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Membre Je i ne
Amdtn Prétidenî de t» Ctutmbrt d«f Dépmléa
HISTOIRE
D£S
ROUMAINS
et de leur Civilisation
PARIS
HENRY PAULIN. Éditeur
101, Boulevard iouitUa II 4*)
IMO
<l
Histoire des Roumains
et
DE LEUR CIVILISATION
N. JORGA
Profttteur à l'Univer$Ué </« Bacmrttt
MtmLrf de l'Aetutémi* Roam*in9
Ancien Président de la Chttnbrt des Députée
HISTOIRE
DES
ROUMAINS
et de leur Civilisation
i'ARIS
tlL.NHY l'AL'LlN, Éditeur
104, Boulevard Jourdan lli'i
IMO
^i?n2s
HISTOIRE DES ROUMAINS
CHAIMTRI-: riŒ.Mii:u
Base territoriale de la Nation roumaine
Entre le centre de l'Europe et la steppe russe, entre
les relions brumeuses du Nord et le Midi ensoleillé
»! ;ins, s'étend toute une ré-
■^ _ „ .-. , lue n'existe pas quant aux
caractères positifs de la nature. Elle présente, au con-
" ..'■'--. '^ ^ ' ' ■ ' îies
„ - . "^ > •'■ ni
point au climat tempéré de la Valachie. où, pendant ces
iii ■ ment veii ' i \ord-
I . . ' ^ riches . .. >es, et
où. le lendemain, dans la chaleur moite du dégel, fé-
vrier ressemble plut<^t à un souriant début de prin-
temps.
I^s vallées, d'une orientation tout à fait spéciale, de
rOlténie ont une atm - ' - - ' '" rranéenne par rap-
port à cette plaine tte aux brusques
rafales que rien n'arrête dans leur assaut. Il neige sou-
vent -S Jatsv M l'f^poque où quelques gouttes de plaie
li»Mlr t'imiM lit .1 |K itu* du ciel rose, à travers les nuages
couvrant Iv riant |{ii<arfst.
Ces dilTcrences ne tiennent pas qu'au voisinage des
montagnes et de la plaine dans chacune des régions
composant un pays si varié d'aspect et cependant si
2 tiiiToiiiR on noviiAiiri
unitaire. Cnr, si la Transvlvanif ne i re que
des vallées étroites entre les cime* di t„., . ... >. cl les
lignes des rollines qui en sillonnent dans tous les sens
l'étendue, si le terrain arable n'est ? i»ar
les " lunci », par les vallées assez la^ ros,
comme l'Oit, les Tlrnave, le Somes; la Valachie. com-
■ Mîint aussi l'Ollénie et la Moldavie, telle qu'elle
: lit avant les démembrements de 1755 et de 1812. pré-
sente tous les aspects possibles d'un territoire complet,
et ces provinces forment comme un 11 ' "" 'les
aspects divers que peut avoir une m int
en môme temps du froid Occident aux brumes fréquen-
tes, aux prairies verdoyantes et de l'Orient au
ciel bleu, au soleil brûlant et aux moissons fabuleu-
ses. En quelques heures de marche, on passe, en Vala-
l'iiic. des rochers nus. des forêts de pins, des ruis-
siiuix qui jaillissent des hautes sources pour s'en-
goufTrer. bruissantes, au milieu des gorges, aux colli-
nes où s'élayent les riches vergers semblables à ceux
de l'Angleterre, jusqu'à la blanche maison ancienne
aux boiseries noircies par les ans. Un peu plus bas
encore et l'on se trouvera, sous les rayons ardents,
dans une plaine où, en quelques semaines, le brin
de blé qui perçait à peine en avril, ploie vers le milieu
de juin sous le poids de l'épi doré, alors que dans la
montagne les premières fleurs du printemps ne sont
pas encore flétries et que, devant les fenêtres des hut-
tes, dans les hameaux, le lilas continue de fleurir.
Puis, tout au bout, un monde spécial remplit d'éton-
nement le voyageur. C'est la zone du Danube, aux
forêts de saules noueux, impénétrables au premier
aspect, qui cachent cependant les clairières où le pé-
cheur nettoie et rif >de «ies < il pré-
pare le produit de ^ i (s. Dans ■ ,. i. cette
lone franchit le fleuve, s'étend sur la rive droite, à
travers un pays sans maître ayant un passé plus
BASB TERRITOIUAUI DR UA NATIOM RQUMATKB 3
reculé, jusqu'aux grands lacs, k l'inextricable delta
du ^' ' ' ' r. Là, une au*" - *ion de p<^che
att . bien que \\ . qui. depuis
des siècles, accourt du Nord et du Sud pour exploiter
ces richesses infinies.
Même spectacle dans la Moldavie: on descend des
cimes nues du Ceahlau pour se trouver bientôt parmi
les vergers des riants villages et des couvents anti-
ques, dont les coupoles s'élèvent à l'improviste au-
dessus den immenses forêts. Un peu plus loin, la large
rivière du StTcth déroule majestueusement ses eaux
claires parsemées d'Iles nombreuses: là, les coteaux
ba! soleil se recouvrent chaque année de sph-n-
did^ ssons; entre les pâturages qui nourrissaient
jadis une des plus nobles races de bétail de l'Europe,
celle des bo-ufs au large Tront et aux puissantes cornes
droites, miroitent les étangs créés par les anciens
boïars pour nourrir, pendant les longs mois du carême
ortî leur « cour » et leurs |- Au delà du
Prti \ eaux lentes, enfin, qu < ut de hauts
rivages argileux qui le cachent presque aux regards,
se ■'■ î.- la Bessarabie, avec ses ondu-
lai es au pacage. Cette région peu
peuplée, qui conser\'e partout le même caractère de
la * : ''t le souvenir de l'ancien « désert », con-
du lands lacs du Danube, pareils à ceux de la
Dobrogea voisine, et au •• liman » du Dniester; là se
termine la pri" • 'té que les maîtres du pays au
xiv siècle s'en issaient. dans leur titre même,
d'avoir mené« » de ia montagne à la mer •>.
L'Olténie, à tant d'égards pareille à la Serbie voi-
sine et ayant des similitudes avec les territoires qui
tendent, non plus vers la mer de Hyzance. mais bien
vers celle de Venise, offre de nouveau cette douce
succession de tous les climats, de tous les aspects et
de tous les produits, depuis les hauteurs solitaires du
4 HTSTOinK DRS ROUMAmS
Pni
din;
e\ du Romanati. et à ces pêcheries du Danube, qui. au-
tour d- lourd'hui »«• de se-
cond oi . au Mil' -
Semblables par cette harmonie de nuances, tes di>
verses zones des r»' ' mphiquc t ' ont l'Ol-
ténie, la Valachic, A la Ti . .nie avec
ses annexes, sont cependant séparées par de profon-
des différences qui font de chacune d'elles un tout
distinct et particulier. Nous avons déjt\ dit que l'OI-
ténie se rapproche de la Serbie, TOlt, dont elle porte
le nom. étant une Morava de la rive gauche du Danube.
Mais, si entre la Valachie et la Moldavie il y a l'élé-
ment commun de cette steppe qui, comprenant tout
le Sud bessarabien, s'étend en deçà du Pruth dans la
région de Galatz pour descendre vers Braila et se dé-
velopper librement dans l'ancien « désert » de l'Ialo-
mita. pareil à l'océan des riches herbes éphémères de
la Russie méridionale, on ne retrouvera point en Mol-
davie cette molle plaine nourricière ouverte à tous
les courants de l'air comme à ceux des immigrations
humaines, invasions dévastatrices et transformatrices.
Les collines se poursuivent, s'enchevêtrent, mêlant les
lignes capricieuses de leurs vieilles forêts aux tapis
multicolores des cultures variées. Si le Séreth, le
Pruth, le Dniester ont la belle ligne droite des riviêi«s
valaques, de tontes les rivières valaques, la \'<-
dea, l'Argess, la Dâmbovita, la Prahova. l'Ialomita.
le Ruzau. descendant des montages occidentales du
pays, ne vont pas directement au Danube; elles tra-
versent la région haute du pays pour confondre leurs
vagues avec celles du Séreth, qui forme une des gran-
des artères moldaves. Sur la rive gauche, la mcmc
rivière ne reçoit que les eaux mal assurées du Bàrlad
qui. après un circuit disgracieux à travers des vallées
BASE TERRITORIALS DR LA NATION ROUMAINE 5
tourmentées, paraissent devoir s'engloutir dans leur
terre j.i ' ' " " Le Pruth i'
eaux \>.' ijia. sur la ri'
seuls, deux cours d'eau plus importants sillonnent la
Bessarabie pou ' ' ' ' î)niester.
Pour la Tr;i ne des eaux, déter-
minant, quant au caractère d'un pays, est encore plus
diflft^rent. Malgré la séparation des Carpathes, il est
évident cfue la partie méridionale de la province,
avec son « Pays de l'Oit i>, son -< Pays de la Bàrsa »,
son district de Sibiiu, appartient k la Valachie. où se
trouve la source de ses rivières: les princes valaques
ont réi iites fois à l'avoir, de même que ceux
de la M, ont cherché, par la Bucovine et la Po-
cutie. à atteindre les sources mêmes du Séreth. du
Pruth et du Dniester. Les autres grandes rivières ce-
pendant, le Muras, le Somes, les trois branches du
Cri», les cours d'eau du Banat de Temesvar, vont, du
côté de l'Ouest, se jeter dans ce grand fanal collec-
teur de la Theiss, qui rriri«liir:j !«• T):imil)»> d*' fiiiiff^
ces eaux confondues.
A tr:.
une lai..
logue qui flxe les éléments constitutifs d'une chaîne
de ■ ■ 'où
cou : 'lui
où elle arrive à dominer le paysage, ce qui est essen-
tiel au point d. t ' ' îiie « humaine », et
surtout de la , , i«-. On ne le trouve-
rait certainement pas en Galicie, où les hauteurs se
succèdent snns toutefois que le pays tout entier leur
appartienne. t:int au point de vue de l'anpect de la na-
ture que di's (onditions humaines dans les domaines
économique mx et politiques de la vie. Le pays et
l'homme v'. t bien h la montagne qui borne à
l'Ouest la grande plaine marécageuse de la Pologne.
6 'tf •^'>MtR DM ROUIfAfNI
dont le nom !li^niiic " payii de la plaine ». rnnU ce
n'est p:i!t la montagne qui crée den limites et qui donne
une pliviiionomie h tout ce qui %e trouve dunn son
ombre, pr' et inspiratrice en mi^nie temps.
Il en c ■: .;u..tment dès <(ue les Carpathes attei-
gnent ces régions qui représentent la patrie ancienne,
tr «le la rare roumaine. is
ses . lussi bien que danr. les p : s
qui se creusent entre les dernières ramiflcations l>oi-
secs de la montagne. Observez d'abord leurs no n
la citadelle des Carpalhes, qui recouvre toute la i •
gion de ses lignes, qui sont comme les circonvolu-
tions r î ' r et d'i. ■ * ■ ii
jadis I . . • uvahisM .
pables de coloniser à eux seuls la forêt, « la forêt du
roi »; elle correspond en Orient .'i la grande forêt de
la Serbie, allant de Belgrade jusqu'à Niche et qui dé-
vora, par tous les dangers qu'elle recelait, un si grand
nombre de croisés, ou bien encore à ces grandes forêts
de rOcrident, la Hercynia de César et de Tacite, la
forêt des Ardennes du moyen ûge, qui recouvrent le
plus souvent les replis montagneux. Ce qui se trou-
vait au delà fut pour la latinité médiévale une « Tran-
sylvanie »', terme qui se f^énéralisa ensuite, compre-
nant la province tout entière. l)e ce •• pays au dolà des
forêts »), on descend dans la « Transalpina •>, la Hava-
salfôld des Magyares, « le pays au delà des Alpes ».
Pour les Roumains de la Moldavie voisine, de création
plus récente, c'est la « Muntenia ». le « pays de la
Montagne ». où habitent les « Mon !s »>. le»
• .Munteni ». Lorsque le patriarche i:. ...ance créa
au xtv siècle un archevêché pour les Roumains de
celte Valachie. le nouveau siège reçut le titre de
« Hongrovalachie et des plateaux montagneux »
(zXtrfTt'ti, roum; plaiarO. Le Nord, riche en forêts,
de cette Moldavie elle-même, la future Buco\ine de
BASE TSRRITOniALE DS LA NATION ROUMAINE 7
l'usurpation autrichienne en 1775. apparaît pour la
prcni - dans la chr- naîse sous le nom
'le <- 1 iv », les " iji ,
Len bergers, dont l'activité errante à travers les val-
If. ■•• • • • ],^^ jjQiij 1^
j»i il que ses
pins et ses mélèzes. Les premières formations politi-
qii ' ' *' !os à l'ombre des
hu >. non point dans
le but de pouvoir s'enfuir par cette porte ouverte
du côté de l'étranger, mais bien p' — — 'ter l'envahis-
seur aux premiers pas qu'il j tenter con-
tre les défenses naturelles de ia frontière. Là,
s'éle\'èrent les premières églises en pierrt- et les pre-
miers châteaux autour desquels se rassemblèrent les
h is des marchands. Même en ce qui concerne
' ...iure. il est prouvé aujourd'hui qu'après l'in-
|4ion de l'œuvre civilisatrice des Roumains, elle
reprit son activité sur les hauts plateaux à l'abri des
invasions.
Cette terre roumaine, la montagne l'entoure, l'em-
brasse de tous côtés. Trois grands boulevards de ro-
chers la surplombent, et chacun d'entre eux sera le
berceau d'un Etat. Il parait bien que l'ancien Voévo-
t] ' -ur à l'invasion hon-
g! jn centre et son point
d'appui dans ce massif du Bihor qui domine la pro-
vince à l'ouest. Ce fut d* ' n lu
Jiu que partit la vie pou ^ ^ ^ .<-
laque. Enfin, sans la Bucovine et même sans ce comté
m * -ux du >T n est la continuation
o« lo et au il n'y aurait pas eu
la dynastie moldave, condition déterminante pour la
création du pays lui-même, î *' * î ' 'il pas
formé le second des Etats li fut
l»endant longtemps le plus vigoureux. Jusque dans la
8 lll<tTfllltF Di'H Mm-MAtNH
1^ ' c. (|ui n't'xl i\iw la iuoltic •• «'c
III .1- siulcmci>t. de l'ancleunt' M. ..a — :...ie,
s'il n'y avait pas ces lignes de collines qui. par lu pro>
teolion «le leurs forints el par la ! ' de leurs val-
lons arroses de lentes rivières en: - ment la fécon-
dité du sol. tout ce territoire serait resté un simple
onin 'ri de la j^rnu ' *
I.ii ^, » lellenicnl fj iimain
qu'elle n'a pas de nom distinctif. Peut-être s'appclait-
elle jadis le •« Caucase ", mais ee nom mi^me ne si-
gnifie pas plus que celui des ■ Alpes >», car il
vaut autant que le terme commun de •• rocher ". Cett
lî livres d'école que les jeunes Roumains ap-
I' i le nom des Carpathrs: pour If pctiple. r'e^t
tout simplemei¥t: « Muntelt
Pour avoir le sens eomplft ne i iimu- <;t'(»;;r;ij)iii(|uc
de ces reliions, il faut tenir compte d'un autre élé-
ment qui est la rivière, le Danube, car c'est de la réu-
nion de cette montagne et de cette rivière que dérive
le caractère unitaire d'une réj/ion dont les apparences
sont si variées.
Il n'y a pas qu un >fui l>;iiiuiir. n \ m .1 jMii>iiurs,
au moins trois. Le rapide cours d'eau qui Jaillit des
profondeurs de la Forêt-Noire garde pendant long-
temps le caractère romantique d'une rivière alleman-
de. .Même lorsqu'il porte des vaisseaux de jurandes di-
mensions sur ses ondes accrues par les torrents des
montai^nes, il n'a pas encore l'aspect imposant d'un
fleuve. A Vienne, il ne domine pas encore la grande
qui. malt^ié « ses ondes bleues », n'en tire aucun
1ère. Entre l'ancienne Bude historique des rois
;irs et des pachas turcs, leurs successeurs, le Peslh
la ville parvenue, aux maisons de pierre dé-
..'-■ style, il est déjà souverain; ses ponts gigantes-
ques sont le principal ornement et la plus grande œu-
vre technique de la capitale hongroise. Malgré ces di-
BASE TBRfUTORUUS DB LA NATION ROUMAINE 9
mensions qui font déjà du Danube une des principales
artères fluviales de l'Europe, il lui manque encore cette
t" •Ile il doit
d . ^ s du com-
merce européen, mais, en même temps, l'immense
'''■. . ..... I"' - i 1 i ■ ^ ;i i ! \ ie
entière d'un pays, la défense et l'appui, la suprême
beauté et le pUi ' il d'une race qui voit
dans ce fleuve in >mv une figure légen-
daire d'ancêtre et comme un symbole d'avenir dans
lesquels ■• --nt so fondre tous les souvenirs d'un
passé \< . . les apports d'énergie d'un présent
agité, pour s'harmoniser, enfin, pour s'apaiser dans
le sort même de la nation.
Ce caractÏTe. le Danube ne l'a pas même au moment
où, à travers la puszta hongroise, il risque hardiment
sa grande cascade vers le Sud. Sur les deux rives,
ce n'est pas la plaine qui est déterminée par le fleuve,
mais bien le fleuve lui-jnême qui se perd, malgré ses
1 .iM.-s proportions et la riche constance de son cours,
l'immensité d'une région que rien ne vient dé-
finir. Pour être le Danube célébré avec enl! ne
par le^ poètes et profondément aimé par l..v.v...;ue
des peuples naissants, il lui faut le voisinage de la
»" "• qui. après l'embouchure de la
I . iloit l't'ti i|;iiis Ii-s il/'Hl»'». v<iinlir»'v. <Îpv
Portes-de-Fci
A ce point la. une icl.iUoii in upuc s'clablil
entre le grand flcu\f et la moiil ^ laas la profon-
«leur de laquelle jaillissent les rivières qui viennent
î"! leur jonction, ««i hic du ter-
ir par la race i lite l'unité
même, qu'il ne faut pas chercher ailleurs, de ce ter-
ritoire. Par ces ; aussi, les C s se met-
tent en contact .,ael avec le 1> et le Da-
m lltSTOIMl on ROUMAIN!
nube M)uligne de son cours les dernières lignes des
collines qu'il» projettent vers le Sud. Jadis le lleuve
suivait, pour se jeter à la mer. cette dépression de
terrain que marque aujour<rhui la voie ferrée de Cer<
navoda à Constanza. La Dobrogea entière était coin-
prise dans Ui mcmc formation géographique que la
Valachie et la Moldavie aussi, avec laquelle elle tend à
se réunir encore par les hauteurs des environs de
Galatz. Aujourd'hui, le nouveau cours évite les an>
ciens plateaux, d'un caractère tout particulier, de
cette Dobrogea pour suivre la dépression de la plaine,
les bords de la steppe et les dernières prolongations
des champs fertiles qui s'étendent aux pieds des rami-
fications de la montagne.
Si la rive droite du Danube panonnien, celle qui
appartient, regardant la steppe, à la race magyare,
manque presque complètement d'affluents, comme si
l'empire du fleuve ne devait pas s'étendre dans cette
région de vastes plaines la rive droite, balcanique, ne
reçoit que quelques rivières d'uiv 'secon-
daire, qui ne peuvent être compai i >, avec
tout ce qu'elle charrie, ni à l'apport, tout à fait excep-
tionnel, de la Valachie et de la Moldavie. Plus rap-
prochés du lleuve, en ce qui concerne leurs cimes et
leurs collines, les Balcans ne présentent pas cette
étroite communion qui distiufîue les reJations entre
les Garpathes et le fleuve, la lisière de la plaine ({ui
s'intercale entre la ligne danubienne et Jm hauteurs
est de beaucoup moins étendue et incompar ' ' ni
moins fertile. Si le Danube joue un rôle i. ut
dans la poésie épique des Serbes, il n'est pas pour les
Bulgares le grand fleuve tutélaire; leur folklore le
mentionne plus rarement et d'une manière plus fu-
gitive que celui des Russes eux-mêmes. Les Etats rou-
mains, partant de la montagne, se sont empressés
d'atteindre ce» rives et, par des efforts rapides et heu-
BASE TERRITORIALB DE IJi NATION ROUMAINS il
•~:jx, ils sont arrivé- i >\ii -.ai-.ii .lU bout de quelques
mes d'années seulement, la Bulgarie politique au
contraire, partie de la steppe russe pour arriver au
delta danubien, n'a pas lardé à quitter ces régions dé-
sertes, incapables de fournir aux guerriers leur proie
journalière, pour chercher à travers la péninsule la
voie de l'impériale Byzanc*. l^e Balcan lui-môme reste
seulement un réduit inaccessible pour abriter les ban-
des en qucte de pillage: quant au fleuve, il ne signifiait
pour l'ambition des khagans bulgares et de leurs suc-
cesseurs, les Tzars de langue slave et de religion or-
li qu'un point de dép ' " ■ et ou-
i' me par roux qui ne r- nqu^te
du Bosphon
Ce fleuve, lo^ «irecs l'appelaient istros, dou le nom
de la ville d'Istria près des embouchures; les Rou-
mans - Dunàre » nom qu'ils ont emprunté à leurs plus
" * s ancêtres, autochtones de ses rives. Parmi
res que célèbrent les chants populaires, il i>'y
en a pas une qui puisse lui être comparée dans \a
vénération profonde dont l'entoure la race. Sans le
Danube, on ne pourrait pas s'imaginer les destinées du
peuple roumain, pas plus que sans les Carpathes eux-
mêmes. Si la montagne a abrité les générations me-
nmcéem par de continuelles invasions, le Danube a rav
semblé les éléments ethniques qui devaient produire
par leur mélange la nationalité roumaine. Sans ce
qu'a fourni le fleuve, les Carpathes auraient, comme
les Alpes en Suisse, offert seulement l'abri assuré
de leurs vallées aux groupes de races différentes
qui auraient cohabité sans se confondre, alors que,
sans les Carpathes, il y aurait bieti eu un mélange,
comme dans les Pays-Bas aux bouches du Rhin, mais
sans que la nouvelle formation nationale eût pu trou-
ver dès le début les contours fermes et permanents
d'une fondation politique.
CHAPITRE II
Formation du Peuple Roumain
Populations primitives. — D' s
plutôt au hasard, sans plan d' ^^ juc
hier encore, sans une étude approfondie des résul-
tats obtenus, nous r< ut sur les « ' .k de
la première civilisatiui: une. On a li > j)0-
teries grises et rouges, parfois d'une facture assez dé-
licalc et d'aspect varié, — il y en a de pti '
des statuettes représentant grossièrement d*
des ustensiles en métal, des armes de bronze d'une
forme élégante, très semblables à celles mises au i îi^
dans les fouilles pratiquées tout au fond de l't
dent. Des ornements, qui montrent une grande habi-
leté de la part de ces artisans antérieurs à l'époque
historique, compliquent le pommeau des épées, alors
que les vases offrent déjà ces lignes biseautées qui
caractérisent toute une époque de l'art préhistorique.
De riches matériaux, conservés aujourd'hui à l'uni-
versité de Jassy, moins ceux qu'on a eu l'imprudence
de " prêter " à Berlin, ont été trouvés à Cucuteni, près
de re même Jassy, dont l'emplacement parait avoir été
entouré de tout un groupe d'établissemei^ts assez peu-
plés, violemment détruits au cours d'incursions, dont
l'histoire n'a pas gardé le souvenir, car c'est le feu qui
a mis (In à ces plus anciens foyers de la civilisation
naissante. Nous nous souvenons d'avoir vu toute une
belle collection particulière venaDt des montagnes mol-
FOUMATION Ol' PKtPLt liOUMAl.N
13
daves, de la région de Neamt, près de Pialra. Dans le
district de V ' i. près de Valenii-de-Munte, on a
été surpris il uvcr. pres<[u'à tleur de terre, grâce
j)eut-être à une œuvre d'excavation antérieure, devant
le plus riche trésor d'armes de bronze qu'on ait dé-
terré jusqu'à aujourd'hui. Ailleurs aussi, des ama-
teurs ont recueilli des pièces isolées, comme celles
qui formaient, vers la moitié du siècle dernier, les col-
lections fort mélangées et pleines d'objets faux, d'un
l> "liac ou d'un Papazoglu, et qui furent réunies plus
laid au musée archéologique de Bucarest.
Kn général, le peuple n'a pas perdu le souvenir des
pliires où ont vécu les précurseurs de la vie roumaine
acluelle. M les signale en parlant des traces laissées
par les « géants » {uriasi), par les « Latins » païens
I rtini) et par les < Juifs •> (Jidovi), ce qui parait dési-
gner plutôt les Khazares de la steppe russe, peuplade
de race ouralo-altaïque, comme on sait, mais de religion
iuivo. Ces vilUiges préhistor' i s,> trouvent le plus
souvent sur les hauteurs, (<■ ^ ^ plus tard par des
monastères et des citadelles du moyen âge historique
.! laire désigne par le terme emprunté
de <- cetatui •• (citadelle). Quant
aux nombreux tumuli visiblement artificiels, ils cor-
respondent souwnt aux kourgans russes; ils contien-
nent, avec de la poterie, îles armes, des restes d'ani-
maux sacrifiés, de la cendre et des squelettes de rois
et de chefs barbares; certains recouvrent d'anciennes
liabitalioiiN; (i'.iutus iiaraissent n'avoir servi (|ue pour
sij^naler par des feux d'avertissement le jiassage des
hordes qui, jusqu'au Vf* siècle envahissaient pres-
qu'annueliement le pays.
Les restes humains trouvés éventuellement dans les
anciens foyers préhistoriques n'ont pas encore été sou-
mis à une étude attentive; l'anthropologie n'a pas fixé
d'une manière tant soit peu précise les caractères phy-
14 MISlDinir. I1IL& noDklAINI»
Hiques (le cetto raie Ihrace. dont nous parlerons bientôt,
à la civilisation trè.s avancée de laquelle on a rattaché
les témoignages d'art trouvés ù leurs côtés. Etaient-Us,
ces ancêtres, pareils ou non aux hommes < '•!-
taient à la même époque les vallées de la 1 aie
Balcanique et qui s'étendaient sur toute la vaste ré-
gion comprise entre l'Adriatique, le Pont Euxin et l'Ar-
chipel? Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a de sé-
rieuses raisons de croire que cette civilisation primi-
tive est thrace; d'autre part, il est certain que d'un bout
à l'autre de la région carpatho-danubienne formant le
territoire unitaire sur lequel se développa plus tard la
race roumaine, il y eût, à l'époque néolithique, une
civilisation primitive d'un caractère parfaitement uni-
taire (1). Dans la couleur, les ornements et la forme
des vases, dans la iwture des ustensiles, dans l'aspect
des armes de bronze, dans la construction des tom-
beaux, dans le caractère et le groupement des habita-
tions, il n'y a aucune différence entre les objets trou-
vés sur le rebord des Carpathes moldaves ou sur les
collines de la Prahova.
A l'unité de la terre correspond ainsi l'unité de la
première race manifestement autochtoiM;, du moins
en ce qui concerne ses premières manifestations artis-
tiques.
Influences scythiques. — Si la montagne pouvait
servir de refuge aux habitarvts déjà établis sur cette
terre, les rivières fournissaient, en commençant par
le Danube lui-même, des voies naturelles d'invasion,
car elles amenaient, attirés par le voisinage des riches
(1) M. Jean Andricscsco, dans un excellent ou\i:iiic intitula
Contributie la Dacia tnainte de Romani (Jassy :>e
plus loin: il parle dans sa préface de l'unité i ir-
patho-balcaniquc; il constate que ses caractères sont ira mi^
met dans la Moldavie orientale et en Transylvanie ictJbid.,
p. 73).
poRM^TioN nv wm.r. nouMAîN 15
contrées ou tietirissciit tom ;i tour la civilisation grec-
que et celle des Romains, des étrangers en quôle de
nouveaux séjours ou des exploits nouveaux.
Ils devaient venir du Nord et de l'Ouest; le Sud ne
pouvait fournir que des paysans en quête de terres
vierges, ou bien des fuyards chassés par quelque in-
vasion. A l'Est, il y avait la steppe infinie, qui appar-
tenait aux Scythes.
On peut affirmer aujourd'hui que ce peuple, décrit
par Hérodote dans son aspect et dans sa légende,
n'étaient qu'une confédération éphémère de peuplades,
réunies pour la gloire et le butin sous la conduite
de quelques familles iraniennes, qui étaieivt parvenues
à fonder des dynasties royales au dire des Grecs. I^-es
guerriers étaient pour la plupart des Touraniens au
teint foncé et au corps trapu, pareils aux Turcomans
de l'Asie centrale et aux Tartars d'une époque posté-
rieure, ' """S avoir dévoré le fruit de leurs incur-
sions d' ices et du tribut fourni par les peuples
soumis à leur autorité, se nourrissaient du produit de
•eaux. Leurs dép" '" ' s*ex-
, ir ce besoin de . . 'elle
oscillation entre les demeures d'hiver et les champs
• , • ^yj. Ijj n^^ij^e ligne des puits et des
lé, qui forme le caractère distinetif
des peuples pasteurs.
Dans cfv ~ "tions, lis purent tuen donner :iu\
grandes ri\ < la steppe, des noms empruntés à
la langue touraoienne. Nous n'oserions affirmer que
le nom iVIstros est thrace et que celui du Danube, la
Donau des Germains, la Douna des Turco-Tartares,
vient des anciens Scythes bien qu'ils en aient dominé
pendant longtemps les embouchures. Nfais l'ancien
nom du Dniester, le Danastris grec, est Tgras et dans
cette forme hellénique on reconnaît la Tourla ouralo-
nltaîque. qui s'est conservée, du «•"-«" '?'!n*^ '•' langage
16 ItlSTOlRIl Dm ROUMAINS
(les Tartarrs et den Turcs d'une époque plus récente.
I^ Pyrrtat d'Ili^rodote est pour les Roumains le
Pruth. que li*s Turro-Tartares \u ikl Brout; le
carartôrc asiatique du nom est iii' >lile. On peut
admettre une mOme origme pour le Tiaranlos men-
tionné dans les textes grecs du vi* siècle et qui '
parait-ii bien, le Siretiu roumain, le Séreth des SI..
On se demande enfin s'il ne faut pas mettre dans la
même catégorie deux des grandes rivières de la Vala-
chie, l'Arges, auquel on a voulu cliercher un corres-
pondant arménien inadmissible, et l'Oit, le grand OH,
qui sépare la Grande Valaehie des cinq districts de
son OIténie.
A la fin du vi* siècle, le grand roi perse, aux des^
hardis, Darius, fils d'Histaspès, conduisit une c\jm
dition destinée à détruire la masse toujours mena-
çante des barbares danubiens: combinée avec le con-
cours des Grecs, cette attaque se perdit dans la steppe
sablonneuse dépourvue d'eau et de pâturages. Elle ne
délof^ea pas même les multitudes scythes de leurs
établissements au-<lessus du Danube, où se trouvait un
de ces points stratégiques fortifiés qui sont dans la
tradition de la race. Car, au-<lelfi même de la st-
qui était la Scylhie proprement dite, sur ce tcrritu..
de la Dobrogea, particulièrement propice aux pâtura-
ges tardifs, elles arrivèrent à fonder une nouvelle Scy-
thie, une Scythia Minor, dépendance durable de leur
ancien empire (1). On y retrouve plus tard, vers le
VI' siècle avant l'ère chrétienne, des rois qui portent
les noms pittoresques de Charaspès, «le Kanytès, de
Tanoussa et dont les monnaies d'argent, fra|>pée$ par
les Grecs, portent les insignes des monnaies helléni-
tft • Petite • entre les pro-
ux Russes et aux peuples
l'etUe Russie. Grande et
(1) c
le
i'.
« Grande
vinres -
<!ii tf%tc.
des Carpi
itlic» ri
lacliie.
t liu 1
dan>
Petite Va
,,
; , '. ,
FORMATION DU PCCPL8 ROmCArV 17
ques e\h- ^ 'les
dieux de >i<n*
\icloire», dont le r«"ile. invariable et monotone, con-
sistait à se f 1 * ■ "' ' ' I côte
et par les mj _ à la-
quelle ils astreignaient leurs quelques milliers de pas-
teurs t bandits!
Vui I de |)eup1ades qui n'arrive pas &
constituer un peuple ayant une vraie patrie ne peut
exercer :i' " <•. Si le nom des grandes ri-
vières s". ; ce territoire roumain aussi
bien qu'en Hussie. dans le langage des nations stables
<|ui y habitèrent plus tard, il Taut attribuer ce fait
seulement à ces établissements, d'importance plutôt
lire, h ces camps de résidence temporaire des
luts » aux allures de khagans qui gardaient les gués
de ces rivières, gués d'une importance exceptionnelle
pour toute nation migratoire vivant de ses troupeaux.
La population primitive dut leur abandonner ces ré-
gions où ils empêchèrenl tout établissement de con-
currents et toute infiltration des vassaux qui venaient
V nri'-vi'iif i>r l»'i|t v i»fTr:imIi>v »•! l«-i|r hOUiniage.
Kniro la < ^^' ' ' '' >n des
>.irmates, avec h i\, les
tioxolanes et les Jazyges. à l'Est et h l'Ouest, il n'y a
.1IT ' ~ ii«r ...:•!. ^jj mêmes masses tou-
r.. N une autre classe domi-
nante, proliahlemenl iranienne aussi, pour enrichir
'■'•• 'oire des migrations et des invasions d'un nou-
nom. Celui de nmrha, sauvé par Ammien Mar-
n-llin. est évidemment turc, dans l'ancien sens du
mut.
On retronvp r**^ Sarmntes dans les sources antiques
sur l'en»! I»é précédemment par l'ex-
pîuisioM Mji., , .j.. ..s maintenaient sans pouvoir
18 IlIffTOinR DRU ROKMAINA
In continuer, puisqu'elle avait atteint %e% dernières
limites. Mais à une époque plus récente, il est évident
que des peuplades difTérentes. d'une origine plus no-
ble, vinrent grossir leurs ranj;s, de mt^me que, plus
tard, des Germains, en grand nombre, vinrent se ran-
ger sous les drapeaux d'Attila. »1' i de^ •■ Huns »
au même litre que les gucrriti ;'Ure race asia-
tique du terrible khagan. Nous croyons que les Slaves,
qui dès lors étaient un peuple essentiellement agri-
cole, parurent pour la première fois dans Thistoirc
comme un des éléments de la confédération sarmate.
On ne pourrait pas s'expliquer autrement le carac-
tère slave, très ancien et tout à fait particulier,
de la nomenclature {«éographique en Transylvanie,
car il est certain que cette nomenclature ne peut
être rattachée au passage, plutôt rapide, de l'in-
vasion slave du vi* siècle de l'ère chrétienne. Nous
nous demandons même si le nom de Sarmisagethusa.
la Capitale des Daces, qui leur succédèrent dans cette
même Transylvanie, ne conserve pas dans sa racine le
souvenir de ces Sarmates. première couche superposée
aux autochtones.
Influence gailoise. — Ce territoire carpatho-da-
nubien ne fut pas inconnu à la race puissante et éner-
gique, toujours en quête d'aventures guerrières, à
travers les terres lointaines, qui est celle des (îaulois.
Leurs peuplades étaient depuis longtemps maîtresses
des Alpes italiennes, même après avoir perdu la vallée
du Pô, leur Gaule cisalpine, que leur prirent les Ro-
mains, Elles durent donc, à un moment donné,
déboucher sur la Pannonic, avant qu'un 'chef entrepre-
nant ne les jette à la conquête <le la Péninsule des
Balcans, qu'ils traversèrent jusqu'aux Thermopyles
• ■ tout au bout, jusqu'^uv -Is du Ténare,
l> ' T se perdre parmi K's ! >»nH thrares de
roRMATioîf Dr rrtPt.F roimain 19
l'Asie Mineure, dans eetie iniKiiKi <jui conserve cn-
lore leur nom. Alors que les Scythes cl les Sarmates
ne connai»!>aient que les camps pareils aux rings ulté-
rieurs des Huns, ils étaient, comme ^ntants
d'une ancienne civilisation supérieure, . re dès
le début par la rolunisalion grecque de la Méditerranée
occidentale, des fondateurs de « cités ». groupant des
villages autour d'une ville fortifiée, capitale de la ré-
gion. On peut suivre les migrations de ces nou-
veaux hAtcs du Danube, seul cependant, et non
de ses affluents, à la trace des noms de localité)»*
' ;ient d'or Uiquc, comme le Sir m,
ij inl la n L-, . „;iche >», la Belgrade iL .:..i.es,
comme le Soviodunum du delta danubien, l'Isaccea
' n. corre"^ t au Noyon français, com-
n rum, la ^ des Grecs, dont la racine
se rattache aussi au Dun, caractéristique de la civi-
lisation gauloise.
Influence grecque. — A côté de ce? influences
barbares, qui contribuèrent peu à la formation de la
nation roumaine, vint s'ajouter une grande influence
ice , celle des Grecs, Ioniens et Doriens; an-
V .>mpagnons des Perses de Darius, colons venus
d'Asie Mineure, ils vinrent chercher dans ces froides
régions ties les peaux, les poissons, les
fourrure:.. .. „ is. surtout les grains, le vin, la
laine, le miel, la cire, l'or et l'argent des mines de la
•^ des régions intérieures; là les at-
, ics qui, grâce à ce voisinage, de-
vinrent des clients, peut-être même des imitateurs de
l'art grec, et |>;t ' dans les belles et riches
cités établies pi .iteurs suf les cotes de hi
Mer Noire, de leur Pont Euxin. des « mi-Grecs », des
" .Mi ' " ics ».
I) < e à lu lisière caucasienne, Ifurv. rii<*v ré.
20 HISTOIRE DBS ROUIIAINS
publicaines détenaient tout le commerce de cette Scy-
thie abondante en matières premières. I<e territoire
qui nous occupe vit s*t'tal>lir, sur de» einpl ts
favorables à la navigation, des centres coniin j-
sopolis (près de Balcic). comme Kallatis la dorieiine
(près de Mangalia). coinmc l'ionienne T' ••s de
Constanza, comme lialnujris, près des ,. lacs
comme l'importante cité du Danube, VlatrUi du delta,
comme Tijras, la cité du Dniester, sur le «■ "'
sans compter des étalilissements d'une impoi ^
condaire qui suivaient le même cours du DanuLn-,
tel Axiopvlis, près de Cerna voda.
Mais ce monde grec nouveau, resta toujours, par la
religion aussi bien que par le mépris naturel de l'Hel-
lène à l'égard de toute espèce de barabares, étranger à
l'indrgène de l'intérieur. Pour les marchands, c'étaient
de simples clients, plus ou moins incertains, mena-
çants ou avides, ces pâtres qui les nourrissaient du
produit de leurs troupeaux, ces agriculteurs « Scy-
thes », vassaux de la race dominante, qui cultivaient
les légumes et les céréales, ces routiers aux grands
bœufs lents et aux petits chevaux agiles, poilus comme
ceux des Cosaques et des paysans roumains eux-mê-
mes, ces Agathyrses transylvains, qui tiraient l'or des
anciennes mines primitives et vendaient la cire et le
miel de leurs abeilles. Mais aucun contact intime
n'existait entre eux. Entre les négociants du littoral,
qui vivaient sous leurs chefs républicains, leurs « hel-
lénarqucs », les prêtres, serviteurs des dieux tutc-
laircs, et les « rois » de la steppe, les relations res-
semblaient à celles qui existèrent, des siècles plus tard,
entre les Portugais de Goa et les rajahs de l'Inde au-
tochtone. L'art grec seul, en s'accommodant aux be-
soins de la vie scythique, gagna à ce voisinage un
aspect particulier et original, où des conc< ''S
neuves se mélangent d'une manière in à
FORMATION OU PEUPLE ROL'MAIS 21
l'iii icre. souvent sans en fausser le
car
Il faut ajouter aussi que le marchand grec ne parait
pas avoir jani;i'
bares. il les ai , -
temples et des monuments de sa civilisation impo-
sai! ' ^ / it-nt, il y aurait dans Hérodote d'autr.--
ren >. plus réels et plus précis, moins fulm
leux sur ces peuples que quelques centaines de lieues
seulement séparaient de leurs établissements. Nulle
trace, sur ce territoire, de l'inlluence transformatrice
qui. partant de Marseille, de Nice, d'Agde, d'Hyères.
introduisit en Gaule des idées politiques supérieures.
Li:s li.LVRo-THRA(.KS, - Jadis, non seulement le
territoire carpatho-danubien, mais aussi la Péninsule
des Balcans entière et ses annexes, qui sont les Iles
de l'Archipel et les vallées de l'Asie Mineure, furent
la patrie des Thraces et de leurs frères, les lllyriens;
ces derniers, situés aussi sur le littoral italien, avec
de^ 'Ications qui, à travers les Vénètes -illyriens,
s'ci it jusque dans le Tyrol, bordaient le pour-
tour entier de la Mer Adriatique dont, comme pirates,
ils furent pendaiU longtemps les vrais maîtres. Les
deux nations étaient étroitement apparentées: les
quelques noms communs qui nous ont été transmis
et la nomenclature géographiques, montrent une gran-
de similitude entre les deux langages; il fut donc pos-
sible aux Albanais, descendants authentiques des Illy-
res, d'adopttT '•• .Hm'-'I • H. ,•.,-•-• <ju'ils parlent
encore.
Mais leur manière de vivre était différente. Quand
il ne gagnait pas sa vie en écumeur de mer, ce ({ui
amena des conflits avec la marine naissante des Ro-
mains et finalement la conquête par eux de ce littoral
adriatique, l'IUyre était pasteur dans la montagne.
22 HISTOIRB DBS ROUMAINS
tout comme rAlbanais ou Skipétare (1). qui rontiiuie.
avec le môme sang et sur le même territoire, la tradi-
tion «i< '" > el den '
de l'an ^ i i aile, le i
ne dominait que rarement la côte, cédée volontiers
aux Grecs enii iits et nî ' u- borna pas son
activité au pu II ic ses ti . iv. Dès le début,
il apparaît comme ayant dépassé la phase de la trans-
humance; c'est un {>euple solidement établi sur la
terre qui est devenue, dans le vrai et le grand sens du
mot. sa patrie. Les traces du clan pastoral subsistent
encore, et l'on parle des groupements formés par les
Odryses, les Gètes, les Daces, les Crobyses, les Tri-
bailes, les Sabires, etc; mais le clan s'est élargi jus-
qu'à devenir une section territoriale bien déterminée
et ces sections se confondent de plus en plus, non seu-
iemont dans une unité économique, mais aussi dans
l'unité nouvelle d'une vie politique commune. Pour
fortifier encore ces liens, une religion nouvelle surfil
k répoque historique, ayant son prophète, Zalmoxis,
ses grands prêtres, comme Décénée. ses autels sans
doute, ses cérémonies qui réunissaient les rameaux
du même arbre national; cette religion enseigne l'ànie
immortelle, pratique le culte fanatique de la mort,
du rêve inassou%i des sacrifices suprêmes; eUe de-
mande aux héros leur vie pour sauver le peuple des
malheurs qui le menacent, et ils meurent en souriant
sur la pointe des lances qui les reçoivent après qu'ils
ont élr " 'très. On
s'est «I II 1,1 . qui fut
transmis aux Hellènes, et une purification générale
a créé comme une nouvelle Ame à la nation qui attend
déjà de l'énergie dace un chef, un roi, à la manière
(I) Falk et «kip, aeopuluê, rocher, sont les racine» des deux
noni5. dont le dernier meul rst porté pnr le pcurIc.
rxiiteAiio^ i,^ l-EUPLE ROI MAIN 23
de ces rois macédoniens, de sang illyrien. qui denoè-
rent au inonde l'inoubliable figure tégendalre
d'Alexandre-le-Tirand.
Alexandre lui-nu'-nie. suivant partout, dans son désir
de royauté universelle, les traces des rois perses, avait
trouvé sur le Danube les Géto-Thraces, déjà maîtres
du cours entier du fleuve; il créa une pro\incc macé-
donienne de la Thrace, les IlljTiens de Macédoine
devenant ainsi les suzerains de leurs frères. Après sa
!, un royaume thrace s'en détacha, ayant son
...ire sur la rive droite. Lysimaque. un de ces rois
qui se proposèrent d'inviter Alexandre et les anciens
! ' •«• cootn- ' ' ' te,
par les K ce
dernier. Il était de plus en plus évident que les Macé-
' " capables de réaliser
1 i Ile tendaient les Thra-
oes de plus en plus unifiés sous le rapport national. On
peut (iécouvrir un autre motif de cette faillite de
l'idéf macrdonicnnc dans un fait d'ordre géographi-
que: il étnit impossible de rattacher à une organisa-
tion politique fondée sur la rive droite du I>anube,
rrs Triions au Nord du fleuve qui formaient, ainsi
;>i l'avons déjà dit, un territoire parfaitement
• <..... iviiialisé.
Les (fète% indépendants occupaient, dès le rV siè-
rives du Danube: ils avaient leurs établis-
; ..is importants sur celle qui est dominée
par les Carpathes. Ce sont, en définitive, ces Thraces
irs qui étaient désignés par les Grecs du lit-
Jinme leurs fournisseurs « scjthes » en fait
de grains. Si les sources helléniques rattachent aux
mêr- Massagètes. ^ l'êtes, les Tys-
sag« <lans les poini , désignées par
ces vocables, non pas on résoltat dû au mélange
entre les paslenn de la steppe et les «gricattrurs de
L'4 msTOinr t»t.% hoi-mains
la rii'ho |>lamo Mourri<-n'rr. mais bifii dt's «u-ics <!«■
rare |)res<|uc pure, dont les coutumes et les croyance»
les distinguaient si nettement des nations voisines.
C'et»t le contact des Scythes probablement qui vint
ajouter les connaissances militaires à leurs vertus
guerrières. L'idée politique macédonienne, empruntée
elle aussi aux Perses — les rois des Scythes, du reste,
n'étaient pas d'autre provenance, — contribua essen-
tiellement à faire progresser le groupement naturel
des différents éléments de leur race; les Gètes de-
vinrent eux aussi désireux d'établir une royauté con-
quérante, capable, non seulement de les défendre.
mais aussi d'étendre le territoire de la race.
L'n Dromichète. un Orole, un Zyraxès, de même
que leur prédécesseur avant l'époque macédonienne,
le grand Sitalkès, qui régnait de la Transylvanie jus-
qu'à la Mer, furent donc des rois thraces indigènes,
correspondant parfaitement aux rois scythes de la
Dobrogea, éphémères comme eux, malgré leur rapide
passage à travers les pages de l'histoire. Ils purent
se rendre compte bientôt que cette nouvelle royauté,
ayant encore, bien que des places fortes comme Gé-
nukla défendissent le Danube, son centre dans les
Balcans, ne peut ni dominer le Danube, ni s'appuyer
sur les Carpathes. seules conditions pour pouvoir se
maintenir. Il fallait, en plus, une autre énergie que
celle de ces cultivateurs plutôt paisibles, qui avaient
senti depuis longtemps le f^oùt amollissant des riches-
ses. Les rois de la conquête devaient surgir pour les
Thraces dans la montagne de Transylvanie, de même
< ' is la montagne du Pinde avaient surgi pour les
i ^. leurs frères, les rois de la conquête macé-
donienne.
Dans ces vallées des Carpathes. il y avait déjà eu
un p«njj»l»* Ihrace florissant, r.'lnî iî<>». Afntlivrsi^s, ilonl
FORMATION DU PEUPLE ROUMAIN 25
le nom porte une empreinte aussi peu scythe que la
manière de \ivre de cette peuplade. H rccueiUait le
niel et la cire de ses abeilles, exploitait les mines qui
ont rendu célèbre à toutes les époques leur province;
leur luxe est vanté par Hérodote: tous ces traits sont
s aux occupations patriarcales, d'une si rude
....^...ilé, des Scythes, même à une époque où leurs
rois, protecteurs et clients des cités grecques du lit-
toral, tr I beaux vases ;i '••*, re-
prést-nl;! ^ s de chasseurs et ., - rriers,
l'or fourni par les tributaires agath>Tses des monta-
cette p< ■ ' 'ée
.1 , 1 s peu II' lie
pouvait pas avoir les aptitudes nécessaires pour re-
prendre dans les Carpathes l'œuvre de conquête, glo-
rieuse et rémunératrice, d'Alexandre-le-Grand.
Ce rôle était réser\'é aux pâtres de la montagne,
dont le centre fortifié se trouvait dans l'angle Sud-
Ouest de la Transylvanie, aux Daces, que les Romains
appelaient Dam, Doit. 11 faut rapprocher sans doute
cette appellation du mot davae qui sert à désigner
leurs villages. On en ignore la signification, mais c'est
I t comme tous les noms des confédérations
> •^>-s et germaniques, un nom de guerre,
r à un moment donné de l'activité mi-
liUuc ti rpréter le
mot « Da. , _...;.- , :...:. ils des vil-
Li^cs, paysans, par opposition aux Gètes qui possé-
' • bien qu'à
II ., Les Pan-
noniens étaient aussi des villageois.
IV • • • • • ,f.
du I» . ,,r-
tant le bonnet de commandement (pileus)» ce bonnet
' '■* *u<'- sur If '"^ ' "'iiimblc
..^•au du II. qui
26 MlSTOlilE DBS ROUMAINS
foodèrent la nation. Un de ces anciens étalHiMemenU
aguthyrses ou sarmates. Sarmisagethusa, sise entre
les montagnes, uu ini^ ' < plus a<I '
ques formés par les < ^ nos, devii;
c'eist-à-dÀre le lieu où tls s'abritaient l'biver c4 où
ils déposaient le butin v ' ' * ■ ' îii
printemps et de l'été aux j s
danubiennes. Les villages qui en dépendaient se ca-
chaient dans les vallées transylvaines; ils de>v.
daient môme vers la plaine, mais plulùt du
occidental, vers le Banat actuel, où tls étaient pro!
par la ligne de montagnes qui borde la frontière rou-
maine de 1914 pour aboutir aux Porles-de-Fer, où le
Danube est facile à traverser.
Le plus grand des rois daces, celui qui réussit à
remplacer sur la rive droite la royauté macédonienne
de la Thrace, fut Hoirébista, nom qui rappelle peut-être
la liguée dace des Hures qui habitaient le Banat. Il ré-
gnait en maître sur tout le cours inférieur du Danube
jusqu'au delta, où des Bastarnes germaniques s'étaient
nichés dans les îles, au milieu des marécages, à Peuce
(aujourd'hui Ile des Serpents) et ailleurs. Une ins-
cription grecque de Marcianopolis nous montre que
les villages grecs dépendaient de son autorité suze-
raine et que des délégués des Hellènes allaient prendre
les ordres du grand roi barbare de la montagne. Ayant
donc gagné le droit de disposer des forces gètes, —
le nom même des Gètes disparaît à ce moment, —
il • ,'. (lej. rois scylhes, non ^ U
c<i :ile de la Mer Noire, mm d
où Olbia, dont le dieu, le Jupiter oWiapolitanus, était
le ; ' <le toutes ces m lutés hiV '
co ut sa tutelle pro. . Une n<i *
politique s'était formée sur les ruines de ki «su/
neté Scythe, au Nord du Danube, grâce au cararu'rr
même de la région, qui favorisait, qui appelait même
FORMATION DU PEUPLE ROUMAIN 27
une pareille fo" ' ♦• — i: e!, comme le peuple qui l'avait
créée était 1 d'une ci\ili8»tion autochtone
plus que mtllt'iuiire. Boirebista paraissait promettre
à ce monde oarpatho-danubicn une longue et pros-
père stabilité sous le sceptre d'une dynastie énergi-
que.
Les Daces rencontrèrent cependant sur cette voie
de conquêtes où ils étaient entrés triomphalement,
une civilisation supérieure, des imitateurs plus heu-
reux de la royauté d*Alexandre-le-Grand: le peuple
romain et l'activité conquérante des Césars.
L'EXPA.NSION et la CONQUftTE ROMAINKS. — Dès Ics
derniers temps de la République, les classées popu-
laires, qui * " ■ jusqu'alors la for<
de l'Etat, i . . émigrer. L'Italie vii
et conquérante recevait des approvisionnements de
rEg\'ple, de l'Afrique et de la Grèce; les villes accrois-
saient sans cesse leur territoire: les riches proprii-
taires. les anciens patriciens, les chevaliers et jus-
qu'aux publicains heureux se taillaient dans la r—
pagne de larges domaines, avec des villes, des jar.-
des terrains de chasse; le travail servile remplaça
relui de l'ancien agriculteur libre. Il se produisit alors
une forte émigration rurale, à l'Est, vers Tlllyrle —
et aussi, par les .Mpes orientales et les vallées de la
Save et de la Drave, vers la Pannonie, — aussi bien
qu'à l'Ouest, vers la Gaule méridionale. Les sources
hi^ ^. il est vrai, ne mentionnent pas cette ex-
pa:i lucune inscription, n'a marqué la trace sur la
terre de ces pauvres gens en quête d'un champ et d'un
abri; unr - lente, mais profonde, a donc
seule pu i r. en une population romaine,
parlant le latin vulgaire, les Illyriens et ces Thraces
qii si éphémère en Dar<
r.*» re de Dalmatie. déj:i
28 IIISTOIRB DBS ROUMAINS
& cet étrangers par les c\lé% porement romafaies crééet
sor la rive de TAdriatiqur, puis son voisin du Pinde,
T*' ou Thrnce. et enfin les laboureurs des vallées
i ijucs furent lentement submergés par ce flux
incessant d'une population qui apportait des vertus
ethnicpies supérieures, et une langue faite pour servir
de communication universelle entre ces peuples, car
on adopte une langue aussi pour ses qualités et ses
avantages.
L'apparition des armées romaines devait tarder
encore, nu^me après que la Thrace eut été annexée
(an 40 de notre ère). Les éléments romanisés transmet-
tant d'un groupe à l'autre l'influence étrangère,
étaient arrivés déjà jusqu'au Danube, où l'on a cons-
taté que la ville romaine de Drubetis est antérieure
à la conquête officielle; déjà des marchands latins
traversaient ces régions, répandant, à côté de la mon-
naie grecque dont la circulation diminuait rapide-
ment, la monnaie romaine d'argent et de bronze,
qu'on rencontre par monceaux sur tout le territoire
carpatho-danubien, avant que le besoin de défendre
les nouveaux centres fondés au milieu des Thraces
balcaniques définitivement vaincus, eut rendu néces-
saire l'intervention des légions.
Sous Auguste, la Dacie vit les aigles romaines. Les
nations pannoniennes. mélangées de sang celtique,
les Scordisques et leurs voisins, furent complètement
soumises; la grande voie de Tibère réunit le Danube
moyen aux régions de son cours inférieur: Aquineum
devint un des centres importants de l'Empire en
Orient; enfin, sous Domitien, les armées impériales,
commandées par Oppius Sabinus, par (>>rnelius Fus-
cus et par .Julien, furent vaincues par un roi d'un
talent supérieur, Décébale, défenseur indomptable du
sol ancestral et de l'indépendance de sa race, qui, tout
en reconnaissant nominalement la suzeraineté de
FORMATION DU PEUPLE ROUMAIN 29
l'Empire, se fit livrer des artisans et des ingénieurs
appelés à consolider sa puissance. L'Empire résolut
alors de soumettre à sa domination 1- ' •^ barbares
de la rive gauche. Si Trajan, le suc( - de Domi-
tien, consacra à cette œuvre la plus grande partie de
son règne et toute sa ténacité de vieux soldat espa-
gnol, c'est que l'enjeu dépassait le prix de la Dacie
elle-même; elle possédait sans doute des mines d'or
et d'argent, alléchantes pour les aventuriers qui four-
millaient dans l'Empire; des mines de sel, dont le
produit était indispensable, bien qu'on eût aussi les
marais salants d'Anchiale, aux Balcans conquis. Va-
lait-elle tout de mi^me la peine d'être occupée une
fois pour être défendue à chaque moment contre les
autres barbares qui rôdaient aux alentours? Oui, car
sans la possession de cette forteresse des Carpathes, on
n'aurait pu trouver la solution du grand problème
germanique contre lequel s'étaient usées les forces
militaires d'Auguste et de Tibère. Du Rhin, ce pro-
blème s'était transporté dans les montagnes des Qua-
des et des Marcomans; déjà les mouvements des
Goths au Nord et à l'Est du territoire thrace faisaient
prévoir une autre phase du grand conflit entre le
monde romain et le monde germanique. Trajan, en
attaquant Décébale, crut pouvoir détruire dans son
1 1 pagne préparée dans la Mésie
supérieure (101 après J.-€.), les Romains employèrent
le facile passage des Portes-de-Fer pour envahir le
Banat, le territoire des Bures, et chercher par l'Ouest
la voie de Sarmisagethusa; à Tapae, ils remportèrent
une victoire chèrement achetée. Confiant dans la for-
tune de ses armes, Décébale négocia d'abord. Pendant
toute une année, il tendit des embuscades à l'ennemi;
mais les Romains étaient résolus h pousser l'entreprise
jusqu'au bout; brisant l'unité politique du territoire
30 HISTOIRE DIS ROUMAINS
carpatho-danubien, ils occupèrent la bande de terri-
toire qui leur paraissait être nécessaire pour garantir
la Mésie contre toute incursion future. Lu capitale
eUe-méine reçut une garaisco romaine. Si cette situa-
tion s'était maintenue, le r61e de Décébale aurait été
celui d'un prisonnier renfermé et espionné dann ses
montagnes: su nation, empêchée désormais de rançon-
ner des voisins victorieux et même de mener ses trou-
peaux dans la plaine, où l'attendaient le soldat, le fonc-
tionnatrc et le colon romain, se serait épuisée dans la
misère et le découragement. Le roi dacc tenta de nou-
veau le sort des armes. Cette fois, ce fut lui-même qui
choisit le moment de la lutte. Il s'adressa à ses alliés,
Sarmates et Germains, qui comprenaient l'importance,
pour l'indépendance de tous les Barbares au nord du
Danube, de la crise qui allait se rouxrir. Dans la Scy-
thie Mineure se formèrent des bandes sarmates dont
les guerriers, revêtus de cuirasses d'écaillés, sont gros-
sièrement figurés sur le pesant monument du Tro-
pspum Trajani, ri nr à l'endroit où
se forma plus ta ri ^ u-s tatares api>elé
Adam-Klissi (l'église de l'homme). Mais la campagne
fut dr ■ r.us les murs mômes de la c^pitaie daœ.
Tnij i(|ua cette fois, en 105, par les vallées du
Jiiu et de l'Oit. Il avait fait construire par Apollodore.
di- '^ ^. un pont de pierre en face de Drul» ' ur
eiii d'un côté, les relations entre Dr .1
ses confédérés de la steppe et pouvoir, en même temps,
s'il en était besoin, poursuivre une guerre d'extermi-
nation pendant les automnes pluvieux et les rudes
hivers danubiens. Cette fois, il n'y eut pas de bataille
dans la plaine: le barbare résista dans ses montagnes,
avec un acharnement sans pareJI, que tout son peu-
ple partagea avec lui; même les femmes allèrent por-
ter l'incendie à travers les dauae abandonnées et firent
subir le martyre aux blessés qui tombaient entre leurs
FORMATION DU PEUPLE ROUMAIN 31
mains. Sarmisagethusa elle-même fut consiUDée par
les flammes, mais seulement après que, dans un der-
lùey ■ ■■ ■ ' ■ ■ '
et '1
dernier refuge.
L'ŒUVRE ROMAINE (106-279). — Trajau, vainqueur,
fit élever ii Home, en souvenir de cette campagne dif>
ficile. une colonne triomphale plus haute et plus belle
que celle de Marc-Aurèic et il « colonisa •• la Dacie dé-
sormais se. 11 ne tenta pas la tâche, d'ailleurs
imposiiL détruire la race même de ces vaillants
Thraces de la montagne. Si certains Daces émigrés ne
nt jania' chasser les Romains usur-
, b et de rc\ ; aïs foyers détruits, un grand
nombre de Thraces, surtout les descendants paisibles
" ■ r»! resto
. !is où l;i
rieure a\*ait créé déjà, sur le lon|; de La rive, ia popula-
tion mi ' rtir les Roumains. Un texte-
latin, tu irs, qui passa dans la brève
compilation d'Kutrppe, assure que des colons vinrent
' ' • ' nonde romain (ex toto orbe roinano). On a
dire qu'ils vinrent en première ligne de
ritaije eile-mème, opinion professée avec «"gueil par
\es partisans d'une descendance romaine pure et exclu-
sive. 11 ne faut pas accorder une trop grande autorité
à un texte secondaire, rédigé dans un cabinet de rhé-
teur et de maître d'école. complètemeiU étranger aux
raisons |K>1itiques et au sens des réalités. L'Italie
n'a^ guère de Latins à exporter: ses nouveaux
i. Rv,... ...... ... citoyens créés par la réforme de Cara-
calla. n'auraient guère apporté avec eux les vertus
■''S du Latium. Ils n'auraient pas mieux valu
4... ... aventuriers accourus pour exploiter les mines
de Transylvanie, que cette foule de fonctionnaires, à
32 H18TOIRR DKS ROUMAINS
l'aspect divers et à l'Ame incertaine, qui furent chargés
d'initier aux formes supérieures de la vie urbaine un
peuple chez qui la vie rurale était plusieurs foi«i millé-
naire. Le bon sang latm pouvait être accru pluti'it ]>ar
certains de ces légionnaires qui pns5»aicnt une partie
de leur vie dans les camps du Danube et des (^rpa-
thés et qui, après leur congé déflnitif, y restèrent sou-
vent auprès de leurs femmes daces et des enfants nés
de leurs relations. Il y eut, en effet, un caractère mili-
taire, de même qu'un caractère rural, dans le latin vul-
gaire qui devint, après nombre de mélanges ultérieurs,
la langue roumaine: le vieillard, ce n'est pas habituel-
lement le senex (1), mot qui d'ailleurs a disparu
dans toutes les langues romanes, ni le vvtclus, car
uechiu s'applique seulement aux rhosos, mais, i-as rare,
le veteranus, bàtrin (2).
La Dacie, qui fut partagée on trois provinces réunKS
sous la main d'un légat impérial, gagna, par la con-
quête romaine, un caractère nouveau. Deux civilisa-
tions coexisti'rent sans se mélanger, la 1'
constituant entre elles un lien commun. Si i
ruraux déjà romanisés de la Péninsule balcanique pu-
rent désormais pénétrer librement dans les champs
abandonnés par les barbares vaincus, tués ou mis en
fuite et si les davae: Sucidava, Carpidava, Buridava,
etc., reçurent un accroissement de population, leur
aspect n'en fut pas essentiellement changé. Dans ces
uici, ces f>agi, dans ces territoires qu'on peut très bien
1) M. Giuglea a relevé dans les anciens textes tiurec, qui
viendrait de geneeua.
(2) Si au lieu de terra on a employé le mot pâmant, de pavi'
menlum, ce qui si(;tiifirrait une prépondérance de la vie ur-
baine, il faut tenir compte de ce fait que « terra • ayant donné,
en roumain seulement tcara pour le pays, la patrie (le corres-
pondant de jHifae, pays, manque), il a fallu tr»)uvcr un autre
terme pour le sol nourricier. Il est Intéressant que lucmm, le
gain, a le sens général de • chose •.
pnnM^TKiV Df VFfPt.V nOlMAIV 33
étudier dans la Dobrogea ;i ou ks morvunwnt^
les concernant sont plus noniL; u\, l'ancienne vie fui
perpétuée dans une forme de plus en plus romakie.
Mais, de môme 'I ■<• avait abrite depuis
des siècles la n iuf, ([ui put se main-
tenir sans vouloir féconder, il y eut, le long des routes
qui suivaient le cours des rivières de TransylN^anie,
des villes bien peuplées et richement ornées, avec leurs
temples, leurs basiliques, leurs amphithéâtres, leurs
prétoires: on a déterré, à L'ipia Trajana, qui avait rem-
placé la royale misère de Surmisagethusa, des mosaï-
ques dignes des {>ays d'anrienite civilination qui fai-
saient partie de l'Etat romain, de même qu'à Tomi et à
Istria des colonnes de marbre aux élégants chapiteaux
surgissent des ruines amoncelées du passé hellénique.
Mais tout cela n'était ni un élément durable ni un
élément nécessaire à l'unité territortale des Carpathes
et du Danube. On le vit bien quand, après de longs
combats malheureux contre les Goths envahissants,
l'empereur Aurélien dut ordonner, vers 271, à peine
un siècle et demi après la conquête de Trajan. la re-
traite des légions et des fonctionDaircs sur la ri\'e
droite qui. pour sauver les apparences, devint une
nouvelle Dacie. En qu- innées, les voies n'étant
plus sûrei» sans la pn^ ;i des soldats, les \illes
furent abandonnées: les paysans du voishiage s'en
pai ' ■ N ruines après le dé(>art de !'•
A\« slration disparut tout ce qui s< i
l'exploitation économique du territoire et qui en for-
mait le décor.
CHAPITRE III
Domination des peuples de la steppe
Auitiicu avait iriirL" ses troupes de la Dat k- nous lii
menaro des invasions incessantes des Goths qui avaient
détruit Tarmée de Décius et qu'avait arrêtés à Niche,
au fond de la Mésie SufHîrieure, la seuie victoire de
Claude. Déjà, sous la pression des Quades et des Mar-
coinans, les Vandales Astinges s'étaient établis dans la
Pannonie et sur la lisière de la Dacie, poussant devant
eux les tribus daces des Costoboques, des Bures et des
Cotins, ((ui vinrent accroître dans la région des Car-
pathcs l'importance de l'ancien élément thrace, repré-
senté aussi sur le Danube inférieur par l'indépen-
dance, toujours agitée, des Carpes. Les Romains eux-
mêmes y établirent, semble-t-il. en qualité de peuples
fédérés, des bandes gothes, juthunges, puis de celles
des Gépides aussi, des Taïfalcs et des Vandales; mais
on ne saurait leur attribuer le rôle qui revint sur k
Rhin aux Frîincs et aux Burgondes. Dans les régions
carpatho-daïuibienncs, il n'y a aucune trace d'une véri-
table expansion germanique; c'est un nouveau chapi-
tre, exactement semblable à ceux qui l'avaient précé-
dés, de la domination « scythe » dans l'Europe orien-
taie.
Il se produisit certainement, dès le m* siècle, un
roou ' 1 '•• sein de cc^
nés _ lappé vers le <
DOMINATTOX VTS TTITI-T^ TiT. lA STKrPE 35
Ir., .i>.. ... ..; rete-
nus depuis des si. n formations belliqueuses
cl, ■ " > « •-: — 'i-ncnt» clans
la Cosaques
k l'éj>oqu« moderne durent émigrer vers l'Occident,
non pour y trouver des terres à cultiver, mais
pour y former des camps d'où ils fussent en état d'en-
trepren<lre de nouveaux raids, à la manière des con-
ter: ns d'Hérodote. On les trouve sur deux points
s> . ;!: le Boudschak ou Bessarabie méridionale
(aixffitlus pour les Romains, ^s Slaves), et
la i'annonio centrale. Les GoL. . .nt sur le Da-
nube inférieur, près des embouchures, alors que le
Danube moyen restait le domaine des Vandales, Feurs
frères. Pour eux, la Dacie évacuée par les Romains et
où toute vie urbaine fut bientôt complètement ruinée,
n re lui-même, avec les
fo: - -- - 1 l de la Grande Vala-
chie. avec les marécages du Danube, ne leur disait
ri- lie les envabisseii it dévasté
le ^ iiisées de l'C^tèn les vallées
transylvaines. Ils ne voyaient que « le chemin », c*est-
à-.' " ■ ' ■ ' * • • '• • •' 'ta
Cil , . I <>-
dunnm-lsaccea, à travers les Fortes-de-Fer. le
Banat, et, à travers les cours d'eau tributaires «m i)a-
nube moyen, à Sirmium et à Singidunum, en Pannonie.
C'est par là qu'ils firent leurs nouvelles irruptions,
sous les em|>crcurs Probus et Carus: c'est là que les
Romains vinrent les chercher à réi)oque de Constan-
ttt>-le-Oran<l. qui restaura les fortifications des fron-
ti''res, surtout de celles de la Scythie Mineure, de Tomi
aux bouches du Danube, et de ses fils, de ses succes-
seurs, jusqu'^ Valens qui devait succomber à une inva-
sion d'un eart •' •" nouveau, venue de ces région*^ *^'*r»-
M HISTOIRE DBS ROUMAIXS
toîitriwiiirîi où Jcs vicissitudes des dominations bar-
bares menaçaieiit contuiuellement l'Empire (1).
l'ne autre cause <>nii>êcha la création de formes po*
IHiques et même ethniques nouvelles de ce côté de
l'Orient, et con&eryu int^K*! aux descendants des Thra»
CCS ronianisés leur aaicien caractère. Tandi» qu'à
l'Occident la religion clièLienne cimenta l'union des
barbares a\*ec les gallo-romaéns, le conquérant passa
sur notre territoire sans exercer aucune influence sur
la vie de l'Etat, sur les mœurs, sur la langue — il n'y
a pas en roumain un seul terme d'origine gothe — ; au
contraire, le dcst^miant des bergers daces et des émi-
grés pays:uis de l'Italie resta un « homo romanus ».
un Romin, de même que, dans les Alpes, le Romanche,
qui ne fut jamais soumis à une domination barbare,
ou que, l'habitant de la Campagna, indissolublement
liée & l'idée et à l'autorité de Rome.
Le christianisme avait pénétré en Dacie avec la con-
quête romaine; les inrscriptions attestent que le pays
avait reçu, par les colons originaires de l'Chienl, l'em-
preinte des cultes asiatiques qui précédèrent et prépa-
rèrent le christianisme. Leur œuvre fut poursuivie
pendant toute la durée de la domination impériale, qui
amenait sans cesse des hôtes >vnus des |>ays où la
grande transformation de l'âme huma'me s'était accom-
plie plus rapidement et d'une manière plus complète.
La propagation de l'Evangile par les communautés
religieuses qui envoyaient des visiteurs d'un groupe
à l'autre ne pouvait pas manquer de porter ses fruits
&ur le Danube.
Les termes se rapportant à la religion montrent
d'une manière très claire les conditions, et par con-
(I) On a attribué s»u^ aucune preuve k Constantin l'établie
setnrut d'un nouveau pont sur le Danube, à Celciu. Ancienne-
ment déjà. Il y avait eu. à ce qu'il parait, un autre pont à
Hiir»o\a.
DOMINATION DES PEUPLES DE L.\ STEPPE 37
séquent l'époque où le nouveau onUe fut adopté par
ta population. Sans doute des termes tels que « Dum-
nereu » qui vient du latin Domine deux; « SInt » (1).
qui signifie saint; >< cruce », qui signifie croix; « icoa-
na ", qui représente le gréco-romain icon {v.yjur*) ;
ff altar ». < tinipla >>, ■ rugaciune ». « Inchinaciune >•.
où l'on t les mots h\\ rr, templa, roijatio-
nem, iiu iiem; •» cunu ura », qui vient de
communicare. communion; « marturisire ». de marty'
fie confesser: « blastam », qui vient de
, preot », qui vient de preshyter (2), ne
portent aucune marque chronologique, aucun cachet
mais le terme de « biserica » (basilica)
ment substitué au mot ecciesia (église en
français), n'a pu s'introduire dans nos régions avant
rép<Hi nstanlinienne, où fe eu" ' m-
men< e pnÉtiqné dans les bu ^es
jusqu'alors aux affaires de justice et aux réunions pu-
bliques. Il faut tenir compte ausM du fait, très impor-
tant, que la religion est seulement la loi, « lege », et
que pendant longtemps ce terme fut employé presque
uniquement dans le sens religieux, étant remplacé en
ce qui concerne le droit par obiceiu, coutume, tradi-
tion <ohicciiil paminiului, coutume de la terre). Si la
liturgie latine a conservé en Occident le « Credo », la
langue roumaine seule donne un terme populaire dé-
rivé de ce mot latin : crez.
(1) Cr nom %c consenc dans \ts forine<i comDOtées: Sînt-
I' nt-
'»• i-.e-
tru. " i'uur ac pas coafundre
c« n^"' iat. $um, je taii, on ent-
I' forme simple uu vocaiilc inflocoeé par le toiti
(I >iave : • sflnt ■.
.et, si pour No«l on a le
il 7 a auMl le «yoonyme
38 HISTOIRE nns nnti mains
1 <>r^<|iie les Goibs arriv(;ron( sur )<■ Dniiiln*. ils
étaiint ^luîens. C'est seulement sur la rive liruiU- qu'ils
adoptèrent la religion de Constant inopKe au m* siècle,
rhèréaie arienoe; ces gens d^raprii «iaipte, mus par
ime logiqae enfantine, ne pouvâèenl «dnietire l'unité
divine dans la Trinité. QuMit k « Thomme romain «,
le /^omf/}, parlant le ' m ' " ira
avec ses évoques («7 _ st
resté intact, pour les prélats latins, on emploie la
forme: pixcnp) sur cette « terre » qui étii' r lui la
patrit;, ioro, âans ces villages, sate, à .1 nom
latin (satOf semailles, champs labourés). 11 n'entra pas
dans une nouvelle formation politique h 1; t " il
aurait fallu prêter serment — le roumain ;» . ^é
jurare, juramcnium dans l'ancien sens, non corrompu,
de ces termes — et dans l'armée de iaquelleile aurait
dû servir — car pour lui aussi l'arnice, oasie, vient du
mot latin qui indique l'ennemi, hostis. Les notions de
seigneur, de vassal, de fief, de service, introduites par
le régime germanique en Occidenl, lui sont restées
absolument étrangères. Il n'a pas même, pour désigner
le Germain, un mot tiré directement de sa langue: c'est
ie Neamt, d'après le sluve Niémetz. Si, pour ses coutu-
mes populaires, pour ses superstitions, pour '-s
illégales, défendues par l'EgU.se, pour son ]i...;..,;.iun
et son sj-stème de cuJture, pour ses ustensrles et pour
les ornements de sa casa, de sa cabane (car ka mansio,
dont vient maison, a disparu, pour ne ]x>int parler de la
domus classique), il a conservé tout l'ancien trésor de
la àkvWmÊÊoa thraœ primitive; si l'esprit thrace \H
dans la s^folaxe, à commencer par la juxtaposition de
l'article à la suite du nom (omul, correspondant au
latin homo i7/e), — pour tout œ qui oonoeme la \'ie
politique, Rome seule était restée linspIndDrlce. Il n'y
a pas d'autre autorité que Ja « domnSe » idominio)» du
f domn > {dominas) qui est l'empereiir, appelé
DOMIXATIOM DES PBUPLCS DE LA STEPPE 30
Imparat, comme l'albanab ne connaît pas nob plus
d'autre sonvwttin que le mbrei (imperator). Le notioo
<Ie la royauté est aussi étrangère au Roumam que
relie ck prmcipat germanique, avec ses ducs et ses
oonites; c'est aux Slaws qu'il empruntera plus tard les
termes qui les désignent: craiu (de knri, dérivé do
nom même de Charlemagne, Carolus), cneaz, Voévod.
Le centre de groupement est ha « dlé •>, cetate, néces-
sairement fortiliêe. Le trAne de ses maîtres sera le
scaun. scamnum (chaise) ; la Capitale est donc dans la
' «-etate do Scaun ». Le k citoyen >, le cetatean,
♦•niK-mi de tout ce qui est étranger, slrain (extraneut)
vi< encore par la pensée dans l'ordre romain, dont
aucune réalité ne peut le détacher. 11 attend, sous Dio-
clctien, sous Cunsiantin. de même qu'il attendra sous
les empereurs byzantins, le retour des drapeaux. Isolé
(f, *>r--' j>ar te n^alheur des temps, il lui appartient
t .ir l'àme.
Les barbares de la steppe purent prendre bientôt la
]>■ ' ■ ■ . I.es Huns, chas-
s.i l'Athanaric et de
Fridigem, s'établirent en Fannonie; i>s fondèrent
r l'ire d'Attila qui ne dura pas même un siède; la
Y^iiation indigéiK>. augmentée de colons qu'ils trans-
portèrent de force dans les territoires d'outre Danube,
leur paya la dlme. envoya des présents à la cour du
Khagan. et n'eut plus rien à craindre d'eux. Les Avsres,
après avoir se journée dans la Bessarabie m< 'e,
M ■■• ■ — it k*s Huns dans cette même Panmoniv, ,.^ ne
} it, au vr sièi'le, qu'une antre forme de fa
(! licpie purement extér^enne; çà et là.
1' . .«'.; .iyi i>Ui' Kvs aborigènes, restés intacte sous
la protection de ces maîtres qui n'avaient d'autre Inté*
rét que celui de se maintenir.
Slaves kt Roumains. — A oe moment, «e produisit
40
dans 4a seuk région du l>anube, et non dan% ct\ïe des
montagnes, Ir grand passage des Slaves vers tes Bal-
OÊBB et le littoral adrîatiqiie.
L'influence considérable qu'on leur a attribuée n'est
pas justinée par l'examen des sources btstorique^. ou
bien par l'étude des nururs et de kl langue. N'esl-on
pas allé, au gré des intérêts politiques, jUM|u'au point
de conforvdre notre peuple, si manifestenient latin
pour tout ce qui concerne l'essentiel de la pensée, du
sentiment, de la \ie individuelle et sociale avec la
grande masse slave dont il est entouré? Or, l'anthro-
pologie et l'ethnographie ne comtattent pas te type
slave chez les Roumains, mais bien le type thrace, brun,
court de taille, vif de physionomie et de figure ouverte.
I>es emprunts faits aux Slaves par le langage n'ont fait
que nuancer, souveiit même simplement doubler, le
fond primitif servant à exprimer ies idées et les sen-
timents (à côté du verbe a iubi, par exemple, aimer, on
a l'ancien sens du verbe: o placea; cher, les Roumains
balcaniques: a vrea, vouloir). Si les termes concernant
l'agriculture sont »laves, les noms des animaux sont
tous sons exception d'origine latine: slaves sont les
mots désignant, non les opérations fondamentales an
labour, mais seulement les opérations dérivées, et sur-
tout les ustensiles: et l'histoire montre que le com-
merce danubien, d'abord latin et grec, puis devenu
slave au vi* siècle, a fort bien pu fournir, par les
achats dans les \illes du rivage et dans les foires
inedei, mot slave), ces termes nouveaux. La nomencia-
ture géographique, si elle est manifestement slave en
Transylvanie, a une ancienne origine sarmate. Ainsi
limitée, on peut dire cependant que cette infUrence fut
la î*eule réelle et profonde.
Mais la steppe continuai .1 vn^oyer ses j>< inii.m.->
vers ce grtiml chemin du Danube qui menciit aux
splendeurs de Hyrance. Le» noux^aux envahisseurs
DOMINATION DES PEUPLES DE LA STEPPE 41
n'avaient plus cependant la force dont avaient disposé
tour à tour les confédérations barbares des Scythes,
des Sarmates. des Huiw et des Avares. Ils ne formaient
plus que ûf petites tMindes qui avaient séjourne long-
temps à proximité du territoire de la Rome orientale
et s'étaient déjà mêlés, peut-être, à dee ^mentft ethni-
ques étrangers, surtout slaves. AbandomuMit la steppe
primitive, les Bulgares, dont le nom parait signifier
les '< nobles . les « élus » (1), vinrent, sotis Asporouk,
occuper le Houdschak, sans oser se risquer au delà du
cercle montagix-ux des (^arpaihes. A la première occa-
sion favorable ivers (»7()), ils franchirent le Danube et
envahirent la Sc\ihie .Mineure, laissant de côté ies
II, . ' I ".-5
M . ' , : -■ . ■ I _ .i ■ !: . (•-
rent, sous le règne de Kbagan Croum, par des voies
s;ii les murs même de la Capitale ro-
ui, i I i. Leurs nouveaux sujets étaient Sla-
ves; Us leur imposèrent leur langue el ainsi ils abon-
da ' Il à peu leurs anciennes coutumes: la
rt'i resta, jusque sous le règne de Boris-
Michel, au ix' siède, plutôt comme un re^rte de l'ancien
cérémonial de la Cour et de l'ancienne légitimation
de la dynastie. Puis vinrent d'autres barbares, sou-
doyés par ies Impériaux: lea Magjrars, mâtinés de sang
finnois, quittèrent la Bessarabie méridionale i>out
dt^scendre daas la Pannonie. désertant pour toujours
leurs anciens ({uartiers. qui avaient été ravagés par un
nouveau concurrent turc, les Petschénègues, venus de
Sarkel dans la steppe. Dans cette Pannonie, qu'ils
ar; it aux Moraves, héritiers des duos francs,
ïLs , — ..: garder leur langue, mais non la pureté de
leur race, leurs coutumes et leor religion.
(1) De m^mr que Ir terme de boiars (en grrr
«tt le safQxe du pluriel dans les langue* ouraio-.
42 iiisToihi: oi-s iioimaix^
Au heu de l'ancienne unité !uryUi&qtic formée par Im
grands rois de la bavte aiiÉèmiilé et de l'enipire bon
d'AttilB oa de «es racceascort avares, il y eu! donc
trob fondaitom acylUqiie»: ortte des Bulgares, ap-
uv(>e au coauneoecment eur la Scythie Mineure,
t- des Magyars, sor le Danube moyen, et (>vUe des
Petschénègves. Ces derniers seuls restèrent complcie-
ment éaolés dans leurs camps au milieu dn désert et
<le la atcppe: ce fut aussi le sort des GHimans de
même sang, qui leur sofeeédèreot an xf «itole. lors-
que Byzance eut écrasé las bandes qui avaient péné-
tré profondément sur son territotix'. Deux cents ans
plus tard vint le tour des Tatars.
11 résulta de tout cela que les Slaves de la Mésie.
tout en gardant leur langue, perdirent pour toujooni
leur indépendance politique, que leurs frères panno-
niens disparurent sous l'aftlux violent des Magyars,
mais que les Roumains, n'ayant pas de maîtres cfant
• rent à ce sort, à l'excqitton des éléments
;- . a\>ant donné même des rois II 4a Bulgarie
naissante, un Sal)inus et un Paganus, finirent par se
milieu slave dominé par la classe
I ., ires. La grande masse de la nadioii,
se trouvant sur la rive gaucbe, retenue dans l'unité
îe de la région qui l'encadrait, qui 4'appuyait
iaumfaaait tooa les moyens d'une eàrooiiîion
intérieure, particulièrcaient inteine. n'eut, avec les
nouveaux ^'^—gfl— comme avec -les anciens, que les
relations d'honuBage. de tribut, de dlme, de douanes
qu'a^-aient eues jadis les Géto-Doces ou les Agathyrses
avee 4eurs asaiWes scytiMHNmaBaâes.
Dans la péni—nle taèmt des Baloaas» si les Slaves
avaient rnmpétknM'nt colonisé les deux Mésics, s'ar-
rètant seulement sur le rivage, au point on —" '-nen-
çait la lisière grecque que rien n'avait pu » «»
la Datmalie riveraine leur appartenait, avec
DOMINATION DBS PKVTLXS DE LA STEPPE 43
rl<^n« dtés romames complèteineiit dénatiooalisées»
r sèment n'a\*ait pas gagné la montagoe, toute
cM. ...jiitagne qui, des Poftes-de'Per, en passMkt par
le nœud qui la relie aux Balcans, s'avance sous le
nom de F' >squ'à l'isthme de Corinthe et ao plein
milieu (i> «-e. Le berger roumain était le maHre
incontestuble de toutes ces bautears et les Tallées rian-
t' s abris d'hiver de levn famflln et de
l< Les sources bjmntincs le awMUeut
dès le rf siècle dans cette région de la Mésie Supé-
rieure où apparaissent des TiHages rouaains, d'an
caractère nianirestement pastoral, pareM à celui des
localités mai-édoniennes d'aujourd'hui: « Gémello-
" -ite », « la montagne jumelle »; « Trédétitilious »,
trente tilleuls »; « Skeptékasas », « les sept mai-
s ,n^ », etc. Dans la montagne du Pinde, du côté de
lu I):î'~"*- — *"'Ti\T au ix' siècle déjà, des bergers
qtti V , ,•!, Dracul. Ces Roumains allaient
' re leurs fromages aux cHoyens de Raguae, et leurs
..w,,,s caractéristiques se conservèrent dans les docn-
ments de cette République adriatiqne jusque bien tard
<ians le moyen âge. Des étémenlB amancés menaient
leurs troupeaux dans les vaUées de flienségovlne et de
la Bosnie, centre d'où partirent, à une époque qui n'est
pas très reculée, les Roumains de Croatie, qui, aous le
nom de Frincul, * le Franc », sont mentionnés cneore
au XVI* siècle, lorsqu'ils s'étaient déjà sla>isés. Des
Mortaqut «la tranâtiDn entre ies olicnla
^-ataqucN i^^ a sains et ces éléments qui Tin-
rent s'établir en Istrie, du cMé de Castel-Nuovo cft
-, et Iriir r>|iiriroii est la plos pitv-
" -- •- ' ' '- ^-r^e,
<ca
'■ • r -v ' '■•" • HK ' ^•- .".■'ta-
tieo, dans la • HivitU iUliana di Bociologia •, toac XX, p. 3M.
44 itlMoIRK DBS ROUMAINS
d'AJbona. et qui conservent dans leurs derniers refa-
gts touc le» éléments fonUatuentaux de leur ancien
kingAge, de plus en plus accablé et dénature par l'in-
vasion des termes slaves.
Leurs centres plus importants se trouvaient cepen-
dant plus bas dans la péninsule bolcanique. Entre
VflMona et Durazzo et en faoe de Co; nt
le rivage, qui e^t abrupt et inapte k i'^n- -■•• — i- ^'s
connaissaient bien cependant par une ancienne tra-
dition, sans la pratiquer de préférence. A l'intérieur,
on les retrouve en Lpire, sur ie cours supérieur de la
V'oïoussa. Mais ta chaîne du Pinde est encore en
grande partie aussi nettement \ " ' >- Car-
pathes. Des milliers de pâtres m ilomne
leurs brebis vers le Large cirque montagneux de la
Thessalie; ils y possédaient, au x* siècle, « ' hes
villages dominés par des chefs, des « ]> »
(cxxft-nu). des celnici (du slave ceata, bande), que
décrit le 1 ' lie anonyme d'un des plus puissants
et des plu iits parmi eux, le « Viaque ■ Nicolita.
L'empire byzantin leur créa une situation spéciale,
qu'il n'osa jamais détruire et quand il essaya de
rébranler dans le détail, ils se révoltèrent. Dans un
conflit avec leurs caravanes, périt aux « Beaux Arbres »
(xaXit if,'jz), vers Tan 1000, David, un des chefs du
mou\'ement qui, appuyé cependant sur les Albanais et
les Vlaques, essaya de reconstituer, « l'Empire « des
Bulgares, que les Byzantins de Jean Tzimiscès avaient
renversé peu auparavant sur les rivages de la Mer
Noire, à Preslav. Mécontents de l'anarchie <« romaine »,
qui les pressurait contre la coutume, ils soutinrent
toute cette épopée du « Tzar » Samuel et de ses héri-
tiers du xr siècle, à commencer par le fils même de
Samuel, Gabriel-Romain, dont la mère, une Thessa-
lienne, était probablement d'origine valaque. Plus tard,
vers 1200, quand l'Empire d'isaac l'Auge, menacé d'un
DOMINATION DES PEUPLES DE LA STSPPB 45
côté par les Turcs d'Asie Mineure et, de l'autre, par les
croisés accourus d'Occident pour les combattre rassem-
blait ses derniers moyens de défense en hommes et en
argent* les celnics Pierre et Asen se soulevèrent, proba-
blement dans le Finde, avec leurs Vlaques, au nom
des anciens droits que les administrateurs du « basi-
leus avaient brutalement violés. Maintenait, ce fut
sous des chefs de leur nation que les bergers roumains,
d'une agilité sans exemple et d'un rare esprit de res-
sources, reprirent la tradition de leurs coups de main.
Il n'y eut pas un coin des Balcans où leurs bandes ne
fissent leur apparition dévastatrice contre les Grecs
m et contre les Latins du nouvel Empire de
(-<' inople qu'ils avalent en horreur. Joannice,
le frère du fondateur de cet « Etat », fut le grand
/^' ' "TV ,'es »; l'n ir féo-
<l.i u, périt <: 'S ca-
chots. Mais celui auquel le Pape parlait de ses origines
i' >I)ablement la langue qu'il
i> i le nom de <■ roi des Bla-
ques et des Bulgares », n'était, par la fatalité des cho-
ses, qu'un continuateur des Tî^ars d'.i:' *" -reten-
dants <k' nuaivi* bulgare à l'héritage «i liiople.
Déjà le grand règne de son neveu Jean Asan. venu
rr ' nt de la rive gauche du Danube, où il s'était
iti \ milieu des gens de sa race, n'a plus rien de
commun avec les Vlaques, ses parents et ancêtres.
Celte rumanité méridionale, malgré des migrations
qui n'étaient (|u'une transhumance strictement définie,
n'entretenait pas de relations continuelles avec les
frères de la rive gauche et de\*ait, par conséquent, sur
un autre territoire, dans d'autres conditions et avec
une <x'cupati«n généralement r un
autre sort. C'est uniquement sur i. . .w..\ , .4. |)atho-
danubien que les besoins nouveaux d'une actixité éco-
nomique plus large et plus active pouvaient créer la
46 iiisToint. nr.H houmains
yït politique tlo i i.Ih.,, < .u\ ;iiil T'ai-
mains le manque de Ikim (< 'i-- |>r..i»'. i,
non seulement leur morcellement, nt:iis ;iiism !
ment dans un dkUecte «pédal, r<-^
de termes slaves non assimiliez i
grecs.
CHAPITRE ÎV
Vie politique des Roumains avant la fondation
des Principautés
On connaît d'une manière très circonstanciée, jus-
que dans leurs derniers détails, ces guerres dans la
Péninsule Haloanique auxquelles les Roumains fu-
rent continuellement mêlés et si souvent d'une ma-
nière décisive; les chroniqueurs byzantins racontent
longuement, dans leur beau style lleuri, • ti- aux
modèles anciens, tous ces événements qu «ni de
si près à 4a vie même qu'ils représentaient dans leurs
écrits. Au contraire, dans les Etats qui «laminaient
déjà à l'Ouest et à l'Est du territoire roumain et où
l'histoire s'écrivait en latin, un silence presque absolu
r> les premiers actes <Iu dévt ' .* poUti-
qu I nouvelle nation; quant aux > éma-
nés de l'ancienne chaBceHcrie txmgrmse et potonaise,
ils ont disparu dans la grande tourmente destruetrice
des Tatars, au xiii' siècJe.
11 y a cependant des faits, transmis plutôt par des
sources «iltérreures, des simiihtudeat des principes ti-
rés de ki logique de l'histoire qui pempeot servir à
reoonstitiier, presque k coup sûr, cette vie carpaUiifpM
et danul>icikiie antérieure à 4a création des Etala.
VI R POLITIQUE OBS aOVMAiXS 47
Lorsque les Magyars descendirenl dfuis la Pannonie,
•' - ncontrèrent des Slaves et, funtôi après <eur
u)n au delà de la Theiss, vers te forêt qui me-
nait vers 4e territoire a InoMylwih» •, des RomMÛM
autochtones.
Les Roumains et les Etats Slavks. — Les Roa-
maim ne pouvaient songer à créer, comme les Bul-
gares, leurs voisins, un nouvel Empire romain, de lan-
gue ! (T ils ne faisaient que cootsinuer dans
des >ulaires i'ancienne \ie impériale. Sans
doute, ii liraient comme leur chef légitime Tem-
(HMi'ur Uc lu iiome oonstantino{H>IiLirme, dont, pen-
dant cinq cents ans. de .lusliiiiea aux Comnène, les ar-
mées apparurent de temps en temps sur ki rive gau-
che pour en chasser les Slaves guerriers ou les
Magyars envahisseurs: mais de l'ancienne organisa-
tion, ils n'avaient conservé que les détenteurs modes-
tes d'une autorité qui s'étendait seulement sur un
« territoire >', une tara, t>oraée aux limites étroites
d'une vallée. Tout re qui se rapporte à l'écriture pro-
venait du vieux fond latin (a scrie, écrire; pana,
l>luine: comleiu, gréco-latin «• condylus »; hirtie,
<- cliartula " : carie, livre, neyreula, encre, de « cùger •).
Mais le magistrat qui rendait la justice sous le neux
« lune et jugeait selon l'ancienne coutume non écrite,
s'appektit " jude >> (judex). H deviot un agent politi-
(|ue après le retrait de l'ordre impérial, de même que
chez les Cîoths du llanube au iv* siècle, le « juge •»
Athanic avait remplacé 4e roi et que la lointaine Sar-
daignc eut, peodaiil le moyen âge, des chefs iivdépen-
danls dans ses seuls « jages », gimdici. Les Slaves
avaient ein|>runté aux Francs tes ducs» dont le nom
devint dans lour langue celui de Voévodes, •< capitai-
nes d'année », et. à une époque plus ancienne, pour
des chefs de moindre envergure, Hs avatenk prb aux
48 iiivToiii»- m «1 iirki'^4ij4g
Germains le lilro <if -< kiu'zt«» •. qu'on a rattaché 4
celui de « Konunge », <lc <• Konige » i\es migrations
Koihes. Les Roumains employèrent à leur tour des
dénominations pour 1rs domni élus ou '
qui leur rendaient la justice et les condu. .i. ... .. .a
guerre même; << Voda » devint synonyme du prince,
alors que «« cneaz «>, qui a en russe le môme sens, en
arriva, comme son correspondant roumain << jude »
ou « judec ». à désigner seulement le paysan fibre.
Mais ces Slaves avaient aussi des rois, des krais.
formés — nous «l'avons dit — à l'image du roi des
Francs, Charlemagne. qui avaK étendu ses conquêtes
et fixé ses" ducs et ses comtes jusqu'à la Sa\^, à la
Drave, au Danube moyen; c'est l'origine de < I'k
royauté morave, croate et serbe qui organisa les élé-
ments guerriers des Slaves du Sud-Ouest et du Sud.
Les Roumains ont aussi connu ce titre nouveau; ils
en ont fait leur « craiu », sans penser d'ailleurs à se
donner une organisation royale distincte de la tradi-
tion im|>criale. Sous l'autorité douce, paternelle «le
leurs chefs locaux, ou domni, les Roumains vivaient
dans leurs villages, où, selon la coutume thrace, le
sol était possédé en commun, non seulement en ce
qui concerne la forêt et l'étang, mais aussi les ch;i;
de labour, où chacun avcdt, au lieu d'une propruu,
seulement une <- parte » (1), mot qui finit par désigner
tout droit la possession de la terre. Ces villages
étaient de création plutôt récente; leur nom rappelle
en effet celui du fondateur, de l'ancêtre, •< mos » (d'où
vient le nom de « mosie », héritage, pour tout bien
foncier); « satul Albestilor », « Negrestilor >, dont
vient la forme courante: Albesti, Negresti. ne signifie
pas autre chose que « le \illage des descendants d'Al-
(1) Ce»t le Utin parient : cf. les partes que les barbares
i« Oreot distribuer, en Italie du moins, apnès la conquête.
VIE POUTIQUE DES ROUMAINS 49
bul. de Negrul ». Hs se défendaient jadoitsement con-
tre toute inftltration étrangère; le jeune homme venu
d'un autre de ces microcosmes ruraux, perdait sa
personnalité antérieure pour adopter aussitôt celle
de la grande famille où il entrait; il se séparait nette-
ment de son passé au moment où il épousait sa femme,
et le prénom donné aux enfants rappelait toujours celle
k qui ils devaient leurs droits. L'ensemble de ces villa-
ges formait une vate <• Tara-Romaneasca », une << Pa-
trie Roumaine ». terme imprégné d'un profond instinct
♦•' ijwrtait l'idée ni d'une forme
1 lin droit de conquête.
i.T Lis lis. — On ne sait pas
( liment s : iit en Pannonie ces
Mag>'ars qui. vers l'an 1100, devaient étendre l'auto-
rité Il 11* de ses ■ ' (levenus rois apostoliques,
sur i< s et les > <s habitées de la TransvM-
vanie. Le Notaire anonyme du roi BéJa est un compi-
lateur du XI M* sièHe qui reproduisH dans son récit,
forgé à l'aide de chansons populaires et d'étymolo-
gies locales, un état de choses ethnographique et poli-
ti - *- s Btaques, nomn ' ' '.ttres du pape
! au '< roi des I> bulgares » (les
nomment les Hoii <Jlah, d'après le
>i.n- > ..H'h. d'où vient Valaqm « . x,,ii Empire bulgare,
qui est ('videmment celui des Av*n}des, appartenait à
une é|K>que très postérieur ait donc accepter
comme des héros de pure K^< ••.!<. fabriqués d'après
des noms de lieu, ces Manumorouth rdont le nom est
empruntr à celui du Marmoros), ces Gclon fcf. la loca-
litc (If Gyalu en Transylvanie), ces GJad valaques, qui,
pour résisttT .à la conquête magyare, s'allièrent, dit-on,
à des chefs slaves ou " bulgares • tels que Kéan et
Sulan. On accordera plus de créance au Notaire ano-
nyme quand il parle d'un Tuhutum ou d'un Zoltan,
M R18T01RS MES ROUMAINS
fli« d'Arpad; quant à Gytklft, mcBkkmné dant la Vie de
Saint Biignne, roi de Honf^e, on le retrouve chez iet
éorivaiiw coniemporaim de Rymnee ^o«s 4e nom do
chef païen Gylas.
Or, le» premiers tlieis h, !,
i'influenre conlinnello <lr i;w.i ,,,,,.-
tard aussi imlirectement par !es i de Kiev et de
HalHsch (en (ialioie), étaient aussi «irs Vcm^v- '
le nom môme du premier Voé^•o<^e chrétien <j
le baptême, devint Etienne, roi apostolique de» Hon-
grois, est Vajk, Voïk, emprunté aux Slaves et commun
avec les Roumains cux-mômes. Des « juges >», c'est-
à-dire des cnèzes, apparaissent sur la Theiss dans les
plus anciens documents qui nous ont été conservés.
L*a(^icn1ture, la pensée religieuse et l'organisation po-
litique magyare se fondent entièrement sur la trans-
mission slave que révèle à chuque pas le langage.
Cette nouveWe fondation barbare, destinée à empê-
cher le libre dôveloppenïent de la ra<'e roumaine, après
avoir mis fin à la vie slave pannonienne, était trop dé-
nuée d'inittative et d'originalité, trop pauvre d'élé-
ments civilisateurs pour exercer une sérieuse in-
fluence; on ne pouvait pas attendre d'eux plus qu>> des
Petschénègues et des Cumans eux<iiêmes.
Les Roumains et les RrssES de Kiev. — Un con-
tact politique qui paraissait ne pas devoir être stérite
s'établit vers le môme temps avec les Russes de Kiev,
élèves dociles de l'orthodoxie et de l'Empire oriental.
Le premier Tzarat bolgare était en pleine déca-
dence, presqu'à la merci des Byzantins, qui devaient
réduire ces derniers « empereurs » à l'état de simples
« parents pauvres », vivant dans leur clientèle, lors-
que l'empereur Nicéphore Phokas soudoya Sviaèoslav,
le Voévode de Kiev, pour en flnk avec les restes d'une
orgaalMtkMi militaire jadis si redoutée. Le vaiifamt
VIE POUTIQUE DES ROUMAINS 51
barbare, habitué à guerroyer contre les PotscbénèfBeSf
qui év 'i- tuer au retour, accourut avec s«8 coni-
pmgpou.. j. ^. mes et. après avoir vaincu rconemi dési-
gné à ses coups, il s'avisa de prendre la place de ces
mâoK-^ ' quelques années
la nou -> qui s'étendait,
ooBune la Scytbie ancienne, dont elle paraissak vou-
loi! : ivage
oc> ■: atale,
cetie substitution était évidemment intolérable. Les
tr* lu nouvel • aitin, l'Arménien
Jt . lii&kès, se «i. < Sviatosiav, qoi
se renferma dans Silistrie, l'ancien Durostorum, pour
y - '- , -. I -i ytielques mois, jusqu'à ce que la
fa.. là abandonner déiinitivenient le
lieu de ses anciennes victoires.
Sur le champ de bataille, Tzimiskès fit bàtti j.t cité
de Ttiéodoropolis. 11 avait rétabli l'ancienne frontière
du Danube, et la Scythie Mineure entière fut sans
doute rattachée à «l'£mpire. Les RoiHnains de la rive
gauche furent soumis à l'auloriié du patriarche de
Tmovow établi pour quelque temps à S^slrie. Les
Russes ne devaient plus revenir sur -le Danube que
presque mille ans plus tard, attirés par Je néme
mirage et nourrissant le même rêve de gloire. Sviatos-
iav avait rapporté ce|>ondanl de son aventure lé«"n-
da»re une conception supérieure de la vie polit
le titre de boïnrs pour les descendants des nncifus
Varégues normands et des cnèzes slaves, leurs cama-
ra<ies, et le sou%*eiiir, célébré pendant des siècles par
iu chanson |»opulaire, du grand llcuve. aux ondes tour
à tour dcirées par ie soleil du Midi et figées par ie
vent du Nord, qui est le Danube, « père des eaux ». Les
pri ouvèrent. au XI' < >i* siècles,
un ir essayer de reiic relations
bn nt interrompues par le siège de Silistrie.
52 HISTOIRB DBS KOUMAINS
Mais à la place do strict régime byzantm que rem-
perrur de la victoire avait espéré pou\*oir maintenir,
on eut bientôt une vie locale, d'organisation indigène,
qui se maintint pendant tout le xi* siècle. A Silistrie
et dans les environs, entre le Danube inférieur et la
Mer, les Gminène, ses successeurs, nommèrent, dans
les « cités » comme les appelle la princease Anne, fille
et historiographe de l'empereur Alexis, ou mieux dans
les bourgs fortifiés, des chefs autochtones, aux noms
roumains ou même slaves, qui continuèrent l'ancienne
^ie locale des territoires gètes et romains: un Tatul,
un Chalis. un Salomon, un Sestlav, un Saktschas
(c Satzas »). Ils avaient des attaches avec les Cumans
de ta rive gauche, dont le nom cachait natut it
aussi la population soumise, tributaire et au le
des Roumains, ces Cumans qui, avec leurs lances aux
flammes multicolores, accourureivf " lard,
pour soutenir la cause politique bu ,, e par
rinitiative de leurs frères, les Vlaque< ilcans.
Ainsi donc, dans l'obscurité qui r( " s
siècles du moyen âge sur le territoiii ■ _ . i-
bien, dès qu'un rayon de lumière perce ces ténèbres,
comme celui qu'a projeté le notaire anonyme, on aper-
çoit la continuation, paisible et modeste, mais d'autant
plus acharnée à résister, de l'ancienne population abo-
rigène.
Les Roumains et la colonisation des Saxons. —
Dès la fin du xi* siècle, le roi de Hongrie, attiré surtout
faut-il croire par les mines de sel et d'or de la Transyl-
vanie, faisait bâtir dans la région occidentale de la
province son château de Turda (qui pour les Roumains
aussi bien que pour la chancellerie latine des .Ma-
gyars s'écrit plus tard: Torda). D'autres forteresses.
comme celle de Dej (en hongrois Deés), furent éta-
blies sur des points importants du territoire transyl-
VIE POUTIQUE DBS ROUMAINS 33
vain. A la même éf>oqae, un évèque de rite latin fixa
sa résidence daiM l'ancien bourg sla>'e de Bel^rr ^
près de la rivière du Muras (Maros), ce qui était (i .<>:
tant plus nécessaire que le souverain hongrois n'ap-
f>;< ' pas dans sa quadité nationale pn> ^t
dit ^ bien comme « roi apostolique », < i
propager la foi catholique, de « latiniser » le pays, au
bo^ ' Vi force, l'n monastère important, >■■'■'
dt^ .> <le Ket/ (C&rta). fut fondé, un peu ,
tard, dans la vallée de l'Oit. Eniin, le roi. pour le repré-
senter, choisit un Voé\'ode de tradition roumaine.
Au-delà du rayon des forteresses et du groupe des
villages où vivaient les serfs de race roumaine ou des
colons destinés à fournir leur dhne et leurs services
à l'évèijue. s'étendait, sous la suzeraineté des Petsché-
nègues, puis des Cumans. la Tara-Romàneasca, le
" pays roumain ', avec ses forêts, ses clairières, ses val-
lées parcourues par les troupeaux, ses hauts plateaux
où l'on pratiquait depuis «les siècles l'agriculture. Il y
avait donc vers l'an 1 lOU une grande « Roumanie >
rurale, sans forme politique unitaire, mais ayant sa
« loi > re!' ses coutumes, son ancienne culture,
que la con ■...un des termes latins même, pour les
éléments supérieurs de la vie sociale, montre assez
avancée, avec ses chefs isolés et avec son instinct
BJté parfaite. Cette • Houmanie » devait être refou .
de cime en cime, de vallée en vallée, par la conquête
hongroise et qui d'ailleurs ne songea
même pas à en., rolons de race magyare. Re»
jetée sur les territoires médiocres des vallées de l'Oit
et de la Bâpw. it bientôt pour frontière les Car-
pathes; de •• i ^aine •> qu'elle était, elle devint
» transalpine ». Ce pays situé « au deU des cimes ■»
en altr: ' ' il'être. pour des raisons qui seront expo-
«ées p. ,. partagé en deux par la formatioD, au
XIV* siede. d'une .Moldavie, opposée à la • Rooma-
54 iiikriMio ■•> *> Mfti'MAtNS
nie ' . qui était une VMÎuchiu l<M'ali!»éo. Pour
le moment, au l — I de Thistolre où les Mag>'ars
apparaissent comme représentant la civilisation ceci-
(! iont it* Pape était lu rlief, d'un bout a l'autre
Uu ... Loire roumain, il n'y avait pas encore de fron-
tières. D'autre part, on ne saurait, sans anachronisme»
l>rèteir au roi de Hon^^rie l'intention de ^er
le peuple qu'il subjujfuaii ainsi en Tran , >un
ambition, à cet « apostolique », était d'accomplir en
Orient la tâche de pupille <î lissante
où avaient échoué les cmpt nation
geruianique. En dehors de cet « apostodat » armé, il
voulait i' î fermer aux <' Scythes » de la
steppe 11 > Carpathes et tirer de plus riche»
revenus possibles de sa conquête.
La co' ion aJIemande. " ' ich
Osten iii i de» peuples .i .en
âge, battait son plein au temps où 4es Croisades atti-
r. ' \*rs l'Orient le trop-plein des - - :' '■ -is occi-
<i . Le roi Geysa ne lit que c;i partie
de ce large courant vers la Marche de Transylvanie
que ses propres moyens n'avaient pu qu'entamer. Les
premiers « hôtes •» venus de Flandre — d'autres
vinrent aussi d'Alsace — s'établirent dans trois vil-
lages placés sous la protection même de l'évêque. qui
du reste encouragea lui-même cette n?u\Te d'expan-
sion, toute à son avantage.
Plus tard, d'autres groupes se formèrent sur la
Tàrnave (Kùkùllo). au beau mi^lieu de la province,
puis au Sud-Ouest, à Sibiiu (le ^illa^ porte le nom
de la rivière voisine, à laquelle Jes étrangers ont con-
servé le nom roumain de Zibiu). qui devint plus lard
« la ville de Herniann ■». ou Hermaii cf. les
villa;;es qui continuent à s'appeler en . a Har-
nian): euiin. dans la régioti opposée de ce quadrila-
tère montagneux, près des mines de Rodna et de
viK pou-novE DBS aotniAiNs 55
Baia. an delà des moatagnes qu'il s'agÎMati d'exploiter
aa prc!
Ces ^ , ^ > avaient un caractère pare-
ment rural. C'étaient des paysans» qui oe nourris-
]Nis pl«s de projets poHtiques que ccax qui se
I nt aujoanflmi des régions aarpenplèes de
l'Enrope pour chercher une occupation en Amérique.
Le roi lui-même ne pensait guère à leur inpascr un
régime unitaire, lui qui n'antit pas d'adminfttlration
•ur ses propres terre». Les « MXes royaux » durent
se pHer à la manière de vivre et à l'organisation de la
population aborigène, sans la présence préalable de
laquelle ik» n'auraient pus même risqué t'aventure de
■- que le roi nommait le • désert »•
du noi, parce qu'aucun privi-
lège de sa p«rt n avait cooflruié les droits des pre-
mtr- - i|>ant?«. Ils revètircoC parfois ce vêtement po-
pu Hou main s qui rapfwtfe la eult«re génénde
de» ancêtres thraces; iU intrc» ' t des habitudes
étrangères dans la manière d*e . la terre, tout en
gardant he type d« la maison l; m inique des liords
du Rhin: i "' il ^ in -^ m trésor
tique rouni : i'- m1 -}jl«.rc;il les forni^ ;.,..>
lesquelles sVlait Rrouj- < vie de ces précurseurs
dont iK auraient v> m i; i ; .ir le troN'ail: à cdté des
« juges u romIlain^ il v • nt «loru" des « comtes <•,
Grafrn, gérebë saxons et l< ,>i .vinces dans lesquel-
les fut f»arlagé le pays coloi eut éfm Sêde»f
m tribunaux ». correspondant des ni<hnes )u->
ges
l^fU a JM'U cfs viHa^^cs f\t»iiit'rfn' .>.\r-
fois <les villes appelées a un granii nlile
de ces établi-sscmi-iits allvuniiids en terre roumaine
fut consCitué en - nation • autonome, à Véftrd du
roi, auquel elle i>uyuit un cena» et de l'évèqve lui-
même. En r224 le roi André II les raeoMMitaait e<
56 iiiKTnifiR ny% nni'MAiNK
« un seul peuple >. ayant un seul juge •> et jouisMmt
d'une spiilr if m«'«ni«' situ:»tinn. assurée par des actes
écrits.
Le territoire roumain était donc morccli^ j-ar .ft
établissement d'une laborieuse population étrangère,
capable de progresser rapidement et favorisée par la
Couronne, à cause des gains supérieurs qu'elle atten-
dait d'une ]>areille substitution. Cela ne suffisait pas
cependant, car ces Saxons n'étaient pas en état d'assu-
rer à la nouvelle province ses frontières.
Pour fermer les défilés des Carpathes et leur assu-
rer une garde vigilante, le roi employa donc deux
moyens différents. André II avait fait le voyage de
Jérusalem en croisé malheureux et il avait pu voir l'étal
de décadence où se trouvaient les restes de la domi-
nation chrétienne et la milice des chevaliers qui les
défendaient. Une évacuation de ces soldats de la croix
était évidemment nécessaire. Les Che>*aliers Teutons
devenaient disponibles; on les fit venir dans les Car-
pathes, où ils bâtirent, sur la place du village slavo-
roumain de Brasov, leur « ville de la Couronne »,
Kronstadt; puis, pénétrant bientôt au delà des mon-
tagnes, dans le « long champ » de Clmpulung, ils
fondèrent une nouvelle ville, leur << Langenau ». Ils
auraient sans doute rempli cette mission et
brisé pour toujours l'essor d'un nouveau peuple, si
des dissensions ne s'étaient pas produites entre cette
milice ambitieuse, la même qui, plus tard, en Prusse,
voulut créer un véritable Etat pour son Grand-Maître,
et le roi. alléché par l'espoir d'une proie facile. Aprèt
une querelle qui nécessita plusieurs fois l'interventioil
du Pape, ils durent partir, laissant une viUe d'avenir,
un défilé tout préparé pour des invasions dans la
« Transalpine » et des relations de suzeraineté avec
les Cumans, menés par force au baptême et soumis à
l'autorité, visiblement p<^itique, d'un nouvel évèque.
71E POUTIQUe DES ROUMAINS 5<
dont la résidence fut la première des vttles noovelle-
ment créées, Milcov, sur 4a rivière du même nom.
Un f comte » saxon« Corlard. reçut en même temps
(1233) 4es territoires nécessaires pour entretenir le*
ouvrages de défonse qu*il avait fait élever au <l''1'
de roit, à la Tour Rouge. Des groupes de pa>*s i.
gyars furei^ détachés vers la frontière orirâtale. du
côt ■ !" 'iiz et de Ghimes (Gymes), aux anciens nom*;
sc\ _ . |>our y former, dans des sedes spéciaU v,
à côté des Roumains dont ils empruntèrent les mœurs
et les coutumes, une garde permanente. Ce fut le
grou|>e militaire de ces Szekler. dont le nom même
vient de Szek, sedes, qui formèrent la Marche défen-
sive de la Transylvanie. Enfin, j>our fermer tout dé-
filé à l'ennemi, des moines franciscains entamèrent,
le long du Danube, par l'Ouest, le territoire qui de\-ait
fonner la principauté de Valachie. Le château de Se-
verin fut élevé dans le voisinage même de Vancierk
|>ont de Trajan et du camp fortifié qui le défendait.
Un dignitaire portant le titre avar de Ban y fut
établi pour garder le drapeau k la croix latine de la
conquête catholique; la première monnaie qui fut
frappée pour les seuls Roumains et sur leur terri-
toire étant celle de ce Ban. le mot de ban, finit par
signifier toute espèce de monnaie.
11 ne faut pas oublier non plus que, non seulement
les salines valaques d'Ocnelc-Mari. en Olténie, et de
SI' t de Prahova. mais aussi celles
de .-- ... .- ._, à la nouveUe Ocna. près d'un
nouveau Slanic, furent certainement englobées dans
les enclaves magyares sur le territoire roumain.
I.KS RoL'MAiNS ET l'Empire Tatar. — Un événe-
nK'iit imprévu vint, en 1241. arrêter ce mouvement
envahissant du catholicisme romain. Le roi de lion-
grie, avec ses colons saxons et flamands venus du
58 iiii^TnifiE nrs nnt-MAiKS
Rhin moyrn et ur. avec • ,|u. s (t ses féo-
daux d'origine ^. i ai uiniui*, avec v s as^Hies, les chc-
Nuliers venus de Jérusalem pour combattre contre les
païens cuiri < • 4e dernier rqirénentant d
le serviteur . ;*- grande «luvrc historique.
Contre ces » Scvihes » inag>'ars, bientôt mêlés de
Slaves, influencé» dans leur "'«• proi'ince par
les Roumains et soumis <run' re permanente
et profonde à l'influence de 4a civilisation aUcmande,
96 leva un nouveau flot de Sc\"'
étaient restés dans la steppe < <
les anciennes coutumes de leur vie nomade.
I.' :*ion (le Génois (Dschin^uiz). qui mt
siii)| I de bande dans He désert avant de devenir
le grand Khan, l'empereur unique de 4a steppe, jeta
de nouveau vers l'Occident les multitudes touranien-
nes qui avaient emprunte à leur immense voisine, la
(Ihine. son grand idéal d'unité mondiale. Il était im-
possible d'arrêter cette nouvelle invasion, qui, si die
n'était pas animée par le fanatisme d'une nouvelle
religion, avait, en dehors du prestige et des talents
de son chef, la force décisive d'un ordre «parfait dans
tous les détails de son action. Les descendants des
Voévodes de Kiev devinrent les humbles vassaux de
la Horde dominante: quant à la Hongrie des Arpa-
diens, elle ris<iua une faible résistance dont l'insuc-
cès rejeta le roi et les restes de son armée vers la
Mer de l'Occident.
Les notices, insuffisantes et con/iises, que noua
possédons sur cette conquête foudroyante, ne prou-
vent pas une occu{>ation talare dea régions roumai-
nes entre les Carpathes; le Danube se trouvait du reste
en dehors du chemin suivi par ces
tures et de butin; ils n'avaient :<)
tion de s'établir, comme ies Bulgares, ;yars de
Jadis, sur un noaveaa territoire, car ils avaient déjà.
VIE poiJTici'K nr.s roi mains S9
dans l'Asie centrale, leur patrie, et dans leors con-
* ' "• • -*:' ,]f^ foyers qu'iH ne
■ iicT. Sur ce territoire,
qu'ils ne traversèrent même pas, ils ne firent que
r •- fr la dominn'- — • - ^' '^•" ^—^ les restes,
s ou même ler un rt-
luL'c en Hongrie. Les 1 nt que chan-
g.r '!'• maîtres: il y eut jr-^u. x«.» .^u.^inent un autre
r< ! ' iir de la dîme aux époques fixées de l'automne
et un ' ! 1 • ! i r' les ports de la Mer Noire.
Mai> t.lî .;i i...n;i pour toujours le ressort
de l'invasion h<>; < , qui prétendait travailler au
110 et de la civilisation latine de
.,:. ^iic l'ennemi se fut retire dans ta
'['pe, laissant derrière lui d'affreuses ruines, des
.tlort*. fiittnt tentés pour revenir à l'ancle na-
tion. Des «lievaller» venus de Terre Saintr^ i<js-
pit»liers français, furent appelés, en 1247, à Severin;
on leur promit k-s revenus dus à la Couronne par
les chefs des Roumains de la « Transalpine ». dont
les noms sont donnés par un précieux privilège de
l?tr.: les « juges » Jean et Farcas daiM l'Olténie
• ne, le Voévode Litovoiu, dans la nnmtagne du
Jiiu. le Voévode qui. au delà de l'Oit, résidait dans
*ité d'Argea, «■ food da la montagne; la réel'
e d'Arget, Senmluv, aant eompHar let pêcheries
de Celeiu et d'autres avantages sur ce territoire qui.
avec ses moulins, ses liltogi. i. florissants, ff\'ec ses
guerriers et ses cliefs aoblea donne l'impression d*un
pays de très anelMMM dvilisaUoo.
Le Pape avait coflAnsé, en 1251, eet aete de dona-
tion, qui n'eut peut-être pas de suite, à maître Raifli-
ba«d. celui anqînl s'était adrsaeé le roi, n'ayant vrai-
«emblaMement Jamais plis déllBtIlwJMent ses quar-
tiers à Séverin. 8*11 ea «i«it été antrement, on aurait
eu. sotts le coavcrt de In Hongrie royale, déiégiiée
60 HisToinK oes roumains
j>. iitc du s en* français fcur !«
I).i lUssi; 111 1 ^ric inéniie de* Arpa-
diens était, dans fétat où l'avait laissée l'invasion
tatare. un instrument dont on ne pouvait plus se
servir. Les Cumans l'avaient laissée dans un tel état
qu'un des derniers représentants de la dynastie, le
roi Ladislas, s'était converti à leurs mœurs et qu'on
mettait en doute sa constance dans la foi chrétienne.
Des querelles pour le trône éclatèrent, amenant en
deçà des montagnes le « jeune roi Etienne » qui. ap-
puyé sur la TransNivanie et en guerre avec les Bulga-
res jusqu'à Plevna. paraissait devoir refaire dans une
forme magyare l'unité territoriale des Roumains:
avant la fin du siècle, les Saxons, << hôtes » de la Cou-
ronne, en devinrent les ennemis qu'il fallut soumet-
tre par la force des armes. Après la victoire, le Voévode
transylvain, le rude Ladislas Apor, resta maître pres-
que indépendant de la province. Le Nianmoros, le Zips,
le Banat de Severin, où apparaît le rebelle Dorman, se
soulevèrent contre les officiers royaux. La défense du
latinisme revint alors à la race française et à ses asso-
ciés italiens; car ceux qui la servirent désormais, d'une
manière indépendante de la royauté magyare, furent,
en efTet, en première ligne les Franciscains, auxquels
appartient un Plan-Carpin, visiteur de la Tatarie, et
toute la série des moines d'Italie qui fondèrent plus
tard, vers 1330, le diocèse latin d'Arges. L< ' r
Arpadien, Aiidré III, était le ftls d'une Vci i-.
L'essor français vers l'Orient devait donner à la Hon-
grie une nouvelle dynastie, originaire < " le
Naples et de provenance angevine, celle - s-
Robert.
La domination tatare eut un a\ " Me
pour le développement ultérieur <i t'
à la fortune qui aocompagnait partout les drapeaux du
grand Khan et de ses fUs et successeurs, il n'y avait
vie POUTIQUE DES ROVMiiINS 61
plus d^ormais de frontières occidentales depuis la
Chine: de l'Asie centrale jus<|u'aux Carpathos rou-
mains s'étendait un seul Etat, un seul territoire politi-
que et économique. Les routes, dont la sûreté était
désormais garantie par l'autorité profondément res-
pectée de « l'empereur •• mongol, étaient ouvertes à
quiconque possédait un sauf-conduit délivré par sa
chancellerie. La m^me monnaie était partout accep-
tée: les mêmes poids, les mêmes mesures servaient à
tous ceux qui pratiquaient le commerce d'un bout à
l'an' ■ ce monde n i créé par une conquête
sai; aple: le syst uanier était à peu près
partout le même, d'Akkerman. l'ancien Maurokas-
Iron des Byzantins, le Moncastro des Génois, le Bel-
grade des Slaves, la Cetatea-Alba des Roumains, jus-
qu'à Caffa, en Crimée, où, vers la fin du xiii* siècle,
vinrent s'établir les Génois pour faire de la Mer Noire
leur domaine, et nu\ ports lointains des Mers asiati-
ques.
Les liens ^n i >im.iu i> qui existaient entre les frères de
Gengis maintinrent pendant un temps l'unité politi-
que du grand empire. L'unité économique, si rémuné-
ratrice pour le trésor des différents chefs de la Horde
d'or, ne fut pas entamée quand ensuite l'empire fut
partagé, et ce fut tout à l'avantage des Roumains, dont
le territoire venait d'être traN-ersé par les voies de com-
merce menant du Nord et de l'Occident à Caffa, à Ak-
kerman, même à Braîla, le grand port du Danube, j '
humble \iliage où vivaient les descendants de i ci
cétre paysan Braila, mais qui était devenue déjà le
principal entrofxjt du Danube vers l'an 1300.
Cependant la condition naturelle des territoires pro-
voqua des tentatives de séparation politique: à l'épo-
que o'"i " ' ' I ' ■ f ■ liée, le pr" ■!•
la Canij ^y , . - . i se main i
encore, avec leur langage archaïque, les restes des
62 NISTOIAB DP.^ ^'
;iM< ions Germain», commença à se distinguer des «B-
ti< s pays de 1* « Empire », Nogai. un des chefs de
l'Occident, prit sur le Danube inférieur la place des
anciens rois scythes et de leurs successeurs huns, ftYa-
les bulgares, magyars, puis pétschénègues el cumans.
Môles continueMement aux alTaires de la Bulgarie
décadente, qui reçut dans Trnovo un Tzar talar de sa
création. Tschouki, pour en arriver ensuite à des dy-
nasties cuniancs, de sang prob:i^ 'in, ori-
ginaires de la région du Vidin, i ! ; ;iuis les
Siohmanides, aHié d'une certaine manière aux Paléo-
loques de liyzance, Nogaï, auqii ' "' «on
rival de même sang, Toktai, au: , c k
fonder sur cette lisière de l'Orient un établissement
int abandonné ses pratiques païennes,
1 ^1 par Tislaroisme envahissant, H avait
adopté, comme les chefs bulgares et magyars, la reli-
gion de ses sujets. Ne l'ayant pas fait, les Roumains,
que les sources byzantines alTublent à celle époque du
nom suranné d'Alains, profitèrent des avantages d'ime
vie commerciale intense, d'une paix garantie par la
force tatare et même des enseignements militaires
fournis par leurs maîtres passagers. Ce sont eux, en
effet, que Nicéphore Grégora dépeint comme « les
Gètes d'au delà de l'Istros, ayant le même armement
que les Scythes et qui, étant des chrétiens, soumis en-
suite par la main violente de ces dits Scytlies, se sou-
mirent à eux matériellement, bien que contre leur
gré, mais gardèrent, par le .sens de leur supériorité
(lé^ei? et par un sentiment d'isolement il l'égard
de ces infidèles, leur qualité de peuple autonome » (1).
Il» I. p. 204.
CHAPITRE V
Vie politique des Roumains dans les Principautés
avant la fornnation d une civilisation nationale
La PRINCIPAl"rt DE « TOl'TE LA RoV MANIE ». — CcS N.
..1.,...»;,.,,^ autonomes \ivant sous leurs juges et leurs
s jouissuient d'une civilisation très ancienne,
'I)le (le déterminer ii elle seule une organi-
^.ùi. .. j>u.;lique supérieure. I*eut-^tre la suzeraineté
tatare elle-même, amenée par les nécessités pratiques "
des ■ s entre maîtres et sujets à concentrer la
vie li .....c russe entre les mains du cnéze de Mos-
cou qui était destiné à faire souche d'empereurs,
I !-■ !l.- ]>ler les forces roumaines
dans la i . .... lu territoire; car, au Nord,
les textes ne connaissent que la |>opalation fixée près
un nom de
j * "»c^ sur les
pa^rs de l'histoire. Il est bien possible que ce rassem-
i ' d'cner^'l * où
i Toktai ,1 ^ i»les
vivant sous la menace de leurs camps guerriers. Car
ce fut le Voévode de l'Kst qiii î à résoudre le
problème historique. Litovoiu. < l'Ouest, s'était
maintenu pendant plus de \ingt ans iorsqu'éclata un
conflit avec ses voisins; ce conflit fut provoqué, à ce
61 HISTOIRE DBS ROt MAINS
qu'il parait, non par le sort de ce pays de Hateg. sur
les ruines de Sannisagcthusa, que le roi arpadien vou-
lait lui arracher, mais par la réunion momentanée de
Sevcrin et de sa province aux possessions du Voé-
vode.
Pans une bataille malheureuse contre un de ces « ma-
gistri », de ces « bans « de Transylvanie qui fourmil-
laient à cette époque au milieu de l'anarchie générale,
le vieux prince roumain succomba; les vainqueurs se
saisirent aussi d'un de ses frères, Bàrbat, dont le nom
survit peut-être dans ce village dit Riul-lui-Bàrbat
qui se trouve de l'autre côté, tout près de la frontière.
Seneslav d'Arges ou bien son héritier, Tugomir ou
Tilhomir, que les sources slaves des Balcans nomment
aussi, parait-il, Ivanco (le nom roumain est lancu),
réussit donc, dans ces circonstances exceptionnelles, à
réunir les deux Voévodats. situés h la droite et à la
gauche de l'Oit. On n'a pas d'autres renseignements
sur lui. mais son fils Basarab était déjà « Grand-
Voévode de tout le pays roumain », de la Roumanie
entière, c'est-à-dire de tout le territoire que n'avait
pas atteint encore la colonisation étrangère et qui
n'avait d'autres limites que les conditions géographi-
ques elles-mêmes.
Cette principauté réclamait pour son chef non seu-
lement les anciens revenus de la dime des grains, du
vin, des troupeaux et des amendes (gloate), mais
aussi ceux des douanes, car pour la première fols
la frontière gagnait un sens plus précis, et tout ce
qui se rattachait aux prérogatives traditionnelles d'un
dnmn, n'aurait fait cependant que végéter dans la
montagne sans les nécessités de cette vie économique
dont les bases avaient été posées par les Tatars un
demi-siècle auparavant.
Une voie de commerce existait déjà qui menait à
TIE POUTIQUE DBS HOl'MAINS 65
Braila. et les Tatars qui l'avaient créée en avaient pro-
fité les premiers avant de se retirer (1).
Elle aurait dû servir dès Tabord aux Roumains
réunis en un seul Etat, si la vie politique de la Hon-
grie n'avait pas été renouvelée, à ce moment même,
par l'énergie et l'esprit d'initiative, par la ver\e che-
▼akresque de la nouvelle dynastie angevine: ce but
aurait été atteint sans l'apparition au-delà du Danube,
où la Bulgarie se mourait et où la Serbie, après avoir
jeté, sous le règne de I' • empereur >> Etienne Douchan,
un si grand éclat, allait sombrer dans les misérables
querelles entre les prétendants et les seigneurs locaux,
d'an nouveau concurrent k la domination du monde;
je veux parler des Turcs qui, avec Mourad I*, Bajézid
et 8cn flls. joignaient à l'esprit d'aventure communs
aux <• Francs > et aux » Sarrasins » pendant leur con-
flit séculaire en Asie au temps des croisades, un ordre
parfait et une discipline de fer, hénté des Tatars.
Désormais, pendant un siècle et demi, les Roumains
seront morcelés, mutilés, rejetés d'une frontière à
Tautre, des Carpathes au Danube, par l'incessant
conflit entre ces deux forces, dont la rivalité assura
sans doute leur existence, mais les empêcha de tirer
tout l'avantage que pouvaient fournir, à cette fin du
moyen Age, un territoire bien défini, une race nou-
velle pour la guerre et pour la civilisation supérieure.
Ils laissèrent se perdre la précieuse tradition popu-
laire, qui avait permis aux premiers Voévodes d'oppo-
ser aux fantômes impériaux shnret des Balcans et aux
féodalités agonissantes des autres frontières ce sain
réalisme à base géographique et à caractère national
(1) Lear retraite • dû m prodvir» dès Im praBièrm ■waéti
du XIV* «iècle; Icar dernier priac*. Démétrias (et qui slfBlis
Démir. Timour). mmcmmvt 44dn de Nogal et de Toktal, vIt»-
talt encore ver» IJM d« cMé da Daoube ioférfear et d'Aliker-
9^ ilivTniitv ti»'N iint'MAlSv
qui uTaH anené h Tihooiir ti ! < il> > - ;i- '-n* •-
comme princes indigènes d« i iui le p.i>s luuiii.im .
dt Blême que Louis XI entendait être roi de tout son
pays français.
DéTACMBMiSST I>£S PAYS RUtlMAINS DR LA HoNORfC.
Char les- Roliert entreprit de refaire, sur le modèle de
rOceident, ou de simples liens de vassalité qai nnis-
aaient. par exemple, dans une seule vie |H>litique les
rois d'Angleterre et de France sans que le premier se
fût senti, dans ses propres provinces, inférieur à son
suzerain, l'ancien royaume des Arpadiens, éteudtt jus-
qu'au Danube; il voulait même employer ce fleuve
coinme une base nécessaire pour renouveler en Orient
les jours de l'Empire latin. Basarab ayant refusé le tri-
but, — car il se sentait souverain de droit moderne sur
un territoire défini, habité par sa seule nation. — il fut
attaqué par Quirles-Robert en personne d
tagnes de Muscel, où l'avaient conduit cerlu... ... . ..-
vodes traîtres à leur prince par intérêt personnel. A
Sevcrin, uni à la principauté roumaine depuis quel-
ques années déjà, le Véovode de Transylvanie réus-
sit à établir pour un moment Nicolas, fllsd' « Ivanco »•.
mais, dans un des cirques que forment les montagnes
valaques, l'armée royale fut complètement cernée par
les troupes de celui qui, dans la conception des enva-
hisseurs était un simple rel>elle. un « pâtre valais
qu'il s'agissait de " tirer par la barbe de son repai
Une miniature contemporaiae, dans la chronique offi-
cielle, présente, après la scène où uu envoyé de Basa-
rab vient offrir huntblemeul les conditions d'une paix
simulée, deux moments du combat de Posada, au
Nord de Ctmpulung: on voit la briUante chevalerie du
roi défilant hâtiTcment au-dessoas des pics que garnis-
sent des pa)*sans roumains; ceux-ci portent de lon-
gues jaquettes de peau, de longs manteaux de laine.
des braies étroites, collant sur le pied; iU ont de hauts
bonnets pointus de fourrure par-dessus les loogues
boucles de leurs chevelures; les uns travaillent à jeter
l'effroi au n !cs ennemis, qui seront écrasés bien-
tôt par le ; - r^erres détachées du rocher pro-
tecteur ou til à coups (le inassne. Charles-
Roh 12 novembre 1330) dif! ni à
la 11..U ...uque ; le sceau royal, é^j..^ - 1»
confusion de la déroute, ne fut pas retrouvé.
Mais le ur. quoiqu'il eût fait venir l'évc-
que grec de u sur le Danube pour en faire le pre-
mier Métro|>olite du pays, n'entendait pas changer
Toi du coté de l'Orient: pendant
celi '», dans les discordes qui déchi-
raient la péninsule des Balcans. ses troupes, qui sou-
tenaien roi serb<
été coiiK . ^ la cat;i
tendii). On voit Alexandre ou Nicolas- Alexandre, fils
de Basarub, saluer à la f
Charles- Hobert. ce roi 1
par une ambition fiévreuse, devait être enc*ore plus
rem ' ' vicissit: ' -;. "de son père. Peut-
êti< le tribu! d'argent dont il est
parlé en 13d0 fut-il ollerl au jeune prince, bien qu'au-
cune sourc- - -mentionne ce détail. A ce moment,
I>ouchan w l de l'autre côté du Danube, et
Alexandre, prcMiio parent du Tzar bulgare qui porte
le même nom, pouvait craindre les prétentions de
celui qui donnait W Danube pour limite ù son empire
t gréco-serbe . s'appuyait sur V.\ : • et tendait
à Ih '"■--"•ssicm de Constantiuopic. 4.. ^ >,ucrrcs civiles,
au les premières bandes turques avaient été
niclccs, M'^isHaicnt dans 1' byzantin in
de reprendre lu tradition t.... . ..,..;pue par le^ i.,.....^-
des. Clapitainr d'une nouvelle expédition sacrée, le roi
Louis croyait pouvoir placer au-dessus de ce chaos
68 HISTOIRB on ROUMAINS
son autorité personnelle, soutenue par la bénédiction
du Pape et par les sympathies de l'Occident latin. Il
>ivait, du reste, dans des idées tout k fait difTérentes
de celles des Arpadiens. qui avaient gardé avec opi-
niâtreté les tendances conquérantes de l'époque bar-
bare. C'était un roi à la manière française, un Ange-
vin de Naples; il réussit à s'entourer de brillants vas-
saux et de braves chevaliers, retenus auprès de lui
par l'hommage et le devoir féodal. Il tolérait que ce
Voévode de « sa terre transalpine ", ce roitelet des
Carpathes, établit solidement son pouvoir sur les val-
lées de la montagne roumaine et l'étendlt à travers la
plaine jusqu'à la ligne du Danube, pourvu qu'il obser-
vât les règles strictes de la féodalité occidentale.
Dans la Transylvanie même et dans les territoires
voisins, le fils de Charles-Robert ne chercha guère à
établir une domination royale à la manière moderne
sur les ruines des anciens privilèges. Au contraire,
personne ne respecta plus que lui tout ce qui
tenait à ce moyen âge dont il fut un des plus splendi-
des représentants. Il chercha même à ressusciter des
formes en décadence, des initiatives déjà end — ' .
des élans paralysés par la décadence. Les V(.
les cnèzes roumains surgissent sur tous les points de
ce territoire, à la place des « magistri » et des •< bans '>
officiels de la dernière phase arpadienne. Surtout dans
le Marmoros et dans les comtés voisins, où les condi-
tions rurales n'étaient pas encore consolidées autour
des quelques villes de colonisation germanique et des
couvents latins, les Voévodes roumains, élus, selon la
tradition, par la << communauté des Valaques », dé-
tiennent, malgré la présence du comte nommé par le
roi, le pouvoir entier sur les villages du patrimoine
national. Le Banat, autre territoire de frontière, est
rempli aussi de ces chefs indigènes, qui déchurent
rapidement pour devenir bientôt de simples juges de
VIE POUTIOrE nES BOUMAINS 69
village. Des chevaliers roumains combattront ainsi
aux côtés du roi, avec les descendants des Voévodes
écartés par le prince d'Arges. et certaines familles,
comme celle des Doboka (Dobacescul), jouèrent un
rôle important dans la vie du royaume, ayant des
attaches avec le prince valaque. Enfin, pour faire
entrer maintenant ce prince dans le cercle des vassaux
de race roumaine. Louis n'hésita pas à lui créer, dans
le sens des ;i: prétentions de sa famille, un
grand fief traii.. ..u..i dans la région de TOIt, entre
cette rivière et les Carpathes. De même que le roi de
France, .lean, son proche parent, avait constitué à
Taide des terres de la Gjuronne. des apanages en fa-
veur de ses fils, le roi de Hongrie érigea cette région
en duché, le duché de Fagaras (Fogaras), d'après le
nom du château qui le dominait; peu après, 1360, Vla-
dislav ou Lalco (Vlaicu), fils d'Alexandre le Valaque,
en était le maître: ses successeurs y aj- ' !<^
villages roumains des environs de Sibiiu, dr
l'Amlas (Omlas), ainsi nommé d'après un de ses cen-
Ip- IX. Le Roumain s'empressa d'y envoyer ses
ÏH}\ -c leurs esclaves tziganes qu'avaient appor-
tés les invasions Tatares pour coloniser sa « nou-
vel! ' ^ition ».
1 I résista facilement à cette menace; mais,
lorsque le Tzar Alexandre vint à mourir, Louis se
présenta de nouveau comme héritier de droit histori-
que. Il conquit Vidin sur celui des fils de » l'empe-
reur » bulgare qui y avait établi sa résidence, Stra-
chimir. L'autre, Alexandre d'Arges, qui avait vécu
dans la dépendance de son voisin, épousant même en
secondes noces une catholique de Hongrie. Claire, dont
les filles, chargées d'une mission de propagande reli-
gieuse, régnèrent en Bulgarie et en Serbie, était déjà
mort le 16 novembre 1.164, après avoir étendu les limi-
tes de la Prinripauté jusr|u*;'i firaila et à Nicopolis, sur
70 UltTOlAK DM HOUMAIMS
tout le cours du Danube Inférieur. Son fils Laâco, déjà
mentionna plus haut, n'était guère disposé à voir le
î lis de Bude, cet étranger, dont les drr ••' îTpaf-
t à la plus pure des fantaisies li. ,ues,
prendre dans l'Orient orthodoxe une place qui lui
revenait par la communauté de religion, par le» lien^
de famille noués pur son père et son grand-père, aux-
quels étaient venus s'ajouter peut-être ceux qui lui
venaient d'une mère balcaniquc. Lorsque Louis, qui
avait fait mine d'attaquer d'abord le prince valaque
lui-même, rut fait de Vidin la capitule d'un Banat qui
surveillait aussi la frontière valaque, il se leva en
armes pour échapper à l'étreinte. La garnison de Vidin
ne résista pas, et la rhroni(|Ue franciscaine de cette
ville mentionne la courte domination du prince ortho-
doxe, beau-frère de Strachimir, du « roi » roumain
qui faisait sa première apparition dans les Balcans.
où il devait avoir bientôt la possession de Nicopoli».
Nicolas de Gara, commandant des troupes royales, ne
réu^ sser les envahisseurs, qui s'ap-
puy: in.
Lorsque maintenant l'armée du \'oévode de Tran«
sylvanie entra dans la Valachie par le «1 " '
pour écarter ce prince d'une si entrci-
tion. elle trouve sur la ligne de la lalomita des fortill-
« des fortins, des trancbi' ^is-
l < seconde ligne défendait ude,
qui d'Arges était descendue déjà, par Ompulung. où
r ' ilu couvi ' ■ nier abrite les restes du prince
lie, à 'l ie, dans la plaine. l>ragomir,
capitaine de cette ville, rassembla les paysans pour
défendre la résidence de leurs Voév.V • Xtr • Voé-
vodc transylvain et le châtelain de ;• . int
tues dans cette défaite décisùve de \'M)'à. qui. renouve-
lant la leçon de 1330, montrait ù l'ennemi l'Impossi-
bilité d'occuper cette ^ Transalpina ». à travers la-
VIE POUTfQVB DBS ROUMAINS 71
quelle, au commencement de ion rlgnc. I« roi Louis
aecordait des privilèges de commerce aux Saxons de
Kronstadt comme sMI s'était agi d'une simple pro-
vince sans mattre. Il fallvl se résigner à reconnaître
une frontière dénnitive, en (ortifAant le défilé de Bran,
où fut •'* ' ,]ç Torzburg. et celui de la
Tour H I la Landskrone. Quant à
Severin. il rentra bientM sous la dwatwHIon des Rou-
mains.
F N o't'NE secoffoe phinopauté hoi-maine
EN .M .^ II., — Au moment oè, de ce o6té. disparais-
sait tout espoir de maintenir pour la G>ttroniie la pos^
session de ces défilés des Carpatiies. Louis perdait
aussi la possession du versant oriental, bien que les
princes d'Arges. obligés dans le même temps de con-
quérir 1 'lu DaMibe, ' ' ~ ,• leur indépen-
dance Ci A Hoagrie et iler les mouve-
ments des Turcs déjà mattres d'Andrinople, n*eûs-
' rché à faire mie réalité des préten-
t i>ays roumain ».
A une époque plus ancienne les Hongrois avaient
ir !c versant oriental des points d'appui
ix :>n du Séreth, entre autres, ainsi que
nous l'avons dit, pour s'assurer la possession des mi-
nes de sel d'Ocna. I/idée de refaire à Milcov, qui ce-
pendant ne fut jamais rebâtie, un évéché des Cn-
mans. ne fut pas de sitAt abandonnée, et la ville voi-
sine de r hablemt' '
oonuBe >tus aus
nom, paraissait pouvoir abriter le prélat latin; en
1332 Oi ' it demandait an pape la n<
tion à t >.>n propre dMpelain. Guy. I •
de Kaia. dan» l'angle du Nord-Ouest de cette région,
entre les Carpatbet et le S«^^ 's anciens établisse-
ments saaana destlnéfl à r* >on des mines sub-
72 mSTOIRB DES ROUMAINS
sistaient encore, bien qu'ayant perdu toute leur im-
portanrc au profit de Rodna. leur rivale tran'-^"
Le nouveau roi de Hongrie créa d'abord un<-
orientale de la Transylvanie, réunissant entre les
mains de son fidèle André, fils de î " '. '> o), pro-
bablement d'origine roumaine, i lion du
Marmoros, des Szekler et du comté de Kronstadt,
ainsi que la dignité de comte de Szatmar, dans l'Ou-st
de la Transylvanie, et celle de Voévode même de cette
province. Il était appelé à résister, non pas h une ten-
tative des Roumains pour former un second Etat in-
dépendant, mais aux dernières invasions des Tatars,
plus ou moins soutenus par les éléments chrétiens à
leur disposition, qui atteignirent, en 1352, la frontière
de Transylvanie, sur la lisière des Szekler. Le roi lui-
même dut intervenir pour briser les efforts des bar-
bares, qu'avait encouragés l'anarchie galicienne, pen-
dant les combats incessants entre les Lithuaniens du
Nord et les Polonais de l'Est pour la possession des
débris de l'ancien royaume de la Russie Rouge, si
puissant au siècle précédent. Lorsque la victoire défi-
nitive éloigna ces fragments de la Horde, André con-
fia la garde du territoire récemment occupé, aux en-
virons de Baia jusqu'au cours de la rivière Moldova. à
un subalterne, simple capitaine royal, choisi parmi
les VoéTodes roumains du Marmoros, Sasul, fils de
Dragos. Une « terre moldave » avait été créée ainsi
pour les seuls intérêts de la Couronne, pour servir de
digue contre de nouvelles tentatives du côté de l'O-
rient. Or, aussitôt après, un autre Voévode roumain
du même Marmoros, Bogdan, du village de Cuhea,
qui depuis longtemps s'était fait connaître par son
esprit de rébellion, par sa hardiesse et le caractère
indomptable de sa résistance, s'avisa de 5ul\Te l'exem-
ple (les Valaques Tihomir et Basarab qui avaient
conquis, contre tous les efforts de la Hongrie, une in-
YIE POUT1QUE DBS ROUMAIWS 7S
dépendance plén'ure et victorieuse. A la mort de Sa-
sui. la révolte éclata parmi les Roumains de la nou-
velle province, et Bogdan s'empressa d'accourir pour
arracher l'héritage aux fils du défunt, Raie ou Ralita
et Dragul, qui furent plus tard les successeurs d'An-
dré dans la fonction difficile de défendre cette fron-
tièr' ' \\e que le succès de 1* « usurpateur *' avait
de n 1 arrêtée aux Carpathes (1365).
Cette pro\ince, dont les princes ne prirent que
l'"i (1 le titre national de « princes roumains de la
If '>, serait restée confinée pour toujours à ces
vallées des Carpathes. et le roi aurait pu s'en saisir
k la première occasion favorable, car de nombreuses
attaques hongroises montrent bien qu'il ne s'était pas
résigné à sa perte, si une seconde voie de commerce,
ouverte au delà du Séreth, n'avait rendu nécessaire
la fondation d'une grande et puissante principauté,
dont l'indépendance eut dès le début ce caractère
royal qu'implique la qualité souveraine du domn.
L'ancienne Russie Rouge n'avait jamais possédé
en fait les territoires entre le Séreth et le Pruth, et
moins encore celle des plaines ondulées de collines
qui s'étendent entre cette dernière rivière et le Dnies-
ter. Sur ce territoire des anciens «< brodnici », les Ta-
tars restèrent les maîtres jusque fort avant dans le
xi\'* siècle: ils prélevaient encore vers 1360 les droits
de ' et les revenus du Khan à Akkerman. et
leur :. sions ne cessèrent, ainsi qu'on l'a déjà vu,
qu'après cette date. Sons l'ombre de l'autorité des
souv ns de la steppe, les seigneurs fonciers
»e i< t les vallées: on trouvera leurs noms,
avec l'indication du territoire qu'ils représentaient,
dans les diplômes délivrés par les successeurs de Bog-
dan. auxquels ils se rallièrent, les soutenant de toute
leur puissance guerrière.
Mais ce qui donna à ce |Niyi une importance excep-
74 mirquui mis nmniArfii
tionnrlle, ce fut le dévetoppenu'ui ui- la ligne di- cuta-
mené. Ci^ée déjà par les Taiara. elle menait de la
Rvnie Rouge, dey eau c lithuanienne et iKilonaise. à
ces poKs tatars de la Crimée où 5i'étaient «tabli» les
riches et entreprenants Génois, mallreft, depuis le rét»-
MiiifiBcat de l'Kmpire byzantin k Con«tautinople. de
la mer Noire, sans compter le port de Moncastro-
Akkernian. resté latar jusqu'au dernier moment, où
les Génois s'établireoi pour quelques années, et
Licoslomo-Kilia, colonie génoise située an milieu
même des lioucbes du fleuve pour servir d'escale
an coniraerce des grains danubiens, que la Répn
blique disputait avec acharnen^nl, v<>ro 1!U>0, à
Venise, sa rivale.
Déjà ica derniers prinees rasses, (|
tagé l'héritage de letMtt prédécesseurs :..u .. : i at
fondé des colonies d'Allemands, d'Arméniens, puis
aussi de Juifs, put le territoire de Halitsch. T
Lvov en russe, porte le nom du prince ru^-
Mais celui qui lui donna, ainsi qu'à la cité rivale de
Cracovie, la grande importance commerciale que l'on
sait, ce fut le roi polonais Casimir, qui y établit le
« droit de Magdebourg , le pur droit germanique, que
ne devait contrecarrer amonne « ootttmne rulhiM
Lorsque Loab de Hongrie hérita, à la mort de Cas u...
son oncle, du royaume de Pologne tout entier et qu'il
établit ses officiers dans la Gaiicc, que plus d'une fois
ses prédécesseurs hongrois du moyen âge avaient do-
minée, il y eut entre ces villes allemandes de nouvelle
création et les \illes. plus anciennes, de la Hongrie
Supérieure, des relations qui contribuèrent aussi à for-
tifier ce commerce continental du Lovant qwk venait de
naître sur la base des privilèges de Casansir.
Ce commerce avait amené, Ters cette même «époque,
le détnchoment, comme formation indépendante cor-
respondant en quelque aorte aux limites das posaes-
VTK POLmQVe DBS 1IOV«AINS 75
sions In^antines d« la m^r Noire, de la partie mari-
time de l'héritage du Tzar bulgare Alexandre. Un cer-
I ' '' ï *i. héritier de Baliea. «eigneor roa-
ni ; fit à Cavama, s'iroproxisa prince <tu
littoral habité par des races difTérentes, des Grecs en
première ligne. Une ' " 'les terres, *?' " »s-
qu'alors jmr Démètn- le Talar, Un tte
formation territoriale, correspondant uniquement à
une ! * ■ • du commerce, a eonserré
dans ^. ^p^ rompiérants, le nom de
son fondateur. (Dobrogea en roo-
main).
Cette ligne de communication entre l'Occident d'une
part et. de l'autre. l'Orient tatar et turc de\'ait amener
k Hon tour l'établissement d'un ordre politique con-
«wHdé dons les vallées du Soreth. du Pruth et du
Dniester. Alors que la région moldave proprement
dite vivotait, sous le rapport économique, dans la
dépendance de la Transylvanie, de la ville de Krons-
*' ^o\ et. dans le voisinage même, dans celle,
m importante, de Bistritz (Bistrita), centre saxon
du Nord-Est de la province, des villes noovelles sur-
gi' M'a rimproviste. comme relais pour les
c;i itns la vallée du Séreth d'abord, où il y
eut une ville de ce nom: dans celle de son premier
0^ Suceava, destinée à devenir une
p' - capitale de la principauté mol-
dave; dans le voisinage du Pruth. Tetina. dont hérita
II" ' ■ '^'.•rnauti
cl itaux fn-
ment du xv* siècle: puis, sur le Dniester, Hotin
(Choczim' ' "• " ufUe-
ment dis].. <nfin
la ville de Tighinea (• Teghm » on • Tehin » pour les
voisins), qui servait déjii sans doute, comme pince
de péage aux Tatars. Alors que. entre 4e Sérefli «t les
76 iitsToine des roumains
Carpathes. il n'y avait que Baia. simple bourg élevé
P«.ur un moment à 1 M' d'év^rî " ■ i • volt
tiKMirc les beaux ic une catli pie),
que la citadelle de Neamt dans la montagne, et que
V * ' ii^rois du Sud. Ocna. Slanir, Bacau (la
<»pale ayant disp:^ru sans presque
laisser de traces), l'autre région, qui dépendait du
commerce galicien, vers Moncastro et CafTa, appelait
par les nécessités profondes de la situation géogra-
phique et économique l'établissement d'un maître res-
pecté, d'un vigoureux soldat capable d'assurer à coups
d'épée la libre circulation des marchands de toutes les
nations, jusqu'aux Italiens de Crimée qui apprirent
bientôt le chemin de Suceava.
Les influences occidentales menacèrent dès le dé-
but l'indépendance de cet Etat. Des moines allemands
amenèrent sous Latco, fils de Bogdan et mari d'une
princesse orthodoxe, probablement russe, l'établisse-
ment d'un évêché latin, correspondant à celui d'Arges.
dans la ville de Séreth, où les Dominicains disputaient
le terrain à leurs frères, les Franciscains. La fille et
héritière de Latco. Musata, avait adopté le culte ca-
tholique, se faisant appeler Marguerite. Entre temps,
un des Koriatovitsch de Galicie, princes podoliens qui
se créèrent aussi un fief dans le Marmoros, Yourg, fut.
pour quelques mois, lui aussi, prince moldave. Mais
les descendants de Bogdan, les fils et les neveux de
Marguerite, restèrent des princes roumains ortho-
doxes.
Ce fut même aux dépens de la Pologne que le nou-
vel Etat trouva ses limites définitives vers le Nord.
Pierre, fils aîné de Marguerite, profita des difficultés
où se trouva Jagellon, le grand-prince lithuanien qui
avait épousé Hedvige. fille et héritière du roi I^ouis,
dans sa lutte contre son beau-frère et concurrent Si-
gismond de Luxembourg, roi de Hongrie, pour s'em-
VIE POUTIQtJE DES ROUMAINS 77
parer du district de Szepenic (en roumain Sipint),
avec le» forteresses de Hotin, de Tctina (Czeczyn) et de
<' Chmielow ". Knrlchi par le produit de ses douanes,
de système abs<.lunient tatar, Pierre « prêta » à son
voisin une somme de 3.000 « roubles franques »,
c'est-à-dire de pièces d'argent génoises de CafTa, que
l'emprunteur comptait bien ne plus jamais restituer.
Il eut en échange, à titre de gage, une première pro-
messe vague concernant le « territoire de Halitsch »,
puis le terriloire qu'il avait convoité, et occupé même
avec des droits reconnus formellement, par un traité
conclu, en 1411, sur la Pocutie, à 1* " angle » galicien
du c'^té des Carpathes, contenant les places importan-
tes de Kolomea et de Sniatyn. où l'on rencontra bien-
tôt un staroste moldave. Respectant le lien féodal,
Pierre se rendit à Lemberg pour prêter personnelle-
ment le serment au » Grand Prince et héritier de la
Russie ». auquel il promit aussi le contingent de ses
troupes: mais il n'agissait ainsi que pour arrondir ses
possessions et obtenir les frontières nécessaires à
toute fondation politicfUe.
Rl\\iiiK r..Sânr. i.A \Al.\t.HIK KT LA MOLDAVIK AL
XV* SIÈCLE. — La V^alachie fut diminuée par l'établis-
sement de cette nouvelle force. Elle n'essaya pas de la
soumettre par les armes: une seule fois des troupes
valaques entrèrent en Moldavie pour changer un
prince ennemi. La région située au Nord du Danube,
appelée Bessarabie, parce qu'elle avait appartenu à la
dynastie de Basarab, devint bientôt une terre mol-
dave: le prince Roman s'intitulait en 1392 » seigneur
des montagnes à la Mer ». Les deux fondations poli-
tiques de la race roumaine coexistèrent désormais,
leur fruiitière étant flxée au Nord du Milcov et du dis-
trict de l'utna. puis sur le Séreth inférieur.
La .Moldavie, de fondation plus récente, atteignit
78 MUTOOtB DM JtOVMAlHS
beaucoup ptat rapidement «es frontières luili
»ur le Pnkirter et le Dtiuriie: «a Kilt -uHfre
lut permit de réaHaer (plas <<*>> on- .un>i<v
un développciiient prosptee.
Les Carpathes «or lesqiii-ls it- la Valaciiie
«ont traversés par un gnmd nu.i.i . . de déAJ^ d'un
accès plutAt facile: les rois de Hongrie, avec les for-
tercaaca ^pi'iis y avaient élevées, étaient les UMdtres dn
pataage depuis Landskrone jusqu'à la vallée supé-
rieure de Buzau. Après eux, vinrent les snccesseors
de €h«rles-Robert et fh ~ Sigtemond*
<|tti parut en Valurhie ( > : ^ ice légitteie
et comme ennemi des usurpateurs envo>'és par le Sul-
tan, en 1304, contre l'intrus Vlad, < ' ' '" ilre
Radu-le-Cfaauve, autre client des Tu pin
rintervention, en 1420, du Voévodc de Transylvanie
<i mina par une ' " . Plus tard Jean
I }»rand guerriei n qui fixa les des-
tinées de la Hongrie, put intervenir à son ^é dans les
afTaires de la Valachic qu'il aymii soi ' ^ sa tutelle
beaucoup plus que l'autre priMoipab us la suite
encore, cette Transylvanie décida du sort de la Vala-
cbie voisine, bien qu'une invasion valaque au-delà des
montagnes fût encore plus facile pour tout Véovode
entreprenant; tel ce Vlad Dracul qui, en 1438, guidait
les troupes du Sultan, son maître: tels encore les suc-
cesseurs de Vlad au XVI* siècle, jusqu'il MirheMe-
Hrave, qui y pénétraient seulement pour inler>*enir
dans les querelles intérieures de cette province, ou
même dans le but de poursuivre instinctivement les
buts supérieurs de leur race. Mais le grand danger
ne pouvait pas venir de ce c<Mé, car la royauté
hongroise, qui avait d'abord représenté la foi catho-
lique et l'impérial i«nne occidental en Orien, puis
«ontinui' les traditions de la féodalité française, en
était arrivée, avec Sigismond, le pompeux César germa-
VIB POUTIQUB HBS iMvinuxs 79
nique, à servir uniqneraeni «ne ainbitioii penameHe,
qui n'était p9n même celle d'une dynastie. Lor8i|iie,
après la mort préniaturée d'Aibert (!' ' he. genéM
de Sigisniond. uprè» la ratastxx>plic •< la. où Vla-
dislas Jagellon, roi de Hon^e et de Fologoe, SMe-
coniba «ous les covps des Turcs victorieux, Hnnysdy,
le N'oévodr trans3rHaiE, comte des Ssekier, gouver-
neur du royaume, capitaine de croisade, prit dans sa
main gantée de fer la ooadnite des affaires, il apparut
non cmiime le manésdalre d'une Hongrie moderne
avide de territoire, mais bien comme le chef illustre
et puissant d'une confédéraiion chrétienne. Dans
cette confédération, à cAté au despote serbe Georges
Brancovitch. Le plus sou>'ent perfide ou rebelle, les
princes du Danulie et des Carpatbes louèrent le pre-
mier rôle: ils n'avaient d'aillMMV qm'k se prései^er,
au moment de toute nouvelle entreprise contre le Sul-
tan, ù la tète de leurs chevaliers, de leurs boiars, de
leurs genéwrmfs mercenaires et de leurs pa>'sans U-
...s défilés moldaves sont beaucoup moins nom-
breux et ils étaient seMÉbleaMat plus difficiles à tra-
^ •' époque oà une partie da pa3r8 des Scak-
i' . lendne de « deux comtés entiers », selon
une déclaration efSeMIe de rAutrlcfae qui l'a usurpée,
app;< û la priaclpaalé. Après les efforts laila
par I ouis lui-mêaM po«r rétablir son aatorUé
dans la région de Raia. il n'y eut qu'une seule grande
rMmvei Btat: celle dn
ê le Sérelb, s'avança
jusqu'à Hftriau. une des résidences du Voéwode
T' 1 de Jaavy. et lai imposa an traité de
il avidt éU maintenu, aarait créé «se
) nouvelle au puys. Si Hunyady eot sur la
- ne InfltteMoe délarminaais qae snr la
. si des frtnaes «MBDe Bogdan H,
80 HISTOtRB DBS ROUMAINS
comme Pierre Aaron. vert le milieu du XV* tiède,
conclurent des conventions qui en faisaient ses bons
amis et ses dépendants, si Chilia. la nouvelle forte-
resse moldave en face de Llcostomo en décadence, lui
fut cédée personnellement, pour ainsi dire, dans le
but d'y faire un point d'appui de la croisade, elle
n'exerça pas cette influence d'une manière aussi im-
périeuse que dans l'autre principauté, où le pr' *":ld
Dracul. homme d'une grande énergie (< ^ it,
qui avait pris part à la bataille de Varna aux côtés des
chrétiens, fut pris à l'improviste par le gouverneur
de la Hongrie et tué, de même que son fils aîné, sur
sa propre terre valaque.
En fait, les prétentions féodales du roi Louis
avaient passé à la Pologne, héritière de ses droits en
Galicie. Ce fut, en effet, en cette qualité que Jagellon le
païen, devenu, sous le nom de Vladislav, « roi de Po-
logne et de Hongrie », formula des projets de suze-
raineté sur la Moldavie; il cherchait en même temps
à conclure avec la Valachie du prince Mircea, neveu
de Laîco, des traités dirigés contre son concurrent,
comme celui qui fut conclu, par la médiation du Mol-
dave Pierre, en 1389. Roman, successeur de Pierre,
disparut après la bataille de la Worskla, où les trou-
pes de Jagellon affrontèrent^ celles de son cousin li-
thuanien Witold, qui voulut, pendant une trentaine
d'années, être le roi d'un nouvel Etat indépendant.
Pendant le long règne d'AIexandre-le-Bon, fils et
deuxième successeur de Roman, ce fut le souci det
territoires pocutiens qui domina les relations entre
Vladislav et son voisin moldave. Alexandre se pré-
senta même devant le roi dans cette Pocutic sur la-
quelle il voulait affirmer ainsi encore une fois set
droits dérivant de l'ancien « emprunt » : après la mort
de la princesse Anne, cette cousine lithuanienne de
son allié et « suzerain », il épousa Ryngalla pour la-
VIE POLITIQUE DBS ROUMAINS 81
quelle il fit bâtir l'église catholique de Baia. sans pou-
voir cependant s'attacher l'àme revéche de son épouse
royale, dont il dut se séparer en lui créant un riche
douaire. Des Moldaves prirent part à Marienburg, en
1422. à la guerre des Polonais contre les chevaliers de
l'ordre teti dont la pr^ que leur in-
terdisait 1 1 • la mer; la , de la Pocu-
tie avait été solennellement confirmée au prince mol-
dave, par un nouveau traité, <î '" née 1411.
Peu de temps après avoir m l- but dernier de
ses efforts, Alexandre prit solennellement le titre
d* « ail' » que déjà on rencontre dans les actes
de son , >ur un parement d'église, autour de son
portrait et de celui de sa femme, Marina, on lit une
inscription ' de cet « autocrate •> et
de r •< aul .Le mariage avec Ryn-
galla avait été rompu, et le nouveau Siège catholique
de Baia déchut aussi rapidement que l'ancien évèrhr
de Séreth. Suivant les traditions de son père, l'anc i a
ami des Lithuaniens. Alexandre, soutint Swidrigaillo,
le successeur de Witold. en pleine guerre contre la
Pologne. La Pocutie. qu'on lui disputait encore, fut
conquise les armes à la main, quelques mois avant la
mort du grand organisateur de la Moldavie, en 1432.
Le conflit qui éclata dès la mort du vieillard (1433)
entre son fils légitime, associé au gouvernement et
marié à une sœur de la nouvelle reine de Pologne,
Elie. et un autre fils, capable de toutes les surprises
et de tous ' permit à la Pc!
regagner jj.... j- .es tout ce qu'el.. . . .:.L
perdu. Avant de s> ^er, en 1435, les revenus de
la ! ta cependant unie sous le rap-
p<>' , I • lui-même» puis Elie aussi m-
criflèrent la Pocutie d'abord, et ensuite le territoire
du Szepenic. qui ne fut cependant Jamais occupé par
les armées royales; l'obligation de fournir le secours
82 HISTOOIC 00 nOt'MJUNS
militaire fut élargie, et la Moldaivle pmym pour la pre-
mièrp fois un tribut à In tatnre. composé de bœuft, de
chevaux* de pièces de drap d'Orient et d'esturgeons
pris ÛÊMM le» pèeherkt danubiennes de Chilia. Plus
tard» on eapéra ponnir employer le» f\\% de la PoUk-
nalse Binrinka, B»nMui 11 et Alwandre II, pour anneacr
au roTaunie Cetatea-Aiba et le Danube inférienr; une
ariiiéo polonaiae entra > "••igdan. (Us
du vieil Alexandre et ]'; . y qui vou-
lait usurper les itroits d'Alexandre: mais l'armée
royale fut écrasée dans les forêts de Vasluiu, à Cra»na.
Bogdan lui-mérae ayant été assassiné par son propre
frère. Pierre Aaron, qui lui succéda* l'usurpateur
il) Il ' ■ 'UvA la bannière moMr 'n côté de la
.1 a Pologne en mêni- , -, sans ou-
blier, bien entendu, le premier tribut payé, en 144â«
au Sultan des Turcs, devenu maître de la mer Noire.
Les Roumains et les Turcs. — Ce serait une pro-
fonde erreur historique de croire que le» Turcs Os-
manlis, les bandes d'Ourkhan, l'émir de Brousse et
ses fils, Soliman et Mourad, aient paru en Europe
comme une horde farouche, animée de l'esprit de
conquêtes et résolue à fonder, sur les ruines des éta-
blissements chrétiens de la péninsule des Balcans, un
nouvel éta t islamique. Anciens auxiliaires de By-
zaacc. tout aussi barbares, sans doute, dans leur ma-
nière (le pratiquer la guerre, que n'importe quelle
bande bulgare de l'époque, ils commencèrent par oc-
cuper les points qui leur permettaient de rançonner
les caravanes; ce sont les ci "ms tard
les amenèrent à tmnafonnr ibUsse-
ments en une organisation politique, « seigneurie ».
« ronyaume », pais « empire » oài les Bomes de
Gengis s'associaient aox souvenir» reamlna de By-
zanre.
VIE POUTIQIIE OB8 AOCMAINS g3
A une époque où Vemac caressait son exceUent
ami " l'enipereur des Turc» ». Mourad, les dynasties
des Bal. uviÉeflfc va» mttmnMn Bon pH»
comiuc ; inMBttfUat de eet novreaox voi-
sios, contre lesquels Us défendaient la civilisation
> ' ' a ne. Bien au contraire, tout le monde recher-
.ir alliance et leur concours: en Asie, le» prin-
cesses impériales de Trébizonde ne dédaignaient pas
rtre les » katouns •» en titre (! ' "^h turcs du voi-
i;4c; de même deux filles li ur furent raa-
lu-cs au XIV* siècle à des membres de la famille d'Os-
iiiau. en attendant que les Tzars de Trnovo et même.
plus tard, les successeurs des empereurs serbes,
nouassent des relations de famille semblables avec le»
Sultans de l'invasion.
Les premiers combats contre les Turcs, livrés par
les princes latins des Balcans, que soutenait le Pape.
ou pur les successeurs de Douchan en Macédoine, ont
un caractère local: il s'agit seulement de défendre
iice de telle ou jîion au caractère
1 le le nouvel iui, .me qui surgissait
à l'horizon. On sait maintenant que les Roumains qui
la bataille de la Maritza (1371) étaient
... ><»alle, vivant sous rautorilé de princes
grecs. Si Laîco, Voévode de Valachie, s'établit à Nico-
s.\ La croisade
(j is échoua» et il
n'eut pa» l'honneur, dont il rêvait, de chaseer des
T" ' " mi de lu '' ' ' 1 ■ .' ' '"kIs-
( 'ij les S« -.à
celui de Cossovo (13â9), où le roi Lazare, vaincu, suc-
comba, emportant dans ' ' i ' .le
sultan Mouratl. une pi< pas
prouvée par les sources, de même qu'il n'y eut pas non
: ' î ' rik'ipation li e. Le nouveau prince,
de Hudu et .le Laîco. avait à peine
84 HISTOinR DRS ROUMAINS
occupé son siège valaque. en remplacement d'un frère
mort chez les Bulgares, Dan. I^ Tzarat de Trnovo suc-
comba sans bataille, en 1393; l'une après l'autre les
places accueillirent len garnisons turques, et les chré-
tiens (le In rive guuche n'intervinrent pat dans un
conllit où l'Orient orthodoxe ne pressentait pas le
commencement d'une nouvelle ère pour le monde en-
tier.
Ce qui intéressait à ce moment les Valaqucs, c'était
la succession de la Hongrie, visitée par les bandes
turques dès 1391. Mircea se fit donner par Vladi^^' ;
Jagellon un accroissement de son fief transylvain, ca
tenant les villages roumains près de Sibiiu, qui avaient
pour centre Anilas; dans le traité avec le second gen-
dre du roi Louis, pas un mot ne concerne la défense
chrétienne. Il se trouva même des boïars valaques,
m»' 's de Mircea, pour appeler dans leur pays
le il Sultan Baïézid; le prince qui fut imposé
par les Turcs en 1394, malgré leur défaite de Rovine,
dans les marécages du Danube, Vlad, parait avoir été
un lils naturel de Laïco.
Cette extension de la puissance ottomane réveilla la
conscience chrétienne, chez les Hongrois aussi bien
que chez les Roumains de Valachie, que menaçait le
môme danger. Sigismond, qui avait déjà envahi la
Moldavie pour punir le prince Etienne, vassal de Ja-
gellon et ami des Turcs, accueillit à Kronstadt-Brasov
Mircea et les restes de son armée; dans le traité conclu
entre les deux princes, aucune mention ne fut faite
de l'hommage que les Angevins avaient cherché à im-
poser aux Voévodes d'Arges, Jeurs contemporains.
Apres cette franche alliance de croisade, les troupes
royales descendirent la vallée de l'Oit pour chasser
Vlad et ses protecteurs païens; mais au retour, elles
furent surprises, comme leurs prédécesseurs à Posada,
par les paysans des montagnes, et décimées.
VIE POUTIQVE DES ROUMAINS 85
Sur\'int la bataille de Nicopolis, où la chevalerie
féodale subit une rorinidable défaite (septembre 1396)
et pendant des heures les soldats de Baïézid. janissai-
res et spahis, s'en donnèrent à cœur joie en mas5va-
crant des prisonniers qui appartenaient aux meilleu-
res Maisons de France et d'Allemagne. Mircea s'était
enfui, et la barque qui emportait Sigismond désespéré
avait disparu sur le cours du ileuve encombré de cada-
vres: les fuyards furent dépouillés sur la rive gau-
che par les gens de Vlad, resté au pouvoir, pour résis-
ter jusqu'en 1397 aux efforts de Stibor, Voévode de
Transylvanie, qui finit bien par se rendre maître de
&a personne. Une revanche turque ensanglanta encore
un nne valaque, après que le prince légitim'-
eût i par les armes de son allié; mais MirctM
réussit à se nraintenir sur cette ligne danubienne, où
il avait fortiné le gué important qu'est (liurgiu.
Baïézid lui-même fut cependant vaincu à Angora
(1402), par les troupes turques fraîches, d'un carac-
tèr ■ ' ' I ! son rival sn
le . liage devait -
tagé. dans de longues querelles, par ses fils. Soliman
et Mousa se ^r ' rent l'Europe avant l'apparition
de leur frère cd 1". Sultan d'Asie, qui allait
rétablir l'unité de l'Etat ottoman. Comme le roi Sigis-
mond. devenu bientôt empereur d'Occident, avait à
cette époque d'autres soucis, et comme ces Infidèles
ne l'intéressaient qu'au moment précis où ils étaient
capables d'envahir son royaume. Mircea. qui était
resté seul au milieu des discordes d'nutre-Danube.
ch I jouer un rôle, en em ' l'un contre
l'a.- .- .ji frères ennemis. Ayant .c Mousa. qui
était aussi le bon ami du despote serbe Etienne, héri-
tier de Lazare, les Serbes de Marc Kraliévitsch avaient
participé, du reste, dans les rangs musulmans à cette
bataille de Rovtne, après laquelle le héros de la lé-
M HISTOIRK DKS ROUIIAIXS
gende serbe fut trouvé parmi len mort»; le prince
vainque s'entendit avec lui au moment <lc hi
commune pour en obtenir ù titre de iief les t _ ..
ses de la rive droite, en commençant par Silistrie. Il
appliquait ain^i au Sud, envers ce jeune Tur<
formé par le milieu bnknnique, le syntème <i . < ^
sion que Laïco avait appliqué aux ambitions suze-
raines du roi Ix)uis et qu'il avait poursuivi lu
à regard de Jagellon comme héritier de la 1 '
L'héritage de Dobrotitsch, despote byzantin, n'était
pas revenu à son fils, avec lequel les Génois conrlur- nt
un traité, car ce fils, Ivanco, n'avait pas été créé li -
pote lui aussi, pour avoir de cette manière la légitima-
tion de ses droits, mais bien au voisin valaque, qui.
fils de la princesse grecque Kallinikia, avait obtenu ce
titre d'alliance impériale, brigué par les seigneurs ser-
bes et bulgares et jusqu'au prince latin des lies de
l'Archipel.
Mais les nécessités territoriales, les conditions im-
posées par l'existence d'une assiette géographique uni-
taire, strictement définie, pour 4e développement de
la vie politique roumaine, empêchèrent de nouveau
cette expansion vers le Sud qui paraissait renouveler
l'époque de Boirébista. Si la Dobroudscha. jadis réu-
nie, ainsi que nous l'avons déjà observé, à la rive gau-
che et ne formant, même après le changement du
cours du Danube, qu'une région danubienne pour
l'expansion de la race roumaine, en tant qu'elle n'é-
tait pas pour les (îrecs en décadence une région mari-
time, pouvait et devait rester sous l'influence de la
Valachie jusqu'à la prochaine conquête définitive par
les Turcs, ces villes de la rive droite ne pouvaient pas
être défendues contre un retour offensif des Ottomans,
momentanément pacifiés par l'amitié de Mousa. I>ès
1413 ce Sultan succomba dans une bataille contre son
frère cadet, l'Asiatique, et, bien que Mircea eut sou-
VIE POIJTIOIE DES ROIMAINS 87
\e\v au^ s prt-tendanls d'un- dou-
teuse, il î! it pas à défendre, non ^ it cette
Dobroudsclia. mais aussi la citadelle môme de Giurgiu.
dont la < ' ' , lui avait coûté de " 'Is sa-
crifices; . fois, la « Tour • i . de la
Petite-Nicopolis, sur la rive gauche, fut occupée par
1( ■ • ' ■ ' du Banat de Severin, que
S x'nt abandonnés en 1406.
à ce \'orsin qui consentait à faire la garde du fleuve
pour la Hongrie elle-nit^me et la chrétienté occiden-
tale entière, se présentèrent devant le Sultan pour
faire leur soumission. Il parait bien que Mircea dut
subir le même sort que. une vingtaine d'années aupa-
ravant, les empereurs de Byzance: il paya le tribut cl
donna son fils comme otage à ce suzerain musulman,
gagné déjà aux notions féo<Iales de la chrétienté.
Au cours des querelles pour le trône qui précédèrent
en Valachie celles qui allaient déchirer la Moldavie
«près la mort d*Alexandre-le-Bon. vrai pendant dans
«*tte autre principauté roumaine de Mircea en ce qui
<' s'il y eut les inter-
^ . . s que nous avons déjà
xpliquées dans leurs motifs, on a cependant une con-
ti " •• des Turcs, qui di'' it mainte-
r lés danubiens. Si R;< liauve fut
un nouveau V4ad. Dan II, vainqueur de Michel, fils
de Mircea, et adversaire acharné du pupille des Otto-
mans, reprit, par tes altaques contre Giurgiu, contre
SilistHe, la mlMion de défenseur du fleuve qu'avait
ren^ptie son oncle, réunissant se» efforts, souvent heo-
rtMi\, à ceux de ce Florentin. Fllippo Scolari (Pippo
^ano, « le comte Pip|>o «). auquel Sigismond, tou-
jours occupé ailleurs, avait confié la garde du Ranat
de Tcmeschwar. A un certain monent. du reste, après
la mort de l>an, SIgiiwond, q«i avait penaé. dès 1412,
il an<> crruruip c reliée sur î^ n^nube, gagaant à celte
88 HISTOIRE DES ROUMAINS
idée son ancien rival polonais et menaçant le Moldave
Alexandre d'un partage de sa principauté s'il ne con-
sentait pas ù réunir ses troupes à celles de ses voi*
sins chrétiens, appelait en Transylvanie de même
qu'à Severin, les Chevaliers Teutons du « Ran » Klaus
de Redwitz. auxquels il voulait donner aussi le chik-
teau de Chilin et les embouchures du fleuve.
Sigismond avait imposé cependant, dès 1432, contre
le prince Aldea-Alexandre, premier successeur, favo-
rable aux Turcs, de Dan. un commensal de ses sé-
jours en Occident, ce Vlad Dracul ou Draculea, qu'on
rencontre dans sa suite à Nuremberg. Mais la Hongrie,
simple instrument pour l'ambition toujours avide de
nouvelles pompes du Roi et Empereur, ne pouvait pas
soutenir ce prince, destiné à continuer sur le Danube
l'œuvre de Slircea, son père, et de son cousin Dan.
Chassé deux fois par les 'Turcs, qui se servaient contre
lui du fantôme d'Alexandre, emmené même, parait-il,
avec ses deux fils, par les vainqueurs, qui l'auraient
enfermé dans le château de Gallipoli, il revint comme
vassal du Sultan, qu'il guida, en 1438, à travers la
Transylvanie. L'initiative de Hunyady réussit néan-
moins à le ramener à ses premières intentions guer-
rières, qui étaient, sans doute, dans son caractère
même, et sur maints champs de bataille Vlad suivit les
drapeaux du héros qui était, malgré son changement
de religion et son assiqiilation ù la noblesse catholi-
que de la Hongrie, le plus grand représentant de sa
race. Et, lorsque, ayant trompé la confiance du capi-
taine de la croisade permanente, il perdit en même
temps (1446) le trône et la vie, pour faire place à un
successeur de faibles moyens, V'iadislav, fils de Dan,
Hunyady reconnut plus tard son erreur, car il avait
maintenant un paisible vassal ù la place d'un auxi-
liaire énergique, soldat de naissance. Il la répara plus
tard en faisant succéder à cette ombre soumise, l'ini-
FORMATION DB LA CIVIU8ATION ROUMAINE 89
tiative toujours aux aguets, l'avidité d'aventures et
la soif de sang du fils homonyme de Vlad. qui. élève
des Turcs, précurseur d'Ivan-le-Terrible et pendant
plus cruel et plus brave de Louis XI. est connu dans
l'histoire comme Tepcs, 1' « Empaleur » (1456).
A ce moment même. Jean Hunyady. qui avait réussi
à sauver Belgrade, •< porte de la Hongrie ». contre les
fori' s assauts du grand Sultan Mohammed II.
suce . . . dans le camp à ses fatigues, et son rôle
qui était de défendre la civilisation chrétienne, reve-
nait, n" t à un autre Roi is aussi
à un R(M .. 'i»nt par droit d< sur des
Roumains, au flis de Bogdan II, au petit-fils d'Alezan-
dre-le-Bon. Etienne-le-Grand. qui, avec le secours de
Vlad. était rentré dans son héritage moldave.
CHAPITRE Vï
Formation de la civilisation roumaine
au milieu des Principautés indépendantes
aux XV* et XVI* Siècles
C' NS l'"l ITIQl'KS GKNt i' ,! i n \ i ,\ ■ \i MUNT
d'K 1 it-(iu\M). — II ne jii(U\.ui ^l.l^ \ .i\iiir de
moment plus favorable pour le début d'un règne des-
tiné à établir l'indépendance po' ' ; de la race rou-
maine que l'année 1457. où o> a de régner, à
l'âge de vingt ans. un jeune prince qui devait, pen-
dant près d'un demi-siècle, développer ses qualités
exceptionnelles de bravoure endurante et de sagease
politique.
90
I >i -» mu
La Hongrie méclk^valf, celle des Arpadiens, aux Ins-
tincts hnrt)areK de ronqui'le, celle des Angevins au
faste féodal, celle de Jean Hunyady, qu'animait l'es-
prit des Croisades, allait finir au contact de la puis-
siince turque, si moderne par son caractère nettement
national et militaire, par le pouvoir absolu de ses
chefs, par leur tendance à donner au nouvel Ktat, au
lieu des bornes vagues d'une intluence, les contours
précis des frontières naturelles. Le roi au service du-
quel le héros de Belgrade avait dépensé ses elTorts, le
faible enfant posthume qui était Ladislas, iils d'Albert
d'Autriche et petit-llls, par sa mère, du vaniteux Si-
gismond. allait finir bientôt ses jours sans avoir mar-
que par des actions personnelles un assez long pas-
sage sur le trône. Son successeur Mathias. qui était
fils cadet de Jean Hunyady, eut toujours devant ses
yeux le fantôme brillant de l'empereur et roi, dont il
suivit si souvent les traces; il dut comprendre cepen-
dant, par ses instincts réalistes de Roumain, par l'o-
rientation fatale au milieu de son époque, et non
moins par son contact intime et varié avec ce monde
de la Renaissance italienne qui lui donna aussi sa
seconde femme, Béatrix de Naples, les caractères dis-
tinclifs d'une nouvelle ère. Posséder la terre, l'argent,
les ressorts de la diplomatie avaient pour lui plus de
valeur que les avantages purement formels de l'hom-
mage traditionnel.
La Pologne du roi Casimir vivait beaucoup plus
dans les souvenirs du moyen âge. Le petit-fils de Ja-
gellon, tenait plutôt aux cérémonies brillantes dans
lesquelles il pouvait apparaître comme le suzerain qui
commande et conduit: sa vanité, lente à déterminer
des efforts efficaces, n'était qu'un des éléments d'une
mentalité arriérée, tenant à l'ancien régime de l'auto-
rité qui dépasse toutes les conditions données de la
terre et de l'époque. Mais déjà des aventuriers italiens
PORMATIOK DB LA anUSATION ROUM4IMB 91
venaient apporter dans l'Orient latin des idées non-
\s: un d'entre eux. Filippo Buonaocorsi Callima-
4 ..us devait avoir une influence décisive sur l'esprit
du fils aine et futur suocessear de Casimir. Jean-Al-
bert. Il ne faut surtout pas oublier la leçon de réalisme
que donnait à tous ces imitateurs du passé la conquête
turque, fondée sur des bases inébranlables. Pour la
ne d'une Pologne qui n'avait encore ni ar-
. or, ni chef généralement reconnu, il était
nécessaire de confier la garde du Danube inférieur
de la y ' •; pour être resserrée
<'res plus s. cette puissance n'en
était que plus concentrée. Si Ton avait cru jadis pou-
': "T 1 î; !'■ 1 I (jendance )>olonaise contre les Ot-
iii > I M .1 ,>seraent d'une garnison dans Ceta-
tea-Alba. prise sur l'héritage du faible Alexandre II,
! Dnquète de la péninsule des Balcans par Moham-
. Il et l'apparition de la flotte turque dans la mer
Noire devaient imposer au plus opiniâtre des rêveurs
la convie* --i tîic seule une force indigène, intéressée
en prenii ..- à défendre ce rivage, déjà fortifié par
le premier .\lexandre contre les nouveaux ennemis,
pouvait écarter le plus grand des dangers.
Quant aux Turcs eux-mêmes, ils avaient éprouvé
;ju sir^'f de Belgrade leur première grande défaite;
satisfaits du tribut de 2.000 ducats de Hongrie promis
par Pierre Aaron. ils pensaient plutôt à compléter leur
I ique par l'annexion de la Bosnie et de
i ^ . ic. encore libres, qu'à entreprendre quel-
(|ue chose du côté du Danube, où ils avaient été vain-
' '* pour leur faire changer de direction les
j s du prince Vlad. qui. allié de Mathias et
époux d'une parente du roi de Hongrie, se jeta, en
1401. ;iii tt môme où POccidei ' ' ! préoccupé
par u(i<- croisade, sur Giurgi autres pla-
ces danubiennes, massacrant méthodiquement les ha-
02 HISTOIHK Dm ROUMAISS
bitants. dont il supputait ensuite en bon comptable le
nombre jiour en orner ses bulletins de victoire. Seu-
lement, le Sultan lui-m<>me passa sur la rive (gauche
pour chasser en Hongrie — mais non sans avoir subi
de graves pertes, — un prince féroce, trahi par ses
boïars et tardivement secouru par le roi, son protec-
teur; il put bien laisser sur le territoire valaque,
comme V'oévode de la paix et de la soumission, le mé-
prisable Radu-le-Bel, frère de Vlad, n
du harem de ses favoris, mais non pas
nitivement un pays qui, sous ce faible maître, reprit
dès le lemleniain ses anciennes traditions. .Avant cette
campagne môme de 1462, qui avait été plutôt malheu-
reuse si l'on tient compte de ce qu'elle coûta aux vain-
queurs, Etienne le Moldave savait bien qu'il n'avait à
craindre aucune inimitié de la part des Turcs. Ces
derniers étaient, du reste, si gênés dans leur offensive
contre Vlad, qu'ils permirent à son voisin de « colla-
borer » à leur expéilition contre Chilia; il y employa
toute une armée, qui ne pouvait guère avoir pour but
de livrer au Sultan la ville, une fois conquise, mais
qui voulait rentrer dans la possession d'une place
cédée si facilement par Pierre Aaron à son patron, le
gouverneur de la Hongrie.
Activitf' d'Etiknne avant le conflit avec les
TuKCS. — Dans ces conditions, il s'agissait en pre-
mière ligne de régler la situation du pays envers les
deux pays chrétiens qui avaient hérité des préten-
tions féodales des Angevins d'Orient. Pierre Aaron se
trouvait en Pologne; mais on n'osa pas le soutenir.
Il en fut chassé, au contraire, dès l'année 1459; le
nouveau prince moldave dut s'engager à ne pas rede-
mander la possession de la citadelle de Hotin. momen-
tanément occupée par les officiers du roi et qui '
du reste, revenir bientôt d'elle-même à la Prin< ,
♦ FORMATION DR LA CIVIUSATIOX ROUMAINE 93
ci ■••'■' ni partie. Le tr;r !e
au I contre les « In
ce qui ne signifie pas les Turcs, mais bien les Tatars
de la Crimée, qui déjà sous les premier^ -- ^seurs
d'Alexandre-le-Bon avaient envahi la M . tout
en étant pour la Pologne elle-même une perpétuelle
menace. En ce qui concerne l'hommage. Etienne se
déi-lara prêt à suivre la coutume de ses prédécesseurs,
pourvu que le roi Casimir, son suzerain, se trouvât en
personne aux frontières. Le roi ne tarda pas, en effet,
à paraître en Russie, et l'hommage fut prt^té le 2 mars
1402; mais, en prince de la nouvelle épo<{ue. Etienne
se garda bien de renouveler la cession d'Elie et de son
frère en ce qui concerne les districts septentrionaux
de son pays; sans mentionner la Pot'utie. qui n'était
plus entre ses mains, il maintint ses officiers aux gués
de Cernauti. dominant la région qui s'étend, dans la
Bucovine " 'à du Pruth supérieur.
Le roi N ait avancé, en 1402, que jus-
qu'aux frontières de la Transylvanie, invoquant la
lettre d'humilité par laquelle Vlad cherchait à se faire
pardonner ses méfaits envers le Sultan pour excuser
son absence. Trop faible pour empêcher la perte de
ses " pays vassaux » de Bosnie et d'Herzégovine, il
échoua, en 1463 et 1464, dans ses efforts pour les re-
couvrer bien qu'il se fût emparé de la capitale. Jaice.
et ne réussit jamais à créer un organisme durable sur
les ruines de l'ancien royaume. Lorscfue Pierre Aaron
se fût réfugié chez les Szekier. Etienne put pénétrer
librement sur leur territoire pour les en punir, et dé-
sormais ses voisins, jouissant d'une autonomie guer-
rière qui ne cadrait plus avec les premiers besoins
d'une royauté hongroise absolue s'étendant désormais
à ce pays de Transylvanie aussi, où chacun avait son
privil««^<'. furent des clients du prince moldave, prêts
à le suivre dans toutes ses expéditions. Après s'ctre
04 HISTOIltB DBS ROUMAINS
en 1465, emparé de Chilia par un coup de main. le
Moldave eût voulu mettre à profit le mécontentement
de ces privilégiés transylvains qui prrpar:iient la
grande révolte saxonne du comte de la nation, iloth.
et du Voévode Jean de Sankt-(^îeorg et Posing. pour
essayer de ( r encore davantage sa si' ■ ;iu-
delà des m ...:.i^:.-s. On imagine les avaii: ^ ju'il
eût retiré d'une Transylvanie indépendante, même de
liie, à une épocjue où les rois de
r _^ «lit les princes roumains comme les
seuls défenseurs obligés et attitrés de la province con-
tre le danger turc.
Aussitôt après que le roi eut étouffé la révolte, il se
dirigea contre la Moldavie complice, au mois de no-
vembre de l'année 1467. li n'avait pas, sans doute, l'in-
tention d'annexer, contre un ennemi dont il connais-
sait bien les qualités, un territoire si étendu. Si dans
sa suite se trouvait le prétendant qu'il comptait réta-
blir, car Pierre Aaron n'avait pas encore été saisi par
Etienne pour expier le meurtre de son frère, ce fut
surtout une expédition de vengeance, une Straferpr'
dition, comme celle qu'a renouvelée tout dernièrement
la barbarie de notre époque; un motif impérieux de
gloire s'ajoutait d'ailleurs à l'autre pour ce prince qui
aimait à lire dans la belle prose de l'Italien Bonfinius
le récit de ses brillantes actions.
Le pays entre les montagnes et le Séreth fut systé-
matiquement dévasté: Trotus, Baoau. Roman, qu'a-
vait fondée le premier prince de ce nom. furent incen-
diées; Suceava, résidence du coupable, était le but prin-
cipal de l'expédition: mais il fallut s'arrêter, par cause
du grand froid peut-être, dans l'ancienne capitale
Baia, que les derniers Saxons appelaient encore la
« Stadt Mulda ». C'est alors que l'armée fut assaillie
I ^ )t la nuit par les soldats d'Htienne: boïars et les
M rs, " curteni •», qui formaient le corps perma-
rORMATIOX DE tJk CIVIU8ATION ROtMAINR 95
nent de la « Cour ». « hànsari », qui \ivaient sur le
butin comme les « akindschis •> turcs, paysans assoif-
fés de vengeance pour leurs villages détruits et pour
la honte répandue dans leurs foyers. Le massacre fut
horrible: le roi lui-même rapporta de cette catastro-
pJu' un»" profonde blessure, une flèche s'étant flchée
dans I'. . iiw «le son dos >•, «lit la «hK.niquf hon-
groise.
I^''- • f lit jMs ri-j>[i vt :
cher; , (v^u lif Iku-Ut im : ; i
cacher la triste réalité, et l'Occident offrit bientôt à
1" Cor\in » d ir cette
• 1 en « pays 1 aec un
ennemi •« perfide ».
De son côté, Etienne n avuit j»:us rien à réclamer
du côté de l'Occident que la tète, qu'il eut bientôt, de
son oncle assassin. Poursuivant de nouveau les bats
j, ...1.. ..... (l'une p^'-*- moderne, il chercha, tout en
I int les r: . de bois par de bonnes forti-
fications en pierres, mises sous le commandement de
ses burgrnves (pârcalabi), à compléter sa frontière au
Sud, du côté de la Valachie. Déjà, son aïeul Alexandre
avait eu le district de la Vrancca, district (pic parcou-
raient les pâtres de toutes les régions roumaines, mais
qui. d'après l'ancienne tradition des évéques cumans
établis à Milcov, avaient vécu sous l" des prin-
ces valaques. Pour arrêter l'avance il idaves, les
princes rivaux élevèrent, près de cette ancienne cité
épisropale. détruite > ^ ' . la forteresse de
(^raciuna. et ils fon > . probablement à
Valenii-de-Nfunte. le cours do Teleajen, pour opposer
«r : e à une ■ i leurs voisins.
, >ait avan .iit de ne pas
laisser le cours du Danube entre les mains des Turcs,
r ' ' ' protégé, le beau Radu. A
a .lUx bandes des Tatars il
M MISTOinS DBS ROUMAINS
tateurn, qui ne se risquèrent plus désormais que dans
la compagnie des Turcs, le Voévode attaqua le grand
port valaque de Braila. qui intéressait aussi les Turcs
par ses relations avec le Levant et que défendaient
peutH>tre des auxiliaires ottomans: il s'agissait de dé-
truire un centre commercial qui empêchait le dévelop-
pement de Chilia. La ville fut brûlée en février 1470.
C'était juste le moment où, après l'insuccès de l'ex-
pédition entreprise par Pie II, une nouvelle croisade
dont Venise avait besoin pour défendre l'Albanie con-
tre le Sultan, se préparait en Italie. En 1470. des mesu-
res furent prises pour former une étroite union entre
le Pape, Venise et le roi de Naples, avec le concours
du roi Matthias. Au commencement de l'année suivante,
la ligue fut proclamée; elle comprenait les restes de
la domination latine et chrétienne en général dans les
Balcans (1) et déjà l'on avait gagné la fille du Rasileus
détrôné de Trébizonde, devenue la femme chrétienne
d'Ouzoun-Hassan, le Khan turcoman de la Perse,
qui, se rappelant peut-être le grand Gengis, voulait
certainement reprendre contre les Ottomans le rôle
de Timour. Les relations entre la Cour persane et
celle du roi de Pologne avaient lieu, non seulement
par la voie des Génois de CalTa, qui pouvaient trahir,
mais aussi par celle du Moncastro moldave, de Ceta-
tea-Alba. La femme d'Etienne était, du reste, à ce mo-
ment, une parente de la <■ Despina », une Comnène.
Marie, des princes de Théodori.ou Mangoup.en Crimée,
où son père et ses frères régnèrent tour à tour. Aucun
de ces mouvements n'étaient sans doute restés incon-
nus d'Etienne, bien avant les propositions formelles qui
furent faites en 1474 par •' Ouzoun. fils d'Ali, fils d'Os-
(1) Voir notre étade sur Venige dan» la àler Soirt, III. «Uni
!• • Bulletin de la Bcction historique de rAcadéiuie RonnaiiM •,
anné* 1914, p. 335 et suiv.
FOnMATIOK DE LA OVIUSATION ROUMAINT. 9/
iiian ", au <■ . -ordit-ux et grami sei-
gneur, Rtten lit sur toute la N'ala-
chie
Haiiu, (|ui .i\ .1 II I rj)i IN les arine>, tut vamiu, m 14« I,
à Soci; en vain avait-il compté sur l'appui des boïars
moldaves, qui auraient désiré un autre prince;
Etienne, averti à temps, les avait fait décapiter. Deux
années d'expectative patiente suivirent. Au mois d'août
1473. Mohammed II avait vaincu à Terdschan son
grand rival a<iiatique, mais ses troupes étaient reve-
nues dans un état lamentable et lui-même, déjà malade
de la goutte, était complètement épuisé. Etienne péné-
tra donc en Valacliie: son incursion fut si rapide que
son faible rival, battu près de la rivière du Ràninic, ne
put M- 1 :• dans sa forteresse de Bucarest, de-
venue la -_ , t du pays pour les princes vivant sous
la tutelle des begs danubiens: il se réfugia auprès de
ses prot' ' ndonnant son trè femme, sa
nile. qui ;e plus tard la me épouse
d'Etienne. Un descendant de Dan II, Laiota, autrement
dit Basarah II (ou 111. s'il faut compter un prétendant
passager;, prit sur lui. comme jadis son père, de dé-
fendre le Danube contre les Turcs. Les begs riverains,
les Michalogli. étant revenus d'Asie, le nouveau Ba-
sarab trahit tout simplement la cause chrétienne: il
fut aussitôt remplacé par un autre partisan du Mol-
dave, homonyme de l'ancien prince et vraisemblable-
ment son fils, qui, en imitant l'exemple sanglant de
Tepes, fut surnommé << le petit empaleur >• (Tepelus);
mais celui-ci dut se réfugier en .Moldavie devant la
grande invasion turque qui eut lieu avant In fin de
l'année.
La bataille qui fut livrée par Etienne. .•>«. ses
botars et ses paysans, auxquels s'étaient ajoutés un
; ;t*nl szekier et — on l'a prétendu du moins
,_ j^.i troupes polonaises, à Podul-lnnalt, au
98 IIISTOIRB DBS nOUMAINt
* Haul-l*ont'> , sur la rivière de Racoval. j...- de
Vasiutu. pour défendre la ruutc qui menait ver« sa
résidence lointaine, doit être considérée comme une
des plus importantes de l'époifue; on y vit une infan-
terie serrée, soutenue par l'action de l'artillerie. Dans
les forêts impénétnibics, comme celle de Crasna. où
Bogdan, père d'Etienne, avait attendu les Polonais, sur
un terrain que le dégel subit avait rendu marécageux,
le prince moldave aHronta, le 10 janvit-r 1475, les
troupes aguerries du heglerbeg de Houmélie d'Europe,
Soliman l'Eunuque, accouru d'Albanie pour mettre
fin à la (1 use provocation roumaine. La défaite
des Turcv iiiplète: le Pacha perdit la plus grande
partie de ses troupes dans la bataille même et dans
une retraite désastreuse. Etienne, qui v " isj-
vement dans les idées de la Bible, ne ^ ait
que comme un nouveau David choisi par le Dieu des
armées pour abattre le géant infidèle: il n'en < kis
moins à tous les princes de la chrétienté un ive
dans laquelle, après avoir énnméré les chefs qui
avaient commandé l'armée ennemie, il lançait en ter-
minant ce fier cri de victoire: «« Lors(]uc nous avons
vu cette grande armée, nous nous sommes levés vail-
lamment, avec notre corps et nos armes, et nous nous
sommes opposés à leurs attaques: et. Dieu tout-puis-
sant venant à notre aide, nous avons vaincu cet en-
nemi, le nôtre et celui de toute la chrétienté: nous
l'avons détruit, et H a été foulé sous nos pieds ».
Cette victoire permit au prince roumain d'élargir
ses relations diplomatiques qui s'étaient t>omées jus-
qu'alors à un voisinage immédiat: au nom de la cause
de la chrétienté qu'il défendait si énergiqurment. il
envoya des ambassadeurs à Venise, à Rome, à Flo-
rence. probafaitflMOt à Gênes, peut-être même au rot
de Naples: bref h tous les mesnbre* de la Ligue chré-
tienne, (iunt Etienne comiaisialt «ans doute les int<*n-
FORMATION UE LA OVIUSATION ROUMAINB 99
tîons, au moment où une flotte de croisade attaquait
les cAtes de l'Asie Mineure et où des ingénieurs italiens
dirigeaient les canons d'Où/ ^' ^san. Par cette
collaboration guerrière des Hi -, le Saint-Siège
devenait le protecteur obligé de la Moldavie» et
Sixte IV qii ' ' d' - Athlète du
Christ », d' .ses, qu'il eût sa
part des subsides que le roi Matthias recevait du Tré-
sor apostolique.
Mais Mohammed était décidé à conquérir tout le
pourtour de la mer Noire en écartant les derniers res-
tes de la domination chrétienne. Déjà, tout en récla-
mant un tribut que le prince moldave n'avait peut-
être jamais payé à la Porte, il avait prétendu, avant le
combat de Vasiuiu. « que les ports du Danube inférieur
et de l'embouchure du Dniester, Chilia et Cetatea-
Alba, lui fussent livrés ». Aussitôt que la navigation de-
vint possible, l'attaque contre la Moldavie fut reprise;
mais elle fut précédée par le grand coup porté contre
la principale ville de commerce de ces régions, la
Caiïa des Génois, qui succomba, de même que le châ-
teau des Comnène à Tbéodori. dont il ne resta que des
ruines. Etienne fut plus heureux. Il venait de se ré-
concilier avec le roi de Hongrie, obtenant même deux
phtces de refuge en Transylvanie, Ciceu (Gsicsô), dans
le rayon i\> */.. et CHatea-de-Balta (Kilkn"
au milieu n j<- la province, sur le cours d i
nave. et cela sans avoir prêté l'hommage, ni signé un
engagement formel dr 'onc concen-
trer tes forces pour n it à l'assaut
turc contre ses ports.
La f ' îiitte contre la M ilrvait «irt* cc-
pendaii ••. sous le comm.i ut du Sultan lui-
même, avec toutes les forces de l'Kmpire. une année
plus tard. Le roi .Matthias avait employé les circons-
tances pour fortifier seulement sa propre position sur
100 HtSTOinK DBS ROUMAINS
Ir Danube serbe, en s'emparant. pcmlant l'hiver, de la
citadelle de ChabnU. et il avait dirigé contre les Turcs
de Bosnie des bandes sauvages. conduitt>s par Vouk
Brancovitsch et par Vlad Ttlmpalcur. celui-ci étant
déjà désigné comme futur prince de Valachie à la place
des deux Basarab. dont l'un continuait à ctrt* un en-
nemi et l'autre ne pouvait pas devenir un auxiliaire.
Etienne devait donc résister tout seul à cette se-
conde invasion ottomane, qui, ayant pris le prince
valaque pour guide, se dirigea sur la rive droite du
Séreth, probablement pour pouvoir surveiller aussi les
mouvements des Hongrois, nouveaux alliés du Voé-
vode. Ce fut seulement dans les grandes forêts du
Neamt que la résistance moldave put s'organiser. Mais
les Tatars dévastaient déjh à l'Est le territoire de la
principauté, et il fallut permettre aux paysans d'aller
défendre leurs foyers menacés. Les boïars seuls étaient
restés autour du prince, à c«Mé de la troupe perma-
nente. Ils livrèrent une grande bataille moderne, sans
aucun mélange d'éléments ruraux; ce fut l'artillerie
supérieure du Sultan qui décida, après un combat
acharné, au cours duquel Mohammed lui-même, déjà
vieilli et perclus, se vit obligé de se mettre à la tête des
janissaires qui reculaient devant la poussée opiniâtre
des .Moldaves. Sur les bords du « Ruisseau Blanc •», de
la Valea-AllK), dans la clairière où fut bâti ensuite le
beau monastère dit de Bazboieni, du « village de la ba-
taille », la noblesse moldave, victorieuse sur tant de
champs de bataille, fut fauchée, le 20 juillet 1476. Les
Turcs, qui amenaient avec eux un prétendant, le fils
même de Pierre Aaron, atteignirent Suceava, qui fut
incendiée.
La Moldavie n'était pas cependant pareille à cm
royaume des Balcans où une seule grande victoire et
surtout la conquête des places fortes déri " ' '>rt
tlt' la guerre et de l'Etat lui-même. Les > ^ <m-
FORMATION DE L.\ CIV1USAT10S' nOUMAINE 101
des. les vaHées étroites du pays recelaient tout un
monde in\isible que l'ennemi rencontrait de nouveau,
prêt à combattre, alors même qu'il croyait en avoir
fini avec cette race de paysans. Au liout de quelques
semaines, les conquérants, décimés par le» maladies et
afTaniés dans un pays complètement dévasté par ses
propres défenseurs, se trouvaient en pleine retraite. Le
m n'avait pas mis la main sur ces ports qui avaient
..^ .c grand et vrai but de l'expédition; il n'avait même
pas la consolation de laisser, comme en Valachie, qua-
torze ans aui>aravant. un prince vassal soumis à ses
ordres. Car le nouveau Voévode se troavait dans les
; itii^s de l'armée turque désorganisée: quant à Etienne,
• vénitien le vit bientôt ■ " " r à
a _ ,rincipauté •«, salué d'acclani.i ou-
siastes par ceux dont il avait été le défenseur infatiga-
l»!-. Av.int i*fn\-T. \'" ■ ■ "* ' nu par des troupes
(ir i r.iMsv :n ;ii;m-, m- iiice valaque. mais
seulement pour succoml>er, quelques semaines plus
tard, dans une «: ' ' V ure de s« mis.
Il s'agissait m urer la ! o vala-
({Ue. la li^ne du Danube. Le pays voisin otTrait un \Tai
. î.,1 !' • " '-— ^ réussirent en effet
ut le vieux Basarab
et a lui substituer Basarab-ie-Jeune: mais le premier
1 ;. î^ncore des adhérents qui firent traîner une dé-
f guerre civile. Dès que l'ancien client du
prmce moldav-e eut définitivement pris le dessus, il
passa tranquillement à l'ennemi. Alors, les Turcs, s'ap-
puyant sur ce concours valaque, envahirent la Transyl-
vanie: ils furent battus par le Voévode magyar de
cette province. Etienne Rathory. sur le « Champ du
pain ", ù Kenyermezô. t'n second coup atteignit la Mol-
davie: la rive droite du Séreth fut de nouveau dévastée
jusque dans les environs de Bacau.
La mort de Mohammed II parut cependant amener
103 HisToinK DES noriiAiNt
un profond changement en ce qui concerne cette fron-
i i.-. Alors que ses Hls, Huïéxid II et Djrm, rcnouve-
I lit les luttes pour lu couronne qui avaient cn»an-
glanté l'Knipire après la catastrophe du premier Baié-
zi<l. Etienne entra en Vatachie; dans sa seconde ba-
taille de Uàninic, livrée le 8 juillet 1481. il mit lin au
règne du « Petit Empaleur <>, qui fut ensuite tué par
les boîars à l'autre bout du pays, où il s'était réfugié
parmi ses parents et amis, l'n nouveau Viad. frère ho-
monyme de Tepes. pauvre ancien moine, vieux et ma-
ladif, paraissait être le simple représentant de son maî-
tre moldave, qui s'était interdit, par seul respect pour
les coutumes d'un pays attaché à son ancienne dynas-
tie, l'annexion de la principauté voisine.
Le territoire roumain s'étendait maintenant du
Pruth jusqu'aux Portes-de-Fer, du Danube et de la
mer Noire jusiju'aux montagnes de la Transylvanie,
gardées par Bathory. autre rempart comme Etienne,
de la chrétienté. Rien à craindre, semblait-il, du côté
des Turcs, le royaume ayant conclu tout récemment
avec eux une trêve qui comprenait aussi la principauté
alliée. Un caprice des janissaires qui -nt de
l'inerte Baïezid 11 gloire et butin, ruina ctl.- ...re; su-
bitement des troupes tatares et turques, conduites par
le traître Vlad, cernèrent les deux grands ports molda-
ves; après une longue et glorieuse résistance, Chilia et
Celatea-Alba durent laisser pénétrer les infidèles dans
les ruines de leurs rempi • •• ' l).
«' J'ai conquis, écrivait h - <le
victoire, la clef de la porte de tout le pays moldave,
ainsi ({ue de la Hongrie et de tout le territoire du Da-
nube. Pologne, Russie et Tatarie, et de tout le rivage
de la mer Noire, m L'année suivante, en effet, Suceava
fut de nouveau brûlée par des ht î 'n
Désormais. Etienne n'aura qu'ii ; celle
de recouvrer ces villes perdues qui étaient presque sa
POIIMATION DE LA aVlUSATION ROUMAINE 103
création, qui promettaient un *i fort développement
de force et de richesse à la ^' et à la race rou-
maine. Abaissant pour la |>.v v fois sa fierté, il
alla solliciter pour son œuvre de revanche le concours
de ses voisins <•! o Notre prince, avaient dit,
en 1476, ses ami;.! . urs au doge, a commencé sa
guerre (contre les Turcs) de sa propre initiative, et il
t- ' de son Etat et <le ses sujets ".
Ma. : - _:. : faire des concessions à la vanité
du roi Casimir: il conjura le vieux souverain polonais
de lu .•-
être I e.
Il dut prêter hommage devant une nombreuse assis-
tance. d:«' ' qu'il avait c« '«'s comme
la plus y/ lun. et cela iiiea, pour
montrer qu'il abandonnait ses prétentions sur la Po-
1 M ' 'il avait héritées de son grand-père. L'appui des
I permit au Voévode de vaincre les Turcs de
la nouvelle province danubienne à Catlabuga. dans la
région des grands lacs bessri- ' ■ - s. et de repousser
une nouvelle attaque contre i. au cours de la-
quelle s'étant saisi du prétemlant. il le flt décapiter;
mais la paix conclue en 1489 entre le roi et le Sultan
mit fin à ses espérances. Abandonné par s<in voii^in
hongrois, qui était cependant son allié et ; «it ses
idées de croisade, il dut se résigner à pa\i . .. ..'Ut et il
envoya son fils Alexandre à I^ Porte.
l'niir vr \cni:.r de cet abandon, Etienne manifesta,
dès 14i*0, ses intentions de réclamer la Pocutie. On lui
répondit par le guet-apens de 1497. conseillé par le Flo-
rentin. (I ' hus h l'ambitieux suc-
cesseur il- il s'agissait de trom-
per le Moldave: on le pousserait k entreprendre une
i; isade. qui irait chercher les Turcs du
l' , il leur faire rendre gorge et restituerait
à la principauté Chilia et Cetatea-Alba ; mais en même
104 IIISTOtlUt on nOVMAINS
temps, on se serait saisi de la Moldavie pour en faire
Tapa nage de Sigismond. le prince « sans terre » de la
famille royale.
Etienne éventa bientôt le projet: de Suceava. où il
laissa unr puissante garnison, il se retira à Roman: là
il demanda l'intervention du propre frère de Jean-
Albert, ce paisible Vladislav qui avait obtenu, contre
Maximilien d'Autriche, préféré par le Moldave, l'héri-
tage du roi Matthias.
Le roi de Pologne, qui avait amené avec lui une bril-
lante armée de chevaliers, comme celle qui s'était fait
battre jadis à Crasna, ne parvint pas à se rendre maî-
tre de Suceava. La médiation hongroise, représentée
par le Voévode même de Transylvanie, Barthélémy
DraglTy. Roumain de sang et parent très éloigné
d'Etienne, fut acceptée. Les troupes royales en se reti-
rant devaient suivre la même voie qu'elles avaient
prise pour l'invasion: cela signiflait les affamer, car
toute cette région avait été déjà complètement dévas-
tée. Lorsque, se dirigeant vers les districts encore in-
tactes de la Moldavie septentrionale, les riches barons,
leur suite nombreuse, les Chevaliers Teutoniques se
furent engouffrées dans les grandes forêts de hêtres de
la Bucovine, où déjà au xiv* siècle un corps auxiliaire
polonais avait été détruit par Pierre I", les Moldaves,
cachés dans les profondeurs, firent tomber les arbres,
préalablement sciés plus qu'à demi, sar cette masse
pesante, encombrée par les chariots de guerre et affo-
lée par le galop des chevaux effrayés. Le massacre fut
épouvantable, et une autre rencontre, à Lentesti, sur ia
lisière de cette région boisée, acheva le désastre de l'ar-
mée.
Après avoir vu les bandes de Turcs, payées par l'en-
nemi qu'on avait si imprudemment provoqué, chevau-
cher dans les vallées de la Galicie et l'armée du Mol-
dave lui-même défier, en 1498, la garnison de Lemberg
PORMATIOV DE lA OVIUSATIOK ROUMAINE 105
terrorisée, Jean-Albert s'empressa de faire sa paix avec
Etienne. I. ' ' du 12 (U "et 1499. en invoquant
le devoir m, ^t de la < .»tion chrétienne pour
une nouvelle croisade sur le Danube, présentait le
prince voisin comn- ' -ouverain de son pays et Tallié
à titre égal des J.._ ii's de Pologne et de Hongrie.
Cette croisade, du reste, ne devait jamais commencer,
bien que des détachements moldaves eussent déjà paru
devant les forteresses perdues pour toujours.
Etienne co t, paralt-il, comme les Sultans
ottomans, qui... .....le ne survit pas à celui avec lequel
U a été conclu. Aussitôt après la mort du vaincu de
1497. il réclama de nouveau à son successeur l'héritage
moldave de la Pocutie et ne tarda pas même à établir
ses offlciers et ses douaniers dans les villes fortifiées de
Sniatyn, de î' " » et de Halicz même. Des que-
relles avec If ivan, à l'héritier duquel le prince
moldave avait marié sa fille Hélène, née du mariage
a\ ■ ■ knèzes de Kiev, Eudoxie, em-
I" re de réagir, et celui qui avait
trouvé si rarement un appui chez les descendants de
Jagellon, fermait les yeux, le 2 juillet 1504, avec l'es-
poir d'avoir transmis à son fils Bogdan, dit le Borgne,
sinon la possession plénière de l'ancienne voie de com-
merce qui avait enrichi sa Moldavie, au moins avec une
paix qui l'assurait du côté des Turcs, cette Pocutie qui
pouvait, par ses riches douanes, être considérée comme
un dédommagement pour ce qui avait dû être aban-
donné entre les mains du Sultan.
De plus, sous Radu, fils et successeur du moine Vlad,
la Valachie, tout en vivant dans l'ombre de la puis-
sance ottomane, ne constituait plus un danger pour
'•' i. vaincue par les cir-
*' -: . -„-. ment le même régime
de garanties permanentes; ainsi prit fin le problème
politique pour la solution duquel les Roumains avaient
100 III^M'itit i'i ^ ii<ivMii>->
usé pendant deux ftiècle» leurs meilleures forces. SI
Hadu e5saya d'introduire à la mort d'Ktienne un pré-
tendant moldave, il céda aussitôt aux conseils du Mé-
tropolite valaque. Maxime Rrancovitsch, qui rappela
aux princes ri>:u!\ (ju'ils appart»" ■'"•"♦ '^ '» fii.'.m.. ^g.
tion.
La sixcEssiuN d'Etienne-le-Grand. — Rogdan avait
seulement la mission de garder la Pocutie que les Po-
lonais ne devaient pas tarder à lui disputer. Si. en bri-
guant la main d'Klisabeth, fille de Casimir, qui. après
avoir été la promise du <• Borgne », épousa plus tard
le petit prince allemand qu'elle lui préférait, le Mol-
dave déclara renoncer, mais dans ce seul cas, ù la pro-
vince nouvellement acquise, il revint naturellement
sur sa promesse, aussitôt que cette alliance de famille
lui apparut impossible. Sous Sigisinond. l'ancien pré-
tendant à la possession de la Moldavie, qui venait de
succéder, en 150(1, à son frère Alexandre, Jes troupe»
du Voévode, qui n'avait pas encore renoncé au mariage
polonais, revinrent en Pocutie, et une grande expédi-
tion dévastatrice les amena jusqu'à Lemberg. Ce ne fut
qu'en l.'ilO, après une revanche polonaise qui atteignit
la Moldavie septentrionale, que Hogdan, déjà marié à
la fille du prince de Valachie, .Mihnea, conclut une paix
définitive: tout en remettant à l'arbitrage du roi de
Hongrie la question pocutienne, il abandonnait de fait
ses prétentions. Sept ans plus tard, le fils, brave mais
inconséquent et malheureux, du grand Etienne, mou-
rait aux prises avec ces Tatars dont la :ût
été stimulée par la présence du prince *> in.
futur successeur de son père Baïézid.
Encore moins fortuné avait été le sort de la Valachie
à laquelle Bogdan «e trouvait rattaché à la fois par
l'origine de sa mère, par la tradition politique de son
père et aussi par son mariage. Mihnea, successear de
Pfw.MiTjnv t)r I \ IIVILISATIOS FlOUMAINF. Î07
Radu. n'était que 1< urt-l de i hinpaleur. mstulle
par les Turcs qui ^ i nt la Marche du Danube»
fonda et enrichit des monastères* mais, cruel et débau-
ché, il r ': son su ir, un nou-
veau et re de h n que con-
firmé par • . périt par ordre de leur
chef. M' '^' ' " 'iJt rem-
placé |) . . de la
famille boîar de la Craiova. apparentée au jeune Ba-
sar; î ' s disposant ' --'i esses énormes.
Ce le nom de et, suivant la
tradition pieuse du moine Vlad et du <> Grand Radu >.
il put vaquer à ses occup-'- . ...i.i...^ ^l^, prince
artiste jusqu'à sa mort, en I ion fut dis-
puléf alors entre son fils, l'enfant Iheotlose, el toute
une série de concurrents qui surgirent contre la ré-
gente Militza. nièce de Maxime Brancovitsch, et con-
tre Preda, frère de Neago. sur différents points de la
principauté.
Le mieux doué de ces « fils de prinee • idomnUori),
un autre Ra-Ju, originaire d'Afumati. fils de Radu-le-
Grand, ne parvint à se maintenir que par toute une
série de combats, souvent victorieux, livrés d'un bout
de la ^ re, sans compter quelques re-
traites - - . e et l'intervention armée du
Voévode de celte province. Jean Zàpolya. en sa faveur.
Il tomba. €•■ "'29. sous les coups de conspira-
teurs à Kàii .. De son côté, la Moldavie eut.
après la mort de Bogdan, la régence du vieux boîar
\ ait servi Etienne-le-Grand, l'n nouvel
I' mineur, était le prince nominal du
pays, et, lorsqu'il put régner par lui-même, ce jeune
tyran au ' * ' '"* — ' * r son ancien tu-
teur el . I t pouvoir étouf-
fer dans le sang les révoltes que ne pouvait manquer
de soulever le régime de terreur instauré par lui et
inR HISTOIHB DBS ROI'MAINS
.iii(|itcl il ne Nul intime pa;» lirMim r le lu»trr de la
gloire à un moment où les Tatars infestaient les fron-
tières moldaves.
Le nouveau Sultan, flls de ScMim. ce sombre Soli-
man que l'histoire devait orner du titre de « Magni-
fique n, empereur de Kyzance, dans la conscience de
son glorieux héritage, s'était, en effet, levé pour en
finir avec les troubles que provoquaient sur le Da-
nube l'ambition et les discordes des derniers princes
chrétiens. La Hongrie avait succombé, après la prise
de Belgrade. i\ la bataille de Mohâcs, en 1526, et son
dernier roi, abandonné par les siens, avait péri dans les
marais du ileuve. lorsqu'un crime des boîars trancha
les jours du criminel prince de Moldavie et ouvrit
ainsi la voie à un autre fils d'Etienne-^r H , ' à un
des enfants de ses nombreuses amours < > par
la légende, Pierre, appelé, d'après le nom de sa mère:
Rares.
En Valachie, le faible Vladislav, successeur, imposé
par les Turcs, de Radu, et deux princes du nom de
Vlad, ne firent que paraître sur la scène. Là, régnait
l'agitation perpétuelle d'une classe de boîars trop nom-
breuse, trop pauvre et trop peu cultivée pour songer
à la tranquillité du pays et lui préparer un avenir.
Mais la Moldavie, qui dominait cette Valachie de toute
la hauteur de son régime d'ordre, garanti par une
dynastie généralement respectée, avait repris son es-
sor conquérant.
La Pocutie ne fut pas oubliée; en 1531. elle fut en-
vahie par Rares qui subit une grande défaite à Ober-
tyn, échec qu'il sut bientôt venger en repoussant les
Polonais entrés sur son territoire et réparer par l'éner-
gie d'une politique de résistance appuyée par un riche
Trésor et une armée permanente. Sept ans plus tard,
un nouveau conflit avec ses voisins, qui assiégèrent Ho-
tin, amena l'intervention décisive du Sultan et la fin
FORMATION DE l..\ i.l Vii.i^ m i<>> iditMAIXB 109
de l'indépendance moldave. Mais la grande préoccu-
pation de ce prince fut la Transylvanie, où la catastro-
phe de 1526 venait d'ouvrir des voies nouvelles, par
la double élection royale de Ferdinand d'Autriche et
du Voévode Jean Zapolya et, bient<M après, par l'im-
mixtion des Turcs, qui se taillèrent dans le corps du
royaume le parhaltk de Bude, puis, dans le Banat,
relui «U* Trniis\ ;»r.
1 I \ Tu « ■ NIE AU XVI' SIÈCLE.
li. j I . launt S à optempérer aux
injonctions des princes de la Moldavie; Rares était
l'ami de la pli .., . ■ ,^1
établis au roi .ts
guerriers. Lors de sa retraite au-delà des montagnes
en 1538. il fut reçu dans cette région comme au milieu
des siens. Les deux places de refuge accordées à
Ktienae-le-Grand. surtout celle de Ciceu. qui dominait
tout un groupe de villages roumains et étaient en re-
lations étroites avec les mines de Rodna et avec Bis-
tritz, représentaient l'ancien emporium saxon du côté
de la .Moldavie, régions où les châtelains moldaves re-
cueillaient des revenus pour leur prince. Dans le Mar-
moros voisin, subsistaient, depuis la fin du xiv* siècle,
les anciennes familles des knèzes et des Voévodes rou-
mains: dans leurs lettres privées et dans leurs con-
trats mêmes, ils employaient, non pas le latin, ni le
slavon, mais leur propre langue maternelle; un mo-
nastère bAti par la famille de Dragos avait obtenu du
Patriarche de Constantinople un pri' ! • ■ stau-
ropygie exarcale », permettant au su, .. ir de rem-
plir les fonctions d'évèque, aussi bien dans les comtés
voisins à l'On - dans ce di ?•• Bistritz. O
couvent de S:i liel k Péri, ei^ lentôt par des
moines russes, fut entravé cependant dans son déve-
loppement par les prétentions de ré\'éché slave de
110 lilMOlHK OU KOL'MAIN!!
^ >. l'IticntU' rlioiMl alors \hu\ ux»
( \r ot roumain de son lirf lr;i ige
de Vad, sur la rivière du Somes (Szagot), où il flt bâtir
uni* belle église j*«)!' > ' ' i oar
celui de Suceavu, sa , ^ i le
XVI* siècle. A Cetatea-de-Balta. entre les grands èta-
I ' ~imt!i saxons, une expansion moldave était plus
. et lo burgrave dut se borner à recueillir ses
droits sur la foire importante qui s'y tenait une fois
par an.
Les princes de Valachie avaient perdu ce << du-
ché de Fogaras et d'OmIas », que Vlad l'Kmpaleur
réiMama, en pillant et en massacrant, au moment
nu'mc où il demandait l'extradition des prétendants
au trône valaque, et qui resta dans le titre de ses suc-
cesseurs jusque vers 1700, non sans qu'on rencontre
au moment favorable de nouvelles prétentions rou-
maines sur ce lief. En oichange de ces riches et belles
régions, près des montagnes de la frontière, de sim-
ples places fortes furent attribuées aux Voévodes fl-
(Itlcs pmilant le xvi* siècle: ils eurent ainsi des châ-
loaux a Stremt (AIdyod, Alg>'ogy), à Vint (Alvincz), à
Vurper (Borberek); c'était le temps où Pierre Rares
^<"s contemporains vnlacjues durent î nne
; line de fois en Trans>ivanie, avec < ms
qui n'étaient certainement pas seulement celles
('' ter les ordres du Sultan. A '. dans ces
(le population roumaine, m it des égli-
ses orthodoxes et des monastères dont les supérieurs,
{.rotégés aussi par de nobles mag\'ars influents, exer-
* i • nt, comme leurs collègues du Marmoros. mais
sans avoir un privilège formel de la part du Patriar-
che byzantin, les fonctions épiscopales. à côté des
" protopopes », des archiprctres d'ancienne tradition
indigène. Déjà le fief de Fagaras avait eu son évèque
au-delà de l'Oit, dans le village de Galati; à partir du
FOnMATION DE LA CIVIUSATION ROUMAINE 111
milieu de ce même siècle, on trouve ces évéques à
Rameti îles îî - *ns), dans la montagne de l'Ouest,
ù (iioa^iu ^y», puis daii^ l'iinrien couvent
de Frislop, du coté de Hateg (Huls/i-g;: quelques
émigrés balcantques plus ou moins frottés d'hellé-
nisme vinrent aussi faire souche d'évÎMiue; un de
. ux-là, Marc. sV-tablit aux portes mêmes de Quj
> Ivlausenhurg), une des plus grandes villes saxonnes
à cette éwoque, tout près de la forêt gardée par une
' ' ic, où subsiste encore l'église
^uLliii^u ■« 'Ions des princes roumains.
Un de ces préi . Jean de CafTu, avait été
1 collaborateur
<! .ino. d'adcmler
la confession catholique.
Il - ^ ■••• jUC-
rellr ^ 1 ; . isyl-
vanie presque annuellement des boîars persécutés,
• onvainous de Itii in-
. i s qui avaient r- wni
des prétendants qui avaient «1 ufesté le désir
de reprendre l'héritage de leurs j»« its ou de leurs an-
cêtres. Il y avait dans leur suite des guerriers qui
• [''lient revenir soos 4es drapeaux de leur maître.
<1< s ilunts de toute espèce, même des évéques, des
prêtres, des moines qui étaient leurs conseillers et
leurs s. ^. en même temps que les émissaires
les plus ^ de leur cause. Tout un monde fémi-
nin les accompagnait, et les vêtements de l'Orient,
empruntés à Hyzance et au nouveau monde balcani-
que. les pierres précieuses qui représentaient dans
l'incertitude continuelle un placement de capital, les
r illantes et bruyantes de ces hôtes, ajoutaient
I ment étrange à ia vie laborieuse, mais très
mesc{uine, de ces bonnes cités saxonnes qui tiraient
profit du séjour de ces émigrés sans se plier à lenrt
112 m^Tnlur UFS IIOt-MAIS'S
h:i' r\ s.uis !< s aimer le m De»
aiu. - . iLurs venant annoncer i ,. ih de
domination et d'autres événements d'une vie perpé-
tuellement agitée étaient ' ' ' et présentés
par les « très sages » n» i. iiseil. par les
nobles des chAteaux et par les dignitaires magyars de
la province. Rien que Inoccupations par les Turcs de la
rive gauche du Danube, avec tous les gués impor-
tants, eût réduit sensiblement |jn commerce jadis
florissant, on rencontrait journellement dans ces vil-
les allemandes du roi de Hongrie, à côté des Grecs,
des Arméniens, des Turcs même, les marchands va-
laques et moldaves, qui, s'ils n'apportaient pas tou-
jours les épices et les riches étoffes de l'Orient, nour-
rissaient la nombreuse population des villes avec les
poissons du Danube et les bœufs de la Molda\ie,
sans compter qu'ils vendaient la cire, le miel, les
peaux, le sel et autres produits des deux principau-
tés.
Dans ces conditions, la vie roumaine des villages
transylvains devait, non seulement se maintenir, mais
progresser aussi, comme organisation et comme
conscience de race. Il sufflsait à un Voévode de faire
flotter une seule fois ses drapeaux à l'aigle valaque ou
au bison moldave pour s'en convaincre, s'il n'avait
pas, du reste, passé dans cette contrée ses années de
refuge et de misère. 11 n'était pas le seul à savoir ce
que voulait instinctivement cette population si nom-
breuse et si profondément attachée à sa langue, à sa
religion et à ses coutumes. « Certains Valaques ».
écrivait, en parlant de Rares, un clerc hongrois bien
renseigné sur les affaires de Transylvanie, « possè-
dent une grande partie de ce royaume, et, à cause de
la communauté de langage, ils se rangeraient facile-
ment à ses côtés ». « Les Roumains de Trans>iva-
nie ». écrit un autre témoin contemporain, y sont
PORMATION DB LA CIVIUSATION ROUMAINE 113
beaucoup ptus nombreux que les Serbes en Hon-
grie
Ces I^ us la domina-
lion de ; i it la priii' ij.ale
victime d'un système d'oppression sociale qui ne fai-
sait que s'appesantir et qui de>int intolérable au mi-
lieu des combats entre les partisans de la Maison
d'Autriche et les défenseurs enthousiastes de la G>u-
ronne magyare du Voévode Zapolya. Avant l'appari-
tion de Jean Hunyady. comme chef de la croisade da-
nubienne et comme vrai maître de la Hongrie. la
grande révolte de 1437 avait réuni contre les sei-
gneurs et les bourgeois étrangers des villes les serfs
'• valaqucs » et ceux des Magj'ars qui en étaient arri-
vés à partager leur sort. Dans ce pays de privilèges,
où chaque « nation » cherchait à obtenir une charte
•onstitutionnelle. ils s'étaient constitués en corps po-
litique, en «■ Tniversité » de paysans, et réclamaient
un adoucissement de leur sort. Il en résolta une lutte
acharnée, <|i ' par « briser la témérité de la
plèbe ». coti' ensuite ii payer les frais du san-
glant conflit. Les anciens membres légaux de la com-
munauté tri • line se confédérèrent alors, par
r < Union (i- nations ». contre ceux qui avaient
menacé un moment leur situation supérieure. Mais
déjà sous le roi à demi-valaque que fut Matthias, on
faisait une distinction essentielle entre les serfs qui
étaient de <• sang mag>'ar » et les autres. Le nouveau
enfle «« moderne « de la Hongrie, élaboré après la
j(iurnée de Mohacs par le chancelier Verboczi»'. devait
élre pour les aborigcnes valaques ce que le doomsday
hook des Normands avait été pour les aborigènes an-
glo-saxons de la (trande-Bretagne.
Il y avait eu une noblesse valaque dans la Transyl-
vanie proprement dite aussi bien que dans le
Marmoros et le Banal. A cette noblesse appartenait le
114 MISTOUIK DES IlOUMAINS
téméraire Etienne Mailat (Majlath). qui réussit à de-
venir le Voévode prcs(|u'indé|>endant de la province
et qu'une intervention de Harev son rival pour la
possession de la Transylvanie, fit entrer dans les pri-
sons de (lunstantinople. où Tattendait la mort. Elle
avait continué ù servir tous les chefs militaires de ces
régions. Les descendants des knèzes et des Voévodes
n'avaient guère oublié leur langue, qui dominait en>
core, sous le régime des Bans, vers 1550, dans les
pays de Lugoj (Lugas) et de Caransebes ' Karansebes),
sur les frontières de la principauté des Basarab, qui
porte dans des rapports italiens le nom de « Vala-
chie Citérieure ». Le district de Hunyad (Inidioara)
était encore rempli de ces chevaliers valaqucs. Mais
une autre religion, une autre vie sociale, une autre
tendance politique, avaient déjà gagné leurs âmes,
qui en furent lentement transformées. Leurs congé-
nères, après avoir participé en masse à toutes les jac-
queries des premières années du xvT siècle, comme
celle du << Tzar Ivan » proclamée par les Serbes, ne
pouvaient plus même se révolter, sous la surveillance
continuelle de leurs maîtres; ils n'eurent donc d'au-
tre espoir et d'autre appui que dans ces princes de
leur race dont ils voyaient si souvent passer les ar-
mées à travers leurs villages asservis.
Nous ne suivrons pas, dans ce bref résumé, les dé-
tails de cette politique x perfîde » qui parut assurer
un moment au prince moldave, habile h er
toutes les vicissitudes politiques de la Trai . île,
la possession réelle de la province entière. Zapolya,
qui ^' lit du r» ^i sur la noblesse valaque
du j) veilla r;ii: i de Hares, en lui olTrant
dès le début de son règne la ville de Bistritz, que les
*' ' ■ ''liaient depuis longtemps et sur la-
iis avaient été assignés aux Voévodes
antérieurs par le roi Louis IL Dès 1529, les Moldaves
FORMATION DB LA CIVIUSATIOM BOUMAINE 115
passent la frontière pour imposer au Szekler le re-
tour aux anciennes conditions de vassalité: Bistritz,
qui du reste ne fut pas occupée et qui pcrnv* -'lîe-
ment plus tard à son suzerain une entrée s t-,
était déjà considérée, avec tout le district jusqu'à
Rodna, comme dépendant de la principauté voi-i"
car Pierre nomme les bourgeois saxons « ses m
et ndèles ■. Quelques mois après, le commandant de
l'armée princiére. le Vornic (majordome. Palatin),
(irozav. rrni}>ortait sur les Saxons, partisans du roi
1 I, une grande victoire décisive ù Feldioara
(1 i/.,. près de la rivière de l'Oit; l'avant-garde
des vainqueurs pénétra jusque dans le Voisinage de
la Fehervar des Voôvodes magyars qui ét:»it considé-
rée comme le chef-lieu de la Transylvanie. I*uis ce
fut le siège de Brasov-Kronstadt, qui résista énergi-
<jM ■ <n qu'il ■■
Ir , s que Ir^
i-anons pris dans sa victoire, les phrases menaçantes de
M- ves. d'un ' se exagérée, i " ' t le fond
p.i de son > se rachetii il en re-
connaissant Rares comme leur « protecteur ». au nom
«f. ' ' "^ isoara iSr -\ Fagaras (Fogn-
in ifgyes) il cet exemple.
blissant ses douaniers dans le district du •■ Hurzen-
land » saxon, à Prcjmer. le Moldave comnv-v^-» •\ *^-
poser en mailrr ;ii)sulu de la province, ■
le sabre », qu'il dérlarait <• ne vouloir pcr-
vonne ». « Ce traître moldave veut la piw {mur
lui-tncroe », exclamait avec indignation un Saxon au-
quel le roi Ferdinand venait d'attribuer les flefs
d*Etienne-le-Gran«l «v mi» iriv^.ir i^u i.v rirr..-ii..r k
•on successeur.
La campagne inU lupt-sltsc cl inalhcuicusf tic Karcs
contre la Pologne lui fit perdre, en 1531. une situa-
tion déjà acquise par son intelligence et son énergie.
116 HISTUIIIK UV% nOCMAlNS
Zi^polya. dont il avait fait semblant de soutenir la
cause, put donc s'installer en Transylvanie: de son
cMé, le Sultan Soliman comptait y installer le bâtard
du doge vénitien. Aloisio (iritti, aventurier préten>
tieux et gûté pur le sort, dont il avait fait un gouver-
neur de la Hongrie. La noblesse magyare s'étant sou-
levée contre l'intrus, le prince moldave, qui était in-
tervenu au nom de Ferdinand contre le protégé de
son suzerain, réussit à faire périr ce concurrent, de
même que. dix ans plus tard, il devait se débarrasser
de son propre congénère, Mailat. Pour le moment, il
était devenu cependant le vassal du roi des Romains
en guerre avec Zâpolya, qui fit attaquer par ce Mailat
les fiefs moldaves de la province.
Ce fut cependant dans Ciceu, sur lequel s'étendait
déjà l'autorité du roi magyar, que Pierre dut cJiercher
un reTuge en 1538, lorsque le Sultan, dont les Polo-
nais, ainsi que nous l'avons dit. avaient réclamé l'in-
ter>'ention, envahi la Moldavie. Il n*y avait pas eu de
grande bataille; les boïars ne po^ " it pas cette
jeune énerj^ie qui avait permis à 1 le-Grand de
jouer un rôle si brillant comme représentant des inté-
rêts de sa race entière. Ils abandonnèrent un fauteur de
guerres, toujours en quête de nouvelles provinces. So-
liman, ayant fait plut(H un voyage triomphal à tra-
vers un pays abandonné, n'osa pas cependant pousser
à bout cette classe, encore bien vivante, de la noblesse
moldave: celui qui avait détruit le royaume de Hon-
grie et envoyé à Bude un beglerbeg pour le représen-
ter, se borna à confier sa conquête récente aux faibles
mains d'un petit-flls d*Etienne-le-Grand, un nouveau
et méprisable Etienne, dit Lacusta, dont le règne de-
vait finir bientôt sous le fer des assassins, un Voévode
de la revanche, Alexandre Cornea, ayant pris sa place.
Décadence PuLrriQUE des Roumains sous la suze-
FORMATION HP LA CIVIUSATION BOl'MAIKB 117
nxi.NKii Ah»M\i i»j > 1 1 RCS. — Pierir n'a\;iil pas eu
cette vision nette des circonstance?! qui avait distin-
gué l'activité heureuse de son père. La Pocutie, dont
la possession ne formait pas une nécessité vitale pour
la terre moldave, avait amené le fils à abandonner la
Transylvanie, qui en était une dépendance naturelle*
et maintenant il venait de perdre son héritage même
par suite d'une nouvelle tentative, tout aussi vaine,
du 1 Nord.
!.. ....j.,.v aux instincts vengeurs de Zàpolya et à la
punition du Sultan, dont il était allé résolument solli-
citer la grâce à Constantinople, prêt, comme les « si-
gnori > d'Italie, ses contemporains, à tout risquer
pour réaliser ses intentions et, avant tout, pour ga-
jîncr le pouvoir et en jouir. Rares redevint d ' ''
prince de Moldavie. .Mais, s'il était resté, iiki „
épreuves, le même, le pays avait bien changé, et sa
pp' t d'autant plus celle de ses succes-
seu bien difTérente. Il ne fallait plus
même penser ù ces legs d'Alexandre-le-Bon qui avait
été si fatal à 1:< " 'pauté. r)< une large bande
du territoire n . avec l'.i ■ ville de Tighi-
nea devenue le Hender (« Porte ») des Turcs, venait
d'être réunie au territoire de la raîa danubienne. En
Transylvanie, Rares n'avait plus même ses fiefs, con-
fisqués par Zâpolya, qui les avait transmis à sa
remmc. !a reine Isabelle. Après que Mailat eût fini de
rcgm-r, il fallut néanmoins de longues réclamations et
de nouvelles interventions militaires pour obtenir la
rétrocession, non plus des forteresses mêmes qui
a\. lient été démolies de fond en comble, mais du ter-
ritoire ({ue recouvraient les ruines, jusqu'à Rodna. où
les fils de Pierre recueillaient encore le produit des mi-
nes d'argent.
De ces fils. l'un. Elie, ancien otage de la Porte, finit
par passer à l'islamisme pour devenir, lui. qui avait
118 niSTOIfUt DRS nOVMAlNt
rêvé d'une domination plus large en récompenac de
son apostasie, simple Pacha de Silistric; l<> cadets
Etienne, périt par la débauche, comme avait {
par in cruauté, son homon>'me, le flls de Bo^....
enfant naturel de Bogdan, Pierre, occupa le lr^>nc; il se
fit r Alexandre, dit Lapusneanu, surn tl
dc....i .. a mère, femme de Lapusna, sur le 1 il
entra plusieurs fois en Transylvanie, mais seulement
pour y exécuter les ordres du Sultan, qui voulait y
rétablir la reine exilée, Isabelle, et son jeune fils, Jean-
Sigismond. Il réclama et obtint, il est vrai, l'emplace-
ni' ' iteaux sur lesquels avait fl' lis si
fit i^ndard moldave; mais de ] s an-
nexes n'avaient plus d'importance politique du mo-
nr ■ ' <le la Moldavie, dépouillée et
SU! , ;)rer.
Déjà la Valachie avait ]>:i m. si>us un autre moine
pa" '" ' " * '* ' -le V ,:iii ' " ' ■ "' •
pu : -Im»!!. rii
cien marchand de moutons à Constant! nople, Mircea-
le-Pâlre; elle n'était plus qu'une dépendance <1 '
tienne autonome, vivant d'après ses coutumes ari
ques, du grand Empire romain de Soliman-Ie-Magni-
fique. Si Pierre Rares . ' îé le premier prince r '
dave nommé à Consl. iile, — et encore ce
était-il dû à un concours exceptionnel de circonstan-
cr- ' "i ::issait-il seulement d'une conflrrr- * -crune
rt i\, — Mircea et même, à ce qu'i . son
prédécesseur, avaient été choisis par les dignitaires de
Cor- •■i"' = -^- • ' • -rirmi les « fils de princes ►» qui com-
m . cher une autre plac« de refuge que
celles de la 'i'ransylvanie. Ce sera dorénavant la cou-
tome. Pour la Moldavie aussi, il y eut ap{>el au Sit'* -
et confirmation par la Porte, quand Alexandre h-
dave eut été remplace par un bicarré avt'ntu
lois qui avait été successivement oflicier. t.
FORMATION DE LA CIVIUSATION ROUMAINE 119
stratégique, commensal et parasite de Charles Quint,
du seigneurs polonais:
<'éi ^ f, dit « le Despote »,
— car il prétendait être, non seulement <* marquis •
de r . . V î • ■ ••" • ,.i
des trônes roumains on trouve désormais toute une
j^^j. .1 i . _ . ^ avoir prouvé lu "' ' an,
et secrets qui en i'' té-
nioi>;n:ige, achetaient la reconnaissance de leurs droits
uu\ \'izirs, aux Pachas, aux fonctionnaires du Sérail
et, surtout, sous les Sultans efTéminés qui suocédcrent
.1 SoliiDun, aux du palais. Sultanes-mères, Sut*
tuiKs-épouses, oncubines, et aux favoris mas-
culins, aux • II. , s > ot aux eunuques.
Kn Moldavie, .Kan-ie-Tcrrible (1572-1574), qui dut
son surnom uniquement aux supplices qu'il infligea
aux boïars et aux pfjlats riches dont il convoitait l'ar-
gent. V. <le fantô-
mes, pa. ^ ..^ ...^ M>:>oriables
des Turcs avides: mais, en Valachie lu de Mir-
■en tyran ^ i »nt un
t .— - -vcla l'apo 1^ ...le et, —
en Moldavie — . Pierre-le-Boiteux. Valaque d'origine,
it Jean le S hwit
le siège de , .jm%
dans les annales d'une vassalité méprisée. Jean, vaincu
dave et organisés par Démètre Wizniewieczki, petit-
'" e du grand Etienne, fut déchiré par
iix auxquels on avait attaché ses mem-
bres. C'était, malgré la violation d'une capitulation for-
' d'un rebelle, pris sur le champ de
jue Mlhnea. pour échapper à Tem-
prisoniK nient et a la mort, dut abandonner la religion
120 HISTOtnr. ues huimainb
de ses pèrrs, lorsque son concurrent Pierre. flU du
• bon » Petrascu, après avoir perdu le Siège prin. ; r
eut été traîtreusement noyé dans le Bosphore, ;
qu'enfln Alexandre, petit-HIs homonyme du vieux La-
pusneanu, qui n'avait régné sur la Valachie qu'autant
qu'il fallait pour se gagner le surnom de •> Le Mau-
vais », eut été pendu en habit de parade sur une place
de Constantinople, on vit bien quel cas faisaient désor-
mais les maîtres turcs de ces jouets misérables de leur
corruption toute-puissante. Celui-là même qui devait
faire revivre l'ancienne gloire roumaine, Nfichel-ie-
Brave, celui qui devait conquérir la Transylvanie en
1599, commença par acheter à beaux deniers c<
tants l'appui de l'ambassadeur anglais à Constani
pie, Barton, et du plus riche parmi les banquiers chré-
tiens de la Porte, Andronic Cantacuzène, plus impérial
de nom que d'occupations. Son contemporain et son
auxiliaire moldave, Aaron, oncle d*Alexandre-le-Mau-
vais, n'était que le client des janissaires déchus, qui
étaient devenus les créanciers attitrés de ces princes
qu'une manifestation de leurs bandes à Constantinople
suffisait pour faire rappeler et « punir »>.
Cette politique indépendante des Roumains qu'E-
tienne-le-Grand avait fondée et développée, cherchant
à faire des deux principautés, malgré leurs <1
différentes, un seul et même corps pour les ;
avec l'étranger, n'avait pas duré un siècle après sa
mort. C'est que le maintien d'un Etat carpatli * i
bien sur la base de l'indépendance nationale < n
possible, autant par l'étendue disproportionnée de
cette ligne du Danube qu'il aurait fallu maintenir con-
tre les attaques continuelles des Turcs, déjà maîtres
des hauteurs dominantes de la rive droite, que par les
convoitises des voisins chrétiens, qui pensaient à ces
pa>*s roumains beaucoup plus pour les envahir que
pour les défendre au profit de la chrétienté, et, en der-
rOiUCATIOS DE LA CtVIUSATIOM ROUMAINS 121
nière ligne, par cette nouvelle vassalité turque qui fut
imposée en Transylvanie. Jadis un point d'appui natu-
rel pour la défensive roumaine, au moment où les
Zâpolya et leurs successeurs, les Bàthory, demandè-
rent l'appui du Sultan contre les appétits conquérants
de la Maison d'Autriche.
Cette paix ottomane était lourde d'humiliations et
d'i s de toutes sortes; elle demandait le paye-
nt liut sans cesse accru; car si, sous Rares»
la Moldavie payait 10.000 ducats, sous Pierre-le-Boi-
teu\ on en rli-niandait déjà 30.000 et la somme à la-
quelle étaient astreints les Valaques atteignait le dou-
ble. A cela s'ajoutèrent des présents annuels, des pour-
b« ' ' des fournitures de provisions à prix
tiv . ^ .les troupes en campagne, puis pour
les soldats de Constantinople et pour toute la \ille im-
périale. }s<^ ■-—'■-- ttc paix eut l'avantage de mettre
fin aux a^ tiques et permit ainsi le dévelop-
pement de cette civilisation nationale qui permettrait
pour l'avenir d'entrevoir un idéal plus élevé.
CHAPITRE VU
Eléments de la civilisation roumaine
à lépoque moderne
ELéMENTS POPULAIRES DE LA CIVILISATION ROUMAINE.
— Une partie des éléments de là civilisation roumaine
qui se développa depuis le xv* siècle était d'ancienne
origine populaire. Nous avons déjà signalé la riche hé-
rédité thrace. contenant tout un systèn " bitationa,
d'exploitation agricole, tout un art pi , commun
k tous les peuples voisint ayant la même base ethni-
que primordiale, Serbes, Bulgares, Albanais, Grecs
même, au Sud, et, au Nord-Est, Ruthènes; puis, dans
Tordre spirituel, les mêmes coutumes, les mêmes su-
perstitions, la même mélodie des chants poi' ' ' -^
mornes rythmes simples de la danse (le rc i
est encore le terme grec classique) et jusqu'aux mêmes
allures d'une syntaxe qui marque d'un sceau archaïque
tous les parlers de ces régions.
A voir l'aspect des maisons à un seul étage, avec
leur foyer séparant deux chambres, avec leur ballus-
trade de bois sculpté, avec leur large cour et leurs
haies de branches entrelacées, à contempler les lignes
des vêtements, la forme du bonnet et celle du manteau
jeté sur les épaules, la chemise ornée de dessins multi-
colores sur ces épaules, sur la gorge et sur les i-
la ceinture de laine ou de cuir, ornée de L:. ...... s
pointes de métal et contenant tout un appareil d'armes
et d'outils, le pantalon de toile et les sandales de cuir;
ÉLÉMENTS DE LA CIVIUSATION ROUMAINE 123
à étudier les formes diflTérenies des omemeaU de
ces vêtements, ainsi que des lignes qoi se détachent
sur le» in\''. ''(\ue et les con-
tours des v; ; i i'Ulaire; ù cons
tater enfin l'aspert des champs labourés, on a, de
la T - "^^ Art et du Ténare su Taira et ni
Bc n de se trouver sur un ni> .1.
territoire de civilisation rustique. Cette impression
sera confirmée si l'on écoute les chants mêlant*-'- *""*
de la (loina roumaine, les accents vivaces qui
les danseurs de la hora, si l'on suit les mouvements
d'enlaccn)ent. de trépidation sur place, d'élégant défilé
de cette danse: enfin si l'on prête l'oreille aux récits en
pruse de ces hasme, de ces povesti, dont la lointaine
origine doit être cherchée dans les fables de l'Asie in->
rlicnne. riche en fantaisie et en enseignements moraux:
si l'un se pénètre du sel de ces facéties qui animent
soirées populaires des sezatori, où les fuseaux dér<^u
lent le fil ténu du chanvre et du lin; si l'on assiste aux
processions des rois mages avant Noël, aux vœux ;
sentes sous les fenêtres spécialement éclairées du
lage par les enfants qui viennent célébrer, en chan-
tant, les ■ ' ■ "^ ■
aux farce ^
rencontre, pour la Nouvelle Année, déj <■ Duros-
toruni ' si l'on se pénèti
des c« I antes qui aocoiii,
de Pâques, bien que cette grande fête chrétienne soit
re^' ■ re aux vieux décor de l'époi;
i romaine sur ce fond thrace ,
profonde. Le vocabulaire roumain ne peut renseigner
là-(i j: '' -ne manière bien insuffisante, car un
gr.i notions désignées par des termes d'o-
h aient indubitablement déjà connues par
1< ivant la première apparit*-v ^ •? émigrés
iLt ant plus avant l'œuvre a ic par les
124 HlSTOim DBS ROUMAINS
légions sur la rive gauche du Danube, et, d'autre part,
un grand nombre de mots latins ont cédé la place h
des mots slave», choisis pour tel ou tel avantage ou im-
posés par les marchands slavo-byzantins des cités da-
nubiennes. Néanmoins, ce vocabulaire peut servir ù
montrer quel était le capital de civilisation élémentaire
possédé par le peuple roumain au moment où il entra
en relations avec de nouveaux facteurs ethniques, par
l'invasion, le voisinage, la cohabitation ou seulement
par l'influence des courants de culture.
Les termes qui regardent la maison avec ses H '
rentes parties, sont latins: casa (maison), fereastra :;
nétre), usa (ostium porte), coperemtnt (couvrement),
scara (escalier), strat {tratum, lit): plus tard on
employa le terme pat, d'origine byzantine oa peut-
être même latine ( I) et il en est de même pour ceux qui
désignent les meubles: masa (mensn, table), scfiun
iscamnum, chaise), ou les ustensiles de ménage et les
outils ac (aiguille), ata (fli), degetar (doigtier), foar-
fece (forbices, ciseaux), cittit (couteau), furculita
(fourchette), teaca (gréco-latin : thecn, gaine), oala
(olta, pot), utcior (urceolus, urne), galeata (cf. fr. ga-
lette, unité, de capacité pour l'eau et pour les gr:i"
pahar (bocal), cupa (coupe). Il faut mentionner
cialement les termes qui désignent les occupations du
paysan aux champs icâmp) et celles de sa femme dans
l'économie domestique. Si le mot plug est d'origine ger-
manique, labourer s'appelle a ara, semer a samana,
cribler a treira, récolter a secera, a culege; la paille
s'appelle paiu, le foin, qu'on coupe avec la falcc, faulx,
/d/i); la sécheresse, c'est la seceta (siccHas).
Toutes les variétés des céréales et des légumes por-
tent des noms latin: ^rdii (blé), orz (orge), ovat
(avoine), sacara (seigle), meiu (millet), puis: fasole
(1) Communication de M. le profesacar V. Bo^^a.
ÉXÉMENTS DE LA CITIUSATION ROUMAINE 125
{faseolum, haricot), faua (ancien terme pour fève),
ceapa (cepa). aiu (ail), curechia (cauliculum, choux).
Le dernier produit du travail de l'agriculture porte
aussi des noms de même origine: faina (farine), la-
mura (farine de première qualité), pane (pain). Le vo-
cabulaire de !;i vilirulture: vita (vitis), aua iuoa), uin,
bute (.totineau, il. hotte). Tous les noms d'arbres frui-
tiers et un assez grand nombre d'arbres forestiers sont
tirés du latin: nialus), gutuiu h'
nia, coingj, cvr , , par (poirier),
etc. (le gland s'appelle ghinda).
r ••• * •
ti>s _ ; ^
sont d'origine latine); le « ghem » (cf. : rer)
déroule son fir (fil) de chanvre (cânepa lin
tin), pour former le tort (de torquere; l'op» >'ap-
pelle a toarce, et il y a aussi le verbe a uni, ordire) de
toi' -a: on a ir -'^spondant latin). I>es ctofTes
de ^inà) s'aj , . dans le vieux langage rou-
main panura, du latin pannus, bien que le terme de
postav, d'origine slave, ait été importé plus tard par les
marehands étrangers. Pour fabriquer ce drap, sHon les
anciennes méthodes simples, on emploie le pillon. la
piua, piva ipillula), qu'on rencontre encore près des
cours d'eau dans des clairières de forêts, où elles font
entendre jour et nuit leur bruit monotone. Coudre, a
coase, est tiré du même fonds.
Les pièces prinei}>:!lcs du vêtement populaire ne sont
pas empruntées au trésor slave: s'habiller se dit a se
tmbraca, d'un terme qui rappelle les braccae, les
« braies i> des Sarmates (français: débraillé), aussi bien
que des (laulois; mais le vêtement s'appelle au
mànt. On rencontre la chemise, camata, la >.....:^.u
brâu ibranum), la courroie, curea, la tarica des bar-
bares, qui a conservé le nom latin, la chaussure, incal-
tntnintf (cahenimnliini : il v a âUssi le vieux terme
126 lUSTOIRB on ROUMAINS
calce) ; même les boucles d'oreilles, cereei {circuit), ont
conservé Iti - dénonii *' ' ' ^
bracelets,/ "iiftau&.s it
le nom a été transmis du latin. Le peigne est pieptene,
et l'on a gardé du fonds ancestral. avec le balai, matura,
le savon, sapiui, sopon, et la lessive, lesie.
Dans un domaine plus spécial, la culture des abeill?»
s'est transmise sans interruption depuis 1' de?»
Agathyrscs, avec les produits de Val nlh,
blanc): la miere et la ceara. Toutes les o, le
l'apiculteur sont rendues par des termes w .M.i^.,i, la-
tine. Il en est de même pour le travail des mines. Tous
les métaux: aur, argint, arama, fier, plumb, cositor
{cassiterium, ctain), et les minéraux: "'•' •"■'■<- '♦''
ont gardé les anciqos noms.
Pour les relations sociales, le voiabiiiurc lalin
donne tous les termes indiquant les relations de fa-
mille: mania, iata (père), frate, sora, socru {aocer), eus-
cru, cumna (cognatus), uar primar (cousin "
mier »). Les noms des principaux artisans sont laL.. .
lemnar (lignarius)» fierar ou faur (faber)* rotar (de
roata, roue), tâmplar, celui qui fabrique des templa
(d'autres noms, dulgher, stolcr, pour les artisans du
bois, sont entrés dans le trésor linguistique en même
temps que les artisans étrangers pénétrèrent dans la
communauté roumaine). Enfin le commerce s'appelle
negot, négoce, le marchand negustor, marchander a ne-
guta; on dit prêt pour le prix, masi:
l'unité de longueur est encore le cul
Vendre et acheter seront donc a vinde et a cumpara,
prêter, a ' • gain de l'emprunteur, l'in-
térêt, est i w debenda).
Les termes concernant les occupations du soldat et
ses moyens de combattre sont restés intacts: u ' '<%
se battre, faire la veille,^ a vcyhea (cf. le m. if
Dcghe, latin vigiliae). Le guerrier porte dans 1' •< ost ».
ÈLàUESrS DE LA CIVIUSATION ROUIIAIXB 127
oatte, sons son chef, le cap de oa$te (capiton parait être
de source byzantine tardive), un coif latin (casque),
et il manie le sabrc« aabia, l'épée, spata, l'arc arcul,
dont part la « saette » française de jadis, sayeata, il
fait retomber sur rennemi sa terrible massue: ma-
ciuca, de même origine. L'ancien nom du drap«ui,
avant le steag slave, est flamura iflambura).
On a vu qu'il en est de même pour la loi, pour le ju-
gement et, en ce qui concerne la vie supérieure de
l'àme. pour la religion aussi (1).
Otto (ouolic première de civilisation contenait aussi
des idées p<j|i tiques et sociales que les influences ulté-
rieures purent modifier, mais non remplacer. La vie ru-
rale des daoae, des oici, des pagi romains, des territoi-
res autonomes, se perpétua à travers les siècles, avec sa
conimunauli^ de sang entre les habitants d'un groupe
village< ndant du même ancêtre, que des Rou-
mains a^^..... .U « moi » (d'où le nom de Moaneni, mos-
teni pour ses descendants, et celui de mosie pour l'héri-
tage terrien lui-même. Personne n'était prop-
d'nn terrain délini. dans cette exploitation fraU
des champs de labour, où chacun avait le droit de culti-
ver sa « part •> {parte; le mot en arriva a remplacer
tout autre terme désignant la propriété), les limites de
chaque lot, fixées par le degré de la descendance, n'a-
vaient jamais été transposées sur le terrain qui ne con-
naissait pas de bornes (margine, d'origine latine, a seu-
lement un sens géographique, et granita, de l'allemand
*" anal slave, ainsi que hotar, du hongrois,
s importés h une époque plus récente),
dhacun de ces groupes vivait par lui-même et pour lui-
même. « adoptant » seolement — ainsi qae nous l'a-
vons montré — de temps à antre les jeunes fens qui.
n uteario, Btgmologitehts WôrUr^uch âtr Bu-
nui; c. ItW.
128 ristoihb obs roumaiks
abandonnant tout leur passé, venaient se marier daat
le village et se confondre dans son unité t' U%
familière et, pour ainsi dire, politique. Auss. .. ..m>
merce cessa-t-il, et il n'y eut plus, à l'exception des
foiffs au-delà des fr< -s sur
telle montagne entre ^ .. a venait
marier les jeunes fliles {târgul de fête), que le troc des
rares objets qui formaient h- ' "une vie écono-
mique basée sur le seul trav;ii ^ue.
Si la vie rustique vient des Thraces. Rome avait in-
filtré dans l'àme des Thraco-Illyriens cette n '' né-
cessaire, indispensable, de l'empereur, qui se ire
aussi bien chez les Roumains que chez les Albanais. On
avuqu'»'" rcha au moyen âge ces aventures roya-
les et iiiii ^ qui coûtèrent aux Bulgares et aux
Serbes le meilleur de leur sang, les jetant dans des lat-
tes incessantes dont le but devait être la couronne des
Césars d'Orient ou celle de leurs concurrents d'Occi-
dent. Cette notion d'un seul droit politique, nécessaire-
ment légitime dans le sens traditionnel, permit aux
Roumains de conserver l'idée d'Etat dans la forme mo-
deste du Voévodat paysan, pour qu'elle put se dévelop-
per aussitôt, abandonnant cette aire rurale des Carpa-
thes, au premier concours favorable de circonstances.
Influences byzantines et slavo-byzantines. —
Bien avant la première influence féconde de l'Occi-
dent, qui ne pouvait s'exercer que par un con oc
le monde colonisateur des Saxons de Tr:r le,
au XII* et au xiii* siècle ou par le monde marchand
des Italiens, donc à l'époque de l'activité des Gt riois
et des Vénitiens dans la Mer Noire, au xiii* et au
XIV*, une puissante influence, venant du Sud, féconda
cette semence primitive de « ' '"in Ihran ne.
qui contenait des germes ; > d'un . i>e-
ment supérieur.
ÉLÉMENTS OB lA aVIUSATION ROUMAINS 129
Si les Byzantins, de tradition romaine, de langue
grec<7ue et de coloris oriental, ne passèrent le Danube
que pour écarter la menace d'une attaque des Slaves,
des Avars ou des autres Tourcniens et pour affirmer
les droits imprescriptibles de l'Empire, il y eut des
relations incessantes entre les paysans de la rive gau-
che et les rentres iirhains *; «^rvèrent sans inter-
ruption, pendant tout le . .^ âge, leur force de
rayonnement économique sur la rive opposée. Plut
tard, de grecs qu'ils étaient devenus après une pre-
mière phase latine, ces centres gagnèrent un carac-
tère slave, et nous avons déjÀ signalé l'apport de
mots étrangers qui en résulta pour la langue rou-
111 ai II.-.
Les monnaies byzantines, en commençant par celles
du VI* siècle, sont très fréquentes dans tous les trésors
mon " s qu'on a découverts dans ces régions. Mais,
du t que les Roumains n'avaient pas encore
une vie organisée, un prince aux allures royales, une
cour, une armée permanente, une vie sociale plus dé-
veloppée, avec tout le luxe d'une classe supérieure, se
partageant les offices civils après avoir collaboré à la
gloire du maître, cette influence de Byzance, d'un ca-
ractère surtout politique, ne pouvait pas s'exercer
d'une manière sensible.
Les î N Voévodes qui affi- . protciilinn
d'être k ni « de tout le pay^ m , i-taient
encore de simples princes-paysans, continuant la tra-
dition impérip^ ' 'ii"^ modestes.
S'ils se réfugii . r, dans leur
forteresse d'Arges, s'ils purent s'annexer le centre
urbain de Càmpulung, fondé par les Teutons •! habité
par (les Iraurgeols originaires de Transylvanie, s'ils
avaient hérité des Tatars un système douanier et si.
enfin, le Ban hongrois de Severin leur fournissait sa
ISO HtsToinc n» roumains
monnai > ne ^ ciaiont encore assuiitie >
ce qui .1 .c une vroic vie d'Etat, stipéricn
simples usages patriarcaux.
La rapide arrivée en \ . i !
ments: prélats. lettrés. nol»U . ^u. ,
quête turque chassait de leurs patries baicaniqucs. dut
amener un changement presque inopiné. Il y eut bien
sous Laîco, protecteur du siège latin d'Arges, qui em-
ployait une chnncellerie latine empruntée h la Hongrie
et scellait même ses actes, ses traités, d'un sceau avec
une inscription latine, une légère inclination de la ba-
lance du côté de l'O ; mais l'Orient trouva bien-
maine.
Il y eut ilabord l'influence directe de Couilaaliuople,
qui, sous les Palcologues, devait reprendre, avec de si
faibles moyens matériels, l'ancien programme de la do-
mination romaine. Le " despotat » était un moyen de
réunir tout ce qui s'était formé d'indépendant dans la
péninsule balcanique à la vie byzantine, à la dynastie
qui la i< tait et l'incarnait; car ce titre ■
pote, a\i oit de porter la pourpre sur le vi
et la chaussure, de faire broder l'aigle bicéphale des em-
pereurs sur les chlamyd cnémides et le^ "
quins, n'était accordé qu \ auxquels on a\
l'honneur du mariage avec une princesse impériale.
Mircea. le fils de Kallinikia, porte donc dans son por-
trait du couvent de Coria un costume de chevalier franc
selon la mode introduite en Hongrie par les Angevins,
mais sur sa tunique de pourpre l'aigle se ■'' ' -■ en
broderie d'or; on a vu déjà que, étant « d< . il
(1) Cette monnaie s'appelait le • ban ■, qui > : our
les petites transactions, tandis qn* l'aspre et 1'! de
Bjzance <lr mot ptrper, parpar. resta Jusqu'à n '
dans le nom d'un impôt sur les vignes, le parp<tr :
pour les gros prix.
•WHU
lLéME!rrS DR LA CTVIUSATION o... „-,...,. 131
avait gagné le droit de posséder légitimement Théri-
tage maritime de l><>broliisch, '< despote » lui aussi par
ses lien» de parente avec les Césars. Maintenant une
j)o\e, dans les s d'églises, sur
.- .1 aux longues L - .1 à la barbe de
Christ, comme celle des « basileis » de Constantino-
plc. Il donnera des privilèges au bas desquels le vau-
tour valaque posé sur le rocher sera bientôt remplacé,
dans des sceaux comme ceux des chrysobules, par !*{•
maf: figures couron-
née^ . , : ie la chancelle-
: ie impériale feront ressortir le caractère «• très pieux »,
pour le Christ i-nt
comme un <• un :an-
quera pas de faire flgnrer au bas de ses diplômes le mo-
-n lettres rouges . - ' - ni le titre du dona-
. si auparavant 1 >de ne pouvait que
< ' ier à un couvent ou à un soldat son droit de préle-
\\r la dîme sur sc« ■■: • :..•........• :i . i...-^ç,y|l
S4»n «Iroit inipéria! >. et
tôt on le verra confirmer toute mutation de pro-
fil, té en vertu d'un droit supérieur qu'il s'attribuait
sur le sol de sa - domnie », de son principat. Lorsque
'■■'•e Dan 11, feront leur ap-
r,- " -" i. ....,, ..i-, cette influence directe de
n'en sera que plus forte: elle aurait continué à
na-
,- • -,^ .iile,
. I me avant l'établissement des Sultans dans la Capi-
t < s que celles par la
Mri . i......:-c.
Quant à là Moldavie, elle n*eut de relations politiques
avec l'en ^ous le règne d'AIe-
e-Bon. < époque des livres
tithurgiques en slavon et en grec, des inscriptions
grecques sur les murs de *" " ' * " a et enfin des
132 HISTOIIIE DIS nOt'MAIMS
broderies, ornées du portrait liu jimnf et df ^ i Mime,
dont le caractère d' <• autocrates » est afli: nu |*.ir une
légende grecque. Comme Jean V'II. empereur de Cont»
tantinople, associé à son père, le très vieux César
Manuel, passa, en revenant d'Occident, par la Molda-
vie, vers le port de Chilia, on parla plus tard, non teu-
lement de telle image dont il avait fait don à son hôte
et qui continuait à faire des miracles dans le grand
couvent de Neamt, mais aussi d'un acte de recon-
naissance solennelle accordé ;'• rr.f;if .f ;• I*F.L»li«i*» nml-
daves.
Byzance avait aussi un moyen ind. '^r
son influence. Qu'étaient, en effet, cc^ i; n iu
Danube, ces royaumes et ces Tzarats. sinon des con-
trefaçons de ses institutions? Avant de périr, le despo-
tat serbe venait justement de donner une nouvelle
école de clercs, celle d'Etienne le philosophe, contem-
porain du grand Patriarche bulgare Euthyme. et. par
leur « Tzarat » de Vidin, les Bulgares conservant en-
core des traces de la civilisation byzantine, s'étaient
rapprochés des possessions du prince valaque.
Entre les actes de Stachiniir. prince de Vidin au
milieu du xiv* siècle, entre ceux du despote Etienne,
fils de Lazare, et entre les premiers actes des Voévodcs
de V^alachie, il n'y a aucune différence: même forme,
même style, mêmes ornements. La langue est, d'un
côté comme de l'autre, l'ancien slavon de Méthode et
de Cyrille, ce dialecte de Macédoine dont les apôtres
instinctifs du slavisme avaient fait une langue lithor-
giqne. une nouvelle forme canonique de l'Ecriture
Sainte, et qui avait dû envahir les chancelleries à une
époque où l'Etat et l'Eglise n'étaient pas encore sé-
parés comme plus tard au temps de la Renaissance.
On peut aussi se demander si c'est Constantinople
seule qui donna à la principauté vnlaque les titres et
les attributions de ses offiiicMs et dignitaires, tels
ÉLÉMENTS DE LA CIVIUSATIOM ROUMAINE 133
qu'on les rencontre dans les actes de Mircea et de ses
successeurs: le logothète, maître de la chancellerie.
Je vornic (de duor, slavon: Cour), le majordome, le
palatin de la résidence, du •< sacré palais •*. le vistier-
nie, au nom s]a\isé. qui gardait le Trésor, le comit
(venu du latin cornes, par le canal byzantin), qui
avait sous su surveillance les écuries princières, puis
le spatar, chef des armées, dont le nom. qui pourrait
venir «^ lain épata, épée, est ce; > un em-
prunt • (U « ^athaiïos » de Co lople, le
postelnic, cubiculaire ou chambellan, et enfln ces stra*
ton • • f • • %. nom «1.
ent I que avr
imitateurs slaves.
Cette influence passa aussitôt en M
frontière n'axant pu séparer la vie spi ^
tement unitaire, de la nation. Elle y trouva cependant
une autre influence slave, d'origine byzantine infini-
ment plus ancienne, parce qu'elle date des premiers
contacts entre les Russes de Kiev et les Impériaux
romains et orthodoxes du Bosphore. I^s premiers
se<*rétaires des Voévodes moldaves vinrent de la Gali-
cie russe, de la Cour des princes 1 ns. qui
avaient succédé aux rois de la Russie Ho.^^.. v i un for-
mulaire plus bref, plus concis, mêlé de ces éléments
latins que les Voévodes du Marmoros avai<
avec eux à Maia, se distingue nettement d, .....
phrase pompeuse qui domine dans les diplômes vala-
qups. I/ordrr ' ires est aussi plus
des sei^ru-urs . sans fonctions à I
des conseillers n'ayant pas d'autre qualification, des
chevalit rs, des " s» ou *>* 's
à la m 'ologne, - >ec les ij ^ >
détenteurs des charges d'un caractère byzantin. Les
bufRrnves paraissent dominer de leur importance mi-
litaires tous les autres. Il fallut attendre le règne
134 BlSTOim ou nOU MAINS
d'Etienne-le-Grand pour que la hiérarchie adoptée
déjà par les Valaques pa«tAt dans l'autre prind-
nnilti'.
T; MAiNt. — Avant la
ton ^ luchie, las RMimalns
n'avaient que des églises de bois, et le clergé était
formé uni(|i ' de prêtres, d'origine paysan i
sacré à Vu . par des •• exarques » |> i
moins canoniques, qui vivaient dans les monastères,
comme ces « pseudo-év^ques » que mentionne dès le
commencement du xiii* siècle un bref du Pape. Des
ordonnances impériales avaient bien attribué, ainsi
que nous l'avons déjà dit, au xi* siècle, des droits de
surveillance au PaLriarche de Silistric. qui devint bien-
tôt le simple Métropolite négligé d'un ville appauvrie,
et à son sulTraganL. l'évoque de Vidin: mais on pense
bien que celui qui devait réciter les prières devant
l'autel rustique ou devant une de ces croix de bois au
dessin naïf qui orne encore les grandes routes, ne pou-
vait pas venir du fond de la Moldavie future pour de-
mander la consécration à ce cbef hiém
Aussitôt cependant qu'il y eut un j; .1, . a Arges,
il sentit le besoin d'avoir auprès de lui un archevêque,
car l'un était, selon les idées de l'époque, le
ment de l'autre. Non pas un évêque latin, c.
été donner à entendre que la nouvelle principauté
était dans la dépendance du nie de H
uais bien un Métropolite 01 1 , pour i r
^si. non seulement le caractère orie-ntal de la reli-
gion chrétienne dans cette région, mais aussi 1' » auto-
cratie » du voévode. Or le Patriarche trcuménique,
dont l'action était déterminée par les même motifs
d'impérialisme byzantin que celle de sr. '" - * ■ •
guère disposé à admettre une pareille j
traire à l'idéal de domination romaine de l'Empire
^L^MENTS DE LA r.fVILISATIOS ftOLIfAINK 135
î :n<' (•<'{><• lulant le prince AlCKbodre,
'! i*'jà, proliahiement, la bcllr église for»
tifiée de Saint-Nicolas (Sân-Nicoara) sur !• place la
{>' ' ée (le sa capitale, persistait dans mmt demande
<[ pouvait pus rt-fiiser ju<»qa*au beat à an « éf'
naste m qui pouvait bien se toamer vers les propaga»-
' '' - " 'i<pu^, on recourut à un biais; on lui per-
à Ar^cs. comme Métropolite de la Hon-
gro-Valachie • (dintincte de la Valachie thessalienne,
balcanique) et " exarque des plateaux •> (ptaûtrO, le
prélat qui. presque sans fldèles, résidait, dès le com-
mencement de ce XIV* siècle aa moins, à Vicina. près du
point de séparation des branches da DaniilM. Peut-
être m«>me ce jjrec de création patHareale, Hya-
cinthe, m iser les i. jj^
«-e trouva.. .. , ...-S rinflut'i-, . ,. , ^ ; oé-
ode valaque. maître des rives danubiennes jusqu'à
circonstances dans lesquelles
I . .^ se valaqne.
Cette Eglise fut conduite d'abord par Hyacinthe
^ )ulos, qui portait
il prit le titre de
Métropolite d'une partie de la Hongro- Valachie »,
• <jiii <lrv;ii! vÎL^nifier bientAt l'évèché fî "^ ou
i' H.uiiiiM . sur ;.t rivière de TOlt, le « N i \e-
in »: plus tard leur successeur fut le supérienr Mlnic
iir^ rnnvrnU (\r\ Mont Athos, Chariton. qui ne semble
pas .1...:; , , :.• d'une manière permanente dans le
pays, car il conserva ses anciennes attributions mo-
n-^ '"'•■'%. Ils avaient introduit sans doate la liturgie
<^n mente temps que l'art bjmntin: cet art
r aux anciennes traditions de la peinture.
^ — ... dans l'urchitecture les normes plus sim-
•les de la Montagne Sainte, comme on le voit dans
M> église cathédrale dite •> princière • de
-\roos. nvfr .îfs fresques admirables.
136 HISTOIRB DBS ROUMAINS
La Moldavie de\'ait être comprise naturellement
dans ce système hiérarchique, destiné à faire revivre
la puissunoe des Byzantins par l'extension des droits
de leur Eglise. Déjà l'on avait accordé au roi de Polo-
gne Casimir-le-Grand, maître de la Galicie, un évé-
que grec de Halic^, Antoine, qui devait exercer des
droits aussi sur la partie supérieure du pays mol-
dave dont les districts inférieurs étaient soumis Jus-
qu'alors au Siège de Moncastro (Cetatea-A^^ " idé
probablement vers 1350, en relation avec !■ ré-
cent du nouveau martyre Jean. De ce côté aussi. Il fal-
lait écarter un évêque latin, qui particulièrement re-
muant, s'était déjà insinué à Séreth et que le prince
Latco, successeur du fondateur Bogdan, voyait d'un
mauvais œil, ne voulant pas reconnaître une dépen-
dance politique de la Pologne. Mais, de ce côté aussi,
Byzance, par égard même pour les prétendus suze-
rains du voisinage, hésitait à créer un Métropolite spé-
cial. Le Patriarche envoya donc un certain Théodose,
puis Jérémie, qui s'établit plus tard à Trnovo, en Bul-
garie, sans qu'ils eussent probablement un titre mol-
dave.
On essaya plus tard de faire du " protopope »
moldave Pierre, un simple hégoumène, 1* " exarque "
que Byzance consentait à accorder à cette seconde
principauté roumaine. Puis on recourut à un Métropo-
lite de Mitylène, à un évéque de Bethléem. Mais le
pays ne voulut admettre aucun de ces prélats étran-
gers: il consentait à t- Ut à Suceava la rési-
dence de révoque de C' \lba, mais à condition
que le titulaire fût le Roumain qui exerçait jusqu'a-
lors dans le pays d'.Alex:i ' ■ ' ■ " '■ 'nis-
copales. Au moment où . j»ar
les Turcs cherchait désespérément un appui et des
subsides dans toutes les régions de Tortli ? ' le
nouveau prince lui arracha, en 1401, cette s> <lé-
ÉLÉMENTS DE LA CIVIUSATION ROUMAINE 137
flnitive d'un long conflit (1). II y eut cependant plus
tard en Moldavie des Métropolites grecs, comme Da-
mien, qui représenta la principauté au synode d'Union
*le Florence et qui laissa sa belle signature de « Métro-
polite de Moldovlachie » au bas de l'acte mt^me de la
réunion des K^lisrs, et l'on rencontre dans la pre-
mière moitié du w siècle tel cas où le Patriarche crut
pouvoir interdire h un archevêque moldave, fautif
envers lui. l'entrée même de la ville impériale.
Ce qui empêcha cependant l'établissement de la
I - et de la civilisation grecque sur
1- - - . action de la propagande slave, faite
par de simples moines serbes, adversaires en principe
' lie qui. au Mont-Athos même, n'a-
\ ^ L'n de ces « popes », NIcodème,
dont le père, grec de Macédoine, parait avoir eu du
sang roumain, se vit obligé par la conquête turque en
plein progrès, d'abandonner le royaume de Lazare,
son protecteur, pour chercher un refuge chez les « Hon-
grois » de la rive gauche du Danube. Il y bâtit d'abord
Vodita. au-dessus des Portes-<le-Fer, puis Ttsmana.
dans les montaf^nes du Jiiu. enfln Prislop, au-delà
des Carpathes, fondations monacales autonomes, ha-
bitées par des moines lettrés de langue slavone. Laîco
et son frère Radu acceptèrent volontiers le patronage
de ces monastères, qu'ils enrichirent de leurs dons, et
Mircea. suivant l'exemple du « pope » fit élever sa fon-
dation de Cozia, puis celle de G>tmeana, pendant
qu'un de ses boîars donnait à la Grande- Valachie la
belle Maison de Snagov. près de Bucarest, au milieu
d'un large lac, entouré de profondes forêts.
(1) Cf. notre étude «ur Ut • Gwditlons de poUtlqae féné-
-alc dans tosqoelles furent fondées les Eflieet roamalB— «ox
\ty et XV* «ièclct •. dan« le • Balletin de U SoctJoo hialoriqv*
Je VAcMdémU Roumaine >, année IflS.
13t NISTOIRE DBS norMAIMt
Mais le mom'ement ne s'arrêta pas aux frontières
mal assurées et provisoires de cette principauté. Det
dinriples de Nicodème travaillaient déjà en Moldarie
sous le ri'gnc do prinrr Pierrr-I", qui parait avoir été
enterré dans le i i - Ncamt. création de cet
hôtes actifs et en «.. . . i> ,„ i" éleva
auprès de la fort. l son nom
on monastère ({ui devint la résidence d'an évéqtM
non canonique, tandis qu'un autre, Joseph, le futur
Métropolite, exerçait, dans les mêmes conditions, ses
fonctions à Suceava. Bistrita. près du nid de monta-
gnes de Piatra (de fait: Piatra-Iui-Craciun, Rocber-de>
Craciun), puis Moldovita. non loin de Baia, le princi-
pal établissement d'Alexandre-le-Bon, appAraissent
avant le commencement du xv* siècle.
L'assaut livré par la hiérarchie grecque trouva donc
en Moldavie des évèques dr its, rep^ «ts
de la tendance slave, et la Nx. .. resta à •_ > r-
bes ». Sans un plus long combat, ce courant « serbe ••
S' aux dépens de ' i ■ A un
< moment même, ^lanli-
e étant devenues très difflciles à cause de la pré-
s. fl les Métropoliles molda\ ' ^a-
ri. I <> l'ancien siège iNdgare. • or-
tance avait été accrue par les besoins religieux de la
Bosnie, de la nouvelle Herzégovine et des possessions
vénitiennes de l'Adriatique.
i.NFLlENCE. Tl »\V/i I ri ».Mi<.«)-li i î ne io-
fluence turque ne devait s'exercer (j; . lard. Elle
est à peine visible au xv* siècle, où commence cepen-
î.int l'envoi à Constantinoplc des jo- - • --"-fs ota-
es et des botars qui devaient Icv ;i ; déjà
ۥ lils d'Eticnne-le-Grand. Alexandre, qui devait y
înourir. puis un fils de ce dernier, le nouvel Etienne,
qui remplaça Pierre Rares, et enfin le fils ulné de ce
ÉLÉMrNTS DE ï-\ CITIUSATIOS ftOUMAlNB 139
der :)•■;■ ,■ . ■ - ■■' F'!-- '■■ •'••;it fait :ti:
Unt.' I>:i; il'" '!'■ . ■'!! . iiU'':ti 1'»:! .ni -ii. ?tru (Jf cr
mêlé de Viztrs, de Padws, de begs, d'agas. d'inter-
prèlc» et 'V " s ■ nootéfariitcas », jeunes
chrétiens ^ es dans la clientèle du Sul-
tan, de janis!iaires étroitement enfermés encore dans
Jeu -' re, et de spahis, surtout de sp"'--
og; le faste de leurs richesses féo<i
On T parlait, du reste, le grec et le serbe aussi bien que
le turc de^ ~ "Tarants. Ces princes en rapportèrent,
avec un ]> potir la religion de llslam, dont l'a-
doption ferra- ait l'accès à toutes les faveurs
et à tou4 les a. .^cs, un goàt du luxe oriental en
habit H, en joyaux, en cheraux de prix, que les pays
rf« ^t pas er m fo-
rit... ..,., urgent, s.:.. - - -. qui
réunissait les renégats de toutes les races.
Mais ceux qui contribuèrent surtout à modifier dans
un sens défavorable les anciennes coutumes roumai-
ne s ces Turcs eux-mêmes. Leurs
m : ■■'* rares en deçà du Danube, où
ils n'avaient pas hs droit de se bâtir des maisons de
f»ritrf. et le commerce le phts rémunérateur '' ' '^ "
•surtout par les janissaires <ftt la garde ou j
venus de Constantinople, c|ui, comme créanciers des
princes, • s'établissaient pr • '-"--cment, arrogan!- -••
insolents, dans K-s lU-ux s. Dans la clic
ottoiianr s", levaient. ! : :i ' ûna—at. let dea>'
rciiiliiits : i<les Taiiitut - i<;. /.i.itines, qvd, coanac
m;ini-urs •. en étaient arrivés sous Soliman-
le-N!;i^nili'ji;' .!'•:•. avec leurs coUègoes a-
hm-hn rt idii's. nuti ^«.uleInent la direction du <. —
iiu: -' m' r.'ur de HSsApire. mais aassi la ferme des
luiu' !{*. :'iv I '. -rMis <l(i ') résor Impérial: salines, doaa-
nc>. If t h M ' X M ' ' ' jntacnzônc fut. dans le troi-
140 HISTOIRK DBS ROUMAINS
si^inc quart du xv* siècle, le personnage le plus res-
pecté parmi tous les chrétiens sujets du Sultan; les
Patriarches (Pcuméniqufs changeaient à son gré, et
sans sa volonté on ne pouvait arriver aux trAncs da-
nubiens, ni s'y maintenir: ses lettres, scellée» de l'ai-
gle bicéphale de Byzance, étaient le meilleur sauf-
conduit pour tous ceux qui avaient quelque faveur 6
demander ou quelque châtiment à éviter. Toute une
société remuante de Grecs s'agitait autour de lui, et
certains parmi eux venaient faire sous sa protection
des afTaires brillantes dans la V'alachie, dans la Molda-
vie, sorte de Terre Promise déjà vantée depuis des
siècles. La fille de Rares. Chiajna. mariée à Mircea-
le-PAtre, et son fils, le prince Pierre, étaient à la dis-
position de cette engeance chrétienne du nouvedU
Stamboul, qui intriguait, dénonçait, briguait pour ac-
croître sa richesse cl son importance. Alors <i
Grecs venus sur le Danube à l'époque de la c«i i
turque avaient été des prélats, des dignitaires byzan-
tins, des membres de l'aristocratie et ii' !-s mili-
taires, leurs successeurs furent des i mhIs de
toute espèce, des prêteurs d'argent, des agents d'affai-
res et des instruments habiles, prêts à toute entreprise
rémunératrice, fût-elle criminelle.
Nous ne parlerons que plus tard, en relation avec
une autre influence, des Grecs qui. venant des colo-
nies italiennes du Levant, apportaient avec l'intelli-
gence et l'activité de leur race, une àme plus honnête
et des tendances de civilisation plus capables de dévo-
loppoment.
Im i.L'ENCES occiDKNTALEs. — Dès le Commencement
de leur vie politique, les Roumains avaient rencontré
ces représentants de la civilisation occidentale qui fu-
rent, non pas les Magyars, annexés bi**ntôt au monde
germanique en ce qui concerne les coutumes, les insti-
ÉLÉMENTS DE LA aVIUSATION ROUMAINE 141
tutions, l'art aussi, mais les colons de race gennani-
({ue dans les Carpathes, les Saxons de Transylvanie et
les bourgeois allemands de la Galicie. Les premiers
furent l'élément le plus actif dans une province jadis
purement roumaine, en dehors d'un petit nombre de
hongrois soumis aux < iix, de
,_j de Fehérvâr et des (ju...|_- „...urs qui
s'étaient fixés dans le • Pays au-delà des forêts ». Fuis,
lorsque k*v ' Ts Teu' - eurent passé la
montagne, i: . . .rent en \ . — comme on l'a
vu, — Câmpulung et donnèrent une population d'arti-
s;ins et -^ hands à - " 'la
(uture Ni -, Baia i; < ai ^''**
ment. Quant aux Galiciens, la Moldavie était leur do>
maine: ^ ^ ' m leur appnr jue
exclusi\t 1 _ lie la plus an les
marchands allemands se retrouvaient aussi à Jassy,
à Roman et dans d'autres villes comm I* ! • : ivs.
L'existence de cette population cat; wua
I l'établissement des premiers évèchés latins, à Ârges,
i Séretli ' ^'lia, alors que l'évêché moldave de Ba-
< au, de 1 n plus récente, était destiné plutr^t à
urveiller, au point de vue spirituel, la population
.,_.!. ^. ,,...,,.,. d'anciens colons hongrois et de réfu-
, . . autour des mines de sel. ne fit que
déchoir, sans exercer aucune influence sur les paysans
roumains qui l'entouraient.
Ces étrangers, auxquels se mêlaient sans cesse les
hreux marchands de passage, n'eurent jamais des
.1... hes avec le pays; parasites sans aucun but politi-
{Ue. ils empêchèrent la création, chez les Roumains,
'- d'accomplir, au
... - -1- - ,— . -- ... , . lection des boîart.
ûduits souvent h vendre eux-mêmes les produits de
..'iir 1- ri' sous l'égide du prince enfin qui ne dédai-
_!i . '. luM iMciit les affaires, un |u*u dr cetff ituvrc
t42 msToiRB un, RCVMAj>rs
dont se glorifiaient les Biembres des communautés
urbaines de rOccklent. Renfermés dans leor • droit
de Magileboiirg »» indiflérenU k an pays auquel rien ne
les attachait. Incapables dans leur iiujifuliie avariée
d*élever on seul monument, fût-ce même uae liaiplc
égli»e, qui commémorât leur passage — car celle de
CAmpulung. où fut enterré en 1300 un « conte saxon ■,
n'avait aucune valeur artistique, et la grande église
épiM'opale de Baia fut bâtie pur AIcxandre-le-Boo, —
ils ne laissèrent pas» sur cette terre, une page dans
l'histoire des arts. A une époque ultérieure, où leur
décadence était, du reste, complète, ils ne repoussèrent
pas les incitations de Jacques iiasilicos, qui, dans l'an-
cien centre de vignerons allemands qu'était Cotnari.
voulut élever une Toiversité de langue latine en lui
donnant pour maîtres des disciples de la Renaissance
allemande, des élèves de Mélancliton. A' le les
Arméniens, venus de CulTa par la ont
fondé à Suceava, à Botosani. :i Jassy, à Roman, ces
égUses de pierre 'i
dants aux bons
Taranul, etc.), alors que ces établissements religieux
conserv igéliaires datant du xiv* siècle,
rien IV ug sé)our de ces Allemands, dont
l'intloence en Transylvanie et en Galicie a\'ait été bien
au' ' ■ ces érèchés mé-
ni' . . temps de la Ré-
forme protestante, au point de vue spirituel, ne furent
pas soutenus i 's propres sacrifices, les titulaires
se faisant rcru \*:\r de^ \'iraires déI>our^'Us d'au-
torité.
Les Dont .. n>s et u'
tienne, allcMi.<:iiie ou mi< ^
des étrangers ne comprenant rien aux usages du ;
Un Bernardino Querini, {Kir exemple, passa une gi
partie de sa vie au milieu des Moldaves, vers la !:■
ÉtisiEjrra or i-% civilisation roumaine 143
AVI Mfrif, OU i;i j ..,»>i- --,- 1- iA^„i«...
de Pologne et par
sevino, eut une recrudescence rciu u
puisse dire un nm» -•- son admiin-.i.-ki-^'n. .- j '
de donner un cal latin en langue roum
qui fut foriuc à celte etKMfue, ne fut jamais .' i.
Û faudra ultcndre encore un siècle pour que ...le
italien Vitto Piiu/iu donne, dans une forme incorrecte,
le premier manuel de ce genre.
Déjà vers la Qn du uv* siècle, des marchands gé-
n<
plus fréquenté, de Suceava, où ils apportaient du poi-
vr des dr..
d'il . icate, à
que », ainsi que le demandait EUenne-4e-Grand. Leurs
iiji" ' ! -s com{)1
U- .et des >
d'afTaires continuelles, comme banquiers, comme fer-
mi ' ' ' ' et en Moldavie: les
fi même les parents dc
la famille princiére sous Mihnea-le-Turc, dont la mère.
-Ti .. , etail •' '^' iM
x\ , veuve a
a San-Mafflo de Murano, près de Venise, ou elle con-
nut l ^ se. Toute la sor-' •• •' '- '- " - •
eut. ]> e xvr siècle, des
din us «vec les agents des princes v . avec les
e\l!<'^ <t Ir^ prétendants qu'ils souU .....«^i.l de leur
cri-dil il n • t lit pus rare de voir dans leur compagnie
d des membres des ambassades
clé........... .. ..V.. ..^yageurs en quête de manuscrits
grecs et de curiosités oricnlalr&. Il est certain (|ue
qm "que chose t bavard,
de cts asseœl _. — .: ... ■ i • \i-
144 HliiTOllUI DBS HOt'UAlMS
vacité italienne, pénétra dans les Cours de% princes da-
nubiens, surtout par ces femmes habituées, dam un
autre milieu, h une vie plus large.
Mais il y eut sur le Danube, vers 1550 et jusque
tard dans le siècle suivant, toute une invasion de Grecs
et de Levantins, tellement mî^lés entre eux par la ca-
maraderie de leurs entreprises et par les mariages,
qu'il était souvent impossible de les distinguer. Ils ve-
naient de Chio, île restée gôm ' \s son i
mie tributaire, de Rhodes, de ■ , , .de Crt
peut expliquer leur apparition subite par la perte de
l'autonomie chiote. par la conquête turque de Chypre
sur les Vénitiens, par la ruine économique de la Crète
elle-même. Ils faisaient le commerce du vin de Malvoi-
sie: ils colportaient les articles orientaux entre la Tur-
quie et la Pologne où ils avaient un grand établisse-
ment à Lemberg. Un des leurs. Constantin Corniacte,
grand douanier moldave, contribua à la fondation de
r « Elglise moldave » de cette ville, où il finit ses jours.
Des femmes de Rhodes, où d'ailleurs Mihnea-le-Turc
passa son exil, furent princesses de Moldavie, comme
l'épouse de Jean-le-Saxon, une Paléologue, et celle de
Pierre-le-Boiteux. l'n Vévelli, que devaient massacrer
les paysans dans une révolte contre l'exploitation
étrangère, fut pendant des années le principal conseil-
ler à Jassy.
L'influence polonaise ne saurait être niée; les rela-
tion \t trop étroites entre le roy m ' H et
la y\' , dont les princes, depuis les > de
Rares, prêtèrent plusieurs fois un vain hommage au
roi de Pologne, pour qu'il n'y eût pas r ' ' - de
coutumes, où la principauté était la < lais
cette influence se borna d'abord seulement à la vie so-
ciale de l'aristocratie moldave qui commençait k se
former; le fils du vieux Lapusneanu, Hogdan, maria
ÉLÉMENTS DE LA CIVIUSATION ROUMAINE 145
«es sœurs en Pologne, ainsi que le fit pour ses filles son
successeur en 1595. Jérémie Movila. Bogdan. les Mo-
vlla. !• ^ it non ^ it des ir
des ne!-.- , . mais de- -.:_.cns du i_....
où ils avaient acquis des terres pour y chercher un
abri <' ' contre les n* turqu T n,r
Stroici. ^ lercha le pr»; !-thograp; • ic
pour le roumain, signait même, comme chancelier,
dans les <î" ■ -
Il n'y a pa _ ^ _ . , .
Moldavie à cette époque, lignes effilées, particulière-
mr ' " \'untes. qui ne révèlent une influence latine,
tr.. par la Pologne.
I! ne faut pas oublier non plus ces prétendants au
IrAne, qui. pendant tout le cours de ce xvi* siècle, tra-
versèrent l'Europe, visitant les villes, auxquelles ils
demandaient des subsides, et se présentant devant les
princes pour leur exposer, pièces en main, qu'il n'y a
qu'une seule légitimité dynastique, la leur. L'Italie, la
France d'Henri III et d'Henri IV, les princes souverains
de l'Allemagne, même l'Angleterre d'Elisabeth, l'Espa-
gne, le Danemark, les connurent, sans parler de la
Hongrie et des pays de l'Empire, qui furent pendant
longtemps les témoins de leurs misères et de leurs
illusions. Lorsqu'ils ne réunissaient pas des haîdoucs
hongrois ou des troupes fi -^iers pour risquc
coup de main contre 1' « u ....... leur • de leur « i.!...
tage • et pour périr au bout de leur folle tentative ou
|>< r dans leur abri, ils recourj
G' , néper. Ces auxiliaires ûdèlc^
rent ù la Moldavie un vaillant prince dans la personne
d* î'otcoava; i! était destiné k monrir n ' it
d' > -> après sur l'échafaud k Lemberg. m l'^
la vengeance turque servie par la lAcheté du hongrois
r? <)i de Pologne, et leurs bandes
(1- ^ fois pour opposer au paisi-
146 HISTOIRI DIS ROUMAINS
ble Pierre-le-Ik)iteux des concurrents guerriers que le
pays appelait de ses \-tvux. Mais beaucoup d'autres s'en
allnient en quémandant, à force de cor- "— -* nu-
près de leurs cousins de l'Occident, un • na-
tique à la Porte. Si la plupart échouèrent avant même
d'arriver à Constantinople. un prétendant de cette der-
nière catégorie, venu de l'Occident. IMcrre Cercel. fut
pendant deux ans prince de Valachie, grâce à l'inter-
vention persistante de Germigny. ambassadeur de
i'^rance auprès du Sultan. Ancien " mignon <* de la
cour corrompue des Valois, dont les concrlti poétiques
conçus dans le meilleur style toscan avaient attiré
l'attention de Catherine de Médicis. Pierre Cercel.
beau jeune homme aux longues boucles noires et au
regard rêveur, ne se borna pas à envoyer à son ami
l'ambassadeur son portrait accompagné de riches pré-
>: il éleva un palais h T ■ de l'église
; . i.icière qu'il releva, et atli .1 . -, ui des Ita-
liens beaux parleurs, dont il attendait peut-être l'éloge
d'un long règne j)r " ptif des Hongrois de
Transylvanie, qui le . '-nt, il laissa, non seu-
lement le souvenir des modes étrangères qv'il avait
;i^ ' ^ (il portail, comme Henri III, des boucles
<i , d'où son surnom de Cercel, mais aussi des
beaux canons de bronze, marqués de l'aigle valaque,
dont on a retrouvé un fragment.
Toutes ces influences n'auraient qu'un intérêt de
curiosité, si les Roumains n'avaient pas été capables
de les fondre dans une nouvelle r' '" ' ^ "zne,
comme produit unique du mélange 1! • n-
taux a\'ec les éléments occidentaux, sur un fond ar-
chaïque r- --T 1, (le l'étude la plus attentive.
Le m* o proiluisit d'at>ord dans le domaine
politique, puis dans celui de l'art, où des caractères
nouveaux apparaissent dès le xv* siècle.
CHAPITRE MU
Caractère de la civilisation roumaine
au x/' siède
La CJVIMSATIOM ROUMAIHB AU XV* ET AL' XVI* SIÈCLES.
- Le» pobufs pouTiQi es. — AU U^le de la vie politi-
,.ir. ...» I,. ,.r/,.,-.. iout co ajoutant à son nom propre le
■ ode (dérivé du slave Voda), il reste
j>oui les ^u-iiN un d(uun. 11 a gardé en grande partie
l'ancien caractère populaire de son autorité. S'il a une
-ité où il réside d'ordinaire: T&rgoviste, puis Buca-
ir la Valachie. Suceava puis Jassy, pour la
._. ■:, il traverse chaque année, surtout pendant
:.> priotemps et l'été, tout le pays, s'arrétant de place
l'iacc |»our ^' " ice
plaignants, i; au-
tres moyens que ceux d'une éloquence naturelle. Par-
ti a son ■ ■ T*' '.'-Grand, à lui
en Lu ar commémo-
rer set victoires), et. dans son voisinage immédiat, un
!Uodcsle palais de pierre. Le Fi '^ : lUS
t^ista, en I.'>89, à une scène dr l>a-
reille il celle qui se rattache au souvenir de saint Lottis:
'- Hcade «. le bon j- • ' • ;: fut
V.. r • abeille-ri . »
t chroni<)ue. écoule d'une oreiite attentive et bten-
» iiLinte les doléanrt" ■•■ •' ■■ tout en s'age-
mjuilLuit de\aul S;i sa, car le titre
148 IIISTOIIIB DU ROUMAINS
impérial s'est conservé — ses sujets le tutoient comme
ils le font pour le bon Dieu lui-même dans leurs prié-
res. Chaque jour, fi dvs heures flxéen par la coutume,
le matin et l'aprcs-midi, les procès sont ainsi sommai-
rement jugés par le chef do pays, qui est surtout le
chef des paysans, ses meilleurs collab' mili-
taires, où se recrute aussi la classe, sou ^ luuvée
par les guerres, des boîars. L'àme paysanne revit
aussi dans les lettres où Pierre Rares, avec des accents
d'une passion sauvage, menace les rebelles saxons
d'être tués et écartelés, s'ils refusent de se soumettre.
Cette <> Nfajesté » populaire a cependant le droit de
confirmer tout changement de propriété; tout droit
dérive de lui; il fait des donations; il confisque les
terres des traîtres; tout contrat, pour être valable,
doit être soumis à sa ratification; le droit de vie et de
mort lui appartient, et il en use largement, sans que
jamais le suzerain turc soit intervenu pour reviser ses
sentences aussitôt exécutées. Il n'y a jamais eu d'au-
tres monnaies que ses « aspres », ses <• gros » d'ar-
gent et ses sous de cuivre; les revenus des douanes,
des salines, les impôts payés par les étrangers lui
appartiennent en propre: ils sont versés dans sa
« Chambre », alors que la Vestiarie ou Trésor de l'Etat,
a d'autres sources. Son intervention directe est néces-
saire pour tout acte de la vie publique, qu'il résume,
pour ainsi dire, dans sa personne. C'est bien 1' « auto-
crate • . qui prend avec orgueil ce litre byzantin dès
les premiers actes émanés de sa clumcellerie, organisée
selon les normes de Byzance. Lorsqu'il élève un mo-
nastère, une église, le peintre reproduira sur les murs
traits et ceux des membres de sa famille dans le
unie des Césars, qu'avait porté Constantin-le-
Grand, patron de la religion officielle, et les tètes aux
longues ^ ' ■ ■ '.s de I;> ne
royale. L< : u i ] |w s est touj rit
LA CtVIUSATION ROUMAINE AU Xf SitCLE 149
en lettres de pourpre au bas des diplômes. Lors de la
nomination d'un Voévode à Constantinople. il jette à
un ' qui n'est pas le sien, la monnaie dont
étai digues à cette occasion les basileis, ot les
cérémonies ont un caractère absolument impérial.
C'est du reste en Empereurs qu'ils sont invoqués
pur tous les moines de l'Orient, qui attendent leur
pitance de la libéralité roumaine. Ce rôle leur est attri-
bué aussi par les chronographes slavons des Balcans.
qui. après avoir établi la série des < autocrates >• appar-
tenant aux « quatre monarchies ». racontent esexploit.s
accomplis par les princes danubiens, de vrais Tzars à
la suite des Asénides et de Douchane.
Ils en sont fiers, les Voévodes de Valachic et de Mol-
dave, et ils ne négligent rien pour entretenir cette
opinion et maintenir ce prestige. Leur Cour est ou-
verte à tous le*; s des Balcans: on vit dans leur
suite, après le ^ : . lant bulgare Alexandre, les der-
niers des Brancovitsch et les héritiers errants de
l'H- I.a visite des w ' ' ' «nts,
dev reux de la chrct tout
celle des Patriarches de Constantinople en quête d'au-
mônes étaient comme l'accomplissement
d'un devoir su| s'agit de réparer les cou-
vents du Mont Athos. d'y élever des fortifications. d*y
ajouter des tours, lî u vêler les icônes couverte»
d'argent, s'il faut d contre l'avidité turque les
Météores que sont les monastères suspendus de la
The "'-^ - ■ ^^rusalem a l>esoln d'un secours, ces suc-
ces^ .. lies des empereurs « pieux et aimant le
Christ » seront toujours prêts à sacrifier leurs tré-
sors. Dans sa détresse suprême, k la fin du xvi* siècle.
l'Œcuménique se réfugia dans U maison même des
agents sa Constantinople.
I-a cr. ..on grecque végète encore sur les lieux
qui la %irent naître et se développer dans sa forme an-
11
150 HISTOIRB DIS ROOMAINS
ricnne. Celle du inonde »lave était cependant restée
«in» abri; len rontinuatrurn danubiens de l'impéria-
Itune balcaniquc s'empressèrent de la recueillir. Les
moines copient activement dans des couvents de let-
tres, comme Tismana ou Histrita. rn OIténic. comme
Neamt et Futna. fondation du grand Etienne, en Mol-
davie, des livres liturf(iques. des traités de morale et
de t' " ' s de IT- des no-
mo. iiYUintin* pages de
chronique universelle, à côté du bref récit slavon des
exploits acconii
raière presse ru ;
Mihnea I** par un moine du Monténégro. Macarius,
devenu Mr! "U- de Valachii*. donna de beaux livres
slavons dv- u\ ortlio<Ioxes de cette langue, et il
en fut de même pour toute la série des publications va-
laques du XVI* siècle (1).
Ce paysan couronne et vêtu de pourpre, qui écoute
dans l'église, sous le dais portant les armes du pays,
les litanies slavones et s'incline Ir '- -nt devant le
Métropolite local ou devant le Piii . de passage
qui l'encense, ce vassal des Turcs, qui peuvent le rap-
peler à la Porte pour répondre aux accusations de ses
ennemis et rendre compte de sa gestion, n'est pas
cependant, comme les princes de l'Ibérie, restés indé-
pendants sous la sauvegarde des hautes montagnes
du Caucase, un dynaste oriental, faible reflet de la
splendeur byzantine d'autrefois. L'Occident, avec le-
quel, jusqu'à Venise, à Danzig. en Angleterre, il fait
le commerce et dont les éTénenients forment sa pré-
occupation continuelle, a contribué lui aussi à son
caractère complexe, par cette vivacité innovatrice qui
l'empêche de s'immobiliser dans les anciomes formes
(1) Voy. J. Biaiiu rt Ncrva Hodos, Bitfiiogrn/ia romanetuca
otehe; étxtx volomes.
U\ CIVILISATION ROIMAINE AU XY* StACLE lôl
1!. (ù>mme ces anciens
agrie. et plus que 9t%
voisins de l'IvAt. rapidement alanguis, le» rois de Po>
' *v' . ■ ;» combu!! "me
, I aux Tui in-
terdit aux Valaques d'abord, toute expédition sans
ordre im; ' ' re tombale d'Arges représente
Kadu (1 .il, le manteau soulevé par la
rapiditc- de l'attaque et la masse d'armes à la main.
! ' lite n'avait jamais réussi à décourager Htienne-
:. qui. ainsi que le dit un panégyriste posté-
rieur, étant vaincu, s'élevait uu-<lessus de son vain-
■■• ur •; le niêine • re indomptable distingua
-e Rares, qui r : dédaigneusement au roi
^ne, fier du succt-s d'Obertyn. qu'il ne recon-
;;.... . w.ume vainqueur que Dieu seul. Ces princes de
la guerre, que rappelle le sens même du titre de Voé-
jamais quitté la cotte de inaille des Croi-
.,^. ,>w.:c déjà Mircea l'Ancien dans la fresque de
(:4i/ia. et l'épée qu'avait laissée choir, dans sa suprême
. -Terrible devait cire bien-
. - . -. -. -- ,-. -- .. i-:ius«' «!«• la ('rt)i\. u.jr le
Valaque Michel-le-Hravt
'é dit du prit! r rj.
>ont d'ori^ujf (;;..•;;,,■: . M. V ,.!u^ _ et
des hôtes, rien d'essentiel ne les distingue des paysans;
bien que le V(»év<>de It i - • ^^ droit sur la
dhue, iK n'en sont pas Cl. s. Ils n'ont pas
de blason, employant seulement des caniées acquis
par hasard pour sceller les actes aQxqvcl» Ua partici-
peut. Les noms de famille toot «neore 1res rares:
chacun porte, sinon la simple meaiion de la dignité
M' ' ' ': \ du moins un surnom r oa la
11 nom de son père. Il n'y ;i >ir dans
le vrai sens du mot, le Voévode étant entouré unique-
ment de sa famille et de ses mercenaires, les curteni
152 iiiSToini: ur% nouMAiN^
(lu soldr s'appelle ji'li. ilijMi II
du nom); plus tard uiism. ^^uitwut tu .
contre les étrangers de la garde, des Hongrois de
Transylvanie, des Polonais (sous la dynastie des Mo-
vila), des Allemands et même, pendant le règne de
Jacques Bastlicos. des Français, comme Roussel ou
Jean de Revelles. Le boïar habite à la rampa{;ne. il
communie avec ses paysans dans l'église qu'il a fait
élever à ses frais et, lorsque les signaux de feu sur
la montagne annoncent un invasion, il réunit les guer-
riers rustiques sous son drapeau de capitaine.
Ce groupe de chevaliers jouissant de privilèges
et maîtres des terres de donations se renouvelle
sans cesse. Non seulement l'hérédité n'existait pas:
mais les charges variaient constamment: le prince
conservait le droit de tout changer, de tout bou-
leverser selon son bon plaisir, bien que. au début, le
témoignage des principaux boîars fût exigé par les
Polonais pour garantir les engagements d'un Voévode
encore incertain. Tel descendant d'un grand boïar re-
cueillera seulement une partie de ses terres, et ses
petits-fils se perdront parmi les razcsi (de raza, rayon),
co-partageants de l'héritage. En échange, jusqu'au
xvr siècle encore, le mérite d'un guerrier pouvait le
faire entrer dans les rangs de cette classe active qui
n'avait rien de la flère rigidité d'une aristocratie pré-
occupée de son arbre gt'i [ue et élevée dans la
conviction qu'elle est sii^ r aux simples tradi-
tions du peuple, car la plupart de ces nobles ne sa-
v.i' " I 'ire.
aie avait cependant donné aux
boiars. avec les vêtements de luxe des Constantinopo-
litains, leur propension aux intrigues. La camaraderie
avec les (irecs, toujours occupés à renverser quel-
qu'un, sinon à se faire payer leur appui, ne fut pas
san> accroître le nombre des complots et à rafHner le
LA CJVII.tS*TTON novw^TVE *r xV sifcci.E 153
■>j^. tr urs dénoili i.it MHi>-, a ;i[.'.iu)iir rctt»* ii; i j-
mitive qui avait soutenu contre l'étranger ne
aristocratie. Le» guerriers de Pierre Rares, qui regret-
taie-nt déjà d'avoir trahi un maître trop impérieux,
tuèrent dan<i son palais P3tienne Lacusta parce qu'il
avait consenti au dépt'cemenl du territoire moldave,
puis ils se réunirent autour d'un des leurs, Alexandre
^iomea, pour en faire le chef de la révolte. Mais, bien
-it gardé leurs vertus militaires, ces botars
;it plus désormais avec la même énerr*'*» "•
Lapusneanu contre le «« Despote », ni ce « Dc^;
'>ntre Lapusneanu; ils ab.* rent à son soil le
j« une Bogdan, revenu avec u née polonaise, et il
fallut que Jean-le-Terrible demandât le concours des
"<, la d» de la
, ip auquel . lomba.
Désormais, on s*acr< . de 1* » abeille-reine sans
'1 » et l'on ne sut même pas résister aux abus
a Aaron.
Kn même temps, les boîars cessaient d'être les ca-
marades de leurs paysans. L'Occid' «it,
par la Transylvanie et la Pologne, «i to-
cratie féodale qu'ils s'empressèrent de sifivre. Ces
' *' ' Tiats hongrois, ces citoyens de
hes étofTes, d'une coupe nou-
velle, recherchaient des distractions et des délasse-
ments que leur*; - • '— . - -i _^ n'avalent jamais
connus: ils se d. t de la vie de leur
propre pays. Mais, ambitionnant d'aller de pair avec
'*es voisins même en ce qui concerne la vie de l'esprit,
n les voit employant leurs années d'exil à faire suixTe
I leurs fils les cours des écoles latines, en opposition
.ivec l'ancienne civilisation slavone, qui avait •■•->
l'ouvre et l'apanage des moines.
A l'époque d'Ktienne-le-(irand. les paysans libres
f;li^•nf I;i fori'i- \i\e dU paVS | la vi""*nir»» a\:«it .'••.'•
t&4 iiisToiiiB on nouHAtxs
i'héc le plus souvent par l'essor et l'Initiailre de
ers guerriers simples, tout aus&i résistants rumme fan-
tassins que hurdis comme ravaliers. Ia: prince les fai-
sait a^isembler une fois par an pour inspecter leur chc>
val et leurs armes. Après le (IcHastrc de Bartioieni. une
nouvelle noblesse avait surgi de leurs ranga.
Il y avait des serfs, fjuc les Valaqves appelaient
des ramd/ii, simples « Roumains «>, sans qualité so-
ciale aucune, et les "^^ ' s: des vecini, des ■ voi-
sins », pareils, en ce /i nccrne le nom mssi bien
que la situation, aux « parèques » b>'zantias; c'étaient
li !>partenant très souvent à une antre
r.i s de guerre ruthènes. émigrés tzekler.
fuyant le servage des princes transylvains, ou colons
*•! ■ ■ 's boiars sur une tcn ' ({uelle le
p< i;dt aucun droit. \ \ ai des n«^'
avec lesquels ris frayaient au-delà des frontières, les
boiars du xvi* siècle voulurent rabaisser k cette condi-
tion inférieure la grande masse des paysans, libre
jusqu'alors. Les serfs de Pologne étaient là ponr mon-
trer quel profit on peut tirer d'une classe rurale ré-
duite à l'esclavage, et l'exemple fourni par cette terre
d'oppression qu'était la Transylvanie n'était pas moins
alléchant.
Déjà une phase plus avancée de la vie économique
avait été introduite par un commerce très actif, auquel
les paysans, habitués au labeur domestique et aux
simples trocs éventuels, étaient restés étrangers. Bien-
tôt on leur demanda de payer en argent t t leur
part du tribut, et, comme ils n'avaient pu . > v . .4rgent.
ils vendirent pour quelques centaines d'nspres leur
part à l'héritage de l'ancêtre. Pour sceller leur sort, il
ne restait plus qu'à les enchaîner par un lien légal au
champ qui déjà ne leur appartenait plus et qu'ils
auraient préféré abandonner, au grand domrauL
l'acheteur. Fn ir)9ri. Mirhel-Ie-Iîrav»-. menaré n:!
t^ l,l> ILJSA I lU.N IllJl. aiAI.M^ ÀL
Turcs du Cirand-Vizir -nvoya, di;.s ic mois de
mai. des clercs et dt*^ ^ .^ en Transylvanie pour
demander l'appui du prince Si^ismond Bàthory; ce«
dé! clause f
réf i>aysans '1 .
ter leur ancienne propriété. Cet abaissement de la
cl» ation des Roumains
un uiger à leurs tradi-
tions nationales; mais d'autre part, elle était dominée
par lu '' prince habitué U <I
sans ai> < de la personne et d<
de tous ses sujets.
Art boumain du xt* et ou xvi* siècles. — Le se-
cond domaine où se fixa, dès le début de l'époque mo-
derne, et au lendemain même de lu création des prin-
cipautés, l'originalité de la race roumaine, fut celui
de l'art.
La tradition indigène était incapable de se dévelop-
per dans des formes supérieures. C'était un art domes-
tique, casan '•utantpli des
racines plu- unes et i- ^ con-
servé jusqu'à nos jours sans avoir accompli d'autre
évoluti' ■ récente* vers le n .
goût, li >e riche apport de >
avec celui de l'Occident. Les Roiimains surent se tirer
de ' '" "''urope une nou-
vel, r..'
Si Saint-Nicolas d'Arges oITre des ressemblances
avec les c^' Transylvanie où '
de défeu-sr .iffe l'édifice r<
la cathédrale du tite Hyacinthe, dans cette
même vil!.. ; ' - ,.- jj,^^ les<|uels les
briques tn ^ rondes encas-
trées dans ie ciment, avec ses coupoles basses et ses
trois lignes de colonnes qui la partagent en longueur.
156 HISTOIRE DIS nOUMAIMS
le type des églises de Salonique. Les plus ai^
bâtisses en pierre élevées dans TOlténie soi
fluence serbe, telle qu'elle se présentait k la fin du xiv*
sièdc sous l'influence de l'Athos. n'offre, comme Vo-
dita, que des ruines informes ou, comme Tismana»
qu'un lourd édifice plusieurs fois refait et aggloméré de
détails postiches. On ne connaît pas davantage la forme
primitive de la grande église de Cozia, transformée vers
la fin du xvii* siècle, à l'époque du riche restaurateur
que fut le prince Constantin Brâncoveanu.
L'œuvre pieuse de ce dernier a presque partout
anéanti les traces d'un passé plus simple et moins
fixé dans ses éléments constitutifs. Nfais il est certain
que tout le xv* siècle se passa sans que la principauté
valaque, qui avait dû employer dès cette éi>oque des
artisans indigènes pour continuer les traditions étran-
gères, eût réussi à trouver une forme qui. tout en
tirant parti des enseignements variés, les eût confon-
dus dans une nouvelle unité harmonieuse. L'église
de Dealu, sur la colline au-dessus de Târgoviste, do-
minant le cours de la lalomita, est un parallélogramme
de pierres carrées, surplombé de deux tours et offrant
comme seul ornement des broderies et des inscriptions
de style vénitien semblables aux vit' ùera
livres imprimés en Valachie sous l.i ^ aca-
rius, l'élève monténégrin de Venfse. Quant au célèbre
monastère d'Arges, bâti par Neagoe, dont la femme,
Militza, était la fille du despote serbe Jean Branco-
vitsch, cet édifice, refait sur les ruines de l'ancien par
un architecte français de l'école de Viollet-le-Duc,
correspond au même type, légèrement arrondi sur les
côtés, dans le choeur réservé aux fidèles et surmonté
de quatre tours, dont les deux premières, en face, s'ap-
puient sur douze fortes colonnes de marbre. Les dé-
tails, dus au ciseau d'un maître venu de Transylvanie,
sont empruntés, dans leur richesse et même dans ce
IJi ClVlLISA-nOS BOCMAnnE AC XV* SltCLT. 157
cara I de la peinture, dor et d'azur, qui les
recou inmencement. à cet art nouveau, tout
!e combinaisons ingénieuses, de fines broderies élé-
gantes, qui relevaient la monotonie architecturale des
mosquées turques.
Maigre les beautés sporadiques de l'art, ce n'est pas
en Valachie que pouvait se former le style roumain.
Il devait naître en Mo]da\ne, à l'époque heureuse
d'Etienne-le-Grand. Aucun de ses prédécesseurs n'a
laissé un monument en pierre qui soit venu jusqu'à
nous, bien que sans doute l'ancien couvent d'Alexan-
dre-le-Bon k Nfoldo>ita et celui do même prince à
Bistrita, où l'on voit encore son tombeau, aux larges
fleurons gothiques, aient été sans doute d'une cons-
truction plus solide. Etienne fut même le premier à
faire poser des pierres tombales, aussi bien à Bistrita
qu'à Neamt et à Radauti, sur les lieux où la tradition
mon indiquait des sépultures princiêres. Ce-
pend. . . . - ce moment, la Pologne envoyait en Mol-
davie des artistes, qui rencontraient ceux de la Tran-
anie saxonne et des peintres venant de l'Orient,
! <• leur sobre manière traditionnelle de représenter,
dans leurs attitudes figées, les saints hiératiques de
l'orthodoxie.
Les nombreuses églises d'Etienne offrent ça et là des
divergences. Tel édifice ne porte aucune tour (Reu-
seni. Bor * " 'rs, paraît avoir été annexé un
portail u- Ole étage (églises de Mirauti,
l'arhauti. BalinestiK Mais un type général se dégage
. ,^ :„*i.. ,._._„ , -: .„i„i^. çt occidentales, qui donne une
architecture moldave de cette
que: il devint, tellement elle était appropriée au
. l'architecture générale roumaine jusque vers la
lié du siècle passé.
La forme en croix, les proportions modestes conve-
-vV-nt ù une église destinée aux seuls moines, la dis-
15S atSTOlBK DES noUMAIMS
tribulion intérieure: pièce d'entrée, proaaos,
autel, sont dus au Mont Atlios où l'on trouve des
constructions plus récentes qui ont le mèm - :i~:-t.
La tour qui se détache d'un niouvoincnl si .. ^t
cependant bien occidentale, de même que le rol)ust
clocher, pris dans le mur d'enceinte, et dont la vusU
porte donne accès dans la cour du monastère, clocher
qui rappelle les constructions militaires et religieuses
de la Transylvanie saxonne. Les ornements linéaires
du gothique le plus récent, qui encadrent la porte, les
fenêtres, dont certaines, sur la façade, sont d'un beau
caractère lleuri. sont eniprui^'*-^ -«mv M1. mands de
Hongrie.
Eln ne considérant que ces UctaiLs, l'cgiisc moldave
parait donc une copie de celles qui, au-delà des Car-
pathes, désignent parfois la place où le grand Ilunyady
remporta des victoires sur les Turcs <' -,
par exemple, ou celle de Feleac). Si i .. , is
Tintérieur, dans le sombre intérieur humide, sur le>
quel se j»; He des rayons r tr ies
fenêtres ci rouve la même *„ :iyrai»-
tine que siir n'importe quel autre point du domaine
de l'orthodoxie. Les murs sont r- i-
ture — conservée à Papauli, comp ^ is
la ville de Botosani, à Dobrovat. dans le district de
Vasluiu, — où se mêle le ton <: ' "' ' '-s
verts profonds, des rouges eflTi*' <-
liers de figures et de scènes se poursuivant dans l'ordre
fixé par un code inviuiabée. Au fond, l'iconostase de
bois doré, comprenant, dans plusieurs registres, au-
dessus des portes de l'autel, les images principales,
est travaillé par des mains d'une infatigable piété,
avec ses fleurs variées, ses fruits en plein développe-
ment, ses rameaux enchevêtrés d'une manière indr-
chillcable, ses figures de lions et de griffons. On a
abandonné l'nsage byzantin du xiv* siècle qui. comme
IJV CIVIU8ATIOK nOVMAIKE AV XV* SIÈCLE 139
danft la < ^V^ni- Tes Choms » de ConsUBtinople. place.
dans l >e fMinctère •> d'Arges, le |»artrait du
iortail; il figure, «Tec toota aa
„ ,. jricur du prooaot, au o&té 4i«it.
Une belle inscription, dont les lettres cyrilliques ont,
de xnéin 'li ornent les tombe» i
tout à !.• ,. ^ nrplacc ce portrait u
rééilice. Cette entrée, au lien d'être de face, est pra-
^énéralemeai à droite, pour qu'an pénètre en-
;>ar le gnnd portail ogival, dans le pronaoa.
Il y a cependami, outre ce mélange caractéristique.
ùan ' I rien ne Tient aâgnaler la ^venilé. poor-
taiiv lie, de Tinapiration. ée» élémenla dus à lu
pensée créatrice des architectes du grand prince. Re-
gardez d'abord ce toit de bardeaux de bois qui ne re-
couvre pas d'une seule masse morte l'édifice, mais
qui semble te poursuivre dans tous ses détails, dans
• — I... ^^..i;. (jç gyn corps d'un -doux mouvement
de vie et d'amour. On ne le trouvera
nulle I' urs que dans ce pays de pkiiea abon-
dantes. ..i.-. ...blées )uir les grandes forêts qui entott-
rent le cxiuvent, et de lourdes neiges hivemales. Au
milieu, une leur qui s'élève entre les lenSles
qui la ' ' tn tour repose sur un double appui
de poh its l'un dans l'autre, qui est une
des mêmes architectes, anasi so-
„ n'y a pas encore de pdninre exté-
rieure, mais l'aspect des murs est varié par la «liffé-
rence de ton entre les grises fondations de pierres mtâ
s'élèvent jusqu'à un Imn quart de la hautanr et les
contreforts qui appuient l'édifice, entre les différents
étages, vivement colorés, de briques émaillées. qui se
succèdent montant vers la toiture, entre les absiden
pleines d'ombre qu'elles encadrent et le miiilllliiiil
*^. bleos. bruns.
•iiieuse des cou-
160 NISTOIRB DES ROCMAIXS
Ieur«. aux points où se touchent les arcs et surtout sur
fa ligne bordant le toit et sur tout le dessin, corres-
pondant en petit h celui de l'église elle-même, de la
petite tour flne couronnant riKlifice. Il faut ajouter \e%
broderies à la manière de Byzancc: rideaux d':n '
couvertures de tombeaux, présentant les naïfs pu.
traits des donateurs, les objets en métal: ciboires cise-
lés, ostensoirs ornés de bas-reliefs, croix de bois tinc-
roent travaillées, à la tige d'argent, selon le tv-pe de
l'Athos, en un mot tout ce qui vivifia à un certain
moment les instincts artistiques de la race.
Ce style, qui, à l'époque même d'Etienne-le-Grand,
avait trouvé son plus complet développement dans
l'église du couvent de Putna, on le fondateur fut
enterré en 1504, distingue aussi les bâtisses des prin-
ces du xvr siècle et surtout de Pierre Rares, d'Alexan-
dre Lapusnennu et de Pierre-le-Fioiteux, ceux dont !<'
patronat fut plus large et plus actif. Dans les trois
grands monastères qu'édifia la piété de ces princes: à
Pobrata, où Pierre et plus tard sa femme Ht!
Brancovitsch furent ensevelis, à Slatina, qui cons-
les restes d'Alexandre, tyran aussi cruel que dévot; à
Galata, on constate des innovations: l'extérieur des
murs est recouvert déjà de peintures d'un style doux,
se détachant sur un fond d'azur; à Galata, on a osé sur-
monter l'édifice de deux tours qui se suivent. Avant la
fin du siècle, la famille des Movila, dont deux frères,
Jéréroie et Siméon, régnèrent, alors que le troisi» Hi-'.
Georges, fut, pendant de longues années. Métropolite
de Moldavie, donna à l'art roumain un autre de ses
plus grands monuments, le monastère de Sucevita (en
Buco\ine), dont les belles peintures extérieures, sur
un fond vert, font l'admiration des connaisseurs. La
tradition sera continuée dans cette principauté
la fondation, datant d'environ ItilO, du .Métropo...-
Anastase Crimca, lui-même un enlumineur de talent.
LA CIVIUSATION ROUMAINE AU XV* SliCtfi 161
& Dragomirna, et par celle de son prince, Etienne
Tomsa, à Solca. dans cette même Buco\ine annexée
pius tard par rAutriche, par les quelques églises de
.T;ivs iiventdeBârn '< la
luun , ; 'parenté aux on
Harnowski — Roumain de sang, mais, comme tant
(! ' a p<rfonais — et enfin pai ' 'V de
i evés dans cette même ( lia
et les Trois Hiérarques, dont le dernier, tout couvert
de sculptures décoratives d'un caractère oriental, a
été recopié ii noire époque sur l'original par le même
réparateur attitré des églises roumaines.
Ce style moldave s'imposa à la Valachie, grâce
aussi à l'inlluence exercée par le mariage de la fille de
Pierre Rares dans cette autre principauté, et l'ancien
carré de pierres, plutôt bas et orné de peintures clair-
iKrmées, fut remplacé par l'élégant édifice, se dévelop-
(>ant en hauteur et tout tapissé d'images, que la Mol-
davie avait créé. Telle cette petite égHse du cimetière
de Cozia qui n'a rien perdu de ses caractères dis-
tinctifs. Vn peu plus tard, les architectob valaque^.
tout en cherchant dans l'ancien système byzantin des
briques placées de biais et dans l'alternance de la bri-
que ordinaire avet- les pierres rondes confondues dans
le ciment, un remplacement pour le difficile re^'éte-
ment des peintures extérieures, placèrent devant la
> «'-e un léger péri " '' les
( ii\ chapiteaux s< . ma-
tion, qui ajoutait essentiellement à l'élégance de l'édi-
flce. fut adoptée d'une manière définitive, et on la ren-
contre désormais dans tous les édifices religieux va-
laques jusqu'à l'époque d'activés réparations et re-
* ns que furent les réffkt* de Mathieu Basa-
t>54) et de Bràneoresnn (I6S8-17I4).
L'n puissant essor d'originalité se produisit aussi
à la même époque dans l'art du livre. De» numosciits
i§2 MrsToim oss hoomains
iiUrroat de NeamU écrits sur parchemin et sur papier,
sons Im niccMSCurs d'Alcxandre-le-Bon et surtout
sous F 'rrand. sont parmi 1rs plus beaux
qu'ait .-- art byzantin. Des fronUs|Mci's d'un
art délicat les ornent, et l'on rencontre même des por-
traits de princes, des images de aaiaÉs d'une technique
fine. H j anra un progrès inceunai dmui ce domaine
jusqu'à la fin du xvii* siècle. Quant aux Urres impri-
més en V V d'abord, puis en Tm;
BrMOV-Kr< . k Szasz-Sebes et à (>.
p«r un diacre exilé, Coresi, et par ses disciples et con-
currents, ils conservent, surtout ceux qui parurent
dans la principauté. la bonne tratlition artistique de
Macarius.
C'était tout le il. «
l'artiste; s'il est «j
princesse valaque, fille de Chiajna, que voulait épou-
ser le « Despote 'Vive, cl à la m " 'u
tableau mural, rej» mt le combiil
lequel ce même aventurier arracha la couronne à
Al( < I^pusneanu, il faut y voir, probablement,
1*4 1 ir quelque maître étranger qui n'était pas lié
par les mêmes restrictions.
Dést'TS DE LA LiTrÉJUTURE Roi'MAiNE. — Pour avotr
aussi une Mre, il fallait une laiu ^>.
dès le com ^menl du xV siède. u.. . n
du Nord-Est de la Transylvanie ou du Marmoros
voisin, influencé p«r la pr<
dans ces régions, donna
Ecritures, qui s'est conservée ^ manuscrits dits
de Voronet (Actes ia (Psautier),
elle ne fut pas ad I ^ ' i'ortliodoxie
dominante. On se serv ondant du roumain pour
des ébaaehes de i '"s iastnwlAoaa d'am-
bassadeurs, des i . des BoMoet person-
LA CIVIUSATIOK BOUMAIKB AU XT* SIÈCLE 163
nelles, des mémoires à l'usage du prince el des boîara,
des lettres privées, et même pour des gloses en marge
des r riété« qui devaient être rédigées
dans ' ^- i- urrespondait en Orient au latin
des Occidentaux. Nous avons trouvé des manuscrits
r*-' xvr siècle, >' es même
di (ians lesqveJ^ on lettres
suit le texte aUivon à Tencre, l'on étant pour la lecture
■•l l'autre :>■ Lir î'offioe.
gu.tiid I w .;.ie Coresi te mit à publier, outre son
Evangtilc de 1561, des ouvrages religieux en roumain,
ou en * ' n. d'après les ancit ' '<s
qu'il .. i légèrement et gaU' .t,
M n'obéissait pas seulement au désir de donner en
lar-"- ••■'•- l'Ecriture et ses commentaires — • à
l'i. s\ons qui avaient publié dès 1541 un
catliéchisme roumain de propagande ùk Sibiiu-Her-
maïuistadt, — ni de fournir de livres liturgiques la
nouvelle église calvine qui s'était formée en Transyl-
vanie dès 1560, sous la protection impérieuse de
l'Etat (1); il obéissait aussi à un besoin général de lec-
ture qui avait saisi la société roumaine entière et que
le slavon, généralement inconnu même aux prêtres,
ne pouvait pas satisfaire. On en a la preuve dans ces
rsions. restées en manuscrit, des Miracles de sainte
]'. . de certaines Nies de Saints, surtout, à ce
qu .. ....ait, des saints guerriers, et de la légende
d*Âlexandre-le-(îranU, qui fut traduite en roumain,
p») ■ i\ même temps, d'après un texte
Si . .
Or, si, à l'époque d'Etienne-Je-Grand. la Bible pou-
vait inspirer ' d'humilité qu'elle attribuait au
roi David, si i inographes impériaux amenaient
notre • Hintmirt et Mommtalmê éê Tnmafflumnim «f
. I. p. ltf« rt «ulT.
164 HISTOIR£ OBS ROl'MAINS
Neagoe à écrire, pour l'éducation de son (Us Théodose,
un manuel du prince, dans lequel on retrouve aussi
des prtkeptes originaux, que l'auteur avait tirés de
sa propre expérience sur les relation:» avec les Turc*
et les rapports avec les boîars, d'autre part, les réctts
de combats et d'aventures si nombreux dan« le do-
maine de la fable, devaient plaire à cette classe aris-
tocratique en plein développement et aux princes nés
dans ce milieu agité et leur donner soif d'accomplir
des actions d'éclat, au moment où la fureur sacrée des
croisades reprenait l'Europe CD-
CHAPITRE IX
Développement de la civilisation roumaine
aux xvi^ et xvir siècles;
ses conséquences politiques
hi't»iM.h Uï. Mn.iii.«.-i.i,-i>nA> I . -— I^f> i>olar^ molda-
ves n'avaient ni provoqué, ni soutenu le mouvement
révolutionnaire dirigé par Jean-le-Terrible contre l'op-
pression, surtout l'oppression fiscale des Turc-s; au
contraire, ayant été dépouillés par ce prince à court
d'argent, ils avaient passé à l'ennemi, déshonorant leur
classe par cet acte de trahison: ils entouraient beau-
coup plus volontiers le trône paisible du bon prince
boiteux Pierre. Mais, déjà, dans l'intervention valaqui*
(1) VoT. aussi notre Mémoire sur les > Livres représeotatifs •.
dans le Bulletin de la Section historique de l'Académie Rou-
maine. auQ^e 1915.
LA aVIUSATIOS nOCMAIXE (XVI*-XVII* SIÈCLES) lOÔ
contre Jean, qu'il s'agissait de remplacer par le frère
du prince d V '• ,il py voir
la ferveur gu ^ i • (|ui s'était
formé tout récemment par le développement de la
société r ic. Les <T ; ' 'res Gol« * i et
Albu. Il is pour 1 re que 1 ui-
méme, incîJi»:«ble d'empêcher l'établissement éptiémère
dans sa Capitale d'un rr ■■ •• nt, Vintila: de
vrais chevaliers, ils cou it pour le «i , et
Albu périt en sauvant la vie de son souverain: son
tombeau, dans le monastère de Vieros, le représente
en guerrier, à cheval, le bonnet de combat sur la tête,
de oiême qu'un autre bas-relief, à Stanesti. de l'au-
tre coté de l'Oit, représentera, au commencement du
siècle suivant, un des Buzesti, Stroe, livrant un com-
' *' tatar. (|ui. tombant sous ses
. . , , -T les flèches de son carquois.
La nouvelle génération de ces boîars, devenus les
du terri t du pouvoir, mettra donc au
(le son il les forces entières du pays,
désirant, sinon la guerre en elle-même, au moins des
' ' ' lier, d'ari ' • gloire qui
. j . s (îestcN N e-Je-Orand.
(In le vit bien, pour la Valachie, par la révolte, les vie-
♦ - 'es con«|ii* ' V ' ' ' •' i.our la
•'. par 4. ise, fé-
comie en luttes intérieures, en combats pour le trône,
ini forme l'histoire de la dynastie, si rapidement tra-
^Kjiie, des Movila.
Le fils du « bon > Petrascu, un des rares princes
v:il.<ques auquel il fut donné de mourir dans la pos-
-ion du pouvoir, ne ressemblait guère à son père,
ut conduisit lui-même des armées et entra
, .;ir la cause de la reine Isabelle, dans cette
Transylvanie oit. tout dernièrement, on a trouvé la
matrice de bronxe de son sceau. Cependant Michel
IM iiisToiiii: Dr„s i((iUMAl>.s
se montra coin-ili.uit .ms \i»:\.Hi''s <|u
cédé ù son père: il put {irciulii- (iim^ 1< m (m
place importante, arrix-ant jusqu'à la dignité de Ban.
la promière après le trôno et qui don: . -
soufenliMité «• sous-ordre dans rOItei
le-Mauvais, usurpateur d'origine moldave, Tayant
poimaivi coBiine adv* i>eraonnel. conune pré-
tendant, il se réfugia i «ntinople. On a vu à lu
suite de quelle humiliation le réfugié parvint à gagner
Théritage de son père, en septembre 1Ô94.
La chronitjue des boiars, de ees riches frères Bu-
zesti« attribue le mérite de la révolte qui délivra pour
qvwlques années la principauté de Vularhie du jou^
accaèiant des Turcs, à la nouveile classe de la cheva-
lerie roumaine. Ce sont eux qui se réunissent, qui
prennent la résolution d'entreprendre i'oeuvre glo-
rieuse et difficile; il ne reste i>tus au prince qu'à l'aj»-
prouver. lyailleurs. Michel lui-même, qui avait com-
mencé par être un des membres de cette aristocratie
guerrière, sentait comme eux: seulement, il devait
prendre les devants, parce que le sort avait fait de lui
vraiment un prince.
La révolte éclata; les créanciers turcs furent massa-
crés: on canonna la maison où ils s'étaient réfugiés.
La Malda\'ie d'Aaron. réduite aux abois, avait déjà
pris sa décision, et le César allemand Rodolphe venait
de conclure avec c< u-ipauté une convention qui
la faisait entrer scn autorité comme memlMre de
l'Empire. Enfin, dans îles ambitions dn prince de
Transylvanie, qui voulait être roi de la croisade sur
le Danube, on voiyait un appui, et l'Europe occiden-
tale, incitée par je Pape GMmeat viii a^«iit partout
en Orient des émissaires.
Les forteresses du Danabe brûlèrent: les troupes
turques réunies pour punir le rebelle vaAa^e ame-
nèrent un prétendant qu'elles espéraient pouvoir fa-
LA CIVIUSATIOX nOUMAIXB (XTT-XTir SIÈCLES) 107
ctlement établir, ainsi que Pierre avait Mi établi sur
les ruines du trône de Jean*le-TerriMe. Mais, sur le
f • \>méines, pai« les Tatars
cil /les plaines de la Hongrie
envahie pour achever la déroute de ce nouvel ennemi,
furent vjii
Michel, qti
leur jeune essor, prenaient par les chemins couverts
de nei|{e la route d'Andrinople. Braila fut incendiée;
les Cosaques soudojrés par Aaron étaienC de nouveau
apparus devant Bender; ismail. noovelle création tur-
que et la plus puissante des places fortes du Danube
inférieur, succomba quelques mois pins tard: on y
retrouva les anciens canons hongrois du xv* siècle,
portant le corbeau valaque avec les armes des
Hunyady.
Nous a% lé plu5 haut du traité conclu par les
délégués il. ......cl et d'Etienne Razvan. qui. à l'aide
de la garde tranayti^nine, avait renversé son maître
Aaron. pour s'assurer le secours du fier Magyar. C'é-
tait pour le pays. > réuni -* à la Transylvanie, ane pro-
fonde déchéance, mais pour les boîars un succès:
l'autorité du i t en même temps que la
liberté de» pa\ .-te gnerrière restait nial-
S6e du pays et de ses destinées. Elle existait seule,
pour la domination à l'intérieur et pour les grandes
aventures au Ma des frontières.
Le Vizir Siaan, la phis hante personnification de
1 orgueil otteoum et de la vaillance albanaftie» était ae>
cxmrm, en tllet, pour en finir avec l'indépendbuice de
*s provinces, toujours incertaines, quH s'aghuait de
transformer en simples padiallks de l'Cmpirr. R fut
vaincu à Catagareet daas les aMrais du Neajiov. le
23 août 159.'), par la nobleste vainque, qae soutcnaK
un corps auxiliaire transylvain et la dnrc résistance
4es Cosaque» mercenaires: Michel lui-même avait
IGS histoihb dis not-UAiNi
fait, en pénétrant, la hache à la main, dans les rangs
ennemis, son devoir de bon chevalier chrétien.
Cette victoire n'empêcha pas cependant l'avance
des Turcs; ils occupèrent Bucarest, dont les églises
.(\;iient été mises en flammes par les n\\ '>n-
^VLHS de Michel, et Tùrgoviste, rancienu , du
pays, où fut installé le nouveau commandant impé-
ri;il de la Valachie, avec ses begs, Ir^ " " se
l;iis;uit attribuer les districts qu'ils de\.i lis-
trer. Les Tatars se répandirent en pillant dans les vil-
liii^cs de la plaine. Des mesures furent pi' our
lortifler la résidence du Pacha; à Hucaresl .le
monastère du prince Alexandre Mircea, nommé en-
suite d'après le nom de son petit-flls, Radu Mihnea,
qui le releva de ses ruines, devint la •< palanka >, la
forteresse du Vizir conquérant.
Michel se trouvait dans la montagne, comme jadis
Etienne-le-Grand après la journée de Valea-Albj; il
y trouva cependant les auxiliaires chrétiens qu'avait
cherchés vainement son précurseur moldave: Sigis-
mond Bâthory vint en Valachie, non pas en allié, mais
bien en maître, et le contingent féodal du Mo!<lave
Razvan se joignit aux fantassins saxons, à la cavale-
rie magyare et aux croisés de Toscane que venait d'en-
voyer un autre promoteur de la guerre sainte, le
Grand-Duc de Florence. Les jours de Nicopolis, des
grandes chevauchées chrétiennes parurent revenir
lorsque les Turcs furent chassés des deux plus
grands centres du pays, pour être rejetés ensuite,
après un combat acharné, à Giurgiu, au-delà du Da-
nube rougi de sang. Encore une fois, Michel avait
payé de sa personne, jouant avec un mépris supé-
rieur de la mort le grand rôle légendaire que lui im-
posait l'état d'esprit de son époque.
Peu de temps après, les Polonais intervinrent en
Moldavie: le grand promoteur de l'expansion, le chan-
LA aVIUSATlOX ROUMAINE (X^T-XYII* SIÈCUIS» 169
celier Jean Zamovski, entra dans le pays, sous le prê-
te • ' ' • "■ ' • v* : ^ -- -• '0
T" . ' ■•"
sur les Turcs les ports d'Etienne-te-Grand. Sigismond
fut battu r ^ ' ' *" ■■ -emportèrent sur les Alle-
mands lu ^. dans la plaine de Pan-
nonie. En lb^6, i n héritage à l'Empereur, qui
y envoya ses coin -s, en attendant l'arrivée du
futur prince, l'u. Maximilien. ancien roi élu
de la Pologne; Michei prêta, au mois de juin, entre
leurs mains, dans le couvent de Dealu, où reposaient
les restes de <^on père, le serment de fidélité à son nou-
veau suzerain Rodolphe II. Trois ans plus tard, des
•mis fidèles allèrent enfouir furtivement à la même
place sa tête, tranchée dans un camp de Transylva-
ri' ts de l'Empereur.
ste, le rejeton dégénéré des BAthory
vint de son abri silésien pour reprendre les rênes
du |)'>uv/)ir, et an i ses anciennes rela-
liorib avec les Tu , 1 eut étourdiment ab-
diqué, son jeune cousin André, cardinal et évèque
p<, ,1 ■ céda, ne fit >\ rsévérer dans
(■• ippui dévoui iice établi par
Zamoyski en Moldavie pour y représenter la politi-
que polonaise que l'antagonisme fatal contre l'enva-
hissement des Habsbourg avait déjà engagée dan»
>rnière de l'alliance turque.
Il ne fa!' ' ' penser aux souvenirs byzan>
tins qui lés, non seulement dans la
pensée de .Mirhrl et de ses paladins, mais aussi dans
.. 1 ' iiien» des Ralcans: Serbes du Banat, qui
< roi chrétien: Bulgares dont les évèques
de n- ^i !;i :; -valent des lettres d'implo-
-■• ..u .wvvoiii. Ai- .as agités par le pressenti-
d'un nouveau S in t -beg: Grecs même, qui at-
ndaient du grand Michel le Valaque la délivrance
170 HISTOIRE nP.S ROUMAIN!^
d'un \ iiii s> iil il ne |i<'U\ .lit tr
une n 1^ icilo, Ajtrrs *h' l»r»-\».*s w^'^ ■us
sur le Danube, il dot s'indiner devant la fatalité et
recevoir l <lu Sultnn ' «4.
sents, Vf M ropnsor un .«-
Me à ses intérêts
*' ' ' aurait )i i ' 'l
r< Il dans «lis fi-
nes relations qui avaient tout de même assuré û la
pr" nté presque un siède de tranqui" ' ^Viis le»
c< is de la Transylvanie devaient à de
nouvelles entreprises, non plus l'ambition politique
de princes tels qu'Etienne ou Pierre Rares, mais la
soif d'exploits brillants, d'aventures sans cesse re-
nouvelées de ces guerriers par tempérament et par
éducation que Michel était digne de conduire sur les
sentiers dangereux d'un plus grand avenir.
Ayant reçu aussi des incitations formelles de la
part des Impériaux, auxquels la Transylvanie, avec
toutes ses perspectives de domination danubienne et
d'influence dans les Balcans. venait d'échapper de
nouveau, il attaqua, sans attendre le concours du gé-
néral impérial de la Hongrie Supérieure, le rancunier
Albanais (ieorges Hasta, ce ( . dont il avait été
contraint de reconnaître la ........ ...iieté, aussi inutile
qu'humiliante. Ayant franchi les Carpathes par le dé-
filé de Buzau, il longea la frontière jusqu' v,
qui se soumit volontiers, pour se réunir en . -c
les armées de l'Olténie presque sous les murs de Si-
biiu. Une seule bataille, à Selimber ; ' ]^
28 octobre 1599, décida du sort d .\ . ut
abandonné ses capitaines eux-mêmes, avec ie com-
mamlant suprême des a: le la province, Gaspar
Kornis, noble d'origine i nr. Le prince vaincu
fut tué dans la montagne par les pâtres scekler qui
haïssaient les BAthor}* parce que ces maîtres avaient
LA aVlUSATtON imUHAIXB (XVI*-XY1I* SIÈCLES) 171
détruit ie* privilèges de leur nation: Michel fit enterrer
honorai i r 4es restes du raréinal dam le «Miuolée
de fain.:.. ... Fehèr\'âr et, déplorant la B|ort de oe
« pauvre prêtre », iJ prit, pour raccompagner k sader-
ni^rr demeure, le derge dans la main ^ni était accon-
taméc u donner de ri rudes coups d''épée.
Devait-il se résigner à realer senieBMiit le • conseil-
ler impérial, le repréaoïtnBt «a Tmmyhmnî
mandant f^énéral dat eoartéa extériemra .
l'auraient désiré les Saxons, 4|ai hii avaient prêté l'hom-
ma|;e. ii lui et .'> ' -
il oontinoer à
chefs de la noblesse mag>-are qn^il réunît dans son
Conseil à la pet «lu WMvei évèqne callralique Nn-
pré|^? Devait-. . éparer aêiBe à évacuer la |'<i-
vince contre nne récompense qnelconque, ainsi que
l'auraient voulu les courtisans de l'Empereur, pleins
de jalousie et de mépris k l'égaid du « V'alaqne »? De-
vait-il continuer il ignorer l'existence de cette nation
roumaine <f- '*'—' — i- -^-:- -,-] avait le même sang que
lui et qiii. • révoltée contre ies no-
bles, :>; lent une prodiaine et pleine
adniini»ii.iM.>i: -♦- — compatriote? Tel fut
le ^anft '>t tr;> liôt' jusqu'au Ixiut
l'Ame < ml.
Le<( I ..- .urmaient la grande majorité des lui-
bitantH ihi t.ivs. Dans les derniers t«nq>s, le développe-
ment n les fondations épiscopales daes aa prin-
ces de \.. ...... . .c et de Valachie avait amené mi progrès
nipide. I^s efTorts faits pour imposer dm évèqnes sur-
intendant ^. diefs dea ■ dgUsea valaqaes •, qni se ca-
chaient dans qœlqae modeste résidence de ▼filage, me-
nant l'existence mesquine des autres « pastem's »
i'onpenpledwit le prindpai trait
itaœ attadMment à 1* • aneimme
loi . .inx - anciennes coutumes ». Les princes firent
172 iiiMoiiu II I I •■ \
%'enir leurs évOqucs calvinistes dans la Capitale même
de la proxince. k rehérvar, où iN avaient leur maison-
nette, leur petit jardin vl une église de bois }>our le
nombre restreint de leurs fidMes. Mais tout cela n'in-
tluenvait guère les masses. De ces tentatives il ne resta
qu'un avantage pour la vie spirituelle de ce peu-
ple dont il s'agissait seulement de modifler la dur<
àme revcclie pour le faire entrer ensuite d'autant plu;^
facilement dans la communauté nationale des Ma-
gyars: la religion réformée exigeait l'emplei de la lan-
gue vulgaire dans le service divin: des prescriptions
réitérées et soutenues par tous les moyens du pouvoir
avaient donc imposé aux prêtres qu'on traînait dans
des espèces de conciles populaires, l'usage des livres
roumains à la place de ceux de l'époque slavonc qu'on
ne comprenait plus. On traduisit même du i
avec le concours d'un noble de cette nation.
Forro, une Explication des Evangiles.
P cette phase du •
l'Ei 11 imposé aussi l'unitt ;,
mains; ils s'étaient jusqu'alors disputé difTérents siè-
ges épi^ , la coni étant «
celui ili; à Vad, < , nit du ><
dave de Suceava, et entre celui du Sud, à Cîioagiu, à
Pri ' lii avait toutes ses relations avec * '^
chii . \ AÏ valaque de Tàrgovistc. On sM.m
à avoir, dans la Capitale même du pays, un seul chef
religieux, un « Métropolite » local ; et lors in " Iho-
doxie put rentrer, sinon dans ses droits . , de
l'époque où les princes faisaient sacrer des prélats du
rite oriental au-delà des Carpatlies et jusqu'à I: '
milieu des Serbes, au moins dans sa liberté <i
le Métropolite, un Gennadius, qui administrait le dio-
cèse transylvain vers 1580. reprit ses relation^ ?
Valachie, où il s'était fait sacrer, après la noi.i
par son maître étranger. Au moment où les calvinistes
lA C1VIUSAT10X ROt'MAIXE (XVI'-XVir SliCLES) 173
<iu Banat, nobles de veille race, faisaient entreprendre
une traduction de l'Ancien 'I nt, qui fut i:
mce à Orastic, une nouvelle 1 on des Evaii
busée sur le texte grec de \ lacté, para;
ices de ce Gennadiu- l'stadl
... : — vque les prélats vaL-^j^. . a. .....cat en
ransylvanie. en 1595. pour conclure le traité dont il a
t s con-
sc. -_ , h.^ _..-.. :- ;uc et
élève Adèle des Jésuites, la reconnaissance solennelle
d- { que toutes les « églises valai]'
'1 - anie dépendissent du Siège de TàrgoN i
Michel rencontrait donc au-delà des montagnes, non
|, • • • • ' ,.,
qi. ,■ i-
i<{ues, mais bien une majorité de population indigène,
t ut les traditions d'une très an-
r; ayant à sa tt^le un seul « _ ti.v et poli-
que, celui auquel il venait tout récemment de faire le
(jon d'unt ' ' c en pierres, en face du château
princier d .
Il soutint de toute sa sympathie active cet archevé-
lé qui fut considi^ré désormais comme sa fondation.
intrciduisit jusque dans le lointain Marmoros un
erc de Valachie, le nouvel évéque de Munkàcs, S
qui avait été auparavant le supérieur du vieux coi
d^ Tismana. A V:m1. on rencontre pendant son .i
stration Tévéque roumain, originaire de Tran-
le, Jean Cernea. Les prêtres roumains furent e\
'^ d(* In dlnie. Tne nuée de moines valaques en
•H transylvains. Pendant que cette org.i
■••!V'' de l'élément roumain dans la pro,....
ressait. Michel employa, ainsi que ses of-
licier 3. le i Miiiin. qui apparaît déjà dans le
iions des ik''''^"'* pour tous les actes qui n'a\.^.v..
1 caractère solennel: sous la forme latine tra*l
IH\ i ' M ! ,1 IMS IMH MAINH
nclïv des chartes de donation, il Menait <le %a belle écri-
ture èlaAcée« nux trait» énergiques coniuie des cou|)h
d'épécw es roumain et en lettre cyrilliqui'H : lo Mihail
Vt>evod, « Jean Mirliei le Voôvode ».
Avec sa {Mvlique byzantine et son intelligence natu-
relle, avec la floesae de sa race princière. il était trop
liigent pour essayer d'abandonner d'eiublée les
.o4.Iusnc8 d'un pays <[U*avaient domiov juMju'ulors les
Magyars et les Saxons. Tout en s'attachaiit les Szekler
par le renauveUenieiit de leurs [ s et en se pré-
sentant aMx Saxons comme le mv.i... J'un souverain
de leur race, tout en distribuant enfin largement ses fa-
veurs à l'arUtocratie indigène, il tint à < r cette
vie pditiqiiede la Transylvanie qui ne K . .r^^. aait pas
moins cemine un envahisseur terriblement incom-
mode.
Au commencement de Tannée 1600. la Cour de Pra-
gue, lente et soupçonneuse, attendant des événements
s en étal d'il i-re
V, _, , i;-, par un SI il I.' ■• n,
des conditions qu'il s'empressa d'acrepter, car il
ir été r< maître
il, de sa ' . r\ dési-
rait aussi avoir les forteresses du Marmoros, le Banat,
. ' ' orthodoxes d'ori-
■ r pays jusqu'à la
Theiss. Mais les ^ ires à l'entretien d'une
lu, cl d'"' • ■ ' ' ' ui-
• ur une _ ..Me
1.(1 s t:i iMond. réfugié en Pologne, et ses partisans.
les i. ' Transylvanie.
Le . iations avec les Impériaux continuèrent,
dilatoires, interminables, marquées, du côté de la Cour,
par un > ■ • - /vident de mauvaise foi. Il fallait
" nourri paroles », berner de complinx nts
et de vaines prc: ce Valaque qu'on aurait voulu
UK CrVIUSATION KOVMAINC (XVI'-JtVir SIt' : s' 175
chasser sans reiardL si sa main de fer a'avail pas été la
seule garanbe de la csay^lf qu'il venait de faire. Des
comaiiasaires impériamx, «a vieax soldat ioyaU Michel
Szekély, H ua dipkaMAe slave, hahile à maaier les
Toits et leurs clieais. Oavki Vnginmà, furent chargés
de st' présenter à Michel, en qualilé de •« ooaimissai-
ras o, poar ol»server tontes ses actioas, pour rapporter
tantes les parolrs qui pou\-ateat échapper à son tempé-
rafluent fougueux, pour • lemporiser • en «e qui coo-
oerne la résolution définitive: |»lus tard, de pleins
7 -î" "-rs pour •• t*onclare • fisreiit donnés A un envoyé
dinaire. le docteur Pnnifti. <pii, lai aussi, avait
r<iii[> 1 les fonctions d'aantMistadeur à Constanliaople.
Avant l'arrivée de cet émissaire, ai iaipatieasflMat
attendu. Michel, qui avait présidé déjà, en saoveraio.
deax diètes Irai té. pour ne pas être
surpris par ses v iuldavie qu'il sentait
prête à l'atlaquer. Jérémie. faihie soldat ne put lui op-
poser aHOttne résistaMee se r (^. d'un ca-
ractère aiiélan((é, du Voévuu. — . Jassy. k Su-
cea^'a. chassant le client des Polonais, qui s'enferma
<le Holin. Un Conseil de boiars fut
: „ ^ . lier la nouvelle conquête, en attea-
dant rarri\'ce du (ils de Pierre>le-Boiteux. Ktienne, qui
laH le Tyrol. pour en faire, comme
inique de Michel, un Voévode mol-
dave. Un concile présidé par l'archevêque de Bulgarie.
Rhallis. donna de nooTeanx chefs à
• lavie.
Se rendant compte des daagers qmï le rocnaçaicBl,
Miciiei n Transylvanie, ou grondait ua sonrd
nuconit )t. Il consentit à sacrifier au dernier en-
voyé de riûnpereur, de son Empereur, une grande
partie df ses pr - ■ . -.: . . ... . ,,jyj^
en deliors do tl en-
tendait détenir selon leurs (fue ie gon-
176 IIIITOIRE Dr* »"^' "M>f»
verncnient viager de la Transylvanie et quelques dis-
tinctions exceptionnelles, comme la Toison d'Or, dont
on avait orné le cou débile de Sigismond Hâthory. La
chancellerie de Prague, parlant au nom de Rodolphe II.
consentit, presque dédaigneusement, à lui faire cette
grâce, dont on excluait cependant les comtés exté*
rieurs, <■ bien qu'on eût préféré, pour éviter les
désavantages qui pouvaient se présenter, que k
vode. ayant restitué la Transylvanie occupée au nom
de Sa Majesté, s'en retournât en Valachie pour l'admi-
nistrer sous la protection de l'Empereur et y guetter
toutes occasions d'avancer plus loin en Turquie avec
" " 7' Sa Majesté ». On réservait même, à cause des
] ;M)ns polonaises, la question de la Moldavie. Il
était sans doute impossible d'être plus imprudent.
A ce moment, la Transylvanie, qi T ' , i .' '
vaillée sans cesse, promettant le cu
de la Hongrie supérieure à toute révolte qui éclaterait,
était en flammes. Michel eut des scrupules de cons-
cience lorsqu'il s'agit de combattre une armée qui le-
vait le drapeau à l'aigle bicéphale de son suzerain. Il
agit, contre son habitude, mollement, sans intervenir
de sa propre personne, et fut vaincu à Miraslau (Mi-
riszlo), près de la Capitale, le 18 septembre 1600.
C'était bien la fin de sa domination, sinon le dernier
acte de cette belle énergie guerrière. On venait de lui
apprendre déjà que le chancelier Zamoyski avait re-
pris la MoldaWe et envahi la Valachie elle-même, où il
voulait introduire Siméon, frère de .lérémie. Michel
essaya de sauver au moins l'héritage de ses amôtres:
ayant conclu une convention par laquelle il s'engageait
ii quitter le territoire de la Transylvanie, il passa les
Carpathes pour trouver du côté de Buzau ces lourdes
légions polonaises depuis longtemps formées par l'ex-
périence d'Etienne Bàthory pour la guerre contre lev
Turcs sur le Danube. Il dut s'enfuir, tout en livrant
LA CIVIUSATION ROVMMKB (XVl'-XVIl* SIÈCLES) 177
«ombat aux détachements de cavalerie qui le poursui-
vaient. Ame profondément honnête, il croyait avoir le
droit de s'adresser k l'Empereur, envers lequel il n'a-
vait commis aucun acte de trahison, pour lui deman-
der le châtiment des officiers, qui, sans ordres, et
même sans aucun prétexte, l'avaient attaqué. Il se
rendit, avec quelques-uns de ses derniers fldèles, à
Vienne, à Praj^ue, pour y recevoir aussitôt la nouvelle,
qui dut être un baume pour son cœur meurtri, que la
victoire de Basta, trompé comme un enfant par la per-
fidie <los :jrist()or;il«^s magyars du pays, n'avait fait que
rouvrir à Sigisnioiul les portes du pouvoir.
On était cependant bien décidé, quoique cette Cour
fût ' ' * ■ :<• pas souffrir c« '
ni» i les moyens pécn
dont il avait besoin pour se faire une nouvelle armée,
dans laquelle les siens étaient à peine représentés, et
on arriva à le convaincre que Basta, son vainqueur,
pouvait devenir un sincère collaborateur et un ami. Le
grand effort vengeur du Voévode gagna à l'Empereur,
par la victoire de Tioraslau (Goroszlo), en juillet 1601,
cette province si convoitée par toutes les ambitions.
Mais, lorsqu'il s'agit de fixer les plans ultérieurs de la
campagne, le général albanais s'arrangea pour entrer
en conllit avec le « Valaque «; mais celui-ci ne consen-
tait pas à se laisser arrêter comme un simple subor-
donné: il fut éventré par les hallebardes des Wallons
de Flandre et des Hongrois d'un détachement chargé
formellement de l'assassiner (18 août). On jeta sur la
charogne |K>urrie d'un cheval crevé le corps de Michel,
et il fallut (|u«> «1rs M):iins pieuses dérobassent à la vif;i-
lance des profanateurs sa belle tète énergique pour
qu'elle pàt être déposée dans Téglise du serment h
Dealu, où i . rappelle encore que «• son corp,
glt dans la . iirdii. sur laqurlli* !«•<» Allrîniin.ls
l'ont tué .
178 msToiiii: hks A"
Mkrhcl était mort: %on t\\%. • >la&
PHrascu (Pierre), lievait vivre uiu; v une,
quémandant les auimmes de l'Kmperetir: me.
sa ftlle, s'étaient réfugiées dan.H le coti- /la,
au|>rè» de la vieille mère du Voévotle. M.:. -i\r-
nir resta vivant à travers les siècles. Dans la Transyl-
vaBÎe. où W y eut même pttrmi ses ai
grob des amis q^ piMirèrent sa franch< i
RoumaiBS CMwervèrent l'organisation religieuse qu'il
leur avait donnée ; tout an II'
développer sous son ombre.
vie. l'activité aventureuse de la chevalerie des boiars
s'était manifestée uvec un élan que la catastrophe de
Tunla no pouvait pas arrôtcr.
La LHIVAI.KHIK lu»' '\i I !• ^ 1 \ '••.' M L-
LE-BrAVE. Ceux l\r^ 1m»Ki1n \.ii.Mjll.v ,,. Lit il
riiumiliante tranquillité achetée aux Turcs par le tri-
but et les présents, s'empressèrent de reconnaître
Radu, iils de Mihnea le Renégat et fastueux élève des
écoles de Venise, diplomate avisé et grand favori de la
Porte, qui eut en lui son plus fidèle auxiliaire. D'autres
cependant lui préféraient Siméon Movila. soutenu aussi
par les Tatars; ce Moldiive. qui aimait la guerre sans
pouvoir gagner la victoire, put donc délivrer les diphV
nies, qui, étant rédigés dans le désordre des camps,
abandftnnent le silavon des lettrés — ainsi que cela
était arrivé quelques fois sous Michel lui-même —
puur introduire le style diplomatique roumain, tout
nouveau. La plupart ecpendant acclamèrent l'Empe-
reur, malgré le crime perpétré en son nom. parce qu'il
paraissait leur promettre, non seulement un idéal de
liberté chrétienne, mais aussi la possibilité de ces ex-
ploits dont Michel avait, par sa bravoure, ouvert la bril-
lante série. Muudts.sunt la prudence timide du maître
que voulaient imposer les Turcs, auxquels Radu était
LA CIVILISATION ROl'MAIM. IXn-X^ir SIKCl,E5; 17D
li^ aussi par ses frcres et ses sururs musaibBMH» lis ac-
courur M-aux toujours tWpètyés ^
Radu 'Us du Voérode asttaainé.
Avec leur aide — \e^ \ gardant pour qwelque
temps la conduite du m — :t — Raihi» rccoimit
par la ()oar de Praf^ue et par les troupes ita-
liennes, walloniu's t-t allemandes de HaalMt aÊitufÊÊ. les
Infidèles, comme jadis ihui IK Tepes, et le • Brave ",
qui venait de périr, sur le Danutie et dans leur nid de
la Dobrof^ea. Il inllif^ra sur le Teleajen, près de Valenti-
ck-Munte, une grandi* défaite au Kluui des Tatars, qui
venait soutenir la cause de Siméon. Il passa ensuite en
Transylvanie et bri!*a le trône magyar improvisé dn
vieux capitaine szekler MoLse. qui s'était soulevé coo-
tre les impériaux, en 1603: puis, en 1611. après une
COI' Horpriae,
liai (taille 4e
Brasov, toute aussi gloriease que la première et di|pie
• is Mies î
révolte
ch. vétéran
a\
tui
so ivoir con
ve u- Mil u Vienr
sV; wit périr éon^
don ri . lui accorder ensuite i
ment n im . n.Fuorable dans lacatllédraîe lufruic-
de Sai lie.
lés désormais saas eliof. tous ces
p.vw. ...v^. ^ tts, comme lo Vestiaire Fum* q«l
s'était jeté sur Moisc et l'avait traaspereé #taie bollt«
comme Stroe Buaescu, ptiiews fols Msssé dmn
les combats contre les paies» sfcfcostéi. ^isi« violmit !•
consigne donnée par le ronmandanl Holiea de ■• pas
quitter les trandiées protectrices, svaM UmàB tm Ntt
180 ii!«.T'iiiii° r>i V IWII \l\tN.S
%ur un pareni lie r • i 'u,
non sans avoir reçu la . . ...i. i ... .. .i.i u. _ar;
•^a femme fll graver sur le rebord de la plaque de mar-
hrp <iui recouvre les ossementH <Iu !• è-
sumunt toute une époque: « et la vol > ns
de Tatars ne fut pas accomplie »(si nu s'a tmplinit voia
Cfiinilor de Tatari).
Conimc jadis les deux frères (îolesti, ces guerriers
valaques furent jetés contre la Moldavie rebelle par
ordre de Radu Mihnea. esclave des volontés de ses
maîtres. Ils y trouvèrent le même invincible essor vers
le danger, qui. ne pouvant pas se diriger contre un
ennemi étranger, se dépensa, avec une foll- ' ra-
lité. dans les tristes incidents de la guerre • 'es
femmes furent mêlées de ce côté aussi à la tragédie
chevaleresque: Elisabeth, épouse de Jérémie. Mar-
guerite, épouse de Siméon. maîtresses femmes qui
poussaient à leur gré leurs maris et leurs enfants dans
une rivalité criminelle. Constantin, le fils aîné de la
première, chassa son cousin, le jeune Michel, mari de
la fille du Vnlaque Radu Serban, qui vint mourir aux
pieds de sa femme; son frêle corps fut mis à terre à
côté de ce crâne de Michel qui avait contenu le génie
d'une race. Il fut plus tard lui-même l'auxiliaire de
Radu, qu'il reçut pendant sa retraite de 1610; mais,
chassé enfin, lui aussi, par les Infidèles, il revint, avec
des Polonais sous les drapeaux de ses beaux-frères;
pris par un Tatar, il se noya dans les eaux du Dniester.
Sa mère ignora longtemps son sort, puis elle poussa au
trône ses fils cadets, Alexandre, qui était à peine un
adolescent, et Rogdan. enfant en bas-i\ge. Elle combat-
tit à la tète des armées, fut vaincue, capturée, désho-
norée et traînée à Constantinopje. où un aga en fit sa
femme. Elle pleura hautement devant les boiars sa
suprême humiliation, et on voit encore dans le beau
couvent de Sucevita. bâti par Jérémie qui y est entern*.
'•• SlàCLES) 181
cette bi-lle natte <le cheveux roux qu'elle y '
ofTrande à la place du pauvr.. <-.»rii«. nmfani' rr
pourrir en terre païenne.
La Porte essaya d'apaiser cette tempête de volontés
exaspérées, avides de conquêtes et de gloire, de bles-
sures et de souflTrances jusqu'à la mort, en -— *
comme princes de fades descendants autii
qu'une éducation orientale avait fait moisir dans les
prisons et les lieux d'exil, des anciens princes: !'■'■•
Mihnea lui-mcnie. malgré son prestige, et Alexa:
fils d'un autre rencl^f^at. le Moldave Elie Rares, le fils de
Radu. un autre Alexandre. le fils d'Alexandre Elie et un
autre Radu. devaient leur succéder. Si un fils de Si-
méon, Gabriel, parut sur le trône de Valachie. il se
hâta de s'enfuir en Transylvanie, où il épousa une
catholique: son frère, Pierre, devint le grand Métropo-
lite de Ki -^auva le rite oriental en Pologne et
crca la civi :i moderne du peuple russe. Un ancien
Idat des guerres de Henri IV contre l'Espagne,
Ltienne, fils de Tfxnsa qui ;n tipé le trône à la
mort du •< Despote . fit toin - têtes des boîars
•us les coups de son bourreau tzigane, qui s'écriait en
!•(■■ : ■ ■ ■ i" . ■• - 'i!':i ■ ■ ■■ i.'s: " Sei-
gii M s la race
des chevaliers n'en fut pas détruite, et on le vit bien
lorsque les nobles de l'OIténie r> ' 'le trône
vnlaque de son HIs, Léon, un vrai à la Le-
mtine Victoire.
l'n ancien soldat cLul le chef tics Ixiiars. jeunes et
vieux, restés fidèles au credo de Michel qui était la
gloire par les aventures sous les étendards chrétiens et
co; ' 'on des Infidèles: 1'"^ " '" u de
V.i ,cr des seigneurs de < ni, du
ste. un ancien soldat de .Michel, et il employa plus
tard des soldats serbes, les • séimens ». qui par leur
13
182 iiisToinr ncs noi'M.UNS
t . ' ■ ■ : . I m;- .Il I" ' . : " '■'.!-
i ' vH-IlN. AU' _ llll
ile la TransyU'anie. Ayant vaincu, malgré la présence
(1*1111 itnoNr du Sultan, le» troupes ru ' ' s du jeune
!..< 111 (|u'4)ii lui avait opposé, il se , la, fort de
l'appui d'un chevalier musulman, originaire du Cau-
case, Abaza, pacha du Danube, à Const: "- :.1e, en-
touré par une députation de toutes les de la
population valaque, qui le demandait pour leur maître,
et il put faire bientôt son entrée tr 'île k Buca-
rest, au milieu des acclamations : ^ues de la
foule, désireuse d'avoir de nouveau un prince de son
sang, et un guerrier.
L'époque n'était plus où Ton ponvnti frapper de
grands coups d'épée dans cette Tran es
la défaite et l'assassinat de Gabriel i,.....w. ,. , ..i,..wJu-
tisme énergique de Gabriel Bethlcn et de Georges Râ-
koczy I" avait consolidé, au profit de la race magyare,
la situation politique de la province. Il n'y avait même
plus, au moment où les Abaza avaient voix au chapitre
({uand il s'agissait de la nomination d'un prince vala-
que, une porte ouverte sur le Danube turc pour l'esprit
d'aventure des boïars. Mathieu et la chevalerie de pro-
priétaires terriens qui entourait son trop l leur*
champs de bataille seulement dans les C' avec la
Moldavie, toujours envahissante et toujours vaincue.
Malgré les app d'unn'; U*s
deux pays, malgi militude mt
Mathieu expulsa le fils d'Alexandre Elle et celle dont le
Moldave, d'origine balcan' ' " ("re lui-
même pour arriver à ii i . uce de
Moldavie, malgré le prestige qui entoura à la même
époque les deux trônes roumains et la richesse dont
jouirent les sujets de l'un et de l'autre de ces princes
contemporains, il y a entre eux deux une profonde
difTérence. Mathieu est le prince chevalereaque d'une
LA CTVIUS\TTnS' nOlMAlVE (XVI*-XVîr* SttCLCS) 183
t 'v\v a ! ■ .lu fas-
t; : lea, ne (m iju<- lians-
l>orter à Jassy !«« coutumes et les idées de Byzance:
^ ' 1. nourrie au ;>rojets transylvains et
1 a de reprend lage, soit en soulevant
les (irecs. soit à la tète d'une crmée de croisade appuyée
par !t = -eaux de Venise. Ne pouvant pas diriî(er
fi'tin té ses eflTorts. celui que ses correligioima!-
loplc traitaient en empereur fit accor-
<. i-... M. . i...-. la prini ••■?•' voisine f« — *^*''-> Jean,
I son fr*r<* r.abriel. à ! . et il ! . deax
f«»i i bien qu'a Finta.
• ^ ^-. la voie qui menait
est caractéristique par la profonde dtfTé-
<■ monde per i-
, , L-ntait Bastk. „-ait
ous ses ordres, avec des boîars prêts Ji abandonner
•orges-Etienne qui de-
iiiilliers de paysans qui
avaient désappris la guerre et les bandes, bien exercées
' ' " ' " -a-
. .1-
. il n'avait pas mime un concours puissant de la
• r j,.g
re
itene de mercenaires bal-
* 'uer dans ■' 'ries
' 1er la vi lie
I e, iiuquei i arent l'accès de sa propre
' '^"^ ....M... — .^,i..,i- jm combat se
,:c leur cavale-
ur i'fiiiieini vu iiii-ine tempa q«e la terri-
, - que son mouvement furieux paraissait
tvoir déchaînée. I^ Voévode chenu fut bleasé Ml ge»
'> mais l'araiée de soa rival
HISTOmi DU HOt'MAlKS
I/hommc qui avait suscité les troubles militaires
(lunt nous avons purlé. pour cmpi^cher la succession du
neveu de son prince, recueillit, en avril 1654. -;e
de Mathieu. Constantin, fils naturel de Haidu ...,.xa,
dut combattre ces mêmes <« séimens » dont il avait
irrité l'aviditi^ cl ' - . et los ' is
de Transylvanie a ^ . rs pour . re
la seule force militaire de la principauté valaque
(1655). Le chef des r' TT ' ,. qui s'était pro-
clamé prince, lutta « . me un héros. 1^
Voévode vainqueur ayant uni son sort à celui du pro-
tecteur Il lin, qui avait suscité Tinii ' 's
Turcs, pt-i ^1 lie temps après le trône si 1 ^is
brigué par tous les moyens: mais il ne se résigna pas
à sa déchéance: avec des haïdoucs. ' " saques, il
envahit sa propre Valachie, puis la ' le, d'où il
chassa le jeune prince folâtre qu'était Etienne, fils
de Basile. Mourant en exil, il avait dû laisser à Buca-
rest la place à un fils de Radu Mihnea. un nouveau
Mihnea, qui ne ressemblait guère à son père. Tout en
réclamant la possession de Fagaras, il arbora dans ses
armes l'aigle de Byzance, et voulut prescrire des rè-
gles à l'Eglise de Constantinople dont Basile Lupu avait
été le vrai maître pendant tout son règne; tout en fai-
sant massacrer ses boïars, il prit le nom de Michel-le-
Brave et livra aux Turcs un combat malheureux à Ca-
lugareni, place de la grande victoire remportée par son
prédécesseur. Il mourut, lui aussi, dans un lieu de re-
fuge aux côtés de Hâkoczy. persécuté par le Sultan. On
rencontre encore les traditions de la chevalerie aven-
tureuse dans les mouvements révolutionnaires contre
les nouveaux chefs grecs envoyés par la Porte, dans
les agissements de Grégoire (îhica. Roumain par sa
mère (son père, qui régna en Moldavie, était d'origine
albanaise), qui négocia avec les Impériaux au cours
d'une rampagne des Turrs et, dcsfifur. fr:i\«Ts;i «>n
! ^ cfviî.îfÇATioM RouM^rNR (xvi*-xni' sfir.fj») lîiS
pifU\ l''» \lili:> lie llîtllll-. Jti-»v|iin .'^>l^^'
Dame d , *•! même dans ce Serban Cantacuzène,
fils du ; (istanlin. émigré de Con :»le,
el d'HéliiK. ..vi.i.vfe de Radu Serban, qui. .., lin-
suc4;ès turc à Vienne (1683). entra en relations avec
l'Empereur et montra plus d'une fois qu'il ambition-
nait en vertu de son sang impérial, l'héritage de By-
zance, délivrée par la nouvelle croisade d'Eugène de
Savoie.
DÉVELOPPEMENT DE LA LITTéRATl'RE ROUMAINE AU
xvii* sif.ri.K. — Pendant ces ':*' ^tes, qui
firent la gloire el le bonheur de >i. mais
contribuèrent à aggraver la situation du paysan de>
vcn;: ' ' :re de l'o ' -^t, l'art, qui avait été
la dans 1 s'était manifestée
1*0 ! de i'âme roumaine, ne mar(|ue aucun pro-
. iiuel. Après son avènement au trône, Jéréraie
le fondateur de Sucevita, où il allait reposer à
coté de son frère Siiuéon, n'eut guère le loisir ni les
moyens d'élever l'église qui aurait pu commémorer son
règne. Nous avons mentionné déjà les fondations du
"* e Crimca el d'Etienne Tdmsa II, à
1, _........; c; .. >.ulca, ainsi que celles de Miron Bar-
n'>\vski et de Basile Lupu. qui ne présentent cependant
aucune inn ' " s le travail <'
taux, l'art d. ... at. le premit
manifestement influenré par le courant italien qu'on a
cor. I ■ " . ' .
M- — -
Ce ne fut pas celle des boîars chevaliers. Les exploits
dos .i:i( icn^ ; i;m rs avaient trouvé au XV siècle des
rh-f- ■■' i 1 iiuilation de ceux de la Serbie, qui ac-
(oi nt de leurs chants historiques les grands
rrji •. aux fêtes de l'Eglise or ide-
1)1 , alors (|Ue le peutile li ne
186 iiisToiitR nn nocuAiNS
connaiHsait que les incitations à la danse et le« com-
plaintes mélancoliques des « doîne ». Peu à peu. la
grnn<l ' ' "ne absorba toutes les autres. Si
telle li :.-'nne quelque héros du cycle de
Mtchel-le-Brave. comme Radu Calomflrescu, la per-
%(,< T incf ft ■
b<i ■ ^11' ■_ rs ne sur- ;u :_ ,
populaires. Il n'y eut, du câté des Ruzesti. ces premiers
parmi " ' -valiers de Pépoque, qu'une t " 'i-
que I' ;o, se bornant à rappeler !• c
quelques mots seuls d'appréciation. Le prince lui-
mémr ' 1 un boîar i\ l'ancienne mode, le ' ' '••
Théo<i «rire un récit officiel en siavon. _ uh
a été transmis dans la version latine d'un voyageur,
venu par hasard dans la principauté, le Silésien
Walter.
Avant ce moment, il n'y avait eu en Valachie que des
mentions laconiques notées en marge d- •= * ; des
princes fondateurs et protecteurs qu'on 1; us les
églises au cours de la liturgie. Pour avoir une légende
poétique des hauts faits accomplis par le conquérant
imitateur d'Alexandre-le-Grand, il faut recourir au
poème en grec vulgaire que rédigea un des officiers
étrangers de Michel, le Vestiaire Stavrinos, à Bistrita
de Transylvanie, pendant sa captivité, • sous les
rayons des étoiles » : pour trouver une cruvre poétique
de forme classique, on doit s'adresser à l'imitation des
modèles italiens, que le Cretois Georges PalamÎMle livra
à la Cour du prince russe d'Ostrog, intéressé lui-même
à la croisade. Plus tard, un moine d'Kpire, qui portait
le titre d'évéque de Myrrhe, en Asie-Mineure. Mathieu,
ayant été recueilli et installé comme hégoumône de la
nécropole princière de Dcalu. se donna la peine de con-
tinuer dans des vers sans saveur le récit de Stavrinos.
qui, tout de même, était animé des sentiments d'un
soldat.
LA aVlUSATIOM ROUMAINE (XVI*-XVU* SlàCLES) 187
Quant à la Moldavie, alors que les chantres illettrés
liraient les victoires du grand Etienne, celui-ci
.,.i:....» — -^>rlt d'humiliation chrétienne, toate
•• de son œuvre militaire et poliU-
1 une quarantaine d'églises en
I . ..V. ... ... .....^v. ,,^. ses moines aucune biographie
4-('inme celles que connaît la littérature serbe, du xin*
Il x\' vir( le; on Si* Ixirna à continuer entre les niurs
ic Putua. sa nouvelle fondation, les maigres notations
vlavones du couvent de Bistrita. qui nous renseignent
!(*nt sur Alcxandre-1' ic-
t .s. Il n'y eut pas m«- . . .le,
grande par ses efforts et son prestige, d'ouvrage pareil
aux pnseignemenls. dont il ;< i 'stion, de Nea-
goe à l'usage de son tils. M;n i ..ires eut aussi,
comme ce dernier, pour compagne une princesse serbe,
I ' -. ■ ■ ' : iques et pieuses, cette Hé-
I ^ «le son mari pour le Sultan
Soliman. Les annales slavones furent donc poursui-
' nt, à côté, une oeuvre d'un
. celui de la célèbre chroni-
<(Ue de Manassès, dont on avait employé la version sla-
vonc: Cl*' ' — 'lie de H - - ■- '"- ' juc de Ro-
ni.ui. M.i produisi: du moine
Kuthyme, futur évcque de Transylvanie, une seconde,
celle d'Alexandre I^pusneanu. Apres la mort de ce
priruN' <li\<,t. qui se fit moine avant de fermer ses yeux
. il n'y eut que des compilations et de maigres
i,:. ..I. .',,<; d'cvcnements contemporains dues aux der-
niers représentants de la grande école d'érudition sla-
\<<nc*: un Ksaie, évéque de Radauti, un Azarius. chro-
niqueur de Picrre-le-Boiteux. Les combats des princes
le la famille des Movila ne trouvèrent pas plus un
poite ou même un que ne l'avaient fait les
gestes de guerriers :. as d'un Aaron et d'un
Ktienne Razvan, les alliés de Michel-le-Brave. De mém»
188 HlSTOinB DBS ROl'MAINS
que. |>our la Valarhie. la tradition des historien» ne
commença que souh Mathieu Basarab, Il fallut attendre
puur la MoldaNie, le règne de Basile pour avoir en rou-
main la compilation du lK>iar Grégoire Ureche, qui
transposa en langue vulgaire, avec des discussions cri-
tiques, le contenu des anciennes annales slavones. Un
peu plus tard, fut rédigé, dans un style pédantesque,
mais d'une authenticité absolue, la ^ le
de Miron Coslin. «nil i-ÎKin!:! Iiu'nic en t'-
des Roumain^
Dès la fin du \vi* mccIc, la nouvelle li . ia»
s'adressait au peuple entier, venait de . ^«m
essor. Nous avons mentionné plus haut, pour expliquer
la naissance <^ " • ' irs, le
récit des exp i \ . i s des
saints soldats martyrs, même les Miracles de sainte
Parascève, qui sont sans doute antérieurs " " 'e
1600. Bientôt commença l'œuvre féconde .1 le
par les traducteurs inconnus des Ecritures et même
des apocryphes, plus répandus dans la Péninsule des
Balcans (Voyage de la Vierge aux Enfers, légende de
sainte Dumineca qui est le dimanche personnifié), des
ouvrages de morale populaire que Byzance avait em-
pruntés au monde oriental, des traités d'histoire natu-
relle pour le peuple, comme le Physiologus. On voulut
même avoir en roumain des traités d'histoire, et il fal-
lut entreprendre la traduction des -< chronographes • ,
dont le récit commençait avec la création du monde
pour arriver, à travers les Ecritures, à l'époque des
monarchies païennes de l'antiquité et à la série des
empereurs byzantins et leurs successeurs slaves: en
Olténie, suivant l'exhortation formelle de Théophile,
évêque de Ràmnic, le moine Michel Moxalie accomplit
cette tâche. Sous Basile Lupu. on eut Hérodote en rou-
main, par les soins d'un dignitaire de seconde classe,
très versé dans la connaissance du grec ancien, le logo-
L.% aVIUSATlOX ROUMAINS (XVl'-XVir SIÈCLES) 18!)
thëte Eustratius. L'ambition de Lupu. lequel avait em-
prunté son nom princier de Basile à l'Empereur auquel
le r t la Iégislati<
com Uus et à un :t
clerc Mélèce le Syrigue. devenu évéque dans ces con-
trées, U! " ■ " ^ '- !uc-
tion roi; ind
et impitoyable justicier, allait appliquer strictement
(V ~ >n pays. Son code fut publié à Jassy en 1S46 et,
, >> à la numc époque, ce texte, auquel furent
ajoutés d'autres éléments empruntés aux sources by-
zan'-" • -iir former une lourde compilation presque
iiii , parut en Valachie, à (iovora, par les soins
du prince rival. Mathieu (1G.')2). O dernier avait fuit
imprimer, du reste, une autre réglementation, plus
simple, tirée des originaux slavons qui regardait sur-
tout la ne de l'Eglise, la Petite Prauila (1040).
Certain. , -v^.cs du culte eurent aussi la faveur d'être
publiées en roumain, par l'initiative des chefs de
i'E épo<|ue.
1 j,.-.-iae ne devait pas s'arrêter aux
travaux de Moxalie et d'Eustratius. On eut, vers la
moitié du -010. un résumé de l'hi tto-
mane. et ]<_ . iix aventurier Georges h itch,
qui ambitionnait d*étre, par le concours des Impériaux
de Vienne ou de ceux de "^^
second de ce nom, ce fréi ;
Sabbas, ce commensal et ami des princes et des nobles
■ ' 1 : Brâncoveanu,
. > sont à la base
du pansla\isme: une chronique de Kiev, plutôt tra-
duite sur l'ouvrage d'un moine de la Petscherska, et
une œuvre originale sur U* passé des Serbes. On a
trouvé même la version roumaine de ce long rapport
dans le(|u.l le futur prince de Transylvanie. J< '^'
niéiiy. racontait l'histoire de la campagne de (■
190 IIISTOlliB DBS ROUMAINS
Ràkocxy II en Pologne et ses propres vicissitudes
comme captif des Tntnrs.
Miron Costtn ne s'était pas borné, après 1570, à
rédiger seulement une chronique de Moldavie qui se
rattachait h la compilation <!
occupé des origines, patriote r«
soin de ranimer l'esprit défaillant de ses compatriotes
appauvris . ' ir l.«
territoire m i . i ^ i i \4->K<*
ému, l'histoire de la colonisation romaine, dont l'hon-
neur devait inciter les dc^ * '^ de
Trajan à une vie active, éci , iir à
celui des intrigues pour le trône et des appels vers les
dilT. * ' 'tiennes. Des contemporains
val.i a Ludescu, lidèlc et modeste
ser\'itcur des Cantacuzène, le capitaine Constantin Fili-
pescu. apparenté à cette famille dont il devint l'adver-
saire {K>litique, ne furent capables que de rédiger, avec
servilismo'ou avec haine, de maigreschroniqucs de p^rti.
Ces livres d'histoire, ces chroniques ne jouirent pas
cependant de la faveur d'être imprimés. On se les
transmettait entre moines, entre lettrés, entre boïars.
Bien que l'œuvre du Roumain Pierre Movila, à Kiev,
eût déjà porté des fruits pour ses compatriotes aussi,
qui, faisant venir des caractères de Russie, fondèrent
des imprimeries dans chacune des deux principautés,
on ne donna que bien tard, vers la fin de ce siècle, un
récit imprimé <Ies exploits d'Alexandre. Car, si les ty-
pographes, dont l'œuvre avait été interrompue après
1590 par les troubles politiques, reprirent leur activité
sons Hasile et sous Mathieu, pour la continuer ensuite
sans interruption, ce fut par suite du désir de ces évé-
ques qui. nés au milieu des paysans, sentaient le besoin
de communiquer au prêtre de village et à ses •
la bonne parole de ri'\unf;ilf. la sa«?esse «les (^
taires de l'Ecriture.
lA. CIVIUSATION ROUMAINE (XVl'-XVII* SiftCLES) 191
Originaire d*an village dans le district de Putna,
ancien moine au couvent de Secu. près de Neamt, le
Métropolite' -es tra-
vaux de trati : . : , al une
influence considérable sur le développement intellec-
tuel du ' ■ '^ lettrés ' ' nés
d'un seii in Comii» ou
« Livre d'enseignement ». publié à Jassy en 1H43, fut
i ' ■ ■ ' • 's provinr -iir-
i . . '"» *^^ '^'^ ' '^^
à toute autre prédication. Des prélats valaques, comme
le y * '"' nnc, suivirent ses traces. Bientôt
unt • conimen<;a en Transjivanie par
suite des etîorts que lit, sous les deux Râkoczy, le per-
' t\c l'administration cahinistc pour détacher le»
s de leur fidélité ti l'ancien rite et à T « héré-
sie » de la loi grecque. Dès 16.'>1, l'imprimerie princière
r-f "■-'"* 1 un psautier, destiné surtout aux écoles et un
me. niiquel Barlaam. ayant pris l'avis de son
, crut devoir répondre par un écrit de
]»w.v...i'j». oi..i<>doxe. Un «< Nouveau Testament ••.
traduit sur les originaux (1043), se distingue par la
pureté de la langue que l'éditeur, le ^' lite
Htienne Siméon, déclarait devoir »*lrr 1» . ms
toutes les provinces de la nation.
Ddsithét'. évé«|ue de Roman, puis MétropoIiU- ilo
Moldavie, déploya une activité marquée au coin d'une
remarquable personnalité. Prélat très intelligent, il
^ait non seuloment le slavon, mais aussi le
^ le latin, comme descendant d'une famille de
marchands de Galicie; esprit préoccupé non seulement
rïs de t'i ■ mais aussi des proT-'
a i fut le i I à recourir au tém<»i
des documents contemporains; il publia, à Ouniev,
cher, les Russes occidentaux, et non à Ja^ ^ 'rne,
«>ulre un grand nombre de traductions reli en
iiisToins un rovuains
prose, le premier ouvrage de poésie roumaine qui eût
passé souH Ic'^ u\ d'une lypogruphlc, S'
lier versifié (l' . . 1 fut inspiré par le» vc
milaires parues en Pologne, il adopta le style même de
la chanson popul:ii '-
rieure, non sculi-n ti
Banat, qu'on employait dans les écoles officielles d'ou-
lr< essais de poésie
s;i . ' mes, qu'avait ris-
qués Miron Costin dans sa chronique, et aussi les édi-
teurs de livres religieux qui faisaient au prince l'hom-
mage de leurs quulruins.
Dosithée, enfin, prit l'initiative d'introduire le rou-.
main dans la li' - "môme, dans l'off -'••:•, r.
qui avait été ^ u'à ce moment i t
en slavon. Sa pul>tication liturgique, parue à Jassy en
1679, n'eut pas, bien entendu, le même acrti ■•' •■•■--
tout: elle rencontra, au contraire, une forte <<; n
dans les milieux officiels, mais elle inaugura du n
un mouvement destiné à rendre intelligible au p
cette belle littérature simple de l'Eglise, qui ren ,
çait pour lui tous les autres moyens de la culture .spi-
rituelle.
Cette activité littéraire dans le domaine religieux
fut dignement couronnée par la Bible de 1688, pour la
rédaction de laquelle un comité de boïars et de prélats
avait été institué par Serban Cantacuzène et qui em-
ploya d'une manière critique toutes les v
Heures. L'une d'elles, toute récente, sur 1- : . r.
était due à un élève de l'école slavone des Trois Hié-
r:i * Jassy, le boïar Nicolas <<■•'
a\ it même tel opuscule en i , i i Vi-
deur français de Stockholm, préoccupé de la querell.*
entre Jansénites et I ' ^-^a à Moscou i>our y
être le conseiller de 1'; ud et le premier com-
pilateur d'ouvrages scientifiques dans cette Russie dont
f. <.vi.w.r.,.v noCMAINE (X\i .. .. -:, .1 193
use avait <*lé renouvelée {Mir le
;....v .-.w.ila. La « Bible de Serban » fut
ment répandue sur tout le territoire habité par
devint pour les traducteurs et les
! rv un ni'»'!'*"'»'* «'•• '■• lrin"H'' «^nî-
VlR DP LA COUR ET PRESTIGE IMPÉRUL DES PRINCIPAU-
I aines: époque de Constaxtim Brancovkant.
• uvilccrf • ''"'rature au caractère religieux et po-
re, qui '' e la source d'un large mouvement
lie, à côté des dernières manifes-
. . ...... . .levaleresque dans la vie politique
! ives et des Vainques, qui allait se manifester
i' t par ces cadets de famille si;
'"i , ...ix étrangers, en Pologne, en Mosiw.v,
I) Suède, où Sandu Coltea fut un des plus fldèlcs offi-
ciers de Charles XII, il y avait cependant aussi un autre
facteur de la vie nationale qui se trouvait en [>]<^in
développement: Tautorité absolue des princes.
Partant de Hadu Mihnea. de Basile Lupu. elle était
soutenue par une double influence. D'abord celle des
iltans de Constantinople que ces potentats danubiens,
venus de plus en ])ius de la Capitale de l'Empire, cher-
chaient à imiter par le faste de leur Cour, par le nom-
re de leurs dignitaires, officiers et serviteurs, par la
splendeur des cérémonies. Mathieu Basarab avait été
imposé par les armes des t>oîar8; mais Basile lui-
>(>me, qui s'était réfugié à Constantinople pour échap-
J" s de son maître, .Moïse Movila.
»■ dans rombre de la Porte otto-
lane. Georges Etienne et Constantin Basarab, pre-
miers successeurs de ce- : ' * -nt le
pouvoir seulemont à la V(> aussi
le cas pour Etienne Petricelcu, d'une vieille famille
^^oldave. élu par l'armée, après le refus d'Elie Sturdza:
104 iiiSToinr hns roi'mains
p«i;i ! , !M i\ r;iiill, i;i ' "■ , h ;ii i .
cliii. '• j'.ii li's Mills :tii |irt's la h ,
déccsseur; enfin pour ce jeune Démétrius Cantémir, le
futur autcu ' 're de l'Histoire d "•" • '• -
qui fut ch les nobles pui :
avant Pcnterrenient de son vieux père, le prince (k>ns-
tuntin. Mais tous les autres Voévodcs de*? ' •■ -
un petit-neveu d'Klie Hares, qui ne coin
intime la langue de ses sujets, puis le Ilouméliote i>uca.
fils d'un simple paysan grec, l'Albanais Ghioa, un Ro-
setti, levantin qui vivait en parasite sur la déradenrc
et la pourriture turque, le Constar'
Canlaeuzène, qui avait babité jus»,.. .. .... ...»
la Capitale ottomane, étaient des anciens clients des
dignitaires turcs qu'ils avaient su gagner par !
présents. Ofiicier polonais d'aventure, absolunual
illettré, Constantin Cantemir avait dû son trône uni-
quement aux relations avec le séraskier, le f^
sime turc, et il fut proclamé, en 1685, dans 1. ,
d'Isaccea. Ces princes ne pouvaient que reproduire I:i
vie brillante et vi ' > ils avaient été les témoins
dans les rues de l'i , 11' Stamboul.
En même temps, une influence européenne, occiden-
tale, venant de la France de Louis XIV, se réunissait a
l'autre pour inspirer à ces princes de courte durée et
d'un sort si incertain l'ambition d'une belle Cour im-
posante, n'i t.nonsi ' '
de plus iiu^ i. mais a .
rOrient entier, avec ses Patriarches, ses archevi^ques.
ses prédicateurs, ses didascales et ses lettrés. Un j •:
trait de Démétrius (Cantemir dans sa jeunesse, 1<
qu'il fréquentait h Constantinople aussi bien les digni-
taires turcs et les sages de l'Orient que les mi- '
de la chrétienté, en commençant par celui de ;
un Fériol. un Chàteauncuf, montre, dans la coiffure et
le costume, le mélange, bizarre en apparence, de ce»
1 1 ' 1 1 ji ,% 1
deux inllurnces, qui cependant se confondaient dans
la vie réelle. formant une parfaite unité. Le prince porte
un turban sur sa perruijue française aux longues bou-
clés, une petite moustache rele\'ée en pointe orne sa
' '— • '••• ■• -fure; le sur"'--^ '■ dentelles, le justau-
sont aussi : . mais la ceinture de
IX rappelle rct Orient musulman dont il
.... .V ... .acher violemment en 1711, lorsque, con-
iincu de la prochaine catastrophe turque, il s'allia au
! und pour partager sur le Pruth sa
llw.U .'.
Le plus brillant type de cette société nouvelle, pai-
sible et S' • par une prudence excessive
lorsqu'il • , i - .rendre une décision, tergiver-
int. négociant, revenant sur ses décisions jusqu'au
r. ' 'e à se féliciter d'ave' " -le
. lessé le pas, et, cepr <le
influence, de prestige, de domination, rêvant, sinon
(I ■ ■ ■ :t séduit Basi' ' '* r-
1) iile pour tous «*-
tiens de POrient, est Constantin BrÂncoveanu dont
|. " ' ^ "le fit bien voir tous le»
r -t-rbe et toutes les aspir.n-
ons variées de la société qui pouvait se reconi
en lui. Fils d'un prrc qui avait été tué dans une révtnii-,
d'un grand-père qui avait eu le même sort, destiné à
'rir lui-même sous les coups du bourreau, avec tous
>cs fils, il a la pensée sereine, la volonté assurée; il
distribue d'une main libérale ses propres ressources
et celles du pays — qu'il ne ménage pas lorsqu'il s'agit
de satisfaire les r-^- - •■"s des Turcs, comme au mo-
ment où ils le n l presque prisonnier à An-
drinople - pour des fondations qii lient, par
leur nombre et leur beauté, à rendre ^ v le prince
d'un pays plus large que son petit Etat valaque. Il
para les anciens couvents qui menaçaient ruine et en
]00 IIISTritlIF IIIS lUil MAIVS
él(>va '' il.iiis !-
teaux. - .-.iiLaux. iL ,. . , s
et les fenêtres atteignent une beauté supérieure, due
aussi ;■ uents nouveaux qu'on a\
l'art Ni . alors qye jamais la |ni! :
n'avait été plus riche et plus soignée, bien qu'elle fût
inf à celle des anciens cl<>î': -s
le ^, i de la finesse et de l'i i,
dans les forêts du district de VAlcea, où il avait espéré
pouvoir dormir d'un sommeil tr;< " •. il fit bâtir
pendant plusieurs années un mon.i 'iit les fonda-
teurs furent ses fils et sa femme Marie, monastère qui
ne le cède h aucun autre en ce qui concerne In ^ ''\^
des matériaux et le fini de l'exécution. Son su
grec, Nicolas Maurocordato. put bien l'imitec dans sa
fondation de Vacaresti, dernier grand monument de
Tarchilecture valaque, mais non pas le dépasser.
Entouré d'une brillante société de hoïars, apparte-
nant aux anciennes familles, f^ont il était tellement le
représentant incomparable qu'il n'y eut presque pas
d'intrigues contre son trône, de secrétaires occiden-
taux comme le Florentin Del Chiaro, qui a laissé, dans
ses Riuoluzioni dclla Vaiachia, la meilleure description
de la principauté qui fût jamais sortie de la plume d'un
étranger, béni souvent, dans des cérémonies religieuses
d'un caractère grandiose, par les prélats de l'Orient,
ayant à leur tète Dosilhée, Patriarche de Jr
puis son érudit neveu, Chrj'santhe Nolaras, il l ...
festins de gala dans ses palais de Potlogi, de Mi .; -
soaia, dont les façades oi ' belles '
marquées surtout d'un tra ^ance sui ,
la loggia aux colonnes sculptées qui vit tant de fois la
belle figure du prince au gm ' ° ^ et à la
barbe ronde contemplant les i c nature
valaque à laquelle toute son àme était si intimement
liée.
LA aVIUSATION Iuiiiim>k ovi-xvii
Aidé par un moine du Caucase, Anthiine ribérien.
qui devait être évéque. Métropolite et finir comme
• traître • noyé par les Turcs dans une rivière balcani-
que, il fit travailler avec une activité incessante ses
presses à Snagov. à Bucarest même et dans les rési-
dences épiscopales de Ràmnic et de Buzau. Son peuple
roumain olitint de sa munificence de beaux livres reli-
gieux, capables de soutenir la comparaison avec ceux
de Venise: mais, bien qu'il eût fait travailler k l'his-
t< 'i> le boïar Radu Greceanu, le langage
VI pas sa principale préoccupation. Dès
I <|ue de Basile et de Mathieu, les professeurs slaves
il ■ des Tr envoyés par Pierre
M l le pri , I prinoetse valaque,
Oreste Nasture, avaient renouvelé la connaissance du
sIj * • ' ■ , ■ ■ ■ ,,is et
d.. ^ ut en
Moldavie. A l'époque de Bràncoveanu cependant, les
derniers disciples des anciens maîtres comin ' it
à disparaître, et le grec, principal instruni< u-
fluence en Orient, remplaçait le slavon au moment où
le gymnase helh^n- ''-— ' par Serban. prospérait
sous la direction de Trébixonde cl de ses
collal)orateurs, parmi lesquels Jean Comnène, Métro-
polite de Silistrie. En dehors des publications l' —
qucs qui popularisèrent le nom du riche V'oévode. <
ci fit travailler, dans son pays même, ou jusqu'au Cau-
case, par les disciples de ses imprimeurs, des livres
d'Eglise en langue arabe et en langue géorgienne. Mais
il possession de Tofflce divin.
' ■■ 1 .Javie. théâtre, depuis 1683 déjà, des
guerres entre Turcs et Polonais, qui ne finirent que
»cize :• tard par la paix de Carlowitz, était com-
plctcin née, comme la nouvelle aristocratie grec-
que d'importation: des Cantacuzène. des Rosetti, rem-
plaçait dans beaucoup de domaines les anciennes fa-
t«
]Q(l iiivrfiiiii- IMS itiii Mkivv
milles, comme tics \ mj©
passer sur un trône (it..:.- ... i-, -;^,.,. ,u- .nU-
ron Costin et son frère appelaient de tous leurs vœux
une ;! <>-
vcanu - L . , . u-
tés. Son influence s'étendait aussi sur la Transylvanie,
où il faillil cire prinrc et qu'il I (ir
(1691) pour y imposer, ;ivec les In i le
règne éphémère d'Eméric Tôkôly, client du Sultan.
I") ■ rme, il rapp»*
1..
L'i' ; iliuii iiUciairc de ce n-^jne hrniani se
troux une œuvre dont il ne nous est malheureu-
sement parvenu que des fragments; elle est due à l'on-
c! "i^ du prince, le Grand-Slolnic Constan' - ''\n-
t.. . dont la scrur avait été la mère il <>-
veanu. Cet autre petit-fils de Radu Serban et descen-
dant des cmi)ereurs bv/.antins, qui n'oubliait -,— -~ sa
glorieuse généalogie, avait fait des études à ( '.i-
nople, puis, cas très rare encore, à Venise et à Fadoue,
où il s'initia à la cixilisation latine de la Renaissance.
Mêlé à toutes les affaires de la principauté. cons(>ill(>r
respecté d'un neveu qu'il réussit plus tard à ren\
il ne trouva pas trop de loisirs pour donner la l.......
écrite à une pensée large et lière. Dans son Histoire drs
Roumains, dont la conception est plus vaste que celle
de l'ouvrage de Miron Costin. car il comprenait aussi
les congénères des Balcans et comptait exposer dans
son < re le passé de la race entière, le
CanLi -1 ... ,.~ .ive d'une érudition crititjue que le
Grand-Logothète moldave n'avait pas possédée: il sut
classer et discuter avec - les téii' s des
sources intérieures et e.\l l . es, des i-hi.:. . <le do-
nation, des chants populaires, dont il appréciait l'ini-
portance. Plus d'une fois sa voix s'éleva, éloquente.
l.\ CI%'ILIS\T10N nOl'MAINE EN TnAXSYI.VAXir 190
.1.- ft.iui....; . . . .ivec
autant de scvi-nté que d'injustice son état actuel.
Lorsque lirAnrovcanu cul fini ses jours d'une ma-
nière si traf;i«|iK'. k* iils de cet historien. Klienne. fut
élu par le parti vainqueur et confirmé par les Turcs.
Dcu^ i(.g piuj tard cependant, le nouveau prince
sut- à une sentence portée par le cruel Grand-
Vizir l>M-liine-AI, ennemi déclaré des chrétiens, con-
tre Cet autre ami des Impériaux allemands, contre cet
autre « traître >< des intérêts ottomans, et l'auteur de
1'/// partagea ce sort. C'« ime
si l.i .ulu marquer d'un trj... .. .^ang
que la fin de l'absolutisme royal des princes indii^ènes
civilisation ror
_> origines, qui s'ci :.
veloppée dans le calme prospère d'un long règne.
CHAPITRE X
Décadence phanariote sur le Danube
Développement de la civilisation roumaine
en Transylvanie
<><< S ÉTiiAXoèRKS. — Déjà* cependant, ce terri-
toire caipalho-danuhien qui avait 't \c la forma-
tion de la race, était en proie à la co...^... -^^ des grands
Etal» rhri-ticiis du voisinage, après que la levée du
série dc^ gé-
...«cne de S. — «
200 IIISTOIHE UKS ROVMAIKS
Transylvanie, qui devait rester aux Impériaux, en
16U», et celle du Banat, annexé un peu plus tard, en
1718. curent prouvé (jue la force offensive turque était
détinitivement brisée.
Au cours des guerres entre l'Empire ottoman, d'un
côté, el, de l'autre, la Pologne et la M'» " la
possession de ITkraine cosaque, où un i> ive,
Duca, devint Hetman en 1681, la principauté septen-
trionale avait subi les <1 i " ^ et les nii i»ro-
voque fatalement le pa^ ,. s armées ; le
Sultan Mohammed IV \int faire ses prières à Jassy,
dans réglise d'Elienne-le-Grand. et il y < ' ' > le châ-
teau de Suceava, où ce dernier avait an .us Jean-
Albert, une garnison établie par Jean Sobieski. Dès
1683 les Polonais avaient envoyé de nouveau leurs
avant-gardes dans la Molda\ie, où fut établi, à la place
de ce même Duca, qui avait été un des auxiliaires du
Grand-Vizir, Etienne Pelriceicu, abrité, après avoir
trahi son suzerain à la bataille de Hotin, dans les Etats
du Roi. Il y eut dans la Bessarabie méridionale des
combats entre les Tatars et les Cosaques polonais, aux-
quels s'étaient réunis des chevaliers moldaves. Deux
fois Jean III lui-même pénétra dans ce pays qu'il con-
naissait bien pour essayer de le réunir à sa Couronne
et de gagner ainsi cette frontière du Danube et des
Carpathes qui flgurait dans le grand projet d'Etienne
Bàthory. Il prit la place du vieux Cantemir, à côté du-
quel il avait combattu sous les drapeaux polonais, et
dans le modeste château des Voévodes il récita ironi-
quement des vers populaires inoldivi-s pour bafouer
le prince fuyard (1686).
Ayant perdu une grande partie de i>es troupes dans
le dc.sert du Boudschak, où il alla chercher ses enne-
mis, il ne revint en Moldavie qu'en 1691 pour se saisir
des couvents fortifiés et des anciennes forteresses dans
la région des montagnes. Après son départ, il y eut.
LA aVIUSATION ROUMAINE EN TRANSYLVANIK 201
pendant une dizaine d'années, à côté de la Moldavie
tributaire du Sultan, qu'appuyaient les Turcs et les
hordes des Tatars durs pour les '\ habi-
tants, une Moldavie royale, dans la i , î les ré-
gions voisines, où des offlciers polonais avaient le com-
maii
L;i . |ilus favora-
ble, mais aussi par l'intelligence politique supérieure
i' " ' !" ^ ' . fut épargnée d'abord. Par de
prince, qui avait oppo!Ȑ un re-
fus poli aux prétentions des Polonais sous Sobieski et
s : ' it en demandant le concours des
. pour chasser les Tatars bessa-
rabiens, réussit à empêcher l'entrée des soldats du gé-
néral Veterani. lis ne purent ccr 'T^t pas être rete-
nus plus longti'mps lorsque la } >n de la plaine
valaque devint indispensable pour les opérations des
armées impériales qui occupaient la Transylvanie.
Bràncoveanu, qui avait désiré maintenir en dehors de
toute aventure la situation traditionnelle du pays —
car. s'il rendit des services aux Allemands, irritant
ainsi les agents français à Constantinople, il le fit seu-
lement pour les retenir loin de ses frontières, — dut
subir l'humiliation et les dégâts causés par les troupes
du général lieissler. qui s'y logèrent pendant tout un
hiver. Il avait fallu recourir aux Tatars. pi« ' iés,
pour amener leur première retraite; au c aoe-
meot, il paraissait bien que les Impériaux voulaient
<f;iblir sur le trône princier «l- ^ nt.
colonel dans les rangs de Unir ,i lia-
laceanu. vassal de Léopold I". Ce gendre de Serban
< i/ène fut tu<^ ■ ^ tard, lorsque,
, 1 il a été déj.t i a en Transyl-
vanie avec une nombreuse armée turco-tatare et con-
' ■ • ' 7 • (leBrasc>\ Tî 1er
■ . :- r du Vo» . .'US-
202 lllilTOIHB DKS noDiiAn<t
qu'ji in conclusion de la paix, pendant une vingtaine
d'années, la Valachie, malgré les troubles provoqués
en Transylvanie, par le fils de la femr- ! Tokôly,
François, héritier des Ràkoczy, qui, d'ii u'c avec
les Turcs, uv:iit relevé le drapeau de rindcpendance
nationale, n'eut h soufTrir que des t"^ mlcH exigen-
ces des m.iilres ottomans qui réc' i des provi-
sions, du bétail, des auxiliaires, de l'argent. Brânco-
veanu était toujours à sa place lorsqu'il s'agissait de
rendre les honneurs au Vizir, au Khan des Tatars, à
la personne impériale du Sultan lui-même.
Plus tard il eut à supporter une gm-' irlie des
charges qui retombèrent sur les pays r^ au mo-
ment où Charles XII, vaincu h Pultava, vint se i ■
en 1709, sur le territoire de la forteresse turque ... ..y ,.-
der, dans le village moldave de Varnita. Toute une pe-
tite armée l'entourait, ayant à sa tête les officiers et les
dignitaires qui avaient accompagné le roi dans sa
grande aventure orientale; les Polonais, restés fidèles à
sa cause, demanderont des quartiers dans la princi-
pauté, et le souverain que Charles vainqueur avait im-
posé à la nation. Stanislas Leszczynski. vint trouver
son protecteur dans la modeste demeure de cet exil.
Les Cosaques du Hetman Mazeppa. qui mourut en
Moldavie et fut enterré dans l'église de Saint-Georges à
Cfalatz. établirent leurs tentes sur < re de Be^^ '
rabie; des émissaires de toutes les is. des avrn
riers, des intrigants, des espions affluèrent à Varnita.
Il fallut que le Trésor princier et les
paysans de la Moldavie prissent le soin
tout ce monde exigeant, dont on admirait la vaillance,
tout en gémissant sous le poids des impôts et des réqui-
sitions.
De ce séjour du Roi de Suède en Moldavie devait ré-
sulter bientcM. en 1711, une guerre entre Russes et
I^ CIVIUSATION ROI'MAINE EN TlUNSYLVAMi: 2U3
Turcs, dans laquelle Bràncoveanu voulut garder une
" lutanl plus que le Tsar avait
irias Cantacuzène, qui. avec les
allures d'un prétendant, vint assiéger la forteresse tur-
(|iir> (]r fîriila. Quant au jeune et inr^- '-■-r'nté Démé-
t: uv (:.:i: iMÎr. il s'était déclaré ri it pour la
> iM* des chrcticns. sans pouvoir leur fournir cepen-
' ' ■" .- . . '-'mises, car la sécheresse et les
:it deux récoltes moldaves suc-
- -Mvc». Pierrc-le-4irand ne put arriver au Danube
ni que le Grand-V'i2ir eût passé le fleuve au gué
jccea: ce qui suivit, ce fut. dans ces régions qui
il vu périr l'armée polonaise de Sobieski,
ua. i\i.\A.:c longue et désastreuse, avant et après la
(onclusion de la paix du Pruth qui sauva les restes
'•. Pour le Tzar et ses soldats, les
--- lorsqu'ils touchèrent la terre amie
lie Polo{(ne: elles n'avaient fait que commencer pour
i fut. par un «< fclva » ou décret reli-
I, livrée aux Turcs et aux Tatars, avec
l>ermission de tout détruire et exterminer. Des régions
)( complètement désertes une di-
.rd.
i-, ■ .. .'i'I II' 1 l'..:;,KTOUr d"Al-
ii i > 1,. .ij-it \ 1 iii».tM(<ii des Turcs
dans la Morée vénitienne, amena le retour de ses sol-
■ ' * ' ' • — - -' ■ -■' Déjà un étranger, un
( se targuait de descen-
dre par les femmes d'Alexandre-le-Bon. régnait à Uu-
' rïprès la di'>^-*'"'' -•! du Caatacuzène Etienne.
rs, qui ne - : pas de lui, de même que
Mcnt pas voulu auparavant les ^' >. chez
■' tvait fait sa premièrr ■'»•"•• ••-•■»re,
>sés à accepter la d me
lie» lm|iêrtaux comme une délivfajice; tout uu parti
204 ili>|i>liii l'r'N ii'M *iM>^
allemand sYlalt forin*^ pour appeler le» soldatH de
(Iharlcs VI. Quelques centaines de cavaliers suffirent
pour enlever dans sa Capitale ce prince abandonné par
les siens; mais, lorsqu'on essaya du nii^ine jeu en ^' '
davie. où régnait quelqu'un qui, Houmain lui-niii.tv.
avait de profondes attaches dans le pays, Michel Raco-
vita, apparenté aux Cantacuzène. les envahisseurs fu-
rent battus par les Tatars appelés au secours, et un
monument en ruines rappelle encore la place, sur la
hauteur de Cetatuia. au-dessus de .lassy. où fut exr
comme <■ chef de bande » leur capitaine. Les .\ .
mands s'étaient rendus maîtres des monastères situés
dans les Carpathes; une expédition des Mol" ' <I -s
Tatars réussit h les déloger; en outre, cll< , . i < n
Transylvanie jusqu'à Bistritz, cruelle pour les Hon-
f^rois et les Saxons, mais, d'après l'ordre eM 'i
Voévode, pleine d'une fraternelle pitié pour : i-
mains de ces contrées où Etienne-le-Grand et Pierre
Rares avaient été jadis les maîtres.
L'Olténie, conquise, avait été confiée au fils de Ser-
ban, Georges Cantacuzène. qui, ayant espéré devenir
Prince, ne fut qu'un simple Ban: lorsque la paix de
Passarowitz reconnut la domination impériale sur les
cinq districts, le prince de Valachie resta seulement
administrateur du territoire s'étendant de l'Oit au Mil-
cov. Dans la nouvelle « Valachie Autrichienne »» com-
mença alors un régime où le manque d'intelligence po-
litique s'alliait à l'avidité la plus éhontée. On toucha à
tous les privilèges et à tous les droits: ceux de l'évèque,
auquel on donna un autre supérieur, le Serbe de Bel-
grade, et un concurrent catholique, pris parmi les Bul-
gares catéchisés par les Franciscains; ceux des cou-
vents, dont l'autonomie fut attaquée en même temps
que les relations traditionnelles avec les Lieux Saints
de l'Orient; ceux des boiars, qui devaient se soumettre
k la moindre injonction des officiers allemands qui, de
LA CIVIUSATIOS BOUMAIME BX TKANSYLV.VNIE 205
fait, conduisaient, au nom du Ban incapable, les
;«:Vaires administratives à Craïova. Quant au peuple, on
remployait sans mr -^nt à tous les travaux pu-
IJics, des routis. ti , ^, des casernes; en même
temps qu'on faisait cet appel incessant à ses forces, la
défense de faire du commerce avec les Turcs et même
avfo leurs frères de la « Valachie turque », la déprê-
; ition et l'interdiction de la monnaie ottomane,
lUoignaient les sources mêmes de ses revenus. Lors-
<;u'une nouvelle guerre, malheureuse pour les Autri-
I ce régime d'extorsion sans vergogne
, il ,....:.... .lient maladroit, personne ne regretta
< (>s maîtres chrétiens, • libérateurs « et « civilisa-
ns ... qui ne ' nt d'autres trac<- ' ■ »s-
i-L' que des fi». : i organisation adu et
le fiscalité, à la mode du xviii* siècle, que s'empressè-
trr les !• Ir ta Valachie réunie dans
i: ,'s par If '.'• Belgrade.
Pendant ces hostilités qui durèrent trois ans, la no-
■ 1 pas seu' '' "■ s, aux
^ i*s des Al. . "î ren-
contrèrent pas même les restes de l'ancien parti favo-
rable à !' ' ■ tion, mais elle s*- - . '' i -ou-
rir sous I V du jeune Const.. . o-
las Maurocordato, qui en arriva ainsi à se former une
\- - tite armée pour soutenir les efforts victorieux
%. Si les Autrichiens avaient occupé certains
|M>tiits importants de la région montagneuse, ils ne pu>
; i-nt guère renouveler leurs exploits <le jadis.
Fn Moldavie, en \it réapparaître les Russes, alliés
riaUN de l'Occident, l'ne campagne en Crimée,
*K ^..■■. . à soumettre les Tatars. avait échou»^- '•• "'«né-
ral Mimnirh essaya de se refaire sur celle p ilé,
aux s intactes, qu'il croyait prête à renouve-
ler 1 .ne, aux suites si douloureuses, de 1711.
Après la victoire de Stauceni, il occupa Jassy, que les
206 HISTOIItK tIRS ROUMAINS
Bu«scs admlnkitrèrent par le moyen des boîars pendant
quelques mois, ln'
hiibitimts et leur j [ . : l .. j. .:
beaucoup inférieures à celles de Jadis, qui avaient
prévu, lion sn " ■ Mî Miomlc entière d*'
complété par it : ^' mais aussi le n <
d'une dynastie indigène.
Ln paix de Belgrade dunna uu paN's une tr;:
relative qui dura près de trente années, car c\>. .
ment en 1768 qu'une nouvelle guerre entre Russes et
Turcs rappela les soldats - <lans les vallées mol-
daves et les plaines de la \ : . Il y eut cependant,
entre-temps, une émotion causée par les troubles inces-
sants entre les sujets du Khan et les '"" '
cadence en continuelle discorde, qui s<
davie à une dévastation fondamentale.
Pendant cinq ans, les Russes de Roumientzov et de
Patiomkine séjournèrent dans les deux Principautés:
on espérait même réunir ces contrées dans un
« royaume dace •>, qui aurait été confié au favori dis-
gracié de la puissante Impératrice. On s'inia:
ce que dut leur coûter cette espérance de fori*.v.
ce même dans ces conditions, qui n'étaient pas, sans
doute, les meilleures, un Etat uni et indépendant. Lors-
que le traité de Kcutschuk-Kaïnardschi, en 1774, ac-
corda à la Tzarine d'intervenir pour le maintien des
droits traditionnels dont ' * jouir 1-
du Danube et que le prenj.: - .>,ul, aux a ..... ..
minatrices. parut à Jassy et à Bucarest, il fallait )>our-
voir avant tout à ces mesures de
étaient absolument nécessaires pour i^-^
économique des Principautés. Par des exemptions de
triVii: ,•,••••..•.■•■• ,•,,•■••
antérieur, lorsque la coalition entre Catherine et Jo-
I % CIYIUSATIOK MOUMAINE EN TRANSYLTAKIE 297
Ncph II, par le partage immédiat de l'Empire ottoman,
ramena les hostilités, auxquelles les Autrichiens par-
I)i étaient arrangés pour avoir,
^:lns participer a la guerre de 1769-1774. au moins une
' - ■ -' ' ' ^' " -■- r - : * ' ret avec la
>. payer des
tenu en 1771 la promesse de
i> m .!< . .1 «les r-^— '•' ■' f^omme la cam-
de 1774 finit à par un traité
«' aux intérêts de la l^ussif, Marie-Thérèse, très
-V .vie par son ambassadeur à Constantinople,
,'ut, et par son chanceUier. Kaunitz, s'empressa de
u'diale du territoire qu'elle
lait pas nouveau, car une
'■ d'années auparavant on avait gagné sur la
Mu.i.oi.. ;>ir un simple « ava; ' des aigles «•.
tout If li.Mijct montagneux, du ..-s Szekler. que
Joseph II déclarait, après son inspection personnelle.
à deux comté». On avait parlé alors
litières violées par l'insatiable avidité
des mauvais vosins roumans que dominaient les pau-
' ' ' '" ' ui la nécessité
ii»rie et la Gali-
cie que. sans plus de droits, on venait de s'annexer aux
i'* ''ologne, sans compter qu'il fallait un
iidu sur une centaine de lieues dt* lar-
r. pour défendre les Rtats héréditaires de l'Impé-
,. .^ ■ , . ,. ^ Turquie.
tkm de la
part des iUisscs en retraite, étaient arrivées a Homan,
|(>rs«|ii.' ' - • -étions furent ouvertes à Constantl-
iii'i»< . 1. 1 lurqiif fut rapidement étouffée
par des présent i es, mais distribués à
■'■"••'- f ■' ,1111. Ml ,i. t .iiainutca annexa donc k
iva. l'ancienne dpitale moldave, les
208 HISTOIMI DBS ROUMAIN!
beaux monastères des en\irons. avec Putna où repote
Etienne-le-Grand. Rudaiiti, !:•
princes et la résidenrc d'un i\ j
res des paysans libres du Câmpulung Moldave et du
Cànipulung Russe, le gu<^ du Prulh iW te
la bunde de territoire qui s'étend uu h
jusqu'à la rivière du Ceremus (Czeremosz). alors qu'à
l'Est la frontière touchait à la forêt de Hotin. Pour
faire oublier le passé, on s'empressa de trouver à ce
territoire un nouveau nom, celui de Bucovine, em-
prunté aux forêts de hêtres, et, par des < ' 'us
de Ruthènes galiciens, de Magyars de 1 •',
d'Allemands, de lui donner aussi un caractère ethni-
que nouveau.
Kn 1788, les Russes retardèrent l'invasion de la Mol-
davie orientale, où l'ancien consul Lachcarev, un Géor-
gien, allait être associé aux boïars du Divan indigène
pour l'administration de la province. I^s Autrichiens,
qui avaient mis tout en branle par leurs intrigues, se
présentèrent, eux-mêmes, sensiblement après que la
Russie eut déclaré la guerre: dans leur zèle d'avoir
pour eux les deux provinces, ils s'attaquèrent à Hotin
et se saisirent, d'après le système pratiqué déjà en
1716, de la personne du prince, le Phanariote Alexan-
dre Ypsilanti, qui les attendait, du reste, depuis long-
temps et avec la plus grande impatience. On ne leur
abandonna pas cependant la .Moldavie entière, car les
Russes passèrent la frontière en juin 1788, et alors les
premiers occupants durent se borner à conserver ces
districts qui avaient été compris jadis dans le projet
d'une Hucovine plus large, de Dorohuiu à Roman et
à Néamt; le siège d'une seconde administration étran-
gère fut établi à Roman, où commandait le prince de
Cobourg, généralissime des Impériaux, alors que Pa-
tiomkine, l'ancien amant de Catherine, donnait de bril-
lantes fêtes à Jassy. Il fallut, en automne, une coopéra-
t-K rivii.is\Tio\ ftni'MAJNE KV tiiansylvamk 209
tion 1 u" lies Hus>- *>. Miix'j ' princi-
pal lu !_• la victoirt- de Han:. i raral puur que
l'armée autrichienne, qui avait redouté jusqu'à ce mo-
ment les I organisées par le courage du
prince d< îas Maurogéni (Mavrogheni),
un Grec des Iles, pût se saisir de Bucarest, où elle fit
m ' ■ ' V ,. ç| g^n^. Ce fut par cette ni
él iorophe partagé et dans lequ< t-
peau des Habsbourg n'avait pas eu la part principale,
que le» <•• ' mts arrivèrent à Craiova. Inr '' ne
dans le !, Temeschvar Joseph II en , le
prenait la fuite devant les armées victorieuses du
Tirand Vizir YoussoulT.
11 fallut les troubles provoqués dans toute l'Europe
par la Révolution française pour que les Autrio!
lâchassent une proie dont ils paraissaient <\''^'-
être sûrs. Une médiation prussienne et h(<
amena, en août 1791. la conclusion de la paix de Sisk-
tova, qui laissnit les territoires occupés dans le statu
quo avant la f^uerre. Au même moment, un armistice
et 'c les Russes h Galatz. et le 9 janvier de
l'a .:...uite la paix de Ja^^^^v n-niliit '• «'II»* în Mol-
davie complètement épuisée.
ion, la Pria»
! , -. utionnaires. <ju. . -. 1 u . .
lient disposés à soutenir, des agitateurs qui rr|Kin-
il s les plus bizarres et, lorsque Napo-
li . tre de l'Europe, se mit k régler selon
s goûts et ses intérêts les anciennes frontières, 1»
>\ ' ' ' "n* ' il pas se soustraire au
En 1800, comme le Sultan, violant la con%'entlon de
1^"" assurait aux princes roumains u
t« 1 venait de déposer Constantin ^ _
d'Alexandre, et Alexandre Mourousi. comme suspects
de sympathies pour la Russie, cette dernière puissance»
210 lIltTOIRl DES ROUMAINS
qui ft'ctttit entendue ji Tilsit avec le dictateur, n'hésita
pas 6 occuper la Moldavie & titre de Ka{{c, mais avec la
r.' M ferme d'en faire, un ' ' ' u-
j» ,1 pour l'expansion «i^ > . u-
çais. 11 en résulta, dès 1807, une guerre avec les Turcs,
qui la conduisirent, di) î (I*une manière tr t "•;
et. tout en agitant 1 a- idée de la D.i te
sous le drand-Duc Constantin ou sous l'archiduc autri-
r* ■ -' 'm, avec la Transylvanie au besoin, on décréta
1 !i, reconnue solennellement au Sénat français
1 ir 1' )léon, des deux Principautés à la Hussie.
Peiiiiant trois ans, le Tzar Alexandre put croire que
rien ne serait changé h cette situation. Après les scènes
d'amitié de l'entrevue d'Erfurth et le nouveau projet
d'un partage de la Turquie, il fallut le conllît entre les
deux Empereurs et la campagne de Russie en 1812
pour épargner au territoire roumain une perte plus
étendue que celle de cette région entre le Pruth et le
Dniester à laquelle on attribua le titre de Bessarabie.
Le Grand Vizir avait risqué une ofTensive, qui fut ar-
rêtée net par le général Marcov; toute son année devint
prisonnière, et, bien que le Sultan Mahmoud s'obstinàt
à garder ' s du Danube in' i,
puisqu'A.....^ .y, l'émissaire de - i, ii-
core, conclure, le 28 mai 1812, le traité de Bucarest.
Ainsi qu'on le voit, pendant une bonne ' lu
XVIII* siècle, les Roumains durent subir i >n
étrangère, un régime qui était presque celui de Tan-
nexion, des conl: ' ^ exlraoi ' •»
insupportables, 1. maux i[\. ; nre
l'oppression et l'insécurité. Finalement, leur territoire
se tr<'i !<• de la Moldavie sep! ' ' -•-
nue :u. . et de la Moldavie << <ie
russe; de l'ancienne principauté d'Etienne-le-iàrand»
s'étendant de lialicz au Danube et des Carpathes au
Dniester, il ne restait qu'un tronçon. Quant à la Vaia-
Ls f villK^TItiV IIMIUAISK t'N' TIIANSVLVAXIK 211
rhic. ce I ^i»
pas la l\.... -...V. i-.. - . os
plus ardemment convoités et le plus souvent dominés
par les rois de Hongrie du moyen Age.
SirrATioN DES PRINCES^ — Ce siècle, qui aurait po
r — ' -- - deux ou trois grands r^-"— '-""tv»" celui
.-•, compta des dizaines - s pas-
res, de trois ans, si les < licnt favo-
• .•i'ic'S aux simples fermiers uv. .,...v..... i.^ ^^^ux ans, ou
le plus souvent même d'une seule ann<^e. L'instabilité
, car les I m moindre
t ., ,..v .. . personiK ■ ;..... , . ..loienl à la
('(>ur corrompue de Constantinopic: on ne pensait qu'à
'er le nombre des - tables en ouvnmt
....„ ni les portes à tous . ingers, qui étaient,
comme nous l'avons dit, en ce qui concerne les artisans
's du Trésor par! du
;■• force les émig: «les
;>aysans exaspérés, à perfectionner la machine fiscale
lies les termes déjà r ' .ur
1 d'êlrc en mesure d uir
i la Porte ces bennes dispositions dont tout dépendaiL
s- ! • • • • • • . . . ^jç
■ ' i' . '^■'^-
remcnt friands des compliments qu'on pouvait leur
faire dans les livres de voyage et dans les gazettes de
I !:ince, si des « réformes » leur apparaissaient
une le principal but d'un règne digne d'être ins-
II il dan^ ' ' ■ '■• l'histoire, on voyait bien que
leur prt laïc restait la même: se main-
tniir conlre (ies concurrents qui étaient souvent leurs
propres j' ■■•-••-. leurs cousins leurs frères.
Les )' irs constantinopolitains étaient le seul
appui réel de ces |>otentats que les boUrs n'avaient ni
élus ni acclniués et que personne ne devait regretter à
212 iiisroiiii: lies ROUMAINS
leur il<|>.irt. La pi' . ! i ! i
eu?%M'«t coinniciic» \> m i tiii r .Lm .
cielles leur descendance des anciens princes, ainxi que
Pavait fait Nicolas M:.ti î ito. On î * ' '"
nariotes, parce qu'ils i de Ph;: ,
néral de Taristocratie grecque à Constantinople, où ils
a\ ' î ' urs «< palais » médiocres, où ils :i! * ' it
leii illusions et leur misère. Il y eut a.. s
Roumains d'origine, tels que les Racovita, de >ieiUe
souche moldave, les Callimaclii. qui avaient échangé
pour le nom de l'ancien poète hellénique celui de Cj\-
masul, le « kalmouk », porté par leur ancêtre, simple
offlcier au service de la Pologne, les Ghica, établis en
Molda\ie dès le commencement du xvii* siècle; mais
ils avaient tous le cachet grec, plutôt le cachet b\
tin. En outre, ce n'était pas en leur qualité de Uwu-
mains ou d'étrangers roumanisés qu'ils obtenaient le
trône de Bucarest et celui de Jassy, mais bien comme
fonctionnaires turcs, imbus de cet esprit politique
commun qui confondait Grecs et Turcs dans les mê-
mes concupiscences et les mêmes ambitions, malgré la
différence du sang et de la religion. Les attaques inces-
santes des voisins de l'Est et de l'Ouest avaient rem-
pli d'appréhension l'Ame, naturellement ^
neuse. des dignitaires de l'Empire ottoman: u.:.
gue expérience leur avait démontré que les Voévodes
indigènes, reflétant dans leur action les sentiment-
toute la classe dominante, préféraient le régime cl. .
tien, quel qu'il fût, à l'oppression turque; après la
trahison d'un Petriceicu. d'un Orr ihica I", d'un
Bràncoveanu, d'un Etienne Cunta , ils ne pou-
vaient espérer une attitude loyale de la part de ces
PI. ■ ! ■ 1 * ~ instruments de la Porte,
ail avec le passé des pays roum
et avec les traditions qui s'y rattachaient. Sans comp-
ter que seuls ces bureaucrates, élevés pour les fonc-
LA CIVILISATIOX ROUMAINE EN TRANSYLVANIE 213
lions délicates de la diplomatie, dont ils étaient arrivés,
par une longue pratique ou par l'exemple seul de leurs
••s, à connaître tous le» rouages, auraient été capa-
- de noter tout ce qui concernait les intérêts turcs
dans les changements qui se passaient au-delà des
frontières.
A l'ancienne autonomie des princes indigènes avait
donc succédé un véritable interrègne, où la conduite
des afTaires fut confiée à des lieutenants nommés par
la Porte dans les mêmes condition* que n'importe
Is autres fonctionnaires de ' ' •: on les desti-
.....it, on les emprisonnait, on >. ..at prendre leur
tête, comme ce fut le cas pour Grégoire Alexandre
•;i, assa*» ^ en 1777. et pour Handscherli.
sacré à 1 :.■ vingtaine d'années plus tard,
on les décapitait en place publique (ce fut le sort du
•lii en 1768); ou bien on leur
il les rétablissait, on les faisait
passer d'une principauté ù l'autre (Constantin Mauro-
' * aa à onze reprises dans les deux Capitales
. sans plus de façons que pour de simples
auxquels ils étaient même inférieurs: si en
derniers avaient trois tougs, ou trois queues
ai, les lieutenants n'en avaient que deux. Ils
rvaient strictement les cérémonies au caractère
• iii)K'rial; jamais on ne vit un prince aller à pied, visi-
l<>r un boïar, paraître dans la rue sans un cortège qui
ait rivaliser avec celui des Sultans; cependant
..... situation tomba h un tel degré d'avilissement que
les plus intelligents et les plus actif» des (irecs dédai-
' ont de prendre possession de ces trAnes roumains
.. a ils disposaient cependant à leur gré. Se contentant
du simple titre d'agents de leurs créatures, de Kapou-
-. ils faisaient, comme ce Stavarakis que le
! pendre au beau milieu de ses intrigues, à Bu-
carest et à Jassy. la pluie et le beau temps, s'enrichis-
214 HISTOIRE UKS ROUMAINS
«aient plus que ces princes ambitieux et nuls qu'ils
commanditaient, san» partager leurs soucis et lenrH
dangers. \a:s fils de Grégoire Ghica II. ceux de Michel
Hacovita végétèrent dans ces humiliantes conditions.
P lU consul russe,
au c .. ...ins la personne
du marchand ragnsan Raicevich. auteur d'une excel-
.1 de
1 -.: - . -_ ,.-.--. ..-: --- .:ier-
ciale bien définie, et celui de Prusse n'était qu'un maî-
tre de langues ><
importance. Cc^ ■ ^
nés ne perdaient aucune occasion d'afficher leurs prt^-
f • ' :• • • 0. Tel «î "-oé-
ire Jean 'or-
dato, qui devait fournir par sa fuite en Russie un des
motifs de la guerre en 1"^'" présentait m'
coup plus que la suzera t^- la Porte, r<
tion russe envahissante, qui employait les Grecs pour
révolutionner l'Orient et préparer la fin de l'Empire
turc.
SlTl'ATION DES B(H\ttN i i in i! i i'I.i.. — ^' -'rjtu-
res de Constantinople n'aimnient guère les 1 tdi-
gènes; ceux-ci, de leur côté, quoique ne les aimant pas
davantage, essayèrent bien rarement d'intriguer con-
tre ceux qui jouissaient de la faveur ottomane et ja-
mais ils ne se révoltèrent, laissant le soin des émeutes
au bas peuple qu'aurait irrité la faveur de tel agent
grec au service de la Cour. Ils avaient emprunté mi'ine
aux maîtres une conception de l'Etat dans '
comptaient seuls les pauvres, les masses des coiti. ......i-
blés, la fidèle « raîa », toujours sovmise, de l'Empereur
païen, alors qu'il fallait user de la dernière ^
envers les nobles, les grands propriétaires iu;
chefs obéis de leurs serfs qui, du reste, s'étant Tiit
I.V CIVIUSATION ROUMAINE EN TRANSYLVANIE 215
ex : . ne Si' i»!
gu ^ Il II r. Déjà N
rocordato a>ait pris envers ses boîars moldaves une
ait" ■ ' - ' ^' • "• : ' : ::r ' " :;
dr
espèce de moufti obligé de prononcer des sentences po-
liti(iiies contre les personnes désagréables au - - —
nenient, il lui demanda nne condamnation
contre ces traîtres; un peu plus tard, en Valachie, il
fit exécuter de hauts dignitaires sous l'accusation
d'avoir entretenu des relations avec les Allemands. Si
les inariotes de Nicolas eurent une con-
du.w ,/.^, pecte, s'ils évitèrent d'entrer ouver-
tement en conflit avec l'aristocratie indigène, s'ils s'al-
!i« èl avec les grandes familles du
pas . jamais dans ces seigneurs rou-
mains que des rivaux qui auraient profité de la pre-
mière (K'c.i orable pour se faire rendre le droit
de régner .; l usurpé l'étranger.
Au milieu des conflits internationaux, ces boîars
eu' qui montre ' <ir inten-
tio lU régime d: mie sous
une protection chrétienne, dans lequel ils auraient joué
le rôle de muî' "i Serban Cantacuzène a\
gocié avec les i , urs en son propre nom
assurer l'avenir à sa dynastie, conservant à la noblesse,
qu'il n'avait pas consultée, ses setllt droits tradition-
nels: si, à l'égard des Rosses, Démétrius Cantemir
avait agi de même, malgré l'énergique opposition de
certains nobles à ce projet, lorsque Mtinnich arriva en
1730 à Jassj, les « libérateurs » ne trouvèrent plus de-
vant eux le prince lui-même, car Grégoire Ghica II,
re^? *= ' ' '^■■'tan, avait quitté sa place, mais bien
l'a' . avec le clergé snp^leor. qui repré-
senluiciil l« pays. Tout en acceptant de supporter les
lourdes charges dont le général russe accablait le pays.
216 IIISTOIIIK DRS noUMAIKB
ils demandèrent en échangt- ^u. .. Voévodc. h'îI ne re-
venait pas dans sa Capitale, fût déclaré déchu et que'
toute l'engeance des Grecs, sauf les marchands, fût
pour toujours chassée du pays; l'administration future
de la principauté, la conduite des armées moldaves
qu'on aurait créées était réservée à la classe dominante
roumaine.
Lorsque les troupes de Catherine II entrèrent pour
la première fois dans la Capitale de la Moldavie, |)our
occuper aussi, par un coup de surprise. Bucarest, elles
apportaient, non pas le drapeau d'une conquête politi-
que, mais celui d'une résurrection chrétienne, ortho-
doxe, slave et grecque, par la Russie et pour la Russie
Dès le début, on s'adressa aux boîars, et les Cantacu-
zène de Valachie, Pârvu et Michel, avaient fait tout
leur possible pour préparer l'intervention russe. On ne
parlait que de la « foi chrétienne » et du « Joug des
muhumétans », idée qui animait bien réellement les
soldais de l'invasion autant que leurs chefs. Cette
fois encore, les Russes ne furent pas reçus par l'auto-
rité princière; Grégoire Ghica III, celui qui devait être
plus tard la victime de la vengeance turque, se laissa
prendre par l'avant-garde des chrétiens et mener à
Pétersbourg pour en revenir comme client de l'Impé-
ratrice. Quant à l'aristocratie indigène et aux chefs
religieux du pays, on connaît leurs sentiments par
toute une longue série de mémoires que leurs députés
allèrent présenter à Catherine II d'abord, puis aux
diplomates réunis, en 1771, au Congrès de Focsani et
à Roumientzov, le commandant suprême des armées
impériales. Ils voulaient d'abord la réunion de leur
pays aux provinces de la Russie, mais sous la condition,
énoncée par les Moldaves aussi bien que par les Vala-
ques, que les afTaires fussent confiées h un Comité aris-
tocratique • de douze boïars, que tous les fonctionnai-
res et les ofniiir»> fiiv.>iin| tMus pour MM 11? .f •'«ipace de
LA CÎVIUSATIOK ROUMAINE EX TRANSYLVANIE 217
temps et pris parmi celte classe et par elle-même, les
droits souvrains seuls devant être exercés par le géné-
ral russe établi dans la ' du pays (1).
On parlait déjà de l'ii ...ii qu'avaient le» jeunes
gens de cette aristocratie roumaine de voyager au loin
pour leur instruction; on voulait établir dans le pays
même, à côté de ces écoles grecques qui, souvent réfor-
mées, restèrent dans les deux Principautés le seul cen-
tre i :it de culture hellénique, des « ' " nies
de Se. ... . d'art et de langues ■'. On sent nce
des précepteurs étrangers, venus soit d'Allemagne,
î' •• Obradovilch, le créateur de la littéra-
rnc, soit surtout de France, pour ensei-
gner la langue qui dominait alors l'Europe entière et
■ -;c accès à la pli:' ' ' «litlque
! ^ <'S phanariotes, «[ > *e ser-
vir du français dans leurs relations internationales,
* ' 'lires français comme Linchoult
.ens comme Nagni, qui. tout en
remplissant leurs devoirs officiels, contribuaient à in-
troduire dans la société l'esprit occidental. Déjà les
livres français étaient lus avec avidité par les lettrés de
ce monde qui. sous une apparence toute orientale,
toute con.stantinopolitaine. et plutôt turque, gardait
cependant une propension marquée pour les idées
de l'Occident. Leurs lectures étaient peu variées;
c'étaient des romans d'aventures et des traités sur les
mysli-res de la franc-maçonnerie, des livres de sciences
exactes à côté des fantaisies pastorales de Florian et
des poésies de Racine et de Voltaire — on s'empres-
sait de pasticher en grec ce dernier, — e'étaient sur-
tout les journaux en langue française, venus de Hol-
lande aussi hirii «ju»' «le Paris. L'évéque de RÂmnic,
(1) V. ootre Hiêtoin été rtlations nitao' nu mainte, p. lëJ
et saiv.
218 HIBTOIMI DU ROtmAUCt
(^saire, nn des principaux représentants de la cul*
ture religieuse k cette époque, faisait venir pour son
iisaj:' 1 VEncyclopédie, ai]' ' toutes let
héri-s lUses à une Ame o < ; un peu
plus tard, l'évéque moldave de Hotin, Amphiloque, qui
avait connu l'Italie et parlait l'italien et le français
probablement aussi, donnait la première Arithméti-
que et la première Géographie qui eussent été publiées
en roumain, et peut-être fût-il aussi le traducteur des
Voyages de l'abbé de La Porte, qui avaient t^té d'abord
imprimés en russe. La typographie métropolitaine de
Jassy donna une version roumaine du roman français
CritiU et Andronius, La première Histoire de la Mol-
davie et de la Valachie, par Carra, le futur conven-
tionnel, qui n'était à ce moment que l'ancien précep-
teur, fort mécontent, des enfants de Grégoire Ghica III,
parut, contenant des critiques injustes plutôt qu'une
information exacte et sincère, à NeufciiÂtel, en 1782,
presqu'au même moment que l'opuscule de Raicevich,
les Osseruazioni. Il y avait déjà à Jassy et à Bucarest
tout un monde de lecteurs assidus des produits occi-
dentaux apportés par la poste d'Autriche et que dis-
tribuaient les agents de cette puissance. L'Académie
moldave avait été réformée dans un sens moderne, et
on y faisait des leçons de latin et même de français.
Des satires véhémentes s*'" ler
les vices de la classe dominer . ies
■ vertus », comme celles que pratiquait et prêchait
R(rf>espierre aux dél. ni-
que ». Des Grecs des 1 ^ )n
seulement des témoins de la Révolution française,
comme ce Constantin Stamati qui avait espéré pou-
voir être consul de France à Bucarest, mais aussi des
hérauts au mouvement révolutionnaire de la Grèce
renaissante, car Rhigas. l'auteur de la « Marseillaise »
hellénique, avait débuté dans l'antichambre de tel
I^\ CIVIUSATTON nOtVMVF rv TnAXSYI.VANÎK 219
bi'1.1' 1 ;it 11 etail nei.
Ou aii.»it entendre d . , . . , ,^
inaines les accents téméraires de la Carmagnole.
Ce fut alors que les Russes et les Autrichiens c- ;t
hirent de nouveau les Principautés, où ils rencoi.
rent tout un parti de boiars qui étaient habitués à
parler des origines romaines, de la liberté néces^^nire
au développement des peuples, de « l'Etat chrétien
grand et puissant •' qu'il aurait fallu créer sur le Da-
nube dans l'intérêt même de l'Europe. Il s'agissait
maintenant de « nation roumaine •. qui demandait
le respect de ses droits naturels, et non seulement des
privilèges de classe que le passé historique lui avait
légués. On voulait la restitution de la ligne dn Danube,
'orteresses turques, le payement du
' «< bourses », à 500 piastres, par le
moyen d* >sadeurs chrétiens à Constantinople,
la lil>erté du -^ les produits d'un pays
qui tendait u v. vage, comme principale
source de revenns, contre Tagriculture. sar nn sol
n": ' «ordinaire. On arait dé-
sir ion commune de la Ras-
', de l'Autriche et de la Prusse: on s'arrêtait à ce
nionunt \ les deux Puissances impériales seu-
les <iui |i.: < lit à la nouvelle guerre. Mais il fal-
it aussi qu'un prince élu selon la coutume, qu'on
;i. ' * •' ment pour l'élection d'Alexan-
(\ i. disposât d*iine armée na-
1- dont hi m lirait été de défendre la nea-
1812. Constantin Hypsi-
lanti, qui ne manquait certainement pas iTinltiattve.
après avoir été rétabli sur son trAne de Bucarest par
les Russes, qui lui cunflércnt même pour qaelque^
,1i fnn''"rhirt lit.-ri.r^ mnnèr 19ÛI. n ll3ft«t «Itiv.
220 HISTOIRE DU ROUMAJMI
mois l'administ ration des deux Principautés, créa une
armée nationale, où il y avait cependant aussi des
Serbes, des Arnautes, des Tran^ ; il rêva d'être
roi de la Dacte et même de la h..:... révoltée contre
les Turcs. Sa mère appartenait k la famille Vacarescu,
étant proohe parente du poète Jean, et Ton peut voir
dans ses intentions l'influence des projets formés par
les boîars indigènes en 1791.
DÉCADENCE OE LA CIVILISATION NATIONALE DANS 1^14
PRINCIPAUTÉS AU XVIII* SIÈCLE. — Malgré ces preuves
éclatantes d'une nouvelle conscience nationale, ce
n'était ni le prince, ni les boîars qui pouvaient conti-
nuer et développer la civilisation roumaine, alors en
pleine décadence dans les deux Principautés. Le pre-
mier, toujours en mal d'argent et toujours menacé par
des intrigues, n'avait ni les moyens, ni le loisir néces-
saire pour élever des monastères ou des palais d'un
nouveau style, dans lequel seraient entrés des éléments
empruntés aux courants d'art de l'Occident; on n'eut
que deux seules fondations princières de quelque im-
portance: Pantelimon, près de Bucarest, et Frumoasa*
au bas de la colline de Cetatuia, à Jassy, toutes deux
dues à la piété libérale de Grégoire Ghica II. Si Nico-
las Maurocordato confia la mission d'écrire la chroni-
que de son règne à Nicolas Costin, fils de Miron, puis
au secrétaire Axintie, s'il fit rédiger une chroni(|ue
valaque correspondante par le Vomie Radu Popcscu,
déjà auteur de Mémoires personnels, s'il ordonna de
rassembler en uu corps de récits toute la tradition his-
torique de ces pays, dont il avait appris la langue
pour mieux connaître — ainsi qu'il le déclare lui-
même — leur passé, ce prince, qui écri\it des traités
de morale en grec, ne put pas donner une impulsion
durable à ce genre, qui devait se perdre bientôt dans
l'aridité croissante d'une vie politique nulle, dont les
LA CnriUSATlON ROUMAINE EN TRANSYLVANIE 221
passions avaient disparu. Nicolas Costin, qui essaya
aussi de donner un large exposé des temps anciens
de sa race, n'était qu'un pédant lourd et incapa-
ble de faire une uruvre originale avec les connais-
sances que lui avaient infiltrées les Jésuites polonais
de Jassy. Quant à ses continuateurs, membres de la
classe des boiars. on ne reconnaîtrait guère dans leur
maigre exposition historique cet esprit de progrès
politiii nous venons de constater.
La jue se mourait, et aucun autre genre de
littérature nationale ne venait la remplacer. II y eut
bi ' '"nx de tr;i ' : ' -nprimées dans les
[\ , lopales . laines; elles pros-
Ix'raK-nt. mais ne concernaient que la théologie et
('taiont destinées surtout à la lecture des moines, et
nit'ino des membres du clergé séculier, encore très peu
cultive. Toute une école de traducteurs se forma dans
le grand couvent de Neamt, sous l'influence d'un
étranger, d'un Russe, revenu du Mont Athos, Païsius.
Mais on ne trouve que rarement, dans quelques préfa-
ces lourdes, confuses et naïves, l'expression des idées
qui devaient renouveler la société roumaine. Un
noble, qui connaissait, non seulement les langues
orientales, mais aussi le français, l'italien, auquel U
emprunta des néologismes qu'il mêle aux néologismes
tiirrs, .Jean (Jenachita) Vacarescu, auteur d' "' s-
loirc des empereurs ottomans imitée de it,
s'avisa d'écrire une Grammaire de la langue rou-
maine el donna «Irs viTs. moins jMUir faire on •'•-
tique qui- pour monliti 1 api»inatinii des rèf; la
prosodie. Mais pour rendre la vie à TAme roumaine,
il eùl fallu des écrits animés d'une inspiration nou-
velle.
On ne pouvait même pas penser à une littérature
I). — 'a classe moyenne étant composée en
^. d'étrangers, surtout de nouveaux arri-
222 mSTOIRB DES ROUMAINS
vants. Grecs. Serbes, Bulgares, envoyés par rOrient.
Ces artisans, ces marchands enrichis ont Inscrit leurs
lis «leulrmcnt sur ' ' ' ' ! ' i s égll-
l>;'klies par eux. ' ^ boïars
sortis de ce milieu chantaient dans des vers prosaï-
ques l'épopée, plulAt bu ' ' -, du ■• Grand conqué-
rant » Maurogéni ou <i< iil, comme l'Anonyme
qui signe « Le Roumain zélé » (Zilot Homànul), les
mulheurs du temps.
Quant aux paysans, on venait à peine de leur ren-
dre cette liberté que leur refusaient certains de leurs
propriétaires, les confondant avec les troupeaux de
leurs Tziganes esclaves. En 1746. on promit, en Vala-
chie. la liberté aux serfs fugitifs qui auraient regagné
leurs foyers: ils ne devraient désormais que la dtme
et six jours de travail par an. Bientôt, un acte solennel
arraché par le même prince Constantin Mai; ito
aux boïars reconnaissait que ces paysans a.... ... cté
<• asservis par une mauvaise coutume » ; en payant dix
piastres ils pouvaient se racheter. Enfin une troisième
mesure, prise par le jeune Maurocordato en .Moldavie
décréta que la terre appartenait de fait aux paysans
qui en ont hérité, tout en rc int que la défense
de quitter la glèbe faisait pa:.^ i droit usuel. Il fut
désormais interdit d'employer, pour les désigner, un
autre terme que celui de villageois; des r nts
fixèrent à vingt -t|ualre et même à douze jou , an
la ({uotité du travail dû par ce villageois, astreint à la
(lînie, dont rî " ' " "de
li'gumes et II . , . ^oa-
ter que c'était une mesure fiscale, destinée à arracher
au boîar son paysan pour le rattacher de nouveau di-
rectement à l'Etat.
La poésie populaire chantait bien l'héroïsme du haï-
doue, du paysan en rupture de ban envers le boîar
aussi bien qu'envers le fisc, qui faisait œuvre u démo-
I.\ CIVIUSATION nOUMAIXB EN TRAMSYLVANIB 223
cratique > dans la forêt contre ses oppresseurs, mai*
pour que cette classe pût accomplir one œuvre solide
de civi le son sein iv *
pu SOI L. _..> :.--.„ — ie rurale ", ui — .-— e
de chefs selon l'esprit. Or. ce développement nouveau
ne devait pas se réaliser avant plus d'un siècle, et tout
(I'alior<I en TranSi^'lvanie.
"~ DE I lt.\.>:»i i.> A> Il 1.1
. fin du XVII* siôcle
cette province, sur laquelle pc- lus en plus iour-
dcm "» '■ •• - '■ '''jue et socv»'-v
m <|ps pri
irs et de icur ari»to'
..>. Autrichiens qui se j^.v,. ..w^.....
leurs d'un nouvel ordre de choses. I>e dernier prince
qui régna rcrlKinent, Michel ApafTy, que les Turcs
avaient tiré d'un coin obscur du pays des Szckler pour
lui confler cette province vassale, avait conclu une
co: t avec le duc de Lorraine, commandant des
it M.., . . allemandes, par laquelle, de fait, il abdiquait
pouvoir. M^me avant que le traité de Carlowitz eût
reconnu la possession de la Maison d'
Transylvanie, on s'occupa de donner de n i
-s à celte domination chrétienne qui venait se substi-
lu îiongroiMt du moyen âge et à
IV . le.
Or. les Magyars n'acceptaient guère volontiers cette
d<' ande et catholique qui menaçait la
M u^ .. ur nation et de leur classe. Les Saxons
s étaient mal disposés, car Us craignaient
pour rtés que les princes autonomes avaient
respc ^isqu 'alors; en outre, ils détestaient la
soldatesque brutale des envahisseurs et redoutaient
d«- ■ irei il celles «î ' " r
If ittuait la poi II*
224 HISTOIIIB DBS nOUMAINS
pays, celui des Szeklrr, était absolument déchu
membres étant devenus presque les serf» des qu' i-
ques familles nobles qui s'étaient établies au mili* u
des villages jadis libres. Pour imposer en même temps
l'autorité de l'Empereur, le système >■ né du
fonctionnarisme autrichien et l'Eglise r;t. ,.ie. que
les Jésuites apportaient dans leur bagage, il fallait
donc l'appui de la majorité, jusqu'ici négligée et mé-
prisée, de la population transylvaine: des Roumains.
On commença par proclamer V» Union de l'Eglise
valaque » qui représentait dans les seules formes
légales la vie de la nation, avec le Saint-Siège;
on promit aux prêtres qui reconnaîtraient le dogme
occidental en sacrifiant les quatre points de divergence,
de les assimiler comme situation matérielle au clergé
catholique; puis on s'adressa à Tévéque lui-même. Il
avait dépendu jusqu'alors, comme tous ses s-
seurs, du Métropolite de Tàrgoviste et du j le
Valachie, ainsi qu'avait dû le reconnaître ApafTy
aussi, au cours des difficultés provoquées par la dé-
position de Sabbas; c'est d'au-delà des monts que lui
venaient non seulement sa consécration, mais aussi
des conseils de direction contre le calvinisme envahis-
sant, des revenus, car la Métropole roumaine de Tran-
sylvanie possédait par la grâce des Voévodcs des biens-
fonds dans la principauté voisine, des ornements
d'église, qu'on demandait, du reste, depuis quelque
temps, aussi à Moscou, et des livres, de ces beaux
livres qui sortaient des presses valaques. Celui qui
tenait alors la crosse était un homme timide et sou-
mis, Théophile: dès le mois de mars 1697, réunissant
quelques protopopes à la mode calviniste qui admi-
nistraient, en vrais chorévèques, les districts de son
diocèse, il leur fit admettre facilement de se convertir
au catholicisme, à condition de maintenir les rites qui
se rattachaient à toutes les traditions du passé: les
LA CIVILISATION ItOL'liAINK EN TRAN'SYLVASIC 225
arnu'iiii- - . :i' •. la litui ^' >
rourii.iiii (if .i. riturc, U-^ t •. s ^
"^les ancêtres. En même temps, et surtout, on voulait
régalité :i\ autres : : « que les l'nis ne
soient plu- lérés coi >léré8 ", qu'ils soient
avancés et admis dans toutes sortes d'emplois; que
leurs fils solir' is sans distinction dar ' • -' -
latines des c* ;*'S et dans les fonda,
res ». (1)
'" ■■ ' ' ' ' ^ ...li ^vnode
1 . . mase,
ni était ailé, selon la coutume, se faire consacrer par
^''' ' '.(in valaque. Préoccupé seulement de se
litre les attaques des Jésuites, il était dis-
p< utes les concessions, même à celle de rom-
pre luv liens, si profitables pour ses revenus, avec le
^i^^e (\e Tàrguviste. II y eut bien une résistance, dans
is où le calvinisme s'était enraciné et dans la
> aii^j. ivanie méridionale, qui avait pour centre Bra-
>v, avec son faubourg roumain des Schei, et où Pin-
(lenoe du riche et puissant Brâncoveanu était la plus
' ■■ L'autorité militaire et la persécution r •'•"•■•v-'
fièrent pour briser les efforts des reçu
ij dr leurs clicfs. Job Tirca, qui se réfii lard
1 Moldavie, devint le superintendant ca. l>our
s Roumains du prétendant François Rûkocxv. Mais
- à Vienne fut imposé au pauvrr >-
,ji ne comprenait nullement la i. ,. le
istorique du moment: sa rudesse naive fut, sous l'in-
Iluenoe j< U-ment à résipiscence: il
reconnut . ,_. ^^- comme son supérieur.
admit le contrôle et la surveillance d'un > théolo-
en " de la milice de Jésus, qui. avec le simple titre
1) Voyrz notre HiMtoirt df Rommtmlm» et Tram$9l9ani9 et
Hongrie. II. chapitre I.
326 iiisToiHB un novuAXHt
d'acolythe, allait être de fait le chef et le maître;
admettant que la première consécration, accomplie
par des schismatiques, n'est pas valable, il déclare
renoncer désormais À tout rapport avec le Valaque et
son Métropolitain. Pour l'en récompenser, la Cour le
créa conseiller impérial, lui flt > liiie
d'or portant le portrait de 11-..., — u. :. alla
avec une solennité extraordinaire dans cette résidence
de Fehérv^ir dont son successeur allait «'' toi
chassé pour ne pas porter ombrage au r< .nt
de l'Eglise catholique romaine (1701).
Selon le désir des protopopes, cette ni ni
dû cependant promettre, au moment < ar-
mait Atlianase, de reconnaître tout Roumain uni à la
conf' ' ' "^^ — , .
« fils de la patrie », Mais, alors que les concessions
faites par les Roumains étaient affichées à grands
fracas, pour rafTermir de la sorte la position des Im-
périaux en Transylvanie, cette reconnaissance fut
t î:\ns le plus strict secret pour qu'ensuite, « dé-
c » par les Roumains eux-mêmes, elle fût
inscrite sous le second successeur d'Athanase sur I^*
drapeau des luttes pour le droit
De leur côté, les fonctionnaires travaillaient à dé-
truire tout le passé de la nation. On brisa violemment
avec Brâncoveanu, dont le Métropolitain et son tu-
teur, le Patriarche de Jérusalem, avaient lancé l'ana-
thème contre l'apostat et le transfuge: on lui enjoi-
gnit brutalement de ne plus se mêler aux affaires d'un
pays qui avait un autre souverain. >« Pourquoi ce
prince, qui est un homme comme il faut, répondait-
on à l'ambassadeur anglais revenant de Constantino-
ple, s'occupe-t-il des décisions que prend l'Empereur
dans son propre pays en ce qui concerne des ques-
tions religieuses, alors que TEmpir*' n'i jamais de-
i
LA CITIUSATIO.H ROUMAINR EN TRANSYLVANIE 227
mandé au prince de Valachte twiumcat il pror-r' ■
pour \e% afTair'-s de mémo ntilure dans sa pi' , .
princi[
A lu liiw. . w ........,>.^.. .V .le l'église valaquc
fut confié à des Jésuites ' s; on pensa mt^me à
cl ces co: is et a!
le .... de l'éw,,» :. ju finit L.. .. ,,.i.
élire un Roumain, qui avait fait de brillantes études
à ^ ' de Palac, mais il ne fut plus un
— , - -_-- ce seulement pour les siens, ni
même un évéquc de Fehérvar, où Ton devait élcvt-r
Ml lines de ' •" " hel-le-Brave la f
rr ,'»'Tïale d ,, , ir une bulle de —
velle fondation, le Pape, qui feignait d'ignorer tout
*"21, un évé<|i j Fagaras.
>ion de ce a siège fut
ouverte, les électeurs s'arrCtèrent. après une longue
vn >ur la personne d'un simple écolier, <! ' î
i« I ' dépassé depuis longtemps l'Age -: i-
des, Jean Innocent Micu. " baron Klein », par In
grArc âc !'• - -rur. On r' '
iIiK ile in s; . pour di
tes j»ar l'acte d'L'nion et dépouillés cependant d'une
récompense si solennellement promise; il n'en fut
pas ainsi, f>ourtant. Ce nouveau chef de l'Eglise rou-
maine devait être non seulement tout ce que lui ins-
pirait son tempérament fougueux et tenace, v-'--
aussi le représentant de ces paysans de Transylv
qui, comme leurs congénères de» Principautés, n'ou-
bliaient pas, au milieu des pires épreuves et de l'hu-
miliation la plus profonde, leur droit humain et natio-
AaJ. Si l'aristocratie roumaine n'avait pu rien con-
lerver de ses attaches avec la race qui l'avait pro-
duite: si. tout en rendant des services h la cause com-
m':i
228 IliSTOIltB DKS ROUMAINS
clergé ftéculif r ne se distinguait ni par les lumières, ni
par la moralité nécessaires pour diriger un mouvement
de cette importance; si enfln. les couvents roumains,
anciens centres de la civiK^ation traditionnelle,
avaient été violemment désaffectés et évacués, toute
lu résistance se concentra dans la ' om-
breuse et vaillante. D'autant plus <1 ; en
lice pour sa liberté que, au lieu d'améliorer sa situa-
tion, les « nations » constitutionnelles faisaient tout
leur possible, de concert le plus souvent avec le groupe
des nobles mag>'ars qui formaient le « gouverne-
ment <> de Transylvanie, pour l'aggraver. Les villes
saxonnes voyaient déjà dans l'établissement d'un ré-
gime allemand une occasion unique pour transformer
en serfs, comme dans les provinces de l'héritage au-
trichien, ces musses paysannes sur lesquelles elles
avaient seulement des droits précisément spécifiés
dans les vieux privilèges. Dans la liberté des Serbes,
établis sur la frontière méridionale du royaume de
Hongrie, avec leurs chefs religieux et nationaux, —
l'archevèque-patriarche à leur tète, — avec les offi-
ciers de leur armée purement nationale, les Roumains
avaient des coreligionnaires, dont la situation était
infiniment supérieure: il suffisait donc de revenir à
l'ancienne foi, accepter les évéques orthodoxes ser-
bes et peut-être d'entrer dans les rangs de l'armée im-
périale, ainsi que le firent plus tard, vers 1760, les
Grenzer. les Graniceri de Bistritz. de Nasaud (Naszôd)
et de Caransebes (Karansebes). pour participer aux
mêmes privilèges, qui confondaient la religion et la
nature des services prêtés à l'Etat avec la nationalité
elle-même. Déjà au moment où Micu commença son
activité, des évêques serbes traversaient à cheval les
régions à l'Ouest de la Transylvanie, distribuant au
milieu des soldats leurs bént<r ' ' TV, on
préférait tel prélat slave en (jt) i i de
LA CIVIUSATION ROUMAIXB EM TIIANSYLVANIE 229
contributions volontaires à la propre personne du
pasteur officiel de la <• religion roumaine
La première *' ' '' ' ^ ' . . iU, lauo en
1735, montra h. niait servir
un peuple dont il se considérait, d'après l'ancienne
tradition, comme le chef unique. " Nous sommes,
disait-il, les maîtres héréditaires dans ce pays des rois
dès l'époque de Trajan, bien avant que la nation
saxonne fût entrée en Transylvanie, et nous y avons
jusqu'aujourd'hui des domaines entiers et des villa-
■^vs qui nous appartiennent en propre. Nous avons été
«crasés par des charges de toute espèce et par des
niisi i I s millénaires de la part de ceux qui ont été plus
ts que nous '•. Il fallait donc satisfaire, non
iont à la promesse formelle de Léopold 1", mais
aussi aux exigences de la proportion numérique, de
la Nalciir d'une race iK- bons laboureurs et de vaillants
soldats et au droit historique, en reconnaissant aux
Roumains la qualité d'une nation constitutionnelle.
M nouvcla sans cesse, pen<lant dix ans, ses
réi is. A Vienne, au moment d'une guerre dif-
ficile contre Frédéric II, on craignait d'indisposer les
; s, dont ' " ■ aie, l'or}^.. ■" >i\ puis-
( les pr* . N constitu un dan-
ger permanent pour la domination impériale en Tran-
sylvanie. Les pétitions de rév('-(|ue " v.i" furent
•loue renvoyées au goim riuijKnt de la . c; a la
Diôte. elles furent accueillies par des mouvements
d'indif^nation et des huées. <^ On nous traite pis que
des .luifs . s'écria le prélat indigné; est-ce donc tout
IHbce qu'on peut faire pour une nation de 500.000 ânies
■^ et qui a toujours donné des preuves de sa fldélité ab-
solue? ' Il fit venir les paysans À ses synodes de prê-
tres (t. fort de leurs bruyantes approbations, il refit
le c!:cmin de Vienne. .Menacé d'être arrêté, il partit
enfin furtivement pour Rome; son départ donna le
230 HISTOIRE D«S ROV MAINS
signal de la jacquerie contre la <' nouvelle loi • et ses
rcprt^entants, laïcs et cor'
Son successeur, Pierre-l' '....... un ascète, que
Micu avait anathématisé lorsqu'il remplissait le» fonc-
tions de vicaire, ne fut donc reconnu (\v
bre très restreint de lidi-les. Les auti
des agitateurs serbes et, ne trouvant pas d'appui chez
les Ph' s des deux Pi"
saient, ci ans résultat, à la
une vraie révolte, dont le chef fut un simple moine.
" -. vrai « roi -• roumain de ' '"
La Cour dut céder; elle ti
d'éluder les difficultés en accordant aux partisans de
cet apôtre de la violence un évc((i
déjà en possession du siège de
autres prélats allaient lui succéder jusqu'à l'interrè-
gne de vingt ans qui précéda l'élection, en 1810, du
Roumain Basile Moga.
Mais le peuple ne voulut pas non plus de ce Serbe,
et les qualités supérieures des chefs de leur r:— '^•'■
étaient les évt^ques de Fagaras, transportés di
un village quelconque, à Blaj (Blasendorf,
falva), ne leur gagnèrent pas davantage les cu-ii..^. j...
classe paysanne, préoccupée en même temps du pro-
blème social, était en pleine ébullition, surtout dan^
les régions montagneuses qui avaient vu tous les ges-
tes d'énergie de la race, depuis les combats anciens de
Décébale jusqu'à la jacquerie du moine Sophroniii^
Les serfs du domaine impérial, des mines d'or, se sou-
levèrent contre l'exercice abusif des droits féodaux,
sous la conduite (J is l'rsu Horea, qui
dait avoir une miss .crête de Joseph II, cl ->
compagnons, Closca et Crisan. Tout en pillant les châ-
teaux et en massacrant les ne'
gés de France en 1360, ils en . l1,
que le pays restât entre les mains seules de ses rrab
LA CIVIUSATtON ROUM/UNB ES THANSTLVANIE 231
fils et défenseur». La milice impériale n'intervint que
bien tard pour mettre fin à l'anarchie. Trahi par leurs
compatriotes, les chefs du mouvement furent pris
dans leur refuge: l'un d'entre eux se suicida en prison.
s, dont Horea. subirent le supplice af-
- — ._ue, à la place mêuie où, trois cents ans
auparavant, un prince de leur race entrait en triom-
plial< ur, après 'éfait les défenseurs magyars et
saxons de la 1 r unie (1781-1785).
Mais déjà les efforts des Roumains de cette province
is une autre
agissait plus
de s'assurer un appui dans l'administration antri-
' ■ ' ...... r»€mis técu-
I) passé qui
lu- \ '.niait pa.s encore capituler devant la nouvelle né-
' ' n ne s'agissait pas même de poser
ite. qui devait être aussi longue par
ses tati^ms t-; ifTrances que féconde dans ses
derni«rs rcsuH.n-', i.i " mce des i^o; ■-
comme nation conslitu' ,s la provint
parla;^iaionl avec les M _^^ i S.»\ .ns et les Sre-
Itle*. (>!' ......--ut enfin (ju ti lullail a\aal tout donner
à un pt louer enfin de si ancienne* et si
fortes eiilî.i> (lie arme invincible: la nce
'" ''• •' «" . ivc de son droit et de ses tr.i .
le martyr avait parlé de Ti ).; ii ro-
'. de la mMrsvi- de sa race
, irompue sur la terre de son
lurit.i;4e. L'inspiration lui en était venue des études
IH litcs dans les collèges de Jésui-
H :iies moldaves et \'alaque$. qui
donnaient un sens actuel à ces notions scolastiques et
r ^
232 uisTotiiB on roumains
Aaron. Lorsque les disciples de ces séminaires et de
ces colli'ges purent chercher à Vienne et à R<
intime la source de leurs connaissances, ils u
que se fortiller dans une croyance qui devait être à
travers toutes les niisf'rcs, l'essence nicnie de leur vie.
Dans cette Rome, où le grand prélat était mort déses-
péré, ses disciples des établissements de Blaj venaient
de reprendre l'truvre ;t^ ' -
blies. Celait une de ■ . ^
que la justice trouve toujours pour sauver sa cause.
Presque au même moment, un parent de '*" >
jeune Sloe, en religion moine Samuel, Georgt- .
de Sinca, fils d'un de ces boïars de Fagaras qui ne gar-
daient dans leur pauvreté et leur abandon que la
gloire vaine des anciens titres, enfin un troisième reje-
ton de cette même classe rurale, Pierre Maior, se for-
mèrent dans les établissements ecclésiastiques des
Etats autrichiens et de la ville pontificale: ils ne de-
vaient pas trouver seulement une discipline monasti-
que: leur esprit indépendant de paysans combatifs
voulut s'approprier les moyens de continuer une lutte,
dont, tout jeunes et isolés qu'ils étaient, ils sentaient
devoir être les chefs. En 1783-1784, ils étaient do
retour; ils avaient abandonné le froc et vécurent d'em-
plois secondaires: prêtres ou protopopes, direct
scolaires dans les nouveaux établissements de culU..
germanique fondés par Joseph II, correcteurs à la ty-
pographie en caractères cyrilliques de l'I'niversité de
Uude, ils restèrent tous trois jusqu'au bout '1' s rh.'v i-
liers errants de leur idéal national.
Ces 'es de l'école transylvaine dii
à la di le leur race des grammaires en .
latines, des dictionnaires étymologiques, des chroni-
ques, qui sont, comme celles de Micu et suri- m i
comme le grand recueil de sources, rédigé en latir.
en roumain par Sincai, des plaidoyers pour la noble
i
LA CIVIUSATION ROVMAIKB ES TRANSYLVANIE 233
origine, la gloire guerrière et le droit inattaquable des
Roumains, sans aucune différence de pro\ince. Cer-
tains de ces ouvm^es, comme celui de Maior sur l*On-
ffine des Houmaiiis en Daeie, put être répandu par
l'impression: les autres circulèrent en manuscrit.
Mais, si l'on veut mesurer l'étendue et la grandeur de
leur influence, il faut penser à tout l'enseignement sco-
laire qui fut dominé par les mêmes idées dans les
é<-c)les de BInj: ces écoles, en plein développement,
créèrent l'esprit même des nouvelles générations, au
moment où la grande Révolution ouvrait à tous les
prlipN^s fîrs |HTsjMT}i\ r\ ri"
Pendant rotte grind- » : n européenne, qui
atteignit les Magyars aussi, séduits par l'idée de re-
r i ms une forme ' • leur ancien Etat
j u. il y eut parmi tins un mouvement
semblable. Dans la classe cultivée ne manquaient pas
les '. j)! ■' 'les ", gagnés par l'esprit nouveau: il
faut roiM ,e dans leur groupe, non seulement des
professeurs et des écrivains laïcs, comme le médecin
Molnar, fameux oculiste, et comme ce Budai-Dcleanu.
qui fut. plus tard, sur les traces de Voltaire, l'auteur
d'un poème héroï-comique consacré aux exploits ima-
:••" ■■•••■^ des Tziganes sous Vlad Tepes de sanglante
-, mais aussi tous ces membres du clergé uni
qui participaient au mouvement littéraire et scolaire
ft dont les chefs avaient si rapidement jeté leur froc
aux orties. Les jeunes gens qui, avec des subsides de
t*t sous la protection de la Couronne, faisaient
^ t les guerres de la République et de l'Empire
eurs études aux Universités de l'Occident, n'en furent
ns imprégnés; entre autres, ce Georges Lazar,
1 :a serf du pays de l'Oit, qui, après avoir suivi
les cours de philosophie et de mathématiques à Vienne,
'(m l'eût destiné à être évéque. sa
wc. devait être à Bucarest le («rand
234 HIITOIRB DIS KOUMAINt
innovatrur qui donna un nouvel essor moderne à la
conscience roumaine.
Il ;•' • ■■■ iit
au m< . '^*^
brochures, dont chaque page contenait une réminis-
cence du passé romain et une indi " vers la liberté
future. Puis, au moment raème i" icnçait le long
conflit entre la Révolution et les Fuissances monar-
chiques de l'anci -■-.■--- un fonctionnaire autri-
chien, imbu des s«)pliiqu('H, Joseph Mehes
(Mehessy), ri(!i,<;i jiour les deux évoques de la na-
tion, le Serbe t.i Ihoiioxe, qui n'osa pas refuser ^ ■ --"t-
ture, et le somptueux chef de l'Eglise unie, .i
une pétition de droits au nom de la nation roumuini .
— non de la « nation » dans l'ancien sens du mot. ■
malgré les efTorts de tout un siècle, on avait con
ment refusé de la reconnaître, mais bien de la naiiun
par la grâce de Dieu, par la réalité des choses, par son
propre droit naturel, telle qu'elle était proclamée à ce
moment, pour tous les peuples, par les rêve!
res de Paris. Par ce « Sitpplex liheilus », qui j .-,^..1
une violente indignation parmi leurs compatriotes
pr s, les citoyens roumains de !
tru.,. ..up longtemps de << Valaques toléi-
daient que leur liberté, de souche romaine, fût admise
par l'Empereur, conn-
ce million de contribu ^ ^
Mag>'ars, des Saxons, des Szekler, ces « citoyens
lant une autre ht: la patri<
des comités rouin , s aux n< .
ments de la France et portant des noms étrangers mu
passé fussent constitués; enfin qu'une AsseasMéi
tionale choisit des délégués pour reprétcBter d<
mais les Roumains à Vienne. Malgré les protestations
furieuses de la diète de Transylvanie, qui n'"
« révolutionnaire » que pour arracher de nou >
LA CIV1USATION ROUMAINE EN TRAXSYLTANIE 235
pri>iléges à la Couronne, on persista énergiquement
dans l'idée de V « Assemblée nationale roumaine ».
compr * ---T les mili* ■ ' les noh! '" ' ri
le cit. r et le , et de ;i
mandes furent adressées à Léopold II qui, tout en ne
• "' mt rien innover, ne pouvait rien refuser.
litôt cependant l'attention du monde politique
autrichien fut complètement absorbée par les guer»
res d'Occident, qui paraissaient devoir amener, sous
les rudes coups des généraux de la Révolution et de
N . la fin de la Monarchie des Habtboitrg,
< I ■ l'Allemagne et menacée même dans la pos-
S' ses provinces héréditaires. L'activité intel-
lit lui iio . is de Transylvanie fut imm-
sée et i.iij... - :>. ces nouvelles écoles qui . v^
vraient dans tous les coins de la province, demandant
de* liv lie une génc
1er. Pl ^ ..Lre au grand : ^
voqué par les écrits des humbles et hardis coryphées
de 1* •• Ecole
condes consC(^i
posant de moyens supérieurs à ceux de l'évèché de
ni • ' Mi enfin à Sibiiu.
CHAPITRE XI
Renaissance roumaine au xix siècle
avant l'union des Principautés
RÉVOLUTIONS ET RÉFORMES DANS LES PRINCIPAUTÉS:
l'hétairie grecque et le mouvement national. — Lf
terrain pour une grande action nationale dans les
Principautés était déjà préparé. Il y eut des «- philo-
sophes » non seulement parmi les princes, qui imi-
taient les souverains réformateurs de l'Occident, et
parmi les boïars, portés, dans le bouillonnement de
leur esprit vivace, à lancer des critiques qui altti-
gnaient même les bases de leurs propres pri\ilèges,
non seulement parmi les écrivains, comme C
tin Conachi, créateur en Moldavie de la nouvi i ,
sie roumaine, qui ne se borna pas à reproduire la ly-
riqii ' "■' •• ■ ni à travestir P«»!
sev ", ou comme K-^
Jean Vacarescu, Alexandre et Nicolas, et son petit-
fils, ayant étudié à Pise, lancu, mais aussi parmi les
membres du clergé supérieur. Alors que, dans le vieux
cloître de Neamt, on continuait strictement la tradi-
tion du « staret » Païsius, le Métropolite Jacob Sta-
niati réformait les écoles de Jassy, Amphiloque do
Hotin rédigeait des livres d'école d'après les nouveaux
systèmes, Benjamin Costachi, fils de grand boïar, se
préparait à être le Métropolite d'une renaissance reli-
gieuse profondément influencée par l'esprit national.
et dans Hilarion. le sarcastique évèque d'Argcs, un
voltairien en soutane, les événements révolutionnaires
HENAÎSSAXCE ROCMAINE Al' XIX* SIÈCLE 237
(Je 182 i (ievuM'oi ;."uuver un initiateur ci un miaii^a-
bie conseiller.
L'action des secrétaires princiers, parmi lesquels un
FraD\-ais, Haut'-- Vrivit, un peu avant 1789, une
des meillcuit-s ions qu'on uit de la Moldavie,
avait beaucoup diminue, et les réfugiés de la Hévolu-
tion devaient ^tre, pauvres émigrés se cherchant un
abri, inférieurs à leurs prédécesseurs, les anciens pré-
cepteurs français, qui avaient été animés de convic-
tions profondes et poussés par un zèle contagieux.
Mais les représentants de raristocratie étaient les élè-
ves de s et surtout le»-
de, livi . . de propagande x.
tôt le livre grec de Vienne, de I^ipzig, consacré à cette
nal grec d'A bllé
j , „ ^ i\c plus re^ j i' le
titre de « Mercure Savant o {Logios Hermès), les incita-
likjns « ■ des sociétés secrètes, qui,
:il»rès . - du Congrès de Vienne,
s'étaient formées en Russie surtout, vinrent contri-
t I' I II' itement général, aux aspi"^*' s un
.>\<ini i. aux tendaces de boul'
Les Grecs, qui croyaient bien connaître la psycho-
lofîie docile ' - née de leurs nourriciers, les « Vain-
ques o, s'ii ent {K>uvoir employer pour leurs
propres buts nationaux cet état d'esprit. Ils donnè-
rent à l'Académie de Jassy et surtout à celle de Buca-
rest un caractère absolument hellénique; ils flattè-
rent l'aristocratie, qui préférait dans la conversation
i'clégance du grec ancien et même celle, moins évi-
dente, du grec vulgaire, et ils promettaient de faire
iiie la •> s . de
j„^qu*aux t ..., ne peut
pas dire qu'ils échouèrent complètement. Jamais le
! été plus profond et plus net
.jue .lean Georges Kurutzsn «r;ir;i-
23S UISTOIRS DBS nOt'UAlNS
gta), prince de Valachic. et ScarUte ou Charles
Ca ;. prince de Moldavie,
mti..^ .vvilaircs dont ils auraient .„- .-
vcrsités de science et de philosophie, compilateurs di*
code qui ne parurent même pas dans la langue, négli-
gée plutôt que mcprimée, des indigènes, se présentèrent
comme les chefs politiques d'une nation qui cherche
sa propre voie; mais ce n'était pas la nation p
Si des boiars, comme Grégoire Brâncoveanu,
d'une compilation philosophique en grec, un des es-
prits les plus éclairés <î ' r; si des prél i'
comme le nouveau , Valachie, !>• .
Lupu, qui cependant avait reçu une éducation grecqu*'
et était 1< san zélé d'u. " ' ' • èco-
roumaine ^ lée par la Kii -.sse-
ment de l'Empire byzantin, montraient déjà Tinten-
tion d'ajouter à cette culture d'in • ■ < - - -
veau timide d'une civilisation
maine, leur instinct national, leur large libéraiitv
n'auraient ; ifft pour - • Virer par le « roii —
nisme » i .me en\ l que ces men..
de la société privilégiée ne voulaient pas contrecarre
dans son action.
11 fallait l'âme nouvelle d'un homme du peupU.
s'adressant aux âmes nouvelles des gens appartenant
k ïu même condition sociale, et aux jeunes boîars eux-
mêmes, seulement s'ils consentaient à se confondre
avec la conscience de leur nation. Cet homme fut
Georges Lazar. que sa province d'origine avait con-
traint, à force d'humiliations et d'injustices, à s'ex-
patrier.
Malgré ses études à Vienne, il était resté absolu-
ment paysan dans sa foi profonde, dans les ]
qui dirigèrent sa vie, dans sa vénération , _
science, seule capable de féconder la vie humaine.
nENAlSSANCE ROUMAINE AU UX* SliCLB 239
dans la naïveté et Ténergie d'un langage dont le style
touCTu ne permet pas toujours de reconnaître aujour-
d'hui la verve pr ue. Déjà avant lui. ^
Asachi, fils d'un , étranger venu de Ci !
d'une Roumaine, avait fondé, après des années puN-
M't's dans
tiqufh cl .1 j ., ^
sciences exactes en roumain, à Jassy; U avait gagné
1 ;i!
cl • '■ , . ■■
actions au proUt de son peuple, qui devait être plus
I;i ' " " hel Sturdza. L'école d'ingé-
iii. c pour les délimitations dont
l'ère était venue par la promulgation des nouveaux
codes, eut dc^ ■ ■> -••- m -• provoqua
pas dans la ( ^«^néral
qui accueillit i:: > :>s les p
l'œuvre scolaire tic dcoi^ts L:r':tr, ! ^vj.vi.
par le contrat avec les éphori i . s aux si
inathi'm:it'>(iirs (' ' res. L'Acadcini'- ^rccfjiu- \it
purlii hou noiuhii v^v .,< . élèves, qui prélcraitnt écou-
ter dans les pauvres cellules abandonnées du couvent
lii AS cettf ire, grave et
:>uu , .,;arde de s ,.-. niant animée
par l'essor invincible des espérances les plus légitimes.
' formé, et il devait donc
et -- 1 -.- oie. Ce qui se passa de
mais dans l'ordre politique et social — et ced s'appli-
que h " ' '•' ■ ,.
tôt le . . ;
ne fut qu'un concours bien venu ou qu'une résist.i :
di ' * ' ' ' ' " I !ii II ■. I ; 1
on., I I ■ - . , ; l I I ■ I .
le grand facteur de ehan.: . la source de toute
CUV. 'il pour les mau\ uu-vitablM et de tout les
fs, iulant un siècle entier.
240
HISTOIHE DBS MOUMAINS
Si récole grecque, tout en étant maintenue par
la Cour et la plupart des boïarx, plus ou moins m&U-
nés de Grecs, fut rt^ellement vaincue dans cette con-
currence avec la modeste école roumaine presque sans
appui; si la littérature hellénique, jusqu'alors si flo-
rissante dans les Principautés, devait s'arrêter brus-
quement dans son développement* l'invasion, au prin-
tfnips de Tannée 1821, des " hétairistes «» (membres
de l'Hétairie, de la « Société des amis », fondée à
Odessa), à Jassy, puis à Bucarest, parut enrayer le
mouvement. Alexandre Hypsilanti. connu dans le
pays comme flls d'un prince-régnant, se présenta, non
seulement comme chef d'une armée libératrice qui
' ' (il se former dans les Principautés mt^mes, premier
1' veau de la rénovation byzantine, mais aussi comme
mandataire du Tzar Alexandre, dans le service du-
'■\\,\ il venait <Ie perdre un bras. Ses av i us
< rapport amenèrent le Métropolite Ben^ nii
en grande pompe aux Trois Hiérarques le drapeau,
portant le phénix renaissant de ses cendres, de l'Em-
pire grec ressuscité. Mais le Tzar avait des engage-
ments comme membre de la Sainte Alliance, et les
insurgés en furent réduits à leurs propres moyens. A
Constantinople, on massacrait leurs complices: en M'>-
rée, on faisait marcher les troupes contre les pre-
miers rassemblements des rebelles; en Molda\ie et en
Valachie, on écrasa les bandes d'Hypsilanti à Draga-
sani, prés de l'Oit, à Sculeni, sur la rive du Prulh; les
derniers défenseurs de la cause révolutionnaire. l'Ar-
ndute d'origine roumaine, de Vlacholivadi, Jordachi
(le Géorgakis des Grecs), et ses camarades, furent dé-
truits entre les murs du couvent de Secu.
Jordachi s'était entendu, quelques années aupara-
vant, à Vienne, avec un jeune Valaque de l'OIlénie,
au district de Gorj, flls d'un paysan mais élevé dans
la maison d'un boïar de Craiova, dont il venait défen-
RENAISSANCE ROUMAINE AU XIX* SlACLC 241
dre les intérêts prives contre la chicane de ces légis-
tes autrichiens, qu'il maudissait. Ce Théodore (Tudor
pour 1rs : ; .: ^^jj.g j^ Vladimir, d'où son nom
de Vlu.l i été aussi un des offlciers des
pandours indigoiu's que les Russes avaient employés
dans leur dernière guerre contre les Turcs, Comme il
avait pris part à des raids en Serbie, il y avait connu
l'armée rustique de Carageorges, qui. tout en combat-
tant sans relâche, représentait en même temps 1* « As-
semblée du peuple •, d'un peuple qui. ayant rompu
avec son < Kmpereur • païen, n'entendait plus avoir
d'autre maître que ceux qu'il se choisirait au roi-
lieu des guerriers. Tudor s'enrôla par un serment se-
cret dans l'armée Tuture de l'Hétairie. Mais, quand
l'heure de l'action fut venue, il se rendit compte. a\ec
son instinct populaire, qu'il s'agissait d'une cause qui
n'« ' nne. Au dernier moment, avant la
IcN' ^ .. averti par le consul russe, le Grec
Finis, un des chefs de la conspiration^il avait quitté
Bu' ' I bleu à l'aigle valaque
HOU ^ , avec une étonnante ra-
pidité, son armée de pa^ours. Il occupa les monastè-
res furtifirs. cotnim- r;i\;ii( r:iil !;tiîis. ■ ' "
gri'f L«M»n. M.il!i:.U l;;i>;U;ili, il iil I. ^ . 1
paysanne, la tradition. Le vieux prince Alexandre
Sutr '■' ' (il de mourir à Bui-arcsl. et Tudor
n':i .|ue les ri'])ré.sent;iiiLs sans autorité
de l'interrègne. Bientôt on le vit arriver à Bucarest, où
il fit sor -' ^ I . ;',nt le bonnet au r ' "
drap I» ..• là réservé les i
les siens acclamaient le '• Domnul Tudor », le » prince
Tudor «: jt • '--s quelques boiars qui étaient res-
tés dans l;i •- et qu'il faisait surveiller de prés,
il y en avait qui auraient été disposés à reconnaître
momentanément cette dictature d'un caractère si inat-
tendu et plein de menaces. Il leur parla ainsi qu'.iux
242 iiisToinB DRS roumains
rtrrc^, sans pouvoir les rattacher solidement à cette
c nouvelle qu'il appelait, d'après l'exemple des
:vv.ijc5, la « cause du peuple ». A la fin d'une de ses
entrevues avec cette noblesse dont la partie roumaine
s que l'autre ne faisni' 'r.
li .,j tcria. dit-on, de son air t '
ne plains pas ma propre personne, car je n'ai jam;«i>«
rêvé de régner dans ce pays, i " ^ le pays lui-
même et les boïnr<;. nui no pr i>as ce qui les
attend.
Le i;rcc cluil Ueja a ' " ' i
enli< 0 celui qu'il qualili.. -t
Des explications ne firent qu'envenimer la querelle.
Lorsqu'on In * ' i de quel droit il se réclamait
jxair agir >< >pre volonté, Tudor répondit:
« Du droit que me donne, dans mon pays, mon '
Mais déjh les Turcs pv ' ' «^ -:•'
de répondre même à si
tiré aux pieds des collines, vers l'Olténie protectrice,
le chef du mouvement roumain -■■' -a de nouveau,
par ses mesures d'implacable d le méconten-
tement des capitaines pillards, parmi lesquels les
Bulgares, Makédonski et Prodan, anciens auxiliaires
de Carageorges. Ils eurent la hardiesse de lui faire des
remontrances et même, ainsi que Basta l'avait fait à
l'égard de Michel-le-Brave, de l'arrêter. Les pandours,
agités contre un chef trop dur, acclamèrent les deux
.' gospodars •> bulcaniques, qui mettaient, h la merci
de leurs appétits, le pays entier, ce pays que Tudor
avait si strictement épargné, parce qu'il l'aimait pro-
nt. Ces bandes, désormais sans drapeau, allè-
..... ,..iir pour le phénix byzantin à Dragasani, pen-
dant que Tudor lui-même, après on emprisonnement
|ues jours, était ass;i ^ - ,no
jj. :ade, par deux offici' ., li-
belle répandit la consternation parmi les multitudes.
HENAISSANCE ROVMAIlirB AU XIX* StÊCLS 243
l'n prêtre de Tillage l'exprima dans ces termes tou-
chants: « Et nous apprîmes avec un serrement de
I T ■ ■ MX de ses capt-
t 1 et nous pleu-
râmes. Et nous nous rendîmes avec le père Hilarion
* ■ e, dans ' ' ' Vy célébrer un service di-
1 âme. I - monde pleurait aussi, et
le père Hilarion se frappait la poitrine, et il offrait au
p ' 'i croix. Et nous ressentîmes tous une tristesse
1- ■• ».
Les Turcs rétablirent l'ancien ordre de choses, mais
- ' • ' • et à Bucarest ces Grecs qui
.;ereux. De ^ieux boïars indi-
s, les remplacèrent: Jean Sturdza
,1 M. y>v. ..>.>. -^..^-..rc Ghira en Valachie.
Ce% prinres, d'uuf ijitilli^pnce modeste et d'une mé-
;ie, ne nuiinjuaicnt pas cependant d'un
.. vlcvé de leur propre dignité et de celle de
s; on le vit bien à l'entrée des troupes russes
•>y en !'*■ jue Sturdza refusa la garde d'hon-
... qu'on y^. — ait, en déclarant " Dieu est là
•our me garder » : mais fis étaient emp<k;hés dans leur
'■c le bien par l'insécurité continuelle de
_. .... n. La Hussie. qui avait rompu dès 1821
tvec la Porte, parce que celle-ci avait destitué et fait
rrcuméniqit rnéme
des traités, . -s, ne
voulut pas les reconnaître, et 11 faHut que le Sultan
'' k \a c>' Me convention.
\kkerni2i:i mément à la>
{uelie les princes roumains devaient régner pendant
' sept années. Vn peu plus tard, cependant,
>qu'on pouvait croire que la tranquillité
tait enfin solidement garantie, les complications de
I qti'vti ■■ qui pa»!-' * '* ''*■' -"Ve,
.. îiiiv.i; .. ;!le nav;i nt
244 HISTOIRS DBS ROUMAINS
roccupntion des Principautés |Hir les années du nou-
veau Tzar, le " général de brigade " Nicolas I". !
souiTrunccs de la guerre ravivèrent les profondes L.^;.
sures qu'avaient faites au pays la révolte grecque:
lorsque l'avance rapide des armées russes sur (','
tantinople amena, par une médiation prussienne, a
conclusion du traité d'AndrinopIe, qui fixait le régne
vi:i " Hospodars »> et restituait aux î'
le t re des anciennes forteresses tui ^
eurent encore à subir une occupation de cinq ans jus-
qu'à l'établissement d'un nouvel ordre légal.
Agitations constitutionnelles: le Règlement
Organioik. — Régner dans de pareilles conditions
ne pouvait pas signifier grand chose. Ces pauvres prin-
ces qui végétaient, toujours en butte aux intri^u ^.
sur des trônes que ne défendait encore aucune f" ■
militaire, ne se signalèrent donc ni par des bâtis
ni par des établissements. Ils n'étaient qu'une forjiie
passagère, recouvrant un développement national,
basé sur la nouvelle civilisation moderne, qui est \v
seul ])hénomène intéressant désormais.
L'activité même, l'agitation nerveuse des boîars ne
peut pas tromper un observateur attentif. Ces chefs
aristocratiques d'un pays de villages se soumettaient
seulement à l'influence des idées occidentales, qui. en
les galvanisant, leur faisaient affirmer des volontés,
des espérances qui n'étaient pas cependant, dans .-.■
qu'elles avaient de plus vivant et de plus efficace, K-
produit même de leur intelligence. Le lendemain do
l'invasion d'Hypsilanti, ils se mirent, dans leurs refu
ges de Transylvanie, de Bucovine, où cependant ils
n'eurent qu'un contact tout à fait accidentel avec leurs
frères en pleine tr " " «n. en B- ■
h rédiger des inéni ne ceux i ;
le contenu dans les journaux français et allemands.
i
Rh.NAl'*:^ \ >i I. H'Ji. JiAi.^c A», ai.n SltCLE 2-1 Tl
Les grands boïars voulaient une oligarchie organi»ée.
l'ancien Conseil de douze ou de dix membres, le «< dé-
cem virât ». Les Moldaves demandèrent même à la
Porte que le pays ne fût pas gêné dans ses difficultés
actuelles par la nomination d'un prince dont l'entre-
tien serait fort coûteux. Sturdza et Ghica réussirent ù
obtenir le trône par le < s des petits boïars. qui.
de leur côté, s'étaient j ..es pour un régime de
plus large oligarchie, composé de tous les détenteurs
(le tous los porteurs dr ' " les.
! HH, le Vornir lordachi 1> ., ., > en
18*22 une Constitution moldave, dont l'adoption par le
son pK'' i|Ȏ-
par lev de
Hussie. Il demandait une •• Assemblée générale »,
' ' ' liés de la magistrature et des no-
1 ^s et dont les décisions seraient sou-
mises seulement au prince, élu par l'aristocratie en-
tière: l'administration était réservée à ce dernier, mais
l'Assemblée aurait aussi le contrôle des finances.
Mrme après que ce projet eût été enseveli dans les ar-
chives du consulat, relTervescence continua: on vou-
lait à tout prix une Constitution, une vraie Constitu-
tion, comme celles pour lesquelles en Occident conspi-
raient les carhonari, s'élevaient les b:»'-'-* ■••'? • *•••
renversaient les trônes de la légitimitr
Lorsque les Russes pensèrent donc, en ltH2U, u don-
ner une nouvelle forme moderne aux Principautés,
dont ils étalent depuis un demi-siècle les protecteurs
irels. ils demandèrent aux
1 , ...:. i-r cette loi fondamentale,
qui. pour éviter un terme désagréable aux oreilles des
lies d<' l:i Sainte Alliance, fut " • d'une
I • plus simple: « Règlement ()rg;t! , . Cona-
chi, le poète, le fin Grec de Bucarest Vellaras, et d'au-
tres \ travaillèrent longuement, avec un vrai zèle pa-
2lfl iiiSToinr nrs norMAiNx
exéculifs ». ce voitairien égalitaire et passionné de
' ' '■ (|uc fut le pî' '" ' ' ^':»ul Kisselev; le» »e-
s de lu C(>! it Asachi. le lettré
moldave, et un jeune boiar valaque, d'une activité
f ' • ' ' ' ' '■' rrinde distinction d'ir* "■ ,
. On eut enfin la sé\>
pouvoirs, le Conseil dos ministres, une tiuriM
à la française, des finances organisées, une I.-».....c
toute nouvelle, des communes et cette armée nationale,
cette « milice » qu'on avait si lo- Il
n'y eut désormais plus d'autres Lu...., ^^v^v ... luac-
tionnaires. Comme dans le projet de 1822, le prince
était élu, mais par une <■ Assembl- aie », com-
posée de 150 membres, et pris slj ..^at parmi les
grands boïars. L' •« Assemblée Nationale » ordinaire
contenait des <1 rs élus ; as. Elle
avait le droit ii ... r des dt--... iitre le
prince à Pétersl n:.:^ aussi bien qu'à Stamboul, et ce
prince lui-ménic, qui ' être •
cause de délits », si le i ur et le ^
d'accord là-^lessus, avait le droit d'accuser l'Assemblée
ce tribunal suprême étranger, et même de la
i< lire.
L'oligarchie était satisfaite: une belle forme mo-
derne harmonieuse m * " • ••• ^j^j
moyen âge, qu'on s'él ; . La
bourgeoisie qui, en Valachie, avait déjà un caractère
national, par la fusion rapide des <"'' ' . -.i
n'exerçait aucune inllurnce; en >i
invasion des Juifs de Gulicie au xviii* siècle et dans les
premières années du xix* l'avait étoufTée dans <:on
germe. Quant au paysan, il n'avait pas même le di> it
d'administrer .sa commune, il n'était pas admis à voter
pour l'Assemblée qu'on appelait, comme en dérision.
RENAISSANCE ROUMAINE AU XIX* SlâCLB 211
< nationale . S'il n'était plus lé|;alement l'ancien
Hcrf, il l't'-tail r. vtr (\>- f:>' " «il
pour le niaitrr, <1 uric jm , !>-
parenoe, contenaient en réalité presque autant de se-
iji ■ "' ■ ■ • ■ fissail ù oppo-
s. : ^ irs, dont les
chefs rêvaient du trône, même lorsqu'ils avaient les
<h: * • s d'un (" il. et il t "
t; 1 de Rus t le plu^
\ent un simple aventurier allemand ou polonais, :
;r ' " - ' acariâtT' ' ' ' - ■ -•• - suur.
I . on ne 1 c\ \e
if •*, ancien boiar. devait rentrt>;
juiM • -' ' rangs de sa cla>^« .
Ire |)i |iie du Règlrmenl O.
pas un ne linit ses jours sur le tr \andrc *
fut destitué: son successeur en \.....v ...«., George, i..
besru, renversp par une révolution; le troisième prince
\. i, fut renversé pendant la <,'»
di : V (|ue son voisin moldave, Grc^
(jhica IV. dont le prédécesseur Michel Sturdza. avait
••! tint de d s
ruu .icnt ou\ -.- - - - s,
des écoles construites, telle « l'Académie » fondée
par Si ssy, en opp*- i l'école hu<
loise u abbas. Mais tme classe u
nante avait fourni la preuve de son impuissance à
lien faire en '^ " " ..... -" ,,'•
a\ail passé d. is
les Capitales danubiennes.
LlTTÉHATlUi: nuUMAlNK DANS LES PfUNCIPAlTi s.
La vie de la nation se trouvait de fait ailleurs. Lauur,
complètement brisé, agonisant, in"» ''"itté, après les
truulilcs de 1821, liucarest. en 1 t l'avenir du
pays dont U venait de relever, par »u loi sincère, l'es-
til:^ I < •■ iM m t
prit abattu et humilié. Mais, en iiilaitt mourir chez
lui, entre le» siens près de l'église de ses ancêtres
paysans, il laissait des disciples, dont certains furent
envoyés en Occident. U Pise, à Paris, |>our > i-s
études avant d'être employés dans un ensi.^ iit
(|ui devait progresser rapidement. L'élève favori de
l.azar avait été Jean Kliad (Héliade). Né dans les
rangs du peuple des villes, il ne devait pas quitter sa
patrie avant 1848, c'est-à-dire avant un âge de matu-
rité avancée: il resta donc pendant toute sa jeunesM*
av milieu des seules réalités de sa race. Eliad. plus
tard, lorsqu'il crut pouvoir faire croire au public qu'il
() ' til du prince Radu, fondai- italif de la
\ \ se lit nommer aussi Hau ). Jusqu'au
bout, dans son enseignement, dans ses ouvrages de
I' ic, comme sa célèbre grammaire de 1829, dans
^ ^ iiial, paru celte même année, le Curierul Ho-
mànesc, dans ses traductions, en prose et en ^'ers,
du français, et dans sa littérature originale, il con-
serva lespril du terroir, cet esprit fait d'humour po-
pulaire, de touchante poésie, de forte logique impla-
cable, et aussi de passion et de rancune. De jeunes
officiers, nés dans les rangs de la très petite noblesse
de province, comme Basile Càrlova, ou parmi les
commensaux de l'aristocratie, comme Grégoire
Alexandrescu, furent ses collaborateurs littéraires:
ils ont été les premiers poètes modernes de la nation.
Si Càrlova n'eut pas le temps de développer le talent
rli Iliaque qu'il avait fait valoir en chantant les " Rui-
nes de Tûrgoviste », Alexandrescu. lyrique assez mé-
diocre dans ses chants d'amour, trouva, dans les qua-
lités fondamentales de l'Ame roumaine qui avait pro-
duit toute une littérature satirique, pleine d'à-propos
et (le malice, la saveur particulière de ses fables, di-
gnes d'être placées à côté de celle de La Fontaine, qu'il
dépassa quant ik leur portée politique actuelle, à Pin-
RENAISSAN-CE ROUMAINB AU XIX* SièCLB 249
fluence qu'elles exercèrent sur le développement
même (!<• " :<iule la n '.
toute la 111 .lisante «i , / . '-
venus venaient doubler de leur nombre et de leur
élan ambitieux Tancienne noblesse ' ' " *\ vit
dans ses apologues, d'une forme si < . ■' dé-
pit des incertitudes du style elle est déjà classique.
La Transylv -■ 'empressa d'envoyer des collabo-
rateurs qui, < ••.' paysanne comme I^zar, n'a-
vaient pas trouvé plus que lui une occupation corres-
pondant à leur tendance dans ce milieu restreint où
«haque progrès des Roumains devait être regardé
avec une extrême défiance par le régime ai i.
mesquin et soupçonneux, en attendant, après . ■ ., ia
brutale tyrannie du régime maj«yar- La nouvelle école
du Héglement Organique fut donc '
chie, un peu contre l'exclusivisme i. : ,
Transylvains, parmi lesquels Auguste Trébonius Lau-
rian fut un | :ie et historien de mérite, et son
prédécesseur, ...... . laiorescu, un des principaux fac-
teurs de l'éducation morale du pays. Grand adversaire
des i; 'rangércs insuffisamment assimilées,
des fu ...s — les « masques sans cerveau »
dont il parle dans un écrit polémique — , Maiorescu
condamne sov tte classe aristocrai
capable de st , et ses piètres remi
(|ui arrivaient au pouvoir et à Tinnuence. non par le
l;,i : I la faveur
♦•t ',1 .u et sans
concurrence. Le bon esprit paysan de sa pro\*ince osa
s'," i>> de briser une carrière -i '" — " I.^-
\. M-es Incessant^, contre 1. s
maîtres.
rest leurs études sous la direction de précepteurs tels.
par cxoniplf, que Cf ai
cul un« pari si large .: , , ..: n-
M'ignemont public roumain. Les frères et couxinn Go-
lescu furent p ; is-
tanlin, le pi , i • 1^
voyages à l'étranger, avec de douloureuses considéra-
tion» sur ' le
Radu, gi. ..... •'
Paris, où ils furent aussitôt gagnes par cet esprit de
1 . '^^ ' le ré-
^; •• sous
celui de la royauté bourgeoise de Louis-Philippe. Cet
esprit était d'autant plus syn * iiic à leurs jeunes
âmes, qu'il représentait en >' et en Moldavie
une opposition naturelle contre ces tendances de la
Russie Tzariste d'arriver par l'annexion des Princi-
pautci» à dominer dans le Bosphore et à résoudre dé-
finitivement la question d'Orient. Un nouveau facteur
occidental s'ajoutait ainsi, vers 1848, à ceux dont on
était arrivé à s'assimiler tout ce qui. étant réalisable
dans les conditions données par la réalité, pouvait
hâter le développement de cette civilisation roumaine
dont la source devait rester en elle-même, dans la so-
ciété qu'elle reflétait.
A ce moment, l'initiative avait passé a la Moldavie.
Là, c'est Asachi qui avait dirigé le mouvement. Fon-
dateur d'un théâtre roumain ({ui. avant l'année 1821.
précéda les représentations données il Bucarest par
la « Société Philarmonique » des jeunes boïars. )onr-
naliste qui, sous la même impulsion russe !.
publia, la même année que ce rival, son A lu /.-
inainr, organisateur des écoles nationales qui de-
\:ii' ni aboutir à leur point culminant avec 1' « Acadé-
mie de Michel Sturdza. il avait un talent subtil de
la forme, un sens raffiné de l'art qui manquèrent tou-
jours à Eliad. Mais l'&me roumaine ne transparaît
^!^^^^cl•. r.iii 4é\i>k At XIX* SlàCLK
pas dans ses écrits, iniluencés surtout par la littéra-
ture italirr - -'rssiqae et romantique, qu'il connais-
sait à la I ii; ses vers, beaux, mais froids, ne
font vibrer les rirurs que lorsqu'ils touchent ;• la
grande ori^^ine romaine ou v^'^ - -■'crances patrioti-
qi-v ,i. ' I : lion. Quand à d \ Nejjrurzi, plus
jeune '
P<T ^I •• '- -1 r- • • .-^
du Russe ne. un des maîtres de la prose rou-
nv •>
la littérature nouvelle en un :ion dlmitations
V
, ^ //i était déjà arrivé à la
maturité, une nouvelle génération apparut. Son prin-
f ît ■ ■ ■ ;■■■•"
néité créatrice jusqu'alors sans exemple dans le pays.
s\. "i^anlea de ton st '
ct >n récente pouva>
rtr des notations originales de la poésie populaire.
ballâdf s <■ lies, ou du passé r. - ' a
avait lon.j /i aussi dans ses n<
toriques: il pouvait émailler de noms paysans et de
cor* - " - .ises son vers fluide, brillant, maris
f;i. ne descendit cependant janisitn dnn*
ces profondeurs où se révèlent les qualités <
les d'ti" -■•■■'• ' •• ••.••• -•■- '• '- '
que. 1
nairc du Hmde. lut. u s»on lu-uri'. cmorc p.
par une* société légère, qui cherchait trop sou. — ..^.^
distractions dans ce qui forme la raison même de vi-
vre d'unr nation; mais son vers finit pn; plus
qu'un verbiage sonor'- un f.i/niulli* ,! i <!*•
sens.
Le contemporain et l'ami d'Alcc^andri.
•>»;•»
IIISTOIHH MS HôrMAINS
^.ildioranu. rcxint presqu'à la même époque de l'Oc-
<.-i(l(>nt. où il avait étudié à Lunévilk, puis en Allema-
gne; tout en gardant une fraîcheur d'enthousiasme,
une curiosité toujours alerte, une jmi vibrer
ù toute idée supérieure, à tout sen ic, qui
sont bien des qualités latines, il dut ù la nature de ses
occupations spéciales de ne pas tomber dans l'imi-
tation superficielle, scintillante et stérile. Il fit une
profonde étude des anciennes chroniques, qu'il pu-
blia, après les avoir utilisées pour son Histoire des
Roumains, parue en français, à Berlin, dans sa
grande collection de sources; il se familiarisa avec les
anciens diplômes, qu'il édita dans son Archiva Ro-
màneasca; il acquit laborieusement cette connais-
sance de la vie roumaine dans toutes les classes et
dans toutes les provinces qui se manifeste dans la
direction même de sa revue Dacia Literara; il entre-
tint un contact ininterrompu avec la réalité sociale
de son époque, comme officier, comme avocat, puis
comme agriculteur et industriel; enfin il fut parmi les
hommes politiques de l'époque celui qui eut une vue
plus large et découvrit mieux le chemin qui devait
conduire au seul avenir possible pour sa nation.
Les deux courants dans la vie nouvelle de cette jeu-
nesse: celui qui copiait servilement l'Occident et ce-
lui qui cherchait une orientation dans les traditions
du pays et dans les qualités de la race, se rencontrè-
rent |)cnilMn! ]t's. r'\»'iiciniiifs /Ii- 1S4H,
ThMAllVI.S HtVOlX riO.NNAlULS KT PROPAGANDE
ROI MAINE A l'Étranger. — La révolution de fé\Tier
précipita le retour en Valachie des étudiants rou-
mains, les frères Démètre et Jean Bratianu, Constan-
tin A. Rosetti, etc.; puis survinrent des agitations se-
crètes, un attentat contre le prince Bibescu, romanti-
que distingué, mais sans énergie. En même temps
RENAISSANCE ftOtTMAINE AU XIX* SIÈCLE 253
Eliad, qui poursuivait un idéal mystique de liberté
humaine s t des avantages per
pour son m il 'ion, se réunit à un ' -
lescu, il quelques jeunes officiers et à un prêtre de
\nllagp, poil ■ ' ■ ' ' ' 1 ()I-
ténie, la li- iiiple
de Tudor. sur Bucarest, lorsqu'il apprit que le prince
a\:i ' ' (jué au II t où on lisait à la foule la
pi< on rév(. i lire. L'n gouvernement pro-
visoire, composé des chefs de ces deux mouvements,
parfaitement distincts dans leur origine et dans leur
caraitère, conserva le pouvoir du mois de juin au
mois de septembre, non sans être entré en conflit avec
les commandants de la milice ni sans avoir cédé, à
une heure de panique, le terrain aux boîars. L'inter-
vention ottomane, exigée par la Puissance protectrice,
qui avait déjà fait entrer ses troupes en Moldavie,
amena l'établissement d'une Lieutenance Frincière
et, après une échaufl'ourée entre les troupes du Sul-
tan et les pompiers de Bucarest, venus ù leur ren-
contre pour leur rendre les honneurs, les lieutenants
furent chassés et les chefs du mouvement escortés
au-delà des frontières. L'influence russe, qu'on avait
voulu écarter, revint plus menaçante; et la conven-
tion russo-turque de Balta-Lin :int une période
d'occupation par les forces m i . s des deux Em-
pires, bornait à sept ans la durée du règne des nou-
veaux princes, Cirégoire Ghica en Moldavie et Stirbei
en Valachie.
En même temps, les Roumains de Transylvanie s'é-
tait "'i>'-% en nation, d'après les traditi<
tel 1 puis cinquante ans, du Supplti
lus. Alors que les Mag>'ars, connaissant la nature pas-
sive des Saxons loyaux à leur T : iir, faisaient
tous leurs efl^orts pour faire voter | .K-te du pays
»la réunion de cette province transylvaine au royaume
2.'! ( ifiSTniKF. nvA noi mains
dr 1 1 ■: n(i , I ,.iii . : 1 11, I. ! I .1 1! .. •— la
jeunc^sj louiiKuiiL- des cciir, ._■: ■,.: u^uvcaux profes-
seurs. Siniéon Bamut et Timothée Cipariu, le futur
I ' ' ainsi que les foiicli
I il, se réunirent san^ .
clergé qui, sous l'évèque Lemény, avait laissé son
Eglise. !
nelle. l.i
la plaine des Tàrnave, près de la ville épiscopale de»
« unis », une assemblée préparai us:
puis, le 3 mai. eut lieu une autre .< >.i-
ractère tout à fait extraordinaire: des milliers de la-
î , rs et de bergers vinrent pour î les dis-
i' ses chefs, les prêtres et les \>. irs. L'é-
glise de Blaj dut capituler devant le caractère gran-
diose du mouvement, et l'évèque sortit à la rencontre
de celui qui, après la mort de Mof^a. avait été élu
comme évèque des orthodoxes. André Saguna. fils
d'un m; -■• 1 de Macédoine établi dans la Monar-
chie au: lie. Il y avait aussi, parmi les organi-
sateurs, le rédacteur du premier journal roumain qui
parut pour les Roumains de Transylvanie, la « Feuille
pour rintelligence, le cœur et la littérature » (depuis
1838): c'était Georges Baril, lui aussi fils de paysan,
de même que Bamut. Cipariu et les autres ordonna-
teurs de In grande manifestation nationale. Dans ces
paysans qui acclamèrent la nouvelle nation roumaine
« autonome et partie intégrante de la Transylvanie
sur les bases d'une liberté égale » tous les facteurs
de la vie religieuse, scolaire et littéraire, saluèrent
la plus puissante garantie d'un avenir national. Kn
même temps, des mouvements dans la même direction
se produisaient dans le Banat serbe où lev ins
demandaient maintenant la séparation n^. ..:..... et
une organisation particulière, aussi bien religieuse
que politique.
RBNAISSANCK HOIMAINK \V XIX' MI -M
Les Magyars répondirent par le vote du 2U mai,
( • ' ut la TransV ^^ • 'i" -- '^'-«ord
/ envers la j» - <li-
nand, ils devaient en arriver à se détacher des Habs-
' r - le jeune François-Joseph, qui succéda
cation de son oncle et proclamèrent la
lue. I^es Roumains, où l'on ne voulait voir
■"-'•* -flus à droits égaux •, faisant partie de
jue magyare, répondirent par des re-
prfM'ni:ii'<,iis à la Cour, par les démonstrations vio-
It-ntcs (Us ' Cirenzer »•. par des réunions à IJIaj et,
(-nlin, (fuand les Impériaux eurent pris des mesures
• les Hongrois révoltés, ils organisé-
„..cclion: le général même qui comman-
au nom de l'Empereur en TransyU'ante le leur
l. du reste, conse-illé.
.1 Sa^una. honnno d'une puissante intelligence or-
ganisatrice et d'un prestige unique, h la Coor aussi
hini qu'au uiilioii «1 '■' ' • !».»-
Ml. tït pour la cause i . .de
cr les Carpathes, avec un délégué saxon, pour de-
'!' • • " ML*s du
r son
lUtorité d'évèque aux efTorts héroïques des bandes
'es, là où ON ' bnttu jadis So-
ica, sous la un jeune avo-
cat, natif de ces montagnes, Avram lancn.
r • ' ' -fcsseurs venus
es, i tous ces
It de paysans qu'avait soutenu si difiicilement pen-
' innées d'étude le travail des mains
lit rien risquer. Lf • roi des mou-
les •» n'en fut pas découragé: avec les • ' ».
"• • - .....i..,,!e, où figuraient «les
sant de simples canons en
de cerisier. jus<iumu Iwut. c'csl-à-dire aussi loin
25t IIISTOIAK nR.H IlOLMAINs
<{ue le drapeau des Habsbourg iloila ^ui la i runsylva-
nie enlière.
Ces lourds sacrifices ne furent pas récompensés à
leur juste valeur. Avram lancu, qui ne voulut jamais
recevoir une grâce personnelle, en perdit la raison: il
mourut fou de désespoir. Saguna lui-même, qui avait
cru pouvoir créer l'unité roumaine en Autriche, nv
un Voévode, un Congrès national et l'Enip* . .
comme Grand-Duc, ne fut pas toujours respecté par
les autorités militaires et civiles de la i - • --re. 11 fal-
lut de longs efforts pour obtenir le ri ment dr
l'ancienne Métropole; celui qui fut reconnu comme
successeur des archevêques de Fehérvâr, fut 1' « uni .
Alexandre Sterca Sulut (entre 1853 et 1855). Saguna.
dont on avait poussé à bout la patience, ne devait pas
même être écouté lorsqu'il demanda au moins la créa-
tion d'une seule Eglise orthodoxe roumaine dans les
Etats de l'Empereur, réunissant dans la même forme
hiérarchique la Transylvanie elle-même, avec le Ba-
nal et les comtés extérieurs, et la Bucovine. Vienne
devait satisfaire plutôt l'ambition exagéré» d'Eu
Hacman, évèque de cette Bucovine, dont on lit ; ...
tard, en lui donnant un sufTragant à Zara. un autre
Métropolite roumain.
En décembre 1863, le siège de Sibiiu fut élevé enfin
à la dignité archiépiscopale. La « Métropole des Rou-
mains gréco-orientaux de Transylvanie et de Hon-
grie » devint (1868), grâce à son chef, une fondation
purement populaire; le « Statut Organique » décida
que le principe de l'élection par l
à tous les degrés de la hiérarchie i
ganisation scolaire qui se confondait avec elle, l^ne
autonomie plénière pour chacun de ces de^
mettait la décentralisation absolue qui coii
aussi au caractère démocratique de cette Eglise, vraie
citadelle nationale. Un congrès formé de 90 membres
ItEN.\JSSANCE ROUMAINB AU XIX* SIÈCLE 257
< !us par la nation devait se réunir annuellement pour
prendre toute» les décisions relatives à l'administra-
lion ecclésiastique rt scolaire. L'Etat hongrois créé
par le pacte du:lll^te de 1867, se réserva cependant
'<■ début le contrôle des débats et certains moyens
w ...tinixtion dans l'activité des synodes. Quant à
rKii^lise unie, dès 1873. le peuple fut admis aux dis-
ions concernant Vv nent et les fin
le reste, on était as:. jux règles cathoii^jv:. ..
iria. qui était déjà regarde avec défiance et même
■r une nouvelle génération animée de
, - l laïcs, pouvait mourir en paix: son
"Uvre avait été accomplie, et c'était une grande œtl*
vre.
Union des principautés. — Ces progrès avalent pu
en Transylvanie, parce qu'ils avaient
Ment la masse même du peuple rural. Ce
peuple, on l'avait ignoré en Valachte, lorsqu'il s'était
7 irer la grande révolution transformatrice
IIS des circonstances si mesquines, l'ne
mission de la propriété s'était réunie en effet ù
' lis la présiir " ' " - - ' ' ne
u. dont la i' ut
mue. Four la première fois après les grandes as-
! liées populaires qui acclamaient les prir-^"- -nu-
V et prenaient des mesures pour le ; >e-
t des txmnes coutumes, des paysans siégèrent, et
.. iiumbre égal, auprès de leurs anciens camarades
(ius le drapeau, les boïars. De très beaux discours,
■Bdi'une simplicité romaine, furent prononcés par les
^^Kprésentants de ces campagnards, qui ne deman-
^^■aient que le droit d'acheter les terres dont on les
^^B\'ait dép quant au paiement, ils savaient bien
I^R- et le .:,:... il d'une manière magnifique — que
tout l'or du pays venait du seul travail de leurs mains
2do iit^mi niti Mai.>S
au cours «l s. comme les di-
racnaçaicul ... .liscorde entre Us ....... ^
associées pour Tœuvre révolutionnuire, on ferma les
portes de la salle sans avoir pris aucune ''
En Moldavie, il n'y avait pas eu de Té\ K«>-
galniceanu. le chef de la jeunesse, ne voulait que la
stricte éxecution du Règlement. En mars 1848. on
faisait des discours sur ce sujet, lorsque Michti
Sturdr^ mit fin aux débats par l'intervention de son
fils, à la tcle de 1 . Les pi
troubles furent exi. .as les mo..- -.
tagne. et ils quittèrent bientôt le pays.
On les V " ' : .
ceux qui v c. '
son hospitalière du vieux boîar Eudoxe Hurmuzaki.
Le- i^assage en Transylvanit-
ai». icuts à ceux des pays;
maient la nation roumaine autonome, pendant qu'
leurs camarades de r^
de ces fils du vieux li>.
principal historien des Houmains d'Autriche) qui
étaient devenus les chefs du n: i -nt nati
clans cette province, où ils firent [• avec un i
gramme pan-roumain, le journal tiucovina, avec la
collaboration de leurs hôtes. Peu de ten- -
côté des exilés valaques: Eliad, le noble i
Nicolas Balcescu, historien de Michel-le-lirave, les
Bratianu, Rosetti, il y eut aussi des Moldaves qui.
avec la même énergie, professaient, dans les assem-
blées, dans les revues et les journaux, ainsi que dans
les cabinets des diplomates, ce credo de la jeurv—
roumaine et révolutionnaire dont le premier articK-
l'Union des Principautés.
Mais la ditTérence initiale demeura entre les Vala-
ques de Bucarest et les Moldaves de .lassy. I-cs
premiers ne rêvaient que de révolutions politiques.
ItRNAlS&A.NCE ROt'MAIKB AU XIX* SI^LE 259
sauf Balcescu, qui exposa dans une brochure en
français la question :»(,'raire d;i; -.s rou-
raaifîv: !<^ autres t talent pass. oui de
na! : ils voulaient résoudre la question so-
ti;i;. jMu. établir ensuite, par rUnion -' - * -
rindtpcndanrc qui devait en être la i
tiirill . non pas une plate-forme pour des rivalités
plu.s ou moins factices de per«* ' - ••■ Iles
de partis, mais bien une vie et
•■«'Il -laborer «I ■ :;■. 'U > > ,. ■ . ! m ,■),.•% de
'■i^' - ....;ijant des /■:. p.i.mn iliiUlucnce
' re. L'esprit de KogalniciMnu u mi;: lit tous,
' l ici os{>rit. ('.nlorm' ;i une tradition millénaire»
t_tait le -(Ml! (!'((, I I) ii.iif iI('ri\«T n'w iw^iiiiijna
réelle.
T t. Di.s ic pittiiid a»o-
iiiri. tirent l'importance que
pouvait avoir pour leur nation ce conflit, longuement
tous les patriotes qui rêvaient d'un avenir meilleur, et
t la Puissance prctt
UT ses droits garant,
tains voulurent combattre dans les rangs des alliés,
et ils se |)r.' ' ' " dans \v ' i ' deft
intriguts. s. ^ucs aul. m-
péclièrent de participer à la lutte.
Ces alliés auraient voulu chasser des IV i.t-s
les Russes, qui, à la suite du conflit avK te,
étaient rentrés en Moldavie dès le mois de juin 1853.
Mais l'Autriche, dans l'espoir que ces provinces
avidement convoitées depuis presc|ue deux siè>
clés pourraient enfin lui revenir, s'empressa de le«
occuper jusqu'à la conclusion de la paix; un traité
formel avec le Sultan l'y autorisa. Il n'y eut donc pas
de contact plus intime entre les Anglo-Français qui
260
iii> I m I
combattirent devant S >I et \c% Roumains, qui
en attendaient leur dt i. >...... c et leur Union.
D^s 1855 on nt^goMait lu paix avec la RusMc vain-
cue: l'Angleterre et lu France soulevèrent, dan*» les
conférence de Vienne, lu question de l'Union; si, plu^
tard, la diplomatie anglaise, retenue par la considéra-
tion de ses propres traditions, qui tenaient au niaui
lien de l'intégrité ottomane, et par celle d'inlcrd^
de commerce permanents, plus ou moins bien inter-
prétés, alla jusqu'à se rallier à V(
et surtout des Autrichiens, Napoléo . i .1 u .
ter ses diplomates, fatigués de s'user dans une lutte
qui paraissait vaine: il voulait o- 1 sur le Da-
nube une nationalité forte, néces^ 1 "mme fornu-
politique de la latinité orientale et aussi comme bar-
rière 01 ■ ■' -, r' ■
C'est ji
les districts de Cahul. Bolgrad et Ismaël, et même les
bouches du Danube, qui passèrent ensuite à la Tur-
quie, avaient été réunies à la Principauté moldave.
C'est aussi à l'influence de l'Empereur plébiscitaire
qu'il faut attribuer la décision finale du (Ingres di-
recourir à une consultation des Huumains eux-mê-
mes pour connaître leur vœux. Les princes nommés
en 1849 étaient déjà partis: des «• caïmacans », ou
lieutenants princiers, devaient réunir des assemblées,
auxquelles, pour complaire à la Porte, on avait donnt-
le nom turc de Divans, Divans ad hoc. Le gouverivir
de Valachie fut l'ancien prince Alexandre Gii
presque favorable h l'Union, alors qu'en Moldavir.
Théodore Bals, vieux boïar incapable, avait eu pour
successeur un Grec, l'intrigant Nicolas Vogoridès. flK
du bey de Samos qui avait été lui-même c:\
moldave en 18'J1 i-f immi-î A» i » nii.- iiiii<fiii« «i.' <
le Poète.
Vogoridès qui espérait devenir prince, el qui ia\o-
]
RrwiS.SANCF nni'MAINE Al- XIX' 261
quait à toute occasion le grand nom indigène de son
beau-père, employa le^ livres de la falsit" - i'- i
la plus t'iiontfc pour > >r le triomphe <
du parti de IT'nion. Pas un dixième de» électeurs les
plus indépendants ne furent admis à voter. L'assem-
blée issue de cette opération, digne des pires tradi-
tions du Levant, aurait demandé sans doute le main-
tien de la séparation politique. On s':»'---*^ < alors à
Napoléon IIL La femme même de ^ s avait
fourni aux adversaires de son mari la preuve patente
des intrigues du oaimacam avec les ministres turcs et
avec l'Autriche, dont le consul, continuellement com-
battu par Place, consul de France, remuait ciel cl
terre pour arriver à ses fins. Le représentant de l'Em-
pereur U Constantinople reçut donc l'ordre de baisser
■■ II, si le Grand-Vizir s'obstinait à reconnaître la
des élections moldaves. Ce moyen suprême
réussit: les listes électorales elles-mêmes furent an-
nulées. En échange. Napoléon, qui alla s'entendre per-
sonnellement à Osborne avec la I^eine Victoria, avait
consenti à ne voir, dans cette Roumanie qu'il dési-
rait qu'une simple: « union des rapj ires,
financiers et Judiciaires » des deux I ^ s. ||
espérait établir en Moldavie un de ses meilleurs lieu-
tenants, le général Pélissier.
Les nouvelles Assemblées étaient animées du même
esprit, nettement unioni.ste. Mais la différence entre
les vues des Valaques et celles des Moldaves persis-
tait. Tandis qu'à liucarest les discours retlétaient
avant tout des préoccupations libérales, les représen-
tants moldaves, après avoir voté, le 19 octobre 1867.
les points du programme commun: l'nion des Princi-
P '"''^ 'II' I. neutralité garan-
ti* p;u Ils I . .., 1 .ame celle de la Bel-
gique, et gouvernement parlementaire, s'occupèrent
de la question des paysans, qui étaient repréftenlés
2A2 iMvroiiii Ml V MOI MAIKtt
par certaine des leurs. (urs et de bon seiiB»
ne voulunt que l'ordre .. ..^ ......le.
Sur la base de ces vœux, solennellement expriméi,
la ' tire de Paris rédigea, en :i'
n (.< : \. lun " qui, remplaçant le « H'„.. -.->-
nique ». devait être la nouvelle Constitution octroyée
par les P -'s Ciaranles aux a Prinr
Unies ><. 1. létail qu'il y aurait deux ^
deux capitales, deux ministères, deux assemblées:
Ite «< Union •> r< '
i(iu, on formait
législative de composition mixte, siégeant à Focsani.
sur la limit ' c les deux li " i ^*
(^ssation i u*, et la pos- ;
nir les deux armées pour une œuvre de défense na-
tionale.
Or, il faut l'affirmer encore une fois, ce qui déter-
mine la ne d'un peuple ce ne sont pas les conditions
que peuvent lui créer les circonstanr - ' " tt-
niais bien tout ce qu'il est capable de :
même, par sa conscience, son labeur et son coura^'-.
dans ces fonnes, toujours capables d'une plu ■ -
interprétation. On le vit bien encore en cette v
En 18.58. des assemblées furent élues qui devaient
donner à chacune des Principautés Unies un chef sé-
paré. Déjà les candidatures particularistes se présen-
taient: d'abord les anciens princes, Michel Sturdza,
plus son fils Grégoire, d'un côté, Bibescu, Stirbei. si-
non aussi Alexandre Ghica, de l'autre; ensuite les
chefs de la Révolution, de l'émlgralion. du nouveau
mouvement de la jeunesse; Alecsandri fut même parmi
les concurrents, si Kogalniceanu refusa d'y être.
.Mais la I' rue du dévr!. ]•-
pement nal .......iK;.: ...;... ment. Il y av.iit
parmi les unionistes roumains un personnage parti-
culièrement sympathique, malgré ses défauts, et
i
nFVAISSANCK nOUMAINK AO XIX* SIÉCLC 263
j, 'la manière franche dont il les pré-
sri ... I agnon de plaisir et de lutte, ce fil»
de boïar. d'une famille qui avait deux rebel-
les, dont l'un avait ùlé exécuté |>*.-. i.. n aspirations
au trône. avHÏt «ail ses études en France, pour être en-
suite lée de Vof: . le
croynn. iié à sa cau.SL. ._. .. .. a un
axaiiri-mcnt rapide, jusqu'au grade de colonel. Mais,
(Il 'rer le départes
du;.. ia résidence, le
Cuza refusa de tremper dans les élections falsifiées.
eî ' i
Ch_:
auquel ne pouvait être égalé aucun autre. Cepend
t«,' • ,'• ■ ables de reconnaîtra
tu lit parfois pour dii
les actions des hommes bien au-dessus de leurs pro-
I»! • * "lit être fort étonnés lor -• '-
Ifi >on inscription comme »
il fut élu prince à l'unanimité, le 17 janvier IHÔ9. lis
auraient étr encore plti^ tîrpris si on leur avait dit
<iue ee iu)ii\raii jrKh . i). ,.i ave, inconnu ^ Bucarest,
}>ourrait \aincre toutes les puissant, s
qui s'y disputaient la victoire. Opcndaii» .v -. j....
vier (nncini stijlr) il était proclamé avec la même una-
nimité dans celte autre .\ssemi)lée électorale.
Sans hésiter plus longtemps. Cuza accepta. Un con-
flit était imminent entre la France, qui soutenait le
chef unique des 1' et VAv
rait volontiers chu c part, ce i..
che pouvait craindre une alliance des pays danu-
hirns avec l'I'
soutenus par .
donc au • fait accompli ". qne la t
bientôt in«H<'r. Ou mt à la Tu
tervenir: plu^ lanl. lorscjue !»•
264 IIItTOIRB DR8 nOUMAINS
rendit k Constuntinople pour rendre hommage k un tu-
zerain qu'il n'avait pas encore honoré de sa visite, on
consentit h reconnaître l'Union, mais seulement dans
la personne de celui qui l'avait réalisée. Kn janvier
1862. il n'y avait plus qu'une seule Roumanie: les
Ministères, les Capitales, les Assemblées s'étaient con-
fondus.
CHAPITRE XII
Renaissance roumaine au xix*^ siècle
par l'idée nationale militante après l'Union
des Principautés
Hhi ORMis sor.iM.is SOI s m; imunç» Liza. — i.e rè-
gne de Cuza dura peu; il succomba en février 18G6
sous les coups d'une conspiration militaire ourdie par
les libéraux et par certains conservateurs, également
mécontents d'un « tyran >• qui osait mépriser les for-
mes constitutionnelles ou plutôt <« conventionnelles »
pour atteindre le fond même de sa mission. Pour bien
comprendre son rôle, il faut se rappeler que, dans les
intentions des électeurs, aussi bien que dans la con-
science de l'élu, il n'était que provisoire: on avait con-
fié le pouvoir à un noble indigène, d'une énergie et
d'une franchise qu'on savait sans égales, uniquement
pour accomplir le programme dérivant des Divans
de 1858.
Il y avait des milliers de paysans non propriétaires,
obligés de fournir aux boïars, pour l'usage de la terre,
un service personnel qu'ils abhorraient, surtout à
RENAISSANCE HOUMAIXE AU XtX* SIECLE 305
cause de son caractère ari ^rne du
territoire, donné jadis par 1< . a leurs
couvents, avait été soumis ensuite. « dédiés », ponr
empêcher les usurpations, aux Lieux Saints, aux gran-
des maisons religieuses de l'Athos, de Jérusalem,
d'Alexandrie, etc.; les moines grecs qui, pour prix de
Içur protection, n'auraient dû se faire attribuer qu'une
faible partie des revenus, s'en emparèrent abusive-
ment. De même que celle de paysans, cette question
des « couvents dédiés » traînait dès le commence-
ment de l'ère du Règlement Organique, et Cuza devait
la résoudre, de même qu'il s'était engagé à en finir
avec l'opposition manifestée par la Porte à l'égard de
l'acte même de l'Union.
Contre la Russie, qui soutenait les Grecs, et contre
l'Angleterre, qui ne voulait pas abandonner les Turcs.
Cuza expropria, « sécularisa » les biens des couvents,
sommant les moines de présenter leurs prétentions à
des dédommagements: comme ils tardaient, la Cham-
bre leur ofTrit, en décembre 1863, une somme très im-
porf T es saints Pères espéraient gagner en tral-
nair ire en longueur et en invoquant toutes les
autorités auxquelles ils croyaient pouvoir recourir.
En 1807, une autre Chambre allait déclarer la qoes*
tion '< close ».
Aussitôt avait commencé la discussion de la qoe»-
* irale, dans une Assemblée composée de bolars
ibles, non seulement à cause de leurs intérêts
matériels, mais aussi parce qu'ils croyaient voir dans
!•' p- ' • mi ne ménageait pas leurs sus-
rc\> des formules creuses du libé-
ralisme, tel que l'avait formulé et pratiqué l'époque du
Sf^ronrl F — ■-•. On ne put pas s'entendre au moins
i{Hjui [< le au paysan le droit de propriété sur
ce tiers du bien-fonds ancestral que le Règlement
260 histoihb des roumains
désormais la propriété absolue d'un maître qui était
plutôt un usurpateur. Kogalniceanu, auquel Cuza avait
ronflé l'ex de ces mesures, co -
d'Etat en(-< ! aussi par Tezemplc «i i
nouvel Empire français enraciné par le plébiscite.
La loi rurale fut prou " me l'avait propo-
sée le prince; la graim tit créée ainsi, à
c6té du lopin accordé au paysan, et elle l'était sur
des bases solides, alors qu'il aurait fallu des soins
incessants pour faire valoir le champ de l'ancien serf.
Ce ce fut pas la faute de Cuza si ces soins manquè-
rent sous un nouveau régime.
Les décrets princiers de 1864 avaient créé aussi un
Sénat dont la moitié des membres fut nommée, le
chef de l'Etat ayant aussi le droit de désigner le pr '"
dent de la Chambre et de prolonger le terme d'un ;
get.
Ce régime du Statut, dont le titre avait été em-
prunté au royaume d'Italie, fut confirmé par un pé-
bliscite écrasant et par l'approbation ultérieure des
Puissances; il exaspéra l'opposition, dans laquelle se
réunissaient, ainsi que nous l'avons déjà dit. les grands
propriétaires, incapables d'apprécier le bien qu'on
leur avait fait, et les libéraux armés contre 1' « usur-
pateur ». Elle provoqua d'abord une échauflTourée de
paysans pendant l'absence du prince ù l'é!
elle recourut à un complot militaire qui ri- ^--
ques mois auparavant. Cuza. qui venait de provoquer
de nouveaux ' ts en adoptant ses bâ-
tards, avait de ..: iient qu'il était prêt à re-
mettre, aussitôt son œuvre accomplie, le pouvoir qu'on
lui avait confié et don ( " ne forte <' " , nt
jamais tiré vanité. On ^ >i qu'il a\> ^
son successeur le duc de Leutchenberg, descendant
des Beauharnais par ^
Grande-Dachesse Mari
nENAlS&AN< t " 1267
raux anti-russes avaient ajouté cri article u la
,,, 'Hr> lisfi- il»-» Icllrc r-i'.' r 1 iii'i n -1 1 i. in V
l.> i . l . —
A^^r. . r. dont U
randidature avait été déjà posée, de Bruxelles,
nt 1809. mais qui refusa r- " ' ■ •.- . -.. i^
l et ses uQiis de la «< Lit.. s
s avoir pris l'avis de Napoléon 111. qu'on avait
^si à tourner contre Cuza. s': ' * — ' - "rr-
iiie du prince Charles de 11 tn-
'^i-i\. ^iiy (1. %in;^t-scpt ans: il était i ilor-
U'iisc *ic licauharnais, fi''- "!"ptiv«. ..^ .««,..,.con I**;
par son père nit-ine il lit d'une sœur du roi
Murât. 11 avait \ comme un parent par
'n souverain qu. ir des vassaux sur le
i. et il avait espéré obtenir la main d'Anne Murât,
ne.
-.._ . . - ._ .nie
chef de la famille pur les représentants de cette bran-
be, et r -té
. ce par 1<- lit
les succès de Bismarck.
A. • ;.s.
W- j' , . . '>>it
rendu aussitôt en Roumanie, au risque de se faire
lier par les .^ " ' ' de
la Prusse, a .l(*s
difilcultés. Il satisfit Napoléon 111 en évitant pendant
I * avec la Russie, car ce fut
visite au Txar Alexandre II
à Livadia; puis un mariage projeté avec la Grande-
" : ' M - Tjjj aJMindonné, Charles 1" ayant
al>eth de Wied. apparentée ik la
M.iison d'Orange, mais qui avait passé des années à
la Cour de Pétersbourg. où -" - "onservalt des rela-
268 ifisToinr de» itorwAiNS
[t< - H's liai( MHS. Ml le graïKi kiu'/c serbe Mi
i».i de rVitiiU'sl.ivir de ses rêve», lui pi •
satt une confédération balcanique capable de résister
à tous ceux qui convoitaient la possession de (' * -
tinople, en même temps que le prince du Mo:.
courtisait le chef des Principautés et que le roi d<-
Grèce cherchait à s'appuyer sur lui. il n'o^
dre une résolution. Cependant jamais la )>
que, séduite par l'idéal impossible d'un vrai Kmpirr
unitaire, pareil à celui de Napoléon, n'avait été si invi-
lente: on avait imposé au fier Hohen/ollern, non seu-
lement le voyage à Constantinople. où l'on aurait voulu
le traiter en haut fonctionnaire du Sultan, comme les
Hospodars antérieurs à la guerre de Crimée, mais
encore une convention formelle nui serrait plus rt
tement les liens de la Principauté avec la Porte; cl.
reconnaissait en efTet que la Roumanie était une « par-
tie intégrante • de l'Empire, ce qu'elle n'avait jai
été: elle lui interdisait le droit, réclamé hautement pa
Cuza. de créer un Ordre et de battre monnaie, de re-
cevoir des ministres étrangers et de conc' " "itres
actes internationaux que de simples con )s de
voisinage: les ministres du Sultan, dont les remon-
trances avaient élé déjà rejetées avec in'i
1865 par le prince indigène, malgré sa sr ;.
caire, ne craignirent pas, à l'occasion de nouveaux
troubles, de lui signifier qu'il devait prendre garde
ft à ce que pareille scène ne se renouvelât plus ".
En outre, le nouveau prince était à la merci des
partis auxquels il devait le pouvoir, partis qui. après
s'être coalisés pour mettre fin au règne de Cu/^. st-
divisèrent de nouveau: des discordes acharnées écla-
tèrent en effet: entre les conservateurs de Dém •-
Ghica et de Lascar Catargi. les conservateurs pro,
sistes de Nfanolachi Costachi et les libéraux, les « Hou-
ges » révolutionnaires et républicains de Jean Bra-
fl£NAISSA.\CC ROl'MAINE AV XIX* SIÈCLE 269
tianu. personnalité partlcalièrement active et très sym-
pathique, et ceux du sévère, du « pur •> tnazinien Ro-
"•es de < politi-
. ogramm* Lai avec
les besoins actuels, si nombreux et si profonds, du
' '^ « Rouges D étaient les plus puis-
nt de fait — par leur propagande
ncessante, par leur organisation solide et par la popu>
• • du journal de Ro " '' • Rou-
1 "). (Iharles 1" aurai ,• leurs
is son sort et celui de la dynastie. Or les radicaux
• -'ries, non seulement à Pétersbourg. mais
. où tel d'entre eux avait été dénoncé jadis
lie ayant trempé dans des complots contre l'Em-
I ..ur. Il fallut sacrifier Bratianu, qui ne pardonna
l>as cette abandon au prince qu'il avait lui-même in-
troduit (lins If pays, et donner le pouvoir à Ghica,
fil:, lie Huspodar, homme très riche et très influent.
Quand les conservateurs furent les maîtres, Napo-
' 111 leur I Vienne comme appui. Ils n'hési-
nt pas a a icr la protection autrichienne con-
tre des adversaires intérieurs si forts et si remuants.
D.'s 1869, cette protection fut formellement le,
tt le voyage de Charles I" à Pestb et à \- lut
présenté comme un acte glorieux pour ces deux pays
spéciales le cop nt. La
imposée au prin ».»n en-
II. de <• s'abstenir de toute immixtion dans les
de la Transylvanie », de « ' ' nie
> que Saguna eut rempli sa i. )U.
s n'avaient plus de chef respecté, ni d'orientation
• litanente.
On alhi si loin dans cette sujétion, déterminée par
t' vie politique que dominaient les
|..i., .......,., personnels, qu'on accepta, en 1870,
270 HifiToins on roumaims
une collaboration, admise volontiers par l'Autriche,
avec les T \é un I*arhu
pour coni: ..s, t'ne autre
fois surgit un projet, de source germanique, qui vou-
lail ' <lans u ' " ,
à I i" de Gui , . , ; I
une Prusse et une simple Havière de la Roumanie.
Les ag'' des libéraux pendant !:<
franco-ail* .la proclamation ridicule <i
publique à Ploicsti, avec un ancien offlcier démission-
naire à sa tèle, les insultes f ' rince « ]>■ :
sien >>, surtout lorsque ses > > furent
péchés par une émeute de célébrer avec exultation
leur victoire sur la France généralement aimée, m-
firent que rendre plus étroite celle dépendance lU-
l'Autriche. Charles I" aurait préféré une alliam-r
avec l'Allemagne même; mais Bismarck, qui, dans i<-
conflit avec l'entrepreneur de chemins de fer Strous-
sberg. n'hésita pas à imposer brutalement le resi>ect
des inlérèts des actionnaires allemands, ne cessa ja-
mais, tout en prodiguant au prince personnel kment
ses civilités insolemment obséquieuses, de
cette Roumanie qui représentait pour lui s<...v...v ..i
l'aventure orientale d'un parent du roi de Prusse. En
1874, malgré les protestations violentes <i -
tion qui comptait parmi ses membres K^ ;^ ...u,
constamment disgracié, les lignes de chemins de fer
furent raccordées avec celles de ! •• 'en M
vie, la compagnie Lembcrg-Czerno .ssy dut ai.. .
dre longtemps encore son privilège), et en 1875. une
COI' lie que 1
COI , , les dre
connus en ce qui concernait la conclusion des traités,
mit en fait le -
de vassalité ei
question d'entreprendre des travaux aux Portes-de-
RCNAISSANCS nOLltATXK AU XIX* SlAcLE 271
1 , r, iM -Tii«»Son de la Turquie et sans avoir
nit-me fie: avis de cette Principauté riveraine,
• parti • iiili^ranle di m ».
IK», 1«7;J. des agilalv-. s venus de Dal-
matii-, travaillaient la Bosnie et rHerrégovine. qu'il
sai:;issait d'anncxor. un projet présct' "«
en liiô3; le voya?îe de - . jis-Joseph à Catt -
monstration ronlrc la Serbie irrédentiste du prince
y ■ Mfi voyaj(e solennel < ' i :*♦
uj.. , ^ ;.' d'Orient pour se 1 r
à ses futurs sujets. Bientôt la révolution éclata dans
les deux } s slaves, et on se garda bien de la
laisser s't . Quant à la responsabilité, on la
rejetait, bien entendu, sur le « pansla\israe ", donc
^„: ■ En 1876. î " -'" -iten,inl. o. ;...»/.-
\, n\ la Roum. lit natu;
«ettc guerre comme totalement • ' '^ i"^-
r,-; ■ ' -Trs du parti (....... r,. <t J" iiciicral
] Ncur, et même le nouveau gou-
vernement libéral de Jean Bratianu. formé en 1876,
restaient fermement attachés à la politique du Traité
de Paris et de la i^arantie des Puissances. Charles I"
était d'avis que li >n de Bosnie et I ne
ne pouvait être r^ -juc par leur ann n-
Irirlt.-llonuMie. En même temps qu'on affirmait offl-
ri de persévér " ^î-
» ,. „ 1 de respect c ^
ait des émissaires à Londres pour <
»• , ■ ' f ' ' fie 1;| IM|>>|C,
^^ iimunie latine
,^à ces populations slaves d'au-delà du Danube dont on
„. ] .rer les malheurs. I^rsqti '• r-^-i-
^^. à ses plus grandes di.
lervention de la Russie devenant de plus en plus pro-
bable, Kogalniceanu, qui eut le courage de protester
contre les horreurs turques en Bulgarie, se borna à
272 HISTOIRE DES ROUMAINS
demander aux suzerains la reconnaissance du nom
de « Roti' et du droit de conclure des conven-
tions, le 11 ^ du Danube pour frontière et la pos-
session des ties du fleuve, donc du Delta aussi, qui
avait lis incorporé par les diplomates de Paris
à la Ni
Un revirement se produisit cependant dans l'esprit
du prince. Abreuvé d'humiliations, il venait d'ôtre
traité dans la Constitution ottomane du mois de dé-
cembre, de simple « chef de province privilégiée »,
ayant à recevoir des instructions pour sa participa-
tion h la guerre. Déjà un émissaire d'Ignatiev. le tout-
puissant ministre de Russie à Constantinople. était
venu à Bucarest pour négocier une convention secrète
au cas où les troupes russes voudraient passer à tra-
vers la Principauté; mais, comme il ne présentait pas
de pouvoirs au nom du gouvernement lui-même et
comme il donnait une forme louche à la garantie,
réclamée par Bratianu, qu'on ne toucherait pas, en
détruisant les clauses de 1856, aux districts bessara-
biens réincorporés à la Moldavie, on n'avait rien con-
clu avec M. de Nélidov. Cette fois-ci, grftce à l'inter-
vention personnelle du grand-duc Nicolas, ami de la
Roumanie, l'afTaire prit un cours plus rapide. Au mo-
ment où l'opiniâtreté du Mi " ' lurc rendait iné-
vitable un conflit armé, la ce n\ était signée par
Kogalniceanu, revenu aux Affaires Etrangères (avril
1877). Peu de jours plus tard, et sans avoir attendu
que la convention fût ratifiée par le Parlement rou-
main, les troupes du Tzar entraient dans le pays; une
proclamation, de tous points pareille à celle de 1853.
s'adressait, oubliant la présence d'un gouvernement,
à la population des Principautés.
Il n'y avait pas cependant une entente nette et fran-
che entre la puissante Russie, dont l'intention était de
regagner son influence sur les bouches du Danube et
nEVMSS\Nf;E nOlMAINE AU XIX* SILCI.K 273
qui n'était guère disposée à s'arrêter devant les droits
d un plus fri* ' t la Roumanie; celle-ci n'avait ob-
tenu qu'uni tite garantie, car on lui promettait
seulement de défendre son intégrité territoriale, si
elle venait à être mise en danger — évidemment, il
<>st question d'un tiers — par le fait du passage des
iirmtM's riis^. s. Le 10/22 mai déjà, les Chambres
roumaines s'empressèrent de proclamer l'Indépendance
du pays atin qu'il put participer, en tant qu'Etat de
plein droit aux utions qui devaient amener la
guerre. La dip:^i.— ... russe vit cependant de très
mauvais œil cette décision, dont elle avait aussitôt
saisi la sif^" n. Lorsque la Roumanie indépen-
dante, mais l'indépendance n'avait pas encore
été reconnue par l'Europe, offrit le concours de ses
■ '«• à son
iilre. la
réponse de (iortschacov fut particulièrement dure: on
n'a pas besoin d'un pareil concours; mais, si l'on tient
;i rofTrir, il ne peut pas être question d'une action
militaire séparée que le gouvernement roumain, ou-
bliant la Dobrogea. bientôt occupée par les Russes,
aurait voulu entreprendre du côté de Vidin. Les entr^
vues, si amicales, du prince avec le Grand-Duc, avec
le Tzar Alexandre II. venu lui-même sur le Danube.
ne changèrent rien à cette situation de plus en plus
t«MUlUi'.
L'Autriche était la première à s'en réjouir. En dé-
cembre 1876. Andrassy s'était fait fort de conserver à
la Roumanie son intégrité ten «ie bor-
nait à retirer ses troupes en * nant le
contact avec les forces de la Monarchie. Il recoroman-
■ ' <lans une av. ralt
_ai«nces. Dém- , <»«a,
[en avril suivant, dans le Conseil de la Couronne,
d'exiger que l'Autriche occupât, avec la permission
274 itisToinr: ni» iioumaiss
di- IKiur en :«gc
de ! :) »., el. ^ .;al-
nieennu allait il Vienne remplir une mission secrète.
Andra.ss à ofTrir aux Roumains
« une I' .» ' .
Mais les Kusses furent battus à Ple>'na, qu'Osman
Pacha avait transformée en une citadelle f ' hle:
ils étaient en dan^^er d'être rejetés au-delà c. .ht-,
où avaient paru déjà, répandant la panique au milieu
de la population, les premiers fi:- - '• ' -< Roumains
avaient dû répondre, dis le c«>: 1. au b«ini-
bardcment turc de la rive gauche; ils avaient colla-
boré ensuite à la destruction des monitors turcs sur
le Danube: après le passii^^e des Russes à Zimnicea.
ils avaient pris la garde du Danube et avaient même
envoyé une garnison à Nicopolis. Maintenant, lors-
que le Grand-Duc, désespéré, demandait au prince
Charles - fusion, d ation et, si possible, pas-
sage du Danube s a.. is comme une « démonstra-
tion », on ne pouvait plus tarder, car une victoire des
Turcs aurait signifié renv:i! nt de la Roumanie
rebelle, avec toutes ses consLiiu. .., es.
Du reste, les Russes venaient d'admettre «' l'indivi-
dualité - de l'armée r U*e par sun
prince lui-même. Pour i. _ . .ion, le Tzar
oflTrit le commandement général des forces opérant
r T ■ s I", dont l'orgueil en fut natu-
I ..liant à des garanties nouvelles.
Bratianu s'était rendu au quartier-général russe, mais
sans en rapporter autre <" " '
melle d'Alexandre II que
lieu de regretter ce qu'elle faisait.
Les R irticipèrt î ' ' ' risf
de la pi lUte de ( > li a
concourir à l'investissement de Plona; Osman, con-
traint à capituler en octobre, s'adressa d'abord k un
lil.N M N> \ >i.r. l\i*uMAl.>t. \\. Xi.v -ïir-f.i-i
275
colonel routnu*n. Mais, aussitôt que ce chapitre de la
puerre fut f •••• ■ ' •••- situation militaire était en l'air;
ils ne conlii leur concours à l'action prin-
<ij>ale, se b(*i i' irsuivre l'attaque contre Vidin.
dont la poss. >s...,, ,^... était absolument refusée par
l'Autriclio. Lis troupes roumaines s'y étaient immobi*
Usées. I "usse se dirigeait sur Andrino-
ple cl ï:.., '" ''f' fn;irs 1 S7S. I;i i>:ii\ do
San-Slefaui).
C. ni
clToi-- _- -. li a , . ' ■ '*
guerre et de la victoire, créait la Grande Bulgarie,
■ ■■ un
..' «n-
dissements à cette Serbie même, et surtout au Monté-
" " ■ . on se
iin ter-
ritoire ne lui était cédé: seulement, suivant l'exemple
'.1 France à l'égard de l'Italie, la
i> tonner par les Turcs la Dobrogea
pour qu'elle put être échangée contre les trois dis-
• ' ', ' " ' — ' »'•■:- voulait avoir à
.ige des troupes
russes par la Houmanic pendant des années. /
Les protestations les plus indignées ne servirent à
rien. La résolution de rKmpcreur. que la diplomatie
l>(»iiN>;iit en avant, était inébranlable. On offrait à Pé-
terst>ourg. tout au plus, des avantages plus grands
sur la rive droite, même l'élection de Charles I"
comme prince de la Bulgarie nou- ^t créée; il
fut question, à un moment donné, :. -jncer à une
partie du territoire bessarabicn. Mais l'opposition
emparée de cette question, et, malgré l'in-
lu prince et de Kogalniceanu à s'entendre.
on ne put guère abandonner le point de vue de la pins
stricte intransigeance. La brutalité de Gortschacov
276 HISTOIRE DRS ROUMAINS
menaça inôint* de dém s troupes i< >
s'attira cette réponse «I ^-s 1" que •
se feraient écraser, mais désarmer, non •>.
Invoquant la protection des Pi:
et Kogalniceanu s'adressèrent aux
en juillet 1878 à Berlin pour procéder à la revision du
traité. 11 n'y trouvèrent aucun appui réel. •• Nous
croyions que vous vous étiez entendus avec vos
alliés w, fut la réponse de l'Autriche, qui attisait ce-
pendant le mérontentenicnt des Roumains pour s'as-
surer une situation plus solide dans la Bosnie et l'Her-
zégovine, qu'elle « occupa « ; dès la convention de
Reichstadt en 1876, François-Joseph avait consenti,
du reste, pour avoir ces provinces serbes, au retour
des Russes sur le Danube inférieur. La Roumanie
n'eut pas même une bonne frontière dans cette Do-
brogea qui était alors un vrai désert, habité surtout
par les restes misérables d'une population turco-tatare
réfraclaire à tout progrès: elle la fit occuper par ses
soldats, au moment où, sans avoir rien signé, les orga-
nes administratifs roumains évacuaient la Bessarabie.
On eut un conflit avec les Russes lorsqu'il s'agit de
fixer la démarcation à l'Ouest de Silistrie, et la ques-
tion d'Arab-Tabia, une des anciennes redoutes qui
entouraient la \illc. fut sur le point d'amener une
échaufTourée.
Le résultat de ces froissements fut brillant pour la
politique autrichienne. Pendant des années, tout rap-
pr«' ■ !il avec la Russie devint impossible. Le gou-
vei I il libérai de Jean Bratianu. qui garda le
pouvoir pendant dix ans, n'était guère disposé à ou-
blier l'hun ' * D infligée personnellement à son
chef. En i ;, en allemand, ses Mémoires, <(iii
forment un vrai ré(|uisitoire contre la politique russe
en Orient, Charles V avait rompu définitivement
RK.S M-»-» >
277
avec le Tzar. On murmura à Pélersbourg lorsque les
Chambres ofTrirent an prince souverain la couronne
royale en mars 1881, quand Alexandre II succomba à
un attentat <les ■ d'une union person-
nelle avec la ii^..^ jue le premier prince,
Alexandre de Battenberg. détr<\né par les agents rus-
'la Principauté, fut
•/;., , -:- - -.„ ...is; ils avaient travaillé
patiemment à nourrir la jalousie et la haine des Bul-
■■'■■■ . ■ . ,• .j^.
(• , u'U
I^Mvarab. protecteur des insurgés de 1640. à Bratianu,
M • ' ' •••- ,j,p PU fermant les
^ de la liberté. On
ivait espéré même, en IHHH, provoquer, sur la question
ie la Dobrogca un conflit entre les deux pays.
Chacun travaillait ainsi, selon ses moyens, pour
l'Empereur de Vienne, étant donnée l'étroite alliance
'*nlre les Hah' ••'-%• et les Hohenzollern que venaient
ie conclure i k et Andrassy. C'était simplement
travailler pour le roi de Prusse >». La question du
Danube, que le traité de Paris avait soumise à une
Commission riveraine et à une Commission euro-
I Hie, fut rouverte par la diplomatie au? le.
I.L traité de Berlin avait attribué à cette de. ....... la
nission de faciliter la navigation de Galatz aux em-
hures. D^s ' [>endant, l'A' se fil ad-
re. sur la p. , . iian du délé^^i.- : .iiiçais B«r-
rôre, dans la Commission riveraine, dont les droits
' sova. bien que sur toute
n'eût pas un seul pouce
ie terrain. Une conférence des Grandes Puissances,
n'unie h Londres, accepta cette nouvelle situation,
tout en exemptant du contrôle européen le bras russe
le Kilia et en étendant, d'autre côté, ce contrôle jus-
|u'à Braila. La Roumanie déclara ne pas pouvoir se
1»
IIISTOIRR l>F<« MOI MAIN«
Se 'à CCH VX\ ; ll.it-. "^
plu. :...;. le roi Chu:. a ^i^taii. a. , .. ->i\
voisin sert>e. à l'inaugaration de» traviiux aux Porte?»-
de-Fer qn " '" iile arait en* se réser-
vanl abu^ it de pi!ot8. les canx
roumaines.
Des 18S . l()rs<iue l'Italie se lu:
ligue de ]' ,M devait être la Triple A . i
tianu apporta, au nom du roi Ctiarles, qui avait déjà
fait parler dans r un des r' ' 's jeunes
servateurs, des «• , tes >> (m de la s(
«I Juniniea »), Titus Maiorescu, pour préparer le ter-
rain, l'adhésion secrète de la Roumanie. C'était plutôt
un moyen de se défendre contre la Russie et, d'après
une expérience récente, contre rAntriche-Hongrie cll< -
même.
La question de la Transylvanie n'exista done plus
pendant trente ans pour le gouvernement rou-
main; elle servait tout au plus à agiter l'opinion pu-
blique au profit des partis d'opposition lorsqu'ils c:
étaient arrivés à leurs dernières ressources. I^
tion d'un parti national roumain dans cette pro^
et son action énergique n'eurent aucune influence sur
l'attitude du T: m,>, et il regarda ave<
toute une séii< sures destinées ù d<
confessionnelle des Roumains et même l'autonomie d^-
l'F " ■■ ' M' qui '■ ' " !
du l'un Apj»
en 1891, aux diefs roumains, dont le grand crime
été seulement d'avoir voulu présenter à l'Kr
djuis sa Capitale «le Vienne, sous la forme d'u
randam, les doléances de quatre millions de ^
fldèlea, acte qui fut retourné, du reste, par la (^ii.in-
cellerie hongroise, sans (|ue le pli eût été même ou-
vert; ce procès monstrueux entrepris pour jeter en
prison des personnes tont-à-fait innocentes, n'amena
I
RENAISSAMCK ROUMAINS AC SIX* SiftCLB 279
aucune représeatation de )a part de la Roamanie al-
liée; elle M soamit nu^me plus tard à l'humiliation de
rlécorer le procureur qui avait «contenu l'ai-'- ••^on.
Le» Maj?\arH en profitèrent pour mener t le-
n 1 dénationatitatrice: bientôt le |»arti
.... .4.. ....>ous, et un régime de terreur rendit
lue impossible toute manifestation sincère de la
i : même lonqa*IN eurent abandoané
Il . pmamMU âcdorale. qui avait été an
moyen de protester contre le nouveau régime du dua-
î' * -T - .entés
;m ;.» par
des organes de leurs oppresseur--
R;is^uréH par cett*- " on à la . 1 Ku-
i. p» .-.1 traie, les p;i .rent cou -> lut-
tes stériles; après la chute de Bratianu, le vtbî orga-
nisateur du Hoyaume, le gouvernement tomba aux
Ml 'i lis des « junimi^^s », élevés en Allemagne et
j n à la Triplicc, puis des an-
>*-^rgi et d'Alexandre Laho-
f des libéraux. Démètre
A. Slurd^a, un de la génération de
ri'nion et le crc. — :-f,.isc roumaine autocé-
pliale. mats le pins chaleureux défenseur, par crainte
<! *ri politique allemand* en Roumanie.
p , ;.>oar quelques années. Entre sa poli-
tique et celle de son soceesseor, M. J.-J. Bratianu. d'un
côté. et. de r.iutre. <•■•"" ^ vieux conso; i «». des
ianimintes ay;int p<> i ^ l'intranHigt *• des
.\llemands, P.-P. Carp, junker transporté par le hasard
su ■ 1 Danube, et enfin celle de M. Tafce
I I eur d'une brochure célèbre, deivtinée
I défendre ta Triple Alliance, devait former plus tard
tn I :?rtT nservnteur-démocralr. destiné à se con-
! 1! , . (iernièrement, sont sa cUrection. avec le
parti conservateur des Cantacnaène et de Nicolas Fili-
28U IIISTOIRB DBS nOUMAIMI
pesi'U. U n'y eut jusqu'aux fjuerres balcaniques de
1912, an. " fTi^rence. Fl«l. î' u-
trales à ' ur, et ù Pin ^ ^ lU
profit de la classe dominante, tel fut le programme
commun. Quant aux paysans, des Ir ' ' ''<ns draco-
niennes, assuraient le fruit de leur aux pro-
priétaires, et. de temps en temps, sous la pression de
leur mécontentement (révoltes en 1907, suivies d'une
a réforme » des contrats agricoles) ils obtenaient
des distributions de terres.
Renouveau national du peuple roumain. — Peu
à peu cependant se produisit un changement profond,
dont les dernières années virent les manifestations
publiques et officielles, en même temps que s'alTaiblis-
saient la classe dominante et que l'esprit d'initiative
abandonnait le pouvoir suprême; de même qu'au
xvm* siècle, où contre la Roumanie phanariote se
dressa le drapeau national des moines de Transyl-
vanie, fils de paysans, et de Tudor Vladlmirescu, le
paysan d'Olténie, on put assister au développement
en Roumanie d'une civi^' 'finale et aux pro-
Srt-s naturels de la clasM e.
^ l'époque de Cuza, le mouvement littéraire était
en pleine décadence: les journaux commenr * ' ur
activité bruyante sur les ruines de la pros< ; o,
sans qu'un seul de ces périodiques eût un caractère
vraiment éducateur. Bien qu'il eût donné à la grande
année de l'Union quelques-unes de ses poésies patrio-
tiques, bien inférieures cependant à l'hymne fervent
par lequel le Transylvain André Muraseanu salua l'an-
née libératrice de 1848, hymne qui est resté comme la
" Marseillaise roumaine », Basile Alecsandri n'était
plus le représentant d'une jeunesse poussée au combat
par la foi et l'enthousiasme; il dépensait son talent
dans des pièces de théâtre, & l'intrigue d'emprunt.
1
•
RENAISSANCB ROUMAINE AU XIX* SlàCLB 281
par lesquelles il servait souvent ses propres passions
et celles de son groupe politique. Grégoire Alexan-
drescu s'était tu, terrassé par la paralysie, cl Bolin-
tineatui. ministre de Cuza, répandait, à la veille de la
maladie de nerfs à laquelle il devait succomber, les
derniers restes d'un talent qu'il n'avait su ni dévelop-
per, ni conduire.
La littérature historique florissait, mais surtout en
ce qui concerne la publication des sources, chroni""-'^
et documents. L'exemple de Kogalniceanu lui-ru
<!' > perdu pour les lettres, de Lauraian cl tW
lu... . „. éditeurs, avant 1848, du " Magazin histori-
que pour la Dacie ". fut suivi par un émigré de Tran-
•»v!\:uùf, ■ in oculaire, l'histoire dos
journées i. :c Plaj, .\lexandre Papiu
Ilarian. et surtout par cet infatigable travailleur, qui
fn' ' un pcP'^ ' nd et original, bien que
]>;i = une insj ! . /;irrc. B. P. Hasdeu, ori-
ginaire de Bessarabie et même ancien offlcier russe.
Mais ' mirent à la dis; ' '
très (J le ne fut que ti .
Alors que les chroniques éditées par Kogalniceanu
av;nent créé le genre même de la nouvelle hi ' ' ^
il fallut que Hasdeu lui-même, doué d'un r>
ble talent littéraire, employât pour des récits et des
drames les r.'- ' '■ ns d'un monde archaïque. En
fait (le nouvel: romans, on n'aura que des scè-
nes, d'un délicat travail littéraire dessinées par l'ar-
ch - ' Alexandre Odobescu et les tableaux de
ri) (ïvcment présentés par un humble chantre
• l'ei^lise, Niidl.is l'i'iinon.
La nouvelle liltéi.tlure s'annonçait sous des auspi-
ces enrorc plus mauvais: elle consistait dans un sim-
I>It' jtu «le mots, < rirt aux
l<>M|smes français, , : Une réaci....
• I. stit se produire: les Junimistes commencèrent leur
283 H19TOIBB DM HOVMAIKt
eârrièf« par la publication d'une revue, les • Entr<v
liens Liltérmlrea •» (<'■'
exposant au ridicule <
et on redressant les exagérations de I
poraine, n' i ' re donné en écl
tique imi> sans horizons
rescu. ou des imitations du romantisme allemand. 51,
»• une fois, le fonds national, plein d'en —^
. ne se fût imposé aux compilateurs et aux ,
ticheurs.
Alecsandri cl son contemporain Alexandre Russo.
élève des écoles de Genève, avaient recueilli déjà ces
poésies populaires que le premier remania artiste-
ment avant de les livrer au public; le succès de sa
collaboration l'encouragea à composer de toutes pic-
ces des ballades dont la succession devait donner une
vraie histoire épique des Roumains. Si la Transiloa-
nîa, revue de «< l'Association pour la culture de la
langue et de la littérature roumaines » au-delà des
Carpathes, fondée en 1861 par Saguna lui-même, par
son collègue de Blaj et par les chefs intellectuels de
la nation, ne remplit pas sa promesse de répandre le
trésor de ces chants transylvains, dont la partie lyri-
que est absolument supérieure. Hasdeu, qui avait fait
de son journal Traian, de sa r - - ,^
(Colonne de Trajan) un riri '^
historiques et en même temps de folklore, attira con
1i' 'unl l'ai' sur cette i ' • ' î
iii. des coi leurs de ton , >
mains s'empressèrent d'envoyer leur récolte. Les ri
vu ir les élèves de Hasdeu. aoqnel on
a\ chaire à la nouvdle Université de
Bucarest (celle de Jassy. fondée aussi par Cuza. est ui
peu plus ancienne), comme Grégoire G. Tocilesco. sui-
virent la direction imposée par le maître. Une grande*
collection de chants populaires fut donné par G. Dein
IIENAIMANCE ROCMAIKB AU XIX* 81ÈCLF. 2S3
Teodorescti, à Bucarest m^me, et bientôt un professeur
roumain de Rrasov. André B4rseanu. associe au phi>
lolo^ue tchèque Jarnk. pi'*'' ••♦ le premier ^ •■•n..??
transylvain de morceaux i « choisis.
Les ' (>i des ju [ engugée*
aussi da.. c voie, et bit:.. ^s résultats.
Les paie s imitations germaniques disparurent, de
même uru les fades pasticbes de la
poésie -. ancien diacre de iassy, mde
esprit jovial, fils du payaan Jean Crcanga, com-
vanta • aux
é populaire
si frappante: un ouvrier ty; de Bucarest,
Pier T ■ Ispirescu, abond ;;eiire, saas
;i\«*ii t r^n ndant la m< ute humour
rustique. Toute une littérature semblable suivit, atti-
rant aux revues, aux calendriers. :
piiliiu L .ujours plus étendu qui r<
pre manière de penser et de sentir.
Alors apparurent les tabteau^
[>an-iix il ceux qui ont créé ai
it. une si f^rande réputation, il n'y avait aucune
v,..^...a.ité dans la vie des cJassm supérieures; elles
ne faisaient que ré(u 1er ses modèles parisiens; on se
ic dans l'iude des mœurs, simples et for-
.. ... , „ . .un. Par Jean Slavici. originaire de Hongrie,
on eât pour la première fois le spectacle de la vie ru-
rale au-delà des mootagnea, et celle du poymn vala-
que trouva un interprète d'une finesse de touche
extrême et d'un rare sens de la couleur dans Barbu
scu Delavrancea, né daos un fauboni^ de Bn-
Ilans Georges Coabuc, venu de Nasaud. en
Transylvanie, l'àme pleine de rytiimes populaires, la
poésic roumain. ' p— daut de «es aoOTeilet.
Quant à la vte l'i • truilM des centres urbuiiia,
c'est'^-djre de ce» couches sociales où se conservaient
284 iiiSTOinB DES roumains
même sous un aspect caricatural, tlù au mélange avec
■ lies, les cuutunii " fUt un
l il dans .1. L. Ci _ ut Usu
d'une famille d'artistes dramatiques, et qui sut ma-
nier le fouet d'une impitoyable satire.
Outre cette inspiration populaire, une connaissance
approfondie de la littérature allemande, l'initiation k
la culture classique, la piété religieuse pour le passé,
un sens supérieur de la musique, du langage, contri-
buèrent à former la poésie complexe de Michel Emi-
nesur, d'une forme parfois si rustiquement claire, par-
fois capiteuse par tous les parfums rares qu'elle dé-
gage. Le grand poète du pessimisme, si habile à expo-
ser ses idées abstraites, ses aspirations à la paix su-
prême dans le renoncement au principe même de
l'existence, n'en fut pas moins un des restaurateurs
du fonds original de la nation, par le rythme qu'il
adopta, par la propriété des termes et leur énergie
concrète, par sa profonde familiarité avec tout ce qui
vient du peuple, par le timbre populaire de son àme
elle-même. Fils d'un petit propriétaire moldave et
ayant passé ses premières années à la campagne, les
vicissitudes de la jeunesse l'amenèrent à Cernauti, où
il fut l'élève du rénovateur même de la vie roumaine
dans cette province, le Transylvain Aaron Pumnul,
soutenu par les Hurmuzaki, puis à Blaj, où il connut
le milieu renfermé, tout plein de traditions, des cha-
noines de l'Eglise unie, mais " ^ d'un peu-
ple robuste vers la liberté n;i sait passer
de longues années comme rédacteur d'une feuille de
parti à Bucarest. L'unité roumaine, dans l'espace aussi
bien que dans le temps, paraissait vouloir se mtDi-
fester dans cette personnalité exceptionnelle, dont l'ac-
tivité fut interrompue trop tôt par la folie et une nort
tragique. Ses qualités se retrouvent dans celui qui fut
le plus digne d'être son successeur, Alexandre Vlakuta.
RSNAISSANCB ROUMAINB AU XIX* SiftCLS 2S5
Cette littérature, venant des profondeurs de la vie
nationale elle-même, accéléra le développement de la
nation. Elle trouva ' ' adversaires. Vers
1890, le culte de l'iiii euse réapparut, et
il eut encore ses adepte cvue Sanwnatorul
V Le Semeur ". qui pami i i ' avec des col-
laborateurs appartenant à toul^ ,'rovinces rou-
maines, le culte du passé, le sentiment de la beaaté
qui se dégage du chant populaire, l'étude attentive
des réalités nationales s'exprimèrent de nouveau et
gagnèrent la victoire. Les nouvelles de M. Sadoveano,
de Sandu-Aldea ' les flnes esquisses psychologiques de
J. bratescu-Voinesti n'ont pas la même origine), la
pot-sie si «louce de tons et si riche en nuances de
St. U. lusif. les grands éclats de voix qui se mêlent
aux scènes rurales attendries d'Octavien Goga« in-
n dans la partie combattive de son œuvre par
, le magyare de PetôfTy, appartiennent à ce mou-
vement de réaction, dont l'inHuence dure encot
Les autres arts fo ' ' ' ir part à ceiie
grande œuvre de véi > analogue do-
mine dans la ■ s>'mphonie roumaine » de Georges
Kncsco. 11 en est de même de la peinture nouvelle:
Rniinescu et Cosbuc, mieux qu'Alecsandri, surfait et
oreux dans ses scènes populaires, se retrouvent
^ les riches poèmes campagnards de Nicolas Gri-
^' i< scu Tmort plus récemment), dont les prés fleuris,
les r; ins, les lents chariots traînés par
des Lu ^. les frêles pastourelles et les ber-
gers aux clairs yeux noirs, donnent, sous un ciel bleu
< !>erle. dans les nuages de poussière des gran-
de .^^ics ou dans la transparence d'atmosphère des
lisières de forêt, toute l'idylle rurale de ce peuple.
C'est lui, ce peui)le. qui est "' * ". * ili-
sation motlerne; il donna ;ii , ^,,e-
miers de tes écrivains et de ses artistes: Enesco est
2S6 IIMTOIIIB DES noUMAINS
le fll« d'un fermier: Grigorescu avait commencé par
fabriquer des icône» pour les églises de village. Non
seulement par son labeur incessant, qui donne à la
Hounianie agraire toutes ses richesses, mais aussi par
d'autres manifestation, il a montré que l'avenir doit re-
poser sur ses robustes épaules; négligé, maltraité, pres-
sure |)ar l'étranger et par les siens mêmes, ce peuple de
paysans réussit, par son énergie invincible, à vaincre
toutes les résistances, à maintenir la vitalité de la race.
La vie des Roumains de Transylvanie ne repose
iir le cl' ' ne s'est pas t" '
, iication ii „nia et n*a pas
fidèlement son héritage: maint évèque fut un fidèle
iir du g(Hi ■ i ■
■ ugra, aclt-^
et de trahisons au service du comte Tisza. de TËglise
des Roumains orthodoxes. Elle ne ' ;i le
talent et L*s connaissances de la < lec-
tuels. qui, après avoir arraché aux prélats la conduite
de la lutte pour le droit, se prêta trop souvent aux
concessions et qui ne comprit pas toujours le seul
rôle de protestation implacable que peuvent avoir ses
représentants au Parlement des usurpateurs à Buda-
pest: il y a eu parmi eux des opportunistes et de sim-
ples démagogues. Le vrai héroïsme ne se rencontre
que dans les masses paysannes, qui. dans des élections
faites à prix d'argent, sous le gourdin des agents et
le fusil des gen icr leur
vote oral aux c.i.i .- , ics sup-
portent une charge plus lourde que les 300.000 frères
qu'elles ont en Bucovine, pays d'Etat autrichien, car
à la contribution que leur impose le Trésor, elles en
ajoutent volontairement une autre destinée à entrete-
T 'c l'organisation ' "T' lise et toute la vie sco-
i l elles ne s'en ] it pas, toutes ûéres de
vivre par elles-mêmes.
REXAJSSANCB ROUMAINS AU US* SlftCLC 287
Lù fMiysan roumain du royaume n'a pas été admis
jusqu'à prendre part à la vraie rie politique: les quei-
" ' <|uelquefois dans la Cham-
icnt au décor, et les élec-
teurs du troisième Collège n'étaient guère laissés 11-
. _ 1 ... , .r >çj. |çjj„ gympaihies réelles. L'état éco-
lal de la claaae qui forme plus des
trois quarts de lu nation n'a pas inspiré de trop lourds
son.'H Hepuis !*• commencement de cette vie des partis
<;iii •!. trait l'attention des administrateurs de leur
;our la reporter sur des Intrigues
, »iit, les paysans ont fait des efforts
louables pour profiter de l'école rurale organisée enfin
(lof>tiis p mnées, par les soins d'un ml-
nistrt- a« . . nt démocratique, le professeur
Spiru ilaret. Alors qu'on ne pensait pas même à leurs
mi V. r.s ;ts s petites économies pour
ooMiiiitiK* I . ite des maîtres d'écoles et
des prêtes, ce grand mouvement de coopération rurale,
qui est en tr. ' ' * >former le pays.
Hn 1877. gagna l'indépendance était en
grande partie une armée de paysans. Mais, bien qu'il
' it de combattre l'ancien ennemi liéréditaire, le
ien profane », il n'y eut pas un m<Nrp«Bent po-
ire qui prépara, qui imposa la guerre. En 1912.
../. ^que la Confédération balcanique attaqua la Tur-
quie, la Roumanie était incertaine de la vc^ à suivre:
le chef i iiel des junimistes. qui se troovalt au
pouvoir. ........ .t ses cxMés le chef du parti conserva-
teur-démocrate qui existait encore, le critique et le phi-
ritus Maioreseu, se contenta de répéter la
<1 ion vainc de désintéressement faite en 1877
par la Roumanie. La politique de parti s'en mêla ce-
pend : à C4^té des abstentionnistes, il y avait
les i> me guerre immédiate avec la eoiilition
entière. Le roi Charles, qui s*» rappelait son anden rôle
2S8 iiiSToins DIS novMAiNS
au proflt de la chrétienté de l'Orient, refusa d'obtem-
pérer aux sommations de cette opi- Au-
triche, qui comptait sur un conll : •- et
Bulgares pour arracher aux premiers le fruit de leur
victoire, envoya à Bucarest, en ;•! ' .le
général Conrad de Hoctzendorf, <i ijor
impérial. Lorsque l'armée bulgare attaqua traîtreuse-
ment ses camarades, il y uvait à Bucarest des politi-
ciens qui, ne pensant qu'aux avantages possibles,
n'étaient pas décidés sur la direction que devaient
prendre l'intervention roumaine.
Or, si la Roumanie, soutenue par la France et la
Russie, put résister aux suggestions de l'Autriche,
aux conseils mômes de l'Allemagne, elle le dut à l'es-
prit public formé par cette civilisation nationale dont
les tendances étaient dirigées, non vers une expansion
d'Etat vers les Balcans, mais vers la reconstitution de
l'Unité roumaine primordiale au-delà des Carpathes.
La campagne contre la Bulgarie, qui sauva <
ment la Serbie et la Grèce d'un désastre, fut fai-. ....
haine aucune, et l'annexion de la Dobrogea méridio-
nale avec Dobritsch-Bazargic et Balcic, ne fut qu'uiv»
mesure de précaution contre les appétits <le voisins
qui voulaient arracher au Royaume son droit à la
mer. Enfin l'enthousiasme populaire pour cette c.Tin-
pagne était une preuve t'vi<hnte de la vitalité \>a\-
sanne en plein essor.
Lorsque la guerre gcncrale éclata, vu août lui i. i
la suite de la violence que l'Autriche voulait faire à
la Serbie par son « expédition de châtiment ». les
hommes politiques roumains, retenus par tout leur
passé et intluencés par la grande autorité d'un roi
fidèle aux « bonnes traditions ». hésitèrent encore une
fois. I!^ "ut peut-ôtre bien qu'il fallait faire une
autre ]• ^ • . mais ce n'était pas la leur. Ce fut un
grand succès inattendu que la déclaration de neutra-
RENAISSANCE BOIMAINB AU XIX* SIKCL.E 2t9
lité votée dans un Conseil de Couronne. Le roi Char-
les en mourut lentement (3 septembre 1915).
Les agitation > ({ui commencèrent un peu plus tard
pour amener l'inter^'ention de la Roumanie du cdté
de l'Entente, agitations qui n'étaient pas exemptes de
ce même esprit de parti, n'auraient pas réussi contre
tant d'intérrts roalisi-s tii faveur de l'Allemagne, si
cette niOnic conscionci-. à laquelle demanda conseil la
loyauté de Ferdinand I", neveu et taccesseur de
' I", n'avait imposé sa volonté à tous les partis,
.. % débris des junkers junimistes et quelques en-
nemis personnels du tzarisme russe. La manière dont,
dans une lutte absolument inégale, les paysans rou-
mains, auxquels on vient à peine d'accorder, par une
réforme constitutionnelle, un droit plus large à la
terre et celn ~ irent et combattent
encore, l'en; , i leurs frères de
Transylvanie et de Bucovine sont venus, quittant lea
camps de |> '<>rs en Russie, se sacrifier à leurs
côtés, non ii ^ue la révélation d'une ftme « mol-
dave » dans la Bessarabie russe, montrent, plus que
' ' ' ■ ' 1 . qu'il y a dans cet Orient
pie de presque 14.000.000.
millions d'àmes, d'une ancienne civilisation originale,
qui ne demanda " ^^fiange de ses souffrances millé-
naires, dont la • on du monde chrétien a profité,
que le respect dû à ses droits incont
I
TABLEAU CHRONOLOGIQUE
des princes ayant régné
TÂLACHIE
SÉVF^r^v. 1247-12
MOLDAVIE
I
ib novembre 1364.
Vi \i)isi.\\ Vl.'icu ou Laico,
i:iC4-ca. lZ6i).
I;vDf f. 1?,8.-
I>NN I- , .-1386.
.MiiuKv r\ii(icn, 1386-31
jan\ i'T 1 11 ■<.
Vuu> I". 1394-1396.
MiciiKL-f-. H1R H20.
I>\N II 51.
iiM.i i! v(., 1422-
1427.
Baaamab n. LaioU. juin 1431
AifXAVDiiB I* (Aldea). 1431
1 \:\:>
\ ; > Il f^ 1 ^„ Draculea.
1446.
1>%N III, ')u naociu], H46-
1447.
•it\(,ob. ca. 13S2>1353.
Sas IL. ca. 1360.
HouDv.x. ca. 1360-ca. 1364.
Utci. ca. 1364-ca 1372.
Yofiui (luga), Koriato- ;•" »•
ca. 1372^écembre l
Etikxnb I", 1377-ca. 1378.
PiBRRB I". c. 1378-ca. 1393.
R011A.V I". ca. 1393-ca. 1394.
ETiDfNB r* (ou II*). 1394.
1400.
IlWA. '•>0.
AhTXK . le Bon. 1400-
1 ' janvier (7) 1432.
Eme ou Ilus 1**. laiivlcr (Ti
27
li 1443.
III. >>i II. - ' t l3-juil-
Irt 1447.
n
HISTOinE DBS nOL'MAINS
VALACHIE
MOLDAVIE
Vi,M)isi-\v II, 1447-printem|j<i
de 1456.
Vlad III, Tepcs (« l'Etnpa-
leur »), printemps 1456-
novembrc 1462.
Radu III, le Beau, 1462-com-
mencemcnt de 1474.
Basarab II. Laiota. 1473-no-
vembre 1477 ( + 1480).
BASAnAD III, le Jeune, 1477-
1482.
MincE.\ II, 1481.
Vi-\n IV, le Moine, 1482-
1495.
Badu IV, le Grand, 1495-
inars 1508.
Mihnea I*', le Mauvais. 1508-
1510 ( + 1510).
Vlad V, ou Vladut, 1510-23
Janvier 1512.
Basarar IV. Neagoe, 1512-
septembre 1521.
TiiéoDOSE. 1521.
Vlad VI. Dragomir, 1521.
Badu V. Badica. 1521-jan-
vler 1524.
Radu VI, d'Afumati. 1521-1
Janvier 1529.
i^MMAN 11. Juillet 1447-.^ juil-
let 1448.
Alexandre II. 2 Juillet-août
1448.
PiEHHE II, 1444 prétendant;
août 1448- 1449.
Alexandhk I! 1449-oc-
tobre 144'i
Boodan II. octobre 144916
octobre 1451.
PiEHRE III. Aaron. 16 octobre
1451-avril 1457.
Alexandre II, 16 octobre
1451-printemps de 1455.
Etienne III, le Grand, avril
1457-2 Juillet 1504.
BooDAN ili (\c Borgne;. 2
Juillet 1504-18 avril 1517.
Etienne IV, le Jeune (Stcf;
nita), 18 avril 1517-14 j:ii
vier 1527.
TABLEAU CHRONOLOOIQCB
III
VALACHIE
MOLDAVIE
F. lY, Rares, janvier
7-18 septembre 1538.
Yladisi "^- •"
brc 1
Moïse, IjSJ-h a i...;û
Vlau VII, le .\u>i. l.'i.iii N«
tembrc 1532.
VLAt> VIII, Vintila. 1532-
1 :).'<:..
I^Aix VII, Paisie, 1535-mars Etienvc V, LacusU (c Saute-
15-15. relie »), septembre 153S-
(lécembre 1540.
Alkxandrb III. Cornea, dé-
cembre 1540-févricr 1541.
PiKRRB IV, Rares, 19 février
1541-octobre 1546.
MmcEA III, le Pâtre, mars Eue ou Iuas II. odol.ri
1545-février 1554.
PimnF: I", ou Pt '
M'", février 15...
1546.mai 1551.
Etienne VI, Rares, nun i.>..i-
septembre 1552.
Jean I*', Joldea, septembre
1552.
Alexandre IV, Lapusoeanu,
septembre 1552-1 s nnvi'm.
bre 1561.
Ml lo Pâtre, Janvier
l....rt-sf{»t.-: lire 1559.
l'UMHh 11, • îitcnilin. 1 '.'0. Je\S II R'^':':V-
juin 1568
18 no\
1
.1 >IM 1
i.'ir.4».
le Despote,
'>61-5 ou 6
s ou 10
! ' I (+raai
A
n.- mu,
.\ii\\\DRF. II. juin 1568*25 BmiuAN iV. â mai lâM-fè»
juillet 1577.
ViKTiLA. mai 1574.
vrier 1572.
Jean III. le Terrible (l'Armé-
nien), février 1572-Jttin
1574.
PlKMMB V, l< tin
1574.23 no.
IV
iiisToins on kovmains
YALACHIE
lliHNBA II. « le Turc ». 25
juillet 1577-Juillet 15«S.
PiERHB Cehc£L (boude d'o-
reilles), juillet 1583-a\Ti1
i:>85.
MiHNEA II. avril ISSS-févrivr
1591.
Eue, mars 1591.
RAPf VIII. mars 1591.
El I -Sourd, mai 1591-
Alexandbe-le-Mauvais, juin
1592-septembre 1593.
Michel-le-Brave. septembre
1593-19 août 1601.
Niroi.\s ÎI, Petrascii, novem-
S ^ c 1600-
juin 16U1; juillet 1601-août
1602.
Radc Serban, août 1602-
décembre 1610; juin-sep-
tembre 1611.
Radi- Mihnea, septembre
1601 -mars 1602; mars-juin
1611; septembre 1611-août
1616.
MOLDAVIE
JiAM IV. Potcoava (fer à che-
val). 23 novembre-fln dé-
cembre 1.^77.
Pierre \ teux, 1" jan-
vier 1 novembre
1579.
lA.Ncr .Sasi'l (le Saxon). 21
novembre 1579-août 1582
(-K septembre).
Pierre Y (le Boiteux), 1582-
29 août 1591.
Aai'
1.
•ptembre
Alexandre-le-Mauvais, juin
1592.
Pierre VI. le Cosaque, août-
24 octobre 1592.
Aaron - LE - Tyran, octobre
1592-3 mai l.'>95.
Etiennk VIII, Razvan, 3 mai
i:)t)5-août 1595.
JÉRFvii M»>vn.A (Mf>fîhila».
n ■■ ■ ■ ■"*<.
Mit. ■..■:,■
tembre 1600.
SiMÉns MoviLA, 10
1606-24 septembre
juillet
novembre- 1 G ou 19 décem-
bre 1607.
Constantin Movil.\, oct'l» <
• . 1607-20 novembre '"
» (-f- juillet 1612).
T\ll .-f M M 1 i'.llN ■
.<,; ji F
TALACHIE
(
i«
• IHK..
■■'• "^''P-
(
.r.18-
: 1
A 1620-
'lit
l'Enfaot >
t< loût 1623-no-
VCil .1 I I'J7.
Albxa.vdrb (Elie) (Uias). no-
!, -rog.
llet
Radu. juillet-Dovembre 1632.
^UTHlBr Rasahab. juillet
1M2-I9avril 1654.
riN RoiAHA», on le
avril inâ-l-iiiar«
IthH.
MlHNKA !!'
mar:s l
IGtiO.
MOLOAFIZ
EniNirs IX, Toiasa. 20 nf>-
venfere 1611-22 aoTembre
1615.
Alsxandbb V, Movi ».
vembr« 1615-2 a G.
P< ' 'NEA. août 1C1&-4
QIO.
Gaspard Gratiani. 4 terrier
1619-seplenibre 1620.
ÀLEXANDiiK VI, liias, septero»
bre IffiM nptembre 1621.
BnsKKB IX, Tonaa, sepiom.
br« 1621 -août 1623.
Raou MIH.VBA. aoAt 1623-23
Jan%'ier 1626.
MiRON Barnowski Movila.
janvier 1626-jnHlrt 1629.
Alexasuhf VII. Coconul
(VEv itilllet 1629-28
28 ;i. II.
MoïsR M'iviLA. 2K avril 1630-
novembre 1631.
Alkxakdre VIII. noTpmbre
1631-avri! ""*''
MiRo.s- I'
1633-2 juiiirt M).).).
MoISB Movila. 2 juillet 1633-
avril 1634.
Basilb Lvfo. avril 1634-13-
avril 1653: 8 mai- 16 Juillet
1653.
GEORaBS r
8 mai IC .
13 mars lOâH.
nur.r.s M. fîhica, i.» iuhi»
! '..'. ^ ll-\ " : !>rc 1659.
lUsARAB. fin no-
1 " décembre 1659;
ôl jMuvier-février 1661.
VI
HI8TOIIIB DES ROUMAIK8
VALACHIE
MOLDAVIE
GniooiRB <
câ, sept»
bre 1664.
Raou Léon, décembre 1664-
mars 1669.
Antoine dk Popksti, ou Po-
pescu, mars lGG9-inars 1672.
GR^GoinR GtiiCA, mars 1672-
nuvembre-décembre 1674.
Georges Duca, novembre-dé-
cembre 1674-novembre 1678.
Serban Cantacuzène, novem-
bre 1678-9 novembre 1688.
Constantin Brancovbanu, 9
novembre 1688-avril 1714.
Etienne X (S(ef«nita). 1" dé-
cembre 1659-31 janvier
1661; révrler-29 septembre
1661.
EUSTRATIUS DaBUA. SeplMD-
bre 1661 - 12 septembre
1665.
Georges III, Dues, septembre
1665-mai 1666.
Eue (Ilias) Alexandre, mti
1666-novembre 1668.
Georges III. Duca. novembre
1668-16 août 1672.
Etienne XI, Petriceicu, 16
août 1672-octobre 1673;
décembre 1673-commence-
inent de 1674.
DÉMi^.TMK (Dimitrascu) Can-
TACizÉNE, novembre 1673;
1674-septembre 1675.
Antoine Rosbtti (Ru&et),
septembre 1675-novembre
1678.
Georges III. Duca. novem-
bre 1678-4 janvier 1684.
Etienne XI, Petriceicu, 4 jan-
vier 1684-mars 1684.
DÉMàTRB CANTAcuzàNE, mars
1684-25 juin 1685.
Constantin Cantemir. 25
juin 1685 :" - 1693.
DÉMÊTiiE Ca 29 mars
1693-18 avril 16U3.
Constantin Dita. mars 1693-
18 di
A.NTIOCII H. 18 dé-
cembre 1696-14 septembre
1700.
Constan
bre 1. - , i.j-..
Michel Racovita. 4 octobre
1703-13 février 1705.
TABLEAU CHRONOLOCIQUB
vn
YÂLACBIE
MOLDAVIE
Etibmnb Cantacuzèxb, arri;
1714-dérrmbre 1715.
Nu H|.\S M M f'.oCOBDATO, dè-
' 171^14 novembre
j\ \\ M \t i.oconDATO, 2 dé-
ce ru br.- 1716-23 février
1719.
Ni( (ti.\s Maubocordato. 2
mars 1719-3 septembre
I7:ift
Mi
\TO,
.0.
TA, octobre
.• 1731.
OROATO>
...116 «Tri!
CONSTA-
24 uci..l,
1733.
Gm^(,oirr II. Ghica. S6 aTril
1733-27 novembre 1735.
Constantin Mai'Rocoroato,
27 novembre 1735-Mpteni-
bre 1741.
Antiochus Cantkmir. 13 fé-
vrier 1705-31 juillet 1707.
Michel P 31 Juillet
1707-2X 1709.
Nu <.i.\s Mmhoiohdato, 6
: vcmbre 1 709-novembre
1710.
Cantiî%iir, novem-
II.
' rimât) du
11. août 1711.
ie Jean Mauro-
7 octobre-19 oo-
brr '
Caïm
C
1711.
• HOATO.
r- îTlfi
Michel Racovita* 5 Janvier
1716^>ctobre 1726.
Grécoirb II. Mathieu Ghica.
oolobre 1726-16 avHl 1733.
Constantin Mavrocoroato,
16 avril 1733-26 novembre
1735.
GRÉOOlRB-MATHIRt' GniCA. 27
novembre 1735-14 aeplMD-
brt 1739.
OceoiMttirx 14 sepU
GiiAaotiiB II. Mathieu Ghica,
1739*Mptembre 1741.
VIII
lltSTOINB DBS ROUMAlaMS
YALACHIE
Micnu. Racoti-ta. iirpteinbrc
1741-Juillet 1744.
\NT1N M
,\ 1711-,
OATO,
Oréooihe II» Ghic«. avril
1748-6 seplemkrr '""'
MATHtEu GiiicA. septembre
C< vTTA, juil-
let i753-ca. 29 février 1756.
Constantin' MAtHocoiiDATdi,
ca. 29 février 1756-7 sep-
tembre 1758.
ScARLATE GnicA. 7 Septembre
1758-11 juin 1761.
Constantin .Mai uoconnATO,
11 juin 1761-niars 1763.
Constantin Racovita. mars
1763-8 février 1764.
Etienne Racovita, février
1764-septembre 1765.
ScAHLATE Ghica. 7 Septembre
1765-13 décembre 1766.
.\lkxandre Ghi<:a. 13 décem-
bre 1766-28 octobre 1768.
GnKttoiHK lU. Alexandre Ghi-
ca, 28 OCtoiM''' t "nX-nMV<Mii-
bre 1769.
^vwiiEI. (iiAM - HosrpTi,
1770-octobre 1771.
MOLDAVIE
Constantin MAi'nocoiiOATo.
sep'embre 1741-29 Juin
1743.
Jean MArKocoRDATo, 29 Juin
1743-mal 1747.
GnéooinE II. Mathieu Ghica.
mai 1747-avril 1748.
Constantin MAunoconi>ATo,
avril 1748-31 août 1749.
Constantin Racovita. 31
août 1749-3 juillet 1753.
Mathieu Ghica, 3 juillet 1753-
ca. 29 février 1756.
Constantin Racovita, ca. 29
février 175ft-14 mars 1757,
Scarlate Ghica. 14 mars
1757-7 août 1758.
JeAN-Th INODORE
ou Calmasul. 7
juin 1761.
GRtnofRR (.M.i.i.nM Hi. 11
juin 1761-29 mars 1764.
GRÈnoiHErAi
29 tu-
GntooiRF C^u.TWArm.
vrier
CON
fé-
7r,'i
1 I juillet 1774 :
paix *ic Keutschuk-Kai-
nardschi.
IX
TALACHIE
^>< roïse. novrmbrr
-1 juillet 1774 :
de Keutscbuk-Kai-
Al fÏYI'SlLAXTl. »€p-
t- , ""'février 1782.
frvi u-i iT.sij ,, ,.,; 1 ;.■..,.
Michel Sutv (Soutzo). août
1783-avril 1786.
Ni. ! vs M (Mavro-
l^h' Ml I • . -I'"' iiiin
î T'.IO
Or( iji.ition autrichienne. 15
ni.vembre 1789-4 août 1791 :
paix de Sishtov.
MirHFt.
(Soutro),
n*>m-
^ 1 •
*o.
\t
■ Tî.
août
Cm-
rv \.'i
JiRLi. dé-
r ••„t,l
II" mars
1799.
Ai 1 \ \v • ■ ' : iii.i vi mars
17'f'i
Mi(.;u.i. ,. ■ "•'>
brc 1801 -juin
AuoAMDnK Sirru (Soutzo).
jiiHî.t 1- . k>lrmbre 1802.
<""^^ I ■. ! • II-. i-nilJlN'n. 1"
MOLDAVIE
GRA0OIIIB»ALEXANDIUt GuiGA.
septembre 1774-10 octobre
1777,
^ . octo-
VTO
12
^ ^1 M JIOCORDATO
II. t'hiraris. 12 Janvier
1785-14 dér.MMÎ.r.. 1788.
Alexandre II i. dé-
--ornhr- 1T> ....il 1788.
I-ROSETTI,
-i/it 17a8.
^> n rusae, octobre
i/no-.' janvier 1792: paix
de Jauy.
Occupation autrichienne,
1787-4 août 1791: paix de
Sishtov.
Af.irx^vf>HP MnrnoiTsi. mars
utio), Jan-
«3-6 mai 1795.
Al iK CALUitAcni. 6 mai
17i»6-mars 1799.
Constantin |ivi.«tf »vti s
mars 1799-ji
ii>t 1801-c«. 4 octobre
Alsxandhk Moumovsf, 4 oe-
tobre IMa-MÉI 18M.
III9TOIRR DES ROL'MAIXS
VALACBIE
MOLDAVIE
ALKXANimE Si'Ti' (Soutzo;.
août-13 octobre ISOH.
Constantin Hyi'sii.\nti. oc-
tobre-novembre tSOfi.
Occupation russe. 25 décem-
bre 1806-28 mai 1812: paix
de Hucarcst. Administra-
tion d'Hypsilanti sous le
contrôle russe, 27 décem-
bre 1806-31 mai 1807; 8-28
août 1807. Administration
du général ProzorowskI,
août 1807-1" mars 1808.
Administration des « C.iï-
niacums u (Intérimaires),
1" mars 1808-18 sL-ptcmbre
1808. Administration d'un
Comité de cinq membres,
18 septembre 1808 (depuis
mars 1809. le général russe
Engolhardt, vice-président
du Divan)-28 mai 1812.
jEAN-CiEonoEs Cahaoka (Ka-
ratzas) 8 septembre 1812-
12 octobre 1818.
ALEx.\Ni)nK SuTu (Soutzo), 16
novembre 1818-18/19 jan-
vier 1821.
ScAiiijKTK Calumachi. févrîer-
juin 1821.
Révolution de Tudor N'Iadi-
mirescu, 28 mars-27 mai
1821.
ition turque. 28 mai
1-21 juin 1822.
GnéooiRE IV (Ghica). 21 juin
1822-12 juillet 1828.
S(:ai{|.\tf. Calxjmaciii, aoùt-
13 octobre 1806.
AU:XANt>HK H I RU. 19
mars-1 aou!
ScARij^TK Calumachi. 4 août-
1807-13 juin 1810.
Occupation russe, 29 novem-
bre 1806-28 mai 1812.
ScARLATF. Callimachi, 17 Sep-
tembre 1812-juin 1819.
Michel Sutu (Soutso), juin
1819mars 1821.
Domination grecque, mars
1821.
Caïmacamic présidée par le
Métropolite, mars -avril
1821.
Caïinacamie d'Etienne Vojff»-
ridés. nommé en févn. r.
installé en automne 1821-
22 juillet 1822.
Occupation turque, mai 1821-
juillet 1822.
Jean .Sa.nuu Sturdza, 21 juin
1822-5 mai 1828.
TABLKAi; CHRONOLOOtQl'E
XI
YALACHI£
MOLDAVIE
O.
russe, 12 j
18:^-1. :i VI
mé le Tl février IM2ii-no-
vernhrr IS'J'i; li- L'énÎTal
Paul Ki>
Divan. ;....,....,.. l.-J
avril 1834.
Am*' ■ ■ ■ r.incA. avril 1834-
1842.
il ..n(,i . i.iiirsri-, 1" Janvier
ISJ.', :':. jiii;' 1848.
,< I l'rovisoire, 26
1848.
;. t 1848
.. 12
it-25 sep-
(le Constantin
26 septembre
1'».
Stihhi;il (Stii '
1 .-: ; -
Barrc
juin 1849-21) octobre l .-
Orrupnlinn rii^se, 29 octobre
is:.;i-;;i jmii.-t 1854.
BAimii SiiuMKiu (Stirbey
avec les Aulrichiens, 5 o«
t ' '.1-25 Juin 1856.
(':. d'.\l.KXA.NDHl
.. I Juillet 1856-octc>-
1 .S58.
rnîmnramic dr trof<< mem-
.•\i
fe-
MiCHCL Sti'rdza, stHI 1834-
Juin 1849.
"iRE-AuauMDnB Ghica.
.in 1849-26 Mplembre
1853.
^:>4.
\\-«i>iw. iiiiiCAi
1854-26 Juin
lie de Théodore
Nicolas Vooo-
un 1856-octobre
< li^ de trois meni'
TNNE Cataroiv,
IIDZA. AnASTASK
Vksv. uclubre 1858-17 Jan-
vier 1859.
Ail \vm'iik-Jkan Cvxa. t7(5
j.iii\ KT I 1859.
m HISTOIMB on nOUMAIMI
PRINCIPAUTES UNIES, pals ROUMANIE
PRINCIPAUTE
AuoANDRe Jean I" Cvza. 5 février (24 janvier) lëâ»- 11/23
février 1866.
I.icutenance Princière: N. Golescu, Lascar Cataroi, N. Hara-
uiMBiB. 11/23 février 1866-20 avril 1866.
ChARLKS I" de HOHBNZOUJ^nN-SlOMARINQBN, 20 ivril 1866.
ROYAUME
Charles I", 26 mars 1881-10 octobre 1914.
FeHI)I\»Mi Î" m (irtolirr 1911- .
NOTES BIBUOGRAPHIQUES
A-D. XÉNOPou — Hiêtoire de* Roamaiiu de la Dacie Tra-
fanr. 2 vol., Paris 1896.
Les BnnmainM, hiêtoire, ittU matériel et intellectuel,
V
N. JoBOA. lehte des Rumàmiwhen Yolkeg im Hah-
men setner Slaatsbilduagen, 2 vol.. Gotha 1905.
Brerr .S.'. ,../ ,/,•/ Humeni, Bucarest 1911.
Emmamkl i)i K. — La ValacMe. Paris 1902.
O, Densissian; . .. .i/o/rr de '■• /«"»""' roumaine. 1, Pa-
ris 1901; II. premier f 1914.
V • ■ 1/.-*. .,- W-- !.. .,, Transgloanie ^' f^*
16.
,/f< i(t>i: niicovine, Jassy 1917.
ancf de . entre le Pruth et le Dnies-
tr ■ ' " '
Boinrs f dans
Ir
Qutl^ il'iJ.
1914.»
Droite nafioiuitiT tf nolitiquet des Roumaiiu dans ta
[) 17.
G. Wbioani*. "•" î '•'»»•'' t*9.î
Die Spraehe d^r ^ 18M.
Emiib Picot. ' ^^. «/,..«». •" '«"»
Chants / * dei !<•
« Re<Mi'i! ■!• ! * ■ «H- trauiwli"n> j'
les prufcifsi'ur oie des langues
vivantes » >. l'ai is l^.*.'.
J. NtSTon. fiie aimriirliijrn Handehbeziebungen der
U ^ und XV t Jahrhiuuiert. Gotha
1.. î>iri{r a paru «o«» ^ titre
lifUtdrl und VVi<i<.; r Molda- ''
19t?; «f /);< n-r Zollw,
« 'ing« Verwaltuog und
V I.)
XIV IIISTOinB DES ROl'MAINS
(Nom avon^ traita, dam Hm oMvrafj^s sp*rla»i\.
volume sent a paru, l'histoire du Comtmrrce rou-
main, I, Valcnii-dc-MunIc, 1915.)
N. JoROA. — Histoire des relations entre la France et tes
Roiinwins. Jasny 1917.
Histoire des relations russo-roumaine», Jauy 1917.
Histoire des relations entre l'Angleterre et le» Rou-
mains (en préparation; la première partie a paru
dans les « Mélanges Réniont », Paris 1913.)
Relations des Houmains avec les Allié» (trad. franc,
par F. Lebrun), Jassy 1917.
Histoire des Etats balcanique» à Vipoque moderne.
Bucarest 1914.
Relations entre les Serbes et le» Roumains, Bucarest
1913 (cf. Correspondance roumaine des Voévodes
de Cladovo, dans le « Bulletin » cité; La cloche
de Carageorges pour la chapelle de Topola, Buca-
rest 1914, dans le même « Bulletin • et séparé-
ment.)
Vn acte roumain concernant le docteur Veron, ini-
tiateur de la culture bulgare contemporaine (dans
le même « Bulletin », 1914.)
Quelques mots sur les relations entre les Roumain»
et le peuple turc, Bucarest 1914.
Deux traditions historiques dans les Balcans: celle
de l'Italie et celle des Roumains (dans le même
« Bulletin », 1913).
La survivance byzantine dans les pays roumains,
Bucarest 1913.
\'t,fr\ (l'un historien relatives aux événements des
ins, Bucarest, 1913 (aussi dans le c Bulletin »
> ..1 .)
Basile Lupu, prince de Moldavie, comme successeur
des Empereurs d'Orient sous la tutelle du Patriar-
cat de donslantinople et de l'Eglise orthodoxe
(1640-1653) (dans le « Bulletin > cité, 1914.)
L' Mont Athos et les pays roumnln* imôrne € Bulle-
Un ». 1914).
NOTES BIBLIor.RAFHIQtES XV
FonJii!in:iK i de» princes roumains en
Orient: M ■■ iln Météores en Thrimlir
Ubid.: sur l'Epire, Coi
pie ri ''"' '^■"'^ '«ne clv...v .,,.,.
ciale <l lin ».)
Deux coiiii iiiii fii.^ n iiii.MDiii II t ifsiastiQue dct
Roumaim (iiiéme « Bulletin ■, 1916.)
Quelques d<<: •• • f - ' *' tï
entre les /'
luti muiHe du xvii*
'il
Belatuiiti Ji i'cc U* I<^
et nver ^• ' de V • i
<■ ' t
/'r/ ouvriers employés aux salines)
't is le même « Bulletin > 1
Im ; fine dans les eaux de la
Soire (même « Bulletin •. 19H.)
Histoire des Juifs en Houmanie Ubid.)
Arméniens et Houmains (même < Bulletin >. 1913.)
Les éléments originaux de Vancienne eivillsatton
roumaine, Jassy 1911.
Scènes et histoire^ ■' -^é roumain. Bucarest 1902.
A.-I). \i Noi'OL. — L'ne ' istorique: les Roumains au
nu
N. JoBOA. ' Roumain» datu la Pénin-
tu ■i moyen âge (dans le même
« I
Cou II
r.
r/ i- tiietue « bulletin >. 1913.)
Les < 1 doMU les combats entre Roumain* et
Hongrois (ibid.).
Phases psiirltoUunours et Unm rrnrésentattfi dtê
Rouni' I
i:. Picot. — C/ ,.. ..cgoire Ourékl,
Paris n par J.-N. Popovici,
avec uiiix'i.iii' ., Bucarr* "" •
M. KOOALNKKAN-U. — Fr « des cil
daves et oalaqurs j>nnr servir à i msioir
Pierre-le^rand. Charles XII. etc.. 2 vol.,
183«. 1845.
N. JoHOA. — Développement de la question rurale en Rou-
manie. Jassy 1917.
XVI HlSTOtltR URS ROUMAINS
J. Livî.1. — iHt Auttnârtigf PoUtik de» Peter liarei, Fùnt
von Moldau. Vienne 1908.
J. SiRBV. — Mateiu-Voda Hasaraba» autwàrtige Beziehun
gen, I>eipzig 1899.
N. JonoA. — L'activité culturelle du prince Constantin
Brancooeanu (« Bullvlin • cité. 1915.)
Lettres inédites de Tudor Vladimirescu (même « Bul-
letin ». UH.'>.)
lor< et Tudor Vladimire»eu (mèrn'
Aus dcm Lrben hanigs Karl ifon Hnmànien (4 vol.; il y u
aussi une traduction française publiée par le Jour-
nal r « Indépendance Rouniaine », à Bucarest
Les documents concernant les v<
Houniains .se trouvent dan.s les trent I
collection Hurmuzaki. (« Documents C' t l'histoin
des Roumains •), publiée par l'AcadémiL Jine.
Pour les docuincnt.s intérieurs, on a les recueils de Théo-
dore Codrescu, Uricariul (25 vol.), l'Archiva Istorica de
Hasdeu (Bucarest 1865), nos Studii si Documente
(plus de .30 volumes), nos Actes et Fragments concernant
l'histoire des lioumains. 3 volumes, Bucarest 1895 et suiv..
pi, li-ux volumes; uni
térature i au xviii* siècle, en -, une
Histoire (/< ' urature roumaine au \ i trois
volumes, et une Histoire de la Littérature religieuse des
Roumains, en un volume, ont été publiés, en roumain, par
l'auteur du présent ouvrage.
Des matériaux concernant le Despote se trouvent dans
N. JoBCA. — Nouveaux matériaux pour servir à rhistoir<
de Jacques liasilikos l'Héraclide, dit le Despote
prinri' df Mnliltii'ii' niirrinst 1900.
TABLE DES MATIÈRES
^»'^"" • ! — Base territoriale de la
.\iiii<>it ,' I
CiUPiTRE II. — Formation du peuple roumain 12
Chapitré III. — lyomination des peuples de ta
'■■■rr- 34
(.M^ li.fc IV. — Vie r des Roumains
(ICI II i la fondation dc- ipautés 46
Chapitre V. — Vie politique des Roumains
avant la formation d'une civilisation nationale 63
(m m ' r MF, VI. - Formation de la civilisation rou-
niauie au milieu des Principautés indépen-
ilanles aux xv et xvf siècles 89
Chapitre VII. — Eléments de la civilisation rou-
maine à r époque moderne. 122
Chapitre VIII. — Caractère de iu cwuisatiun
roumaine au XV siècle 147
CiupiTRE IX. - Développement de la civilisation
'' '• et xvir siècles; ses consé-
'/ < 164
Chapitre X. — Décadence phanariote sur le Da-
f' l> ' ' de la civilisation rou-
iiuutu , n l ' i: j -.nie 199
XVI il TABLS OIS UATtÉRSS
Chapitre XI. — lienaissancr r an \ix
siècle avant rUnion des Prir x 237
Chapitre XII. — Renaissance roumaine au xtx'
siècle par l'idée nationale militante après
rCnion des PrincifXËUtés 264
TABLEAr Chhonoi.ooioie dfs Princks ayant
RÉGNl' I
Notes BiBUuuHAHHiguhs mii
Inp. Lamo. Blamcbomo «t C'*. 7, ni« RodMchoaart. Farta.
DR lor^, KicoXae
2^7 Histoir* (!•■ Rouaalns
175 «t d« l«up civilisation
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SUPS FROM THIS POOCET
UNIVERSITY OF TORONTO UBRARY