif  a  donné  le  mot  fr.  mé- 
morandum, pr.  chose  que  l'on  veut  rappeler 


à  la  mémoire,  puis  cahier  de  notes,  enfin 
aussi,  comme  mémoire,  =  écrit,  bref,  etc. 

—  Au  L.  metnorare  répondent  it.  membrare, 
prov.  membrar;  la  langue  actuelle  a  aban- 
donné le  correspondant  fr.  membrer;  cps. 
remembrer*,  angl.  remember  (d'où  le  vieux 
subst.  fr.  remembrance)  =  latin  rememorare. 

—  De  membrare,  etc.,  viennent  le  part.  it. 
membrado,  prov.  membrat  et  vfr.  membre  = 
prudent,  circonspect. 

MÉMORANDUM,  voy.  l'art,  préc. 
MÉMORIAL,   subst.,  L.  memorialis  (s.  e. 
libellus),  m.  s.  Le  sens  adjectival  du  mot  latin 
est  resté  au  terme  négatif  immémorial. 

MENAGE,  it.  minaccia,  esp.  a-menaza, 
prov.  menassa,  du  subst.  L.  minaciœ  (Plante), 
tiré  de  l'adj.  minax,  menaçant.  —  D.  mena- 
cer. 

MÉNAGE,  voy.  sous  maison.  —  Le  sens  pre- 
mier est  l'ensemble  des  personnes  vivant  sous 
un  même  toit,  étendu  à  l'ensemble  des  meu- 
bles, des  ustensiles  à  l'usage  d'une  famille  ;  de 
là  :  entretien  de  la  maison,  gouvernement 
domestique  (cp.  le  gr.  olxo-^ofiiv,  économie, 
m.  s.),  puis  aussi,  de  même  que  le  terme  éco- 
nomie, ^  manière  profitable  de  gouverner  la 
maison,  épargne.  Je  préfère  considérer  nU- 
nage,  dans  les  deux  dernières  acceptions, 
comme  subst.  verb.  de  ménager,  faire,  diriger 
le  ménage.  —  D.  ménager,  adj.  (cp.  ail. 
haushâlleiHsch,  m.  s.,  de  haushalten,  tenir 
maison;;  fém.  ménagère,  c^i  a  soin  du  mé- 
nage ;  ménager,  verbe,  user  d'économie,  épar- 
gner ;  conduire,  mener,  procurer,  pratiquer 
qqch.  avec  adresse  (d'où  le  cps  aménager)  \ 
ménagerie  (v.  c.  m.).  La  valeur  étymologique 
du  mot  reparait  sensiblement  às^semménager, 
déménager.  —  Il  faut  distinguer  ménage,  vfr. 
mesnage,  de  l'anc.  subst.  manage,  maison, 
habitation,  qui  procède  directement  du  verbe 
mranoir  «*  L.  manere,  demeurer. 

MÉNAGER,   verbe,    voy.   l'art,    préc.    — 
D.  ménagemeiit,  égard,  circonspection. 

MÉNAGERIE,  de  ménage;  pr.  lieu  bâti 
auprès  d'une  maison  de  campagne,  qui  ren- 
ferme tout  ce  qui  appartient  à  la  vie  et  aux 
commodités  champêtres,  et  particulièrement 
les  bâtiments  destinés  aux  animaux  doniesti- 
ques.  Le  mot  s'est  appliqué  dans  la  suite  à 
toute  réunion  d'animaux,  et  spécialement  à 
une  collection  d'animaux  rares  et  étrangers. 
MENDIER,  vfr.  mendeier,  du  L.  mendicare. 
—  D.  mendiant.  —  Du  L.  mendiais  (vfr. 
mendis),  primitif  de  mendicare,  vient  le  subst. 
L.  mendicitas,  fr.  mendicité. 
MENDOLE,  nom  de  poisson,  voy.  mène. 
MÈNE,  terme  d'ichthyologie,  L.  mosna,  gr. 
lt.%i'jyi,  fixi^li.  De  là,  d'après  Banquier  (Rom. 
VI,  266)  par  un  type  *mœnidula,  prov.  men- 
dole,  fr.  mendole. 

MENEAU,  t.  d'architecture,  anc.  maineau; 
ap.  Cotgrave  :  meneau,  transome  or  crosse- 
barre  of  a  window.  D'où  ?  De  meieneV,  dér. 
de  medianus,  moyen,  intermédiaire?  L'angl. 
a  mullion,  munnion  =  meneau  ;  ils  me  font 
reflet  d'être  gâtés  de  moielon,  moienon. 
MÉNEGHME,  personne  qui  ressemble  par- 


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MEN 


—  332  — 


MEN 


faitement  à  une  autre,  du  nom  propre  Mé- 
nechme,  personnage  d  une  comédie  de  Plante. 
L'usage  du  mot  dans  sa  signification  actuelle 
date  de  la  comédie  de  Regnard  intitulée  : 
Les  Ménechmes  ou  les  Jumeaux,  et  jouée 
en  1705. 

M£NEB,  it.  me^mré,  proT.  menar,  con- 
duire, faire  aller,  puis  diiiger,  mettre  en 
œuvre  ;  du  verbe  L.  minare,  employé  dans 
Apulée  pour  «  faire  marcher  des  bestiaux  de- 
vant soi,  en  leur  donnant  des  coups  de  fouet  ». 
Paulus  Diaconus  :  agere  modo  significat  ante 
se  pellere,  id  est  minore;,.,  agasones  :  equos 
agentes  id  est  minantes.  Quant  à  minare,  on 
le  suppose  identique  avec  minari,  menacer. 
La  signification  toute  spéciale  du  verbe  latin 
s*est,  dans  la  suite,  élargie  en  celle  de  ducere  ; 
«  minare,  dit  Papias,  ducere  de  loco  ad  lo- 
cum,  promovere  ».  Cette  étymologie  se  con- 
firme par  la  forme  vfr.  moiner,  qui  constate 
un  primitif  minare  (i  bref),  d'après  le  rap- 
port habituel  :  i  bref  latin  =  ot  fr.  (pirus- 
poire).  —  L'orthographe  ancienne  mainer 
repose  sur  un  feux  rapport  avec  main.  — 
D.  menéet  tneneur;  verbes  composés  :  ame- 
ner, ramener,  emmener,  se  démener,  pro- 
métier  (v.  c.  m.).  ^ 

MENSSTRIER*,  MÉNÉTRIER;  forme  con- 
currente de  Tanc.  mchtestrel  (angl.  jnitistreï). 
Celui-ci  représente  un  type  L.  ministeriàlis, 
serviteur,  de  minisierium,  service.  Ce  der- 
nier subst.  a  pris  dans  la  basse  latinité  le  sens 
général  de  ars  ;  c'est  le  primitif  de  notre  mot 
fr.  mesiier,  métier;  le  mot  ministeriàlis, 
ministralis,  est  ainsi  devenu  synonyme  de  ar- 
tjfex,  artisan  et  artiste.  L'acception  artiste 
s'est  plus  tard  particularisée  en  celle  de  musi- 
cien, joueur  d'instrument,  chanteur.  Aujour- 
d'hui, nous  nommons  par  dérision  ménétrier 
un  mauvais  joueur  de  violon.  —  Dans  un  arti- 
cle où  il  applique  rîgidement  les  théorèmes  de 
la  phonétique  française  à  notre  mot  ainsi 
qu'au  terme  grammatical />/MriW(Ztschr., IV, 
379-80),  Fôrster  nous  apprend  que  la  forme 
mei\estrier  est  restée  inconnue  au  vieux  fran- 
çais et  n  apparaît  pas  avant  le  xv*  siècle.  11 
s'est  substitué  à  fnenestrel  (seule  forme  an- 
cienne) par  permutation  de  suffixe,  comme 
'plurel,  la  vraie  fonne  franc,  de  L.  pluraîis, 
a  été  de  bonne  heure  supplanté  par  plurier, 
dont,  bien  tard,  les  savants,  tout  arbitraire- 
ment, ont  fait  pluriel  au  lieu  de  reprendre 
piurel. 

MÉNIL,  mesniV,  demeure,  habitation, 
ferme;  vieux  mot  conservé  dans  un  grand 
nombre  de  noms  de  localités,  comme  Blanc- 
ménil,  Ménilmontant  ;  il  représente  le  BL. 
mansionile,  voy.  maison. 

MSNIN,  gentilhomme  attaché  au  Dauphin; 
'de  Tesp.  mcnino.  enfant  de  qualité  placé 
comme  émule  auprès  des  jeunes  princes.  L'esp. 
menino,  port,  tninino,  petit  garçon,  est  de  la 
même  famille  que  le  n.  prov.  menig,  menit, 
petit,  nonn.  minet,  minette,  rouchi  minette, 
petite  fille,  et  vient,  selon  Diez,  de  l'adj. 
gaél.  min,  petit,  gentil  (congénère  sansdout« 
avec  le  min-or  des  Latins). 


1IÉHIH6B,  gr.  /t^wy^  membrane.  —  D.  mé- 
ningite. 

MÉHISQUS,  du  gr.  ftri^Uxoi,  croissant. 

HSNOH,  chèvre  dont  la  peau  fournit  lo 
maroquin;  it.  fTienno,  BL.  m.enonus ;  mot 
d'origine  inconnue. 

MENOTTE,  pr.  petite  main,  dimin.  de 
main,  cp.  it.  menelta,  —  D.  emmenotter, 

ME3ISE,  table  à  manger,  puis  revenu  d'une 
abbaye,  du  L.  mensa^iahle.  —  D.  metisaL 

MENS0H6E,  vfr.  aussi  mensogne,  it.  men- 
sogna^  prov.  menscntga,  mensonja.  Ce  mot, 
par  sa  terminaison,  embarrasse  les  étymolo- 
gistes.  Ce  qui  est  sûr,  c'est  que  les  étymolo- 
gies  tnentis  somnium  ou  mentUum  somniutn 
ne  sont  pas  soutenables.  L'opinion  de  Diez  est 
plus  raisonnable.  Il  pense  que  mensonge  re- 
présente le  L.  mentiiiônem  (encore  reconnais- 
sable  dans  le  prov.  mentisô),  que  l'on  aura, 
au  moyen  de  la  terminaison  onge,  assimilé  au 
nom  d'un  autre  vice  de  même  nature,  savoir  : 
calonge,  caJonja  =  L.  calumnia.  Notez 
encore  que  mensonge  était  autrefois  du  genre 
féminin.  — Selon  toute  apparence,  le  type  de 
mensonge  est  *mentionea.  Mussafia  (Beitrag, 
p.  74j  nous  a  révélé  d'autres  noms  abstraits 
form^  par  le  suffixe  oneus  et  qui  se  rencon- 
trent dans  les  dialectes  ital.  Outre  catironia 
(anc.  milan.),  »  perversité  »,  il  cite  ambriaco- 
gna,  ivresse  (piém.),  tisicogna,  phtisie  (piém.), 
marzimonia,  pourriture,  et  cressimonia^ 
croissance  (crém.);  enfin,  dans  le  Glossaire  du 
XV*  siècle  qu'il  traite,  lecrosonia,  lèpre.  On 
trouve  d'ailleurs  menzonca  dans  l'ancien  pié- 
montais  (voy.  Fôrster,  Ztschr.,!!!,  259). 

MENSTRUES,  du  L.  menstruus  (dérivé  de 
mensis,  mois). 

MENSUEL,  L.  mensualis  ^mensis). 

...MENT,  terminaison  adverbiale,  it.,  esp.« 
port,  mente,  prov.  men.  C'est  le  mot  latin 
mens,  esprit,  sens  (à  l'ablatif  mente),  dont  le 
sens  naturel  a  dégénéré  en  celui  de  modus, 
ratio.  Vadverhe  parfaitement  équivaut  donc 
litt.  au  L.perfecta  mente,  d'une  manière  par^ 
faite.  Ce  suffixe  étant  do  sa  nature  un  subst. 
fém.,  on  comprend  qu'il  se  joint  à  la  forme 
féminine  de  l'adj.;  mais  comme  les  a^j.  fr.« 
répondant  à  des  acy.  latins  à  genre  commun, 
n'avaient  autrefois  pas  de  forme  féminine,  on 
disait  hiaJment  (loiaument),  forment,  gram^ 
ment,  cruelment.  Des  traces  de  cet  usage 
nous  sont  restées  dans  les  formes  adverbiales 
prudemment,  méchamment,  etc. 

MENTAL,  L.  mentalis  (mens). 

MENTHE,  L.  mintha  (fih^a). 

MENTION,  L.  mentionem.  —  D.  mention- 
ner. 

MENTIR,  L.  mentiri.  —  D.  menteur,  mefi- 
tetne,  $nensonge(v.  c.  m.);  cps.  démentir. 

MENTON,  prov.  meniô,  augmentatif  du  L. 
mentum,  qui  a  donné  direct.  Tit.  mento, 

MENTOR,  du  nom  propre  Mentor,  guide 
et  conseiller  de  Télémaque. 

MENU,  du  L.  minutus,  petit,  mince,  de 
peu  de  valeur.  Comme  subst.,  menu  a  pris  le 
sens  de  détail,  dont  la  valeur  étymologique 
est  la  même.  —  D.  menuaiile,  menuet,  pr. 


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MER 


333  — 


MËR 


dimin.  de  menu  («  il  a  le  visage  menuet  et  le 
ventre  rondelet  »)  ;  la  danse  do  ce  nom  est 
appelée  ainsi  à  cause  de  ses  petits  pas.  —  Voy . 
aussi  menuiser. 

DŒKUET,  voy.  menu. 

MSNTJISSR,  couper  menu,  tailler,  it.  mi- 
nuzzare^  pix>v.  menuzar,  d'un  type  latin 
minutiare  (dér.  de  minutus,  fr.  menu),  — 
D.  menuise,  la  plus  petite  espèce  de  plomb  à 
giboyer;  menuisier,  ^v.  =  artisan  en  menues 
pièces  (cp.  le  mot  gr.  équivalent  Insroup/o;, 
menuisier),  ou  bien  =  celui  qui  coupe  (cp.  le 
terme  équivalent  tailieur,  appliqué  à  Tartisan 
en  étoffes). 

MENUISIER,  voy.  Tart.  préc.  —  D.  me^iut- 
serie, 

Mmu-VAIR,  petit-gris,  de  menu  et  vair, 

MÉPHITIQUE,  infect,  fétide,  L.  mephiticus, 
de  mephitist  exhalaison  pestilentielle  de  la 
terre.  —  D.  méphitismc. 

MÉPLAT,  t.  d'arts,  pas  tout  à  fait  plat,  =  mes 
{particule  négative  ou  péjorative)  4"  p^o^» 

MÉPRENDRE  (SE),  »  mes-prendre,  mal 
prendre.  —  D.  méprise. 

MÉPRISER  as  mes-priser,  esp.  menospre- 
ciar,  prov.  menesprezar    estimer  à  vil  prix. 

—  D.  subst.  verbal  mépris,  esp.  menospre- 
cio;  adj.  méprisable. 

MER,  L.  mare. 

MERCANTILE,  de  Fit.  mercantile,  dér.  de 
mercante,  marchand. 

MERCENAIRE,  L.  mercenarius,  stipendié 
(plutôt  mercennariits  p.  mercedinarius,  de 
fnercedem,  salaire). 

MERCERIE,  voy.  mercier. 

MERCI,  vfr.  mercit,  it.  mercè,  esp.  merced, 
port.,  prov.  niercé,  grâce,  miséricorde,  par- 
don. Du  L.  merces,  mercedis,  salaire,  récom- 
pense. Le  sens  originel  «  don  rémunérateur  n 
s'est  modifié  au  moyen  âge  en  celui  de  don 
gratuit,  offei*t  par  sympathie,  commisération 
ou  reconnaissance,  d'où  s'est  dégagé  celui  de 
miséricorde,  ainsi  que  celui  de  simple  recon- 
naissance. —  D.  vfr.  mc^yner,  1.  crier  merci, 
supplier;  2.  recevoir  à  merci,  faire  grâce; 
3.  remercier  (de  là  le  subst.  verbal  me7'ci  = 
remerciement;  ;  nfr.  remercier,  rendre  grâces. 

—  Il  est  bon  de  noter  que  l'expression  Dieu 
merci,  d  après  les  analogies  que  présente  l'an- 
cienne langue  (tH>stre  merci,  le  merci  Dieu), 
ne  signifie  pas  «  grâce  à  Dieu  » ,  mais  «  par 
la  grâce  de  Dieu  ». 

MERCIER,  verbe;  voy.  lart.  préc. 

MERCIER,  subst.  BL.  mercerius,  de  merx, 
mercis,  marchandise.  —  D.  mercerie. 

MERCREDI,  it.  mercoledi,  viercordi,  prov. 
(avec  renversement  des  deux  éléments  consti- 
tutifs) dimercres\  du  L.  Mercurii  dies.  Sans 
dies,  l'esp.  a  fait  miercoles,  le  prov.  aussi 
mercre^. 

MERCURE,  nom  donné  par  les  chimistes  au 
vif-argent,  soit  parce  qu'ils  reconnaissaient  la 
planète  Mercure  pour  son  générateur,  ou 
parce  qu'étant  d'une  susceptibilité  extrême,  il 
a  quelque  rapport  avec  l'agilité  du  dieu  Mer- 
cure, que  les  poètes  représentent  avec  des 
ailes  au  talon.  —  D.  mercuriel. 


1.  MERCURIALE,  plante,  L.  mercurialis 
s.  e.  herba. 

2.  MERCURIALE,  d'abord  assemblée  du 
parlement  de  Paris,  puis  harangue  du  prési- 
dent tenue  à  cette  assemblée  (fig.  on  appelle 
aujourd'hui  mercuriale  une  réprimande 
quelconque,  par  allusion  au  caractère  de 
ces  discours  du  président  du  Parlement  de 
Paris);  l'assemblée  fut  ainsi  nommée  parce 
que  ces  assemblées  se  tenaient  le  mercredi 
(jour  de  Mercure). 

3.  MERCURIALE,  registre  où  sont  inscrits 
les  prix  des  grains  et  denrées  aux  marchés  pu- 
blics, de  Mercure,  comme  personnification 
du  commerce  (?). 

MERDE,  L.  merda.  —  D.  merdcux,  mer- 
daille. 

MÈRE,  it.,  esp.,  port,  madré,  prov.  maire, 
du  L.  mater,  matris.  —  Mère  se  prend  par- 
fois adjectivement  et  entre  dans  la  composi- 
tion de  plusieurs  mots  pour  marquer  l'excel- 
lence, comme  dans  mère-goutte,  le  premier 
jus  qui  sort  du  raisin,  mèro-laine,  mère- 
perle,  etc.  Mais  dans  ces  applications,  mère 
vient  de  l'adj.  L.  merus;  on  trouve  tnera 
guUa,  goutte  pure,  dans  un  document  du 
xin"  siècle. 

MÉREAU,  petite  pièce  de  métal  servant  de 
jeton  à  différents  usages,  BL.  mcrelhts.  Voy. 
l'art,  suivant. 

MÉRELLE  ou  MARELLE,  jeu  d'enfants 
(Kiliaen  :  marel-spéf).  Ce  jeu  consiste  en  une 
échelle  tracée  sur  le  pavé,  dans  laquelle  on 
saute  à  cloche-pied,  en  poussant  avec  le  bout 
du  pied  une  espèce  de  palet.  Le  même  nom 
est  donné  au  jeu  appelé  en  allemand  mfihlen- 
spiel,  jeu  du  moulin.  Le  mot  mérelle  ou  yna- 
relle  signifie  pr.  le  palet,  le  pion  ou  le  jeton 
dont  on  se  sert  pour  ce  jeu  ;  c'est  la  forme 
féminine  de  méreau  (voy.  l'art,  préc.).  On  le 
rattache  à  un  type  matrellus,  matrella  (d'où 
mairellus,  marellus),  qui  serait  un  dérivé  du 
L.  Ynatara,  mataris,  materis,  sorte  de  jave- 
line (voy.  nuxtras)^  mot  d'origine  gauloise  et 
dont  la  racine,  à  juger  du  gaél.  methred, 
jaculator.  exprimait  l'idée  de  jeter.  Cp.  jeton 
dejeter.  

MÉRIDIEN,  L.  meridianus,  de  meridies, 
midi.  —  D.  méridienne,  1.  sommeil  de  midi, 
2.  ligne  méridienne. 

MÉRIDIONAL,  L.meridionalis(àér.  de  me- 
ridies, midi). 

MERINGUE,  sorte  de  pâtisserie,  garnie  de 
crème  ou  de  confitures.  Mot  nouveau,  d'ori- 
gine inconnue.  L'esp.  le  rend  par  melindre, 
qui  signifie  pr.  bei$çnet  fait  avec  de  la  farine 
et  du  miel,  puis  délicatesse  en  général.  Le 
mot  fr.  serait>-il  une  altération  du  mot  espa- 
gnol (rac.  mel  =  miel)?  Selon  d'autres,  c'est 
une  pâtisserie  venant  du  pays  de  Mehringen  ; 
malgré  l'existence  do  nombreux  villages  alle- 
mands de  ce  nom,  cette  étymologio  mo  fait 
l'effet  d'une  plaisanterie. 

MÉRINOS,  de  l'esp.  merino,  mouton  d'Es- 
pagne, pr.  mouton  errant,  passager  {nu:rino), 
c.-à-d.  changeant  de  pâturage. 

MERISE,  cerise  sauvage,   d'où   merisier; 


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MËR 


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MES 


d  origine  douteuse.  D'après  Le  Héricher,  meri- 
sier serait  p.  mécerisier,  mauvais  cerisier  ;  le 
Glossaire  de  Lille  porte  meserasus,  meri- 
sier. 

MÉRITE,  du  L.  meritum  (merere),  service 
ou  acte  digne  d'estime,  qui  commande  la  re- 
connaissance. Dans  l'anc.  langue,  mérite  était 
fém.  et  signifiait  récompense;  c'est  le  subst. 
participial  du  verbe  merir,  récompenser.  — 
En  vfr.,  mérite  était  aussi  adj.  =  L.  meritus, 
méritant.  —  Mériter,  L.  meritare,  fréq.  de 
merere.  —  Méritoire,  L.  meritorius,  qui  pro- 
duit un  salaire. 

MERLAN,  vfr.  m^rlenc,  melïefic,  v.  angl. 
merlinff,  rouchi  merlen,  mer  lin,  breton  inar- 
loiian,  Bl.  m^rluus;  les  données  man(^uent 
pour  fixer  l'étymologie  de  ce  mot.  «  Une 
forme  germanique  m^rling  au  sens  de  poisson 
de  mer  [mér)  nous  tirerait  d'embarras,  mais 
elle  fait  défaut.  "  (Diez).  —  D'après  Joret 
(Rom.,  IX,  121),  du  lat.  meruJa  (poisson  de 
mer)  ;  c'est  donc  le  thème  merl  -[-  la  term. 
germ.  ififf  (cp.  harenc  =  ail.  haring,  éper- 
lan  =s  ail.  spierling).  Lat.  merula  (poisson), 
survit  encore  dans  merle  et  merlot,  «  poisson 
du  genre  labre  »  (Littré;.  Les  anciens  gloss. 
german.  traduisent  merv.la  par  meer-amsel. 
Le  nouv.  prov.  merlan  est  prob.  un  emprunt 
au  français  ;  il  n'autorise  pas  l'admission  du 
type  merulanus.  —  G.  Paris,  à  propos  de  l'art, 
de  Joret,  remarque  que  l'anc.  angl.  merling 
accuse  plutôt  un  composé  do  inêr  (forme 
germ.  de  L.  mare)  et  Une,  suffixe  si  riche  en 
anglais;  on  aurait  ainsi  la  forme  gnrmanique 
cherchée  en  vain  par  Diez.  A  ceci,  Grôber 
(Ztschr.,  IV,  475)  objecte  qu'il  est  préférable 
de  laisser  le  mot  merlan  sans  rapport  avec 
mer  et  d'accepter  l'explication  de  Joret,  sinon 
merl  +  ^^9*  du  moins  mer/  -|-  Ung, 

MERLE,  L.  merula  (ou  plutôt  merulus).  — 
D.  m,erleau,  merlette. 

1 ,  MERLIN,  t.  de  marine,  cordage  à  trois 
fils  servant  à  faire  des  rabans,  ni.  marlijn, 
angl.  marline,  ail.  maarlien;  le  premier  élé- 
ment représente  le  mot  german.  maren,  mar- 
ren,  lier (voy. amarrer);  le  second, /y ?i,  angl. 
Une,  allem.  Iei7îe,  anc.  Une,  signifie  corde. 
—  D.  merliner, 

2.  MERLIN,  t.  de  boucherie,  »:  marteau, 
d'un  type  marculinus,  dér.  du  L.  marculus, 
marteau. 

MERLON  (anc.  aussi  merlet),  esp.  merl  on, 
port,  merlào,  partie  du  parapet  entre  deux 
embrasures,  dér.  du  BL.  merla,  it.  merlo, 
créneau.  On  a  proposé,  comme  source  de  ce 
vocable  :  1.  L.  mœrulus,  dim.  de  mœrus, 
forme  archaïque  de  murus  (Bolza);  2.  L. 
minœ,  cp.  minse  murorum,  d'où  les  dim.  mi- 
nula,  m irw/a  (Ménage)  ;  3.  L.mer^a,  fourche, 
d'où  dim.  mergula,  les  crénclures  do  la  mu- 
raille ayant  été  comparées  aux  pointes  d'une 
fourche.  La  2®  étymologie  a  pour  elle  l'esp. 
almena,  créneau  ;  la  3**,  le  sicilien  mergula, 
m.  s.  La  1^®  se  recommande  par  les  formes 
BL.  merulus,  merula, 

MERLUCHE,  MERLUS,  MERLU,  it.  mer- 
hisso^  prov.   merlus,  esp.  merluza,  du  L. 


maris  lucius,  brochet  de  mer.  —  Darme- 
steter  précise  davantage;  d'après  lui.  merlus, 
-uche  est  une  composition  française  de  tner  -\- 
lus,  fém.  liice  (pic.  luche);  elle  a  passé  à  l'it. 
merlus 30,  esp.  merluza.  Quant  au  primitif 
lus  =î  lat.  lucius,  il  est  dans  Palsgrave  et  a 
survécu  dans  fr.  luset^  nom  dune  espèce  de 
truite.  —  De  son  côté,  Joret,  à  La  suite  de  son 
art.  merlan  (voy.  pi.  h  ),  analyse  fnerlus  par 
merula  -}-  suffixe  uceus  (non  pas  par  maris 
lucius),  merluche  par  mei'ula  -\-  ucea.  Je  no 
reproduirai  pas  les  arguments  ichthyologiqnes 
et  phonétiques  exposés  par  le  savant  romaniste 
et  me  borne  à  dire  que  son  raisonnement  parait 
probant. 

MERRÂIN,  dans  le  principe,  bois  de  con- 
struction en  général,  vfr.  mairien,  wall.mat- 
rain,  prov.  mairam,  mairan,  du  BL.  mate- 
riamen;  dérivé  du  L.nuUeria,  au  sens  de  bois 
de  construction  (en  opposition  avec  lignum, 
plutôt  bois  de  chauffage). 

MERVEILLE,  it.,  esp.,  port,  maramglia, 
-villa,  'Vilha,  prov.  maraveglia,  du  L.  mira- 
bilia,  plur.  neutre,  =»  choses  étonnantes.  — 
D.  merveilleux,  verbe  s* émerveiller, 

1 .  MES-  (devant  les  consonnes,  sauf  s,  la 
consonne  finale  de  mes  vient  à  tomber  et  nus 
devient  inè)\  particule  prépositive  ou  préfixe 
exprimant  que  l'action  désignée  par  le  verbe 
auquel  elle  est  jointe  est  mal  faite  ou  avec  un 
fâcheux  résultat;  prov.  'ines,  it.  mis.  Ce  pré- 
fixe a  la  même  valeur  que  le  miss  allemand 
(goth.  vha.  missa,  mha.  misse,  ags.,  angl., 
ail.  miss,  mis).  Malgré  cette  correspondance 
de  sens  et  de  forme,  on  ne  peut  assigner  au 
préfixe  roman  une  origine  germanique;  la 
forme  prov.  mens  et  les  formes  esp.  et  port. 
menos  engagent  à  voir  dans  wies  une  contrac- 
tion du  L.  minus,  pris  dans  le  sens  de 
«  moins  bien,  c.-à-d.  pas  très  bien  ».  Je  pense 
que  cette  étymologie  est  à  l'abri  de  contesta- 
tion, mais  que,  d'un  autre  côté,  la  multiplicité 
des  composés  français  avec  mes  ou  mis  s'est 
produite  sous  l'influence  de  la  particule  ger- 
manique. A  l'appui  de  cette  manière  de  voir, 
je  ferai  remarquer  :  1.  que  la  latinité  du 
moyen  âge  ne  présente  aucun  exemple  du 
préfixe  fninus,  tandis  qu'on  trouve  dès  le 
IX®  siècle  des  verbes  tels  que  mis-dicere,  rms- 
facere,  mis-docere,  mis-evenire;  2.  que  la 
forme  mis,  en  italien  fp.  e.  dans  tnislealtà, 
7nisventura\  a,  comme  représentant  du  L.  mi- 
nus,  quelque  chose  d'anomal  (cp.  L.  tniniste- 
rium,  it.  mestiero,  non  pas  mistiero);  3.  que 
le  préfixe  esp.  menos  est  d'une  application 
limitée  à  un  petit  nombre  de  cas  seulement. 

2.  MES.  plur.  du  pron.  possessif  »non  ;  du 
L.  meos,  prov.  mos,  d'où,  par  l'assourdisse- 
ment habituel  de  o  en  e,  la  forme  ynes  (cp.  Its 
de  los,  L.  illos).  —  Dans  l'anc.  langue,  mes 
représentait  également  le  nom.  sing.  L.  meus\ 
nous  en  avons  encore  la  trace  dans  messire 
=  mon  sire. 

MÉSAIR,  t.  de  manège  ;  d'après  Littré,  de 
l'it.  mezsaria  (de  mezso^  demi,  et  aria,  airj. 

MÉSANGE,  vfr.  ^nasange,  wall.  masenge, 
rouchi  masinque^  pic.  masaingue,  BL.  ma- 


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MES 


—  335 


MET 


sattce,  aussi  misinga;  dér.  de  Tags.  nuises  v. 
flam.  tnéese,  nha.  meise,  m.  s.  La  terminaison 
ange  représente  le  suffixe  allemand  ing,  qui 
se  trouve  dans  le  v.  nord,  tneisingr. 

MÉSELLERIE,  v.  mot  -=  hôpital  de  lé- 
preux, du  vfr.  meself  lépreux,  ladre,  qui  est 
le  BL.  rniseJlus,  m.  s.,  dim.  de  miser, 

MÉSENTÈRE,  gr.  /xnivri/siov  (intestin  du 
milieu».  —  D.  méseniérite, 

MESQUIN,  vfr.  meschin,  it.  meschino,  esp. 
mesqutno,  pauvre,  misérable,  à  l'origine  = 
serf,  serviteur.  D'après  Diez,  de  l'arabe  mes- 
kin,  m.  s.  A  l'appui  de .  cette  origine  arabe 
on  peut  alléguer  le  fait  (voy.  Grandgagnage) 
que  le  plus  ancien  passage  de  la  moyenne 
latinité  où  mischitiits  ait  certainement  le 
sens  :  homme  lige  ou  serf,  a  été  écrit  en  Ara- 
gon en  1131.  Le  mot  s'est  donc  introduit  en 
Europe  par  l'Espagne.  Un  vieux  glossaire 
porte  :  Saraceni  mischinutn  mendicum  vo- 
cant.  —  De  l'acception  «  pauvre,  chétif  »  s*est 
dégagée  celle  de  «  petit  »  (de  là  les  subst. 
vfr.  mescJiin,  petit  garçon,  meschine,  petite 
fille),  et  enfin,  pour  le  féminin,  celle  de  ser- 
vante, acception  propre  surtout  à  l'it.  mes- 
china  et  au  wall.  meshène,  rouchi  mequène. 
—  Le  néeil.  meisken,  meisje  (à  Bruxelles 
j'entends  dire  masken),  n'a  lien  de  commun 
avec  notre  mot  ;  c'est  un  diminutif  de  meid^ 
ail.  rnaid,  formé  de  mcufd  (par  la  résolution 
du  g  en  i).  jeune  fille.  —  D.  mesquinerie. 

MESQUIS,  voj.  mégie. 

MESSAGE,  du  BL.  missaticum^  dér.  de 
missiis  (it.  messo,  vfr.  mes)t  envoyé.  L'anc. 
langue  employait  aussi  message  =»  missaticus, 
messager.  —  D.  tnessager,  messagerie. 

MESSE,  it.  messa,  esp.  misa,  ail.  messe, 
angl.  mass;  du  BL.  missa.  On  fait  générale- 
ment venir  ce  terme  d'église  de  la  formule 
missa  est,  s.  e.  concio,  par  laquelle  le  diacre 
renvoyait  l'assemblée.  Pour  être  plus  exact, 
il  faut  définir  la  valeur  étymologique  de  messe 
en  disant  que  c'était  la  partie  du  culte  qui 
commençait  après  que  les  catéchumènes,  qui 
ne  pouvaientparticiper  au  sacrifice  de  la  messe, 
étaient  renvoyés  avec  la  formule  miwa  est  con- 
cio. Ferrari  voyait  dans  missa  un  synonyme 
de  oè/afîo,  offrande,  donc  =»  id  quod  mittitur. 
Cette  manière  de  voir  mérite  d'être  prise  en 
considération;  cp.  notre  mot  mets.  —  Luther 
faisait  venir  messe  de  l'hébreu  mas,  tribut, 
servitude. 

MESSIE,  L.  messias,  du  participe  hébreu 
fnaschiach,  oint,  consacré,  dont  xp^^'^^i  ®st  la 
traduction  grecque  exacte. 

MESSIER,  garde  champêtre,  BL.  messa- 
rius,  messium  custos,  de  messis,  moisson. 

MESSIRE,  composé  de  mes  (vfr.  =  mon, 
voy.  mes  2)  et  sire.  —  L'it,  dit  messere,  d'où 
la  forme  fr.  mcsser. 

MESTRE  ou  MEISTRE  (arbre  de),  le  grand 
mât  d'une  galère,  soit  du  nord,  tnastr,  mât, 
soit  =  maistre,  maître  au  sens  de  principal. 

MESTRE  DE  CAMP,  de  l'it.  maestro  di 
campa,  maître  du  camp. 

MESURE,  L.  mensura  (mctiri).  —  D.  me- 
surer, L.  mensurare;  adj.  mesuré,  démesuré. 


MESURER,  voy.  mesure. 

MÉTAIRIE,  voy.  métayer. 

MÉTÂIL,  voy.  métal. 

MÉTAL,  L.  metallum.  —  L'anc.  forma 
métailf  selon  Diez,  accuse  un  type  adjectival 
metalleum.  L'anc.  valeur  de  métail,  »  compo- 
sition de  plusieurs  métaux  »,  me  fait  plutôt 
supposer  un  type  barbare  mixtaleus,  cp.  le 
terme  tnéteil  (v.  c.  m.).  En  BL.  on  trouve 
en  effet  mestallum  au  sens  de  cuivre.  —  D. 
métallique,  -in,  -iser.  —  Voy.  aussi  médaille. 

MÉTALEPSE,  gr.  /*sTà/ïjft{,  permutation. 

MÉTALLURGIE,  gr.  /Aira^iou  r/^a  =  travail 
du  métal.  —  D.  métallurgique. 

MÉTAMORPHOSE,  gr.  fiîrxfjLÔpfoin-,  ^ 
L.  transformatio  {vLoof^  =  forma;.  —  D.  mé- 
tamorphoser. 

MÉTAPHORE,  gr.  ;*îra^5px,  transport. 

MÉTAPHYSIQUE,  du  gr.  fiiri  rà  futtfx, 
«  après  les  choses  naturelles  »,  premiers  mots 
du  traité  de  métaphysique  d'Aristote,  placé 
après  les  traités  de  physique.  —  D.  métaphy- 
sicien . 

MÉTAPLASME,  gr.  /itTxitliifiôi,  change- 
ment  de    forme;    adj.    métaplastique,    gr. 

MÉTATHÉSE,  gr.  fitrà^im,  transposition. 

MÉTAYER,  pr.  fermier  à  moitié  fruits,  dé- 
coule dir.  d'une  forme  prov.  tneUadier,  dér. 
de  m^eitad,  moitié  ;  cp.  BL.  fuedietarius,  m. 
s.,  de  medietas;  l'anc.  terme  équivalent  me- 
gier  répond  à  la  lettre  au  BL.  mediarius  (de 
médius). 

MÉTEDj,  anc.  mesteil,  BL.  mestellum, 
mixtellum,  mixteolum,  frumentum  miscel- 
lum  ;  dér.  du  L.  mixtum  (miscore),  mélangé. 
Le  méteil  est  un  mélange  de  froment  et  de 
seiij^le.  Cp.  le  terme  allemand  m>a)igkorn  (de 
mengen,  mêler).  Le  wallon  dit  mesteure,  qui 
est  le  L.  mixtura,  mélange.  Une  variété 
littérale  de  cette  forme  est  mosteure,  qui  est 
le  fr.  mouture  =  mélange  de  froment,  de 
seigle  et  d'orge,  par  tiers,  mot  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  mouture  de  mx)udre.  — 
Cp.  aussi  angl.  meslin,  maslin,  méteil,  d'un 
type  lat.  m,isculinum. 

MÉTEMPSYCOSE,  gr.  /xsri/Afux<u9t;,  trans- 
migration de  l'àme  d'un  corps  dans  un  autre. 

MÉTÉORE,  phénomène  atmosphérique,  du 
gr.  fiizk'Aipoi  (p.  fiir-xifupoi),  litt.  qui  est  dans 
l'air,  atmosphérique.  —  D.  météorologie, 

MÉTHODE,  L.  methodus,  gr.  fii^oùoi,  ma- 
nière (litt.  voie)  pour  poursuivre  qqcli.  — 
D.  méthodique,  -isme,  -iste;  méthodologie. 

MÉTICULEUX,  L.  meticulosus  (meiws). 

MÉTIER,  anc.  tnestier,  it.  mestieiv,  mes- 
tiere,  esp.  menester,  port,  mister,  prov. 
,  menestier  et  mestier,  du  L.  ministerium, 
service,  charge,  emploi,  profession.  Pour  la 
transformation  littérale,  cp.  vfr.  moustier, 
moutier,  do  monasten'um.  —  Dans  l'anc. 
lans^ue,  mestier  =  service  avait  dégagé  la 
signification  «  besoin  »  :  on  disait  est  mestier 
p.  il  est  b3soin,  comme  on  dit  encore  avec  le 
môme  sens  en  it.  e  mes  tiere,  en  esp.  es  menes- 
tcr,  en  wallon  avu  mesti  (avoir  besoin).  Four 
cette  transition  logique,  cp.  on  latin  opus  = 


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MËU 


336  — 


MIG 


ouvrage  et  besoin,  en  fr.  besog}ie  et  besoin,  — 
Enfin  métier,  nom  abstrait  =  service,  a  pris 
Tacception  concrète  de  machine  ou  appareil 
pour  diverses  opérations  techniques. 

MÉTIS,  aussi  mestice,  esp.  mestîjso,  d'un 
type  latin  mixtitiits,  mélangé. 

HÉTONOMASIE,  gr.  fAirovofix^lot,  change- 
ment de  nom. 

MATONTHIE,  gr.  fAtràivufiix,  emploi  d'un 
mot  pour  un  autre. 

METOPE,  gr.  inroTtTi,  ouverture  intermé- 
diaire. 

METRE,  gr.  fiirpov,  L.  metrum,  mesure.  — 
D.  métrique,  màrer. 

MÉTROPOLE,  gr.  ^nrpô^^ya,  litt.  ville- 
mère.  Delà,  par  /iiiTpoTtoUnyn,  évêque  siégeant 
dans  la  métropole,  l'adj.  métropolitain, 

METS,  vfr.  mes,  angl.  mess,  it.  messo,  du 
L.  missum  (mettere),  donc  pr.  ce  qui  est 
envoyé  ou  mis  sur  la  table.  L'orthographe 
moderne  mets  trahit  la  tendance  à  mieux 
marquer  le  rapport  entre  le  substantif  et  le 
verbe  m^tre.  L'étymologie  ci-dessus  se  con- 
firme par  le  rapprochement  des  termes  équi- 
valents :  L.  ferculum,  de  ferre,  gr.  Tcpotyopà, 
do  izpoi-fkptiv,  apporter;  vfr.  apport  =«  ser- 
vice de  table  (Du  Fail  :  *  sur  le  dernier 
apport  »»\  —  Wachter  avait  erronément 
pensé  à  une  dérivation  du  goth.  matz,  vha. 
mas^  nourriture.  —  Cps.  entremets. 

METTRE,  it.  mettere,  esp.  meter,  port. 
metter,  prov.  mètre  ;  c'est  le  L.  mittere,  lais- 
ser aller,  laisser  partir,  envoyer,  qui,  dans 
certaines  applications,  frisait  déjà  )e  sens 
vague  du  mot  roman,  p.  ex.  dans  manus  ad 
arma  mittere  (Sénèque),  fundamenia  mittere 
(Lactance).  La  valeur  classique  «  envoyer  •» 
se  retrouve  encore  dans  le  composé  trans' 
mettre,  —  Du  part,  missus  :  fr.  mis,  parti- 
cipe, et  mise,  subst.  Yoy.  aussi  message. 

1.  MEUBLE,  adj.,  L.  mobilis,<{\ï\  peut  être 
remué,  transporté;  •  terre  meuble,  biens 
meubles  ».  —  D.  ameublir,  rendre  meuble; 
immeuble,  bien-fonds,  litt.  bien  non  mobile, 
bien  fixe.  —  Fôrster  (Grôb.,  Ztschr.,  UI,  561) 
me  reproche  d'avoir,  sur  les  traces  de  Littré 
(ceci  n'est  pas  exact,  puisque  mon  péché 
remonte  à  1862),  fait  venir  meuble  de  mObi- 
lis.  C'est,  à  ses  yeux,  une  hérésie  :  0  ne  peut 
donner  eu;  aussi  le  vfr.  écrit-il  moeble, 
mueble,  l'esp.  mucble;  il  faut  donc  absolu- 
ment pour  base  un  o  bref  et  admettre  un  lat, 
vulg.  mubiîis  =»  mo  (v)  bilis.  J'accepte  hum 
blcmcnt  la  réprimande  du  rigoureux  censeur. 

2.  MEUBLE,  subst.,  l.  objet  mobile  (voy, 
l'art,  préc),  servant  à  garnir  une  maison,  un 
vaisseau  ;  2.  t.  collectif  =  toute  la  garniture 
ou  le  mobilier'  d'un  appartement.  —  D.  meu- 
bler, ameubler',  d'où  ameublement, 

lOiUGLER,  it.  mugghiare,  BL.  mugulare, 
dérivé  du  L.  mugit  e,  sous  l'influence  de 
buculare  (d'où  fr.  beugle^'), 

1 .  MEULE  (de  foin),  dans  certains  dialectes 
et  en  vfr.  aussi  moule,  mule,  d'où  mxilon, 
meulon,  BL.  mullo.  La  forme  picarde  et 
wallonne  moie,  qui  est  évidemment  le  L.  meta, 
cône,  pyramide  (en  BL.   =»  meule),  et  les 


analogies  formales  vfr.  seule  de  sœcidum, 
reule  (angl.  rule)  de  régula,  ne  permettent 
pas  de  douter  que  meide,  mule  reproduisent 
un  dim.  latin  metida  (syncope  du  t),  —  L'éty- 
mologie L.  moles,  masse,  peut  donc  banU- 
ment  être  rejetée.  —  D.  meulon, 

2.  MEULE  pour  moudre,  L.  mola,  — 
D.  meidard,  meulier,  meulière, 

MÉUM,  luION,  plante,  L.  meum,  gr.  /ifi^v, 

MEUNIER,  voy.  moulin,  —  D.  meunerie. 

MEURON,  dér.  de  mûre  (v.  c.  m.). 

MEURTRE,  anc.  aussi  meurdre,  numrdre, 
angl.  murder,  BL.  mordrum,  du  goth. 
maurthr,  ail.  tnord,  m.  s.  —  D.  meurtrier; 
subst.  meurtrière,  t,  de  fortification;  verbe 
meurtrir,  vfr.  mourdrir,  anc.  tuer,  auj.  faire 
une  contusion,  blesser,  assouplir  (le  cuir;  cp. 
l'expr.  mortifier  la  viande;. 

MEURTRIR,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  meur- 
trissure, 

MEUTE,  anc.  soulèvement,  sédition,  entre- 
prise et  troupe  militaire.  De  là  :  expédition 
de  chasse,  puis  enfin  troupe  de  chiens  de 
chasse  (signification  actuelle  du  mot).  Du  vfr. 
nullité,  contr.  meute,  part,  passé  de  mowDoir 
[cp.  émeute).  Le  sens  premier  de  mouvement 
msurrectionncl  s'est  conservé  dans  les  dérivés 
mutin  (p.  meutin),  et  ameuter,  mettre  en 
meute,  exciter.  Du  fr.  viennent  les  mots  ail. 
meute,  meute,  meuter,  séditieux,  et  fneuterei, 
mutinerie. 

MEZZANINE,  entre  sol,  dér.del'it.  meszano, 
«  qui  est  au  milieu  »  (de  mezzo  =  médius), 

MI,  vfr.  mei,  fém.  meie,  moie,  mie,  formes 
prov.  meg,  meitz,  mieiz,  etc.;  ces  formes  cor- 
respondent au  L.  médius,  -a,  -um.  Dans  la 
langue  actuelle,  le  mot  mi  n'a  plus  d'existence 
séparée;  il  est  réduit  à  l'état  d'un  préfixe, 
marquant  division  par  moitié  ;  il  répond  à  mé- 
dius, comme  demi  au  composé  dimidius.  Ex. 
mi-parti,  mi-jambe,  mi-€toiit,  mi-caréme. 
Dans  ces  cas  mi  est  adverbe  ;  il  conserve  son 
caractère  d'adjectif  dans  les  compositions  midi 
■=  médius  dies,  m,inuit  (anc.  mie-nuit)  =  mé- 
dia nox,  milieu  =*  médius  locus,  point  cen- 
tral. —  Le  neutre  L.  médium  (fr.  mi)  a  donné 
les  locutions  prépositionnelles  in  medio,  d'où 
le  fr.  'emmi,  etper  médium,  d'où  le  fr.^rmi. 
—  Génin  a  commis  une  lourde  bévue  en  pré- 
tendant que  mi  était  une  forme  apocopée  de 
milieu, 

MIASBIE,  gr.  fàlx^fix  (de  fiieu-juv),  souillure, 
infection.  —  Du  thème  fnx^fixr  :  adj.  mias- 
matique. 

MIAULER,  onomatopée,  it.  miagolare,  cp. 
vfr.  miauwer,  ail.  miauen,  angl.  mew. 

MICA,  esp.  de  minéral;  du  L.  mica,  par- 
celle, paillette,  ou,  ce  qui  est  plus  vraisem- 
blable, du  verbe  micare,  briller.  —  D.  »ii- 
cacé. 

MICHE,  L.  mica,  parcelle,  en  BL.  =  par- 
vus  panis.  En  v.  flam.  miche  signifie  panis 
triticius  (Kil.).  Hasselt,  éditeur  de  KiÙaen, 
ajoute  :  nostra  vero  mikken  non  parvi  panes 
sunt,  sed  vulgaribus  latiores,  majores,  cras- 
siores,  graviores.  En  hoU. ,  mik  signifie  :  fine 
farine  de  seigle.  Il  se  poun*ait  donc  que  miche 


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MIE 


—  337  — 


MU 


et  le  BL.  mica  n'eussent  rien  do  commun  avec 
le  L.  mica  et  fussent  de  provenance  germa- 
nique, ce  qui  est  d'autant  plus  vraisemblable 
que  le  L.  mica  a  donné  le  fr.  mie  (v.  c.  m.). 

MIGHÉj  sot,  niais,  corruption  du  prénom 
Michel. 

MIGMAG,  intrigue,  tripotage;  cp.  ail. 
misch-masch,  dan.  misk-mak,  pêle-mêle 
(ail.  miscTieii  ==  mêler)  ;  on  peut  encore  citer, 
en  fait  de  ces  mots  de  fantaisie  :  ail.  fick-fach, 
détours,  subterfuges  (de  ficketi,  remuer), 
hlip'klapt  sing-sang,  fr.  flic-flac, 

MICROCOSME,  =«  fiiJipèi  Mtfioi,  monde  en 
petit  —  D.  microcosmique, 

MICROSCOPE,  mot  créé  pour  dénommer  un 
instrument  qui  sert  à  examiner  (txottsIv)  les 
petites  choses  (fn^pô-).  —  D.  microscopique, 

MIDI  =  médius  dies,  cp.  l'ail,  mit-tag,  m. 
s.,  et  le  L.  meridiest  qui  est  \io\xTmedi'dies, 
Voy.  mi  et  di,  —  Dans  le  Lyonnais,  on  dit  mé- 
jaurT^.  midi. 

1.  MIE,  petite  partie  qui  tombe  du  pain 
quand  on  le  mange,  du  L.  mica,  parcelle, 
fragment.  Ce  mot  a  été  remplacé  par  son 
dim.  miette.  —  D.  éinier,  mioche  (v.  c.  m.). 

2.  MIE,  la  partie  du  pain  entre  les  croûtes, 
esp.  miga^  prov.  inica,  miga,  anc.  cat.  mica. 
On  rattache  d'habitude  ce  vocable  au  L.  mica, 
petit  morceau;  la  valeur  de  ce  mot  latin, 
cependant,  est  loin  de  celle  du  fr.  mie.  On  n'y 
trouve  rien  qui  caractérise  la  mie  en  tant 
qu'opposée  à  la  croûte.  11  faut  donc  que  le 
sens  «  partie  molle  du  pain  »  ait  été  appliqué 
au  mot  mie,  petit  morceau,  en  seconde  ligne 
et  par  une  liaison  d'idée  que  je  ne  saisis  pas. 
N'étaient  les  similaires  étrangers,  je  ne  ver- 
rais aucun  inconvénient  à  expliquer  mie  par 
média,  s.  e.  pars.  L'italien  no  dit-il  pas ,  par 
une  métaphore  semblable,  midolla  =  mie  do 
pain,  lequel  midolla  est  le  medulla  latin 
(mœlk)  et  par  conséquent  dérivé  de  médius  f 
L'italien  rend  en  outre  la  mie  par  mollica  (de 
mollis). 

3.  MIE,  ancien  renforcement  de  l'adverbe 
négatif  ne,  équivalent  des  termes  analogues 
fr./ww,  point,  goutte  (anc.  aussi  brin,  grain, 
rien,  etc.),  it.punto^  mica,  fiore,  etc.,  L.  hi- 
him  (d'où  nihil).  C'est  le  môme  mot  que  le 
mica  latin  =  petit  morceau  (voy.  mie  Ij; 
l'expression  ne-mie i^dXÏ.  ni-mic)  signifie  donc 
pr.  «  pas  une  miette  ».  Cp.  la  phrase  de 
Martial  :  «  Non  est  in  tanto  corpore  mica 
salis  »  (pas  un  brin  de  sel,  ou  tout  court  pas 
de  sel). 

4.  MIE,  p.  amie;  forme  abstraite  de  l'ex- 
pression m'amie,  que  l'on  a  mal  décomposée 
par  ma  mie. 

MIEL,  L.  mel,  mellis.  —  D.  mielleux,  em- 
mieller, VÎT.  amieller  =  enjôler. 

MIEK.  Les  formes  mien,  tien,  sien,  sont 
tirées,  d'après  Dioz,  directement  des  an- 
ciennes formes  possessives  mi,  ti,  si,  à  Taido 
du  suffixe  en  =  L.  anus  (cp.  ancien  do  an::, 
ains).  D'autres  préfùrcnt  voir  dans  niioi  une 
forme  diphthonguée  do  >ncn,  forme  picarde 
du  L.  meum.  Si  cette  dernière  explication  est 
la  bonne,  il  faut  alors  admettre  la  dégrada- 


tion suivante  :  meum  —  mum  —  mon —  men 

—  mien.  Pour  le  passage  de  on  en  en,  cp.  ro 
luntas,  volonté  =  vfr.  volenté.  J'objecterai 
contre  l'opinion  de  Diez  :  1 .  que  de  tout  temps 
mien  a  été  monosyllabe,  ce  qui  prouve  contre 
une  formation  dérivative  ;  2.  le  très  ancien 
emploi  de  men  p.  mon  (Chans.  de  Roland). 

—  Sur  l'origine  des  formes  mon,  ton,  son  et 
mien ,  tien,  sien,  qui  n'est  pas  encore  sortie  du 
domaine  de  la  controverse,  on  peut  consulter 
Cornu  (Rom.,  VU,  593),  Grôber  (Ztschr.,  lU, 
157)  et  Mussafia  (ib.,  267).  Ce  qui  est  généra- 
lement abandonné,  c'est  le  type  lat.  meanus; 
notez  surtout  que  le  fém.  mieneiTm^nxiQ)  n'ap- 
paraît que  fort  tard  dans  la  langue. 

MIETTE,  voy.  mie  1.  —  D.  émietter. 

MIEUX,  vfr.  mels,  miels,  miex,  mix,  prov. 
meilhs,  du  L.  melius.  Cp.  vfr.  mieudre,  meil- 
leur, de  melior. 

MIÈVRE,  n^m.  ni()vre,  enfant  vif,  remuant; 
d'après  Ménage,  du  L.  nebulus  (p.  nehulo), 
polisson  ;  cette  étymologie  conviendrait  assez 
bien,  pour  la  forme,  au  norm.  niècre,  mais, 
sans  parler  de  la  disparate  des  sens,  comme 
l'observe  fort  bien  Diez,  m  initial  se  change 
parfois  en  n,  mais  non  pas  n  en  m;  ce  qui 
fait  que  l'origine  du  mot  reste  encore  à  trou- 
ver. —  En  Berry.  on  dit  maffion  pour  un  en- 
fant vif;  je  ne  pense  pas  qu'il  soit  connexe. 
Jusqu'à  meilleure  information,  je  suis  d'avis 
que  mièvre  sonnait  à  l'origine  mieutre  et  que 
ce  mot  représente  une  variété  phonétique  de 
meuble  =^L.  mobilis,  mobile,  léger,  vif.  11  me 
semble  que  le  thème  mobl  a  aussi  correcte- 
ment pu  faire  mieuvre  que  popl  a  fait  pieu- 
vre (v.  c.  m.).  —  L'observation  de  Diez  sur  le 
caractère  insolite  du  changement  de  n  initial 
en  m  rencontre,  cependant,  une  exception 
dans  le  mot  mastouche  et  sainte  mitouche 
(voy.  ces  mots).  —  Notons  encore  l'anc.  subst. 
mieuresse,  gaieté. 

MI6NARD  ;  c'est  le  radical  do  mignon  avec 
le  suffixe  péjoratif  ard.  —  D.  mignardise, 
afféterie  ;  mignarder.  —  Avec  le  suffixe  ot, 
le  même  radical  a  produit  mignot,  joli,  déli- 
cat. 

MIGNON,  adj.  =  gentil,  subst.  =  favori  ; 
du  vha.  minni  ou  minnia,  amour;  mha. 
minne,  amour  et  objet  aimé  ;  cp.  bret.  ini- 
nonez,  amie;  irl.  mian,  inion,  amour.  — 
L'étymologie  mine  («  qui  fait  do  petites 
mines  »•)  est  insoutenable.  —  D.  mignon- 
nette. 

MIGNQT,  voy.  mignard.  —  D.  mignoter, 
mignotise. 

MIGRAINE,  vfr.  migraigne,  it.  emigrania, 
magrana,  esp.  migrana,  du  grec  /;>i/.pav<a, 
mal  de  tête  affectant  une  moitié  (17*71)  seule- 
ment de  la  tête  (/p^tviov). 

MIGRATION,  L.  migrationem  (migrare). 

MIJAURÉE  ;  je  ne  saurais  comment  fîiire  en- 
trer ce  mot,  coiiinic  l'a  fait  Rcxpiefort,  dans 
la  famille  tnignon  ou  mignard.  J'att*»nds  en- 
core rétyiiiulogio  du  mot.  Cp.  Herry  nujau- 
dcr,  mignarder.  Voy.  aussi  mitonner.  Le  mot 
me  semble  radicalement  connexe  avec  «i y o^^t, 
user  do  douceur,  de  caresse. 


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MIN 


338  — 


MIN 


MIJOTER,  faire  cuire  à  petit  feu;  sur  Téty- 
niolo^ic,  voy.  ma  conjecture  sous  mitonna'; 
cependant,  j'aime  à  donner  la  préférence  à 
l'explication  de  G.  Paris,  qui  s'exprime  ainsi 
(Vie  de  Saint- Alexis,  p.  187)  :  «  Dans  le  Maine 
et  ailleurs,  on  dit  des  fruits  qui  attendent  au 
migeot  (voy.  ]»1.  loin  l'article  miigot)  leur  ma- 
turité qu'ils  miffcotteiît.  Le  verbe  a  pénétré  en 
français  sous  la  forme  mijoter  avec  le  sens 
dérivé  de  «  cuire  doucement  ».  —  L'idée  de 
douceur  qu'implique  le  verbe  peut  avoir  donné 
lieu  à  mijoter  «=  mignoter,  caresser. 

1.  MIL,  MILLE,  L.  mille,  millia.  —  D. 
mille,  subst.  (anc.  fém.),  mesure  itinéraire 
(it.  miglio,  esp.,  prov.,  mt7/a,  vha.  mi7«,  nha. 
meile),  du  L.  millia  =  mille  passus,  d'où  : 
miUiaire,  L.  milliarium. 

2.  MIL,  plante,  esp.  mijo,  it.  miglio,  du  L. 
milium.  —  D  millet  ((\\m\ïi.)\  miliaire,  L. 
miliarius;  milleraie,  champ  sotné  de  millet. 

MILAN,  esp.  milano,  port,  milhano,  prov. 
tniian,  à'unL.  militanus,  dér.  dGmiluus,  forme 
qui  a  précédé  milvus.  —  D.  rnilaneau;  mi- 
louin  =  L.  miluinus  p.  milvinus  (?). 

MILIAIRB.  voy.  mil  2. 

MILICE.  L.  militia  (miles).  —  D.  mili- 
cien. 

MILIEU,  p.  mi'lieu,  voy.  mi. 

MILITAIRE,  L.  mililaris  (miles,  -itis). 

MILITER,  L.  militare,  être  soldat,  com- 
battre. 

MILLE,  voy.  mil  1 .  —  D.  milliesme*  mil- 
liètne,  L.  millesimus  (d'où  aussi  le  terme  sa- 
vant millésime)  \  millénaire,  L.  millenarius; 
millier;  million  =  mille  mille  ;  milliard  =« 
mille  millions  ;  milliasse,  mille  milliards. 

MILLÉSIME,  voy.  l'art,  préc. 

MILLET,  voy.  mil  2. 

MILLI-,  terme  initial  de  composés  marquant 
une  mesure  ;  il  exprime  la  millième  partie  de 
l'uni t<5  désignée  par  le  simple,  p.  ex.  milli- 
gramme, millilitre, 

MILLION,  voy.  mille,  —  D.  millionnaire. 

MILOUIN.  voy.  milan. 

MIME,  L.  mimus  (fxlfxoi),  —  D.  mimique, 
L.  mimicus;  mimer,  exprimer  par  des  gestes; 
mimosa  ou  mime  use,  nom  de  la  sensitive 
(type  L.  mimosus),  donc  litt.  celle  qui  exprime 
ce  qu'elle  sent. 

MIMOSA,  \'oy.  mime. 

MINABLE,  pitoyable,  misérable,  wall.  mi- 
nàv,  rouclii  minape.  Comment  expliquer  ce 
mot  fort  répandu  dans  les  provinces  du  Nord 
et  en  Belgique?  Exprime-t-il  «  ce  qui  est  fa- 
cile à  miner  »,  c.-à-d.  à  détruire? 

MINARET,  de  l'arabe  menàrah,  chandelier, 
lanterne,  phare,  puis  tour  en  général;  en  turc, 
rnenàret, 

MINAUDER,  voy.  mine  1  —  D.  minaudier, 
minauderie. 

MINCE.  Les  rùglcs  phonologiques  ne  per- 
mettent nullement  ni  l'étymologie  L.  'minii- 
tiiis,  ni  celle  du  comparatif  gothique  mt»>i2>a, 
moindre  (=  vha.  minnira,  nha.  minder)\  la 
langue  française  ne  présente  aucun  vestige  du 
goth.  ^(—vha.  r),  en  tant  que  lettre  caracté- 
ristique du  comparatif.  Diez,  par  cette  raison,    i 


a  porté  ses  vues  sur  le  vha.  minnisto,  super- 
latif de  min,  petit.  On  voit  parfois  5i  permuter 
avec  s  fort  cfr.  broce",  brosse  de  l'ail.  borsie)\ 
mince  serait  ainsi  p.  minse,  comme  rincer  p. 
rinser.  —  Une  autre  opinion  est  que  mince 
vient  du  L.  *?nancius  p.  mancus  (^=  qui  est  en 
défaut)  par  l'intermédiaire  maince; on  allègue 
à  cet  effet  le  fr.  ri7iceau  p.  rainceau,  du  L. 
ramicellus,  Diez  lui-même,  comme  le  fait  re- 
marquer l'auteur  de  cette  étymologie,  M.  Lan- 
gensiepen,  attache  une  certaine  importance 
à  cette  disposition  des  adjectifs  latins  en  us 
à  changer  leur  terminaison  en  ius,  en  revê- 
tant la  forme  romane;  cp.  esp.  gurvio  de 
curvus,  crasio  de  crassus,  soberbio  de  super- 
bus,  etc.  —  Une  conjecture  de  Littré,  fondée 
sur  l'anc.  signification  «  petite  monnaie  va- 
lant un  demi-denier .» ,  vise  à  rattacher  mince 
à  l'angl.  min/,  ail.  miin2e,  monnaie. — Toutes 
ces  tentatives  tombent  à  néant  devant  la  solu- 
tion proposée  par  Paris  (Rom.,  VIII,  618). 
Mince  est  un  ac^ectif  verbal  (comme  lâche, 
comble,  trouble,  etc.),  tiré  du  vfr.  mincier; 
quant  à  celui-ci,  il  représente  correctement 
L.  'minutiare  et  se  rapporte  à  menuiser, 
comme  percer  à  'pertuiser,  —  D.  tnincer  (t. 
de  cuisine),  amincir. 

1 .  MINE,  air  du  visage,  it.  mina.Les  opinions 
sont  partagées  sur  l'origine  de  ce  mot.  Ecou- 
tons d'abord  le  président  de  Brosses  :  «  Mine 
vient  du  L.  minari,  menacer  par  l'air  du  vi- 
sage. Ainsi  l'expression  n'a  d'abord  été  appli- 
quée qu'à  une  mine  terrible  et  fâcheuse, 
comme  quand  nous  disons  faire  la  mine. 
Toute  altération  de  l'air  du  visage,  soit  qu'elle 
provienne  de  passion  ou  d'affection,  a  été 
aussi  nommée  mine,  et  enfin  l'expression  s'est 
étendue  à  toute  sorte  d'air  du  visage  :  on  a 
dit  une  jolie  mine,  une  mine  gracieuse.  »  — 
Chevallet  déduit  le  mot  de  l'ail,  miens,  air, 
extérieur,  contenance  (=  dan.  mine,  angl. 
ynien,  meen).  Mais  il  est  bien  avéré  que  les 
mots  germaniques  sont  d'importation  romane 
aussi  bien  que  les  formes  celtiques  ynin,  nian, 
mein.  —  Diez  est  d'avis  que  mine,  contenance, 
geste,  manière  do  se  présenter,  se  rattache  au 
verbe  se  mener,  lat.  se  minare;  il  rapproche 
à  ce  sujet  le  mot  analogue  L.  gestus  de  se 
gerere.  Cette  manière  de  voir  me  parait  la 
plus  rationnelle.  —  D.  mi)iaud,  type  minai- 
dus  (suffixe  péjoratif),  d'où  ynt7iauder,  mi- 
nois. 

2.  MINE,  lieu  d'où  l'on  extrait  les  métaux, 
galerie  souterraine  (puis,  par  métonymie,  la 
matière  minérale  môme),  it.,  esp.,  port. miwa, 
prov.  mina  et  mena.  C'est  le  subst.  du  verbe 
miner,  creu.ser,  caver,  it.  m»iar€,  esp.,  port., 
prov.  minar.  Or,  ce  dernier  est  une  applica- 
tion spéciale  du  L.  minare  ==  roman  mcnarc 
(voy.  mener),  conduire  ;  cp.  les  expressions 
BL.  minare  consilium^  préparer  un  coup, 
mener  une  affaire,  minas  parare,  dresser  des 
embûches,  prov.  menar  secretjs,  faire  un  com- 
plot ;  de  là  le  sens  du  subst.  menée.  (Je  men- 
tionnerai ici  le  vieil  adj.  fr.  rwiaiewa?,  =  caché, 
secret,  couvert,  pr.  qui  se  fait  par  menée  ou 
comme  soutorrainenient.j  MiJia  serait  donc 


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MIN 


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MIR 


d'abord  ==  dessein  secret,  intrigue,  puis,  au 
figuré,  un  conduit  souterrain  pour  miner  les 
niurailles  d'un  lieu  assiégé,  d*oti  se  déduirait 
finalement  l'acception  ••  excavation  souter- 
raine pour  extraire  le  minerai  ».  C'est  ainsi 
que  L.  ducere^  conduire,  a  donné  l'it.  doccia^ 
conduit,  canal.  Ce  qui  gène  un  peu,  cepen- 
dant, c'est  la  forme  minaredM  lieu  de  menare. 
Diez  pense  que  cette  variation  a  eu  pour  bue 
de  ditférencier  les  significations.  Pour  nous, 
cette  déviation  ne  parait  pas  devoir  faire  diffi- 
culté; si  d'un  côté  menare,  mener  s'est  pro- 
duit du  L.  minare  dans  tel  sens,  qu'est-ce  qui 
empêche  d'admettre  que  l'on  ait  plus  tard  tiré 
du  même  minare  de  la  basse  latinité  une 
forme  variante  miner  dans  un  autre  sens 
secondaire  ou  dérivatif?  En  d'autres  tennes, 
méfier  est  de  la  première  formation,  miner 
de  la  seconde.  D'ailleurs,  on  trouve  Ve  dans 
prov.  mena  et  nieniera.  —  Rossignol  pense 
que  miner  vient  du  L.  miniaria^  pr.  mine  do 
yniniuyn;  fnine=^  minium  se  serait  généralisé 
en  toute  espèce  de  métal.  —  D.  minière^  prov. 
meniera,  esp.  minei^a, 

3.  MINE,  mesure  de  capacité,  vfr.  emine, 
esp.  hemina,  prov.  mina,  du  L.  hemina  (gr. 
T-fihiijy  mesure  de  liquides  et  de  solides,  pr. 
moitié' du  setier  (seœtarius).  Pour  l'aphérèse 
de  lasjllabe  initiale,  cp.  migraine.  Notre  mot 
mine  n'a  rien  à  faire  avec  le  L.  mina,  gr. 
/avâ,  =  poids  de  cent  drachmes,  ni  avec  me- 
dimnus,  —  D.  minage  (droit  de),  minot  (v. 
c.  m.). 

MINER,  voy.  mine  2.  —  D.  mineur. 

UINERAI,  dér.  de  minière  comme  miné- 
ral, dont  il  représente  la  forme  wallonne  (L. 
-a//*=,  wall.  -ai). 

MINERAL,  dér,  de  minière  (voy.  mi}ie  2). 
—  D.  tninéraliser,  -iste,  minéralogie, 

MINERVAL,  honoraire  payé  pour  l'ensei- 
gnement des  sciences  et  des  beaux-arts,  du 
L.  minerval  (de  Minerve ,  la  déesse  de 
l'étude). 

MINET,  MINETTE,  MINON,  MINOU.  déno- 
minations familières  du  chat.  Diez  range  ces 
vocables  dans  la  famille  de  menin  (v.  c.  m.)  ; 
Littré  les  dérive  de  mine  1  («  l'animal  qui  fait 
des  mines  »^. 

1.  MINEUR,  subst.,  du  verbe  miner. 

2.  MINEnR,  adj.,  vfr.  meneur,  de  l'accus. 
L.  minôrem;  le  nom.  mtî2or  (l'accent  sur  i) 
s'est  francisé  en  moindre.  —  D.  minorité. 

MIN6RELET,  dimin.  de  mingre\  forme  na- 
salisée de  maigre. 

MINIATURE,  subst.  du  verbe  BL.  miniare, 
écrire  ou  dessiner  avec  du  minium,  cinabre  ; 
la  W4i;iia/ê(r6  est  donc  pr.  un  dessin  en  vermil- 
lon intercalé  dans  les  anciens  manuscrits  ;  ces 
dessins  ou  peintures  ét^nt  généralement  de 
dimensions  fort  petites,  le  mot  miniature  a 
fini  par  signifier  un  ouvrage  d'art  de  petites 
proportions,  et  une  chose  de  petite  dimension 
en  général.  L'idée  du  minium  ou  vermillon 
sest  tout  à  fait  eflacée.  —  D.  miniatuHsle. 

MINIÈRE,  voy.  mine  2. 

MINIME,  du  L.  minimus,  -a,  -um,  superlatif 
de  petit.  —  D.  minimal. 


MINIMUM,  le  moindre;  mot  latin;  voy.  mi- 
nime. 

MINISTÈRE  (mot  savant),  1 .  service,  entre- 
mise, 2.  fonctions  de  ministre,  3.  les  ministres 
pris  collectivement  ;  du  L.  tninisterium,  ser- 
vice (voy.  Q.USSÏ  métier);  de  là  V&dy  ministériel 
(voy.  aussi  ménétrier). 

MINISTRE,  L.minisier,sevyïtenT. 
MINIUM,  oxyde  de  plomb  rouge,  aussi  mine, 
ail.  mennig,  mennie,  du  L.  rnitiium,  cina- 
bre, minium.  —  D  verbe  hL.  miniare, écrire 
avec  du  minium,  d'où  miniature  (v.  c.  m.). 
MINOIS,  mot  familier,  tiré  de  mine  1 . 
MINON,  voy.  mitiet. 

MINORITÉ,  subst.  de  mineur,  L.  minor, 
donc  1 .  =  état  de  mineur,  2.  =  le  nombre 
moindre. 

MINOT,  moitié  d'une  mifie,  mesure  de  cé- 
réales (v.  mine  3i.  —  D.  minotier,  pr.  mar- 
chand de  farine,  d'où  minoterie. 
MINUIT,  p.  mi-nuit,  voy.  mi. 
MINUSCULE,  L.  minusculus,  un  peu  petit. 
MINUTE  (mot  savant),  du  L.  miniUus,  donc 
propr.  chose  menue,  petite  parcelle;  de  là 
petite  fraction  dans  la  division  du  temps  et  de 
l'espace,  d'où  les  acceptions  actuelles,  mathé- 
matiquement circonscrites.  —  L'acception 
«  original,  brouillon  d'un  écrit  »  vient  de  la 
petite  écriture  déliée  dans  laquelle  on  écrit  les 
brouillons.  Dans  ce  sens,  la  minute  corres- 
pond à  la  grosse  (v.  c.  m.),  qui  est  écrite  en 
gros  caractères.  De  là  le  verbe  minuter  (un 
acte). 

MINUTIE,  L.  wmu/ta,chose  menue,  affaire 
de  rien.  —  D.  minutieux. 

MIOCHE,  mot  familier,  dérivé  de  mie,  petit 
morceau  (voy.  mie  l). 

MIQUELOT,  pr.  pèlerin  de  saint  Michel  et 
qui  se  sert  de  ce  prétexte  pour  mendier,  fig. 
hypocrite. 

MIRABELLE,  esp.  mirabel,  it.  mirdbella, 
prune  jaunâtre,  qui  tient  son  nom,  dit-on,  de 
l'une  des  nombreuses  loailités  du  nom  de 
Mirabeau,  MirabcUo  ou  Mirahella.  —  Diez 
identifie  cette  dénomination  avec  celle  du 
fruit  dit  myrobolan  =  gr.  /Auo5eà)avo5,  parce 
qu'on  italien  le  mot  mirabolano  désigne 
l'arbre  qui  donne  les  mirabellas  ;  je  crois  que 
la  prémisse  et  la  conclusion  sur  lesquelles 
repose  cette  étymologio  sont  sujettes  à  con- 
testation. 

MIRACLE  (mot  savant.,  L.  miraculum  (do 
mirari,  cp.  mcrveilie).  La  vraie  forme  franc, 
de  miraculum  est  mirail,  voy.  s.  miroir.  — 
D.  'miraculeux. 
MIRE,  voy.  mirer. 

MIRER,  vfr.  =  contempler  (de  là  :  se 
mirer),  auj.  =  voir  attentivement,  fixer  des 
yeux,  viser,  du  L.  mirari,  voir  avec  admira- 
tion. —  D.  subst.  verbal  tnire,  dans  «  point  de 
mire  ♦»  ;  mirage,  nnrement;  miroir.,  d'un  type 
miratorium  (vfr.  inirœr,  prov.  mirador,  it. 
mir adore,  accusent  un  type  mirator.  le 
mireun;  rniraille,i.  d'Iiéraldique ;  ynirauder. 
MIRLIFIQUB,  voy.  l'art,  suiv. 
MIRLIPLORE,  jeune  homme  qui  fait  l'agréa- 
ble ;  mot  de  fantaisie  sur  lequel  je  m'abstien- 


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MIT 


340 


MIT 


drai  de  fixer  une  étymologie.  Serait-ce  peut- 
être  un  mire-les- fleurs,  espérant  par  ce  genre 
d'admiration  obtenir  les  bonnes  grâces  de 
quelque  femme  sensible?  Ou  bien  une  altéra- 
tion de  melîifluiist  Ou  enfin  un  parfumé 
d'eau  de  mille- fleurs  t  Le  champ  aux  conjec- 
tures est  vaste.  —  Notez  encore  la  corruption 
mirlifique  (p.  mirifique,  L.  miri ficus)  =  ad- 
mirable, d'où  vfr.  mirlifichures,  atours. 

MIRLIBOT,  corruption  de  mélilot  (v.  c.  m.). 

MIRLITON,  espèce  de  flûte.  D  origine  in- 
connue. Littré  pense  que  c'est  un  de  ces  mots 
pris  pour  refrain,  qui  ne  signifient  rien  par 
eux-mêmes,  comme  biribi,  tralala,  miron- 
taine.  L'ancienne  école  étymologique  aurait 
hardiment  expliqué  le  mot  par  le  L.  mirus 
lituus,  trompette  admirable  ! 

MIROIR,  voy.  mirer.  Cp.  L.  spéculum  do 
specere,  regarder.  L'anc.  langue  disait  aussi 
mirail  =■■  miraculum.  —  D.  verbe  miroiter 
(dérivation  irrégulière),  réfléchir  la  lumière  ; 
miroitier,  d'où  miroiterie. 

MISAINE,  mât  qui  est  entre  le  beaupré  et 
le  grand  mât;  de  l'it.  me^sana  (=  L,  me- 
diana),  d'abord  la  voile  du  mât  du  milieu  ;  le 
mot  s'est  gâté  chez  les  Anglais  en  mizsen, 
chez  les  AU.  et  Néerl.  resp.  en  besati  et 
bezaan. 

MISANTHROPE,  grec^Aiv&yd/duTro;,  de^mifilv, 
haïr,  et  âv3/9u7ro$,  homme. 

MISGELLANÉES,  L.  miscellanea,  dér.  de 
miscellus  (miscere),  mêlé.  —  Cp.  collectanées. 

MISCIBLE,  qui  peut  se  mêler,  du  L.  mis- 
cere. 

MISE,  voy.  mettre,  1.  action  de  mettre, 
manière  de  se  mettre  ;  2.  ce  qu'on  met  (sur^ 
tout  au  jeu). 

MISÉRABLE,  L.  miserabilis,  digne  de 
pitié. 

MISÈRE,  L.  miseria  (subst.  de  miser). 

MISERERE,  impératif  latin  ^  aie  pitié  de 
moi  ;  mot  initial  du  50''  psaume.  Le  nom  a  été 
donné,  par  métaphore,  à  une  terrible  maladie. 

MISÉRICORDE,  L.  misericordia  (de  l'adj. 
misericors,  litt.  au  cœur  compatissant).  — 
D.  miséricordieux  (en  vfr.  misericoi't). 

MISSEL,  prov.  mcssal,  du  HL.  missalis, 
qui  se  rattache  â  la  messe  (L.  missa). 

MISSION,  L.  missionem  (mittere),  envoi 
dans  un  but  déterminé  ;  commission,  charge 
à  l'étranger  dans  un  but  politique,  religieux 
ou  autre.  —  D.  missionnaire,  pr.  envoyé  en 
mission,  mot  appliqué  particulièrement  à  celui 
qui  est  chargé  de  la  prédication  de  l'évangile 
â  l'étranger. 

MISSIVE,  L.  missivus,  destiné  â  être 
envoyé  (latin  mod.  tiré  du  supin  missum  de 
mittere). 

MISTRAL,  aussi  maôstral,  mestral,  esp. 
maestral,  it.  maeMrale,  prov.  maestre,  nom 
du  vent  do  nord-ouest  ;  pour  ainsi  dire  le 
mailre  des  vents. 

MITAINE,  BL.  mitana,  du  germ.  mitte, 
milieu.  Cette  dérivation  est  fondée  sur  ce  que 
la  mitaine  est  un  gant  divisé  en  deux  moitiés, 
ou  (peut  être)  un  gant  couvrant  la  moitié  du 
bras  ou  la  moitié  de  la  main.  Ce  même  radi- 


cal mit  se  rencontre  encore  dans  miton^  syno 
nyme  de  mitaine,  puis  dans  le  vfr.  mitan, 
moitié  (d'où  mitanier,  syn.  de  métayer),  et 
dans  le  nfr.  mitoyen.  On  pourrait  cependant 
aussi  admettre  que  le  radical  mit  de  tous  ces 
mots  représente  une  contraction  du  thème 
mediet  et  rapporter  mitaine  â  un  type  bar- 
bare medietanus,  mi-parti;  cfr.  modictatetn 
romanisé  par  esp.  mitad,  prov.  mitât,  fr.  mei- 
tié  'moitié,  —  Je  pense  que  la  forme  mite  (= 
mitaine)  des  patois  est  dégagée  de  miton.  — 
Wedgwood,  à  propos  de  l'angl.  mitten  =  fr. 
mitaine,  cite  le  gaél .  m  utan,  gros  gant,  mutag, 
gant  sans  doigts,  qu'il  ramène  au  nord,  mudd, 
vêtement  en  peau  de  renne.  Mahn  se  prononce 
aussi  en  faveur  de  l'origine  celtique,  mais  en 
ramenant  les  mots  cités  à  math,  main. 

MITE,  esp.  mita;  mot  germanique  :  vha. 
misa,  nha.  miete,  ags.  mite,  angl.  mite, 
ni.  mijt. 

MITIGER,  L.  mitigare  (mitis).  —  D.  miti- 
f/ation,  mitigatif, 

MITON,  gant  qui  ne  couvre  que  Tavant-bras; 
synonyme  de  mitaine  (v.  c.  m.),  dont  il  par- 
tage l'étymologie.  On  a  bien  songé  à  l'adj.  lat. 
mitis,  doux,  et  â  mite,  mitou  ==■  chat  (les 
enfants  nomment  pareillement  les  manchons 
en  fourrure  des  minous,  terme  familier  pour 
chatj,  mais  ce  caractère  de  douceur  prêté  aux 
mitons  ou  mitaines  paraît  être  bien  postérieur 
à  l'introduction  de  ces  mots.  Cette  étymologie 
serait  tout  au  plus  acceptable  s'il  était  démon- 
tré que  mitaine  et  miton  désignaient  dans  le 
principe  des  gants  en  peau  de  chat.  —  Quant 
â  l'expression  populaire  onguent  miton  mi- 
taine, on  croit  qu'elle  provient  de  la  synony- 
mie entre  miton  et  mitaine^  «  qu'on  se  serve 
ou  non  d'un  tel  onguent,  c'est  tout  un,  comme 
miton  et  mitaine  »  ;  telle  est  du  moins  l'inter- 
prétation posée  par  Le  Duchat. 

MITONNER,  dorloter,  cajoler;  puis  aussi 
laisser  cuire  doucement,  du  L.  mitis,  doux, 
tendre.  Ou  bien  l'idée  de  traiter  avec  dou- 
ceur, caresser,  se  serait-elle  dégagée  du  subst. 
miton,  gant?  Cp.  etnmito^xner,  anmitoufler, 
envelopper  de  fourrures.  —  Ce  rapport  entre 
mitis  et  mitonner,  cuire  â  petit  feu,  me  sug- 
gère la  pensée  que  mijoter,  qui  partage  les 
acceptions  diverses  de  mitonner,  pourrait 
avoir  une  origine  analogue.  Le  verbe  latin 
mitigare,  rendre  doux,  mûrir,  amollir,  a  pu 
se  perpétuer  dans  quelque  patois  sous  la 
fonne  miger,  dont  migeoter,  mijoter  (laisser 
mûrir,  devenir  tendre,  puis  traiter  doucement) 
serait  le  dérivé.  —  Le  mijé  du  patois  de 
Berry,  comme  le  mitoji  de  quelques  autres 
provinces,  employés  pour  la  partie  molle  du 
pain,  se  déduisent  difficilement  de  mica,mïe, 
tandis  que,  par  mitigare  et  mitis,  nous  arri- 
vons à  l'idée  foncière  «  mou,  tendre  ».  — 
Mijaurée,  la  mignonne, la doucereuRe(v. cm.) 
pourrait  appartenir  à  la  môme  famille. 

MITOUCHE  (sainte),  altération  de  mainte 
nitouche,  faite  peut-être  sous  l'influence  de 
l'idée  ttutis.  On  désigne  par  là  une  i>rude,  une 
fille  hypocrite,  «  dont  il  semble  qu  elle  n'y 
touche  pas  et  qui  cependant  nuit  aux  gens  de 


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MOD 


341  — 


MOEU 


fait  et  de  paroles  dans  Toccasion,  ou  bien  qui, 
faisant  la  dégoûtée,  semble  ne  vouloir  toucher 
à  rien  de  ce  qui  a  été  mis  devant  elle  »  (Le 
Duchat). 

MITOUFLE,  forme  populaire  de  mitaine; 
voy.  mnmitoufler. 

MITOYEN,  singulière  forme  produite  peut- 
être  du  même  radical  mit^  traité  sous  miYat/ic, 
avec  assimilation  du  suffixe  au  mot  équiva- 
lent moyen,  La  langue  fr.  ne  présente  qu'un 
seul  mot  de  formation  semblable,  c'est  citoyen. 
Or,  l'un  et  l'autre  correspondent  avec  un 
subst.  prov.  de  façon  également  uniforme, 
savoir  citad  et  mitad.  On  peut  en  inférer  que 
les  formes  dérivatives  citoyen  et  mitoyen  en 
procèdent  et  représentent  un  type  latin  cttOr 
danus,  mitadanus.  Il  va  de  soi  que  nous  fai- 
sons peu  de  cas  do  l'opinion  de  Roquefort  qui 
voit  dans  mitoyen  une  abréviation  de  moyen 
toyen  :=  mien  tien,  expression  qui  aurait  été 
employée  jadis  pour  exprimer  une  chose  com- 
mune entre  deux  propriétaires.  Une  explica- 
tion par  m^ietanus  serait  contraire  à  la 
lettre.  —  D.  mitoyc^xneté. 

MITRAILLE,  vfr.  mitaille,  en  Normandie 
7nindraiîle,  vieille  ferraille,  puis  basse  mon- 
naie; prob.  du  vfr.  mite^  petite  monnaie  de 
cuivre;  cp.  le  rouchi  mitrale,  monnaie  de 
cuivre  et  de  billon.  Quant  au  primitif  mite, 
c'est  le  néerl.  mijte,  minutia,  oboli  vilissimi 
genus  (Kiliaen).  —  D.  mitrailler, 

MITRE,  L.  mitrafjiirpoc).  —  D.  mitre;  mi- 
tron, garçon  boulanger,  nommé  ainsi  de  la 
mitre  de  papier  dont  il  était  coiffé  dans  les 
vieux  temps,  pendant  qu'il  faisait  la  pâte  (Le 
Duchat). 

MITRON,  voy.  l'art,  préc. 

MIXTE,  L.  mixtus  (miscere);  mixtion, 
L.  mixtio  (d'où  mixtionner)\  mixture,  L. 
mixtura. 

MNÉMONIQUE,  gr.  /iv»7/*9vixo;,  qui  concerne 
la  mémoire;  plur.  fivYifiovtxéi,  prsecepta  de 
memoria. 

MOBILE,  adj.,  L.  moôt/w  (movere)  ;  sub- 
stantivé,  ce  mot  signifie  «  id  quod  movet  », 
force  mouvante,  impulsion,  motif.  Le  mot 
français  d'usage  commun  p.  L.  mobilis  est 
meuble  (v.  c.  m.).  —  D.  mobilité,  immobile, 
mobiliser,  mobilier,  mobiliaire, 

MOGÀDE  ou  MOQUETTE,  étoffe  de  laine 
velue  ou  peluchée,  tissée,  croisée  ou  coupée 
comme  le  velours.  D'où  vient  ce  terme?  De 
quelque  nom  géographique  ou  d'un  type 
inollicus,moVcus  (àQ  mollis;   cp.  molleton)') 

MODAL  (peu  usité],  L.  modalis  (modus)  ; 
modalité,  L.  modalitas. 

1 .  MODE,  subst.  masc. ,  manière,  L.  modiis. 
—  D.  modifier,  L.  modificare.  —  La  langue 
d'oïl  avait  francisé  modus,  comme  terme  de 
grammaire,  en  mœuf(y.  c.  m.). 

2.  MODE,  subst.  fém.,  ~  manière,  façon; 
puis  façon  habituelle,  coutume.  C'est  le  même 
mot  que  le  précédent  ;  le  changement  de 
genre  parait  être  un  effet  de  la  physionomie 
du  mot.  Il  est  bon  de  noter  que  le  mot  nwde, 
masculin  ou  féminin,  est  étranger  à  la  langue 
antérieure  au  xv®  siècle.  —  D.  modiste. 


MODÈLE,  it.  modello,  ail.  modell,  d'un 
type  L.  modcllus  p.  modulus  (modus),  pr.  la 
mesure  d'après  laquelle  on  se  dirige,  patron, 
original.  —  D.  modeler,  pr.  faire  un  modèle, 
puis  aussi  conformer  à  un  modèle.  —  Le  cor- 
respondant littéral  fr.  du  L.  modulus  est 
moule  (y.  c.  m.). 

MODELER,  voy.  modèle. 

MODÉRER,  L.  moderari  (de  modus,  me- 
sure).—  D.  modéré,  pr.  mesuré;  modéra- 
teur, 'Otion,  modérantisme, 

MODERNE,  it.,  esp.  moderato,  du  L.  moder- 
nus,  récent,  actuel  (adj.  formé  de  l'adv. modo, 
récemment  ;  cp.  hodiernus,  hesternus,  formés 
de  même  des  adverbes  ?iodie  et  heri),  — 
D.  moderniser, 

MODESTE,  L.  modestus  (modus).  —  D.  ma 
destie,  L.  modestia. 

MODIFIER,  L.  modificare;  le  sens  latin  est 
modérer  ;  le  sens  moderne,  donner  un  mode, 
changer  le  mode  ou  la  manière.  —  D.  modi* 
fication,  -atif. 

MODDjLON,  de  l'it.  modiglione,  augmenta- 
tif de  modiglù),  qui,  à  son  tour,  représente 
un  type  L  modiculus  p.  modulus,  moule. 

MODIQUE  (mot  d'introduction  savante),  L. 
modicus  (de  modus,  mesure);  cp.  ail.  mûssig, 
m.  s.,  de  mass,  mesure.  —  D.  modicité,  L. 
modicitas. 

MODULE  (mot  d'introduction  savante),  L. 
modulus  (voy.  auss.i  modèle  et  moule), 

MODULER,  L.  modulari  (de  moifulus,  modo 
musical,  chant,  mélodie). 

MOELLE  p.  méolle  [cp.  port,  joelho  p. 
jeolho),  prov.  mezola,  mezolla,  meola^ 
muelha,  esp.,  port,  medulla,  it.  midolla, 
Berry  miolle  ;  du  L.  medulla  (médius).  Voici 
la  succession  des  formes  franc.  :  meoule, 
mooule,  mouelle,  moelle. — L'étymologie  tirée 
du  gr.  fiuîXdi  est  insoutenable.  —  D.  moel- 
leux, 

MOELLON,  vfr.  et  patois  moilon,  moielon; 
i'étymologie  de  ce  mot  est  controversée.  Les 
uns  le  dérivent  de  moelle,  à  cause  que  cette 
pierre  est  tendre  ou  qu'elle  sert  de  remplis- 
sage dans  un  mur.  D'autres  ont  proposé  le 
L.  moles,  masse,  ou  mollis,  tendre.  (Pour  ce 
rapport  de  moilon  au  L.  mollis,  on  pourrait 
comparer  le  mot  moilette,  molette,  outil  cou- 
vert de  feutre  pour  polir  les  glaces,  qui  paraît 
bien  venir  de  mollis.)  Je  ne  serais  pas  éloigné 
d'admettre  pour  moilon  une  étymologie  me- 
diolus,  et  d'expliquer  l'orthographe  moellon 
par  un  faux  rapport  avec  moelle.  On  trouve, 
en  effet,  souvent  un  vfr.  moilon  avec  le  sens 
de  milieu,  et  Littré  remarque  qu'en  langage 
de  maçonnerie  moye  (=  média)  signifie  la 
partie  tendre  d'une  pierre  dure.  —  Peut-être 
est-ce  le  même  mot  que  l'esp.  mojon,  sarde 
mullone,  pierre  servant  de  borne,  tas,  que 
Diez  rapporte  dubitativement  à  L.  mutilus  ; 
donc  une  pierre  non  équarrie,  brute,  informe. 
Il  serait  hardi  d'invoquer  l'ail,  mull,  terre 
pulvérulente,  gravois. 

MŒUF,  terme  de  grammaire.  =  mode  (v. 
c.  m.).  —  L'étym.  traditionnelle  «  modus  »  est 
mise  on  doute  par  Grober  (Ztschr.,  II,  459); 


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MOI 


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MOI 


il  y  reconnaît  le  subst.  verbal  de  maooir  (mou- 
voir). On  trouve  en  effet  rnuef  avec  le  sens  de 
motif  dans  le  Renart,  IV,  981.  —  Si  mœuf 
vient  de  mouvoir  et  non  de  hukIus,  objecte 
G.  Paris,  coniinont  se  fait-il  qu'il  traduise 
toujours  et  uniquement  le  latin  modus  (Rom., 
VIII,  135)? 

MUSUKS,  L.  mores,  plur.  de  mos. 
MOFETTE,  gaz  non  respirable,  dér.  de  Fit. 
muffa,  BL.  mufa,  ail.  mu/jf,  moisissure;  on 
dit  aussi  moufettr. 

MOI,  forme  tonique  de  me  (h.  me). 
VOIE,  tas,  du  L.  meta  (voy.  meule).  —  D. 
moyette,  faisceau  de  gerbes  f  peut-être  le  subst. 
d'un  verbe  ynoyeter,  mettre  en  tas). 

MOIGNON,  charnu re.  partie  charnue,  reste 
d'un  membre  après  l'amputation  ;  amî.  aus.si 
=  estropié,  mutilé  ;  d'origine  obscure.  Le 
breton  a  la  forme  simple  moùy  moun  avec  le 
sens  «  mutilé  de  la  main  ou  du  bras  »  ;  cp. 
aussi  mugnà  en  dial.  de  Côme,  écourter, 
tronquer;  dans  les  Romagnes  mugnaCy  bloc; 
en  esp.  muTion  signifie  le  grand  muscle  du 
bras.  —  J'ai  relevé  l'adj.  vfr.  moing,  dans 
Adenet  le  Roi,  Bueves  de  Comarchis,  31 1  : 
«  Tel  coup  donne  un  païen  que  del  bras  le  fait 
moing  ».  —  D.  vfr.  esmougotter,  esmougno- 
ner,  mutiler. 

MOINDRE,  vfr.  menre,  mendre,  du  L.  mi- 
nor  (voy.  mineur).  —  D.  amoindrir. 

MOINE,  .esp.,  port.,  prov.  monge,  cat. 
monjo,  du  gr.  /*ovi9;,  solitaire.  De  la  forme 
/uiovayo;  vicnncnt  rit.  monaco,  bas-saxon  mun- 
nih^  ail.  mùnch,  ags.  munuc,  angl.  monA.  — 
D.  moinerie,  -illon. 

MOINEAU.  •  De  moitié,  dit  le  P.  Labbe, 
nous  avons  appelé  moineau  les  passereaux, 
parce  que,  au  Psaume  101,  il  est  dit  :  sicut 
pa.sser  solitarius  in  tecto.  »  Ménage  explique 
moineau  par  la  couleur  grise  du  vêtement  de 
CCI-tains  moines.  —  Les  formes  équivalentes 
vfr.  maison,  norm.  moisson,  pic.  mouchon, 
mousso7i,  wall.  mohôn,  cat.  moxo  appellent 
un  type  latin  musdo,  -onis,  de  musca.  Les 
petits  oiseaux  ont  souvent  été  nommés  mou- 
ches; cp.  ail.  gras-miicke,  fauvette,  litt.  mou- 
che d'herbe,  et  le  n.  prov.  mousquet,  «  nom 
donné  par  le  peuple  à  toutes  les  petites  es- 
pèc4îs  d'oiseaux,  assez  indistinctement  ».  On 
est  ainsi  parfaitement  en  droit  de  voir,  avec 
Diez,  dans  moisnel,  d'où  moineV  moineau, 
une  contraction  de  moisonel,  et  partant  un 
diminutif  de  moison,  cité  plus  haut,  =  L. 
muscio.  —  Cependant,  à  cause  de  la  haute 
antiquité  des  formes  moinet,  moinel  sans  s 
(dans  J.  de  Garlande,  j'ai  relové  «  passeres 
motines  »),  Littré  estime  qu'il  y  a  eu  double 
formation  ;  l'une  de  moine,  solitaire,  l'autre  de 
moison. 

MOINS,  vfr.  mains,  prov.  mens,  esip.,  port, 
mcnos,  it.  meno,  du  L.  minus. 

MOIRE,  anc.  mohdre,  mouhaire,  wall. 
vwHe;  1.  étoffe  calandréc,  2.  action  de  moi- 
rer.  L'angl.  a  wio/< air,  d'où  ail.  mohr.  Le  mot 
est  tiré,  selon  les  uns,  de  mou-haire,  poil 
doux,  selon  d'autres,  d'un  mot  oriental  tnoia- 
car,  sorte  de  camelot.  Je  i)ense  que  l'une  et 


l'autre  de  ces  explications  sont  à  ctÀé  de  la 
vérité.  Littré  cite  un  vers  du  xiii*  siècle  : 
«  Quar  en  son  tref  royal  de  mire  alexan- 
drinc  »  ;  cela  fait  supposer  que  la  forme  mire 
a  précédé  moire;  l'angl.  mohmr  parait  être 
une  transformation  faite  sous  l'influence  de 
hair,  poil.  Mais  d'où  vient  miret  —  D.  moi- 
rer.  —  Une  étude  approfondie  récente  sur  la 
signification  première  et  l'étymologie  de 
moire,  due  au  prof.  Tobler  (Grôb.  Ztschr.  X, 
574),  tend  à  démontrer  que  moire  est  une 
forme  tronquée  de  marmoire,  adj.  anc.  =  lat. 
marmoreus,  marbré.  L'argumentation  est 
riche  et  entraînante  ;  l'étude  du  grand  roma- 
niste comprend  aussi  les  formes  diverses  ail. 
angl.,  ital.  et  esp.  issues  du  fr.  moire.  M.  To- 
bler suspecte  fort  l'étym.  mire  mise  en  avant 
par  Littré. 

MOIS,  vfr.  meis,  prov.,  esp.  mes,  it.  mese, 
du  L.  mensis. 

moïse,  pièce  de  bois  longue  et  plate  qui  5e 
place  perpendiculairement  aux  montants  de 
certaines  constructions  pour  les  maintenir, 
etc.;  du  lat.  mcnsa,  table,  pièce  plate  (cp. 
toise  de  tensa).  Cette  étym.  de  M.  Gaston 
Paris  me  fait  abandonner  mon  explication  par 
le  lat.  médius,  qui  figure  dans  les  deux  pre- 
mières éditions  de  ce  livre.  —  D.  moiser, 
garnir  de  ou  lier  par  des  moises.  —  Le  carac- 
tère spécifique  de  la  moise  étant  d'être  com- 
posée de  deux  pièces  réunies  par  des  boulons 
et  toujours  parallèles,  Devic  rapproche  notre 
mot  de  l'arabe  mouâzi,  parallèle,  et  recon- 
naît dans  l'ancienne  forme  amoise  la  trace  de 
l'article  arabe  al, 

MOISIR,  prov.  mozir,  du  L.  mucerc,  mu- 
cescere  —  D.  moisissure. 

MOISON,  dimension  normale,  du  L.  men- 
sionem,  mesure. 

MOISSINE,  faisceau  de  sarments  de  vigne, 
garni  de  feuilles  et  de  grappes.  D'où?  de  m«- 
sis,  moisson;  bouquet,  trophée  de  la  moisson? 
Ou.  comme  propose  Littré,  de  L.  musliis,  frais 
(branche  fraîche)?  J'ai  relevé  dans  mon  Glos- 
saire de  Lille,  p.  40  :  phalanga  moisine; 
cela  rend  l'étym.  plus  difficile  encore. 

MOISSON,  prov.  meisso,  rouchi  michon, 
misso7i,  du  L.  messionem  (metere).  —  D.  mois- 
sonner. 

MOITE,  vfr.  moiste,  angl.  moist;  étymologie 
incertaine.  On  a  proposé  L.  humectiis,  mais 
il  faut  bien  torturer  ce  mot  pour  en  faire 
moiste.  Baudry  s'adresse  à  L.mucidus,Taoisi, 
pr.  morveux,  mais  il  est  diflicile  de  fwre 
concorder  les  formes;  mucidus  par  tnucdus 
pourrait  engendrer  muit,  moit,  et  moidfr 
mais  non  pas  moiste;  il  n'est  pas  probable 
non  plus  que,  malgré  l'identité  de  sens,  l'angl. 
musty  découle  directement  de  mucidus.  — 
Il  faut  écarter  avec  plus  d'assurance  encore 
le  L.  madidus,  humide  ;  ce  dernier  peut  avoir 
produit  le  wall.  mate'  (aussi  rouchi  et  limou- 
sin), par  la  forme  contracte  L.  moHtiS  ou 
malus,  qu'Isidore  définit  par  humectus,  emol- 
litus,  subac^us,  et  qui  se  trouve  déjà  dans 
Pétrone.  —  Diez,  se  fondant  sur  la  coiTéla^^^" 
des  idées  tendre,  mou,  juteux,  humide  (cp- 


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MOM 


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MON 


mouiller  de  mollis,  mou),  indique  le  L.  mus- 
teiis,  frais,  récent,  de  mtistum,  moût,  qui 
convient  parfaitement  à  la  lettre.  —  Pour  ma 
part,  je  me  suis  adressé  en  dernier  lieu  au  L. 
mixtus  (moite  est  un  intermédiaire  entre  sec 
et  mouillé)  ;  le  passage  de  L.  t,  en  position, 
en  fr.  ai  n'est  pas  sans  exemple,  cp.  espois' 
{épais)  de  spissiiSfdois*{àB\s)àQdiscHSt  frotter' 
{frotter)  de  frictare,  doigt  de  dig{i]tus,  enfin, 
exploiter  de  explic'tare.  (Ducange,  sous  mix- 
tum,  frumentum  miscellum,  cite  un  texte 
français  de  1336  portant  bled  moitangé).  — 
Mais  cette  manière  de  voir  est  combattue  par 
Fôrster  (Ztschr.,  III,  260);  il  démontre  le 
fondement  parfait  de  l'étjmologie  mûccidus 
(non  pas  miÂcidus),  mise  en  évidence  par  la 
comparaison  de  buxida,  *biistia,  devenu 
'boiste,  boite.  —  D.  moiteur. 

MOITIÉ,  vfr.  meited,  moitiet,  prov.  meittid, 
mitai,  angl.  moiety  mediety,  du  L.  medieta- 
tem  (médius).  —  Pour  la  terminaison  tié,  cp. 
amitié,  pitié. 

MOL,  MOU,  L.  mollis  —  D.  molière  (dans 
«  t«rre  molière  ").  L.  mollaria  ;  molasse,  d'un 
type  mollaceus  ou  altéré  de  vfr.  mol/astre; 
subst.  mollesse,  L.  mollitia  ;  verbe  mollir,  L. 
moUire  (voir  aussi  mouiller);  adj.  mollet, 
dimin.  de  mol. 

MOLAIRB,  L.  mnlaris  (de  mola,  meule). 

MOLASSE,  voj.  mol. 

1.  MOLE,  terme  d'art  obstétrique,  du  L. 
mola,  faux  germe  (Pline,  7,  15, 13/. 

2.  MOLE,  jetée  de  pierre  à  l'entrée  d'un 
port,  it.  molo,  du  L.  moles,  masse  (avec  chan- 
gement de  genre). 

MOLÉGIJLB,  terme  scientifique,  formé, 
comme  diminutif,  du  L.  moles,  masse.  — 
D.  moléculaire. 

MOLÉNE,  angl.  mullein,  plante  (verbascum 
tliapsus);  soit  de  mollis,  mou,  à  cause  des 
feuilles  souples  revêtues  d'un  duvet  moelleux, 
ou  du  dan.  môl,  mite,  ou  vha.  mol,  papillon 
(donc  herbe  aux  mites). 

MOLEQUIN,  vert  de  mauve,  du  L.  molochi- 
nus  Mugr.  fi-xiic^Yi,  aussi  fioXôyrn,  mauve). 

MOLESTER,  L.  molestare. 

MOLETTE  (d'éperon,  etc.).  du  L.  mola, 
moulin,  donc  pr.  moulinet. 

MOLŒRE,  voy.  mol. 

MOLLESSE,  VOJ  mol. 

MOLLET,  a4).,  dim.  de  mol;  subst.  =  gras 
de  la  jambe,  anc.  aussi  lobule  de  l'oreille.  — 
D.  molleton,  sorte  d'étoffe  ;  mollette,  tnmewr 
molle  à  la  jambe  des  chevaux. 

MOLLETON,  voy.  mollet. 

MOLLIR»  voy.  mol  ;  cps.  amollir,  ramol- 
lir. 

MOLLUSQUE,  du  L.  mollusca  (mollis),  noix 
dont  l'écale  est  fort  tendre;  cp.  le  terme 
ail.  tœichthiere, 

MOMENT,  L.  momentum  (p.  movimentum), 
pr.  moyen  d'impulsion,  puis  poids,  impor- 
tance, petite  division  d'un  tout,  enfin,  petit 
espace  de  temps  :  instant,  moment.  —  D.  mo- 
mentané, d'un  type  momentaneus  (Vulgate), 
analogue  à  subitaneus,  spontaneus. 


MOMEREB,  mascarade,  subst.  dér.  du  vfr. 
momer,  se  masquer;  ce  dernier  de  l'ail,  mum- 
men,  angl.  mumm,  masquer,  déguiser.  Selon 
Ducange,  de  mahomeric,  pratique  musul- 
mane, que  les  chrétiens  regardent  comme 
ridicule.  Cola  n'est  pas  plus  probable  que 
l'étymologie  tirée  de  Momus,  le  dieu  bouffon 
de  la  mythologie.  —  Dans  la  Suisse  française 
le  subst.  momier  désigne  un  dévot  outré. 

MOMIE,  MUMIE,  it.  mummia,  esp.  tnomia, 
cadavre  embaumé;  mot  oriental  :  moumia, 
dér.  du  persan-arabe  mUm,  cire.  —  D.  momi- 
fier, 

MON,  L.  mewm, voy.  aussi  mien.  Autrefois, 
mon  était  la  forme  réservée  aux  cas  obliques  ; 
pour  le  nominatif  m,eus,  l'ancienne  langue 
avait  mes  et  m,is. 

MONACAL,  MONAGHISME,  dérivés  de  mo- 
nachus,  gr.  fiov^yô;  (voy.  moine), 

MONADE,  gr.  ^ovk;,  -xooi,  unité  (jiôvoi),  — 
D.  monadisme,  -iste. 

MONARCHIE,  gr.  fiovap^i*^  gouvernement 
par  un  seul  (fiôvo;  -f-  «.^z"*)-  —  Monarque, 
gr.  fiôv-xpyoi,  qui  gouverne  seul. 

MONASTÈRE,  gr.  fi^vm^Hipiov,  h.  monaste- 
rium,  dont  l'anc.  langue  avait  fait  régulière- 
ment, par  syncope,  m/)ustier,  moutier  (ail. 
munster)'^  comparez  couster  coûter  de  con- 
stare;  m^estier"  métier  do  ministerium. 

MONASTIQUE,  gr.  /A9ya<rrt/.o;  (de  /A9vxjfiv, 
vivre  seul). 

MONAUT,  qui  n'a  qu'une  oreille,  du  gr. 
fLÔvraroi,  m.  s.  Le  nom  de  famille  Monod  est 
prob.  le  même  mot.  La  forme  monaiU  est 
façonnée  sur  un  type  immédiat  monaldus. 

MONCEAU,  monceV,  du  L.  monticellus, 
dimin.  de  mons.  —  D.  amonceler. 

1.  MONDE,  subst.,  vfr.  mont,  L.  mundus. 
—  D.  mondain,  L.  mundanus,  d'où  monda- 
nité. 

2.  MONDE,  adj..  net,  pur,  L.  mundus.  — 
D.  immonde,  mander,  nettoyer,  L.  mundare; 
mondifier,  L.  mundifîcare. 

MONDRAIN,  t.  de  marine,  monticule  de 
sable,  p.  montain;  insertion  de  r  et  adoucis- 
sement du  t  en  d. 

MONÉTAIRE,  L.  monetarius  (de  mo7\eta  « 
fr.  monnaie).  —  De  la  forme  latine  moncta 
vient  encore  :  monétiser,  cps.  démonétiser. 

MONITEUR,  L.  monitor  (monerej;  moni- 
tion,  L.  monitio;  m-onitoire,  L.  monitoria, 
s.  e.  epistola,  d'où  monitorial. 

MONNAIE  autr.  monnoie,  esp.  moneda,  it. 
moneta,  angl.  money,  du  L  moncta.  —  D. 
m,onnayer. 

MONOCLE,  à  un  seul  œil,  mot  hybride 
formé  de  fiôvo^,  seul,  et  L.  oculus,  œil. 

MONOCORDE,  gr.  fAoyo^ooSov,  instrument  à 
une  seule  corde.  Par  une  fausse  relation  à 
manus,  on  en  a  fait  en  esp.  et  port,  manicor- 
dio,  et  en  fr.  manichordion  (vfr.  7fwnacorde), 
instrument  de  musique  à  clavier. 

MONOGRAMME,  gr.  fj.o'jôyp-xfia'x,  pr.  nom 
écrit  en  un  seul  (fiôvoi)  trait. 

MONOGRAPHIE,  gr.  fi-ito/p-xfr,  compo.si- 
tion  littéraire  sur  un  point  unique  ;  en  his- 
toire naturelle,  sur  un  seul  genre  ou  une 


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MON 


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MOR 


seule  espèce  [uô-joi,  unique).  —  D.  monogra- 
phique.      

MONOLITHE,  gr.  ^ovo/i^o;,  d\inc  seule 
pierre. 

MONOLOGUE,  gr.  fi^voUyoz,  qui  parle  seul, 
opp.  à  ciiio/oî,  parlant  à  deux.  Les  Latins 
ont  traduit  littéralement  ftovolô/oi  par  soîilo- 
quiiun, 

MONOMÂNE,  adj.  abstrait  de  monomanie, 
néologisme  signifiant  :  aliénation  mentale 
(,u7via)  portée  sur  une  seule  (/ao/sî)  idée  fixe. 

MONOPOLE,  gr.  iiofoTtfAU,  droit  de  vendre 
(■:trjiivjt)  conféré  à  un  seul  (uovoi).  —  D.  mono- 
poliser.   

MONOTHÉISME,  croyance  en  un  seul  dieu 

MONOTONE,  gr.  /Ltovorovo;,  d'un  seul  ton. 
—  D.  monotonie, 

MONS,  abréviation  £similière  et  méprisante 
du  mot  monsieur. 

MONSEIGNEUR,  MONSIEUR,  voj.  seigneur, 

MONSTRE  (mot  savant),  L.  monstrum.  — 
D.  monstrueux,  L.  monstruosus,  d'où  mons- 
truosité. 

MONT,  L  mons,  montis.  —  D.  moivtucux, 
L.  montuosus  ;  montagne  (v.  c.  m.)  ;  monter 
(v.  c.  m.);  monticule,  L.  monticulus  (voy. 
aussi  monceau)  ;  montain,  pinson  des  Arden- 
nes  ;  amo)it,  =  L.  orf  motitem. 

MONTAGNE,  ynontaigne*,  angl.  mowUain, 
d'un  dérivé  fictif  L.  montanea  p.  montana 
(mons).  —  D.  montagneux,  -ard. 

MONTER,  dér.  de  mont,  pr.  s'élever,  aller 
en  sens  ascendant,  puis,  au  sens  actif,  élever, 
faire  monter,  dresser.  De  la  même  manière 
se  sont  produits  de  vallis,  vallée,  les  verbes 
avaler,  dévaler,  anc.  =  descendre.  —  Dérivés  : 
montage,  action  do  monter;  monla^it,  pièce 
posée  de  bas  en  haut,  chose  qui  monte  ;  monte, 
pr.  action  de  monter  (au  sens  de  saillir,  en 
parlant  des  chevaux)  ;  montée,  action  de  mon- 
ter, puis  endroit  où  l'on  monte;  monteur, 
montoir,  chose  servant  pour  monter  ;  mon- 
ture, action  de  monter  (dans  le  sens  teclmolo- 
gique  de  ce  mot),  ce  qui  sert  à  monter  qqch., 
puis  garniture,  enfin  bête  sur  laquelle  on 
monte.  —  Composés  :  démonter,  ôter  la  mon- 
ture, désasscmbler  ;  remonter,  monter  de 
nouveau  ;  surmonter,  monter  au-dessus,  pas- 
ser par-des.sus,  franchir.  —  Je  me  suis 
demandé  si  le  verbe  monter,  dans  certaines 
acceptions,  comme  «  monter  une  broche  », 
«  se  monter  en  linge  »  est  bien  le  même  mot  ; 
s'il  ne  représenta  pas  plutôt  un  fréq.  muni- 
tare,  de  mnnire,  pourvoir,  garnir  (je  ne  pense 
pas  qu'avec  de  la  bonne  volonté,  l'i  long  de  mit- 
nitare,  en  syllabe  atone,  doive  faire  difficulté). 
On  peut,  à  la  vérité,  déduire  ces  termes  de 
l'idée  générique  «  mettre  sur  »,  et  quant  au 
sens  fournir,  pourvoir,  de  l'expr.  «  monter  un 
cavalier  »,  lui  fournir  un  cheval  et  l'équipe- 
ment. 

MONT-JOIE,  autr.  monceau  de  pierres  en 
signe  do  victoire  ;  du  L.  nions  gaudii.  Quant 
au  cri  de  guerre  monjoie,  voy.  à  ce  sujet  des 
opinions  diverses  dans  Gachet  et  Littré. 

MONTRE,  subst.  verbal  de  montrer[y.  c.  m.). 


MONTRER,  vfr.  monstrer,  mosirer^  mous- 
trer,  du  L.  monstrare. —  D.  montre,  1.  actii»n 
de  montrer,  exposition,  étalage,  échantillon; 

2.  cadran  de  l'horloge,  qui  montre  l'heure, 
puis  par  métonymie  =   horloge  portative; 

3.  autr.  =  revue  (des  troupes). 
MONUMENT,   L.  monument um  (monere). 

—  D.  monumental. 

MOQUER  (SE),  yfr.  moquer^  au  sens  actif; 
prov.  mochar.  Du  gr.  /xw/à»,  m.  s.,  selon 
l'opinion  traditionnelle.  Cela  est-il  bien  cer- 
tain? Pourquoi  l'appellation  d'une  chose  si 
générale,  d'un  acte  qui  se  produit  partout  où 
il  y  a  des  hommes,  serait-elle  exceptionnelle- 
ment tirée  du  grec?  Je  suis  donc  disposé  à  lui 
assigner  une  origine  plus  vulgaire  et  plus 
naturelle.  Moquer  et  moucher  ne  sont  que 
deux  variétés  d'un  même  type  (le  premier  est 
la  forme  picarde  de  moucher).  Or,  ce  type, 
selon  moi,  est  le  BL.  mucare,  mucum  ejicere, 
se  moucher.  Moucher  qqn.  est  une  locution 
figurée  pour  railler,  duper,  comme  l'ail,  spoi- 
tcn,  railler,  se  moquer,  signifie  dans  le  prin- 
cipe cracher  contre  qqn.  Ce  qui  me  confirme 
dans  cette  interprétation,  c'est  qu'en  latin, 
etnungerc,  moucher,  signifie  de  même  au  fîg. 
duper,  escroquer.  Peut-être  encore  se  moquer 
(emploi  pronominal)  n'est-il  autre  chose  que 
se  moucher  de  qqch.,  avec  le  sens  :  en  faire 
peu  de  cas.  —  En  faveur  de  mon  étymologie 
(acceptée  par  Littré),  je  puis  encore  alléguer 
l'ail,  schneusen,  pr.  moucher,  fig.  dujîer.  — 
Les  acceptions  morales  tirées  de  l'acte  phy- 
sique moucher  ne  sont  pas  plus  étranges  que 
celles  tirées  de  l'acte  cacare  dans  les  expres- 
sions vfr.  conchiei',  ail.  bescheissen,  «=  conca- 
care,  impudenter  decipere,  puis  ail.  auf 
etwas  scheissen,  =  en  faire  fi,  s'en  moquer. 

—  Le  prov.  mochar  s'accommode  également 
fort  bien  de  mon  étymologie.  —  Le  radical 
moc,  avec  le  sens  de  railler,  est  aussi  dans  les 
langues  celtiques.  —  D.  moqueur,  -etne;  com- 
posé moquoiseau  =  trompe-oiseau.  —  Voy. 
aussi  narguer.  , 

MOQUETTE,  voy.  mocade. 

MORAILLES.  tenailles  servant  à  serrer  le 
nez  d'un  cheval  impatient  ou  vicieux.  Ce  mot 
n'a  étymologiquement  rien  de  commiui  ni 
avec  lat.  mores,  mœurs  («  faire  la  leçon  au 
cheval  »),  ni  avec  mors  de  mordre;  il  dérive 
du  radical  mor,  mour,  très  répandu  dans 
les  dialectes  du  Midi  et  qui  signifie  museau  ; 
il  signifie  donc  propr.  muselière;  cp.  n.  prov. 
mourrai,  mourrau,  muselière,  n.  prov.  nio- 
railla,  visière.  Mussafia  (Beitrag,  etc.,  p.  80) 
rapproche  encore,  outre  de  nombreux  voca- 
bles congénères  de  l'Italie  du  Nord,  le  cat. 
morallas,  muselière,  cat.  morralet  «  sacculus 
cibandis  equis  » .  Reste  à  trouver  l'origine  du 
radical  mor,  mour;  Mussafia  reconnaît  ce 
radical  encore  dans  prov.  mor,  vfr.  mourre, 
c^p.nwrro,  lèvre  proéminente,  museau,  groin, 
mais  il  n'en  détermine  pas  la  provenance.  — 
D  moraiUo\ 

MORAILLON.  t.  de  serrurerie,  prob.  un 
dérivé  du  mot  précédent,  cp.  prov.  moral  ha , 
«  quod  pcndct  in  vecte  » .  Une  explication  par 


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MOR 


3i5 


MOR 


mordaillon  (op.  plus  loin  mordaché)  n*a  aucun 
appui  ni  ])honétique  ni  historique. 

MORAL,  L.  moralis  (mores).  —  D.  subst. 
morale;  moralité,  moraliser,  démoraliser, 
moraliste. 

MORATOIRE,  L.  moratorius  =  dilatoire, 
de  morari,  retarder. 

MORBIDE,  L.  morbidus,  maladif,  malsain 
fraorbus).  —  D.  it.  morbide:: za,  d'où  fr. 
morbidesse,  mollesse  des  chairs  ;  morbifique, 
L.  morbificits*,  qui  rend  malade. 

MORBLEU,  anc.  morbieii,  euphémisme  p. 
mort  dieu,  c.-à-d.  mort  do  dieu  ;  cp.  corbleu. 

MORCEAU,  anc.  morsel,  morceî  (pour  le 
changement  de  s  en  c,  cp.  peixer,  Hncer, 
saucer,  etc.),  it.  morsello,  dimin.,  du  L.  mor- 
sum  (mordere),  pièce  enlevée  en  mordant, 
bouchée  ;  cp.  ail.  bissen,  morceau  (dim.  ein 
bisschen,  un  petit  peu),  de  beissen,  mordre. 
—  D.  morceler,  d'où  morcellement, 

MORDACHE,  tenaille,  du  L.  mordox^-acis; 
cp.  Texpr.  ail.  beiss-zange  [beissen,  mordre) 
et  esp.  mordacilla;  les  cloutiers  (et  les  im- 
primeurs) disent  également  mordant  p.  pince. 

MORDACITÉ,  L.  mordacitatem  (mordax). 

MORDICANT,  L.  ^nordicantem,  du  BL. 
mordicare  (mordicus). 

MORDICUS,  adverbe  latin,  =  sans  démor- 
dre, comme  fait  le  chien,  qui  ne  lâche  pas  le 
morceau  qu'il  tient. 

MORDIBNNE  (à  la  grosse),  aussi  mor- 
guienne,  expression  populaire  =  sans  façon  ; 
prob.  du  juron  mordienne,  variante  de  mordié 
=  mort  dieu. 

MORDORÉ  =  more  doré,  doré  noir. 

MORDRE,  L.  mordere,  forme  barbare  p. 
mordêre,  Dimin.  mordiller.  —  Du  supin 
morsum,  les  subst.  L.  morsus,  fr.  mors, 
mords,  et  L.  morsura,  fr.  morsure.  —  Voy. 
aussi  morceau. 

MORE,  nom  de  peuple,  du  L.  maurus, 
morus  (grec  firûpoi),  pr.  do  couleur  foncée. — 
D.  moresque,  qui  se  rattache  aux  Mores.  An- 
ciennement, mor  était  un  adjectif  signifiant 
noir,  noir  bnin  ;  do  là  les  dérivés  :  moreV, 
moreau,  it.  morello,  cheval  de  poil  noir; 
ynorelle,  nom  de  plante  de  la  famille  des  sola- 
nées;  moricaud  (v.  cm.);  mordoré  (v.c.m.). 

MOREAU,  -ELLE,  -ESQUE,  voy.  more. 

1.  MORFIL  d'un  rasoir,  =  fil  mort,  tran- 
chant émoussé. 

2.  MORFIL,   dent  d'éléphant,  voy.  marfil. 
MORFONDRE,  causer  un  catarrhe  nasal  (chez 

le  cheval);  se  morfoi\dre,  prendre  froid,  fig. 
perdre  son  temps  à  la  jxjursuite  d'une  affaire. 
On  ne  se  rend  pas  très  bien  compte  de  l'accep- 
tion figurée;  découle-t-elle  directement  de 
l'idée  »  gagner  froid  à  force  d'attendre  »? 
Quant  à  l'origine  du  mot  morfondre,  on  s'en 
tient  généralement  à  morve  fondre  ;  le  froid 
l'a  morfondu,  ce  serait  pr.  «  le  froid  lui  a  fait 
couler  la  morve  »;  le  mot  était  d'abord  un 
terme  purement  médical.  —  D.  morfondure, 
i*cfroidissemcnt  des  chevaux. 

1.  MORGANATIQUE,  nocturne,  mystérieux, 
de  morgane,  lumière  nocturne,  pr.  le  nom  de 


la  fameuse  fée  Morgane  (litt.  la  très  bril- 
lante), sœur  d'Artus  et  élève  de  Merlin. 

2.  MORGANATIQUE  [mariage).  Origine  in- 
certaine ;  peut-être  une  dérivation  savante  du 
verbe  goth.  mawn^/aJi,  raccourcir,  diminuer, 
restreindre  ;  ce  serait  pr.  un  mariage  avec 
restriction.  Je  no  vois  pas  comment  on  peut 
rattacher  le  mot,  ainsi  qu'on  le  fait  générale- 
ment, à  Tall.  morgengabe,  don  du  matin,  soit 
pour  le  sens,  soit  pour  la  forme.  On  trouye 
cependant,  dans  le  droit  lombard,  le  terme 
murgitatio  et  murganale,  désignant  le  «  don 
du  matin  »  que  le  mari  s'engage  à  payer  à  la 
femme  le  lendemain  de  la  nuit  nuptiale.  Ce 
don  constituait-il  le  seul  avoir  dotal  de  la 
femme  mariée  ad  morganaticam  t  Les  juristes 
doivent  le  savoir.  Si  cette  dernière  explication 
doit  prévaloir,  il  faudra  bien  accepter  pour 
primitif  l'ail,  morgen,  matin. 

MORGELINE,  du  L.  morsus  gallinœ;  cp. 
l'expr.  angl.  chickweed,  herbe  de  poulet,  ail. 
vogelkraut,  herbe  d'oiseau.  —  Daprès  Dar- 
mesteter  (Composés,  p.  134),  le  premier  terme 
dans  morgeline,  (îomme  dans  l'it.  mordigeh 
lina,  représente  le  verbe  mordre  à  l'impéra- 
tif; il  faut  lui  donner  raison. 

MORGUE,  voy.  morguer. 

MORGUER,  1 .  regarder  fixement,  exami- 
ner; 2.  braver  d'un  air  fier  et  menaçant;  do 
là  subst.  morgue,  1.  mine  fière,  air  grave  et 
orgueilleux  ;  2.  endroit  où  l'on  examine  les 
prisonniers  qu'on  écrouo  ou  les  corps  morts 
dont  la  justice  est  saisie.  L'origine  de  c«  mot 
m'est  restée  inconnue.  Grandgagnage  cite  le 
languedocien  murga,  visage;  on  pourrait 
donc  voir  au  fond  de  morguer  l'idée  dévisa- 
ger. On  pourrait  aussi  rattacher  le  sens  de 
fierté  au  bas -ail.  murk,  morose,  sombre,  cp. 
suéd.  mork,  noir. 

MORIBOND.  L.  moribundus. 

MORICAUD,  de  more,  noir;  type  latin 
moriscaldus,  extension  de  moriscus. 

MORIGÉNER  (mot  datant  du  xv*"  siècle),  est 
prob.  p.  morigérer,  qui  dérive  du  L.  morige- 
rus,  docile,  soumis,  donc  pr.  rendre  docile, 
dresser,  élever. 

MORILLE,  pic.  merouille,  meroule,  néerl. 
morilhe,  angl.  morel,  vha.  morhïla,  nlia. 
morchel,  suéd.  murkla;  le  radical  mor,  mor  h, 
mork,  pour  les  mots  romans  comme  pour  les 
mots  germaniques,  repi^ôscnte,  selon  les  uns, 
more  ■=  noir  ;  selon  d'autres,  le  mot  germa- 
nique ynor,  moor,  marais.  —  L'étymologie 
la  plus  digne  d'approbation  est  le  primitif 
du  vha.  morhila,  savoir  vha.  moraha,  mlia. 
morcha,  fungus  esculentus. 

MORnjLON,  raisin  noir,  de  more,  noir, 
foncé. 

MORION,  armure  do  tête.  it.  morione,  esp. 
morrion,  port,  morriào;  d'origine  inconnue; 
peut-être  de  l'esp.  m.orra,  crâne;  selon  quel- 
ques-uns :  a  Maurorum  usu.  —  Le  même 
mot,  comme  nom  d'un  châtiment  militaire, 
vient  de  ce  que,  à  l'origine,  on  chargeait 
le  délinquant  d'un  gros  et  pesant  morion  qui 
l'incommodait  beaucoup. 

1.  MORNE,  adj.,  prov.   morn,  du  goth. 


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MOB 


346  — 


MOR 


mouman,  vha.  momen,  angl.  maum,  être 
tristêik. 

2.  MORNE,  aux  Antilles  =  petite  mon- 
tagne, altération  de  l'esp.  mororif  monticule. 

3<^^0RN£,  anneau  n)is  au  bout  de  la 
lamSP^ourtoise  ;  ce  subst.  s'est  dégagé  de 
l'expr.  lance  morne,  lance  triste,  par  oppo- 
sition à  la  lanc«  émoulue,  dont  le  fer  était 
brillant.  —  D.  momé, 
»  MORNIFLS,  coup  de  la  main  sur  le  visage. 
L'origine  de  ce  mot  populaire  m'est  incon- 
nue. 

MOROSE,  L.  morosus,  —  D.  morosité. 

MORPHINE,  de  Morphée,  fils  du  Som- 
meil. 

MORPION,  de  L.  mordens  pedio,  pou  mor- 
dant (pedio,  it.  pedione,  forme  dérivative  de 
ja^âft  primitif  de  jo«cffCM/M5).  Cette  étymolo- 
^^e  Ménage  doit  à  coup  sûr  l'emporter  sur 
celle    de  «  mort  à  pigeon  »   proposée  par 
Bourdelot. 

MORS,  L.  morsus  (mordere). 

MORSE,  mammifère  marin.  D'après  Littré, 
du  danois  mar  (mer)  -f-  ros  (cheval),  mais  on 
ne  trouve  ni  en  danois,  ni  ailleurs  un  com- 
posé de  cette  nature  comme  nom  du  morse. 
Le  mot  est  d'origine  slave  (russe  morsch^ 
pol.  mors),  mais  il  se  trouve  aussi  dans  le 
finnois  m,ursu.  lapon  murs,  —  Voy.  Bugge, 
Rom..  IV,  363. 

MORSURE,  voy.  mordre. 

1 .  MORT,  adj.ou  participe,  L.  mortutis.  — 
D.  mortuaire 9  L.  mortuarius. 

2.  MORT,  subst.,  L.  Ynors,  mortis.  —  D. 
mortel f  L.  mortalis;  mortifier^  -fication^  L. 
mortificare,  -atio;  amortir;  cps.  mortaitte^i. 
de  droit  féodal,  taille  sur  la  mort,  au  moyen- 
âge  =  jus  domini  in  bona  hominum  manus 
mortuae,  d'où  mortaillable. 

MORTADELLE,  esp.  de  saucisson,  de  l'it. 
mortadella,  qu'on  rattache  à  morttyo,  mortier 
(les  ingrédients  de  la  mortadelle  étant  piles 
dans  le  mortier). 

MORTAILLE,  voy.  mort  2.  —  Il  faut  distin- 
guer un  autre  mortaille  de  l'anc.  langue  signi- 
fiant massacre,  mortalité,  tônérailles,  et  qui 
vient  (Jftjjlur.  neutre  mmHatia, 

MOSffitlSB#  aussi  mortaise,  angl.  mortise, 
cymr.  màrtais,  entaille  dans  une  pièce  de  bois 
pour  y  faire  mordre  un  tenon.  L'étym.  par  le 
verbe  mordre  est  vicieuse  ;  il  faudrait  mor- 
daise.  Il  vaut  donc  mieux  se  rallier  à  celle 
qui  reconnaît,  dans  esp.  mortaja,  fr.  mor- 
taise, la  transcription  très  exacte  de  l'arabe 
mourtazza,  fém.  de  mourtazz,  participe  du 
verbe  razz,  à  la  huitième  forme,  et  signifiant 
planté,  fixé,  inséré.  M.  Devic,  auteur  de  cette 
étym.,  observe  que  le  mot  arabe  conviendrait 
mieux  au  tenon  qu'à  la  mortaise;  msûs,  «  dit-il, 
outre  que  l'un  ne  va  pas  sans  Tautre,  on  peut 
remarquer  que  l'ancienne  expression  est  trou 
de  mortaise  ».(Mém.  delà  Soc.  de  linguistique, 
III,  168.)  —  D.  mortaiser. 

MORTEL,  voy.  niort.  —  D.  mortalité,  L. 
mortalitas  ;  immortel,  immortaliser. 

MORTELLIER,  voy.  mortier. 

MORTIER,  esp.  mortero,  port,  morteiro,  it. 


m^yrtajo,  1.  vase  à  piler,  d'où,  par  assimila- 
tion, les  acceptions  :  pièi!«  d'artillerie;  bonnet 
du  chancelier  de  France  et  des  présidents  de 
parlement  ;  2.  mélange  de  sable  et  de  chaux. 
Du  L.  mortarium,  qui  possède  déjà  les  deux 
acceptions  principales  que  nous  venons  d'in- 
diquer. —  Pour  le  terme  de  maçonnerie,  le 
BL.  avait  aussi  mortel  la,  d'où  l'aU.  mortel  = 
mortier,  et  le  dér.  fr.  mortellier. 

MORTIFIER,  voy.  mort. 

MORTUAIRE,  voy.  mort. 

MORUE,  dans  les  dialectes  aussi  mohie, 
wall.  molowe,  moleuwe;  Linné  appelle  ce 
poisson  ^adu5  morhua.  Diez  pense  que  morue 
est  une  syncope  de  moruda,  comme  barbue  de 
barbuda,  bar  buta.  Cependant,  il  ne  trouve  pas 
dans  la  forme  de  ce  poisson  une  raison  sufiS- 
santé  pour  identifier  ce  mot  moruda  avec  le 
prov.  morut  (fém.  moruda),  esp.  morrudo, 
lippu.  Il  s'adresse  donc  de  préférence  à  l'esp. 
morros,  qui  signifie  pr.  de  petits  corps  arron- 
dis, petits  morceaux,  et  qui  s'applique  parti- 
culièrement aux  intestins  de  la  morue  qui  sont 
salés  et  mis  dans  le  commerce. —  Pour  notre 
part,  nous  posons  ici  deux  questions,  qui 
pourront  peut-être  mettre  sur  la  trac«  dune 
étymologie  plus  satisfaisante  :  1 .  L'angl.  me- 
luel,  melv>ell,  =  morue  sèche,  merluche, 
n'est-il  pas  un  dérivé  diminutif  de  moluef 
Sans,  doute;  nous  trouvons  de  même  dans 
l'anc.  langue  moluel,  mttruel,  mais  la  ques- 
tion reste  ouverte  :  le  thème  premier  est-il 
mul,  mol  ou  mur,  mor  t  2.  Est-il  probable 
que  moi^e  nous  vienne  de  l'espagnol,  où  l'on 
a  nommé  ce  poisson  d'une  tout  autre  manière 
(bacallao)^  —  Baudry  pense  que  molue  est 
une  forme  dégénérée  de  merlus. 

1.  MORVE,  port,  morma,  esp.  muermo, 
prov.  vorma,  sic.  morvu.  La  morve  est  une 
des  maladies  principales  ou  plutôt  la  maladie 
par  excellence  du  cheval.  Une  étymologie 
tirée  du  L.  morbus  ne  peut  donc  être  taxée 
d'arbitraire  pour  le  sens  (cp.  le  terme  médical 
morbilles,  it.  morviglione,  également  appli- 
qué à  des  affections  spéciales).  Quant  à  la 
lettre,  toutes  les  formes  citées  s'y  prêtent 
sans  difficulté,  si  ce  n'est  que  l'on  s'attendrait, 
pour  le  français,  plutôt  à  morbe  qu'à  morve. 
Il  n'y  a  que  la  forme  prov.  vorma  qui  fait 
penser  à  une  origine  de  gourme.  La  question 
se  réduit  donc  à  savoir  s'il  faut  expliquer 
morve  oximorma  par  une  corruption  de  vorme, 
vorma,  ou  le  prov.  vorma  par  une  transposi- 
tion de  morva.  —  La  maladie  de  la  morve  se 
manifestant  par  un  fiux  de  mucosité  âpre  plus 
ou  moins  copieux  qui  découle  des  naseaux,  on 
comprend  que  le  même  nom  a  été  donné  à 
cette  mucosité  même.  —  D.  morveux;  mor- 
veau.  —  Voy  aussi  l'art,  suiv. 

2.  MORVE,  t.  de  jardinier,  pourriture  (d'où 
morver,  se  pourrir).  Cette  application  du  mot 
moi^ve  aux  plantes  (chicorées  et  laitues)  paraît 
confirmer  l'étymologie  morbus,  maladie,  éta- 
blie ci-dessus  à  propos  de  morve,  maladie  des 
chevaux.  Ou  bien  cette  nouvelle  acception 
engagerait  elle  à  chercher  une  autre  ongine, 
qui  convienne  aux  deux  applications  du  mot 


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MOT 


347 


MOU 


morve  et  qui  soit  mieux  en  rapport  avec  l'idée 
de  pourriture,  de  décomposition  f  Car  on  ne 
peut  négliger  la  circonstance  qu'en  allemand 
rotz  s'emploie  à  la  fois  pour  la  morve  des 
chevaux  et  pour  celle  des  végétaux,  et  que  ce 
rotz  appelle  nécessairement,  comme  primitif, 
le  verbe  vha.  rozzen,  bas-ail.  rotteti,  pourrir. 
Mais  pour  trouver  à  moroe  une  étymologie 
analogue,  je  n'ai  que  deux  conjectures  à  pro- 
poser :  c'est  ou  l'ail,  mûrbet  v.  flam.  mortoe, 
a=  qui  se  décompose,  ou  un  verbe  latin  bar- 
bare mortuare^  d'où  success.  morivare,  mor- 
varCf  avec  le  sens  de  mortifier,  macérer. 

HORVOLÂNT  ;  ce  mot  désigne  le  déchet  de 
soie  (mort)  qui  tombe  (volant)  dans  le  dévidage 
des  cocons  (Darmesteter). 

1 .  MOSAÏQUE  ^  qui  vient  de  Moïse,  L. 
Moses. 

2.  mosaïque,  ouvrage  de  rapport,  it.  mit- 
saico,  esp.  mosaico,  prov.  mozaic,  aussi  mu- 
zeCf  d'un  type  /utou77ivo;,  prob.  dér.  de  fiouiv, 
art.  Par  un  autre  suffixe,  le  latin  a  tiré  du 
gr.  fiovytloi  la  forme  miisivus,  =  fait  en  mo- 
saïque, d'où  Tall.  musiv-arbeit,  fr.  musif, 

MOSGOUADE,  sucre  brut,  anc.  mascouade; 
du  port,  mascabado,  non  purifié  (en  pari,  du 
sucre),  litt.  déprécié  (Littré,  suppl.). 

MOSQUÉE,  it.  moschea  dans  Dante  mes- 
chita,  esp.  mezquita,  de  l'arabe  mesdjid,  lieu 
d'adoration,  du  verbe  sadjada,  se  prosterner, 
adorer. 

MOT,  prov.  mot,  it.  motto,  esp.,  port,  mote, 
L.  muttum.  •  Muttum  nuUum  emiseris  pro- 
verbialiter  dicimus,  id  est  verbum  »  (Comutus 
ad  Persium)  ;  «  non  audet  dicero  muttum  » 
(Lucilius).  On  fait  dériver  généralement  mut- 
tum du  verbe  L.  muttire^  parler  entre  ses 
dents,  grogner;  ce  verbe  latin  muttire  a 
donné  le  vfr.  et  prov.  mottr,  wall.  moti,  mo- 
ter,  dire  mot.  Le  subst.  exprimerait  ainsi  pr. 
le  moindre  son  que  la  bouche  peut  émettre. 
Toute  autre  étym.,  comme  le  grec  /xD&o;,  pa- 
role, ou  L.  modus,  est  insoutenable.  —  Dim. 
t.  ^noUetto,  d'où  fr.  motet,  parole  mise  en  mu- 
sique. En  vfr.,  le  simple  mot  était  déjà  em- 
ployé dans  le  sens  moderne  de  motet. 

MOTET,  voy.  mot. 

MOTEUR,  L.motor(movere);  motif,  L.mo- 
tivus,  pr.  ce  qui  meut,  ce  qui  porte  à  faire 
qqch.;  motion  L.  motionem,  action  de  mou- 
voir et  d'agiter. 

MOTIF,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  motiver,  in- 
diquer les  motifs,  ou  servir  de  motif. 

MOTTE  (de  t«rre),  vfr.  mote,  tertre,  colline, 
digue,  it.  motta,  terre  éboulée  par  suite  des 
pluies,  bourbe,  esp.,  port,  mota,  levée  de 
terre  pour  clôturer  un  champ  ou  retenir  l'eau. 
L'csp.  m>ota  signifie  aussi  •»  petit  nœud  qui 
reste  au  drap  »,  ce  qui  détermine  Larra- 
mendi  à  rapporter  le  mot  au  basque  motea, 
petit  bouton.  Mais  l'existence  du  néerl.  moet, 
mot,  petite  élévation,  puis  tache,  défaut,  du 
bavarois  mott,  monceau  de  terre  maréca- 
geuse, du  suisse  mutte,  morceau  de  gazon,  du 
néerl.  mot,  déchet  de  la  tourbe,  fait  supposer, 
pour  le  mot  roman,  une  extraction  germani- 


que, n  existe,  toutefois,  aussi  en  gaél.  mota, 
mont.  —  Gaston  Paris  (Rom.,  X,  58)  avance 
l'étym.  L.  môvita,  movta,  donc  pr.  mouvement 
de  terre.  —  D.  mottee,  pièce  de  terre  entourée 
de  fossés  profonds  (dér.  du  mot  motte  dans 
l'ancienne  signification  de  digue;  ;  se  motter, 
en  parlant  des  perdrix,  se  cacher  derrière  des 
mottes  de  terre. 

MOTUS,  interjection,  ^  n'en  dites  rien! 
Prob.  une  forme  gâtée  de  mutits,  muet. 

1.  MOU,  adj.,  voy.  mol. 

2.  MOU  (de  veau),  vfr.  aussi  mol;  c'est  le 
même  mot  que  le  préc. ,  pr.  la  partie  molle, 
opp.  au  cœur  et  au  foie,  qui  sont  appelés  dans 
certains  dialectes  «  le  dur  » . 

MOUCHARD,  dér.  de  mouché,  avec  suffixe 
péjoratif;  le  mouchard  voltige  et  s'introduit 
partout  comme  la  mouche.  Voltaire,  à  la  suite 
de  quelques  autres,  prétend  que  le  mot  mou- 
chard =  délateur,  espion,  vient  d'Antoine 
Démocharès,  recteur  de  l'Université  sous 
Henri  II,  fameux  par  son  zèle  à  dénicher  des 
protestants  et  dont  le  véritable  nom  était 
Mouchy.  Cette  assertion  n'est  pas  fondée. 
Comme  l'a  fort  bien  rappelé  Ch.  Nodier, 
mouche  est  encore  synonyme  de  mouchard 
tant  dans  ce  sens  particulier  que  dans  son 
usage  proverbial  «  une  fine  mouche  ;  je  vou- 
drais être  mouche  ».  Mouche  de  cour  se  lit 
déjà  dans  l'Éperon  de  discipline  d'Antoine  du 
Saix,  qui  fit  imprimer  cet  ouvrage  à  une 
époque  où  le  père  de  Mouchy  était  encore  fort 
jeune.  —  Du  reste,  déjà  le  L.  musca  s'em- 
ployait figurément  pour  une  personne  curieuse 
ou  importune.  —  D.  moucharder,  anc.  (xv*  s.) 
aussi  moucher. 

MOUCHE,  prov.,  it.  et  esp.  mosca,  du  L. 
musca  (gr.  fiutyurj,  dim.  de  /xJIt).  —  D.  mou- 
cheron, petite  mouche  ;  moucherolle  =*  gobe- 
mouches;  mouchet,  émouchet.  nom  d'oiseau, 
cp.  le  terme  ail.  gras-mucke  (voy.  notre  ob- 
servation à  propos  de  moineau)  \  d'autres 
toutefois  pensent  que  m4>uchet  vient  du  plu 
mage  moucheté);  moucheter,  verbe  fréquen- 
tatif, =  parsemer  de  petites  mouches  ou 
taches. 

MOUCHER,du  L.  mucus;  moucher,  c'estfaire 
sortir  la  mucosité  du  nez  en  pressant  ou  pin- 
çant les  narines  ;  puis,  par  assimilation ,  ôter 
le  bout  du  lumignon  d'une  chandelle,  qui 
empêche  celle-ci  de  bien  éclairer.  —  Voy 
aussi  notre  article  moquer.  —  D.  mouchon 
ou  mouchures;  mouchettes  (pour  la  finale,  cp. 
pincettes);  moucheron,  bout  d'une  mèche  brû- 
lante ;  mouchoir,  linge  pour  se  moucher  (par 
extension,  le  mot  s'emploie  pour  des  linges  à 
d'autres  usages).  Quelque  subtil  linguiste 
avait  imaginé  un  jour  une  distinction  étymo- 
logique entre  mouchoir  et  mouchoir  ;  il  prô- 
dait  que  si  le  mouchoir  de  poche  servait  à  se 
moucher,  le  mouchoir  de  cou  servait  à  éloi- 
gner les  mouches! 

MOUCHERON,  voy.  mouche  et  moucher. 

MOUDRE,  vfr.  moldre,  moire  'le  d  épcnthé- 
tique  disparaît  devant  les  voyelles  et  VI  primi- 
tif reparaît,  de  là  le  partie,  molu  moulu);  du 
L.  molera.  —  D.  mouture,  p.  molture. 


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MOU 


—  348 


MOU 


HOUE»  anc.  ynœ  (c'est  du  fr.  que  vient 
l'angl.  ntcnc,  m. s.;  cp.  row  de  vouer).  Suivant 
Dicz,  de  l'anc.  néerl.  rnuîitc€==  lèvre  inférieure 
avancée,  dans  moiiioe  maken  =  faire  la  nione, 
cp.  le  rouchi  faire  la  li[>pe  (lippe  =  lèvre). 
L'étymologie  angl.  mouth,  boucbe,  ne  parait 
point  admissible  au  philologie  allemand,  bien 
que  l'angl.  dise  tnake  moiah  pour  faire  la 
moue. 

MOUETTE,  voy.  maute  2. 

MOUFETTE,  voy.  mofette, 

1.  MOUFLE,  V.  flam.  moffel,  dans  les  pa- 
tois mofe,  tnoiiffe,  BL.  mujffula,  ni.  moffel, 
gros  gant  fourré,  dimin.  de  l'ail,  tnuff',  lequel 
représente  mha.  mou,  moutoe,  manche,  man- 
chon. Tumèbe  expliquait  fort  ingénieusement, 
trop  ingénieusement,  le  mot  moufle  par  «  ma- 
nuum  infulœ  »,  dont  petinfidœy  pantoufles  = 
pedum  infulse,  formel  ait  le  pendant.  —  La 
dérivation  de  muff,  ci-dessus  consignée  sur 
l'autorité  de  Diez,  n'est  pas  à  l'abri  de  doute; 
le  mot  germanique  pourrait  bien  être  abstrait 
du  mot  roman  (voy.  Heyne,  ap.  Grimm),  et 
Von  ne  peut,  à  l'égard  de  ce  dernier,  se  dis- 
penser de  prendre  en  considération  les  mots 
équivalents  BL.  manufollia,  muffbla,  mani- 
flua,  et  le  languedocien  manoufla,  que 
Grandgagnage  décompose,  interrogativcment, 
en  manu-mu ffxila^  mais  dans  lequel  il  faut 
plutôt  voir  une  altération  du  L.  manupola 
p.  manipulus,  poignée  (cp.  vfr.  mofle  de  foin 
=*  manipulus  fœni).  —  Voy.  aussi  pantoufle. 

2.  MOUFLE,  visage  gras  et  rebondi,  d'où 
mouflardf  moufle',  mouflu,  verbe  moufler, 
serrer  les  joues  et  le  nez  à  qqn.  de  manière  à 
lui  faire  boursoufler  les  joues.  Cp  esp.  mo- 
fletes,  grosses  joues.  Grandgagnage  compare 
les  termes  germ.  :  v.  néerl.  moffelen,  muffe- 
len,  buccas  movere,  dial.  d'Aix  tnofel,  une 
grosse  bouchée,  et  mofeln,  manger  à  pleine 
bouche.  Cependant,  le  linguiste  liégeois  ne 
déduit  pas  le  mot  fr.  de  lun  ou  l'autre  de  ces 
vocables;  moufle,  malgré  son  genre  féminin, 
est,  d'après  lui,  une  forme  variée  de  mufle 
(v.  c.  m.).  Diez  pense  que  moufler,  boursou- 
fler, pourrait  bien  être  déduit  de  la  moufle 
=  gros  gant. — Ce  serait  par  trop  hardi  que  de 
ramener  moufle  au  mot  (dialectal)  ail.  mnmp- 
fel  =  bouclie  pleine,  lequel  est  gâté  de  mund- 
voll  (on  trouve  aussi  muffhl)  =  plein  la  bouche. 

3.  MOUFLE,  système  de  poulies  assemblées 
dans  une  même  chape,  etc.  ;  étymologie  in- 
connue ;  de  moufle,  gant  ?  ou  de  l'ail,  mruffeln, 
angl.  muffle,  envelopper? 

4.  MOUFLE,  petit  four  mobile,  ail.  milffel, 
angl.  tnuffle;  l'assimilation  sur  laquelle  re- 
jKise  cette  dénomination  ne  m'est  pas  connue. 

MOUFLON,  d'origine  inconnue  ;  l'ail,  appelle 
milffel  un  chien  à  grosses  lèvres  pendantes. 

MOUILLER,  prov.,  port,  mo/har,  esp.  mo- 
jar,  dun  type  latin  muUiare,  fait  de  mollis, 
comme  graviare,  leriare  de  gravis,  levis. 
L'ail,  dit  de  même  cinweichen,  tremper, 
mouiller,  de  toeich,  mou;  cp.  it.  molle,  hu- 
mide. —  D.  mouillage,  subst.  du  verbe 
mouiller  au  sens  spécial  de  •«  mouiller  l'an- 
cre n. 


1.  MOULE,  fém.  ;  les  formes  langiiod. 
muscle,  en  Bretagne  moucle,  cat.  mxisch, 
angl.  niuscel,  vha.  muscla,  all.m«5c/ee/,etc., 
ne  f>ermettent  pas  de  douter  de  Tétymologie 
L.  musculus,  moule,  coquillage.  —  D.  nwu- 
liére,  mouletie. 

2.  MOULE,  masc.,  du  L.  modulus,  devenu 
d'abord  modle  (d'où  par  assimilation  le  prov. 
et  vfr.  molle,  et  par  transposition,  esp., port. 
molde,  angl.  mould).  L'ail,  dit  nuxiei.  — 
D.  moider,  jeter  en  moule,  d*où  moulure, 
ornement  moulé,  et  mouleur. 

MOULIN,  it.  mulino,  esp.  molino,  d'an  type 
latin  molinus  (Amm.  Marc,  a  le  féminin  mo- 
lino), dérivé  de  mola,  m.  s.  (qui  est  la  source 
directe  du  fr.  meule).  Du  dérivé  latin  molina- 
7'ius  viennent  :  esp.  molinero,  it.  muUnaro, 
mugnajo,  fr.  molinier*  mol  nier",  mounier, 
meunier.  —  D.  de  moulin  :  le  dimin.  mouli- 
net ;  verbe  moxdiner. 

MOULT*,  beaucoup,  du  L.  multum. 

MOURIR,  L.  moriri,  forme  archaïque  de 
mori. 

MOURON,  wall.  moron,  n.  prov.  mour- 
roun,  mourél,  mouret.  Le  v.  flam.  a  muer, 
muerhruyd,  muyr;  Kiliaen  définit  :  herba  in 
mûris  et  tectis  nascens  ;  mais  Grandgagnage 
conteste  cette  étym.  pour  des  raisons  diverses 
et  conclut  ainsi  :  «  Si  Ion  compare  avec  les 
autres  formes  ci-dessus  Tesp.  muruge  et  le  fr. 
ynorgeline,  autre  nom  pour  l'alsine  ou  mou- 
ron des  oiseaux,  on  sera  porté  à  croire  que  le 
radical  commun  à  tous  ces  mots  est  le  lang. 
mourre  et  morga,  museau  ;  la  cause  de  cette 
dérivation  consistant  naturellement,  si  elle  est 
fondée,  en  ce  que  Ton  a  vu,  ou  cru  voir,  une 
ressemblance  entre  un  museau  et  la  fleur  ou 
la  feuille  du  mouron  ».  Cette  conclusion  reste 
problématique,  et  Tétymologic  de  mouron 
encore  à  fixer.  J'abandonne  mon  ancienne 
explication  par  mordre. 

MOURRE  (jeu  de  la),  de  Tit.  morra.  Le  nom 
de  ce  jeu,  qui  répond,  quant  à  la  chose,  à  la 
micatio  des  Latins  (micare  digitis),  n'est  pas 
encore  expliqué. 

MOUSQUET,  vfr.  moschete,  esp.  mosquete, 
it  moschetto,  BL.  mitscJieta,  primitivement 
une  espèce  d'arbalète,  puis  une  arme  à  feu. 
Cette  arme  tire  son  nom  d'une  espèce  d'éper- 
vier  appelé  prov.  mosquet,  mosqueto,  it.  mos- 
cardo,  fr.  mouchet  et  émouchet,  et  qui  à  son 
tour  tire  le  sien  de  musca,  mouche  (voy.  moi- 
neau, émouchet  et  mouchet).  On  sait  que  les 
anciens  ont  souvent  appelé  leurs  armes  ou 
engins  de  guerre  d'après  des  noms  d'animaux  ; 
cp.  tiercelet,  couleuvrine,  sacre,  bélier,  it. 
falconetto,  etc. —  'D.  mousqueton,  \i.  moscliet- 
tone  ;  mousquetaire,  mousqueterie. 

1.  MOUSSE,  masc,  jeune  apprenti  mate- 
lot, it.  mozzo,  esp.  mozo,  garçon;  selon  Dicz, 
du  L.  mifstus,  jeune;  étymologie  contestable; 
d'après  Baist  ^Grôb.,  Ztschr.,  VI,  118).  d'un 
type  lat.  muticus  =mutilus  (tondu,  imberbe!: 
c'est,  à  son  avis,  aussi  à  mutilus  que  répond 
esp.  mocho  (tonduj,  d'où  muchacho,  garçon. 
—  Notez  qu'au  xv*  siècle,  on  trouve  le  fr. 
mousse  aussi  au  sens  de  jeune  fille. 


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I 


MOU 


349  — 


MUE 


2.  MOUSSE,  subst.  féminin,  plante,  prov. 
mossa;  du  vha.  tnos,  nha.  moos,  angl.  moss. 
La  forme  it.,  esp.  musco,  cependant,  repré- 
sente le  L.  musciis  (gr.  fidy^oi)  ;  it.  muschio 
et  valaque  mxischiu  ont  pour  type  un  dim. 
L.  tnusculus,  —  D.  mousseron,  moussu. 

3.  HOUSSE,  subst.  fém.,  écume.  C'est  le 
môme  mot  que  le  précédent,  avec  une  signifi- 
cation métaphorique.  —  L'étymon  L.  *muîsa 
(de  mulsuSf  mêlé  de  miel),  proposé  par  Bou- 
cherie, a  peu  de  probabilité.  —  D.  mousser, 
acyectif  mousseux, 

4.  MOUSSE,  adj.,  it.  tno3so,  prov.  mos,  du 
néerl.  mots  =  dont  la  pointe  est  cassée,  cp.  ail. 
mutsen,  écourter,  courtauder.  —  D.  émous- 
ser. 

MOUSSELINE,  esp.  muselina,  it.  musso- 
lino  et  mussolo,  angl.  muslin,  toile  de  coton 
très  fine  que  l'on  tirait  autrefois  de  la  ville  de 
Mossul,  en  Mésopotamie,  d'où  lui  vient  le 
nom. 

MOUSSON,  it.  monsone,  esp.  mo7isonf  port. 
monçâo,  angl.  monsoGn,  malais  musim, 
liindostani  mauSim,  de  l'arabe  mausim, 
temps  désigné,  saison. 

MOUSTACHE,  it.  mostaccio,  esp.  mostacho, 
albanais  mustakc,  du  gr.  p^jiraX,  m.  s. 

MOUSTELLE,  sorte  de  gade  (poisson),  L. 
mustela,  -ella.  Le  mot  moutelle^  autre  nom 
de  poisson,  est  une  variété  du  même  mot. 

MOUSTIQUES,  par  transposition  p.  mous- 
quites;  de  l'esp.  mosquito,  dér.  du  L.  musca, 
mouche.  —  D.  moustiquaire. 

MOUT,  ail.  most,  du  L.  mustum,  s.  e.  vinum 
(de  mustus,  jeune,  nouveau,  d'où  aussi  mou- 
tard et  verbe  émoustilîer).  —  D.  moutarde 
(v.  c.  m  ). 

MOUTARD,jeune  garçon  vif,  du  L.  mustus, 
jeune.  —  Ce  terme  populaire  moutard  sup- 
pose, d'après  cet  étymon,  une  forme  anté- 
rieure moie^tor^^,  dont  tout  exemple  fait  défaut 
iusqu'ici.  Malgré  cela,  l'étym.  historique  rap- 
portée dans  le  suppl.  de  Littré  et  d'après 
laquelle,  lors  d'une  lutte  entre  gamins  de 
Paris,  en  1826,  le  mot  moutard  aurait  été, 
par  corruption,  appliqué  aux  gamins  du  quar- 
tier Mouffetardf  ne  mérite  guère  de  crédit. 

MOUTARDE,  prov.,  it.  mostarda;  dérivé  du 
L.  mustum,  fr.  moitt;  cp.  mlia.  mostert  (auj. 
mostrich),  néerl.  mosterd,  angl.  mustard.  La 
moutarde  est  de  la  graine  de  sénevé  broyée 
avec  du  vinaigre  ou  du  moût.  Le  nom  s'est 
communiqué  ensuite  à  la  graine  de  sénevé, 
puis  à  la  plante  même.  —  D.  moutardier. 

MOUTELLE.  voy.  moustelle. 

MOUTIER,  moustier,  voy.  monastère.  En 
Lorraine,  mote  =  moiitier  est  encore  le  mot 
usuel  pour  église. 

MOUTON,  bélier  châtré,  vfr.  molton,  it. 
montone,  pic.  mouton,  vénitien  moltoney  prov., 
cat.  moUo,  BL.  multo.  On  trouve  le  mot  dans 
les  langues  celtiques  (anc.  irl.  molt,  gaél. 
7niilt,  cyinr.  molt,  Cornouaillcs  moi^,  bret. 
maout),  mais  on  n'y  rencontre  aucune  racine 
qui  les  explique.  La  langue  romane  présente 
elle-même  un  primitif  très  acceptable  ;  c'est  le 


mot  moût  (n.  prov.),  mot  (dial.  de  Côme), 
mult(disL\.  des  Grisons)  =  châtré.  Or,  ce  thème 
muitj  d'où  jnout,  est  produit,  par  transposi- 
tion de  la  liquide,  de  î'adj.  L.  mutilus.  Diez, 
auteur  de  cette  étym.,  rapproche  le  n.  prov. 
cabro  mouto,  chèvre  à  laquelle  on  a  enlevé  les 
cornes  (en  suisse  muttlt,  c'est  la  capella  mu- 
tila de  Columelle).  Mouton,  pour  le  sens, 
dérive  du  L.  mutilus  de  la  même  manière 
que  le  terme  équivalent  ail.  hammel  de  vlia. 
hamal  =  mutilé  (cp.  aussi  vfr.  castrois,  mou- 
ton). —  D.  moiUo7i)ier,  moutonneux,  -ier. 

MOUTURE,  voy.  moudre. 

MOUVOIR,  en  termes  de  jardinage  et  d'au- 
tres métiers  aussi  mouï>er  =  remuer,  du 
L.  movere.  —  D.  mouvement;  mouvance,  tiré 
de  mouvant,  t.  de  droit  féodal. 

MOXA,  t.  do  chirurgie;  mot  chinois. 

MOTE,  voy.  moyer. 

MOYEN,  a(y.  et  subst.,  prov.  meian,  esp. 
m^ediano,  du  L.  medianus  (médius).  —  D. 
mx)yenner,  d'où  moyennant,  pr.  participe, 
puis  préposition,  cp.  comme  formation,  les 
prôp.  nonobstont,  durant,  pendant. 

MOTER,  t.  de  maçon,  couper  une  pierre  en 
deux,  d'un  type  L.  mediare  tiré  du  L.  médius. 
—  D.  subst.  verbal  moye,  partie  tendre  de  la 
pierre  que  l'on  enlève  en  la  moyant. 

1.  MOYEU  (d'une  roue),  du  L.  modiolus, 
m.  s.  Au  simple  modius  répond  la  focme  it. 
mx)zzo. 

2.  MOYEU,  jaune  d'œuf,  pr.  le  centre  de 
l'œuf,  prov.  moiol,  muiol  ;  selon  les  uns,  d'un 
type  mediolus  (de  médius),  donc  le  milieu  de 
l'œuf  ;  selon  d'autres,  c'est  le  même  mot  que 
le  préc.  «  par  assimilation  de  figure  arrondie 
et  de  situation  centrale  »  (Littré)  ;  Diez  pro- 
pose L.  mutilus  (mytilus),  accentué  mutûlus, 
moule,  coquillage,  mais  la  forme  n'y  est  pas 
favorable  :  fr.  eul  ne  se  produit  jamais  que 
sur  un  type  latin  en  oins.  L'anc.  orthographe 
moiœuf  est  une  orthographe  interprétative, 
que  démentent  les  textes  les  plus  anciens,  qui 
ont  m^ieul  ou  moyeul. 

3.  MOYEU,  sorte  de  prune  confite  ;  d'ori- 
gine inconnue.  —  En  Normandie,  moyeu  est 
synonyme  de  noyau  (de  cerise,  de  prune, 
d'abricot). 

MUCHE-POT  (A),  en  cachette,  de  muclier 
forme  picarde  de  musser[\.  c.  m.). 

MUCILAGE,  du  L.  mucus,  fait  sur  le  mo- 
dèle de  cartilage.  —  D.  mucilagineux. 

MUCUS,  mot  latin  ;  de  là  muqueux,  L.  mu- 
cosus  (d'où  mucosité)  ;  verbe  BL.  muccare,  fr. 
moucher  (v.  c.  m.)  ;  mucilage  (v.  c.  m.),  mu- 
cique,  mucite. 

1.  MUE,  subst.  fém.,  demuer  (v.  c.  m.). 

2.  MUE,  a(\j.,  dans  «  rage  mue  »,  fém.  de 
mut*  m,u,  prov.  mut,  it.  muto,  qui  est  le 
L.  mittus,  muet  —  D.  muet,  dim.  ;  muter  (\q 
moût),  on  arrêter  la  fermentation. 

MUER  (en  t.  de  marine  muder),  prov.  mu- 
dur,  du  L.  mutave,  changer.  —  D.  mue, 
changement  (de  plumes,  de  peau,  de  voix), 
j)nis  aussi  la  cage  où  l'on  met  l'oi-seau  quand 
il  mue  (dimin.  muette  (v.  c.  m.);  muance, 
muable,  immuable,  remuer  (v.  c.  m.j. 


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MUG 


350 


HUL 


MUST,  voy.  mue  2.  —  Pour  muet,  le  vfr. 
disait  muel,  d'un  type  mutalis. 

IfUETTE,  pr.  local  où  l'en  tient  les  ani- 
maux pendant  le  temps  de  la  mue,  puis  par 
extension  :  pavillon  ou  rendez-vous  de  chasse  ; 
dim.  de  mue,  voy.  muer.  —  Selon  Génin, 
toutefois,  le  dernier  sens  a  une  origine  dis- 
tincte :  savoir  le  vfr.  mu^e,  qui  se  prononçait 
meule;  la  prononciation  moderne  reposerait 
erronément  sur  lorthographe  antique;  en 
effet,  le  lien  du  bois  de  Boulogne  dit  la 
Muette  s'est  dit  et  écrit  aux  xvii"  et  xvju®  siè- 
cles, la  Meute.  Il  s*agit  donc  d'un  lieu  où  Ton 
tient  des  meutes  de  chien. 

MUFLE»  d'après  Diez,  de  Tall  moffel  s=qui 
a  de  grosses  lèvres  pendantes.  Cp.  aussi  le 
norm.  moufler,  faire  la  moue,  pic.  moufeter, 
remuer  les  lèvres,  ail.  muffeln,  mâcher.  Voy. 
aussi  l'art,  moufle  2.  —  D.  muflier,  t.  de 
botanique. 

MUGE  (poisson),  du  L.  mugil,  m.  s. 

MUGIR,  vfr.  muïr,  L.  mugire. 

MUGOT,  trésor  caché.  Ce  mot,  que  Ton 
suppose  avoir  été  altéré  dans  la  suite  en  ma- 
got, son  équivalent  (v.  c.  m.},  était  autrefois 
musgotf  et  se  présente  beaucoup  dans  les 
patois  avec  un  t  ;  migot,  mtgeot;  on  trouve 
aussi  les  formes  féminines  musgode,  musgœ, 
murjoe  (cp.  zarlet  p.  vaslet),  migoe.  Le  sens 
primordial  était**  fruitier,  lieu  où  l'on  garde 
les  fruits  ».  G.  Paris,  qui  s'occupe  en  détail 
de  ce  mot  dans  sa  Yie  de  saint  Alexis,  p.  186, 
n'avance  aucune  étymologie;  il  se  borne  à 
citer,  dans  deux  glossaires  flamands-latins, 
d'une  part,  muedecke  •  pomarium,  locus 
ubi  poma  reservantur  •»;  d'autre  part,  muych, 
muydich  (avec  la  même  traduction),  sans 
établir  aucune  communauté  d'origine.  Effecti- 
vement, la  forme  primitive  musgot  est  difficile 
à  concilier  avec  le  radical  mued,  muijd,  du 
mol  flamand.  Aussi  le  prof.  Storm  a-t-il 
recours  à  une  autre  explication.  Le  mot  lui 
semble  avoir  eu  d'abord  le  sens  de  garde- 
manger,  provision  de  vivres  et,  plus  spéciale- 
ment, celui  de  «  pomarium  »,  ce  qui  îamène 
à  rattacher  musgode  au  mha.  muos-gadem 
«  cenaculum  »  (composé  de  muos  -  cibus, 
cibus  coctus,  pulmentum  »,  et  gadem  «  con- 
clave, domus,  septum  »).  Il  cherche  à  écarter 
la  difficulté  que  présente  l'o  du  mot  fr.  en 
présence  de  l'a  de  gadem,  en  alléguant  divers 
cas  de  ce  changement  de  a  en  o  dans  le  do- 
maine de  la  langue  allemande  elle-même 
(Rom.,  If,  85).  —  Il  est  utile  d'ajouter  qu'en 
Normandie,  mugot  se  dit  pour  la  provision  de 
fruits  que  l'on  garde  pour  l'hiver  et  qu'on 
laisse  mûrir  sur  la  planche. 

MUGUET,  vfr.  musguet  ;  anciennement  on 
disait  aussi  noix  muguette  p.  noix  muscade. 
Du  fr.  muguet  vient  l'it.  mughetto.  Je  rétracte 
Téquation  que  j'avais  posée,  muguet  =  L. 
muscatus,  qui  pèche  contre  les  lois  phoné- 
tiques françaises;  le  mot  est  le  dim.  d'une 
forme  simple  musgue,  mugue,  qui  se  ren- 
contre encore  dans  les  diaî.  du  Midi  et  qui 
vient  de  *musca,  fém.  de  muscus,  musc.  En 
wallon  on  dit  murguè  (l'ancien  s  changé  en  r  ; 


cp.  varlet  de  taslet).  —  Au  subst.  mugnd, 
dans  lésons  de  galant,  petit-maitre  'op.  mus- 
cadin  ,  se  rapporte  le  verbe  mitgueter,  faire 
le  galant  auprès  des  dames. 

MUID.  prov.  muei.  mueg,  it.  moggio,  esp. 
moyo,  du  L.  modius,  mesure,  boisseau. 

MUntS,  it.  moja,  du  L.  muria.  Voy.  sau- 
mure. ^ 

MULÂTRE,  esp. ,  port,  mulato,  ail.  midatte  ; 
sens  premier  :  issu  d'un  étalon  et  d'une 
ànesse,  puis  né  d'un  blanc  et  d  une  négresse, 
ou  d'un  nègre  et  d'une  blanche;  dér.  du 
L.  mulus,  mulet. 

MULCTE',  amende,  L.mulcta.  —  D.  mule- 
ter,  punir,  maltraiter,  L.  mulctare. 

1.  MULE,  femelle  du  mulet,  L.  mula.  Le 
vfr.  avait  aussi  le  masc.  mul  =  L.  miUus.— 
D.  mulet. 

2.  MULE,  cliaussure  sans  quartier,  it. 
mula,  esp.  mulilla,  wall.  mole;  du  L.  mul- 
leus,  soulier  de  cuir  rouge,  que  portaient  les 
patriciens  de  Rome  qui  avaient  exercé  une 
magistrature  curule. 

3.  MULE,  engelure  au  talon  (pr.  crevasse); 
puis  spécial,  fente  ou  crevasse  qui  se  montre 
sur  le  derrière  du  boulet  du  cheval  et  d'où 
suinte  une  sérosité  fétide.  Du  v.  flam.  muyl, 
m.  s.,  signification  qui  s'est  peut-être  déduite 
de  celle  de  mugi,  bouche,  ouverture. 

1 .  MULET,  quadrupède,  voy.  mule  1 .  — 
D.  m^uletier,  tnuleton. 

2.  MULET,  poisson,  dim.  de  muîh,  pois- 
son, qui  est  le  L.  mullus,  rouget.) 

1.  MULLE.  poisson,  voy.  l'art,  préc. 

2.  MULLE,  garance,  du  L.  mulleus,  de 
couleur  rouge  (de  mullus,  rouget. 

MULLETTB,  gésier  des  oiseaux  de  pi-oie, 
dér.  de  mulle,  usité  seulement  dans  l'expres- 
sion franche-mulle,  qui  désigne  l'estomac 
chez  le  bœuf;  du  vfr.  mule,  poche,  sac, 
estomac  (d'après  Littré;. 

MULOT,  du  néerl.  mul,  ags.  myl,  terre  en 
poussière;  cp.  néerl.  mô/,  angl.  mole,  = 
taupe,  et  l'ail,  maul-uourf,  taupe,  pr.  qui 
jette  de  la  terre.  —  Il  n'y  a  pas  de  doute  que 
le  radical  immédiat  des  mots  germaniques 
cités  ne  soit  mu2  (cp.  les  gloses  de  Reicbenau, 
p.  51  :  talpas,  muli(\m  terram  fodiunt),  mais 
les  étymologistes  allemands  sont  d'accord  â 
voir  dans  les  formes  mid-werf,  mole,  myU 
mul,  dos  corniptions  du-  thème  premier  qui 
estmw/t/ctqui  signifie  terre,  poussière;  gotb. 
mulda,  ags.  molde,  angl.  mould.  Le  vha. 
disait  p.  nuiultourf  exclusivement  moU-^Dcrf 
(ou  -tourf).  —  L'étymologie  L.  mus,  mûris. 
n'est  pas  probable.  —  D.  muloter. 

MULQUINIER,  ouvrier  qui  tisse  les  batistes, 
les  linons  ;  aussi  murquinier  et  musquinier- 
Le  vrai  mot  est  molequinier,  m,ulequinier  ;  il 
vient  de  rnolcquin,  mullequin,  étoffe  fine  et 
précieuse  dont  on  faisait  les  vêtements  légers 
nommés  chainses  ou  chemises.  Or,  moleqwn 
est  un  diminutif  (Atn,  suffixe  diminutif  néer- 
landais) du  L.  mollis;  Littré,  cependant, 
identifie  le  mot  avec  molequin,  mauve  ;  l'angl- 
a  mull,  avec  le  sens  de  mousseline  fin^-  " 
D.  mulquinerie. 


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MUS 


—  361  — 


MUT 


MULTIOOLORE,  L.  multicoîor. 

MULTIFORME,  L.  multi-formis. 

MULTIPLE,  L.  muUiplus,  p.  multiplex, 

MULTIPLICITÉ,  L.  multiplicitatem  (mul- 
tiplex). 

MULTIPLIER,  vfr.  mouteplier,  monteplier 
ou  -ployer,  L.  multiplicare. 

MULTITUDE,  L.  multititdo, 

MUNICIPAL,  L.  municipalis  (municipium). 

—  D.  municipalité. 
MUNMOENCB,  L.  munificmtia, 
MUNIR,  pourvoir  du  nécessaire  pour  la  dé- 
fense ou  la  nourriture,  puis  sjn.  de  pourvoir 
en  général,  du  L.  munire,  pr.  travailler  à  un 
mur,  puis  fortifier,  mettre  en  état  de  défense. 

—  D.  munition,  L.munitionem (fortification); 
le  sens  actuel  du  mot  français  est  déduit  de 
l'acception  verbale  •<  garnir  du  nécessaire  »  ; 
de  lÀ  :  munitionitaire,  niunitionner, 

MUQUEUX,  voj.  mucus, 
MUR,  L.  murus.  —  D.  mural,  muraille, 
murer,  emmurer» 

MUR,  contraction  du  vfr.  maur  meiir, 
prov.  madur,  du  L.  maturus.  —  D.  mûrir 
(cp.  l'inchoatif  L.  maturescere). 

MURE,  vfr.  meure  (forme  normale),  wall. 
meuîe  (cp.  ail.  maulbeere),  prov.,  esp.  mora, 
it.  moro,  du  L.  morum  {jir^po^*).  —  D.  mû- 
rier ;  vfr.  moure',  vin  de  mûres. 

MURÈNE,  L    murœna  (fiùpxivr). 

MUREX,  L.  murex,  coquillage  à  pourpre. 

MURMURE,  L.  murmur.  —  D.  murmurer, 
L.  murmurare  (vfr.  murmeler,  cp.  ail.  mur- 
meln). 

MUSARAIGNE,  esp.,  port,  musaraîia,  du 
L.  musaraneus,  m.  s. 

MUSARD,  voy.  muser.  —  D.  musarder, 
musardie, 

MUSC,  L.  muscus  (/xoV/o,-).  —  D.  musquer, 
parfumer  de  musc  (part,  musqué,  au  fig.  =i 
affecté,  qui  aime  l'apprêt t;  mu^ceU  («  raisin 
muscat  »),  it.  muscato,  d'où  fr.  muscade, 
muscadier,  muscadet,  -elle;  muscadin,  1. 
sorte  de  pastille,  2.  fat  musqué.  —  Voy.  aussi 
m^uguct  et  le  mot  suiv. 

MUSCARDIN,  espèce  de  loir,  forme  variée 
de  muscadin,  «•  l'animal  parfumé  ». 

MUSCAT,  voy.  musc, 

MUSCLE,  L.  musculus,  d'db  musculaire^ 
miisculenx, 

1 .  MUSE,  L.  musa  (ao'jiv),  —  D.  musée 
(/Aowiîîov),  musique  (ynouwxo;). 

2.  MUSE,  commencement  du  rut  des  cerfs, 
subst.  verbal  de  muser  2. 

MUSEAU,  miiseV,  prov.  mursel;  sans  suf- 
fixe :  prov.  mus,  vfr.  tnuse,  mouse,  it.  muso. 
On  a  essayé  de  nombreuses  étymologios  pour 
ces  mots.  Diez  parait  avoir  résolu  le  problème. 
Il  admet  pour  type  le  L.  morsus  ,dans  le  sens 
de  «  chose  avec  laquelle  on  mord  »  (on  sait 
que  Virgile  déjà  donnait  à  ce  subst.  l'accep- 
tion de  dents).  Pour  la  voyelle  u  p.  o  et  la 
syncope  de  la  liquider,  c^.  giuso,  fr,  jus*, 
du  L.  deorsum,  Ùr  radical  s'est,  toutefois, 
maintenu  dans  la  forme  prov.  mursel  et  le 
bret.  morseel,  —  Dérivés  de  musel' :  museler. 


muselière,  —  Du  primitif  mw^j,  m«5e,  dérive, 
selon  Diez,  aussi  le  verbe  muser [v, cm.),  pr. 
diriger  le  museau  vers  qqch.  (voy.  muse  2), 
regarder  fixement,  b(»uche  béante,  attendre 
longtemps,  s'arrêter  à  des  bagatelles;  puis 
muserolle,  partie  de  la  bride  d'un  cheval 
qui  se  place  au-dessus  du  nez,  pr.  =  petit 
museau. 

MUSÉE,  voy.  muse  1 .  C'est  pr.  un  lieu  con- 
sacré au  culte  des  Muses. 

MUSELER,  MUSELIÈRE,  voy.  museau,  -— 
D.  emmuseler. 

1 .  MUSER,  d'après  Diez  de  mu^  ^^  museau 
(voy.  museau) \  en  effet,  le  Dict.  de  Trévoux 
lui  assigne  comme  signification  première 
«  avoir  le  visage  fiché  vers  un  endroit  »,  d'où 
découlerait  celle  de  fainéanter,  se  distraire  de 
son  travail.  D'autres,  appuyant  sur  le  sens 
méditer,  rêver,  penser,  réfléchir  avec  tristesse 
(sens  particulier  surtout  à  l'angl.  muse  et  au 
mot  fr.  dans  le  dicton  «  qui  refuse  muse  »), 
ont  préféré  soit  un  L.  musari,  primitif  de 
musinari  «=  muser,  soit  le  L.  mussare  /en 
basse  latinité  musare),  dire  A  demi-voix, 
avoir  peur,  hésiter.  —  Les  étymologies  tirées 
de  Tall.  musse,  loisir  (Ménage)  ou  du  L.  va- 
care  musis  (Huet)  ne  sont  pas  recevables.  — 
D.  musard;  verbe  actif  Ormuser  (v.  c.  m.), 
tenir  qqn.,  lui  faire  perdre  son  temps. 

2.  MUSER,  t.  de  vénerie,  mettre  le  nez  en 
terre,  entrer  en  rut  (en  parlant  du  cerfy  ;  de 
mus,  radical  de  museau, 

MUSETTE,  dér.  du  vfr.  muse,  BL.  musa, 
instrument  de  musique  (d'où  corne-muse,  qui 
corne  de  la  mu.se).  —  Ce  musa  doit  être  consi- 
déré comme  le  subst.  verbal  du  verbe  BL. 
musare  (wall.  muser),  faire  de  la  musique. 
Quant  à  ce  dernier,  d'après  Grandgagnage, 
il  peut  s'expliquer  1 .  comme  acception  déri- 
vée du  verbe  rouchi  muser,  fredonner,  chan- 
tonner, qui  est  le  latin  mussare  (BL.  musare), 
bourdonner,  2.  comme  contraction  (mieux 
valait-il  dire  comme  abstrait)  de  musicare, 
3.  comme  dérivation  du  L.  m,usa, 

MUSIF,  L.  musivus;  voy.  m.osaïque 

MUSIQUE,  L.  musica  (uounxii),  dér.  de 
musa.  —  D.  musiquer,  musical,  musicien. 

MUSOIR,  tête  d'une  écluse.  Je  ne  connais 
pas  l'orisrine  de  cette  dénomination. 

MUSQUER,  voy.  musc. 

MUSQUINIER.  voy.  mulquinier, 

MUSSBR,  cacher,  vfr.  mucer,  pic.  mucher, 
wall.  miuihi,  sicilien  am-mucciarsi ,  d'après 
Diez,  du  mha.  sich  mu  zen,  se  retirer  dans 
l'obscurité.  —  D.  musse,  cachette.  —  Grand- 
gagnage pense  que  mucher,  forme  première, 
se  rattache  à  la  même  famille  que  le  mha. 
muchen,  mucheit,  agir  d'une  manière  cachée, 
nha.  7neuchlinffs,  à  la  dérobée.  L'étymologie 
L.  mussarsj  dissimuler,  hésiter  (signification 
d'un  ordre  moral),  ne  peut  convenir,  surtout 
en  présence  do  la  forme  sicilienne. 

MUSTELLE,  L.  mustcla. 

MUSULMAN,  voy.  islam. 

MUTATION,  L  mxUationem  (mutare). 

MUTER  (le  vin),  voy.  mue  2. 

MUTILER,  L.' tnutilare. 


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NAC 


—  352 


NAG 


MUTIN»  vfr.  mciUin,  voy.  meute.  —  D. 
mutiner t  mutinerie. 

MUTISME,  du  L.  miitus,  muet. 

MUTUEL,  dér.  du  L.  mutuus,  m.  s.  —  D. 
miUuaiité. 

MUTULE.  L.mutuhis. 

MTOPE,  gr.  fiù'jt'p,  m.  s.  (litt.  qui  serre  les 
yeux).  —  D.  myopie,  gr.  /*uw7r£a. 

MTRIA-,  mot  prépositif  des  noms  de  me- 
sure, exprimant  dix  mille  fois  la  chose  ;  du 
gr.  fiùiiiu,  neutre  fAÙpix,  dix  mille. 

MYRIADE,  grec  fiu^nici,  -âjo;,  nombre  de  dix 
mille. 

MYRMÉLEON,  voy.  sous  fourmi. 

MTROBOLAN,  aus.si  myrabolan^  nom  de 
plusieurs  fruits  desséchés  à  forme  de  prune, 
venant  des  Indes;  du  gr.  /«upoôâiacvov  (litt. 
gland  parfumé).  —  D.  myroholanier.       ^ 

MTROBOLÂNT,  merveilleux. Voici  comment 
on  explique  l'origine  do  ce  néologisme,  que  je 
m'étonne  de  voir  admis  dans  les  dictionnaires 
avec  un  y  :  «  Un  autour,  nommé  Hauteroche, 
fit  représenter  une  comédie  appelée  Scapin 
médecin,  dans  laquelle  parait  un  médecin  qui 
traite  tous  ses  malades  avec  dc^  pilules.  Mé- 
decin, en  vfr. ,  se  disait  mi7'e;  pilule,  en  latin,  se 
traduit  par  boius.  Kn  réunissant  ces  deux  mots 
par  une  voyelle  euphonique  o,  et  en  terminant 
le  subst.  ainsi  composé  par  la  désinence  ant, 
qui  marque  l'action,  Hauteroche  a  fait  un 
nom  propre mtr-o-ôoZ-ant,  mirobolant.  Trompé 
par  le  radical  du  mot,  qu'il  a  cru  dérivé  du 


verbe  mirari,  le  peuple  a  pris  ce  nom  de  fan- 
taisie pour  un  synonyme  burlesque  du  parti- 
cipe émerveillant.  «  Je  donne  pour  ce  qu'elle 
vaut  cette  explication  philologique,  que  je 
trouve  dans  Bescherelle.  Littré  rattache  notre 
mot  au  précédent,  sans  préciser  le  lien  logique 
qui  les  unit. 

MYRRHE,  L.  myrrha,  gr.  /uiû/9,ôa. 

MYRTE,  vfr.  murte,  meurte,  duL.  myrtus^ 
gr.  fjiùpTOi.  Anciennement,  le  nom  vulgaire 
était  nerte  (changement  de  m  en  n  comme 
dans  nappe,  nèfle,  natte). 

MYRTILLE,  un  des  noms  vulgaires  de  lai- 
relle;  de  myrte.  Cette  dénomination  est  fondée, 
d'après  les  uns,  sur  ce  que  cette  plante  pré- 
sente quelque  ressemblance  avec  le  myrte; 
d'après  d'autres,  sur  ce  que  les  pharmaciens 
s'en  servent  à  la  place  du  vrai  myrte  quand  il 
leur  manque. 

MYSTÈRE,  L.  mysterium  (,auïr^pi9v)  —  D. 
mystérieux;  du  même  thème  :  mystique,  gr. 
/uiwïTuo;,  d'où  mysticisme,  mystifier,  composé 
mal  forgé  pour  dire  :  tromper  qqn.  finement, 
d'une  manière  cachée,  subtile  (voy.,  sur  l'his- 
toire de  son  introduction  dans  la  langue,  le 
Dictionn.  do  Littré);  do  là  mystification, 
•ateur. 

MYTHE,  gr.  fiù^o;,  fable. 

MYTHOLOGIE,  gr.  fiu^oUyi^,  traité  de  hi 
fable  (uùdoi),  puis  ensemble  des  traditions  reli- 
gieuses d'une  nation  païenne  et  science  y  rela- 
tive. 


N 


NABAB,  mot  arabe  (plur.dc  naïb,  pr.  lieu- 
tenant, vice-roi),  titre  des  princes  de  l'Inde 
musulmane  ;  puis  nom  ironique  que  les  An- 
glais donnent  à  leurs  compatriotes  qui  se 
sont  enrichis  aux  Indes. 

NABOT,  vfr  nimbot, d'aprèsDlez,  du  nord. 
nabbi,  bosse,  nœud;  d'après  d'autres,  avec 
moins  de  •  probabilité,  du  L.  napus,  navet. 
Langl.  knap,  bosse,  pourrait  aussi  fournir 
l'étymologie  de  nabot,  qui  s'employait  anc. 
aussi  p.  hotte.  —  Joret  (Rom.,  IX,  435)  con- 
firme l'étymologie  de  Diez  par  la  circonstance 
que,  dans  le  Hyndlu-ljôd,7,le  mot  ndbbi  sert 
à  désigner  un  nain.  L'angl.  knap,  que  j'ai  in- 
voqué, a,  dit-il,  la  même  origine  que  nabbi. 
J'ajouterai,  commeanalogie  de  sens,  que  l'équi- 
valent ail.  knirps,  kniiiys,  knôrps  est  aussi 
de  la  même  famille  que  knorren,  protubé- 
rance, nœud. 

NACAIRE,  timbale,  BL.  nacara;  de  l'arabe 
nakar,  battre  le  tambour. 

NACARAT,  de  l'esp.  nacarado,  d'un  rouge 
clair  tirant  sur  l'orange,  dér.  de  nacar,  nacre. 

NACELLE,  BL.  nacella.  Ce  dernier  repré- 
sente, selon  Diez,  plus  probablement  un  dim. 
latin  navicclla  (do  navis),  qu'un  dini.  du  BL. 
naca  =^  rouchi  naquc,  nacelle,  barque,  qui 
est  lo  vha.  nacho  (auj.  nachen),  v.  flam. 
naeche,  m.  s. 


NAGHE,  t.  do  boucherie,  fosse  de  bœuf,  anc. 
fesse  en  général,  du  BL.  fiatica,  dér.  de 
L.  naiis,  m.  s. 

NACRE,  anc.  aussi  nacle,  it.  nacchcra, 
gnacchera  et  masc.  naccaro,  esp.  nacara  et 
masc.  nacar;  d'origine  orientale  :  chez  les 
Kurdes  nakci^a;  cp.  le  verbe  arabe  nakara, 
excaver.  —  Chevallet  place  à  tort  le  mot  dans 
la  famille  de  l'ail.  ^cAwecA^,  limaçon  (vha.  ncc- 
clio,  =  coquillage,  selon  lui).  —  D.  nacré. 

NADIR,  de  la  formule  arabe  nadhir-as- 
semt  =  point  dpposé  au  zénith  (v.c.  m.). 

NAFÉ,  fruit  do  la  ketmic,  dont  on  fait  du 
sirop  ou  de  la  pâte  pectorale  ;  c'est  le  premier 
mot  do  la  phrase  arabe  nâfi'  IV-s-sadr  (litt. 
bon  pour  la  poitrine)  ;  d'après  Devic,  du  per- 
san nafah,  vésicule  de  musc. 

NAFFE  (eau  de),  it.  nanfa,  lanfa,  de  l'arabe 
nafah,  odeur  agréable. 

NAGfER,  d'abord  =  naviguer,  puis  en  géné- 
ral flotter  sur  l'eau,  du  L.  navigare  {nox:*' 
gare).  —  D.  subst.  verbal  nage,  action  de  na- 
viguer ou  de  flotter,  cp.  l'expr.  «  une  cha- 
loupe bonne  di;  nage  »  ;  anc.  on  disait  «  par 
terre  et  par  naçrc  »  =  par  terre  et  par  eau  ; 
de  là  la  loc.  •«  être  à  luige  ou  en  nage  *» ,  = 
être  tout  trempé  d'eau.  Dans  celle-ci  on  a, 
sans  raison  sérieuse,  voulu  voir  une  confusion 
avec  «  être  en  âge  n  [âge  anc.  forme  de  eau)-^ 


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NAO 


—  353  — 


NAS 


pour  démentir  cette  interprétation,  à  part 
d'autres  considérations,  il  suffit  de  rappeler 
les  applications  métaphoriques  analogues  de 
l'ail,  schwimmett,  nager,  comme,  p.  ex.,  «  das 
Auge  schwimmt  in  Thrànen  »»  (est  baigné  de 
larmes).  —  Autre  dér.  de  naffer  :  nageoire. 
—  Le  L.  natare  a  donné  vfr.  noer  (cp.,  p.  a 
devenu  o  en  syllabe  atone,  nalalis,  fr.  noël). 
NAGUéRS,  voy.  ffiière, 

NiÏADS,  L.  naiaS,  gr.  varlac;,  -àSo;, 

•  NÀIF,  du  L.  natitus  (naturel),  dont  la  lan- 
gue savante  a  fait  natif.  Le  sens  attaché  à  ce 
dernier  était  propre  anciennement  aussi  à  la 
forme  syncopée  naïf,  p.  ex.,  serf  nai/*=  serf 
par  naissance.  —  D.  naïveté, 

NAIN,  prov.  tian,  it.  nano,  esp.  enano,  du 

L.  nanilS  (yâwo;). 

NAISSANCE,  voy.  nailre, 

NAÎTRE,  naistre\  de  l'infinitif  latin  bar- 
bare na^cere  (cp.  connoistre*  de  cognosceré). 
Ancienne  forme  concurrente  :  nasquir.  C'est 
de  celle-ci  que  vient  le  passé  défini  je  naquis. 
Le  participe  latin  nascentem  a  donné  nais- 
sa7it,  d'où  naissance,  L.  nascentia.  —  Le  par- 
ticipe passé  nains  (tiré  de  narC,  forme  anté- 
rieure à  rinchoatif  nasci)  a  régulièrement 
produit  neC  né. 

NAMP,  meuble  (terme  de  coutume),  BL. 
namptum,  namptiiim.  Voy.  nantir, 

NANKIN,  étoffe  nommée  d'après  la  ville  de 
Nankin^ 

NANTIR,  dér.  duv.  subst.  nam,  nan  namp, 
qui  signifiait  gage,  puis  par  extension,  objet, 
meuble  susceptible  d'être  mis  en  gage.  Nam 
désignait  d'abord  le  gage  déposé  par  un  débi- 
teur entre  les  mains  d'un  tiers.  Si  le  créan- 
cier n'était  pas  payé  à  l'échéance,  alors,  après 
les  sommations  requises,  il  était  libre  de  se 
saisir  du  nam  ou  de  se  nantir.  De  l'idée  se 
saisir  d'un  gage  s'est  développée  l'acception 
se  mettre  en  sûreté,  à  couvert,  prendre  ses 
précautions,  se  pourvoir.  Quant  à  l'origine 
de  nam,  elle  est  fournie  par  le  nord,  ^lam, 
prise,  mha.  nàm,  bfltin  (de  la  famille  du 
verbe  ail.  nehmen,  prendre).  Cp.esp.prc;*c?a, 
gage,  de  prender,  prendre.  —  Je  suis  étonné 
de  voir  que  personne  ne  s'est  arrêté  sur  le 
mode  peu  régulier  dont  yiantir  procède  de 
nam,  namp;  on  s'attendrait  à  -namir  ou 
nampir.  En  admettant  même  une  forme  inter- 
médiaire nant  (avec  un  t  adventice,  pris  plus 
tard  pour  radical),  les  analogies  indiqueraient 
une  dérivation  par  nandir  (cp.  faisant*,  fai- 
sander; tntant',  truander).  Il  y  a  là  un  point 
obscur  à  éclaircir.  —  D.  nantissetnent,  gage, 
sûreté. 

NAPHTE,  L.  naphta  (vàpda). 

NAPPE,  du  L.  niappa;  changement  de  m 
en  n,  comme  dans  nè/le,  natte.  —  D.  nappe- 
ron, d'où  l'angl.  apron,  tablier,   p.  napron, 

NAQUE-HOUGHES,  espèce  de  lézard,  qui 
naqiie  (attrape)  des  mouches.  Quant  à  l'anc. 
verbe  naqxier,ô^oix  vient-il?  L'ail,  necken  (rac. 
nac)  paraît  trop  distant  par  sa  valeur  «  taqui- 
ner, tourmenter  »  (il  a  donné  peut-être  le 
champ,  nacard,  naqiieux,  railleur;  voy.  s. 


narguer).  Le  rouchi  présente  naquer,  flairer, 
chercher  en  flairant. 

NAQUET,  valet  de  jeu  de  paume.  Je  ne  con- 
nais  pas  l'origine  de  ce  mot  ;  comme  laquais. 
Ménage  le  fait  venir,  avec  son  sans-façon  bien 
connu,  du  L.  x>ema,  par  un  intermédiaire 
vernacetus  !  —  D.  naqueier,  attendre  servile- 
ment à  la  porte  de  qqn. 

NARCISSE,  L.  narcissus  (vàpxi^^o;). 
NARCOSE,  du  gr.  vàp/oi^i;,  étourdissement  ; 
adj,  vapifWTtxo;,  fr.  narcotique^  d'où  narco- 
tisme,  narcotiser. 
NARD,  L.  nardus  (vàpSo,-). 
NARQUER,  railler  avec  mépris;  ce  mot, qui 
semble  inconnu  à  l'anc.  langue,  est  rapporté 
par  Diez  à  un  verbe  latin  inusité  naricare 
(nares)  =  tirer  le  nez,  ou  faire  un  pied  do 
nez.  Cp.,  dans  les  gloses  d'Isidore,  le  mot 
nario,  interprété  par  subsannus,  d'où  le  verbe 
narire  (Jean  de  Gênes)  ■=  subsannare.  Diez 
fait  dériver  de  ce  même  substantif  nario  l'ail. 
narr  (vha.  7iarro),  fou  (pr.  bouffon,  moqueur), 
d'où  le  verbe  narren,  duper,  narguer.  Un 
type  naricare  n'est  admissible  pour  narguer 
que  par  l'intermédiaire  d'un  prov.  nargar; 
or,  celui-ci  n'existant  pas,  on  est  en  droit  do 
suspecter  l'ét.  de  Diez.  —  Ce  rapport  étymo- 
logique entre  nez  et  moquerie  me  remet  à  la 
mémoire  ma  conjecture  relative  à  l'identité 
radicale  des  mots  moucher  (pr.  pincer  le  nez) 
et  moquer.  —  D.  nargue,  vfr.  narque,  narc. 
Le  q  ancien  s'est  conservé  dans  î'adj .  nar- 
quois,  qui  signifie  :  1.  fourbe,  trompeur; 
2.  argot,  langage  de  fripons  (cp.,  pour  la 
finale,  vfr.  cîerquois,  langage  des  clercs).  En 
Champagne,  on  dit  nacan^,  nargueur,  et  na- 
carder,  nai'guer  ;  ce  radical  nac  me  semble 
être  pour  nasc,  de  sorte  qu'on  pourrait  ad- 
mettre un  type  latin  nasicare,  d'où  nasquer, 
naquer,  coexistant  avec  naricare,  d'où  nar- 
guer. Ou  bien  vaut-il  mieux  rattacher  ce 
thème  nac,  ainsi  que  le  v.  flam.  nagghen  = 
irritarc,  à  la  famille  germanique  d'où  pro- 
cède l'ail,  necken,  agacer?  —  Cps.  naque^ 
mouches. 

NARINE,  du  L.  narinus,&àj.  àofiaris,hez 
(ce  dernier  a  donné  prov.  nar,  it.  nare,  nari 
=  narine).  La  forme  vfr.  narille,  concurrente 
de  narine,  vient  d'un  type  naricula, 
NARQUOIS,  voy.  narguer, 
NARRER,  L.  narrare. 
NARVAL,  genre  de  cétacés,  angl.  nariohal, 
du  dan.,suéd.  narhwal,  ail.  nanoaî,  composé 
du  nord,  ndr,  corpus  nudum,  cadavre,  et  wal, 
baleine. 

NASAL,  L.  nasalis  (nasus).  —  D.  nasàlité. 
Autres  dérivés  du  L.  nasus  :  Nasard,  jeu 
d'orgue  qui  imite  le  chant  nasillard;  —  Na- 
SARDB,  chiquenaude  sur  le  nez,  d'où  nasar- 
der  ;  —  Naseau,  L.  nasellus;  —  Nasii.lkr, 
parler  du  nez,  d'où  nasillard. 

NASITORT,  cresson  ;  Nicot  explique  le  mot 
«  a  naribus  torquendis  ».  Cette  explication 
peut  être  juste,  car  le  mot  français  accuse  un 
type  L.  nasitortîum,  forme  qui  doit  avoir 
précédé  la  forme  classique  nasturtium. 
NASSE,  du  L.  nassa,  na.sse  de  pêcheur. 


23 

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NAV 


354  — 


NÉB 


puis  filet,  piège  en  général.  —  Génin,  qui 
dans  ses  Réct^éations  philologiques  s'est  lon- 
guement occupé  de  la  locution  fr.  laisser 
datts  la  nasse  et  des  deux  locutions  italiennes 
analogues  lasciare  in  asso,  et  lasciare  in 
nasso,  conclut  que  toutes  les  trois  n'ont  de 
commun  qu'une  ressemblance  extérieure  toute 
fortuite.  —  D.  nassone, 

NATAL,  L.  natalis;  voy.  aussi  noèl. 

NATATIOH,  L.  natalionem  (natare);  nata- 
toire,  L.  natatonus. 

NATIF,  L.  natimts,  La  vraie  forme  fran- 
çaise est  naïf  (v.  c.  m.).  —  D.  nativité, 
L.  nativitatem. 

NATION,  L.no^to  ^nari*,  nasci).  —  D.  natio- 
nal, d'où  ncUionalité,  -iscr,  -isme, 

NATRON,  de  l'arabe  naJthroun^  nom  du  car- 
bonate de  soude  naturel. 

NATTE,  it.  matta,  ail.  moite,  du  L.  maUa, 
m.  s.  (cp.  tiappe  de  mappa).  Grégoire  de 
Tours  :  illud  quod  intextis  junci  virgulis 
fieri  solet,  quas  vulgo  nattas  vocant.—  D.  nat- 
ter, nattier, 

NATURE,  L.  natura.  —  D.  dénaturer; 
a<]y.  naturel,  L.  naturalis,  d'où  naturalite, 
naturaliser,  -alisme,  »aliste. 

NAUFRAGE,  L.  naufragium  (de  naoem 
f ranger e,  cp.  ail.  schiff-bruch).  —  D.  tiau- 
frager, 

NAULAGB,  voy.  nolis. 

NAUSEE,  L.  nausea,  gr.  v%v7la,  pr.  mal  de 
mer  ;  nauséabond,  L.  nauseabundus  (le  mot 
latin  =  qui  éprouve  le  mal  de  mer  ou  qui  a 
envie  de  vomir,  le  mot  fr.  =  qui  cause  des 
nausées  ou  qui  donne  envie  de  vomir). 

NAUTILE,  L.  nautilus  (yaur()o{). 

NAUTIQUE,  L.  nauticus  (-^^xjti^ài). 

NAUTONNIER,  dér.  du  vfr.  noton,  marin, 
qui  dérive  du  L.  nauta,  gr.  vxûrv}^,  naviga- 
teur. 

NAVAL,  L.  namlis  (navis). 

NAVÉE,  BL.  et  it.  navata,  charge  d'un 
bateau,  dér.  du  L.  navis,  bateau. 

NAVET,  anc.  aussi  navel,  naoeaii,  dimin.  du 
L.  napus,  m.  s.  —  D.  navette. 

1 .  NAVETTE,  forme  fém.  do  navet  (v.  c.  m.). 

2.  NAVETTE,  instrument  de  tisserand,  et 
vase  pour  conserver  l'encens  ;  dimin  du  L.  «a- 
rw,  bateau;  ainsi  nommés  par  assimilation 
de  forme  ;  l'ail,  dit  de  même  schiffchen, 

NAVIGUER,  anc.  naviger  (d'où  nager, 
v.  c.  m),  prov.  navejar,  du  L.  navigare, 

NAVIRE  (anc.  du  genre  féminin),  vfr.  na- 
vile,  it.  naviglio,  navilio,  navile,  prov.  navili, 
d'abord  =  flotte,  puis,  par  restriction  ^  bâ- 
timent de  mer.  Pour  la  substitution  de  r  à  /, 
cp.  vfr.  concire  do  concilium  et  wall.  cîr^ 
ciel.  Le  type  du  mot  roman  est  l'adj.  navilis', 
formé  de  navis  comme  civilis  de  civis.  — 
D.  wallon  naviron,  sur  lequel  voy.  avirwi. 
—  D'après  Tobler  (Rom.,  II.  243).  fr.  navire 
est  une  transformation  du  vfr.  navie,  flotte, 
analogue  à  celle  de  vfr.  mire,  médecin,  issu 
de  mie  pai-  insertion  de  r.  Navire  doit  donc 
être  rapix>rté  à  L.  navigium.  De  son  côté, 
G.  Paris(Rom.,  VI,  132) maintient  l'étym.  BL. 
naoilium,  vfr.  navile. 


NAVRER,  it.  naverarc  (dans  le  cps.  innacc- 
raré),  prov.,  cat.  7iafrar^  transpercer,  blesser 
(sarde  nafrar,  meurtrir,  tacher);  d'après 
Diez,  approuvé  par  Littré,  du  vha.  nabagèr, 
ail.  naeber,  néerl.  neviger,  neffiger,  nord 
nafar,  instrument  pour  percer.  Gaston  Paris 
combat  cette  étym.  par  des  raisons  auxquelles 
il  serait  difficile  de  résister  ;  il  insiste  surtout 
sur  l'impossibilité  d'accorder  phonétiquement 
nabagêr  avec  les  formes  romanes  et  sur  le  fait 
que  le  sens  roman  est  partout  celui  de  bles- 
ser, ou  plutôt,  dans  le  principe,  entamer  la 
peau.  Il  préfère,  en  attendant  meilleure  infor- 
mation, ramener  le  mot  à,  l'ail,  narbc,  cica- 
trice (en  vha.  nanoa,  mha.  narwe),  auquel  on 
trouve  aussi  le  sens  de  grain  de  cuir,  côté 
rude  du  cuir  (lequel  est  exclusivement  celui 
du  dan.  narv  et  suéd.  narf,,  ce  qui  indique 
comme  notion  première  celle  de  marque,  éra- 
flure.  Pour  les  formes,  nous  aurions  la  succes- 
sion suivante  :  nanoa,  par  transposition 
navra,  nafra  (cp.  gr.  vjDpov  avec  L.  nervus), 
subst.  prov.  =  blessure,  sardo  =•  tache,  d'où 
les  verbes  nafrar,  navrar,  navrer  ;  pour  les 
sens  :  faire  une  balafre,  écorcher,  éi-afler, 
blesser  en  écorchant,  blesser  au  figuré. 
«-Cette  étym.,  dit  M.  Paris,  serait  hors  de 
doute,  si  l'on  pouvait  trouver  en  roman  uno 
trace  de  l'emploi  de  nafra,  navra,  au  sens 
de  «  cicatrice  »  ou  de  «  côté  rude  du  cuir  « . 
Les  vocabulaires  techniques,  surtout  dans 
les  patois,  en  fourniraient  peut-être  quelque 
exemple.  »»  —  .l'ajouterai  que  Kiliaen  donne 
au  ni.  nerve  {pan  het  Icder)  la  définition  : 
grana  in  coriis,  squamse,  oculi  coriorum,  et 
qu'il  compare  le  fr.  nerve.  Cette  forme  fran- 
çaise existe-t-elle?  Baist  (Ztschr.,  Y,  556), 
rencontrant  l'étymologie  de  G.  Paris,  remar- 
que que  dan.  narv  et  suéd.  narf  sont  d'im- 
portation haut-ail.,  et  que  dans  cette  langue, 
nanoa  (cicatrice)  n'apparaît  qu'au  xii*  siècle, 
comme  dérivé  du  même  radical  qui  a  donné 
anc.  sax.  naru,  ags.*  nearu,  angl.  7iarro%c 
et  qui  emporte  l'idée  d'étroitesse,  de  peine  et 
d'accablement.  Baist  pense  que  le  sens  secon- 
daire de  narrjoa  :  grain  de  cuir,  côté  rude  du 
cuir,  est  trop  récent  pour  y  rattacher  le 
verbe  navrer. 

NE,  négation,  forme  aflîiiblie  de  ^wn  ou 
nen*  =  L.  non, 

NÉANMOINS,  voy.  néant. 
NÉANT,  vfr.  aussi  notant,  nient,  prov. 
neien,  nien,  it.  niente.  C'est  le  subst.  ens, 
gén.  entis,  =  être,  chose  (mot  que  Ton  doit 
supposer  avoir  été  vulgairement  employé, 
quoiqu'on  ne  le  rencontre  que  comme  terme 
philosophique),  précédé  de  la  négation  ne  ou 
nec.  Etymologiquement,  néant  équivaut  à  ne- 
chose  ou  ne-rien;  c^.  L.  nihil,  pr.  ne  hilum, 
vha.  neowiht{sLU^.  contracté  en  nicht,  comme 
subst.  7iichts)  et  angl.  nothing  =  ne-chose, 
gr.  oûdîv  =  pas  une  chose,  etc.  —  D.  anéan- 
tir, fait  d'après  l'analogie  du  L.  an-nihilarc. 
Composés  7iéanmoins,  qui  répond,  par  sa 
facture  au  L.  nihilo-minus  ;  fainéant  (v. 
c.  m.) 

NÉBULEUX,  L.  nébulosus  (de  nebxda,  fran- 


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NÉN 


355  — 


NIC 


cisé  dans  le  vfr.  neule,  nieide,  brouillard 
épais,  brume).  —  D.  nébulosité. 

NÉCESSAIRE,  L.  necessarius; —  nécessité, 
L.  nécessitas.  —  D.  ticcessiter,  nécessiteux. 

NEO  (ou  NON;  PLUS  ULTRA,  phrase  latine, 
=  pas  plus  loin,  employée  pour  désigner  le 
terme,  la  limite  où  il  faut  s'arrêter. 

NÉGRO-,  du  grec  vixpo;,  mort.  On  rencontre 
ce  terme  dans  les  composés  suivants  :  Nécro- 
loge,  registre  des  morts,  d'où  nécrologie, 
notice  ou  suite  de  notices  sur  des  personnes 
mortes;  adj.  nécrologique.  —  Nécromancie, 
gr.  vMpQ'fiavTila,  d'où  nécromancien  (pour 
lequel  on  disait  autr.  nécromant;  litt.  =  gr. 
vsypo/xâtvTijî).  L'idée  de  magie  noire  a  déter- 
miné les  altérations  it.,  esp.  nigromante;  vfr. 
nigromance  et,  par  transposition,  ingre- 
mance.  —  Nécropole,  gr.  vsxpo-Troiiî,  litt. 
ville  des  morts. 

NÉCROSE,  gr.  vUp^tii,  mortification. 

NECTAR,  L.  nectar  (vîXT^p)  ;  nectaire,  t.  de 
botanique,  de  Tadj.  nectareum. 

NEF,  1 .  navire  ;  2.  vaisseau  d'une  église  ; 
3.  espèce  de  vase  en  vermeil  pour  le  linge  de 
la  table  royale;  du  L.  natis  (çp.  clef  de  clams). 
Le  mot  nacis  s'est  aussi  francisé  en  vfr.  nau, 

NÉFASTE,  L.  nefastus. 

NÉFE,  gros  du  bec  d'un  oiseau  de  proie,  = 
prov.  nefa,  it.  niffa,  niffb,  dim.  niffolo.  Mot 
germanique  :  ags.,  angl.,  néerl.  neb,  bas  ail. 
nibbe,  nif,  nord,  nebbi,  nef,  bec,  nez.  Voy. 
aussi  ni  fier, 

NÈFLE,  p.  nesple,  it.  nespola,  csp  ,  port. 
nespera,  cat.  nespla,  du  latin  mespilum  (n  p. 
m,  cp.  natte,  nappe).  L'm.  subsiste  dans  v.  esp. 
mespero,  basque  mi^pira,  vfr.  mesple,  mes  fie, 
wall.  mespe,  vha.  mespila,  nha.  mispel,  — 
D.  néflier. 

NÉQATION,  L.  negationem  (de  9iegare,  fr. 
nier);  négcUif  (doù  le  subst.  négative),  L. 
negativus. 

NÉGLIGER,  L.  negligere.  —  D.  négligent, 
'Cnce,  L.  negligens,  -entia. 

NÉGOCE,  L.  negotium,  affaire;  négocier, 
L.  negotiari,  d'où  négociant,  -ateur,  -ation, 
'Oble. 

NÈGRE,  it.,  esp.,  port,  neçro  =  L.  niger, 
noir.  —  D.  négrier,  nègrerie,  négrillon. 

NÉGUE-,  élément  de  composition  dans  les 
termes  nègue-ckicn,  nègue-fol;  du  verbe  7ié- 
guer,  forme  méridionale  de  L.  necare,  fr. 
noyer. 

NEIGE,  d  après  Diez  du  type"  latin  nivea; 
d'après  Paris  (Rom., IX,  623;  subst.  verbal  do 
neiger  (v.  c.  m.). 

NEIGER,  vfr.  ncgier,  d'un  type  BL.  nim- 
gare  ou  nevicare.  —  De  là  le  subst.  verbal 
neige,  d'où  adj.  neigeux.  —  Au  subst.  latin 
7iix  (thème  iiio)  répondent  vfr.  nief,  neiftioif, 
prov.  neu,  nieu,  it.  neve,  csp.  yiicve. 

NENNI,  vfr.  nenil,  prov.  nonil,  repi'éscnte 
le  L.  non  illud  ;  de  la  même  manière  oïl  ou 
OMi  (v.  c.  m.)  répond  à  L.  hoc  ille. 
^  NÉNUFAR,  NÉNUPHAR;  quelle  que  soit 
l'origine  directe  de  cette  appellation  de  la 
nymphée,  il  est  probable  qu'elle  se  rapporte  à 


nympha,  esp.,it.  «m/a.  Cependant  on  trouve 
en  persan  noûfer,  niloûfer. 

NÉO-,  en  composition,  du  grec  vio;  neuf, 
nouveau  {néologie,  etc.). 

NÉOPHYTE,  gr.  vjoyuTo,-,  litt.  de  nouvelle 
venue,  né  de  nouveau,  converti. 

NÉPHRALGIE,  douleur  aux  reins,  de  vzfpô;, 
rein,  et  àiyîlv,  avoir  mal.  Au  mot  viçipo;  se  rat- 
tachent encore  le  subst.  néphrite,  gr.  vt^plrt;, 
jet  l'adj.  îiéphrètique  ou  mieux  néphritique, 

gr.  vt^/sirtxo;. 

NÉÎPOTISME,  pr.  crédit,  autorité,  faveurs, 
accordés  dans  les  affaires  publiques  aux  ne- 
veux =s  L.  nepotes. 

NERF,  L.  nerous.  —  D.  nerveux,  d'où  ner- 
vosité; nervin;  nerver,  d'où  nervure.  Cps. 
nerfferure,  coup  sur  le  tendon  de  la  partie 
postérieure  des  jambes  {férure  de  férir,  frap- 
per, V.  c.  m.). 

NERPRUN  ou  noirprun  «=  L.  prunus  ni- 
gra  ;  le  wallon  dit  merprun. 

NET,  it.  netto,  esp,  7ieto,  port,  nedeo,  prov. 
net,  angl.  neai;  du  L.  nitidus  (cp.  pâle  de 
paUidus).  —  D.  netteté;  verbe  nettoyer;  vfr. 
nettier,  prov  nctcjar,  neteyar,  d'un  type  lat. 
niticare  p.  nitidare.  Vfr.  fieier,  nier  vient 
d'un  type  nitidare. 

NETTOYER,  voy.  net. 

1.  NEUF,  adj.,  du  L.  novus.  Du  dim.  L. 
novellus  vient  novel\  nouveau. 

2.  NEUF,  nom  de  nombre,  du  L.  novem. 
—  D.  neuvième,  neuvaine. 

NBUMB,  t.  de  plain-chant,  du  BL. pneuma, 
=-  gr.  TTvvj^r,  souffle,  émission  de  voix.  Four 
l'aphérèse  du  p,  cp.  tisane. 

NEUTRE,  L.  neutrum,  dont  le  dér.  neutra- 
lis  (ail.  neutral)  a  donné  neutralité,  neutrali- 
ser. 

NEVEU,  vfr.  nevod,  prov.  7wbwl,  du  L. 
nepotem  (nom.  7iepos).  Au  nomin.  7iepos  res- 
sortissent  les  formes  vfr.  «lej,  prov.  7ieps 
nebs. 

NÉVRALGIE,  souffrance  (i)yr«)  des  neifs 
(vsv|5ov).  Du  môme  viy^oov  (=  L.  7ieriDus)  vien- 
nent les  termes  médicaux  yiévrose,  névrite, 
7iévrologie,  etc. 

NEZ,  prov.  7îas,  du  L.  fiasus  (cp.  re^r  de 
rasus,  chez  de  casa). 

NI,  vfr  «(?,  du  L.  nec. 

NIAIS,  pr.  oiseau  de  proie  pris  dans  son 
nid,  fig.  inexpérimenté,  faible,  simple,  sot 
(cp.  l'expression  béjawie),  it.  7iidiace,  d'un 
type  latin  7iidaiC  (nidus);  prov.  nisaic,  7naic, 
d'un  type  7iidacus  (nidus).  — D.  niaiser,  niai- 
serie; dé7iiaiser. 

NIOAISE,  du  nom  de  baptême  iVica*fi«s(cp. 
les  acceptions  péjoratives  des  noms  propres 
Claude,  Colas,  Nicodème,  etc.). 

NICE,  vfr.  7iisce,  simple,  novice,  prov. 
nesci  (auj.  neci),  csp.  7iccio,  du  L.  7iescius^ 
ignorant.  L'angl.  nice,  délicat,  joli,  est  le 
même  mot;  sa  valeur  lui  est  venue  par  la  série 
d'idées  :  simple,  qui  s'attache  aux  petites 
choses,  minutieux,  raffiné  (voy.  les  dict.  do 
Wedgwood  et  E.  Millier). 

1 .  NICHE,  terme  d'architecture,  direct,  de 
l'it.    nicchia,  enfoncement  en  forme  de  co> 


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NIG 


356  — 


MV 


quille  (it.  nicchio).  Or,  ce  mot  nicchio,  co- 
quille, Diez,  sur  les  traces  de  Ferrari,  le  fait 
venir  du  L.  mytilus,  moule  comestible,  qui 
convient  parfaitement  i)our  le  sens  et  pour  la 
lettre.  Pour  la  transformation,  Diez  allègue, 
dune  part,  Tit.  secchia  de  sitiila,  vecchia  de 
vetuhis,  et  d'autre  part,  quant  à  l'initiale  n 
p.  m,  rit.  ncspola  (fr.  nèfle)  de  mespilnm. 
L'ail,  nische  et  esp.  nicho,  synonymes  de  fr. 
fUche,  sont  tirés  du  français. 

2.  NICHE,  malice,  espièglerie;  c'est  une 
variété  vocale  de  nique  (v.  c.  m.). 

NICHER,  vfr.  niger,  nigier;  Diez  nliésite 
pas  à  voir  dans  ces  formes  une  contraction  du 
L  nidificare{nid*f*care,nid*care,nicare).  Pour 
ma  part,  j'admettrais  plutôt  un  type  nidicare, 
de  nidiis,  —  D.  nichée^  nichet,  nichoir,  dé- 
nichei\ 

NICKEL,  mot  suéd.;  métal  appelé,  par  dé- 
rision, par  les  mineurs  siiédois,  d'après  Nic- 
kel, un  des  génies  nains  des  mines. 

NICOTIANE,  NICOTINE,  plante  du  tabac, 
ainsi  nommée  du  nom  du  président  Jean 
Niéot  (le  même  que  le  lexicographe),  qui, 
étant  ambassadeur  en  Portugal,  envoya  le 
premier  cette  plante  en  France  (1560). 

NID,  L.  nidiis.  —  Nidificationf  L.  nidifi- 
catio. 

NIDOREUX,  L.  nidorosus  (de  nidor, 
odeur). 

NIECE,  prov.  netsa,  du  L.  neptia  p.  neptis. 

1.  NIELLE,  plante,  melanthium,  papavcr 
nigrum ,  du  L.  nigella  (niger). 

2.  NIELLE,  maladie  des  grains,  causée  par 
les  brouillards  (dans  les  patois  nuile,  neule)  ; 
c'est  le  même  mot  que  vfr.  nieîe,  brouée, 
brouillard,  qui  vient  du  L.  nebula.  —  D. 
nieller,  gâter  par  la  nielle  (it.  annebbiare, 
esp.  anieblar;  ces  verbes  confirment  Tétym. 
nebiUa). 

3.  NIELLE,  t.  d'orfèvrerie,  vfr.  neel,  it. 
nieîlo,  esp.,  prov.  yiiel,  BL.  7iigeUum,  dessin 
en  émail  noir  sur  fond  d'or  ou  d'argent;  de 
l'adj.  nigelliiSy  dim.  de  niger.  —  D.  nieller 
(vfr.  noieler),  nicllure. 

NIER,  anc.  noyer,  du  L.  negare.  —  D.  m**, 
subst.  verb.;  on  disait  autr.  «  cela  n'est  point 
en  ni  »  =  non  abnuitur(cp.  le  com posé rfé/ii). 
A  l'a  ne.  verbe  noyer  correspondait  le  subst. 
n(fy\  dans  la  locution  ••  mettre  en  noy  n  = 
contester.  —  Cps.  dihiier,  renier. 

NIFLER*,  mucum  veluti  resorbcre.  Diez 
rattache  ce  verbe  à  la  famille  niffa  (mention- 
née sous  lart.  Jièfe),  qui  désigne  à  la  fois  bec 
et  nez.  Il  est  impossible  de  ne  pas  alléguer  ici 
l'angl.  s-ni/f,  snuff,  Tall.  sch-miffeln ,  qui 
disent  la  même  chose.  —  L'on  n'emploie  plus 
aujourdliui  que  le  composé  renifler.  —  D. 
pic.  nifleite,  narine. 

NIGAUD,  d'origine  incertaine.  Je  ne  puis 
approuver  ni  une  dérivation  de  nicc,  ni  celle 
du  L.  nvga.  Une  intei-prétation  par  un  type 
nidicaldus{c\).  wiaw)  serait  également  forcée. 
Ne  pourrait-on  pas  rapporter  nigaud  à  nique, 
comme  exprimant  celui  qui  se  laisse  facile- 
ment faire  la  nique?  Je  soupçonne  que  fficot, 
qui  ne  m'est  connu  que  comme  nom  de  fa- 


mille, mais  qui  sans  doute  est  dans  le  fond 
un  nom  commun,  procède  de  ce  même  primi- 
tif. Diez,  se  prévalant  du  principe  que  le  suf- 
fixe .  aUl  ou  aud  accuse  provenance  germa- 
nique, conjecturait  pour  nigaud  ou  nigald, 
un  type  immédiat  nivoald  (w—g),  lequel  vien- 
drait du  vha.  nt'utot,  tiiict,  neuf,  novice.  Dan.s 
ses  dernières  éditions,  cependant,  Diez  fait 
de  nigaud  un  dérivé  du  prov.  nec,  sot,  qu'il 
rattache  dubitativement  à  l'esp.  niego,  niais. 
M.  Eug.  Ritter  (Littré,  suppl.)  propose  de 
rattacher  nigaud  (comme  les  noms  de  famille 
Nigaux,  Nigon,  Xicard)  'au  nom  propre 
Nicolas  (cp.  pour  la  filiation  des  idées  le  rap- 
port entre  ^oî^f  et  Benoit);  pour  l'application 
du  suffixe  aud  (=  aldus),  op.  courtaud^  rus- 
taud. Cette  manière  de  voir  est  plausible.  — 
D.  nigauder,  nigauderie. 

NIOROIL.  poisson,  du  L.  niger  occidus; 
l'ail,  dit  de  même  schvcars-auge,  pr.  œil 
noir. 

NI6UED0UILLE,  nigaud  ;  wall.  nickdouic, 
langued.  nigadoxUIio.  Comment  analyser  le 
mot  ?  est-il  connexe  avec  nigaud  ou  nique  i 

NILLE,  t.  de  blason,  cic,  forme  écourtre 
de  annille  (d'un  type  annicula,  variété  de  an- 
nulles,  anneau?). 

NIMBE,  L.  nimbus,  nuage. 

NIPPE;  .suivant  Frisch,  du  néerl.  $njpen, 
pincer  (mieux  eût  valu  citer  l'angl.  nip,  m. 
s.  que  nijpen),  parce  que  les  petits  cohfichcts 
de  parure  s'attachent  avec  des  agrafes.  Je 
n'approuve  pas  cette  étymologie  ;  les  nip[)es 
ne  comprennent  pas  seulement  les  petits  orne- 
ments d'ajustement,  mais  aussi  des  habits  et 
des  meubles.  C'est  un  synonyme  de  hardes.  et 
comme  ce  dernier,  il  doit  avoir  un  primitif 
exprimant  lier,  nouer.  Or,  ce  primitif  se  trouve 
dans  le  nord,  hneppa  (parent  du  reste  avec  le 
nécrl.  nijpen,  cité  ci-dessus),  d'où  procède  en 
efi*et  un  mot  nord,  hneppe  =^  bardes,  trous 
seau,  nippes.  —  D.  flipper, 

NIQUE  (variété  vocale  :  niche);  n'est  plus 
usité  que  dans  la  locution  «  faire  la  nique  à 
qqn.  »  =  s'en  moquer,  en  luiussant  le  men- 
ton. Ce  mot  (en  langued.  nica)  est  générale- 
ment dérivé  du  vha.  hnicchan,  ail.  niod.  nic- 
ken,  faire  un  signe  de  tête  (on  trouve  en  effet 
niquer,  branler  la  tête),  mais  il  parait  se  raiv 
porter  plus  directement  au  suéd.  nyck,  dan. 
nykke,  néerl.  nuh,  ail.  niiche,  malice,  mé- 
chanceté. Cp.  l'angl.  nick-name,  sobriquet. 
—  L'ail.  necÂc?î,  taquiner,  pourrait  aussi  être 
invoqué,  mais  il  parait  être  étranger  au  vha. 
et  remonter  à  un  radical  nac.  —  Voy.  aussi  le 
mot  piqite-niqite.  * 

NIQUER,  gagner  du  premier  jet  de  dés;  op. 
l'angl.  nick,  rencontrer  juste  ou  heureuse- 
ment. 

NITOUOHE,  voy.  mitouche. 
NITRE,  L.  nitrum  (vît^ov). 
NIVEAU,  nivel',  p.  livcl,  it.  libello,  i>ort., 
prov.  livcl,  nivcl,  e.<p.  nivel,  angl.  leofl,  du 
L.  libella  (dim.  de  libra),  m.  s.,  avec  change- 
ment de  genre.  Pour  /  changé  en  «,  cp. 
nomble.  —  D.  nirelrr. 


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NOG 


—  357 


NOM 


MIVJSREAU,  pinson  de  neige,  dér.  du  vfr. 
nive,  neige  =  L.  nùe,  ittvis. 

NIVOSE,  quatrième  mois  du  calendrier  ré- 
publicain (21  déc.  au  19  janv.),  du  L.  ntvo- 
siis,  abondant  en  neige. 

NOBLE,  L.  nohilis.  —  D.  tiohlesse,  1.  qua- 
lité de  ce  qui  est  noble»  2.  corps  des  nobles 
(pour  ce  sens  collectif,  cp.  L.  nobilUas,  les 
nobles,  riisticitas,  les  gens  de  la  campagne, 
civitas  =  cives,  fr.  boiirffeoisie,  tnagiistrature, 
etc.);  nobiliaire;  vfr.  se  nobloier,  s'illustrer, 
briller,  éclater;  factitifs  a- noWir  et  en-;ioô/ir. 

NOOES,  du  L.  nuptiœ  (do  niibcre^  se  ma- 
rier), d'où  nuptialis,  fr.  nuptial,  —  D.  noccr, 
faire  bombance  (terme  populaire),  noceur,  — 
G.  Paris  (Rom.,  X,  398)  consacre  un  article 
fort  étudié  pour  débrouiller  la  question  de 
l'incompatibilité  des  formes  romanes  it.  nosze, 
prov.  7iossas,  fr.  noces  avec  l'rt  long  de  L.  nup- 
tias,  qui  postule,  nuzze^  nussas,  nuces,  et 
do  l'influence  qui  a  dû  amener  cette  perturba- 
tion de  la  loi  phonétique  ;  il  reconnaît  cette 
influence  dans  L  novuSt  d'où  notxi  nupta  (la 
mariée)  et  un  type  fictif  nôvtias,  qui  expli- 
querait les  formes  romanes. 

NOCHER,  it.  nocchiere,  esp.  nauclero  (anc. 
esp.  naochero,  nauchel),  prov.  naucler,  nau- 
chier;  cesubst.  ne  vient  pas,  comme  pensait 
Ménage,  d'un  type  navicarius,  mais  bien  du 
L.  nauclerus,  grec  vaùAX-npoi,  armateur.  — 
Une  étude  très  subtile  consacrée  par  Fôrster 
à  ce  mot  et  à  ses  (soi-disant)  parallèles  des 
langues  sœurs  dans  Grôb.  Ztscbr.,  III, 
567,  aboutit  à  la  thèse  :  Nauclenis  est  étran- 
ger à  it.  'nocchiere t  v.  esp.  naucher,  pour 
lesquels  il  revendique  pour  primitif  le  mot 
lat.  classique  navicularius  (d'où  ?iauc*lariu$); 
quant  à  prov.  nauchier^  auj.  nocher ^  il  faut 
écarter  aussi  bien  navicularius  ou  le  9iavica- 
rius  proposé  par  Ménage  que  ^lauclerus; 
Foerster  ne  sait  les  accorder  qu'avec  un  type 
nauticarius  (mot  constaté  par  les  Inscrip- 
tions). Nauclerusne  reste  plus  admissible  que 
pour  esp.  et  port,  nauclero  et  prov.  naucler; 
ce  sont  des  mots  d'introduction  savante. 

NOCTURNE,  L.  noctumus  (nos,  noctis). 

NODOSITÉ,  voy.  nœud. 

NODTJS,  mot  latin,  employé  en  chirurgie 
pour  nœud,  qui  en  est  la  forme  française. 

NOËL,  pour  naôl  (pour  cctto  substitution 
de  o  à  a,  cp.  vfr.  noer^  it.  notare,  du  L.  tia- 
tare,  fr.  poêle,  subst.  fém.,  p.  pa/de),  it.  na- 
tale, prov.  et  V.  esp.  nadal;  du  L.  ticUalis,  s.  e. 
dies,  jour  de  la  nativité.  Le  fr.  noèl,  outre  la 
fête,  signifie  aussi  les  chants  composés  pour 
la  célébrer,  etc. 

NCBUD,  L.  nodus.  —  D.  nouet;  verbe 
nouer,  L.  nodare;  adj.  noueux,  L.  nodosus 
(d'où  direct,  le  subst.  nodosité).  —  Le  latin 
nodus  est  pour  atodus,  et  tient  à  la  même 
famille  indo-germanique  doù  sortent  l'ail. 
hnoten,  m.  s.,  angl.  knot  et  même  le  hnutàe 
la  lanRTue  russe. 

N06UET,  grand  panier  d'osier;  d'origine 
inconnue,  tient  peut-être  au  mot  iiauc,  auge, 
mentionné  sous  noue  1 . 


NOIR,  vfr.  )ieir,  ncr,  prov.  nègre,  nier,  it. 
negro,  nei'o;  du  L.  nigrum  (nom.  niger).  — 
D.  noirâtre,  noiraud  ;  notrctr  (forme  inchoa- 
tive,  avec  sens  fectitif),  esp.  negrecer,  prov. 
negrecir,  du  L.  nigrescere;  subst.  noirceur, 
formation  incorrecte  p.  noireur  (L.  nigror), 
faite  sous  l'influence  du  verbe  noircir  (la 
vieille  langue  avait  noireur  et  noireté).  —  Du 
port,  negro  vient  la  forme  fr.  nègre. 

NOIRCIR,  voy.  noir.  —  D.  noircissure. 

NOISE,  vfr.  nose  (angl.  noise,  v.  nôcrU 
noose,  noyse),  prov.  nausa,  cat.  7iosa,  que- 
relle, dispute.  Diez,  se  réglant  sur  la  forme 
provençale,  se  prononce  pour  Tétymologie  du 
L.  nausea,  dégoût,  de  sorte  que  la  significa- 
tion première  serait  fâcherie.  Cette  manière 
do  voir  pourrait  être  appuyée  du  mot  fr.  fâ- 
cherie lui-même,  qui  dérive  de  fastidium,  si- 
gnifiant proprement  dégoût.  Je  préfère  l'opi- 
nion de  Diez  à  celle  qui  remonte  au  L.  noxa, 
tort,  dommage,  qui  convient  beaucoup  moins 
tant  pour  le  fond  que  pour  la  forme.  Gachet 
plaide  en  faveur  de  noxa  ou  noxia,  en  allé- 
guant les  formes  v.  cat.  et  v.  esp.  noxa,  puis 
le  sens  de  débat  donné  au  L.  noxia  par  Au- 
sone.  Quoi  qu'il  en  soit,  en  présence  des  deux 
primitifs  proposés,  7iausea  et  noxa,  il  me  reste 
un  scrupule,  c'est  que  noise  signifiait  aussi 
(et  signifie  encore  en  anglais)  tapage,  bruit, 
dans  le  sens  littéral  de  ces  mots,  voire 
le  gazouillement  des  oiseaux.  Peut-on  ad- 
mettre dans  ce  cas-ci  la  transition  logique  do 
fâcherie  à  bruit,  de  la  cause  à  l'effet  ?  Le  pas- 
sage d'une  signification  morale  à  une  signifi- 
cation purement  matérielle  se  présente  rare- 
ment (voy.  notre  mot  lourd).  —  D.  noisif*, 
querelleur. 

NOISETTE,  dim.  de  noix.  —  D.  noisetier. 

NOIX,  prov.  ^wtz,  it  noce,  esp.  nues,  port. 
noz,  du  L.  nux,  nucis  (cp.  croix  de  a'ux). 
—  D  noùseraie;  dim.  noisette. —  Du  latin  niw? 
procèdent  :  nucalis,  d'où  prov.  nogalh,  fr. 
noyau;  nucarius*,  d'où  prov.  noguier,  fr. 
noyer;  nucatum,  esp.  nogadc,  fr.  nougat 
(mot  d'importation  méridionale). 

NOLET,  voy.  noue. 

NOLIS,  subst.  verbal  de  noliser. 

NOLISER,  it.  noleggiare,  dérivé  du  L.  nau- 
lum  {jocûlov),  fret;  anciennement  on  disait 
nauler,  d'où  le  subst.  naulage.  Subst.  verbal 
nolis.  Le  dér.  nolissement  est  irrégulier 
p.  nolisemcnt,  qui  est  la  bonne  et  ancienne 
forme. 

NOM,  L.  ^wmen.  —  D.  nommer,  vfr.  nomcr 
et  lomer  =  L.  nominare  (prov.  nomnar).  — 
Cps.  surnom.  —  Direct,  du  latin  nominare, 
les  mots  savants  :  nomination,  -ateur,  -al, 
•atif,  L.  nominatio,  -ator,  -alis,  -ativus. 

NOMADE,  L.  nomas,  -adis  (vo/Aâ;). 

NOMBLE,  p.  lomble,  du  L.  lumbulus  (lum- 
•bus). 

NOMBRE,  L.  numerus.  —  D.  nombreux, 
L.  numerosus;  nombrer,  L.  numerare;  in- 
nombre, dans  la  locution  «  innombre  de  fois  »•  ; 
cp.  le  terme  ail.  iinzahl. 

NOMBRIL,  pour  lombril  (cp.,  pour  la  con- 
version de  /  en  n,  niveau t  nomble).  Lombril 


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NON 


—  358  — 


NOU 


fvfr.) est  formé,  par  agglutination  de  Tarticle, 
de  ombril,  proY.  wnbrilh  ;  quant  à  ceux-ci,  ils 
sont  p.  omblil  et  représentent  un  type  latin 
umbiliciiluSt  dim.  de  umbiîicus  ;  c^.  péril  de 
periciilum.  Au  type  umbilicus  se  rattachent 
les  formes  vfr.  ombiîy  it.  ombeUco,  bel2ico, 
bilico,  valaque  buric,  esp.  ombîigo^  port,  um- 
biffo,  embiffo,  prov.  omhelic  et  enfin  le  terme 
scientifique  français  ombilic.  —  L'agglutina- 
tion de  larticlc  se  remarque  également  dans 
Je  cat.  llombrigol;  dans  la  transformation  de 
lombril  en  nombril,  le  synonyme  germanique 
nabel,  ni.  navel,  nord,  nafli,  m.  s.,  n'aurait-il 
pas  exercé  quelque  influence? 

NOMENGLATSUR,  -TURS.  L.  nomendat&r, 
-iura  (nomen-calo,  xa^ûj. 

NOMINAL,  etc.,  voy.  nom. 

NOMMER,  voy.  nom,,  —  Cps.  renom,mer, 
d*où  le  partie,  passé  renommé {v,  c.  m.)  et  le 
subst.  verbal  renom;  surnommer. 

NON,  L.  non. 

NONAGÉNAIRE,  L.  noixagenarius. 

NONANTE,  L.  nonaginta. 

NONOE,  L.  nuntius,  messager.  —  D.  non- 
cicUure;  verbe  noncer',  L.  nuntiare. 

NONCHALANT,  p.  non  chalant,  qui  ne  se 
soucie  de  rien.  pr.  qui  ne  s'échauffe  pour 
rien.  Chalant  est  le  part.  prés,  du  vieux  verbe 
chaloir  (v.  c.  m.)  =  être  d'importance,  puis 
mettre  de  la  chaleur,  de  l'ardeur,  de  l'empres- 
sement dans  une  affaire.  On  employait  autre- 
fois aussi  le  verbe  négatif  «owc^a/oir;*  Depuis 
longtemps  la  loy  avoit  demouré  oubliée  et 
nonchalue  »  (Al.  Chartier).  —  D.  noncha- 
lance, nonchalander  .  —  Nicot  a  eu  la  bizarre 
idée  de  rattacher  notre  mot  au  gr.  v«x«>ii». 
lourd,  paresseux.  C'est  par  trop  d'érudition  ! 

NONE,  du  L.  noniis,  neuvième.  Dans  plu- 
sieurs patois,  comme  en  anglais  (7ioon),  le 
mot  s'est  conservé  avec  le  sens  de  midi  et  de 
repas  do  midi,  dîner.  En  vfr,,  noner  signifiait 
goûter,  faire  un  repas  vers  le  soir.  La  neu- 
vième heure  après  minuit  correspond  à  neuf 
heures  du  matin;  la  neuvième  heure,  comptée 
à  la  manière  romaine,  correspond  à  trois 
heures  du  soir.  Les  deux  manières  de  compter 
ne  cadrent  pas  avec  la  signification  de  midi. 
Mais,  comme  le  remarque  Grandgagnage, 
encore  sous  François  I'»",  on  nofioit  ou  dinait  à 
neuf  heures;  ce  philologue  cite,  pour  le  dé- 
montrer, le  dicton  suivant  : 

Lever  à  cinq,  dîner  à  neuf, 
Soiii>er  à  cinq,  coucher  à  neuf. 
Fait  vivre  d'ans  nouante  et  neuf. 

M  On  a  donc  d'abord,  dit-il,  nommé  le 
dîner  d'après  l'heure  à  laquelle  il  se  prenait; 
ensuite,  cette  heure  ayant  été  successivement 
reculée  jusqu'à  midi,  on  l'a  néanmoins  dési- 
gnée par  le  nom  du  dîner,  quoique  ce  nom 
fût  devenu  inexact  par  son  sens  étymolo- 
gique, n  Les  Allemands  continuent  bien  à 
appeler  leur  dîner  un  mittag-essen  (manger 
de  midi),  quelle  que  soit  l'heure  où  l'on 
prend  ce  repas. 

NONNE.  BL.  nonna,  dont  l'accusatif  7ion- 
nam  a  déterminé  la  forme  secondaire  «o>î- 


nain  (cp.  vfr.  Eeain,  cas  oblique  d'Été,  nfr. 
putain  de  pute).  Le  terme  nonnus,  fém. 
nonna,  introduit  dans  la  basse  latinité  (saint 
Jérôme  et  autres  pères  de  l'Eglise)  était  un 
tenue  de  vénération,  synonyme  de  père  et 
mère  dans  le  sens  religieux  En  italien, 
91071910,  nonna  signifient  grand-père,  grand'- 
mère;  cp.  en  lorrain  ncmnon,  en  n.  pr. 
nounnoun  =  oncle.  L'origine  du  mot  n'est 
pas  encore  sûre,  bien  que  Scaliger  ait  avancé 
une  provenance  égyptienne.  —  D.  nonnette, 
nonnprie. 

NONOBSTANT,  prépos.,  pr.  un  participe  à 
l'ablatif  absolu  :  lum-obstant  cela  équivaut  à 
la  phrase  latine  ••  hoc  non  obstante  >• ,  litt. 
cela  ne  formant  pas  obstacle.  Cp.  moyen- 
nant, pendant,  durant,  autres  participes 
présents  ayant  pris  la  valeur  de  préposi- 
tions. 

NOPE,  petit  nœud  dans  le  drap,  du  vha. 
et  V.  fiam.  noppe,  holl.  nop;  de  là  le  verbe 
noper,  arracher  les  nœuds,  f-e  mot  germa- 
nique noppe  est  ime  variété  de  l'ail,  knopf, 
néerl.  knoop,  angl.  knop,  nœud,  bouton. 

NOQUET.  voy.  noue. 

NORD,  de  l'ags.  nordh,  angl.  norih 

NORMAL,  L.  normalis  morma).  —  D.anor- 
mal  (s.  c.  m.). 

NORMAND  (d  paragogique,  comme  dans 
allemand),  du  gcrm.  nord-man,  homme  du 
nord.  —  D.  Nortnandie. 

NORME,  L.  nomia. 

NOS,  plur.  de  nostre,  notre,  p.  nost-s.  Cp. 
dispos  p.  dispost  -\-  s. 

NOSTALGIE,  pr.  maladie  du  retour  (votto^, 
retour.  àX/lr,  maladie). 

NOTAIRE,  L.  notarius,  copiste,  scribe. — 
D.  notarial,  -at,  notarier. 

NOTE,  L.  nota  ;  noter,  L.  notare  =  mar- 
quer, d'où  notable,  L.  notabilis,  remarquable 
(subst.  notabilité f\  notation,  L.  notatio;  adv. 
notamment,  pr.  =»  en  notant. 

NOTICE,  L.  notitia  (notus),  connaissance. 

NOTIFIER,  L.notificare  (=  notum  faccrc). 
—  D.  notification. 

NOTION.  L.  fwtionem  (noscere). 

NOTOIRE,  L.  7iotoriits;  la  signification 
classique  «  qui  fait  connaître  »  a  tourné  en 
celle  de  connu.  —  D.  notoriété. 

NOTRE,  NÔTRE,  7U)stre\  L.  ttoster.—  La 
distinction  orthographique  entre  notre  et  noire 
est  affaire  de  pure  convention. 

1.  NOUE,  t.  d'architecture«  endroit  où 
deux  combles  se  joignent  en  angle  rentrant, 
tuile  creuse,  etc.  Le  sens  étymologique  est 
canal,  gouttière,  etc.  La  forme  noue  (aussi 
nou,  noe,  nouve,  etc.,  dans  les  dialectes;  a  été 
précédée  d'une  forme  noque  (BL.  noccus)  à 
laquelle  ressortit  le  dimin.  noquel  i^evme  de 
plombier).  —  Dérivés  de  noue  :  nouette,  tuile 
bordée  d'une  arête,  nouiet,  nolet,  p.  7iouelet, 
gouttière,  etc.  —  Le  mot  est  d'origine  germa- 
nique et  correspond  au  vha.  nôch,  cuniculus, 
foramcn.  nha.  noche,  nuche,  canalis,  cp.  aussi 
vha.  nochs,  imbrex.  —  A  la  même  famille 
parait  appartenir  le  lang.  nou,  nauc^  Jiauca^ 


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NOY 


—  359  — 


NYM 


auge  à  pourceaux,  auge  do  moulin  à  foulon, 
fosse  à  tan;  on  peut  cependant  les  ramener 
aussi  à  navis,  'naviciis,  vaisseau. 

2.  NOUE,  lieu  bas  où  se  jettent  les  eaux 
des  rivières  lors  de  leurs  débordements,  puis 
terre  grasse  do  pâturage  ;  paraît  être  le  même 
que  le  précédent. 

NOUER,  voy.  iiœud,  —  Cps.  dénmier, 
renouer. 

NOUET,  dimin.  àanœud;  it.  nodetto, 

NOUBTTE,  voy.  noue\, 

NOUEUX,  voy.  nœud, 

NOUGAT,  voy.  noix. 

NOUILLE,  de  l'ail,  nudel,  m.  s. 

NOULET,  voy.  noue  1. 

NOURRAIN,  anc.  nourrin,  prov.  noirim, 
du  L.  nutrimen,  nourriture. 

NOURRICE,  1 .  celle  qui  nourrit,  du  L.  nu- 
iricia  (saint  Jérôme)  ^  nutrix;  2.  action  de 
nourrir,  allaitement,  dans  «  mettre  en  nour- 
rice »,  du  L.  nutricium.  —  D.  nourricier. 

NOURRIR,  norir*,  prov.  noirir,  du  L.  nu- 
irire.  —  D.  nourriture,  L.  nu  tritura  ;  nour- 
risson (v.  c.  m.). 

NOUfeRISSON.  vfr.  noriçon,  anc.  subst. 
fém.  =  nourriture,  éducation,  d'après  Diez, 
de  L.  nutriiionem  ;  par  la  conversion  du  sens 
abstrait  en  sens  concret,  accompagnée  d'un 
changement  de  genre,  s'est  produit  nourris- 
son, enfant  qui  est  en  nourrice  ;  cp.  élève 
(fém.),  action  d'élever,  et  élèï)e  (masc),  celui 
qu'on  élève  ;  la  prison  (vfr.  =  l'arrestation) 
et  le  prison  (vfr.  ==  le  prisonnier)  ;  cp.  sur- 
tout polisson.  —  Hornung  (Grôb.  Ztschr., 
VI,  436)  proteste  contre  l'équation  nouriçoyi 
=■  nutriiionem,  ce  mot  latin  postulant  plutôt 
norison  (cp,  trahison)  ;  il  propose  par  consé- 
quent un  type  nuiricationem,  romanisé  par 
nutrictjon.  Ses  doutes  sont  certainement  légi- 
times, mais  ne  pourrait-on  pas  attribuer  l'ir- 
régularité à  l'influence  de  nourrisse  =  L, 
nutricia  î 

NOUS,  vfr.  nos,  L.  nos. 

NOUVEAU,  nouveV,  L.  novellus  (novus).  — 
D.  nouvelle,  d'où  nouvelliste;  vfr.  naoeUé, 
auj.  nouveauté;  verbe  renouveler.  —  Les 
novelles  {novellœ)  de  Théodose  et  de  ses  suc- 
cesseurs, comme  celles  de  Justinien,  sont  ainsi 
nommées  parce  qu'elles  sont  postérieures  à  la 
rédaction  de  leurs  codes  respectifs. 

NOVALE,  L.  novalis  (novus).  qu'on  laboure 
pour  la  première  fois. 

NOVATEUR,  -ATION,  L.  novaior,  -atio 
(novus). 

NOVEMBRE,  L.  nofvemher  (novem),  neu- 
vième mois  de  l'année  romaine. 

NOVICE,  L.  ncfoicius  (novus).  —  D.  «o»ï- 
ciat. 

NOTALE,  sorte  de  toile  à  voiles  ;  de  la  ville 
de  Noyai  (Côtes  du  Nord),  lieu  de  fabrica- 
tion. 

NOTAU,  vfr.  noial,  noiel,  voy.  noix.  — 
D.  noyalière. 

1.  NOYER,  subst.,  voy.  noix. 

2.  NOTER,  verbe,  vfr.  neier,  nier,  prov. 
negar,  esp.,  port,  e-negar,  du  L.  necare,  dont 
le  sens   générique  tuer  s'est  individualisé, 


dans  la  basse  latinité,  en  c«lui  de  tuer  par 
immersion.  —  D.  noyade,  noyon. 

NU,  vfr.  nut,  L.  nudus.  —  D.  nudité,  L. 
nuditatem;  nuesse  =  nue-propriété. 

NUAGE,  voy.  nue.  —  D.  nuageux. 

NUANCJB,  voy.  nue.  —  D.  nuancer, 

NUBILE  (mot  savant),  L.  nubilis  (nubere). 
—  D.  nuhilité. 

NUDITÉ,  voy.  nu. 

NUE,  L.  nubes.  —  D.  nuage;  nu^,  assom- 
brir, foncer,  ombrer  (litt.  ennuager);  d'où 
nuée  et  nuatux  (cp.  pour  ce  mot  le  terme  aU. 
schattirung,  action  d'ombrer).  —  On  a,  à 
tort,  dérivé  nuer  tantôt  de  nutare,  fléchir, 
tantôt  de  mutare,  changer. 

NUER,  voy.  nue. 

NUIRE,  L.  (forme  barbare)  nocëre(cp.  luire 
de  lucère).  À  côté  de  nuire,  l'anc.  langue  avait 
aussi,  selon  la  bonne  forme  nocêre,  nuisir, 
noisir  (proY.  nozer,  v.  esp.  nocir)\  cp.  luisir* 
de  lucere,  plaisir  de  placere,  taisir  (p.  taire) 
de  tacere.  Cet  infinitif  ancien  nuisir  est  plus 
en  rapport  avec  la  conjugaison  du  verbe  et 
avec  les  dérivés  nuisance  et  nuisible  (vfr. 
nuisable). 

NUIT,  vfr.  nnit,  du  L.  noctem  (cp.  huit  de 
octo).  —  D.  nuitamment,  cp.  BL.  iwctanier 
(le  vfr.  nuitantre  vient,  selon  Diez,  de  l'abla- 
tif noctante,  comme  soventre  de  sequcnte); 
subst.  nuitée;  verbe  s'anuiter. 

NUL,  L.  nullus,  —  D.  nullité. 

NUMÉRAIRE,  L.  numerarius'  (numerus); 
cps.  surnuméraire,  L.  supemumerarius  ;  — 
numéral,  L.  numeralis;  numérique,  L.  nume- 
ricus*;  numérateur,  -ation,  L.  numerator, 
-atio  (numerare)  ;  numératif,  numéro,  forme 
d'ablatif  du  L.  numerus. 

NUMÉRO,  voy.  l'art,  prôc.  —  D.  numéroter. 

NUMISMATIQUE,  relatif  aux  médailles  ou 
monnaies,  du  L.  numisma,  -atis,  gr.  vôfiufix, 
monnaie.  —  D.  numismate,  numismatiste. 

NUNCUPATION,  -ATIF,  du  L.  nuncupare, 
nommer,  énoncer. 

NUPTIAL,  voy.  noces. 

NUQUE,  vfr.  nuche,  it.,  esp.,  port.,  prov. 
nuca.  L'étymologie  tirée  des  mots  allemands 
équivalents  ge-nick,  nacken  (angl.  ncck,  cou) 
ne  s'accorde  pas  avec  la  lettre  u.  Diez  rat- 
tache par  conséquent  le  mot  roman  directe- 
ment au  L.  nuœ,  nuds,  en  invoquant  l'expr. 
sicilienne  nuci  di  lu  coddu  (a  noce  dello 
coUo  ,  vertèbre  du  cou  (la  forme  ni<ca,  à  la 
vérité,  fait  quelque  difllculté);  dans  sa  pre- 
mière édition,  il  avait  proposé  le  néerl.  nocke, 
qui  signifie  à  la  fois  coche  de  flèche  (cp.  angl. 
nock,  notch)  et  colonne  vertébrale  (les  idées 
cran  et  articulation  se  touchent),  mais  il  pense 
que  ce  mot  néerl.  est  plutôt  le  correspondant 
de  rit.  nocca,  cheville  du  pied,  que  de  nuca. 
Notre  mot  ayant  signifié  autrefois  moelle  épi- 
nière,  Littré  reprend  l'étym.  arabe  noucha, 
moelle  épinière,  qu'avait  repoussée  Diez. 
NUTATION,  L.  mttationem  (nutare). 
NUTRITIF,  NUTRITION,  termes  savants, 
du  L.  nutrire  =  fr.  nourrir. 

NYMPHE,  L.  nympha  (^ùfifx)» — D.nym- 
phée. 


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OBO 


—  360  — 


OCC 


O 


OASIS,  gr.  Sxfti;. 

OB...  Ce  préfixe  latin,  modifié  suivant  l'ini- 
tiale du  radical  qu'il  précède,  en  oc,  of, 
op  ^parfois  o,  obs,  os),  n'a  pas  été  employé 
comme  élément  de  composition  dans  les  lan- 
gues romanes,  et  ne  se  trouve  donc  que  dans 
des  vocables  venus  tout  d'une  pièce  du  latin 
ou  créés  par  les  savants. 

OBÉIR,  L.  obedire  fauditeV  —  D.  obéissant, 
-ance;  direct,  du  L.  obedieiUta  vient  le  terme 
savant  fr.  obédience, 
OBÉLISQUE,  L.  obeîisciis  [oUM'snoi). 
OBÉRER,  L,  ob-œrare  (ne  se  trouve  em- 
ployé en  latin  qu'au  part,  passif  obœratus  = 
fr.  obéré), 

OBÈSE,  L.  ob-esus,  pr.  qui  s'est  gorgé  de 
nourriture.  —  D.  obésité,  L.  obesitas. 

OBIER,  arbrisseau  api>elé  par  Linné  «  vibur- 
num  opulus  n  ;  Littré  y  reconnaît  un  mot  hypo- 
thétique fr.  obe,  dont  la  forme  répond  correc- 
tement au  L.  opuliis  (it.  oppio),  érable,  afiublé 
de  la  terminaison  ier,  qui  appartient  à  une 
foule  de  noms  d'arbres.  Je  crois  plutM  que 
obier  n'est  qu'une  variété  graphique  à'aubier 
(v.  c.  m.). 

OBIT  (mot  savant),  service  de  mort,  du  L. 
Mtus  (ob-ïre),  décès.  —  D.  obiixiaire, 

OBJECTER,  L.  objectare  (fréq.  de  objicere 
«==  vfr.  obicier,  cp.  ail.  vor^voerfeti);  objection, 
L.  objectio  ;  objectif,  L.  objectivus',  d'où  ob- 
jectiver, 'ivité. 

OBJET,  du  L.  objectus,  1 .  action  de  mettre 
sous  les  yeux,  2.  chose  mise  sous  les  yeux;  do 
cette  deuxième  acception  vient  la  valeur  ac- 
tuelle du  mot.  Cp.  en  ail.  les  termes  analo- 
gues vonourf,  sujet  (d'un  discours,  etc.), 
ffegenstand,  objet  (en  général). 

OBLAT,  mot  savant  (cp.jpr^/of),  du  L.  obla- 
tus,  part,  passé  de  offerre,  donc  litt.  qui  s'est 
oflert;  oblation,  L.  oblatio. 

OBLIGER,  L.  ob-Jif/are  (le  sens  moderne 
«  attacher  qqn.  par  la  reconnaissance  en  lui 
rendant  service  »»  est  étranger  au  mot  classi- 
que). —  D.  obligeant  (l'ail,  a  le  terme  ana- 
logue verbindlich),  d'où  obligeance  (mot  nou- 
veau); obligation,  -atoire,  L.  obligatio,  -ato- 
rius  ;  désobligej\  faire  le  contraire  d'obliger, 
contrarier,  faire  de  la  peine.  —  Sous  allier, 
j'ai  fait  remarquer  le  fait  que,  contrairement 
à  ligare  et  alligare,  obligare  n'avait  pas  subi 
la  syncope  du  ^;  j'en  attribuais  la  cause  au 
caractère  plus  moderne  du  mot;  cependant, 
obliger  se  voyant  déjà  dans  des  textes  du 
XIII®  siècle,  il  vaut  mieux  expliquer  le  main- 
tien du  g  par  le  besoin  d'éviter  l'homonymie 
avec  oblier  =  oublier. 

OBLIQUE,  L.  obliquas.  —  D.  obliquité,  L. 
obliqnitas;  obliquer,  L.  obliquare. 

OBLITÉRER,  L.  ob-literare,  effacer.  —  D. 
oblitération,  L,  obliteratio. 

0BL0N6,  L.  ob-longus,  de  forme  allongée. 
OBOLE,  L.  obolus  (àtoUi). 


OBOHBRER,  L.  ob-umbrare,  ombrager. 
OBREPTIGE,  L.  obrepticius  (de  ob  repère, 
se  glisser  furtivement);  obreption,  L.  obrep 
tionem, 

OBSCÈNE,  L.  obscenus.  —  D.  obscénité. 
OBSCUR,  vfr.  oscur,  L.  obscurus.  —  D. 
obscurité,   L.  obscuritas;   factitif  obscurcir. 
Néologismes   :   oitscurant  (ou  obscurantin), 
d'où  obscurantisme, 

OBSÉDER,  L.  ob'Sidere  (cp.  posséder  de 
possidere),  dont  le  supin  obsessum  a  donné  les 
subst.  obsessio,  obsessor,  fr.  obsession,  obses- 
sexir, 

OBSÈQUES,  BL.  ob-sequioe  =  L.  ex  se 
quiœ. 

OBSÉQUIEUX,  L.  obsequiosiis  (de  obse- 
quium,  obéissance).  —  D.  obséquiosité. 

OBSERVER,  L.  obsert>are  (litt.  garder  de- 
vant les  yeux  ;  cp.  le  terme  regarder).  —  D. 
observance,  L.  observantia;  observation, 
•ateur,L.  observatio,  -ator;  obsen?aioire(cTp., 
pour  la  valeur  du  suffixe,  le  mot  laboratoire). 
OBSESSEUR.  -ION,  voy.  obséder, 
OBSIDIENNE,  L.  obsidianum  vitrum  (de 
Obsidius,  qui  a  découvert  cette  pierre). 

OBSDIONÂL,  L.  obsidionalis  (de  obsidio, 
siège). 

OBSOLÈTE,  =  hors  d'usage,  L.  obsoletus, 
usé,  sui'anné. 
OBSTACLE,  L.  obstaculum  (ob-stare). 
OBSTÉTRIQUE,  L.  obstetrica  ars,  art  des 
sages-femmes  (de  obstetrix,  litt.  assistante). 

OBSTINER  (S*).  L.  obstinare.  —  D.  obstiné, 
ation,  L,  obslinatus,  -atio. 

OBSTRUER,  L.  ob-struere.  Le  verbe  fr  avec 
sa  terminaison  en  er  fait  disparate  avec  les 
formes  cx)ngénères  instruire,  construire,  dé- 
truire;  il  faudrait  ostruire;  aussi  bien  est-ce 
un  mot  de  formation  savante.  —  Cps.  dés- 
obstruer, —  Du  supin  latin  obstnictum  : 
subst.  obstructionem,  fr.  obstruction, 
OBTEMPÉRER,  L.  obtemperare. 
OBTENIR,  L.  obtinere,  supin  obtentum, 
d'où  le  subst.  obtentio,  fr.  obtention. 

OBTURER,  L.  obturare,  boucher.  —  D. 
obturation,  -aXeur. 

OBTUS,  L.  obtusus,  émoussé  (obtundere). 
OBUS,  esp.  obîu;  l'ail,  dit  haubitze  (angl. 
howitz),  mais  il  ne  parait  pas  y  avoir  de  rap- 
port étymologique  entre  les  deux  mots,  à 
moins  que  l'on  n'admette  que  obus  soit  pour 
obis  et  que  ce  dernier  reproduise  la  forme  it. 
obizzo,  —  L'ail,  haufnitz,  auj.  haubitze,  est 
venu  à  la  suite  de  la  guerre  des  hussites,  du 
bohème  haufnice,  fronde  d  pierres.  —  D. 
obusier,  ohuserie. 

OBVIER.  L.  ob'Viare,  pr.  se  mettre  dans  le 
chemin  [via), 

OC  (langue  d'),  voy  oui. 
OCCASION  (vfr.  ochoison,   achoison,  ochi- 
son),   L.   occasioncm,    de  oc-cidere  (cadere), 
tomber  (cp.  accident  de  ab-cidei^^  litt.  =»  ail: 


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ODI 


361  — 


OFF 


su'fall).  Voccasion  est  donc  pr.  chauco,  ren- 
contre ;  le  mot  synonyme  occurrence  n'a  pas 
d'autre  sens  étymologique.  L'ail,  dit  gelegen- 
heit,  de  gélegen^  situé,  placé  à  propos,  oppor- 
tun. —  \),  occasionner ,  donner  occasion,  don- 
ner lieu;  occasionnel, 

OCCIDENT,  L.  occidens  (oc-cidere)  =  cou- 
chant. —  D.  occidental, 

OCCIPUT,  mot  latin  (ob  +  caput),  gén.  oc- 
cipitis,  d'où  l'adj.  occipital, 

OCCÎRIi',  tuer,  L.  occidere  (ob  -j-  csedere); 
supin  occisum,  d'où  L.  occisio,  fr.  occision, 

OCCLUSION,  L.  occlusionem  (de  occludere, 
fermer). 

OCCULTE,  L.  occuhtts  (oc-culere).  —  Du 
fréq.  occultare  :  subst.  occultation,  L.  occul- 
tatio. 

OCCUPER,  L.  occupare  (ob  +  capere), 
premier  sens  :  s'emparer,  se  saisir  de  qqch. 

—  D.  occupation,  -ateiir.  L.  occupatio,  -ator. 
OCCURSÙBNT,  qui  survient,  L.  oc-currens, 

—  D.  occurrence,  rencontre,  occasion. 

OCÉAN.  L.  oceanus  (itAtoc>6i). 

OCHLOCRATIE,  gouvernement  de  la  popu- 
lace (gr.  Sx^oî). 

OCRE,  L.  ochra,  du  gr.  otypôi,  d'un  jaune 
pâle.  —  D.  ocreux, 

OCTA-  ou  OCTO-,  élément  de  composition, 
du  gr.  g/Tû,  en  composition  è/.Tx. 

OCTANT,  L.  octans,  m.  s.  (pr.  huitième  du 
cercle). 

OCTANTE,  L.  octaginta,  p.  octoginta, 

OCTAVE,  espace  de  huit  jours,  intervalle 
de  huit  tons,  du  L.  octavus.  Le  sens  huitième 
a  tourné  en  celui  de  huitaine,  —  D.  verbe  oc- 
toûier;  format  in-octavo  =  en  huit  (la  grande 
feuille  étant  pliée  en  huit  feuillets). 

OCTOBRE,  vfr.  octembre,  uitouvre,  hui- 
tième mois  de  l'année  romaine,  L  october 
(octo). 

OCTOGÉNAIRE,  L.  octogenarius, 

OCTOGONE  (gr.  oxrù-v«vo«),  à  huit  angles. 

OCTROYER,  vfr.  otrier,  it.  otriare,  esp. 
otorgare,  port,  outorgar,  prov.  autorgar,  au- 
treyar,  d'un  type  latin  auctoricare  p.  aucto- 
rare,  confirmer,  accorder  définitivement.  — 
D.  octroi.  On  a  nommé  spécialement  octroi 
un  impôt  mis  sur  certaines  marchandises  à 
l'entrée  des  villes,  parce  qu'il  appartient  à  ces 
villes  en  vertu  d'une  concession,  d'un  octroi 
du  prouvemement. 

OCTUPLE,  L.  octuplus.  —  D.  octupler, 

OCULAIRE,  OCULÉ,  OCULISTE,  dérivés  du 
L.  oculus  =  fr.  ceil, 

ODALISQUE,  du  turc  odalik,  pr.  cham- 
brière, femme  attachée  au  service  des  sul- 
tanes. 

ODE,  L.  ode  (ùH,  chant).  Du  dér.  ^^îiov, 
local  destiné  aux  exercices  de  chant  ou  de  mu- 
sique, vient  L.  odeum,  fr.  odéon. 

ODEUR,  L.  odorem,  —  Du  L.  odorare,  par- 
fumer, vient  odorant;  du  L.  odorari  fane.  fr. 
adorer),  flairer,  l'adj.  odorabJe,  et  les  subst. 
odorat  et  odoration,  L.  odoratus,  -atio  ;  odori- 
férant est  une  formation  nouvelle  p.  odori- 
fère,  L.  odorifer. 

ODIEUX,  L.  odioèus  (odium). 


ODONTALGIE,  mal  (âiyfz)  aux  dents  (ohdu 

èÔOVTOî). 

ODORANT,  ODORAT,  etc.,  voy.  odeur, 

(BCUMÉNIQUE,  qui  appartient  à  toute  la 
terre  habitée,  du  gr.  olxovyutftvi?,  (terre)  habi- 
tée. 

(BIL,  vfr.  oil,  œl,  prov.  olh,  esp.  ojo,  port. 
olho,  it.  occhio,  du  L.  oculus  (dim.de  ocus  = 
ail.  auge).  Le  plur.  yeux  est  p.  ieux,  moda- 
lité vocale  de  eux  =>  eids  ou  uels.  Qui  pour- 
rait dire  pourquoi  l'on  s'est  écarté  de  la  règle 
en  ce  qui  concerne  le  pluriel  du  mot  anl,  sur 
quel  fondement  légitime  on  a  établi  une  dis- 
tinction entre  œils  et  yeux  f  Au  même  titre, 
on  aurait  pu  conserver  les  anc.  formes  pa- 
raux,  consaux,  etc.,  comme  plur.  de  pareil, 
conseil,  etc.  —  D.  œillé,  œillère,  œillade, 
œillet, 

(WTTiIiADE,  it.  occhiata,  de  œil,  —  D.  œil- 
lader. 

ŒILLET,  1 .  petit  oèU;  de  là  le  terme  de  jar- 
dinage et  d'optique  œilleton  ;  2,  nom  d'une 
fleur  ;  je  ne  saurais  motiver  cette  dénomina- 
tion; les  Allemands  nomment  la  fleur  en 
question  nelke  p.  nâgelhe,  c.-à-d.  petit  clou  ; 
3  petit  trou  fait  à  une  étoffe  pour  y  passer  un 
lacet. 

(BILLETTE,  pavot,  puis  huile  de  pavot; 
anc.  aussi  œillet,  huillet,  dimin.  du  vfr.  osille, 
»:  fr.  mod.  huile,  L.  oleum.  Le  pic.  dit  oui» 
lette. 

ŒSOPHAGE,  gr.  eUofà'/oi  (porte-manger). 

ŒSTRE,  L.  œstrus  (gr.  oUrpoç),  taon. 

ŒUF,  L.  amim,  —  D.  œuve', 

ŒUVRE,  ouvrage,  subst.  verbal  de  ouvrer, 
ou  direct,  tiré  du  L.  opéra,  travail,  peine.  Au 
sens  de  «  chose  faite  »,  et  surtout  comme 
terme  collectif  «  ensemble  des  œuvres  d'un 
auteur  »,  le  mot  vient  du  L.  opéra,  plur.  de 
opus,  œuvre.  —  D.  désœuvré,  manœuvrer, 

OFFENSE,  du  L.  offensa,  heurt,  lésion, 
offense  (de  offendere),  ou  tout  simplement  le 
subst.  verbal  du  verbe  offenser, 

OFFENSER,  L.  offensare,  fréq.  de  offen- 
dere  =  vfr.  offendre.  —  Du  supin  latin  offen- 
sum  :  offenseur,  L.  offensor,  et  offensif,  L.  of- 
fensivus,  d'où  le  subst.  offensive. 

OFFERTE,  voy.  offrir,  —  D.  offertoire,  d'un 
type  latin  offertoria, 

1.  OFFICE,  masc.,  L.  officium,  service, 
fonctions.  —  D.  verbe  officier  (d'où  officiant); 
subst.  officier,  L.  officiarius  ;  officiai,  anc.  = 
officier  (dans  des  applications  spéciales);  adj . 
officiel,  L.  officialis;  officieuor.,  L.  officiosus, 
m.  s. 

2.  OFFICE,  fém.,  lieu  d'un  hôtel  où  l'on 
garde  ou  prépare  le  fruit  pour  la  table,  où  se 
fait  le  dessert.  Ce  mot,  quoique  de  genre  diff'é- 
rent,  est  peut-être  le  même  que  le  précédent  ; 
il  aura  été  appliqué  dans  une  circonstance 
spéciale  et  sera  resté  en  usage  ;  c'est  comme  si 
on  disait  le  «  service  » .  —  D'un  autre  côté,  il 
se  pourrait  aussi  que  le  fém.  office  représen- 
tât un  type  latin  officia,  primitif  de  officina, 
lequel  terme  latin  (pr.  =  atelier,  laboratoire) 
se  rencontre  fréquemment  dans  la  latinité  du 
moyen  âge,  en  parlant  des  monastères,  avec 


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OIN 


—  362  — 


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le  sens  de  :  «<  œdicula  quibus  asserranturquœ 
ad  victus  aut  alios  usus  monachonim  spec- 
tant  » ,  donc  chambre  à  provisions.  —  D'après 
la  définition  établie  par  Jean  de  Gènes  :  offi' 
cina  locus  ubi  sunt  officia,  c-û-d.  les  afficeê, 
les  semces manuels,  les  métiers  /ministiria), 
on  est  tenté  de  croire  à  une  parenté  d*ori- 
gino  entre  officium  et  officina.  Il  n  en  existe 
pas  cependant,  car  il  est  à  peu  près  certain 
que  officina  est  une  contraction  de  opificitia, 
et  vient  de  opifex,  ouvrier. 

OFHCffiUX,  -IBL,  -lEUX,  voy.  office  1 . 
OFFIGDIS,  pr.  atelier  de  travail,  plus  tard 
spécial,  laboratoire  du   pharmacien,  du  L. 
officina,  voy.  office  2  —  D.  offidttal. 
OFFRANDE,  OFFRE,  voy.  offrir. 
OFFRIR,  p.  offhHr,  it.  offcrire.csX.oferir, 
d'un  type  latin  offerire  p.  offetre;  du  partie, 
barbare  offertus  vient  le  fr.  offert,  d*où  le 
subst.  participial  offerte;  du   partie,  passif 
offèrefidus  vient  offrande,  pr.  chose  à  offrir, 
puis  chose  offerte.  —  Subst.  verbal  de  offrir: 
offre,  I .  action  d'oflrir,  2.  ce  que  Ton  offre. 

OFFUSQUER,   L.    of-fiiscare  (Tertullien), 
obscurcir,  à^fitscus,  sombre. 

OGIVE,  anc.  aussi  augive;  ce  mot  est  géné- 
ralement tiré  de  l'ail,  auge,  néerl.  oog,  œil, 
parce  que  les  arcs  des  cintres  dans  les  voûtes 
gothiques  forment  des  angles  curvilignes  sem- 
blables à  ceux  du  coin  de  l'œil  ;  Ménage  le 
dérive  du  fr.  auge  (donc  litt.  ==  «  en  forme 
d'auge  »);  Le  Héricher,  approuvé  par  Littré, 
de  augere,  l'arc  en  diagonale  augmentant  la 
force  de  la  voûte  et  de  l'arêtier.  —  D.  ogital. 
OGRE,  pour  orgue,  it.  orco,  esp.  hucrco, 
ogro,  ags.  orc,  du  L.  Orcus,  dieu  des  enfers. 
—  D.  ogrerie. 

OIE,  vfr.  oe,  oue,  prov.  auca,  esp.,  port., 
it.  oca,  direct,  du  BL.  auca.  Ce  dernier  est 
l'effet  d'une  contraction  de  avica,  formé  de 
arns,  comme  naiica  de  natis,  etc.  (cp.  raucus 
p.  ravicus).  Le  terme  classique  anser  a  été 
supplanté  par  avica  ou  auca,  l'oie  étant  en- 
visagée, au  point  de  vue  de  l'économie  domes- 
tique, comme  l'oiseau  par  excellence.  C'est 
ainsi  que  les  bœufs  et  les  vaches,  comme  con- 
stituant les  animaux  principaux  d'une  exploi- 
tation rurale,  étaient  désignés  par  le  terme 
générique  aumaille  =  L.  aiiimalia,  Nodier, 
plus  commodément,  trouve  l'étymologie  du 
mot  oie  dans  le  cri  de  l'oiseau  !  —  D.  ot^on 
(1*^  repi-oduit  le  c  du  primitif  latin,  cp.  cler- 
çon  de  clerc  et  le  mot  oiseau).  Les  gloses  de 
Ca.Hsel  ont  déjà  le  type  latin  aucionem 

OIGNON,  prov.  ugnion,  du  L.  itnionem, 
m.  s.  —  D.  oignonet,  -ière,  -ade, 
OÏL  (langue  d'),  voy.  oui. 
OILLE,  OUILLE,  de  l'esp.  oUa  ^potage  do 
différentes  racines   et   viandes),    qui  est  le 
L.  oJla  (\îr.  oie),  terrine,  marmite. 

OINDRE,  L.  ungere,  d'où,  par  le  supin  une- 
tnm,  les  subst.  1.  L.  unctio,  fr.  onctitm  ; 
2.  L.  unctus.  d'où  l'adj.  onctueux.  Le  subst. 
oing  réi>ond  au  L.  wrguen  ;  la  forme  onguent, 
au  L.  unguenturn.  —  On  apjxilait  jadis  les 
parfumeurs  des  ointiers» 


OING,  voy.  oindre. 

...OIR,  OIRE,  suffixe  masc.,  répondant  au 
L.  orium  {dortoir,  directoire,  purgatoire) \U 
suffixe  oiRK,  dans  les  subst.  fém.,  représente 
L.  oria  (victoire,  histoire),  dans  les  adjectifs, 
L.  orius,  a,  itm  (notoire,  traiuitoire). 

...OIS,  suffixe  d'adj.  et  de  sub.st.  répondant 
I)  à  L.  ^1^  (bourgeois.  Bruxellois)  ;  2)  à  L. 
iscus  (franciscus, /ranpoù*,  theotiscus,  tAt'wV; 
cp.  discus,  fr.  d<ns*  (dais). 

OISEAU,  oiseV,  it.  uccello  (aussi  augello), 
prov.  auzel,  d'une  forme  BL.auceilus  p.cri- 
cellus.  —  Û.  ciseler  doû  oiseleur,  riiseïier, 
oisellerie;  dim.  oiselet,  oisillon. 

OISEUX  (=  qui  ne  fait  rien  ou  qui  no  sert 
à  rien),  reproduit  L.  otiosus;  quant  à  of>t/,il 
accuse  par  sa  facture  un  ancien  primitif  oti^ 
représentant  le  L.  otium» 

OISIF,  voy.  oiseux.  —  D.  oisivetés 
OISON,  voy.  oie.  —  D.  oisonnerie. 
OLÉAGINEUX,  L.  olea%inosus\  fonne  ex- 
tensive  de  oleaginus  (oleum). 

OLÉANDRE,  laurier-rose,  it.  oleandro,  esp. 
doendra,  port,  eloefidro,  loendro;  ces  formes 
diverses  sont  gâtées  de  lorandrum,  mot  cité 
par  Isidore.  Ce  dernier  parait  à  son  tour  être 
une  corruption  de  rhododendnim,  sous  l'in- 
fluence de  quelque  allusion  à  /ai/ru^,  laurier. 
On  a  aussi  songé,  vu  le  caractère  vénéneux 
de  l'oléandre,  à  un  type  gr.  ciitaivcpoi  =  qui 
détruit  l'homme. 

OLFACTIF,  dérivé  du  subst.  L.  olfactvs, 
odeur  [nlfacere,  rac.  ol  p.  od), 

OLIBAN,  encens,  d'après  Lassen,  de  h.deim 
libani,  huilo  du  baumier. 

OLIBRIUS,  étourdi  qui  fait  l'entendu,  du 
nom  d'un  .sénateur  romain  sans  capacité,  pro- 
clamé emjiereur  d'Occident  en  472. 

OLIFANT,  cor  des  chevaliers  errants,  pr. 
ivoire,  du  L.  elephas  -antis  (prov.  olifan,  flam. 
olefant). 

OLIGARCHIE,  gr.  èïty^pxia,  gouvernement 
d'un  petit  nombre  (o/f/ot). 

OLIM,  mot  latin  =  autrefois;  de  là  les 
olim  =  les  anciens  registres  du  Parlement 
de  Paris  dès  1313. 

OLINDE,  sorte  de  lame  d'épée,  venant  de  la 
ville  d'Olifide  dans  le  Brésil  ;  d'après  d'autres, 
de  Solingen  en  Westphalie  (en  effet,  des  so- 
lingues  a  pu  se  gâter  en  des  olindes). 

OLIVE,  L.  oliva  (sia{«).  —  D.  olivier,  oli- 
vaire,  L.  olivarius;  olivaison,  du  L.  olirare, 
récolter  les  olives  ;  olivâtre;  olivct,  L.  olive- 
tum;  olivétc,  olivetier;  olivettes,  danse  en 
usage  chez  les  Provençaux  après  qu'ils  ont 
cueilli  les  olives. 

OLLAIRE,  L.  ollaris  (de  olla,  pot). 
OLOGRAPHE,  gr.    oXô/oa-^oi  =  écrit   en 
entier. 

OMBELLE,  du  L.  umbella,  parasol  (umbra). 
Sous  l'influence  du  mot  ombre,  on  dit  aujour- 
d'hui p  parasol,  ombrelle, uxx  lieu  de  ombelle. 
Cp.  gr.  9/IZC19V,  L.  umbraculum  =  om- 
brelle. 

OMBILIC,  t.    de  botanique  et  d'anatomic. 

du  L.  umbilicus,  nombril.  —  Voy.  nnmlml. 

1.  OMBRE,   L.   nmhra.  —   D.  ombreux. 


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ONC 


363  — 


OPP 


L.  ambrosus  ;  ombrer,  L.  umbrare  ;  ombrage, 
1.  ancien  a^j.  signifiant  obscur,  couvert,  du 
L.  umbraticus;  2.  subst.,  =  ensemble  de 
choses  qui  donnent  de  l'ombre  ;  je  suppose 
que  le  sens  figuré  défiance,  soupçon,  est  abs- 
ti*ait  del'a^j.  ombrageux,  Dusubst  ombrage 
viennent  :  verbe  ombrager,  et  adj.  ombra» 
geitx,  «  qui  s'efiraye  de  son  ombre  ».  —  Pour 
le  mot  ombrelle,  voy.  ombelle. 

2.  OMBRB  {terre  d*),  bien  que  servant  à 
ombrer,  cette  terre  tire  son  nom  de  VOmbrie. 

3.  OMBBS,  poisson,  L.  timbra. 
OHBRELLiS,  voy.  ombelle. 
OMSIiSTTE,  patois  amelette.  Les  opinions 

sur  l'étymologie  de  ce  mot  culinaire  sont  va- 
riées; aucune  ne  peut  satisfaire.  Citons-les 
brièvement  :  1.  œufs  mêlés  (La  Motte  le 
Vayer;  ;  2.  animaletta,  de  anima,  Vàme,  ici 
«»  le  dedans  d  un  œuf  (Ménage)  ;  3.  aftvXarôv, 
mot  imaginaire,  devant  signifier  «  délayé 
ensemble  »  (Lancelot;  ;  4.  ocum  molle,  œuf 
mollet  (Bourdelot)  ;  5.  o/ucXx,  composé  imagi- 
naire de  ûov,  œuf,  et  de  fikXi,  miel  ;  6.  BL. 
obleta,  oublie,  nasalisé  en  ombleta  (Âtzler). 
—  La  forme  ancienne  et  la  plus  répandue  de 
ce  mot  est  amelette,  mais  celle-ci,  à  son  tour,  a 
été  précédée  de  alemette,  alemelle  ou  alumelle, 
pr.  lame  (l'omelette  étant  plate  comme  une 
îamej.C'cst  là  que  Littré,  avec  raison,  trouve  la 
solution  de  ce  problème  culino-étymologique. 

OMETTRE,  L.  o-mittere,  d'où,  par  le  supin 
omissum,  subst.  omissio,  fr.  omission. 

OMINEUX,  L.omtno^u^  (omen). 

OMISSION,  voy.  omettre. 

OMNIBUS,  mot  latin,  sign.  «  pour  tous  », 
à  l'usage  de  tout  le  monde.  La  chose  et  le  nom 
datent,  dit  l'histoire,  de  1829. 

OMNIPOTENT,  L.  omnipotens  »  tout-puis- 
sant. 

OMOPLATE,  du  gr.  ùfioZ  n)à7yi,  le  plat  de 
l'épaule. 

ON,  vfr.  hom,  om.  C'est  le  latin  homo. 
«  On  dit  n  représente  littéralement  homo 
dicit,  logiquement  =  homines  dicunt.  Cette 
origine  du  pronom  indéfini  explique  son  em- 
ploi avec  l'article,  «  l'hom  dit,  l'on  fait  ».  Les 
Allemands  emploient  de  même  man=smann, 
homme.  Comparez  l'emploi  analogue  du  mot 
personne,  dans  «  personne  n'a  jamais  vu  »  «= 
on  n  a  jamais  vu. 

ONAGRE,  L.  œiagrus,  du  gr.  i^oi  Sr/pioi, 
âne  sauvage. 

ONG*,  ONQÏÏES*,  L.  unquam. 

1.  ONCE,  (mesure),  L.  un/na  (owyxfx).  — 
D.  ondoie,  grande  lettre  pour  les  inscriptions, 
du  L.  uncialis,  qui  mesure  un  pouce. 

2.  ONCE,  jaguar,  panthère,  d'après  Quatre- 
mère  et  Pihan,  du  persan  nouz  par  l'inter- 
médiaire du  port.  m\ça,  m.  s.  ;  d'après  Diez, 
vu  la  forme  it.  lonza,  du  L.  lyncem,  lynx,  ou 
plutôt  d'une  forme  adjectivale  lyncea,  par 
aphérèse  de  rinitialc;  d'après  Wackernagel, 
de  )s«vTio«.  «  appartenant  à  l'espèce  du  lion  » 
(on  trouve,  en  effet,  en  mha.  lunze,  lionne). 

ONCIAL,  voy.  o)ice  1. 
ONGLE,  du  L.  avnnculus  (oncle  maternel, 
employé  déjà  dans  la  loi  saliquo  au  sens  de 


patruus),  par  la  forme  contracte  aimculus 
(cp.  avica  s=  auca). 

ONGTION,  voy.  oindre. 

ONCTUEUX,  voy.  oindre.  —  D.  onctuosité. 

ONDE,  L.  unda.  —  D.  onde,  ondée,  on- 
doyer, d'un  type  undicare  =>  undare.  Du 
dim.  L.  undula  viennent  onduler,  L.  undu- 
lare  (d'où  otidulation)  et  onduleux. 

ONÉRAIRE,  L.  onerarius\  qui  supporte  la 
charge  {ontis,  -eris)\  onéreux,  L.  onerosus, 
qui  pèse,  qui  est  à  charge. 

ONGLE,  L.  ungula.  Notez  le  changement  de 
genre  dans  le  mot  fr.  —  D.  onglet,  pr.  pli 
fait  avec  l'ongle;  miglé,  en  hist.  nat.  ongidé, 
du  L.  ungulatus  ;  onglée. 

ONGUENT,  L.  xtngentum  (ungere). 

ONOMATOPiE,  gr.  ovo/ixronota,  pr.  action 
de  faire  un  mot,  surtout  un  mot  imitatif. 

ONQUES,  voy.  onc. 

ONTX,  L.  onyx,  gr.  SM*  pr.  ongle  du 
doigt  ;  l'agate  a  été  ainsi  nommée  à  cause  de 
son  brillant. 

ONZE,  du  L.  undeeim.  —  D.  onzième, 

OPALE,  L.  opalus  (6nàni9i). 

OPAQUE,  L.  opacus.  —  D.  opacité,  L.  opap 
citas. 

OPE,  t.  d'architecture,  L.  {èn^), 

OPARA,  mot  italien  (en  ail.  oper),  corres- 
pondant littéral  du  fr.  otuwre  (v.  c.  m  ). 
MM.  Noël  et  Carpentier  ont  mal  rencontré 
en  voyant  dans  opéra  l'idée  du  plur.L.  opéra, 
les  ouvrages  a  parce  que  Topérà  est  la  réu- 
nion de  plusieurs  ouvrages  ou  l'ouvrage  de 
plusieurs,  le  poète,  le  musicien,  le  peintre  ou 
décorateur  contribuant  à  la  confection  de  ces 
sortes  de  pièces  ».  Il  n'y  a  dans  le  mot  opéra 
qu'une  particularisation  du  sens  générique 
*i  composition  ».  Cp .  le  sens  spécial  donné  au 
mot  générique  fr.  compositeur.  —  D.  opérette. 

OPERGUliB,  t.  d'histoire  naturelle,  L.  oper- 
culum,  couvercle. 

OPÉÏER,  L.  operari  (opus),  dont  la  langue 
vulgaire  a  fait  ouvrir.  —  D.  opérateur,  -aiion, 
-aioire,  L.  operator,  -atio,  -atorius. 

OP^GLilDE,nom  technique  donné  au  ser- 
pent à  clefs,  et  forgé  avec  le  gr.  6fn,  serpent, 
et  xUli,  gén.  xAuiôi,  clef. 

OPHTALMIB,  -IQUE,  du  gr.  0f »aV^s>  œil. 

OPILER,  obstruer,  L,  oppilare,  —  D.  qpi- 
latif,  -aXion,  dés-opiler, 

OPINER,  L.  opinari,  —  D.  opinant,  pré" 
opinant, 

OPINION,  L.  opinionem.  —  D.  opiniâtre 
{mot  du  XVI*  siècle  qui  paraît  fait  sous  l'in- 
fluence d'acariâtre),  d'où  s'opiniâtrer,  et  opi- 
niâtreté. 

OPIUM,  mot  latin,  tiré  du  gr.  ottiov,  suc 
de  pavot.  —  D.  opiacé,  opiat. 

OPPORTUN.  L.  opportunus.  —  D.  oppor- 
tunité, L.  opportunitas  ;  néolog.  opportu- 
nisme, -iste. 

OPPOSER,  déposer,  d'après  le  L.opponere. 
De  ce  dernier,  par  le  supin  oppositum,  vien- 
nent :  opposite,  L.  oppositus,  opposition, 
L.  oppositio,  et  oppositif. 

OPPRESSER,  voy.  l'art,  suiv. 

OPPRIMER,  L.  opprimere  (premere),  dont 


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ORA 


—  364  — 


ORD 


le  supin  oppressum  a  donné  :  1.  le  verbe 
fréq.  oppresser;  2.  les  subst.  oppresseur, 
'ion,  L.  oppresser,  -sio;  3.  l'adj.  oppressif. 

OPPROBRE,  L.  opprobriiim, 

OPTER,  L.  optare,  faire  choix,  fréq.  d'un 
ancien  verbe  op-cre,  dont  le  supin  optiim  a 
donné  le  subst.  optio^  fr  option. 

OPTIMISTE,  qui  croit  que  tout  est  au 
mieux,  du  L.  optimus,  très  bon.  —  D.  opti- 
misme, 

OPTION,  voy.  opter. 

OPTIQUE,  gr.  oTsriAÔi,  relatif  à  la  vue.  — 
D.  opticien. 

OPULENT,  L.  opidentus  (opes).  —  D.opii- 
lc7we,  L.  opulentia. 

OPUSCULE,  L.  opiiscidum  (opus). 

1.  OR,  vfr.  ores;  cette  particule  signifiait 
jadis  maintenant,  à  cette  heure  ;  auj.  elle  sert 
À  relier  une  proposition  nouvelle  à  une  pro- 
position antérieure,  et  à  marquer  un  léger 
rappoii;  de  conséquence.  Dans  la  vieille 
langue,  on  aimait  à  renforcer  or  par  donc 
ou  doncques.  Cette  conjonction  a  une  valeur 
toute  spéciale  dans  le  syllogisme.  Elle  vient 
du  L.  hora,  et  correspond  ainsi  à  Tesp.,  port. 
hora,  ora,  it.  ora,  prov.  ora,  oras,  or;  cepen- 
dant Vo  ouvert  de  ladv.  fr.  ore  parait  êti-e 
l'effet  d'une  fusion  des  mots  latins  ha  hora 
(Suchier,  Grôb.  Ztschr.,  I,  432).  Elle  entre, 
avec  l'acception  temporelle  de  maintenant, 
dans  la  composition  des  termes  désownais  et 
dorénavant  (voy.  ces  mots).  Voy.  aussi  lors, 
alors  et  encore. 

2.  OR,  subst.,  L,  auntm.  — D.  vfr.  orer, 
p.  dorer  (ce  dernier  vient  du  composé  L.  de- 
aurare). 

ORACLE,  L.  oraculum.  —  D.  oracuJeux. 

ORAGE,  esp.  orage,  prov.  auratge,  autr. 
«=  vent,  souffle.  On  distinguait  «  bel  orage  » , 
vent  favorable,  et  ««  grant  orage  »,  tempête. 
Auj.  la  signification  s'est  rétrécie  et  ne  com- 
prend plus  que  ce  dernier  sens.  C'est  un  dé- 
rivé du  vfr.  ore,  qui  est  le  L.  aura  (it.  aura, 
ora,  esp.,  port,  aura),  d'où  vient  aussi  l'an- 
cien mot  orée,  pluie  d'orage.  —  D.  orageux. 

ORAISON,  L.  orationem  (orare). 

ORAL,  L.  oralis  (os,  oris). 

ORANGE,  BL.  arangus,  arangia,  it.  aran- 
cio  (à  Milan  naranz,  à  Venise  naranza),  esp. 
naranja,  port,  laranja  (basque  1  aran  ta),  cat. 
taronja,  valaque  neranze,  gr.  mod.  vsoàvrjc, 
V.  flam.  arangie,  aranic.  'Toutes  ces  formes 
diverses  sont  des  défigurations  plus  ou  moins 
fortes  du  persan  narenj,  arabe  nàranja,  hin- 
doustani  naringe.  La  forme  française  est 
l'effet  d'une  relation  imaginaire  avec  or  ;  en 
effet,  les  Latins  appelaient  les  oranges  des 
pommes  d'or,  aurea  mal  a.  Du  latin  moderne 
pomum  aurantium,  les  Allemands  ont  fait  le 
composé  pomeranze.  —  M.  Eug.  Fournier 
(Mém.  de  la  Soc.  do  linguist.  de  Paris,  I, 
122)  démontre  que  la  vraie  source  dé  ce  mot 
est  le  sanscrit  Jiàgaranga,  un  des  dix-sept 
noms  sanscrits  de  l'orange,  qui  signifie  éty- 
mologiquement  «  rouge  (ranga)  comme  du 
minium  (nâga)  ». 


ORANG-OUTANG,  mot  malais,  signifiant 
homme  des  bois. 

ORATEUR,  L.  oratorem  (orare);  adj.  ora- 
toire}, L.  oratorius;  subst,  oratoire,  L,  orato- 
rium  (lieu  de  prière). 

ORATORIO,  mot  italien,  correspondant  au 
fr.  oratoire.  Le  nom  oratorio,  en  tant  que 
terme  musical,  vient,  selon  les  uns,  de  Phi- 
lippe de  Neri,  fondateur  de  la  congrégation 
de  l'Oratoire  (mort  à  Rome  en  1595),  comme 
ayant  le  premier  introduit  ce  genre  de  repré- 
sentations musicales;  selon  d'autres,  de  ce 
que  le  duc  Annibal  Marchcsi,  retiré  dans  un 
couvent  de  l'Oratoire  à  Naples  en  1740,  y 
écrivit  des  drames  religieux  pour  le  théâtre 
de  ce  monastère. 

1.  ORBE,  adj.,  dans  «  coup  orbe,  mur 
orbe  »,  du  L.  orbus,  pr.  privé,  d'où  successi- 
vement les  sens  spéciaux  :  orphelin,  veuf, 
aveugle,  puis  «  qui  ne  se  voit  pas,  non  appa- 
rent ». 

2.  ORBE,  subst.,  t.  d'astronomie,  \u.orbis. 

—  D.  orbictdaire,  L.  orbicularis  (du  dira, 
orbiculus). 

ORBITE,  L.  or6tto,  trace  dune  roue (or&û). 
La  vraie  représentation  fr.  de  orbita  est  vfr. 
orde.  —  D.  orbitaire,  L.  orbitarius'.  Ce 
même  type  orbitarius,  au  féminin,  a  donné, 
dit-on,  par  l'effet,  d'une  contraction  tout  à 
fait  régulière,  le  vfr.  et  pic.  ordière,  d'où,  par 
le  changement  euphonique  de  d  en  n,  s'est 
produit  le  fr.  mod.  ornière;  mais  voy.  d'autres 
explications  s.  ornière^  Le  thème  primitif  orô 
s'est  conservé  dans  la  forme  wallonne  orbire, 
ourbire  =  ornière. 

ORCHESTRE,  gr.  ôpx^ïT/>a.  place  du  théâ- 
tre où  s'exécutaient  les  danses  (ôo^ïciSai,  dan- 
ser) ou  plutôt  les  évolutions  du  chœur.  Chez 
les  Romains,  V orchestra  était  la  place  affectée 
aux  sénateurs.  Auj.  le  mot  désigne:  1.  le  lieu 
où  se  tiennent  les  musiciens;  2.  le  corps  des 
musiciens  d'un  théâtre.  —  D.  orchestrer. 

ORCHIS,  plante  dont  les  racines  ressem- 
blent à  des  testicules,  du  gr.  opyi's,  -iSoç,  testi- 
cule. —  D.  orchidée, 

ORD,  ORT,  vieux  mot  =  vilain,  sale  (en  t. 
de  commoixîe,  ort  s'emploie  encore  on  opposi- 
tion avec  net,  «  poids  ort  »  =  poids  brut),  du 
L.  horridas,  qui  excite  Thorreur,  repoussant. 

—  D.  ordure;  verbe  ordir*,  salir. 
ORDALIE,  vfr.   ordel,  jugement  de  Dion. 

BL.  ordalium,  de  l'ags.  w^dAl,  v.  saxon  ur- 
dêJe,  angl.  ordeal,  ni.  oordeel,  ail.  urtel,  ur- 
teil,  jugement. 

ORDINAIRE,  L.  ordinarius  (ordo,  -inis); 
ordinal,  L.  ordinalis;  ordination,  L.  ordina- 
tio. 

ORDONNER,  vfr.  ordencr  (voy.  ordre),  du 
L.  ordinare.  —  D.  ordonnance,  vfr.  ordc- 
nance;  ordonnateur,  L.  ordinator;  désor- 
donné =  déréglé. 

ORDRE,  vfr.  ordene  (l'accent  sur  o),  prov. 
orde,  orden,  esp.  orden,  it.  ordine;  de  l'ace, 
latin  ordinem  (nom.  ordo)'^  cp.cofre  de  cophi- 
nus.  —  D.  verbe  ordencr^,  devenu  par  abus 
ordonne^'.  —  Cps.  dés-ordre,  sous-ordrc. 

ORDURE,  voy.  ord.  —  D.  ordarier. 


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ORG 


—  368  — 


ORN 


OREE,  lisière  d'un  bois,  du  vfr.  or,  bord  = 
L.  offl,  m.  s.  On  disait  autrefois  aussi  orière 
=  lisière.  Voy.  aussi  orJe. 

OREILLE,  prov.,  port.  ore//?a,  it.  oj-ecchia, 
esit.  orefa,  du  L  aurtcula,  dini.  de  aïo-is, — 
D.   oreiller,    crrcillard,  oreillon  ou  orillon. 

—  Cps.  essorillcr  (v.c.  m.). 

OREHUS,  oraison,  mot  latin  signifiant 
«  prions  «,  de  orarc,  prier. 

ORFEVRE,  du  L  .auri  fdber,  ouvrier  en  or. 

—  D.  orfèvrerie;  orfévri. 

ORFRAIE,  p.  osfraie,  du  L.  ossifrar/us, 
brise-os.  Pour  *  changé  en  r,  cp.  varlet'  p, 
taslet.  —  L'angl.  osprey,  d'après  Suchicr, 
n'est  pas  de  môme  origine;  il  représente, 
ccmme  vfr.  orprès,  le  gréco-latin  oripclargus 
(cigogne  des  montagnes),  gâté  en  œnpei'a- 
giis. 

ORFROI,  broderie  employée  en  bordure, 
galon,  vfr.  orfrais,  prov.  aurfres,  v.  esp. 
orofres,  litt.  •=  auri  frcsiumy  fraise  ou  frise 
d'or  (Isidore  :  vestimentum  aurifrisatum).  Le 
BL.  auriphrygium  est  une  création  arbitraire 
(voy.  frise),  qui  a  prob.  déterminé  la  forme 
fr.  orfroi. 

0R6ÂNDI,  mousseline  trèï*  claire.  D'où  ? 

ORGANE  (mot  savant),  L.organum  (6p/oijov). 

—  D.  organique,  L.  organicus;  organiser 
(cps.  désorganisa'},  organisme.  —  Le  latin 
organum,  instrument,  a  régulièrement  donné 
le  fr.  orgue,  vfr.  et  angl.  organ  (d'où,  orga- 
tiiste),  ail.  orgel.  Au  point  de  vue  de  l'Kglise, 
l'orgue  était  l'instrument  par  excellence. 

ORGANISTE,  voy.  lart.  préc. 

ORGANSIN,  sorte  de  soies  torses  qu'on  a 
fait  passer  deux  fois  par  le  moulin  ;  prob.  un 
dérivé  irrégulier  de  organum,  instrument.  — 
D.  organsiner. 

ORGE,  it.  orzo,  prov.  ordi,  régulièrement 
fait  du  L.  hordeum.  —  D.  orgeat,  boisson 
primitivement  faite  avec  de  l'eau  d'orge,  du 
sucre  et  des  amandes  ;  orgelet,  petite  tumeur 
ou  enflure,  en  forme  de  grain  d'orge,  qui  se 
produit  sur  le  bord  des  paupières;  on  dit 
aussi  orgeolet,  dim.  de  orgeol,  qui  reproduit 
le  dim.  L.  hordeolus,  employé,  avec  le  jnômo 
sens,  par  Marcellus  Empiricus. 

ORGIE,  gr.  Spyic(,  fêtes  de  Bacchus. 

ORGUE,  voy.  organe, 

ORGUEIL,  it.  orgoglio,  esp.  orguUo,  prov. 
orgolh,  wall.  orgowe,  orgou ,  faste,  vanité  ;  du 
vha.  urgitoh,  subst.  supposé  de  l'ai^.  urguol 
a=  insigne,  haut,  hautain  ;  cp.  vha.  urgilo, 
superbus,   luxurians,  ags.   orgel,   superbia. 

—  Il  faut  rejeter  les  étymologies  tirées  du 
gr.  opyiw»,  être  enflé,  ou  de  opyiXoi,  sujet 
à  la  colère,  et  proposées  par  plusieure 
savants  français.  Chevallet  place  le  mot  sous 
la  rubrique  rok,  mot  breton  signifiant  fier, 
rogye,  arrogant,  en  admettant  une  transpo- 
sition en  ork,  mais  il  se  garde  de  rendre 
compta;  de  la  terminaison.  Langensiepen  pro- 
pose ortJiocolium,  subst.  fictif  do  ort/iocnlus 
(gr.  o;.5o/.-iji9r)  =  qui  a  les  articulations 
raides  ;  c'est  assez  bien  imaginé  i)our  la  lettre, 
mais  peu  satisfaisant  pour  le  sens.  Citons 
encore   pour    mémoire    une    conjecture   de 


M.  Baudry  (Revue  des  langues  rom.  V;,  qui 
suppose  dans  orgueil  le  subst.  verbal  d'un  verbe 
orgueil lir,  qui  serait  le  représentant  fr.  d'un 
composé  lat.  culrecolliga'c.  —  D.  orguilleux, 
s'enorgueillir. 

ORIENT,  L.  orientent  (oriri),  levant.  —  D. 
orientai,  orienta^  pr.  placer  une  chose  dans 
la  direction  de  l'est  (celui-ci  trouvé,  les  autres 
points  cardinaux  s'offrent  d'eux-mêmes);  opp. 
dés<nHenter. 

ORIFICE,  L.  orificium. 

ORIFLAMME,  aussi  oriflambe  et  oiuflant, 
prov.  auHfian,  d'abord  l'étendard  de  l'abbayo 
de  Saint>Denis,  qui  était  de  soie  rouge  avec 
une  hampe  dorée  (voy.  Du  Cange,  s.  v.  auri- 
flamma).  C'est  un  composé  de  aurum,  or,  et 
de  flammn,  étoffe  coupée  en  zigzag,  en  forme 
de  flamme  (cp.  L.  flanimula,  petit  drapeiiu). 
—  Je  préfère  considérer  oriflamme  comme 
issu  de  orie- flamme  de  la  Chanson  de  Roland 
(cp.  minuit  p.  mie  nuit),  où  orie  est  un  adj. 
féminin. 

ORIGAN,  L.  origanum  (ôpti/xvo,). 

ORIGINE,  du  L.  origo,  gén.  oiHginis.  Ce 
mot  origine  est  de  facture  savante  ;  la  bonne 
forme  française,  à  laquelle  on  n'aurait  pas  dû 
renoncer,  est  le  vfr.  mHne.  —  D.  original  et 
originel,  L.  originalis  (d'où  originalité)  ;  ori- 
ginaire, L.  originarius. 

ORIGNAL,  élan  du  Canada;  la  bonne  forme 
est  orignac,  mot  introduit  en  Amérique  par 
les  Basques  d'après  leur  mot  oretuic,  cerf. 

ORILLON,  voy.  oreille.  —  D.  orillonner, 

ORIPEAU,  oripeV,  it.  orpello,  esp.  oropel^ 
prov.  aurpel,  pr.  iKjau  d'or,  du  h.auripellis. 

ORLE,  anc.  ourle,  bordure,  it.  orlo^  esp. 
oi'la,  d'un  type  orula,  dim.  du  L.  ora,  bord  ; 
cp,  perle  àopirula.  —  D.  dim.  op^let,  commu- 
nément ourlet,  anc.  ourelet;  verbe  ourler, 
border,  it.  orlarc,  esp.  orlar.  —  Caroline  Mi- 
chaëlis  tient  it.  orlo  et  esp.  or/a  pour  emprun- 
tés au  fr.  orle,  et  identifie  celui-ci  avec  ags. 
orl,  boni,  qui,  lui-même,  est  d'origine  celti- 
que. 

ORME,  en  vfr.  aussi  oume,  prov.  olme,  du 
L.  lilmus.  —  D.  ormeau,  ormille,  ormaie  ou 
ormoie,  L.  ulmetum. 

ORJOiR,  espèce  de  mollusque,  aussi  appe- 
lée 07*eille  de  mer,  du  L.  auris  maris. 

1.  ORNE,  sorte  de  frêne,  L.  orniis.  — D. 
or  nier. 

2.  ORNE,  t.  rural,  du  L.  ordi)icm,  rang, 
rangée. 

ORNER,  L.  ornare.  —  D.  ornement,  L. 
ornamentum,  d'où  ornctnenter. 

ORNIÈRE,  voy,  orbite.  —  Forster(Ztschr., 
m,  262)  n'est  pas  assuré  sur  la  formation  de 
ce  mot  par  l'intermédiaire  de  ordii)re.  En  ad- 
mettant môme,  malgré  certains  doutes,  que 
ordiAre,  terme  propre  exclusivement  aux 
textes  picards,  soit  issu  de  *orbitaria,\\  prouve 
l'existence  tout  aussi  ancienne  de  ornit^re  et 
ormiere  et  pense  que  nous  pourrions  bien  avoir 
affaire  à  deux  mots  synonymes,  mais  d'origine 
distincte.  Quant  à  ornière,  ce  serait  une  mo- 
dification de  ormiere  et  celui-ci  un  dérivé  d'un 
lat.  fictif  oîvna  =  it.  orma  «  trace,  piste  ». — 


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ORT 


—  366  — 


OTA 


0.  Paris  (Rom  ,  VIII,  628;  incline  à  voir  dans 
ornière  un  dérivé  du  ffr.  ortie  (rang,  file, 
ligne,  voie),  une  des  deux  formes  qu'a  prises 
ordene  (l'autre  est  ordre)  (v.  c.  m.);  dans 
ordière  une  forme  allégée  de  ordrière  ou  ord» 
nière,  car  orbita  est -inconnu  à  toutes  les 
langues  romanes  (le  vrall.  ourbire  peut  diffi- 
cilement venir  de  orbitaria).  Il  pense  que  la 
forme  ormière  vient  de  Vit.  orma. 

ORNITHOLOGIE,  science  des  oiseaux  (ô/&vi- 

ORPAILLEUR,  par  corruption  arpailleur, 
qui  tire  des  paillettes  d*or  du  sable  des  fleu- 
ves. 

ORPHELIN,  vfr .  orfenùi ,  dér .  du  vfr .  (yrfene, 
orfe,  qui  est  le  L.  orphanus  (opyavo'i). 

ORPHIE,  VEsox  belonc,  poisson.  Littré  ne 
tente  aucune  étymologie.  Joret  (Rom.,  IX. 
125)  y  voit  une  déformation  du  holl.  horen- 
tisch,  ail.  hornfisch  (même  sens).  On  trouve 
aussi  horfi  ;  et  pour  la  manière  de  franciser 
le  germ.  vis,  fisch,  il  rappelle  sUpcphis,  stoo 
fiz  (mots  constatés),  esclefin  (d'où  aiglefin, 
aigrefin),  précédés  peut-être  de  esclefi,  = 
mha.  scelfisch, 

ORPIMENT»  du  L.  auri  pigmentum,  ma- 
tière pour  peindre  en  or  (Pline,  XXXIII,  iv, 
22).  L'ail,  a  gâté  le  mot  en  operment.  La 
forme  orpin  vient  peut-être  d'un  type  orpig- 
men;  orpimen,  cp.  nourrin  de  nutrimen, 

ORPIN,  voy.  orpiment. 

ORQUE,  mammifère  marin,  L.  orca. 

ORSE,  OURSE,  côté  gauche  du  vaisseau, 
cordage  à  l'extrémité  gauche  de  la  vergue,  it. 
orjta,  prov.  orsa,  du  moy.  néerl.  liiris,  bava- 
rois /«rj,  «»  gauche,  avec  chute  de  Yl  initiale, 
prise  pour  l'article. 

ORSEILLE,  it.  orcella,  rocella,  angl.  orchil 
et  archil  (Linné  :  lichen  roccellaj  ;  le  mot  est. 
altéré  de  orchelte,  transposition  de  rochelle  ; 
cp.  le  t«rme  équrvalent  angl.  rock-moss, 
mousse  de  rocher;  —  Quatremèro  propose 
l'arabe  ouurs  »=  memôcylum  tinctorium.  — 
D'après  Littré,  qui  s'appuie  sur  Hœfer,  Hist. 
de  la  chimie,  du  nom  Àe  Federigo  Rucellai 
ou  Oricellari,  qui,  vers  Van  1300,  introduisit 
dans  les  fabriques  de  teinture  l'emploi  do  ce 
lichen. 

ORT,  voy.  ord, 

ORTEIL,  vfr.  arteil,  lang.  artel,  artelh,  du 
L.  articuhis,  pr.  jointure,  puis  aussi  doigt. 
L'orteil  a  pris  son  nom  comme  étant  le  doigt 
de  pied  par  excellence.  —  Cp.  it.  artiglio, 
griffe,  esp.  artijo,  port,  artelho,  membre, 
articulation. 

ORTHODOXE,  gr.  oùUiolou  d'opinion  (^o|a) 
iuste  ^ô/5&o;i.  —  D.  orthodoxie. 

ORTHOGRAPHE,  du  gr.  opbo'/poLfia,  écriture 
juste,  correcte.  Voy.  graphie.  —  D.  verbe 
orthographier. 

ORTHOPÉDIE,  terme  scientifique,  fait  d'un 
type  grec  ûp^o-naiSiia,  formé  de  TcxiStlTt,  ma- 
nière de  traiter  les  enfants,  et  de  ô/»3o;,  droit. 

ORTIE,  L.  tirtica  (urerc).  —  D.  verbe  or- 
lier. 

ORTOLAN,  it.  ortolano^  Linné  :  emeriza 
hoHulanus;   du    L.    hortulanus,  jardinier. 


parce  que  ces  oiseaux  habitent  volontiers  dans 
les  haies  vives  des  jardins. 

ORVALE,  sauge  sclarée,  litt.  valant  de  l'or. 

ORVET,  petite  couleuvre;  dér.  du  L.  or- 
bxts.  aveugle  (voy.  orbe  1);  cp.  ail.  hlind- 
schleiche. 

ORVIÉTAN,  it.  ortietano,  du  nom  d'un 
opérateur  italien,  qui  s'appelait  Orvietatio 
d'après  la  ville  d'où  il  était  ;  son  nom  véritable 
était  Luppi. 

ORTGTOGRAPHIE,  LOGIE,  -GNOSIE;  le 
premier  élément  de  ces  composés  est  le  grec 
èpu/.To';,  fossile. 

OS,  L.  os,  ossis.  —  D.  osseV,  d'où  osseiet  ; 
osseux,  ossement;  ossuaire,  L.  ossuarium  ;  os- 
sifier, ossature,  dés-osser, 

OSCILLER,  L.  oscillare  (de  oscillum,  petite 
figure  suspendue  et  agitée  au  gré  des  vents). 

OSCITANT,  du  L.  oscitare,  ouvrir  la  bouche, 
bâiller. 

OSEILLE,  d'un  type  oxalia,  tiré  du  L.  oxa- 
lis,  gr.  oÇà5ii;,  dérivé  de  l'adj.  ôivi,  acre, 
aigre.  En  BL.  on  trouve  acidula,  ce  qui  sug- 
gère à  Diez  ridée  d'une  forme  pi-emièro 
aceille,  transformée  par  le  peuple  en  oseille, 
puis  oseille. 

OSER,  L.  ausare*,  fréq.  de  auderc  (supin 
ausum).  XjQ.  théorie  de  Clicvallet.  d'api-ès 
laquelle  oser,  diviser,  inciser,  infuser,  léser, 
peser,  raser,  etc.,  viennent  resp.  de  aiulçrr^ 
dividere,  incidei'e,  infudei'e,  lœdere,  pendere, 
radere,  par  substitution  d'un  s  doux  au  d  pri- 
mitif, est  en  contradiction  avec  une  dos  règles 
les  plus  élémentaires  de  la  roman is:ition,  qui 
consiste  à  tirer  les  verbes  des  formes  fitkjucn- 
tatives  au  lieu  des  formes  naturelles  du  verbe 
correspondant  latin. 

OSERAIE,  dér.  de  osier. 

OSIER,  en  Berry  oisis,  bret.  aosil,  wall. 
tcoisir,  y.  flam.  toisse;  du  gr.  oUoi,  sorte 
d'osier  ;*  iétymologie  douteuse  en  présence  des 
formes  ausariœ,  osariœ  (oseraies»,  qui  se 
trouvent  dans  des  textes  latins  du  ix*  siècle. 

OSMAZOME,  terme  scientifique  fait  do  à?/»^, 
odeur,  et  $u^o;,  bouillon. 

OST,  vieux  mot,  ==  armée,  prov.  hast,  ost, 
esp.  hueste,  it.  oste; dnh  hostis,  ennemi,  qui, 
dès  les  premiers  temps  du  moyen  âge,  avait 
pris  le  sens  d'armée.  Eln  picard,  osi  signifie 
encore  troupeau.  —  D.  vfr.  osioger,  guer- 
royer, =9  it.  osteggiare. 

OSTENSIBLE,  adj.  moderne  tiré  du  supin 
ûstensum  de  ostendere  (obs-tendo),  montrer, 
d'où  aussi  ostensif,  et  le  subst.  ostensoir  (cp. 
ail.  monstrans  de  monstrare), 

OSTENTATION,  -ATEUR.  L.  ostentatio, 
'Otor  (de  ostentarc,  fréq.  de  ostendere,  mon- 
trer). 

OSTÉOLOGIE,  science  des  os,  du  gr.  ôtts^v, 
os. 

OSTRACISME,  gr.  ô^rpxMuôi,  subst.  de 
ètrprui^tié  =■  fr.  ostraciser. 

OSTROGOT,  du  nom  de  i^cuplo  Ostrogoth, 
pr.  Goth  oriental. 

OTAGE,  ostage,  it.  ostaggio,  esp.  hostqfe, 
prov.  ostaige;  i'étym.  traditionnelle,  patronnée 


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OTE 


—  367  — 


OUB 


parDiez,  est  L.  obsidaticus  (devenu  o^rfo^icia), 
lequel  est  dérivé  du  subst.  ohsidcUus,  action 
de  donner  des  otages  ou  d'être  donné  en  otage, 
dérivé  lui-même  du  subst.  obses,  obsidis,  otage. 
L  etymologie  tirée  de  ost,  armée  (pour  ainsi 
dire  gage  donné  à  Vost,  à  l'armée  ennemie), 
est  erronée.  —  Les  étymologies  *obsidaiicum 
et  'hostaiicum  sont  péremptoirement  réfutées 
par  Tobler  (Grôber  Ztschr.,  IIl,  569).  Il  y 
substitue  hospiUnn  (fr.  oste^  auj.  hôte).  Le  mot 
ostage  se  voit  souvent  employé  dans  le  sens 
do  "  condition  d'hôte,  état  d'hospitalité  » 
{pretidre  ostage  =  s'établir,  s'installer);  pour- 
quoi le  mot  ne  s'appliquerait-il  pas  à  l'état 
d'hospitalité  où  se  trouve  l'otage,  d'autant 
plus  que  le  mot  s'est  employé  d'abord  pour 
*»  sûreté,  caution  »,  au  sens  abstrait,  avant 
de  signifier  «  caution  =  personne  livrée  en 
otage  »  ? 

OTALOIB,  gr.  wraiyfa,  mal  d'oreille  (wto'v). 

OTER,  oster,  prov.  ostar,  angl.  oust.  On 
n'est  pas  encore  parvenu  à  une  pleine  certi- 
tude sur  l'origine  de  cet  important  verbe 
français.  Du  Cange  le  dérivait  de  L.  ob-stare^ 
pr.  se  mettre  dans  le  chemin  (cp.  les  tour- 
nures "  ôter  le  chemin  à  qqn.  ♦»,  BL.  aliquem 
de  sua  via  obstare,  «  ôter  le  soleil  à  qqn.  i»), 
puis  empêcher,  ôter  les  moyens,  enfin  enlever, 
ôter  en  général.  Pott  est  également  de  cet 
avis  ;  seulement,  il  enchaîne  les  acceptions  à 
pei^  •  près  de  cette  manière  :  se  mettre  à 
rencontre,  surprendre  qqn.  (en  parlant 
des  voleurs  de  grand  chemin),  de  la  piller, 
détrousser,  puis  prendre  (avec  l'accusatif  de  la 
chose).  —  Diez  propose  une  autre  solution.  Il 
voit  dans  oster  le  L  haiislare^  fi'éq.  de  h'aurire^ 
pr.  =^  puiser,  tirer,  retirer,  de  1^  aussi  enlever 
(il  cite  l'expression  latine  hàiirire  arbusta, 
enlever  les  broussailles,  et  compare  le 'prov. 
ostar  e  desrasigaVy  enlever  et  déraciner).  Ce 
qui  vient  à  l'appui  de  cette  conjecturadB  est  le* 
vfr.  d<fster,  ôter,  enlever  (dans  le  Berry  dôler, 
limous.  doustà),  qui  ne  peut  être  que  le 
L.  d^i-haurire  à  la  forme  fréquentative,  car  un 
primitif  latin  de-obi^tare  serait  un  non-sens  ; 
en  outre,  une  glose  de  Festus  :  exhaustant  = 
efferunt,  qui  m'a  été  signalée  par  mon  confrère 
à  l'Académie  do  Bruxelles,  le  prof.  Wagencr 
à  Gand.  Ménage  avait  déjà  entrevu  l'ôtymo- 
logie  haustare,  mais  sans  lajustifier.  —  Littré, 
pesant  les  arguments  en  faveur  des  deux  opi- 
nions, reste  indécis,  mais  incline  plutôt  vers 
obstare,  empêcher;  Diez,  dans  sa  dernière 
édition,  persiste  dans  son  opinion  pour  haits- 
tare.  Quant  à  une  etymologie  abstare  (d'où 
régul.  austare,  oster),  pris  dans  le  sens  actif 
d'enlever,  que  j'avais  développée  dans  une 
étude  spéciale  en  1863,  j'ai  cru  devoir  la  reti- 
rer pour  certaines  objections  qu'elle  soulève. 
—  Aux  diverses  étymologies  mises  en  avant 
depuis  Du  Cange  est  venue  s'ajouter,  en  1877, 
celle  de  Lûeking,  l'auteur  de  •*  Die  altestcn 
franzôsischen  Mundarten  »  Il  propose  hospi- 
tare  («  garnir  d'un  hospes  »),  en  se  fondant 
sur  la  valeur  que  devait  avoir,  pour  les  Gallo- 
Romains,  à  l'époque  des  invasions  germa- 
niques, une   plu'ase  telle  que  :   hospitabant 


terras  Romanis,  ils  garnissaient  les  terres  des 
Romains  d'hôtes  (bourguignons),  c'est  à-dire, 
ils  les  en  dépussédaient,  ils  les  leur  enle- 
vaient, «  ôtaient  •».  Cette  etymologie  est 
forgée  avec  trop  d'érudition  historique,  trop 
idéologique  et  dépourvue  de  textes  à  l'appui, 
pour  qu'elle  ait  trouvé  crédit.  Gaston  Paris, 
qui  la  repousse  (Rom.,  VII,  131),  observe 
que,  si  absolument  il  faut  exclure  les  opinions 
émises  jusqu'ici,  il  invoquerait  do  préférence 
hostare,  de  hostis  au  sens  postclassique 
d'  «•  armée  » .  Ce  verbe  aurait  d'abord  voulu 
dire  «  traiter  en  ennemi,  en  pays  conquis  », 
puis  «  ravager,  piller,  enlever  »  ;  cf.  l'ail. 
ve7'Iieeren,  dévaster  (de  heer,  armée). 

OTTOMAN,  Turc,  du  nom  à'Othoman  ou 
Osman,  premier  empereur  des  Turcs  (1299- 
1326).  —  D.  ottomane,  sofa  à  la  manière 
turque. 

OU,  it.  od,  0,  esp.  o,  m,  port,  ou,  prov.  o, 
oz,  valaquo  at«,  du  L.  aut, 

OÎJ,  it.  ovc,  prov.  o,  du  L.  ubi.  Cps.  it. 
dove,  fr.  d'où  =  L.  de  vbi  (cp.  doit  do  dt> 
wide). 

OUAIGHE,  sillage  ou  trace  que  le  vaisseau 
fait  à  la  mer;  aussi  orthographié  houache, 
kouaiche.  Diez,  se  fondant  sur  l'orthographe 
ouage  (mentionnée  dans  le  dict.  de  Trévoux, 
identifie  ce  mot  avec  l'esp.  aguage^  courant 
maritime,  qui  est  le  L.  aquagium,  coui^ 
d'eau  (Pandectes;.  Langl.,  pour  la  mémo 
chose,  dit  wake;  serait-il  connexe  avec  le  mot 
français?  Tandis  que  E.  MttUer  le  croit  tiré 
;  de  ce  dernier,  Wedgwood  lui  assigne  pour 
origine  le  finnois  toaka.  sillon. 

OUAILLS,  p.  oueilh,  brebis,  du  L.  oviada, 
m.  s.,  dim.  dé  ovis  ;  esp.  oveja,  prov.  ooe//ta. 
.  OUAIS,  intcrje(;tion  ;  cp.  gr.  oÛ7i,;lat .,!■«?, 
'goth.  crti,  it.  guaî,  etc.- 
•  OUATE  ({lu  fr.  vfennent  iill.  toatte,  angl. 
toad,  esp.  huata).  On  appelait  ouate  non  seu- 
lement la  première  soie  que  l'on  retire  sur  le 
cocon  du  ver  à  soie,  mais  aussi  un  duvet  léger 
que  fournit  une  espèce  -d'oie.  C'est  prob.  à  • 
cette  dernière  acception  qu'il  faut  rattaclier 
l'origine  du  mot,  qui  se  prononçait  au.ssi 
ouette  (forme  encore  usuelle  en  Normandie), 
de  sorte  qu'il  serait  un  dérivé  du  vfr.  oiic,  nfr. 
oie,  qui  représente  le  L.  auca.  Cette  etymo- 
logie appartient  à  M.  de  La  Monnoye.  Diez  a 
proposé  l'it.  ovata  (eft  par  là  L.  ovum,  œuf), 
donc  pr.  chose  en  forme  d'œuf  (le  sens  étymo- 
logique serait  ainsi  un  bourrelet  ou  tortillon 
pour  doubler  les  habits),  mais  lit.  ovata 
semble  être  lui-même  une  transformation  du 
-  mot  fr.„ot  d'ailleurs  Diez  lui-même  n'exprime 
•pas  grande  confiance  dans  cette  etymologie. 
Maller  penche  vers  le  vha.  voaJt,  habit,  mais 
les  sens  sont  par  trop  distants.  —  D.  ouater, 

OtJBLI,  voy.  oublier, 

OUBLIE,  altération  populaire  de  oblaie, 
oblee,  d'abord  le  pain  de  la  communion  (syn. 
de  hostie),  du  BL.  oblata  (offerre),  panis  ad 
sacrificium  obJatus.  Le  sens  sacré  ou  ecclésias- 
tique attaché  primitivement  au  mot  s'étant 
effacé,  celui-ci  a  fini  par  signifier  une  pâtis- 
serie très  mince.   Du  môme  L.  oblata,  les 


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OlJIl 


—  368  — 


OUV 


Allemands  ont  tiré  le  mot  oblate,  d'abord 
hostie,  auj.  pain  à  cacheter.  —  M.  de  Mon- 
teil,  par  une  bévue  assez  curieuse,  dérive 
oublie  du  verbe  oublier,  parce  que  ces  gâteaux 
sont  si  légers  qu'un  moment  après  les  avoir 
mangés  on  ne  s'en  souvient  plus,  on  les 
oublie!  —  D.  oitblieur,  faiseur  d'oubliés 
(a  ne.  oblayer)  ;  oublierie. 

OUBLIER,  vfr.  oblier  (d*oû  it.  ohliare), 
prov.  et  v.  esp.  oblidar,  n.  esp.  et  port,  (par 
transposition)  olvidar,  du  L.  oblitare^  fréq. 
de  obîivisci  (sup.  oblUxim).  —  D.  subst.  verbal 
oubli  (it.  obbliOf  prov.  oblit)\  oublieux, 
oubliettes  (ceux  qui^  tombaient  étaient  censés 
oubliés  à  tout  ^amsiis), 

OUEST,  ags.  test,  angl.  et  ail.  west. 

OUI,  vfr.  oïl,  prov.  oc.  La  forme  prov. 
reproduit  nettement  le  lat.  hoc,  cela;  Tadv.  oc 
équivaut  ainsi  à  «  c'est  cela  •.  A  cet  oc  corres- 
pond dans  l'anc.  langue  parlée  en  deçà  de  la 
Loire  le  mot  o  (••  je  n'en  sais  plus  ne  o  ne 
non  n).  Combiné  avec  le  pronom  illud,  le  pro- 
nom hoc  a  produit  l'ancien  id verbe  o-il  ^=  hoc 
illud  (cp.  nenil,  nenni  =  non  illud),  d'où 
enfin,  par  l'apocope  de  17  finale,  notre  mot 
oui.  Cette  étjmologie  a  été  contestée,  mais  les 
arguments  allégués  ne  sont  pas  solides.  L'an- 
cienne forme  avnl,  que  Ton  objecte  tout  par- 
ticulièrement, ne  présente  aucune  difficulté  ; 
comme  le  wallon  awoi,  c'est  un  composé  de 
l'interjection  ah,  et  de  ouil,  wil  ou  loot,  donc 
tout  bonnement  un  oui  renforcé.  —  On  sait 
que  les  deux  formes  oc  et  oil  ont  déterminé 
les  dénominations  langue  d*oc  et  langue  d\tU. 
—  L'explication  de  o-ïl  par  hoc  illud  doit 
être  modifiée  aujourd'hui  dans  le  sens  de 
l'opinion  de  Tobler,  pour  qui  l'élément  il 
représente  ille,  et  non  pas  illud  (ce  neutre 
eut  amené  la  forme  el)\  oïl  était  d'abord 
une  réponse  affirmative  restreinte  aux  cas 
où  il  s'agissait  de  la  troisième  personne  sin- 
gulier; ainsi  à  vient-il  t  on  répondait  o  il  s.  e. 
vient.  On  avait  autrefois,  d'une  manière  ana- 
logue, des  réponses  par  o  je  ou  o  gié,  o  tu. 
Voy.  Ztschr.  fur  vergl.  Sprachforschung, 
nouv.  série,  III,  p.  423,  et  Grôber,  Ztschr.,  II, 
406  (note).      . 

OUILLER  un  tonndiau  de  vin,  pr.  le  rem- 
plir jusqu'à  l'oeil,  jusqu'au  bondon  ;  de  ouil, 
variété  de  ceil.  —  En  vfr.  aouUler  (voy. 
Godefroy).  •  ^ 

OUÏR,  vfr.  odir,  oïr,  du  L.  audire  (prov.  ' 
auzir,  esp.  oir,  port,  ouvir,  it.  udire)".  — 
D.  ouïe. 

OURAGAN,  it.  uranano,  esp.  huracan^ 
port,  furacao,  ail.  orhan,  angl.  hurrycane, 
terme  marin  d'une  introduction  assez  mo- 
derne, provenant,  dit-on,  de  la  langue  des 
Caraïbes. Dans  l'Amérique  centrale,  Hurakan 
est  ou  «était  le  nom  du  dieu  de  la  tempête 
(Liebrecht.  Jahrb.,  XIII,  238). 
""    OURDIR,  du  L.  orrfiW,  ourdir,  commencer. 

OURLER,  OURLET,  voy.  orle. 

OURS,  L.  ursus;  îém.  ourse,  L.  ursa;  dim. 
ourson;  adj.  oursin. 

OURSIN,  hérisson  de  mer,  prob.  p.  ouve- 


cin;  variété  de  hérisson,  cp.  les  correspon- 
dants de  ce  mot,  wall.  ureçon,  port,  ouriço, 
angl.  urchin. 

OUTARDE,  it.  oUarda,  esp.  aoutarda,  port. 
abetarda,  betarda,  prov.  austarda.  Toutes 
ces  formes  représentent  L.  arris  tarda,  quoi 
qu'en  dise  Ch.  Nodier,  qui,  ne  se  souciant 
que  de  la  forme  française,  rapportait  outarde 
à  oiic  (=  oie)  tarde.  On  lit  dans  Pline,  H.  N., 
10,  22  :  proximse  iis  sunt  quas  Hispania  aces 
tardas  appellat.  Les  mots  latins  se  transformè- 
rent d'abord  enau-tarda,  d'où  otarda,  utarda, 
fv.  outarde.  Par  une  nouvelle  prosthèse  de  l'élé- 
ment avis,  l'esp.  fit  av-utarda.  Le  ans  dans 
le  prov.  austarda  est  une  reproduction  plus 
complète  de  l'élément  avis.  Le  vfr.  et  champ., 
par  aphérèse  de  la  syllabe  initiale  a  de  atis 
tarda,  et  par  le  durcissement  du  r  devenu  ini- 
tial en  b,  ont  fait  bistarde.  —  Comp.  la  facture 
analogue  du  mot  autruche.  —  D.  outardeau. 

OUTIL,  vfr.  ostil,  ustil,  wall.  usteie.  Les 
règles  s'opposent  à  ce  que  l'on  admette  pour 
primitif  le  L.  utensile;  ce  dernier  se  serait 
par  contraction  transformé  en  outsil  et  ousil. 
Certaines  formes  de  la  Haute-Italie,  relevées 
par  Dicz,  telles  que  usedel  (Côme),  usadcj 
(Milan),  qui  signifient  des  ustensiles  de  cuisine 
et  qui  répondent  à  un  type  lat.  usatellum, 
dim.  de  usato,  dér.  lui-même  de  usare,  fréq. 
de  uti,  se  servir,  engagent  à  assigner  à  ustil 
un  primitif  usatile,  p.  usatellum.  Quoi  qu'il 
en  soit,  c'est  bien  à  cette  dernière  forme  latine 
que  se  rapporte  le  pic.  otieu  {ieu  =  cil). 
Littré  allègue  le  BL.  usibilia,  ustensiles 
(ix*  siècle),  qu'il  suppose  avoir  été  gâté  en 
usitilia,  d'où  ousiils.  —  L'étym.  utilis  doit 
être  écartée.  —  D.  outiller,  outillage. 

OUTRAGE,  voy.  outrer.  —  D.  outrager, 
outrageux, 

1.  OUTRE,  subst.,  du  L.  \Uer,  utris.  —Ce 
subst.,  qui  n'apparaît  qu'au  xvi*  siècle, devait 
naturellement,  comme  reproduisant  L.  ûtrem, 
devenir  eure;  aussi  est-on  admis  à  croire  qu'il 
nous  vient  direct,  de  Tit.  être;  l'anc.  langue 
employait  p.  outre  le  terme  lx)uc,  dim.  bon- 
ceL  Voy.  Paris,  Rom.,  X,  59. 

2.  OUTRE,  adv.  et  prép  ,  vfr.  oltre,  du 
L.  ultra.  —  D.  outrer,  vfr.  oltrer,  dépasser 
le  but,  pousser  au  delà  des  bornes  convena- 
bles, excéder,  excéder  do  fatigue,  mettre  à 
bout,  fâcher,  irriter. 

OUTRECUIDANT  (voy.  cuid^r),  =  qui  pense 
trop  de  soi-même,  présomptueux.  —  D.  outre- 
cuidance (cp.  it.  tra-cotanjta). 

OUTRER,  voy.  oiUre  2.  —  D.  outrance  (à) 
s=»  à  l'excès;  outrage,  insulte,  injure  (cp., 
pour  le  sens,  l'équivalent  gr.  ûtpti,  do  uirîp). 

OUVERTURE,  dér.  du  part,  ouvert  de  ou- 
vrir. 

OUVRAGE,  voy.  ouvrer.  —  D.  oiwrager. 

OUVRER,  L.  oj)erari  (d'où  aussi  la  forme 
savante  operei*),  —  D.  anœre  (v.  c.  m.),  m(- 
vrage,  ouvrable  ouvrier,  L.  operarius;  ou- 
vroir,  ouvrée. 

OUVRIER,  voy.  ouvrer. 

OUVRIR,  prov.  obrir,  ubrir,  anc.  it.  oprirc, 
anc.  cat.  ubrir.  L'it.  aprire,  esp,  abrir,  rap- 


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3C9  — 


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pcUcnt  sans  difficulté  l'équivalent  L.  apeHre, 
La  forme  fr.  oiivnr,  cependant,  ne  peut  pas 
en  venir,  bien  qu'elle  appartienne  à  la  même 
famille  ;  quant  au  L.  opcrire,  qui  concorde 
pour  la  lettre,  il  dit  juste  le  contraire.  Ce 
dernier  n'en  est  pas  moins  au  fond  do  l'éty- 
mologie  du  verbe  frança-is.  Comme  Ta  démon- 
tré Diez,  niivi-ir  représente  une  contraction 
du  vfr.  a  outrir  {c[i,  aoiH  =  oi'tt),  qui,  par  la 
syncope  habituelle  du  d  médial,  procède  du 
j)rov.  adubiir.  Or,  ce  dernier  est  un  composé 
du  préfixe  roman  a,  et  du  verbe  dubi-ir,  qui, 
à  scjn  tour,  représente  le  L.  dc-opci'ii'e,  em- 
ployé par  Ceisus  au  sens  de  découvrir,  et  que 
l'on  retrouve  dans  le  n.  prov.  dnrbir^  piém. 
Ov.rti^  wall.  drom,  lorrain  deurvi.  La  généa- 
logie du  mot  ouTi'ir  se  résume  donc  en  ces 
termes  :  opcnre,  dcopeiHre,  diibHr,  adi(bi^i\ 
a'vhriVy  auvrir^  oiti-Hr.  —  Littré  n'admet  pas 
que  le  prov.  aditbi'ir  se  décompose  en  a-dif- 
hriVy  mais  qu'il  repi*ésente  ad-\~uh'ir.  Il 
pense  que  ou  la  langue  a  confondu  apcrire  et 
operirc,  ou  bien,  l'a  latin  ayant  été  changé 
m  o,  ce  qui  est  admissible  on  français,  c'est 
du  français  qu'il  a  passé  au  prov.  et  au  cata- 
lan. Quant  aux  formes  qui  commencent  par  f/, 
on  peut,  dit-il,  les  rattacher  sans  doute  à  de- 
opcrire^  mais  on  peut  aussi  y  voir  ouvrir  com- 


posé avec  de  au  sens  augmentatif;  d'ailleurs, 
il  existe  quelques  traces  do  l'emploi  d'une 
forme  avrir,  dans  l'ancienne  langue  d'oc.  [Ui 
forme  avi'ans,  alléguée  par  Littré,  est  une 
mauvaise  leçon,  p.  auvrauj,  voy.  Rom.,  X, 
52,  note  4.J  Kn  entrant  dans  l'ordre  d'idées 
de  Littré  quant  au  changement  de  avrir  en 
ovrir,  on  pourrait  non  seulement  alléguer 
l'exemple  de  artcil^  devenu  orteil,  mais 
se  prévaloir  aussi  d'une  certaine  influence 
exercée  par  le  german.  open^  offen,  ouvert. 
—  Du  part,  ouvert  vient  le  substantif  ouver- 
ture. 

OVAIRE,  OVALE,  dér.  du  L.  ovum,  œuf. 

OVATION,  L.  ovatio  (du  verbe  ovare,  faire 
une  entrée  triomphale). 

OVB,  terme  d'architecture,  ornement  eu 
forme  d*(cuf,  du  L.  ovum,  —  D.  oviculc, 
L.  ovicula. 

OVINES  (bêtes),  L.  ovinus,  de  ovis,  brebis. 

OVIPARE,  L.  oviparus  (qui  parit  ova), 

OXT-,  élément  initial  de  mots  composés 
.scientifiques,  tiré  du  gr.  «|û;,  acide,  piquant, 
aigu  ;  p.  ex.  oxygf'nc,  ox\jgo)ie^  oxynϔ.  Du 
même  primitif  grec  s'est  produit  le  terme  do 
chimie  nryde, 

OXTDE,  voy.  l'art,  prôc.  —  D.  oxyder, 

OYANT,  part.  pi*és.  de  ouïr^  entendre. 


PACAGE,  anc.  pascagc^  pâturage,  dér.  du 
L.  pasanmi,  pâturage.  —  D.  pacager.  Du 
même  rad.  latin  pose,  paitre,  et  non  de  pa- 
ganvSf  vient  le  terme  pacaiit,  manant,  lour- 
daud, cp.  rustre  y  pr.  paysan. 

PACHA,  mot  turc  signifiant  gouverneur, 
haut  dignitaire.  —  D.  pachalik. 

PACIFIQUE,  L.  pacifiais.  —  D.  pacificare. 
fr.  pacifier^  d'où  i>acificatio,  -ator,  fr.  pactfi- 
calioit,  -ateur. 

PACOTILLE,  du  même  radical  que  paquet. 

PACTE  (vfr.  pache,  dun  ty|>e  Bl..  paxus^), 
L.  pacti'.m  (pacisci),  d'où  axisai  l'ail,  pacht, 
m.  s.  —  De  l'adj.L.  pactilitts,  convenu,  vient 
\fr.  pactis,  convention,  qui,  à  son  tour,  a 
donn«»  le  verbe  pactiser. 

PACTISER,  voy.  pacte. 

PADOU.  ruban  de  Padoue  (ville  d'Italie). 

PAGAIE,  t.  de  marine,  sorte  de  rame; 
mot  indien.  —  D.  ixigayer. 

PAGANISME,  du  L.  j)aga)ius  =  fr.  païen 
(v.  c.  m.). 

1.  PAGE,  subst.  ma  se,  de  Y'it.paggio,  ré- 
gulièrement formé  du  gr.  va'.cioj,  petit  gar- 
çon, jeune  serviteur  fcn  terme  de  marine  : 
pfiges  fncf'ssea).  —  Littré  admet  jwur  tyi»e 
une  forme  pagius  p.  pageusis,  paysan,  le  mot 
signifiant  à  l'origine  un  senitc.ir  de  bas  étage; 
t\>t  bien  doutiMix. 

2.  PAGE,  subst.  fi'in.,  du  L.  jingnia  l'pan- 
fr(rc),  comme  cn-dc'  de  nrdinein,  lame  de  /«- 
mina,  famé*  frmmc  de  fcmina.  L'emploi 
ion>tant  de  j/argc  p.  i)oge  dans  les  ••  Correc- 


tions »»,  à  la  suite  de  Y  An  des  Sept  Dames, 
m'a  suggéré  l'idée  que  pagina  a  pu  produire, 
à  côté  de  page,  une  forme  parge  p.  pa/fre, 
comme  ordre  existe  à  côté  do  orde'  et  1  ambre* 
à  côté  de  lam£.  Page  est  un  mot  récent  dans 
la  langue  ;  selon  les  lois  strictes,  il  aurait  dû 
être  francisé  par  paine  ou  paigne.  —  Depaçina 
procèdent  direct,  les  dérivés  paginer,  -aiion, 

PAGNE,  esp.  de  vêtement  de  nègres,  do 
l'esp.  paiio,  drap,  =  it.  pamio,  L.  pannus, 
étofle,  linge,  lange,  fr.  pan. 

PAGNON,  drap  noir  fabriqué  à  Sedan, 
nommé,  dit  Littré,  d'à  près  le  pi*emier  fabricant. 

PAGNOTE,  poltron,  lâche,  de  Tit.  pagnotta, 
sorte  de  pain  [pane).  «  Les  Italiens,  dit  Mé- 
nage, appellent  geiUiluomini  di  pagnUta 
ces  "gentilshommes  que  les  seigneurs  louent 
pour  leur  escorte  aux  jours  de  cérémonie,  à 
cause  qu'on  leur  donnait  des  pains  ce  jour- 
là.  "  Le  peu  d'estime  de  ces  pei'sonnes  amena 
le  sens  méprisant  du  mot  pagnotta.  Je  repro- 
duis ci-dessus  l'opinion  de  Littré,  sans  vouloir 
l'approuver.  L'analogie  de  poltron,  pr.  qui 
aime  les  coussins,  et  de  port.  madru(;o,  pa- 
resseux, puis  l'oxistence  du  mot  jwupiot  avec 
le  sens  do  sot,  puéril  (digne  de  l'enfant  en 
langes),  enfin  le  terme  rou«-hi'  s*épagnotcr, 
faire  le  fainéant,  parlent  en  faveur  de  l'étym. 
pagne  =  esp.  pàno,  drap,  morceau  d'étoffe, 
lambeau,  tapis.  —  .le  rappelle  encore  les 
significations  de  ail.  lump,  gueux  (de  lamp-i^n, 
lambeau).  îaffe,  fat,  nigaud,  =  lappen,  lam- 
beau. —  D.  pagnoleric. 


•24 

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PAI 


—  370  — 


PAL 


PA60DS,  temple  indien,  puis  idole;  du 
persan  bitt-khoda  {but  =  idole,  khoda  *= 
maison). 

PAÏEN  (le  Chant  do  sainte  Eulalie  Sipaffien), 
prov.  pagan^  payan^  it.,  esp.  pagano^  port. 
pagào,  angl.  i^cLgan^  du  L.  pagainis  (pagus), 
pr.  rustique.  Cette  dénomination  vient  de  ce 
que,  depuis  Constantin  le  Grand,  le  culte  des 
anciens  dieux  s'était  réfugié  dans  le  plat  pays, 
dans  les  pagi,  Cp.  le  terme  équivalent  ail. 
heide  (vha.  Jietdhen,  angl.  heat?îen),  du  vha. 
heida^  goth.  haithi,  campagne. 

PAILLARD,  voy.  paille.  Le  mot  n'a  rien  & 
faire  avec  gr.  wailaxi^  ou  lat.  pellax  (concu- 
bine). —  D.  pail larder,  -ise, 

1.  PAILLASSE,  subst.  fém.,  voy.  paille. 
—  D.  jMillasson. 

2.  PAILLASSE,  subst.  masc.,  bateleur, 
bouffon,  de  paillasse  1 ,  à  cause  de  son  habit 
fait  de  toile  à  paillasse. 

PAILLE,  it. paglia,  esp .  pc^a,  prov.,  port. 
palha,  du  L,palea,  m.  s.  —  D.  paillasse^  d'un 
tjliQpaleacea;  verbes  pailler,  et  eni-pailler; 
subst.  pailler,  cour  d'une  ferme  (L.  paJea- 
riiim,  grenier  à  paille);  paillewc,  qui  ren- 
ferme des  pailles  ;  paillette,  petite  lame  ou 
parcelle  d'or  (cp.  le  L.  a?rispaleœ,  =  limaille 
de  cuivre);  paillon,  petite  feuille  de  cuivre 
battue  très  mince  (d'où  paillonncr)  ;  paillât, 
petite  paillasse î  paillard  (v.  c.  m.);  que  le 
sens  premier  de  ce  mot  soit  fripon,  coc^uin,  ou 
homme  adonné  aux  plaisirs  de  la  chair, 
l'idée  foncière  est  toujours  «  qui  couche  ou 
qui  se  vautre  sur  la  paille  »,  indice  de 
paresse,  do  gucuserio,  aussi  bien  que  do 
luxure  ou  de  débauche. 

PAILLER,  subst  ,  voy.  l'art,  préc. 

PAILLET,  sorte  do  vin,  d'a|)rès  quelques- 
uns,  le  dimin.  de  pâle,  vfr.  palle  (v.  c.  m.); 
cp.  en  ail.  bleichcr,  vin  clairet,  de  bleich, 
jiâle;  d'aj>rés  Littré,  de  paille,  à  cause  de  la 
coiiloiir  do  tv  vin,  ((ui  tire  sur  celle  de  lu 
paillo.  On  dit  en  elfct  vins  de  paille. 

PAIN,  L.  panis. 

1.  PAIR,  adj.,  L.  par.  —  D.  j)^''^'*'^  (^11- 
paar),  couple,  deux  choses  semblables,  qui 
vont  ensemble;  opp.  impair,  L.  impar. 

2.  PAIR,  subst.,  angl.  peer,  du  L.  par, 
égal.  Les  pairs  de  France  ont  été  ainsi  nom- 
més parce  qu'ils  étaient  égaux  en  dignité  et 
en  pouvoir.  —  D.  pairie,  pairesse, 

PAIRE,  yoy.  pair  1. 

PAIRLE,  t.  de  blason,  du  L.  ;)a/i{*  (avec 
insertion  de  r)  ;  selon  d'autres,  du  h.  par  il  is, 
égal,  à  cause  de  la  division  en  deux  parties 
égales. 

PAIROL,  grand  chaudron  en  cuivre,  prov. 
jmirol,  esp.  /^rro/,  it.  pajiiola;  selon  Schu- 
chardt,  du  kymri  pair^  bret.  per,  chaudron. 
Diez  rattachait  le  mot,  par  les  intermédiaires 
patinai,  patnol,  patrol,  à  L.  patina. 

PAISIBLE,  voy.  paix. 

PAISSEAU,  paisscV,  L.  xmxillus.  —  D 
2}aisscler. 

1.  PAIS80N,  subst.  fém.,  voy.  paître.  — 
D.  paissonnier. 


2.  PAISSON,  subst.  masc  ,  outil  de  fer  en 
forme  de  cercle  pour  étendre  les  peaux  ;  peut- 
être  le  même  mot  que  paisseau  avec  change- 
ment de  finale  bu  gâté  de  pa^mon  (dérivé  de 
pal)  qui  dit  la  même  chose.  —  D.  pais- 
sonner. 

PAITRE,  anc.  paistre,  d'un  infîn.  L.  pas- 
cere  p.  pasci  (cp.  naitre).  —  Du  supin  latin 
pastum  vient  le  subst.  pastionem,  francisé  en 
paisson. 

PAIX,  L.  pcus,  pacis.  —  D.  paisible  ^œ 
mot  est,  outre  pénible,  le  seul  exemple  d\m 
adjectif  formé  d  un  subst.  avec  le  suffixe  iblc]; 
apaiser  (v.  cm.).  —  Voy.  aussi  payer. 

PAL,  L  palus{à'o\i  aussi  Tall.  pfahl,  m.  s.). 
Voy.  aussi  pieu.  —  D.palé,  palée;  palis  (d'où 
palisser),  L.  palicius  ;  em-paler, 

PALADE,  de  Tit.  palata,  mouvement  de 
rames  ;  celui-ci  du  subst.  pala,  le  bout  largo 
de  la  rame,  qui  est  le  L.  paia,  chose  plate; 
voy.  pale  et  pelle, 

PALADIN  (forme  adoucie  de  palatin\  dn 
L  palatinus,  mot  appliqué  en  premier  Heu 
aux  seigneurs  vivant  dans  le  palais  de  Char- 
lemagne. 

1 .  PALAIS,  maison  princière.  prov.  palai, 
pal  ait,  it.  palazzo,  2)cdagio,  angl.  pcdace,  ail. 
pfalz;  du  L.  palatium. 

2.  PALAIS,  partie  supérieure  de  la  cavité 
de  la  bouche.  Vouloir  douter  de  l'étymologie 
L.  palatum,  qui  signifie  absolument  la  même 
chose,  semble  presque  se  créer  des  diffieiiltéi 
à  plaisir.  Et  cependant,  les  règles  phonologi- 
ques s'opposent  absolument  à  cette  dérivation  ; 
jxitalum  n'a  pu  se  franciser  en  jxilais;  ce 
primitif  latin  réclame  une  forme  paiet  ou 
ixilé,  dont  il  n'existe  aucun  exemple.  Dici, 
avec  l'accent  de  la  conviction,  identifie  donc 
notre  mot  avec  le  précédent,  dont  il  ne  repré- 
senterait qu'une  acception  métaphoririuc.  U 
vfr.  palais  si.ufni fiait  la  salle  voûtée  d'un  cliâ- 
teau,  destinée  aux  solennités  et  constitii.ini 
d'ordinaire  une  construction  sépaivo.  C'est  de 
là  que  découle  l'acception  figurée  du  sutet. 
j)alais  =  voûte  do  la  bouche.  Cette  métaphoiv 
n'est  pas  restreinte  à  la  langue  française; 
elle  a  ses  analogues  dans  d'autres  langues- 
Diez  rappelle  d'abord  un  semblable  transport 
d'idée,  mais  en  sens  inverse,  dans  l'expression 
d'Knnius  «  cœli  palatum  »,  le  palais,  c.-àd. 
la  voûte  du  ciel  ;  puis  il  s'attache  aux  expres- 
sions suivantes,  employées  dans  les  langues 
sœurs  pour  palais  :  it.  il  cielo  délia  bocca, 
esp.  el  cielo  de  la  boca,  prov.  mod.  la  ciel  de 
la  bouca,  va  laque  ceriul  gurii  =  codui» 
gulge,  neerl.  liet  gehemelte  des  nwnds,  enfin 
le  gr.  où/9rvt7xo5  signifiant  pr.  petit  ciel,  pui^ 
1.  voûte  d'une  salle;  2.  palais  (de  la  boucbe). 
Los  langues  slaves  ont  également  le  niêiiH' 
mot  [nebo)  p.  ciel  et  pour  palais.  —  Hour 
nous  résumer,  l'opinion  de  Diez  est  que  le 
palais  =  L.  palatium  ayant  pris  le  sens  de 
salle  voûtée,  puis  de  voûte  tout  simplement,  a 
donné  naissance  au  mot  pcdais  =  voûte  de  la 
bouche,  organe  du  goût.  —  Après  tout,  il  »-» 
Ijeut  que  notre  mot  ait  été  tiré  do  palatum 


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PAL 


—  371  — 


PAL 


par  voie  irrégulière,  par  assimilation  à  un 
mot  homonyme  très  répandu. 

PALAN,  anc.  palanc,  du  plur.  it.  palanchi, 
rouleau  à  rouler  les  faix,  qui  est,  avec  chan- 
gement de  genre,  prob.  le  L.  palangœ  ou 
phalatiffce,  »  fustes  teretes  per  quos  naves  in 
mare  attrahuntur  ».  —  D.  dim.  palanquin 
(t.  de  marine;  ;  palanquer, 

PALANGHIi,  it.  palanca;  même  origine 
que  palan .  —  D .  palayiçon . 

PALANQUE,  prob.  le  même  mot  que  le  préc. 

PALANQUIN,  sorte  de  litière;  mot  indien. 

PALATAL,  L.  palatalis  (palatum). 

PALATIN,  L.  palatinns  fpalatium).  — 
D.  palatinat,  dignité  ou  domaine  de  l'électeur 
palatin  ;  palatine,  nom  d'une  fourrure  portée 
par  les  femmes;  ce  nom  se  rapporte  à  la 
princesse  palaline  Elisabeth-Charlotte,  mère 
du  Régent,  qui  mit  ce  genre  de  vêtement  à  la 
mode. 

PALS,  nom  de  différents  objets  à  forme 
plate;  c'est  le  L.  paîa,  bêche,  pelle,  omoplate, 
pr.  chose  plate  ;  mot  congénère  avec  pal-tna, 
fr.  paume,  —  D.  palet,  pierre  plate,  disque 
de  plomb  ;  palette,  nom  d'objets  ou  ustensiles 
divers  à  forme  plate;  paleron,  partie  plate  do 
Tépaule  de  certains  animaux  (op.,  p.  la  finale, 
aileron  de  aJa;  l'it.  ^tpalelta). 

PALS  (vfr.  palle,  pale,  puis,  par  insertion 
de  $,  pasle,  pâle),  du  L.  palUdus,  — -  D.  ;><î- 
leur,  L.  ^\\ovem\ pâlot; 2idlir,  L. pallescere» 
—  Do  la  forme  pafle  dérive  peut-être  l'adj. 
paillet,  dont  17  mouillé  ne  serait  pas  plus 
anomal  que  celui  du  vfr.  paillir  p.  pâlit  ou 
do  faillir,  doublure  de  falloir,^ 

PALEFROI,  vfr.  palefroid,  prov.  palafrai, 
esp.  palafren,  it.  palafreno,  aiïghpalfrey  ;  du 
BL.  parafredus,  palefridus.  Ce  dernier  est 
une  altération  du  L.  paraveredus,  cheval  de 
voyage,  qui  vient  de  jrapi,  à  côté,  et  veredus, 
donc  litt.  cheval  de  service  accessoire.  On 
suppose,  par  do  bonnes  raisons,  que  para- 
veredus  est  aussi  la  source  de  l'aU.  pferd 
(vha.  pherit),  cheval.  —  La  mutation  r  en  Z 
est  habituelle.  Quant  aux  formes  esp.  etit., 
elles  reposent  sur  une  fausse  interprétation  qui 
rattachait  le  mot  à  fretium,  frein.  Ce  sont 
elles  aussi  qui  ont  motivé  le  dérivé  palefre- 
nier p.  palefredier.  On  s'est  livré  à  de  bien 
aventureuses  explications  au  sujet  du  mot  pa' 
lefroi,  on  mettant  en  avant  la  formule  par  le 
frein  (cheval  condtiit  par  le  frein),  ou  palœs- 
trœ  fracttis,  rompu  au  manège,  ou  pallium 
ferens,  etc. 

PALÉ06RAPHIS,  science  qui  a  pour  objet 
les  écritures  anciennes,  mot  forgé  de  TraJLaio;, 
ancien,  et  yija^^,  écriture. 

PALÉONTOLOGIE,  science  des  êtres  primi- 
tifs ou  anciens  (;ràiai  ovtx,  existant  autrefois). 

PALERON,  voj.pale, 

PALESTRE,  L,  palœstra  {izTilixhTpx), 

PALET,  voy.  pale.  —  D.  paleter. 

PALBTOC,  -OQUE,  plus  tard  paletot,  esp. 
palctoquc,  bret.  paltôk,  vêtement  de  paysan. 
Diez,  comme  l'avait  déjà  fait  Legonidoc  à  pro- 
pos du  mot  breton  (qui  du  reste  est  emprunté), 


décompose  ce  mot  en  palle-toque  (robe  à  capu- 
chon); en  flamand  oh  trouve  pal trock  et  jMlts- 
rock,  défini  par  «  vêtement  long  et  ample  »  ; 
quoique  les  lexicographes  néerlandais  le  con- 
sidèrent comme  une  composition  bâtarde  faite 
sur  le  fr.  palletoc,  Littré  y  voit  la  source  du 
mot  fr.,  en  l'expliquant  par  robe  (rocAj  de  pè- 
lerin (palster);  mais  cette  explication  me  pa- 
rait mal  fondée  :  ni  Kiliaen,  ni  Weijland  no 
connaissent  le  mot  palster  autrement  qu'avec 
le  sens  degros  bâton  ferré,  canne  à  épéo.  — 
D.  paltoquet,  paysan,  rustre. 
PALETOT,  altération  depaletoc  (v.  c.  m.). 

1.  PALETTE,  pknchette  mince  à  différents 
usages,  angl.  pallet,  voy.  pale. 

2.  PALETIE,  petite  écuelle  d'étain,  pour 
recevoir  le  sang  de  ceux  que  l'on  saigne,  con- 
tracté de  vfr.  paêlelte,  dim.  de  L.  patella; 
anc.  poylette,  variété  de  poêlette,  dimin.  de 
poêle  3. 

PALÉTUVIER,  nom  d'arbre;  mot  exotique 
d'origine  inconnue. 

.  PALIER,  type  latin  palarium.  Ce  mot  ne 
veut  peut-être  dire  autre  chose  que  plate- forme 
et  se  rattache  à  la  famille  ;3a^,  chose  plate. — 
D'autres  l'expliquent  par  la  «  natte  de  paille  • 
qu'on  met  sur  les  paliers  pour  nettoyer  les 
pieds,  et  l'oi-thographe  paillier  donne  quelque 
appui  à  cette  manière  de  voir. 

PALIMPSESTE,  gr.  trah>|,„To;,  litt.  gratté 
à  nouveau  ;  parchemin  dont  on  a  gratté  la  pre- 
mière écriture  pour  y  écrire   une    seconde 

fois  (:tàiiv). 

PALINGÉNÉSIE,  du  gr.  TtxU'avn^U,  régô- 
nôration,  renaissance  (Triiiv,  yîv.çij). 

PALINODIE,  L.  palinodia,  chant  réi)6tt>, 
refrain,  gr.  7rati»vw5{x  (de  itxU*  +  i»H),  répéti- 
tion ou  changement  de  chant,  au'fig.  rétrac- 
tation, désaveu.  —  Le  terme  do  liturgie  pâli- 
nod  ou  palinot,  cantique  religieux  avec  répé- 
titions, est  le  môme  mot  à  forme  masculine. 

PALIS,  voy.  pal.  —  D.  palisser. 

PALISSANDRE  ;  le  nom  et  la  chose  vien- 
nent de  la  Guyane. 

PALISSER,  voy.  />a/w.  —  U .  palissade  ; 
palissade  (it.  palizzata),  d'où  palissader. 

PALLADIUM,  mot  latin  tiré  du  gr.  -nxllk- 
ciov,  pr.  statue  de  Pallas  (Minei-ve),  dont  la 
conservation  sauvegardait  la  ville  de  Troie.  — 
Benoit,  l'auteur  du  Roman  de  Troie  (xir*  sic 
cle),  a  francisé  le  mot  par  palhldes  au  cas- 
sujet,  x^SLT  palladiun  au  cas-régime. 

PALLIER,  L.  palliare,  litt.  couvrir  comme 
d'un  manteau  (pallium).  L'aU.  douno  au  mot 
bcmànteln  (do  mantel,  manteau)  les  mômes 
acceptions  figurées  qu'a  prises  le  yerhofr. pal- 
lier. —  D.  palliation,  palliatif. 

PALLIUM,  mot  latin  signifiant  manteau. 

PALMAIRE,  du  L.  palma  =  fr.  paume. 

1.  PALME,  fera.,  L  palma.  —  D.  pal- 
mier,  L.  ^ii\mîxvïxks\palmelte,  palmiste,  pal- 
mite. 

2.  PALME,  masc,  mesure  de  longueur,  L. 
pal  mus,  m.  s. 

PALOMBE,  L.  palumba. 
PALONNIER,  aussi  palonneau  ;  prob.  de  la 
famille  palus,  îr.  pal  ou  pala,  chose  plate. 


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I»AX 


—  372  — 


PAN 


PALOT,  nistre,  lourdaud;  de />a/o^ iast ru- 
inent de  paysan  (dim.  de  pallc,  pelle ji 

PALPER,  L.  palpare.  —  D.  palpe,  pal- 
pets;  paljïoble,  L.  palpabilis. 

PALPITER,  L.  païpitare. 

PAL3AMBLEU,  corruption  de  «  par  le 
sang  dieu  »;  cp.  morbleu.  On  dit  aussi  pa/^a^t- 
gué  et  paUangiiientie. 

PALTOQUET,  \oy,paletoc. 

PAMER,  Aïic,  pasmer,  cspasmei;  espaumer, 
prov.  plasmar,  esplamar^esplasmar  il  inter- 
calaire;, esp.  espasmar,  pasmar,  it.  spasi- 
marc;  CCS  verbes  sont  tirés  resp.  des  subst. 
it.  spasimo,  esp.  et  prov.  espasmo,  qui  repré- 
sentent le  L.  spasmus,  gr.  itix-s/iô;  (y-àv), 
tiraillement,  crampe,  convulsion  (d'où  le 
terme  scientifique  fr.  spasme).  Le  rejet  de  1'* 
initial  (on  disait  d'ailleurs  autrefois  spasmcr) 
vient  de  ce  qne,  cet  élément  ayant  été  con- 
fondu avec  le  préfixe  es  =  ex,  on  a  pris  pour 
primitif  un  mot  pasmus  (voy.  tain).  —  D.  pd- 
maison  p.  pâmaison  ;  cette  substitution  do 
oison  à  aismi  est  unique  dans  la  langue  ac- 
tuelle, mais  cp.  vfr.  ochoison  de  occasio- 
ncm,  oroison,  p.  oraison. 

PAMPHLET,  brochure,  libelle,  livret  ;  l'ori- 
gine de  ce  mot,  qui  est  d'introduction  anglaise, 
est  fort  controversée.  Les  anciennes  formes 
angl.  sont  j)amfict,  pam  filet,  paunflet;  Peggcs, 
dans  Johnson,  Texpliquo  par  palmc-feuillct, 
feuille  que  Ton  tient  facilement  dans  la  paumo 
de  la  main  ;  d'autre^  proposent  J5fl///>ïa  filaia 
Qe  ne  sais  ce  que  l'on  entend  par  là),  paulm- 
fli/leaf,  feuille  volante  grande  comme  la  main, 
et  autres  tours  de  cette  force.  Le  plus  ancien 
emploi  du  mot  se  rencontre  dans  Richard  de 
Bury,  l'auteur  du  Philobiblon  (xiV  siècle) 
sous  la  forme  pampletos;  cela  nous  rapproche 
singulièrement  do  l'étym.  indiquée  par  Web- 
ster, Wedgwood  et  Weigand,  savoir  :  Tesp, 
papdeta,  petit  papier,  petite  gazette,  dimin. 
depapelf  papier;  pour  la  nasalisation  de  l'a, 
cp.  flam.  pampier,  papier.  —  La  conjecture 
étym.  la  plus  récente  est  celle  de  G.  Paris;  il 
rappelle  le  mot  pamflette  dans  la  traduction 
néerlandaise  do  Flore  et  Blancheflore  par 
Dirk  van  Assenede  (x ni*  s.);  or,  pamflette  est 
le  nom  vulgaire  de  Pamphilus,  espèce  do  co- 
médie en  vers  latins  du  xii**  siècle,  fort  répan- 
due. Voy.  Littré,  suppl.  —  D.  pamphlétaire, 
PAMPRE,  prov.  pampol,  du  L.  jmmpinus 
(n  permuté  en  r,  comme  dans  diacre  de  diaco- 
nus), 

PAN,  L.  panmis,  morceau  d'étoffe,  pièce, 
lambeau,  puis  au  moyen  âge  =  partie,  mor- 
ceau. — U.jjanne,  BL.panna,  =  pièce  de  bois 
(dans  diverses  applications  technologiques); 
dim.  panneau,  pièce  de  bois  ou  de  vitre  en- 
fermée dans  une  bordure;  aussi  filet  carré 
(d'oii  la  locution  «donner  dans  le  panneau  »); 
panneton  d'une  clef  (si  ce  mot  n'est  pas  im 
diminutif  do  jyenne,  =  plume,  aile;  cp.enall. 
l'expression  corrcspondîmto  bart,  pr.  barbe). 
PANACÉE,  L.  panacea,  grec  Ttxvk/urt  re- 
mède universel  (de  l'adj.  zn-^'k/.fn  =  qui  gué- 
rit tout). 


1.  PANACHE,  vfr.  pcnnache,  1.  boaqaet 
de  plumes  flottantes,  2.  rainures  en  panacbe 
sur  une  fleur,  esp.  penacho,  it.  pennacchio; 
dér.  dejfieiine,  plume. —  D,  panacher,  empa- 
nacher. 

2.  PANACHE,  oreilles  de  cochon  panées  et 
cuites  sur  le  gril. 

PANADE,  dér.  de^xi^t^r. 

PANADER  (SE»,  se  pavaner,  voy.  paon, 

PANAOE.  droit  de  faire  paître  les  porcs 
dans  les  forêts;  yiouT pasimge,  forme  contrac- 
tée depassonage,  dér.  deyximoii,  =  L.  pas- 
tionem. 

PANAIS,  du  L.  pastinaca  on  plutôt  pasti- 
nacus\  m.  s.  (ce  qui  pi^upposc  une  ancienne 
oi-thogr.  pasnais)  ;  d'après  Littré  du  L.  panax 
(naval),  primitif  de  ^ja^/oc^c.  —  D'un  type  ;xtf- 
tiiiaia  vient  pastenadc,  ancien  nom  du  panais. 

PANARD,  dans  -  cheval  panard  »,  cheval 
dont  les  pieds  de  devant  sont  tournés  en  de- 
hors n.  Prob.  pour  pamlard  (cp.  prenoiU  p. 
2»rendons,  vfr.  espanir  =  L.  expanderc,  lequel 
viendrait  du  L.  iMndiut,  •»  cuitus,  incurvus»-, 
esp.  ;)au(/c  (légèrement  courbé  vers  le  milieu). 
Vov.  Bugge,  Hom.,  III,  15C. 

PANARIS,  \i.  2>(^^^^^<^^»  d\\  y»,  panari- 
cium,  mot  gâté,  par  la  transposition  de  r  et 
n,  du  gr.  ititfivvùjus,  m.  s.  (composé  do  jypi, 
à  cùté,  et  de  évo^  ongle). 

PANCARTE,  BL.  panchaHa,  charte,  di- 
plôme. Prob.  composé  de  charta^  et  de  ffâ». 
tout;  c'était,  dans  le  principe,  un  diplôme  con- 
firmant tout  à  la  fois;  cp.  gr.  ttïvomtiî;.  re- 
cueil universel,  L.  pandectœ,  Frisch  expli- 
quait le  mot  à  tort  par  une  contraction  de  pa- 
tente-carte.    . 

PANDEOTES,  voy.  l'art,  préc. 

PANDORE,  ancien  instrument  du  genre 
luth;  voy.  mandore, 

PANDOURE,  da  la  ville  de  ^andur  {WoH' 
grie),  qui  avait  fourni  le  premier  contingent 
de  ces  troupes . 

PANÉGYRIQUE,  du  gr.  itx^r/jr^tzô;  s.  e. 
U/9;,  discours  prononcé  dans  une  assemblée 
générale  ou  dans  une  solennité  ;  par  restric- 
tion =  discours  laudatif.  —  D.  panégyrisme, 
'iste, 

PANER,  dér.  du  h.  panis,  —  D.  panade; 
cp.  pour  la  finale  salade,      ^ 

PANETIER,  es^.panadeiv,  BL, jMnetaHus, 
dér.  soit  depaneta,  qui  fait  lo  pain  (d'où  vfr. 
jKineter,  faire  le  pain),  ou  du  dim.  jMnetus, 
petit  pain.  —  D.  paneterie,  jHinetière,  sac 
pour  mettre  le  pain. 

PANIO.  it. j>a«ico,  du  L.  panicum, m.s, 

PANIER,  pr.  corbeille  à  pain,  puis  cor- 
beille en  général,  du  L.  panarium  (panis).— 
D.  pann'èe, 

PANIFIER,  subst.  panipcaiion,  du  L.pani- 
ficarc  (de  panifex  =  qui  facit  p^i^nem). 

PANIQUE  (terreur);  du  gr.  Sûfix  7:xju.6i, 
frayeur  inspirée  par  le  dieu  Pan .  Cette  expre^- 
s'iou  se  rattache,  dit-on,  à  l'épouvante  qui  se 
répandit  parmi  les  Gaulois  attaqués,  pi-ès  du 
temple  de  Delphes,  par  les  Grecs,  dont  le  dieu 
Pan  avait  pris  la  défense;  par  extension, 
frayeur  subite  et  sans  fondement. 


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PAN 


—  373  — 


PAN 


1 .  PANNE,  vfr.  peiie^  it.  i^enna^  pmm,  BL. 
patma,  fournire,  puis  peluche,  étoffe  velou- 
t(V.  Dicz  suppose  que  le  mot  roman  a  6i6  tiré 
du  L.  pemia,  mais  sous  l'influonce  du  sens 
donné  au  mha.  fcdcre,  qui  signifiait  à  la  fuis 
plume  et  peluche.  —  D.  panneau,  bourrelet, 
coussinet. 

2.  PÂNNlï,  pièce  do  bois  à  usages  divers, 
voy.  pan, 

3.  PANNE,  anc.  peinte,  graisse  qui  garnit 
la  peau  de  cochon  ;  d'origine  inconnue  ;  so- 
rait-ce  le  même  mot  ({wa panne,  fourrure? 

4.  PANNE,  comme  terme  de  marine,  d'où 
la  loc.  «  être  en  panne  »»,  se  ratUicho  à  pan, 
lat.  pannxts.  J'ai  vti  récemment  esplifjuer 
sérieusement /)a/i>MJ  de  la  loc.  fig.  «  être  dans 
la  panne  «,  par  le  gr.  îriv-a,  pauvreté. 

5.  PANNE,  partie  du  marteau  opposée  au 
gros  bout,  ne  me  parait  pas  représenter  l'équi- 
valent ail.  bahn,  mais  plutôt,  vu  l'expr.  ail. 
synonyme  hammerptnne,  le  mot  BL.  pinna, 
pointe  ;  donc  sans  doute  p.  pe7ine, 

PANNEAU,  voy.  pan,  et  panne  1 . 

PANNETON,  voy.  pan. 

PANNON,  autre  forme  àepennon  (v.c.  m.). 
—  D.  panonceau. 

PANOPLIE,  gr.  w«voîrit«,  armure  com- 
plète. 

PANORAMA,  mot  nouveau,  fait  du  grec 
itxv,  tout,  et  op7fia,  vue,  donc  pr.  vue  sur  le 
tout,  vue  embrassant  tout  l'horizon  du  specta- 
teur. 

PANOUFLE.  morceau  de  peau  do  mouton 
avec  sa  laine  dont  on  garnit  des  sabots  ;  prob. 
du  radical  panne,  fourrui'e,  avec  une  termi- 
naison assimilée  à  celle  de  manoufle  ou  do 
2)antoitfle. 

PANOÏÏIL  épi  do  maïs,  d'un  type  L.  pami- 
ciilus  p.  paniculus,  dim.  de  panicum  millet. 
On  trouve  dans  Festus  la  forme  fém  panu- 
citla,  à  laquelle  répond  l'it.  pannocchia,  csp. 
panqfa. 

PANSE,  pic.  panche,  prov.  jmnsa,  esp. 
jHm20,pancho,\t.  2mncia,s\\.  hantsch,  banse, 
angl.  paiinch,  du  L.  pantex,  ixinticis,  abdo- 
men. De  là  viennent  aussi  it.  panciera,  esp. 
jHinccra,  vfr.  panchire,  ail.  2)an:gcr,  partie 
de  l'armure  qui  couvre  le  ventre.  —  D. 
jjansit. 

PANSER;  la  première  signification  de  ce 
verbe  est  soigner,  prendre  soin.  Comme  l'a 
déjà  fait  remarquer  Nicot,  c'est  le  même  mot 
que  penser,  réfléchir,  méditer,  porter  son  at- 
tention vers,  etc.  Penser  se  construisait 
d  abord  avec  de,  ci  penser  d'un  malade  est  une 
cxpr.  usuelle  chez  les  trouvères.  L'esp.  j)ensar 
signifie  de  même  penser  et  panser.  Diez  cite  la 
locution  latine  pensarc  sitim,  apaiser  ou  étan- 
cher  la  soif.  Pour  la  gmphie panser,  cp.  fa/*- 
ccr  p.  tencer.  —  D.  pansement. 

PANTALON.  Le  nom  et  la  chose  viennent, 
disent  les  étymologistes,  do  Venise,  dont  les 
habitants  portent  le  sobriquet  Panialoni,  par 
allusion  à  leur  patron,  saint  Pantaléon.  — 
Pantalon  est  également  le  nom  d'un  bouffon 
vénitien,  de  là  pantalonnade,  —  Quelques- 
uns  jjcnscnt  que  l'acception  «  culotte  qui  des- 


cend jusqu'aux  pieds  »  découle  directement 
de  celle  de  bouffon,  à  cause  du  vêtement  pri- 
mitif des  iHintalonS'himiXons.  C'est  une  ques- 
tion d'archéologie  dans  laquelle  je  ne  veux 
point  m'en^ager. 

PANTELBR,  \oy.  jyantots. 

PANTER,  t.  technologique,  ==  étendre,  d'un 
type  latin  panditare,  fréq.  irréguli'3r  de  pan- 
dere,  étendre?  ou  \iO\\v  panneter  [vdià.  pan- 
nus)} 

PANTHERE.  L.  panthera  (:Tày&»î.s). 

PANTIÊRS,  p.  pan/itière,  dopannette,  dim. 
du  L.  pannus  (cp.  y^a^iiieaie  =  pannellu.s), 
filet,  piège.  D'autres,  et  peut-ôtro  avec  plus  do 
raison,  allèguent  le  L.  panthera,  employé  p. 
filet  dans  Ulpien,  ou  le  vfr.  pante,  filet,  qui 
parait  être,  dit  Littré,  le  môme  que  le  subst. 
pente  =  ce  qui  pend.  —  On  dit  aussi  pan- 
tenne.  —  Dans  le  sons  de  sac  à  provisions  de 
bouche,  pantière  est  p.  panetière  (voy  pane- 
tim*). 

PANTIN;  je  no  m'explique  pas  trop  bien 
l'origine  du  nom  do  ce  joujou.  Y  a-t-il  rapport 
avec  panditare,  fr.  panter,  étendre,  ou  avec 
j>enditare,  suspendre  ?  D'autres  ont  pensé  aux 
jeunes  gens  du  village  do  Pantin,  qui  excel- 
laient à  la  danse. 

PANTOIS,  court  d'haleine  ;  le  pvov.pantais 
est  employé  comme  subst.  et  signifie  essouf- 
flement, au  fig.  aussi  détresse,  confusion.  On 
trouve  encore  en  prov.  le  verbe  pantaisar, 
B\\sû  panteiar,  n.  prov.  pantaigea,  valaquo 
paniaixar,  être  court  d'haleine  Kn  fr.  le  ra- 
dical 7>a?î^  a  poussé  les  rejetons  pantoier" 
(d'où  le  subst.  panioiement),  et  le  dim  pan- 
teler,  haletcT.  Diez  déduit  ces  mots  do  l'angl. 
pant,  haleter,  qui  vient  à  son  tour,  d'après 
lui,  du  cymr.  pant,  oppression.  Mnller  do 
mando  si  l'angl.  patzt  n'est  pas  plutôt  d'ori 
gine  romane  et  si  les  mots  romans  ne  peu 
vent  se  ramener  au  L.  pandicidari,  s'étendre 
en  bâillant.  Le  d  changé  en  t  ne  m'arrêterait 
pjis  (cp.  démantibuler),  mais  les  sens  concor- 
dent-ils suffisamment?  —  G.  Paris  (Rom., VI, 
6*29),  insistantsur  le  fait  que  dans  les  dialectes 
du  rùiiï\,j)antaise}^,  a,  dès  le  moyen  âge,  à  côt^S 
de  son  sens  «  étreessoufllô  »,  celui  do  rêver, 
pense  qu'il  doit  proprement  signifier  «  avoir  lo 
cauchomar  »  et  se  rattacher  à  phantasiare  ; 
les  adj.  ]7a7Uais,  pantois  seraient  ainsi  == 
phantasticus .  Cette  opinion,  partagée  par 
Tobler,  peut  soulever  quelques  objections, 
d'abord  pour  l'initiale  p,  puis  à  cause  dos 
formes  pantoier,  jxinteler,  mais  elle  est  moins 
risquée  que  celle  de  Caix  (Ztschr.,  I,  428), 
qui  voit  dans  pantaiseï'  une  fusion  du  thème 
jfant  +  'anxiare  (^  it.  ansare).  Le  génois 
pantasma  «  oppressione,  incube  »,  cependant, 
favorise  singulièrement  la  manière  do  voir  de 
Paris. 

PANTOMIME,  L.  pantomimiis  {navràfiiuoi, 
litt.  qui  imite  tout). 

PANTOUFLE,  it.  pantofola,  pantufola, 
esp.  pantuflo,  ail.  pantoffel.  D'origine  con- 
troversée. Budé  songeait  à  une  composition 
grecque  Travrc^ii/o;,  litt.  tout-liège,  «  crepidse 
quarum  solum  suberc  constat  ».  D'autres  ont 


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PAP 


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PAP 


proposé  une  composition  de  îrarscv,  marcher, 
et  de  ç?8>).o;,  li<>ge.  Roquefort  y  voyait  le 
L.  2)edum  infiiJa^  de  môme  que  Turnèbe 
expliquait  moufle  (v.  c.  m.)  par  manintm 
infiila.  Ménage  faisait  venir  le  mot  de  l'ail. 
pantoffel,  qu'il  s'était  fait  expliquer,  par 
quelque  paysan  de  la  Haut^-Bavière,  sans 
doute,  comme  une  composition  do  ^d;?,  jambe, 
et  de  toffel,  tablette,  lame,  semelle.  Ces  tenta- 
tives sont  dépourvues  de  toute  valeur.  Ce  qui 
nous  semble  devoir  être  admis  en  premier 
lieu,  c'est  que  le  fr.  pantoufle  (sur  lequel  les 
autres  mots  cités  paraissent  être  copiés)  est  la 
forme  nasalisée  depatoiiflet  comme  le  prouvent 
le  néerl.  pattuffel,  et  le  piémont.  patofle,  et 
que  la  première  partie  du  mot  est  le  subst. 
patte.  C'est  à  ce  même  primitif  que  se  rap- 
portent les  expressions  genev.  paioufle,  rou- 
chi  et  norm. paiouf^=  homme  au  pas  traînant, 
lourd  (cp.  fr.  pataud).  Ces  vocables  se  rap- 
prochent trop  de  notre  patoufle  ou  pantoufle, 
qui  signifie  chaussure  trainante,  pour  ne  pas 
être  tenté  de  les  identifier,  en  expliquant  la 
valeur  «  homme  au  pas  lourd  »  comme  une 
acception  dérivée  de  celle  de  pantoufle, 
chaussure.  En  tout  cas,  il  reste  à  rendre 
compte  de  la  terminaison  oufle,  A  ce  sujet, 
Diez,  que  nous  avons  suivi  pour  la  première 
partie  du  mot,  émet  la  conjecture  que  patoufle 
pourrait  avoir  été  tiré  de  patte  sur  le  patron 
du  mot  manouflc,  encore  employé  en  Pro- 
vence pour  moufle  (v.  c.  m.)  et  qui,  d'après 
Diez,  accuse  un  type  L.  manupula  p.  mani- 
pula. —  La  forme  catalane  plantofa  n'est 
qu'une  détérioration  de  pantofla,  par  la  trans- 
position de  la  liquide,  motivée  sans  doute  par 
une  allusion  au  mot  planta,  plante  du  pied. 

PAON,  L.  paco,  -onis.  Pour  la  pronon- 
ciation pan,  elle  est  analogue  à  celle  de  tan  p. 
taon,  Zanp.  Laon;  mais  pourquoi  l'Académie 
a-t-elle  sanctionné  la  graphie  paon,  taon,  et 
répudié  flaon  p.  flan  ?  Sans  doute  pour  éviter 
la  concurrence  depan,  tan  avec  paon  et  taon. 
Quoi  qu'il  en  soit,  la  contraction  pan,  tan 
contrarie  la  règle  qui  exige  que  la  voyelle 
atone  a  soit  absorbée  par  la  tonique  o  iamïn- 
culus  n'a  pas  donné  ancle,  mais  oncle),  mais 
la  môme  irrégularité  .se  remarque  dans  les 
formes  verbales  sonnan,  trovan  p.  sonna  on, 
trova  on,  qui  se  présentent  dans  les  Poésies  de 
Froissart.  —  D.  paonne,  paonneau.  Le  verbe 
se  pavaner  se  rattache  à  un  adj.  inusité  paua- 
nus,  tiré  de  la  forme  accessoire  latine  pam«, 
fém.  pata  (on  trouve,  d'ailleurs,  en  anc.  fr., 
aussi  se  pavonner).  Parcontraction,^aranare 
a  pu  faire paware,  d'où  le  torme panade'  et  se 
panader,  équivalent  de  se  pavaner. 

PAPA,  L.  papa,  gr.  Tt&nnx;,  père,  mot 
onomatopée  du  langage  des  enfants,  comme 
maman.  L'Eglise  en  a  fait  un  titre  de  véné- 
ration ;  comme  tel,  papa  a  donné  le  mot  fr. 
pape. 

PAPE,  L.  papa  (voy.  l'art,  préc). —  D.  pa- 
pal, L.  papalis,  d'où  papalté'  papauté,  et 
papalin,  soldat  du  pape  ;  papable,  papaliser, 
papisme,  papiste, 

PAPE6AI,  anc.  aussi  pùpegault,  it.  pappa- 


gallo,  esp.,  port,  papagayo,  prov.  papagai, 
angl.  popinjay,  ail.  papagei,  grec  du  moyen 
âge  TTxTtay&i,  gr.  mod.  Trxnxy&lïoi.  L'origine 
de  ce  nom  du  perroquet  reste  douteuse.  On  y 
a  vu  un  composé  de  papa,  prêtre,  et  de  çeai 
(vfr.  gai)  ou  gallus  (coq),  les  prêtres  «  ayant 
beaucoup  aimé  à  entretenir  cett43  espèce  d'oi- 
seau *».  D'autres  ont  recours  à /)ûrM5-^a//itf, 
paon-coq.  L'arabe  hahagà,  m.  s.,  est,  selon 
Diez,  un  emprunt,  et  ne  le  fût-il  pas.  le  b 
arabe  ne  devient  jamais  p  en  roman  ;  au  con- 
traire, l'arabe  adoucit  le  p  en  6  (cp.  BograJt  p. 
Hippocrate).  —  Nous  pensons  que  le  mot  se 
compose  de  gai  ou  geai  et  de  pape,  autre 
nom  d'oiseau  multicolore,  espèce  de  verdier. 
Ou  lélément^xipe  tiendrait-il  à  la  racine  jxip, 
babiller  (v.  Tart.  suiv.)?  Il  va  de  soi  que  nous 
ne  prenons  pas  au  sérieux  l'interprétation  de 
Génin  :  papegault  =  ({wipape  le  gauU,  c-é^-d. 
qui  mâchonne  les  branches  de  la  forêt. 

PAPELARD,  it.  pappalardo,  faux  dévot, 
anc.  marmotteur  de  prières.  Le  Duchat  définit 
le  mot  par  «  qui  trafique  des  bulles  papales  et 
qui  élève  la  puissance  du  pape  au  delà  de  ses 
justes  bornes  »».  Cette  explication  n'a  aucune 
vraisemblance;  quant  à  la  véritable,  je  l'at- 
tends encore,  à  moins  que  celle  do  Génin 
«  (\x)\pape  du  lard  en  cachette  tout  en  feignant 
un  régime  austère  »  ne  soit  approuvée.  Du 
Cange  n'a  pas  mieux  rencontré  en  disant  : 
-  qui  popœ  fréquenter  exclamât  ».  Y  aurait- 
il  quelque  rapport  avec  l'ail,  pappeln  (aussi 
hahheln),  babiller,  bavarder?  Un  papelard 
serait  ainsi  un  dévot  qui  ne  fait  que  remuer  les 
lèvres  et  marmotter  des  prières.  Enfin  on  peut, 
en  supposant  un  sens  premier  «  qui  fait  l'in- 
nocent, le  petit  enfant  »» ,  voir  dans  papelard 
une  acception  figurée  et  burlesque,  tirée  de 
celle  de  mangeur  de  pappe,  de  bouillie.  — 
Meunier  (Les  composés,  etc.,  p.  219),  commo 
Génin,  rattache  l'élément  pape  au  verbe  pa- 
pcr  «  avaler  de  la  bouillie  »<,  ou  -  avaler 
comme  on  avale  de  la  bouillie  »»,  et  définit  le 
mot  par  «  homme  qui  mange  du  lard  les  jours 
d'abstinence  en  recommandant  aux  autres  de 
faire  maigre  ».  Il  cite  à  l'appui  ces  deux  vers 
des  Miracles  de  la  sainte  Vierge  : 

Tel  fait  devant  le  papelart. 
Qui  iMir  derrière  pape  lart, 

PAPEUNE,  étoffe  ;  de  pape,  parce  qu'elle 
se  fabriquait  à  Avignon,  terre  papale  ^),  ou 
parce  qu'elle  servait  aux  costumes  des  paj)es, 
L'angl.  pope  =  fr.  pape  a  donné  lieu  à  la 
forme  popeline, 

PAPER*,  it.  pappare,  esp.  papar,  manger 
do  la  pappe,  aussi  manger  en  général.  Voy. 
papelard.  —  Cp.  esp.  papaflgo,  bocquefigue. 

PAPERASSE,  de  papier-,  le  suffixe  asse 
(=  ace,  ache,  L.  acea)  revêt  ici,  comme  sou- 
vent, un  caractère  péjoratif,  cp.  bestiasse, 
populace.  —  D.  paperasser,  paperassier. 

PAPETIER  est  une  altération  de  paperier, 
comme  vfr.  sometier\^.  somerier  (devenu  som- 
melier).  Voy.  Tobler,  Rom.,  II,  244.  — 
D.  papeterie, 

PAPIER,    prov.    papiri,    du  L.  papynts 


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PAR 


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PAR 


liticitvpoi),  par  rintcrmôdiaire  d'un  adjectif 
papirùts;  Ygs\).  paj}él  accuse,  par  son  accent 
tonique,  pour  type  immédiat  le  subst. 
papyrus. 

PAPILLE,  L.  papilla.  —  D.  papiîîaire, 
-eux. 

PAPILLON,  vfr.  paveillon,  papiUot,  wall. 
pawian,  v,  flam.  pepel,  pimpel,  du  L.  papilio- 
nem^  d'où  également  le  mot  pavillon.  —  D. 
papillonner.  Voy.  aussi  l'art,  suiv. 

PAPILLOTE,  de  papillot  =  papillon,  par 
assimilation  de  forme.  —  D.  papilloter;  le 
sens  de  ce  mot,  appliqué  au  mouvement  invo- 
lontaire des  yeux,  qui  ne  peuvent  se  fixer, 
dérive  de  celui  de  papillonner,  voltiger. 

PâPIN,  voy.  pappe, 

PAPPB,  bouillie  (très  usité  en  Belgique),  it. 
pappa,  esp.,  port,  papa,  ail.  papp,  angl.  pap^ 
du  L,  pappa,  m.  s.,  mot  imitatif  du  langage 
des  enfants.  —  D.  papin,  verbe  populaire 
papcr  (v.  cm.). 

PAQUB,  it.  pasqua, esp.,  prov  j)a5c«a  (cette 
dernière  forme  trahit  quelque  allusion  au 
L.  pascua,  pour  ainsi  dire  nourriture  en  op- 
position au  jeûne  qui  cessait  ce  jour-là)  ;  du 
L.  pascha,  gr.  :ràïx«»  ^u*  vient  de  Thébreu 
pesach,  nom  d'une  des  trois  grandes  fêtes  des 
Israélites,  établie  en  commémoration  de  la 
sortie  d'Egypte  ou  plutôt  du  passage  de  TAnge 
destructeur  devant  les  maisons  des  Israélites, 
car  le  mot  hébreu  signifie  proprement  pas- 
sage. —  De  la  forme,  latine  vient  Vd^ày  pascal, 

PAQUEBOT,  de  l'angl.  packet-boat,  vais- 
seau qui  transporte  les  paquets  ou  les  dé- 
pêches. 

PAQUERETTE  ;  cette  fleur  ne  tire  pas  son 
nom  de  ce  qu'elle  fleurit  vers  le  temps  de 
Pâques  (car  elle  fleurit  à  peu  près  toute  Tan- 
née), mais  le  mot  est  dérivé  du  vfr.  pasquis, 
ou  plutôt  pasquier  =  pâturage  (L.  pascuum), 
«  Habitat  in  pascuis  apricis  »,  disent  les  bota- 
nistes. 

PAQUET,  SLïïgl.  pachet,  diminutifdunéerl., 
angl.,  ail.  pacA,  ït.  pacco,  BL.  joacciw.gaôl., 
bret.  pac.  Le  mot  est  de  la  même  famille  que 
baffite  (d'où  bagage),  et  congénère  avec  le 
L.  pangere  (rac.  pag),  fixer,  lier,  et  le  gr. 
wat/û;,  serré,  épais.  —  D.  paquetei;  empaque- 
ter. Du  même  radical  :  verbe  paqiter  (les 
harengs). 

PAR,  préposition,  L.  per  (pour  e  devenu 
a,  cp.  marchand  et  parchemin).  —  Comme 
préfixe,  par  a  dans  le  roman  la  même  valeur 
qu'avait  per  chez  les  Latins,  savoir  celle  de 
renforcer  la  signification  du  simple,  d'y  ajou- 
ter une  idée  d'achèvement.  Il  partage  sous  ce 
rapport  la  fonction  assignée  au  préfixe  trans, 
fr.  très.  Comme  ce  dernier,  il  formait  jadis 
un  mot  séparé,  signifiant  beaucoup,  fort.  Ainsi 
on  lit  dans  la  Chanson  de  Roland  :  Sur  lui  se 
pasmet,  tant  par  est  angoisseux;  cp.  l'emploi 
du  L.  per  dans  «  per  autem,  inquit,  inconse- 
quens  n  (Aulu-Geile,  XIV,  1).  Nous  avons  en- 
core un  reste  do  cet  emploi  dans  la  locution 
par  trop  (cp.  L.  peiiiimium).  Les  verbes  la- 
tins composés  avec  per  changent  per  en  par 


quand  ils  appartiennent  au  fonds  commun  ou 
ancien  de  la  langue  (p.  o\.,  parfait,  parx>cnir)  ; 
ils  conservent  la  forme  per  loi-squ'ils  sont 
d'introduction  savante  (p.  ex.,pe7'clus,  persis- 
ter). —  Dans  les  locutions  «  de  par  le  roi  »  et 
senibl.,  le  mot  2)ar  est  gâU^  àc  part,  comme 
le  prouvent  les  termes  cx^rrospondants  osp.  de 
parte,  it.  da  parte,  prov.  de  part  ;  il  en  est 
de  même  dans  l'expression  à  par  soi. 

PARA-,  répond,  comme  préfixe,  au  grec 
Tcvpk.  Toutefois,  le  roman  ne  s'en  est  pas  servi 
pour  créer  des  composés;  les  mots  où  il  se 
trouve  sont  d'origine  grecque  ou  latine.  — 
Il  faut  distinguer  de  ce  para-ci  celui  des  mots 
parachute,  parapluie,  etc.  (v.  ces  mots). 

PARABOLE,  similitude,  allégorie,  L.  para- 
bola,  gr.  vxp%toy/i  (de  nxpx-ZxlAttv,  comparer). 

—  Le  latin  parahola  a  pris  au  moyen  âge  le 
sens  général  de  verbum,  sermo,  et  est,  par  là, 
devenu  la  source  du  fr.  parole  (v.  c.  m.). 

PARACHUTE,  objet  qui  empêche  la  chut/î. 
L'élément  para  dans  ce  mot,  comme  dans 
paravent,  parapluie,  etc.,  est  emprunté  de 
l'italien,  où  on  le  rencontre  dans  para-petto, 
para-sole,  etc.  Il  vient  du  verbe  parare,  pré- 
server, garantir  =  fr.  parer  (v.  c.  m.). 

PARADE,  montre,  étalage.  Cette  significa- 
tion implique  l'idée  de  l'action  préalable  parer 
qqch.  ou  qqn.  pour  lui  faire  faire  belle 
figure  ;  c'est  un  dérivé  du  L.  parare,  dans  le 
sens  que  lui  donnait  la  moyenne  latinité, 
celui  d'orner,  sens  qui  est  encore  celui  du 
parer  moderne.  La  terminaison  ade  fait  sup- 
poser ime  introduction  étrangère,  soit  ita- 
lienne ou  espagnole.  On  lit  dans  Jean  Le  Maire 
des  Belges  lit  de  parem£nt  p.  lit  de  parade. 

—  D.  parader.  —  Notez  que  parada  est  aussi 
le  subst.  déparer,  comme  terme  d'escrime. — 
Littrô  nous  apprend  que  le  sens  avec  lequel 
le  mot  parade  s'est  introduit  le  premier  en  fr. 
est  celui  de  l'esp.  parada  :  arrêt  brusque  d'un 
cheval  qu'on  manie. 

PARADIS,  L.  paradisus,  gr.  it^picimo;, 
mot  biblique  d'extraction  persane  et  signifiant 
enclos,  parc.  —  Voy.  unssi  parvis. 

PARADOS,  ouvrage  qui  «  protège  le  dos  ».; 
mot  formé  à  l'instar  de  parapetto,  fr.  parapet 
(v.  cm). 

PARADOXE,  gr.  Trapi^îÇoî,  ccntraire  à  l'opi- 
nion commune  (TTïoà  5oç«v).  —  D.  paradoxal. 

PARAFE,  PARAPHE,  d'après  l'opinion  cou- 
rante, une  forme  étranglée  du  BL.  paragra- 
phus  =  peculiaris  subscribentis  nota,  qui  est 
le  gr.  Ttvpx'/px^oi  =-  écrit  en  note,  par 
ajoute  ;  mais  est-il  bien  démontré  que  parafe 
n'est  pas  plutôt  =  gr.  Ttrpxfr,,  de  nxpxTtruv, 
annexer,  ajouter?  —  D.  parafer.  ' 

1.  PARÂ6E,  rang  dans  la  société,  prov. 
paratge,  it.  paraggio;  du  BL.  paragium,  q^ui 
signifie:  1.  «  conditionis ac  nobilitatîs  paritas, 
juxta  quam  barones  debent  mari  tare  sorores 
aut  amitas,  fratres  aut  nepotes  «,  donc  égalité 
de  condition  sociale,  2.  ipsa  nobilitas.  Le  Vo- 
cabulaire d'Kvreux  traduit  para^ô  par  cngna- 
tio.  Parage  est  donc  un  dérivé  de  par,  fr. 
pair;  «  de  quel  parole  est-il?  »  équivaut  à 
«  quels  sont  ses  pairs  ou  égaux?  ».  Il  faut 


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PAU 


absolument  écarter  r<^tjm.  par  L.  pnrcre, 
engoiulrer.  selon  laquelle  parw/e  ne  dirait 
antre  chose  que  naissance. 

'Z.  FARÂ6E,  (fîtenduo  de  côtes  accessibles  à 
la  navigation;  do  l'adj.  13L.  juiraginSf  con- 
tigu,  proche,  itiBÀs  qq paragiitSy  doù  vient-il? 
Du  gr.  7r  px'/u'j,  conduire  ou  marcher  à  côté  ? 
Il  se  peut  que  notre  mot,  comme  le  précédent, 
exprime  une  égalité  de  condition,  ici  de  'con- 
dition physique.  Ou  bien  pavage  serait-il  tout 
bonnement  le  subst.  du  verbe  parer  dans 
7)are?* (doubler)  un  cap  f  —  Lîttré,  faisant  fond 
sur  le  BL.  jmregium  (xili®  siècle),  pense  à 
une  dérivation  du  L.  paries^  fr.  paroi  :  le 
parage  serait  la  paroi  de  la  mer.  Cela  me 
semble  hardi. 

PARA6O6I1.  gr.  7ror/99t/My^,  addition. 

PARAGRAPHE,  du  gr.  i:a9«v;&>vo;,  litt. 
(signe)  écrit  à  côté,  en  marge.  Le  mot  s'appli- 
quait dans  le  principe  à  un  petit  trait  destiné 
à  marquer  la  séparation  des  versets  ou  des 
subdivisions  d'une  composition  écrite  quel- 
conque. Le  nom  de  la  marque,  dans  la  suite, 
est  devenu  celui  do  la  chose  marquée.  Une 
transition  de  sens  analogue  se  remarque  dans 
le  mot  titre  =  division  d'une  loi.  —  Voy. 
aussi  parafe. 

PARA6UANTE,  présent  fait  en  reconnais- 
sance do  quelque  service;  mot  espagnol  signi- 
fiant «  pour  les  gants  *»,  -  parce  qu'on  ne  don- 
nait d'abord  pour  un  présent  honnête  qu'une 
paire  de  gants  ;  c'est  ce  qu'on  appelle  ailleurs 
le  pot-de-vin,  le  pour  boire  »  (Neufchâteau, 
note  sur  Gil  Blas). 

PARAITRE,  anc.  paroistre,  correspond  au 
L.  jtaresc€i'e\  comme  l'ancienne  forme ^^aroî'r 
à  jjarërc. 

PARALIPOMÊNES.  pr.  livres  laissés  d'abord 
de  côté,  d'oii  le  .sens  «livres supplémentaires  », 
du  gr.  7rftpx>!i7ro>sv9;,  laissé  de  côté. 

PARALLELE,  gr.  7racàU»ï>9»,  litt.  près  l'un 
de  l'autre.  —  D.  parallélisme;  cps.  parallô- 
logrammt\  gr.  7r7pa».ïjîoy.',a/*/i9v.  • 

PARALYSIE,  gr.  Ttrpic)uTi;,  dissolution 
(ffat|&aiûiiv)  ;  ààj.  jjarafytiqite,  gr.  wa/ax/uri/c^. 
De  paralysie,  on  s'est  permis  de  dégager  un 
xci'hG  factitif  jioralyser  ;  le  \iVos.  parai iticar 
est  formé  correctement.  —  Les  Anglais  ont 
estropié  paralysie  en  palasye,  puis  palsy, 

PARANGON,  autr.  paragon,  1.  comparai- 
son; 2.  terme  de  comparaison,  modèle,  pa- 
tron ;  esp.  paragon,  parangon,  it.  paragone. 
Le  mot  est  d'origine  espagnole  :  il  est  formé, 
d'après  Diez,  do  la  formule  prépositionnelle 
2H.ira  con  exprimant  comparaison  ;  p.  ex.,  «  la 
criaturapa7'rt  con  cl  criador  »,  la  créature  en 
comparaison  du  créateur.  —  On  a  dit  elpara 
con  (adouci  en  el  paragon),  comme  nous  di- 
sons le  pourquoi,  le  dedans,  etc.  —  L'étym. 
de  Diez  n'est  pas  fondée,  prétend  Tobler  (Grô- 
ber,  Ztsclir.,  IV,  373);  elle  pèche  par  divers 
côtés.  Le  mot,  d'ailleurs,  est  plus  ancien  en 
Italie  qu'en  Kspagne,  et  signifie  «  pierre  de 
touche  y>  en  premier  lieu,  d'où  les  sens 
«  é[)reuve,  essai,  modèle,  qui  sert  do  base  i\ 
la  comparaison,  etc.  »».  L'étude  de  Tobler  fait 


voir  que  rit.;)ara<7o;?e  est  issu  du  verbc^wro^o- 
?»rt>v,  •»  frotter  à  la  pierre  de  touche,  essayer  " 
(le  premier  sens  serait  dans  ce  cas  •  essai  »). 
Or,  parogonare  répond  parfaitement  au  gr. 
TTx.oa/ôvâcw,  «  frotter  contre  »,  un  composé  de 
à/6và«,  «  aiguiser,  affiler  »,  qui  vient  do 
à/ovïî.  «  queux  ».  On  trouve  même  en  moy. 
grec  le  subst.  itxiiCKAÔvf)  comme  nom  de  la 
pieri-c  qui  sert  aux  miniat«urs  pour  l'imposi-  . 
tion  de  l'or.  —  Il  y  a  longtemps  qu'on  s'ét«it 
efforcé  à  trouver  à  ce  mot  un  type  grec,  et 
l'on  a  tourmenté  à  cet  eflbt  tantôt  le  verbe 
:ra/5à/iiv,  conduire,  mettre  à  c<^té,  tantôt  tsx9->- 
ywvijîîàyi,  lutter.  Nicot  disait  alors  que  c'était 
«  le  rapatrier  trop  loing  ». —  D.  parangonnet\ 

PARAPET,  petit  mur  à  hauteur  d'appui  ;  de 
l'it.  para-pctto,  litt.  =  qui  garantit,  protège 
[para]  la  poitrine  (petto).  L'ail,  a  imité  le 
terme  en  disant  brust-wehr,  pr.  défense  de  la 
poitrine.  Le  petto  italien  est  le  L.  pdctiis, 
l*onr  para,  voy.  parachute, 

PARAPHE.  \'oy.  parafe. 

PARAPHERNAL,  du  gr.  'Kxpk-fi^^-ii  (de 
Tcypx  fipvrj'j,  en  dehors  de  l'apport  ou  de  la 
dot). 

PARAPHRASE,  gr.  ^tzpkfpx-^i;,  dévoloppo- 
ment  explicatif.  —  D.  paraphraser. 

PARAPLUIE,  voy.  parachute. 

PARASITE,  gr.  Trx/jâçir-^.  litt.  qui  mange 
(7iTiî»a7i)  avec,  ou  plutôt  à  côté. 

PARASOL,  do  l'it.  para-sole.  Voy.  para- 
chute, 

PARATONNERRE,  voy.  parachute. 

PARAVENT,  do  l'it.  para-vento,  qui  em- 
pêche le  vent.  —  Voy.  parachute. 

PARBLEU,  anc.  jmrbieu,  euphémisme 
pour  jxtr  Dieu  ;  cp.  sacrebleu,  morbleu. 

PARC,  pr.  enclos  où  l'on  renferme  du  gi- 
bier, prov. 2iarc,  pargue, it.  parco, esp.,  port. 
jMrque.  Le  mot  bas-latin  jMrcus,  qui  a  fourni 
tous  ces  mots  (ainsi  que  néerl.  pei'k,  ail. 
pfoi'ch,  ags.  peannic  ot  les  formes  celtiques 
paire,  parc  ci  par wg),  pourrait  bien,  t^l  est 
l'avis  do  Diez,  appartenir  au  vieux  fonds  latin 
comme  subst.  verbal  do  parcere,  épargner, 
pi*éserver,  garantir.  Le  linguiste  allemand 
rejette  comme  primitif  l'ail,  bergen,  protéger, 
cacher,  par  la  raison  que  Tinitialo  p  dans 
pHirc  lui  semble  incontestablement  originelle, 
ot  quant  à  l'origino  celtique,  proposée  par 
Diefenbach,  il  la  repousse,  parce  que  les  mots 
celtiques  lui  font  l'effet  d'être  tirés  du  dehors. 
—  l).  j)arquei\  cmjiarqïier,  parquet  (v.  cm.), 

PARCELLE,  ït.  particella,  du  L.particeila 
p.  particula,  dim.  de  pars,  partis. 

PARCE  QUE.  p.  ]iar  ce  que,  c.-à-d.  par 
cette  raison  (par  le  fait)  que. 

PARCHEMIN,  vfr.  parcamin,'  prov.  par- 
guamina,  du  L.  pergamenuni,  charta  ^>t*r^a- 
mena,  do  Pergame,  où  l'on  a  fabriqué  les 
premiers  parchemins.  Le  durcissement  de^ 
en  c  est  insolite  L'allemand  dit  plus  correc- 
tement pc7'gament. 

PARCIMONIE  (mot  savant),  L.  parcimonia 
(parcere).  —  I).  parcimonieux. 

PARQONNISR,  qui  a  sa  portion  dan^^  un 
partage.  Du  subst.  vfr.  parço.i,  parson,  pi-ov 


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PAR 


parufi,  qui  ropn^-^nto,  non  pas,  comme  dit 
Garliof ,  le  L.  pnrtUn}CtHf  miis  bien  lo  L. ^xir- 
titinnnn 

PARCOURIR,  L.  percurrerc;  subst.  imr- 
coitrs. 

PÂRDL  de  rit.  per  Dio. 

PARDON,  subst.  verbal  de  iHirdonncr. 

PARDONNER,  du  BL.  pcr-dmiare,  litt. 
faire  abandon  complet,  faire  grâce  ;  cp.  l'équi- 
valent ail.  vergeben,  angl.  for-gite.  —  Le 
latin  classique  disait  condouare,  —  D.  jmr- 
(ion,  pardonnable. 

PAREIL,  prov.  parelh,  it.  parecchio,  osp. 
jMrejn;  c'est  le  BL.  7>aric«/iw  (Loi  salique). 
dim.  do  ;jar.  —  D.  appareille?' (v .  c.  m  ).  de- 
j)areiller. 

PARELLE,  parella,  lat.  rumox,  lapathum, 
catalan  jmradella.  —  Diez  pensait  à  L.  pra- 
tum,  parce  qu'Horace  a  dit  :  «  lapathi  prata 
amantis  •»  ;  mais  il  faudrait  alors  passer  par 
un  tjipQpratellum,  dcycm\  paratcllit m,  ce  qui 
est  foixé.  Le  lat.  paratella  du  Pseudo-Macer 
parait  emprunté  au  catalan.  Une  formation 
lapatella,  devenue,  par  transposition  de  con- 
sonnes, palatella,  j)aratell-a,  n'est  qu'une  sim- 
ple conjecture.  —  Notez  encore  qu'en  wallon 
on  dit  ^x>rd/^,  porêle  (cp.  dans  ce  dialecte 
)X)rcche,  paroisse,  p.  paroche), 

PAREMENT,  L.  paramentiim  (S.  Aujr.), 
ornement,  spéc.  garnitures  du  devant  d'un 
habit,  d'une  robe,  d'une  manche,  de  jiarare, 
orner. 

PARENT,  L.  jm^^^^^^f^^-  —  H.  j^areiitage, 
vieux  mot  remplacé 'par  parenté;  ce  dernier, 
anciennement  masculin,  répond  au  subst.  BL. 
parentatus;  parentèle  (cp.  pour  la  forme  clien- 
tèle,;   verbe   apparenter, 

PARENTHÈSE,  L.  jtarcnthesis,  gr.  tcx^- 
«vï!7i;,  pr.  action  d'insérer  une  chose  à  côté 
d'une  autre  ;  adj.  imrcnthéHque,  gr.  Tra^^îv^j- 

Tl/OJ. 

1 .  PARER,  apprêter,  orner,  du  L.  parare, 
apprêter,  dans  la  latinité  du  moyen  âge  = 
orner.  —  D.  parement ^  parure ^  jtarade,  ré- 
paret\ 

2.  PARER,  écarter,  détourner,  éviter  (un 
coup),  ail.  pariren.  Cette  signification  de 
parer  découle  de  c-elle  propre  au  paret*  de 
l'art,  préc.  par  l'intermédiaire  do  l'acception 
•  soigner,  mettre  à  couvert,  protéger  »,  accep- 
tion inhérente  au  BL.  parare  et  qui  perce 
encore  dans  les  expressions  it.  para-petto^ 
jiara-sole  {CCon  fr.  parapet,  ^mrasol).  On  peut 
comparer,  pour  le  rapport  logique,  le  L.  de- 
fendere,  qui  signifie  à  la  fois  détourner,  re- 
pousser et  protéger.  —  Pour  bien  apprécier 
notre  manière  do  voir,  il  faut  ne  pas  perdre 
de  vue  que  la  construction  naturelle  de  parer 
est  se  parer  d^  ou  contre  qqch .  ;  les  construc- 
tions ^iarer  gqch.  ou  à  qqch.  sont  survenues. 
J'ai  pensé  longtemps  que ;)argr  A  qqch.  répon- 
dait au  L.  parem  esse  aliciti  rei  =  se  mesu- 
rer avec,  nVsister,  tenir  .této,  mais  je  me  suis 
ravisé.  —  D  parade. 

3.  PARER  un  cap,  le  doubler,  du  L.  ;jar. 
C'est  donc  suivre  parallèlement  la  même  ligne 
que  celle  de  la  terre  que  l'on  côtoie.  L'étym. 


p!\r  gr.  Tc-p\  autour,  n'est  pas  sérieuse.  — 
Voy.  aussi  juirnyc  2. 

4.  PARER,  dans  jkircr  une  poiiv.  la  poler, 
=  prov.  jmrar;  lo  sens  découle  facilement 
do  parare^  apprêter,  et  il  serait  p:ir  trop 
aventureux  d'y  voir  une  modification  littérale 
de  peler. 

PARESSE,  prov,  pereza,  vfr.  j)erece,  it. 
piffresza,  esp.,  port.  ^>er6»^a,  du  L.  pigritia, 

—  Lo  gr.  TzkptiKi  (;rap-ti;/uii),  relâchement,  lan- 
gueur, no  peut  en  aucune  manière  être  invo- 
qué comme  primitif  do  paresse.  Lo  voisinage 
de  la  forme  et  l'affinité  de  sens  sont  fortuites. 

—  D.  paresseux,  ^><irejr*cr. 

PARFAIRE,  de  par  -f-  faire,  d'après  l'ana- 
logie du  L.  pej'ficere. 

PARFAIT,  adj.,  vfr.  parfit  (cp.  confit),  du 
L.  perfectus. 

PARFILBR,  =  filer  (effiler)  tout  à  fait. 

PARFOIS,  p.  par  fuis  (cp.  ail.  zu-weilen, 
pr.  par  moments). 

PARFUM,  voy.  l'art,  suivant. 

PARFUMER,  litt.  pénétrer  ou  imbiber  do 
fumée,  et  particulièrement  de  fumée  agréable, 
odorante,  d'un  type  latin  jyerfamare,  cp.  en 
ail.  durch-rùuchern,  darch-diiften,  —  D. 
subst.  verbal  parfum,  parfumeur,  -crie. 

PARI,  voy  parier. 

PARIA,  mot  indien,  désignant  la  dernière 
caste  des  Indiens. 

PARIER,  pr.  joindre  deux  cho.<«es  égales, 
mettre  valeur  contre  valeur  ;  do  là  l'acceplion 
gager  (A  met  une  somme  pour,  B  une  somme 
égale  contre),  du  L.  pariare  (par),  égaliser, 
balancer  un  compte.  Jadis,  ^janer  signifiait 
commo  l'ail,  jmaren,  accoupler;  do  là  est 
resté  le  terme  de  chasse />arfaî/c.  Aujourd'hui, 
on  emploie  dans  ce  sens  plutôt  lo  composé 
apparier.^ —  D.  jm^i*  subst.  verbal  ;  parieur, 

PARITÉ,  L.  jiarilatem  (par). 

PARJURE,  1 .  adj.  =»  L.per-jurus;  2.  .subst. 
=  L.  perjurium  ;  se  parjurer  =  L.  pcr- 
jurare. 

PARLEMENT,  subst.  do  parler,  pr.  entre- 
tien, conférence,  puis  assemblée  délibérante. 

—  D. parlementer,  conférer,  négocier;  par- 
lementaire, -arisme. 

PARLER,  it.  pariare,  esp.,  prov.  parlar. 
Le  verbe  parler  présente  dans  .son  anc.  conj«i- 
gaison  deux  thèmes:  1.  jxxro/  dans  les  formes 
portant  l'accent  sur  le  corps  du  verbe  (ainsi 
je  ou  il  parole);  2.  }}arl  dans  les  formos  ac- 
centuées sur  la  finale  (ainsi  nous  parlons,  jo 
parloie,  inf.  parler).  Lo  système  actuol  est 
l'efl'ot  d'une  dégén4resconce  ;  lo  thème  djs 
formes  accentuées  sur  la  finale  a  fini  par  rem- 
porter. Un  infinitif  paroler  0.4  étranger  à 
l'ancienne  langue.  Lo  mjt  représente  BL. 
parabolare  (voy.  parole).  —  D.  parlemvit 
(v.  c.  m.);  composé pourparler.  Notez  encore 
les  vieux  mots  bien  emparlé  et  emparlier, 
avocat,  d'où  emparleric. 

PARMI,  =  par  mi,  it.  pcr  meszo,  du  L. 
per  mulium,  au  milieu  de;  cp.  le  vfr.  emmi 
.=  in  tnedio  —  Confjrmémont  à. son  origine, 
parmi  signifiait  autrefois  aussi  «  au  m  >yon 
do,  moyennant  ». 


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PAR 


—  378 


PAR 


PARODIS,  L.  parodia,  gr.  îra/s^iJi'»,  pr. 
contre-chant.  —  D.  parodier. 

PAROI,  prov.  paret,  it.  parete,  du  h.  parie- 
tem  [nom.  paries). 

PAROISSE,  anc.  paroiche,  it.  parrocchia, 
esp.,  prov.  parroquia,  BL.  parodia,  gâté  du 
grec  irxp&iyixy  d'où  le  h.parœcia  (saint  Augus- 
tin), source  directe  du  mot  roman.  Le  mot 
grec  signifie  pr.  voisinage;  la  paroisse  est, 
dans  le  principe,  l'ensemble  de  ceux  qui 
demeurent  dans  le  voisinage  d'une  église.  — 
D .  paroissien ,  -iàl . 

PAROLE,  anc.  paraule,  prov.  paraida,  it. 
parola,  anc.  ït.parauïa.  Cette  dernière  forme 
est  directenient  produite  du  L.  paraboJa,  pa- 
rab*la,  par  la  résolution  de  b  en  i«  (cp.  L.  fa- 
bula, it.  fola,  prov.  fauîa;  L.  tabula,  prov. 
taula,  fr.  tôle).  Par  l'interversion  des  liquides, 
l'espagnol  a  fait  du  type  parab'Ia  la  forme 
palabra.  La  substitution  du  terme  parabola 
au  L.  verbum  est  motivée,  d'après  Schlegel, 
par  une  espèce  de  respect  pour  le  sens  reli- 
gieux et  mystique  prêté  au  mot  verbe.  Mais 
parabola,  gr.  itxpxîoU  (ail.  parabel)  n'est-il 
pas  aussi  un  terme  biblique?  D'après  Max 
Muller,  l'extension  donnée  dans  les  langues 
néo-latines  au  mot  parabola  s'est  faite  par 
imitation  de  l'ail.  v>art,  qui  de  bonne  heure 
avait  pris  le  sens  de  proverbe  propre  au  L. 
parabola;  ce  dernier  mot  roman  étant  em- 
ployé, dans  ce  sens,  pour  traduire  le  mot  ail., 
il  a  fini  par  traduire  aussi  celui-ci  dans  son 
acception  primitive  et  générale.  Cette  explica- 
tion nous  semble  raisonnable  ;  les  cas  sont 
nombreux  où  se  manifeste  l'influence  germa- 
nique dans  les  formes  et  les  acceptions  prêtées 
aux  mots  de  source  romaine.  —  D.  parler 
(v.  c.  m.). 

PAROTIDE,  gr.  Ttxpurli,  -iSot  (de  nap&,  près, 
et  oZ;,  wTo'î,  oreille). 

PAROXYSME,  gr.  Tcxpo^v^fiô;,  excitation, 
irritation  (TraosÇûviiv). 

PARPAILLOT;  ce  sobriquet  des  protestants 
vient  de  Jean  Perrin,  sieur  de  Parpaille,  pré- 
sident à  Orange,  que  Fabrice  Serbelloni,  pa- 
rent du  pape,  fit  décapiter  à  Avignon  en  1562. 
Ixs  autres  étymologies  mises  en  avant  (vfr. 
parpaillot,  prov.  parpailleux,  pçipillon  ;  par- 
pillote,  petite  monnaie)  n'ont  aucun  fonde- 
ment. 

PARPAING,  pierre  qui  tient  toute  l'épais- 
seur d'un  mur;  aussi  pierre  parpaigne; 
d'après  Littré,  c'est  un  composé  de  per,  d'outre 
en  outre,  et  pan,  altéré  on  paignc.  L'ail, 
appelant  la  pierre  dont  il  s'agit  durchbindcr, 
vollbiuder,  je  décompose /)a77>aî;î^  phitôt  par 
per  +  pavgere,  planter,  fixer. 

PARQUE,  h.parca. 

PARQUER,  mettre  dans  un  parc  (v.  c.  m.). 

PARQUET,  dimin.  de  parc  (v.  c.  m.),  donc 
litt.  =  petit  enclos  ;  de  là  :  espace  réservé 
aux  juges  ou  aux  officiers  du  ministère  public 
dans  un  tribunal  ;  lieu  des  agents  de  change 
à  la  bourse  ;  plancher  à  compartiments,  etc. 
—  D.  parqueter,  -eur,  -erie, 

PARRAIN,  vfr.  parrin,   prov.  jmrin,  it. 


patrino,  esp.  padrino,  du  BL.  patrinns 
(pater). 

PARRICIDE,  adj.  et  subst.,  resp.  du  L. 
parricida  etparricidium. 

PARSEMER,  voy.  semer, 

1.  PART,  subst.  masc..,  L.  partits  [yiSiTere). 

2.  PART,  subst.  fémin.,  portion  que  l'un  a 
ou  que  l'on  prend  dans  une  affkire,  puis  = 
lieu,  côté,  du  L.  pars,  partis.  A  la  dernière 
acception,  «  lieu  ou  côté  »,  se  rapponcnt  les 
locutions  quelque  part,  de  toutes  parts,  départ 
en  part,  à  part  (prov.  a  part,  it.  a  parte).  Si, 
dans  la  formule  de  par  le  roi,  le  par  est  pour 
part  (voy.  par),  il  y  a  eu  confusion  en  sens 
inverse,  dans  les  locutions  à  part  moi,  à  part 
soi,  que  les  anciens  écrivaient  à  par  moi,  à 
par  soi,  conformément  au  L.  per  se,  ail.  bei 
sich,  angl.  bt/  himself.  —  La  locution  pren- 
dre en  bonne  part  (du  bon  côté)  est  latine  :  in 
bonam  partem  ou  in  bo7ias  partes  accijicre 
se  disait  déjà  du  temps  de  Cicéron. 

PARTAGE,  voy.  partir.  —  D.  partager. 

PARTANT,  adverbe,  =  par  tant,  per  tan- 
tum,  pour  t«lle  raison.  Cp.  pourtant. 

PARTENAIRE,  forme  francisée  de  Tangl. 
partner,  associé  (dér.  de  part). 

PARTERRE,  aire  plate  et  unie;  c'est  la  lo- 
cution adverbiale  par  terre  substantivée. 

PARTI,  subst.,  voy.  partir,  —  D. partisan, 
partial  (voy.  ces  mots). 

PARTIAIRE,  L.  partiarius, 

PARTIAL,  d'un  type  BL.  partialis*,  auquel 
se  rattache  également  la  forme  partû;/.  L'adj. 
en  al  se  rapporte,  pour  le  sens,  au  primitif 
masc.  parti;  celui  en  el,  au  primitif  fera. 
partie.  —  D.  partialité.,  impartial,  se  par- 
tialiser. 

PARTICIPER,  h.participare,àév.  de  l'adj. 
particeps  (=  qui  partem  capit),  d'où  vient 
également  le  terme  de  grammaire  subst,  par- 
ticipium,  fr.  participe.  —  D. participation, 

PARTICULE,  L.particula  (pars),  petite  par- 
tie. Voy.  aussi  parcelle.  —  D.  particulier, 
L.  particularis,  pr.  qui  ne  se  rapporte  qu'à 
une  petite  partie  et  non  pas  à  la  généralité,  cp. 
spécial  =i  qui  se  rapporte  à  une  espèce,  et 
singulier  =  qui  se  rapporte  à  un  seul. 

PARTICULIER,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  parti- 
cularitJ,  -ariser,  -arisme. 

PARTIE,  subst.  participial  de  partir  =  di- 
viser; BL.  et  it.  partita,  esp.,  port.,  prov. 
partida. 

PARTIEL,  voy.  partial, 

PARTIR,  diviser,  séparer,  L.paWin'.Lcsens 
premier  et  actif  de  partir  n'est  plus  guère 
conservé  que  dans  le  langage  héraldique 
(u  parti  d'or  et  de  gueules  »)  et  dans  la  locu- 
tion «  avoir  maille  à  partir  ».  Biaise  de  Mont- 
luc  disait  encore  :  «  pour  s'entre-parti r  ce 
royaume  »,  et  Montaigne  :  «  tout  le  monde  se 
voii parti  pour  trois  belles  ».  A  ce  sens  pri- 
mitif se  rattache  aussi  le  nom  àes  jeux  partis. 
Le  moyen  âge  employait  le  verbe  partir  pro- 
nominalement et  disait  se  partir^,  se  séparer, 
s'éloigner,  s'en  aller  ;  cett«  même  valeur  est 
restée  au  verbe  dépouillé  du  pronom  réfléchi, 
tel  qu'il  est  en  usage  aujourd'hui.  Comparez 


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PAS 


379  — 


PAS 


en  ail.  scheiden,  =  diviser  en  deux,  stch 
scheiden,  se  séparer,  puis  scheiden^  sens 
neutre,  -=  partir.  —  D.  1 .  les  subst.  do  l'action 
partement  (vieux,  aussi  =  division)  et  i^ar- 
tance  (le  subst.  départ  du  composé  départir 
a  prévalu  sur  ces  deux  foraies);  2.  les  subst. 
de  résultat,  à  forme  participiale,  l'un  mascu- 
lin, l'autre  féminin,  savoir />aW2e  (v.  c.  m.)  et 
parti,  pr.  la  part  que  l'on  prend,  le  côté  où 
l'on  se  tourne  dans  un  partage  d'opinions  (cp. 
l'expression  latine  partes),  enfin,  le  lot  qui 
vous  échoit,  situation,  etc.  —  Le  subst.  latin 
partifiofiem,  partage,  division,  classification, 
n'existe  plus  que  dans  le  terme  musical  parti- 
tion  ;  les  anciennes  formes  vulgaires ^jar^on  et 
partisan  se  sont  perdues  (voy.  parçonnier). 
—  Composés  :  départir  (v.  c.  m.)  et  répartir 
(v.  cm.). 

PARTISAN,  de  Vit.  partigiano,  dérivé  de 
parte  (comme  artigiano,  fr.  artisan,  de  arte). 
Autrefois,  partisan  désignait  le  chef  d'une 
bande  de  troupes  légères,  de  là  vient  (outre  la 
signification  militaire  attachée  encore  au  mot) 
le  nom  d'une  arme  appelée  en  it.  partigiana^ 
angl.  partisan,  et  que  les  Français,  par  une 
fausse  assimilation  à  l'adj .  pertuis  =  percé, 
ont  gâté  en  perttiisane.  —  11  faut  se  garder 
de  considérer  partisan  comme  formalement 
et  directement  dérivé  de  parti. 

VARTITIF,  t.  de  grammaire,  =  qui  dési- 
gne une  partie  d'un  tout,  h.paHitiviis*. 

PARTITION,  voy.  partir, 

PARTOUT,  =  par  tout;  cp.  l'ail,  iihcraîl. 

PARURE,  voy.  parer. 

PARVENIR,  L.  per-venire.  —  D.  parvenu. 

PARVIS  vient  du  L.  paradisus,  qui  dans  la 
latinité  du  moyen  âge  avait  pris  le  sens  do 
parvis;  d'abord  parai»,  puis  (par  l'intercala- 
tion  euphonique  d'un  v)paravis,  parevts,  en- 
fin (par  syncope)  2)an«5.  On  sait  que  le  sens 
fondamental  de  paradisus  est  «  lieu  clôturé  ». 

1.  PAS,  mouvement  de  jambes,  L.  passus. 
Exprimant  une  petite  étendue  de  terrain  (la 
mesure  d'un  pas),  ce  mot  a  servi,  comme 
goutte,  point,  mie,  à  renforcer  la  négation; 
«  je  no  vois  pas  •»  équivaut  litt.  à  «  non  video 
passum  ».  —  De  pas  vient,  d'après  l'opinion 
reçue,  le  verbe  passer  {v.  c.  m.).  —  Voy.  aussi 
compas. 

2.  PAS,  dans  «  pas  de  porte,  pas  de  Ca- 
lais »  et  plusieurs  applications  technologi- 
ques, est  le  subst.  verbal  de  passer.  C'est 
donc  un  synonyme  de  passage,  défilé,  détroit, 
équivalent  ait.,  port,  passo,  esp.  posa,  prov. 
pas,  ail.  pass,  «  On  choisissait  d'ordinaire  un 
passage  étroit  pour  y  attendre  l'ennemi,  et 
cette  habitude  donna  naissance  à  ce  que, 
dans  les  mœurs  chevaleresques,  on  appelait 
un  pas  d'armes  »  (Qachet). 

3.  PAS,  élément  de  formule  négative,  voy. 
pas  1. 

PASCAL,  adj.  de  pasque*  pâque  (v.  c.  m.). 

PASQUIN,  de  l'it.  pasquino,  nom  d'une  sta- 
tue à  Rome,  contre  laquelle  on  afiîchait  des 
placards  satiriques;  de  là  it.  pasquinata,  fr. 
pasquinade.  Le  nom  do  la  statue  vient,  dit  la 
tradition,  d'un  nommé  Pasquino,  tailleur  re- 


nommé qui  se  plaisait  à  lancer  des  brocards 
aux  passants.  —  Lit.  pasqnillo  (fait,  comme 
suppose  Diez,  sur  la  base  do  pasquinolo)  est 
synonyme  de  pasquinata  et  a  donné  aux  Alle- 
mands leur  pasquill  et  aux  Liégeois  leur 
paskeic  (chanson  siitiriqiic). 

PASSABLE,  voy.  jHisscr. 

PASSADE,  prov.,  port,  passada,  esp.  jm- 
soda,  it.  passata,  passage,  traversée,  de  ^ms- 
sare,  etc. 

PASSAGE,  prov.  passatge^  esp,  pasage, 
port,  passagem,  it.  passaggio,  1.  action  de 
passer,  2.  lieu  par  où  l'on  passe,  puis  endroit 
particulier  dans  l'ensemble  d'une  composition 
littéraire  ou  musicale.  —  D.  passager,  adj.  et 
subst.  (aussi  verbe,  comme  terme  de  ma- 
nège). 

PASSAVANT,  ^.passe-avant,  billet  portant 
ordre  de  laisser  passer  ;  cp.  le  terme  passe- 
debout. 

1.  PASSE,  subst.  verb.  féminin  (cp.pa*  2), 
do  passer  dans  ses  diverses  acceptions.  —  D, 
àim. passereIIe,T^8LSsaige  ou  ponton  étroit  pour 
les  piétons;  passette,  impasse  (v.  c.  m.). 

2.  PASSE,  fauvette,  du  h. passer,  —Com- 
posés :  passe-bleu,  passe-vert,  espèces  de  pas- 
sereaux ;  passe- folle,  espèce  de  mouette. 

1 .  PASSEMENT  ;  ce  terme,  en  tant  que  si- 
gnifiant une  espèce  de  bordure  d'ornement, 
ne  parait  pas  dériver  en  ligne  directe  de  pas- 
ser, comme  on  serait  tenté  de  le  croire,  d'au- 
tant plus  que  l'on  dit  passer  un  lacet,  etc. 
C'est,  selon  toute  probabilité,  une  francisation 
de  l'esp.  pasama7io,  d'où  aussi  it.  passamano. 
Le  mot  esp.  signifie  proprement  une  rampe 
ou  balustrade  («  por  que  pasamos  por  el  la 
mano  »  suivant  l'explication  de  Covarruvias), 
puis  par  extension  bordure  en  général  et  spé- 
cialement passement.  On  a  rendu  la  terminai- 
son man  conforme  au  suffixe  ment  habituel. 
—  L'ail,  a  gâté  le  mot  primitif  encore  davan- 
tage et  en  a  fait posament.^D. passementier, 
-erie. 

2.  PASSEMENT,  action  de  passer  une  chose 
à  l'eau  ou  autre  liquide. 

PASSE-POIL,  liseré;  comment  se  rendre 
compte  de  ce  composé? 

PASSER,  it.  passare,  esp.  pasar,  prov., 
port,  passar.  Diez  est  d'avis,  sans  rien  affirmer 
pourtant,  que  ce  verbe,  qui  parait  avoir  dès 
le  principe  une  signification  transitive,  est 
plutôt  une  forme  fréquentative  du  L.  pandere 
(sup.  passum),  =»  ouvrir,  fendre,  séparer, 
qu'un  dérivé  direct  du  subst.  passus,  pas.  L'it. 
a  de  la  même  façon  tiré  spassare,  se  récréer, 
s'ébattre,  du  L.  ex-pandere.  «  Pandere  rupem  » , 
c'est  ouvrir  le  rocher,  faire  un  passage  à 
travers  le  rocher;  «  panduntur  intcr  ordines 
vise  »,  signifie  :  des  passages  sont  ouverts 
entre  les  rangs.  Passare  serait  donc  d'abord 
=  ouvrir,  donner  passage,  laisser  ou  faire 
passer,  puis  passer  en  sens  neutre,  c.-à-d. 
aller  à  travei-s,  aller  d'un  bout  à  l'autre, 
passer  devant  le  regard  pour  disparaître  en- 
suite.On  trouve  ce  verbe  comme  élément  ini- 
tial de  composition  dans  une  foule  de  subst. 
servant  à  dire,  soit  *  qui  passe  ou  fait  passer. 


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PAS 


—  380  — 


PAT 


p.  es.  -.passe-cwdo^u  passe- fil,  passeport  ;  soit 
«•  qui  surpasse,  qui  outrepasse»,  p.  ox.ijxisse- 
droit,  jMsse-fletfr,  dans  une  foule  dcsubst.  eom- 
Iiosés.  —  V.pas  =  passage;  joo^jfc,  passable, 
passade^  -âge,  -ant,  -atÎMi  {éCxm  acte),  -emnit 
(v.  c.  m.);  passé,  adj.  et  suhst;  passée,  pas- 
seur, jxissotre.  Composés  :  compasser  (voy. 
compas),  déliasser,  ov.trepasse^'  rejiosser,  sur- 
passer, trépasser.  Notez  encore  la  locution 
tour  de  passe-pjasse,  «  qui  vient  de  ce  que  les 
joueurs  de  gobelets,  en  faisant  leurs  toui-s, 
disent  souvent  liasse,  passe  ». — Génina  traité 
la  question  de  savoir  si  certaines  applications 
du  verbe  7)aMer,  telles  que  :  se  passer  de  gqch, 
(autr.  on  disait  sans  gqch .).  passer  condam- 
nation, se  passei'  ime  fantaisie,  je  vous  la 
passe,  n'appartiennent  pas  à  un  passer  homo- 
nyme, c.-à-d.  à  une  forme  fréquent,  du  L. 
pati,  souffrir,  subir,  tolérer.  Je  nui  pas 
encore  d'opinion  arrêtée  à  ce  sujet,  mais  je 
crois  que  cette  manière  do  voir  est  légi- 
time; Froissart  emploie  souvent  se  souffHr 
dans  les  divers  sens  do  se  jxissçr,  c.-à-d.  se 
contenter  et  s'abstenir.  Je  jwurrais  rappeler 
encore  de  nombreux  passages  de  nos  trou- 
vères, tels  que  celui-ci  du  Cléomadès  d'Adenet 
le  Roi  : 

Bien  fait  Irgièremeni  pfwnn' 
Co  que  on  ue  peut  amender. 

Passer  ==  passari\  tolérer,  admettre,  ex- 
plique fort  bien  aussi  l'adj.  \fv. passe,  reçu, 
admis,  certain,  et  notre  adj.  passable,  tolô- 
rable. 

PASSEREAU,  du  L.  jtassercllus  (inusité), 
dim.  de  passer.  —  Cp.  jMSScret,  émerillon. 

PASSERELLE,  dimin.  Repasse  1. 

PASSIBLE,  L  passibilis  (pati),  susceptible 
de  souffrir;  de  là  impassible,  non  susceptible 
de  souffrir  ou  d'être  affecté  ou  ému  de  qqch. 

PASSIF,  L.  ixissimts  (pati).  —  D.  passiteté 
et  passitite. 

PASSION,  L.  passionem  (pati),  souffrance, 
mouvement  de  l'âme.  —  D.  passionnel* ^  mettre 
en  état  de  passion  ou  d'affection  vive. 

1,  PASTEL,  do  rit.  liasteUo,  qui  est  un  di- 
minutif de  pasia,  pâte,  le  j)astel  étant  un 
crayon  comjiosé  avec  une  pâte  de  couleurs  pul- 
vérisées. 

2.  PASTEL,  plante  do  teinture,  guôde; 
comme  le  préc,  de  pjasta,  pâte,  parce  qu'on 
en  faisait  de  petits  gâteaux. 

PASTBNADB,  voy.  panais, 

PASTENAGUB,  poij^son,  L.  pastinaca. 

PASTEQUE,  port,  paleca,  de  l'arabe  balicha, 
courge,  melon  d'eau. 

PASTEUR,  du  L.  pastôrem,  berger,  litt. 
celui  qui  fait  paître  (pasci,  sup.  pastum)  le 
troupeau.  Le  même  primitif  latin,  sous  la 
forme  du  nomin.  pâst&r,  s'est  francisé  en 
fjâtrc,  vfr.  pastre,  paistre;  cette  dernière 
forme  était,  dans  la  vieille  langue,  réservée  au 
cas-snjct,  l'autre  aux  cas  obliques.  —  D.  pas- 
toral, L  pastoralis;/>a5<ot{rpaït,  -elle,  dimin. 
de  l'auc.  forme  j)astour  ;  pastourelle,  poésie 
pastorale. 

PASTICHE,  de  l'it.  pasticcio,  m.  s.  (dérivé 
i\c2Mista,\\i\to)^  1.  «  vivanda  cotta  entro  a 


rinvolto  di  pasta  »,  pâté  de  viande,  2.  «  mi?- 
tura  di  varie  cose  »,  mélango,  pot-|)tiijrn. 
Nous  laissons  à  d'autres  le  soin  d'établir  rom 
ment  de  ces  significations  a  pu  se  |»rodiiiro  la 
valeur  du  mot  en  tant  que  signifiant*  i)ein- 
ture  d'imitation  n.  Entendait-on  d'abord 
qualifier  par  là  un  travail  de  pièces  rap|)or- 
técs  d'après  divei-ses  manières,  non  originales? 
Il  va  de  soi  que  l'étym.  L.  posf,  après,  d'après, 
est  réprouvable;  pastiche  n'est  pas  une  va- 
riante de  postiche.  —  D.  pasticher. 

PASTILLE.  L.  pastillnm  (de  pasta,  pâte). 

PASTORAL,  PASTOUREAU,  -ELLE,  voy. 
pasteur. 

PAT,  t.  d'échecs  ;  d'origine  inconnue. 

Tir, pas t\  L.  pastus  (pascere).  Voy.  aussi 
rejjas. 

PATACHE,  it.  patascia,  csyi. potache,  néerl. 
pctas;  d'origine  inconnue. 

PATARAFFE,  corruption  populaire  àe  pa- 
rafe. 

PATATE,  esp.,  it.  jmtata,  angl.  potatoe; 
mot  américain. 

PATAUD,  propr.  chien  à  grosses  pattes. 

PATAUGER,  dial.  liotoia-,  patouiller,  jxdo- 
qucr,  dér.  de  patte  ;  voy.  aussi  patrouille  et 
cp.  l'équivalent  ail.  pcUschen. 

PATE,  poste*,  it.,  esp.,  port,  pasta,  du  L. 
pasta  (Marc.  Empirions)  Le  mot  latin  est-il 
du  vieux  fonds  de  la  langue,  ou  tiré  soit  de 
pascere  (donc  pr.  nourriture),  soit  de  TriatTc; 
=  formé  (supposition  fondée  sur  l'esp.^/cwte, 
=  argile,  pâte)?  L'examen  de  cette  question 
nliîst  plus  de  notre  tâche.  —  D.  pâté  (part,  du 
BL  jmstarc,  mettre  en  pâte),  cp.  vAX.pastdf; 
pâtée,  pdteux,  pâton;  Vît .  pasticcio,  —  pâté 
(voy.  pastiche),  a  fourni  les  formes  palisser, 
2)àtissier,  -e7'ie;  verbe  empâter,  d'où  le  subst. 
savant  impastation. 

PATELIN,  du  nom  du  principal  {personnage 
d'une  farce  composée  vers  la  fin  du  xv*  siècle, 
—  On  se  demande  si  le  nom  de  ce  person- 
nage est  de  pure  fantaisie  ou  s'il  représente 
une  idée.  A  ce  sujet,  Ducange  et  Le  Duchat 
ont  pensé  que  paXelin  était  une  corruption  do 
patt^Hn,  hérétique  vaudois  qui  séduisait  ses 
auditeurs  par  son  beau  langage.  Ducange 
allègue  un  texte  du  xiii*  siècle,  où  paterin 
est  expliqué  par  déviseur,  parleur.  M.  Brinck- 
mann  est  d'avis  que  le  nom  du  héros  de  la 
pièce  vient  plutôt  de  l'adj.  patelin,  qui  aurait, 
selon  lui,  préexisté,  et  dans  lequel  il  voit  une 
épithètc  du  chien  «  qui  donne  la  patt«  »  pour 
soutirer  un  bon  morceau.  Il  se  fonde  sur  co 
que  le  terme  jiotelineur  est  employé  dans  la 
pièce  môme  («  que  do  patelineursî  •).  J'in- 
cline vers  l'opinion  du  sîivant  allemand  ; 
seulement,  je  serais  plutôt  porté  à  voir  dans 
jtateUner  une  forme  diminutive  do  patiner, 
c^iresser  fcp.  angl.  pai,  caresser). 

PATÈNE,  L.  patena,  plat. 

PATENOTRE,  francisation  àepater  noster, 
premiers  mots  de  l'oraison  dominicale,  appe- 
lée aussi  vulgairement  ^mter  tout  court.  Du 
sens  dérivé  chapelet  vient  le  nom  industriel 
patenôirier,  fabricant  do  chapelets. 


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PAT 


—  381 


PAU 


PATENT,  L.  patejUem,  ouvert,  libre,  dé- 
couvert; do  là  lettre  patente  et  patente  tout 
court.  Cp.  l'expr.  analogue  manifeste.  —  D. 
2}atenter. 

PATER,  voy.  patenôtrc, 

PATERE,  L.patera,  coupe,  plat. 

PATERNEL,  extension  du  L .  paternus  (fr. 
paterne},  d'où  pateimitas,  fr.  paternité, 

PATHÉTIQUE,  grec  7rxô>,n/o;-  émouvant, 
dér.  secondaire  de  Ttx^oi,  souffrance,  passion, 
affection,  en  fr.  pathos.  De  ce  mémo  subst. 
Tzx^OA  vient  le  terme  savant  pathologie,  traité 
ou  science  qui  traite  des  affections  maladives. 

PATHOS,  PATHOLOGIE,  voj.  pathétique. 

PATIBULAIRE,  dér.  du  L.pa'ibiUum,  gibet. 

1.  PATIENCE.  VOJ.  patient. 

2.  PATIENCE,  plante  (rumex  paticntia); 
d'origine  inconnue.  Littré  cite  le  bas-ail.  ^>a- 
tich,  qu'il  croit  gâté,  par  aphérèse,  du  L. 
laïKLthitm^  m.  s. 

PATIENT,  L.  jm'ientem  =  qui  souffre.  — 
D.  patience,  L.  paticntia;  patientey^;  impa- 
tient. 

PATIN,  it.  pattino,  angl.  paJtten,  d'abord 
«ne  espèce  do  soulier  fort  haut;  dérivé  (ou  du 
moins  de  la  famille)  de  paiie.  Ou  bien  le  v. 
flam.  plattyncn  =*  soulier  de  bois  (soulier 
plat  f"  doit-il  faire  ex[)liquer  |?a/  par  une  alté- 
ration iXeplat  f  —  D.  patiner, 

PATINER,  1 .  terme  familier,  =  manier  ou 
tâter,  dér.  de  paite  =  main;  2.  glisser  sur 
la  glace  avec  des  patins, 

PATIR,  du  h.patiri,  forme  barbare  p  />rt^i 
^cp.  mourir  de  moriri  p.  mori].  Comment 
justifie-t-on  le  circonflexe  dans  pàtir  f  Le  com- 
posé compatir  n'en  a  pas. 

PÂTIS,  L.  pasticius  p.  pasticiis,  dér.  de 
pastum,  supin  àepascere,  faire  paître. 

PÂTISSER,  -1ER.  -ERIB,  voy. pâte. 

PATOIS;  d'après  Ménage,  approiivé  par 
Littré,  p.  patrois,  qui  représenterait  BL.  pa- 
tricnsis,  indigène  (cp.  pour  la  chute  de  l'r 
prov.  ;>cUt,  pays,  et  vfr.  jmtois,  localité,  pays  ; 
dans  le  Midi,  on  dit  patois  p.  compatriote). 
Cette  étymologie  doit  prévaloir  sur  toutes  les 
autres  qui  ont  été  produites  ;  aussi  je  ne  rc- 
j)résent43rai  plus  mes  arguments  en  taveur 
d'une  explication  par  jî/atow,  langage  du  plat 
pays.  —  Je  cite  encore  l'opinion  de  M.  de 
Chambure  (Glossaire  du  Morvan),  qui  rattache 
le  mot  à  paite,  patauger,  patouiller.  -  Parler 
patois  «  rendrait  une  idée  analogue  à  celle  do 
bredouiller,  barboter,  i)atAuger. 

PATRAQUE,  machine  usée  ou  mal  faite. 
D'origine  inconnue.  On  emploie  particulière- 
ment ce  terme  pour  une  montre  de  peu  do 
valeur  ;  cela  fait  penser  à  y  voir  une  expres- 
sion burlesque  et  populaire,  empruntée  à 
patraque,  terme  populaire  p.  pomme  de  terre, 
à  cause  de  la  ressemblance  de  forme.  Le  peu- 
ple dit  de  môme  pour  une  montre  épaisse,  à 
l'ancienne  mode,  un  oignon. 

PÂTRE,  voy.  pasteur. 

PATRIARCHE,  L.])at7*iarcJia,  gv.nxz^ixpyri:. 
—  D.  patriarcal  f  -at. 


PATRIE,  L.  patrla.  —  Lo  m  )t  e$t  étranger 
à  laucienno  langue. 

PATRIMOINE,  L.  patrimonium,  doù  l'adj. 
patHmonial. 

PATRIOTE  vient,  avec  modification  du  sens 
du  gr.  •KXTfit'ûTnit  compatriote.  —  D.  patrio- 
tique,  -isms, 

PATRON,  protecteur,  maitre,  L.  patronu^. 
—  L'acception  «  modèle  n  qu'a  prise  le  mot 
patron  (ail.  patrone,  angl.  pattern)  repose  sur. 
une  métaphore  ;  le  modèle  impose  la  loi  ou 
prête  son  assistance  comme  un  patron.  — 
1).  patronal,  -âge,  -at;  vorho patronner. 

PATROUILLE,  forme  primitive  patouille, 
it.  pattuglia,  esp.  patrulla;  subst.  du  verbo 
patouiller,  patrouiller,  qui  a  eu  et  a  encoro, 
dans  les  patois,  la  mémo  valeur  qwo patauger 
(v.  c.  m.);  comme  ce  dernier,  il  vient  do 
patte,  terme  vulgaire  p.  pied.  —  Patrouiller, 
terme  militaire,  est  donc  une  expression  pure- 
ment populaire  p.  faire  la  ronde  ou  le  guet  ; 
pr.  marcher  gravement  au  pas. 

PATTE  ;  ce  synonyme  de  pied  appartient  d 
la  racine  pa*  ou  pot,  largement  répandue  dans 
les  langues  européennes  avec  la  signification 
de  chose  plate,  de  pied,  de  marcher.  Nous  no 
rappellerons  ici  que  le  gr.  r.àTOi,  pied,  TtxTilv, 
marcher;  vha  pad,  mha.  pcUa,  bas-ail.  pote, 
ail.  modv  pfote,  patte  ;  L.  ped  (nom.  pes  p. 
peds),  pied  =  sansci*it  joarfa,  m.  s.;  saxon 
padden,pedden,  marcher.  De  la  même  famille 
relèvent  les  mots  îv. pataud,  patauger, patin, 
patrouille. —  La  racine  équivalente p/o*  n'est 
qu'une  variété  de poi.  —  D.  pattu. 

PÂTURE,  ;î<wficrc*,  L.  pastura  (pasccre). — 
"ù.  pâturer,  -âge,  paturon  (v.  c.  m.). 

PATURON,  it.  pasturale,  dér.  du  vfr.  pas- 
ture,  corde  pour  attacher  les  botes  qui  paissent 
=  it.  pastoja,  BL.  pastoria  (de  pastum,  supin 
àQpasci,  paître).  Le  mot  désigne  pr.  la  partie 
de  la  jambe  du  cheval  où  se  mettait  isipas- 
lure,  L*all.  fessel  a  de  même  les  deux  accep- 
tions. C'est  au  vfr.  pasture  que  se  rattachent 
aussi  les  composés  empctrcr  et  diijhHrcr  (voy. 
ces  mot^j. 

PAUME,  L.palma  (TtxXxuri). —  D.  paumer, 
pr.  frapper  avec  le  plat  de  la  main  en  signe 
de  la  conclusion  d'un  marché,  puis  fixer  la 
mise  à  prix,  d'où  paumée,  prix  de  l'adjudica- 
tion dans  une  enchère  ;  ces  valeurs  des  mots 
paumer  et  paumée,  très  usuelles  en  Belgique, 
manquent  dans  les  dict.  de  l'Académie  et  do 
Littré;  ils  ne  portent  (\\\q paumer,  donner  un 
coup  du  plat  do  la  main,  et  mesurer  avec  la 
paume.  —  Le  jeu  de  paume  a  reçu  son  nom 
parce  que  primitivement,  on  lançait  la  ballo 
non  avec  une  raquette,  mais  avec  la  paumo  de 
la  main.  —  D.  paumelle. 

PAUMELLE,  espèce  d'orge,  de  L.  pal  ma,  à 
cause  do  la  ressemblance  dos  épis  avec  une 
petite  palme. 

PAUPÉRISME,  néologisme  tiré  du  L.  pau- 
per,  pauvre. 

PAUPIÈRE,  en  vfr.  aussi  paupirre.  palpr-^., 
papièrc,  it.  pal j)ébra,  esp.  pdlpebra;  les  mots 
correspondants  dos  divers  dialectes  romans  (et 


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PAV 


382  — 


PEA 


ils  sont  nombreux)  peuvent  se  diviser  en 
deux  classes;  les  uns  tiennent  â  L.  palpebra 
(e  tantôt  long,  tantôt  bref,,  les  autres  à  L.pal- 
lœtra.  Notre  terme  usuel  français  peut  se 
ramener  aux  deux  types  latins.  Ye  de  leur 
finale  étant  tonique  ;  vfr.  jniljfrt'e  accuse,  par 
contre,  l'accentuation  de  la  première  syllabe. 

PAUSE,  L.  pausa,  gr.  wav^a  (de  iraûuv,  ces- 
ser). —  D.  pauser  (BL.  paiisare),  dont  poser 
n'est  qu'une  modification  de  forme. 

PAUVRE,  vfr.  tx)vre,  L.  paitper,  -eris,  — 
D.  pauvret,  pauvresse;  pauvreté,  L.  pauper- 
tatcm  ;  appauvrir. 

PAUX,  pieux,  plur.  de  pal,  L.  palus. 

PAVANE,  danse,  vient,  dit-on,  de  Tit.  pa- 
vana, que  Ton  considère  comme  une  abrévia- 
tion de  padovana  (donc  pr.  danse  de  Padoue). 
Comme  la  pavane  est  une  danse  espagnole, 
mieux  vaut  peut-être  Tétym.  pavanus',  adj. 
de  pavus  =  />aro;  donc  danse  où  les  danseurs 
font  la  roue  l'un  devant  l'autre  comme  les 
paxnis  font  avec  leurs  queues. 

PAVANER  (SB),  voy.  paon. 

PAVER,  du  L.  pavire,  avec  changement  de 
conjugaison  (cp.  tussire,  fr.  tousser),  —  D. 
pavé;  pavement,  L.  pavimentum  ;  dépaver, 

PAVILLON,  tente,  tenture,  drapeau,  éten- 
dard, it.  padiglione,  sarde  papaglioni,  esp. 
pabeJlon,  prov.  pabalhô,  du  L.  ^^pil^onem, 
qui  a  le  sens  de  tentorium,  tabernaculum, 
dans  Lampridius  et  les  auteurs  do  la  basse 
latinitiS. 

PAVOIS,  bouclier,  it.  pavesc  (aussi  jmlocsc), 
esp.  pâtes;  d'après  Ferrari,  de  Pâme,  où  ces 
bouciiei*s  se  confectionnaient  particulière- 
ment. Diez  rappelle  aussi  les  formes  valaques 
jfaci'sê,  hongrois  pais  et  bohème  pausesa, 
Chevallet  allègue  le  goWoï^  parvaes,  bouclier, 
dér.  de  parv,  ce  qui  est  entre  deux,  ce  qui 
s'interpose;  il  cite  aussi  le  brct.  pavej^,  = 
pavois,  mais  je  crois  que  l'étym.  Pavie  doit 
jirèvaloir,  surtout  en  présence  du  vfr.  jiaviuis 
(Rom.  do  Troie  :  «  dosoz  le  \nQ.\\mG paviois  «), 
qui  répond  à  2^^iensis,  L'ancienne  forme 
paveschc  (d'où  pavesché,  muni  d'un  pavois, 
mot  fréquent  dans  Froissart)  accuse  pour  type 
la  forme jpaviscus,  qui  convient  aussi  é.])avois, 
—  D.  du  radical  jtav  :  verbe  pavier  (t.  de  ma- 
rine}; de^^acat^*  pavois  :  pavciser  et  pave^ 
sade, 

PAVOT.  Le  thème  joac  peut  tenir  au  L.  j>a- 
jtaver;  il  est  possible  que  ce  dernier,  la  syl- 
labe initiale  ayant  été  prise  pour  réduplica- 
tive,  ait  laissé  une  forme  paver,  qui  est  en 
effet  celle  du  provençal.  Diez,  cependant,  rap- 
pelle aussi  les  formes  ags.  papif/,  popig, 
angl.  poppy,  cymr.  pabi,  Cp.  aussi  les  formes 
papou  (Berry)  et  ;ja/?i  (Normandie).  Voici 
comment  M.  Brachet  rattache  notre  mot  à 
papaver.  D'abord  jmpate,  puis  pa-ave,  2)aaue, 
jt{ioe,  pao,  paot,  enfin,  par  intercalation  de  v, 
jMicot,  Cette  enfilade  de  formes  n'est  pag  pré- 
cisément contraire  aux  règles  (bien  que  l'on 
ne  connaisse  aucun  autre  exemple  de  la  syn- 
cope du  p  médial),  mais,  à  coup  sur.  peu 
vrai-semblable.  —  D'après  Tobler  (Grob. 
Ztschr.,  IV,  375,  note),  pavot  vient  du  L./^a- 


paver,  par  l'apocope  de  la  finale  er,  laissant 
pour  thème  papav,  devenu  d'abord  pazau, 
jMtfi,  puis,  par  confusion  de  la  finale  avec  le 
suffixe  ot,  jHzrot;  cp.  vfr.  chaillcÂ,  pierre  à 
paver,  coexistant  avcî  chaiUau. 

PAYEN,  \oy.  païen, 

PATER,  \i.pagare,  esp  ,  port,  pagar,  prov. 
pagar,  payar,  du  L.  pacare,  apaiser,  satis- 
faire, en  BL.  =  solvere,  cxsolvere.  Une  mé- 
taphore analogue  est  au  fond  des  mots  quitte 
et  acquitter,  •  Pago  e  dette  de  paoo  latino 
che  vale  concordo,  perciochè  il  debitore, 
quando  paga  il  suo  creitore,  lo  contenta  et 
quasi  fa  pace  con  lui  ■•  (Aoarisio).  —  D.subst. 
verbal  paye;  payeur,  payement. 

VkYS,'it.paese,  esp.,  port,  pals, prov./xw», 
représente  un  type  latin  pagense,  dérivé  de 
pagus,  canton  ;  pr.  le  plat  pays,  le  village, 
opposé  à  la  ville;  cp.  prov.  pages,  BL.pagen- 
sis,  paysan.  —  Le  caractère  adjectival  do 
pagensis  perce  encore  dans  le  mot  pays,  féra. 
payse  (==  compatriote,  né  dans  la  même  loca- 
lité), usuel  dans  les  campagnes.  —  D. paysage, 
paysan,  it.  pacsano,  dépayser. 

PAYSAGE,  voy.  pays,  —  D.  paysagiste. 

PAYSAN,  voy.  pays, 

PEAGE,  prov.  pezatge,  \i,  pedaggio,  esp. 
péage,  BL. pedagium,  àepes,p€dis.  •  Pedagia 
dicuntur  quse  dantur  a  transeuntibus  »  (Bre- 
viloquus).  C'est  donc  la  redevance  des  pas- 
sants, pr.  des  piétons.  —  D.  péager. 

PEAU,  anc.  pel,  L.  ftellis,  —  A  la  forme 
ancienne  }}el  ressort  issent  les  déiivés  :  peler, 
ôter  la  peau  (v.  c.  m.).  —  L*a(\jectif  L.  peUi- 
dus  a  donné  le  subst.  pelisse,  et  la  forme  ulté- 
rieure pelliciarius  a  produit  le  fr.  peaiicier' 
j)caussier,  prov.  pellicier. 

PEAUSSIER,  voy.  peau.  —  D.  peausserie. 

1 .  PEAUTRE,  dans  la  locution  envoyer  qqn. 
au  peautre.  Le  dictionnaire  de  Trévoux  fait 
venir  ce  mot  du  bas-breton,  où,  dit-il,  l'on 
appelle  ainsi  les  mauvaises  filles  ou  les  mau- 
vaises gens.  Johanncau  pense  que  le  mot  est 
p.  cpeautre  et  que  le  sens  do  la  locution  est 
équivalent  à  envoyer  paitro.  Roquefort  vaH^x- 
\ivàUi  peautre  Yttiv  lieu  de  débauche.  Enfin,  l'on 
a  prétendu  à  l'aventure  que  peautre  se  disait 
autrefois  du  gouvernail  d'un  bateau,  et  que  de 
là  vient  l'adj.  héraldique  peaidré  dans  \  dau- 
phin d'ajsur  peautre  d'or,  au  gouvernail,  c- 
à-d.  à  la  queue  d'or  (voy.  peautre  2).  —  Tout 
cela  est  avancé  sans  aucune  preuve;  aussi  je 
laisserai  la  question  indécise,  sans  cependant 
me  priver  de  la  satisfaction  d'émettre  une 
conjecture.  En  Champagne,  jxiutrc  signifie 
lit  ou  paillasse  ;  ne  serait-ce  pas  notre  mot, 
de  sorte  que  «  envoyer  qqn.  au  peautre  »  ne 
dirait  autre  chose  que  s'en  débarrasser  en  l  en- 
voyant coucher  ?  Or,  pautre  me  fait  l'effet  d  être 
p.  poutre  et  =  l'ail,  polsier  (voy.  polti-on).  Il 
se  peut  que  le  mot  impliquât  l'idée  de  mau- 
vais grabat  et  qu'il  s'y  attachât  ainsi  celle  de 
misère  ;  de  là  l'anc.  peautraiîle,  canaille. 

2.  PEAUTRE,  étain,  puis  sorte  de  fard;  it. 
peUro,  esp.  peltre,  vfr  espcautrc  (sorte  de 
mét'il).  C'est  du  fr.  que  viennent  néerl 
]}iauter,  angl.  pe%Jolcr.  —  Si,  comme  le  i)cnsc 


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PÉD 


—  383  — 


PEL 


Litiré,  la  source  du  mot  est  le  nord,  piàtr, 
étain,  il  faut  plutôt  admettre  que  peîtro 
ot  jieltre  viennent  depeautre;  nous  aurions  ici 
un  nouveau  cas  d'un  changement  do  au  en  el 
ou  a/,  comme  celui  noté  sous  calme,  —  D. 
le  t.  de  blason  peautré^  qui  se  dit  des  poissons 
dont  la  queue  est  d'un  tout  autre  émail  que 
celui  du  corps. 

PBC  [haretig],  salé  ;  dégagé  du  néerl.  pékdt 
angl.  picfUe^  ail.  pôhel  etpikel^  eau  salée. 

PfiOGABLE,  capable  de  pécher,  tiré  du 
verbe  L.  peccare^  d'où  les  médecins  ont  aussi 
fait  leur  terme  peccant  =«  vicieux. 

PECCADILLE,  de  l'it.  peccadiglio^  esp. 
pecadiUo^  dimin.  de  l'it.  peccato,  esp,  pecado 
=»  L.  peccatum^  fr.  péché. 

PECOAVI,  mot  latin,  =>  j'ai  péché. 

1.  PECHE,  subst.  verbal  à^  pêcher, 

2.  PECHE,  fruit  (du  fr.  vient  angl.  2>each)» 
\i,pesca^  contraction  à&  persica,  esp,  persigo, 
prisco,  alrjiersico,  port,  pesego,  prov.  pesega^ 
ail  pfirsick,à\i  L,  persicum,  pr.  fruit  persan. 

—  Ù.  pêcher. 

PÉCHER.  L.  peccare,  —  D.  péché  = 
L.  peccatum  ;  pécheur,  -eresse, 

PECHER,  anc.  pescher,  L.  piscari  (piscis). 

—  D.  pèche  f  pécheur  y  -ene. 

PÉCORE,  it.  pecora,  du  L.  pecora,  plur.  de 
pecus^  bête  de  troupeau. 

PECQUE,  sotte,  impertinente  ;  c'est  le  fém. 
du  vfr.  et  prov.  pec^  sot,  niais,  lequel  vient 
prob.  du  L.  pecus^  bête  (cp.  le  champ,  peque^ 
mauvais  cheval). 

PECTORAL,  L.pectoraJis  fpcctus)  ;  le  môme 
mot  latin  a  fuit,  dans  le  fr.  du  fonds  commun, 
]H)itraiI;  do  môme  le  type  latin  pectorina  a 
donné  régulièrement  le  subst.  poitrine. 

PÉCULAT,  L.  pecnlatus, 

PÉCULE,  L.  pecuUum^  avoir,  épargne. 

PÉCCJNE,  L.  pecunia.  —  D.  pécuniaire, 
L.  liccuniàr'is;  pe'cunieux^L,  pecuniosus. 

PÉDAGOGUE,  gr.  nxùu/fayôi,  pr.  conducteur 
d'enfant.  —  l),2)étktgogie,  -ique, 

PÉDALE,  L.  pedalis  (pes). 

PÉDANT,  de  l'it.  pédante.  Ce  dernier  signi- 
fiait dans  le  principe  pédagogue,  instructeur; 
c'est  une  forme  participiale  d'un  verbe  inusité 
pœdare,  roman isation  du  gr.  ttxioiûhv.  Diez 
allègue  en  faveur  do  cette  étymologie,  du 
reste  fort  plausible  en  elle-même,  le  passage 
suivant  de  Varchi  (Ercol., p. 60,  éd.  de  1570), 
que  nous  traduisons  en  fr.  :  «  Quand  j'étais 
jeune,  les  personnes  chargées  de  l'instruction 
et  de  la  conduite  des  enfants,  ne  s'appelaient 
pas  comme  aujourd'hui  pedanti,  ni  par  un 
mot  grec  pédagogie  mais  par  un  vocable  plus 
horrible  ripititori,  »  La  signification  actuelle 
du  mot  se  déduit  aisément  du  sens  primitif. 
La  pente  est  ici  fort  douce,  et  Voltaire  aurait 
pu  i^éserver  l'exclamation  suivante  à  des  cas 
plus  saillants  que  le  nôtre  :  «  Que  de  termes 
éloignés  de  leur  origine  !  Pédant,  qui  signi- 
fiait instructeur  de  la  jeunesse,  est  devenu 
une  injure.  » 

PÉDESTRE,  L.  pcdestris  (pcs).  Voy.  aussi 
piètre. 


PÉDICURE,  qui  a  soin  des  pieds  (qui  pcdes 
curai), 

PEIGNE,  vfr.  pigne,  it.  pettine,  esp.  peine, 
port,  pente,  prov.  pencJie^  du  L.  pecten,  pec- 
tinis,  —  D.  peigner,  L.  pectinare,  d'où  pci^ 
g  noir  ^  -eur,  -ures, 

PEnn)RE,  vfr./)Oïnrfre(cp.  le  v^all.  de  Liège 
poiul),  prov.  penher,  du  L.  pinge^'c.  —  Du 
supin  latin  pictum  viennent  :  L.  pictor,  prov, 
pictor^ pi7itor,  it, pittore, pintore,  fr,  peintrk 
(pour  la  facture  du  motfr.,  cp.  chantre, pàtrù 
de  cantor,pastor)  ;pictura,  pvoy,pinctura,  fr. 
PEINTURE.  Les  formes  nasalisées  sont  l'efiet 
d'une  adaptation  au  part,  passé  du  verbe,  qui 
est  peint  ;  adaptation  motivée  par  le  précé- 
dent de  teinture,  L.  tiiictura.  Il  est  permis 
du  reste  aussi  d'admettre  l'ancienne  existence 
d'une  forme  latine  rustique  ;3mctor,/>îm:^ura, 

PEINE,  vfr.  poine,  du  L.  pœna  (ttîivïJ).  — : 
D.  pénal,  L,  pœnalis;  pénible  (v.  c.  m.), 
peiner, 

PEINTRE,  voy.  peindre, 

PEINTURE,  voy.  peindre,  —  D,  peinturer, 

PÉJORATIF,  du  L.  pejorare  (pojor),  em- 
pirer 

PÉKIN,  aussi  péquin,  t.  d'ii^ure  dans  le 
langage  militaire.  Ne  serait-ce  pas  un  diminu- 
tif de /3<?c,  sot,  niais,  imbécile,  renseigné  sous 
pecque  t  D'autres  ont  pensé  à  l'esp.  pequin, 
petit.  D'après  Littré,  depékin,  étofi'a  de  soie 
qui,  sous  l'Empire,  était  beaucoup  portée  en 
pantalon  et  qui  tire  son  nom  de  Pékin,  capi- 
tale do  la  Chine.  Pour  d'autres  explications 
conjecturales  sur  l'origine  do  notre  mot,  je 
renvoie  au  suppl.  de  Litti^é.  —  Depuis  que 
ces  conjectures  ont  été  imprimées,  un  bien- 
veillant lecteur,  ancien  ami  du  mai-échal 
Excelmans,  m'écrivit,  d'après  une  commtuii- 
cation  de  celui-ci,  que  le  mot  d'injure  pékin  a 
surgi  en  1790,  le  14  juillet,  à  la  fête  do  la 
Fédération,  où  se  trouvaient  réunis  les  dépu- 
tés de  Varmce  et  les  députés  do  cantons.  D'une 
ville  chinoise,  Canton,  à  une  autre  ville  chi- 
noise, Pékin,  il  n'y  a  pas  loin  et  l'on  comprend 
que  la  plaisanterie  ait  converti  les  «  députés 
de  cantons  *»  en  «  députés  de  Pékin  «,  puis 
en  Pékin  tout  court.  Jusqu'à  preuve  du  con- 
traire, j'ai  lieu  de  tenir  cette  solution  histo- 
rique du  problème  qui  nous  occupe,  pour  tout 
à  fait  digne  de  crédit. 

PELADE,  direct,  tiré  du  prov.  pelada,  dér. 
de  L.  pilus,  poil. 

PELAGE,  couleur  du  poil  ;  dér.  de  pilus, 

PELE-MELE,  anc.  aussi  mesle-pesle,  mesle' 
mesie;  le  terme  j^éle  est  peut-être  un  mot  do 
pure  fantaisie  créé  par  assimilation  à  mâle. 
Ou  faut-il  y  voir,  avec  Diez,  le  mot  pelle  f 
Mêler  ou  remuer  avec  la  pelle  f  Littré  pense 
que  oui,  et  rapproche  le  t.  txxvbX  pellecerser, 
labourer  à  la  bêche. 

PELER,  esp.,  port.,  prov. pe/ar,  it.  pelare; 
ce  verbe  signifie  à  la  fois  ôter  le  poil  et  ôter 
la  peau.  Il  faut  donc  le  rattacher  pour  cer- 
taines acceptions  à  pilus,  pour  d'autres  à  pelr 
lis,  —  b,]}eUule,  chute  dos  cheveux  (v.  c.  m.); 
pelure,  pelauder,  peloter,  battre,  étriller,  cp. 


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PEN 


—  384  — 


l'EN 


les  expressions  ail.  sich  ratifen,  se  battre  (pr. 
s'arracher,  soit  la  peau  ou  lo  poil»,  et  sich 
balff^ii,  m.  s.,  de  baig,  pean. 

PËLERIN,  prov  pcicgrin,  it.  pellegrino^ 
esp.  j)errgrino,  du  L.  perrgriinis,  qui  va  à 
l^tranper,  litt.  à  travers  champs  (/^cro^rojf). 
Une  inscription  de  l'an  3C0  a  déjà  la  forme 
pelcgrinus.  — Du  roman  viennent  l'all./ytT^er, 
pUgrinit  angl,  pilgrim.  —  D.  pèleiine,  nom 
d*un  ajustement  de  femme;  pèlci'iyiage. 

PÉLICAN,   L.  pelicamis  {:rî/fi/àv). 

PELISSE,  voy.  peau,  —  D.  pelisson, 

PELLE,  vfr.  ^ic/^',  palle^  it.,  esp.,  prov. 
pala,  du  L.  iKila,  m.  s.  —  D.pelice,  itelldce, 
jjclici'ée;  dim.  pelctte^  2^^^^^^^^»  verbe  pcUa* 
et  s<^)n  dim.  pelleter. 

PELLETIER,  formé  de  ;><?Z  iî^eaii);  cp.  p. 
le  suffixe  bijoxi-ticry  Iriquc-tie^',  grai7ic-iier, 
paiie-ti€}\  etc.  —  D.  jjeUctei'ie, 

PELLICULE,  L.  pellicuJa,  dim.  de peiîis, 

PELOTE,  boule,  it.  pilloita,  ei=p.,  port  , 
prov.  pelota;  dér.  du  L.  j)ila,  m.  s  Déjà  les 
gloses  disidore  ont  les  formes jiilotel lus  (esp. 
pclotilla).  —  D.  2>clotcr ,  peloton  (v.  ces  mot<). 

PELOTER,  1.  mettre  en  peloton,  jouer  à  la 
balle,  àc pelote;  2.  battre,  do])ele7-(v.  c.  m.). 

PELOTON,  dim.  do  pelote;  au  lig.  petit 
nombre  de  personnes  ramassées  et  jointes  en- 
semble, petit  corps  de  troupes.  —  D.  pelo- 
tonner, 

PELOUSE,  gazon  à  herbe  épaisse  et  courte. 
M  Le  mot  n'est  pas  ancien  en  français,  dit 
G.  Paris  (Rom.,  X,  46,;  c'est  sans  doute  un 
terme  de  jardinage  emprunté  si  un  patois 
(d'un  pays  où  on  avait  appris  à  donner  au 
gazon  cet  aspect  uni  et  serré  qui  caractérise 
la  pelou.se);  l'anc.  fr.  avait  l'adj.  peleus,  jte- 
lettse;  on  trouve  même  le  subst.  jieleus  «=  lieu 
couvert  de  gazon  ».  De  L.  pilosus,  poilu, 
serré,  fourré. 

PELU,  prov.  pelut^  autre  forme  àe poilu, 

PELUCHE,  it.  2)eluccio,  jWiu.?o,  dér.  du 
L.  pnlus,  poil.  Cp.  esp.  2i^^t(sa  (anc.  pehisa, 
cat.  pclussa},  le  duvet  des  fruits.  Du  français 
l'ail,  a  fait pliisch.  —  D.  7;c7t{c//6r,  éjduchcr 
(v  c.  m.). 

PELURE,  yoj.  peler. 

PENAILLE,  dér.  du  L.  pomnts,  drap, 
étoffe;  cp.  m  ail.  hmqyen-tolk,  m  s.  de  him- 
2fcn,  guenille,  lambeau.  —  D.  2^C7millnn.  — 
Anc  on  disait  aussi  peneaux  p.  harde.s,  hail- 
lons (d'un  X-^Yie  pannellus). 

PENAL.   L.  2Jœnalis.  —  D.  2)ênalité. 

PENARD.  libertin,  du  L.  ;)c'j?w. 

PÉNATES,  L.  pénates  (de  ;î«î«,  intérieur). 

PENAUD  (autr.  penevx),  qui  est  en  peine, 
embarra.ssé;  de  peine.  Il  n'est  pas  impossible 
cependant  que  le  mot  soit  formé  sous  l'in- 
fluence de  vfr.  j)enant  1^  pénitent  ;  donc  pr. 
qui  fait  une  mine  de  pénitent. 

P£NCHER,  prov.  ^)^w/7ar,  2^enjar,  d'un  type 
L.  7>«??ï(/icare,  dér.  de  pnidere,  pendre.^ — 
D.  2^f^'ichant. 

PENDANT,  voy.  2^^'ndrc. 

PENDELOQUE,  vfr.  pcndilachc,  mot  formé 
avec  loque  (voy.  Irelcque]  et  le  \orho  2>cndre. 

PENDENTIF,  dér.  savant  de  2)cndant. 


PENDILLER,  prov.  2^ndeillar,  d'un  type 
lat  i  n  petidiciUare. 

PENDRE,  du  L.  pendere,  tant  de  celui  de 
la  deuxième  que  de  celui  de  la  troisième  con- 
jiig.  ;  car  le  verbe  fr.  réunit  les  acceptions 
transitive  et  intransitive.  —  D.  jicntc  (?.  c. 
m.)  ;  jiendable,  -ard;  pendaison  (c'est  le  sciil 
subst.  en  aison  qui  soit  fait  d'un  verbe  Jo 
la  quatrième  conjug.  française;;  pendant, 
1 .  subst.  «a  chose  suspendue  ou  à  quoi  l'cm 
suspend;  puis  en  peinture,  pièce  pareille  à 
une  autre,  métaphore  tirée  de  l'égalité  de 
deux  pendants  d'oreilles;  2.  prép.  et  conj., 
cp.  durant;  l'expression  ^;mc/a^î/  VoragcsQwi 
dire  litt.  «  pendente  tcmi^estate,  l'oi-age  pla- 
nant, étant  encoixî  susi>endu  au-dessus  de 
nous  »  ;  —  pcndeine,  jj«idcro/<j:5,  jyendiUer 
(v.  c.  m'). 

PENDULE,  1.  masc  du  L.  pnindidum.s.  e. 
2)ondus,  poids  suspendu  ;  2.  fém..  ellipse  p. 
horloge  à  pendule. 

PÊNE  d'une  sernirc;  Roquefort  identifie 
ce  mot  au  L.  2^^iis;  il  peut  être  dans  le  vrai, 
car  les  ouvriers  ne  sont  pas  moins  imagina- 
tifs  que  peu  chastes  dans  leurs  termes  méta- 
phoriques. Cependant,  comme  on  disait  anc. 
2)esle  2)tUé',  qui  est  le  L.  pcssulus,  barre, 
verrou,  il  est  i)his  probable  que  piuie  est  ime 
forme  altérée  depéle. 

PÉNÉTRER,  L.  jx?wrfrar/î. 

PÉNIBLE,  voy.  ;>«>?«.  Pénible  etiHiisibU 
sont  les  deux  seuls  cas  du  suffise  ible  appliqué 
à  des  substantifs  ;  l'ancienne  langue  donnait 
àp/;7î&/éç  le  sens  de  dur  à  la  2ieine. 

PÉNIL,  vfr.  2>oinil,  prmil,  d'un  type  pedi- 
nilis,  dér.  du  L.  ^iec^oi,  employé  dans  le 
même  sens  par  Juvénal  («  inguinajam  pectine 
nigro  »)  et  par  Pline.  Ce  qui  vient  à  l'appui 
de  cette  étym.,  ce  sont  les  formes  prov.  j>fïi- 
chenil,  it.  pettignonc,  esp.  empeinc. 

PÉNINSULE,  L.  pœninsula,  litt.  traduit 
par  notre  fr.  presqu'île;  e^.  pénombre. 

PENITENT  (vfr.  peneant,  penant),  L.  pœ- 
nitentem;  subst.  ^/t'^i/Vc^cc  (vfr.  j^encaua; 
2nmance),  L.  ;?«';? lirjîf ta.  —  D.  |>t'>ïîïrîi^^V, 
2)énitencier,  pénitentiaire. 

PENNE,  L  />«w7ïa.  —  D.  panache  fv.  c. 
m.);  2icnnage  =  plumage  ;  pennon  (v.  c.  m  ); 
cmitenner. 

PENNON,  étendard  à  longue  queue,  prov. 
penô,  it.  y?c«îiowc,  esp.  2)c>if/o«,  Entre  Ips 
trois  étymologies  possibles  :  ^>a}i>iu5, 2fcndere 
ei2^enne,  Diezse  décide,  par  des  raisons  pho- 
nétiques, pour  la  dernière.  Quant  à  la  forme 
esp.  2icndon,  elle  ne  fait  pas  obstacle  à  cette 
manière  de  voir,  puisque  nous  tmuvons  dans 
cette  langue  aus!<i  paxdola  p.  L  pennula.  Le 
sens  étymologique  de  />e?iîïOfi  est  donc  la 
flamme  ou  banderole  de  la  lance,  comjMiréc  à 
une  plume.  Le  mot  signifiait  autr.  aussi  b 
plume  qui  garnit  la  baguette  d'une  flèche.  — 
D.  dim.  pennonceau  (panache)  =  it.  jm^^^^ 
ccllo. 

PÉNOMBRE,  d'un  type  L.  p.orn-vmbra  ^ 
prcsqu 'ombre. 

PENSEE,  subst.  particip.  de  ^>cîwct.  —Il 
est  diflicile  de  dire  ce  qui  a  valu  ce  nom  à  la 


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PEP 


—  385 


PER 


viola  tricolor  (cp.  le  nom  du  )ie  Voublies  pas). 
Les  Angl.  expriment  le  nom  de  la  fleur  par 
patisy  (anc.  paunce), 

PENSER,  du  L.  pemare,  pr.  peser,  fréq. 
de  pendci^e.  Ce  verbe  latin  jiejware  s'est  trans- 
mis au  roman  sous  une  double  forme,  dont 
une  se  rattache  au  sens  propre  et  physique. 
Vautre  au  sens  figuré  et  moral  ;  1 .  peser  (v.  c. 
m.);  2.  penser,  esp.,  port.,  prov.  pensar,  it. 
pensare.  Pour  le  rapport  logique  entre /j«*er 
et  penser f  cp,  en  ail.  wtigen  et  erwâgen.  Pen- 
ser, c'est  donc  pr.  peser,  apprécier  à  leur  juste 
valeur  les  rapports  que  les  idées  ont  entre 
elles.  —  D.  penser ^  infinit,  subst.  ;  pensée  (v, 
c.  m.),  penseur t  pensif  (\ivoy,  pensiu,  it.pen' 
sivo). —  Le  composé  loim  perpettd^re  a  fourni 
l'angl.  perpend,  examiner,  considérer,  et,  par 
le  swi^ïn  perpensum,  le  prov.  pei^pcnsar,  per- 
j)esar,  auquel  répondait  le  vfr.  pourpenser  et 
s*apourpenser,  réfléchir  (le  préfixe  jXiur  est 
souvent  substitué  au  L.  pnr).  —  Voy.  aussi  le 
verbe  panser,  variété  orthographique  de 
j)enser. 

PENSION,  pr.  payement,  somme  payée, 
puis  p)ai'ticulièrement  somme  payée  pour  l'en- 
tretien d'une  personne;  du  L.  pensioneni[pen' 
dere).  —  D.  ^pensionnaire,  -at,  pensionner, 
pourvoir  d'une  pension. 

PENSUM,  mot  latin,  =  tâche;  litt.  \dL pesée 
de  laine  qu'une  esclave  devait  filer  en  un  jour. 
—  Voy.  aussi  le  mot  poids. 

PENTA-,  en  composition  (ex.  pentagone, 
j)e7ttamMre,  etc.),  du  gr.  ;rsvTî,  cinq. 

PENTE,  subst.  verbal  participial  dépendre, 
d'un  type  barbare  pendita;  cp.  vente,  tente, 
rente. 

PENTECÔTE,  L.  pentecoste,  du  grec  Trivrc 
ro'ST^,  s.  e.  »î>î/&a,  cinquantième  jour  (après 
Pâques).  La  forme  pentecoste  est  devenue,  par 
contraction,  en  ail.  et  en  holL,  rcsp.  pfing' 
sten  et  pinkster. 

PENTURE,  p.  pauture,  du  L.  jHindere, 
étendre,  par  le  supin  barbare  jMnditum  t 

PÉNTTLTIEHE,  L.  pœ^-ultimus,  presque  le 
dernier  ;  composé  ante-pénultihne.  La  termi- 
naison a  été  assimilée  à  celle  des  autres  nom- 
bres ordinaux,  qui  répond  à  un  type  L.  -esi- 
nnis,  es'mus. 

PÉNURIE,  L.  patiiria,  manque  de  vivres. 

PÉON,  soldat  à  pied  aux  Indes,  mot  esp. 
correspondant  à  Vit.  ])edo7ie,  prov.  jje sa, peon, 
fr.  pion  (v.  c.  m.);  du  L.  pedo,  -onis. 

PEPERIN,  tuf  volcanique,  =  it.  2)eperinit, 
ainsi  nommé  à  cause  de  la  ressemblance  des 
]ietits  charbons  semés  dans  ces  tufs  avec  des 
grains  de  poivre. 

PEPIE,  prov.  pepida,  it.  pipita,  esp.  pe- 
pita,  pevidc, pivide,  du  L.  pitiUta,  m.  s.,  con- 
verti de  bonne  heure  en  pivita,  puis  (par  un 
changement  insolite  de  v  en  p)  en  pipita.  Le 
milanais,  par  syncope,  eu  a  fait  pinda,  puis 
piwida.  Le  vha.  avait  2)hiphis,  phepis,  le  nha. 
dit  phipps,  pipps,  l'angl.  pip. 

PÉPIER,  L.  pipiare,  piauler,  vagir. 

PEPIN.  Frisch  pense  que  le  mot  ne  signi- 
fiait dans  le  principe  que  le  pépin  des  courges 


et  qu'il  faut  y  voir  un  dérivé  du  L.  pepo 
(;ri7r%)y;,  melon  (cp.  le  mot  esp.  jyejHiio,  con- 
combre). Cette  opinion  est  très  plausible  ;  le 
mot  noyau  ne  signifie  en  plumier  lieu  non 
plus  que  le  noyau  de  la  noix.  Diez  remarque 
la  coïncidence  des  significations  pépie  et  pépin 
dans  rit.  pipita  et  l'esp.  pepita;  cela  indique- 
t-il  une  communauté  d'originel  —  D.  pépi- 
nière.   

PÉPINIÈRE,  voy.  pépin.  —  D.  pépinié- 
Hste. 

PÉQUIN,  voy.  pékin. 

PEROALE,  toile  de  coton  plus  fine  que  le 
calicot.  Mot  d'origine  persane.  —  D.  perca- 
line. 

PERCEPTEUR,  L.  perceptor  (qui  percipit); 
pei'ception,  L.  perceptio;  perceptible;  tous 
formés  de  perceptum,  supin  du  verbe  perci- 
pere,  lequel,  traité  d'après  la  troisième  conjug. 
latine,  a  donné  le  vfr.  perçoivre,  et,  traité 
d'après  la  deuxième,  la  forme  actuelle  perce- 
voir. 

PERCER  (d'où  l'angl.  pierce),  picard  ;>«•- 
chier,  prov.  perçar;  d'après  l'opinion  de  Mé- 
nage, reproduite  par  Diez,  c'est  une  contrac- 
tion du  vieux  verbe  pertuisier,  prov.  pcrtu- 
sar,  it.  pertugiare.  Ce  dernier  est  formé  de 
pertusus,  participe  de  pertundere,  perforer. 

—  Si  le  L.  anie  ou  plutôt  le  cps.  abante  a  pu 
donner  avance^*,  il  m'avait  semblé  qu'il  ne  se- 
rait pas  si  téméraire  de  faire  procéder  le  mot 
percer  de  per,  ou  plutôt  de  pei'-s  (s  adverbial), 
et  j'avais,  dès  ma  première  éd.,  avancé  cette 
étymologie  comme  une  modeste  conjecture. 
Bien  qu'elle  fût  jugée  digne  d'attention  par 
Littré,  qui  l'appuie  de  l'expression  de  Rabelais 
»  percer  un  fossé  ••,  j'y  renonce,  surtout  à 
cause  de  la  fonne  picarde  perchier,  dont  le 
ch  ne  concorde  pas  avec  un  type  lat.  'persare; 
le  mot  avancer,  dont  je  faisais  état,  ne  pro- 
cède pas  d'un  élément  adverbial  s  ajouté  au 
thème  abant,  mais  du  type  barbare  abantiare. 

—  Littré  avait  aussi  relevé  une  glose  de 
Festus  :  pei'sicus  =  prœacutus,  mais,  nous 
venons  de  le  voir,  il  est  difiicile  de  imrtir  d'un 
thème  ])ers;  j'accorde  toutefois  qu'un  type 
persicare  ne  serait  pas  contrarié  par  la  fonne 
pic.  perchie7\  —  Une  nouvelle  explication 
c'est  fait  jour  depuis  ma  dernière  édition; 
c'est  celle  de  M.  Bartsch  (Grôb.  Ztschr.,  Il, 
309).  Il  admet  pour  base  de  percei*  un  ty]ie 
peritiare,  tii-é  de  }terire,  au  sens  de  l'anc. 
trespasser  =»  traverser,  pénétrer.  Pour  la 
signification,  il  rappelle  la  transformation 
française  que  l'on  a  fait  subir  au  primitif 
celtique  qui  est  au  fond  du  nom  de  Pcrceval, 
et  qui  Â  son  tour  a  déterminé  le  nom  de  Per- 
ce forcst;  pour  la  lettre,  il  se  prévaut  do  l'ana- 
logie de  fr.  comenckier,  comcncier  issu  de 
ci'm  -\-  initiare.  G.  Paris  (Rom  ,  VII,  630) 
oppose  à  cette  solution  do  la  question  par 
peritiare,  que  cette  foiTne  constitue  une  fic- 
tion monstrueuse  et  nullement  analogue  à 
initiare,  qui  procède  du  subst.  initium,  en- 
suite que  ridée  primitive  de  «  aller  à  travers  » 
inhérente  à  jierire  s'était  déjà  effacée  en  latin. 
D'ailleurs,  M.  Paris  ne  croit  pas  devoir  aban- 

25 


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PÉR 


—  386  — 


PER 


donner  définitivement  l'ét.  pertusiarc,  qui  a 
i-égulièrement  pu  se  conjuguer  en  vfr.  au 
présent  de  rind.,de  la  façon  suivante  \pertuis, 
periitiseSf  pertuiset,  pertsons  (=  perçons), 
perisiez  (=»  percez),  periuisent,  —  Composé 
transpercer, 

PERCEVOIR,  voy.  perception,  Cps.  a-per- 
cevoir. 

1.  PERCHE,  esp.,  port,  percha,  prov. 
]h^ia,perffa,  \i.pertica,àvLh.j)eriica  (pert'ca, 
j>erca),  —  D  i}ercher,  se  poser  sur  une  per- 
che ;^>/^c//i5. 

2.  PERCHE,  poisson,  L.  perça  {itïpA^), 
PERCHER,  voy.  perche, 

PERCLUS,  L.  perclxisxis  (inus.),  «  entiè- 
rement enfermé,  privé  de  mouvement. 

PERCUSSION,  L.  percussionem  (perçu  tero). 

PERCUTER,  néolog.,  du  L.  percutere, 
frapper. 

PERDRE,  L.  perdere,  —  D.  perte,  subst. 
participial  =  L.  perdita,  perdition,  L.  per- 
ditio;  adj.  perdable. 

PERDREAU,  dimin.  de  joerdna? ;  formé  du 
thème  perd  à  la  façon  de  lapereau. 

PERDRIGON,  anc.  fr.  perdigoine,  sorte  de 
pnme  noire,  d'après  Roulin  (Liltré,  Suppl.) 
du  village  de  Perdigon,  province  de  2amora, 
Espagne. 

PERDRIX,  vfr.  perdis,  pietris,  it.  perdice, 
pernice,  es^.,  prov.  perdiz,  angl.  pariridge, 
du  L.  perdicem  {nkpci^)  avec  insertion  de  r. 
—  D.  perdreau  (v.  c.  m.). 

PÈRE,  prov.  paire,  du  L.  patrem  (nom. 
pater). 

PÉRÉGRINER.  L.  pcregrinari  (voy.  pèle- 
rin). —  D.  pérégrination, 

PÉRÉGRINITÉ,  L.  peregriniiaiem. 

PÉREMPTION,  L.  peremptionen  (de  piTù 
more,  détruire,  «=  fr.  périmer).  —  Peremp- 
toire,  L.  peremptorius,  litt.  qui  abat,  qui 
renverse. 

PEREQUATION,  L.  per-œquationem,  égali- 
sation parfaite,  répartition  éfpiitable. 

PERFECTIBLE,  adj.,  fait  du  L.  perfectnm, 
supin  do.perficcre,  parfaire,  perfectionner. 

PERFECTION,  L.  perfectionem,  —  D.  per- 
fectionner. 

PERFIDE,  L.  per-fidus  (qui  transgresse  la 
foi);  subst.  perfidie,  L.  perfidia. 

PERFORER,  L.  per-forare, 

PÉRICARDE,  gr.  mpi^iûpoioi,  qui  entoure  le 
cœur.  —  D.  pMcardite. 

PÉRICARPE,  gr.  Tttpi^àpitiov,  qui  entoure 
le  fruit. 

PÉRICLITER,  L  j^ci-iclitari  (periculum). 

PÉRIL,  itvoy.  periih,  du  L.  periailum.  — 
D.  périlleux,  L.  j)ericulosus. 

PÉRIMER  (mot  savantj,  L.  2)C}'iuiere,  pr. 
anéantir.  ^ 

PÉRIMÈTRE,  gr.  Ttsol-fiîrpov,  ligne  qui  me- 
sure le  circuit  d'un  corps. 

PjdîRIODE,  L.  periodus,  gr.  ittpi-oSo;,  pr. 
chemin  autour,  circuit,  contour,  puis  cours, 
révolution  d'un  astre,  époque,  ])énode.  Dans 
le  sens  du  mot  en  rhétorique,  Cicéron  tradui- 
sit ce  tenue  grec  par  ambitus  verbwum.  — 
Le  mot  fr.  prend  le  genre  masculin,  quand  il 


s'applique  à  un  point  (ordin.  le  plus  haut 
point  ou  point  culminant)  ou  à  un  espace  de 
temps  indéterminé.  —  D.  périodique,  d'où 
périodicité. 

PÉRIPÉTIE,  gr.  izipKTzïrnx,  subst.  del'adj. 
TTspiTTîT^î,  tombé  ou  tombant  autour  ;  la  péri- 
2)étie  est  étymolo/çiquement  un  mot  analogue 
à  catastrophe,  litt.  =  renversement.  C'est  un 
événement  subit,  imprévu,  amenant  le  dénoù- 
ment  d'une  action  dramatique. 

PÉRIPHÉRIE,  gr.  nspi-fiour,  traduit  exac- 
tement par  le  L.  circum-ferentia ,  circonfé- 
rence. 

PÉRIPHRASE,  gr.  TttfA-fpxm,  litt.  =  lat. 
circumlocutio,  circonlocution . 

PÉRIR,  L.  per-irc.  —  La  valeur  radicale 
de  l'élément  ir  =  L.  ire  f racine  t  =-  aller) 
s'esfe  effacée,  et  cet  élément  est  réduit  au  rùlo 
de  siniple  terminaison  conjugalive;  cp.  issir 
de  exire.  Autr.  périr  avait  aussi  le  sens  actif 
de  faire  mourir.  —  D.  périssable, 

PÉRISTYLE,  gr.  ffs.cf^roAov  (de  itipl,  autour 
+  7r»"i)o;,  colonne). 

PERLE,  vfr.  pelle,  it.,  esp.,  prov.  ^>cr/a, 
port,  pei'ula,  vha.  perala,  berala,  ags.,angl. 
l^earl,  BL.  perula  (gloses  dlsid.j.  On  peut 
balancer  entre  L,.  pirula  (àQ  piruni,  'li.pera)^ 
petite  poire  (cp.  bacca  =  baie  et  perle)  et  pi- 
lula,  i)etite  bille  {l  changé  en  r;.  D'autres  ont 
vu  dans  perle  une  modification  de  pcrna, 
sorte  de  coquille,  et  en  effet  les  Napolitains  et 
les  Siciliens  disent  ji>cr;îa  pour /jf*i7a,  et  en  it. 
pei'nocchia  veut  dire  nacre.  Mais  c^jrament 
port,  perula  et  vha.  perala  .s'accommode- 
raient-ils de  l'étym.  pcrna  f  Un  quatrième 
parti  enfin  propose  une  origine  de  sphœrula, 
BL.  spir'uta.  —  D.  jyet^lé,  perler. 

PERMANENT,  L.  per-manenteni.  —  D,  per- 
manence. 

PERMÉABLE,  L.pei'-nieaJjilis  =  par  où  l'on 
peut  passer  (per-meare).  —  D.  impertneable, 

PERMETTRE,  L.  per-mittere  (litt.  laisser 
passer),  d'où,  par  le  supin  permissiim  :  per- 
missionem,  fr.  permission;  permissura,  fr. 
j/crmis 

PERMISSION,  voy.  petrneltre,  —  D.  per- 
missionner^  permissionnaire, 

PERMUTER,  L.  per-mutare,  —  D,  permu- 
tation^ permutable, 

PERNICIEUX,  L.  pernidosus  frac,  ncx), 

PÉRONNELLE,  femme  sotte  et  babillarde, 
par  syncope,  du  prénom  Pétronelle. 

PÉRORER,  L,  per-orare,  1.  discourir,  trai- 
ter une  (piestion  d'une  manière  complète, 
2.  terminer  un  discours  ;  c'est  à  ce  deuxième 
.sens  classique,  étranger  au  verbe  fr.,  que  se 
rapporte  Icsuhst.  péroraison,  L.  perorationem. 

1.  PÉROT,  baliveau  qui  a  l'âge  do  deux 
coupes  ;  dim.  de  père;  on  dit  aussi  parle  mémo 
trope,  tayon,  pr.  grand-père. 

2.  PÉROT,  ])cr roquet,. voy.  perroquet, 
PERPENDICULE,  L.  perpetuliculum,  fil  à 

plomb.  —  D.  perpendiculaire,  -arité. 

PERPÉTRER,  L.  per-petrare  (patrare). 

PERPÉTUEL,  BL.  pcrpetualis,  extension 
de  perpctuus  ;  verbe  2}erpéiuer,  L.  perpetuaro 


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PER 


387  — 


PES 


(d'où  pa-pétuatimi)  ;  &uhsi.  perpétuité,  L.  pei^ 
petiiitatem. 

PEPLEXE.  L.  per -plexus,  compliqué,  em- 
brouillé. —  D.  perplexité,  L.  perplexitatem. 

PBRQUISITEUR,  -TION,  L.  perquisUor,  -tio, 

PBRRÉ.  PERRIÈRE,  voy.  pien-e. 

PERRIQUE,  voy.  so\x& perruque, 

PERRON,  voy.  pierre, 

PERROQUET,  it.  pai^^occhetto,  esp.  péri-» 
quito.  Selon  les  uns,  de  parochiis,  paroissien, 
le  perroquet  étant  envisagé  comme  l'oiseau 
favori  du  clergé  (voy.  pape-gai).  D'autres,  par- 
tant de  la  forme  espagnole  penco,  primitif  de 
pcriquito,  expliquent  celle-ci  par  petit  Pierre 
ou  pierrot  (cp.  marmot  î=  pie,  etc.).  Cette  éty- 
mologie  convient  très  bien  à  l'angl.  parrot  et 
fr.  pérot.  Diez  se  borne  à  citer  ces  deux  opi- 
nions, mais  il  ne  se  prononce  pas.  Pour  ma 
part,  je  considère  perroquet  comme  un  dimin. 
de  pei'ruche,  et  ce  dernier  comme  une  variété 
de  perruque  (v.  c.  m.).  C'est  donc  pr.  l'oiseau 
à  perruque.  Je  sais  bien  que  la  huppe  n'est 
pas  précisément  un  caractère  distinctif  du 
lierroquet,  mais  les  noms  vulgaires  des  ani- 
maux ne  sont  pas  fondés  sur  des  définitions 
scientifiques  rigoureuses.  On  n'a  qu'à  compa- 
rer les  formes  it. ,  esp.  et  fr.  aux  formes  corres- 
pondantes pour  jjerruque  (it.  parrucca,  esp. 
pericOy  toupet  et  perruche,  fr.  pennique)  pour 
incliner  pour  ma  manière  de  voir.  Quant  à  la 
signification  maritime  du  mot,  on  peut  con- 
jecturer, dit  Littré,  que  l'idée  do  capuchon,  de 
perruque  (cp.  l'équivalent  it.  pappafiœ,  pr. 
capuchon),  de  perroquet,  a  suggéré  cette 
dénomination. 

PERRUCHE,  voy.  perroquet. 

PERRUQUE;  ce  mot  que  l'on  rencontre 
jiour  la  première  fois  dans  Coquillart,  parait 
être  d'importation  italienne.  Dans  cette  langue, 
on  trouve  parrucca  et  perrucca,  coifl'ure  à 
longues  boucles.  Nous  n'approuvons  pas  l'éty- 
inologie  mise  en  avant  par  Wachter  et  d'après 
laquelle  perrucca  viendrait  du  grec  Ttùpfuxoi, 
fauve,  jaune,  parce  que  les  premières  perru- 
ques étaient  ftiites  de  cheveux  blonds,  couleur 
foil  estimée  des  Romains.  Les  formes  si  cil., 
sarde  jjîlucca,  lomb.  pelvch,  esp.  pcluca 
engagent  à  se  rallier  à  l'avis  de  Diez  qui  rap- 
porte le  mot  au  subst.  L.  pihis,  poil,  cheveu. 
On  voit  le  même  suffixe  v.c,  appliqué  au 
même  radical,  dans  it.  pilnccarc,  prov.  pelu- 
car,  fr.  é-plucher,  —  Mais  d'où  vient  l'esp. 
jferico,  toupet,  dim.  ^>er/gMî7o,  perroquet? 
Est-ce  le  même  radical  pil  pourvu  d'un  autre 
suffixe?  —  ï>.2)erruquier. 

PERS,  bleu,  violet,  BL.  persus,  persicus, 
-  color  ad  cœruleum  vel  ad  persici  mali  colo- 
rem  accc«lens  ». 

PERSE,  toile  de  lin  peinte,  de  la  Perse, 
pays  d'origine. 

PERSÉCUTER,  d'un  type  L.  pei^secutarc, 
fréq.  de  per-sequi  (voy.  poursuivre)^  cp.  exé- 
cuter de  exsequi.  Du  supin  persccutum  :  les 
subst.  persecutor, -tio,  iv,  persécuteur,  persé- 
cution. 

PERSÉVÉRER,  L.  pcr-scverare,  pr.  ne  pas 
quitter  sou  sérieux  (severus),  sou  ardeur,  res- 


ter inflexible  jusqu'au  bout.  —  D,  persévérant, 
-atice, 

PERSICOT,  dér.  du  L.  persicum,  pêche. 
PERSIENNE,  contrevents  à  jour,  ainsi  nom- 
més, dit-on,  parce  que  c'est  de  cette  façon 
que  les  croisées  sont  fermées  en  dehors  en 
Perse. 

PERSIFLER,  L.  per-sibilare\  mot  de  créa- 
tion nouvelle.  —  D.  persiflage. 

PERSIL,  vfr.  pierresil,  it.  petrosello,  -sel" 
lino,  esp.  perefil,  port,  perrexil,  prov.  pej/- 
ressilh^  ail.  petersilie,  angl.  parsley,  du 
L.  petroselinum,  gr.  mrpo^iUvov,  litt.  ache 
d6srochers,opp.à  ùSpo<7i}ivov,  ache  aquatique. 
Notez  en  vfr.  et  dans  les  patois  du  Nord  la 
forme  présin  (p.  persin,  à  Liège  piersin,  cp. 
V.  flam.  persyn)  ^=  persil.  —  D.  persillade, 

PERSISTER,  L.  per-sistere,  —  D.  persis- 
tant, d'où  persistance, 

PERSONNE,  L.  persona,  pr.  masque  que 
portaient  les  acteurs,  puis,  par  métonymie, 
rôle  d'un  acteur,  personnage  représenté  par 
lui  ;  enfin,  le  mot  a  fini  par  représenter  en 
général  l'idée  d'individualité,  de  personnalité. 
—  Le  mot  personne  est  ainsi  devenu  le  syno- 
nyme de  homo,  de  sorte  que  ne-perso7tne 
équivaut  à  «ewio.  —  D.  personnage,  pr.  per- 
sonne avec  égard  au  rôle  qu'elle  joue  dans  une 
composition  dramatique  ou  dans  le  monde; 
personnel,  acy.  et  subst.  (d'où  personnalité, 
-aliser)  ;  personnifie^'  (d'où  personnification), 
traiter  une  chose  abstraite  ou  inanimée  comme 
ube  pei'sonne  vivante. 

PERSPECTIF,  PERSPECTIVE,  du  L.  pers- 
pectum,  supin  de  per-spicere,  voir  à  travers. 

PERSPICACE,  L.  perspicax,  qui  a  la  vue 
pénétrante.  —  D.  perspicacité,  L.  perspica- 
citatem.     

PBRSPICUITÉ,  L.  perspicuitatem,  transpa- 
rence, clarté  (de  l'adj.  perspicuus), 

PERSUADER  (mot  savant),  L.  per-suadere, 
dont  le  supin  persuasum  est  la  base  des  dér. 
persuasion,  L.  persuasionem,  persuasible,  L. 
persuasibilis,  persuasif. 

PERTE,  voy.  perdre.  —  Les  formes  vfr. 
perde,  prov.  perda,  sont  des  subst.  verbaux 
tirés  directement  du  radical  perd, 

PERTINENT,  L.  per-tinens,  qui  appartient 
à,  qui  se  rapporte  à,  convenable.  —  Ù,  perti- 
nence ;  imperti}wnt[v,  c.  m.). 

PERTUIS,  trou,  ouverture,  passage,  du 
L.  2)ertusus  (ou  plutôt  d'une  forme  barbare 
pertusius),  percé,  troué,  part.  às> pertundei'e. 
—  D.  pertuiser  (t.  vieilli),  voy.  percer, 

PERTUISANE,  voy.  ^\\s  partisan. 

PERTURBATEUR,  -ATION,  L,  perturbalor, 
-ationenx. 

PERVENCHE,  L.  pcrcinca, 

PERVERS,  voy.  l'art,  suiv. 

pervertir;  L.  per^œi^ere,  dont  le  part. 
pei'-versus  a  donné  pervers,  d'où  perversité, 
L.  -itatem.  —  D. perversion,  L.  perversionem. 

PESANT,  voy.  peser.  —  D.  vfr.  pesance, 
ennui,  affliction;  pesanteur  [c^.  puanteur  de 
puant)  ;  verbe  appesantir, 

PESER,  1.  sens  actif,  examiner  le  poids, 
2.  sens  neutre,  avoir  du  poids.  D'un  type  latin 


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PET 


388  — 


PEU 


pcnsare,  fréq.  de  pendere.  Au  sens  actif  se 
rapportent  les  dér.  pesage,  peseitr,  pe^ée;  au 
sens  neutre,  l'adj.  part,  pesant  et  le  subst. 
peson,  contrepoids.  —  Voy.  aussi  penser'  et 
poids, 

PESSAIRE,  L.  pessarium,  m.  s.,  dér.  de 
pessum  {niiiôv),  m.  s. 

PESSE,  sapin,  du  L.  picea  {de  pix,  poix). 

PESSIMISME,  -ISTE,  qui  voit  tout  comme 
allant  très  mal,  du  L.  pessimits,  très  mauvais. 

PESTE,  L.  pestis.  — r  D.  verbe  j)ester,  se 
rattachant  au  mot  peste,  en  tant  qu'interjec- 
tion de  la  répugnance  ou  de  l'indignatich  ; 
pestilent,  L.  pestilens  ;  pertifère,  L.  pestifer, 
d'où  pestiféré^  infecté  de  peste. 

PESTILENT,  yoy.  peste.  —  D.  pestilence, 
L.  pestilentia,  d'où  pestilentiel, 

PET,  voy.  péter. 

PÉTALE,  gr.  itkruUv,  feuille. 

PÉTARD,  voy.  péter.  —  D.  pétarder. 

PÉTAUDIÈRE,  pr.  la  cour  du  roi  Pétaud, 
assemblée  confuse  où  tout  le  monde  est  maî- 
tre. On  prétend  que  l'exprevssion  «  la  cour  du 
roi  Pétaud  «  désigne  pr.  une  a.ssemblée  de 
gueux,  de  mendiants,  et  que  Pétaud  est  un 
tenue  burlesque  formé  du  L.  petere  deman- 
der, mendier.  Littré  pense  que  Pétaud  signi- 
fie pr.  péteur,  et  il  en  fournit  un  exemple  tiré 
de  Des  Accords. 

PÉTÉCHIES.  it.  petecchie,  esp.  petequias; 
d'après  Littré,  de  peste,  étymol.  conti-airc  à  la 
forme  et  qu'un  prstichiœ  isolé  du  xvi*  s.  ne 
suffit  pas  à  confirmer;  d'après  Diez,  du  plur. 
gr.  Trirràxtoc,  petites  pièces  ou  mouches,  en- 
duites d'onguent,  qui  servaient  d'emplâtres; 
cp.  L.  pittacium,  emplâtre. 

PÉTÉR;  ce  verbe  est  prob.  dérivé  de  pct^ 
de  sorte  qu'il  no  faut  pas  prendre  ce  dernier 
pour  le  subst.  verbal  de  péter.  Or,  le  subst. 
pet,  it.  peto,  représente  le  L.  peditum  =  cre- 
pitus  ventris,  qui,  lui,  est  le  subst.  partici- 
l)ial  du  verbe  pedere,  Rabelais,  pour  repro- 
duire ce  dernier,  orthographiait  arbitraire- 
ment ^)ec?er.  De  pedere^  le  vfr.  avait  fait ^otrc 
(subj.  poie).  —  D.  pHarade,  pétard,  péteur 
ou  péteux,  pétiller,  éclater  avec  un  petit  bruit 
réitéré  (v.  c.  m.). 

PÉTILLER.  Je  pense  qu'il  faut  distinguer 
deux  homonymes.  L'un  est  Iq  diminutif  de 
péter;  il  s'applique  dans  les  expressions  «  le 
bois  pétille  dans  le  feu  »,  et  sombl.  C'est  ce 
pétillei*-ci  qui,  par  une  métaphore  naturelle 
(transport  des  perceptions  de  l'ouïe  à  celles  de 
la  vue),  a  donné  l'adj.  })étiUant  =  brillant;  le 
verbe  éclater  offre  \ine  métaphore  du  même 
genre.  —  Dans  l'emploi  de  pétiller  =  être 
impatient,  ardent  (•*  pétiller  de  joie,  d'indigna- 
tion "),  le  verbe  est  synonyme  de  trépigner, 
.«autiller,  piétiner;  on  peut  le  rattacher  au 
L.  pt'S,  ficdis,  fr.  pied  (le  t  ne  serait  pas  plus 
anomal  ici  que  dans  empiéter,  piétiner,  peton 
et  piéton),  ou  bien,  ce  qui  est  préférable,  vu 
l'ancienne  orthographe  pestil  1er (tvaduït  dans 
Palsgravc,  par  paddyll,  patauger,  cp.  wallon 
pcstelé,  pitié,  m.  s.),  au  L.  pistare.  \i.jyestare, 
fouler,  piétiner  (dopistum,  supin  dQpinsere), 

VIËTIT,  Cet  adjectif,  d'après  l'opinion  très 


probable  de  Diez,  e.st,  ainsi  que  le  v.  it.  piUito, 
petitto,  prov.,  ciit.  petit, n.  pvoy.pitii,w3\[.piti, 
angl.  petty,  le  rejeton  d'une  racine  celtique 
pit,  signifiant  qqch.de  pointu  et  mince  (cymr. 
pifi,  pointe).  A  cette  racine  Diez  rappoilô 
encore  esp.  pito,  petit  bois  jwintu,  vfr.  piti\ 
nom  d'une  très  petite  monnaie  fici,  Diez  i)our- 
rait  bien  se  tromper,  v.  c.  m.),  rouchi  pdc, 
bagatelle,  dial.  de  Cème  pit,  peu,  ssivde pitia'., 
petit,  valaque  pi  tic  nain,  vfr.  pcterin,  jjetit  et 
faible.  Quant  au  rapjwrt  logique  entre  p<:>intu, 
effilé  et  petit,  on  peut  comparer  Tit.  piccolo, 
petit,  qui  bien  certainement  vient  depjc,  pointe. 
Pour  la  terminaison,  Diez  pense  que  jjctit  est 
une  modification  euphonique  de  petet.  Littré 
suppose  que  L.  petilus,  mince,  grêle,  ej^t  àQ 
la  même  famille.  —  La  vieille  langue  traitait 
petit  aussi  en  adverbe,  avec  la  valeur  de  jkm. 
Elle  disait  un  petit  p.  un  peu.  Cette  valeur 
nous  est  restée  dans  les  expressions  jietit  a 
petit,  gagne-petit.  —  D.  petitesse,  apetissn-, 
rapetisser.  On  avait  autr.  les  dimin.  2)etitct, 
petiet  Qt  petiot, 

PÉTITION,  L.  peiUionem  (petere).— D./k^j- 
tionner,  pétitionnaire. 

PETON,  voy.  pied, 

PÉTONCLE,  du  L.  pectunculus  (i>ccten). 

PÉTREL,  oiseau  de  mer,  de  Petrus,  jwr 
allusion  à  l'apôtre  Pierre  mai  chant  sur  les 
eaux.  L'ail,  dit petcrsvogel . 

PÉTRIFIER,  pr.  rendre  pierre,  L.  j^^trifi- 
care*  fpotro).  —  D.  pélnfication. 

VitLBIS,  pestrin' ,  du  L.pisirinum,  moulin 
à  blé,  voy.  jtétrir.  La  locution  «  être  dans  U' 
IMitrin  "  se  rattache  au  L.  pistrinum,  dans  lo 
sens  fig.  «  endroit  de  travail  pénible,  affairo 
difficile,  joug  ».  Cp.  la  phrase  de  Cicéi*on  : 
"  tibimccumin  eodem  pistrinoestvi?endinn». 
il  nous  faudra  travailler  dans  le  même  mou- 
lin, c.-â-d.  traîner  le  même  boulet. 

PÉTRIR,  anc.  pestrir^  prov.  pestrir,  près- 
tir;  selon  Diez,  d'un  ty \yQ  pisturire,  formé  du 
L.  pistura  (subst.  depi?iserc),  action  de  mou- 
dre le  grain  pour  faire  du  j)ain.  Comj).  pr()v. 
pestre,  it.  pistore,  du  L.  pistor,  boulanger. 
Pour  la  syncope  de  Vu  dans  pisturire,  cp.  cin- 
trer de  cinctura,  it.  scallrire  de  scalptura.^ 
Le  mot  pétrir  n'éveille  plus  dans  sa  signitica- 
tion  actuelle,  comme  le  latin  pistor,  l'idôe  de 
moudre  le  grain,  mais  celle  de  remuer  la 
farine  détremi)ée  avec  de  l'eau;  dans  l'inu^ 
comme  dans  l'autre  de  ces  opérations,  cepen- 
dant, subsiste  toujours  lïdée  de  broyer,  écra- 
ser. —  D.  pétrissage, 

?tTBX}iLË,BL.petfX)leu)n  {dépêtra,  pieriv, 
et  oleum,  huile).  —  Des  événements  de  jn-ni- 
ble  mémoire  on  fait  naître  le  dérivé  pétro- 
leuse (cp.  le  néolog.  dynamitard). 

PETTO  (IN),  locution  italienne,  signifiant 
litt.  dans  la  poitrine,  dans  l'intérieur  du  cœur, 
en  secret.  Ce  subst.  it.  petto  répond  au  L.jx'c- 
tus,  ^ 

PÉTULANT,  h.pctulaîis.  —  D.  pétidmce, 
L,  petulantia. 

PEU,  vfr.  pau,  ]X)i,  pou,  po,  prov.  pauc, 
it.,  esp.  poco,  du  L.  paucus,  L'anc. 


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PHI 


—  389  — 


PIA 


employait  encore  le  mot  adjectivement,  p.  ex. 
2toies  c/ioses  =^  res  paucas. 

PETJGÉDAN.  L.  pcifcafanum,  gr.  rs'j/îôav«v. 
—  D.  pcncédanite,  t.  de  chimie. 

1 .  PEUPLE,  vfr.  j}Citble^jM*ulc,  prov. poble, 
esp.  2}iteàh,  du  L.  pojmhts  (it.  liopolo).  — 
D.  pcupicule;  verbe  jjei'pler,  emplir  d'habi- 
tants ;  notez  que  notre  fr.  peupler  dit  le  con- 
traire du  L.  popidarif  qui  équivaut  à  dépeu- 
pler, dévaster. 

2.  PEUPLE,  peuplier,  L.  popnhts,  — 
D.  peuplier. 

PEUPLIER,  voy.  peuple  2.  —  D.  peuple- 
raie, 

PEUR,  forme  contracte  de  vfr.  paour, 
peeur,  qui  répond  au  L.  parorem.  —  D.  peu- 
reux (vfr.  lieitreux). 

PHAÉTON,  sorte  de  petite  voiture  légère 
et  découverte,  nommée  ainsi  par  allusion  au 
char  du  soleil  que  Phaéthon  voulut  conduire. 
Autr.  on  employait  le  mot  dans  le  sens  do 
conducteur  ou  cocher. 

PHALANGE,  L.  phalanx  (?à)av?),  armée, 
ordre  de  bataille.  Les  anatomistes  ont,  par 
comparaison,  nommé  phalanges  les  trois  par- 
ties dont  se  compose  chaque  doigt,  parce 
qu'elles  sont  rangées  les  unes  d  cCM  des  autres 
comme  des  soldats  en  bataille.  —  D.phdlan- 
stère^  néologisme  créé  par  Fourier. 

PHARE,  du  L.  2>^^i^s,  m.  s.,  pr.  le  nom 
de  l'Ile  de  Pharos  près  d'Alexandrie,  célèbre 
par  le  phare  qu'y  lit  construire  le  roi  Ptolé- 
mée-Philadelphe. 

PHARMAGIE.gr.  ^ao/xa/slov.  dér.  deoâ/s/ia/.ov, 
médicament.  —  D.  pharmacien,  —  bu  verbe 
ç>a|5,tta/£wuv,  donner  des  médicaments,  vient 
l'adj.  99C9usf/su7ixo;,  fr.  pharmaceutique.  — 
Pharmacoj)ei%  du  gr  fxpfixnonoloc,  prépara- 
tion des  médicaments.  —  Pharmacolo^e^ 
science  des  médicaments. 

PHARYNX,  gr.  oi/auyt.  m.  s. 

PHASE.  L.  phasis,  gr.  fxn;,  apparence, 
manière  do  paraître  {^ic-uv). 

PHEBUS.  stylo  ampoulé  et  prétentieux. 
Cette  expression  vient,  dit-on,  d'un  ouvrage 
de  vénerie,  écrit  au  xiv®  siècle  par  le  comte 
Gaston  do  Foix,  intitulé  Miroir  de  Phêbus. 
Il  est  plus  probable  que  phébiis  =  langage 
d'un  faux  brillant,  doit  son  nom  au  gr.  f>9îS9,-, 
brillant,  comme  Phébus,  le  surnom  d'Apollon. 

PHENIX,  du  gr.  ^ofviç,  nom  d'un  oiseau 
fabuleux,  pr.  le  rouge. 

PHÉNOMÈNE,  gr.  oavtôfitv^v,  chose  qui  se 
présente,  qui  apparaît  (fxhfs^ixt).  —  D.  phc- 
noménal, 

PHILO-,  devant  les  voyelles  phil-,  =î  qui 
aime,  du  grec  ;>0o;.  ami.  Ce  mot  est  devenu, 
dans  la  langue  moderne,  un  élément  de  com- 
position très  usuel,  d'après  le  précédent  de 
compositions  grecques  telles  que  oi3iàv&/5'j7ro;, 
yfyiTTTroî,  etc.  Nous  recueillons  ici  les  princi- 
paux de  ces  composés  :  Philanthrope,  gr. 
oc>âvao«:r9<,  ami  de  l'homme.  —  D.  philan- 
thropie^  -ique,  -isme.  —  Philologue,  gr. 
&i)o>oy9;,  ami  de  la  littérature.  —  D.  philo- 
loffie,  'ique.  —  Philosophe,  gr.  ^oô-joifo^. 


ami  de  la  sagesse.  —  D.  philosophie,  -ique, 
-al  ;  philosopher,  L.philosophari.  —  Dans  les 
compost's  modernes,  on  a  pi^éféré  renverser 
les  termes:  bibliophile,  ami  des  livres,  icono- 
phile,  amateur  d'images.  Ce  procédé  est  con- 
forme aux  précédents  de  bibliographe,  gèo- 
ffraj)he,  etc.  Génin  a  eu  tort  do  trop  s'en 
formaliser,  en  rappelant  que,  d'après  l'usago 
grec,  6i6//op/«7« signifierait  «aimé  des  livres  » 
comme  théophile  veut  dire  «  aimé  de  Dieu  •. 
Les  mots  se  forgent  d'après  des  impressions 
vivantes  et  non  pas  d'après  le  sens  antique. 
Il  faut  accepter  ce  fait. 

PHILTRE.  L.  philtrum,  gr.  f^arpov,  litt. 
moyen  de  se  faire  aimer. 

PHOQUE,  du  L.  plioca  (và^u). 

PHOSPHATE,  terme  de  chimie,  arbitraire- 
ment forgé  sur  la  base  pliosph  du  mot  phos- 
phore. 


PHOSPHORE,  gr.   9U9po>9;,   qui  porte  la 
D.  phosphorique, 
phosphorescence. 


lumière,    qui  éclaire. 


PHOTOGRAPHE,  néologisme,  »  qui  fait 
des  dessins  (ypà^nv)  au  moyen  de  la  lumière 
(^ft»;,  ?>«TOi).  —  D.  photographie,  -ique,  -ter, 
—  Photogravure,  gravure  faite  d'après  un 
pro<^édé  photographique. 

PHRASE,  L.  phrasis,  du  gr.  fp&n;  (do 
9/9àJfiv,  dire). —  Û.phraser.  —  Phraséologie, 
pr.  science  relative  à  la  structure  de  la 
phrase. 

PHRÉNÉSIB,  voy.  frénésie. 

PHRÉN0L06IE,  pr.  science  de  resprit(9p^y). 

PHTISIE,  gr.  9&(»i;  (de  v&i-jiv,  disparaître, 
se  consumer).  —  D.  phtisique  (vfr.   tisique), 

PHTLLOXERA,  genre  d'insectes,  dont  une 
espèce  s'attaque  particulièrement  à  la  racine 
de  la  vigne  et  la  fait  périr  ;  le  naturaliste  qui 
a  créé  ce  terme  doit  avoir  eu  l'intention  de  lui 
faire  dire  «  dessèche-feuille  »,  puisqu'il  a  em- 
ployé les  éléments  grecs  ^ûlXov,  feuille  et  Zripôi, 
sec. 

PHYSIOLOGIE,  science  de  la  nature  (-jOyc;). 

PHYSIONOMIE,  du  grec  ^w^o/vw^fa*  (Sto- 
bée),  ft)rme  écourtée  de  ^wio/vw/iovia,  l'art  do 
celui  qui  juge  (yvw/A«v)  d'après  les  qualités 
naturelles  (^jjji;)  ;  part,  l'art  de  juger  du  natu- 
rel de  quelqu'un  par  l'inspection  des  traits  du 
visage  (on  emploie  dans  ce  sens  encore  le 
terme  physiogtiomonie).  Par  métonymie,  le 
terme  a  fini  par  s'appliquer  aux  traits  du 
visage  même  pris  dans  leur  ensemble.  — 
D.  pht/sionmniste, 

PHYSIQUE,  adj.,  gr.  çu^ixo;,  naturel,  do 
^U7i;.  nature;  subst.,  litt.  =>  science  de  la 
nature.    —  D.  physicien, 

PIAFFE,  vaine  somptuosité,  ostentation; 
subst.  verbal  de  piaffer,  faire  le  beaxi  ou  le 
brave,  d'où  piaffeur.  Grôber  (Ztschr.  X,  293) 
conteste  avec  raison  l'opinion  de  Tobler  qui 
voyait  dans  piaffci*  une  variété  de  pieffer  ', 
et  dans  celui-ci  un  dérivé  de  pief,  pied,  mo- 
dification do  piet  (cp.  fief  ==  fiet);  il  insiste  sur 
le  caractère  bissyllabique  de pia.  Selon  lui,  le 
mot  se  rattache  à  la  même  racine  que  pianner 
(du  cri  du  dindon),  piauler, piailler  et  autres; 
il  démontre,  d'après  un  passage  du  sieur  du 


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PIC 


—  390  — 


PIÉ 


Bartûs,  La  Semaine  V,  827  (Le  paon  cstoillé. . . 
pïafard  arrogant,  d*iine  desmarche  grave,  fait 
parade,  etc  ),  qu'il  s'est  appliqué  en  premier 
lieu  au  paon. 

PIAILLER;  le  radical  pi  est  onomatopée, 
comme  dans  jjî'auZcr,  L.  2iÙ^iTe,pipiIare,  etc. 
—  D.  piailleur,  -erîe. 

1 .  PIANO,  adv.,  mot  italien,  signifiant  dou- 
cement (du  L.  planus,  uni,  facile);  c*est  en 
musique  l'opposé  de  forte.  Superlatif  pianis- 
simo. Après  que  le  clavecin  fut  muni  d'un 
appareil  permettant  de  distinguer  les  piano  et 
les  forte,  on  désigna  ces  nouveaux  instru- 
ments par  le  nom  de  piano-forte  ou  forte- 
piano  ;  puis  en  omettant  le  forte,  on  finit  par 
àÀTQ piano  tout  court. 

2.  PIANO,  subst.,  nom  d'instrument  de  mu- 
sique, voy.  l'art,  préc.  —  D.  pianino,  dérivé 
italien  ;  pianiste,  pianoter. 

PIASTRE,  monnaie  italienne  et  espagnole  ; 
de  rit.  piastra,  pr.  lame  de  métal,  plaque. 
PIAULER,  voy.  piailler.  —  D.  pianlard^is, 

1 .  PIC,  oiseau,  L  picus  (de  la  même  racine 
que  l'équivalent  ail.  s-pecht).  Le  mot  latin 
pica,  qui  est  la  forme  féminine  àt  picus,  a 
donné  le  fr.  pie.  —  Composé  :  pivei't  p.  pic- 
vert,  esp.,  it.  piéo  verde, 

2.  PIO,  1 .  instrument  pointu  ;  2.  montagne 
à  sommet  pointu.  La  racine 731c,  «»  pointe,  est 
fort  répandue  dans  les  langues  de  l'Europe. 
C'est  à  elle  aussi  que  se  rapporte  le  mot  pré- 
cédent, pic,  l'oiseau  au  bise  pointu,  ou  qui 
pique  dans  l'écorce  des  arbres.  —  L'expression 
tailler  à  pic,  c.-à-d.  verticalement,  équivaut 
à  la  façon  de  parler  «  couper  au  couteau  »», 
c.-à-d.  couper  net,  sans  aspérité,  à  ras.  — 
D.  pique,  piquer,  picot,  pioche,  etc. 

PICHENETTE,  pic.  pihenote,  chiquenaude. 
D'origine  inconnue. 

PICHET,  aussi  picher  (cp.  angl.  pitcher), 
petit  vase  à  bec,  BL.  picarium,  bicaHum, 
prov.  pechiei',  pichier,  vfr.  pichier,  v.  it.  pe- 
chero,  it.  mod.  bicchiere.  Ces  mots  romans 
sont  identiques  avec  le  vha.  pehhar,  nha. 
bêcher,  néerl.  beker,  etc.,  =  gobelet  ;  cp.  gr. 
j5î/o«.  vase  à  anse. 

PICORER,  aller  en  maraude,  pr.  voler  du 
bétail,  du  L.  pecus,  pecoris,  bétail.  Cette 
étymologie  de  Diez  ne  m'inspire  pas  une 
entière  confiance.  —  B.picorée,  esp.  picoi^ea. 

PICOT,  dér.  de  pic,  chose  pointue. 

PICOTER,  fréq.  dépiquer. 

PICOTIN,  ration  d'avoine  que  l'on  donne  à 
un  cheval,  de  picoter;  ce  serait  donc  pr.  ce 
que  l'on  prend  en  une  seule  piquée.  Je  préfère 
cette  étymologie  à  celle  deLeDuchat,  qui  pen- 
sait que  le  mot  vient  de  ce  que  le  picotin  (ici 
pris  comme  le  nom  du  vase)  était  communé- 
ment enduit  de  poix  (L.  pix).  De  la  Monnoye 
dérive  le  mot  de  pichot  =  petit  (cp.  it.  pic- 
colo  et  le  mot  familier  fr.  pichon  =  petit  en- 
fant). Si  picotin  =  mesure,  n'est  pas  déduit 
de  picotin  *=  portion  d'avoine,  mais  plutôt  ce 
dernier  du  premier,  on  pourrait  rattacher  le 
mot  au  radical  de  pichet.  —  Ménage  pensait  à 
paucum,  un  tantinet,  donc  picotin  ^.poquitin. 
Dans  Estienne,  Deux  Dialogues,  on  trouve 


«  un  pocotin  de  loisir  »,  mais  c'est  un  italia- 
nisme. 

1.  PIE,  subst.,  voy.  pic.  Nom  de  couleur 
dans  cheval-pie.  —  D.  pi  et  te. 

2.  PIE,  adj.,  dans  «  œuvre  pie  »,  du 
L.  pius,  Voy.  pieux. 

PléÇÀ,  il  y  a  longtemps  ;  vieux  mot  com- 
posé de  pièce  a,  comme  qui  dirait  pièce  de 
temps  il  y  a.  Pièce  pour  temps,  espace  do 
temps,  est  fréquent  dans  les  anciens  auteurs. 
Montaigne  encore  disait  :  «  bonne  pièce  avant 
la  venue  de  .1.  C.  ».  —  Le  mot  piéçà  dit  le 
contraire  de  naguère. 

PI]ÈCE,  it.  pezza,  pièce  d'étoffe,  pesso, 
morceau,  esp.  piesa,  port,  peça,  prov.  peza, 
pessa.  Ce  mot  roman  se  produit  dès  le 
viu*  siècle  dans  la  latinité  du  moyen  âge  sous 
la  forme  petium,  petia,  et  avec  le  sens  de  mor- 
ceau de  terre  On  a  produit,  à  son  sujet,  les 
étymologies  suivantes  :  1 .  Cymr.  peth,  chose, 
morceau,  quantité,  bret.  péz,  pièce,  mor- 
ceau, goél.péos,  m.  s.,  mais  jamais,  observe 
Diez,  le  roman  s  ne  correspond  à  celt.  th,  2. 
Grec  îrsja,  pied,  bord,  lisière;  cett«  étymo- 
logie grecque  se  recommande,  outre  la  forme, 
par  la  circonstance  que  le  mot  pefium  parait 
avoir  pris  naissance  en  Italie.  3.  Contraction 
du  BL.  2)etacia,  petacium,  panni  fragmentum, 
=  it.  petaccia,  esp.  pedazo,  port,  pedaço, 
daco-rom.  pétecu,  prov  pedàs,  remplissage, 
languedocien  petas,  d'où  fr.  rapetasser  CeUe 
troisième  manière  de  voir  a  pour  elle  la  con- 
formité de  signification,  mais  il  est  diflScile 
d'admettre  la  contraction  de  pedazo  en  pesso. 
—  On  voit  que  l'origine  du  mot  est  encore 
enveloppée  d'obscurité.  La  source  la  plus 
naturelle  me  semble  être  le  primitif  (inusité) 
du  L.  2^^^iolus,  petit  pied  (it.  peszolo),  savoir 
petium,  qui,  dans  la  langue  vulgaire,  a  fort 
bien  pu  dégager  la  valeur  de  semelle,  de  chose 
plate  ou  de  chose  d'une  dimension  analogue  à 
celle  d'une  trace  do  pied  ou  enfin  celle  d'em- 
preinte. Or.  petium  est  de  la  famille  de  pes, 
2)edis,  à  laquelle  pourrait  appartenir  aussi  le 
susdit  esp.  pedazo,  etc.,  puisque  l'on  trouve 
en  prov  le  mot  peazo  (lequel  présuppose  une 
forme  antérieure  pedazo),  avec  le  sens  d'em- 
preinte de  pied.  (Diez,  il  est  vrai,  dérive  l'esp. 
pedaso  et  ses  correspondants  du  L.pittacium, 
gr.  TciTT&xtov,  morceau  de  papier  ou  d'étofle. 
mais  c'est  là  une  opinion  qui  reste  à  vérifier). 
Au  surplus,  la  filiation  logique  «  trace  do 
pied,  empreinte,  tache,  pièce  »  De  serait  pas 
isolée  dans  la  langue  ;  pour  la  transition  de 
l'idée  marcher,  fouler  du  pied,  à  celle  do 
tache,  je  ne  citerai  que  L.  macida  (dim.  do 
maca*)  d'une  racine  mac  ==  frapper  ;  et  pour 
le  passage  de  la  notion  tache  à  celle  de  mor- 
ceau, l'ail,  fleck  qui  signifie  l'un  et  l'autre,  et 
le  mot  fr.  tache  lui-même;  comparé  au  dérivé 
rouchi  tacon,  pièce,  morceau.  A  l'appui  du 
rapport  que  je  suppose  exister  entre  pièce  et 
le  h.peSy^e  me  prévaudrai  encore  de  la  forme 
pedica,  qui  se  trouve  employée  par  Anasta- 
sius  le  Bibliothécaire  (ix*  siècle)  dans  le  sens 
de  pièce  de  terre.  —  Une  autre  conjocturo 


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PIÈ 


—  391  — 


PIL 


pnnrrait  aussi,  mais  arec  moins  ào  plausibilité, 
foire  fond  sur  la  même  racine  ;)i< (devenue  par 
la  perte  de  l'accent  tonique/)^],  d'où  s'est  pro- 
duit petit  (v.  c.  m.  —  D.  vfr.  peçoier,  mettre 
en  pièces;  dépecer;  prov.  desjiessar;  rapiécer 
it.  rçLppezzare. 

PIED,  esp.  pie,  port.,  prov.  pe,  it.  ptede, 
du  L.  pedem  (nom.  pes).  C'est  sans  doute  à 
l'ancienne  orthographe  piet  qu'il  faut  attri- 
buer la  dérivation  du  subst.  piétm  (v.  c.  m.) 
et  des  verbes  pièter,  piétiner,  —  Composé  : 
contre-pied,  prov.  contra-pes. 

PIÉDESTAL,  de  Tit.  piedestallo,  composé 
de  piede,  pied,  et  de  stalh  (vha.  stal),  base  ; 
donc  pr.  reposoir  du  pied,  ail.  fuss-gesieU, 

PIEDOUGHE,  t.  d'architecture,  petite  base, 
de  Vit.  piedditccio,  console,  dira,  de  piede. 

PIÈGE,  it.  piedica,  du  L.  pedica  (pes), 
entrave,  piège.—  Pour  la  formation  àc piège, 
cp.  vfr.  miege  de  medicus. 

1 .  PIERRE,  prénom,  L  Petrus,  gr.  ïlirpoi, 
pr.  =  rocher,  traduction  de  l'hébreu  Képhas. 
—  D.  pierrot,  1.  personnage  du  théâtre, 
2.  =*  moineau  (v.  c.  m.). 

2.  PIERRE,  fém.,  prov.  petra,  peira,  cat. 
pedra,  esp.  jnedra,  it.  pietra;  dn  L.  petra 
(cp.  nourrir  de  nutrire).  —  D.  pierraille, 
pierreux,  L.  petrosus;  pierreHe,  pierrette, 
pierrier,  canon  pour  lancer  des  pierres  ; 
verbe  empierrer.  Dérivés  conservant  Ve  radi- 
cal non  diphthongué  :  perrière  =  carrière; 
pcri^i,  prov.  peiro,  peyron,  pr.  escalier  en 
pierre. 

PIERROT,  moineau,  dér.  de  Ptet^e;  cp. 
les  appellations  analogues  ;  sansonnet,  mar- 
got,  colas  (corbeau),  richard  (geai),  martin, 
robert,  fouquet. 

PIETÉ,  du  L.  pietàtem  (it.  pietà,  esp.  pie- 
fjlad),  —  D.  pitiétiste,  -ùme,  (néologismes).  — 
Voir  aussi  pitié. 

PIÉTER,  tenir  pied  ou  faire  tenir  pied  ;  de 
pied  (v.  c.  m.). 

PIÉTINER,  vfr.  pietier,  pietoier,  remuer  les 
pieds,  fouler,  de  piet',  pied. 

PIÉTON,  p.  ptédon,  d'un  type  L.  pedo, 
^onis  (d'où  it.  pedone,  esp.  peon,  prov.  peso, 
peoii).  Le  t  p.  d  dans  piéton  vient  prob., 
avons- nous  dit  sous  pi>rf,  de  Tancienne  ortho- 
graphe piet  ;  d'autres  cependant  voient  dans 
le  dérivé  piéton  un  type  L.  pedito,  -cmis,  dér. 
de  pedes,  -itis  (cp.  BL.  peditare,  aUer  à  pied). 
—  Voy.  aussi  pion, 

PIÈTRE  ;  on  a  proposé  L.  pedeJttris  (ped*- 
stris  —  pestris  —  piestre),  donc  pr.  qui  va  à 
pied,  opposé  à  cavalier,  puis  synonyme  de 
chétif,  misérable.  Cette  étymologie,  quelque 
peu  discréditée  par  l'absence  d'une  anc.  forme 
piestre,  a  été  réhabilitée  depuis  que  l'on  a 
rencontré  VtLà].peestre,  avec  le  sens  de  notre 
piètre,  dans  plusieurs  passages  de  Gautier  do 
Coinci  ;  peestre,  par  pïestre  (cp .  pion  \).peon), 
est  régulièroment  devenu  piètre  (cp.  diable  p. 
dïable,  lien  p.  Iten),  Voy.Tobler.  dans  Kuhn 
Ztschr.,  XXIII,  418.  La  forme  monosylla- 
bique piestre  au  sens  de  «  vulgaire,  commun, 
chétif  n,  est  d'un  fréquent  retour  dans  les  poé- 


sies de  Gille  le  Maisit  de  Tournai.  Voy.  mon 
Étude  lexicol.  sur  cet  auteur. 
PIETTE,  dim.  de  pie  l. 
PIEU,  du  vfr.  piV/,  forme  diphtbonguée  de 
pel,  môdificMion  de  pal,  L.  jmIus. 

PIEUX, adj.,  forme  extensive  de /)te,  répon- 
dant à  un  tvpe  piostis. 

PIEUVRE,  poulpe  ;  d'un  type  polpus  (p.  poli- 
pus),  transposé  eupoplus,  d'où  peutle,peHvre, 
diphthongué  piewcre.  .**/.. 

PIPPRB.  Le  premier  sens  de  ce  mot  est  pp  e 
(V  c  m.),  dont  il  ne  constitue  qu'une  variété. 
De  cett«  acception  parait  s  être  produite  celle 
de  joufflu,  c.-à-d.  aux  joues  gonflées,  bour- 
souflé comme  un  fifre,  puis  celle  de  goulu.  — 
D,  s'empiffrer,  .     . 

PIGEON,  vfr.  pipion,  pimon,  it.  ptpptone 
et  piccione,  esp.  pichon,  prov.  pyon,  du  L. 
pipionem  (dér.  de  pipare,  pipire),  —  D.  pi- 
geonneau,  pigeonnier,  . 

PIGNE,  fruit  du  pin.  L.  pinça  (pinus).  — 
H,  pignon  2.,  j    j_- 

PIGNOCHER,  prob.  une  variété  de  épino- 
cher,  qui  se  trouve  consigné,  avec  le  même 
sens,  dans  Bescherelle.  En  le  rapportant  au 
L.  spina,  on  interprète  ce  verbe  par  -  éplu- 
cher scrupuleusement  ce  que  l'on  mange  en 
écartant  les  épines  ou  arêtes  «.  —  La  parenté 
avec  spina  se  confirme  par  le  terme  pigne- 
rolle  =  chardon  étoile,  qui  selon  toute  appa- 
rence vient  de  spina.  Du  reste,  on  prononce 
aussi  pw  oc/te)'. 

1  PIGNON,  it.  pignone,  dér.  du  L.  ptmm, 
créneau  de  muraille.  Le  t.  d'horlogerie  a  la 
même  origine. 

2.  PIGNON,  voy.  pigne, 
PILASTRE,  de  l'it.  pilastro,  dér.  du  L.. 
pila,  pilier. 

1.  PILE,  auge  servant  à  broyer,  du  l^. 
pîto,  mortier  à  piler.  * 

2.  PILE,  tas,  amas,  du  L.  pt/a.  pilic^, 
motte  de  terre.  —  D.  pilier,  L.  pilanum  (de 
là  l'ail.  pfMler,  angl.  pillar)\pilot  (v.  c.  m.); 
empiler,  —  Voy.  aussi  pilastre, 

3.  PILE,  cftté  d'une  pièce  de  monnaie  ou 
sont  les  armes  du  prince.  L'origine  de  cette 
expression  n'est  pas  encore  tirée  au  clair.  Les 
conjectures,  toutefois,  ne  font  pas  défaut. 
Quelques-uns  imaginent  que  pile  est  un  vieux 
mot  gaulois  signifiant  navire,  que  l'on  suppose 
aussi  être  le  primitif  de  pilote  (v.  c.  m.).  Las 
Romains  représentaient  en  effet  un  navire  sur 
la  monnaie,  et,  d'après  Macrobe,  les  enfants 
jouant  à  croix  ou  pile,  criaient  capita  aut 
navim,  parce  que  les  as  portaient  duncAtô 
un  Janus  à  deux  têtes  et  de  l'autre  un  navire. 
De  là  vient  qu'on  disait  autrefois  en  français 
aussi  chef  et  nef  D'autres  prétendent  que  sur 
l'un  des  cfttés  de  la  monnaie  royale  il  y  avait 
une  croix  et  de  l'autre  des  piliers  ou  un  por- 
tique (BL.  pila).  Nous  abandonnons  aux  nu- 
mismates la  solution  de  ce  problème  étymolo- 
gique. ,  ,_    T         • 

PILER,  broyer,  it.  pillare,  du  verbe  L.  pi- 
lare,  serrer,  presser  fortement,  fouler,  ou  du 
subst.  pila,  mortier  à  piler.  —  D.pi/ce,  pi/ojV, 
pi7on. 


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PIL 


—  392  — 


PIM 


PILIER,  voy.  jnle  2. 

PILLER,  li. pi ffliare,  esp. ,  prov.  jiillar. soit 
du  L.  pilarc  [i  bref,  de  pilus,  poil)  =  épiler, 
et  métaphor.  =  dépouiller,  piller,  voler,  soit 
d'un  autre  verbe  pilare  (i  long)  que  l'on 
trouve  dans  Animien  avec  le  sens  du  composé 
eX'piîare,  également  =  dépouiller.  La  per- 
sistance de  Vi  dans  les  mots  romans  appuie  la 
domière  explication.  Quant  à  17  mouillé, 
Diez  pense  qu'il  pourrait  avoir  été  motivé  par 
le  désir  de  distinguer  le  verbe  de  l'homonyme 
2)ilei;  broyer.  A  cause  de  1'/  mouillé,  j'ai  cru 
d'abord  que  les  mots  romans  étaient  formés 
du  L.  peciiiarif  =  piller  le  fisc;  mais  je  suis 
d'avis  que  l'étymologie  de  Diez  est  tout  à  fait 
acceptable,  Yl  mouillé  s'étant  également  pro- 
duit, sans  même  qu'il  y  eût  nécessité  de  le 
distinguer  d'un  homonyme,  dans  un  composé 
de  pilare,  savoir  l'it.  compigliare  (L.  com-pi- 
lare^  notre  compiler).  —  D.  piïlote7\ 

PILON,  voy.  pile.  —  D,  pilonner. 

PILORI,  vfr.  pellori,  pillorit,  angl.  ]nllo7y, 
prov.  espitlori,  port,  jtelourtnho.  Du  Cange 
rattacbe  le  mot  à  pilier;  Grimm,  au  mha. 
pfilaere,  qui  est  la  forme  germanique  dejnlier. 
Cette  étymologie  ne  concorde  pas  avec  les  mots 
indiqués  ;  elle  n'a  pour  elle  que  le  BL.  pilari- 
ciim,  mais,  outre  cette  forme,  le  BL.  présente 
encore  pHloricum,  pellericum,  pellorium, 
jnliorium,  spilorium.  Ce  qui  fait  que  la  véri- 
table origine  est  encore  à  trouver.  Le  Voca- 
bulaire d'Evreux,  publié  par  Chassant,  porte 
œllistriffium  (carcan)  ^^  pilori. —  Wedgwood 
(Rom.,  VIII,  439,  et  dans  son  Dictionnaire), 
sur  la  base  du  prov.  espitloH  et  pai'tant  du 
sens  carcan,  conjecture  comme  origine  du 
mot  le  catalan  esjritllcra  (trou  par  où  l'on 
regarde,  fenestrelle) ,  qu'il  identifie  avec 
L.  speculariitm.  Ce  serait  un  terme  populaire 
fondé  sur  la  comparaison  du  trou  par  lequel 
le  patient  passe  sa  tête  et  contemple  la  foule, 
avec  un  observatoire.  —  D'après  Baist  (Grôb., 
Ztschr.,  V,  233),  le  nom  et  la  chose  sont  d'ori- 
gino  espagnole;  pilm^i  serait  ^\\v  jnlmn  (w), 
dim.  do  pilon  (pilier);  le  mot  n'apparaît  pas, 
dit-il,  avant  le  xiii®  s.,  mais,  comme  remarque 
G.  Paris,  il  est  dans  la  Charette  (xii°  s.).  — 
D.  pilorier. 

FILOSELLE,  sorte  d'herbe,  en  botan. 
Hieracium  pilosella,  du  L.  pilosus,  poilu  ; 
c'est  «  comme  qui  dirait  peluctte  ou  veluette  » 
(Nicot). 

PILOT,  dér.  de  pile,  colonne.  —  D.  pilo- 
tei%  enfoncer  des  pilots,  d'où  pilotage, 
pilotis, 

PILOTE,  it..  esp.,  port,  piloto,  it.  aussi 
pilota;  mot  inexpliqué  encore.  Le  néerl. 
pijloot,  que  l'on  pourrait  au  besoin  analyser 
en  pijlen,  mesurer  la  profondeur  de  l'eau,  et 
lood,  fil  à  plomb,  présenterait  bien  une 
source  convenable,  mais  Diez  pense  que  le  mot 
néerl.  est  plutôt  un  emprunt  fait  au  roman. 
Il  nous  semble  cependant  diflîcile  de  ne  pas 
admettre  une  connexité  entre  le  néerl.  pijl- 
loot,  jnloot,  pilot,  et  l'équivalent  ail.  lootse, 
lothse,  angl.  lodesman,  dan.  loods,  néerl. 
loots,  lootsrnan»  Cette  manière  de  voir  est  cor- 


i*oborée  par  le  verbe  piloter,  employé  par 
Palsgrave  dans  le  sens  de  sonder.  L'étymolo- 
gie tirée  d'un  vieux  mot  français  pile  =- 
navire  (voy.  pile  3^  est  une  étymologie  en 
l'air,  car  il  n'y  a  nulle  trace  de  l'existence  de 
ce  primitif.  —  La  liliôre  établie  par  Ménage  : 
prorita  (gr.  ir/a«pi5T>j,- (52c),  qui  dirige  la  proue) 

—  pirota  —  pilota,  est  tout  aussi  arbitraire. 

—  M.  Breusing,  dans  son  étude  «  Die  Sprache 
des  deutschen  Seemanns  «»,  a  soumis  à  un 
examen  spécial  les  applications  diverses  faites 
du  mot  pilote,  en  pays  roman  et  germanique, 
depuis  la  première  apparition  de  ce  terme,  au 
xiii**  s.  (dans  les  parages  de  la  Méditerranée;, 
ainsi  que  les  nombreuses  tentatives  (sérieuses 
et  aventureuses)  fuites  pour  en  découvrir  l'éty- 
mologie. Quant  à  celles-ci,  il  est  amené  à  les 
rejeter  toutes  et  surtout  à  nier  toute  parenté 
avec  le  germ.  lootse,  lootsman,  en  alléguant 
des  raisons  puisées  dans  la  science  nautique 
aussi  bien  que  dans  la  phonétique,  et  conclut 
en  proposant  l'étymologie  suivante,  que  lui 
suggère  la  coexistence  en  Italie  des  formes 
pedota  et  pelota.  En  grec,  le  gouvernail  se 
dit  TTïjoov  et  :xï!cà)iov;  ne  peut-on  pas  en  infé- 
rer l'existence,  dans  les  bas  temps  de  la  gré- 
cité,  des  dérivés  ^rijo'ijrvjf,  i:r,cxXi6tT7ii'i  D'après 
le  précédent  du  gr.  IcKàtmi  =  it.  idiota,  un  it. 
pedota  =  7r»j5wT>î«  est  acceptable,  mais  mes 
connaissances  linguistiques  ne  me  permettent 
pas  de  décider  si  do  Ttr^iuUitrta  a  pu  se  déga- 
ger it.  jiilota  f  —  D.  piloter,  -âge. 

PILOTER.  -IS,  voy.  pilot  et  pilote, 

PILULE,  L.  pilula,  dim.  de  pila,  boule. 

PIMÂRT,  nom  d'oiseau,  du  L.  picits  nmr- 
tins. 

PIMBÊCHE,  femme  impei-tinente,  qui  se 
donne  des  aii*s  de  hauteur.  D'origine  incon- 
nue. Richelet,  qui  écv'ii  painhèche,  entend  par 
ce  mot  une  femme  fainéante  à  qui  il  faut 
mettre  le  pain  au  bec.  Pour  Génin,  la  com- 
tesse do  Pimbêche  de  Racine  est  la  comtesse 
do  pince-bec  ou  du  bec  pincé;  il  identifie  le 
mot  avec  CApimbeche  du  Ménagier  do  Paris, 
.sorte  de  sauce  au  verjus,  qui  faisait  pincer  le 
bec.  Qu'on  nous  pardonne  la  citation  de  ces 
jeux  d'esprit. 

PIMENT,  vfr.  piiimeitt,  esp.  piniiento,  du 
L.  pigmentum  (pingere),  matière  coloi-ante. 
suc  des  plantes  dont  on  fait  des  couleurs  ;  dans 
la  moyenne  latinité  =  épice,  aromate,  aussi 
=  boisson  composée  de  miel,  de  vin  et  do 
diverses  espèces  d'épices.  Les  médecins  ont  le 
terme  pigment  p.  matière  colorante  de  la 
peau.  —  D.  pimentade,  sauce  au  piment. 

PIMPANT,  du  prov.  pimpar,  pipar,  rendre 
pimpant,  pomponner.  Dans  le  Roman  de  la 
Rose,  je  trouve  pipelé  au  sens  d'orné.  Le  ra- 
dical est  pip,  mais  que  signifie-t-il?  Est-ce  le 
mémo  que  celui  de  pipe  et  pipeau  avec  l'idée 
d'allécher,  tromper?  Oudin  définit  «  /)(/><?r  en 
une  chose  »  par  y  exceller. 

PIMPESOUÉE,  d'après  Auger,  un  composé 
de  pimper  (voy,  pimpant)  et  l'adj.  souef  (sua- 
vis),  doux  ;  Génin  explique  pimpesouée  par 
«  une  agi'éable  pouponne  «;  il  voit  dans  pimpe 
l'it.   bitnbo,   bimba,  poupée,   et  dans  souèe. 


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PIX 


—  393  — 


PIP 


comme  Auger,  le  fém.  du  vieil  adj.  souef.  — 
Le  musc,  pimpesoué  se  trouve  dans  les  patois 
avec  le  sens  de  fat,  précieux,  ridicule. 

FIMPRENlLIiS,  it.  pimpinella,  esp.  pim- 
pinela,  ail.  phnperneil  (lo  terme  scientifiquo 
est  u  pimpinella  saxifraga  »);  on  y  voit  géné- 
ralement une  corruption  de  bipennella  p.  bi- 
p*?nmt1a,  ==  à  deux  ailes.  Les  formes  cat 
pamjnneUa,  piéra.  parnpineia,  font  supposer 
une  dérivation  de  pampinus  ;  mais  quel  est  lo 
rapport  qui  puisse  justifier  cette  dérivation  ? 

PIN,  L.  pinus.  —  l).  jnnaie,  L.  pinetum; 
pincustre,  pinier,  pigne  (v.  c.  m.);  pinine, 
résine  du  pin;  acide  pinique,  pinasse  (v.  c. 
m.):  pineau^  sorte  de  raisin  noir,  qui  par  sa 
forme  et  par  lentassement  de  ses  grains  les 
uns  sur  les  autres,  ressemble  à  une  pomme  de 
jnn  (Le  Duchat). 
^  PINACLE,  L.  pimioculum  (pinna). 

PINASSE,  sorte  d'embarcation,  it  pinaccia, 
angl.  pinnace,  du  L.  pinus,  1 .  pin,  2.  navire 
(de  bois  de  pin). 

PINCE,  voy.  pincer.  —  D.pinceite. 

PINCEAU, ptncc/*,prov./)iVï^«Z,  ail.  pinsel, 
du  L,  peniciÛum  (dim.  de  pénis),  queue,  pin- 
ceau. L'angl.  pencil,  crayon,  est  le  même 
mot.  —  D.  pincelier  ;  pinceaiUet'. 

PINCER;  ce  verbe  est  une  variété  nasalisée 
du  wallon  pissi,  it.  (Venise)  pissare.  Notez 
encore  les  formes  dérivatives  it.  pi z  s  Icare, 
valaque  pitzigà,  piscà,  cat.  pissigar,  esp. 
piscar.  La  source  directe  de  ces  vocables 
parait  être  le  néerl.  pitsen^  ail.  pfetzen^ 
p  fit  zen,  pincer,  serrer,  tenailler,  qui  est  un 
rejeton  sans  dout«  de  la  rac.  pit,  pointu,  indi- 
quée sous /î<rfrt. —  D  subst.  verbal  pmcc,  nom 
de  l'agent  et  de  l'action,  esp.  pitizas  (plur.), 
cp.  it.  2ii*i^o^  aiguillon  ;  pincée,  pinçon,  mar- 
que sur  la  peau  quand  on  a  été  pincé.  Compo- 
sés :  épincer,  d'où  épincelcr;  pince-maille. 

PINCETTE,  voy  pince.—-  U.pinceter, 

PINEAU,  voy.;>ïH. 

PINGOUIN  ou  pinguin  ;  d  origine  douteuse  : 
d'après  Clusius,  du  L.  pinguis  (cp.  le  terme 
ail.  fett-gans,  oie  grasse)  ;  d'après  lion  lin,  le 
mot  s'appliquait  d'abord  à  des  oiseaux  à  «  tète 
blanche,  hret.  pen  gxoenn  «. 

PINGRE  ;  je  ne  connais  pas  l'origine  de  ce 
mot,  dont  la  signification,  du  reste,  n'est  pas 
encore  fixée  (•«  avare,  méticuleux,  malin, 
effronté,  de  mauvaise  mine  n  ;  Littré  ne  lui 
reconnaît  que  celle  d'avare).  On  peut  penser 
au  L.  piger,  vfr.  pigre^  lâche,  misérable,  ou  à 
pinguis,  gras,  grossier,  lourd.  Fournier 
avance  (sans  preuves)  que  pingre  a  signifié 
juif,  usurier,  et  qu'il  vient  de  pingre, 
épingle,  parce  que  les  juifs  étaient  accusés 
d'enfoncer  des  épingles  dans  la  chair  des 
enfants . 

PINNE,  dans  le  composé  pinne-marinc,  gr. 
t{vv»î.  m.  s.  —  D.  pinnier. 

PINQUE,  esp.  pingue,  pinco;  le  même  mot 
qje  le  néerl.  et  angl.  pink,  ail.  pinke,  dont 
l'origine  est  douteuse.  On  a  proposé  un  type 
pinica^  pinça,  dér.  de  L.piniis,  vaisseau  (cp. 
pinasse),  mais  on  réclame  une  étymologie  se 
rapportant  à  un  des  caractères  distinctifs  de 


lajnnque.  Lo  v.  flam.  espink  est  p.  esp-pinke 
pinque  en  bois  de  peuplier. 

PINSON,  une.  2nnçon,it.pi7icione,  esp.  pin- 
zon,  pinchon,  du  cymr.  pinc,  gai,  pinson  (cp. 
lo  nom  d'oiseau  geai).  Le  même  radical  a  pro- 
duit pièichc,  petit  sagouin,  et  pinchard, 
espèce  de  pinson.  —  Le  radical  jnnc  est-il 
congénère  avec  Tall.  fink,  angl.  finch  =  pin- 
son? Grimm  rattache  ceux-ci  par  rapport  au 
plumage  à  la  racine  fink,  funk,  exprimant 
luire,  briller. 

PINTADE,  de  l'esp.  pintado,  bigarré,  part, 
de  pintar  (=  L.  'pictare),  peindre,  bigan^er, 
à  cause  du  plumage  de  cet  oiseau.  Le  nom  du 
pintaiL  faisan  de  mer,  a  la  même  origine. 

PINTE,  mesure  de  liquide.  En  espagnol, 
pinta  signifie  aussi  marque,  signe;  or,  cepinta 
vient  de  pintar,  peindre,  marquer.  Pinte  est 
donc  prob.  =  chose  marquée,  jaugée  ;  cp.  le 
mot  marc,  pr.  marque,  poids,  puis  nom  d'un 
certain  poids.  —  D.  pinter  (cp.  chopi)ier,  de 
chopine).  Dans  la  Suisse  romande  pinte  est 
synonyme  de  cabaret. 

PIOCHE,  prob.  p.  picoche,  dér.  de  pic  (cp. 
vfr.  pia^se,  sorte  de  hache,  p.  picassc).  — 
D.  piocher,  travailler  à  la  pioche,  fig.  travail- 
ler avec  ardeur  ;  piochet  (v.  cm.). 

PIOCHET,  grimpereau,  àiQ pioche;  cp.  son 
nom  ail.  baum-hùchel,  qui  pioche  les  arbres. 

PIOLÉ,  dér.  de  pie,  Toiseau  à  deux  cou- 
leurs. —  Les  étym.  piculatus  «=  piqueté, 
tacheté  (Ménage)  et  pipio,  pigeon,  cp.  l'expr. 
gorge  de  pigeon  (M.  de  Croissandeau)  ne  mé- 
ritent aucun  crédit. 

1.  PION,  anc.  pe'on,  it.  pedone,  esp.  peon; 
pr.  homme  de  pied,  puis  fantassin.  Du  h.pedo, 
'Onis.  —  D.  pionnier,  vfr.  peonier,  prov. 
pezonier,  d'abord  fantassin  en  général,  puis 
spécial,  fantassin  occupé  aux  tranchées  et 
autres  travaux  de  siège. 

2.  PION,  t.  du  jeu  des  échecs  (vfr.  peon, 
aussi,  selon  la  fluctuation  habituelle  de  la 
voyelle  en  syllabe  atone  protonique,  poon, 
paon);  c'est  le  même  mot  que  le  préc.,  cp.  en 
mha.  feixde,  vende,  pr.  fantassin  (auj.  pion  se 
dit  en  ail.  bauer,  pr.  paysan).  Il  faut  écarter, 
je  pense,  l'étymologiejaoon. 

PIONNIER,  voy.  pion  1 . 

PIOT,  boisson,  vin,  dér.  du  vieux  verbe 
pier,  chopiner,  qui  parait  être  plaisamment 
formé  d'après  le  gr.  (infin.  aor.j  xitlv.  Cp. 
trinquer,  de  Tall.  trinken, 

PIOUPIOU,  t.  populaire  =  fantassin;  re- 
doublement deptou  (pion)? 

PIPE,  it.  pipa,  prov.  pimpa,  ni.  pijp,  angl. 
pipe  ;  en  premier  lieu  chalumeau  pour  sifiler, 
à  l'usage  des  oiseleurs,  puis  tuyau  en  général, 
d'où  découlent  les  différentes  acceptions 
modernes.  Le  mot  avec  sa  signification  fon- 
cière «  sifflet  d'oiseleur  «»,  représente  le  subst. 
verbal  du  verbe  piper,  contrefaire  la  voix  des 
oiseaux  pour  les  prendre,  =  L.  pipare,  qui 
exprime  le  cri  des  oiseaux.  Du  roman  pipa 
l'ail.  &îa\tpfifa,  my  pfeife,  m.  s.  —  D.pi- 
peau,  chalumeau.  — Voy.  aussi ptco^ 

PIPER,  contrefaire  la  voix  des  oiseaux 
pour  les  prendre,  puis  prendre  à  la  pipée,  au 


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PIQ 


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PIS 


fi  g.  E=  tromper;  voy.  pipe.  —  D.  pipce, 
pipetiVf  pipeiHe  ;  pipet^  oiseau  qui  prend  les 
iTiouclios. 

PIPIER,  le  même  mot  (\ue pépier, 

1 .  PIQUE»  d(5r.  de  la  rac.  jnc  (v.  c.  m.).  — 
D.  piquet^  1.  pelit  pieu,  2.  fig.  un  certain 
nombre  de  fantassins  établi  (pr.  piqué)  dans 
un  endroit,  cp.  les  ternies  planton,  poste. 
D'après  Littré,  ce  dernier  sens  vient,  par 
catachrèse,  de  celui  de  «  pieu  grand  et  fort 
dont  on  se  sert  dans  un  camp  pour  tenir  les 
chevaux  à  l'attache  «•.  Ce  serait  donc  une 
ti'oupe  dont  les  chevaux  sont  réunis  autour 
du  même  piquet. 

2.  PIQUE,  brouillerie,  voy.  piquer. 
PIQUE-NIQUE,    repas  où   chaque  convive 

paye  son  écot  ou  apporte  son  plat,  angl.  pich- 
nich.  Le  mot  est-il  d'importation  anglaise? 
Nous  ne  le  savons  pas.  Ménage  s'abstient  d'es- 
sayer aucune  étymologie  et  se  borne  À  dire  que 
le  mot  est  d'introduction  récente.  Roquefort 
pose  carrément  la  singulière  explication  que 
voici  :  pick  an  each,  mots  anglais,  auxquels 
il  prête  la  prononciation  p?cA-e;i-îc^,  et  la  va- 
leur «  repas  où  chacun  est  piqué,  où  chacun 
a  sa  taille  particulière  ».  Génin,  s'il  n'est  pas 
dans  le  vrai,  est  infiniment  plus  spirituel. 
Prenant  pour  point  de  départ  du  subst.  actuel 
l'ancienne  tournure  adverbiale  (soupe)')  à 
pique-nique^  il  définit  cette  dernière  en  ces 
termes  :  «  faire  un  repas  dans  lequel  aucun  des 
convives  n'est  redevable  de  rien  à  son  voisin, 
où  il  y  a  parfaite  égalité  de  position  et  de 
maintien  ;  à  ptque,  mauvaise  humeur,  bou- 
derie, on  oppose  Clique  (v.  c.  m.),  clin  de  l'œil 
en  signe  de  moquerie  ou  de  mépris  ;  tu  me 
piques,  je  te  tiique,  partant  quittes  »» .  Le  phi- 
lologue français  n'y  voit  qu'une  de  ces  expres- 
sions familières  et  sonores,  telles  que  **^  à  bon 
chat  bon  rat  »,  «  à  bien  attaqué,  bien 
défendu  »».  C'est,  xiit-il,  partie  et  revanche; 
c'est  l'expression  de  l'équilibre,  de  l'égalité 
entre  les  parties.  —  Boniface  interprète  le  mot 
par  «  repas  où  chacun  pique  au  plat  pour  sa 
nique  »  [nique  pris  dans  le  sens  de  petite  mon- 
naie). —  Littré  dit  que  le  mot  est  anglais  et 
se  compose  de  to  pick,  saisir,  prendre,  et 
nick,  point,  instant,  et  il  ajoute  que  cette 
étym.  dispense  de  toutes  celles  qui  ont  été 
faites  ;  malheureusement,  cette  explication  est 
obscure.  Wedgwood  passe  le  mot  sous  silence; 
Mûller  dit  que,  si  le  terme  est  originellement 
anglais,  il  faut  partir  des  mots  pick  et  nich 
(ce  qui  n'est  pas  douteux),  mais  il  ne  dit  pas 
dans  quel  sens  ;  pick  se  comprend  (c'est  cueil- 
lir, prendre),  mais  nick  a  plusieurs  significa- 
tions :  instant  précis,  point  nommé,  tromper, 
coche,  cran,  dont  aucune  ne  se  présente  favo- 
rablement. 

PIQUER,  dér.  de  la  racine  pic  (v.  c.  m.); 
an gl .  pick ,  al  1 .  picken ,  it .  picch iare,  cat . ,  esp . , 
port.,  prov.  picar.  Pour  la  loc.  se  piquer  de 
qqch.  =  la  prendre  de  mauvaise  part,  s'en 
fâcher,  elle  est  analogue  à  celle  de  s'offenser 
de  qqch.,  pr.  »=  se  blesser  de  qqch.  Je  com- 
prends moins  bien  l'emploi  pronominal  de 
notre  verbe  au  sens  de  «  se  glorifier,  se  van- 


ter ».  —  D.  pique,  fâcherie,  brouillerie; 
piquant,  subst. ,  pointe  d'un  chardon  ;  piquant, 
adj.  =  qui  pique,  qui  mord,  qui  frappe,  en 
général  qui  produit  une  impression  vive,  tan- 
tôt agréable,  tantôt  désagréable;  piquetttr, 
mauvais  vin;  piqueur,  pr.  qui  pique  (aiguil- 
lonne) les  chevaux  ou  les  ouvriers;  piqûre; 
picoter,  d'où  picotement. 

PIQUET,  voy.  pique.  —  D.  piqueter.  —  Le 
nom  du  jeu  de  piquet  est,  dit  on,  celui  de  son 
inventeur. 

PIRATE,  L.  pirata,  du  grec  wsipin^,-,  pr. 
qui  tente  la  fortune  (sur  mer),  aventurier,  — 
D.  piraterie,  pirater. 

PIRE,  du  L.  péfor;  Tanc.  langue  n'em- 
ployait ce  mot  qu'au  cas-sujet  ;  pour  les  cas- 
obliques,  elle  se  servait  de  pïeur,  qui  réjwnd 
au  L.  p^ôrem  (it.  peggim'e,  esp.  pcor,.  — 
D.  empirer. 

PIROGUE,  aussi  piraugue,  esp.  piragna, 
mot  d'origine  caraïbe. 

PIROUETTE  (le  mot  n'est  pas  antérieur  au 
xv«  siècle),  dim.  d'un  subst.  inusité /wroM.  que 
Frisch  prend  pour  un  composé  de  pied  (dial. 
pi)  et  de  roue,  donc  =  roue  tournant  sur  un 
pied,  Diez  ^owTpite  (radical  de  pivot) -\- roue. 
Voy.  aussi  pivot.  —  Pour  Caix  (Grôber, 
Ztschr.,  I,  277),  les  deux  éléments  de  la  com- 
position sont  pir  -f  rouette.  Le  thème  pir 
désigne  des  objets  qui  tournent  autour  d'eux- 
mêmes  à  l'instar  d'une  vis;  on  le  rencontre 
dans  de  nombreux  composés  italiens  et  dans 
le  fr.  piron  (espèce  de  gond);  cp.  gr.  mod. 
ntlpos,  cheville,  tarière,  Tttlrjtov,  vis.  Dans  ses 
Studi,  Tï9  454,  cependant,  Caix  le  ramène  au 
lat.  epigmis  (clou,  cheville).  D'après  Darmes- 
teter,  qui  allègue  les  formes  norm.  perrouette 
(fille  évaporée),  wallon  berweter  (pirouetter), 
le  mot  indique  plutôt  une  composition  du 
péjoratif  bis  -\-  roue.  Mais  il  se  heurte  cepen- 
dant à  l'initiale  p  ^.  b.  —  Cp.  la  formation 
de  girouette  et  voy.  aussi  Taré,  pivot.  —  D. 
pirouette^'. 

1.  PIS,  adj.  et  adv.,  du  L.  pejus. 

2.  PIS,  anc.  =  poitrine,  auj.  mamelle 
d'une  vache,  etc.  ;  vfr.  peis,  prov.  pcits,  pitz, 
it.  petto,  wall.  pé.  Du  L.  pectus.  «  Mettre  la 
main  au  pis  »  (pis  =  poitrine),  ancienne 
locution  =  prêter  serment. 

PISCINE,  L.  piscina  (piscis). 

PISER.  fouler,  esp.  pisar,  port.,  prov. 
pizar,  du  L.  pisare  ou  pisere,  forme  concur- 
rente de  pinsere,  piler,  tasser.  —  D.  pisé, 
terre  dure,  compacte,  battue;  pison,  instru- 
ment pour  piser. 

PISSER  (pic.  picher,  wall.  pihi),  it.  pis- 
ciare,  prov.  pissar,  angl.  piss.  L'ail,  pissen 
parait  être  emprunté  au  roman,  car  il  n'est 
pas  fort  ancien  dans  la  langue.  Les  langues 
celtiques  ne  présentent  aucun  vocable  sembla- 
ble qui  puisse  être  considéré  comme  leur 
étant  propre.  L'étymologie  reste  donc  à  trou- 
ver. Diez  ne  pense  pas  que  l'on  puisse  invo- 
quer le  L.  pytissare  pitissare  ==  gr.  ^tut'Jsi», 
qui  signifie  cracher  ;  il  voit  plutôt  dans  pisser 
le  sens  fondamental  d'éjaculation  et  est  ainsi 
amené  à  conjecturer  un  type  pipisare  (d'où 


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PIS 


—  395  — 


PIT 


pipsare,  pissare),  dérivé  de  pipa,  hiyau  ;  il 
inv(X|ne,  à  ce  sujet,  les  acceptions  analogues 
de  lall.  pfetfen.  —  D,  pisse,  pissat,  pissoter  ; 
cps.  2^isscnlii,  plante  appelée  ainsi  à  cause  de 
SCS  propriétés  diurétiques. 

PISTACHE.  L.  pistacium  (:riïr«xcav).  — 
D.  pistachier, 

PISTE,  trace  du  pied,  it.  pesta,  esp.  pista, 
subst.  du  verbe  ït.pestare,  esp.  pistar,  prov. 
pestar,  fr.  (patois)  pi5<er  =  L.  pistare,  broyer, 
fouler,  fréq.  àepinsere. 

PISTIL,  L.  pistiUum  (pinscre),  pr.  pilon 
à  mortier;  les  Allemands  nomment  de  mémo 
cet  organe  de  la  fleur  stempel,  pr.  pilon. 

1 .  PISTOLE,  monnaie  d'or.  D'où  vient  ce 
mot?  On  a  prétendu  sans  aucun  fondement 
qu'il  dérive  de  Pistqja^  comme  le  mot  florin 
de  Florence.  Le  mot  n'est  ni  italien  ni  espa- 
gnol. Diez  cite  ce  passage  de  Claude  Fauchet: 
«  Ayant  les  cscus  d'Espagne  esté  réduiets  à 
une  plus  petite  forme  que  les  escus  de  France, 
ont  pris  le  nom  de  pistolets  et  les  plus  petits 
pistolets  bidets.  •  Ce  serait  donc  un  terme  de 
dérision  (v.  le  mot  s.).  —  D'après  Mahn,  pis- 
tola  est  une  comiption  de  piastruola,  dimin. 
de  piastra,  fr.  piastre  (v.  c.  m.). 

2.  PISTOLE,  arme  à  feu  (d'où  le  dim.  pis- 
tolet\  it.,  esp.  pistola.  Covarruvias  dérivait 
pistola  de  fistula;  cela  jurerait  par  trop  avec 
les  règles  de  transmutation  romane.  Voici  ce 
qu'en  dit  H.  Estienne  :  «  A  Pistoie.  petite 
ville,  qui  est  à  une  bonne  journée  de  Florence, 
se  souloient  faire  de  petits  poignards,  lesquels 
cstans  par  nouveauté  apportez  en  Franco 
furent  appelez,  du  nom  du  lieu,  premièrement 
pistoiers,  depuis  pistoliers  et  en  la  ^n  pisto- 
lets. Quelque  temps  après  estiint  venue  l'in- 
vention des  petites  liarquebuses.on  leur  trans- 
porta le  nom  do  ces  petits  poignards.  Et  ce 
pauvre  mot  ayant  esté  ainsi  promené  long- 
temps, en  la  fin  encore  a  esté  mené  jusques  en 
Espagne  et  en  Italie  pour  signifier  leurs  petits 
escus  :  et  croy  qu'encore  n'a-t-il  pas  fait,  mais 
que  quelque  matin  les  petits  hommes  s'appel- 
leront pistolets  et  les  petites  femmes  pisto- 
lettes.  n  H.  Estienne  avait  bien  prévu  que  le 
rôle  àe  pistolet  ne  se  bornerait  pas  aux  signi- 
fications qu'il  lui  connaissait;  chez  nous,  à 
Bruxelles,  on  appelle  de  ce  nom  les  petits 
pains  au  lait  que  nous  prenons  au  déjeuner. 
Le  président  Fauchet  déduit  également  le 
mot,  dans  sa  signification  de  petite  arquebuse, 
du  nom  de  lieu  Pistoie.  —  Diez  admet  au 
fond  cette  étym.,  mais  en  la  rectifiant  en  ce 
sens  que  pistola  aurait  été  dégagé  de  pisto- 
lèse,  sabre  court,  qui  est  p.  pistojese,  adj.  de 
Pistqja.  Dans  sa  première  édition,  il  inclinait 
pour  l'opinion  de  Frisch,  d'après  laquelle  7)14'- 
tola  est  une  modification  de  pistilhis,  it.  pes- 
tello,  pilon,  et  signifie  propr.  un  instrument 
pourvu  d'un  bouton;  il  citait  à  l'appui  le 
vénitien  piston,  peston,  ==•  petite  arquebuse, 
mot  littéralement  identique  avec  l'it.  pestonc, 
pilon,  mais  le  suffixe  ola  la  lui  a  fait  écarter; 
les  règles  de  formation  italienne  imposent  une 
forme  pistuola,  qui  n'existe  pas.  Dans  une 
séance  de  la  «  Société  de  Berlin  pour  l'étude 


des  langues  modernes  *»,  l'origine  du  mot 
pistola  a  fait  l'objet  d'une  discussion  appro- 
fondie ;  Mahn  y  a  défendu  l'étymologie  tii^e 
de  Pistoria,  le  nom  latin  do  Pistoie,  en  s'ap- 
puyant  de  prouves  tant  historiques  que  gram- 
maticales. —  Il  est  fâcheux  que  Larousse  en 
mettant  si  amplement  à  profit  mon  article 
quant  à  l'origine  du  mot  pistolet,  n'ait  pas 
connu  l'étude  signalée  de  Mahn,  il  y  aurait  pu 
recueillir  d'intéressants  détails  relatifs  à  l'his- 
toire de  la  chose  ;  cela  m'engage  d'autant  plus 
à  indiquer  le  livre  où  ils  sont  présentés  :  Ety- 
moloffische  Untersuchxmge^i,  Berlin,  1855. 
p.  97  et  suiv.  —  Quant  au  mot  pistolet,  en 
tant  que  signifiant  petit  pain  au  lait  (v.  pi. 
h.),  il  n'a  sans  doute  rien  de  commun  avec  le 
L.  pistor,  boulanger;  le  dictionnaire  rouchi 
de  Hécart  m'apprend  que  dans  ce  dialecte 
pistoulet  .«signifie  un  petit  pain  fort  long  et 
étroit,  que  l'on  nomme  aussi  flûte.  Il  faut  donc 
croire  que  le  mot  est  tiré  par  métaphore  du 
nom  de  l'arme  à  feu. 

3 .  PISTOLE.  logement  en  prison  pour  le- 
quel on  paye.  Est-ce  une  acception  déduite  de 
pistoie,  nom  de  monnaie?  Il  paraît  que  oui  ; 
la  pistoie  s'obtient  moyennant  pistoie. 

PISTOLET,  voy.  pistoie  2. 

PISTON,  it.  pestone,  du  L.  pistare,  voy. 
piste. 

PITANCE,  it.  pietanza,  esp.,  prov.  pie- 
dan  za,  pidanza.  Il  faut  catégoriquement 
rejeter  l'étymologie  de  Le  Duchat,  savoir 
L.  petentia,  dans  le  sens  de  ce  que  les  moines 
se  procurent  par  les  quêtes  ;  il  faudrait  pour 
cela  une  forme  esp.  pedenza.  Muratori  pen- 
sait à  l'it.  piatto,  plat  ;  cela  est  tout  aussi  con- 
traire &  la  facture  des  mots  en  question  (le 
prov.  piatansa,  qu'on  pourrait  invoquer  ici, 
est  analogue  au  mot  jnatat,  pitié,  qui  est  p. 
pietai).  La  forme  it.  pietanza  donne  lieu  À 
expliquer  le  mot  par  «  œuvre  de  charité  »  (it. 
pie/f\);  mais  les  correspondants  esp,,  prov.  et 
fr.  ayant  pour  l'adical  pit,  il  est  plus  rationnel 
de  voir  dans  la  forme  it.  une  modification  do 
pitanza,  qui  est  en  effet  le  mot  usuel  pour  la 
chose  dans  la  Lombardie  ;'  modification  basée 
sans  doute  sur  une  fausse  interprétation  du 
mot.  Or,  pitanza  parait  être,  tel  est  l'avis  do 
Diez,  un  rejeton  de  la  racine  pit  =  peu  de 
chose,  bagatelle  (voy.  petit),  par  l'intermé- 
diaire d'un  verbe  pitare  (cp.  le  génois  pittà  == 
picoter),  qui  aurait  signifié  «  prendre  un  menu 
repas  ».  —  Sans  vouloir  formellement  con- 
damner l'opinion  de  Diez,  nous  devons  objec- 
ter que  la  forme  généralement  adoptée  dans 
la  moyenne  latinité  pour  pitance,  est  pictan- 
tia,  et  que  Du  Cange  définit  ce  mot  par  por- 
tion monacale  de  la  valeur  d'une  pite  (v.  c. 
m.);  cp.  le  mot  BL.  pictata,  valor  unius 
pictîe. 

PITATID,  paysan,  grossier;  quelques-uns  y 
voient  une  dérivation  do  L.  pcdes,  peditis, 
donc  un  synonyme  do  piéton  (on  trouve  dans 
Froissart  petaud,  désignant  une  sorte  de  trou- 
pier à  pied)  ;  peut-être  est-ce  une  forme  variée 
do  pataud. 

PITE,  petite  monnaie,  du  BL.  picta  «  moneta 


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comitum  Pictaveimum,  minutissima  fere  om- 
nium monetarum  ».  Voy.  aws&ï  pitance. 

PITEUX,  prov.  pitos,  voy.  pitié. 

PITIÉ,  vfr.  piteit,  pitiet,  ptted,  modifica- 
tion vocale  de  piété  (par  une  contraction  de 
piet,  piyet  en  pijt;  voy.  Rom.,  IV,  123).  L'ac- 
ception piété  ne  se  compose- t-elle  pas  en  effet 
de  deux  éléments  :  l'amour  de  Dieu  [piété)  et 
l'amour  du  prochain  [pitiéS'l  Du  thème  pit  de 
pitié^  procède  Vtià,}. piteux  ^autrefois  =  misé- 
ricordieux, auj.  =  digne  de  pitié),  et  le  verbe 
(inusité)  pitoyer,  prendre  en  pitié,  conservé 
dans  le  composé  s*apitoyer  et  l'adj.  pitoyable, 
(anc.  aussi  pitiablc),  1.  enclin  à  la  pitié  (opp. 
impitoyable);  2.  digne  de  pitié. 

PITON,  sorte  de  fiche  de  fer  ou  clou  ;  prob. 
un  rejeton  de  la  racine  pit,  traitée  sous  petit 
et  exprimant  chose  pointue.  Cp.  esp.  pito, 
petit  morceau  de  bois  pointu. 

PITOYABLE,  voy.  pitié, 

PITTORESQUE,  de  l'it.  pittoi-csco,  dér.  du 
subst.  pittore,  peintre. 

PITUITE,  L.  pitttita, 

PIVERT,  voy.  pic  1. 

PIVOINE  (dans  les  dial.,  on  dit.  sans  le  v 
épenthétique,  pioine),  it.  peonia,  du  L.  pœo- 
nia,  m.  s.  (gr.  Traiwvcaj.  —  Le  nom  delà  fleur 
a  été,  à  cause  de  la  couleur  rouge,  aussi 
transporté  au  bouvreuil. 

PIVOT,  daprès  Diez,  un  dérivé  àe  pipeCit. 
^iva);  cette  étymologie  est  possible,  mais  non 
assurée.  —  Une  fois  que  l'existence  d'une  ra- 
cine pit,  chose  pointue,  est  accordée,  ne 
serait-il  pas  tout  aussi  rationnel  d'en  dé- 
duire pitot,  puis  par  syncope  piot,  enfin  par 
l'épenthèsc  si  commune  de  v,  la  forme  pivot  f 
Ce  primitif  |îîV,  d'où  je  déduis  aussi  piton  (v. 
cm.),  est  peut-être  aussi  au  fond  de  pirou 
^p.  piterou),  d'où  pirouette,  pr.  =  petit  bâton 
tournant.  —  D.pitoter. 

PLACAGE,  subst.  àe  plaquer  y  voy.  plaque. 

PLACARD»  voy.  plaque,  —  D.  placar- 
de^\ 

PLACE,  esp.,  port.,  prov.  plaza,  plaça, 
plassa,  \X,piazza,  ail.  plats,  du  L.  platea, 
large  me,  place  publique  (gr.  7r)«Tîîa.  fém.de 
ff)aTw;,  large).  Le  sens  primitif  s'est  généralisé 
en  celui  de  lieu,  emplacement.  —  h.  placier  ; 
placet,  tabouret;  verbe  placer  (mot  récent 
dans  la  langue). 

PLACER,  voy.  place.  —  D.  placement; 
composés  :  replacer  déplacer,  emplacer  d'où 
remplacer, 

1 .  PLACET.  voy.  place. 

2.  PLACET,  pétition.  C'e.st  un  mot  latin  qui 
.«ignifie  «  il  plait  •  et  qui  constitue  la  formule 
par  laquelle  celui  à  qui  la  pétition  est  adressée 
y  accorde  son  consentement.  Placet  signifie 
donc  pr  une  requête  accordée,  «  oui  placet 
adscribitur  n^ow  bien, comme  disent  les  juris- 
tes, une  requête  placitée,  puis  requête  en 
général.  —  Le  mot  initial  des  suppliques  était 
d'ordinaire  la  forme  subjonctive  placeat,  c.-à-d. 
«  qu'il  plaise  •.,  mais  ce  n'est  ])as  de  cette  for- 
mule que  l'on  doit  déduire  le  mot  placet,  bien 
que  cette  étymologie  répondrait  mieux  à  la 
chose. 


PLACIDE,  L.  placidus.  —  D.  placidité, 
L.  -itatem. 

PLAFOND,  p.  plat' fond,  c.-à-d.  le  fond  plat 
entre  les  solives.  —  Les  ouvriers,  .«e  diri- 
geant d'après  l'oreille,  faisant  donc  peu  de  cas 
du  d  final  et  radical,  en  ont  dérivé  sans  scru- 
pule le  verbe  plafonn^^r  (cp.  quardcronner). 

PLAFONNER,  voy,  plafond. 

PLAGE,  it.  piaggia,  d'un  type  immédiat 
plagia  ;  la  forme  classique  plaga,  contrée, 
région,  est  le  type  del'esp.  playa  et  \fr.  phie 
=  plage. 

PLAGIAT,  L.  plagiatus,  subst.  du  verbe 
plagiare',  commettre  un  plagium.  Les  Rx)- 
mains  appelaient  plagium  le  vol  d'esclaves,  ou 
plutôt  la  vente  d'un  esclave  dont  on  n'est  pas 
le  propriétaire  légitime.  —  Plagiaire,  L.  p/fl- 
^lariiw,, coupable  de  plagium,  voleur  d'hom- 
mes. —  Ce  n'est  pas  à  nous  de  traiter  la  ques- 
tion de  l'origine  du  mot  L.  j)lagiu7n,  à  propos 
de  laquelle  les  opinions  diffèrent  beaucoup, 
mais  nous  tenons  à  établir  ici  l'époque  où 
l'expression  plagium  a  été  appliquée  au  vol 
littéraire.  A  ce  sujet,  nous  citerons  le  passage 
suivant  de  la  Dissertatio  philosophica  de  pla 
gio  litterario  de  Jacques  Thomasius.  I^euco- 
petr»,  1679  :  «  Plagii  vocem  SAitplagiarii, 
quod  sciam,  nec  antc  Martialem  scriptorquis- 
quam,  nec  post  Martialem  ante  duo  hsec  .«c 
cula  Éevum  ullum  ad  furtum  litterarium  appli- 
cuit.  »t  Le  passage  en  question  de  Martial  est 
la  53*  épigramme  du  1**"  livre  :  -  Impones 
plagiariopudorem.  » 

1 .  PLAID,  it.  piato,  esp.  pleito,  prov.p/aiï; 
du  L.  placitum,  dont  le  sens  propice  est  «  ce 
qui  plait  »»,  c.-à-d.  opinion,  jugement,  arrêt 
de  justice  (cp.  en  gr.  3&|a  de  oo/iw).  De  cette 
signification  première  «  décision  judiciaire  • 
procèdent  celles  de  «  assemblée  de  justice, 
audience,  parlement,  contrat  »,  puis  de  -  af- 
faire judiciaire,  procès  *».  Au  sens  de  plaidoi- 
rie, plaid  doit  être  considéré  comme  le  subst. 
verbal  abstrait  de  plaider,  —  D.  plaidn'{}\V,. 
placitai'e),  conduire  un  procès,  disputer,  etc. 
d'oîi  plaideur.  Une  forme  extonsivo  i\c  plaiérr 
est  :  it.  piateggiare,  esp.  plntear,  vfr.  plni- 
dier,  nfv. plaidoyer.  Ce  dernier  mot,  toutefois, 
ne  s'emj)loie  plus  aujourd'hui  qu'à  l'état  de 
substantif;  il  esc  le  primitif  du  subst.  jAaidoi- 
rie  p.  plaidoierie. 

2.  PLAID,  manteau  écossais,  du  gaél. 
plaide,  que  l'on  considère  comme  contracté  de 
peallaid,  peau  de  mouton. 

PLAIDER.  PLAIDOYER,  voy.  l'art,  préc. 

PLAIE.  L.  plaga  [itlfif^!),  coup,  blessure. 
La  signification  actuelle  du  mot  repose  sur 
un  transport  d'idée  de  la  cause  à  l'effet;  il  en 
est  de  même  de  celle  du  mot  blessure.  — 
D.  vfr.  plaier,  blesser,  it.  piagare,  esp. 
llagar. 

1.  PLAIN,  uni,  plat,  it.  piano^  L.  plamts. 
—  La  forme  .savante  de  plain  est  plan  (v.  c. 
m.).  —  D.  plaine;  en  vfr.  on  disait  aussi  le 
plain  =  la  rase  campagne;  c'est  le  L. /)/«- 
num,  —  Composé  :  plain-chant,  chant  à  l'unis- 
son. Notez  encore  la  loc.  de  plain-pied  =  de 
même  niveau,  au  même  étage. 


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PLA 


2.  PLAIN,  cuve  où  l'on  trompe  les  peaux  ; 
p.  pclain,  pclin,  dér.  de  pellis,  peau.  — 
D,  planier(\.  c.  m.). 

PLAINDRE,  L.  plangere.  —  D.  plainte, 
subst.  participial  de  plaindre.  Le  vieux  subst. 
masc.  plaint  (it.  pianto^  port,  pranto,  prov. 
planch)  répond  au  subst.  latin  planctus,  — 
Cps.  complaindre  {y ,  c.  m.). 

PLAINE,  voy.  plain. 

PLAINTE,  voy.  plaindre, —  D.  plaintif, 

PLAIRE,  L.  placëre  p.  placëre.  En  vfr.  on 
avait  aussi  l'infinitif  plaisir  (cp.  les  deux 
formes  loiré'  et  loisir*  de  licere,  nuire  et  nui- 
sir*  de  nocerc,  taire  et  taisir*  de  taceré).  Cet 
infinitif  plaisir  nous  est  rest^  à  l'état  de  sub- 
stantif. —  D.  plaisant;  jilaisance  (cp.  nui- 
sance de  nuire),  —  Cps.  complaire^  déplaire. 

PLAISANT,  1.  qui  p/a«<.  agréable  (signifi- 
cation obsolète),  2.  qui  vise  à  plaire  en  faisant 
rire,  enjoué,  folâtre,  3.  ridicule,  drùle.  — 
D.  plaisanter ,  d'où  plaisanterie. 

PLAISE,  nom  de  poisson,  angl.  plaice, 
flam_  pladys,  du  L.  platessa  (Ausone;,  gr. 
ffiâraÇ,  BL.  platisa,  —  Plaise  est  sans  doute 
une  forme  contracta  déplaise.  Voy.  aussi  plie, 

PLAISIR,  voy.  jylaire. 

PLAMER,  tremper  les  peaux  dans  la  cuve  à 
chaux  ;  dér.  de  plain  2  (cp.  étamerde  ëtain), 
—  D.  plamée. 

1.  PLAN,  adj.,  voy.  plain.  De  l/i  le  .subst. 
2)lan,  d'abord  surface  plane,  puis  le  dessin 
d'un  bâtiment,  d'une  ville,  etc.,  réduit  à  la 
surface  plane,  projet  de  construction,  enfin 
projet  on  général.  —  La  locution  laisser  en 
plan  =  abandonner,  planter  là,  me  semble 
venir  du  L.  in  piano  =  à  terre;  ce  serait  donc 
pr.  no  pas  relever  celui  qui  est  tombé.  Ou 
bien  le  sens  primitif  serait- il:  no  pas  admettre 
en  justice,  laisser  in  piano,  c.-à-d.  en  dehors 
de  l'enceinte  élevée  du  tribunal  f  —  D.  apla- 
nir ;  planer  (v.  c.  m.). 

PLANCHE,  it.  pianca,  prov.  planca,  du 
L.  planca,  m.  s.  (p.  planica?).  —  D.  jjlan- 
chette,  plancher  ;  verbe  planchai er, 

PLANÇON,  voy.  plant, 

1.  PLANE,  arbre,  contraction  du  L.  pla- 
ta  nus. 

2.  PLANE,  nom  d'outil,  voy.  ji^an^r  1. 

1.  PLANER,  verbe  actif,  unir,  aplatir, 
polir,  dér.  de  l'adj.  plan.  —  D.  plane,  outil 
pour  planer;  planoir,  -lire. 

2.  PLANER,  verbe  neutre,  de  l'adj.  ;j/a», 
pr.  se  tenir  dans  un  même  plan.  «  On  dit 
d'un  oiseau  qu'il  plane  quand,  volant  en  l'air, 
il  rase  l'air  sans  escourre  (secouer)  les  ailes  » 
(Nicot).  Signification  dérivée  :  voir  d'un  lieu 
élevé,  comme  l'oiseau  qui  plane. 

PLANETE,  L.  planeta  (Triavïjr/ï;,  pr.  étoile 
errante).  —  D.  planétaire, 

PLANIMÉTRIE,  terme  scientifique,  = 
science  de  mesurer  (jjurpilv)  les  surfaces 
planes, 

PLANISPHERE,  mot  scientifique,  représen- 
tation d'une  sphère  (globe)  sur  un  plan. 

PLANT,  subst.  verbal  de  planter,  — 
D.  plançon,  tyi)e  latin  pi antionem  (cp,  arçon 
do  arc). 


PLANTAIN,  du  L.  plaiUaginem  (nominatif 
plantago). 

PLANTE,  h,  planta,  1.  plant,  herbe,  végé- 
tal, 2.  plante  du  pied.  —  D, planter  (v.  c.  m.). 

PLANTER.  L.  plantare.  —  D,  plant  (v.  c. 
m.);  plantard;  planton,  soldat  de  service 
(cp.  le  terme  analogue  piquet);  planteur^ 
jilantation,  Cps.  déplantei\  transplanter, 

PLANTUREUX,  acy.  tiré  du  vieux  subst. 
plenté  (singl, plenii/)  =  plénitude,  abondance, 
qui  est  le  L.  plenitaiem.  L'anc.  langue  disait 
aussi  plefUiveux,  —  Quant  à  la  facture  inso- 
lite de  cet  adjectif,  'Tobler  (voy.  Rom.,  VI, 
130-131)  voit  dans  plentureus  une  transfor- 
mation du  vfr.  plentiveus,  par  suite  d'élision 
du  V  remplacé  par  r  (pour  u  il  allègue  machu- 
rer),  G.  Paris  préfère  l'expliquer  par  p/cn^ci- 
vureux,  adj.  formé  d'un  subst.  plenteivure, 
tiré  à  son  tour  de  plentetf;  on  trouve,  dans  le 
Dolopathos,  V.  2770,  plantiverouse  comme 
vsLri&nte  èk  plafiteitrouse,  Littré  rattache  notre 
mot  à  un  anc.  subst.  plcntor,  plénitude,  prov. 
plendor,  mais  Tobler  objecte  que  plentor  n'a 
jamais  été  rencontré,  et  que  le  prov.  plendor 
est  une  faute  de  lecture  p.  plen  dor, 

PLAQUE,  pr.  chose  plate  ;  les  formes  plan, 
plat,  plac,  sont  des  modalités  de  la  même 
racine  pla.  Le  radical  plac  se  trouve  encore 
dans  le  néerl  pioche,  morceau  plat,  vha  plech^ 
nha.  blech,  lame  de  métal,  etc.  —  D.  plaquer, 
mettre  à  plat,  d'où  les  subst.  placage,  pla- 
card (cp.  affiche;  les  Flamands  disent p/acAae«, 
p.  ainsi  diweplacatum,  chose  plaquée)  eiplor 
qitette,  petite  monnaie  (dim.  du  vfr.  plaque j 
BL.  plaça,  ap.  Kiliaen  placke  =  nummus 
varii  apud  varios  valoris),  puis  aussi  petit 
livre  peu  épais. 

PLARON,  petite  musaraigne  à  queue  plate 
à  l'origine;  prob.  contracté  de plateron, 

PLASTIQUE.  L.  plasticus,  du  gr.  izUtriMi 
(ad^j.  de  7rJià»»»iv,  travailler  avec  une  matière 
molle,  modeler,  façonner). 

PLASTRON,  de  l'it.  piastrone;  pr.  pièce 
plate,  placard  pour  protéger  la  poitrine  ;  dér. 
depiastra,  plaque  (le  même  mot  c{\ie  plâtre), 

—  D.  plastronner, 

PLAT,  adj.  et  subst.,  it.  piatto.  Le  radical 
2)lat  est  équivalent  à  plan  oxxplac;  il  est  fort 
répandu  dans  les  langues.  Nous  ne  citons  que 
le  gr.  TriatTw;,  large,  pr.  aplati.  Le  sens  figuré 
de  l'adj.  plat^  c.-à-d.  dénué  de  saveur  et  de 
force,  dérive  prob.  de  l'idée  «  qui  ne  présente 
aucun  relief,  rien  de  piquant,  aucune  saillie  •». 

—  D.platel' ,  plateau;  jilateiie,  platine  ^platée, 
t.  d'architecture;  platitude,  mot  façonné  à  la 
latine,  qui  a  supplanté  la  fonno  platise 
qu'avait  hasardée  Rousseau;  verbe  aplatir. 
L'anc.  fr.  avait  le  subst.  plate,  avec  le  sens  de 
pièces  plates  de  métal,  et  appliqué  surtout  à 
l'armure  du  chevalier;  c'est  du  sens  lame 
d'argent  que  dérive  la  signification  argent  do 
l'esp.  plata,  et  celle  de  l'angl.  plate,  argente- 
rie. —  Composés  :  plate-bande,  plate-forme, 
platfnmV,  devenu. plafond  (v.  c.  m.). 

PLATAlNE,  L.  platanus;  la  forme  commune 
est  plane  (v.  c.  m.). 
PLAIEAU,  voy./>Zat. 


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PLE 


—  398 


PLÉ 


PLATIKE,  nom  d'ustensile  :  pîat,  etc. 
Comme  nom  dun  métal,  ce  mot  (du  genre 
masculin  par  assimilation  aux  autres  noms  de 
métaux;  est  dérivé  de  l'esp.^j/afa,  argent  (voy. 
plat). 

PLATONIQUE,  du  nom  du  philosophe  Pla- 
ton ;  r  "  amour  platonique  »  tire  son  nom  des 
opinions  émises  par  ce  philosophe  sur  les  rap- 
ports entre  l'amour  sensuel  et  l'amour  pur. 

PLATRE,  piastre',  du  grec  i/Anly.'srpov  ou 
l/uirr/»ffTov,  L.  cmplastum  (voy.  emplâtre),  = 
substance  molle  plaquée  sur  qqch.,  dont  on  a 
retranché  le  préfixe  Iv.  11  est  possible  que  le 
grec  vulgaire  ait  déjà  possédé  le  simple 
7r)a9T/5ov,  dans  le  sens  de  matière  plastique. 
Les  langues  germaniques  ont  la  forme  écour- 
tée  (sans  préfixe),  dans  le  sens  du  mot  fr. 
emplâtre;  angl.  plaster,  uéerl.  jylacster,  ail. 
pflastci\  Dans  ces  langues,  le  même  mot  se 
dit  aussi  pour  pavement  (vfi".  pJaistre),  donc 
dans  le  sens  de  chose  plaquée  sur  une  autre. 
—  D.  j)^àtret\  plâtrai,  plâtreux,  -ièi*e,  — 
Voy.  aussi /;tefron. 

PLAUSIBLE,  L.  plaiisibilis  (plaudere), 
digne  d'être  applaudi  ou  approuvé.  — 
D.  pla lisibilité. 

PLÈBE,  L. plebs, plehis,  d'où l'adj.  plebeius, 
fr.  plebce'  (Malherbe;,  d'où  par  extension  ple- 
beianus*,  fr.  plébéien. 

PLÉBISCITE,  L.  plebiscitum,  décret  du 
peuple. 

PLÉIADE,  réunion  de  sept,  allusion  à  la 
constellation  des  Pléiades  (nUiiiSii).  Sous  le 
règne  de  Ptolémée-Philadelpho,on  donna  déjà 
le  nom  de  <•  pléiade  poétique  »•  aux  sept  illus- 
tres poètes  do  son  temps,  Théocrito,  etc. 

PLEI6E,  caution.,  angl.  pledge,  it.  plczo 
(Venise),  preggiu  (Sicile;.  Suivant  Diez,  d'un 
type  L.  prœbiurn,  chose  que  l'on  porte  devant 
soi  [prœhibct  ou  prœbet)^  puis  garantie,  sûreté. 
C'est,  d'après  lui,  la  phrase  latine  prœbere 
fidem  qui  a  donné  naissance  au  terme  vfr. 
plévir  la  foi  et  pléoir  tout  court  fplus  tard 
j)h'.umr)  =-=^  donner  caution.  Dnns  cette  suppo- 
sition, le  subst.  prov.  ^)/ta-/<îo  répondrait  au 
L.  prœbitio.  Pour  la  nuitation  do  r  en  /,  cp. 
vfr.  temple  (auj.  tempe)  du  L.  tempora,  Plan- 
chais de  Prancatius  p.  Pancratius.  Le  phi- 
lologue allemand  écarte  l'étymologie  de  Sau- 
maise,  Du  Cange  et  Ménage,  qui  consiste  à 
faire  venir  jileige  d'un  type  latin  pra'diitm, 
dér.  du  L.  prœs,  prœdis,  caution.  Ce  qui  l'y 
engage,  ce  n'est  pas  Tinfinitif  ^7(TîV,  qui  peut 
très  bien  s'accorder  d'un  primitif  ^/nr^M  par 
préir,  pU'ir,  plévir),  mais  la  forme  du  présent 
prov.,  qui  c^t pieu,  jilin.  Pour  Dicz,  cette  finale 
u  accuse  nécessairejncnt  un  radi<'ul  terminé 
on  bf  cp  prov.^c'Jî  =^  bibit,dru  =^  débet,  escriu 
=  scribit,  etc.  C'est  bien  là  mettre  de  la  con- 
.«^cience  dans  ses  assertions  ;  car  rien  n'est  plus 
tentant  que  de  rapporter  pldge  et  plévir  au 
L.  prœs,  qui  signifie  caution.  Cachet  croit 
devoir  passer  sur  les  scrupules  de  Dicz  ;  il 
voit  dans  plcige  la  repi*oscntation  littorale  et 
la  traduction  du  L.  prœdium,  en  se  fondant 
sur  l'expression  prœdia  bona  =  biens  hy- 
pothéqués   (Asconius    Pcdianus).    Quant    au 


\erhe 2ilévir  il  le  tire  d'un  tyjteprcedire,  qu'il 
considère  comme  l'infinitif  inu.sité  du  ^rû- 
cii^o  pra^itus,  doué,  nanti  (l'i'bref  de  ce  der 
nier  ne  parait  pas  l'embarrasser).  En  nous 
plaçant  au  point  de  vue  de  Cachet,  nous  ad- 
mettrions plutôt  un  type  prœdere  (composé  de 
dare),  donner,  fournir,  que  prœdire,  qui  est 
inadmissible;  cslt prœdere  pourrait  tout  aussi 
bien  se  romaniser  enjjlevir  que  cont&rtere  eu 
convertir.  Seulement  nous  ne  pouvons,  par 
])rincipe,  admettre  avec  Cachet  que  e  dans 
ph^ir  soit  une  conversion  de  d  ;  dans  tous  les 
cas  allégués  par  lui,  le  v  est  l'effet  d'une  épen- 
thôse  opérée  après  la  syncope  de  la  dentale  ; 
or,  Diez  l'a  démontré  (v.  pi.  h.),  dans  le  cas 
qui  nous  occupe,  les  formes  provençales  ne 
permettent  pas  de  considérer  le  v  comme  épen- 
thétique,  mais  bien  comme  l'adoucissement 
d'un  b  radical  et  primitif,  ce  qui  nous  force 
de  renoncer  à  un  type  prœdire  ou  prœdere  et 
à  accepter  l'étymologie  posée  par  Diez.  Littré 
flotte  entre  les  deux  opinions  indiquées.  — 
Bartsch  (Grôb.  Ztschr.,  II,  309)  réunit  un 
grand  nombre  d'arguments  pour  rattacher 
l'anc.  fr./)/«i?tr  à  une  forme  gothique  supposée" 
plaihvan.  —  L'étymologie  de  Wachter,  qui 
pensait  à  l'ail,  pflegen,  avoir  soin,  a  été  reprise 
par  Behaghel  (Grôb.  Ztschr.,  I,  468;,  en  four- 
nissant les  preuves  de  la  signification  «  ga- 
rantir, cautionner  w  inhérente  à  l'anc.  saxon 
plegan  (=  haut  ail.  pflegeii).  —  D.  pleiger. 

PLEIN,  L.  plenus.  —  De  la  forme  dériva- 
ïweplcna^ius,  vient  fr.  plcnier.  —  D.  pléni- 
tude, L.  plenitudo;  vfr.  plenté,  planté, 
L.  plonitatem,  d'où  plantureux  (v.  c.  m.). 

PLENIBR,  vov.  plein. 

PLÉNIPOTENTIAIRE,  du  L.plenapotentia, 
plein  pouvoir,  ail.  voll-macht. 

PLÉONASME,  gr.   Trisovaç/zai;,  superfluité. 

PLÉTHORE,  gr.  7r).,j&«pu,  plénitude. 

PLEURE,  variante  deplèvre  (v.  c.  m.). 

PLEURER,  L.  plorare.  —  D.  pleur,  subst. 
verbal  ;  pleureur,  -eux,  -euse;  verbe  pleurni- 
cher (\.  c.  m.). 

PLEURÉSIE,  voy.  plèvre. 

PLEURNICHER/tcrme  familier  d'introduc- 
tion récente,  dérivé  péjoratif  de pZtfwret';  d'une 
facture  bizarre  et  sans  précédent. 

PLEOROPNEUMONIE,  inflammation  de  la 
plèvre  (7r)£u/5â)  et  des  poumons  (Trviû^aiv). 

PLEUTRE  (champ.  plaxU,  plautre)\  peut- 
être  formé  par  transposition  de  peultre,  paul- 
tre  et  partant  le  primitif  de  poltron;  la  signi- 
fication première  serait  alore  paresseux, 
lâche.  Génin  explique /î/^î(/r(î  par  bellcudrc, 
vieux  mot  qui  signifiait  «  un  bêlant,  un  mou- 
ton, un  honunc  sans  énergie,  qui  ne  sait  que 
bêler  lorsqu'il  faudrait  se  battre,  un  ))lcuti'e 
enfin  «.  —  Bugge  (liom.,  IV,  3G4)  rapproche 
vha.  plodar,  dégénéré,  Woc/^r,  peureux,  nord. 
blaudhr,  «  imbellis,  ignavus,  mollis  ». 

PLEUVOIR,  p.  pleu-oir  (u  intercalaire),  d'un 
type  L.  plurre  p.  pluere.  Dimin.  2)lcuvi7i€7\ 

PLEVRE,  gr  7r).îuo&,  côté,  c6te.  d'où  îritu- 
plrii,  îv.pleurite.  —  Le  ievmQ  pleurésie  (hh. 
pleuresis)  est  fait  diaprés  un  type  supposé 
7r/sûfiS7t;,  p.  7r>«upÎTii. 


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PLU 


—  39»  — 


POC 


PLETON,  voy.  plier. 

PLI,  subst.  verbal  de  plier, 

PUB,  vfr.  plaie,  d'un  type  latin  plata,  = 
la  plate  (cp.,  pour  la  filière  des  formes,  oblata, 
fr.  oblait}',  oublie).  Ce  poisson  s'appelait  aussi 
plagie  du  L.  planus  Voy.  aussi  plaise. 

PLIER,  forme  concurrente  ployer  (i  bref 
latin  =  oi  fr.),  vfr.  pleyer  (d'où  le  dér. 
pleyon,  osier  pour  lier  la  vigne),  it.  piegare, 
esp.,  prov.  plegar,  du  L.  plicare.  —  D.pli, 
anc.  aussi  plot;  plia,ble,  plioir.  Composés  : 
rqjlier,  employer  (v.  cm.);  déplier  et  do'' 
ployer  (v.  c.  m.).  —  Une  forme  barbare  7;//(> 
tiare,  tirée  de  plicitiim,  plic'tum,  supin  do 
plicare,  a  donné  plisser.  —  Le  subst.  verbal 
plica  {de  plicare)  a  donné  le  nom  de  la  mala- 
die appelée  plique. 

PLINTHE,  L.  plinthus,  gr.  îriîvao,-. 

PLIQUE,  voy.  pliei\ 

PLISSER,  voy.  plier. 

PLOG.  poil  do  vache  ;  p.  pelcc  d'un  type 
L.pilucus  (pilus)?  Cp.  pliiche.  —  Une  forme 
féminine  ploque  signifie  feuillet  de  laine  ou 
de  coton  cardé.  —  h.ploquer. 

PLOMB,  L.  phtmbum.  —  D.  plombier; 
verbe  plomber,  l'anc.  langue  disait  aussi 
(d'après  le  primitif />/om,  plon)plomer,  plou- 
mei\  Composé  aplomb  (v.  c.  m.j,  Voy.  aussi 
plonger. 

PLOMBAGINE,  L.  plumbago,  -inis. 

PLONGER,  d'un  type  latin  plumbicare  (cp. 
le  vfr.  cliiiger  de  clinicare,  enferger  de  infer- 
ricare),  pris  dans  le  sens  de  «  tomber  à  plomb 
dans  l'eau  »»,  op.  it.  piombare,  tomber  à 
plomb,  prov.  plombar,  enfoncer.  Cette  étymo- 
logie  do  Diez  est  trop  bien  établie  pour  qu'on 
ait  recours  aux  langues  celtiques,  où  l'on 
trouve  bret.  plunia,  cymr.  plwng,  m.  s. 
Elle  se  recommande  encore  par  les  formes  vfr. 
plonche7%  pic.  pUmqucr,  wall.  plonki.  Le 
mot  plonger  se  rencontre  pour  le  sens  avec 
l'ail,  plumpim  (néerl.  plompen),  qui  se  dit 
do  la  chute  d'un  corps  lourd;  mais  ce  der- 
nier, tout  en  paraissant  connexe  avec  le  L, 
pliimbnm,  n'est  pas  l'ascendant  direct  du  mot 
français.  —  D,  phnigriir,  plongeon. 

PLOQUER,  voy.  ploc.  —  D.  ^plocage. 

PLOT,  billot  ;*^rall.  jilock,  p/tock,  cheville 
de  bois,  ne  convient  pas  comme  ôtymon  À 
cause  du  sens  ;  les  idiomes  celtiques  ont  ploc, 
et  l'allemand  p/o/j«?>^  au  sens  de  frapper. 

PLOYER,  voy.  plier. 

PLUCHE,  p.  peluche  (v.  c.  m  ). 

PLUIE,  vfr.  pleuve,  champ,  ploge,  it. 
piftf/gia  {une.  piova,  plnja),  du  L.  pluvia, 

PLUME,  L.  pluma.  —  I).  plumage,  plu- 
hiail  (type  lat.  plumaculuni),  plumeau,  jylu- 
met;  plumasseau,  phnnassicr  (dér.  d'un  type 
plwnacius  =  fr.  plumas};  verbe  plumer, 
ùter  les  plumes  (le  L.  plumare  signifie  le 
contraire,  c.-à-d.  garnir  de  plumes;;  plu- 
tnmto!,  L.  plumosus. 

PLUMETIS,  brouillon  d'une  écriture,  mi- 
nute; ce  mot  est  la  forme  populaire  de  plu- 
mitif =s  original  dos. arrêts  et  sentences.  Or, 
jjlumitif  à'oix  vient-iU  De  plume  f  Nous  en 
doutons;  la  facture  du  mot  serait  par  trop 


extraordinaire.  Au  surpus,  le  BL.  ne  présente 
aucune  forme /^/umz^tDu^.  On  est  donc  amené 
à  donner  créance  à  l'étymologie  de  Ménage, 
qui  explique  le  mot  par  une  corruption  deprt- 
vnitif.  En  effet,  les  patois  disent  prume,  p. 
prime  (premier)  ;  le  peuple  a  donc  aussi  pu 
dire  prumitif,  puis  plumitif,  p.  primitif .  Le 
changement  de  la  liquide  r  en  /  est  un  fait 
constant.  Pour  c  ou  t  transformé  en  u,  cp. 
encore  vfr.  prutnier  (premier),  fumiele  (fe- 
melle). Ce  qui  nous  confirme  dans  cette  ma- 
nière de  voir,  c'est  que  la  moyenne  latinité 
employait  en  effet  primitivum  au  sens  de  pro- 
tocollura.  —  Reste  à  connaître  l'origine  du  mot 
plumetis  dans  la  locution  «  broder  au  plumo- 
tis  ».  Faut-il  y  voir  le  même  mot  que  plume- 
tis =  minute  d'une  écriture,  ou  le  dérivé  d'un 
verbe  plumeter,  qui  signifierait  orner  de 
plumes  ou  plumettesf  Le  terme  de  blason 
jilumeté,  parsemé  de  mouchetures  ayant  la 
forme  d'un  bouquet  de  plumes,  et  d'autres 
acceptions  anciennes  de  ce  terme  parlent  en 
faveur  de  la  dernière  manière  de  voir. 

PLUMITIF,  voy.  l'art,  préc. 

PLUPART  {hk\  abréviation  de  la  formula 
la  plus  gi'ande  part. 

PLURIEL,  L.  plural is  ^plures).  —  D.  ^ylura- 
lité,  L.  pluralJtatem.  —  Le  mot  pluriel  pèche 
contre  les  lois  de  phonétique  qui  postulent 
plurel.  Cette  forme  doit,  en  effet,  avoir  existé, 
mais  on  est  en  droit  de  supposer  que  do 
bonne  heure  elle  s'est  assimilée  à  singuler 
(L.  singularis)  et  s'est  faite  plurer  (forme 
constatée).  A  l'époque  où  la  finale  er  =  lat. 
aris  s'identifia  avec  ier  =  lat.  arius,  au 
xvi^  siècle,  nous  trouvons  singulier,  plurier 
(fém.  -iere).  Pluriel  no  se  trouve  pas  avant  le 
xvii"  siècle  {ioplurtex  cité  par  Littré  est  une 
représentation  graphique  de  plurieus  ^=  plu- 
rieurs  =  plusieurs)  ;  cette  forme  accuse  évi- 
demment la  tendance  à  rejoindre  1'/  du  latin 
pluralis,  manifestée  par  les  savants,  qui  ne 
connaissaient  guère  encore  les  véritables  lois 
de  la  phonétique  française.  Voy.  Forster,  ap. 
Grôber,  Zt.sdir.,  IV,  379. 

PLUS,  L.  plus.  —  D.  plusieurs,  vfr.  ;>/«*- 
sor,  prov.  plusour.  Ce  mot  est  tiré  de  2)lus, 
d'après  l'analogie  du  BL.  pluriores  tiré  do 
jilures.  C'est  ainsi  que  le  vieux  latin  avait  fait 
du  môme  plus  le  superl.  plusimus,  au  lieu 
depluHmus.  —  Composé  surplus. 

PLUSER,  t.  de  draperie  =  éplucher,  p.  pe- 
louser,  du  L.  jnlosus  (cp.  pelouse  et  peluche). 

PLUSIEURS,  voy.  ^j/wi-. 

PLUTÔT,  p.  plus  tôt. 

PLUVIAL,  L.  pluiualis  (pluvia);  pluvieuj:, 
L.  pluviosus  (d'où  le  nom  do  j^laoiose  du 
calendrier  républicain). 

PLUVIER,  plouvier',  du  L.  pluvia,  pluie, 
parce  que  cet  oiseau  arrive  en  troupes  dans 
la  saison  dos  pluies . 

PNEUMATIQUE,  gr.  n-^vjfi^ruô;,  de  tivi^x, 
souffle,  esprit. 

POCHADE,  voy.  ;>oc/ic. 

POGHARD,  voy.  poche.  —  D.  poctiarder, 

POCHE,  dans  les  patois  poque,  pouque.  Le 


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POÊ 


—  400  — 


POl 


sens  fondamental  de  ce  mot  est  incontestable- 
ment chose  creuse  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
chose  enflée.  Les  diverses  significations  ac- 
tuelles ou  anciennes  :  sac,  panier,  jabot,  faux 
plis,  bouillon,  cuiller,  creuset,  tumeur,  pus- 
tule (dans  le  t.  populaire  poques,  poqiieUes), 
s'y  laissent  aisément  ramener.  Le  mot  est 
d'origine  germanique  et  répond  pour  le  sens 
et  la  forme  au  nord.  ]x>kt,  ags.  jxfcca,  angl. 
pock^pocke^pouch.  La  même  racine,  nasalisée, 
se  retrouve  dans  les  mots  équivalents  vha. 
phunr.,  mha.  pfunc,  suéd.,  dan.  pitrif;,  BL. 
pnnga,  puncha,  grec  mod.  iroûyyi  (it.  vénitien 
ponga,  jabot).  —  D.  pochette  (angl.  pocket), 
d'où  pocheter;  pochée.  Quant  au  VQvh^ pocher, 
on  n'est  pas  fixé  sur  son  origine,  en  ce  qui 
concerne  les  expressions  pocher  des  œiifs,  et 
yextx  pochés.  On  a  mis  en  avant,  les  uns  l'ail. 
pochen,  frapper,  d'autres  le  verbe  fr.  dialectal 
pouchei'  (aussi  paucher),  qui  vient  de  poUeœ, 
'icis,  et  qui  signifie  presser  du  pouce.  Je  suis 
d'un  autre  avis;  selon  moi,  pocher  des  œufs, 
c'est  les  apprêter  de  manière  à  laisser  au 
jaune  sa  forme  arrondie  et  rebombée.  Le  mot 
se  rapporte  à  la  valeur  foncière  de  poche  : 
chose  concave  ou  convexe.  Vceil  ^yoché  est  une 
expression  ]X)pulaire  reposant  sur  une  res- 
semblance do  son  et  de  fait  avec  un  œuf 
poché;  une  écriture  toute  pochée,  c.-à-d. 
pleine  de  2)ochons  (mot  familier)  ou  pâtés 
d'encre,  présente  encore,  parait-il,  le  même 
trope.  —  Quant  au  pocher  des  artistes  (d'où 
pochade),  il  pourrait  venir  de  pauche,  pou- 
che,  pouce  (travailler  du  pouce);  cependant 
Génin  explique  ainsi  le  mot  pochade  :  «  es- 
quisse rapide  et  négligée,  où  la  brusquerie 
du  pinceau  a  jeté  les  couleurs  comme  des 
pochons  par  saillies  inégales.  C'est  l'opposé  de 
faire  léché,  tranquille  et  miroitant  ».  — 
Autres  dérivés  de  poche  :  pochard,  rempli 
comme  une  poche  (?);  itochon,  pâté  d'encre, 
propr.  pustule  (?) 

POCHER,  voy.  l'art.,  préc.  —  Pour  l'anc. 
valeur  «  mettre  en  poche  »,  nous  n'avons  plus 
que  le  cps.  empocher.  —  D.  pocheter,  porter 
(des  fniit.s)  dans  sa  poche  (pour  les  faire  mûrir). 

POCHETTE,  POCHON,  voy.  poche. 

PODâÇRE,  L.  podagra  (7rôoi//5«). 

1.  POELE,  masc,  drap  mortuaire,  voile 
nuptial,  vfr.  poesJe,  Diez  conjecture  un  type 
gr.  îTîTîc/ov,  chose  étendue,  déployée  ;  il  rap- 
pelle L.petalum,  lame  d'or  qui  couvrait  la  tête 
du  grand  prêtre  des  Juifs.  Le  primitif  L.  pal- 
lium,  prov.  |>a7f,  ne  lui  convient  pas,  parce 
que  pallium  ne  répond  qu'au  vfr.  paile.  Lit- 
tré  se  prononce  néanmoins  pour  pallium,  en 
se  fondant  snr  ce  qu'au  xvi°  siècle  on  a  pro- 
noncé et  écrit poile.  Je  trouve  dans  Palsgrave 
à  la  fois  un  mot  pâlie  traduit  par  canopy 
(dais)  et  un  mot  paille  traduit  par  clothe  for 
a  dead  (drap  mortuaire).  —  Je  suis  d'avis  que 
s'il  n'y  a  pas  lieu  de  faire  cas  de  l'orthogra- 
phe poésie,  poisle,  Vs  y  étant  parasite,  l'opi- 
nion do  Littré  doit  prévaloir;  jnnle  issu  de 
paile  n'est  pas  plus  étrange  que  'esmoi,  émoi 
=ï  vfr.  esmai,  foin  =  vfr.  fain,  et  (en  syllabe 
atone)  la  forme  voisin  =  raisin. 


2.  POÊLE,  masc.,  vfr.  poisle  (l'Académie 
autorise  aussi  l'orthographe  poile\  étuve, 
chambre  à  étuve,  puis  fourneau.  Mot  d'ori- 
gine obscure.  Il  vient  directement  du  BL. 
piséle,  piselis,  piselum  (l'accent  porte  sur  la 
première  syllabe).  Mais  ces  types  immédiats, 
comment  les  expliquer?  Diez  observe  qu  ils 
pourraient,  pour  la  forme,  se  déduire  àepen- 
sile,  pesile  (d'où  le  frison  jtysel,  mha.  pfisd 
=»  pocle),  mais  il  ne  se  rend  pas  compta  de 
l'application  spéciale  du  mot  latin  qui  a  pu 
motiver  la  signification.  Il  cite  le  horreum 
pensile  de  Columelle  ;  puis  le  domits  pensilis 
et  le  came7'a  pendens  de  la  moyenne  latinité. 
Nous  acceptons  la  judicieuse  étymologie  du 
professeur  allemand,  en  ajoutant  que  ses 
doutes  relativement  au  rapport  logique  entre 
pensilis,  suspendu,  et  étuve,  nous  semblent 
levés  par  l'expression  de  Pline  :  haineœ  pen- 
siles  =  cabinets  de  bain  suspendus,  c.-à-d. 
construits  sur  des  voûtes  et  cliauffés  par- 
dessous  (hypocausta).  —  Littré  part  du  BL. 
piselum,  ouvroir  des  femmes,  que  Ducange 
tire,  par  pensile,  àe  pensum,  tâche  (cp.  pen- 
siles  ancillœ,  sei-vantes  à  la  tâche;;  il  en- 
chaîne ainsi  les  sens  et  les  formes  :  pensile. 
pesile,  poisle  .^  ouvroir,  chambre  chaufice, 
poêle.  —  Je  préfère  ma  manière  de  voir, 
puisque  le  pensilis  ou  suspensura,  en  t.  d'ar- 
chitecture romaine,  implique  nécessairement 
l'idée  do  chaufi'agc,  et  que  le  sens  actuel  du 
mot  pof*le  reposerait  sur  le  même  enchaîne- 
ment d'idée  que  celui  du  mot  étuve  (y.  c.  m.); 
en  Suisse,  i)oéle  se  dit  encore  pour  chambre 
à  poêle.  —  D.  poélier,  d'où  poôlerie. 

3.  POÊLE,  fém.,  ustensile  de  cuisine,  vfr. 
paèle,  paesle  (Nicot  a  paelle  et  à  Bruxelles 
j'entends  dire  payelle),  du  L.  patclla  (it.  pa- 
délia,  esp.  padilla),  dim.  de  patena.  —  D. 
poêlon  (Nicot  poillon),  poéldte,  poêlée»  Voy. 
aussi  palette  2. 

POËME,  L.  poema,  gr.  wociruat,  pr.  œuvre, 
composition  en  général  ;  poésie,  L.  jx)ésis,gv, 
nolritiç;  poète,  L.  poêla,  gr.  '!T'nr,Tr,i apoétique, 
L.  poi'ticus,  gr.  TtoitiTKxôi;  dér.  mod.  poétiser 
(d'un  type  TtoiïjTfJuv). 

POÉSIE,  voy.  poème. 

POÈTE,  voy.  poème.  —  D.  poétereau. 

POÉTISER,  voy.  poème. 

P06E,  t.  de  marine,  de  Vit.  p(^gio,  qui 
vient  du  gr.  wdiiov,  pr.  la  corde  au  bout  infé- 
rieur de  la  voile  ;  puis  employé  pour  désigner 
le  câble  de  droite,  en  opposition  avec  orza. 
fr.  orse,  =  câble  de  gauche.  —  D.  poger, 
pouger. 

PODS,  vfr.  pois,  it., esp.,  port,  peso,  prov. 
pens,  2X'S,  du  L.  pensum  (pendere),  pr.  chose 
pesée.  Le  vfr.  avait  aussi  la  forme  fera,  jmise. 
L'insertion  du  d  dans  pftids  parait  être  moti- 
vée par  un  souvenir  trompeur  du  L.  j)ondus, 
joint  au  désir  de  différencier  le  mot  de  pois, 
L.  pisum.  On  peut  aussi  considérer  pois  ' 
comme  le  subst.  verbal  de  peser  au  sens  neu- 
tre «  être  lourd  »  (e  changé  en  oi  en  syllabe 
tonique  était  autrefois  de  règle  dans  la  conju- 
gaison de  ce  verbe). 


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roi 


—  401 


POL 


POIGNE,  force  du  poing  ;  je  tiens  ce  mot 
pour  le  subst.  verbal  de  poigncr\  saisir  avec 
le  poing,  user  du  poing  ;  «  un  préfet  à 
poigne  X  est  un  préfet  qui  sait  agir  avec 
énergie. 

POIGNARD,  anc.  poingnal,  it.  pugnale, 
esp.  punal,  du  L.  pugniis,  poing;  d'après 
Diez,  du  L.  pugio^  -onis,  m.  s.  (étym.  dou- 
teuse). —  D.  poignarder, 

POIGNÉE,  POIGNET,  voy.  poing. 

POIL,  L  piîus  (i  bref).  —  D.  poilu. 

1.  POINÇON,  it.  punsone,  esp.  punzon^ 
angl.  piiiicheon,  du  L.  punctionem,  action 
de  piquer  (do  ce  mot  latin  les  médecins  ont 
fait  leur  terme  ponction).  La  substitution  du 
sens  concret  (chose  piquante)  au  sens  abstrait 
a  déterminé  le  changement  du  genre  (cp. 
nourrisson,  poison^  polisson,  scion).  —  D. 
poinçonner. 

2.  POINÇON,  mesure  de  liquide  ;  on  trouve 
aussi  ponchon,  pochon;  prob.  le  même  mot 
que  poisson  2. 

POINDRE,  1 .  piquer,  2.  apparaître  comme 
une  pointe  (en  parlant  du  jour,  des  herbes)  ; 
du  L.  pungere  (cp.  joindre,  oindre).  Part, 
prés,  poignant;  subst.  participial ;x)i«te  (dans 
«  la  pointe  du  jour  »;.  —  Du  subst.  latin 
punclus  etpitnctum  :  fr.  point  (v.  ce  mot);  du 
subst.  L.  jnmctura  :  fr.  pointure. 

POING,  vfr.  pung,  puing,  prov.  jmnh, 
ponh,  du  L.  pugnus.  —  D.  poignée  (cp.  le 
synonyme  vf^.  manée,  de  main)\  poignet; 
empoigner.  Voy.  aussi  poignard. 

POINT,  it.  puntOj  ail.  punht,  1 .  action  de 
poindre  ou  de  piquer,  piqûre,  =  L.  punctns, 
gén.  -us;  2.  marque  ou  résultat  d'une  piqûre 
(d'où  découlent  do  nombreuses  acceptions 
propres  et  métaphoriques;  =  L.  punctum; 
3.  terme  servant  au  renforcement  de  la  néga- 
tion, comma  pas,  mie,  goutte,  etc.  — D. poin- 
ter, diriger  vers  un  point,  aussi  faire  des 
points  ;  cps.  appointer  (v.  c.  m.). 

POINTÎS,  1.  action  de  poindre  ;  2.  pr.  chose 
aiguë  par  le  bout,  piquant,  puis  extrémité  ; 
du  participe  fém.,  subst.  verbal  de  poindre. 
—  1).  pointu;  pointer,  frapper  de  la  pointe 
de  Tépée;  aussi,  au  sens  neutre,  =  poindre. 

POINTER,  voy.  point  ot  pointe.  —  D.  poiii- 
tar/e,  pointeur;  pointiller. 

POINTILLER,  dim.  de  pointer.  —  D.  subst. 
vevhsi  pointu,  instrument  de  verrier;  ^om- 
tillfige^  -eux. 

POIRE,  it.  pera,  du  L.  pirum.  —  D.  poi- 
rier, poiré. 

POIREAU  ou  plutôt  porrcau,  du  L.  potTel- 
lutYi  ,  dim.  du  L.  porrum  (it.  porro).  Par 
comparaison  le  nom  de  cette  plante  bulbeuse 
s'emploie  pour  verrue. 

PÔIRÉE,  anc.  porde,  dér.  de  porrum,  poi- 
reau. —  Voy.  uns&ï  purée. 

POIS,  h.pisum. 

POISON,  autr.  =  breuvage,  potion  ^signi- 
fie, encore  usuelle  dans  les  patois)  et  du  genre 
féminin,  it.  posione,  prov.  poisô,  esp.  pocion, 
du  L.  poiionem,  dont  la  langue  savante  a  fait 
jKftimt,  et  qui  dans  la  langue  classique  s'em- 
ployait déjà  pour  breuvage  empoisonné  ou 


médicinal.  Cp.  Suétone  :  «  potionatus  ab 
uxore  »,  empoisonné  par  sa  femme.  —  D. 
empoisonner. 

POISSARD,  primitivement  =  fripon,  vo- 
leur, vient  d'après  Rob.  Kstienne  (approuvé 
par  Littré)  de  poix;  «  celui  dont  les  doigts  se 
collent  aux  objets  comme  de  la  j>oia?  »»;  le  sens 
de  grossier  est  survenu  et  l'application  du 
mot  aux  femmes  de  la  halle,  aux  «  mar- 
chandes de  poisson  »,  repose  sur  une  fausse 
étymologie. 

POISSER,  dér.  de  poix.  —  Le  L.  picare 
avait  donné  à  l'anc.  langue  poyer;  cp.  apaier, 
depacare,  coexistant  avec  apaw^,  depacem, 
—  D.  empoisser  ou  empeser  (v.  c.  *i.). 

1.  POISSON,  vfr.  pescion,  pession,  pichon, 
it.  pescionc,  prov.  peysso,  dér.  du  L.  piscis 
=  prov.  peis.  —  D.  empoissonner  (un  étang). 

2.  POISSON,  anc.  pochon,  pocon,  mesure 
de  liquide;  d'origine  inconnue.  Le  premier 
sens  est  petit  vase;  prob.  un  dim.  de  pouce, 
vîr.poch,  mesure  contenant  un  pouce  cubique. 

POITRAIL,  anc.  ot  dans  les  patois  aussi 
poitral,  =1-.  pectorale  (do  pectu^). 

POITRINE,  prov.  peitrina,  d'un  type  L. 
pectorina  ^poctus).  —  D.  poitrinal^  -aire. 

POIVRE,  prov.  esp.  pebre,  it.  pfpe,  du  L. 
piper,  piper is.  —  D.  poivrer,  poiorée,  poi- 
vrier. 

POIX.  L  pix,  picis  Tgr.  Tiîia).  —  D.  pois- 
ser, poissard  (v.  c.  m.). 

POLE  (le  circonflexe  n'a  pas  do  raison),  L. 
polus.  —  D.  polaire,  d'où  polarité  et  j^ola- 
riser. 

POLÉMIQUE,  gr.  noUfiiAÔ;  (de  itôUfioi, 
guerre). 

POLENTA,  mot  italien,  du  L.  polenta, 
farine  d'orge. 

1.  POLICE,  administration,  maintien  de 
Tordre,  e.sp.,  port,  policia,  it.  polisia,  vient 
d'une  manière  irrégulière  du  latin  politia 
(l'/^dela  terminaison  ta  étant  traité  comme 
brève)  =i  gr.  ffo)iTi(«,  administration.  L'ail. 
poli  sel  est  plus  correctement  formé,  ladiphth. 
ei  reproduisant  l't  long  du  mot  latin. 

2.  POLICE,  contrat  d'engagement,  acte  offi- 
ciel. Dans  ses  deux  premières  éditions.  Diez 
trouvait  l'explication  de  ce  mot  dans  le  BL. 
polyptychum,  registre  des  actes  publics  et 
particuliers,  livre  terrier,  livre  de  s«)uchc, 
dont  on  a  fait  par  corruption  aussi  poleclicum 
Qtpoletu7n  (qui  est  le  type  du  mot  îr .  pouillc 
vfr.  jjoulié).  Police  répoudrait  ainsi  à  un  type 
\mméd\iit  polrlia.  Reconnaissant  les  difficultés 
diverses  attachées  à  cette  étymologie,  il  n'en 
parle  plus  dans  sa  troisième  édition  (la  der- 
nière publiée  par  ses  soins);  il  ly  remplace 
par  la  suivante.  L'italien  pôlisza,  auquel  le 
français  aurait  emprunté  police,  avec  avance- 
ment de  l'accent,  lui  semble  reproduire,  sous 
une  forme  féminine,  le  L.  jyollcx,  pollicis,  cpii 
en  basse  latinité,  a  été  employé  avec  la  valeur 
de  sceau  (Du  Gange  cite,  en  effet,  dans  un 
acte,  sub  pollice  S.  Mauricii),  d'où  se  serait 
naturellement  dégagée  celle  do  «  feuille  munie 
d'un  sceau  ».  —  En  présence  du  mot  vfr.  apo- 

2G 


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POL 


402  — 


POM 


lice  (=.  registre,  peut-être  =  document  public 
en  général)  qui  se  trouve  dans  Mainet,  chanson 
de  geste  du  xn°  siècle  (voy.  Rom.,  IV,  330), 
rapproché  du  BL.  apodixa  =  cautio  de  sus- 
cepta  pecunia  (voy.  Du  Cange)  et  du  mot 
méridional  podiza  =  reçu,  quittance  (voy. 
Rom.  X,  620),  je  me  demande  s'il  n'y  a  pas 
lieu  d'introduire  ici  une  nouvelle  conjecture. 
Le  gr.  ànoJfifii,  démonstration,  exposé,  docu- 
ment, preuve,  ne  serait-il  pas  la  source  des 
mots  en  question?  La  mutation  du  d  médial 
en  î  ne  serait  pas  plus  étrange  que  celle  qui 
se  remarque  dans  it.  cahico  =  L.  caduciis; 
quant  à  la  chute  de  Va  atone  initial,  j'invo- 
querai l'histoire  des  mots  it.  boltega  (apotheca), 
rena  (arena;,  fr.  la  Fouille  (Apulia)  et  de  tant 
d'autres. 

POLICHINELLE,  de  Tit.  piilcinello,  per- 
sonnage de  la  comédie  napolitaine  représen- 
tant un  paysan  balourd  qui  dit  plaisamment 
des  vérités.  Galiani  (  Vocab.  Neap.)  rapporte  le 
mot  italien  à  Puccio  d'Aniello,  nom  d'un  petit 
paysan  des  environs  de  Naples,  qui  aurait  créé 
le  rôle  de  polichinelle.  Selon  d'autres,  et  cela 
me  parait  plus  plausible,  le  mot  n'est  qu'une 
expression  de  caresse  et  vient  du  L.  pull  us, 
par  l'intermédiaire  de  pulcino  (voy.  poussin). 
Citons  encore  l'opinion  de  ceux  qui  ratta- 
chent le  mot  à  un  Paulo  Cinella,  qui  aurait 
joué  les  Polichinelles  du  temps  de  Charles 
d'Anjou,  à  Naples.  —  L'angl.  dit  (n  p.  /)  pun- 
chinelle  et  tout  court ^unc^. 

POLIR,.  L.  polire,  —  D.  poli,  vfr.  polit, 
L.  ix>litus  (de  là  politesse)^  polisseur,  -oir, 
'Ure;  polisson,  du  L.  poliiionem,  action  de 
polir  ;  ce  subst.  abstrait  et  féminin  a  pris  dans 
la  suite  une  signification  concrète  (cp.  poi^i- 
çon,  nourrisson),  accompagnée  du  genre  mas- 
culin, savoir  «  nettoyeur  de  rues  «,  puis  cou- 
reur de  rues,  gamin,  etc.  L'idée  dépolir  des 
mes,  d'où  part  cette  explication  du  mot  polis- 
son (posée  par  Diez  et  approuvée  par  Littré) 
ne  me  sourit  pas  ;  je  pense  plutôt  qu'il  y  a 
entre  polir  et  polisson  le  même  rapport  méta- 
phorique qu'entre  fourbir  et  fourbe  (v.  c.  m.)  ; 
ou  bien,  comme  le  nourrisson  (v.  c.  m.)  est 
celui  qui  est  à  nourrir,  le  polisson  est  celui 
qui  est  encore  à  polir  (car  le  vrai  sens  du  mot 
est  «  petit  garçon  mal  léché,  mal  élevé  «). 

POLISSON,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  polisson- 
ner,  polissonnerie. 

POLITIQUE,  L.  politicus,  gr.  itoUxtr.ài,  de 
ffo'iij,  ville.  Etat,  république;  subst.  =,  gr. 
iroiiTixï5,  s.  e.  réxvij,  art  de  gouverner  un  Etat. 
—  D.politiquer. 

POLL,  mot  anglais,  pr  tête,  puis  énuméra- 
tion  par  têtes,  liste  de  personnes,  rôle. 
POLLEN,  mot  latin  =  farine  très  fine. 
POLLUER,  L.polluere  (strictement  =fréqu. 
pollutare);  subst.  pollution,  L.  pollutionem; 
vfr.  poilu,  du  L.  pollutus. 

POLTRON,  do  Vitpoltrone;  celui-ci  est  dér. 
de  l'adj.  poltro,  paresseux,  qui  aime  ses  aises, 
lâche.  Quant  kpoltro,  il  vient  du  vha.  polstar, 
nha.  polster,  coussin.  Pour  le  rapport  des 
dées,  cp.  vfr.  lodier  =  couverture  de  lit  et 
paresseux,  vfr.  lanier  =  poltron,  lâche,  de 


lana,  laine,  et  port,  madraço,  paresseux.  Il 
se  peut  que  le  mot  fr.  pleutre  (v.  c.  m.)  repré- 
sente le  primitif  italien  poftro.  —  L'étymolo- 
gie  pollice  truncus  =  à  qui  on  a  couj)é  le 
pouce  (pour  le  faire  exempter  du  service  mili- 
taire), est  abandonnée  ;  elle  jure  avec  la  forme 
it.  poltrone.  Mais  il  .s'en  est  produit  une  autre 
qui  a  plus  de  vraisemblance,  et  qui  peut  riva- 
liser avec  celle  que  nous  avons  posée  ci-dessus 
après  beaucoup  d'autres.  Génin  explique  jX)/- 
tron  comme  le  dimin.  du  vîr.poultre  (BL.  piil- 
letrus),  cavale  (ou  plutôt  pouiainj.  •«  llnpoul- 
tron  est  ce  petit  poulain  qui,  gambadant  au 
soleil  près  de  sa  mère,  la  poultre,  s'eflarouche 
de  son  ombre  et  dont  le  premier  mouvement 
est  toujours  de  s'enfuir.  «  Déjà  Ménage  avait 
proposé  pour  primitif  puUus  ou  plutôt /îî^//^- 
trus.  Cette  étymologie  conviendrait  assez  bien 
même  pour  la  forme  italienne  (car  po/^racc^o, 
poulain,  présuppose  un  primitif  poltro,  dou- 
blure de  poledro)  ;  cependant,  le  double  sens 
du  verbe  it.  polirire,  se  livrer  au  sommeil  et 
à  la  paresse,  nous  décide  pour  l'étym  polstar. 
Nous  invoquerons  enc/)re  en  sa  faveur  l'expr. 
ail.  bàrenhàuter,  qui  désigne,  d'après  Sanders 
(contrairement  à  l'opinion  de  Grimm).  l'homme 
de  guerre  qui,  au  lieu  de  guerroyer,  reste 
couché  paresseusement  sur  sa  peau  d'ours 
(bàrenhaut). 

POLT-  (en  composition),  du  gr.  rtalùi,  plu- 
sieurs. C'est  donc  un  fkjuivalent  du  L.  mulli- 
Voici  les  principaux  composés  avec  poli/  : 

Polyèdre,  gr.  nohJîSpoi,  à  plusieurs  bases 
(iSpv,  face). 

Polygame,  gr.  T:o}ù-/riuiOif  plusieurs  fois  ma- 
rié (de  ya//iw,  se  marier),  à* oix  polygamie. 

POLYGLOITE,    gr.    7ro)û/iwrTO«    (de   yiÛrT», 

langue). 

Polygone,  gr.  woiûvwvo;  (de  ywv{a,  angle). 

PoLYGRAPHK,  gr.  ffo)ûvp«?9«»  9"»  écrit  sur 
diverses  matières.  —  D.  poly graphie,  -ique. 

Polynésie,    groupe    de    beaucoup    d'iles 

Polysyllabe,  gr.  ffo}u»ûlia6o;. 

POLYTIXHMQUK,     gr.     1to)vTtyyin6i,    qui    .se 

rattache  à  plusieurs  arts  ou  métiers  (rixvn). 

Polythéisme,  dér.  de  îroiôâso^,  qui  adore 
plusieurs  dieux. 

POLYPE,  L.  polypus,  du  gr.  tto^ûîtow;,  ver 
aquatique  à  plusieurs  pieds.  —  D.jKtlypeux, 
polypier.  Voy.  aussi  ^i(/j;<!  2  et  pieuvre. 

POMMADE  (it.  pomaia),  dér.  de  j^omme; 
d'abord  le  mot  s'appliquait  à  un  onguent  fait 
avec  de  la  graisse  et  des  pommes  d'api.  — 
D.  pommader. 

POMME,  prov.,  esp.,  it.  poma  (vfr.  aussi 
masc.  pom,  pun,  prov.  pom,  it.  porno),  du 
L  pomum,  nom  général  donné  à  toute  espèce 
de  fruits  à  pépin  ou  à  noyau.  —  D.  se  pom- 
mer, t.  de  jardinage  ;jx)mwr,  à' oix  pomme- 
raie (vfr.  j)omaie,  L.  pomctum);  pommeau, 
\{v.pcmiel,  petite  boule  en  forme  de  pomme; 
forme  fôm.  pommelle,  plaque  de  plomb  bom- 
bée pleine  de  petits  trous  qu'on  met  à  lem- 
bouchure  d'un  tuyau  pour  empêcher  les 
ordures  de  passer  ;  se  pommelet\  se  couvrir  de 
petits  nuages  en  formes  de  petites  boules; 


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PON 


403  — 


POU 


pommelé,  marqué  de  taches  en  forme  de 
boule  (cp.  en  ail.  çeapfelt,  apfel-scliimmel)  \ 
pommette. 

P0M0L06IS,  mot  nouveau  et  hybride, 
science  des  arbres  fruitiers. 

1.  POMPE,  appareil  somptueux,  du  L. 
pompa,  m.  s.  (du  gr.  Ttofinvi,  procession  publi- 
(jue).  —  D. pompeux,  L.  pomposus  ;  pompon, 
ornement  d'ajustement  (v.  c.  m.j. 

2  POMPE,  appareil  destiné  à  élever  et  à 
pousser  les  eaux  d'un  lieu  dans  un  autre, 
machine  pour  élever  l'eau,  angl.  pump,  ni. 
jiomp,  aU.pumpe;  d'origine  incertaine  ;  peut- 
être  une  onomatopée,  imitative  de  la  chute  du 
piston.  Ménage  proposait  hardiment  le  gr. 
KOfjL-itr,,  action  de  conduire  (l'eau;.  Cette  éty- 
mologio  sex'ait  acceptable,  si  le  mot  nous 
venait  par  l'intermédiaire  d'un  it.  pompa ^ 
mais  c«lui-ci  fait  défaut.  Les  langues  esp., 
cat  ,  port,  ont  bomba,  ce  qui  détermine  Diez 
à  envisager  notre  mot  comme  un  dér.  du  mot 
roman  bombare,  boire,  aspirer,  absorber, 
qu'il  considère  comme  une  onomatopée.  — 
D.  potnper,  pompier. 

POMPON,  anc.  slxissï  pompete,  de  pompe  1, 
faste,  magnificence  (cp.  l'origine  de  paion  et 
feston).  On  a  aussi  pensé  à  vfr.  pompon, 
courge  (du  L.  peponem).  —  D.pompomier. 

PONANT,  occident,  prov.  ponent,  it.  po- 
fiente,  esp.  poniente;  ces^t  la  contrée  •»  ove  il 
sol  si  pone«,  où  le  soleil  se  couche;  cp. 
L.  (jccidens  et  fr.  couchant,  —  D.  ponantais, 

1.  PONGE,  pierre,  it.  jjomice,  esp.  pomcs, 
du  L.  pumcx,  -icis.  —  D.  pmxcer  (cp.  L.  pu- 
mirare), ponceux,  -is. 

2.  PONCE,  subst.  verbal  de  poncer  2. 

1.  PONGEAU,  poncer,  couleur  rouge,  puis 
coquelicot,  pavot  rouge  ;  d'après  Diez,  d'un 
type  punicellus,  dér.  du  L.  puniciis  ou  puni- 
ceus  (^oivujoi),  couleur  de  pourpre.  —  Le  sens 
coquelicot,  paraît-il,  a  précédé  celui  de  cou- 
leur rouge  ;  le  mot  représente,  d'après  Tobler 
<  Grôb.  Ztschr  ,  IV,  374),  une  contraction  de 
vfr.  poo}icel  et  quant  À  celui-ci,  il  n'est  prob. 
pas  le  dimin.  de  poon  (=  pao7i  =  L.  pavo- 
nem),  mais  celui  de  pacô  (voy.  pavot)  ;  la 
si'îric  des  formes  serait  :  pavqcel,  devenu  (peut- 
rtre  par  confusion  avec  pavonem)  pavuncel, 
j/ooncel,  poncel^  ponceau.  —  G.Paris  (Rom., 
X,  30<i)  estime  que  Ton  pourrait  aussi  regarder 
juKjHcel  comme  se  rattachant  àpaeonia,  d'où 
fr.  pivoine,  anc.  pione^  peone, 

2.  PONGEAU,  poncer,  petit  pont,  d'un  type 
L.  ponticeliits  p.  ponticulus  (pons),  it.  ponti- 
ceilo. 

1.  FONCER,  polir  avec  la  pierre  j7ance. 

2.  PONCER  un  dessin,  à  mon  avis,  d'un 
tyi)e  punctiare  tiré  dn  part,  puncius.  —  D. 
subst.  verbal  po/ice,  action  de  poncer  et  sachet 
servant  à  poncer,  d'où  ponds  et  poncif. 

PONCEE,  voy.  punch. 

PONGIRE,  esp.  poncidre,  du  L.  pomum 
citrus. 

PONCTION,  voy.  poinçon. 

PONCTUEL  {d\)Ù2jonctualité)  et  verho ponc- 
tuer, mots  savants  faits  du  L.  punctus,  -us, 
piqûre,  point. 


PONCTUER,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  ponc- 
tuation. 

PONDÉRER,  L.  ponderare  (pondus).—  D. 
pondération,  L.  ponderationem  ;  pondéreux, 
L.  pondcrosus. 

PONDRE,  prov.  jiondre^  du  L.  ponere, 
poser.  Cp.  vfr.  espondre  =  exponere.  —  D. 
subst.  p&rtïcipïal ponte;  pondeur,  -euse. 

PONEY,  de  l'anglais  po/îy  (qui  vient  du  gaél. 
ponaidh,  petit  cheval). 

PONGBR,  p.  éponger, 

PONT,  L.  pon.^,  pontis.  —  D.  ponceau  (v. 
c.  m.),  ponté;  pontoii,  pont  flottant,  L.  ponto, 
-onis,  bateau  de  transport. 

1 .  PONTE,  subst.  verbal  participial  de  pon- 
dre. 

2.  PONTE,  au  jeu  d'hombre,  de  l'esp. 
punto,  point.  —  D.  ponter. 

PONTIFE,  mot  savant,  du  L.  pontifex,'icis, 
d'où  |X)ntificalis,  -atus,  fr.  pontifical,  -at. 

PONTON,  voy,  pont.  —  b,pontonage,  pon- 
tonnier ;  vevhepontonner, 

PONTUSEAU,  verge  de  métal  qui  travei-so 
les  vergeures  dans  les  formes  sur  lesquelles 
on  coule  le  papier,  puis  les  raies  que  ces 
verges  laissent  sur  le  papier  ;  sans  doute  p. 
pontiseau,  du  L.  ponticellus,  petit  pont.  — 
Notez  cependant  que  l'esp.  puntizon  indique 
plutôt  un  rapport  avec  puntar,  pointilier. 

POPELINE,  voy.  popeline. 

POPULACE,  anc.  masculin,  anc.  aussi  po- 
pulas  ;  do  l'it.  populasso,  forme  péjorative  de 
jyopolo,  peuple.  —  D.  2)opulacier, 

POPULAIRE,  L.  popularis.  —  D.  popula- 
rité, L.  popularitatem  ;  populariser, 

POPULATION,  L.  populationem,  en  latin 
classique  =  action  de  pf^pulari,  dévaster, 
mais  employé  déjà  dans  le  sens  moderne  de 
peupler  par  le  poète  Sedulius  (v«  siècle). 

POPULEUX.  L.  populosus. 

POQUE,  variété  picarde  de  poche  (v.  c.  m.). 
Le  nom  du  jeu  de  cartes  ainsi  nommé  (ail. 
poch  spiel)  vient  des  cassetins  de  la  planche 
qui  ^evi  à  ce  jeu.*  —  D.  poquer; poqucttes, 
petite  vérole  (provincialisme;. 

PORACé  ou  porracé.  du  L.  poi^aceus,  d'or, 
de  porrum,  poireau. 

PORC,  L.  porcus.  —  D.  jxtrcin,  L.  j)orci- 
nus;  dim.  porcel',  auj.  pimrceau,  L.  porcel 
\\\s\jyorcher,  L.  porc^rius. 

PORCELAINE,  it.  porcellana,  esp.,  port. 
porcelana^  signifie  en  premier  lieu  la  coquille 
dite  do  Vénus,  et  tire  son  nom  du  L.  porca, 
vulve  de  truie  (cp.  le  terme  analogue /?i<cc/a^e). 
Puis  le  nom  de  la  coquille  s'est  successive- 
ment transporté  à  la  nacre  que  Ton  tirait  de  la 
coquille  dite  porcelaine,  aux  vases  faits  avec 
cette  nacre,  et  enfin  à  une  poterie,  importée 
do  l'Orient  vers  le  xvi*  siècle  et  qui  offrait  la 
même  blancheur  nacrée.  Le  nom  de  pource- 
laine,  comme  coquille  et  comme  nacre,  appa- 
raît dès  le  XI II*  siècle. 

PORCELET,  cloporte,  voy.  cloporte. 

PORC-EPIG,  gâté  du  vieux  moi  2)orc-espi, 
dans  lequel  on  interprétait  erronément  espi 
par  le  L.  spica,  épi,  au  lieu  d'y  voir  une  forme 
provençale  de  espin  (cp,  prov .  pairi  p.  patri- 


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POS 


—  404  — 


POT 


nus,  pouzi  =  pous8%n)\  l'it.  dit  porco-spino, 
l'esp.  puerco  espino;  c'est  donc  un  porc  à 
épines,  cp.  Tall.  stachel-schtJDein, 

PORCHE,  régulièrement  tiré  du  L.  parti- 
eus  (porta),  dont  la  langue  savante  a  faitpor- 
tique, 

PORCHER,  voy.  porc,  —  D.  porcherie;  cp. 
bergerie,  bouterie, 

PORE,  L.  ponts,  gr.  itôpoç,  pr.  conduit, 
passage.  —  D.  poreux,  d*où  porosité. 

PORION,  en  Belgique,  sui^eillant  des  tra- 
vaux dans  les  houillères  ;  d'où  ? 

PORNO-,  dsjïs  porno-cratique,  -graphe,  du 
grec  Ttôpvri,  ûWe  publique. 

PORPHYRE,  du  gr.  Ttopfpùptoi,  de  pourpre. 
Un  type  direct  Ttopfvplrru,  porphyre  (Littré), 
est  contraire  à  la  lettre,  l'accent  de  ce  mot 
grec  ou  latin  portant  sur  la  pénultième. 

PORREAU,  Yoy.  poireau. 

1 .  PORT,  action  de  porter,  subst.  verbal  de 
porter.  Acceptions  déduites  :  manière  de  se 
porter,  capacité  de  porter  (en  parlant  d'un 
navire),  transport  d'une  marchandise  ou  d'une 
lettre  et  prix  de  ce  transport. 

2.  PORT,  lieu  destiné  à  recevoir  les  vais- 
seaux et  à  les  tenir  à  couvert,  du  L.  portus. 
—  D.  portulan  (v.  c.  m.). 

PORTAIL,  voy.  porte. 

PORTE  (aM.pforte),  du  L. porta.  —D.por- 
taily  Siiic.  portai,  angl.,  ail.  portai,  d'un  type 
portale;  portier,  L.  ^rtainus;  portière,  por- 
tereau. 

PORTER,  L.  portare.  —  D.  port  (v.  cm.), 
portée;  portière,  adj.  =  qui  porte;  subst.  = 
utérus.  Le  mot  porter,  comme  élément  de 
composition,  a  servi  pour  l'expression  d'un 
très  grand  nombre  d'objets  (ustensiles,  pièces 
d'habillement)  ou  de  fonctions,  p.  ex.  porte- 
a*ayon,  porte-feuille,  porte-épée,  porteman- 
teau, porte-voix^  porte-drapeau,  portefaix, 
porte-queue. 

PORTION,  L.  portiofiem. 

PORTIQUE,  voy.  porche. 

PORTOR,  sorte  de  marbre  à  veines  jaunes 
sur  fond  noir,  àe  porter  -f-  or  (Littré). 

PORTRAIRE  ou  POURTRAIRE,  vieux  mot 
dont  Voltaire  a  eu  raison  de  regretter  la 
perte,  du  L.  protrahere.  L'ancienne  langue 
s'en  servait  dons  le  sens  de  mettre  au  dehors, 
en  évidence,  étaler,  puis  de  représenter,  des- 
siner, peindre.  Du  partie,  protractus  vient  le 
subst.  pourtrait*,  portrait,  pr.  chose  pour- 
traite,  dessin,  effigie,  image.  Ane.  on  avait 
aussi  les  dérivés  portraiture  (dessin,  portrait) 
et  portraiteur. 

PORTRAIT,  voy.  l'art,  préc.  —D.jxJitrai- 
tiste, 

PORTULAN,  direct,  de  l'it.  portolano,  dér. 
de  porto,  L.  portus. 

POSE,  subst.  verb.  de  jwser  (v.  c.  m.),  ac- 
tion de  poser  ;  du  sens  «attitude,  surtout  atti- 
tude affectée  »,  découlent  poser,  prendre  une 
attitude  étudiée,  et  le  subst.  poseur,  qui  aime 
à  poser. 

POSER,  prov.  pausar,  esp.  posar,  it.  po- 
sarc,  du  BL.  pausare.  Ce  dernier  représente 
le  L.  pausare,  s'arrêter,  cesser,  qui,  dans  la 


basse  latinité,  a  pris  le  sens  actif  de  faire 
cesser,  arrêter,  mettre  à  l'état  de  repos.  Po- 
ser a,  en  français,  pris  la  place  du  L.  pmicrt, 
tant  à  l'état  simple  que  dans  les  composés 
(de-ponere,  déposer  \  reponere,  reposer,  eic). 
La  francisation  véritable  de  2)onere  est  pfui- 
dre  (v.  ce  mot),  mais  ce  verbe  a  été  restreint 
à  une  application  toute  spéciale.  —  D.  subst. 
yerhal pose  (v.  c.  m.)-., poseur,  -âge, 

POSITION,  POSITIF,  L.  positio7tem,  -irus. 

POSSÉDER,  du  L.  possidere  (pone  sedere  . 
dont  le  supin  possessum  a  donné  :  possessicm, 
possesseur,  possessif,  L.  possessionem.  -oreni, 
-ivus.  —  Composé  déposséder.  —  Posséder 
est  une  forme  moderne  et  mal  faite;  aussi 
l'ancienne  langue  disait-elle  ou  posseoir,  ou 
possesser  (fréq.),  cp.  angl.  possess. 

POSSIBLE,  L.possibilis  (posse).  —  D.  pos- 
sibilité, L.  possibilitatem. 

POST-,  élément  initial  de  composition, 
signifiant  après,  du  L.  post,  après.  Ex.:  post- 
dater, 2^f>st-scriptum,  post-poser,  post- face 
(opp.  de  préface). 

1.  POSTE,  fém.,  pr.  dépôt  de  chevaux  de 
rechange,  station  de  relais,  d'où  découlent 
toutes  les  autres  acceptions  ;  du  BL.  posta  p. 
posita,  subst.  participial  de  pœierc,  =  sta- 
tion. —  D.  postal,  postillon.  —  J&dïs  poste 
signifiait  aussi  proposition,  arrangement,  con- 
vention, convenance,  etc.,  «  faire  qqch.  à  sa 
poste  »;  auj.  encore  on  dit  »  payer  à  poste  • 
c.-à-d.  à  dos  termes  convenus  d'avance. 

2.  POSTE,  masc.,  lieu  ou  position  officielle 
où  l'on  est  placé  (positus)  par  ordre:  pui> 
aussi  =  détachement  de  soldats  occupant  un 
poste,  corps  de  garde.  —  Les  deux  moti' 
poste,  masc.  et  fém.,  sont  peut-être  mieux 
envisagés  comme  les  subst.  verbaux  du  vérin? 
poster,  qui  représente  postare,  placer,  fré- 
quentatif du  L.  ponere. 

POSTER,  voy.  poste  2.  —  Cps.  aposfer, 

POSTÉRIEUR,  L.  posteriorem  (comparatif 
dQ  posterus).  —  D.  jpostériœHté,  L.  postorit»- 
ritatem  \ 

POSTÉRITÉ,  h.jKisteritaiem  (posterus),  litt. 
ceux  qui  viennent  après  [post)  nous. 

POSTHUME,  L.  posthumus,  fausse  ortho- 
graphe de  postumus,  superlatif  de  positons. 

POSTICHE,  fait  et  ajouté  après  coup,  de  \X 
=  qui  n'est  pas  primitif  ou  naturel  ;  direct, 
do  l'it.  posticcio,  forme  écourtée  de  aposiicci" 
(=  postiche),  qui  est  la  reproduction  d'une  ^ 
forme  latine  apposititius,  ajouté. 

POSTILLON,  voy.  poste. 

POSTULER,  L.  postulare.  —  D.  postulant, 
-ation,  -at,  L.  postulans,  -ationom,  -atuni. 

POSTURE,  du  L.  positura,  action  ou  ma- 
nière de  poser. 

POT,  ce  mot  se  retrouve  à  la  fois  dans  U»s 
langues  romanes  (prov.  pot,  esp.,  port.;>'^  , 
germaniques  (nord,  pottr,  suéd.  potta,  dan. 
potte,  néerl.  j)0t)  et  celtiques  (cymr.  pot,  crarl. 
poit).  Il  est  difficile  de  le  ramener  au  L.|x5^^^ 
boisson,  par  métonymie  du  contenu  au  con- 
tenant; les  règles  phonologiques  s'y  opposent  : 
il  faudrait  en  fr.  soit  pout  ou  pc\U,  et  l'it. 
potta,  qui  est  le  môme  mot  avec  une  applica- 


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POT 


—  405  — 


POU 


tion  spéciale  et  métaphorique  (cp.  le  double 
sens  du  L.  coticha).  contrarie  également  cette 
étymologie.  D'autre  part,  on  peut  admettre 
que  la  langue  latine  employait  déjàpotus  avec 
le  sens  de  pot  ;  du  moins  un  dictionnaire  pré- 
sente ce  mot  comme  se  trouvant  dans  Pline 
avec  la  valeur  d'urne,  et  Fortunat  (vi®  siècle) 
en  fait  un  synonyme  de  canna  et  calix.  Voy. 
aussi  l'art,  pote.  —  Dans  l'expr.  »  sourd 
comme  un  pot  »,  vu  Tangl.  »  deaf  as  a  post  » 
(sourd  comme  un  poteau),  Littré  (suppl.)  sup- 
pose avec  raison  que  nous  avons  afÉdre  ici 
au  vît.  post  flat.  postis,  poteau),  qui  se  dit 
encore  en  Normandie.  —  D.  potage,  pr. 
choses  mises  dans  le  pot  (légumes,  pois,  etc.); 
dans  certains  dialectes  =  légumes;  potier, 
jx>tée;  potiche;  empoter.  Composé  pot-pourri 
(trad.  de  l'it.  olla  potrida). 

POTABLE,  L.  potabilis  (potare). 

POTAGE,  voy.  pot.  —  D.  potager, 

POTASSE  {delèiït.jpotassa),  lat.  mod.potas- 
siuniy  de  l'ail.  pottascJie,  angl.  potash,  suéd, 
pottaska,  litt.  cendres  de  pot. 

POTE,  dans  mai7i  pote  =  main  grosse, 
enflée,  lourde,  anc.  main  gauche.  Evidem- 
ment, le  mot  joo^e  dans  cette  signification  est 
le  primitif  de  potelé,  gras,  replet.  Mais  d'où 
vient  l'un  et  l'autre?  L'ancienne  forme postelé, 
pousteU,  porte  vers  une  racine  pos,  pus,  mar- 
quant enflure  (cp.  en  ail.  j9au5-ôac/ti^,  joufflu). 
Ou  bien  y  aurait- il  parenté  avec  le  L.  pus- 
tula  î  Toutefois,  1*5  doxis,  postelé  peut  être  envi- 
sagé conmne  parasite  (cp.  vfr.  puste  =  it. 
putia,  vfr.  loister  p.  luiter,  lutter),  de  manière 
que  le  thème  du  mot  serait  pot.  Or,  cette 
racine  parait  impliquer  l'idée  d'enflure,  de 
rebombé  ;  nous  citons  à  cet  égard  le  prov.  pot 
et  lorrain  potte,  lèvre,  puis  l'expr.  suisse  faire 
la  jx)tte,  angl.  to  pout,  =»  p.  faire  la  moue  ou 
la  lippe.  En  n.  prov.  pot,  en  limousin /wufow, 
signifient  baiser.  Cette  racine  pot  =  gonflé, 
arrondi,  ne  serait-elle  pas  aussi  celle  du 
subst.  pot,  vase  de  terre? 

POTEAU,  vfr.  postel,  du  L.postellus,  dim. 
du  L.  postis,  poteau  (d'où  ail.  pfosten).  — 
D.  potelet.^ 

POTELÉ,  voy.  l'art,  pote, 

POTENCE,  BL.  j^otentia,  1.  instrument  de 
supplice,  2.  poteau  couvert  servant  de  sou- 
tien, etc.,  3.  aussi  =  béquille  («  crotch  for 
a  lame  man  »,  dit  Palsgrave).  La  dernière 
signification  est  la  première  dans  l'ordre  his- 
torique ;  elle  fait  penser  au  L.  classique  po- 
tentia,  la  béquille  donnant  de  la  force  aux 
«  impotents  »;  cependant,  il  se  pourrait  bien 
que  cet  emploi,  dans  un  sens  concret,  du  mot 
abstrait  poteniia,  eût  été  déterminé  par  une 
assimilation  é,  postis,  poteau. 

POTENTAT,  anc.  souveraineté,  puis,  par 
conversion  du  sens  abstrait  au  sens  concret, 
prince  souverain  (cp.  l'it.  podestà);  du  BL. 
potentatus,  dér.  du  \j.potens,  puissant. 

POTENTIEL,  L.  potentialis  (potentia). 

POTERNE,  ;î05^e?'«e',  p.  postcrie,  it.  pos- 
tierla,  du  L.  posterula,  sentier  dérobé,  fausse 
porte,  cp.  h.  postica,  porte  de  derrière;  l'un 
et  l'autre  sont  dérivés  dapost,  derrière. 


POTIER,  voy.  pot.  —  D.  poterie. 

POTIN,  alliage  de  cuivre  et  de  zinc,  mêlé 
souvent  de  plomb.  On  en  fait  des  pots,  ce  qui 
en  a  probablement  déterminé  le  nom. 

POTION,  L.  potionem.  Voy.  aussi  poison, 

POTIRON,  aussi  poturon,  potron,  gros 
champignon,  grosse  citrouille;  d'origine 
incertaine.  Devic  propose  l'arabe  foutour, 
champignon. 

POU,  contr.  do  péou  ou  plutôt  j^^out/,  wall. 
piou,  prov.  pezolh,  it  pidocchio,  port,  piolho, 
esp.  piqfo,  du  BL.  peduculus  =  L.  pediculus, 
—  D.  pouilleux,  L.  pediculosus;  verbe  poutT- 
ler,  chercher  des  poux,  fig.  injurier  grossiè- 
rement (cp.  la  locution  chercher  des  poux  à 
la  tête  de  qqn.et  l'ail,  lausen,  rudoyer,  laver 
la  tétc);  pouillis,  endroit  plein  de  poux: 
pouillier,  méchante  hôtellerie  ;  pouillerie, 
épouiller  (it.  spidocchiaré). 

POUAORE,  P0UA6RE,  salop,  vilain,  bourg., 
norm.  polacre,  pic.  polaque,  n.  prov.  pou- 
làcre.  Diez  voit  dans  ces  formes  une  dérivation 
populaire  de  l'interjection  de  dégoût  pouah. 
Bien  qu'il  ait,  à  propos  de  massacre,  contesté 
l'existence  d'un  suffixe  français  acre,  nous  ne 
voulons  pas  lui  imputer  à  ce  sujet  une  incon- 
séquence, puisqu'il  s*agitd'un  teiTne  populaire 
et  que  acre  pourrait  être  corrompu  de  aque 
(L.  acus).  —  Le  Duchat  dérive  le  mot  dejîo- 
dager,  goutteux  «  en  tant  que  le  goutteux  est 
couvert  d'emplâtres  puants  ».  En  effet.  Ton 
trouve  dans  Jean  de  Meung  les  pouacres  asso- 
ciés aux  »  ydropiques  et  aux  frénétiques  », 
et  ailleurs  le  suhst. poacrise  comme  synonyme 
de  goutte.  Dans  les  formes  polacre,  etc.,  il 
faut  admettre,  si  l'on  part  de  podager,  la 
pei*mutation  de  d  en  /,  comme  dans  cigale. 
En  tout  cas,  nous  n'hésitons  pas  à  rejeter 
l'opinion  de  l'abbé  Corblet,  qui  voit  dans  po- 
lake,  ordurier,  dégoûtant,  un  synonyme  de 
polah  =  polonais.  Nous  épargnerons  cet 
affront  à  la  Pologne. 

POUCE,  vfr.  polz,  pauc,  prov.  polce,  pous, 
du  L.  pollicem.  — h.poucet. 

POU-DE-SOIE;  ce  paraît  être,  dit  Littré, 
une  altération  de  padoue-soie,  soie  de  Padoue  ; 
cp.  l'angl.  paduasoy,  une  soierie  de  Padoue. 
L'orthographe  habituelle  poult-de-soic  (cp. 
poult-de-laine)  ne  contrarie-t-elle  pas  cette 
étymologie  ? 

POUDING,  de  l'angl.  pudding,  dans  lequel 
Mùller  voit  une  altération  du  fr.  boudin. 

POUDRE,  vfr.  poldre,  porre,  pourre,  du  L. 
pulms,  gén.  pu/côr iV  (cp.  fr.  soudre  du  L. 
^ol\>ere).  —  D. poudrer,  poudrette,  poudreux, 
poudrier,  -ière,  poudrot/er.  —  Voy.  aussi 
pousse  2  et  poussière. 

POUF,  pierre  pulvérulente;  serait-ce  une 
forme  gâtée  du  latin  pulv-is,  poussière,  ou  un 
dérivé  de  j^ouffer,  crever?  Voy.  aussi  l'art, 
suivant. 

POUFFER  de  rire,  de  l'intetjection  pouf; 
voy.  aussi  bouffer.  L'idée  de  gonflement, 
d'enflure  (et  par  métonymie,  do  crèvement, 
d'éclatement)  attachée  à  cette  rsicino  pouf,  est 
encore  bien  sensible  dans  le  subst.  pouf  =« 
coiffiire  de  femme  et  tabouret,  dans  faire 


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pouf,  employer  de  la  vanité,  et  dans  l'anglais 
puff(fT.  pouffe),  au  sens  de  nouvelle  fausse, 
histoire  forgée  à  plaisir  (cp.  craque). 

FOUILLÉ,  inventaire,  registre,  voy.  sous 
police  2. 

PODILLBR,  verbe,  voy.  pou.  —  D.pouiîles 
(v.  c.  m.). 

FOUILLES,  reproches  mêlés  d'injures  ;  chan- 
ter pouilles  à  qqn.  =  l'invectiver;  subst.  ver- 
bal àGpouiiler,  injurier  (voy.  pou).  On  s'est, 
ce  me  semble,  inutilement  creusé  la  tète  sur 
l'origine  de  ce  terme. 

FOUILLBUX,  voy.  pou. 

FOUILLOT,  nom  d'oiseau;  sans  doute  un 
dérivé  de  L.  pullus,  jeune,  petit. 

FOULAILLE,  voy.  poule.  —  D.  poulail- 
ler, 

1 .  FOULÂIN,  p.  potûin,  petit  d'une  j ument, 
prov.  pulin,  du  L.  pullinus^  dér.  de  pullus, 
jeune  d'un  animal;  Pline  :  piiUus  equinus.  — 
D.  pouline,  poulinière,  verbe  pouliner. 

2.  FOULAIN,  bubon,  tumeur.  Roquefort  se 
complaît  à  dire  que  cette  acception  vient 
de  poulain,  petit  d'un  cheval,  parce  que  les 
personnes  qui  ont  des  poulains  marchent  les 
jambes  écartées  comme  les  poulains.  —  Littré  . 
tient  cette  étymologie  pour  probable;  je  pré- 
fère, pour  ma  part,  rattacher  le  mot  A  un  type 
pusulanus  issu  de  pusula  (forme  accessoire 
de  pustula).  Ce  type  a  régulièrement  pu  pro- 
duire poHslain,  poulain. 

FOULAINE  (souliers  à  la).  On  explique 
générîilcment  cotte  expression  à  la  poulaine 
par  à  la  polonaise,  Poulaine  s'étant  dil  autre- 
fois pour  Pologne.  Mais  n'oublions  pas  que 
poulaine  signifie  aussi  le  bec,  l'éperon  d'un 
vaisseau,  et  qu'il  se  peut  que  cette  dernière 
valeur  ait  déterminé  l'expression  «  souliers 
à  la  poulaine  »».  —  Littré,  cependant,  est 
d'avis  que  le  terme  de  marine  vient  de  pou- 
laine, pointe  de  soulier,  par  assimilation,  et 
que  celui-ci  vient  directement  du  vfr.  pou- 
lanne,  peau  de  Pologne. 

FOULE,  BL.  pulla,  du  L.  pullus,  jeune 
d'animal,  Tite-Live  :  puUi  gallinacei,  =  pou- 
lets. —  D  poularde^  poulet,  poulette;  terme 
coWqcMî poulaille  (cp.  volaille).  Dans  le  chant 
de  Sainte-Eulalie,  le  mot  vfr.  pouille,  confor- 
mément à  la  valeur  générique  du  L.  pullus, 
veut  dire  jeune  fille  ;  nous  en  avons  conservé 
les  êiimiïi. poulol  ot  poulette,  termes  de  caresse 
adressés  à  des  enfants.  —  Voy.  aussi  poussin 
et  pucelle. 

FOULBT,  Sing;\.  pullet,  dim.  de  poule.  Dans 
l'acception  «  billet  d'amour  »,  Dacier  dérivait 
le  mot  du  BL.  poletum  =  polecticiim  ==* 
polyptychum  (traité  à  l'art,  police),  mais  pole- 
tum signifie  un  gros  registre,  et  non  pas  un 
petit  billet  galant.  Furetière  et  d'autres 
pensent  que  ces  mi.ssives  ont  été  ainsi  appelées 
ou  parce  qu'on  les  ployait  en  forme  de  pou- 
let, ou  parce  qu'elles  étaient  glis.sécs  par  dos 
marchands  de  poulets  (cp.  en  it.  poj'tar  polli, 
faire  le  métier  d'entremetteur).  On  s'est  .<crvi 
au  XVI*  siècle  du  mot  chajKm  dans  le  môme 
sens.  Une  interprétation  plus  récente  de  pou- 
let =  billet  se  trouve  dans  Larousse. 


POULEVRIN,  p.  poulterin,  gâté  du  L.pxd- 
verinus  (piilvis). 

FOULIGHE,  d'un  type  latin  pnllira,  ou 
plutôt  pullicia\  dér.  de  pullus.  Cp.  poulain. 

FOULIE.  voy.  l'art,  suiv. 

FOULIER,  verbe,  de  Tags.  pullian,  angl. 
pull,  tirer,  guinder.   —   D.   poulie,  sub?t.    - 
verbal,  machine  pour  tirer,  d'où  esp.  polea, 
poit   polé,  angl  pulley. 

FOULINER,  voy.  poulain  1 . 

FOULIOT,  espèce  de  menthe,  dimin.  d'un 
mot  poulie  (inusité),  qui  correspond  à  l'it. 
poleggio,  esp.  polco,  port,  poejo,  prov.  pitlcgi, 
ail.  polei,  et  qui  vient  du  L.  pulegium,  lui- 
même  dérivé  de  pulcx,  [mce  (herbe  chassant 
les  puces). 

FOULOT,  voy.  poule. 

1 .  FOULFE,  fém. ,  aussi  pulpe,  du  h.pulpa. 
—  D.  poulpeton  on  poùpeton. 

2.  FOULFE,  masc,  espèce  do  mollusque, 
it.  polpo,  esp.  pulpe,  du  L.  pôlypus,  polype. 

POULS,  it.  polso,  du  L.  pulsus  (pellerc), 
battement.  L'/  dans  pouls  est  d'introduction 
savante  ;  les  anciens  écrivaient  correctement 
pous. 

POUMON,  it.  polmone,  prov.  polmo,  du  L. 
pulmo,  -onis,  d'où  l'adj.  pulmonarius,  fr, 
pulmonaire.  —  D.  s*époumonner. 

FOUFARD,  voy.  ^mipe  2. 

1.  POUPE,  l'arrière  du  vaisseau,  du  L. 
puppis. 

2.  POUPE,  mamelle,  \t.poppa,  prov.  pnpa, 
du  L.  pupa,  jeime  fille.  Diez  compare  le 
même  transpoi-t  d'idée,  mais  en  sens  inverse, 
dans  rit.  jsita,  jeune  fille,  de  l'ail,  stt^c,  ma- 
melle. —  D.  poupard,  nourrisson. 

POUPÉE,  dér.  du  L.  pnpa,  petite  fille, 
poupée,  fém.  do  pupus.  Du  môme  pupus 
viennent  :  poupon,  pouponne;  p^ntpin,  d'où 
poupiner  et  le  v.  mot  poupeliner,  caresser, 
mignarder. 

FOUR,  vfr..  esp.,  port,  por,  direct,  dn 
latin  vulgaire  por,  qui  s'est  substitué  à  L. 
pro.  L'italien  n'a  pas  reproduit  cette  préposi- 
tion latine;  il  la  remplace  par/>eï\  D'un  autre 
côté.  Tesp.  et  port,  por  fait  en  même  temps 
les  fonctions  du  L.  per.  —  En  composition, 
on  remarque  dans  les  langues  romanes  de 
fréquentes  confusions  entre  les  prépositions 
latines  per  et  pro.  Ainsi,  le  fr.  dît  parfumer. 
Vît.  profumare;  le  fr.  pourchasser,  le  prov. 
pe7'cassar.  Nous  remarquons  cette  confusion 
de  pour  et  par  surtout  dans  les  composés  fr. 
pourfendre,  pourfiler,  pourpoint  et  les  vieux 
mot^  porgarder,  porprendre,  portaster.  pour- 
penser,  poursemer  (parsemer),  parfont  p<iur 
profond  Dans  les  applications  ne  remontant 
pas  au  latin,  le  préfixe  pour  marque  perfec- 
tion, achèvement,  l'extension  do  l'acte  sur 
toutes  les  parties. 

POURCEAU,  voy.  porc.  —  D.  pourcelet. 

POURCHASSER,  prov.  percassar,  cps.  do 
chasser,  d'après  l'analogie  de  poursuivre.  — 
V'dTïgl.  purchnse  a  développé  le  sens  «  obtenir  » 
(par  ses  poursuites;,  puis  acquéiir,  acheter. 
—  D.  subst.  verbal  pourchas*. 

POURFENDRE,  renforcement  do  fe}ulre;\Q 


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préfixe  représente  soit  le  L.  per  (voy.  pour), 
soit  le  L.  pro,  =  eu  avant,  pour  rappeler  le 
bras  étendu.  —  D.  pourfendeur. 

POURPILER,  prob.  pour  parfiler,  Voy. 
pour. 

POURPARLBR,  vieux  verbe,  =  délibérer, 
comploter  ;  il  nous  est  resté  à  l'état  de  subst., 
signifiant  abouchement,  conférence,  négocia- 
tion. 

POURPIER,  p.  pourpie\  pouîpied,  du  L. 
piiUipedemy  pied  de  poulet,  étymologio  confir- 
mée par  la  forme  renversée  piepou  des  dia- 
lectes. 

POURPOINT  {pour  p.  par,  voy.  pour), 
prov.  perponh,es^.  perpunte,  pespunte,  port. 
pesponto,  du  BL.  perpunctum,  vestis  mili- 
txiris  coactilis  lana  vel  gossipio  serta  et  acu 
stipata  ac  perptmcta.  —  L'ancienne  langue 
avait  le  verbe  pourpoindre,  piquer  à  tra- 
vers. 

POURPRE,  angl.  purple,  du  L.  purpura 
(;ro5(5uoa).  —  D.  pourpré,  empourprer. 

POURPRIS,  enclos  ;  du  v.  verbe  pourpren- 
dre,  prov.  perprendre,  prendre  en  entier, 
dans  tout  son  pourtour. 

POURQUOI  =  pour  quoi, 

POURRIR,  type  lat.  putrire,  p.  putrescere 
(cp.  nourrir  de  7tutrire).  — D.  pourriture. 

POURSUIVRE,  du  L.  prosequere  p.  prose- 
qui.  —  T>.  poursuite. 

POURTANT  =  pour  tant  (cp.  partant). 
Cette  expression,  qui  d'abord  signifiait  «  pour 
cela  »»,  a  fini  par  signifier  :  malgré  cela, 
néanmoins,  cependant.  Du  reste  on  remarque 
la  môme  valeur  de  pour  dans  les  tournures 
fr.  telles  que  «  pour  être  fêté  partout,  il  n'en 
est  pas  pins  fier  »»  (Académie). 

POURTOUR,  circuit,  renforcement  de  tour, 
cp.  pourpris;  peut-être  le  subst.  verbal  d'un 
ancien  ponrtoumer. 

POURVOI  ;  ce  mot  est-il  le  subst.  verbal  du 
verbe  pourvoir,  donc  pr.  l'action  de  se  pour- 
voir en  justice,  ou  y  a-t-il  lieu  (vu  le  caractère 
tout  à  fait  insolite  d'un  subst.  uof  tiré  de 
voir)  d  y  reconnaitre  un  similaire  de  envoi, 
convoi  et  de  le  rapporter  à  un  verbe  powr- 
voyer  =  L.  provinre*,  aller  en  avant?  Je 
laisse  la  question  mdécise. 

POURVOIR,  anc.  pourveoir,  du  L.  provi- 
dere.  —  D.  pourvu  que  (*«  je  viendrai,  pourvu 
qu'il  ne  soit  pas  là  »  équivaut  à  «  je  viendrai, 
si  Ton  a  eu  soin  ou  si  l'on  b,  pourvu  qu'il  n'y 
soit  pas  »);  pourvoyeur  (v.  c.  m.);  pour- 
voyance',  anc.  pourveance"  =«  providentia; 
pourvoirie  (v.  c.  m.)  ;  cps.  dépourvoir,  d'où  la 
locution  au  dépourvu. 

POURVOIRIE,  p.  pourvoieriè,  mot  forgé  à 
la  façon  de  pourvoyeur  (v.  l'art,  suiv  ). 

POURVOYEUR,  -BUSE,  mot  modernisé  par 
assimilation  au  vfr.  porveeur  (cas  sujet  pour- 
veeres  ;  il  n'a  jamais  existé,  que  je  sache,  de 
verbe  pourvoyer. 

1.  POUSSE,  action  de  pousser  ou  chose 
qui  pousse,  subst.  verbal  de  pousser. 

2.  POUSSE,  poussière  des  épices;  c'est 
prob.  la  forme  féminine  du  prov.  pois,  pou- 
dre, et  de  cette  manière  le  primitif  de  jwus- 


sière  (v.  c.  m.).  Un  texte  du  xiv*  siècle  écrit 
poulce.  —  D.  épousseter, 

3.  POUSSE,  1 .  maladie  des  chevaux,  courte 
haleine,  sufibcation  ;  2.  exhalaison  dans  les 
souterrains  qui  peut  sufibquer  les  ouvriers. 
Du  verbe  ancien  pousser,  avoir  des  pulsa- 
tions, respirer  péniblement,  d'où  pou5*t/'(altéré 
en  angl.  enpursy).  Ménage  expliquait  poussif 
par  ilia  pulsans,  pris  dans  le  sens  de  la 
phrase  ilia  ducens  ou  trahens  des  Latins,  qui 
signifie  haletant,  essoufilé. 

POUSSER,  prov.  polsar,  esp.,  port.  piU- 
sar,  du  L.  pulsare,  fréq.  de  pellere.  — 
D*  pousse  (y.  c.  m.), poussée,  poussette,  pous- 
sière (v.  c.  m.),  repousser. 

POUSSIER,  forme  masculine  de  poussièi'e, 

POUSSIÈRE.  L'opinion  générale  est  que  co 
mot  est  de  la  même  famille  que  poudre;  seu- 
lement, les  uns(Diez'y  voient  une  transforma- 
tion du  vfr.  porriere,  dérivé  de  vfr.  porre  =« 
nfr.  poudre;  les  autres  (ainsi  Gachet  et  Littré) 
le  dérivent  de  prov.  pois,  cas  sujet  de  lat. 
pulvis,  d'où  vient  l'a(\j.  prov.  polsos^  pou- 
dreux, et  d'où  viendrait  aussi  *polsieira,  type 
du  fr.  poussière.  Cette  étymologie  présente 
de  toute  façon  quelque  difficulté  au  point  do 
vue  des  lois  phonétiques.  Aussi  s'en  pré- 
sento-t-il  une  nouvelle,  très  digne  de  consi- 
dération; Horning,  dans  une  étude  sur  les 
dial.  des  Vosges  et  de  la  Lorraine  (Ztschr., 
IX,  499),  à  propos  du  mot  chpusd  (pron. 
xpase),  poussière,  émet  l'avis  que  ni  le  prov. 
pois,  ni  le  dérivé  fr.  poussière,  n'ont  rien  à 
faire  slvoc pulvis;  que  pois  (d'où  fr.  *pousiere) 
représente  L.  pulsum,  =  chose  frappée,  tri- 
turée, moulue;  que  le  patois  œpusd  est  = 
expulsum.  —  Voy.  aussi  pousse, 

POUSSIF,  voy.  pousse  3. 

POUSSIN,  du  L.  puUicenus,  BL.  pulci- 
nu^,  dérivé  depullus.  —  D.  poussinièrc. 

POUTRE  est  le  même  mot  que  le  vfr. 
poutre,  jument,  qui  répond  au  BL.  pulletrus, 
poledrus,  puledra  (it.  polédro,  esp.,  port. 
potro)  et  qui,  d'après  Diez,  paraît  venir  d'un 
diminutif  gr.  rru^f  ji9v,  TrwÀf^pov  (de  7rû>9«, 
poulain).  La  signification  actuelle  du  mot  — 
grosse  pièce  de  bois  équarri,  qui  sert  à  sou- 
tenir les  solives  d'un  plancher  —  est  déduite, 
par  métaphore,  de  celle  de  jeune  cheval, 
comme  on  a  tiré  en  latin  equuleus  de  equus, 
en  fr.  chevalet  de  cheval,  en  ail.  foUer, 
instrument  de  torture,  du  roman  poledrus. 
La  poutre  serait  donc  d'abord  simplement  une 
pièce  destinée  à  en  soutenir  une  autre,  un 
chevalet.  Ménage  soutenait  déjà  cett43  étymo- 
logie, mais  en  l'expliquant  ainsi  :  «  la.  poutre 
ou  grosse  solive  porte  de  petites  solives, 
comme  la  poutre  ou  jument  porte  des  pou- 
lains n ,  c'est  ingénieux,  mais  peu  exact.  Nous 
ne  voulons  pas  contester  l'étymologrie  ci-des- 
sus, que  nous  avons  puisée  dans  Diez  ;  elle 
n'a  rien  d'invraisemblable,  d'autant  plus  que 
tant  d'autres  termes  du  domaine  des  arts  et 
métiers  reposent  sur  des  intuitions  plus  ou 
moins  grotesques;  nous  lui  sacrifions  donc 
volontiers  notre  première  manière  do  voir, 
qui  consistait  à  expliquer  poutre  par  poustre. 


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PRA 


408  — 


PRÉ 


(cp.  Palsgrave  pouste  :  balke  of  an  house),  et 
ce  dernier  par  L.  postis  avec  r  intercalaire.  — 
Storm  (Rom.,  V,  181)  estime  que  pulletnis 
peut  avoir  déjà  appartenu  au  fonds  latin  et 
qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  recourir,  avec 
Diez,  à  un  primitif  grec;  il  se  fonde,  en  cela, 
sur  le  mot  latin  porcetra,  jeune  truie,  d'après 
lequel  on  a  pu  créer  puUetra,  pouliche.  — 
D.  poutrelle, 

POTJTTJRB,  nourriture  des  animaux  engrais- 
sés à  l'étable,  vfr.  aussi  peuture.  L'étym.  ad- 
mise, d'après  Du  Cangc,  par  Littré,  savoir  lat. 
pastura,  est  impossible;  celle  que  j'ai  émise 
dans  mes  Trouvères  belges  (nouv.  série), 
p.  342,  à  propos  de  peuture,  savoir  l'anc. 
part,  passé  peut  (de  paistre)^  contracté  en 
peut,  a  donné  lieu  A  l'objection  que  d'abord 
elle  est  contredite  par  le  monosyllabisme  de 
ou  et  eu  dès  l'apparition  du  mot,  puis  par  la 
persistance  du  t.  Je  reconnais  que  mon  expli- 
cation se  heurte  contre  l'âge  reculé  du  mot 
et  l'absence  d'une  forme  peuture  ou  poUture 
et  j'admets,  avec  Fôrster  et  Joret,  l'étymon 
pultura  (mot  constaté  par  Du  Cange),  dérivé 
de  pitîs^  puJtis,  bouillie,  pâtée.  Cp.  pour  ou, 
vfr.  sepouture  (sépulture). 

POUVOIR,  du  vfr.  pooir  (par  intercalation 
de  tj),  it.potere,  esp.,  port.,  prov.  poder;  de 
l'infinitif  barbare  potére,  substitué  tposse  (cp. 
volére,  d'où  vouloir,  p.  velle),  —  D.  pouvoir, 
subst. 

PRADISR,  ouvrier  chargé  du  soin  des  prai- 
ries (nom  de  famille  très  répandu),  du  BL. 
pratarius  (pratum).  La  forme  pradier  est  de 
facture  méridionale  ou  savante. 

PRAGMATIQUE,  h.pragmaticus,gv.  ^rpay/*'- 
Ttxo'i  (de  îrpây/ta,  aflaire).  «  Pragmatica  sanc- 
tio  w,  édit  impérial,  est  un  terme  du  Code 
Justinien. 

PRAIRIE,  vfr.  praerie,  prov.  pradaria,  du 
BL.  prataria  (pratum).  —  D.  prairial,  nom 
du  neuvième  mois  du  calendrier  républicain. 

PRALINE,  amande  rissolée  dans  du  sucre, 
ainsi  nommée»  d'après  un  sommelier  du  mai-é- 
chal  Duplessrf'Pralin,  qui  s'avisa  le  premier 
de  préparer  les  amandes  de  cette  manière  et 
d'en  servir  sur  la  table  do  son  maître.  — 
D.praliner,  griller  avec  du  sucre. 

PRAMB,  sorte  de  vaisseau,  du  néerl. jf^raam, 
dan.  pram,  angl.  prame,  ail.  prahm, 

PRATICIEN,  voy.  pratique, 

\,  PRATIQUE,  adjectif,  L,practicus,  gr. 
7r/9«xTtxo;  (de  TTj&Ai-jBiv,  agir),  relatif  à  l'action, 
à  l'exécution.  —  D.  snbst.  praticien, 

2  PRATIQUE,  subst.  fém. ,  du  gr.  «paxTi/iî, 
art  d'agir,  opp.  à  yvcain/r;  ou  diu^tniy.r,.  — 
H,  pratiquer,  mettre  en  pratique,  exercer  (un 
art),  employer  beaucoup,  fréquenter,  etc. 

3.  PRATIQUE,  subst.  fém.,  chalandise, 
chaland,  représente  le  subst.  verbal  du  verbe 
pratiquer  au  sens  de  fréquenter,  hanter. 

4.  PRATIQUE,  instrument  dos  joueurs  de 
marionnettes,  de  l'csp.  pîatica,  conversation 
(entre  les  marionnettes),  qui  est  le  subst.  de 
platicar,  converser  (litt.  =  (v.  pratiquer). 

PRATIQUER,  dér.  de  pratique  2.  —  D.  pra- 
ticable; subst.  pratique,  chalandise  «  chaland. 


PRÉ,  it.  prato,  esp.  prado,  du  L.  yralim. 

—  Du  dimin.  pratellum  viennent  it.  praicUo, 
prov.  pradelh,  vfr.  praël,  praiel,  nfr.  préau. 

PRÉ-,  préfixe,  L.  prœ.  Les  mots  français 
composés  avec  ce  préfixe  sans  pi-écédent  latin 
sont  fréquents  ;  ils  appartiennent  à  la  lan<ruc 
savante  et  marquent  supériorité  ou  prioritô. 
Nous  citons  parmi  les  plus  répandus  les  «sui- 
vants :  préacheter,  préalable,  pi'e'aois,  prcciu\ 
prc'cotnpte,  préconcevoir,  prcdécéder,  pràU- 
ces,  p7*édilection,  prédisposer,  prédominer, 
prélever,  présupposer, 

PRÉALABLE,  mot  nouveau,  formé  arec 
aller  et  le  préfixe  pré,  sur  le  patron  du  L. 
prœvius,  ail.  vor-lùufig. 

PRÉAMBULE,  de  l'adj.  h,  prœ-ambulm, 
qui  marche  en  avant. 

PRÉAU,  voy.  pré. 

PRÉBENDE,  it. ,  prov.  prebenda,  prnfvda, 
eR\>.p7'cbcnda,  du  L.  pra>be?ul a,  chose  à  dm 
nir.  Le  mot  signifie  en  premier  lieu  :  la  ration 
journalière  à  fournir  aux  moines  et  aux  autivs 
ecclésiastiques  ;  puis,  le  sens  se  rétrécissant, 
le  revenu  alloué  à  un  chanoine,  et  enfin  le 
canon icat  même.  —  Une  confusion avec/;mt- 
dcnda  (d'où  l'ail,  protiant),  dér.  deprociderc, 
pourvoir,  a  fait  subir  au  mot prœbimda,  pro- 
visions à  fournir,  une  altération  enprocenda, 
provisions  do  bouche,  d'où  tr.procende.Cot 
ce  dernier  qui  est  le  type  de  l'ail,  pfrnnde, 
prébende.  — D.  prébende,  prébendier. 

PRÉCAIRE,  du  L.pr€6'an!«f près),  obtenu 
à  force  de  prières  ;  de  là  =  que  l'on  n'a  que 
par  permission,  d'une  manière  mal  assunV, 
par  simple  tolérance. 

PRÉCAUTION.  L  prœcautionem,  de  prœ- 
cavere,  se  mettre  en  garde.  —  D.  précnv- 
tionner, 

PRÉCÉDER,  L,  prœ-cedere,  aller  en  avant. 

—  h. précédent,  adj.,  puis  subst.,  L/w^^'*'* 
dens.  —  Du  supin  prœcessum  :  subst.  pi"»*- 
cessioncm,  fr  précessimi, 

PRÉCBINTE,  t.  de  marine,  BL.prœdnctnm 
(prïe-cii>gere),  pourtour. 

PRECEPTE,  L.  prœceptum  (pravcipeiv); 
précepteur,  L.  prœccptorem,  d'où  pn^efitoroU 
-orial, 

PRÊCHER,  anc.  pi-eschei-  {s  intcrcalain^ 
angl,  preach^  vfr.  pi^eechier,  du  L.  F''«'*''; 
care  (d'où  ail.  predigen),  —  D.  p'êchc,  prê- 
cheur. —  Termes  savants  tirés  du  mémo 
prœdicare  :  prédicateur  (anc.  aussi  j^rt'tf  »«*"')' 
prédication , 

PRÉCIEUX,  L.  pretiosus  (pretium)-  — 
D.  précieuse,  préciosité.  , 

PRÉCIPICE,  L.  prœcipitium,  dér.  deladj. 
prœceps  (gén.  prœcipit-is),  la  tête  en  av«ïnt, 
d'où  aussi  praecipitaro,  -ationem,  fr.pff^P*^^'; 
-aiion.  Montaigne  s  est  servi  de  la^i-  P^''^^' 
piteux. 

PRÉCIPITER,  voy.  prédpice. 

PRÉCIPUT.  avantage  accordé  à  un  bériticr 
sur  SCS  cohéritiers,  terme  do  dmt  tirM  t"^*^ 
manière  irréguliôre  du  L.  prœdpu^^^*  l^jY 
ciput,  dér.  lui-même  de  prœ-cipere,  V^'^'  ' 
d'avance,  prélover.  Le  t  final  n'a  aucune  i 


•ndrc 


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PRÉ 


—  409  — 


PRÉ 


son  d'être,  et  s'explique  peut-être  par  le  sou- 
venir du  t  qui  est  dans  le  subst.  BL.  prœci- 
puitas  ou  par  la  forme  du  mot  occiput,  — 
D.  jyrrciputaire. 

PRECIS,  adj.  et  subst.,  L.  prœcisus,  pr. 
coupé  par  devant,  puis  =  abrégé,  succinct 
(cp.  concis  de  can-cisxis).  La  langue  moderne 
a  ajouté  à  ces  acceptions  celle  de  «  arrêta, 
^XQ^  circonscrit,  exact  ».  Cp.  BL.  pn»  cisa, 
s.  e.  sententia  =  jugement,  arrêt;  cp.  aussi 
notre  expression  «  couper  court  à  une  dis- 
cussion »t.  —  D.  précision  y  L.  prajcisionem  ; 
verbe  préciser,  soit  tiré  du  fr.  précis^  ou 
représentant  un  mot  L.  prœcisare,  fréq.  de 
prœcidere. 

PRÉCOGB,  L.  prœ-cox,  -ocis  (coquere).  pr. 
qui  cuit  ou  mûrit  avant  le  temps.  —  D.  pré- 
cocité. 

PRÉCONISER,  BL.  prœcontjsare,  dér.  du 
L.prœconiumf  publication  (type  du  fr.  prône, 
v.  c.  m.). 

PRÉCURSEUR,  L.  jirœcursorcm,  litt.  = 
avant-coureur. 

PRÉDÉCESSEUR,  L.  2^rœ-decessorem. 

PRÉDESTINER,  L.  prœ-destinare, 

PRÉDIAL,  BL.  prœdiaïis,  du  L.  prœdium^ 
bien-fonds. 

PRÉDICAT,  L.prœdicatum,  chose  énoncée. 

PRÉDICATEUR,  -ATION,  voy.  prêcher. 

PRÉDICTION,  L.  prœdictionem  (prse- 
dicere). 

PRÉDILECTION,  litt.  dilection  (L.  dilectio, 
affection)  de  préférence  (prc);  cp.  l'ail,  vor- 
liebe,  m.  s. 

PRÉDIRE,  L.  prœ-dicere. 

PRÉÉMINENT,  du  L.  prce-eminentem.  — 
D.  prééminence,  L.  prseeminentia. 

PRÉEMPTER.  L.  prœ-cmptare',  fréq.  de 
prœ-imere\  prendre  ou  acheter  par  avance, 
supin  prœemptum,  d'où  prœeraptionem,  fr. 
préemption, 

PRÉFACE,  L.  prœ-fatio  (de  prae-fari),  litt. 
=  avant-propos.  Pour  atio  =  ace,  cp.  dédi- 
cace. Les  mots  it.  prefazio  et  esp.  prefacio, 
(faisant  double  emploi  avec  prefazione  et 
prefacion]  me  semblent  imités  du  français. 

PRÉFECTURE,  voy.  préfet. 

PRÉFÉRER,  d'un  type  havh.  2)rœ'fcrere  (p. 
prœ-ferre).,  converti  pour  la  francisation  en 
prœ-f*irai^e.  —  D.  préférable,  -ence, 

PRÉFET,  mot  do  formation  savante,  L. 
prœfectus  (part,  do  prœ-ficere,  préposer); 
sub.st.  pnefcctura,  fr.  préfecture.  Selon  la  loi 
prénéralo  préfet  nous  fût  parvenu  sous  la 
forme  pré  fit  (cp.  vfr.  parfit  =  perfectus,  fr. 
confit  =5  confectus,  profit  =  profectus. 

PRÉPIX,  PRÉFIXE,  L.  prœ-fixus,  fixé 
d'avance  ou  par  devant. 

PRÉJUDICE,  du  L.  prœ-judicium,  juge- 
ment anticipé,  présomption,  puis  dommage, 
préjudice.  —  D.  prefttdidel,  question  judi- 
ciaire préalable;  pr(jjudicicr,  porter  préju- 
dice, d'où  l'adj.  préfudiciabJé*.,  «  qui  porto 
préjudice  ».  —  Le  mot  angl.  jyrejudice  a 
conservé'  le  sens  originel  de  préjugé,  pré- 
veiition. 


PRÉJUGER,  L.  prœ-judicare,  juger 
d'avance.  —  D.  préjugé ,  cp.  l'ail,  vor-ur- 
theil,  angl.  préjudice. 

PRÉLAT,  mot  savant  =  L.  prœ-latus,  pré- 
féré, préposé;  c'est  un  terme  synonyme  de 
prœfectus  et  de  prœpositus  (fr.  préfet  et  pré- 
vôt). —  D.  prélature,  se  prélasser  (ÎHonidÀ^nQ 
disait  plus  correctement  se  prélater),  affecter 
Tair  de  dignité  d'un  prélat. 

PRÊLE,  'presle,  vfr.  aspreîle,  it.  aspereUa, 
dim.  du  L.  asper;  le  nom  vient  de  la  tige 
rude  de  cette  plante.  On  a  dit  fautivement 
la  presle  p.  r aspreîle.  Vs  dans  presle  est 
intercalaire.  —  D.  préler. 

PRÉLÉGUER,  L.  prœ-legare.  —  D  p^^é- 
legs  (d'après  legs). 

PRÉLDflNAIRE  ;  autrefois,  on  se  contentait 
du  simple  liminaire  (v.  cm). 

PRÉLUDE,  BL. prœludium,  ào  prœ-ludere, 
fr.  préluder.  Le  sens  fig.  de  ce  verbe,  s'es- 
sayer à,  est  déjà  classique. 

PRÉMATURÉ,  d'un  type  L.  prcematttratus 
pour  prœmalurus,  mûr  avant  le  temps.  — 
Prématurité  =  maturité  avant  le  temps. 

PRÉMÉDITER,  L.prœ-meditari.  —  D. pré- 
méditation, L.  prsemeditationem. 

PRÉMICES,  L.  primitiœ  (prïmvLs). 

PREMIER,  du  L.  primarius  (primus),  qui 
est  aussi  le  type  de  primaire. 

PRÉMISSE,  du  part.  lat.  prœ-missus  (prse- 
mittere).  mis  en  avant. 

PRÉMUNIR,  L.  prœ-munire. 

PRENDRE,  du  L.  prehendere,  prendere. 
L'ancienne  langue  conjuguait  ce  verbe  (et  ses 
composés)  aussi  bien  en  conservant  qu'en 
omettant  le  d  radical;  elle  disait  correcte- 
ment prendons,prendant,  mais  aussi ^renon*, 
prenant.  —  D.  prenable,  preneur, 

PRÉNOM,  L.  prœnomen. 

PRÉOCCUPER,  L.prœ-occupare,  s'emparer 
le  premier  de  qqch.  Le  mot  ne  s'emploie  plus 
guère  qu'au  fig.  ;  »  cette  idée  me  préoccupe  » 
veut  dire  pr.  :  cette  idée  m'occupe  plus  que 
toute  autre,  elle  m'absorbe,  —  D.  préoccupa- 
tion. 

PRÉOPINER,  opiner  (L.  opinari)lQ  premier. 
—  D.  préopinant. 

PRÉPARER,  L.  prœ-parare.  —  D,  prépara- 
tion, -ateur,  -aJtif,  -atoire. 

PRÉPONDÉRANT,  -ANCB,  du  L.  prœ-pon- 
derare,  peser  plus;  cp.  l'ail,  vor-wiegend. 

PRÉPOSER  i-épond,  par  sa  valeur  ^voy. 
poser),  au  L.  prœponere.  —  D.  préposé  (voy. 
aussi  prémt), 

PRÉPOTBNCB,  L.  prœ-potentia. 

PRÉPOSITIF, -ITION,  L,  prœpositivus,  -itio- 
nem. 

PRÉPUCE,  L.  prœ-putium. 

PRÉROGATIVE,  du  L.  prœrogativa  centu- 
ria,  la  centurie  à  qui  l'on  demandait  le  vote 
le  premier,  d'où  le  sens  abstrait  primauté, 
privilège;  de  prœrogare,  demander  en  pre- 
mier. 

PRÉS,  prov.  près,  it.  presso,  du  L.  pres- 
sus,  pressé,  serré  contre.  Pour  l'idée,  cp.  le 
gr.  â/;(i  et  l'esp.^'im/o  de,  fr.  joignant,  L. 


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PRE 


—  410 


PRÉ 


juxta.  Cette  préposition  s*est  substituée  au 
L.  prope,  que  la  vieille  langue  possédait 
encore  sous  les  formes  prop,  prof,  pruef,  etc. 
—  Composés  î  vfr.  emprès,  nfr.  a-près,  it. 
ap'presso,  prov.  a-pres;  îv.  presque  (v.  c.  m.), 
it.  pressochè. 

PRÉSA6B,  L.  prœ-sagium  [àe  prœ-sagire, 
augurer,  deviner).  —  D.  présager. 

PRESBYTE,  du  gr.  irps^CÙTu;.  vieillard, 
donc  pr.  «  qui  voit  comme  un  vieillard  • .  — 
D.  presbytie,  presbyiisme. 

PRESBYTÈRE,  gr.  Trps^guriipiov,  dér.  de 
irp«ff6ÛTip<>«,  L.  presbyter,  type  du  fr.  prêtre 
(v.  c.  m.). 

PRESCIENT,  L.  prce-scientem.  —  D.  pre- 
science, 

PRESCRIRE,  du  L.  prœ-scriberc,  ordon- 
ner, op.  ail.  vorschreiben  Du  supin prœscrip- 
tum  viennent  :  subst.  prescription,  L.  prse- 
scriptioncm,  1  ordonnance;  2.  t  de  droit, 
manière  d'acquérir  par  le  fait  d'une  longue 
possession;  pour  l'origine  de  cette  dernière 
acception,  qui  s'est  communiquée  aussi  au 
verbe  prescrire  et  qui  a  fait  naître  l'adj. 
prescriptible  =  qui  peut  être  prescrit,  voy.  le 
bict.  de  Littré,  à  l'art,  prescription. 

PRÉSÉANCE,  du  L.  prœ-sidentia  (cp.  vfr. 
reseant  =  residens),  d'où  aussi  le  terme  savant 
présidence;  cp.  ail.  vor-sitz. 

1.  PRÉSENT,  adj.,  L.  prœsentem.  —  D. 
présence^  L.  prjesentia  ;  jorc!s<?nier.  L.praesen- 
tare.  —  L'adv.  à  présent  répond  au  L.  ad 
prœs&ns  s.  e.  tempu s  (Tacite). 

2.  PRÉSENT,  subst.,  don,  chose  présentée; 
tiré  du  s Q\:\iQ  présenter,  comme  don  de  don- 
ner, achat  ^^  ac?iater,' acheter.  Littré  rapporte 
le  mot  et  sa  valeur  à  l'ancienne  locution  mettre 
en  présent  (in  prsesonti)  à  qqn.  =^  présenter, 
offrir.  La  forme  it.  et  esp.  présente  (an  lieu 
de  presento'  appuie  cette  manière  de  voir. 

PRÉSENTER,  voy.  présent  1.  —  D.  pré- 
sentation, -able,  représenter. 

PRÉSERVER,  h.  prœ-sein>are,  garder  avec 
pi^caiition.  —  D.  préservation, -atif. 

PRÉSIDER,  L.  prœ-sidere;  président,  L. 
prsesidentem,  d'où  présideixce  (soy .  préséance) 
et  présidentiel. 

PRÉSOMPTION,  PRÉSOMPTIF,  PRÉSOMP- 
TUEUX, yoy.  présumer. 

PRESQUE,  voy.  près.  Je  ne  m'explique  pas 
autrement  cette  composition  qu'en  considérant 
le  que  comme  le  terme  de  rapport  entre  la 
préposition  et  son  régime,  agglutiné  avec  la 
préposition  ;  on  aura  dit  -  près  que  cent  ans  w 
p.  «  près  de  cent  ans  •»,  puis  on  a  fini  par 
écrire  «  presque  cent  ans  »  et  par  établir  un 
mot  particulier  jprcA'^MC.  On  sait  que  fors  se 
construisait  également  avec  de  et  que,  comme 
on  le  fait  encore  après  plus. 

1 .  PRESSE,  dans  ses  acceptions  abstraites 
et  concrètes,  subst.  verbal  àe presser  (y.  cm.). 

2.  PRESSE,  sorte  de  pêche;  c'est  une  fran- 
cisation, par  transposition,  du  L.  persicum 
(voy.  pêche);  cp.  le  prov.  presega. 

PRESSENTIR,  L.  prœ-seutire.  —  D.  pres- 
sentiment 

PRESSER,  du  L.  pressare,  fréq.  de  pre- 


mere.  —  D.  pressant,  pressé,  pressage,  près- 
sis;  subst.  verbal ^«s«  1.  action  de  presser; 
2.  machine  à  presser;  3.  situation  où  l'on  est 
pressé,  serré,  de  là  (la  cause  pour  l'effet)  foule, 
multitude.  Du  sens  «  machine  à  imprimer  »• 
découle  le  sens  collectif  moderne  :  ensemble 
aussi  bien  des  produits  de  l'impriroerie  que 
de  ceux  qui  font  imprimer  ou^qui  publient. — 
Du  supin pressum  :  pressionem,  fr.  pression  ; 
pressorium,  fr.  pressoir;  pressura,  fr.  pres- 
sure"» 

PRESSURE*,  voy.  presser.  —  D.  pres- 
surer. 

PRESTANCE,  L.  prœstantia,  excellence, 
distinction,  de pra>stare,  surpasser. 

PRESTATION,  L.  prœstationem,  subst.  de 
prœstare  (fr.  prêter),  fournir,  livrer. 

PRESTE,  de  l'it.  presto.  Le  mot  preste 
représente  une  modalité  de  sens  et  de  forme 
du  mot  prêt,  qui  est  le  vrai  correspondant  fr. 
du  mot  italien  presto.  —  D.  prestesse,  it. 
prestezza. 

PRESTIDIGITATEUR,  mot  nouveau  fait 
avec  l'adj.  it.  presto,  agile,  prompt,  et  le  L. 
digitus,  doigt. 

PRESTIGE,  L.  prœstigium,  —  D.  presti- 
gieux, L.pvsdutigiofyus '^  p7'estigiateur,  L.  pres- 
tigiatorem. 

PRESTOLET,  dimin.  de  preste,  forme  pa- 
toise  (aussi  cat.  et  esp.)  de  prestre*  prêtre. 

PRÉSUMER.  L.  prœ-sumere,  litt.  prendre 
d'avance,  juger  par  induction.  —  D.  présu- 
mable.  De  prœsumptum,  supin  de  pnesumero: 
prîesumptionem,  fr.  2)résomptian  ;  pnesump- 
tivus,  fr.  présomptif;  prœsumptuosus,  fr.  pi^é- 
somptueiix. 

PRÉSURE,  acide  faisant  cailler  ou  prendre 
le  lait  ;  c'est  le  vfr.  présure,  action  de  prendre, 
qui  reproduit  le  latin  prensura. 

1.  PRET,  adj.,  prow.  près  t,  it.,  esp.,  port, 
presto,  du  L.  vulgaire  prœstus,  d'où  l'adv. 
prœsto,  t=  sous  la  main.  De  l'it.  presto  nous 
est  venu  lefr.  preste  iv.  cm  ).  —  D.  apprêter. 

2.  PRET,  subst.  verbal  àe  prêter. 

PRETANTAINE.  -  Ce  mot  est  une  onoma- 
topée, dit  Ménage,  du  bruit  que  font  les  che- 
vaux en  galopant  :  pretantan,  pretantan, 
prétantaine.  *•  Cela  peut  être  accepté  à  défaut 
de  mieux. 

PRÉTENDRE,  L.  prœ-tendere,  pr  tendre 
devant,  fig.  mettre  en  avant,  prétexter,  mani- 
fester, enfin  (dans  le  Digeste)  réclamer.  — 
I).  prétendant,  prétendu.  —  Du  su})in  prse- 
tentum  :  subst!  j^rétention,  prétentieux. 

PRÊTER,  L.  prœ-stare,  litt.  mettre  en 
avant,  puis  fournir.  —  D.  prêt  (subst.) ;  jor^- 
teur. 

PRÉTÉRIT.  L.prœteritus{pTseter-irc),passé. 
—  ï) .  prétérition ,  L.  prœteritionem. 

PRÉTEUR,  L.  prœtorem  (de  prœ-ire,  aller 
en  tête).  —  D.  prétoire,  L.  praetorium  ;  pré- 
ture,  L.  praetura. 

PRÉTEXTE,  L.p7'œ-textus,  de prœ-texere, 
litt.  faire  un  tissu  devant  une  chose  pour  la 
caclicr  ;  pour  le  sens  fîg.,  cp.  pallier  de  (jxii- 
lium)  et  voiler.  —  D.  prétexter. 


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PRÉ 


4H  — 


PRl 


PRETINTAILLB,  ornement  en  découpure 
pour  les  robes  ;  je  ne  m'explique  pas  l'origine 
de  ce  terme  de  couturière,  du  moins  en  ce  qui 
foncerne  l'élément  pretin.  «  Je  crois,  dit 
JauU,  que  c'est  une  onomatopée  ;  en  effet,  le 
son  de  co  mot  bizarre  exprime  fort  bien  les 
ornements  frivoles  et  superflus  des  femmes,  n 
Quand  les  données  font  défaut,  on  s'empare 
assez  vite  de  la  ressource  des  onomatopées. — 
—  D.  pretintailler. 

PRÊTRB,  prestre\  it.  prête,  esp.  preste, 
ap^s.  py^eostf  angl.  priest,  nord,  prestur,  ail. 
priester;  du  L.  presbyter^gv.  nctv^ùrtpoç  (litt. 
=^  senior),  titre  ecclésiastique  en  usage  dès 
les  premiers  temps  de  l'Eglise.  Isidore  :  «  pres- 
bytcr.  senior  non  pro  setate  vel  decrepita 
senectute,  sed  propt«r  honorem  et  dignita- 
tem  w.Do  l'accus.  presbyterum  (l'accent  sur  y) 
viennent  les  anc.  formes  de  cas  oblique  pre- 
veire,  prevoire,  pratoire  (=  prêtre),  que  Ion 
a  fait  erronément  dériver  àe  provisorem.  — 
D.  prêtrise,  prétraille. 

PREUVE,  voy.  prouver. 

PREUX,  anc.  prou,preu, etc. ,  prov. pros  et 
pro.  L'origine  de  cet  adj .  est  controversée.  On  a 
allégué  comme  primitif:  1.  le  subst.  it.,  esp., 
prov. pro,  Q.ïr. pro,  prou,  preu,  signifiant  avan- 
tage, bénéfice,  et  que  l'on  tire  delà  particule  L. 
pro,en  faveur, au  profit  fcp.  notre  subst.  pour 
dans  «  le  pour  et  le  contre  »»  >;  le  sens  foncier 
serait  donc  «  pi*ofitable,  utile  »,  d*où  se  serait 
dégagé  celui  de  généreux,  vaillant;  —  2.  L. 
probus  ;  cette  étymologie  conviendrait  parfai- 
tement, dit  Diez.  si  l'on  rencontrait,  comme 
fém.  du  prov.  pros,  fv.  preux,  une  forme 
ytvoY,  prova,  fr.  prove;  mais  il  est  constaté 
que  cet  adj.  ne  fléchissait  pas  au  féminin  (voy. 
Raynouard,  IV,  659,  la  pros  comtessa;  Gilles 
de  Chin  :  «  la  dame  fu  preiis  et  honest«  »)  ; 
or,  il  est  sans  exemple  qu'un  adj.  (sans  e  final) 
de  genre  commun  dérive  d'un  adj.  lat.  en  us 
et  a;  —  3.  L. pritdus (forme  accessoire  deprw- 
dens),  it.  prode,  pr.  sage,  puis,  en  général  : 
qui  se  conduit  bien,  qui  fait  son  devoir.  Cette 
étymologie  a  pour  elle  l'ancienne  orthographe 
prod,  prot,  prud,  prode,  pros,  mais  elle  pré- 
sente deux  grands  inconvénients  :  c'est  que 
I'k  long  ne  s'accorde  ni  avec  le  fr.  ou  ou  eu, 
ni  avec  le  prov.  o,  et  qu'il  nous  faut  absolu- 
ment pour  type  un  adjectif  à  genre  commun. 
—  Le  plus  probable  est  (et  c'est  là  la  seule 
étym.  admise  par  G.  Paris,  Rom.  III,  420), 
que  le  type  est  l'élément  prod  qui  se  trouve 
dans  prod-esse,  être  utile,  rendre  service,  et 
qui  a  également  donné  Tit.  prode,  profit.  —  De 
l'ancienne  fonneproM  vient  le  subst.  prouesse, 
dont  le  correspondant  it.  prodezsa  atteste  net- 
tement un  radical  terminé  en  rfou  t. 

PRÉVALOIR.  L.  prœ-valere. 

PRÉVARIQUER,  L.  prce-varicari,  pr.  aller 
à  droite  et  à  gauche,  biaiser.  —  D.  prévarica- 
teur, -ation,  L.  pra3varicator.  -ationem. 

PRÉVENIR,  L.  prœ-venire,  venir  le  pre- 
mier, aller  au-devant.  L'acception  «  inculper, 
accuser  »  (d'où  le  subst.  prévenu)  est  déjà 
propre  au  verbe  latin  dans  le  Digeste  et  dans 
Ulpien.   Du  part,  prévenant  :  subst.  préve- 


nance, —  Du  supin  L.  prseventum  :  subst. 
BL.  prsBventionem,  fr..  prévention,  et  acy. 
préventif, 

PRÉVISION,  L,  prœ-tisionem, 

PRÉVOIR,  L.  pfcB-videre,  —  D  prévoyant, 
d'où  prévoyance, 

TBÈVOT ,  prevost*,  it.  prevosto,  esp.,  port. 
preboHe;  du  L.prœpositus.  —  D  prévôté,  -al, 
—  Une  confusion  avec  propositus  a  donné 
lieu  aux  formes  vfr.  provost,  àll.  propst, 
prohst  etprofoss,  ni.  provoost, 

PRIER,  anc.  preier,  proier  (cp.  nier  et 
noyer\  plier  et  ployer),  du  L.  precari.  —- 
D.  prière,  it.  preyaria,  prov.  preguiera,  ail 
L.  precaria,  s  e.  oratio. 

PRIÈRE,  voy.  prier, 

PRIEUR,  du  L.  prioretn  =  qui  précède,  qui 
a  le  pas  sur  un  autre.  —  D.  prieuré,  BL. 
prioratus. 

PRIMAIRE,  L.  primarius,  forme  savante 
de  premier. 

PRIMAT,  «•  qui  primas  partes  tenet  »,  it. 
primcUe,'  ail.  primas,  du  L.  primas,  -atis.  — 
D  primatie. 

PRIMAUTÉ,  vfr.  primaUé,  d'un  type  Uitin 
prnmalitcUem  (cp.  principauté),  dér.  du  BL. 
primalis,  premier,  principal.  —  L'it.  pri- 
mato  et  l'ail,  primat  viennent  du  subst.  L. 
primatus. 

1.  PRIME,  adj.,  du  L.  primas.  A  l'état 
d'adjectif,  nous  ne  trouvons  plus  ce  mot  que 
dans  les  locutions  de  prime  abord,  de  prime 
face,  et  dans  les  composés  primevère  (v.  cm.), 
printemps  (p.  prime-temps),  et  l'adj.  prime- 
sautier,  tiré  du  v.  subst.  prime-saut  (aussi 
prinsaut)  =  L.  primus  saltus,  premier  saut, 
premier  mouvement.  —  D.  primer,  avoir  le 
premier  rang,  devancer;  subst.  primeur, 
première   saison  des  fruits  ou  légumes,  etc. 

2.  PRIME,  subst.,  dams  prime  d'assurance, 
d'encouragement,  de  bourse;  direct,  de 
l'angl.  premium  (prononcé  primium),  qui, 
ainsi  que  l'ail,  pramie,  vient  du  L.  prœ- 
mium  (de  prœ-imere*).  —  D.  primer,  doter 
d'une  prime. 

3.  PRIME,  t.  de  lapidaire,  wfv.presme; 
c'est  le  même  mot  que  prisme. 

PRIMER,  voy.  prime  1  et  2. 

PRIMEROLE,  syn.  de  primevère,  dér  dimi- 
nutif de  l'adj.  prime  (cp.  févej'ole,  band^ole*, 
pr.  première  fleur. 

PRIME-SAUTIER.  voy.pnm^l. 

PRIMEUR,  première  saison,  voy.  prime  1 . 

PRIMEVÈRE,  vfr.  primevoîre,  fleur  des 
premiers  jours  du  printemps;  it.,  esp.,  prov. 
primavera  (forme  masc.  prov.  primveru  d'un 
composé  populaire  latin  primavera,  tiré  du 
L.  primum  ver,  premier  printemps. 

PRIMICIER,  aussi  princier.  Voy.  sous 
prince'. 

PRIMITIF,  L.  primitivus.  Voy.  aussi  plu- 
mitif. 

PRIM06ÉNITURE,  aînesse,  du  L.  primo- 
ffenitus,  né  en  premier. 

PRIMORDIAL,  L.  primordialis  (de  prim- 
ordium,  premier  commencement;. 


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PRl 


—  412  — 


PRO 


PRINCE,  du  L.principem;  pour  la  mutila- 
tion finale,  cip.  évéque  de  episcopus,  souple  de 
supplicem.  —  D.  princesse;  princier  {qâj.)', 
il  ne  faut  pas  confondre  avec  ce  dérivé  mo- 
derne de  prince  l'ancien  subst.  princier  = 
grand  seigneur,  homme  de  cour,  qui  répond 
au  L.  primicerius,  chef  de  corps,  primicier. 

PRINCIPAL,  L.  principalis  (princeps).  — 
D.  principalté* ,  principauté,  dignit-é  de 
prince,  puis  teiTe  gouvernée  par  un  prince  ; 
forme  substituée  à  principal  =  L.  principa- 
tnSf  it.  principato  (cp.  primauté'  p.  primat). 
En  lat.  principdlitas  signifiait  primauté,  préé- 
minence. 

PRINCIPE,  L.  principium,  commence- 
ment. 

PRINTEMPS  ==  primum  tempus,  première 
saison.  Dérivé  arbitraire  :  printanier;  un 
dérivé  régulier  printemporel  eût  été  par  trop 
pédant. 

PRIORITÉ,  L.  prioritatem  (prior). 

PRIS,  vfr.  prins,  L.  prensus;  de  lH  prise, 
vfr.  prinse,  subst.  participial  de  prendre. 

PRISE,  subst.  action  de  prendre,  puis  pin- 
cée de  tabac,  dose  d'un  médicamment,  voy. 
pris.  —  D.  priser. 

1 .  PRISER,  prendre  une  prise  (voy.  prise). 

2.  PRISER,  mettre  un  prix  à  qqch.  (vfr. 
proisier),  dér.  àeprix,  vfr.  pris  (v.  c.  m.). — 
D,  priseur,  prisée  ;  cps.  mépriser  (v.  c.  m.), 
vfr.  despriser, 

PRISME,  L.prisma,  gr.  npilafix.  Voy.  aussi 
prime  3. 

PRISON,  vfr.  aussi  proison,  it.  prigione, 
esp.  prision,  port,  prisào,  prov.  preisô,  du 
L.  prensiônem  (de  prendere).  Le  sens  abstrait 
••  action  de  prendre  »  a  tourné  en  celui  de 
«  lieu  où  l'on  enferme  ceux  que  l'on  a  pris  ». 
La  vieille  langue  employait  le  mot  prison 
dans  le  sens  naturel  de  capture,  de  prise,  puis 
aussi  (comme  le  fait  Tit.  et  le  prov.  à  l'égard 
de  prigione  et  preisô,  dans  celui  de  prison- 
nier), mais  avec  changement  de  genre  (cp. 
nourrisson,  polisson).  —  D.  prisonnier,  cm- 
prisonnier. 

PRIVAUTÉ,  d'un  type  privalitatem,  tiré 
d'une  forme  piHvalis,  extension  do  privus. 
Une  autre  forme  extensive  de  privus,  savoir 
prinensis,  a  donné  l'adj.  privois,  qui  est  à 
supposer  d  après  le  verbe  dérivé  ap-jyrivoiser. 

PRIVÉ,  du  L.  privatus,  opposé  à  publicus, 
donc  =  particulier,  individuel,  personnel, 
dérivé  de  l'adj.  privus,  isolé,  particulier. 
Dans  la  moyenne  latinité,  le  mot  privatus  a 
pris  le  sens  de  »■  ami  intime,  familier  » ,  de  là 
la  valeur  des  termes  priver  =z  rendre  fami- 
lier, privé,  opp.  à  farouche,  jortcaM te  et  appri- 
voiser (voy.  l'art,  préc).  —  Le  sens  du  subst. 
privé,  lieux  d'aisance  (vfr.  privée),  découle  du 
sens  «  particulier,  secret  ». 

1 .  PRIVER,  apprivoiser,  voy.  l'art,  préc. 

2.  PRIVER,  déposséder,  dépouiller,  L.  pri- 
vare.  —  D^.  pi^ivalion,  privatif. 

PRIVILÈGE,  L.  privilef/ium,  pr.  loi  qui  ne 
concerne  qu'un  individu  (primis),  loi  person- 
nelle, d'exception,  de  faveur.  —  D.  privilé- 
gier. 


PRIX,  vfr.  pris,  prov.  prêts,  esp.  prez, 
precio,  if.  pregio  etprezzo,  ail.  pj^eis,  angl. 
price,  prise,  du  L.  pretium.  —  D.  priser, 
mettre  un  prix,  apprécier,  prov.  presar,  it. 
prezsare  et  pregiare,  ail.  preiscfi,  angl. 
praise. 

PROBAfiLE,  mot  savant,  L.  probabilis, 
(quod  probari  potest).  —  D.  probabilité,  L. 
probabilitatem. 

PROBANT,  L.  probantem. 

PROBE,  L.  probus,  —  D.  probité,  L.  pro- 
bitatom. 

PROBLÈME,  gr.  npôtUfia  (chose  jetée  en 
avant),  cp.  l'expr.  propositiœi,  pr.  chose  posée 
en   avant;  problématique,  gr.  ff/ssSiiî/Aarixoi. 

PROCÉDER,  L.  pro-cederc,  mardier  ou 
venir  en  avant,  d'où  les  significations  déri- 
vées :  1.  sortir  de,  provenir,  tirer  son  origine, 
2.  se  prendre  de  telle  ou  telle  manière  dans  la 
poursuite  d'une  aflaire  (à  cette  signification 
se  rapporte  le  subst.  partie,  procédé};  3.  agir 
en  justice.  A  la  dernière  signification  ressor- 
tissent  les  subst.  procédure  (de  formation 
moderne)  et  procès,  formé  d'après  le  type  latin 
processus  {deprocessum,  supin  de  proccdere), 
auquel  on  a  transféré  la  valeur  moderne  du 
verbe  procédure.  Au  sens  premier  et  matériel 
de  ce  verbe  **  aller  en  avant  »,  se  rattache  le 
dérivé  latin  ^roce*«o,  marche,  d'où  le  terme 
d'église  procession. 

PROCÈS,  voy.  l'art,  préc. 

PROCESSION,  voy.  procéder. 

PROCHAIN,  forme  extensive  de  proche, 
répondant  à  un  type  latin  propianus. 

PROCHE,  du  BL.  propius  p.  propis.  —  D. 
prochain,  approcher,  reprocher  (voy.  ces 
mots). 

PROCLAMER,  L.  pro-clamare.  —  D.  jyro- 
clamation,  L.  proclamationem. 

PROCRÉER,  L.  pro-creare.  —  D.  procréa- 
tion, L.  procreationem. 

PROCURER,  L.  pro  curare,  litt.  avoir  soin 
de  qqch.  pourqqn.  —  D. procureur,  yfv.pro- 
cureoi\  L.  procuratorem  ;  procuration,  L. 
procurationem. 

PRODIGE,  h.  prodigium  (prodigorc).  —  D. 
prodigieux,  L.  prodigiosus. 

PRODIGUE  (mot  savant),  L.  prodigus  (pro- 
digere).  —  D.  verbe  prodiguer,  et,  par  un 
adj.inus.  prodigalis,  le  subst.  prodigalitatem, 
fr.  jirodigaUté. 

PRODUIRE,  duL.  pro-ducere,  d'où,  par  le 
supin  productum  :  produit,  L.  prodnctuni, 
chose  produite;  producteur,  L.  productorom  ; 
production,  L.  productionein  ;  productif ^  pro- 
ductible. 

PROÉBONENT,  -ENCE,  du  L.  pro-eminere, 
être  saillant. 

PROFANE,  L.  pro-fanus,  litt.  ce  qui  est 
devant  ou  hors  du  temple /ont  «m).  —  D.  />ro- 
faner,  L.  profanarc. 

PROFÉRER,  L.  pro-fcrei^e  p.  proferre. 

PROFÈS,  L.  professus,  qui  a  fait  profes- 
sion ;7?7'o/'^A-s<?r,  L.  profcssari',  fréq.  de  profi- 
teri,  déclarer  ouvertement;  profession,  L. 
professionem  ;   professeur,    L.    professorem. 


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PRO 


—  443 


PRO 


PROFESSER,  reconnaître,  puis  exercer, 
pratiquer  publiquement.  Voy.  l'art,  préc. 
PROFESSEUR,  L.  professorem  (m.  s.). 
PROFESSION,  L.  professionem.  Les  accep- 
tions modernes  sont  corrélatives  à  celles  don- 
nées successivement  au  verbe  professer.  — 
D.  professionnel. 

PROFIOIAT,  mot  latin,  signifiant  «  que  cela 
(vous)  profite  î  •» . 

PROFIL,  voy.  profiler. 
PROFILER,  it.  profilare,  esp.  perfilare 
(d'après  la  confusion  fréquente  àepro  etper); 
de  là  les  subst.  it.  profplo,  esp.  perfilo,  fr. 
PROFIL,  anc.  porfil,  pour/il.  Composition  de 
filum,  ligne,  trait,  contour.  Le  préfixe  pro  a 
ici  la  même  valeur  que  dans  portrait. 

PROFIT,  it.  profetto,  prov.  profieg,  du 
subst.  L.  profectus,  progrès,  succès,  avantage 
(cp.  confit  de  confectus,  lit  de  lectus,  pis  do 
pectiiSf  dépit  de  despectus).  —  D.  profiter, 
profitable. 

PROFOND,  y tr.  parfont,  L.  pro fundus  {{un- 
dus);  le  prov.  a,  par  syncope,  transformé  le 
mot  latin  en preoii  comme  le  fr.  a  converti  le 
L.  rotundus  en  reond,  puis  rond.  —  D.  pro- 
fondeur, approfondir. 

PROPUS,  L.  profusiis,  litt.  répandu  en 
abondance  (pro-fundere);  pro  fusion  ^  L.  profu- 
sionem.  Cp.,  pour  le  sens,  foison,  grande  quan- 
tité, de  fi('Sionem,  fusion. 

PROGÉNITURE,  L.  progemtura\  tiré  de 
progeiiitus  (pro-gignero),  engendré. 

PROGRAMME,  gr.  Tzpô-'/poifiux,  édit,  mani- 
feste, litt.  traduit  par  L.  prœ-scriptum  et 
ail.  vur-schrift. 

PROGRÈS,  L.  progressus  (pro-gredi).  — 
D.  progi'cssif  Yevhe  progresser  et  sixhst.  pro- 
gressiste (néologismes). 

PROGRESSION,  L.  progressionem  (pro- 
gredi). 

PROHIBER,  L.  pro-hibere,  litt.  tenir  qqch. 
en  avant,  mettre  obstacle  ;  du  supin  prohibi- 
iwm '.  prohibition,  L.  prolnbitionem,  et  prohi- 
bitif 

PROIE,  vfr.  aussi pmc,  L.  prœda. 
PROJECTILE,  mot  nouveau,  tiré  du  supin 
prqjectum,  de  pro-jicere,  lancer  en  avant. 
PROJECTION,  L.  prqjectionem  (projicere). 
PROJET,   L.  prqjectum  (pro-jicere),  chose 
jetée  en  avant,  proposée  ;  l'acception  moderne 
est  étrangère  au  mot  classique  ;  aussi  vaut-il 
mieux  considérer  projet  comme  subst.  verb. 
de  projeter  (v.  c.  m.).  —  L'ail,  a  la  môme  mé- 
taphore dans  ent-wurf  et  vor-tourf. 

PROJETER,  litt.  jeter  en  avant  (signification 
encore  propre  aux  expressions  •»  projeter  une 
ombre  «♦  et  «  se  projeter  »),  puis  tracer  un 
plan,  faire  un  projet. 

PROLÉGOMÈNES,  grec  :r,oo.).r/o>îva.  litt. 
choses  dites  d'avance;  cp.  préface. 

PROLEPSE,  gr.  tt/do/vî-^i;,  exact,  traduit 
par  le  L.  anticipatio,  action  de  prendre 
d'avance. 

PROLÉTAIRE,  L.proletarius,  citoyen  de  la 
dernière  classe,  pr.  homme  du  peuple  ;  dérivé 
de  *proîetum,  population  (de  proies,  progé- 
niture); cp.  jjJebéicn.  —  D.  prolétariat. 


PROLIFIQOE,  L.  prolificus\  qui  fait  des 
enfants  proies. 

PROLIXE,  L.prolixus,  relâché,  étendu.— 
D.  prolianté,  L.  prolixitatem. 

PROLOGUE,  gr.  npd-Aoyi,  exact,  traduit  par 
le  L.  prœfatio. 

PROLONGER,  L.  prolongare  (Vulgate).  — 
D.  prolonge  (subst.  verbal);  prolongation , 
-ement  (le  premier  subst.  se  rapporte  au  temps, 
le  second  à  l'espace). 

PROMENER,  anc.  pourmener,  du  L.  pro- 
minare,  faire  aller;  «  prom'marejumenta  ad 
lacum  »  se  trouve  dans  Apulée.  —  D.  prome- 
nade (le  mot  a  une  physionomie  it.  ou  esp., 
cependant,  ces  langues  ne  le  possèdent  pas)  ; 
promeneur,  promenoir. 

PROMESSE,  à\xBL. promissa,  subst.  parti- 
cipial de  promittere. 

PROMETTRE,  pro-mittere,  d'où  promissa*, 
fr.  promesse,  et  promissionem,  fv. promission. 

PROMINER,  h.  pro-minere.  —  D.  promi- 
nent (on  dit  auj.  de  préférence  ^ro-^wtn«n^), 
promiiience. 

PROMISCUITÉ,  dér.  fr.  de  l'adj.  L.  promis- 
cuus  (promiscere),  mêlé,  confus. 

PROMONTOIRE,  L.  promontorium  (mons), 
cp.  l'ail,  vor-gebirg. 

PROMOUVOIR,  L.  pro-motere;  du  supin 
promotum  viennent  promotor,  promotio,  fr. 
promoteur,  promotion. 

PROMPT,  L.  promptus  (promero).  — 
—  D.  p7'omptititde.  L.  promptitudo;  promp- 
tuaire,  L.  promptuarium,  provision  d'où  l'on 
va  tirer  (promere)  ce  qu'il  faut. 

PROMULGUER.  L.  pro-mulgare. 

PRONE,  vfr.  preone,  du  L.  prœconium 
(prseco)  par  la  syncope  du  c  médial.  — 
D.  prôner. 

PRONOM,  L.  pro-nomen  ;  adjectif  prono- 
minal, L.  pronominalis. 

PRONONCER,  h.  pro-nuntiare.  —  ïi.  pro- 
nonciation, L.  pronuntiationem. 

PRONOSTIC,  p.  prognosUc,  du  gr.  itpo^ 
yvûiTTizov,  présage,  litt.  qui  se  rapporte  à  la 
7row-/vw7i;  (connaissance  par  avance;. —  U. pro- 
nostiquer. 

PROPAGANDE,  1.  pr.  congrégation  de  la 
propagande,  c.-à-d.  de  propaganda  fîde,  litt. 
de  la  foi  à  propager;  2.  association  quel- 
conque ayant  pour  but  la  propagation  d'une 
opinion  ;  3.  syn.  de  propagation. 

PROPAGER,  L.  propagare,  pr.  provigner 
{propages,  bouture,  lignée). 

PROPENSION,  L.  propensionem  (pro-pen- 
dere). 

PROPHÈTE,  L.  propJieta,  gr.  w,9o-?»ir>7;, 
litt.  ^=  pré-diseur.  —  D.  prophétcsse,  L.  pro- 
phetissa;  prophétie,  gr.  'npo-'ptiniv.^  prophé- 
tique, gr.  'npofTiTiKd;,  prophétiser,  gr.  itpof/i' 

PROPICE,  L.  propUius;  du  verbe  dérivé 
latin  propitiare,  rendre  favorable,  viennent 
propitiation,  -atoire,  L.  propitiationem,  -ato- 
rius. 

PROPORTION,  convenance  et  rapport  des 
parties    entre  elles  et  avec  leur  tout,    du 


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PRO 


—  414 


PRO 


L.  prcportionem,  mot  créé  par  Cicéron  pour 
rendre  le  grec  «vaioyia.  —  D.  proportionnel^ 
L.  proportionalis  ;  verbe  jwopord'oiiwtT  ;  opp. 
dis-proportion, 

PROPOS»  p.propost  (cp.  dispos  p.  dispost)^ 
du  L.  propositum  =  1.  dessein,  intention, 
volonté  (signification  encore  propre  au  mot 
français)  ;  2.  sujet  que  Ton  traite,  thèse,  ques- 
tion, pr.  chose  que  l'on  met  en  avant.  A  la 
dernière  signification  se  rattache  la  locution 
adverbiale  à  propos^  convenablement  au 
temps,  au  lieu,  etc.,  dont  on  a  fait  le  subst. 
Va  propos,  pour  lequel  les  Italiens  ont  un 
opposé  dans  sproposito,  sottise,  chose  hors  de 
propos.  Mais  d'où  vient  l'acception  •*  discours 
de  conversation  •  qui  prime  aujourd'hui  toutes 
les  autres?  Je  pense  que  dans  cet  emploi, pro- 
pos est  le  subst.  verbal  de  proposer,  pris  dans 
le  sens  ancien  de  dire,  discuter. 

PROPOSBR,  composé  de  poser,  fait  d'après 
le  L.  pro-ponere,  dont  le  supin  propositum  a 
donné  :  proposition,  fr.  proposition,  et  propo- 
situm, fr.  prqpo*  (v.  c.  m.). 

1.  PROPRE,  qui  appartient  à  qqn.  à  l'ex- 
clusion de  tout  autre,  particulier,  bien  carac- 
térisé, h,propinus.  — ï).  propriété,  L.  proprie- 
tatem,  1.  droit  sur  les  biens  qu'on  a  en  pro- 
pre; puis  les  biens  mêmes  ;  2.  qualités,  vertus 
particulières  d'une  chose  ;  cp.  ail.  eigenschaft, 
—  D.  s* approprier  qqch.,  s'en  faire  le  proprié- 
taire. 

2.  PROPRS,  convenable,  ayant  les  qualités 
particulières  requises  pour  telle  chose  ;  cette 
signification  se  déduit  de  celles  du  mot  pro- 
pre traité  ci-dessus.  —  D.  approprier,  ren- 
dre propre. 

3.  PROPRE,  net,  opp.  à  sale  ;  c'est  le  même 
L.  proprius  dont  il  est  question  dans  les  deux 
articles  qui  précèdent;  l'acception  «  net  »• 
découle  du  sens  «  convenable  »;  c'est  un  des 
cas  rares  où  l'on  remarque  le  passage  de 
l'ordre  moral  à  l'ordre  matériel  (cp.  lourd). — 
D.  dim.  propret  (anc.  aussi  propet)  ;  subst. 
propreté, 

PROPRIÉTÉ,  voy.  propre  1.  —  D.  proprié- 
taire, L.  proprietarius. 

PRORATA,  du  L.  pro  rata,  s.  e.  parte,  à 
proportion,  litt.  pour  la  part  déterminée. 

PROROGER,  L.  pro-rogare,  —  ^.proroga- 
tion, L.  prorogatio. 

PROSCRIRE.  L.^ro-5cnfter«,  bannir,  d'où: 
proscriptionem,  fr.  proscription  ;  proscriptus, 
fr.  proscrit. 

PROSE,  L.  prosa  (p.  prorsa,  s.  e.  oratio, 
c.-à-d.  langage  droit,  non  contourné  comme 
le  vers  poétique  ou  oratio  inversa; .  —  I>.  pro- 
saïque, L.  prosaicus  ;  prosatser,  proser,  pro- 
sateur. 

PROSECTEUR,  L.  pro-sectorem  (secare). 

PROSÉLYTE,  L.  proselytus  (terme  des 
pères  de  l'Eglise),  du  gr.  wpo<T>î)wT05,  litt.  = 
L.  advena  ;  donc  pr.  nouvellement  entré  dans 
une  société  religieuse.  —  D.  prosély tique, 
4sme. 

PROSODIE,  gr.  itpoi-t^Sla  (litt.  traduit  par 
le  L.  ac-centus),  1 .  accent  tonique  ;  2.  ensem- 
ble   des    règles  relatives   à  cet  accent.  — 


D.  prosodique,  gr.  tt^okmccxos;  verbe />ro*o- 
dier. 

PROSOPOPÉB,  gr.  ^pott^nonûtu,  personni- 
fication. 

PROSPECTUS,  mot  latin,  «  vue  perspec- 
tive, vue  d'ensemble;  employé  figurément 
dans  le  sens  de  plan  ou  programme  d'un 
ouvrage  ou  d'une  entreprise  annonci^e. 

PROSPERE,  mieux  vfr.  prospre,  du  L, 
pro-sperus  (sperare).  —  D.  prospérer,  L. 
prosperare  ;  prospérité,  L.  prosperitateni. 

PROSTERNER  L.  pro-sternere,  coucher  à 
terre,  renverser;  de  \à prosternation,  -ement. 
Du  supin  pro-stratum  vient  le  subst.  prostra- 
Ho,  abattement,  d'où  le  terme  médical  fr.pro- 
stratioirx. 

PROSTITUER,  L.  pro-stttuere,  litt.  placer 
en  avant,  exposer  au  public.  —  D.  prostitu- 
tion, L.  prostitutionem. 

PROSTRATION,  voy.  prosterner. 

PROTE.  du  gr.  ^^wto^,  premier,  chef. 

PROTECTEUR,  voy.  prof^^«îr.  —  D.  prouve- 
torat. 

PROTECTION,  voy.  protéger.  —  D.  protec- 
tionniste (néologisme). 

PROTÉGER,  L.pro4egere  {hit.  couvrir  par 
devant),  d'où,  par  le  supin  protectum,  les 
subst.  protectorem,  -tionem,  fr.  protecteur, 
protection, 

PROTESTANT,  voy.  protester.  —  D.  pro- 
testantisme. 

PROTESTER.  L.  protestari.  —  D.  subst. 
verb.  protêt,  ail.  protest;  protestant,  nom 
donné  en  premier  lieu  aux  Luthériens  qui 
protestèretit  dans  la  diète  impériale  tenue  à 
Spire  en  1529  contre  un  édit  d'une  diète 
antérieure,  tenue  À  Worms,  prohibant  toute 
innovation  en  matière  de  religion  ;  le  terme 
s'est  étendu  à  tous  les  schismatiques  anti- 
romains du  XVI®  siècle;  protestation,  L.  pro- 
testât! on  om. 

PROTÊT,  voy.  l'art,  préc. 

PROTOCOLE,  du  gr.  7rp^,ToV.oÀ)ov.  Ce  mot 
signifiait  chez  les  auteurs  byzantins  propre- 
ment le  premier  (upSiio^)  feuillet  collé  (xo»«v) 
sur  les  rouleaux  manu.scrits,  et  sur  lequel  on 
énonçait  sous  quel  «  comes  largitionum  »  et 
par  qui  le  rouleau  avait  été  écrit;  plus  tard, 
le  mot  s'est  particulièrement  appliqué  aux 
documents  notariés,  parce  que  ces  documents, 
d'après  un  édit  de  Justinien,  devaient,  pour 
prévenir  les  faux,  toujours  être  accompagnés 
de  ce  feuillet  d'étiquette.  Aujourd'hui  Ion 
entend  par  protocole  le  registre  des  notaires, 
la  minute  des  actes  publics,  etc. 

PROTOTYPE,  gr.  w/JwToruîroç  =  wpwroî 
TÙwoî,  premier  type. 

PROTUBÉRANCE,  du  h.  pro-tuberare,  pré- 
senter une  saillie  fde  forme  arrondie). 

1.  PROU,  adverbe,  vieux  mot  signifiant 
assez,  beaucoup,  pas  mal,  prov.  pro,  eut. 
prou,  dn  L.  prod  contenu  àîiii&prod-esse,  être 
utile  (voy.  G.  Paris  Rom.,  III,  420).  L'étym. 
probe  /^Diez)  doit  être  abandonnée. 

2.  PROU,  vfr.  preu,  ancien  subst.  signi- 
fiant profit,  conseiTé  dans  ««  bon  prou  lui 
fasse  n  ;  c'est,  comme  le  précédent,  l'adverbe 


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PRU 


—  415  — 


PSY 


prod  dans  prodesse,  prode  fieri,  étro  ou  deve- 
nir utile.  Voy.  aussi  preux. 

PROUE,  it.  prua,  esp.,  port.,  prov.  proa; 
du  L.  prora,  avec  élision  euphonique  de  IV 
niédial,  élision  du  reste  tout  à  fait  insolite. 
Le  vlia.  avait  ^.prora  la  forme //ro<,  définie 
dans  une  glose  ancienne  par  «  prior  pars 
navis  »,  et  l'it.  dit  aussi />ro£/a  pour  proue. 
Le  mot  fr.  pourrait  donc,  ce  nous  semble, 
très  bien  venir,  comme  l'it.  proda,  dir.  du 
gennanique  prot  [■:zp€i70i  ?),  et  avoir  à  son  tour 
déterminé  les  formes  esp.,  etc.,  jyroa^  prua. 
D'autre  part,  il  se  peut  aussi  que  le  mot  ger- 
manique soit  emprunté  du  roman,  d'après 
Tenchainement  suivant  iprora  (Trp'ûQa),  proda, 
]}roue,  proa,  enchaînement  qiii  serait  parfai- 
tement analogue  au  suivant  :  L.  prurire,  puis 
pritdirCf  it.  pritdere.  prov.  pruser,  port., 
cat.  priiir.  D'après  G.  Paris  (Rom.,  X, 
42),  le  fr.  proue ^  qui  n'apparait  pas  avant  le 
XV®  siècle,  est  tiré  de  l'it.  proda. 
PROUESSE,  voy.  preux. 
PROUVER,  vfr.  prover  (au  présent  sing. 
pf-euve),  prov.  provar,  nécrl.  proeten  (ail. 
prit  feu),  du  L.  probarc.  —  D.  preuve,  BL. 
prctba,  subst,  verbal  , 

PROVENDE,  provision  de  vivres,  it.  pro- 
foula, voy.  jïTébe^ide. 

PROVENIR,  L.  pro-venire.  —  D.  prove- 
nant, d'où  provenance. 

PROVERBE,  L.  proverbium  (verbum).  — 
D.  proverbial.  L.  proverbialis. 

PROVIDENCE,  vfr.  pourveance,  L.  pro- 
vidcvtia.  —  D.  providentiel. 
PROVIGNER,  voy.  l'art,  suiv. 
PROVIN,  \ÏY .  provain,  pr&caing ,  prov. pro- 
baille,  it.  pi^paggine,  du  L.  propago,  gén. 
propaginis  (cp.,pour  la  forme,  plantaginem 
devenu  plantain).  —  D  provigner. 

PROVINCE  (forme  savante;,  L.  provincia. 
—  D.  provincial.  —  Comme  nom  géographi- 
que, Provincia  a  fait  régul.  Provence,  d'où 
l'adj.  provençal 

PROVISEUR,  L.  pro'visorem,  iitt.  =  pour- 
voyeur. 

PROVISION,  L.  provisùmcm  (pro-videre), 
1'.  action  de  prévoir  ou  de  pouiToir;  2.  clioses 
amassées  par  prévoyance. —  D. provisionnel, 
approvisionner. 

PROVISOIRE,  d'un  type  L.  proci>orn<* (pro- 
videre),  rendu  par  provision. 

PROVOQUER,  L.  pro-vocare.  —  D.  provo- 
cateur, -ation,  L.  provocatorem,  -ationem; 
provocatif. 

PROXàOTÉ,  L.  proximitatem  (proxiraus). 
PRUDE;  cet  adjectif,  pr.  =  sage,  sensé,  se 
prend  aujourd'hui  en  mauvaiso  part  pour 
exprimer  une  sagesse  ou  une  circonspection 
exagérée  ou  affectée  ;  d'un  type  latin  prudus, 
contraction  de  providus  (comme  prudcns  de 
jirovidens).  Telle  est  l'étymologie  reçue,  mais 
elle  parait  devoir  être  écartée.  L'adj.  franc. 
prude,  inconnu  aux  autres  lanj^ues  romanes, 
a  été  dégagé  des  combinaisons  prud'homme 
et  prude  femme,  très  anciennes  aussi  dans  la 
langue  (aussi  avcco  ou  eu  p.  u).  Or,  ces  com- 
binaisons, comme  le  démontre  Tobler(Ztschr., 


n,  5G9,  et  Verraischte  Beitrfige,  p.  113), 
représentent  des  expressions  analogues  à 
drôle  de  corps,  diablesse  de  femme  (dont  le 
savant  romaniste  de  Berlin  a  rassemblé  un 
grand  nombre  d'exemples  anciens).  Elles  sont 
donc  primitivement  =  preu  d*homme,  preu 
de  femme;  preu  ou  preuz  Jvoy.  preux) 
n'avait  qu  un  genre.  Le  peuple,  dans  la  suite, 
en  dégagea,  par  méprise,  un  adjectif  preude 
et  finit  par  écrire  au  pluriel />rtfu<fe^  homtnes, 
preudes  femmes.  La  prononciation  prude  est 
tout  à  fait  moderne  ;  le  passage  de  Berte  cité 
par  Littré  ne  porte  pas  prude^  mais  preude. 
—  D.  pruderie. 

PRUDENT,  L.  prudentem  fpro-videns).  — 
D.  prudence,  L.  prudentia. 

PRUD'HOMME,  homme  sage  et  probe; 
d'après  ce  que  nous  avons  exposé  sous  prude, 
le  d  représente  de,  et  le  terme  serait  analogue 
à  preu  de  femme  ;  mais  tout  en  admettant  le 
bien  fondé  de  ce  que  dit  M.  Tobler  sur  l'ori- 
gine de  l'ac^.  prod,  prou,  nous  sommes  à 
nous  demander  si  l'on  peut  séparer  le  vieux 
composé  fr.  prudome  des  termes  analogues 
prov.  prosom,  esp.  prohombre,  \t.  produomo. 
Il  eî>t  admis  aujourd'hui  que  Vélémeut  prod  ou 
proz  représente  le  prod  latin  dans  le  verbe 
prodesse.  —  D.  prud^homie, 
PRUINE.  h.pruina. 

PRUNE,  L.  prunum.  —  D.  prunier;  du 
dimin.  pruneUus  :  1 .  masc.  pruneC,  pruneau, 
2.  fém.  prunelle,  petite  prune  sauvage  et,  par 
assimilation,  =  pupille,  l'ouverture  ronde  et 
noire  dans  le  milieu  de  Tœil  (cp.  Texpr.  ail. 
augapfel,  pomme  de  l'œil)  ;  de  prunel  décou- 
lent les  subst.  prunelaie,prunelee. 
PRUNEAU,  voy.  prwie. 
PRUNELLE,  voy.  prune.  —  D.  j)ninel- 
lier. 

PRURIGO,  mot  latin  =  démangeaison.  — 
D.  prurigineux,  L.  pruriginosus. 
PRURIT,  L.  pruritus  (prurire). 
PSALMISTE,dér.duL.p5a/mu5rgr..j*«i;Ao;), 
=  fr.  psaume.  De  ^xtixôi  et  ùH  vient  f xX/am- 
ôsîv,  chanter  des  psaumes,  d'où  |a3iytx«ijo(a,  fr. 
psalmodie,  d'où  verbe  psalmodier.  Du  verbe 
^iùlivi,  pincer  les  cordes  d'un  instrument,  dé- 
rive le  subst.  ttxirï-jocov,  h.psaJterium,  instru- 
ment do  musique  et  recueil  des  psaumes,  fr. 
psaltérion  et  psautier, 

PSAUME,  vfr.  salme,  saume;  voyez  l'ar- 
ticle précédent. 

PSAUTIER,  vfr.  sautier.  Voy.  psalmiste. 
PSEUDO-,  mot  prépositif  marquant  fausseté 
ou   apparence  trompeuse,   du   grec   tf»iû*uv, 
mentir,  tromper. 

PSEUDONYME,  du  gr.  tf^iuS^vu/A?;  (fcOds 
+  ôvo/Aa).  fait  ou  écrit  sous  un  faux  nom.  — 
D.  pseudonymie. 

PSYCHÉ,  du  grec  ifwx^»  ^^^  î  ®"  mytholo- 
gie, le  nom  d'une  princesse  d'une  grande 
beauté,  qui  devint  l'épouse  do  l'Amour.  La 
fantaisie  a  fait  nommer  ainsi  une  espèce  do 
miroir  mobile  permettant  aux  belles  do  se 
mirer  dans  toute  leur  beauté.  —  De  pux^  dans 
son  acception  propre,  souffle,  âme,  nous 
avons  le  dérivé  psi/chique,  gr.  ^v/n*àu  et  le 


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PUN 


—  416  — 


PUR 


cps.  psychologie^  gr.  ^Mxoloyioi,  science  de 
rame. 

PUB£rE,  mot  de  facture  savante,  L.pubcr, 
—  D.  puberté,  L.  piibertatem. 

PUBLIC,  L.pubiicus  (p.  populicus,  de  popu- 
lus).  —  D.  publicité;  publiciste^  qui  fait  des 
études  ou  des  traités  sur  des  questions  du 
droit  ou  d'intérêt  public. 

PUBLIER,  angl.  publish,  du  L.  publicare, 
d*où  publicationem,  fr.  publication. 

PUCE,  it.  pulce,  esp.  pulga,  du  L.  pitlex, 
pulicis,  —  D.  puceron,  é-pucer,  it.  s-pul- 
ciare! 

PUCEAU,  pucer,  fém.  pucelle  (it.  pulcella), 
du  L,  pullicellus* ,  dim.  de ^mZZm^,  jeune.  — 
D.  pucelage,  dé-puceler, 

PUCELLE,  voy.  l'art,  préc. 

PUDEUR,  L.  pudorem.  —  D.  impudeur. 

PUDIBOND,  L.  pudibundus  (pudere). 

PUDIQUE,  L.  pudtcus  (pudere).  —  D.pudi- 
cite,  L.  pudicitatem;  impudique. 

PUER,  vfr.  puir,  du  L.  putere.  —  Du  part, 
prés,  puant  :  le  subst.  puanteur  (cp.  pesan- 
teur de  pesant)  et  le  verbe  empuantir. 

PUIîRIL,  L.  puerilis  (puer).  —  D.  puéri- 
lité, L.  puerilttatem. 

PUGILAT,  L.  pugtlatus  fpugilare). 

PUÎNÉ  =  puis  né.  Voy.  puis. 

PUIS,  vfr.  pois,  proY.  pois,  esip.  pues,  i^ort. 
pos,  it.  pot,  d'après  Diez  du  L.  post;  compo- 
sés :  de-puis  =  de-post  {depuis  emporte  à  la 
fois  une  idée  de  point  de  départ  et  une  idée 
de  succession  ou  de  postériorité);  puisque, 
anc.  =  depuis  que,  après  que  (le  sens  de  cau- 
salité est  survenu),  littéralement  le  L.  post- 
quam;  putné '=  puis  né.  — Avec  M.  Thomas 
(Rom.,  XIV,  574),  je  rattache  puis  plutôt  à 
un  type  Isitm  postius* ,  comparatif  do  |305^ 

PUISER,  voy.  puits.  —  D.  puisard,  puisa- 
tier; cps.  épuiser  (cp.  L.  exhaurire). 

PUISQUE,  voy.  puis. 

PUISSANT,  vfr.  aussi  poissant,  d'un  par- 
ticipe présent  barbare powcnj,  -ntis,  depossum 
(==  jwtis-sum).  —  D.  puissance,  impuissant. 

PUITS,  vfr.  pois,  puis,  puch,  wall.  puss, 
rouchi,  pic.  puche,  it.pojxjto,  esp.poso,  flam. 
put,  du  L.  puteus.  —  D.  puiser,  dans  les  pa- 
tois du  Nord  pucher. 

PULLULER,  L.  pullulare  (pullus),  faire 
dos  jeunes,  se  multiplier. 

PULMONAIRE,  -IQUE,  du  L.  pulmo,  -onis 
==  fr.  poumon, 

PULPE,  L.  pulpa.  —  H.  pulpeux,  L.  pul- 
posus  ;  verbe  pulper. 

PULSATION.  L.  pulsationem  (pulsare). 

PULVÉRISER,  réduire  en  poussière  ;  exten- 
sion du  L.  pulvei^are  (pulvis)  =  fr.  poudrer, 
couvrir  de  poussière. 

PULVÉRULENT,  L.  puherulentus. 

PUNAIS,  anc.  puant  en  général,  auj.  par- 
ticul.  puant  du  nez,  prov.  putnais.  Le  mot 
est  formé  de  la  racine  put  (d'où  putere,  fr. 
puer)  et  d'un  suffixe  qui,  bien  certainement, 
n'a  rien  de  commun  avec  nasus,  nez.  Le  mot 
répondrait  parfaitement  à  un  type  it.  puto- 
naszo,  mais  cette  forme  n'existe  pas.    Les 


formes  pic.  punasse,  piém.  punas  autorisent 
à  remonter  à  un  tjpf^putinaceus.  —  D.  subst. 
punaise,  fém.  de  punais,  nom  do  Tinsccte 
puant  par  excellence. 

PUNAISE,  voy.  l'art,  préc. 

PUNCH,  orthogi'aphié  aussi  ponche,  iiif>t 
angl.  venu  des  Indes  et  tiré  du  sanscrit 
panch,  cinq,  le  punch  étant  composé  de  cinq 
ingrédients. 

PUNIR,  L.  pu7iire.  —  D.  punition,  L.  pu- 
nitionem  ;  punissable. 

1.  PUPILLE  (do  l'œil),  fém.,  h.pupilla(p\i- 
pus),  cp   en  gr.  xop^,  pupille,  pr.  jeune  fille. 

2.  PUPILLE,  orphelin,  masc.  et  fém.,  L. 
pupillus  (pupus).  —  D.  pupillaire. 

PUPITRE,  d'un  type  lat.  immédiatpM7pi/î<- 
luni,  dim.  de  pulpitum,  estrade;  cp.  epistola 
épitre.  Je  rétracte,  comme  contraire  aux 
règles  de  l'accent,  mon  ancienne  explication 
du  mot  (bien  que  je  la  retrouve  dans  Littré  et 
Brachet),  reposant  sur  un  changement  de 
pulpitum  on  pupitlum  —  Pulpitum,  i-égu- 
lièrement  francisé,  devait  faire  poute;  il  est 
le  type  de  l'it.  pulpito  et  de  l'ciU.  puU. 

PUR,  h. punis.  — D.  pureté,  L.  puritatcm  ; 
puron,  petit-lait  épuré;  néologismes  :  pu- 
riste, purisme,  puritain. 

PUREAU,  t.  de  couvreur,  partie  d'une  tuile 
ou  d'une  ardoise  qui  n'est  pas  cachée  par  la 
tuile  ou  l'ardoise  voisine;  d'après  Littré,  de 
pur.  Cela  est  probable;  pur  est  souvent  sy- 
nonyme do  simple,  non  doublé,  nu. 

PURÉE;  comme  aujourd'hui  la  purée 
éveille  l'idée  de  passer  par  un  tamis,  on  est  ten- 
té de  voir  dans  ce  mot  un  dérivé  ou  plutôt  un 
subst.  participe,  d'un  verbe pwr^r,  purifier. 
Mais  cette  étymologie  n'est  que  .«spécieuse.  Le 
mot  (notez  les  formes  champ,  porée,  poirée) 
signifiait  autrefois  tout  .KÏmplemont  un  potage 
de  légumes,  et  répond  aux  formes  BL. porca, 
purea,  pureya,  pon'eta,  ixyrrecta,  pon'ota, 
jusculum  ex  porris  confectum.  C'est  donc 
prob.  un  dér.  du  L.  />07Titm,  i>orrcau.  légume 
dont  on  faisait  et  dont  on  fait  encore  de  la 
soupe.  Il  parait  cependant  que  l'anc.  terme 
purée  de  raisin  est  distinct  de  notre  mot  et 
tient  apurer,  nettoyer;  cp.  mère-goutte,  de 
merus,  pur.  —  Brachet  présente  une  tout 
autre  explication;  il  enchaîne  très  correcte- 
ment les  formes  suivantes  :  L.  piperata  (de 
piper,  poivre),  d'où  success.  îv.  pevn^e,  jjcttrce, 
purée.  Si  l'on  peut  admettre  que  le  poivixî 
joue  le  principal  rôle  dans  la  confection  de  la 
purée,  cette  étymologie  doit  l'emporter.  —  Il 
est  bien  possible  que,  suivant  les  applications 
do  purée,  il  y  ait  dans  ce  mot  un  concours  de 
plusieurs  primitifs.  Aussi  l'on  ne  peut  nier 
que  ce  que  l'on  entend  généralement  par 
purée  ne  s'accorde  à  souhait  avec  l'ét.  de  Jo- 
ret,  savoir  L.purare,  «  découler,  dégoutter»»; 
c'est  donc  le  coulis  qu'on  obtient  en  écrasant 
des  pois,  etc.,  et  en  faisant  passer  et  purer  la 
bouillie  à  travers  un  sas.  Vov  Rom  ,  IX, 
337. 

PURGER,  L.  purgare  (purus).  —  D.  purge, 
subst.  verbal;  purgation,  -atif;  purgatoire, 
lieu  où  l'on  se  purge  de  ses  souillures. 


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QUA 


—  417  — 


QUA 


PTJSiri£K,  L.  puri-ficare,  d'où  purifica- 
tion. 

PTJRIH,  dér.  du  h.  pus ^  puris,  pus,  ordare, 
excrément.  —  D.  puriner,  —  Purot,  citei*ne 
à  fumier,  a  la  même  origine. 

PUROT,  voy.  purin. 

PUBFURIN,  dér.  de  purpura^  pourpre. 

PURULENT,  L  pundenttts  (pus,  puris).  — 
D.  purulence,  L.  purulcntia. 

PUSILLANIME,  L.  pusillanimus  (pusillo 
animo,  cp.  ail.  klein-muthig).  —  D.  pusillor 
nimiiét  L.  pusillanimitatem  (LactanceK 

PUSTULE,   L.  pustuîa.  —  D.  pustuleux. 

PUTAIN,  forme  d'accusatif  du  vfr.  pute  « 
fille  (cp.  nonai7i  de  nomie).  Quant  à  pute,  it. 
putta,  il  représente  le  fém.  du  L.  piUits,  petit 
garçon.  De  pute  =  putain  viennent  les  vieux 
mots  putoffe  et  puterie  =  putanisme,  et  le 
mot  putassier.  Par  son  étymologie,  le  mot 
pute  n'implique  aucun  mauvais  sens,  pas  plus 
que  ffarce  (v.  c.  m.).  Il  n'est  pas  nécessaire 
d'attribuer  à  l'acception  injurieuse  ••  femme 
de  mauvaise  vie  »  une  influence  de  l'adj.  vfr- 
put,  qui  signifiait  puant,  vil,  bas,  repoussant, 
et  qui  est  le  L.  putidus.  Ne  disons-nous  pas 
encore  «  courir  les  tilles  »,  comme  on  disait 
autrefois  courir  les  putes  t  —  Notre  manière 
de  voir  a  trouvé  un  contradicteur  de  grande 
autorité.  Le  vfr.  put,  fém.  pute,  d  où  putain, 
ne  peut,  selon  les  règles  strictes  de  la  phoné- 
tique, représenter  le  lat.  putus^pûta  fgarçon, 
fille);  celui-ci  eût  produit  it.  poto,  esp.  podo, 
fr.  pou,  (ém.poue  (ou  plutôt,  d'après  G.  Paris, 
peu,  peue).  Les  formes  putta,  puta,  fr.  pute, 
accusent  plutôt  lat.  pûtidus  (cp.  netto,  neto^ 
fr.  net  de  nitidus)  et  impliquent  un  sens  mau- 
vais. Tel  est  le  fond  d'un  article  de  M.  l'ors- 
ter,  consacré  A  ces  mots  dans  Grôber  Ztschr., 
m,  565,  en  rectification  de  l'opinion  de  Diez, 
adoptée  jusqu'ici  par  Littré  et  moi.  Je  me  range 
sincèrement  à  son  avis,  mais  je  me  plains  de  la 


légèreté  avec  laquelle  il  me  i-eproclie  d'avoir 
copié  sur  Littré  la  phrase  erronée.  »  Par  son 
étymologie,  le  mof.  pute,  etc.  »;  il  aurait  pu 
et  dû  s'assurer  que.  la  phrase  en  question 
était  déjà  textuellement  dans  ma  l*"  éd.  qui 
date  de  1862,  tandis  que  Littré  l'a  reproduite 
en  1860.  Il  n'y  a  pas  de  déshonneur  à  se 
tromper  en  société  de  Litti-é,  mais  je  dois  pré- 
férer assumer  la  responsabilité  de  l'erreur  que 
passer  pour  un  copieur  servile  et  malhonnête 
de  l'illustre  lexicographe.  —  D.  putanisme, 

PUTATIF,  L.  putatirus  (putare),  supposé. 

PUTOIS  ;  mot  tiré  de  la  racine  latine  pui, 
puer,  à  cause  de  l'odeur  infecte  qu'exhale  cet 
animal  ;  Fit.  a  pussola  (de  la  forme  verbale 
puzsarCy  puer),  le  BL.  putacius,  putosius, 
putonius. 

PUTRÉFACTION,  du.  L.  putrefacej'e;  le 
yerhe  putréfier,  vient  d'un  type  putreficarc, 

PUTRIDE,  L.  putridus.  —  ù.putridittL 

PUT,  anc.  pui,  puie  (voy.  Gachet).  lieu 
élevé,  hauteur,  prov.  pueg,  puoi,  it.  poggio 
(esp.,  port,  poyo,  =  banc  devant  la  maison), 
du  L.  podium,  terrasse,  éminence,  tertre.  De 
pui  vient  le  verbe  vfr.  puier,  gravir.  Dans 
l'anc.  langue,  pui  signifiait  aussi  pièce  ])our 
soutenir  (dimin.  puiot);  c'est  à  cette  dernière 
acception  que  se  rapporte  le  verbe  cps.  ap- 
puyer, it.  appoggiare, 

PYGMÉB,  nain.  pr.  nom  d'un  peuple  fabu- 
leux, dont  la  taille  ne  dépassait  pas  une  cou- 
dée; grec  7tuy/taî9;,  de  itxtyfx^,  pr.  poing,  puis 
distance  du  coude  à  la  naissance  dos  doigts. 

PYRAMIDE,  gr.  itupxfjiii,  -îJo,-.  —  D.  pyra- 
midcU,  employé  fig.  d'une  chose  colossale; 
verbe  pyramider. 

PYRITE,  L.  pyrites,  gr.  ttuc^tij;  {nZp). 

PTROSGAPHE,  bateau  à  vapeur,  mot  nou- 
veau, formé  de  ttû/j,  feu,  et  wvfn»  navire. 

PYROTECHNIE,  l'art  (Tkx*>î)  àe  se  sen'ir  du 
feu  {Ttûp). 


Q 


QUADRAGÉNAIRE,  L.  quadragenarius ; 
QUADRA6ÉSIME,  formc  savauto  p.  carême  (v.  c. 
m.). 

QUADRANOLE.L.  quadrangulits,  d'où  qua 
drangulaire. 

QUADRATURE,  L.  quadratura  (quadrare^ 

QUADRI-,  en  composition,  =  L.  quadri 
(dans  quadri-ennium,  quadri- latents). 

QUADRILLE,  de  l'it.  quadriglia,  petite 
troupe  ;  on  disait  aussi  esquadrille  =^  it.  squa- 
driglia  ;  voy.  escadre,  équerre . 

QUADRILLÉ,  du  BL.  quadrillus,  carreau. 

QUADRILLION,  formé  avec  l'élément  quadri 
de  la  même  fnçon  que  billion  avec  bi  (bisj. 

QUADRUPEDE,  L.  quadrupes,  -edis. 

QUADRUPLE,  L.  qmulruplus.  —  D.  qua- 
drupler. 

QUAI,  néerlandais  haai,  angl.  hay,  bas-ail. 
haje,  digue  le  long  d'un  fleuve  (vfr.  caye  et 
esp.  cayo,  banc  de  sable),  du  cymr.  cae,  enclos, 
barrière. 


QUALIFIER,  BL.^wa/i/îcarcfqualem  facere), 
certa  qualitate  donare,  d'où  qualification^ 
-atif. 

QUALITÉ,  L.  qualitatem,  d'où  qualitativus, 
fr.  qualitatif. 

QUAND,  L.  quando. 

QUANT,  acy.  (dans  quantes  fois  p.  combien 
de  fois),  L.  quantus.  —  D.  quantième;  quan- 
tité, L.  quantitatem,  d'où  quantitatif.  — 
L'adv.  quant  à  est  une  locution  elliptique, 
tirée  du  L.  quantum  pertinet  ad. 

QUARANTE,  L.  quadraginta.  —  D.  qua- 
rantième, quaran  tainc. 

QUADERONNER,  terme  do  charpentier,  do 
quart  de  rond,  cp.  pour  la  forme  le  terme 
technologique  plafonner  de  plafond. 

QUART,  1.  acy.  =  quatrième,  employé  seu- 
lement dans  u  quart  denier,  fièvre  quarte  », 
et  dans  le  composé  (terme  de  vénerie)  quartan 
p.  quartan,  quatrième  année;  2.  subst.,  qua- 
I   trième  partie  d'un  tout.  Du  L.  quartus.  — 

27 


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QUE 


418  — 


QUI 


D.  quarte;  quartaiU  (vfr.  quartal);  quarteron 
(suffixe  dinûn.  eron]\  quartier  (v.  c.  m.); 
écarteler{v.  c.  m.). 

QUARTAINB  (fièvre)»  L.  quartana  febris, 
fièvre  quarte. 
QUARTAN,  voy.  quart. 
QUARTERON,  voj.  quaH 
QUARTIER,  L.  quartarius  (quartus)  ;  pr. 
la  quatrième  partie  d'un  objet  ou  d'une  éten- 
due, do  là  partie  ou  division  en  général 
(«  quartier  d'un  gâteau,  d'une  ville,  d'une  mai- 
son »  )  ;  de  l'idée  quartier  de  ville  s'est  dégagé 
le  sens  :  certaine  étendue  de  voisinage,  canton, 
puis  en  t.  de  guerre  l'endroit  où  une  troupe  est 
casernée,  campée,  campement  d'un  corps  de 
troupes,  d'où  quartier-niaitre.  D'où  vient  l'ac- 
ception :  traitement  favorable  à  l'égard  de 
troujxîs  vaincues,  grâce,  pardon?  Voici  ce 
qu'on  dit  De  Brieux  :  «  Cela  vient  de  ce  que 
les  Hollandais  et  les  Espagnols  étaient  autre- 
fois convenus  que  la  rançon  d'un  officier  ou 
d'un  soldat  se  payerait  d'un  quartier  de  sa 
paye;  de  sorte  que  quand  on  ne  voulait  pas 
recevoir  à  rançon,  mais  qu'en  usant  do  tous  les 
droits  de  guerre  quelqu'un  tuait  son  ennemi, 
il  lui  disait  :  C'est  en  vain  que  tu  offres  un  quar- 
tier de  t^s  gages,  on  n'en  veut  point,  il  faut 
mourir.  »  Littré  pense  que  quartier,  au  sens 
de  vie  sauve,  provient  plutôt  de  quartier  au 
sens  de  logis,  résidence  :  «  donner  quartier  » 
serait  donc  =  recevoir  en  son  logis,  à  sûreté. 

QUARTZ,  mot  allemand.  —  D.  quartseux. 

QUASI,  mot  latin  (p.  quam  si)  ==  comme  si. 

QUATERNE,  L.  quatemus.  Voy.  aussi 
cahier.  —  D.  quaternaire. 

QUATORZE,  L.  quatuorclecim.  —  D.  qua- 
torzième. 

QUATRAIN,  dér.  de  quatre,  cp.  sixain  do 
six. 

QUATRE,  prov.  quatre,  catre,  esp.  cuatro, 
it.  quattro,  du  L.  quatuor.  —  D.  quatrième; 
quatrain. 

QUATUOR,  mot  latin,  =  quatre. 

QUE,  it.  che,  esp., port., prov.  que.  Comme 
pronom  relatif,  ce  mot  répond  au  L.  quem, 
quam,  quod,  quid,  pi.  quœ;  comme  conjonc- 
tion, au  L.  quod  et  quam. 

QUEL  (avec  l'article  lequel),  L.  qualis;  quel- 
conque, L.  qualiscunque;  ^ue^^t(<7,  it.  qualche, 
prov.  qualsque,  d'un  type  L.  qualisquam 
formé  d'après  quisquam. 

QUELQUE,  voy.  quel.  —  Composés  :  quel- 
quun.  quelquefois, 

QUEHAND,  mendiant,  vfr.  cahnant,  chai- 
mant  ;  d'origine  inconnue.  —  D.  quêtnander  ; 
caijuandisc  (Cotgravo;.  —  On  trouve  en  vfr. 
quémander  p.  comander,  commander,  mais 
ni  le  sens,  ni  la  forme  ne  conviennent  à  notre 
mot,  puis<pie  la  forme  la  plus  ancienne  est 
caïment  (3  syll.). 

QUENOTTE,  dent  des  petits  enfants,  dimin. 
du  vfr.  quenne,  dent  ou  ir.àclioire,  qui  tient 
sans  doute  au  nord,  ketwa,  mâchoire,  goth. 
kinnus^  mlia.  hinne,  joue. 

QUENOUILLE,  it.  conocchia,  du  BL.  conu- 
cula,  lequel  est  p.  colucula,  dimin.  du  L.  colus, 
m.  s.  On  a  conservé  VI  naturel  dans  le  bourg. 


quelongne,  champ,  coloigne,  —  L'ail.  hunheJ^ 
m   s.  a  la  même  origine. 

QUERELLE,  d'abord  plainte,  puis  grief, 
affaire,  débat,  procès,  du  L.  querela  (queri), 
plainte,  ou  plutôt,  selon  d'autres,  de  quœrella 
(de  qucerere),  mot  latin  dont  on  a  des  exem- 
ples. —  D.  quereller. 

QUERIR,  vfr.  querre  (cp.  courir  et  courre], 
L.  quœrere,  d'où,  par  le  supin  quœstum,  les 
subit,  quaestor,  fr.  questeur;  quœstio,  fr.  ques- 
tion, et  le  subst.  partie,  queste*  quête. 

QUESTEUR,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  questure. 

QUESTION,  voy.  gu^ir.  —  D.  questionner, 
questionnaire,  L.  qusestionarins. 

QUETE,  voy.  quérir,  — -  D.  quêter^  d'où 
quêteur, 

QUETSCHE,  sorte  de  prune;  de  lall. 
quetsche  prune.  —  D.  quetschier. 

1 .  QUEUE,  vfr.  coue,  coe,  prov.  coa,  it.  coda, 
du  L.  cauda. —  D.  couard  (v.  c.  m  )î  qitoaii- 
1er,  remuer  la  queue  ;  écoucr,  —  De  queue, 
terme  de  billard,  on  a  fait  le  verbe  queuter. 

2.  QUEUE,  futaille;  d'origine  inconnue,  dit 
Littré;  l'orthographe  heuvie  permet  de  sup- 
poser que  ce  mot  est  identique  avec  vfr.  cuece 
(prononcez  queiœe)  =  cuve,  bien  que  la  voyelle 
eu  soit  contraire  au  type  latin  cûpa. 

1.  QUEUX,  maso.,  cuisinier,  vfr.  cou^  it. 
cuoco,  du  L.  coquus. 

2.  QUEUX,  fém.,  aussi  queuz  et  queue, 
pierre  â  aiguiser,'  prov.  cot,  du  L.  cos,  cotis. 

QUI,  pron.,  L.  quietquis. 

QUIA  (A),  du  L.  quia,  parce  que.  Être  à 
quia,  c'est  ne  plus  trouver  raison  pour  répon- 
dre, être  poussé  à  bout.  La  métaphore  so 
rapporte  à  celui  qui  ne  sait  plus  dire  autre 
chose  que  quia,  sans  achever  la  phrase  énon- 
çjintla  raison.  P.  Meyer  (Rom.,  IX,  126),  se 
fondant  sur  les  commentaires  du  vers  de 
Dante (Purg. ,  III,  31)  :  ••  State  contenti,  umana 
gente,  al  quia  *>,  croit  que  «  être  à  quia  » 
signifiait,  dans  le  principe,  être  dans  cette 
situation  modeste  où  on  sait  qu'une  chose  est 
(ro  071,  quia)  sans  réussir  à  en  connaitre  la 
cause  [70  «cort). 

QUIBUS,  argent  comptant,  écus.  Ce  mot 
latin  (ablatif  plur.  du  pronom  relatif)  rend 
exactement  la  phrase  française  «  de  quoi  >• , 
dans  "  avoir  de  quoi  » . 

QUICONQUE.  L.  quicumque. 

QUIDAM,  mot  latin  ^—  un  certain. 

QUIET,  vieux  mot  savant  »»  L.  quielits  (qui, 
dans  le  fr.  du  fonds  commun,  est  devenu  co«\ 
V.  c.  m.;.  —  D.  inquiet^  L.  inquietus;  ^iV- 
tisme,  quiétude, 

QUIGNON,  p.  cuignon,  dér.  de  coi^i,  qui  est 
le  L.  cuneus.  En  rouchi,  ou  dit  un  keunic  do 
pain.  Comparezo/ian^rau,  docant,  coin,  bord. 

1.  QUILLE  à  jouer,  it.  quiglia,  du  vha.  che- 
kil,  chegil,  ail.  mod.  et  néerl.  hegel,  pr.  objet 
allongé  en  forme  conique,  ags.  heel,  kile,  — 
D.  subst.  quillicr^  quillette^  verbe  quitter. 

2.  QUILLE  de  navire,  it.  chiglia,  esp.  quilla, 
du  vha.  chiol,  nord,  hiùir,  ags.  ccol,  ail.  mod. 
kicl.  —  D.  quillage. 

QUINAUD,  honteux,  confus;  d'après  Littré, 
tiré  du  vfr.  quitw,  grimace  (expression  écour- 


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RÂB 


—  419  — 


RAB 


tée  de  quine-mine,  espèce  de  geste  moqueur)» 
tiré  du  L.  quini,  cinq,  à  cause  que  les  cinq 
doigts  étaient  employés  dans  la  quine-^nine. 

—  D.  enquinauder  (v.  c.  m.). 
QUINGAILLE,  p.  clincaille,  yoj,  cHttqwmt. 

—  P-  quincaillier,  quiftcaillerie. 
QUINCONCE,  du  L.  quincunx  (quinque  un- 

cise),  1 .  monnaie  de  cuivre  valant  cinq  onces 
ou  cinq  douzièmes  de  Tas  ;  cinq  boules  y  étaient 
représentées  pour  en  marquer  la  valeur  ;  2.  fi- 
gure formée  par  des  objets  disposés  respecti- 
vement les  uns  par  rapport  aux  autres  comme 
le  sont  les  cinq  points  sur  un  dé  à  jouer. 

QT7INE,  L.  quinus,  mot  analogue  à  qua- 
terne, 

QUININE,  dérivé  de  quina,  abréviation  de 
quinquina  (v.  c.  m.)* 

QUINOLA,  d'origine  inconnue. 

QUINQUAGÉNAIRE,   L.  quinquaçenarius, 

QUINQUENNAL,  L.  quinquennalis  (quin- 
quennium  ■=  quinque  anni). 

QUINQUET,  ellipse,  p.  lampe  à  la  Quinquet, 
du  nom  du  premier  fabricant  (1785). 

QUINQUINA  (Linné  cinchona),  du  péruvien 
kinahina,  signifiant  écorce  par  excellence. 

QUINT,  L.  quintus.  —  D.  quinte,  t.  de 
musique.  —  Pour  quinte  =«  toux,  voy.  l'art. 
quinte. 

QUINTAINE,  BL.  prov.  quintana,  it.  chin- 
tana;  d'origine  inconnue. —  Papias  définit  le 
mot  :  pars  platesa  qua  carpentum  provehi 
potest. 

QUINTAL,  it.  quintale,  esp.  quintal,  de 
larabe qintar,  poids  de  cent. 

QUINTAN,  forme  masculine  de  quintaine, 

QUINTE,  toux  acre  et  violente,  qui  prend 
imr  redoublement;  fig.  caprice,  bizarrerie, 
mauvaise  humeur  (de  làl'adj.  quinteux).  Le 
sens  toux  procède- t-il  du  terme  «  fièvre  quinte  » , 
fièvre  qui  revient  tous  les  cinq  jours,  ou  de 
quinta  hora,  succès  de  toux  revenant  à  chaque 
cinquième  heure?  Les  médecins  en  sauront 
là-dc5ssus  plus  que  moi.  Pour  ma  part.,  je  suis 
disposé  à  voir  dans  quinte  une  modification  de 
quinque  (la  permutation  de  A  et  t  est  fréquente 
dans  les  patois).  Or,  quinque  se  rattacherait  au 
V.  fiam.  ki}u;hen,  forme  nasalisée  de  kichen, 
ail.  heichen,  respirer  diflicilement,  tousser 
péniblement.  De  ce  kincken  viennent  :  fiam. 
kinchhœst,  ail.  keich-husten,  coqueluche,  que 
je  retrouve  dans  le  rouchi  quintousse  p.  quin- 
cousse.  Le  wallon  de  Liège  dit  caikioule,  cai- 
coule,  le  dialecte  de  Bayeux  a  cîinke  p. 
quinque  [l  épenthétique) .  —  Cp.  à  l'appui  de 
cette  étymologie,  pour  la  forme,  le  vfr.  ainte 
p.  ainque,  encre,  et  le  nom  de  plante  quinte- 
feuille,  p.  quinquefeuille  (L.  quinquefolium), 

QUINTESSENCE,  pr.  quinte  essence,  cin- 


quième essence  supérieure  aux  quatra  éléments 
de  la  terre.  C'est  ainsi  que  les  pythagoréens 
qualifiaient  l'éther;  aijg.  le  mot  exprime  la 
meilleure  force  extraite  d'une  substance  quel- 
conque par  les  procédés  chimiques,  et  fig.  ce 
qu'il  y  a  de  meilleur,  de  plus  subtil  dans  une 
chose.  —  D.  quintessencier,  raffiner,  subtiliser. 

QUINTEUX,  voy.  quinU, 

QUINTUPLE,  l*.quinituplus  p.  quintuplex, 
—  D'  quintupler, 

QUINZE,  contraction  du  L.  quindecim,  — 
D.  quinjtième,  quinzaine, 

QUIPROQaO,  du  L.  quis{o\xquid)proquo, 
c.-à-d.  aliquis  (ou  aliquid)  pro  aliquo,  l'un 
pour  l'autre  ;  d'après  Littré,  «  de  prendre  un 
quid  pour  un  quod  ». 

QUITTANCE,  voy.  l'article  suivant.  — 
D.  quittancer, 

QUITTE,  vfr.  cuite,  prov.  quiti,  esp.  quito, 
ail.  ktoitt,  du  L.  quietus,  en  repos.  Le  bas 
latin  attachait  à  quietus  le  sens  «  qu'on  laisse 
tranquille,  qu'on  n'inquiète  plus,  comme 
s'étant  dégagé  de  ses  obligations  »,  c.-à-d. 
libéré,  affranchi,  qui  ne  doit  plus  rien.  De  là 
le  verbe  quitter,  d'abord  laisser  tranquille,  lais- 
ser aller,  tenir  quitte,  renoncer  à  une  chose, 
la  céder,  s  en  désister,  s'en  séparer;  de  là  le 
subst.  quittance,  acte  par  lequel  on  quitte 
quelqu'un  de  qqch.  —  Quitte  ne  peut  venir 
de  quietus  que  par  l'intermédiaire  du  BL. 
quitus,  absolutus,  liber.  La  forme  pui*e  a 
donné  coi  (v.  c.  m.),  comme  parietem  a  fait 
paroi,  L'esp.  distingue  également  entre  quito 
et  quedo,  —  L'augl.  quite,  tout-à-fait,  est  le 
même  mot;  pour  la  filiation  des  idées,  cp.  le 
terme  fr.  absolument, 

QUITTER,  1.  tenir  quitte,  2.  se  désister, 
abandonner;  voy.  l'art,  préc.  —  Darmestoter 
(Rom.,  V,  151)  ne  veut  pas  déduire  notre 
verbe  immédiatement  de  quitte,  mais  le  fait 
procéder  du  L.  quietare,  par  la  gradation  pho- 
nétique suivante  :  quijetare  (j  =  yod  ail.), 
quijtare,  vfr.  quitier,  auj.  quitter;  développo- 
meut  analogue  à  celui  de  pitié  issu,  do pietdtem. 
Ce  raisonnement  est  juste,  mais  alors  il  faudra 
tenir  quitte  pour  un  adjectif  verbal  de  quitter, 
ce  qui  est  admissible;  ce  qui  ne  l'est  pas,  c'est 
d'expliquer  l't  tonique  de  quitte,  comme  fait 
Brachet,  en  s'appuyant  de  l't  atone  de  pitié, 

QUOI,  du  L.  quid  (i  bref  latin  «  oi  fr.). 
Composé:  quoique  p.  quoi  que;  cp.  le  vfr. 
quanque,  m.  s.,  p.  quant  que, 

QUOLIBET,  du  L.  quod  libet,  ce  qui  plait, 
tout  ce  qui  passe  par  Ta  tête. 

QUOTE,  dans  «  quote-part  »,  du  L.  quotus, 
en  quel  nombre?  —  D.  quotitê.Woy,  aussi  cote. 

QUOTIDIEN,  L.  quotidianus  (quotidic), 

QUOTIENT,  du  L.  quotiens,  combien  de  fois. 


R 


RABÂCHER.  Les  tentatives  pour  éclaircir 
l'origine  de  ce  mot  ont  été  nombreuses  ;  néan- 
moins, la  question  leste  encore  sans  solution. 
Nous  ne  reproduirons  ici  que  ce  qui,  scienti- 
fiquement parlant,  mérite  d'être  mentionné. 


Génin,  dans  ses  Récréations,  ne  voit  dans  le 
mot  qu'une  autre  prononciation  do  ravasser 
fréquent,  de  récer,  auj.  rêvasser,  mais  sa 
manière  de  démontrer  l'équation  o  =  b  et 
S8  SB  ch  ne  trouvera  guère  d'accueil  auprès 


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RAB 


420  — 


RAC 


des  philologues  de  Técole  de  son  compatriote 
M.  Gaston  Paris. — Cheval let(  1853)  s'adresse 
à  Télément  celtique  ;  il  cite  l'écoss.  rabhanach, 
rabâcheur,  qu'il  dérive  àerabhachan,  censure, 
réprimande,  bret.  rebech,  reproche.  Nous  ne 
sommes  pas  assez  celtologue  pour  apprécier 
la  valeur  de  ces  allégations,  qui,  au  point  de 
vue  phonétique,  sont  loin  de  satisfaire.  — Lit- 
trô  (1869),  sans  en  tirer  une  conclusion  pro- 
bante pour  Tétym.  de  rabâcher^  dont  la  ter- 
minaison est  trop  distante,  rappelle  vfr.  raba- 
ter(Berry  rabàter),  foire  du  bruit  ;  il  remarque 
en  outre  que  Oudin,   dans  son  dictionnaire, 
traduit  rabascher  par  it.  far  strepito,  —  Dans 
la  dernière  édition  publiée  par  les  soins  de 
l'auteur  (1870),  Diez  se  borne  à  rapprocher 
rit.  abbacare,  tenir  de  sots  propos,  mais  ce 
mot  est  tout  aussi  énigmatique  que  celui 
qui  nous  occupe.  —  Des  deux  conjectures 
que  je  m'étais  permises    dans  ma  première 
édition  (1862),   Tétat  actuel  de  la  question 
(il  changera,   fout-il  espérer,   quand  auia 
paru  la  lettre  r  du  dictionnaire  de  Godefroy) 
m'engage  à  maintenir  la  suivante  :  On  dit  en 
français,  dans  un  sens  qui  coïncide  avec  cehii 
de  rabâcher,  serinei;  rechanter  toujours  la 
même  chose,  chanter  sur  le  même  ton,  puis 
aussi  familièrement  vielîer;en  a\\,,leiern  (pr. 
jouer  de  la  vielle)  s'emploie  de  même  p.  répé- 
ter toujours  la  même  chanson,  le  même  refrain. 
Pourquoi  donc  ne  rattacherait-on  pas  aussi 
rabâcher,  sans  s'appesantir  sur  l'orthographe 
â,  à  rebec  =  vielle  (v.  c.  m.),  qui  existait 
sans  doute  aussi  sous  la  forme  variée  rabac, 
puisque  le  catalan  dit  rabaquetf  —  Avant 
de  nous  séparer  de  ce  vocable,  mentionnons 
encore  que  le  genevois  dit  rebâcher  et  le  wal- 
lon de  Liège  rabégi.  Pour  ne  rien  négliger 
d'utile  à  la  solution  du  problème,  rappelons 
aussi  que  les  dialectes  du  Midi  présentent  le 
subst.   rabasta,    dispute,   chamaillis    et  les 
verbes  rabastar,  rabasicjar,  tarabuster,  tra- 
casser. 

RABAIS,  subst.  verbal  de  rabaisser, 
RABAISSER,  voy.  abaisser.  —  D.  rabais, 
RABAN,  voy.  hauban,  —  D.  rabaner, 
RABAT,  voy.  l'art,  suiv. 
RABATTRE,   voy.  abattre,  —  D.  rabat  : 
1 .  action  de  rabattre,  diminution  de  prix  (ail. 
rabatt)  ;  2.  chose  rabattue,  petit  collet  des 
gens  de  robe  et  des  ecclésiastiques;  rabatte^ 
ment  (terme  de  droit)  ;  cps.  rabat-joie, 

RABBIN»  de  l'hébreu  rabbi  (vir  amplissi- 
mus),  titre  honorifique  des  docteurs  de  la  loi 
judaïque  du  temps  de  Jésus. 

RABDOMANGIE,  gr.  ^agoo/uavrsfoc,  divina- 
tion par  le  moyen  d'une  baguette  (/càgooj). 

RABIOLE,  -OULE,  grosse  rave,  d'un  type 
rabeola,  dér.  du  BL.  rabea,  raba,  =  L. 
râpa, 

1.  RABLE,  partie  de  certains  animaux, 
surtout  des  lièvres  ;  c'est  le  bas  des  épaules 
jusqu'à  la  queue  ou  jusqu'aux  cuisses.  Ménage 
fait  venir  le  mot  de  rapithim,  dérivé  de  rapiim^ 
auquel  il  prête  le  sens  de  queue,  en  alléguant 
l'esp.  rabo,  queue.  Cette  étymologie  n'a  au- 


cune probabilité,  ni  pour  la  forme  ni  pour  le 
sens.  —  D.  râblu,  râble', 

2.  RABLE,  instrument  pour  remuer,  con- 
traction des  anc.  formes  roable,  rouable,  laa- 
gued.  redable;  du  L.  rutabidum,  m,  s.  — 
D.  râbler, 

RABONNIR,  =  r«  +  abonnir  {v.  c.  m.). 
RABOT,  subst.  de  raboter, 
RABOTER;  d'après  Diez,  ce  verbe  est  p. 
rabouter,  et  un  composé  de  bouter,  pousser, 
heurter;   cp.    prov.  réhotar,   it.   ributtare, 
repousser.  Cette  signification  première  repous- 
ser, observe  Diez.  est  plus  sensible  dansl'adj. 
raboteux,  dont  la  signification  propre  serait  : 
«  qui  présente  des  reliefs,    des  objets  qui 
repoussent  »»,  et  dans  le  moy.  néerl.  rtbot, 
obstacle.  Nous  ne  sommes  pas  porté,  on  le 
pense  bien,  pour  l'étymologie  de  Nicot,  qui 
faisait  venir  rabot  de  radereboscum,et  encore 
moins  pour  celle  de  Ménage,  qui  procède  de 
la  manière  suivante  :  radere.  radum,  radu- 
tum,  rabutum,  rabot!  Sans  vouloir  affirmer 
que  Diez  ait  rencontré  juste,  nous  tenons  à 
remarquer  qu'en  termes  d'arts  et  métiers,  on 
dit  aussi  rabattre  p.  aplanir,  raboter  (cp.  angl. 
rebate);  ce  rabattre  pourrait  fournir,  comme 
synonyme   répondant   à  une  représentation 
analogue,  un  argument  en  faveur  de  l'origine 
prêtée  â  raboter  par  le  linguiste  allemand.  — 
Une  explication  au  moyen  de  raspoter,  tapo- 
ter, d'où,  par  adoucissement,  rafrofcr,  manque 
d'appuis  historiques.  —  D.  rabot,  raboteux. 
RABOUGRIR  ;  il  faut  supposer  pour  primi- 
tif un  adj.  bougre,  ayant  la  valeur  de  •  débile, 
étiolé  ».  Mais  malheureusement, cet  adjectif 
est  purement  hypothétique.  Ménage,  par  un 
de  ces  tours  de  force  qui  lui  sont  propres, 
arrive  à  renouer  le  mot  au  L.  abortus  (avor- 
ton) !  Pour  nous,  nous  avançons  timidement 
la  question  :  Rabougrir  ne  serait-il  pas  trans- 
posé de  ragroubir,  et  ragroubir  un  rejeton 
de  la  famille  germanique  hrub  krupt^ti  ail., 
l'on  traduit  en  effet  rabougrir  par  verkrii})- 
peln  ;  cp.  aussi  le  champ,  se  ragroubiller,  se 
blottir.  Littré  part  de  boitgre,  hérétique,  qui 
aurait  dégagé  le  sens  de  contrefait,  mal  venu. 
Diez  (dernière  éd.)  concilie  mon  opinion  avec 
celle  de  Littré  par  la  supposition  que  la  fan- 
taisie populaire,  voulant  colorer  le  mot  en  le 
rapprochant  de  bougre,   aurait  transformé 
ragroubir  en  rabougrir,  Voy.  aussi  rccrcbil- 
ley\  —  Godefroy  cite  d'un  texte  de  1409  : 
chesnes  bougres  (rabougris). 

RABOUILLiRE.  trou  où  la  lapine  fait  ses 
petits  ;  d'un  primitif  immédiat  rabouilU,  qui 
tient  à  la  môme  racine  que  l'angl.  rabbit  (anc. 
rabet),  lapin,  v.  flam.  robbe,  wall.  robeite. 

RABROUER,  voy.  sous  brace,  --  L'étymo- 
logie L.  reprobare  n'a  aucune  vraisemblance; 
pas  plus  que  celle  de  l'abbé  Corblet,  qui  pose 
pour  type  L.  re-abrogare, 
RAOAGB.  voy.  ragot, 

RACAILLE;  le  primitif  de  ce  mot  est. 
d'après  Diez,  le  nord.  rocAt,  angl.  rtzcA.clûen 
(ail.  racher,  rehel).  Cette  manière  de  voir 
peut,  en  effet,  s'appuyer  de  l'analogie  du  terme 


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RAC 


—  421  — 


RAF 


canaille,  qui  vient  de  canis.  Le  gr.  ^âxo;, 
guenille,  conviendrait  parfaitement  (cp.  pe- 
naitle,  m.  s.,  de pan»tu^, lambeau),  s*il  fallait 
absolument,  à  défaut  d'autre  ressource,  avoir 
recours  au  grec.  Le  mot  n*étant  pas  très 
ancien,  on  pourrait  aussi  lui  supposer  une 
forme  antérieure  rascailie^  et  le  ramener, 
ainsi  que  Tangl.  rascal,  coquin,  au  verbe  ro- 
man rascare,  racler  (il  exprimerait  «  raclure, 
déchet,  rebut  •»),  ou  bien  à  rasca^  roche, 
teigne,  gale.  —  Littré  établit  l'étymologie 
raca,  terme  d'injure  syriaque,  cité  dans  l'évan- 
gile. —  Pour  faire  venir  racaille  de  race 
(donc  «  mauvaise  race  »),  comme  on  me  l'a 
proposé,  il  faudrait  racaille. 

RACCOMMODER  ==  ra  +  accommoder  (v. 
c.  m.)  .-=  remettre  en  état,  rajuster.  —  D.  rac- 
commodage (sens  propre),  racommodement 
(sens  figuré). 

RACCORDER  =»  rc  -f  accorder,  remettre 
d'accord.  —  D.  raccord,  raccordement, 

RACCROCHER  ^  re  +  accrocher.  — 
D.  raccroc, 

RACE,  lignée,  it.  razza,  esp.,  port.,  prov. 
raza,  angl.  race;  du  vha.  reiza,  ligne.  Les 
formes  romanes  ne  s'accordent  nullement  avec 
l'étymologie  L.  radicem  (nom.radix),  dont  l'i 
est  long.  —  D.  racer, 

RACHAT,  subst.  de  racheter  {&nc.  racliater), 
voy.  acheter. 

1 .  RACHE,  lie  de  goudron  (dans  les  Grisons 
rascha),  d'un  type  rasica,  dér.  du  L.  rasis, 
poix  brute. 

2.  RACHE,  vfr.  r(uc7A^,  teigne,  prov.  rasca, 
subst.  verbal  de  rascar,  fr.  racher,  gratter 
=  L.  rasicare  (voy.  l'art,  suiv.).  —  D.  ra- 
cheux;  du  type  rasca  vient  aussi  le  dimin. 
raguette  (p.  rasguette),  herbe  aux  teignes, 
parelle  (cp.  muguet  de  muscatiis), 

RACHER,  faire  un  tracé  avec  la  pointe  du 
compas  sur  une  pièce  de  bois  ;  du  L.  rasicare* 
(dér.  de  rasum,  supin  de  radere,  gratter)? 
Cp.  port,  rasgo,  trait  fugitif,  esquisse. 

RACHIS,  colonne  vertébrale,  du  gr.  /iz^c;, 
m.  s.,  d'où  /sax^rt;,  moelle  épinlèra,  puis  en 
pathologie  le  nom  rachitis,  nouure,  d'où  ra- 
chitique,  ^isme. 

RACINE,  prov.  rasina,  valaque  redecine, 
du  L.  radicina,  dér.  de  radix.  Le  simple 
radix  (ace.  -icem)  existait  dans  la  vieille  lan- 
gue sous  la  forme  raïs  ;  la  botanique  nous  Ta 
rendu  sous  celle  de  radis,  —  D.  raciner,  ra- 
cinal,  en-raciner,  dé-racina*. 

RACLÉE,  volée  de  coup,  t.  populaire;  de 
racler  (v.  c.  m.);  cp.  l'exp.  frottée. 

RACLER,  ratisser,  gratter,  vfr.  rascler,  it. 
raschiare,  cat.  rasclar,  d'un  type  L.  rasicu- 
lare;  formes  diminutives  de  l'it.,  port.,  prov. 
rascar,  fr.  racher^  gratter  =  L.  rasicare* 
(de  rasum,  supin  de  radere).  —  D.  racle, 
racleur,  -oir,  -oire,  -ure,  raclée.  —  Baist  rat- 
tache rascler  à  un  type  lat.  rastulare  (de 
rastrum,  râteau),  en  rapprochant  lat.  pestulus 
=■  it.  peschiOf  lat.  fistulare  =«  it.  fischiare, 
lat.  ustulare  =  prov.  usclar, 

RACOLER,  renforcement  do  accoler,  pren- 
dre  par  le  col  ou  le  collet.  L'absence  d'un 


deuxième  c  est  un  abus.  —  D.  racoleur,  -aye, 

RACONTER,  voy.  conter, 

RACORNIR  =  r«  4-  acornir  (inusité),  ren- 
dre dur  et  coriace  comme  de  la  corne,  dessé- 
cher, rabougrir. 

1.  RADE,  vieil  adj.,  signifiant  prompt, 
rapide,  formé  du  L.  rapidus  (rap*  dus),  comme 
sade  (dans  maussade)  do  sapidus.  L'adj.  rade, 
encore  usité  dans  les  patois,  correspond  au 
port,  raudo  (cp.  dans  cette  langue  caudal  du 
L.  capitalis,  résolution  de  p  en  u).  Je  ne  vois 
pas  pourquoi  Diez  rapporte  ces  mots  plutôt  à 
rabidus  qu'à  rapidus.  On  disait  autrefois  la 
rôdeur  de  Veau  p.  la  rapidité  de  l'eau.  Je  ne 
puis  non  plus  approuver  Gachet,  qui  invoque 
le  flam.  rad,  prompt,  et  l'angl.  ready,  prêt, 
qui  sont  de  source  germanique  :  vha.  rado, 
raJto,  hraio,  mha.  ge-rat,  prompt. 

2.  RADE,  subst.,  it.,  esp.  roda,  ail.  rhede, 
ni.  reede,  ree;  du  nord,  reida,  équipement, 
armement  (des  vaisseaux).  C'est  donc  litt.  le 
lieu  où  l'on  équipe  les  vaisseaax.  Cp.  ail. 
rheder,  armateur.  Nicot  songeait  à  radere 
terram  !  —  D.  roder,  dérader, 

RADEAU,  radeV,  prov.  radelh,  dimin.  du 
L.  rôtis.  Ce  mot  laÛn,  s=  trabes  connexse, 
doit,  je  pense,  être  aussi,  par  un  dérivé  rata- 
rius,  le  primitif  du  fr.  radier;  assemblage  de 
madriers. 

RADER  du  sel,  du  grain,  faire  tomber  avec 
la  racloire  de  dessus  les  bords,  du  L.  radere, 
raser.  —  D.  rôdeur,  mesureur. 

RADIAL,  L.  radialis;  radiation,  rayonne- 
ment, L.  radiationem.  De  radius,  rayon. 

1.  RADIATION,  rayonnement,  voy.  l'art, 
préc. 

2.  RADIATION,  action  de  rav^r (voy.  raie  1). 

RADICAL,  L.  radicalis  (radix).  —  D.  radi- 
calisme. Le  radical  veut  des  réformes  radi- 
cales, c.-à-d.  qui  partent  de  la  racine. 

1.  RADIER,  subst.,  voy.  radeau, 

2.  RADIER,  verbe,  forme  savante  de  rayer, 
RADIEUX,   L.    radiosus  (radius),   rayon- 
nant. 

RADIS,  ail.  radies,  voy.  ra/Hne, 
RADOTER,  vfr.  redoter,  redouter,  du  v.  flam. 
doten  (Kiliaen),  aussi  dutten,  angl.  dote,  m.  s. 
—  Casaubon  faisait  venir  rodotet*  d'Hérodote 
(quel  aflront  !),  La  Mothe  le  Vayer  de  rc-addu- 
bitare  ;  et  voilà  comment  les  savants  se  four- 
voient !  —  Tout  satisfait  que  je  suis  de  l'éty- 
mologie germanique  ci-dessus,  émi«e  déjà  par 
Frisch.  il  m'est  venu  l'idée  que  vfr.  redoter 
pourrait  aussi  être  considéré  comme  itératif 
de  vfr.  reder,  être  fou  (voy.  rê^e,  et  mon 
Glossaire  de  Froissart,  v<*  enrederie), 

RADOUBER,  voy.  adouber.  —  D.  radoub, 
RAFALE,  peut-être  d'un  verbe  raffoler, 
composé  de  affaler^  terme  de  marine,  pousser 
un  bâtiment  vers  la  côte.  Richelet  cite  la 
forme  raflais  (un  coup  de  vent  qui  rafle  ?),  ce 
qui  rend  cette  ôtym.  douteuse. — Storm(Rom., 
V,  182)  allègue  l'esp.  rafaga,  coup  de  vent, 
qui  pourrait  avoir  été  transformé  en  fr.  sous 
l'influence  do  affaler, 

RAFFINER,  voy.  affiner. 
RAFFOLER,  voy.  affoler. 


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RÂI 


—  422  — 


RÂI 


RAFLE,  1 .  action  de  rafler  ;  2.  grappe  dont 
on  a  raflé  les  grains.  —  Voy.  rafler,  —  Cp. 
râpe, 

RAFLSR,  enlever  avec  rapidité.  Ce  mot 
(ainsi  que  l'it.  arraffare  ou  -tare,  s'emparer 
vivement  de  qqch.,  piém.  rafa,  butin,  gain, 
lorr.,  pic.  raffe  =  rafle,  etc.),  vient  du  mha. 
refferiy  ail.  mod.  raffeti,  saisir  promptement 
(congénère  sans  doute  avec  le  L.  raperé),  d'où 
le  subst.  ail.  raffel,  instrument  pour  racler 
ou  arracher  ;  cp .  aussi  le  nord,  hrafla,  enle- 
ver lestement.  —  Rafler  peut  aussi  se  rame* 
ner  à  un  type  raspulare^  dérivé  de  BL,  ras- 
pare  (fr.  râper).  —  Cps.  érafler,  —  Une  va- 
riété de  rafler  est  rifler  (v.  c.  m.). 

RA6B,  prov.  rabia^  rdlje,  du  L.  rabies  (i 
consonnifié).  —  D.  rager ^  enrager, 

RAOOT,  subst.,  1 .  crampon  en  fer  au  timon 
d'une  charrette  ;  2.  vfr.  =  cochon  de  lait,  auj. 
sanglier  de  2  à  3  ans  ;  3.  grosse  rave,  d'où 
l'adj.  ragot  =  de  courte  taille,  gros,  ramassé, 
dim.  ragotin;  4.  homme  d'humeur  chagrine, 
d'où  ragater,  murmurer,  verbe  qui,  à  son 
tour,  a  dégagé  le  subst.  ragot,  bavardage, 
médisance.  —  De  ces  quatre  valeurs  du  mot 
ragot,  je  ne  m'explique  que  la  troisième,  mais 
en  appliquant  la  méthode  Ménage  et  en  for- 
geant un  type  rapicus,  d'où  rapicottus,  rap' 
cottus,  racottus.  —  Pour  la  quatrième,  cp. 
Texpr.  patoise  équivalente  ragouner  =  bou* 
gonner.  —  Pour  la  deuxième,  cp.  le  wall, 
roguin,  jeune  cochon.  —  La  première  (cram- 
pon de  fer)  tient  peut-être  à  l'ail,  ou  angl. 
rach^  d'où  le  t.  de  marine  fr.  racage,  appa- 
reil pour  serrer  la  vergue  contre  le  mât. 

RAGOUT,  subst.  verbal  de  ragoûter. 

RAOOuTER,  composé  de  vfr.  agouster  au 
sens  de  mettre  en  appétit.  —  D.  ragoût,  mets 
assaisonné,  propre  à  exciter  l'appétit;  adj. 
7'agoûtant.  L'opposé  de  ragoûter  est  dégoûter, 

RA6RÉER;  dans  ses  diverses  applications, 
ce  verbe  se  rapporte  à  agréei'  (voy.  agrès),  au 
sens  foncier  de  mettre  en  état.  —  D.  ragret, 
t.  de  relieur,  derniers  apprêts  donnés  à  une 
reliure  ;  cp.  agrès  (^,  agrets,  dontle  t  est  con- 
forme à  l'étymologie  du  mot). 

RAGUER,  terme  de  marine,  écorcher(  «  câble 
ragué  » ) ;  de  l'angl.  rag,  lambeau,  ags.  hracian 
déchirer.  Diez,  toutefois,  le  rapporte  au  nord. 
raka,  frotter. 

RAGUETTE,  voy.  racJie  2, 

RAI,  vieux  mot,  employé  au  pluriel  seule- 
ment («  rais  du  soleil,  d'une  roue  »),  prov.  raig, 
rai.  C'est  le  L.  radius  (cp.  glai  de  gladiiis, 
voy.  glaïeul},  it.  raggio,  razzo,  esp.  port. 
rayo.  Le  simple  rai  a  fait  place  au  dérivé 
rayon  (v.  c.  m.).  Le  L.  radius  a  produit  aussi 
des  formes  féminines,  savoir  :  it.  razsa,  rayon 
de  roue,  esp.,  port,  raya,  fr.  raie  (v.  c.  m.), 
d'où  rayon,  trait,  ligne.  A  rai  (pi.  rais)  de 
roue  se  rapporte  le  verbe  enrayer.  Voy.  aussi 
rail, 

RAIDE,  voy.  roide, 

1 .  RAIE,  trait  tiré  en  long,  voy.  l'art,  préc. 
—  D.  rayer,  faire  des  raies,  puis  aussi  biffer, 
eflacer  (cp.  en  ail.  streichen,  biffer,  et  stfHch, 


trait);  co  verbe  répond  directement  an  L. 
radiare,  d'où  vient  le  terme  savant  verbe 
radier  et  subst.  radiation,  action  de  rayer. 

2.  RAIE,  entre-deux  des  sillons,  puis  sillon, 
vfr,  roie,  prov.  rega,  du  BL.  riga,  m.  s. 
(subst,  verb.  de  rigare,  arroser).  Cp.  rigole, 

3.  RAIE,  poisson,  L.  rata,  —  D.  dim.  raie- 
ton  ou  raieteau. 

RAIFORT,  du  L.  radix  fortis,  pr.  racine 
forte,  si  rai  ou  rais,  racine,  a  existé  dans 
l'anc.  langue,  mais  il  ne  peut  venir  que  de 
râdix,  et  non  pas,  comme  dit  Brachet,  de 
radicem,  dont  l't  est  long  et  accentué. 

RAIL,  mot  anglais,  =  barrière,  barreau, 
balustre,  puis  ornière  de  chemin  de  fer.  Les 
étymologistes  le  rapportent  à  l'ail,  riegel, 
regel,  barre,  et  l'analogie  de  seul  (voile  t  =» 
ail.  segel  leur  donne  raison  ;  c'est  ce  qui  me 
fait  abandonner  l'idée  que  rail  pourrait  être 
de  source  romane  (p.  raiel,  dimin.  de  rai, 
radius).  —  D.  t.  angl.  rail^way,  chemin  de 
fer;  verbe  dérailler  (ou,  ce  qui  vaut  mieux, 
dérailer),  sortir  des  rails. 

RAILLER,  d'un  type  latin  radulare  (radere), 
gratiller,  d'où  viennent  aussi  esp.,  cat.  reUlar, 
port,  ralar,  frotter  (cp.  L.  rallum  p.  radu- 
lum).  Le  vfr.  rasgler  accuse  un  type  rasieu- 
lare  (cp.  racler;  néerl.  rcteckéleii).  Que  le  pri- 
mitif immédiat  soit  rasiculare  ou  radulare, 
l'acception  du  verbe  railler  est  sans  aucun 
doute  une  métaphore  tirée  du  sens  primitif 
gratter,  déchirer,  écorcher.  Cp.  les  expr.  ana* 
logues  vfr.  ramponner,  railler  (v.  c.  m.);  fr. 
Wocard;  flam.  schrobben,  ail.  schrauben,  pr. 
frotter,  gratter,  fig.  railler;  flam.  scheersen, 
ail.  scherzen  [t),  railler,  plaisanter,  dér.  de 
scheren,  tondre,  raser?  —  Je  ne  puis  sous- 
crire â  l'étym.  proposée  par  Flechia  :  type 
ragulare,  tiré  de  'ragire  =s  bragire,  fr. 
braire,  —  D.  railleur,  -erie,  —  L'anc.  langue 
avait  le  subst.  raillon  =  dard,  et  soc  de  char- 
rue, pr.  le  déchireur. 

1.  RAIN*,  lisière  d'un  bois,  de  l'ail,  rain, 
limite.  Ce  mot  ail.  correspond  au  nord,  rein, 
angl.  du  nord  rain,  dan.,  suéd.,  flam.  rén,  qui 
tous  signifient  limes,  proca,  lira,  margo. 

2.  RAIN*,  branche,  rameau  détaché  chargé 
de  ses  feuilles,  du  L.  ramus.  —  D.  rainceau 
ou  rinceau  (type  latin  ramicellus),  pr.  petite 
branche,  feuillage. 

RAINCEAU,  voy.  l'art,  préc. 

RAINE .  vieux  mot  p.  grenouille,  du  L.  rana, 
—  D.  rainette,  petite  grenouille.  D'après  Le 
Duchat  et  l'Académie,  la  pomme  rainette  ou 
reinette  est  ainsi  nommée  parce  qu'elle  a  la 
pelure  marquetée  comme  la  peau  des  raines. 

RAINER,  faire  une  entaillure  en  long  au 
bord  d'une  planche  pour  y  assembler  une 
autre  ou  pour  servir  â  une  coulisse.  U  faut 
renoncer  â  une  dérivation  directe  de  raie;  un 
type  latin  radinare  (de  radere)  me  semble 
également  inadmissible.  J'incline,  dans  une 
mesure  égale,  pour  les  deux  hypothèses  sui- 
vantes :  1 .  de  rain  (v.  c.  m.),  limite,  bord, 
sillon  ;  2.  p.  raisner  ou  raisener,  du  vfr.  raise, 
prov.  rasa,  rigole  ;  quant  â  celui-ci,  il  est  le 
nord,  râs,  ags.  ra/es,  angl.  race,  m.  s.  (voy. 


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RÂM 


—  423  — 


RAM 


aussi  rcux),  —  D.  rainoire,  rabot  pour  rainer; 
rainette  ou  rénette  (outil);  rainure;  les  épin- 
gliers,  par  changement  de  liquide,  disent  la 
railure  d'une  épingle  ;  cette  forme,  on  ne  peut 
en  disconvenir,  serait  favorable  à  une  conjec- 
ture  qui  verrait  dans  rainer  une  altération  de 
raieJer  et  par  là  une  dérivation  de  rai  ou 
du  dim.  raiel. 

RAINETTE,  voy.  raine  et  rainer, 
RAIPONCE,  aussi  rapotice,  reponce;  Linné  : 
campanula  rapu  nculus;  dans  les  autres  langues, 
on  a  :  it.  raperonzo,  ramponsola,  romagnol 
raponzaU  esp.  reponiche,  ruiponce^  ail.  ra- 
pimzel.  C'est  un  dérivé  du  L.  râpa,  rave,  au 
moyen  de  suffixes  italiens  (Diez). 

1 .  RAIRE ,  raser,  du  L.  radere,  dont  le 
supin  rasum  a  donné  le  fréq.  rasare,  fr. 
raser, 

2.  RAIRE,  bramer,  type  latin  rdffëre,  p. 
roffirc,  mot  onomatopée,  formé  d'après  l'ana- 
logie de  muffire,  rxigire,  vagire;  l'it.  en  a  fait 
par  extension  ragghiarc  (cp.  L.  miigire,  vît, 
muire,  it.  mugghiare).  —  Voy.  aussi  braire. 

1 .  RAIS,  part,  passé  de  raire  1 .  On  ne  s'en 
^t  plus  que  dans  la  locution  «  ne  se  soucier 
ni  des  rais  ni  des  tondus  ». 

2.  RAIS,  plur.  de  rai  (v.  c.  m.). 
RAISIN,  prov.   raxim.   esp.   racimo,    du 

L.  racemtts.  En  vfr.  et  en  pic.  on  trouve  aussi 
roisin,  puis  rosin;  c'est  de  ce  dernier  que 
l'ail,  a  tiré  rosine,  raisin  sec.  —  D.  raisiné'. 

RAISON,  L.  rationem,  —  D.  raisonner, 
-ement,  -able,  -eur,  arraisonner  ;  cps.  dérai- 
son. La  langue  savante  a  tiré  de  rationem  le 
substantif  rafto«  (v.  cm.)  etl'a^.  rationnel, 

RAJEUNIR  =  re  +  ajeunir\ 

RALE,  1.  action  de  râler  (v.  c.  m.);  2.  nom 
d'oiseau,  voy.  râler, 

RALER,  selon  Diez,  de  provenance  germa- 
nique; angl.  rattle,  néerl.  et  bas-ail.  ratelen 
(ail.  rasseln).  J'ai  rencontré  dans  Froissart  la 
phrase  :  «  Et  ouïrenc  les  chevaux  arateîer  »  ; 
elle  confirme  (jette  étym.  —  D.  râle,  râle- 
ment,  râleux.  L'oiseau  râle,  d'où  ail.  raUe, 
tire  également  son  nom  du  verbe  râler;  cp. 
les  expr.  correspondantes  n.  prov.  ronfle  du 
verbe  roufla  =  ronfler,  pic.  roussclet  de  l'uU. 
rosseln,  esp.  ronca  de  roncar;  ail.  toiesen- 
schnarcher,  pr.  le  ronfleur  des  prés. 

RALINGUE,  du  néerl.  raa  fvorgue)  -|-  néerl. 
leik,  suéd.  lik  (cordage  de  bordure).  Le  mot 
serait  donc  p.  ralique  ou  ralingue.  —  D.  ra- 
linguer. 

RALLIER,  =  re  +  allier.  —  D.  rallie- 
ment. 

RAMAGE,  1 .  branchage,  feuillage,  2.  ellipse 
pour  citant  ramage,  cantus  silvostris.  La  der- 
nière signification  se  rattache  à  un  ancien  adj. 
ramage  (type  ramaticus)  qui  signifiait  silves- 
tris.  Du  primitif  L.  ramus.  —  D.  ramager. 

RAMASSE,  de  Fit.  ramazza,  espèce  de  traî- 
neau en  branchage,  dér.  de  ramus,  branche, 
—  D.  ramasser,  traîner  dans  une  ramasse. 

RAMASSER,  =  re  +  amasser,  —  D.  ra- 
mets  (subst.  verbal),  ramassis, 

RAMROUR,  espèce  de  pomme,  anc.  ram- 


bures;  de  Rambures,  localité  des  environs 
d'Amiens. 

1.  RAME,  branche  plantée  en  terre,  pour 
soutenir  des  pois,  du  Lt.  rama  p.  ramus, 
branche.  Voy.  l'art,  suiv.  —  D,  ramer, 

2.  RAME,  aviron  ;  c'est  le  même  mot  que  le 
précédent,  c'est-à-dire  le  correspondant  de 
it.,  esp.,  prov.  rama,  branche,  formes  fémi- 
nines du  L.  ramus.  Le  mot  rayne,  dans  plu- 
sieurs métiers,  exprime  un  instrument,  un 
bâton  servant  à  remuer  des  matières  en  fusion 
ou  liquides  ;  il  n'est  donc  que  très  naturel  de 
lui  voir  prendre  la  valeur  d'aviron.  Cp.  gaél. 
ramh,  qui  signifie  branche  et  rame.  —  Il  n'est 
pas  admissible  que  rame  vienne  de  l'équiva- 
lent L.  remus  (it.,  esp.,  port,  retno,  cat., 
prov.  rem)  ;  ce  primitif  aurait  fait  mn,  comme 
ramus  a  fait  rain.  Cette  forme  rein  se  trouve 
en  efiet  dans  la  Chronique  de  Benoit  (xii*  siè- 
cle); il  y  a  donc,  dans  les  diverses  formes 
romanes,  un  double  courant,  l'un  partant  de 
ramus,  l'autre  de  remus;  ce  n'est  pas  au  der- 
nier qu'appartient  la  forme  rime,  fi^quente 
dans  l'ancienne  langue  et  usuelle  surtout  dnns 
Froissart,  laquelle  procède  direct,  du  vha. 
riemo,  nha.  riem^  ni.  riem  =«  (rame).  —  D. 
ramer, 

3.  RAME,  mesure  de  papier  (vingt  mains), 
vfr.  raime,  angl.  ream,  it.  risma,  esp.,  poit. 
resma,  néerl.  riem.  De  l'arabe  rizma,  ballot, 
paquet;  cette  étymologie,  posée  par  Sousa, 
suivie  par  Pihan  et  Engelmann,  et  en  der- 
nier lieu  démontrée  par  Dozy,  ne  laisse  plus 
aucun  doute.  La  fabrication  de  papier  do 
coton,  introduite  en  Espagne  par  les  Arabes, 
florissait  dans  ce  pays  pendant  le  moyen  âge. 
L'it.  risma,  syncopé  en  rima,  a  donné  les 
formes  rim,  riem,  ream;  par  apocope  elle  a 
produit  l'ail,  ries,  suéd.  ris.  Le  fr.  ram«  sup- 
pose donc  des  intermédiaires  raisme,  resme. 
—  L'étym.  àpiâ/io;  (nombre),  proposée  par 
Muratori,  doit  être  définitivement  écartée.  — 
D.  ramette,  rame  de  petit  papier. 

4.  RAME,  dim.  ramette,  châssis  d'impri- 
meur, du  ni.  raam,  ail.  rahmeîi,  cadre. 

RAMEAU,  rameV,  d'un  type  L.  ramellus*^ 
dim.  àQ  ramus,  branche. 

RAMÉE ,  branchages ,  fa^ot  de  rames , 
feuillée  ;  dér.  du  L.  ramus,  branche. 

RAMENER,  ==•  re  -^.amener, 

RAMENTBVOIR,  vieux  mot  =  faire  souve- 
nir; c'est  un  composé  du  verbe  vfr.  amente- 
voir  ou  amentoivre,  prov.  amentaver;  ce  der- 
nier représente  la  phrase  lat.  ad  mentem 
habere,  it.  a  mente  aver,  avoir  à  l'esprit,  se 
souvenir.  Le  sens  «  se  souvenir  n  a,  dans  la 
suite,  tourné  en  celui  de  •  faire  souvenir  »  ; 
cp.  cesser  =  faire  cesser,  passer  =  faire 
passer,  etc. 

RAMEQUIN,  tranche  de  pain  grillée,  sur 
laquelle  on  étend  de  la  crème  ou  du  fromage  ; 
c'est  l'ail,  râm,  rahm,  crème,  pourvu  du  suf- 
fixe diminutif  néerl.  Ain,  ken  (ail.  clien). 

RAMEREAU,  voy.  ramier. 

RAMETTE,  voy.  rame  3  et  4. 

RAMEUX,  L.  ramosus  (ramus). 

RAMIER,  pigeon  ramier,  =  qui  perche  sur 


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RAM 


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RAN 


les  branches,  pigeon  sauvage,  dôr.  du  L.  ra- 
mw*,  vfr.  rain^  branche.  —  D.  dim.  rame- 
reau. 

RAMIFIER,  d'un  type  ramificare,  faire  des 
branches  (ramus). 

RÂMILLE,  prov.  ramilla,  menues  branches, 
dér.  dimin.  de  ramuSt  branche. 

RÂIQNÂGROBIS,  nom  appliqué  par  Rabe- 
lais au  poète  Guillaume  Crétin,  par  La  Fon- 
taine au  chat.  Nioot  disait  que  c'était  un  mot 
•  de  gaudisserie  »,  forgé  à  plaisir  pour  tour- 
ner en  ridicule  un  homme  grave.  Borcl  y 
voyait  une  corruption  de  domine  Grobis  (gra- 
tis est  un  vieux  mot  fr.  signifiant  homme  fier, 
important,  présomptueux,  voy.  Godefroy). 
Selon  Le  Duchat,  c'est  un  composé  de  ra 
(abrégé  de  raouh  matou)  +  hermine  /four- 
rure) ou  mine  +  grobis  ;  le  mot  signifierait 
donc  soit  le  matou  qui  fait  le  grobis  sous  la 
fourrure  d'hermine,  soit  le  raoul  ou  matou 
à  mine  de  grobis.  D'autres,  se  fondant  sur  la 
forme  rominagrobis,  rattachent  romina  au 
verbe  rominer,  qui  se  dit  en  Berry  du  mur- 
mure de  satisfaction  des  chats.  La  critique 
n'a  pas  trop  de  prise  dans  les  questions  de 
cette  nature;  aussi  nous  nous  abstenons  de 
nous  prononcer. 

RÂJIflNGïïE,  prov.  ramène,  it.  ramingo  = 
jeune  faucon,  qui  vole  de  branche  en  branche. 
C'est  un  dérivé  de  ramus,  branche  ;  le  sufiixe 
cependant  est  germanique.  Le  fr.  a  transporté 
le  mot  au  cheval  têtu,  rétif. 

RÂHON,  balai,  dér.  de  L.  ramus,  branche. 
—  D.  ramoner  (dans  les  patois,  vergetor, 
fouetter',  d'où  ramoneur. 

RAMPE,  voy.  l'art,  suiv.  —  D.  ramper, 
t.  d'architecture. 

RAMPER;  lacception  actuelle  eet  déduite 
de  l'ancienne  signification  »  gravir,  grimper  m, 
encore  propre  à  l'angl.  ramp,  et  à  laquelle  se 
rattachent  le  subst.  rampe,  plan  incliné, 
montée,  escalier  /puis  balustrade  d'escalier j, 
et  le  terme  héraldique  lion  rampant  »»  mon- 
tant. Ramper,  grimper,  est  de  la  famille  de 
rit.  rampa,  griffe,  rampare,  donner  des  coups 
de  griffe,  et  rampo,  crochet.  Or,  ces  mots 
se  rapportent  au  bas-ail.  rapen  (on  Bavière 
rampfen),  s'accrocher.  Le  prov.  a,  pour  ram- 
per, la  forme  non  nasalisée  rapar.  L'enchaî- 
nement des  significations  se  pré.sent6  donc 
ainsi  :  s'accroclier,  grimper,  gravir,  aller  à 
quatre  pattes,  ramper.  Voy.  aussi  l'art,  grim- 
per. Après  tout,  il  se  peut  bien  que  le  L. 
repère  ait  exercé  quelque  influence  sur  la 
production  du  sens  moderne  de  ramper.  — 
D.  rampin\  ad.,  t.  de  manège;  ramponeau, 
jouet  d'enfant 'V.  Littré). 

RAMPONEAU,  nom  d'un  célèbre  cabarctier 
do  la  Courtille,  d'où  vient,  dit-on,  l'expression 
populaire  ramponer,  boire  un  peu  plus  qu'il 
ne  faut. 

RAMPONNER,  vieux  mot  signifiant  railler 
et  correspondant  à  l'it.  rampognare,  tirailler, 
pincer,  injui-ier,  puis  gronder,  gourmander, 
réprimander.  L'it.  rampognare  est  un  dér.  du 
subst.  rampogne,  croc,  griffo,  dér.  lui-même 
de  rampa,  m.  s.,  mentionné  à  l'art,  ramper. 


Pour  la  filiation  du  sens,  cp.  railler,  pr.  grat- 
ter, déchirer;  ramponner  en  vfr.  aussi  ram- 
pi^ovir],  c'est  pr.  donner  des  coups  de  griffe  ; 
nous  disons  bien  aussi  au  figuré  donner  des 
coups  de  patte. 

RAMURE,  branchage  d'un  arbre,  bois  d'un 
cerf,  dér.  du  L.  ramus,  branche. 

RAN,  dans  quelques  contrées  «»  bélier; 
c'est  le  néerl.  et  angl.  ram,  ail.  ramm,  m.  s. 

RANCART,  dans  la  locution  mettre  au  ran- 
cart, mettre  de  côté.  On  a  proposé  deux  expli- 
cations. Baudiy,  dans  LittixS,  suppose  qu'il 
faudrait  lire  rencart,  qui  serait  p.  récart  (de 
re  -}-  écarter)  ;  Delbouille,  en  effet,  dans  son 
Gloss.  de  la  vallée  d'Hyères,  cite  la  loc. 
«  mettre  au  récart  » ,  D'autre  part,  le  Gloss. 
du  doyen  Bridel  (Suisse  romande),  mentionne 
un  mot  du  Valais  rakard^  signifiant  fenil, 
petite  grange. 

RANGE  (ail.  ran^t^),esp.  rancio,  du  L.niTi- 
cidus  (pour  la  chute  du  sufiixe,  cp.  pâle  de 
pallidus,  net  do  nitidus).  —  D.  rancir,  d'où 
ranciasure. 

RANCHE.échelond'un  rancher,du  L.ramex,  " 
-icis,  branche,  bâton  (dér.  de  ramus).  — 
D.  rancher.  —  Le  même  latin  ramex,  rami- 
cis,  branche,  a  donné  le  terme  de  marine 
rance,  bois  pour  consolider  le  haut  d'un  vais- 
seau, ainsi  que  les  mots  rançon^  anc.  -»  pique 
à  trois  branches,  puis  le  t.  héraldique  rau- 
chier,  rangier,  fer  d'une  faux. 

RANÇON,  vfr.  raençon,  angl.  ransom,  ni. 
ransœn,  du  L.  redemptionem,  rachat,  subst. 
de  redimere,  racheter  (ce  verbe  s'est  conservé 
dans  quelques  patois  sous  la  forme  vfr.  raem 
bre).  —  D.  rançonner,  mettre  à  rançon,  fig. 
surfaire  le  prix. 

RANCUNE,  modification  du  vfr.  rancure, 
ital.,  prov.,  esp.  rancura,  qui,  lui,  accuse  un 
type  L.  rancôrea,  rancôria,  dér.  de  L.  rancor, 
1 .  rancidit4S,  2.  rancune  (Saint  Jérôme).  Voy. 
Grôb.  Ztschr.,  V,  98.  —  Le  L.  rawcor  a  donné 
vfr.  rancœur,  prov.  rancor,  it.  rancore.  — 
En  vfr.,  rancune  signifiait  aussi  «  contrariété, 
chagrin  «,  faire  rancune  =  molester.  —  D. 
rancunier. 

RANDON,  impétuosité,  violence  ;  do  là  ran- 
donner,  aller  rapidement,  d'où  le  subst,  ran- 
donnée, circuit  que  fait  un  bête  lancée  autour 
d  un  lieu  avant  de  le  quitter.  D'après  Diez, 
randon,  prov.  rando,  est  le  dér.  du  prov. 
randa,  qui  signifie  point  extrême,  puis  fig. 
résolution  extrême,  violence,  d'où  la  locution 
adverbiale  a  randa,  jusqu'au  bout,  d'em- 
blée. Or,  randa  vient  du  vha.  rand  (encore 
en  usage  dans  la  langue  actuelle)  =^  extré- 
mité, lisière.  Gachet  appuie  cette  étymologie 
en  rapprochant  l'ancienne  expression  aller 
tout  à  xmg  coron  (vfr.  coron,  coin,  bout,  côté), 
qui  signifie  aller  tout  d'un  bout,  tout  d'une 
file.  Il  compare  aussi  le  mauvais  coron  de 
Froissart  (=  mauvaise  fin)  avec  l'équivalent 
mal  randon  employé  dans  Gilles  de  Chin.  — 
Chevallet  rapporte  randon,  course  rapide,  au 
mot  germanique  rennen,  courir.  Cela  est 
insoutenable.  —  Si  l'étymologie  de  Diez  n'est 
pas  la  bonne,  je  serais  disposé  à  voir  dans  les 


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RAP 


—  425  — 


RAS 


mots  en  question  des  dérivés  nasalisés  deTa^j. 
rade,  rapide  (cp.  rendre  de  reddere  Jongler  de 
joculari,  lanterne  p.  lateme,  etc.),  bien  que 
*  je  ne  me  dissimule  pas  que  cette  étymologie 
soulève  certaines  difficultés.  —  Le  picard  a 
conservé  encore  le  verbe  randir,  p.  aller  çà 
et  là  ;  le  rouchi  a  randouiller,  remuer  avec 
fracas,  avec  rudesse. 

RANG.  vfr.  r«wc,  picard  ringue,  prov.  renc^ 
ligne,  file,  série.  Ce  mot  a  passé  du  roman 
dans  un  grand  nombre  de  langues  tant  ger- 
maniques que  celtiques  :  ail.,  néerl.,  suéd. 
rang,  angl.  rank,  cymr.  rhenge,  bret.  renk, 
DJez  le  dérive  du  vha.  hring,  cercle  (voy. 
aussi  harangue),  et  particulièrement  cercle 
de  personnes  réunies  dans  un  but  déterminé, 
donc  pr.  rangée  circulaire  (cp.  vfr.  faire  i^etic 
autour  de  soi).  L'idée  de  cercle  s*étant,  dans 
la  suite,  effacée,  il  ne  serait  resté  que  celle  de 
disposition,  arrangement  de  personnes  ou  de 
choses  sur  une  même  ligne.  —  Une  autre 
conjecture  que  je  me  permettrai  d'émettre 
consiste  à  voir  dans  le  prov.  renc  une  forme 
nasalisée  et  masculine  soit  du  L.  rega,  primi- 
tif inusité  de  regida,  pr.  ligne  droite,  soit  du 
vha.  riga,  ligne.  Le  prov.  présente,  avec  le 
même  sens,  un  féminin  rengiia.  —  D.  ran- 
ger. 

1.  RANGIR,  verbe,  pr  mettre  en  rang; 
voy.  Fart.  préc.  —  D.  rangée;  cps.  an'aai- 
ger,  déranger. 

2.  BANGSR  ou  rangier,  autre  nom  du 
renne,  dérivé  du  laponais  raingo,  norv. 
hraingyr, 

BANZ  des  taches,  litt.  la  marche  des  vaches  ; 
Tétym.  de  ce  t«rme  particulier  à  la  Suisse 
romande  n'est  pas  certaine  ;  Brachet  identi- 
fie le  mot  avec  rang,  Lilti*é  fait  intervenir  un 
mot  ail.  ranz,  course  rapide,  dont  aucun 
dictionnaire  ne  fait  njention. 

RAOUT,  voy.  rout, 

RAPAGl!,  prov.  rapats,  du  L.  rapacem 
(rapere).  —  D.  rapacité,  L.  rapacitatem. 

RAPATBLLE,  toil^  de  queue  de  cheval. 
Bugge  (Rom.,  III,  156)  imagine  un  mot  por- 
tugais 'rabatela  p.  *rabttela  (cp.  rabacoelha 
p.  rabicoelha],  composé  de  rabo,  queue  et 
tela,  toile. 

RAPATRIER,  =  re<ipatrier,  pr.  rentrer  ou 
faire  rentrer  dans  la  patrie.  Dans  la  langue 
des  trouvères,  le  mot  correspondant  râpai- 
rier  signifiait,  comme  repairier,  revenir, 
retourner  ;  voy.  pi.  b.  repaire. 

RAPB,  voy.  râper.  —  Râpe,  grappe  de  rai- 
sin, a  donné  râpé,  boisson  obtenue  avec  de 
l'eau  jetée  sur  la  râpe, 

RAPIR,  anc.  rasper,  \t.  raspare,  esp.  ras- 
par,  du  vha.  raspôn^  ramasser,  ratisser,  nha. 
raspeln,  angl.  rasp,  —  D.  râpe,  1.  instru- 
ment pour  râpa*;  2  -=  it.  raspo,  esp.,  prov. 
raspa,  grappe  de  raisin  dont  on  a  enlevé  les 
grains  (cp.  rafle)\  ràpure. 

RAPBTASSBR,  ^re-\-  apetasser;  le  pri- 
mitif se  trouve  dans  le  langued.  pelas,  lam- 
beau, pièce,  esp.  pedazo,  morceau.  C'est, 
d'après  Diez,  le  pHtacium  des  Latins,  morceau 


de  papier,  de  toile  ou  de  cuir,  BL.  pitacium, 

RAPETISSER,  voy.  petit. 

RAPIDE  (formation  savante  p.  rcM)^  L 
rapidus  (rapere;.  —  D.  rapidité,  L.  itipidi 
tatem.  —  Voy.  aussi  rade. 

RAPIÉCER,  =  re  +  apiécer  (pièce)  ;  di- 
minutif rqpiéceter. 

RAPIÂRE,  d'où  l'ail,  rappier,  angl.,  néerl. 
rapier.  Ce  mot  est  de  source  germanique,  et 
appartient  à  la  famille  de  l'ull.  rappen,  7'affen, 
arracher,  ou  à  celle  du  goth.  rav.pjan,  vha. 
roufan,  ail.  mod.  raiifen,  arracher,  fig.  se 
batailler  (cp.  lîexpi*.  raufer  =  rapière).  Diez, 
insistant  sur  le  caractère  péjoratif  du  mot 
rapière,  est  disposé  à  le  dériver,  comme 
l'avait  îfait  le  P.  Labbe,  du  subst.  râpe;  la 
rapière  (p.  raspiere)  serait  donc  pr.  une  lame 
ébréchée. 

RAPIN,  élève  peintre,  puis  mauvais  pein»- 
tre;  p.  raspin,  râpeur  ou  broyeur  de  cou- 
leurs? 

RAPINE,  L.  rapina  (rapere).  Voy.  aussi 
ravin.  —  D.  rapiner. 

RAPPELER,  ^re  +  appeler.  —  D.  rappel, 
aussi,  mais  avec  un  sens  modifié,  ré-appel. 

RAPPORTER,  =  re-\- apporter;  c'est,  dans 
ses  diverses  acceptions,  la  traduction  du  L.  re- 
ferre (d'où  référer,  relation).  —  D.  rapport, 
rapporteur.  — L'angl.  dit  re-port, 

RAPSODE,  grec  ^af<ufe{,  litt.  »  qui  coud 
ensemble  (pzicrtiv)  des  chants  (ù^«î)  détachés. 
—  D.  rapsodie,  gr.  /éafw^fa,  fig.  mauvais 
ramas  littéraire. 

RAPT,  vfr,  rat,  prov.  rap,  it.  ratto,  du 
L.  raptus  (rapere;,  enlèvement. 

1 .  RAQUETTE,  esp.  raqueta,  d'après  Diez 
de  l'it.  racchetta,  contraction  de  retichetta, 
dér  du  L.  rete,  r^eau,  filet. —  Littré  l'identifie 
avec  le  vfr.  rachette,  rasquette,  paume  de  la 
main,  plante  du  pied,  dim.  du  BL.  racha,  qui 
signifie  la  carjie,  le  tarse  et  qui  vient  de 
l'arabe.  —  D.  raqueton, 

2.  RAQUETTE,  aussi  roquette,  roquet,  fusée 
de  guerre,  ail.  rakete,  angl.  rocket,  de  l'it.- 
rocchetta,  dimin.  de  rocca,  quenouille.  Cp.  le 
rapport  entre  fusée  et  fuseau. 

RARE,  L.  rarus.  —  D.,  rareté  L.  rarita- 
tem  ;  raréfier,  prov.  rareficar,  d'un  type  rari- 
ficare. 

RAS,  dontlepioil  est  rasé.  L.  rasus  (radere). 
La  vraie  forme  française  p.  rasus  est  rez  (y. 
c.  m.),  dont  notre  mot  partage  les  acceptions. 
La  table  rase  est  pr.  une  planche  grattée, 
nue,  sur  laquelle  on  n'a  pas  encore  gravé.  — 
D.  subst.  ras  (nom  d'étoffa)  ;  rasade,  -^  con- 
tenu d'un  verre  rempli  à  ras;  rasière,  me- 
sure de  grains  remplie  à  rai.  —  Voy.  aussi 
pi.  h.  la  variété  rais. 

RASADE,  voy.  ras.  —  D'autres,  sans  néces- 
sité, ont  recours  au  prov.  rajada,  filet,  petite 
quantité  de  liquide,  de  rajar,  couler. 

RASE,  poix,  du  L.  rasis. 

RASER,  du  L.  rasare,  fréq.  de  radere.  — 
D.  rasoir  (prov.  razor,  it.  rasoio,  BL.  raso- 
rium);  terme  burlesque  rasibus  =  tout  ras, 
tout  contre;  sans  doute  une  expression  forgée 
par  les  moines,    d'un  emploi  très   ancien; 


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RAT 


—  426  — 


RAV 


l'expression  rasibus  de  (à  ras  de)  se  voit  sou- 
vent dans  Cîonimines. 

RASIBUS,  voy.  raser. 

RASIÉRE,  voy.  ras. 

RASSASIER,  =  re-{-assasier  (type  ad-sa- 
tiare), 

RASSEMBLER,  =  re+assembler. 

RASSEOIR,  =  re'\-asseoir  ;  d'où  le  part,  adj . 
rassis  (au  sens  fig.,  syn.  déposé;  l'ail,  dit  de 
même  geseUt). 

RASSÉRÉNER  «  r<;-|-a59^^^  (factitif  du 
L.  serenus^  serein);  opp.  de  assombrir. 

RASSIS,  voy.  rasseoir. 

RASSOTER,  intensitif  de  as$oter{v.  c.  m.). 

RASSURER,  «=  re-assurer. 

RAT,  it.  ratto,  esp.,  port.  rcUo,  prov.  rat. 
Le  nom  de  ce  quadrupède  correspond  plu- 
tôt au  vha.  rato  (masc.),  ags.  raet,  qu'au  gaôl. 
radan,  bret.  raz.  Que  dire  de  l'opinion  de 
Rarbazan,  qui  rapportait  rat  à  radere,  et  de 
celle  de  Ferrari,  qui  se  permet  l'enfilade  que 
voici  :  mus  (souris),  muris^  murus,  muratus, 
ratiis,  rat!  —  La  Fontaine  a  fait  usage  d'un 
fém.  rate;  il  correspond  à  l'ail,  mod.  ratte, 
ratze,  —  D.  raton ^  ra(î<?r  (chien),  ratière.  — 
Voy.  aussi  rater. 

RATAGONER,  mot  populaire  «raccommo- 
der, ravauder,  it.  rattaconare  ;  c'est  remettre 
des  tacons  ou  pièces,  voy.  tache. 

RATAFIA,  anc.  rata  fiât,  mot  d'origine 
indienne,  d'après  Ménage.  D'autres,  en  déses- 
poir de  cause,  ont  imaginé  que  c'était  un  verre 
de  liqueur  qu'on  buvait  en  ratifiant  un  con- 
trat, et  que  le  mot  vient  de  la  formule  latine 
rata  fiât  conventio  !  —  Au  Suppl.  de  Littréje 
trouve  une  solution  moins  fantaisiste  ;  ratafia 
serait  un  composé  de  arack  ou  rack,  eau-de-vie 
de  riz,  -|-  tafia,  eau-de-vie  de  canne. 

RATATINER;  d'origine  inconnue.  Roque- 
fort le  dérive  de  rat  en  l'expliquant  par  «  se 
resserrer  comme  le  rat  dans  son  trou  » .  Cela 
me  sourit  peu.  J'ai  l'idée  que  c'est  un  redou- 
blement populaire  de  ratiner.  On  pourrait 
aussi  le  ramener  à  tatiner  (de  tâter),  en  par- 
tant d'un  sens  premier  chiffonner  par  le 
maniement,  d'où  celui  de  rider. 

RATATOUILLE,  d'origine  inconnue;  le 
champ,  a  ratatinis,  =  ragoût  de  viandes  mê- 
lées. Nisard  prend  pour  primitif  tatouiller, 
tâter  d'une  façon  mal  avenante  ;  Littré  rap- 
proche tatouzâ,  mot  de  la  Bresse  signifiant 
ragoût,  et  le  poitevin  tatoiiiUade,  mauvaise 
marmelade.  Le  mot  pourrait  aussi  tenir  au 
vfr.  teouiller,  auj.  touiller,  brouiller. 

RATE;  d'après  Frisch  (approuvé  par  Diez), 
du  néerl.  rate,  gaufre  de  miel,  à  cause  de 
la  ressemblance  du  tissu  cellulaire  de  la  rate. 
Quant  au  néerl.  rate,  il  correspond  au  v. 
saxon  rdta,  mha.  ras.  L'anc.  français  le  pos- 
sédait également  sous  la  forme  raie  ou  rée 
de  miel,  dont  nous  avons  conservé  le  dér. 
rat/o7i  fp.  réon),  gât^'au  de  miel.  —  D.  dim. 
râtelle  (v.  c.  m.),  dératé,  vif,  alerte. 

RATEAU,  anc.  rastel,  it.  rastello,  rastrello, 
esp.  rastillo,  du  L.  rastellus,  dim.  de  ras- 
trum.  —  D.  râteler,  râtelée  de  foin,  râtelier, 


objet  composé  d'une  suite  de  dents  on  de 
chevilles,  comme  un  râteau. 

RÂTELÉE,  voy.  râteau  et  râtelle. 

RATELER,   de  rasteV,  voy.  râteau. 

RATELIER,  V.  râteau. 

RATELLE  (terme  vieilli),  dimin.  de  rate^ 
signifiant  rate  et  mal  de  rate.  —  D.  rate 
leux;  râtelée  (anc.  sans  circonflexe)  dans  «  dire 
sa  râtelée  *>,  pr.  se  décharger  la  rate. 

RATER,  manquer,  ne  pas  réussir;  je  ne 
sais  d'où  vient  ce  mot.  «*  Le  fusil  rate  »  serait- 
ce  pr.  «*  le  fusil  a  ses  caprices  «,  de  sorte 
jque  rater  se  rapporterait  au  subst.  rat,  au 
sens  figuré  de  caprice,  d'où  le  terme  popu- 
laire ratier,  capricieux,  bizarre?  Cette  étym. 
est  approuvée  par  Littré. 

RATIER,  1 .  qui  chasse  aux  rats,  2.  capri- 
cieux, voy.  l'art,  préc.  —  Le  vfr.  ratier, 
morose,  difficile,  chiche  (voy.  mon  Gloss.  des 
Poésies  de  Froissart).  me  semble  tout  aussi 
bien  se  déduire  de  rate  (cp.  dératé,  qui  dit 
le  contraire). 

RATIFIER,  BL.  ratificare  »  ratiim  facere. 
—  D.  ratification. 

RATINER,  friser,  gaufrer;  peut-être  du 
flam.  rate,  gaufre  de  miel  (voy.  rate).  Le 
vfr.  raiin,  ratis,  fougère,  fournirait  une 
excellente  origine,  si  l'existence  réelle  de  ce 
mot.  cité  dans  Trévoux,  n'était  pas  contesta- 
ble (voy.  Diez).  —  D.  ratine,  angl.  ratteen, 
esp.  ratifia,  it.  rattina,  néerl.  ratijn,  étoffe 
de  laine  ratinée. 

RATION,  du  L.  rationem,  au  sens  primitif 
de  calcul,  compte,  mesure.  —  D.  rationner. 

RATIONNEL,  du  L.  rationalis  (ratio). 

RATISSER,  ôter  en  raclant,  dérivé  de  l'an- 
cien verbe  rater,  effacer,  ou  plutôt  directe- 
ment (car  un  suffixe  verbal  isser  n'existe 
pas)  du  subst.  dérivé  rxUis.  —  Quant  â  ce 
verbe  rater,  qui  est  aussi  l'ascendant  de  rature, 
l'absence  d'une  s  devant  t  ne  permet  pas  de 
le  rapporter  au  même  thème  que  râteau. 
Littré  met  en  avant,  sans  toutefois  rien  affir- 
mer, soit  un  type  raptare  (de  rapere),  enle- 
ver, soit  le  verbe  rater,  ronger  (que  l'on  peut 
supposer  d'après  l'anc.  mot  raté  «=»  rongé  par 
les  rats).  Un  type  raditare  ne  serait-il  pas 
tout  aussi  bien  admissible? 

1.  RATON,  petit  rat,  dim.  de  rat. 

2.  RATON,  pâtisserie,  dim.  du  néerl.  rate, 
gâteau  de  miel  (voy.  l'art,  rate). 

RATURE,  voy.  s.  ratisser.  —  D.  raturer. 

RAUQUE,  L.  raucus. —  D.  raucité,  L.  rau- 
citatem  ;  enrouer  (v.  c.  m.). 

RAVAGE,  dommage  fait  avec  violence  et 
rapidité  ;  ce  subst.  présuppose  un  verbe  rar>er, 
correspondant  au  prov.,  esp.,  port.  rapar,et 
tiré,  par  métaplasme,  du  L.  rapere.  Ou  lesubst. 
ravage  viendrait-il  de  la  forme  ravir  t  cp.  rem- 
plage  de  remplir.  —  D.  ravager. 

RAVALER,  —  re-\-avaler,  tant  au  sens  do 
rabaisser  que  dans  celui  de  faire  descendre 
dans  l'estomac.  —  D.  ravale,  instrument  ara- 
toire pour  niveler  le  terrain. 

1.  RAVAUDER;  ce  verbe  représente,  dans 
ses  deux  acceptions,  raccommoder  â  l'aiguillo 


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RE- 


—  427  — 


REB 


et  ranger,  fureter,  un  tjpe  latin  re^advali- 
dare,  remettre  en  état,  en  ordre  ;  cp.  raccom- 
moder =  re-adcommodare. 

2.  RAVAUDER,  dire  des  discours  futiles, 
impertinents,  maltraiter  de  paroles,  est  pro- 
bablement un  homonyme  du  préc.  Ce  serait 
un  dérivé  de  rax>aut^  fanfaron,  diseur  de  sor- 
nettes (mot  supposé)  et  primitif  à  son  tour 
du  subst.  abstrait  ravaiU,  bourde,  moquerie, 
signalé  dans  le  Gloss.  de  Gachet.  Quant  à 
ravaut,  fanfaron,  appartient-il  au  même  thème 
rav  (d'où  bourg,  rcmusser  =  rêvasser),  formé 
au  moyen  du  suffixe  aU  (cp.  bada\M£)'\  Kiliaen 
donne  le  subst.  rabaud,  dont  les  acceptions 
concordent  avec  celles  attachées  à  ribaud,  et 
rabauderij  «  nequitia,scurrilitas,  jocus  scur- 
rilis  et  lascivus  »  et  le  verbe  rabauden,  scur- 
ram  agere.  Ce  rabaud  est-il  le  correspondant 
du  fr.  ravautf  cela  reste  à  examiner,  ainsi 
que  la  question  si  rabaud  est  une  simple  mo- 
dification de  ribaudf  qui  est  absent  dans  Ki- 
liaen. —  Il  faut  écarter,  pour  expliquer  ra- 
vauder, aussi  bien  ail.  rabbelen,  bavarder, 
que  L.  rabidare,  criailler,  chicaner. 

RAVE,  L.  râpa,  —  D.  ravier,  ravière, 

RAVELIH,  anc.  reve/m,  esp.  rebellin,  port., 
revelim,  it.  reveUino.  On  pense  que  le  mot 
italien  est  la  source  des  autres  formes  romanes. 
Et  voici  comment  l'explique  Storm  (Rom.,  V, 
182).  RivelUno  est  p.  rivallino  par  suite  d'un 
faux  rapport  avec  rivella{hovà)  et  est  le  dim. 
de  'rivallo,  subst.  verbal  d'un  verbe  'reval- 
lare,  jeter  un  nouveau  rempart.  Ou  bien 
rivallo  est  «s  re  +  ^doIIo  (L.  vallum)^  cp.  le 
terme  it.  ripiano,  second  plan. 

RAVIGOTER,  vfr.  resmgoter,  altération  des 
anc.  verbes  resviçorer,  raviçorer^  tirés  du 
L.  vigor,  fr.  vigueur;  cp.  l'it.  rinvigorire, 
—  D.  ravigote  ««  mets  ravigotant. 

RAVIN,  RAVINE;  ces  mots  sont,  comme 
ravage,  issus  du  L.  rapere,  arracher,  entraî- 
ner (cp.  prov.  roWna,  vîv,  ravine,  impétuosité, 
rapidité);  d'autres  les  rattachent  à  tort  au 
BL.  Javina  (p.  îabina),  éboulis. 

RAVIR  (angl.  ravish),  it.  rapire,  du  L.  ra- 
pere  avec  changement  de  conjugaison.  —  D. 
ravisseur,  ravissant,  ravage  (?)  (v.  c.  m.). 

RAVISER  ==re  +  aviser, 

RATER,  voy.  raie  1 .  —  Dans  l'anc.  langue, 
raier  signifie  couler,  jaillir,  mais  comme  tel 
c'est  un  dér.  de  rai  (=»  radius),  jet  d'eau. 

1.  RATON,  jet  de  lumière,  voy.  rai,  — 
D.  rayonner,  jeter  des  rayons. 

2.  RATON,  gâteau  de  miel,  voy.  rate, 
RAZ,  courant  de  mer   très  violent,  mot 

bas-breton  (du  L.  raptus,  action  deraperet), 
RAZZIA,    de  l'arabe   rhaziat,  expédition 
guerrière  des    musulmans  contre  les    infi- 
dèles. 

RE-  ;  ce  préfixe  latin  est  très  vivace  dans 
les  langues  romanes.  Il  marque  tantôt  répé- 
tition, tantôt  retour  ou  action  rétroactive; 
souvent  aussi  il  ne  fait  que  reproduire  l'idée 
du  verbe  simple  sans  valeur  sensible.  Devant 
les  verbes  commençant  par  a  ou  é,  particuliè- 
rement si  cet  a  ou  cet  é  répond  à  ot/  ou  eo? 
lat.,  Ve  du  préfixe  est  élidé,  ainsi  r-avaler, 


r-échauffer.  Il  en  est  de  même  devant  le  pré- 
fixe en  :  r-enforcer,  r-emporter.  Devant  un 
simple  commençant  par  s,  Vs  est  redoublée 
{ressembler,  ressentir),  sauf  quand  le  préfixe 
exprime  itération  (resaluer)  et  dans  les  com- 
positions remontant  au  latin  (résoudre,  résis- 
ter). Re  est  généralement  (les  exceptions  sont 
nombreuses)  prononcé  et  écrit  ré  dans  les  mots 
reproduisant  des  vocables  latins  composés  avec 
re  (référer,  répéter).  Cei^enàanit,  quand  il  s'agit 
d'accentuer  le  caractère  itératif  du  préfixe,  on 
emploiera  (cp.  reformer  et  réformer,  resigner 
et  résigner^  recréer  et  récréer),  11  règne  du 
reste  à  ce  snjet  du  désordre  ;  ainsi  l'on  dit  re- 
belle, recevoir,  religion,  remettre,  bien  qu'on 
dise  rébellion ,  réception ,  irréligieux,  rémission 
Devant  les  voyelles  /sauf  ce  qui  a  été  remar 
que  quant  aux  préfixes  romans  a,  é  ou  en)  et 
devant  h  (exceptez  rhabiller),  on  dit  en  géné- 
ral ré,  p.  ex.  ré-itérer,  ré-ussir;  de  même 
devant  a  dans  les  cas  suivants  :  ré-assurer, 
ré-appeler,  différents  de  rassurer,  rappeler, 

REAL,  variété  de  royal,  L.  regalis. 

RÉALISER,  RÉALITÉ,  dér.  de  réel  (L. 
realis). 

RÉBARBATIF,  rude,  repoussant,  adj.  tiré 
de  rebarbe,  qui  se  disait  au  xvi«  siècle  avec 
un  sens  analogue  à  contre-poil  ou  rebours. 
Ménage  croyait  assez  drôlement  que  rébar- 
batif marquait  la  grimace  d*un  homme  qui 
mâcherait  de  la  rhubarbe! 

REBAUDIR,  vfr.  resbaldir  (itératif  de  esbal- 
dir),  ranimer,  rendre  du  courage,  du  vfr. 
baut,  hardi,  joyeux,  voy.  baudir, 

REBEO»  vielle,  it.  ribeca,  port,  rabeca,  cat. 
rabaquet,  prov.  rabey  ;  ces  mots,  ainsi  que 
l'it.  ribeba,  vfr.  rebebe,  rubebe,  et  l'esp.  rabel, 
port,  arrabil,  vfr.  rebelle,  m.  s.,  se  rappor- 
tent à  l'arabe  rabdd,  qui  désigne  un  instru- 
ment analogue  en  forme  ronde.  Pour  la  mu- 
tation de  b  en  c,  Diez  cite  les  mots  o&i^,  jabeba 
et  jabega,  flûte  mauresque.  —  Voy.  aussi 
rabâcher. 

REBELLE,  L.  rebellis^  qui  recommence  la 
guerre.  —  D.  rébellion,  L.  rebellionem  ; 
verbe  se  rebeller,  L.  rebellare. 

REBÉQUER  (SE),  dér.  de  bec;  cp.  l'expr.  se 
prendre  de  bec  avec  qqn.,  se  défendre  du 
bec,  etc. 

REBIFFER,  résister  ;  d'origine  aussi  obscure 
que  biffer. 

REBONDIR,  voy.  bondir.  L'a^j.  rebondi 
/pour  ainsi  dire  «  repoussé  «)  parle  en  faveur 
de  l'étymologie  bontir  p.  botir,  boter. 

REBORD,  pr.  deuxième  bord  ou  bord  sura- 
jouté, ou  bord  replié. 

REBOUCHER,  fausser,  émoussor,  voy.  bou 
quer. 

1.  REBOURS,  contre-poil.  voy.  brosse.  — 
D.  rebrousser,  brosser,  peigner  à  contre-poil, 
puis  (avec  ou  sans  chemin)  revenir  sur  ses 
pas.  Pour  la  variation  rebourser  et  rebrousser, 
comparez  vfr.  tourser,  forme  antérieure  de 
trousser.  —  G.  Paris  (Rom.,  X,  55)  n'admet 
pour  BL.  rebursus  aucune  parenté  avec  brosse  ; 
I   il  n'est  selon  lui  qu'une  simple  variété  de 


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REC 


—  428  — 


REC 


reburrus.  Je  n'en  suis  pas  pleinement  con- 
vaincu. 

2.  REBOURS,  adj  ,  «  revêche,  peu  trai- 
table  ;  c*est  prob.  le  même  mot  que  le  préc.  ; 
sinon,  par  le  BL.  rebia^rus,  hérissé,  un 
dérivé  de  bourre  (v.  c.,m.). 

REBRÂSSER,  retrousser,  de  bras;  donc 
litt.  relever  les  manches;  de  là  rebrcts*, 
revers. 

REBROÏÏSSBR,  voy.  rdmirs  1. 

REBUFFADE,  voy.  bouffir. 

RÉBUS,  du  L.  rebiis  (abl.  plur.  de  res)  i« 
par  les  choses.  Le  rébus  est  une  charade  en 
action  ou  «  par  objets  «»  figurés.  D'après 
Ménage,  le  mot  vient  des  pièces  satiriques  que 
les  clercs  de  Picardie  composaient  tous  les 
ans  à  Tépoque  du  carnaval  et  qui,  roulant 
sur  les  aflaires  du  temps,  étaient  dites  u  de 
rébus  quae  geruntur  ». 

REBUT,  voy.  Tart.  suiv. 

REBUTER,  repousser,  rejeter,  it.  ribuitare, 
de  buter  ««=  bouter.  —  Subst.  verbal  rebut, 
1 .  action  de  rebuter,  2.  clioses  rebutées. 

REGALGITRER,  L.  re-calcitrare  (calx), 
regimber,  ruer.  —  D.  adj.  récalcitrant. 

RÉCAPITULER.  L.  recapitulare,  pr.  reve- 
nir sur  les  points  principaux  (capitula). 

RECELER,  voy.  celer.  —  D.  recel. 

RECENSER,  L.  re-caisere.  —  D.  recense- 
ment. 

RÉCENT,  L.  recentem.  1/3  même  primitif 
latin  a  donné  à  Tanc.  langue  roisant,  frais. 
Voy.  aussi  rechinser.  — D.  adv.  récemment. 

RECEPER,  de  cep. 

RÉCÉPISSÉ,  mot  latin,  »  avoir  reçu.  Le 
sens  vient  de  la  formule  :  X.  déclare  «  avoir 
reçu  •,  etc. 

RÉCEPTACLE,  L.  receptaculum  (re-cipere). 

RÉCEPTION,  voy.  recevoir. 

RECETTE,  voy.  recevoir. 

RECEVOIR,  vfr.  reçoivre,  du  L.  recipere. — 
D.  recevable,  receveur,  reçu  (subst.).  Du  part, 
prés,  latin  rccipiens  vient  le  terme  de  chimie 
récipient  ;  du  part.  fut.  pass.  recipiendus,  le 
mot  récipiendaire,  celui  qu'il  s'agit  de  rece- 
voir ou  d'admettre.  —  Au  supin  latin  recep- 
tum  ressortissent  les  subst.  receptio,  fr.  ré- 
ception, et  BL.  recepta,  fr.  recepte\  recette, 
qui  signifie  à  la  fois  1.  ce  qui  est  reçu,  opp. 
à  ce  qui  est  dépensé  ;  2  fonction  ou  bureau 
de  receveur;  3.  prescription  médicale  (it. 
ricetta,  ail.  resept).  Pour  cette  dernière  accep- 
tion, elle  se  rattache  sans  doute  au  mot  ini- 
tial des  recettes,  qui  est  recipe  =  prends 
^impératif  de  recipere),  d'où  le  subst  équiva- 
lent récipé  =■  recette.  Recette  dit  donc  pr. 
•  res  receptie  i»,  l'ensemble  des  ingrédients 
pris  pour  fuire  la  composition  d'un  remède. 
D'un  autre  côté,  le  BL.  receptum  =  procédé, 
moyen,  méthode,  pourrait  engager  à  voir 
dans  receptum  et  recepta  l'eflet  d'une  con- 
fusion avec  prœceptum  ^  ordonnance. 

RECEZ  de  l'Empire,  résumé  des  délibéra- 
tions de  l'assemblée  des  Etats  ou  de  la  diète, 
lu  au  moment  de  la  séparation;  puis,  en 
général,  loi  faite  par  une  assemblée  législa- 
tive;  du    L.  recessus,  action  de  se  retirer, 


départ.  Le  mot  se  dit  en  ail.  reithstags-ab' 
schied.  pr.  sépaitition  ou  départ  de  la  diète. 

RÉCHAPPER.  =  re  +  échapper. 

RÉCHAUD,  vfr.  reschant,&\\hsL  vcrb.d'un 
verbe  réchauder.  correspondant  fr.  de  l'it. 
riscaldare  'type  L.  re-ex^alidare). 

RÉCHAUFFER,  voy.  chauffer. 

RECHE,  anc.  resche,  rcsque,  rude,  âpre, 
de  l'ail,  resche,  rude,  cassant.  Dans  le  midi 
de  l'Allemagne,  j'ai  souvent  entendu  appli- 
quer ràsch  ou  ras,  à  du  fruit  àpi*e  au  goût, 
au  vin  d'une  saveur  un  peu  acre.  —  D.  vfr. 
et  dial.  rechin,  fém.  rechigne,  rude,  gros- 
sier, rébarbatif,  qui  est.  d'après  Diez,  le  pri- 
mitif du  verbe  rechigner,  anc.  aussi  rechû 
ner,  être  de  mauvaise  humeur  (cp.  le  sens 
figuré  de  Tall.  sauer,  aigre,  et  du  fr.  maus- 
sade, pr.  =  de  mauvaise  saveur).  — Voy., 
contre  l'opinion  de  Diez,  celle  de  Fœrster  t 
l'art,  rechigner. 

RECHERCHER;  ce  verbe  fournit  un  exem- 
ple bien  sensible  du  caractère  intensitrf  du 
préfixe  re.  —  D.  recherche, 

RECHIGNER,  d'après  Diez,  de  rechin,  voy. 
réche.  —  D'une  étude  minutieuse  consacrée 
à  ce  verbe  par  Fœrster  (Grober,  Zeitschr., 
III,  264),  il  résulte  que,  dans  aucune  de  ses 
acceptions,  il  ne  dérive  de  réche  ou  rechin. 
Les  diverses  applications  du  mot  remontent 
à  l'idée  fondamentale  «  faire  la  griir.ace, 
grincer  les  dents  »  et  au  vha.  kifian  («  ad- 
ridere  *>),  qui  explique  aussi  les  anc.  formes 
composées  (eschignier,  reschignier,  treshû 
gnier,  reskignier.  —  G.  Paris  (Rom.,  VIII, 
629)  adhère  au  raisonnement  de  Fœrster, 
mais  en  observant  que  jusqu'ici  les  exemples 
du  changement  de  ki  ail.  en  chi  fr.  lui 
paraissent  douteux.  J'avais,  dès  1867  {Jahr- 
buch  fur  rom.  u.  engl.  Lit.,  VIII,  82),  eu 
l'occasion  de  relever  la  glose  chinur  =  gan- 
nionem,  qui  aux  yeux  de  Fôrster  assure  l'éty- 
mologie  germanique. 

RECHIN,  fém.  rechigne,  voy.  réche;  ce  mot, 
inusité  dans  la  langue  actuelle,  est  non  pas, 
comme  pensait  Diez,  issu  de  réche  {v.  c.  m.), 
mais  plutôt  un  dérivé  du  verbe  rechigner 
(«;p.  'délivre  de  délivrer).  C'est  de  lui  que 
procède  l'it.  arcigno,  aigre,  âpre  {far  viso 
arcigno  =  rechigner). 

R£CHINSER,  t.  de  métier,  laver  la  laine 
dans  l'eau  claire.  Ne  vient  pas,  comme  dit 
Littré,  du  BL.  resincerare;  c'est  plutôt  lo 
vfr.  rechincier,  relaver,  rincer,  pic.  rechin- 
chier,  rincer  à  l'eau  claire  (Corblet).  Or,  ces 
formes  paraissent  concourir  avec  prov.  recen- 
sar,  it.  (Ferrare)ar5en^ar,'Modène)ar^tn^cr, 
(Mantouc)  arsanzar,  que  Diez  et,  après  lui. 
Mussafia  (  Beitrag,  etc. ,  p.  94;  ont  traité  par  le 
type  latin  recentiare{àe  recens),  pr.  renouveler, 
rafraîchir.  Cette  étymologio  a  été  ébranlée  par 
G.  Paris  (Rom.,  IX,  482),  qui,  objectant  que 
recentiare  eût  donné  roisancier  (voy.  plus  bas 
récent),  tient  notre  mot  plutôt  i>our  appa- 
renté à  vfr.  cinces,  chinces,  chifibns,  lam- 
beaux servant  à  laver. 

RECHUTE,  du  verbe  rechoir ^  comme  chute 
de  choir.  —  D.  rechuter. 


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REC 


—  429  — 


RÉG 


RÉCIDIVE,  du  L.  recidiviis  (re-cidere),  qui 
retombe  (dans  la  mémo  faute).  —  D.  7-éci- 
diuer. 

RÉCIF,  aussi  ressif  et  rescif,  chaîne  de 
rochci-s  à  fleur  d'eau.  Commençons  par  repous- 
ser formellement  la  baroque  opinion  de  Che- 
vallet,  qui  fait  venir  récif  d*un  vocable  germ. 
de  même  sens,  savoir  Tall.  ri/f  (ou  plutôt 
d'un  anc.  ail.  riif  que  nous  ne  connaissons 
pas  et  qui  nous  semble  bien  suspect),  angl. 
recf,  hoîl.  ri/.  Comment,  en  vei'tu  de  quelle 
loi  ou  d'après  quels  précédents  le  philologue 
français  a-t-il  pu  poser  une  étymologie  de 
cette  nature?  Jamais  ni  ri/f,  ni  riif  {ht  ni 
reefiiont  pu  se  franciser  par  récif.  Rien  de 
plus  étranger  au  génie  du  fr.  que  la  dis- 
jonction d'une  syllabe  par  l'insertion  d'une 
consonne.  Récif,  comme  nous  l'apprend  Diez, 
est  Tesp. ,  port,  ar-recife  (en  port,  aussi  recife,^ 
et  vient  de  l'arabe  al-araçaf,  arraçaf,  rangée 
de  pierres  placées  dans  l'eau  pour  passer  à 
gué.  —  Roquefort  pensait  a  un  type  latin 
recisiis,  taillé,  brisé;  récif  ou  recis,  cola  lui 
semblait  tout  un. 

^CIPÉ,  voy.  recette. 
CIPIENDAIRE,  RÉCIPIENT,  voy.  rece- 
voir. 

RÉCIPROQUE.  L.  reciprocus.  —  D.  récipro- 
cité^ L.  reciprocitas  ;  réciproquet%  L.  recipro- 
care. 

RÉCITER,  L.  re^itare,  —  D.  substantif  ver- 
bal récit, 

RÉCLAMER,  L.  re-clamare,  litt.  ^=  récrier. 
—  D.  subst.  verbal  réclame  (vfr.  masc. 
reclain),  pr.  =  rappel  ;  subst.  savant  récia- 
mation, 

RECLURE,  L.  re-cludere  (claudere);  part. 
reclus,  L.  reclusus;  subst.  réclusion,  L.  ré- 
el usio. 

RSCOCHER,  rabattre  une  pâte,  de  cocher*, 
prov.  cochar,  presser,  lequel  peut  s'expliquer 
soit  par  le  L.  càlcare,  fouler  (voy.  cocher), 
soit  par  une  formation  barbare  coctiare,  de 
cogère,  serrer,  condenser  (à  la  rigueur  il  fau- 
drait coichier). 

RECOGNER,  renfoncer,  composé  de  cogner; 
de  là  subst.  verbal  recoin,  litt.  renfoncement, 
coin. 

RECOIN,  voy.  l'art,  préc. 

RÉCOLER,  du  BL.  recolare,  repasser,  exa- 
miner, vérifier  de  nouveau,  lequel  n'est  pas 
nécessairement  un  métaplasme  du  L.  reco- 
1ère,  reprendre  en  œuvre,  pratiquer  de  nou- 
veau ;  on  trouve  aussi  le  simple  collare,  vfr. 
coler,  au  sens  de  coUationner,  vérifier,  lequel 
parait  avoir  été  dégagé  du  part,  collatus  (con- 
ferre),  comme  prostrare  de  prostratus,  — 
D.  récolement. 

RÉCOLLET,  du  L.  recollectus,  recueilli, 
part,  de  7'ecolligere,  recueillir.  En  langage 
théologiquo  ou  ascétique,  on  se  sert  encore  du 
terme  se  récolliger  p.  se  recueillir,  qui  est  le 
vrai  mot  roman  correspondant.  Le  même  par- 
ticipe recollectus,  recueilli,  contracté  en  re- 
colctus,  recoltus,  a  produit  le  subst.  féminin 
récolte  (cp.  lexpr.  cueillette,  de  cueillir),  it, 
raccolta. 


RÉCOLTE,  voy.  Tart.  préc.  —  D.  récolter, 

RECOMMANDER,  intensitif  du  L.  commen 
dare  (mandare),  confier. 

RÉCOMPENSER,  pr.  compenser  un  service. 
Le  mot  fr.  répond  à  la  fois,  pour  la  valeur,  au 
cps.  L,  com-pensare,  pr.  donner  un  équiva- 
lent, et  au  cps.  L.  re-pensare,  payer  en  retour. 
—  D.  récompense. 

RÉCONCILIER,  L.  re-conciliare,  pr.  rame- 
ner, rapprocher,  mettre  d'accord. 

RÉCONFORTER,  voy.  conforter,  —  D.  ré- 
confort. 

RECONNAITRE  joint  à  l'idée  du  simple  con- 
naître celle  d'une  seconde  ou  nouvelle  présen- 
tation de  l'objet.  C'est  le  L.  re-cognoscere,  = 
1 .  se  rappeler  ;  2.  examiner.  Le  fr.  ajoute  à 
ces  acceptions  classiques  celle  de  «  accepter 
ou  avouer  une  chose  comme  réelle,  comme 
vraie,  comme  légitime  »»;  c'est  là  le  résultat 
de  l'examen.  La  reconnaissance  ou  constata- 
tion d'un  service  implique  ou  entraine  l'idée 
de  gratitude;  de  là  le  terme  reconnaissant, 
devenu  synonyme  du  L.  gratus.  Ce  dernier 
mot  latin  devait  se  romaniser  en  gré,  maïs  gré 
existant  déjà  à  l'état  de  subst.  représentant  le 
neutre  ^ro^um,  il  a  fallu  recourir  à  une  autre 
façon  d'exprimer  la  même  chose.  Le  contraire 
de  gratus  nous  est  toutefois  resté  dans  le  mot 
savant  ingrat,  —  D.  reconnaissant,  -ance, 
-able, 

RECOQUILLER,  retrousser  en  forme  de 
coquille.  On  trouve  aussi  recroquiller, 

RECORD,  voy.  l'art,  suiv. 

RECORDER,  L.  re-cordari,  remettre  à  l'es- 
prit, pr.  au  cœur  (cp.  notre  expr.  apprendre 
par  cœur).  De  là  le  subst.  record,  pr.  récit 
d'un  fait  (anc.  =3  souvenir,  mémoire),  puis 
témoignage,  attestation,  témoin  (pour  cette 
conversion  du  sens  abstrait  en  sens  concret, 
cp.  témoin,  de  testimonium).  Record,  témoin, 
cependant,  n'est  resté  dans  la  langue  que 
sous  l'ancienne  forme  nominativale  recors. 

RECORS,  voy.  l'art,  préc. 

RECOURIR,  L.  re-currerc,  1.  courir  en 
arriére,  2.  courir  de  nouveau,  3.  avoir  recours 
à.  C'est  à  la  3®  acception  latine  que  se  rattache 
celle  du  subst.  fr.  recours,  ==  L.7*eci<rju^  (lequel 
n'avait  pas  encore  le  sens  du  mot  français;. 

RECOURRE",  reprendre,  retirer  qqch. 
d'entre  les  mains  de  ceux  qui  l'emportent.  Du 
BL.  re-cutere  (=  rétro  quaterej,  res  captas 
recuperare,  eripere.  Ce  verbe,  par  son  étymo- 
logie, emporte  l'idée  de  faire  lâcher  prise  en 
employant  la  force,  en  frappant.  Du  part,  re- 
cussus  (vfr.  recous,  échappé,  délivré)  vient  le 
subst.  recousse  (cp.  le  vfr.  secourre'  =  succu- 
tere  et  son  subst.  secousse).  I>a  forme  variée 
rescourre*,  d'où  rescousse,  représente  le  type 
L.  re-excutere.  Voy.  aussi  escousse, 

RECOURS,  voy.  recourir, 

RECOUSSE.  voy.  recourre. 

RECOUVRER,  du  L.  recuperare,  que  les 
savants  ont  inutilement  reproduit  sous  la 
forme  récupérer,  —  D.  recoum'emcnt,  -able. 

RÉCRÉÂNCE,  =»  nouvelle  créance,  de  vfr. 
rea^oire  au  sens  de  confier  à  nouveau,  remettre 
en  ci^dit. 


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REG 


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RÉD 


RECRÉER  SB  créer  de  nouveau,  et  récrébr, 
ranimer,  délasser,  amuser,  du  L.  re-creare, 
qui  réunissait  déjà  les  deux  acceptions.  — 
D   récréation,  -atif. 

RÉGRÉMENT,  L.  recrementum,  déchet, 
excrément  (re-cemo). 

RÉCRIER  (SB),  =  re  -f-  écrier,  pr.  répondre 
par  un  cri.  Pour  le  sens  fig.,  cp.  le  L.  re-cîa- 
mare. 

RÉCRIMINER,  BL.  recriminare,  pr.  ré- 
pondre à  une  incrimination.  —  D.  récrimina- 
tioti,  récriminatoire. 

RECROBILLER  (SE),  se  contracter;  de  la 
même  racine  croh  que  nous  avons  mentionnée 
sous  rabougrir. 

RECROÎTRE,  voy.  recrue. 

RECROQUEVILLER,  comme  recroquiîler, 
paraît  être  un  mot  altéré  de  recoquiller, 
moyennant  l'immixtion  de  Tidée  de  ci^oc,  chose 
recourbée,  repliée., 

RECRU,  anc.  recreft,  harassé,  fatigué,  qui 
no  peut  plus  fournir  à  la  peine  ;  le  même  sens 
s'attachait  autrefois  à  recréant,  lequel  prenait, 
en  outre,  le  sens  accessoire  de  lâche,  sans 
courage.  Ce  sont  des  participes  de  l'ancien 
verbe  recroire,  qui,  ainsi  que  son  correspon- 
dant BL.  recredere,  signifiait  «  s'avouer 
vaincu,  lâcher  prise  »»,  litt.  s'en  remettre  (se 
confier,  L.  se  credere)  à  la  merci  du  vainqueur. 
Or,  on  ne  demande  quartier  que  quand  on  est 
à  bout  de  ses  moyens  ou  quand  on  n'en  peut 
plus.  A  nos  mots  fr.  recru  et  recréant  (dans 
les  patois  rêcrant)  répondent  les  anc.  mots  it. 
recreluto  et  rea'cdente,  prov.  recresxU  et 
recrezens  ==  convaincu.  Le  terme  fr.  rendu 
fournit  un  analogue  parfait;  il  dit 4a  môme 
chose  que  recru,  par  le  même  enchaînement 
logique.  On  a,  par  une  bévue  bien  étrange, 
rapporté  recru  à  recrudescere,  qui  dit  juste  le 
contraire.  L'abbé  Cor  blet,  au  mot  recrand, 
cite  une  étymologie  requiem  requœrans  (sic)  ; 
c'est  de  la  plaisanterie. 

RECRUDESCENCE,  du  L.  recrudescere,  pr. 
redevenir  cru,  violent;  on  parlant  des  blessures 
=-=  se  rouvrir. 

RECRUE,  subst.  part,  du  verbe  recroitre, 
pr.  accroissement,  spéc.  renouvellement,  ren- 
fort de  troupe,  nouvelle  levée  de  soldats,  puis 
homme  de  la  nouvelle  lovée.  —  A  côté  do  re- 
crue,  il  a  dû  exister  une  forme  recrute  (elle  se 
trouve  d'ailleurs  encore  en  champ.;  cp.  cheii, 
fém.  cJiciUe,  d'où  chute)  \  c'est  par  elle  que  je 
m'expliquais  jusqu'ici  les  formes  étrangères 
ail.  rekrut,  angl.  recruit,  it.  et  esp.  recluta 
et  particulièrement  notre  verbe  r<?c/*M^^;  mais 
la  lecture  de  l'art,  suivant  fora  voir  que  cette 
exi)lication  n'a  que   l'apparence  de  la  vérité. 

RECRUTER,  mot  introduit  au  xvii»  s.  (voy. 
Littré).  D'après  G.  Paris  (Lemke's  Jahrbuch, 
XI,  158),  ce  verbe  est  indépendant  de  recrue 
et  représente  ime  altération  do  l'anc.  verbe 
recluter,  rapiécer.  «  Recluter  ou  recruter  un 
régiment,  c'est  le  rapiécer,  lui  remettre  des 
morceaux  qui  manquent  ;  c'est  une  métaphore 
populaire,  aussi  les  dictionnaires  du  xvii*  s. 
avertissent-ils  que  «  ce  mot  n'est  pas  du  bel 
usage  ».  De  recruter  un  régiment,  on  en  est 


venu,  mais  tard,  à  dire  «  recruter  des  hommes 
pour  un  régiment  ».  Quant  à  recluter,  rapié- 
cer, il  vient,  dit  G,  Paris,  du  vfr.  dut,  mor- 
ceau, pièce  d'étoffe,  mot  germanique.  = 
norois  Mutr,  suéd.,  dan.  hlut,  angl.  clout, 
morceau  d'étoffe,  chiffon.  Notez  que  Fit.  dit 
encore  reclutare  et  l'esp.  reclutar  pour  recru- 
ter, et  recluta  pour  recrue.  Faut-il  en  con- 
clure que  notre  subst.  recrue  (anc.  recreue)^ 
qu'on  trouve  dès  le  xvi*  s.,  doive  aussi  se 
rattacher  à  clufi  Nullement;  je  pense  plutôt 
que  c'est  lui  qui  a  déterminé  la  forme  recruter 
p.  recluter.  » 

RECTANGLE,  du  L.  rectus  angulus,  angle 
droit.  —  D.  rectangulaire. 

RECTEUR,  L.rcctorcm  (de  r^erc;  cp.  régent 
o=  professeur,  du  part,  regens).  —  D.  recto- 
rat^ -al. 

RECTIFIER,  L.  rectificare,  d'où  rectifica- 
tionem,  fr.  rectification. 
RECTITUDE,  L.  rectitude. 
RECTO,  s.  e.  folio,  phrase  lat.  =  au  feuil- 
let droit. 

REÇU,  subst.,  voy.  recevoir  et  récépissé. 
RECUEILLIR,  L.  re-^lligere  (voj.  cueiUir 
et  récoUet),  —  D.  recueil,  recueillement. 

RECULER  (it.  rinculare),  aller  ou  mettre 
en  arrière,  du  L.  ciUus,  cul  (cp.  ail.  sich 
àrsen,  flam.  aerselen,  de  ars,  cul).  —  D. 
recula  reculement,  -ode;  reculé  (adj.;;  recu- 
lons fà). 

RÉCUPÉRER,  L.  recuperare,  voy.  recou- 
vrer. 
RÉCURER,  voy.  écurer. 
RÉCUSER,  L.  re-cusare,  l'écuser,  refuser 
(dérivé  de  causa), 

RÉDACTEUR,  RÉDACTION,  voy.  rédiger. 
REDAN,  t.  de  fortification,  certains  ou- 
vrages disposés  à  peu  près  en  dents  de  scie, 
de  manière  qu'ils  se  flanquent  ou  se  défendent 
réciproquement.  Redan  est  une  déviation 
orthographique  de  l'anc.  forme  redent,  pr. 
ouvrage  dentelé,  subst.  verbal  d'un  verbe 
redentcr.  Cp.  les  expressions  ail.  sàge^voerh, 
angl.  saw-work,  ouvrages  en  scie. 

RÉDAR6UER,    de  redargutare*,    dér.    de 

L.  red-arguere,  réfuter  une  accusation. 

REDDITION,  L.  redditionem  (de  redâere). 

RÉDEMPTEUR,    L.    redemptorem    (red- 

imere);  rédemption,  forme  savante  du  mot 

7^ançon  (v.  c.  m.;,  L.  redemptionem. 

REDEVOIR,  1.  devoir  de  nouveau,  être  en 
reste  après  règlement  d'un  compte,  2.  devoir 
en  retour  ;  à  cette  dernière  acception  (inusitée) 
se  rapf)ortent  les  dérivés  redevable,  redevance. 
RÉDHIBITION,  L.  redhibitiotiem,  action 
do  reprendre  ou  do  rendre  un  objet  vendu 
qui  a  un  défaut;  râlhihitoire,  L.  redhibito- 
rius  ;  du  verbe  red-hibere,  pr.  avoir  de  retour, 
faire  reprendre,  reprendre. 

RÉDIGER,  L.  red-igei'e  (agere),  mettre  en 
un  état;  en  particularisant  le  sens,  le  mot 
s'est  dit  p.  mettre  en  ordre,  puis  en  sens  spé- 
cial, arranger  un  écrit.  Le  BL.  ne  connais 
sait  pas  encore  le  sens  moderne  de  redigere. 
—  Du  supin  redactum  :  les  subst.  rédacteur, 
rédaction. 


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RÉF 


—  431  — 


REF 


RIBDTMISR  (SE),  se  racheter.  L.  redimere 
(emere).  Le  vfr.  avait  raembre. 

REDINGOTE,  corruption  de  l'angl.  riding- 
cocU,  liabit  pour  monter  à  cheval. 

REDIRE,  1 .  répéter,  2.  reprendre,  blâmer. 
—  D,  redite ,  rediseur, 

RÉDONDSR,  L.red'Widare  (unda),  refluer, 
être  superflu  (cp.  super-fluus^  pr.  qui  coule 
par-dessus).  —  1).  redondant ^  -ance. 

REDORTE,  t.  de  blason,  branches  retortil- 
lées  en  anneaux,  p.  retorte,  du  L.  retortiis, 
tortillé. 

REDOUBLER,  renforcement  de  doubler. 

REDOUL,  voy.  roudou. 

REDOUTE,  t.  de  fortification,  de  Fit. 
ridotto,  =  L.  reductus,  retraite,  réduit.  L'it. 
ridotto  ou  riduito  signifie  aussi  un  lieu  où 
l'on  se  réunit  pour  le  jeu  ou  la  danse,  de  là  le 
fr.  redoute  =  assemblée  où  l'on  se  divertit 
(dans  ce  sens  on  employait  anc.  aussi  le  vrai 
corresp.  fr.  réduit),  lieu  public  pour  bals, 
puis  bal  public.  Par  une  confusion  avec  le 
verbe  fr.  redouter  (type  re-dubitare),  les  An- 
glais ont  rendu  redoute,  t.  de  fortification, 
par  redoubt;  les  Allemands,  par  la  même 
méprise,  l'ont  traduit  par  schrechschanie, 
litt.  =  fort  d'épouvante. 

REDOUTER,  it.  ridottare,  piov.  redoptar, 
renforcement  de  douter  (v.  c.  m.),  hésiter, 
craindre.  —  D.  redoutable. 

REDRESSER,  litt.  »  remettre  droit. 

RÉDUIRE,  L.  reducere,  ramener,  retirer, 
dont  le  supin  reductum  a  donné  le  subst.  bL. 
reductus  =  locus  sccretus,  rcfugium,  d'où  it. 
ridotto,  fr.  réduit  (\oj,  aussi  redoute)  ;  reduc- 
tio,  fr.  réduction  ;  réductible,  réductif. 

RÉEL,  L.  realis  (res).  —  D.  réalité,  L. 
realitas;  réaliser  ;  néolog.  réalisme,  -iste. 

RÉFECTION,  repas.  L.  refectionem,  répa- 
ration, restauration,  subst.  de  reficere  = 
refaire.  Cp.  le  sens  métaphorique  de  restau- 
rer. Du  BL.  refectoiHum,  lieu  où  Ton  •  se 
refait,  se  rastaurc  »,  vient  réfectoire;  en  vfr., 
par  l'insertion  de  r  (cp.  fronde  p.  fonde),  on 
trouve  refreitour,  refroitour;  le  prov.  a  de 
même  refreitor,  à  côté  de  refcctor  ou  refei- 
tor. 

RÉFECTOIRB,  voy.  l'art,  préc. 

REFENDRE,  intensif  et  itératif  do  fendre; 
de  là  le  subst.  verb.  refend  dans  :  mur  de 
refend,  qui  sépare  les  pièces  au  dedans  d'un 
bâtiment. 

RÉFÉRÉ,  pr.  rapport  ;  de  référer. 

RÉFÉRER,  du  L.  re-ferre,  litt.  =  rappor- 
ter. Du  supin  relatum  viennent  :  relatio,  -tor, 
-tivus,  fr.  relation,  -teur,  -tif  et  le  fi*éq. 
relater.  —  Du  part.  fut.  pass.  (pUir.  neuti*e) 
refercnda,  =»  choses  sur  lesquelles  il  s'agit  de 
faire  rapport,  vient  referendarius,  fr.  référen- 
daire. 

RÉFLÉCHIR,  it.  riflettere,  cat.,  esp.,  port. 
reflectir,  du  L.  re-flectere,  pr.  recourber,  re- 
tourner (de  là  le  sens  mod.  répercuter).  Le 
sens  «  penser,  méditer  »  se  rattache  à  l'expr. 
latine  «  reflectere  auimum  *».  repoi-ter  son 
esprit,  son  attention  sur  qqch.  —  D.  ré  flé- 
chissement (substantif  du  verbe  au  sens  phy- 


sique). —  Du  supin  re/Urum  viennent  :  L. 
reflexio,  fr.  réflexion  et  les  néolog.  ré  flexible 
et  réflexif.  —  Le  verbe  L.  reflectere  a  égale- 
ment produit  une  forme  fr.  de  la  1^  conju- 
gaison :  refléter  (cp.  en  esp.  reflectar  et  refle- 
jar),  —  C'est  à  cette  forme  anc.  reflecter 
qu'il  faut  rapporter  le  subst.  réflecteur  (car  il 
n'existe  pas  de  mot  reflector  en  latin). 

REFLET,  subst.  verbal  de  refléter;  l'anc. 
mot  reflex  reproduisait  le  L.  réflexes. 

REFLÉTER,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  reflet. 

RÉFLEXION,  voy.  réfléchir. 

REFLUER,  L.  re-fluere,  couler  en  arriére, 
d*où  (par  le  supin  refluxum)  le  subst.  reflur 
xuSytr.  reflux, 

REFLUX,  voy.  refluer. 

REFORMER  (=s>  former  une  deuxième  fois) 
et  réformer,  rétablir  dans  l'ancienne  forme, 
rectifier,  etc.,  du  L.  reformare,  —  D.  ré- 
forme {d!oii  le  néol.  réformiste)  ;  réformé,  par- 
tisan de  la  réforme  ou  réformation  religieuse, 
calviniste,  protestant. 

REFOULER,  1.  fouler  une  seconde  fois,  2. 
pousser  en  arrière.  —  D.  refoulement,  -oir. 

RÉFRAGTÂIRE,  du  L.  refractarius  (re- 
fringere).  rebelle,  qui  regimbe  ou  résiste. 

RÉFRACTER,  du  L.  refractum,  supin  de 
refringere,  briser,  réfracter,  d'où  aussi  le 
subst.  refractionem,  fr.  réfraction,  et  refracti 
vus,  fr.  refracti f  A  une  forme  re-frangere  se 
rapporte  le  terme  de  phvsique  réfrangiblc. 

REFRAIN,  prov.  refranh  (esp.  refran,  port. 
rcferâo  =  proverbe;.  On  a  maladroitement 
expliqué  le  mot  soit  par  une  forme  mons- 
trueuse refe7'aneus,  de  re ferre  (quod  refora- 
tur,  repetatur  sœpius;,  soit  par  refrenarc, 
refréner.  Do  même  que  le  prov.  refranh  se 
ratt^he  à  refranher  =  L.  refrangere,  le  fr. 
refrain  représente  le  subst.  verbal  du  vfr. 
refraindre.  Le  refrain  est  donc  étymologi- 
quement  l'équivalent  de  coupure,  brisure; 
c'est  pr.  un  vers  intercalaire,  qui  interrompt 
une  suite  de  strophes.  Ou  bien  refraindre 
étant  pris,  comme  réfracter,  dans  le  sens  do 
réfléchir,  répercuter,  nous  dirons,  conformé 
ment  à  l'origine  de  la  chose  :  refrain  signifie 
pr.  réponse,  écho,  antistrophe,  puis  mots  ou 
vers  répétés.  Notre  étymologio  se  confirme 
par  la  comparaison  de  la  forme  vfr.  (et  angl.) 
refret,  qui  évidemment  représente  le  L.  refrac- 
tus.  —  En  t.  do  marine,  le  même  mot  refrain 
ou  refrein  s'applique  au  bris  des  vagues  con- 
tre les  rochei-s. 

REFRÉNER,  du  L.  refrenarc  (de  frenum, 
frein). 

RÉFRIGÉRANT,  -ATIF,  -ATION,  du  L.  re- 
frigerare  (frigus),  refroidir. 

RÉFRINOENT,  du  L.  refringere,  briser, 
réfracter. 

REFROGNER  (ou  renfrogner),  anc.  refroi- 
gner,  plisser,  contracter  le  visage,  en  signe 
de  douleur  ou  de  mécontentement.  Ce  mot  n'a 
pas  de  rapport  étymologique  avec  L.  frons, 
front,  ou  avec  son  dér.  froncer.  Il  parait  être 
de  la  même  famille  que  l'it.  infrigno  -^^  qui  a 
le  front  ridé,  soucieux,  et  le  lomb.  frignare, 
pleurer,  pleurnicher.  Diez,  dans  l'hypothôse 


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432  — 


RÉG 


que  frignare  est  p.  flignare^  propose  une  ori- 
gine de  Tallemand  flennen,  suéd.  flina,  angl 
frine,  faire  la  grimace,  pleurer.  L'angl.  tra- 
duit frogner  par  frovm.  —  Autre  e&t  l'expli- 
cation de  Hugge  (Rom.,  IV,  356)  :  refrognter 
accuse  pour  primitif  une  forme  germanique 
'frunjan,  qui  répondrait  à  suéd/  ryna,  con- 
tracter et  plisser  le  visage  en  signe  de  mécon- 
tentement (il  se  dit  d'un  homme  et  d'un  che- 
val). —  Cette  étymologie  me  fait  reveiûr  sur 
mon  explication  de  frongnier  dans  ce  passage 
de  Froissart  (Chroniques).  «  Le  cheval...  se 
commença  à  hennir  et  à  frongnier  et  à  frapper 
du  piet  en  terre  »,  où  j'ai  identifié  frongnier 
avec  vfr.  fronchier,  fronker,  ronfler  (vcy. 
mon  Glossaire.)  —  La  Iforme  renfrogner  auto- 
rise à  admettre  comme  ayant  préexisté  un 
verbe  en  frogner  répondant  à  it.  in  frignare; 
je  ne  le  rencontre  pas  dans  Godefroy,  mais  je 
n'en  demande  pas  moins  si  l'adjectif  vfr.  en- 
frum,  au  sens  de  morose,  refrogné,  constaté 
par  de  nombreux  exemples,  n*est  pas  appa- 
renté au  mot  qui  nous  occupe  et  le  correspon- 
dant de  l'ital.  infn'gno,  Cetenfriim-ci  serait 
alors  un  liomonjrme  d'un  autre  enfrum  «= 
mangeur,  glouton,  avare,  que  Diez  explique 
par  L.  in-frumcit.  «  dans  le  gosier  ». 

REFROIDIR,  factitif  ou  inchoatif  de  froid, 

REFUGE,  L.  refugium;  la  vraie  forme 
française  est  refui,  encore  usitée  comme 
terme  do  vénerie  (cp.  prov.  refiig,  refuy),  — 
D.  réfugier  (se)^  d'où  le  subst.  réfugié. 

REFUIR,  L.  re-fugere.  —  D.  subst.  parti- 
cipial fém.  re fuite, 

REFUS,  voy.  l'art,  suiv. 

REFUSER,  it.  rifusare,  port. .  prov.  refuser, 
esp.  rehusar  ^esp.  A  =*  /*).  Rien  ne  semble 
plus  naturel  que  de  voir  dans  ces  mots  une 
variété  de  réfuter,  it.  rifiutare,  prov.  refudar^ 
qui  signifient,  du  moins  en  ce  qui  concerne 
rit.  et  le  prov. ,  la  même  chose  que  refuser, 
et  qui  reproduisent  le  L.  refutare,  repousser, 
lequel,  dès  les  premiers  temps  du  moyen  âge, 
avait  pris  la  valeur  de  respuere,  rejicere. 
Mais  comment  expliquer  ce  changement  inso- 
lite de  ^  en  «  doux?  Dans  l'impossibilité  do  le 
faire,  Diez  conjecture  que  Vs  est  l'eflet  d'une 
assimilation  au  verbe  équivalent  recusare,l\  y 
aurait  en  en  quelque  sorte  fusion  entre  les 
deux  vocables  refutare  et  recusare.  Je  tiens 
cette  explication  en  réserve  pour  le  cas  que  la 
conjecture  que  je  vais  présenter  no  serait  pas 
jugée  digne  d'être  approuvée.  Le  latin  refun- 
dere  signifie  très  souvent  refouler,  repousser, 
rejeter  ;  son  fréquentatif  naturel  est  refusare, 
qui  fournit,  me  semble-t-il,  une  étymologie 
très  convenable  au  roman  refusarc,  —  Bra- 
chet  fait  découler  refusa*  d'un  type  barbare 
refutiare^  mais  outre  qu'on  n*a  aucun  exemple 
de  la  finale  lat.  iare  appliquée  ailleurs 
qu'après  des  formes  participiales  ou  des  adjec- 
tifs en  tus,  cette  forme  fictive  eût  produit 
refuiser  (cp.  aiguiser,  menuiser,  de  acutiare, 
minutiare),  —  Voy.  aussi  ruser, —  D.  subst 
verbal  refus, 

RÉFUTER,   du    L.    refutare  (de  futare, 
accuser}. 


I    REGAIN,  reprise  de  santé  (peu  usité), 
subst.  verbal  de  regagner, 

2.  REGAIN,  deuxième  foin.  Quoi  qu'en  ait 
dit  Jacques  Sylvius,  qui  traduisait  ce  mot  par 
••  secundum  lucrum  »,  regain,  dans  l'accep- 
tion en  question,  ne  vient  pas  de  regagner.  U 
se  peut,  toutefois,  que  cette  fausse  étymologie 
ait  déterminé  le  préfixe  re.  La  chose  s'est  dite, 
en  vfr.,  gaXn,  toaïn,  vuin,  voin,  qui  est  le 
correspondant  du  wallon  voayen,  lorr.  t>eyn, 
rouchi  %oaimiau,  norm.  roKÎn,  it.  gucUim. 
Toutes  ces  formes  appuient  l'étymologie  posée 
par  Diez,  savoir  celle  du  vha.  toeida,  nourri- 
ture, herbe  (ou  du  verbe  toeidôn,  nourrir),  au 
moyen  du  sùfSxe  roman  ime.  La  forme  mo- 
dèle serait  donc  guadime,  d'où  guatme  (cp.  it. 
guastime  do  guastare),  fr.  gaïn,  gain,  —  Du 
reste. ^o^néîr  (v.  c.  m.)  est  de  la  même  famille 
que  v)eida,  —  11  aura  suflS  de  recueillir  les 
correspondants  étrangers  du  fr.  re-gain  pour 
faire  ressortir  la  fausseté  des  explications 
données  soit  au  moyen  de  re-foin  (d'où  serait 
venu  revoin,  puis  regain),  ou  de  L.  re-scca- 
men  (res'camen),  seconde  coupe. 

RÉGAL,  it.,  esp.,  port,  regalo;  ce  mot  ne 
représente  pas,  comme  on  afiBrme  souvent, 
le  L.  regaie  s.  e.  convivium,  festin  royal. 
C'est  le  subst.  verbal  du  verbe  régaler  (voy. 
ce  mot). 

RÉGALE.  ^  droit  régalien,  et  dans  le 
terme  chimique  «  eau  régale  »,  du  L.  regalis, 
royal.  —  D,  régalien, 

1.  RÉGALER,  it.  regalare,  esp.,  port. 
regalar,  Diez,  dans  l'hypothèse  que  le  mot  it. 
et  fp.  est  importé  de  l'Espagne,  établit,  pour 
l'esp.  regalar,  l'étymologie  que  voici.  Du  latin 
regelare,  faire  dégeler,  réchaufier,  sest  pro- 
duit (à  une  époque  où  le  g  latin  avait  encore 
conservé  sa  valeur  gutturale  devant  é\  le  verbe 
esp.  regalar,  qui,  à  Torigine,  signifiait  liqué- 
fier, fondre.  Cette  signification,  dont  M.  Diez 
fournit  les  preuves,  s'est  perdue,  mais  il  est 
resté  celle  de  réchaufier,  au  fig.,  caresser, 
prendra  en  amitié,  faire  bonne  chère  (dans 
i'anc.  sens  do  bon  accueil).  Il  ne  faut  pas 
perdre  de  vue  que  le  verbe  régalei"  n'implique 
nullement  dans  le  principe  l'idée  d'un  repas, 
et  que  l'on  employait  aussi  ce  verbe  avec  le 
sens  de  gratifier  d'un  présent.  Diez  ajoute  à 
sa  démonstration  la  remarque  que  le  subst. 
regiel  =»  caresse,  qui  se  trouve  dans  le  chant 
d'Eulalic  :  «  por  manatce,  regiel  ne  preie- 
ment  » ,  =  ni  par  menaces,  ni  par  caresse,  ni 
par  prière  (Chevallet  a  conimis  ici  une  méprise 
en  liant  regiel  avec  manaice  et  en  traduisant 
«  par  menace  royale  »),  autorise  â  présuppo- 
ser également  pour  le  fr.  un  verbe  regéler, 
correspondant  à  Tesp.  regalar,  caresser.  — 
Malgré  toute  la  plausibilité  de  cette  étymo- 
logie, en  ce  qui  concerne  l'enchaînement  des 
significations,  il  nous  reste  quelques  doutes, 
d  autant  plus  que  régaler,  qui  se  rencontre 
dès  le  xiv«  siècle,  ne  parait  nullement  em- 
prunté à  l'esi^ignol,  et  nous  nous  demandons 
si  le  vfr.  galer,  déployer  de  la  magnificence, 
être  prodigue,  s'amuser,  et  régaler  (voy.  sous 
galaj,  ne  fourairait  pas  une  étymologie  con- 


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REG 


433  — 


REG 


venablc  pour  le  mot  roman  regalare,  festoyer, 
traiter  amicalement.  Littré  incline  également 
vers  cette  dernière  manière  de  voir,  ainsi  que 
Suchier  (Grôb.,  Ztschr.,  I,  431).  —  D.  régal 
anc.  aussi  régale)  ;  régalade. 

2.  RÉGALER,  partager  en  parts  égales, 
niveler,  étendre  également,  =  re  -j-  égaler. 
—  D.  régalemerU, 

RE6ÂRDBR,  voy.  garda*.  Littré  décompose 
regarder  en  re  +  vfr.  esgarder  (d*où  égard)  ; 
c'est  une  erreur,  l'ancienne  langue  ne  présente 
pas  la  forme  r esgarder.  —  Pour  regarder 
«=»  intéresser,  cp.  le  t.  concerner  (du  L.  cer- 
nere^  voir)  et  L.  spectar'e.  —  D.  subst.  verbal 
9'egard. 

RÉGATE,  course  de  barques  à  Venise,  du 
vénitien  regaJUa,  pr.  émulation,  lutte. 

RÉGÉNÉRER,  L.  re^enerare. 

RÉGENT,  lu.  regens  (regere).  — D.  régence; 
verbe  régenter. 

RÉGICIDE,  formé  de  rea?,  régis,  roi,  sur  le 
patron  de  parricide,  etc. 

RÉGIE,  subst.  participial  féminin  du  verbe 
régir,  litt.  «=  administration. 

REGIMBER;  «  quasi  rg'amber,  jecter  la 
jambe  rière  ou  derrière  ».  Cette  étymologie 
do  Nicot,  fort  accréditée  encore  de  nos  jours, 
n'est  pas  fondée.  Regimber  est  la  forme  nasa- 
lisée du  vfr.  regtber  (on  trouve  aussi  regiper 
et  f/iber  tout  court).  Voyez  le  mot  gibier. 

RÉGIME,  prov.  regisme^  du  L.  regimen, 
gouvernement,  conduite  (de  regere).  Pour 
regimen,  la  moy.  latinité  disait  aussi  regimen- 
Uim,  =  vitse  ratio,  d'où  a  été  tiré,  avec  un 
autre  sens,  le  fr.  régiment.  Ce  dernier  subst. 
ne  signifie  au  fond  que  commandement  (il  se 
rattache  à  regere,  comme  commandement  à 
commander)\  de  là  l'acception  «  corps  placé 
sous  un  même  commandement».  Les  Anglais 
et  les  Allemands  se  servent  encore  du  mot 
régiment  dans  le  sens  du  fr.  régime. 

REGIMENT,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  régi- 
mentaire. 

REGINGLETTES,  pièges  pour  les  petits 
oiseaux,  dont  Littré  donne  la  description 
détaillée  et  dont  l'étymologie  est  inconnue. 
Littré  rapproche  le  mot  du  Berry  regingxier, 
regimber,  qui  vient  do  gigue,  jambe.  Selon 
moi,  d'un  verbe  hypothétique  regiglcr,  nasa- 
lisé regingler,  faire  jaillir,  lancer  en  arrière, 
cps  du  mot  populaire  gicler,  jaillir,  L.  jacu- 
laie,  lancer. 

RÉGION,  L.  regionem  (le  vfr.  en  avait  fait 
rogon).  —  D.  régional. 

RÉGIR,  L.  regere.  —  D.  régisseur,  régie 
(v.  c.  m.). 

REGISTRE,  REGITRE,  it.,  esp.  registro, 
poi-t.  regislo,  BL.  registnim,  forme  gâtée  du 
L.  regestum,  «  liber  in  quem  regei'untur  com- 
mentarii  quivis  vel  epistola^  summorum  ponti- 
lîcum  n  (Du  Cange).  L'intercalation  de  r  après 
t  on  d  précédé  de  consonne  est  un  fait  ordi- 
naire (cp.  perdrix  p.  p€7'dix,  vfr.  ccJestrc, 
tristre  p.  céleste,  triste,  et  arbalestre  p.  arba- 
lesté\.  —  D.  enregistrer. 

RÈGLE,  L.  régula  (regere).  —  D.  régler, 


L.  regulare;  réglet,  réglette.  —  I^q  régula, 
par  syncope  du  g,  vient  la  forme  vfr.  reide, 
rieule,  angl.  rule  =  règle. 

RÉGLER,  voy.  règle.  —  D.  règlement,  d'où 
réglementer,  réglementaire;  cps.  déréglé.  — 
Au  type  latin  regulare  se  rapportent  les 
termes  savants  régulateur,  -ation. 

RÉGLISSE,  it.  regolijiia,  esp.,  port,  regalis, 
prov.  regalicia,  regulecia,  picard  regoliche. 
Ces  formes  sont  toutes  basées  sur  la  transpo- 
sition des  liquides  r  et  l.  \jQ  mot  réglisse  est 
pour  légrisse  (cp.  les  formes  vfr.  licorice,  ït. 
legoriiia  et  l'ail,  lakritze)  et  vient  du  L. 
liquiHtia,  qui  est  une  altération  du  gr.  yAw- 
/.0/9/îc^?a,  litt.  =  racine  douce. 

REGNE,  L.  regnum;  verbe  régner,  L.  re- 
gnare. 

RÉGNIGOLE,  qui  habite  le  royaume,  du  L. 
regni'Cola,  qui  regnum  colit. 

REGORGER,  pr.  ressortir  de  la  gorge,  puis 
s'épancher,  déborder,  etc. 

REGOULER,  1.  rassasier  jusqu'au  dégoût; 
2.  apostropher  de  paroles  dures,  pr.  renvoyer 
à  coup  de  gueule  (cp„  engueuler)^  de  goule* 
=  gueule  =  L.  gula. 

REGRAT,  voy.  l'art,  suiv. 

RBGRATTER,  1.  gratter  de  nouveau;  2. 
faire  des  réductions  sur  les  petits  articles  d'un 
compte;  puis  faire  des  petits  profits.  Du 
temps  de  Nicot,  le  mot  signifiait  «  refaire 
comme  neuf  »,  acheter  une  chose  pour  la 
vendre  plus  cher.  —  D.  regrat,  vente  en 
détail  ;  regrattier,  fripier,  -erie.  —  On  trouve 
dans  Palsgrave  (p.  215)  regreteur  comme  tra- 
duction de  •  dressar  of  gownes  or  other  gar- 
mentes  »  ;  Nicot  :  regrateur  =  qui  remet  à 
neuf  de  vieilles  choses  pour  les  revendre.  L'it. 
dit  pour  regrattier  =  revendeur,  rigattiere^ 
Tesp.  regaton;  ces  derniers  sont-ils  de  sources 
distinctes,  ou  tiennent-ils  au  mot  français? 
Flechia  tire  rigattiere  de  ricattare,  racheter. 

REGRÉS,  pouvoir  do  rentrer  dans  un  béné- 
fice qu'on  a  résigné,  du  L.  re-gressus,  retour, 
rentrée. 

REGRETTER,  désirer  ravoir  une  chose 
perdue,  anc.  =  pousser  des  plaintes  au  sujet 
d'une  personne  perdue.  L'étym.  généralement 
reçue  est  un  type  L.  requiritari,  composé  de 
queritari,  fréq.  do  queri,  se  plaindro.  Pour 
la  permutation  de  qu  en  g,  on  peut  alléguer 
Guiennc  de  Aquitania,  vfr.  fregonder  de 
frequentare;  et  quant  au  maintien  du  t,  quel- 
que insolite  qu'il  soit  (cp.  quiritare,  fr.  crier), 
on  peut  au  besoin,  dit  Diez,  rapprocher  fuite 
p.  fuie.—  Mahn  présente  une  autro solution. 
11  part  du  L.  gratus,  agréable,  reconnaissant 
(d'où  le  neutre  gratum,  chose  agréable,  qui 
plait,  complaisance,  merci,  type  de  l'it.,  esp., 
port,  grado,  livov.  grat,  fr.  gret,  gré),  d'où 
découlent  it.  gr  adiré,  prov.  grazir  et  les  com- 
posés it.  aggradire,  aggradare,  fr.  agréer,  etc. 
Si  donc  l'on  rencontrait  un  prov.  regradar  ou 
regredar,  il  signifierait  nécessairement  «  avoir 
de  retour  avec  plaisir,  reprendre  avec  recon- 
naissance »  et  répondrait,  pense-t-il,  parfai- 
tement au  sens  et  à  la  lettre  du  fr.  regreter 
(auj.  regrette^'),  Or,  ce  mot  prov.,  qui  jusqu'ici 

28 


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RËH 


—  434 


R£L 


avait  fait  défaut,  Mahn  pense  l'avoir  décou- 
vert dans  un  passage  de  Girard  de  Rossillon. 
Regreter  vient  donc,  d'après  lui,  de  la  forme 
vfr.  gretf  comme  le  prov.  7*egradar  de  grado, 
—  Diez,  dans  sa  réplique  à  Mahn,  combat 
cette  étymologie  par  des  raisons  tant  logiques 
que  phonologiques  et  se  rallie  à  celle  de 
M&tzner,  qui,  appuyant  sur  le  sens  «  plain- 
dre H,  attaché  anciennement  au  mot  regret* 
ter,  renvoie  au  goth.  gretan,  nord,  grata, 
ags.  graetan,  graedan,  anc.  angl.  grate,  pleu- 
rer, plaindre.  —  Feu  mon  excellent  maître  et 
ami  Chavée  (Revue  de  linguistique,  1868, 
t.  I,  p.  224)  établit  pour  signification  fon- 
cière de  regret  «  recroissance,  pousse  nou- 
velle «,  signification  perdue  pour  le  français, 
mais  conservée  en  wallon  p.  ex.  dans  H  regret 
d*on  mau,  la  recrudescence  d'une  affection 
morbide.  Il  tire  ainsi  notre  mot  du  L.  recretum, 
partie,  passé  de  recrescere.  Il  compare,  pour 
la  forme,  L.  secretum,  vfr.  segret  (la  persistance 
du  t  dans  le  dérivé  regreter  ne  le  préoccupe 
})as);  pour  le  développement  de  l'idée,  il  in- 
voque l'expression  italienne  mi  rincresce, 
tœdet  me,  je  suis  fâché,  je  regrette.  Tout 
cela  sourit,  mais  ne  se  concilie  pas  avec  le 
sens  ancien  *  demander,  appeler  (au  secours), 
plaindre,  pleurer  (un  mort)  »,  dont  il  fauttenir 
plus  de  compte.  —  Littré  (1869),  appuyant, 
comme  Chavée,  sur  Tidée  de  retour,  recru- 
descence d'un  mal,  propose  L^re-gradits,  qui 
aurait  donné  regret,  comme  de-gradus  a  fait 
vfr.  degret  ;  il  justifie  le  t  dans  regreter 
(p.  regrcder)  par  rexem[)le  de  convoitise  (p. 
coiivoidisc)  et  de  piéton  (p.  picdon),  —  En 
somme,  do  toutes  les  conjectures  indiquées  ci- 
dessus  [le  regret  wallon  pourrait  bien  n'être 
(ju'iin  homonyme  connexe  avec  l'it.  rincres- 
cere],  c'est  celle  de  Mâtzner  qui  satisfait  le 
])lus  soMs  tous  les  rapports;  elle  se  recom- 
mande en  outre  par  la  circonstance  que 
l'absence  du  mot  regretter  dans  les  autres  lan- 
gues romanes  lie  jirov.  regretar  ne  se  trouve 
que  dans  une  rédaction  demi-provençale  de 
Girard  de  Rossillon)  rend,  selon  l'observation 
de  Diez,  une  origine  germanique  trèi  pro- 
bable. —  Je  m'étonne  qu'à  côté  de  requiritari 
on  n'ait  pas  plutôt  invoqué  reguiritare,  rede- 
mander (fi*équont.  de  reqiiirere),  qui  se  trouve 
dans  Plante.  Quant  aux  opinions  de  Ménage 
et  de  Le  Duchat,  qui  alléguaient  l'un  le  L. 
r.egrcssus,  retour,  l'autre  un  type  regradcUare 
(tiré  de  gradatits),  nous  ne  les  citons  que  pour 
mémoire.  —  J'ai  rencontré  deux  exemples 
d'une  forme  regrater;  l'un  (cité  par  Littré) 
dans  le  Romancero  :  *  Soupirant  prist  à  1er- 
moyer  Et  regraie  son  dru  Helier  t»  ;  l'autre 
dans  le  Perceval  de  Chrétien  de  Troie,  v. 
2493  :  •  Issi  li  rois  pleure  et  regrate  Le  var- 
let  et  fait  ciere  mate  ».  C'est,  me  semble-t-il, 
un  nouvel  argument  en  faveur  de  l'étymologie 
germanique.  —  D.  regret^  subst.  verbal; 
regrettable. 

'régulateur,  voy.  règle. 

RÉGULIER.  L.  regulaiis  (ivgula).  —  D. 
régularité,  L.  regularitatem  ;  nyulaHser, 

RÉHABILITER,  BL.  rehabililare,  in  iute- 


grum  restituere,  composé  de  habilitare  =  ha- 
bilem  i.  e.  idoneum  reddere,  vfr.  kabiUter. 

REHAUT,  t.  de  peinture,  parait  être  un 
subst.  verbal  mal  formé  de  rehausser, 

REIN,  anc.  esp.  et  it.  rené;  esp.  mod. 
rinon,  du  L.  ren  (d'où  l'adj.  renalis,  fr. 
rénal).  —  De  rein  vient  le  composé  vfr.  esre- 
fier,  nfr.  éreinter  (cp.  le  prov.  des-rettar,  de- 
regnar,  m.  s.).  On  a  de  même  fait  abusive- 
ment, en  t.  de  vénerie,  reinté  p  reine,  —  D, 
rognon  N.  c.  m.). 

REINE,  vfr.  reine,  rotne,  du  L.  regîna. 

REINETTE,  sorte  de  pomme,  voy.  raine, 

RÉINTÉGRER,  L.  red-integrare. 

RÉITÉRER,  du  L.  iterare;  le  préfixe  re 
constitue  ici  un  vrai  pléonasme. 

REITRE,  aussi  rétre,  mot  introduit  au 
xvi*  s.,  de  l'ail,  reiter,  cavalier. 

REJETER,  L.  re-jectare  (rejicere).  —  D. 
rejet,  l .  action  de  rejeter,  2.  nouveau  jet,  de 
là  rfjeton. 

RÉJOUIR,  =  re  (préfixe  intensif,  -f 
e^oitir,  voy,  jouir,  —  D.  réjouissance. 

A 

RELACHER,  desserrer,  détendre,  inter- 
rompre le  travail,  etc.,  du  L.  re-laxare  (en  t. 
de  palais,  on  dit  encore  relaxer  un  prisonnier), 
voy.  lâche,  —  D.  relâche,  relâchement, 

RELAIS,  RELAI8SBR,  voy.  relayer, 

RELANCER,  1.  lancer  de  nouveau  (t.  de 
chasse),  de  là  fig.  aller  chercher  qqn.  au  lieu 
où  il  est,  le  faire  sortir  de  son  repos,  pour 
l'engager  àqqch.,  puis  importuner;  2.  laiicer 
loin,  repousser,  répondre  rudement  aux  pro- 
positions de  qqn. 

RELAPS,  L.  relapsus  (re-labi),  retombé. 

RELATER,  -ATION,  -ATIP,  voy.  référer, 

RELAXER,  voy.  relâcher. 

RELATER,  itératif  de  loger  (vieux  verbe 
signifiant  laisser,  cesser,  voy.  laisser);  il 
exprime  les  arrêts  successifs  dans  une  course 
ou  dans  un  travail  quelconque.  Reloger^ 
neutre,  signifiant  cesser,  prend,  au  sens  actif, 
la  valeur  de  faire  cesser  un  travail  à  qqn.  pour 
le  reprendre  soi-même.  —  De  même  que  le 
simple  layer  est,  pour  le  sens,  identique  avec 
laisser  et  lâcher,  on  trouve  aussi  relaisser 
dans  le  même  sens  que  relayer,  c.-à-d.  i^elà- 
cher,  discontinuer,  s'arrêter.  —  Le  subst. 
verbal  de  relayer  est  relai  (encore  consené 
dans  l'angl.  relay,  relais);  celui  de  relaisser 
est  relais,  dont  le  sens  propre  est  arrêt,  halte, 
c.-à-d.  action  de  s'arrêter,  puis  action  de 
relayer,  c.-à-d.  de  relever  ceux  qui  ont  tra- 
vaillé (cp.  angl.  release,  repos).  Frisch  avait 
songea  l'angl.  lay,  placer,  poser;  cette  ma- 
nière de  voir  n'est  pas  à  dédaigner,  je  l'avoue; 
le  mot  angl.  re-lay  serait  dans  ce  cas  analogue 
au  fr.  =■  re-poser.  Relai  serait  aussi  étymo- 
logiquement  rapproché  de  son  synonyme 
poste,  qui  vient  de  ponere.  Cependant,  si 
cette  dernière  étymologie  devait  prévaloir,  il 
faudrait  exjiliquer  1'^  du  subst.  relais  comme 
un  reste  de  l'ancien  nominatif,  comme  dans 
lacs,  corps,  recors,  etc.,  ce  qui  ne  se  présente 
généralement  que  dans  des  subst.  se  termi- 
nant par  des  consonnes.  —  Littré  est  d'avis 


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•REM 


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REM 


que  relayer  est  un  mot  récent  et  irrégulière  * 
ment  formé  du  subst.  relais.  Diez  (3**  éd.)  pa- 
rait partager  cette  opinion. 

RELÉGUER,  L.  relegare,  renvoyer. 

RELENT,  mauvais  goût,  goût  de  moisissure 
prov.rc^,  cat.  rc/fe>î^;rétjm.  L.  redolentem 
[red'leiiteni)  =  qui  exhale  de  l'odeur,  ne  s'ac- 
corde pas  avec  le  sens  foncier,  qui  parait  être 
Lumide  et  visqueux,  ni  avec  la  forme  simple 
le}il,  que  pi-ésente  le  patois  do  Genève.  Littré 
s'adresse  donc  au  L.  lentus,  visqueux,  gluti- 
neux,  en  s'appuyant  encore  de  la  signification 
d'humide  qu'avait  l'adj.  lent  à  Paris  au 
XVII®  siècle. 

RELEVER,  intensif  et  itératif  de  lever;  = 
chausser,  l'émettre  debout,  rétablir,  faire 
ressortir,  etc.  —  D.  relèvement ^  relevailles, 
relevé,  relevée;  puis  le  subst.  verbal  relief 
(cp.  grever  et  grief),  I.  état  de  ce  qui  est 
relevé,  ou  qui  fait  saillie  (de  là  le  terme  d'art 
haut-  ou  bas-relief],  2.  ce  que  l'on  relève  de 
t^ble,  reste,  3.  droit  de  mutation.  Les  formes 
correspondantes  de  relief  sont  :  BL.  rele^ 
vium,  prov.  releu,  cat.  relleu,  esp.  relieve, 
it.  rilevOy  relievo,  angl.  relief.  Le  môme  rap- 
port littéral  qui  existe  entre  le  prov.  releu  et 
le  vfr.  relieu  (d'où,  par  le  durcissement  de  u 
ou  V  en  f,  la  forme  relief),  se  présente  entre 
prov.  feu  et  vfr.  fieu,  d'où  fief 

RBLIEP,  voy.  relevei\ 

RELIER,  L.  re-lîgare.  —  D.  relieur,  -ure, 

RELIGIEUX,  L.  reliogiosus. 

RELIGION,  L.  religioiiem.  —  D.  religion- 
uaire  et  coreligionnaire.  L'ancienne  langue 
donnait  à  religion  aussi  le  sens  d'état  monas- 
tique et  de  couvent  ;  il  nous  on  est  resté  la 
locution  «  entrer  en  religion  ».  La  locution 
«  surprendre  la  religion  de  quelqu'un  »  =  le 
tromper  par  de  faux  exposés,  se  rattache  au 
sons  «  conscience,  bonne  foi  »  qui  s'attachait 
déjà  au  religio  des  classiques. 

RELIQUAT,  du  L.  religuare  (reliquus), 
rester  dû.  —  D.  reliqiiataire, 

RELIQUE,  L.  reliquiœ,  restes.  —  D.  reli- 
quaire. 

RELUIRE,  pr.  luire  par  réflexion,  L.  re- 
lucere;  voy.  luire, 

RELUQUER,  lorgner  du  coin  de  l'œil  ;  com- 
posé de  luquer,  usité  dans  les  patois,  wall. 
louki,  lequel  vient  du  germanique  :  vha.  luo- 
gcn,  ags.  lôcjan,  angl.  ZooA,  regarder. —  J'ai 
relevé  dans  la  Geste  de  Liège,  II,  2664  :  A 
un  costeit  visât,  par  la  citeit  luquoit. 

REMARQUER,  1.  marquer  de  nouveau,  2. 
intensif  de  marquer  =  noter,  faire  attention. 
—  D.  remarque,  remarquable. 

REMBARRER,  «  re  -f  embarrer;  le  sim- 
ple embarrer,  dans  l'ancienne  langue,  s'appli- 
quait particulièrement  au  sens  de  pousser, 
enfoncer  l'épéo,  puis  de  enfoncer,  fendre  le 
heaume. 

REMBLATER,  =  re  -{-  emblayer.  Le 
verbe  emblayer  ou  emblaver  dit  le  contraire 
de  déblayer  (voy.  blé)\  dans  son  sens  étymo- 
logique, il  signifie  mettre  en  blé,  ensemencer  ; 
son  corrélatif  déblayer  ayant  généralisé 
son  acception  naturelle  on  celle  de  «  enlever 


des  terres  »,  il  a  pris  par  analogie  la  signifi- 
cation de  «  amener  des  torres  ».  —  Subst. 
verbal  remblai. 

REMBOURSER,  =  re  +  embourser,  litt. 
faire  rentier  en  bourse. 

REMBRUNIR,  =  rc  -f  embrunir. 

REMBUCHBR,  «  re  +  embucher  (vfr. 
embuschier),  litt.  faire  rentrer  au  bois;  it. 
rimboscare. 

REMÈDE,  L.  remedium  (mederi).  —  D. 
remédier^  irrémédiable. 

REMEMBRANCE,  voy.  remémorer. 

REMÉMORER,  L.  rememorare,  dont  Van- 
cienne  langue  avait  fait  remembrer  (angl. 
remember),  d'où  le  subst.  remembrance,  sou- 
venir. 

REMERCIER,  voy.  merci.  —  D.  remerci- 
m^nt. 

RÉMÉRÉ,  d'un  mauvais  mot  latin  réméré, 
re  -\-:  emere),  p.  redimere,  racheter. 

REMETTRE;  les  diverses  acceptions  de  ce 
verbe  se  rattachent  aux  significations  1 .  met- 
tre de  nouveau  ou  mettre  dans  l'état  primitif 
ou  naturel;  2.  faire  remise  ou  grâce;  cette 
dernière  acception  était  déjà  propre  au  L. 
remittere  (d'où  le  subst.  remissionem,  fr.  ré- 
mission, et  l'adj.  remissibilis,  fr.  rémissible), 
—  D.  remise,  i.  action  de  remettre,  spéc. 
lieu  où  l'on  remet  une  voiture  à  couvert,  2. 
action  de  faire  grâce. 

RÉMENISGENGE ,  L.  reminiscentia  (de 
reminisci,  se  ressouvenir). 

REMISE,  voy.  remettre.  —  D.  remiser. 

RÉMISSION,  L.  remissionem  (voy.  re- 
mettre). —  D.  rém^issionnaire. 

RÉMOLADE  ou  rémoulade,  sauce  piquante 
(mot  à  forme  méridionale,  cp.  panade, 
salade).  Le  nom  lui  vient  des  ingrédients 
hachés  ou  plutôt  moulus  menu  dont  elle  se 
compose;  c*est  un  dér.  de  remoudre  (part. 
remolu).  On  a  mis  rémolade  en  rapport  avec 
rémoudre,  parce  qu'elle  «  aiguise  »  l'appétit. 
Mais  rémolade  est  aussi  le  nom  d'un  onguent 
pour  les  chevaux,  et  à  coup  sur  cet  onguent 
n'aiguise  rien  du  tout. 

BEMOLE,  forme  masc.  remol",  remou  et, 
avec  r*  du  nominatif,  rt'mowjr,  tournant  d'eau; 
subst.  verbal  de  re-moldre",  composé  de  mol- 
drc",  moudre,  tourner  un  moulin.  —  Cp.  esp. 
remolino,  tourbillon. 

REMONTE,  voy.  l'art,  suiv. 

REMONTER,  monter  de  nouveau  ;  du  sens 
spécial  »  pourvoir  de  nouvelles  montures  • 
vient  le  subst.  verbal  remonte  (de  la  cavale- 
rie). 

REMONTRER,  I.  montrer  de  nouveau,  2. 
montrer,  avertir,  par  voie  de  réplique  (cp.  le 
terme  représenter).  —  D.  remontrance. 

RÉMORA  ou  rémoise,  du  L.  re-mora,  ob- 
stacle, retard,  puis  nom  du  poisson  appelé 
aussi  arrote-nef  ou  échêne,  à  qui  l'on  attri- 
buait la  force  d'arrêter  les  vaisseaux. 

REMORDS,  vfr.  remors  (le  d  est  une  mau- 
vaise ajoute  des  temps  modernes),  subst.  par- 
ticipial de  retnordre  (L.  re-mordere,  mordre, 
fig.  peiner),  qui  faisait  au  patiicipe  passé- 
remors  (L.  rotnorsus). 


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REN 


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REN 


RÉMORE,  voy.  rémora. 

REMORQUER,  d'où  le  subst.  verbal  remor- 
que,  ne  vient  pas,  selon  Paris,  direct,  du  L. 
remulcare,  mais  indirect,  soit  par  l'esp. 
remolcar,  soit  par  Fit.  remorchiare.  Le  mot 
ne  date  que  du  xvi*  siècle. 

REMOUDRE,  «  moudre  de  nouveau; 
rémoudre  =*  re  +  émoudre  {esmolre)  ;  de  là 
rémouleur, 

RÉMOULEUR,  voy.  lart.  préc. 

REMOUS,  voj.  remole. 

REMPARER,  refortifier,  remettre  en  état 
de  défense,  voy.  emparer.  —  Subst.  verbal 
rempar',  et  avec  un  t  adventice  :  rempart^ 
pr.  défense  ;  it.  riparo. 

REMPART,  voy.  remparer. 

REMPLIER,  :=.  re  -f  em-plier  (inus.).  — 
Subst.  verbal  rempli. 

REMPLIR.  =  r^  +  emplir;  iiépétitif  et 
intensif.  —  D.  remplissage  et  remplace  {msni- 
vaise  formation,  cp.  ravfxçe).  D'après  Littré, 
remplace  vient  d'une  fomie  vfr.  rempler, 
mais  je  doute  de  l'existence  de  cette  forme 
jusqu'à  présentation  de  preuve. 

REMPORTER,  =  re  -j-  emporter;  «  rem- 
porter la  victoire  »  est  une  imitation  du  L. 
victoriam,  referre. 

REMUER,  prov.  rcmudar,  de  muer  =  L. 
mutare,  changer;  remuer  est  donc  pr.  chan- 
ger (ou  faire  changer)  de  place.  Le  sens 
«  changer  »»  perce  encore  dans  l'expr.  «  remuer 
un  enfant  »  =«  le  changer  de  linge.  —  L'éty- 
mologie  removere  est  inadmissible.  —  D. 
remuatU,  remuement;  cps.  remue-ménage 
(anc.  on  se  servait  du  terme  remuer  mesnage 
p.  causer  du  désordre). 

REMUGLE,  anc.  remeugle,  odeur  de  ce  qui 
a  été  longtemps  renfermé.  D'origine  incer- 
taine ;  Littré,  faisant  fond  sur  les  mots  prov. 
remuegll,  remotl,  cat.  rcmull,  esp.  remqjo, 
port,  remoljo,  humidité,  détrempe,  rapporte 
notre  mot  à  mouiller;  mais  il  n'y  a  guère  de 
conformité  entre  les  formes.  Je  ramènerais 
plutôt  meugle,  tnugle  au  thème  mue  du  L. 
mucor,  moisissure;  l'ancienne  langue  présente, 
et  le  patois  normand  a  conservé  (voy.  Gode- 
froy),  l'adj.  mucre,  relent,  moite.  Un  adj. 
latin  mucer  p.  mucidus  est  très  admissible. 
Pour  le  changement  de  r  en  Z,  cp.  temple* 
(tempe j  de  tempora. 

RÉMUNÉRER,  L.  re-munerare  (munus). — 
D.  rémunérateur,  -ation,  -atoire. 

RENACLER,  dimin.  de  renasquer,  renifler; 
Grandgagnage  dérive  ces  mots  du  vfr.  na^que 
(bourg,  naque)  =  morve;  ils  signifieraient 
donc  pr.  faire  remonter  la  morve  du  nez; 
quant  à  nasque,  il  répond  à  un  adj .  nasicus, 
'ica,  tiré  de  nasus,  nez.  C'est  par  Littré  que 
j'apprends  l'étymologio  ci-dessus  de  Grand- 
gagnage ;  pour  ma  part,  je  ne  l'ai  rencontrée, 
dans  son  Dict.,  ni  à  l'art.  WnaÂer  =  renifler, 
ni  sous  nagueler,  fureter;  un  mot  vfr.  nasque, 
morve,  est  inconnu  à  Godefroy. 

RENARD,  vfr.  aussi  regnard.  Ce  terme 
était,  dans  la  célèbre  satire  du  Renard,  le 
nom  donné  au  renard,  dont  la  vraie  dénomi- 


nation française  était  tolpil,  vorpil,  goupil 
(v.  c.  m.),  reproductions  du  L.  rulpeculus 
(dim.  de  vulpe^f,  prov.  tolp,  it.  volpe).  La 
haute  réputation  du  poème  a  &it  que  le  noai 
poétique  de  l'animal  rusé  a  fini  par  supplanter 
l'appellation  commune.  Regnard  est  contracté 
de  l'ail,  reginhart,  dont  la  signification  (pr. 
«  fort  en  conseil  »)  correspond  parfaitement 
au  caractère  attnbué  au  renard.  —  D.  vfr. 
renardie  et  renardise,  astuce  ;  nfr.  renarde, 
femelle  du  i-enard,  renardeau,  renardier, 
-ière;  verbe  renarder,  employer  des  ruses, 
user  de  finesse. 

RENASQUER,  voy.  renâcler. 

RENCONTRER,  voy.  enœntrer.  —  D.  ren- 
contre (autr.  du  genre  masc.,  comme  l'it.  in- 
contro). 

RENDRE,  it.  rendere,  esp.  rendir,  prov. 
rendre;  du  L.  reddere.  L'intercalation  de  m. 
ou  en  d'autres  termes  la  nasalisjition  du  radi- 
cal, parait  remonter  assez  haut  ;  toutefois,  le 
vieux  it.  avait  aussi,  sans  n,  reddere,  et  le 
prov.  la  forme  redre.  —  Subst.  participial  il. 
rouiUa,  esp.,  prov.  renta,  fr.  rente,  du  L. 
reddita,  les  choses  rentrées,  le  revenu.  Autres 
dérivés  :  rendable,  qui  est  à  rendre,  rendat/e, 
rendements  résidant  =  qui  rend  compte.  — 
Notez  encore  le  participe  rendu,  l.  qui  se 
rend  à  l'ennemi,  2.  fatigué,  qui  n'en  peut  plus 
(expression  analogue  à  recru),  et  le  subst. 
rendez-vous,  imité  par  le  stéHrdich-ein  des 
Allemands. 

RÊNE,  anc.  resne,  resgne,  reigne,  reine, 
prov.  régna,  correspond  à  Tit.  redina,  esp. 
(par  transposition)  rienda^  port,  redea.  Le 
primitif  de  ces  mots  est  le  L.  retinere,  rete- 
nir, par  un  subst.  verb.  fém.re<tiia,qui  d'une 
part  s'est  adouci  en  redina,  forme  it.,  d'autre 
part  syncopé  en  retna,  d'où  rcina,  puis  régna, 
forme  prov.  Us  du  fr.  resne  (d'où  rêne)  est 
intercalaire.  Raynouard  s'est  trompé  en  pla- 
çant le  prov.  régna  sous  la  rubrique  regnar, 
dominer. 

RENÉGAT,  BL.  retiegatus  (negare),  qui  a 
renié  sa  foi,  forme  savante  de  renié.  Le  vfr. 
disait  renoyé  (de  renoyer  =»  renier),  et  les 
patois  disent  encore  renoyé,  renois. 

RÉNETTB.  nom  d'outil,  voy.  rainer. 

RENFORCER,  =*  rc  +  enforcer  (auj.  en- 
forcir).  Subst.  verb.  renfors',  d'où  l'on  a, 
sous  l'influence  du  mot  fort,  fait  renfort;  cp. 
effort  p.  effors. 

RENFROGNER,  voy.  refrogner. 

RENGAINE,  banalité;  n'a  rien  il  faire, 
parait-il,  avec  le  verbe  rengainer;  on  dit  que 
c'est  le  refrain  d'une  vieille  chanson  :  turlu- 
tutu  rengaine  *»  (Littré). 

RENGORGER  [re  intensif),  =  se  mettre  en 
gorge,  se  donner  de  la  gorge  ;  cp.  en  ail.  sich 
briisten,  m.  s.,  de  brust,  poitrine. 

RBNGRÉGBR,  vieux  mot  =  aggraver;  re 
+  vfr.  engréger,  cps.  de  vfr.  gregier,  grever 
(L.  gratis),  d'un  type  graviare(cp.  aîléyer  de 
allt'oare).  —  L'étymologio  vfr.  greignoar, 
greindre  (grandior),  posée  par  Littré,  ce 
s'accorde  en  aucune  façon  avec  la  lettre.  Oa 


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REP 


—  437  — 


REP 


trouve  d'ailleurs  en  vfr.  radj.^r^e  =  gravis, 
et  ffrejos^  dur,  pénible. 

RENIER,  voy.  nier,  —  Subst.  verb.  reni. 
RENIFLER,  voy.  nifler. 
RÉNITBNT.  -BNCB.  du  L.  re-niti,  résister. 
RENNE,  du  nord,  hreinn,  suéd.  ren,  ail. 
retin-thicr,  ags.  hran,  Voy.  aussi  rafiger  2. 

RENOMMER,  ==  nommer  souvent  avec 
éloge.  —  D.  subst.  verb.  renom;  adj. -parti- 
cipe renomme'f  d*où  le  substantif  renommée, 

RENONCER,  L.  re  nuntiare.  —  D.  renonce 
(les  patois  ont  un  subst.  verbal  masc.  renon); 
renoncement  (et  renonciation  =  L.  renun- 
tiationem). 

RENONCULE,  L.  ranuncula,  pr.  petite 
grenouille  (cp.  le  nom  gr.  /ixrpxx^ov,  de  ^9i- 
rpTLyoi,  grenouille). 

lUSNOUER,  voy.  nouer.  —  D.  renouée, 
plante  qui  tire  son  nom  de  la  quantité  de 
nœuds  dont  les  tiges  sont  garnies. 

RENOUVEAU,  voy.  l'art,  suiv. 

RENOUVELER,  voy.  nouveau.  Columelle  a 
déjà  le  composé  renovellare.  —  D.  subst.  ver- 
bal renoxœeV,  renouveau,  1.  renouvellement, 
2.  nouvelle  saison,  printemps;  cp.  appel 
(appeau)  de  appeler,  dégd  de  dégeler. 

RÉNOVER,  L.  re-novare  (novus). 

RENSEIGNER,  intensif  de  enseigner  (v.  c. 
m.),  faire  savoir.  —  D.  renseignement. 

RENTE,  voy  rendre.  —  D.  rentier,  qui  a 
(anc,  =  qui  doit)  des  rentes  ;  verbes  renier  et 
ai*renter. 

RBNTRAIRE  (aussi  de  la  1™  conjug.  ren- 
trayer),  =  re  -}-  vfr.  entraire,  pr.  retirer  en 
dedans,  type  L.  re-in-irahere  ;  rentraire,  c'est 
pr.  coudre  en  faisant  rentrer  le  rebord,  de 
manière  qu'il  ne  paraisse  pas.  —  D.  ren- 
trayeur,  rentraiture. 

RENTRER,  =  rc  +  entrer.  —  D.  rentrée. 

RENVERSER,  du  vfr.  emerser,  retourner, 
culbuter,  qui  vient  de  Tadj.  envers  =  L.  in- 
versus.  —  D.  renverse  (dans  la  loc.  •  à  la  ren- 
verse ••)  et  renversement. 

RENVI,  voy.  renvier. 

RENVUSR,  d'où  subst.  verb.  retivi;  voy. 
envi. 

RENVOYER,  voy.  envoyer.  —  D.  renvoi. 

1 .  REPAIRE,  retraite,  demeure,  gîte,  subst. 
verb.  du  vfr.  repairer,  retourner  chez  soi,  so 
retirer.  Ce  dernier  i-épond  à  l'it.  repatriare, 
prov.  repairar  et  est  le  latin  repatriare,  re- 
tourner dans  sa  patrie  (d'où  les  gens  de  police 
on  fait  repatrier  «  un  vagabond  »).  Voy.  aussi 
rapatHer, 

2.  REPAIRE,  t.  do  chasse,  fiente  ;  il  faut 
écrire  repère  (v.  cm.),  de  L.  reperire,  car  le 
mot,  dans  cette  acception,  vient  de  ce  que  la 
fiente  sert  à  retrouver  la  bête.  Voy.  toutefois 
la  remarque  de  G.  Paris  s.  repère. 

REPMTRE  (part,  passé  repu,  d'où  le  v. 
subst.  repue,  repas),  du  L.  rc-pascere,  d'où, 
par  le  supin  repastum,  le  subst.  repastus, 
fr.  repast",  repas,  Cp.  fr.  appât,  p.  appast,  et 
appas  (qui  était  anciennement  aussi  la  forme 
du  singulier).  Pour  cette  apocope  du  t  final, 
cp.  dispos  p.  dispost,  enquis  p.  enquist. 


RÉPANDRE,  =  re  -f  épa>ulre  (v.  c.  m.). 

RÉPARER.  L.  re-parare. 

REPARTIR.  1.  partir  de  nouveau,  ^.  répli- 
quer, d'où  le  subst,  participial  repartie.  Dans 
la  dernière  acception,  repartir  est  l'itératif 
de  partir  au  sens  do  prendre  son  vol,  sortir 
avec  impétuosité,  dans  des  expressions  telles 
que  «  sa  réponse  ne  tardait  pas  à  partir  »  ou 
«  partir  d'un  éclat  de  rire  »  (cp.  les  termes 
sortie,  saillie). 

RÉPARTIR,  «  rc  -f-  vfr.  espartir,  distri- 
buer, composé  départir  (au  sens  de  parta- 
ger). Peut-être  l'accent  aigu  dans  ré  n'est-il 
qu'arbitraire,  et  le  mot  se  rattache-t-il  à,  par- 
tir, diviser  (de  là  le  terme  d'ardoisier  repar- 
ton).  —  D.  répartition. 

REPAS,  voy.  repaitre. 

REPASSER,  1.  passer  de  nouveau,  2.  faire 
passer  et  repasser  souvent  un  objet  sur  un 
autre,  de  là  :  repasser  un  rasoir,  du  linge.  — 
D.  repassage,  repasseuse. 

REPENTIR,  =  rc  -f-  vfr.  pentir,  it.  pen- 
tire,  prov.  pentir,  «:  L.  pœnitere.  —  D. 
repentant,  -ance;  subst.  infinitif  r^p^w^tr. 

RÉPERCUTER.  L.  re-percutere  ;  par  le 
supin  repercussum  :  subst.  répercussion,  L. 
repercussionem. 

REPÈRE,  marque  ou  point  qui  sert  à  se 
retrouver,  du  L.  repei*ire,  retrouver.  —  D. 
repérer.  Voy.  aussi  repaire  2.  —  L'étym. 
repcrtreestmise  en  doute  par  G.  Paris  (Rom., 
VI,  477)  ;  il  voit  dans  repère  le  subst.  verbal 
de  rermirer,  revenir  (voy.  repaire  1). 

RÉPERTOIRE,  registre,  liste,  du  L.  reper- 
torium,  formé  de  reperire,  trouver,  comme 
inventaire  de  invenire. 

RÉPÉTER,  L.  re-petere,  pr.  chercher, 
aller  prendre  do  nouveau  (cp.  le  terme  reprise, 
synon.  do  répétition).  —  D.  répétailler;  du 
L.  repetitor,  -tio  :  fr.  répétiteur^  -tien. 

RÉPIT,  prov.  respieit,  it.  rispitto  et  rw- 
petto,  du  L.  respectas;  donc  pr  respect, 
égard,  ménagement,  d'où  découle  le  sens 
moderne  délai,  relâche.  Pour  la  forme,  cp. 
dépit  do  despectus.  Respect  est  donc  un  dou- 
blet savant  de  répit. 

REPLE1,  L.  repletus,  rempli;  réplétion, 
L.  repletionem, 

REPLIER,  itératif  de  plier;  subst.  repli, 
jRé5p/i>r  correspond  au  L.re-plicare;  ce  même 
verbe  latin,  dans  une  acception  spéciale  qui 
se  rencontre  dans  le  Digeste,  savoir  :  «•  refu- 
tare,  iterare  responsum  »,  s'est  conservé  sous 
la  forme  fr.  répliquer, 

RÉPLIQUER,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  ré- 
plique. 

RÉPONDRE,  L.  respondere,  —  D.  respons*, 
répons,  L.  responsum;  réponse,  L.  responsa 
p.  responsio,  d'où  responsable  (comme  comp- 
table de  compte). 

REPORTER,  porter  de  retour  ou  à  nouveau, 
anc.  aussi  =  rapporter  (d'où  angl.  reporter, 
rapporteur).  —  D.  report, 

REPOSER,  re  -\-  poser,  d'après  le  L.  repo- 
ncre.  —  D.  repos,  subst.  verbal;  reposoir, 
reposée. 
REPOUSSER,  =  pousser  on  arrière;  cp., 


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RÉP 


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RÉS 


potir  les  acceptions,  le  fr.  rejeter  et  le  L. 
re-pellere  (dont  repousser  représente  le  fré- 
quentatif rf^pw/sarij).  —  D.  repoussant,  -oir, 

RÉPRÉHENSIBLB,  -ION,  voy.  reprendre. 

REPRENDRE,  1.  prendre  de  nouveau;  de 
là  le  subst.  part,  reprise;  2.  =  L.  reprehen- 
dei'e,  pr.  arrêter,  saisir,  puis  fig.  blâmer, 
gourmander.  De  la  forme  latine  relèvent  :  re'- 
préhension,  -ibîe,  L.  reprehcnsionem,  -ibilis. 

—  A  la  forme  contracte  reprendere,  au  sens 
de  prendre  de  retour  ce  qui  a  été  pris,  par  le 
part,  reprensus,  it.  ripreso.  se  rattache  Fit. 
ripresaglia,  d'où  les  Français  ont  tiré  repré- 
saille  (réparation  qu'on  se  donne  à  soi-même 
d'un  dommage  essuyé)  et  les  Anglais  repri- 
sais. 

REPRÉSAILLB,  voy.  Tart.  préc. 

REPRÉSENTER,  1.  présenter  de  nouveau, 
2.  =s  L.  reprœsentare,  placer  sous  les  yeux, 
reproduire,  exprimer,  figurer.  Aux  accep- 
tions classiques,  la  langue  moderne  a  ajouté 
celle  de  «  remontrer,  donner  un  avertisse- 
ment ».  De  «  mettre  sous  les  yeux  »,  le  sens  a 
facilement  tourné  en  celui  de  «  mettre  A 
cœur  t. .  L'allemand  emploie  de  la  même  ma- 
nière les  verbes  vor-stellen,  vor-halten,  vor- 
werfen,  tor-rûcke^x,  et  le  terme  fr.  reprocher 
repose  sur  un  trope  analogue.  —  D.  repré- 
sentant, -ation,  -atif. 

RÉPRESSION,  L.  repressimiem  (de  repres- 
sum,  supin  do  reprimere,  fr.  réprimer)',  néol. 
répressif. 

RÉPRIMANDE, voy.  lart.suiv.  --  D.  répri- 
mander. 

RÉPRIMER,  L.  re-primere,  pr.  refouler. 

—  D.  réprimahle.  Du  L.  reprimenda  (faute 
à  réprimer),  les  savants  ont  fait  réprimande, 
pr.  chose  blâmable,  puis  action  de  blâmer  (cp. 
le  mot  offrande,  action  d'offrir), 

REPRISE,  voy.  reprendre.  —  D  repriser ^ 
faire  des  reprises  (t.  de  couturière). 

RÉPROBATION,  L.  reprobationem  (voy. 
réproi(vei'). 

REPROCHER,  prov.  repropchar;  d'un  type 
latin  re-propiare  (prope).  C'est  donc  pr.  un 
synonyme  de  rapprocher.  Pour  le  sens  moral 
attaché  à  ce  verbe  (et  qui  rappelle  bien  le 
nahe  fûhren  et  le  vor-ritchen  des  Allemands), 
voy.  l'art,  représenter.  Le  P.  Labbé  s'est  sin- 
gulièrement fourvoyé  en  expliquant  le  mot 
en  ces  termes  :  «  C'est  proprement  récuser 
qqn.  pour  juge  ou  pour  témoin,  à  cause  qu'il 
esiproche  parent  de  la  partie.  »  Les  étymolo- 
gies  tirées  de  reciprocare  ou  de  opprobrium 
sont  tout  aussi  insoutenables.  —  D.  reproche, 
reprochable,  irréprochable. 

REPRODUIRE,  voy.  produire. 

RÉPROUVER  (à  distinguer  de  reprouver  = 
prouver  de  nouveau),  L.  re-probare,  m.  s., 
d'où  réprobation. 

REPTILE,  L.  r<'p^t7/5  (repère). 

RÉPUBLIQUE,  du  L.  res  publica,  la  chose 
publique.  —  D.  républicain,  -anisme. 

RÉPUDIER,  L.  repudiare.  —  D.  répudia- 
tion. 

RÉPUGNER,  L.  re-pugnare,  lutter,  être 
contraire.  —  D.  répugnant,  -ance. 


RÉPULSION,  L.  repuhionem{dere^7ere). 

RÉPUTER,  L.  re-putare,  compter,  penser, 
puis,  par  extension,  estimer,  présumer.  —  D. 
réputation,  pr.  compte,  appréciation. 

REQUÉRIR,  vfr.  requerre,  de  BL.  requœ- 
rere  (p.  requirere).  —  D.  requérant,  requé- 
rable.  —  Du  supin  requisitum  viennent  :  1 . 
requisitus,  requis'tus,  fr.  requis  p.  requist^  et 
de  là  le  subst.  part.  fém.  requeste'  requête;  2. 
requisitionem.  fr.  réquisitioy\;  3.  requisitorius, 
fr.  réquisitoire. 

REQUÊTE,  voy.  l'art,  préc. 

REQUIEM,  messe  des  morts;  c'est  le  mot 
latin  par  où  commence  cett«  messe,  ace.  sing. 
de  requies,  repos,  dont  l'ancienne  langue 
avait  fait  requoy.  —  Le  même  mot  requiem 
s'est  transformé  en  requin  (le  dictionnaire  de 
Trévoux  écrit  requiem),  qui  est  le  nom  que 
les  matelots  normands,  selon  la  tradition,  ont 
donné  au  chien  de  mer,  parce  que  l'apparition 
de  ce  monstre  marin  entraînait  infaillible- 
ment la  mort  et  par  conséquent  un  requiem. 

REQUIN,  voy.  l'art,  préc. 

REQUINQUER  (SE),  se  parer  d'une  manière 
affectée  ;  ce  mot  populaire  est-il  de  la  famille 
de  quincaiUe  (voy.  clinquant),  ou  p.  recoin- 
quer,  qui  serait  une  corruption  de  re-coinler 
(cp.  une  mutation  inverse  dans  quinte  p. 
quinque),  et  dérivé  du  vfr.  coint,  paré?  Nous 
ne  déciderons  pas.  Jault  proposait  pour  type 
le  L.  re-co77cinnare,  raccommoder.  Ménage 
recomere,  peigner,  ajuster  ;  ce  sont  des  erreurs 
manifestes.  Littré  pose  l'étymol.  requinquare, 
d'un  verbe  latin  quinquare  signifiant  nettoyer 
(les  dictionnaires  le  donnent  avec  le  sens  do 
faire  des  lustrations  pondant  une  fête  de  cinq 
jours).  Si  ce  moi  quinquare,  ç^q  l'on  rencontre 
dans  Charisius,  grammairien  du  iv*  siècle, 
est  la  bonne  étymologie,  requinquer  a  du  être 
un  terme  né  dans  la  société  monastique,  passé 
ensuite  dans  le  parler  populaire.  Il  faudrait, 
pour  se  prononcer,  un  historique  plus  riclie 
sur  l'emploi  du  mot. 

REQUISITION.  -ITOIRE.  voy.  requérir. 

RESARGIR,  L.  re-sarcire.  —  D.  resarcis- 
sure. 

RESCIP.  voy.  récif. 

RESCINDER,  L.  re-scindere,  déchirer,  an- 
nuler, casser;  du  supin  rescissum  :  rescis- 
sionem,  fr.  rescision  (il  faudrait  rescission). 

RESCISION,  voy.  l'art,  préc. 

RESCOUSSE,  voy.  recourre. 

RESGRIT,  L.  re-scriptum,  pr.  réponse. 

RÉSEAU,  anc.  résel,  roisel;  ce  mot  repré- 
sente littéralement  le  L.  reticellum,  dim.  de 
rcte,  rets,  filet  (vfr.  roit).  L'it.  dit  rcticello, 
reticino.  Une  autreforme  diminutivedu  même 
primitif  est  résille;  les  pêcheurs  emploient  les 
mots  résure  et  reseuil  (=  L.  retiolum)  pour 
désigner  des  filets,  ou  des  appâts  qu'ils  y  met- 
tent. Le  vrai  dimin.  latin  reticulum  s'est 
introduit  dans  la  langue  pour  désigner  un 
petit  sac  à  ouvrage  à  grandes  mailles,  sous  la 
fonne  ridicule,  corruption  de  réticule, 

RÉSÉDA,  planta,  mot  latin. 

RÉSERVER,  L.  re  servare.  —  D.  réserve, 
résciixnr;  adj.  réservé  =  retenu,  part,  passif 


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RES 


—  439  ^ 


RES 


à  sens  actif,  comme  circonspect,  discret,  rési- 
gné, retenu,  etc. 

RÉSDER,  terme  moderne  et  savant  p,  vfr. 
reseoir  =  L.  re-sidère  (sedere).  —  D.  résident ^ 
résidence^.  L'anc.  langue  avait  régulièrement 
formé  du  part,  residensle  t.  de  droit  resséant, 
domicilié  dans  le  lieu,  d'où  resséatvtir,  être 
tenu  à  résidence. 

RÉSDÏÏ»  L.  residuus  (re-sidere). 

RÉSICrNER,  L.  re-signare,  pr.  rompre  le 
cachet  isignunC),  desceller,  puis  au  fig.  casser, 
dissoudre,  renoncer  à,  se  démettre  d'une 
charge  ;  se  résigner,  =  se  soumettre,  s'aban- 
donner. —  D.  résignable,  résigner,  résigna- 
tion, 1.  action  de  résigner,  renoncement, 
abandon,  2.  action  de  se  résigner,  c.-à-d.  de 
s'abandonner  à  la  volonté  de  Dieu. 

RÉSILIER,  verbe  irrégulièrement  formé  du 
L .  resilire  (salire),  pr.  sauter  en  arrière,  reve- 
nir sur  ses  pas  ;  dans  la  basse  latinité,  ce  verbe 
est  devenu  synonyme  de  renuntiare.  —  D. 
résiliation. 

RÉSILLE,  voy.  réseau. 

RÉSINE,  L.  résina  (gr.  yJ^jrfy*»).  —  D.  rési- 
neux, L.  resinosus. 

RÉSIPISCENCE,  L.  resipiscentia,  de  re- 
sipiscere  (composé  de  saperé),  redevenir  sage. 

RÉSISTER,  L.  re-sistere,  —  D.  résistance, 
résistihle,  irrésistible,  L.  resistibilis,  irresis- 
tibilis. 

RÉSOLU,  etc.,  voy.  résoudre, 

RÉSONNER,  L.  re-sonare,  —  D.  réso- 
nance,  résonnement. 

RÉSORPTION,  L  re5a7yftow<?m  (re-sorbere). 

RÉSOUDRE,  L.  re-solvere.  Du  supin  reso- 
lutum  viennent  :  1 .  part,  resolutus,  fr.  résolu; 
notez  que  dans  l'emploi  adjectival  de  ce  mot, 
le  sens  est  contraire  au  sens  latin;  ce  dernier 
se  rapporte  au  verbe  resolvere,  en  tant  que 
signifiant  détendre,  relâcher,  tandis  que 
l'éicception  moderne  (déterminé,  hardi)  est 
active  et  tirée  du  verbe  résoudre  en  tant  que 
signifiant  donner  une  solution,. trancher  une 
difficulté;  2.  resolutio,  fr.  résolution,  action 
de  dissoudre,  cassation,  décision,  fermeté; 
3.  resolubilis*,  fr.  résoluble;  4.  resolutorius, 
fr.  résolutoire;  5.  resolutivus*,  fr.  résolutif. 
—  Le  part,  résous  est  p,  rtisols  et  vient  de  la 
forme  contractée  resoltus  'cp.  absous,  dissous, 
coexistant  avec  absolu,  dissolu). 

RESPECT,  L.  re-spectus  (re-spicere),  litt. 
=  regard  (cp.  nos  expr.  analogues  égard, 
considération).  —  D.  respecter,  L.  respeatare), 
d'où  respectable,  respectueux,  respectif,  mot 
de  façon  nouvelle,  qui  se  rapporte  au  sens 
•  égard,  rapport,  point  de  vue  »,  qu'avait 
autrefois  le  mot  respect.  —  Le  latin  resp^ctus 
se  retrouve  encore  dans  la  langue  fr.  sous  la 
forme  répit  (v.  c.  m.). 

RESPIRER,  L.  re-spirare.  —  D.  respirable, 
respiration^  respiratoire. 

RESPLENDIR,  L.  re-splendere.  —  D,  res- 
plendissant, resplendissement. 

RESPONSABLE,  angl.  responsible,  voy. 
répondre.  —  D.  responsabilité. 

RESSAC,  t.  de  marine,   rebattement  des 


vagues;  c'est  sans  doute  le  subst.  de  l'anc. 
verbe  resacher,  retirer  (voy,  sac). 

RESSASSER;  repasser  au  sas  (y.  c.  m.). 

RESSAUT,  it.  risalto;  (Tu  verbe  ressaillir, 
comme  saut  de  saillir. 

RBSSÉANT,  voy.  résider. 

RESSEMBLER,  intensif  de  sembler.  —  D. 
ressemblant,  d'où  ressemblante. 

RESSENTIR,  intensif  de  sentir.  Dans  le 
subst.  ressentiment,  le  pnéfîxe  re  conserve 
légèrement  son  caractère  itératif  :  c'est  pr.  le 
renouvellement,  le  ressouvenir  d'un  senti- 
ment, un  reste  d'une  sensation  éprouvée  (p. 
ex.  «il  a  encore  des  ressentiments  de  fièvre «), 
d'où  le  sens  spécial  :  souvenir  qu'on  garde 
soit  des  bienfaits  (cette  acception,  encore 
usuelle  dans  Molière,  s'est  perdue),  soit  des 
iigures  ou  offenses. 

RESSERRER  =  serrer  de  nouveau  et  ser- 
rer davantage. 

RESSORT,  voy.  les  deux  art.  suiv. 

1.  RESSORTIR  (conjugué  comme  sortir  ^ 
aller  dehors),  1.  sortir,  partir  de  nouveau; 
2.  intensif  de  sortir,  pris  dans  son  sens  pri- 
mitif de  saillir,  avoir  du  relief.  De  là  le  subst. 
verbal  ressort,  pr.  rejaillissement,  rebondis- 
sement, contre- coup  (cp.  esp.  resurtir,  rejail- 
lir). Voy.  aussi  le  mot  sortir  2. 

2.  RESSORTIR  (conjugué,  comme  assortir, 
d'après  finir),  appartenir  A  une  juridiction. 
Subst.  verbal  ressort,  it.  risorto,  étendue  de 
juridiction.  D'après  Diez.  la  signification 
actuelle  de  ce  terme  juridique  se  rattache  au 
vfr.  resortir,  se  retirer,  chercher  un  abri, 
avoir  recours,  d'où  le  subst,  vfr.  resort, 
retraite,  recours,  tribunal  où  l'on  recouvre 
son  droit.  Quant  à  ce  verbe*  ancien  resortir 
(BL.  resortire,  habere  jus  appellationis),  Diez 
y  voit  un  composé  de  sortir,  obtenir  (dér.  de 
sort,  V.  c.  m.);  resortir,  c'est  recouvrer  son 
droit.  Ce  savant  s'appuie  de  l'analogie  que 
présente  le  terme  it.  ricovrare^  qui  signifie 
1 .  recouvrer,  2.  se  sauver,  se  réfugier,  —  Du 
Gange  avait  mal  défini  le  subst.  ressortum 
par  ces  mots  «quidquid  mive^  sortes  continetur 
seu  jurisdictionis  terminos  »,  et  Budé  a  versé 
dans  une  erreur  encore  plus  forte  en  dérivant 
ressaisir  de  sort,  par  cette  raison  :  «  causœ 
enim  sortibus  ex  urna  ductis  cognosceban- 
tur  ».  —  Pour  me  rallier  à  l'explication  éty- 
mologique de  Diez,  dans  tout  son  développe- 
ment, je  voudrais  savoir  si  le  vfr.  resortir, 
avoir  recours,  que  l'on  invoque  comme  ana- 
logie de  sens,  avait  également  la  coi\jugaison 
inchoative  (les  exemples  d'appui  me  font  dé- 
faut à  cet  égard).  En  attendant,  il  me  semble 
toujours  que  ce  vieux  resortir,  avoir  recours, 
trouver  sa  ressource,  doit  être  le  même  mot 
que  notre  ressortir,  qui  foncièrement  dit  : 
rejaillir,  remonter,  relever  (j'invoquerais  bien 
ici  aussi  le  terme  relever  =  dépendre  juridi- 
quement, si  l'on  disait  relever  à  comme  res- 
sortir à).  Enfin,  je  rappelle  ici  le  subst.  vfr, 
retour  =^  recours,  refuge,  protection,  syno- 
nyme du  vfr.  resort. 

RESSOURCE,  it.  risorsa.  Je  trouve  dans  ce 
mot  quelque  chose  de  plus  qu'une  simple 


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variété  formelle  de  source.  De  même  que  ce 
dernier  vient  de  sordre  ou  sourdre,  notre  mot 
dérive  directement  de  resors ,  part,  du  verbe 
vfr.  resordre,  qui  est  le  L.  re-surgerc  et  qui 
signifiait  :  1.  se  relever,  2.  relever  (sens 
actif/,  hsi  ressource  est  donc  pr.  une  chose  qui 
vous  relève,  un  moyen  qui  fait  sortir  d'embar- 
ras. —  Dans  Jean  Le  Maire  des  Belges  (II, 
283),  je  lis  la  ressorce  (=  résurrection,  réta- 
blissement) de  Troye, 

RESSUSR,  rendre  son  humidité  intérieure, 
de  re  -[-  suer,  =  L.  re-sudare,  it.  Hsudare, 

—  Dans  l'anc.  langue,  le  mot  est  différent  et 
représente  rc  -|-  cssuer  (=  essuyer). 

RBSSin,  t.  de  vénerie,  subst.  verb.  de  res- 
suyer, sécher. 

RESSUSCITER,  L.  re-suscitare,  relever, 
réveiller,  faire  revivre. 

RESTAURER,  L.  re-staurare,  rétablir,  re- 
mettre,  refaire.  —  D.  restaurant,  -ation, 
•ateur.  Le  premier  «  restaurateur  »  (traiteur), 
un  nommé  Boulanger,  vers  1765,  avait,  dit 
rhistoire,  mis  sur  sa  porte  la  devise  suivante  : 
«  Venite  ad  me  omnes  qui  stomacho  laboratis 
et  ego  restaurabo  vos.  » 

RESTER,  L.  re-stare,  demeurer  en  arrière. 

—  D.  reste^  restant,  Cps.  arrêter  (v.  c.  m.). 
RESTITUER,  L.  re-stituere,  pr.  replacer, 

d'où  restitutio,  fr.  restitution,  —  Restituere 
appelle,  daprès  l'analogie  d'autres  verbes  en 
ë^'c,  plutW  restituir  ;  ce  mot  peut  avoir  existé 
comme  on  trouve  constituir,  mais  l'emploi  de 
l'infin.  en  er  pour  statuera,  comme  pour  ses 
composés  en  -stitufTe,  remonte  assez  haut 
dans  la  langue,  pour  ne  pas  l'expliquer,  pluti^t 
que  par  un  simple  métaplasme  arbitraire  des 
temps  modernes,  en  partant  des  formes  fré- 
quent. statutare\  -stitiitare', 

RESTOUPER,  =  re  +  estouper,  qui  est 
l'ail,  stoppen,  stopfen,  bourrer,  boucher  (voy. 
étoupe),    

RESTREINDRE,  L.  re-stringcre,  resserrer 
(cp.  étreindre).  Du  supin  restrictum  :  restric- 
tion, restrictif;  du  part,  restringentem  :  le  t. 
médical  restringent. 

RÉSULTER,  L.  re-suîtare  (fréq.  de  re- 
silire),  pr.  rejaillir,  rebondir;  au  moy.  âge  le 
mot  a  été  traité  en  synonyme  de  evenire, 
exire  (fr.  issir).  Cp.  les  termes  réussir,  res- 
sortir. —  D.  résultante,  résultat,  mot  de 
création  savante,  =  ce  qui  résulte  ou  provient 
d'une  affaire. 

RÉSUMER,  L.  re-sumere,  reprendre,  d'où 
le  sens  mod.  :  redire,  exposer  de  nouveau 
en  abrégé.  —  D.  subst.  résumé, 

RESURRECTION,  L.  re-sw-rectionem,  de 
resunrctitm,  supin  de  re-surgere,  vfr.  re- 
sordre 

RETABLE,  vfr.  restauh.  Cette  dernière 
forme  et  le  genre  du  mot  défendent  de  songer 
à  une  origine  de  table  (p.  ainsi  dire  contre- 
table).  Restaule  nous  renvoie  à  un  adj.  lat. 
re-siabilis,  avec  un  sens  particulier  d'archi- 
tecture, soit  celui  de  «  fixé  contre  »  ou  tout 
autre.  Le  retable  (mieux  voudrait  rétable)  est 
un  ornement  de  bois,  de  pierre  ou  de  marbre, 
contre  lequel  est  appuyé  l'autel. 


RÉTABLIR,  =  r«  4"  «**«*'«*•»  ou  direct,  du 
L.  re-stahilire.  —  D.  rétablissement, 

RETARDER,  L.  re-tardare,  —  D.  subst. 
verbal  retard;  mots  savants  :  retardaiion, 
ataire, 

RETENIR,  L.  re4inere  (tenere).  —  D.  rr- 
<<îWM  (adj.  part,  à  sens  actif,  voy.  réservé r, 
.subst.  retenue  —  Du  supin  L.  retentum,  le 
subst.  retentio,  fr.  rétention  et  adj.  retenti f. 

RETENTIR,  =  re  -\-  vfr.  tnHir^  lequel 
vient  d'une  forme  L.  tinnitire  p.  tinnitare, 
fréq.  de  tinnire.  Le  L.  tinnitarc  a  donné 
tinter. 

RÉTICENCE,  L.  reticentia  (de  re-ticere,  se 
taire). 

RETICULE,  L.  reticulum  (voy.  réseau).  Ce 
mot,  au  sens  de  petit  sac,  s'est  gâté  en  ridi- 
cule, 

RÉTIF,  vfr.  restif,  qui  s'arrête  ou  recule  au 
lieu  d'avancer,  prov.  restiu,  it.  restio  p.  res- 
tivo  (à  Milan  on  dit  restin),  dér,  du  L.  res- 
tare  =  resistere,  regimber.  —  D.  rétireté, 

RÉTINE,  d'un  type  L.  retina,  dér.  de  rrfe, 
réseau  ;  l'ail,  dit  de  même  netz-haut, 

RETIRER,  tirer  en  arrière,  syn.  de  retraire. 

—  D  rcfir<?Vadj.),  retirade. 
RETORDRE,  renforcement  de  tordre,  cor- 
respondant au  L.re-torquere^  dont  les  savants 
ont  fait  rétorquer.  Du  part,  retortus  ou  relor- 
sus  viennent  :  fr  retors  =  retordu  ;  retofie, 
cornue;  retorsion,  -if, 

RÉTORQUER,  voy.  l'art,  préc. 

RETORS,  RETORTE,  voy.  retordre. 

RETOURNER,  =  r<?  -f  tourner,  au  sens 
actif  et  neutre.  —  D.  subst.  verbal  retour. 

RÉTRACTER,  L.  retractare,  fréq.  de  re- 
trahere,  retirer.  —  D.  rétractation. 

RETRAIRE,  L.  re-trahere,  retirer,  dont  le 
supin  retractum  a  donné  :  retractus,  fr. 
retrait,  subst.  part.  fém.  retracta,  fr.  retraite; 
puis  les  mots  savants  rétraction  et  rctrac- 
tile, 

RETRAITE,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  retrai- 
ter, mettre  à  la  retraite. 

RETRANCHER,  renforcement  de  trancher. 

—  D.  retranchemefit,  1.  action  de  retrancher, 
2.  espace  retranché,  séparé  d'un  plus  grand  ; 
de  la  dernière  acception  s'est  déduite  l'accep- 
tion spéciale  et  militaire  du  verbe  se  retran- 
cher, 

RÉTRÉCIR,  =  re  +  étrécir  (v.  c.  m.).  — 
D.  rétrécissement, 

RÉTRIBUER,  L.  re-tribuere,  payer  en 
retour,  d'oùretributionem,  fr.  rétribution. 

RÉTRO,  adverbe  latin,  francisé  en  rère, 
riére  (d'où  les  composés  ar-rière,  de-rière, 
auj.  derrière).  On  le  trouve  encore  appliqué, 
comme  préfixe,  dans  les  mots  fr.  (du  fonds 
savant)  suivants  :  rétroagir  (-actùm,  actif), 
rétrocéder  et  rétrocession,  rétrograde,  L. 
retrogradus  d'où  rétrograda;  -ation),  rétro- 
spf'ctif{de  retrospicere). 

RETROUSSER,  voy.  trousser.  —  D.  re- 
troussis, 

RETS,  1^  repi'ésente  l'ancienne  finale  du 
nominatif  (cp.  temps,  corps,  etc.),  du  L.  rete, 
m.  s.  —  Voy.  auss^i  réseau,  rétine. 


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RÉUNIR,  du  BL.  re-unire,  iterum  conjun- 
gorc;  anj.  le  sens  iMratif  du  re  s*est  effacé; 
subst.  réunion,  fait  sur  le  patron  de  union. 

RÉUSSIR,  vfr.  réissir ,  =  rc  +  issir  (voy, 
issu),  anc.  aussi  (sans  ré)  ussir  (it.  uscire).  Le 
mot  dit  donc  pr.  sortir,  résulter,  avoir  une 
issue  bonne  ou  mauvaise  (Molière  dans  le 
Tartufe  :  «  Vovons  ce  qui  pourra  de  ceci  réus- 
sir »),  puis  spéc.  avoir  un  bon  résultat.  —  D. 
subst.  part,  réussite,  direct,  de  l'it.  riuscita. 
—  La  substitution  des  formes  vfr.  ussir,  it. 
uscire  à  issir  et  escire  est  peut-être  fondée 
sur  quelque  allusion  au  vfr.  us,  it.  uscio, 
porte,  issue (aui.  huis,  v.  c.  m.). 

REVANGHER,  forme  durcie  do  Tanc.  recoi- 
ffer, prov.  reoenjar,  angl.  revenge  (voy.  ven- 
ger), Cp.  pour  ce  changement,  la  fluctuation 
qui  se  présentait  jadis  entre  vfr.  nage,  et 
nache^  du  L.  natica.  —  D.  revanche. 

RÊVE,  anc.  resve,  verbe  rêver.  Vs  est  inter- 
calaire, car  le  prov.  a  rena  (cp.  vfr.  esve  p. 
ève  =  L.  aqua).  On  a  mis  bien  des  étymolo- 
gies  en  avant  sur  ce  mot.  Nous  citons  d'abord 
celle  puisée  dans  le  gaél.  rabhd,  radotage. 
Partant  d'une  signification  première  de  cett« 
nature,  autant  vaudrait,  observe  Diez,  invo- 
quer un  type  latin  re-evare  =  être  pris  d'en- 
thousiasme. Le  P.  Labbé,  Ampère  et  Génin 
ont  supposé  une  parenté  avec  dcsver  (voy. 
cndêvcr)  ;  cela  est  impossible,  ne  fût-ce  qu'à 
raison  de  Y  s,  qui  est  organique  dans  desver 
et  épenthôtique  dans  resver.  D'autres,  peu 
soucieux  des  lois  physiologiques  qui  déter- 
minent la  formation  des  mots,  ont  cavaJiô- 
'  rement  avancé  soit  le  gr.  ^kfi^uv,  tourner, 
errer,  aller  à  laventure,  soit  re-puerare,  re- 
devenir enfant.  Chevallet,  enfin,  s'adresse  à, 
l'angl.  rave,  délirer,  rêver,  hoU.  reveîen,  m. 
s.  ;  il  cite  encore  un  anc.  ail.  reuberschen,  m, 
s.,  mais  ce  mot  m'est  inconnu.  Le  philologue 
parisien  ne  se  doutait  pas  que  les  mots  ger- 
maniques qu'il  cite  sont  empruntés  au  fran- 
çais. —  Avant  de  produire  une  étymologie 
plus  plausible,  nous  remarquerons  qu'il  ne 
faut  pas  perdre  de  vue  que  rêver  signifiait  à 
l'origine  •«  courir  çà  et  là  »,  faire  le  vagabond 
(on  disait  un  «  resveur  de  nuit  »,  p.  coureur 
de  nuit;  ;  que  le  mot  s'est  dit  ensuite  de  l'alié- 
nation mentale  (cette  acception  est  encore 
celle  de  langl.  rave,  cp.  notre  expr.  vous  ré- 
vcz,  p.  vous  divaguez,  vous  extravaguez),  puis 
enfin  des  songes.  Voici,  en  conséquence,  la 
solution  présentée  par  Diez,  et  qu'a  suivie 
Hurguy.  Rêve  est  une  variété  dialectale  de 
rage,  fait  parfaitement  acceptable  ;  on  voit  de 
même  alterner,  dans  la  vieille  langue,  les  for- 
mes caive  et  cage  (du  L.  cavea).  L'enchaîne- 
ment serait  :  rabia  (p.  rabies),  raive,  rêve; 
cette  succession  explique  la  longueur  de  la 
voyelle  radicale  e  et  partant  Vs  paragogique 
dont  elle  a  été  plus  tard  accompagnée.  L'a 
primitif  perce  encore  dans  l'orthographe 
angl.  rave  et  le  bourg,  ravasser.  Nous  hési- 
terions beaucoup  à  ébranler  le  crédit  de  l'opi- 
nion si  bien  justifiée  par  le  vénérable  profes- 
seur de  Bonn  ;  aussi  n'aurons-nous  garde  do 
le  faire.  Au  contraire,  nous  cherchons  à  la    ' 


fortifier.  Il  existait  au  xvi«  siècle  un  syno- 
nyme de  rêver  sous  la  forme  redder  (cp.  re- 
derie,  deliramemtum,  Vocab.  d'Evreux),  et  le 
dialecte  picard  a  conservé  un  verbe  réder, 
avec  le  sens  do  raffoler.  Les  deux  mots  se 
tiennent-ils  par  l'origine?  Nous  pensons  que 
oui.  Si  rêver  se  rattache  à  rabies  ou  plutôt  à 
rabia,  nous  rapporterons  redder  à  un  dérivé 
rabidus,  forcené,  en  délire,  d'où  rabidare, 
d'où  rabder,  ra/lder,  redder,  réder.  Le  chan- 
gement de  a  en  e,  en  position,  n'a,  comme 
on  sait,  rien  d'étrange  ni  d'irrégulier  dxins 
une  syllabe  atone.  —  Littré  s'adresse  au 
danois  rocve,  angl.  rove,  vagabonder,  mais  la 
voyelle  radicale  ne  permet  pas  de  le  suivre. 
—  Bugge(Rom.,  IV,  364)  s'efforce  par  trop 
subtilement  de  rattacher  notre  mot  à  L. 
errare,  errer,  divaguer,  par  l'intermédiaire 
d'un  dérivé  fictif  errâtare,  d'où,  par  l'aphérèse 
de  la  syllabe  initiale  et  la  syncope  de  *,  rem- 
placé par  V,  raver^  rêver.  Les  traces  qu'a  lais- 
sées dans  les  dialectes  italiens  le  type  'errati- 
care [radegar,  errer;  moden.  andèr aradégh, 
courir  çà  et  là)  ne  sont  pas  de  nature  à  nous 
convaincre  de  la  réalité  de  ce  rapport.  Malgré 
l'exemple  tiré  de  imbladare  devenu  emblaer, 
puis  emblaver,  il  reste  divers  petits  traits  qui 
ébranlent  le  crédit  de  cette  conjecture.  —  Du 
fr.  rêver  (plus  tard  resver,  rêvei*),  le  flam.  a  tii-é 
reven  et  revelen  (Kiliaen,  1599;  et  le  mha., 
reben.  La  langue  des  trouvères  avait  égale- 
ment une  forme  diminutive  révéler;  elle  se 
révèle  dans  l'adj.  révélé,  extravagant,  et  les 
subst.  revel,  reviel,  reviau,  aussi  rivel  (en 
angl.  revel,  revelrg),  divertissement,  réjouis- 
sance, pr.  extravagance,  ribote,  synonyme 
de  rêverie,  riverie,  qu'on  y  trouve  dans  le 
même  sens.  [Nous  n'adoptons  pas  la  manière 
de  voir  de  Diez  et  autres  qui  dérivent  ces 
vieux  mots  de  rebellare;  nous  les  ramenons 
de  préférence  au  premier  sens  de  rêver,  se 
laisser  aller  à  des  folies  nocturnes,  v.  pi.  h. 
On  peut  même  se  demander  si  le  terme  réveil- 
lon n'est  pas  p.  revelon,  par  assimilation  à 
veillée.  Après  cela,  nous  ne  disconvenons  pas 
qu'il  y  a  eu  un  vieux  verbe  révéler,  se  rebel- 
ler, mais  nous  le  tenons  pour  un  homonyme. 
Voy.  ma  noteBaud.  de  Condé,  p.  401.]  —  D. 
rêveur,  rêverie,  rêvasser. 

REVÉGHE,  port,  revesso;  selon  Diez  du  L. 
reversus,  retourné,  contraire.  Cette  étymo- 
logie, quelque  étrange  qu'elle  paraisse  au  pre- 
mier abord,  s'appuie  de  ce  fait  que  revêche 
reproduit  exactement  l'it.  rivescio  (rovescio), 
auquel,  à  raison  de  sa  signification  de  revers, 
renversé,  or  ne  saurait  contester  une  prove- 
nance de  reversus.  Ce  dernier,  par  la  syncope 
régulière  de  la  liquide  (cp.  dosum  p.  dorsum, 
L.  hœsi  p.  hœrsi),  a  pu  donner  rivescio, 
comme  vesica  a  fait  vescica.  La  même  syncope 
de  r  se  présente  dans  le  port,  et  esp.  rêves, 
revers,  port,  revessa*  contre-cx)urant.  L'anc. 
langue  offre  d'ailleurs  à  la  fois  reverse,  rc- 
verche  et  revesche.  —  Diez  pense  que  le  vfr. 
revois  représente  également  un  primitif  re- 
vesus  pour  reversus.  Cela  peut  être  vrai  pour 
le  mot  en  tant  que  synonyme  de  revêche  ;  mais 


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REZ 


—  442  — 


RIB 


quant  à  vfr.  recois,  signifiant  convaincu,  avéré, 
et  que  Ton  trouve  aussi  sous  les  formes  reveit, 
revoit,  j'estime  qu'il  ne  vient  pas  àerevocatus, 
étymologie  que  patronne  Burguy,  mais  du 
L.  re-tictus,  qui  correspond  exactement  pour 
le  sens  et  la  lettre.  Voy.  aussi  G.  Paris  Rom. 
Iir,  505. 

RÉVEILLER,  ==»  re  -f  éveiller.  —  D.  réveil, 
réveillon,  t.  de  peinture. 

RÉVEILLON,  repas  nocturne,  voy.  lart. 
rêve. 

RÉVÉLER,  L.  revelare,  pr.  dévoiler.  — 
D.  révélateur,  -ation,  L.  revelatorem,  -atio- 
nem. 

REVENDIQUER,  =  r«  +  L.  vindicare,  ré- 
clamer (Montaigne  a  vendiquer), —  D.  reven- 
dication. 

REVENIR,  L.  revenire.  —  D.  retenant  \ 
revenu  (ce  qui  rentre  d'une  mise  de  fonds  ou 
d'un  travail,  cp.  l'équivalent  latin  reditus,  de 
redire):  revenue,  jeune  pousse  de  bois;  revient 
(dans  «  prix  de  revient  »). 

RÊVER,  voy.  rêve. 

RÉVERBÉRER,  L.  re-verberare,  repousser, 
rejeter  (ne  s'applique  plus  qu'en  parlant  de  la 
lumière  et  de  la  chaleur).  —  D.  réverbération  ; 
réverbère,  d'abord  lame  concave  et  luisante  en 
fer-blanc  disposée  dans  le  fond  d'une  lampe, 
pour  réverbérer  la  lumière,  puis,  par  ellipse, 
lanterne  munie  de  cet  appareil. 

RÉVÉRER,  L.  re-vereri  —  D.  révérend, 
L.  reverendus;  révére^ice,  L.  reverentia,  d'où 
révéreiicieuA ,  -ieh 

REVERS,  subst.,  côté  retourné,  fig.  dis- 
grâce de  fortune,  du  L.  rc-versus,  retourné. 
Du  même  part,  latin  vient  le  subst.  BL.  rêver- 
sum,  réponse,  d'où  reversai;  puis  réversion, 
L.  reversionem,  et  réversible,  sujet  à  retour. 
Le  jeu  de  reversi,  aussi  reversis,  est  sans  doute 
de  même  origine  ;  c'est  une  sorte  de  triomphe 
renversée  ^esp.  rcvesino,  it.  rovescino). 

REVÊTIR,  1.  =  vêtir  facxîeptions  pr.  et 
fig.),  2.  investir,  3.  doubler.  —  D.  revêtement. 

REVISER,  L.  revisare,  fréq.  de  re-videre, 
d'où,  par  le  supin  revisum,  les  subst.  revisor, 
revisio,  fr.  réviseur,  revision. 

REVIVIFIER,  L.  revivificare. 

RÉVOLTE,  tiré  direct,  de  l'it.  rivolta,  subst. 
participial  de  rivolgere-^  L  revolvei*e,  retour- 
ner, bouleverser.  Le  mot  fait  double  emploi 
avec r^o/wf l'on,  qui  e .st  le  subst.  latin revolutio- 
nem.  —  D.  révolter. 

RÉVOLU,  L.  revolutus  (revolvere). 

RÉVOLUTION,  L.  revolutionem  (revolvere). 
—  D.  révolutionner,  -aire. 

RÉVOQUER,  L.  re-vocare,  rappeler.  —  D. 
révocalle,  révocation,  L.  revocationem. 

REVUE,  subst.  part,  de  revoir. 

RÉVULSION,  L.  revulsionem,  de  revulsum, 
supin  re-vellere,  d'où  aussi  révulsif. 

REZ,  anc.  subst.  =  niveau,  état  de  ce  qui 
est  à  fleur  de  ;  il  n'est  plus  d'usage  que  dans 
le  composé  rez-de-chaussée,  puis  comme  pré- 
position signifiant  à  fleur  ou  à  ras  de  [rez 
pied,  rez  terrc)\  du  môme  L.  rasus  (part,  de 
radere),  dont  on  a  tiré  la  formerai  (v.  cm.). 


RHÉTEUR,  L.  rhetorem,  du  gr.  A'î-»?,  de 
^i«,  je  parle;  rhétorique^  gr.  pnrvptxr,  s.  e. 
rix^ri^  art  du  rhéteur.  —  D.  rhétoricien. 

RHINOCÉROS,  L.  rhinocéros,  du  gr.  /civ^lo»; 
^de  pii,  pvo's,  nez,  et  xip»;,  corne);  l'ail,  tra- 
duit exactement  le  mot  par  nas-hom. 

RHODODENDRON,  gr.  ^oBôBivcpo^,  pr.  arbre- 
rosier. 

RHOMBE,  L.  rhombus,  losange,  du  gr. 
pofi^oi.  —  D  rhomboïde^  gr.  /ç-s^Soticiî;,  qui  a 
la  forme  (Cdoi)  du  rhombe. 

RHUBARBE,  prov.  reubai*da,  esp.  ndbarbo, 
it.  reobarbaro,  du  L.  rheu-barbarum;  Isidore 
interprète  rheu  par  racine,  mais  c'est  une 
erreur;  rheu  représente  le  gr.  ^^«v,adj.  de  Ta, 
L.  Rha,  nom  indigène  du  Volga  (chez  les 
Latins  Rha  barbarum  et  Rha  ponticum).  La 
forme  Rha  s.  donné  lieu  à  l'it.  rabarbaro  et 
ail.  rhabarber.  La  rhubarbe  se  tirait  princi- 
palement des  rives  du  Volga. 

RHUM,  de  Tangl.  rum,  qui,  selon  les  uns, 
vient  du  sanscrit  rôma,  eau,  selon  d'autres,  de 
source  américaine. 

RHUME,  vfr.  reume,  prov.  rauma,  fluxion, 
du  L.  rheuma,  gr.  /i«V«»  fluxion;  cp.  le 
terme  analogue  catarrhe,  de  xari^/Sot»,  pr.  = 
defluxus.  —  D.  enrhumer  [s') \  rhumatique, 
gr.  friVfi%rt*6i'^rhumatiser,gr.^iuu9Tiiti^;  rhu- 
matisme (d'où  rhumatismal),  gr.  ptufixTn/ici. 

RHYTHME,  L.  rhythmus,  du  gr.  ^u^i^o;, 
nombre,  mesure,  symétrie.  —  D.  rhythmcr; 
rhythmique,  ç;r.  ^u^/iuo;. 

RIBAMBELLE,  longue  suite,  mot  burlesque 
détymologie  inconnue.  Littré  pense  à  riban 
=  ruban  ;  le  mot  aurait  été  forgé  sur  l'idée 
«  belle  file  ». 

RIBAUD,  vfr.  ribcdt,  it.  ribaldo,  nord,  et 
mha.  ribbalt,  BL.  ribaldus,  enfant  perdu  de 
l'armée,  bandit,  débauché,  libertin.  Grimm, 
pai-tant  do  l'acception  «  déterminé,  intrépide  •», 
dérive  le  mot  du  vha.  rcffimbald,  homme 
hardi,  «  perfortis,  latro  »•,  mais  ce  type  ger- 
manique se  serait  rbmanisé  par  it.  rambaJdo, 
fr.  raimbaut^  rimbaut  (ce  mot  existe  comme 
nom  de  famille  très  répandu).  Diez  insiste  sur 
la  définition  :  fures,  exules,  excommunicati, 
en  un  mot  homme  sans  aveu  (Nicot  inter- 
prète :  putior,  bordelier)  ;  il  rapporte  ainsi  le 
mot  au  vha.  hriba,  mna.  rîbe,  prostituée, 
qui,  joint  au  suffixe  péjoratif  a/(2,  aurait  donné 
ribaldo,  etc.  Cp.  vfr.  riber,  séduire  des  fem- 
mes, auj.  Hbler,  courir  la  nuit.  —  En  partant 
de  l'ail,  reiben,  mha.  riben,  fricare,  terere, 
je  vois  dans  ribaud  une  appellation  analogue 
aux  termes  latins  perfrictus,  Iritus,  fr.  fourbe, 
fripon,  polisson,  qui  découlent  tous  de  l'idée 
frotter.  —  D.  ribauder,  -crie;  anc.  ribaude- 
quin,  arme  ou  engin  des  ribauds.  —  Ribote, 
ribotcr  sont  des  dérivés  du  même  radical  iHb. 

RIBE,  moulin  à  meule  conique  pour  broyer 
le  chanvre.  Bugge  (Rom.,  III,  156;  s'adresse 
au  bas-ail.  repe  (fém.),  brisoir,  broie,  suéd. 
repa,  brisoir,  ni.  repel  (Kiliaen,  repe,  instni- 
mentum  quo  lini  semen  stringiturj,  nha.  riffe, 
riffcL 

RIBES,  de  l'arabe  ribas. 

1.  RIBLER,  voy.  ribaud.  —  D.  ribleur. 


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RIC 


—  443  — 


RIF 


2.  BIBLER,  aiguiser,  de  Vall.  riben,  auj. 
reibcn,  frotter? 

RIBLETTES,  tranches  de  lard,  frites  dans 
la  poêle,  dont  on  entrelarde  souvent  les  ome- 
lettes. Dc^tymologie  inconnue.  Au  moyen  d'un 
renfort  de  huit  chaînons  intermédiaires,  Mé- 
nage était  parvenu  à  faire  tenir  ensemble  rib- 
lette  et  L.  lariditm  !  Aujourd'hui,  l'on  ne  se 
joue  plus  si  aisément  de  son  public,  —  Peut-être 
du  germ.  rib,  rip  (aW.  rippe),  côte,  nervure 
(saillies  longitudinales  des  feuilles).  —  Bugge 
(Rom.,  III,  157) rapproche  deriblette  le  suéd 
reppling,  tranche  (de  viande,  de  fromage,etc.) 
norv.  ripd  ou  repel,  long  et  étroit  morceau 
verbes  suéd.  repa,  déchirer,  arracher,  norv 
ripa  ou  repa,  dépouiller,  angl.  rip,   arra- 
cher. La  même  racine  a  donné  ribe  et  riblon 

RIBLON,  «  petits  morceaus  de  fer  à  refon- 
dre  »».  J'avais  jusqu*ici  assigné  à  ce  mot,  qui 
signifie  proprement  rognure,  pour  étymol.,  le 
germ.  riben^  reiben,  frotter,  broyer,  mais  je 
me  rallie  à  Uopinion  do  Bugge  indiquée  à 
l'art,  préc. 

RIBOTB,  RIBOTBB.  voy.  Hbaud.  Littré 
croit  qtie  riboter  est  =  rebouter,  bouter  de 
nouveau,  bouter  sans  cesse,  mais  on  n'entre- 
voit pas  trop  la  liaison  des  sens. 

RICANER,  vfr.  et  dial.  recaner,  rechanery 
recaigner,  grincer  des  dents,  braire  comme 
l'âne,  clabauder,  asp.  reganar,  prov.  reganar, 
grincer  des  dents.  Diez  pense  que  ces  mots 
tiennent  au  L  cachinnare,  rire  à  bouche 
ouverte,  d'où  procéderaient  les  différentes  ac- 
ceptions ;  l'élément  prépositif  ri  pour  re  lui 
parait  être  une  modification  postérieure  amenée 
par  la  relation  du  sens  avec  Hre,  Je  doute  de 
cette  étymologie;  à  part  les  improbabilités 
résidant  dans  la  forme,  le  sens  aurait  tourné 
au  contraire,  car  ricaner,  c'est  rire  à  demi,  et 
non  pas  à  bouche  ouverte.  Toutefois,  je  n'ai 
rien  de  mieux  à  opposer;  je  dirai  seulement 
que  l'interprétation  de  Nicot  «  lascivire  »  et 
la  forme  anc.  re-caigncr  font  penser  à  canis, 
à  moins  qu'il  n'y  ait  deux  homonymes  à  dis- 
tinguer. Littré  indique  vha.  geinan,  ouvrir  la 
bouche.  —  D.  ricanement,  ricaneur,  -etHe. 

RIG-A-RIG  =^  au  pied  de  la  lettre,  avec  une 
exactitude  rigoureuse.  D'origine  inconnue  ;  du 
radical  Hg  {g  final  durci)  do  rigor,  rigueur? 
ou  du  prov.  rie,  puissant,   fier,  rigoureux? 

RICHE,  it.  ricco,  esp.  rieo,  prov.  rie,  du 
vha.  rihhi,  goth.  reiks,  ail.  mod.  reich,  angl. 
rich,  —  D.  richesse  (vfr.  richeté,  ricoise, 
prov.  riqueza);  richard;  enrichir. 

RICIN,  L.ricinus. 

RICOCHER,  d'où  ricochet.  L'étymologie  de 
ricochet  ne  peut  être  entreprise  avec  quelque 
sûreté  que  lorsqu'on  sera  éclairé  sur  l'origine 
de  la  locution  proverbiale  «  c'est  la  fable  (ou  la 
chanson)  du  ricochet  »,  et  surtout  sur  le 
fond  de  cette  fable,  que  les  Italiens  appellent 
la  favola  delV  iiccelUno,  c.-à-d.  de  l'oiseau. 
Si,  dans  ladite  fable,  que  personne  n'a  encore 
révélée,  il  s'agit  réellement  d'un  oiseau  comme 
du  principal  personnage,  on  est  à  priori  porté 
à  décomposer  ricochet  par  ri  (forme  populaire 
p.  re,  ou,  dans  le  cas  spécial,  pourvu  d'une 


autre  valeur),  et  cocT^t,  jeune  coq.  Qu'un 
oiseau  est  en  jeu,  on  est  autorisé  à  le  présu- 
mer en  voyant  les  Anglais  traduire  ricochet 
par  la  formule  «  a  duck  and  a  drahc  »  (une 
cane  et  un  canard),  les  Allemands  (en  termes 
d'artilleriej  par^ô//er,qui  est  aussi  le  nom  du 
piC'Vert.  —  S'il  s'agissait  d'expliquer  ricocher, 
ricochet  en  tant  qu'exprimant  l'idée  de  répéti- 
tion, sans  patronner  une  étym.  faite  par  je  ne 
sais  plus  qui  :  «  coche  répétée  »,  coche  étant 
dit  de  la  hachure  que  la  pierre  fait  en  rasant 
la  surface  de  l'eau,  j'alléguerais  soit  re  -\- 
cocher  (cocher  pris  p.  décocher),  soit  un  type 
lat.  recoctiare*  (tiré  de  recoctus),  recuire  au 
sens  figuré  de  rebattre,  multiplier  à  l'infini, 
soit  enfin  re  -j-  copiare^  multiplier  (cp.jwocA<5 
de  propius).  —  A  propos  de  la  «  fable  du  rico- 
chet »,  je  juge  intéressant  de  fixer  l'attention 
des  amateurs  sur  le  passage  suivant  do  Bau- 
douin de  Sebourg,  XIV,  947  : 

Tant  la  mena  la  dame  de  quoquet  en  fàblel. 
Que  11  rois  li  dîst  :  Dame,  foi  que  dol  Jupitel,  etc. 

RIDE»  RIDEAU,  voy.  rider. 

RIDELLE,  chacun  des  deux  côtés  d'une 
charrette  (faits  en  forme  de  râtelier)  :  brin  de 
chêne  en  grume;  on  trouve  aussi  rizelle  et 
rudelle;  de  même  reddaUe,  gros  bâton,  et 
redon,  bâton  de  fagot.  Littré  pense  que  ce 
sont  là  des  dérivés  du  L.  rudis,  rudicula, 
baguette,  et  aussi  de  ridica,  échalas,  piquet. 
—  Il  se  pourrait  bien  que  ridelle  fût  de  la 
famille  de  rideau  (objet  qui  cache,  préserve)  ; 
cp.  le  mot  rideau  appliqué  â  une  rangée  d'ar- 
bres préservant  du  vent  ou  du  soleil.  —  L'angl. 
traduit  ridelle  par  rock,  pr.  râtelier;  cela 
porte  vers  une  étymologie  L.  rete,  rets, 
réseau.  La  forme  première,  dans  cette  hypo- 
thèse, serait  redelle. 

RIDER,  froncer,  plisser,  du  vlia.  ga-ridan, 
mha.  riden,  ags.  vridhan[d!o\x  angl.  vtrithe), 
tordre;  acy.  vha.  rcj'rf,  crêpé,  ridé.  —  \y.ride; 
dim.  rideV  rideau,  BL.  ridellus,  v.  angl. 
ridel,  riddle,  pr.  qqch.  do  plissé.  —  Périon, 
de  son  temps,  n'hésitait  pas  â  poser  le  grec 
jiurli  (=  rugosité  quelconque),  comme  l'éty- 
mologie de  ride. 

1 .  RIDICULE,  a<]y .,  L.  ridiculus  (ridere).  — 
D.  ridicuîité,  ridiculiser. 

2.  RIDICULE,  subst.  masc,  voy.  réseau  et 
réticule. 

RIÊBLE,  nom  de  plante  ;  d'où? 

RIEN,  vfr.  ren  ^jadis  du  genre  féminin), 
pr.  chose  ;  le  sens  opposé  est  le  fait  de  la  né- 
gation qui  accompagne  le  mot  (voy.  l'art. 
néant).  Du  L.  rem,  ace.  de  res. 

RIFFER,  vieux  verbe,  égratigner,  écorcher , 
cp.  le  bavarois  riffen,  m.  s.,  variété  de  l'ail. 
raffen,  reffen,  arracher.  —  Forme  diminu- 
tive  :  rifler,  variété  de  rafler  (cp.  nha.  riffeln, 
V.  flam.  ryffelen,  angl.  rifle). 

1.  RIFLARD,  rabot,  voy.  rifler. 

2.  RIFLARD,  vieux  parapluie;  d'une  pièce 
do  Picard  (la  Petite  Ville),  où  l'acteur  chargé 
du  rôle  de  Riflard  apparaît  armé  d'un  énorme 
parapluie. 

RIFLER,  voy.  riffer.  —  D.  riflard  1,  gros 
rabot. 


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RIN 


—  444  — 


RIQ 


RIGIDE,  mot  savant,  L.  riffidus,  —  D.  ri- 
ffiditéf  L.  rigiditatem.  —  Le  même  adj.  latin 
est  le  primitif  de  roit*  roide  (v.  c.  m.). 

RIGODON,  mieux  rigaudon^  espèce  d'air  et 
de  danse  ;  d'après  Rousseau  (Dict.  de  musi- 
que), du  nom  de  l'inventeur  Rigaud, 

RIGOLE,  vfr.  rigot^  BL.  Hgora,  rigulus, 
it.  rigoro,  dérivé  du  BL.  rigus,  ruisseau. 
D'après  les  uns,  d'origine  celtique;  ils  allè- 
guent cymr.  rhig,  entaille,  rhigoî,  sillon, 
petit  fossé.  D'autres  invoquent  le  bas-ail.  rige, 
ruisseau.  Je  ne  vois  pas  pourquoi  le  L.  rigare, 
arroser  (d'où  aussi  BL.  riga,  fr.  raie,  sillon) 
ne  suffirait  pas. 

RIGOLER,  SE  RIGOLER,  se  divertir,  s'amu- 
ser ;  partant  de  l'idée  «  danser  «J'avais  avancé 
l'étymologie  vha.  riga,  nha.  reigen^  danse  par 
files  ;  je  crois  pouvoir  y  renoncer.  Notre  verbe 
était  jadis  transitif  et  signifiait  «  railler,  se 
moquer  »,  voy.  Jean  de  Condé,  I,  p.  21, 
V.  694;  Froissart.Chron.,éd.  Kervyn,  VI,  25 
(notes);  Chansons  du  xv*  siècle  (éd.  Paris), 
p.  56,  et  mon  Gloss.  de  la  Geste  de  Liège, 
p.  264.  Quant  à  l'origine,  G.  Paris  pose  le 
L.  ridicuïus, 

RIGUEUR,  L.rigorem  — D.  rigoureux,  L. 
rigorosus;  rigorisme,  rigoriste, 

RDfE,  prov.,  esp.  et  it.  rima;  prov.  aussi 
nm  imasc).  On  ne  peut  balancer  qu'entre 
deux  étymologies,  savoir  le  L.  rhythmus  et 
l'aU.  rim,  auj.  reim,  série,  nombre,  puis 
rime.  Au  moyen  âge,  rhythmus  n'a  jamais 
exprimé  la  consonance;  versus  rhythmicus 
s'appliquait  d'abord  au  vers  soumis  à  la  me- 
sure, au  mètre  des  syllabes,  puis  au  vers  rimé, 
pour  autant  qu'il  est  assujetti  à  un  nombre 
fixe  de  syllabes.  C'est  cette  dernière  espèce  qui 
a  fini  par  s'appeler  rima.  Mais  ce  mot,  pré- 
tend Diez  pour  de  bonnes  raisons,  ne  peut,  du 
moins  en  ce  qui  concerne  Tit.,  en  aucune 
façon  procéder  de  rhythmus,  tandis  qu'il  s'ac- 
corde porfaitement  avec  l'ail.  r(m,  nombre  (on 
trouve  ce  mot  aussi  dans  quelques  idiomes 
celtiques).  «  Si  l'on  objecte,  poursuit  Diez, 
que  le  vers  rimé  ne  s'est  développé  chez  les 
Allemands  qu'à  une  époque  postérieure  à  l'ap 
parition  du  mot  roman  rima,  on  peut  répon- 
dre qu'ils  le  connaissaient  tout  en  n'en  faisant 
pas  usage.  Au  surplus,  les  Romans  peuvent 
s'être  approprié  dès  longtemps  le  mot  alle- 
mand dans  son  ancienne  signification  de  nom- 
bre, et  même  avoir  communiqué  à  ce  dernier 
sa  valeur  actuelle.  »  Notez  bien,  ajouterons- 
nous,  que  rime  s'appliquait  dans  le  principe 
au  vers  nombre  (non  rhythmé),  qui,  lui,  était 
accompagné  de  ce  que  l'on  appelle  aujourd'hui 
la  rime.  La  rime  constituait  donc  d'abord 
l'accessoire.  —  D.  rimeur,  rimailler,  -asser. 
—  De  rime,  nombre,  vient  aussi  le  cps.  arri- 
mer, entasser  (dans  le  berrichon,  enrimer, 
arranger  symétriquement). 

RIMEUX,  fendillé,  L.  rimosus,  de  rima, 
crevasse. 

RINCEAU,  voy.  rain  2. 

RINCER,  d'après  Diez,  p.  rinser  (puisque  le 
pic.  dit  rinser  et  non  pas  rincher,  et  que  les 
anciens  dictionnaires  portent  reinser)\  donc 


du  nord,  hreinsa,  nettoyer.  L'autorité  de  Diei 
me  fait  abandonner  une  étymologie  tirée  de 
ramus^cip.  p.  la  forme  rinceau,  et  pour  le 
sens  ramoner,  nettoyer).  —  Langensiepen 
n'aura  guère  de  succès  avec  son  étymologie, 
d'ailleui^s  habilement  exposée  :  savoir  un  mot 
hypothétique  rinciare  p.  rincare,  lequel  se 
rapporterait  à  runcare,  sarcler,  racler,  comme 
pingere  à  pungere,  —  Ce  qui  affaiblit  consi- 
dérablement la  valeur  de  l'opinion  de  Diez  et  de 
la  mienne,  c'est  que  rincer  est  une  forme  con- 
tracte de  l'équivalent  vfr.  raincier  (pron.  ra- 
incier),  dont  l'origine  reste  à  trouver.  Vov. 
Grôb.,  Ztschr.,  VI,  112.  —  Schuchart  (ib„ 
424;,  propose  "re-initiare  (renouveler),  bien 
que  strictement  il  faudrait  ra-eticier.  Il  faut 
écarter  recentiare  (v.  pi.  h.  rechinser). 

RIOLÉ,  rayé  ;  par  syncope  du  g,  de  rigolé, 
dér.  de  rigole,  ou  du  vha.  riga,  ligne.  L'anc. 
fr.  riulé,  l'églé,  rayé,  ne  convient  pas,  car  riu 
n'y  forme  qu'une  syllabe.  —  L'it.  rigato, 
rayé,  prouve  également  en  faveur  d'un  thème 
rig, 

RIORTE,  anc.  reorte,  voy.  rouelles, 

RIOTER,  rire  un  peu  ;  dim.  de  rire. 

RIOTTE,  vieux  mot,  querelle,  tumulte  (d'où 
angl.  riot),  prov.  Hota,  it.  rioUa.  D'origine 
incertaine  ;  peutrêtre,  dit  Diez,  du  vha.  riltan, 
frotter  (ce  qui  expliquerait  aussi  la  forme 
V.  flam.  remt,  ravot);  cp.  esp.  refriega,  dis- 
pute, de  fricare,  frotter.  L'étymologie  rixa, 
querelle,  est  impossible. 

RIPAILLE  (faire)  ;  d'après  la  tradition  (con- 
testée par  quelques-uns),  d'un  lieu  nommé 
Ripaille,  sur  le  bord  du  lac  de  Genève,  parce 
qu'Amédée  VIII,  duc  de  Savoie,  après  avoir 
abandonné  le  gouvernement  en  1430,  s'y 
serait  retiré,  uniquement  pour  s'y  livrer  aux 
plaisirs  de  la  table.  —  Le  Duchat  pensait  à 
une  contraction  (monstrueuse)  de  repaissaille, 
mot  de  Rabelais  !  —  Une  fois  qu'abandonnant 
le  terrain  historique,  on  se  laisse  aller  à  la 
conjecture,  j'aimerais  autant  voir  dans  le  mot 
un  parent  de  rihaud  (v.  c.  m.)  ou  ribote,  et  le 
rattacher,  non  pas  à  l'ail,  riben,  puisque  b  ne 
devient  jamais  p,  mais  à  la  forme  populaire 
équivalente  rippen,  ribben,  d'où  vient  aussi 
le  fr.  riper,  gratter. 

RIPER,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  ripe,  outil 
pour  gratter. 

RIPOPÉE,  aussi  ripaupé,  mélange  de  restes 
de  vins.  D'origine  inconnue. 

RIPOSTE,  anc.  aussi  risposte,  de  l'it.  ri- 
sposta,  subst.  partie,  de  rispondere,  répondre  ; 
prov.,   port,  resposta,  esp.  respuesta,  — D 
riposter. 

1 .  RIQUET,  grillon  ;  c'est  probablement  le 
mot  a*iquei  mutilé. 

2.  RIQUET,  contrefait,  bossu,  riquet  à  la 
houppe,  m.  s.  par  allusion  à  un  personnage 
des  Contes  de  Perrault;  en  angl.  le  nom  usuel 
pour  la  maladie  dite  rachitis  est  le  plur,  the 
rickcts,  mais  il  a  été  historiquement  démontré 
que  ce  dernier  est  étymologiquement  indépen- 
dant du  gr.  'f.%ylxii,  bien  qu'il  ait  fini  par  dési- 
gner cette  maladie.  M.  Kecks,  prof,  de  méde- 
cine d  Bonn,  a  consacré  à  ce  sujet  une  re- 


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RIV 


445  — 


ROC 


cherche  toute  spéciale  (Archiv  fûr  Gynâkologie, 
Bd.  XX VII),  d'où  il  résulte  que  Tangl.  rickets 
est  d'origine  commune  avec  notre  fr.  riquet  et 
doit  son  nom  à  la  légende  populaire.  Sur  les 
traces  de  Ch.  DeiUin,  ••  Les  Contes  de  ma  Mère 
rOye  avant  Perrault  »,  il  expose  que  le  Riquet 
à  la  houppe  de  Perrault  représente  le  nain 
Alberic  de  la  légende  germanique  (identique 
avec  Alberon,  Auberon,  Oberon)  et  que  Riquet 
est  une  abréviation  de  Alberiquet;  riquet, 
bossu,  particulièrement  usuel  en  Noraiandie, 
a  passé  avec  les  Normands  en  Angleterre  avec 
le  sens  de  bossu  ou  de  bosse,  et  s'est  appliqué 
définitivement  dans  ce  pays  aux  affections 
rachi  tiques. 

RIRE,  L.  ridêre,  par  l'intermédiaire  d'une 
forme  barbare  ridëre  (cp.  taire  de  tacëre  p. 
tacêre).  —  D,  rieur,  rtoter,  risible,  direct,  du 
L.  risibilis, 

1 .  RIS,  L.  risus,  action  de  rire.  —  D.  risée. 

2.  RIS,  t.  de  marine,  propr.  les  plis  que 
fait  une  voile  dans  la  partie  qu'on  en  soustrait 
au  vent  ;  d'après  Littré,  du  danois  riv,  rifl, 
ris  ;  suéd.  ref,  angl.  reef,  —  D.  riser,  arriser, 
prendre  des  ris. 

3.  RIS  de  veau  ;  on  dit  que  c'est  une  forme 
gâtée  pour  rides  de  veau,  mais,  observe 
Littré,  on  trouve  au  xvi*  siècle  7*isée  pour 
fressure  ;  ris  doit  donc  tenir  à  risée;  mais  d'où 
vient  risée  f 

RISBAM,  t.  de  fortification,  de  l'ail,  m^- 
bank,  litt.  banc  d'arrachement  (mot  omis  dans 
Sanders).  —  Cp.  le  composé  fr.  risberme. 

RISDALE  ou  rixdale,  de  l'ail.  reichs-thcUer, 
écu  de  l'empire. 

RISIBLE,  L.  Hsibilis  (de  risum,  supin  de 
ridere).  —  D.  risibilité, 

RISQUER,  mettre  en  danger,  it.  risicare^ 
esp.  ar-riscare ;  subst.  it.  risico,  risco,  esp. 
riesgo,  BL.  riscus,  risigus,  fr.  risqub;  de 
Tesp.  risco,  écueil,  roclier  escarpé.  Ce  risco 
parait  venir  du  L.  resecare  (cp.  en  suéd. 
shûr,  écueil,  de  shûra,  couper).  L'écueil  con- 
stituant pour  le  marin  le  principal  danger, 
on  comprend  la  transition  de  sens;  aux  deux 
acceptions  propre  et  figurée  répondent,  en 
asp.,  deux  variétés  de  forme,  savoir  risco, 
rocher,  et  riesgo,  danger.  Cette  étymologie 
est  appuyée  par  Diez  sur  le  rapprochement  du 
prov.  mod.  resegtte,  danger,  avec  rezega, 
couper  ;  il  rappelle  aussi  le  mot  resega  = 
scie  et  danger,  des  dial.  de  Milan  et  de  Côme. 

—  D'après  Devic,  risque  est  l'arabe  risq  =»  ce 
qui  échoit  à  qqn.,  sort. 

RISSOLER;  Diez,  i*ejetant  la  manière  do 
voir  de  Mahn  (d'après  laquelle  ce  verbe  serait 
p.  roussoler  et  viendrait  de  roux,  comme  l'it. 
rosolare  vient  de  rosso),  rapporte  le  radi- 
cal fr.  à  un  verbe  répondant  au  dan.  riste, 
rûtir,  isl.,suéd.  rist,  rôt,  et  la  forme  it.  roso- 
lare, norm.  roussoler,  à  l'ail,  rôsten,  rôtir, 

—  D.  rissole,  rissolette. 

RIT,  RITE,  du  L.  ritus.  —  D.  rituel, 
L.  ritualis. 

RITOURNELLE,  do  Vit.  ritornello,  refrain 
[rilomare ,  retou  rner) . 

RIVAGE,  voy.  rive. 


RIVAL,  L.  rivalis.  «  Rivales  dic^bantur 
qui  in  agris  rivum  haberent  communem  et 
propter  eum  sœpe  discoptarent  •»  (Acron). 
Déjà  Cicéron  a  dit  «  amare  sine  rivali  ».  — 
D.  rivalité,  L.  rivalitatem;  rivaliser. 

RIVE,  L.  ripa.  —  D.  rivage,  BL.  ripati- 
cum,  terrain  avoisinant  une  rive;  rivière, 
BL.  riperia^  rivaria,  it.  rimera,  esp.  ribera 
(et  par  mutilation  vera),  port,  ribeircn  (et 
beira),  prov.  ribeira,  d'abord  =  rivage,  ou 
terre  arrosée*  par  un  cours  d'eau,  puis,  par 
extension,  le  cours  d'eau  même.  On  trouve, 
dans  la  basse  latinité,  même  le  primitif  ripa 
employé,  par  une  métonymie  analogue,  pour 
fluvius.  —  D.  arriver  (v.  c.  m.)  =  ad  ripam 
appelles. 

RIVER,  prob.  du  néerl.  rijven,  ou  du  nord. 
rifa,  dan.  rive,  râteler,  c.-à-d.  aplatir  ou 
replier  ce  qui  est  proéminent  ;  ces  verbes  sont 
du  reste  congénères  avec  le  vha.  riban,  ail. 
mod.  reiben,  frotter.  —  On  trouve  dans  Fai- 
dit  déjà  :  ribar,  clavos  repercutere.  — 
D.  rivure,  rivet,  Hvoir. 

RIVIÈRE,  voy.  nve.  —  D.  riverain, 

RIXE,  L.  riooa,  querelle. 

RIZ,  prov.  ris,  it.  riso,  ail.  reis,  valaque 
urëz,  du  L,  oryza,  gr.  op\t(^x.  —   D.  rizière. 

ROB,  suc  de  fniits,  it.  robbo,  rob,  esp.  rob, 
port,  robe,  de  l'arabe  robb,  m.  s. 

ROBE,  vêtement,  prov.  rauba,  dépouille  et 
robe,  catal.  roba,  esp.  ropa  (anc.  roba),  port. 
roupa,  it.  roba  (effets  en  général,  hardes). 
Tous  ces  mots  représentent  le  BL.  rauba, 
roba,  équivalent  du  L.  spolium,  signifiant  pr. 
butin,  dépouilles  enlevées  à  l'ennemi,  et  dont 
le  sens  s'est  généralisé  en  celui  d'effets,  choses 
d'équipement,  et  circonscrit  ultérieurement 
en  celui  de  vêtement,  tunique,  robe.  Rauba 
est  le  subst.  verbal  du  verbe  BL.  raubare^ 
voler,  dérober  (vfr.  rober),  lequel  vient  du 
vha.  roubôn,  roupôn  (ail.  mod.  raubeii),  ravir, 
piller.  • —  D.  robin;  desrober*  éLérober , 
dépouiller  (v.  c.  m.). 

1.  ROBIN,  homme  de  robe,  voy.  robe. 

2.  ROBIN,  nom  de  la  fable  pour  mouton, 
puis  terme  de  mépris  ;  c'est  une  forme  variée 
de  Robert,  qui  est  le  vha.  hruod-peraht ,  bril- 
lant en  gloire.  On  s'est  fourvoyé  en  déduisant 
robin  =  mouton  soit  du  L.  rupinus  (à  cause 
de  sa  têt«  dure,  ou  parce  que  les  moutons  se 
plaisent  sur  les  rochers),  soit  de  robe,  à  cause 
de  sa  toison.  Rofnn  est  pr.  un  prénom,  comme 
renard.  De  robin,  mouton,  vient  robinet, 
ainsi  nommé  parce  que  les  robinets  étaient  et 
sont  encore  faits  en  forme  de  tète  de  mouton 
(d'autres  pensent  que  le  nom  vient  de  l'inven» 
teur).  Cp.  l'équivalent  ail.  hahn,  pr.  coq. 

ROBINET,  voy.  l'art,  préc.  —  Littré  (Suppl.) 
dit  qu'il  est  difficile  do  disjoindre  étymologi- 
quement  robinet  de  robins  ou  roubine,  mots 
du  midi  de  la  France  et  signifiant  canal  d'écou- 
lement. 

ROBUSTE,  L.  robustus. 

1.  ROC,  masse  de  pierre,  it.  rocco  (cat.  roc, 
caillou,  gaôl.  roc,  angl.  rock),  formo  ma  se. 
ab.straite  du  féminin  roche,  prov.  roca,  roch  a, 
it.  rocca,  roccia,  esp.  roca.  L'origine  do  ce 


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ROD 


446  — 


ROM 


mot  roman  est  douteuse.  On  a  mis  en  avant 
tantôt  larabe  roc,  une  des  figures  du  jeu 
d*échocs,  tantôt  le  grec  yâwÇ,  fente,  ou  le  cymr. 
rhioff,  chose  proéminente.  D'après  Diez,  le  fr. 
roche  et  l'it.  roccia  reproduisent  un  type 
latin  rupea,  adj.  de  rupes  (cp.  approcher,  it. 
approcciare  de  appropiare),  tandis  que  l'it. 
rocca  provient  d'un  type  varié  rupica  (cp.  les 
dérivations  acica,  cutica,  natica  de  avis,  cutis, 
natis),  d'où  rup'ca,  puis,  par  assimilation, 
rocca.  Cette  solution  est  la  plus  plausible,  bien 
qu'elle  ne  soit  pas  à  Tabri  d'objections.  — 
Fœrster  (Grôb.  Ztschr.,  II,  86;,  vu  le  carac- 
tère ouvert  de  l'o  dans  les  mots  romans  en 
question,  proteste  contre  toute  connexité  avec 
L.  rupes  et  n'admet  qu'un  type  latin  yoccitm, 
'rocca,  *  roccia,  sans  rien  dire  de  plus  sur  l'ori- 
gine de  ces  vocables  hypothétiques.  —  D. 
rocaille,  rocher,  subst.  ;  verbe  fr.  rocher,  jeter 
des  pierres  (cps.  dérocher,  déroquer),  adj. 
rocheux;  dim.  rochellc,  —  Les  formes  néerl. 
rots,  gr.  mod.  /Jorja,  seraient-elles  détermi- 
nées par  l'it.  roccia  f 

2.  ROC,  anc.  la  tour  au  jeu  d'échecs,  it. 
rocco,  du  persan  rokh,  chameau  monté  par 
des  archers.  —  D.  roquer,  t.  du  jeu  d'échecs. 

ROCAILLE,  amas  de  petites  pierres,  dér. 
de  roc,  —  D.  rocailleux,  rocailleur, 

ROCAMBOLB,  de  l'ail.  roggen-boUcn,  litt. 
bulbe  de  seigle,  ainsi  appelée,  dit-on,  à  cause 
de  la  ressemblance  de  sa  tige  avec  celle  du 
seigle,  ou  de  celle  de  ses  bulbilles  avec  des 
grains  de  seigle. 

ROCHE,  ROCHER,  voy.  roc, 

1.  ROCHET,  it.  rocchetto,  esp.  roquctc.  Le 
primitif  de  ce  subst.  se  trouve  sous  la  forme 
latine  rocrus,  dans  un  capitulaire  de  Charlo- 
magne.  C'est  le  vha.  roc  (aussi  hroch),  nord. 
rochr,  ail.  moà,  rock,  robe.  Le  sens  rétréci 
*  vêtement  plissé  »  (d'où  port,  en-rocar,  it. 
arrocheitare,  plisser),  rappelle,  observe  Diez, 
le  nord,  hrucka,  gaél.  roc,  ride,  pli,  angl. 
to  ruck^  froncer. 

2.  ROCHET,  bobine,  fuseau,  dimin.  du  BL. 
rocca,  it.  rocca,  quenouille,  qui  vient  de 
l'ail,  rocke,  rocketi,  m  s.  Le  mot  dans  <•  roue 
à  rochet  »  est  probablement  le  môme. 

ROCOCO,  mot  abstrait  de  rocaille,  à  cause 
de  la  rocaille  qui  figurait  dans  le  style 
rococo. 

A 

RODER,  tournoyer,  courir  çà  et  là  (le  cir- 
conflexe n'a  pas  de  raison  étymologique)  ;  c'est 
le  prov.  rodar,  it.  rotare,  rouler,  tournoyer. 
L'anc.  langue  avait  p.  rôder  la  forme  plus 
française  rouer  ;  le  patois  rouchi  dit  de  même 
rouier,  ce  qui  confirme  l'étymologie  ci-dessus, 
posée  par  Diez  et  qu'avait  déjà  indiquée  Mé- 
nage. —  D.  rôdeur. 

RODOMONT;  c'est  pr.  le  nom  d'un  héros 
mauresque,  brave,  mais  altier  et  insolent, 
bien  connu  par  le  portrait  qu'en  font  le 
Boiardo  et  l'Arioste.  Le  nom  de  ce  héros, 
d'abord  rodamonle,  a  été  inventé  par  le 
Boiardo  et  signifie,  selon  Mahn,  dans  l'inten- 
tion de  l'inventeur,  un  homme  qui  prend  sur 
soi  «  de  rouler  ou  de  transporter  des  mon- 
tagnes t.  [rotare  monicm).  Les  interprétations 


par  ronge  (ix)dere)  montagne  (Le  Duchat)  ou 
par  l'ail,  red^  +  munter,  c.-àrd.  vif  de  parole 
(Vocab.  univ.  Ital.  de  Naples)  ne  méritent 
aucun  crédit.  —  D.  rodomontade, 

ROGATIONS,  L.  rogationes,  prières  Comme 
on  a  dit,  dans  la  vieille  langue,  roiœer  p.  ro^ 
gare,  on  y  trouve  aussi  le  subst.  rouvaisoft 
p.  rogaiionem.  —  Rogatoir£,  L.  rogcUorius 
(de  rogare,  demander). 

ROGATON,  1.  terme  plaisant  p.  requête; 
2.  petites  pièces  de  vers,  dédiées  à  des  sei- 
gneurs dans  un  but  intéressé  ;  3.  choses  de 
peu  de  valeur,  rebut,  restes  de  viande  ;  du 
L.  rogaium,  demande,  prière. 

ROGNE,  vfr.  roigne,  prov.  ronha,  it.  rogna  ^ 
gale  ;  d'après  Ménage  (approuvé  par  Diez),  du 
L.  robiginem,  rouille,  carie;  la  contraction 
est  forte,  mais  admissible.  —  D.  rogneux. 

ROGNER,  vfr.  rooi^ner  (employé  particulière- 
ment pour  la  coupe  des  cheveux),  prov.  redoti- 
har,  resoynar;  le  mot  rend  pr.  le  L.  circum- 
cidere  et  vient  évidemment  de  rotundus  (vfr. 
roond,  reond),  d'où  aussi  Tesp.  redondear, 
arrondir.  Pour  l'idée,  cp.  Tesp.  cercenar^ 
rogner,  de  circinus,  cercle.  —  D.  rognure. 

ROGNON  (d'où  it.  rognone),  esp.  rinon, 
prov.  roîhô,  ronhô;  dér.  de  rein  (v.  c.  m.). 
Le  mot  fr.  est  gâté  de  roignon  et  présuppose 
une  forme  dérivative  latine  renio,  -onis. 

1 .  ROGIJE,  arrogant,  d'après  Diez  du  nord. 
hràhr,  m.  s.  ;  le  mot  se  trouve  dans  la  plupait 
des  dialectes  celtiques,  ce  qui  rend  ropiiiion 
de  Diez  peu  sûre.  L'angl.  rogue  signifie  filou, 
vagabond  et  s'écarte  sensiblement  du  sens 
français  et  celtique.  Cp.  wall.  aroguer,  traiter 
avec  fierté,  angl.  to  rogue,  chapitrer  qqn. 
Malgré  Taifinité  du  sens,  L.  arrogare  parait 
devoir  être  écarté. 

2.  ROGUE,  œufs  do  poisson,  de  l'ail,  rogen, 
m.  s.,  isl.  rogn. 

ROHART,  ivoire  des  morses,  anc.  rochai^ 
rohal;  prob.  d'une  forme  antérieure  roshal 
s=.  anc.  ail.  rossxcall,  nordique  hrossvalr,  litt. 
clteval-balcine,  qui  est  identique  avec  ags. 
horshtoael,  morse.  Littré  se  trompe  en  con- 
sidérant notre  mot  comme  une  corruption  de 
rorqual;  voy.  Bugge.  Rom.,  III,  157. 

ROI,  vfr.  rei,  L.  rex  (thème  r€^;.  —  D.dim. 
roitelet  (cp.  le  L.  rcgulus,  gr.  ^açatMoç); 
notez  que  roitelet  est  pour  roiet-eUel,  triple 
diminution  ;  le  wallon  du  Hainaut  dit  roiei 
p.  roi;  adj.  royal,  L.  regalis. 

ROIDE  (aussi  raide),  vfr.  roiV,  prov.  regc, 
redc,  reze,  rot,  du  L.  rigidus  (cp.  froid  de 
frigidus).  —  D.  roideur,  roidir,  roidillon. 

ROITELET,  voy.  roi. 

ROLE,  prov.  7'otle,  rolle,  it.  rotolo,  rulo, 
esp.  rollo,  angl.  roll,  ail.  roi  le,  pr.  qqch.  de 
roulé,  rouleau  de  papier,  du  L.  rotulu^;,  rou- 
leau. —  D.  dim.  vfr.  rolel,  auj.  rouleau;  en- 
rôler; composé  contrôle  p.  contre-rôle. 

1.  ROMAINE,  balance,  de  l'arabe  rom- 
mana,  poids  et  balance. 

2.  ROMAINE,  espèce  de  laitue,  rapportée 
au  XIV*  siècle  d'Avignon,  où  siégeait  la  cour 
pontificale''ou  romaifie. 

1.  RO)IiN,  Vfr.  et  prov.  romans,  esp.  ro- 


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RON 


—  447  — 


ROS 


mancCf  it.  romanjfo,  BL.  romancium,  subst.; 

1 .  langage  du  peuple,  sermo  nisticus  (formé 
dans  les  pays  conquis  par  les  J^matit^),  opposé 
à   la   langue  latine  ou  savante  des  clercs; 

2.  composition  poétique  en  langue  vulgaire. 
—  De  là  le  verbe  pi*ov.  romansar,  vfr.  rowa;*- 
cier,  traduire  ou  écrire  en  roman,  puis  Tadj. 
romance  dans  «*  langue  romance  »  {langue 
romane  est  un  terme  savant  façonné  d  après 
lingua  romana),  et  le  subst.  romance,  d*oû 
les  dér.  wfr. romande,  art  de  faire  des  romans, 
et  romancier,  faiseur  de  romans.  —  La  forme 
romancium  parait  issue  de  Tadv.  romanice 
dans  «  romanice  loqui  »,  vfr.  parler  romans, 
A  l'ac^iusatif,  la  langue  des  trouvères  disait 
romant  (cp.  vfr.  nom.  païsans,  ace.  patsant)\ 
de  là  le  subst.  romant",  auj.  roman,  et  l'adj. 
romantique.  De  roman  la  langue  moderne  a 
tiré  Tadj.  romanesque  (l*i t.,  respectant  l'an- 
cienne finale  dentale,  dit  romanzesco),  et  le 
verbe  romaniser. 

2.  ROMAN,  anc.  adj.,  L.  romanus.  Aujour- 
d'hui on  désigne  par  langue  romane  une 
langue  issue  de  source  latine  ;  d'où  romaniste 
=  qui  s'occupe  de  l'étude  des  langues 
romanes. 

ROMANCE,  -GISR,  voy.  roman  1. 

ROMANISTE,  partisan  de  l'église  romaine, 
savant  en  droit  romain,  et  voy.  s.  rom,an  2. 

ROMANTIQUE,  voy.  roman.  —  D.  roman- 
tisme. 

ROMARIN,  L.  ros  marinas,  pr.  rosée 
marine. 

ROMPRE,  L.  rumpere,  dont  le  supin  rup- 
tum  a  donné  ruptura,  fr.  rupture,  Voy.  aussi 
le  subst.  route, 

RONGE,  anc.  épine  en  général,  du  L.  ru- 
mex,  rumicis,  espèce  de  dard.  Le  prov.  a 
ronser,  d'un  type  rumiciarius.  L'analogie  du 
L.  pumex  =  fr.  ponce  et  prov.  pomser,  et  du 
L.  pollex  =  fr.  pouce  et  prov.  poher,  et  le 
rapprochement  du  langued.  roumec,  ronce, 
ne  permettent  guère,  selon  Diez,  de  douter 
de  l'étymon  rumex.  Celui-ci  a  peut-être  signi- 
fié chardon,  plante  épineuse,  avant  de  sappli- 
(jucr  à  une  pointe  môtalliciue  (Pline  l'applique 
à  une  pliinte  dite  patienco;  ;  notre  mot  chardon 
no  signifîe-t-il  pas  aussi  une  pointe  en  fer?  — 
Le  BL.  runcus,  ronc43,  s'il  n'est  un  produit  de 
rumicus  (rumex),  doit  être  un  dérivé  du  L. 
ruticaj'e,  arracher  les  mauvaises  herbes.  — 
D.  ronceux^  ronceraie, 

RONGIN,  voy.  roussin. 

ROND,  vfr.  roond,  reond,  prov.  redon,  esp., 
port,  redondo,  it.  rotonde,  ritondo,  du  L.  ro- 
tundus.  —  D.  royide,  rondeau  (v.c.  m.),ron- 
delle^  rondelet,  rondache  (v.  c.  m.),  rondin, 
rondeur  ;  factitif  ari'ondir, 

RONDAGHE,  bouclier  rond,  aussi  appelé 
rondelle;  c'est  un  subst.  formé  de  rond  avec 
le  suffixe  aclie  (=  L.  aceus),  cp.  mordache, 
gapujche,  panache.  Chevallet  s'est  mépris  en 
fai.<iant  venir  le  mot  fr.  de  l'ail,  rund-tartsche  ; 
il  est  certain  que  ce  dernier  composé  a  été 
imaginé  pour  expliquer  rundartsche,  forme 
sous  laquelle  les  Allemands  se  sont  approprié 
rondache.  On  a  naturellement  été  amené  à  le 


faire,  vu  l'imitation  du  mot  fr.,  en  mettant  à 
profit  lexistense  du  mot  tartsche,  bouclier  ; 
ce  dernier,  toutefois,  quoique  d'extraction  pri- 
mitive germanique,  est  également  un  emprunt 
fait  au  français  (voy.  targe), 

RONDEAU,  ronder,  prov.  redondel.  pièce 
de  vers  -  faite  en  mode  circulaire  i»,  comme  dit 
Ch   Fontaine  (1576). 

RONDIN,  pr.  bois  rond.  —  D.  rondinei\ 

RONFLER,  prov.  ronflar,  sicil.  runfuliari, 
toscan  ronfiare,  lomb.  ronfare;  le  radical, 
dans  ce  mot  roman,  doit  être  le  même  que 
celui  du  vha.  rofazoti,  eructare  j  cp.  bret. 
ru/là,  gr.  pofiXv^  siroter,  grison  g-rufflar, 
ronfler.  Ronfler  est  prob.  p.  ronfuler  (suffixe 
diminutif  K^j;  la  contraction  a  pu  être  amenée 
par  assimilation  à  souffler,  ni  fier,  —  M.  Bou- 
cherie ramène  ronfler  à  L.  rhombus,  fuseau, 
par  un  verbe  dimin.  'rhomhulare,  bourdon- 
ner comme  fait  le  fuseau.  C'est  fort  douteux. 
Bien  plus  séduisante  est  la  conjecture  de  Caix 
(Studi  51),  qui  explique  row/?are  par  re-un^ 
flare  =  re-inflare,  en  s'appuyant,  pour  le 
sens,  sur  l'expression  de  Virgile  :  •*  somnum 
toto  pectore  jjro/îare  •». 

RONGER;  Ménage  pose  le  type  rodicare 
(rodere)  avec  insertion  de  n.  Cette  insertion 
n'étant  pas  usuelle  en  fr.  devant  les  palatales, 
Diez  juge  préférable  d'identifier  ro/i^er  avec 
l'esp.  et  le  port,  rumiar,  prov.  romiar,  qui  est 
le  L.  ê^umigare,  ruminer;  cette  signification 
de  ruminer  était  anciennement  propre  aussi 
à  notre  mot  fr.  ronger,  et  les  chasseurs  di- 
sent encore  •  le  cerf  fait  le  ronge  »,  c.-àd.  il 
rumine.  —  G.  Paris  est  plutôt  favorable  à  rorfe- 
care  (encore  conservé  dans  le  berrichon  et  poi- 
tevin rougier)  et  pense  que  rougicr  aura  été 
changé,  à  une  époque  assez  reculée  en  ron- 
gier,  sous  l'influence  de  rungier,  ruminer. 

ROQUER,  voy.  roc  2. 

1 .  ROQUET,  manteau  fort  court  des  laquais, 
comme  rochet  1,  dér.  de  l'ail,  rock. 

2.  ROQUET,  bobine,  autre  forme  de  ro- 
chet  2. 

3.  ROQUET,  chien  ;  Chevallet  rapproche  ce 
mot  du  v.  ail.  rakel,  reckcl,  isl.  racMi,  suéd. 
racka,  chien  ou  chienne  (voy.  aussi  notre  mot 
racaille);  ce  rapprochement  est-il  fondé?  Je 
n'en  sais  rien,  mais  j'en  doute.  Cp.  aussi 
rouquet,  lièvre  mâle.  —  D'après  Brachet,  le 
mot  désigne  proprement  le  chien  de  saint 
Roch. 

1 .  ROQUETTE,  diou,  angl.  rocket,  it.  rue- 
chetta,  esp.  ruqueta,  dimin.  des  mots  prov.  et 
it.  ruca,  prov.  et  esp .  oruga,  ail.  rauke,  qui 
vient  du  L  eruca,  m.  s. 

2.  ROQUETTE,  fusée,  angl.  rocket,  ail.  roc- 
ketc.  voy.  raquette  2. 

RORQUAL,  espèce  de  baleine,  n'a  rien  à 
faire,  selon  Buggo  (Rom.,  III,  157),  avec  le 
suéd.  rôr,  tuyau,  comme  pense  Littré(co  serait 
une  «  baleine  à  tuyau  »);  le  mot  signifie 
-  baleine  [quael)  rouge  »  ;  ror  représente  le 
suéJ.  randhr,  rouge. 

ROSAIRE,  voy.  rose, 

ROSBIF,  francisation  du  mot  anglais  roast- 
beef^  bœuf  rôti. 


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ROS 


448 


ROU 


ROSE,  L.  rosa,  A  la  rigueur  L.  rbsa  eût 
du  se  fraDciscr  par  reime,  mais  il  n'est  guère 
permis  pour  cela  d'établir  une  forme  secon- 
daire rossa  rien  que  pour  sauver  la  règle. 

—  D.  rosCf  adj.  (d'où  rosir  et  raser);  rosé, 
rosacé,  L.  rosaceus,  d'où  aussi  le  substant. 
rosace,  rosier,  L.  rosarium;  rosaire,  BL. 
rosarium  (les  gros  grains  du  chapelet  s'appe- 
laient des  roses,  voy.  chapelet,  sous  cape); 
roseite,  roséole  (cp.  rougeole)  ;  roson,  it.  ro- 
sone;  rosat,  L.  rosatum. 

ROSEAU,  roser,  prov.  ratuel,  dimin.  du 
prov.  raus,  qui  est  le  gotli.  raus,  vha.  rôr  {s 
=  r),  nha.  l'ohr,  jonc.  —  D.  roseliêre. 

ROSÉE,  prov.  rosada,  cat.  ruxada,  esp., 
port,  rociada,  it.  rugiada,  subst.  part,  du 
verbe  esp.  rociar,  cat.  riixar,  d'où  prov. 
ar-rosar,  fr.  ar-roser.  Le  verbe  roctar,  selon 
Diez,  dérive  de  Tadj.  rocio,  formé  du  L.  ros' 
cidus,  par  la  syncope  du  d  médial  (cp.  esp. 
limpiar  de  limpidus),  Voy.  notre  obs.  à  l'art. 
arroser. 

ROSIER,  voy.  rose,  —  D.  roseraie, 

ROSSE,  prov.  rossa,  it.  rossa,  mauvais  che- 
val. L'étym.  la  plus  naturelle  semble  être  le 
vha.  hros,  mha.  ros,  nha.  ross,  cheval.  Cepen- 
dant l'it.  rossa  s'y  refuse  et  la  rend  douteuse. 

—  Le  norm.  a  harousse,  p.  rosse;  cette  forme 
se  rattache  visiblement  au  vha.  hros  (l'initiale 
hr  dégagée  par  har;  cp.  harangue  de  vha. 
hring).  Voy.  aussi  roussin, 

ROSSER,  battre  Est-ce  un  dér.  de  rosse, 
donc  pr.  traiter  qqn.  à  coups  de  bâton,  comme 
une  rosse  (cp.  mâtiner  de  mâtin,?  ou  =  néerl. 
rossen,  étriller,  fig.  battre,  rosser?  Malgré 
l'attrait  de  ces  étymologies,  on  a  cru  devoir 
s'adresser  ailleurs.  Mahn  voit  dans  notre  mot 
une  modification  (par  assimilation  de  n)  du 
prov.  ronsar,  ronsar,  renverser,  lancer,  jeter 
avec  force,  agiter,  qui,  selon  Diez,  dérive  du 
L.  rumecc,  Cotgrave  consigne  un  mot  ronce 
=  hurled,  cast  with  violence;  il  répond  au 
prov.  ronsar,  —  Diez  oppose  à  l'étymologie 
rwisar  ou  en  définitive  à  l'étymologie  rutnex, 
rtimicis  les  considérations  suivantes  :  1 .  l'assi- 
milation de  ns  en  ss  est  contraire  au  génie 
du  fr.;  2.  le  ss  de  i*osser  est  originel  (non  pas 
une  mutation  de  f),  ce  qui  appert  de"  l'exis- 
tence de  la  vieille  forme  pic.  roissicr,  rimant 
avec  froùtsier;  si  le  verbe  se  rattachait  au 
thème  rumic,  le  picard  eût,  d  après  toutes  les 
analogies,  fait  roichier.  Cette  forme  roissier 
prouve  en  même  temps  contre  l'étymologie 
rosse,  —  D'après  Fœrster  (Grôb.  Ztschr.,  II, 
87),  rosser,  anc.  roissier,  répond  à  un  type 
lat.  'rocceare  (de  'roccea,  roche).  Il  pense 
qu'une  forme  pic.  rochier  pourrait  encore 
être  découverte.  Du  reste,  dit-il,  vu  la  fluctua- 
tion orthographique  entre  ss,  ch  et  h,  le  mot 
peut  être  expliqué  aussi  par  le  vfr.  rochier, 
jeter,  lancer.  Malgré  l'autorité  de  son  auteur, 
cette  étymologie  n'aura  guère  de  succès,  et 
somme  toute,  la  question  reste  ouverte  ;  car 
on  n'admettra  pas  à  coup  sûr  l'étymologie 
rudiciare  (de  L.  rudis,  bâton)  qu'avait  proposée 
Ménage. 

ROSSIGNOL,  it.  rossignuolo,  esp.  ruiscnor 


(anc.  rossenol),  port.  roiixinhol,'Çinyy,rossin- 
hol,  du  L.  lusciniolxis,  dim.  de  luscinia.  La 
mutation  /  en  r  est  basée  sur  l'euphonie  ;  elle 
se  présente  dès  le  ix^  siècle,  où  l'on  rencontre 
ruscinia,  roscinia.  Vît.  a  cependant  la  forme 
lusignuolo  et  même  (l'initiale  l  étant  prise  pour 
l'article)  usignuolo;  en  vfr.  on  trouve  de  même 
lousignol,  lurcignol. 

ROSSINANTE,  le  coui-sier  de  Don  Quichotte, 
auj .  mauvais  cheval  ;  dér.  de  rossin,\,  roussin. 

ROSSOLIS,  nom  de  plante,  du  L.  ros  solis^ 
rosée  du  soleil.  Le  nom  de  la  liqueur  se  rat- 
tache-t-il  à  celui  de  la  plante,  ou  est-ce,  comme 
on  a  conjecturé,  une  mutilation  de  rosso 
liquore,  liqueur  rouge  ?  Littré  pense  que  la 
liqueur  a  été  nommée  ros  solis  à  cause  de  son 
excellence  supposée.  En  effet,  les  Allemands 
traduisent  le  mot  par  sonnenJthaubrantvsein 
(cau-de-vie  de  rosée  de  soleil).  Les  Italiens 
disent  rosolio  et  rosolino, 

ROT,  it.  ntUo,  du  L.  rudus  (cp.  fUÂ  de 
fluctxis),  —  D.  roter,  L.  ructare. 

RÔT,  voy.  rôtir, 

ROTATION,  L.  rotationem  (rotare). 

ROTE,  juridiction  de  la  cour  de  Rome  ;  de 
l'it.  rota,  pr.  roue,  à  cause  de  la  succession 
des  jugements. 

ROTER,  voy.  rot, 

ROTIN,  ROTANG,  roseau  des  Indes,  canne 
faite  de  la  tige  du  rotin  ;  du  malay  rotân. 

ROTIR,  rostir  (d'où  angl.  roast\  prov. 
raus  tir,  du  vha.  rostjan;  sinon,  du  celtique, 
où  l'on  trouve  gaél.  roist,  cymr.  rhostio,  bret. 
rosta.  —  D.  subst.  verb.  rôt  (prov.  raitst,  it. 
ar-rosto),  puis  à  forme  participiale  :  masc. 
rôti,  fém.  rôtie;  rôtisseur,  -isserie,  -issoire, 

ROTONDE,  it.  rotonda,  du  L.  rotundus, 
rond. 

ROTONDITÉ,  L.  rotunditatcm, 

ROTULE,  mot  savant,  L.  rotula  (dim.  de 
rota). 

ROTURE,  du  L.  ruptura,  qui,  au  moyen 
âge,  avait  piis  le  sens  de  champ  défriché, 
rompu  par  le  soc,  puis  celui  de  «  petite  cul- 
ture tenue  en  villenage  »» ,  d'où  le  sen**  mo- 
derne du  mot.  —  D.  roturier,  1 .  tenu  â  titre 
de  roture,  2.  tenancier  d'une  roture,  3.  qui 
n'est  pas  noble. 

ROUAN,  roan,  it.  9*oano,  rovano,  esp. 
tniano.  D'origine  inconnue  dît  Littré;  pour- 
quoi pas  de  l'ail,  rot,  rouge  ou  du  radical  rub 
de  L.  riiherf;  les  Allemands  traduisent  roiMUi 
aussi  bien  par  ro<A-schimmel  que  par  grau- 
schimmcl. 

ROUANNE,  nom  d'outil  :  grattoir,  pour 
marquer  les  bois.  D'après  Littré,  de  roue,  la 
rouanne  faisant  une  marque  circulaire.  —  D. 
rouanner. 

1.  ROUGHE,  carcasse  de  vaisseau,  voy. 
ruche. 

2.  ROUCHEi  laiche,  roseau,  angl.  ni^A.all. 
rusch;  tient  soit  au  L.  ruscus,  brusc,  ou  au 
goth.  raus,  roseau. 

ROUCOULER;  onomato|)ée. 
ROUDOU,  RODOUL,  REDOUL,  prov.  rodor, 
m,  s.;  d'origine  inconnue. 


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ROU 


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ROU 


BOUE,  L.  rota.  —  D.  roiter  (v.  c.  m.), 
t-ouage;  vfr.  roele^  auj.  rouelle,  L.  rotclla 
(d'où  rouelette,  roulette);  rouet,  i-oué  (v.  c. 
m.);  royer,  faiseur  de  roues  (a  vieilli),  type 
latin  rotarius, 

ROUÉ,  pr.  qui  a  subi  le  supplice  de  la  roue, 
puis  fig.  (cp.  pendard)  =  scélérat,  vaurien 
homme  sans  mœurs,  digne  de  figurer  sur  la 
roue.  —  D.  rouerie, 

ROUBB,  1 .  punir  du  supplice  de  la  roue, 
2.  battre.  Dans  ce  second  sens,  on  emploie 
aussi  rouler,  —  En  vfr.,  rœr  avait  aussi  le 
sens  de  rôder  (v.  c.  m.). 

ROUETTES,  brins  de  taillis  dont  on  fait  des 
liens.  Non  pas  de  roue,  comme  pense  Littré, 
mais  du  fr.  reorte,  qui,  en  effaçant  IV  devant 
t,  est  devenu  rœte,  rouette^  comme  meolle 
(medulla)  est  devenu  moelle,  Voy.  Tobler 
(Kubn  Ztschr.,  XXIII,  418}.  Quant  à  reorte, 
lien  pour  lier  les  fagots,  il  répond  à  l'it.  ri- 
torta,  hart,  lien  (BL.  retorta),  et  vient  du  L. 
retortus  de  retorquere,  Littré  a  accueilli,  avec 
la  même  valeur,  comme  un  mot  de  la  Loire- 
Inférieure,  reorthe  (orthographe  abusive), 
sans  y  reconnaître  le  vfr.  reorte.  Dans  Sachs, 
je  trouve  riorte  =  viorne  ;  c'est  une  simple 
variété  de  reorte,  hart,  comme  le  prouve 
l'appellation  hardeau  donnée  aussi  à  la 
viorne. 

ROUFFE,  vfr.  roife,  gale  éphémère  des 
enfants  à  la  mamelle  ;  cp.  ail.  nife,  néerl.  rof, 
escarre,  croûte,  et  le  terme  d'art  vétérinaire 
rouvicux,  Voy.  aussi  l'art,  ruffien, 

ROUGE,  it.  7Vffgio,  robbio,  esp.  rubio,  prov. 
rog  (fém.  rqjd),  du  L.  rubeus  ou  robius.  — 
D.  rougeur,  rougeàtre^  rougeole,  rouget  (pois- 
son) ;  verbe  rougir,  —  Je  rappelle  ici  encore 
vfr.  rovor,  L.  ruborem,  rowoant,  L.  ruban- 
tem,  dim.  rouvelant, 

ROUILLE,  prov.  roïlh,  roilha,  représente 
un  dimin.  rubigula,  du  L.  rubigo.  Les 
formes  prov.  rozilh,  ruzil,  cependant,  don- 
nent quelque  crédit  à  l'étymologie  rodicula, 
de  rodere,  ronger,  avancée  par  Huct,  ou  à  un 
type  ruticulus  p.  ^-uiilus,  —  D.  rouiller,  en- 
rouiller, 

ROUIR  (patois  roder),  du  néerl.  roten  (ail. 
mod.  rotten),  pr.  faire  pourrir,  macérer.  — 
D.  rouissage,  rouissoir,  aussi  rotoir  (du  thème 
rot), 

ROULEAU,  voy.  rôle. 

ROULER,  vfr.  roller,  roler,  prov.  roular, 
rolar,  it.  rotolarc,  du  BL.  rotulare,  forme 
dimin.  de  rotare,  tourner  ou  faire  tourner  (de 
rota,  roue).  —  D.  roulage,  -ement,  -ade,  -is; 
roulier,  voituricr.  Cps.  dérouler;  voy.  aussi 
croula'.  —  Notez  le  vfr.  roeiller  =  rouler  les 
yeux,  qui  accuse  un  type  roticulare, 

ROULETTE,  petite  roue,  jeu  do  hasard,  p. 
rouelette,  diminutif  de  rowc  (v.  c.  m.). 

ROUPIE,  Bl^.  ropida;  un  type  ropidia  a 
donné  le  berrichon  rouiche.  L'origine  du  mot 
reste  à  trouver.  —  D.  roupieux. 

ROUPILLE,  sorte  do  manteau,  de  l'csp.  ro- 
pilla,  dim.  de  ropa,  robe. 

ROUPILLER,  sommeiller  à  demi;  d'après 
Littré,  de  roupille  (v.  c.  m.),  donc  pr.  «  s'en- 


velopper dans  sa  casaque  et  dormir  •».  Cela 
mérite  vérification.  —  II  n'est  pas  impossible 
que  roupiller,  ainsi  que  roupie,  tiennent  à  l'ail, 
(dial.)  ruspen,  ruspern,  ronfler,  râler,  faire 
un  effort  pour  cracher. 

ROURE,  ROUVRE,  vfr.  robre,  it.  rocere, 
esp.  roble,  du  L.  robur,  m.  s. 

ROUSSEAU,  rousseV,  dimin.  de  roux,  — 
D.  rousselet,  rousseline, 

1.  ROUSSI,  odeur  d'une  chose  qui  a  été 
roussie  par  le  feu. 

2.  ROUSSI,  cuir  de  Russie,  du  L.  Russicus, 
ROUSSIN,  cheval  entier;  cp.  vfr.  rouci7i, 

prov.  roci,  rossi,  esp.  rocin  (d'où  la  rocinante 
de  Don  Quichotte),  port,  rossim,  exprimant 
tous  un  cheval  de  peu  de  prix.  Le  c  radical, 
observe  Diez,  rend  leur  parenté  avec  l'ail,  ross 
douteuse  ;  ils  semblent  être  plutôt  des  modi- 
fications des  formes  suivantes  avec  n  :  vfr. 
roncin,  rotichin,  it.  ronsino,  prov.  rotxci, 
wall.  ronsin,  cheval  entier,  BL.  runcinus. 
Ces  dernières  sont  tirées  par  Voss,  par  un 
intermédiaire  ruincinus,  du  néerl.  ruin, 
cheval  hongre,  mais  cela  a  peu  de  probabilité. 
—  Roncin  peut  avoir  précédé'  roucin,  comme 
sponsa  est  le  primitif  de  espouse;  d'autre  part, 
les  formes  sans  n  peuvent  avoir  produit  les 
autres  par  voie  de  nasalisation  ;  dans  ce  der- 
nier cas,  on  pourrait  admettre  comme  souche 
commune  l'it.  rozza,  rosse  (voy.  rosse).  —  Les 
anciens  traducteurs  néerlandais  et  allemands 
de  trouvères  français  ont  transformé  notice  mot 
resp.  en  rosside  ou  ronside  et  runsit, —  L'éty- 
mologie fondée  sur  vfr.  ros  ==  roux  ne  se 
prête  ni  pour  le  sens,  ni  pour  la  lettre. 

ROUSSIR,  inchoatif  et  factitif  de  roux,  » 
D.  subst.  roussi, 

ROUT,  assemblée,  de  l'angl.  rout,  m.  s.  (la 
prononciation  anglaise  a  donné  lieu  à  l'oiibo- 
graphe  raout).  Le  mot  angl.  est  d'origine 
française  et  =  vfr.  route,  troupe  (voy.  route  2). 

1.  ROUTE,  chemin,  du  L.  via  rupta,  voie 
faite  en  rompant  la  forêt  ou  le  sol  ;  j'ai  com- 
paré dans  ma  première  éd.  le  terme  brisée 
(dans  «  aller  sur  les  brisées  de  qqn  »),  mais 
ce  terme  repose  sur  l'opération  des  chasseui*s, 
qui  rompent  des  brandies  pour  reconnaître 
où  est  la  bête.  —  D.  routier',  subst.  et  adj., 
au  fig.  homme  qui  connaît  les  chemins,  qui  a 
beaucoup  de  pratique;  routine,  expérience, 
habitude,  pratique  (angl.  rote).  On  pourrait 
aussi  rattacher  routier  et  routine  directement 
au  part,  ruptus  =  rompu  (aux  affaires).  Cps. 
débouter,  mettre  hors  la  route  (voy.  aussi 
l'art,  déroute).  —  Chevallet  place  à  tort  le  mot 
route  dans  l'élément  celtique;  il  cite  écoss. 
rod,  trace,  bret.  roudcn,  irl.  rodh,  rot, 
chemin. 

2.  ROUTE*,  rote%  prov.  rota,  ail.  rottc, 
angl.  rout  (assemblée),  bande,  compagnie 
d'hommes  armés;  du  BL.  rupta  (de  rumptrre), 
pr.  fraction,  division.  —  D.  routtcr,  troupier, 
pillard  ;  arouter,  assembler. 

ROUTIER,  voy.  route  1  et  2. 

ROUTINE,  voy.  route  1.  —  D.  routinier, 
routiner.  Il  se  peut  que  le  verbe  ivutiner  ait 
précédé  et  déterminé  le  subst.  routine, 

29 


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RUC 


—  450  — 


RUI 


BOUTOIR,  lieu  de  rouissage,  voy.  rouir. 

BOUVIEUX  'l'imagination  populaire  en  a 
fait  rouoO'Vieuœ}^  gale  des  chevaux  ;  propr.  un 
adjectif;  voy.  rouffe. 

BOUVRE.  voy.  roure, 

BOUX  (fém.  rousse),  prov.  ros,  it.  rosso, 
esp.  roxo,  du  L.  russus.  —  D.  roiissâtre, 
rousseur,  rousseau  (v.  c.  m,),  roussir,  rous- 
siller, 

BOTAL,  vfr,  reial,  real,  du  L.  regalis  frex). 
—  D.  roialté'  royauté;  royalisme,  'iste,  — 
D'un  type  latin,  assez  bizarre,  reffalimeti  vient 
fr.  reaime  (angl.  realm),  roiaîme,  auj. 
royaume,  prov.  reyalme,  esp.  reaîme,  it. 
reame  Le  vfr.  a  produit  de  la  même  façon  le 
mot  ducheaume  p.  duché. 

BOTAUMB,  voy.  l'art,  préc. 

BU,  vfr.  rîM.  rui,  rouchi  rieu,  prov.  riu, 
esp.  rio,  du  L.  rivus.  La  forme  rui  est  l'effet 
d'une  transposition,  analogue  à  celle  de  tuile 
de  teçula,  —  D'un  type  riticellus,  riv^cellus, 
puis  (par  transposition  de  fc,  iu  en  ui)  ruicel- 
lus,  vient  ruisseT  ruisseau  (dont  Fit.,  par 
emprunt,  a  fait  ruscello),  —  Fœrster  (Grôb. 
Ztschr.,V,  96;  conteste  cette  manière  de  voir; 
d'après  lui,  il  faut  partir  d'un  primitif  avec  û 
radical,  qui  expliquera  à  la  fois  vfr.  ru,  ruicel 
(=s  ruisseau)  et  it.  ruscello  ;  il  argumente 
surtout  sur  l'absence  d'une  forme  vfr.  riucel 
bien  constatée.  Le  thème  riv,  par  contre,  n'a 
pu  donner  que  les  formes  riu  et  rieu, 

RUBAN,  wall.  et  Berry  riban,  v.  angl. 
ryband,  n.  angl.  riband,  ribbon;  d'origine 
incertaine.  L'étym.  L.  rubens,  rouge,  bien 
qu'on  orthographiât  autrefois  aussi  ruben,  est 
tn)p  arbitraire.  .L'ail,  band,  ruban,  y  est-il 
pour  quelque  chose?  C'est  A  examiner;  mais 
que  faire  alors  dé  l'élément  ruf  Diez  propose 
le  néerl.  rinff-band,  collier;  Wedgwood,  le 
néerl.  riigband,  fascia,  ligamen;  j'aimerais 
tout  autant  une  composition  riem-band  (de 
l'ail,  riem^  riemen,  courroie,  lien)  ou  rip-band 
(de  l'angl.  rip,  déchirer).  Mais  tous  ces  efforts 
sont  g^atuitj>,  tant  que  Ton  ne  sait  pas  si  ru 
n'a  pas  précédé  ri;  le  fait  est  qu'on  trouve  le 
BL.  rubamis  dans  un  texte  do  1367.  —  D. 
rubaner  ;  rubanier,  -crie. 

BUBÉFIEB,  mot  fait  sur  le  type  rubcficare 
p.  rubefacere.  —  D.  rubéfaction,  L.  rube- 
factionem. 

BUBIGAN  ;  on  y  a  vu  une  composition  de 
ruber,  rouge,  et  de  canus,  blanc  ;  Littré  pré- 
fère le  tirer  du  BL.  rubricantem,  rougeàtre. 

BUBIGOND.  L.  rubicundus. 

BUBIS,  vfr.  rubi,  it.  rubino,  esp.  rubin, 
ntti,  prov.  robi  et  robina,  ail.  rubin,  BL. 
rubinus^  dér.  du  thème  rub  de  L.  ruber,  — 
La  finale  s  de  rubis  est  un  reste  de  l'ancien 
nominatif. 

BUBBIQUB,  pr.  titre  écrit  en  rouge,  du  L. 
rubrica  (ruber),  craie  rouge,  puis  rubrique, 
titre  de  loi.  —  D.  rubriqucr, 

RUGHE,  vfr.  rusche^  rusque,  rouche,  prov. 
rusca,  ruscha,  d'abord  =  écorce,  puis,  panier 
pour  abeilles,  ces  paniers  étant  faits  d'écorces 
d'arbres  (en  eep.  le  mot  corcho  signifie  aussi 
à  la  fois  écorce,  liège  et  ruche).  Le  mot  est  de 


provenance  celtique;  on  trouve  irl.  rtac.gaél. 
rusg,  bret.  rush,  cymr.  rhisg,  écorce,  et  bret 
rusken,  ruche.  D'un  autre  côté,  des  gloses 
anciennes  portent  vha.  rusca ^  avec  le  sens  de 
panier,  corbeille.  La  forme  rouche,  carcasse 
de  vaisseau,  n'est  qu'une  variété  de  ruche.  — 
L'ail,  reuse,  nasse,  ruche,  dim.  reuschen 
Kiliaen  donne  ruysche  <»  ruche),  est-il 
indé  pendant  de  notre  mot?  —  D.  rueJie^ 
ruchée, 

RUDANIER*  (Molière)  p.  rude  dnier, comme 
qui  dirait  un  ânier  qui  est  trop  nide  d  ses 
ânes  (Trévoux).  «  A  rude  asne  rude  asnier.  • 

RUDE,  L.  rudis,  —  D.  rudesse,  rudoyer. 

RUDENTÉ,  t  d'architecture,  du  L.  rudens, 
cordage.  —  D.  rudenter,  -ure. 

RUDIMENT,  L .  rudimentum,  apprentissage, 
début  (de  rudis,  gnx»sier,  non  dégrossi^  ;  cp.  le 
mot  érudit),  —  D.  rudimentaire. 

1.  RUE,  chemin,  passage,  prov.  rua,  esp., 
port  rua,  v.  it.  ruça,  du  L.  ruga,  sillon,  en 
BL.  =  platea,  vicus  On  trouve  aussi  BL. 
ruta,  pi'ov.  ruda;  cela  indique  le  celt.  ruta, 
rot,  passage,  chemin.  —  D.  ruelle  fd'où  ruel- 
1er);  ruotte,  rigole  (ou  dim.  de  ru  f). 

2.  RUE,  plante,  it.  ruta,  esp.,  port.,  prov. 
nida^  ail.  raute;  du  L.  ruta,  m.  s. 

RUER,  jeter  avec  impétuosité;  ce  verbe, 
très  ancien,  a  pour  source  immédiate  non  pas 
L.  ruere,  dont  I'm  est  bref  et  qui  eût  produit 
rouer,  mais  le  fréquent.  rtUare,  dont  Yu  est 
long  (cp.  muer  de  mûtare);  voy  Fœrster, 
Grôb.  Ztschr.,  II,  87.  —  D.  ruade,  rueur. 

RUFIEN, esp., prov  ru/ian,,àe Vît. ruffîano, 
maquereau,  puis  homme  débauché.  Selon  Du 
Gange,  le  mot  it.  vient  de  ce  que  les  femmes 
publiques  portaient  des  cheveux  roux  (L.  ru- 
fus)  Cette  étymologic  est  bien  suspecte,  tant 
pour  la  forme  que  pour  le  sens.  Le  mot  se 
rattache  plus  naturellement  (ctj'ai  été  heureux 
de  me  rencontrer  ici  avec  Diez)  à  la  racine 
germ.  hruf,  ruf,  exprimant  impureté,  pr. 
gale,  dont  dérivent,  outre  le  fr.  rouffe  (v.c.m  ), 
le  milan,  ntff,  piém.  et  com.  ru  fa,  escarre, 
gale,  vénit.  ru  fa,  malpropreté,  romagn.  rofia 
(p.  ro/îa),  croûte  de  lait,  dial.  du  Jura  rovfflc. 
Diez,  pour  appuyer  cette  valeur  du  mot  comme 
terme  de  méj^ris,  cite  le  passage  de  Dante  : 
«  rufiian,  baratti  e  simile  lordura  ».  D'un 
autre  côté,  il  allègue  les  provincialismes  alle- 
mands, subst.  ru/fer,  maquereau,  verb. 
ruffeln,  faire  le  maquereau,  et  le  v.  angl. 
rujfiner  (sx\y  ruffian),  paillard;  ajoutex-y  le 
fiam.  roffiaen,  maquereau. 

RUGIME,  t.  de  chirurgie,  racloir;  d'origine 
inconnue.  Au  xrv*  siècle,  on  trouve  roisne, 
roigiic;  cela  s'accorde  avec  un  type  rupina, 
qui  pourrait  être  le  subst.  verbal  de  ruginare 
(fr.  rugfner\  ôter  les  aspérités  (dérivé  fictif  de 
ruga,  aspérité,  ride). 

RUGIR,  L.  rugire  (d'où  vient  aussi  l'an- 
cienne forme  ruir).  —  D.  rugissement. 

RUGUEUX,  L.  rugosus  {ruga,  ride).  —  D. 
rugofiité. 

RUILER  (aussi  ruiller),  faire  des  repères 
pour  dresser  toutes  sortes  de  plans  et  de  sur- 
faces, du  vfr.  ruile,  ~  règle,  mesure,  formé 


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SAB 


451  — 


SÂB 


du  L.  régula^  barre,  règle,  comme  tuile  de 
tegula.  —  D.  ruil4ie,  bordure  de  plâtre  ou  de 
mortier. 

RUINE,  L.  mina  (niero).  —  D.  ruijver; 
ruineux^  qui  menace  ou  qui  cause  la  ruine, 
L.  ruinosits. 

RUISSEAU,  ruisseV,  voy.  ru.  —  D.  mis- 
seler, 

RUMB,  t.  de  marine  (it.  rombo,  es^.rumbo, 
port,  rumbo  et  rumo,  angl.  rumb,  viennent 
du  français),  vfr.  rum  ;  du  néerl.  ruim  (ags. 
rum,  ail.  raum),  espace  ;  le  rumb,  en  parlant 
des  vents,  est  Tespace  compris  entre  deux 
vents.  Il  faut  écarter  les  éty m.  gr./iwuo^,  timon 
(en  tant  qu'il  indique  la  direction  d'un  cbar), 
et  le  L.  rhombus,  losange.  Le  b  dans  rumb 
est  adventice.  —  Notre  mot  est  le  primitif  du 
verbe  arrumer,  dessiner  les  lignes  du  vent 
sur  une  carte  marine. 

RUMEUR,  L.  rumorem,  m.  s. 

RUMINER,  L.  rumitiare  (àe  rumens  go- 
sier). 

RUNES,  caractères  Scandinaves,  du  suéd. 
runa,  lettre  ancienne.  —  D.  runiquc. 

RUOTTE,  voy.  rue. 

RUPTURE,  L.  ruptura  (de  ruptum,  supin 
de  rumpere).  Rupture  est  la  forme  savante  de 
roture  (v.  c.  m.). 


RURAL,  L.  ruràlis  (de  rus,  ruris,  cam- 
pagne). 

RUSE,  subst.  verbal  de  ruser.  Ce  dernier, 
vfr.  reiiscr,  pi'èsente  la  succession  d'acceptions 
suivante  :  repousser,  reculer,  s'échapper  par 
des  détours  (en  parlant  du  gibier)  et  finale- 
ment employer  de  la  ruse,  tromper.  Tous  ces 
sens  se  déduisent  facilement  du  L.  recusare, 
repousser,  refuser,  et  il  est  inutile  de  recourir 
à  refuser,  la  syncope  de  /"dans  un  mot  roman 
étant  insolite,  tandis  querecusar,  reUser, ruser 
a  son  analogue  phonétique  exact  dans  securus, 
seiir,  sûr  et  dans  secundus,  vfr.  seond, 

RUSTAUD,  dér.  du  vfr.  ruste,  grossier,  vio- 
lent (cp.  lourdaud).  Ruste,  devenu  rustre,  est 
le  L.  rwtt'icus  (apocope  du  suffise,  cp.  éco' 
làtre  de  scholasticus,  iiide  de  indiens), 

RUSTIQUE,  L.  rusticus  (ru.s).  —  D.  rusti- 
cité, rustiquer  (t  d'architecture). 

RUSTRE,  voy.  rustaud.  Pour  IV  épenthé- 
tique,  cp.  registre  de  regestum,  vfr.  tristre,  p. 
triste. 

RUT,  gâté  de  l'anc.  ruit^  subst.  participial 
de  vfr.  ruire,  rugir  (du  type  barbai-e  rugere^ 
p.  rugire);  ruit,  rut  signifie  donc  pr.  rugisse- 
ment, à  cause  des  cris  que  pousse  le  cerf  en 
chaleur. 

RUTILANT,  du  L.  rutilare,  briller. 


S 


1.  SABBAT,  jour  de  repos,  L.  sabbatum, 
grec  9à662roy ,  mot  biblique ,  de  Thébr. 
schabat,  repos.  —  De  sabbati  dies  vient  fr. 
samedi  p.  sabedi  (cp.  vha.  sambaz-dag,  nha. 
samstag).  Le  prov. ,  retournant  les  termes,  dit 
dissapte  (et  aussi  sapte  tout  court). 

2.  SABBAT,  assemblée  nocturne  des  sor- 
cières, accompagnée  de  danses  (d'où  le  sens 
bruit,  tintamarre  .  Ce  mot  est  prob.  identique 
avec  le  préc.,  l'idée  fondamentale  paraissant 
être  fête,  solennité,  ou  un  dénigrement  du 
sabbat  dos  Juifs.  Le  savant  Huet  pensait  au 
au  grec  la^xitoi,  épithôte  de  Bacchus,  en 
L.  Sahasius,  aussi  Stibadiits. 

1.  SABLE,  L.  sabulum.  —  D.  sabler; 
sableux^  L.  sabulosus;  sablier,  sablière 
(v.  c.  m.),  sablo7i  (v.  c.  m.),  ensabler, 

2.  SABLE,  terme  d'héraldique,  couleur 
noire  ;  du  vfr.  et  angl.  sable,  marte  zibeline, 
BL.  sàbcllum  (mot  d'origine  slave  =  russe 
sobol,  d'où  ail.  zobef).  —  Do  sable,  nom  d'ani- 
mal, vient  le  vfr.  sebelin,  aujourd'hui  zibeline 
(v.  c.  m.). 

SABLIÈRE,  1.  lieu  où  l'on  tire  du  sable, 
dér.  de  sable;  2.  t.  de  chai-pentier,  pièce  de 
bois  de  support.  D'après  Ménage,  le  deuxième 
sens  renvoie  au  primitif  de  scapularia  (sca- 
pnla',  quasi  une  épaulière;  d'après  nous, 
sablière  est  plutôt  p.  stablière^  et  remonte  à 
L.  stabilis.  Pour  la  chute  du  t  dans  st,  cp. 
saison  et  sabot, 

SABLON,  L.  sabulo,  -onis.  —  D.  sablon- 
nevx,  sablonnière,  sablonner. 

SABORD,  embrasure  au  bordage  d'un  vais- 
seau par  où  Ton  tire  le  canon  ;  d'origine  incon- 


nue. On  y  a  vu  une  corruption  de  angl.  sawn 
boai'd  (planche  sciée),  mais  ce  terme  est  in- 
connu aux  Anglais.  —  D.  saborder, 

1 .  SABOT,  soulier  de  bois.  Je  ne  suis  pas  à 
môme  d'établir  l'étymologie  de  ce  mot,  mais 
bien  certainement  il  ne  vient  ni  de  xx>o7ro4i7y, 
pied  en  bois,  ni  -do  sac  de  bos  (Du  Cange),  ni 
do  Sabaudia  («  chaussure  de  Savoie  »).  J'incli- 
nerais plutôt  pour  une  dérivation  du  vfr.  et 
prov.  sap  «  sapin,  donc  pr.  chaussure  en 
bois  de  sapin,  si  réellement  le  sens  «  soulier 
de  bois  »,  et  non  pas  plutôt  le  sens  général 
de  soulier,  doit  servir  de  point  do  départ  pour 
la  rochcrche  do  l'étymologie.  Frisch  rappro- 
chait le  mot  du  slave  sabogi,  chaussure.  Quelle 
que  soit  la  valeur  du  radical  sab  ou  sap,  nous 
pensons  que  le  sabot  (rouchi  chabot)  est  radi- 
calement identique  avec  l'it.  ciabatta,  esp. 
zapata,  etc.  (voy.  l'art,  savate).  —  Le  mot 
sabot,  qui  dan3  ses  nombreuses  acceptions 
techniques  emporte  l'idée  de  chaussure,  de 
garniture  aii  bas  des  objets  (la  qualité  >«  de 
bois  n  s'effîiçant  tout  à  fait),  s'expliquerait 
facilement  s'il  était  permis  de  tirer. le  thème 
sap  de  la  racine  german.  stap,  exprimant 
fouler,  marcher  (cp.  ail.  stappen,  marcher, 
fouler,  stapf,  trace  du  pied,  stapel,  pieu,, 
support);  pour  le  sens,  cp.  le  slave  stopa, 
vestige  et  chaussure.  —  D.  sabotia\  verbe 
saboter. 

2.  SABOT,  corne  du  pied  du  cheval  et 
d'autres  animaux.  C'est  le  même  mot  que  le 
pi'écédent.  Le  latin  solea  réunit  de  môme  les 
deux  acceptions. 

3.  SABOT,  toupie  ;  d'après  La  Monnoye,  le 


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SAC 


—  452  — 


SAC 


même  que  sabot  \,  ces  toupies  étant  faites  la 
plupart  d'un  morceau  de  vieux  sabot.  J'en 
doute.  —  D.  saboter,  jouer  au  sabot,  faire 
tourner. 

SABOTIERS,  ustensile  pour  péparer  les 
glaces;  mot  altéré,  suivant  Littré,  de  sarbo- 
itère,  qui,  à  son  tour,  serait  pour  sorbetière 
(de  sorbet).  L'ail,  appelle  cet  ustensile  qiterl, 
quirl,  pr.  moulinet,  subst.  du  verbe  querlcn, 
faire  tourner;  cela  nous  engafçe  à  voir  dans 
sabotière  plutôt  une  dérivation  de  saboter, 
fiiire  tourner  (dér.  de  sabot  3). 

SABOULER,  terme  populaire,  houspiller, 
tirailler,  réprimander.  C'est  peut-être  un  dé- 
rivé du  même  radical  sab,  qui  est  dans  sabot, 
toupie;  le  prov.  sabotar  signifie  également 
secouer,  ébranler,  agiter.  Je  ne  puis  admettre 
de  rapport  entre  le  verbe  saboiiler  et  un  jeu 
d'enfants  usuel  en  Espagne  et  en  Italie,  et  qui 
consiste  à  faire  des  espèces  d'anguilles  (mou- 
choir roulé)  que  l'on  remplit  de  cendre  ou  de 
sable  et  dont  on  frappe  ceux  qui  ont  fait 
quelque  faut«  au  jeu.  Ni  Tesp.  ni  Tit.  ne  pré- 
sentent un  verbe  sabidare.  —  Ou  bien  le 
thème  sab  remonterait-il  au  L.  sapo,  savon, 
ascendant  du  terme  figuré  savonner  t  Dans  les 
patois  du  }A.\à\,saboula  s'emploie  pour  rouler 
dans  l'ordure. 

SâBRS,  it.  sciabola,  sciabla  {\cnise  sabaîa), 
esp.  sable;  de  l'ail,  sabel,  qui  à  son  tour  est 
d'importation  étrangère,  cp.  hongr.  ssablt/a, 
russe  sabla,  pol.  szable.serhe  sablja,  valaque 
sabfe.  —  D.  sabrer;  sabretache,  de  l'ail, 
sàbeistache,  poche  de  sabre. 

SâBRENAS,  artisan  qui  travaille  malpro- 
prement, grossièrement.  On  dit  aussi  sabre- 
naitd.  Peut-être  de  l'csp.  sabenada  (sait-  rien)  ; 
l'r  serait  euphonique.  Bugge,  qui  a  émis  cette 
conjecture  (Rom.,  IV,  365),  compare  le  patois 
suisse  sapoii  (sait-  peu).  On  a  trop  peu  d'élé- 
ments historiques  pour  contrôler  la  valeur  de 
cette  explication,  qui  rest«  fort  douteuse.  — 
D.  sabrenasser. 

SABURRE,  L.  saburra. 

1.  SAC,  poche,  L.  saccus.  —  D.  sachet 
(dim.),  sachée,  sacoche  (de  l'it.  saccoccia),  — 
Diez  et  autres  considèrent  comme  un  dérivé 
de^ac  levfr.  sacher,  sacJiier,  saquer,  esp. ,  port. 
sacar,  =  tirer,  extraire,  arracher,  et  comme 
dérivé  do  celui-ci,  le  subst.  saccade,  action 
de  tirer  (d'où  saccade).  Nous  ne  partageons 
pas  cet  avis;  nous  admettons  que  sacher  est 
un  dérivé  de  sac,  pour  autant  qu'il  signifie 
eizsacha;  mettre  dedans,  comme  le  n.  prov. 
saca  et  le  BL.  saccare  fvoy.  l'art,  suiv.),  mais 
nous  ne  pensons  pas  qu'on  puisse  lui  donner 
en  même  temps  le  sens  contraire  «  faire  sortir 
du  sac».  Notre  idée  est  que  le  fr.  sacher  et 
l'csp.  sacar  sont  des  formes  allégées  p.  stacher, 
stacar  (cp.  sablière,  saison,  etc.)  et  reprodui- 
sent l'it.  staccare,  détacher,  séparer,  et  que  le 
subst.  saccade,  secousse,  petits  mouvements 
détachés,  non  soutenus,  répond  parfaitement 
à  l'it.  staccato.  —  Une  seconde  conjecture 
que  nous  nous  permettons  d'émettre  à  l'égard 
do  saquer,  tirer,  tirailler,  secouer  brusque- 
ment (d'où  viendrait  saccade),  c'est  de  ratta- 


cher ce  verbe  à  l'ags.  scâcan,  quatere,  conçû- 
tes, angl.  shahe,  secouer.  Diez,  il  est  vrai, 
n'admet  pas  la  correspondance  du  se  initial 
germanique  avec  s  initial  roman  (voy.  l'art, 
suiv.),  mais  saquer  peut  être  p.  cïiaqiier, 
comme  on  dit  beaucoup  dans  le  Nord  songer, 
sarcher^.  changer,  chercher.  Nous  rappelle- 
rons à  ce  sujet  le  subst.  champ,  socqiiet, 
cahot  d'une  voiture,  qui  est  sans  doute  un  dér. 
de  choquer,  =  angl.  shoh,  ail.  schauheln, 

2.  SAC,  pillage,  it.  saxxo,  esp.,  port,  saco, 
subst.  verbal  d'un  verbe  (inusité;  saquer  (BL. 
saccare),  dérivé  de  sac,  poche,  et  signifiant 
pr.  empocher,  puis  fig.  voler,  butiner,  piller. 
Diez  (et  d'après  lui  Burguy)  diffère  de  notre 
manière  devoir;  il  part  du  subst.  saccus,  an 
sens  de  gros  paquet,  d'où  se  serait  dévelop[>ée 
l'acception  «  chose  empaquetée  »,  butin  II 
compare  à  cet  égard  le  mot  germanique/j^Mw- 
der,  qui  veut  dire  en  ail.  bagage,  et  en  angl. 
butin.  —  Diez  rejette  l'étymologie  vha.  scâh, 
butin,  parce  que,  d'après  lui,  se  initial  ne  se 
simplifie  jamais  en  s.  Cependant  il  admet  que 
Fit.  sappa  (voy.  sa^^)  a  pu  venir  de  «iîrrziv, 
et  soUa  do  l'ail,  skolla  (auj.  schoUe);  or, 
phonologiquement,  ce  qui  s'applique  à  l'it.  j 
peut  aussi  s'appliquer  à  s,  ces  deux  lettres 
permutant  si  souvent  dans  cette  langue.  — 
Bien  que  l'étymologie  que  nous  avons  posée 
d'abord  nous  convienne  parfaitement,  celle  du 
vha.  scdh,  mha.  schach,  BL.  scacus  (cp.  vfr. 
eschec,  butin),  n'en  pourrait  pas  moins  être  la 
vraie  ;  et  le  mot  BL.  saccomannus  (it.  sacco- 
wan;io,  valet  d'armée,  goujat,  esp.  sacomafw, 
n.  prov.  sacanmn,  v.  flam.  sachmann,  voleur) 
me  fait  rcffet  d'être  identique  avec  l'ail,  (bav.) 
schachmann  ou  schâcher,  voleur,  brigand,  et 
le  flam.  sachen,  diriper'e,  depraedari,  n'est  non 
plus  peut-être  qu'une  forme  allégée  de  5cAacc- 
hen,  rapère.  —  Un  autre  subst.  verb.  (à  suf- 
fixe dérivatif)  de  saquer,  piller,  est  saccage, 
d'où  saccager.  Le  type  saccicare  a  donné  esp. 
saqnear,  it.  saccheggiare  ===  saccager.  —  Lit 
tré  se  trompe  quand  il  me  prête  l'opinion  que 
sac,  pillage,  se  rattache  à  l'ancien  verbe  sa- 
ehe?', saquer  =  tirer  ;  c'est  so^m^ = empocher, 
ensacher,  qu'il  fallait  dire,  car  les  deux  verbes 
ne  me  paraissent  pas  identiques.  Lisez  aussi, 
dans  Littré,  à  l'art,  saccade,  à  l'étymologie  : 
staccare  p.  scaccare. 

SACCADE,  voy.  sac  \.  —  D.  saccader,  sac- 
cadé. 

SACCHARIN.  du  L.  saccharum,  sucre. 

SACCAGE,  d'où  saccager,  voy.  sac  2. 

SACERDOCE,  L.  sacerdotium;  sacerdotal, 
L.  sacerdotalis . 

SACHÉE,  SACHET,  SACOCHE,  voy.  sac  1. 

1 .  SACRE,  action  de  sacrer  fv.  c.  m.;. 

2.  SACRE,  sorte  de  lanier,  esp.,  port. 
sacre,  it.  sagro,  ail.  saker;  c'est  prob.  une 
traduction  du  gr.  îîpx^,  épervier,  faucon,  pr. 
oiseau  sacré  (Virg.  sacer  aies),  appelé  ainsi  À 
cause  de  son  vol  circulaire  (cp.  en  ail.  weihe, 
milan,  du  vha.  rjoiho,  sacré).  D'autres  propo- 
sent pour  origine  l'arabe  çaqr,  oiseau  de 
proie,  autour,  qui,  d'après  des  autorités  com- 
pétentes, n'est  pas    emprunté  aux  langues 


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SAG 


—  453  — 


SÂI 


romanes.  - —  Ane.  sacre  et  son  dim.  sacret 
désignaient  aussi,  comme  d'autres  noms  d'ani- 
maux, une  sorte  de  canon. 

3.  SAGRl,  brigand;  sens  métaphorique  de 
sacre,  oiseau  de  proie;  sinon  de  l'ail,  schà- 
cher,  m.  s.  (voy.  sac  2). 

SACREMENT,  L.  sacramentum,  consécra- 
tion. —  D.  sacrameiital  on  -tel, —  Voy.  aussi 
serment, 

SACRER,  L.  sacrare.  —  D.  sacre,  action 
de  sacrer;  adj.  sacre', 

SACRIFICE,  L.  sacrificium  ;  sacrifier,  L. 
sacrificare,  d'où  sacrificateur,  -atoire,  -ature, 

SACRILÂGE,  î.  adj.,  L.  sacrilegus  (litt.qui 
recueille  des  objets  sacrés),  2. subst., L.  sacri- 
legium. 

SACRIPANT,  de  Fit.  sacripante,  personnage 
de  rOrlando  inamorato  de  Bojardo. 

SACRISTAIN,  it.  sagrestano,  prov.  sagres- 
tan,  dér.  du  BL.  sacriata,  d'où  aussi  BL.  sa- 
cristia,  fr.  sacristie  =  1.  sacristse  mu  nus; 
2.  le  lieu  où  sont  déposés  les  objets  du  culte. 
L'ancienne  langue  avait  francisé  saaHstamis, 
en  secretan  (nom  de  famille  encore  fort  ré- 
pandu) et  segretain  ;  de  sacrista,  l'allemand  a . 
tiré  son  mot  sigrist, 

SACBISTIE,  voy.  .l'art,  préc. 

SADE*,  de  bon  goût,  gracieux,  du  L.  sapU 
dus,  qui  a  de  la  saveur,  du  goût  ;  de  là  le  dim. 
sadiueC,  joli,  gracieux,  et  le  composé  maus- 
sade p.  mal'Sade. 

SAFRAN,  it.  safferano,  esp.  a-safran, 
valaque  sofran,  de  l'arabe  zàfaràn,  —  D.  5a- 
franer. 

1.  SAFRE,  glouton,  goulu.  Diez  propose 
soit  lo  vba.  seifar  =  l'eau  à  la  bouche,  ou  le 
verbe  gothique  (supposé  par  Grimm)  safjan, 
savourer.  Chevallet  y  voyait  tout  bonnement 
une  transposition  de  l'ail,  presser,  d&u.fraad- 
ser.  11  cite  aussi  un  mot  holl.  schaffer,  goulu, 
de  schaffen^  avaler.  C'est  un  peu  légèrement 
traiter  le  sens  des  mots;  le  holl.  schaffcn 
signifie  donner  à  manger,  puis  par  extension 
prendre  ses  repas.  —  Safre,  par  sa  terminai- 
son, rappelle /70M/a/5r,  ^01  n/rt'.  —  Littré  rap- 
proche do  notre  mot  lo  berrichon  chaffrer, 
détériorer.  Pour  tout  épuiser,  nous  indique- 
rons aussi  Tags.  ceafle^  mâchoire.  —  Nicot 
traduit  safre  par  «  petulans,  lascivus  »»  ;  est-ce 
lo  même  mot?  L'anc.  langue  avait,  et  quel- 
ques patois  ont  encore,  un  mot  safre  =  élé- 
gant, gentil,  que  Littré  tire  du  BL.  safpum 
(vfr.  safre),  orfroi,  broderie. 

2.  SAFRE,  oxyde  de  cobalt  en  poudre, 
servant  à  faire  du  verre  bleu,  do  l'it.  sa/fera, 
m.  s. 

SAGACE,  L.  sagax.  —  D.  sagacité,  L.  sa- 
gacitatem. 

SAGE,  vfr.  saive  (cp.  rage  et  vfr.  raive)^  it. 
savioet  saggio,  esp.,  iport.  sabio,  prov.  sabi, 
satge,  du  L.  sapins,  vocable  populaire  (cp.  le 
cps.  ne-sapius,  insensé),  transformé  en  sabius, 
samus.  Le  wallon  dit  saif  et  m^Ua?/*  (insensé)  ; 
cp.  vfr.  mausage,  —  D.  sagesse,  it.  saviez 2a, 
—  Cps.  sage-femme^  pr.  femme  liabile. 

SAGETTE*,  vfr.  saielte,  saète,  it.   saetta, 


fiècho,  du  L.  sagitta,  d'où  sagittaire,L, sagit- 
tarius. 

SAGOU,  nom  du  sagoutier  dans  les  langues 
jïapoues.  —  D.  sagoutier, 

SAGOUIN,  espèce  de  singé  ;  d'origine  incon- 
nue. 

1.  SAIE,  manteau,  prov.  saga,  saia,  esp. 
saga  et  saia,  du  L.  saga  (Ennius),  forme  con- 
currente de  5a^um;  mot  d'origine  gauloise. — 
D.  sayon,  — §a^uw  s'employait,  suivant  Dio- 
fenbach  (Orig.  Europ  ),  dès  les  temps  classi- 
ques, comme  nom  d'une  étoffe;  de  là  BL. 5ata 
(panni  species),  d'où  les  dim.  it,  sagetta,  esp. 
saycte,  fr.  sayette,  serge. 

2.  SAIE,  brosse  des  orfèvres,  du  L.  seta, 
soie  de  porc,  pinceau.  —  D.  saietter, 

SAIGNER,  du  L.  sanguinare,  être  san- 
glant, dans  la  basse  latinité  =^  sanguinem 
emittcre.  —  D.  saignée, 

SAILLIR,  h,salire.  —  l>, saillant,  saillie; 
composés:  assaillir  {fingl.  assail),  d'où  subst. 
assaiU,  L.  assaltus,  tressaillir,  L.  transsalire. 
—  Subst.  verbal  de  salire  :  L.  saltus,  fr.^air^ 
d'où  L.  saltare,  fr.  sauter, 

1 .  SAIN,  adj  ,  L.  sanus,  d'où  subst.  sanù 
tatem,  fr.  sante\  et  te  type  sanitarius,  fr.  ,^ani- 
taire.  Verbe  sainir  (patois  fr.  =  guérir j  et 
cps.  assainir. 

2.  SAIN  (dans  le  composé  sain-doux, 
graisse  de  porc  fondue),  vfr.  saïn,  champ. 
sahin,  esp.  sain,  prov.  sagin,  it.  saime;  du 
BL.  sagimen,  forme  variée  du  L.  sagina, 
graisse.  —  D.  ensimer  et  essimcr  (voy.  ce.s 
mots). 

SAINBOIS,  =  bois  sain,  appelé  ainsi  à 
cause  de  son  emploi  médical, 

SAINFOIN  (Cotgrave  écrit  sainct-foin),  = 
saint  foin;  l'ail,  dit  de  même  hcilig-heu.  0.  do 
Serres,  toutefois,  interprétait  lo  mot  par  foin 
sain  •  à  cause  de  sa  vertu  médicale  et  engrais- 
sante ». 

SAINT,  L.  sanctus,  —  D.  sainteté,  L. 
sanctitatem. 

SAISIR,  prov,  sasir,  it.  sagire  omettre  en 
possession)  et  slaggire  (saisir,  user  de  main- 
mise), BL.  sacire,  s'approprier.  Lo  vfr.  saisir 
avait  également  la  valeur  do  l'it.  sagire, 
mettre  en  possession;  c'est  de  cette  acception 
que  relèvent  les  expr.  «  le  mort  saisit  le  vif», 
puis  se  saisir  de  qqch.  et  le  cps.  dessaisir, 
prov.  d^asir,  mettre  hors  do  possession. 
Diez  pose  comme  étymologie  lo  vha.  sasjan, 
placer  (pris  dans  le  sens  du  cps.  bi-sasjan  = 
nha.  besetzen,  ags.  biset  tan,  angl.  beset,  pren- 
dre en  possession);  il  cite  à  lappui  le  prov. 
sazir  la  terra,  occuper  la  terre,  puis  la  syno- 
nymie des  formules  BL.  «  ad  proprium  sa- 
cire »  et  «  ad  proprium  ponere  «  (ponero  = 
ail.  selzen).  La  forme  ital.  sagire,  observe 
Diez,  se  rapporte  à  sasjan,  comme  palagio  à 
palatium  [prononcer  pal atsium).  —  J'aban- 
donne l'idéo  que  j'avais  eue  d'abord,  et  d'après 
laquelle  le  BL.  sacire  ne  serait  qu'un  retour 
à  la  forme  primitive  du  L.  sandre,  établir  ; 
mais  il  no  m'en  reste  pas  moins  des  doutes 
quant  à  la  justesse  de  l'étymologie  de  Diez. 
Comment  l'accorder  avec  la  forme   it.  stag- 


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SAI 


—  454 


SAL 


ffiref  Ne  faut-il  pas  ici,  comme  dans  plusieurs 
autres  cas,  admettre,  coDtraircment  à  la  théo- 
rie de  Diez,  la  simplification  d'un  st  initial  en 
jr  (cp.  sablière,  sçLCcade,  saison)  et  partir  de 
staggire  pour  expliquer  sogiref  Or,  quelle 
est  1  origine  de  ce  mot  italien?  Diez  propose 
les  vieux  verbes  ail  stâtigôn,  si^terc,  mettre 
arrêt,  ou  stâlian,  fixer.  Pour  moi,  j'émettrai 
deux  conjectures  :  1.  On  trouve  en  BL.  sta- 
gium  avec  les  acceptions  de  demeure,  séjour 
{notre  stage),  puis  d'étage,  de  salle;  puis  je 
trouve  stagia,  maison,  pieu,  poteau  ;  enfin, 
stagire,  séquestrer.  Toutes  ces  acceptions 
comportent  l'idée  de  fixer,  établir,  inhérente 
au  primitif  de  ce§  vocables,  le  L.  siare,  et  qui 
est  aussi  celle  du  verbe  ail.  seizen,  primitif 
de  sagire  selon  Diez.  2.  Dans  saisir,  il  n'y  a 
pas  seulement  l'idée  de  mettre  en  possession, 
mais  aussi  celle  de  prendre.  Cette  dernière 
découle,  par  généralisation,  de  celle  do  pren- 
dre en  gage,  en  sûreté;  par  là  nous  scmmes 
amené  à  l'étjmologie  staggio,  otage,  caution, 
qui  est  p.  ostaggio  (voy.  otage),  d'où  staggire, 
prendre  ou  mettre  en  sûreté,  d'où  le  subst. 
staggina,  fr.  saisine,  prise  de  possession  (cp. 
se  nantir,  w  saisir,  de  «atwp,  gage).  —  Storm 
(Rem.,  V,  167)  pense,  comme  moi,  qu'il  est 
diflBcile  de  séparer  sagire  de  staggire,  et  quant 
à  ce  dernier,  il  incline  pour  l'ail,  stàtian  (de 
stâii,  stable),  proposé  par  Diez,  ou  mieux 
encore  pour  un  verbe  stadjan,  conservé  en 
norois  sous  la  forme  stedja,  stabilire,  sistere, 
fitatucre,  de  stadr  (thème  stadi),  locus.  La 
finale  des  dérivés  it.  staggina,  fr.  saisine, 
ajoute  Storm,  en  le  démontrant,  n'exclut 
nullement  une  provenance  germanique. 

SAISON,  prov.  sazo,  esp.  sazon,  port. 
sazao,  it.  stagione.  La  forme  ital.,  combinée 
avec  l'esp.  estacion,  port,  esiaçào  (=  saison), 
porte  nécessairement  à  prendre  pour  origine 
le  L.  stationcm,  arrêt,  séjour,  point  tué,  d'où 
le  sens  :  le  temps  voulu,  le  moment  propice 
(Diez  rapproche  judicieusement  l'ail,  stiinde, 
heure,  de  stehn  =  stare).  Quant  aux  autres 
formes  avec  s  initial,  Diez  les  disjoint  etles  rap- 
porte, avec  Du  Cange,  au  L.  sationem,  action 
de  semer,  d'où  découlerait  l'acception  temps 
convenable  pour  semer,  et  enfin  temps  conve- 
nable en  général.  Nous  ne  partageons  pas  son 
avis  :  nous  voyons  dans  1'*  initial,  ici  comme 
dans  d'autres  cas,  un  affaiblissement  de  st, 
d'autant  plus  que  le  mot  saison  exprime  essen- 
tiellement les  divisions  ou,  à  proprement  dire, 
les  quatre  stations  de  l'année.  «  Cela  est  de 
saison  •»  équivaut  à  «  cela  est  de  l'époque  • . 
J'ai  développé  ailleurs  mes  arguments  en 
faveur  de  l'étym.  stationem;  elle  ne  donne 
lieu  qu'A  une  seule  objection,  c'est  que  st  ini- 
tial ne  peut  se  transformer  en  s.  Cette  loi,  je 
la  reconnais  ;  mais  des  exceptions  sont  admis- 
sibles pour  toute  loi,  et  cette  exception  s'im- 
pose si  naturellement  dans  un  certain  nombre 
de  cas,  que,  pour  ma  part,  j'aurais  de  la 
peine  à  la  méconnaître.  Dans  ce  qui  précède, 
on  a  pu  voir  quelle  facilité  elle  offre  pour 
l'explication  des  mots  sablière,  sabot,  saccade 
et  saisir,  et  plus  loin  je  l'invoquerai  encore 


pour  le  motyoMcA^.  En  outre,  je  la  vois  confir- 
mée par  le  prov.  sanc  (gaucher)  et  sanca  (main 
gauche),  qui,  bien  certainement,  reproduisent 
le  stanco,  stanca  de  l'italien;  puis  par  le 
verbe  sanchicr,  rassasier,  que  j'ai  noté  cinq 
ou  six  fois  dans  Froissart  et  qui  est  le  même 
mot  que  «towcare,  étancher.  D'ailleurs,  Diez 
admet  l'équation  st  initial  =  z  pour  plusieurs 
cas  'ainsi  zanco  p.  stanco,  zambecco  p  stam- 
becco;  esp.  Zuniga  p.  Estxiyiiga)\  or,  la  dis- 
tance de  -j  à  «  n'est  pas  grande.  Le  procédé 
qui  a  fait  lisière  de  listière  peut  foit  bien 
avoir  exceptionnellement  atteint  la  tète  des 
vocables.  —  Certainement,  saison  est  le  L. 
satio,  dans  la  phrase  :  <•  domaine  divisé  en 
trois  saisons  »  (Berry),  saison  =  sole;  mais 
je  tiens  ce  saison-lù,  pour  distinct  de  celui  qui 
nous  occupe.  —  Mentionnons  encore  pour 
mémoire  l'étym  sectio,  division,  mise  en  avant 
par  Le  Duchat.  —  D.  assaisonner  (v.  c.  m.), 
dessaisonné,  anc.  =  déplacé,  dérangé,  décon- 
certé, 

1.  SALADE,  ail.  salai,  angl.  salad,  it. 
insaJaia,  pr.  mets  assaisonné  avec  du  sel, 
puis,  par  extension,  herbes  destinées  A  être 
mangées  en  salade,  subst.  partie,  des  verbes 
prov.,  esp.  5a/ar,  it.  saJare,  fr.  saler,  dér.  du 
L.  sal.  —  D.  saladier, 

2.  SALADE,  casque,  it.  celata,  esp.  celada, 
V.  angl.  salet,  cymr.  saled,  du  L.  cassis 
cœlata,  casque  pourvu  d'une  image  ciselée. 

SALAIRE,  L.  solarium  (sal),  pr.  indemnité 
donnée  aux  soldats  pour  acheter  le  sel,  puis 
salaire  en  général.  —  D.  salarier. 

SALAMALEG,  de  la  salutation  arabe  salam- 
aleich,  salut  à  toi. 

SALAMANDRE.  L.  salamandra,  gr.  <>«>&- 

SALE,  d'après  Diez,  du  vha.  salo,  trouble, 
terne,  étymologie  corroborée  par  le  rapproche- 
ment de  rit.  salavo  =  sale,  qui-  répond  au 
même  mot  germanique  à  l'état  fléchi  :  salaiœr, 
gén.  salatoes.  —  L'étymologie  L.  squalidus, 
crasseux,  n'est  guère  plausible.  —  Che- 
vallet  invoque  le  celtique,  en  citant  l'écoss. 
et  irl.  salach,  gaél.  salio,  «=■  malpropn»; 
reste  à  savoir  si  ces  dérivés  sont  du  fonds  cel- 
tique; cp.  angl.  salloto,  ni.  zcUuio,  terne, 
livide.  —  D.  saleté,  salir,  salaud,  saligaud. 

SALEP,  pr.  oreliis,  puis  substance  tirée  des 
tubercules  des  orchis,  enfin  boisson  que  les 
Orientaux  font  avec  les  bulbes  des  orchis 
(arabe  sahlab,  turc  salleb).  Le  mot  est  tiré, 
d'après  Dozy,  de  la  phrase  chozà  at'tha*l€b  ■=* 
testicules  de  renard, 

SALER,  voy.  salade.  —  D.  salade,  salai- 
son. 

SALIÈRE,  de  L.  sal,  sel. 

SALIN,  saline,  L.  salinus  (sal), 

SALIR,  voy.  sale.  —  D.  salisson  fcp.  p.  la 
ÎOTTCïe polisson],  salissure. 

SALIVE,  L.  saliva.  —  D.  saliver,  -atton. 

SALLE,  it.,  esp.,  port.,  prov.  sala,  du  vha. 
sal,  maison,  demeure,  séjour;  cette  significa- 
tion était  aussi  celle  du  vfr  et  du  prov. 
(u  celestials  sala  n,  céleste  séjour).  Plus  tard, 
elle  s'est  restreinte  à  celle  de  «  grand  apparte- 


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SAN 


—  455  — 


SAN 


ment  i*;  auj.  Fall.  saal  dit  la  même  chose  que 
fr.  salle.  —  Les  mots  romans  étant  féminins, 
M.  Kern  leur  assigne  pour  origine  directe  le 
francique  sala,  moy.néerl.  saU  (auj.  jgaal). 
— .  D.  salon, 

SALMIAG,  corruption  de  sal  ammonia- 
cum. 

SALHIQONDIS,  roj.  salmis. 
SALMIS,  d'origine  inconnue.  On  est  tenté 
d*y  voir  une  contraction  d'un  type  salffamicius, 
du  L.  salffama,  choses  confites  dans  la  sau- 
mure. Je  suis  tout  aussi  embarrassé  pour 
salmigondis;  serait-ce  le  mot  salmis  amplifié 
de  conditus,  accomtnodé,  assaisonné  ? 
SALON,'  angl.  saloon,  voy.  salle. 
SALOPE,  soit  un  dér.  de  sale  (mais  com- 
ment expliquer  la  désinence?),  soit  p.  slope, 
correspondant  de  Tangl.  slop,  gâchis,  saleté. 
—  D.  saloperie,  —  Le  holl.  slomp,  salope, 
parait  être  la  forme  nasalisée  de  slop, 

SâLOROE,  magasin  de  sel,  selon  Bu gge, 
un  composé  foiiné  de  L,  sal,  sel  +  ?u>rreum, 
grenier,  ^dépôt,  magasin. 

SALPÊTRE,  mot  savant,  de  L.  sal  petrœ, 
sel  de  roche.  Le  circonflexe  n'a  pas  de  raison 
d'être. 

SALSEPAREILLE,  it.  salsapariglia,  de 
l'esp.  zarzaparilla^  composé  de  l'esp.  zarsa, 
ronce,  et  de  Parillo,  nom  d*un  médecin  qui  a 
employé  le  pi*emier  cette  racine.  Telle  est 
l'explication  de  Scaliger,  rapportée  par  Mé- 
nage. 

SALSIFIS,  anc.  sersifi;  l'it.  sassefrica  en 
est-il  l'original  ou  une  déformation? 

SALTATION,  L.  saltationem  (de  saltare, 
sauter;. 

SALTIMBANQUE,  de  l'it.  saltimbanco,  qui 
saute  sur  un  banc  {saltare  in  banco)  ;  l'it.  a 
de  même  cantimbanco,  chanteur  de  tréteau. 
SALUBRE,  L.  salubris.  —  D.  salubrité. 
SALUER,  prov.,  esp.  saludar,  it.salutare, 
du  L.  saliUare,  —  D.  salut,  subst.  verbal, 
action  de  saluer;  saluade;  salutation,  L.  salu- 
tationem. 

SALUT,  vfr.  salu,  1.  L.  salus,  -utis,  d'où 
salutaris,  fr.  salutaire;  2.  subst.  verb.  de 
saluer, 

SALVE,  décharge  de  mousqueterie,  d'abord 
en  signe  de  salutation,  de  bienvenue,  du  L. 
salx>e  (impératif  de  salière,  se  bien  porter), 
formule  romaine  de  salutation. 

SANGIR,  t.  de  marine,  couler  bas  (en  par- 
lant d'un  navire);  Diez  pense  que  c'est  une 
altération  du  prov.  sumsir,  submerger,  dont 
l'étymologie  est  encore  discutée  et  que  Paris 
(Rom.,  VI,  148  et  437)  croit  pouvoir  rattacher 
à  L.  sorpsus,  de  sorbere,  engloutir. 
SAMEDI,  voy.  sabbat, 
SANCTIFIER,  FICATION,  L.  sanctificare, 
•ationem. 

SANCTION,  L.  sanctionem  (sandre).  —  D. 
sanctionner. 

SANCTUAIRE,  L.  sanctuarium  (sanctus). 
SANDAL,  aussi  santal,  en  botanique  santa- 
lum;  de  l'arabe  zandal  {gv.  tàvzAXovj,  lequel 
répond  au  sanscrit  tschandana. 

SANDALE,  L.  sandalium  (vzvC&Uov). 


SANDARAQUE,  L.  sandaraca  (iMiapiutu). 

SANDRE,  nom  de  poisson,  de  l'ail,  saiuier, 
zander. 

SANO,  L.  sanguis.  —  D.  sanguin  (doù 
sanguine.,  minéral),  L.  sanguinus,  p.  sangui- 
neus;  sanguinaire,  L,  sanguinarius  ;  san- 
glant, L.  sanguilentus  (forme  accessoire  de 
sanguinolentus,  qui  se  trouve  chez  Scribo- 
nius  Largus).  A  propos  de  sanglant,  Gachet 
observe  :  -  Nous  sommes  tenté  de  croire  qu'une 
satire  sanglante  est  une  satire  qui  sangle  ou 
qui  fouette  ;  il  en  est  de  même  d  un  reproche 
sanglant,  etc.  Le  sang  n'a  rien  de  commun 
avec  cette  expression  » .  Cela  peut  être  vrai  ; 
cependant,  nous  ne  voyons  pas  pourquoi  san- 
glant ne  serait  pas  justifiable  comme  méta- 
phore ;  sanglant  et  cruel  se  touchent  de  bien 
près,  et  crudelis  n*est-il  pas  lui-même  un 
dérivé  de  crudus,  saignant,  cru?  —  Le  cps. 
sang-froid  paraît  être  une  corruption  de 
l'anc.  locution  sens  froid  (cp.  sens  rassis).  Le 
changement  du  i*oste  est  naturel,  cp.  l'ail. 
kaltbliUig(&àj,), 

SANGLE,  vfr.  cengle,  it.  cinghia,  prov. 
singla,  du  L.  cingula  (de  cingcre  »  ceindra, 

—  D.  sangler^  1.  ceindre  avec  une  sangle,  2. 
donner  des  coups  d'étrivières,  fouetter,  d'où 
sanglade, 

SANGLIER,  sengler*,pToy,  cinglar,  it.  sin- 
ghiale,  du  BL.  singularis.  Cette  di^nomina- 
tion  est  une  imitation  du  gr.  /iovio;,  bête  sau- 
vage, pr.  solitaire.  —  Quelques  patois  ont 
conservé  un  a^j.  sangle,  unique,  du  L.  sin» 
gulus, 

SANGLOT,  voy.  l'art,  suiv. 

SANGLOTER,  prov.  sanglotar,  du  L.  sin- 
guitare,  transposé  en  singlutare;  à  l'autre 
forme  latine  singultire  se  rattache  le  vfr.  sen- 
glotir,  souglotir,  —  D.  subst.  verbal  sanglot, 
vfr.  sanglout,  segloiU,  souglaut,  prov.  san- 
glot, singlot,  sangliU,  L.  singultus,  —  La  forme 
it  singhiozzo  est  basée  sur  singluttio  p.  sin- 
gultio;  le  vfr.  souglout,  sur  une  transforma- 
tion de  sin  en  sub. 

SANGSUE,  prov.  sancsuga,  L  sanguisuga, 
qui  suce  le  sang. 

SANICLE,  d'un  type  sanicula,  dimin.  de 
sana,  la  (plante)  saine. 

Si^CnE,  L.  sanies;  mot  de  formation 
savante,  ce  qui  équivaut  ici  à  irréguliôre,  car 
il  faudrait  ja^t^e.  —  D.  sanieux,  L.  saniosus. 

—  Voy.  aussi  essanger, 
SANITAIRE,  néologisme,  voy.  sain, 
SANS,  vfr.  sens,  prov.  senes,  sens,  ses,  it. 

senza,  v.  it.  sen,  esp.  sin,  port.  sem.  C'est  le 
latin  sine,  pourvu  de  1';  adverbial. 

SANSCRIT,  du  sanscrit  sanskrita,  parfait. 

SANSONNET;  cet  oiseau  ne  s'appelle  pas 
ainsi,  comme  dit  l'abbé  Corblet,  parce  qu'il 
apprend  facilement  à  chansonner  (le  mot 
s'applique  du  reste  également  à  un  poisson)  ; 
le  mot  vient  du  prénom  Samson,  commQ  pier* 
rot  de  Pierre  eijacquot  de  Jacques. 

SANTAL,  voy.  sandal. 

SANTÉ,  voy.  sain. 

SANTON,  de  l'esp.  santon,  hypocrite  (de 
santo,  saint).  Rabelais  a  sanctoron. 


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SÂR 


—  456 


SAU 


SANVE,  nom  populaire  du  sénevé,  du  L. 
sinapi,  accentué  sdnapi;  cp.  angl.  senvy,  ail. 
senf. 

SAOUL,  voy.  sottJ. 

1.  SAPE,  action  de  *a;)er,  subst.  verbal. 

2.  SAPE,  outil  pour  saper  ;  it.  zappa,  esp. 
sapa,  boyau.  L'initiale  s  engage  Diezà  rap- 
porter le  mot  au  gr.  v/scnniv,  fouir  (cp.  it. 
jsoJIa,  motte,  du  vba.  sholla).  L*it.  et  Fcsp.  s 
procédant  parfois  de  s  (cp.  it.  solfo,  soufre, 
de  Sîilphur,  esp.  zandalo,  sandale),  je  ne  vois 
pas  pourquoi  Tétym.  L.  sappa  f  Isidore)  ne 
serait  pas  préférable.  —  Chevallct  voit  dans 
zappa  une  transposition  de  l'ail,  spaten  (vba. 
spiuo),  pioclie.  C'est  par  trop  bardi. —  D.  sa- 
per, 

SAPER,  voy.  sape  2.  —  D.  sapeur. 

SAPHIR,  L.  sapphiriis  {vxit^upoi). 

SAPn)B,  L.  sapidiis,  dont  la  langue  vul- 
gaire a  fait  sade  (v.  c.  m.). 

SAPDBNGE,  L.  sapientia, 

SAPIN,  L.  sapinus.  Le  vfr.  et  le  prov. 
avaient  dégagé  de  ce  mot  le  simple  sap,  — 
D.  sapine,  sapinière. 

SAQUEBTJTE,  angl.  sackbut,  esp.  saca- 
bûche  ;  je  ne  connais  pas  l'étymologie  du  nom 
de  cet  instrument  de  musique  (à  vent),  car  je 
ne  puis  approuver  Ménage,  qui  voit  dans  le 
mot  une  altération  du  L.  ^ram^uca  (instrument 
musical  à  cordes).  Une  fois  qu'on  se  laisse 
aller  aussi  loin,  autant  vaudrait  remonter  au 
L.  sambucus,  sureau  ;  les  patois  disent  en 
effet  sambuque  pour  une  flûte  de  sureau.  La 
forme  esp.  sacabuche  a  l'air  de  dire  quelque 
cbose  comme  tire-bedaine. 

SARABANDE,  it.  pg  sarabanda,  de  l'esp. 
sarabanda,  qui  vient  du  persan  serbend  (espèce 
de  chant,  d'aprôs  Ménage). 

SARBACANE,  anc.  sarbatane,  esp.  cerba- 
tana,  sarbatana,  it.  cerbotana,  de  l'arabe 
zabalâna,  sarbacane  pour  tuer  les  oiseaux. 

SARCASME,  L.  sarcasmus,  grec  9xpnx'Sfi6i 
(de  ^apAàiiu,  ronger,  fig.  railler)  ;  sarcastique, 

grec  <yapxg7Tty.d;. 

SARCELLE,  voy.  cercelle. 

SARCHE,  cerceau  qui  porte  la  peau  d'un 
tambour,  d'un  crible,  du  L.  circus  ou  plutôt 
circa.  donc  p.  cerchc  (cp.  cercelle  et  sarcelle). 

SARCLER.  L.  sarculare  (sarculus). 

SARCOPHAGE,  L.  sarcophagus,  gr.  ^xpxo- 
fà/oç  pr.  qui  consume  les  chairs,  camivore!  Le 
nom  s'appliquait  d'abord  à  une  espèce  particu- 
lière de  pierre  à  chaux  qui  avait  la  propriété  de 
consumer,  dans  l'espace  de  quarante  jours,  la 
chair  et  même  les  os  d'un  corps  que  l'on  y  ren- 
fermait(voy.  Pline,  H.  N.,  XXXVI.  27).  Cette 
pierre  servait  à  faire  des  cercueils,  quand  on 
enterrait  le  corps  tout  entier  sans  le  brûler, 
ce  qui  fit  que  le  mot  a  fini  par  s'employer 
pour  toute  espèce  de  cercueil  quels  qu'en  fus- 
sent les  matériaux.  C'est  dans  ce  sens  général 
que  Juvénal  en  fait  usage  (Sat.,  X,  172). 

SARDE,  baleine,  du  L.  sarda.  —  D.  sar- 
dine, L.  sardina  {vapùivvi). 

SARDOINE,  it.  sardonico,  prov.  sardonic, 
du  L.  sardonyx,  gveccxpiôMi^àpSiOi  ôvu| . 

SARDONIQTJE  (ri*),  gr.  axpSôjtoi  yOc;,  de 


capSotiov,  sorte  d'herbe  qui  causait,  dit-on,  le 
rire  sardonique;  voy.  les  commentateurs 
d'Homère  (Od.,  XX.  501). 

SARMENT,  L.  sarmentum  (de  sarpere, 
émondcr).  —  D.  sarnientevx,  L.  sarmen- 
tosus. 

SARRASIN,  musulman,  BL.  saracetnts,  de 
l'arabe  scharkiin,  gens  de  l'Orient.  Le  bl<^ 
sarrasin  s'appelle  ainsi  parce  qu'il  est  de 
provenance  africaine.  Sarrasine,  herse  (t.  de 
fortification),  tire  également  son  nom  de  sa 
forme  orientale. 

SARRAU  ou  SARROT,  wallon  sarot,  rouchi 
saro,  BL.  sarroius.  Cette  dernière  forme  est 
altérée,  par  assimilation,  de  sarcotus  (d'où 
BL.  sarcotium^  rochet).  Chevallet  dérive  sar- 
cotus de  l'isl.  serh,  tunique,  ags.  syrc,  sj/ric, 
m.  s.,  dan.  et  suéd.  saerk,  chemise.  Il  peut 
avoir  raison,  mais  l'angl.  shirt,  chemise,  qu'il 
cite  également,  n'a  rien  à  voir  ici.  Il  aurait  dû 
citer  avant  tout  comme  primitif  immédiat  de 
sarcotus,  saricotus,  le  BL.  ^arica,  robe  mise 
par-dessus  les  vêtements  ordinaires. 

SARRETTE  ou  SERRETTE,  anc.  sarra, 
ail.  scharte,  formes  dégagées  de  Tit.  serra- 
tola,  qui  est  le  L.  serratula,  bétoine. 

SARRIETTE,  dimin.  de  sarrie;  celui-ci 
répond  au  prov.  sadreia,  lequel  vient  du  L. 
saliireja  (ail.  saturei,  it.  santoreggia). 

1 .  SAS,  tissu  de  crin  pour  tamiser,  contrac 
tion  du  vfr.  seas,  saas,  langued.  sedas,  = 
BL.  sedcUium,  sitacium,  qui  sont  pour^eta- 
ceum,  dérivé  du  L.  seia,  soie,  crin.  L'it.  a 
transformé  sctaceum  en  staccio  p.  setaccio; 
l'esp.  a  cedqso,  l'angl.  searce.  —  D.  sasser, 
ressasser. 

2.  SAS,  t.  d'hydraulique,  du  néerl.  sas, 
écluse,  qui  tient  prob.  au  thème  sat  (a\\.  sots), 
arrêt,  station.  —  D'après  Littré,  de  l'it.  sasso, 
t.  de  fortification,  qui  est  le  L.  saxum, 
pierre;  étym.  peu  probable. 

SASSAFRAS,  esp.  sassafras,  salsifrax, 
saxifragia;  de  même  origine  que  saxifrage. 

SASSER,  voy.  sas  1. 

SATAN,  mot  hébraïque  (pr.  l'ennemi),  grec 
ftoLTTLvii.  L'anc.  langue  traduisait  litt.  le  mot 
par  avei'sier  (adversaire).  —  D.  saianique. 

SATELLITE,  L.  satelles,  -iits,  garde  du 
corps. 

SATIÉTÉ,  L.  satietatem. 

SATIN,  vfr.  (par  la  chute  de  la  médiale) 
saïn,  it  selino,  port,  setim,  dér.  de  seta,  soie. 
—  D.  satiner,  saiinade. 

SATIRE,  L.  satira  ou  satura.  —  D.  sati- 
inique,  satiriser.  Il  faut  distinguer  satire  de 
satyre,  pièce  de  théâtre  chez  les  Grecs,  qui 
vient  de  vzrypoi,  satyre. 

SATISFAIRE,  L.  saiisfacere;  snbst.  satis- 
faction, L.  satisfactionem. 

SATURER,  L.  saturare  (satur). 

SAUCE,  vfr.  saussc,  it.,  esp.,  prov.  saîsa, 
de  l'adj .  salsus,  salé  ;  donc  pr.  chose  prépa- 
rée au  sel.  —  D.  saucer,  saucière.  A  un  type 
salsicia,  dérivé  de  salsiis,  répondent  it.  solde- 
cia,  esp.  sàlchicha,  BL.  salcitia,  fr.  saucisse. 

SAUCISSE,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  sau- 
cisson. 


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SAU 


—  457  — 


SAV 


SAUF,  L.  scUvus.  —  D.  sawcet^.  Compo- 
sés :  sauf-conduit  (it.  salvocondutto)  et  sauve- 
garde (it.  sahaguardia)f  d'où  sauvegarder. 

SAUGE.  L.  salvia. 

SAUGRENU  ^anc.  aussi  saugreneux)^  com- 
posé de  sel  et  àe grenu;  pr.  «  au  gros  sel,  au 
sol  p^renu  ». 

SAULE  ;  ce  mot  ne  peut  se  déduire  du  L. 
salix,  gén.  salicis.  A  ce  dernier  cependant 
répondent  les  formes  bourg,  et  lorr.  sausse, 
vfr.  saux,  prov,  sauze,  sauts^  it.  saîcio,  esp. 
^a/c6,  sauce,  saus,  de  môme  que  le  dér.  saus- 
saie reproduit  le  L.  saïicetum,  Dioz  assigne  à 
la  forme  fr.  saule  pour  origine  le  vlia.  scdahat 
m.  s  ,  écourté  en  sala  (d'où  saule,  comme 
gaule  de  valus).  —  D.  saulet,  nom  d'oiseau. 

SAUMATRE,  it.  salmastro,  d'un  type  sal- 
master,  p.  salmacidus.  Ce  dernier  vocable 
a  donné  le  prov.  sa)7iaciu,  vfr.  saumache. 

SAUMON,  it.  salamone  et  sermone^  du  L. 
salmo,  'Onis.  —  D.  saumoyié.  —  Saumon  de 
plomb  (cbamp.  sommon)  est-il  le  même  mot, 
par  assimilation  de  forme,  ou  un  dérivé  de 
somme,  charge,  poids?  L'espr.  angl.  pig  (ou. 
sow)  oflead,  pr.  cochon  de  plomb,  fait  pencher 
pour  la  première  interprétation. 

SAUMURE,  it.  salamqja,  esp.  salmuera, 
composé  de  sal,  sel,  et  du  L.  muria,  sau- 
mure (vfr.  mûrie)',  cp.  le  gr.  UX-fiupl;',  m.  s 

SAUNER,  faire  du  sel,  d'un  type  salinare 
(sal).  —  D.  saunage,  saunier,  L.  salinarius, 
d'où  saunerie. 

SAUPE,  nom  de  poisson,  L.  salpa. 

SAUPIQUET,  du  verbe  saupiquer",  prov., 
esp.  salpicar  ==  piquer  ou  saupoudrer  de  sel, 
assaisonner  au  sel. 

SAUPOUDRER,  pr.  poudrer  ou  asperger 
de  sel.  L'idée  du  sel  s'effaçant,  on  dit  :  saupou- 
drer de  farine,  de  sucre,  etc.  Pour  cette  géné- 
ralisation de  sens,  c^.  joncher. 

SAUR  et  SAURE,  vfr.  sor,  sore,  de  couleur 
brun  clair,  jaune  tirant  sur  le  brun,  prov. 
saur,  blond  jaune,  it.  sauro,  soro.  Le  sens 
foncier  est  «  desséché  «(cp.  «  hareng  saur  »'),d'où 
s'est  déduit  celui  de  jaune,  blond  (cp.  le  color 
aridus  do  Pline,  et  les  vestes  serampelinœ,  ha- 
bits do  couleur  do  feuille  morte,  de  Juvénal). 
Le  mot  vient,  selon  Diez.du  néerl. «oor,  angl. 
sear,  sec  (verbes  ags.  searian,  vha.  soren,  sau' 
ren,  sécher);  d'après  Mahn,  du  basque ^rurûi, 
churia,  blanc.  Dicfenbach  (Kuhn,  Zeitschrift, 
t.  XII)  propose  goth.  Sauria,  it.  Soria,  Syrie, 
en  alléguant  le  syricum  pigmentum  d'Isidore 
(Orig.,  XIX,  17j.  —  Littré  songe  à  saurex, 
sor  ex,  souris  (une  nuance  prise  pour  une 
autre».  —  Cheval'et  remonte  à  un  mot  goth. 
sor,  bnin,  bis,  fauve  ;  le  grand  défaut  de  cette 
étymologie  est  que  l'on  ne  trouve  pas  ce  mot 
gothique  dans  les  dictionnaires.  —  D.  soreV 
(nom  pr.  Agnès  Sorel)  =  angl.  sorely  sorrel, 
brun  rouge;  sauret  (hareng);  verbes «aitnr  et 
sau7*er. 

SAURER,  SAURET,  SAURIR,  voy.  saur. 

SAUSSAIE,  voy.  saule. 

SAUT,  soit  direct,  du  L.  sal  tus  (salire), 
soit  subst.  verbal  de  sauter. 

SAUTER,  L.  saltare,  fréq.  de  salire.  — 


D.  saute,  t.  de  marine;  sauté,  t.  de  cuisine; 
sauteur,  sauterie,  sautereau,  sauterelle,  sau- 
toir,  sautiller. 

SAUTOIR,  pr.  une  pièce  du  harnais  du  che- 
valier, qui  lui  servait  d'étrier  pour  sauter  sur 
son  cheval  ;  de  là,  d'après  Littré,  par  assimi- 
lation de  forme,  la  locution  en  sautoir. 

SAU7AGE,  angl.  savage,  it.  salvaggio  et 
selvaggio,  aussi  salvatico,  prov.  sahatge,  esp, 
salvage,  port,  salvagem,  direct,  du  BL.  sal  va- 
ticus  p.  silvaiicus  fsilva).  —  D.  saiœagerie, 
sauvageon,  sauvagin,  -ine. 

SAUVER,  L.  saltare  (salvus).  —  D.  sau- 
veur ;  dimin,  sauveter,  d'où  sauvetage. 

SAVANE,  de  l'esp.  sabana.  Ce  dernier,  au 
propre,  signifie  drap  de  lit,  du  L.  sabanum 
i'jxtavov),  linge,  nappe  ;  la  savane  est  donc 
envisagée  comme  une  nappe  de  verdure.  — 
D'après  Roulin  (Littré,  Suppl.),  le  mot  est 
d'origine  américaine,  ce  qui  parait  probable. 

SAVANT,  pr.  part.  prés,  du  verbe  savoir. 
Le  mot  ne  vient  pas  direct,  de  la  forme  L.  sa- 
piens,  à  laquelle  ne  répond  que  la  forme 
sachant.  —  Les  latinistes  de  la  Renaissance, 
imaginant  quelque  rapport  étymologique 
entre  savant,  savoir  et  le  L.  scire,  crurent 
faire  honneur  à  leur  savoir  en  écrivant  sça- 
vant,  sçavoir. 

SAVATE,  it.  ciabatta,  m.  s.,  esp.  sapaia, 
espèce  de  bottine,  port,  sapata,  soulier  de 
dame,  bottine  ;  formes  masc.esp.  zapato,  port. 
çapato,  prov.  sabato,  soulier.  Dicz  cite  Sousa, 
d'après  lequel  le  mot  vient  de  l'arabe  sabat, 
subst.  d'un  verbe  sabota,  chausser,  mais  c«tte 
signification  du  verbe  n'est  pas  indiquée  par 
Freytag.  Selon  Mahn,  du  basque  zapata,  sou- 
lier, zapatu,  mettre  le  pied,  zapatcea,  fouler 
aux  pieds,  presser,  enfoncer,  chiffonner. 
A  coup  sûr,  les  vocables  sçdfot  (v.  c.  m.)  et 
savate  sont  d'origine  commune,  mais  cette 
origine  resto  encore  à  fixer.  Pouc  ma  part, 
sans  contester  la  valeur  de  l'opinion  de  Mahn, 
je  soupçonne  fort  le  rad.  sap  ou  zap  de  n'être 
qu'un  allégement  de  stap,  racine  fort  répan- 
due dans  le  système  indo-européen  et  signi- 
fiant «  mettre  le  pied,  marcher  »,  d'où  l'idée 
semelle,  soulict .  Voy.  sabot.  En  admettant  un 
type  sapa  p.  slapa,  chaussure,  objet  servant 
À  marcher  (ail.  stappen,  stapfen,  etc.),  nous 
en  déduirons  sans  difficulté  :  1.  sapotus  » 
sabot;  2.  sapata  =  savate;  enfin,  avec  réserve 
cependant,  3.  sapella,  =  sebelle  (hypothé- 
tique), d'où  semelle  (cp.  samedi  p.  sabedi). — 
D.  savetier  (anc.  sabotier,  savatiery,  verbe 
savater,  saveter, 

SAVEUR,  vfr.  savour  (d'où  savourer,  savou^ 
reux),  du  L.  saporem  (de  sapere,  avoir  du 
goût). 

SAVOIR,  it.  sapere,  savere,  esp.,  prov. 
sabér,  du  L.  sapere  p.  sapere  (avoir  du  goût, 
être  sage),  qui,  dans  les  langues  romanes,  a 
supplanté  le  verbo  scire  (conservé  encore  dans 
le  mot  escient  et  l'adv.  sciemment).  —  Le 
subj.  latin  sapiam  a  régulièrement  fait  sache, 
comme  sepia  a  donné  sèche;  le  part.  prés, 
s  est  produit  sous  une  double  forme,  1 .  sa» 
chant,  répondant  littéralement  au  type  sapien- 


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SCE 


—  458  — 


SCO 


tem;  2.  saeani,  tiré  de  Tinfinitif  savoir. 
L'usage  a  réservé  ce  dernier  à  l'emploi  adjec- 
tival. —  D.  savoir,  infinitif  substantivé. 

SAVON,  L.  sapo,  -onis.  —  D.  saoonner, 
saoonnier,  savonnerie,  savonnette. 

SAVOUREB,  SAVOUREUX,  SAVOURST, 
dér.  de  saveur,  wir,  savour.  —  Le  L.  saporare 
signifie,  difTéremment  de  savourer,  rendre 
savoureux. 

SAXIFRAGE,  nom  de  plante.  L.  saxifraga 
(pr.  brise-pierre^,  appelée  ainsi  à  cause  des 
vertus  litbontriptiqucs  attribuées  à  cette 
plante.  Voy.  aussi  sassefras. 

SATETTE,  nom  d'une  étoffe  de  laine,  voy. 
saie  1 .  Comme  il  s'agit  de  laine,  il  faut  écarter 
l'étymol.  saie,  forme  variée  de  soie. 

SAYNÈTE,  pièce  de  théâtre  bouffonne,  de 
Tesp.  sainete,  qui  est  dérivé  de  sain,  graisse 
(voy.  sain);  donc  pr.  morceau  de  graisse, 
morceau  délicat. 

SATON,  voy.  saie  1 . 

SBIRE,  de  l'it.  sbirro.  m.  s.    . 

SGABELLON,  L.  scabellum,  dont  le  vrai 
correspondant  roman  est  escabel"  escabeau. 

SGABIEUSE,  nom  de  plante,  dér.  du  L. 
scabies,  gale,  à  cause  des  propriétés  dépura- 
tives  de  cette  plante. 

SGABBE,  rude  au  toucher,  L.  scaber,  sca- 
bra,  rude,  raboteux.  —  D.  scabreux. 

SCABREUX,  voy.  l'art  préc. 

SCALPEL,  L.  scalpellum. 

SCALPER,  L.  scalpëre,  gratter. 

SCANDALE,  occasion  de  chute,  puis,  par 
métonymie,  les  actions  ou  paroles  qui  la  four- 
nissent, puis,  par  une  nouvelle  progression 
d'idée,  l'indignation  qu'on  ressent,  ou  l'éclat 
qui  se  produit  des  actes  ou  discours  de  mau- 
vais exemple:  L.  scandalum,  gr.  <Txàv5a)ov, 
piège,  trébuchet.  —  La  langue  commune  a 
métamorphosé  scandalum  en  esclandre  (v.  c. 
m.).  —  b.  scandaleux,  scandaliser  =  grec 
9xscy2se>({siy. 

SCANDER,  L.  scandere(*^  scandere  versus  », 
Horace). 

SCAPHANDRE,  corset  à  nager,  mot  tech- 
nique fait  de  «aj.»},  nacelle,  et  ivttp,  àvSp6i, 
homme,  donc  pr.  homme-bateau. 

SCAPULAIRE,  BL.  scapulare  •  vestis  sca- 
pulas  tantum  tenens  ». 

SCARABÉE,  L.  scarabœus  (vx&f  a6o«). 

SCARIFIER,  L.  scaHficare. 

SCARLATINE,  voy.  écarlate. 

SCEAU,  anc.  scel;  vfr.  seel,  sael,  saiél, 
angl.  seal,  du  L.  sigiUum  (d'où  l'ail,  siegel). 
Le  c  est  inorganique  et  une  ajoute  moderne, 
motivée  peut-être  par  le  désir  de  distinguer 
le  mot  de  l'homophone  seau.  —  D.  sccllei; 
cps.  desceller. 

SCÉLÉRAT,  L.  sceleratus  (scelus).  — 
D.  scélératesse. 

SCELLER,  voy.  sceau.  —  D.  scellement. 

SCENE,  L.  scena,  gr.  ffyTjvij.  —  D.  scénique, 
L.  scenicus. 

SCEPTIQUE,  L.  scepticus,  gr.  ««TTrixo,-  (de 
cxknTtodai,  considérer,  méditer).  —  D.  scepti- 
cisme. 


SCEPTRE,  L.  sceptrum,  gr.  w^ffrpov,  bâton 
(de  9xrticTtiv,  appuyer). 

SCHISME,  it.  cisma,  du  gr.  9xltfia,  division 
(de  t^iitiv,  fendre).  —  D.  schismatique,  grec 

SCHISTE,  gr.  »x«»t6î,  fendu.  —  D.  schis- 
teux. 

SCHLAGUB,  de  l'ail,  schlag,  coup. 

SCIATÏQUE,  BL.  sciaticus,  mot  tronqué  du 
L.  ischiadicus,  gr.  lY^tactro;,  dér.  de  cT^a;, 
'kZoi^  douleurs  à  la  hanche  (Itx'cv)* 

SCIE.  voy.  scier. 

SCIEMMENT,  it.  scientemente,  adv.  du 
part.  prés.  L.  sciens,  sachant,  vfr.  scient, 
escient. 

SCIENCE,  L.  scientia  (sâre).  Dérivé  mo- 
derne :  scientifique;  on  a  sans  doute,  par 
cette  création,  voulu  éviter  le  mot  peu  harmo- 
nieux scientiel. 

SCIER  le  c  a  été  inséré  par  abus,  comme 
dans  scavant'  et  .^ceau),vfr.  séer,  seier,  soier,  it. 
segare,  prov.,esp  segar,àxi  L.  secare,  couper 
(cp.  nier,  vfr.  noyer,  de  negare).  —  D.  scie, 
vfr.  sigue,  instrumment  à  scier. 

SCILLE,  oignon  marin,  L.  scUla  (^ais). 

SCINDER  (mot  savant),  L.  scindere;  supin 
scissum,  d'où  scissio,  fr.  scission;  scissura, 
fr.  scissure. 

SCINTILLER,  L.  scintillare,  de  scintilla, 
5=  fr.  étincelle  (v.  c.  m.). 

SCION,  p.  secion,  du  L.  sectionem,  cou- 
pure ;  cp.  le  terme  analogue  ail.  scJmittlitig 
de  schfieiden,coMper.Lesens  concret  de  scion 
a  motivé  le  genre  masculin. 

SCISSION,  voy.  scinder.  —  D.  scission- 
nuire. 

SCOLAIRE,  du  L.  scholaris  (schola,  t^oIt.). 
type  aussi  du  mot  écolier;  8cola8tiquk,  L. 
scholasticus  (type  aussi  de  écoUttre). 

SCOLIE,  gr.  9xo)i9y,  note,  de  là  «x^icse^ccy, 
faire  des  notes,  d'où  Tiolik'srni,  annotateur, 
fr.  scoliaste. 

SCORBUT,  it.  scorbuto,  esp.,  port,  escor- 
buto,  du  bas-ail.  schorbock,  néerl.  scheur- 
buik,  dont  la  signification  étymologique  est 
incertaine.  On  a  expliqué  le  terme  néerl.  par 
scheuren,  déchirer  -[-  buik,  ventre;  d  autres 
rapportent  l'élément  scor  à  l'ail,  schorf.,  angl. 
scurf,  escarre,  croûte,  gale.  Le  même  mot 
s'est  modifié  en  ail.  scharbock,  suéd.  4korb- 
jugg,  angl.  scurvy.  Le  fait  est  que  l'origine 
de  cet  important  terme  médical,  que  le  latin 
du  moyen  âge  nous  a  légué  sous  la  forme  de 
scorbutus  nest  pas  encore  découverte;  qui 
sait  si  scorb  n'est  pas  le  scorp  radical  de  scor- 
pius,  l'insecte  venimeux?  —  On  m'apprend  au 
dernier  moment  que  la  plus  ancienne  forme 
néerl.  se  terminait  par  but  (au  lieu  de  buik). 

—  D.  scorbutique. 

SCORIE,  L.  scoria,  gr.  nupia,  déchet  de 
métal.  —  D.  scorifier. 

SCORPION,  L.  scorpionem,  gr.  9xop7r{e«. 

SCORSONÈRE,  de  Fit.  scorzonera,  composé 
de  scorza,  écorce,  peau,  et  de  nera,  noire; 
l'ail,  l'appelle 5cAK7arji.(7iir^,  litt.  racine  noire. 

—  Diez  pense  que  scorzonera,  la  forme  ital. 
actuelle,  a  été  précédé  de  la  forme  soorso- 


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SÉC 


—  459  — 


SËD 


niera  et  quo  la  véritable  étymologie  est  scar- 
zone,  serpent  (la  plante  étant  supposée  salu- 
taire contre  la  morsure  des  serpents}. 
SCRIBE,  L.  scriba. 
SCRIPTBUR,  L.  scriptorem, 
SCEOFULB,  L.5cro/u7a(scrofa).Voy.  aussi 
éa-ouelU.  —  D.  scrofuleux. 

SCRUPULIi,  L.  scrupulus  (dim.  de  scru- 
pus),  pr.  petite  pierre  pointue,  puis  le  poids 
le  plus  faible  (et  la  plus  petite  monnaie  d'or 
qui  eût  cours  à  Rome),  enfin  sentiment  d'in- 
quiétude pour  peu  de  chose,  embarras,  exac- 
titude minutieuse.  —  h.  scrupuleux,  L.  scru- 
pulosus,  m.  s.  —  Il  se  peut  que  l'acception 
morale  attachée  au  L.  scrupulus  ne  découle 
pas  de  ridée  de  bagatelle,  mais  plutôt  de  celle 
de  pierre  pointue  ou  de  pierre  en  général 
(métaph.  =  chose  qui  gène,  chose  scabreuse); 
elle  s'appliquait  en  latin  de  même  au  primitif 
scrupus.  Cp.  les  expr.  figurées  ail.  einen  stein 
votn  hersen  toâlzen,  roulrr  une  pierre  de  son 
cœur  =  décharger  son  cœur  d'un  souci  ;  aile 
steùie  aus  dcm  %oege  rdumen,  ôter  toutes  les 
pierres  du  chemin,  «=  aplanir  toute  difficulté  ; 
et  ne  disons-nous  pas  de  même,  p.  cmbairas, 
«  pierre  d'achoppement  •  ? 

SCRUTER,  L.  scriOari,  pr.  fouiller.  —  D. 
scrutaieury  L.  scrutatorem.  —  Du  même  radi- 
cal :  scrutinium,  fr.  scrutin,  pr.    =  inqui- 
sitio,  recherche,  examen,  puis  action  ou  mode 
de  recueillir  les  suffrages. 
SCRUTIN,  voy.  l'art,  préc. 
SCULPTER,  L.  sculptare\  fréq.  de  seul- 
père,  graver,  ciseler;  supin  sculptum,  d'où 
les  subst.  sculpter,  -tura,  fr.  sculpteur,  -ture. 
SCURRILITÉ,  L.  scurrilitatem, 
SE,  L.  se;  c'est  la  forme  secondaire  et  atone 
de  soi  fvfr.  sei), 

SÉANT,  part.  prés,  do  seoir  (v.  cm); 
comme  adj.  =  qui  siège  et  qui  sied;  comme 
subst.,  =»  position  assise  (cp.  le  vieux  mot 
estant,  voy.  l'art,  étant),  —  D.  séance,  action 
de  seoir  (anc.  =  convenance,  gré). 

SEAU,  vfr.  seel,  du  L.  sitellus.  La  pronon- 
ciation sé-au  est  réprouvée  par  la  bonne  com- 
pagnie; elle  est,  à  la  vérité,  plus  correcte  au 
point  de  vue  étymologique,  mais  à  ce  titre  il 
faudrait  également  prononcer  téau  p  veau, 
ce  mot  venant  de  ve-el,  =»  L.  vitellus.  Les 
formes  Isi.situlus,  situla,  syncopes  en  sitlus, 
sitia,  s'étant  altérées  en  siclus,  sicla,  il  en  est 
résulté  les  mots  équivalents  it.  secchia, 
secchio  (cp.  vecchio  de  vetulus),  prov.  sel  ha, 
fr.  seille  (forme  vieillie). 

SÉBACÉ,  mot  de  création  scientifique,  tiré 
do  L.  sebaceus  (de  sebam,  suif). 

SÉBILE,  d'origine  inconnue.  Peut-être  le 
persan  zambil,  panier,  corbeile,  (Littré.) 

SEC,  L.  siccus,  —  D.  sécheresse,  anc. 
séchasse  (le  vfr.  disait  aussi  sécheur).  —  Verbe 
sécher,  L.  siccare.  —  Les  savants  ont  tiré 
dircsct.  du  radical  latin  :  siccité,  L.  siccitatem, 
et  siccatif, 

SiCABLE,  SÉCANTE,  SÉCATEUR,  du  L. 
secare,  couper. 

SiSCHS.  SEICHE,  L.  sepia  (^nm'a). 
SÉCHER,  voy.  sec. 


SECOND,  prov.  segon^  vfr.  seon,  de  L. 
secundus  (desequi,  suivre). —  D.  secondaire, 
L  secundarius  ;  subst.  seconde,  pr.  deuxième 
division  de  l'heure  ou  du  degré. 

SECONDER,  L.  secundare  (de  secundus, 
favorable). 

SECOUER;  d'après  G.  Paris  (Rom.,  VIII, 
620),  un  verbe  tout  moderne  fait  par  méprise 
sur  l'anc.  indic.  prés,  secout  (de  vfr.  secorre, 
secouer)  ;  cette  opinion  n'est-elle  pas  quelque 
peu  contrariée  par  le  prov.  secodar  (Blondin 
de  Cornouailles,  139;,  et  n'y  a-t-il  pas  plutôt 
lieu  d'admettre  un  métaplasme  de  date  an- 
cienne succutare  p.  succuteref  —  Quoi  qu'il 
en  soit,  la  forme  usuelle,  dans  l'anc.  langue, 
était  secorre,  correctement  formée  de  L.  suc- 
cutere  ;  elle  correspond  avec  le  prov.  socodre, 
secodre.  L'esp.  et  le  port,  ont  jraci*rfiV;  l'it. 
scuotere  représente  le  composé  eaxiutere  (voy. 
escousse).  —  Le  participe  succussus  s'est 
francisé  en  vfr.  secous,  et  a  produit  le  subst. 
participial  féminin  secousse,  action  de  se- 
couer. 

SECOURIR,  vfr.  succurre,  secorre,  du  L. 
succurrere,  —  D.  secourable,  1.  qui  peut  être 
secouru,  2  disposé  à  secourir  (cp.  l'anc. 
aidabU,  qui  aide  volontiers).  Subst  secours, 
BL.  succursus,  d'où  succursalis,  auxiliaire, 
fr.  succursale, 

SECOUSSE,  voy.  secouer, 
SBCàET,  vfr.  segret,  segroi  (cp.  cot  de 
quietus),  du  L.  secretus,  secretum  (de  secer- 
nere,  mettre  à  part).  —  D.  seci*étaire,  BL. 
secretarius,  «=  qui  est  a  secretis,  scriba  ;  d'où 
secrétariat. 

SECRtTAIRE,  subst.,  1.  pei-sonno  de  con- 
fiance chargée  des  écritures  (voy.  secret)  \ 
2.  meuble  dans  lequel  on  serre  ses  papiers, 
bureau. 

SÉCRÉTER,  L.  secretare\  fréq.  de  secer- 
nere,  séparer,    supin    secretum,  d'où  subst. 
secretioncm,  fr.  sécrétion. 
SECTATEUR,  voy.  secte, 
SECTE,  du   L.   seda,   manière  de  vivre, 
méthode,  système;  puis  parti,  secte.  Ce  mot 
latin,  en  tant  que  signifiant  parti,  renvoie  à 
secare,  diviser  (cp.  l'origine  départi);  cepen- 
dant, sectari,  s'attacher  à  un  système  (d'où 
sectatorem,  fr.  sectateur),  signifie  en  premier 
lieu  suivre  assidûment  et  est  incontestable- 
ment le  fréq.  du  verbe  sequi.  —  D.  sectaire. 
SECTEUR,  L.  sectorem  (secare),  coupeur  ; 
SECTION,  L.  secHonem,  coupure  (voy.  aussi 
scion).  —  C^s.  prosecteur, 

SÉCULAIRE  et  SÉCULIER  (cp.  scolaire  et 
écolier),  du  L.  sœcularis.  La  seconde  forme 
se  rattache  au  sens  religieux  de  sœcidum,  fr. 
siècle,  «=  monde,  choses  do  ce  monde.  —  D. 
séculariser. 

SÉCURITÉ,  L.  securùatem.  Voy.  sûr, 
SÉDATIF,  du  L.  sedare,  calmar. 
SÉDENTAIRE,  L.  sedentarius  (sedcns). 
SÉDIMENT,  L.  sedimenUcm(sedeve),  affais- 
semont.  tassement. 

SÉDITION,  L.  seditionem  (subst.  du  verbe 
sedire\  aller  A  l'écart,  faire  dissidence);  sédi- 
tieux, L.  seditiosus. 


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SEI 


—  460 


SEL 


SÉDUIRE,  L.  se-chtcere,  pr.  conduire  à 
l'écart,  supin  seductttm,  d'où  seductio,  -tor, 
fr.  séductioti,  séducteur, 

SEGMENT,  L.  segmmtum  (secare). 

SEGRAIS,  bois  séparés  des  grands  bois  et 
qu'on  exploite  à  part,  subst,  verbal  de  l'anc. 
segi'ayer^  segréer,  qui  vient  de  secretare 
(fréq.  de  seceimere),  mettre  à  part.  L'officier 
forestier  chargé  des  bois  segrais  s'appelait 
segrayer^  en  BL.  secretarius.  N'était  cette 
forme  latine,  on  pourrait  aussi  rattacher  ces 
termes  au  L.  segregare,  séparer. 

SEICHE,  voy.  sèche, 

SÉIDE,  du  nom  d'un  personnage  de  la  tra- 
gédie de  Mahomet  par  Voltaire.  —  De  Zàid, 
nom  d'un  affranchi  de  Mahomet. 

SEIGLE,  vfr.  soiîc^  it.  segaJe,  segoîa, 
prov.  seguel,  du  L.  secale,  m.  s.,  soit  par 
déplacement  de  l'accent  {sécale  p.  secdîe),  soit 
par  l'intermédiaire  d'une  foime  sécula  ou 
séculum  (cp.  4t.  ségola), 

SEIGNEUR,  prov.,  port,  senhor,  esp.  setior, 
it.  signore,  du  L.  seniorem,  pr.  plus  âgé, 
devenu  dans  la  basse  latinité  un  terme  d'hon- 
neur et  de  dignité,  équivalent  de  dominus. 
Cp.  le  gr.  TtfuttxjTifiOi,  l'ags.  ealdor  (pr.  senior, 
puis  princcps,  dominus),  l'angl.  alderman  et 
l'arabe  cheihh  (vieillard  et  chef).  —  Le  mot 
seigneur  est  une  forme  d'accusatif,  répondant 
au  L.  seniôrem;  le  nom.  senior  a  fait  saire 
et  par  euphonie  sendre;  les  serments  de  842 
présentent  sendra  (cp.  fradra  p.  fradre).  La 
forme  senre^  à  son  tour,  s'est  contractée  en 
sire.  D'après  Diez,  cette  contraction  s'est  pro- 
bablement produite  dans  le  nord  de  la  France, 
où  les  Picards  ont  également  modifié  tendre 
en  tere,  et  tiendrons  en  térons.  On  pourrait 
alléguer  encore  à  ce  si\jet  le  mot  latin  tiro  que 
Docderleîn  suppose  être  une  contraction  de 
tenero  (donc  pr.  le  tendron,  d'où  l'idée  : 
jeune  homme  inexpérimenté).  —  Après  tout, 
l'explication  de  sire  par  senre  reste  douteuse  ; 
mieux  vaut  admettre  un  thème  S(j'r,  produit 
par  l'élision  de  n,  et  qui  justifie  parfaitement 
la  voyelle  i.  D'autre  part,  seigneur  s'est 
simplifié  en  sieur.  En  partant  d'une  forme 
seim*  (contraction  de  senior),  nous  trouvons 
pour  les  formes  sieur  et  sire  une  analogie 
frappante  dans  la  francisation  du  L.  pefor, 
qui  se  produit  également  sous  les  formes  joïor, 
pieur  (formes  d'accusatif  perdues)  et  pire 
(forme  de  nominatif  encore  debout).  Il  faut 
croire  que  les  mots  prov.  sira,  sire,  esp.  ser, 
sire,  angl.  sir,  sont  d'introduction  française. 
—  D.  seigneurie,  seigneurial. 

SEILLE,  voy.  seau. 

SEIME,  t.  de  maréchalerie,  fente  de  la 
corne  du  cheval,  du  L.  segmen  (secare)?  On 
m'a  objecté  contre  cette  étym.  que  ce  serait 
le  seul  cas  de  la  résolution  par  i  d'un  g 
devant  m;  en  effet,  pigmentitm  fait,  en  vfr., 
piument,  flegma  fait  fleuma.  Littré  pense 
que  c'est  le  même  mot  que  seine,  filet  (vfr. 
aussi  seime),  mais  les  sens  sont  trop  dis- 
tants. 

SEIN,  vfr.  et  pat.  soin  y  du  L.  sinus. 

SEINE,  filet,  vfr.  saine,  seï'ne,  angl.  sean, 


du  L.  sagena,  m.  s.  On  trouve  aussi,  par  cor- 
ruption, senne. 

SEING,  prov.  senh,  du  L.signum;  ou  plu- 
tôt le  stibst.  verbal  de  signer  (vfr.  seingner}. 

SEIZE,  du  L.  sedecim;  cp.  treise  de  tretle- 
cim.^ 

SÉJOUR,  voy.  l'art,  suiv. 

SÉJOURNER,  anc.  sqjoi^ier  (d'où  l'angl. 
sqfourn),  prov.  sojomar,  it.  soggiorttare,  du 
L.  suhdiumare" ,  cps.  de  diurnare,  rester 
longtemps.  —  Subst.  verb.  st^our,  prov. 
sojom,  it.  soggionw. 

SEL,  patois  se,  sau,  du  L.  sol,  —  D.  saler, 
salière,  etc. 

SELLE,  pr.  petit  siège,  du  L.  sella  p. 
sed'la  (sedere).  —  D.  sellette,  seller  (cps.  des- 
seller), sellier. 

SELON,  vfr.  sélonc.  Diez,  suivi  par  Bur- 
guy,  explique  selon  par  une  espèce  de  fusion 
du  L.  secundum  et  du  L.  longum;  car  il  ne 
faut  pas  perdre  de  vue  que  le  sens  ancien  de 
selon,  comme  celui  du  L.  secundum,  est  le 
long,  à  côté  de,  en  suivant.  Secundum  a  fait 
le  vfr.  second,  et  longum  (cp.  ail.  lângs)  a 
fait  lm\g;  ces  deux  termes  combinés  auraient 
produit  le  vocable  selon.  (L'anc.  forme  sdonc 
serait  un  effet  d'assimilation  aux  formes 
sqjorner,  socors,  p.Sfjmirncr,  secors).  J'avoue 
que  ce  procédé,  pour  ne  pas  être  impossible, 
me  paraît  improbable,  et  que  je  me  range 
plutôt  de  l'avis  de  von  Orelli,  à  qui  les  formes 
vfr.  solunc,  sulunc,  etc.,  ont  fait  proposer, 
pour  le  mot  qui  nous  occupe,  Tétymologie 
sublongum.  A  ce  sujet,  Burguy  observe  : 
«  Orelli  aurait  dû  avant  tout  expliquer  la 
signification  qu'on  peut  attribuer  à  suhUjn- 
gum,  car  ce  n'est  pas  facile  à  découvrir  »,  et 
Diez  se  pi'ononce  dans  le  même  sens.  On  pour- 
rait d'abord  leur  rétorquer  le  même  argu- 
ment à  propos  do  Tétymologie  subdiumare 
appliquée,  de  leur  consentement,  je  pense,  au 
fr.  séjourner,  bien  que  le  latin  classique  ne 
produise  pas  do  composé  semblable.  Admettre 
un  composé  sublangum  n'est  pas  plus  arbi- 
traire qu'admettre  un  composé  subdiu7*nare. 
Mais  à  part  cela,  nous  croyons  qu'il  n'est  pas 
si  difficile  de  découvrir  la  valeur  que  l'on  a  pu 
attacher  au  mot  sublongum  admis  par  M.  von 
Orelli  comme  type  de  selonc.  Deux  interpi^S 
tations  se  présentent  aussitôt.  1.  Le  préfixe 
sub  remplirait  ici  le  rôle  qui  lui  est  propre 
en  latin,  savoir  d'atténuer  la  force  du  simple, 
p.  ex.  dans  subdurus,  subrusticus;  2. (et  cette 
interprétation  me  plait  davantage)  le  préfixe 
sub  avait  chez  les  bons  auteurs  déjà  la  valeur 
d'exprimer  proximité;  sublongum  ne  serait 
donc  pas  moins  rationnel  que  le  L.  subinde 
ou  subsequens.  Et  même  en  considérant,  dans 
notre  cas,  sub  comme  préposition,  et  non 
comme  préfixe,  il  me  semble  que  sub  longo 
maris  (vfr.  selonc  la  mer)  est  tout  aussi  bien 
dit  que  le  sub  montis  radicibus  de  César.  Je 
pense  avoir  répondu  d'une  manière  suffisante 
aux  scrupules  qui  empêchent  Burguy  de  se 
rendre  à  l'avis  de  von  Orelli,  et  nous  termi- 
nons par  demander,  à  notre  tour,  à  l'auteur 
de  la  Grammaire  de  la  langue  d'oïl  do  vou- 


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SEM 


—  461  — 


SÉN 


pir  bien  fournir  un  précédent  qui  justifie 
ïétymoiogie  seciindum'longum  qu'il  patronne. 
—  La  vieille  langue  avait  aussi,  avec  la  valeur 
de  selon,  les  formes  sont,  son^  sun  ;  ce  sont  là 
des  contractions,  non  pas  de  selon,  comme  le 
fait  entendre  Burguy,  mais  de  scgonâ.  — 
Ménage  voyait  dans  selon  une  dérivation  de 
sccundum  par  le  changement  de  c  en  l;  un 
changement  semblable  est  inouï.  —  Chevallet 
déduit  également  selon  de  secundum  ;  seule- 
ment, n'osant  sans  doute  pas  aller  jusqu'à 
admettre  Téquation  c  (k)  =  1,  il  tombe  dans 
l'amphigourique.  «  Dans  *r/o>i,  dit-il,  le  n  de 
secundxim  s'est  changé  en  /  et  le  m  final  en 
n.  n  Mais  cela  ne  ferait  que  seculdon  ;  Che- 
vallet va-t-il  peut-être  tacitement  de  là  à 
seculon,  secîon,  pour  aboutir  à  selon  f  Le  phi- 
lologue français  se  garde  bien  de  citer,  parmi 
les  anciennes  formes  de  selon,  celles  termi- 
nées en  c  (solonc,  selonc)\  il  se  serait  compro- 
mis davantage.  —  Depuis  la  publication  de 
ma  dernière  édition,  la  controverse  sur  ce 
mot  s'est  compliquée  par  l'intervention  de  la 
forme  vfr.  soron,  seront.  Ici,  Tobler  voit  une 
nouvelle  application  do  sa  théorie  du  c  médial 
élidé,  puis  remplacé  par  r  (donc  sccundum, 
scont,  se-^'Ont)-^  Paris,  une  simple  permuta- 
tion des  liquides  l  etr;  Fœrst^r  enfin,  la  vraie 
forme  (il  approuve  Tobler),  celle  qui  a  pré- 
cédé selon.  Si  Tobler  et  Fœrster  paraissent 
appuyer  par  ser-on  l'étymon  secutidum,  il 
n'en  ont  pas  pour  cela  pércmptoifement 
détrôné  sub-longo.  Seron  de  selon  est  tout 
aussi  présumable  (cp.  caramel  do  calamet) 
que  selon  àQ  seron,  et  même  davantage.  Je  sais 
que  secont  a  laissé  dos  traces  dans  l'anc.  lan- 
gue (voy.  Littré;  et  j'accorde  que  som  (xii®  s.) 
soit  une  cjntraction  de  segon,  seon,  mais  il 
n'en  est  pas  moins  certain^ qu'il  a  dû  céder  le 
pas  à  selonc  ou  à  lonc  tout  court. 

SEMAINE,  prov.  setmana,  it.  settimana, 
scmmana,  du  L.  septimana  =  hebdomas  (Cod. 
Théod  ).  —  D.  semainier. 

SÉMAPHORE,  mot  technique  moderne, 
représente  un  mot  gr.  mfAx-fopoi  =  porte- 
signal. 

SEMBLER,  vfr.  sanler,  it.  sembrare,  sem- 
biare,  esp.,  prov.  semblar,  du  L.  similareow 
simulare  =  similem  reddere,  imiter,  avoir 
l'air.  Le  mot  fait  double  emploi  avec  simuler. 
Notez  que  les  anciens  construisaient  sembler 
avec  l'accusatif.  —  D.  semblable  (cet  adj.  fait 
les  fonctions  du  L.  similis  ;  o\}p.  diisemblable, 
fait  d'après  le  L.  dissimilis),  semblant,  appa- 
rence, mine;  semblance',  opp.  dissemblance  ; 
cps.  ressembler  (re  comme  dans  reproduire, 
représenter), 

SEMELLE,  voy.  savate.  Vétymologïe  sapella 
(comme  dim.  do^opa,  prim.  desapinus),  qu'a 
proposée  Ménage,  est  trop  hasardée.  Le 
sapella,  d'où  moi  j'ai  déduit  le  mot,  est  p. 
stapella.  —  Une  autre  voie  étymologique, 
toutefois,  se  présente.  Le  glossaire  de  Lille 
(voy.  mon  éd.,  p.  17)  traduit  solea  par  som- 
mêle  ;  ce  mot  peut  donc  être  considéré  comme 
l'étym.  de  semelle  (le  changement  do  som- 
nielle,  sotnclle  en  semelle  serait  parfaitement 


régulier).  Quant  à  sommele,  on  peut  le  rat 
tacher  soit  à  summum,  extrémité,  soit  à 
somme,  charge  Dans  le  dernier  sens,  il 
faudra  définir  sommele  par  «  support  »  (porte- 
charge);  cp.  sommier.  —  Bugge  (Rom.,  III, 
157)  part  aussi  d'une  fonne  primitive  'sumella, 
mais  selon  lui  celle-ci  serait  pour  subella 
(comme  samedi  p.  sabedi),  donc  un  dim.  de 
suber,  liège.  Semelle  signifierait  donc  propr. 
«  petit  morceau  de  liège  ».  —  D.  ressemeler, 

SEMENCE»  voy  semer,  —  D.  ensemencer, 

SEMER,  h,semxnare,sem*nare'cp,  nomer 
de  nominare,  entamer  de  intaminare),  prov. 
semenar,  semnar,  esp.  setnbrar,  port,  semear, 
it.  seminare  —  D.  semeur,  semaille-  (prov. 
setnenalha,  L.  seminalia*);  semence,  it.  se- 
mensa,  prov.  semensa,  d'un  type  latin  semen- 
tia p.  sementis (Berry  sèment)',  semis.  —  Cps. 
parsemer. 

SEMESTRE,  L.  semestris  (sex  menses).  — 
D.  semestriel,  -ter, 

SEMI  (en  composition)  L.  semi  (gr.  y]>i), 
demi. 

SÉMILLANT,  part,  de  sémiller,  être  sémil- 
lant, d'où  aussi  le  subst.  vfr.  semille,  agita- 
tion, vitesse,  semilleiix,  alerte,  vif;  d'après 
Diez,  d'une  racine  celtique  :  cymr.  sim, 
remuant,  léger.  —  D'après  une  coiyecture 
de  Bugge  (Rom.,  IV,  365),  l'anc.  verbe  sémil- 
ler représente  L.  'sub-miculare,  dim.  de  mt- 
care  [sub  signifierait  «  un  peu  •»).  Pour  se  = 
L.  sub,  cp.  séjourner.  On  sait  que  dans  lo 
lat.  micare  les  deux  idées  de  •  remuant  •  et 
de  «  brillant  »  sont  associés,  ce  qui  fait  que 
la  conjecture  de  Bugge  no  laisse  pas  que 
d'être  correcte. 

SEMINAIRE,  L.  seminarium  (semen),  pr. 
pépinière.  Tite-Live  :  seminarium  senatus.  — 
D.  séminariste, 

SEMONCE,  voy.  l'art,  suiv.  —  D.  scmoncer. 

SEMONDRE',  du  L.  sub-monere  (pour  le 
préfixe  se,  cp.  secourir,  secouer):  le  part, 
passé  de  vfr.  semondre  est  semons,  de  là  le 
subst,  semonse*,  semonce.  —  Le  vfr. ,  par  un 
changement  de  conjugaison,  a  produit  aussi 
la  forme  semoner,  d'où  provient  le  subst.  se- 
monneur  (vfr.  somoneor,  xinf  siècle).  L'angl. 
dit  to  summon,  Génin  a  été  mal  inspiré  en  com- 
battant l'étymologie  submonere  au  profit  d'une 
dérivation  de  sermo.  —  Voy.  aussi  l'art,  som- 
mer, 

SEMONNBUR,  voy.  setnondrc, 

SEMOULE,  gruau  de  froment  pur,  de  Fit. 
semola,  qui  est  le  L.  simila  (p.  simula). 

SEMPITERNEL,  h.  sempiternalis'  p.  soni- 
piternus  ;  cp.  éternel,  de  œternus, 

SÉNAT,  L.  senatus  (scncx).  —  D.  sénateur, 
L.  senalorem,  d'où  sénatorial. 

SENAU,  =a  ail.  schnaue,  angl.  &*nou?,  néerl. 
snaauw,  dan.  snav. 

SÉNÉ,  it.,  esp.  ^ena,  ail.  senes-baum,  angl. 
senna,  de  l'arabe  semX.  —  La  finale  dans  séné 
s'explique  peut-être  par  senel  (cp.  sénevé  p. 
se>ievel\.  car  on  trouve  aussi  saine  p.  séné, 

SÉNÉCHAL,  BL.  scnescalcus,  it.  siniscalco 
etsescalco,  esp.,  pvoy,senescal;  selon  (iriram, 
du  \\m.  siniscalh (mot  compoaé  hypothétique), 


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SEN 


462  — 


SEN 


litt.  le  plus  ancien  serviteur,  surveillant  des 
autres  esclaves.  Cp.  pour  la  deuxième  partie 
du  mot,  le  composé  maréchal.  —  D  BL. 
senescaJcia,  yfr.  senechauchie,  nfr.  séné- 
chaussée, 

SENEÇON,  L.  scncdonem  (petit  vieillard). 

SENEGRÉ,  nom  vulgaire  du  fenugrec.  ré- 
pond au  catal.  sinigrec,  que  l'on  explique  par 
fœnum  grascum  en  admettant  un  changement 
de  f  initial  en  5,  comme  dans  cat.  sivella  = 
L.  fibula.  Voy.  Diez,  Gnimm..  éd.  fr.  I,  263, 
note.  Les  cas  de  s  p.  /"sont  trop  isolés  dans  le 
domaine  roman  pour  qu'on  admette  sans 
réserve  cette  explication,  que  Grandgagnage 
a  appliquée  aussi  au  vfr.  sirtait^  wall.  sina, 
fenil.  Je  crois  donc  que  l'étymologie  par 
semen  grœçum  (Baist)  mérite  d'être  prise  en 
considération,  bien  que  G.  Paris  objecte  que 
ce  type  aurait  rigoureusement  fait  sengré. 

SENELLE,  aussi  ceneUei^ïcoi  écrit  cineJle)\ 
Chevaliet,  se  fondant  sur  la  définition  du  dic- 
tionnaire de  Trévoux  :  petite  prune  violette 
qui  vient  sur  réi)ine  noire,  rattache  le  mot, 
comme  diminutif,  au  vha.  sleha  ^nha.  schlehe), 
pnmelle.  C'est  inadmissible.  Ménage,  inter- 
prétant le  mot  cenelle  par  baie  du  houx,  y 
voit  avec  raison  une  forme  tronquée  de  coc- 
cineila,  dim.  de  cocctnus,  de  couleur  écar- 
late. 

SÉNESTRE,  gauche,  L.  sinister.  La  forme 
savante  sinistre  n'a  plus  que  l'acception  figu- 
rée du  mot  latin,  c.-à-d.  mauvais,  malheu- 
reux, funeste. 

SÉNEVÉ,  p.  smetcr{cp.  dé  p.  deV),  du  L. 
stuapillus,  dimin.  de  sinapi.  Ce  dernier  a 
donné  au.ssi  it.  scnapa,  goth.  sinap^  ags. 
saupe^  angl.  senvy,  vha.  sctiaf,  nha.  senf, 
v.  flam.  senncp,  Voy.  aussi  sanvc. 

SENILE,  L.  senilis  (senex;.  —  D.  sêfiilité, 

SENILLE,  nom  de  plante,  aussi  sniicJe,  du 
L.  schœnicula  (de  schœnus^  jonc).  Grandga- 
gnage, à  l'art,  sainètc  (traînasse  ou  renouôe), 
invoquant  les  deux  noms  fr.  correspondant  au 
mot  wallon,  savoir  :  sanguitiaire  et  fausse 
sénille,  voit  dans  tous  ces  mots  dos  dérivés  de 
sanc;  en  dialecte  wallon, le  verbe  saigner  .se 
dit  sainî,  en  picard  saincr.  Le  nom  botanique 
sénilUi  .<^rait  ainsi  d'origine  wallonne. 

SENS,  L.  sensus.  —  L'ancienne  langue 
employait,  avec  la  même  valeur,  le  mot  sm 
s=  prov.  sen,  ccn,  it.  senno,  de  là  sont  déduits 
vfr.  seiie,  prov.  sencU,  esp.  scnado  =  sensé, 
et  les  composés  fr.  forscné,  gâté  en  forcené  ^ 
hors  de  sens.  Ce  sen  vient  du  vha.  sin,  nha. 
sinn.  m.  s.  —  11  existait  en  outre  dans  la 
langue  d'oïl  un  second  subst.  sen,  signifiant 
sentier,  voie,  manière.  Celui-ci  se  rapporte  au 
vha.  sinnan,  proficisci,  tendere,  qui  proba- 
blement est  identique  avec  sinnan,  meditari, 
cogitarc,  et,  par  conséquent,  au  fond  le  même 
mot  que  sen,  sens.  Nous  citons  ce  vieux  voca- 
ble sen,  chemin,  parce  que  le  mot  sens  actuel 
(cp.  «  marcher  dans  tel  sens,  à  contre-sens  ») 
nous  laisse  encore  apercevoir  les  relations 
intimes  qui  existent  entre  les  notions  ratio  et 
via  ;  sens  =»  L.  sensus  absorbe  donc  à  la  fois 
la  valeur  de  sen,  intelligence,  et  de  sen,  direc- 


tion, manière.  —  La  loc.  sctis  dessus  dessous 
(aussi  sens  devant  derrière)  est  le  produit 
d'une  altération  de  •i  mettre  c*en  dessus  des- 
sous I*  (ce  qui  est  en  dessus  mis  dessous)  ;  on 
trouve  fréquemment  chez  les  anciens  ce  des- 
sous dessus  ou  ce  que  d.  d. 

SENSATION;  ce  mot,  répandu  dans  toutes 
les  langues  romanes,  répond  à  un  type  L.  sen- 
sationem,  qui  fait  présumer  un  verbe  sensare, 
frapper  les  sens.  Le  dérivé  sensé,  pourvu  de 
sens  (opp.  insensé"),  accuse  également  un  verbe 
sensare,  et  sejisatus  se  trouve  en  effet  dans 
Firmicus  et  dans  la  Vulgate. 

SENSÉ,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  sensémmi, 
avec  sens  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
cefisément  de  censé,  réputé,  putatif). 

SENSIBLE,  L.  setfsilnlis  (sensus);  anc, 
comme  l'angl.  sensible,  s»  intelligent,  sensé. 
—  D.  sensibilité,  L.  sensibilitatatem ;  néol. 
spisiblerie. 

SENSITIF,  prov.  sensitiu  ;  dér.  anormal  du 
supin  sensum,  de  sentire,  —  D.  sensitive 
(plante). 

SENSUEL,  L.  sensualis  (sensus).  —  D.  sen- 
sualité, -alisme,  -aliste. 

SENTE,  vieux  mot,  esp,  senda,  =  chemin, 
du  L.  sémita,  —  D.  sentier  (pr.  un  adjectif, 
on  disait  d'abord  «  chemin  sentier  »),  it.  sen- 
tiero,  esp.  sendero,  prov.  semdier,  =  L.  se- 
tnitarius.  Dans  quelques  provinces,  sentier 
signifie  sergent  de  ville,  guet;  cp.  voyer  de 
voie.  Voy.  aussi  sentinelle. 

SENTENCE,  L.  saitentia  (sentire),  maniera 
de  voir,  opinion,  jugement,  vote,  pensée  for- 
mulée, phrase.  —  D.  sententicux,  L.  senien- 
(lOJTKjr  (plein  de  sens  et  plein  de  sentences). 

SENTEUR,  subst.  façonné  de  saitir  dapi*és 
l'analogie  de  saoeur  et  odeur. 
SENTIER,  voy.  sente. 
SENTIMENT,    voy.    sentir.    —  D.  senti- 
mental. 

SENTINE,  L.  scntina. 
SENTINELLE,  it.  sentinella,  esp.  centinela. 
Le  mot  a  pris  naissance  en  Italie.  Vossius  et 
autres  ont  prétendu  qu'il  est  tiré  du  verbe 
ital.  sentire,  entendre,  comme  l'équivalont 
.-«co/fa  l'est  de  scoltarc,  écouter.  Mais  comment, 
dans  cette  hypothèse,  se  rendre  compte  de  la 
terminaison  inella  f  Galvani,  avec  plus  de 
raison,  est  d'avis  que  c'est  un  dérivé  de  scn- 
tina, et  désignait  d  abord,  comme  le  L.  senti- 
nator,  le  gardien  qui  veillait  à  la  sentine,  d'où 
le  sens  se  serait  élargi  en  celui  de  veilleur  en 
général.  Deux  autres  conjectures  pourraient 
encore  être  émises,  sans  toutefois  lever  les  dif- 
ficultés de  la  finale  ;  on  pourrait  partir  d'un 
BL  sentina  indépendant  du  L.  se^itina,  dont 
le  sens  serait  «  détachement  militaire,  piquet 
de  garde  *•,  et  qui  se  rattacherait  soit  au  vba. 
senlan  (nha  sendcn,  goth.  sandjan,  envoyer, 
charger  d'une  mission),  ou  au  verbe  roman 
sentare,  placer  (qui  vient  du  partie,  sedens, 
-entis^  de  scdere)  ;  dans  ce  dernier  ca&,S€niina 
serait  un  terme  analogue  à  planton,  pofte, 
piquet.  Dans  l'une  et  l'autre  de  ces  conjec- 
tures, il  faut  admettre  que  le  sens  abstrait  ou 
collectif  «  garde  »  a  tourné  en  s^ns  concret  ou 


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SÉQ 


463  — 


SÉR 


individuel  de  «  homme  de  garde  »», conversion 
de  sens  fréquente  et  que  nous  retrouvons  dans 
le  mot  garde  lui-même  et  son  équivalent  alle- 
mand wache  (cp.  it,pf*ifftatw  =  prison  et  pri- 
sonnier;. —  Wedgwood  (Rom.,  VIII,  438} 
propose  de  dériver  notre  mot  de  vfr.  sente, 
sentier  =»  L.  semita;  ce  serait  un  dimin. 
secondaire  de  ce  dernier  et  signifierait  d'abord 
le  passage  confié  à  la  garde  d'une  sentinelle 
(signification  constatée  et  subsistant  encore 
dans  les  loc.  :  «•  lever  ou  relever  de  sentie 
nelle  «>),  puis  «  gardien  de  sentinelle  » .  Cette 
étymologie» comme  la  déjà  remarqué  G.  Paris, 
est  séduisante,  mais  elle  se  heurte  contre  le 
fait  qu'elle  ne  peut  s'appliquer  à  Vït.sentineUa, 
qui  aprécédé  le  mot  français. 

SEIItIR,  pr.  recevoir  l'impression  des 
objets  par  les  sens;  puis  appliqué  particuliè- 
rement à  la  sensation  de  Ibdorat  et  du  tou- 
cher; enfin,  répandre  de  l'odeur  ou  avoir  une 
saveur;  L.  sentire,  —  D.  sentiment,  anc. 
sentent ent  (cp.  consentement). 

SEOIR,  vfr.  sedsir,  seeir,  prov.  seger,  it. 
sedere,  du  L.  sedere  (cp.  voir,  anc.  veoir,  de 
videre).  Le  sens  premier  •  être  assis  »  s'est 
efiacé  ;  il  ne  reste  plus  que  l'acception  figurée 
•  être  convenable  »,  appliquée  d'abord  à  un 
vêtement  qui  va  bien  (l'ail,  dit  de  même 
«  dièses  kleid  sitjtt  gut  »).  Le  sens  naturel 
cependant  est  encore  inhérent  au  partie,  prés. 
séant  (v.  c.  m.}.  —  Le  d  radical,  syncopé  à 
l'infinitif,  reparait  dans  la  forme  verbale 
sied  =  L.  sedet,  —  Comment  expliquer  le 
participe  m  f  Burguy,  dans  sa  grammaire, 
cite,  pour  les  divei-ses  formes  de  la  conjugai- 
son du  verbe  seoir,  de  nombreux  textes  à  l'ap- 
pui, mais  pour  sis  pas  un  seul  ;  Littré  en  a  un 
exemple  du  x*  siècle  («  j'ai  sis  sur  le  siège  de 
mes  pères  »).  Ni  l'un  ni  l'autre  n'en  indiquent 
le  type  latin  :  selon,  moi  sis  représente  sesiis, 
yt.sessiis, comme  pris  vient  àepresus  p.prensus. 
Brachet  rapporte  sis  à  situs,  ce  qui  présente- 
rait de  graves  irrégularités. 

SÉPARER,  L.  separare,  popul.  seperare, 
dont  la  langue  d'oïl  avait  fait  sevrer  =  sépa- 
rer, lequel  n'est  plus  d'usage  que  dans  un 
sons  spécial.  —  D.  séparation,  -a'/le^  L.  sepa- 
i-atirmem,  -abilis. 

SÉPIA,  de  l'it.  scpia,  qui  est  le  fr.  seiche. 

SEPS,  lézard,  gr.  o^-f. 

SEPT,  L.  septem.  —  D.  septante.  L.  septua- 
ginta  ;  septembre,  L.  septembris  (le  septième 
mois  de  l'année  romaine)  ;  septénaire,  L  sep- 
tenarius;  septennal,  L.  septennats;  septua- 
génaire, L.  septuagenaiius. 

SEPTEMBRE,  voy.  l'art,  préc. 

SEPTENTRION,  du  L.  septentHonem^pv.  la 
constellation  des  sept  étoiles  placées  vers  le 
p<Me  Nord,  puis  le  nord).  —  D.  septentrio- 
nal. 

SÉPULCRE,  L.  sepuJcrum  (sepelire).  — 
D.  sépulcral,  L.  sepulcralis. 

SÉPULTURE,  vfr.  sepouture,  L.  sepultura 
(sepelire). 

SÉQUELLE,  L.  sequela,  suite  (de  sequi). 

SÉQUENCE,  L.  sequentia  (sequi). 

SÉQUESTRE,  personne  tierce,  médiateur. 


arbitre,  dépositaire,  L.^egwerfôr;  d'où  séques- 
trer, L.  sequestrare,  confier  à  une  tierce  per- 
sonne, puis  éloigner,  séparer;  de  ce  verbe 
procèdent  les  subst.  verbaux  séquestre  (action 
de  séquestrer,  état  de  la  chose  séquestrée,  puis 
la  chose  séquestrée)  et  séquestration. 

SEQÛIN,  de  l'it.  zecchino,  nom  d'une  mon- 
naie d'or;  ce  dernier  est  dérivé  de  siecca 
(esp.  seca,  seca),  lieu  où  l'on  frappe  la  mon- 
naie, lequel,  à  son  tour,  reproduit  l'arabe 
sekkah ,  coin  qui  sert  à  frapper  la  monnaie. 

SÉRAIL,  direct,  de  l'it.  serraglio;  ce  der- 
nier vient  du  mot  persan  et  turc  serai,  pilais, 
château.  La  forme  ital.  est  motivée  par  une 
confusion  avec  serraglio  clèture  (de  serrare, 
enfermer,  dér.  du  L.  sera,  serrure).  Sérail, 
signifie  en  général  château,  hôtel,  et  particul. 
la  résidence  du  sultan,  puis  restreint  à  l'ap- 
partement ré.«ervé  aux  femmes,  dont  le  nom 
spécial  en  turc  est  harem,  c.-à-d  lieu  défendu. 
—  Voy.  aussi  caravansérail,  pr.  hôtellerie  de 
caravane. 

SÉRAN,  anc.  serans,  subst.  verb.  du  verbe 
sérancer  (cp.  élan  de  élancer).  Quant  au  verbe 
sérancer,  il  reproduit  d'après  Frisch,  approuvé 
par  Diez,  le  bas-ail.  schranien^  déchirer, 
dilacérer. 

SÉRAPHIN,  de  l'hébreu  serafim  (suhst 
plur.),  que  l'on  interprète  par  «  les  brûlants, 
les  anges  de  feu  **.  —  D.  séraphique. 

SERASQUIER,  du  turc  serasker,  chef  d'ar- 
mée. 

SERDEAU,  officier  de  bouche  de  la  maison 
du  roi,  qui  recevait  des  mains  des  gentils- 
hommes servants  les  plats  que  l'on  desservait 
de  la  table  ;  puis  lieu  où  l'on  portait  cette  des- 
serte. L'ancienne  forme  du  mot  était  sert-de- 
Vcau;  elle  en  fournit  aussi  l'étymologie  Cp. 
Paris  sous  Philippe  le  Bel,  par  Géraud,  p  1 43  : 
Jehan,  sert  de  Veaue, 

1.  SEREIN,  adj.,  L.  serenus  —D.  sérénité, 
L.  serenitas  ;  verbe  rasséréner.  Notez  encore 
l'expr.  .«superlative  sérénissime. 

2.  SERÎBIN,  subst.,  prov.  seren,  napol.  se- 
rena,  vapeur  froide  du  soir,  esp.  sereno,  garde 
du  soir.  D'après  quelques-uns,  dérivé  de  sera, 
soir,  mais  le  suffixe  enus  étant  tout  à  fait 
étranger  aux  langues  romanes,  Diez  se 
demande  s'il  ne  faut  p^s  plutôt  admettre  un 
type  seranus,  d'où  en  fr.  serain,  puis  serein  ; 
celui-ci  aurait  déterminé  le  prov.  seren,  qui  à 
son  tour  serait  la  source  de  l'esp.  sereno.  Mér 
nage  favorise  l'étymologie  L.  serenus,  la  vapeur 
en  question  se  produisant  particulièrement 
les  jours  sereins.  —  Pour  ma  part,  je  pré- 
sume que  le  L.  serenus,  clair,  calme,  paisible, 
aura  été  envisagé  populairement  comme  un 
dérivé  de  sera,  soir  (cp.  Caton  :  in  seretw 
noctu,  par  une  belle  nuit),  de  sorte  qu'il  a  pu 
prendre,  outre  sa  valeur  originelle,  encore 
celle  de  «  ce  qui  se  produit  le  soir  «>  ;  de  là 
esp.  serenada,  prov.  serena,  chant  du  soir,  et 
notre  serein,  humidité  du  soir.  —  Je  vois 
cette  opinion  partagée  par  Stoi*m,  Rom. 
V.  182. 

SÉRÉNADE,  voy.  l'art,  préc. 
SÉRÉNE,  SERET,  voy.  l'art,  suiv. 


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SER 


—  464  — 


SER 


SEREUX,  L.  sei'osus  (de  scrum,  petit-lait). 
—  D.  sérosité,  —  De  sanim  viennent  aussi 
serène,  machine  à  battre  le  beurre,  et  séret, 
espèce  de  fromage. 

SERF,  L.  servus.  —  D.  servage. 

SERFOUIR,  peut-être  du  prov.  sos-foire  = 
L.  suffodere  (cp.  pour  5  =  r,  prov.  asermar 
p.  ajgesmar,  vfr.  acesmer).  Ou,  ce  qui  sourit 
davantage,  de  serpe-fouirf — Littré,  vul'anc. 
orthogr.  cerfoïr^  fait  venir  le  mot  de  circum- 
fodere.  —  D.  serfouette, 

SERGE,  SARGIi.  it.  sargia,  esp.  sarga  et 
sirgOy  prov.  scrga,  ail.  sarsche^  du  L.  serica^ 
étoffe  de  soie,  BL.  sartca.  —  D.  serger  ou 
sergier,  d'où  serger  te. 

SERGENT,  it.  sergente,  esp.  sargento  (anc. 
sargente).  D'après  Grimm,  du  vha.  scarjo  (ail. 
mod.  scherge,  huissier).  Cette  opinion  n'a  pas 
eu  de  succès.  Nous  sommes  de  l'avis  de  ceux 
qui  proposent  pour  primitif  le  L.  seroien- 
tem  ;  car  le  sens  foncier  du  mot  n'est  autre  que 
serviteur  (»  serjant  de  deu  »»)'et  le  piémont. 
dit  encore  seroient  p.  le  fr.  sergent.  Le  mot 
latin  serviejitcm  s'est  transformé  en  sergent, 
comme  sàlma  en  sauge,  d'après  le  principe 
de  ]a  consonnification  de  Yi  atone  devant 
une  autre  voyelle.  La  forme  sentant  se  rap- 
porte à  sergent,  comme  savant  à  sachant.  — 
Pour  l'application  du  mot  à  un  outil  de  me- 
nuisier, cp.  le  mot  violet,  nom  de  divers  usten- 
siles. 

SÉRICIGOLE,  sériciculture,  mots  faits  sur 
le  primitif  L.  sericum  D'autres  préfèrent 
séricolcy  -culture,  tirés  do  sa-,  latinisation  de 
<"i/5,  ver  à  soie.  Voy.  Littré,  Suppl. 

SÉRIE,  mot  savant,  L.  sej'ies, 

SÉRIEUX,  L.  seriosus\  forme  extcnsivo  de 
serius. 

SERIN,  M  nomen  habcre  putatur  a  Sireni- 
bus,  à  cause  de  son  chant  »  (Nicot).  En  effet, 
on  trouve,  dans  Hésychius,  «i.oi^v  avec  la  signi- 
fication de  petit  oiseau.  —  D'autres,  à  cause 
de  la  couleur,  voient  dans  serin  l'adj.  L.  citri- 
nus,  couleur  de  citron  ;  étyrnologie  démentie 
par  le  BL.  serena  (xiv"  siècle),  défini  j)ar  «  avis 
viridis  coloris  » ,  donc  le  serin  vert  de  Pro- 
vence. —  D.  seriner,  d'où  serinette. 

SERINGAT,  ou  syringa^  du  L.  synnx, 
roseau  ;  cp.  le  terme  ail.  pfeifen-h^-aut. 

SERINGUE  (Nicot  syringue),  L.  syringa 
(Végèce),  clystère,  lavement.  —  D.  serin- 
guer. 

SERMENT,  autr.  sairement  et  plus  anc. 
encore  sagreme^it,  prov.  sagramen,  du  L. 
sacramentum,  m.  s.  —  D.  assermenter. 

SERMON,  L.  scrfnonem,  discoui's,  au  moyen 
âge  =  homilia.  —  D.  sei^monner  =  L.  ser- 
tnonaH  (Aulu-Gejle  :  sermonari  rusticius 
videtur  scd  Tecth\s,sermocinari  créhrïus  estscd 
corruptius);  sermonnaire. 

SÉROSITÉ,  voy.  séreux. 

SERPE,  anc.  sarpe,  instrument  de  jardi- 
nage, du  L.  sarpere  (Fcsius  :  sarpcre  antiqui 
pro  purgare  dicebant).  Le  même  thème  est  au 
fond  de  sartnentum  p.  sarpmentum,  fr.  sar- 
ment. Le  type  sarpa  est  sans  doute  identique 
avec  le  gr.  â^jr»?,  crochet  (on  connaît  la  corres- 


pondance entre  l'esprit  rude  gr.  et  Vs  latin). 
—  D.  serpette. 

SERPENT,  L.  se^^pentem  (serpere,  gr.  îp'mtif). 
En  vfr.  on  disait  aussi  simpl.  serpe,  cp.  prov. 
serp,  it.  serpe,  esp.  sierpe.  —  D.  serpenter, 
se7'pentin,  -ine. 

SERPILLIÈRE,  grosse  toile  d'emballage, 
peut-être  connexe  avec  le  vfr.  serpol,  paquet, 
trousseau,  dont  je  ne  connais  pas  l'origine. 
Littré  rappoi'te  notre  mot  aux  serapellinœ 
vestes  (vieux  vêtements)  du  moyen  âge.  —  I-.es 
mots  correspondants  sont  en  esp.  arpil- 
lei'a,  en  angl.  sarplier,  sarp  cioth;  Caroline 
Michaelis  et  Baist  sont  d'avis  que  le  mot.  par 
son  radical  aj-p,  satp,  a  dû  exprimer  ••  toile 
qui  gratte  »  ;  toutefois,  Baist  observe  que  le 
mot  peut  avoir  été  rattaché  par  interprétation 
à  ces  radicaux,  et  que  la  véritable  origine  est 
encore  à  fixer  (voy.  Grôb.  Ztschr.,  V,  234). 

SERPOLET,  dim.  du  L.  serpullum,  gr. 
îpTivXXov  (prov., esp., port., serpol. it.  serpeUo, 
scrpillo), 

SERRE,  voy.  l'art,  suiv. 

SERRER,  BL.  serare,  prov.  serrar,  sarrar, 
esp.  cerrar,  it.  serrarc,  d'abord  enfermer, 
barrer  le  passage,  puis  étreindre,  presser.  La 
première  signification  est  encore  vivace  en  fr.; 
••  serrer  son  argent  »,  c'est  le  mettre  sous  clef. 
Le  mot  vient  du  '  L  sera,  serrure,  barre 
de  clôture,  verrou;  un  verbe  latin  clas- 
sique serare  ne  se  trouve  pas,  mais  bien  les 
composés  ob-serare,  enfermer,  re  serare  et 
de-se7'are,  ouvrir.  —  D.  serre,  1.  lieu  où  Ton 
serre  des  plantes,  2.  pied  des  oiseaux  de  proie, 
griffe  ;  dans  les  patois  aussi  =  serrure  ;  ser- 
rement, serrure.  Composés  :  ai-,  res-,  desser- 
rer. 

SERRURE,  voy.  serrer.  —  D.  serrurier, 
serrurerie. 

SERTIR,  enchâsser  (une  pierre  précieuse) 
dans  un  chaton  ;  Diez  conjecture  une  origine 
du  L.  scrtum,  couronne;  donc  pr.  entourer 
d'une  couronne.  Peut-être  le  mot  est-il  p.  en- 
sertir  et  vient  du  L.  inserere  par  le  supin  î«- 
SfTtum.  A  la  vérité,  comme  m'objecte  Diez,  il 
faudrait  sérier  et  non  sertir,  mais  ce  vice  de 
forme  affecte  aussi  notre  verbe,  s'il  vient  do 
sa'tum,  couronne. 

SERVAGE,  voy.  serf. 

SERVANT,  fém.  servante,  part.  prés,  de 
servir.  Voy.  aussi  sergent. 

SERVIABLE,  ='  qui  aime  à  servir,  mot  de 
formation  peu  correcte  La  bonne  forme  est 
serviçable  =  BL.  sei^itiabilis  ;  jeYaï  rencon- 
trée dans  Guillaume  de  Falerne,551,  755.  et 
elle  est  encore  en  cours  dans  le  patois  rouchi. 

SERVICE,  vfr.  servise,  du  L.  servilium. 

SERVIETTE  ;  d'après  Diez,  ce  mot  est  p.  ser- 
vitette,  et  vient  de  l'it.  seitito,  service  (=  plats 
servis  à  table),  prov.  sei'vit  ==  service  en  gé- 
néral. Le  professeur  allemand  n'admet  pas 
que  serviette  puisse  procéder  directement  du 
verbe  sey-vir.  Il  faut  a  cet  égard  lui  donner 
raison,  mais  faut-il  absolument  que  sei-viette 
vienne  de  servir?  L'it.  a  salvictta,  l'esp.  scr- 
villeta  =  sei*viette,  et  salvilla  =  soucoupe  ; 
cela  suggère  Tidée  qu'il  pourrait  y  avoir  au 


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SIE 


—  465  — 


SIL 


fond  de  tous  ces  mots  l'idée  de  garantir  et  par 
conséquent  soit  le  L.  salvare,  soit  le  L.  ser- 
vare.  Quoi  qu'on  pense  du  radical,  reste  tou- 
jours l'irrégularité  de  la  terminaison  ieUe.  On 
peut  présumer  que  cette  finale  se  soit,  popu- 
lairement, par  négligence  de  la  mouillure, 
dégagée  d'une  précédente  en  illette. 

SERVILli,  L.  servilis  (servus).  —  D.  serti- 
lité,  'isme. 

SERVIR  L.  servire,  — D,  servant,  -ante; 
serviteur^  BL.  servi tor,  et  serveur, 

SERVITUDB.  L.  servitude  ;  vfr.  servitune 
représente  sermtudinem,  vfT.servttute  (comme 
le  prov.  servitut)^  le  L.  serviti'Uem, 

SES,  pronom  (plur.),  du  L.  if o«",  contraction 
de  suos,  comme  les  de  illos, 
SéSAME,  L.  sesamum  (ai^ffoc/Aoy). 
SÉSÉLI,  L.  seselis  (tïn^^vi), 
SESSION,  L.  sessionem  (sedere). 
SETIER,  prov,  sestier,  it.  sestiere.esi^.  sex- 
tario,  du  L.  sextarius  (sextus),  sixième  partie 
d'une  certaine  mesure  romaine. 

S]ÊTON,  it.  setone,  dér.  du  L.  seta,  soie  de 
porc,  crin  (cp.  le  terme  ail.  haar-seil), 

SEUIL,  it.  soglia,  soglio,  prov.  sulh,  sol, 
esp.  suela,  port,  solha,  du  L.  solea,  BL. 
soliurriy  base,  seuil  (Festus;.  —  Le  vha.  suelli 
(nha.  schvoelîe)  =  seuil,  mis  en  avant  par 
Chevallet,  ne  s'accorde  pas  avec  les  formes 
ronnanes. 

SEUL,  L.  solus,  —  D.  seulet;  verbe  esseu- 
lé^'. 

SÈVE  (l'Acad.  écrit  sève),  prov.  saha,  du 
L.  sapa.  Jus,  mot  congénère  avec  le  vha.  saf 
(nha.  saft),  angl.,  néerl.  sap, 

SÉVÈRE,  L.  scverus.  —  D.  sévérité,  L. 
severitatem. 

SÉVICES  (plur.),  L.  sœvitia,  cruauté. 

SÉVIR,  L.  sœvire  (de  sœvus,  cruel). 

SEVRER,  pr.  séparer  le  nourrisson  de  la 
mère  ;  voy .  séparer. 

SEXAGÉNAIRE,  L.  seosagenarius, 

SEXE,  L.  sexus.  —  D.  sexuel,  L.  scxualis. 

SEXTE,  L.  sextus;  sextuple,  L.  scxtu- 
pliis. 

SHAKO,  mot  hongrois. 

1.  SI,  adv.,  L.  sic,  Voy.  aussi  les  art.  ainsi 
et  aussi.  Le  même  mot  s'est  substantivé  avec 
le  sens  de  «  condition  »,  dans  l'anc.  loc.  par 
un  tel  si. 

2.  SI,  conjonction,  vfr.  se,  du  L.  si,  Com- 
i  sinon. 

SIBYLLE,  L.  sibylla.  —  D.  sibyllin. 

SIOAIRE,  L.  sicarius  (de  sica). 

SIOCATIP,  SICCITÉ,  du  L.  siccus,  sec. 

SIDÉRAL,  L.  sidm'alis  (sidus,  -eris). 

SIECLE,  L.  sœculum  (seculum,seclum),  — 
La  forme  seclum,  par  la  vocalisation  du  c  mé- 
dial  a  donné  en  vfr.  seule  (cp.  vfr.  reule  de 
ref/ula). 

SIEGE,  it.  sedia,  seggia,  et  sedio,  seggio, 
direct,  de  BL.  sedium  =  sedes;  du  dérivé 
sediare  ,  fr.  siéger,  qui  à  son  tour  a  donné  le 
subst.  verbal  siège  =  action  de  siéger.  — 
Cps.  assiéger,  BL.  it.  assediare,  esp.  asediar, 

SIEN,  voy.  mien, 

SIESTE,  de  l'esp.  siesta,  qui  est  le  L.  sexta. 


sixième  heure  du  jour  ou  midi  ;  de  là  le  verbe 
esp.  sestear,  faire  la  méridienne. 

SIEUR,  voy.  seigneur.  Nodier  expliquait 
cavalièrement  le  mot  par  la  formule  abrévia- 
tive  S""  =  seigneur!  —  Cps.  monsieur; 
pourquoi  tolère-t-on  ce  monsieur  et  non  pas 
cette  madame  f 

SIFFLER,  prov.  chiflar,  du    L.   sifilare 

(Non.   Marc.).  La  forme  sibilare  a  donné 

prov.  siblar  siular  et  vfr.  sibler. — D.  sifflet. 

SIGILLÉE  (terre),  marquée  d'un  sceau,  L. 

sigillata  (sjigillum). 

SIGISBÉE,  imitation  de  Fit.  cicisbeo,  dans 
lequel  Pasqualino  (cité  par  Diez)  voit  fr. 
chiche  4-  beau  !  L'it.  cicisbeo  est-il  le  dérivé 
ou  le  primitif  du  verbe  cicisbearef  Je  n'en 
sais  rien;  en  tout  cas,  son  étymologie  est 
encore  à  trouver. 

SIGLE,  du  BL.  sigla,  -orum,  signes  abré- 
viâtifs  (p.  singla,  singula,  monogrammes?). 
SIGNAL,  it.  segnaîe,  du  BL.  signale  (si- 
gnum).  —  D.  signaler,  d'où  signalement. 

SIGNE,  L.  signum  ;  dim.  signet  (la  pronon- 
ciation stnet  est  un  souvenir  du  vfr.  sinet, 
dim.  de  la  forme  sin,  voy.  tocsin) \  signer, 
L.  signare;  signal  (v.  c.  m.).  Voy.  aussi 
seing, 

SIGNER,  L.  signare  (signum)  —  D.  signa- 
ture, signataire. 

SIGNIFIER,  vfr.  sene/ier,  L.  signi/icare, 
marquer  d'un  signe,  désigner.  —  D.  signifi- 
cation, L.  -ationem;  significatif,  L.  -ativus; 
part.  adj.  signifiant,  insignifiant,  subst.  si- 
gnifiance. 

SIGNOLE,  voy.  soigjwle. 
SIL,  L.  sil. 

SILENCE,  L.  silentium  (silere). —  D.  silen- 
cieux, L.  silentiosus. 

SnÎEX,  mot  latin,  =  caillou.  —  D.  silice, 
L.  siliceus;  siliceux, 

SILHOUETTE;  c'est  le  nom  d'un  contrôleur 
général  des  finances  sous  Louis  XIV,  dont  les 
opérations  infructueuses  éveillèrent  la  raille- 
rie  des  Parisiens  et  leur  firent  désigner  par  le 
mot  silhouette  tout  ce  qui  pi'ésente  un  aspect 
triste,  mesquin,  imparfait.  C'est  ainsi  qu'on  fit 
des  portraits  à  la  silhouette  tirés  de  profil 
d'après  les  contours  de  l'ombre  d'une  chan- 
delle. Voy.  Mercier,  Tableau  de  Paris,  et 
Sismondi,  Histoire  de  France,  XXIX,  pp.  94 
et  95.  —  D.  silhouetter, 

SDjIQUE,  L.  siliqua,  -;-  D.  siliqiteux, 
1.  SILLER,  fendre  les  flots.  D'après  Diez, 
du  nord,  sila,  couper,  diviser  (pour  1'/  mouillé, 
cp.  piller  de  pilare).  Diez  rattache  à  ce  verbe 
le  subst.  sillon,  qu'il  a  raison  de  ne  pas  faire 
venir  du  L.  sulcus.  —  Nous  ne  sommes  pas 
rassuré  sur  la  solidité  de  l'étvmologie  mise  en 
avant  par  le  linguiste  allemand.  D'abord,  le 
terme  d'agriculture  sillon  est-il  réellement 
tiré  de  siller,  qui  parait  être  une  expression 
exclusivement  maritime?  Puis  ce  dernier  ne 
peut-il  pas  aussi  bien  n'être  que  la  forme 
mouillée  du  vfr.  sigle}*  (auj.  cingler,  v.  c.  m.), 
cp.  fr.  étrille,  du  L.  strigilis;  ou  la  représen- 
tation d'un  type  latin  secidare,dXm.àe  secare, 
couper  (cp.  it.  segare  =  siller)?  Ce  dernier 

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SIN 


—  466 


SIR 


type  «ecwZare  conviendrait  également  au  terme 
agricole  siUer  (inus.),  d'où  procèdent  sille'e 
(fosse  creusée  autour  de  la  vigne)  et  sillon.  Il 
est  vrai  que  strictement  seculare  devrait  faire 
seiller,  mais  n'avons-nous  pas  de  fréquents 
exemples  de  TafTaiblissement  de  ei  ou  ai  en  if 
Et  d'ailleurs  seiller  s'est  dit  p.  siller.  Ce  qui 
appuie  cette  dernière  étymologie,  c'est  le  BL. 
sica^  sillon,  et  la  forme  seillon  du  vfr.  et  du 
dial.  de  Berry,  p.  sillon.  On'  peut  comparer 
encore,  pour  le  rapport  des  idées,  L.  incite, 
fossé,  rigole,  dérivé  de  tn^idere,  entailler, 
d'où  it.  inctgliare,  sillonner  pour  la  second^ 
fois. 

2.  SILLER,  en  t.  de  fauconnerie,  coudre 
les  paupières  d'un  oiseau  de  proie,  p.  ciller; 
du  L.  ciltutn,  cil.  —  D.  dessiller. 

SILLET,  t.  de  luthier,  de  la  même  famille 
que  sillon  ;  c'est  pr.  une  fissure. 

SILLON,  voy.  siller  1.  —  D.  sillonner. 

SILO,  fosse  à  grains,  de  Tesp.  silo,  qui  à 
son  tour  représente  L.  sirus,  gr.  asipo'i. 

SILURE  (aussi  par  transposition  sirule),  L. 

siluniS  i^T.  tjilorjpoi). 

SILVES,  t.  de  littérature,  recueil,  mélan- 
ges, it.,  esp.  selwi,  du  L.  5tVi?a,  forêt, bosquet, 
bouquet,  recueil. 

-  SIMA6RÉE,  prob.  de  la  formule  «t,  m* agrée 
=  oui,  cela  me  convient;  la  répétition  de  ces 
mots  dénota  une  obséquiosité  fastidieuse,  une 
courtoisie  affectée.  Cette  étymol.,  que  je  ren- 
contre dans  le  Dict.  de  Brachet,  peut  convenir 
jusqu'à  meilleure  information.  Déjà  Frisch 
avait  indiqué  la  formule  s'il  niagrée^  qu'il  dit 
avoir  désigné  un  jeu.  Toutefois,  il  est  bon  de 
noter  qu'à  l'origine  on  disait  cimagrée,chima- 
grée.  —  J'ai  depuis  longtemps  abandonné  mes 
étym.  par  simulacrum  ou  par  simius. 

SIMARRE,  vfr.  chamarre,  it.  zimarra, 
voy.  chamarrer. 

SIMILAIRE,  L.  similaris  (similis)  ;  simili- 
tude, L.  similitudo. 

SIMILOR,  mot  industriel,  fait  de  L.  similis 
aiiro,  qui  imite  l'or;  cp.  l'ail,  schein-gold. 

SIMONIE,  trafic  des  choses  saintes  ou  des 
bénéfices  ecclésiastiques,  de  Simon  le  magi- 
cien, qtii  voulait  acheter  le  don  de  conférer  le 
Saint-Esprit.  —  D.  simoniaque,  BL.  simo- 
niacus. 

SIMPLE,  L.  simplus  (forme  accessoii^e  de 
simplex),  —  D.  simplesse*,  simplete*;  simpli- 
fier. 

SIMPLICITÉ,  L.  simplicitatem. 

SIMULACRE,  L.  simulacrum. 

SIMULER,  L.  simulare.  Voy.  aussi  sem- 
bler. 

SIMULTANÉ,  mot  moderne,  tiré  d'un  type 
latin  simultaneuSy  forgé  sur  la  base  du  BL. 
simultim,  en  même  temps.  —  D.  simulta- 
néité. 

SINAPISER,  gr.  <riva7rj^«tv,  d'où  subst. 
atvyniifi^:,  fr.  sinapisme.  Voy.  aussi  sénevé. 

SINCÈRE,  L.  sincerus.  —  D.  sincérité,  L. 
siuceritatem. 

SINCIPUT,mot  latin  (litt.  moitié  de  la  tête). 

SINDON,  mot  latin  «^  linceul,  venu  lui- 
même  du  gr.  aive^v,  toile  des  Indes. 


SINÉCURE,  mot  reçu  des  Anglais  et  formé 
du  L.  sine  cura,  sans  soin,  sans  occupation 
réelle. 

SINOE,  L.  simius.  —  D.  singer,  singerie. 

SIN6LER,  t.  d'architecture,  =  contourner 
avec  le  cordeau,  p.  cingler,  formé  du  L.  cingu- 
lum,  dér.  de  cingere. 

SINOULIER,  vfr.  singuler,  L.  singularis 
(singulusj,  d'où  singularité,  L.  singularita- 
tem  ;  verbe  singulariser. 

SINISTRE,  1.  a(]y.,  malheureux;  2.  subst., 
malheur.  Voy.  seriestre. 

SINOPLE,  en  t.  de  blason  =  vert,  corresr 
pond  à  it.  senopia,  port,  sinopla,  angl.  sino- 
per.  Malgré  la  différence  de  la  couleur  dési- 
gnée par  ces  mots,  ceux-ci  viennent  du  L. 
sinopis,  fer  oxydé  ligneux  rouge  nommé 
d'après  la  ville  de  Sinope.  Il  y  avait  deux 
espèces  de  «nopw,à  juger  d'après  un  texte  de 
1400  cité  par  Ménestrier  :  •«  sicut  et  in  urbe 
Sinopoli  rubicundum  invenitur  et  viride  dio- 
tum  sinoplum...  sinoplum  utrumque  venit  de 
urbe  Sinopoli  n.  J*ai  reproduit  à  peu  près, 
dans  ce  qui  précède,  l'art,  sinople  du  Dict.  de 
Diez,  mais  il  me  semble  qu'il  renfei*me  deux 
étymologies  distinctes  :  celle  tirée  de  Sinopê 
n'exclut-elle  pas  celle  de  Sinopolis,  qui  est  en 
tout  cas  celle  qui  se  recommande  le  plus  par 
la  forme? 

SINUS,  mot  latin,  employé  dans  les 
sciences  mathématiques  et  dont  la  langue 
commune  a  fait  sein.  —  D.  sinueux,  L. 
sinuosus,  d'où  sinuosité. 

SIPHILIS,  SYPfflLIS,  terme  médical,  d'ori- 
gine inconnue.  Il  a  été  appliqué  en  premier 
lieu  par  Fracastor  dans  son  poème  sur  la 
maladie  vénérienne. 

1.  SIPHON,  it.  sifone,  tuyau  recourbé,  du 
L.  sipho  (îfîwv),  tuyau,  jet  d'eau. 

2.  SIPHON,  trombe,  du  gr.  af^w»,  m.  s.  ; 
c'est  le  même  mot  que  le  précédent. 

SIRE,  voy.  seigneur.  —  Il  faut  espérer  que 
les  étymologies  tour  à  tour  tentées,  telles 
que  :  gr.  ^/>wî,  gr.  rMpioi,  L.  herus,  celt.  seir 
(soleil)   ont  définitivement  fait  leur  temps. 

SIRÈNE,  vfr.  seraine,  L.  siren  {9iipY,v). 

SIROC,  vent  du  sud-est,  it.  scirocco,  sci- 
locco,  sirocco,  esp.  osirque,  xaloque;  de  l'arabe 
sjarki,  oriental.  Des  pays  occidentaux  le  mot 
est  revenu  à  l'arabe,  transformé  en  sfaloeh, 
sjelœk,  sjoloek. 

SIROP,  it.  siroppo,  sciroppo,  sciloppo,  esp. 
ajarope,  prov.  yssarop;  de  l'arabe  sjaréi), 
sjorha,  m.  s.,  pr.  boisson.  Voy.  aussi  sor- 
bet. 

SIROTER;  d'origine  inconnue.  Plusieurs 
pensent  que  siroter  vient  irrégulièrement  de 
sirop,  comme  tabatière  de  tabac. 

SIRVENTE,  prov.  sirvente  et  sircentesc 
(adj.,  d'où  le  vfr.  servantois),  pr.  un  poèmo 
composé  par  un  ménestrel  au  service  de  son 
maître  ;  il  peut  exprimer  soit  le  blâme  ou  la 
louange  et  forme  opposition  aux  chants 
d'amour.  Voy.  Diez,  sur  la  Poésie  des  Trou- 
badours ^éd.  ail.),  p.  111,  et  Wolf,  sur  les 
Lais,  p  306.  —  D'autres  pensent  que  sirven- 
tesc  vient  direct,  de  sirvente  (L.  seroientem). 


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soc 


—  467  — 


SOI 


au  sens  spécial  de  sergent,  soudoyer;   voy. 
Rom.,  X.  264. 
SIS,  voy.  seoir, 
SISON,  L.  sison  (ilsta^t), 
SISTRE,  L.  sistrum  (^iiirpov), 
SISTMBRU,  L.  sisymbrium  (9i7Ù/iASpiov). 
SITS,   L.   situs  (gén.  situs).  —  D.   verbe 
situer,  placer,  d'où  part,  situé  et  subst.^tfua- 
tion. 

SIX,  L.  sex,  —  D.  sixième,  sixain,  sizette 
(jeu  de  cartes;. 

SIXTE,  it.  sesta,  du  L.  sextus, 
SIZSRIN,    linotte,    appartient   comme   le 
champ,  sizettes,  petits  oiseaux,  à  la  famille 
du  mha.  zisig  (auj   seisig),  dim.  zis-lin,  bas- 
ail,  zieshe,  angl.  sishin,  m.  s. 

SLOOP,  de  l'angl.  sloop,  néerl.  slœp,  dan. 
sluppe.  Voy.  aussi  chaloupe. 

SH06LEUR,  de  Tangl.  smuggle,  néerl. 
smohhelen,  ail.  schmuggeln,  faire  de  la  con- 
trebande, qui  tiennent  au  suéd.  smyga,  intro- 
duire clandestinement. 

SOBRE,  L.  sohrius,  d*o(i  sobrietas,  fr.  so- 
briété (l'anc.  fr.  avait  le  subst.  sobressé). 

SOBRIQUET,  anc.  aussi  sotbriquet,  d'après 
Diez;  composé  do  sot  et  du  vfr.  briquet  (mau- 
vais drôle,  =  it.  bricchetto,  petit  âne).  Je 
doute  fort  de  cette  étymologie,  tout  en  la  pré- 
férant à  celles  tirées  de  subridiculus  (Ménage) 
ou  de  supra  quest^  acquis  par-dessus.  Quelque 
patois  dévoilera  un  jour  la  véritable  origine. 
Pour  le  moment  j'imagine  un  type  supricare 
(de  supra) ^^  surajouter (cp.  Texpr.  surnom)-, 
l'orthographe  sotbriquet  pourrait  bien  n'être 
qu'un  effet  du  désir  do  prêter  un  sens  à  un 
vocable  incompris.  Le  lat.  super,  supra  a 
donné  aux  patois  du  midi  le  verbe  saura, 
être  de  trop  *=  suprare;  de  là  à  sobriquet  il 
n'y  a  pas  plus  loin  que  de  tourna*  à  tourni- 
quet. Le  picard  a  surpiquet,  qui  se  comprend 
mieux,  et  qui,  au  besoin,  peut  être  envisagé 
comme  la  forme  normale  :  sorpiquet,  sopri- 
quet,  sobriquet,  —  On  trouve  dans  un  texte 
du  XIV®  siècle  soubzbriquet  avec  le  sens  de 
coup  sous  le  menton.  —  Le  sens  premier  du 
mot  étant  «  coup  sous  le  menton  »  (cp.  sous- 
barbe),  Bugge  (Rom, ,  III,  198;  rapproche  l'it. 
sottobecco,  même  sens,  dont  le  dim.  sottobec- 
chetto  répondrait  à  une  forme  soubzbéquet 
(petits  coups  sous  le  bec),  d'où  sobriquet  par 
insertion  de  Vr  comme  dans  fanfreluche,  pim- 
prenelle,  etc.  Cette  explication  est  acceptable, 
si  Ton  part  de  l'idée  que  le  sens  antérieur  à 
<•  surnom  »  a  été  «  propos  railleur,  bon  mot  », 
ce  qui  est  probable. 

SOC,  BL.  socus;  on  balance  entre  gaél. 
soc,  cymr  stoch,  m.  s.,  et  L.  soccus,  soulier 
(à  cause  de  la  pointe  recourbée  du  soc  de 
charrue). 

SOCIABLE.  L.  sociabilis  (sociare).  —  D.  so- 
ciabilité, sociabiliser. 

SOGLÎL,  L.  socialis  (socius).  —  D.  néolo- 
gismes  socialisme,  socialiste, 

SOCIÉTÉ,  L.  societatem  (socius).  —  D.  socié- 
taire, 

SOCLE,  it.  zoccolo,  csp.  zocalo,  zoclo,  zueco, 
du  L.  socculus,  soulier,  d'où  le  sens  :  base. 


piédestal.  Cp.  seuil  de  solea,  —  Voy.  aussi 
l'art,  souche, 

SOCQUE,  L.  soccus,  chaussure. 
SODOMIE,  de  la  ville  de  Sodome, 
SCBUR,  vfr.  sor,  sœr,  suer,  du  radical  sor 
du  L.  soror,  -oris  ;  le  vfr.  avait  aussi  francisé 
le  mot  latin,  pour  le  cas-régime,  en  seror, 
sereur.  Du  dér.  sororius,  il  avait  fait  serorge 
=:beau-frôref encore  en  usage  dans  les  patois). 
—  D.  soeurette. 

SOFA  ou  sopha,  de  l'arabe  çoffah,  estrade 
élevée  couverte  d'un  tapis;  d'après  Freitag 
=  banc  de  repos  placé  devant  la  maison. 

SOFFITE,  t.  d'architecture,  directement  de 
l'it.  soffUto,  m.  s.,  qui  est  le  L.  suffictus 
(p.  suffixus). 

SOI,  pronom,  voy.  se. 
SOIE,  it.  seta,  esp.,  prov.  seda,  vha.  sida, 
nha.  seide,  irl.  sioda,  cymr.  sidan,  La  source 
de  tous  ces  vocables  est  le  L.  seta,  poil  long 
et  rude  de  certains  animaux,  surtout  du 
cochon,  signification  encore  propre  au  mot 
fr.  et  esp.  La  signification  «  fil  de  soie  »  est 
venue  au  mot  seta  par  ellipse.  On  disait 
d'abord  seta  serica  =  fil  de  soie,  puis  on  s'est 
contenté  de  dire  tout  court  seta  pour  exprimer 
la  même  chose  ;  le  terme  générique  a  absorbé, 
comme  souvent,  le  terme  spécifique.  Il  est 
curieux  de  voir  les  termes  gr.  fikrsL^oc,  fil,  et 
Tesp.  pelo  (=  fr.  poil),  crin,  revêtir,  par  un 
procédé  identique,  l'acception  spéciale  de  soie 
brute. —  Les  étymologies  par  L,sindon(g%vSôiv)f 
mousseline,  gr.  v)};,  gén.  vurd;,  mite,  etc., 
sont  dépourvues  de  fondement.  —  D.  soierie, 
soyeux.  Voy.  aussi  satin  et  séton, 

SOIF,  vfr.  soi,  soit,  prov.  set,  it.  scte,  du 
L.  sitis,  La  finale  /"p.  <  est  l'eflet  d'une  muta- 
tion qui  se  présente  parfois.  Cp.  vfr  mœuf 
de  modus,  bleif,  blé,  de  bladum,  faudestuef 
(fauteuil)  p.  faudestuet',  nif  de  nidus  et  le 
nom  propre  Maimbeufdw  vha.  Meginbod(L, 
Magnobodus).  —  Grœber  (Ztschr.,  II,  460) 
est  d'avis  que,  dans  ces  mots,  la  finale  f  était 
dans  le  principe  une  simple  addition  graphi- 
que; cette  opinion  est  combattue  par  Ci.  Paris 
(liom.,  VIII,  135).  —  Je  ne  puis  me  rallier  à 
l'opinion  de  Dicz  (dern.  éd.),  d'après  laquelle 
la  finale  f  dans  soif  se  serait  produite  sous 
l'influence  de  l'ail,  saufen,  boire. 
SOIGNER,  voy.  soin. 

S0I6N0LE,  vfr.  ceoignole,  piston  de  pompe, 
du  L.  ciconiola,  dim.  de  ciconia  (vfr.  soigne)  ; 
Isidore  :  hoc  instrumentum  (telon)  Hispani 
«  ciconiam  «*  vocant.  En  eficù  Tesp.  ciguena 
signifie  manivelle,  bascule  de  pompe.  —  Lit- 
tré  n'a  pas  recueilli  le  mot  soignole,  bien  que 
fort  répandu  en  province  ;  il  en  donne  cepen- 
dant la  variété  signole  (dévidoir  construit  sur 
l'axe  d'un  treuil),  mais  sans  étymologie. 

SOIN,  vfr  soing,  patois  sogne,  prov.  sonh, 
voy.  l'art,  besoin,  —  D.  soigner,  soigneux. 

SOIR,  prov.  ser  et  sera,  it.  sera;  du  L. 
sérum,  temps  avancé  de  la  journée  (cp.  le 
5t>ro  diVi  de  Tacite) .  L'esp.  dit,  do  la  même 
façon,  tarda  p.  soir,  du  L.  tardus»  —  D.  soi- 
rée (it.  serata)» 


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SOL 


—  468  — 


SOL 


SOIT,  conjonction,  3*  pers.  du  prés,  du 
subj .  du  verbe  étrCt  =  L.  sit. 

SOIXANTE,  vfr.  seisante,  L.  sexaginta, 

1 .  SOL,  terroir,  L.  solum. 

2.  SOL,  SOU,  vfr.  soU,  it.  soldo,  esp.  siteldo, 
du  L.  solidus  s.  e.  nummus,  pr.  monnaie 
épaisse  (opposée  à  la  monnaie  bractéate),  puis 
monnaie  d*or  ou  d'argent  de  valeur  variable. 
—  D.  BL.  solidare,  soldare,  fr.  solder, 
payer;  de  là  le  subst.  verb.  solde  (it.  soldo, 
es^.  sueldo,  prov.  sout,  ail.  sold),  puis  les 
formes  participiales  it.  soldato,  esp.  soldado, 
fr.  SOLDAT,  pr.  militaire  à  gage,  mercenaire. 
A  un  type  solidariiis  ressortissent  les  formes 
vfr.  et  angl.  soldier  =  soldat;  à  soldatarius, 
prov.  soudadier,  vfr.  soiideier,  soudoier.  Du 
radical  sold,  combiné  avec  le  suffixe  germ. 
ard,  provient  le  mot  soudard.  —  Une  dériva- 
tion Intérieure  de  solder  est  le  verbe  soudoyer 
(type  lat.  soldicare),  payer  qqn.  pour  faire 
qqch.  (il  faut  en  distinguer  Tadj.  vfr.  sou- 
doyant, souduiant,  séduisant,  qui  est  le  L. 
subducentem). 

SOLAS*,  SOULAS,  prov.  sokUz,  esp.  sola2, 
it.  solcLSZo^  du  L.  solatium.  —  D.  solacier, 
soulacier*,  prov.  solassar,  esp.  solazar,  con- 
soler. , 

SOLACIER.  voy.  l'art,  préc. 

SOLAIRB,  L.  solaris  (sol). 

SOLBATU,  litt.  frappé  à  la  sole;  cp.  cour- 
batu. —  D.  solbature, 

SOLDAT,  voy.  sol  2.  —  D.  soldatesque,  de 
rit.  soldatesca.  —  Les  soldurii  gaulois,  men- 
tionnés par  Jules  César,  n'ont  rien  à  faire 
avec  la  racine  du  mot  soldat.  Le  mot  est  tra- 
duit en  grec,  par  Nicolaus  Damasc.  ap.Athe- 
nseum,  Deipn.,  par  uilàZovpoi,  et  il  se  peut 
bien  qu'il  soit  ibérique  (voy.  Diefendach,  Ori- 
gines Europaeae,  p.  421). 

1.  SOLDE,  paye,  voy.  sol  2. 

2.  SOLDE,  règlement  de  compte,  subst. 
verbal  de  solder  2. 

1 .  SOLDER,  donner  une  paye,  voy.  sol  2. 

2.  SOLDER  (un  compte],  it.  soldare,  du 
BL.  solidare,  soldare,  m.  s.,  pr.  affermir, 
régler.  —  D.  solde  (de  compte),  it.  saldo.  — 
Le  même  mot  latin  solidare,  dans  son  accep- 
tion naturelle  de  raffermir,  a  donné  le  verbe 
fr.  souder,  it.  soldare,  esp.  soldar. 

1 .  SOLE,  t.  d'agriculture,  forme  féminine 
de  sol  =a  L.  solum,  —  D.  assoler,  dessoler, 

2.  SOLE,  le  dessous  du  pied  (d  un  cheval)  et 
autres  objets  marquant  base,  support,  pièce 
plate  de  dessous,  it.  suola,  prov.  sol,  solo, 
esp.  suslo,  ail.  sohle,  du  L.  solea,  plante  du 
pied,  semelle.  Voy.  aussi  soulier. 

3.  SOLE,  prov.  solha,  it.  soglia^  poisson  de 
mer  plat,  du  L.  solea,  m.  s.  (Pline). 

SOLÉCISME,  L.  solœcismus,  du  gr.  99)01 
xi9fiôi,  pr.  la  manière  vicieuse  de  s'exprimer 
propre  aux  làloixoi,  c.-à-d.  aux  habitants  de 
Soles  en  Cilicie.  Du  verbe  aoXoi/.iiuv,  on  a 
fait  soléciser. 

SOLEIL,  prov.  solelh,  du  h.soliculus,  dim. 
do  sol;  la  forme  diminutive  est  fondée,  comme 
celle  de  tant  d'autres  vocables  (p.  ex.  oreiUe, 
genouiV,  abeille,  sommeil),  sur  une  tendance 


à  prêter  au  mot  plus  de  corps  et  de  sonorité. 
—  Le  simple  sol  est  resté  dans  l'it.  sole,  cat., 
esp..  port.  sol.  —  D.  ensoleiller. 

SOLEN,   espèce  de  coquillage,   L.   solen 

(ffaii4>!v). 

SOLENNEL,  L.  solennalis*,  extension  do 
solennis,  d'où  aussi  le  subst.  solennité,  L. 
solennitatem,  et  le  verbe  solenniser. 

SOLFÈGE,  de  l'it.  solfeggio.  Ce  dernier  est 
le  subst.  verb.  du  verbe  solfeggiare  (=  esp. 
solfear  et  fr.  solfier),  qui,  à  son  tour,  dérive 
du  subst.  sol  fa  (it.,  esp.,  port.,  prov.)  = 
gamme.  Quant  à  ce  solfa,  voici  comment  on 
l'explique  :  Les  syllabes  musicales,  introduites 
par  Gui  d'Arezzo,  ut,  re,  mi,  fa,  sol,  la,  font 
à  rebours  la,  sol,  fa,  mi,  re,  ut;  les  trois  pre- 
mières ont  fourni  lasolfa,  puis  la  ayant  été 
pris  pour  l'article,  il  est  resté  solfa  tout  court. 

SOLFIER,  voy.  l'art,  préc. 

SOLIDE,  vfr.  soude,  du  L.  solidus  (de  sol- 
lus",  entier,  -=  gr.  SUi).  —  D.  solidité',  L.  soli- 
ditatem  ;  solidaire  (d'où  solidarité),  solidifier. 

SOLIER,  grange,  du  L.  solarium  (sol), 
plate-forme,  terrassé,  balcon;  au  moy.  âge. 
le  plus  haut  étage  d'une  maison;  cp.  ail.  sel- 
ler (de  même  origine),  grenier,  galetas,  ni. 
solder,  angl.  sollar. 

SOLILOQUE,  L.  5o/i7o^utum,  traduction  lit- 
térale dii^prr.  ft^voloyici  (voy.  monologue). 

SOLIPÈDE,  it.  solipeda,  contraction  du  L. 
solidipes,  -pedis  =  dont  le  sabot  est  entier 
(solidus),  non  fendu. 

SOLITAIRE,  L.  solitarius  (solus). 

SOLITUDE.  L.  solitudo. 

SOLIVE  ;  l'étymologie  de  ce  mot  n'est  pas 
fixée  ;  les  langues  sœurs  ne  l'ont  pas.  On  a 
proposé  comme  source  :  Frisch,  le  L.  solum, 
base  (la  solive  serait  donc  pr.  un  soutien,  un 
étai);  Du  Cange,  l'ags.  syl,  colonne;  d'autres 
le  bas-bret.  sôh  jioutre  ;  mais  la  dérivation  par 
ivus  fait  difficulté.  Isac  Vossius  pensait  au  L. 
sublico  (accent  sur  l'i"),  pieu  ;  on  pourrait  au 
besoin,  pour  cette  étym.,  admettre  la  filiation 
suivante  :  soulie,  puis  par  intercalation  de  r, 
soulive,  solive,  mais  la  signification  satisfait 
peu.  Diez  conjecture  une  composition  solum, 
sol  -|-  vfr.  ive  =  equa,  cavale,  dans  le  sens 
figuré  de  poutre  (v.  c.  m,)  ;  puis  il  indique 
aussi  l'esp.  solivio  (=  L.  sublecium),  de  subie- 
vare,  soutenir,  appuyer.  Si  l'existence  d'un 
vfr.  solieve,  au  sens  de  support,  était  consta- 
tée, l'étym.  sublevare  ne  laisserait  plus  de 
doute.  —  D.  soliveau,  solivure. 

SOLLICITER,  L.  sollicitare.  Voyez  aussi 
soucier. 

SOLLICITUDE,  L.  sollicUudo  (de  soUicitus, 
dont  le  sens  étymologique  est  •  fortement 
agité  »). 

SOLO,  mot  it.,  =  L.  solus,  fr.  seul. 

SOLSTICE,  L.  solstitium  (litt.  arrêt  du 
soleil). 

SOLUBLE,  L.  solubilis  (de  solverc,  dis- 
soudre). 

SOLUTION.  L.  solutionem  (solverc). 

SOLVABLB,  mot  mod.  tiré  du  L.  solverf, 
dans  son  acception  de  payer.  —  D.  solvabi- 
lité. 


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SOM 


—  469  — 


SON 


SOMBRE  ;  Diez  est  d'avis  que  cet  adjectif 
(qui  a  donné  lo  néerl.  somber)  est  identique 
avec  le  cat.,  port.,  esp.  sombra,  =  ombre. 
Quant  à  ce  dernier,  il  dérive  d'un  verbe  som- 
brar,  mettre  dans  l'ombre  (il  n'existe  qu'à 
l'état  de  composé,  a-sombrar).  Or,  ce  verbe 
est,  selon  la  conjecture  de  Diez,  une  contrac- 
tion de  so-ombrar,  qui  répond  à  un  type  L. 
sub-umbrare.  Cette  conjecture  est  fortement 
appuyée  par  l'existence  du  prov.  sota-umbrar, 
ombrager.  On  trouve  en  vfr.  aussi  lo  mot 
essombre,  lieu  ombragé  (Godefroy  le  consigne 
avec  les  valeurs  1 .  terre  sombrée,  2.  bois  de 
lit),  lequel  accuse  un  type  ex-umbrare  ;  Burguy 
estime  que  sombra  pourrait  en  être  formé  par 
aphérèse.  Cette  opinion  ne  me  semble  pas  fon- 
dée. Je  crois  que  la  filiation  sub'um,brare^ 
sO'Ombrar,  sombrar,  satisfait  parfaitement. 
Elle  gagne  en  vraisemblance  par  le  rappro- 
chement de  la  suivante  :  sub-undare,  jeter 
dans  l'eau,  so-ondar,  esp.  sondar,  fr.  sonder. 
Elle  se  confirme  encore  par  le  verbe  fr.  som- 
brer (couler  bas,  pr.  disparaître  sous  les 
eaux),  qui  présente  une  métaphore  très  natu- 
relle de  sub-umbrare,  —  Ce  qui  est  digne 
d'attention,  c'est  le  passage  du  subst.  sombra, 
ombre,  à  l'état  adjectival  sombre,  =  qui  est 
dans  l'ombre.  —  Voy.  aussi  l'art,  suivant. 

1.  SOMBRER,  couler  bas.  A  l'appui  de 
l'étym.  donnée  à  ce  verbe  par  Diez  (voy.  l'art, 
préc),  je  dois  mentionner  encore  que  l'exis- 
tence de  L.  subumbrare  aux  iv®,  v®  et  vni"  s.  a 
été  constatée  par  Rônsch  ;  mais  une  nouvelle 
explication  de  notre  verbe  a  surgi.  Wedg- 
"wood  (Rom  ,  VIII,  439)  pense  que  somlrer 
est  indépendant  de  sombre;  il  le  rattache  au 
norois  sumbla,  abîmer,  engloutir,  norm. 
sumla,  couvrir  d'eau.  C'est  donc,  selon  toute 
apparence,  un  terme  maritime  emprunté  aux 
Normands. 

2.  SOMBRER,  donner  le  premier  labour, 
on  parlant  des  jachères.  Ce  mot  est-il  identique 
avec  le  précédent  ?  Je  n'oserais  l'affirmer,  mais 
il  me  semble  que  l'étym.  de  Littré  par  BL. 
sombrum,  anni  aetas  qua  ager  primum  pro- 
scinditur  (Du  Cange)  et,  par  conséquent,  par 
l'ail,  sommer,  été,  mérita  toute  considération  ; 
je  trouve  encore  chez  les  Allemands  le  terme 
«  ein  feld  sommern  »  dans  le  sens  de  notre 
sombrer. 

SOMMAIRE,  adj.  et  subst.,  voy.  somme  2. 

SOMMATION,  voy.  sommer  1  et  2. 

1 .  SOMME,  sommeil,  it.  sonno,  prov.  som, 
son,  du  L.  somnus[p.  sop-nus),  —  "ù. sommeil, 
prov.  sonelh,  dimin.  (sans  valeur  diminutive, 
comme  soleil,  etc.),  qui  a  remplacé  somme, 
sans  doute,  pour  le  différencier  de  deux 
autres  homonymes. 

2.  SOMME,  quantité  totale,  du  L.  summa, 
pr.  le  total  principal  (de  summ^us,  p.  supmus, 
superlatif  de  super  us).  —  D.  sommer  (v.  c. 
m.),  taire  la  somme;  sommaire,  qui  ne  donne 
que  les  choses  essentielles,  principales,  L. 
summarius";  sommier,  registre,  L.  summa- 
rium. 

3.  SOMME,  vfr.  some,  charge,  it.  salma, 
5oma, esp.  salma,  œalma,  enxalma,  ail.  saum; 


du  BL.  salma,  onus,  sarcina,  qui  est  p.  sagma 
et  tiré  du  gr.  ukyfici,  m.  s.  Isidore  :  sagma 
quse  corrupte  vulgo  salma  dicitur.  Pour  la 
mutation  de  g  en  /,  cp.  smaragdus,  it.  sme- 
raldo,  d'où  fr.  émeraude.  —  D.  sommier, 
sommelier,  assommer  (voy.  ces  mots).  — 
Notons  encore  que  Rônsch  établit  pour  le  mot 
roman  salmala,  succession  de  formes  suivante  : 
sagma,  sauma,  salma  (voy.  Grôb.  Ztschr., 
III,  103). 

SOMMÉ,  voy.  sommet, 

SOMMEIL,  voy.  somme,  —  D.  sommeiller, 

SOMMELIER,    d'après  Tobler    (Rom.,  II, 

244)  un  dérivé  direct  de  sommier  =^  bête  de 

somme;  donc,  p.  sommener,  cp.  vfr.  œntra* 

lier  p.  contrarier,  sorcellerie  de  sorcier,  Lo 

premier  sens  était  «   qui  mène  une  bête  de 

somme  »  ou  «  qui  a  les  bêtes  de  somme  sous 

•  ses  ordres  « .  De  là  s'est  dégagé  celui  de  «  is, 

cui  sagmata  seu  onera  commeatunm  ac  prse- 

cipue  panis  et  vini  commissa  erant  »,  donc 

officier  chargé  des  grandes  provisions  d'une 

maison,  puis  particulièrement  celui  de  cavier. 

—  D.  sommellerie, 

1 .  SOMMER,  faire  la  somme,  voy.  somme 
2,  —  D.  sommation,  t.  de  mathématiques. 

2.  SOIOOIR,  faire  un  dernier  et  suprême 
avertissement.  Les  uns  prennent  ce  verbe 
pour  un  dérivé  de  summus,  suprême,  d'autres 
y  voient  une  variété  du  vfr.  semoner,  donner 
assignation,  variété  de  semondre  (v.  c.  m.), 
qui  est  le  L.  submonere.  Ce  dernier  type  a, 
en  effet,  pu  donner  successivement  somoner, 
somener,  sommer  (cp.  le  nom  de  rivière 
Somme,  de  Somona),  —  D.  sommation, 

SOMMET  (d'où  l'angl.  summit),  dimin.  du 
vfr.  som  (»  en  som  »,  =  en  haut,  «  à  som  », 
«=a  à  bout),  qui,  ainsi  que  l'it.  sommo,  prov. 
som,  esp.  somo,  vient  du  L.  summum,  som- 
met, extrémité.  Le  même  type  latin  aurait 
aussi,  selon  Diez,  produit  le  subst.  fr.  son, 
pr.  la  partie  du  blé  moulu  qui  reste  «  en 
haut  •»  du  tamis.  —  Notez  encore  comme  dé- 
rivé de  som  le  vfr.  sommer,  mettre  le  couron- 
nement, d'où  le  terme  de  blason  -  somme'  ». 

1.  SOMMIER,  cheval  de  somme  (BL.  sag- 
marius),  2.  coffre  de  voyage,  matelas  (accep- 
tions déduites  de  somme,  charge,  chose 
lourde),  3.  par  métaphore  (cp.  les  mots  poutre 
et  chevalet  \  =  poutre,  solive,  support.  C'est 
un  dérivé  de  somme,  charge,  fardeau. 

2.  SOMMIER,  registre,  grand-livre  où  s'ins- 
crivent les  sommes  reçues,  voy.  somme  2. 

SOMMITÉ.  L.  s ummitatem  (summus). 

SOMNAMBULE,  mot  de  création  moderne, 
=  qui  ambulat  in  somno,  —  D.  somnambu- 
lisme. 

SOMNOLENT,  L,  somnolentus  (somnus).  — 
D.  somnolence. 

SOMPTUAIRE,  L.  sumptuarius  (desumptus, 
dépense);  somptueux,  L.  sumptuosus  =  qui 
demande  de  grands  frais.  —  D.  somptuosité, 

1.  SON,  adj.  ou  pron.  possessif,  voy.  mon. 

2.  SON,  partie  grossière  du  blé  moulu. Trois 
explications  sont  en  présence  :  1 .  =  la  partie 
du  blé  qui  reste  en  haut,  «  in  summo  »,  du 
tamis  (Diez)  ;  —  2.  le  BL.  seonnum  engage 


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SOR 


—  470  — 


SOR 


Littré  à  supposer  Texistence  d'une  forme  vfr. 
seon,  dans  laquelle  il  est  disposé  à  voir  secun- 
c?u5  (cp.  vfr.  seon,  selon,  =«  secundum);  le 
son  serait  ainsi  «  la  seconde  mouture  ».  Sëon 
existe,  en  effet,  ainsi  dans  EustacheDechamps, 
p.  ;97  (cité  par  Fœrster,  Grôb.  Ztschr.,  III, 
262)  :  trible  pur  de  seon,  —  G.  Paris  (Rom., 
VIII,  628),  et  c*est  la  3"  explication  qu'il  nous 
reste  à  produire,  est  amené  à  remonter  de 
scon  à  sedon,  pour  lequel,  à  titre  de  simple 
conjecture,  il  propose  pour  étymon  L.  seta, 
qui  a  donné  au  gr.  mod.  aitrse,  olra,  tamis, 
et  au  fr.,  par  le  dérivé  setaceum,  les  mots 
seas*  sas  (v.  c.  m.).  11  admet  toutefois  l'admis- 
sibilité d'une  explication  par  secundiis. 

3.  SON,  bruit,  L.  sonus.  —  D.  sonnet,  vfr. 
soneC,  it.  sonetto,  dimin.  de  son,  anc.  =  bruit 
d'une  petite  cloche,  chansonnette,  petit  chant. 
Cp.  motet  de  mot. 

SONATE,  de  l'it.  sonata  (sonare). 

SONDER,  pr.  descendre  sous  l'eau,  d'un 
type  latin  sub-undare,  voy.  sombre,  —  D. 
subst.  verb.  sonde,  instrument  pour  sonder, 
esp.  sonda, 

SONGE,  L.  somnium;  verbe  sonobr,  L. 
somniari. 

SONNER,  L.  sonare  (sonus).  —  D.  sonneur, 
-erte,  sonnette;  sonnaille,  type  L.  sonacuïa, 
d'où  sonnailîer,  verbe,  et  sonnailler,  subst. 

SONNET,  voy.  son  3. 

SONORE,  L.  sonorus  (sonus).  -7-  D.  sonorité, 

SOPHA.  voy.  sofa, 

SOPHISME,  gr.  vôfitxfiof^  sophistb,  gr. 
90fl'jrrii  (de  ff9^<{5<î&«i,  abuser  de  la  philoso- 
phie); adj.  SOPHISTIQUE,  gr.  (tOfivr%x6i,  d'où 
sophistiquer,  subtiliser,  s'écarter  du  vrai,  user 
de  faux  arguments  (d'où  le  subst.  sophisti- 
querie),  puis  (sens  particularisé)  falsifier,  fre- 
later des  drogues. 

SOPHISTIQUER,  voy.  sophisme. 

SOPORATIF,  du  L.  soporare  (sopor),  en- 
dormir. 

SOPORIFÂRE,  -FIQUS,  du  L.  soporifer\ 
-ficus*. 

SOPRANO,  mot  it.,  la  voix  de  dessus,  dérivé 
du  L.  supra, 

1 .  SOR,  variété  orthogr,  de  saur  (v.  c.  m.). 

2.  SOR  (oiseau)  =  qui  n'a  pas  encore  mué, 
qui  est  encore  roux  ;  le  même  mot  que  saur. 
J'abandonne  l'étym.  essorer,  prendre  son  vol, 
que  j'avais  émise  dans  ma  l**^  éd. 

SORBE.  L.  sorbum,  —  D.  sorbier, 

SORBET,  it.  sorbetto,  esp.  sorbeta,  angl. 
sherbet;  du  persan  sjerbet,  sorbet,  lequel  est 
de  la  même  famille  que  l'arabe  sjariba,  boire. 
•—  D.  sorbetière. 

SORCELLERIE,  du  verbe  sorceîer",  voy. 
sorcier. 

SORCIER,  d'un  type  latin  sortiarius  (l'it. 
sortiere  et  l'osp.  sortere  accusent  un  type  sor- 
tarius),  du  L.  sors,  sortis;  donc  pr.  diseur  de 
sort,  de  bonne  aventure.  —  D.  sorcerie*;  vfr. 
sorcerer  et  sorceler;  cps.  ensorcerer,  auj.  en- 
sorceler. 

SORDIDE  (mot  de  façon  savante  p.  sorde), 
L.  sordidus,  —  D.  sordidité, 

SORET,  voy.  sauret. 


SORITE,  L.  sorites,  gr.  và^ptlmi, 

SORNETTE,  selon  Diez,  du  cymr.  swrn, 
bagatelle,  baliverne;  selon  Huet,  du  breton 
sorc*hen,  bavardage.  Le  Duchat,  rattachant 
sornette  au  vieux  mot  fr.  some,  crépuscule, 
prov.  som,  sombre,  y  voyait  un  dérivé  de 
serotina  s.  e.  fabula,  un  conte  de  veillée.  Il 
se  peut  que  some  (voy.  l'art,  sournois)  et  sor- 
nette se  tiennent,  mais  bien  certainement  l'un 
et  l'autre  sont  étrangers  au  L.  serotinus.  — 
En  Berry,  sornette  s'emploie  p.  sobriquet.  — 
Le  vfr.  et  les  patois  ont  un  verhe  sorner,  dire 
des  sornettes. 

SORT,  destinée,  L.  sors,  sortis.  De  ce  der- 
nier vient  le  verbe  latin  sortiri,  it.  sortire,  fr. 
SORTIR  (prés.  it.  io  sortisco,  fr.  je  sortis), 
obtenir  en  partage,  obtenir,  recevoir  (n'est 
plus  usité  que  dans  la  locution  «  sortir  son 
effet  »).  Voy.  aussi  ressortir  2. 

SORTE,  it.  sorta,  espèce,  manière,  tiré  du 
L.  sors,  au  sons  de  manière  d'être,  condition. 
—  D.  assortir  (v.  c.  m.};  sortable,  de  sorte 
convenable. 

SORTILEGE,  L.  sortilcgium' ,  de  soriilegus, 
devin,  prophète. 

1.  SORTIR  (prés.  Je  sortis),  voy.  sort. 

2.  SORTIR  (prés,  je  sors),  it.  sortire  (prés. 
io  sorto),  passer  du  dedans  au  dehors,  en  vfr. 
aussi  =  s'échapper,  prov.  sortir,  sauter,  faire 
sauter,  esp.  surtir,  port,  surdir,  jaillir.  On 
a  rattaché  ce  verbe  au  L.  sortiri,  pris  dans  le 
sens  de  faire  un  partage,  en  se  fondant  sur 
l'analogie  de  partir  du  L.  partiri,  diviser, 
séparer,  mais  différentes  considérations  tant 
de  forme  que  de  signification  s'opposent  à 
cette  étymologie.  Si  l'on  considère  que  les 
patois  eTn]Aoïent  jaillir  comme  synonyme  de 
sortir  (en  Berry  on  dit  «  à  la  jaillie  de  la 
messe  n),  que  l'esp.  surtir  signifie  jaillir,  et 
que  L.  ex-perrigere,  par  son  participe  ex- 
perrectus,  a  produit  le  vfr.  espertir,  éveiller 
(cp.  it.  erto  =»  erectus),  on  acceptera  volon- 
tiers, pour  le  sens  et  la  forme,  l'étym.  mise  en 
avant  par  Ménage  et  Frisch  et  partagée  par 
Diez,  savoir  le  type  surrectire  (par  surrectus^ 
participe  de  surgere).  La  signification  étjnnolo- 
gique  du  verbe  serait  ainsi  «  faire  surgir»  faire 
sourdre  (v.  c.  m.),  faire  jaillir  » .  Elle  est  encore 
sensible  dans  les  applications  :  sortir  de  table; 
cette  figure  sort  bien.  L'idée  d'un  mouvement 
de  bas  en  haut  (se  lever)  s'est  peu  à  peu  effacée 
pour  faire  place  à  celle  d'un  mouvement  du 
dedans  au  dehors;  après  avoir,  selon  la  valeur 
étymologique  du  mot,  dit  sortir  de  terre,  de 
l'eau,  on  a  dit  aussi  sortir  d'un  lieu,  d'une 
position,  d'un  état.  —  Littré,  en  disant  que 
sortir  pourrait  bien  être  un  doublet  de  sour- 
dre, n'est  pas  loin  de  notre  ordre  d'idées.  — 
D'autres  explications  se  sont  produites  en  der- 
nier lieu.  Rônsch  tire  sortir  du  part.  L.  exor- 
tus,  levé,  né,  sorti  ;  Bôhmer,  d'un  type  latin 
fictif  sevortere,  Storm  (Rom.,  V,  183)  se 
rallie  à  celle  que  j'ai  reproduite  d'après 
Ménage  et  Diez  ;  seulement,  au  lieu  de  partir 
de  surrectus,  il  part  de  sortus.  la  foi-me  con- 
tracte, bien  constatée  par  Festus,  qui  observe 
que  Sivius  Andronicus  s'en  est  souvent  servi. 


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sou 


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SOU 


Ce  participe  a  survécu  dans  it.  sorto^  insorto. 
D.  soHie;  cps.  ressortir ^  rejaillir  (v.  c.  m.). 

SOT,  esp  ,  port,  zote^  ags.,  angl.  sot^  hoU. 
zot,  BL.  sottiis  ;  du  mot  rabbi nique  ou  syriaque 
scJwteh  =  stultus.  Diez  rapporte  cette  étym. 
comme  celle  de  Cujas,  mais  sans  se  prononcer, 
et  renvoie  à  Du  Cange,  qui  cite  les  jeux  de  mots 
de  Théodoulfe,  évoque  d*Orléans  (mort  en  821), 
à  propos  de  scottus  et  sottiis.  Du  Gange  lui- 
même  dérivait  le  mot  du  grec  5»«toî  =  perdu, 
qu*on  ne  peut  plus  sauver  ;  c'est  là  une  étymo- 
logie  tout  aussi  malheureuse  que  le  L.  stultus, 
Pictet  rapproche  sot  de  Tirl.  suthan  imbécile, 
fripon,  sotal^  orgueil,  soithir,  fier,  sotatre, 
fat,  et  du  sanscrit  çotha,  sot.  Dom  L.  Lepel- 
letier  le  rattache  au  breton  saot,  qui  signifie 
gros  bétail,  bête  à  cornes.  Quoi  que  vaillent 
toutes  ces  conjectures,  le  mot  nous  semble  être 
connexe  avec  l'ail,  zote,  auj.  propos  libre, 
obscène,  qui,  chez  Luther,  ne  disait  pas  plus  que 
sottise,  plaisanterie.  —  D.  sotie*,  farce,  auj. 
sottise  (d'où  sottisier)  ;  vfr.  assoter,  rendre  sot. 

SOU,  forme  secondaii'e  de  sol  (voy.  sol  2). 

SOUBASSEMENT;  c'est  le  mot  bassement 
(de  bas)  et  le  préfixe  sous.  On  a  aussi  lieu  de 
croire  à  une  altération  de  sous-bastement  (de 
bastir). 

SOUBRESAUT,  directement  de  r&<;p.  sobre- 
salto,  it.  soprassaJto;  d'un  type  L.  supra- 
saltus,  saut  en  Tair;  pour  la  forme,  cp.  le 
verbe  prov.  sobr&^aillir,  surpasser,  et  le  mot 
fr.  soubreveste, 

SOUBEETTE,  d'origine  inconnue;  d'après 
Heyse,  du  L.  sobrius,  au  sens  de  soigneux, 
prudent.  L'équivalent  ail.  2ofc  paraît  étymo- 
logiquement  distinct. 

SOUCHE  (le  prov  a  socca  et  une  forme 
masc.  soc,  Tît.  (Ravenna)  zocco,  le  BL.  zoccus 
et  soccus):  le  mot  signifie  pr.  le  ti*onc  d'un 
arbre.  Diez  tient  le  mot  pour  identique  avec 
le  latin  classique  soccus,  chaussure,  dont  le 
sens  primordial  doit  avoir  été  base,  fondement 
(cp.  socle),  —  Si  l'équation  si  initial  ==  5  est 
admise  pour  saison,  sabot,  eto.,  nous  préfére- 
rions ici  comme  primitif  l'ail,  stock,  qui  cor- 
respondrait parfaitement  pour  le  sens  et  pour 
la  lettre.  —  En  présence  de  la  variation  des 
initiales  qu'a  reçues  notre  mot  :  s,  ch  (pic. 
choque,  chouque),  z,  et  de  l'existence  du  vfr. 
coche  =  souche  (voy.,  outre  l'exemple  du 
Renard  cité  par  Littré,  le  suivant,  que  j'ai 
recueilli  dans  le  Chevalier  au  Lyon,  290  : 
Assis  esteit  sur  une  coche^  une  grant  maçuo 
en  sa  main),  pourquoi  ne  risquerai-je  pas 
Vétymol.  que  voici  :  BL.  caudica  =  L. 
caudex,  tronc  d'arbre,  souche,  bûche,  d'où  se 
tire  sans  le  moindre  effort  :  coche,  chouche, 
chouque  et  enfin  souche  (cp.  les  formes  ser^ 
cher,  angl.  search,  p.  chercher),  —  D.  sou- 
chet,  soucheler, 

1.  SOUGL  plante,  vfr.  soulcie,  soussicle;  du 
L.  solsequium,  qui  dit  la  môme  chose  que  le 
gr.  >î>coT/307riov,  ou  tournesol,  La  fleur  du  souci 
se  ferme  quand  le  soleil  se  couche  et  s'ouvre 
quand  il  se  lève. 

2.  SOUCI,  subst.  verbal  de  soucier  (v.  c.  m,). 
—  D.  soucieux. 


SOUCIER,  du  L.  soUicitare  (soVcitare), 
agiter,  inquiéter.  —  D.  subst.  verbal  *oi«?t. 

SOUCOUPE,  =  sous'coupe. 

SOUCRILLON,  espèce  d'orge  d'hiver,  modi- 
fication de  vfr.  soucrion.  Ce  dernier,  dans  le 
Glossaire,  comme  dans  le  Catholicon,  de 
Lille,  traduit  le  L.  trimestris,  blé  tréraois. 
Comme  je  lai  dit  dès  1865  dans  les  notes  de 
mon  Gloss.  de  Lille,  p.  36,  d'après  l'opinion 
de  Grandgagnage,  le  mot  parait  être  une 
variété  de  secourgeon  i^oj,  escourgeon), 

SOUDAIN,  prov.  sobtan,  du  L.  subitanus  p. 
subitaneus,  —  D.  soudaineté. 

SOUDAN,  vfr.  soldan,  BL.  soldanus;  va 
riété  du  mot  sultan. 

SOUDARD,  voy.  l'art,  sol  1. 

SOUDE,  it. ,  esp.,  port,  soda,  vfr.  soulde.  On 
dérive  généralement  ce  mot  de  solida,  nom 
latin  de  la  plante  marine  qui  fournit  le  sel  de 
soude. 

SOUDER,  voy.  solder  2.  —  D.  soudure. 

SOUDOYER,  voy.  sol  2. 

SOUDRE,  L.  solvere, 

SOUDRILLE,  d'un  type  soldarillus,  exten- 
sion péjorative  de  soldarius,  soldat,  soudard. 

SOUFFLER,  it.  soffiare,  du  L.  sufj[lare{s\ib' 
flare).  —  D.  souffle,  subst.  verbal;  souffleur, 
-ure,  soufflet  (v.  c.  m). 

SOUFFLET,  dér.  de  souffler,  signifiant 
1 .  instrument  servant  à  souffler,  et  objets  en 
ayant  la  forme  ;  2.  coup  du  plat  de  la  main  sur 
la  joue  :  pour  cette  transition  d'acception,  voy. 
l'art,  bouffer.  Cependant,  en  rectification  do 
cet  article,  je  me  vois  amené  à  dire  que  le 
deuxième  sens  indiqué  de  soufflet  me  semble 
provenir  de  soufflet  pris  métaphoriquement  au 
sens  de  grosse  joue  ;  c'est  ainsi  que  giffe,  gifle 
signifie  à  la  fois  joue  et  soufflet,  de  même  buffe, 
bouffe,  joue  bouffie  et  coup.  L'ail,  maul- 
schelle,  m.  s.,  signifie  litt.  coup  résonnant 
sur  la  bouche,  et  quant  à  ohr-feige,  il  n'a  ri^n 
à  faire  avec  feige,  figue  (il  est  p.  ohr-fege, 
coup  sur  l'oreille,  voy.  Grimm,  v<*  fegc),'Je 
remarquerai  encore  que  le  mot  angl.  blovo, 
souffler,  cité  en  comparaison  dans  mon  article 
bouffer,  est,  d'après  les  étymologistes  anglais, 
d'une  autre  origine  que  l'homonyme  bhw, 
frapper.  —  D.  souffleter, 

SOUFFRETEUX;  malgré  toute  l'apparence 
qu'il  y  a,  cet  ai^jectif  ne  vient  pas  de  souffrir; 
il  répond  au  prov.  sofraitos,  sofrachos,  vfr. 
soffraitous,  pauvre,  privé  de,  et  vient  dir.  du 
subst.  vfr.  soufraite,  souffrete,  prov.  sofraita, 
sofracha,  manque,  disette,  dénùment;  quant 
à  celui-ci,  c'est  un  dérivé  du  L.  suffractus, 
brisé,  à  qui  l'on  a  retranché  les  ressources 
(part,  de  suffringere,  vfr.  soufraindre). 

SOUFFRIR,  prov.  sofrir,  it.  soffrire,  d'un 
type  L.  sufferere  p.  sufferre,  cp.  offrir  de 
offerre.  —  D.  souffrant,  souffrance. 

SOUFRE,  prov.  solpre,  solfre,  it.  solfo, 
zolfo,  esp.  azufre,  flam.  solfer,  du  L.  sul- 
phur.  —  D.  soufrer,  soufrière, 

SOUHAIT,  subst.  verbal  de  souhaiter, 

SOUHAITER  ;  ce  verbe  composé  vient  du  vfr. 
hait,  gré,  plaisir,  franche  inclination  de  vo- 
lonté, d'où  découlent  aussi  en  vfr.  :  haitier 


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—  472  — 


SOU 


(qqn.),  faire  au  gré  de  qqn.,  réjouir,  encoura- 
ger, et  ^aïW^r  (qqcli.),  avoir  à  gré,  dehaitier, 
chagriner,  abattre  (subst.  dekait,  chagrin, 
maladie),  (?7i/iaiÏ2er,  es  haitirr,  exciter,  animer, 
et  la  loc.  adverbiale  à  hait  =  à  souhait.  Sou- 
haiter  est  le  verbe  haiter,  au  sens  de  prendre 
à  gré,  aimer,  désirer,  combiné  avec  le  préfixe 
mitigatif,  sub.  —  Génin  a  bien  mal  compris  ce 
préfixe  ;  en  disant  sérieusement  :  souhait  vient 
de  son  hait  =»  son  gré,  comme  couvent  vient  de 
conventus.  —  Reste  à  savoir  d'où  vient  ce  mot 
fr.  hait,  d'un  usage  si  répandu  jadis.  Diez  et 
Grandgagnage  le  rapportent  au  nord,  heit, 
goth.  ga-hait,  vha.  ga-heis,  subst.  de  verbes 
signifiant  promettre,  faire  vœu  (ail.  mod.  ver- 
heissen,  promettre).  Une  filiation  de  sens  ana- 
logue se  remarque  dans  L.  voœrc  =  1.  faire 
vœu,  2.  désirer,  souhaiter,  d'où  votitm,  fr. 
tœu  =  promesse  et  désir.  L'étymologie  cel- 
tique invoquée  par  Chevallet  est  loin  de  valoir 
celle  que  nous  rapportons.  —  D.  souhait. 

SOUILLE,  aussi  masc.  souiî,  lieu  bourbeux 
où  se  vautre  le  sanglier;  selon  Diez,  de l'adj. 
L.  suilhis,  «  qui  concerne  les  cochons  »»  (L. 
sus).  J'inclinais  à  voir  dans  souille  un  dérivé 
du  verbe  souiller  (voy.  l'art,  suiv.),  mais  je 
reconnais  cependant  que  la  forme  sewwilhe  (to 
intercalaire),  que  je  trouve  dans  la  Geste  de 
Liège  de  Jean  d'Outremeuse,  v.  1837,  et  que 
ie  suppose  devoir  signifier  bourbier,  est  plus 
favorable  à  l'explication  par  suilla.  Voici  le 
passage  :  «  ...parmi  une  sewvoilhe  (l'éditeur, 
par  méprise,  mais  bien  sciemment,  a  imprimé 
sentoilhe)  Perchoit  un  porc  sangler  qui  for- 
ment s'entortillie.  » 

SOUILLER,  prov.  sulhai\  angl.  soiL  Deux 
étymologies  se  présentent  avec  des  titres  d'une 
valeur  à  peu  près  égale.  La  première  est  ger- 
manique. On  a  d'un  côté  goth.  bi^auljan,  pol- 
luere,  et  mha.  besulwen,  solgen,  v.  flam. 
soJutoen,  inquinare,  maculare,  ail.  mod.  sich 
suhlen,  aussi  sullen,  se  vautrer  dans  la  boue; 
d'un  autre,  l'ail,  mod.  sudeln  ■=  salir.  Sans 
vouloir  préciser  ici  quel  rapport  de  parenté 
il  y  a  entre  les  formes  ail.  sudeln  et  sullen 
(Dîefenbach  croit  que  sudeln  est  d'une  souche 
diff'érénte),  nous  rappelons  que  fr.  souiller 
peut  se  rapporter  à  sudeln,  con^mc  nouille  à 
nudel,  et  brouiller  à  brudeln,  La  deuxième 
opinion,  à  laquelle  Diez  est  favorable,  part  du 
mot  latin  sucttla,  dimin.  de  sus,  cochon,  d'où 
prov.  sulha,  cochon,  sulhon,  cochon  de  mer. 
De  ce  subst.  viendraient  les  verbes  prov.  sul- 
har,  fr.  souiller,  pr.  cochonner,  faire  mal- 
proprement, couvrir  de  boue.  —  D.  souille, 
bourbier  (v.  c.  m.);  souillon,  souillure, 

SOUL,  pr. rassasié, contracté  de  Y&nc. saoul 
«B  prov.  sadol,  it.  saJtollo,  valaque  setul,  du 
L.  satullus  (Varron),  dimin.  do  satur.  —  D. 
soûler,  pr.  rassasier. 

SOULAGER;  ne  doit  pas  être  confondu  avec 
soulacier  (voy.  solas)  ;  il  se  peut  pourtant  que 
celui-ci  ait  déterminé  la  forme  soulager  au 
lieu  de  souleger,  qui  serait  plus  correct,  car 
le  mot,  comme  l'esp.  soliviar,  répond  à  un 
type  latin  sub4etiare  (cp.  alléget*  de  allemare), 

SOULAS,  voy.  solas. 


SOULER,  voy.  soûl,  —  D.  soûlard. 

SOULEUR,  frayeur;  les  patois  du  Nord  ont 
sole,  stupéfait  ;  je  ne  me  rends  pas  compte  de 
l'origine  de  ce  mot;  serait-ce  le  L.  solaius, 
frappé  d'un  coup  de  soleil  ?  Littré  pense  à 
solus,  seul;  souleur  serait  la  crainte  que 
donne  la  solitude.  Le  fait  est  qu'en  vfr,  sou- 
leur a  signifié  solitude. 

SOULEVER,  du  L.  sitb-lemre,  1 .  relever, 
exhausser,  2.  soutenir,  consoler.  Le  sens 
figuré  du  verbe  fr.  :  ««  exciter,  faire  surgir  ou 
s'insurger  »  n'était  pas  encore  propre  au  terme 
latin  ;  d'un  autre  côté,  la  deuxième  acception 
(métaphorique)  de  celui-ci  est  passée  à  la  forme 
variée  sub-leciare,  d'où  soulager  (v.  c.  m.). 

SOULIER  parait  tenir  au  L.  solea,  sandale; 
cependant  l'anc.  forme  soller  fevorise  î'étym. 
BL.  sotular,  subtalar,  soulier  (synco[>é  en 
soVlar,  d'où  sollar),  qui  vient  de  subtel,  creux 
du  pied  (formé  de  sub  -4-  talus), 

SOULOIR',  avoir  coutume,  du  L.  solêre, 

SOULTE,  SOUTE,  d'un  type  lat.  sol'tus  p.. 
soluius,  de  solvere,  payer. 

SOUMETTRE.  L.  sub-miUere;  subst.  sou- 
mission, L.  sub-missionem,  de  là  soumission- 
ner, -aire, 

SOUPAPE,  de  l'esp.  sopapo,  pr.  coup  plat 
sous  le  menton  (papo,  partie  charnue  sous  le 
ment-on),  puis  soupape.  Cp.  les  acceptions 
technologiques  de  sous-barbe,  coup  sous  le 
menton.  Le  sens  premier  de  soupape,  coup 
plat,  se  rencontre  dans  Baud.  de  Condé,  p.  172 
(voy.  ma  note,  p.  460).  Cp.  aussi,  pour  la 
transition  des  sens,  ail.  hlappe,  soupape,  de 
hlappen,  claquer,  frapper. 

SOUPÇON,  vfr.  souspeçon,  du  L.  suspicio- 
nem,  que  les  savants  ont  reproduit  sous  la 
forme  suspicion,  —  Cette  étym.  est  tout  à  fait 
satisfaisante  ;  cependant,  comme  la  remarqué 
M.  Horning  (Grôb.  Zbschr..  VI,  436),  pour 
tenir  compte  des  formes  it.  suspezione,  prov. 
sospeisso,  port,  sospeiçâo,  il  convient  do 
substituer  à  suspicionem  le  mot  latin  congé- 
nère et  synonyme  suspectionem,  d'où  se  déduit 
correctement  souspeçon,  soupçon,  comme 
leço7i,  prov.  leisso,  de  lectionem,  —  D.  soup- 
çonneux ;  soupçonner.  —  Rappelons  ici  encore 
le  verbe  vfr.  suscher^  tiré,  par  syncope  du  p 
médial,  du  L.  suspicari, 

SOUPE,  vfr.  sope,  it.  suppa,  esp.,  port., 
prov.  sopa,  potage,  composé  de  bouillon  et 
de  tranches  de  pain,  puis,  par  spécification, 
la  tranche  de  pain  seule  (de  là  «  trempé  comme 
une  soupe  »).  C'est  un  mot  germanique  :  nord. 
saup,  sup,  vha.  sauf,  suf,  néerl.  sop,  soppe, 
=  jus,  sorbillum,  pulmentum.  Au  sens  de 
«<  tremper  dans  un  liquide  »  se  rattachent 
l'esp.  sopar,  verser  du  jus  sur  des  tranches 
de  pain,  et  le  fr.  souver,  t.  de  tannerie  =s 
mettre  les  cuirs  dans  le  plain  cible.  Les  mots 
germaniques  rappelés  ci-dessus  sont  congé- 
nères avec  l'ail,  saufen,  bas-ail.  supen,  néerl. 
^uipen,  angl.  soop,  sup,  etc.  =  sorbere, 
bibcrc;  des  conespondants  de  ces 'derniers 
sont  vfr.  souper^  humer,  et  le  t.  de  marine 
super,  aspirer  (en  parlant  d'une  pompe).  — 
D.  souper,  pr.  prendre  la  soupe,  puis  dénomi- 


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—  473  — 


SOU 


nation  spéciale  du  repas  du  soir;  soupière, 
—  L*étymol.  donnée  ci-dessus  est  singulière- 
ment Obranlée  par  la  remarque  suivante  de 
(i.  Paris  (Rom.,  X,  60.  note  2)  :  «  Le  mot 
soupe,  quoi  qu'en  disent  Diez,  Littré,  Sche- 
1er,  etc. ,  signifie  originairement  «  tranche  de 
pain  »  et  non  ce  dans  quoi  on  la  trempe  »  ;  de 
là  souper,  à  l'origine  «  faire  collation  »  et 
non  «  manger  la  soupe  »  au  sens  moderne  » . 
Malheureusement,  Paris  n'ajoute  rien  sur  l'ori- 
gine de  soupe,  «  tranche  do  pain  ».  En  ce  qui 
concerne  soupe  =  potage,  il  parait  bien  diffi- 
cile de  le  séparer  de  l'ail,  suppe,  bas-ail.  sop, 
soppe,  et  par  conséquent  de  la  racine  sup, 
boire,  d'où  procèdent  mha.  supfen,  boire  en 
sirotant,  et  vha.  sufan,  auj.  saufeax.  Notez 
encore  ni.  zuipen,  boire,  angl.  sup,  sip^ 
humer,  à  côté  de  sop,  tremper,  saucer. 

SOUPENTE,  subst.  partie,  du  L.  suspen 
dere,  vfr.  soupendre  fcp.  pente  de  pendre). 

SOUPER,  voy.  soupe. 

SOUPIR,  vfr.  sospt'r,  souspir,  du  L.  suspi- 
rium;  SOUPIRER,  L.  suspirare. 

SOUPIRAIL,  tiré  du  verbe  soupirer  'd'après 
lo  L.  spiraculum  (it.  spiraglio),  dérivé  du 
simple  spirare. 

SOUPLE,  dune  forme  barbare  L.  suplus 
p.  supplex.  Le  mot  fr.  ne  reproduit  que  le 
sens  primitif  (mais  inusité)  du  vocable  latin 
(rac.  plicare),  c.-à-d.  flexible  ;  l'acception  ordi- 
naire *  suppliant  •  fpr.  qui  fléchit  le  genou)  j 
reste  étrangère.  —  D.  souplesse,  assouplir, 

SOUQUENILLE,  dimin.  du  vfr.  souguenie, 
BL.  succania.  L'origine  de  ce  mot  m'est 
inconnue.  Le  BL.  présente  aussi  les  formes 
succama,  soscania,  le  gr.  du  moyen  âge 
<x9u/.vfa.  Palsgrave  traduit  «  hewke,  a  gar- 
ment  for  a  woman  »  par  surquayne,  froc. 

SOURCE,  voy.  sourdre.  —  D.  sourciller, 
sourdre. 

SOURCIL,  prov.  sobrecilh,  it.  sopracciglio, 
du  L.  supercilium  (de  cî7n«m,cil).  —  D.^owr- 
ciller,  remuer  le  sourcil  ;  sourcilleux. 

SOURCILLER,  verbe,  v.  source  et  sourcil. 

SOURD,  vfr.  sort,  1.  qui  n'entend  pas, 
2.  qu'on  n'entend  ou  ne  sent  pas,  du  L.  sur- 
dus.  —  D.  sourdaud,  sourdine,  assourdir. 

SOURDRE,  vfr.  sordre,  du  L.  surgere, 
s'élever,  jaillir;  c'est  la  forme  ancienne  du 
mot  savant  surgir.  L*anc.  part,  passé  sors, 
sours  a  donné  le  subst.  sorse,  sorce,  auj .  source, 
pr.  s=  jaillissement.  Voy.  aussi  ressource,  — 
Le  vfr.  disait  aussi  essource  =»  source  ;  c'est 
un  dérivé  de  essourdre,  lat.  exsurgere. 

SOURIRE,  verbe  et  subst.,  L.  suh-ridere; 
subst.  souiHs,  it.  sorriso,  du  L.  sub-risus. 

1.  SOURIS,  masc,  voy.  l'art,  préc. 

2.  SOURIS,  fém.,  prov.  soritz;  le  L  sorex, 
gén.  sôrtcis  ne  s'accorde  pas  avec  ces  formes, 
qui  ont  l'accent  sur  i,  mais  bien  avec  l'it.  et 
Q^^.  sorce;  il  faut  donc  admettre  pour  type 
soit  une  forme  latine  accentuée  soricem,  soit 
un  adj.  soricius.  —  D.  souriceau,  L.  sori- 
cellus;  souricière,  La  Fontaine  s'est  permis 
l'adiectif  souriquois  («  le  peuple  souriquois  »). 

SOURNOIS,  morne,  caché,  tient  au  même 
radical  que  prov.  soni,  sombre,  obscur,  vfr. 


sorne,  crépuscule,  esp.  (argot)  soma,  nuit; 
it.  sornione,  susornione,  =  sournois,  susor- 
niare,  murmurer.  Diez  présente  deux  étymo- 
logios.  Il  se  peut,  dit  il,  malgré  la  rareté  du 
faic,  que  l'acception  ••  sombre  «  au  sens  phy- 
sique soit  déduite  de  lacception  morale 
«  morne  »  et  que  le  mot  découle  d'un  radi- 
cal celtique,  savoir  le  même  qui  est  au  fond 
du  cymr.  swrn-ach,  grommeler,  corn,  sor- 
ren,  être  fâché  (les  mots  sôr,  sôrllyd,  morose, 
sournois,  sont  trop  distants  pour  la  forme). 
D'un  autre  côté,  rapprochant  les  vocables  port, 
et  dial.  de  Côme  soturno,  piém.  saturno,  sard. 
saturnxi,  genevois  saturne,  esp.  et  florent. 
saturnino,  tous  =  sournois,  Diez  est  d'avis 
que  ces  formes  dérivent  du  L.  taciturnus,  par 
une  contraction  de  taci  en  tçi,  tço,  tça,  ça,  sa 
et  que  le  radical  sorn  serait  une  contraction 
de  sadorn,  seorn  (cp.  rond  de  rotundus,  mûr 
de  maturus),  —  Avant  de  connaître  ces  expli- 
cations, me  fondant  sur  lasignifi'^tion  «<  terne, 
silencieux,  muet  »,  qu'a  fréquemment  le 
L.  surdus,  j'avais  pensé  à  une  contraction  de 
sourdinois  (type  latin  surdinensis),  tiré  de 
sourdin  (cp.  la  loc.  «  à  la  sourdine  »),  comme 
tapinois  vient  de  tapin,  caché.  Je  n'abandonne 
pas  définitivement  cette  étymologie,  qu'avait 
du  reste  déjà  posée  Ménage.  En  Champagne 
on  dit  sourdois  p.  sourd,  d'un  type  surdensis  ; 
ce  pourrait  bien  être  là  le  type  immédiat  du 
fr.  sournois;  cp.  ornière  p.  ordière.  —  Les 
formes  ital.  citées,  avec  leur  thème  satum, 
ne  viendraient-elles  pas  de  Satumus,  ce  dieu 
ayant  été  considéré  comme  causant  l'humeur 
sombre  et  la  tristes.se?  Le  prov.  sont,  vfr. 
sorne  se  prêtant  également  à  cette  étym.  — 
Storm  (Rom.,  V,  104)  reprend  mon  étymon 
Satumus,  mais  en  ce  faisant,  il  considère  ce 
dieu  comme  représentant  la  planète  d'influence 
funeste  et  opposé  à  Jupiter  (d'où  jovial)  Cp. 
angl.  satur7nne,  fr.  saturnien,  «  sombre, 
triste  *>  (voy.  Littré).  Le  vfr.  sorne  serait  donc, 
par  'seorne,  issu  do  *sadorne. 

SOUS,  vfr.  soz,  prov.  sotz,  valaque  subt, 
it.  sotto,  du  L.  subtus.  Composé  dessous  (it. 
di  soto),  analogue  aux  composés  de-ans* 
(dans),  devant,  dehors,  dessus,  etc.  La  langue 
romane  fait  emploi  de  sous  comme  élément 
de  composition  marquant  infériorité,  subdivi- 
sion, subordination,  en  général  ave  i  la  valeur 
du  préfixe  latin  sut,  lequel,  de  son  côté,  s'est 
francisé  dans  les  mots  du  fonds  commun  en 
sou,  su  et  se. 

SOUSCRIRE,  L.  sub-scribere  ;  suhst.  sous- 
ription,  -teur,  L.  sub-scriptionem,  -torem. 

SOUSTRAIRE  =  sous  -h  traire  =»  subtus 
+  trahere;  subst.  soustraction,  L.  subtrac- 
tionem  à  la  lettre  =»  subtus-tractionem, 

SOUTACHE,  du  hongrois  szuszah,  tresse 
de  galon  au  shako  du  hussard.  —  D.  vorba 
soutacher.  Je  doute  fort  de  cette  étymol.  hon- 
groise que  je  recueille  dans  Littré  ;  j'ai  de  la 
peine  à  voir  dans  soiUache  autre  chose  que  le 
subst.  verb.  de  soutacher,  de  la  mlm3  famille 
que  attacher,  détacher. 

SOUTANE,  pr.  vêtement  de  dessous,  opp. 
do  surcot,  surtout;  dir.  de  l'it.  sotlana.  Ca 


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SPA 


—  474 


SPO 


dernier  est  im  dér.  do  la  prép.  sotto,  sous,  et 
répond  au  BL.  siibtana,  subtaneum;  cp.  BL. 
superale  (de  super),  vêtement  de  dessus.  — 
D.  soutanelle, 

1.  SOUTE,  voy.  soidte. 

2.  SOUTE,  t.  de  marine,  chambre  pratiquée 
en  dessous  du  pont  d'un  navire;  d'après  Jal, 
du  L.  suhius,  en  dessous. 

SOUTENIR,  souste7iir\  angl.  siistain,  de 
L.  sitstineref  pr.  tenir  en  l'air.  —  D.  soutien, 
subst.  verbal  ;  soutènement,  soutenable. 

SOUTERRAIN,  L.  sub-terranetis, 

SOUVENIR  (SE),  du  latin  sub-venire.  Dans 
le  principe,  ce  verbe  était  exclusivement  im- 
personnel ;  l'étymologie  ne  s'applique  qu'à  la 
tournure  •  il  me  souvient  »  =  subvenit  mihi, 
dans  le  sens  non  classique  de  l'ail.  «  es  f&Ut 
mir  bei  »,  il  me  vient  (à  la  mémoire  .  Cp.  la 
locution  «  ce  nom  ne  me  revie7it  pas  »,  pour 
je  ne  me  rappelle  pas  ce  nom.  —  D.  sowoenir 
(inf.  subst.),  souvenance*, 

SOUVENT,  it.  sovente,  prov.  soven,  soen, 
du  L.  subinde,  qui  signifie:  1.  immédiatement 
après;  2.  successivement,  à  la  file,  coup  sur 
coup.  Diez  fait  remarquer,  à  propos  de  l'it. 
sovente,  l'irrégularité  du  changement  de  d  en 
t  et  il  est  disposé  à  y  voir  quelque  influence 
des  mots  repente,  fréquente,  immantinente. 
Pour  le  t  final  du  mot  fr.,  il  n'est  pas  plus 
étrange  que  dans  le  vfr  ent  (^=  nfr.  en),  qui 
est  le  L.  inde;  on  sait  d'ailleurs  que  l'anc. 
langue  n'admet  pas  de  d  final. 

SOUVERAIN,  it.  sovrano,  d'un  type  L. 
superanus,  formé  de  super  (comme  antianus, 
fr.  anciefi,  de  a7ite,  prov.  sotran,  inférieur, 
du  L.  subtus  =  prov.  sotg).  —  D.  souverai- 
neté,  

SOYEUX,  voy.  soie. 

SPACIEUX,  L.  spatiosus  (de  spatium,  fr. 
espace). 

SPADASSIN,  de  l'it.  spadaccino  (de  spada, 
fr.  espée*  épée). 

SPADILLE,  as  de  pique,. de  l'esp.  cspada, 
épée  (en  Espagne  le  pique  est  marqué  par  des 
épées). 

SPAHI,  du  persan  sipàhi,  soldat,  particul. 
cavalier;  angl.  seapoy.  On  dit  aussi  cipaye, 

SPALME,  subst.  verbal  de  spalmer  =  it. 
spalmare,  fr.  espalmer  (v.  c.  m.;. 

SPALT,  mot  allemand. 

SPARADRAP;  l'étymologie  de  ce  mot,  en 
ce  qui  concerne  l'élément  spara,  m'est  restée 
inconnue.  11  est  déjà  constaté  au  xiv«  siècle. 
Littré  cite  la  forme  spandarapum  du  Lexique 
de  Castelli. 

SPARE,  nom  de  poisson,  L.  sparus,  brème. 

SPARTE,  L.  spartum  (gr.  anàprov),  sorte 
de  jonc.  —  D.  sparterie. 

SPASME,  L.  spasmus,  du  gr  vTca^fidi, 
tiraillement  (^Tràjiv,  tirer);  adj.  spasmodique, 
du  gr  aittifiiiSrii,  convulsif.  Voy.  aussi 
pâmer. 

SPATH,  mot  allemand. 

SPATHE,  L.  spatlia  (iit&^r,), 

SPATULE,  mot  de  formation  savante,  L. 
spathula,  dim.  de  spatha,  morceau  de  bois 
large  et  plat. 


SPÉCIAL,  vfr.  especial,  du  L.  specialis  (de 
species,  fr.  espèce).  —  D.  spécialité,  spécia- 
liser. 

SPÉCIEUX,  L.  speciosus,  de  belle  appa- 
rence.   

SPÉCIFIQUE,  BL.  speci ficus,  qui  constitue 
une  espèce  à  part;  spécifier,  BL.  specifi- 
care,  =  speciatim  notaire,  d'où  spécification, 
•atif. 

SPECIMEN,  mot  latin  signifiant  exemple, 
échantillon. 

SPECTACLE,  L.  spectaculum  ^spectare). 
aspect,  vue,  théâtre  (cp.  dixrpov,  de  âiKjâai, 
regarder). 

SPECTATEUR,  L.  spectatorem, 

SPECTRE,  L.  spectrum  (specere),  vision, 
fantôme. 

SPÉCULAIRE,  L.  specularis,  transparent 
(spéculum). 

SPÉCULER,  L.  speculari  (specere),  obser- 
ver, méditer  attentivement. 

SPfiCULUM,  mot  latin,  «  miroir. 

SPÉE,  t.  d'eaux  et  forêts,  mot  gâté  de  cepée 
(de  cep). 

SPENCER,  nom  de  vêtement  ;  mot  anglais 
tiré  d'un  nom  propre  (lord  Spencer). 

SPERGQLE,  nom  de  plante  (on  dit  aussi 
spargoute  ou  espargoute),  ail.  spark,  spergeî; 
d'origine  inconnue;  je  pense  qu'il  tient  à 
L.  asparagus,  asperge,  ail.  spargel,  ni. 
spergel. 

SPERME,  gr.  tntïpfir,  semence. 

SPHÈRE,  L.  sphœra,  du  gr.  cfoUpa^ghhe. 
—  D.  sphérique  (d'où  sphéricité);  sphéroïde, 
gr.  'jipotipotiS'^i^  à  forme  (tlSoi)  sphérique. 

SPHINX,  L.  sphinx,  gr.  «yç>fyÇ. 

SPIC,  du  L.  spicus  (=  spica),  épi. 

SPICILÉ6E,  pr.  glane  d'épis,  L.  spicik- 
gium  (action  de  cueillir  des  épis). 

SPINAL,  L.  spinalis  (de  spina  =  fr. 
épine). 

SPINELLE,  espèce  de  rubis;  d'origine  in- 
connue. 

SPIRE,  L.  spira  =  gr.  fnciipa,  enroule- 
ment. —  D.  spii*al,  L.  spiralis,  d'où  subst. 
spirale. 

SPIRITUEL,  L.  spiritualis  (de  spiritus  = 
fr.  esprit).  —  D.  spiritualité,  -aliser,  -diste, 
-alisme. 

SPIRITUEUX,  mot  modome,  =  qui  con- 
tient beaucoup  d'esprit  (L.  spiritus),  esprit 
pris  dans  le  sens  physique  ou  chimique  du 
mot. 

SPLEEN,  mot  anglais,  pr.  rate,  puis  mal 
de  rate,  du  L.  splen  (ff7r>*5v),  rate. 

SPLENDEUR,  L.  splendorem.  —  Laniartine 
s'est  servi  du  verbe  splendir,  L.  splendere. 

SPLENDIDE,  mot  à  formation  savante, 
L.  spleyididus. 

SPOLIER,  L.  spoliare.  —  D.  spoliateur, 
-ation, 

SPONGIEUX,  L.  spongtosus.  Voy.  éponge. 

SPONTANÉ,  L.  spontaneus  (de  spontc,  àe 
son  propre  mouvement).  —  D.  spontanéité. 

SPONTON,  voy.  esponton. 

SPORADIQUE,  gr.  ^nopccSoiài  (»w«/)4{,  -45«. 
dispersé,  isolé; . 


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STÉ 


—  475  — 


STR 


SPORT,  mot  angl.,  tronqué  de  Tanc.  dis- 
port  =  vfr.  desport,  déportement,  plaisir. 

SPORTS,  panier  des  moines  quêteurs,  du 
L.  sporta,  panier,  dont  le  dim.  est  sportula, 
fr.  sportide,  pr.  petit  panier. 

SPORTULB.  voy.  l'art,  préc. 

SQUALE,  L.  squaïuSy  chien  de  mer. 

SQUAMMEUX,  mauvaise  orthogr.  p.  Squa- 
meux, L.  squamosus  (de  squama,  écaille). 

SQUELETTE,  esp.  esqueleto,  it.  schelctro, 
du  gr.  9XSÀST0;,  desséché  (tô  <rxf>«rov,  momie, 
do  (Txa^stv,  .sécher). 

SQUIRRE,  mieux  squirrhe,  gr.  TfKpfiOi, 
tumeur  dure,  —  D.  squirreux. 

STABLE,  vfr.  estable,  estante,  L.  stabilts 
fstare),  d'où  stabilitatem,  fr.  stabilité.  Du 
vei'be  stabilire  :  fr.  établir. 

STAGE,  BL.  staff ium,  obligation  de  résider 
dans  un  endroit  désigné,  puis  résidence, 
séjour.  Le  mot  stoffium,  formé  avec  le  suffixe 
BL.  affiiim  (=  L.  aticum)  de  stare,  est  aussi 
le  type  du  mot  fr.  étage  (v.  c.  m.).  —  D.  sta- 
giaire, BI^.  stagiarius,  qui  in  stagio  est. 

STAGNANT,  L.  stagnans,  du  verbe  stag- 
nare,  dér.  de  stagnum  =  fr.  étang;  subst. 
stagnation,  L.  stagnationem. 

STALACTITE,  dérivé  du  gr.  »Tai«To';,  adj. 
verbal  de  »ra>àj«iv,  tomber  par  gouttes,  lequel 
verbe  a  donné  encore  le  subst.  arot^av/^^c» 
fîltration,  d'où  le  dér.  stalagmite. 

STALAGMITE,  voy.  l'art,  préc. 

STALLE,  BL.  stallum,  du  vha.  stal,  statio, 
locus.  Voy.  aussi  étal  et  iyistaller. 

STANCE,  dir.  de  l'it.  stansa,  strophe,  qui 
vient  d'un  type  L.  stantia  (stare)  =  arrêt. 

STANGUE,  voy.  étangues. 

STATHOUDBR,  du  holl.  stadhouder  =  ail. 
staithalter ;  ces  mots  traduisent  exactement  le 
fr.  lieutenant;  l'élément  stai  ne  présente  pas 
holl.  staat  =  état,  mais  stoui,  lieu,  place.  — 
D.  stathoudérat. 

STATION.  L.  stationem^  arrêt.  —  D.  sta- 
tionner ;  stationnaire,  L.  stationarius. 

STATIQUE,  du  grec  «rarwii.  s.  e.  riyyft, 
science  de  l'équilibre  des  corps. 

STATISTIQUE,  mot"  établi  par  les  savants 
modernes  et  tiré  du  verbe  gr.  aTaW^civ,  éta- 
blir, constater.  La  statistique  ne  fait  propre- 
ment que  constater  les  faits.  —  D.  statisti- 
cien. 

STATUE,  vfr.  estatue,  du  L.  statua  (stare). 
La  différence  de  l'accent  recommande  d'ad- 
mettre, du  moins  pour  vfr.  estatue,  le  type 
latin  statiita.  —  D.  statuaire,  -ette, 

STATUER,  prov.  estatuir,  L.  statuere,  fixer, 
d'où  le  subst.  staiutum,  chose  arrêtée,  fixée, 
fr.,  statut, 

STATU  QUO  W),  formule  latine  écoui-tée  de 
in  statu  que  sunt  (laisser  les  choses)  «  dans 
l'état  où  elles  se  trouvent  ♦»;  de  là  la  locution 
statu  quo  traitée  en  subst.,  =  état  de  choses 
actuel  ou  ancien. 

STATURE,  vfr.  estature.  du  L.  statura. 

STATUT,  estatut,  voy.  statuer.  —  D.  sta- 
tuaire. 

STjyARINE,  du  gr.  vrkap,  graisse. 

STÉATITE,  gr.  artocTlrtu,  m.  s. 


STÉGANOGRAPHIE,  gr.  ^jrv/xjoypxfloc,  écri- 
ture en  signes  cachés  (^nyavo;). 

STELLIONAT,  L.  stellionatus  (de  stcllio, 
lézard,  figurément  =  fourbe  qui  change  faci 
lement  de  peau). 

STENOGRAPHE,  mot  moderne  fait  d'un 
type  gr.  (XTivoypàfo^,  litt.  qui  écrit  d'une  ma- 
nière serrée  (^rsvo'i).  —  D.  sténographie,  -ique. 

STENTOR  (voix  do),  do  Stentor,  personnage 
do  l'Iliade  d'Homère,  «  le  guerrier  à  la  voix 
d'airain  ». 

STEPPE,  mot  emprunté  au  nisso. 

STÈRE,  nom  de  mesure  de  capacité,  égale 
au  mètix)  cube;  prob.  du  gr.  rà  ^nptôv,  con- 
tenu cubique,  de  trtptôi,  solide,  massif. 

STÉRÉOMÉTRIE,  gr.  ftnpiofitrpla,  mesure 
des  corps  solides  (iriptô;). 

STÉRÉOTYPE,  mot  moderne,  fait  du  gr. 
9Ttpi6i,  solide,  fixe,  et  rùnoi,  type,  donc  pr. 
type  immobile  (opp.  aux  caractères  mobiles). 
—  D.  stéréotypie,  stéréotyper. 

STÉRILE,  L.  sterilis.  —  D.  stérilité,  L. 
sterilitatem. 

STERNUM,  du  gr.  vr^ovoy.  m.  s. 

STERNUTATION,  -ATOIRE.  du  L.  sternu- 
tare  =■  fr.  élernuer. 

STIGMATE,  L.  stigma,  -atis,gr.  iriyfix,  pr. 
point,  marque,  spéc.  marque  que  laisse  le  fer 
sur  la  peau  des  esclaves,  flétrissure.  —  D. 
stigmatiser. 

STILLATION,  L.  stillationem,  de  stillare, 
couler  goutte  à  goutto. 

STIMULER,  L.  stimulare,  exciter  (de  sti- 
mulus, p.  stigmulus,  aiguillon). 

STIPENDIER,  L.  stipendiari  (do  stipen- 
dium,  solde). 

STIPULER.  L.stipulari.  —  D.  stipulation. 

STOCKFISCH,  mot  ail.,  =  poisson  séché. 
L'élément  stock  (bâton)  vient  de  ce  que  les 
poissons  à  sécher  sont  suspendus  à  des  bâtons. 

STOÏQUE,  L.  stoïcus,  gr.  ^roudi  (de  croi, 
portique,  parce  que  Zenon  enseignait  sa  philo- 
sophie sous  un  portique  à  Athènes).  —  D. 
sto ïcien ,  stoïcisme . 

STOMACAL,  STOMACHIQUE,  du  L.  stoma- 
chus  {vrôfixy^oi},  estomac. 

STORAX  ou  styrax,  mot  latin,  gr.  vrûps^ 

STORE,  du  L,  storea,  couverture  tressée, 
natte  faite  de  joncs  ou  de  cordes  ;  it.  stqja,  esp. 
estera  (p.  estuera). 

STRABISME,  gr.  nxpxUtiiài  (do  arpuîôi, 
louche). 

STRANGULATION,  du  L.  strangulare  ~  fr. 
estranglcr*  étrangler. 

STRAPASSER,  de  l'it.  5<rapajj'are,  maltrai- 
ter. Voy.  plus  haut  l'art,  estrapade.  L'étymo- 
logie  stra  (préfixe)  -|-  pazzo.  fou,  attribuée  à 
rit.  strapazzarc\is^v  Diez  (donc  traiter  comme 
un  fou,  railler)  est  contestable.  —  D.  stra- 
passon,  mauvais  peintre,  d'où  strapassonner . 

STRAPONTIN,  de  l'it.  strapuntino,  dér.  do 
strapunto,  matelas,  hamac. 

STRAS,  composition  imitant  le  diamant,  du 
nom  de  l'inventeur  de  cette  composition. 

STRASSE,  variété  de  estrasse  (v.  c.  m.). 

STRATAGÈME,  L.    strategema,    gr.  <rrpa. 


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SUB 


—  476  — 


suç 


r^yvjftx,  tactique  militaire,  puis  ruse  de 
guerre. 

STRATÈGE,  gr.  vrpxm/di,  conducteur  d'ar- 
mée (ffT/saro'î,  armée,  ayiiv,  conduire);  stra- 
téffie,  gr.  vTp^rriylst,  d'où  stratégique^  -iste, 

STMTIFIER,  lat.  mod.  stratificare  (de 
stratus,  couché,  étendu).  —  D.  stratifica- 
tion, 

STRIBORD,  esp.  estribord,  de  l'ags.  steor- 
liord,  angl.  starboaM,  suéd.,  dan.  styràord, 
ail.  steuerbord,  —  C'est  le  même  mot  que 
tribord  (p.  estribord). 

STRICT,  mot  sayant,  du  L.  strictus  (strin- 
gere),  serré;  type  aussi  ^e étroit  (v.  c.  m.). 

STRIDENT,  L.  stridentem;  strideur  (Buf- 
fon»,  L.  stridor. 

STRIE,  L.  stria.  —  D.  strié^  L.  striatus; 
striures. 

STROPHE,  grec  ^t/jo^ïJ,  m.  s.  (pr.  évolution 
du  chœur  sur  le  théâtre  grec). 

STRUCTURE,  L.  structura  (struere). 

STUC,  it.  stucco,  esp.  estuque,  angl.  stuc, 
stuke,  du  vha.  stucchi,  croûte.  —  D.  stuca- 
teur  d'après  l'it.  stuccatore. 

STUDIEUX,  L.  studiosus  (studium). 

STUPÉFIER,  L.  stupeficare"  p.  stupefacere; 
STUPÉFAIT,  L.  stupefactuSt  d'où  subst.  stupé- 
faction. 

STUPEUR,  L.  stuporem;  stupidk,  L.  stu- 
pidus,  d'où  stupidité,  L.  stupiditas. 

STTLE,  L.  Stylus,  gr.  ajùUi,  pr.  aiguille, 
burin  pour  écrire,  puis  manière  d'écrire.enfin, 
manière  en  général.  —  D.  styler,  faire  au 
style,  habituer,  dresser. 

STTLET,  it.  stiletto,  dim.  de  slylus,  au 
sens  naturel  de  poinçon. 

STYLOBATE,  grec  urulo^xrni,  litt.  base  de 
colonne  (de  vrlloq,  colonne,  et  BAû,  ^oifvu,  pr. 
se  tenir  sur  ses  pieds). 

SU,  part,  de  savoir;  anc.  seû,  d'un  type  L. 
saputus  i'ii.  saputo).  —  D.  insu  (à  F). 

SUAIRE,  L.  sudnrium,  «  linteum  quo  sudor 
detergitur  ». 

SUAVE,  L.  suavis  (dont  l'ancienne  langue 
avait  fait  suef,  soucf^=  prov.  suau).  —  D.  sua- 
vité, L.  suavitatem. 

SUBALTERNE,  6L.  subaltemus,Kày  formé 
de  sub  altemo,  donc  litt.  placé  sous  les  ordres 
d'un  autre. 

SUBIR,  L.  sub-ire,  que  les  Anglais  tra- 
duisent littéralement  par  to  under-go, 

SUBIT,  L.  subitus,  mot  de  facture  savante, 
dont  l'anc.  langue  a  fait  correctement  soude 
(cp.  soudain  de  subitanus), 

SUBJECTIF,  relatif  au  sujet  (subfectus). 

SUBJONCTIF,  L.  sub-junctivus. 

SUBJUGUER,  L,  sub-jugare,  mettre  sous  le 
joug. 

SUBLIME,  L.  subîimis,  haut,  relevé.  —  D. 
sublimité,  L.  -itatem  ;  sublimer,  t.  de  chimie, 
L.  sublimare,  élever,  en  BL.  coctione  perpur- 
gare. 

SUBMERGER,  prov.  somcrgir,  it.  sommer- 
gère,  L.  sub-mergere,  dont  le  supin  submer- 
siim  a  donné  submersionem,  fr.  submersion. 

SUBORDONNER,  L.  sub-ordinare,  mettre 
£0us  les  ordres  de  qqn.  (la  forme  du  composé  . 


est  apdatée  à  celle  du  simple  ordonner).  —  D. 
subordination,  L.  subordinationem. 

SUBORNER,  L.  sub-omare,  pr.  préparer, 
former  en  secret.  —  D.  suborneur,  -ation, 
-ement. 

SUBRÉCARGUE,  de  l'esp.  sobrecargo,  «  qui 
a  la  surveillance  d'une  cargaison  ». 

SUBRÉCOT,  le  surplus  de  l'écot  :  c'est  un 
composé  du  L.  supra  et  le  mot  écot  (v.  c.  m.). 

SUBREPTICE.  L.  subrepticius  (sub-ripere}, 
enlevé,  dérobé,  clandestin. 

SUBREPTION.  L.  subreptionem. 

SUBROGER,  L.  sulnrogare,  substituer.  — 
D.  subrogation.,  L.  subrogationem . 

SUBSÉQUENT,  L.  sub-sequeîitem, 

SUBSIDE,  L.  subsidium  (sub-sidere),  ré- 
serve, aide,  secours.  —  D.  subsidiaire,  L. 
subsidiarius  ;  verbe  subsidier. 

SUBSISTER,  L.  sub-sistere,  rester,  conti- 
nuer d'exister.  —  D.  subsistance,  L.  subsis- 
tentia,  d'abord  action,  puis  moyen  de  sub- 
sister. 

SUBSTANCE,  L.  subsiantia,  traduction  du 
gr.  uTToVraaiî,  être,  essence,  nature  —  Ti.  sub- 
stantiel, L.  substantialis  ;  substantif,  L.  sub- 
stantivus. 

SUBSTITUER,  L.  sub-stituei-e,  mettre  à  la 
place.  —  D.  substitut,  L.  substitutus  ;  substi- 
tution, L.  substitutionem. 

SUBTERFUGE,  L.  subterfugium* ,  subst.  de 
subtci'fugere,  fuir  secrètemeut,  s'esquiver. 

SUBTIL,  vfr.  soutil,  soutif,  prov.  sobtil, 
sotit,  esp.  sutil,  it.  sottile,  du  L.  subtilis  (pr. 
finement  tissé).  —  D.  subtilité,  L.  subtil  itatem  ; 
subtiliser  (en  vfr.  soutiller,  it.  sottigliare), 

SUBVENIR,  L.  sub-venire,  venir  en  aide 
(type  aussi  de  souvenir),  — Subst.  subooition, 
L.  suhventionem",  d'où  subventionner. 

SUBVERTIB,  L.  sub-vertere;  supin  subver- 
sum,  d'où  subversion,  subversif, 

SUC,  L.  sitccus. 

SUCCÉDANÉ,  L.  succedaneus,  substitué. 

SUCCÉDER,  L.  succedere  (sub-cedere,  venir 
après),  supin  successum,  d'où  L.  successus,  fr. 
succès;  L,  successionem,  -orem,  -ivus,  fr.  suc- 
cession, -eur,  -if,  et  les  termes  mod.  succès 
sible  et  successibilité. 

SUCCÈS,  L.  successus  (v.  l'art,  préc.),  pr. 
issue,  suite  d'une  affaire.  Composé  insuccès. 

SUCCESSEUR,  -ION.  voy.  succéder. 

SUCCIN,  L.  succi7ium  (succus),  m.  s. 

SUCCINCT,  du  L.  succinctus  (sub-cingere), 
serré,  court. 

SUCCION,  d'un  type  latin  suctionem,  subst. 
de  sugere,  sucer  (supin  sucXum). 

SUCCOMBER,  L.  suc-cumbere,  être  couché 
dessous;  cp,  l'ail,  untcr-liegen,  succomber. 

SUCCULENT.  L.  succulmtus,m,  s.  (succus). 

SUCCURSALE,  dérivé  du  L.  succursus,  = 
fr.  secours. 

SUCER,  it.  succiare,  suzzare,  d'un  type 
latin  suctiare,  tiré  de  suctum,  supin  de  sugere. 
Voy.  aussi  succion. —  D.  suceur,  suçoir, suçon 
(v.  c.  m.);  suçoter. 

SUÇON  est  une  variété  populaire  de  succion 
(lat.  suctionem);  en  passant  du  sens  abstrait 
au  concret,  il  est  devenu  masculin,  comme 


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SUI 


477  — 


SUP 


c'est  le  cas  pour  nourrisson,  poinçon,  vfr. 
prison  (prisonnier). 

SUCRE,  it.  Jtucch^ro,  esp.,  port.  a:gucar, 
vha.  zucura,  nha.  zucker,  ni.  suiker,  angl. 
sugar;  de  Tarabo  sokhar,  assohkar;  cp.  le 
persan  shakar,  gr.  vkiiyaLpo'*^  L.  saccharum, — 
D.  sucrer,  -ter,  -erie,  adj.  sticrin, 

SUD,  esp.,  it.  siid,  port,  sul,  de  l'ags.  «wrfA, 
angl.  south,  nord.  *i«/r,  néerl.  jsuid. 

SUER,  wall.  souwer,  L.  sudare.  —  D.suée, 
frayeur  subite;  sitette.  —  Sueur,  L.  sudo- 
rem, 

SUFFIRE,  L.  sufficere  (cp.  confire  de  con- 
ficeré).  —  D.  suffisant,  d*où  suffisance. 

SUFFOQUER,  L.  suffbcare  (sub  +  faux), 
étouffer.  —  D.  suffocation, 

SUFFRAGANT,  du  L.  suffragam,  pr.  voter 
pour,  puis  seconder,  aider. 

SUFFRAGE.  L.  suffragium. 

SUGGÉRER,  L.  suggerere  (sub-gerere,  litt. 
mettre  sous  (s.  e.  la  main),  fig.  fournir,  insi- 
nuer); supin  suggestum,  diOXi  sitggestionem, 
dans  la  basse-latinité  =  avis,  conseil,  fr.  sug- 
gestion. 

SUICDE,  formé,  avec  le  pron.  L.  sui  -^  de 
soi-même,  sur  le  patron  des  subst.  homicide, 
parricide,  etc.;  cp.  ail.- selbstmord.  Ce  mot, 
qui  dit  pr.  «  occision  de  soi-même  »,  ne  re- 
monte qu'au  xviii*  siècle  et  le  supplément  du 
Dict.  de  Trévoux,  publié  en  1752,  en  attribue 
la  paternité  à  l'abbé  Desfontaines.  Montesquieu 
ne  l'emploie  pas;  il  dit  ••  homicide  de  soi- 
même  »  ou  «  mort  volontaire  •».  Voltaire  s'en 
sert  dans  son  Commentaire  sur  l'Esprit  des 
lois  en  1778  et  il  est  accueilli,  la  même  année, 
dans  la  3®  éd.  du  dictionnaire  de  l'Académie. 
—  D.  se  suicider,  expression  mal  faite,  puis- 
qu'on ne  peut  pas  suicider  un  autre,  cepen- 
dant justifiée  par  Génin  (Récréations  philolo- 
giques). 

SUIS,  prov.  suia,  sueia,  suga,  cat.  sutjc 
(masc).  Le  type  immédiat  du  mot  français  est 
le  prov.  suga,  qui,  selon  Diez,  vient,  à  son 
tour,  de  l'adj.  ags.  sôtig  (contracté  en  sotg) 
=  angl.  soottj,  dérivé  d'un  subst.  ags.  sôt, 
angl.  soot,  néeil.  soet,  suie,  d'où  vient  aussi 
gaél.  suith,  suithe.  Le  Gloss.  de  Douai  a  siue, 
celui  de  Lille  sieuée  (sieue  ?);  les  formes  wal- 
lonnes sont  sife,  seuve,  souf, 

SUIF,  it.  sevo,  sego,  esp.  sebo,  prov.  seu,  du 
L.  sébum,  scvum,  La  forme  fr.  *Mi/peutse 
déduire  de  seuf(cp,  tuile  p.  teule  du  L.  tcgula, 
suite  p.  seute),  qui,  en  effet,  est  sous  la  forme 
fém.  seuve,  signalée  par  Grandgagnage. 
Selon  les  règles,  «erwm,  devait  faire  sefon  soif 
ou  seu  (forme  vfr.).  Il  se  peut  qu'il  y  ait  dans 
suif  une  substitution  à  une  forme  ancienne 
soif{cp.  nuit,  huit,  anc.  noit,oit,  etc.),  et  que 
cette  substitution  ait  été  motivée  par  le  besoin 
de  distinguer  deux  homonymes.  Notez  la  forme 
rouchi  sieu,  régulièrement  tirée  du  radical 
sev,  —  D.  suiver,  suiffer. 

SUINTER;  ce  verbe  ne  vient  pas  de  suer, 
comme  on  est  tenté  de  croire  ;  que  ferait-on  de 
la  terminaison?  D'après  Diez,  il  est  p.  suitcr 
(cp.,  pour  l'insertion  de  n,  cingler"  p.  sigler, 
ronfler  p.  rofler)'^  quant  à  suiter,  c'est  le  vha. 


suizan  (hha.  schu)itzen),  angl.  stœat,  néerl. 
stoeeten,  suer.  —  Subst.  verbal  suint, 

SUITE,  vfr.  seute,  sieute,  du  subst.  lat. 
secta,  formé  de  sequi,  suivre;  cp.  <utfe  (vfr. 
teule)  de  tegiUa, 

SUIVRE  y  vfr.  seure,  sieure,  sivre,  suivir, 
prov.  segre,  seguir,  it.  seguire,  de  l'infinitif 
barbare  lat.  sequere  p.  sequi,  —  D.  suivant, 
subst.  rfém.  suivante),  puis  prép.  (cp.  en  L. 
secundum  également  tiré  de  sequi), 

SUJET,  vfr.  sougit,  L.  sub-jectus,  soumis, 
exposé  à  ;  de  là  sujet,  subst.,  personne  «  placée 
sous  »  l'autorité  d'un  gouvernement  *»  (cp.  Tall. 
unterthan).  Quant  au  subst.  sufet,  comme 
terme  de  logique  et  de  grammaire,  d'où  se  sont 
déduites  différentes  autres  acceptions  (entre 
autres  celle  de  personne  en  général),  il  exprime 
la  substance  formant  la  base  de  la  proposition  ; 
le  mot  traduit  le  gr.  ùito^ol^  ou  ùitôdtni.  Le 
mot  substance  répond  à  une  idée  primitive 
semblable.  —  D.  assujettir, 

SUJÉTION,  L.  subjectionem,  soumission. 

SULFATE.  SULFITE,  du  radical  suif,  qui 
est  dans  L.  sulphur,  soufre,  en  chimie  sulfure, 
d'où  aussi  les  adj .  sulfureux,  -ique. 

SULTAN,  dir.  de  l'arabe  soultan,  qui  lui- 
même  vient  d'un  radical  chaldéen  sjalat, 
dominer.  Voy.  aussi  Soudan, 

SUMAC,  it.  sommaco^  esp.  sumaque,  port. 
sumagre,  holl.  smak,  de  l'arabe  sommak, 
m.  s. 

SUPER,  t.  de  marine  ;  le  sens  propre  parait 
être  •  aspirer  « .  Voy.  sous  soupe, 

SUPER  .,  préfixe  marquant  supériorité,  ac- 
croissement ou  excès;  du  L.  5uper«  au-dessus, 
sur. 

SUPERBE,  adj.,  L.  superbus,  orgueilleux, 
magnifique,  d'où  le  subst.  superbia^  fr.  superbe, 

SUPERCHERIE  répond  à  l'it.  soperchieria, 
sovei'chieria,  outrage,  tromperie,  dérivé  de 
l'adj.  soperchio,  =  qui  excède,  qui  dépasse  la 
mesure  (employé  aussi  comme  subst.  p.  su- 
perfluité,  puis  p.  outrage  et  supercherie). 
L'it.  soperchio  répond  à  un  type  latin  non 
classique  supcrculus,  dér.  du  L.  super;  il 
marque  donc  excès  en  tout  genre  (cp.  outrage, 
de  ultra).  —  Ménage,  malgré  sa  familiarité 
avec  l'italien,  a  commis  la  bévue  d'imaginer 
une  contraction  do  super -tricherie.  Roquefort 
et  Bescherelle  ont  versé  dans  la  même 
erreur. 

SUPERFÉTATION,  subst.,  du  L.  super- 
fetare,  produire  en  sus,  par  surabondance. 

SUPERFICIE,  mot  savant,  L.  superficies 
(faciès)  ;  ce  mot  fait  double  emploi  avec  sur- 
face, —  D.  superficiel,  L.  superficialis. 

SUPERFLU,  L.  super ftuus,  traduit  exac- 
tement par  l'ail,  ûberflussig.  —  D.  super- 
fluité,       

SUPÉRIEUR,  L.  superiorem  (comparatif  de 
super  us).  —  D.  supériorité', 

SUPERLATIF,  L.  superlativus  (de  super- 
lotus,  porté  outre  mesure,  exagéré). 

SUPERPOSER,  =  poser  par-dessus. 

SUPERSÉDER,  forme  savante  de  surseoir, 

SUPERSTITION,  L.  superstitionem,  —  D. 
superstitieux,  L.  superstitiosus. 


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SUR 


—  478  — 


SUR 


SUPPLANTER,  L.  sup-pJantare  [de planta, 
plante  du  pied),  pr.  renverser  qqn.  en  lui 
donnant  un  crooen-jambes 

SUPPLfiER,  du  L.  siipplere,  compléter.  Ce 
verbe  est  de  facture  moderne  et  ne  s'accorde 
pas  avec  celle  des  analogues  emplir,  accom- 
plir (on  trouve  en  vfr.  soupplir)  ;  il  vaut  donc 
mieux  partir  d'un  type  fréquent,  suppletare, 
qui  répondra  aussi  à  une  autre  forme  ancienne 
souploier,  —  D.  suppléant ,  supplément  (d'où 
supplémentaire),  L.  supplementum. 

SUPPLICE,  L.  supplicium.  —  D.  verbe 
supplicier. 

SUPPLIER,  L.  supplicare  fpr.  plier  le 
genou).  —  D. suppliant.  Au  type  latin  ressor- 
tissent  directement  :  les  subst.  supplique  et 
supplication  (L.  supplicationem). 

SUPPLIQUE,  it.  supplica,  voy.  supplier. 

SUPPORTER,  L.  sujjportare,  pris  dans 
l'acception  de  sufferre  (sub-ferre).  —  D.  sup- 
port, supportable. 

SUPPOSER,  déposer,  d'après  le  L.  suppo- 
nere,  dont  le  part,  suppositus  (mis  sous  la 
dépendance  de  qqn.,  =  subditus),  a  donné 
fr.  suppose  suppôt,  et  h.suppositionem  (trad. 
du  grec  67ro&s«,-),  fr.  supjx)sition. 

SUPPÔT,  voy.  l'art,  préc. 

SUPPRIMER,  L.  supprimerefpremGTe;  cp. 
ail.  unterdritcheii);  du  supin  suppressum,  le 
subst.  suppressio,  fr.  suppression. 

SUPPURER,  L.  suppurare  (pus). 

SUPPUTER,  L.  supputare,  m.  s. 

SUPREME,  L.  supremus.  —  D.  supréma- 
tie, mot  moderne,  façonné  arbitrairement 
d'après  les  mots  primatie,  aristocratie  et 
sembl. 

1.  SUR,  prép.,  vfr.  et  v.  it.  sor,  du  L. 
super  (d'où  supr,  sur).  Les  formes  vfr.  socre, 
soure,  sore,  scurc,  it.  sopra,  sovra,  esp., 
port.,  prov.  soh^e,  accusent  pour  type  le  L. 
supra.  Sur  est  moderne,  dit  Paris  (Rom., 
X,  51);  il  a  remplacé  seur  par  l'effet  do  la 
proclise  (cp.  l'article  du  p.  deu,  prud homme 
p.  preudhomme).  —  Comme  préfixe,  sur 
marque  position  supérieure,  addition  et  excès. 

2. SUR,  acide,  du  vba. ,  ags., nord,  sûr,  flam. 
suer,  soer,  angl.  sour,  nlia.  sauer,  m.  s.  — 
D.  suret,  surelle,  oscille  (pic.  suriele,  wall. 
sitral,  flam.  suerich,  angl.  sorrel). 

SUR,  vfr.  segur,  scur,  prov.,  cat.  segur* 
esp.,  port,  seguro,  it.  sicuro,  du  L.  securus 
(litt.  sans  souci).  —  D.  sûreté  et  (forme  sa- 
vante) sécurité,  L.  securitatem  ;  verbe  assurer 
(v.  c.  m.). 

SURANNER,  v  n.,  gagner  plus  d'un  an 
dagc,  vieillir.  —  D.  suranné. 

SURBAISSER,  baisser  par-dessus,  dépri- 
mer. 

SURCROÎT,  subst.  verbal  de  surcroitrc, 
accroître  avec  excès . 

SURDITÉ,  L.  surdiiaicm  (surdus).  Voy. 
sourd. 

SUREAU,  anc.  surel.  D'après  Dicz,  c'est  le 
vfr.  5n«  augmenté  du  suffixe  dimin.  arellus; 
cependant  le  philologue  allemand  se  demande 
comment  il  faut  accorder  avec  cette  explica- 


tion la  forme  vfr.  seiir,  et  si  Ton  peut«  dans 
celle-ci,  voir  la  forme  seùreau  dépouillée  do 
la  terminaison  eau  (=*  ellus).  —  Voici  ma 
manière  de  voir  jusqu'à  meilleure  information. 
Le  type  est  le  L.  sabucus,  sureau;  de  là  proT. 
sauc,  esp.  sauco,  val.  soc,  vfr.,  pic.  séu^  séhu 
(vf&W.  saou,  lang.  sahuc);  d'un  type  dimin. 
sabucellus  viendrait  séusel,  seusel,  suseau 
(Paré) ,  et  par  la  substitution  régulière  de  r  à 
s,  seurel,  surel,  sureau;  le  type  scUmcarius^ 
enfin,  aurait  dôtenniné,  par  sëuyer,  la  forme 
suyer,  consignée  par  Nicot.  Quant  à  la  forme 
séur^  je  n'y  vois  pas  plus  clair  que  Diez.  — 
Je  citerai  encore  pour  mémoire,  et  pour 
guider  les  recherches,  les  formes  sus  (Pals- 
grave),  wall.  de  Namur  seusse,  et  le  dér. 
champ,  susain^  =  sureau.  —  Pour  Tobler 
(Rom.,  VI,  131),  Yr  est  l'efiet  de  l'épenthôse. 
Sabucus,  devenu  seii,  a  produit  le  dim.  seù-el^ 
puis  seurel,  d'où  surel,  sureau,  mais  ici 
encore  le  vfr.  seiir  reste  embari'assant. 

SURELLE,  SURET,  voy.  sur  Z. 

SURFACE,  type  super-fades  p.  superficies 
(d'où  la  forme  savante  superficie). 

SURFAIRE  un  prix,  c'est  pr.  le  faire  avec 
exagération,  le  porter  trop  haut  ;  par  conver- 
sion de  régime,  on  a  fini  par  dire  «  sur&ire 
une  marchandise  ••  et  même  «  surfaire  l'ache- 
teur w. 

SURGE,  laine  non  lavée,  non  dégrai.ssée. 
Cette  laine,  dit  G.  Paris  (Rom.,  VII,  103),  se 
disait  en  latin  «  lana  sucida  »,  et  surge  est  le 
môme  mot  que  sucida.  Cette  équation  est 
savamment  démontrée  au  moyen  do  la  succes- 
sion de  formes  suivante  :  sucida,  sudica,  suria, 
surje,  surge  (cp.  vfr.  mirje,  mirge  de  medi- 
cum). 

SQRGEON,  vfr.  sorjon;  c'est  pr.  une  chose 
qui  sort  (quae  surgit)  du  pied  d'un  arbre. 
Jadis  sorjon  (••  petit  surjon  d'eau  »,  Montai- 
gne) était  .synonyme  de  sorce*  source  et  dési- 
gnait l'eau  qui  sort  de  terre.  C'est  un  déi'ivé 
de  surgerc,  fr  sourdre.  J'estime  cette  étymo- 
logio  plus  correcte  que  celle  tirée  du  L.  sur- 
culus^  rejeton,  par  un  primitif  surcus, 

SURGIR*  L.  snrgere.  Voy.  aussi  sourdre. 

SURJETER,  cowdveçTL  jetant  les  deux  bords 
d'une  étoffe  l'un  par-dessus  l'autre.  —  D. 
subst.  verbal  surjet. 

SURMONTER,  monter  par-dessus,  franchir, 
cp.  ail.  uber-stcigen.  —  D.  surmontable, 

SURMULET,  poisson;  p.  sor  mulet  (mulet 
saur)  ;  mulet,  dim.  du  L.  mullus. 

SURNAGER,  formé  de  nager,  d'après  lo 
précédent  du  L.  super-natare, 

SURNOM,  nom  ajouté  (voy.  sobriquet), 
verbe  surnommer. 

SURNUMÉRAIRE,  L.  supra-numerarius 
(de  supra  numeimm)-,  cp.  ail.  iXber-sdhlig . — 
D.  snniuméi'ariat. 

SUROS,  de  sur  -|-  os;  it.  soprosso. 

SURPASSER,  passer,  aller  plus  haut  qu'un 
autre. 

SURPLIS,  vfr.  sorpelis,  prov.  sobrcpclits, 
BL.  superpelliceum.  Voy.  pelisse, 

SURPLOMBER,  dépasser  l'aplomb,  avoir  le 


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sus 


—  479  — 


SYN 


haut  plus  avancé  que  la  base.  V07.  aplomb, 
—  D.  subst.  verbal  surplomb. 

SURPRENDRE,  prendre  ou  saisir  qqn.  en 
venant  par  au-dessus,  sans  qu'il  puisse  s'en 
apercevoir,  prendre  à  l'imprévu,  fig.  acquérir 
frauduleusement,  étonner  (cp.  les  ex pr.  ail. 
liber- falleti,  Uber-rasclien),  D'autres  expli- 
quent le  sur,  moins  bien  à  mon  avis,  par 
«  prendre  qqn.  «ur  le  fait  ».  —  D.  surprenant, 
surprise. 

SURSAUT,  1.  attaque  brusque  (cp.  sur- 
prise), 2.  saut  en  Tair,  =  L.  supersaltus 
subst.  de  supersalire.  Cp.  soubresaut. 

SURSEOIR.  L.  super-sedere,  cesser,  discon- 
tinuer. —  D.  surséance  et  sursis,  suspension, 
délai. 

SURTOUT,  adv.,  par-dessus  toutes  choses; 
subst.,  pièce  d*habillement  ou  de  vaisselle, 
mise  par-dessus  les  autres. 

SURVEILLE,  jour  au  delà  de  la  veille,  en 
comptant  en  arrière,  cp.  sur-lendemain. 

SURVEILLER,  veiller  sur,  cp.  ail.  ûber- 
toachen.  —  D.  surveillant,  -ance. 

SURVENIR,  L.  super-ventre^  arriver  à  l'im- 
prévu . 

SURVIVRE,  L.  super-vivere.  —  D.  survi- 
vant, d'où  surtivance.  Par  analogie,  on  a  tiré 
de  me,  L.  vita,  le  composé  survie. 

SUS,  adverbe,  prov.  *M5,esp.,  it.  suso;  c'est 
le  L.  SHsum  (forme  accessoire  de  sursum  =» 
subvorsum),  vers  le  haut,  en  montant,  abrégé 
en  sus  dans  la  locution  susque  deque,  de  haut 
en  bas.  —  Composé  :  de-sus*  dessus.  Notez 
aussi  en-sus.  —  Dans  quelques  compositions 
romanes  et  techniques  (suscription,  susdit, 
'  etc.),  le  préfixe  sus  équivaut  pour  le  sens  au 
L.  supra.  —  Le  préfixe  latin  sus  (dans  sus- 
cipere,  sus-tinere,  etc  )  est  une  variété  de 
sub  par  la  forme  intermédiaire  subs;  cp.  os 
(dans  os-tendere)  p.  obs,  ob,  et  as  (dans  aspor- 
tare)  p.  abs,  ab;  parfois,  cependant,  il  repré- 
senta sus  =  sursum. 

SUSCEPTIBLE.  L.  susceptibilis  (Boëce)  == 
qui  facile  suscipit,  le  verbe  sus-cipere  (supin 
susccptum)  étant  pris  dans  le  sens  de  «  éprou- 
ver, être  sensible  »  (cp.  suscipere  dolorem, 
invidiam).  —  D.  susceptibilité. 

SUSCITER,  L.  sus-citare,  soulever. 

SUSCRIPTION,  mot  fait  avec  l'adv.  fr.  sus, 
en  imitation  du  L.  supra-scriptio ;  opposé  à 
souscription,  L.  sub-scriptionem. 

SUSPECT,  L.  suspectus,  part,  passif  de 
suspicere,  soupçonner.  — D.  suspecter,  L.  sus- 
pectare,  synonyme  de  soupçonner  (l'un  et 
l'autre  se  rattachent  au  verbe  specere,  voir). 

SUSPENDRE,  du  L.  suspendere,  tenir  sus- 
{)cndu,  interrompre,  arrêter.  Au  supin  suspen- 
sum  se  rattachent  :  participe  suspensus,  fr. 
suspens,  suspendu  do  ses  fonctions,  subst. 
participial  susponsa',  fr.  suspense,  adv.  in 
suspenso,  fr.  en  suspens  ;  suspensorium,  sus- 
pcnsoir^  -oire;^\xs\iei\ûonQm,suspensimi;  sus- 
pensivus,  suspensif.  —  Voy.  aussi  soupente, 

SUSPENS,  voy.  l'art,  préc. 

SUSPICION.  L.  suspicionon,  voy.  soupçon. 

SUSTENTER,  L.  sustentare  (fréq.  de  sus- 
tinere). 


SUTURE,  L.  sutura,  couture  (suere), 

SUZERAIN;  on  croit  ce  mot  formé  de 
susum,  fr.  sus,  comme  souverain  de  supra.  — 
D.  suzeraineté. 

SVELTE,  de  l'it  svelto,  dégagé,  agile,  lequel 
vient  du  verbe  svellere  (fait  du  L.  ex^ellere), 
arracher,  étirer,  dégager.  —  Ceux  qui  rap- 
portent it.  svelto  à  svegliaio,  fr.  éveillé,  com- 
mettent une  grave  erreur. 

SYCOMORE,  L.  sycomorus,  gr.  9uxo>o/»9;, 
litt.  fijçuier-mùrier. 

SYCOPHANTE,  gr.  <xu<oî>ivTnî,  pr.  dénon- 
ciateur de  figues  fraudées,  puis  en  général 
délateur,  calomniateur. 

SYLLABE,  L.  syllaba  (ail.  silbe),  du  gr. 
9uX;ia€ii,  ce  qui  est  pris  en  une  seule  émission 
de  voix;  du  gr.  âux^ia/iSÀyiiv,  prendre  ensem- 
ble, L.  comprehendere.  —  D.  syllaber,  sylla- 
baire. Un  autre  dérivé  du  même  verbe  greo 
est  ffû).).>j|i;,  fr.  syllepse,  pr.  action  de  lier  en- 
semble. 

SYLLABUS,  terme  ecclésiastique,  récapitula- 
tion sommaire  des  erreurs  doctrinales,  signa- 
lées dans  les  allocutions,  encycliques  et  autres 
documents  officiels  du  Souverain- Pontife  ;  du 
L.  syllabus,  sommaire,  résumé  (du  même 
verbe  9uÀXa/A,3àvsiy  qui  a  donné  syllabe). 

SYLLEPSE.  voy.  l'art,  préc. 

SYLLOGISME,  L.  syllogismus,  du  gr. 
9uUoyiT,uo;,  calcul,  raisonnement.  —  D.  syllo- 
gistiquc,  gr.  auXio/cîTi/o,-. 

SYLPHE,  ail.  sylphe,  papillon,  génie  élé- 
mentaire de  l'air;  tient  sans  doute  au  grec 
til^fi,  mite  (cp.  salamandre,  génie  du  feu;.  — 
D.  sylphide. 

SYMBOLE.  L.  symbolum,  du  gr.  aùfi^oAov, 
signe,  marque,  de  au/i-tkXXuv ,  deviner, 
expliquer,  traduit  littéralement  par  le  L.  con- 
jicere  (d'où  conjecture).  —  D.  symbolique,  gr. 
ffu/xôoiiifo;;  symboliser,  -isme. 

SYMÉTREB,  gr.  au^fitrplx^  juste  mesure, 
accord,  concordance,  proportion.  —  D.  symé- 
trique, -iser. 

SYMPATHIE,  gr.  ffu^TTst^ia,  que  les  Latins 
ont  traduit  exactement  par  com-passio. —  D. 
sympathique,  -iser. 

SYMPHONIE,  gr.  auyt*f»«vt«,  litt.  =:  L.  con- 
sonantia^  accord.  Le  vfr.  en  avait  fait  chi fouie. 

SYMPTÔME,  gr.  <rûyuiTru/Aa  ,  coïncidence  , 
accident  qui  accompagne  une  maladie  (de 
ffw/xTriTrriiv,  coïncider).  —  D.  symptomatique, 

gr.    9U/Air7ai/ia7t)(0{. 

SYNAGOGUE,  gr.  ffuyxyoDyii,  réunion,  assem- 
blée. 

SYNALLAGMATIQUE,  a^j.  du  gr.  auvâX- 
Xoy^x,  objet  d  échange,  contrat. 

SYNCHRONE,  du  gr.  aûyxoovo,-,  simultané. 
—  D.  synchronique,  sytu:hronisme. 

SYNCOPE,  gr.  «u/xott^  (r.oîrruv,  couper), 
1 .  raccourcissement  par  la  suppression  d'un 
terme,  d'un  élément,  2  alTaiblissement  subit, 
défaiIlanct^  —  D.  syncoper. 

SYNCRÉTISME,  gr.  9uyxp>j n^^uto^,  mélange. 

SYNDÉRÉSB,  t.  d'ascétique,  remords  de 
conscience;  on  a,  pour  origine,  proposé  gr. 
9vy-rv;jo<}7t;,  observation,  garde,  mais  l'adou* 


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TAB 


—  480  — 


TAC 


cissement  du  r,  pourquoi?  Un  linguiste  mo- 
derne a  imaginé  la  composition  allemande 
sûnde,  péché,  -[-  reissen,  arracher  ;  je  la  cite 
à  titre  de  curiosité. 

STNDIG,  L.  syndicus,  gr.  tOvûirtoç,  conseil 
dans  un  procès  (iUri),  avocat,  procureur. 

SYNECDOQUE,  gr.  «uvwJox^î.  compréhen- 
sion (implication  d'un  sens  dans  un  autre). 

STNÉRÂSE,  gr.^vjvlptiii,  contraction. 

STNODE,  L.  synodus,  gr.  <tû»o5o;,  compa- 
gnie de  route  (é^o;),  puis  compagnie,  assem- 
blée en  général.  Le  mot  français  devrait  être 
du  genre  féminin,  comme  les  correspondants 
gr.,  lat.  et  ail.  —  D.  synodal, 

SYNONYME,  gr.  ^uvitwfioi,  =  qui  dé- 
nomme concurx'emment  (avec  un  autre  mot). 
—  D.  synonymie f  ^ique. 


SYNOPTIQUE,  grec  tnjv-oitmôf,  qui  fait  em- 
brasser divers  objets  d'un  seul  coup  d'œil. 

SYNOVIE,  t.  médical,  forgé  par  Paracelse 
au  moyen  de  vuv  -|-  ûov  (œuf)  ou  plutôt  lat. 
ovum, 

SYNTAXE,  grec  ^ûvraÇi;  (litt.  =  co-ordi- 
natio),  arrangement. 

SYNTHÈSE,  gr.  aùv^wi,-,  litt.  =  L.  com- 
positio;    adj.  synthétique,  gr.  ffw^^irtxo;. 

SYPHILIS,  voy.  siphilis.  —  D.  syphili- 
tique,  syphiliser, 

SYSTÈME,  grec  vv-vr^/uz,  -zro;,  réunion  de 
plusieurs  choses  pour  former  un  tout,  assem- 
blage, composé  organique;  par  sa  facture 
(7\)j  +  Ur^ifii),  le  mot  correspond  exactement 
au  L.  con-stitutio.  —  D.  systématique,  grec 


T 


TABâO,  it.  tabacco,  esp.  tabaco,  mot  né  en 
Amérique  ;  c'était  en  premier  lieu  le  nom  du 
tube  dans  lequel  les  indigènes  fumaient  le 
tabac;  la  plante  elle-même  s'appelait  cohiba. 
D'autres  font  dériver  le  mot  de  l'ile  de  Tabaco, 
une  des  petites  Antilles,  d'où  l'on  pense  que 
le  premier  tabac  fut  apporté  en  Espagne.  Je 
ne  sais  qui  a  raison.  —  Les  Anglais  disent 
tobacco,  les  Allemands  tabak  (aussi  tobak,  tu-  \ 
bah). —  D.  tabagie,  tabatière, sluc.  tabaquière, 
it.  tabacchiera. 

TABARIN  ;  ce  fut  d'abord  le  nom  donné  à  un 
farceur,  vers  le  commencement  du  xvii*  siècle, 
à  cause  du  tabard  (aussi  tabar)  ou  petit  man- 
teau qu'il  portait.  Tabard  se  trouve  dans  l'it. 
tabarro,  esp.,  port,  tabardo,  angl.  tabard, 
cymr.  tabar,  grec  du  moy.  âge  rufiTtàpiov, 
mais  l'étymologie  en  est  inconnue. 

TABELLION,  L.  tabellionem,  notaire. 

TABERNACLE,  L.  tabemaculum  (taberna), 
tent«,  petit  temple. 

TABIS,  taffetas  onde,  calandre,  it.  tabi, 
néerl.  tabijn;  ajigl.tabby,  ail.  tabin,  ••  Tabis, 
satabiSf  tabith,  sorte  d*étoffe  de  soie  faite  par 
ondes  dont  on  établissait  des  robes  et  des 
jupes  et  aujourd'hui  des  garnitures  pour  les 
livres.  Huet  pense  que  ces  mots  ont  été  faits 
du  royaume  de  Thibet,  Thébeth,  d'où  venaient 
ces  étoffes,  n  Ainsi  s'exprimait  Roquefort.  La 
vérité  est  que  le  mot  représente  l'arabe  attabi, 
m.  s.  Celui-ci,  nous  apprend  Dozy,  vient  d'une 
rue  de  la  ville  de  Bagdad,  nommée  d'après 
Attab,  petit-fils  d'Omaya,  et  où  se  fabriquait 
cette  étoffe.  Vs  final  du  vocable  fr.  est  adven- 
tice et  s'est  communiqué  au  dérivé  tabiser, 

TABLATURE,  descriptions  ou  indications 
diverses  dans  l'enseignement  de  la  musique, 
faites  sous  forme  de  tableau  ;  au  fig.  =  chose 
difficile,  embarrassante  ;  dér.  d'un  verbe  tabu- 
lare,  faire  des  planches  ou  tableaux  (tabula), 

TABLE,  patois  taule,  prov.  taula,  esp. 
tabla,  it.  tavola,  du  L.  tabula,  qui  signifiait  : 
1 .  planche,  ais  (d'où  s'est  déduit  le  sens  mo- 
derne =»  mensa);  2.  morceau  plat  de  métal  ou 


de  pierre  servant  à  écrire  ou  graver,  d'où  lac- 
c^ption  écrit,  liste,  registre  ;  3.  peinture  sur 
un  panneau  de  bois,  tableau.  —  D.  attabler, 
entabler.  —  Sont  encore  issus  de  table  ou 
tabula  :  Tableau,  tableT,  type  latin  tabu- 
lellus.  De  là  la  langue  des  feuilletonistes  s'est 
permis  de  lancer  le  dim.  tableautin.  —  Ta- 
blette, petite  planche,  pièce  plate,  petite 
tabula  à  écrire.  —  D.  tabletier,  faiseur  de 
tables  ou  planches  à  jouer  (échiquiers,  tric- 
tracs, etc.);  de  là  tabletterie.  —  Tablature, 
voy.  ce  mot.  —  Tablier,  l .  échiquier,  damier, 
de  tabula  =  planche  à  jouer  (d'où  ans.si  le 
verbe  tabler,  poser,  caser  les  dames  sur  l'échi- 
quier); 2.  parquet  ou  plancher  d'un  pont; 
3.  objet  de  vêtement,  servant  à  préserver  les 
habits  quand  on  se  trouve  à  table,  soit  pour 
travailler,  soit  pour  manger;  ou  bien  cette 
dernière  acception  vient-elle  de  tabula,  comme 
signifiant  chose  plate  et  mince?  Cp.  en  L.  tabu- 
larepalati,  employé  par  Végôce  p.  le  voile  du 
palais. 

7ABL0IN,  terme  d'artillerie,  plate-forme 
faite  de  madriers  pour  placer  une  batterie  de 
canons,  dér.  de  tabula,  (par  un  type  t^ibulo- 
rium)  î 

TABOURET,  dérivé  de  tabour  tambour, 
donc  pr.  un  petit  siège  à  forme  de  tambour. 

TAC,  maladie  contagieuse  des  moutons; 
m*est  avis  que  ce  mot  est  analogue  à  l'expres- 
sion clou,  L.  clavus  (d'où  la  maladie  dite  cla- 
veau ou  clavelée);  or, nous  verrons  dans  l'art, 
suiv.  que  tac  signifie  en  efiet  clou.  —  D'après 
Brachet,  c'est  le  L.  tactus,  contact,  au  sens 
de  contagion,  de  lèpre,  qu'on  trouve  à  ce  mot 
dans  la  version  de  la  Bible  dite  Itala. 

TACHE,  marque,  souillure,  it.  tacca,  coche, 
cran,  tache,  vice,  taille,  taccia,  tecca,  tache, 
—  D'autres  rejetons  du  même  radical  tac  se 
rencontrent  dans  les  idiomes  romans  avec 
diverses  significations  ;  nous  citons  it.  tacco, 
talon  (pr.  pièce  plate)  de  soulier,  wallon  tac, 
plaque,  fer-blanc,  rouchi  tacq,  pièce  de  terre, 
langued.  tacho,  clou  à  tête  plate  ;  it.  taccone, 


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TAC 


—  481  — 


TAI 


fr.  tacon,  morceau  de  cuir  (pour  raccommoder 
des  souliers;  cp.fr.  ro^aconer  =  raccomomder, 
rapiécer),  esp.,  port,  tacoriy  talon  de  bois  pour 
souliers,  et  tachon,  galon,  clou  à  tête  dorée,  " 
fr.    tacmi,    ulcèi*e   contagieux    de    certains 
oignons,  taquon,  t.  dlmprimeur,  pièce  plate 
mise  sur  le  grand  tympan  ou  sous  les  carac- 
tères   trop    bas;    les    ouvriers    champenois 
appellent  tache  leur  tablier  de  peau.  Il  est 
probable  que  toutes  ces  variétés  sont  de  la 
même  famille  et  découlent  d'une  racine  tac, 
désignant  toutes  sortes  d'objets  faisant  saillie 
ou  relief  sur  une  surface  plane,  ou,  pour  nous 
servir  du  mot  même,  «  faisant  tache  » .  Tantôt 
Tobjet  en   relief  est  plat  lui-même,   tantôt 
pointu.  Cette  racine  se  retrouve  tant  dans 
l'élément  celtique  que  dans  les  idiomes  ger- 
maniques :  nous  citerons  gaél.  tac,  corn,  tach, 
clou,  angl.  tack,  pointe,  crochet,  néerl.  tak 
(ail.   zache),  dim.  fr.   taquet;  verbe   néerl. 
taekmi,  ags.  taecan,  angl.  tahe,  empoigner, 
prendre.  C'est  du  même  primitif  tac  que  pro- 
cèdent encore  nos  verbes  fr.  attacher,  atta- 
quer (v.  c.  m.)  et  détacher.  —  Notre  mot 
tache,  dans  son  acception  marque,  souillure, 
est  donc  identique  avec  le  même  mot  signifiant 
morceau,  pièce  plate  ;  une  transition  de  signi* 
fication  analogue  se  rencontre  dans  le  mot 
allemand  flcck,  qui  signifie  à  la  fois  pièce 
d'étofle,    pièce  de  terre    (d'où     flickcn,   ra- 
piécer)   et   tache.  —  Burguy  pose  la  ques- 
tion   s'il    ne    faut  pas    séparer  étymologi- 
quement  le  mot  fr.  tache  ou  taiche  des  autres 
vocables  rapportés  ci-dessus,  et  le  rattacher 
directement  au  goth.   taikns,    ags.    tâcu7i, 
tacn^   etc.    (ail.  mod.  zeichen),  qui  signifie 
marque,  signe.  Il  est  toutefois  disposé  à  la 
résoudre  négativement,  comme  l'avait  déjà  fait 
avant  lui  Diefenbach,  et  à  accueillir  la  manière 
de  voir  de  Diez,  qui  est  celle  qu'il  a  repro- 
duite dans  son  livre  et  que  nous  avons  suivie  à 
notre  tour.  —  Si  l'on  voulait  disjoindre  tachc^ 
taiche*  des  autres  mots  cités,  une  autre  éty- 
mologie  se  présenterait,  réunissant  toutes  les 
conditions  voulues  de  sens  et  de  forme.  Nous 
déclarerions  tache  pour  le  subst.  verbal  de 
tacher,  et  tacher  pour  la  représcntfition  d'un 
type  L.  taciiare,  toucher,  meurtrir,  tiré  du 
part,  tactus;  nous  citerions  à  l'appui,  pour  la 
forme,  phchter'  plisser,  de  plie  tus,  et  pour  le 
sens,  le  L.  maca\  dim.  macula,  de  macare', 
fouler,  presser  (voy.  notre  article  macquer). — 
D.  tacher.  — On  ne  saurait  traiter  l'art,  tache 
sans,  rappeler  le  vfr.  taiche,  teche  =  qualité 
distinctive  (bonne  ou  mauvaise).  Je  le  tiens 
pour  identique  avec  tache;  le  sens  qui  les  relie 
est  l'idée  «  point  saillant,  marque  distinctive  ». 

TâCHS,  vfr.  tasche,  tasque,  angl.  task,  ou- 
vrage imposé;  prov.  tasca,  tascha,  BL.  tasca, 
taxa^  impôt  sur  les  teiTes,  champart.  Ces 
mots  dérivent  du  L.  tarare  (cp.  lâcher,  de 
laxaré)  et  signifient  ce  qui  a  été  adjugé,  assi- 
gné à  qqn.,  ce  qu'on  l'a  taxé.  —  D.  tâcher, 
pr.  prendre  à  tâche,  chercher  à  réussir  dans 
une  entreprise. 

TACHER,  voy.  tache.  —  D.  fréq.  tache- 
ter; cps.  entacher. 


TÂCHER,  voy.  tâche. 

TACHYGRAPHE,  du  gr.  rxx^ypàfoi,  qui  écrit 
vite.  —  D.  tachygraphie. 

TACITE,  mot  à  forme  savante,  L.  tacitus; 
TACITURNE,  L.  tocitumus,  d'où  ta^tumiié^  L. 
-itatem. 

TACT,  L.  tactus  ftangere),  le  toucher;  tac- 
TiLË,  L.  tactilis,  palpable;  tactuel, 

TACTIQUE,  gr.  57  Taxnxifî,  s.  e.  rî/vn,  art 
de  ranger,  de  disposer  (Tarruv)  des  troupes. 
Pour  le  sens  fig.,  cp.  stratagème.  —  D.  tacti- 
cien. 

TAFFETAS,  it.  taffetà,  esp.  tafetan,  angl. 
taffety,  taffeta,  ail.  taffèt,  néerl.  taf,  du  per- 
san tàftah,  tissu. 

TAIE,  vfr.  toie;  d'après  Ménage,  suivi  par 
Diez,  du  L.  theca  (^x»ï),  étui,,  gaine,  enve- 
loppe, ^iez  appuie  cette  origine  du  grison 
teija  {teigia),  =  gaine  et  housse  de  lit,  qui 
s'accorde  avec  th^a,  comme  gris,  speija  avec 
spica.  —  Avant  de  connaître  cette  étymologie, 
j'avais  noté  celle  de  tega  (tegere),  pr.  couver- 
ture ;  je  ne  l'abandonne  pas  définitivement  ; 
elle  est  acceptable  au  point  de  vue  tant  du 
sens  (cp.  L.  tegumentum,  couverture,  housse, 
enveloppe)  que  de  la  forme,  au  même  titre  que 
celle  de  theca.  —  Le  vha.  ziecha,  ail.  mod. 
jtieche,  taie,  parait  être  congénère  avec  taie. 
Vi  germanique  se  retrouve  dans  le  dim.  champ. 
tiquette  =  taie  d'oreiller,  ni.  tijk,  angl.  tick. 
Le  mot  taie,  dans  le  sens  médical  de  pellicule 
formée  sur  l'œil,  s'accommode  en  tout  cas 
mieux  avec  l'étymologie  tega.  Il  pourrait  être 
tiré  du  prov.  taca,  tache,  si  la  forme  toie 
qu'on  lui  trouve  en  vfr.  ne  postulait  un  radi- 
cal tec  ou  teg. 

TAILLANDIER,  voy.  tailler.  —  D.  taillan- 
derie, 

1.  TAILLE,  coupe,  tranchant, stature,  etc., 
it.  taglia  ou  taglio,  esp.  taja,  prov.  talha; 
subst.  verbal  de  tailler  (v,  c.  m.). 

2.  TAILLE,  impôt.  Ce  mot,  à  mon  avis, 
représente  un  type  tacula,  dimin.  du  BL. 
tacus,  impositio  (charte  de  Charles  le  Simple 
de  916),  dont  je  ne  fixerai  pas  l'origine  (p. 
tascus,  taxus,  de  taxare  t).  Il  peut,  cependant, 
je  n'en  disconviens  pas,  facilement  être  ramené 
au  mot  précédent;  cp.le  terme  accise  iy.  cm.) 
et  assiette  des  impôts  =»  L.  assecta  (secare). 
—  D.  taillable,  taillon. 

TAILLER,  d'après  Diez,  du  L.  tàlea,  bou- 
ture, scion  (cp.  paille,  ït-paglia,  du  L.palea); 
opinion  appuyée  par  le  verbe  inter4aleare 
(Nonius  Marcellus),  couper  (un  surgeon).  Une 
origine  du  goth.  dailjan,  partager,  pour  la- 
quelle s'est  prononcée  Chevallet,  ne  s'accorde 
nullement  avec  la  lettre.  —  D.  taillk.  sub- 
stantif verbal  (v.  cm.);  taillade,  it.  tagliata, 
d'où  taillader;  taillant,  tranchant,  outils 
tranchants  (surtout  ciseaux),  d'où  taillandier; 
tailleur  (cp.  l'ail.  Schneider),  angl.  tailor; 
taillis,  jeune  bois  mis  en  coupe  réglée; 
TAILLOIR,  plat  pour  tailler  (d'où  le  v.  flam. 
talioor,  holl.  ttljoor,  ail.  teller,  voy.  notre 
art.  assiette).  —  Composés  :  détailler,  en- 
tailler. 

TAILLEUR,  -IS,  -OIR,  voy.  taiUer. 

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TAL 


—  482  — 


TAN 


TAIK,  écourté  de  estain  étain  (v.  c.  m.); 
cp.  prêle ^  p.  espreile,  pâmer  p.  espa$mer. 

TAISE,  d'une  foime  barbare  tacère  ^cp. 
plaire  deplacere).  En  vfr.  ou  avait  aussi  taisir, 
forme  plus  correcte,  puisqu'elle  respecte  Ve 
long  de  la  bonne  forme  lat.  tacère. 

TAISSOH  (champ,  tachon),  it.  tasso^  proT. 
tais  et  taisô^  esp.  texon,  BL.  toârta  et  too^, 
•onis;  du  gotb.  thahs\  forme  (hypothétique) 
antérieure  à  c/aA^,  ail.  mod.  dachs.  —  Rônsch 
(Grob.  Ztschr.,  I,  420)  rattache  BL.  taxusei 
ail.  dachs  à  l'hébreu  thachasch,  m.  s.  —  D. 
taissanière,  contracté  en  vfr.  taisnière,  tes- 
nière,  d'où  tanière  (v.  c.  m.)  ;  cp.  maisnage* 
mesnage*  ménage,  p.  maisonage, 

TALC,  it.  talco,  ail.,  angl.  talk,  de  l'arabe 
ialaq  (d'origine  persane).  —  D.  talcaire,  toi- 
cique, 

1.  TALSHT,  poids  d'or  ou  d'argent,  L.  ta- 
lentum  (du  gr.  T4ia»To»,  1.  balance,  2.  l'objet 
pesé). 

2.  TALENT,  autrefois  =  désir,  envie,  vo- 
lonté, gré,  signification  propre  encore  à  l'it.' 
talento,  esp.  talento,  talants,  prov.  t€d€n, 
to7an,wall.  dalant.  Comme  le  mot  préc.,  celui- 
ci  découle  du  gr.  Tài^vro»,  balance  ;  il  marque 
propension,  inclination.  —  D.  talenter*,  ata- 
lenter',  avoir  à  gré,  désirer,  etitalaiter* ,  ren- 
dre désireux;  cps.  maltalenC  mautalent, 
mauvaise  volonté,  haine,  rancune. 

3.  TALENT,  aptitude  à  faire  q^ch.,  habi- 
leté ;  c'est  le  mot  préc.  avec  une  acception  dé- 
duite. Du  sens  inclination  à  celui  d'aptitude,  il 
n'y  a  pas  loin. —  Ou  bien  faut-il  voir  danscetto 
signification  «  don  naturel  »  une  allusion  au 
talent  de  l'Evangile,  qui  est  le  «  trésor  »,  l'en- 
semble des  facultés  que  chacun  a  reçues  de 
Dieu .  pour  qu'il  les  fasse  valoir  on  les  mettant 
en  œuvre?  —  La  forme  écarte  l'étymol.  ail. 
theil,  teil,  part,  lot,  que  j'ai  vu  tenter  ces  der- 
niers temps. 

TALION,  du  L.  talio,  -onis  (taWs). 

TALISMAN,  it.  tcUismano,  esp.  talisman; 
direct,  du  persan  tilismàn,  plur.  de  iilism 
(arabe  tilsam),  qui  à  son  tour  reproduit  le 
bass-grec  r'ùttfia^  image  magique. 

TALLE,  branche  qu'un  arbre  pousse  à  son 
pied,  esp.,  it.  tallo,  du  L.  thallus  (^^y^ôi), 
m.  s.  —  D.  talla'. 

TALMOUSE,  soufflet,  coup  de  poing;  de 
taler,  frapper  (voy.  taloche)  et  mouse,  dans 
les  patois  =  museau,  visage  (cp.  le  terme 
casse-museau),  —  Je  ne  me  charge  pas  d'ex- 
pliquer ce  mot  comme  signifiant  une  espèce 
do  pâtiFstirie.  Par  l'élément  tal,  il  tient  sans 
doute  à  l'anc.  taletnelier,  boulanger,  pâtis- 
sier, que  Littré  explique  par  taler,  battre 
-\-  mêler. 

TALMUD,  de  lliébreu  talmond,  doctrine, 
enseignement. 

1  .^TALOCHE,  coup  do  main  sur  la  tête  ; 
dérivé  d'un  verbe  taler,  frapper,  meurtrir, 
qui  se  trouve  dans  plusieurs  patois,  et  dont  je 
ne  connais  pas  l'origine.  Cp.  talmouse. 

2.  TALOCHE,  anc.  =  bouclier.  Ce  mot  est 
p.  taveloche  (type  tabulaceus),  comme  on  expli- 
que très  plausiblement  le  vfr.  talecas,  m.  s.,    | 


par  une  transposition  de  tavelas,  donc  comme 
le  corresp.  de  l'it.  tacolaccio,tjpe  de  L.  tabuU 
aceiis.  On  nomme  encore  taloche  une  planche 
mince  et  carrée  pour  étendre  le  plâtre. 

TALON,  it.  tallone  (le  double  l  est  irrégu- 
lier), esp.,  port,  talon;  dér.  du  L.toiitf. che- 
ville du  pied,  talon.  —  D.  talonner,  marcher 
sur  les  talons  de  qqn.;  talonniére, 

TALUS,  pente,  du  L.  talus,  taloo,  parce 
que  le  talon  du  pied  va  en  pente  par  dimina- 
tion  d'épaisseur.  —  On  écrivait  jxulis  acssi 
talut,  de  là  le  verbe  dér.  taluter. 

TAMABIN,  it.,  esp.  tamarindo,  de  l'arabe 
thamar  hindi  =.  datte  indienne.  —  D.  tama- 
rinier. 

TAHARIS,  aussi  tamarisc,  it.  tamerice,  da 
L.  tamaHx,  m.  s. 

TAMBOUR,  it.  tamburo,  esp.,  port,  tambor, 
atamhor,  vfr.  tahor,  tabour,  prov.  tabor.  On 
déi  ive  généralement  ce  mot  du  persan  tam- 
bûr,  arabe  tonbur  =  cithara.  —  D.  tabourer, 
tabouler,  it,  tamburare,  frapper  comme  sur 
un  tambour;  tambourin,  d'où  tambouriner; 
tabouret  (v.  c.  m.). 

TAMIS,  prov.  tamis,  it.  tamigio,  vénitien 
tamiso,  esp.  tamiz.  Diefenbach  y  voyait  un 
dérivé  du  celt.  tamma,  mettre  en  pièces.  Dans 
ce  cas  la  terminaison  is  (=  it.  igio)  devrait 
répondre  à  un  suffixe  latin  itium,  mais.observe 
Diez,  non  seulement  le  BL.  dit  tamisium, 
mais  encore  un  type  tamitium  aurait  néces- 
sairement fait  en  prov.  tamijsi  ou  tamits  et 
non  pas  tamis.  Le  philologue  allemand  rap- 
porte donc  de  préférence  tcmiis  au  néerl. 
teems,  tems,  m.  s.  Mais  d'où  vient  temsf  Diez 
ne  s'en  occupe  plus  qu'en  citant  le  vba.  se- 
misa^  son.  Reste  à  savoir  si  tems  n'est  pas  un 
emprunt  au  BL.  tamisum  ou  tamisium.  La 
porte  aux  conjectures  est  donc  encore  ouverte. 
—  L'angl.  a  taminy,  tammy,  blutoir,  mais 
ces  formes  représentent  le  fr.  estamine'  éta- 
mine  et  sont  étymologiquement  distinctes  de 
tamis.  —  D   tamiser. 

TAMPON  ou  tapon,  angl.  tampion,  BL. 
tappo,  esp.  tapon,  dér.  de  tape^  m.  s.  (terme 
de  brasserie).  Tape  est  l'ags.  taeppe,  angl.  tap, 
ail.  2apf{â:o\i  it.  zaffo),  m.  s.  —  D.  tampon- 
ner. 

TAN,  écorce  de  chêne  moulue.  D'après 
Friscli,  de  l'ail,  tanne,  sapin,  le  tan  s'étant  lait 
(et  se  faisant  encore)  avec  de  Técorce  de  sapin  ; 
d'après  Diefenbach  et  autres,  du  breton  tann, 
chêne,  mais  Diez  objecte  que  ce  mot  est  étran- 
ger aux  langues  celtiques  et  même  au  breton, 
à  l'exception  du  dialecte  de  Léon.  En  ce  der- 
nier point,  il  se  trompe  ;  Chevallet  cite  plu- 
sieurs composés  celtiques  de  tann.  —  D'où 
que  vienne  ce  subst. ,  le  verbe  tanare  remonte 
très  haut  dans  la  basse  latinité.  —  D.  verbe 
tanner  (rouchi  tener,  champ,  tenner,  v.  flam. 
tanen,  teynen)  ;  la  signification  métaphorique 
qui  s'y  rattache,  tourmenter,  lasser,  fatiguer, 
se  rencontre  déjà  chez  les  trouvères  ;  cp.  esp. 
2urrar,  corroyer  les  peaux,  fig.  pousser  à 
bout;  tanin, 

TANAISDB,  angl.  tamy,  vfr.  tenaise;  c'est 


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TAN 


—  483  — 


TAP 


la  forme  écourtée  ^athanasie  (du  gr.  àdavaYts, 
immortalité).  L'esp.  dit  tanaceto  et  atanasia, 

TANGER,  vfr.  tencer,  tencher;  de  là  subst. 
vfr.  tenceon  tençon,  insistance,  dispute,  que- 
relle. D'un  type  lat.  tentiare,  tiré  de  tentas, 
part,  de  te}idere,  s'efforcer,  lutter,  disputer 
(voy.  Baû^t,  Grôb.  Ztschr.,  VI,  119).  L'étyra. 
par  tentus  de  tanere  doit  être  écartée.  — ,  Le 
Vocabulaire  d'Byreux  présente  Tadj.  tenceux 
=  contentiosus. 

TANCHE,  angl.  tench,  du  L.  tinca,  m.  s. 

TANDIS,  aussi  longtemps,  pendant  ce  temps 
(signification  ancienne  de  cet  adverbe),  du  L. 
tamdiu.  L'adverbe  diu,  romanisé  en  di,  et, 
avec  r^r  adverbial,  en  dis,  se  trouve  aussi 
dans  Jadis,  Chevallet  et  Littré  expliquent 
tandis  par  tantos  dies;  en  effet,  le  mot  a  pris, 
dans  l'ancienne  langue,  parfois  cette  valeur 
par  confusion,  mais  le  prov.  tandius,  corré- 
latif de  quandius,  témoigne  en  faveur  de  l'é- 
tymologie  tamdiu, 

TANGENTE,  du  L.  tangentem,  qui  touche, 
subst.  tangence;iiJiSQihUi,  L.  tangibilis  [tajor 
gère). 

TANGUE,  dépôt  terreux  qui  se  trouve 
en  certaines  baies  et  qui  est  un  excellent  en- 
grais. Non  pas  de  l'ang.  dung,  fumier,  comme 
pense  Roulin  (ap.  Littré),  xnais,  selon  Joret 
(Rom.,  IX,  303),  de  l'ail,  tang,  angl.  tang  et 
tangle,  espèce  d'algue  ou  fucus  ;  le  fucus  sert 
à  fumer  la  terre  comme  la  tangue;  il  n'est  donc 
pas  surprenant  qu'on  ait  donné  à  la  seconde 
le  nom  du  premier.  —  D.  tanguier,  engrais- 
ser de  la  terre  avec  de  la  tangue. 

TANGUER,  balancer  de  poupe  à  proue; 
d'origine  inconnue  ;  d'aprôs  Roulin,  de  tangue, 
£a.nge,  vase  (v.  c.  m.);  ce  serait  pr.  s'enfoncer 
dans  la  tangue  par  l'avant.  —  Joret  est  disposé 
à  rapporter  tanguer  à  l'island.  tangy,  «  a  point 
projecting  into  the  sea  »,  ou  «  the  pointed  end 
by  which  the  blade  is  driven  into  the  handle  » . 
Il  compare  pour  le  sens  cp.  ail.  stampfer, 
«  pilon  I*,  et  stampfen^  «  tanguer  » .  Cela  mérite 
confirmation.  —  D.  tangage. 

TANIARE,  pr.  le  trou  du  taisson,  voy.  taiS' 
son.  N'était  la  forme  vfr.  taisnière,  qui  appuie 
Tétymologie  que  nous  avons  suivie,  le  mot  se 
déduirait  plus  naturellement  de  l'it.  tana, 
caverne,  tanière  (se  trouve  aussi  dans  un  texte 
latin  de  1245),  que  l'on  prend,  à  défaut  de 
mieux,  pour  une  forme  ti'onquée  de  sottana, 
pr.  la  souterraine. 

TANNE,  petit  bulbe  durci  dans  les  pores  de 
la  peau;  de  l'anc.  fr.  tanne,  couleur  de  tan, 
la  tanne  (pr.  maroue  qui  reste  sur  une  peau 
d'animal  après  qu  elle  a  été  préparée)  est  ainsi 
dite  de  sa  couleur  (Littré). 

TANNER,  voy.  tan. — D.  tannée;  tanneur, 
tannerie, 

TANT,  L.  tantum.  —  D.  tantef^i  tantin, 
d'où  dim.  tantinet;  tantième, 

TANTE  ;  la  forme  ancienne  (encore  en  usage 
dans  les  patois)  est  ante  =  angl.  aunt,  prov. 
amda,  et  vient  du  L.  amîta.  La  langue  d'oi'l 
avait  en  outre  la  forme  accusative  antain  (cp. 
iionain,  putain),  La  prosthèse  du  t  est  pure- 
ment euphonique  ;  à  l'époque  où  Ton  ne  disait 


plus  muante  (cp.  tn'amie),  reculant  devant  la 
forme  mon  ante  (à  Valanciennes  on  dit  cepen- 
dant m*n  ante,  et  Jean  Lemaire  des  Belges  a 
ion  ante),  on  a  dit  ma-tante,  comme  on 
dit  encore  a-i-on,  voilà-t-il.  L'ail,  tante  est 
tout  à  fait  moderne  et  pris  du  français.  Littré 
pense  que  tajite  est  pour  ta  ante,  et  est  devenu 
synonyme  de  ante  par  le  même  procédé  po- 
pulaire qui  a  donné  le  wall.  mononh,  p.  oncle 
(mon  mononh  =»  mon  oncle).  —  Canello  (ap- 
prouvé par  Paris)  voit  dans  tante  un  redou- 
blement hypocoristique  de  ante;  peut-être 
a-t-on  dit  d'abord  antante.  Gela  est  plus  facile- 
ment imaginé  que  démontré. 

TANTINET,  vfr.  aussi  tantelet,  voy.  tant, 

TANTÔT,  p.  tant  tôt,  voy.  tôt. 

TAON,  prov.,  vfr.  ta\>an,  esp.  tabano,  it.  ta- 
fano,  du  L.  tabanus, 

TAPABOR,  mieux  tapabord  (Corneille  et 
Richelet),  esp.  de  bonnet  de  campagne,  qu'on 
portait  pour  aller  à  la  mer;  de  l'anc.  expres- 
sion taper  à  bord,  aller  &  l'abordage  (Littré, 
Suppl.). 

TAPAGE,  dér.  de  taper,  —  D.  tapager, 
d'où  tapageur, 

1.  TAPE,  coup  de  la  main,  subst.  verb.  de 
taper. 

2,  TAPE,  bouchon,  ail.  :iapf,  voy.  tampon, 
—  D.  tapette. 

TAPER,  frapper,  d'une  racine  tap,  répan- 
due partout  pour  exprimer  l'action  de  battre, 
surtout  battre  à  plat.  —  D.  tapage,  tapin,  ta- 
poter. Cps.  tapecu  (tape<;ul),  bascule. 

TAPINOIS  lEN),  voy.  tapir, 

TAPIOCA,  mot  brésilien. 

TAPIR  (SE),  se  blottir  dans  le  but  de  se 
soustraire  aux  regards;  de  là  vfr.  et  prov. 
tapin,  caché,  prov.  a  tapi,  vfr.  en  tapin,  d'où 
tapiner,  cacher,  déguiser,  d'où  en  tapinage, 
auj.  en  tapinois  =  en  cachette.  — Pourl'éty- 
mologie  de  toptr,Frisch  a  pensé  à  fap, bouchon, 
pr  qqch.  de  roulé,  de  ramassé  ensemble,  et 
Diez,  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir,  rap- 
pelle le  fr.  cacher  (v.  c.  m.),  qui  au  fond  dit 
la  même  chose,  c.-à-d.  presser,  serrer.  Se 
tapir  serait  donc  se  peloter,  se  mettre  en 
paqoet.  Du  Cange  dérivait  le  mot  de  taîpa, 
taupe  ;  mais,  sans  parler  du  sens,  qui  pourrait 
bien  s'y  opposer  aussi,  Diez  pense  que  i'élision 
de  /  serait  un  fait  trop  insolite  pour  oser  lui 
donner  raison.  D'un  autre  côté,  le  linguiste 
allemand  ne  disconvient  pas  que  l'acD.  champ. 
taupin,  secret,  est  en  effet  une  forme  créée 
par  assimilation  à  taupe.  —  Littré  doute  que 
tapir  ait  pu  produire  un  adj.  tapin;  ce  doute 
est  fondé,  mais  nous  avons  un  fait  analogue 
dans  lapin,  p.  clapin,  de  clapir.  Le  terme 
tapinois  est,  paraît-il,  né  au  xvi«  siècle;  je  me 
l'explique  par  une  assimilation  au  mot  voisin 
sournois. 

TAPIS,  prov.  tapit,  it.  tappeto,  esp.,  port. 
tapete,  tapitz,  du  L.  tapes,  tapete  et  tapetum 
(gr.  râffv}{),  étoffe  de  laine  À  longs  poils  qui 
servait  de  tapisserie  pour  les  murs  d'un  appar- 
tement, de  tapis  pour  les  planchers,  etc.  — 
Cornu  (Rom.,  VII,  351)  remarque  avec  raison 


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TAR 


—  484 


TAR 


qu'à  cause  de  son  s  final,  fr.  tapis  ne  peut 
venir  ni  de  tapétem,  ni  de  tapetum,  mais  qu'il 
représente  le  dim.  gr.  rsc^r^Ttov,  latinisé  en 
tapétium,  —  D.  tapisser ^  it.  tappezzare; 
tapissier,  tapisserie,  dont  langl.  a  fÈiit  tapes- 
try, 

TAPON,  voy.  tampon, 

TAPOTER,  fréquentatif  de  taper. 

TAQUS,  t.  d'imprimerie,  plaque  de  fonte  ou 
de  bois,  voy.  sous  tache,  —  D.  verbe  toquer, 
en  imprimerie,  presser  la  taqiie  sur  une 
forme. 

TAQUSR,  voy.  taqm,  —  D.  taquoir, 

TAQUST,  piquet,  crochet,  de  tac,  clou  ;  voy. 
sous  tache, 

TAQUIN,  vilain,  chicbe,  chicaneur,  etc.,  it. 
taccagno,  esp.  tecano;  de  là  les  verbes  it.  tac- 
cagnare,  fr.  taquiner,  avoir  l'humeur  taquine, 
quereller,  contrarier  pour  des  riens.  La  source 
do  ce  mot  est  germanique;  c'est,  suppose- 
t-on,  quelque  forme  bas-allemande  (too^,  tach, 
hoU.  tatg^  taeg),  répondant  au  haut-allemand 
zàhe,  tenace,  avare.  Cp.  le  dérivé  néerl. 
taeyaerd,  homo  tenax,  avarus  (Kil.);  les 
Latins  employaient  de  même  tenax  dans  le 
sens  d'avare.  —  Cependant,  nous  préférons 
citer  ici  le  verbe  tagghen,  renseigné  par 
Kiliaen  et  traduit  par  disceptare,  vitilitigare, 
altercari  ;  ce  verbe  répond  mieux  au  radical 
du  mot  fr.  ;  à  notre  avis,  tagghen  est  la  forme 
néerl.  correspondant  au  haut-ail.  zanke^i, 
disputer.  —  Littré  rattache  taquin  à  tac, 
clou  =  «  ce  qui  attache  »  ;  la  liaison  des  sens 
me  semble  forcée. 

TAQUINER,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  taqui- 
nerie, 

TARABUSTER,  prob.  une  forme  extensive 
du  vfr.  tabuster  et  tabuter,  faire  du  tapage 
(prov.  tabustar,  tabussar,  it.  tambussare; 
subst.  prov.  tabust  et  talabust,  it.  trabusto, 
bruit,  vacarme);  mots  d'origine  inconnue. 

TARAUD,  voy.  tarière,  —  D.  tarauder. 

TARD,  du  L.  tardus,  m.  s.;  de  là  ac^.  tar- 
dif,  prov.  tardiu,  esp.,  port,  tardio,  it.  tar- 
dive; verbe  TABOER,  L.  tardare;  cps.  retarder, 
attarder,  —  Le  vfr.  targier,  wall.  targt^ 
taurgi,  pic,  norm.  targer  représente  le  type 
L.  tardicare. 

TARE,  déchet,  diminution  sur  le  poids 
d'une  marchandise,  prov.,  it.,  esp.  tara;  de 
l'arabo  tarah,  écarté,  tarh,  chose  laissée  en 
arrière,  rebut.  —  D.  tarer,  causer  de  la  tare, 
endommager,  gâter;  de  là  le  part.-adj.  taré, 
avarié,  gâté,  mal  noté. 

TARENTELLE,  danse  nommée  d'après  la 
ville  de  Tarente, 

TARENTULE,  it.  tarantola;  cet  insecte 
tire  son  nom  de  la  ville  de  Tarente,  où  il  est 
assez  commun. 

TARER,  voy.  tare, 

TARET,  voy.  tarière.  Congénère  avec  L. 
teredo,  gr.  Tt/sïjowv,  teigne. 

TAR6E,  it.  targa,  esp.,  prov.  tarja;  du 
vha.  sarga,  défense,  abri,  ags.  targc,  nord. 
targa,  bouclier.  L'ail,  mod.  tartsche  est  réem- 
prunté du  roman.  —  D.  dim.  target,  targette; 
verbe  se  targuer,  pr.    se  couvrir  de  qqch. 


comme  d'un  bouclier,  fig.  se  prévaloir  avec 
défi  ou  ostentation.  En  vfr.  targier  signifiait 
protéger. 

TAjaGUER  (SB),  voy.  l'art,  préc. 

TARâiRE  (dans  les  dialectes  terère,  terière), 
prov.  taraire,  esp.  tdladro  p.  taradro,  du  L. 
tora^rwm (Isid.,  19, 19)  =  gr.  rkpirpov  (rti^ti»); 
les  gloses  de  Cassel  portent  taradrus.  Tara- 
trum  autorise  à  supposer  l'existence  d'un 
ancien  verbe  latin  tarare,  dont  relèvent  direc- 
tement les  subst.  taraud,  instrument  pour 
faire  des  écrous,  taranche,  grosse  cheville,  et 
taret,  mollusque  qui  troue  le  bois  des  digues 
et  des  vaisseaux.  Du  même  radical  vient  le 
L.  tarmes,  ver  qui  ronge  le  bois,  d'où  it. 
tarnia,  esp.  tarma,  it.  tarlo,  ver  rongeur.  — 
Les  langues  celtiques  ont  un  mot  corres- 
pondant à  taraUmm,  savoir  cymr.  taradr, 
bret.  tarar,  tarar,  tarer^  terer  =  foret.  Les 
formes  dialectales  terère,  terière  découlent 
peut-être  directement  du  L.  terebra  (cp.  pau- 
pière de  palpebra),  dont  le  dimin.  L.  terebel- 
lum  a  donné  le  prov.  taravel,  tarière,  trépan. 

TARIF,  it.  tariffa,  esp.  tarifa,  de  l'arabe 
tarif,  annonce,  publication. — D.  tarifer;  néol. 
tarification, 

TARIN,  chardonneret;  dans  les  dial.  tairin, 
tirin,  térin;  selon  une  conjecture  de  Diez,  du 
pic.  tère,  tendre  (L.  tejier};  l'équivalent  ail. 
zeisig  vient  de  même,  dit-on,  du  mha.  zeiz, 
tendre. 

TARIR,  du  vha.  tharrjan,  darrjan,  dessé- 
cher. 

TARLATANE,  prob.  d'origine  indienne.  Ou 
le  mot  aurait-il  quelque  rapport  avec  Tit.  tor- 
Jata,  piqué  des  vers  (dér.  de  tarlo)%  Le  Mila- 
nais dit  tarJantanna  p.  tiretaine. 

1 .  TAROT,  basson.  Cet  instrument  de  mu- 
sique tire  peut-être  son  nom  des  trous  dont  il 
est  pourvu  et  appartient  ainsi  à  la  famille  du 
subst.  tarière, 

2.  TAROTS,  jeu  de  cartes,  de  l'it.  taroccho 
(ail.  tarok),  dont  j'ignore  l'origine.  Notez  que 
tarot  signifie  aussi  un  dé  dont  chaque  c6té 
porte  son  nombre  de  trous  noirs.  Dans  cette 
signification,  le  mot  se  confond  étymologique- 
ment  avec  le  préc.  Il  se  peut  que  le  nom  du 
dé  se  soit  transporté  aux  cartes,  à  cause  du 
dessin  de  leur  revers.  —  D.  taroté. 

TAROUPE,  d'origine  inconnue.  —  Dans  le 
Mans,  =  chanvre  grossier. 

TARSE,  gr.  r&pvoi,  m.  s.,  pr.  claie  (voy. 
Larousse).  —  D.  tarse,  tarsien,  tarsier. 

TARTAN,  étofie  de  laine  à  carreaux;  de 
l'angl.  tartan,  que  les  étymologistes  anglais 
croient  être  roman  et  identique  avec  l'esp. 
tiratana  (fr.  tiretaine),  espèce  de  soie  mince. 

TARTANE,  it.,  esp.,  port,  tartana,  espèce  de 
petit  bâtiment  do  la  Méditerranée;  du  BL. 
tarida,  tareta  et  tarta,  qui  vient  de  l'arabe 
(égyptien)  taridah,  nom  d'un  vaisseau  afi*ecté 
spécialement  au  transport  des  chevaux. 

TARTE,  p.  tcyrte^  it.  torta,  du  L.  torta  (tor- 
quere),  chose  faite  en  spirale,  BL.  torta  panis 
(Vulgate),  miche  de  pain.  Le  même  L.  torta 
(ail.  torte)  a  donné  également  le  mot  tourte. 
—  La  supposition  d'après  laquelle  la  forme 


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TAT 


—  485  — 


TAU 


tarte,  BL.  tarta,  est  simplement  une  modifi- 
cation de  torte  ou  torta,  ne  me  semble  pas 
être  à  l'abri  de  toute  objection.  Il  doit,  en 
tout  cas,  j  avoir  eu,  pour  opérer  ce  change- 
ment de  o  en  a  (que  Ton  rencontre  du  reste 
encore  dans  prov.  tartuga  p.  tortuga,  fr.  tor- 
tue), l'influence  de  quelque  autre  mot  de  fac- 
ture et  de  signification  similaires.  L'it.  a 
p.  tarte  aussi  la  forme  tartara,  et  le  BL.  la 
forme  tartra.  La  tarte,  c'est  un  point  à  noter, 
implique  plutôt  l'idée  d'un  gâteau  plat  qu& 
d'une  pàti.sserie  montante,  à  forme  contordue. 
Vossius  pensait  au  L.  tracta,  pièce  de  pâtis- 
serie allongée;  sa  conjecture  n'est  pas  à 
dédaigner;  tracta,  tarcta,  tarta  est  une  filia- 
tion régulière  et  admissible.  —  D.  tartelette, 
tartine, 

TARTRE,  prov.  tartari,  it.,esp.,  port.tor- 
taro,  BL.  tartarum;  la  pierre  de  vin  a  été 
ainsi  nommée,  d'après  Paracelse,  •  parce 
qu'elle  brûle  le  malade,  comme  l'enfer  (T4p- 
Taooî)  ».  —  D.  tartarique,  tartrique, 

TARTUFE;  la  valeur  actuelle  de  ce  mot  se 
rattache  au  héros  de  la  célèbre  comédie  de 
Molière.  Quant  à  la  question,  fort  débattue, 
des  sources  d'où  Molière  a  tiré  le  nom  de  son 
personnage,  nous  n'avons  pas  à  la  traiter  ici. 
Cependant,  nous  signalons  à  nos  lecteurs  deux 
notices  qui  peuvent  les  initier  aux  éléments 
de  cette  controverse  :  l'une,  celle  de  M.  Des- 
barreaux-Bernard,  a  été  insérée  dans  le  Bul- 
letin du  Bibliophile,  publié  par  Techener, 
année  1859,  p.  24;  l'autre  est  de  M.  Géninet 
figure  dans  ses  Récréations  philologiques,  1. 1, 
p.  "293  et  suiv.  Nous  extrayons  de  la  dernière 
ces  quelques  lignes,  qui  en  forment  pour  ainsi 
dire  la  substance  :  «  Molière  n'a  pas  inventé 
le  mot  Tartufe,  il  l'a  pris  tout  fait  dans  la 
langue  italienne  vulgaire,  où  il  s'employait 
déjà  comme  épithète,  non  pas,  il  est. vrai,  dans 
l'acception  d'hypocrite  que  le  chef-d'œuvre  de 
Molière  lui  a  imprimée  irrévocablement,  mais 
avec  un  sens  métaphorique  voisin  de  celui-là.  » 
Nous  retrouverons  le  vocable  en  question  eu 
traitant  du  mot  truffe.  —  D.  tartuferie, 

1.  TAS,  amas,  prov.  tats,deYsigs.,  angl. 
tass,  néerl.  tas,  amas  de  blé;  cp.  gaél.  dais, 
cymr.  dds,  —  D.  tasser,  entasser,  détasser, 

2.  TAS,  enclume  portative;  il  se  pourrait 
que  tas  fût  le  L.  taxus,  primitif  inusité  de 
taanllus  (petit  bloc,  petit  cube),  qui  a  donné 
tasseau,  sinon  le  subst.  verbal  de  vfr.  tasser, 
battre  à  plat,  que  je  présuppose  avoir  existé 
d'après  Fane,  subst.  tas,  coup  plat  (voy.  ma 
note  Baudouin  de  Condé,  p.  406) 

TASSE,  prov.  tassa,  esp.  taza,  port,  taça, 
it.  tazza;  de  l'arabe  tassah,  bassin,  coupe  (du 
verbe  tassa,  tremper). 

TASSEAU,  tasseV,  it.  tasselo,  du  L.  taxil- 
lus  (voy.  tas  2). 

TASSBTTB,  dim.  du  BL.  tascia,  tassia, 
formes  variantes  de  tasca,  pera,  sacculus 
(=  ail.  tascheî). 

TÂTER,  Utster,  BL.  et  it.  tastare,  prov. 
tastar,  ail.  tasten,  angl.  taste.  Ce  verbe  roman 
représente  le  fréquentatif  du  L.  taxare  {Auhi- 


gelle  :  taxare  pressius  crebriusque  est  quam 
tangere).  Tastare  est  donc  une  forme  contrac- 
tée de  taxitare.  Au  fig,,  tûter,  toucher,  est 
devenu  synonyme  d'éprouver,  essayer.  — D.  à 
tâtons  (cp.  à  reculons)^  tâtonner  (mot  très 
ancien  dans  la  langue);  tatillonner,d!oix  tatil- 
lon (popul.  tatouillon), 

TATOU,  it.  tatusa,  esp.  fo/o;  mot  brésilien. 

TATOUER,  angl.  tattoo,  ail.  tâttowiren; 
mot  d'origine  polynésienne  ;  dans  l'ile  d'Ota- 
hiti,  tatatï  signifie  marque,  signe,  écriture. 

TAUBE,  banne  de  toile  étendue  par-dessus 
des  marchandises;  du  nord,  tjald,  tente 
(ts  angl.  tilt),  ou,  ce  qui  parait  plus  naturel, 
directement  du  v.  flam.  telde  (l'ail,  zelt).  De 
là  vfr.  taudir,  couvrir,  abriter,  et  taudis, 
butte,  refuge,  plus  tard  logement  misérable. 

TAUDIS,  voy.  taude,  —  D.  dim.  taudion, 

TAUPE,  L.  talpa,  —  D.  taupier,  taupière, 
taupinée,  taupinière, 

TAUR*  ou  tor*  (fém.  taure),  L.  taurus.  — 
D.  taureV  taureau,  d'où  taurillon, 

TAUREAU,  voy.  l'art,  préc. 

TAUTOLOGIE,  gr.  rsuro^oyfa,  subst.  de 
rxuT9)ov'»f  =>  •*  qui  dit  la  même  chose  ». 

TAUX  est  considéré  par  Diez  comme  la 
forme  nominative  du  vfr.  tail,  masc.  de  taille 
(cp.  it  taglio,  impôt),  et  l'anc.  verbe  tau^ser 
comme  le  dérivé  de  taux.  Cela  me  semble  peu 
probable  ;  l'emploi  de  la  finale  nominative  s 
pour  la  dérivation  est  insolite  ;  je  ne  connais 
que  le  verbe  foncer  (de  fond,  nomin.  fons), 
qui  présente  ce  phénomène,  mais  ce  mot  ne 
remonte  qu'au  xv«  siècle.  —  Taux,  loin 
d'avoir  produit  le  verbe  vfr.  tousser,  en  est  le 
dérivé,  et  quant  à  tausser,  il  représente 
L.  taxare.  —  Dès  1861,  javais  écrit  :  «  Taux 
est  le  subst.  verbal  masc.  de  taxare;  la  forme 
fém.  du  même  mot  est  taxe,  it.  tassa  ».  En 
1869,  Littré  a  imprimé  :  «  Taux  est  le  masc. 
de  taxe  ».  En  1872,  où  parut  ma  deuxième 
édition,  je  m'exprime  ainsi  :  «  Taïuc  est  le 
subst.  verbal  de  tausser  ».  J'ai  donc  été  sur- 
pris de  lire,  en  1882,  dans  un  article  consa- 
cré à  notre  mot  par  M.  Fœrster,  dans  GrOb. 
Ztschr.,  Vf,  1 10,  que  Scheler  s'est  placé  •♦  sur 
les  épaules  do  Littré  »  en  considérant  taux 
comme  un  masc.  de  taxe.  —  Quant  à  la  forme 
tausser  «=  taxer,  elle  a  sa  raison,  selon  Fœr- 
ster (voy.  aussi  Ztschr.,  U,  166,  note), dans  la 
règle  de  phonétique,  d'après  laquelle  lat.  ac 
devant  consonne  devient  au  ;  donc  tacsare  = 
fr.  tausser,  —  En  justifiant  la  forme  tausser 
relativement  à  taxer,  je  me  suis  prévalu  dans 
ma  dernière  éd.  des  mots  épaule,  fantôme, 
orteil  (j'ai  lâché  les  deux  derniers  dans  mon 
Appendice  à  la  quatrième  éd.  de  Diez),  et  en 
cela,  le  successeur  de  Diez  a  raison  de  me 
blâmer.  J'aurais  mieux  fait,  pour  le  change- 
ment de  ac  (devant  cons.)  en  au,  d'alléguer 
*austour  autour  (iat.  'acceptorem)  on  'saume, 
somme  (lat.  sagma)  ou  d'autres  encore,  si 
toutefois  le  changement  en  question  doit,  pour 
le  français,  être  porté  dans  les  principes  pho- 
nologiques rigoureux.  —  Il  est  utile  de  rappe- 
ler ici  que  lat.  taxare  s'est  francisé,  l<>  par 
*tausscr,  doù  taux;  29  par  tâcher  (par  le 


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TEM 


—  486  — 


TEN 


type  tascare);  3®  par  taaer  (forme  savante), 
d'où  tciœe. 

TÂYSIiSR,  mouclieter,  tacheter,  du  vfr. 
tavelé  *=>  L.  tabdla,  échiquier.  —  D.  tave^ 
lure. 

TÂVSRNE,  L.  tabema.  —  D.  tar>emier^ 
BL.  tabernarius  (voy.  Quicherat,  Addenda). 

TAXER,  L.  taxare^  1 .  blâmer,  censurer,  2. 
estimer,  évaluer.  —  D.  taxe,  taxateur,  -atùm, 
—  Voy.  aussi  taux, 

TB,  TOI,  du  L.  te,  —  Toi  est  la  forme  toni- 
que régulièrement  issue  du  lat.  te;  te,  par 
contre,  est  la  forme  atone  et  proclitique  ;  il  en 
est  de  même  de  me  et  se  relativement  à  moi  et 
soi,  et  de  que  interrogatif  (L.  quid)  relative- 
ment àjMOt. 

TECHNIQUE,  gr.  rty^iytéi.  de  ré^vi;,  art, 
d'où  aussi  le  cps.  gr.  rtyyoU/lKf  fr.  technolo- 
gie, science  qui  traite  des  arts  et  métieis. 

TE  DEUM,  cantique  d'actions  de  grftces, 
nommé  ainsi  d'après  les  paroles  initiales  : 
«   Te  Deum  laudamus  »,  nous  te  louons. 

Dieu.       

TÉGUMENT,  L.  tegumentum,  couverture. 
TEIGNE  f autr.  aussi  tigne),  mite,  vermine, 
it.  tigna,  prov.  teina,  du  L.  tinea.  Le  nom  de 
l'insecte  s'est  transporté  à  une  sorte  de  gale 
qui  vient  à  la  tète,  signification  secondaire 
déjà  propre  au  L.  tinea,  dans  Fortunat.  — ; 
D.  teigneux,  L.  tineosus.  Les  mots  teignasse 
ou  tignasse f  mauvaise  perruque,  et  tignon, 
coifiure  du  derrière  de  la  tête,  chignon,  sont- 
ils  de  la  même  famille?  Nous  n oserions 
l'affirmer,  bien  que  Bescherelle  ajoute  à  sa 
définition  de  teignasse  :  coiffe  enduite  d'un 
onguent  contre  les  teignes  (voy.  aussi  ii- 
gnasse), 

TEILLE,  TEILLEB,  voy.  Hlle  1. 
TEINDBE,  it.  tignere,  esp.  tenir,  du  L. 
tingere,  —  D.  subst.  part.  :  1.  masc.  teint, 
2.  fém.  teinte;  teinture,  L.  tinctura. 

TEINTE,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  teinter, 
teinté, 

TEINTUBE,  voy.  teindre,  —  D.  teinturier, 
d'où  teinturerie;  on  disait  jadis  aussi  teindeur 
et  teinteur. 
TEL,  L.  talis, 

TiLiGRAMME,  se  rappoHe  à  télégraphe, 
comme  gr.  ypà/nfi»,  écrit,  à  ypàfOi,  qui  écrit. 
TiLÉGRAPHE,  mot  moderne  fait  sur  un 
type  imaginaire  ti/iU-ypoifOi,  pr.  qui  écrit  à 
distance,  —  D.  télégraphie,  d'où  télégraphier, 
-ique^  'iste, 

TÉLÉPHONE,  d'un  type  gr.  <n}>i-f«ivo<  ^ 
qui  parle  loin. 

TÉLESCOPE,  grec  rvj^é-noTros,  litt.  qui  voit 
loin. 

TÉMÉRAIRE,  L.  temerarius;  TéHÉRiTé,  L. 
temeritcttem . 

TÉMOIN,  vfr.  tesmoing,  du  L.  testimonium, 
témoignage,  preuve  ;  en  BL.,  le  mot  a  pris  le 
sens  concret  de  testis  (cp.  le  mot  record),  — 
D.  tesmoignier"  témoigner,  d'où  subst.  témoi- 
gnage, 

TEMPE,  anc.  temple,  prov.  templa,  it. 
tempûi,  du  plur.  neutre  L.  tempora,  les 
tempes  (r  changé  régul.  en  Q. 


TEMPÉRER,  vfr.  temprer,  du  L.  tempe- 
rare,  mélanger  convenablement,  modérer.  — 
D.  tempérant,  L.  temperans;  tempérance,  L. 
temperantia;  tempérament,  L.  temperamen- 
tum,  «a  combinaison  proportionnelle  de  qua- 
lités diverses,  juste  mesure;  température,  L. 
temperatura,  pr.  juste  proportion,  constitu- 
tion régulière,  puis,  par  extension,  état  acci- 
dentel, spéc.  état  sensible  de  l'air.  —  La  trans- 
position de  la  liquide  dans  le  verbe  roman 
temprare  (p.  temperare)  a  produit  la  forme 
tremper,  prov.  trempar,  cp.  en  latin  les  loc. 
temperare  ces,  vinum,  tremper  le  cuivre,  le 
vin. 

TEMPESTIF*,  L.  tempestivus  (tempus),  qui 
vient  en  son  temps  ;  intempestif,  L.  intem- 
pestivus. 

TEMPÊTE,  L.  tempesta,  p.  tempestas.  — 
D.  tempêter,  tempétueux,  L.  tempestuosus. 
TEMPLE,  L.  templum,  —  D.  templier, 
TEMPORAIRE,  L.  temporarius. 
TEMPORAL,  relatif  aux  tempes,  L.  tempo- 
ralis  (du  L.  tempora,  tempes). 

TEMPOREL,  relatif  au  temps,  L.  tempo- 
ralis  (de  L.  tempus,  -oris,  temps). 

TEMPORISER,  it.  temporeggiare ,  dérivé 
roman  de  tempus,  -oris,  pr.  gagner  du  temps, 
hésiter. 

TEMPS,  vfr.  tans,  tens  (formes  survivant 
dans  le  terme  de  granunaire  anglaise  tense), 
du  L.  tempus  (it.  tempo),  Vs  final  est  un  reste 
de  l'ancien  nominatif  latin,  comme  dans  corps, 
fils  et  autres. 

TENACE.  L.  tenacem  (tenere);  TÉNAaTÂ, 
L.  tenacitatem, 

TENAILLE,  prov.  tenalha,  it.  tanaglia,  du 
L.  tenaculum  (ou  plutôt  d'un  fém.  tenaeuia), 
instrument  pour  t«nir.  —  D.  tenailler^  tenait- 
Ion, 

TENANCIER»  de  tenance\  dér.  de  tenant, 
voy,  tenir, 

TENDER,  mot  anglais,  de  to  tend  (p.  attend), 
être  de  service. 
TENDON,  voy.  l'art,  suiv. 

1.  TENDRE,  verbe,  L.  tendere,  1.  tendre, 
déployer,  tirer,  2.  se  diriger  vers  (l'ail,  zie- 
hen  réunit  également  ces  deux  acceptions). 
—  D.  part.  prés,  et  a^j.  tendant,  d'où  ten- 
dance, tendeur,  -erie,  tendon,  extrémité  du 
muscle,  it.  tendine,  fait  d'après  un  type  L. 
tendo,  gén.  tendonis  ou  tendinis  (cp.  en  ail. 
sehnen,  tendre  vers,  et  sehne,  tendon).  —  Du 
participe  tentus,  tendu,  vient  le  BL.  tenta, 
fr.  tente,  cp.  L.  tentorium.  Les  formes  it., 
port.,  prov.  teruia,  esp.  tienda,  "=-  tente,  re- 
présentent des  subst.  verb.  radicaux  détendre 
(cp.  esp.  prenda,  gage,  prise,  de  prender^ 
prendre).  Autre  dérivé  du  part,  tentus  :  subst. 
tenture,  Voy.  aussi  tancer,  —  Au  parti- 
cipe L.  tensus  ressortissent  le  BL.  tensa,  tesa, 
pr.  étendue,  largeur  des  bras  étendus,  d'où  it. 
tesa,  vfr.  ieise,  nfr.  toise  (cp.  mois  de  mensis, 
pois*  (auj.  poids)  àe  pensum), 

2.  TENDRE,  a^j.,  L.  tener,  teneri,  —  D. 
tendresse  et  tendreté  {L,  teneritatem)  ;  tendre- 
let,  tendron;  verbe  (wctîûf  attendrir. 


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TER 


—  487  — 


TER 


TENANT,  voy.  tenir.  —  D.  tenance*,  fief, 
possession,  d'où  tenancier. 

TÉNÈBRES,  L.  tenebrœ.  —  D.  ténébreux, 
L.  tenebrosus. 

TÉNEMENT,  dér.  de  tenir,  BL.  tenemen- 
tum  (id  quod  quisab  aliquo  tenet;. 

TÉNESME,  L.  tenesmus,  gr.  rctvi7/«o; 
(ticv«),  pr.  tension. 

TENEUR,  stibst.  féminin,  continuité,  snite, 
enchaînement  de  paroles,  du  L.  tenorem 
(masc),  m.  s.  Comme  terme  de  plain-chant, 
L.  ténor  a  pris  le  sens  de  «  action  de  tenir 
la  note  dominante  «*,  puis  celui  de  taille  dans 
son  acception  musicale,  de  là  it.  tenore,  fr. 
ténor ,  taille,  spécialement  haute-taille. 

TÉNIA,  L.  tœnia  (rxivfx),  pr.  bandelette. 

TENIR,  L.  tenere.  —  D.  tenable;  masc. 
teneur t  qui  tient;  tenant,  1.  qui  tient  contre 
ou  pour,  2.  qui  tient  une  terre  d'un  autre, 
vassal,  3.  =«  attenant,  4.  continuité;  tène-^ 
ment,  tenure;  tenue,  action  de  tenir  ou  de  se 
tenir,  puis  spéc.  manière  dont  les  troupes 
sont  vêtues  ou  entretenues,  uniforme  ;  tenailles 
(v.  c.  m.);  en  chirurgie  tenettes  (cp.  pincettes), 
tenon  (v.  c.  m.). 

TENON  est  généralement  considéré  comme 
un  dér.  de  tenir  ;  les  divers  applications  du 
mot,  cependant,  me  font  plutôt  y  soupçonner 
un  dér.  du  néerl.  tinne,  angl.  tine,  extrémité 
pointue,  dent. 

TÉNOR,  voy.  teneur,  —  D.  ténorisant. 

TENSION,  L.  tensionem  (tendere).  Le  même 
primitif  a  donné  aussi  tenson  tençon,  prov. 
tenso,  it.  tenzone,  querelle,  puis  dispute  entre 
poètes,  sorte  de  poésie.  Voy.  aussi  l'art,  tan- 
cer. 

TENSON,  voy.  tension. 

TENTE,  voy.  tendre  1 .  —  Au  sens  chirur- 
gical de  sonde,  le  mot  est  le  subst.  verbal  de 
tenter,  tâter. 

TENTER,  L.  tentare  (fréq.  de  tendere).  — 
D.  tentation,  -ateur.  L.  tentationem,  -atorem; 
tentatif,  L.  tentativus,  d'où  subst.  tentcUive; 
tentacule,  L.  mod.  tentaculum;  tente,  sonde. 

TENTURE,  YOj.  tendre,  1. 

TÉNU,  vfr.  ienve,  du  L.  tenuis.  —  D.  té- 
nuité, L.  tenuitatem. 

TÉORBE,  esp.  de  luth,  de  l'it  tiorba. 

TERGER  ou  TERSER,  TIERCER,  du  L.  ter- 
tiare,  m.  s.  (de  tertius,  troisième). 

TERCET,  de  Ht  terzetto  (de  terzo,  troi- 
sième); cp  terzina. 

TÉREBINTHE,  L.  terebinthus,  gr.  rsoi- 
€iv&oç.  —  l).  térébenthine. 

TÉRÉBRÂNT,  -ÂTION,  du  L.  terebrare, 
perforer. 

TERGIVERSER,  L.  tergiversari,  pr.  tour- 
ner le  dos.  —  D.  tergiversation^  -ateur. 

TERME,  L.  terminus  (cp.  lame  de  lamina), 
borne,  limite,  fin;  au  moyen  âge  =  ratio, 
modus,  d'où  Tacception  moderne  «  le  mot,  en 
tant  qu'il  détermine,  ou  pris  dans  un  sens 
déterminé  ».  —  D.  atermoyer.  Mot  savant  : 
terminologie,  explication  des  termes. 

TERMINAL,  L.  termina/w  (terminus). 

TERMINER,  L. «erminarô (terminus).  —D. 
terminaison,  -able. 


TERNAIRE.  L,  temarius  (terni). 

1.  TERNE,  adj.,  sans  éclat,  d'où  le  verbe 
ternir,  angl.  tarnish;  selon  Diez,  du  vha. 
tarni,  voilé,  verbe  tamjan,  voiler,  obscurcir. 
L'étymologieL.  terrenire(deterrenus),  enduire 
déterre,  mise  en  avant  par  Ménage,  est  dénuée 
de  fondement.  —  Si  l'étym.  de  Diez  ne  satisfai- 
sait pas,  j'en  tiens  une  autre  en  réserve,  savoir 
lat.  teter,  sombre,  obscur,  d'où  tetrinus  (je 
trouve  dans  les  vieux  gloss.  tetricus),  d'où  fr. 
terne;  cp.  vernir  de  titrinire  (par  Tadj.  viiri' 
nus  de  vitrum).  —  Bugge  /Rom.,  IV,  366,» 
favorise  mon  étymon  *  tetrinus  et  allègue, 
pour  le  sens,  it.  tetro^  ténébreux,  esp.  tetro^ 
noir,  sombre. 

2.  TERNE,  réunion  de  trois  nombres,  L. 
ternus, 

TEIUnR,  voy.  terne. —  D.  ternissure. 
TERRAIN,  voy.  terrein. 
TERRASSE,  BL.  terracea,  levée  de  terre, 
—  D.  terrassier;  verbe  terrasser. 

1.  TERRASSER»  faire  des  levées  de  terre, 
de  terrasse.  —  D.  terrassement. 

2.  TERRASSER,  jeter  par  terre,  abattre,  de 
terre  au  moyen  de  la  terminaison  péjorative 
cuser  (cp.  fricasser^  rêvasser). 

TERRE,  L.  terra. —  D.  terrage,  redevance 
sur  les  fruits  de  la  terre  ;  terrasse  (v.  c.  m.); 
terreau,  terrein  \y.  c.  m.);  terrestre,  L.  ter- 
restris;  terreux,  L  t^rrosus;  terrien,  qui 
possède  des  terres,  aussi  =  terrestre  ;  terrier 
(V.  c.  m.);  terrine,  vase  de  teri-e  ;  territoire, 
L.  terri toriu m,  d'où  par  syncope  terroir  (terre 
considérée  par  rapporta lagriculturej;  verbes 
terrer,  couvrir  de  terre,  et  terrir,  prendre 
terre. 

TERREAU,  de  terre,  —  D.  terreauder  ou 
terreauter. 

TERREIN  (l'orthographe  terrain  est  fau- 
tive, car  elle  pèche  contre  l'étymologie),  it. 
terreno,  du  L.  terrenu^,  adj.  de  terra. 

TERRE-PLEIN,  AQterre-\-plain  (L.  planus). 
L'origine  du  mot  réclame  l'orthogr.  terre- 
plain  (cp.  de  plain-pied).  Cependant  l'it.  ter- 
rapieno  montre  qu'on  s'est  expliqué  le  mot 
par  «  bastione  ripieno  di  terra  »  (de  terre 
plein). 

TERRER,  voy  terre.  —  Cps.  enterrer,  dé- 
terrer. 

TERRESTRE,  L.  terrestris  (terra). 

TERREUR,  L.  terrorem,  d'où  les  néolo- 
gismes  terroriser,  -isme,  -iste, 

TERRIBLE,  L.  terribilis  (|errere). 

TERRIEN,  voy.  terre, 

TERRIER,  d'un  type  latin  terrarius  rterra). 
Signifie  :  1 .  relatif  aux  terres  («  papierterrier  *» 
ou  terrier  tout  court)  ;  2.  trou  dans  la  terre  ; 
3.  esp.  de  chien  basset,  fouissant  la  terre. 

TERRIFIER,  L.  terrificare  (Vir^We). 

TERRINE,  voy.  terre,  —  D   terrinéc. 

TERRIR,  voy.  terre,  —  Cps.  atterrir. 

TERRITOIRE,  voy.  terre.  —  D.  territo- 
rial, L.  territorialis. 

TERROIR,  voy.  terre. 

TERSER,  voy.  tercer. 

TERTIAniE,  L.  tertiarius  (tertius). 

TERTRE,  vfr.   aussi  teltre^  prov.  tertre. 


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TET 


—  488  — 


THY 


Etienne  dérivait  co  mot  du  gr.  rip^pov^ 
sommité  d'une  chose;  Diez,  revendiquant  le 
mot  à  l'élément  latin,  l'explique  par  terrœ 
tonis^  élévation  de  terre;  pour  la  négligence 
de  l'accent,  placé  sur  la  syllabe  to,  et  l'élision 
de  la  voyelle  accentuée,  il  rappelle  le  mot 
trèfle  de  trifolium.  Ce  qui  vient  à  l'appui  de 
l'étymologie  de  Diez,  c'est  le  termegr.y^Aoç)^;, 
qui  signifie  la  même  chose  et  qui  est  formé 
de  la  même  manière.  —  Je  trouve  dans  Frois- 
sart  plusieurs  fois  terne  =  tertre;  ce  mot  peut 
s'expliquer  soit  par  un  type  terrimis  (  i  bi'ef;, 
contracté  en  tei'niis^  ou  par  la  mutation 
de  terte  en  teme^  analogue  à  celle  de  ordière 
en  ornière.  Les  dial.  wallons  ont  aussi  teme^ 
tieme,  lièiie,  à  Liège  tiérf 

TES.  voy.  mes. 

TESSON,  débris  de  poterie,  est  p.  teston, 
dér.  de  test,  têt  (v.  c.  m.). 

TEST,  voy.  têt. 

TESTACE,  L.  testaceus  (testa). 

TESTAMENT.  L.  testamentum  (testarij.— 
D.  testamentaire, 

TESTER,  L.  testari.,  déclarer  ses  dernières 
volontés.  —  D.  testateur .^  L.  testatorem. 

TESTICULE,  L.  testiculus  (t«stis),  dont  le 
prov.  a  régulièrement  fait  Ustil.  L'étymologie 
testis  est  ainsi  expliquée  par  l'Elucidarius  : 
-  quar  so  testimoniquehom  es  mascle  e  pode- 
ros  de  generar  ». 

TESTIMONIAL,  L.  testimoniaJis  (testimo- 
nium). 

TESTON.  monnaie,  ainsi  nommée  à  cause 
de  la  teste  du  roi  qui  y  est  gravée,  it.  testone. 

TESTONNER,  peigner  les  cheveux,  de  testoii 
=  tfite  ;  donc  pr.  arranger  la  tête. 

TET,  TEST  (d'où  tesson,  v.  c.  m.),  du  L. 
testum^  couvercle  en  terre  cuite,  pr.  objet 
creux,  rebombé.  Le  sens  s'est  spécialisé  en 
celui  de  fragment  de  poterie.  Anciennement 
test  signifiait  crâne  (cp.  it.  teschio^  d'un  type 
testuhis).  —  D.  testacé,  L.  testaceus. 

TETANOS,  mot  grec  signifiant  tension. 

TETARD,  voy.  l'art,  suiv. 

TETE,  teste*,  du  L.  testa,  pr.  vase  de  terre 
cuite,  fragment  de  poterie,  puis  fig.  =  crâne. 
Le  mot  burlesque  et  populaii-e  a  fini  par  se 
substituer  au  mot  propre  caput(d*oii  fv.chef). 
Dans  le  principe,  testa  se  rapportait  à  caput, 
comme  auj.  caboche,  boule  et  autres  expres- 
sions semblables  se  rapportent  à  tête.  —  D. 
têtard,  1.  le  petit  de  la  grenouille,  2.  chabot 
(mot  qui  vient  de  cap  comme  têtard  de  tête); 
têtière,  têtu,  entêté.  —  Il  est  intéressant  de 
noter  que  la  notion  première  du  sanscrit 
kapâlas,  tête  (d'où  gr.  xio«i>î)  est  également 
celle  d'écale,  têt. 

TETER,    tBTIN,   TETINE,  TETON,  voy. 

tette.  ^ 

TETRA  — ,  élément  initial  de  composition, 
annonçant  que  la  chose  exprimée  par  le  sim- 
ple est  au  nombre  de  quatre;  du  gr.  Tkrp^, 
p.  TîTopt  =  rkrrapx,  quatre.  Ex.  tétracordt\  à 
4  cordes  (xo>^o;);fé?^ra6Wre.  à  4  bases  rie», 
t^ragone,  à  4  angles  (y«vf«)  ' 

TETTE.  it.  tetta,  gitta,  esp.,  prov.  teta; 
d  origine  germanique  :ags.  tite,  angl.  teat. 


ni.  tel,  bas-ail.  titte,  ail  mod.  zitze.  Cp.  le 
gr.  t/t9vj,  m.  s.  —  D.  subst.  Utin,  tctinc, 
tcton.,  verbe  teter. 

TEXTE.  L.  textus  ftexere),  pr.  tissu,  puis 
fig.  suite  ou  enchaînement  d'idées,  et  suite  de 
mots.  —  D.  textuaire^  textuel, 

TEXTILE.  L.  textilis  (de  texere,  tisser).      • 

TEXTURE,  L.  textura  (texere);  c'est  la 
forme  savante  du  mot  ordinaire  tissure. 

THAUMATURGE,  gr.  ^xuuaTOjpyôi,  faiseur 
de  miracles. 

THÉ,  it.  tè,  esp.  tê,  angl.  tea,  ail.  thee,  du 
chinois  tschà,  (dialectes  tha,  the).  La  forme 
tscha  a  donné  le  russe  tschai^  et  les  formes  it. 
cià,  esp.  cha.  —  D.  théière, 

THÉÂTRE.  L.  theatrum,  du  gr.  ^mt^îv  (de 
àtx'jOyi)^  voir(cp.  h.  spectaculum  despectare). 

—  D.  théâtral.  —  Le  circonflexe  est  arbi- 
traire. 

THÉISME.  THÉISTE,  mots  savants  faits  du 
grec  &îo-',  comme  déisme,  déiste  ont  été  faits 
du  L.  deus, 

THÈME,  gr.  &«.««,  sujet  posé  (de  3i«,  HSîî.ui, 
je  pose).  Autre  dérivé  de  âsw  :  subst.  &îîi;, 
action  de  poser,  d'où  L.  thesis,  fr.  thèse. 

THÉOCRATIE,  gr.  ^lo^prrir,  pr.  gouverne- 
ment de  Dieu  (par  l'organe  de  ses  ministres). 

THÉOBICÉE.  mot  scientifique  créé  par 
Leibnitz,  et  formé  de  ^lôc.  Dieu,  et  5u«9?, 
juste,  la  théodicée  traitant  de  la  justiœ  de 
Dieu. 

THÉOCrONIE,  gr.  âwyovfa.  génération  des 
dieux.^ 

THÉOLOGIE,  gr.  ^îo)©-/»,  science  de  Dieu. 

THÉORÈME,  voy.  théorie, 

THÉORIE,  gr.  &««p{a  (de  ^sw/sûv,  voir,  exa- 
miner), spéculation,  science  ;  de  là  théorique^ 
^ttapuo;,  et  théorétique„  ^itaprirtxôi.  —  Théo- 
rème, gv,  &î«i>pvj;*«,  objet  de  Texamen,  propo- 
sition établie  par  la  science. 

THÉRAPEUTIQUE,  gr.  ^ipa-Ktunri,  s.  e. 
riyvrj,  branche  de  la  science  médicale  qui  a 
pour  objet  le  traitement  des  maladies;  de 
^zoamùuv,  servir,  soigner,  guérir. 

THÉRIAQUE.  vfr.  triacl€,'h.  theriaca^dn 
grec  &>ï^i«/.à,  s.  e  fipiAxr.x^  remèdes  contre  les 
morsures  d'animaux  (&<j5(o»,  animal).  Voy. 
aussi  triacleur. 

THERMES,  L.  thermœ,  s.  e.  aqua,  gr. 
^tpfi.it,  s.  e.  wôara,  eaux  chaudes,  bain  chaud. 

—  D.  thermal. 

THERMOMÈTRE,  litt.  mesureur  (ciirp^ç)  de 
la  chaleur  {^îpixôi), 

THÉSAURISER,  BL.  th^aurizare,  d'après 
le  gr.  a*jîau/5t^5iv,  m.  s.  (de  dii^xupô;,  L.  thé- 
saurus, fr.  trésor). 

THÈSE,  voy.  thème. 

THON,  it.  toniio,  ail.  thunfisch,  angl 
tunny,  du  L.  thunnus,  gr.  aûwoi. 

THORAX,  gr.  &«o«Ç.  tronc,  buste,  puis  poi- 
trine, estomac.  — D.  thorachique [m&Atho- 
raciquc). 

THURIFÉRAIRE.  L.  thuriferaHus\  pr. 
porteur  d'encens  (thus,  thuHs). 

THUYA,  L.  thya  ou  thyia,  gr.  3^w«. 
THYM,  L.  thymum,  gr.  aû/*ov. 


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TIL 


—  489  — 


TIM 


THYRSB,  L.  thyrsus  pV^^oO. 

TIARE,  L.  tiara,  gr.  nica. 

TIBIA,  mot  latin,  régulièrement  francisé 
sous  la  forme  tige,  —  D.  tibial,  L.  tibialis. 

TIC.  it.  ticchiOy  mouvement  convulsif.  On 
tient  généralement  ce  mot  pour  une  onoma- 
topée, comme  tic-tac,  mais  il  me  fait  l'effet  d'ap- 
partenir à  la  même  famille  que  ail.  :tucken, 
bas-saxon  tucfieit,  angl.  tug,  ainsi  que  l'ail. 
secken  (provincialisme),  qui  sont  des  formes 
renforcées  de  ziehen  {siegen),  ags.  teogan, 
tirer,  tirailler.  Cp.  spasme  de  aitx-uv,  tirer.  — 
Diez  incline  à  voir  dansit.  ticcliio,  tic,  caprice, 
bizarrerie,  le  vha.  siki,  chevrcuu,  en  rappro- 
chant capriccio,  caprice,  qui  vient  de  capra, 
chèvre.  —  D.  tiquer. 

TIÈDE,  du  L.  tepidiis  (par  tep*dns).  —  Le 
prov.  tebe,  vfr.  tève  (esp.  tibio),  sont  produits 
par  le  rejet  du  suffixe  idus,  comme  paie,  rance 
(v.  c.  m.).  —  I^s  dialectes  wallons  ont 
té)ie^  tiène.  —  D.  tiédeur^  tiédir,  attiédir. 

TIEN,  voy  mien. 

TIERCELET,  voy.  tiers,  —  Le  nom  de  cet 
animal,  comme  c'est  le  cas  pour  plusieurs 
autres  noms  d'armes,  a  donné  l'it.  terzeruolo, 
pistolet  de  poche,  ail.  terzerol. 

TIERCER,  voy.  tiers. 

TIERS,  fém.  tierce,  L.  ^er^iM*.  — D.subst. 
tierce  (terme  de  musique)  ;  tiercer  (en  termes 
d'agriculture  aussi  tercer,  terser),  L.  tertiare; 
tiercelet,  dimin.  de  l'it.  terzuolo,  esp.  tor- 
zxtelo,  port,  tresô,  prov.  ter  sol,  vfr.  terciol, 
angl.  tiercel,  tarsel  et  tassel,  qui  viennent  du 
BL.  tertiohis,  accipitris  species  minor,  ou 
plutôt  le  mâle  de  l'autour,  ainsi  nommé,  selon 
les  uns,  parce  qu'il  est  d'un  tiers  plus  petit 
que  la  femelle,  selon  d'autres,  parce  que  le 
troisième  de  la  nichée  se  trouve  toujours  être 
un  mâle. 

TIGE,  régulièrement  tiré  du  L.  ^i^ia,  jambe. 

—  D.  tigette. 

TIGNASSE,  TIGNON,  voy.  teigne.  —  Ces 
mots  ne  tiendraient-ils  pas  au  prov.  tcnher, 
teindre,  subst.  tenh,  couleur,  fard,  avec  le 
sens  primordial  de  cheveux  teints,  faux  che- 
veux ? 

TIGRE,  fém.  tigresse,  L,  tigris,  gr.  rf/pi,-. 

—  D.  tigrer. 

TIL,  tilleul,  forme  masc.  àe  tille  {y,  c.  m.), 
correspondant  à  l'it.  tiglio. 

TILBURT,  mot  anglais  :  le  nom  du  carros- 
sier qui  inventa  cette  espèce  de  cabriolet. 

TILDE,  t.  de  gramm.  Voy.  titre. 

TITiLAO,  du  nord,  thilia,  suéd.  tilja.  ags. 
thille,  vha.  dili  (ail.  mod.  diele),  lambrissure, 
parquet  (cp.  vha.  thil,  ima  pars  navis).  Mais 
comment  se  rendre  compte,  demande  Diez. 
l'auteur  de  cette  étymologie,  du  suffixe  acf 
Serait-il  l'effet  d'une  assimilation  au  mot  BL. 
astracum  =  pavimentum  domus?  Pour  ma 
part,  me  rencontrant  sur  ce  point  avec  Mé- 
nage, j'avais  imaginé  un  type  tegulacum  (do 
te^ere),  séduit  par  l'analogie  de  l'ail,  verdeck 
(de  decken,  couvrir),  mais  j'avoue  que  ce  type 
est  quelque  peu  forcé.  On  peut,  du  reste,  éta- 
blir aussi  que  tillac  est  issu  de  tUh,  qui  existe 
également  comme  terme  de  marine  désignant 


une  portion  du  tillac.  L'étymologie  tegula 
(tigla)  pourrait  être  appuyée  du  dïm.tillette, 
([uï  signifie  petite  ardoise,  et  dont  l'origine  du 
L.  tegula  (cp.  champ,  teille^  ags.  tigel,  angl. 
tile)  ne  parait  pas  contestable.  —  L'esp.  tillà, 
port,  tilha,  tillac,  sont  empruntés  du  fran- 
çais. 

1 .  TILLE,  anc.  telle,  teille;  ce  mot  signifiait 
d'abord  tilleul  (cp.  angl.  teiV-frc^);  auj.  il  ne 
s'applique  plus  qu  à  la  peau  fine  et  déliée 
entre  l'écorce  et  le  bois  du  tilleul  ;  puis,  par 
extension,  à  l'écorce  des  brins  de  chanvre  ou 
de  lin.  Du  L.  tilia,  qui  signifie  1 .  tilleul, 
2.  aubier,  écorce.  —  De  la  forme  teille  vient 
le  verbe  teiller  ;  de  tille,  l'équivalent  tiller. — 
Au  type  dim.  tiliolus  répond  le  fr.  tilleul. 

2.  TILLE,  terme  de  marine,  voy.  tillac.  — 
M.  Petilleau  (ap.  Littré,  Suppl.) pense  que  ce 
tille  n'a  rien  à  faire  avec  tillac  et  n'est  que  la 
transcription  de  l'angl.  till,  petite  caisse. 

3.  TILLE,  hachette  des  tonneliers,  des  cou- 
vreurs et  autres  artisans.  «  C'est  un  mot  ger- 
manique, qui  signifie,  dans  les  dialectes  de 
l'Allemagne,  «  petite  hache,  erminette,  hache 
des  tonneliers  »  ou  quelques  autres  instru- 
ments pareils  ;  dans  les  dial.  norvég.  et  suéd. 
teksla,  hoU.  dissel,  vha.  dehsaUi,  nha.  dechsel. 
«  Tille  est  peut  ère  modifié  pour  tile  d'une  forme 
antérieure  tish.  m  (Bugge,  Rom., III,  158).  — 
Joret(Rom.,  fX,  435)  préfère  nord,  telgja,  un 
instrument  à  tailler. 

TILLEUL,  voy.  tille  1. 

TIMBALE,  direct,  de  l'it.  timballo.  Ce 
dernier  est  une  modification,  faite  sous  l'in- 
fluence du  L.  tympanum  (gr.  TÛ/*irxvov),  des 
formes  tàballo,  ataballo,  qui,  ainsi  que  l'esp. 
aiabal,  viennent  de  l'arabe  thabal  (avec  l'ar- 
ticle, altabl,  attabï),  m.  s.  —  D.  timbalier. 

1.  TIMBRE,  du  L.  tympanum,  tambour 
(comme  diacre  de  diaconus,  coffre  de  cofimts, 
pampre  de  pampinus).  —  Le  mot  timbre 
signifie  d'abord  timbale,  puis  une  cloche  frap- 
pée par  un  marteau,  puis,  par  métonymie,  le 
son  que  rend  le  timbre,  enfin,  son  de  voix  en 
général.  Par  ressemblance  avec  une  cloche, 
on  a  nommé  timbre,  en  termes  de  blason,  le 
casque  qui  surmonte  l'écu  (et  tout  ce  qui  se 
met  sur  l'écu  pour  distinguer  les  degrés  de 
noblesse  ou  de  dignité),  puis  aussi  populaire- 
ment la  tête  («  avoir  le  timbre  fêlé,  être  tim- 
bré ").  —  Quant  à  la  signification  «  cachet, 
marque  imprimée  sur  un  papier  »•,  elle  pro- 
cède, pensons-nous,  également  du  mot  gr. 
TÛ/xTravov,  dans  l'acception  d'un  instrument 
servant  à  frapper  (tûttuv).  Cp.  l'ail,  stempel 
de  stampen,=-  fr.  estamper  (d'où  estampiller). 
—  D.  timbrer. 

2.  TIMBRE,  «  un  certain  nombre  do  peaux 
de  martre  ou  d'hermine  »,  voy.  D.  C,  v<»  tim- 
brium.  —  C'est  le  même  mot  que  l'ail,  zim- 
mer  pris  dans  le  même  sens,  dont  l'origine 
n'est  pas  connue. 

TIMIDE.  L.  timidus  (timere)  ;  mot  d'intro- 
duction savant<î.  —  D.  timidité,  L.  timidita- 
tem  ;  verbe  intimider,  BL.  intimidaro. 

TIMON,  L.  temo^  temonis  (BL.  timo)^  tra- 
verse, timon.  —  D.  timonier. 


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TIR 


—  490  — 


TOC 


TDfORi,  L.  timoratus  (saint  Jérôme),  de 
iimor^  crainte. 

TIN,  aussi  tein,  t.  de  marine,  morceau  de 
bois  servant  d'appui,  prob.  du  L.  tignum, 
poutre.  Le  dérivé  tinter  =  assujettir  avec  des 
tins,  serait,  dans  ce  cas,  librement  formé,  sans 
respect  de  l'étymologie. 

TINCTORIAL,  dér.  du  L.  tinctorim  {ïm- 
gère),  qui  sert  à  teindre. 

TINS,  L.  tina,  vase  pour  le  vin.  —  D. 
tinette, 

TINTAMARRE,  d*aprôs  Pasquier.  un  com- 
posé de  tinter,  faire  sonner  une  cloche,  et  de 
marre ^  instrument  pour  fosser  la  vigne; 
«  anciennement,  dit-il,  les  vignerons  avertis- 
saient leurs  compagnons  de  se  retirer  en  tin- 
tant ou  en  frappant  avec  des  pierres  sur  leurs 
marres  ».  De  là  viendrait  le  sens  de  vacarme, 
de  clameur. 

1 .  TINTER,  sonner,  L.  tinnitare,  fréq.  de 
tinnire,  m.  s.  —  D.  tititement,  —  La  forme 
L.  tintinare  (Catulle)  a  donné  subst.  verb. 
tintin',  altéré  en  tintouin» 

2.  TINTER,  t.  de  marine,  voy.  tin. 
TINTOUIN,  voy.  tinter  l. 

TIQUE,  it.  jrecca,  du  bas-ail.  teke,  haut-ail. 
zeche,  angl.  tike,  tick,  m.  s.  —  Dim.  tiquet, 
nom  vulgaire  des  altises. 

TIQUER,  de^ic  (v.  c.  m.).—  D.  tiqueur. 

TIQUETÉ,  tacheté,  pointillé,  peut  être  tiré 
soit  de  tique  insecte  (cp.  moucheté  de  moitclié), 
ou  du  V.  flam.  tik,  point  (donc  pointillé).  — 
n  me  semble  inutile  d'expliquer  le  mot,  ainsi 
quejeTai  vu  faire  je  ne  sais  plus  où,  comme 
une  forme  tronquée  de  étiqueté,  marqué  (cp. 
angl.  ticket  =«  étiquette). 

TIR,  subst.  verbal  de  tirer, 

TIRAILLER,  fréq.  de  tirer,  —  D.  tiraille- 
ment, tirailleur 

TIRASSER.  dér.  péjoratif  de  tirer,  —  D. 
tirasse,  filet  pour  prendre  des  cailles,  ce  filet 
étant  tiré  par  le  chasseur. 

TIRELIRE  (déjà  dans  J.  de  Meung),  petit 
pot  avec  une  fente,  d'où  Ton  «  tire  les  lires  n 
(ou  francs).  Telle  était  ma  première  manière 
de  voir,  mais  je  dois  l'abandonner  pour  deux 
raisons  :  d'abord,  le  mot  it.  tira-lira  n'existe 
pas,  et  en  fr.  lire  ne  s'est  jamais  dit  p.  livre 
(franc).  Puis  tirelire  avait  anc.  un  autre  sens, 
savoir  réjouissance.  J'ai  noté  dans  Watriquet 
de  Couvin  (xiv*  siècle),  p.  129,  le  passage  sui- 
vant :  «  Mais  jangleurmesdisant,  gent  de 
poure  matire  Et  amassour  qui  font  d'argent 
grand  tirelire...  Cilz  ont  grâce  et  avoir  en 
France  et  en  l'Empire.  »  A  l'avis  de  Littré,  un 
mot  de  fantaisie  et  peut-être  une  modification 
de  l'interjection  de  joie  turelnre, 

TIRER,  it. tirare,  esp., port. , prov.  tirar,  du 
goth.  tairan,  vha.  jxeran,  néerl.  teren,  angl. 
tear,  scindere,  rumpere,  lacerare,  delere. 
Cette  étyraologie,  généralement  admise  parmi 
les  étymologistes  sérieux  (Ménage,  et  d'après 
lui  Bescherelle,  Dochez,  etc.,  avaient  imaginé 
de  faire  venir  tirer  du  L.  trahere/),  est-elle 
bien  la  véritable?  Il  faut  le  croire,  puisqu'il 
ne  se  produit  rien  de  mieux.  Du  reste,  la  filia- 
tion des  idées  lui  vient  à  l'appui  ;  le  sens  fon-   | 


cier  est  :  faire  un  mouvement  brusque  et 
rapide  pour  détruire,  pour  arracher;  de  là  se 
déduit  l'idée  de  tirailler  (cp.  Tafidnité  de  forme 
et  de  sens  entre  l'ail,  zehren,  détniire.  et 
serren,  tirailler,  distendere,  vellere).  L'ail. 
reissen  signifie  également  à  la  fois  déchirer 
et  faire  un  mouvement  rapide,  tirer  (tracer 
des  lignes).  —  D.  subst.  verb.  1.  masc.  tir, 
2.  fém.  tire  (dans  «  à  tire-d'aile,  tout  d'une 
tire  »);  tirade,  tirage,  -eur,  tiret,  tirant,  tiroir, 
tirasser,  tirailler;  composés: attirer,  détirer, 
étirer,  retirer,  soutirer.  Toutes  les  acceptions 
modernes  peuvent  se  ramener  à  celle  de  «•  mou- 
voir en  sens  do  longueur,  soit  en  approchant, 
soit  en  éloignant  »  ;  tirer  une  arme  à  feu  ne 
s'explique  que  comme  formule  faite  sur  celle 
de  «  tirer  l'arbalète  ou  l'arc  ». 

TIRETAINE.de  lesp.  tirUaha,yoj.  tartan. 

TISANE,  it.,  esp.,  prov.  tisana,  du  h.  pti- 
sana,  hL.  tisana,  décoction  de  gruau  (nrtvÂvis). 
Pour  l'apocope  du  p  initial,  cp.  prov.  /i Wa, 
p.  phtizia,  vfr.  tisique,  p.  phtisique,  saitme^ 
p.  psaume.  —  Le  p  s'est  déplacé  dans  la 
forme  prov.  tipsana. 

TISON,  it.  tizzone,  esp.,  prov.  tixon,  du  L. 
titio,  'Onis.  —  D.  tisonner,  tisonnier.  —  A 
un  type  latin  titius  se  rattachent  les  termes  it. 
tizzo,  esp.  tizo,  d'où  le  verbe  it.  attizare,  esp. 
atizar,  prov.  atizar,  atuzar,  et  fr.  attiser. 

TISSER,  vfr  tissir  et  tistre,  prov.  teisser, 
du  L.  texere.  Le  part,  tissu  se  rapporte  à  Tin- 
finitif  tistre  (cp.  it.  tessuto  de  tessere).  —  D. 
tissu,  subst.  part.;  tisserand,  gâté  du  vfr. 
teisserenc  (c.  flamand  p.  flamenc)  ;  ce  dernier 
dérive  du  subst.  vfr.  tissier  (tisserand)  par  le 
suflixe  germ.  inc,  ing  (=  vfr.  enc);  tissure, 
tissage. 

TISSERAND,  voy.  tisser.  -—  D.  tisserande- 
rie. 

TISSU  (vfr.  tissut),  voy.  tisser.  -—  D.  tis- 
sutier. 

TITILLER,  L.  tUillare.  -—  D.  Htillation. 

TITRE,  angl.  title,  du  L.  titulus,  inscrip- 
tion, signe,  marque,  cause,  prétexte;  cp. 
épftre  de  epistola.  —  D.  titrer,  tittdaire,  L. 
titularis.  —  Le  L.  titulus  a  donné  aussi  Tesp. 
tilde,  nom  du  signe  typographique  par  lequel 
on  distingue  le  mouilU-ment  de  l'n. 

TITUBER,  L.  titubare.  —  D.  titubation. 

TITULAIRE,  voy.  titre. 

TOAST,  mot  anglais  qui  proprement  signifie 
rôtie.  La  signification  «  santé  »  vient,  dit-on, 
de  l'usage  qu'ont  les  Anglais  de  mettre  parfois 
du  pain  rôti  dans  leur  vin  pour  boire  les 
santés.  On  orthographie  aussi  en  fr.  toste, 
d'où  le  verbe  toster.  Toste  et  toast  viennent  du 
L.  tostus,  rôti.  —  D'après  Wedgwood,  toast 
pourrait  bien  n'être  que  la  corruption  de  l'ail. 
stoss  (lisez  plutôt  stosst)  an,  qui  est  la  for- 
mule usuelle  pour  inviter  à  choquer  les 
verres. 

TOC,  subst.  verb.  du  verbe  toquer.  Voy. 
toucher. 

TOGAN,  V.  le  mot  suiv. 

TOCANE,  vin  nouveau  de  la  mère  goutte. 
Bugge  (Rom  ,  IV,  366)  rapproche  le  mot 
masc.  tocan  »*  saumon  qui  a  moins  d'un  an. 


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TOM 


—  491  — 


TON 


et  rit.  xtffuannoUo,  petit  poisson  qui  a  moins 
d'un  an  (litt.  qui  est  de  cette  année),  et  pense 
que  iocan  est  issu  d'un  prov.  peis  d'ogan 
(poisson  de  cette  année),  devenu,  par  l'effet 
de  la  consonne  précédente,  peis  togan.  En 
supprimant  peis^  on  a  dit  togan  (cp.  dinde  p. 
poule  d*Inde).  Pour  le  c  du  mot  fr. ,  cp.  celui 
de  marcotte  t  vfr.  parcamin  =  pergamenum. 
C'est  ainsi  que  tocane  répondrait  à  un  prov. 
gota  d'ogan,  goutte  de  cette  année. 

TOOSIN,  p.  toque^sin,  cps.  de  toquer  « 
toucher  (v.  c.  m.)  etvfr.  sing,  «n,  --=  cloche. 
Ce  subst.  sin,  qui  correspond  au  v.  il.  segno, 
port,  sino,  est  le  L.  signum^  qui  dans  le  BL. 
a  pris  le  sen»  de  signal  et,  par  métonymie,  de 
cloche  de  signal. 

TOGE,  L.  toga. 

TOI,  vfr.  tei,  du  L.  te,  Voy.  te. 

TOliiB,  L.  tela,  —  D.  toilette,  nappe  de  la 
table  où  se  déposent  les  objets  servant  à  l'or- 
nement ou  à  Tigustement  d'une  personne,  puis 
tout  ce  qui  couvre  le  meuble  pourvu  de  la 
toilette,  lequel  meuble  lui-même  s'appelle 
aussi  toilette  (pour  ce  transport  d'idée,  cp. 
bureau).  Par  une  métonymie  ultérieure,  le 
mot  s'est  transmis  t  l'action  de  se  parer  ou  de 
s'habiller.  '—  Les  Italiens  disent  tavoletta,  pr. 
petite  table,  et  tœletta,  forme  empruntée  au 
français.  Marot  emploie  toilette  dans  le  sens 
de  tissu  très  fin,  et  il  se  pourrait  bien  que  le 
sens  moderne  du  mot  vint  de  celui  de  linge 
fin.  —  Autres  dérivés  de  toile  :  toUier^  toile- 
rie, verbes  entoiler,  rentoiler, 

TOILBTTll,  voy.  toile, 

TOISE,  voy.  l'art,  tendre.  —  D.  toiser, 

TOISON,  it.  tosone,  esp.  tuson,  du  L.  ton- 
sionem,  action  de  tondre.  Le  sens  abstrait 
s'est  concrétisé  en  celui  de  produit  ou  d'objet 
de  la  tonte  (cp.  potion), 

TOIT,  vfr.  aussi  teit,  prov.  teg^  tet,  esp. 
techo^  it.  tetto,  du  L.  tectum  (tegere;.  —  D. 
toiture,  L.  tectura. 

TÔLE,  plaque  de  fer  battu;  variété  gra- 
phique de  la  forme  anciennq  et  dialectale 
taule,  »i  L.  tabula,  planche,  tablette  (cp.- 
parole  àe  parabola,  it.  fola  de  fabula), 

TOLÉRER,  L.  tolerare, — D.  tolérant,  -ance, 

TOLLÉ,  impératif  du  L.  tollere,  enlever.  La 
signification  actuelle  de  ce  mot  «  cri  d'indi- 
gnation «I  vient  historiquement  du  «  toUe 
hune  »,  que  se  mirent  à  crier  les  Juifs  contre 
Pilate  pour  qu'il  fit  mourir  Jésus-Christ. 

TOMATE,  esp.,  port,  tomate,  cat.  tomatec, 
tomaco;  du  mexicain  tomatl. 

TOMBAO,  it.  tombacco^  esp.  tumbage,  port. 
tambaca^  du  malais  tambùga,  cuivre. 

TOMBE,  L.  tumba,  gr.  rùfiUi,  —  D.  adj. 
tombal;  subst.  tombeau,  d'un  type  tumbellus, 
dim.  de  tumba, 

TOMBER,  vfr.  tumber  (qni  avait  aussi  le 
sens  actif  •  feire  tomber  »),  esp.,  prov.  tum- 
bar,  port.,  prov.  tombar,it.(âim,)tombolare, 
angl.  tumble.  On  peut  hésiter,  dit  Diez,  entre 
deux  étymologies,  savoir  1.  nord,  tumba, 
tomber  ia  tète  en  avant;  2.  le  L.  tumba,  au 
sens  de  tas,  tertre  (tomber  serait  pr.  faire  tas). 


A  l'appui  de  la  dernière,  Diez  allègue  la  locu- 
tion ail.  iiber  den  haufen  toerfen,  jeter  à 
terre,  litt.  jeter  par-dessus  tas,  puis  l'esp. 
tropellar,  renverser,  detropel,  tas.  On  pourrait 
tout  aussi  bien  alléguer  lexpression  familière 
«  faire  un  cumulé  »  (==  faire  la  culbute),  qui 
rappelle  naturellement  le  L.  cumulus,  tas.  — 
Ménage  en  était  réduit  à  imaginer  pour  type 
de  tomber  un  verbe  latin  ptomare  (du  grec 
irrw.ttx,  chute),  doû  tomare,  tobare,  tombarel 
—  L'ancienne  langue  avait  aussi  une  forme 
tumer  (encore  en  Lorraine  on  dit  teumei,  en 
Champagne  tumer,  à  Liège  et  Namur  tourner), 
et  rit.  a  tomare  p.  culbuter,  dfscendre.  Diez 
rattache  ces  formes  privées  de  b  au  vha. 
tumon,  nha.  taumeln,  tournoyer,  trébucher, 
sauter.  D'après  Littré,  tumer  est  la  forme  pri- 
mitive, et  tumber  une  forme  postérieure  et 
modifiée  de  tumer,  qui  a  fini  par  prévaloir. — 
D.  tombée,  tombereau  (v.  c.  m.). 

TOMBEREAU,  angl.  tumbrel^  du  verbe 
tomber,  de  même  que  le  bourg.,  champ,  tume- 
reau,  tumerel,  vient  de  la  forme  tumer.  Le 
tombereau  est  une  charrette  dont  on  •  ren- 
verse »  la  caisse.  —  D.  tombrelier,  tombelier, 
conducteur  du  tombereau. 

TOMBOLA,  mot  italien,  jeu  de  loto,  subst. 
verbal  de  tombolare,  tomber,  échoir. 

TOME,  L.  tomus,  du  gr.  rôfioi,  pr.  section, 
division.  —  D.  tomer,  d'où  tomaison, 

TOMENTEUX,  dér.  de  L.  tomentum,  bourre. 

1.  TON,  a4j.  possessif,  voy.  mon, 

2.  TON,  subst.,  L.  tomts,  gr.  rrfvos  (pr.  ten- 
sion). —  D.  tonique,  tonalité. 

TONDRE,  L.  tondére,  p.  tondêre,  —  D. 
tonte,  subst.  participial,  d'an  type  tonditus 
(cp.  pente,  vente,  ponte,  ete.),  d'où  tonture, 
tontice  ou  tontissê,  tondeur,  tondaison.  —  Du 
supin  L.  tonsum  :  les  subst.  tonsionem,  fr. 
toison  (v.  c.  m.),  et  tonsura,  fr.  tonsuré. 

TONLIETJ,  tonliu\  du  BL.  tonleium,  cor- 
ruption de  telonium  (riiôiviTov),  bureau  de  per- 
ception des  impôts,  dér.  de  t*XAv»75,  fermier 
des  impôts. 

TONNE,  prov.  tona.  Ce  mot  se  rencontre 
dans  tous  les  idiomes  germaniques  (p.  ex. 
vha.  tunna,  nha.  tonne),  mais  on  lui  suppose 
une  origine  étrangère  ;  les  gloses  de  Cassel  et 
de  Schelestadt  indiquent  tunna  comme  un  vo- 
cable latin.  La  racine  tun  ou  ton  semble  êtra 
une  variété  de  la  racine  tin  de  tina.  —  D. 
tonnage;  dim.  tonneV,  tonneau,  fém.  tonnelle, 
chose  faite  en  forme  de  tonneau,  voûte  en 
plein  cintre  (angl.  tunnel),  puis  espèce  de  filet 
pour  prendre  des  perdrix. 

TONNEAU,  voy.  tonne.  —  D.  dim.  ton- 
nelet,  tonnelier. 

1 .  TONNELET,  petit  baril,  voy.  tomieau. 

2.  TONNELET,  t.  de  théâtre,  petit  panier 
qui  relevait  le  pan  d'un  habit  à  la  romaine; 
c'est  le  même  mot  que  le  précédent. 

TONNELIER,  voy.  tonneam.  —  D.  tonnel- 
lerie. 

TONNELLE,  voy.  tonne.  —  D.  tonneler. 

TONNER,  L.  tonare  (tonus). 

TONNERRE,  vfr.  tondre,  tonoire,  prov. 
tonedre,  du  L.  tonitru. 


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TOR 


492  — 


TOR 


TONSURE,  voy.  tondre,  —  D.  tonsiircr, 
L.  tonsurare  (S.  Grégoire). 

TONTE,  voy.  tondre. 

TONTINE,  d'après  le  nom  de  l'inventeur  de 
ces  établissements,  Laurent  Tonti  (1653).  — 
D.  tontinier, 

TOPAZE.  L.  topazion  (roTràJiov). 

TOPER,  it.  toppare,  ail.  toppe7i,  consentir  à 
une  offre.  De  la  racine  top,  onomatopée  pour 
exprimer  le  bruit  de  la  poignée  de  main  par 
laquelle  ce  consentement  est  confirmé.  C'est 
donc  une  modaliété  de  taper.  —  D'autres,  à 
tort,  pensent  que  c'est  le  même  verbe  que  Tesp. 
topar,  rencontrer,  ou  le  primitif  de  l'it.  in- 
toppare^  heurter,  trébucher. 

TOPINAMBOUR,  mot  américain. 

TOPIQUE,  litt.  =  local,  puis  ==  (médica- 
ment externe)  appliqué  sur  une  place  déter- 
minée; du  gr.  Toîrixd;  dér.  de  to'tto;,  lieu. 
Subst.  fém.  topique,  doctrine  des  lieux  com- 
muns, du  gr.  rà  ToTsmà,  lieux  communs. 

TOPOGRAPHE,  gr.  ronoypifoç  =  qui  décrit 
les  lieux  (tottoç).  —  D.  topographie,  -ique. 

TOQUE,  it.  tocca,  esp.  toca;  mot  celtique  : 
cymr.  toc,  coiffure.  —  D.  toqiiet. 

TOQUER,  variété  de  toucher.  L'expr.  fig. 
être  toqué  rappelle  l'ail,  einen  tick  haben,Siyoir 
le  cerveau  dérangé,  de  tichen,  mot  populaire 
pour  toucher  ;  cp.  l'expr.  fr.  avoir  reçu  un 
coup  de  marteau.  —  D.  toc,  subst.  verbal  ; 
tocàde  ou  toqucuie;  voy.  aussi  tocsin. 

TORCHE,  prov.  torcha,  pr.  faisceau,  amas 
de  choses  tordues  ensemble  (en  t.  de  blason  on 
appelle  torque  le  bourrelet  rond  qui  se  pose 
sur  le  heaume),  bouchon  de  paille,  brandon 
fait  d'un  bouquet  de  paille  (funale  tortitium), 
puis  flambeau  en  général.  Que  ce  mot  vienne 
directement  de  quelque  ancien  subst.  torca 
(tiré  de  torcare  ou  plutôt  torquare,  primitif 
du  surnom  Torquatus),  ou  par  BL.  tortia  (it. 
torcia),  d'un  participe  tortus,  il  se  rattache  en 
définitive  au  verbe  latin  torquerç,  =  fr.  tor- 
dre (ou  disait  autrefcHs  aussi  tortis,  d'un  type 
L.  torticius).  —  D.  torcher  (v.  c.  m.),  tor- 
chon, -ette,  torchère. 

TORCHER,  BL.,  torcare,  detergere,  dér. 
de  torca,  fr.  torche  =  bouchon  ou  rouleau  de 
paille  servant  à  nettoyer.  Les  étymologistes 
modernes  le  ramènent  au  type  lat.  torticare. 
—  D.  torchis. 

TORCOL  ou  torcou,  genre  d'oiseaux  grim- 
peurs «  qui  tord  son  cou  »  (Meunier),  it.  torci- 
collo,  esp.  torcecuello. 

TORDRE,  it.  torcere,  esp. ,  port,  torcer,  de  L. 
torquére  p  torquère.  —  D.  tordage,  tordeur, 

TORE,  L.  torus,  nœud,  renfiement.  —  D. 
toron. 

TORÉADOR,  mot  espagnol,  du  verbe  torear, 
combattre  les  taureaux  iforo). 

TORMENTILLE  (plante),  de  tourment  (à 
cau.se  qu'elle  apaise  le  toui*ment  des  dents, 
dit  0.  de  Serres). 

1 .  TORON,  assemblage  de  plusieurs  fils  de 
caret,  tournés  ensemble;  la  lettre  se  refuse  à 
la  rigueur  à  une  étymologie  par  tordre;  mais 
le  wallon  dit  simplement  toir  (oi  =  o),  et  l'on 
peut  admettre  que*or(ï=tortum),étant  devenu 


un  mot  d'usage  populaire,  ait  pu  engendrer  le 
dérivé  toron,  comme  tmir  =  tumus  a  fait 
tour  et,  comme  plafond  a  faM  plafonner. 

2.  TORON,  t.  d'archit«cture,  voy.  tore. 

TORPEUR,  L.  torporrem. 

TORPILLE,  sorte  de  raie,  qui  frappe  d'une 
commotion  électrique  et  engourdit  la  main  de 
celui  qui  la  touche,  puis  engin  sous-marin; 
d'un  type  dim.  torpicula,  dérivé  de  torpere, 
être  engourdi.  La  torpille,  comme  poisson,  se 
disait  en  latin  torpédo.  L'ital.  dit  torpiglia  et 
torpedine. 

TORQUE,  voy.  torche. 

TORQUER,  type  L.  torquare,  p.  torquère. 
Cp.  extorquer.  —  D.  torquette,  certaine  quan- 
tité de  marée  entortillée  dans  de  la  paille.  — 
Au  sens  ûg.  du  L.  torquère,  taire  du  tort,  se 
rapporte  le  vieux  mot  torquet,  piège,  moyen 
d'induire  en  erreur. 

TORRÉFIER,L.  torreficare"^ ,  p.  torrefacere. 
dont  le  subst.  torrefactioa  donné  torréfaction. 

TORRENT,  L.  torrentem,  qui  dessèche,  brû- 
lant, impétueux,  puis,  comme  subst.,  ruis- 
seau rapide.  Littré  déduit  le  sens  de  ce  dernier 
de  torrere,  au  sens  de  dessécher  :  «  un  cours 
d'eau  qui  se  dessèche  Tété  ».  —  D.  torrentiel» 
torrentueux. 

TORRIDE,  L.  torridus,  brûlant. 

TORS,  L.  torsus,  part,  passé  de  torquère, 
tordre  (forme  concurrente  de  tortus).  —  D. 
torser  et  torsade,  frange  tordue.  a 

TORSADE,  voy.  tors, 

TORSE,  de  l'it.  torso,  trognon  de  chou  ou 
de  fruit,  puis  statue  sans  tête,  lequel  répond 
au  piém.  trou^,  esp.,  port,  trozo,  prov.  etvfr. 
tros,  tors,  fr.  trou  de  chou.  Comme  le  vha. 
turso,  torso,  nha.  dorsch,  trognon  de  chou,  il 
vient,  selon  Diez,  du  L.  thyrsus,  gr.  Svp9o$, 
tige  des  plantes.  Pour  le  transport  d'idée,  cp. 
le  subst.  L.  truncus,  tronc,  et  adj.  truncus, 
coupé,  mutilé  (d'où  en  fr.  trognon,  tronçon), 

TORSION,  L.  torsionem  (torquère). 

1 .  TORT,  subst., it.  torto,  esp.  tuerto,  prov. 
tort,  BL.  tortum  •=  injustice,  lésion,  dom- 
mage, du  L.  tortus  (torquère),  tordu.  C'est 
une  métaphore  corrélative  à  celle  de  droit 
=  jus,  qui  rappelle  la  ligne  droite.  On 
trouve  encore  dans  les  patois  le  verbe  tordre, 
p.  porter  dommage,  préjudicier,  comme  en 
latin  déjà  torquère  signifiait  torturer,  tour- 
menter. 

2.  TORT,  -adj.,  tordu,  L.  tortus  (torquère). 
TORTICOLIS,   d'abord    un  adjectif,   puis 

substantif;  de  tortum  collum,  cou  tordu  (Hta- 
lien  dit  collotorto  et  torticoUo). 

TORTILLER,  d'un  type  torticulare  (tortus). 
—  D.  tortille,  tortillage,  -ement,  -is,  -on. 
Cps.  entortiller, 

TORTIS,  L.  torticius  (tortus). 

TORTU.  d'un  type  BL.  tortuus  ou  tortucus 
(extension  de  tortus).  —  D.  tortue  (v.  c.  m.); 
verbe  tortuer;  adj.  tortueux,  L.  tortuosus, 
d'où  tortuosité. 

TORTUE,  esp.  tortuga,  prov.  tortuga,  tar- 
tuga,  du  BL.  tortuca,  tartuca  Mér.  de  tortus^ 
tortu).  En  anglais  le  mot  est  tortoise.  L'it.  a 
la  singulière  forme  tartaruga.  I^a  tortue  a. 


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TOU 


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TOU 


dit-on,  pris  son  nom  de  ses  pieds  tortus. 
L'ail,  nomme  cet  amphibie  schildhrôte,  litt. 
crapeau  à  bouclier;  Tit.  dit  de  même  botta 
scudaja. 

TORTUEUX,  voy.  tortu. 

TORTURE,  L.  tortura  (torquei'e).—  D.  tor- 
turer, —  Cp.  tourment  de  tormentum^  autre 
dérivé  de  torquere. 

TOSTE,  TOSTBR,  voy.  toast, 

TOT,  promptemont,  it.  tosto,  prov.  tosi.  On 
s*est  beaucoup  torturé  pour  éclaircir  l'origine 
de  cet  adverbe  roman,  qui  s'est  substitué  au 
L.  statim  ou  illico.  L'explication  la  mieux 
soutenable  est  celle  qui  le  rattache  au  part. 
L.  tostwf,  qui  vient  de  torrere  et  signifie  brûlé. 
Le  même  verbe  torrere  n'a-t-il  pas  donné 
torrens,  brûlant,  puis  violent,  impétueux,  ra- 
pide? Diez,  de  son  côté,  cite  à  l'appui  de  cette 
explication  les  expressions  it.  caldocaldo^iowi 
à  coup,  et  vfr.  chalt  pas  (=  passu  calido, 
promptement,  cp.  en  ail.  suisse  fuss-warms). 
IjB  sens  de  tôt  s'accorderait  davantage,  d'après 
l'opinion  de  Diez,  avec  une  étymologie  qui 
verrait  dans  tosto  une  contraction  de  tot-dto, 
c.-à-d.  tout  vite,  d'où  toç^to^  tosto  (cp.  it. 
amistà  deamicilatem  et  destare  àede-excitare); 
pour  la  composition  avec  totus,  cp.  it.  tutto 
in  un  tempo,  fr.  tout  à  l* heure.  M.  Rajna 
voit  dans  it.  tosto  un  redoublement  de  isto  (là, 
en  ce  moment-là).  —  Composés  :  bientôt,  tan- 
tôt,  sitôt,  aussitôt,  plutôt, 

TOTAL,  BL.  totalis  (totus).  —  D.  totalité, 

TOTON,  L.  totum,  le  tout  :  le  dé  appelé 
toton  a  une  des  faces  pourvues  de  la  lettre  T 
désignant  le  mot  totum,  parce  que,  lorsque 
le  dé  présente  cette  face,  le  joueur  gagne  tout. 

TOUAILLE,  vfr.  toailc.  toeille,  angl.  totoel 
(BL.  toacula),  linge  pour  se  laver  les  mains; 
ce  mot  n'est  en  aucune  façon  une  corruption 
de  toile,  comme  on  a  prétendu.  La  simple 
comparaison  de  l'it.  toroaglia,  de  l'esp.  toalla 
(cat.  totDoZla)  et  du  prov.  toalha  engage  à  re- 
jeter cette  absurde  étymologie.  Le  mot  est 
germanique  et  vient  du  vha.  duahilla  (mha. 
tioehele,  nha.  swehle),  m.  s.,  dérivé  du  vha. 
diiahan,  laver.  C'est  à  la  même  famille  qu'il 
faut  rattacher  le  verbe  vfr.  touailler,  tooiUer, 
laver;  mais  il  faut  en  distinguer,  je  pense,  le 
vfr.  toouiller^  tœiller,  brouiller,  troubler, 
souiller,  dont  le  mot  actuel  touiller,  mélanger, 
remuer,  est  la  forme  contracte.  Voy.  mes  notes 
sur  Baudouin  de  Condé,  p.  500,  et  Gloss.  des 
Chroniques  de  Froissart  s.  toveillier, 

TOUCAN,  mot  brésilien,  que  Ton  rapporte 
au  cri  de  l'oiseau. 

TOUCHER,  variété  chuintante  de  toquer  (cp. 
moquei""  et  moucher),  it.  toccare,  esp.,  port., 
prov.  tocar,  11  se  peut  que  ce  mot  soit  issu  do 
la  racine  onomatopée  toc,  comme  taper  vient 
de  la  syllabe  imitative  tap.  C'est  à  une  moda- 
lité vocale  de  toc  que  se  rattache  le  latin  TAC 
ou  T AG,  dans  tago*  tango  =  toucher.  —  Diez 
est  d'un  autre  avis,  qui  peut-être  doit  préva- 
loir. Il  voit  dans  toccare  la  représentation 
romane  du  vha.  zuchôn  (ail.  mod.  zuckcn), 
tirer,  arracher.  Cette  signification  originelle 


du  verbe  toucher  se  reconnaît  encore,  dit-il, 
dans  l'expr.  vfr.  se  toucher  de  qqch.^  =  se 
séparer  deqqch.,  échapper,  et  dans  la  locution 
nfr.  toucher  de  Vargent,  qui  rappelle  l'ail,  ^e/d 
einjsiehen.  Pour  la  filiation  des  idées  tirer  et 
toucher,  Diez  allègue  encore  les  verbes  L. 
slringere,  qui  a  de  même  les  deux  accep- 
tions, et  attingere  =  toucher  et  prendre,  puis 
le  goth.  tekan  =»  toucher,  comparé  à  son  simi- 
laire angl.  tahe  =  prendre,  tirer  à  soi.  — 
Schacht  fait  venir  tocçre  du  goth.  daupjan, 
vha.  toufàn,  immerger,  qu'il  identifie  avec 
mha.  tuppen,  nha.  tupfen,  pointiller;  il  se 
dispense  de  dire  de  quelle  manière  ;  pensait-il 
à  un  intermédiaire  top-icare  (d'où  top*care, 
tocare)!  —  Boucherie  explique  toucher  par  un 
type  latin  *tudicare(detud,  racine  de  tundere, 
frapper).  Il  ne  trouvera  pas  grand  crédit, 
d'autant  moins  qu'il  faudrait  disjoindre  toquer 
et  l'it.  toccare,  —  D.  touche,  touchant,  adj.  et 
prép.;  toucher,  inf.-subst.;  cps.  attoucher  (cp. 
L.  attingere;,  retoucher, 

TOUER  un  navire,  angl.  tow.  Ce  verbe  se 
rattacherait  très  bien  au  BL.  tocare,  au  sens 
de  tirer,  qui.  selon  Diez,  est  le  sens  primordial 
de  ce  mot  (voy.  l'art  préc);  cp.  louer  de 
locare.  Cependant,  il  semble  plus  naturel  de 
le  rattacher  au  subst.  néerl.  touio,  angl.  toio, 
ail.  tau,  nord,  taug,  =  câble.  —  D.  toue, 
touage. 

TOUFFE,  vfr.  toffe,  v.  angl.  tuff,  corres- 
pond au  mot  suisse  aniffe  =  poignée  de  qqch.; 
on  connaît  la  correspondance  qui  existe  entre 
le  z  haut-ail.  et  le  t  roman.  Ce  mot  zuffe  est 
une  variété  littérale  du  mot  ail.  zopf=  touffe 
de  cheveux,  lequel,  à  son  tour,  n'est  que  la 
forme  haut-allemande  du  bas-ail.  topp  = 
nord,  toppr,  ags.,  angs.  top,  touffe  de  cheveux, 
sommet  d'un  arbre,  d'où  vient  le  vfr.  tope^  nfr. 
toupe,  et  son  dimin.  toupet  Cp.  aussi  BL. 
toppus,  faisceau. — Littré  identifie  avec  touffe 
le  tufa  latin,  qui  se  trouve  dans  Végèce  avec 
la  valeur  d'un  étendard  fait  de  plumes.  —  D. 
touffu,     

TOUFFEUR,  de  ra4j.  touffe,  suffoquant, 
cité  sous  étouffer, 

TOUILLER,  remuer,  mélanger,  brouiller; 
voy.  sous  touaille.  —  Mon  étymologie  tocu- 
lare,,  lancée  en  1 86 1 ,  doit  être  anéantie,  le  mot 
étant  d'abord  toeiller, 

TOUJOURS,  =  tous  jours  ;  cp.  le  vfr.  tosdis, 
toudis  =  totos  dies, 

TOUPE,  dimin.  toupet,  toupillon,  voy. 
touffe. 

TOUPET,  voy.  touffe,  toupe.  Le  sens  déduit 
«  sommet,  tête  »  (cp.  angl.  top)  a  donné  lieu 
aux  locutions  «  le  feu  lui  monte  au  toupet, 
avoir  du  toupet  *• . 

TOUPIE  (angl.  top,  ail.  topf),  en  Norman- 
die toupin;  vfr.  topoie  (Jean  Bodel);  de  la 
rac.  top  =  pointe,  extrémité,  rac.  identique 
avec  le  top,  tof,  d'où  touffe  et  toupet.  Cette 
racine  se  rencontre  également  dans  les  idiomes 
celtiques.  C'est  d'elle  aussi  que  procède  le 
nord,  top  et  vfr.  toupon,  bouchon,  pr.  chose 
conique.  Littré  propose  en  outre  vfr.  toupin, 
prov.  topi,  pot  (de  l'ail,  topf,  m.  s.),  à  cause 


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TOU 


-  494  — 


TRA 


de  la  forme  ronde  de  la  toupie,  mais  les  éty- 
mologistes  ail.  sont  davis  que  c'est  plutôt 
topf,  toupie,  qui  a  donné  naissance  &  <op/*,pot, 
que  rinverse.  —  D.  toupiller, 

1.  TOUR,  fém.,  L.  turrU,  —  D.  tourelle. 

2.  TOUR,  masc,  prov.  torn,  1.  mouvement 
en  rond,  subst.  verbal  de  tourner  (v.  c.  m.); 
2.  machine  ou  appareil  du  tourneur  (dim. 
modernes  touret,  tourillon),  du  L.  tomus, 
gr.  To>v«ç,  primitif  du  verbe  tomare,  fr.  tour' 
ner. 

TOURÂILLE,  t.  de  brasserie,  étuve  pour 
sécher  le  grain  germé,  du  L.  torrere. 

1.  TOUÎEtBE,  substance  combustible,  it. 
torba,  esp.  turla^  wall.  ^par  transposition) 
trouf,  pic.  troube,  trouble;  du  vha.  zurba, 
ags.  turf,sM,  mod.  torf,  m.  s. — D.  tourbeutc, 
tourbière, 

2.  TOURBE,  multitude,  L.  turba, 
TOURBILLON,  dérivé  d'un  type  L.    turbi- 

cula  fd'oû  tourbille*),  dimin.  du  L.  turbo,  -inis 
(it.  turbine),  m.  s.  —  D.  tourbillonner, 

TOURB,  du  L.  turdus,  grive  et  espèce  de 
poisson.  —  D.  tourdelle, 

TOURDDjLE  (gris),  couleur  de  cheval,  dér. 
de  L.  turdus,  grive. 

TOURELLE,  dimin.  de  tour  1 . 

TOURET.  TOURILLON,  voy.  tour  2. 

TOURISTE,  mot  d'introduction  anglaise, 
dér.  de  tour^  au  sens  d'excursion,  voyage. 

TOURICENT,  L.  tormentum  (torquere),  cp. 
torture,  —  D.  tourmentei\ 

TOURMENTE,  orage,  bourrasque;  e.st-ce  le 
sub.st.  verbal  fémin  du  verbe  tourmenter,  ou 
vient-il  de  quelque  type  barbare  turbimejUum, 
de  turbo,  tourbillon?  J'incline  pour  la  pre- 
mière explication  ;  tourmenter  =  agiter  vio- 
lemment, s'y  prête  pai*faitement.  —  D.  tour- 
menteux, 

TOURNELLE,  dim.  de  tour  (lat.  turris)-^ 
cela  parait  historiquement  juste,  mais  n'en 
est  pas  moins  phonétiquement  un  problème  ; 
comment  expliquer  l'existence  simultanée  de 
tourelle  et  tournellet  Cette  dernière  forme 
(elle  remonte  au  xiii*  siècle/  serait-elle  due  à 
une  influence  de  l'ancienne  forme  ail.  turn 
(ni.  toren)  concurrente  de  turm  f 

TOURNER,  angl.  turn,  mouvoir  ou  se  mou- 
voir en  rond,  changer  de  direction,  it.  tor- 
nare,  esp., port., prov. foniar,  du  L.  tomare, 
façonner  au  tour  (L.  tomus).  On  est  porté  à 
croire  que  la  langue  vulgaire  latine  employait 
déjà  tornare  dans  le  sens  de  vertere,  ce  sens 
se  produisant  dans  les  plus  anciens  documents 
de  la  moyenne  latinité.  Le  roman  tornare, 
n'était  le  L.  <(/»'ni«,venu  du  grec  to>vo«,  s'expli- 
querait aussi  parfaitement  par  une  contrac- 
tion de  L.  turbinare,  volvere,  vertere  (voy. 
Quicherat,  Addenda).  —  Subst.  verbal,  it., 
esp.,  port,  torno,  prov.  torn,  fr.  tour  (cp. 
four ^  jour,  àe  fom,jo7-n).  De  tour  viennent 
les  locutions  adverbiales  :  1.  entour  (v.  c.  m.), 
it.  intotmo  (cp.  ennVon),  d'où  à  Ventour  et  le 
subst.  alentours  (v.  c.  m.)  et  le  verbe  entourer 
(v.  c.  m.);  2.  autour.  Dérivés  de  tourner: 
tournant,  -eur^  -ée,  -ure,  tournoyer  (v.c.  m.), 
tou7*nailler,  tourniquet  (voy.  tournoyer),  — 


Composés  :  vfr.  atcumert  diriger  vers,  puis 
préparer,  arranger,  habiller,  orner  (cp.  dres- 
ser), d'où  vfr.  aiorn,  nfr.  atour; —  bistourner 
(v.  c.  m.);  —  cofxtoumer,  subst.  contour; 
—  détourner,  subst.  détour;  —  pourtour 
(v.  cm.);  —  retourner,  subst.  retour, 

TOURNESOL,  traduction  du  gr.  nlior/se^to*, 
«  qui  se  tourne  vers  le  soleil  ». 

TOURNOI,  subst.  de  tournoyer, 

TOURNOIS,  terme  de  monnaie,  L.  Turo- 
nensis,  frappé  à  Tours. 

TOURNOYER,  vfr.  toumier,  foire  des  évo- 
lutions, corresp.  du  prov.  tomeiarf  it.  tor- 
neare,  esp. ,  port,  tomear;  d'un  type  tomicare 
(d'où  provient  aussi  le  subst.  it.  tomichetto, 
fr.  tourniquet).  Subst.  verbal  tournoi,  prov. 
tomei,  esp.,  it.,  port,  tomeo, 

TOURTE,  ail.  torte,  voy.  tarte.  —  D.  tour- 
ter  tourteau. 

TOURTEAU,  voy.  tourte.  —  D.  tourtdet, 
-elette, 

TOURTEREAU, -ELLE,  L.turturdlus,-ella, 
dim.  deturtur,  primitif  conservé  dans  le  vieux 
mot  fr.  tourtre,  angl.  turtle, 

TOUSELLE.  blé  sans  barbe,  féminin  du  vfr. 
tousel,  touseau,  imberbe  (pr.  tondu,  lisse),  puis 
»  damoiseau,  mignon.  Dimin.  de  tosus  =» 
tonsus,  tondu,  ras. 

TOUSSAINT,  fête  consacrée  à  «  tous  les 
saints  «. 

TOUSSER,  voy.  toux, 

TOUT,  du  L.  tottts,  ou, strictement  parlant, 
dune  forme  vulgaire  tottus  (Rom.,  X,  42). 

TOUTEFOIS,  pr.  en  tout  cas;  voy.  fois.  An- 
ciennement  on  disait  aussi  toutevoie  et  toutes 
voies  «s  it.  tuttama,  esp.  todatia, 

TOUTENAQUE,  aussi  tvUenague;  du  per- 
san toùtiyânàk,  litt.  -»  analogue  à  la  tutie  (v. 
c.  m.). 

TOUX,  L.  tussis,  —  D.  tousser;  en  vfr. 
toussir,  d'après  L.  tussire, 

TOXIQUE,  L.  toancum  (ro^xov;.  De  là  toxi- 
cologie, science  des  poisons. 

TRABAN,  it.  trabante,  suéd.  drabant, 
behéme  drabanti,  ail.  traJbant.  On  rapporte 
ces  mots  à  l'ail.  traJben,  trotter,  courir;  le 
traban  serait  ainsi  pr.  un  piéton,  un  coureur. 
Littré  parait  préférer  l'étym.  trabe,  bâton  de 
bannière,  aussi  hallebarde,  qui  est  L.  trabes, 
poutre. 

TRABE,  voy.  l'art,  préc. 

TRAC,  1.  allure  du  cheval,  de  la  racine 
trac,  aller,  marcher,  qui  se  rencontre  dans 
presque  toutes  les  langues  germaniques  (voy. 
tracasser)  ;  cp.  néerl.  trekhen,  tirer,  aller  ;  — 
2.  trace,  piste,  angl.  trach;  parait  être  le 
subst.  verbal  masc.  de  tracer;  on  peut  toute- 
fois aussi  y  voir  le  nord,  trahha  (p.  tradka), 
dér.  de  trôda,  marcher,  fouler  le  sol.  On 
trouve  en  BL.,  dès  le  vu*  siècle,  traco,  -onis, 
pour  voie,  surtout  voie  souterraine. 

TRACAS,  subst.  verbal  de  tracasser. 

TRACASSER,  d'abord  mettre  en  agitation; 
puis  au  sens  neutre,  s'agiter,  courir  çà  et  là 
comme  une  bête  traquée  ;  peut  être  considéré 
comme  une  forme  péjorative  de  traquer.  Il 
peut,  cependant,  eu  être  indépendant  et  être 


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rapproché  de  l'écoss.  traik,  courir  çà  et  là, 
du  bavarois  tràckeln  (suisse  trockeln),  être 
indécis  (la  racine  trah  tient  sans  douce  au  tra- 
gère  latin,  forme  antérieure  de  trahere,  sans- 
crit trak,  marciier,  courir,  gr.  rpiyo»,  courir). 
Il  vaut  la  peine,  pour  confirmer  cette  dernière 
étym.,  de  rapprocher  de  tracasser  un  syno- 
nyme vfr.  :  c'est  irepeiUer  (=  courir  çà  et  là, 
être  inquiet;  qui  vient  du  vfr.  trepcr,  faire 
des  pas,  sauter  (étymologiquement  identique 
avec  le  néerl.  trippen,  ail.  trippeln,  angl. 
iript  fûre  des  petits  pas,  voy.  trépigner),  et 
d'où  vient  vfr.  trepeil,  inquiétude,  tourment, 
tracas.  —  D.  tracas,  tracassier, 

TRACE  (it.  traccia,  esp.  trajia,  prov.  trassa), 
subst.  verbal  de  tracer, 

TRACER,  tirer  des  lignes,  it.  tracciare, 
suivre  la  piste,  esp.  trazar,  tracer.  D'un  type 
latin  tractiare,  tiré,  d'après  le  génie  roman, 
du  L.  tractus,  part,  de  trahere,  tirer  des 
lignes,  faire  des  traits,  (cp.  chacer  chasser ^ 
de  captiare),  —  D.  trac,  trace  (v.  ces  m.)  ; 
subst.  part,  trace'. 

TRACHÉE-ARTJIRE,    gr.     rpxxtix    àprriplx^ 
artère  raboteuse. 
nTRACTION,  h.tractionem  (trahere). 

TRADITION,  L.  tradUionem,  action  de 
transmettre  [tradere).  Le  même  subst.  latin, 
avec  le  sens  *  action  de  livrer  »,  s'est  ft-ancisé 
en  trahison  (v.  trahir).  —  D.  traditionnel, 

TRADUIRE,  L.  tra-ducere,  1.  transférer 
(cp.  traduire  devant  les  tribunaux);  2.  faire 
passer  d'une  langue  dans  une  autre  ;  cp.  les 
termes  analogues  fr.  translater' et  angl.  trans- 
late (de  iranslatum,  supin  de  transferre)^  et 
ail.  iibertragen,  ubcrsetzcn,  —  D.  tradui' 
sihlc.  Du  L.  traductorem,  -tionem  :  fr.  tra- 
ducteur^ -tion, 

TRAFIC,  voy.  l'art,  suiv.  L'ancienne  langue 
avait  aussi  la  forme  féminine  traficque. 

TRAFIQUER,  it.  trafficare,  prov.  trafe- 
guare,  sp.  trafigar,  trafagar,  port,  trafegar; 
de  là  le  subst.  verbal  trafic,  it.  traffico,  prov. 
trafec,  trafey,  esp.  trafago,  trafico,  port,  tra' 
fcgo,  trafico.  L'origine  de  ce  mot  n'est  pas 
encore  tirée  au  clair.  «  Il  est  remarquable, 
dit  Diez,  que  le  v.  port,  trasfegar,  transvaser 
(=  L.  transvicare'  de  r)ices),  signifie  aussi 
«  ûiire  commerce  »,  et  que  le  cat.  trafag,  com- 
merce, artifice,  signifie  aussi  transvasement. 
Mais  si  trafegar  est  identique  avec  l'anc.  tras- 
fegar, il  faut  qu'il  y  ait  eu  dans  les  subst.  v. 
port,  trdsfego,  n.  port,  tràfego,  trdfico,  un 
transport  de  Tac^^nt  sur  le  préfixe,  ce  qui  est 
très  exceptionnel.  »  —  Le  sens  primitif  parait 
exprimer  mouvement  inquiet,  choc  des  inté- 
rêts, et  survivre  dans  lelangucd.  tra  fi,  tracas, 
trouble,  désordre  ;  aussi  Wedgwood  rattache- 
t-il  le  mot  au  verbe  cymr.  trafu,  remuer, 
agiter.  —  Si  le  sens  primordial  du  mot  était 
«  commerce,  négociation  •»,  on  pourrait  à  la 
rigueur  partir  d'un  adj.  barbare  traficus  (de 
tranS'ficere)  au  sens  de  «  qui  transmet,  négo- 
ciateur i>.  Toujours  est-il  que  toutes  les  formes 
citées  ne  s'y  prêtent  pas  aisément. 

TRAQACANTHfi,  gr.  r/^xyiexxvdx  (épine  de 
boucj.  Voy.  aussi  adragant. 


TRAGÉDIE,  L.  tragœdia,  gr.  T^ar/»«:a.  — 
D.  tragédien, 

TRAGIQUE,  L.  tragicus,  gr.  rpa^i*6;. 

TRAHIR,  anc.  traïr,  it.  tradire,  du  L.  tra- 
dere (pr.  livrer)  =  prodere;  cp.  envahir,  de 
invadere.  —  Du  subst.  traditionem  :  fr.  trahi- 
son^ traïson;  de  traditor  :  fr.  traître  (v.  c.  m.). 

TRAILLE,  pont  volant,  d'après  Diez,  du  L. 
traguia  (tragere*  =  trahere),  employé  par 
Varron  pour  traîneau,  claie,  herse;  selon 
d'autres,  p.  tiraille, 

TRAIN,  anc.  traïn,  trahin,  it.  traitu),  esp. 
tragin,  cat,  tragi,  prov.  trahi,  marche,  allura, 
trace,  suite,  attirail;  dérivé  de  trahere,  tirer. 
Pour  la  relation  entre  tirer  et  marcher,  cp. 
l'ail,  ziehen,  qui  réunit  les  deux  acceptions, 
le  L.  ducere,  etc.  Le  type  immédiat  de  traïn 
doit  avoir  été  un  subst.  L.  trahimen;  c^,gain, 
anc.  gain  (dans  le  cps.  regain)  =»  it.  gua-ime. 
Les  formes  it.  et  esp.  paraissent  calquées  sur 
la  forme  fr.  ou  prov.  —  D.  trainer  (anc.  traî- 
ner, trahiner,. 

TRAINER,  voy.  train,  —  D.  traine,  traî- 
neau, -ée,  -ant,  -ard,  -asse;  cps.  entraîner, 

TRAIRE,  it.  traître,  esp.  traer,  du  L.  tra- 
cere  ou  tragere,  forme  primitive  de  trahere; 
cp.  faire  de  facere.  Le  mot  traire^  anc.  d'un 
usage  aussi  fréquent  que  le  ^tr^r  d'aujourd'hui, 
a  rétréci  son  application  à  l'action  de  tirer  le 
lait  d'une  vache.  —  Du  part,  latin  tractus  :  le 
part.  fr.  trait,  d'où  le  subst.  partie,  fém. 
traite,  étendue  de  chemin,  lettre  de  change 
tirée  sur  qqn.,  transport  de  marchandises, 
commerce,  trafic.  —  Dér.  du  fr.  traire;  subst. 
trayon,  bout  du  pis  d'une  vache. 

1 .  TRAIT,  L.  tractum  trahere),  pr.  chose 
tirée  ou  tracée  ;  de  là  :  flèche,  corde,  ligne, 
marque,  etc.  (cp.  Tall.  zitg), 

2.  TRAIT,  action  de  tirer  («  d  un  seul  trait  ••), 
du  subst.  L.  tractus  (trahere). 

TRAITE,  voy.  traire. 

TRAIIER,  L.  tractare,  fréq.  de  trahere, 
tirer;  donc  tirer  beaucoup  ou  en  tous  sens, 
manier,  cultiver.  —  D.  traitable,  traitement^ 
traiteur,  traité,  (L.  tractatus). 

TRAÎTRE  est  la  forme  contractée  du  vfr. 
trahitre,  traître  et  vient  du  L.  traditor  (qui 
dans  le  bas-latin  portait  l'accent  sur  la  seconde 
syllabe);  au  cas-régime,  l'anc.  langue  avait 
trahitour  =■  L.  traditôrern,  —  D.  traïteus', 
traïtreus,  resté  dans  l'adv.  traîtreusement.  — 
Voy.,  sur  l'histoire  de  ce  mot,  Tobler,  Ver- 
mischte  Beitrâge,  p.  81. 

TRAJET,  L.  trajectus  (tra-jicere),  tra- 
versée. 

TRALE,  nom  vulgaire  du  mauvis,  vfr. 
trasle,  du  vha.  throscela,  ags.  throsle,  angl. 
throstle,  ail.  mod.  drossel. 

TRAMAIL,  trémail',  it.  tramaglio,  angl. 
tramel,  BL.  tremaculum.  Ce  dernier  substan- 
tif, qui  représente  la  forme  normale,  se 
décompose,  d'après  Diez,  en  tre  =-  très,  et 
macula,  maille;  donc  filet  à  trois  mailles; 
cp.  le  L.  tri-licium,  d'où  it.  traliccio,  fr.  treil' 
lis.  Le  wall.  dit  tramaïe  pour  treillis  ;  le  piô- 
montais  a  trimcy\ 


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TRAME,  L.  trama,  —  D.  tramer. 

TRAMONTANE,  de  l'it.  tramontana,  nord, 
puis  vent  du  nord,  étoile  du  nord  ;  de  trans 
montes,  au  delà  des  montagnes  (des  Alpes). 
Lanc.  fr.  â'iMdt  tresmontaine, 

TRAMWAT,  mot  anglais,  abrégé  de  Outram- 
toat/  (d  après  Outram,  le  nom  d'un  ingénieur 
anglais). 

TRANCHER,  autrefois  trencher,  prov.  tren- 
car,  trincar,  trinchar,  esp.,  port,  trincar, 
it.  trinciare,  couper,  rompre,  pic.  trinquer. 
L'étjmologie  de  ce  verbe  est  encore  controver- 
sée. Le  verbe  transcindere,  allégué  pour  type 
par  Roquefort,  ne  mérite  qu'une  mention  do 
curiosité.  Il  faut  également  rejeter  L.  trun- 
care  et  transsecare,  ainsi  que  le  type  mons- 
trueux trennicare,  que  Ton  fait  dériver  de 
Tall.  trenneti,  séparer,  diviser.  Langensiepen 
propose,  avec  trop  de  subtilité,  le  type  fictif 
dirimicare,  d^rimicare,  d'rimcare,  de  diri- 
mère;  irrégularité  de  t  p.  rf  n'est  pas  sans 
précédent,  mais  si  elle  paraissait  trop  cho- 
quante, Fauteur  de  cette  étymologie  recom- 
mande la  filière  suivante  :  L.  interimere  (pr. 
enlever  du  milieu,  détruire,  tuer),  interimi- 
care,  intrimicare,  trincare  (cp.  it.  tra  p. 
intra).  A  propos  de  cett«  dernière  étymologie, 
Diez  conjecturerait  plus  volontiers  interne- 
care,  que  Prudence  emploie  dans  le  sens  de 
détruire  et  qui  pourrait  avoir  donné  nais- 
sance au  prov.  entrencar,  briser,  d'où,  par 
aphérèse,  trencar,  etc.  —  Littré  opte  pour 
truncare ;  trencher  serait  p.  tronc?ier  comme 
vfr.  volenté  p.  volonté.  La  difficulté  des  formes 
avec  i  (triticiare)  ne  lui  semble  pas  assez 
importante  pour  invalider  cette  origine.  Au 
Suppl.,  il  allègue  en  confirmation  de  son  étym. 
une  forme  troinchier  recueillie  dans  Floovant 
(xiii*  siècle),  V.  153. — H.  tranche,  tranchant, 
tranchée  (p.  le  sens  «  douleurs  de  ventre  », 
cp.  l'expr.  analogue  ail.  leibschneiden),  tran- 
chet,  -air,  retrancher. 

TRANQUILLE,  L.  tranqiUUus.  —  D.  tran- 
quillité, L.  tranquillitatem;  tra>iquilliser. 

TRANS-,  élément  de  composition  d*un  grand 
nombre  de  mots  de  provenance  latine.  C'est 
l'adv.  ou  prép.  trans,  au  delà,  à  travers.  On 
Ta  appliqué  aussi  à  quelques  verbes  du  fonds 
non  latin,  p.  ex.  transborder,  transpercer. 
Dans  la  couche  ancienne  de  la  langue  fr.,  le 
préfixe  latin  trans  s'est  régulièrement  converti 
en  très  (cp.  L.  mansus^  vfr.  mes),  dont  la 
finale  s  s'est  efiacée  dans  l'orthographe  mo- 
derne devant  les  consonnes  autres  que  $  :  ex. 
trespasser'  trépasser,  tressaillir.  La  forme 
corresp.  it.  et  prov.  est  tras  (en  it.  aussi  ira). 
Le  mot  très  =  L.  trans  sert  aussi  d'adverbe 
pour  marquer,  sinon  Texcis,  du  moins  le  haut 
degré  :  très  grand  =  excessivement  grand, 
it.  ti-as  grande,  cp.  en  ail.  ûbergross.  L'anc. 
langue  en  faisait  un  usage  bien  plus  étendu  ; 
elle  disait,  par  exemple  :  si  très  grand  Ja  plus 
très  belle  gent. 

TRANSACTION,  L.transactionem,  subst.  do 
transigei^e  (litt.  pousser  outre,  jusqu'à  bout)  = 
fr.  transiger.  —  D.  transactionnel. 

TRANSCENDANT,  L.  transcendeniem,  litt. 


qui  va  au  delà  (des  limites  ordinaires;.  —  D. 
transcendance. 

TRANSCRIRE,  L.  transcribere ;  sabst. 
transcriptio,  fr.  transcription. 

TRANSE  ;  ce  mot  signifie  en  premier  lieu 
les  angoisses  de  la  mort  ;  c'est  Tesp.  ou  port. 
trance  /masc.)  =  moment  suprême,  pas  de  la 
mort.  Ce  mot  trance,  suivant  les  lois  phoné- 
tiques de  la  langue  esp.,  correspond  à  Ht. 
transito  (L.  transitus),  passage  de  la  ?ie  à  la 
mort  (cp.  le  mot  trépas),  d'où  transita,  trance, 
transe.  Frisch  cite  à  l'appui  une  forme  ail. 
usuelle  en  Suisse  :  transt  =  transe.  Jusqu'ici 
nous  avons  reproduit  l'opinion  de  Diez.  Nous 
nous  permettons  à  notre  tour  une  petite  va- 
riante d'explication.  Nous  partons  du  verbe  L. 
traîU'ire,  au  moy.  âge  ^  trépasser,  mourir, 
de  là  le  verbe  fr.  transir,  anc.  ==  mourir, 
plus  tard  =  être  glacé,  c.-à-d.  perdre  le  sen- 
timent de  la  vie  ;  or,  le  subst.  transe  peut  très 
bien  être  considéré  comme  le  subst.  verbal  de 
transir  et  signifier  torpeur,  frayeur  ;  de  sorte 
qu'il  n*est  pas  nécessaire  de  supposer  un  em- 
prunt direct  à  l'espagnol.  Cp.  faille  àe  faillir, 
coiœine',  de  convenir.  D'ailleurs,  les  éty- 
mologistes  ont  renoncé  à  l'expUcation  de 
l'esp.  tratwe  par  transitus.  En  angl.  trance 
équivaut  à  extase.  —  Ménage  proposait  striu- 
gère,  serrer,  et  Nodier  en  était  encore  une 
fois  réduit  à  la  ressource  de  Tonomatopée. 

TRANSEPT,  mot  technique,  formé  de  L. 
trans,  et  de  septum,  enceinte;  donc  espace 
transversal. 

TRANSFÉRER,  L.  transferere,  forme  bar- 
bare  p.  trans fen*e;  du  part,  barbare  tram- 
fertus  vient  le  subst.  transfert. 

TRANSFIQURER,  L.  trans- figurare. 

TRANSFORMER,  L.  trans-formare. 

TRANSFUGE,  L.  transfuga. 

TRANSFUSER,  L.  transfitsare\  fréq.  de 
transfundere,  par  le  supin  iransftisiim,  d'où 
aussi  subst.  transfusionem,  fr.  trans fiisioti. 

TRANSGRESSER,  L.  transgressare  ,  fréq. 
de  transgredi,  dont  le  supin  transgressum  a 
donné  transgressorem,  -ionem,  fr.  transgres- 
seur,  transgression. 

TRANSIGER,  voy.  transaction. 

TRANSIR,  voy.  transe. 

TRANSIT,  mot  savant,  L.  transitus,  pas- 
sage. 

TRANSITIF,  L.  transitivus;  transition, 
L.  transitionem  ;  transitoire,  L.  iransUo- 
rius,  passager. 

TRANSLATER,  angl.  tramlale,  voy.  tra- 
duire. 

TRANSLATION,  L.  trans-lationem  (trans- 
ferre). 

TRANSMETTRE,  anc.  tramettre,  L.  trans 
mittere,  supin  transmissum,  d'où  transmis- 
sion, L.  transmissionem,  et  transmissihU,  L. 
transmissibilis. 

TRANSMUER,  L.  rra>w-mutor«,  d'où  t^an^- 
mutationem,  fr.  transmutation. 

TRANSPARENT,  mot  nouveau  faitde rra«5. 
à  travers,  et  du  part,  parentem,  qui  parait, 
qui  luit.  C'est  une  imitation  du  gr.  cufa/iii, 
diaphane.  —  D.  transparence. 


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TRA 


—  497 


TRA 


TRAHSPIRER,  du  L.  (fictif;  trans-spirare, 
s'exhaler  à  travers,  sortir  d'une  manière  in- 
sensible. 

TRANSPLANTER,  L.  irans-p/antare. 

TRANSPORTER,  L.  trans-portare,  —  D. 
substantif  verbal  transport. 

TRANSPOSER,  déposer,  d'après  L.  trans- 
poiiere,  dont  le  supin  transpositum  a  produit 
transpositionem,  fr.  transposition. 

TRANSSUBSTANTIER,  mot  théologique, 
changer  une  substance  en  une  autre.  —  D. 
transsubslan  tiation, 

TRANSSÏÏDER,  L.  (fictif)  trans-sivdare, 
L'anc.  langue  disait  tressuer,  transpirer. 

TRANSVASER,  it.  travasare,  mot  nouveau, 
=  faire  passer  d'un  vase  dans  un  autre. 

TRANSVERSAL,  mot  scientifique,  tiré  de 
transToersxis,  voy.  travers. 

TRANTRAN.  aussi  train-train,  d'après  Lit- 
tré,  subst.  verbal  de  Tanc.  verbe  trantranei\ 
qui  représente,  selon  lui,  le  néerl.  tranten, 
trantelen,  se  promener  çà  et  là.  Le  mot  train 
n'y  serait  donc  pour  rien. 

TRAPÈZE,  BL.  trapesium,  dér.  du  gr. 
T/aâTTîJ»,  table,  puis  toute  surface  carrée. 

TRAPPE,  prov.  et  BL.  trappa,  csp.  trampa, 
it.  (dim.)  trappola,  du  vha.  trapo,  piège,  tré- 
buchet.  —  D.  attraper  (v.  c.  m  ). 

TRAPU,  vfr.  trape  ;  Diez  admet  la  possi- 
bilité que  trape  soit  venu,  par  transposition, 
du  gaél.  tarp,  monceau  (cymr.  talp)  ;  cepen- 
dant, il  préfère  le  rattacher  au  mha.  dapfer, 
tapfer,  solide,  ramassé,  lourd,  gros  (=  ail. 
mod.  tapfer,  fort,  brave),  d'où  vient  le  subst. 
vha.  taphaiH,  monceau.  On  voit  de  la  même 
manière  se  correspondre  pour  la  lettre  le 
verbe  mha.  tapfern,  maturare,et  le  fr.  traper 
r=a  egregie  succrescere  (Dictionn.  de  Tré- 
voux). Auj.  on  dit  encore  d'un  melon  qu'il 
trape,  qu'il  grossit.  Trape  peut  en  effet  aussi 
bien  venir  du  groupe  tapar  que  tremper  de 
tcmperare. 

1 .  TRAQUENARD,  1 .  cheval  marchant  une 
espèce  d'amble  appelé  entre-pas,  puis  2.  cette 
allure  elle-même.  Nicot  traduit  le  mot  par 
asturco.  Hier.  Victor  par  chinea,  hacanea; 
Monet  le  définit  par  *  qui  va  l'amble,  qui 
marche  un  pas  serré,  doux,  mesuré  et 
vite  ».  D'où  vient-il?  Il  faut  écarter  l'étym. 
tricanarius  de  tricare,  «  quod  intricet  pedes  n 
(Borel,  Saumaise).  Le  P.  Labbé  dit  : 
••  Trac  vient  du  bruit  que  font  les  chevaux  en 
marchant,  et  le  môme  bruit  fait  que  nous  di- 
sons -  il  va  son  traquenard  «..  Littré  tire  la 
valeur  de  notre  mot  de  celle  du  suivant  (v. 
celui-ci).  Diez  rapproche  l'it.  ti'accheggiare, 
faire  lentement,  traîner.  —  Pour  moi,  il  me 
semble  difficile  do  le  séparer  de  trac  =»  allure 
du  cheval;  pour  le  reste,  je  ne  saurais  rien 
en  dire,  sinon  qu'il  a  pu  se  former  par  un 
subst.  intermédiaire  traqiion,  d'où  verbe  tra^ 
qiœner  et  subst.  traquc7iard  (qui  serait  donc 
simplement  =  marchant  l'amble,  equus  tolu- 
tarius). 

2.  TRAQUENARD,  piège,  trébuchct;  do 
traque-renard  f  Qq  n'est  pas  impossible.  Lit- 
tré rattache  notre  mot  au  même  radical  que 


tracanei\  dévider  de  la  soie  (dont  l'origine  est 
inconnue).  Il  voit  aussi  dans  traquenard  1  une 
simple  déduction  de  sens  ;  «  le  piège,  qui  est 
du  genre  des  trébuchets,  a  donné  son  nom  à 
l'allure  dans  laquelle  le  cheval  semble  trébu- 
cher n. 

TRAQUER,  pr.  tirer  des  toiles  autour  d'un 
bois  pour  y  faire  entrer  le  gibier;  du  néerl. 
trekhen,  tirer.  Cette  origine  du  mot  n'est  pas 
assurée;  il  est  difficile  de  le  séparer  d'un 
thème  lat.  tract  (cp.  it.  tracciare,  suivre  la 
piste);  la  forme  fr.  peut  n'être  qu'une  variété 
dialectale  de  '  trac/ier,  tracer  comme  attaquer 
de  attacher.  —  M.  Ulrich  voit  dans  le  thème 
traccare  une  forme  romane  conmiune  issue  de 
tracticare  (de  tractum),  —  D.  traque,  action 
de  traquer;  traqueur,  traquet,  piège;  peut- 
être  aussi  tracctëser  (v.  c.  m.). 

TRAVAIL,  it.  travaçlio,  esp.  trabajo,  port. 
trabalho,  prov.  trabalh,  trebalh,  anc.  tour- 
ment, chagrin,  peine,  puis  ouvrage  (même 
enchaînement  que  dans  le  L.  labor].  On  s'est 
bien  torturé  pour  fixer  l'origine  de  ce  mot 
roman.  Ferrari  le  fait  venir  de  tribidum,  tri- 
buîare,  Sylvius  de  trans-vigilia,  veille,  insom- 
nie, Muratori  et  autres  de  l'it.  x>aglio,  tamis 
(traoagliare  serait  pr.  =  secouer*,  Wachter 
du  cymr.  trafod  «=  travail  ;  d'autres,  moins 
aventureux,  du  gaél.  treabh,  labourer  (cp. 
l'ail,  arbeiten,  pr.  labourer,  travailler  la  terre, 
et  le  fr.  labourer  =  L.  laborare,  travailler). 
Diez  ne  croit  pas  devoir  sortir  du  domaine 
latin  ;  il  voit  dans  travail  un  rejeton  du  verbe 
Jravar  (d'où  le  fr.  en-traver),  arrêter,  empê- 
cher, qui  lui-même  procède  du  subst.  L.  trabs 
(vfr.  tref),  poutre.  Travail  c'est  pr.  mettre 
des  bâtons  dans  les  roues,  entraver  ;  de  là 
se  dégage  l'acception  contrarier,  tourmenter. 
Voici,  en  définitive,  l'encliainement  des  for- 
mes et  des  acceptions  :  Trabs,  poutre,  barre  ; 
—  de  là  le  type  trabare,  d'où  esp.  travar, 
mettre  des  entraves  (cp.  le  fr.  embarrasser 
de  barre)  ^  arrêter,  empêcher,  tourmenter, 
contrarier,  —  puis  la  forme  diminutive  tra- 
bacuiare,  ou  -iculare,  avec  les  mêmes  signi- 
fications, d'où  travailler,  traveiller,  etc.  — 
De  là  le  subst,  verb.  travail,  1.  (sens  propre) 
appareil  composé  de  poutres  pour  tenir  en 
respect  les  chevaux  vicieux;  2. (sens  fig.)  con- 
trariété, peine,  tourment  (cp.  embai'ras).  Du 
subst.  verbal  travail  s'est  de  nouveau  dégagé 
un  verbe  travailler,  de  seconde  formation, 
signifiant  se  mettre  en  peine,  se  donner  du 
mal,  s'efforcer,  exercer  ses  forces  sur  qqch., 
comme  labor,  peine,  a  donné  lafjoi'are,  tra- 
vailler. —  L'angl.  a  travcl  =  faire  du  che- 
min, voyager  ;  le  vfr.  donnait  la  môme  accep- 
tion au  verbe  traveiller  et  le  bavarois  arbei- 
ten a  le  même  sens.  C'est  la  peine,  l'effort, 
envisagés  à  un  point  de  vue  spécial. 

TRAVAILLER,  voy.  l'art,  pi-éc. 

TRAVÉE,  d'un  type  latin  trabata,  dér.  du 
L.  trabs,  trahis,  poutre. 

TRAVERS,  du  L.  trans-versus,  tra-versus, 
placé  (pr.  tourné)  en  travers,  oblique  ;  de  là  : 
subst.  ma.sc.  travers  (l'idée  d'obliquité  a  dé- 
gagé le  sens  moral  irrégularité,  bizarrerie, 


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TRÉ 


—  498  — 


TRE 


caprice),  fém.  traverse;  les  locutions  adverb. 
de  travers,  à  travers,  au  travers  de,  l'adj. 
traversier,  le  subst.  traversin,  oreiller  qui 
occupe  toute  la  largeur  du  lit,  etc.  ;  le  verbe 
traverser,  passer  à  travers. 

TRAVERSER,  voy.  Tart.  préc.  —  D.  tra- 
versée. 

TRAVESTIR,  it.  travestire,  d'un  type  latin 
trans-vestire,  faire  changer  de  vêtement. 

TRAYON,  dér.  àe  traire  (V.  c.  m.). 

TRÉ...,  préfixe,  voy.  trans, 

TRÉBUCHER,  esp.,  prov.  trabucar,  sens 
actif  =  renverser,  jeter  à  terre,  sens  neutre 
=  tomber  à  la  renverse.  Selon  Diez,  ce  verbe 
est  un  composé  du  préfixe  trans^  tra  et  du 
vfr.  biic,  qui  signifiait  tronc,  buste  du  corps 
humain  (voy.  buste  2j  et  que  l'on  croit  iden- 
tique avecit.  buœ,  buca,  cavité,  trou.  Comme 
analogie,  il  cite  l'it.  trambustare,  renverser, 
de  busto,  buste.  Trébucher  qqn.  serait  donc 
pr.  faire  dévier  le  tronc  de  sa  direction  natu- 
relle en  passant  sur  quelque  obstacle.  — 
Nous  n'avons  pas  une  foi  entière  dans  cette 
étymologie.  Évidemment,  Ton  ne  peut  guère 
séparer  trabucher  trébucher,  de  l'it.  traboc- 
care,  lancer,  jeter,  renverser.  Or,  ce  verbe 
ital.  dérive  de  trabocco,  baliste  (cp.  accabler, 
pr.  abattre,  de  cadabula).  Ou  fautril,  en  sens 
inverse,  dériver  trabocco,  l'instrument,  du 
verbe  traboccare,  et  voir,  comme  le  pense 
Diez,  dans  ce  dernier,  une  simple  variété  de 
trabiicaref —  Au  SuppL,  Littré  observe  que 
l'it.  ^raftoccarc  signifie  pr.jetersurla  bouche, 
comme  le  vfr.  ad  enter  jeter  sur  les  dents. 
Mais  en  admettant  le  primitif  ôe^cca,  L.  biicca 
pour  traboccare,  comment  le  fr.  a-t-il  trébu- 
cher et  non  pas  trcbouchcr  î  pourquoi  le  prov. 
distinguc-t-il  les  voyelles  dans  trabucar  (tré- 
bucher) et  dans  abocar  (renverser)?  —  Si  l'on 
trouvait  quelque  part  le  type  trabuscare,  rien 
ne  serait  plus  facile  que  d'expliquer  le  mot 
par  «  mettre  une  bûche  à  travers  «  pour  faire 
tomber;  mais  le  radical  ne  se  rencontre  que 
sous  la  forme  bue  (non  pas  bitsc^j.  —  Enfin,  no 
pourrait-on  pas  invoquer  un  primitif  ^ro^wca, 
trabucus,  dérivé  de  trabs  avec  le  sens  de 
poutre  mise  en  travers,  traverse  (cp,  carmica, 
massuca  et  tant  d'autres^l  Cp.en  li.trabacca, 
baraque,  autre  dérivé  de  trabs.  —  Do  trabu- 
cus rapporté  à  trabs,  viendrait  le  dimin.  tré- 
buchet,  1.  obstacle,  piège,  2.  barreau,  fléau, 
levier  d'une  balance.  Les  subst.  prov.  trabuc, 
esp.  trabuco,  it.  trabocco  =--  baliste,  s'accom- 
moderaient aussi  d'un  primitif  trabs. 

TRÉBTJCHBT,  it.  trabocchetto,  voy.  l'art, 
préc. 

TRÉFILER,  type  ly'ans-filare,  passer  le  fil 
à  travers  la  filière.  —  D.  tréfileur,  -ei'ie. 

TRÈFLE  ne  peut  venir  du  L.  trifolium  que 
par  un  déplacement  de  l'accent  primitif  :  tri- 
foUum,  triflium,  trèfle.  L'accent  sur  o  est 
respecté  dans  le  vfr.  trefeuJ,  prov.  trcfeuil.  — 
D.  tréflier,  chardonneret. 

TRÉFONDS,  d'après  NicotetDu  Gange,  con- 
traction de  tfi^^ce  fundus.  Cette  étyra.  est  par- 
tagée par    Darmcsteter  ;  d'abord  ter  fonds. 


d'où,  par  métathèse,  tréfofuis (c^.ïtJremwào 
a=r  terrse  motus).  D'autres  expliquent  le  mot 
par  très  -\-  fonds,  fonds,  allant  au  delà  du 
sol,  c.-à-d.  sous  le  sol.  Grandgagnage  est  con- 
traire à  Tét.  terrœ  fundus  et  démontre  que 
très-fonds  est  simplement  une  forme  superla- 
tive de  fonds  n'ayant  en  soi  d'autre  significa- 
tion que  celle  de  ce  dernier  ;  pour  ainsi  dire 
archi-fonds.  11  aurait  pu  à  ce  sujet  invoquer, 
comme  formation,  le  BL.  transcensus  (1138;, 
plus  tard  trecensus,  rente  d'un  fonds  de  terre 
(voy.  Du  Cange).  —  D.  tre'foncier. 

TREILLE,  prov.  trelha,  du  L.  trichila,  tri- 
cla,  triclia,  berceau  de  verdure.  —  D.  wrbe 
treiller,  d  où  treillage  et  treillis,  assemblage 
de  barreaux  de  bois  qui  se  cix>isent  en  forme 
de  treille. 

1 .  TREILLIS,  voy.  l'art.  pi*éc.  —  D.  ireil- 
lisser. 

2.  TREILLIS,  toile  grossière,  vfr.  trelis, 
treslice,  it.  traliccio,  esp.  trelis,  du  L.  trilix, 
tissu  de  trois  fils  (licium),  qui  est  ausâ  le 
type  de  l'équivalent  ail.  drillich. 

TREIZE,  du  L.  tre-decim,  cp.  seize  àe  sedc- 
dm,  onze  de  un-decim, 

TRÉMA,  du  gr.  rpr^fia,  trou,  puis  les 
points^  percés  dans  les  dés  à  jouer. 

TREMAIL,  voy.  tramail. 

TREUBLE,  it.  tremula,  du  L.  tremida,  s. 
e.  populus,  peuplier  tremblant.  —  D.  trem- 
blaie. 

TREMBLER,  it.  tremolare,  esp.  tremblar, 
BL.  tremulare,  de  rac(j.  L.  tremulus  \\xe- 
mere),^ agité,  tremblant.  —  D.  trembloter, 

TRfiliQE,  forme  altérée  des  vieux  mots  trc- 
mule,  trémoiCy  it.  tramoggia,  sic.  trimoja, 
prov.  tremueia.  Selon  les  uns,  de  L.  trinvodius 
(la  trc  mie  envisagée  comme  renfermant  tr& 
modios)  ;  selon  d'autres  (et  c'est  à  eux  que 
nous  donnons  raison,  la  trémie  étant  toujoui's 
dans  un  état  de  tremblement);  tramog^a 
serait  pour  trema-moggia  (moggia  =-fr.  tnuh 
représente  le  L.  modia  p.  modius,  boisseau  , 
donc  pr.  =  boisseau  tremblant.  Cp.  l'expr. 
angl.  mill'hopper,(-=  trémie),  litt.  sauteur  de 
moulin,  et  les  expr.  BL.  tremellum,  tremula. 

TRÉMIÊRE  (rosé),  du  L.tremere,iTemUer; 
cp.  l'ail,  zitter-rose.  Comme  cette  rose  en  réa- 
lité n'a  rien  qui  justifie  cette  origine,  Legua- 
rant  explique  son  nom  par  une  corruption 
d^outre-mcr.  —  Selon  d'autres  de  Treinkr* 
importateur  de  la  plant«  (?j. 

TRÉMOIS.  blé  de  trois  mois,  BL.  trerii^- 
sium,  du  L.  trimense,  s.  e.  triticum. 

TREMOUSSER  ;  on  est  t«nté  d^  voir  le  radi- 
cal latin  trentere,  mais  il  resterait  à  justifier  le 
sufiixe  ousser,  à  moins  de  trouver  quelq"û 
type  italien  tremosso,  tremozsare.  Diez  expli- 
que le  mot  par  un  vocable  barbare  trmi-^ 
motiare,  se  remuer  fort  (tratîs  marquerait 
l'excès  comme  dans  tressaillir).  Ce  qui  app«'^ 
cette  étyni.,  c'est  le  participe  it.  mosso,  àc 
muovere,  mouvoir. 

TREMPER,  transposé  de  l'anc.  temprer,  n- 
tempj'are,  angl.  temper;  voy.  tempérer.  — 
L'application  du  sons  «  durcir,  aciérer  »  a» 
lat.  tempcrare  se  rencontre  dès  le  iv*  siècle 


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TRÉ 


—  499 


TRI 


(Rônsch.,  Jahrbuch,  XIV,  339).  —  D.  trempe; 
détremper, 

TREMPLIN,  selon  Bracliet,  de  Tit.  tram- 
pellino,  mais  je  cherche  en  vain  ce  mot  dans 
les  dictionnaires  ;  je  crois  plutôt  que  tremplin 
est  une  forme  nasalisée  de  trepelin  et  vient  du 
vfr.  trepeler,  dim.  de  trcper,  sauter  (voy. 
trépigner).  Ou  bien  il  vient,  comme  l'it.  tram- 
poli^  échasse,  directement  de  l'ail,  trampeln, 
angl.  tramp,  trample,  trépigner,  marcher, 
fouler. 

TBENTE,.it.  trenta,  esp.  treinta,  du  L. 
triginia,  —  D.  trentième,  -aine, 

.TRÉPAN,  it.  trepano,  trapano,  du  grec 
TpvTstvîv,  m.  s.  —  D.  trépaner. 

TRÉPAS,  voy.  l'art,  suiv. 

TRÉPASSER,  a'nc.  tres-passer,  it.  trapas- 
sare,  outre- passer,  puis  fig.  passer  de  la  vie  à 
la  mort,  mourir.  Voy.  aussi  l'art,  transe,  — 
D.  subst.  verbal  trépas,  mort,  autref.  =  pas- 
sage en  général. 

TRÉPIED,  it.  treppiede,  du  L.  tri-pes,  gén. 
tripedis,  à  trois  pieds. 

TRÉPIGNER,  p.  trepiner,  dérivé  du  vfr. 
treper,  sauter.  Treper,  triper,  appartiennent 
à  la  racine  trap,  triji,  à  laquelle  se  rattachent 
les  mots  germaniques  trappen,  trappeîn, 
trampehi,  trempeîn,  irippeln,  néerl.  trippen, 
angl.  trip,  etc.,  qui  tous  expriment  mouve- 
ment du  pied.  Cette  racine  se  trouve  égale- 
ment dans  le  celtique.  Voy.  aussi  le  mot  ti^em- 
plin. 

TREPOINT  ou  trépointe,  litt.  (chose)  piquée 
à  travers. 

TRÈS,  voy.  trans, 

TRÉSAILLE,  pièce  de  bois  pour  maintenir 
les  ridelles  d'un  chariot;  ce  terme  est  sans 
doute  de  la  même  famille  que  trésillon,  mor- 
ceau de  bois  pour  serrer  deux  cordages  ou 
pour  séparer  des  ais  nouvellement  sciés.  Kn 
1  absence  de  toute  autre  information,  je  fais 
dériver  ces  mots  de  très,  anciennement  le  cas 
sujet  de  tref,  pièce  de  bois,  qui  est  le  latin 
trabs  ou  trahis.  Nous  aurions-là  un  de  ces 
cas  où  Vs  accidentel  du  nominatif  a  persisté 
dans  la  dérivation  (cp.  fond,  nomin.  fous, 
verbes  fonser,  foncer,  enfoncer;  L.  j^^^teus, 
fr.  puch  et  (avec  1'*  de  flexion)  puis,  d'où 
jmiser).  Je  rattache  au  môme  ii'és,  pièce  de 
bois,  un  verbe  hypothétique  estresiller,  mettre 
des  étançons  pour  soutenir  des  terres  ou  des 
murs,  d'où  nous  est  resté  le  terme  technique 
étrésillon,  pièce  de  soutien. 

TRÉSILLON,  voy.  l'art,  préc. 

TRÉSOR,  it.,  esp.  tesoro  (v.  esp.  tresoro), 
prov,  thesaiir,  du  L.  thésaurus  (gr.  diiiaucôi). 
D'où  vient  Vr  de  la  forme  française?  Est-ce 
une  simple  insertion  euphonique,  comme  dans 
fronde  de  funda,  ou  une  transposition  de  l'a 
linal?  Diez  pense  que  cette  insertion,  parti- 
culière aussi  au  napolitain  trasoro,  remonte 
très  haut,  puisque  l'ags.  a  trésor  et  le  vha. 
treso,  triso,  et  que  ces  mots  germ.  sont  d'im- 
portation romane.  Il  se  peut,  dit-il,  qu'elle 
soit  basée  sur  une  raison  étymologique.  Il  est 
établi  que  le  mot  latin  tliesaurxis  a  été  pré- 
cédé d'une  forme  thensaums,  qui,  s'étant  con- 


sei*vée  parmi  le  peuple,  a  pu  passer  dans  le 
roman  (on  en  trouve  une  trace  dans  le  breton 
tensaour).  De  tensaur  se  serait  produit  tnesor, 
puis  trésor  (pour  ?i  changé  en  r,  cp.  la  forme 
latine  frestra,  qui  se  trouve  chez  Papias  p. 
fcnestra,  fnestra). 

TRESSAILLIR,  du  type  trans-salire,  sauter 
fort  [trans  préfixe  de  l'excès).  —  D.  tressail- 
lement, 

TRESSAÏÏT,  en  termes  de  monnaie,  inéga- 
lité entre  deux  essais  d'une  même  espèce  ;  d'un 
type  trans^altus  ;  c'est  donc  un  terme  analo- 
gue à  ressaut  =«  resaltus;  cp.  le  mot  saillie, 
TRESSE,  anc.  trece,it,  treccia,  prov.  tressa 
(esp.  trenjsa,  port,  trança).  Les  étymologies 
L.  tricœ,  embrouillement,  confusion,  ou  grec 
^pfÇ»  gèn.  T/51X0Ç,  cheveu,  sont  insoutenables. 
Mieux  vaut  celle  tirée  de  l'adv.  rpix%,  en  trois 
parties,  d'où  a  pu  se  produire  un  subst.  tri* 
chea,  puis  treccia  (cp.  L.  brachium,  it.  brac- 
cio).  Cette  manière  de  voir,  qui  est  celle  de 
Diez,  a  pour  elle  le  rapprochement  de  l'it. 
trina,  pi-ov.  trena,  synonyme  de  treccia  et 
venant  du  L.  trinus,  triple.  Elle  se  recom- 
mande en  outre  en  ce  que  le  mot  latin  trichea 
n'est  pas  trop  hypothétique,  puisqu'il  fournit 
en  même  temps  le  primitif  de  tinchila,  d'où 
fr.  treille,  —  D.  tresse}-,  -eur,  -oir. 

TRÉTEAU,  anc.  trestel,  BL.  trestelhis, 
angl.  trestle;  selon  Diez,  du  néerl.  drie-stdl, 
siège  à  trois  pieds.  Cola  me  semble  probléma- 
titjue,  et  je  préfère  l'étymol.  L.  transtrum, 
proposée  par  Diez  en  seconde  ligne.  Trans- 
trum, traverse,  poutre  —  dim.  transtellum 
—  fr.  trestel  constituent  ime  série  de  formes 
parfaitement  correctes,  et  je  renonce  à  la  con- 
jecture transitellus,  trastellus,  que  j'avais 
posée  dans  ma  première  édition.  D'après 
Littré,  du  cymr.  trestyl,  m.  s.,  dér.  de  trawst, 
poutre. 

TREUIL,  anc.  =  pressoir,  auj.  =  machine 
pour  soulever  des  fardeaux;  c'est  le  prov. 
trolh.  Celui-ci  est  p.  torlh  et  vient,  comme 
l'it.  torchio,  torcolo,  pressoir,  du  L.  torculum, 
m.  s.  (twquere,  tordre,  tourner). 

TRÊVE,  vfr.  trive^  triuwe,  it.,  esp.,  prov. 
tregua,  port,  tregoa^  BL.  treuga.  L'ancienne 
acception  de  ces  mots  est  sûreté,  «  securitas 
prsestita  rébus  et  personis,  discordia  nondum 
finita  »'  ;  de  là  s'est  déduite  celle  de  suspension 
d'hostilités.  Du  vha.  triuwa,  tnwa,  goth. 
int/gua,  confiance,  sécurité;  de  triggua  vient 
tregua  (par  transposition  (re'u^a),  d'où  tregva, 
treva,  trêve. 

TRIAGLEUR,  charlatan,  fanfaron,  pr.  ven- 
deur de  ihériaque;  du  vfr.  triacle  p.  triaque 
=  L,  Xhenaca. 

TRIANGLE,   L.  tn-angulus,  d'où  triangu- 
laire et  trianguler,  d'où  triangulation. 
TRIBORD,  p.  stribord  (v.  c.  m.}. 
TRIBU.  L.  tribus, 

TRIBULATION,  L.  tribulationem,  du  verbe 
trihulare,  écraser,  tourmenter,  affliger,  d'où 
it.  tribolare,  \iT.  trible^\  écraser,  ainsi  que  les 
anc.  termes  tnboulei*  et  tribouiller,  remuer, 
troubler,  tourmenter. 

TRIBUN,  L.  tribunus  (tribus).  De  là  :  tri- 


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TRI 


—  500  — 


TRI 


uunatus,  fr.  tribunat,  et  tribunal,  pr.  le  siège 
plus  élevé  où  siègent  les  tribuns  ou  les  magis- 
trats, fr.  tribunal.  I^  sens  «  siège  élevé  »• 
s'est  conservé  dans  le  mot  BL.  tribuna,  fr. 
tjnbune. 

TRIBUNAL,  TRIBUNE,  voy.  l'art,  préc. 

TRIBUT,  vfr.  treût,  du  L.  tributwn,  — 
D.  tributaire f  L.  tributarius. 

TRICHER,  vfr.  trecher^  it.  treccare,  prov. 
tHchar,  Diez,  rejetant,  pour  des  scrupules 
pbonologiques,  l'étymologie  L.  tricari  [i  long), 
faire  des  difficultés,  des  détoui's,  rattache  le 
mot  au  néerl.  trek,  trait  (cp.  l'expr.  fr.  «  faire 
des  traits  »),  subst.  du  verbe  trekken,  mha. 
treche7i,  tirer;  cp.  l'angl.  trick,  tour  de  main, 
trait  d'adresse.  —  Storm  incline  pour  l'éty- 
mon  tricari^  repoussé  par  Diez.  Ve  dans  le 
vfr.  trecher,  it.  treccare  se  justifie  pleinement, 
dit-il,  si  l'on  admet  pour  la  basse  latinité  le 
redoublement  du  c  radical  {triccare),  de  mérnc 
que  les  formes  romanes  nous  obligent  d'ad- 
mettre un  type  ghUtus  p.  glûtus^  cupjux  p. 
cdpa  (Rom.,  V,  172).  —  D.  tricheur,  triche- 
rie, vfr  trecerie, 

TRIGOISE,  champ,  trecoise,  tenaille,  du 
néerl.  irek-ijscr^  fer  à  tirer.  —  Je  tire  cette 
étym.  de  Diez  ;  mais  trek-ijzer  a-t^il  jamais 
signifié  tenaille?  Auj.  il  ne  signifie  que  filière. 
Dans  Palsgrave,  je  trouve,  comme  équivalent 
de  pinces,  estriquoires,  et  le  rouchi  dit  esiri^ 
caisse.  Cela  nous  porte  vers  étHquer.  — 
D'après  Littré,  qui  s'appuie  sur  des  textes, 
tricoises  est  une  altération  deturcoises;  donc 
tenailles  à  la  turque.  Mais,  à  mon  avis,  les 
formes  turcoise,  timcoise,  sont  tronquées  de 
estrucoise,  esturcoise,  mots  constatés  par 
Godefroy  et  évidemment  altérés  de  estHcoise. 

TRICOLORE,  L.  tri-color'  (cp.  bi-color),  à 
trois  couleurs. 

TRICOT,  1 .  subst.  verb.  de  tricoter,  2.  = 
bâton,  voy.  trigue. 

TRICOTER,  former  des  mailles  avec  un  fil, 
pour  cstricoter  (cp.  pâmer  p.  espasmer),  de 
l'ail,  strickeii,  m.  s.  (pr.  faire  des  nœuds).  — 
Littré  préfère  l'étym.  tricot,  bâtonnet  ;  l'aiguille 
en  bois  aurait  été  nommée  une  petite  trique^  — 
D.  tricot,  subst.  verbal. 

TRICTRAC,  mot  de  fantaisie;  anc.  tictan, 
onomatopée  tirée  du  bruit  que  font  les  dés 
lancés  sur  le  damier. 

TRIDE,  t.  de  manège,  vif,  prompt,  angl. 
tride;  emprunté  à  l'angl.  ou  l'inverse?  L'ori- 
gine m'est  inconnue  et  je  décline  les  conjec- 
tures L.  tritus  au  sens  de  «  exercé,  habile  » 
(Millier)  et  angl.  tread,  fouler  (Littré). 

TMDBNT.  L.  tH-dentem,  A  trois  dents. 

TRIENNAL,  -AT,  du  L.  tri-ennis  (annus;, 
de  trois  années. 

TRIER,  prov.,  cat.  triar,  angl.  try.  Suivant 
Diez,  du  L.  tritare,  fréq.  de  terere  isup.  tri- 
tura), broyer.  Le  sens  actuel  se  serait  dégagé 
de  la  locution  «  granum  terere  »»,  battre  le 
blé,  c.-à-d.  séparer  le  grain  de  la  paille.  Le 
philologue  allemand  invoque  en  sa  faveur  !e 
l)rov.  triar  lo  gra  de  la  palha^  le  norm.  tril- 
lor  et  rouchi  trilier^  qui  répondrait  ù  un  type 
tritularc,  puis  l'it.  trilare,  qui  signifie  à  la 


fois  broyer  et  examiner  de  près.  Je  me  rends 
volontiers  à  l'autorité  de  Diez  ;  pour  ma  part, 
j'y  avais  vu  le  L.  ex4ricare,  it.  strigare, 
démêler  (chute  du  préfixe  comme  dans  pâmer 
p.  espasmer,  dans  les  patois  saier  p.  essayer). 
—  D.  triage  (sir.  tri,  trie). 

TRIGAÙD,   BL.  tricaldus,  du  L.  tricari, 
user  de  finesses.  —  D.  trigauder,  -erie. 
TRIGLE,  poisson,  du  gr.  rplyl^,  m.  s. 

"TRIGONOMÉTRIE,  mcsurage  0»srpt«)  des 
triangles  irpl/uvov). 

TRILLE,  it.  trillo,  tremblement  de  voix  ; 
verbe  it.  trillare,  fr.  triller,  ail.  triUern,  angl. 
trill;  probablement  une  onomatopée;  le  mot 
danois  trille,  suéd.  tHlla,  rouler,  rapproché 
de  l'expr.  fr.  roulade,  mérite  cependant  d'être 
pris  en  considération. 

TRILLION,  formé  de  très,  comme  billion 
de  bis;  c'est  le  troisième  ordre  en  partant  do 
million  comme  premier;  million  =1000 mille; 
billion  =  1000  millions;  trillion  =  1000  bil- 
lions. 

TRIMBALER,  mot  populaire,  fonne  nasa- 
lisée de  tribal  1er,  qui  signifie  agiter,  secouer, 
danser,  et  qui  semble  être  une  modification 
de  triboider  (voy.  tribulation)}  Ou  bien  faut-il 
y  voir  une  contraction  du  mot  équivalent 
trinquebaler  (Rabelais),  lequel  est  peut-être 
pour  treque-baller  (néerl.  trekken)  =  tirer, 
remuer  le  paquet?  En  Hainaut,  trihbale,  et 
dans  le  rouchi,  trinkebale  désignent  des  char- 
rettes à  la  main  pour  traîner  des  fardeaux. 
L'idée  première  attachée  au  verbe  parait,  en 
eflet,  avoir  été  «•  traîner  par  les  chemins  -. 
Voy.  aussi  triqueballe. 

TRIMER,  marcher  vit«,  se  fatiguer;  Che- 
vallet  le  tire  du  bret.  tremeni,  cymr.  tramwy, 
courir  çà  et  là  ;  Diez  rapproche  v.  esp.  trymar, 
courir  çà  et  là,  et  le  basque  trimatu,  se  fati- 
guer (ce  dernier  do  provenance  romane).  Le 
mha.  présente  trimen,  l'angl.  trim,  signifiant 
vaciller,  balancer.  En  Normandie,  on  dit 
tramer. 

TRIMESTRE,  L.  trimestiHs,  —  D.  trimes- 
triel. 

TRINGLE  ;  Diez  ne  connaît  pas  l'étymologie 
de  ce  mot,  il  rappelle  seulement,  en  suivant 
Ménage,  le  BL.  taritigce,  broches  en  fer,  mais 
sans  dire  d'où  vient  ce  dernier.  Je  crois  que 
tringle  ne  veut  dire  autre  chose  que  «  règle  », 
car  on  dit  encore  tringler  pour  tracer  une 
ligne;  cela  favorise  l'étymologie  suivante  : 
tringle  p  étringle  (cp.  trésillon,  t.  de  marine, 
p.  étrésillon,  pâmer  p.  épàmer,  etc.),  d'un 
type  strigula  (avec  n  intercalaire),  dimin.  du 
L.  stj'ix,  raie,  rainure,  cannelure.  —  D.  irin- 
gler,  tringlette. 

TRINGUEBALLE,  voy.  triqueballe. 

TRINITÉ,  L.  trinitatem  (trinus).  —  D,  tri- 
nitaire. 

TRINQUER,  it.  trincare,  de  l'ail,  trinhen, 
boire. 

TRINQUET,  mât  de  misaine  des  bâtiments 
gréés  en  voiles  triangulaires,  it.  trinchetto, 
esp.  trinquete;  d'origine  incertaine.  Le  mot 
désignant  d'abord  la  voile  (triangulaire),  Diez 
allègue  l'esp.    triiica,    assemblage  de   trois 


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TRI 


501 


TRO 


choses,  mais  aussi  it.  trinche,  esp.  trincas, 
cordages  à  lier.  Muller  cite  le  L.  tHquetriis, 
triangulaire.  Storm  (Rom.,  V,  186)  reconnaît 
ce  dernier  comme  l'original.  De  là,  par  dissi- 
milation  triqut^o,  triketto^  puis  par  nasalisation 
(phénomène  fréquent  devant  les  gutturales), 
trinketto,  —  L'esp.  irinca,  trincas  accuse  un 
type  "trinica^  triple,  formé  de  trinus  comme 
tinicus  de  unit  s  (Bugge). 

TRK).  mot  italien. 

TEIOLDT,  petit  poème  de  huit  vers,  dont 
le  premier  vers  se  répète  après  le  troisième  et 
le  sixième.  Le  nom  vient  de  la  triple  répétition 
du  premier  vers  ;  rac.  tri  =  L.  tris,  ires, 

TRIOMPHE,  L.  triwnphus,  —  D.  triom- 
pher^ triomphateur^  -al. 

TRIPE,  esp.,  port,  tripa^  it.  trippa,  boyau, 
puis,  par  métonymie,  ventre  (d'où  tripaiU", 
ventru);  on  trouve  aussi  angl.  tripe,  anc. 
flam.  trijpf  cymr.  et  basque  tripa,  mais  ces 
mots  semblent  importés  du  roman.  L'étymo- 
logie  du  mot  est  encore  douteuse.  Voici,  en 
attendant,  ma  conjecture  :  tripe  est  pour 
estripe  (cp.  les  mots  tringle  et  trique)  et  vient 
de  Tall.  striepe,  strippe,  courroie,  lanière. 
Cette  étymologie  ne  s'accorde  pas  avec  tripe 
dans  sa  signification  de  ventre,  mais  cette 
dernière,  comme  je  l'ai  dit,  est  secondaire. 
Par  contre,  elle  a  pour  elle  la  forme  bretonne 
stripen  et  BL.  stripa.  Ce  qui  la  rend  suspecte, 
c'est  qu'elle  fe!*ait  du  terme  fr.  la  source  des 
autres  mots  romans  cités,  et  qu'un  ancien  mot 
BL.  estripa  ne  se  trouve  que  comme  nom 
d'étoffe,  qui  est,  toutefois,  encore  une  des 
acceptions  du  fr.  tripe,  —  D.  tHpette,  tri- 
paille^  tripière,  triperie,  verbe  étriper, 

TRIPLE,  L.  triplex  ou  plutôt  triphis.  — 
D.  tHpler, 

TRIPOLI,  sorte  de  craie,  selon  Bescherelle, 
de  la  ville  de  Tripoli  en  Syrie. 

TRIPOT,  voy.  l'art,  .suiv. 

TRIPOTER,  brouiller,  mélanger.  Le  mot 
exprime  confusion,  ou  plutôt  mouvement 
désordonné,  le  va-et-vient  sans  but  déterminé; 
ne  serait-ce  donc  pas  un  dimin.  du  vfr.  triper, 
trepcr,  marcher,  faire  des  petits  pas  (le  champ, 
dit  en  effet  tripoter,  avec  le  sens  de  frapper  du 
pied,  danser),  dont  il  a  été  question  sous  tré- 
pigner t  Le  sens  «  place  rései-vée  aux  joueurs 
de  paume  »,  puis  u  maison  de  jeu  n,  attaché  au 
subst.  tripot,  s'aoxîorderait  assez  bien  avec 
cette  étymologie  ;  c'est  la  place  pour  les  mou- 
vements, les  ébats.  —  Ou  bien  faut-il  partir 
d'un  subst.  tripot,  marmite,  qui  serait  fait  de 
pot,  sous  l'influence  de  L.  ttHpiis,  tnpodis, 
trépied?  Mais  alors,  d'où  vient  tripot  au  sens 
de  jeu  de  paume?  Tout  cela  reste  encore  à 
débrouiller.  En  tout  cas,  le  L.  tripudiare, 
danser,  trépigner, doit  être  écarté. —  D.  tripot, 
tHpotage,  tripotier. 

TRIQÏÏB,  bâton,  p.  étriqué  (cp.  tain  p. 
e'tain,  champ,  train  p.  estrain,  etc.),  du 
néerl.  stiijken,  frapper  (ail.  streichen),  angl. 
strike,  —  D.  tricot,  gros  bâton;  triquet,  petit 
battoir  au  jeu  de  paume;  triquer,  aussi  tricoter, 
donner  des  coups  de  bâton. 

TRIQUEBALLE,   litt.   trainc-ballc,   traîne- 


fardeau.  Do  trique7*  =  néerl.  trekken,  tirer. 
Tringueballe  est  la  forme  nasalisée  du  même 
mot.  Verbes  :  triqueballcr,  tringuebaler,  d'où 
par  contraction,  trimbaler  {y.  c.  m.).  Cp. 
brimbaler.  Voy.  Darmesteter,  Composés, 
p.  197. 

TRIQUE-MADAME  ou  tripe-madame  ;  j  *aban- 
donne  à  la  fantaisie  d'autrui  le  soin  de  tirer  au 
clair  l'origine  de  cette  appellation  populaire 
de  la  petite  joubarbe.  Voy.  Littrô. 

TRIQUER,  au  sens  de  choisir,  séparer,  trier, 
ne  peut  guère  s'accorder  avec  un  type  tricare 
ou  extricare  (voy.  l'art,  trier)  ;  aussi  Diez  le 
rangc-t-il  sous  le  mot  roman  treccare  =  néerl. 
trekken,  tirer,  extraire.  Cp.  tnqiceballe. 

TRIQUET,  voy.  trique. 

TRISTE,  L.  tristis.  —  D.  tristesse,  L.  tris- 
titia;  verbe  factitif  o^^W*/^. 

TRITURE,  L.  <nïi<ra(terere),  broiement.— 
D.  triturer,  L.  triturare. 

TRIVIAL,  L.  irivialis,  m.  s.,  de  trivium, 
endroit  où  aboutissent  trois  chemins  (très  viœ), 
carrefour.  De  là  se  déduit  le  sens  «  commun, 
rebattu,  vulgaire  »».  —  D.  trivialité. 

TROC,  subst.  de  troquer. 

TROOART  ou  TROISQUARTS,  instrument 
de  chirurgien,  mauvaise  orthographe  p.  trois- 
carres,  instrument  à  trois  ca)*res  (can^c  = 
angle,  fac«). 

TROGHE*,  dim.  TROGHET,  bouquet  natu- 
rel de  fleurs  ou  de  fruits;  ce  mot  pourrait 
bien  être  de  la  famille  de  l'ail,  traube,  grappe, 
vlia.  drupo,  par  l'intermédiaire  d'une  forme 
BL.  drupea,  trupea.  Quelques  dialectes  ail., 
du  reste,  présentant  la  forme  trauch,  et  le 
wall.  a  troke,  grappe,  bouquet.  —  Ou  troceh 
serait-il  une  transposition  de  torche  et  signi- 
fierait-il proprement  faisceau?  Un  autre  dérivé 
de  troche  est  le  t.  d'agriculture  trochée. 

TROËNE,  en  bot.  Ligustrum  vulgare;  anc. 
formes  troine,  tronne,  troesne.  Forme  origi- 
naire fictive  :  *trûg-inus.  Pour  la  dérivation, 
cp.  les  noms  d'arbre  querdnus^  fraxinus, 
carpinus  (fr.  chêne,  frêne,  charme).  Pour  le 
radical  germ.  trugi,  Bugge  renvoie  à  vha. 
hart-trugil  ihart,  dur),  auj.  /iar/r?>^e/ (Cornus 
sanguinea,  aussi  Ligustrum  vulgare),  dont 
l'origine  est  soigneusement  examinée  dans 
l'article  du  savant  linguiste  suédois  (Rom.. 
III,  158). 

TROGNE,  piémont.  trogno;  Palsgrave  : 
troignettc,  petit  visage  ;  selon  les  uns  du  cymr, 
UtDyn,  Cornouailles  tron,  museau;  Diez  pré- 
fère le  nord,  triona  (dan.  tryna),  groin  de 
cochon.  Du  français  vient  le  néerl.  tronie, 
Diez  indique  aussi  le  L.  truo,  -onis  ^corbeau 
de  mer),  employé  par  CaMîilius  pour  un 
homme  à  gros  nez  et  dont  a  pu  très  bien  déri- 
ver une  forme  trogno,  trogne. 

TROGNON  parait,  d'après  Diez,  venir  du 
vfr.  tron,  m.  s.,  comme  rognon  de  rein; 
quant  à  <m«,  il  pourrait  être  abstrait  de  tron- 
çon. —  L'esp.  dit  truncha  di  wia  col,  le  sarde 
a  truncu,  p.  tronc  de  chou.  —  Voy.  slvls^ï  trou 
de  chou, 

TROIS,  vfr.  treis,  du  L.  /m*.  —  D.  tj-oi- 
sidme. 


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TRO 


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TRO 


TRÔIiSR,  mot  germanique  :  ail.  troUen, 
angl.  troll,  irowl,  rouler,  puis  courir  çà  et  là. 
Il  faut  prob.  disjoindre  de  ce  mot  le  vfr.  trau- 
lej\  qui  est  le  L.  ou  it.  travolare,  traverser 
rapidement,  s'envoler. 

TROMBE,  anc,  trompe,  it.  tromba,  voj. 
trompe. 

TROMBLON,  p.  trombelon,  de  Tit.  tromba, 
tube,  arme  à  feu. 

TROMBONE,  mot  italien,  augmentatif  de 
tromba,  trompette. 

TROMPE,  esp. ,  port,  trompa,  it.  tromba, 
prov.   trompa  et  tromba.  Du  L.  tuba,  avec 
insertion  de  r  (cp.  trmxar  p.  tonar,  tonner)  et 
de  m  (cp.  prov.  pimpa  p.  pipa).  Cette  étymo- 
logie  de  Guyet,  reprise  par  Diez,  se  confirme 
par  Ja  circonstance  qu'en  it.  tromba  signifie 
aussi  tuyau,  tube  (comme  en  latin  le  mot  tuba 
n'est  que  le  fém.  de  tubus).  —  D.  vfr.  trom- 
per, publier  à  son  de  trompe;  dim.  trompette, 
it.  trombetta,  —  Le  fr.  trombe  fit.  tromba) 
est-il  identique  avec  trompe  =  trompette  ou 
plutùt  =  tuba,  ou  représente-t-il  une  transpo- 
sition du  L.   turbo  (d'où   tourbillon)!  Nous 
inclinons  pour  la  dernière  opinion,  d'autant 
plus  que  le  L.  turbo,  au  sens  de  toupie,  s'est 
également   transformé    en    esp.    trompo  et 
trompa,  et  le  fr.  trompe  lui-même  signifie 
parfois  une  coquille  en  forme  de  toupie.  (Voy. 
aussi  l'art,  tromper.)  L'étymologie  tuba,  du 
reste,  peut  au  besoin  aussi  s'appliquer  k  la 
trombe  d'eau,  par  laquelle  on  entend  une 
«  colonne  ••  d'eau  qui  s'élève  en  tourbillon  à  la 
surface  de  la  mer;  aussi  les  Allemands  la 
nomment-ils  toasser-trompete  (aussi  voasser- 
hose,   pr.  culotte  d'eau).  —  Si  l'on  n'avait 
à  faire  qu'au  fr. ,  nous  rattacherions  trompe, 
aussi  bien  que  trombe,  au  L.  strombus  (grec 
txrpdfipoç),  objet  en  spirale,  à  forme  conique, 
puis  aussi  tourbillon  ;  la  chute  de  Vs  initial 
n'est  pas  sans  précédent  (cp.  pâmer).  —  Une 
dernière  étym.  de  trompe^  celle  de  Settegast, 
doit  être  enregistrée  ici,  d'autant  plus  que 
G.  Paris  la  tient  pour  très  vraisemblable  :  L. 
triump(h)are  est  devenu  trumpare,   comme 
quieto  est  devenu  queto  ;  ce  verbe  a  pris  le 
sens    de   «   faire  entendre  un  son  joyeux, 
bruyant  »;  de  là  le  subst.  trompa,  fr.  trompe, 
angl.    trump,   de  là  aussi  l'ail,  trumpf,  la 
carte  victorieuse.  G.  Paris  n'approuve  plus 
M.    Settegast    quand    il    pose    triumphare 
comme    le    primitif  do    tromper,     décevoir 
(Rom..  XII.  133.) 

TROMPER,  décevoir,  v.  esp.  trompar.  L'é- 
tymologie de  ce  mot  est  loin -d'être  fixée.  Il  ne 
faut  pas  perdre  de  vue  qu'avant  de  dire  «  trom- 
per qqn.  •»  on  disait  «  se  tromper  de  lui  »  (cp. 
se  jouer  de  qqn.  et  jouer  qqn.).  Or,  *  se  trom- 
per de  qqn.  »  signifiait  d'abord  s'amuser,  se 
moquer  de  lui.  D'après  Génin,  le  mot  se  rat- 
tache au  subst.  trompe,  en  tant  que  celui-ci 
signifiait  guimbarde.  Que  ce  soit  la  guim- 
barde ou  la  trompette  qui  a  donné  naissance 
à  l'expression,  peu  importe  (cp.  en  ail.  eincm 
etvoas  vorblasei^k,  vorpfeifen,  au  fig.  =^  en 
débiter  à  qqn.),  cela  reviendrait,  pour  la  fixa- 
tion de  l'idée  qui  y  était  primitivement  atta- 


chée, à  la  même  chose.  —  Diez  pense  que 
tromper,  décevoir,  duper,  vient  de  trompe  = 
toupie  (L.  turbo)  et  veut  dire  pr.  faire  tourner 
qqn.  dans  un  cercle,  au  lieu  de  le  conduire 
droit  au  but.  Une  fois  qu'on  a  recours  à  tuHw, 
autant  vaudrait,  quant  à  la  lettre,  partir  du 
verbe  turbare  =  troubler  ;  mais  dans  l'un  on 
l'autre  cas  on  ne  se  rendrait  pas  bien  compte 
de  l'ancienne  tournure  «  se  tromper  de  qqn.  ». 
Citons  encore  l'étymologie  suivante  de  Valois 
le  Jeune  :  L.  stropha,  ruse,  artifice,  d'où^ro- 
phare,  puis,  par  la  chute  de  Vs  initial,  tro- 
pare,  nasalisé  en  trompare.  —  Tobler  (Gôt- 
tinger  gelehrte  Anzeigen.  1874.  p.  1044) 
admet  aussi  l'identité  de  tromper,  décevoir, 
avec  tromper,  jouer  de  la  trompe.  —  D.  trom- 
peur, -erie;  cps.  détromper. 

TROBIPETTE,  voy.  trompe.  —  D.  trompeter. 

TRONC,  L.  truncM.  —  D.  tronçon  (v.c.m.); 
verbe  tronquer,  L.  truncare.  —  Le  terme 
d'architecture  tronche  (d'où  tronchet)  repré- 
sente la  forme  féminine  de  truncus. 

TRONGE,  TRONCHE,  variété  féminine  de 
tronc.  —  D.  dim.  trotichet. 

TRONCHET,  voy.  l'art,  préc. 

TRONÇON,  peut  dériver  de  truncus,  tronc, 
par  un  type  L.  truncio  (cp.  arçon  de  arc), 
mais  Diez  préfère,  avec  raison,  y  voir  le  dérivé 
direct  de  trons  (v.  pi.  loin  s.  trou  de  chou].— 
D.  tronçonner,  vfr.  tronconer. 

TRONE,  anc.  trosne  (s  intercalaire),  du  L. 
thronus,  gr.  ^pôvoç,  siège.  —  D.  trôner,  dé- 
trôner. 

TRONQUER,  voy.  tronc. 

TROP,  it.  troppo,  est  le  même  vocable  que 
BL.  troppus  (voy.  troupe);  il  exprimait  en 
premier  lieu  une  grande  quantité  en  général, 
puis  excès  de  quantité  ou  de  mesure.  Au  xvi^ 
siècle  encore,  trop  était  synonyme  de  beau- 
coup ;  on  disait  ainsi  trop  mieux. 

TROPE,  L.  tropus  (gr.  rpônoç),  litt.  tou^ 
nurc. 

TROPHÉE,  angl.  trophy,  it.,  esp.,  port, 
trofeo;  du  L.  tropœum,  qui  est  le  gr.  rpcinto». 
Le  pA  p.  p  serait-il  l'effet  de  quelque  confu- 
sion entre  les  synonymes  grecs  «-^of «»««  et 
TjDoffaîoçl  Au  reste,  pour /"oupA  substitué  à/), 
rappelons  les  mots  fr.  golfe  et  it.  Jsifile  p. 
Hypsipyle. 

TROPIQUE,  du  gr.  rooirwo;,  L.  tropicits, 
m.  s.,  litt.  tournant. 

TROQUER,  vfr.  trocher,  esp.,  port,  trocar; 
d'origine  douteuse.  En  désespoir  de  cause,  on 
a  mis  en  avant  l'ail,  trug,  tromperie,  ou  le  gr. 
rpô^oi,  course  circulaire.  Diez  émet  deux  con- 
jectures :  1.  de  rpo^T/i,  tour,  changement,  ou 
plutôt  de  l'adj.  rponixâi  (cp.  tropica  —  chan- 
gements, mot  employé  par  Pétrone),  d'où  tro- 
picar,  trop*car,  trocar  ;  2.  du  L.  vicis,  tour, 
changement,  d'où  le  composé  tra-vicar,  trau- 
car,  trocar.  Langensiepcn  y  voit  une  transpo- 
sition detorqitar,  et  compare,  pour  le  sens, 
l'ail,  verdrehen  =»  vertauschen.  —  Le  mot  fr. 
troquer,  ainsi  que  l'angl.  truch,  parait  tiré 
directement  de  l'espagnol.  —  D.  subst.  verb. 
troc. 


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TRO 


—  503  — 


TRO 


TROTTIR,  it.  trottare,  esp.,  prov.  trotar, 
ga<U.  trot,  cymr.  trotio.  L'expression  latine 
«  ire  tohUim  •».  =  ajler  au  trot,  permet  de 
supposer,  avec  Sanmaise,  un  verbe  latin  tolu- 
tare,  contracté  en  tlutare,  d'où,  par  la  muta- 
tion de  /  enr,  trutare,  trotare. — D.  trot,  trotte, 
trotteur,  trottoir,  trottin,  trottitier,  vfr.  tro- 
tier,  qui  répond  au  L.  tolutarius. 

TROU,  voy.  trouer. 

TROUBADOUR,  voy.  troiwer, 

1.  TROUBLE,  adj.  verbal  de  troubler  (cp. 
les  adj.  lâche,  comble), 

2.  TROUBLE,  subst.  verbal  de  troubler. 
TROUBLER,  vfr.  torbler,  du  L.  turbulare, 

dim.  de  turbarc,  troubler.  —  D.  trouble, 

TROU  DE  CHOU  n'est  pas.  comme  pense 
Littré,  une  simple  variété  de  tronc  de  chou, 
bien  qu'il  dise  la  même  chose  :  Trou  est  ici, 
daprès  Diez,  une  altération  de  vfr.  tours, 
trous,  aussi  par  nasalisation  trons;  c'est  le 
même  mot  que  it.  torso,  esp.,  port,  trozo, 
prov.  tros  itros  del  caul),  qui  signifient  tro- 
gnon, tronc,  tige  et  qui  sont  =  L.  tht/rsus, 
tige,  pousse. 

TROUER,  picard  trener,  wall.  trawer,  prov. 
traucar,  BL.  traucare.  I^s  étjmologies  par 
gr.  Tpûîi»  ou  goth.  thairkô  .sont  impossibles. 
Par  simple  conjecture.  Diez  propose  pour  trau- 
car, la  forme  provençale  d'où  émane  le  mot 
français,  un  type  tra-bucar,  dans  le  sens  de 
percer  (cp.  it.  huco,  creux,  trou,  bucare,  creu- 
ser-, d'où  traVcar^  traucar  [c^.  aul  de  avolus, 
faula  de  fabula).  C'est  la  seule  étymologie 
plausible  et  correcte  que  nous  ayons  rencon- 
trée. Les  langues  celtiques  présentent  cymr. 
tnoch,  bret.  troch,  incision,  coupure.  —  D. 
subst.  verb.  trou,  prov.  tranc,  BL.  traugus 
(loi  des  Ripuairos).  anc.  cat.  troc;  subst.  part. 
trouée. 

TROUILLE,  résidu  de  la  fabrication  des 
huiles,  subst.  verbal  de  trouillcr,  dér.  de 
troxUr  ou  treuil,  pressoir. 

TROUILLOTTE,  voy.  truble, 

TROUPE,  esp.,  port,  tropa,  prov.  t^'op,  '== 
grex  (l'it.  truppa  est  tiré  du  fr.).  La  loi  Alle- 
mannique  présente  déjà  le  mot  troppus  p. 
troupeau.  Quant  à  son  origine,  on  a  longtemps 
tâtonné.  On  s'est  adressé  au  gaél.  drobh,  m. 
s.,  mais  celui-ci  est,  selon  Diez,  l'angl.  drove, 
qui  à  son  tour  est  l'ags.  drdf,  subst.  do  dréfan, 
=  ail.  mod.  treiben,  faire  aller  (cp.  L.  agmen 
de  agere)  Le  cymr.  torv,  troupe,  répond  au 
L.  turba.  Diez,  jusqu'à  meilleure  information, 
s'est  déclaré  en  faveur  d'un  type  turpa,  gâté, 
sous  l'influence  germanique,  du  L.  turba.  De 
là,  par  transposition,  procéderait  irnpa,  tru- 
pus,  —  L'obscurité  qui  régnait  jusqu'ici  sur 
troupe  paraît  devoir  se  dissiper  par  l'étymo- 
logie  mise  en  avant,  dès  1872,  par  Storm 
(Rom..  I,  490).  Il  rattache  BL.  troppus  au 
gerni.  thorp,  torp  (auj.  dorf,  village),  dont  le 
sens  premier,  comme  il  le  démontre,  a  été 
assemblée,  multitude,  troupe,  troupeau.  L. 
turba,  dit-il,  est  sans  doute  de  même  origine 
que  thorp,  mais  n'est  nullement  la  source 
directe  de  tiyyppus.  La  métathôse  troppo  de 
torpo  est  un  procédé  fréq^uent  et  bien  connu. 


—  Nous  devons  observer  que  la  latinité  du 
moyen  âge  présente  aussi,  avec  le  sens  de 
troupeau,  la  forme  stropus.  —  D.  esp.,  port., 
prov.,  vfr.  tropel,  fr.  troupeau;  troupier; 
verbe  at-trouper.  —  Le  BL.  troppus,  grande 
quantité,  a  donné  aussi  l'adv.  trop  (v.  pi.  li.j. 

TROUPEAU,  voy.  troupe, 

TROUSSE,  vfr.  tourse,  subst.  verbal  do 
trousser;  de  là  gaél.  trus,  paquet,  ail.  tross, 
bagage.  —  D.  trousseV  trousseau,  trousse- 
quin  (cp.  en  ail.  l'expr.  sattel-pausch,  litt. 
bourrelet  de  selle). 

TROUSSEAU,  voy.  trousser, 

TROUSSER,  anc.  trosser,  prov.  trossar; 
c'est  une  forme  transposée  du  vfr.  torser, 
mettre  en  paquet,  =  it.  torciare,  tordre  en- 
semble, ficeler,  esp.  a-trosar,  amarrer  la 
vergue  au  mât.  Or.  torser,  torciare  représente 
un  type  tortiare,  dérivé  à  la  façon  romane  de 
tortus,  part,  de  torquere.  —  Cette  explication 
de  Diez  n'est  pas  agréée  par  M.  Fôrster  (Qrôb. 
Ztsehr.,  III,  563).  Selon  lui,  trousser,  vfr. 
trosser  (o  fermé),  ne  peut  venir  de  tortiare 
(o  ouvert),  qui  ne  pouvait  produire  en  vfr. 
qu'un  verbe  torcier.  Il  faut,  par  conséquent, 
dit-il,  trouver  un  étymon  à  voyelle  radi- 
cale?) ou  lî.  G.  Paris  (Rom.,  ÏX,  333)  oppose 
à  ce  jugement  trop  catégorique  d'autres  déri- 
vés du  thème  tor  avec  ou,  tels  que  tourner^ 
tourte;  pourquoi  pas  tourserow  trousser t  De 
son  côté,  il  propose  pour  et.  lat .  thyrsus  =» 
it.  torso  ^trognon);  fr.  trousse  en  serait  la 
forme  féminine.  On  trouve  fréquemment  les 
expr  une  torse,  une  trousse  d'herbe,  de  foin, 
de  là  le  sens  «  paquet  «*  en  général,  puis 
«  valise  »,  etc.  —  D.  trousse,  paquet,  fais- 
ceau, d'où  trosseV,  trousseau  (it.  torsello); 
troussis,  retrousser,  détrousser,  1.  détacher 
ce  qui  était  troussé,  2.  dépouiller  qqn.  de  son 
bagage. 

TROUVER  (vfr.  aussi  trover,  truver;  a\\ 
prés.,  dans  les  syllabes  toniques,  l'o  ou  ou  se 
modifiait  en  eu,  cp.  mourir,  prés,  meurs, 
prouver,  subst.  preuve),  it.  trovare,  pr<ÎV., 
cat.  trobar.  Ce  vocable,  qui  dans  les  langues 
néo-latines,  a  supplanté  le  L.  invenire,  a  beau- 
coup occupé  les étymologistes.  Du  Cange  pro- 
posait pour  origine  le  vfr.  trett,  qui.  représente 
le  L.  tributum  ;  les  agents  du  fisc  auraient 
désigné  par  treuvé  les  impôts  perçus.  Cette 
conjecture  est  de  toute  invraisemblance.  On 
s'est  attaché  aussi  au  part.  vha.  trofan,  atteint, 
rencontré,  trouvé;  mais  ce  serait  le  seul  cas 
do  la  dérivation  d'un  verbe  roman  d'un  parti- 
cipe allemand.  Grimm  suppose,  pour  expli- 
quer trouver,  un  verbe  goth.  drnpan,  qui 
correspondrait  au  vha.  trcfan  (ail.  mod.  tref- 
fen),  comme  goth.  trudan  répond  à  Tall.  /re- 
tm.  Cette  étymologie,  observe  Diez,  peut  satis- 
faire, si  l'on  veut  se  contenter  d'un  mot  ima- 
giné pour  le  besoin  de  la  cause.  Selon  lui,  il 
n'est  pas  nécessaire  de  sortir  de  l'élément 
latin.  Dans  le  verbe  «  trouver  •»,  dit-il,  les 
notions  chercher  et  trouver  se  rencontrent. 
Tune  est  corrélative  de  l'autre  (cp.  guada^ 
gnare  =  fr.  gagner,  qui  d'abord  signifie 
poursuivre,  puis  atteindre,  obtenir  ;  L.  conse- 


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TRU 


—  504  — 


TRU 


qui,  poursuivre  et  atteindre).  Et  du  reste,  le 
sens  poétique  de  trohar  ou  trouver,  faire  do 
la  poésie  (d'où  troubadour  et  trotit>f)re),  n'em- 
porte-t-il  pas  celui  de  recherche,  méditation? 
Kn  partant  donc  du  sens  premier  chercher, 
on  peut  fort  bien  rapporter  trobar  au  L.  tur- 
bare  (transposition  de  la  liquide  comme  dans 
troubler)  =»  remuer,  fouiller.  Ce  qui  vient  à 
l'appui  de  cette  étymologie,  c'est  que  l'on 
trouve  en  effet,  avec  le  sens  naturel  du  latin 
turbare,  en  v.  port.  tr€ff?ar,  n.  napol.  stru- 
rare  (=  disturbare),  et  contrœare  (=  contur- 
bare).  —  L'it.  controvarc.  et  fr.  controuvei' 
(v.  c.  m.),  nous  l'avons  dit,  est,  comme  compo- 
sition d'un  verbe  roman  avec  con,  d'un  carac- 
tère tout  à  fait  insolite  ;  cette  singularité  n'en 
est  plus  une  si,  comme  le  pense  Diez,  le  mot 
ti*ouver  est  d'origine  romaine,  et  si  controuver 
ne  fait  que  reproduire,  avec  un  sens  détourné, 
le  L.  conturbare.  —  Dans  un  petit  poème 
dévot  du  XII*  siècle,  publié  par  Gaston  Paris 
en  1865,  on  rencontre  la  forme  tortèrent  p. 
trouvèrent;  ce  qui  pourrait  appuyer  l'opinion 
de  Diez.  — Celle-ci,  cependant,  ne  résiste  plus 
à  l'examen  minutieux  de  la  phonologie  subtile 
de  nos  jours;  G.  Paris  (llom  ,  VII,  418)  y  a 
découvert  des  défauts  sérieux,  et  se  sent  forcé- 
ment renvoyé  vers  un  type  lat.  tropare,  dérivé 
du  BL.  tropus  (rpoTrof),  dans  son  sens  musi- 
cal «  vanation  dans  une  mélodie  »>.  Tropare 
serait  donc  soit  «  varier  un  air  •* ,  soit  plus 
généralement  «  composer  ou  inventer  un 
air  »,  ce  qui  concorderait  fort  bien  avec  l'an- 
cien sens  do  trouioer  =  composer  musicale- 
ment ou  poétiquement  (cp.  prov.  trobaire,  fr. 
trouvf^re).  De  **  composer  »•  se  dégagera  faci- 
lement celui  de  «  inventer,  découvrir  »,  qui  a 
fini  par  l'emporter.  Diez  déjÀ  tenait  l'esp. 
trobar  pour  emprunté  au  français;  Paris 
pense  qu'il  en  est  de  même  de  l'it.  trovarc. 
L'exemple  du  Psautier  d'Oxford,  cité  par  Lit- 
tré  à  l'appui  d'un  trouver  fr.  =  turbare 
(troubler)  perd  toute  valeur  quand  on  sait  que 
tntverent  y  traduit  lat.  inveiierunt.  —  D. 
prov.  trobador,  poète,  d'où  fr.  troubadour^ 
vfr.  troveor  (au  cas-sujet  prov.  trobaire^  vfr. 
trovère,  anj.  trouvère). 

TROUVÈRE,  voy.  trouver. 

TRUAND,  prov.  truan[{ém.  truande^,  esp. 
truhan,  port,  truào,  vagabond,  gueux  ;  d'après 
Diez,  d'origine  celtique  :  cymr,  tru,  iruan, 
trtoch,  misérable,  Comouailles  tru,  triste. 
La  latinité  du  moyen  âge  présente  truaivius, 
mais  aussi  truiannus.  Cette  dernière  forme 
peut  avoir  été  déterminée  parle  vha.  truhting, 
compagnon,  BL.  trotingus,  jongleur.  L'anc. 
néerl.  a  trouwatit,  tratoant,  truvoant;  c'est  à 
tort,  je  pense,  qu'on  fait  venir  ces  mots  de 
l'ail,  trabant.  Les  formes  prov.  et  v.  esp. 
trufan  sont  des  métamorphismes  faits  sous 
l'influence  de  truffa.  —  Du  Cange  posait  pour 
étymologie  le  vfr.  treu,  tribut;  les  treuans 
seraient  pr.  les  collecteurs  de  l'impôt  ;  il  négli- 
geait le  fait  que  la  forme  truant  est  antérieure 
à  l'époque  où  treii  (tribut)  s'est  contracté  en 
treu.  —  D.  truander,  truander  te. 

TRUBLB,  aussi  trouble,  wall.  traiU,  trûl, 


Blet  de  pêche  en  forme  de  sac,  attaché  au 
bout  d'une  perche;  peut  être  du  L.  tribiifa, 
fléau,  par  assimilation  de  forme  (cp.  affubler 
de  affibulare).  En  vfr.  trouille,  d'où  trouil- 
lotte,  espèce  de  truble  sans  manche. 

TRUG,  esp.  de  billard,  esp.<rwco,it.  trucco; 
d'après  Diez,  de  l'ail,  drucken,  anc.  nord. 
thrychia,  ags.  thryccan,  pousser,  presser  (cp. 
prov.  /n<c,  coup,  choc).  —  Est-ce  de  ce  jeu 
que  vient  l'expr.  avoir  le  trucf  Car  certaine- 
ment il  faut  écarter  Tall.  trug,  tromperie. 

TRUCHBMAN  ou  MENT,  voy.  drogman. 

TRUGHSR,  mendier.  Si  le  radical  de  truatul 
est  trut,  comme  il  y  a  lieu  de  supposer 
d'après  BL.  trutannus,  notre  verbe  pourrait 
bien  être  connexe  et  représenter  un  type  tru- 
ticare. 

TRUELLE,  diminutif  de  Irua  (BL.),  cuiller, 
truelle;  le  L.  trulla,  m.  s.,  est  p.  truiUa. 

1.  TRUFFE,  corps  végétal,  aussi  <nt/^(cat 
trumfo,  trumfa,  plante  bulbeuse).  On  a  déduit 
ce  mot  roman  du  L.  tubcr  (primitif  de  titber- 
culum),  devenu  trufe  par  la  transposition  de 
Yr  et  le  changement  de  b  enf;  le  plu r.  neutre 
txibera  aurait,  comme  souvent,  déterminé  le 
genre  féminin  du  mot  fr.  Quant  aux  formes 
it.  tartufo  (à  Milan  tartvffol,  dans  le  Piémont 
iarlifla),  fr.  tartufle,  qui  signifient,  sinon 
précisément  la  truffe,  toujours  quelque  autre 
végétal  bulbeux,  elles  représentent,  comme 
le  pensait  déjà  Ménage,  la  combinaison  L. 
terrœ  tuber,  employée  par  Pline  pour  dési- 
gner une  sorte  de  plante  tuberculeuse  (Diez 
cite  A  l'appui  le  sicil.  tirituffidu);  tartufo,' 
d'après  cette  manière  de  voir,  serait  une 
forme  euphonique  pour  tartruffo,  etc.  —  Diez 
serait  disposé  à  sanctionner  sans  réserve 
l'opinion  qui  explique  truffe  par  tuber,  si  les 
dialectes  ne  pi^sentaient  pas  généralement 
des  formes  sans  r  (ainsi  genev.  tufelle,  lan- 
guedocien tufeda,  etc.).  Il  se  demande  s'il 
faut  rapporter  ces  formes  à  l'it.  tufo,  vapeur 
(voy.  le  mot  étouffer),  soit  à  cause  de  la  qua- 
lité pulvérulente  de  la  truffe  ou  à  cause  de 
son  odeur,  ou  bien  s'il  faut  les  prendre  pour 
des  mutilations  de  tartufo.  Il  penche  pour  la 
dernière  opinion,  ce  qui  nous  ramène  à  tuber. 
—  La  foi'me  it.  tartufola  a  donné,  par  dissi- 
milation,  l'ail.  Aarto/7èZ,  pomme  de  terre, anc. 
et  encore  dans  lesdial.  tartoffel,  isl.  tartuflur; 
le  n.  prov.  trufa  a  revêtu  la  même  significa- 
tion. —  D.  truffer,  garnir  de  truffes;  subst. 
truffière. 

2.  TRUFFE*,  aussi  trufle,  vieux  mot  français 
signifiant  conte  en  lair,  plaisanterie,  four- 
berie, it.  truffa,  esp.,  port.,  prov.  trufa.  C'est 
le  même  mot  que  le  précédent;  le  langage  a 
transporté  le  nom  d'un  petit  fniit  à  une  baga- 
telle, une  niaiserie.  —  Les  Italiens  em- 
ployaient tartufo  dans  le  sens  de  •  homme 
de  petit  esprit  **.  La  comédie  s'en  est  emparée 
pour  dénommer  par  là  certains  personnages 
niais  ou  vils;  c'est  à  la  comédie  italienne  que 
Molière  a  emprunté  le  nom  de  son  célèbre 
personnage.  —  Génin  lapproche  ingénieuse- 
ment, pour  expliquer  la  métaphore,  la  valeur 
du  L.fufjgus,  champignon,  fig.  sot,  imbécile. 


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TRU 


—  505  — 


TUL 


et  du  fr.  cornichon ,  citrouille^  etc.  —  Nous 
soumettons  à  do  plus  experts  que  nous  la  ques- 
tion de  savoii  si  le  mot  fr.  trufle  ne  pourrait 
pas  être  mis  en  rapport  avec  le  mot  tribuhis, 
qui  était  chez  les  Latins  le  nom  de  la  châ- 
taigne ou,  autrement  dit,  tritffe  d'eau,  et  si  une 
altération  en  tritbiîus,  truhlus^  trufltis,  est 
admissible  ou  non  (cp.  tribnla  devenu  intble). 
Quoi  qu*il  en  soit,  Tangl.  trifle^  bagatelle, 
sottise,  plaisanterie  (v.  angl.  aussi  truflc),  y 
répondrait  parfaitement  pour  le  sens  et  la 
lettre.  —  D.  truffer,  plaisanter,  railler,  trom- 
per ;  trxifferie, 

.  TRUIE,  vfr.  troic  (Geste  de  Liège),  it. /ro;a, 
anc.  esp.  troya,  prov.  trueia,  BL.  trqja.  Les 
Romains  appelaient  «  porcus  trojanus  -,  un 
cochon  servi  à  table  et  farci  d'autres  animaux, 
par  allusion  au  cheval  de  Troie,  «  machina 
fœta  armis  *»,  comme  a  dit  Virgile.  De  ce 
terme  porco  di  Trqja  s'est  naturellement  pro- 
duit le  mot  troja  pour  désigner  une  tniie 
pleine.  C'est  par  un  procédé  analogue  qu'on  a 
fait  en  esp.  bemia,  gros  drap  de  laine,  de 
panno  (Tlbemia,  et  en  it.  ficato  fvoy.  foie)  du 
L.  jecur  ficatum,  pr.  foie  d'oie  engraissé  de 
figues.  Le  terme  trqja,  truie,  remonte  très  haut 
dans  la  basse  latinité.  —  Chevallet  rattache 
truie  au  BL.  troffa,  qu'il  intierprète  comme 
féminin  du  celtique  (écoss.,  irl.)  torch,  porc 
mâle.  Cette  forme  troga  jette  en  effet  quelque 
doute  sur  Fétymologie  troja,  patronnée  par 
Diez. 

TRUTTE,  angl.  trout,  du  L.  triicta  (Isidore), 
qui  parait  venir  du  gr.  T/awxnj-,  esp.  do  thon 
(litt.  le  mangeur). 

TRUMEAU,  jarret  de  bœuf.  «  Nos  pères  di- 
saient trvmel  pour  jambe,  cuisse,  gigot  de 
mouton  ;  ce  mot  fut  ensuite  employé  pour  dési- 
gner un  mur  solide  et  massif  placé  entre  deux 
portes  ou  fenêtres,  puis  à  une  glace  appliquée 
sur  cet  intervalle  ».  Roquefort,  dont  nous 
venons  de  citer  les  paroles,  fait  venir  trumeau 
du  gr.  Tpj.u'î»  trou  "  parce  que  l'os  s'en  sépa- 
rant aisément,  il  reste  un  grand  trou  au  mi- 
lieu du  trumeau  «.Cette  explication, j'ai  hâte 
de  le  dire,  ne  m'inspire  aucune  confiance;  j'y 
substituerai  la  conjecture  que  voici  :  tru- 
meau, gigot,  serait  pour  tumel  (r  intercalaire), 
tenant  au  vfr.  tumer,  s'agiter,  sauter,  gam- 
bader, comme  ffif/ot,  selon  moi  ^v.  c.  m.), 
vient  d'une  rac.  giff  exprimant  remuement, 
agitation.  C'est  un  souvenir  de  tremere  qui  a 
peut-être  donné  naissance  â  l'orthographe 
trumeau.  On  a,  d'ailleurs,  aussi  dit  tremeau 
p.  trumeau,  de  sorte  que  même  un  type  tre- 
mellus  (tenant  soit  au  verbe  trimer,  marcher, 
soit  au  L.  tremere,  être  agité)  ne  serait  pas 
trop  aventureux  ;  pour  la  substitution  de  m  à 
e,  on  aurait  à  l'appui  le  cas  àe  jumeau  p. 
gémeau.  —  Diez  dérive  notre  mot  de  l'ail. 
trumm,  qui  primitivement  signifie  une  pièce 
courte  et  grosso  ;  mais  le  mot  français,  dans 
toutes  SOS  applications,  emporte  l'idée  d'une 
chose  allongée.  —  Dansl'anc.  langue,  triÂmeau 
a  dû  avoir  désigné  un  vêtement  de  jambe  ;  d'où 
l'adj.  vfr.  estrumelê,  privé  de  ses  chausses 
(voy.  G.  Paris,  Rom.,  X,  591). 


TU,  L.  tu.  De  tu  et  de  toi  on  a  fait  tutoyer- 

TUBE,  L.  tubus.  Voy.  aussi  tuyau. 

TUBERCULE,  L.  tubercuîum.  —  D.  tuber- 
culeux. 

TUBÉREUSE,  plante  bulbeuse,  du  L  tube- 
rosus,  bulbeux. 

TUBULÂIRE,  dérivé  du  L.  tubulus,  petit 
tube. 

TUDESQUE,  it.  tedesco,  du  vha.  diutisc, 
ail.  mod.  deutsch,  allemand. 

TUDIEU,  juron  ;  expliqué  par  Meunier  par 
«  Dieu  me  tue  !  » 

TUER,  avant  de  revêtir  la  signification  de 
«  occidere  »  (vfr.  occire),  signifiait  mettre 
(une  chose)  à  l'abri  du  danger  et  s'appliquait 
particulièrement  au  feu  :  tuer  le  feu  ou  la 
chandelle,  c.  a.  d.  l'éteindre  ;  tuer  le  vent  (d'où 
le  subst.  tue-vent),  c'est  le  rendre  inoffensif; 
l'expr.  tuer  un  animal  ou  un  homme  dit  donc 
au  fond  «  le  rendre  inoffensif  ».  Notre  mot  se 
retrouve  dans  les  cps.  it  attuiare  et  stuiare, 
apaiser,  comprimer,  éteindre,  dans  le  prov. 
tudar,  attuzar,  estusar,  éteindre,  étouffer, 
tuar,  tuer.  Cette  histoii'e  du  mot  justifie  plei- 
nement l'étymologio  L.  tutare*, factitif  de  tutus, 
sur,  hors  de  danger.  C'est  à  Diez  que  revient 
le  mérite  de  cette  solution  étymologique  ;  seu- 
lement il  s'adresse  dir.  au  L.  classique  tutari, 
protéger  (du  mal),  détourner  (le  mal). — Littré 
n approuve  point  cette  manière  de  voir;  il 
part  d'un  sens  foncier  frapper,  assommer  et 
ramène  le  mot  au  latin  tuditare,  choquer, 
frapper,  ou  même  à  tudare  (qu'il  présuppose 
d'après  BL.  tudanus,  marteau  y.  Tuer  la  chan- 
delle serait  pr.  frapper  dessus.  —  Un  primitif 
ttiditare  est  tout  aussi  inacceptable  que  tudare 
(voy.  Mussafia,  Beitrag,  p.  52).  —  Une  nou- 
velle étymologie  est  développée  par  Ascoli 
(Saggi  romani.  36;.  Il  s'adresse  au  L.  totus,  ou 
plutôt  tutus  (d'où  aussi  it.  tutto)\  de  là  tutare^ 
extutare  [■==>  it.  stutare),  achever.  On  peut 
alléguer  en  faveur  de  cette  manière  de  voir 
les  expr.  analogues  :  terminare  et  extermi- 
nare,  fr.  assommer  (de  summus)^  achever, 
ail.  allé  machen,  den  garaus  machen,  — 
Nous  ne  rappelons  plus  que  pour  mémoire  les 
étymologias  gr.  dùuv,  sacrifier,  ou  ail.  tôdten 
(vha.  todjan),  tuer,  quelque  accréditées  qu'elles 
aient  été  jadis.  —  D.  tueur,  tuerie, 

TUT,  direct,  de  l'it.  tufo,  qui  est  =  L. 
tophus. 

TUILE,  vfr.  teuJe  (p.  eu  devenu  ni,  cp. 
suite  p.  seute)^  du  L.  tegula  (cp.  vfr.  reuJe  de 
régula,  prov.  teun  de  tenuis).  Tegula  s'est 
francisé  aussi  .sous  la  forme  teille,  mot  champ. 
=.-  tuile.  —  D.  tuilier,  -erie^  verbe  tuiler. 

TULIPE,  esp.  tulipa.  angl.  tulip,  ail.  tulpe, 
irl.  tulp;  ce  sont  des  formes  écourtées  de  it. 
tidipano,  esp.  tulipan,  qui  viennent  du  per- 
san dulband,  turban.  La  fleur  a  pris  son  nom 
de  sa  ressemblance  avec  un  turban.  — D,  tuli- 
pie**. 

TULLE,  tissu,  d'origine  inconniM-;  an  a  cru 
généralement  que  ce  tissu  tenait  son  nom  de 
la  ville  de  Tulle,  mais  le  Suppl.  de  Littré 
nous  apprend  que  le  tulle  ne  s'est  jamais 
fabriqué  ni  à  Tulle,  ni  dans  Vbs  environs. 


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UME 


—  S06  — 


UNI 


TUMEUR,  L.  tumorem;  tuméfier,  type 
tumeficare,  p.  tumefacere  (d'où  tuméfaction), 

TUMULAIRE,  L.  tumuiaris  (tumulus). 

TUMULTE,  L.  tumu/ius.  —  D.  tumultueux, 
iumvltuaire,  L.  tumiiltuosus,  -arius. 

TUNIQUE,  L.  tunica, 

TUNNEL,  voy.  tonne, 

TURBAN,  anc.  turbant,  esp.,  it.  turbante, 
BL.  tulipantii.^,  tulipus;  du  persan  dulband, 
m.  s.  (voy.  tulipe). 

TURBINE,  t.  de  mécanique,  mot  savant  tiré 
du  L.  turbo,  turbin is,  toupie,  mouvement  de 
rotation. 

TURBITH,  nom  de  plante,  mot  oriental  ;  les 
Arabes  écrivent  turbadh. 

TURBOT,  angl.  turbot,  cymr.  torbuyt,  gaél. 
tnrbaid,  néerl.  tarbot.  Selon  Huet,  approuvé 
par  Diez,  du  L.  turbo  avec  le  suffixe  roman 
ot.  Dans  les  Vocabularies  de  Wright,on  trouve 
les  mots  BL.  turbo,  turbis  traduits  par  angl. 
but.  Les  Grecs  ont  de  même  appliqué  le  mot 
^o>i6oç,  =*  turbo,  à  un  poisson  de  la  même 
espèce  que  le  turbot.  —  L'ail,  dornbutt,  tur- 
bot (angl.  thornbut),  composé  de  dom,  épine, 
et  butt,  nom  de  la  famille  des  poissons  dite 
pléonectes,  n'a  pas  de  parenté  avec  turbot  ;  il 
parait  même  façonné  par  imitation  du  mot 
roman  et  pour  simuler  un  sens. 

TURBULENT,  L.  turbulmtus,  —  D.  tur- 
bulence. 

TURF,  mot  anglais,  signifiant  gazon.  Voy, 
aussi  tourbe. 

TURGESCENT,  -ENCE,  du  L.  turgescere,  se 
gonfler. 

TURLUPIN,  nom  théâtral  que  prit  un  acteur 
de  l'ancienne  farce,  qui  vivait  sous  Louis  XIII. 
—  Le  mot  n'appliquait  au  moyen  âge  À  une 
secte  d'hérétiques,  mais  l'origine  en  est  incon- 
nue. —  D.  turlupiner^  -ade. 


TURNSP,  mot  anglais  ^s  navet,  dans  lequel 
E.  Mûller  reconnaît  les  éléments  celt.  tum^ 
rond  -[-  gaél.  neip  ==  L.  napus, 

TURPITUDE,  L.  turpitudincm  (turpis). 

TURQUOISE,  it.  turchese,  esp.,  prov.  tur- 
quesa;  de  turquois,  anc.  adj.  de  Turc;  la 
couleur  bleue  s'appelle  turchino  en  italien. 

TUTELLE,  L.  tutela,  d  où  tutélaire,  L.  tu- 
telaris. 

TUTEUR,  L.  tutorem  (tueri). 

TUTUS,  esp.  d'oxyde  de  zinc,  port,  tidia, 
de  l'arabe  toutiyâ,  m.  s. 

TUTOYER,  voy.  tu. 

TUYAU,  tuyeV  (d'où  Tangl.  teu>et),  esp., 
prov.  tudel;  ce  mot  ne  peut  pas  venir,  comme 
le  prouvent  les  formes  asp.  et  prov. ,  de  iuhel- 
lus,  dimin.  de  tubus;  il  dérive,  selon  Diez,  du 
nord,  tuda,  dan.  tud,  néerl.  tuit  =  tuyau.  — 
D.  tuyauter.  —  Au  même  radical  que  tuyau 
se  rapporte  le  terme  technique  tuyère. 

TYMPAN,  mot  de  forme  savante,  L.  tym- 
/)anMm(TÛtt7r«v9v  de TVn-w,  frapper).  Voy.  aussi 
timbre,  —  D.  tympaniser  (cp.  tambouriner, 
ail.  aus-trommeln), 

TYPE.  L.  typus,  gr.  tûto«  (de  irn-ai.  frap- 
per). De  là  le  terme  technique  typographie, 
art  d'imprimer  (pr.  d'écrire)  avec  des  types 
mobiles. 

TYPHON,  espèce  de  tourbillon,  port,  tufâo, 
angl.  typhon,  du  chinois  taï  fong,  grand  vent 
(Littré) 

TYPHUS,  BL.  typhus,  du  gr.  tû^j^s,  vapeur, 
fumée,  puis  appliqué  par  Hippocrate  à  une 
espèce  de  fièvre.  —  D.  typhoïde,  gr.  rw^sitoiji 
du  genre  du  typhus. 

TYRAN,  vfr.  tirant,  angl.  tyrant^  L.  iy- 
rannus,  gr.  rû/aavvo;.  —  D.  tyrannie,  -igiit^ 
'iser. 


U 


UBIQUITÉ,  UBIQUISTE,  mots  modernes, 
dérivés  do  l'adverbe  L.  ubique,  partout. 

UHLAN,  mot  allemand,  tiré  du  polonais 
ula,  lance. 

UKASE,  mot  russe,  dér.  du  verbe  ukasat, 
indiquer,  prescrire. 

ULCERE,  mot  do  formation  savante,  du  L. 
uîcus,  plur.  ulcéra.  —  D.  ulcérer,  -ation,  -eux, 
L.  ulcerare.  -ationem,  -osus. 

ULTÉRIEUR,  L.  ulteriorem  (comparatif  de 
tdter). 

ULTIMATUM,  mot  diplomatique  formé  de 
ultimare*  au  sens  de  «  faire  un  dernier  avis  »», 
de  îdtimus,  dernier. 

ULTRA,  mot  latin,  =  fr.  outre,  employé 
en  composition  et  marquant  excès,  exagéra- 
tion. 

ULTRAMONTAIN,  it.  idtramontano,dG  ultra 
montes,  au  delà  des  monts  (des  Alpes). 

UMBLE.  nom  de  poisson,  variété  de  ombre ^ 
L.  umbi'a. 

...UME,  terminaison  =lat.  ,,.udinem,  Dïez 
est  d'avis  que  le  suffixe  urne  répondant  à  lat. 


udinem,  ud'nem,  ne  peut  s'être  produit  par 
évolution  phonétique  normale  ;  que  le  g<<^nie 
créateur  roman,  en  présence  de  ce  suffixe,  a 
tout  bonnement  eu  recours  au  suffixelat.  umen, 
qu'il  a  appliqué  p.  ex .  aussi  dans  it.  asprume, 
prov.  frescum,  et  qui  se  transforme,  suivant 
les  langues,  en  uma,  um,  urne,  esp.  umbre. 
Ascoli  s'évertue  inutilement  à  établir  la  filia- 
tion formale  suivante  :  udine,  udne,  unne, 
umne  (d'où  esp.  umbre),  enfin  urne. 

UN,  L.  U71US,  —  D.  unité',  L.  unitatem; 
unième. 

UNANIME.  L.  unanimis  (uno  animo),  d'où 
unanimité,  L.  unanimitatem, 

UNIFORME  adj..  L.  uniformis,  de  là  sub?t. 
uniforme,  p.  habit  uniforme;  uniformiser, 
uniformité,  L.  uniformitatem. 

UNION,  L.  unionem  (unus). —  D.  unioniste. 

UNIQUE,  mot  savant,  L.  unicus  (unns). 

UNIR,  L.  unire  (unus).  —  D.  uni;  cps. 
ré-unir,  dés-unir. 

UNISSON,  L.  uni-sonus  (Boèce),  traduction 
du  grec  ^ov«Tovo« . 


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VAC 


—  507  — 


VAÏ 


TTHiri,  L.  unitatem.  —  D.  unitaire. 

UNIVERS,  L.  universus,  tout  entier.  —  D. 
universel,  L.  -alis,  d'où  univet^salite'  {L,  uni- 
versalitatem 'Priscien);  université,  L.  iiniver- 
sitatem,  ensemble,  généralité,  communauté, 
collège. 

UNIVERSITÉ,  institution  de  haut  enseigne- 
ment, litt.  ensemble  des  membres  d'une  com- 
pagnie, voy.  univers.  — '•  D.  universitaire. 

URBAIN,  urbanus  (urbs),  opp.  de  rusticus. 

—  D.  urbanité,  L.  urbanitatem. 
URE.  L.  unis, 

URÉTHRB,  L.  urethra  (Coel.  Aurel.»,  du 
gr.  oCpvi^ya,  conduit  de  l'urine  (oùpfcai,  uriner). 

—  Uretère,  du  gr.  oùpv)Tinp,  m.  s. 
URGENT,  L.  urgentem  (urgere),  pressant. 

—  D.  urgence.  L.  urgentia  (iv"  siècle). 
URINE,  L.  uri7m  (du  gr.  oùpsîv,  pisser).  — 

D.  urinai,  -aire,  -eux;  verbe  uriner. 

URNE.  L.  urna. 

URTICAIRE,  -ATION,  duL.  urtica,  francisé 
en  ortie  (de  urei^e,  brûler). 

US,  L  usus  (uti). 

USER,  d'un  type  L.  usare,  fréq.  de  uti, 
se  servir.  —  D.  usage  (d'où  adj.  usager), 
usance. 

USINE,  BL.  usina,  =  officina  qusevis  ad 
aquas  exstructa.  Ce  mot  est-il  tiré  de  uti  (su- 
pin usum),  par  rapport  à  la  concession  ou  droit 
ô!user  de  l'eau,  ou  est-ce  une  altération  du  L. 
ustrina,  lieu  où  l'on  brûle,  atelier  à  feu?  La 
plus  ancienne  signification  étant  celle  de 
macliino  mue  par  l'eau,  la  dernière  étymologie 
paraît  inadmissible . 

USITÉ,  du  L.  usitare,  fréq.  de  usare*  (voy. 
useï'). 


USTENSILE,  du  BL.  ustensilia  pour  uten- 
silia  (it.  utensiJi);  peut-être  1*5  provient-il 
d'une  assimilation  à  M5<ir,  d'où  outil  (y.  c.  m  ). 

USTION,  L.  ustionem  (urere). 

USUEL,  L.  M5wa/î5  (usus). 

USUFRUIT,  du  L.  ususfructus,  abréviation 
de  l'expr.  lat.  tisiis  fructusque,  l'usage  et 
les  fruits  ;  de  là  usufruitier  et  v^ufructuairc, 
L .  usufructuarius. 

USURE,  L.  usura  (uti),  1.  usage,  jouis- 
sance, détérioration  d'un  objet  par  l'usage; 
2.  jouissance  du  capital  prêté  ;  3.  ce  que  l'on 
pave  pour  cett«  jouissance,  intérêt.  Le  sens 
moderne  péjoratif  ••  intérêt  exagéré,  illégal  ♦» 
(d'où  usuraire,  usurier)  est  survenu. 

USURPER,  L.  usurpare. 

UTÉRIN,  L.  uterinus  (eodem  utero  natus). 

UTILE,  L.  utilis  (uti).  —  D.  utilité,  L.  utili- 
tatem(d'où  utilitaire);  verbe  utiliser.  Pourquoi 
les  "hiodemes  ont-ils  forgé  de  utilis,  fertilis 
les  verbes  utiliser,  fertiliser,  tandis  que  habi- 
lis.  debilis  ont  fait,  d'après  le  génie  latin, 
hàbilitare,  débiliter  t  Après  avoir  introduit 
ces  adjectifs  utile,  fertile,  qui  sont  contraires 
au  génie  français  (aussi  en  vfr.  a  t-on  utle),  il 
fallait  aussi  appliquer  à  leurs  dérivés  le  mode 
dérivatif  latin. 

UTOPIE,  mot  forgé  du  gr.  oO-totto;,  non- 
lieu,  c.-à-d.  lieu  qui  n'existe  pas.  Thomas 
Morus  a  nommé  ainsi  le  pays  imaginaire  où 
il  ptSice  son  gouvernement  fictif.  Le  nom  du 
pays  s'est  transporté  à  ce  gouvernement  même  ; 
puis  le  mot  est  devenu  synonyme  de  rêverie, 
idéal.  Rabelais  s'en  est  également  servi  pour 
désigner  le  royaume  de  Grandgousier.  —  D. 
I    utopique,  utopiste. 


VACANCE,  voy.  vacant, 

VACANT,  L.  vacans,  part,  de  vacarc,  être 
vide,  inoccupé.  —  D.  vacance,  1.  temps  pen- 
dant lequel  une  place  est  inoccupée;  2.  temps 
pendant  lequel  on  est  sans  occupation,  loisir, 
repos. 

VACARME,  anc.  wacarme,  du  cri  néerl. 
toacharme,  malheur 'à  toi,  misérable  (proh 
dolor!  Kil.).  Comp.  le  Roman  du  Renard,  IV, 
p  239.  «  Flament  seut,  si  cria  %joaskarme  *•. 
Pour  la  transition  de  sens,  cp.  les  mots  alerte, 
alarme.  —  Je  doute  fort  de  l'interprétation 
donnée  ci-dessus  au  flam.  toacharme  et  suivie 
par  Littré.  En  tout  cas,  l'interj.  ail.  weh!  n'a 
rien  à  y  voir;  à  mon  avis,  toach  est  =  toak, 
éveillé,  ici  comme  interj.  =  debout,  sus  ! 

VACATION,  1.  action  de  vaquer  à  une 
affaire,  puis  le  temps  qu'on  y  met,  2.  =  L. 
vacatio,  cessation  de  fonctions. 

VACCIN,  du  L.  vaccinus  (vacca),  qui  vient 
de  ou  qui  se  produit  sur  la  vache.  —  D.  vac- 
ciner, d'où  le  subst.  verb.  vaccine. 

VACHE,  prov.,  esp.,  port,  vaca,  it.  vacca, 
du  L.  vacca.  Voy.  aussi  l'art,  bâche.  — 
D.  vacher,  vacherie. 

VACILLER,  L.  vacillare  (rac.  vac,  cp.  l'ail. 
toach-eln  et  wank-en). 


VACUITÉ,  L.  vacuitatem  (vacuus). 

VADE,  terme  de  jeu  ;  de  l'it.  vade  =  fr.  va 
(impératif);  cp.  l'expr.  do  jeu  va  et  va-tout). 

VADE-BCBCUM,  mots  latins  sign.  «  va  avec 
moi,  accompagne-moi  ». 

VAGABOND,  L.  vagabundus  (vagari).  — 
D.  vagabonder,  -âge. 

VAGIN,  mot  savant,  à  forme  masc,  tiré  de 
L.  vagîna,  type  aussi  du  fr.  gaine,  gaine.  — 
D.  vaginal, 

VAGIR,  L.  vagire.  —  D.  vagissement. 

1.  VAGUE,  subst.,  ne  vient  pas  de  unda 
vaga,  mais  du  vha.  toâc,  goth.  vegs,  v.  flam. 
waeghe  (ail.  mod.  woge,  angl.  wave),  = 
vague. 

2.  VAGUE,  a<y.,L.  ra^i«, errant,  non  fixe; 
verbe  vaguer,  L.  vagari.  Dans  terres  vaines 
et  vagues  et  autres  applications,  cependant,  le 
mot  représente  pluttit  le  L.  vacuus,  vide. 

VAGUEMESTRE,  de  l'ail,  wagenmcister, 
maître  des  équipages. 

VAIGRE,  t.  de  marine,  de  l'ail.  u>eger, 
weiger,  planche  de  revêtement,  dan.  icaeg, 
suéd.  tD('igg.  paroi.  —  D.  vaigrer. 

VAILLANT,  forme  mouillée  du  part.  t?a7an*, 
du  L.  valentem,  qui  a  de  la  valeur,  de  la 
force,  vigoureux.  —  Cp.  la  forme  veuillant 


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VAL 


—  508  — 


VAR 


à  cAté  de  voulant,  vfr.  douiUant  à  cAté  de 
dolant,  —  D.  vaillance,  L.  valentia. 

VAIN,  prov.  van,  L.  vanus,  —  D.  vanité, 
L.  vanitatem.  Pour  la  loc.  en  vain,  cp.  gr. 

VAINGRE  (vfr.  veintre),  L.  vincere.  —  D. 
vainqueur. 

VÂIR,  it.  vajo,  du  L.  varius^  de  couleur 
variée,  bigarré.  —  D.  vairon,  m.  s.,  aussi 
nom  d'un  poisson  à  couleurs  très  variées  (on 
écrit  aussi  véron). 

VAISSEAU,  vaisscV,  angl.  vcssel,  vfr.  vas- 
ciel,  it.  vascello^  prov.  vaissel,  esp.  baxel; 
du  dim.  L.  vascellnm  p.  vascidum  (vas).  La 
forme  féminine  est  vaisselle,  employé  pour 
Tensemble  des  vaisseaux  (vases)  ou  plats  ser- 
vant à  la  table  et  reproduisant  le  plur.  neutre 
vascella. 

VAISSELLE,  voy.  Tai-t.  préc. 

VAL,  plur.  vaux  (dans  «  par  monts  et  par 
vaux  nj;  val  se  pré^nte  sous  la  forme  vau 
-d&ns  «  à  vaU'Veau  »,  fuir  à  vau-de-route,  et 
dans  vaudeville  (v.  c.  m.).  Du  L.  vallis,  — 
D.  vallon,  vallée  (v.  c.  m.);  adv.  aval  (v.  c.  m.) 
et  verbe a-ra/^,  faire  descendre.  —  LÀ  langue 
des  trouvères  présente,  p.  petite  vallée,  le  dim. 
vaucicl.  d'un  type  vallicellus. 

VALÉRIANE,  lat.  mod.ra/<?r>ana;  d'origine 
inconnue  (on  a  songé  ù.  L.  valere,  venir  en 
aide  !);  l'ail,  en  a  fait  haldrian. 

VALET,  anc.  vaslet,  qui  est  pour  vasselet, 
le  dim.  de  vassal;  ce  mot  signifiait  autr. jeune 
homme  placé  en  apprentissage  auprès  d'un 
chevalier,  pour  devenir  écuyer  ;  puis  apprenti, 
enfin  =  domestique,  serviteur.  De  vaslet,  par 
la  mutation  s  en  r,  s'est  produite  la  forme 
varlet  (cp.  vfr.  marie,  p.  masle,  mâle)  et  par 
a.ssimilation  celle  de  vallct.  Le  mot  sert  aussi 
â  désigner  divers  objets  teclinologiques.  —  D. 
val  étage,  valetaille,  verbe  familier  valeter. 

VALiTlJDINAIRE,  L.  valetudinarius  (vale- 
tudo).  maladif. 

VALEUR,  L.  valorem  (valere).  —  D.  valeu- 
reux. 

VALIDE,  L.  ralidus  (valere);  opp.  invalide. 
—  D.  validité,  L.  validitatem  ;  valider,  rendre 
valide.  Voy.  aussi  ravauder. 

VALISE,  de  Tit.  valigia.  Voici  l'étymologie 
do  celui-ci  proposée  par  Diex  :  L.  vidulus, 
malle  en  cuir,  valise  (Plante),  de  là  vidul-itia 
(cp.  en  L.  capillus  et  capiUitium),  contracté 
régulièrement  en  vellitia,  velligia  (cp,  it. 
strillo,  hauts  cris,  de  stridulus),  d'où  (e  atone 
passant  régulièrement  en  a)  vallegia  (gloses 
d'Alfric)  et  valigia.  De  valise  vient  le  mha. 
velis,  d'où  l'on  a  forgé  le  mot  fellisen,  auy 
felleisen,  simulant  une  combinaison  de  fell, 
cuir,  et  cisen,  fer;  pour  ainsi  dire  «  cuir 
à  serrure  •».  —  Ascoli  pose  la  question  :  Les 
valises  ne  seraient- elles  pas  les  valeurs,  c'est- 
â  dire  les  choses  de  quelque  prix  que  le  voya-  • 
geur  mène  avec  lui  (Saggi  lad.  512,  note)?  — 
Devic  mentionne  l'arabe  vualiha,  «  saccus  fru- 
mentariiK^,  cophinus  magnus  »,  et  le  persan 
walitchd^  -  grand  sac  »,  mais  il  ne  sait  si  ces 
mots  sont  indigènes  dans  ces  langues.  —  D. 
dévaliser  (cp.  détrousser). 


VALLÉE,  angl.  valley,  prov.  vallada,  it. 
vallata,  dér.  de  vallis,  fr.  val. 

VALLON,  dimin.  de  val. 

VALOIR,  L.  valere  {vaux  p.  vais,  vaudrai 
p.  valrai).  —  D.  valable;  value,  subst.  part. 

VALSER,  de  l'ail .  iDalsen,m.  s.,  pr.  rouler, 
tourner.  —  D.  valse  (ail.  toal^er);  valseur. 

VALUE,  it.  valuta,  voy.  valoir.  —  D.  éva- 
luer; composé  plus-value. 

VALVE.  L.  valva,  porte. 

VAMPIRE,  mot  venu  d'Allemagne,  mais,  à 
ce  qu'on  dit,  d'origine  serbe. 

VAN,  L.  vannits.  —  D.  dim.  vanneawr, 
grosses  plumes  des  oiseaux  de  proie,  à  cause 
de  leur  res.semblance  avec  le  van;  vanneau  (it. 
vannello)  est  aussi  devenu  le  nom  d'une  espèce 
d  oiseau,  à  cause  de  sa  huppe,  qu'il  peut, 
comme  une  penne,  dresser  et  baisser  à  volonté  : 
vannier,  faiseur  de  vans;  verbe  vanner,  L. 
vannare. 

VANDALE,  destructeur,  du  nom  des  Van- 
dales rpar  allusion  au  pillage  de  Rome 
en  455).  —  D.  vandcUisme. 

VANDOISE,  nom  de  poisson,  aussi  vandcse  : 
d'origine  inconnue. 

VANILLE,  it.  vainiglia,  esp.  vainilla  et 
vainica,  dimin.  de  l'esp.  vaina,  gousse,  qui 
représente  le  L.  vagina,  —  D.  vanillier. 

VANITÉ,  L.  vaniiatem  (vanus).  —  D.  vani- 
teux, 

VANNE,  vfr.  venne.,  du  BL.  venna,  digue, 
haie,  clôture,  dont  lorigine  est  incertaine; 
Diez  suppose  une  contraction  de  viminea, 
chose  faite  de  branches  flexibles  [vimen),  en 
vimna,  d'où  venna. 

VANNEAU,  VANNER,  voy.  van. 

VANNIER,  voy.  van.  —  D.  vannerie. 

VANTAIL,  p.  ventail,  voy.  vent. 

VANTER,  it.  vantare,  prov.  vantar,  du  L. 
vanitare  (saint  Augustin),  fréq.  de  tanare, 
dire  des  futilités,  mentir,  fanfaronner  (le  prov. 
a  à  la  fois  vanar  et  vantar).  Quelques-uns  font 
erronément- venir  vanter*  de  venditare,  cher- 
cher à  vendre,  faire  valoir,  vanter  sa  marchan- 
dise. Malgré  l'aflSnité  de  sens  entre  le  L.  veit- 
tosus  et  le  fr.  vantard,  et  bien  que  les  .alle- 
mands disent  lo/nd  machen  p.  se  vanter»  il 
serait  faux  de  rattacher  vanter  â  vcntus,  vent. 
—  D.  vantcrie,  vantard. 

VAPEUR,  L.  vaporem.  —  D.  vaporeux,  L. 
vaporosus;  vaporiser,  évaporer. 

VAQUER,  1.  être  vacant,  interrompre  ses 
occupations  ou  prendre  ses  vacances,  2.  ?e 
livrer  à,  s'occuper  de  qqch.,  s'y  appliquer;  du 
L.  vacare,  1.  être  vide,  être  hbre,  2  avoir  le 
temps,  le  loisir  de  faire  qqch.,  y  consacrer  ses 
loisirs.  —  D.  vacant,  vacation  (v  c.  m.). 

VARAN,  esp.  de  lézard  d'Egypte,  de  l'arabe 
ouaral,  lézard. 

VARAI6NE,  forme  variée  de  varennc. 

VARANGUE,  du  suéd.  (plur.)  vrânger.  les 
côtes  du  navire. 

VARECH,  1.  fucus,  plante  marine  que  la 
mer  arrache  en  montant  et  jette  sur  le  rivage. 
2.  navire  coulé,  débris  quelconques  rejetés  par 
la  mer;  de  l'ags.  vrdc,  qqch.  de  rejeté,  angl. 
wreck,  débris  de  navire;  cp.  goth.  vrihan. 


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VAS 


—  509  — 


VEI 


siiéd.  voràka,  pousser,  heurter.  —  D'après 
Liebrecht,  varech  vient  en  ligne  direct©  du 
nord,  veffreh,  épaves  maritimes. 

VARENNB.  Ce  mot  est  étymologiquement 
identique  avec  garenne  (v.  c.  m.).  De  «  lieu 
défendu  à  la  culture  »  s'est  dégagé  le  sens 
«  lieu  inculte  »» . 

VAREUSE,  blouse;  mot  de  date  récente; 
d  origine  inconnue. 

VARIOE,  mot  de  formation  savante,  L. 
varix,  -ïcts.  —  D.  variqueux^  L.  varicosus. 

VARICELLE  a  l'air  d'être  undim.  de  varice, 
mais  en  fait,  c'est  un  diminutif  mal  fait  de 
varioîe. 

VARIER,  L.  variare  (varius).  —  D.  va- 
riante, variation,  L.  variationem;  variable, 
L.  variablis;  variabilité, 

VARIÉTÉ,  L.  varietatem, 

VARIOLE,  BL.  variola,  dim.  de  varius^ 
bigarré,  tacheté;  Tit.  a  vajiiola,  Tesp.  viruela; 
ces  formes  parlent  en  faveur  de  notre  étymolo- 
gie  et  contre  celle  de  varus,  pustule.  Le  fr. 
vérole  est  p.  vairole  et  procède  de  l'adj.  voir 
(v.  c.  m.)  =  varius,  La  forme  espagnole  sem- 
ble avoir  été  déterminée  par  une  influence  de 
virus. 

VARLET,  voy.  valet. 

VARLOPE,  rabot,  riflard;  mot  altéré  du 
n éerl.  roor/oop,  litt.  avant-coureur  (c.-à-d.qui 
précède  les  autres  plus  fins);  cp.  le  terme 
wallon  analogue  coureressc.  En  limousin  ^ar- 
lopo,  esp.  garlopa,  —  Je  ne  me  câche  pas 
que  le  g  initial  de  ces  derniers  favorise  plutôt 
l'ét.  de  Diez,  qui  propose  un  mot  supposé 
néerl.  toeer-loop  =  qui  va  en  retour  (weer). 

1.  VASE,  masc.,du  L.  t'o^um, forme  acces- 
soire de  vas, 

2.  VASE,  fém.,  bourbe  (en  norm.  aussi 
gase),  du  néerl.  loase,  ags.  vase,  Voy.  aussi 
gazon  —  D.  vaseux. 

VASISTAS  (aussi  gâté  en  vggistas),  petite 
fenêtre  servant  à  espionner  ce  qui  se  passe  ; 
mot  populaire  moderne,  tiré  de  la  phrase  ail. 
«  loas  ist  das  »,  qu'est-ce?  qu'est-ce  qu'il  y  a? 

VASQUE,  bassin  rond  et  peu  profond,  d'un 
adjectif  vasicus  (vas)?  ou  vasque  est-il  pour 
vascle  et  représente-t-il  le  dim.  L.  vascuhimî 
Le  mot  vient  dir.  de  Tit.  va^ca,  bassin  (dans 
dos  documents  du  vn°  siècle  on  trouve  basca). 
Il  est  sans  doute  indépendant  du  BL.  vàscus, 
vacuus.  innnis. 

VASSAL,  prov.  vassal,  it.,  port,  vassallo, 
esp.  vasallo,  BL.  vassallus.  La  Loi  des  Alle- 
mands a  le  simple  vassus,  au  sens  de  servi- 
teur. L'anc.  langue  attachait  à  vassal  le  sens 
général  de  «  homme  »  et  de  «  combattant  », 
et  l'on  y  trouve  le  dér.  vasselage,  employé 
pour  vaillance.  Comme  l'a  déjà  établi  Leibnitz, 
le  mot  vient  du  cymr.  gwas,  jeune  homme, 
serviteur.  On  explique  également  le  suflixe  al 
par  une  influence  de  la  forme  cymr.  gioassawl, 
servant.  Dim.  valet  {v,  cm.),  Subst.  marquant 
l'état  de  vassal  :  vassalité  et  vasselage.  De 
vassus  vassorum  vient  le  fr.  vavasseur  (prov. 
vasvassor),  tronqué  en  vasseur  tout  court. 

VASTE,  L.  vastus.  —  D.  vastité',  L.  vasti- 
tatem;  vastiiude,  L.  vastitudinem. 


VAUDEVILLE  ;  ce  mot  est,  comme  on  sait, 
d'abord  le  nom  d'une  chanson.  Il  est  altéré  de 
vau-de-vire,  qui  tire  son  nom  du  val  (ou  vau) 
de  Vire  en  Normandie,  où  cette  espèce  de 
poème  prit  naissance  au  xv®  siècle.  Voy.  les 
cours  de  littérature.  —  D.  vaudevilliste, 

VAU-L'EAU  (A),  =  à  val  Veau  (voy.  val)  = 
en  descendant  l'eau.  —  Expression  de  forma- 
tion et  signification  analogues  :  à  vau-dc- 
route, 

VAURIEN,  cp.  les  expressions  fai-néant, 
va-nu'pieds,  etc.  L'ail,  dit,  comme  le  fr., 
taugenichts,  le  néerl.  deugniet, 

VAUTOUR,  du  L.  vulturius,  dér.  de  vultur. 
Cette  étym.  parait  être  la  bonne  ;  mais  pour- 
quoi vautour  et  non  pas,  selon  la  règle,  vou* 
tourf  Je  pense  que  c'est  un  eflet  de  dissimila- 
tion.  On  trouve  d'ailleurs  vfr.  vouteur,  Cp. 
aussi  vautrer  p.  voutrer, 

VAUTRE,  espèce  de  chien  pour  la  chasse 
au  sanglier,  vfr.  véltre,  viaulre,  viiUre,  it., 
prov  veltro^  =  L.  vertragus.  Loi  salique  vel- 
trum,  mot  d'origine  celtique.  —  D.  vautrait, 
anc.  vautroy,  équipage  pour  la  chasse  au  san- 
glier. 

VAUTRER  (SE),  autref.  voUrer,  voutrer; 
la  forme  primitive  est  voltrer,  qui  cori-espond 
à  l'it.  voUolare,  lequel  dérive  de  t7oZ^o,  parti- 
cipe it.  du  L.  volvere,  rouler.  Cette  étymolo- 
gie  est  confirmée  par  la  forme  conçu ri*en te 
vfr.  voûter  =  voltare;  Bestiaire  de  Gervaise, 
288  :  El  tais  (=  boue)  se  voûte  maintenant. 
—  Littré,  se  fondant  sur  la  forme  viutrer, 
dérive  le  verbe  du  subst.  viittre  (îr.  mod.  vau- 
tre, v.  c.  m.)  =  it.  veltro,  lévrier.  Se  vautrer 
serait,  selon  lui,  se  rouler  comme  font  les 
lévriers. 

VAVASSEUR,  voy.  vassal, 

VEAU  (d'abord  vedel,  forme  prov.,  puis 
vé-el,  aussi  viel,  enfin  vc-au,  veau),  du  L.  vitel- 
lus.  De  la  forme  anc.  véel  viennent  le  verbe 
vêler  et  le  subst.  vélin,  pr.  peau  de  veau. 
A  la  forme  vedel  se  rattache  vedelet,  pâtre  qui 
soigne  les  veaux. 

VEDETTE,  de  l'it.  vedetta.  La  facture  de  ce 
dernier  ne  se  prête  en  aucune  façon  à  ime 
dérivation  de  vedere,  voir.  Diez  suppose  avec 
raison  un  changement  de  veUtta  en  vedetta 
(cp.  L.  amylum,  fr.  amidon)  \ov,veletta,  qui 
signifie  vedette,  est  un  dérivé  de  veglia  ■■=»■ 
L.  vigilia. 

VÉGÉTAL,  dér.  du  L.  vegetus,  plein  de 
vie;  VBGKTBR,  L.  vegetare,  pris  dans  le  sens 
neutre  do  vegetum  esse.  —  D.  végétation, 
L.  vegetationem  ;  végétable,  anc.  =  végétal, 
L.  vegetabilis. 

VÉHÉMENT,  L.  vehementem,  —  D.  véhé- 
mence, L.  vehementia. 

VÉHICULE,  L.  vehiculum  (vehere). 

VEHME  =  mha.  vëme,  condamnation, 
punition,  tribunal  secret. 

VEILLE,  it  veglia,  subst.  verbal  de  veiller; 
non  pas  de  lat.  vigilia  (qui  a  l'accent  sur  le 
second  i). 

VEILLER.  L.  vigilare,  —  D.  veille  (y,  c.  m.), 
veillée,  veilleur,  -euse;  cps.  éveiller,  d'où 
réveiller,  surveiller. 


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YEN 


—  510  — 


VER 


VEIN£»  L.  vena,  —  D.  veineux,  L.  veno- 
sus;  vetfier,  Voy.  aussi  r^enelle. 

VELGHIi»  de  Tall.  toûlisch,  wàlsch,  gau- 
lois.^ 

VELER,  voy.  veau. 

VÉLIN,  peau  de  veau,  voy.  veau, 

VELLÉITÉ,  terme  philosophique  formé  de 
l'infinitif  latin  velle,  vouloir. 

VÉLOGE,  L.  veîocem.  —  D.  vélocité,  L.  velo- 
citatem. 

VELOURS,  anc.  veïous  (Vr  est  intercalaire  ; 
cp.  vfr.  jalours  p.  jalous,  survivant  dans  le 
Tiéevl.  jaloersch) ;  du  L.  villosus,  velu.  L'it. 
dit  veilutOf  l'esp.  veludo;  ces  formes  sont  cor- 
respondantes du  fr.  velu  et  viennent  dn  L.  ri7- 
Jutus.  D'un  diminutif  veluet  vient  angl.  vel- 
vet,  velours;  un  autre  diminutif  se  trouve 
dans  l'anc.  langue  fr.  sous  la  forme  velluau 
==  BL.  velludellum,  pannus  sericus  villosus. 
Quant  au  verbe  velouter,ïi  est  fait  soit  d'après 
l'it.  vellutare,  ou  librement  déduit  de  velous* 
(cp.  taluter  de  talus), 

VELTE,  mesure  de  capacité.  De  Tall.  viert, 
ticrtel,  mesure  de  capacité,  pr.  quart,  quar- 
taut.  Buggc, auteur  de  cette  étym.  (Rom.,  III, 
160j,  rappelle  les  formes  variées  verte,  verle, 
vergue  et  pense  que  trois  mots  différents  sont 
ici  confondus  :  1.  notre  velte  ou  verte; 
2.  vergue,  antenne  =  virga;  3.  verte  =^ 
virgula.  — D.  velter. 

VELU, voy.  velours. —  D.  velvote  p.  veluotc, 
plante  à  tiges  velues. 

VELVOTE.  voy.  velu. 

VENAISON,  angl.  vem'son,  du  L.  veuationem 
(venari),  chasse,  produit  de  la  cliasse.  Le  verbe 
venari  a  donné  vetier,  courre  un  animal 
domestique  pour  en  attendrir  la  chair  ;  vena- 
iorem,  vfr.  veneeur,  auj.  veneur,  d'oix  vénerie. 

VÉNAL,  L.  venalis.  —  D.  vé}uilité. 

VENDANGE,  L.  vindeynia  [i  consonnifié). 
Le  prov,  dit  vendenha.  —  D.  vendanger 
(—  L.  vindcmiare).  Le  L.  vindemia  a  fourni 
le  nom  au  mois  dit  vendémiaire. 

VENDIQUER,  mot  savant,  employé  dans  La 
Fontaine  pour  revendiquer,  du  L.  vlndicare 
(dont  la  forme  franc,  normale  est  venger), 

VENDRE,  L.  vendere.  —  D.  vente,  it.  ven- 
dita,  ==  L.  vendita  fcp.  7'ente,  pente,  etc.); 
ve7ideur,  vendable,  revendre. 

VENDREDI,  \i.renerdi,à\\  L.  Veneris  dies. 
Le  prov.  retourne  les  termes  et  dit  divendres; 
l'espagnol  (sans  dies)  dit  tout  court  vie7'nes 
(p.  vienres),  le  prov.  de  même  aussi  ven7'es, 

VÉNÉFIGB,  L.  veneficium. 

VENELLE,  i)etite  rue;  p.  veinelle,  pr. 
petite  veine?  Cela  rappellerait  la  métaphore 
du  mot  artère  =  rue  principale  d'une  ville. 
Kn filer  la  venelle  signifie  prendre  la  fuite; 
avoir  la  venettc,  gagner  peur.  Il  n'y  a  cepen- 
dant pas  de  rapport  de  famille  entre  venelle 
et  venette.  lloquefort  explique  ce  dernier 
assez  cavalièrement  par  -  peur  pareille  à  celle 
du  gibier  poursuivi  par  les  veneurs  ».  Notre 
opinion  est  que  venette  dérive  de  vener, 
expression  populaire  p.  vesser,  contraction  de 
vesiner;  cp.  la  loc.  avoir  la  foire.  Quant  à 


venelle,  si  l'explication  ci-dessus  ne  satis£ùt 
pas,  nous  émettrons  une  autre  conjecture  : 
dim.  du  BL.  venna,  haie,  buisson  (voy.  vanne),, 
qui  se  prête  assez  bien  pour  expliquer  la 
locution  en  question.  D'autres  ont  plus  hardi- 
ment expliqué  venelle  par  un  dim.  vianella, 
de  ma,  chemin.  —  Il  est  bon,  pour  se  diriger 
dans  les  recherches,  de  noter  que  Du  Gange 
cite  un  document  du  xiii®  siècle  portant  la 
forme  latine  vanella,  via  strictior. 

VÉNÉNEUX.  L.  ve}ienosus  (venenum). 

VENER,  VENEUR,  VÉNERIE,  voy.  venai- 
son.^ 

VÉNÉRER,  L.  venerari,  —  D.  vénération, 
-able,  L.  venerationem,  -abilis. 

VÉNÉRIEN,  relatif  à  Venus,  gén.  Veneris. 

VENETTE,  voy.  ve7ielle. 

VENGER,  prov.  vengar,  venjar,  esp.  vetv- 
gar,  it.  ve)igiare,  duL.vindicare  (cp.  manger 
de  mand'care),  —  D.  vengeur,  vengeance, 
revenger  et  revancher  (v.  c.  m.). 

VÉNIEL,  L.  venialis  (venia). 

VENIN,  vfr.  velin  et  vei'in  ;  du  L.  venenum. 
Pour  la  confusion  de  la  finale  lat.  en  (us,  a» 
um»,  avec  m  (us,  a,  um),  cp.  pullicenus  : 
poussin  ,raLcem\\s  :  i^aisin,  catena  :  chaîne' 
d'où  chaîne,  sagena  :  seine'  (d'où  seine),  per- 
gamenum  :  parchemin;  aussi  étrén ne, *<rc/wi, 
variait  jadis  entre  estrcne  et  estrine.  —  D 
venimeux,  envenimer;  m  p.  n  par  euphonie, 
comme  dans  étamer  de  étain,  vfr.  leonimc  «=« 
leoninus. 

VENIR,  L.  venire.  —  D.  subst.  part,  venue. 

VENT,  L.  ventus.  —  D.  vente?*,  venteux^ 
L.  ventosus;  ventait  (orthographié  aussi  van- 
tail), pr.  soupirail  ipar  où  l'on  respire),  puis 
aussi  battiint  de  porte  (cp.  venteau,  iwrte 
d'une  écluse);  cps.  contrevent,  paravent; 
verbe  éventer,  d'où  éventail  (v.  cm.).  —  Ro- 
quefort a  commis  la  colossale  méprise  de  pla- 
cer l'adj.  éventuel  sous  la  rubrique  vent! 

VENTE,  voy.  vendre. 

VENTILER,  L.  ventilare  (ventus),  remuer 
à  l'air,  agiter,  scruter.  —  D.  ventilation, 
-ateur. 

VENTOUSE,  prov.,  esp.,  it.  et  BL.  ventosa, 
pr.  soupirail,  donnant  passage  à  leau  ou  à 
Tair;  de  là  les  différentes  applications  techno- 
logiques et  médicales  de  ce  mot.  Ce  que  nous 
appelons  ventouse  en  chirurgie  s'appelait  clicz 
les  Latins  cucu7*bita,  chez  les  Grecs  «ixûa,  \n\ 
courge;  Juvénal  a  cucurbita  ventosa.  Du 
L.  ventosus  (ventus),  primitif  aussi  du  nom 
de  mois  républicain  dit  ventôse,  —  D.  ven- 
touser, 

VENTRE,  L.  venter,  —  D.  dim.  ventricule, 
L.  ventriculus;  ventrée,  -ière,  ventru,  se  ven- 
troniller;  ventriloque,  L.  ventriloquus  (qui 
parle  du  ventre)  ;  verbe  é-centrer, 

VENTRBBLEU,  euphémisme  p  ventredieu; 
cp.  morbleu,  sac7'ebleu. 

VÊPRE,  du  L.  vesper,  soir. 

VER,  prov.,  vfr.  tj^w,  L.  vermis.  — D.  Cf'- 
7'eux,  piqué  des  vers  ;  téroter,  chercher  des 
vers.  Ces  dérivés  sont  faits  en  négligence  du 
radical  primitif  vei^m. 


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VER 


—  511  — 


VER 


VÉRACB  (néol.),  L.  verax.  —  D.  véracité, 
L.  veracitatem. 

-  VÂRANDA,  dir.  de  l'esp.  baranda,  port. 
varand<i,  mot  d'origine  orientale  :  malais 
baranda,  persan  baramadah  ;  sansc.  varanda, 
portique. 

VERBE,  L.  verbum,  pr.  parole.  —  D.  uer- 
balf  L.  verbalis  (de  l'expr.  procès-verbal  vient 
le  verbe  verbaliser)  \  verbeux,  L.  vcrbosus, 
d'où  verbosité;  verbiage  (d'où  verbiager),  d'un 
verbe  ancien  verbier,  type  L.  verbicare, 

VBRD.  voy.  vert. 

VERDICT,  mot  d'introduction  anglaise,  du 
L.  veredictum;  Tall.  àxiwahr'Spruch. 

VERDIER,  garde  forestier,  BL.  viridarius, 
dér.  de  viHde,  verdure,  feuillage;  cp.  le  terme 
gruyer(w.  c.  m.).  —  D.  verderie. 

VERDURE,  voy.  vert.  —  D.  veixturier, 
•ière. 

VÉREUX,  voy.  ver. 

VERGE,  L.  virga.  —  D.  vergé,  barré,  rayé  ; 
verger,  mesurer  avec  la  verge;  vergeure; 
enverger  (v.  c.  m.);  dim.  vergette,  d'où  ver- 
geter. 

1 .  VEROER,  verbe,  voy.  verge. 

2.  VEROER,  subst.,  prov.  vergier  et  ver- 
dier,  du  L.  viridiarium,  forme  concurrente 
de  viridarium  (viridis). 

VERGLAS,  composé  de  verre  et  de  glace, 
donc  pr.  verre  glacé.  On  trouve  aussi  en  vfr. 
vm^giel  (fficl  =  it.  gielo,  L.  gelu,  glace). 
A  cause  des  formes  vfr.  wereglas,  wall.  war- 
gless,  Littré  explique  le  mot  par  -  gare  à  la 
glace  n.  Cela  me  semble  bien  risqué,  sur- 
•  tout  en  présence  du  parmesan  vedergiass  = 
verglas,  et  du  rouchi  tooirglache  (wotr  =  vfr. 
voire,  verre). 

VERGNE.  voy.  veme. 

VERGOGNE,  vfr.  aussi  vergonde,  prov.utr- 
gonha,  it.  vcrgogna,  du  L.  verecundia,  subst. 
de  l'adj.  vereciindiis,  pudique.  —  D.  déver- 
gondé (v.  c  m.). 

VERGUE  (cp.  prov.  vergua),  comme  verge, 
du  L.  virga,  baguette,  pièce  de  bois  longue. 

—  D.  enverguer  (v.  c.  m  ). 
VÉRICLE,  du  L.  vitricidus  (vitrum). 
VÉRIDIQUE,    L.   veri-dicus.  —  D.   vcridi- 

cité. 

VÉRIFIER,  BL.  vei-ificare;  subst.  vérifica- 
teur, vérification. 

VÉRIN,  nom  d'une  machine  en  forme  de 
presse  ;  n'est  pas,  comme  on  a  avancé,  un  dér. 
de  ver,  par  allusion  à  la  forme  de  la  vis  ou  de 
l'écrou,  mais  de  la  famille  du  L.  verii;  voy. 
vrilie. 

VÉRITÉ,  vfr.  verte,  L.  veritatem.  —  D.  véri- 
table (cp.  équitable  de  équité,  charitable  de 
chanté). 

VERJUS,  p.  vert  jus,  jus  de  fruit  encore 
vert.  —  D.  verjuté. 

VERLE,  jauge  pour  mesurer  les  futailles, 
de  virgxda,  dim.  de  L.  virga,  fr.  verge. 

VERMEIL,  it.  vermiglio,  du  L.  vermiculus 
(dim.  de  vermis),  pr.  petit  ver,  puis  =  coc- 
cura,  teinture  écarlate,  cochenille.  Le  mot 
s'est  appliqué  surtout  à  la  couleur  que  l'on 


donne  à  l'or,  pour  rendre  son  feu  plus  vif  et 
qui  est  composée  en  grande  partie  de  vermil- 
lon, puis  4  l'argent  doré.  En  agriculture  ver- 
meil se  disait  d'un  lieu  où  il  y  a  des  vers.  — 
Dim.  vermillon,  cinabre,  couleur  vermeille. 

VERMICELLE,  de  l'it.  vermicelli,  petiU 
vers. 

VERMIFUGE,  du  L,  vermis,  \cr, +  fugare, 
chasser. 

VERMILLER,  chercher  des  vers  (vermis). 

VERMILLON,  voy.  vermeil. 

VERMINE,  prov.  vermena,  d'un  type  ac^ec 
tival  verminus  (vermis j.  —  D.  verminière. 

VERMISSEAU,  anc.  vermicel,  du  L.  vermi- 
cellus,  forme  accessoire  de  vermiculus  (cp. 
arbrisseau,  ruisseau), 

VERMOULU,  pr.  fnoulu  par  les  vers;  de  là 
vermoulure;  de  vermoulu,  au  mépris  des 
règles,  on  a  abstrait  un  verbe  se  vermoulcr. 

VBRMOUT,  de  l'ail,  tœrmuth,  absinthe 
(celui-ci  étymologiquement  =  racine  contre 
les  versi. 

VERNAL,  L.  vernalis  (de  ver,  printemps), 

VERNE,  ou  vergne,  aune  (arbre),  prov. 
verna,  vern.  Du  L  arbor  verna  =  arbre  prin- 
tanier  ?  Diez  préfère  une  étymologie  celtique  : 
cymr.  gwern,  marais,  d'où  la  combinaison 
coed  gwern,  aunes,  pr.  arbres  de  marais  (on 
trouve  aussi  tout  court  gwern  =  aune). 

VERNIR,  d'après  Ménage,  approuvé  par 
Diez,  d'un  type  L.  vitrinire,  dérivé  de  vitri- 
nus,  adj.  de  vitrum,  verre  (cp.  prov.  veirin). 
Diez  appuie  cette  manière  de  voir  sur  le  sens 
identique  des  verbes  it.  vitriare,  esp.  vedriar, 
sarde  imbidriare;  cp.  aussi  l'ail,  glasiren, 
vernir,  glacer,  de  glas,  verre.  Il  repousse 
comme  origine  le  vha.  bernjan,  rendre  lui- 
sant, le  germanique  b  initial  ne  s'afTaiblissant 
jamais  en  v  ;  n'était  ce  scrupule  phonétique, 
le  mot  s'accommoderait  très  bien  de  l'ail,  ber^i- 
stein  (pr.  pierre  luisante),  ambre,  succin,  cotte 
substance  fournissant  im  vernis  très  usité. 
L'ancienne  poésie  appliquait  fréquemment  à 
l'écu  l'épithète  verni  et  vernis  (voy.  des  exem- 
ples dans  Bormans,  Texte  do  Cléomadès, 
p.  199,  et  Gachet,  Glossaire);  le  premier  est 
le  participe  passé  de  veimir,  le  second  répond 
à  un  type  adjectival  en  icius.  —  D.  subst. 
vernis,  collatéral  de  it.  vcrnice,  esp.  bcrnis 
et  barnis,  prov.  vernitz  (gr.  mod.  (itpAxi, 
angl.  vaimish,  ail.  firnis). 

VERNIS,  voy.  l'art,  préc.  —  D.  vernisser 
(it.  verniciare,  prov.  vernissa?'),  d'où  vernis- 
sure. 

VÉROLE  (autr.  v^airole)  vient  de  vair,  ve?''\ 
donc,  comme  variole,  du  primitif  lat.  varias . 
Un  autre  dérivé  de  vair  ou  ver  est  vérette  = 
varicelle,  et  véron  p.  vairon,  nom  d'un  pois- 
son (cp.  héron  p.  hairon).  —  D.  vérole. 

VÉRON,  voy.  l'art,  préc. 

VERRAT  (p.  verracf  cp.  esp.  verraco),  dér. 
du  L.  verres  (vfr.  ver):  on  rencontre  aussi  les 
formes  veirrou,  verau,  ven'ot. 

VERRE,  vfr  voire,  it.  vetro,  prov.  reire, 
régul.  tiré  du  L.  vitrum,  dont  la  langue 
sa  vantera  fait  vitre.  —  D.  verrier,  -ière,  -crie, 
verreux,  verroterie. 


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VER 


—  512  — 


VES 


VERROU,  anc.  verrouil  (d'où  le  verbe  ver- 
roidllcr),  prov.  verrolh,  du  L.  verucuhim, 
petite  broche. 

VERROUILLliR,  voy.  verrou, 

VERRUE,  L.  veri^ca. 

1.  VERS,  subst.,  L.  versus  (vertere;  cp. 
G7pQfT,  de  arpifû»),  —  D.  verset,  versicuhf  L. 
versiciilus;  verbe  versifier,  L.  vcrsificare, 
subst.  versification, 'Oteur,  L.  versificationem, 
-atorem. 

2.  VERS,  prép.,  L.  vei'sus  (pr.  tourné). 
Composés  :  envers,  devers. 

VERSATILE,  mot  de  facture  savante,  L.  ver- 
saiilis.  —  D.  versatilité, 

VERSÉ,  exercé,  du  L.  versatus  (versari). 

VERSEAU,  terme  d'astronomie;  d'après 
Littré,  la  saison  où  il  faut  verser  (retourner) 
la  terre  ;  d'après  Moisy  =  verse-eau,  une  tra- 
duction populaire  de  L.  aquarius,  m.  b. 

VERSER,  it.  vei'sare,  prov.  versar;  du  L. 
versare,  fréq.  de  vertere;  propr.  retounier, 
renverser.  Le  sens  répandre,  faire  couler,  est 
déduit  de  l'idée  renverser  un  vase  ou  l'incliner 
pour  en  faire  sortir  le  liquide.  Le  sens  origi- 
naire «  retourner  »  (La  Fontaine  disait  encore 
verser  un  champ,  imitant  en  cela  le  versare 
gleha^  d'Horace)  reparait  dans  les  composés 
enverser',  renverser.  —  D.  versant,  pente  d'une 
montagne  d'où  découlent  les  eaux  ;  à  verse^ 
locution  adverb.  =  en  versant  (de  là  le  subst. 
averse,;  versement,  verseaulv.  c.  m.). 

VERSION,  L.  versionem  (vertere),  action  de 
tourner,  puis  de  traduire. 

VERSO,  sous-entendu  folio,  mots  latins  = 
au  feuillet  tourné. 

VERT,  fém.  verte  (autrefois,  selon  la  règle, 
vei*de),du  L.  viridis.  —  D.  verdûtre,  verdelet, 
verdet,  verdier  (oiseau),  verdeur,  verdure, 
verdir,  vei'doyer  (it.  verdeggiare,  esp.  vet'- 
dear). 

VERT-DE-GRIS  est  une  forme  corrompue  ; 
au  xiii*  siècle,  on  trouve  verte-grejs,  au  xiv", 
vert  de  gricc;  Littré  conjecture  conmie  forme 
première  vert  aigret,  le  vert  produit  par 
l'aigre,  l'acide. 

VERTÈBRE,  L.  vertcbra  (vertere}.  —  D, 
vertébré,  L.  vertebi'atus  ;  vei^tébral. 

VERTICAL,  L.  verticalis,  perpendiculaire, 
dér.  du  L.  vertcx,  -icis,  point  culminant,  som- 
met de  la  tôte,  zénith. 

VERTIGE,  it.  ve7'tigine,  du  L.  vertigo,  -mis 
(vertere),  tournoiement.  —  D.  vertigineux,  L. 
vertiginosus.  On  a  conservé  le  mot  L.  vertigo 
pour  caprice,  fantaisie. 

VERTU  (anc.  aussi  a=  force,  courage),  du 
L.  virtutem.hQ  là  }^vos.v€rtudos,'ii.vinuoso^ 
fr.  VERTUEUX  ^le  mot  virtuose  est  emprunté  de 
rit.);  verbe  évertuer,  prov.  es-vertudar. 

VERTUGADIN,  dér.  de  Vesy.vertugado  (vfr. 
vertugade),  m.  s.,  dont  j'ignore  l'origine. 
D'après  Littré,  le  mot  espagnol,  aussi  pro- 
noncé et  écrit  verdugado,  dérive  de  terdugo^ 
pr.  scion,  baguette,  lequel  vient  du  L.  viridis, 
vert.  Cette  étymologie  ne  m'inspire  aucune 
confiance  et  le  synonyme  esp.  guardc- infante 
pourrait  bien  m'autoriser  à  supposer  que  l'in- 
vention du  vertugadin  visait,  pour  une  raison 


quelconque,  à  protéger  Vinfante  et  que  oe  sont 
bien  les  éléments  vertu  et  garder  qui  se 
cachent  sous  le  tei*me  bizan-e  que  les  modistes 
du  xvi*'  siècle  ont  imaginé  pour  l'engin  de 
toilette  nouvellement  inventé. 

VERVE,  du  L.  vaxa,  tête  de  bélier,  orne- 
ment de  sculpture  ;  de  là  l'acception  :  fantaisie 
d'artiste,  caprice.  Un  développement  analogue 
d'idée  se  remarque  dans  le  mot  caprice,  de 
capra,  chèvre.  Seulement,  on  se  demande,  à 
l'égard  de  ce  dernier,  si  le  sens  figuré  ne  re- 
pose pas  sur  un  autre  point  de  vue  impliquant 
une  allusion  au  caractère  bizarre  de  la  chèvre. 
Ménage  voyait  dans  verve,  enthousiasme, 
l'inspiration  du  verbe  divin  ;  le  P.  Labbe  pen- 
sait à  vertere;  entre  vertige  et  verve,  il  y  a  en 
effet  de  l'affinité,  mais  il  faut  aussi  se  mettre 
en  règle  avec  la  forme  des  mots  ;  or.  verve  ne 
se  prête  en  aucune  façon  à  un  radical  vert. 
D'autres  se  sont  adressés  à  l'ail,  vœrfen,  ni. 
werpen,  jeter  (donc  pr.  élan  d'esprit)  ;  Roque- 
fort y  voyait  le  mot  vertu!  Fôrster  (Ztschr., 
IV,  381)  dit  que  l'ét.  par  verva  n'est  nulle- 
ment assurée;  l'examen  de  l'emploi  du  mot 
dans  l'ancienne  langue  indique  plutt^t  le  sens 
«  verbiage,  folle  parole,  proverbe  ».  Cela  favo- 
rise l'étym.  verba,  plur.  de  verbum;  mais  le 
passage  de  rb  en  rv  serait  tout  à  fait  excep- 
tionnel, car  mœ-ve  =  *morba  (p.  morbus) 
n'est  pas  sur.  Do  son  côté,  G.  Paris  observe 
(Rom.,  X,  302)  qu'il  professe  depuis  longtemps 
la  même  manière  de  voir  ;  pour  la  forme,  il 
rapproche  verveine  de  vei'bena  et  le  latin  verva, 
pluriel  de  vitTf  =  verbum.  Suchier  (Roman. 
Forschungen,  Ij  oppose  la  forme  piém.  cerver 
et  propose  l'ét.  verbera,  mais  Paris  ne  croit 
à  l'existence  de  ce  mot  piém.  verver  que  sous 
la  forme  ver  ver  «Rom.,  XII,  133).  —  Citons 
encore,  pour  la  fin,  la  bizarrerie  d'un  savant 
allemand,  qui  voit  dans  verve  le  L.  fervor! 

VERVEINE,  L.  verbena. 

VERVELLE,  voy.  l'art,  suiv 

VERVEUX,  filet,  anc.  verveu;  ce  mot  est, 
d'après  Pott,  suivi  par  Diez,  la  représentation 
fr.  de  l'it.  vertovello  ou  bertovello^  nasse,  qui, 
à  son  tour,  est  le  L.  veriebolum  (Loi  salique^ 
ou  plutôt  vcrtebellum  (cp.  en  fr,  la  forme  ver- 
velle,  gonds  dans  la  quille  d'un  bateau  foncet, 
pour  y  accrocher  le  gouvernail  ;  aussi  anneau, 
cylindre).  Or,  vertebolutn  est  un  dimin.  de 
vertcbra,  et  tire  sa  signification  du  verbe  ver- 
tere; la  nasse  est  ainsi  nommée  parce  que  lo 
col  est  retourné  en  dedans  ;  aussi  l'orifice  de 
la  nasse  s'appelle- 1- il  de  même  en  it.  ritroso 
=  retro7*sus  (pr.  retourné;.  —  La  forme 
limousine  vertuel  se  rappixxîhe  plus  sensible- 
ment du  type  vert'bcUum. 

VESGE,  vfr.  vesse,  vèche,  it.  veccia,  vezsa, 
angl.  vetch,  fitch,  v.  flam.  vitsen,  ail.  toicke; 
du  L.  vida.  —  D.  vescermi. 

VÉSICATOIRE,  du  L.  res/carc,  produire  des 
vessies,  d'où  aussi  vésicant.  —  Vésicule,  L. 
vesicula,  petite  vessie. 

VESOU,  jus  de  la  canne  à  sucre  :  d'après 
Roulin,  de  vfr.  vese,  vessie,  à  cause  des  vessies 
ou  cloches  que  produit  le  dégagement  du  gaz 
acide  carbonique. 


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VEU 


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VII) 


VSSPÉTRO,  «  de  vesse,  pet  et  rot,  à  cause 
dès  propriétés  carminatives  attribuées  à  cette 
liqueur  »  (Littré).  Je  connaissais  cette  étymo- 
logie,  mais  je  n'osais  pas  la  prendre  pour 
sérieuse. 

VESSE,  L.  visium  (du  verbe  visire),  mot 
radicalement  identique  avec  Tall.  fiess,  fiest, 
angl.  fis  sic  t  tese,  —  D.  vesser.  —  Au  lat.  visire 
répond  walt.  ces(.  Du  même  primitif  latin 
vient  le  verbe  vfr.  vesiner,  doù  berrichon 
véner,  rouchi  vener,  d'où,  selon  moi,  l'expr. 
avoir  la  venette  (v.  pi.  h.).  Le  wall.  dit  dans 
le  même  sens  avù  Vtèse  (voy.  Grandgagnage). 

VESSIE»  L.  vesica,  vessie,  ampoule»  cloche, 
d'où  le  verbe  L.  vesicare,  se  gonfler»  et  l'adj. 
vesicatoriiis* ,  fr.  vésicatoire,  —  D.  vessiffon, 

VESTE»  dir.  de  l'it.  resta,  habit»  robe»  qui 
vient  du  L.  vestis,  vêtement.  —  D.  veston. 

VESTIAIRE,  L.  vestian'um  (vestis)»  garde- 
robe. 

VESTIBULE»  L.  vestibuhim,  cour  d'entrée. 

VESTIGE»  L.  vestiffium, 

VETEMENT,  L.  vestimentum  fvestire). 

VÉTÉRAN»  L  veteramis  (vêtus).  —  D.  tété- 
rance,  mot  formé  comme  si  le  primitif  était 
vétéran  t. 

VÉTÉRINAIRE»  L.  veterinarhts  (de  veterina, 
s.  e.  bestia.  bête  de  traie  ou  de  somme). 

VÉTILLE»  d'après  Diez»  du  L.  vitilia,  mar- 
chandises en  osier,  treillis,  etc.  (choses  de  peu 
de  valeur)  ;  il  cite  à  l'appui  lo  L.  gerrœ,  qui 
signifie  l .  choses  en  osier»  2.  bagatelles,  bali- 
vernes. D'autres  font  venir  le  mot  de  titilitU 
gare,  chicaner,  mais  cette  étymologie  est  for- 
cée. —  Pour  ma  part,  je  ne  vois  pas  pourquoi 
vétille  ne  serait  pas  un  dimin.  de  vetiis,  mar- 
quant d'abord  une  vieillerie,  chose  usée,  sans 
valeur.  Raynouard  rattache  le  mot.  peut-être 
avec  raison, au  prov.,esp.  veta,  cordon»bande 
(c=  L.  vitta),  et  allègue  le  passage  suivant  : 
•  paubre  lairon  pent  hom  per  una  veta  »»  qu'il 
traduit  «  pauvre  larron  on  pend  pour  une 
vétille  f*.  —  Brachet  dit  tout  court  :  du  pié- 
montais  vetiîia,  m.  s.  —  D.  vétiller,  -eux, 

VÊTIR»  L.  vestire.  —  D.  vêtement,  L.  ves- 
timentum ;  vêture,  prise  d'habit;  cps.  re-vétir, 
dé-tétir, 

VETO,  mot  latin  =  je  défends,  je  m'oppose. 
Le  verbe  vetare  se  trouve  en  prov.  et  esp. 
sous  la  forme  vedar,  en  vfr.  véer,  en  it.  vie- 
tare, 

VÉTUSTÉ,  L.  vetustatem  (vêtus). 

VEUF,  voy.  veuve. 

VEULE»  vieux  mot  «  mou»  faible»  léger» 
primitivement  =  vain,  vide.  D'après  Diez,  la 
forme  veule  procède  de  la  forme  vole  (Rute- 
beuf  :  M  pensée  vole  »).  Or»  vole  vient  de  vola, 
le  creux  de  la  main»  soit  que  l'on  ait  pris 
creux  dans  le  sens  de  vide,  soit  sous  l'in- 
fluence de  l'expression  composée  vanvole, 
chose  futile  (Rom.  du  Renard,  I,  p.  147),  qui 
signifie  pr.  vana  vola,  main  vide»  et  que  l'on  a 
interprétée  par  vain  et  vole,  combinaison  fré- 
quente chez  les  anciens. 

VEUVE»  du  L.  vidua,  par  l'intermédiaire 
de  vfr.  vedve,  veve  (cp.  L.  tennis,  vfr.  tenve,  et 


I  pour  le  changement  de  e  en  eu,  plevir  devenu 
pleuvir).  Les  mots  parallèles  des  autres  lan- 

I  gués  sont  prov.  veuva,  vesoa,  it  vedova,  esp. 
viuda,  port,  viuva,  valaqiie  vèduvë.  néerl. 
toedutoe,  angl.  voidow,  ail.  wittwe.  —  Le  cor- 
re.<«pondant  masculin  de  v^^uve  est  veuf.  —  Le 

I  latin  viduus,  au  sens  déduit  de  privé  de»  non 
remi)li»  s'est  francisé,  dit-on,  par  vide,  mais  il 
l>ourrait  bien  y  avoir  là  une  erreur  (v.  c.  m.). 

—  D.  veuvage. 

I        VEXER,  L     vexare  (vehere),  pr.  secouer, 

ballott4*r,  tirailler.  —  D   vexation,  vexatoire. 

VIABLE,    p.    vivable;    cp.    viande    pour 

vivamle.  Le  mot  étant  d'introduction  récente, 

,  il  a  été  tiré  peut-être  par  les  médecins  de  la 
formule  vitœ  hahilis,  apte  à  la  vie  ;  étymolo- 
gie donnée  par  Littré.  —  D  viabilité, 

VIADUC,  formé  de  vice  ductus,  d'après  l'ana- 

.    logie  de  aquœ  ductus,  tt.  aqueduc. 

VIAGER»  dérivé  du  subst.  viage,  cours  de  la 
vie»  ressources  pour  vivre»  revenu  annuel;  ce 
viage  a  pour  type  soit  une  forme  vitaticum, 
soit  L.  viaticum  =  provisions  de  route»  moyen 
de  subsistance  (voy.  viatique). 

VIANDE,  prov.  vianda,  it  vivanda,  anc. 
nourriture  en  général;  la  forme  ancienne  et 
complète  est  vivande  (de  là  :  vivandière),  du 
L.  vivenda,  mot  de  façon  barbare  devant 
signifier  «  ad  vivendum  necessaria  •«.  Le  sens 
ancien  de  pâture  subsiste  encore  dans  les  dé- 
rivés (termes  de  vénerie)  viander,  pâturer,  et 

I    viandis.  Guiot  de  Provins  dit  des  chanoines 

I  réguliers  qu'ils  étaient  nobles  vivandiers  ^qu'ils 
faisaient  bonne  chère). 

VIATIQUE,  L.  viaticum  (via),  argent  ou 
frais  de  voyage.  S.  Grégoire  emploie  déjà  le 

I  mot  au  sens  de  sacrement  administré  aux  mo- 
ribonds. Viaticum  est  aussi  le  type  du  mot 
voyage. 

i        VIBRER,  L.  vibrare.  —  D.  vibration. 

VICAIRE,  vfr.  viguier  (v.  c.  m.),  L.  vicarius 

I  (vicia),  qui  tient  la  place  d'un  autre,  lieutenant, 
substitut.  —  D.  vicariat,  -al,  verbe  vicarier. 

1.  VICE,  défaut,  L.  vitium.. —  D.  vicieux, 
L.  vitiosus;  vicier,  L.  vitiare,  corrompre. 

2.  VICE-,  élément  prépositif  de  composition 
du  L.  vice,  à  la  place  de,  abl.  de  vicis,  alter- 
native» cours»  lieu  ;  vice-roi  est  celui  qui  gou- 
verne vice  régis,  à  la  place  du  roi. 

VIGSNNAL»  L.  vicennalis,  de  vicennium 
(viccnti  anni},  espace  de  vingt  ans. 

VICINAL.  L.  vicinalis(de  vicinus,  fr.  voisin). 
Un  chemin  vicinal  est  un  chemin  qui  relie  des 
localités  voisines. 

VICISSITUDE»  L.  vicissitudo. 

VICOMTE,  p.  vice-comte,  BL.  vice-comitem, 

—  D.  vicomte. 

VICTIME»  L.  victima,  animal  offert  en  sacri- 
fice. —  D.  victimer,  L.  victimare. 

VICTOIRE»  L.  Victoria  (vincere).  —  D.  vic- 
torieux, L.  victoriosus. 

VICTUAILLES,  vfr.  vUailles,  L.  viciualia 
(victus).  De  vitailles  vient  r-avitailler, 

VIDAME,  contraction  de  vice-dame,  à  Genève 
vidomne,  du  L.  vicc-dominus, 

VIDANGE,  voy.  l'art,  suiv.  —  D.  vidanger, 

VIDE,  vfr.  vuide,  vuit,  voit,    prov.  vuei; 

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VIG 


—  514  — 


VIN 


selon  l'ét.  reçue,  du  L.  viduus.  —  D.  vider, 
autr.  Tuidei-;  delà  vidange^  propr.  action  de 
vider,  et  vidure;  cps.  dé-tUier  (v.  c.  m.). 
é'Vider.  Voy.  aussi  veuw.  —  L'étymologie 
viduus,  à  l'avis  de  Schuchardt,  ne  convient 
qu'ait,  vedovo,  fr.  *tedve,  veuf,  veuve.  L'ori- 
gine de  vfr.  Voit,  vuit,  vuide,  nfr.  vide,  it. 
voito,  toto,  est  le  participe  vocitus  (cp.  rogUus 
de  roffaré),à\\  verbe  bas-latin  cocare=^racare. 
Pour  la  forme,  cp.  L.  cogitare  devenu  it.  coi- 
tare,  cotare,  vfr.  cuidier,  Voy.  Schuchardt, 
Rom  ,  IV,  256,  et  Thomscn,  ib  .  p.  257-262, 
ainsi  que  mon  Appendice  à  la  5'  éd.  du  Dic- 
tionnaire de  Diez,  pp.  765  (voto,  et  818  {vide), 

VIDSGOQ,  en  Normandie  tico,  un  des  noms 
de  la  becus.se;  altération  de  Tangl.  woodcock 
s=  coq  des  bi»is. 

VIDIMUS,  mot  latin  «  nous  avons  vu  ;  de 
là  le  verbe  vidimer,  apposer  le  vidimus. 

VIDRECOHE,  grand  verre  à  boii-e,  »  ail. 
viiederh(mitn.\ïXX.  retour;  ce  verre  a  été  appelé 
ainsi,  dit-on.  ])arcc  qu'il  fait  le  tour  de  la 
table,  chaque  convive  le  vidant  à  chaque  santé 
qui  se  porte.  Je  doute  de  cette  interprétation  ; 
.SI  le  mut  ail  existe  ou  existait' je  ne  lai  jamais 
entendu  et  Sundors  ne  le  porte  pas),  j'imagine 
que  le  nom  hii  est  plutôt  venu  de  l'occasion 
du  festin  :  le  retour  d'un  ami.  Ou  le  mot 
vidrccome  ne  serait-il  p:i<  pln'ôi  f.Tîr^  sur  le 
terme  ail.  t<;i7/Ai.»im-humpLn,  le  giund  bocal 
de  bienvenue^ 

VIBUITÉ,  terme  savant  pour  veuvage,  L. 
vidait cUem.  Voy.  veuf. 

VIB.  L.  vita. 

YIÉDASE,  imbécile:  mot  du  Midi,  composé 
vit,  et  aze,  âne  (Litti^é  . 

VIEIL  (avec  Y  s  du  nom.,  vieW,  d'où  vieux), 
prov.  vielh^  it.  recchio,  teglin,  esp.  rar/o,  port. 
velho,  du  L.  vetulus,  cc^ntracté  en  velius,  d'où 
veclus,  toutes  formes  dont  l'existence  est 
constatée.  —  I).  vieillot,  vieillard,  vieiUir, 
vieitiessc,  -crie.  —  Le  L.  Tceius  a  laissé  au 
vfr.  la  forme  indéclinable  vies  (cette  opinion 
est  contestée). 

VIELLE,  instrument  de  mnsifjne,  formé  du 
L.  vile.Ua,  comme  tiule  est  fuit  de  vUula;  voy. 
viole.  —  D.  vielle^',  d'où  vielleur. 

VIERQE,  vfr.  virge,  prov.  verge,  du  L.  virgo, 
-iuis.  Du  thème  virgin  vient  le  vfr.  virgine, 
prov.  vergcua  et  angl.  virgin. 

VIEUX,  voy    riVîY. 

VU',  L  vimis.  —  D  vivifier,  L  vivificare; 
a-viver,  raviver. 

VIGQi,  du  port,  vigia,  veille,  sentinelle, 
espion,  :5nbst.  verbal  de  vigiar,  veiller. 

VIGILE,  forme  savante  de  v>eille  (y.  cm.); 
vigilant,  -auce^  L.  vigilantem,  -antia. 

VIGNE,  L.  viiiea.  —  D.  vigneron  (cp. 
bûcheron)\  vignette  (les  premières  vignettes 
représentaient  des  pampres  et  des  raisins  ;  cp. 
le  {evme  cul -de-lampe]'^  vignoble  (v.  c.  m.). 

VIGNETTE,  voy.  l'art,  piéc. 

VIGNOBLE  (se  trouve  déjà  dans  Gaydon); 
d'après  les  uns,  le  mot  est  gâté  de  vignole  (cp. 
it.  vignuola;  on  disait  autr.  vignolette,  p.  pe- 
tite vigne);  d'après  Diez.  de  vini  opulens, 
abondant  en  vin  (pour  l'apocope  de  ens,  il  cite 


serpe  p.  serpens)  Peut-éti*e  le  mot  est-il  modi- 
fié de  vinobre  el  désigne-t-il  proprement  un  lieu 
où  Ion  fait  du  vin,  prov.  obrar  =  operari. 

VIGOGNE,  it.  vigogna,  esp.  vicuîta,  port. 
vigunha;  en  latin  rcientifique,  camelus  ri- 
cunna;  du  péruvien  vicunna. 

VIGUEUR,  L.  vigorem.  De  la  forme  vfr. 
vigour  vient  l'adj.  vigoureux,  BL.  vigorosus, 
et  le  verbe  vfr.  raviyourer, 

VIGUIER,  prévôt,  foime  prov.  du  L.  vica- 
rius,  lieutenant.  —  D.  viguerie. 

VIL,  L.  ri  lis  —  D.  vilete'  (vfr.  vilte,  vieiite\ 
prov.  viutatf;  verbe  amlir. 

VILAIN,  it.  villano,  BL.  viUanus{àe  viUa\ 
pr.  habitant  de  la  campagne  (voy  ville],  rus- 
tique. Le  mot  vil  a  peut-être  contribué  à  fixer 
les  acceptions  modernes  de  vilain.  —  D.  tii<?- 
nic,  action  de  vilain  ;  villaneUe,  poésie  pasto- 
rale. 

VILEBREQUIN,  anc.  aussi  virebrequifi,à^ns 
les  ))atois  vuilberquin,  biberquin,  etc.  ;  ce  mot 
représente  le  flamand  wielboarken,  composé 
de  vciel,  roue,  tour,  et  de  boorken,  petit  foret 
ideborett,  percer);  donc  pr.  foi-et  à  tour. L'al- 
tération de  vile  en  vire  peut  s'être  produite 
s<nis  rinflnence  de  fr.  virer,  tourner.  C'est  du 
français  que  viennent  esp.  berbigui  et  port. 
berbequim.  Le  Duchat  expliquait  le  mot  par 
gyrans  verucum  !  Frisch  y  voyait  le  bas-ail. 
vsinborekcn  (de  winden,  tourner,  et  hohrcn^ 
percer,  cp.  l'ail,  windel-bokrer,  m.  s.\  — 
Pal^jrrave  présente  la  torme  altévèe  vibriqitet. 

VILENER.  VILENIE,  voy.  ville. 

VILIPENDER,  L.  vilipendere,  mépriser. 

VILLA,  forme  lat.  ou  it.  de  ville  (v.  c  m.>. 

VILLAGE,  voy.  l'art,  suiv.  —  D.  villageois. 

VILLE,  L.  villa.  Dès  les  premiers  temps  du 
moyen  âge,  le  sens  primitif  de  villa,  savoir 
maison  de  campagne  (encore  propre  à  lit. 
villa),  s'est  modilié  en  celui  de  hameau  ou  de 
village.  Par  extension,  le  mot  s'est  appliqué  à 
une  ville  de  campagne,  opposée  à  la  cité  ou 
au  bourg,  défendus  par  un  château.  De  vill^ 
dérive  rillain\  auj.  vilain,  it.  villano,  prov. 
vilan,  d'ub(»rd  ^  paysan,  homme  de  la  cam- 
pagne, puis,  selon  les  préjugés  du  citadin,  — 
grossier,  vil,  bas,  laid  ;  c'est  de  cette  dernière 
acception  que  relève  le  subst.  tilenie.  et  le 
verbe  fr.  vilener,  injurier,  outrager,  désli<»- 
norer,  dont  le  part,  vilené  a  pris  une  acception 
spéciale  en  termes  de  blason.  —  Do  ville,  dan- 
son  acception  d'établissement  rural,  vient  le 
terme  collectif  village,  pr.  réunion  de  plusieurs 
fermes. 

VILLÉGIATURE,  de  Tit.  viUeggiatura,  dér. 
du  verbe  vitleggiare,  séjourner  à  la  campagne 
[villa). 

VIMAIRE,  du  L.  vis  major,  force  majeure. 

VIN,  L  vinum.  —  D.  vinaire,  L.  vinariu?; 
vineux,  L.  vinosus  (d'où  vinosité);  tiné^, 
vinasse  (it.  vinaccio),  vinicole  (néol.),  =  q"^ 
cultive  le  vin. 

VINAIGRE,  p.  vin  aigre,  it.  vino  agro, 
angl.  vinegar.  —  D.  vinaigrer,  -ette,  vinai- 
grier, vinaigrerie. 

VINDAS,  cabestan;  on  dit  aussi  guiiidds 
(v  germ.  =^gu  fr.);  voy.  le  mot guinder. 


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VIR 


—  515  — 


VIS 


VINDICATIF,  du  L.  vindicare  (fr.  neiger). 
VINDICTB,  it.  vendetta,  L.  vtndicta. 
VINGT,  L.  viffinti.  —  D.  vingtième^,  -aine, 

1.  VIOLE»  primitif  inusité  de  violette,  ït., 
esp.,  prov.  viola,  vha.  viol,  mha.  viel,  auj. 
veil,  dlm.  veilchen;  du  L  viola  (dim.  du 
gr.  tov).  —  D.  violacé,  -a/,  -ler,  -d/re,  et  sur- 
tout violet  et  violette, 

2.  VIOLE,  instrument  de  musique,  prov. 
viula,  viola,  it ,  esp.,  port,  viola.  Diez  tient 
la  forme  prov.  vi-ula  pour  la  plus  ancienne, 
car,  d'après  lui,  viula  a  pu  dégénérer  en  viola, 
mais  non  pas  viola  en  viula.  Or,  viula  repré- 
sente le  BL.  vitula.  Ce  dernier  est,  d  abord, 
par  transposition,  devenu  viutla  (cp.  prov. 
veuza  de  vedua,  teuna  de  tenuis),  doù  (par 
la  cluite  du  t.  cp.  rolar  de  rotlare)  viula, 
viola.  Or,  i?2Ïu/a  (qui  est  aussi  le  primitif  de 
l'équivalent  ail.  fiedel)  vient  du  L.  vitulari,  se 
réjouir  litt.  gambader  comme  un  veau,  vitu- 
lus)  ;  la  viole  était  l'instrument  de  la  joyeuse 
compagnie  («  vitula  jocosa  »,  dit  un  poète 
cité  par  Du  Cange).  Comme  viole  vient  de 
vitula,  ainsi  vient  vielle  (v.  c.  m.)  de  la  forme 
variée  vitella.  —  D.  it.  violone  et  violoncello, 
d'où  nos  mots  fr.  violon  et  violoncklle. 

VIOLENT,  L.  violentus.  —  D.  violence, 
L.  violentia;  verbe  moderne  violenter. 

VIOLER,  L.  violare.  —  D.  subst.  verb.  viol, 

VIOLET.  -BTTE,  voy.  viole  1 

VIOLON,  voy.  viole  2.  —  D.  violoniste. 

VIOLONCELLE,  voy.  viole  2. 

VIORNE,  it,  viburno,  du  L.  vibumum, 
m.  s. 

VIPÈRE,  L.  vipera.  Ce  mot  est  de  façon 
savante;  la  vraie  f«)rme  ancienne  est  vivre, 
vuivre,  voivre,  guivre,  voy.  pi.  h.  givre  2  et 
pi.  b   vivre. 

VIRAGO,  mot  Intin  =  femme  robuste. 

VIRELAI,  —  tire-lai,  de  vire7^;  donc  lai 
en  rond,  rondeau. 

VIRER  ^roucbi  virlei*  p.  vireler),  esp  ,  port., 
prov.  virar,  BL.  virare  (Loi  des  Allemands j. 
Diez  rejette  l'étymologie  gyrare  communé- 
ment reçu*»,  la  .«yllnbe^i  ne  changeant  jamais 
en  vi;  il  fuit  dériver  le  verbe  du  vfr.  vire,  dial. 
ital.  vira,  vera  =  cercle,  anneau.  Or,  ce 
subst.  vire  représente  le  L.  riria,  espèce  de 
bracelet  (dim.  tiriola,  =  fr.  virole,  cercle, 
esp.,  prov.  virola,  d'où  le  cat.  virolet  = 
girouette).  Au  dire  de  Pline,  viria  et  viriola 
(^=  esp.,  prov.  virola)  sont  des  vocables  celti- 
bériques,  et  Guill.  de  Humboldt  avait  même 
cru  les  retrouver  dans  le  basque  viruncalu, 
tourner,  en  quoi  le  grand  linguiste  s'est 
trompé,  ce  mot  basque  représentant,  selon 
Diez,  le  L.  verruncare,  tourner.  Diefenbach 
(Origines  Europjeîe)  démontre  que  le  thème 
vir  de  t'iria  se  produit  tout  autant  dans  des 
vocables  celtiques  désignant  courbure,  ron- 
deur, tournoiement,  sans  que  toutefois  on  soit 
autorisé  à  les  admettre  pour  sources  directes 
du  mot  roman,  car  Diefenbach  est  bien  d'avis 
que  le  v  initial  roman  ne  peut  répondre  ni  au 
celt.  V  (==  cymr.  gv>,  gaél.  f),  ni  au  germ 
V,  w.  (Voy.  aussi  l'art,  guirlande.)  Le  prin- 
cipe que  10  germanique  ne  peut  devenir  v  en 


roman  exclut  donc  l'étym.  flam.  wieren,  tour- 
ner, qui  a  été  mis  en  avant  ;  cependant,  ce  prin- 
cipe n'est  pas  absolu,  comme  le  prouvent  les 
mots  vacarme t  vague,  varenne,  vilebrequin 
et  voguer.  Au  verbe  virer  se  rattache  :  viron, 
cercle,  circuit,  dans  l'expression  en  viron  {cp. 
entour,  à  Ventour),  d'où  le  verbe  envii'vnner. 
Le  Sage  fait  dire  à  Sancho  :  «  Le  papillon,  à 
force  de  vironner  autour  d'une  chandelle,  finit 
par  se  brûler  »  Subst.  verbal  virement.  Cps. 
rwirer\  d'où  revii'ement.  —  Storm  (Rom.,  V, 
187  ,  dérive  virer  de  vibrare,  brandir.  Pour 
la  forme,  il  allègue  it.  lira  de  libra;  pour  la 
transition  de  l'idée  brandir  à  celle  de  faire 
tournoyer,  il  rapproche  angl.  swing,  brandir, 
et  stoing  a  ship,  faire  tourner  un  navire.  11 
aurait  pu  citer  encore  Tall.  schivenken,  qui 
signifie  brandir,  agiter  et  faire  tourner. 

VIRES,  en  t.  de  blason,  anneaux  concen 
très,  voy.  l'art,  préc.  —  Dim,  de  vire:  vireton, 
flèche  tournoyante. 

VIRSUX,  L.  vii^o^-us  (virus). 

VIREVOLTE,  de  l'it.  giravolta  («  movi- 
mento  in  giro  »).  Le  fr.  dit  aua^i  virevousse 
(pour  vousse  =  volte,  voy.  l'art  voiïte). 

VIRGINAL,  L.  virginalis;  virglnitk,  L.  vir- 
ginitas  (virgo,  -inis). 

VIRGULE,  L.  virgula  (virga),  trait  d'écri- 
ture. 

VIRIL,  L.  virilis  fvir).  —  D.  virilUé. 

VIRLIQUE,  t.  de  jeu,  de  l'ail,  vier  gliche 
(gleiche),  litt.  quatre  égales  (s.  e.  cartes). 

VIROLE,  voy.  virer.  —  D.  virole. 

VIRTUEL,  néologisme  formé  de  L.  virtutem, 
force,  puis.sance,  fr.  vertu;  it.  virtuaie, 

VIRTUOSE,  voy.  vertu. 

VIRULENT,  -ENCB,  L.  virulentus,  -entia. 

VIRUS,  mot  latin  =  venin. 

1.  VIS,  subst.  masc,  vieux  mot,  ■=  visage, 
conservé  dans  l'expression  vis  à-vis  =»  face  à 
face,  téte-à-téte;  c'est  le  L.  visus,  vue,  action 
de  voir,  qui,  au  moyen  âge  (peut-être  sous 
l'influence  de  l'ail,  ge-sicht,  visage,  de  sehen, 
voir),  a  pris  la  valeur  du  L.  vultus  vfr.  vont). 

—  D.  visage,  terme  a'igmentatif  ;  visière, 
chose  qui  garantit  le  vis.  —  L'expression  vfr. 
il  m  est  vis  est  le  L.  visum  est  mifii;  ce  visum 
latin  est  aussi  au  fond  du  mot  aDi>  (v.  c    m.). 

2.  VIS,  subst.  fém.,  vfr.  vis.  Le  vfr.  vis,  vis 
et  prov.  vit 2  signifiaient  aussi  escalier  tour- 
nant ou  limaçon.  Le  mot  représente  le  latin 
vitis,  vrille  de  vigne,  pampre;  en  BL.  =  vis 
de  pressoir  et  vis  en  générai  ;  en  it.  nous 
voyons  de  même  le  mot  vite  réunir  les  accep- 
tions de  vigne  et  de  vis,  et  en  prov.  mod.  vis 
signifie  sarment,  jet  de  la  vigne.  La  forme  vis, 
qui  a  précédé  vis,  représente  le  radical  vit, 
plus  la  finale  du  nominatif  i-.  Cette  étymologie 
vitis  satisfait  pleinement,  et  il  y  a  lieu  de 
croire  que  le  flam  vijse,  vis  (verbe  vijsscn, 
visser)  e.st  emprunté  du  roman.  —  D.  visser. 

—  L'angl.  vice  est  tiré  de  fr  vis. 

VISA,  mot  tiré  de  la  formule  de  chnncel- 
lerie  -  visa  estn,  (la- pièce)  a  été  vue  (et 
approuvée).  —  D.  viser,  apposer  le  visa. 

VISAGE,  voy.  vis.  —  D.  en-visager,  dé' 
visager. 


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VIV 


—  516  — 


VOI 


YISCiBE,  mot  savant,  du  plur.  L.  viscera. 
—  D.  viscéral, 

VISER,  porter  la  vue,  regarder,  d'un  type 
visare,  fréq  de  videre.  —  D.  visée.  —  A  dis- 
tinguer :  viser  =  mettre  le  visa,  qui  vient 
immédiatement  de  visa(v,  c.  m.). 

VISIBLE,  L.  visibilis,  —  D.  visibilité. 

VISIERE,  voy.  vis  1. 

VISION,   L.  visionem.  —  D.  visionnaire. 

VISITER,  L.  visitare  (fréq.  de  visere)  — 
D.  visite  (terme  savant  Visitation)^    visiteur. 

VISQUEUX,  L.  viscosus  (de  viscum,  «^  fr. 
gui).  —  D.  viscosité. 

VISSER,  dér.  de  vis  2  (v.  c.  m.). 

VISUEL,  L.  visualis*  (visusj. 

VIT,  =  lat.  pénis,  du  L.  vectis,  en  BL  = 
vcretrum. 

VITAL,  L.  vUalis  (vita).  —  D.  vitalité, 
vitaliser. 

VITGHOURA,  du  polonais  vilczur,  fourrure 
de  loup  :  c  est  en  imitation  de  celui-ci  que  les 
Allemands  ont  forgé  leur  mot  équivalent  tcild- 
schur^  litt.  fourrure  de  béte  feuve,  puis  sur- 
tout garni  de  fourrure. 

VITE  (mieux  vite^,dsic.  viste^  prompt,  alerte, 
it.  visto.  Diez,  dans  la  première  édition  de  sa 
Gramnmire,  s'était  prononcé  en  faveur  de 
l'étymologie  L.  veffetus,  avec  intercalation 
de  s.  Des  scrupules  lui  sont  venus  à  ce  sujet, 
,  et  dans  son  Dictionnaire  il  exprime  lopinion 
que  le  mot  italien  est  antérieur  au  mot  fr.  et 
qu'il  ne  représente  autie  chose  qu'une  forme 
écourtéo  de  awisto,  prévoyant,  avisé,  cir- 
conspect; il  allègue,  pour  justifier  cette  tran- 
sition du  sens  «  circonspect,  attentif,  vigilant  » 
en  celui  de  «  prompt  dans  ses  mouvements, 
vif  •,  l'analogie  de  î'adj.  alerte  (v.  c.  m.),  pr, 
sur  ses  gardes,  puis  vif,  allègre.  Diefcnbach 
iCeltica),  après  avoir  reproduit  l'étym.  vegetus, 
pose  en  outre  les  conjectures  suivantes  :  1 .  it. 
visto,  vu,  le  mot  signifierait  «  à  peine  vu,  ou  à 
première  vue,  d'un  coup  d'œil  »  ;  2.  corruption 
de  vividus  (ce  qui  est  tout  &  fait  improbable). 
Enfin,  il  pose  la  question  si  le  synonyme 
basque  fite  est  emprunté  de  vite. —  D.  vitesse. 

VITRE,  forme  savante  de  verre,  vfr.  voire, 
du  L.  vitrum.  —  D.  vitrer,  -âge,  -ail,  vitrier, 
-erie,  vitrine.  La  science  a  tiré  de  vitrum  les 
termes  :  vitrifier,  vitreux  et  l'it.  vitriuolo, 
d'où  fr.  vitriol. 

VITRIOL,  voy.  vitre. 

VIVAGE,  L.  vivacem  (vivus).  —  D.  viva- 
cité. 

VIVANDEÈRE,  voy.  viande. 

VIVAT,  mot  latin  «  «  qu'il  vive  »  ;  cp.  l'ex- 
pression lat  salve. 

VIVE,  dragon  de  mer;  prob.  le  même  mot 
que  vfr.  vivre,  serpent  (voy.  vivre). 

VIVIER,  it.  vivôjo,  L.  vivarium,  réservoir 
d'animaux,  surtout  de  poissons;  de  là  aussi 
vba.  wiwari,  auj.  weiher. 

VIVIFIER,  voy.  vif. 

VIVIPARE,   L.  vivi-parus  (vivum  parère). 

VIVRE,  L.  vivere.   Le  parf.  vesquis  (plus 

tard  vcscus,  vécus)  reproduit  le  latin  ric-si 

transposé  en  vis-ki.  —  D.  vivre,  infinitif  sub- 

stanti\é;  vivoter;  cps.  revivre,  survivre. 


VIVRi!,adj.,  t.  de  blason,  de  vivre,  mot  vfr. 
reproduisant  le  L.  vipera.  Voy.  givre  2. 

VIZIR,  de  l'arabe  xoaMr  ou  toejtr,  pr.  chargé 
(de  fonctions),  du  verbe  toasara,  porter. 

VOCABLE,  L.  vocabulum  (vox),  d'où  oooo^ 
bulaire. 

VOCAL,  L.  vocalis  (vox).  —  D.  vocaliser, 
d^où  vocalise  ou  vocalisation. 

VOCATION.  L.  vocationem  (vocare). 

VOCIFÉRER,  L.  vociferari.  —  D.  vociféra- 
tion. 

VŒU,  prov.  vot,  it.  voto,  du  L.  votum 
(vovere);  =  1.  promesse  faite  aux  dieux, 
2.  souhait,  désir.  Du  même  subst.  latin  la 
langue  savante  a  tiré  le  terme  vote,  vœu  ex^ 
primé  par  le  suffrage.  —  D.  vouer,  prov. 
vodar,  àa  L.  votare",  fréq.  de  vovere. 

VOGUE,  V.  l'art,  suiv. 

VOGUER,  it.  vogare,  esp.  vogar,  port., 
prov.  vogar,  nager  sur  l'eau,  du  vha.  v>ag&n, 
altéré  en  \cog6}i  (d'où  l'ail,  loogen,  flotter),  se 
mouvoir;  cp.  l'expr.  vha.  m  loagô toesan  =  fr. 
être  en  vogue.  —  D.  vogue,  mouvement  d'un 
navire,  fig.  =  cours,  réputation,  dans  «  avoir 
la  vogue,  être  en  vogue  ». 

VOICI,  VOILÀ,  =  vois-ci,  voiS'là. 

VOIE,  L.  via.  —  D.  voyer,  L.  viarius, 
inspecteur  des  chemins,  d'où  voirie  p.  voierie. 
Le  subst.  voie  est  au  fond  des  composés  : 
avoyer  (vfr.),  mettre  sur  la  voie,  convoyer 
(V.  c.  m.),  envoyer  (v.  c.  m.),  dévoyer  (cp. 
L.  conviare,  inviare,  deviare)  et  forsvoyer, 
fourvoyer,  mettre  hors  (voy.  fors)  de  la  route. 
Voie  a  en  outre  poussé  les  rejetons  :  voyagb, 
pr.  cheminement  it  rio^^io,  esp. rio^c.  prov. 
viatge),  qui,  par  sa  facture,  répond  au  L.  via- 
ticum.  pr.  argent  de  voyage,  mais  employé 
déjà  avec  l'acception  moderne  dans  Venantius 
Fortunatus.  —  En  ital.,  via  a  servi  aussi  à  ré* 
pondre  à  la  question  «  combien  de  fois  •  ;  una 
via,  une  fois  (cp.  le  nord.  ga7tg,  allée,  venue, 
le  néerl.  reis,  voyage,  et  keer,  tour,  it.  volta, 
tour,  qui  tous  signifient  également  •  fois  >•). 
De  ce  même  via,  durci  en  fia,  vfr.  fie,  dérive 
it.  fiata,  vfr.  fiede,  fiée,  foiée,  wall.  feie,  =» 
fois.  Cependant,  le  mot  fr.  fois  (v.  c.  m.)  ne 
représente  pas  le  L.  via  dont  nous  parlons; 
ce  dernier  n'a  plus  g^ère  de  trace  dans  la 
langue  actuelle,  car  l'anc.  expression  toutes' 
voie^  (esp.  todavia,  it.  tottavia),  sous  l'influence 
de  fois,  s'est  transformée  en  toutefois. 

1.  VOILE,  masc.,  it.  vélo,  L.  velitm. — 
D.  voiler,  L.  velare;  cps.  dévoiler;  dim.  ©ot- 
lette. 

2.  VOILE,  fém  ,  it.  vêla,  du  L.  vêla,  plur. 
de  vélum;  donc  une  simple  variété  du  mot 
préc.  —  D.  voilier,  voilure,  voilerie. 

VOIR,  contraction  de  vfr.  ve-oir;  du  L. 
videra.  Du  part,  vu  (vfr.  ve-u)  vient  le  subst. 
participial  vue  (it.  veduta). 

VOIRE  (anc. ,  avec  1*5  adverbial,  x>oires),  du 
L.  vere.  Autrefois  cotr  ■=  L.  verus,  s'employait 
aussi  comme  adjectif. 

VOIRIE,  voy.  voie. 

VOISIN,  vfr.  vesin,  du  L.  vicinus.  —  D. 
voisiner,  -âge;  avoisinant. 


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VOL 


—  517  — 


VOU 


VOITTIRS,  it.  vettura,  du  L.  vectura  (ve- 
tiere),  transport.  Sens  raodei*nes  :  1 .  transport, 
2.  charge,  cargaison,  3.  moyen  de  transport, 
véhicule.  —  D.  voiturer;  voiturier  et  (daprôs 
Vit.  veUurino)  vaiturin. 

VOIX,  L.  vox,  vocis. 

1.  VOL,  subst.  verbal  de  voler  =«  dérober. 

2.  VOL,  subst.  verbal  de  voler  ==  se  mou- 
voir dans  les  aire. 

VOLAGE,  prov.  volatge,  du  L.  volaticus 
(Sénèque  :  volaticus  et  levis;  Cioéron  :  o  aca- 
demiam  volaticam!).  Cp.  Tall.  flatterhaft, 
m.  s  ,  deflattern,  voltiger. 

VOLAILLS,  nom  collectif,  vfr.  aussi  voleille, 
volille;  du  L.  volatilia,  plur.  de  Tadj. 
volatilist  dont  les  savants  ont  fait  volatile, 
—  D.  volailler,  —  L'étymon  volatilia  est 
approuvé  par  Littré  et  Brachet  ;  cependant  il 
m*est  suspect;  la  syncope  volatlia,  retran- 
chant im  1  bref,  mais  accentué,  me  semble 
inadmissible  et  j'opine  pour  un  type  volalia, 

VOLATILE,  animal  qui  vole,  voy.  Fart, 
préc.  Le  latin  volatilis,  dans  son  acception 
figurée  •  léger,  fugitif  »,  a  donné  le  terme  de 
chimie  volatil,  d*oû  volatiliser,  'ite'.  —  La 
double  l  dans  le  terme  collectif  volatiUe,  se 
îustifie  par  la  finale  plur.  ilia, 

VOL-AU-VSNT .  sorte  de  pâtisserie  feuilletée  ; 
pour  vole-au  vent  à  cause  de  la  légèreté  de  la 
pâte. 

VOLCAN,  it.  vuîcano,  du  L.  vulcaniis,  feu, 
flamme.  —  D .  volcanique,  -iser, 

VOLS,  terme  de  jeu  de  cartes;  d'où  vient  ce 
terme?  Du  L.  vola,  paume  de  la  main  (cp 
•  faire  toutes  les  mains  «)  ou  gâté  de  volte, 
tour,  ou  enfin  du  verbe  voler,  fig.  =  faire 
rapidement? 

VOLÉE  (type  volata,  action  de  voler),  1 .  «> 
v^ol,  2.  bande  d'oiseaux,  fig.  troupe,  gens  de 
même  rang,  3.  mouvement  (ou  explosion)  de 
plusieurs  choses  â  la  fois. 

1.  VOLER,  se  mouvoir  dans  les  airs,  L. 
vclare.  —  D.  vol,  volée  (y.  c.  m.);  volant; 
dim.  voleter  (cp.  L.  volitare)\  volière, 

2.  VOLER,  prendre  furtivement:  d'après 
Diez,  une  forme  écourtée  de  en-voler,  prov. 
envolar,  it.  involare,({\\\  reproduit  le  L.  invo- 
lare  (pr.  voler  sur),  employé  dans  le  sens  de 
«*  faire  incursion,  dérober,  enlever  »  (cp .  Cic. 
involare  in  possessionem).  Il  est  inutile  de 
recourir  â  involare.  L'acception  «  prendre 
furtivement  •  peut  être  envisagée  comme 
dérivant  directement  de  voler  =—  L.  volare; 
ce  ne  serait  qu'une  extension  du  terme  de 
vénerie  «  voler  la  corneille,  le  héron,  etc.  » 
=  faire  la  chasse.  Involare  a  donné  le  vfr. 
embl^  (voy.  emblée)  qui  signifie  dérober, 
enlever,  mais  ce  verbe  parait  plutôt  être  un 
composé  àQvola,  main.  —  D.  vol,  voleur,  dim. 
voierean,  La  Fontaine),  volerie. 

1.  VOLET,  pr.  colombier  à  volets,  puis 
pigreonnier  en  général  ;  cp.  pour  cette  manière 
de  généraliser  les  significations,  les  mots 
réverbère,  foie,  truie,  etc. 

2.  VOLET  de  fenêtres.  Je  suppose  que  le 
sens  propre  de  volet  dans  cette  application  est 
aile,   comme   l'instrument    pour  volor.    Les 


volets  seraient  envisagée  comme  dos  ailes  ou 
des  battants  d3  fenêtres.  Cp.  le  terme  volant 
d'un  moulin,  d'une  robe. 

3.  VOLET,  tablette  pour  trier  des  graines, 
appartient  à  la  même  famille  que  volige, 
planche  mince  dd  sapin,  et  volice,  voliche, 
latte  à  ardoi^.  L'origine  de  ces  mots  m  est 
inconnue;  sontce  des  dérivés  du  L.  vola, 
paume  de  la  main? 

VOLIM,  voy.  volet  3.  —  D.  voliger, 

VOLITION,  L.  volitionem',  mot  forgé  par  les 
philosophes,  du  L.  volere,  forma  barbare  p. 
velle. 

VOLONTÉ,  L.  volunta'em.  —  D.  volontaire, 
vfr.  volontier,  L.  voluntarius  ;  de  volontier  il 
nous  est  re^té  (avec  Vs  caractéristique  des 
adverbes)  l'adv.  volontiers. 

VOLTE.  t.  de  manège,  de  Tit.  volta,  tour, 
évolution,  lequel  est  un  subst.  participial  du 
verba  volgere.  =  L.  volvere  (cp.  révolte  de 
revoîvere).  De  volte  vient  le  verbe  volter, 
t.  d'escrime,  changer  de  place;  d'où  volte-face, 
litt.  =  tourne-visage. 

VOLTIGER,  pr.  tournoyer,  de  l'it.  volteg- 
giare  dér.  de  volta,  voy.  l'art,  préc).  —  D. 
voltige,  voltigeur. 

VOLUBILIS,  sorte  de  liseron;  mot  savant 
tiré  du  L.  volubilis  (volvere)  =»  qui  s'enroule 
facilement  (cp.  le  nom  de  plante  convolvidus), 
—  De  L.  volubilis,  =  qui  tourne  facilement, 
prompt,  rapide,  vient  le  subst.  volubilitatem, 
fr.  volubilité. 

VOLUME,  L.  volumen  (volvere),  rouleau, 
livre.  —  Du  sens  étymologique  tour,  circon- 
férence ^pr.  courbure),  s'est  déduit  le  sens 
«  grosseur,  étendue  dans  l'espace  ».  —  D. 
volumitwux;  Sidonius  déjà  emploie  volumi- 
nosus  dans  le  sens  de  •  glomerosus,  convo- 
lutus  ». 

VOLUPTÉ.  L.  voluptatem.  —  D.  volup^ 
tueux,  L.  voluptuosus;  t?oluptuaire,  L.  -arius. 

VOLUTE   (mot  savant ,   enroulement,    L. 
voluta  (Vitruve);  du  part.  L.volutus  (volvere),, 
tourné,  roulé.  —  D .  voluter, 

VOMIR,  L  vomere.  —  D.  vomissement, 
vomitif  ;  vomique,  subst.  =  L.  vomica,  acy.a» 
L.  vomicus. 

VORAOS,  L.  voracem.  —  D.  voracité. 

VOTE,  voy.  vœu,  —  D.  inoter. 

VOTIF,  L.  votivus, 

VOTRE.  VÔTRE.  BL.  voster  p.  vester. 

VOUER,  prov.  vodar,à\\  L.  votare",  fréq.  de 
t?oocre  Composés  :  a-vouer  (v. cm.);  dé-vouer, 
qui  a  son  précédent  dans  le  L.  devotare,  fréq. 
de  devovere. 

VOUOE,  anc  sorte  de  lance  à  deux  tran- 
chants, anj.  esp.  d'épieu  de  vénerie;  en  prov, 
vezoig.  L'original  de  ce  mot  est,  comme  l'a 
démontré  M.  Meyer  (Ztschr.  X,  173),  lat. 
vidutium,  qui  dans  des  glossaires  gréco-latins 
traduit  gr.  iUiMa  (tuyau  à  deux  pointes). 

VOULOIR,  it.  volere,  prov.  voUr,  du  L. 
volêre,  forme  barbare  p.  velle.  Le  part.  vfr. 
veillant,  ventilant,  s'est  modifié  en  veillant 
dans  les  composés  bienveillant,  malveillant, 

VOUS,  pronom,  L.  vos.  —  D.  vousoyer, 

VOUSSOIR,  -URE,  voy.  l'art,  suiv. 


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WAL 


—  518  — 


WIII 


VOUTE,  vfr.  volte,  it.,  prov.  tx)Ita,  de 
toVtus,  volutus,  part,  de  volcere,  tourner, 
courber.  —  D.  txtûter.  —  Les  dérivés  vous- 
seau,  -oir^  -xire  présupposent  un  verbe  vousser, 
qui,  de  son  côté,  accuse  un  type  latin  voVtiare 
p.  volutiare.  —  Voy.  Siwssi  ent7*evous . 

VOYAQB.  voy.  voie.  —  D.  voyage»',  -eur. 

VOYELLE,  L.  tocalis, 

VOTER,  voy.  voie. 

VOYOU.  D'après  Nisard  (Curiosités,  p.  174 
et  suiv.},  pour  voirou,  forme  populaire  de 
toaroii,  garoii  loup-p:arou);  d'après  Fran- 
cisque Michel  '  Dict.  d'argot),  de  voie  («  l'homme 
de  la  voie  publique,  de  la  rue  »). 

VRAI,  vfr.  et  prov.  verai,  d'une  forme  déri- 
rative  latine  veracics  (cp.  prov.  ybriai.  fait  du 
L.  ebriax:itsàév.êieebriiis;  cp.  aussi  Cambrai, 
Douai,  du  L.  Camera/mm,  Duacum).  Le 
simple  veriis  existait  dans  l'anc.  langue  sous 
les  formes  ver  (d'où  avérer),  veir  et  voir 
(voy.  voire).  —  Composés  :  vraisemblable, 
-ance. 

VRILLE,  cirrhe  de  vignp,  puis  foret;  forme 
syncopée  p.  verille  (cp.  vrai  p.  verai)\  ce  mot, 
comme  ses  connexes  it.  verrina,  laceret,  piton 
à  vis,  rouchi,  ve'rin,  vis,  fr.  vérin,  machine 
■pourvue  de  vis,  ne  vient  pas  de  virare,  tour- 
ner (les  dér.  de  ce  dernier  conservent  tous 
leur  t  radical  intact),  mais  du  L  veru  ou 
verum,  pique,  broche  à  rôtir  (cp.  pour  Fit. 
verrina  le  dérivé  L.  vcridna,  javeline,  em- 
ployé par  Plaute).  Le  mot  vrille,  par  exten- 
sion, s'est  appliqué  aux  cirrhcs  de  la  vigne. 
—  L'étymologie  ci- dessus  est  proposée  par 
Diez;  avant  de  la  connaître,  je  pensais  que 
vrille  était  une  forme  dimin.  d'un  primitif 
germ.  rrî^  ou  i?ric.  racine  d'où  sont  sortis 
une  foule  de  mots  germaniques  à  base  nasa- 
lisée wring,  torink,  aussi  hring,  etc.,  mar- 


quant chose  tournée,  tortue,  cercle,  etc.;  à 
cette  même  famille  toriA,  vorah,  voroh,  appar- 
tiennent p.  ex.  les  mots  flam.  xcronghel,  spira, 
cinnus,angl.  xcriggle,  serpenter,  et  ail.  ranhe, 
vrille.  Je  suis  encore  porté  à  croire  que  le 
sens  dû  foret  est  postérieur  au  sens  bota-^ 
nique,  et  qu'il  y  a  ici  le  même  transpoi-t  d'idée 
que  celui  que  nous  avons  remarqué  dans  le 
mot  vis.  Ou  bien  vrille,  par  un  type  vritula, 
vrifla,  ne  tiendrait-il  pas  au  v.  flam.  vrijten, 
angl.  voreeth  (ags.  x>ridan),  tourner,  tordre? 
Mais  de  nouvelles  explications  se  sont  pro- 
duites, qui  devront  probablement  l'emporter. 
Ainsi  Bugge  (Rom.,  [II,  150y  objecte  aux  et. 
avancées  par  Diez  et  par  moi,  la  circonstance 
qu'au  XIV*  siècle  le  mot  n'avait  pas  dir.  Il 
prend  donc  viille,  ville  pour  lat.  viticida 
(petite  vigne)  et  vrille  pour  une  forme  ana- 
logue à  fronde  p.  fonde.  Comme  moi,  il  envi- 
sage le  sens  «  foret  *»  comme  dérivé,  ce  qui 
corrobore  1  opinion  admise  pour  vis  (lat. 
vilis).  Pour  Tobler  aussi,  vrille  représente 
lat.  viticula,  devenu  successivement  ve-ille, 
puis  par  insertion  de  r  (voy.  Vsirt.  grammmre), 
verille,  vrille.  Il  n'admet  pas,  comme  Bugge 
et  Paris,  que  Yr  ait  été  introduit  d'emblée 
après  V,  ce  qui  serait  un  procédé  sans  exemple. 
Voy.  Kuhn,  Ztschr..  nouvelle  série,  III,  4,  et 
Grôb.  Ztschr.,- 1,  481. 

VUE.  voy.  voir. 

VULOAIRB,  L.  viilgaris  ^vulgus).  —  D.  val- 
garité,  vulgariser. 

VUL6ATE;  du  L.  vulgata  se.  scriptura, 
version  do  l'Écriture  sanctionnée  pour  l'usage 
public. 

VULNÉRABLE,  L.  vulnerabilis  (vulnerare); 
vulnéraire,  L.  vulnerarius  (vulnus). 

VULVE,  L.  vidva,  tbrme  accessoire  de  tolva 
(volvere),  pr.  enveloppe,  gatne. 


W 


Observ.  Les  quelques  mots  du  dictionnaire 
français  commençant  par  w  sont  d'importation 
étrangère.  Fort  peu  d'entre  eux  sont  d'un 
usage  commun. 

WAGKE,  t.  de  minéralogie,  ail.  wacke. 

WAGON,  de  l'angl.  tcaggon,  chariot,  qui  est 
l'ags.  vaegen,  ail.  loagen,  char,  pourvu  d'une 
terminaison  romane. 

WALLON,  dérivé  du  thème  wal  =«  L.  gai, 
gallus,  gaulois,  appliqué  dans  la  suite  par  les 
Allemands  aux  Gallo-Homains.  Le  même 
thème  se  retrouve  dans  valaque,  valais,  et 
dans  Tadj.  vha.  voalah,  nha.  wdhch  par  lequel 
les  Allemands  désignent  tout  ce  qui  est  roman 
en  opposition  au  tudesquo.  Le  mot  wallon 
s'est  restreint  aux  habitants  de  l'extrémité 
septentrionale  de  la  Gaule,  aux  Belges  parlant 
roman  ;  la  langue  wallonne  est  l'idiome  parlé 
par  ces  habitants  et  constitue  un  des  dialectes 
de  la  branche  romane  française.  L'ail,  wdlsch 


signifiant  ce  qui  est  non-allemand,  comme  bar^* 
barus  s'appliquait  à  tout  ce  qui  était  non- 
romain,  on  comprend  l'acception  de  déni- 
grement attachée  à  la  forme  française  de 
ce  mot  %oelche  ou  velche.  Voy.  aussi  l'art. 
Gaule. 

WARNETTE,  d'origine  germanif^ne;  com- 
posé de  garn,  fil,  +  net,  auj.  netz.  filet.  Voy. 
Grimm,  v.  garnnets.  —  D.  voarnetteur. 

WELCHS,  voy.  vekhe  et  l'art,  préc.  —  D. 
\oelcherie. 

WHISKT,  eau -de-vie  de  grain,  an^l.  whis- 
key,  altéré  du  celt.  gwisgi,  uisge,  eau;  com- 
posé uisge-beatha,  eau  de  vie  (angl.  usque» 
baugh). 

WHIST,  mot  anglais  ;  pr.  l'interjection  par 
laquelle  on  commande  le  silence;  le  jeu  de 
cartes  de  ce  nom  a  été  ainsi  nommé,  disent 
les  étymologistes  anglais,  parce  qu'il  requiert 
du  silence. 


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ZIB 


—  519 


ZOO 


X 


Obsbrv.  Les.  mots  commençant  par  x  sont 
tous  d'impoi'tation  étrani^ère  et  appartlehneat 
à  la  terminologie  scientifique. 

X£RA.SIB,  maladie  des  chevaux,  du  gr.' 
Ç»î93tjfx,  sécheresse  (do  ;  17/99;,  sec;. 


XT(jOORÂ?HIE.  art  d*imprim3r  ou  de  gra< 
ver  sur  bois  (Çjàov).  On  trouve  déjà  sur  une 
inscription  grecque  le  verba  iuU/pxfilv,  écrire 
sur  du  bois. 

XTRIS,  glaïaul  piant,  gr.  Çwp{;,  m.  s. 


Y,  it.  ivi,  vi,  ï,  V.  esp.  et  prov.  Ai,  y,  du  L. 
tbi,  là  (cp,  en  de  inde). 

TAGHT;  ce  mot  nous  est  venu  directement 
des  Anglais,  qui  à  leur  tour  le  tiennent  des 
Hollandais;  Kiliaen  :  eo^A^ liburnica,  celox. 
navis  praedatoria  ;  le  môme  mot  signifie 
chasse;  c'est  donc  pr.  un  vaisseau  pour  faire 
la  chasse. 


TâTAGâN,  mot  turc,  signifiant  coutelas. 

TfiBLG,  form^  variée  de  hièbh  (v.  c.  m.). 

TfiUSE,  p.  ieuse,  forme  diphthonguée  du 
prov   euse,  it.  elce,  du  L.  iîex,  ilicis^  m.  s. 

TfiUX,  p.  ieux,  forme  diphthonguée  p.eux^ 
plur.  df^eul  ==  œil  (v.  c.  m.). 

TPRÊÀU,  aussi  ypereaii^  esp.  d'orme,  ori- 
ginaire, dit-on,  de  la  ville  d'Ypres. 


ZÂIN,  it.,  esp.  saiuo,  cheval  d'una  couleur 
unique;  d'origine  inconnue.  Djzj  demande  si 
ce  n'est  pis  une  altération  de  l'arabe  aça^ri^nif 
qui  se  trouve  avec  le  sen?  da  lahi. 

ZÈBRE,  it.  sebro,  ans^l.,  ail.  zebrx,  esp. 
cebra;  d'après  Mahn  d'origine  africaine  — 
D.  jsébré. 

ZÉ DOUAIRE,  racine  médicinale,  6L.  zedoa- 
ria,  it.  setlovario,  vfr.  citoual,  vha.  cUaioar, 
zitvar  (auj.  zitvocr).  De  l'arabe  zetvoàr. 

ZELE.  it..  esp.,  port,  zelo,  angl.  zeal,  du 
L.  zeliis  (jÂÀo;),  envie  ardente,  émulation.  — 
D. zélé;  zélateur t  L.  zolator,  du  verbe  zelare, 
avoir  du  zèle.  —  Voy   &\issi  jaloux. 

ZÉNITH,  mot  écourté  de  la  formule  arabe 
SKMT-er  ras,  le  chemin  de  la  tête.  La  finale  h 
est  c>ontraire  à  l'étjmologie  et  n'existe  pas 
dans  l'it  ,  esp  et  port,  zenit.  —  Voy.  aussi 
nadir  et  azimut. 

ZéPHYR,  L.  zephirus  (J?s»u5o;). 

ZÉRO,  gâté  de  l'arabe  çafrun^  cifrun,  m. 
s. ,  pr.  =  vide  ^en  arabe  mod.  et  en  turc,  le 
zéro  s'appeUe  syfr).  Voy.  aussi  l'art,  chiffre. 

ZEST.  ZESTE,  nom  qu'on  donne  à  une 
petite  peau  dure  qui  sépare  les  parties  de  la 
noix,  puis  à  une  petite  tranche  de  l'écorce  des 
oranges,  des  citrons,  etc  ;  au  fig.  le  mot 
signifie  «  chose  de  peu  de  valeur,  bagatelle  »»; 
de  là  l'expr.  »  je  n'en  donnerais  pas  un  zdste  » 
et  l'interjection  zest  !  —  Zeste  vient,  d'après 
Diez,  du  L.  schistus  (t/iito,),  séparé,  divisé.  Il 
est  probable  que  le  mot  désignait  à  l'origine 
les  parties  de  la  noix  ;  celles-ci  s'appellent  de 
même  en  dial.  de  Côme  fis,  du  L.  fissus^ 
synonyme  de  schistus. 

ZIBELINE,  it.  zibellino,  prov.  et  vfr.  sebe- 
lin,  esp.,  port,  cebellina,  zebellina,  v.  flam. 


sabelijn,  BL.  sahellinuf,  dont  le  primitif 
sabôllu^  répond  au  vfr.  et  angl  sable ^  ail. 
zohel  (voy.  l'art,  sable).  Le  mot  est  originaire 
du  nord-est  dol'Europe;  cp.  l'appellation  russe 
sobol^  scrb3  et  valaque  samur. 

ZIB3TH,  it.  zibetto.  voy.  disette. 

ZIGZAQ,  ail.  zickzach,  combinaison  onoma- 
topée tenant  peut-être  à  la  famille  allemande 
zicke  (zinhe)  et  zacks,  chose  allongée  en 
pointe. 

ZINC,  de  Vall.  zink;  le  nom  allemand  de 
ce  m^tal  n'est  pas  do  date  ancienne,  et  Ton 
suppose  que  c'est  le  même  mot  que  l'ail,  zinn, 
étain,  muni  du  suffixe  slave  k,  qui  aurait  été 
emprunté  au  slave  pour  spécifier  le  sens  de 
zinc.  D'autres  tiennent  le  m3t  pour  congénère 
avec  l'ail,  zinhe,  branche,  fourchon,  parce 
qu'à  la  fonte,  le  zinc  se  fige  par  fourchons.  ^ 
D.  zingner. 

ZINZOLIN,  violet,  rougeâtre.  aussi  gingeo- 
lin,  selon  Ménage  de  l'arabe  giolgolan  (Devic 
orthographie  djoVgolan),  semence  du  sésame 
dont  on  fait  cette  couleur. 

ZIST,  variété  phonétique  de  zest,  employé 
dans  la  loc.  «  entre  le  zist  et  le  Z3st  »  ■=  entre 
deux  choses  dont  Tune  vaut  l'autre. 

ZIZANIE,  ivraie,  du  L.  zizania  (gr. 
J.Jiviîv)  m.  s  ;  l'expr.  fig.  «  semer  la  ziza- 
nie *•,  c.-à-d.  la  mauvaise  graine,  a  fait  de  ce 
mot  le  synonyma  de  discorde,  mésintelli- 
gence. 

ZODIAQUE,  L.  zodiacus,  gr.  Jvici^xo;,  s.  e. 
jcw^iîî.  le  cercle  des  {«5ia,  signes  d'animaux, 
ou  constellations  (J'i-ît^v  p.  {«fîov,  dirn.  de 
{ôiîv,  animal).  —  D.  zodiacal. 

ZONE,  L.  zona^  gr.  ^'ûv^,  ceinture. 

ZOO-,  élément  initial  de  composition,  disant 


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zou 


—  520  — 


ZUT 


animal  (du  gr.  {«ov);  p.  ex.  zfto-logie,  des- 
cription d'animaux,  zoolithe,  litt.  animal- 
pierre  (it'aî;),  zoophijte^  litt.  animal-plante 
(ffurô.).  zootechnie,  art  (tIx>»ï)  relatif  à  l'élève 
des  animaux. 

ZOSTÉRE,  vareclr,  L.  soster,  gr.  laixrp, 
m.  s. 

ZOUAVE,  soldat  d\in   corps   français  en 


Afrique,  tirant  son  nom  de  celui  d*une  tribu 
kabyle  appelée  zouaoua. 

ZUT,  interjection  de  dédain  ou  do  refus, 
qui,  comme  la  plupart  des  interieccions, 
échappe  à  l'analyse  étymologique.  Si  on  ea 
trouve  des  traces  en  sanscrit,  c'est  que  les  pro- 
duits spontanés  de  la  voix  humaine  naissent 
sous  tous  les  climats. 


FIN. 


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ADDITIONS  ET  REGTIFICATIONS 


Les  mots  précédés  d'an  astérisque  manquent  an  Dictionnaire 


AI6LS.  La  forme  vfr.  aille  manquant  encore 
dans  Godefroy ,  il  m'importe  de  citer  le  passage 
qui  me  Ta  fourni  :  c'est  le  Bestiaire  de  Ger- 
vaise,  v.  831  et  862  (voy.  Rx)m.,  1. 1,  p.  437). 
AINS',  le  type  généralement  admis  aujour- 
d'hui pour  cet  ancien  adverbe  est  lat.  antius', 
comparatif  de  ante  (cp.  postius*,  d'où  fr. 
puis), 

ALLIIR.  Malgré  la  longueur  de  cet  article, 
le  champ  aux  conjectures  reste  encore  ou- 
vert ;  ime  nouvelle  solution  du  problème  en 
question  vient  de  se  produire  sous  le  patro- 
nage d*un  nom  bien  connu  et  bien  autorisé. 
Dans  la  dernière  livr.  de  Grober'sZtschr.  (Xf, 
247),  H.  Rônsch  développe  avec  autant  de 
confiance  que  de  modestie  une  conjecture  de 
grande  valeur  et  d'un  grand  attrait.  L'idée 
fondamentale  qu'il  s'agit  de  rendre  étant  le 
mouvement  des  deux  ^i&mbes  etdesdeux^ïeds, 
il  part  de  L.am^,  d'où,  d'une  part,  un  dérivé 
ambulare,  générateur  du  fr.  cUler,  d'autre 
part,  im  fréq.  ambitare,  d'où  le  thème  roman 
concurrent  andare,  et  qu'il  faut  distinguer  de 
Vambitare  =*  amb-  (àfi-fi)  +  itare*,  auquel  je 
rapporte  fr. 'anter,  hanter.  La  lettre  est  moins 
favorable  à  ce  raisonnnement  que  l'idée,  car 
l'équation  ambitare  =  it.  andare,  à  côté  de 
vfr.  conte  ^^^  œmitem,  est-elle  soutenable?  En 
présence  dautres  cas  analogues  de  m^  p  nt 
(voy.  Flechia,  Archiv.  glott.,  II,  340  ,  je  n'en 
doute  pas.  D'ailleurs,  l'nndogie  du  gr.  ^^iràv, 
qui  est,  d'après  Rônsch,  une  forme  mutilée 
de  àufurxv  (dérivé  de  «/*?«,  «.«aolv)  comme 
pensent   les  hellénistes,   —   vient  à  l'appui 
de  la  nouvelle  étymologio.  Pour  l'équation 
ambulare  (qui  est  également  issu  de  amho) 
=  fr    aller,  Rônsch  y  voit  un  cas  d'assimila- 
tion de  consonnes  non  miins  étrange  que  it. 
spaUa  de  spatida,  sollo  de  5o/<u/u^*  (Diezi. 

AMADOUEB.  Tobler  fZtschr.,  X.  577)  a  éta- 
bli que  de  toutes  les  étym.  tentées  jusqu'ici 
sur  ce  verbe  'lequel  figure  déjà  dans  Nicot), 
aucune  ne  résiste  à  la  critique,  et  voici  celle 
qu'il  avance  :  Il  part  du  mot  picard  synonyme 
amidouler  {amidouier,  dans  mon  texte,  est 


un  lapsus  typographique),  qui  évidemment 
repose  sur  la  phrase  populaire  «  ami  doux  » 
et  dont  il  justifie  la  facture;  donc  d'abord  amt- 
douer,  d'où,  par  une  déviation  naturelle, 
am€uiouer.  Il  rend  compte  aussi  du  dévelop- 
pement de  l'idée  qui  a  fait  naître  le  subst. 
amadou  /que  l'Académie  n'a  inséré  dans  son 
Dict.  qu'en  1740). 

AMBAGT  Signalons  encore  tardivement 
l'opinion  de  Mahn  (émise  dès  1876),  qui  décom- 
pose ambactus  par  l'anc.  celt.  ambi  -f*  armo- 
ricain ahetujg,  diligent  (de  akett,  être  dili- 
gent), Je  manière  que  ambacttts  dirait  exac- 
tement la  même  chose  que  le  gr.  ififlitoloi, 
serviteur.^ 

AMITIÉ.  De  l'ancienne  finale  -tiet,  -tié  » 
lat.  -tat'tn,  il  ne  reste  à  la  langue  moderne 
des  traces  que  dans  les  trois  subst.  amitié, 
moitié  et  pitié';  sur  la  cause  probable  de  leur 
conservation, voy. G.  Paris,  Rom.,  IV,  128. 

ATTACHER  et  ATTAQUER.  Ulrich  explique 
Ztschr.,  IX,  429)  le  thème  roman  taccare  par 
le  type  tacticare;  le  sens  foncier  serait  donc 
«  toucher,  mettre  la  main  à  <*. 

BAFOUER.  Selon  Tobler  (Ztschr.,  X,  577), 
ce  verbe  est  issu  de  bes-fouer  et  de  même  ori- 
gine que  fouet  (v.  c.  m.j.  d'où  fouetter.  C'est 
donc  un  péjoratif  de  verberare,  mais  au  mo- 
ral :  maltraiter,  gourmander.  Cp.  en  ail. 
geisseln,  fouetter,  ^^,  bafouer,  de  geissél, 
fouet. 

BARAOOUIN.  Le  néerl.  bargœnsch,  argot, 
est- il  connexe? 

BASCULE.  L'étymologie  donnée  par  Meu- 
nier n'est  pas  aussi  assurée  qu'elle  en  a  l'air. 
Il  faut  tenir  compte  des  formes  bascJi,  bascul, 
W5CM/(Frioul)  biscolo(Naples),  it.  bisciancola, 
qui  signifient  la  même  chose  et  ne  s'en  accom- 
modent guère.  La  tentative  de  ramener  toutes 
ces  formes  èl  un  type  lat.  fictif  bis-anculare 
(BL.  ancla  =  ancula,  pompe  à  puiser  de 
l'eau),  faite  par  Caix  (Studi,  n°  206)  est  par 
trop  risquée.  D'après  Caix,  le  mot  bascule  se 
rattacherait  donc  au  L.  anculare  *  fare  ail* 
altalena  *•  (composé  exanclare,  pomper),  dont 


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—  522  — 


la  connexitéavec  gr  à/T>âv  n'est  pas  douteuse. 
Explication  hardie,  pense  G.  Paris,  mais  qui 
mérite  toute  considération.  —  Dans  le  patois 
messin,  on  dit  bomtl  pour  une  longue  poutre 
au  bout  de  laquelle  il  y  a  un  seau  et  qui, 
en  la  faisant  basculer,  sert  à  tirer  de  Teau 
(Rom..  V,  198). 

BERNIQUE.  A  propos  de  cette  interjection, 
Schuchardt  (Literar.  Centralblatt,  1873,  n«  14) 
rapproche  dans  les  dial.  ital.  les  mots  bar- 
gnich^  hargnif^  harlichy  berlich^  diable;  en 
outre,  l'expr.  vénitienne /)«r  berUche^perberlo- 
che,  d'une  manière  ou  de  l'autre  ;  en  Tjrol,  ber- 
lichete  berJochete,  exclamation  quand  on  se 
jette  par  terre  ;  il  cite  enfin  le  rouchi  «  faire 
tout  berlique  berloque  »,  faire  tout  de  tra- 
vers. Mais  y  a-t-il  là  moyen  de  retrouver 
la  valeur  de  notre  fr.  bernique  f 

'BESI,  nom  gén'^rique  de  plusieurs  espèces 
de  poires;  Berry  bezige,  poire  sauvage;  voy. 
le  Gloss.  du  Centre  par  Jaubert,  d'où  il  résulte 
que  besi,  dans  divers  patois  de  France,  signifie 
sauvageon.  Le  mot  parait  indépendant  de 
goth.  b€isi,ïiéev\.bes,b€sie,  ail.  becre  =baie, 
ainsi  que  de  ags.  basa,  succineus 

BI6NE.  Les  formes  avec  r  dans  les  dialectes 
ital.  biergna,  brogna/ii.bernocchio  ^so\\te\\e& 
congénères? 

BOUFFER.  Nous  avons  placé  sons  cet 
entête  les  mots  rebuffer  et  rebuffade;  comme 
il  est  difficile,  vu  leur  valeur  actuelle,  de  les 
séparer  du  mot  italien  rabbiiffo  —  rebuffade, 
il  nous  importe  d'insérer  ici  l'opinion  émise 
par  Caix  (Studi,  n®  469;,  d'après  laquelle  ce 
rabbuffo  est  indépendant  de  it.  rabbuffare^ 
ébouriflèr,  et  représente  une  métathèse  de 
6arM/7?);  quant  à  celui-ci,  Caix  y  voit  le  vha. 
piruofan,  auj.  berufen,  au  sens  de  «faire  des 
remontrances  ».  Je  n'adhère  pas  à  la  distinc- 
tion faite  entre  les  deux  verbes  it.  rabbuffare, 
et  s'il  faut  renoncer  à  mon  étym.  bouffe^  je 
m'adresserai  plutôt  à  rabbuffare,  =  ébourif- 
fer ;  cp.  les  acceptions  métaphoriques  prêtées 
au  terme  fr.  houspiller. 

BOULE.  Le  rouchi  dit  bourle,  bourlet, 
bourlot,  qui  sont  prob.  de  la  famille  de  bour- 
relet. 

BRAGUER;  voy.  Storm,  Rom.,  V,  172.  Je  ne 
veux  pas  omettre,  à  propos  de  bragard,  que 
Nicot  rattache  ce  mot  à  bragues  (le  même  mot 
que  braie,,  espèce  de  caleçons  que  ne  pou- 
taient  que  les  élégants;  mais  y  a-t-il  moyen 
de  tirer  vanité  de  ses  caleçons? 

BRAIRE.  Schuchardt  y  voit  la  même  racine 
brag  qui  est  dans  l'ail,  souabe  braigen,  bràgen, 
m.  S-,  ladin  bragir,  sbragir,  lomb.  bragid, 
vénit.  sbragiar. 

BRELAN.  Peut-être,  pense  G.  Paris  (Rom.. 
VIII,  618).  vfr.  berlenc  =  brel<in  tient-il  de 
vfr.  bellinc,  bellin,  it.  bilenco,  oblique,  que 
l'on  explique  par  bis  (particule  péjorative; 
+  vha.  slinc,  gauche. 

BRETELLE.  Je  serais  disposé  à  voir  dans 
ce  mot  une  altération  populaire  de  braietelle^ 
dim.  de  braiette,  lui-même  dim.  de  braie^ 
courroie,  ceinture. 

BRETTE.  D'anciens  textes  romans  du  Frioul 


et  du  Tyrol  ofirent  brittola,  britula,  signifiint 
couteau  pliant,  ce  qui  rend  lurigine  bretonne 
peu  probable. 

BROUÉE.  Signalons  ici  une  intéressante 
étude  de  M.  Joret  (Kom.,  IX,  119).  où  les 
mots  français  broue,  brouée,  brouiiie,  bnUne, 
brouillard,  s'ébrouer  'v.  c,  m.)  sont  tous 
placés  sous  le  primitif  germanique  vha.  prot, 
prod,  angl.  broth  dans  ses  diverses  at-ception* 
-  eau  bouillante,  écume,  vapeur  qui  s'élève 
d'un  liquide  en  ébullition,  vapeur  aqueuse 'ail. 
mod.  brodem)  ». 

BRUIRE  ;  strictement,  ce  verbe  renvoie  à  un 
type  latin  brugère,  comme  luire  à  huxre 
(p.  lucëre: 

CAHUTE.  Diez  décline  avec  raison  une 
explication  du  mot  par  ail.  Aaue,  réduit, 
cage  (=  lat.  cavea-  -\-  fr.  hutte;  il  est  d'avis 
que  le  mot  était  déjà  à  l'état  de  composé  avant 
son  passage  au  français;  la  fi)rmeanc. ca^Kt^/g 
lui  .<emble  issu  de  cahiUette,  commi  seniette 
de  seiTitette. 

CALOTTE.  Le  BL.  reticulum  (coiffure  de 
femme»  se  trouve  traduit  par  calle  dans  les 
glossaires  du  moyen  âge.  Voy.  ma  Leiicogr. 
lat.  des  xn®et  xiii*  siècles,  p.  135. 

CAMAIL  Buist  Grôb.  Ztschr..  V.  560)  fait 
dériver  le  mot  du  gr.  rviaài  (aussi  /attoVl. 
L.  camus  (Isidore),  muselière,  licou,  menton- 
nière. 

CAPORAL.  J'ajoute  que  le  BL.  caporaîis^ 
trouve  dès  1364,  et  it.  caporale.  dans.1.  Vil- 
lani.  Un  poème  français  de  la  croisade  'voy. 
Rom.,  VI.  492)  donne coj-pera/ correspondant, 
dans  un  texte  latin  de  Baudri,  à  corpalalUim 
(garde  du  corps),  sur  lequel  voy.  DC.  au  mot 
cura  palatii,  sous  cura  7. 

CHACUN.  L'emploi  de  chasque  au  delà  du 
XV i*  siècle  est  maintenant  constaté  par  un  bon 
nombre  d'exemples;  voy.  Grôber  Ztschr.,  I, 
399. 

CHANTEPLEURB;  Caix  (Studi,  n°  18)  voit 
dans  ce  mot  une  métamorphose  populaire 
de  L.  canna  impletoria.  C'est  très  admis- 
sible. 

CHÉNEAU.  L'accent  aigu  sur  Ve  est  anor- 
mal ;  il  faudrait  au  même  titre  clienal  au  lieu 
de  chenal.  D'anciens  textes  et  des  dialectes 
ont  aussi  In  forme  chenelle  et  quenelle. 

CHENET.  L'anc.  langue  pré.sente  avec  la 
valeur  de  chenet  les  foi-mes  cheminel,  -^^"» 
-o^  dérivées  de  caminus,  -  cheminée  -  ;  «" 
serait  donc  tenté  d'expliquer  notre  chenet  par 
chemnet,  d'autant  plus  qu'on  ne  trouve  p»'* 
d'anciens  exemples  de  chienet,-el,  petit cliit^n, 
au  sens  de  choiet. 

CHÈRE.  A.scoli  f-\rchivio  glotlol.,  I^« 
119-2*2)  dérive  it.  cera^  ciere,  de  L.  cff^^ 
cerea,  figure  en  cire,  et  tient  la  locution  clas- 
sique far  buona  cera  pour  une  simple  imit»' 
tion  Hu  fr.  faire  bonne  chère, 

CHIER.  On  ne  peut  plus  se  refuser  ««J^^'T 
d'hui  à  l'explication  étymologique  de  ce  vert)e 
par  L.  cacare.,  défendue  en  dernier  lie»*  P*^ 
Cornu  (Rom..  Vil,  354);  il  me  semble  ju^f^ 
d'ajouter  ici  qu'elle  avait  été  affirmée  àè^ 
trois  ans  auparavant  par  G.  Paris' Rom. i     ' 


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123,  note  4).  Voy.  aussi  Waldner,  dans  Her- 
rigs.  Archiv,  etc.,  t.  LXXVIII  (1887),  p.  422. 

OHIPIB.  Pourrait  aussi  dériver  de  chipe  =» 
chiffe  et  signifier  soit  une  personne  qui  Fe 
pi-éoccupe  de  chiffes  fcp.  le  dérivé  chipoter)^ 
soit  déguenillée.  Je  tiens  chipie  pour  un  anc. 
participe  fém.  à  sens  actif  «=  chipiée, 

CONTRACTER  et  le  subst.  verb.  contrat 
sont  de  formation  savante,  p.  contraiter,  con- 
trait. 

'CONTRE-PETTERIE,  dérive  de  Tancien 
contre-peter,  rendre  un  son  de  travers,  d'où 
les  sens  «  contrefaire,  singer,  équivoquer  ». 

COULEUVRE.  Ce  mot  présente  plus  d'une 
difficulté  phonétique  sans  que  le  grand  public 
s'en  doute  ;  elles  ont  été  relevées  et  discutées 
dans  la  Romania  par  Darmesteter  fV,  147), 
Havet  (VI.  433  et  suiv.)  et  G.  Paris  (X,  49); 
nous  y  renvoyons  les  spécialistes. 

CRAPAUD.  Voy.  aussi  mon  Appendice  ad 
Diez,  5«éd.,  p.  790. 

CUIVRE;  n'est  pas,  selon  Baist  (Grôb. 
Ztschr  ,  VII,  116,,  =  lat.  cupreum,  mais 
=  cyprium.  —  Notez  encore  les  anc.  formes 
cuecre  et  coivfe, 

DARTRE.  En  rhéto-roman,  on  dit  diervet. 

DÉLECTER.  Le  vfr.  delechier  ne  peut  venir 
directement  de  dcîectare  (comme  je  l'ai  inci- 
demment fait  entendre  sous  empêcher)  ;  je  le 
tire  de  delectiis  (part,  de  delicerc)  par  l'inter- 
médiaire d'une  forme  dérivative  drlectiare.  Il 
est  distinct,  à  mon  avis,  de  'delecqurr,  lécher. 

DÉTRACTER.  L'anc.  langue  avait  le  pri- 
mitif rfc^raire  dans  la  même  acception,  subst. 
detrait  =  médisance,  et  detraiteur  =  détrac- 
teur.^ 

DÉTRAQUER  ;  doit  se  confondre  étymologi- 
qutîment  avec  it.  straccare,  lasser,  ennuyer, 
incommoder;  or,  M.  Ulrich  (Zeitschr.,  IX, 
429)  est  d'avis  que  le  type  roman  traccare  est 
issu  d'un  type  lat.  vulg.  tracticare;  cela  don- 
nerait donc  à  détraquer  le  type  lat.  distracti- 
care.  —  Godefroy  cite  un  exemple  de  se  des- 
traguier  ^  se  séparer. 

DOLÉANCE.  Littré  présuppose  l'existence 
d'un  anc  in  fin.  dàleier  ou  doîoier;  c'est  peu 
probable.  Le  fait  est  que  doieant  est  déjà  dans 
le  Fraprment  de  Valenciennes. 

DRAPEAU,  voy.  drap. 

ÉCUEIL  et  les  autres  parallèles  romans 
accusent  -pour  type  immédiat  scoc(u)lus  et  non 
scopidus  ;  c'est  uinsi  que  vieil  vient  de  V€t{u)- 
lus  par  l'intermédiaire  de  vec*lus.  On  a  mis 
aussi  notre  écueil  en  rapport  avec  le  vha. 
scellan,  auj.irc/te//cn, fendre,  briser;  onditd'un 
vaisseau  :  «  es  sercheîîtc  an  den  klippen  »,  il 
échoua  contre  les  rochers;  mais  comment 
rendre  compte  de  la  voyelle  radicale  et  de  la 
mouillure? 

EFFRAIE,  ce  mot  (anc.  esfraiei  a  été  expli- 
qué inutilement  par  une  transposition  de  fre- 
saie. 

EMPÊCHER.  D'après  ce  que  j  ai  dit  au  mot 
fléchir^  il  ne  peut  plus  être  question  des  équa- 
tions impactare  —  empêcher,  flectere  =  flé- 
chir, delecher  =  delectare,  posées  dans  cet 
article. 


*ENDÉANS,  =  dan.<s  l'espace  de,  au  bout  de 
(appliqué  au  temps),  forme  syncopée  de  ende- 
dans.  Cett^  expression  prépositionnelle,  ren- 
due dans  la  langue  normale  soit  par  circonlo- 
cution ou  par  en  ou  dans  tout  court,  est 
encore  en  pleine  vogue  dans  le  pays  que 
j'habite,  soit  dans  le  langage  des  actes  publics, 
soit  dans  la  conversation  ;  c'est  à  ce  titre  que 
je  la  signale;  c'est  un  provincialisme  digne 
d'exister  soit  comme  facture,  soit  comme  sens. 
Il  intéressera  l'auteur  de  la  «  Note  sur  l'Hist. 
des  prépos.  franc,  en,  enz,  dedans,  dans  » 
(Paris,  1885,  22  p.  in-12).  M.  Arsène  Darmes- 
teter; cet  explorateur  romaniste,  dont  la 
finesse  du  sens  est  un  des  traits  caractéris- 
tiques, conviendra  queendéans  est  plus  expres- 
sif et  précis  que  dans. 

2.  ERRER.  Pour  le  sens  •*  agir  «.  cp.  Chan- 
son de  Roland,  167  :  ••  Pour  cels  de  France 
vuelt  il  del  tout  errer.  » 

ESTROPIER.  D'après  Schœtensack,  p.  es- 
cropier  et  appartenant  au  même  radiai!  que 
l'ail,  krûppel  (impotent,  contrefait,  rabou- 
gri). Cela  mérite  examen. 

FA6NE  et  FANGE.  En  traitant  ces  articles, 
je  ne  connaissais  pas  encore  celui  d'Arbois  de 
Jubainville  'Mém.  de  la  Soc.  de  linguist.  de 
Paris,  II,  72),  et  je  tiens  d'autant  plus  à  le 
signalei",  que  ce  philologue  y  développe  une 
opinion  conforme  à  celle  émise  par  feu  Grand- 
gagnage,  dès  1845,  dans  son  Dictionnaire,  et 
qui  lui  avait  échappé. 

FICHER.  Ulrich  établit  pour  ce  verbe, 
comme  pour  l'it.  ficcare,  un  typo  commun 
ficticare,  d'un  supin  fictum,  concurrent  de 
fixum  (voy.  Diez,  I,  v°  fitto). 

•piGUB.  L'expr.  faire  la  jfiffue dit pvoyiv.  faire 
un  geste  d'une  signification  obscène  et  vient 
de  l'it.  fica  =  cunnus.  En  esp.  far  la  fisga  a 
la  même  valeur,  mais  doit  en  être  étymologi- 
qucment  séparé. 

FLÉTRIR  1.  L'ancien  Bà}.flaistre,  primitif 
de  ce  verbe,  est,  d'après  W.  Meyer^Zti^chr., 
XI,  254),  une  variété  de  flaiste,  et  celui-ci 
régulièrement  produit  du  lat.  flaccidus  par  le 
même  procédé  qui  a  donné  hoisle  (boite)  de 
buxida,  moiste^  moite (v.  c.  m. ) de  mnccidus, — 
Au  même  passage  cité,  en  note,  on  m'impute 
une  erreur  que  je  n'ai  pas  commise  ;  c'e.«t 
flétrir  2  que  je  dérive  du  thème  flat,  mais  non 
pas  celui  dont  il  est  question. 

FLIN.  C'est  à  ce  même  flin,  silex,  pierre  à 
feu,  que  remonte,  depuis  le  xvii*  s.,  lall. 
flinte,  fusil,  ainsi  que  et  le  mot  populaire  fr. 
flinffot,  vieux  fusil 

FRACASSER.  Ulrich  rattache,  sans  se  pré- 
occuper de  la  finale,  le  radical  frac  à  un  verbe 
fraccare.^  issu  de  fracticare  (fractum);  il  cite 
l'analogie  formative  entre  tracas  et  fracas, 
Vuïï  issu  de  tract,  l'autre  de  fract. 

FRELATER.  La  foi-me  fralater  est  posté- 
rieure à  frelater  et  a  été  abandonnée.  Le 
sens  premier  «  transvaser  »  est  signalé  par 
Nicot. 

FRESAIE.  M.  Holthausen  (Ztschr.,  X,  293) 
est  d'avis  que  l'initiale /*  pourrait  s'être  pro- 
duite sous  l'influence  du  germ.  foresaga,  équi- 


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valant  à  L.  prœsaga^  et  que  ce  mot  aurait 
donné  naissance  à  un  lat.  vulgaire  *fresaga, 
W.  Meyer  (ib. ,  XI,  255  conteste  cette  opinion 
à  cause  de  l'absence  d'identité  logique  entre  le 
mot  germanique  et  le  gallo-roman  prœsaga. 
Il  s'explique  plutôt  l'initiale  de  fresaie  (p.  pre- 
saie)  par  une  fusion  de  ce  mot  avec  le  syno- 
nyme effraie.  Il  admet,  toutefois,  qu'une  in- 
fluence de  fraise  (puisque,  dit  Littré,  on  a  dit 
que  la  fresaie  portait  une  sorte  de  fraise  au- 
tour du  cou)  est  aussi  possible. 

GALE.  Je  rappelle  ici  Baud.  de  Condé, 
p.  166.  v.  393  : 

A  t^s  cro'>8  mustiaus  as  soros 
Et  à  tes  plas  pië«  plains  de  gales. 

GRAFliLLE,  grateron;  du  th>me  grap^ 
accrocher  (cp.  grappin^  crochet,  ancre). 

HABIT.  II  est  difficile  de  se  refuser  à  l'étym. 
L.  hàbitvs,  mais  il  faut  admettre  en  même 
temps  que,  quoique  d'une  haute  antiquité,  il 
soit  venu  au  français  sous  l'influence  du  lan- 
gajre  savant  ou  que  l'on  ait  accentué  hahitus, 

HOUSPILLER.  Comment  expliquer  le  subst. 
vfr.  hoiissepaiUer,  valet  d'armée,  palefrenier? 
Sans  doute  de  vfr.  hoiisser,  brosser,  balayer 
+  paillel 

HURE*.  Notez  vfr.  dehure\  que  j'ai  relevé 
dans  La  Veuve,  par  Gautier  le  Long  ^v.  373;  et 
qui  parait  signifier  chauve  : 

Nous  avoDS  chaiens  un  brehier. 
Un  defeû,  un  dehuré. 

IL,  pronom.  L'étymologie  L.  ille,  quel- 
que assurée  qu'elle  paraisse,  ne  résiste  pas  à 
l'objection  «  pourquoi  pas  el,  comme  illa  fait 
elie^  iîlos,  els"  (d'où  eux)  »?  La  cause  de  cette 
inconséquence  n'a  pas  échappé  à  des  cher- 
cheurs aussi  pénétrants  que  MM.  Mussafia  et 
Cornu  (voy,  surtout  le  travail  de  ce  dernier 
Rom.,  IX,  360)  ;  elle  vient  de  ce  que  il  ne  pro- 
cède pas'de  ille,  mais  de  la  forme  concurrente 
et  archaïque  ilJic  et  que  la  persistance  de  Xi 
est  un  eflet  de  l'influence  régressive  de  l't  atone 
final  sur  la  tonique  précédente.  —  D  autre 
part,  M.  Homing  (Romanische  Studien,  IV,  2) 
nous  a  démontré  que  il,  dans  son  emploi  de 
pronom  neutre,  emploi  relativement  tardif 
dans  la  langue,  ne  répond  pas  à  son  primitit 
naturel  illud,  qui  postule  el,  mais  qu'il  esf 
l'effet  d'une  application  abusive  du  masc.  il. 

JONGLER  L'ail,  gauheln,  jongler,  avec  le 
subst.  gaukier,  bateleur,  jongleur,  bouffon, 
parait  difficile  à  séparer  du  XbX.  joculari  ;  ce- 
pendant Grimm,  par  des  raisons  diverses,  judi- 
cieusement développées,  n'en  croit  pas  moins 
devoir  lui  revendiquer  uneoriginegermanique. 

JUGE.  Ce  subst.  ne  ^'accorde  ni  avec  le  cas- 
sujet  judex,  ni  aveo  le  cas-régime  judicem  ; 
Diez  le  considère  donc  comme  abstrait  du 
verbe  juger ,  bien  que  cette  abstraction  soit 
insolite  pour  les  subst.  à  signification  per- 
sonnelle. 

2.  LAI.  Voy.  sur  ce  mot  une  étude  spéciale 
par  d'Arbois  de  Jubainville,  Rom.,  VIII,  422; 
il  part  de  l'irl.  lôid^  plus  tard  laid. 

LÉCHER.  Ulrich  fait  remonter  le  type 
roman  leccare  à  un  type  lat.  barbare  licti- 
care,  de  licturn,  part,  de  lingere. 

LOGHER.  Une  étym.  par  L.  luxare,  déboî- 


ter, est  combattue  par  P.  Meyer,  Rom.,  XI, 
618,  sur  des  arguments  phonétiques  décisifs. 

LORGNER  L'anc.  a^j.  lorgne,  louche, 
parait  être  abstrait  du  verbe. 

LUBIE.  Ce  mot  étant  étranger  aux  textes 
du  moyen  âge,  G.  Paris  juge  qu'il  est  em- 
prunté à  l'italien  et  repi-oduit  Tit.  ubbia, 
appréhension  superstitieuse,  mauvais  présage 
(Rom.,  IV,  499).  —  Dans  le  florentin,  on 
trouve  lubégine,  humeur  mélancolique;  dans 
le  Frioul,  lubie, 

MALADE.  Pour  L.  nude  hab'tus  devenu  ma- 
Icuie  ;  cp.  coude  de  cubitus,  cub'tus, 

MALANDRIN.  Ajoutez  que  l'observation  da 
Paris  est  amenée  par  l'àdj.  malendos,  souf- 
frant, dans  la  Vie  de  Saint-Alexis,  str.  111. 

'MARCHEPIED,  it.  marciapede;  selon  Lit- 
tré, «  marche  pour  poser  les  pieds  »,  selon 
Meunier  (et  il  a  raison)  «  lieu  que  marche 
(foule)  le  pied  » . 

MASSAGRE.  Le  mot  ne  date  que  du 
XVI'  siècle,  et  est  sans  doute  altéré  du  thème 
macecl  ;  j'ai  relevé  dans  les  Enfances  Ogier, 
3685,  maceclerie,  boucherie,  et  ailleurs  mase- 
crier,  bourreau. 

MÂGUE.  Parmi  les  étymologies  ^malheu- 
reuses; tentées,  citons  encore  le  gr.  fiùxa,  lait 
aigre. 

MENISQUE.  Le  même  mot  se  voit  en  vfr. 
sous  la  forme  menois  (pierre  précreuse). 

MDÎGE.  Notez  en  it.  m«ncio,  verbe  ammen- 
cire,  pour  lesquels  un  primitif  'miniUire  (pro- 
posé par'  Caix)  est  insoutenable. 

'  MINQUE,  en  Belgique,  lieu  où  le  poisson 
frais  est  mis  aux  enchères;  du  flam.  m,ijne, 
minhe,  m.  s.  D'après  les  lexicographes  néer- 
landais, du  verbe  mijnen,  uit-mijnen,  mettre 
aux  enchères,  adjuger  publiquement  à  celui 
qui  crie  my  w,  mien  (à  moi  !)  Cela  parait  être 
fondé,  mais  pourquoi  minke  concurremment 
avec  mijne  f  Est-ce  une  forme  diminutive? 

2.  MOYEU.  Lisez  L.  mûtuhis  p.  mutilus. 
n  se  peut  qu'en  bas-latin  on  ait  dit  mutélus  ; 
alors  l'étymologie  de  Diez  serait  sauve  pour 
la  lettre. 

MUGIR.  Je  trouve  en  vfr.  en  effet  muîr^ 
mais  le  plus  souvent  muire  (ut  faisant  diph- 
thongue),  ce  qui  accuse  un  type  latin  barbare 
fntigëre. 

NANTIR.  Je  dois  ajouter  que  l'esp.  prenda^ 
gage,  ne  vient  pas  de  prender,  prendre,  mais 
du  V.  esp.  pendrar,  transposé  enprendar  = 
L.  pignorare  de  pignus,  gage;  voy.  Cornu, 
Rom.,  IX.  135. 

2.  NOUE.  Est,  selon  Schuchardt,  ««  esp. 
pg.  uava,  plaine,  mot  basque,  d'où,  d'après 
Al.  de  Humboldt,  le  nom  géogr.  Navarra. 

ORFROI.  Darmesteter,  Composés,  p.  23, 
se  prononce  pour  aurum  Phrygium,  d'où  a 
pu  facilement  se  produire  or  f  rois  (p.  s  issu  de 
g,  cp.  les  mots  fraise,  ge^xcive,  gésier). 

OUI.  D'après  l'étymologie  nouvelle  attribuée 
ci-dessus  au  pronom  il  (v.  c  m.),  il  faut  poser 
pour  vfr.  oïl  l'équation  =  hoc  illic.  Voy. 
Cornu,  Rom.,  IX,  117. 

PARRAIN  est  aussi  ancien  que  parrin  et 
accuse  un  type  ^L.patranus  (Fôrster). 


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—  5i5  — 


PINCER.  Ulrich  retrouve  dans  ce  mot  le 
même  thème  pict,  dont  il  déduit  piquer  (voy. 
pi.  b.),  en  procédant  ainsi  :  pictiare,  it.  ptjt' 
zare^  pinzare^  fr.  (avec  nasalisation)  pincer, 

PIQUER,  picard  ptcAer,  it.  piccare,  se  rap- 
porte, d'après  Ulrich,  à  un  type  pidicare 
qui  remonte  à  un  thème  pici,  le  même  qui  a 
donné  le  génois  pittà,  piquer,  prov.  pitar^ 
béqueter,  vfr.  apiter,  toucher  de  la  pointe  des 
doigts  (mot  cité  par  Diez  I,  v^pito,  mais  omis 
dans  le  dictionnaire  Godefroy),  voy.  Grôber 
Ztschr..  IX,  429. 

POUR.  Presque  tous  les  composés  français 
avec  pro-  sont  savants,  la  forme  populaire  est 
pour-.  Pour  reproduit  la  forme  du  latin  vul- 
gaire par;  si  ce  deniier  n'a  pas  fait  selon  la 
règle  peur,  mais  pour,  c'est  qu'il  est  toujours 
proclitique  et  que  son  o  est  dès  lors  atone  ; 
voy.  Paris,  Rom  ,  X,  45. 

'PRÉ6NANT.  Ce  mot,  surtout  comme  terme 
didactique,  est  encore  assez  vivant  pour  qu'il 
ne  mérite  pas  d'être  inséré  ici.  Son  premier 
sens  est  «  gros  (en  état  de  gestation)  »,  d'où  se 
dégagent  aisément  les  sens  modernes  (cp.  en 
latin  la  connexité  entre  lat.  ff ravis  et  graci- 
dus).  L'étym.  L.  prœgnantem  s'impose  à  vue, 
mais  elle  se  voilait  un  peu  sous  la  forme 
ancienne  prenant  et  encore  plus  sous  celle  de 
praing,  prains,  praigne  (v.  imprégner),  qui 
représente  régulièrement  le  cas-sujet  prœg- 
nans  owprœgnas. 

PUER.  L'anc.  langue,  au  lieu  àe puanteur, 
disaitpHCur  =  h.putorem. 

RAIRE.  Une  forme  barbare  latine  radare 
a  donné  le  fr.  reer. 

RANGER  D'après  M.  Beauvois  (Revue  crit., 
1870,  n°  5,  p.  67 j,  un  mot  raingo  n'existe  pas 
en  laponais. 

KEGROQUEVILLER.  Schœtensack  interprète 
cette  forme  par  re-ccque-triller  (de  vrille). 

REFRAIN.  D'après  0.  Schultz  (Ztschr., XI, 
249),  le  sens  foncier  du  fr.  refrain  est  retour, 
redite, répétition;  il  répond  ainsi  aune  appli- 
cation du  L.  refringere  suffisamment  con- 
statée. 

REGIMBER.  Sur  la  forme  regiper  ««  lat. 
repedare),  voy.  Fôrster  ad  Lvoner  Ysopet, 
V.  2656. 

REGRATTER.  G.  Paris  (Rom.,  IX,  483) 
tient  l'it.  rigattiere  et  fr.  regraitier^nv  deux 
mots  distincts. 

REGREITER.  L'étym.  de  Diez  est  aussi 
patronnée  par  G.  Paris  (Saint-Alexis,  26  e). 

REPROCHER.  CaixiStud.,  n«  115)  propose 
un  type  fictif  reprobicare;  c'est  un  effort 
inutile,  ce  me  semble. 

RICANER.  Pour  la  solution  du  problème 
étymologique  attaché  au  vfr.  recaner^  voy. 
les  indications  données  pai*  Fôrster  (au  v.  877 
de  l'Ysopet  de  Lyon)  et  Van  Hamel  s.  v  caner 
du  Gloss  de  son  éd.  de  Li  romans  de  Cari  té 
et  Miserere  du  Rendus  de  Moiliens. 

RIÊBLE,  alternant  avec  rèble^  qui  est  la 
forme  première  ;  la  synonymie  du  mot  avec 
grateron  engage  À  lui  assigner  un  type  latin 
radibulum,  par  contraction  rabulum,  de  L. 
radere,  gratter,  mais  il  faudrait  rable. 


*  RINGARD  est  propr  une  barre  servant  à 
•  tourner  »  et  paraît  tenir  À  la  famille  germa- 
nique hring,  vring,  exprimant  cercle,  tourner 
en  rond . 

RISQUER.  Canello  déduit  it.  risicare  de 
L.  resecaré,  au  sens  de  fendre  les  flote  à 
reboui*s,  d'où  celui  de  s'exposer  au  danger 
(Arch.  glott.,  XXIII,  418). 

RODÉ.  A  distinguer  de  ce  mot  :  1.  vfr. 
ruiste^  qui  signifie  a)  sauvage,  fort  ;  b)  roide, 
escarpé;  2.  roiste  (parfois,  sans  s,  roité), 
qui  ne  signifie  que  «  escarpé  »  et  qui  est 
le  même  que  le  synonyme  prov.  raiisi  et  de 
I  son  côté  diflërent  de  ruiste.  Fôrster  ad 
V.  11692  de  son  Chevalier  as  deux  espées, 
me  blâme  avec  raison  d'avoir,  dans  mes 
Notes  de  Jean  de  Condé  et  mon  Gloss.  des 
Chron.  de  Froissart,  rattaché  roiste  à  roide. 
Quant  à  ruiste,  c'est  une  variété  de  ruste, 
rustre  =  L.  rusticus  (v.  rustaud), 

SAC.  Quoi  qu'en  ait  dit  Gaix  (Studi, 
n°  530),  le  fr.  saccader  est  tout  à  fait  indé- 
pendant de  L.  succutere  (ou  esp.  sacudir), 
G.  Paris  est  du  même  avis  (Rom.,  VIII,  620). 

•  SAULE.  Vfr.  saus  reproduit  le  nom.  latin 
salix. 

SOLAS*.  L.  solatium  requérant  en  fr.  la 
forme  solais,  mieux  vaut  considérer  l'ancien 
solas  comme  le  subst.  verbal  de  solacier. 

SOLEIL  En  vfr.  on  avait  aussi,  d'après  le 
même  type  latin,  une  forme  seloil. 

SOIF.  Ascoli  explique  la  finale  par  la  filière 
suivante  :  sitis-sede-see,  d'où,  par  épenthèse, 
sève  =r  fr.  soif. 

SOUBRETTE.  De  vfr.  soubr et 'du  L.sob^fnus\ 
sobre,  prudent,  ru.sé,  espiègle  (Mahn). 

'SOUQUER.  On  a  proposé  pour  ce  terme 
de  marine  l'ail,  zucken,  l'intensif  do  ziehen, 
tirer,  mais  il  n'est  pas  admissible  qu'une 
forme  exclusivement  haut-ail.  se  soit  commu- 
niquée au  langage  maritime  ;  une  tran.sfor- 
mation  de  saquer  (opinion  de  Jal)  est  encore 
moins  probable. 

SPARADRAP.  En  présence  de  la  forme  span- 
darapum  et  dans  la  pénuiie  de  tous  rensei- 
gnements ultérieurs  sur  la  provenance  et  la 
première  forme  du  mot,  on  est  tenté  d'y  voir 
une  corruption  populaire  d'un  composé  où 
entraient  le  subst.  drap  et  soit  vfr.  espardre, 
spardre  (lat.  spargere),  soit  (pour  spanda- 
rapum)  espandre,  spandre  (lat.  expandere). 
Le  tei-me  parait  né  en  France. 

STRAPASSER.  Gaix  (Studi,  n»  62)  divise  le 
mot  italien  par  strap-azz  are  et  y  voit  le  verbe 
strappare  fvoy.  estrapade)  avec  le  suffixe 
péjor£itif  (cp.  svelazzare,  spelazzare  et  a.). 
G.  Paris  (Rom.,  VIII,  649;  accepte  cette  ma- 
nière de  voir,  mais  la  trouve  contradictoire  à 
une  remarque  de  l'auteur  (p.  205),  d'après 
laquelle  fr.  estrapasser  et  esp.  estrapazare 
seraient  des  formes  parallèles,  non  dérivées 
du  mot  italien,  car  strappare  n'existe  ni  en 
français,  ni  en  espagnol,  et  fr.  estrapasser  ne 
date  que  du  xvr  s. 

TAC.  L'étym.  L.  tactus  me  ssmble  pécher 
contre  la  phonétique;  ce  mot  latin  se  fût  fran- 
cisé par  ttit;  cp.  vfr.  entait  p.  intact. 


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—  526  — 


TAPINOIS,  TAPIR.  Malgré  Taffinité  des 
idées  et  ridentité  de  la  racine,  ce  n*est  pas  au 
grec  raTTîivd,-,  bas  (au  propre  et  au  fig.;,  que 
ces  mots  doivent  leur  origine;  cependant, 
comme  en  tapinois  a  surgi  dans  le  monde  des 
savants  au  \\i^  s.,  la  finale  de  cette  loc. 
adverb.  pourrait  avoir  été  créée  sous  in- 
fluence du  mot  grec.  • 

TlâDE.  Aux  formes  anciennes  citées,  ajoutez 
tieve  et  tedde. 


TRESnJiON.  Godefroy  renseigne  estresil- 
Ion,  aussi  estesillon,  avec  la  valeur  de 
bâton. 

TSIBAR,  TRIBARD,  probabl.  un  composé 
de  goth.  triu,  bois,  et  du  german.  bar,  chose 
qui  sert  à  fermer  ou  à  empêcher,  bâton,  ver- 
rou (voy.  barre)  ;  Tall.  traduit  exactement  par 
holz-spcrre. 


•''-*.±JiX>Sif^^=^^-^^»^ 


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ERRATA 

REMARQUÉS    PENDANT   L*IMPRESSION. 


AIIADOTJER.  Deuxième  colonne,  ligne  16,  lisez  :  amidouler  pour  amidouier. 
AMER    Corrigez  ...  urne  pour  ...  titme. 

ANDOUILLER.  Ajoutez  à  l'artitle:  «  Voyez  Bugge  (Rom.,  IV,  349;.  » 
ASSENER.  Lisez  :  locution  pour  locutiod. 
BRIN.  Ligne  7,  lisez  :  du  pour  au, 

BRUSQUE.  A  la  ligne  10,  lisez  :  IV,  352  au  lieu  de  Kl,  351. 

CHARADE.  A  ravant-dernièie  ligne  de  la  2^*  colonne,   page  99,  lisez  :  caragius  pour 
càrarius;  à  la  dernière  de  l'article,  lisez  :  xvii®  pour  xii*. 
CHARIVARI.  Vers  la  fin,  lisez:  p({jorative  pour préforative. 
EMPÊCHER.  Ligne  13,  lisez  :  en  e  pour  en  c. 
FADE.  Ligne  11,  fermez  la  parenthèse  après  rade. 
POURCHE-FIERE.  Ligne  3,  lisez  :  ferrea  pour  ferra. 
FOURREBUISSON.  Ligne  2.  6tez  la  virgule  après  la  pareiitbèse. 
GAINE.  Lisez  :  Gaine.  —  Ligne  2,  il  faut  :  va^^ina  pour  vaglna. 
GROLLB.  Corr.  W.  Meyer  pour  Ed.  Meyer. 
HAMEÇON.  Dernière  ligne,  mettez  :  haniîca  pour  hamicium, 
HOCHER.  Ligne  3,  lisez  :  90  polir  98. 
INGÉNIEUR.  Ligne  1,  lisez  :  engigneiir  pour  engigneus. 

1.  MORVE.  Ligne  1,  lisez  :  port,  mormo  pour  rnorma. 

2.  MOTEU.  Ligne  7,  corr.  mutuîus  pour  mutilus. 
OTER.  Ligne  13,  lisez  :  là  pour  la. 

PASSER.  Page  380,  l"  colonne,  ligne  3,  effacez  les  mots  :  «  dans  une  foule  de  substan- 
tifs composes  n. 

RABOTER.  Ligne  8,  lisez  :  rabot  pour  rebot. 

RUCHE.  Dernière  ligne,  corr.  rucher  pour  ruche. 

SECOUER.  Ligne  5,  lisez  :  Blandin  pour  Blondin. 

SERPILLIÈRE.  Dernière  ligne,  mettez  :  234  pour  238. 

SORNETTE.  Avant-dernière  ligne,  lisez  :  verbe  pour  verhe. 

SOUL  (on  a  oublié  le  circonflexe). 

VARECH.  Dernièro  ligne,  lisez  :  vagrek  pour  vegrek. 


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UCT  a  6  1S37 


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