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Full text of "Histoire des Roumains et de leur civilisation"

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N    JORGA 

l'rofenfur  .1   l  re$t 

Membre  Je  i  ne 

Amdtn  Prétidenî  de  t»  Ctutmbrt  d«f  Dépmléa 


HISTOIRE 


D£S 


ROUMAINS 


et  de  leur  Civilisation 


PARIS 

HENRY    PAULIN.    Éditeur 

101,  Boulevard  iouitUa  II  4*) 

IMO 


<l 


Histoire   des   Roumains 

et 
DE  LEUR  CIVILISATION 


N.  JORGA 

Profttteur  à  l'Univer$Ué  </«  Bacmrttt 

MtmLrf  de  l'Aetutémi*  Roam*in9 

Ancien  Président  de  la  Chttnbrt  des  Députée 


HISTOIRE 

DES 

ROUMAINS 

et  de  leur  Civilisation 


i'ARIS 
tlL.NHY    l'AL'LlN,    Éditeur 

104,  Boulevard  Jourdan  lli'i 
IMO 


^i?n2s 


HISTOIRE    DES    ROUMAINS 


CHAIMTRI-:  riŒ.Mii:u 
Base  territoriale  de  la  Nation  roumaine 


Entre  le  centre  de  l'Europe  et  la  steppe  russe,  entre 
les  relions  brumeuses  du  Nord  et  le  Midi  ensoleillé 
»!  ;ins,  s'étend  toute  une  ré- 

■^    _  „     .-.     ,      lue  n'existe  pas  quant  aux 

caractères  positifs  de  la  nature.  Elle  présente,  au  con- 
"         ..'■'--.  '^  ^  '  '  ■  '  îies 

„  -  .      "^  >  •'■    ni 

point  au  climat  tempéré  de  la  Valachie.  où,  pendant  ces 
iii  ■  ment  veii         '  i  \ord- 

I  .         .  '  ^  riches  .  ..  >es,  et 

où.  le  lendemain,  dans  la  chaleur  moite  du  dégel,  fé- 
vrier ressemble  plut<^t  à  un  souriant  début  de  prin- 
temps. 

I^s  vallées,  d'une  orientation  tout  à  fait  spéciale,  de 
rOlténie  ont  une  atm  -  '  -  -  '  '"  rranéenne  par  rap- 
port à  cette  plaine  tte  aux  brusques 
rafales  que  rien  n'arrête  dans  leur  assaut.  Il  neige  sou- 
vent -S  Jatsv  M  l'f^poque  où  quelques  gouttes  de  plaie 
li»Mlr  t'imiM  lit  .1  |K  itu*  du  ciel  rose,  à  travers  les  nuages 
couvrant  Iv  riant  |{ii<arfst. 

Ces  dilTcrences  ne  tiennent  pas  qu'au  voisinage  des 
montagnes  et  de  la  plaine  dans  chacune  des  régions 
composant  un  pays  si  varié  d'aspect  et  cependant  si 


2  tiiiToiiiR  on  noviiAiiri 

unitaire.  Cnr,  si  la  Transvlvanif  ne  i  re  que 

des  vallées  étroites  entre  les  cime*  di  t„.,  .  ...  >.  cl  les 
lignes  des  rollines  qui  en  sillonnent  dans  tous  les  sens 
l'étendue,  si  le  terrain  arable  n'est  ?  i»ar 

les  "  lunci  »,  par  les  vallées  assez  la^  ros, 

comme  l'Oit,  les  Tlrnave,  le  Somes;  la  Valachie.  com- 
■  Mîint  aussi  l'Ollénie  et  la  Moldavie,  telle  qu'elle 
:  lit  avant  les  démembrements  de  1755  et  de  1812.  pré- 
sente tous  les  aspects  possibles  d'un  territoire  complet, 
et  ces  provinces  forment  comme  un  11  '  ""  'les 
aspects  divers  que  peut  avoir  une  m  int 

en  môme  temps  du  froid  Occident  aux  brumes  fréquen- 
tes, aux  prairies  verdoyantes  et  de  l'Orient  au 
ciel  bleu,  au  soleil  brûlant  et  aux  moissons  fabuleu- 
ses. En  quelques  heures  de  marche,  on  passe,  en  Vala- 
l'iiic.  des  rochers  nus.  des  forêts  de  pins,  des  ruis- 
siiuix  qui  jaillissent  des  hautes  sources  pour  s'en- 
goufTrer.  bruissantes,  au  milieu  des  gorges,  aux  colli- 
nes où  s'élayent  les  riches  vergers  semblables  à  ceux 
de  l'Angleterre,  jusqu'à  la  blanche  maison  ancienne 
aux  boiseries  noircies  par  les  ans.  Un  peu  plus  bas 
encore  et  l'on  se  trouvera,  sous  les  rayons  ardents, 
dans  une  plaine  où,  en  quelques  semaines,  le  brin 
de  blé  qui  perçait  à  peine  en  avril,  ploie  vers  le  milieu 
de  juin  sous  le  poids  de  l'épi  doré,  alors  que  dans  la 
montagne  les  premières  fleurs  du  printemps  ne  sont 
pas  encore  flétries  et  que,  devant  les  fenêtres  des  hut- 
tes, dans  les  hameaux,  le  lilas  continue  de  fleurir. 
Puis,  tout  au  bout,  un  monde  spécial  remplit  d'éton- 
nement  le  voyageur.  C'est  la  zone  du  Danube,  aux 
forêts  de  saules  noueux,  impénétrables  au  premier 
aspect,  qui  cachent  cependant  les  clairières  où  le  pé- 
cheur nettoie  et  rif  >de  «ies  <  il  pré- 
pare le  produit  de  ^  i  (s.  Dans  ■  ,.  i.  cette 
lone  franchit  le  fleuve,  s'étend  sur  la  rive  droite,  à 
travers  un  pays  sans  maître    ayant    un    passé    plus 


BASB  TERRITOIUAUI  DR   UA   NATIOM    RQUMATKB  3 

reculé,  jusqu'aux  grands  lacs,  k  l'inextricable  delta 
du  ^'       '       '      '  r.  Là,  une  au*"    -    *ion  de  p<^che 

att  .  bien  que  \\  .  qui.  depuis 

des  siècles,  accourt  du  Nord  et  du  Sud  pour  exploiter 
ces  richesses  infinies. 

Même  spectacle  dans  la  Moldavie:  on  descend  des 
cimes  nues  du  Ceahlau  pour  se  trouver  bientôt  parmi 
les  vergers  des  riants  villages  et  des  couvents  anti- 
ques, dont  les  coupoles  s'élèvent  à  l'improviste  au- 
dessus  den  immenses  forêts.  Un  peu  plus  loin,  la  large 
rivière  du  StTcth  déroule  majestueusement  ses  eaux 
claires  parsemées  d'Iles  nombreuses:  là,  les  coteaux 
ba!  soleil  se  recouvrent  chaque  année  de  sph-n- 

did^ ssons;  entre  les  pâturages  qui  nourrissaient 

jadis  une  des  plus  nobles  races  de  bétail  de  l'Europe, 
celle  des  bo-ufs  au  large  Tront  et  aux  puissantes  cornes 
droites,  miroitent  les  étangs  créés  par  les  anciens 
boïars  pour  nourrir,  pendant  les  longs  mois  du  carême 
ortî  leur  «  cour  »  et  leurs  |-  Au  delà  du 

Prti  \   eaux   lentes,  enfin,  qu  <  ut  de  hauts 

rivages  argileux  qui  le  cachent  presque  aux  regards, 
se  ■'■  î.-  la  Bessarabie,  avec  ses  ondu- 

lai es  au  pacage.  Cette  région  peu 

peuplée,  qui  conser\'e  partout  le  même  caractère  de 
la  *  :  ''t  le  souvenir  de  l'ancien  «  désert  »,  con- 
du  lands  lacs  du  Danube,  pareils  à  ceux  de  la 

Dobrogea  voisine,  et  au  ••  liman  »  du  Dniester;  là  se 

termine   la   pri"  • 'té  que   les   maîtres   du   pays  au 

xiv  siècle  s'en  issaient.  dans  leur  titre  même, 

d'avoir  mené«  »  de  ia  montagne  à  la  mer  •>. 

L'Olténie,  à  tant  d'égards  pareille  à  la  Serbie  voi- 
sine et  ayant  des  similitudes  avec  les  territoires  qui 
tendent,  non  plus  vers  la  mer  de  Hyzance.  mais  bien 
vers  celle  de  Venise,  offre  de  nouveau  cette  douce 
succession  de  tous  les  climats,  de  tous  les  aspects  et 
de  tous  les  produits,  depuis  les  hauteurs  solitaires  du 


4  HTSTOinK    DRS    ROUMAmS 

Pni 
din; 

e\  du  Romanati.  et  à  ces  pêcheries  du  Danube,  qui.  au- 
tour  d-  lourd'hui »«•  de  se- 

cond oi  .  au  Mil'  - 

Semblables  par  cette  harmonie  de  nuances,  tes  di> 
verses  zones  des  r»'  '    mphiquc      t   '     ont  l'Ol- 

ténie,  la  Valachic,  A  la  Ti .  .nie  avec 

ses  annexes,  sont  cependant  séparées  par  de  profon- 
des différences  qui  font  de  chacune  d'elles  un  tout 
distinct  et  particulier.  Nous  avons  déjt\  dit  que  l'OI- 
ténie  se  rapproche  de  la  Serbie,  TOlt,  dont  elle  porte 
le  nom.  étant  une  Morava  de  la  rive  gauche  du  Danube. 
Mais,  si  entre  la  Valachie  et  la  Moldavie  il  y  a  l'élé- 
ment commun  de  cette  steppe  qui,  comprenant  tout 
le  Sud  bessarabien,  s'étend  en  deçà  du  Pruth  dans  la 
région  de  Galatz  pour  descendre  vers  Braila  et  se  dé- 
velopper librement  dans  l'ancien  «  désert  »  de  l'Ialo- 
mita.  pareil  à  l'océan  des  riches  herbes  éphémères  de 
la  Russie  méridionale,  on  ne  retrouvera  point  en  Mol- 
davie cette  molle  plaine  nourricière  ouverte  à  tous 
les  courants  de  l'air  comme  à  ceux  des  immigrations 
humaines,  invasions  dévastatrices  et  transformatrices. 
Les  collines  se  poursuivent,  s'enchevêtrent,  mêlant  les 
lignes  capricieuses  de  leurs  vieilles  forêts  aux  tapis 
multicolores  des  cultures  variées.  Si  le  Séreth,  le 
Pruth,  le  Dniester  ont  la  belle  ligne  droite  des  riviêi«s 
valaques,  de  tontes  les  rivières  valaques,  la  \'<- 
dea,  l'Argess,  la  Dâmbovita,  la  Prahova.  l'Ialomita. 
le  Ruzau.  descendant  des  montages  occidentales  du 
pays,  ne  vont  pas  directement  au  Danube;  elles  tra- 
versent la  région  haute  du  pays  pour  confondre  leurs 
vagues  avec  celles  du  Séreth,  qui  forme  une  des  gran- 
des artères  moldaves.  Sur  la  rive  gauche,  la  mcmc 
rivière  ne  reçoit  que  les  eaux  mal  assurées  du  Bàrlad 
qui.  après  un  circuit  disgracieux  à  travers  des  vallées 


BASE  TERRITORIALS  DR  LA  NATION    ROUMAINE  5 

tourmentées,  paraissent  devoir  s'engloutir  dans  leur 

terre  j.i  '    '      "  "      Le  Pruth   i' 

eaux  \>.'  ijia.  sur  la  ri' 

seuls,  deux  cours  d'eau  plus  importants  sillonnent  la 

Bessarabie  pou  '   '        '         '     î)niester. 

Pour  la  Tr;i  ne  des  eaux,  déter- 

minant, quant  au  caractère  d'un  pays,  est  encore  plus 
diflft^rent.  Malgré  la  séparation  des  Carpathes,  il  est 
évident  cfue  la  partie  méridionale  de  la  province, 
avec  son  «  Pays  de  l'Oit  i>,  son  -<  Pays  de  la  Bàrsa  », 
son  district  de  Sibiiu,  appartient  k  la  Valachie.  où  se 
trouve  la  source  de  ses  rivières:  les  princes  valaques 
ont  réi  iites  fois  à  l'avoir,  de  même  que  ceux 

de  la  M, ont  cherché,  par  la  Bucovine  et  la  Po- 

cutie.  à  atteindre  les  sources  mêmes  du  Séreth.  du 
Pruth  et  du  Dniester.  Les  autres  grandes  rivières  ce- 
pendant, le  Muras,  le  Somes,  les  trois  branches  du 
Cri»,  les  cours  d'eau  du  Banat  de  Temesvar,  vont,  du 
côté  de  l'Ouest,  se  jeter  dans  ce  grand  fanal  collec- 
teur de  la  Theiss,  qui  rriri«liir:j  !«•  T):imil)»>  d*'  fiiiiff^ 
ces  eaux  confondues. 

A  tr:. 
une  lai.. 

logue  qui  flxe  les  éléments  constitutifs  d'une  chaîne 
de  ■      ■  'où 

cou  :  'lui 

où  elle  arrive  à  dominer  le  paysage,  ce  qui  est  essen- 
tiel au  point  d.  t  '  '  îiie  «  humaine  »,  et 
surtout  de  la  ,  ,  i«-.  On  ne  le  trouve- 
rait certainement  pas  en  Galicie,  où  les  hauteurs  se 
succèdent  snns  toutefois  que  le  pays  tout  entier  leur 
appartienne.  t:int  au  point  de  vue  de  l'anpect  de  la  na- 
ture que  di's  (onditions  humaines  dans  les  domaines 

économique mx  et  politiques  de  la  vie.  Le  pays  et 

l'homme  v'.  t  bien  h  la  montagne  qui  borne  à 

l'Ouest  la  grande  plaine  marécageuse  de  la  Pologne. 


6  'tf  •^'>MtR    DM    ROUIfAfNI 

dont  le  nom  !li^niiic  "  payii  de  la  plaine  ».  rnnU  ce 
n'est  p:i!t  la  montagne  qui  crée  den  limites  et  qui  donne 
une  pliviiionomie  h  tout  ce  qui  %e  trouve  dunn  son 
ombre,  pr'  et  inspiratrice  en  mi^nie  temps. 

Il  en  c  ■:  .;u..tment  dès  <(ue  les  Carpathes  attei- 
gnent ces  régions  qui  représentent  la  patrie  ancienne, 
tr  «le  la  rare  roumaine.  is 

ses  .      lussi  bien  que  danr.  les  p     :     s 

qui  se  creusent  entre  les  dernières  ramiflcations  l>oi- 
secs  de  la  montagne.  Observez  d'abord  leurs  no  n 
la  citadelle  des  Carpalhes,  qui  recouvre  toute  la  i  • 
gion  de  ses  lignes,  qui  sont  comme  les  circonvolu- 
tions r  î  '  r  et  d'i.  ■  *  ■  ii 
jadis  I  .  .  •  uvahisM  . 
pables  de  coloniser  à  eux  seuls  la  forêt,  «  la  forêt  du 
roi  »;  elle  correspond  en  Orient  .'i  la  grande  forêt  de 
la  Serbie,  allant  de  Belgrade  jusqu'à  Niche  et  qui  dé- 
vora, par  tous  les  dangers  qu'elle  recelait,  un  si  grand 
nombre  de  croisés,  ou  bien  encore  à  ces  grandes  forêts 
de  rOcrident,  la  Hercynia  de  César  et  de  Tacite,  la 
forêt  des  Ardennes  du  moyen  ûge,  qui  recouvrent  le 
plus  souvent  les  replis  montagneux.  Ce  qui  se  trou- 
vait au  delà  fut  pour  la  latinité  médiévale  une  «  Tran- 
sylvanie »',  terme  qui  se  f^énéralisa  ensuite,  compre- 
nant la  province  tout  entière.  l)e  ce  ••  pays  au  dolà  des 
forêts  »),  on  descend  dans  la  «  Transalpina  •>,  la  Hava- 
salfôld  des  Magyares,  «  le  pays  au  delà  des  Alpes  ». 
Pour  les  Roumains  de  la  Moldavie  voisine,  de  création 
plus  récente,  c'est  la  «  Muntenia  ».  le  «  pays  de  la 
Montagne  ».  où  habitent  les  «  Mon  !s  »>.  le» 
•  .Munteni  ».  Lorsque  le  patriarche  i:.  ...ance  créa 
au  xtv  siècle  un  archevêché  pour  les  Roumains  de 
celte  Valachie.  le  nouveau  siège  reçut  le  titre  de 
«  Hongrovalachie  et  des  plateaux  montagneux  » 
(zXtrfTt'ti,  roum;  plaiarO.  Le  Nord,  riche  en  forêts, 
de  cette  Moldavie  elle-même,  la  future  Buco\ine  de 


BASE  TSRRITOniALE  DS  LA  NATION   ROUMAINE  7 

l'usurpation  autrichienne  en  1775.  apparaît  pour  la 
prcni  -  dans  la  chr-  naîse  sous  le  nom 

'le  <-  1  iv  »,  les  "  iji  , 

Len  bergers,  dont  l'activité  errante  à  travers  les  val- 
If.  ■••  •  •  •  ],^^  jjQiij  1^ 

j»i  il  que  ses 

pins  et  ses  mélèzes.  Les  premières  formations  politi- 

qii  ' '       *'  !os  à  l'ombre  des 

hu  >.  non  point  dans 

le  but  de  pouvoir  s'enfuir  par  cette  porte  ouverte 
du  côté  de  l'étranger,  mais  bien  p' —  — 'ter  l'envahis- 
seur aux  premiers  pas  qu'il  j  tenter  con- 
tre les  défenses  naturelles  de  ia  frontière.  Là, 
s'éle\'èrent  les  premières  églises  en  pierrt-  et  les  pre- 
miers châteaux  autour  desquels  se  rassemblèrent  les 
h  is  des  marchands.  Même  en  ce  qui  concerne 
'  ...iure.  il  est  prouvé  aujourd'hui  qu'après  l'in- 
|4ion  de  l'œuvre  civilisatrice  des  Roumains,  elle 
reprit  son  activité  sur  les  hauts  plateaux  à  l'abri  des 
invasions. 

Cette  terre  roumaine,  la  montagne  l'entoure,  l'em- 
brasse de  tous  côtés.  Trois  grands  boulevards  de  ro- 
chers la  surplombent,  et  chacun  d'entre  eux  sera  le 
berceau  d'un  Etat.  Il  parait  bien  que  l'ancien  Voévo- 
t]  '  -ur  à  l'invasion  hon- 

g!  jn  centre  et  son  point 

d'appui  dans  ce  massif  du  Bihor  qui  domine  la  pro- 
vince à  l'ouest.  Ce  fut  d*  '  n  lu 
Jiu  que  partit  la  vie  pou  ^  ^  ^  .<- 
laque.  Enfin,  sans  la  Bucovine  et  même  sans  ce  comté 
m  *  -ux  du  >T  n  est  la  continuation 
o«  lo  et  au  il  n'y  aurait  pas  eu 
la  dynastie  moldave,  condition  déterminante  pour  la 
création  du  pays  lui-même,  î  *'  *  î  '  'il  pas 
formé  le  second  des  Etats  li  fut 
l»endant  longtemps  le  plus  vigoureux.  Jusque  dans  la 


8  lll<tTfllltF     Di'H      Mm-MAtNH 

1^  ' c.  (|ui  n't'xl  i\iw  la  iuoltic  ••  «'c 

III    .1-   siulcmci>t.  de  l'ancleunt'   M. ..a —    :...ie, 

s'il  n'y  avait  pas  ces  lignes  de  collines  qui.  par  lu  pro> 
teolion  «le  leurs  forints  el  par  la  !  '  de  leurs  val- 

lons arroses  de  lentes  rivières  en:  -  ment  la  fécon- 
dité du  sol.  tout  ce  territoire  serait  resté  un  simple 
onin  'ri  de  la  j^rnu  '  * 

I.ii  ^,  »  lellenicnl    fj  iimain 

qu'elle  n'a  pas  de  nom  distinctif.  Peut-être  s'appclait- 
elle  jadis  le  •«  Caucase  ",  mais  ee  nom  mi^me  ne  si- 
gnifie pas  plus  que  celui  des  ■  Alpes  >»,  car  il 
vaut  autant  que  le  terme  commun  de  ••  rocher  ".  Cett 
lî  livres  d'école  que  les  jeunes  Roumains  ap- 

I'  i   le  nom  des  Carpathrs:  pour  If  pctiple.  r'e^t 

tout  simplemei¥t:  «  Muntelt 

Pour  avoir  le  sens  eomplft  ne  i  iimu-  <;t'(»;;r;ij)iii(|uc 
de  ces  reliions,  il  faut  tenir  compte  d'un  autre  élé- 
ment qui  est  la  rivière,  le  Danube,  car  c'est  de  la  réu- 
nion de  cette  montagne  et  de  cette  rivière  que  dérive 
le  caractère  unitaire  d'une  réj/ion  dont  les  apparences 
sont  si  variées. 

Il  n'y  a  pas  qu  un  >fui  l>;iiiuiir.  n  \  m  .1  jMii>iiurs, 
au  moins  trois.  Le  rapide  cours  d'eau  qui  Jaillit  des 
profondeurs  de  la  Forêt-Noire  garde  pendant  long- 
temps le  caractère  romantique  d'une  rivière  alleman- 
de. .Même  lorsqu'il  porte  des  vaisseaux  de  jurandes  di- 
mensions sur  ses  ondes  accrues  par  les  torrents  des 
montai^nes,  il  n'a  pas  encore  l'aspect  imposant  d'un 
fleuve.  A  Vienne,  il  ne  domine  pas  encore  la  grande 
qui.  malt^ié  «  ses  ondes  bleues  »,  n'en  tire  aucun 
1ère.  Entre  l'ancienne  Bude  historique  des  rois 
;irs  et  des  pachas  turcs,  leurs  successeurs,  le  Peslh 
la  ville  parvenue,  aux  maisons  de  pierre  dé- 
..'-■  style,  il  est  déjà  souverain;  ses  ponts  gigantes- 
ques sont  le  principal  ornement  et  la  plus  grande  œu- 
vre technique  de  la  capitale  hongroise.  Malgré  ces  di- 


BASE  TBRfUTORUUS  DB  LA  NATION   ROUMAINE  9 

mensions  qui  font  déjà  du  Danube  une  des  principales 
artères  fluviales  de  l'Europe,  il  lui  manque  encore  cette 
t"  •Ile  il  doit 

d         .  ^  s  du  com- 

merce  européen,   mais,  en  même   temps,   l'immense 

'''■. .        .....       I"'  -  i      1  i     ■    ^    ;i      i  !   \ ie 

entière  d'un  pays,  la  défense  et  l'appui,  la  suprême 
beauté  et  le  pUi  '  il  d'une  race  qui  voit 

dans  ce  fleuve  in  >mv  une  figure  légen- 

daire d'ancêtre  et  comme  un  symbole  d'avenir  dans 
lesquels  ■•  --nt  so  fondre  tous  les  souvenirs  d'un 
passé    \<  .  .    les   apports   d'énergie   d'un    présent 

agité,  pour  s'harmoniser,  enfin,  pour  s'apaiser  dans 
le  sort  même  de  la  nation. 

Ce  caractÏTe.  le  Danube  ne  l'a  pas  même  au  moment 
où,  à  travers  la  puszta  hongroise,  il  risque  hardiment 
sa  grande  cascade  vers  le  Sud.  Sur  les  deux  rives, 
ce  n'est  pas  la  plaine  qui  est  déterminée  par  le  fleuve, 
mais  bien  le  fleuve  lui-jnême  qui  se  perd,  malgré  ses 
1  .iM.-s  proportions  et  la  riche  constance  de  son  cours, 
l'immensité  d'une  région  que  rien  ne  vient  dé- 
finir. Pour  être  le  Danube  célébré  avec  enl!  ne 
par  le^  poètes  et  profondément  aimé  par  l..v.v...;ue 
des  peuples  naissants,  il  lui  faut  le  voisinage  de  la 
»"             "•    qui.                     après    l'embouchure    de    la 

I  .    iloit    l't'ti  i|;iiis     Ii-s    il/'Hl»'».    v<iinlir»'v.    <Îpv 

Portes-de-Fci 

A  ce  point   la.   une   icl.iUoii   in  upuc   s'clablil 

entre  le  grand  flcu\f  et  la  moiil  ^        laas  la  profon- 
«leur  de  laquelle  jaillissent  les  rivières  qui  viennent 
î"!     leur  jonction,  ««i  hic  du  ter- 

ir   par    la   race    i  lite   l'unité 

même,  qu'il  ne  faut  pas  chercher  ailleurs,  de  ce  ter- 
ritoire. Par  ces  ;  aussi,  les  C  s  se  met- 
tent en  contact            .,ael  avec  le  1>  et  le  Da- 


m  lltSTOIMl    on    ROUMAIN! 

nube  M)uligne  de  son  cours  les  dernières  lignes  des 
collines  qu'il»  projettent  vers  le  Sud.  Jadis  le  lleuve 
suivait,  pour  se  jeter  à  la  mer.  cette  dépression  de 
terrain  que  marque  aujour<rhui  la  voie  ferrée  de  Cer< 
navoda  à  Constanza.  La  Dobrogea  entière  était  coin- 
prise  dans  Ui  mcmc  formation  géographique  que  la 
Valachie  et  la  Moldavie  aussi,  avec  laquelle  elle  tend  à 
se  réunir  encore  par  les  hauteurs  des  environs  de 
Galatz.  Aujourd'hui,  le  nouveau  cours  évite  les  an> 
ciens  plateaux,  d'un  caractère  tout  particulier,  de 
cette  Dobrogea  pour  suivre  la  dépression  de  la  plaine, 
les  bords  de  la  steppe  et  les  dernières  prolongations 
des  champs  fertiles  qui  s'étendent  aux  pieds  des  rami- 
fications de  la  montagne. 

Si  la  rive  droite  du  Danube  panonnien,  celle  qui 
appartient,  regardant  la  steppe,  à  la  race  magyare, 
manque  presque  complètement  d'affluents,  comme  si 
l'empire  du  fleuve  ne  devait  pas  s'étendre  dans  cette 
région  de  vastes  plaines  la  rive  droite,  balcanique,  ne 
reçoit  que  quelques  rivières  d'uiv  'secon- 

daire, qui  ne  peuvent  être  compai  i  >,  avec 

tout  ce  qu'elle  charrie,  ni  à  l'apport,  tout  à  fait  excep- 
tionnel, de  la  Valachie  et  de  la  Moldavie.  Plus  rap- 
prochés du  lleuve,  en  ce  qui  concerne  leurs  cimes  et 
leurs  collines,  les  Balcans  ne  présentent  pas  cette 
étroite  communion  qui  distiufîue  les  reJations  entre 
les  Garpathes  et  le  fleuve,  la  lisière  de  la  plaine  ({ui 
s'intercale  entre  la  ligne  danubienne  et  Jm  hauteurs 
est  de  beaucoup  moins  étendue  et  incompar  '  '  ni 
moins  fertile.  Si  le  Danube  joue    un    rôle    i.  ut 

dans  la  poésie  épique  des  Serbes,  il  n'est  pas  pour  les 
Bulgares  le  grand  fleuve  tutélaire;  leur  folklore  le 
mentionne  plus  rarement  et  d'une  manière  plus  fu- 
gitive que  celui  des  Russes  eux-mêmes.  Les  Etats  rou- 
mains, partant  de  la  montagne,  se  sont  empressés 
d'atteindre  ce»  rives  et,  par  des  efforts  rapides  et  heu- 


BASE  TERRITORIALB  DE   IJi   NATION    ROUMAINS  il 

•~:jx,  ils  sont  arrivé-  i  >\ii  -.ai-.ii  .lU  bout  de  quelques 
mes  d'années  seulement,  la  Bulgarie  politique  au 
contraire,  partie  de  la  steppe  russe  pour  arriver  au 
delta  danubien,  n'a  pas  lardé  à  quitter  ces  régions  dé- 
sertes, incapables  de  fournir  aux  guerriers  leur  proie 
journalière,  pour  chercher  à  travers  la  péninsule  la 
voie  de  l'impériale  Byzanc*.  l^e  Balcan  lui-môme  reste 
seulement  un  réduit  inaccessible  pour  abriter  les  ban- 
des en  qucte  de  pillage:  quant  au  fleuve,  il  ne  signifiait 
pour  l'ambition  des  khagans  bulgares  et  de  leurs  suc- 
cesseurs, les  Tzars  de  langue  slave  et  de  religion  or- 
li  qu'un  point  de  dép  '    "    ■  et  ou- 

i'  me  par  roux  qui  ne  r-  nqu^te 

du  Bosphon 

Ce  fleuve,  lo^  «irecs  l'appelaient  istros,  dou  le  nom 
de  la  ville  d'Istria  près  des  embouchures;  les  Rou- 
mans  -  Dunàre  »  nom  qu'ils  ont  emprunté  à  leurs  plus 
"  *  s  ancêtres,  autochtones  de  ses  rives.  Parmi 
res  que  célèbrent  les  chants  populaires,  il  i>'y 
en  a  pas  une  qui  puisse  lui  être  comparée  dans  \a 
vénération  profonde  dont  l'entoure  la  race.  Sans  le 
Danube,  on  ne  pourrait  pas  s'imaginer  les  destinées  du 
peuple  roumain,  pas  plus  que  sans  les  Carpathes  eux- 
mêmes.  Si  la  montagne  a  abrité  les  générations  me- 
nmcéem  par  de  continuelles  invasions,  le  Danube  a  rav 
semblé  les  éléments  ethniques  qui  devaient  produire 
par  leur  mélange  la  nationalité  roumaine.  Sans  ce 
qu'a  fourni  le  fleuve,  les  Carpathes  auraient,  comme 
les  Alpes  en  Suisse,  offert  seulement  l'abri  assuré 
de  leurs  vallées  aux  groupes  de  races  différentes 
qui  auraient  cohabité  sans  se  confondre,  alors  que, 
sans  les  Carpathes,  il  y  aurait  bieti  eu  un  mélange, 
comme  dans  les  Pays-Bas  aux  bouches  du  Rhin,  mais 
sans  que  la  nouvelle  formation  nationale  eût  pu  trou- 
ver dès  le  début  les  contours  fermes  et  permanents 
d'une  fondation  politique. 


CHAPITRE  II 


Formation  du  Peuple  Roumain 


Populations  primitives.  —  D'  s 

plutôt    au   hasard,   sans   plan    d'  ^^    juc 

hier  encore,  sans  une  étude  approfondie  des  résul- 
tats obtenus,  nous  r<  ut  sur  les  «  '  .k  de 
la  première  civilisatiui:  une.  On  a  li  >  j)0- 
teries  grises  et  rouges,  parfois  d'une  facture  assez  dé- 
licalc  et  d'aspect  varié,  — il  y  en  a  de  pti  ' 
des  statuettes  représentant  grossièrement  d* 
des  ustensiles  en  métal,  des  armes  de  bronze  d'une 
forme  élégante,  très  semblables  à  celles  mises  au  i  îi^ 
dans  les  fouilles  pratiquées  tout  au  fond  de  l't 
dent.  Des  ornements,  qui  montrent  une  grande  habi- 
leté de  la  part  de  ces  artisans  antérieurs  à  l'époque 
historique,  compliquent  le  pommeau  des  épées,  alors 
que  les  vases  offrent  déjà  ces  lignes  biseautées  qui 
caractérisent  toute  une  époque  de  l'art  préhistorique. 
De  riches  matériaux,  conservés  aujourd'hui  à  l'uni- 
versité de  Jassy,  moins  ceux  qu'on  a  eu  l'imprudence 
de  "  prêter  "  à  Berlin,  ont  été  trouvés  à  Cucuteni,  près 
de  re  même  Jassy,  dont  l'emplacement  parait  avoir  été 
entouré  de  tout  un  groupe  d'établissemei^ts  assez  peu- 
plés, violemment  détruits  au  cours  d'incursions,  dont 
l'histoire  n'a  pas  gardé  le  souvenir,  car  c'est  le  feu  qui 
a  mis  (In  à  ces  plus  anciens  foyers  de  la  civilisation 
naissante.  Nous  nous  souvenons  d'avoir  vu  toute  une 
belle  collection  particulière  venaDt  des  montagnes  mol- 


FOUMATION    Ol'    PKtPLt    liOUMAl.N 


13 


daves,  de  la  région  de  Neamt,  près  de  Pialra.  Dans  le 
district  de  V  '  i.  près  de  Valenii-de-Munte,  on  a 
été  surpris  il  uvcr.  pres<[u'à  tleur  de  terre,  grâce 

j)eut-être  à  une  œuvre  d'excavation  antérieure,  devant 
le  plus  riche  trésor  d'armes  de  bronze  qu'on  ait  dé- 
terré jusqu'à  aujourd'hui.  Ailleurs  aussi,  des  ama- 
teurs ont  recueilli  des  pièces  isolées,  comme  celles 
qui  formaient,  vers  la  moitié  du  siècle  dernier,  les  col- 
lections fort  mélangées  et  pleines  d'objets  faux,  d'un 
l>  "liac  ou  d'un  Papazoglu,  et  qui  furent  réunies  plus 
laid  au  musée  archéologique  de  Bucarest. 

Kn  général,  le  peuple  n'a  pas  perdu  le  souvenir  des 
pliires  où  ont  vécu  les  précurseurs  de  la  vie  roumaine 
acluelle.  M  les  signale  en  parlant  des  traces  laissées 
par  les  «  géants  »  {uriasi),  par  les  «  Latins  »  païens 
I  rtini)  et  par  les  <  Juifs  •>  (Jidovi),  ce  qui  parait  dési- 
gner plutôt  les  Khazares  de  la  steppe  russe,  peuplade 
de  race  ouralo-altaïque,  comme  on  sait,  mais  de  religion 
iuivo.  Ces  vilUiges  préhistor'  i  s,>   trouvent   le  plus 

souvent  sur  les  hauteurs,  (<■  ^  ^  plus  tard  par  des 
monastères  et  des  citadelles  du  moyen  âge  historique 
.!  laire  désigne  par  le  terme  emprunté 

de  <-  cetatui  ••  (citadelle).  Quant 
aux  nombreux  tumuli  visiblement  artificiels,  ils  cor- 
respondent souwnt  aux  kourgans  russes;  ils  contien- 
nent, avec  de  la  poterie,  îles  armes,  des  restes  d'ani- 
maux sacrifiés,  de  la  cendre  et  des  squelettes  de  rois 
et  de  chefs  barbares;  certains  recouvrent  d'anciennes 
liabitalioiiN;  (i'.iutus  iiaraissent  n'avoir  servi  (|ue  pour 
sij^naler  par  des  feux  d'avertissement  le  jiassage  des 
hordes  qui,  jusqu'au  Vf*  siècle  envahissaient  pres- 
qu'annueliement  le  pays. 

Les  restes  humains  trouvés  éventuellement  dans  les 
anciens  foyers  préhistoriques  n'ont  pas  encore  été  sou- 
mis à  une  étude  attentive;  l'anthropologie  n'a  pas  fixé 
d'une  manière  tant  soit  peu  précise  les  caractères  phy- 


14  MISlDinir.     I1IL&     noDklAINI» 

Hiques  (le  cetto  raie  Ihrace.  dont  nous  parlerons  bientôt, 
à  la  civilisation  trè.s  avancée  de  laquelle  on  a  rattaché 
les  témoignages  d'art  trouvés  ù  leurs  côtés.  Etaient-Us, 
ces  ancêtres,  pareils  ou   non  aux   hommes  <  '•!- 

taient  à  la  même  époque  les  vallées  de  la  1  aie 

Balcanique  et  qui  s'étendaient  sur  toute  la  vaste  ré- 
gion comprise  entre  l'Adriatique,  le  Pont  Euxin  et  l'Ar- 
chipel? Tout  ce  qu'on  peut  dire,  c'est  qu'il  y  a  de  sé- 
rieuses raisons  de  croire  que  cette  civilisation  primi- 
tive est  thrace;  d'autre  part,  il  est  certain  que  d'un  bout 
à  l'autre  de  la  région  carpatho-danubienne  formant  le 
territoire  unitaire  sur  lequel  se  développa  plus  tard  la 
race  roumaine,  il  y  eût,  à  l'époque  néolithique,  une 
civilisation  primitive  d'un  caractère  parfaitement  uni- 
taire (1).  Dans  la  couleur,  les  ornements  et  la  forme 
des  vases,  dans  la  iwture  des  ustensiles,  dans  l'aspect 
des  armes  de  bronze,  dans  la  construction  des  tom- 
beaux, dans  le  caractère  et  le  groupement  des  habita- 
tions, il  n'y  a  aucune  différence  entre  les  objets  trou- 
vés sur  le  rebord  des  Carpathes  moldaves  ou  sur  les 
collines  de  la  Prahova. 

A  l'unité  de  la  terre  correspond  ainsi  l'unité  de  la 
première  race  manifestement  autochtoiM;,  du  moins 
en  ce  qui  concerne  ses  premières  manifestations  artis- 
tiques. 

Influences  scythiques.  —  Si  la  montagne  pouvait 
servir  de  refuge  aux  habitarvts  déjà  établis  sur  cette 
terre,  les  rivières  fournissaient,  en  commençant  par 
le  Danube  lui-même,  des  voies  naturelles  d'invasion, 
car  elles  amenaient,  attirés  par  le  voisinage  des  riches 


(1)   M.  Jean  Andricscsco,  dans   un   excellent   ou\i:iiic    intitula 
Contributie  la  Dacia  tnainte  de  Romani  (Jassy  :>e 

plus  loin:  il  parle  dans  sa  préface    de  l'unité   i  ir- 

patho-balcaniquc;  il  constate  que  ses  caractères  sont  ira  mi^ 
met  dans  la  Moldavie  orientale  et  en  Transylvanie  ictJbid., 
p.  73). 


poRM^TioN  nv  wm.r.  nouMAîN  15 

contrées  ou  tietirissciit  tom  ;i  tour  la  civilisation  grec- 
que et  celle  des  Romains,  des  étrangers  en  quôle  de 
nouveaux  séjours  ou  des  exploits  nouveaux. 

Ils  devaient  venir  du  Nord  et  de  l'Ouest;  le  Sud  ne 
pouvait  fournir  que  des  paysans  en  quête  de  terres 
vierges,  ou  bien  des  fuyards  chassés  par  quelque  in- 
vasion. A  l'Est,  il  y  avait  la  steppe  infinie,  qui  appar- 
tenait aux  Scythes. 

On  peut  affirmer  aujourd'hui  que  ce  peuple,  décrit 
par  Hérodote  dans  son  aspect  et  dans  sa  légende, 
n'étaient  qu'une  confédération  éphémère  de  peuplades, 
réunies  pour  la  gloire  et  le  butin  sous  la  conduite 
de  quelques  familles  iraniennes,  qui  étaieivt  parvenues 
à  fonder  des  dynasties  royales  au  dire  des  Grecs.  I^-es 
guerriers  étaient  pour  la  plupart  des  Touraniens  au 
teint  foncé  et  au  corps  trapu,  pareils  aux  Turcomans 
de  l'Asie  centrale  et  aux  Tartars  d'une  époque  posté- 
rieure, '  """S  avoir  dévoré  le  fruit  de  leurs  incur- 
sions d'  ices  et  du  tribut  fourni  par  les  peuples 
soumis  à  leur  autorité,  se  nourrissaient  du  produit  de 
•eaux.  Leurs  dép"  '"  '  s*ex- 
,  ir  ce  besoin  de  .  .  'elle 
oscillation  entre  les  demeures  d'hiver  et  les  champs 
•                   ,      •           ^yj.  Ijj  n^^ij^e  ligne  des  puits  et  des 

lé,  qui  forme  le  caractère  distinetif 
des  peuples  pasteurs. 

Dans  cfv  ~  "tions,  lis  purent  tuen  donner  :iu\ 
grandes  ri\  <    la  steppe,  des  noms  empruntés  à 

la  langue  touraoienne.  Nous  n'oserions  affirmer  que 
le  nom  iVIstros  est  thrace  et  que  celui  du  Danube,  la 
Donau  des  Germains,  la  Douna  des  Turco-Tartares, 
vient  des  anciens  Scythes  bien  qu'ils  en  aient  dominé 
pendant  longtemps  les  embouchures.  Nfais  l'ancien 
nom  du  Dniester,  le  Danastris  grec,  est  Tgras  et  dans 
cette  forme  hellénique  on  reconnaît  la  Tourla  ouralo- 
nltaîque.  qui  s'est  conservée,  du  «•"-«"   '?'!n*^  '•'  langage 


16  ItlSTOlRIl    Dm    ROUMAINS 

(les  Tartarrs  et  den  Turcs  d'une  époque  plus  récente. 
I^  Pyrrtat  d'Ili^rodote  est  pour  les  Roumains  le 
Pruth.  que  li*s  Turro-Tartares  \u  ikl   Brout;   le 

carartôrc  asiatique  du  nom  est  iii'  >lile.  On  peut 

admettre  une  mOme  origme  pour  le  Tiaranlos  men- 
tionné dans  les  textes  grecs  du  vi*  siècle  et  qui  ' 
parait-ii  bien,  le  Siretiu  roumain,  le  Séreth  des  SI.. 
On  se  demande  enfin  s'il  ne  faut  pas  mettre  dans  la 
même  catégorie  deux  des  grandes  rivières  de  la  Vala- 
chie,  l'Arges,  auquel  on  a  voulu  cliercher  un  corres- 
pondant arménien  inadmissible,  et  l'Oit,  le  grand  OH, 
qui  sépare  la  Grande  Valaehie  des  cinq  districts  de 
son  OIténie. 

A  la  fin  du  vi*  siècle,  le  grand  roi  perse,  aux  des^ 
hardis,   Darius,  fils  d'Histaspès,   conduisit   une  c\jm 
dition  destinée  à  détruire  la   masse   toujours  mena- 
çante des  barbares  danubiens:  combinée  avec  le  con- 
cours des  Grecs,  cette  attaque  se  perdit  dans  la  steppe 
sablonneuse  dépourvue  d'eau  et  de  pâturages.  Elle  ne 
délof^ea    pas    même    les    multitudes    scythes    de    leurs 
établissements  au-<lessus  du  Danube,  où  se  trouvait  un 
de  ces  points  stratégiques  fortifiés  qui  sont  dans  la 
tradition  de  la  race.  Car,  au-<lelfi  même  de  la  st- 
qui  était  la  Scylhie  proprement  dite,  sur  ce  tcrritu.. 
de  la  Dobrogea,  particulièrement  propice  aux  pâtura- 
ges tardifs,  elles  arrivèrent  à  fonder  une  nouvelle  Scy- 
thie,  une  Scythia  Minor,  dépendance  durable  de  leur 
ancien  empire  (1).  On  y  retrouve  plus  tard,  vers  le 
VI'  siècle  avant  l'ère  chrétienne,  des  rois  qui  portent 
les  noms  pittoresques  de  Charaspès,  «le   Kanytès,  de 
Tanoussa  et  dont  les  monnaies  d'argent,  fra|>pée$  par 
les  Grecs,  portent  les  insignes  des  monnaies  helléni- 

tft   •   Petite  •  entre  les  pro- 

ux    Russes  et   aux   peuples 

l'etUe  Russie.  Grande  et 


(1)  c 

le 

i'. 

«  Grande 

vinres   - 

<!ii    tf%tc. 

des  Carpi 

itlic»  ri 

lacliie. 

t  liu   1 
dan> 

Petite  Va 

,, 

;     ,     '.     , 

FORMATION  DU  PCCPL8  ROmCArV  17 

ques   e\h-  ^    'les 

dieux  de  >i<n* 

\icloire»,  dont  le  r«"ile.  invariable  et  monotone,  con- 
sistait à  se  f 1  *  ■  "'  '  ' I  côte 
et  par  les  mj  _  à  la- 
quelle ils  astreignaient  leurs  quelques  milliers  de  pas- 
teurs                       t  bandits! 

Vui  I    de   |)eup1ades  qui    n'arrive   pas   & 

constituer  un  peuple  ayant  une  vraie  patrie  ne  peut 
exercer  :i'  "         <•.  Si  le  nom  des  grandes  ri- 

vières s".  ;    ce  territoire  roumain  aussi 

bien  qu'en  Hussie.  dans  le  langage  des  nations  stables 
<|ui  y  habitèrent  plus  tard,  il  Taut  attribuer  ce  fait 
seulement  à  ces  établissements,  d'importance  plutôt 
lire,  h   ces  camps   de   résidence   temporaire  des 

luts  »  aux  allures  de  khagans  qui  gardaient  les  gués 
de  ces  rivières,  gués  d'une  importance  exceptionnelle 
pour  toute  nation  migratoire  vivant  de  ses  troupeaux. 
La  population  primitive  dut  leur  abandonner  ces  ré- 
gions où  ils  empêchèrenl  tout  établissement  de  con- 
currents et  toute  infiltration  des  vassaux  qui  venaient 

V     nri'-vi'iif i>r    l»'i|t  v    i»fTr:imIi>v    »•!     l«-i|r     hOUiniage. 

Kniro  la  <     ^^'  '  '     ''  >n  des 

>.irmates,  avec  h  i\,  les 

tioxolanes  et  les  Jazyges.  à  l'Est  et  h  l'Ouest,  il  n'y  a 

.1IT  '  ~      ii«r      ...:•!.    ^jj  mêmes  masses  tou- 

r..  N  une  autre  classe  domi- 

nante, proliahlemenl  iranienne  aussi,  pour  enrichir 
'■'••  'oire  des  migrations  et  des  invasions  d'un  nou- 
nom.  Celui  de  nmrha,  sauvé  par  Ammien  Mar- 
n-llin.  est  évidemment  turc,  dans  l'ancien  sens  du 
mut. 

On  retronvp  r**^  Sarmntes  dans  les  sources  antiques 
sur    l'en»!  I»é    précédemment    par    l'ex- 

pîuisioM  Mji., ,  .j..  ..s  maintenaient   sans  pouvoir 


18  IlIffTOinR    DRU    ROKMAINA 

In  continuer,  puisqu'elle  avait  atteint  %e%  dernières 
limites.  Mais  à  une  époque  plus  récente,  il  est  évident 
que  des  peuplades  difTérentes.  d'une  origine  plus  no- 
ble, vinrent  grossir  leurs  ranj;s,  de  mt^me  que,  plus 
tard,  des  Germains,  en  grand  nombre,  vinrent  se  ran- 
ger sous  les  drapeaux  d'Attila.  »1'  i  de^  •■  Huns  » 
au  même  litre  que  les  gucrriti  ;'Ure  race  asia- 
tique du  terrible  khagan.  Nous  croyons  que  les  Slaves, 
qui  dès  lors  étaient  un  peuple  essentiellement  agri- 
cole, parurent  pour  la  première  fois  dans  Thistoirc 
comme  un  des  éléments  de  la  confédération  sarmate. 
On  ne  pourrait  pas  s'expliquer  autrement  le  carac- 
tère slave,  très  ancien  et  tout  à  fait  particulier, 
de  la  nomenclature  {«éographique  en  Transylvanie, 
car  il  est  certain  que  cette  nomenclature  ne  peut 
être  rattachée  au  passage,  plutôt  rapide,  de  l'in- 
vasion slave  du  vi*  siècle  de  l'ère  chrétienne.  Nous 
nous  demandons  même  si  le  nom  de  Sarmisagethusa. 
la  Capitale  des  Daces,  qui  leur  succédèrent  dans  cette 
même  Transylvanie,  ne  conserve  pas  dans  sa  racine  le 
souvenir  de  ces  Sarmates.  première  couche  superposée 
aux  autochtones. 

Influence  gailoise.  —  Ce  territoire  carpatho-da- 
nubien  ne  fut  pas  inconnu  à  la  race  puissante  et  éner- 
gique, toujours  en  quête  d'aventures  guerrières,  à 
travers  les  terres  lointaines,  qui  est  celle  des  (îaulois. 
Leurs  peuplades  étaient  depuis  longtemps  maîtresses 
des  Alpes  italiennes,  même  après  avoir  perdu  la  vallée 
du  Pô,  leur  Gaule  cisalpine,  que  leur  prirent  les  Ro- 
mains, Elles  durent  donc,  à  un  moment  donné, 
déboucher  sur  la  Pannonic,  avant  qu'un  'chef  entrepre- 
nant ne  les  jette  à  la  conquête  <le  la  Péninsule  des 
Balcans,  qu'ils  traversèrent  jusqu'aux  Thermopyles 
•         ■        tout  au  bout,  jusqu'^uv  -Is  du  Ténare, 

l>  '     T  se  perdre  parmi  K's  !  >»nH  thrares  de 


roRMATioîf  Dr  rrtPt.F  roimain  19 

l'Asie  Mineure,  dans  eetie  iniKiiKi  <jui  conserve  cn- 
lore  leur  nom.  Alors  que  les  Scythes  cl  les  Sarmates 
ne  connai»!>aient  que  les  camps  pareils  aux  rings  ulté- 
rieurs  des    Huns,   ils   étaient,    comme ^ntants 

d'une  ancienne  civilisation  supérieure,  .  re  dès 

le  début  par  la  rolunisalion  grecque  de  la  Méditerranée 
occidentale,  des  fondateurs  de  «  cités  ».  groupant  des 
villages  autour  d'une  ville  fortifiée,  capitale  de  la  ré- 
gion. On  peut  suivre  les  migrations  de  ces  nou- 
veaux hAtcs  du  Danube,  seul  cependant,  et  non 
de  ses  affluents,  à  la  trace  des  noms  de  localité)»* 
'  ;ient  d'or  Uiquc,  comme  le  Sir  m, 

ij inl  la  n  L-,  .   „;iche  >»,  la  Belgrade  iL     .:..i.es, 

comme  le  Soviodunum  du  delta  danubien,  l'Isaccea 
'  n.  corre"^  t  au  Noyon  français,  com- 

n  rum,  la  ^  des  Grecs,  dont  la  racine 

se  rattache  aussi  au  Dun,  caractéristique  de  la  civi- 
lisation gauloise. 

Influence  grecque.   —   A  côté  de  ce?  influences 

barbares,  qui  contribuèrent  peu  à  la  formation  de  la 

nation  roumaine,  vint  s'ajouter  une  grande  influence 

ice  ,  celle  des  Grecs,  Ioniens  et  Doriens;  an- 

V .>mpagnons  des  Perses  de  Darius,  colons  venus 

d'Asie  Mineure,  ils  vinrent  chercher  dans  ces  froides 
régions  ties    les    peaux,    les    poissons,    les 

fourrure:..   ..      „ is.   surtout   les  grains,   le   vin,   la 

laine,  le  miel,  la  cire,  l'or  et  l'argent  des  mines  de  la 
•^  des  régions  intérieures;  là  les  at- 
,     ics  qui,  grâce  à  ce  voisinage,  de- 
vinrent des  clients,  peut-être  même  des  imitateurs  de 
l'art  grec,  et  |>;t  '  dans  les  belles  et  riches 

cités  établies  pi  .iteurs  suf  les  cotes  de  hi 

Mer  Noire,  de  leur  Pont  Euxin.  des  «  mi-Grecs  »,  des 
"   .Mi    '    "    ics  ». 

I)  <  e  à  lu  lisière  caucasienne,  Ifurv.  rii<*v  ré. 


20  HISTOIRE    DBS    ROUIIAINS 

publicaines  détenaient  tout  le  commerce  de  cette  Scy- 
thie  abondante  en  matières  premières.  I<e  territoire 
qui  nous  occupe  vit  s*t'tal>lir,  sur  de»  einpl  ts 

favorables  à  la  navigation,  des  centres  coniin  j- 

sopolis  (près  de  Balcic).  comme  Kallatis  la  dorieiine 
(près  de  Mangalia).  coinmc  l'ionienne  T'  ••s  de 

Constanza,    comme   lialnujris,   près   des    ,.  lacs 

comme  l'importante  cité  du  Danube,  VlatrUi  du  delta, 
comme  Tijras,  la  cité  du  Dniester,  sur  le  «■   "' 
sans  compter  des  étalilissements  d'une  impoi  ^ 
condaire   qui   suivaient   le  même  cours  du    DanuLn-, 
tel  Axiopvlis,  près  de  Cerna voda. 

Mais  ce  monde  grec  nouveau,  resta  toujours,  par  la 
religion  aussi  bien  que  par  le  mépris  naturel  de  l'Hel- 
lène à  l'égard  de  toute  espèce  de  barabares,  étranger  à 
l'indrgène  de  l'intérieur.  Pour  les  marchands,  c'étaient 
de  simples  clients,  plus  ou  moins  incertains,  mena- 
çants ou  avides,  ces  pâtres  qui  les  nourrissaient  du 
produit  de  leurs  troupeaux,  ces  agriculteurs  «  Scy- 
thes »,  vassaux  de  la  race  dominante,  qui  cultivaient 
les  légumes  et  les  céréales,  ces  routiers  aux  grands 
bœufs  lents  et  aux  petits  chevaux  agiles,  poilus  comme 
ceux  des  Cosaques  et  des  paysans  roumains  eux-mê- 
mes, ces  Agathyrses  transylvains,  qui  tiraient  l'or  des 
anciennes  mines  primitives  et  vendaient  la  cire  et  le 
miel  de  leurs  abeilles.  Mais  aucun  contact  intime 
n'existait  entre  eux.  Entre  les  négociants  du  littoral, 
qui  vivaient  sous  leurs  chefs  républicains,  leurs  «  hel- 
lénarqucs  »,  les  prêtres,  serviteurs  des  dieux  tutc- 
laircs,  et  les  «  rois  »  de  la  steppe,  les  relations  res- 
semblaient à  celles  qui  existèrent,  des  siècles  plus  tard, 
entre  les  Portugais  de  Goa  et  les  rajahs  de  l'Inde  au- 
tochtone. L'art  grec  seul,  en  s'accommodant  aux  be- 
soins de  la  vie  scythique,  gagna  à  ce  voisinage  un 
aspect  particulier  et  original,  où  des  conc<  ''S 

neuves   se   mélangent   d'une    manière    in  à 


FORMATION    OU   PEUPLE   ROL'MAIS  21 

l'iii  icre.    souvent    sans    en    fausser    le 

car 

Il  faut  ajouter  aussi  que  le  marchand  grec  ne  parait 
pas  avoir  jani;i' 

bares.  il  les  ai  ,  - 

temples  et  des  monuments  de  sa  civilisation  impo- 
sai! '  ^  /  it-nt,  il  y  aurait  dans  Hérodote  d'autr.-- 
ren  >.  plus  réels  et  plus  précis,  moins  fulm 

leux  sur  ces  peuples  que  quelques  centaines  de  lieues 
seulement  séparaient  de  leurs  établissements.  Nulle 
trace,  sur  ce  territoire,  de  l'inlluence  transformatrice 
qui.  partant  de  Marseille,  de  Nice,  d'Agde,  d'Hyères. 
introduisit  en  Gaule  des  idées  politiques  supérieures. 

Li:s  li.LVRo-THRA(.KS,  -  Jadis,  non  seulement  le 
territoire  carpatho-danubien,  mais  aussi  la  Péninsule 
des  Balcans  entière  et  ses  annexes,  qui  sont  les  Iles 
de  l'Archipel  et  les  vallées  de  l'Asie  Mineure,  furent 
la  patrie  des  Thraces  et  de  leurs  frères,  les  lllyriens; 
ces  derniers,  situés  aussi  sur  le  littoral  italien,  avec 
de^  'Ications  qui,  à  travers  les  Vénètes  -illyriens, 

s'ci  it  jusque  dans  le  Tyrol,  bordaient  le  pour- 

tour entier  de  la  Mer  Adriatique  dont,  comme  pirates, 
ils  furent  pendaiU  longtemps  les  vrais  maîtres.  Les 
deux  nations  étaient  étroitement  apparentées:  les 
quelques  noms  communs  qui  nous  ont  été  transmis 
et  la  nomenclature  géographiques,  montrent  une  gran- 
de similitude  entre  les  deux  langages;  il  fut  donc  pos- 
sible aux  Albanais,  descendants  authentiques  des  Illy- 
res, d'adopttT  '••  .Hm'-'I  •  H. ,•.,-•-•  <ju'ils  parlent 
encore. 

Mais  leur  manière  de  vivre  était  différente.  Quand 
il  ne  gagnait  pas  sa  vie  en  écumeur  de  mer,  ce  ({ui 
amena  des  conflits  avec  la  marine  naissante  des  Ro- 
mains et  finalement  la  conquête  par  eux  de  ce  littoral 
adriatique,   l'IUyre    était   pasteur  dans   la   montagne. 


22  HISTOIRB    DBS    ROUMAINS 

tout  comme  rAlbanais  ou  Skipétare  (1).  qui  rontiiuie. 
avec  le  môme  sang  et  sur  le  même  territoire,  la  tradi- 
tion «i<  '"  >  el  den  ' 
de  l'an  ^  i  i  aile,  le  i 
ne  dominait  que  rarement  la  côte,  cédée  volontiers 
aux  Grecs  enii  iits  et  nî  '  u-  borna  pas  son 
activité  au  pu  II  ic  ses  ti  .  iv.  Dès  le  début, 
il  apparaît  comme  ayant  dépassé  la  phase  de  la  trans- 
humance; c'est  un  {>euple  solidement  établi  sur  la 
terre  qui  est  devenue,  dans  le  vrai  et  le  grand  sens  du 
mot.  sa  patrie.  Les  traces  du  clan  pastoral  subsistent 
encore,  et  l'on  parle  des  groupements  formés  par  les 
Odryses,  les  Gètes,  les  Daces,  les  Crobyses,  les  Tri- 
bailes,  les  Sabires,  etc;  mais  le  clan  s'est  élargi  jus- 
qu'à devenir  une  section  territoriale  bien  déterminée 
et  ces  sections  se  confondent  de  plus  en  plus,  non  seu- 
iemont  dans  une  unité  économique,  mais  aussi  dans 
l'unité  nouvelle  d'une  vie  politique  commune.  Pour 
fortifier  encore  ces  liens,  une  religion  nouvelle  surfil 
k  répoque  historique,  ayant  son  prophète,  Zalmoxis, 
ses  grands  prêtres,  comme  Décénée.  ses  autels  sans 
doute,  ses  cérémonies  qui  réunissaient  les  rameaux 
du  même  arbre  national;  cette  religion  enseigne  l'ànie 
immortelle,  pratique  le  culte  fanatique  de  la  mort, 
du  rêve  inassou%i  des  sacrifices  suprêmes;  eUe  de- 
mande aux  héros  leur  vie  pour  sauver  le  peuple  des 
malheurs  qui  le  menacent,  et  ils  meurent  en  souriant 
sur  la  pointe  des  lances  qui  les  reçoivent  après  qu'ils 
ont  élr  "  'très.  On 
s'est  «I  II  1,1  .  qui  fut 
transmis  aux  Hellènes,  et  une  purification  générale 
a  créé  comme  une  nouvelle  Ame  à  la  nation  qui  attend 
déjà  de  l'énergie  dace  un  chef,  un  roi,  à  la  manière 


(I)  Falk  et  «kip,  aeopuluê,  rocher,  sont  les  racine»  des  deux 
noni5.   dont    le   dernier   meul   rst    porté   pnr   le    pcurIc. 


rxiiteAiio^    i,^    l-EUPLE   ROI  MAIN  23 

de  ces  rois  macédoniens,  de  sang  illyrien.  qui  denoè- 
rent  au  inonde  l'inoubliable  figure  tégendalre 
d'Alexandre-le-Tirand. 

Alexandre  lui-nu'-nie.  suivant  partout,  dans  son  désir 
de  royauté  universelle,  les  traces  des  rois  perses,  avait 
trouvé  sur  le  Danube  les  Géto-Thraces,  déjà  maîtres 
du  cours  entier  du  fleuve;  il  créa  une  pro\incc  macé- 
donienne de  la  Thrace,  les  IlljTiens  de  Macédoine 
devenant  ainsi  les  suzerains  de  leurs  frères.  Après  sa 
!,  un  royaume  thrace  s'en  détacha,  ayant  son 
...ire  sur  la  rive  droite.  Lysimaque.  un  de  ces  rois 
qui  se  proposèrent  d'inviter  Alexandre  et  les  anciens 
!  '        •«•  cootn-  '  '  '    te, 

par  les  K  ce 

dernier.  Il  était  de  plus  en  plus  évident  que  les  Macé- 

'  "  capables    de    réaliser 

1  i     Ile  tendaient  les  Thra- 
oes  de  plus  en  plus  unifiés  sous  le  rapport  national.  On 
peut   (iécouvrir   un    autre   motif   de   cette   faillite   de 
l'idéf  macrdonicnnc  dans  un  fait  d'ordre  géographi- 
que: il  étnit  impossible  de  rattacher  à  une  organisa- 
tion politique  fondée  sur  la  rive  droite  du   I>anube, 
rrs  Triions  au   Nord  du   fleuve  qui   formaient,   ainsi 
;>i  l'avons  déjà  dit,  un  territoire  parfaitement 
•  <.....  iviiialisé. 
Les  (fète%  indépendants  occupaient,  dès  le  rV  siè- 
rives  du  Danube:  ils  avaient  leurs  établis- 

;  ..is  importants  sur  celle  qui  est   dominée 

par  les  Carpathes.  Ce  sont,  en  définitive,  ces  Thraces 
irs  qui  étaient  désignés  par  les  Grecs  du  lit- 
Jinme  leurs   fournisseurs   «   scjthes   »   en   fait 
de  grains.  Si  les  sources  helléniques  rattachent  aux 
mêr-  Massagètes.  ^  l'êtes,  les  Tys- 

sag«  <lans  les  poini  ,  désignées  par 

ces  vocables,  non  pas  on  résoltat  dû  au  mélange 
entre  les  paslenn  de  la  steppe  et  les  «gricattrurs  de 


L'4  msTOinr  t»t.%  hoi-mains 

la  rii'ho  |>lamo  Mourri<-n'rr.  mais  bifii  dt's  «u-ics  <!«■ 
rare  |)res<|uc  pure,  dont  les  coutumes  et  les  croyance» 
les  distinguaient  si  nettement  des  nations  voisines. 

C'et»t  le  contact  des  Scythes  probablement  qui  vint 
ajouter  les  connaissances  militaires  à  leurs  vertus 
guerrières.  L'idée  politique  macédonienne,  empruntée 
elle  aussi  aux  Perses  —  les  rois  des  Scythes,  du  reste, 
n'étaient  pas  d'autre  provenance,  —  contribua  essen- 
tiellement à  faire  progresser  le  groupement  naturel 
des  différents  éléments  de  leur  race;  les  Gètes  de- 
vinrent eux  aussi  désireux  d'établir  une  royauté  con- 
quérante, capable,  non  seulement  de  les  défendre. 
mais  aussi  d'étendre  le  territoire  de  la  race. 

L'n  Dromichète.  un  Orole,  un  Zyraxès,  de  même 
que  leur  prédécesseur  avant  l'époque  macédonienne, 
le  grand  Sitalkès,  qui  régnait  de  la  Transylvanie  jus- 
qu'à la  Mer,  furent  donc  des  rois  thraces  indigènes, 
correspondant  parfaitement  aux  rois  scythes  de  la 
Dobrogea,  éphémères  comme  eux,  malgré  leur  rapide 
passage  à  travers  les  pages  de  l'histoire.  Ils  purent 
se  rendre  compte  bientôt  que  cette  nouvelle  royauté, 
ayant  encore,  bien  que  des  places  fortes  comme  Gé- 
nukla  défendissent  le  Danube,  son  centre  dans  les 
Balcans,  ne  peut  ni  dominer  le  Danube,  ni  s'appuyer 
sur  les  Carpathes.  seules  conditions  pour  pouvoir  se 
maintenir.  Il  fallait,  en  plus,  une  autre  énergie  que 
celle  de  ces  cultivateurs  plutôt  paisibles,  qui  avaient 
senti  depuis  longtemps  le  f^oùt  amollissant  des  riches- 
ses. Les  rois  de  la  conquête  devaient  surgir  pour  les 
Thraces  dans  la  montagne  de  Transylvanie,  de  même 
<  '  is  la  montagne  du  Pinde  avaient  surgi  pour  les 
i  ^.  leurs  frères,  les  rois  de  la  conquête  macé- 

donienne. 

Dans  ces  vallées  des  Carpathes.  il  y  avait  déjà  eu 

un  p«njj»l»*  Ihrace  florissant,  r.'lnî  iî<>».  Afntlivrsi^s,  ilonl 


FORMATION  DU  PEUPLE  ROUMAIN  25 

le  nom  porte  une  empreinte  aussi  peu  scythe  que  la 
manière  de  \ivre  de  cette  peuplade.  H  rccueiUait  le 
niel  et  la  cire  de  ses  abeilles,  exploitait  les  mines  qui 
ont  rendu  célèbre  à  toutes  les  époques  leur  province; 
leur  luxe  est  vanté  par  Hérodote:  tous  ces  traits  sont 
s  aux  occupations  patriarcales,  d'une  si  rude 
....^...ilé,  des  Scythes,  même  à  une  époque  où  leurs 
rois,  protecteurs  et  clients  des  cités  grecques  du  lit- 
toral, tr  I  beaux  vases  ;i  '••*,  re- 
prést-nl;!  ^  s  de  chasseurs  et  .,  -  rriers, 
l'or  fourni  par  les  tributaires  agath>Tses  des  monta- 

cette  p<       ■    '  'ée 

.1  ,  1  s  peu  II'  lie 

pouvait  pas  avoir  les  aptitudes  nécessaires  pour  re- 
prendre dans  les  Carpathes  l'œuvre  de  conquête,  glo- 
rieuse et  rémunératrice,  d'Alexandre-le-Grand. 

Ce  rôle  était  réser\'é  aux  pâtres  de  la  montagne, 
dont  le  centre  fortifié  se  trouvait  dans  l'angle  Sud- 
Ouest  de  la  Transylvanie,  aux  Daces,  que  les  Romains 
appelaient  Dam,  Doit.  11  faut  rapprocher  sans  doute 
cette  appellation  du  mot  davae  qui  sert  à  désigner 
leurs  villages.  On  en  ignore  la  signification,  mais  c'est 

I  t  comme  tous  les  noms  des  confédérations 
>  •^>-s  et  germaniques,  un  nom  de  guerre, 

r  à  un  moment  donné  de  l'activité  mi- 
liUuc  ti  rpréter  le 

mot    «   Da.         ,     _...;.-     , :...:. ils  des  vil- 

Li^cs,  paysans,  par  opposition  aux  Gètes  qui  possé- 
'  •  bien  qu'à 

II  .,  Les  Pan- 
noniens  étaient  aussi  des  villageois. 

IV  •  •  •       •      •  ,f. 

du  I»  .  ,,r- 

tant  le  bonnet  de  commandement  (pileus)»  ce  bonnet 

'  '■*  *u<'-  sur  If  '"^       '  "'iiimblc 

..^•au  du  II.  qui 


26  MlSTOlilE    DBS    ROUMAINS 

foodèrent  la  nation.  Un  de  ces  anciens  étalHiMemenU 
aguthyrses  ou   sarmates.  Sarmisagethusa,  sise  entre 
les  montagnes,  uu  ini^         '  <  plus  a<I         ' 
ques  formés  par  les  <     ^      nos,  devii; 
c'eist-à-dÀre  le   lieu  où   tls   s'abritaient   l'biver   c4  où 
ils  déposaient   le  butin   v  '      '  *      ■    '  îii 

printemps  et  de  l'été  aux  j  s 

danubiennes.  Les  villages  qui  en  dépendaient  se  ca- 
chaient   dans    les    vallées    transylvaines;    ils    de>v. 
daient    môme    vers    la    plaine,    mais    plulùt    du 
occidental,  vers  le  Banat  actuel,  où  tls  étaient  pro! 
par  la  ligne  de  montagnes  qui  borde  la  frontière  rou- 
maine de  1914  pour  aboutir  aux  Porles-de-Fer,  où  le 
Danube  est  facile  à  traverser. 

Le  plus  grand  des  rois  daces,  celui  qui  réussit  à 
remplacer  sur  la  rive  droite  la  royauté  macédonienne 
de  la  Thrace,  fut  Hoirébista,  nom  qui  rappelle  peut-être 
la  liguée  dace  des  Hures  qui  habitaient  le  Banat.  Il  ré- 
gnait en  maître  sur  tout  le  cours  inférieur  du  Danube 
jusqu'au  delta,  où  des  Bastarnes  germaniques  s'étaient 
nichés  dans  les  îles,  au  milieu  des  marécages,  à  Peuce 
(aujourd'hui  Ile  des  Serpents)  et  ailleurs.  Une  ins- 
cription grecque  de  Marcianopolis  nous  montre  que 
les  villages  grecs  dépendaient  de  son  autorité  suze- 
raine et  que  des  délégués  des  Hellènes  allaient  prendre 
les  ordres  du  grand  roi  barbare  de  la  montagne.  Ayant 
donc  gagné  le  droit  de  disposer  des  forces  gètes,  — 
le  nom  même  des  Gètes  disparaît  à  ce  moment,  — 
il  •      ,'.  (lej.  rois  scylhes,  non  ^  U 

c<i  :ile  de  la  Mer  Noire,  mm  d 

où  Olbia,  dont  le  dieu,  le  Jupiter  oWiapolitanus,  était 
le  ;     '         <le  toutes  ces  m  lutés  hiV  ' 

co  ut  sa  tutelle  pro.  .  Une  n<i  * 

politique  s'était  formée  sur  les  ruines  de  ki  «su/ 
neté  Scythe,  au  Nord  du  Danube,  grâce  au  cararu'rr 
même  de  la  région,  qui  favorisait,  qui  appelait  même 


FORMATION  DU   PEUPLE  ROUMAIN  27 

une  pareille  fo"  '  ♦• — i:  e!,  comme  le  peuple  qui  l'avait 
créée    était     1  d'une    ci\ili8»tion    autochtone 

plus  que  mtllt'iuiire.  Boirebista  paraissait  promettre 
à  ce  monde  oarpatho-danubicn  une  longue  et  pros- 
père stabilité  sous  le  sceptre  d'une  dynastie  énergi- 
que. 

Les  Daces  rencontrèrent  cependant  sur  cette  voie 
de  conquêtes  où  ils  étaient  entrés  triomphalement, 
une  civilisation  supérieure,  des  imitateurs  plus  heu- 
reux de  la  royauté  d*Alexandre-le-Grand:  le  peuple 
romain  et  l'activité  conquérante  des  Césars. 

L'EXPA.NSION    et    la    CONQUftTE   ROMAINKS.    —    Dès   Ics 

derniers  temps  de  la   République,  les  classées  popu- 
laires, qui  *    "         ■  jusqu'alors  la   for< 
de  l'Etat,  i .  .  émigrer.  L'Italie  vii 
et  conquérante  recevait   des   approvisionnements  de 
rEg\'ple,  de  l'Afrique  et  de  la  Grèce;  les  villes  accrois- 
saient sans  cesse  leur  territoire:   les  riches   proprii- 
taires.    les   anciens   patriciens,   les   chevaliers  et   jus- 
qu'aux publicains  heureux  se  taillaient  dans  la  r— 
pagne  de  larges  domaines,  avec  des  villes,  des  jar.- 
des   terrains   de   chasse;    le   travail    servile    remplaça 
relui  de  l'ancien  agriculteur  libre.  Il  se  produisit  alors 
une  forte  émigration  rurale,  à  l'Est,  vers  Tlllyrle  — 
et  aussi,    par  les  .Mpes  orientales  et  les  vallées  de  la 
Save  et  de  la  Drave,  vers  la  Pannonie,  —  aussi  bien 
qu'à  l'Ouest,  vers  la  Gaule  méridionale.  Les  sources 
hi^              ^.  il  est  vrai,  ne  mentionnent  pas  cette  ex- 

pa:i lucune  inscription, n'a  marqué  la  trace  sur  la 

terre  de  ces  pauvres  gens  en  quête  d'un  champ  et  d'un 
abri;    unr  -    lente,    mais   profonde,   a   donc 

seule   pu    i  r.    en   une  population   romaine, 

parlant  le  latin  vulgaire,  les  Illyriens  et  ces  Thraces 
qii  si  éphémère  en  Dar< 

r.*»  re  de  Dalmatie.  déj:i 


28  IIISTOIRB    DBS    ROUMAINS 

&  cet  étrangers  par  les  c\lé%  porement  romafaies  crééet 
sor  la  rive  de  TAdriatiqur,  puis  son  voisin  du  Pinde, 
T*'  ou  Thrnce.  et  enfin  les  laboureurs  des  vallées 

i  ijucs  furent  lentement  submergés  par  ce  flux 

incessant  d'une  population  qui  apportait  des  vertus 
ethnicpies  supérieures,  et  une  langue  faite  pour  servir 
de  communication  universelle  entre  ces  peuples,  car 
on  adopte  une  langue  aussi  pour  ses  qualités  et  ses 
avantages. 

L'apparition  des  armées  romaines  devait  tarder 
encore,  nu^me  après  que  la  Thrace  eut  été  annexée 
(an  40  de  notre  ère).  Les  éléments  romanisés  transmet- 
tant d'un  groupe  à  l'autre  l'influence  étrangère, 
étaient  arrivés  déjà  jusqu'au  Danube,  où  l'on  a  cons- 
taté que  la  ville  romaine  de  Drubetis  est  antérieure 
à  la  conquête  officielle;  déjà  des  marchands  latins 
traversaient  ces  régions,  répandant,  à  côté  de  la  mon- 
naie grecque  dont  la  circulation  diminuait  rapide- 
ment, la  monnaie  romaine  d'argent  et  de  bronze, 
qu'on  rencontre  par  monceaux  sur  tout  le  territoire 
carpatho-danubien,  avant  que  le  besoin  de  défendre 
les  nouveaux  centres  fondés  au  milieu  des  Thraces 
balcaniques  définitivement  vaincus,  eut  rendu  néces- 
saire l'intervention  des  légions. 

Sous  Auguste,  la  Dacie  vit  les  aigles  romaines.  Les 
nations  pannoniennes.  mélangées  de  sang  celtique, 
les  Scordisques  et  leurs  voisins,  furent  complètement 
soumises;  la  grande  voie  de  Tibère  réunit  le  Danube 
moyen  aux  régions  de  son  cours  inférieur:  Aquineum 
devint  un  des  centres  importants  de  l'Empire  en 
Orient;  enfin,  sous  Domitien,  les  armées  impériales, 
commandées  par  Oppius  Sabinus,  par  (>>rnelius  Fus- 
cus  et  par  .Julien,  furent  vaincues  par  un  roi  d'un 
talent  supérieur,  Décébale,  défenseur  indomptable  du 
sol  ancestral  et  de  l'indépendance  de  sa  race,  qui,  tout 
en    reconnaissant    nominalement    la    suzeraineté    de 


FORMATION  DU  PEUPLE  ROUMAIN  29 

l'Empire,  se  fit  livrer  des  artisans  et  des  ingénieurs 
appelés  à  consolider  sa  puissance.  L'Empire  résolut 
alors  de  soumettre  à  sa  domination  1-  '  •^  barbares 

de  la  rive  gauche.  Si  Trajan,  le  suc(  -     de  Domi- 

tien,  consacra  à  cette  œuvre  la  plus  grande  partie  de 
son  règne  et  toute  sa  ténacité  de  vieux  soldat  espa- 
gnol, c'est  que  l'enjeu  dépassait  le  prix  de  la  Dacie 
elle-même;  elle  possédait  sans  doute  des  mines  d'or 
et  d'argent,  alléchantes  pour  les  aventuriers  qui  four- 
millaient dans  l'Empire;  des  mines  de  sel,  dont  le 
produit  était  indispensable,  bien  qu'on  eût  aussi  les 
marais  salants  d'Anchiale,  aux  Balcans  conquis.  Va- 
lait-elle tout  de  mi^me  la  peine  d'être  occupée  une 
fois  pour  être  défendue  à  chaque  moment  contre  les 
autres  barbares  qui  rôdaient  aux  alentours?  Oui,  car 
sans  la  possession  de  cette  forteresse  des  Carpathes,  on 
n'aurait  pu  trouver  la  solution  du  grand  problème 
germanique  contre  lequel  s'étaient  usées  les  forces 
militaires  d'Auguste  et  de  Tibère.  Du  Rhin,  ce  pro- 
blème s'était  transporté  dans  les  montagnes  des  Qua- 
des  et  des  Marcomans;  déjà  les  mouvements  des 
Goths  au  Nord  et  à  l'Est  du  territoire  thrace  faisaient 
prévoir  une  autre  phase  du  grand  conflit  entre  le 
monde  romain  et  le  monde  germanique.  Trajan,  en 
attaquant  Décébale,  crut  pouvoir  détruire  dans  son 

1 1  pagne  préparée  dans  la  Mésie 
supérieure  (101  après  J.-€.),  les  Romains  employèrent 
le  facile  passage  des  Portes-de-Fer  pour  envahir  le 
Banat,  le  territoire  des  Bures,  et  chercher  par  l'Ouest 
la  voie  de  Sarmisagethusa;  à  Tapae,  ils  remportèrent 
une  victoire  chèrement  achetée.  Confiant  dans  la  for- 
tune de  ses  armes,  Décébale  négocia  d'abord.  Pendant 
toute  une  année,  il  tendit  des  embuscades  à  l'ennemi; 
mais  les  Romains  étaient  résolus  h  pousser  l'entreprise 
jusqu'au  bout;  brisant  l'unité  politique  du  territoire 


30  HISTOIRE    DIS    ROUMAINS 

carpatho-danubien,  ils  occupèrent  la  bande  de  terri- 
toire qui  leur  paraissait  être  nécessaire  pour  garantir 
la  Mésie  contre  toute  incursion  future.  Lu  capitale 
eUe-méine  reçut  une  garaisco  romaine.  Si  cette  situa- 
tion s'était  maintenue,  le  r61e  de  Décébale  aurait  été 
celui  d'un  prisonnier  renfermé  et  espionné  dann  ses 
montagnes:  su  nation,  empêchée  désormais  de  rançon- 
ner des  voisins  victorieux  et  même  de  mener  ses  trou- 
peaux dans  la  plaine,  où  l'attendaient  le  soldat,  le  fonc- 
tionnatrc  et  le  colon  romain,  se  serait  épuisée  dans  la 
misère  et  le  découragement.  Le  roi  dacc  tenta  de  nou- 
veau le  sort  des  armes.  Cette  fois,  ce  fut  lui-même  qui 
choisit  le  moment  de  la  lutte.  Il  s'adressa  à  ses  alliés, 
Sarmates  et  Germains,  qui  comprenaient  l'importance, 
pour  l'indépendance  de  tous  les  Barbares  au  nord  du 
Danube,  de  la  crise  qui  allait  se  rouxrir.  Dans  la  Scy- 
thie  Mineure  se  formèrent  des  bandes  sarmates  dont 
les  guerriers,  revêtus  de  cuirasses  d'écaillés,  sont  gros- 
sièrement figurés  sur  le  pesant  monument  du  Tro- 
pspum  Trajani,  ri  nr  à  l'endroit  où 

se  forma  plus  ta  ri  ^  u-s  tatares  api>elé 

Adam-Klissi  (l'église  de  l'homme).  Mais  la  campagne 
fut  dr     ■        r.us  les  murs  mômes  de  la  c^pitaie  daœ. 
Tnij  i(|ua  cette  fois,  en  105,  par  les  vallées  du 

Jiiu  et  de  l'Oit.  Il  avait  fait  construire  par  Apollodore. 
di-  '^         ^.  un  pont  de  pierre  en  face  de  Drul»  '  ur 

eiii  d'un  côté,   les   relations  entre   Dr  .1 

ses  confédérés  de  la  steppe  et  pouvoir,  en  même  temps, 
s'il  en  était  besoin,  poursuivre  une  guerre  d'extermi- 
nation pendant  les  automnes  pluvieux  et  les  rudes 
hivers  danubiens.  Cette  fois,  il  n'y  eut  pas  de  bataille 
dans  la  plaine:  le  barbare  résista  dans  ses  montagnes, 
avec  un  acharnement  sans  pareJI,  que  tout  son  peu- 
ple partagea  avec  lui;  même  les  femmes  allèrent  por- 
ter l'incendie  à  travers  les  dauae  abandonnées  et  firent 
subir  le  martyre  aux  blessés  qui  tombaient  entre  leurs 


FORMATION  DU  PEUPLE  ROUMAIN  31 

mains.  Sarmisagethusa  elle-même  fut  consiUDée  par 
les  flammes,  mais  seulement  après  que,  dans  un  der- 

lùey  ■  ■■  ■     '      ■         ■  ' 

et  '1 

dernier  refuge. 

L'ŒUVRE  ROMAINE  (106-279).  —  Trajau,  vainqueur, 

fit  élever  ii  Home,  en  souvenir  de  cette  campagne  dif> 
ficile.  une  colonne  triomphale  plus  haute  et  plus  belle 
que  celle  de  Marc-Aurèic  et  il  «  colonisa  ••  la  Dacie  dé- 
sormais se.  11  ne  tenta  pas  la  tâche,  d'ailleurs 

imposiiL détruire  la  race  même  de  ces  vaillants 

Thraces  de  la  montagne.  Si  certains  Daces  émigrés  ne 

nt  jania'  chasser  les  Romains  usur- 

,  b  et  de  rc\     ;  aïs  foyers  détruits,  un  grand 

nombre  de  Thraces,  surtout  les  descendants  paisibles 
"  ■       r»!  resto 

.     !is  où  l;i 
rieure  a\*ait  créé  déjà,  sur  le  lon|;  de  La  rive,  ia  popula- 
tion mi  '  rtir  les  Roumains.  Un  texte- 
latin,  tu                                 irs,  qui  passa  dans  la  brève 
compilation  d'Kutrppe,  assure  que  des  colons  vinrent 
'    '      •  '     nonde  romain  (ex  toto  orbe  roinano).  On  a 
dire  qu'ils  vinrent  en  première  ligne  de 
ritaije  eile-mème,  opinion  professée  avec  «"gueil  par 
\es  partisans  d'une  descendance  romaine  pure  et  exclu- 
sive. 11  ne  faut  pas  accorder  une  trop  grande  autorité 
à  un  texte  secondaire,  rédigé  dans  un  cabinet  de  rhé- 
teur et  de  maître  d'école.  complètemeiU  étranger  aux 
raisons  |K>1itiques  et    au    sens    des    réalités.  L'Italie 
n'a^                guère  de  Latins  à  exporter:  ses  nouveaux 
i.  Rv,... ......  ...  citoyens  créés  par  la  réforme  de  Cara- 

calla.  n'auraient  guère   apporté  avec  eux   les  vertus 

■''S  du  Latium.  Ils  n'auraient  pas  mieux  valu 
4...   ...  aventuriers  accourus  pour  exploiter  les  mines 

de  Transylvanie,  que  cette  foule  de  fonctionnaires,  à 


32  H18TOIRR    DKS    ROUMAINS 

l'aspect  divers  et  à  l'Ame  incertaine,  qui  furent  chargés 
d'initier  aux  formes  supérieures  de  la  vie  urbaine  un 
peuple  chez  qui  la  vie  rurale  était  plusieurs  foi«i  millé- 
naire. Le  bon  sang  latm  pouvait  être  accru  pluti'it  ]>ar 
certains  de  ces  légionnaires  qui  pns5»aicnt  une  partie 
de  leur  vie  dans  les  camps  du  Danube  et  des  (^rpa- 
thés  et  qui,  après  leur  congé  déflnitif,  y  restèrent  sou- 
vent auprès  de  leurs  femmes  daces  et  des  enfants  nés 
de  leurs  relations.  Il  y  eut,  en  effet,  un  caractère  mili- 
taire, de  même  qu'un  caractère  rural,  dans  le  latin  vul- 
gaire qui  devint,  après  nombre  de  mélanges  ultérieurs, 
la  langue  roumaine:  le  vieillard,  ce  n'est  pas  habituel- 
lement le  senex  (1),  mot  qui  d'ailleurs  a  disparu 
dans  toutes  les  langues  romanes,  ni  le  vvtclus,  car 
uechiu  s'applique  seulement  aux  rhosos,  mais,  i-as  rare, 
le  veteranus,  bàtrin  (2). 

La  Dacie,  qui  fut  partagée  on  trois  provinces  réunKS 
sous  la  main  d'un  légat  impérial,  gagna,  par  la  con- 
quête romaine,  un  caractère  nouveau.  Deux  civilisa- 
tions coexisti'rent  sans  se  mélanger,  la  1' 
constituant  entre  elles  un  lien  commun.  Si  i 
ruraux  déjà  romanisés  de  la  Péninsule  balcanique  pu- 
rent désormais  pénétrer  librement  dans  les  champs 
abandonnés  par  les  barbares  vaincus,  tués  ou  mis  en 
fuite  et  si  les  davae:  Sucidava,  Carpidava,  Buridava, 
etc.,  reçurent  un  accroissement  de  population,  leur 
aspect  n'en  fut  pas  essentiellement  changé.  Dans  ces 
uici,  ces  f>agi,  dans  ces  territoires  qu'on  peut  très  bien 


1)   M.  Giuglea  a   relevé  dans  les  anciens  textes  tiurec,  qui 
viendrait  de  geneeua. 

(2)  Si  au  lieu  de  terra  on  a  employé  le  mot  pâmant,  de  pavi' 
menlum,  ce  qui  si(;tiifirrait  une  prépondérance  de  la  vie  ur- 
baine, il  faut  tenir  compte  de  ce  fait  que  «  terra  •  ayant  donné, 
en  roumain  seulement  tcara  pour  le  pays,  la  patrie  (le  corres- 
pondant de  jHifae,  pays,  manque),  il  a  fallu  tr»)uvcr  un  autre 
terme  pour  le  sol  nourricier.  Il  est  Intéressant  que  lucmm,  le 
gain,  a  le   sens  général  de   •  chose   •. 


pnnM^TKiV    Df    VFfPt.V    nOlMAIV  33 

étudier  dans  la  Dobrogea  ;i  ou  ks  morvunwnt^ 

les  concernant  sont  plus  noniL;  u\,  l'ancienne  vie  fui 
perpétuée  dans  une  forme  de  plus  en  plus  romakie. 
Mais,  de  môme 'I  ■<•  avait  abrite  depuis 

des  siècles  la  n  iuf,  ([ui  put  se  main- 

tenir sans  vouloir  féconder,  il  y  eut,  le  long  des  routes 
qui  suivaient  le  cours  des  rivières  de  TransylN^anie, 
des  villes  bien  peuplées  et  richement  ornées,  avec  leurs 
temples,  leurs  basiliques,  leurs  amphithéâtres,  leurs 
prétoires:  on  a  déterré,  à  L'ipia  Trajana,  qui  avait  rem- 
placé la  royale  misère  de  Surmisagethusa,  des  mosaï- 
ques dignes  des  {>ays  d'anrienite  civilination  qui  fai- 
saient partie  de  l'Etat  romain,  de  même  qu'à  Tomi  et  à 
Istria  des  colonnes  de  marbre  aux  élégants  chapiteaux 
surgissent  des  ruines  amoncelées  du  passé  hellénique. 
Mais  tout  cela  n'était  ni  un  élément  durable  ni  un 
élément  nécessaire  à  l'unité  territortale  des  Carpathes 
et  du  Danube.  On  le  vit  bien  quand,  après  de  longs 
combats  malheureux  contre  les  Goths  envahissants, 
l'empereur  Aurélien  dut  ordonner,  vers  271,  à  peine 
un  siècle  et  demi  après  la  conquête  de  Trajan.  la  re- 
traite des  légions  et  des  fonctionDaircs  sur  la  ri\'e 
droite  qui.  pour  sauver  les  apparences,  devint  une 
nouvelle  Dacie.  En  qu-  innées,  les  voies  n'étant 

plus  sûrei»  sans  la  pn^  ;i  des  soldats,  les  \illes 
furent  abandonnées:  les  paysans  du  voishiage  s'en 
pai  '  ■  N   ruines  après   le   dé(>art   de   !'• 

A\«  slration  disparut   tout  ce  qui   s<  i 

l'exploitation  économique  du  territoire  et  qui  en  for- 
mait le  décor. 


CHAPITRE  III 

Domination  des  peuples  de  la  steppe 


Auitiicu  avait  iriirL"  ses  troupes  de  la  Dat  k-  nous  lii 
menaro  des  invasions  incessantes  des  Goths  qui  avaient 
détruit  Tarmée  de  Décius  et  qu'avait  arrêtés  à  Niche, 
au  fond  de  la  Mésie  SufHîrieure,  la  seuie  victoire  de 
Claude.  Déjà,  sous  la  pression  des  Quades  et  des  Mar- 
coinans,  les  Vandales  Astinges  s'étaient  établis  dans  la 
Pannonie  et  sur  la  lisière  de  la  Dacie,  poussant  devant 
eux  les  tribus  daces  des  Costoboques,  des  Bures  et  des 
Cotins,  ((ui  vinrent  accroître  dans  la  région  des  Car- 
pathcs  l'importance  de  l'ancien  élément  thrace,  repré- 
senté aussi  sur  le  Danube  inférieur  par  l'indépen- 
dance, toujours  agitée,  des  Carpes.  Les  Romains  eux- 
mêmes  y  établirent,  semble-t-il.  en  qualité  de  peuples 
fédérés,  des  bandes  gothes,  juthunges,  puis  de  celles 
des  Gépides  aussi,  des  Taïfalcs  et  des  Vandales;  mais 
on  ne  saurait  leur  attribuer  le  rôle  qui  revint  sur  k 
Rhin  aux  Frîincs  et  aux  Burgondes.  Dans  les  régions 
carpatho-daïuibienncs,  il  n'y  a  aucune  trace  d'une  véri- 
table expansion  germanique;  c'est  un  nouveau  chapi- 
tre, exactement  semblable  à  ceux  qui  l'avaient  précé- 
dés, de  la  domination  «  scythe  »  dans  l'Europe  orien- 
taie. 

Il  se  produisit  certainement,  dès  le  m*  siècle,  un 
roou  '         1     '••  sein  de  cc^ 

nés  _  lappé  vers  le  < 


DOMINATTOX  VTS   TTITI-T^  TiT.  lA  STKrPE  35 

Ir.,  .i>..  ...  ..;  rete- 
nus depuis  des  si.  n  formations  belliqueuses 
cl,  ■  "  >  «  •-:  — 'i-ncnt»  clans 
la  Cosaques 
k  l'éj>oqu«  moderne  durent  émigrer  vers  l'Occident, 
non  pour  y  trouver  des  terres  à  cultiver,  mais 
pour  y  former  des  camps  d'où  ils  fussent  en  état  d'en- 
trepren<lre  de  nouveaux  raids,  à  la  manière  des  con- 
ter:   ns  d'Hérodote.  On  les  trouve  sur  deux  points 

s>  .  ;!:  le  Boudschak  ou  Bessarabie  méridionale 
(aixffitlus  pour  les  Romains,  ^s  Slaves),  et 

la  i'annonio  centrale.  Les  GoL.  .  .nt  sur  le  Da- 
nube inférieur,  près  des  embouchures,  alors  que  le 
Danube  moyen  restait  le  domaine  des  Vandales,  Feurs 
frères.  Pour  eux,  la  Dacie  évacuée  par  les  Romains  et 
où  toute  vie  urbaine  fut  bientôt  complètement  ruinée, 
n  re  lui-même,  avec  les 
fo:  -  --  -  1  l  de  la  Grande  Vala- 
chie.  avec  les  marécages  du  Danube,  ne  leur  disait 
ri-                                 lie  les  envabisseii  it  dévasté 

le  ^  iiisées  de  l'C^tèn  les  vallées 

transylvaines.  Ils  ne  voyaient  que  «  le  chemin  »,  c*est- 
à-.'    "       ■     '  ■  '  *  •  •      '•      •     •'  'ta 

Cil  ,  .  I  <>- 

dunnm-lsaccea,  à  travers  les  Fortes-de-Fer.  le 

Banat,  et,  à  travers  les  cours  d'eau  tributaires  «m  i)a- 
nube  moyen,  à  Sirmium  et  à  Singidunum,  en  Pannonie. 
C'est  par  là  qu'ils  firent  leurs  nouvelles  irruptions, 
sous  les  em|>crcurs  Probus  et  Carus:  c'est  là  que  les 
Romains  vinrent  les  chercher  à  réi)oque  de  Constan- 
ttt>-le-Oran<l.  qui  restaura  les  fortifications  des  fron- 
ti''res,  surtout  de  celles  de  la  Scythie  Mineure,  de  Tomi 
aux  bouches  du  Danube,  et  de  ses  fils,  de  ses  succes- 
seurs, jusqu'^  Valens  qui  devait  succomber  à  une  inva- 
sion d'un  eart  •'  •"  nouveau,  venue  de  ces  région*^  *^'*r»- 


M  HISTOIRE    DBS    ROUMAIXS 

toîitriwiiirîi  où  Jcs  vicissitudes  des  dominations  bar- 
bares menaçaieiit  contuiuellement  l'Empire  (1). 

l'ne  autre  cause  <>nii>êcha  la  création  de  formes  po* 
IHiques  et  même  ethniques  nouvelles  de  ce  côté  de 
l'Orient,  et  con&eryu  int^K*!  aux  descendants  des  Thra» 
CCS  ronianisés  leur  aaicien  caractère.  Tandi»  qu'à 
l'Occident  la  religion  clièLienne  cimenta  l'union  des 
barbares  a\*ec  les  gallo-romaéns,  le  conquérant  passa 
sur  notre  territoire  sans  exercer  aucune  influence  sur 
la  vie  de  l'Etat,  sur  les  mœurs,  sur  la  langue  —  il  n'y 
a  pas  en  roumain  un  seul  terme  d'origine  gothe  — ;  au 
contraire,  le  dcst^miant  des  bergers  daces  et  des  émi- 
grés pays:uis  de  l'Italie  resta  un  «  homo  romanus  ». 
un  Romin,  de  même  que,  dans  les  Alpes,  le  Romanche, 
qui  ne  fut  jamais  soumis  à  une  domination  barbare, 
ou  que,  l'habitant  de  la  Campagna,  indissolublement 
liée  &  l'idée  et  à  l'autorité  de  Rome. 

Le  christianisme  avait  pénétré  en  Dacie  avec  la  con- 
quête romaine;  les  inrscriptions  attestent  que  le  pays 
avait  reçu,  par  les  colons  originaires  de  l'Chienl,  l'em- 
preinte des  cultes  asiatiques  qui  précédèrent  et  prépa- 
rèrent le  christianisme.  Leur  œuvre  fut  poursuivie 
pendant  toute  la  durée  de  la  domination  impériale,  qui 
amenait  sans  cesse  des  hôtes  >vnus  des  |>ays  où  la 
grande  transformation  de  l'âme  huma'me  s'était  accom- 
plie plus  rapidement  et  d'une  manière  plus  complète. 
La  propagation  de  l'Evangile  par  les  communautés 
religieuses  qui  envoyaient  des  visiteurs  d'un  groupe 
à  l'autre  ne  pouvait  pas  manquer  de  porter  ses  fruits 
&ur  le  Danube. 

Les  termes  se  rapportant  à  la  religion  montrent 
d'une  manière  très  claire  les  conditions,  et  par  con- 


(I)  On  a  attribué  s»u^  aucune  preuve  k  Constantin  l'établie 
setnrut  d'un  nouveau  pont  sur  le  Danube,  à  Celciu.  Ancienne- 
ment déjà.  Il  y  avait  eu.  à  ce  qu'il  parait,  un  autre  pont  à 
Hiir»o\a. 


DOMINATION  DES  PEUPLES  DE  L.\  STEPPE  37 

séquent  l'époque  où  le  nouveau  onUe  fut  adopté  par 
ta  population.  Sans  doute  des  termes  tels  que  «  Dum- 
nereu  »  qui  vient  du  latin  Domine  deux;  «  SInt  »  (1). 
qui  signifie  saint;  ><  cruce  »,  qui  signifie  croix;  «  icoa- 
na  ",  qui  représente  le  gréco-romain  icon  {v.yjur*)  ; 
ff  altar  ».  <  tinipla  >>,  ■  rugaciune  ».  «  Inchinaciune  >•. 
où  l'on  t  les  mots  h\\  rr,  templa,  roijatio- 

nem,  iiu iiem;    •»  cunu ura  »,  qui  vient  de 

communicare.  communion;  «  marturisire  ».  de  marty' 
fie  confesser:  «  blastam  »,  qui  vient  de 
,  preot  »,  qui  vient  de  preshyter  (2),  ne 

portent  aucune  marque  chronologique,  aucun  cachet 
mais  le  terme  de   «   biserica   »   (basilica) 
ment  substitué  au  mot  ecciesia  (église  en 
français),  n'a  pu  s'introduire  dans  nos  régions  avant 
rép<Hi  nstanlinienne,  où  fe  eu"  '  m- 

men<  e  pnÉtiqné  dans  les  bu  ^es 

jusqu'alors  aux  affaires  de  justice  et  aux  réunions  pu- 
bliques. Il  faut  tenir  compte  ausM  du  fait,  très  impor- 
tant, que  la  religion  est  seulement  la  loi,  «  lege  »,  et 
que  pendant  longtemps  ce  terme  fut  employé  presque 
uniquement  dans  le  sens  religieux,  étant  remplacé  en 
ce  qui  concerne  le  droit  par  obiceiu,  coutume,  tradi- 
tion <ohicciiil  paminiului,  coutume  de  la  terre).  Si  la 
liturgie  latine  a  conservé  en  Occident  le  «  Credo  »,  la 
langue  roumaine  seule  donne  un  terme  populaire  dé- 
rivé de  ce  mot  latin  :  crez. 


(1)    Cr    nom    %c   consenc   dans    \ts   forine<i    comDOtées:    Sînt- 

I'  nt- 

'»•  i-.e- 

tru.    "  i'uur   ac   pas   coafundre 

c«  n^"'  iat.  $um,  je  taii,  on  ent- 

I'  forme  simple  uu  vocaiilc  inflocoeé  par  le  toiti 

(I  >iave    :    •    sflnt   ■. 

.et,  si  pour  No«l  on  a  le 
il  7  a  auMl  le  «yoonyme 


38  HISTOIRE   nns   nnti mains 

1  <>r^<|iie  les  Goibs  arriv(;ron(  sur  )<■  Dniiiln*.  ils 
étaiint  ^luîens.  C'est  seulement  sur  la  rive  liruiU-  qu'ils 
adoptèrent  la  religion  de  Constant inopKe  au  m*  siècle, 
rhèréaie  arienoe;  ces  gens  d^raprii  «iaipte,  mus  par 
ime  logiqae  enfantine,  ne  pouvâèenl  «dnietire  l'unité 
divine  dans  la  Trinité.  QuMit  k  «  Thomme  romain  «, 
le /^omf/},  parlant  le  '       m       '  "  ira 

avec   ses  évoques  («7         _  st 

resté  intact,  pour  les  prélats  latins,  on  emploie  la 
forme:  pixcnp)  sur  cette  «  terre  »  qui  étii'  r  lui  la 
patrit;,  ioro,  âans  ces  villages,  sate,  à  .1   nom 

latin  (satOf  semailles,  champs  labourés).  11  n'entra  pas 
dans  une  nouvelle  formation  politique  h  1;  t  "  il 
aurait  fallu  prêter  serment  —  le  roumain  ;»  .  ^é 

jurare,  juramcnium  dans  l'ancien  sens,  non  corrompu, 
de  ces  termes  —  et  dans  l'armée  de  iaquelleile  aurait 
dû  servir  —  car  pour  lui  aussi  l'arnice,  oasie,  vient  du 
mot  latin  qui  indique  l'ennemi,  hostis.  Les  notions  de 
seigneur,  de  vassal,  de  fief,  de  service,  introduites  par 
le  régime  germanique  en  Occidenl,  lui  sont  restées 
absolument  étrangères.  Il  n'a  pas  même,  pour  désigner 
le  Germain,  un  mot  tiré  directement  de  sa  langue:  c'est 
ie  Neamt,  d'après  le  sluve  Niémetz.  Si,  pour  ses  coutu- 
mes populaires,  pour  ses  superstitions,  pour  '-s 
illégales,  défendues  par  l'EgU.se,  pour  son  ]i...;..,;.iun 
et  son  sj-stème  de  cuJture,  pour  ses  ustensrles  et  pour 
les  ornements  de  sa  casa,  de  sa  cabane  (car  ka  mansio, 
dont  vient  maison,  a  disparu,  pour  ne  ]x>int  parler  de  la 
domus  classique),  il  a  conservé  tout  l'ancien  trésor  de 
la  àkvWmÊÊoa  thraœ  primitive;  si  l'esprit  thrace  \H 
dans  la  s^folaxe,  à  commencer  par  la  juxtaposition  de 
l'article  à  la  suite  du  nom  (omul,  correspondant  au 
latin  homo  i7/e),  —  pour  tout  œ  qui  oonoeme  la  \'ie 
politique,  Rome  seule  était  restée  linspIndDrlce.  Il  n'y 
a  pas  d'autre  autorité  que  Ja  «  domnSe  »  idominio)»  du 
f  domn   >  {dominas)  qui  est  l'empereiir,  appelé 


DOMIXATIOM  DES  PBUPLCS  DE  LA  STEPPE  30 

Imparat,  comme  l'albanab  ne  connaît  pas  nob  plus 
d'autre  sonvwttin  que  le  mbrei  (imperator).  Le  notioo 
<Ie  la  royauté  est  aussi  étrangère  au  Roumam  que 
relie  ck  prmcipat  germanique,  avec  ses  ducs  et  ses 
oonites;  c'est  aux  Slaws  qu'il  empruntera  plus  tard  les 
termes  qui  les  désignent:  craiu  (de  knri,  dérivé  do 
nom  même  de  Charlemagne,  Carolus),  cneaz,  Voévod. 
Le  centre  de  groupement  est  ha  «  dlé  •>,  cetate,  néces- 
sairement fortiliêe.  Le  trAne  de  ses  maîtres  sera  le 
scaun.  scamnum  (chaise)  ;  la  Capitale  est  donc  dans  la 
'  «-etate  do  Scaun  ».  Le  k  citoyen  >,  le  cetatean, 
♦•niK-mi  de  tout  ce  qui  est  étranger,  slrain  (extraneut) 
vi<  encore  par  la  pensée  dans  l'ordre  romain,  dont 
aucune  réalité  ne  peut  le  détacher.  11  attend,  sous  Dio- 
clctien,  sous  Cunsiantin.  de  même  qu'il  attendra  sous 
les  empereurs  byzantins,  le  retour  des  drapeaux.  Isolé 
(f,  *>r--'  j>ar  te  n^alheur  des  temps,  il  lui  appartient 
t  .ir  l'àme. 

Les  barbares  de  la  steppe  purent  prendre  bientôt  la 

]>■         '     ■  ■         .  I.es  Huns,  chas- 

s.i  l'Athanaric  et  de 

Fridigem,    s'établirent    en    Fannonie;    i>s    fondèrent 

r  l'ire  d'Attila  qui  ne  dura  pas  même  un  siède;  la 

Y^iiation  indigéiK>.  augmentée  de  colons  qu'ils  trans- 
portèrent de  force  dans  les  territoires  d'outre  Danube, 
leur  paya  la  dlme.  envoya  des  présents  à  la  cour  du 
Khagan.  et  n'eut  plus  rien  à  craindre  d'eux.  Les  Avsres, 
après  avoir  se  journée  dans  la  Bessarabie  m<  'e, 

M ■■•  ■ — it  k*s  Huns  dans  cette  même  Panmoniv,  ,.^  ne 
}  it,  au   vr  sièi'le,  qu'une  antre   forme  de  fa 

(!  licpie  purement  extér^enne;  çà  et  là. 

1' .   .«'.;  .iyi i>Ui'  Kvs  aborigènes,  restés  intacte  sous 

la  protection  de  ces  maîtres  qui  n'avaient  d'autre  Inté* 
rét  que  celui  de  se  maintenir. 

Slaves  kt  Roumains.  —  A  oe  moment,  «e  produisit 


40 


dans  4a  seuk  région  du  l>anube,  et  non  dan%  ct\ïe  des 
montagnes,  Ir  grand  passage  des  Slaves  vers  tes  Bal- 
OÊBB  et  le  littoral  adrîatiqiie. 

L'influence  considérable  qu'on  leur  a  attribuée  n'est 
pas  justinée  par  l'examen  des  sources  btstorique^.  ou 
bien  par  l'étude  des  nururs  et  de  kl  langue.  N'esl-on 
pas  allé,  au  gré  des  intérêts  politiques,  jUM|u'au  point 
de  conforvdre  notre  peuple,  si  manifestenient  latin 
pour  tout  ce  qui  concerne  l'essentiel  de  la  pensée,  du 
sentiment,  de  la  \ie  individuelle  et  sociale  avec  la 
grande  masse  slave  dont  il  est  entouré?  Or,  l'anthro- 
pologie et  l'ethnographie  ne  comtattent  pas  te  type 
slave  chez  les  Roumains,  mais  bien  le  type  thrace,  brun, 
court  de  taille,  vif  de  physionomie  et  de  figure  ouverte. 
I>es  emprunts  faits  aux  Slaves  par  le  langage  n'ont  fait 
que  nuancer,  souveiit  même  simplement  doubler,  le 
fond  primitif  servant  à  exprimer  ies  idées  et  les  sen- 
timents (à  côté  du  verbe  a  iubi,  par  exemple,  aimer,  on 
a  l'ancien  sens  du  verbe:  o  placea;  cher,  les  Roumains 
balcaniques:  a  vrea,  vouloir).  Si  les  termes  concernant 
l'agriculture  sont  »laves,  les  noms  des  animaux  sont 
tous  sons  exception  d'origine  latine:  slaves  sont  les 
mots  désignant,  non  les  opérations  fondamentales  an 
labour,  mais  seulement  les  opérations  dérivées,  et  sur- 
tout les  ustensiles:  et  l'histoire  montre  que  le  com- 
merce danubien,  d'abord  latin  et  grec,  puis  devenu 
slave  au  vi*  siècle,  a  fort  bien  pu  fournir,  par  les 
achats  dans  les  \illes  du  rivage  et  dans  les  foires 
inedei,  mot  slave),  ces  termes  nouveaux.  La  nomencia- 
ture  géographique,  si  elle  est  manifestement  slave  en 
Transylvanie,  a  une  ancienne  origine  sarmate.  Ainsi 
limitée,  on  peut  dire  cependant  que  cette  infUrence  fut 
la  î*eule  réelle  et  profonde. 

Mais  la  steppe  continuai  .1  vn^oyer  ses  j><  inii.m.-> 
vers  ce  grtiml  chemin  du  Danube  qui  menciit  aux 
splendeurs   de    Hyrance.    Le»   noux^aux    envahisseurs 


DOMINATION  DES  PEUPLES  DE  LA  STEPPE  41 

n'avaient  plus  cependant  la  force  dont  avaient  disposé 
tour  à  tour  les  confédérations  barbares  des  Scythes, 
des  Sarmates.  des  Huiw  et  des  Avares.  Ils  ne  formaient 
plus  que  ûf  petites  tMindes  qui  avaient  séjourne  long- 
temps à  proximité  du  territoire  de  la  Rome  orientale 
et  s'étaient  déjà  mêlés,  peut-être,  à  dee  ^mentft  ethni- 
ques étrangers,  surtout  slaves.  AbandomuMit  la  steppe 
primitive,  les  Bulgares,  dont  le  nom  parait  signifier 
les  '<  nobles  .  les  «  élus  »  (1),  vinrent,  sotis  Asporouk, 
occuper  le  Houdschak,  sans  oser  se  risquer  au  delà  du 
cercle  montagix-ux  des  (^arpaihes.  A  la  première  occa- 
sion favorable  ivers  (»7()),  ils  franchirent  le  Danube  et 
envahirent  la  Sc\ihie  .Mineure,  laissant  de  côté  ies 
II,  .  '    I  ".-5 

M    .  '  ,      :  -■         .       ■      I  _  .i     ■      !:  .  (•- 

rent,  sous  le  règne  de  Kbagan  Croum,  par  des  voies 
s;ii  les   murs   même  de   la   Capitale   ro- 

ui, i         I  i.  Leurs  nouveaux  sujets  étaient  Sla- 

ves; Us  leur  imposèrent  leur  langue  el  ainsi  ils  abon- 
da '  Il  à  peu  leurs  anciennes  coutumes:  la 
rt'i  resta,  jusque  sous  le  règne  de  Boris- 
Michel,  au  ix'  siède,  plutôt  comme  un  re^rte  de  l'ancien 
cérémonial  de  la  Cour  et  de  l'ancienne  légitimation 
de  la  dynastie.  Puis  vinrent  d'autres  barbares,  sou- 
doyés par  ies  Impériaux:  lea  Magjrars,  mâtinés  de  sang 
finnois,  quittèrent  la  Bessarabie  méridionale  i>out 
dt^scendre  daas  la  Pannonie.  désertant  pour  toujours 
leurs  anciens  ({uartiers.  qui  avaient  été  ravagés  par  un 
nouveau  concurrent  turc,  les  Petschénègues,  venus  de 
Sarkel  dans  la  steppe.  Dans  cette  Pannonie,  qu'ils 
ar;  it  aux  Moraves,  héritiers  des  duos  francs, 
ïLs  , — ..:  garder  leur  langue,  mais  non  la  pureté  de 
leur  race,  leurs  coutumes  et  leor  religion. 


(1)   De  m^mr  que  Ir  terme  de  boiars  (en   grrr 
«tt  le  safQxe  du  pluriel  dans  les  langue*  ouraio-. 


42  iiisToihi:   oi-s    iioimaix^ 

Au  heu  de  l'ancienne  unité  !uryUi&qtic  formée  par  Im 
grands  rois  de  la  bavte  aiiÉèmiilé  et  de  l'enipire  bon 
d'AttilB  oa  de  «es  racceascort  avares,  il  y  eu!  donc 
trob  fondaitom  acylUqiie»:  ortte  des  Bulgares,  ap- 
uv(>e  au  coauneoecment  eur  la  Scythie  Mineure, 
t-  des  Magyars,  sor  le  Danube  moyen,  et  (>vUe  des 
Petschénègves.  Ces  derniers  seuls  restèrent  complcie- 
ment  éaolés  dans  leurs  camps  au  milieu  dn  désert  et 
<le  la  atcppe:  ce  fut  aussi  le  sort  des  GHimans  de 
même  sang,  qui  leur  sofeeédèreot  an  xf  «itole.  lors- 
que Byzance  eut  écrasé  las  bandes  qui  avaient  péné- 
tré profondément  sur  son  territotix'.  Deux  cents  ans 
plus  tard  vint  le  tour  des  Tatars. 

11  résulta  de  tout  cela  que  les  Slaves  de  la  Mésie. 

tout  en  gardant  leur  langue,  perdirent  pour  toujooni 

leur  indépendance  politique,  que  leurs  frères  panno- 

niens  disparurent  sous  l'aftlux  violent  des  Magyars, 

mais  que  les  Roumains,  n'ayant  pas  de  maîtres  cfant 

•  rent  à  ce  sort,  à  l'excqitton  des  éléments 

;-  .  a\>ant  donné  même  des  rois  II  4a  Bulgarie 

naissante,  un  Sal)inus  et  un  Paganus,  finirent  par  se 

milieu  slave  dominé  par  la  classe 

I  .,  ires.  La  grande  masse  de  la  nadioii, 

se  trouvant  sur  la  rive  gaucbe,  retenue  dans  l'unité 

îe  de  la  région  qui  l'encadrait,  qui  4'appuyait 

iaumfaaait  tooa  les  moyens  d'une  eàrooiiîion 

intérieure,   particulièrcaient   inteine.   n'eut,  avec   les 

nouveaux  ^'^—gfl—  comme  avec  -les  anciens,  que  les 

relations  d'honuBage.  de  tribut,  de  dlme,  de  douanes 

qu'a^-aient  eues  jadis  les  Géto-Doces  ou  les  Agathyrses 

avee  4eurs  asaiWes  scytiMHNmaBaâes. 

Dans  la  péni—nle  taèmt  des  Baloaas»  si  les  Slaves 
avaient  rnmpétknM'nt  colonisé  les  deux  Mésics,  s'ar- 
rètant  seulement  sur  le  rivage,  au  point  on  —" '-nen- 
çait  la  lisière  grecque  que  rien  n'avait  pu  »  «» 

la  Datmalie  riveraine  leur  appartenait,  avec 


DOMINATION  DBS  PKVTLXS  DE  LA  STEPPE  43 

rl<^n«  dtés  romames  complèteineiit  dénatiooalisées» 
r  sèment  n'a\*ait  pas  gagné  la  montagoe,  toute 

cM.  ...jiitagne  qui,  des  Poftes-de'Per,  en  passMkt  par 
le  nœud  qui  la  relie  aux  Balcans,  s'avance  sous  le 
nom  de  F'  >squ'à  l'isthme  de  Corinthe  et  ao  plein 

milieu  (i>  «-e.  Le  berger  roumain  était  le  maHre 

incontestuble  de  toutes  ces  bautears  et  les  Tallées  rian- 
t'  s  abris  d'hiver  de  levn  famflln  et  de 

l<  Les  sources  bjmntincs  le  awMUeut 

dès  le  rf  siècle  dans  cette  région  de  la  Mésie  Supé- 
rieure où  apparaissent  des  TiHages  rouaains,  d'an 
caractère  nianirestement  pastoral,  pareM  à  celui  des 
localités  mai-édoniennes  d'aujourd'hui:  «  Gémello- 
" -ite  »,  «  la  montagne  jumelle  »;  «  Trédétitilious  », 
trente  tilleuls  »;  «  Skeptékasas  »,  «  les  sept  mai- 
s  ,n^  »,  etc.  Dans  la  montagne  du  Pinde,  du  côté  de 
lu  I):î'~"*-  —  *"'Ti\T  au  ix'  siècle  déjà,  des  bergers 
qtti  V    ,  ,•!,  Dracul.  Ces  Roumains  allaient 

'  re  leurs  fromages  aux  cHoyens  de  Raguae,  et  leurs 
..w,,,s  caractéristiques  se  conservèrent  dans  les  docn- 
ments  de  cette  République  adriatiqne  jusque  bien  tard 
<ians  le  moyen  âge.  Des  étémenlB  amancés  menaient 
leurs  troupeaux  dans  les  vaUées  de  flienségovlne  et  de 
la  Bosnie,  centre  d'où  partirent,  à  une  époque  qui  n'est 
pas  très  reculée,  les  Roumains  de  Croatie,  qui,  aous  le 
nom  de  Frincul,  *  le  Franc  »,  sont  mentionnés  cneore 
au  XVI*  siècle,  lorsqu'ils  s'étaient  déjà  sla>isés.  Des 
Mortaqut  «la  tranâtiDn  entre  ies  olicnla 

^-ataqucN  i^^  a  sains  et  ces  éléments  qui  Tin- 

rent s'établir  en  Istrie,  du  cMé  de  Castel-Nuovo  cft 


-,   et    Iriir    r>|iiriroii    est    la    plos  pitv- 

"   --   •-     '  '     '-    ^-r^e, 

<ca 

'■   •    r -v      '     '■•" • HK ' ^•-     .".■'ta- 

tieo,  dans  la  •  HivitU  iUliana  di  Bociologia  •,  toac  XX,  p.  3M. 


44  itlMoIRK    DBS    ROUMAINS 

d'AJbona.  et  qui  conservent  dans  leurs  derniers  refa- 
gts  touc  le»  éléments  fonUatuentaux  de  leur  ancien 
kingAge,  de  plus  en  plus  accablé  et  dénature  par  l'in- 
vasion  des  termes  slaves. 

Leurs  centres  plus  importants  se  trouvaient  cepen- 
dant  plus  bas  dans  la  péninsule  bolcanique.  Entre 
VflMona  et  Durazzo  et  en  faoe  de  Co;  nt 

le  rivage,  qui  e^t  abrupt  et  inapte  k  i'^n-  -■•• —  i-  ^'s 
connaissaient  bien  cependant  par  une  ancienne  tra- 
dition, sans  la  pratiquer  de  préférence.  A  l'intérieur, 
on  les  retrouve  en  Lpire,  sur  ie  cours  supérieur  de  la 
V'oïoussa.  Mais  ta  chaîne  du  Pinde  est  encore  en 
grande  partie  aussi   nettement    \    "     '  >-  Car- 

pathes.  Des  milliers  de  pâtres  m  ilomne 

leurs  brebis  vers  le  Large  cirque  montagneux  de  la 
Thessalie;   ils  y  possédaient,  au   x*  siècle,  «  '  hes 

villages    dominés    par    des    chefs,  des     «    ]>  » 

(cxxft-nu).  des  celnici  (du  slave  ceata,  bande),  que 
décrit  le  1  '  lie  anonyme  d'un  des  plus  puissants 

et  des  plu  iits  parmi  eux,  le  «  Viaque   ■  Nicolita. 

L'empire  byzantin  leur  créa  une  situation  spéciale, 
qu'il  n'osa  jamais  détruire  et  quand  il  essaya  de 
rébranler  dans  le  détail,  ils  se  révoltèrent.  Dans  un 
conflit  avec  leurs  caravanes,  périt  aux  «  Beaux  Arbres  » 
(xaXit  if,'jz),  vers  Tan  1000,  David,  un  des  chefs  du 
mou\'ement  qui,  appuyé  cependant  sur  les  Albanais  et 
les  Vlaques,  essaya  de  reconstituer,  «  l'Empire  «  des 
Bulgares,  que  les  Byzantins  de  Jean  Tzimiscès  avaient 
renversé  peu  auparavant  sur  les  rivages  de  la  Mer 
Noire,  à  Preslav.  Mécontents  de  l'anarchie  <«  romaine  », 
qui  les  pressurait  contre  la  coutume,  ils  soutinrent 
toute  cette  épopée  du  «  Tzar  »  Samuel  et  de  ses  héri- 
tiers du  xr  siècle,  à  commencer  par  le  fils  même  de 
Samuel,  Gabriel-Romain,  dont  la  mère,  une  Thessa- 
lienne,  était  probablement  d'origine  valaque.  Plus  tard, 
vers  1200,  quand  l'Empire  d'isaac  l'Auge,  menacé  d'un 


DOMINATION  DES  PEUPLES  DE  LA  STSPPB  45 

côté  par  les  Turcs  d'Asie  Mineure  et,  de  l'autre,  par  les 
croisés  accourus  d'Occident  pour  les  combattre  rassem- 
blait ses  derniers  moyens  de  défense  en  hommes  et  en 
argent*  les  celnics  Pierre  et  Asen  se  soulevèrent,  proba- 
blement dans  le  Finde,  avec  leurs  Vlaques,  au  nom 
des  anciens  droits  que  les  administrateurs  du  «  basi- 
leus  avaient  brutalement  violés.  Maintenait,  ce  fut 
sous  des  chefs  de  leur  nation  que  les  bergers  roumains, 
d'une  agilité  sans  exemple  et  d'un  rare  esprit  de  res- 
sources, reprirent  la  tradition  de  leurs  coups  de  main. 
Il  n'y  eut  pas  un  coin  des  Balcans  où  leurs  bandes  ne 
fissent  leur  apparition  dévastatrice  contre  les  Grecs 
m  et  contre  les  Latins  du   nouvel   Empire  de 

(-<'  inople   qu'ils   avalent    en    horreur.   Joannice, 

le  frère  du  fondateur  de  cet  «  Etat  »,  fut  le  grand 
/^'  '  "TV        ,'es  »;  l'n  ir  féo- 

<l.i  u,  périt  <:  'S  ca- 

chots. Mais  celui  auquel  le  Pape  parlait  de  ses  origines 
i'  >I)ablement  la  langue  qu'il 

i>  i  le  nom  de  <■  roi  des  Bla- 

ques  et  des  Bulgares  »,  n'était,  par  la  fatalité  des  cho- 
ses, qu'un  continuateur  des  Tî^ars  d'.i:'  *"  -reten- 
dants <k' nuaivi*  bulgare  à  l'héritage  «i  liiople. 
Déjà  le  grand  règne  de  son  neveu  Jean  Asan.  venu 

rr '  nt  de  la  rive  gauche  du  Danube,  où  il  s'était 

iti  \  milieu  des  gens  de  sa  race,  n'a  plus  rien  de 

commun  avec  les  Vlaques,  ses  parents  et  ancêtres. 

Celte  rumanité  méridionale,  malgré  des  migrations 
qui  n'étaient  (|u'une  transhumance  strictement  définie, 
n'entretenait  pas  de  relations  continuelles  avec  les 
frères  de  la  rive  gauche  et  de\*ait,  par  conséquent,  sur 
un  autre  territoire,  dans  d'autres  conditions  et  avec 
une    <x'cupati«n    généralement  r    un 

autre  sort.  C'est  uniquement  sur  i.   . .w..\  ,  .4.  |)atho- 

danubien  que  les  besoins  nouveaux  d'une  actixité  éco- 
nomique plus  large  et  plus  active  pouvaient  créer  la 


46  iiisToint.  nr.H   houmains 

yït   politique   tlo      i     i.Ih.,,     <  .u\    ;iiil         T'ai- 

mains  le  manque  de  Ikim    (<  'i--  |>r..i»'.  i, 

non  seulement  leur  morcellement,  nt:iis  ;iiism  ! 
ment  dans  un  dkUecte  «pédal,  r<-^ 
de  termes  slaves  non  assimiliez  i 
grecs. 


CHAPITRE  ÎV 

Vie  politique  des  Roumains  avant  la  fondation 
des  Principautés 

On  connaît  d'une  manière  très  circonstanciée,  jus- 
que dans  leurs  derniers  détails,  ces  guerres  dans  la 
Péninsule  Haloanique  auxquelles  les  Roumains  fu- 
rent continuellement  mêlés  et  si  souvent  d'une  ma- 
nière décisive;  les  chroniqueurs  byzantins  racontent 
longuement,  dans  leur  beau  style  lleuri,  •  ti-  aux 

modèles  anciens,  tous  ces  événements  qu  «ni  de 

si  près  à  4a  vie  même  qu'ils  représentaient  dans  leurs 
écrits.  Au  contraire,  dans  les  Etats  qui  «laminaient 
déjà  à  l'Ouest  et  à  l'Est  du  territoire  roumain  et  où 
l'histoire  s'écrivait  en  latin,  un  silence  presque  absolu 
r>  les  premiers  actes  <Iu  dévt  '  .*    poUti- 

qu  I  nouvelle  nation;  quant  aux  >  éma- 

nés de  l'ancienne  chaBceHcrie  txmgrmse  et  potonaise, 
ils  ont  disparu  dans  la  grande  tourmente  destruetrice 
des  Tatars,  au  xiii'  siècJe. 

11  y  a  cependant  des  faits,  transmis  plutôt  par  des 
sources  «iltérreures,  des  simiihtudeat  des  principes  ti- 
rés de  ki  logique  de  l'histoire  qui  pempeot  servir  à 
reoonstitiier,  presque  k  coup  sûr,  cette  vie  carpaUiifpM 
et  danul>icikiie  antérieure  à  4a  création  des  Etala. 


VI R  POLITIQUE  OBS  aOVMAiXS  47 

Lorsque  les  Magyars  descendirenl  dfuis  la  Pannonie, 
•'         -  ncontrèrent  des  Slaves  et,  funtôi  après  <eur 
u)n  au  delà  de  la  Theiss,  vers  te  forêt  qui  me- 
nait vers  4e  territoire  a  InoMylwih»  •,  des  RomMÛM 
autochtones. 

Les  Roumains  et  les  Etats  Slavks.  —  Les  Roa- 
maim  ne  pouvaient  songer  à  créer,  comme  les  Bul- 
gares, leurs  voisins,  un  nouvel  Empire  romain,  de  lan- 
gue !  (T  ils  ne  faisaient  que  cootsinuer  dans 
des  >ulaires  i'ancienne  \ie  impériale.  Sans 
doute,  ii  liraient  comme  leur  chef  légitime  Tem- 
(HMi'ur  Uc  lu  iiome  oonstantino{H>IiLirme,  dont,  pen- 
dant cinq  cents  ans.  de  .lusliiiiea  aux  Comnène,  les  ar- 
mées apparurent  de  temps  en  temps  sur  ki  rive  gau- 
che pour  en  chasser  les  Slaves  guerriers  ou  les 
Magyars  envahisseurs:  mais  de  l'ancienne  organisa- 
tion, ils  n'avaient  conservé  que  les  détenteurs  modes- 
tes d'une  autorité  qui  s'étendait  seulement  sur  un 
«  territoire  >',  une  tara,  t>oraée  aux  limites  étroites 
d'une  vallée.  Tout  re  qui  se  rapporte  à  l'écriture  pro- 
venait du  vieux  fond  latin  (a  scrie,  écrire;  pana, 
l>luine:  comleiu,  gréco-latin  «•  condylus  »;  hirtie, 
<-  cliartula  "  :  carie,  livre,  neyreula,  encre,  de  «  cùger  •). 
Mais  le  magistrat  qui  rendait  la  justice  sous  le  neux 
«  lune  et  jugeait  selon  l'ancienne  coutume  non  écrite, 
s'appektit  "  jude  >>  (judex).  H  deviot  un  agent  politi- 
(|ue  après  le  retrait  de  l'ordre  impérial,  de  même  que 
chez  les  Cîoths  du  llanube  au  iv*  siècle,  le  «  juge  •» 
Athanic  avait  remplacé  4e  roi  et  que  la  lointaine  Sar- 
daignc  eut,  peodaiil  le  moyen  âge,  des  chefs  iivdépen- 
danls  dans  ses  seuls  «  jages  »,  gimdici.  Les  Slaves 
avaient  ein|>runté  aux  Francs  tes  ducs»  dont  le  nom 
devint  dans  lour  langue  celui  de  Voévodes,  •<  capitai- 
nes d'année  »,  et.  à  une  époque  plus  ancienne,  pour 
des  chefs  de  moindre  envergure,  Hs  avatenk  prb  aux 


48  iiivToiii»-    m  «1     iirki'^4ij4g 

Germains  le  lilro  <if   -<   kiu'zt«»    •.  qu'on  a  rattaché  4 
celui  de  «  Konunge  »,  <lc  <•  Konige  »  i\es  migrations 
Koihes.  Les   Roumains   employèrent   à   leur   tour  des 
dénominations  pour  1rs  domni  élus  ou    ' 
qui  leur  rendaient  la  justice  et  les  condu.  .i.  ...  ..  .a 

guerre  même;  <<  Voda  »  devint  synonyme  du  prince, 
alors  que  ««  cneaz  «>,  qui  a  en  russe  le  môme  sens,  en 
arriva,  comme  son  correspondant  roumain  <<  jude  » 
ou  «  judec  ».  à  désigner  seulement  le  paysan  fibre. 

Mais  ces  Slaves  avaient  aussi  des  rois,  des  krais. 
formés  —  nous  «l'avons  dit  —  à  l'image  du  roi  des 
Francs,  Charlemagne.  qui  avaK  étendu  ses  conquêtes 
et  fixé  ses"  ducs  et  ses  comtes  jusqu'à  la  Sa\^,  à  la 
Drave,  au  Danube  moyen;  c'est  l'origine  de  <  I'k 
royauté  morave,  croate  et  serbe  qui  organisa  les  élé- 
ments guerriers  des  Slaves  du  Sud-Ouest  et  du  Sud. 
Les  Roumains  ont  aussi  connu  ce  titre  nouveau;  ils 
en  ont  fait  leur  «  craiu  »,  sans  penser  d'ailleurs  à  se 
donner  une  organisation  royale  distincte  de  la  tradi- 
tion im|>criale.  Sous  l'autorité  douce,  paternelle  «le 
leurs  chefs  locaux,  ou  domni,  les  Roumains  vivaient 
dans  leurs  villages,  où,  selon  la  coutume  thrace,  le 
sol  était  possédé  en  commun,  non  seulement  en  ce 
qui  concerne  la  forêt  et  l'étang,  mais  aussi  les  ch;i; 
de  labour,  où  chacun  avcdt,  au  lieu  d'une  propruu, 
seulement  une  <-  parte  »  (1),  mot  qui  finit  par  désigner 
tout  droit  la  possession  de  la  terre.  Ces  villages 
étaient  de  création  plutôt  récente;  leur  nom  rappelle 
en  effet  celui  du  fondateur,  de  l'ancêtre,  •<  mos  »  (d'où 
vient  le  nom  de  «  mosie  »,  héritage,  pour  tout  bien 
foncier);  «  satul  Albestilor  »,  «  Negrestilor  >,  dont 
vient  la  forme  courante:  Albesti,  Negresti.  ne  signifie 
pas  autre  chose  que  «  le  \illage  des  descendants  d'Al- 


(1)   Ce»t   le   Utin   parient  :   cf.   les   partes  que   les  barbares 
i«  Oreot  distribuer,  en  Italie  du  moins,  apnès  la  conquête. 


VIE  POUTIQUE  DES   ROUMAINS  49 

bul.  de  Negrul  ».  Hs  se  défendaient  jadoitsement  con- 
tre toute  inftltration  étrangère;  le  jeune  homme  venu 
d'un  autre  de  ces  microcosmes  ruraux,  perdait  sa 
personnalité  antérieure  pour  adopter  aussitôt  celle 
de  la  grande  famille  où  il  entrait;  il  se  séparait  nette- 
ment de  son  passé  au  moment  où  il  épousait  sa  femme, 
et  le  prénom  donné  aux  enfants  rappelait  toujours  celle 
k  qui  ils  devaient  leurs  droits.  L'ensemble  de  ces  villa- 
ges formait  une  vate  <•  Tara-Romaneasca  »,  une  <<  Pa- 
trie Roumaine  ».  terme  imprégné  d'un  profond  instinct 
♦•'  ijwrtait  l'idée  ni  d'une  forme 

1  lin  droit  de  conquête. 

i.T  Lis  lis.  —  On  ne  sait  pas 

(  liment    s       :        iit    en    Pannonie    ces 

Mag>'ars  qui.  vers  l'an  1100,  devaient  étendre  l'auto- 
rité Il  11*  de  ses  ■  '  (levenus  rois  apostoliques, 
sur  i<  s  et  les  >  <s  habitées  de  la  TransvM- 
vanie.  Le  Notaire  anonyme  du  roi  BéJa  est  un  compi- 
lateur du  XI M*  sièHe  qui  reproduisH  dans  son  récit, 
forgé  à  l'aide  de  chansons  populaires  et  d'étymolo- 
gies  locales,  un  état  de  choses  ethnographique  et  poli- 
ti  -  *-  s  Btaques,  nomn  '  '  '.ttres  du  pape 
!  au  '<  roi  des  I>  bulgares  »  (les 
nomment  les  Hoii  <Jlah,  d'après  le 
>i.n-  >  ..H'h.  d'où  vient  Valaqm  « .  x,,ii  Empire  bulgare, 
qui  est  ('videmment  celui  des  Av*n}des,  appartenait  à 
une  é|K>que  très  postérieur  ait  donc  accepter 
comme  des  héros  de  pure  K^<  ••.!<.  fabriqués  d'après 
des  noms  de  lieu,  ces  Manumorouth  rdont  le  nom  est 
empruntr  à  celui  du  Marmoros),  ces  Gclon  fcf.  la  loca- 
litc  (If  Gyalu  en  Transylvanie),  ces  GJad  valaques,  qui, 
pour  résisttT  .à  la  conquête  magyare,  s'allièrent,  dit-on, 
à  des  chefs  slaves  ou  "  bulgares  •  tels  que  Kéan  et 
Sulan.  On  accordera  plus  de  créance  au  Notaire  ano- 
nyme quand  il  parle  d'un  Tuhutum  ou  d'un  Zoltan, 


M  R18T01RS    MES    ROUMAINS 

fli«  d'Arpad;  quant  à  Gytklft,  mcBkkmné  dant  la  Vie  de 
Saint  Biignne,  roi  de  Honf^e,  on  le  retrouve  chez  iet 
éorivaiiw  coniemporaim  de  Rymnee  ^o«s  4e  nom  do 
chef  païen  Gylas. 

Or,  le»  premiers  tlieis   h,       !, 
i'influenre    conlinnello    <lr    i;w.i  ,,,,,.- 

tard  aussi  imlirectement  par  !es  i  de  Kiev  et  de 

HalHsch  (en  (ialioie),  étaient  aussi  «irs  Vcm^v-  ' 
le  nom  môme  du  premier  Voé^•o<^e  chrétien  <j 
le  baptême,  devint  Etienne,  roi  apostolique  de»  Hon- 
grois, est  Vajk,  Voïk,  emprunté  aux  Slaves  et  commun 
avec  les  Roumains  cux-mômes.  Des  «  juges  >»,  c'est- 
à-dire  des  cnèzes,  apparaissent  sur  la  Theiss  dans  les 
plus  anciens  documents  qui  nous  ont  été  conservés. 
L*a(^icn1ture,  la  pensée  religieuse  et  l'organisation  po- 
litique magyare  se  fondent  entièrement  sur  la  trans- 
mission slave  que  révèle  à  chuque  pas  le  langage. 
Cette  nouveWe  fondation  barbare,  destinée  à  empê- 
cher le  libre  dôveloppenïent  de  la  ra<'e  roumaine,  après 
avoir  mis  fin  à  la  vie  slave  pannonienne,  était  trop  dé- 
nuée d'inittative  et  d'originalité,  trop  pauvre  d'élé- 
ments civilisateurs  pour  exercer  une  sérieuse  in- 
fluence; on  ne  pouvait  pas  attendre  d'eux  plus  qu>>  des 
Petschénègues  et  des  Cumans  eux<iiêmes. 

Les  Roumains  et  les  RrssES  de  Kiev.  —  Un  con- 
tact politique  qui  paraissait  ne  pas  devoir  être  stérite 
s'établit  vers  le  môme  temps  avec  les  Russes  de  Kiev, 
élèves  dociles  de  l'orthodoxie  et  de  l'Empire  oriental. 

Le  premier  Tzarat  bolgare  était  en  pleine  déca- 
dence,  presqu'à  la  merci  des  Byzantins,  qui  devaient 
réduire  ces  derniers  «  empereurs  »  à  l'état  de  simples 
«  parents  pauvres  »,  vivant  dans  leur  clientèle,  lors- 
que l'empereur  Nicéphore  Phokas  soudoya  Sviaèoslav, 
le  Voévode  de  Kiev,  pour  en  flnk  avec  les  restes  d'une 
orgaalMtkMi  militaire  jadis  si  redoutée.  Le  vaiifamt 


VIE  POUTIQUE  DES   ROUMAINS  51 

barbare,  habitué  à  guerroyer  contre  les  PotscbénèfBeSf 
qui  év  'i-  tuer  au  retour,  accourut  avec  s«8  coni- 

pmgpou..  j.  ^. mes  et.  après  avoir  vaincu  rconemi  dési- 
gné à  ses  coups,  il  s'avisa  de  prendre  la  place  de  ces 
mâoK-^  '  quelques  années 

la  nou  ->  qui  s'étendait, 

ooBune  la  Scytbie  ancienne,  dont  elle  paraissak  vou- 
loi!  :  ivage 

oc>  ■:  atale, 

cetie  substitution  était  évidemment  intolérable.  Les 
tr*  lu    nouvel    •  aitin,    l'Arménien 

Jt .  lii&kès,  se  «i.  <    Sviatosiav,  qoi 

se  renferma  dans  Silistrie,  l'ancien  Durostorum,  pour 
y  -  '-  ,  -.  I  -i  ytielques  mois,  jusqu'à  ce  que  la 
fa..  là  abandonner  déiinitivenient  le 

lieu  de  ses  anciennes  victoires. 

Sur  le  champ  de  bataille,  Tzimiskès  fit  bàtti  j.t  cité 
de  Ttiéodoropolis.  11  avait  rétabli  l'ancienne  frontière 
du  Danube,  et  la  Scythie  Mineure  entière  fut  sans 
doute  rattachée  à  «l'£mpire.  Les  RoiHnains  de  la  rive 
gauche  furent  soumis  à  l'auloriié  du  patriarche  de 
Tmovow  établi  pour  quelque  temps  à  S^slrie.  Les 
Russes  ne  devaient  plus  revenir  sur  -le  Danube  que 
presque  mille  ans  plus  tard,  attirés  par  Je  néme 
mirage  et  nourrissant  le  même  rêve  de  gloire.  Sviatos- 
iav avait  rapporté  ce|>ondanl  de  son  aventure  lé«"n- 
da»re  une  conception  supérieure  de  la  vie  polit 
le  titre  de  boïnrs  pour  les  descendants  des  nncifus 
Varégues  normands  et  des  cnèzes  slaves,  leurs  cama- 
ra<ies,  et  le  sou%*eiiir,  célébré  pendant  des  siècles  par 
iu  chanson  |»opulaire,  du  grand  llcuve.  aux  ondes  tour 
à  tour  dcirées  par  ie  soleil  du  Midi  et  figées  par  ie 
vent  du  Nord,  qui  est  le  Danube,  «  père  des  eaux  ».  Les 
pri  ouvèrent.  au  XI' <  >i*  siècles, 

un  ir  essayer  de  reiic  relations 

bn  nt  interrompues  par  le  siège  de  Silistrie. 


52  HISTOIRB    DBS    KOUMAINS 

Mais  à  la  place  do  strict  régime  byzantm  que  rem- 
perrur  de  la  victoire  avait  espéré  pou\*oir  maintenir, 
on  eut  bientôt  une  vie  locale,  d'organisation  indigène, 
qui  se  maintint  pendant  tout  le  xi*  siècle.  A  Silistrie 
et  dans  les  environs,  entre  le  Danube  inférieur  et  la 
Mer,  les  Gminène,  ses  successeurs,  nommèrent,  dans 
les  «  cités  »  comme  les  appelle  la  princease  Anne,  fille 
et  historiographe  de  l'empereur  Alexis,  ou  mieux  dans 
les  bourgs  fortifiés,  des  chefs  autochtones,  aux  noms 
roumains  ou  même  slaves,  qui  continuèrent  l'ancienne 
^ie  locale  des  territoires  gètes  et  romains:  un  Tatul, 
un  Chalis.  un  Salomon,  un  Sestlav,  un  Saktschas 
(c  Satzas  »).  Ils  avaient  des  attaches  avec  les  Cumans 
de  ta  rive  gauche,  dont  le  nom  cachait  natut  it 

aussi  la  population  soumise,  tributaire  et   au    le 

des  Roumains,  ces  Cumans  qui,  avec  leurs  lances  aux 
flammes  multicolores,  accourureivf  "       lard, 

pour  soutenir  la  cause  politique  bu  ,,  e  par 

rinitiative  de  leurs  frères,  les  Vlaque<  ilcans. 

Ainsi  donc,  dans  l'obscurité  qui  r(  "  s 

siècles  du  moyen  âge  sur  le  territoiii       ■  _  .       i- 

bien,  dès  qu'un  rayon  de  lumière  perce  ces  ténèbres, 
comme  celui  qu'a  projeté  le  notaire  anonyme,  on  aper- 
çoit la  continuation,  paisible  et  modeste,  mais  d'autant 
plus  acharnée  à  résister,  de  l'ancienne  population  abo- 
rigène. 

Les  Roumains  et  la  colonisation  des  Saxons.  — 
Dès  la  fin  du  xi*  siècle,  le  roi  de  Hongrie,  attiré  surtout 
faut-il  croire  par  les  mines  de  sel  et  d'or  de  la  Transyl- 
vanie, faisait  bâtir  dans  la  région  occidentale  de  la 
province  son  château  de  Turda  (qui  pour  les  Roumains 
aussi  bien  que  pour  la  chancellerie  latine  des  .Ma- 
gyars s'écrit  plus  tard:  Torda).  D'autres  forteresses. 
comme  celle  de  Dej  (en  hongrois  Deés),  furent  éta- 
blies sur  des  points  importants  du  territoire  transyl- 


VIE  POUTIQUE  DBS   ROUMAINS  33 

vain.  A  la  même  éf>oqae,  un  évèque  de  rite  latin  fixa 
sa  résidence  daiM  l'ancien  bourg  sla>'e  de  Bel^rr  ^ 
près  de  la  rivière  du  Muras  (Maros),  ce  qui  était  (i  .<>: 
tant  plus  nécessaire  que  le  souverain  hongrois  n'ap- 
f>;<  '   pas  dans  sa  quadité  nationale  pn>  ^t 

dit  ^  bien  comme  «  roi  apostolique  »,  <  i 

propager  la  foi  catholique,  de  «  latiniser  »  le  pays,  au 
bo^  '  Vi   force,  l'n  monastère  important,   >■■'■' 

dt^  .>  <le  Ket/  (C&rta).  fut  fondé,  un  peu  , 

tard,  dans  la  vallée  de  l'Oit.  Eniin,  le  roi.  pour  le  repré- 
senter, choisit  un  Voé\'ode  de  tradition  roumaine. 

Au-delà  du  rayon  des  forteresses  et  du  groupe  des 
villages  où  vivaient  les  serfs  de  race  roumaine  ou  des 
colons  destinés  à  fournir  leur  dhne  et  leurs  services 
à  l'évèijue.  s'étendait,  sous  la  suzeraineté  des  Petsché- 
nègues,  puis  des  Cumans.  la  Tara-Romàneasca,  le 
"  pays  roumain  ',  avec  ses  forêts,  ses  clairières,  ses  val- 
lées parcourues  par  les  troupeaux,  ses  hauts  plateaux 
où  l'on  pratiquait  depuis  «les  siècles  l'agriculture.  Il  y 
avait  donc  vers  l'an  1  lOU  une  grande  «  Roumanie  > 
rurale,  sans  forme  politique  unitaire,  mais  ayant  sa 
«  loi   >  re!'  ses  coutumes,  son  ancienne  culture, 

que  la  con ■...un  des  termes  latins  même,  pour  les 

éléments  supérieurs  de  la  vie  sociale,  montre  assez 
avancée,  avec  ses  chefs  isolés  et  avec  son  instinct 
BJté  parfaite.  Cette   •  Houmanie  »  devait  être  refou  . 
de  cime  en  cime,  de  vallée  en  vallée,  par  la  conquête 
hongroise    et  qui    d'ailleurs    ne    songea 

même  pas  à  en.,  rolons  de  race  magyare.  Re» 

jetée  sur  les  territoires  médiocres  des  vallées  de  l'Oit 
et  de  la  Bâpw.  it  bientôt  pour  frontière  les  Car- 

pathes;  de  ••    i  ^aine   •>   qu'elle  était,  elle  devint 

»  transalpine  ».  Ce  pays  situé  «  au  deU  des  cimes  ■» 
en  altr:  '  '  il'être.  pour  des  raisons  qui  seront  expo- 
«ées  p.  ,.  partagé  en  deux  par  la  formatioD,  au 

XIV*  siede.  d'une  .Moldavie,  opposée  à  la  •   Rooma- 


54  iiikriMio      ■•>  *>     Mfti'MAtNS 

nie  '  .  qui  était  une  VMÎuchiu  l<M'ali!»éo.  Pour 

le  moment,  au  l — I  de  Thistolre  où  les  Mag>'ars 

apparaissent  comme  représentant  la  civilisation  ceci- 
(!  iont  it*  Pape  était  lu  rlief,  d'un  bout  a  l'autre 

Uu  ...  Loire  roumain,  il  n'y  avait  pas  encore  de  fron- 
tières. D'autre  part,  on  ne  saurait,  sans  anachronisme» 
l>rèteir  au  roi  de  Hon^^rie  l'intention  de  ^er 

le  peuple  qu'il  subjujfuaii  ainsi  en  Tran  ,  >un 

ambition,  à  cet  «  apostolique  »,  était  d'accomplir  en 
Orient  la  tâche  de  pupille  <î  lissante 

où  avaient  échoué  les  cmpt  nation 

geruianique.  En  dehors  de  cet  «  apostodat  »  armé,  il 
voulait   i'  î    fermer  aux    <'    Scythes   »    de   la 

steppe  11  >  Carpathes  et  tirer  de  plus  riche» 

revenus  possibles  de  sa  conquête. 

La    co'  ion    aJIemande.    "  '  ich 

Osten   iii  i    de»    peuples    .i  .en 

âge,  battait  son  plein  au  temps  où  4es  Croisades  atti- 
r.  '  \*rs  l'Orient  le  trop-plein  des  -  -  :'  '■  -is  occi- 
<i  .  Le  roi  Geysa  ne  lit  que  c;i  partie 

de  ce  large  courant  vers  la  Marche  de  Transylvanie 
que  ses  propres  moyens  n'avaient  pu  qu'entamer.  Les 
premiers  «  hôtes  •»  venus  de  Flandre  —  d'autres 
vinrent  aussi  d'Alsace  —  s'établirent  dans  trois  vil- 
lages placés  sous  la  protection  même  de  l'évêque.  qui 
du  reste  encouragea  lui-même  cette  n?u\Te  d'expan- 
sion, toute  à  son  avantage. 

Plus  tard,  d'autres  groupes  se  formèrent  sur  la 
Tàrnave  (Kùkùllo).  au  beau  mi^lieu  de  la  province, 
puis  au  Sud-Ouest,  à  Sibiiu  (le  ^illa^  porte  le  nom 
de  la  rivière  voisine,  à  laquelle  Jes  étrangers  ont  con- 
servé le  nom  roumain  de  Zibiu).  qui  devint  plus  lard 
«   la  ville  de  Herniann    ■».  ou   Hermaii  cf.  les 

villa;;es  qui  continuent  à  s'appeler  en  . a  Har- 

nian):  euiin.  dans  la  régioti  opposée  de  ce  quadrila- 
tère  montagneux,    près   des   mines   de   Rodna   et   de 


viK  pou-novE  DBS  aotniAiNs  55 

Baia.  an  delà  des  moatagnes  qu'il  s'agÎMati  d'exploiter 
aa  prc! 

Ces  ^ ,     ^ >  avaient  un  caractère  pare- 
ment rural.  C'étaient  des  paysans»  qui  oe  nourris- 
]Nis  pl«s  de  projets  poHtiques  que  ccax  qui  se 
I  nt    aujoanflmi    des  régions   aarpenplèes    de 
l'Enrope  pour  chercher  une  occupation  en  Amérique. 
Le  roi  lui-même  ne  pensait  guère  à  leur  inpascr  un 
régime  unitaire,  lui  qui  n'antit  pas  d'adminfttlration 
•ur  ses  propres  terre».  Les  «  MXes  royaux   »  durent 
se  pHer  à  la  manière  de  vivre  et  à  l'organisation  de  la 
population  aborigène,  sans   la   présence   préalable   de 
laquelle  ik»  n'auraient  pus  même  risqué  t'aventure  de 
■-    que  le  roi  nommait  le  •  désert  »• 
du  noi,  parce  qu'aucun  privi- 
lège de  sa  p«rt  n  avait  cooflruié  les  droits  des  pre- 

mtr-  -  i|>ant?«.  Ils  revètircoC  parfois  ce  vêtement  po- 

pu  Hou  main  s  qui  rapfwtfe  la  eult«re  génénde 

de»  ancêtres  thraces;  iU  intrc»  '  t  des  habitudes 

étrangères  dans  la  manière  d*e  .  la  terre,  tout  en 

gardant  he  type  d«  la  maison  l;  m  inique  des  liords 
du  Rhin:  i  "'  il  ^  in  -^    m  trésor 

tique  rouni :  i'-    m1 -}jl«.rc;il  les  forni^      ;.,..> 

lesquelles  sVlait  Rrouj-  <  vie  de  ces  précurseurs 
dont  iK  auraient  v>  m  i;  i  ;  .ir  le  troN'ail:  à  cdté  des 
«  juges  u  romIlain^  il  v  •  nt  «loru"  des  «  comtes  <•, 
Grafrn,  gérebë  saxons  et  l<  ,>i  .vinces  dans  lesquel- 
les fut  f»arlagé  le  pays  coloi  eut  éfm  Sêde»f 
m  tribunaux  ».  correspondant  des  ni<hnes  )u-> 
ges 

l^fU  a  JM'U  cfs  viHa^^cs  f\t»iiit'rfn'  .>.\r- 

fois  <les  villes  appelées  a  un  granii  nlile 

de  ces  établi-sscmi-iits  allvuniiids  en  terre  roumaine 
fut  consCitué  en  -  nation  •  autonome,  à  Véftrd  du 
roi,  auquel  elle  i>uyuit  un  cena»  et  de  l'évèqve  lui- 
même.  En  r224  le  roi  André  II  les  raeoMMitaait  e< 


56  iiiKTnifiR    ny%    nni'MAiNK 

«  un  seul  peuple  >.  ayant  un  seul  juge  •>  et  jouisMmt 
d'une  spiilr  if  m«'«ni«'  situ:»tinn.  assurée  par  des  actes 
écrits. 

Le  territoire  roumain  était  donc  morccli^  j-ar  .ft 
établissement  d'une  laborieuse  population  étrangère, 
capable  de  progresser  rapidement  et  favorisée  par  la 
Couronne,  à  cause  des  gains  supérieurs  qu'elle  atten- 
dait d'une  ]>areille  substitution.  Cela  ne  suffisait  pas 
cependant,  car  ces  Saxons  n'étaient  pas  en  état  d'assu- 
rer à  la  nouvelle  province  ses  frontières. 

Pour  fermer  les  défilés  des  Carpathes  et  leur  assu- 
rer une  garde  vigilante,  le  roi  employa  donc  deux 
moyens  différents.  André  II  avait  fait  le  voyage  de 
Jérusalem  en  croisé  malheureux  et  il  avait  pu  voir  l'étal 
de  décadence  où  se  trouvaient  les  restes  de  la  domi- 
nation chrétienne  et  la  milice  des  chevaliers  qui  les 
défendaient.  Une  évacuation  de  ces  soldats  de  la  croix 
était  évidemment  nécessaire.  Les  Che>*aliers  Teutons 
devenaient  disponibles;  on  les  fit  venir  dans  les  Car- 
pathes, où  ils  bâtirent,  sur  la  place  du  village  slavo- 
roumain  de  Brasov,  leur  «  ville  de  la  Couronne  », 
Kronstadt;  puis,  pénétrant  bientôt  au  delà  des  mon- 
tagnes, dans  le  «  long  champ  »  de  Clmpulung,  ils 
fondèrent  une  nouvelle  ville,  leur  <<  Langenau  ».  Ils 
auraient  sans  doute  rempli  cette  mission  et 
brisé  pour  toujours  l'essor  d'un  nouveau  peuple,  si 
des  dissensions  ne  s'étaient  pas  produites  entre  cette 
milice  ambitieuse,  la  même  qui,  plus  tard,  en  Prusse, 
voulut  créer  un  véritable  Etat  pour  son  Grand-Maître, 
et  le  roi.  alléché  par  l'espoir  d'une  proie  facile.  Aprèt 
une  querelle  qui  nécessita  plusieurs  fois  l'interventioil 
du  Pape,  ils  durent  partir,  laissant  une  viUe  d'avenir, 
un  défilé  tout  préparé  pour  des  invasions  dans  la 
«  Transalpine  »  et  des  relations  de  suzeraineté  avec 
les  Cumans,  menés  par  force  au  baptême  et  soumis  à 
l'autorité,  visiblement  p<^itique,  d'un  nouvel  évèque. 


71E  POUTIQUe  DES   ROUMAINS  5< 

dont  la  résidence  fut  la  première  des  vttles  noovelle- 
ment  créées,  Milcov,  sur  4a  rivière  du  même  nom. 

Un  f  comte  »  saxon«  Corlard.  reçut  en  même  temps 
(1233)  4es  territoires  nécessaires  pour  entretenir  le* 
ouvrages  de  défonse  qu*il  avait  fait  élever  au  <l''1' 
de  roit,  à  la  Tour  Rouge.  Des  groupes  de  pa>*s  i. 
gyars  furei^  détachés  vers  la  frontière  orirâtale.  du 
côt  ■  !"  'iiz  et  de  Ghimes  (Gymes),  aux  anciens  nom*; 
sc\  _  .  |>our  y  former,  dans  des  sedes  spéciaU  v, 
à  côté  des  Roumains  dont  ils  empruntèrent  les  mœurs 
et  les  coutumes,  une  garde  permanente.  Ce  fut  le 
grou|>e  militaire  de  ces  Szekler.  dont  le  nom  même 
vient  de  Szek,  sedes,  qui  formèrent  la  Marche  défen- 
sive de  la  Transylvanie.  Enfin,  j>our  fermer  tout  dé- 
filé à  l'ennemi,  des  moines  franciscains  entamèrent, 
le  long  du  Danube,  par  l'Ouest,  le  territoire  qui  de\-ait 
fonner  la  principauté  de  Valachie.  Le  château  de  Se- 
verin  fut  élevé  dans  le  voisinage  même  de  Vancierk 
|>ont  de  Trajan  et  du  camp  fortifié  qui  le  défendait. 
Un  dignitaire  portant  le  titre  avar  de  Ban  y  fut 
établi  pour  garder  le  drapeau  k  la  croix  latine  de  la 
conquête  catholique;  la  première  monnaie  qui  fut 
frappée  pour  les  seuls  Roumains  et  sur  leur  terri- 
toire étant  celle  de  ce  Ban.  le  mot  de  ban,  finit  par 
signifier   toute   espèce   de   monnaie. 

11  ne  faut  pas  oublier  non  plus  que,  non  seulement 
les  salines  valaques  d'Ocnelc-Mari.  en  Olténie,  et  de 
SI'  t  de  Prahova.  mais  aussi  celles 

de  .--  ... .-  ._,  à  la  nouveUe  Ocna.  près  d'un 

nouveau  Slanic,  furent  certainement  englobées  dans 
les  enclaves  magyares  sur  le  territoire  roumain. 

I.KS  RoL'MAiNS  ET  l'Empire  Tatar.  —  Un  événe- 
nK'iit  imprévu  vint,  en  1241.  arrêter  ce  mouvement 
envahissant  du  catholicisme  romain.  Le  roi  de  lion- 
grie,  avec  ses  colons  saxons  et   flamands  venus  du 


58  iiii^TnifiE    nrs    nnt-MAiKS 

Rhin  moyrn  et  ur.  avec     •  ,|u.  s  (t  ses  féo- 

daux d'origine  ^.  i  ai  uiniui*,  avec  v  s  as^Hies,  les  chc- 
Nuliers  venus  de  Jérusalem  pour  combattre  contre  les 
païens  cuiri  <   •   4e  dernier  rqirénentant  d 

le  serviteur  .     ;*-  grande  «luvrc  historique. 

Contre  ces  »  Scvihes  »  inag>'ars,  bientôt  mêlés  de 
Slaves,    influencé»  dans    leur  "'«•    proi'ince    par 

les   Roumains  et   soumis  <run'  re   permanente 

et  profonde  à  l'influence  de  4a  civilisation  aUcmande, 
96  leva  un  nouveau  flot  de  Sc\"' 
étaient  restés  dans  la  steppe  <       < 
les  anciennes  coutumes  de  leur  vie  nomade. 

I.'  :*ion     (le     Génois     (Dschin^uiz).     qui      mt 

siii)|  I  de  bande  dans  He  désert  avant  de  devenir 

le  grand  Khan,  l'empereur  unique  de  4a  steppe,  jeta 
de  nouveau  vers  l'Occident  les  multitudes  touranien- 
nes  qui  avaient  emprunte  à  leur  immense  voisine,  la 
(Ihine.  son  grand  idéal  d'unité  mondiale.  Il  était  im- 
possible d'arrêter  cette  nouvelle  invasion,  qui,  si  die 
n'était  pas  animée  par  le  fanatisme  d'une  nouvelle 
religion,  avait,  en  dehors  du  prestige  et  des  talents 
de  son  chef,  la  force  décisive  d'un  ordre  «parfait  dans 
tous  les  détails  de  son  action.  Les  descendants  des 
Voévodes  de  Kiev  devinrent  les  humbles  vassaux  de 
la  Horde  dominante:  quant  à  la  Hongrie  des  Arpa- 
diens,  elle  ris<iua  une  faible  résistance  dont  l'insuc- 
cès rejeta  le  roi  et  les  restes  de  son  armée  vers  la 
Mer  de  l'Occident. 

Les  notices,  insuffisantes  et  con/iises,  que  noua 
possédons  sur  cette  conquête  foudroyante,  ne  prou- 
vent pas  une  occu{>ation  talare  dea  régions  roumai- 
nes entre  les  Carpathes;  le  Danube  se  trouvait  du  reste 
en  dehors  du  chemin  suivi  par  ces 
tures  et  de  butin;  ils  n'avaient  :<) 
tion  de  s'établir,  comme  ies  Bulgares,  ;yars  de 

Jadis,  sur  un  noaveaa  territoire,  car  ils  avaient  déjà. 


VIE  poiJTici'K  nr.s  roi  mains  S9 

dans  l'Asie  centrale,  leur  patrie,  et  dans  leors  con- 
*        '     "•  •  -*:'      ,]f^    foyers    qu'iH    ne 

■  iicT.  Sur  ce  territoire, 
qu'ils  ne  traversèrent    même  pas,  ils   ne  firent   que 

r •- fr  la  dominn'- —    •  -   ^' '^•"    ^—^  les  restes, 

s  ou  même  ler  un  rt- 

luL'c  en  Hongrie.  Les  1  nt  que  chan- 

g.r  '!'•  maîtres:  il  y  eut  jr-^u.  x«.»  .^u.^inent  un  autre 
r<    !     '   iir  de  la  dîme  aux  époques  fixées  de  l'automne 
et  un       '        !    1   •  !       i   r'     les  ports  de  la  Mer  Noire. 
Mai>  t.lî     .;i  i...n;i  pour  toujours  le  ressort 

de  l'invasion  h<>;      <       ,  qui  prétendait  travailler  au 
110   et  de   la  civilisation  latine  de 

.,:.      ^iic  l'ennemi  se  fut  retire  dans  ta 

'['pe,   laissant  derrière  lui   d'affreuses   ruines,  des 
.tlort*.  fiittnt  tentés  pour  revenir  à  l'ancle  na- 

tion. Des  «lievaller»  venus  de  Terre  Saintr^  i<js- 

pit»liers  français,  furent  appelés,  en  1247,  à  Severin; 
on   leur  promit  k-s  revenus  dus  à  la  Couronne  par 
les  chefs  des  Roumains  de  la  «  Transalpine    ».  dont 
les  noms  sont  donnés  par  un  précieux  privilège  de 
l?tr.:   les   «    juges   »   Jean  et   Farcas  daiM  l'Olténie 
•  ne,   le   Voévode   Litovoiu,   dans   la  nnmtagne  du 
Jiiu.  le  Voévode  qui.  au  delà  de  l'Oit,  résidait  dans 
*ité  d'Argea,  «■  food  da  la  montagne;  la  réel' 
e  d'Arget,  Senmluv,  aant  eompHar  let  pêcheries 
de  Celeiu  et  d'autres  avantages  sur  ce  territoire  qui. 
avec  ses  moulins,  ses   liltogi.  i.  florissants,   ff\'ec  ses 
guerriers  et  ses  cliefs  aoblea  donne  l'impression  d*un 
pays  de  très  anelMMM  dvilisaUoo. 

Le  Pape  avait  coflAnsé,  en  1251,  eet  aete  de  dona- 
tion, qui  n'eut  peut-être  pas  de  suite,  à  maître  Raifli- 
ba«d.  celui  anqînl  s'était  adrsaeé  le  roi,  n'ayant  vrai- 
«emblaMement  Jamais  plis  déllBtIlwJMent  ses  quar- 
tiers à  Séverin.  8*11  ea  «i«it  été  antrement,  on  aurait 
eu.  sotts  le  coavcrt  de  In  Hongrie  royale,  déiégiiée 


60  HisToinK  oes  roumains 

j>.  iitc  du  s  en*   français  fcur  !« 

I).i  lUssi;   111    1  ^ric   inéniie  de*   Arpa- 

diens  était,  dans  fétat  où  l'avait  laissée  l'invasion 
tatare.  un  instrument  dont  on  ne  pouvait  plus  se 
servir.  Les  Cumans  l'avaient  laissée  dans  un  tel  état 
qu'un  des  derniers  représentants  de  la  dynastie,  le 
roi  Ladislas,  s'était  converti  à  leurs  mœurs  et  qu'on 
mettait  en  doute  sa  constance  dans  la  foi  chrétienne. 
Des  querelles  pour  le  trône  éclatèrent,  amenant  en 
deçà  des  montagnes  le  «  jeune  roi  Etienne  »  qui.  ap- 
puyé sur  la  TransNivanie  et  en  guerre  avec  les  Bulga- 
res jusqu'à  Plevna.  paraissait  devoir  refaire  dans  une 
forme  magyare  l'unité  territoriale  des  Roumains: 
avant  la  fin  du  siècle,  les  Saxons,  <<  hôtes  »  de  la  Cou- 
ronne, en  devinrent  les  ennemis  qu'il  fallut  soumet- 
tre par  la  force  des  armes.  Après  la  victoire,  le  Voévode 
transylvain,  le  rude  Ladislas  Apor,  resta  maître  pres- 
que indépendant  de  la  province.  Le  Nianmoros,  le  Zips, 
le  Banat  de  Severin,  où  apparaît  le  rebelle  Dorman,  se 
soulevèrent  contre  les  officiers  royaux.  La  défense  du 
latinisme  revint  alors  à  la  race  française  et  à  ses  asso- 
ciés italiens;  car  ceux  qui  la  servirent  désormais,  d'une 
manière  indépendante  de  la  royauté  magyare,  furent, 
en  efTet,  en  première  ligne  les  Franciscains,  auxquels 
appartient  un  Plan-Carpin,  visiteur  de  la  Tatarie,  et 
toute  la  série  des  moines  d'Italie  qui  fondèrent  plus 
tard,   vers   1330,  le  diocèse  latin  d'Arges.  L<     '  r 

Arpadien,   Aiidré   III,  était  le   ftls  d'une   Vci  i-. 

L'essor  français  vers  l'Orient  devait  donner  à  la  Hon- 
grie une  nouvelle  dynastie,  originaire  <  "  le 
Naples  et  de  provenance  angevine,  celle  -  s- 
Robert. 

La  domination  tatare  eut  un  a\      "  Me 

pour  le  développement  ultérieur  <i  t' 

à  la  fortune  qui  aocompagnait  partout  les  drapeaux  du 
grand  Khan  et  de  ses  fUs  et  successeurs,  il  n'y  avait 


vie  POUTIQUE  DES   ROVMiiINS  61 

plus  d^ormais  de  frontières  occidentales  depuis  la 
Chine:  de  l'Asie  centrale  jus<|u'aux  Carpathos  rou- 
mains s'étendait  un  seul  Etat,  un  seul  territoire  politi- 
que et  économique.  Les  routes,  dont  la  sûreté  était 
désormais  garantie  par  l'autorité  profondément  res- 
pectée de  «  l'empereur  ••  mongol,  étaient  ouvertes  à 
quiconque  possédait  un  sauf-conduit  délivré  par  sa 
chancellerie.  La  m^me  monnaie  était  partout  accep- 
tée: les  mêmes  poids,  les  mêmes  mesures  servaient  à 
tous  ceux  qui  pratiquaient  le  commerce  d'un  bout  à 
l'an'        ■     ce  monde   n  i   créé  par  une  conquête 

sai;  aple:   le   syst  uanier  était  à   peu   près 

partout  le  même,  d'Akkerman.  l'ancien  Maurokas- 
Iron  des  Byzantins,  le  Moncastro  des  Génois,  le  Bel- 
grade des  Slaves,  la  Cetatea-Alba  des  Roumains,  jus- 
qu'à Caffa,  en  Crimée,  où,  vers  la  fin  du  xiii*  siècle, 
vinrent  s'établir  les  Génois  pour  faire  de  la  Mer  Noire 
leur  domaine,  et  nu\  ports  lointains  des  Mers  asiati- 
ques. 

Les  liens  ^n  i  >im.iu  i>  qui  existaient  entre  les  frères  de 
Gengis  maintinrent  pendant  un  temps  l'unité  politi- 
que du  grand  empire.  L'unité  économique,  si  rémuné- 
ratrice pour  le  trésor  des  différents  chefs  de  la  Horde 
d'or,  ne  fut  pas  entamée  quand  ensuite  l'empire  fut 
partagé,  et  ce  fut  tout  à  l'avantage  des  Roumains,  dont 
le  territoire  venait  d'être  traN-ersé  par  les  voies  de  com- 
merce menant  du  Nord  et  de  l'Occident  à  Caffa,  à  Ak- 
kerman,  même  à  Braîla,  le  grand  port  du  Danube,  j  ' 
humble  \iliage  où  vivaient  les  descendants  de  i  ci 
cétre  paysan  Braila,  mais  qui  était  devenue  déjà  le 
principal  entrofxjt  du  Danube  vers  l'an  1300. 

Cependant  la  condition  naturelle  des  territoires  pro- 
voqua des  tentatives  de  séparation  politique:  à  l'épo- 
que o'"i  "  '  '  I  '  ■  f  ■  liée,  le  pr"  ■!• 
la  Canij  ^y  ,  .  - .  i  se  main  i 
encore,  avec  leur  langage  archaïque,  les  restes  des 


62  NISTOIAB    DP.^    ^' 


;iM<  ions  Germain»,  commença  à  se  distinguer  des  «B- 
ti<  s  pays  de  1*  «  Empire  »,  Nogai.  un  des  chefs  de 
l'Occident,  prit  sur  le  Danube  inférieur  la  place  des 
anciens  rois  scythes  et  de  leurs  successeurs  huns,  ftYa- 
les  bulgares,  magyars,  puis  pétschénègues  el  cumans. 
Môles  continueMement  aux  alTaires  de  la  Bulgarie 
décadente,  qui  reçut  dans  Trnovo  un  Tzar  talar  de  sa 
création.  Tschouki,  pour  en  arriver  ensuite  à  des  dy- 
nasties cuniancs,  de  sang  prob:i^  'in,  ori- 
ginaires de  la  région  du  Vidin,  i  !  ;  ;iuis  les 
Siohmanides,  aHié  d'une  certaine  manière  aux  Paléo- 
loques  de  liyzance,  Nogaï,  auqii  '  "'  «on 
rival  de  même  sang,  Toktai,  au:  ,  c  k 
fonder  sur  cette  lisière  de  l'Orient  un  établissement 
int  abandonné  ses  pratiques  païennes, 
1  ^1  par  Tislaroisme  envahissant,  H  avait 
adopté,  comme  les  chefs  bulgares  et  magyars,  la  reli- 
gion de  ses  sujets.  Ne  l'ayant  pas  fait,  les  Roumains, 
que  les  sources  byzantines  alTublent  à  celle  époque  du 
nom  suranné  d'Alains,  profitèrent  des  avantages  d'ime 
vie  commerciale  intense,  d'une  paix  garantie  par  la 
force  tatare  et  même  des  enseignements  militaires 
fournis  par  leurs  maîtres  passagers.  Ce  sont  eux,  en 
effet,  que  Nicéphore  Grégora  dépeint  comme  «  les 
Gètes  d'au  delà  de  l'Istros,  ayant  le  même  armement 
que  les  Scythes  et  qui,  étant  des  chrétiens,  soumis  en- 
suite par  la  main  violente  de  ces  dits  Scytlies,  se  sou- 
mirent à  eux  matériellement,  bien  que  contre  leur 
gré,  mais  gardèrent,  par  le  .sens  de  leur  supériorité 
(lé^ei?  et  par  un  sentiment  d'isolement  il  l'égard 
de  ces  infidèles,  leur  qualité  de  peuple  autonome  »  (1). 


Il»   I.  p.  204. 


CHAPITRE  V 


Vie  politique  des  Roumains  dans  les  Principautés 
avant  la  fornnation  d  une  civilisation  nationale 


La    PRINCIPAl"rt  DE    «   TOl'TE  LA  RoV MANIE    ».  —  CcS  N. 

..1.,...»;,.,,^  autonomes  \ivant  sous  leurs  juges  et  leurs 
s  jouissuient  d'une  civilisation  très  ancienne, 
'I)le  (le  déterminer  ii  elle  seule  une  organi- 
^.ùi.  ..  j>u.;lique  supérieure.  I*eut-^tre  la  suzeraineté 
tatare  elle-même,  amenée  par  les  nécessités  pratiques  " 
des  ■  s  entre  maîtres  et  sujets  à  concentrer  la 

vie  li .....c  russe  entre  les  mains  du  cnéze  de  Mos- 
cou qui  était  destiné    à    faire    souche    d'empereurs, 
I  !-■  !l.-  ]>ler    les   forces   roumaines 

dans  la  i    .  ....    lu  territoire;  car,  au  Nord, 

les  textes  ne  connaissent  que  la  |>opalation  fixée  près 

un  nom  de 
j  *        "»c^  sur  les 

pa^rs  de  l'histoire.  Il  est  bien  possible  que  ce  rassem- 
i  '  d'cner^'l  *        où 

i   Toktai  ,1  ^      i»les 

vivant  sous  la  menace  de  leurs  camps  guerriers.  Car 
ce  fut  le  Voévode  de  l'Kst  qiii  î  à  résoudre  le 

problème  historique.  Litovoiu.  <  l'Ouest,  s'était 

maintenu  pendant  plus  de  \ingt  ans  iorsqu'éclata  un 
conflit  avec  ses  voisins;  ce  conflit  fut  provoqué,  à  ce 


61  HISTOIRE    DBS    ROt MAINS 

qu'il  parait,  non  par  le  sort  de  ce  pays  de  Hateg.  sur 
les  ruines  de  Sannisagcthusa,  que  le  roi  arpadien  vou- 
lait lui  arracher,  mais  par  la  réunion  momentanée  de 
Sevcrin  et  de  sa  province  aux  possessions  du  Voé- 
vode. 

Pans  une  bataille  malheureuse  contre  un  de  ces  «  ma- 
gistri  »,  de  ces  «  bans  «  de  Transylvanie  qui  fourmil- 
laient à  cette  époque  au  milieu  de  l'anarchie  générale, 
le  vieux  prince  roumain  succomba;  les  vainqueurs  se 
saisirent  aussi  d'un  de  ses  frères,  Bàrbat,  dont  le  nom 
survit  peut-être  dans  ce  village  dit  Riul-lui-Bàrbat 
qui  se  trouve  de  l'autre  côté,  tout  près  de  la  frontière. 
Seneslav  d'Arges  ou  bien  son  héritier,  Tugomir  ou 
Tilhomir,  que  les  sources  slaves  des  Balcans  nomment 
aussi,  parait-il,  Ivanco  (le  nom  roumain  est  lancu), 
réussit  donc,  dans  ces  circonstances  exceptionnelles,  à 
réunir  les  deux  Voévodats.  situés  h  la  droite  et  à  la 
gauche  de  l'Oit.  On  n'a  pas  d'autres  renseignements 
sur  lui.  mais  son  fils  Basarab  était  déjà  «  Grand- 
Voévode  de  tout  le  pays  roumain  »,  de  la  Roumanie 
entière,  c'est-à-dire  de  tout  le  territoire  que  n'avait 
pas  atteint  encore  la  colonisation  étrangère  et  qui 
n'avait  d'autres  limites  que  les  conditions  géographi- 
ques elles-mêmes. 

Cette  principauté  réclamait  pour  son  chef  non  seu- 
lement les  anciens  revenus  de  la  dime  des  grains,  du 
vin,  des  troupeaux  et  des  amendes  (gloate),  mais 
aussi  ceux  des  douanes,  car  pour  la  première  fols 
la  frontière  gagnait  un  sens  plus  précis,  et  tout  ce 
qui  se  rattachait  aux  prérogatives  traditionnelles  d'un 
dnmn,  n'aurait  fait  cependant  que  végéter  dans  la 
montagne  sans  les  nécessités  de  cette  vie  économique 
dont  les  bases  avaient  été  posées  par  les  Tatars  un 
demi-siècle  auparavant. 

Une  voie  de  commerce  existait  déjà  qui  menait  à 


TIE   POUTIQUE    DBS    HOl'MAINS  65 

Braila.  et  les  Tatars  qui  l'avaient  créée  en  avaient  pro- 
fité les  premiers  avant  de  se  retirer  (1). 

Elle  aurait  dû  servir  dès  Tabord  aux  Roumains 
réunis  en  un  seul  Etat,  si  la  vie  politique  de  la  Hon- 
grie n'avait  pas  été  renouvelée,  à  ce  moment  même, 
par  l'énergie  et  l'esprit  d'initiative,  par  la  ver\e  che- 
▼akresque  de  la  nouvelle  dynastie  angevine:  ce  but 
aurait  été  atteint  sans  l'apparition  au-delà  du  Danube, 
où  la  Bulgarie  se  mourait  et  où  la  Serbie,  après  avoir 
jeté,  sous  le  règne  de  I'  •  empereur  >>  Etienne  Douchan, 
un  si  grand  éclat,  allait  sombrer  dans  les  misérables 
querelles  entre  les  prétendants  et  les  seigneurs  locaux, 
d'an  nouveau  concurrent  k  la  domination  du  monde; 
je  veux  parler  des  Turcs  qui,  avec  Mourad  I*,  Bajézid 
et  8cn  flls.  joignaient  à  l'esprit  d'aventure  communs 
aux  <•  Francs  >  et  aux  »  Sarrasins  »  pendant  leur  con- 
flit séculaire  en  Asie  au  temps  des  croisades,  un  ordre 
parfait  et  une  discipline  de  fer,  hénté  des  Tatars. 

Désormais,  pendant  un  siècle  et  demi,  les  Roumains 
seront  morcelés,  mutilés,  rejetés  d'une  frontière  à 
Tautre,  des  Carpathes  au  Danube,  par  l'incessant 
conflit  entre  ces  deux  forces,  dont  la  rivalité  assura 
sans  doute  leur  existence,  mais  les  empêcha  de  tirer 
tout  l'avantage  que  pouvaient  fournir,  à  cette  fin  du 
moyen  Age,  un  territoire  bien  défini,  une  race  nou- 
velle pour  la  guerre  et  pour  la  civilisation  supérieure. 
Ils  laissèrent  se  perdre  la  précieuse  tradition  popu- 
laire, qui  avait  permis  aux  premiers  Voévodes  d'oppo- 
ser aux  fantômes  impériaux  shnret  des  Balcans  et  aux 
féodalités  agonissantes  des  autres  frontières  ce  sain 
réalisme  à  base  géographique  et  à  caractère  national 


(1)  Lear  retraite  •  dû  m  prodvir»  dès  Im  praBièrm  ■waéti 
du  XIV*  «iècle;  Icar  dernier  priac*.  Démétrias  (et  qui  slfBlis 
Démir.  Timour).  mmcmmvt  44dn  de  Nogal  et  de  Toktal,  vIt»- 
talt  encore  ver»  IJM  d«  cMé  da  Daoube  ioférfear  et  d'Aliker- 


9^  ilivTniitv     ti»'N     iint'MAlSv 

qui  uTaH  anené  h  Tihooiir  ti  !  <  il>  >  -  ;i-  '-n*  •- 
comme  princes  indigènes  d«  i  iui  le  p.i>s  luuiii.im  . 
dt  Blême  que  Louis  XI  entendait  être  roi  de  tout  son 
pays  français. 

DéTACMBMiSST  I>£S  PAYS  RUtlMAINS  DR  LA  HoNORfC.  

Char  les- Roliert  entreprit  de  refaire,  sur  le  modèle  de 
rOceident,  ou  de  simples  liens  de  vassalité  qai  nnis- 
aaient.  par  exemple,  dans  une  seule  vie  |H>litique  les 
rois  d'Angleterre  et  de  France  sans  que  le  premier  se 
fût  senti,  dans  ses  propres  provinces,  inférieur  à  son 
suzerain,  l'ancien  royaume  des  Arpadiens,  éteudtt  jus- 
qu'au  Danube;    il  voulait   même   employer   ce   fleuve 
coinme  une  base  nécessaire  pour  renouveler  en  Orient 
les  jours  de  l'Empire  latin.  Basarab  ayant  refusé  le  tri- 
but, —  car  il  se  sentait  souverain  de  droit  moderne  sur 
un  territoire  défini,  habité  par  sa  seule  nation.  —  il  fut 
attaqué  par  Quirles-Robert  en  personne  d 
tagnes  de  Muscel,  où  l'avaient  conduit  cerlu...    ...      .  ..- 

vodes  traîtres  à  leur  prince  par  intérêt  personnel.  A 
Sevcrin,  uni  à  la  principauté  roumaine  depuis  quel- 
ques années  déjà,  le  Véovode  de  Transylvanie  réus- 
sit à  établir  pour  un  moment  Nicolas,  fllsd'  «  Ivanco  »•. 
mais,  dans  un  des  cirques  que  forment  les  montagnes 
valaques,  l'armée  royale  fut  complètement  cernée  par 
les  troupes  de  celui  qui,  dans  la  conception  des  enva- 
hisseurs était  un  simple  rel>elle.  un  «  pâtre  valais 
qu'il  s'agissait  de  "  tirer  par  la  barbe  de  son  repai 
Une  miniature  contemporaiae,  dans  la  chronique  offi- 
cielle, présente,  après  la  scène  où  uu  envoyé  de  Basa- 
rab vient  offrir  huntblemeul  les  conditions  d'une  paix 
simulée,  deux  moments  du  combat  de  Posada,  au 
Nord  de  Ctmpulung:  on  voit  la  briUante  chevalerie  du 
roi  défilant  hâtiTcment  au-dessoas  des  pics  que  garnis- 
sent des  pa)*sans  roumains;  ceux-ci  portent  de  lon- 
gues jaquettes  de  peau,  de  longs  manteaux  de  laine. 


des  braies  étroites,  collant  sur  le  pied;  iU  ont  de  hauts 
bonnets  pointus  de  fourrure  par-dessus  les  loogues 
boucles  de  leurs  chevelures;  les  uns  travaillent  à  jeter 
l'effroi  au  n  !cs  ennemis,  qui  seront  écrasés  bien- 

tôt par  le  ;  -  r^erres  détachées  du  rocher  pro- 

tecteur ou  til  à  coups  (le  inassne.  Charles- 

Roh  12  novembre  1330)  dif!  ni  à 

la  11..U ...uque     ;  le  sceau  royal,  é^j..^  -  1» 

confusion  de  la  déroute,  ne  fut  pas  retrouvé. 

Mais   le  ur.  quoiqu'il   eût    fait   venir   l'évc- 

que  grec  de  u  sur  le  Danube  pour  en  faire  le  pre- 
mier Métro|>olite  du  pays,  n'entendait  pas  changer 
Toi  du   coté   de   l'Orient:    pendant 

celi  '»,  dans  les  discordes  qui  déchi- 

raient la  péninsule  des  Balcans.  ses  troupes,  qui  sou- 
tenaien  roi  serb< 

été  coiiK  .      ^  la  cat;i 

tendii).  On  voit  Alexandre  ou  Nicolas- Alexandre,  fils 

de  Basarub,  saluer  à  la  f 

Charles- Hobert.  ce  roi   1 

par  une  ambition  fiévreuse,  devait  être  enc*ore  plus 
rem    '        '     vicissit:  '       -;.  "de  son  père.  Peut- 

êti<  le  tribu!  d'argent  dont  il  est 

parlé  en  13d0  fut-il  ollerl  au  jeune  prince,  bien  qu'au- 
cune  sourc-   -      -mentionne  ce  détail.  A  ce  moment, 
I>ouchan    w  l    de    l'autre    côté    du    Danube,    et 

Alexandre,  prcMiio  parent  du  Tzar  bulgare  qui  porte 
le   même   nom,   pouvait   craindre  les   prétentions   de 
celui  qui  donnait  W  Danube  pour  limite  ù  son  empire 
t  gréco-serbe     .  s'appuyait  sur  V.\  :  •  et  tendait 

à  Ih  '"■--"•ssicm  de  Constantiuopic.  4..  ^  >,ucrrcs  civiles, 
au  les  premières  bandes  turques  avaient  été 

niclccs,  M'^isHaicnt  dans  1'  byzantin  in 

de  reprendre  lu  tradition  t....  . ..,..;pue  par  le^  i.,.....^- 

des.  Clapitainr  d'une  nouvelle  expédition  sacrée,  le  roi 
Louis  croyait  pouvoir  placer  au-dessus  de  ce  chaos 


68  HISTOIRB    on    ROUMAINS 

son  autorité  personnelle,  soutenue  par  la  bénédiction 
du  Pape  et  par  les  sympathies  de  l'Occident  latin.  Il 
>ivait,  du  reste,  dans  des  idées  tout  k  fait  difTérentes 
de  celles  des  Arpadiens.  qui  avaient  gardé  avec  opi- 
niâtreté les  tendances  conquérantes  de  l'époque  bar- 
bare. C'était  un  roi  à  la  manière  française,  un  Ange- 
vin de  Naples;  il  réussit  à  s'entourer  de  brillants  vas- 
saux et  de  braves  chevaliers,  retenus  auprès  de  lui 
par  l'hommage  et  le  devoir  féodal.  Il  tolérait  que  ce 
Voévode  de  «  sa  terre  transalpine  ",  ce  roitelet  des 
Carpathes,  établit  solidement  son  pouvoir  sur  les  val- 
lées de  la  montagne  roumaine  et  l'étendlt  à  travers  la 
plaine  jusqu'à  la  ligne  du  Danube,  pourvu  qu'il  obser- 
vât les  règles  strictes  de  la  féodalité  occidentale. 

Dans  la  Transylvanie  même  et  dans  les  territoires 
voisins,  le  fils  de  Charles-Robert  ne  chercha  guère  à 
établir  une  domination  royale  à  la  manière  moderne 
sur  les  ruines  des  anciens  privilèges.  Au  contraire, 
personne  ne  respecta  plus  que  lui  tout  ce  qui 
tenait  à  ce  moyen  âge  dont  il  fut  un  des  plus  splendi- 
des  représentants.  Il  chercha  même  à  ressusciter  des 
formes  en  décadence,  des  initiatives  déjà  end — '  . 
des  élans  paralysés  par  la  décadence.  Les  V(. 
les  cnèzes  roumains  surgissent  sur  tous  les  points  de 
ce  territoire,  à  la  place  des  «  magistri  »  et  des  •<  bans  '> 
officiels  de  la  dernière  phase  arpadienne.  Surtout  dans 
le  Marmoros  et  dans  les  comtés  voisins,  où  les  condi- 
tions rurales  n'étaient  pas  encore  consolidées  autour 
des  quelques  villes  de  colonisation  germanique  et  des 
couvents  latins,  les  Voévodes  roumains,  élus,  selon  la 
tradition,  par  la  <<  communauté  des  Valaques  »,  dé- 
tiennent,  malgré  la  présence  du  comte  nommé  par  le 
roi,  le  pouvoir  entier  sur  les  villages  du  patrimoine 
national.  Le  Banat,  autre  territoire  de  frontière,  est 
rempli  aussi  de  ces  chefs  indigènes,  qui  déchurent 
rapidement  pour  devenir  bientôt  de  simples  juges  de 


VIE  POUTIOrE  nES   BOUMAINS  69 

village.  Des  chevaliers  roumains  combattront  ainsi 
aux  côtés  du  roi,  avec  les  descendants  des  Voévodes 
écartés  par  le  prince  d'Arges.  et  certaines  familles, 
comme  celle  des  Doboka  (Dobacescul),  jouèrent  un 
rôle  important  dans  la  vie  du  royaume,  ayant  des 
attaches  avec  le  prince  valaque.  Enfin,  pour  faire 
entrer  maintenant  ce  prince  dans  le  cercle  des  vassaux 
de  race  roumaine.  Louis  n'hésita  pas  à  lui  créer,  dans 
le  sens  des  ;i:  prétentions  de  sa  famille,  un 

grand  fief  traii.. ..u..i  dans  la  région  de  TOIt,  entre 
cette  rivière  et  les  Carpathes.  De  même  que  le  roi  de 
France,  .lean,  son  proche  parent,  avait  constitué  à 
Taide  des  terres  de  la  Gjuronne.  des  apanages  en  fa- 
veur de  ses  fils,  le  roi  de  Hongrie  érigea  cette  région 
en  duché,  le  duché  de  Fagaras  (Fogaras),  d'après  le 
nom  du  château  qui  le  dominait;  peu  après,  1360,  Vla- 
dislav  ou  Lalco  (Vlaicu),  fils  d'Alexandre  le  Valaque, 
en  était   le   maître:   ses  successeurs  y  aj-  '    !<^ 

villages  roumains  des  environs  de  Sibiiu,  dr 

l'Amlas  (Omlas),  ainsi  nommé  d'après  un  de  ses  cen- 
Ip-  IX.  Le  Roumain  s'empressa  d'y  envoyer  ses 

ÏH}\  -c  leurs  esclaves  tziganes  qu'avaient  appor- 

tés les  invasions  Tatares  pour  coloniser  sa  «  nou- 
vel!   '      ^ition  ». 

1  I  résista  facilement  à  cette  menace;  mais, 

lorsque  le  Tzar  Alexandre  vint  à  mourir,  Louis  se 
présenta  de  nouveau  comme  héritier  de  droit  histori- 
que. Il  conquit  Vidin  sur  celui  des  fils  de  »  l'empe- 
reur »  bulgare  qui  y  avait  établi  sa  résidence,  Stra- 
chimir.  L'autre,  Alexandre  d'Arges,  qui  avait  vécu 
dans  la  dépendance  de  son  voisin,  épousant  même  en 
secondes  noces  une  catholique  de  Hongrie.  Claire,  dont 
les  filles,  chargées  d'une  mission  de  propagande  reli- 
gieuse, régnèrent  en  Bulgarie  et  en  Serbie,  était  déjà 
mort  le  16  novembre  1.164,  après  avoir  étendu  les  limi- 
tes de  la  Prinripauté  jusr|u*;'i  firaila  et  à  Nicopolis,  sur 


70  UltTOlAK    DM    HOUMAIMS 

tout  le  cours  du  Danube  Inférieur.  Son  fils  Laâco,  déjà 
mentionna  plus  haut,  n'était  guère  disposé  à  voir  le 

î  lis  de  Bude,  cet  étranger,  dont  les  drr  ••'    îTpaf- 

t    à   la   plus   pure   des   fantaisies   li.  ,ues, 

prendre  dans  l'Orient  orthodoxe  une  place  qui  lui 
revenait  par  la  communauté  de  religion,  par  le»  lien^ 
de  famille  noués  pur  son  père  et  son  grand-père,  aux- 
quels étaient  venus  s'ajouter  peut-être  ceux  qui  lui 
venaient  d'une  mère  balcaniquc.  Lorsque  Louis,  qui 
avait  fait  mine  d'attaquer  d'abord  le  prince  valaque 
lui-même,  rut  fait  de  Vidin  la  capitule  d'un  Banat  qui 
surveillait  aussi  la  frontière  valaque,  il  se  leva  en 
armes  pour  échapper  à  l'étreinte.  La  garnison  de  Vidin 
ne  résista  pas,  et  la  rhroni(|Ue  franciscaine  de  cette 
ville  mentionne  la  courte  domination  du  prince  ortho- 
doxe, beau-frère  de  Strachimir,  du  «  roi  »  roumain 
qui  faisait  sa  première  apparition  dans  les  Balcans. 
où  il  devait  avoir  bientôt  la  possession  de  Nicopoli». 
Nicolas  de  Gara,  commandant  des  troupes  royales,  ne 
réu^  sser    les    envahisseurs,   qui    s'ap- 

puy:  in. 

Lorsque  maintenant  l'armée  du  \'oévode  de  Tran« 
sylvanie  entra  dans  la  Valachie  par  le  «1    "  ' 
pour  écarter  ce  prince  d'une  si  entrci- 
tion.  elle  trouve  sur  la  ligne  de  la  lalomita  des  fortill- 
«  des  fortins,  des  trancbi'  ^is- 

l  <   seconde  ligne  défendait  ude, 

qui  d'Arges  était  descendue  déjà,  par  Ompulung.  où 
r     '       ilu  couvi    '       ■  nier  abrite  les  restes  du  prince 
lie,  à    'l  ie,  dans    la    plaine.  l>ragomir, 

capitaine  de  cette  ville,  rassembla  les  paysans  pour 
défendre  la  résidence  de  leurs  Voév.V  •  Xtr  •  Voé- 
vodc  transylvain  et  le  châtelain  de  ;•  .  int 

tues  dans  cette  défaite  décisùve  de  \'M)'à.  qui.  renouve- 
lant la  leçon  de  1330,  montrait  ù  l'ennemi  l'Impossi- 
bilité d'occuper  cette  ^   Transalpina   ».  à  travers  la- 


VIE  POUTfQVB  DBS  ROUMAINS  71 

quelle,  au  commencement  de  ion  rlgnc.  I«  roi  Louis 
aecordait  des  privilèges  de  commerce  aux  Saxons  de 
Kronstadt  comme  sMI  s'était  agi  d'une  simple  pro- 
vince sans  mattre.  Il  fallvl  se  résigner  à  reconnaître 
une  frontière  dénnitive,  en  (ortifAant  le  défilé  de  Bran, 
où  fut  •'*  '  ,]ç  Torzburg.  et  celui  de  la 

Tour   H    I  la   Landskrone.   Quant  à 

Severin.  il  rentra  bientM  sous  la  dwatwHIon  des  Rou- 
mains. 

F  N   o't'NE  secoffoe  phinopauté  hoi-maine 

EN  .M  .^ II.,  —  Au  moment  oè,  de  ce  o6té.  disparais- 
sait tout  espoir  de  maintenir  pour  la  G>ttroniie  la  pos^ 
session  de  ces  défilés  des  Carpatiies.  Louis  perdait 
aussi  la  possession  du  versant  oriental,  bien  que  les 
princes  d'Arges.  obligés  dans  le  même  temps  de  con- 
quérir 1  'lu  DaMibe,  '  '  ~  ,•  leur  indépen- 
dance Ci  A  Hoagrie  et  iler  les  mouve- 
ments des  Turcs  déjà  mattres  d'Andrinople,  n*eûs- 
'  rché  à  faire  mie  réalité  des  préten- 
t                               i>ays  roumain  ». 

A  une  époque  plus  ancienne  les  Hongrois  avaient 
ir  !c  versant  oriental  des  points  d'appui 

ix :>n  du  Séreth,  entre  autres,  ainsi  que 

nous  l'avons  dit,  pour  s'assurer  la  possession  des  mi- 
nes de  sel  d'Ocna.  I/idée  de  refaire  à  Milcov,  qui  ce- 
pendant ne  fut  jamais  rebâtie,  un  évéché  des  Cn- 
mans.  ne  fut  pas  de  sitAt  abandonnée,  et  la  ville  voi- 
sine de  r  hablemt'  ' 
oonuBe  >tus  aus 

nom,  paraissait  pouvoir  abriter  le  prélat  latin;  en 
1332  Oi  '    it  demandait  an  pape  la  n< 

tion  à  t  >.>n  propre  dMpelain.  Guy.  I    • 

de  Kaia.  dan»  l'angle  du  Nord-Ouest  de  cette  région, 
entre  les  Carpatbet  et  le  S«^^  's  anciens  établisse- 
ments saaana  destlnéfl  à  r*  >on  des  mines  sub- 


72  mSTOIRB    DES    ROUMAINS 

sistaient  encore,  bien  qu'ayant  perdu  toute  leur  im- 
portanrc  au  profit  de  Rodna.  leur  rivale  tran'-^" 

Le  nouveau  roi  de  Hongrie  créa  d'abord  un<- 
orientale  de  la  Transylvanie,  réunissant  entre  les 
mains  de  son  fidèle  André,  fils  de  î  "  '.  '>  o),  pro- 
bablement d'origine  roumaine,  i  lion  du 
Marmoros,  des  Szekler  et  du  comté  de  Kronstadt, 
ainsi  que  la  dignité  de  comte  de  Szatmar,  dans  l'Ou-st 
de  la  Transylvanie,  et  celle  de  Voévode  même  de  cette 
province.  Il  était  appelé  à  résister,  non  pas  h  une  ten- 
tative des  Roumains  pour  former  un  second  Etat  in- 
dépendant, mais  aux  dernières  invasions  des  Tatars, 
plus  ou  moins  soutenus  par  les  éléments  chrétiens  à 
leur  disposition,  qui  atteignirent,  en  1352,  la  frontière 
de  Transylvanie,  sur  la  lisière  des  Szekler.  Le  roi  lui- 
même  dut  intervenir  pour  briser  les  efforts  des  bar- 
bares, qu'avait  encouragés  l'anarchie  galicienne,  pen- 
dant les  combats  incessants  entre  les  Lithuaniens  du 
Nord  et  les  Polonais  de  l'Est  pour  la  possession  des 
débris  de  l'ancien  royaume  de  la  Russie  Rouge,  si 
puissant  au  siècle  précédent.  Lorsque  la  victoire  défi- 
nitive éloigna  ces  fragments  de  la  Horde,  André  con- 
fia la  garde  du  territoire  récemment  occupé,  aux  en- 
virons de  Baia  jusqu'au  cours  de  la  rivière  Moldova.  à 
un  subalterne,  simple  capitaine  royal,  choisi  parmi 
les  VoéTodes  roumains  du  Marmoros,  Sasul,  fils  de 
Dragos.  Une  «  terre  moldave  »  avait  été  créée  ainsi 
pour  les  seuls  intérêts  de  la  Couronne,  pour  servir  de 
digue  contre  de  nouvelles  tentatives  du  côté  de  l'O- 
rient. Or,  aussitôt  après,  un  autre  Voévode  roumain 
du  même  Marmoros,  Bogdan,  du  village  de  Cuhea, 
qui  depuis  longtemps  s'était  fait  connaître  par  son 
esprit  de  rébellion,  par  sa  hardiesse  et  le  caractère 
indomptable  de  sa  résistance,  s'avisa  de  5ul\Te  l'exem- 
ple (les  Valaques  Tihomir  et  Basarab  qui  avaient 
conquis,  contre  tous  les  efforts  de  la  Hongrie,  une  in- 


YIE  POUT1QUE  DBS   ROUMAIWS  7S 

dépendance  plén'ure  et  victorieuse.  A  la  mort  de  Sa- 
sui.  la  révolte  éclata  parmi  les  Roumains  de  la  nou- 
velle province,  et  Bogdan  s'empressa  d'accourir  pour 
arracher  l'héritage  aux  fils  du  défunt,  Raie  ou  Ralita 
et  Dragul,  qui  furent  plus  tard  les  successeurs  d'An- 
dré dans  la  fonction  difficile  de  défendre  cette  fron- 
tièr'  '  \\e  que  le  succès  de  1*  «  usurpateur  *'  avait 

de  n  1  arrêtée  aux  Carpathes  (1365). 

Cette  pro\ince,  dont  les  princes  ne  prirent  que 
l'"i  (1  le  titre  national  de  «  princes  roumains  de  la 

If  '>,  serait  restée  confinée  pour  toujours  à  ces 
vallées  des  Carpathes.  et  le  roi  aurait  pu  s'en  saisir 
k  la  première  occasion  favorable,  car  de  nombreuses 
attaques  hongroises  montrent  bien  qu'il  ne  s'était  pas 
résigné  à  sa  perte,  si  une  seconde  voie  de  commerce, 
ouverte  au  delà  du  Séreth,  n'avait  rendu  nécessaire 
la  fondation  d'une  grande  et  puissante  principauté, 
dont  l'indépendance  eut  dès  le  début  ce  caractère 
royal  qu'implique  la  qualité  souveraine  du  domn. 

L'ancienne  Russie  Rouge  n'avait  jamais  possédé 
en  fait  les  territoires  entre  le  Séreth  et  le  Pruth,  et 
moins  encore  celle  des  plaines  ondulées  de  collines 
qui  s'étendent  entre  cette  dernière  rivière  et  le  Dnies- 
ter. Sur  ce  territoire  des  anciens  «<  brodnici  »,  les  Ta- 
tars  restèrent  les  maîtres  jusque  fort  avant  dans  le 
xi\'*  siècle:  ils  prélevaient  encore  vers  1360  les  droits 
de    '  et  les  revenus  du  Khan  à  Akkerman.  et 

leur     :.  sions  ne  cessèrent,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  vu, 

qu'après  cette  date.  Sons  l'ombre  de  l'autorité  des 
souv  ns  de  la  steppe,  les  seigneurs  fonciers 

»e  i<  t   les  vallées:  on  trouvera  leurs  noms, 

avec  l'indication  du  territoire  qu'ils  représentaient, 
dans  les  diplômes  délivrés  par  les  successeurs  de  Bog- 
dan. auxquels  ils  se  rallièrent,  les  soutenant  de  toute 
leur  puissance  guerrière. 

Mais  ce  qui  donna  à  ce  |Niyi  une  importance  excep- 


74  mirquui  mis  nmniArfii 

tionnrlle,  ce  fut  le  dévetoppenu'ui  ui-  la  ligne  di-  cuta- 
mené.  Ci^ée  déjà  par  les  Taiara.  elle  menait  de  la 
Rvnie  Rouge,  dey  eau  c  lithuanienne  et  iKilonaise.  à 
ces  poKs  tatars  de  la  Crimée  où  5i'étaient  «tabli»  les 
riches  et  entreprenants  Génois,  mallreft,  depuis  le  rét»- 
MiiifiBcat  de  l'Kmpire  byzantin  k  Con«tautinople.  de 
la  mer  Noire,  sans  compter  le  port  de  Moncastro- 
Akkernian.  resté  latar  jusqu'au  dernier  moment,  où 
les  Génois  s'établireoi  pour  quelques  années,  et 
Licoslomo-Kilia,  colonie  génoise  située  an  milieu 
même  des  lioucbes  du  fleuve  pour  servir  d'escale 
an  coniraerce  des  grains  danubiens,  que  la  Répn 
blique  disputait  avec  acharnen^nl,  v<>ro  1!U>0,  à 
Venise,  sa  rivale. 

Déjà  ica  derniers  prinees  rasses,  (| 
tagé  l'héritage  de  letMtt  prédécesseurs  :..u  ..    :    i    at 
fondé  des   colonies   d'Allemands,   d'Arméniens,   puis 
aussi  de  Juifs,  put  le  territoire  de  Halitsch.  T 
Lvov  en  russe,  porte  le  nom  du  prince  ru^- 
Mais  celui  qui  lui  donna,  ainsi  qu'à  la  cité  rivale  de 
Cracovie,  la  grande  importance  commerciale  que  l'on 
sait,  ce  fut  le  roi  polonais  Casimir,  qui  y  établit  le 
«  droit  de  Magdebourg  ,  le  pur  droit  germanique,  que 
ne  devait  contrecarrer  amonne  «  ootttmne  rulhiM 
Lorsque  Loab  de  Hongrie  hérita,  à  la  mort  de  Cas u... 
son  oncle,  du  royaume  de  Pologne  tout  entier  et  qu'il 
établit  ses  officiers  dans  la  Gaiicc,  que  plus  d'une  fois 
ses  prédécesseurs  hongrois  du  moyen  âge  avaient  do- 
minée, il  y  eut  entre  ces  villes  allemandes  de  nouvelle 
création  et  les  \illes.  plus  anciennes,  de  la  Hongrie 
Supérieure,  des  relations  qui  contribuèrent  aussi  à  for- 
tifier ce  commerce  continental  du  Lovant  qwk  venait  de 
naître  sur  la  base  des  privilèges  de  Casansir. 

Ce  commerce  avait  amené,  Ters  cette  même  «époque, 
le  détnchoment,  comme  formation  indépendante  cor- 
respondant en  quelque  aorte  aux  limites  das  posaes- 


VTK  POLmQVe  DBS  1IOV«AINS  75 

sions  In^antines  d«  la  m^r  Noire,  de  la  partie  mari- 
time de  l'héritage  du  Tzar  bulgare  Alexandre.  Un  cer- 
I  '       ''  ï  *i.   héritier   de   Baliea.   «eigneor    roa- 

ni  ;  fit  à  Cavama,  s'iroproxisa  prince  <tu 

littoral  habité  par  des  races  difTérentes,  des  Grecs  en 
première  ligne.  Une  '       "     'les  terres,  *?'  "  »s- 

qu'alors  jmr  Démètn-  le  Talar,  Un  tte 

formation  territoriale,  correspondant  uniquement  à 
une    !  *  ■  •    du  commerce,  a    eonserré 

dans  ^.  ^p^  rompiérants,  le  nom  de 

son    fondateur.  (Dobrogea    en    roo- 

main). 

Cette  ligne  de  communication  entre  l'Occident  d'une 
part  et.  de  l'autre.  l'Orient  tatar  et  turc  de\'ait  amener 
k  Hon  tour  l'établissement  d'un  ordre  politique  con- 
«wHdé  dons  les  vallées  du  Soreth.  du  Pruth  et  du 
Dniester.  Alors  que  la  région  moldave  proprement 
dite  vivotait,  sous  le  rapport  économique,  dans  la 
dépendance  de  la  Transylvanie,  de  la  ville  de  Krons- 
*'  ^o\  et.  dans  le  voisinage  même,  dans  celle, 

m importante,  de  Bistritz  (Bistrita),  centre  saxon 

du  Nord-Est  de  la  province,  des  villes  noovelles  sur- 
gi' M'a  rimproviste.  comme  relais  pour  les 
c;i  itns  la  vallée  du  Séreth  d'abord,  où  il  y 
eut  une  ville  de  ce  nom:  dans  celle  de  son  premier 
0^  Suceava,  destinée  à  devenir  une 
p'  -  capitale  de  la  principauté  mol- 
dave; dans  le  voisinage  du  Pruth.  Tetina.  dont  hérita 
II"  '  ■  '^'.•rnauti 
cl                     itaux    fn- 

ment  du  xv*  siècle:  puis,  sur  le  Dniester,  Hotin 
(Choczim'      '  "•  "    ufUe- 

ment  dis]..  <nfin 

la  ville  de  Tighinea  (•  Teghm  »  on  •  Tehin  »  pour  les 
voisins),  qui  servait  déjii  sans  doute,  comme  pince 
de  péage  aux  Tatars.  Alors  que.  entre  4e  Sérefli  «t  les 


76  iitsToine  des  roumains 

Carpathes.  il  n'y  avait  que  Baia.  simple  bourg  élevé 
P«.ur  un  moment  à  1  M'  d'év^rî     "  ■  i  •   volt 

tiKMirc   les  beaux   ic  une  catli  pie), 

que  la  citadelle  de  Neamt  dans  la  montagne,  et  que 
V  *        '     ii^rois  du  Sud.  Ocna.  Slanir,  Bacau  (la 

<»pale  ayant  disp:^ru  sans  presque 
laisser  de  traces),  l'autre  région,  qui  dépendait  du 
commerce  galicien,  vers  Moncastro  et  CafTa,  appelait 
par  les  nécessités  profondes  de  la  situation  géogra- 
phique et  économique  l'établissement  d'un  maître  res- 
pecté, d'un  vigoureux  soldat  capable  d'assurer  à  coups 
d'épée  la  libre  circulation  des  marchands  de  toutes  les 
nations,  jusqu'aux  Italiens  de  Crimée  qui  apprirent 
bientôt  le  chemin  de  Suceava. 

Les  influences  occidentales  menacèrent  dès  le  dé- 
but l'indépendance  de  cet  Etat.  Des  moines  allemands 
amenèrent  sous  Latco,  fils  de  Bogdan  et  mari  d'une 
princesse  orthodoxe,  probablement  russe,  l'établisse- 
ment d'un  évêché  latin,  correspondant  à  celui  d'Arges. 
dans  la  ville  de  Séreth,  où  les  Dominicains  disputaient 
le  terrain  à  leurs  frères,  les  Franciscains.  La  fille  et 
héritière  de  Latco.  Musata,  avait  adopté  le  culte  ca- 
tholique, se  faisant  appeler  Marguerite.  Entre  temps, 
un  des  Koriatovitsch  de  Galicie,  princes  podoliens  qui 
se  créèrent  aussi  un  fief  dans  le  Marmoros,  Yourg,  fut. 
pour  quelques  mois,  lui  aussi,  prince  moldave.  Mais 
les  descendants  de  Bogdan,  les  fils  et  les  neveux  de 
Marguerite,  restèrent  des  princes  roumains  ortho- 
doxes. 

Ce  fut  même  aux  dépens  de  la  Pologne  que  le  nou- 
vel Etat  trouva  ses  limites  définitives  vers  le  Nord. 
Pierre,  fils  aîné  de  Marguerite,  profita  des  difficultés 
où  se  trouva  Jagellon,  le  grand-prince  lithuanien  qui 
avait  épousé  Hedvige.  fille  et  héritière  du  roi  I^ouis, 
dans  sa  lutte  contre  son  beau-frère  et  concurrent  Si- 
gismond  de  Luxembourg,  roi  de  Hongrie,  pour  s'em- 


VIE  POUTIQtJE  DES   ROUMAINS  77 

parer  du  district  de  Szepenic  (en  roumain  Sipint), 
avec  le»  forteresses  de  Hotin,  de  Tctina  (Czeczyn)  et  de 
<'  Chmielow  ".  Knrlchi  par  le  produit  de  ses  douanes, 
de  système  abs<.lunient  tatar,  Pierre  «  prêta  »  à  son 
voisin  une  somme  de  3.000  «  roubles  franques  », 
c'est-à-dire  de  pièces  d'argent  génoises  de  CafTa,  que 
l'emprunteur  comptait  bien  ne  plus  jamais  restituer. 
Il  eut  en  échange,  à  titre  de  gage,  une  première  pro- 
messe vague  concernant  le  «  territoire  de  Halitsch  », 
puis  le  terriloire  qu'il  avait  convoité,  et  occupé  même 
avec  des  droits  reconnus  formellement,  par  un  traité 
conclu,  en  1411,  sur  la  Pocutie,  à  1*  "  angle  »  galicien 
du  c'^té  des  Carpathes,  contenant  les  places  importan- 
tes de  Kolomea  et  de  Sniatyn.  où  l'on  rencontra  bien- 
tôt un  staroste  moldave.  Respectant  le  lien  féodal, 
Pierre  se  rendit  à  Lemberg  pour  prêter  personnelle- 
ment le  serment  au  »  Grand  Prince  et  héritier  de  la 
Russie  ».  auquel  il  promit  aussi  le  contingent  de  ses 
troupes:  mais  il  n'agissait  ainsi  que  pour  arrondir  ses 
possessions  et  obtenir  les  frontières  nécessaires  à 
toute   fondation   politicfUe. 

Rl\\iiiK    r..Sânr.     i.A     \Al.\t.HIK    KT    LA    MOLDAVIK    AL 

XV*  SIÈCLE.  —  La  V^alachie  fut  diminuée  par  l'établis- 
sement de  cette  nouvelle  force.  Elle  n'essaya  pas  de  la 
soumettre  par  les  armes:  une  seule  fois  des  troupes 
valaques  entrèrent  en  Moldavie  pour  changer  un 
prince  ennemi.  La  région  située  au  Nord  du  Danube, 
appelée  Bessarabie,  parce  qu'elle  avait  appartenu  à  la 
dynastie  de  Basarab,  devint  bientôt  une  terre  mol- 
dave: le  prince  Roman  s'intitulait  en  1392  »  seigneur 
des  montagnes  à  la  Mer  ».  Les  deux  fondations  poli- 
tiques de  la  race  roumaine  coexistèrent  désormais, 
leur  fruiitière  étant  flxée  au  Nord  du  Milcov  et  du  dis- 
trict de  l'utna.  puis  sur  le  Séreth  inférieur. 

La  .Moldavie,  de  fondation  plus  récente,  atteignit 


78  MUTOOtB    DM   JtOVMAlHS 

beaucoup  ptat  rapidement  «es  frontières  luili 
»ur  le  Pnkirter  et  le  Dtiuriie:  «a  Kilt  -uHfre 

lut  permit  de  réaHaer  (plas  <<*>>  on-  .un>i<v 

un  développciiient  prosptee. 

Les    Carpathes   «or  lesqiii-ls  it-    la  Valaciiie 

«ont  traversés  par  un  gnmd  nu.i.i . .  de  déAJ^  d'un 
accès  plutAt  facile:  les  rois  de  Hongrie,  avec  les  for- 
tercaaca  ^pi'iis  y  avaient  élevées,  étaient  les  UMdtres  dn 
pataage  depuis  Landskrone  jusqu'à  la  vallée  supé- 
rieure de  Buzau.  Après  eux,  vinrent  les  snccesseors 
de  €h«rles-Robert  et  fh   ~  Sigtemond* 

<|tti  parut  en  Valurhie  (  >   :  ^      ice  légitteie 

et  comme  ennemi  des  usurpateurs  envo>'és  par  le  Sul- 
tan, en  1304,  contre  l'intrus  Vlad,  <  '  '  '"  ilre 
Radu-le-Cfaauve,  autre  client  des  Tu  pin 
rintervention,  en  1420,  du  Voévodc  de  Transylvanie 
<i  mina  par  une  '  "  .  Plus  tard  Jean 
I  }»rand  guerriei  n  qui  fixa  les  des- 
tinées de  la  Hongrie,  put  intervenir  à  son  ^é  dans  les 
afTaires  de  la  Valachic  qu'il  aymii  soi  '  ^  sa  tutelle 
beaucoup  plus  que  l'autre  priMoipab  us  la  suite 
encore,  cette  Transylvanie  décida  du  sort  de  la  Vala- 
cbie  voisine,  bien  qu'une  invasion  valaque  au-delà  des 
montagnes  fût  encore  plus  facile  pour  tout  Véovode 
entreprenant;  tel  ce  Vlad  Dracul  qui,  en  1438,  guidait 
les  troupes  du  Sultan,  son  maître:  tels  encore  les  suc- 
cesseurs de  Vlad  au  XVI*  siècle,  jusqu'il  MirheMe- 
Hrave,  qui  y  pénétraient  seulement  pour  inler>*enir 
dans  les  querelles  intérieures  de  cette  province,  ou 
même  dans  le  but  de  poursuivre  instinctivement  les 
buts  supérieurs  de  leur  race.  Mais  le  grand  danger 
ne  pouvait  pas  venir  de  ce  c<Mé,  car  la  royauté 
hongroise,  qui  avait  d'abord  représenté  la  foi  catho- 
lique et  l'impérial i«nne  occidental  en  Orien,  puis 
«ontinui'  les  traditions  de  la  féodalité  française,  en 
était  arrivée,  avec  Sigismond,  le  pompeux  César  germa- 


VIB  POUTIQUB  HBS  iMvinuxs  79 

nique,  à  servir  uniqneraeni  «ne  ainbitioii  penameHe, 
qui  n'était  p9n  même  celle  d'une  dynastie.  Lor8i|iie, 
après  la  mort  préniaturée  d'Aibert  (!'  '  he.  genéM 

de  Sigisniond.  uprè»  la  ratastxx>plic  •<  la.  où  Vla- 

dislas  Jagellon,  roi  de  Hon^e  et  de  Fologoe,  SMe- 
coniba  «ous  les  covps  des  Turcs  victorieux,  Hnnysdy, 
le  N'oévodr  trans3rHaiE,  comte  des  Ssekier,  gouver- 
neur du  royaume,  capitaine  de  croisade,  prit  dans  sa 
main  gantée  de  fer  la  ooadnite  des  affaires,  il  apparut 
non  cmiime  le  manésdalre  d'une  Hongrie  moderne 
avide  de  territoire,  mais  bien  comme  le  chef  illustre 
et  puissant  d'une  confédéraiion  chrétienne.  Dans 
cette  confédération,  à  cAté  au  despote  serbe  Georges 
Brancovitch.  Le  plus  sou>'ent  perfide  ou  rebelle,  les 
princes  du  Danulie  et  des  Carpatbes  louèrent  le  pre- 
mier rôle:  ils  n'avaient  d'aillMMV  qm'k  se  prései^er, 
au  moment  de  toute  nouvelle  entreprise  contre  le  Sul- 
tan, ù  la  tète  de  leurs  chevaliers,  de  leurs  boiars,  de 
leurs  genéwrmfs  mercenaires  et  de  leurs  pa>'sans  U- 

...s  défilés  moldaves  sont  beaucoup  moins  nom- 
breux  et  ils  étaient  seMÉbleaMat  plus  difficiles  à  tra- 
^  •'  époque  oà  une  partie  da  pa3r8  des  Scak- 

i'    .  lendne  de  «  deux  comtés  entiers  »,  selon 

une  déclaration  efSeMIe  de  rAutrlcfae  qui  l'a  usurpée, 
app;<  û  la  priaclpaalé.  Après  les  efforts  laila 

par  I  ouis  lui-mêaM  po«r  rétablir  son  aatorUé 

dans  la  région  de  Raia.  il  n'y  eut  qu'une  seule  grande 

rMmvei  Btat:  celle  dn 

ê  le  Sérelb,  s'avança 

jusqu'à    Hftriau.    une   des    résidences    du    Voéwode 

T'  1  de  Jaavy.  et  lai  imposa  an  traité  de 

il  avidt  éU  maintenu,  aarait  créé  «se 

)   nouvelle  au  puys.  Si  Hunyady  eot  sur  la 

-      ne  InfltteMoe  délarminaais  qae  snr  la 

.  si  des  frtnaes  «MBDe  Bogdan  H, 


80  HISTOtRB    DBS    ROUMAINS 

comme  Pierre  Aaron.  vert  le  milieu  du  XV*  tiède, 
conclurent  des  conventions  qui  en  faisaient  ses  bons 
amis  et  ses  dépendants,  si  Chilia.  la  nouvelle  forte- 
resse moldave  en  face  de  Llcostomo  en  décadence,  lui 
fut  cédée  personnellement,  pour  ainsi  dire,  dans  le 
but  d'y  faire  un  point  d'appui  de  la  croisade,  elle 
n'exerça  pas  cette  influence  d'une  manière  aussi  im- 
périeuse que  dans  l'autre  principauté,  où  le  pr'  *":ld 
Dracul.    homme    d'une    grande    énergie    (<  ^  it, 

qui  avait  pris  part  à  la  bataille  de  Varna  aux  côtés  des 
chrétiens,  fut  pris  à  l'improviste  par  le  gouverneur 
de  la  Hongrie  et  tué,  de  même  que  son  fils  aîné,  sur 
sa  propre  terre  valaque. 

En  fait,  les  prétentions  féodales  du  roi  Louis 
avaient  passé  à  la  Pologne,  héritière  de  ses  droits  en 
Galicie.  Ce  fut,  en  effet,  en  cette  qualité  que  Jagellon  le 
païen,  devenu,  sous  le  nom  de  Vladislav,  «  roi  de  Po- 
logne et  de  Hongrie  »,  formula  des  projets  de  suze- 
raineté sur  la  Moldavie;  il  cherchait  en  même  temps 
à  conclure  avec  la  Valachie  du  prince  Mircea,  neveu 
de  Laîco,  des  traités  dirigés  contre  son  concurrent, 
comme  celui  qui  fut  conclu,  par  la  médiation  du  Mol- 
dave Pierre,  en  1389.  Roman,  successeur  de  Pierre, 
disparut  après  la  bataille  de  la  Worskla,  où  les  trou- 
pes de  Jagellon  affrontèrent^  celles  de  son  cousin  li- 
thuanien Witold,  qui  voulut,  pendant  une  trentaine 
d'années,  être  le  roi  d'un  nouvel  Etat  indépendant. 
Pendant  le  long  règne  d'AIexandre-le-Bon,  fils  et 
deuxième  successeur  de  Roman,  ce  fut  le  souci  det 
territoires  pocutiens  qui  domina  les  relations  entre 
Vladislav  et  son  voisin  moldave.  Alexandre  se  pré- 
senta même  devant  le  roi  dans  cette  Pocutic  sur  la- 
quelle il  voulait  affirmer  ainsi  encore  une  fois  set 
droits  dérivant  de  l'ancien  «  emprunt  »  :  après  la  mort 
de  la  princesse  Anne,  cette  cousine  lithuanienne  de 
son  allié  et  «  suzerain  »,  il  épousa  Ryngalla  pour  la- 


VIE  POLITIQUE  DBS   ROUMAINS  81 

quelle  il  fit  bâtir  l'église  catholique  de  Baia.  sans  pou- 
voir cependant  s'attacher  l'àme  revéche  de  son  épouse 
royale,  dont  il  dut  se  séparer  en  lui  créant  un  riche 
douaire.  Des  Moldaves  prirent  part  à  Marienburg,  en 
1422.  à  la  guerre  des  Polonais  contre  les  chevaliers  de 
l'ordre  teti  dont  la  pr^  que  leur  in- 

terdisait 1  1  •  la  mer;  la  ,  de  la  Pocu- 

tie  avait  été  solennellement  confirmée  au  prince  mol- 
dave, par  un  nouveau  traité,  <î       '"      née  1411. 

Peu  de  temps  après  avoir  m  l-  but  dernier  de 

ses  efforts,  Alexandre  prit  solennellement  le  titre 
d*  «  ail'  »  que  déjà  on  rencontre  dans  les  actes 

de  son  ,  >ur  un  parement  d'église,  autour  de  son 

portrait  et  de  celui  de  sa  femme,  Marina,  on  lit  une 
inscription  '     de  cet  «  autocrate  •>  et 

de  r  •<  aul  .Le  mariage  avec  Ryn- 

galla  avait  été  rompu,  et  le  nouveau  Siège  catholique 
de  Baia  déchut  aussi  rapidement  que  l'ancien  évèrhr 
de  Séreth.  Suivant  les  traditions  de  son  père,  l'anc  i  a 
ami  des  Lithuaniens.  Alexandre,  soutint  Swidrigaillo, 
le  successeur  de  Witold.  en  pleine  guerre  contre  la 
Pologne.  La  Pocutie.  qu'on  lui  disputait  encore,  fut 
conquise  les  armes  à  la  main,  quelques  mois  avant  la 
mort  du  grand  organisateur  de  la  Moldavie,  en  1432. 
Le  conflit  qui  éclata  dès  la  mort  du  vieillard  (1433) 
entre  son  fils  légitime,  associé  au  gouvernement  et 
marié  à  une  sœur  de  la  nouvelle  reine  de  Pologne, 
Elie.  et  un  autre  fils,  capable  de  toutes  les  surprises 
et  de  tous  '  permit  à  la  Pc! 

regagner  jj....     j-  .es  tout  ce  qu'el..   .  . .:.L 

perdu.  Avant  de  s>  ^er,  en  1435,  les  revenus  de 

la  !  ta  cependant  unie  sous  le  rap- 

p<>'     ,  I  •  lui-même»  puis  Elie  aussi  m- 

criflèrent  la  Pocutie  d'abord,  et  ensuite  le  territoire 
du  Szepenic.  qui  ne  fut  cependant  Jamais  occupé  par 
les  armées  royales;  l'obligation  de  fournir  le  secours 


82  HISTOOIC    00    nOt'MJUNS 


militaire  fut  élargie,  et  la  Moldaivle  pmym  pour  la  pre- 
mièrp  fois  un  tribut  à  In  tatnre.  composé  de  bœuft,  de 
chevaux*  de  pièces  de  drap  d'Orient  et  d'esturgeons 
pris  ÛÊMM  le»  pèeherkt  danubiennes  de  Chilia.  Plus 
tard»  on  eapéra  ponnir  employer  le»  f\\%  de  la  PoUk- 
nalse  Binrinka,  B»nMui  11  et  Alwandre  II,  pour  anneacr 
au  roTaunie  Cetatea-Aiba  et  le  Danube  inférienr;  une 
ariiiéo  polonaiae  entra    >  "••igdan.  (Us 

du  vieil  Alexandre  et  ]';  .      y  qui  vou- 

lait usurper  les  itroits  d'Alexandre:  mais  l'armée 
royale  fut  écrasée  dans  les  forêts  de  Vasluiu,  à  Cra»na. 
Bogdan  lui-mérae  ayant  été  assassiné  par  son  propre 
frère.  Pierre  Aaron,  qui  lui  succéda*  l'usurpateur 
il)   Il  '  ■  'UvA  la  bannière  moMr        'n  côté  de  la 

.1  a  Pologne  en  mêni-  ,  -,   sans  ou- 

blier, bien  entendu,  le  premier  tribut  payé,  en  144â« 
au  Sultan  des  Turcs,  devenu  maître  de  la  mer  Noire. 

Les  Roumains  et  les  Turcs.  —  Ce  serait  une  pro- 
fonde erreur  historique  de  croire  que  le»  Turcs  Os- 
manlis,  les  bandes  d'Ourkhan,  l'émir  de  Brousse  et 
ses  fils,  Soliman  et  Mourad,  aient  paru  en  Europe 
comme  une  horde  farouche,  animée  de  l'esprit  de 
conquêtes  et  résolue  à  fonder,  sur  les  ruines  des  éta- 
blissements chrétiens  de  la  péninsule  des  Balcans,  un 
nouvel  éta  t  islamique.  Anciens  auxiliaires  de  By- 
zaacc.  tout  aussi  barbares,  sans  doute,  dans  leur  ma- 
nière (le  pratiquer  la  guerre,  que  n'importe  quelle 
bande  bulgare  de  l'époque,  ils  commencèrent  par  oc- 
cuper les  points  qui  leur  permettaient  de  rançonner 
les  caravanes;  ce  sont  les  ci  "ms  tard 

les  amenèrent  à  tmnafonnr  ibUsse- 

ments  en  une  organisation  politique,  «  seigneurie  ». 
«  ronyaume  »,  pais  «  empire  »  oài  les  Bomes  de 
Gengis  s'associaient  aox  souvenir»  reamlna  de  By- 
zanre. 


VIE  POUTIQIIE  OB8   AOCMAINS  g3 

A   une  époque   où   Vemac   caressait  son   exceUent 

ami  "  l'enipereur  des  Turc»  ».  Mourad,  les  dynasties 
des   Bal.  uviÉeflfc  va»  mttmnMn  Bon  pH» 

comiuc  ;  inMBttfUat  de  eet  novreaox  voi- 

sios,   contre    lesquels   Us   défendaient    la   civilisation 
>  '      '    a  ne.  Bien  au  contraire,  tout  le  monde  recher- 
.ir  alliance  et  leur  concours:  en  Asie,  le»  prin- 
cesses impériales  de  Trébizonde  ne  dédaignaient  pas 
rtre  les  »  katouns  •»  en  titre  (!        '    "^h  turcs  du  voi- 
i;4c;  de  même  deux  filles  li  ur   furent   raa- 

lu-cs  au  XIV*  siècle  à  des  membres  de  la  famille  d'Os- 
iiiau.  en  attendant  que  les  Tzars  de  Trnovo  et  même. 
plus  tard,  les  successeurs  des  empereurs  serbes, 
nouassent  des  relations  de  famille  semblables  avec  le» 
Sultans  de  l'invasion. 

Les  premiers  combats  contre  les  Turcs,  livrés  par 

les  princes  latins  des  Balcans,  que  soutenait  le  Pape. 

ou  pur  les  successeurs  de  Douchan  en  Macédoine,  ont 

un   caractère   local:    il    s'agit   seulement  de   défendre 

iice  de  telle  ou  jîion   au  caractère 

1 le   le   nouvel    iui, .me   qui    surgissait 

à  l'horizon.  On  sait  maintenant  que  les  Roumains  qui 
la  bataille  de  la  Maritza  (1371)  étaient 

...  ><»alle,  vivant  sous  rautorilé  de  princes 

grecs.  Si  Laîco,  Voévode  de  Valachie,  s'établit  à  Nico- 

s.\  La  croisade 
(j  is  échoua»  et  il 

n'eut  pa»  l'honneur,  dont  il  rêvait,  de  chaseer  des 
T"    '  "  mi   de   lu    ''     '        '   1  ■   .'     '      '"kIs- 

(  'ij   les   S«  -.à 

celui  de  Cossovo  (13â9),  où  le  roi  Lazare,  vaincu,  suc- 
comba, emportant  dans  '  '  i  '  .le 
sultan  Mouratl.  une  pi<  pas 
prouvée  par  les  sources,  de  même  qu'il  n'y  eut  pas  non 
:  '  î  '  rik'ipation  li  e.  Le  nouveau  prince, 
de  Hudu  et            .le  Laîco.  avait  à  peine 


84  HISTOinR    DRS    ROUMAINS 

occupé  son  siège  valaque.  en  remplacement  d'un  frère 
mort  chez  les  Bulgares,  Dan.  I^  Tzarat  de  Trnovo  suc- 
comba sans  bataille,  en  1393;  l'une  après  l'autre  les 
places  accueillirent  len  garnisons  turques,  et  les  chré- 
tiens (le  In  rive  guuche  n'intervinrent  pat  dans  un 
conllit  où  l'Orient  orthodoxe  ne  pressentait  pas  le 
commencement  d'une  nouvelle  ère  pour  le  monde  en- 
tier. 

Ce  qui  intéressait  à  ce  moment  les  Valaqucs,  c'était 
la  succession  de  la  Hongrie,  visitée  par  les  bandes 
turques  dès  1391.  Mircea  se  fit  donner  par  Vladi^^'  ; 
Jagellon  un  accroissement  de  son  fief  transylvain,  ca 
tenant  les  villages  roumains  près  de  Sibiiu,  qui  avaient 
pour  centre  Anilas;  dans  le  traité  avec  le  second  gen- 
dre du  roi  Louis,  pas  un  mot  ne  concerne  la  défense 
chrétienne.  Il  se  trouva  même  des  boïars  valaques, 
m»'  's  de   Mircea,  pour  appeler  dans  leur  pays 

le  il  Sultan  Baïézid;  le  prince  qui  fut  imposé 

par  les  Turcs  en  1394,  malgré  leur  défaite  de  Rovine, 
dans  les  marécages  du  Danube,  Vlad,  parait  avoir  été 
un  lils  naturel  de  Laïco. 

Cette  extension  de  la  puissance  ottomane  réveilla  la 
conscience  chrétienne,  chez  les  Hongrois  aussi  bien 
que  chez  les  Roumains  de  Valachie,  que  menaçait  le 
môme  danger.  Sigismond,  qui  avait  déjà  envahi  la 
Moldavie  pour  punir  le  prince  Etienne,  vassal  de  Ja- 
gellon et  ami  des  Turcs,  accueillit  à  Kronstadt-Brasov 
Mircea  et  les  restes  de  son  armée;  dans  le  traité  conclu 
entre  les  deux  princes,  aucune  mention  ne  fut  faite 
de  l'hommage  que  les  Angevins  avaient  cherché  à  im- 
poser aux  Voévodes  d'Arges,  Jeurs  contemporains. 
Apres  cette  franche  alliance  de  croisade,  les  troupes 
royales  descendirent  la  vallée  de  l'Oit  pour  chasser 
Vlad  et  ses  protecteurs  païens;  mais  au  retour,  elles 
furent  surprises,  comme  leurs  prédécesseurs  à  Posada, 
par  les  paysans  des  montagnes,  et  décimées. 


VIE  POUTIQVE  DES   ROUMAINS  85 

Sur\'int  la  bataille  de  Nicopolis,  où  la  chevalerie 
féodale  subit  une  rorinidable  défaite  (septembre  1396) 
et  pendant  des  heures  les  soldats  de  Baïézid.  janissai- 
res et  spahis,  s'en  donnèrent  à  cœur  joie  en  mas5va- 
crant  des  prisonniers  qui  appartenaient  aux  meilleu- 
res Maisons  de  France  et  d'Allemagne.  Mircea  s'était 
enfui,  et  la  barque  qui  emportait  Sigismond  désespéré 
avait  disparu  sur  le  cours  du  ileuve  encombré  de  cada- 
vres: les  fuyards  furent  dépouillés  sur  la  rive  gau- 
che par  les  gens  de  Vlad,  resté  au  pouvoir,  pour  résis- 
ter jusqu'en  1397  aux  efforts  de  Stibor,  Voévode  de 
Transylvanie,  qui  finit  bien  par  se  rendre  maître  de 
&a  personne.  Une  revanche  turque  ensanglanta  encore 
un  nne  valaque,  après  que  le  prince  légitim'- 

eût  i  par  les  armes  de  son  allié;  mais  MirctM 

réussit  à  se  nraintenir  sur  cette  ligne  danubienne,  où 
il  avait   fortiné  le  gué  important  qu'est  (liurgiu. 

Baïézid  lui-même  fut  cependant  vaincu  à  Angora 
(1402),  par  les  troupes  turques  fraîches,  d'un  carac- 
tèr     ■      '  '  I  !     son  rival  sn 

le  .  liage  devait  - 

tagé.  dans  de  longues  querelles,  par  ses  fils.  Soliman 
et  Mousa  se  ^r  '  rent  l'Europe  avant  l'apparition 
de  leur  frère  cd   1".  Sultan  d'Asie,  qui   allait 

rétablir  l'unité  de  l'Etat  ottoman.  Comme  le  roi  Sigis- 
mond.  devenu  bientôt  empereur  d'Occident,  avait  à 
cette  époque  d'autres  soucis,  et  comme  ces  Infidèles 
ne  l'intéressaient  qu'au  moment  précis  où  ils  étaient 
capables  d'envahir  son  royaume.  Mircea.  qui  était 
resté  seul  au  milieu  des  discordes  d'nutre-Danube. 
ch  I   jouer   un   rôle,   en   em  '    l'un  contre 

l'a.-  .-  .ji  frères  ennemis.  Ayant .c  Mousa.  qui 

était  aussi  le  bon  ami  du  despote  serbe  Etienne,  héri- 
tier de  Lazare,  les  Serbes  de  Marc  Kraliévitsch  avaient 
participé,  du  reste,  dans  les  rangs  musulmans  à  cette 
bataille  de  Rovtne,  après  laquelle  le  héros  de  la  lé- 


M  HISTOIRK    DKS    ROUIIAIXS 

gende  serbe   fut  trouvé  parmi  len   mort»;   le  prince 
vainque  s'entendit  avec  lui  au  moment  <lc  hi 
commune  pour  en  obtenir  ù  titre  de  iief  les  t   _     .. 
ses  de  la  rive  droite,  en  commençant  par  Silistrie.  Il 
appliquait  ain^i  au  Sud,  envers  ce  jeune  Tur< 
formé  par  le  milieu  bnknnique,  le  syntème  <i       .   <  ^ 
sion  que  Laïco  avait  appliqué  aux  ambitions   suze- 
raines du  roi  Ix)uis  et  qu'il  avait  poursuivi  lu 
à  regard  de  Jagellon  comme  héritier  de  la   1  ' 
L'héritage  de   Dobrotitsch,   despote  byzantin,    n'était 
pas  revenu  à  son  fils,  avec  lequel  les  Génois  conrlur- nt 
un  traité,  car  ce  fils,  Ivanco,  n'avait  pas  été  créé  li   - 
pote  lui  aussi,  pour  avoir  de  cette  manière  la  légitima- 
tion de  ses  droits,  mais  bien  au  voisin  valaque,  qui. 
fils  de  la  princesse  grecque  Kallinikia,  avait  obtenu  ce 
titre  d'alliance  impériale,  brigué  par  les  seigneurs  ser- 
bes et  bulgares  et  jusqu'au  prince  latin  des  lies  de 
l'Archipel. 

Mais  les  nécessités  territoriales,  les  conditions  im- 
posées par  l'existence  d'une  assiette  géographique  uni- 
taire, strictement  définie,  pour  4e  développement  de 
la  vie  politique  roumaine,  empêchèrent  de  nouveau 
cette  expansion  vers  le  Sud  qui  paraissait  renouveler 
l'époque  de  Boirébista.  Si  la  Dobroudscha.  jadis  réu- 
nie, ainsi  que  nous  l'avons  déjà  observé,  à  la  rive  gau- 
che et  ne  formant,  même  après  le  changement  du 
cours  du  Danube,  qu'une  région  danubienne  pour 
l'expansion  de  la  race  roumaine,  en  tant  qu'elle  n'é- 
tait pas  pour  les  (îrecs  en  décadence  une  région  mari- 
time, pouvait  et  devait  rester  sous  l'influence  de  la 
Valachie  jusqu'à  la  prochaine  conquête  définitive  par 
les  Turcs,  ces  villes  de  la  rive  droite  ne  pouvaient  pas 
être  défendues  contre  un  retour  offensif  des  Ottomans, 
momentanément  pacifiés  par  l'amitié  de  Mousa.  I>ès 
1413  ce  Sultan  succomba  dans  une  bataille  contre  son 
frère  cadet,  l'Asiatique,  et,  bien  que  Mircea  eut  sou- 


VIE   POIJTIOIE   DES    ROIMAINS  87 

\e\v    au^  s    prt-tendanls    d'un-  dou- 

teuse, il  î!  it  pas  à  défendre,  non  ^  it  cette 

Dobroudsclia.  mais  aussi  la  citadelle  môme  de  Giurgiu. 
dont  la  <  '  '      ,   lui  avait  coûté  de     "  'Is  sa- 

crifices; .  fois,  la  «  Tour  •     i  .     de  la 

Petite-Nicopolis,  sur  la  rive  gauche,  fut  occupée  par 
1(     ■  •  '      ■    '        du  Banat  de  Severin,  que 

S  x'nt  abandonnés  en   1406. 

à  ce  \'orsin  qui  consentait  à  faire  la  garde  du  fleuve 
pour  la  Hongrie  elle-nit^me  et  la  chrétienté  occiden- 
tale entière,  se  présentèrent  devant  le  Sultan  pour 
faire  leur  soumission.  Il  parait  bien  que  Mircea  dut 
subir  le  même  sort  que.  une  vingtaine  d'années  aupa- 
ravant, les  empereurs  de  Byzance:  il  paya  le  tribut  cl 
donna  son  fils  comme  otage  à  ce  suzerain  musulman, 
gagné  déjà  aux  notions  féo<Iales  de  la  chrétienté. 

Au  cours  des  querelles  pour  le  trône  qui  précédèrent 
en  Valachie  celles  qui  allaient  déchirer  la  Moldavie 
«près  la  mort  d*Alexandre-le-Bon.  vrai  pendant  dans 

«*tte  autre  principauté  roumaine  de  Mircea  en  ce  qui 
<'  s'il  y  eut   les  inter- 

^  .  .      s  que  nous  avons  déjà 

xpliquées  dans  leurs  motifs,  on  a  cependant  une  con- 
ti  "         ••  des  Turcs,  qui  di''  it   mainte- 

r  lés  danubiens.  Si  R;<  liauve  fut 

un  nouveau  V4ad.  Dan  II,  vainqueur  de  Michel,  fils 
de  Mircea,  et  adversaire  acharné  du  pupille  des  Otto- 
mans, reprit,  par  tes  altaques  contre  Giurgiu,  contre 
SilistHe,  la  mlMion  de  défenseur  du  fleuve  qu'avait 
ren^ptie  son  oncle,  réunissant  se»  efforts,  souvent  heo- 
rtMi\,  à  ceux  de  ce  Florentin.  Fllippo  Scolari  (Pippo 
^ano,  «  le  comte  Pip|>o  «).  auquel  Sigismond,  tou- 
jours occupé  ailleurs,  avait  confié  la  garde  du  Ranat 
de  Tcmeschwar.  A  un  certain  monent.  du  reste,  après 
la  mort  de  l>an,  SIgiiwond,  q«i  avait  penaé.  dès  1412, 
il  an<>  crruruip  c reliée  sur  î^  n^nube,  gagaant  à  celte 


88  HISTOIRE    DES    ROUMAINS 

idée  son  ancien  rival  polonais  et  menaçant  le  Moldave 
Alexandre  d'un  partage  de  sa  principauté  s'il  ne  con- 
sentait pas  ù  réunir  ses  troupes  à  celles  de  ses  voi* 
sins  chrétiens,  appelait  en  Transylvanie  de  même 
qu'à  Severin,  les  Chevaliers  Teutons  du  «  Ran  »  Klaus 
de  Redwitz.  auxquels  il  voulait  donner  aussi  le  chik- 
teau  de  Chilin  et  les  embouchures  du  fleuve. 

Sigismond  avait  imposé  cependant,  dès  1432,  contre 
le  prince  Aldea-Alexandre,  premier  successeur,  favo- 
rable aux  Turcs,  de  Dan.  un  commensal  de  ses  sé- 
jours en  Occident,  ce  Vlad  Dracul  ou  Draculea,  qu'on 
rencontre  dans  sa  suite  à  Nuremberg.  Mais  la  Hongrie, 
simple  instrument  pour  l'ambition  toujours  avide  de 
nouvelles  pompes  du  Roi  et  Empereur,  ne  pouvait  pas 
soutenir  ce  prince,  destiné  à  continuer  sur  le  Danube 
l'œuvre  de  Slircea,  son  père,  et  de  son  cousin  Dan. 
Chassé  deux  fois  par  les  'Turcs,  qui  se  servaient  contre 
lui  du  fantôme  d'Alexandre,  emmené  même,  parait-il, 
avec  ses  deux  fils,  par  les  vainqueurs,  qui  l'auraient 
enfermé  dans  le  château  de  Gallipoli,  il  revint  comme 
vassal  du  Sultan,  qu'il  guida,  en  1438,  à  travers  la 
Transylvanie.  L'initiative  de  Hunyady  réussit  néan- 
moins à  le  ramener  à  ses  premières  intentions  guer- 
rières, qui  étaient,  sans  doute,  dans  son  caractère 
même,  et  sur  maints  champs  de  bataille  Vlad  suivit  les 
drapeaux  du  héros  qui  était,  malgré  son  changement 
de  religion  et  son  assiqiilation  ù  la  noblesse  catholi- 
que de  la  Hongrie,  le  plus  grand  représentant  de  sa 
race.  Et,  lorsque,  ayant  trompé  la  confiance  du  capi- 
taine de  la  croisade  permanente,  il  perdit  en  même 
temps  (1446)  le  trône  et  la  vie,  pour  faire  place  à  un 
successeur  de  faibles  moyens,  V'iadislav,  fils  de  Dan, 
Hunyady  reconnut  plus  tard  son  erreur,  car  il  avait 
maintenant  un  paisible  vassal  ù  la  place  d'un  auxi- 
liaire énergique,  soldat  de  naissance.  Il  la  répara  plus 
tard  en  faisant  succéder  à  cette  ombre  soumise,  l'ini- 


FORMATION    DB    LA    CIVIU8ATION     ROUMAINE  89 

tiative  toujours  aux  aguets,  l'avidité  d'aventures  et 
la  soif  de  sang  du  fils  homonyme  de  Vlad.  qui.  élève 
des  Turcs,  précurseur  d'Ivan-le-Terrible  et  pendant 
plus  cruel  et  plus  brave  de  Louis  XI.  est  connu  dans 
l'histoire  comme  Tepcs,  1'  «  Empaleur  »  (1456). 

A  ce  moment  même.  Jean  Hunyady.  qui  avait  réussi 
à  sauver  Belgrade,  •<  porte  de  la  Hongrie  ».  contre  les 
fori'  s  assauts  du  grand  Sultan  Mohammed  II. 

suce  .  .  .  dans  le  camp  à  ses  fatigues,  et  son  rôle 
qui  était  de  défendre  la  civilisation  chrétienne,  reve- 
nait, n"  t  à  un  autre  Roi  is  aussi 
à  un  R(M  ..  'i»nt  par  droit  d<  sur  des 
Roumains,  au  flis  de  Bogdan  II,  au  petit-fils  d'Alezan- 
dre-le-Bon.  Etienne-le-Grand.  qui,  avec  le  secours  de 
Vlad.  était  rentré  dans  son  héritage  moldave. 


CHAPITRE  Vï 

Formation  de  la  civilisation  roumaine 

au   milieu    des    Principautés    indépendantes 

aux  XV*  et  XVI*  Siècles 


C'  NS     l'"l  ITIQl'KS     GKNt  i'  ,!  i  n      \      i     ,\  ■  \i  MUNT 

d'K  1  it-(iu\M).  —  II  ne  jii(U\.ui   ^l.l^   \    .i\iiir  de 

moment  plus  favorable  pour  le  début  d'un  règne  des- 
tiné à  établir  l'indépendance  po'  '  ;  de  la  race  rou- 
maine que  l'année  1457.  où  o>  a  de  régner,  à 
l'âge  de  vingt  ans.  un  jeune  prince  qui  devait,  pen- 
dant près  d'un  demi-siècle,  développer  ses  qualités 
exceptionnelles  de  bravoure  endurante  et  de  sagease 
politique. 


90 


I  >i  -»      mu 


La  Hongrie  méclk^valf,  celle  des  Arpadiens,  aux  Ins- 
tincts hnrt)areK  de  ronqui'le,  celle  des  Angevins  au 
faste  féodal,  celle  de  Jean  Hunyady,  qu'animait  l'es- 
prit des  Croisades,  allait  finir  au  contact  de  la  puis- 
siince  turque,  si  moderne  par  son  caractère  nettement 
national  et  militaire,  par  le  pouvoir  absolu  de  ses 
chefs,  par  leur  tendance  à  donner  au  nouvel  Ktat,  au 
lieu  des  bornes  vagues  d'une  intluence,  les  contours 
précis  des  frontières  naturelles.  Le  roi  au  service  du- 
quel le  héros  de  Belgrade  avait  dépensé  ses  elTorts,  le 
faible  enfant  posthume  qui  était  Ladislas,  iils  d'Albert 
d'Autriche  et  petit-llls,  par  sa  mère,  du  vaniteux  Si- 
gismond.  allait  finir  bientôt  ses  jours  sans  avoir  mar- 
que par  des  actions  personnelles  un  assez  long  pas- 
sage sur  le  trône.  Son  successeur  Mathias.  qui  était 
fils  cadet  de  Jean  Hunyady,  eut  toujours  devant  ses 
yeux  le  fantôme  brillant  de  l'empereur  et  roi,  dont  il 
suivit  si  souvent  les  traces;  il  dut  comprendre  cepen- 
dant, par  ses  instincts  réalistes  de  Roumain,  par  l'o- 
rientation fatale  au  milieu  de  son  époque,  et  non 
moins  par  son  contact  intime  et  varié  avec  ce  monde 
de  la  Renaissance  italienne  qui  lui  donna  aussi  sa 
seconde  femme,  Béatrix  de  Naples,  les  caractères  dis- 
tinclifs  d'une  nouvelle  ère.  Posséder  la  terre,  l'argent, 
les  ressorts  de  la  diplomatie  avaient  pour  lui  plus  de 
valeur  que  les  avantages  purement  formels  de  l'hom- 
mage traditionnel. 

La  Pologne  du  roi  Casimir  vivait  beaucoup  plus 
dans  les  souvenirs  du  moyen  âge.  Le  petit-fils  de  Ja- 
gellon,  tenait  plutôt  aux  cérémonies  brillantes  dans 
lesquelles  il  pouvait  apparaître  comme  le  suzerain  qui 
commande  et  conduit:  sa  vanité,  lente  à  déterminer 
des  efforts  efficaces,  n'était  qu'un  des  éléments  d'une 
mentalité  arriérée,  tenant  à  l'ancien  régime  de  l'auto- 
rité qui  dépasse  toutes  les  conditions  données  de  la 
terre  et  de  l'époque.  Mais  déjà  des  aventuriers  italiens 


PORMATIOK    DB    LA    anUSATION     ROUM4IMB  91 

venaient  apporter  dans  l'Orient  latin  des  idées  non- 
\s:  un  d'entre  eux.  Filippo  Buonaocorsi  Callima- 
4  ..us  devait  avoir  une  influence  décisive  sur  l'esprit 
du  fils  aine  et  futur  suocessear  de  Casimir.  Jean-Al- 
bert. Il  ne  faut  surtout  pas  oublier  la  leçon  de  réalisme 
que  donnait  à  tous  ces  imitateurs  du  passé  la  conquête 
turque,  fondée  sur  des  bases  inébranlables.  Pour  la 
ne  d'une  Pologne  qui  n'avait  encore  ni  ar- 
.      or,  ni  chef  généralement  reconnu,  il  était 
nécessaire  de  confier  la  garde  du   Danube  inférieur 
de   la   y  '         •;    pour  être   resserrée 
<'res  plus  s.  cette  puissance  n'en 

était  que  plus  concentrée.  Si  Ton  avait  cru  jadis  pou- 
':  "T  1  î;  !'■  1  I  (jendance  )>olonaise  contre  les  Ot- 
iii  >       I   M  .1    ,>seraent  d'une  garnison  dans  Ceta- 

tea-Alba.  prise  sur  l'héritage  du  faible  Alexandre  II, 
!  Dnquète  de  la  péninsule  des  Balcans  par  Moham- 
.  Il  et  l'apparition  de  la  flotte  turque  dans  la  mer 
Noire  devaient  imposer  au  plus  opiniâtre  des  rêveurs 
la  convie* --i  tîic  seule  une  force  indigène,  intéressée 
en  prenii  ..-  à  défendre  ce  rivage,  déjà  fortifié  par 

le  premier   .\lexandre  contre  les   nouveaux   ennemis, 
pouvait   écarter   le  plus  grand  des  dangers. 

Quant  aux  Turcs  eux-mêmes,  ils  avaient  éprouvé 
;ju  sir^'f  de  Belgrade  leur  première  grande  défaite; 
satisfaits  du  tribut  de  2.000  ducats  de  Hongrie  promis 
par  Pierre  Aaron.  ils  pensaient  plutôt  à  compléter  leur 
I  ique   par   l'annexion   de   la   Bosnie   et   de 

i  ^     .  ic.  encore  libres,  qu'à  entreprendre  quel- 

(|ue  chose  du  côté  du  Danube,  où  ils  avaient  été  vain- 
'    '*  pour  leur  faire  changer  de  direction  les 
j  s  du  prince  Vlad.  qui.  allié  de  Mathias  et 

époux  d'une  parente  du  roi  de  Hongrie,  se  jeta,  en 
1401.  ;iii  tt  môme  où  POccidei  '     '     !  préoccupé 

par  u(i<-  croisade,  sur  Giurgi  autres  pla- 

ces danubiennes,  massacrant  méthodiquement  les  ha- 


02  HISTOIHK    Dm    ROUMAISS 

bitants.  dont  il  supputait  ensuite  en  bon  comptable  le 
nombre  jiour  en  orner  ses  bulletins  de  victoire.  Seu- 
lement, le  Sultan  lui-m<>me  passa  sur  la  rive  (gauche 
pour  chasser  en  Hongrie  —  mais  non  sans  avoir  subi 
de  graves  pertes,  —  un  prince  féroce,  trahi  par  ses 
boïars  et  tardivement  secouru  par  le  roi,  son  protec- 
teur; il  put  bien  laisser  sur  le  territoire  valaque, 
comme  V'oévode  de  la  paix  et  de  la  soumission,  le  mé- 
prisable Radu-le-Bel,  frère  de  Vlad,  n 
du  harem  de  ses  favoris,  mais  non  pas 
nitivement  un  pays  qui,  sous  ce  faible  maître,  reprit 
dès  le  lemleniain  ses  anciennes  traditions.  .Avant  cette 
campagne  môme  de  1462,  qui  avait  été  plutôt  malheu- 
reuse si  l'on  tient  compte  de  ce  qu'elle  coûta  aux  vain- 
queurs, Etienne  le  Moldave  savait  bien  qu'il  n'avait  à 
craindre  aucune  inimitié  de  la  part  des  Turcs.  Ces 
derniers  étaient,  du  reste,  si  gênés  dans  leur  offensive 
contre  Vlad,  qu'ils  permirent  à  son  voisin  de  «  colla- 
borer »  à  leur  expéilition  contre  Chilia;  il  y  employa 
toute  une  armée,  qui  ne  pouvait  guère  avoir  pour  but 
de  livrer  au  Sultan  la  ville,  une  fois  conquise,  mais 
qui  voulait  rentrer  dans  la  possession  d'une  place 
cédée  si  facilement  par  Pierre  Aaron  à  son  patron,  le 
gouverneur  de  la  Hongrie. 

Activitf'  d'Etiknne  avant  le  conflit  avec  les 
TuKCS.  —  Dans  ces  conditions,  il  s'agissait  en  pre- 
mière ligne  de  régler  la  situation  du  pays  envers  les 
deux  pays  chrétiens  qui  avaient  hérité  des  préten- 
tions féodales  des  Angevins  d'Orient.  Pierre  Aaron  se 
trouvait  en  Pologne;  mais  on  n'osa  pas  le  soutenir. 
Il  en  fut  chassé,  au  contraire,  dès  l'année  1459;  le 
nouveau  prince  moldave  dut  s'engager  à  ne  pas  rede- 
mander la  possession  de  la  citadelle  de  Hotin.  momen- 
tanément occupée  par  les  officiers  du  roi  et  qui  ' 
du  reste,  revenir  bientôt  d'elle-même  à  la  Prin<  , 


♦  FORMATION     DR     LA     CIVIUSATIOX     ROUMAINE  93 

ci      ■••'■'  ni  partie.  Le  tr;r  !e 

au  I    contre  les  «  In 

ce  qui  ne  signifie  pas  les  Turcs,  mais  bien  les  Tatars 
de  la  Crimée,  qui  déjà  sous  les  premier^  --  ^seurs 
d'Alexandre-le-Bon   avaient   envahi   la   M  .   tout 

en  étant  pour  la  Pologne  elle-même  une  perpétuelle 
menace.  En  ce  qui  concerne  l'hommage.  Etienne  se 
déi-lara  prêt  à  suivre  la  coutume  de  ses  prédécesseurs, 
pourvu  que  le  roi  Casimir,  son  suzerain,  se  trouvât  en 
personne  aux  frontières.  Le  roi  ne  tarda  pas,  en  effet, 
à  paraître  en  Russie,  et  l'hommage  fut  prt^té  le  2  mars 
1402;  mais,  en  prince  de  la  nouvelle  épo<{ue.  Etienne 
se  garda  bien  de  renouveler  la  cession  d'Elie  et  de  son 
frère  en  ce  qui  concerne  les  districts  septentrionaux 
de  son  pays;  sans  mentionner  la  Pot'utie.  qui  n'était 
plus  entre  ses  mains,  il  maintint  ses  officiers  aux  gués 
de  Cernauti.  dominant  la  région  qui  s'étend,  dans  la 
Bucovine  "  'à  du  Pruth  supérieur. 

Le  roi  N  ait  avancé,  en  1402,  que  jus- 

qu'aux frontières  de  la  Transylvanie,  invoquant  la 
lettre  d'humilité  par  laquelle  Vlad  cherchait  à  se  faire 
pardonner  ses  méfaits  envers  le  Sultan  pour  excuser 
son  absence.  Trop  faible  pour  empêcher  la  perte  de 
ses  "  pays  vassaux  »  de  Bosnie  et  d'Herzégovine,  il 
échoua,  en  1463  et  1464,  dans  ses  efforts  pour  les  re- 
couvrer bien  qu'il  se  fût  emparé  de  la  capitale.  Jaice. 
et  ne  réussit  jamais  à  créer  un  organisme  durable  sur 
les  ruines  de  l'ancien  royaume.  Lorscfue  Pierre  Aaron 
se  fût  réfugié  chez  les  Szekier.  Etienne  put  pénétrer 
librement  sur  leur  territoire  pour  les  en  punir,  et  dé- 
sormais ses  voisins,  jouissant  d'une  autonomie  guer- 
rière qui  ne  cadrait  plus  avec  les  premiers  besoins 
d'une  royauté  hongroise  absolue  s'étendant  désormais 
à  ce  pays  de  Transylvanie  aussi,  où  chacun  avait  son 
privil««^<'.  furent  des  clients  du  prince  moldave,  prêts 
à  le  suivre  dans  toutes  ses  expéditions.   Après   s'ctre 


04  HISTOIltB    DBS    ROUMAINS 

en  1465,  emparé  de  Chilia  par  un  coup  de  main.  le 
Moldave  eût  voulu  mettre  à  profit  le  mécontentement 
de  ces  privilégiés  transylvains  qui  prrpar:iient  la 
grande  révolte  saxonne  du  comte  de  la  nation,  iloth. 
et  du  Voévode  Jean  de  Sankt-(^îeorg  et  Posing.  pour 
essayer  de  (  r  encore  davantage  sa  si'  ■  ;iu- 

delà  des  m  ...:.i^:.-s.  On  imagine  les  avaii:  ^  ju'il 
eût  retiré  d'une  Transylvanie  indépendante,  même  de 
liie,  à  une  épocjue  où  les  rois  de 
r      _^  «lit  les  princes  roumains  comme  les 

seuls  défenseurs  obligés  et  attitrés  de  la  province  con- 
tre le  danger  turc. 

Aussitôt  après  que  le  roi  eut  étouffé  la  révolte,  il  se 
dirigea  contre  la  Moldavie  complice,  au  mois  de  no- 
vembre de  l'année  1467.  li  n'avait  pas,  sans  doute,  l'in- 
tention d'annexer,  contre  un  ennemi  dont  il  connais- 
sait bien  les  qualités,  un  territoire  si  étendu.  Si  dans 
sa  suite  se  trouvait  le  prétendant  qu'il  comptait  réta- 
blir, car  Pierre  Aaron  n'avait  pas  encore  été  saisi  par 
Etienne  pour  expier  le  meurtre  de  son  frère,  ce  fut 
surtout  une  expédition  de  vengeance,  une  Straferpr' 
dition,  comme  celle  qu'a  renouvelée  tout  dernièrement 
la  barbarie  de  notre  époque;  un  motif  impérieux  de 
gloire  s'ajoutait  d'ailleurs  à  l'autre  pour  ce  prince  qui 
aimait  à  lire  dans  la  belle  prose  de  l'Italien  Bonfinius 
le  récit  de  ses  brillantes  actions. 

Le  pays  entre  les  montagnes  et  le  Séreth  fut  systé- 
matiquement dévasté:  Trotus,  Baoau.  Roman,  qu'a- 
vait fondée  le  premier  prince  de  ce  nom.  furent  incen- 
diées; Suceava,  résidence  du  coupable,  était  le  but  prin- 
cipal de  l'expédition:  mais  il  fallut  s'arrêter,  par  cause 
du  grand  froid  peut-être,  dans  l'ancienne  capitale 
Baia,  que  les  derniers  Saxons  appelaient  encore  la 
«  Stadt  Mulda  ».  C'est  alors  que  l'armée  fut  assaillie 
I  ^  )t  la  nuit  par  les  soldats  d'Htienne:  boïars  et  les 
M  rs,  "  curteni  •»,  qui  formaient  le  corps  perma- 


rORMATIOX     DE    tJk    CIVIU8ATION     ROtMAINR  95 

nent  de  la  «  Cour  ».  «  hànsari  »,  qui  \ivaient  sur  le 
butin  comme  les  «  akindschis  •>  turcs,  paysans  assoif- 
fés de  vengeance  pour  leurs  villages  détruits  et  pour 
la  honte  répandue  dans  leurs  foyers.  Le  massacre  fut 
horrible:  le  roi  lui-même  rapporta  de  cette  catastro- 
pJu'  un»"  profonde  blessure,  une  flèche  s'étant  flchée 
dans  I'.  .  iiw  «le  son  dos  >•,  «lit  la  «hK.niquf  hon- 
groise. 

I^''-  •  f  lit   jMs  ri-j>[i  vt  : 

cher;  ,    (v^u   lif   Iku-Ut    im    :    ;  i 

cacher  la  triste  réalité,  et  l'Occident  offrit  bientôt  à 
1"  Cor\in  »  d  ir  cette 

•  1  en  «  pays  1  aec  un 

ennemi   •«   perfide   ». 

De  son  côté,  Etienne  n  avuit  j»:us  rien  à  réclamer 
du  côté  de  l'Occident  que  la  tète,  qu'il  eut  bientôt,  de 
son  oncle  assassin.  Poursuivant  de  nouveau  les  bats 

j, ...1.. .....  (l'une  p^'-*- moderne,  il  chercha,  tout  en 

I  int  les  r:  .  de  bois  par  de  bonnes  forti- 
fications en  pierres,  mises  sous  le  commandement  de 
ses  burgrnves  (pârcalabi),  à  compléter  sa  frontière  au 
Sud,  du  côté  de  la  Valachie.  Déjà,  son  aïeul  Alexandre 
avait  eu  le  district  de  la  Vrancca,  district  (pic  parcou- 
raient les  pâtres  de  toutes  les  régions  roumaines,  mais 
qui.  d'après  l'ancienne  tradition  des  évéques  cumans 
établis  à  Milcov,  avaient  vécu  sous  l"  des  prin- 
ces valaques.  Pour  arrêter  l'avance  il idaves,  les 

princes  rivaux  élevèrent,  près  de  cette  ancienne  cité 
épisropale.   détruite    >  ^    '       .   la   forteresse  de 

(^raciuna.   et    ils    fon  >  .   probablement   à 

Valenii-de-Nfunte.  le  cours  do  Teleajen,  pour  opposer 
«r  :  e  à  une  ■  i     leurs  voisins. 

,  >ait  avan  .iit   de  ne  pas 

laisser  le  cours  du  Danube  entre  les  mains  des  Turcs, 
r  '  '     '  protégé,  le  beau  Radu.  A 

a  .lUx  bandes  des  Tatars  il 


M  MISTOinS    DBS    ROUMAINS 

tateurn,  qui  ne  se  risquèrent  plus  désormais  que  dans 
la  compagnie  des  Turcs,  le  Voévode  attaqua  le  grand 
port  valaque  de  Braila.  qui  intéressait  aussi  les  Turcs 
par  ses  relations  avec  le  Levant  et  que  défendaient 
peutH>tre  des  auxiliaires  ottomans:  il  s'agissait  de  dé- 
truire  un  centre  commercial  qui  empêchait  le  dévelop- 
pement de  Chilia.  La  ville  fut  brûlée  en  février  1470. 
C'était  juste  le  moment  où,  après  l'insuccès  de  l'ex- 
pédition entreprise  par  Pie  II,  une  nouvelle  croisade 
dont  Venise  avait  besoin  pour  défendre  l'Albanie  con- 
tre le  Sultan,  se  préparait  en  Italie.  En  1470.  des  mesu- 
res furent  prises  pour  former  une  étroite  union  entre 
le  Pape,  Venise  et  le  roi  de  Naples,  avec  le  concours 
du  roi  Matthias.  Au  commencement  de  l'année  suivante, 
la  ligue  fut  proclamée;  elle  comprenait  les  restes  de 
la  domination  latine  et  chrétienne  en  général  dans  les 
Balcans  (1)  et  déjà  l'on  avait  gagné  la  fille  du  Rasileus 
détrôné  de  Trébizonde,  devenue  la  femme  chrétienne 
d'Ouzoun-Hassan,    le    Khan    turcoman    de    la    Perse, 
qui,  se  rappelant  peut-être  le  grand  Gengis,  voulait 
certainement  reprendre   contre   les  Ottomans   le  rôle 
de  Timour.  Les   relations   entre   la  Cour   persane  et 
celle  du  roi  de  Pologne  avaient  lieu,  non   seulement 
par  la  voie  des  Génois  de  CalTa,  qui  pouvaient  trahir, 
mais  aussi  par  celle  du  Moncastro  moldave,  de  Ceta- 
tea-Alba.  La  femme  d'Etienne  était,  du  reste,  à  ce  mo- 
ment, une  parente  de  la  <■   Despina   »,  une  Comnène. 
Marie,  des  princes  de  Théodori.ou  Mangoup.en  Crimée, 
où  son  père  et  ses  frères  régnèrent  tour  à  tour.  Aucun 
de  ces  mouvements  n'étaient  sans  doute  restés  incon- 
nus d'Etienne,  bien  avant  les  propositions  formelles  qui 
furent  faites  en  1474  par  •'  Ouzoun.  fils  d'Ali,  fils  d'Os- 


(1)  Voir  notre  étade  sur  Venige  dan»  la  àler  Soirt,  III.  «Uni 
!•  •  Bulletin  de  la  Bcction  historique  de  rAcadéiuie  RonnaiiM  •, 
anné*  1914,  p.  335  et  suiv. 


FOnMATIOK     DE     LA     OVIUSATION     ROUMAINT.  9/ 

iiian  ",  au  <■  .  -ordit-ux  et  grami  sei- 

gneur,  Rtten  lit   sur  toute   la   N'ala- 

chie 

Haiiu,  (|ui  .i\  .1  II  I  rj)i  IN  les  arine>,  tut  vamiu,  m  14«  I, 
à  Soci;  en  vain  avait-il  compté  sur  l'appui  des  boïars 
moldaves,  qui  auraient  désiré  un  autre  prince; 
Etienne,  averti  à  temps,  les  avait  fait  décapiter.  Deux 
années  d'expectative  patiente  suivirent.  Au  mois  d'août 
1473.  Mohammed  II  avait  vaincu  à  Terdschan  son 
grand  rival  a<iiatique,  mais  ses  troupes  étaient  reve- 
nues dans  un  état  lamentable  et  lui-même,  déjà  malade 
de  la  goutte,  était  complètement  épuisé.  Etienne  péné- 
tra donc  en  Valacliie:  son  incursion  fut  si  rapide  que 
son  faible  rival,  battu  près  de  la  rivière  du  Ràninic,  ne 
put  M-  1  :•  dans  sa  forteresse  de  Bucarest,  de- 
venue la  -_ , t  du  pays  pour  les  princes  vivant  sous 

la  tutelle  des  begs  danubiens:  il  se  réfugia  auprès  de 
ses  prot'    '  ndonnant  son  trè  femme,  sa 

nile.   qui  ;e   plus   tard  la  me   épouse 

d'Etienne.  Un  descendant  de  Dan  II,  Laiota,  autrement 
dit  Basarah  II  (ou  111.  s'il  faut  compter  un  prétendant 
passager;,  prit  sur  lui.  comme  jadis  son  père,  de  dé- 
fendre le  Danube  contre  les  Turcs.  Les  begs  riverains, 
les  Michalogli.  étant  revenus  d'Asie,  le  nouveau  Ba- 
sarab  trahit  tout  simplement  la  cause  chrétienne:  il 
fut  aussitôt  remplacé  par  un  autre  partisan  du  Mol- 
dave, homonyme  de  l'ancien  prince  et  vraisemblable- 
ment son  fils,  qui,  en  imitant  l'exemple  sanglant  de 
Tepes,  fut  surnommé  <<  le  petit  empaleur  >•  (Tepelus); 
mais  celui-ci  dut  se  réfugier  en  .Moldavie  devant  la 
grande  invasion  turque  qui  eut  lieu  avant  In  fin  de 
l'année. 

La   bataille   qui   fut    livrée   par   Etienne.    .•>«.    ses 

botars  et  ses  paysans,  auxquels  s'étaient  ajoutés  un 

;  ;t*nl  szekier  et  —  on  l'a  prétendu  du  moins 

,_     j^.i   troupes   polonaises,  à   Podul-lnnalt,   au 


98  IIISTOIRB    DBS    nOUMAINt 

*  Haul-l*ont'>  ,  sur  la  rivière  de  Racoval.  j...-  de 
Vasiutu.  pour  défendre  la  ruutc  qui  menait  ver«  sa 
résidence  lointaine,  doit  être  considérée  comme  une 
des  plus  importantes  de  l'époifue;  on  y  vit  une  infan- 
terie serrée,  soutenue  par  l'action  de  l'artillerie.  Dans 
les  forêts  impénétnibics,  comme  celle  de  Crasna.  où 
Bogdan,  père  d'Etienne,  avait  attendu  les  Polonais,  sur 
un  terrain  que  le  dégel  subit  avait  rendu  marécageux, 
le  prince  moldave  aHronta,  le  10  janvit-r  1475,  les 
troupes  aguerries  du  heglerbeg  de  Houmélie  d'Europe, 
Soliman  l'Eunuque,  accouru  d'Albanie  pour  mettre 
fin  à  la  (1  use  provocation  roumaine.  La  défaite 

des  Turcv  iiiplète:  le  Pacha  perdit  la  plus  grande 

partie  de  ses  troupes  dans  la  bataille  même  et  dans 
une  retraite  désastreuse.  Etienne,  qui   v  "  isj- 

vement  dans  les  idées  de  la  Bible,  ne  ^  ait 

que  comme  un  nouveau  David  choisi  par  le  Dieu  des 
armées  pour  abattre  le  géant  infidèle:  il  n'en  <  kis 
moins  à  tous  les  princes  de  la  chrétienté  un  ive 

dans  laquelle,  après  avoir  énnméré  les  chefs  qui 
avaient  commandé  l'armée  ennemie,  il  lançait  en  ter- 
minant ce  fier  cri  de  victoire:  ««  Lors(]uc  nous  avons 
vu  cette  grande  armée,  nous  nous  sommes  levés  vail- 
lamment, avec  notre  corps  et  nos  armes,  et  nous  nous 
sommes  opposés  à  leurs  attaques:  et.  Dieu  tout-puis- 
sant venant  à  notre  aide,  nous  avons  vaincu  cet  en- 
nemi, le  nôtre  et  celui  de  toute  la  chrétienté:  nous 
l'avons  détruit,  et  H  a  été  foulé  sous  nos  pieds  ». 

Cette  victoire  permit  au  prince  roumain  d'élargir 
ses  relations  diplomatiques  qui  s'étaient  t>omées  jus- 
qu'alors à  un  voisinage  immédiat:  au  nom  de  la  cause 
de  la  chrétienté  qu'il  défendait  si  énergiqurment.  il 
envoya  des  ambassadeurs  à  Venise,  à  Rome,  à  Flo- 
rence.  probafaitflMOt  à  Gênes,  peut-être  même  au  rot 
de  Naples:  bref  h  tous  les  mesnbre*  de  la  Ligue  chré- 
tienne, (iunt  Etienne  comiaisialt  «ans  doute  les  int<*n- 


FORMATION     UE    LA    OVIUSATION     ROUMAINB  99 

tîons,  au  moment  où  une  flotte  de  croisade  attaquait 
les  cAtes  de  l'Asie  Mineure  et  où  des  ingénieurs  italiens 
dirigeaient  les  canons  d'Où/  ^'  ^san.  Par  cette 
collaboration  guerrière  des  Hi  -,   le  Saint-Siège 

devenait  le  protecteur  obligé  de  la  Moldavie»  et 
Sixte  IV  qii      '  '  d'   -   Athlète  du 

Christ   »,  d'  .ses,  qu'il  eût  sa 

part  des  subsides  que  le  roi  Matthias  recevait  du  Tré- 
sor apostolique. 

Mais  Mohammed  était  décidé  à  conquérir  tout  le 
pourtour  de  la  mer  Noire  en  écartant  les  derniers  res- 
tes de  la  domination  chrétienne.  Déjà,  tout  en  récla- 
mant un  tribut  que  le  prince  moldave  n'avait  peut- 
être  jamais  payé  à  la  Porte,  il  avait  prétendu,  avant  le 
combat  de  Vasiuiu.  «  que  les  ports  du  Danube  inférieur 
et  de  l'embouchure  du  Dniester,  Chilia  et  Cetatea- 
Alba,  lui  fussent  livrés  ».  Aussitôt  que  la  navigation  de- 
vint possible,  l'attaque  contre  la  Moldavie  fut  reprise; 
mais  elle  fut  précédée  par  le  grand  coup  porté  contre 
la  principale  ville  de  commerce  de  ces  régions,  la 
Caiïa  des  Génois,  qui  succomba,  de  même  que  le  châ- 
teau des  Comnène  à  Tbéodori.  dont  il  ne  resta  que  des 
ruines.  Etienne  fut  plus  heureux.  Il  venait  de  se  ré- 
concilier avec  le  roi  de  Hongrie,  obtenant  même  deux 
phtces  de  refuge  en  Transylvanie,  Ciceu  (Gsicsô),  dans 
le  rayon  i\>  */..  et  CHatea-de-Balta  (Kilkn" 

au  milieu  n  j<-  la  province,  sur  le  cours  d       i 

nave.  et  cela  sans  avoir  prêté  l'hommage,  ni  signé  un 
engagement  formel  dr  'onc  concen- 

trer tes  forces  pour  n  it  à  l'assaut 

turc  contre  ses  ports. 

La  f        '     îiitte  contre  la   M  ilrvait  «irt*  cc- 

pendaii  ••.  sous  le  comm.i  ut  du  Sultan  lui- 

même,  avec  toutes  les  forces  de  l'Kmpire.  une  année 
plus  tard.  Le  roi  .Matthias  avait  employé  les  circons- 
tances pour  fortifier  seulement  sa  propre  position  sur 


100  HtSTOinK    DBS    ROUMAINS 

Ir  Danube  serbe,  en  s'emparant.  pcmlant  l'hiver,  de  la 
citadelle  de  ChabnU.  et  il  avait  dirigé  contre  les  Turcs 
de  Bosnie  des  bandes  sauvages.  conduitt>s  par  Vouk 
Brancovitsch  et  par  Vlad  Ttlmpalcur.  celui-ci  étant 
déjà  désigné  comme  futur  prince  de  Valachie  à  la  place 
des  deux  Basarab.  dont  l'un  continuait  à  ctrt*  un  en- 
nemi et  l'autre  ne  pouvait  pas  devenir  un  auxiliaire. 

Etienne  devait  donc  résister  tout  seul  à  cette  se- 
conde invasion  ottomane,  qui,  ayant  pris  le  prince 
valaque  pour  guide,  se  dirigea  sur  la  rive  droite  du 
Séreth,  probablement  pour  pouvoir  surveiller  aussi  les 
mouvements  des  Hongrois,  nouveaux  alliés  du  Voé- 
vode.  Ce  fut  seulement  dans  les  grandes  forêts  du 
Neamt  que  la  résistance  moldave  put  s'organiser.  Mais 
les  Tatars  dévastaient  déjh  à  l'Est  le  territoire  de  la 
principauté,  et  il  fallut  permettre  aux  paysans  d'aller 
défendre  leurs  foyers  menacés.  Les  boïars  seuls  étaient 
restés  autour  du  prince,  à  c«Mé  de  la  troupe  perma- 
nente. Ils  livrèrent  une  grande  bataille  moderne,  sans 
aucun  mélange  d'éléments  ruraux;  ce  fut  l'artillerie 
supérieure  du  Sultan  qui  décida,  après  un  combat 
acharné,  au  cours  duquel  Mohammed  lui-même,  déjà 
vieilli  et  perclus,  se  vit  obligé  de  se  mettre  à  la  tête  des 
janissaires  qui  reculaient  devant  la  poussée  opiniâtre 
des  .Moldaves.  Sur  les  bords  du  «  Ruisseau  Blanc  •»,  de 
la  Valea-AllK),  dans  la  clairière  où  fut  bâti  ensuite  le 
beau  monastère  dit  de  Bazboieni,  du  «  village  de  la  ba- 
taille »,  la  noblesse  moldave,  victorieuse  sur  tant  de 
champs  de  bataille,  fut  fauchée,  le  20  juillet  1476.  Les 
Turcs,  qui  amenaient  avec  eux  un  prétendant,  le  fils 
même  de  Pierre  Aaron,  atteignirent  Suceava,  qui  fut 
incendiée. 

La  Moldavie  n'était  pas  cependant  pareille  à  cm 
royaume  des  Balcans  où  une  seule  grande  victoire  et 
surtout  la  conquête  des  places  fortes  déri  "  '       '>rt 

tlt'  la  guerre  et  de  l'Etat  lui-même.  Les  >  ^       <m- 


FORMATION     DE    L.\    CIV1USAT10S'     nOUMAINE  101 

des.  les  vaHées  étroites  du   pays  recelaient  tout  un 
monde  in\isible  que  l'ennemi  rencontrait  de  nouveau, 
prêt  à  combattre,  alors  même  qu'il  croyait  en  avoir 
fini  avec  cette  race  de  paysans.  Au  liout  de  quelques 
semaines,  les  conquérants,  décimés  par  le»  maladies  et 
afTaniés  dans  un  pays  complètement  dévasté  par  ses 
propres  défenseurs,  se  trouvaient  en  pleine  retraite.  Le 
m  n'avait  pas  mis  la  main  sur  ces  ports  qui  avaient 
..^  .c  grand  et  vrai  but  de  l'expédition;  il  n'avait  même 
pas  la  consolation  de  laisser,  comme  en  Valachie,  qua- 
torze ans  aui>aravant.  un  prince  vassal  soumis  à  ses 
ordres.  Car  le  nouveau  Voévode  se  troavait  dans  les 
;  itii^s  de  l'armée  turque  désorganisée:  quant  à  Etienne, 
•  vénitien  le  vit  bientôt    ■      "  "    r  à 

a   _  ,rincipauté  •«,  salué  d'acclani.i  ou- 

siastes  par  ceux  dont  il  avait  été  le  défenseur  infatiga- 
l»!-.  Av.int  i*fn\-T.  \'"  ■  ■  "*  '   nu  par  des  troupes 

(ir   i  r.iMsv  :n  ;ii;m-,  m-  iiice  valaque.  mais 

seulement  pour  succoml>er,  quelques   semaines  plus 
tard,  dans  une  «:   '  '      V     ure  de  s«  mis. 

Il  s'agissait  m  urer  la  !  o  vala- 

({Ue.  la  li^ne  du  Danube.  Le  pays  voisin  otTrait  un  \Tai 
.  î.,1       !'  •  "       '-—    ^  réussirent  en  effet 

ut  le  vieux  Basarab 
et  a  lui  substituer  Basarab-ie-Jeune:  mais  le  premier 
1  ;.  î^ncore  des  adhérents  qui  firent  traîner  une  dé- 
f  guerre  civile.  Dès  que  l'ancien  client  du 
prmce  moldav-e  eut  définitivement  pris  le  dessus,  il 
passa  tranquillement  à  l'ennemi.  Alors,  les  Turcs,  s'ap- 
puyant  sur  ce  concours  valaque,  envahirent  la  Transyl- 
vanie: ils  furent  battus  par  le  Voévode  magyar  de 
cette  province.  Etienne  Rathory.  sur  le  «  Champ  du 
pain  ",  ù  Kenyermezô.  t'n  second  coup  atteignit  la  Mol- 
davie: la  rive  droite  du  Séreth  fut  de  nouveau  dévastée 
jusque  dans  les  environs  de  Bacau. 

La  mort  de  Mohammed  II  parut  cependant  amener 


103  HisToinK  DES  noriiAiNt 

un  profond  changement  en  ce  qui  concerne  cette  fron- 
i   i.-.  Alors  que  ses  Hls,  Huïéxid  II  et  Djrm,  rcnouve- 

I  lit  les  luttes  pour  lu  couronne  qui  avaient  cn»an- 
glanté  l'Knipire  après  la  catastrophe  du  premier  Baié- 
zi<l.  Etienne  entra  en  Vatachie;  dans  sa  seconde  ba- 
taille de  Uàninic,  livrée  le  8  juillet  1481.  il  mit  lin  au 
règne  du  «  Petit  Empaleur  <>,  qui  fut  ensuite  tué  par 
les  boîars  à  l'autre  bout  du  pays,  où  il  s'était  réfugié 
parmi  ses  parents  et  amis,  l'n  nouveau  Viad.  frère  ho- 
monyme de  Tepes.  pauvre  ancien  moine,  vieux  et  ma- 
ladif, paraissait  être  le  simple  représentant  de  son  maî- 
tre moldave,  qui  s'était  interdit,  par  seul  respect  pour 
les  coutumes  d'un  pays  attaché  à  son  ancienne  dynas- 
tie, l'annexion  de  la  principauté  voisine. 

Le  territoire  roumain  s'étendait  maintenant  du 
Pruth  jusqu'aux  Portes-de-Fer,  du  Danube  et  de  la 
mer  Noire  jusiju'aux  montagnes  de  la  Transylvanie, 
gardées  par  Bathory.  autre  rempart  comme  Etienne, 
de  la  chrétienté.  Rien  à  craindre,  semblait-il,  du  côté 
des  Turcs,  le  royaume  ayant  conclu  tout  récemment 
avec  eux  une  trêve  qui  comprenait  aussi  la  principauté 
alliée.   Un   caprice   des  janissaires   qui  -nt   de 

l'inerte  Baïezid  11  gloire  et  butin,  ruina  ctl.-  ...re;  su- 
bitement des  troupes  tatares  et  turques,  conduites  par 
le  traître  Vlad,  cernèrent  les  deux  grands  ports  molda- 
ves; après  une  longue  et  glorieuse  résistance,  Chilia  et 
Celatea-Alba  durent  laisser  pénétrer  les  infidèles  dans 
les  ruines  de  leurs  rempi        •  ••  '    l). 

«'  J'ai  conquis,  écrivait  h    -  <le 

victoire,  la  clef  de  la  porte  de  tout  le  pays  moldave, 
ainsi  ({ue  de  la  Hongrie  et  de  tout  le  territoire  du  Da- 
nube. Pologne,  Russie  et  Tatarie,  et  de  tout  le  rivage 
de  la  mer  Noire,  m  L'année  suivante,  en  effet,  Suceava 
fut  de  nouveau  brûlée  par  des  ht     î       'n 

Désormais.  Etienne  n'aura  qu'ii  ;  celle 

de  recouvrer  ces  villes  perdues  qui  étaient  presque  sa 


POIIMATION    DE    LA    aVlUSATION     ROUMAINE  103 

création,  qui  promettaient  un  *i  fort  développement 
de  force  et  de  richesse  à  la  ^'  et  à  la  race  rou- 
maine.  Abaissant  pour  la   |>.v v    fois  sa  fierté,  il 

alla  solliciter  pour  son  œuvre  de  revanche  le  concours 
de  ses  voisins  <•!  o   Notre  prince,  avaient  dit, 

en   1476,  ses  ami;.! . urs  au  doge,  a  commencé  sa 

guerre  (contre  les  Turcs)  de  sa  propre  initiative,  et  il 
t-  '  de  son  Etat  et  <le  ses  sujets   ". 

Ma.  : -     _:.     :  faire  des  concessions  à  la  vanité 

du  roi  Casimir:  il  conjura  le  vieux  souverain  polonais 
de  lu  .•- 

être  I  e. 

Il  dut  prêter  hommage  devant  une  nombreuse  assis- 
tance. d:«'  '  qu'il  avait  c«  '«'s  comme 
la  plus  y/  lun.  et  cela  iiiea,  pour 
montrer  qu'il  abandonnait  ses  prétentions  sur  la  Po- 
1 M  '  'il  avait  héritées  de  son  grand-père.  L'appui  des 
I  permit  au  Voévode  de  vaincre  les  Turcs  de 
la  nouvelle  province  danubienne  à  Catlabuga.  dans  la 
région  des  grands  lacs  bessri-  '  ■  -  s.  et  de  repousser 
une  nouvelle  attaque  contre  i.  au  cours  de  la- 
quelle s'étant  saisi  du  prétemlant.  il  le  flt  décapiter; 
mais  la  paix  conclue  en  1489  entre  le  roi  et  le  Sultan 
mit  fin  à  ses  espérances.  Abandonné  par  s<in  voii^in 
hongrois,  qui  était  cependant  son  allié  et  ;  «it  ses 
idées  de  croisade,  il  dut  se  résigner  à  pa\i .  ..  ..'Ut  et  il 
envoya  son  fils  Alexandre  à  I^  Porte. 

l'niir  vr  \cni:.r  de  cet  abandon,  Etienne  manifesta, 
dès  14i*0,  ses  intentions  de  réclamer  la  Pocutie.  On  lui 
répondit  par  le  guet-apens  de  1497.  conseillé  par  le  Flo- 
rentin. (I  '  hus  h  l'ambitieux  suc- 
cesseur il-  il  s'agissait  de  trom- 
per le  Moldave:  on  le  pousserait  k  entreprendre  une 
i;  isade.  qui  irait  chercher  les  Turcs  du 
l'  ,  il  leur  faire  rendre  gorge  et  restituerait 
à  la  principauté  Chilia  et  Cetatea-Alba  ;  mais  en  même 


104  IIISTOtlUt  on   nOVMAINS 

temps,  on  se  serait  saisi  de  la  Moldavie  pour  en  faire 
Tapa  nage  de  Sigismond.  le  prince  «  sans  terre  »  de  la 

famille  royale. 

Etienne  éventa  bientôt  le  projet:  de  Suceava.  où  il 
laissa  unr  puissante  garnison,  il  se  retira  à  Roman:  là 
il  demanda  l'intervention  du  propre  frère  de  Jean- 
Albert,  ce  paisible  Vladislav  qui  avait  obtenu,  contre 
Maximilien  d'Autriche,  préféré  par  le  Moldave,  l'héri- 
tage du  roi  Matthias. 

Le  roi  de  Pologne,  qui  avait  amené  avec  lui  une  bril- 
lante armée  de  chevaliers,  comme  celle  qui  s'était  fait 
battre  jadis  à  Crasna,  ne  parvint  pas  à  se  rendre  maî- 
tre de  Suceava.  La  médiation  hongroise,  représentée 
par  le  Voévode  même  de  Transylvanie,  Barthélémy 
DraglTy.  Roumain  de  sang  et  parent  très  éloigné 
d'Etienne,  fut  acceptée.  Les  troupes  royales  en  se  reti- 
rant devaient  suivre  la  même  voie  qu'elles  avaient 
prise  pour  l'invasion:  cela  signiflait  les  affamer,  car 
toute  cette  région  avait  été  déjà  complètement  dévas- 
tée. Lorsque,  se  dirigeant  vers  les  districts  encore  in- 
tactes de  la  Moldavie  septentrionale,  les  riches  barons, 
leur  suite  nombreuse,  les  Chevaliers  Teutoniques  se 
furent  engouffrées  dans  les  grandes  forêts  de  hêtres  de 
la  Bucovine,  où  déjà  au  xiv*  siècle  un  corps  auxiliaire 
polonais  avait  été  détruit  par  Pierre  I",  les  Moldaves, 
cachés  dans  les  profondeurs,  firent  tomber  les  arbres, 
préalablement  sciés  plus  qu'à  demi,  sar  cette  masse 
pesante,  encombrée  par  les  chariots  de  guerre  et  affo- 
lée par  le  galop  des  chevaux  effrayés.  Le  massacre  fut 
épouvantable,  et  une  autre  rencontre,  à  Lentesti,  sur  ia 
lisière  de  cette  région  boisée,  acheva  le  désastre  de  l'ar- 
mée. 

Après  avoir  vu  les  bandes  de  Turcs,  payées  par  l'en- 
nemi  qu'on  avait  si  imprudemment  provoqué,  chevau- 
cher dans  les  vallées  de  la  Galicie  et  l'armée  du  Mol- 
dave lui-même  défier,  en  1498,  la  garnison  de  Lemberg 


PORMATIOV    DE    lA    OVIUSATIOK     ROUMAINE  105 

terrorisée,  Jean-Albert  s'empressa  de  faire  sa  paix  avec 
Etienne.  I.  '  '  du  12  (U  "et  1499.  en  invoquant 
le  devoir  m,         ^t  de  la  <  .»tion  chrétienne  pour 

une  nouvelle  croisade  sur  le  Danube,  présentait  le 
prince  voisin  comn-  '  -ouverain  de  son  pays  et  Tallié 
à  titre  égal  des  J.._  ii's  de  Pologne  et  de  Hongrie. 

Cette  croisade,  du  reste,  ne  devait  jamais  commencer, 
bien  que  des  détachements  moldaves  eussent  déjà  paru 
devant  les  forteresses  perdues  pour  toujours. 

Etienne   co  t,    paralt-il,   comme    les    Sultans 

ottomans,  qui...  .....le  ne  survit  pas  à  celui  avec  lequel 

U  a  été  conclu.  Aussitôt  après  la  mort  du  vaincu  de 
1497.  il  réclama  de  nouveau  à  son  successeur  l'héritage 
moldave  de  la  Pocutie  et  ne  tarda  pas  même  à  établir 
ses  offlciers  et  ses  douaniers  dans  les  villes  fortifiées  de 
Sniatyn,  de  î'  "  »  et  de  Halicz  même.  Des  que- 
relles avec  If  ivan,  à  l'héritier  duquel  le  prince 
moldave  avait  marié  sa  fille  Hélène,  née  du  mariage 
a\  ■  ■  knèzes  de  Kiev,  Eudoxie,  em- 
I"  re  de  réagir,  et  celui  qui  avait 
trouvé  si  rarement  un  appui  chez  les  descendants  de 
Jagellon,  fermait  les  yeux,  le  2  juillet  1504,  avec  l'es- 
poir d'avoir  transmis  à  son  fils  Bogdan,  dit  le  Borgne, 
sinon  la  possession  plénière  de  l'ancienne  voie  de  com- 
merce qui  avait  enrichi  sa  Moldavie,  au  moins  avec  une 
paix  qui  l'assurait  du  côté  des  Turcs,  cette  Pocutie  qui 
pouvait,  par  ses  riches  douanes,  être  considérée  comme 
un  dédommagement  pour  ce  qui  avait  dû  être  aban- 
donné entre  les  mains  du  Sultan. 

De  plus,  sous  Radu,  fils  et  successeur  du  moine  Vlad, 
la  Valachie,  tout  en  vivant  dans  l'ombre  de  la  puis- 
sance ottomane,  ne  constituait  plus  un  danger  pour 
'•'  i.  vaincue  par  les  cir- 

*'  -:   .   -„-. ment  le  même  régime 

de  garanties  permanentes;  ainsi  prit  fin  le  problème 
politique  pour  la  solution  duquel  les  Roumains  avaient 


100  III^M'itit      i'i  ^     ii<ivMii>-> 

usé  pendant  deux  ftiècle»  leurs  meilleures  forces.  SI 
Hadu  e5saya  d'introduire  à  la  mort  d'Ktienne  un  pré- 
tendant moldave,  il  céda  aussitôt  aux  conseils  du  Mé- 
tropolite valaque.  Maxime  Rrancovitsch,  qui  rappela 
aux  princes  ri>:u!\  (ju'ils  appart»"  ■'"•"♦  '^  '»  fii.'.m..  ^g. 
tion. 

La  sixcEssiuN  d'Etienne-le-Grand.  —  Rogdan  avait 
seulement  la  mission  de  garder  la  Pocutie  que  les  Po- 
lonais ne  devaient  pas  tarder  à  lui  disputer.  Si.  en  bri- 
guant la  main  d'Klisabeth,  fille  de  Casimir,  qui.  après 
avoir  été  la  promise  du  <•  Borgne  »,  épousa  plus  tard 
le  petit  prince  allemand  qu'elle  lui  préférait,  le  Mol- 
dave déclara  renoncer,  mais  dans  ce  seul  cas,  ù  la  pro- 
vince nouvellement  acquise,  il  revint  naturellement 
sur  sa  promesse,  aussitôt  que  cette  alliance  de  famille 
lui  apparut  impossible.  Sous  Sigisinond.  l'ancien  pré- 
tendant à  la  possession  de  la  Moldavie,  qui  venait  de 
succéder,  en  150(1,  à  son  frère  Alexandre,  Jes  troupe» 
du  Voévode,  qui  n'avait  pas  encore  renoncé  au  mariage 
polonais,  revinrent  en  Pocutie,  et  une  grande  expédi- 
tion dévastatrice  les  amena  jusqu'à  Lemberg.  Ce  ne  fut 
qu'en  l.'ilO,  après  une  revanche  polonaise  qui  atteignit 
la  Moldavie  septentrionale,  que  Hogdan,  déjà  marié  à 
la  fille  du  prince  de  Valachie,  .Mihnea,  conclut  une  paix 
définitive:  tout  en  remettant  à  l'arbitrage  du  roi  de 
Hongrie  la  question  pocutienne,  il  abandonnait  de  fait 
ses  prétentions.  Sept  ans  plus  tard,  le  fils,  brave  mais 
inconséquent  et  malheureux,  du  grand  Etienne,  mou- 
rait aux  prises  avec  ces  Tatars  dont  la  :ût 
été  stimulée  par  la  présence  du  prince  *>  in. 
futur  successeur  de  son  père  Baïézid. 

Encore  moins  fortuné  avait  été  le  sort  de  la  Valachie 
à  laquelle  Bogdan  «e  trouvait  rattaché  à  la  fois  par 
l'origine  de  sa  mère,  par  la  tradition  politique  de  son 
père  et  aussi  par  son  mariage.  Mihnea,  successear  de 


Pfw.MiTjnv    t)r    I  \   IIVILISATIOS    FlOUMAINF.  Î07 

Radu.  n'était  que  1<  urt-l  de  i  hinpaleur.  mstulle 

par  les  Turcs  qui  ^  i  nt  la  Marche  du  Danube» 
fonda  et  enrichit  des  monastères*  mais,  cruel  et  débau- 
ché, il  r  ':  son  su  ir,  un  nou- 
veau et  re  de  h  n  que  con- 
firmé par  •  .  périt  par  ordre  de  leur 
chef.  M'  '^'  '  "  'iJt  rem- 
placé |)  .  .  de  la 
famille  boîar  de  la  Craiova.  apparentée  au  jeune  Ba- 
sar;  î                   '        s  disposant    '     --'i esses  énormes. 

Ce  le  nom  de et,  suivant  la 

tradition  pieuse  du  moine  Vlad  et  du  <>  Grand  Radu  >. 

il   put   vaquer  à   ses  occup-'- .  ...i.i...^    ^l^,  prince 

artiste  jusqu'à  sa  mort,  en  I  ion  fut  dis- 

puléf  alors  entre  son  fils,  l'enfant  Iheotlose,  el  toute 
une  série  de  concurrents  qui  surgirent  contre  la  ré- 
gente Militza.  nièce  de  Maxime  Brancovitsch,  et  con- 
tre Preda,  frère  de  Neago.  sur  différents  points  de  la 
principauté. 

Le  mieux  doué  de  ces  «  fils  de  prinee  •  idomnUori), 
un  autre  Ra-Ju,  originaire  d'Afumati.  fils  de  Radu-le- 
Grand,  ne  parvint  à  se  maintenir  que  par  toute  une 
série  de  combats,  souvent  victorieux,  livrés  d'un  bout 
de  la   ^  re,  sans  compter  quelques  re- 

traites   -  -  .     e   et    l'intervention   armée   du 

Voévode  de  celte  province.  Jean  Zàpolya.  en  sa  faveur. 
Il  tomba.  €•■  "'29.  sous  les  coups  de  conspira- 

teurs à  Kàii  ..  De  son  côté,  la  Moldavie  eut. 

après  la  mort  de  Bogdan,  la  régence  du  vieux  boîar 
\  ait  servi  Etienne-le-Grand,  l'n  nouvel 
I'  mineur,  était   le   prince   nominal   du 
pays,  et,  lorsqu'il  put  régner  par  lui-même,  ce  jeune 
tyran  au  '       *     '  '"*  —  '      *   r  son  ancien  tu- 

teur el  .  I         t  pouvoir  étouf- 

fer dans  le  sang  les  révoltes  que  ne  pouvait  manquer 
de  soulever  le  régime  de  terreur  instauré  par  lui  et 


inR  HISTOIHB   DBS    ROI'MAINS 

.iii(|itcl  il  ne  Nul  intime  pa;»  lirMim  r  le  lu»trr  de  la 
gloire  à  un  moment  où  les  Tatars  infestaient  les  fron- 
tières moldaves. 

Le  nouveau  Sultan,  flls  de  ScMim.  ce  sombre  Soli- 
man que  l'histoire  devait  orner  du  titre  de  «  Magni- 
fique n,  empereur  de  Kyzance,  dans  la  conscience  de 
son  glorieux  héritage,  s'était,  en  effet,  levé  pour  en 
finir  avec  les  troubles  que  provoquaient  sur  le  Da- 
nube l'ambition  et  les  discordes  des  derniers  princes 
chrétiens.  La  Hongrie  avait  succombé,  après  la  prise 
de  Belgrade.  i\  la  bataille  de  Mohâcs,  en  1526,  et  son 
dernier  roi,  abandonné  par  les  siens,  avait  péri  dans  les 
marais  du  ileuve.  lorsqu'un  crime  des  boîars  trancha 
les  jours  du  criminel  prince  de  Moldavie  et  ouvrit 
ainsi  la  voie  à  un  autre  fils  d'Etienne-^r  H  ,  '  à  un 
des  enfants  de  ses  nombreuses  amours  <  >  par 

la  légende,  Pierre,  appelé,  d'après  le  nom  de  sa  mère: 
Rares. 

En  Valachie,  le  faible  Vladislav,  successeur,  imposé 
par  les  Turcs,  de  Radu,  et  deux  princes  du  nom  de 
Vlad,  ne  firent  que  paraître  sur  la  scène.  Là,  régnait 
l'agitation  perpétuelle  d'une  classe  de  boîars  trop  nom- 
breuse, trop  pauvre  et  trop  peu  cultivée  pour  songer 
à  la  tranquillité  du  pays  et  lui  préparer  un  avenir. 
Mais  la  Moldavie,  qui  dominait  cette  Valachie  de  toute 
la  hauteur  de  son  régime  d'ordre,  garanti  par  une 
dynastie  généralement  respectée,  avait  repris  son  es- 
sor conquérant. 

La  Pocutie  ne  fut  pas  oubliée;  en  1531.  elle  fut  en- 
vahie par  Rares  qui  subit  une  grande  défaite  à  Ober- 
tyn,  échec  qu'il  sut  bientôt  venger  en  repoussant  les 
Polonais  entrés  sur  son  territoire  et  réparer  par  l'éner- 
gie d'une  politique  de  résistance  appuyée  par  un  riche 
Trésor  et  une  armée  permanente.  Sept  ans  plus  tard, 
un  nouveau  conflit  avec  ses  voisins,  qui  assiégèrent  Ho- 
tin,  amena  l'intervention  décisive  du  Sultan  et  la  fin 


FORMATION   DE  l..\  i.l  Vii.i^  m  i<>>    iditMAIXB  109 

de  l'indépendance  moldave.  Mais  la  grande  préoccu- 
pation de  ce  prince  fut  la  Transylvanie,  où  la  catastro- 
phe de  1526  venait  d'ouvrir  des  voies  nouvelles,  par 
la  double  élection  royale  de  Ferdinand  d'Autriche  et 
du  Voévode  Jean  Zapolya  et,  bient<M  après,  par  l'im- 
mixtion des  Turcs,  qui  se  taillèrent  dans  le  corps  du 
royaume  le  parhaltk  de  Bude,  puis,  dans  le  Banat, 
relui  «U*  Trniis\  ;»r. 

1  I   \   Tu  «  ■  NIE  AU    XVI'  SIÈCLE.  

li.  j  I  .  launt  S  à  optempérer  aux 

injonctions  des  princes  de  la  Moldavie;  Rares  était 
l'ami  de  la  pli  ..,   .      ■  ,^1 

établis  au  roi  .ts 

guerriers.  Lors  de  sa  retraite  au-delà  des  montagnes 
en  1538.  il  fut  reçu  dans  cette  région  comme  au  milieu 
des  siens.  Les  deux  places  de  refuge  accordées  à 
Ktienae-le-Grand.  surtout  celle  de  Ciceu.  qui  dominait 
tout  un  groupe  de  villages  roumains  et  étaient  en  re- 
lations étroites  avec  les  mines  de  Rodna  et  avec  Bis- 
tritz,  représentaient  l'ancien  emporium  saxon  du  côté 
de  la  .Moldavie,  régions  où  les  châtelains  moldaves  re- 
cueillaient des  revenus  pour  leur  prince.  Dans  le  Mar- 
moros  voisin,  subsistaient,  depuis  la  fin  du  xiv*  siècle, 
les  anciennes  familles  des  knèzes  et  des  Voévodes  rou- 
mains: dans  leurs  lettres  privées  et  dans  leurs  con- 
trats mêmes,  ils  employaient,  non  pas  le  latin,  ni  le 
slavon,  mais  leur  propre  langue  maternelle;  un  mo- 
nastère bAti  par  la  famille  de  Dragos  avait  obtenu  du 
Patriarche  de  Constantinople  un  pri'  !  •   ■    stau- 

ropygie  exarcale  »,  permettant  au  su,  ..  ir  de  rem- 
plir les  fonctions  d'évèque,  aussi  bien  dans  les  comtés 
voisins  à  l'On  -  dans  ce  di  ?••  Bistritz.  O 

couvent  de  S:i  liel  k  Péri,  ei^  lentôt  par  des 

moines  russes,  fut  entravé  cependant  dans  son  déve- 
loppement par  les  prétentions  de  ré\'éché  slave  de 


110  lilMOlHK    OU     KOL'MAIN!! 

^  >.   l'IticntU'  rlioiMl  alors  \hu\  ux» 

(  \r  ot  roumain  de  son  lirf  lr;i  ige 

de  Vad,  sur  la  rivière  du  Somes  (Szagot),  où  il  flt  bâtir 
uni*   belle   église   j*«)!'  >        '    '     i  oar 

celui  de  Suceavu,  sa       ,  ^  i  le 

XVI*  siècle.  A  Cetatea-de-Balta.  entre  les  grands  èta- 
I  '  ~imt!i  saxons,  une  expansion  moldave  était  plus 

.  et  lo  burgrave  dut  se  borner  à  recueillir  ses 
droits  sur  la  foire  importante  qui  s'y  tenait  une  fois 
par  an. 

Les  princes  de  Valachie  avaient  perdu  ce  <<  du- 
ché de  Fogaras  et  d'OmIas  »,  que  Vlad  l'Kmpaleur 
réiMama,  en  pillant  et  en  massacrant,  au  moment 
nu'mc  où  il  demandait  l'extradition  des  prétendants 
au  trône  valaque,  et  qui  resta  dans  le  titre  de  ses  suc- 
cesseurs jusque  vers  1700,  non  sans  qu'on  rencontre 
au  moment  favorable  de  nouvelles  prétentions  rou- 
maines sur  ce  lief.  En  oichange  de  ces  riches  et  belles 
régions,  près  des  montagnes  de  la  frontière,  de  sim- 
ples places  fortes  furent  attribuées  aux  Voévodes  fl- 
(Itlcs  pmilant  le  xvi*  siècle:  ils  eurent  ainsi  des  châ- 
loaux  a  Stremt  (AIdyod,  Alg>'ogy),  à  Vint  (Alvincz),  à 
Vurper  (Borberek);  c'était  le  temps  où  Pierre  Rares 
^<"s  contemporains  vnlacjues  durent  î  nne 

;    line  de  fois  en  Trans>ivanie,  avec  <  ms 

qui     n'étaient     certainement    pas     seulement     celles 
(''  ter   les   ordres  du   Sultan.   A  '.   dans   ces 

(le  population   roumaine,   m  it   des  égli- 

ses orthodoxes  et  des  monastères  dont  les  supérieurs, 
{.rotégés  aussi  par  de  nobles  mag\'ars  influents,  exer- 

*  i  •  nt,  comme  leurs  collègues  du  Marmoros.  mais 
sans  avoir  un  privilège  formel  de  la  part  du  Patriar- 
che byzantin,  les  fonctions  épiscopales.  à  côté  des 
"  protopopes  »,  des  archiprctres  d'ancienne  tradition 
indigène.  Déjà  le  fief  de  Fagaras  avait  eu  son  évèque 
au-delà  de  l'Oit,  dans  le  village  de  Galati;  à  partir  du 


FOnMATION  DE  LA  CIVIUSATION  ROUMAINE  111 

milieu  de  ce  même  siècle,  on  trouve  ces  évéques  à 

Rameti  îles  îî  -  *ns),  dans  la  montagne  de  l'Ouest, 
ù    (iioa^iu  ^y»,    puis    daii^    l'iinrien    couvent 

de  Frislop,  du  coté  de  Hateg  (Huls/i-g;:  quelques 
émigrés  balcantques  plus  ou  moins  frottés  d'hellé- 
nisme vinrent  aussi  faire  souche  d'évÎMiue;  un  de 
.  ux-là,  Marc.  sV-tablit  aux  portes  mêmes  de  Quj 
>  Ivlausenhurg),  une  des  plus  grandes  villes  saxonnes 
à  cette  éwoque,  tout  près  de  la  forêt  gardée  par  une 
'  '  ic,  où  subsiste  encore  l'église 

^uLliii^u ■«  'Ions  des  princes  roumains. 

Un  de  ces  préi  .  Jean  de  CafTu,  avait  été 

1  collaborateur 
<!  .ino.   d'adcmler 

la  confession  catholique. 

Il   -       ^  ■•••  jUC- 

rellr  ^  1  ;   .  isyl- 

vanie   presque   annuellement   des  boîars   persécutés, 
•  onvainous  de  Itii  in- 

.  i  s  qui  avaient  r-  wni 

des  prétendants  qui  avaient  «1  ufesté  le  désir 

de  reprendre  l'héritage  de  leurs  j»«  its  ou  de  leurs  an- 
cêtres.  Il  y  avait   dans  leur  suite  des  guerriers  qui 

• [''lient  revenir  soos  4es  drapeaux  de  leur  maître. 

<1<  s  ilunts  de  toute  espèce,  même  des  évéques,  des 
prêtres,  des  moines  qui  étaient  leurs  conseillers  et 
leurs  s.  ^.  en  même  temps  que  les  émissaires 

les  plus  ^  de  leur  cause.  Tout  un  monde  fémi- 
nin les  accompagnait,  et  les  vêtements  de  l'Orient, 
empruntés  à  Hyzance  et  au  nouveau  monde  balcani- 
que.  les  pierres  précieuses  qui  représentaient  dans 
l'incertitude  continuelle  un  placement  de  capital,  les 
r  illantes  et  bruyantes  de  ces  hôtes,  ajoutaient 
I  ment  étrange  à  ia  vie  laborieuse,  mais  très 
mesc{uine,  de  ces  bonnes  cités  saxonnes  qui  tiraient 
profit  du  séjour  de  ces  émigrés  sans  se  plier  à  lenrt 


112  m^Tnlur     UFS      IIOt-MAIS'S 

h:i'  r\   s.uis  !<  s  aimer  le  m  De» 

aiu.  -      .  iLurs   venant   annoncer    i  ,.  ih   de 

domination  et  d'autres  événements  d'une  vie  perpé- 
tuellement agitée  étaient  '  '  '  et  présentés 
par  les  «  très  sages  »  n»  i.  iiseil.  par  les 
nobles  des  chAteaux  et  par  les  dignitaires  magyars  de 
la  province.  Rien  que  Inoccupations  par  les  Turcs  de  la 
rive  gauche  du  Danube,  avec  tous  les  gués  impor- 
tants, eût  réduit  sensiblement  |jn  commerce  jadis 
florissant,  on  rencontrait  journellement  dans  ces  vil- 
les allemandes  du  roi  de  Hongrie,  à  côté  des  Grecs, 
des  Arméniens,  des  Turcs  même,  les  marchands  va- 
laques  et  moldaves,  qui,  s'ils  n'apportaient  pas  tou- 
jours les  épices  et  les  riches  étoffes  de  l'Orient,  nour- 
rissaient la  nombreuse  population  des  villes  avec  les 
poissons  du  Danube  et  les  bœufs  de  la  Molda\ie, 
sans  compter  qu'ils  vendaient  la  cire,  le  miel,  les 
peaux,  le  sel  et  autres  produits  des  deux  principau- 
tés. 

Dans  ces  conditions,  la  vie  roumaine  des  villages 
transylvains  devait,  non  seulement  se  maintenir,  mais 
progresser  aussi,  comme  organisation  et  comme 
conscience  de  race.  Il  sufflsait  à  un  Voévode  de  faire 
flotter  une  seule  fois  ses  drapeaux  à  l'aigle  valaque  ou 
au  bison  moldave  pour  s'en  convaincre,  s'il  n'avait 
pas,  du  reste,  passé  dans  cette  contrée  ses  années  de 
refuge  et  de  misère.  11  n'était  pas  le  seul  à  savoir  ce 
que  voulait  instinctivement  cette  population  si  nom- 
breuse et  si  profondément  attachée  à  sa  langue,  à  sa 
religion  et  à  ses  coutumes.  «  Certains  Valaques  ». 
écrivait,  en  parlant  de  Rares,  un  clerc  hongrois  bien 
renseigné  sur  les  affaires  de  Transylvanie,  «  possè- 
dent une  grande  partie  de  ce  royaume,  et,  à  cause  de 
la  communauté  de  langage,  ils  se  rangeraient  facile- 
ment à  ses  côtés  ».  «  Les  Roumains  de  Trans>iva- 
nie   ».   écrit   un  autre   témoin  contemporain,  y   sont 


PORMATION  DB  LA  CIVIUSATION  ROUMAINE  113 

beaucoup  ptus  nombreux  que  les  Serbes  en  Hon- 
grie 

Ces   I^  us   la  domina- 

lion  de  ;  i  it  la  priii'  ij.ale 

victime  d'un  système  d'oppression  sociale  qui  ne  fai- 
sait que  s'appesantir  et  qui  de>int  intolérable  au  mi- 
lieu des  combats  entre  les  partisans  de  la  Maison 
d'Autriche  et  les  défenseurs  enthousiastes  de  la  G>u- 
ronne  magyare  du  Voévode  Zapolya.  Avant  l'appari- 
tion de  Jean  Hunyady.  comme  chef  de  la  croisade  da- 
nubienne et  comme  vrai  maître  de  la  Hongrie.  la 
grande  révolte  de  1437  avait  réuni  contre  les  sei- 
gneurs et  les  bourgeois  étrangers  des  villes  les  serfs 
'•  valaqucs  »  et  ceux  des  Magj'ars  qui  en  étaient  arri- 
vés à  partager  leur  sort.  Dans  ce  pays  de  privilèges, 
où  chaque  «  nation  »  cherchait  à  obtenir  une  charte 
•onstitutionnelle.  ils  s'étaient  constitués  en  corps  po- 
litique, en  «■  Tniversité  »  de  paysans,  et  réclamaient 
un  adoucissement  de  leur  sort.  Il  en  résolta  une  lutte 
acharnée,   <|i  '    par    «    briser   la   témérité   de   la 

plèbe  ».  coti'  ensuite  ii  payer  les  frais  du  san- 

glant conflit.  Les  anciens  membres  légaux  de  la  com- 
munauté tri  •  line  se  confédérèrent  alors,  par 
r  <   Union  (i-  nations  ».  contre  ceux  qui  avaient 

menacé  un  moment  leur  situation  supérieure.  Mais 
déjà  sous  le  roi  à  demi-valaque  que  fut  Matthias,  on 
faisait  une  distinction  essentielle  entre  les  serfs  qui 
étaient  de  <•  sang  mag>'ar  »  et  les  autres.  Le  nouveau 
enfle  ««  moderne  «  de  la  Hongrie,  élaboré  après  la 
j(iurnée  de  Mohacs  par  le  chancelier  Verboczi»'.  devait 
élre  pour  les  aborigcnes  valaques  ce  que  le  doomsday 
hook  des  Normands  avait  été  pour  les  aborigènes  an- 
glo-saxons de  la  (trande-Bretagne. 

Il  y  avait  eu  une  noblesse  valaque  dans  la  Transyl- 
vanie proprement  dite  aussi  bien  que  dans  le 
Marmoros  et  le  Banal.  A  cette  noblesse  appartenait  le 


114  MISTOUIK    DES    IlOUMAINS 

téméraire  Etienne  Mailat  (Majlath).  qui  réussit  à  de- 
venir le  Voévode  prcs(|u'indé|>endant  de  la  province 
et  qu'une  intervention  de  Harev  son  rival  pour  la 
possession  de  la  Transylvanie,  fit  entrer  dans  les  pri- 
sons  de  (lunstantinople.  où  Tattendait  la  mort.  Elle 
avait  continué  ù  servir  tous  les  chefs  militaires  de  ces 
régions.  Les  descendants  des  knèzes  et  des  Voévodes 
n'avaient  guère  oublié  leur  langue,  qui  dominait  en> 
core,  sous  le  régime  des  Bans,  vers  1550,  dans  les 
pays  de  Lugoj  (Lugas)  et  de  Caransebes  '  Karansebes), 
sur  les  frontières  de  la  principauté  des  Basarab,  qui 
porte  dans  des  rapports  italiens  le  nom  de  «  Vala- 
chie  Citérieure  ».  Le  district  de  Hunyad  (Inidioara) 
était  encore  rempli  de  ces  chevaliers  valaqucs.  Mais 
une  autre  religion,  une  autre  vie  sociale,  une  autre 
tendance  politique,  avaient  déjà  gagné  leurs  âmes, 
qui  en  furent  lentement  transformées.  Leurs  congé- 
nères, après  avoir  participé  en  masse  à  toutes  les  jac- 
queries des  premières  années  du  xvT  siècle,  comme 
celle  du  <<  Tzar  Ivan  »  proclamée  par  les  Serbes,  ne 
pouvaient  plus  même  se  révolter,  sous  la  surveillance 
continuelle  de  leurs  maîtres;  ils  n'eurent  donc  d'au- 
tre espoir  et  d'autre  appui  que  dans  ces  princes  de 
leur  race  dont  ils  voyaient  si  souvent  passer  les  ar- 
mées à  travers  leurs  villages  asservis. 

Nous  ne  suivrons  pas,  dans  ce  bref  résumé,  les  dé- 
tails de  cette  politique  x  perfîde  »  qui  parut  assurer 
un   moment    au    prince   moldave,    habile   h  er 

toutes  les  vicissitudes  politiques  de  la  Trai  .  île, 
la  possession  réelle  de  la  province  entière.  Zapolya, 
qui  ^'  lit  du  r»  ^i  sur  la  noblesse  valaque 

du  j)  veilla  r;ii:  i   de   Hares,  en  lui  olTrant 

dès  le  début  de  son  règne  la  ville  de  Bistritz,  que  les 
*'   '  ■  ''liaient    depuis   longtemps   et    sur   la- 

iis  avaient  été  assignés  aux  Voévodes 
antérieurs  par  le  roi  Louis  IL  Dès  1529,  les  Moldaves 


FORMATION  DB  LA  CIVIUSATIOM  BOUMAINE  115 

passent  la  frontière  pour  imposer  au  Szekler  le  re- 
tour aux  anciennes  conditions  de  vassalité:  Bistritz, 
qui  du  reste  ne  fut  pas  occupée  et  qui  pcrnv*  -'lîe- 
ment  plus  tard  à  son  suzerain  une  entrée  s  t-, 

était  déjà  considérée,  avec  tout  le  district  jusqu'à 
Rodna,  comme  dépendant  de  la  principauté  voi-i" 
car  Pierre  nomme  les  bourgeois  saxons  «  ses  m 
et  ndèles  ■.  Quelques  mois  après,  le  commandant  de 
l'armée  princiére.  le  Vornic  (majordome.  Palatin), 
(irozav.  rrni}>ortait  sur  les  Saxons,  partisans  du  roi 
1  I,   une  grande  victoire  décisive  ù   Feldioara 

(1  i/.,. près  de  la  rivière  de  l'Oit;   l'avant-garde 

des  vainqueurs  pénétra  jusque  dans  le  Voisinage  de 
la  Fehervar  des  Voôvodes  magyars  qui  ét:»it  considé- 
rée comme  le  chef-lieu  de  la  Transylvanie.  I*uis  ce 
fut  le  siège  de  Brasov-Kronstadt,  qui  résista  énergi- 
<jM  ■   <n  qu'il    ■■ 

Ir  ,  s  que  Ir^ 

i-anons  pris  dans  sa  victoire,  les  phrases  menaçantes  de 
M-  ves.  d'un  '     se  exagérée,  i    "  '      t  le  fond 

p.i  de  son  >  se  rachetii  il  en  re- 

connaissant Rares  comme  leur  «  protecteur  ».  au  nom 

«f.     '       '        "^        isoara  iSr -\  Fagaras  (Fogn- 

in  ifgyes)      il   cet   exemple. 

blissant  ses  douaniers  dans  le  district  du   •■    Hurzen- 
land  »  saxon,  à  Prcjmer.  le  Moldave  comnv-v^-»  •\  *^- 
poser  en  mailrr  ;ii)sulu  de  la  province,  ■ 
le  sabre   »,  qu'il  dérlarait   <•    ne  vouloir  pcr- 

vonne  ».  «  Ce  traître  moldave  veut  la  piw {mur 

lui-tncroe  »,  exclamait  avec  indignation  un  Saxon  au- 
quel le  roi  Ferdinand  venait  d'attribuer  les  flefs 
d*Etienne-le-Gran«l  «v  mi»  iriv^.ir  i^u  i.v  rirr..-ii..r  k 
•on  successeur. 

La  campagne  inU lupt-sltsc  cl  inalhcuicusf  tic  Karcs 
contre  la  Pologne  lui  fit  perdre,  en  1531.  une  situa- 
tion déjà  acquise  par  son  intelligence  et  son  énergie. 


116  HISTUIIIK    UV%    nOCMAlNS 

Zi^polya.  dont  il  avait  fait  semblant  de  soutenir  la 
cause,  put  donc  s'installer  en  Transylvanie:  de  son 
cMé,  le  Sultan  Soliman  comptait  y  installer  le  bâtard 
du  doge  vénitien.  Aloisio  (iritti,  aventurier  préten> 
tieux  et  gûté  pur  le  sort,  dont  il  avait  fait  un  gouver- 
neur de  la  Hongrie.  La  noblesse  magyare  s'étant  sou- 
levée contre  l'intrus,  le  prince  moldave,  qui  était  in- 
tervenu au  nom  de  Ferdinand  contre  le  protégé  de 
son  suzerain,  réussit  à  faire  périr  ce  concurrent,  de 
même  que.  dix  ans  plus  tard,  il  devait  se  débarrasser 
de  son  propre  congénère,  Mailat.  Pour  le  moment,  il 
était  devenu  cependant  le  vassal  du  roi  des  Romains 
en  guerre  avec  Zâpolya,  qui  fit  attaquer  par  ce  Mailat 
les  fiefs  moldaves  de  la  province. 

Ce  fut  cependant  dans  Ciceu,  sur  lequel  s'étendait 
déjà  l'autorité  du  roi  magyar,  que  Pierre  dut  cJiercher 
un  reTuge  en  1538,  lorsque  le  Sultan,  dont  les  Polo- 
nais, ainsi  que  nous  l'avons  dit.  avaient  réclamé  l'in- 
ter>'ention,  envahi  la  Moldavie.  Il  n*y  avait  pas  eu  de 
grande  bataille;  les  boïars  ne  po^  "  it  pas  cette 
jeune  énerj^ie  qui  avait  permis  à  1  le-Grand  de 

jouer  un  rôle  si  brillant  comme  représentant  des  inté- 
rêts de  sa  race  entière.  Ils  abandonnèrent  un  fauteur  de 
guerres,  toujours  en  quête  de  nouvelles  provinces.  So- 
liman, ayant  fait  plut(H  un  voyage  triomphal  à  tra- 
vers un  pays  abandonné,  n'osa  pas  cependant  pousser 
à  bout  cette  classe,  encore  bien  vivante,  de  la  noblesse 
moldave:  celui  qui  avait  détruit  le  royaume  de  Hon- 
grie et  envoyé  à  Bude  un  beglerbeg  pour  le  représen- 
ter, se  borna  à  confier  sa  conquête  récente  aux  faibles 
mains  d'un  petit-flls  d*Etienne-le-Grand,  un  nouveau 
et  méprisable  Etienne,  dit  Lacusta,  dont  le  règne  de- 
vait finir  bientôt  sous  le  fer  des  assassins,  un  Voévode 
de  la  revanche,  Alexandre  Cornea,  ayant  pris  sa  place. 

Décadence  PuLrriQUE  des  Roumains  sous  la  suze- 


FORMATION  HP  LA  CIVIUSATION   BOl'MAIKB  117 

nxi.NKii  Ah»M\i  i»j  >  1 1  RCS.  —  Pierir  n'a\;iil  pas  eu 
cette  vision  nette  des  circonstance?!  qui  avait  distin- 
gué l'activité  heureuse  de  son  père.  La  Pocutie,  dont 
la  possession  ne  formait  pas  une  nécessité  vitale  pour 
la  terre  moldave,  avait  amené  le  fils  à  abandonner  la 
Transylvanie,  qui  en  était  une  dépendance  naturelle* 
et  maintenant  il  venait  de  perdre  son  héritage  même 
par  suite  d'une  nouvelle  tentative,  tout  aussi  vaine, 
du  1  Nord. 

!..  ....j.,.v   aux  instincts  vengeurs  de  Zàpolya  et  à  la 

punition  du  Sultan,  dont  il  était  allé  résolument  solli- 
citer la  grâce  à  Constantinople,  prêt,  comme  les  «  si- 
gnori  >  d'Italie,  ses  contemporains,  à  tout  risquer 
pour  réaliser  ses  intentions  et,  avant  tout,  pour  ga- 
jîncr  le  pouvoir  et  en  jouir.  Rares  redevint  d  '  '' 
prince  de  Moldavie.  .Mais,  s'il  était  resté,  iiki  „ 
épreuves,  le  même,  le  pays  avait  bien  changé,  et  sa 
pp'  t  d'autant  plus  celle  de  ses  succes- 

seu  bien   difTérente.   Il   ne   fallait   plus 

même  penser  ù  ces  legs  d'Alexandre-le-Bon  qui  avait 
été  si  fatal  à  1:<  "        'pauté.  r)<  une  large  bande 

du  territoire  n  .  avec  l'.i  ■    ville  de  Tighi- 

nea  devenue  le  Hender  («  Porte  »)  des  Turcs,  venait 
d'être  réunie  au  territoire  de  la  raîa  danubienne.  En 
Transylvanie,  Rares  n'avait  plus  même  ses  fiefs,  con- 
fisqués par  Zâpolya,  qui  les  avait  transmis  à  sa 
remmc.  !a  reine  Isabelle.  Après  que  Mailat  eût  fini  de 
rcgm-r,  il  fallut  néanmoins  de  longues  réclamations  et 
de  nouvelles  interventions  militaires  pour  obtenir  la 
rétrocession,  non  plus  des  forteresses  mêmes  qui 
a\. lient  été  démolies  de  fond  en  comble,  mais  du  ter- 
ritoire ({ue  recouvraient  les  ruines,  jusqu'à  Rodna.  où 
les  fils  de  Pierre  recueillaient  encore  le  produit  des  mi- 
nes d'argent. 

De  ces  fils.  l'un.  Elie,  ancien  otage  de  la  Porte,  finit 
par  passer  à  l'islamisme  pour  devenir,  lui.  qui  avait 


118  niSTOIfUt    DRS    nOVMAlNt 

rêvé  d'une  domination  plus  large  en  récompenac  de 
son   apostasie,    simple   Pacha   de   Silistric;    l<>   cadets 
Etienne,  périt  par  la  débauche,  comme  avait  { 
par  in  cruauté,  son  homon>'me,  le  flls  de  Bo^.... 
enfant  naturel  de  Bogdan,  Pierre,  occupa  le  lr^>nc;  il  se 
fit  r  Alexandre,  dit  Lapusneanu,  surn  tl 

dc....i  ..    a  mère,  femme  de  Lapusna,  sur  le  1 il 

entra  plusieurs  fois  en  Transylvanie,  mais  seulement 
pour  y  exécuter  les  ordres  du  Sultan,  qui  voulait  y 
rétablir  la  reine  exilée,  Isabelle,  et  son  jeune  fils,  Jean- 
Sigismond.  Il  réclama  et  obtint,  il  est  vrai,  l'emplace- 
ni'         '  iteaux  sur  lesquels  avait  fl'  lis  si 

fit  i^ndard  moldave;   mais  de  ]  s  an- 

nexes n'avaient  plus  d'importance  politique  du  mo- 
nr  ■     '  <le  la  Moldavie,  dépouillée  et 

SU!  ,  ;)rer. 

Déjà  la  Valachie  avait  ]>:i   m.  si>us  un  autre  moine 
pa"   '"  '  "  *  '*    '        -le  V  ,:iii  '     "    '       ■     "'     • 

pu  :  -Im»!!.    rii 

cien  marchand  de  moutons  à  Constant! nople,  Mircea- 
le-Pâlre;    elle   n'était    plus   qu'une   dépendance   <1    ' 
tienne  autonome,  vivant  d'après  ses  coutumes  ari 
ques,  du  grand  Empire  romain  de  Soliman-Ie-Magni- 
fique.  Si  Pierre  Rares  .       '     îé  le  premier  prince  r     ' 
dave  nommé  à  Consl.            iile,  —  et   encore  ce 
était-il  dû  à  un  concours  exceptionnel  de  circonstan- 
cr-      '    "i  ::issait-il  seulement  d'une  conflrrr-   *     -crune 
rt              i\,  —  Mircea  et  même,  à  ce  qu'i              .  son 
prédécesseur,  avaient  été  choisis  par  les  dignitaires  de 
Cor-  •■i"'  =  -^-  •  '  •  -rirmi  les  «  fils  de  princes  ►»  qui  com- 
m                            .  cher  une  autre  plac«  de  refuge  que 
celles  de  la  'i'ransylvanie.  Ce  sera  dorénavant  la  cou- 
tome.  Pour  la  Moldavie  aussi,  il  y  eut  ap{>el  au  Sit'*   - 
et  confirmation  par  la  Porte,  quand  Alexandre  h- 
dave  eut  été  remplace  par  un  bicarré  avt'ntu 
lois  qui   avait   été   successivement   oflicier.   t.  


FORMATION  DE  LA  CIVIUSATION  ROUMAINE  119 

stratégique,  commensal  et  parasite  de  Charles  Quint, 

du seigneurs  polonais: 

<'éi  ^  f,  dit  «  le  Despote  », 

—  car  il  prétendait  être,  non  seulement  <*  marquis  • 

de  r  .    .    V  î      •  ■        ••"        •  ,.i 

des  trônes  roumains  on  trouve  désormais  toute  une 

j^^j.   .1    i    .   _  .  ^  avoir  prouvé  lu      "'    '  an, 

et  secrets  qui  en  i''  té- 

nioi>;n:ige,  achetaient  la  reconnaissance  de  leurs  droits 
uu\  \'izirs,  aux  Pachas,  aux  fonctionnaires  du  Sérail 
et,  surtout,  sous  les  Sultans  efTéminés  qui  suocédcrent 
.1  SoliiDun,  aux  du  palais.  Sultanes-mères,  Sut* 

tuiKs-épouses,  oncubines,  et  aux  favoris  mas- 

culins, aux    •  II.  ,  s  >   ot  aux  eunuques. 

Kn  Moldavie,  .Kan-ie-Tcrrible  (1572-1574),  qui  dut 
son  surnom  uniquement  aux  supplices  qu'il  infligea 
aux  boïars  et  aux  pfjlats  riches  dont  il  convoitait  l'ar- 
gent. V.  <le  fantô- 
mes, pa. ^  ..^  ...^ M>:>oriables 

des  Turcs  avides:  mais,  en  Valachie  lu  de  Mir- 

■en  tyran   ^  i  »nt  un 

t .— -  -vcla  l'apo  1^ ...le  et,  — 

en  Moldavie  — .  Pierre-le-Boiteux.  Valaque  d'origine, 
it  Jean  le  S  hwit 

le  siège  de  , .jm% 

dans  les  annales  d'une  vassalité  méprisée.  Jean,  vaincu 


dave  et  organisés  par  Démètre  Wizniewieczki,  petit- 
'"  e  du  grand  Etienne,  fut  déchiré  par 

iix  auxquels  on  avait  attaché  ses  mem- 
bres. C'était,  malgré  la  violation  d'une  capitulation  for- 
'  d'un  rebelle,  pris  sur  le  champ  de 
jue  Mlhnea.  pour  échapper  à  Tem- 
prisoniK  nient  et  a  la  mort,  dut  abandonner  la  religion 


120  HISTOtnr.    ues    huimainb 

de  ses  pèrrs,  lorsque  son  concurrent  Pierre.  flU  du 
•  bon  »  Petrascu,  après  avoir  perdu  le  Siège  prin.  ;  r 
eut  été  traîtreusement  noyé  dans  le  Bosphore,  ; 
qu'enfln  Alexandre,  petit-HIs  homonyme  du  vieux  La- 
pusneanu,  qui  n'avait  régné  sur  la  Valachie  qu'autant 
qu'il  fallait  pour  se  gagner  le  surnom  de  •>  Le  Mau- 
vais »,  eut  été  pendu  en  habit  de  parade  sur  une  place 
de  Constantinople,  on  vit  bien  quel  cas  faisaient  désor- 
mais les  maîtres  turcs  de  ces  jouets  misérables  de  leur 
corruption  toute-puissante.  Celui-là  même  qui  devait 
faire  revivre  l'ancienne  gloire  roumaine,  Nfichel-ie- 
Brave,  celui  qui  devait  conquérir  la  Transylvanie  en 
1599,  commença  par  acheter  à  beaux  deniers  c< 

tants  l'appui  de  l'ambassadeur  anglais  à  Constani 

pie,  Barton,  et  du  plus  riche  parmi  les  banquiers  chré- 
tiens de  la  Porte,  Andronic  Cantacuzène,  plus  impérial 
de  nom  que  d'occupations.  Son  contemporain  et  son 
auxiliaire  moldave,  Aaron,  oncle  d*Alexandre-le-Mau- 
vais,  n'était  que  le  client  des  janissaires  déchus,  qui 
étaient  devenus  les  créanciers  attitrés  de  ces  princes 
qu'une  manifestation  de  leurs  bandes  à  Constantinople 
suffisait  pour  faire  rappeler  et  «  punir  »>. 

Cette  politique  indépendante  des  Roumains  qu'E- 
tienne-le-Grand  avait  fondée  et  développée,  cherchant 
à  faire  des  deux  principautés,  malgré  leurs  <1 
différentes,  un  seul  et  même  corps  pour  les  ; 
avec  l'étranger,  n'avait  pas  duré  un  siècle  après  sa 
mort.  C'est  que  le  maintien  d'un  Etat  carpatli      *       i 
bien  sur  la  base  de  l'indépendance  nationale  <  n 

possible,  autant  par  l'étendue  disproportionnée  de 
cette  ligne  du  Danube  qu'il  aurait  fallu  maintenir  con- 
tre les  attaques  continuelles  des  Turcs,  déjà  maîtres 
des  hauteurs  dominantes  de  la  rive  droite,  que  par  les 
convoitises  des  voisins  chrétiens,  qui  pensaient  à  ces 
pa>*s  roumains  beaucoup  plus  pour  les  envahir  que 
pour  les  défendre  au  profit  de  la  chrétienté,  et,  en  der- 


rOiUCATIOS  DE  LA  CtVIUSATIOM  ROUMAINS  121 

nière  ligne,  par  cette  nouvelle  vassalité  turque  qui  fut 
imposée  en  Transylvanie.  Jadis  un  point  d'appui  natu- 
rel pour  la  défensive  roumaine,  au  moment  où  les 
Zâpolya  et  leurs  successeurs,  les  Bàthory,  demandè- 
rent l'appui  du  Sultan  contre  les  appétits  conquérants 
de  la  Maison  d'Autriche. 

Cette  paix  ottomane  était  lourde  d'humiliations  et 
d'i  s  de  toutes  sortes;  elle  demandait  le  paye- 

nt liut  sans  cesse  accru;  car  si,  sous  Rares» 

la  Moldavie  payait  10.000  ducats,  sous  Pierre-le-Boi- 
teu\  on  en  rli-niandait  déjà  30.000  et  la  somme  à  la- 
quelle étaient  astreints  les  Valaques  atteignait  le  dou- 
ble. A  cela  s'ajoutèrent  des  présents  annuels,  des  pour- 
b«  '  '     des  fournitures  de  provisions  à  prix 

tiv  .  ^     .les  troupes  en  campagne,  puis  pour 

les  soldats  de  Constantinople  et  pour  toute  la  \ille  im- 
périale. }s<^  ■-—'■--  ttc  paix  eut  l'avantage  de  mettre 
fin  aux  a^  tiques  et  permit  ainsi  le  dévelop- 

pement de  cette  civilisation  nationale  qui  permettrait 
pour  l'avenir  d'entrevoir  un  idéal  plus  élevé. 


CHAPITRE  VU 

Eléments  de  la  civilisation  roumaine 
à  lépoque  moderne 


ELéMENTS  POPULAIRES  DE  LA  CIVILISATION  ROUMAINE. 

—  Une  partie  des  éléments  de  là  civilisation  roumaine 
qui  se  développa  depuis  le  xv*  siècle  était  d'ancienne 
origine  populaire.  Nous  avons  déjà  signalé  la  riche  hé- 
rédité thrace.  contenant  tout  un  systèn      "     bitationa, 
d'exploitation  agricole,  tout  un  art  pi  ,  commun 

k  tous  les  peuples  voisint  ayant  la  même  base  ethni- 
que  primordiale,    Serbes,    Bulgares,    Albanais,    Grecs 
même,  au  Sud,  et,  au  Nord-Est,  Ruthènes;  puis,  dans 
Tordre  spirituel,  les  mêmes  coutumes,  les  mêmes  su- 
perstitions, la  même  mélodie  des  chants  poi'  '        '  -^ 
mornes  rythmes  simples  de  la  danse  (le  rc  i 

est  encore  le  terme  grec  classique)  et  jusqu'aux  mêmes 
allures  d'une  syntaxe  qui  marque  d'un  sceau  archaïque 
tous  les  parlers  de  ces  régions. 

A  voir  l'aspect  des  maisons  à  un  seul  étage,  avec 
leur  foyer  séparant  deux  chambres,  avec  leur  ballus- 
trade  de  bois  sculpté,  avec  leur  large  cour  et  leurs 
haies  de  branches  entrelacées,  à  contempler  les  lignes 
des  vêtements,  la  forme  du  bonnet  et  celle  du  manteau 
jeté  sur  les  épaules,  la  chemise  ornée  de  dessins  multi- 
colores sur  ces  épaules,  sur  la  gorge  et  sur  les  i- 
la  ceinture  de  laine  ou  de  cuir,  ornée  de  L:. ......  s 

pointes  de  métal  et  contenant  tout  un  appareil  d'armes 
et  d'outils,  le  pantalon  de  toile  et  les  sandales  de  cuir; 


ÉLÉMENTS  DE  LA  CIVIUSATION   ROUMAINE  123 

à  étudier  les  formes  diflTérenies  des  omemeaU  de 
ces  vêtements,  ainsi  que  des  lignes  qoi  se  détachent 
sur  le»  in\''.  ''(\ue  et  les  con- 

tours des  v;  ;  i    i'Ulaire;  ù  cons 

tater  enfin  l'aspert  des  champs  labourés,  on  a,  de 
la  T  -  "^^  Art  et  du  Ténare  su  Taira  et    ni 

Bc  n  de  se  trouver  sur  un  ni>  .1. 

territoire    de   civilisation   rustique.   Cette   impression 
sera  confirmée  si  l'on  écoute  les  chants  mêlant*-'-  *""* 
de  la  (loina  roumaine,  les  accents  vivaces  qui 
les  danseurs  de  la  hora,  si  l'on  suit  les  mouvements 
d'enlaccn)ent.  de  trépidation  sur  place,  d'élégant  défilé 
de  cette  danse:  enfin  si  l'on  prête  l'oreille  aux  récits  en 
pruse  de  ces  hasme,  de  ces  povesti,  dont  la  lointaine 
origine  doit  être  cherchée  dans  les  fables  de  l'Asie  in-> 
rlicnne.  riche  en  fantaisie  et  en  enseignements  moraux: 
si  l'un  se  pénètre  du  sel  de  ces  facéties  qui  animent 
soirées  populaires  des  sezatori,  où  les  fuseaux  dér<^u 
lent  le  fil  ténu  du  chanvre  et  du  lin;  si  l'on  assiste  aux 
processions  des  rois  mages  avant  Noël,  aux  vœux  ; 
sentes  sous  les  fenêtres  spécialement  éclairées  du 
lage  par  les  enfants  qui  viennent  célébrer,  en  chan- 
tant, les  ■     '  ■     "^   ■ 
aux  farce ^ 

rencontre,  pour  la  Nouvelle  Année,  déj  <■  Duros- 

toruni   '  si  l'on  se  pénèti 

des  c«  I  antes  qui  aocoiii, 

de  Pâques,  bien  que  cette  grande  fête  chrétienne  soit 
re^'  ■  re  aux  vieux  décor  de  l'époi; 

i  romaine  sur  ce  fond  thrace  , 

profonde.  Le  vocabulaire  roumain  ne  peut  renseigner 
là-(i  j:      '' -ne  manière  bien  insuffisante,  car  un 

gr.i  notions  désignées  par  des  termes  d'o- 

h  aient  indubitablement  déjà  connues  par 

1<  ivant  la  première  apparit*-v   ^  •?  émigrés 

iLt  ant  plus  avant  l'œuvre  a  ic  par  les 


124  HlSTOim    DBS    ROUMAINS 

légions  sur  la  rive  gauche  du  Danube,  et,  d'autre  part, 
un  grand  nombre  de  mots  latins  ont  cédé  la  place  h 
des  mots  slave»,  choisis  pour  tel  ou  tel  avantage  ou  im- 
posés par  les  marchands  slavo-byzantins  des  cités  da- 
nubiennes. Néanmoins,  ce  vocabulaire  peut  servir  ù 
montrer  quel  était  le  capital  de  civilisation  élémentaire 
possédé  par  le  peuple  roumain  au  moment  où  il  entra 
en  relations  avec  de  nouveaux  facteurs  ethniques,  par 
l'invasion,  le  voisinage,  la  cohabitation  ou  seulement 
par  l'influence  des  courants  de  culture. 

Les  termes  qui  regardent  la  maison  avec  ses  H  ' 
rentes  parties,  sont  latins:  casa  (maison),  fereastra  :; 
nétre),  usa  (ostium  porte),  coperemtnt  (couvrement), 
scara  (escalier),  strat  {tratum,  lit):  plus  tard  on 
employa  le  terme  pat,  d'origine  byzantine  oa  peut- 
être  même  latine  ( I)  et  il  en  est  de  même  pour  ceux  qui 
désignent  les  meubles:  masa  (mensn,  table),  scfiun 
iscamnum,  chaise),  ou  les  ustensiles  de  ménage  et  les 
outils  ac  (aiguille),  ata  (fli),  degetar  (doigtier),  foar- 
fece  (forbices,  ciseaux),  cittit  (couteau),  furculita 
(fourchette),  teaca  (gréco-latin  :  thecn,  gaine),  oala 
(olta,  pot),  utcior  (urceolus,  urne),  galeata  (cf.  fr.  ga- 
lette, unité, de  capacité  pour  l'eau  et  pour  les  gr:i" 
pahar  (bocal),  cupa  (coupe).  Il  faut  mentionner 
cialement  les  termes  qui  désignent  les  occupations  du 
paysan  aux  champs  icâmp)  et  celles  de  sa  femme  dans 
l'économie  domestique.  Si  le  mot  plug  est  d'origine  ger- 
manique, labourer  s'appelle  a  ara,  semer  a  samana, 
cribler  a  treira,  récolter  a  secera,  a  culege;  la  paille 
s'appelle  paiu,  le  foin,  qu'on  coupe  avec  la  falcc,  faulx, 
/d/i);  la  sécheresse,  c'est  la  seceta  (siccHas). 

Toutes  les  variétés  des  céréales  et  des  légumes  por- 
tent des  noms  latin:  ^rdii  (blé),  orz  (orge),  ovat 
(avoine),  sacara  (seigle),   meiu  (millet),    puis:   fasole 


(1)  Communication  de  M.  le  profesacar  V.  Bo^^a. 


ÉXÉMENTS  DE  LA  CITIUSATION  ROUMAINE  125 

{faseolum,  haricot),  faua  (ancien  terme  pour  fève), 
ceapa  (cepa).  aiu  (ail),  curechia  (cauliculum,  choux). 
Le  dernier  produit  du  travail  de  l'agriculture  porte 
aussi  des  noms  de  même  origine:  faina  (farine),  la- 
mura  (farine  de  première  qualité),  pane  (pain).  Le  vo- 
cabulaire de  !;i  vilirulture:  vita  (vitis),  aua  iuoa),  uin, 
bute  (.totineau,  il.  hotte).  Tous  les  noms  d'arbres  frui- 
tiers et  un  assez  grand  nombre  d'arbres  forestiers  sont 
tirés  du  latin:  nialus),  gutuiu  h' 

nia,  coingj,  cvr  ,      ,  par  (poirier), 

etc.  (le  gland  s'appelle  ghinda). 

r  •••    *    • 

ti>s  _  ;  ^ 

sont  d'origine  latine);  le  «  ghem  »  (cf.  :  rer) 

déroule  son  fir  (fil)   de  chanvre  (cânepa  lin 

tin),  pour  former  le  tort  (de  torquere;  l'op»  >'ap- 

pelle  a  toarce,  et  il  y  a  aussi  le  verbe  a  uni,  ordire)  de 
toi'  -a:  on  a  ir         -'^spondant  latin).  I>es  ctofTes 

de  ^inà)  s'aj  ,  .  dans  le  vieux  langage  rou- 

main panura,  du  latin  pannus,  bien  que  le  terme  de 
postav,  d'origine  slave,  ait  été  importé  plus  tard  par  les 
marehands  étrangers.  Pour  fabriquer  ce  drap,  sHon  les 
anciennes  méthodes  simples,  on  emploie  le  pillon.  la 
piua,  piva  ipillula),  qu'on  rencontre  encore  près  des 
cours  d'eau  dans  des  clairières  de  forêts,  où  elles  font 
entendre  jour  et  nuit  leur  bruit  monotone.  Coudre,  a 
coase,  est  tiré  du  même  fonds. 

Les  pièces  prinei}>:!lcs  du  vêtement  populaire  ne  sont 
pas  empruntées  au  trésor  slave:  s'habiller  se  dit  a  se 
tmbraca,  d'un  terme  qui  rappelle  les  braccae,  les 
«  braies  i>  des  Sarmates  (français:  débraillé),  aussi  bien 
que  des  (laulois;  mais  le  vêtement  s'appelle  au 
mànt.  On  rencontre  la  chemise,  camata,  la  >.....:^.u 
brâu  ibranum),  la  courroie,  curea,  la  tarica  des  bar- 
bares, qui  a  conservé  le  nom  latin,  la  chaussure,  incal- 
tntnintf   (cahenimnliini :   il   v  a  âUssi   le   vieux   terme 


126  lUSTOIRB    on    ROUMAINS 

calce)  ;  même  les  boucles  d'oreilles,  cereei  {circuit),  ont 
conservé  Iti  -  dénonii     *'        '  '  ^ 

bracelets,/  "iiftau&.s  it 

le  nom  a  été  transmis  du  latin.  Le  peigne  est  pieptene, 
et  l'on  a  gardé  du  fonds  ancestral.  avec  le  balai,  matura, 
le  savon,  sapiui,  sopon,  et  la  lessive,  lesie. 

Dans  un  domaine  plus  spécial,  la  culture  des  abeill?» 

s'est  transmise  sans  interruption  depuis  1'  de?» 

Agathyrscs,    avec     les     produits     de  Val  nlh, 

blanc):  la  miere  et  la  ceara.  Toutes  les  o,  le 

l'apiculteur  sont  rendues  par  des  termes  w  .M.i^.,i,   la- 
tine. Il  en  est  de  même  pour  le  travail  des  mines.  Tous 
les  métaux:  aur,  argint,  arama,  fier,  plumb,  cositor 
{cassiterium,  ctain),  et  les  minéraux:   "'•'     •"■'■<-    '♦'' 
ont  gardé  les  anciqos  noms. 

Pour  les  relations  sociales,  le  voiabiiiurc  lalin 
donne  tous  les  termes  indiquant  les  relations  de  fa- 
mille: mania,  iata  (père),  frate,  sora,  socru  {aocer),  eus- 
cru,  cumna  (cognatus),  uar  primar  (cousin  " 
mier  »).  Les  noms  des  principaux  artisans  sont  laL..  . 
lemnar  (lignarius)»  fierar  ou  faur  (faber)*  rotar  (de 
roata,  roue),  tâmplar,  celui  qui  fabrique  des  templa 
(d'autres  noms,  dulgher,  stolcr,  pour  les  artisans  du 
bois,  sont  entrés  dans  le  trésor  linguistique  en  même 
temps  que  les  artisans  étrangers  pénétrèrent  dans  la 
communauté  roumaine).  Enfin  le  commerce  s'appelle 
negot,  négoce,  le  marchand  negustor,  marchander  a  ne- 
guta;  on  dit  prêt  pour  le  prix,  masi: 
l'unité  de  longueur  est  encore  le  cul 
Vendre  et  acheter  seront  donc  a  vinde  et  a  cumpara, 
prêter,  a  '  •  gain  de  l'emprunteur,  l'in- 

térêt, est  i  w  debenda). 

Les  termes  concernant  les  occupations  du  soldat  et 
ses  moyens  de  combattre  sont  restés  intacts:  u  '  '<% 
se  battre,   faire  la  veille,^  a  vcyhea  (cf.  le   m.  if 

Dcghe,  latin  vigiliae).  Le  guerrier  porte  dans  1'  •<  ost  ». 


ÈLàUESrS  DE  LA  CIVIUSATION   ROUIIAIXB  127 

oatte,  sons  son  chef,  le  cap  de  oa$te  (capiton  parait  être 
de  source  byzantine  tardive),  un  coif  latin  (casque), 
et  il  manie  le  sabrc«  aabia,  l'épée,  spata,  l'arc  arcul, 
dont  part  la  «  saette  »  française  de  jadis,  sayeata,  il 
fait  retomber  sur  rennemi  sa  terrible  massue:  ma- 
ciuca,  de  même  origine.  L'ancien  nom  du  drap«ui, 
avant  le  steag  slave,  est  flamura  iflambura). 

On  a  vu  qu'il  en  est  de  même  pour  la  loi,  pour  le  ju- 
gement et,  en  ce  qui  concerne  la  vie  supérieure  de 
l'àme.  pour  la  religion  aussi  (1). 

Otto  (ouolic  première  de  civilisation  contenait  aussi 
des  idées  p<j|i tiques  et  sociales  que  les  influences  ulté- 
rieures purent  modifier,  mais  non  remplacer.  La  vie  ru- 
rale des  daoae,  des  oici,  des  pagi  romains,  des  territoi- 
res autonomes,  se  perpétua  à  travers  les  siècles,  avec  sa 
conimunauli^  de  sang  entre  les  habitants  d'un  groupe 
village<  ndant  du  même  ancêtre,  que  des  Rou- 

mains a^^.....  .U  «  moi  »  (d'où  le  nom  de  Moaneni,  mos- 

teni  pour  ses  descendants,  et  celui  de  mosie  pour  l'héri- 
tage  terrien    lui-même.   Personne   n'était   prop- 

d'nn  terrain  délini.  dans  cette  exploitation  fraU 

des  champs  de  labour,  où  chacun  avait  le  droit  de  culti- 
ver sa  «  part  •>  {parte;  le  mot  en  arriva  a  remplacer 
tout  autre  terme  désignant  la  propriété),  les  limites  de 
chaque  lot,  fixées  par  le  degré  de  la  descendance,  n'a- 
vaient jamais  été  transposées  sur  le  terrain  qui  ne  con- 
naissait pas  de  bornes  (margine,  d'origine  latine,  a  seu- 
lement un  sens  géographique,  et  granita,  de  l'allemand 
*"  anal  slave,  ainsi  que  hotar,  du  hongrois, 

s  importés  h  une  époque  plus  récente), 
dhacun  de  ces  groupes  vivait  par  lui-même  et  pour  lui- 
même.  «  adoptant  »  seolement  —  ainsi  qae  nous  l'a- 
vons montré  —  de  temps  à  antre  les  jeunes  fens  qui. 


n  uteario,  Btgmologitehts  WôrUr^uch  âtr  Bu- 

nui;  c.  ItW. 


128  ristoihb  obs  roumaiks 

abandonnant  tout  leur  passé,  venaient  se  marier  daat 
le  village  et  se  confondre  dans  son  unité  t'  U% 

familière  et,  pour  ainsi  dire,  politique.  Auss.  ..  ..m> 
merce  cessa-t-il,  et  il  n'y  eut  plus,  à  l'exception  des 
foiffs  au-delà  des  fr<  -s  sur 

telle  montagne  entre  ^ ..       a  venait 

marier  les  jeunes  fliles  {târgul  de  fête),  que  le  troc  des 
rares  objets  qui  formaient  h-  '      "une  vie  écono- 

mique basée  sur  le  seul  trav;ii  ^ue. 

Si  la  vie  rustique  vient  des  Thraces.  Rome  avait  in- 
filtré dans  l'àme  des  Thraco-Illyriens  cette  n  ''  né- 
cessaire, indispensable,  de  l'empereur,  qui  se  ire 
aussi  bien  chez  les  Roumains  que  chez  les  Albanais.  On 
avuqu'»'"  rcha  au  moyen  âge  ces  aventures  roya- 
les et  iiiii  ^  qui  coûtèrent  aux  Bulgares  et  aux 
Serbes  le  meilleur  de  leur  sang,  les  jetant  dans  des  lat- 
tes incessantes  dont  le  but  devait  être  la  couronne  des 
Césars  d'Orient  ou  celle  de  leurs  concurrents  d'Occi- 
dent. Cette  notion  d'un  seul  droit  politique,  nécessaire- 
ment légitime  dans  le  sens  traditionnel,  permit  aux 
Roumains  de  conserver  l'idée  d'Etat  dans  la  forme  mo- 
deste du  Voévodat  paysan,  pour  qu'elle  put  se  dévelop- 
per aussitôt,  abandonnant  cette  aire  rurale  des  Carpa- 
thes,  au  premier  concours  favorable  de  circonstances. 

Influences  byzantines  et  slavo-byzantines.  — 
Bien  avant  la  première  influence  féconde  de  l'Occi- 
dent, qui  ne  pouvait  s'exercer  que  par  un  con  oc 
le  monde  colonisateur  des  Saxons  de  Tr:r  le, 
au  XII*  et  au  xiii*  siècle  ou  par  le  monde  marchand 
des  Italiens,  donc  à  l'époque  de  l'activité  des  Gt  riois 
et  des  Vénitiens  dans  la  Mer  Noire,  au  xiii*  et  au 
XIV*,  une  puissante  influence,  venant  du  Sud,  féconda 
cette  semence  primitive  de  «  '  '"in  Ihran  ne. 
qui  contenait  des  germes  ;  >  d'un  .  i>e- 
ment  supérieur. 


ÉLÉMENTS  OB  lA  aVIUSATION   ROUMAINS  129 

Si  les  Byzantins,  de  tradition  romaine,  de  langue 
grec<7ue  et  de  coloris  oriental,  ne  passèrent  le  Danube 
que  pour  écarter  la  menace  d'une  attaque  des  Slaves, 
des  Avars  ou  des  autres  Tourcniens  et  pour  affirmer 
les  droits  imprescriptibles  de  l'Empire,  il  y  eut  des 
relations  incessantes  entre  les  paysans  de  la  rive  gau- 
che et  les  rentres  iirhains  *;  «^rvèrent  sans  inter- 
ruption, pendant  tout  le  .  .^  âge,  leur  force  de 
rayonnement  économique  sur  la  rive  opposée.  Plut 
tard,  de  grecs  qu'ils  étaient  devenus  après  une  pre- 
mière phase  latine,  ces  centres  gagnèrent  un  carac- 
tère slave,  et  nous  avons  déjÀ  signalé  l'apport  de 
mots  étrangers  qui  en  résulta   pour  la  langue  rou- 

111  ai  II.-. 

Les  monnaies  byzantines,  en  commençant  par  celles 
du  VI*  siècle,  sont  très  fréquentes  dans  tous  les  trésors 
mon  "  s  qu'on  a  découverts  dans  ces  régions.  Mais, 
du  t  que  les  Roumains  n'avaient  pas  encore 

une  vie  organisée,  un  prince  aux  allures  royales,  une 
cour,  une  armée  permanente,  une  vie  sociale  plus  dé- 
veloppée, avec  tout  le  luxe  d'une  classe  supérieure,  se 
partageant  les  offices  civils  après  avoir  collaboré  à  la 
gloire  du  maître,  cette  influence  de  Byzance,  d'un  ca- 
ractère surtout  politique,  ne  pouvait  pas  s'exercer 
d'une  manière  sensible. 

Les  î  N  Voévodes  qui  affi-  .  protciilinn 

d'être  k ni  «  de  tout  le  pay^  m     ,  i-taient 

encore  de  simples  princes-paysans,  continuant  la  tra- 
dition impérip^  '  'ii"^  modestes. 
S'ils  se  réfugii  .  r,  dans  leur 
forteresse  d'Arges,  s'ils  purent  s'annexer  le  centre 
urbain  de  Càmpulung,  fondé  par  les  Teutons  •!  habité 
par  (les  Iraurgeols  originaires  de  Transylvanie,  s'ils 
avaient  hérité  des  Tatars  un  système  douanier  et  si. 
enfin,  le  Ban  hongrois  de  Severin  leur  fournissait  sa 


ISO  HtsToinc  n»  roumains 

monnai  >  ne  ^  ciaiont  encore  assuiitie  > 

ce  qui  .1  .c  une  vroic  vie  d'Etat,  stipéricn 

simples  usages  patriarcaux. 

La  rapide  arrivée  en  \ .  i  ! 
ments:  prélats.  lettrés.  nol»U  .  ^u.  , 
quête  turque  chassait  de  leurs  patries  baicaniqucs.  dut 
amener  un  changement  presque  inopiné.  Il  y  eut  bien 
sous  Laîco,  protecteur  du  siège  latin  d'Arges,  qui  em- 
ployait une  chnncellerie  latine  empruntée  h  la  Hongrie 
et  scellait  même  ses  actes,  ses  traités,  d'un  sceau  avec 
une  inscription  latine,  une  légère  inclination  de  la  ba- 
lance du  côté  de  l'O  ;  mais  l'Orient  trouva  bien- 

maine. 

Il  y  eut  ilabord  l'influence  directe  de  Couilaaliuople, 
qui,  sous  les  Palcologues,  devait  reprendre,  avec  de  si 
faibles  moyens  matériels,  l'ancien  programme  de  la  do- 
mination romaine.  Le  "  despotat  »  était  un  moyen  de 
réunir  tout  ce  qui  s'était  formé  d'indépendant  dans  la 
péninsule  balcanique  à  la  vie  byzantine,  à  la  dynastie 
qui  la  i<  tait  et  l'incarnait;  car  ce  titre    ■ 

pote,  a\i  oit  de  porter  la  pourpre  sur  le  vi 

et  la  chaussure,  de  faire  broder  l'aigle  bicéphale  des  em- 
pereurs sur  les  chlamyd  cnémides  et  le^  " 
quins,  n'était  accordé  qu  \  auxquels  on  a\ 
l'honneur  du  mariage  avec  une  princesse  impériale. 
Mircea.  le  fils  de  Kallinikia,  porte  donc  dans  son  por- 
trait du  couvent  de  Coria  un  costume  de  chevalier  franc 
selon  la  mode  introduite  en  Hongrie  par  les  Angevins, 
mais  sur  sa  tunique  de  pourpre  l'aigle  se  ■''  '  -■  en 
broderie  d'or;  on  a  vu  déjà  que,  étant  «  d<  .  il 


(1)  Cette  monnaie  s'appelait  le   •    ban   ■,  qui   >  :  our 

les   petites   transactions,   tandis  qn*   l'aspre  et    1'!  de 

Bjzance  <lr  mot  ptrper,  parpar.  resta  Jusqu'à  n  ' 
dans  le  nom  d'un  impôt  sur  les  vignes,  le  parp<tr  : 
pour  les  gros  prix. 


•WHU 


lLéME!rrS   DR  LA  CTVIUSATION    o...  „-,...,.  131 

avait  gagné  le  droit  de  posséder  légitimement  Théri- 

tage  maritime  de  l><>broliisch,  '<  despote  »  lui  aussi  par 

ses  lien»  de  parente  avec  les  Césars.  Maintenant  une 

j)o\e,  dans  les  s  d'églises,  sur 

.-  .1  aux  longues  L -  .1  à  la  barbe  de 

Christ,  comme  celle  des  «  basileis  »  de  Constantino- 
plc.  Il  donnera  des  privilèges  au  bas  desquels  le  vau- 
tour valaque  posé  sur  le  rocher  sera  bientôt  remplacé, 
dans  des  sceaux  comme  ceux  des  chrysobules,  par  !*{• 
maf:  figures  couron- 

née^   .  ,  :  ie  la  chancelle- 

:  ie  impériale  feront  ressortir  le  caractère  «•  très  pieux  », 
pour  le  Christ  i-nt 

comme  un  <•  un  :an- 

quera  pas  de  faire  flgnrer  au  bas  de  ses  diplômes  le  mo- 

-n  lettres  rouges  .    -  '  -   ni  le  titre  du  dona- 

.  si  auparavant  1  >de  ne  pouvait  que 
<  '  ier  à  un  couvent  ou  à  un  soldat  son  droit  de  préle- 
\\r  la  dîme  sur  sc«     ■■:  •      :..•........•   :i  . i...-^ç,y|l 

S4»n  «Iroit  inipéria!   >.  et 

tôt  on  le  verra  confirmer  toute  mutation  de  pro- 
fil, té  en  vertu  d'un  droit  supérieur  qu'il  s'attribuait 
sur  le  sol  de  sa  -  domnie  »,  de  son  principat.  Lorsque 

'■■'•e  Dan  11,  feront  leur  ap- 

r,-  "  -" i. ....,, ..i-,  cette  influence  directe  de 

n'en  sera  que  plus  forte:  elle  aurait  continué  à 

na- 

,- •     -,^    .iile, 

.  I  me  avant  l'établissement  des  Sultans  dans  la  Capi- 
t  <  s  que  celles  par  la 

Mri  .     i......:-c. 

Quant  à  là  Moldavie,  elle  n*eut  de  relations  politiques 

avec  l'en  ^ous  le  règne  d'AIe- 

e-Bon.  <  époque  des  livres 

tithurgiques  en   slavon  et  en  grec,  des  inscriptions 

grecques  sur  les  murs  de  *"  "  '       *  "  a  et  enfin  des 


132  HISTOIIIE    DIS    nOt'MAIMS 

broderies,  ornées  du  portrait  liu  jimnf  et  df  ^  i  Mime, 
dont  le  caractère  d'  <•  autocrates  »  est  afli:  nu  |*.ir  une 
légende  grecque.  Comme  Jean  V'II.  empereur  de  Cont» 
tantinople,  associé  à  son  père,  le  très  vieux  César 
Manuel,  passa,  en  revenant  d'Occident,  par  la  Molda- 
vie, vers  le  port  de  Chilia,  on  parla  plus  tard,  non  teu- 
lement  de  telle  image  dont  il  avait  fait  don  à  son  hôte 
et  qui  continuait  à  faire  des  miracles  dans  le  grand 
couvent  de  Neamt,  mais  aussi  d'un  acte  de  recon- 
naissance solennelle  accordé  ;'•  rr.f;if  .f  ;•  I*F.L»li«i*»  nml- 
daves. 

Byzance  avait  aussi  un  moyen  ind.  '^r 

son  influence.  Qu'étaient,  en  effet,  cc^  i; n  iu 

Danube,  ces  royaumes  et  ces  Tzarats.  sinon  des  con- 
trefaçons de  ses  institutions?  Avant  de  périr,  le  despo- 
tat  serbe  venait  justement  de  donner  une  nouvelle 
école  de  clercs,  celle  d'Etienne  le  philosophe,  contem- 
porain du  grand  Patriarche  bulgare  Euthyme.  et.  par 
leur  «  Tzarat  »  de  Vidin,  les  Bulgares  conservant  en- 
core des  traces  de  la  civilisation  byzantine,  s'étaient 
rapprochés  des  possessions  du  prince  valaque. 

Entre  les  actes  de  Stachiniir.  prince  de  Vidin  au 
milieu  du  xiv*  siècle,  entre  ceux  du  despote  Etienne, 
fils  de  Lazare,  et  entre  les  premiers  actes  des  Voévodcs 
de  V^alachie,  il  n'y  a  aucune  différence:  même  forme, 
même  style,  mêmes  ornements.  La  langue  est,  d'un 
côté  comme  de  l'autre,  l'ancien  slavon  de  Méthode  et 
de  Cyrille,  ce  dialecte  de  Macédoine  dont  les  apôtres 
instinctifs  du  slavisme  avaient  fait  une  langue  lithor- 
giqne.  une  nouvelle  forme  canonique  de  l'Ecriture 
Sainte,  et  qui  avait  dû  envahir  les  chancelleries  à  une 
époque  où  l'Etat  et  l'Eglise  n'étaient  pas  encore  sé- 
parés comme  plus  tard  au  temps  de  la  Renaissance. 

On  peut  aussi  se  demander  si  c'est  Constantinople 
seule  qui  donna  à  la  principauté  vnlaque  les  titres  et 
les   attributions   de    ses    offiiicMs    et    dignitaires,    tels 


ÉLÉMENTS  DE  LA  CIVIUSATIOM   ROUMAINE  133 

qu'on  les  rencontre  dans  les  actes  de  Mircea  et  de  ses 
successeurs:  le  logothète,  maître  de  la  chancellerie. 
Je  vornic  (de  duor,  slavon:  Cour),  le  majordome,  le 
palatin  de  la  résidence,  du  •<  sacré  palais  •*.  le  vistier- 
nie,  au  nom  s]a\isé.  qui  gardait  le  Trésor,  le  comit 
(venu  du  latin  cornes,  par  le  canal  byzantin),  qui 
avait  sous  su  surveillance  les  écuries  princières,  puis 
le  spatar,  chef  des  armées,  dont  le  nom.  qui  pourrait 
venir  «^  lain  épata,  épée,  est  ce; >  un  em- 

prunt •  (U  «  ^athaiïos  »  de  Co  lople,  le 

postelnic,  cubiculaire  ou  chambellan,  et  enfln  ces  stra* 
ton  •    •  f      •       •         %.  nom  «1. 

ent  I  que  avr 

imitateurs  slaves. 

Cette  influence  passa  aussitôt  en  M 
frontière  n'axant  pu  séparer  la  vie  spi  ^ 

tement  unitaire,  de  la  nation.  Elle  y  trouva  cependant 
une  autre  influence  slave,  d'origine  byzantine  infini- 
ment plus  ancienne,  parce  qu'elle  date  des  premiers 
contacts  entre  les  Russes  de  Kiev  et  les  Impériaux 
romains  et  orthodoxes  du  Bosphore.  I^s  premiers 
se<*rétaires  des  Voévodes  moldaves  vinrent  de  la  Gali- 
cie   russe,    de    la    Cour   des   princes    1  ns.   qui 

avaient  succédé  aux  rois  de  la  Russie  Ho.^^..  v  i  un  for- 
mulaire plus  bref,  plus  concis,  mêlé  de  ces  éléments 
latins  que  les  Voévodes  du  Marmoros  avai< 

avec  eux  à  Maia,  se  distingue  nettement  d,   ..... 

phrase  pompeuse  qui  domine  dans  les  diplômes  vala- 
qups.   I/ordrr  '     ires  est   aussi  plus 

des   sei^ru-urs  .    sans  fonctions  à   I 

des  conseillers  n'ayant  pas  d'autre  qualification,  des 
chevalit  rs,  des  "         s»    ou    *>*         's 

à  la  m  'ologne,    -  >ec  les  ij      ^     > 

détenteurs  des  charges  d'un  caractère  byzantin.  Les 
bufRrnves  paraissent  dominer  de  leur  importance  mi- 
litaires   tous   les   autres.    Il    fallut   attendre    le   règne 


134  BlSTOim    ou    nOU  MAINS 

d'Etienne-le-Grand  pour  que  la  hiérarchie  adoptée 
déjà   par   les   Valaques  pa«tAt   dans  l'autre   prind- 

nnilti'. 

T;      MAiNt.  —  Avant  la 
ton  ^    luchie,  las  RMimalns 

n'avaient  que  des  églises  de  bois,  et  le  clergé  était 
formé  uni(|i  '  de  prêtres,  d'origine  paysan  i 

sacré  à  Vu  .  par    des    ••   exarques  »    |>  i 

moins  canoniques,  qui  vivaient  dans  les  monastères, 
comme  ces  «  pseudo-év^ques  »  que  mentionne  dès  le 
commencement  du  xiii*  siècle  un  bref  du  Pape.  Des 
ordonnances  impériales  avaient  bien  attribué,  ainsi 
que  nous  l'avons  déjà  dit,  au  xi*  siècle,  des  droits  de 
surveillance  au  PaLriarche  de  Silistric.  qui  devint  bien- 
tôt le  simple  Métropolite  négligé  d'un  ville  appauvrie, 
et  à  son  sulTraganL.  l'évoque  de  Vidin:  mais  on  pense 
bien  que  celui  qui  devait  réciter  les  prières  devant 
l'autel  rustique  ou  devant  une  de  ces  croix  de  bois  au 
dessin  naïf  qui  orne  encore  les  grandes  routes,  ne  pou- 
vait pas  venir  du  fond  de  la  Moldavie  future  pour  de- 
mander la  consécration  à  ce  cbef  hiém 

Aussitôt  cependant  qu'il  y  eut  un  j;    .1, .    a  Arges, 
il  sentit  le  besoin  d'avoir  auprès  de  lui  un  archevêque, 
car  l'un  était,  selon  les  idées  de  l'époque,  le 
ment  de  l'autre.  Non  pas  un  évêque  latin,  c. 
été  donner   à   entendre  que  la   nouvelle   principauté 
était   dans    la   dépendance   du  nie   de    H 

uais  bien    un   Métropolite   01 1  ,   pour     i  r 

^si.  non  seulement  le  caractère  orie-ntal  de  la  reli- 
gion chrétienne  dans  cette  région,  mais  aussi  1'  »  auto- 
cratie »  du  voévode.  Or  le  Patriarche  trcuménique, 
dont  l'action  était  déterminée  par  les  même  motifs 
d'impérialisme  byzantin  que  celle  de  sr.  '"  -  *  ■  • 
guère  disposé  à  admettre  une  pareille  j 
traire  à  l'idéal  de  domination   romaine  de   l'Empire 


^L^MENTS   DE   LA   r.fVILISATIOS    ftOLIfAINK  135 

î  :n<'    (•<'{><•  lulant    le    prince    AlCKbodre, 

'!  i*'jà,  proliahiement,  la  bcllr  église  for» 

tifiée  de  Saint-Nicolas  (Sân-Nicoara)  sur  !•  place  la 
{>'  '  ée  (le  sa  capitale,  persistait  dans  mmt  demande 
<[  pouvait  pus  rt-fiiser  ju<»qa*au  beat  à  an  «  éf' 

naste  m  qui  pouvait  bien  se  toamer  vers  les  propaga»- 
'  ''  -  "  'i<pu^,  on  recourut  à  un  biais;  on  lui  per- 
à  Ar^cs.  comme  Métropolite  de  la  Hon- 
gro-Valachie  •  (dintincte  de  la  Valachie  thessalienne, 
balcanique)  et  "  exarque  des  plateaux  •>  (ptaûtrO,  le 
prélat  qui.  presque  sans  fldèles,  résidait,  dès  le  com- 
mencement de  ce  XIV*  siècle  aa  moins,  à  Vicina.  près  du 
point  de  séparation  des  branches  da  DaniilM.  Peut- 
être  m«>me  ce  jjrec  de  création  patHareale,  Hya- 
cinthe, m  iser  les  i.  jj^ 

«-e  trouva..  ..  , ...-S  rinflut'i-, .  ,. , ^    ;  oé- 

ode  valaque.  maître  des  rives  danubiennes  jusqu'à 

circonstances  dans  lesquelles 

I  .       .^   se  valaqne. 

Cette   Eglise   fut  conduite   d'abord   par  Hyacinthe 

^  )ulos,  qui  portait 

il  prit  le  titre  de 

Métropolite  d'une  partie  de  la  Hongro- Valachie   », 

•  <jiii   <lrv;ii!   vÎL^nifier  bientAt  l'évèché  fî     "^  ou 

i'    H.uiiiiM  .  sur  ;.t  rivière  de  TOlt,  le  «  N     i  \e- 

in  »:  plus  tard  leur  successeur  fut  le  supérienr  Mlnic 

iir^  rnnvrnU  (\r\  Mont  Athos,  Chariton.  qui  ne  semble 

pas  .1...:;    ,     ,  :.•  d'une  manière  permanente  dans  le 

pays,  car  il  conserva  ses  anciennes  attributions  mo- 

n-^ '"'•■'%.  Ils  avaient  introduit  sans  doate  la  liturgie 

<^n  mente  temps  que  l'art  bjmntin:  cet  art 

r  aux  anciennes  traditions  de  la  peinture. 

^ — ...  dans  l'urchitecture  les  normes  plus  sim- 

•les  de  la  Montagne  Sainte,  comme  on  le  voit  dans 
M>   église   cathédrale   dite    •>    princière    •    de 
-\roos.   nvfr  .îfs  fresques  admirables. 


136  HISTOIRB    DBS    ROUMAINS 

La  Moldavie  de\'ait  être  comprise  naturellement 
dans  ce  système  hiérarchique,  destiné  à  faire  revivre 
la  puissunoe  des  Byzantins  par  l'extension  des  droits 
de  leur  Eglise.  Déjà  l'on  avait  accordé  au  roi  de  Polo- 
gne Casimir-le-Grand,  maître  de  la  Galicie,  un  évé- 
que  grec  de  Halic^,  Antoine,  qui  devait  exercer  des 
droits  aussi  sur  la  partie  supérieure  du  pays  mol- 
dave dont  les  districts  inférieurs  étaient  soumis  Jus- 
qu'alors au  Siège  de  Moncastro  (Cetatea-A^^  "  idé 
probablement  vers  1350,  en  relation  avec  !■  ré- 

cent du  nouveau  martyre  Jean.  De  ce  côté  aussi.  Il  fal- 
lait écarter  un  évêque  latin,  qui  particulièrement  re- 
muant, s'était  déjà  insinué  à  Séreth  et  que  le  prince 
Latco,  successeur  du  fondateur  Bogdan,  voyait  d'un 
mauvais  œil,  ne  voulant  pas  reconnaître  une  dépen- 
dance politique  de  la  Pologne.  Mais,  de  ce  côté  aussi, 
Byzance,  par  égard  même  pour  les  prétendus  suze- 
rains du  voisinage,  hésitait  à  créer  un  Métropolite  spé- 
cial. Le  Patriarche  envoya  donc  un  certain  Théodose, 
puis  Jérémie,  qui  s'établit  plus  tard  à  Trnovo,  en  Bul- 
garie, sans  qu'ils  eussent  probablement  un  titre  mol- 
dave. 

On  essaya  plus  tard  de  faire  du  "  protopope  » 
moldave  Pierre,  un  simple  hégoumène,  1*  "  exarque  " 
que  Byzance  consentait  à  accorder  à  cette  seconde 
principauté  roumaine.  Puis  on  recourut  à  un  Métropo- 
lite de  Mitylène,  à  un  évéque  de  Bethléem.  Mais  le 
pays  ne  voulut  admettre  aucun  de  ces  prélats  étran- 
gers: il  consentait  à  t-  Ut  à  Suceava  la  rési- 
dence de  révoque  de  C'  \lba,  mais  à  condition 
que  le  titulaire  fût  le  Roumain  qui  exerçait  jusqu'a- 
lors dans  le  pays  d'.Alex:i  '  ■  '  ■  "  '■  'nis- 
copales.  Au  moment  où  .  j»ar 
les  Turcs  cherchait  désespérément  un  appui  et  des 
subsides  dans  toutes  les  régions  de  Tortli  ?  '  le 
nouveau  prince  lui  arracha,  en  1401,  cette  s>  <lé- 


ÉLÉMENTS   DE  LA  CIVIUSATION   ROUMAINE  137 

flnitive  d'un  long  conflit  (1).  II  y  eut  cependant  plus 
tard  en  Moldavie  des  Métropolites  grecs,  comme  Da- 
mien,  qui  représenta  la  principauté  au  synode  d'Union 
*le  Florence  et  qui  laissa  sa  belle  signature  de  «  Métro- 
polite de  Moldovlachie  »  au  bas  de  l'acte  mt^me  de  la 
réunion  des  K^lisrs,  et  l'on  rencontre  dans  la  pre- 
mière moitié  du  w  siècle  tel  cas  où  le  Patriarche  crut 
pouvoir  interdire  h  un  archevêque  moldave,  fautif 
envers  lui.  l'entrée  même  de  la  ville  impériale. 

Ce   qui  empêcha   cependant   l'établissement   de   la 
I  -  et  de  la  civilisation  grecque  sur 

1-  -    -    .  action  de  la  propagande  slave,  faite 

par  de  simples  moines  serbes,  adversaires  en  principe 
'  lie  qui.  au  Mont-Athos  même,  n'a- 

\        ^  L'n  de  ces  «   popes  »,  NIcodème, 

dont  le  père,  grec  de  Macédoine,  parait  avoir  eu  du 
sang  roumain,  se  vit  obligé  par  la  conquête  turque  en 
plein  progrès,  d'abandonner  le  royaume  de  Lazare, 
son  protecteur,  pour  chercher  un  refuge  chez  les  «  Hon- 
grois »  de  la  rive  gauche  du  Danube.  Il  y  bâtit  d'abord 
Vodita.  au-dessus  des  Portes-<le-Fer,  puis  Ttsmana. 
dans  les  montaf^nes  du  Jiiu.  enfln  Prislop,  au-delà 
des  Carpathes,  fondations  monacales  autonomes,  ha- 
bitées par  des  moines  lettrés  de  langue  slavone.  Laîco 
et  son  frère  Radu  acceptèrent  volontiers  le  patronage 
de  ces  monastères,  qu'ils  enrichirent  de  leurs  dons,  et 
Mircea.  suivant  l'exemple  du  «  pope  »  fit  élever  sa  fon- 
dation de  Cozia,  puis  celle  de  G>tmeana,  pendant 
qu'un  de  ses  boîars  donnait  à  la  Grande- Valachie  la 
belle  Maison  de  Snagov.  près  de  Bucarest,  au  milieu 
d'un  large  lac,  entouré  de  profondes  forêts. 


(1)  Cf.  notre  étude  «ur  Ut  •  Gwditlons  de  poUtlqae  féné- 
-alc  dans  tosqoelles  furent  fondées  les  Eflieet  roamalB—  «ox 
\ty  et  XV*  «ièclct  •.  dan«  le  •  Balletin  de  U  SoctJoo  hialoriqv* 
Je  VAcMdémU  Roumaine  >,  année  IflS. 


13t  NISTOIRE    DBS    norMAIMt 

Mais  le  mom'ement  ne  s'arrêta  pas  aux  frontières 
mal  assurées  et  provisoires  de  cette  principauté.  Det 
dinriples  de  Nicodème  travaillaient  déjà  en  Moldarie 
sous  le  ri'gnc  do  prinrr  Pierrr-I",  qui  parait  avoir  été 
enterré  dans  le  i  i  -  Ncamt.  création  de  cet 

hôtes  actifs  et  en  «..      .   .  i> ,„  i"  éleva 

auprès  de  la  fort.  l  son  nom 

on  monastère  ({ui  devint  la  résidence  d'an  évéqtM 
non  canonique,  tandis  qu'un  autre,  Joseph,  le  futur 
Métropolite,  exerçait,  dans  les  mêmes  conditions,  ses 
fonctions  à  Suceava.  Bistrita.  près  du  nid  de  monta- 
gnes de  Piatra  (de  fait:  Piatra-Iui-Craciun,  Rocber-de> 
Craciun),  puis  Moldovita.  non  loin  de  Baia,  le  princi- 
pal établissement  d'Alexandre-le-Bon,  appAraissent 
avant  le  commencement  du  xv*  siècle. 

L'assaut  livré  par  la  hiérarchie  grecque  trouva  donc 
en  Moldavie  des  évèques  dr  its,  rep^  «ts 

de  la  tendance  slave,  et  la  Nx.    ..  resta  à  •_  >  r- 

bes  ».  Sans  un  plus  long  combat,  ce  courant  «  serbe  •• 
S'  aux  dépens  de  '     i  ■  A  un 

<  moment  même,  ^lanli- 

e  étant  devenues  très  difflciles  à  cause  de  la  pré- 
s.         fl  les  Métropoliles  molda\       '  ^a- 

ri.      I  <>  l'ancien  siège  iNdgare.  •  or- 

tance  avait  été  accrue  par  les  besoins  religieux  de  la 
Bosnie,  de  la  nouvelle  Herzégovine  et  des  possessions 
vénitiennes  de  l'Adriatique. 

i.NFLlENCE.    Tl  »\V/i  I       ri      ».Mi<.«)-li   i  î   ne     io- 

fluence  turque  ne  devait  s'exercer  (j;  .     lard.  Elle 

est  à  peine  visible  au  xv*  siècle,  où  commence  cepen- 

î.int  l'envoi  à  Constantinoplc  des  jo-    -    • --"-fs  ota- 

es  et  des  botars  qui  devaient  Icv  ;i  ;  déjà 

ۥ    lils    d'Eticnne-le-Grand.    Alexandre,   qui    devait    y 

înourir.  puis  un  fils  de  ce  dernier,  le  nouvel  Etienne, 

qui  remplaça  Pierre  Rares,  et  enfin  le  fils  ulné  de  ce 


ÉLÉMrNTS   DE  ï-\  CITIUSATIOS  ftOUMAlNB  139 

der  :)•■;■   ,■   .  ■     -  ■■'   F'!--     '■■  •'••;it  fait  :ti: 

Unt.'    I>:i;  il'"    '!'■    .  ■'!!     .  iiU'':ti  1'»:!    .ni    -ii.   ?tru    (Jf   cr 

mêlé  de  Viztrs,  de  Padws,  de  begs,  d'agas.  d'inter- 
prèlc»  et  'V  "  s   ■  nootéfariitcas  »,  jeunes 

chrétiens    ^  es  dans  la  clientèle  du  Sul- 

tan, de  janis!iaires  étroitement  enfermés  encore  dans 

Jeu       -'       re,  et  de  spahis,  surtout  de  sp"'-- 

og;  le  faste  de  leurs  richesses  féo<i 

On  T  parlait,  du  reste,  le  grec  et  le  serbe  aussi  bien  que 

le  turc  de^  ~ "Tarants.  Ces  princes  en  rapportèrent, 

avec  un  ]>  potir  la  religion  de  llslam,  dont  l'a- 

doption  ferra-  ait  l'accès  à  toutes  les  faveurs 

et  à  tou4  les  a. .^cs,  un  goàt  du  luxe  oriental  en 

habit  H,  en  joyaux,  en  cheraux  de  prix,  que  les  pays 
rf«  ^t  pas  er  m  fo- 

rit...    ..,.,    urgent,   s.:..      - -  -.  qui 

réunissait  les  renégats  de  toutes  les  races. 

Mais  ceux  qui  contribuèrent  surtout  à  modifier  dans 
un  sens  défavorable  les  anciennes  coutumes  roumai- 
ne s  ces  Turcs  eux-mêmes.  Leurs 
m  :  ■■'*  rares  en  deçà  du  Danube,  où 
ils  n'avaient  pas  hs  droit  de  se  bâtir  des  maisons  de 
f»ritrf.  et  le  commerce  le  phts  rémunérateur  ''  '  '^  " 
•surtout  par  les  janissaires  <ftt  la  garde  ou  j 
venus  de  Constantinople,  c|ui,  comme  créanciers  des 
princes,  •  s'établissaient  pr  •  '-"--cment,  arrogan!-  -•• 
insolents,  dans  K-s  lU-ux  s.  Dans  la  clic 
ottoiianr  s",  levaient.  !    :      :i  '     ûna—at.  let  dea>' 

rciiiliiits   :        i<les  Taiiitut  -  i<;. /.i.itines,  qvd,  coanac 

m;ini-urs  •.  en  étaient  arrivés  sous  Soliman- 

le-N!;i^nili'ji;'         .!'•:•.   avec  leurs  coUègoes  a- 
hm-hn   rt    idii's.  nuti   ^«.uleInent  la  direction  du  <. — 
iiu: -'    m'   r.'ur  de  HSsApire.  mais  aassi  la  ferme  des 
luiu'  !{*. :'iv  I   '. -rMis  <l(i  ')  résor  Impérial:  salines,  doaa- 
nc>.    If  t  h  M  '  X     M     '     '   '  jntacnzônc  fut.  dans  le  troi- 


140  HISTOIRK    DBS    ROUMAINS 

si^inc  quart  du  xv*  siècle,  le  personnage  le  plus  res- 
pecté parmi  tous  les  chrétiens  sujets  du  Sultan;  les 
Patriarches  (Pcuméniqufs  changeaient  à  son  gré,  et 
sans  sa  volonté  on  ne  pouvait  arriver  aux  trAncs  da- 
nubiens, ni  s'y  maintenir:  ses  lettres,  scellée»  de  l'ai- 
gle bicéphale  de  Byzance,  étaient  le  meilleur  sauf- 
conduit  pour  tous  ceux  qui  avaient  quelque  faveur  6 
demander  ou  quelque  châtiment  à  éviter.  Toute  une 
société  remuante  de  Grecs  s'agitait  autour  de  lui,  et 
certains  parmi  eux  venaient  faire  sous  sa  protection 
des  afTaires  brillantes  dans  la  V'alachie,  dans  la  Molda- 
vie, sorte  de  Terre  Promise  déjà  vantée  depuis  des 
siècles.  La  fille  de  Rares.  Chiajna.  mariée  à  Mircea- 
le-PAtre,  et  son  fils,  le  prince  Pierre,  étaient  à  la  dis- 
position de  cette  engeance  chrétienne  du  nouvedU 
Stamboul,  qui  intriguait,  dénonçait,  briguait  pour  ac- 
croître sa  richesse  cl  son  importance.  Alors  <i 
Grecs  venus  sur  le  Danube  à  l'époque  de  la  c«i  i 
turque  avaient  été  des  prélats,  des  dignitaires  byzan- 
tins, des  membres  de  l'aristocratie  et  ii'  !-s  mili- 
taires, leurs  successeurs  furent  des  i  mhIs  de 
toute  espèce,  des  prêteurs  d'argent,  des  agents  d'affai- 
res et  des  instruments  habiles,  prêts  à  toute  entreprise 
rémunératrice,   fût-elle  criminelle. 

Nous  ne  parlerons  que  plus  tard,  en  relation  avec 
une  autre  influence,  des  Grecs  qui.  venant  des  colo- 
nies italiennes  du  Levant,  apportaient  avec  l'intelli- 
gence et  l'activité  de  leur  race,  une  àme  plus  honnête 
et  des  tendances  de  civilisation  plus  capables  de  dévo- 
loppoment. 

Im  i.L'ENCES  occiDKNTALEs.  —  Dès  le  Commencement 
de  leur  vie  politique,  les  Roumains  avaient  rencontré 
ces  représentants  de  la  civilisation  occidentale  qui  fu- 
rent, non  pas  les  Magyars,  annexés  bi**ntôt  au  monde 
germanique  en  ce  qui  concerne  les  coutumes,  les  insti- 


ÉLÉMENTS  DE  LA  aVIUSATION  ROUMAINE  141 

tutions,  l'art  aussi,  mais  les  colons  de  race  gennani- 
({ue  dans  les  Carpathes,  les  Saxons  de  Transylvanie  et 
les  bourgeois  allemands  de  la  Galicie.  Les  premiers 
furent  l'élément  le  plus  actif  dans  une  province  jadis 
purement  roumaine,  en  dehors  d'un  petit  nombre  de 
hongrois   soumis  aux   <  iix,   de 

,_j   de  Fehérvâr  et  des  (ju...|_- „...urs  qui 

s'étaient  fixés  dans  le  •  Pays  au-delà  des  forêts  ».  Fuis, 
lorsque    k*v    '  Ts   Teu'  -    eurent   passé   la 

montagne,  i:        .  .  .rent  en  \ .  —  comme  on  l'a 

vu,  —  Câmpulung  et  donnèrent  une  population  d'arti- 
s;ins  et  -^  hands  à    -  "  'la 

(uture    Ni  -,   Baia   i;  <  ai  ^''** 

ment.  Quant  aux  Galiciens,  la  Moldavie  était  leur  do> 
maine:    ^  ^  '      m    leur   appnr  jue 

exclusi\t  1  _       lie  la  plus  an  les 

marchands  allemands  se  retrouvaient  aussi  à  Jassy, 
à  Roman  et  dans  d'autres  villes  comm  I*  !  •  :  ivs. 
L'existence  de  cette  population  cat;  wua 

I  l'établissement  des  premiers  évèchés  latins,  à  Ârges, 
i  Séretli  '  ^'lia,  alors  que  l'évêché  moldave  de  Ba- 
<  au,  de  1  n  plus  récente,  était  destiné  plutr^t  à 

urveiller,   au    point   de   vue   spirituel,   la   population 

.,_.!.  ^.  ,,...,,.,.  d'anciens  colons  hongrois  et  de  réfu- 
,  .  .  autour  des  mines  de  sel.  ne  fit  que 
déchoir,  sans  exercer  aucune  influence  sur  les  paysans 
roumains  qui  l'entouraient. 

Ces  étrangers,  auxquels  se  mêlaient  sans  cesse  les 
hreux  marchands  de  passage,  n'eurent  jamais  des 

.1...  hes  avec  le  pays;  parasites  sans  aucun  but  politi- 
{Ue.  ils  empêchèrent  la  création,  chez  les  Roumains, 

'-  d'accomplir,  au 

...  -  -1- -  ,— .  --  ...  ,  .    lection  des  boîart. 

ûduits  souvent  h  vendre  eux-mêmes  les  produits  de 
..'iir  1-  ri'  sous  l'égide  du  prince  enfin  qui  ne  dédai- 
_!i  .  '.     luM    iMciit    les   affaires,   un    |u*u    dr   cetff   ituvrc 


t42  msToiRB  un,  RCVMAj>rs 

dont  se  glorifiaient  les  Biembres  des  communautés 
urbaines  de  rOccklent.  Renfermés  dans  leor  •  droit 
de  Magileboiirg  »»  indiflérenU  k  an  pays  auquel  rien  ne 
les  attachait.  Incapables  dans  leur  iiujifuliie  avariée 
d*élever  on  seul  monument,  fût-ce  même  uae  liaiplc 
égli»e,  qui  commémorât  leur  passage  —  car  celle  de 
CAmpulung.  où  fut  enterré  en  1300  un  «  conte  saxon  ■, 
n'avait  aucune  valeur  artistique,  et  la  grande  église 
épiM'opale  de  Baia  fut  bâtie  pur  AIcxandre-le-Boo,  — 
ils  ne  laissèrent  pas»  sur  cette  terre,  une  page  dans 
l'histoire  des  arts.  A  une  époque  ultérieure,  où  leur 
décadence  était,  du  reste,  complète,  ils  ne  repoussèrent 
pas  les  incitations  de  Jacques  iiasilicos,  qui,  dans  l'an- 
cien centre  de  vignerons  allemands  qu'était  Cotnari. 
voulut  élever  une  Toiversité  de  langue  latine  en  lui 
donnant  pour  maîtres  des  disciples  de  la  Renaissance 
allemande,  des  élèves  de   Mélancliton.  A'  le  les 

Arméniens,    venus    de     CulTa    par     la  ont 

fondé  à  Suceava,  à  Botosani.  :i  Jassy,  à  Roman,  ces 
égUses  de  pierre  'i 
dants  aux   bons 

Taranul,  etc.),  alors  que  ces  établissements  religieux 
conserv  igéliaires  datant  du   xiv*  siècle, 

rien  IV  ug  sé)our  de  ces  Allemands,  dont 

l'intloence  en  Transylvanie  et  en  Galicie  a\'ait  été  bien 

au'  '     ■  ces  érèchés  mé- 

ni'  .      .  temps  de  la  Ré- 

forme protestante,  au  point  de  vue  spirituel,  ne  furent 
pas  soutenus  i  's  propres  sacrifices,  les  titulaires 
se  faisant  rcru  \*:\r  de^  \'iraires  déI>our^'Us  d'au- 

torité. 

Les    Dont  ..         n>s    et    u' 

tienne,  allcMi.<:iiie  ou  mi<        ^   

des  étrangers  ne  comprenant  rien  aux  usages  du  ; 
Un  Bernardino  Querini,  {Kir  exemple,  passa  une  gi 
partie  de  sa  vie  au  milieu  des  Moldaves,  vers  la  !:■ 


ÉtisiEjrra  or  i-%  civilisation  roumaine  143 

AVI     Mfrif,  OU   i;i   j  ..,»>i-  --,-   1-     iA^„i«... 

de  Pologne  et  par 

sevino,  eut  une  recrudescence  rciu  u 

puisse  dire  un  nm»  -•-  son  admiin-.i.-ki-^'n.  .-     j         ' 
de  donner  un  cal  latin   en  langue  roum 

qui  fut  foriuc  à  celte  etKMfue,  ne  fut  jamais  .'  i. 

Û  faudra  ultcndre  encore  un  siècle  pour  que  ...le 

italien  Vitto  Piiu/iu  donne,  dans  une  forme  incorrecte, 
le  premier  manuel  de  ce  genre. 

Déjà  vers  la  Qn  du  uv*  siècle,  des  marchands  gé- 

n< 

plus  fréquenté,  de  Suceava,  où  ils  apportaient  du  poi- 
vr  des  dr.. 

d'il  .  icate,  à 

que  »,  ainsi  que  le  demandait  EUenne-4e-Grand.  Leurs 
iiji"   '  !  -s  com{)1 

U-  .et  des  > 

d'afTaires  continuelles,  comme  banquiers,  comme  fer- 
mi  '  '  '  '  et  en  Moldavie:  les 
fi  même  les  parents  dc 
la  famille  princiére  sous  Mihnea-le-Turc,  dont  la  mère. 
-Ti  ..  ,  etail  •'  '^'  iM 
x\               ,  veuve  a 

a  San-Mafflo  de  Murano,  près  de  Venise,  ou  elle  con- 
nut l   ^    se.  Toute  la  sor-'     ••  •' '-    '-  "  -  • 

eut.  ]>  e  xvr  siècle,  des 

din    us    «vec  les  agents  des  princes  v  .  avec  les 

e\l!<'^   <t    Ir^   prétendants  qu'ils   souU  .....«^i.l   de   leur 

cri-dil    il  n  •  t  lit  pus  rare  de  voir  dans  leur  compagnie 
d  des   membres  des  ambassades 

clé...........  ..  ..V..   ..^yageurs  en  quête  de  manuscrits 

grecs  et   de   curiosités   oricnlalr&.    Il   est   certain   (|ue 
qm  "que  chose  t  bavard, 

de  cts  asseœl  _. — .:  ...  ■  i  •  \i- 


144  HliiTOllUI    DBS    HOt'UAlMS 

vacité  italienne,  pénétra  dans  les  Cours  de%  princes  da- 
nubiens, surtout  par  ces  femmes  habituées,  dam  un 
autre  milieu,  h  une  vie  plus  large. 

Mais  il  y  eut  sur  le  Danube,  vers  1550  et  jusque 
tard  dans  le  siècle  suivant,  toute  une  invasion  de  Grecs 
et  de  Levantins,  tellement  mî^lés  entre  eux  par  la  ca- 
maraderie de  leurs  entreprises  et  par  les  mariages, 
qu'il  était  souvent  impossible  de  les  distinguer.  Ils  ve- 
naient de  Chio,  île  restée  gôm  '  \s  son  i 
mie  tributaire,  de  Rhodes,  de  ■  ,  ,  .de  Crt 
peut  expliquer  leur  apparition  subite  par  la  perte  de 
l'autonomie  chiote.  par  la  conquête  turque  de  Chypre 
sur  les  Vénitiens,  par  la  ruine  économique  de  la  Crète 
elle-même.  Ils  faisaient  le  commerce  du  vin  de  Malvoi- 
sie: ils  colportaient  les  articles  orientaux  entre  la  Tur- 
quie et  la  Pologne  où  ils  avaient  un  grand  établisse- 
ment à  Lemberg.  Un  des  leurs.  Constantin  Corniacte, 
grand  douanier  moldave,  contribua  à  la  fondation  de 
r  «  Elglise  moldave  »  de  cette  ville,  où  il  finit  ses  jours. 
Des  femmes  de  Rhodes,  où  d'ailleurs  Mihnea-le-Turc 
passa  son  exil,  furent  princesses  de  Moldavie,  comme 
l'épouse  de  Jean-le-Saxon,  une  Paléologue,  et  celle  de 
Pierre-le-Boiteux.  l'n  Vévelli,  que  devaient  massacrer 
les  paysans  dans  une  révolte  contre  l'exploitation 
étrangère,  fut  pendant  des  années  le  principal  conseil- 
ler à  Jassy. 

L'influence  polonaise  ne  saurait  être  niée;  les  rela- 
tion \t  trop  étroites  entre  le  roy m  '  H  et 
la  y\'  ,  dont  les  princes,  depuis  les  >  de 
Rares,  prêtèrent  plusieurs  fois  un  vain  hommage  au 
roi  de  Pologne,  pour  qu'il  n'y  eût  pas  r  '  '  -  de 
coutumes,  où  la  principauté  était  la  <  lais 
cette  influence  se  borna  d'abord  seulement  à  la  vie  so- 
ciale de  l'aristocratie  moldave  qui  commençait  k  se 
former;  le  fils  du  vieux  Lapusneanu,  Hogdan,  maria 


ÉLÉMENTS   DE  LA  CIVIUSATION   ROUMAINE  145 

«es  sœurs  en  Pologne,  ainsi  que  le  fit  pour  ses  filles  son 
successeur  en  1595.  Jérémie  Movila.  Bogdan.  les  Mo- 
vlla.  !•      ^  it  non  ^  it  des  ir 

des  ne!-.-     , .  mais  de-   -.:_.cns  du  i_.... 

où  ils  avaient  acquis  des  terres  pour  y  chercher  un 
abri    <'  '    contre    les  n*    turqu         T  n,r 

Stroici.    ^         lercha  le  pr»;  !-thograp;        •     ic 

pour  le  roumain,   signait   même,  comme  chancelier, 
dans  les  <î"     ■  - 

Il  n'y  a  pa    _      ^  _         .  ,  . 

Moldavie  à  cette  époque,  lignes  effilées,  particulière- 
mr   '    "  \'untes.  qui  ne  révèlent  une  influence  latine, 
tr..  par  la  Pologne. 

I!  ne  faut  pas  oublier  non  plus  ces  prétendants  au 
IrAne,  qui.  pendant  tout  le  cours  de  ce  xvi*  siècle,  tra- 
versèrent  l'Europe,   visitant   les  villes,  auxquelles  ils 
demandaient  des  subsides,  et  se  présentant  devant  les 
princes  pour  leur  exposer,  pièces  en  main,  qu'il  n'y  a 
qu'une  seule  légitimité  dynastique,  la  leur.  L'Italie,  la 
France  d'Henri  III  et  d'Henri  IV,  les  princes  souverains 
de  l'Allemagne,  même  l'Angleterre  d'Elisabeth,  l'Espa- 
gne, le  Danemark,  les  connurent,   sans  parler  de  la 
Hongrie  et  des  pays  de  l'Empire,  qui  furent  pendant 
longtemps  les  témoins  de  leurs  misères  et  de  leurs 
illusions.  Lorsqu'ils  ne  réunissaient  pas  des  haîdoucs 
hongrois  ou  des  troupes  fi  -^iers  pour  risquc 

coup  de  main  contre  1'  «    u  ....... leur   •  de  leur  «  i.!... 

tage  •  et  pour  périr  au  bout  de  leur  folle  tentative  ou 
|><  r  dans  leur  abri,  ils  recourj 

G'     ,  néper.  Ces  auxiliaires  ûdèlc^      

rent  ù  la  Moldavie  un  vaillant  prince  dans  la  personne 
d*  î'otcoava;  i!  était  destiné  k  monrir  n  '  it 

d'  >  ->  après  sur  l'échafaud  k  Lemberg.  m  l'^ 

la  vengeance  turque  servie  par  la  lAcheté  du  hongrois 
r?  <)i  de  Pologne,  et  leurs  bandes 

(1-  ^  fois  pour  opposer  au  paisi- 


146  HISTOIRI    DIS    ROUMAINS 

ble  Pierre-le-Ik)iteux  des  concurrents  guerriers  que  le 
pays  appelait  de  ses  \-tvux.  Mais  beaucoup  d'autres  s'en 
allnient  en  quémandant,  à  force  de  cor-  "—  -*  nu- 
près  de  leurs  cousins  de  l'Occident,  un   •  na- 

tique  à  la  Porte.  Si  la  plupart  échouèrent  avant  même 
d'arriver  à  Constantinople.  un  prétendant  de  cette  der- 
nière catégorie,  venu  de  l'Occident.  IMcrre  Cercel.  fut 
pendant  deux  ans  prince  de  Valachie,  grâce  à  l'inter- 
vention persistante  de  Germigny.  ambassadeur  de 
i'^rance  auprès  du  Sultan.  Ancien  "  mignon  <*  de  la 
cour  corrompue  des  Valois,  dont  les  concrlti  poétiques 
conçus  dans  le  meilleur  style  toscan  avaient  attiré 
l'attention  de  Catherine  de  Médicis.  Pierre  Cercel. 
beau  jeune  homme  aux  longues  boucles  noires  et  au 
regard  rêveur,  ne  se  borna  pas  à  envoyer  à  son  ami 
l'ambassadeur  son  portrait  accompagné  de  riches  pré- 
>:  il  éleva  un  palais  h  T   ■  de  l'église 

;  .  i.icière  qu'il  releva,  et  atli  .1  . -,  ui  des  Ita- 

liens beaux  parleurs,  dont  il  attendait  peut-être  l'éloge 
d'un    long   règne    j)r  "   ptif   des    Hongrois   de 

Transylvanie,  qui  le       .  '-nt,  il  laissa,  non  seu- 

lement le  souvenir  des  modes  étrangères  qv'il  avait 
;i^  '  ^  (il  portail,  comme  Henri  III,  des  boucles 
<i  ,  d'où  son  surnom  de  Cercel,  mais  aussi  des 

beaux  canons  de  bronze,  marqués  de  l'aigle  valaque, 
dont  on  a  retrouvé  un  fragment. 

Toutes  ces  influences  n'auraient  qu'un  intérêt  de 
curiosité,  si  les  Roumains  n'avaient  pas  été  capables 
de  les  fondre  dans  une  nouvelle  r'  '"  '  ^  "zne, 
comme  produit  unique  du  mélange  1!  •  n- 

taux  a\'ec  les  éléments  occidentaux,  sur  un  fond  ar- 
chaïque r-  --T    1,  (le  l'étude  la  plus  attentive. 

Le  m*  o  proiluisit  d'at>ord  dans  le  domaine 

politique,  puis  dans  celui  de  l'art,  où  des  caractères 
nouveaux  apparaissent  dès  le  xv*  siècle. 


CHAPITRE  MU 

Caractère  de  la  civilisation  roumaine 
au  x/'  siède 


La  CJVIMSATIOM  ROUMAIHB  AU  XV*  ET  AL'  XVI*  SIÈCLES. 

-  Le»  pobufs  pouTiQi  es.  —  AU  U^le  de  la  vie  politi- 
,.ir.  ...»  I,.  ,.r/,.,-..    iout  co  ajoutant  à  son  nom  propre  le 
■  ode  (dérivé  du  slave  Voda),  il  reste 
j>oui   les  ^u-iiN  un  d(uun.  11  a  gardé  en  grande  partie 
l'ancien  caractère  populaire  de  son  autorité.  S'il  a  une 
-ité  où  il  réside  d'ordinaire:  T&rgoviste,  puis  Buca- 
ir   la   Valachie.   Suceava    puis   Jassy,   pour   la 
._.     ■:,  il  traverse  chaque  année,  surtout  pendant 
:.>  priotemps  et  l'été,  tout  le  pays,  s'arrétant  de  place 
l'iacc  |»our  ^'      "  ice 

plaignants,  i;  au- 

tres moyens  que  ceux  d'une  éloquence  naturelle.  Par- 
ti a  son    ■   ■  T*'  '.'-Grand,  à  lui 
en    Lu  ar    commémo- 
rer set  victoires),  et.  dans  son  voisinage  immédiat,  un 
!Uodcsle  palais  de  pierre.  Le  Fi  '^        :         lUS 
t^ista,  en   I.'>89,  à  une  scène  dr  l>a- 
reille  il  celle  qui  se  rattache  au  souvenir  de  saint  Lottis: 
'-  Hcade  «.  le  bon  j-           •  '   •       ;:     fut 
V..   r    •   abeille-ri                                 .    » 
t  chroni<)ue.  écoule  d'une  oreiite  attentive  et  bten- 

»   iiLinte  les  doléanrt"  ■•■ •'  ■■  tout  en  s'age- 

mjuilLuit  de\aul  S;i  sa,  car  le  titre 


148  IIISTOIIIB    DU    ROUMAINS 

impérial  s'est  conservé  —  ses  sujets  le  tutoient  comme 
ils  le  font  pour  le  bon  Dieu  lui-même  dans  leurs  prié- 
res.  Chaque  jour,  fi  dvs  heures  flxéen  par  la  coutume, 
le  matin  et  l'aprcs-midi,  les  procès  sont  ainsi  sommai- 
rement jugés  par  le  chef  do  pays,  qui  est  surtout  le 
chef  des  paysans,   ses   meilleurs  collab'  mili- 

taires, où  se  recrute  aussi  la  classe,  sou  ^  luuvée 

par  les  guerres,  des  boîars.  L'àme  paysanne  revit 
aussi  dans  les  lettres  où  Pierre  Rares,  avec  des  accents 
d'une  passion  sauvage,  menace  les  rebelles  saxons 
d'être  tués  et  écartelés,  s'ils  refusent  de  se  soumettre. 
Cette  <>  Nfajesté  »  populaire  a  cependant  le  droit  de 
confirmer  tout  changement  de  propriété;  tout  droit 
dérive  de  lui;  il  fait  des  donations;  il  confisque  les 
terres  des  traîtres;  tout  contrat,  pour  être  valable, 
doit  être  soumis  à  sa  ratification;  le  droit  de  vie  et  de 
mort  lui  appartient,  et  il  en  use  largement,  sans  que 
jamais  le  suzerain  turc  soit  intervenu  pour  reviser  ses 
sentences  aussitôt  exécutées.  Il  n'y  a  jamais  eu  d'au- 
tres monnaies  que  ses  «  aspres  »,  ses  <•  gros  »  d'ar- 
gent et  ses  sous  de  cuivre;  les  revenus  des  douanes, 
des  salines,  les  impôts  payés  par  les  étrangers  lui 
appartiennent  en  propre:  ils  sont  versés  dans  sa 
«  Chambre  »,  alors  que  la  Vestiarie  ou  Trésor  de  l'Etat, 
a  d'autres  sources.  Son  intervention  directe  est  néces- 
saire pour  tout  acte  de  la  vie  publique,  qu'il  résume, 
pour  ainsi  dire,  dans  sa  personne.  C'est  bien  1'  «  auto- 
crate • .  qui  prend  avec  orgueil  ce  litre  byzantin  dès 
les  premiers  actes  émanés  de  sa  clumcellerie,  organisée 
selon  les  normes  de  Byzance.  Lorsqu'il  élève  un  mo- 
nastère, une  église,  le  peintre  reproduira  sur  les  murs 
traits  et  ceux  des  membres  de  sa  famille  dans  le 
unie  des  Césars,  qu'avait  porté  Constantin-le- 
Grand,  patron  de  la  religion  officielle,  et  les  tètes  aux 
longues  ^  '  ■    ■  '.s  de  I;>  ne 

royale.  L<     :     u    i      ]  |w  s  est  touj  rit 


LA  CtVIUSATION  ROUMAINE  AU  Xf  SitCLE  149 

en  lettres  de  pourpre  au  bas  des  diplômes.  Lors  de  la 
nomination  d'un  Voévode  à  Constantinople.  il  jette  à 
un  '      qui  n'est   pas  le   sien,   la   monnaie   dont 

étai  digues  à  cette  occasion  les  basileis,  ot  les 

cérémonies  ont  un  caractère  absolument  impérial. 

C'est  du  reste  en  Empereurs  qu'ils  sont  invoqués 
pur  tous  les  moines  de  l'Orient,  qui  attendent  leur 
pitance  de  la  libéralité  roumaine.  Ce  rôle  leur  est  attri- 
bué aussi  par  les  chronographes  slavons  des  Balcans. 
qui.  après  avoir  établi  la  série  des  <  autocrates  >•  appar- 
tenant aux  «  quatre  monarchies  ».  racontent  esexploit.s 
accomplis  par  les  princes  danubiens,  de  vrais  Tzars  à 
la  suite  des  Asénides  et  de  Douchane. 

Ils  en  sont  fiers,  les  Voévodes  de  Valachic  et  de  Mol- 
dave, et  ils  ne  négligent  rien  pour  entretenir  cette 
opinion  et  maintenir  ce  prestige.  Leur  Cour  est  ou- 
verte à  tous  le*;  s  des  Balcans:  on  vit  dans  leur 
suite,  après  le  ^  :  .  lant  bulgare  Alexandre,  les  der- 
niers des  Brancovitsch  et  les  héritiers  errants  de 
l'H-  I.a  visite  des  w  '  '  '  «nts, 
dev  reux  de  la  chrct  tout 
celle  des  Patriarches  de  Constantinople  en  quête  d'au- 
mônes étaient  comme  l'accomplissement 
d'un  devoir  su|  s'agit  de  réparer  les  cou- 
vents du  Mont  Athos.  d'y  élever  des  fortifications.  d*y 
ajouter  des  tours,  lî  u vêler  les  icônes  couverte» 
d'argent,  s'il  faut  d  contre  l'avidité  turque  les 
Météores  que  sont  les  monastères  suspendus  de  la 
The  "'-^  -  ■  ^^rusalem  a  l>esoln  d'un  secours,  ces  suc- 
ces^  ..  lies  des  empereurs  «  pieux  et  aimant  le 
Christ  »  seront  toujours  prêts  à  sacrifier  leurs  tré- 
sors. Dans  sa  détresse  suprême,  k  la  fin  du  xvi*  siècle. 
l'Œcuménique  se  réfugia  dans  U  maison  même  des 
agents                 sa  Constantinople. 

I-a  cr. ..on  grecque  végète  encore  sur  les  lieux 

qui  la  %irent  naître  et  se  développer  dans  sa  forme  an- 

11 


150  HISTOIRB    DIS    ROOMAINS 

ricnne.  Celle  du  inonde  »lave  était  cependant  restée 
«in»  abri;  len  rontinuatrurn  danubiens  de  l'impéria- 
Itune  balcaniquc  s'empressèrent  de  la  recueillir.  Les 
moines  copient  activement  dans  des  couvents  de  let- 
tres, comme  Tismana  ou  Histrita.  rn  OIténic.  comme 
Neamt  et  Futna.  fondation  du  grand  Etienne,  en  Mol- 
davie, des  livres  liturf(iques.  des  traités  de  morale  et 
de  t'      "     '  s  de  IT-  des  no- 

mo.  iiYUintin*  pages  de 

chronique  universelle,  à  côté  du  bref  récit  slavon  des 
exploits  acconii 
raière  presse  ru      ; 

Mihnea  I**  par  un  moine  du  Monténégro.  Macarius, 
devenu  Mr!  "U-  de  Valachii*.  donna  de  beaux  livres 

slavons  dv-  u\  ortlio<Ioxes  de  cette  langue,  et  il 

en  fut  de  même  pour  toute  la  série  des  publications  va- 
laques  du  XVI*  siècle  (1). 

Ce  paysan  couronne  et  vêtu  de  pourpre,  qui  écoute 
dans  l'église,  sous  le  dais  portant  les  armes  du  pays, 

les  litanies  slavones  et  s'incline  Ir '- -nt  devant  le 

Métropolite  local  ou  devant  le  Piii   .  de  passage 

qui  l'encense,  ce  vassal  des  Turcs,  qui  peuvent  le  rap- 
peler à  la  Porte  pour  répondre  aux  accusations  de  ses 
ennemis  et  rendre  compte  de  sa  gestion,  n'est  pas 
cependant,  comme  les  princes  de  l'Ibérie,  restés  indé- 
pendants sous  la  sauvegarde  des  hautes  montagnes 
du  Caucase,  un  dynaste  oriental,  faible  reflet  de  la 
splendeur  byzantine  d'autrefois.  L'Occident,  avec  le- 
quel, jusqu'à  Venise,  à  Danzig.  en  Angleterre,  il  fait 
le  commerce  et  dont  les  éTénenients  forment  sa  pré- 
occupation continuelle,  a  contribué  lui  aussi  à  son 
caractère  complexe,  par  cette  vivacité  innovatrice  qui 
l'empêche  de  s'immobiliser  dans  les  anciomes  formes 


(1)   Voy.   J.  Biaiiu    rt    Ncrva    Hodos,   Bitfiiogrn/ia   romanetuca 
otehe;  étxtx  volomes. 


U\  CIVILISATION   ROIMAINE  AU  XY*  StACLE  lôl 

1!.  (ù>mme  ces  anciens 
agrie.  et  plus  que  9t% 
voisins  de  l'IvAt.  rapidement  alanguis,  le»  rois  de  Po> 
'    *v'     .  ■    ;»  combu!!  "me 

,  I  aux  Tui  in- 

terdit aux  Valaques  d'abord,  toute    expédition    sans 
ordre  im;         '    '  re  tombale  d'Arges  représente 

Kadu  (1  .il,  le  manteau  soulevé  par  la 

rapiditc-  de  l'attaque  et  la  masse  d'armes  à  la  main. 
!  '  lite  n'avait  jamais  réussi  à  décourager  Htienne- 

:.  qui.  ainsi  que  le  dit  un  panégyriste  posté- 
rieur,     étant  vaincu,  s'élevait  uu-<lessus  de  son  vain- 

■■•  ur    •;   le  niêine    • re   indomptable   distingua 

-e  Rares,  qui  r  :  dédaigneusement  au  roi 

^ne,  fier  du  succt-s  d'Obertyn.  qu'il  ne  recon- 

;;....  .  w.ume  vainqueur  que  Dieu  seul.  Ces  princes  de 

la  guerre,  que  rappelle  le  sens  même  du  titre  de  Voé- 

jamais  quitté  la  cotte  de  inaille  des  Croi- 

.,^.  ,>w.:c  déjà  Mircea  l'Ancien  dans  la  fresque  de 

(:4i/ia.  et  l'épée  qu'avait  laissée  choir,  dans  sa  suprême 

.  -Terrible  devait  cire  bien- 

.  -    .  -.    -.  --   ,-.  --  ..  i-:ius«'  «!«•  la  ('rt)i\.   u.jr  le 


Valaque  Michel-le-Hravt 

'é  dit  du  prit!   r  rj. 

>ont  d'ori^ujf  (;;..•;;,,■:  .  M.  V  ,.!u^  _  et 
des  hôtes,  rien  d'essentiel  ne  les  distingue  des  paysans; 
bien  que  le   V(»év<>de  It  i  -     •  ^^   droit   sur  la 

dhue,  iK  n'en  sont  pas  Cl.  s.  Ils  n'ont  pas 

de  blason,  employant  seulement  des  caniées  acquis 
par  hasard  pour  sceller  les  actes  aQxqvcl»  Ua  partici- 
peut.  Les  noms  de  famille  toot  «neore  1res  rares: 
chacun  porte,  sinon  la  simple  meaiion  de  la  dignité 
M' '  '         ':  \  du  moins  un  surnom    r  oa  la 

11  nom  de  son  père.  Il  n'y  ;i  >ir  dans 

le  vrai  sens  du  mot,  le  Voévode  étant  entouré  unique- 
ment de  sa  famille  et  de  ses  mercenaires,  les  curteni 


152  iiiSToini:  ur%  nouMAiN^ 

(lu  soldr  s'appelle  ji'li.  ilijMi  II 
du  nom);  plus  tard  uiism.  ^^uitwut  tu  . 
contre  les  étrangers  de  la  garde,  des  Hongrois  de 
Transylvanie,  des  Polonais  (sous  la  dynastie  des  Mo- 
vila),  des  Allemands  et  même,  pendant  le  règne  de 
Jacques  Bastlicos.  des  Français,  comme  Roussel  ou 
Jean  de  Revelles.  Le  boïar  habite  à  la  rampa{;ne.  il 
communie  avec  ses  paysans  dans  l'église  qu'il  a  fait 
élever  à  ses  frais  et,  lorsque  les  signaux  de  feu  sur 
la  montagne  annoncent  un  invasion,  il  réunit  les  guer- 
riers rustiques  sous  son  drapeau  de  capitaine. 

Ce  groupe  de  chevaliers  jouissant  de  privilèges 
et  maîtres  des  terres  de  donations  se  renouvelle 
sans  cesse.  Non  seulement  l'hérédité  n'existait  pas: 
mais  les  charges  variaient  constamment:  le  prince 
conservait  le  droit  de  tout  changer,  de  tout  bou- 
leverser selon  son  bon  plaisir,  bien  que.  au  début,  le 
témoignage  des  principaux  boîars  fût  exigé  par  les 
Polonais  pour  garantir  les  engagements  d'un  Voévode 
encore  incertain.  Tel  descendant  d'un  grand  boïar  re- 
cueillera seulement  une  partie  de  ses  terres,  et  ses 
petits-fils  se  perdront  parmi  les  razcsi  (de  raza,  rayon), 
co-partageants  de  l'héritage.  En  échange,  jusqu'au 
xvr  siècle  encore,  le  mérite  d'un  guerrier  pouvait  le 
faire  entrer  dans  les  rangs  de  cette  classe  active  qui 
n'avait  rien  de  la  flère  rigidité  d'une  aristocratie  pré- 
occupée de  son  arbre  gt'i  [ue  et  élevée  dans  la 
conviction  qu'elle  est  sii^  r  aux  simples  tradi- 
tions du  peuple,  car  la  plupart  de  ces  nobles  ne  sa- 
v.i'                     "  I       'ire. 

aie  avait  cependant  donné  aux 
boiars.  avec  les  vêtements  de  luxe  des  Constantinopo- 
litains,  leur  propension  aux  intrigues.  La  camaraderie 
avec  les  (irecs,  toujours  occupés  à  renverser  quel- 
qu'un, sinon  à  se  faire  payer  leur  appui,  ne  fut  pas 
san>  accroître  le  nombre  des  complots  et  à  rafHner  le 


LA  CJVII.tS*TTON  novw^TVE  *r  xV  sifcci.E  153 

■>j^.  tr   urs   dénoili  i.it  MHi>-,   a    ;i[.'.iu)iir   rctt»*    ii;  i  j- 

mitive  qui  avait  soutenu  contre  l'étranger  ne 

aristocratie.  Le»  guerriers  de  Pierre  Rares,  qui  regret- 
taie-nt  déjà  d'avoir  trahi  un  maître  trop  impérieux, 
tuèrent  dan<i  son  palais  P3tienne  Lacusta  parce  qu'il 
avait  consenti  au  dépt'cemenl  du  territoire  moldave, 
puis  ils  se  réunirent  autour  d'un  des  leurs,  Alexandre 
^iomea,  pour  en  faire  le  chef  de  la  révolte.  Mais,  bien 
-it  gardé  leurs  vertus  militaires,  ces  botars 

;it  plus  désormais  avec  la  même  énerr*'*»   "• 

Lapusneanu  contre  le  ««  Despote  »,  ni  ce  «  Dc^; 
'>ntre  Lapusneanu;  ils  ab.*  rent  à  son  soil  le 

j«  une  Bogdan,  revenu  avec  u née  polonaise,  et  il 

fallut  que  Jean-le-Terrible  demandât  le  concours  des 

"<,   la   d»  de   la 
,                                  ip  auquel    .         lomba. 
Désormais,  on  s*acr<              .  de  1*  »  abeille-reine  sans 
'1  »  et  l'on  ne  sut  même  pas  résister  aux  abus 
a  Aaron. 
Kn  même  temps,  les  boîars  cessaient  d'être  les  ca- 
marades de  leurs  paysans.  L'Occid'  «it, 
par  la  Transylvanie  et  la  Pologne,  «i  to- 
cratie    féodale   qu'ils   s'empressèrent   de   sifivre.   Ces 
'    *'      '            Tiats  hongrois,  ces  citoyens  de 
hes  étofTes,  d'une  coupe  nou- 
velle, recherchaient  des  distractions  et  des  délasse- 
ments que  leur*;  -  •  '—  . -  -i _^  n'avalent  jamais 

connus:  ils  se  d.  t  de  la  vie  de  leur 

propre  pays.  Mais,  ambitionnant  d'aller  de  pair  avec 
'*es  voisins  même  en  ce  qui  concerne  la  vie  de  l'esprit, 
n  les  voit  employant  leurs  années  d'exil  à  faire  suixTe 
I  leurs  fils  les  cours  des  écoles  latines,  en  opposition 
.ivec  l'ancienne  civilisation  slavone,  qui  avait  •■•-> 
l'ouvre  et  l'apanage  des  moines. 

A    l'époque   d'Ktienne-le-(irand.   les   paysans   libres 

f;li^•nf      I;i      fori'i-     \i\e    dU     paVS  |     la     vi""*nir»»     a\:«it     .'••.'• 


t&4  iiisToiiiB  on  nouHAtxs 

i'héc  le  plus  souvent  par  l'essor  et  l'Initiailre  de 

ers  guerriers  simples,  tout  aus&i  résistants  rumme  fan- 
tassins que  hurdis  comme  ravaliers.  Ia:  prince  les  fai- 
sait a^isembler  une  fois  par  an  pour  inspecter  leur  chc> 
val  et  leurs  armes.  Après  le  (IcHastrc  de  Bartioieni.  une 
nouvelle  noblesse  avait  surgi  de  leurs  ranga. 

Il  y  avait  des  serfs,  fjuc  les  Valaqves  appelaient 
des  ramd/ii,  simples  «  Roumains  «>,  sans  qualité  so- 
ciale aucune,  et  les  "^^  '  s:  des  vecini,  des  ■  voi- 
sins »,  pareils,  en  ce  /i  nccrne  le  nom  mssi  bien 
que  la  situation,  aux  «  parèques  »  b>'zantias;  c'étaient 
li  !>partenant  très  souvent  à  une  antre 

r.i  s  de  guerre  ruthènes.  émigrés  tzekler. 

fuyant  le  servage  des  princes  transylvains,  ou  colons 
*•!   ■  ■  's  boiars  sur  une  tcn  '   ({uelle  le 

p<  i;dt  aucun  droit.  \  \  ai  des  n«^' 

avec  lesquels  ris  frayaient  au-delà  des  frontières,  les 
boiars  du  xvi*  siècle  voulurent  rabaisser  k  cette  condi- 
tion inférieure  la  grande  masse  des  paysans,  libre 
jusqu'alors.  Les  serfs  de  Pologne  étaient  là  ponr  mon- 
trer quel  profit  on  peut  tirer  d'une  classe  rurale  ré- 
duite à  l'esclavage,  et  l'exemple  fourni  par  cette  terre 
d'oppression  qu'était  la  Transylvanie  n'était  pas  moins 
alléchant. 

Déjà  une  phase  plus  avancée  de  la  vie  économique 
avait  été  introduite  par  un  commerce  très  actif,  auquel 
les  paysans,  habitués  au  labeur  domestique  et  aux 
simples  trocs  éventuels,  étaient  restés  étrangers.  Bien- 
tôt on  leur  demanda  de  payer  en  argent  t  t  leur 
part  du  tribut,  et,  comme  ils  n'avaient  pu .  >  v .  .4rgent. 
ils  vendirent  pour  quelques  centaines  d'nspres  leur 
part  à  l'héritage  de  l'ancêtre.  Pour  sceller  leur  sort,  il 
ne  restait  plus  qu'à  les  enchaîner  par  un  lien  légal  au 
champ  qui  déjà  ne  leur  appartenait  plus  et  qu'ils 
auraient  préféré  abandonner,  au  grand  domrauL 
l'acheteur.   Fn    ir)9ri.    Mirhel-Ie-Iîrav»-.    menaré    n:! 


t^    l,l>  ILJSA  I  lU.N    IllJl.  aiAI.M^    ÀL 


Turcs  du  Cirand-Vizir  -nvoya,  di;.s  ic  mois  de 

mai.  des  clercs  et  dt*^   ^ .^  en   Transylvanie   pour 

demander  l'appui  du  prince  Si^ismond  Bàthory;  ce« 
dé!  clause  f 

réf  i>aysans '1     . 

ter   leur  ancienne  propriété.  Cet   abaissement  de  la 

cl»  ation  des  Roumains 

un  uiger  à   leurs  tradi- 

tions nationales;  mais  d'autre  part,  elle  était  dominée 
par   lu  ''  prince   habitué   U   <I 

sans  ai>  <  de  la  personne  et  d< 

de  tous  ses  sujets. 

Art  boumain  du  xt*  et  ou  xvi*  siècles.  —  Le  se- 
cond domaine  où  se  fixa,  dès  le  début  de  l'époque  mo- 
derne, et  au  lendemain  même  de  lu  création  des  prin- 
cipautés, l'originalité  de  la  race  roumaine,  fut  celui 
de  l'art. 

La  tradition  indigène  était  incapable  de  se  dévelop- 
per dans  des  formes  supérieures.  C'était  un  art  domes- 
tique, casan  '•utantpli  des 
racines  plu-  unes  et  i-  ^  con- 
servé jusqu'à  nos  jours  sans  avoir  accompli  d'autre 
évoluti'  ■  récente*  vers  le  n  . 
goût,  li  >e  riche  apport  de  > 
avec  celui  de  l'Occident.  Les  Roiimains  surent  se  tirer 
de  '  '"  "''urope  une  nou- 
vel,                                                        r..' 

Si  Saint-Nicolas  d'Arges  oITre  des  ressemblances 
avec  les  c^'  Transylvanie  où  ' 

de    défeu-sr  .iffe    l'édifice     r< 

la  cathédrale  du  tite   Hyacinthe,  dans  cette 

même  vil!..      ;       '  -  ,.-     jj,^^  les<|uels  les 

briques   tn  ^   rondes  encas- 

trées dans  ie  ciment,  avec  ses  coupoles  basses  et  ses 
trois  lignes  de  colonnes  qui  la  partagent  en  longueur. 


156  HISTOIRE    DIS    nOUMAIMS 

le  type  des  églises  de  Salonique.  Les  plus  ai^ 
bâtisses  en  pierre  élevées  dans  TOlténie  soi 
fluence  serbe,  telle  qu'elle  se  présentait  k  la  fin  du  xiv* 
sièdc  sous  l'influence  de  l'Athos.  n'offre,  comme  Vo- 
dita,  que  des  ruines  informes  ou,  comme  Tismana» 
qu'un  lourd  édifice  plusieurs  fois  refait  et  aggloméré  de 
détails  postiches.  On  ne  connaît  pas  davantage  la  forme 
primitive  de  la  grande  église  de  Cozia,  transformée  vers 
la  fin  du  xvii*  siècle,  à  l'époque  du  riche  restaurateur 
que  fut  le  prince  Constantin  Brâncoveanu. 

L'œuvre  pieuse  de  ce  dernier  a  presque  partout 
anéanti  les  traces  d'un  passé  plus  simple  et  moins 
fixé  dans  ses  éléments  constitutifs.  Nfais  il  est  certain 
que  tout  le  xv*  siècle  se  passa  sans  que  la  principauté 
valaque,  qui  avait  dû  employer  dès  cette  éi>oque  des 
artisans  indigènes  pour  continuer  les  traditions  étran- 
gères, eût  réussi  à  trouver  une  forme  qui.  tout  en 
tirant  parti  des  enseignements  variés,  les  eût  confon- 
dus dans  une  nouvelle  unité  harmonieuse.  L'église 
de  Dealu,  sur  la  colline  au-dessus  de  Târgoviste,  do- 
minant le  cours  de  la  lalomita,  est  un  parallélogramme 
de  pierres  carrées,  surplombé  de  deux  tours  et  offrant 
comme  seul  ornement  des  broderies  et  des  inscriptions 
de  style  vénitien  semblables  aux  vit'  ùera 

livres  imprimés  en  Valachie  sous  l.i  ^        aca- 

rius,  l'élève  monténégrin  de  Venfse.  Quant  au  célèbre 
monastère  d'Arges,  bâti  par  Neagoe,  dont  la  femme, 
Militza,  était  la  fille  du  despote  serbe  Jean  Branco- 
vitsch,  cet  édifice,  refait  sur  les  ruines  de  l'ancien  par 
un  architecte  français  de  l'école  de  Viollet-le-Duc, 
correspond  au  même  type,  légèrement  arrondi  sur  les 
côtés,  dans  le  choeur  réservé  aux  fidèles  et  surmonté 
de  quatre  tours,  dont  les  deux  premières,  en  face,  s'ap- 
puient sur  douze  fortes  colonnes  de  marbre.  Les  dé- 
tails, dus  au  ciseau  d'un  maître  venu  de  Transylvanie, 
sont  empruntés,  dans  leur  richesse  et  même  dans  ce 


IJi  ClVlLISA-nOS  BOCMAnnE  AC  XV*  SltCLT.  157 

cara  I  de  la  peinture,  dor  et  d'azur,  qui  les 

recou  inmencement.  à  cet  art  nouveau,  tout 

!e  combinaisons  ingénieuses,  de  fines  broderies  élé- 
gantes, qui  relevaient  la  monotonie  architecturale  des 
mosquées  turques. 

Maigre  les  beautés  sporadiques  de  l'art,  ce  n'est  pas 
en  Valachie  que  pouvait  se  former  le  style  roumain. 
Il  devait  naître  en  Mo]da\ne,  à  l'époque  heureuse 
d'Etienne-le-Grand.  Aucun  de  ses  prédécesseurs  n'a 
laissé  un  monument  en  pierre  qui  soit  venu  jusqu'à 
nous,  bien  que  sans  doute  l'ancien  couvent  d'Alexan- 
dre-le-Bon  k  Nfoldo>ita  et  celui  do  même  prince  à 
Bistrita,  où  l'on  voit  encore  son  tombeau,  aux  larges 
fleurons  gothiques,  aient  été  sans  doute  d'une  cons- 
truction plus  solide.  Etienne  fut  même  le  premier  à 
faire  poser  des  pierres  tombales,  aussi  bien  à  Bistrita 
qu'à  Neamt  et  à  Radauti,  sur  les  lieux  où  la  tradition 
mon  indiquait    des   sépultures  princiêres.   Ce- 

pend.  .  .  .  -  ce  moment,  la  Pologne  envoyait  en  Mol- 
davie des  artistes,  qui  rencontraient  ceux  de  la  Tran- 
anie  saxonne  et  des  peintres  venant  de  l'Orient, 
!  <•  leur  sobre  manière  traditionnelle  de  représenter, 
dans  leurs  attitudes  figées,  les  saints  hiératiques  de 
l'orthodoxie. 

Les  nombreuses  églises  d'Etienne  offrent  ça  et  là  des 
divergences.  Tel  édifice  ne  porte  aucune  tour  (Reu- 
seni.  Bor      *  "     'rs,  paraît  avoir  été  annexé  un 

portail   u-  Ole  étage  (églises  de  Mirauti, 

l'arhauti.  BalinestiK  Mais  un  type  général  se  dégage 
.  ,^  :„*i.. ,._._„  ,  -:  .„i„i^.  çt  occidentales,  qui  donne  une 

architecture  moldave  de  cette 
que:  il  devint,  tellement  elle  était  appropriée  au 
.  l'architecture  générale  roumaine  jusque  vers  la 
lié  du  siècle  passé. 

La  forme  en  croix,  les  proportions  modestes  conve- 
-vV-nt  ù  une  église  destinée  aux  seuls  moines,  la  dis- 


15S  atSTOlBK    DES    noUMAIMS 

tribulion  intérieure:  pièce  d'entrée,  proaaos, 
autel,  sont  dus  au  Mont  Atlios  où  l'on  trouve  des 
constructions  plus  récentes  qui  ont  le  mèm  -  :i~:-t. 
La  tour  qui  se  détache  d'un  niouvoincnl  si  ..  ^t 

cependant  bien  occidentale,  de  même  que  le  rol)ust 
clocher,  pris  dans  le  mur  d'enceinte,  et  dont  la  vusU 
porte  donne  accès  dans  la  cour  du  monastère,  clocher 
qui  rappelle  les  constructions  militaires  et  religieuses 
de  la  Transylvanie  saxonne.  Les  ornements  linéaires 
du  gothique  le  plus  récent,  qui  encadrent  la  porte,  les 
fenêtres,  dont  certaines,  sur  la  façade,  sont  d'un  beau 
caractère  lleuri.  sont  eniprui^'*-^  -«mv  M1. mands  de 
Hongrie. 

Eln  ne  considérant  que  ces  UctaiLs,  l'cgiisc  moldave 
parait  donc  une  copie  de  celles  qui,  au-delà  des  Car- 
pathes,  désignent  parfois  la  place  où  le  grand  Ilunyady 
remporta  des  victoires  sur  les  Turcs  <'  -, 

par  exemple,  ou  celle  de  Feleac).  Si  i    ..  , is 

Tintérieur,  dans  le  sombre  intérieur  humide,  sur  le> 
quel   se  j»;  He  des  rayons  r  tr  ies 

fenêtres  ci  rouve  la  même  *„         :iyrai»- 

tine  que  siir  n'importe  quel  autre  point  du  domaine 
de  l'orthodoxie.  Les  murs  sont  r-  i- 

ture  —  conservée  à  Papauli,  comp  ^  is 

la  ville  de  Botosani,  à  Dobrovat.  dans  le  district  de 
Vasluiu,  —  où  se  mêle  le  ton  <:        '      "'        '  '-s 

verts  profonds,  des  rouges  eflTi*'  <- 

liers  de  figures  et  de  scènes  se  poursuivant  dans  l'ordre 
fixé  par  un  code  inviuiabée.  Au  fond,  l'iconostase  de 
bois  doré,  comprenant,  dans  plusieurs  registres,  au- 
dessus  des  portes  de  l'autel,  les  images  principales, 
est  travaillé  par  des  mains  d'une  infatigable  piété, 
avec  ses  fleurs  variées,  ses  fruits  en  plein  développe- 
ment, ses  rameaux  enchevêtrés  d'une  manière  indr- 
chillcable,  ses  figures  de  lions  et  de  griffons.  On  a 
abandonné  l'nsage  byzantin  du  xiv*  siècle  qui.  comme 


IJV  CIVIU8ATIOK  nOVMAIKE  AV  XV*  SIÈCLE  139 

danft  la  <  ^V^ni-  Tes  Choms  »  de  ConsUBtinople.  place. 

dans  l  >e  fMinctère   •>  d'Arges,  le  |»artrait  du 

iortail;  il  figure,  «Tec  toota  aa 

„ ,. jricur  du  prooaot,  au  o&té  4i«it. 

Une  belle  inscription,  dont  les  lettres  cyrilliques  ont, 
de  xnéin  'li  ornent  les  tombe» i 
tout  à  !.•  ,.  ^  nrplacc  ce  portrait  u 
rééilice.  Cette  entrée,  au  lien  d'être  de  face,  est  pra- 
^énéralemeai  à  droite,  pour  qu'an  pénètre  en- 
;>ar  le  gnnd  portail  ogival,  dans  le  pronaoa. 
Il  y  a  cependami,  outre  ce  mélange  caractéristique. 
ùan  '  I  rien  ne  Tient  aâgnaler  la  ^venilé.  poor- 
taiiv  lie,  de  Tinapiration.  ée»  élémenla  dus  à  lu 
pensée  créatrice  des  architectes  du  grand  prince.  Re- 
gardez d'abord  ce  toit  de  bardeaux  de  bois  qui  ne  re- 
couvre pas  d'une  seule  masse  morte  l'édifice,  mais 
qui  semble  te  poursuivre  dans  tous  ses  détails,  dans 
• —  I...  ^^..i;.  (jç  gyn  corps  d'un  -doux  mouvement 
de  vie  et  d'amour.  On  ne  le  trouvera 
nulle  I'  urs  que  dans  ce  pays  de  pkiiea  abon- 
dantes. ..i.-.  ...blées  )uir  les  grandes  forêts  qui  entott- 
rent  le  cxiuvent,  et  de  lourdes  neiges  hivemales.  Au 
milieu,  une  leur  qui  s'élève  entre  les  lenSles 
qui  la  '  '  tn  tour  repose  sur  un  double  appui 
de  poh  its  l'un  dans  l'autre,  qui  est  une 
des  mêmes  architectes,  anasi  so- 
„ n'y  a  pas  encore  de  pdninre  exté- 
rieure, mais  l'aspect  des  murs  est  varié  par  la  «liffé- 
rence  de  ton  entre  les  grises  fondations  de  pierres  mtâ 
s'élèvent  jusqu'à  un  Imn  quart  de  la  hautanr  et  les 
contreforts  qui  appuient  l'édifice,  entre  les  différents 
étages,  vivement  colorés,  de  briques  émaillées.  qui  se 
succèdent  montant  vers  la  toiture,  entre  les  absiden 
pleines  d'ombre  qu'elles  encadrent  et  le  miiilllliiiil 

*^.  bleos.  bruns. 
•iiieuse  des  cou- 


160  NISTOIRB    DES    ROCMAIXS 

Ieur«.  aux  points  où  se  touchent  les  arcs  et  surtout  sur 
fa  ligne  bordant  le  toit  et  sur  tout  le  dessin,  corres- 
pondant en  petit  h  celui  de  l'église  elle-même,  de  la 
petite  tour  flne  couronnant  riKlifice.  Il  faut  ajouter  \e% 
broderies  à  la  manière  de  Byzancc:  rideaux  d':n  ' 
couvertures  de  tombeaux,  présentant  les  naïfs  pu. 
traits  des  donateurs,  les  objets  en  métal:  ciboires  cise- 
lés, ostensoirs  ornés  de  bas-reliefs,  croix  de  bois  tinc- 
roent  travaillées,  à  la  tige  d'argent,  selon  le  tv-pe  de 
l'Athos,  en  un  mot  tout  ce  qui  vivifia  à  un  certain 
moment  les  instincts  artistiques  de  la  race. 

Ce  style,  qui,  à  l'époque  même  d'Etienne-le-Grand, 
avait  trouvé  son  plus  complet  développement  dans 
l'église  du  couvent  de  Putna,  on  le  fondateur  fut 
enterré  en  1504,  distingue  aussi  les  bâtisses  des  prin- 
ces du  xvr  siècle  et  surtout  de  Pierre  Rares,  d'Alexan- 
dre Lapusnennu  et  de  Pierre-le-Fioiteux,  ceux  dont  !<' 
patronat  fut  plus  large  et  plus  actif.  Dans  les  trois 
grands  monastères  qu'édifia  la  piété  de  ces  princes:  à 
Pobrata,  où  Pierre  et  plus  tard  sa  femme  Ht! 
Brancovitsch  furent  ensevelis,  à  Slatina,  qui  cons- 
les  restes  d'Alexandre,  tyran  aussi  cruel  que  dévot;  à 
Galata,  on  constate  des  innovations:  l'extérieur  des 
murs  est  recouvert  déjà  de  peintures  d'un  style  doux, 
se  détachant  sur  un  fond  d'azur;  à  Galata,  on  a  osé  sur- 
monter l'édifice  de  deux  tours  qui  se  suivent.  Avant  la 
fin  du  siècle,  la  famille  des  Movila,  dont  deux  frères, 
Jéréroie  et  Siméon,  régnèrent,  alors  que  le  troisi» Hi-'. 
Georges,  fut,  pendant  de  longues  années.  Métropolite 
de  Moldavie,  donna  à  l'art  roumain  un  autre  de  ses 
plus  grands  monuments,  le  monastère  de  Sucevita  (en 
Buco\ine),  dont  les  belles  peintures  extérieures,  sur 
un  fond  vert,  font  l'admiration  des  connaisseurs.  La 
tradition  sera  continuée  dans  cette  principauté 
la  fondation,  datant  d'environ  ItilO,  du  .Métropo...- 
Anastase  Crimca,  lui-même  un  enlumineur  de  talent. 


LA  CIVIUSATION  ROUMAINE  AU  XV*  SliCtfi  161 

&  Dragomirna,  et  par  celle  de  son  prince,  Etienne 
Tomsa,  à  Solca.  dans  cette  même  Buco\ine  annexée 
pius  tard  par  rAutriche,  par  les  quelques  églises  de 
.T;ivs  iiventdeBârn  '<  la 

luun  ,  ; 'parenté  aux  on 

Harnowski  —  Roumain  de  sang,  mais,  comme  tant 
(!  '       a  p<rfonais  —  et  enfin  pai  '      'V       de 

i  evés  dans  cette  même  (  lia 

et  les  Trois  Hiérarques,  dont  le  dernier,  tout  couvert 
de  sculptures  décoratives  d'un  caractère  oriental,  a 
été  recopié  ii  noire  époque  sur  l'original  par  le  même 
réparateur  attitré  des  églises  roumaines. 

Ce  style  moldave  s'imposa  à  la  Valachie,  grâce 
aussi  à  l'inlluence  exercée  par  le  mariage  de  la  fille  de 
Pierre  Rares  dans  cette  autre  principauté,  et  l'ancien 
carré  de  pierres,  plutôt  bas  et  orné  de  peintures  clair- 
iKrmées,  fut  remplacé  par  l'élégant  édifice,  se  dévelop- 
(>ant  en  hauteur  et  tout  tapissé  d'images,  que  la  Mol- 
davie avait  créé.  Telle  cette  petite  égHse  du  cimetière 
de  Cozia  qui  n'a  rien  perdu  de  ses  caractères  dis- 
tinctifs.  Vn  peu  plus  tard,  les  architectob  valaque^. 
tout  en  cherchant  dans  l'ancien  système  byzantin  des 
briques  placées  de  biais  et  dans  l'alternance  de  la  bri- 
que  ordinaire  avet-  les  pierres  rondes  confondues  dans 
le  ciment,  un  remplacement  pour  le  difficile  re^'éte- 
ment  des  peintures  extérieures,  placèrent  devant  la 
>  «'-e  un  léger  péri      "  '' les 

(  ii\  chapiteaux  s<   .  ma- 

tion,  qui  ajoutait  essentiellement  à  l'élégance  de  l'édi- 
flce.  fut  adoptée  d'une  manière  définitive,  et  on  la  ren- 
contre désormais  dans  tous  les  édifices  religieux  va- 
laques  jusqu'à  l'époque  d'activés  réparations  et  re- 
*  ns  que  furent  les  réffkt*  de  Mathieu  Basa- 
t>54)  et  de  Bràneoresnn  (I6S8-17I4). 

L'n  puissant  essor  d'originalité  se  produisit  aussi 
à  la  même  époque  dans  l'art  du  livre.  De»  numosciits 


i§2  MrsToim  oss  hoomains 

iiUrroat  de  NeamU  écrits  sur  parchemin  et  sur  papier, 
sons  Im  niccMSCurs  d'Alcxandre-le-Bon  et  surtout 
sous    F  'rrand.    sont    parmi    1rs   plus    beaux 

qu'ait  .-- art    byzantin.  Des    fronUs|Mci's    d'un 

art  délicat  les  ornent,  et  l'on  rencontre  même  des  por- 
traits de  princes,  des  images  de  aaiaÉs  d'une  technique 
fine.  H  j  anra  un  progrès  inceunai  dmui  ce  domaine 
jusqu'à  la  fin  du  xvii*  siècle.  Quant  aux  Urres  impri- 
més en  V  V  d'abord,  puis  en  Tm; 
BrMOV-Kr<  .  k  Szasz-Sebes  et  à  (>. 
p«r  un  diacre  exilé,  Coresi,  et  par  ses  disciples  et  con- 
currents, ils  conservent,  surtout  ceux  qui  parurent 
dans  la  principauté.  la  bonne  tratlition  artistique  de 
Macarius. 

C'était  tout  le  il.  « 

l'artiste;  s'il  est  «j 

princesse  valaque,  fille  de  Chiajna,  que  voulait  épou- 
ser le  «  Despote  'Vive,  cl  à  la  m  "  'u 
tableau  mural,  rej»  mt  le  combiil 
lequel  ce  même  aventurier  arracha  la  couronne  à 
Al(  <  I^pusneanu,  il  faut  y  voir,  probablement, 
1*4  1  ir  quelque  maître  étranger  qui  n'était  pas  lié 
par  les  mêmes  restrictions. 

Dést'TS  DE  LA  LiTrÉJUTURE  Roi'MAiNE.  —  Pour  avotr 
aussi  une  Mre,  il  fallait  une  laiu  ^>. 

dès  le  com ^menl  du  xV  siède.  u..  .    n 

du  Nord-Est   de    la   Transylvanie   ou    du    Marmoros 
voisin,  influencé  p«r  la  pr< 
dans  ces   régions,   donna 

Ecritures,  qui  s'est  conservée  ^  manuscrits  dits 

de  Voronet  (Actes  ia  (Psautier), 

elle  ne  fut  pas  ad  I  ^   '  i'ortliodoxie 

dominante.  On  se  serv  ondant  du  roumain  pour 

des  ébaaehes  de  i  '"s  iastnwlAoaa  d'am- 

bassadeurs, des  i  .  des  BoMoet  person- 


LA  CIVIUSATIOK  BOUMAIKB  AU  XT*  SIÈCLE  163 

nelles,  des  mémoires  à  l'usage  du  prince  el  des  boîara, 
des  lettres  privées,  et  même  pour  des  gloses  en  marge 
des  r  riété«  qui  devaient  être  rédigées 

dans  '  ^-    i- urrespondait  en  Orient  au  latin 

des  Occidentaux.  Nous  avons  trouvé  des  manuscrits 
r*-'  xvr  siècle,  >'  es  même 

di  (ians  lesqveJ^  on  lettres 

suit  le  texte  aUivon  à  Tencre,  l'on  étant  pour  la  lecture 

■•l  l'autre  :>■  Lir    î'offioe. 

gu.tiid  I  w  .;.ie  Coresi  te  mit  à  publier,  outre  son 
Evangtilc  de  1561,  des  ouvrages  religieux  en  roumain, 
ou  en  *     '       n.  d'après  les  ancit        '     '<s 

qu'il  ..  i  légèrement  et  gaU'  .t, 

M  n'obéissait  pas  seulement  au  désir  de  donner  en 
lar-"-  ••■'•-  l'Ecriture  et  ses  commentaires  — •  à 
l'i.  s\ons  qui  avaient  publié  dès  1541  un 

catliéchisme  roumain  de  propagande  ùk  Sibiiu-Her- 
maïuistadt,  —  ni  de  fournir  de  livres  liturgiques  la 
nouvelle  église  calvine  qui  s'était  formée  en  Transyl- 
vanie dès  1560,  sous  la  protection  impérieuse  de 
l'Etat  (1);  il  obéissait  aussi  à  un  besoin  général  de  lec- 
ture qui  avait  saisi  la  société  roumaine  entière  et  que 
le  slavon,  généralement  inconnu  même  aux  prêtres, 
ne  pouvait  pas  satisfaire.  On  en  a  la  preuve  dans  ces 

rsions.  restées  en  manuscrit,  des  Miracles  de  sainte 
]'.  .  de  certaines  Nies  de  Saints,  surtout,  à  ce 

qu  ..    ....ait,  des   saints   guerriers,   et   de   la   légende 

d*Âlexandre-le-(îranU,  qui  fut  traduite  en  roumain, 
p»)  ■  i\  même  temps,  d'après  un  texte 

Si        .  . 

Or,  si,  à  l'époque  d'Etienne-Je-Grand.  la  Bible  pou- 
vait inspirer  '  d'humilité  qu'elle  attribuait  au 
roi  David,  si  i             inographes  impériaux  amenaient 


notre  •  Hintmirt  et  Mommtalmê  éê  Tnmafflumnim  «f 

.  I.  p.  ltf«  rt  «ulT. 


164  HISTOIR£    OBS    ROl'MAINS 

Neagoe  à  écrire,  pour  l'éducation  de  son  (Us  Théodose, 
un  manuel  du  prince,  dans  lequel  on  retrouve  aussi 
des  prtkeptes  originaux,  que  l'auteur  avait  tirés  de 
sa  propre  expérience  sur  les  relation:»  avec  les  Turc* 
et  les  rapports  avec  les  boîars,  d'autre  part,  les  réctts 
de  combats  et  d'aventures  si  nombreux  dan«  le  do- 
maine de  la  fable,  devaient  plaire  à  cette  classe  aris- 
tocratique en  plein  développement  et  aux  princes  nés 
dans  ce  milieu  agité  et  leur  donner  soif  d'accomplir 
des  actions  d'éclat,  au  moment  où  la  fureur  sacrée  des 
croisades  reprenait  l'Europe  CD- 


CHAPITRE  IX 

Développement  de  la  civilisation  roumaine 

aux  xvi^  et  xvir  siècles; 

ses    conséquences    politiques 


hi't»iM.h  Uï.  Mn.iii.«.-i.i,-i>nA>  I  .  -—  I^f>  i>olar^  molda- 
ves n'avaient  ni  provoqué,  ni  soutenu  le  mouvement 
révolutionnaire  dirigé  par  Jean-le-Terrible  contre  l'op- 
pression, surtout  l'oppression  fiscale  des  Turc-s;  au 
contraire,  ayant  été  dépouillés  par  ce  prince  à  court 
d'argent,  ils  avaient  passé  à  l'ennemi,  déshonorant  leur 
classe  par  cet  acte  de  trahison:  ils  entouraient  beau- 
coup plus  volontiers  le  trône  paisible  du  bon  prince 
boiteux  Pierre.  Mais,  déjà,  dans  l'intervention  valaqui* 


(1)  VoT.  aussi  notre  Mémoire  sur  les  >  Livres  représeotatifs  •. 
dans  le  Bulletin  de  la  Section  historique  de  l'Académie  Rou- 
maine. auQ^e   1915. 


LA   aVIUSATIOS    nOCMAIXE  (XVI*-XVII*   SIÈCLES)  lOÔ 

contre  Jean,  qu'il  s'agissait  de  remplacer  par  le  frère 
du  prince  d     V  '•  ,il  py   voir 

la  ferveur  gu  ^  i  •  (|ui  s'était 

formé  tout  récemment  par  le  développement  de  la 
société  r  ic.  Les  <T    ;      '  'res  Gol«  *  i  et 

Albu.  Il  is  pour  1  re  que  1  ui- 

méme,  incîJi»:«ble  d'empêcher  l'établissement  éptiémère 

dans  sa  Capitale  d'un  rr  ■■  •• nt,  Vintila:       de 

vrais  chevaliers,  ils  cou  it  pour  le  «i  ,  et 

Albu  périt  en  sauvant  la  vie  de  son  souverain:  son 
tombeau,  dans  le  monastère  de  Vieros,  le  représente 
en  guerrier,  à  cheval,  le  bonnet  de  combat  sur  la  tête, 
de  oiême  qu'un  autre  bas-relief,  à  Stanesti.  de  l'au- 
tre coté  de  l'Oit,  représentera,  au  commencement  du 
siècle  suivant,  un  des  Buzesti,  Stroe,  livrant  un  com- 
'  *'  tatar.  (|ui.  tombant  sous  ses 

.    .  ,      ,      -T  les  flèches  de  son  carquois. 

La  nouvelle  génération  de  ces  boîars,  devenus  les 

du  terri  t   du  pouvoir,  mettra  donc  au 

(le  son  il  les  forces  entières  du  pays, 

désirant,  sinon  la  guerre  en  elle-même,  au  moins  des 

'  '    '       lier,  d'ari     '  •  gloire  qui 

.      j  .  s  (îestcN      N  e-Je-Orand. 

(In  le  vit  bien,  pour  la  Valachie,  par  la  révolte,  les  vie- 

♦    -        'es  con«|ii*        '     V    '    '  '    •'  i.our   la 

•'.  par  4.  ise,  fé- 

comie  en  luttes  intérieures,  en  combats  pour  le  trône, 

ini  forme  l'histoire  de  la  dynastie,  si  rapidement  tra- 

^Kjiie,  des  Movila. 

Le  fils  du   «  bon    >  Petrascu,  un  des  rares  princes 
v:il.<ques  auquel  il  fut  donné  de  mourir  dans  la  pos- 

-ion  du  pouvoir,  ne  ressemblait  guère  à  son  père, 
ut  conduisit  lui-même  des  armées  et  entra 

, .;ir  la  cause  de  la  reine  Isabelle,  dans  cette 

Transylvanie  oit.  tout  dernièrement,  on  a  trouvé  la 
matrice  de  bronxe  de  son  sceau.  Cependant  Michel 


IM  iiisToiiii:    Dr„s    i((iUMAl>.s 

se  montra  coin-ili.uit   .ms   \i»:\.Hi''s  <|u 
cédé  ù  son  père:  il  put  {irciulii-  (iim^  1<  m   (m 
place  importante,  arrix-ant  jusqu'à  la  dignité  de  Ban. 
la  promière  après  le  trôno  et  qui  don:  . - 
soufenliMité  «•  sous-ordre  dans  rOItei 
le-Mauvais,    usurpateur    d'origine    moldave,    Tayant 
poimaivi  coBiine  adv*  i>eraonnel.  conune  pré- 

tendant, il  se  réfugia   i  «ntinople.  On  a  vu  à  lu 

suite  de  quelle  humiliation  le  réfugié  parvint  à  gagner 
Théritage  de  son  père,  en  septembre  1Ô94. 

La  chronitjue  des  boiars,  de  ees  riches  frères  Bu- 
zesti«  attribue  le  mérite  de  la  révolte  qui  délivra  pour 
qvwlques  années  la  principauté  de  Vularhie  du  jou^ 
accaèiant  des  Turcs,  à  la  nouveile  classe  de  la  cheva- 
lerie roumaine.  Ce  sont  eux  qui  se  réunissent,  qui 
prennent  la  résolution  d'entreprendre  i'oeuvre  glo- 
rieuse et  difficile;  il  ne  reste  i>tus  au  prince  qu'à  l'aj»- 
prouver.  lyailleurs.  Michel  lui-même,  qui  avait  com- 
mencé par  être  un  des  membres  de  cette  aristocratie 
guerrière,  sentait  comme  eux:  seulement,  il  devait 
prendre  les  devants,  parce  que  le  sort  avait  fait  de  lui 
vraiment   un  prince. 

La  révolte  éclata;  les  créanciers  turcs  furent  massa- 
crés: on  canonna  la  maison  où  ils  s'étaient  réfugiés. 
La  Malda\'ie  d'Aaron.  réduite  aux  abois,  avait  déjà 
pris  sa  décision,  et  le  César  allemand  Rodolphe  venait 
de  conclure  avec  c<  u-ipauté  une  convention  qui 

la  faisait  entrer  scn  autorité  comme  memlMre  de 

l'Empire.  Enfin,  dans  îles  ambitions  dn  prince  de 
Transylvanie,  qui  voulait  être  roi  de  la  croisade  sur 
le  Danube,  on  voiyait  un  appui,  et  l'Europe  occiden- 
tale, incitée  par  je  Pape  GMmeat  viii  a^«iit  partout 
en  Orient  des  émissaires. 

Les  forteresses  du  Danabe  brûlèrent:  les  troupes 
turques  réunies  pour  punir  le  rebelle  vaAa^e  ame- 
nèrent un  prétendant  qu'elles  espéraient  pouvoir  fa- 


LA   CIVIUSATIOX    nOUMAIXB  (XTT-XTir   SIÈCLES)         107 

ctlement  établir,  ainsi  que  Pierre  avait  Mi  établi  sur 
les  ruines  du  trône  de  Jean*le-TerriMe.  Mais,  sur  le 
f  •  \>méines,  pai«  les  Tatars 

cil  /les  plaines  de  la  Hongrie 

envahie  pour  achever  la  déroute  de  ce  nouvel  ennemi, 
furent    vjii 
Michel,  qti 

leur  jeune  essor,  prenaient  par  les  chemins  couverts 
de  nei|{e  la  route  d'Andrinople.  Braila  fut  incendiée; 
les  Cosaques  soudojrés  par  Aaron  étaienC  de  nouveau 
apparus  devant  Bender;  ismail.  noovelle  création  tur- 
que et  la  plus  puissante  des  places  fortes  du  Danube 
inférieur,  succomba  quelques  mois  pins  tard:  on  y 
retrouva  les  anciens  canons  hongrois  du  xv*  siècle, 
portant  le  corbeau  valaque  avec  les  armes  des 
Hunyady. 

Nous  a%  lé  plu5  haut  du  traité  conclu  par  les 

délégués  il.     ......cl  et  d'Etienne  Razvan.  qui.  à  l'aide 

de  la  garde  tranayti^nine,  avait  renversé  son  maître 
Aaron.  pour  s'assurer  le  secours  du  fier  Magyar.  C'é- 
tait pour  le  pays.  >  réuni  -*  à  la  Transylvanie,  ane  pro- 
fonde déchéance,  mais  pour  les  boîars  un  succès: 
l'autorité  du  i  t  en  même  temps  que  la 

liberté  de»  pa\      .-te  gnerrière  restait  nial- 

S6e  du  pays  et  de  ses  destinées.  Elle  existait  seule, 
pour  la  domination  à  l'intérieur  et  pour  les  grandes 
aventures  au  Ma  des  frontières. 

Le  Vizir  Siaan,  la  phis  hante  personnification  de 
1  orgueil  otteoum  et  de  la  vaillance  albanaftie»  était  ae> 
cxmrm,  en  tllet,  pour  en  finir  avec  l'indépendbuice  de 
*s  provinces,  toujours  incertaines,  quH  s'aghuait  de 
transformer  en  simples  padiallks  de  l'Cmpirr.  R  fut 
vaincu  à  Catagareet  daas  les  aMrais  du  Neajiov.  le 
23  août  159.'),  par  la  nobleste  vainque,  qae  soutcnaK 
un  corps  auxiliaire  transylvain  et  la  dnrc  résistance 
4es   Cosaque»   mercenaires:    Michel    lui-même    avait 


IGS  histoihb  dis  not-UAiNi 

fait,  en  pénétrant,  la  hache  à  la  main,  dans  les  rangs 
ennemis,  son  devoir  de  bon  chevalier  chrétien. 

Cette  victoire  n'empêcha  pas  cependant  l'avance 
des  Turcs;  ils  occupèrent  Bucarest,  dont  les  églises 
.(\;iient  été  mises  en  flammes  par  les  n\\  '>n- 

^VLHS  de  Michel,  et  Tùrgoviste,  rancienu         ,  du 

pays,  où  fut  installé  le  nouveau  commandant  impé- 
ri;il  de  la  Valachie,  avec  ses  begs,  Ir^  "  "  se 
l;iis;uit  attribuer  les  districts  qu'ils  de\.i  lis- 

trer.  Les  Tatars  se  répandirent  en  pillant  dans  les  vil- 
liii^cs  de  la  plaine.   Des   mesures  furent   pi'  our 

lortifler  la  résidence  du  Pacha;  à  Hucaresl  .le 

monastère  du  prince  Alexandre  Mircea,  nommé  en- 
suite d'après  le  nom  de  son  petit-flls,  Radu  Mihnea, 
qui  le  releva  de  ses  ruines,  devint  la  •<  palanka  >,  la 
forteresse  du  Vizir  conquérant. 

Michel  se  trouvait  dans  la  montagne,  comme  jadis 
Etienne-le-Grand  après  la  journée  de  Valea-Albj;  il 
y  trouva  cependant  les  auxiliaires  chrétiens  qu'avait 
cherchés  vainement  son  précurseur  moldave:  Sigis- 
mond  Bâthory  vint  en  Valachie,  non  pas  en  allié,  mais 
bien  en  maître,  et  le  contingent  féodal  du  Mo!<lave 
Razvan  se  joignit  aux  fantassins  saxons,  à  la  cavale- 
rie magyare  et  aux  croisés  de  Toscane  que  venait  d'en- 
voyer un  autre  promoteur  de  la  guerre  sainte,  le 
Grand-Duc  de  Florence.  Les  jours  de  Nicopolis,  des 
grandes  chevauchées  chrétiennes  parurent  revenir 
lorsque  les  Turcs  furent  chassés  des  deux  plus 
grands  centres  du  pays,  pour  être  rejetés  ensuite, 
après  un  combat  acharné,  à  Giurgiu,  au-delà  du  Da- 
nube rougi  de  sang.  Encore  une  fois,  Michel  avait 
payé  de  sa  personne,  jouant  avec  un  mépris  supé- 
rieur de  la  mort  le  grand  rôle  légendaire  que  lui  im- 
posait l'état  d'esprit  de  son  époque. 

Peu  de  temps  après,  les  Polonais  intervinrent  en 
Moldavie:  le  grand  promoteur  de  l'expansion,  le  chan- 


LA   aVIUSATlOX    ROUMAINE  (X^T-XYII*   SIÈCUIS»         169 

celier  Jean  Zamovski,  entra  dans  le  pays,  sous  le  prê- 
te   •      '  '  •       "■   '  •    v*      :    ^     --         -•     '0 

T"  .  '         ■•" 

sur  les  Turcs  les  ports  d'Etienne-te-Grand.  Sigismond 
fut  battu  r  ^  '  '  *"  ■■  -emportèrent  sur  les  Alle- 
mands lu  ^.  dans  la  plaine  de  Pan- 
nonie.  En  lb^6,  i  n  héritage  à  l'Empereur,  qui 
y  envoya  ses  coin  -s,  en  attendant  l'arrivée  du 
futur  prince,  l'u.  Maximilien.  ancien  roi  élu 
de  la  Pologne;  Michei  prêta,  au  mois  de  juin,  entre 
leurs  mains,  dans  le  couvent  de  Dealu,  où  reposaient 
les  restes  de  <^on  père,  le  serment  de  fidélité  à  son  nou- 
veau suzerain  Rodolphe  II.  Trois  ans  plus  tard,  des 
•mis  fidèles  allèrent  enfouir  furtivement  à  la  même 
place  sa  tête,  tranchée  dans  un  camp  de  Transylva- 
ri'                             ts  de  l'Empereur. 

ste,  le  rejeton  dégénéré  des  BAthory 

vint  de  son  abri  silésien  pour  reprendre  les  rênes 
du  |)'>uv/)ir,  et  an  i  ses  anciennes  rela- 

liorib  avec  les  Tu  ,  1        eut  étourdiment  ab- 

diqué, son  jeune  cousin  André,  cardinal  et  évèque 
p<,  ,1       ■  céda,  ne  fit  >\  rsévérer  dans 

(■•  ippui  dévoui  iice  établi  par 

Zamoyski  en  Moldavie  pour  y  représenter  la  politi- 
que polonaise  que  l'antagonisme  fatal  contre  l'enva- 
hissement des   Habsbourg  avait   déjà   engagée   dan» 

>rnière  de  l'alliance  turque. 

Il  ne  fa!'    '        '      penser  aux  souvenirs  byzan> 

tins   qui  lés,   non    seulement   dans   la 

pensée  de  .Mirhrl    et  de  ses  paladins,  mais  aussi  dans 

..     1        '    iiien»  des  Ralcans:  Serbes  du  Banat,  qui 

<  roi  chrétien:  Bulgares  dont  les  évèques 

de  n-  ^i      !;i       :;    -valent  des  lettres  d'implo- 

-■•        ..u    .wvvoiii.  Ai- .as  agités  par  le  pressenti- 

d'un  nouveau  S    in  t  -beg:  Grecs  même,  qui  at- 

ndaient  du  grand  Michel  le  Valaque  la  délivrance 


170  HISTOIRE    nP.S    ROUMAIN!^ 

d'un  \  iiii  s>  iil  il  ne  |i<'U\  .lit  tr 

une  n  1^  icilo,  Ajtrrs  *h'  l»r»-\».*s  w^'^  ■us 

sur  le  Danube,  il  dot  s'indiner  devant  la  fatalité  et 
recevoir  l  <lu  Sultnn  '  «4. 

sents,   Vf  M  ropnsor   un  .«- 

Me  à  ses  intérêts 

*'    '    '  aurait  )i  i  '  'l 

r<  Il    dans  «lis  fi- 

nes relations  qui  avaient  tout  de  même  assuré  û  la 
pr"  nté  presque  un  siède  de  tranqui"  '      ^Viis  le» 

c<  is  de  la  Transylvanie  devaient  à  de 

nouvelles  entreprises,  non  plus  l'ambition  politique 
de  princes  tels  qu'Etienne  ou  Pierre  Rares,  mais  la 
soif  d'exploits  brillants,  d'aventures  sans  cesse  re- 
nouvelées de  ces  guerriers  par  tempérament  et  par 
éducation  que  Michel  était  digne  de  conduire  sur  les 
sentiers  dangereux  d'un  plus  grand  avenir. 

Ayant    reçu   aussi  des   incitations   formelles   de    la 
part  des   Impériaux,  auxquels  la  Transylvanie,   avec 
toutes  ses  perspectives  de  domination  danubienne  et 
d'influence   dans   les    Balcans.    venait   d'échapper    de 
nouveau,  il  attaqua,  sans  attendre  le  concours  du  gé- 
néral impérial  de  la  Hongrie  Supérieure,  le  rancunier 
Albanais  (ieorges  Hasta,  ce  (  .  dont  il  avait  été 

contraint  de  reconnaître  la  ........ ...iieté,  aussi  inutile 

qu'humiliante.  Ayant  franchi  les  Carpathes  par  le  dé- 
filé de  Buzau,  il  longea  la  frontière  jusqu'  v, 

qui  se  soumit  volontiers,  pour  se  réunir  en  .    -c 

les  armées  de  l'Olténie  presque  sous  les  murs  de  Si- 
biiu.  Une  seule  bataille,  à  Selimber     ;  '  ]^ 

28  octobre   1599,  décida  du  sort  d  .\  .  ut 

abandonné  ses  capitaines  eux-mêmes,  avec  ie  com- 
mamlant  suprême  des  a:  le  la  province,  Gaspar 

Kornis,   noble  d'origine    i  nr.   Le   prince   vaincu 

fut  tué  dans  la  montagne  par  les  pâtres  scekler  qui 
haïssaient  les  BAthor}*  parce  que  ces  maîtres  avaient 


LA   aVlUSATtON   imUHAIXB  (XVI*-XY1I*   SIÈCLES)         171 

détruit  ie*  privilèges  de  leur  nation:  Michel  fit  enterrer 
honorai  i  r  4es  restes  du  raréinal  dam  le  «Miuolée 

de  fain.:..  ...  Fehèr\'âr  et,  déplorant  la  B|ort  de  oe 
«  pauvre  prêtre  »,  iJ  prit,  pour  raccompagner  k  sader- 
ni^rr  demeure,  le  derge  dans  la  main  ^ni  était  accon- 
taméc  u  donner  de  ri  rudes  coups  d''épée. 

Devait-il  se  résigner  à  realer  senieBMiit  le  •  conseil- 
ler impérial,  le  repréaoïtnBt  «a  Tmmyhmnî 
mandant  f^énéral  dat  eoartéa  extériemra     . 
l'auraient  désiré  les  Saxons,  4|ai  hii  avaient  prêté  l'hom- 
ma|;e.  ii  lui  et  .'>  '  - 

il  oontinoer  à 

chefs  de  la  noblesse  mag>-are  qn^il  réunît  dans  son 
Conseil  à  la  pet  «lu  WMvei  évèqne  callralique  Nn- 

pré|^?  Devait-.  .  éparer  aêiBe  à  évacuer  la  |'<i- 
vince  contre  nne  récompense  qnelconque,  ainsi  que 
l'auraient  voulu  les  courtisans  de  l'Empereur,  pleins 
de  jalousie  et  de  mépris  k  l'égaid  du  «  V'alaqne  »?  De- 
vait-il continuer  il  ignorer  l'existence  de  cette  nation 
roumaine  <f-  '*'—' — i-  -^-:-  -,-]  avait  le  même  sang  que 
lui  et  qiii.  •  révoltée  contre  ies  no- 

bles, :>;  lent  une  prodiaine  et  pleine 

adniini»ii.iM.>i:  -♦-  —  compatriote?  Tel  fut 

le  ^anft  '>t  tr;>  liôt'  jusqu'au  Ixiut 

l'Ame  <  ml. 

Le<(  I ..-  .urmaient  la  grande  majorité  des  lui- 

bitantH  ihi  t.ivs.  Dans  les  derniers  t«nq>s,  le  développe- 
ment n  les  fondations  épiscopales  daes  aa  prin- 
ces de  \.. ...... .  .c  et  de  Valachie  avait  amené  mi  progrès 

nipide.  I^s  efTorts  faits  pour  imposer  dm  évèqnes  sur- 
intendant ^.  diefs  dea  ■  dgUsea  valaqaes  •,  qni  se  ca- 
chaient dans  qœlqae  modeste  résidence  de  ▼filage,  me- 
nant l'existence  mesquine  des  autres  «  pastem's  » 
i'onpenpledwit  le  prindpai  trait 
itaœ  attadMment  à  1*  •  aneimme 
loi     .  .inx  -  anciennes  coutumes  ».  Les  princes  firent 


172  iiiMoiiu    II       I     I  •■  \ 

%'enir  leurs  évOqucs  calvinistes  dans  la  Capitale  même 
de  la  proxince.  k  rehérvar,  où  iN  avaient  leur  maison- 
nette, leur  petit  jardin  vl  une  église  de  bois  }>our  le 
nombre  restreint  de  leurs  fidMes.  Mais  tout  cela  n'in- 
tluenvait  guère  les  masses.  De  ces  tentatives  il  ne  resta 
qu'un  avantage  pour  la  vie  spirituelle  de  ce  peu- 
ple dont  il  s'agissait  seulement  de  modifler  la  dur< 
àme  revcclie  pour  le  faire  entrer  ensuite  d'autant  plu;^ 
facilement  dans  la  communauté  nationale  des  Ma- 
gyars: la  religion  réformée  exigeait  l'emplei  de  la  lan- 
gue vulgaire  dans  le  service  divin:  des  prescriptions 
réitérées  et  soutenues  par  tous  les  moyens  du  pouvoir 
avaient  donc  imposé  aux  prêtres  qu'on  traînait  dans 
des  espèces  de  conciles  populaires,  l'usage  des  livres 
roumains  à  la  place  de  ceux  de  l'époque  slavonc  qu'on 
ne  comprenait  plus.  On  traduisit  même  du  i 
avec  le  concours  d'un  noble  de  cette  nation. 
Forro,  une  Explication  des  Evangiles. 

P  cette    phase    du    • 

l'Ei  11  imposé  aussi  l'unitt  ;, 

mains;  ils  s'étaient  jusqu'alors  disputé  difTérents  siè- 
ges épi^  ,  la  coni  étant  « 
celui  ili;                à  Vad,  <     ,          nit  du  >< 
dave  de  Suceava,  et  entre  celui  du  Sud,  à  Cîioagiu,  à 
Pri  '          lii  avait  toutes  ses  relations  avec  *    '^ 
chii  .        \  AÏ  valaque  de  Tàrgovistc.  On  sM.m 
à  avoir,  dans  la  Capitale  même  du  pays,  un  seul  chef 
religieux,  un  «  Métropolite  »  local  ;  et  lors  in    "     Iho- 
doxie  put  rentrer,  sinon  dans  ses  droits  .  ,  de 
l'époque  où  les  princes  faisaient  sacrer  des  prélats  du 
rite  oriental  au-delà  des  Carpatlies  et  jusqu'à  I:    ' 
milieu  des  Serbes,  au  moins  dans  sa  liberté  <i 
le  Métropolite,  un  Gennadius,  qui  administrait  le  dio- 
cèse transylvain  vers  1580.  reprit  ses  relation^   ? 
Valachie,  où  il  s'était  fait  sacrer,  après  la  noi.i 
par  son  maître  étranger.  Au  moment  où  les  calvinistes 


lA    C1VIUSAT10X   ROt'MAIXE  (XVI'-XVir   SliCLES)         173 

<iu  Banat,  nobles  de  veille  race,  faisaient  entreprendre 
une  traduction  de  l'Ancien  'I  nt,  qui  fut  i: 

mce  à  Orastic,  une  nouvelle  1  on  des  Evaii 

busée   sur  le   texte  grec  de  \  lacté,   para; 

ices  de  ce  Gennadiu-  l'stadl 

...    : — vque    les   prélats    vaL-^j^.  .    a. .....cat   en 

ransylvanie.  en  1595.  pour  conclure  le  traité  dont  il  a 
t  s  con- 

sc. -_    , h.^ _..-..    :- ;uc    et 

élève  Adèle  des  Jésuites,  la  reconnaissance  solennelle 
d-  {     que     toutes    les     «  églises    valai]' 

'1  -  anie  dépendissent  du  Siège  de  TàrgoN  i 

Michel  rencontrait  donc  au-delà  des  montagnes,  non 
|,  •    •      •  •  '        ,., 

qi.  ,■  i- 

i<{ues,  mais  bien  une  majorité  de  population  indigène, 
t  ut   les  traditions  d'une  très  an- 

r;  ayant  à  sa  tt^le  un  seul  «  _    ti.v  et  poli- 

que,  celui  auquel  il  venait  tout  récemment  de  faire  le 
(jon  d'unt   '  '    c  en  pierres,  en  face  du  château 

princier  d     . 

Il  soutint  de  toute  sa  sympathie  active  cet  archevé- 
lé  qui  fut  considi^ré  désormais  comme  sa  fondation. 
intrciduisit  jusque  dans   le  lointain   Marmoros   un 
erc  de  Valachie,  le  nouvel  évéque  de  Munkàcs,  S 
qui  avait  été  auparavant  le  supérieur  du  vieux  coi 
d^  Tismana.  A  V:m1.  on  rencontre  pendant  son  .i 
stration  Tévéque  roumain,  originaire  de  Tran- 
le,  Jean  Cernea.  Les  prêtres  roumains  furent  e\ 
'^  d(*  In  dlnie.  Tne  nuée  de  moines  valaques  en 
•H  transylvains.  Pendant  que  cette  org.i 
■••!V''  de  l'élément  roumain  dans  la  pro,.... 
ressait.  Michel  employa,  ainsi  que  ses  of- 
licier  3.  le  i     Miiiin.  qui  apparaît  déjà  dans  le 
iions  des  ik''''^"'*  pour  tous  les  actes  qui  n'a\.^.v.. 
1  caractère  solennel:  sous  la  forme  latine  tra*l 


IH\  i  '  M  !  ,1        IMS      IMH  MAINH 


nclïv  des  chartes  de  donation,  il  Menait  <le  %a  belle  écri- 
ture èlaAcée«  nux  trait»  énergiques  coniuie  des  cou|)h 
d'épécw  es  roumain  et  en  lettre  cyrilliqui'H  :  lo  Mihail 
Vt>evod,  «  Jean  Mirliei  le  Voôvode  ». 

Avec  sa  {Mvlique  byzantine  et  son  intelligence  natu- 
relle, avec  la  floesae  de  sa  race  princière.  il  était  trop 
liigent  pour  essayer  d'abandonner  d'eiublée  les 
.o4.Iusnc8  d'un  pays  <[U*avaient  domiov  juMju'ulors  les 
Magyars  et  les  Saxons.  Tout  en  s'attachaiit  les  Szekler 
par  le  renauveUenieiit  de  leurs  [  s  et  en  se  pré- 

sentant aMx  Saxons  comme  le  mv.i...  J'un  souverain 
de  leur  race,  tout  en  distribuant  enfin  largement  ses  fa- 
veurs à  l'arUtocratie  indigène,  il  tint  à  <  r  cette 
vie  pditiqiiede  la  Transylvanie  qui  ne  K  .  .r^^.  aait  pas 
moins  cemine  un  envahisseur  terriblement  incom- 
mode. 

Au  commencement  de  Tannée  1600.  la  Cour  de  Pra- 
gue, lente  et  soupçonneuse,  attendant  des  événements 
s  en  étal  d'il  i-re 

V,      _,    ,  i;-,  par  un  SI  il  I.'  ■•  n, 

des    conditions    qu'il    s'empressa    d'acrepter,    car    il 

ir  été  r<  maître 

il,  de  sa  '       .  r\  dési- 

rait aussi  avoir  les  forteresses  du  Marmoros,  le  Banat, 
.       '       '  orthodoxes  d'ori- 

■  r  pays  jusqu'à   la 
Theiss.  Mais  les  ^  ires  à  l'entretien  d'une 

lu,  cl  d'"'    •  ■    '      '      '       ui- 
•  ur  une  _  ..Me 

1.(1    s  t:i  iMond.  réfugié  en  Pologne,  et  ses  partisans. 
les  i.  '    Transylvanie. 

Le  .  iations  avec  les  Impériaux  continuèrent, 

dilatoires,  interminables,  marquées,  du  côté  de  la  Cour, 
par  un  >  ■  •  -  /vident  de  mauvaise  foi.  Il  fallait 
"  nourri  paroles   »,  berner  de  complinx  nts 

et  de  vaines  prc:  ce  Valaque  qu'on  aurait  voulu 


UK  CrVIUSATION    KOVMAINC  (XVI'-JtVir   SIt'      :  s'  175 

chasser  sans  reiardL  si  sa  main  de  fer  a'avail  pas  été  la 
seule  garanbe  de  la  csay^lf  qu'il  venait  de  faire.  Des 
comaiiasaires  impériamx,  «a  vieax  soldat  ioyaU  Michel 
Szekély,  H  ua  dipkaMAe  slave,  hahile  à  maaier  les 
Toits  et  leurs  clieais.  Oavki  Vnginmà,  furent  chargés 
de  st'  présenter  à  Michel,  en  qualilé  de  •«  ooaimissai- 
ras  o,  poar  ol»server  tontes  ses  actioas,  pour  rapporter 
tantes  les  parolrs  qui  pou\-ateat  échapper  à  son  tempé- 
rafluent  fougueux,  pour  •  lemporiser  •  en  «e  qui  coo- 
oerne  la  résolution  définitive:  |»lus  tard,  de  pleins 
7  -î"  "-rs  pour  ••  t*onclare  •  fisreiit  donnés  A  un  envoyé 
dinaire.  le  docteur  Pnnifti.  <pii,  lai  aussi,  avait 
r<iii[>  1  les  fonctions  d'aantMistadeur  à  Constanliaople. 
Avant  l'arrivée  de  cet  émissaire,  ai  iaipatieasflMat 
attendu.  Michel,  qui  avait  présidé  déjà,  en  saoveraio. 
deax  diètes  Irai  té.  pour  ne  pas  être 

surpris  par  ses  v iuldavie  qu'il  sentait 

prête  à  l'atlaquer.  Jérémie.  faihie  soldat  ne  put  lui  op- 
poser aHOttne  résistaMee  se  r  (^.  d'un  ca- 
ractère aiiélan((é,  du  Voévuu.   —    .   Jassy.  k  Su- 

cea^'a.  chassant  le  client  des  Polonais,  qui  s'enferma 
<le  Holin.  Un  Conseil  de  boiars  fut 

: „    ^   .       lier  la  nouvelle  conquête,  en  attea- 

dant  rarri\'ce  du  (ils  de  Pierre>le-Boiteux.  Ktienne,  qui 

laH  le  Tyrol.  pour  en  faire,  comme 

inique  de  Michel,  un  Voévode  mol- 

dave.  Un  concile  présidé  par  l'archevêque  de  Bulgarie. 

Rhallis.   donna  de   nooTeanx  chefs   à 

•  lavie. 

Se  rendant  compte  des  daagers  qmï  le  rocnaçaicBl, 

Miciiei  n  Transylvanie,  ou  grondait  ua  sonrd 

nuconit  )t.  Il  consentit  à  sacrifier  au  dernier  en- 

voyé  de  riûnpereur,  de  son  Empereur,  une  grande 

partie  df  ses  pr    -  ■ .    -.:   .        . ...    .  ,,jyj^ 

en  deliors  do  tl  en- 

tendait détenir  selon  leurs  (fue  ie  gon- 


176  IIIITOIRE    Dr*     »"^'  "M>f» 

verncnient  viager  de  la  Transylvanie  et  quelques  dis- 
tinctions exceptionnelles,  comme  la  Toison  d'Or,  dont 
on  avait  orné  le  cou  débile  de  Sigismond  Hâthory.  La 
chancellerie  de  Prague,  parlant  au  nom  de  Rodolphe  II. 
consentit,  presque  dédaigneusement,  à  lui  faire  cette 
grâce,  dont  on  excluait  cependant  les  comtés  exté* 
rieurs,  <■  bien  qu'on  eût  préféré,  pour  éviter  les 
désavantages  qui  pouvaient  se  présenter,  que  k 
vode.  ayant  restitué  la  Transylvanie  occupée  au  nom 
de  Sa  Majesté,  s'en  retournât  en  Valachie  pour  l'admi- 
nistrer sous  la  protection  de  l'Empereur  et  y  guetter 
toutes  occasions  d'avancer  plus  loin  en  Turquie  avec 
"  "  7'  Sa  Majesté  ».  On  réservait  même,  à  cause  des 
]  ;M)ns  polonaises,  la  question  de  la  Moldavie.  Il 

était  sans  doute  impossible  d'être  plus  imprudent. 

A  ce  moment,  la  Transylvanie,  qi  T  '  ,  i  .'  ' 
vaillée  sans  cesse,  promettant  le  cu 
de  la  Hongrie  supérieure  à  toute  révolte  qui  éclaterait, 
était  en  flammes.  Michel  eut  des  scrupules  de  cons- 
cience lorsqu'il  s'agit  de  combattre  une  armée  qui  le- 
vait le  drapeau  à  l'aigle  bicéphale  de  son  suzerain.  Il 
agit,  contre  son  habitude,  mollement,  sans  intervenir 
de  sa  propre  personne,  et  fut  vaincu  à  Miraslau  (Mi- 
riszlo),  près  de  la  Capitale,  le  18  septembre  1600. 

C'était  bien  la  fin  de  sa  domination,  sinon  le  dernier 
acte  de  cette  belle  énergie  guerrière.  On  venait  de  lui 
apprendre  déjà  que  le  chancelier  Zamoyski  avait  re- 
pris la  MoldaWe  et  envahi  la  Valachie  elle-même,  où  il 
voulait  introduire  Siméon,  frère  de  .lérémie.  Michel 
essaya  de  sauver  au  moins  l'héritage  de  ses  amôtres: 
ayant  conclu  une  convention  par  laquelle  il  s'engageait 
ii  quitter  le  territoire  de  la  Transylvanie,  il  passa  les 
Carpathes  pour  trouver  du  côté  de  Buzau  ces  lourdes 
légions  polonaises  depuis  longtemps  formées  par  l'ex- 
périence d'Etienne  Bàthory  pour  la  guerre  contre  lev 
Turcs  sur  le  Danube.  Il  dut  s'enfuir,  tout  en  livrant 


LA   CIVIUSATION   ROVMMKB  (XVl'-XVIl*   SIÈCLES)         177 

«ombat  aux  détachements  de  cavalerie  qui  le  poursui- 
vaient. Ame  profondément  honnête,  il  croyait  avoir  le 
droit  de  s'adresser  k  l'Empereur,  envers  lequel  il  n'a- 
vait commis  aucun  acte  de  trahison,  pour  lui  deman- 
der le  châtiment  des  officiers,  qui,  sans  ordres,  et 
même  sans  aucun  prétexte,  l'avaient  attaqué.  Il  se 
rendit,  avec  quelques-uns  de  ses  derniers  fldèles,  à 
Vienne,  à  Praj^ue,  pour  y  recevoir  aussitôt  la  nouvelle, 
qui  dut  être  un  baume  pour  son  cœur  meurtri,  que  la 
victoire  de  Basta,  trompé  comme  un  enfant  par  la  per- 
fidie <los  :jrist()or;il«^s  magyars  du  pays,  n'avait  fait  que 
rouvrir  à  Sigisnioiul  les  portes  du  pouvoir. 

On  était  cependant  bien  décidé,  quoique  cette  Cour 
fût  '    '   *    ■  :<•  pas  souffrir  c«  ' 

ni»  i  les  moyens  pécn 

dont  il  avait  besoin  pour  se  faire  une  nouvelle  armée, 
dans  laquelle  les  siens  étaient  à  peine  représentés,  et 
on  arriva  à  le  convaincre  que  Basta,  son  vainqueur, 
pouvait  devenir  un  sincère  collaborateur  et  un  ami.  Le 
grand  effort  vengeur  du  Voévode  gagna  à  l'Empereur, 
par  la  victoire  de  Tioraslau  (Goroszlo),  en  juillet  1601, 
cette  province  si  convoitée  par  toutes  les  ambitions. 
Mais,  lorsqu'il  s'agit  de  fixer  les  plans  ultérieurs  de  la 
campagne,  le  général  albanais  s'arrangea  pour  entrer 
en  conllit  avec  le  «  Valaque  «;  mais  celui-ci  ne  consen- 
tait pas  à  se  laisser  arrêter  comme  un  simple  subor- 
donné: il  fut  éventré  par  les  hallebardes  des  Wallons 
de  Flandre  et  des  Hongrois  d'un  détachement  chargé 
formellement  de  l'assassiner  (18  août).  On  jeta  sur  la 
charogne  |K>urrie  d'un  cheval  crevé  le  corps  de  Michel, 
et  il  fallut  (|u«>  «1rs  M):iins  pieuses  dérobassent  à  la  vif;i- 
lance  des  profanateurs  sa  belle  tète  énergique  pour 
qu'elle  pàt  être  déposée  dans  Téglise  du  serment  h 
Dealu,  où  i  .  rappelle  encore  que  «•  son  corp, 

glt  dans  la  .  iirdii.  sur  laqurlli*  !«•<»  Allrîniin.ls 

l'ont  tué     . 


178  msToiiii:  hks  A" 

Mkrhcl  était  mort:  %on  t\\%.  •  >la& 

PHrascu  (Pierre),  lievait  vivre  uiu;  v une, 

quémandant  les  auimmes  de  l'Kmperetir:  me. 

sa  ftlle,  s'étaient  réfugiées  dan.H  le  coti-  /la, 

au|>rè»  de  la  vieille  mère  du  Voévotle.  M.:. -i\r- 

nir  resta  vivant  à  travers  les  siècles.  Dans  la  Transyl- 

vaBÎe.  où  W  y  eut  même  pttrmi  ses  ai 

grob  des  amis  q^  piMirèrent  sa  franch<   i 

RoumaiBS  CMwervèrent  l'organisation  religieuse  qu'il 

leur  avait  donnée  ;  tout  an  II' 

développer  sous  son  ombre. 

vie.  l'activité  aventureuse  de  la  chevalerie  des  boiars 

s'était  manifestée  uvec  un  élan  que  la  catastrophe  de 

Tunla  no  pouvait  pas  arrôtcr. 

La  LHIVAI.KHIK  lu»'      '\i     I        !•        ^   1    \    '••.'  M  L- 

LE-BrAVE.  Ceux  l\r^   1m»Ki1n    \.ii.Mjll.v     ,,.  Lit   il 

riiumiliante  tranquillité  achetée  aux  Turcs  par  le  tri- 
but et  les  présents,  s'empressèrent  de  reconnaître 
Radu,  iils  de  Mihnea  le  Renégat  et  fastueux  élève  des 
écoles  de  Venise,  diplomate  avisé  et  grand  favori  de  la 
Porte,  qui  eut  en  lui  son  plus  fidèle  auxiliaire.  D'autres 
cependant  lui  préféraient  Siméon  Movila.  soutenu  aussi 
par  les  Tatars;  ce  Moldiive.  qui  aimait  la  guerre  sans 
pouvoir  gagner  la  victoire,  put  donc  délivrer  les  diphV 
nies,  qui,  étant  rédigés  dans  le  désordre  des  camps, 
abandftnnent  le  silavon  des  lettrés  —  ainsi  que  cela 
était  arrivé  quelques  fois  sous  Michel  lui-même  — 
puur  introduire  le  style  diplomatique  roumain,  tout 
nouveau.  La  plupart  ecpendant  acclamèrent  l'Empe- 
reur, malgré  le  crime  perpétré  en  son  nom.  parce  qu'il 
paraissait  leur  promettre,  non  seulement  un  idéal  de 
liberté  chrétienne,  mais  aussi  la  possibilité  de  ces  ex- 
ploits dont  Michel  avait,  par  sa  bravoure,  ouvert  la  bril- 
lante série.  Muudts.sunt  la  prudence  timide  du  maître 
que  voulaient  imposer  les  Turcs,  auxquels  Radu  était 


LA    CIVILISATION    ROl'MAIM.   IXn-X^ir    SIKCl,E5;  17D 


li^  aussi  par  ses  frcres  et  ses  sururs  musaibBMH»  lis  ac- 
courur  M-aux    toujours    tWpètyés  ^ 

Radu  'Us  du  Voérode  asttaainé. 

Avec  leur  aide  —   \e^  \  gardant  pour  qwelque 

temps  la  conduite  du  m  — :t  —  Raihi»  rccoimit 

par  la  ()oar  de  Praf^ue  et  par  les  troupes  ita- 

liennes, walloniu's  t-t  allemandes  de  HaalMt  aÊitufÊÊ.  les 
Infidèles,  comme  jadis  ihui  IK  Tepes,  et  le  •  Brave  ", 
qui  venait  de  périr,  sur  le  Danutie  et  dans  leur  nid  de 
la  Dobrof^ea.  Il  inllif^ra  sur  le  Teleajen,  près  de  Valenti- 
ck-Munte,  une  grandi*  défaite  au  Kluui  des  Tatars,  qui 
venait  soutenir  la  cause  de  Siméon.  Il  passa  ensuite  en 
Transylvanie  et  bri!*a  le  trône  magyar  improvisé  dn 
vieux  capitaine  szekler  MoLse.  qui  s'était  soulevé  coo- 
tre  les  impériaux,  en  1603:  puis,  en  1611.  après  une 
COI'  Horpriae, 

liai  (taille  4e 

Brasov,  toute  aussi  gloriease  que  la  première  et  di|pie 

•  is  Mies  î 
révolte 
ch.  vétéran 

a\ 
tui 

so  ivoir  con 

ve  u-  Mil  u  Vienr 

sV;  wit  périr  éon^ 

don  ri  .    lui  accorder  ensuite  i 

ment  n  im  .  n.Fuorable  dans  lacatllédraîe  lufruic- 

de  Sai  lie. 

lés  désormais  saas  eliof.  tous  ces 

p.vw.  ...v^.  ^ tts,  comme  lo  Vestiaire  Fum*  q«l 

s'était  jeté  sur  Moisc  et  l'avait  traaspereé  #taie  bollt« 
comme  Stroe  Buaescu,  ptiiews  fols  Msssé  dmn 
les  combats  contre  les  paies»  sfcfcostéi.  ^isi«  violmit  !• 
consigne  donnée  par  le  ronmandanl  Holiea  de  ■•  pas 
quitter  les  trandiées  protectrices,  svaM  UmàB  tm  Ntt 


180  ii!«.T'iiiii°     r>i  V     IWII  \l\tN.S 

%ur  un  pareni  lie  r  •   i  'u, 

non  sans  avoir  reçu  la  . .  ...i.      i  ...  ..        .i.i  u.  _ar; 

•^a  femme  fll  graver  sur  le  rebord  de  la  plaque  de  mar- 
hrp  <iui  recouvre  les  ossementH  <Iu  !•  è- 

sumunt  toute  une  époque:  «  et  la  vol >  ns 

de  Tatars  ne  fut  pas  accomplie  »(si  nu  s'a  tmplinit  voia 
Cfiinilor  de  Tatari). 

Conimc  jadis  les  deux  frères  (îolesti,  ces  guerriers 
valaques  furent  jetés  contre  la  Moldavie  rebelle  par 
ordre  de  Radu  Mihnea.  esclave  des  volontés  de  ses 
maîtres.  Ils  y  trouvèrent  le  même  invincible  essor  vers 
le  danger,  qui.  ne  pouvant  pas  se  diriger  contre  un 
ennemi  étranger,  se  dépensa,  avec  une  foll-  '  ra- 

lité.  dans  les  tristes  incidents  de  la  guerre  •  'es 

femmes  furent  mêlées  de  ce  côté  aussi  à  la  tragédie 
chevaleresque:  Elisabeth,  épouse  de  Jérémie.  Mar- 
guerite, épouse  de  Siméon.  maîtresses  femmes  qui 
poussaient  à  leur  gré  leurs  maris  et  leurs  enfants  dans 
une  rivalité  criminelle.  Constantin,  le  fils  aîné  de  la 
première,  chassa  son  cousin,  le  jeune  Michel,  mari  de 
la  fille  du  Vnlaque  Radu  Serban,  qui  vint  mourir  aux 
pieds  de  sa  femme;  son  frêle  corps  fut  mis  à  terre  à 
côté  de  ce  crâne  de  Michel  qui  avait  contenu  le  génie 
d'une  race.  Il  fut  plus  tard  lui-même  l'auxiliaire  de 
Radu,  qu'il  reçut  pendant  sa  retraite  de  1610;  mais, 
chassé  enfin,  lui  aussi,  par  les  Infidèles,  il  revint,  avec 
des  Polonais  sous  les  drapeaux  de  ses  beaux-frères; 
pris  par  un  Tatar,  il  se  noya  dans  les  eaux  du  Dniester. 
Sa  mère  ignora  longtemps  son  sort,  puis  elle  poussa  au 
trône  ses  fils  cadets,  Alexandre,  qui  était  à  peine  un 
adolescent,  et  Rogdan.  enfant  en  bas-i\ge.  Elle  combat- 
tit à  la  tète  des  armées,  fut  vaincue,  capturée,  désho- 
norée et  traînée  à  Constantinopje.  où  un  aga  en  fit  sa 
femme.  Elle  pleura  hautement  devant  les  boiars  sa 
suprême  humiliation,  et  on  voit  encore  dans  le  beau 
couvent  de  Sucevita.  bâti  par  Jérémie  qui  y  est  entern*. 


'••    SlàCLES)         181 


cette  bi-lle  natte  <le  cheveux  roux  qu'elle  y  ' 
ofTrande  à  la  place  du  pauvr..  <-.»rii«.  nmfani'  rr 
pourrir  en  terre  païenne. 


La  Porte  essaya  d'apaiser  cette  tempête  de  volontés 
exaspérées,  avides  de  conquêtes  et  de  gloire,  de  bles- 
sures et  de  souflTrances  jusqu'à  la  mort,  en  -— * 

comme  princes  de  fades  descendants  autii 
qu'une  éducation  orientale  avait  fait  moisir  dans  les 
prisons  et  les  lieux  d'exil,  des  anciens  princes:  !'■'■• 
Mihnea  lui-mcnie.  malgré  son  prestige,  et  Alexa: 
fils  d'un  autre  rencl^f^at.  le  Moldave  Elie  Rares,  le  fils  de 
Radu.  un  autre  Alexandre.  le  fils  d'Alexandre  Elie  et  un 
autre  Radu.  devaient  leur  succéder.  Si  un  fils  de  Si- 
méon,  Gabriel,  parut  sur  le  trône  de  Valachie.  il  se 
hâta  de  s'enfuir  en  Transylvanie,  où  il  épousa  une 
catholique:  son  frère,  Pierre,  devint  le  grand  Métropo- 
lite de  Ki  -^auva  le  rite  oriental  en  Pologne  et 
crca  la  civi :i  moderne  du  peuple  russe.  Un  ancien 

Idat  des  guerres  de  Henri  IV  contre  l'Espagne, 
Ltienne,  fils  de  Tfxnsa  qui  ;n  tipé  le  trône  à  la 

mort  du  •<   Despote     .  fit  toin  -  têtes  des  boîars 

•us  les  coups  de  son  bourreau  tzigane,  qui  s'écriait  en 
!•(■■   :    ■  ■  ■     i"    .     ■•       -  'i!':i        ■  ■   ■■    i.'s:  "  Sei- 

gii  M  s  la  race 

des  chevaliers  n'en  fut  pas  détruite,  et  on  le  vit  bien 
lorsque  les  nobles  de  l'OIténie  r>  '       'le  trône 

vnlaque  de  son  HIs,  Léon,  un  vrai  à  la  Le- 

mtine  Victoire. 

l'n  ancien  soldat  cLul  le  chef  tics  Ixiiars.  jeunes  et 
vieux,  restés  fidèles  au  credo  de  Michel  qui  était  la 
gloire  par  les  aventures  sous  les  étendards  chrétiens  et 
co;  '  'on   des   Infidèles:    1'"^        "   '"     u   de 

V.i  ,cr  des  seigneurs  de  <  ni,  du 

ste.  un  ancien  soldat  de  .Michel,  et  il  employa  plus 
tard  des  soldats  serbes,  les  •  séimens  ».  qui  par  leur 

13 


182  iiisToinr  ncs   noi'M.UNS 

t  .    '  ■     ■  :  .  I  m;-  .Il  I"  '     .  :  "  '■'.!- 

i  '  vH-IlN.    AU'  _  llll 

ile  la  TransyU'anie.  Ayant  vaincu,  malgré  la  présence 

(1*1111  itnoNr  du  Sultan,  le»  troupes  ru  '  '  s  du  jeune 
!..<  111  (|u'4)ii  lui  avait  opposé,  il  se   ,  la,  fort  de 

l'appui  d'un  chevalier  musulman,  originaire  du  Cau- 
case, Abaza,  pacha  du  Danube,  à  Const:  "-  :.1e,  en- 
touré par  une  députation  de  toutes  les  de  la 
population  valaque,  qui  le  demandait  pour  leur  maître, 
et  il  put  faire  bientôt  son  entrée  tr 'île  k  Buca- 
rest, au  milieu  des  acclamations  :  ^ues  de  la 
foule,  désireuse  d'avoir  de  nouveau  un  prince  de  son 
sang,  et  un  guerrier. 

L'époque  n'était  plus  où  Ton  ponvnti  frapper  de 
grands  coups  d'épée  dans  cette  Tran  es 

la  défaite  et  l'assassinat  de  Gabriel  i,.....w.  ,.  ,  ..i,..wJu- 
tisme  énergique  de  Gabriel  Bethlcn  et  de  Georges  Râ- 
koczy  I"  avait  consolidé,  au  profit  de  la  race  magyare, 
la  situation  politique  de  la  province.  Il  n'y  avait  même 
plus,  au  moment  où  les  Abaza  avaient  voix  au  chapitre 
({uand  il  s'agissait  de  la  nomination  d'un  prince  vala- 
que, une  porte  ouverte  sur  le  Danube  turc  pour  l'esprit 
d'aventure  des  boïars.  Mathieu  et  la  chevalerie  de  pro- 
priétaires terriens  qui  entourait  son  trop  l  leur* 

champs  de  bataille  seulement  dans  les  C' avec  la 

Moldavie,  toujours  envahissante  et  toujours  vaincue. 

Malgré  les  app  d'unn';  U*s 

deux  pays,  malgi  militude  mt 

Mathieu  expulsa  le  fils  d'Alexandre  Elle  et  celle  dont  le 
Moldave,  d'origine  balcan'  '  "  ("re  lui- 

même  pour  arriver  à  ii       i  .     uce  de 

Moldavie,  malgré  le  prestige  qui  entoura  à  la  même 
époque  les  deux  trônes  roumains  et  la  richesse  dont 
jouirent  les  sujets  de  l'un  et  de  l'autre  de  ces  princes 
contemporains,  il  y  a  entre  eux  deux  une  profonde 
difTérence.  Mathieu  est  le  prince  chevalereaque  d'une 


LA   CTVIUS\TTnS'    nOlMAlVE  (XVI*-XVîr*   SttCLCS)         183 

t  'v\v  a   !  ■      .lu    fas- 

t;  :  lea,  ne  (m    iju<-  lians- 

l>orter  à  Jassy  !««  coutumes  et  les  idées  de  Byzance: 
^  '         1.  nourrie  au  ;>rojets  transylvains  et 

1  a  de  reprend  lage,  soit  en  soulevant 

les  (irecs.  soit  à  la  tète  d'une  crmée  de  croisade  appuyée 

par  !t =  -eaux  de  Venise.  Ne  pouvant  pas  diriî(er 

fi'tin  té  ses  eflTorts.  celui  que  ses  correligioima!- 

loplc  traitaient  en  empereur  fit  accor- 

<.  i-...  M.  .  i...-.  la  prini  ••■?•' voisine  f«  —  *^*''->  Jean, 

I   son   fr*r<*  r.abriel.  à   !  .  et  il   !  .   deax 

f«»i  i  bien  qu'a  Finta. 

• ^    ^-.  la  voie  qui  menait 

est  caractéristique  par  la  profonde  dtfTé- 
<■  monde  per  i- 

, ,       L-ntait  Bastk.   „-ait 

ous  ses  ordres,  avec  des  boîars  prêts  Ji  abandonner 

•orges-Etienne  qui  de- 

iiiilliers  de  paysans  qui 

avaient  désappris  la  guerre  et  les  bandes,  bien  exercées 

'  '      "  '  "  -a- 

.  .1- 
.  il  n'avait  pas  mime  un  concours  puissant  de  la 

•  r       j,.g 

re 

itene  de  mercenaires  bal- 

*  'uer  dans     ■'  'ries 

'  1er  la  vi  lie 

I  e,  iiuquei  i  arent  l'accès  de  sa  propre 

'  '^"^  ....M...  —    .^,i..,i-  jm  combat  se 

,:c  leur  cavale- 
ur  i'fiiiieini  vu  iiii-ine  tempa  q«e  la  terri- 

,    -   que  son    mouvement    furieux    paraissait 

tvoir  déchaînée.  I^  Voévode  chenu  fut  bleasé  Ml  ge» 
'>  mais  l'araiée  de  soa  rival 


HISTOmi    DU    HOt'MAlKS 

I/hommc  qui  avait  suscité  les  troubles  militaires 
(lunt  nous  avons  purlé.  pour  cmpi^cher  la  succession  du 
neveu  de  son  prince,  recueillit,  en  avril  1654.  -;e 

de  Mathieu.  Constantin,  fils  naturel  de  Haidu  ...,.xa, 
dut  combattre  ces  mêmes  <«  séimens  »  dont  il  avait 
irrité  l'aviditi^  cl  '  -  .  et  los  '  is 

de  Transylvanie  a       ^    . rs  pour  . re 

la  seule  force  militaire  de  la  principauté  valaque 
(1655).  Le  chef  des   r'  TT  '      ,.  qui  s'était  pro- 

clamé prince,  lutta    «    .  me    un  héros.  1^ 

Voévode  vainqueur  ayant  uni  son  sort  à  celui  du  pro- 
tecteur Il  lin,  qui  avait  suscité  Tinii  '  's 
Turcs,  pt-i  ^1  lie  temps  après  le  trône  si  1  ^is 
brigué  par  tous  les  moyens:  mais  il  ne  se  résigna  pas 
à  sa  déchéance:  avec  des  haïdoucs.  '  "  saques,  il 
envahit  sa  propre  Valachie,  puis  la  '  le,  d'où  il 
chassa  le  jeune  prince  folâtre  qu'était  Etienne,  fils 
de  Basile.  Mourant  en  exil,  il  avait  dû  laisser  à  Buca- 
rest la  place  à  un  fils  de  Radu  Mihnea.  un  nouveau 
Mihnea,  qui  ne  ressemblait  guère  à  son  père.  Tout  en 
réclamant  la  possession  de  Fagaras,  il  arbora  dans  ses 
armes  l'aigle  de  Byzance,  et  voulut  prescrire  des  rè- 
gles à  l'Eglise  de  Constantinople  dont  Basile  Lupu  avait 
été  le  vrai  maître  pendant  tout  son  règne;  tout  en  fai- 
sant massacrer  ses  boïars,  il  prit  le  nom  de  Michel-le- 
Brave  et  livra  aux  Turcs  un  combat  malheureux  à  Ca- 
lugareni,  place  de  la  grande  victoire  remportée  par  son 
prédécesseur.  Il  mourut,  lui  aussi,  dans  un  lieu  de  re- 
fuge aux  côtés  de  Hâkoczy.  persécuté  par  le  Sultan.  On 
rencontre  encore  les  traditions  de  la  chevalerie  aven- 
tureuse dans  les  mouvements  révolutionnaires  contre 
les  nouveaux  chefs  grecs  envoyés  par  la  Porte,  dans 
les  agissements  de  Grégoire  (îhica.  Roumain  par  sa 
mère  (son  père,  qui  régna  en  Moldavie,  était  d'origine 
albanaise),  qui  négocia  avec  les  Impériaux  au  cours 
d'une   rampagne    des    Turrs    et,    dcsfifur.    fr:i\«Ts;i    «>n 


!  ^  cfviî.îfÇATioM  RouM^rNR  (xvi*-xni'  sfir.fj»)       lîiS 

pifU\  l''»        \lili:>       lie       llîtllll-.       Jti-»v|iin        .'^>l^^' 

Dame  d  ,  *•!  même  dans  ce  Serban  Cantacuzène, 

fils  du  ;  (istanlin.  émigré  de  Con  :»le, 

el  d'HéliiK.  ..vi.i.vfe  de  Radu  Serban,  qui.  .., lin- 

suc4;ès  turc  à  Vienne  (1683).  entra  en  relations  avec 
l'Empereur  et  montra  plus  d'une  fois  qu'il  ambition- 
nait en  vertu  de  son  sang  impérial,  l'héritage  de  By- 
zance,  délivrée  par  la  nouvelle  croisade  d'Eugène  de 
Savoie. 

DÉVELOPPEMENT    DE    LA    LITTéRATl'RE    ROUMAINE    AU 

xvii*  sif.ri.K.  —  Pendant   ces   ':*'        ^tes,  qui 

firent  la  gloire  el  le  bonheur  de  >i.  mais 

contribuèrent  à  aggraver  la  situation  du  paysan  de> 

vcn;:        '     ' :re  de  l'o       '  -^t,  l'art,  qui  avait  été 

la  dans    1  s'était   manifestée 

1*0 !  de  i'âme  roumaine,  ne  mar(|ue  aucun  pro- 

.  iiuel.  Après  son  avènement  au  trône,  Jéréraie 
le  fondateur  de  Sucevita,  où  il  allait  reposer  à 
coté  de  son  frère  Siiuéon,  n'eut  guère  le  loisir  ni  les 
moyens  d'élever  l'église  qui  aurait  pu  commémorer  son 
règne.  Nous  avons  mentionné  déjà  les  fondations  du 
"*  e  Crimca  el  d'Etienne  Tdmsa  II,  à 

1,  _........;  c;  ..  >.ulca,  ainsi  que  celles  de  Miron  Bar- 

n'>\vski  et  de  Basile  Lupu.  qui  ne  présentent  cependant 
aucune  inn  '  "     s  le  travail  <' 

taux,  l'art  d.       ...  at.  le  premit 

manifestement  influenré  par  le  courant  italien  qu'on  a 
cor.  I  ■      "      .   '  . 

M- — - 

Ce  ne  fut  pas  celle  des  boîars  chevaliers.  Les  exploits 
dos  .i:i(  icn^  ;  i;m  rs  avaient  trouvé  au  XV  siècle  des 
rh-f-  ■■'  i  1  iiuilation  de  ceux  de  la  Serbie,  qui  ac- 
(oi  nt  de  leurs  chants  historiques  les  grands 

rrji  •.  aux  fêtes  de  l'Eglise  or  ide- 

1)1  ,  alors   (|Ue   le    peutile   li  ne 


186  iiisToiitR  nn  nocuAiNS 

connaiHsait  que  les  incitations  à  la  danse  et  le«  com- 
plaintes mélancoliques  des  «  doîne  ».  Peu  à  peu.  la 
grnn<l  '  '       "ne  absorba  toutes  les  autres.  Si 

telle  li :.-'nne   quelque   héros   du   cycle   de 

Mtchel-le-Brave.  comme  Radu  Calomflrescu,  la  per- 
%(,<  T  incf  ft  ■ 

b<i  ■  ^11'       ■_  rs  ne  sur-    ;u     :_  ,  

populaires.  Il  n'y  eut,  du  câté  des  Ruzesti.  ces  premiers 
parmi  "        '  -valiers  de  Pépoque,  qu'une  t    "  'i- 

que  I'  ;o,  se  bornant  à  rappeler  !•  c 

quelques  mots  seuls  d'appréciation.  Le  prince  lui- 
mémr    '  1  un  boîar  i\  l'ancienne  mode,  le  '         '    '•• 

Théo<i  «rire  un  récit  officiel  en  siavon.   _  uh 

a  été  transmis  dans  la  version  latine  d'un  voyageur, 
venu  par  hasard  dans  la  principauté,  le  Silésien 
Walter. 

Avant  ce  moment,  il  n'y  avait  eu  en  Valachie  que  des 
mentions  laconiques  notées  en  marge  d-  •=  *  ;  des 
princes  fondateurs  et  protecteurs  qu'on  1;  us  les 

églises  au  cours  de  la  liturgie.  Pour  avoir  une  légende 
poétique  des  hauts  faits  accomplis  par  le  conquérant 
imitateur  d'Alexandre-le-Grand,  il  faut  recourir  au 
poème  en  grec  vulgaire  que  rédigea  un  des  officiers 
étrangers  de  Michel,  le  Vestiaire  Stavrinos,  à  Bistrita 
de  Transylvanie,  pendant  sa  captivité,  •  sous  les 
rayons  des  étoiles  »  :  pour  trouver  une  cruvre  poétique 
de  forme  classique,  on  doit  s'adresser  à  l'imitation  des 
modèles  italiens,  que  le  Cretois  Georges  PalamÎMle  livra 
à  la  Cour  du  prince  russe  d'Ostrog,  intéressé  lui-même 
à  la  croisade.  Plus  tard,  un  moine  d'Kpire,  qui  portait 
le  titre  d'évéque  de  Myrrhe,  en  Asie-Mineure.  Mathieu, 
ayant  été  recueilli  et  installé  comme  hégoumône  de  la 
nécropole  princière  de  Dcalu.  se  donna  la  peine  de  con- 
tinuer dans  des  vers  sans  saveur  le  récit  de  Stavrinos. 
qui,  tout  de  même,  était  animé  des  sentiments  d'un 
soldat. 


LA   aVlUSATIOM    ROUMAINE  (XVI*-XVU*   SlàCLES)         187 

Quant  à  la  Moldavie,  alors  que  les  chantres  illettrés 

liraient    les   victoires   du    grand    Etienne,   celui-ci 

.,.i:....»    —  -^>rlt  d'humiliation  chrétienne,  toate 

••  de  son  œuvre  militaire  et  poliU- 

1  une  quarantaine  d'églises  en 

I  .  ..V.  ...  ...  .....^v.  ,,^.  ses  moines  aucune  biographie 

4-('inme  celles  que  connaît  la  littérature  serbe,  du  xin* 

Il  x\'  vir(  le;  on  Si*  Ixirna  à  continuer  entre  les  niurs 

ic  Putua.  sa  nouvelle  fondation,  les  maigres  notations 

vlavones  du  couvent  de  Bistrita.  qui  nous  renseignent 

!(*nt  sur  Alcxandre-1'  ic- 

t  .s.  Il  n'y  eut  pas  m«-  .    .  .le, 

grande  par  ses  efforts  et  son  prestige,  d'ouvrage  pareil 

aux  pnseignemenls.  dont  il  ;<  i 'stion,  de  Nea- 

goe  à  l'usage  de  son  tils.  M;n     i  ..ires  eut  aussi, 

comme  ce  dernier,  pour  compagne  une  princesse  serbe, 

I  '  -.         ■  ■  '    :  iques  et  pieuses,  cette  Hé- 

I  ^  «le  son  mari  pour  le  Sultan 

Soliman.  Les  annales  slavones  furent  donc  poursui- 

'   nt,  à  côté,  une  oeuvre  d'un 
.  celui  de  la  célèbre  chroni- 
<(Ue  de  Manassès,  dont  on  avait  employé  la  version  sla- 
vonc:  Cl*'     '      — 'lie  de  H   -        -  ■-  '"- '  juc  de  Ro- 
ni.ui.  M.i  produisi:  du  moine 

Kuthyme,  futur  évcque  de  Transylvanie,  une  seconde, 
celle  d'Alexandre  I^pusneanu.  Apres  la  mort  de  ce 
priruN'  <li\<,t.  qui  se  fit  moine  avant  de  fermer  ses  yeux 
.  il  n'y  eut  que  des  compilations  et  de  maigres 
i,:.  ..I. .',,<;  d'cvcnements  contemporains  dues  aux  der- 
niers représentants  de  la  grande  école  d'érudition  sla- 
\<<nc*:  un  Ksaie,  évéque  de  Radauti,  un  Azarius.  chro- 
niqueur de  Picrre-le-Boiteux.  Les  combats  des  princes 
le  la  famille  des  Movila  ne  trouvèrent  pas  plus  un 
poite  ou  même  un  que  ne  l'avaient  fait  les 

gestes   de   guerriers     :.  as    d'un   Aaron    et    d'un 

Ktienne  Razvan,  les  alliés  de  Michel-le-Brave.  De  mém» 


188  HlSTOinB    DBS    ROl'MAINS 

que.  |>our  la  Valarhie.  la  tradition  des  historien»  ne 
commença  que  souh  Mathieu  Basarab,  Il  fallut  attendre 
puur  la  MoldaNie,  le  règne  de  Basile  pour  avoir  en  rou- 
main la  compilation  du  lK>iar  Grégoire  Ureche,  qui 
transposa  en  langue  vulgaire,  avec  des  discussions  cri- 
tiques, le  contenu  des  anciennes  annales  slavones.  Un 
peu  plus  tard,  fut  rédigé,  dans  un  style  pédantesque, 
mais  d'une  authenticité  absolue,  la  ^  le 

de  Miron  Coslin.  «nil  i-ÎKin!:!  Iiu'nic  en  t'- 

des  Roumain^ 

Dès  la  fin  du  \vi*  mccIc,  la  nouvelle  li  .    ia» 

s'adressait   au   peuple  entier,   venait  de   .  ^«m 

essor.  Nous  avons  mentionné  plus  haut,  pour  expliquer 
la  naissance  <^      "  •    '  irs,  le 

récit  des  exp  i    \        .     i  s  des 

saints  soldats  martyrs,  même  les  Miracles  de  sainte 
Parascève,  qui  sont  sans  doute  antérieurs  "  "  'e 
1600.   Bientôt   commença   l'œuvre   féconde   .1  le 

par  les  traducteurs  inconnus  des  Ecritures  et  même 
des  apocryphes,  plus  répandus  dans  la  Péninsule  des 
Balcans  (Voyage  de  la  Vierge  aux  Enfers,  légende  de 
sainte  Dumineca  qui  est  le  dimanche  personnifié),  des 
ouvrages  de  morale  populaire  que  Byzance  avait  em- 
pruntés au  monde  oriental,  des  traités  d'histoire  natu- 
relle pour  le  peuple,  comme  le  Physiologus.  On  voulut 
même  avoir  en  roumain  des  traités  d'histoire,  et  il  fal- 
lut entreprendre  la  traduction  des  -<  chronographes  •  , 
dont  le  récit  commençait  avec  la  création  du  monde 
pour  arriver,  à  travers  les  Ecritures,  à  l'époque  des 
monarchies  païennes  de  l'antiquité  et  à  la  série  des 
empereurs  byzantins  et  leurs  successeurs  slaves:  en 
Olténie,  suivant  l'exhortation  formelle  de  Théophile, 
évêque  de  Ràmnic,  le  moine  Michel  Moxalie  accomplit 
cette  tâche.  Sous  Basile  Lupu.  on  eut  Hérodote  en  rou- 
main, par  les  soins  d'un  dignitaire  de  seconde  classe, 
très  versé  dans  la  connaissance  du  grec  ancien,  le  logo- 


L.%   aVIUSATlOX   ROUMAINS  (XVl'-XVir   SIÈCLES)         18!) 

thëte  Eustratius.  L'ambition  de  Lupu.  lequel  avait  em- 
prunté son  nom  princier  de  Basile  à  l'Empereur  auquel 
le   r  t  la  Iégislati< 

com  Uus  et  à  un  :t 

clerc  Mélèce  le  Syrigue.  devenu  évéque  dans  ces  con- 
trées, U!  "  ■  "  ^  '-  !uc- 
tion  roi;  ind 
et  impitoyable  justicier,  allait  appliquer  strictement 
(V  ~  >n  pays.  Son  code  fut  publié  à  Jassy  en  1S46  et, 
,  >>  à  la  numc  époque,  ce  texte,  auquel  furent 
ajoutés  d'autres  éléments  empruntés  aux  sources  by- 
zan'-"  •  -iir  former  une  lourde  compilation  presque 
iiii  ,  parut  en  Valachie,  à  (iovora,  par  les  soins 
du  prince  rival.  Mathieu  (1G.')2).  O  dernier  avait  fuit 
imprimer,  du  reste,  une  autre  réglementation,  plus 
simple,  tirée  des  originaux  slavons  qui  regardait  sur- 
tout la  ne  de  l'Eglise,  la  Petite  Prauila  (1040). 
Certain.  ,  -v^.cs  du  culte  eurent  aussi  la  faveur  d'être 
publiées  en  roumain,  par  l'initiative  des  chefs  de 
i'E                                       épo<|ue. 

1 j,.-.-iae  ne  devait  pas  s'arrêter  aux 

travaux  de  Moxalie  et  d'Eustratius.  On  eut,  vers  la 
moitié  du  -010.   un   résumé  de  l'hi  tto- 

mane.  et  ]<_    .         iix  aventurier  Georges  h  itch, 

qui  ambitionnait  d*étre,  par  le  concours  des  Impériaux 
de  Vienne  ou  de  ceux  de  "^^ 
second  de  ce  nom,  ce   fréi  ; 

Sabbas,  ce  commensal  et  ami  des  princes  et  des  nobles 
■         '  1  :  Brâncoveanu, 

.  >  sont  à  la  base 
du  pansla\isme:  une  chronique  de  Kiev,  plutôt  tra- 
duite sur  l'ouvrage  d'un  moine  de  la  Petscherska,  et 
une  œuvre  originale  sur  U*  passé  des  Serbes.  On  a 
trouvé  même  la  version  roumaine  de  ce  long  rapport 

dans  le(|u.l  le  futur  prince  de  Transylvanie.  J< '^' 

niéiiy.  racontait  l'histoire  de  la  campagne  de  (■ 


190  IIISTOlliB    DBS    ROUMAINS 

Ràkocxy  II  en  Pologne  et  ses  propres  vicissitudes 
comme  captif  des  Tntnrs. 

Miron  Costtn  ne  s'était  pas  borné,  après  1570,  à 
rédiger  seulement  une  chronique  de  Moldavie  qui  se 
rattachait   h   la  compilation    <! 

occupé  des  origines,  patriote  r«  

soin  de  ranimer  l'esprit  défaillant  de  ses  compatriotes 
appauvris  .  '  ir  l.« 

territoire  m  i  .    i      ^     i        i  \4->K<* 

ému,  l'histoire  de  la  colonisation  romaine,  dont  l'hon- 
neur devait  inciter  les  dc^  *  '^  de 
Trajan  à  une  vie  active,  éci  ,  iir  à 
celui  des  intrigues  pour  le  trône  et  des  appels  vers  les 
dilT.  *  '  'tiennes.  Des  contemporains 
val.i  a  Ludescu,  lidèlc  et  modeste 
ser\'itcur  des  Cantacuzène,  le  capitaine  Constantin  Fili- 
pescu.  apparenté  à  cette  famille  dont  il  devint  l'adver- 
saire {K>litique,  ne  furent  capables  que  de  rédiger,  avec 
servilismo'ou  avec  haine,  de  maigreschroniqucs de p^rti. 

Ces  livres  d'histoire,  ces  chroniques  ne  jouirent  pas 
cependant  de  la  faveur  d'être  imprimés.  On  se  les 
transmettait  entre  moines,  entre  lettrés,  entre  boïars. 
Bien  que  l'œuvre  du  Roumain  Pierre  Movila,  à  Kiev, 
eût  déjà  porté  des  fruits  pour  ses  compatriotes  aussi, 
qui,  faisant  venir  des  caractères  de  Russie,  fondèrent 
des  imprimeries  dans  chacune  des  deux  principautés, 
on  ne  donna  que  bien  tard,  vers  la  fin  de  ce  siècle,  un 
récit  imprimé  <Ies  exploits  d'Alexandre.  Car,  si  les  ty- 
pographes, dont  l'œuvre  avait  été  interrompue  après 
1590  par  les  troubles  politiques,  reprirent  leur  activité 
sons  Hasile  et  sous  Mathieu,  pour  la  continuer  ensuite 
sans  interruption,  ce  fut  par  suite  du  désir  de  ces  évé- 
ques  qui.  nés  au  milieu  des  paysans,  sentaient  le  besoin 
de  communiquer  au  prêtre  de  village  et  à  ses  • 
la  bonne  parole  de  ri'\unf;ilf.  la  sa«?esse  «les  (^ 
taires  de  l'Ecriture. 


lA.  CIVIUSATION    ROUMAINE  (XVl'-XVII*   SiftCLES)         191 

Originaire  d*an  village  dans  le  district  de  Putna, 
ancien  moine  au  couvent  de  Secu.  près  de  Neamt,  le 
Métropolite'  -es  tra- 

vaux de  trati  :         .     :  ,  al  une 

influence  considérable  sur  le  développement  intellec- 
tuel du  '  ■  '^  lettrés  '  '  nés 
d'un  seii  in  Comii»  ou 
«  Livre  d'enseignement  ».  publié  à  Jassy  en  1H43,  fut 
i  '         ■      ■         '      •       's  provinr                                     -iir- 

i  .    .       '"»  *^^  '^'^  '  '^^ 

à  toute  autre  prédication.  Des  prélats  valaques,  comme 
le   y  *      '"'    nnc,   suivirent   ses   traces.   Bientôt 

unt  •  conimen<;a  en  Transjivanie  par 

suite  des  etîorts  que  lit,  sous  les  deux  Râkoczy,  le  per- 

'  t\c  l'administration  cahinistc  pour  détacher  le» 

s  de  leur  fidélité  ti  l'ancien  rite  et  à  T  «  héré- 
sie »  de  la  loi  grecque.  Dès  16.'>1,  l'imprimerie  princière 
r-f "■-'"*  1  un  psautier,  destiné  surtout  aux  écoles  et  un 
me.  niiquel  Barlaam.  ayant  pris  l'avis  de  son 
,  crut  devoir  répondre  par  un  écrit  de 
]»w.v...i'j».  oi..i<>doxe.  Un  «<  Nouveau  Testament  ••. 
traduit  sur  les  originaux  (1043),  se  distingue  par  la 
pureté    de    la    langue    que    l'éditeur,    le    ^'  lite 

Htienne  Siméon,  déclarait  devoir  »*lrr  1»   .  ms 

toutes  les  provinces  de  la  nation. 

Ddsithét'.    évé«|ue    de    Roman,    puis    MétropoIiU-    ilo 
Moldavie,  déploya  une  activité  marquée  au  coin  d'une 
remarquable   personnalité.   Prélat   très   intelligent,   il 
^ait    non   seuloment    le   slavon,   mais   aussi   le 
^  le  latin,  comme  descendant  d'une  famille  de 

marchands  de  Galicie;  esprit  préoccupé  non  seulement 

rïs  de  t'i  ■  mais  aussi  des  proT-' 

a  i  fut  le  i  I   à  recourir  au  tém<»i 

des  documents  contemporains;  il  publia,  à  Ouniev, 
cher,  les  Russes  occidentaux,  et  non  à  Ja^  ^  'rne, 
«>ulre  un  grand  nombre  de  traductions  reli  en 


iiisToins  un  rovuains 

prose,  le  premier  ouvrage  de  poésie  roumaine  qui  eût 
passé  souH  Ic'^  u\  d'une  lypogruphlc,  S' 

lier  versifié  (l'  .     .       1  fut  inspiré  par  le»  vc 
milaires  parues  en  Pologne,  il  adopta  le  style  même  de 
la  chanson  popul:ii  '- 

rieure,  non  sculi-n  ti 

Banat,  qu'on  employait  dans  les  écoles  officielles  d'ou- 
lr<  essais  de  poésie 

s;i  .  '  mes,  qu'avait  ris- 

qués Miron  Costin  dans  sa  chronique,  et  aussi  les  édi- 
teurs de  livres  religieux  qui  faisaient  au  prince  l'hom- 
mage de  leurs  quulruins. 

Dosithée,  enfin,  prit  l'initiative  d'introduire  le  rou-. 
main  dans  la  li'  -  "môme,  dans  l'off  -'••:•, r. 
qui  avait  été  ^  u'à  ce  moment  i  t 

en  slavon.  Sa  pul>tication  liturgique,  parue  à  Jassy  en 
1679,  n'eut  pas,  bien  entendu,  le  même  acrti  ■•'  •■•■-- 
tout:  elle  rencontra,  au  contraire,  une  forte  <<;  n 

dans  les  milieux  officiels,  mais  elle  inaugura  du  n 
un  mouvement  destiné  à  rendre  intelligible  au  p 
cette  belle  littérature  simple  de  l'Eglise,  qui  ren  , 
çait  pour  lui  tous  les  autres  moyens  de  la  culture  .spi- 
rituelle. 

Cette  activité  littéraire  dans  le  domaine  religieux 
fut  dignement  couronnée  par  la  Bible  de  1688,  pour  la 
rédaction  de  laquelle  un  comité  de  boïars  et  de  prélats 
avait  été  institué  par  Serban  Cantacuzène  et  qui  em- 
ploya d'une  manière  critique  toutes  les  v 
Heures.  L'une  d'elles,  toute  récente,  sur  1-  :  .  r. 
était  due  à  un  élève  de  l'école  slavone  des  Trois  Hié- 
r:i  *  Jassy,  le  boïar  Nicolas  <<■•' 

a\  it  même  tel  opuscule  en  i         ,     i       i     Vi- 

deur français  de  Stockholm,  préoccupé  de  la  querell.* 
entre  Jansénites  et    I  '  ^-^a  à  Moscou  i>our  y 

être  le  conseiller  de  1';  ud  et  le  premier  com- 

pilateur d'ouvrages  scientifiques  dans  cette  Russie  dont 


f.    <.vi.w.r.,.v    noCMAINE  (X\i      ..  ..      -:,     .1  193 

use   avait   <*lé   renouvelée   {Mir   le 

;....v    .-.w.ila.  La  «   Bible  de  Serban   »  fut 

ment  répandue  sur  tout  le  territoire  habité  par 

devint  pour  les  traducteurs  et  les 

! rv   un    ni'»'!'*"'»'*  «'••  '■•   lrin"H''   «^nî- 


VlR  DP  LA  COUR  ET  PRESTIGE  IMPÉRUL  DES  PRINCIPAU- 

I aines:  époque  de  Constaxtim  Brancovkant. 
•  uvilccrf  •  ''"'rature  au  caractère  religieux  et  po- 
re, qui  ''  e  la  source  d'un  large  mouvement 
lie,  à  côté  des  dernières  manifes- 
.  .  ......  .  .levaleresque  dans  la  vie  politique 

!  ives  et  des  Vainques,  qui  allait  se  manifester 
i'  t  par  ces  cadets  de  famille  si; 

'"i ,    ...ix  étrangers,  en  Pologne,  en  Mosiw.v, 

I)  Suède,  où  Sandu  Coltea  fut  un  des  plus  fldèlcs  offi- 
ciers de  Charles  XII,  il  y  avait  cependant  aussi  un  autre 
facteur  de  la  vie  nationale  qui  se  trouvait  en  [>]<^in 
développement:  Tautorité  absolue  des  princes. 

Partant  de  Hadu  Mihnea.  de  Basile  Lupu.  elle  était 
soutenue  par  une  double  influence.  D'abord  celle  des 
iltans  de  Constantinople  que  ces  potentats  danubiens, 
venus  de  plus  en  ])ius  de  la  Capitale  de  l'Empire,  cher- 
chaient à  imiter  par  le  faste  de  leur  Cour,  par  le  nom- 
re  de  leurs  dignitaires,  officiers  et  serviteurs,  par  la 
splendeur  des  cérémonies.  Mathieu  Basarab  avait  été 
imposé  par  les  armes  des  t>oîar8;   mais   Basile   lui- 
>(>me,  qui  s'était  réfugié  à  Constantinople  pour  échap- 
J"  s  de  son   maître,   .Moïse   Movila. 

»■  dans  rombre  de  la  Porte  otto- 

lane.  Georges  Etienne  et  Constantin  Basarab,  pre- 
miers successeurs  de  ce-  :  '  *  -nt  le 
pouvoir  seulemont  à  la  V(>  aussi 
le  cas  pour  Etienne  Petricelcu,  d'une  vieille  famille 
^^oldave.  élu  par  l'armée,  après  le  refus  d'Elie  Sturdza: 


104  iiiSToinr  hns  roi'mains 

p«i;i      !    ,     !M    i\  r;iiill,   i;i  '      "■    ,  h  ;ii   i . 

cliii.  '•  j'.ii    li's  Mills  :tii  |irt's  la  h  , 

déccsseur;  enfin  pour  ce  jeune  Démétrius  Cantémir,  le 

futur  autcu        '  're  de  l'Histoire  d    "•"       •        '•         - 

qui  fut  ch  les  nobles  pui  : 

avant  Pcnterrenient  de  son  vieux  père,  le  prince  (k>ns- 

tuntin.  Mais  tous  les  autres  Voévodcs  de*?    '    •■    - 

un  petit-neveu  d'Klie  Hares,  qui   ne  coin 

intime  la  langue  de  ses  sujets,  puis  le  Ilouméliote  i>uca. 

fils  d'un  simple  paysan  grec,  l'Albanais  Ghioa,  un  Ro- 

setti,  levantin  qui  vivait  en  parasite  sur  la  déradenrc 

et  la  pourriture  turque,  le  Constar' 

Canlaeuzène,  qui  avait  babité  jus»,..  ..     ....  ...» 

la  Capitale  ottomane,  étaient  des  anciens  clients  des 
dignitaires  turcs  qu'ils  avaient   su   gagner   par   ! 
présents.    Ofiicier    polonais    d'aventure,    absolunual 
illettré,  Constantin  Cantemir  avait  dû  son  trône  uni- 
quement aux  relations  avec  le  séraskier,  le  f^ 

sime  turc,  et  il  fut  proclamé,  en  1685,  dans  1.     , 

d'Isaccea.  Ces  princes  ne  pouvaient  que  reproduire  I:i 
vie  brillante  et  vi  '  >   ils  avaient  été  les  témoins 

dans  les  rues  de  l'i     ,         11'  Stamboul. 

En  même  temps,  une  influence  européenne,  occiden- 
tale, venant  de  la  France  de  Louis  XIV,  se  réunissait  a 
l'autre  pour  inspirer  à  ces  princes  de  courte  durée  et 
d'un  sort  si  incertain  l'ambition  d'une  belle  Cour  im- 
posante, n'i  t.nonsi    '  ' 
de  plus  iiu^            i.  mais  a  . 
rOrient  entier,  avec  ses  Patriarches,  ses  archevi^ques. 
ses  prédicateurs,  ses  didascales  et  ses  lettrés.  Un  j  •: 
trait  de  Démétrius  (Cantemir  dans  sa  jeunesse,  1< 
qu'il  fréquentait  h  Constantinople  aussi  bien  les  digni- 
taires turcs  et  les  sages  de  l'Orient  que  les  mi-  ' 
de  la  chrétienté,  en  commençant  par  celui  de  ; 
un  Fériol.  un  Chàteauncuf,  montre,  dans  la  coiffure  et 
le  costume,  le  mélange,  bizarre  en  apparence,  de  ce» 


1 1  '  1 1  ji ,%  1 


deux  inllurnces,  qui  cependant  se  confondaient  dans 

la  vie  réelle. formant  une  parfaite  unité. Le  prince  porte 

un  turban  sur  sa  perruijue  française  aux  longues  bou- 

clés,  une  petite  moustache  rele\'ée  en  pointe  orne  sa 

'  '— •   '•••  ■• -fure;   le  sur"'--^     '■   dentelles,   le  justau- 

sont  aussi  :  .  mais  la  ceinture  de 

IX  rappelle  rct  Orient  musulman  dont  il 

....    .V    ...  .acher  violemment  en  1711,  lorsque,  con- 

iincu  de  la  prochaine  catastrophe  turque,  il  s'allia  au 

!  und  pour  partager  sur  le  Pruth  sa 

llw.U .'. 

Le  plus  brillant  type  de  cette  société  nouvelle,  pai- 
sible et  S'  •  par  une  prudence  excessive 
lorsqu'il  •     ,  i -     .rendre  une  décision,  tergiver- 

int.  négociant,  revenant  sur  ses  décisions  jusqu'au 

r.       '  'e  à  se  féliciter  d'ave'  "         -le 

.  lessé  le  pas,  et,  cepr  <le 

influence,  de  prestige,  de  domination,  rêvant,  sinon 
(I    ■  ■  ■         :t  séduit  Basi'      '  '*   r- 

1)  iile  pour  tous  «*- 

tiens  de  POrient,  est  Constantin   BrÂncoveanu   dont 
|.  "  '    ^         "le  fit  bien  voir  tous   le» 

r  -t-rbe  et  toutes  les  aspir.n- 

ons  variées  de  la  société  qui  pouvait  se  reconi 
en  lui.  Fils  d'un  prrc  qui  avait  été  tué  dans  une  révtnii-, 
d'un  grand-père  qui  avait  eu  le  même  sort,  destiné  à 

'rir  lui-même  sous  les  coups  du  bourreau,  avec  tous 
>cs  fils,  il  a  la  pensée  sereine,  la  volonté  assurée;  il 
distribue  d'une  main  libérale  ses  propres  ressources 
et  celles  du  pays  —  qu'il  ne  ménage  pas  lorsqu'il  s'agit 
de  satisfaire  les  r-^-  -  •■"s  des  Turcs,  comme  au  mo- 
ment où  ils  le  n  l  presque  prisonnier  à  An- 
drinople    -     pour  des  fondations  qii  lient,  par 

leur  nombre  et  leur  beauté,  à  rendre  ^ v  le  prince 

d'un  pays  plus  large  que  son  petit  Etat  valaque.  Il 

para  les  anciens  couvents  qui  menaçaient  ruine  et  en 


]00  IIISTritlIF     IIIS      lUil   MAIVS 

él(>va  ''  il.iiis  !- 

teaux.   -      .-.iiLaux.  iL  ,.  .         ,         s 

et  les  fenêtres  atteignent  une  beauté  supérieure,  due 
aussi  ;■  uents  nouveaux  qu'on  a\ 

l'art  Ni  .  alors  qye  jamais  la  |ni!     : 

n'avait  été  plus  riche  et  plus  soignée,  bien  qu'elle  fût 
inf  à  celle  des  anciens  cl<>î':  -s 

le       ^,      i  de  la  finesse  et  de  l'i  i, 

dans  les  forêts  du  district  de  VAlcea,  où  il  avait  espéré 
pouvoir  dormir  d'un  sommeil  tr;<  "  •.  il  fit  bâtir 
pendant  plusieurs  années  un  mon.i  'iit  les  fonda- 

teurs furent  ses  fils  et  sa  femme  Marie,  monastère  qui 
ne  le  cède  h  aucun  autre  en  ce  qui  concerne  In  ^  ''\^ 
des  matériaux  et  le  fini  de  l'exécution.  Son  su 
grec,  Nicolas  Maurocordato.  put  bien  l'imitec  dans  sa 
fondation  de  Vacaresti,  dernier  grand  monument  de 
Tarchilecture  valaque,  mais  non  pas  le  dépasser. 

Entouré  d'une  brillante  société  de  hoïars,  apparte- 
nant aux  anciennes  familles,  f^ont  il  était  tellement  le 
représentant  incomparable  qu'il  n'y  eut  presque  pas 
d'intrigues  contre  son  trône,  de  secrétaires  occiden- 
taux comme  le  Florentin  Del  Chiaro,  qui  a  laissé,  dans 
ses  Riuoluzioni  dclla  Vaiachia,  la  meilleure  description 
de  la  principauté  qui  fût  jamais  sortie  de  la  plume  d'un 
étranger,  béni  souvent,  dans  des  cérémonies  religieuses 
d'un  caractère  grandiose,  par  les  prélats  de  l'Orient, 
ayant  à  leur  tète  Dosilhée,  Patriarche  de  Jr 
puis  son  érudit  neveu,  Chrj'santhe  Nolaras,  il  l  ... 
festins  de  gala  dans  ses  palais  de  Potlogi,  de  Mi  .;  - 
soaia,  dont  les  façades  oi  '  belles  ' 

marquées  surtout  d'un  tra  ^ance  sui  , 

la  loggia  aux  colonnes  sculptées  qui  vit  tant  de  fois  la 
belle  figure  du  prince  au  gm  '   °  ^  et  à  la 

barbe  ronde  contemplant  les  i  c  nature 

valaque  à  laquelle  toute  son  àme  était  si  intimement 
liée. 


LA   aVIUSATION    Iuiiiim>k    ovi-xvii 

Aidé  par  un  moine  du  Caucase,  Anthiine  ribérien. 
qui  devait  être  évéque.  Métropolite  et  finir  comme 
•  traître  •  noyé  par  les  Turcs  dans  une  rivière  balcani- 
que,  il  fit  travailler  avec  une  activité  incessante  ses 
presses  à  Snagov.  à  Bucarest  même  et  dans  les  rési- 
dences épiscopales  de  Ràmnic  et  de  Buzau.  Son  peuple 
roumain  olitint  de  sa  munificence  de  beaux  livres  reli- 
gieux, capables  de  soutenir  la  comparaison  avec  ceux 
de  Venise:  mais,  bien  qu'il  eût  fait  travailler  k  l'his- 
t<  'i>  le  boïar  Radu  Greceanu,  le  langage 

VI  pas  sa  principale  préoccupation.  Dès 

I  <|ue  de  Basile  et  de  Mathieu,  les  professeurs  slaves 
il  ■     des  Tr  envoyés  par  Pierre 

M  l   le  pri  ,  I  prinoetse  valaque, 

Oreste  Nasture,  avaient  renouvelé  la  connaissance  du 
sIj  *  •       '       ■  ,        ■  ■  ■  ,,is  et 

d..  ^  ut  en 

Moldavie.  A  l'époque  de  Bràncoveanu  cependant,  les 
derniers  disciples  des  anciens  maîtres  comin  '  it 
à  disparaître,   et   le  grec,   principal   instruni<  u- 

fluence  en  Orient,  remplaçait  le  slavon  au  moment  où 

le  gymnase  helh^n- ''-—  '     par  Serban.  prospérait 

sous  la  direction  de  Trébixonde  cl  de  ses 

collal)orateurs,  parmi  lesquels  Jean  Comnène,  Métro- 
polite de  Silistrie.  En  dehors  des  publications  l' — 
qucs  qui  popularisèrent  le  nom  du  riche  V'oévode.  < 
ci  fit  travailler,  dans  son  pays  même,  ou  jusqu'au  Cau- 
case, par  les  disciples  de  ses  imprimeurs,  des  livres 
d'Eglise  en  langue  arabe  et  en  langue  géorgienne.  Mais 
il  possession  de  Tofflce  divin. 

' ■■     1  .Javie.  théâtre,  depuis  1683  déjà,  des 

guerres  entre  Turcs  et  Polonais,  qui  ne  finirent  que 
»cize  :•  tard  par  la  paix  de  Carlowitz,  était  com- 

plctcin  née,  comme  la  nouvelle  aristocratie  grec- 

que d'importation:  des  Cantacuzène.  des  Rosetti,  rem- 
plaçait dans  beaucoup  de  domaines  les  anciennes  fa- 

t« 


]Q(l  iiivrfiiiii-    IMS     itiii  Mkivv 

milles,  comme  tics  \  mj© 

passer  sur  un  trône  (it..:.-  ...  i-,   -;^,.,. ,u-  .nU- 

ron  Costin  et  son  frère  appelaient  de  tous  leurs  vœux 
une  ;!  <>- 

vcanu       -  L .         ,  .    u- 

tés.  Son  influence  s'étendait  aussi  sur  la  Transylvanie, 
où  il  faillil  cire  prinrc  et  qu'il  I  (ir 

(1691)  pour  y  imposer,  ;ivec  les   In  i  le 

règne  éphémère  d'Eméric  Tôkôly,  client  du  Sultan. 
I")  ■  rme,  il  rapp»* 

1.. 

L'i'  ;  iliuii    iiUciairc    de    ce    n-^jne    hrniani    se 

troux  une  œuvre  dont  il  ne  nous  est  malheureu- 

sement parvenu  que  des  fragments;  elle  est  due  à  l'on- 
c!  "i^  du  prince,  le  Grand-Slolnic  Constan'  -  ''\n- 

t..  .  dont  la  scrur  avait  été  la  mère  il  <>- 

veanu.  Cet  autre  petit-fils  de  Radu  Serban  et  descen- 
dant des  cmi)ereurs  bv/.antins,  qui  n'oubliait  -,—  -~  sa 
glorieuse  généalogie,  avait  fait  des  études  à  (  '.i- 

nople,  puis,  cas  très  rare  encore,  à  Venise  et  à  Fadoue, 
où  il  s'initia  à  la  cixilisation  latine  de  la  Renaissance. 
Mêlé  à  toutes  les  affaires  de  la  principauté.  cons(>ill(>r 
respecté  d'un  neveu  qu'il  réussit  plus  tard  à  ren\ 
il  ne  trouva  pas  trop  de  loisirs  pour  donner  la  l....... 

écrite  à  une  pensée  large  et  lière.  Dans  son  Histoire  drs 
Roumains,  dont  la  conception  est  plus  vaste  que  celle 
de  l'ouvrage  de  Miron  Costin.  car  il  comprenait  aussi 
les  congénères  des  Balcans  et  comptait  exposer  dans 
son  <  re  le  passé  de  la  race  entière,  le 

CanLi  -1 ...  ,.~  .ive  d'une  érudition  crititjue  que  le 

Grand-Logothète  moldave  n'avait  pas  possédée:  il  sut 
classer  et  discuter  avec  -  les  téii'  s  des 

sources  intérieures  et  e.\l l  .  es,  des  i-hi.:.  .  <le  do- 
nation, des  chants  populaires,  dont  il  appréciait  l'ini- 
portance.  Plus  d'une  fois  sa  voix  s'éleva,  éloquente. 


l.\   CI%'ILIS\T10N    nOl'MAINE  EN  TnAXSYI.VAXir  190 


.1.-  ft.iui....;  .  . .  .ivec 
autant  de  scvi-nté  que  d'injustice  son  état  actuel. 

Lorsque  lirAnrovcanu  cul  fini  ses  jours  d'une  ma- 
nière si  traf;i«|iK'.  k*  iils  de  cet  historien.  Klienne.  fut 
élu  par  le  parti  vainqueur  et  confirmé  par  les  Turcs. 

Dcu^    i(.g  piuj  tard  cependant,  le  nouveau  prince 

sut-  à  une  sentence  portée  par  le  cruel  Grand- 

Vizir  l>M-liine-AI,  ennemi  déclaré  des  chrétiens,  con- 
tre Cet  autre  ami  des  Impériaux  allemands,  contre  cet 
autre  «  traître  ><  des  intérêts  ottomans,  et  l'auteur  de 
1'///  partagea  ce  sort.  C'«  ime 

si  l.i .ulu  marquer  d'un  trj...  ..     .^ang 

que  la  fin  de  l'absolutisme  royal  des  princes  indii^ènes 

civilisation  ror 

_>  origines,  qui  s'ci :. 

veloppée  dans  le  calme  prospère  d'un  long  règne. 


CHAPITRE  X 

Décadence  phanariote  sur  le  Danube 

Développement  de   la   civilisation   roumaine 

en  Transylvanie 


<><<  S  ÉTiiAXoèRKS.  —  Déjà*  cependant,  ce  terri- 

toire caipalho-danuhien  qui  avait  't  \c  la  forma- 

tion de  la  race,  était  en  proie  à  la  co...^...  -^^  des  grands 
Etal»  rhri-ticiis  du  voisinage,  après  que  la  levée  du 
série  dc^  gé- 

...«cne  de  S. —  « 


200  IIISTOIHE    UKS    ROVMAIKS 

Transylvanie,  qui  devait  rester  aux  Impériaux,  en 
16U»,  et  celle  du  Banat,  annexé  un  peu  plus  tard,  en 
1718.  curent  prouvé  (jue  la  force  offensive  turque  était 
détinitivement  brisée. 

Au  cours  des  guerres  entre  l'Empire  ottoman,  d'un 
côté,  el,  de  l'autre,  la  Pologne  et  la  M'»  "   la 

possession  de  ITkraine  cosaque,  où  un  i>  ive, 

Duca,  devint  Hetman  en  1681,  la  principauté  septen- 
trionale avait  subi  les  <1  i  "  ^  et  les  nii  i»ro- 
voque  fatalement  le  pa^  ,.  s  armées  ;  le 
Sultan  Mohammed  IV  \int  faire  ses  prières  à  Jassy, 
dans  réglise  d'Elienne-le-Grand.  et  il  y  <  '  '  >  le  châ- 
teau de  Suceava,  où  ce  dernier  avait  an  .us  Jean- 
Albert,  une  garnison  établie  par  Jean  Sobieski.  Dès 
1683  les  Polonais  avaient  envoyé  de  nouveau  leurs 
avant-gardes  dans  la  Molda\ie,  où  fut  établi,  à  la  place 
de  ce  même  Duca,  qui  avait  été  un  des  auxiliaires  du 
Grand-Vizir,  Etienne  Pelriceicu,  abrité,  après  avoir 
trahi  son  suzerain  à  la  bataille  de  Hotin,  dans  les  Etats 
du  Roi.  Il  y  eut  dans  la  Bessarabie  méridionale  des 
combats  entre  les  Tatars  et  les  Cosaques  polonais,  aux- 
quels s'étaient  réunis  des  chevaliers  moldaves.  Deux 
fois  Jean  III  lui-même  pénétra  dans  ce  pays  qu'il  con- 
naissait bien  pour  essayer  de  le  réunir  à  sa  Couronne 
et  de  gagner  ainsi  cette  frontière  du  Danube  et  des 
Carpathes  qui  flgurait  dans  le  grand  projet  d'Etienne 
Bàthory.  Il  prit  la  place  du  vieux  Cantemir,  à  côté  du- 
quel il  avait  combattu  sous  les  drapeaux  polonais,  et 
dans  le  modeste  château  des  Voévodes  il  récita  ironi- 
quement des  vers  populaires  inoldivi-s  pour  bafouer 
le  prince  fuyard  (1686). 

Ayant  perdu  une  grande  partie  de  i>es  troupes  dans 
le  dc.sert  du  Boudschak,  où  il  alla  chercher  ses  enne- 
mis, il  ne  revint  en  Moldavie  qu'en  1691  pour  se  saisir 
des  couvents  fortifiés  et  des  anciennes  forteresses  dans 
la  région  des  montagnes.  Après  son  départ,  il  y  eut. 


LA  aVIUSATION   ROUMAINE  EN  TRANSYLVANIK  201 

pendant  une  dizaine  d'années,  à  côté  de  la  Moldavie 
tributaire  du  Sultan,  qu'appuyaient  les  Turcs  et  les 
hordes   des   Tatars   durs   pour   les  '\    habi- 

tants, une  Moldavie  royale,  dans  la  i    ,  î  les  ré- 

gions voisines,  où  des  offlciers  polonais  avaient  le  com- 
maii 

L;i  .  |ilus  favora- 

ble, mais  aussi  par  l'intelligence  politique  supérieure 
i'    "     '        !"     ^         '      .  fut  épargnée  d'abord.  Par  de 

prince,  qui  avait  oppo!Ȑ  un  re- 
fus poli  aux  prétentions  des  Polonais  sous  Sobieski  et 
s  :     '    it  en  demandant  le  concours  des 

.  pour  chasser  les  Tatars  bessa- 
rabiens,  réussit  à  empêcher  l'entrée  des  soldats  du  gé- 
néral Veterani.  lis  ne  purent  ccr 'T^t  pas  être  rete- 
nus plus  longti'mps  lorsque  la  }  >n  de  la  plaine 
valaque  devint  indispensable  pour  les  opérations  des 
armées  impériales  qui  occupaient  la  Transylvanie. 
Bràncoveanu,  qui  avait  désiré  maintenir  en  dehors  de 
toute  aventure  la  situation  traditionnelle  du  pays  — 
car.  s'il  rendit  des  services  aux  Allemands,  irritant 
ainsi  les  agents  français  à  Constantinople,  il  le  fit  seu- 
lement pour  les  retenir  loin  de  ses  frontières,  —  dut 
subir  l'humiliation  et  les  dégâts  causés  par  les  troupes 
du  général  lieissler.  qui  s'y  logèrent  pendant  tout  un 
hiver.  Il  avait  fallu  recourir  aux  Tatars.  pi«  '  iés, 
pour  amener  leur  première  retraite;  au  c  aoe- 
meot,  il  paraissait  bien  que  les  Impériaux  voulaient 
<f;iblir  sur  le  trône  princier  «l-  ^  nt. 
colonel  dans  les  rangs  de  Unir  ,i  lia- 
laceanu.  vassal  de  Léopold  I".  Ce  gendre  de  Serban 
<  i/ène  fut  tu<^  ■  ^  tard,  lorsque, 
,  1  il  a  été  déj.t  i  a  en  Transyl- 
vanie avec  une  nombreuse  armée  turco-tatare  et  con- 

'  ■         •  '    7  •  (leBrasc>\    Tî       1er 

■    .  :-  r  du  Vo»  .  .'US- 


202  lllilTOIHB   DKS    noDiiAn<t 

qu'ji  in  conclusion  de  la  paix,  pendant  une  vingtaine 
d'années,  la  Valachie,  malgré  les  troubles  provoqués 
en  Transylvanie,  par  le  fils  de  la  femr-  !  Tokôly, 
François,  héritier  des  Ràkoczy,  qui,  d'ii  u'c  avec 

les  Turcs,  uv:iit  relevé  le  drapeau  de  rindcpendance 
nationale,  n'eut  h  soufTrir  que  des  t"^ mlcH  exigen- 
ces des  m.iilres  ottomans  qui  réc'  i  des  provi- 
sions, du  bétail,  des  auxiliaires,  de  l'argent.  Brânco- 
veanu  était  toujours  à  sa  place  lorsqu'il  s'agissait  de 
rendre  les  honneurs  au  Vizir,  au  Khan  des  Tatars,  à 
la  personne  impériale  du  Sultan  lui-même. 

Plus  tard  il  eut  à  supporter  une  gm-' irlie  des 

charges  qui  retombèrent  sur  les  pays  r^  au  mo- 

ment où  Charles  XII,  vaincu  h  Pultava,  vint  se  i  ■ 
en  1709,  sur  le  territoire  de  la  forteresse  turque  ...  ..y  ,.- 
der,  dans  le  village  moldave  de  Varnita.  Toute  une  pe- 
tite armée  l'entourait,  ayant  à  sa  tête  les  officiers  et  les 
dignitaires  qui  avaient  accompagné  le  roi  dans  sa 
grande  aventure  orientale;  les  Polonais,  restés  fidèles  à 
sa  cause,  demanderont  des  quartiers  dans  la  princi- 
pauté, et  le  souverain  que  Charles  vainqueur  avait  im- 
posé à  la  nation.  Stanislas  Leszczynski.  vint  trouver 
son  protecteur  dans  la  modeste  demeure  de  cet  exil. 
Les  Cosaques  du  Hetman  Mazeppa.  qui  mourut  en 
Moldavie  et  fut  enterré  dans  l'église  de  Saint-Georges  à 
Cfalatz.  établirent  leurs  tentes  sur  <  re  de  Be^^  ' 

rabie;  des  émissaires  de  toutes  les  is.  des  avrn 

riers,  des  intrigants,  des  espions  affluèrent  à  Varnita. 
Il  fallut    que  le    Trésor    princier  et    les 
paysans  de  la  Moldavie  prissent  le  soin 
tout  ce  monde  exigeant,  dont  on  admirait  la  vaillance, 
tout  en  gémissant  sous  le  poids  des  impôts  et  des  réqui- 
sitions. 

De  ce  séjour  du  Roi  de  Suède  en  Moldavie  devait  ré- 
sulter bientcM.  en   1711,  une  guerre  entre  Russes  et 


I^   CIVIUSATION    ROI'MAINE   EN   TlUNSYLVAMi:  2U3 

Turcs,  dans  laquelle  Bràncoveanu  voulut  garder  une 

"  lutanl  plus  que  le  Tsar  avait 

irias  Cantacuzène,  qui.  avec  les 

allures  d'un  prétendant,  vint  assiéger  la  forteresse  tur- 

(|iir>  (]r  fîriila.  Quant  au  jeune  et  inr^-  '-■-r'nté  Démé- 

t:  uv  (:.:i:  iMÎr.  il  s'était  déclaré  ri  it  pour  la 

>  iM*  des  chrcticns.  sans  pouvoir  leur  fournir  cepen- 

'  '  ■"   .-   .   .  '-'mises,  car  la  sécheresse  et  les 

:it  deux  récoltes  moldaves  suc- 

-  -Mvc».    Pierrc-le-4irand    ne   put   arriver   au    Danube 

ni  que  le  Grand-V'i2ir  eût  passé  le  fleuve  au  gué 

jccea:  ce  qui  suivit,  ce  fut.  dans  ces  régions  qui 

il   vu  périr  l'armée  polonaise  de  Sobieski, 

ua.   i\i.\A.:c  longue  et  désastreuse,  avant  et  après  la 

(onclusion  de  la  paix  du  Pruth  qui  sauva  les  restes 

'•.  Pour  le  Tzar  et  ses  soldats,  les 

---  lorsqu'ils  touchèrent  la  terre  amie 

lie  Polo{(ne:  elles  n'avaient  fait  que  commencer  pour 

i  fut.  par  un  «<  fclva  »  ou  décret  reli- 

I,  livrée  aux  Turcs  et  aux  Tatars,  avec 

l>ermission  de  tout  détruire  et  exterminer.  Des  régions 

)(  complètement  désertes  une  di- 

.rd. 

i-,      ■        ..  .'i'I  II'   1  l'..:;,KTOUr  d"Al- 

ii    i   >    1,.  .ij-it  \   1  iii».tM(<ii   des  Turcs 

dans  la  Morée  vénitienne,  amena  le  retour  de  ses  sol- 
■  '  *  '  '  • —  -  -'  ■ -■'  Déjà  un  étranger,  un 
(  se  targuait  de  descen- 

dre par  les  femmes  d'Alexandre-le-Bon.  régnait  à  Uu- 

'    rïprès  la  di'>^-*'"'' -•!  du  Caatacuzène  Etienne. 

rs,  qui  ne  -  :  pas  de  lui,  de  même  que 

Mcnt  pas  voulu  auparavant  les  ^'  >.  chez 

■'    tvait  fait  sa  premièrr   ■'»•"••  ••-•■»re, 

>sés  à  accepter  la  d  me 

lie»  lm|iêrtaux  comme  une  délivfajice;  tout  uu  parti 


204  ili>|i>liii      l'r'N     ii'M    *iM>^ 

allemand   sYlalt    forin*^   pour  appeler   le»   soldatH   de 
(Iharlcs  VI.  Quelques  centaines  de  cavaliers  suffirent 
pour  enlever  dans  sa  Capitale  ce  prince  abandonné  par 
les  siens;  mais,  lorsqu'on  essaya  du  nii^ine  jeu  en  ^'    ' 
davie.  où  régnait  quelqu'un  qui,  Houmain  lui-niii.tv. 
avait  de  profondes  attaches  dans  le  pays,  Michel  Raco- 
vita,  apparenté  aux  Cantacuzène.  les  envahisseurs  fu- 
rent battus  par  les  Tatars  appelés  au  secours,  et  un 
monument  en  ruines  rappelle  encore  la  place,  sur  la 
hauteur  de  Cetatuia.  au-dessus  de  .lassy.  où  fut  exr 
comme   <■    chef  de  bande   »   leur  capitaine.  Les  .\  . 
mands  s'étaient  rendus  maîtres  des  monastères  situés 
dans  les  Carpathes;  une  expédition  des  Mol"  '  <I -s 

Tatars  réussit  h  les  déloger;  en  outre,  cll<    ,  .  i  <  n 

Transylvanie  jusqu'à  Bistritz,  cruelle  pour  les  Hon- 
f^rois  et   les  Saxons,  mais,  d'après  l'ordre  eM  'i 

Voévode,  pleine  d'une  fraternelle  pitié  pour  :  i- 

mains  de  ces  contrées  où  Etienne-le-Grand  et  Pierre 
Rares  avaient  été  jadis  les  maîtres. 

L'Olténie,  conquise,  avait  été  confiée  au  fils  de  Ser- 
ban,  Georges  Cantacuzène.  qui,  ayant  espéré  devenir 
Prince,  ne  fut  qu'un  simple  Ban:  lorsque  la  paix  de 
Passarowitz  reconnut  la  domination  impériale  sur  les 
cinq  districts,  le  prince  de  Valachie  resta  seulement 
administrateur  du  territoire  s'étendant  de  l'Oit  au  Mil- 
cov.  Dans  la  nouvelle  «  Valachie  Autrichienne  »»  com- 
mença alors  un  régime  où  le  manque  d'intelligence  po- 
litique s'alliait  à  l'avidité  la  plus  éhontée.  On  toucha  à 
tous  les  privilèges  et  à  tous  les  droits:  ceux  de  l'évèque, 
auquel  on  donna  un  autre  supérieur,  le  Serbe  de  Bel- 
grade, et  un  concurrent  catholique,  pris  parmi  les  Bul- 
gares catéchisés  par  les  Franciscains;  ceux  des  cou- 
vents, dont  l'autonomie  fut  attaquée  en  même  temps 
que  les  relations  traditionnelles  avec  les  Lieux  Saints 
de  l'Orient;  ceux  des  boiars,  qui  devaient  se  soumettre 
k  la  moindre  injonction  des  officiers  allemands  qui,  de 


LA  CIVIUSATIOS    BOUMAIME  BX  TKANSYLV.VNIE  205 

fait,  conduisaient,  au  nom  du  Ban  incapable,  les 
;«:Vaires  administratives  à  Craïova.  Quant  au  peuple,  on 

remployait  sans  mr -^nt  à  tous  les  travaux  pu- 

IJics,  des  routis.  ti       ,        ^,  des  casernes;  en  même 
temps  qu'on  faisait  cet  appel  incessant  à  ses  forces,  la 
défense  de  faire  du  commerce  avec  les  Turcs  et  même 
avfo  leurs  frères  de  la  «  Valachie  turque  »,  la  déprê- 
;  ition    et    l'interdiction    de    la    monnaie    ottomane, 
lUoignaient  les  sources  mêmes  de  ses  revenus.  Lors- 
<;u'une  nouvelle  guerre,  malheureuse  pour  les  Autri- 
I  ce  régime  d'extorsion  sans  vergogne 
,    il ,....:....  .lient   maladroit,   personne   ne  regretta 
<  (>s  maîtres  chrétiens,   •    libérateurs  «   et  «   civilisa- 
ns  ...  qui  ne  '  nt  d'autres  trac<-    '  ■  »s- 

i-L'  que  des  fi».  :         i  organisation  adu  et 

le  fiscalité,  à  la  mode  du  xviii*  siècle,  que  s'empressè- 
trr  les  !•  Ir  ta  Valachie  réunie  dans 

i:  ,'s  par  If  '.'•  Belgrade. 

Pendant  ces  hostilités  qui  durèrent  trois  ans,  la  no- 
■  1  pas  seu'         ''  "■    s,  aux 

^  i*s  des  Al.  .      "î  ren- 

contrèrent pas  même  les  restes  de  l'ancien  parti  favo- 
rable à  !'  '  ■  tion,  mais  elle  s*-  -  .  '' i  -ou- 
rir  sous  I  V  du  jeune  Const..  .  o- 

las  Maurocordato,  qui  en  arriva  ainsi  à  se  former  une 
\-  -  tite  armée  pour  soutenir  les  efforts  victorieux 
%.  Si  les  Autrichiens  avaient  occupé  certains 
|M>tiits  importants  de  la  région  montagneuse,  ils  ne  pu> 
;  i-nt  guère  renouveler  leurs  exploits  <le  jadis. 

Fn  Moldavie,  en  \it  réapparaître  les  Russes,  alliés 

riaUN  de  l'Occident,  l'ne  campagne  en  Crimée, 

*K  ^..■■. .  à  soumettre  les  Tatars.  avait  échou»^-  '••  "'«né- 

ral  Mimnirh  essaya  de  se  refaire  sur  celle  p  ilé, 

aux  s  intactes,  qu'il  croyait  prête  à  renouve- 

ler   1 .ne,  aux   suites   si   douloureuses,  de    1711. 

Après  la  victoire  de  Stauceni,  il  occupa  Jassy,  que  les 


206  HISTOIItK    tIRS    ROUMAINS 

Bu«scs  admlnkitrèrent  par  le  moyen  des  boîars  pendant 
quelques  mois,  ln' 

hiibitimts  et  leur  j  [  .      :  l   ..    j.  .: 

beaucoup  inférieures  à  celles  de  Jadis,  qui  avaient 
prévu,  lion  sn  "  ■   Mî  Miomlc  entière  d*' 

complété  par  it  :      ^'  mais  aussi  le  n  < 

d'une  dynastie  indigène. 

Ln  paix  de  Belgrade  dunna  uu  paN's  une  tr;: 
relative  qui  dura  près  de  trente  années,  car  c\>.    . 
ment  en  1768  qu'une  nouvelle  guerre  entre  Russes  et 
Turcs  rappela  les  soldats  -  <lans  les  vallées  mol- 

daves et  les  plaines  de  la  \  :  .  Il  y  eut  cependant, 

entre-temps,  une  émotion  causée  par  les  troubles  inces- 
sants entre  les  sujets  du  Khan  et  les  '""  ' 
cadence  en  continuelle  discorde,  qui  s< 
davie  à  une  dévastation  fondamentale. 

Pendant  cinq  ans,  les  Russes  de  Roumientzov  et  de 
Patiomkine  séjournèrent  dans  les  deux  Principautés: 
on  espérait  même  réunir  ces  contrées  dans  un 
«  royaume  dace  •>,  qui  aurait  été  confié  au  favori  dis- 
gracié de  la  puissante  Impératrice.  On  s'inia: 

ce  que  dut  leur  coûter  cette  espérance  de  fori*.v. 

ce  même  dans  ces  conditions,  qui  n'étaient  pas,  sans 
doute,  les  meilleures,  un  Etat  uni  et  indépendant.  Lors- 
que le  traité  de  Kcutschuk-Kaïnardschi,  en  1774,  ac- 
corda à  la  Tzarine  d'intervenir  pour  le  maintien  des 
droits  traditionnels  dont    '  *  jouir  1- 

du  Danube  et  que  le  prenj.:     -  .>,ul,  aux  a  .....  .. 

minatrices.  parut  à  Jassy  et  à  Bucarest,  il  fallait  )>our- 

voir   avant    tout   à   ces   mesures   de 

étaient  absolument  nécessaires  pour  i^-^ 

économique  des  Principautés.  Par  des  exemptions  de 

triVii:   ,•,••••..•.■•■•  ,•,,•■•• 

antérieur,  lorsque  la  coalition  entre  Catherine  et  Jo- 


I  %  CIYIUSATIOK   MOUMAINE  EN  TRANSYLTAKIE  297 

Ncph  II,  par  le  partage  immédiat  de  l'Empire  ottoman, 
ramena  les  hostilités,  auxquelles  les  Autrichiens  par- 

I)i  étaient   arrangés   pour  avoir, 

^:lns  participer  a  la  guerre  de  1769-1774.  au  moins  une 
'   -  ■        -'      '    '  ^'   "  -■-     r  -  :      *      '         ret  avec  la 

>.    payer  des 

tenu  en   1771  la  promesse  de 

i>  m  .!< .  .1  «les  r-^—  '•'  ■'    f^omme  la  cam- 

de  1774  finit  à  par  un  traité 

«'  aux  intérêts  de  la  l^ussif,  Marie-Thérèse,  très 

-V  .vie  par    son    ambassadeur    à  Constantinople, 

,'ut,  et  par  son  chanceUier.  Kaunitz,  s'empressa  de 

u'diale  du  territoire  qu'elle 

lait  pas  nouveau,  car  une 

'■  d'années  auparavant  on  avait  gagné  sur  la 

Mu.i.oi..  ;>ir  un  simple  «   ava;  '  des  aigles   «•. 

tout  If  li.Mijct  montagneux,  du  ..-s  Szekler.  que 

Joseph  II  déclarait,  après  son  inspection  personnelle. 

à  deux  comté».  On  avait  parlé  alors 

litières  violées  par  l'insatiable  avidité 

des  mauvais  vosins  roumans  que  dominaient  les  pau- 

'       '  '  '"  '  ui  la  nécessité 

ii»rie  et  la  Gali- 

cie  que.  sans  plus  de  droits,  on  venait  de  s'annexer  aux 

i'*  ''ologne,  sans  compter  qu'il  fallait  un 

iidu  sur  une  centaine  de  lieues  dt*  lar- 

r.  pour  défendre  les  Rtats  héréditaires  de  l'Impé- 

,.  .^     ■  ,  .         ,.       ^  Turquie. 

tkm  de  la 
part  des  iUisscs  en  retraite,  étaient  arrivées  a  Homan, 
|(>rs«|ii.'  '  -  •  -étions  furent  ouvertes  à  Constantl- 
iii'i»<  .    1.  1    lurqiif   fut   rapidement   étouffée 

par  des  présent  i  es,  mais  distribués  à 

■'■"••'-     f  ■'  ,1111. Ml  ,i.    t  .iiainutca  annexa  donc  k 

iva.  l'ancienne  dpitale  moldave,  les 


208  HISTOIMI    DBS    ROUMAIN! 

beaux  monastères  des  en\irons.  avec  Putna  où  repote 

Etienne-le-Grand.  Rudaiiti,  !:• 

princes  et  la  résidenrc  d'un  i\    j 

res  des  paysans  libres  du  Câmpulung  Moldave  et  du 

Cànipulung  Russe,  le  gu<^  du  Prulh  iW  te 

la  bunde  de  territoire  qui  s'étend  uu  h 

jusqu'à  la  rivière  du  Ceremus  (Czeremosz).  alors  qu'à 
l'Est  la  frontière  touchait  à  la  forêt  de  Hotin.  Pour 
faire  oublier  le  passé,  on  s'empressa  de  trouver  à  ce 
territoire  un  nouveau  nom,  celui  de  Bucovine,  em- 
prunté aux  forêts  de  hêtres,  et,  par  des  <  '  'us 
de  Ruthènes  galiciens,  de  Magyars  de  1  •', 
d'Allemands,  de  lui  donner  aussi  un  caractère  ethni- 
que nouveau. 

Kn  1788,  les  Russes  retardèrent  l'invasion  de  la  Mol- 
davie orientale,  où  l'ancien  consul  Lachcarev,  un  Géor- 
gien, allait  être  associé  aux  boïars  du  Divan  indigène 
pour  l'administration  de  la  province.  I^s  Autrichiens, 
qui  avaient  mis  tout  en  branle  par  leurs  intrigues,  se 
présentèrent,  eux-mêmes,  sensiblement  après  que  la 
Russie  eut  déclaré  la  guerre:  dans  leur  zèle  d'avoir 
pour  eux  les  deux  provinces,  ils  s'attaquèrent  à  Hotin 
et  se  saisirent,  d'après  le  système  pratiqué  déjà  en 
1716,  de  la  personne  du  prince,  le  Phanariote  Alexan- 
dre Ypsilanti,  qui  les  attendait,  du  reste,  depuis  long- 
temps et  avec  la  plus  grande  impatience.  On  ne  leur 
abandonna  pas  cependant  la  .Moldavie  entière,  car  les 
Russes  passèrent  la  frontière  en  juin  1788,  et  alors  les 
premiers  occupants  durent  se  borner  à  conserver  ces 
districts  qui  avaient  été  compris  jadis  dans  le  projet 
d'une  Hucovine  plus  large,  de  Dorohuiu  à  Roman  et 
à  Néamt;  le  siège  d'une  seconde  administration  étran- 
gère fut  établi  à  Roman,  où  commandait  le  prince  de 
Cobourg,  généralissime  des  Impériaux,  alors  que  Pa- 
tiomkine,  l'ancien  amant  de  Catherine,  donnait  de  bril- 
lantes fêtes  à  Jassy.  Il  fallut,  en  automne,  une  coopéra- 


t-K  rivii.is\Tio\    ftni'MAJNE  KV   tiiansylvamk  209 

tion  1  u"  lies  Hus>-  *>.  Miix'j  '  princi- 
pal lu !_•  la  victoirt-  de  Han:. i  raral  puur  que 

l'armée  autrichienne,  qui  avait  redouté  jusqu'à  ce  mo- 
ment les  I  organisées  par  le  courage  du 
prince  d<  îas  Maurogéni  (Mavrogheni), 
un  Grec  des  Iles,  pût  se  saisir  de  Bucarest,  où  elle  fit 
m  '  ■  '  V  ,.  ç|  g^n^.  Ce  fut  par  cette  ni 
él  iorophe  partagé  et  dans  lequ<  t- 
peau  des  Habsbourg  n'avait  pas  eu  la  part  principale, 
que  le»  <••  '  mts  arrivèrent  à  Craiova.  Inr  ''  ne 
dans  le  !,  Temeschvar  Joseph  II  en  ,  le 
prenait  la  fuite  devant  les  armées  victorieuses  du 
Tirand  Vizir  YoussoulT. 

11  fallut  les  troubles  provoqués  dans  toute  l'Europe 


par  la  Révolution  française  pour  que  les  Autrio! 
lâchassent  une  proie  dont  ils  paraissaient  <\''^'- 
être   sûrs.   Une  médiation   prussienne  et  h(< 
amena,  en  août  1791.  la  conclusion  de  la  paix  de  Sisk- 
tova,  qui  laissnit  les  territoires  occupés  dans  le  statu 
quo  avant  la  f^uerre.  Au  même  moment,  un  armistice 
et  'c  les  Russes  h  Galatz.  et  le  9  janvier  de 

l'a .:...uite  la  paix  de  Ja^^^^v  n-niliit  '•  «'II»*  în  Mol- 
davie complètement  épuisée. 

ion,  la  Pria» 
!  ,  -.  utionnaires.  <ju.  .  -.  1  u     .    . 

lient  disposés  à  soutenir,  des  agitateurs  qui  rr|Kin- 
il  s  les  plus  bizarres  et,  lorsque  Napo- 

li      .  tre  de  l'Europe,  se  mit  k  régler  selon 

s  goûts  et  ses  intérêts  les  anciennes  frontières,  1» 
>\  '  '  '    "n*  '  il  pas  se  soustraire  au 

En  1800,  comme  le  Sultan,  violant  la  con%'entlon  de 
1^""  assurait  aux  princes  roumains  u 

t«  1  venait  de  déposer  Constantin  ^  _ 

d'Alexandre,  et  Alexandre  Mourousi.  comme  suspects 
de  sympathies  pour  la  Russie,  cette  dernière  puissance» 


210  lIltTOIRl    DES    ROUMAINS 

qui  ft'ctttit  entendue  ji  Tilsit  avec  le  dictateur,  n'hésita 
pas  6  occuper  la  Moldavie  &  titre  de  Ka{{c,  mais  avec  la 
r.'  M  ferme  d'en  faire,  un       '     '  '  u- 

j»  ,1  pour  l'expansion  «i^  >      .  u- 

çais.  11  en  résulta,  dès  1807,  une  guerre  avec  les  Turcs, 
qui  la  conduisirent,  di)  î  (I*une  manière  tr  t  "•; 
et.  tout  en  agitant  1  a-  idée  de  la  D.i  te 

sous  le  drand-Duc  Constantin  ou  sous  l'archiduc  autri- 
r*  ■  -'  'm,  avec  la  Transylvanie  au  besoin,  on  décréta 
1  !i,  reconnue  solennellement  au  Sénat  français 

1   ir        1'  )léon,  des  deux  Principautés  à  la  Hussie. 

Peiiiiant  trois  ans,  le  Tzar  Alexandre  put  croire  que 
rien  ne  serait  changé  h  cette  situation.  Après  les  scènes 
d'amitié  de  l'entrevue  d'Erfurth  et  le  nouveau  projet 
d'un  partage  de  la  Turquie,  il  fallut  le  conllît  entre  les 
deux  Empereurs  et  la  campagne  de  Russie  en  1812 
pour  épargner  au  territoire  roumain  une  perte  plus 
étendue  que  celle  de  cette  région  entre  le  Pruth  et  le 
Dniester  à  laquelle  on  attribua  le  titre  de  Bessarabie. 
Le  Grand  Vizir  avait  risqué  une  ofTensive,  qui  fut  ar- 
rêtée net  par  le  général  Marcov;  toute  son  année  devint 
prisonnière,  et,  bien  que  le  Sultan  Mahmoud  s'obstinàt 
à  garder  '  s  du  Danube  in'  i, 

puisqu'A.....^ .y,  l'émissaire  de  -    i, ii- 

core,  conclure,  le  28  mai  1812,  le  traité  de  Bucarest. 

Ainsi  qu'on  le  voit,  pendant   une  bonne  '  lu 

XVIII*   siècle,    les    Roumains    durent    subir    i  >n 

étrangère,  un  régime  qui  était  presque  celui  de  Tan- 
nexion,  des  conl:  '  ^  exlraoi  '  •» 

insupportables,  1.  maux  i[\.  ;         nre 

l'oppression  et  l'insécurité.  Finalement,  leur  territoire 
se  tr<'i  !<•  de  la  Moldavie  sep!  '      '     -•- 

nue  :u.  .  et  de  la  Moldavie  <<  <ie 

russe;  de  l'ancienne  principauté  d'Etienne-le-iàrand» 
s'étendant  de  lialicz  au  Danube  et  des  Carpathes  au 
Dniester,  il  ne  restait  qu'un  tronçon.  Quant  à  la  Vaia- 


Ls    f     villK^TItiV    IIMIUAISK    t'N'    TIIANSVLVAXIK  211 

rhic.  ce  I  ^i» 

pas  la   l\....     -...V.    i-..   - .  os 

plus  ardemment  convoités  et  le  plus  souvent  dominés 
par  les  rois  de  Hongrie  du  moyen  Age. 

SirrATioN  DES  PRINCES^  —  Ce  siècle,  qui  aurait  po 

r  — '  --  -  deux  ou   trois  grands   r^-"—    '-""tv»"  celui 

.-•,  compta  des  dizaines  -  s  pas- 

res,  de  trois  ans,  si  les  <  licnt  favo- 

•  .•i'ic'S  aux  simples  fermiers  uv.  .,...v.....  i.^  ^^^ux  ans,  ou 

le  plus  souvent  même  d'une  seule  ann<^e.  L'instabilité 

,  car  les  I  m  moindre 

t  .,  ,..v    ..    .  personiK  ■  ;..... , .  ..loienl  à  la 

('(>ur  corrompue  de  Constantinopic:  on  ne  pensait  qu'à 
'er  le  nombre  des  -  tables  en   ouvnmt 

....„ ni  les  portes  à  tous  .  ingers,  qui  étaient, 

comme  nous  l'avons  dit,  en  ce  qui  concerne  les  artisans 

's  du  Trésor  par!  du 

;■•  force  les  émig:  «les 

;>aysans  exaspérés,  à  perfectionner  la  machine  fiscale 

lies  les  termes  déjà  r    '        .ur 

1  d'êlrc  en  mesure  d  uir 

i  la  Porte  ces  bennes  dispositions  dont  tout  dépendaiL 

s-    !  •  •   •   •    •  •      .  .        .       ^jç 

■  '       i'  .  '^■'^- 

remcnt  friands  des  compliments  qu'on  pouvait  leur 
faire  dans  les  livres  de  voyage  et  dans  les  gazettes  de 

I  !:ince,    si    des    «    réformes    »    leur    apparaissaient 

une  le  principal  but  d'un  règne  digne  d'être  ins- 

II  il  dan^  ' '  ■     '■•  l'histoire,  on  voyait  bien  que 

leur  prt  laïc  restait  la  même:  se  main- 

tniir  conlre  (ies  concurrents  qui  étaient  souvent  leurs 
propres  j'  ■■•-••-.  leurs  cousins  leurs  frères. 

Les  )'  irs  constantinopolitains  étaient  le  seul 

appui  réel  de  ces  |>otentats  que  les  boUrs  n'avaient  ni 
élus  ni  acclniués  et  que  personne  ne  devait  regretter  à 


212  iiisroiiii:   lies   ROUMAINS 

leur  il<|>.irt.  La  pi'      .   !    i  !     i 

eu?%M'«t  coinniciic»   \>  m  i  tiii    r  .Lm  . 

cielles  leur  descendance  des  anciens  princes,  ainxi  que 
Pavait  fait  Nicolas  M:.ti  î  ito.  On  î  *    '  '" 

nariotes,  parce  qu'ils  i  de  Ph;:  , 

néral  de  Taristocratie  grecque  à  Constantinople,  où  ils 
a\  '  î  '  urs  «<  palais  »  médiocres,  où  ils  :i!  *  '  it 
leii  illusions  et  leur  misère.  Il  y  eut  a..  s 

Roumains  d'origine,  tels  que  les  Racovita,  de  >ieiUe 
souche  moldave,  les  Callimaclii.  qui  avaient  échangé 
pour  le  nom  de  l'ancien  poète  hellénique  celui  de  Cj\- 
masul,  le  «  kalmouk  »,  porté  par  leur  ancêtre,  simple 
offlcier  au  service  de  la  Pologne,  les  Ghica,  établis  en 
Molda\ie  dès  le  commencement  du  xvii*  siècle;  mais 
ils  avaient  tous  le  cachet  grec,  plutôt  le  cachet  b\ 
tin.  En  outre,  ce  n'était  pas  en  leur  qualité  de  Uwu- 
mains  ou  d'étrangers  roumanisés  qu'ils  obtenaient  le 
trône  de  Bucarest  et  celui  de  Jassy,  mais  bien  comme 
fonctionnaires    turcs,    imbus   de   cet   esprit    politique 
commun  qui  confondait  Grecs  et  Turcs  dans  les  mê- 
mes concupiscences  et  les  mêmes  ambitions,  malgré  la 
différence  du  sang  et  de  la  religion.  Les  attaques  inces- 
santes des  voisins  de  l'Est  et  de  l'Ouest  avaient  rem- 
pli   d'appréhension    l'Ame,    naturellement     ^ 
neuse.  des  dignitaires  de  l'Empire  ottoman:  u.:. 
gue  expérience  leur  avait  démontré  que  les  Voévodes 
indigènes,  reflétant  dans  leur  action  les  sentiment- 
toute  la  classe  dominante,  préféraient  le  régime  cl.  . 
tien,  quel  qu'il  fût,  à  l'oppression   turque;  après  la 
trahison  d'un  Petriceicu.  d'un  Orr  ihica  I",  d'un 

Bràncoveanu,  d'un  Etienne  Cunta  ,  ils  ne  pou- 

vaient espérer  une  attitude  loyale  de  la  part  de  ces 
PI.         ■   !  ■    1    *    ~    instruments   de  la    Porte, 

ail  avec  le  passé  des  pays  roum 

et  avec  les  traditions  qui  s'y  rattachaient.  Sans  comp- 
ter que  seuls  ces  bureaucrates,  élevés  pour  les  fonc- 


LA  CIVILISATIOX    ROUMAINE  EN  TRANSYLVANIE  213 

lions  délicates  de  la  diplomatie,  dont  ils  étaient  arrivés, 
par  une  longue  pratique  ou  par  l'exemple  seul  de  leurs 
••s,  à  connaître  tous  le»  rouages,  auraient  été  capa- 
-  de  noter  tout  ce  qui  concernait  les  intérêts  turcs 
dans  les  changements  qui  se  passaient  au-delà  des 
frontières. 

A  l'ancienne  autonomie  des  princes  indigènes  avait 

donc  succédé  un  véritable  interrègne,  où  la  conduite 

des  afTaires  fut  confiée  à  des  lieutenants  nommés  par 

la    Porte  dans   les   mêmes   condition*   que   n'importe 

Is  autres  fonctionnaires  de  '  '  •:  on  les  desti- 

.....it,  on  les  emprisonnait,  on  >. ..at  prendre  leur 

tête,  comme  ce  fut  le  cas  pour  Grégoire  Alexandre 
•;i,  assa*»  ^   en  1777.  et  pour  Handscherli. 

sacré  à  1 :.■  vingtaine  d'années  plus  tard, 

on  les  décapitait  en  place  publique  (ce  fut  le  sort  du 

•lii  en   1768);  ou  bien  on  leur 
il  les  rétablissait,  on  les  faisait 
passer  d'une  principauté  ù  l'autre  (Constantin  Mauro- 
'  *  aa  à  onze  reprises  dans  les  deux  Capitales 

.  sans  plus  de  façons  que  pour  de  simples 
auxquels  ils  étaient  même  inférieurs:  si  en 
derniers  avaient  trois  tougs,  ou  trois  queues 
ai,  les  lieutenants  n'en  avaient  que  deux.  Ils 
rvaient  strictement   les  cérémonies  au  caractère 
•  iii)K'rial;  jamais  on  ne  vit  un  prince  aller  à  pied,  visi- 
l<>r  un  boïar,  paraître  dans  la  rue  sans  un  cortège  qui 
ait    rivaliser   avec   celui   des    Sultans;    cependant 
.....  situation  tomba  h  un  tel  degré  d'avilissement  que 
les  plus  intelligents  et  les  plus  actif»  des  (irecs  dédai- 
'  ont  de  prendre  possession  de  ces  trAnes  roumains 
..    a  ils  disposaient  cependant  à  leur  gré.  Se  contentant 
du  simple  titre  d'agents  de  leurs  créatures,  de  Kapou- 
-.   ils   faisaient,   comme  ce  Stavarakis  que   le 
!  pendre  au  beau  milieu  de  ses  intrigues,  à  Bu- 
carest et  à  Jassy.  la  pluie  et  le  beau  temps,  s'enrichis- 


214  HISTOIRE    UKS    ROUMAINS 

«aient  plus  que  ces  princes  ambitieux  et  nuls  qu'ils 
commanditaient,  san»  partager  leurs  soucis  et  lenrH 
dangers.  \a:s  fils  de  Grégoire  Ghica  II.  ceux  de  Michel 
Hacovita  végétèrent  dans  ces  humiliantes  conditions. 
P  lU  consul  russe, 

au  c   .. ...ins  la  personne 

du  marchand  ragnsan  Raicevich.  auteur  d'une  excel- 

.1  de 

1  -.:  -  .  -_     ,.-.--.    ..-:    ---     .:ier- 

ciale  bien  définie,  et  celui  de  Prusse  n'était  qu'un  maî- 
tre de  langues  >< 
importance.  Cc^  ■   ^ 

nés  ne  perdaient  aucune  occasion  d'afficher  leurs  prt^- 
f      •  '    :•  •    •         0.  Tel  «î  "-oé- 

ire  Jean  'or- 

dato,  qui  devait  fournir  par  sa  fuite  en  Russie  un  des 
motifs  de  la  guerre  en  1"^'"       présentait  m' 
coup  plus  que  la  suzera  t^-  la  Porte,  r< 

tion  russe  envahissante,  qui  employait  les  Grecs  pour 
révolutionner  l'Orient  et  préparer  la  fin  de  l'Empire 
turc. 

SlTl'ATION   DES  B(H\ttN    i  i    in     i!  i  i'I.i..   —  ^'  -'rjtu- 

res  de  Constantinople  n'aimnient  guère  les  1  tdi- 

gènes;  ceux-ci,  de  leur  côté,  quoique  ne  les  aimant  pas 
davantage,  essayèrent  bien  rarement  d'intriguer  con- 
tre ceux  qui  jouissaient  de  la  faveur  ottomane  et  ja- 
mais ils  ne  se  révoltèrent,  laissant  le  soin  des  émeutes 
au  bas  peuple  qu'aurait  irrité  la  faveur  de  tel  agent 
grec  au  service  de  la  Cour.  Ils  avaient  emprunté  mi'ine 
aux  maîtres  une  conception  de  l'Etat  dans   ' 
comptaient  seuls  les  pauvres,  les  masses  des  coiti. ......i- 

blés,  la  fidèle  «  raîa  »,  toujours  sovmise,  de  l'Empereur 
païen,  alors  qu'il  fallait  user  de  la  dernière  ^ 

envers  les  nobles,  les  grands  propriétaires  iu; 

chefs  obéis  de  leurs  serfs  qui,  du  reste,  s'étant  Tiit 


I.V   CIVIUSATION   ROUMAINE   EN  TRANSYLVANIE  215 

ex  :  .  ne  Si'  i»! 

gu  ^       Il  II  r.  Déjà  N 

rocordato  a>ait  pris  envers  ses  boîars  moldaves  une 

ait"  ■  '  -  '    ^'  •  "•     :  '  : ::r  '     "  :; 

dr 

espèce  de  moufti  obligé  de  prononcer  des  sentences  po- 
liti(iiies  contre  les  personnes  désagréables  au  -  -  — 
nenient,  il  lui  demanda  nne  condamnation 
contre  ces  traîtres;  un  peu  plus  tard,  en  Valachie,  il 
fit  exécuter  de  hauts  dignitaires  sous  l'accusation 
d'avoir  entretenu  des  relations  avec  les  Allemands.  Si 
les  inariotes  de  Nicolas  eurent  une  con- 
du.w  ,/.^, pecte,  s'ils  évitèrent  d'entrer  ouver- 
tement en  conflit  avec  l'aristocratie  indigène,  s'ils  s'al- 
!i«  èl  avec  les  grandes  familles  du 

pas  .  jamais  dans  ces  seigneurs  rou- 
mains que  des  rivaux  qui  auraient  profité  de  la  pre- 
mière (K'c.i               orable  pour  se  faire  rendre  le  droit 

de  régner  .; l  usurpé  l'étranger. 

Au  milieu  des  conflits   internationaux,  ces  boîars 

eu'  qui  montre  '  <ir  inten- 

tio  lU  régime  d:  mie  sous 

une  protection  chrétienne,  dans  lequel  ils  auraient  joué 
le  rôle  de  muî'  "i   Serban  Cantacuzène  a\ 

gocié  avec  les  i  ,  urs  en  son  propre  nom 
assurer  l'avenir  à  sa  dynastie,  conservant  à  la  noblesse, 
qu'il  n'avait  pas  consultée,  ses  setllt  droits  tradition- 
nels: si,  à  l'égard  des  Rosses,  Démétrius  Cantemir 
avait  agi  de  même,  malgré  l'énergique  opposition  de 
certains  nobles  à  ce  projet,  lorsque  Mtinnich  arriva  en 
1730  à  Jassj,  les  «  libérateurs  »  ne  trouvèrent  plus  de- 
vant eux  le  prince  lui-même,  car  Grégoire  Ghica  II, 

re^?    *=  '  ' '^■■'tan,  avait  quitté  sa  place,  mais  bien 

l'a'  .  avec  le  clergé  snp^leor.  qui  repré- 

senluiciil  l«  pays.  Tout  en  acceptant  de  supporter  les 
lourdes  charges  dont  le  général  russe  accablait  le  pays. 


216  IIISTOIIIK    DRS    noUMAIKB 

ils  demandèrent  en  échangt-  ^u.  ..  Voévodc.  h'îI  ne  re- 
venait pas  dans  sa  Capitale,  fût  déclaré  déchu  et  que' 
toute  l'engeance  des  Grecs,  sauf  les  marchands,  fût 
pour  toujours  chassée  du  pays;  l'administration  future 
de  la  principauté,  la  conduite  des  armées  moldaves 
qu'on  aurait  créées  était  réservée  à  la  classe  dominante 
roumaine. 

Lorsque  les  troupes  de  Catherine  II  entrèrent  pour 
la  première  fois  dans  la  Capitale  de  la  Moldavie,  |)our 
occuper  aussi,  par  un  coup  de  surprise.  Bucarest,  elles 
apportaient,  non  pas  le  drapeau  d'une  conquête  politi- 
que, mais  celui  d'une  résurrection  chrétienne,  ortho- 
doxe, slave  et  grecque,  par  la  Russie  et  pour  la  Russie 
Dès  le  début,  on  s'adressa  aux  boîars,  et  les  Cantacu- 
zène  de  Valachie,  Pârvu  et  Michel,  avaient  fait  tout 
leur  possible  pour  préparer  l'intervention  russe.  On  ne 
parlait  que  de  la  «  foi  chrétienne  »  et  du  «  Joug  des 
muhumétans  »,  idée  qui  animait  bien  réellement  les 
soldais  de  l'invasion  autant  que  leurs  chefs.  Cette 
fois  encore,  les  Russes  ne  furent  pas  reçus  par  l'auto- 
rité princière;  Grégoire  Ghica  III,  celui  qui  devait  être 
plus  tard  la  victime  de  la  vengeance  turque,  se  laissa 
prendre  par  l'avant-garde  des  chrétiens  et  mener  à 
Pétersbourg  pour  en  revenir  comme  client  de  l'Impé- 
ratrice. Quant  à  l'aristocratie  indigène  et  aux  chefs 
religieux  du  pays,  on  connaît  leurs  sentiments  par 
toute  une  longue  série  de  mémoires  que  leurs  députés 
allèrent  présenter  à  Catherine  II  d'abord,  puis  aux 
diplomates  réunis,  en  1771,  au  Congrès  de  Focsani  et 
à  Roumientzov,  le  commandant  suprême  des  armées 
impériales.  Ils  voulaient  d'abord  la  réunion  de  leur 
pays  aux  provinces  de  la  Russie,  mais  sous  la  condition, 
énoncée  par  les  Moldaves  aussi  bien  que  par  les  Vala- 
ques,  que  les  afTaires  fussent  confiées  h  un  Comité  aris- 
tocratique •  de  douze  boïars,  que  tous  les  fonctionnai- 
res et  les  ofniiir»>  fiiv.>iin|  tMus  pour  MM  11?  .f  •'«ipace  de 


LA  CÎVIUSATIOK   ROUMAINE  EX   TRANSYLVANIE  217 

temps  et  pris  parmi  celte  classe  et  par  elle-même,  les 
droits  souvrains  seuls  devant  être  exercés  par  le  géné- 
ral russe  établi  dans  la  '  du  pays  (1). 

On  parlait  déjà  de  l'ii ...ii  qu'avaient  le»  jeunes 

gens  de  cette  aristocratie  roumaine  de  voyager  au  loin 
pour  leur  instruction;  on  voulait  établir  dans  le  pays 
même,  à  côté  de  ces  écoles  grecques  qui,  souvent  réfor- 
mées, restèrent  dans  les  deux  Principautés  le  seul  cen- 
tre i  :it  de  culture  hellénique,  des  «    '       "    nies 
de  Se. ...      .  d'art  et  de  langues  ■'.  On  sent  nce 
des   précepteurs   étrangers,   venus   soit   d'Allemagne, 
î'            ••  Obradovilch,  le  créateur  de  la  littéra- 
rnc,  soit  surtout  de  France,  pour  ensei- 
gner la  langue  qui  dominait  alors  l'Europe  entière  et 
■     -;c  accès  à  la  pli:'         '  '        «litlque 
!       ^         <'S  phanariotes,  «[                   >  *e  ser- 
vir du   français  dans  leurs  relations  internationales, 
*    '               'lires  français  comme  Linchoult 
.ens  comme  Nagni,  qui.  tout  en 
remplissant  leurs  devoirs  officiels,  contribuaient  à  in- 
troduire dans   la   société  l'esprit  occidental.  Déjà   les 
livres  français  étaient  lus  avec  avidité  par  les  lettrés  de 
ce   monde  qui.   sous   une   apparence   toute   orientale, 
toute  con.stantinopolitaine.   et   plutôt   turque,  gardait 
cependant    une    propension    marquée    pour    les   idées 
de    l'Occident.    Leurs    lectures    étaient    peu    variées; 
c'étaient  des  romans  d'aventures  et  des  traités  sur  les 
mysli-res  de  la  franc-maçonnerie,  des  livres  de  sciences 
exactes  à  côté  des  fantaisies  pastorales  de  Florian  et 
des  poésies  de  Racine  et  de  Voltaire  —  on  s'empres- 
sait de  pasticher  en  grec  ce  dernier,  —  e'étaient  sur- 
tout les  journaux  en  langue  française,  venus  de  Hol- 
lande aussi   hirii   «ju»'  «le   Paris.   L'évéque  de   RÂmnic, 


(1)   V.  ootre  Hiêtoin  été  rtlations  nitao' nu  mainte,  p.   lëJ 
et  saiv. 


218  HIBTOIMI    DU    ROtmAUCt 

(^saire,  nn  des  principaux  représentants  de  la  cul* 
ture  religieuse  k  cette  époque,  faisait  venir  pour  son 
iisaj:'  1   VEncyclopédie,  ai]'    '     toutes  let 

héri-s  lUses  à  une  Ame  o  <  ;  un  peu 

plus  tard,  l'évéque  moldave  de  Hotin,  Amphiloque,  qui 
avait  connu  l'Italie  et  parlait  l'italien  et  le  français 
probablement  aussi,  donnait  la  première  Arithméti- 
que  et  la  première  Géographie  qui  eussent  été  publiées 
en  roumain,  et  peut-être  fût-il  aussi  le  traducteur  des 
Voyages  de  l'abbé  de  La  Porte,  qui  avaient  t^té  d'abord 
imprimés  en  russe.  La  typographie  métropolitaine  de 
Jassy  donna  une  version  roumaine  du  roman  français 
CritiU  et  Andronius,  La  première  Histoire  de  la  Mol- 
davie et  de  la  Valachie,  par  Carra,  le  futur  conven- 
tionnel, qui  n'était  à  ce  moment  que  l'ancien  précep- 
teur, fort  mécontent,  des  enfants  de  Grégoire  Ghica  III, 
parut,  contenant  des  critiques  injustes  plutôt  qu'une 
information  exacte  et  sincère,  à  NeufciiÂtel,  en  1782, 
presqu'au  même  moment  que  l'opuscule  de  Raicevich, 
les  Osseruazioni.  Il  y  avait  déjà  à  Jassy  et  à  Bucarest 
tout  un  monde  de  lecteurs  assidus  des  produits  occi- 
dentaux apportés  par  la  poste  d'Autriche  et  que  dis- 
tribuaient les  agents  de  cette  puissance.  L'Académie 
moldave  avait  été  réformée  dans  un  sens  moderne,  et 
on  y  faisait  des  leçons  de  latin  et  même  de  français. 
Des    satires    véhémentes    s*'"  ler 

les  vices  de  la  classe  dominer  .  ies 

■  vertus  »,  comme  celles  que  pratiquait  et  prêchait 
R(rf>espierre  aux  dél.  ni- 

que ».  Des  Grecs  des  1  ^  )n 

seulement  des  témoins  de  la  Révolution  française, 
comme  ce  Constantin  Stamati  qui  avait  espéré  pou- 
voir être  consul  de  France  à  Bucarest,  mais  aussi  des 
hérauts  au  mouvement  révolutionnaire  de  la  Grèce 
renaissante,  car  Rhigas.  l'auteur  de  la  «  Marseillaise  » 
hellénique,   avait   débuté   dans   l'antichambre   de  tel 


I^\    CIVIUSATTON    nOtVMVF   rv   TnAXSYI.VANÎK  219 

bi'1.1'     1    ;it  11  etail  nei. 

Ou  aii.»it  entendre  d .      ,     .    .   ,      ,^ 

inaines  les  accents  téméraires  de  la  Carmagnole. 

Ce  fut  alors  que  les  Russes  et  les  Autrichiens  c-  ;t 
hirent  de  nouveau  les  Principautés,  où  ils  rencoi. 
rent  tout  un  parti  de  boiars  qui  étaient  habitués  à 
parler  des  origines  romaines,  de  la  liberté  néces^^nire 
au  développement  des  peuples,  de  «  l'Etat  chrétien 
grand  et  puissant  •'  qu'il  aurait  fallu  créer  sur  le  Da- 
nube dans  l'intérêt  même  de  l'Europe.  Il  s'agissait 
maintenant  de  «  nation  roumaine  •.  qui  demandait 
le  respect  de  ses  droits  naturels,  et  non  seulement  des 
privilèges  de  classe  que  le  passé  historique  lui  avait 
légués.  On  voulait  la  restitution  de  la  ligne  dn  Danube, 
'orteresses  turques,  le  payement  du 

'  «<  bourses   »,  à  500  piastres,  par  le 

moyen  d*  >sadeurs  chrétiens  à  Constantinople, 

la  lil>erté  du  -^  les  produits  d'un  pays 

qui   tendait   u  v.  vage,   comme   principale 

source  de  revenns,  contre  Tagriculture.   sar  nn  sol 
n":  '    «ordinaire.  On  arait  dé- 

sir ion  commune  de  la  Ras- 

',  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse:  on  s'arrêtait  à  ce 
nionunt   \  les  deux  Puissances  impériales  seu- 

les <iui  |i.:  <  lit  à  la  nouvelle  guerre.  Mais  il  fal- 

it  aussi  qu'un  prince  élu  selon  la  coutume,  qu'on 

;i.     '      *  •'  ment  pour  l'élection  d'Alexan- 

(\  i.  disposât  d*iine  armée  na- 

1-  dont  hi  m  lirait  été  de  défendre  la  nea- 

1812.  Constantin  Hypsi- 
lanti,  qui  ne  manquait  certainement  pas  iTinltiattve. 
après  avoir  été  rétabli  sur  son  trAne  de  Bucarest  par 
les   Russes,  qui    lui  cunflércnt   même   pour   qaelque^ 

,1i    fnn''"rhirt    lit.-ri.r^     mnnèr    19ÛI.    n      ll3ft«t    «Itiv. 


220  HISTOIRE    DU    ROUMAJMI 

mois  l'administ ration  des  deux  Principautés,  créa  une 
armée  nationale,  où  il  y  avait  cependant  aussi  des 
Serbes,  des  Arnautes,  des  Tran^  ;  il  rêva  d'être 

roi  de  la  Dacte  et  même  de  la  h..:...  révoltée  contre 
les  Turcs.  Sa  mère  appartenait  k  la  famille  Vacarescu, 
étant  proohe  parente  du  poète  Jean,  et  Ton  peut  voir 
dans  ses  intentions  l'influence  des  projets  formés  par 
les  boîars  indigènes  en  1791. 

DÉCADENCE  OE  LA  CIVILISATION   NATIONALE  DANS   1^14 

PRINCIPAUTÉS  AU  XVIII*  SIÈCLE.  —  Malgré  ces  preuves 
éclatantes  d'une  nouvelle  conscience  nationale,  ce 
n'était  ni  le  prince,  ni  les  boîars  qui  pouvaient  conti- 
nuer et  développer  la  civilisation  roumaine,  alors  en 
pleine  décadence  dans  les  deux  Principautés.  Le  pre- 
mier, toujours  en  mal  d'argent  et  toujours  menacé  par 
des  intrigues,  n'avait  ni  les  moyens,  ni  le  loisir  néces- 
saire pour  élever  des  monastères  ou  des  palais  d'un 
nouveau  style,  dans  lequel  seraient  entrés  des  éléments 
empruntés  aux  courants  d'art  de  l'Occident;  on  n'eut 
que  deux  seules  fondations  princières  de  quelque  im- 
portance: Pantelimon,  près  de  Bucarest,  et  Frumoasa* 
au  bas  de  la  colline  de  Cetatuia,  à  Jassy,  toutes  deux 
dues  à  la  piété  libérale  de  Grégoire  Ghica  II.  Si  Nico- 
las Maurocordato  confia  la  mission  d'écrire  la  chroni- 
que  de  son  règne  à  Nicolas  Costin,  fils  de  Miron,  puis 
au  secrétaire  Axintie,  s'il  fit  rédiger  une  chroni(|ue 
valaque  correspondante  par  le  Vomie  Radu  Popcscu, 
déjà  auteur  de  Mémoires  personnels,  s'il  ordonna  de 
rassembler  en  uu  corps  de  récits  toute  la  tradition  his- 
torique de  ces  pays,  dont  il  avait  appris  la  langue 
pour  mieux  connaître  —  ainsi  qu'il  le  déclare  lui- 
même  —  leur  passé,  ce  prince,  qui  écri\it  des  traités 
de  morale  en  grec,  ne  put  pas  donner  une  impulsion 
durable  à  ce  genre,  qui  devait  se  perdre  bientôt  dans 
l'aridité  croissante  d'une  vie  politique  nulle,  dont   les 


LA  CnriUSATlON    ROUMAINE  EN  TRANSYLVANIE  221 

passions  avaient  disparu.  Nicolas  Costin,  qui  essaya 
aussi  de  donner  un  large  exposé  des  temps  anciens 
de  sa  race,  n'était  qu'un  pédant  lourd  et  incapa- 
ble de  faire  une  uruvre  originale  avec  les  connais- 
sances que  lui  avaient  infiltrées  les  Jésuites  polonais 
de  Jassy.  Quant  à  ses  continuateurs,  membres  de  la 
classe  des  boiars.  on  ne  reconnaîtrait  guère  dans  leur 
maigre  exposition  historique  cet  esprit  de  progrès 
politiii  nous  venons  de  constater. 

La  jue  se  mourait,  et  aucun  autre  genre  de 

littérature  nationale  ne  venait  la  remplacer.  II  y  eut 
bi  '  '"nx  de  tr;i  '  :  '  -nprimées  dans  les 

[\  ,     lopales  .  laines;  elles  pros- 

Ix'raK-nt.  mais  ne  concernaient  que  la  théologie  et 
('taiont  destinées  surtout  à  la  lecture  des  moines,  et 
nit'ino  des  membres  du  clergé  séculier,  encore  très  peu 
cultive.  Toute  une  école  de  traducteurs  se  forma  dans 
le  grand  couvent  de  Neamt,  sous  l'influence  d'un 
étranger,  d'un  Russe,  revenu  du  Mont  Athos,  Païsius. 
Mais  on  ne  trouve  que  rarement,  dans  quelques  préfa- 
ces lourdes,  confuses  et  naïves,  l'expression  des  idées 
qui  devaient  renouveler  la  société  roumaine.  Un 
noble,  qui  connaissait,  non  seulement  les  langues 
orientales,  mais  aussi  le  français,  l'italien,  auquel  U 
emprunta  des  néologismes  qu'il  mêle  aux  néologismes 
tiirrs,  .Jean  (Jenachita)  Vacarescu,  auteur  d'  "'  s- 

loirc  des    empereurs    ottomans    imitée    de  it, 

s'avisa  d'écrire  une  Grammaire  de  la  langue  rou- 
maine el  donna  «Irs  viTs.  moins  jMUir  faire  on  •'•- 
tique  qui-  pour  monliti  1  api»inatinii  des  rèf;  la 
prosodie.  Mais  pour  rendre  la  vie  à  TAme  roumaine, 
il  eùl  fallu  des  écrits  animés  d'une  inspiration  nou- 
velle. 

On  ne  pouvait  même  pas  penser  à  une  littérature 
I). —  'a    classe    moyenne    étant    composée    en 

^.  d'étrangers,  surtout  de  nouveaux  arri- 


222  mSTOIRB    DES    ROUMAINS 

vants.  Grecs.  Serbes,  Bulgares,  envoyés  par  rOrient. 
Ces  artisans,  ces  marchands  enrichis  ont  Inscrit  leurs 

lis  «leulrmcnt  sur  '      '       '       '         !  '     i  s  égll- 

l>;'klies  par  eux.   '  ^  boïars 

sortis  de  ce  milieu  chantaient  dans  des  vers  prosaï- 
ques l'épopée,  plulAt  bu  '  '  -,  du  ■•  Grand  conqué- 
rant »  Maurogéni  ou  <i<  iil,  comme  l'Anonyme 
qui  signe  «  Le  Roumain  zélé  »  (Zilot  Homànul),  les 
mulheurs  du  temps. 

Quant  aux  paysans,  on  venait  à  peine  de  leur  ren- 
dre cette  liberté  que  leur  refusaient  certains  de  leurs 
propriétaires,   les  confondant   avec  les  troupeaux   de 
leurs  Tziganes  esclaves.  En  1746.  on  promit,  en  Vala- 
chie.  la  liberté  aux  serfs  fugitifs  qui  auraient  regagné 
leurs  foyers:  ils  ne  devraient  désormais  que  la  dtme 
et  six  jours  de  travail  par  an.  Bientôt,  un  acte  solennel 
arraché  par  le  même  prince  Constantin  Mai;  ito 

aux  boïars  reconnaissait  que  ces  paysans  a....  ...  cté 

<•  asservis  par  une  mauvaise  coutume  »  ;  en  payant  dix 
piastres  ils  pouvaient  se  racheter.  Enfin  une  troisième 
mesure,  prise  par  le  jeune  Maurocordato  en  .Moldavie 
décréta  que  la  terre  appartenait  de  fait  aux  paysans 
qui  en  ont  hérité,  tout  en  rc  int  que  la  défense 

de  quitter  la  glèbe  faisait  pa:.^  i  droit  usuel.  Il  fut 
désormais  interdit  d'employer,  pour  les  désigner,  un 
autre  terme  que  celui  de  villageois;   des   r  nts 

fixèrent  à  vingt -t|ualre  et  même  à  douze  jou  ,  an 
la  ({uotité  du  travail  dû  par  ce  villageois,  astreint  à  la 
(lînie,  dont  rî    "      '  "  "de 

li'gumes  et  II  .        ,  .  ^oa- 

ter  que  c'était  une  mesure  fiscale,  destinée  à  arracher 
au  boîar  son  paysan  pour  le  rattacher  de  nouveau  di- 
rectement à  l'Etat. 

La  poésie  populaire  chantait  bien  l'héroïsme  du  haï- 
doue,  du  paysan  en  rupture  de  ban  envers  le  boîar 
aussi  bien  qu'envers  le  fisc,  qui  faisait  œuvre  u  démo- 


I.\   CIVIUSATION   nOUMAIXB  EN  TRAMSYLVANIB  223 

cratique  >  dans  la  forêt  contre  ses  oppresseurs,  mai* 
pour  que  cette  classe  pût  accomplir  one  œuvre  solide 
de  civi  le  son  sein  iv  * 

pu  SOI  L.  _..> :.--.„ — ie  rurale  ",  ui — .-— e 

de  chefs  selon  l'esprit.  Or.  ce  développement  nouveau 
ne  devait  pas  se  réaliser  avant  plus  d'un  siècle,  et  tout 

(I'alior<I    en   TranSi^'lvanie. 

"~  DE    I  lt.\.>:»i  i.>  A> Il     1.1 

.  fin  du  XVII*  siôcle 

cette  province,  sur  laquelle  pc-  lus  en  plus  iour- 

dcm  "»  '■  ••  - '■  '''jue  et  socv»'-v 

m                                                                              <|ps  pri 
irs  et  de  icur  ari»to' 
..>.  Autrichiens  qui  se  j^.v,.  ..w^..... 

leurs  d'un  nouvel  ordre  de  choses.  I>e  dernier  prince 
qui  régna  rcrlKinent,  Michel  ApafTy,  que  les  Turcs 
avaient  tiré  d'un  coin  obscur  du  pays  des  Szckler  pour 
lui  confler  cette  province  vassale,  avait  conclu  une 
co:  t  avec  le  duc  de  Lorraine,  commandant  des 

it M..,  .  .  allemandes,  par  laquelle,  de  fait,  il  abdiquait 

pouvoir.  M^me  avant  que  le  traité  de  Carlowitz  eût 
reconnu   la   possession    de   la   Maison   d' 
Transylvanie,  on  s'occupa  de  donner  de  n  i 

-s  à  celte  domination  chrétienne  qui  venait  se  substi- 
lu  îiongroiMt  du  moyen  âge  et  à 

IV   .  le. 

Or.  les  Magyars  n'acceptaient  guère  volontiers  cette 
d<'  ande  et  catholique  qui  menaçait  la 

M  u^  ..  ur  nation  et  de  leur  classe.  Les  Saxons 

s  étaient   mal  disposés,  car  Us  craignaient 
pour  rtés  que  les  princes  autonomes  avaient 

respc  ^isqu 'alors;   en   outre,  ils   détestaient   la 

soldatesque  brutale  des  envahisseurs  et  redoutaient 
d«-  ■       irei  il  celles  «î  '    "  r 

If  ittuait   la   poi  II* 


224  HISTOIIIB    DBS    nOUMAINS 

pays,  celui  des  Szeklrr,  était  absolument  déchu 
membres  étant  devenus  presque  les  serf»  des  qu' i- 
ques  familles  nobles  qui  s'étaient  établies  au  mili*  u 
des  villages  jadis  libres.  Pour  imposer  en  même  temps 
l'autorité   de    l'Empereur,    le    système    >■  né   du 

fonctionnarisme  autrichien  et  l'Eglise  r;t. ,.ie.  que 

les  Jésuites  apportaient  dans  leur  bagage,  il  fallait 
donc  l'appui  de  la  majorité,  jusqu'ici  négligée  et  mé- 
prisée, de  la  population  transylvaine:  des  Roumains. 
On  commença  par  proclamer  V»  Union  de  l'Eglise 
valaque  »  qui  représentait  dans  les  seules  formes 
légales  la  vie  de  la  nation,  avec  le  Saint-Siège; 
on  promit  aux  prêtres  qui  reconnaîtraient  le  dogme 
occidental  en  sacrifiant  les  quatre  points  de  divergence, 
de  les  assimiler  comme  situation  matérielle  au  clergé 
catholique;  puis  on  s'adressa  à  Tévéque  lui-même.  Il 
avait  dépendu  jusqu'alors,  comme  tous  ses  s- 

seurs,  du  Métropolite  de  Tàrgoviste  et  du   j  le 

Valachie,  ainsi  qu'avait  dû  le  reconnaître  ApafTy 
aussi,  au  cours  des  difficultés  provoquées  par  la  dé- 
position de  Sabbas;  c'est  d'au-delà  des  monts  que  lui 
venaient  non  seulement  sa  consécration,  mais  aussi 
des  conseils  de  direction  contre  le  calvinisme  envahis- 
sant, des  revenus,  car  la  Métropole  roumaine  de  Tran- 
sylvanie possédait  par  la  grâce  des  Voévodcs  des  biens- 
fonds  dans  la  principauté  voisine,  des  ornements 
d'église,  qu'on  demandait,  du  reste,  depuis  quelque 
temps,  aussi  à  Moscou,  et  des  livres,  de  ces  beaux 
livres  qui  sortaient  des  presses  valaques.  Celui  qui 
tenait  alors  la  crosse  était  un  homme  timide  et  sou- 
mis,  Théophile:  dès  le  mois  de  mars  1697,  réunissant 
quelques  protopopes  à  la  mode  calviniste  qui  admi- 
nistraient, en  vrais  chorévèques,  les  districts  de  son 
diocèse,  il  leur  fit  admettre  facilement  de  se  convertir 
au  catholicisme,  à  condition  de  maintenir  les  rites  qui 
se  rattachaient  à  toutes  les  traditions  du  passé:  les 


LA   CIVILISATION    ItOL'liAINK   EN   TRAN'SYLVASIC  225 

arnu'iiii-  -  .     :i'  •.  la  litui  ^'       > 
rourii.iiii   (if    .i.   riturc,   U-^    t    •.   s     ^ 
"^les  ancêtres.  En  même  temps,  et  surtout,  on  voulait 
régalité  :i\  autres  :  :    «   que  les  l'nis  ne 

soient  plu-  lérés  coi  >léré8  ",  qu'ils  soient 

avancés  et  admis  dans  toutes  sortes  d'emplois;  que 
leurs  fils  solir'  is  sans  distinction  dar  '  •  -'  - 
latines  des  c*  ;*'S  et  dans  les  fonda, 

res  ».  (1) 

'"  ■■     '  '  '  '  ^  ...li  ^vnode 

1       .  .  mase, 

ni  était  ailé,  selon  la  coutume,  se  faire  consacrer  par 
^'''         '  '.(in  valaque.  Préoccupé  seulement  de  se 
litre  les  attaques  des  Jésuites,  il  était  dis- 
p<  utes  les  concessions,  même  à  celle  de  rom- 

pre luv  liens,  si  profitables  pour  ses  revenus,  avec  le 
^i^^e  (\e  Tàrguviste.  II  y  eut  bien  une  résistance,  dans 
is  où  le  calvinisme  s'était  enraciné  et  dans  la 
>  aii^j.  ivanie  méridionale,  qui  avait  pour  centre  Bra- 
>v,  avec  son  faubourg  roumain  des  Schei,  et  où  Pin- 
(lenoe  du  riche  et  puissant  Brâncoveanu  était  la  plus 
'  ■■    L'autorité  militaire  et  la  persécution  r  •'•"•■•v-' 
fièrent  pour  briser  les  efforts  des  reçu 
ij  dr  leurs  clicfs.  Job  Tirca,  qui  se  réfii  lard 

1  Moldavie,  devint  le  superintendant  ca. l>our 

s  Roumains  du  prétendant  François  Rûkocxv.  Mais 
-  à  Vienne  fut  imposé  au  pauvrr  >- 

,ji  ne  comprenait  nullement  la  i.   ,. le 

istorique  du  moment:  sa  rudesse  naive  fut,  sous  l'in- 
Iluenoe  j<  U-ment  à  résipiscence:  il 

reconnut   . ,_.         ^^-   comme   son   supérieur. 

admit  le  contrôle  et  la  surveillance  d'un  >  théolo- 
en  "  de  la  milice  de  Jésus,  qui.  avec  le  simple  titre 


1)  Voyrz  notre  HiMtoirt  df  Rommtmlm»  et  Tram$9l9ani9  et 

Hongrie.  II.  chapitre  I. 


326  iiisToiHB  un  novuAXHt 

d'acolythe,  allait  être  de  fait  le  chef  et  le  maître; 
admettant  que  la  première  consécration,  accomplie 
par  des  schismatiques,  n'est  pas  valable,  il  déclare 
renoncer  désormais  À  tout  rapport  avec  le  Valaque  et 
son  Métropolitain.  Pour  l'en  récompenser,  la  Cour  le 
créa  conseiller  impérial,  lui  flt  >  liiie 

d'or   portant   le   portrait   de   11-..., —  u.    :. alla 

avec  une  solennité  extraordinaire  dans  cette  résidence 
de  Fehérv^ir  dont  son  successeur  allait  «''  toi 

chassé  pour  ne  pas  porter  ombrage  au  r<  .nt 

de  l'Eglise  catholique  romaine  (1701). 

Selon  le  désir  des  protopopes,  cette  ni  ni 

dû  cependant  promettre,  au  moment  <  ar- 

mait Atlianase,  de  reconnaître  tout  Roumain  uni  à  la 
conf'     '        '      "^^  —  ,  . 

«  fils  de  la  patrie  »,  Mais,  alors  que  les  concessions 
faites  par  les  Roumains  étaient  affichées  à  grands 
fracas,  pour  rafTermir  de  la  sorte  la  position  des  Im- 
périaux en  Transylvanie,  cette  reconnaissance  fut 
t  î:\ns  le  plus  strict  secret  pour  qu'ensuite,  «   dé- 

c  »  par  les  Roumains  eux-mêmes,  elle  fût 
inscrite  sous  le  second  successeur  d'Athanase  sur  I^* 
drapeau  des  luttes  pour  le  droit 

De  leur  côté,  les  fonctionnaires  travaillaient  à  dé- 
truire tout  le  passé  de  la  nation.  On  brisa  violemment 
avec  Brâncoveanu,  dont  le  Métropolitain  et  son  tu- 
teur, le  Patriarche  de  Jérusalem,  avaient  lancé  l'ana- 
thème  contre  l'apostat  et  le  transfuge:  on  lui  enjoi- 
gnit brutalement  de  ne  plus  se  mêler  aux  affaires  d'un 
pays  qui  avait  un  autre  souverain.  >«  Pourquoi  ce 
prince,  qui  est  un  homme  comme  il  faut,  répondait- 
on  à  l'ambassadeur  anglais  revenant  de  Constantino- 
ple,  s'occupe-t-il  des  décisions  que  prend  l'Empereur 
dans  son  propre  pays  en  ce  qui  concerne  des  ques- 
tions religieuses,  alors  que  TEmpir*'   n'i   jamais  de- 


i 


LA  CITIUSATIO.H   ROUMAINR  EN  TRANSYLVANIE  227 

mandé   au    prince   de    Valachte   twiumcat    il    pror-r' ■ 
pour    \e%   afTair'-s   de    mémo    ntilure   dans   sa   pi'  ,  . 
princi[ 
A  lu  liiw. .  w  ........,>.^..  .V  .le  l'église  valaquc 

fut  confié  à  des  Jésuites  '  s;  on  pensa  mt^me  à 

cl  ces  co:  is  et  a! 

le    ....    de   l'éw,,» :.     ju   finit   L.. ..    ,,.i. 

élire  un  Roumain,  qui  avait  fait  de  brillantes  études 
à  ^  '  de  Palac,  mais  il  ne  fut  plus  un 

— ,  -        -_--  ce  seulement  pour  les  siens,  ni 

même  un  évéquc  de  Fehérvar,  où  Ton  devait  élcvt-r 
Ml  lines  de  '  •"  "    hel-le-Brave  la  f 

rr  ,'»'Tïale  d  ,,     ,   ir  une  bulle  de      — 

velle  fondation,  le  Pape,  qui  feignait  d'ignorer  tout 
*"21,  un  évé<|i  j  Fagaras. 

>ion  de    ce  a    siège    fut 

ouverte,  les  électeurs  s'arrCtèrent.  après  une  longue 
vn  >ur  la  personne  d'un  simple  écolier,  <!    '  î 

i«  I  '    dépassé   depuis   longtemps    l'Age    -:  i- 

des,  Jean   Innocent   Micu.    "    baron    Klein   »,  par  In 
grArc   âc    !'•  -      -rur.   On  r'    ' 

iIiK  ile  in  s;  .   pour  di 

tes  j»ar  l'acte  d'L'nion  et  dépouillés  cependant  d'une 
récompense  si  solennellement  promise;  il  n'en  fut 
pas  ainsi,  f>ourtant.  Ce  nouveau  chef  de  l'Eglise  rou- 
maine devait  être  non  seulement  tout  ce  que  lui  ins- 
pirait son  tempérament  fougueux  et  tenace,  v-'-- 
aussi  le  représentant  de  ces  paysans  de  Transylv 
qui,  comme  leurs  congénères  de»  Principautés,  n'ou- 
bliaient pas,  au  milieu  des  pires  épreuves  et  de  l'hu- 
miliation la  plus  profonde,  leur  droit  humain  et  natio- 
AaJ.  Si  l'aristocratie  roumaine  n'avait  pu  rien  con- 
lerver  de  ses  attaches  avec  la  race  qui  l'avait  pro- 
duite: si.  tout  en  rendant  des  services  h  la  cause  com- 

m':i 


228  IliSTOIltB    DKS    ROUMAINS 

clergé  ftéculif  r  ne  se  distinguait  ni  par  les  lumières,  ni 
par  la  moralité  nécessaires  pour  diriger  un  mouvement 
de  cette  importance;  si  enfln.  les  couvents  roumains, 
anciens  centres  de  la  civiK^ation  traditionnelle, 
avaient  été  violemment  désaffectés  et  évacués,  toute 
lu  résistance  se  concentra  dans  la     '  om- 

breuse et  vaillante.  D'autant  plus  <1  ;  en 

lice  pour  sa  liberté  que,  au  lieu  d'améliorer  sa  situa- 
tion, les  «  nations  »  constitutionnelles  faisaient  tout 
leur  possible,  de  concert  le  plus  souvent  avec  le  groupe 
des  nobles  mag>'ars  qui  formaient  le  «  gouverne- 
ment <>  de  Transylvanie,  pour  l'aggraver.  Les  villes 
saxonnes  voyaient  déjà  dans  l'établissement  d'un  ré- 
gime allemand  une  occasion  unique  pour  transformer 
en  serfs,  comme  dans  les  provinces  de  l'héritage  au- 
trichien, ces  musses  paysannes  sur  lesquelles  elles 
avaient  seulement  des  droits  précisément  spécifiés 
dans  les  vieux  privilèges.  Dans  la  liberté  des  Serbes, 
établis  sur  la  frontière  méridionale  du  royaume  de 
Hongrie,  avec  leurs  chefs  religieux  et  nationaux,  — 
l'archevèque-patriarche  à  leur  tète,  —  avec  les  offi- 
ciers de  leur  armée  purement  nationale,  les  Roumains 
avaient  des  coreligionnaires,  dont  la  situation  était 
infiniment  supérieure:  il  suffisait  donc  de  revenir  à 
l'ancienne  foi,  accepter  les  évéques  orthodoxes  ser- 
bes et  peut-être  d'entrer  dans  les  rangs  de  l'armée  im- 
périale, ainsi  que  le  firent  plus  tard,  vers  1760,  les 
Grenzer.  les  Graniceri  de  Bistritz.  de  Nasaud  (Naszôd) 
et  de  Caransebes  (Karansebes).  pour  participer  aux 
mêmes  privilèges,  qui  confondaient  la  religion  et  la 
nature  des  services  prêtés  à  l'Etat  avec  la  nationalité 
elle-même.  Déjà  au  moment  où  Micu  commença  son 
activité,  des  évêques  serbes  traversaient  à  cheval  les 
régions  à  l'Ouest  de  la  Transylvanie,  distribuant  au 
milieu  des  soldats  leurs  bént<r  '  '    TV,  on 

préférait  tel  prélat  slave  en  (jt)  i         i  de 


LA  CIVIUSATION   ROUMAIXB  EM   TIIANSYLVANIE  229 

contributions    volontaires   à   la   propre   personne   du 
pasteur  officiel  de  la  <•  religion  roumaine 

La  première    *'   '       ''         '      ^  '  .  .        iU,   lauo  en 

1735,  montra  h.  niait  servir 

un  peuple  dont  il  se  considérait,  d'après  l'ancienne 
tradition,  comme  le  chef  unique.  "  Nous  sommes, 
disait-il,  les  maîtres  héréditaires  dans  ce  pays  des  rois 
dès  l'époque  de  Trajan,  bien  avant  que  la  nation 
saxonne  fût  entrée  en  Transylvanie,  et  nous  y  avons 
jusqu'aujourd'hui  des  domaines  entiers  et  des  villa- 
■^vs  qui  nous  appartiennent  en  propre.  Nous  avons  été 
«crasés  par  des  charges  de  toute  espèce  et  par  des 
niisi  i  I  s  millénaires  de  la  part  de  ceux  qui  ont  été  plus 
ts  que  nous   '•.  Il   fallait  donc  satisfaire,  non 

iont  à  la  promesse  formelle  de  Léopold  1",  mais 

aussi  aux  exigences  de  la  proportion  numérique,  de 
la  Nalciir  d'une  race  iK-  bons  laboureurs  et  de  vaillants 
soldats  et  au  droit  historique,  en  reconnaissant  aux 
Roumains  la  qualité  d'une  nation  constitutionnelle. 
M  nouvcla   sans   cesse,   pen<lant   dix   ans,   ses 

réi  is.  A  Vienne,  au  moment  d'une  guerre  dif- 

ficile contre  Frédéric  II,  on  craignait  d'indisposer  les 
;  s,  dont  '     "  ■  aie,  l'or}^..       ■"  >i\  puis- 

(  les  pr*  .  N  constitu  un  dan- 

ger permanent  pour  la  domination  impériale  en  Tran- 
sylvanie. Les  pétitions  de  rév('-(|ue  "  v.i"  furent 
•loue  renvoyées  au  goim  riuijKnt  de  la  .  c;  a  la 
Diôte.  elles  furent  accueillies  par  des  mouvements 
d'indif^nation  et  des  huées.  <^  On  nous  traite  pis  que 
des  .luifs  .  s'écria  le  prélat  indigné;  est-ce  donc  tout 
IHbce  qu'on  peut  faire  pour  une  nation  de  500.000  ânies 
■^  et  qui  a  toujours  donné  des  preuves  de  sa  fldélité  ab- 
solue? '  Il  fit  venir  les  paysans  À  ses  synodes  de  prê- 
tres (t.  fort  de  leurs  bruyantes  approbations,  il  refit 
le  c!:cmin  de  Vienne.  .Menacé  d'être  arrêté,  il  partit 
enfin  furtivement  pour  Rome;   son  départ  donna  le 


230  HISTOIRE    D«S    ROV MAINS 

signal  de  la  jacquerie  contre  la  <'  nouvelle  loi  •  et  ses 
rcprt^entants,  laïcs  et   cor' 

Son  successeur,  Pierre-l' '.......  un  ascète,  que 

Micu  avait  anathématisé  lorsqu'il  remplissait  le»  fonc- 
tions de  vicaire,  ne  fut  donc  reconnu  (\v 

bre  très  restreint  de  lidi-les.  Les  auti         

des  agitateurs  serbes  et,  ne  trouvant  pas  d'appui  chez 
les   Ph'  s   des   deux    Pi" 

saient,  ci ans  résultat,  à  la 

une  vraie  révolte,  dont  le  chef  fut  un  simple  moine. 
"  -.  vrai  «  roi  -•  roumain  de  '     '" 

La  Cour  dut  céder;  elle  ti 
d'éluder  les  difficultés  en  accordant  aux  partisans  de 
cet  apôtre  de  la  violence  un  évc((i 
déjà   en  possession  du   siège   de 
autres  prélats  allaient  lui  succéder  jusqu'à  l'interrè- 
gne de  vingt  ans  qui  précéda  l'élection,  en  1810,  du 
Roumain  Basile  Moga. 

Mais  le  peuple  ne  voulut  pas  non  plus  de  ce  Serbe, 
et  les  qualités  supérieures  des  chefs  de  leur  r:—     '^•'■ 
étaient  les  évt^ques  de  Fagaras,  transportés  di 
un   village    quelconque,    à    Blaj    (Blasendorf, 
falva),  ne  leur  gagnèrent  pas  davantage  les  cu-ii..^.  j... 
classe  paysanne,  préoccupée  en  même  temps  du  pro- 
blème social,  était  en  pleine  ébullition,  surtout  dan^ 
les  régions  montagneuses  qui  avaient  vu  tous  les  ges- 
tes d'énergie  de  la  race,  depuis  les  combats  anciens  de 
Décébale  jusqu'à  la  jacquerie  du  moine  Sophroniii^ 
Les  serfs  du  domaine  impérial,  des  mines  d'or,  se  sou- 
levèrent contre  l'exercice  abusif  des  droits  féodaux, 
sous  la  conduite  (J  is  l'rsu  Horea,  qui 

dait  avoir  une  miss .crête  de  Joseph  II,  cl  -> 

compagnons,  Closca  et  Crisan.  Tout  en  pillant  les  châ- 
teaux et  en  massacrant  les  ne' 

gés  de  France  en  1360,  ils  en  . l1, 

que  le  pays  restât  entre  les  mains  seules  de  ses  rrab 


LA  CIVIUSATtON   ROUM/UNB  ES  THANSTLVANIE  231 

fils  et  défenseur».  La  milice  impériale  n'intervint  que 
bien  tard  pour  mettre  fin  à  l'anarchie.  Trahi  par  leurs 
compatriotes,  les  chefs  du  mouvement  furent  pris 
dans  leur  refuge:  l'un  d'entre  eux  se  suicida  en  prison. 
s,  dont  Horea.  subirent  le  supplice  af- 

-  —  ._ue,  à  la  place  mêuie  où,  trois  cents  ans 

auparavant,  un  prince  de  leur  race  entrait  en  triom- 
plial<  ur,  après  'éfait  les  défenseurs  magyars  et 

saxons  de  la    1  r  unie  (1781-1785). 

Mais  déjà  les  efforts  des  Roumains  de  cette  province 

is  une  autre 

agissait  plus 

de   s'assurer  un   appui   dans   l'administration   antri- 

'     ■  '  ......  r»€mis  técu- 

I)  passé  qui 

lu-  \ '.niait  pa.s  encore  capituler  devant  la  nouvelle  né- 

'        '  n  ne  s'agissait  pas  même  de  poser 

ite.  qui  devait  être  aussi  longue  par 

ses  tati^ms  t-;  ifTrances  que  féconde  dans  ses 

derni«rs    rcsuH.n-',    i.i    "      mce   des    i^o; ■- 

comme  nation  conslitu'  ,s  la  provint 

parla;^iaionl  avec  les  M    _^^  i       S.»\  .ns  et  les  Sre- 

Itle*.  (>!'       ......--ut  enfin  (ju  ti  lullail  a\aal  tout  donner 

à  un  pt  louer  enfin  de  si  ancienne*  et  si 

fortes  eiilî.i>        (lie   arme   invincible:   la  nce 

'"  ''•  •'    «"     .      ivc  de  son  droit  et  de  ses  tr.i  . 

le   martyr   avait   parlé  de   Ti    ).;  ii     ro- 
'.  de  la  mMrsvi-  de  sa  race 

, irompue  sur  la  terre  de  son 

lurit.i;4e.  L'inspiration  lui  en  était  venue  des  études 

IH  litcs  dans  les  collèges  de  Jésui- 

H  :iies  moldaves  et  \'alaque$.  qui 

donnaient  un  sens  actuel  à  ces  notions  scolastiques  et 

r  ^ 


232  uisTotiiB  on  roumains 

Aaron.  Lorsque  les  disciples  de  ces  séminaires  et  de 
ces  colli'ges  purent  chercher  à  Vienne  et  à  R< 
intime  la  source  de  leurs  connaissances,  ils  u 
que  se  fortiller  dans  une  croyance  qui  devait  être  à 
travers  toutes  les  niisf'rcs,  l'essence  nicnie  de  leur  vie. 
Dans  cette  Rome,  où  le  grand  prélat  était  mort  déses- 
péré, ses  disciples  des  établissements  de  Blaj  venaient 
de  reprendre  l'truvre  ;t^  '    - 

blies.  Celait   une  de   ■  .  ^ 

que  la  justice  trouve  toujours  pour  sauver  sa  cause. 

Presque  au  même  moment,  un  parent  de  '*"   > 
jeune  Sloe,  en  religion  moine  Samuel,  Georgt-  . 

de  Sinca,  fils  d'un  de  ces  boïars  de  Fagaras  qui  ne  gar- 
daient dans  leur  pauvreté  et  leur  abandon  que  la 
gloire  vaine  des  anciens  titres,  enfin  un  troisième  reje- 
ton de  cette  même  classe  rurale,  Pierre  Maior,  se  for- 
mèrent dans  les  établissements  ecclésiastiques  des 
Etats  autrichiens  et  de  la  ville  pontificale:  ils  ne  de- 
vaient pas  trouver  seulement  une  discipline  monasti- 
que: leur  esprit  indépendant  de  paysans  combatifs 
voulut  s'approprier  les  moyens  de  continuer  une  lutte, 
dont,  tout  jeunes  et  isolés  qu'ils  étaient,  ils  sentaient 
devoir  être  les  chefs.  En  1783-1784,  ils  étaient  do 
retour;  ils  avaient  abandonné  le  froc  et  vécurent  d'em- 
plois secondaires:  prêtres  ou  protopopes,  direct 
scolaires  dans  les  nouveaux  établissements  de  culU.. 
germanique  fondés  par  Joseph  II,  correcteurs  à  la  ty- 
pographie en  caractères  cyrilliques  de  l'I'niversité  de 
Uude,  ils  restèrent  tous  trois  jusqu'au  bout  '1'  s  rh.'v  i- 
liers  errants  de  leur  idéal  national. 

Ces  'es  de  l'école  transylvaine  dii 

à  la  di  le  leur  race  des  grammaires  en        . 

latines,  des  dictionnaires  étymologiques,  des  chroni- 
ques,  qui   sont,   comme   celles    de   Micu    et     suri-  m i 
comme  le  grand  recueil  de  sources,  rédigé  en  latir. 
en  roumain  par  Sincai,  des  plaidoyers  pour  la  noble 


i 


LA  CIVIUSATION   ROVMAIKB  ES  TRANSYLVANIE  233 

origine,  la  gloire  guerrière  et  le  droit  inattaquable  des 
Roumains,  sans  aucune  différence  de  pro\ince.  Cer- 
tains de  ces  ouvm^es,  comme  celui  de  Maior  sur  l*On- 
ffine  des  Houmaiiis  en  Daeie,  put  être  répandu  par 
l'impression:  les  autres  circulèrent  en  manuscrit. 
Mais,  si  l'on  veut  mesurer  l'étendue  et  la  grandeur  de 
leur  influence,  il  faut  penser  à  tout  l'enseignement  sco- 
laire qui  fut  dominé  par  les  mêmes  idées  dans  les 
é<-c)les  de  BInj:  ces  écoles,  en  plein  développement, 
créèrent  l'esprit  même  des  nouvelles  générations,  au 
moment  où  la  grande  Révolution  ouvrait  à  tous  les 

prlipN^s  fîrs   |HTsjMT}i\  r\    ri" 

Pendant   rotte  grind-    »    :  n  européenne,  qui 

atteignit  les  Magyars  aussi,  séduits  par  l'idée  de  re- 
r  i  ms  une  forme     '  •   leur  ancien  Etat 

j  u.  il  y  eut  parmi  tins  un  mouvement 

semblable.  Dans  la  classe  cultivée  ne  manquaient  pas 
les  '.  j)!  ■'  'les  ",  gagnés  par  l'esprit  nouveau:  il 
faut  roiM  ,e  dans  leur  groupe,  non  seulement  des 

professeurs  et  des  écrivains  laïcs,  comme  le  médecin 
Molnar,  fameux  oculiste,  et  comme  ce  Budai-Dcleanu. 
qui  fut.  plus  tard,  sur  les  traces  de  Voltaire,  l'auteur 
d'un  poème  héroï-comique  consacré  aux  exploits  ima- 
:••"  ■■•••■^  des  Tziganes  sous  Vlad  Tepes  de  sanglante 

-,  mais  aussi  tous  ces  membres  du  clergé  uni 
qui  participaient  au  mouvement  littéraire  et  scolaire 
ft  dont  les  chefs  avaient  si  rapidement  jeté  leur  froc 
aux  orties.  Les  jeunes  gens  qui,  avec  des  subsides  de 

t*t  sous  la  protection  de  la  Couronne,  faisaient 

^ t  les  guerres  de  la  République  et  de  l'Empire 

eurs  études  aux  Universités  de  l'Occident,  n'en  furent 

ns  imprégnés;  entre  autres,  ce  Georges  Lazar, 

1 :a  serf  du  pays  de  l'Oit,  qui,  après  avoir  suivi 

les  cours  de  philosophie  et  de  mathématiques  à  Vienne, 
'(m  l'eût  destiné  à  être  évéque.  sa 
wc.  devait  être  à  Bucarest  le  («rand 


234  HIITOIRB    DIS    KOUMAINt 

innovatrur  qui  donna  un  nouvel  essor  moderne  à  la 
conscience  roumaine. 

Il  ;•'     •      ■■■ iit 

au  m<  .  '^*^ 

brochures,  dont  chaque  page  contenait  une  réminis- 
cence du  passé  romain  et  une  indi  "  vers  la  liberté 
future.  Puis,  au  moment  raème  i"  icnçait  le  long 

conflit  entre  la  Révolution  et  les  Fuissances  monar- 
chiques de  l'anci        -■-.■---    un   fonctionnaire  autri- 
chien, imbu  des  s«)pliiqu('H,  Joseph   Mehes 
(Mehessy),  ri(!i,<;i   jiour  les  deux  évoques  de  la  na- 
tion, le  Serbe  t.i  Ihoiioxe,  qui  n'osa  pas  refuser    ^  ■  --"t- 
ture,  et  le  somptueux  chef  de  l'Eglise  unie,  .i 
une  pétition  de  droits  au  nom  de  la  nation  roumuini . 
—  non  de  la  «  nation  »  dans  l'ancien  sens  du  mot.  ■ 
malgré  les  efTorts  de  tout  un  siècle,  on  avait  con 
ment  refusé  de  la  reconnaître,  mais  bien  de  la  naiiun 
par  la  grâce  de  Dieu,  par  la  réalité  des  choses,  par  son 
propre  droit  naturel,  telle  qu'elle  était  proclamée  à  ce 
moment,  pour  tous  les  peuples,  par  les  rêve! 

res  de  Paris.  Par  ce  «  Sitpplex  liheilus  »,  qui  j .-,^..1 

une  violente  indignation  parmi  leurs  compatriotes 
pr  s,   les   citoyens   roumains   de    ! 

tru.,.    ..up  longtemps  de  <<  Valaques  toléi- 

daient  que  leur  liberté,  de  souche  romaine,  fût  admise 
par  l'Empereur,  conn- 

ce  million  de  contribu  ^  ^ 

Mag>'ars,  des  Saxons,  des  Szekler,  ces  «  citoyens 
lant  une  autre  ht:  la  patri< 

des  comités  rouin  ,  s  aux  n<  . 

ments  de  la  France  et  portant  des  noms  étrangers  mu 
passé  fussent  constitués;  enfin  qu'une  AsseasMéi 
tionale  choisit  des  délégués  pour  reprétcBter  d< 
mais  les  Roumains  à  Vienne.  Malgré  les  protestations 
furieuses   de   la   diète  de   Transylvanie,    qui    n'" 
«  révolutionnaire  »  que  pour  arracher  de  nou  > 


LA    CIV1USATION    ROUMAINE    EN    TRAXSYLTANIE        235 

pri>iléges  à  la  Couronne,  on  persista  énergiquement 
dans  l'idée  de  V  «  Assemblée  nationale  roumaine  ». 
compr         *     ---T  les  mili*   ■         '  les  noh!         '"  '   ri 
le  cit.  r  et  le   ,  et  de   ;i 

mandes  furent  adressées  à  Léopold  II  qui,  tout  en  ne 
•    "'  mt  rien  innover,  ne  pouvait  rien  refuser. 

litôt  cependant  l'attention  du  monde  politique 
autrichien  fut  complètement  absorbée  par  les  guer» 
res  d'Occident,  qui  paraissaient  devoir  amener,  sous 
les  rudes  coups  des  généraux  de  la  Révolution  et  de 
N  .   la   fin   de   la   Monarchie   des   Habtboitrg, 

<  I  ■  l'Allemagne  et  menacée  même  dans  la  pos- 

S'  ses  provinces  héréditaires.  L'activité  intel- 

lit  lui  iio  .  is  de  Transylvanie  fut  imm- 

sée  et   i.iij...     - :>.  ces  nouvelles  écoles  qui   .  v^ 

vraient  dans  tous  les  coins  de  la  province,  demandant 
de*  liv  lie  une  génc 

1er.  Pl       ^ ..Lre  au  grand  :  ^ 

voqué  par  les  écrits  des  humbles  et  hardis  coryphées 

de  1*  ••   Ecole 

condes  consC(^i 

posant  de  moyens  supérieurs  à  ceux  de  l'évèché  de 

ni  •  '  Mi  enfin  à  Sibiiu. 


CHAPITRE  XI 

Renaissance  roumaine  au  xix    siècle 
avant  l'union  des  Principautés 


RÉVOLUTIONS   ET   RÉFORMES    DANS    LES    PRINCIPAUTÉS: 

l'hétairie  grecque  et  le  mouvement  national.  —  Lf 
terrain  pour  une  grande  action  nationale  dans  les 
Principautés  était  déjà  préparé.  Il  y  eut  des  «-  philo- 
sophes »  non  seulement  parmi  les  princes,  qui  imi- 
taient les  souverains  réformateurs  de  l'Occident,  et 
parmi  les  boïars,  portés,  dans  le  bouillonnement  de 
leur  esprit  vivace,  à  lancer  des  critiques  qui  altti- 
gnaient  même  les  bases  de  leurs  propres  pri\ilèges, 
non  seulement  parmi  les  écrivains,  comme  C 
tin  Conachi,  créateur  en  Moldavie  de  la  nouvi  i  , 
sie  roumaine,  qui  ne  se  borna  pas  à  reproduire  la  ly- 
riqii  '    "■'      ••     ■    ni  à  travestir  P«»! 

sev  ",  ou  comme  K-^ 

Jean  Vacarescu,  Alexandre  et  Nicolas,  et  son  petit- 
fils,  ayant  étudié  à  Pise,  lancu,  mais  aussi  parmi  les 
membres  du  clergé  supérieur.  Alors  que,  dans  le  vieux 
cloître  de  Neamt,  on  continuait  strictement  la  tradi- 
tion du  «  staret  »  Païsius,  le  Métropolite  Jacob  Sta- 
niati  réformait  les  écoles  de  Jassy,  Amphiloque  do 
Hotin  rédigeait  des  livres  d'école  d'après  les  nouveaux 
systèmes,  Benjamin  Costachi,  fils  de  grand  boïar,  se 
préparait  à  être  le  Métropolite  d'une  renaissance  reli- 
gieuse profondément  influencée  par  l'esprit  national. 
et  dans  Hilarion.  le  sarcastique  évèque  d'Argcs,  un 
voltairien  en  soutane,  les  événements  révolutionnaires 


HENAÎSSAXCE   ROCMAINE  Al'  XIX*  SIÈCLE  237 

(Je  182 i  (ievuM'oi  ;."uuver  un  initiateur  ci  un  miaii^a- 
bie  conseiller. 

L'action  des  secrétaires  princiers,  parmi  lesquels  un 
FraD\-ais,  Haut'--  Vrivit,  un  peu  avant  1789,  une 
des  meillcuit-s  ions  qu'on  uit  de  la  Moldavie, 

avait  beaucoup  diminue,  et  les  réfugiés  de  la  Hévolu- 
tion  devaient  ^tre,  pauvres  émigrés  se  cherchant  un 
abri,  inférieurs  à  leurs  prédécesseurs,  les  anciens  pré- 
cepteurs français,  qui  avaient  été  animés  de  convic- 
tions profondes  et  poussés  par  un  zèle  contagieux. 
Mais  les  représentants  de  raristocratie  étaient  les  élè- 
ves  de  s  et   surtout   le»- 

de,  livi .  .    de  propagande  x. 

tôt  le  livre  grec  de  Vienne,  de  I^ipzig,  consacré  à  cette 

nal  grec  d'A  bllé 

j  ,  „  ^  i\c  plus  re^  j      i'  le 

titre  de  «  Mercure  Savant  o  {Logios  Hermès),  les  incita- 
likjns  «      ■  des  sociétés  secrètes,  qui, 

:il»rès    .  -         du    Congrès    de    Vienne, 

s'étaient  formées  en  Russie  surtout,  vinrent  contri- 
t  I' I    II'  itement  général,  aux  aspi"^*'  s  un 

.>\<ini  i.  aux  tendaces  de  boul' 

Les  Grecs,  qui  croyaient  bien  connaître  la  psycho- 
lofîie  docile  '  -  née  de  leurs  nourriciers,  les  «  Vain- 
ques o,  s'ii  ent  {K>uvoir  employer  pour  leurs 
propres  buts  nationaux  cet  état  d'esprit.  Ils  donnè- 
rent à  l'Académie  de  Jassy  et  surtout  à  celle  de  Buca- 
rest un  caractère  absolument  hellénique;  ils  flattè- 
rent l'aristocratie,  qui  préférait  dans  la  conversation 
i'clégance  du  grec  ancien  et  même  celle,  moins  évi- 
dente, du  grec  vulgaire,  et  ils  promettaient  de  faire 
iiie  la  •>  s    .  de 

j„^qu*aux  t  ..., ne  peut 

pas  dire  qu'ils  échouèrent  complètement.  Jamais  le 
!   été    plus    profond    et    plus    net 

.jue  .lean   Georges    Kurutzsn    «r;ir;i- 


23S  UISTOIRS    DBS    nOt'UAlNS 

gta),  prince  de  Valachic.  et  ScarUte  ou       Charles 
Ca  ;.   prince  de   Moldavie, 

mti..^  .vvilaircs  dont  ils  auraient  .„- .- 

vcrsités  de  science  et  de  philosophie,  compilateurs  di* 
code  qui  ne  parurent  même  pas  dans  la  langue,  négli- 
gée plutôt  que  mcprimée,  des  indigènes,  se  présentèrent 
comme  les  chefs  politiques  d'une  nation  qui  cherche 
sa  propre  voie;  mais  ce  n'était  pas  la  nation  p 

Si  des  boiars,  comme  Grégoire  Brâncoveanu, 
d'une  compilation  philosophique  en  grec,  un  des  es- 
prits les  plus  éclairés  <î  '   r;  si  des  prél  i' 
comme    le    nouveau              ,  Valachie,  !>•  . 
Lupu,  qui  cependant  avait  reçu  une  éducation  grecqu*' 
et   était    1<              san   zélé   d'u.           "   '        '  •  èco- 
roumaine  ^             lée  par  la  Kii                                   -.sse- 
ment  de  l'Empire  byzantin,  montraient  déjà  Tinten- 
tion    d'ajouter  à  cette  culture  d'in         •   ■         <     -    -   - 
veau    timide    d'une    civilisation 
maine,  leur    instinct    national,  leur    large    libéraiitv 
n'auraient  ;          ifft  pour  -      •  Virer  par  le  «  roii  — 

nisme    »    i  .me   en\ l   que   ces   men.. 

de  la  société  privilégiée  ne  voulaient  pas  contrecarre 
dans  son  action. 

11  fallait  l'âme  nouvelle  d'un  homme  du  peupU. 
s'adressant  aux  âmes  nouvelles  des  gens  appartenant 
k  ïu  même  condition  sociale,  et  aux  jeunes  boîars  eux- 
mêmes,  seulement  s'ils  consentaient  à  se  confondre 
avec  la  conscience  de  leur  nation.  Cet  homme  fut 
Georges  Lazar.  que  sa  province  d'origine  avait  con- 
traint, à  force  d'humiliations  et  d'injustices,  à  s'ex- 
patrier. 

Malgré  ses  études  à  Vienne,  il  était  resté  absolu- 
ment paysan  dans  sa  foi  profonde,  dans  les  ] 
qui  dirigèrent  sa  vie,  dans    sa    vénération    ,    _ 
science,  seule  capable   de   féconder   la  vie  humaine. 


nENAlSSANCE  ROUMAINE  AU  UX*  SliCLB  239 

dans  la  naïveté  et  Ténergie  d'un  langage  dont  le  style 
touCTu  ne  permet  pas  toujours  de  reconnaître  aujour- 
d'hui la  verve  pr  ue.  Déjà  avant  lui.  ^ 

Asachi,  fils  d'un  , étranger  venu  de  Ci  ! 

d'une  Roumaine,  avait  fondé,  après  des  années  puN- 
M't's  dans 

tiqufh  cl   .1  j  .,  ^ 

sciences  exactes  en  roumain,  à  Jassy;  U  avait  gagné 

1  ;i! 

cl    •  '■  ,     .  ■■ 

actions  au  proUt  de  son  peuple,  qui  devait  être  plus 

I;i    '    "  "    hel   Sturdza.   L'école  d'ingé- 

iii.  c  pour  les  délimitations  dont 

l'ère  était  venue  par  la  promulgation  des  nouveaux 

codes,  eut  dc^    ■       ■>       -••- m     -•     provoqua 

pas  dans  la  (  ^«^néral 

qui   accueillit         i::    >  :>s   les   p 

l'œuvre  scolaire  tic  dcoi^ts  L:r':tr,  !  ^vj.vi. 

par  le  contrat  avec  les  éphori      i       .         s  aux  si 
inathi'm:it'>(iirs  (' '  res.  L'Acadcini'-  ^rccfjiu-   \it 

purlii  hou  noiuhii  v^v  .,<  .  élèves,  qui  prélcraitnt  écou- 
ter dans  les  pauvres  cellules  abandonnées  du  couvent 
lii  AS  cettf  ire,  grave  et 

:>uu ,  .,;arde  de  s ,.-. niant  animée 

par  l'essor  invincible  des  espérances  les  plus  légitimes. 

'  formé,  et  il  devait  donc 

et  --    1 -.-        oie.  Ce  qui  se  passa  de 

mais  dans  l'ordre  politique  et  social  —  et  ced  s'appli- 
que h  "  '  '•'  ■       ,. 
tôt  le  .                    .                          ; 
ne  fut  qu'un  concours  bien  venu  ou  qu'une  résist.i  : 

di  ' *  '  '    '  '  "  I  !ii  II  ■.     I  ;  1 

on.,  I  I      ■    -  .      ,  ;  l  I  I  ■  I  . 

le  grand  facteur  de  ehan.:  .  la  source  de  toute 

CUV.  'il  pour  les  mau\  uu-vitablM  et  de  tout  les 
fs,  iulant  un  siècle  entier. 


240 


HISTOIHE    DBS    MOUMAINS 


Si  récole  grecque,  tout  en  étant  maintenue  par 
la  Cour  et  la  plupart  des  boïarx,  plus  ou  moins  m&U- 
nés  de  Grecs,  fut  rt^ellement  vaincue  dans  cette  con- 
currence avec  la  modeste  école  roumaine  presque  sans 
appui;  si  la  littérature  hellénique,  jusqu'alors  si  flo- 
rissante dans  les  Principautés,  devait  s'arrêter  brus- 
quement dans  son  développement*  l'invasion,  au  prin- 
tfnips  de  Tannée  1821,  des  "  hétairistes  «»  (membres 
de  l'Hétairie,  de  la  «  Société  des  amis  »,  fondée  à 
Odessa),  à  Jassy,  puis  à  Bucarest,  parut  enrayer  le 
mouvement.  Alexandre  Hypsilanti.  connu  dans  le 
pays  comme  flls  d'un  prince-régnant,  se  présenta,  non 
seulement  comme  chef  d'une  armée  libératrice  qui 
'  '  (il  se  former  dans  les  Principautés  mt^mes,  premier 
1'  veau  de  la  rénovation  byzantine,  mais  aussi  comme 
mandataire  du  Tzar  Alexandre,  dans  le  service  du- 
'■\\,\  il  venait  <Ie  perdre  un  bras.  Ses  av    i  us 

<     rapport  amenèrent  le  Métropolite  Ben^  nii 

en  grande  pompe  aux  Trois  Hiérarques  le  drapeau, 
portant  le  phénix  renaissant  de  ses  cendres,  de  l'Em- 
pire grec  ressuscité.  Mais  le  Tzar  avait  des  engage- 
ments comme  membre  de  la  Sainte  Alliance,  et  les 
insurgés  en  furent  réduits  à  leurs  propres  moyens.  A 
Constantinople,  on  massacrait  leurs  complices:  en  M'>- 
rée,  on  faisait  marcher  les  troupes  contre  les  pre- 
miers rassemblements  des  rebelles;  en  Molda\ie  et  en 
Valachie,  on  écrasa  les  bandes  d'Hypsilanti  à  Draga- 
sani,  prés  de  l'Oit,  à  Sculeni,  sur  la  rive  du  Prulh;  les 
derniers  défenseurs  de  la  cause  révolutionnaire.  l'Ar- 
ndute  d'origine  roumaine,  de  Vlacholivadi,  Jordachi 
(le  Géorgakis  des  Grecs),  et  ses  camarades,  furent  dé- 
truits entre  les  murs  du  couvent  de  Secu. 

Jordachi  s'était  entendu,  quelques  années  aupara- 
vant, à  Vienne,  avec  un  jeune  Valaque  de  l'OIlénie, 
au  district  de  Gorj,  flls  d'un  paysan  mais  élevé  dans 
la  maison  d'un  boïar  de  Craiova,  dont  il  venait  défen- 


RENAISSANCE  ROUMAINE  AU  XIX*  SlACLC  241 

dre  les  intérêts  prives  contre  la  chicane  de  ces  légis- 
tes autrichiens,  qu'il  maudissait.  Ce  Théodore  (Tudor 

pour  1rs     :  ;  .:  ^^jj.g  j^  Vladimir,  d'où  son  nom 

de  Vlu.l  i  été  aussi  un  des  offlciers  des 

pandours  indigoiu's  que  les  Russes  avaient  employés 
dans  leur  dernière  guerre  contre  les  Turcs,  Comme  il 
avait  pris  part  à  des  raids  en  Serbie,  il  y  avait  connu 
l'armée  rustique  de  Carageorges,  qui.  tout  en  combat- 
tant sans  relâche,  représentait  en  même  temps  1*  «  As- 
semblée du  peuple  •,  d'un  peuple  qui.  ayant  rompu 
avec  son  <  Kmpereur  •  païen,  n'entendait  plus  avoir 
d'autre  maître  que  ceux  qu'il  se  choisirait  au  roi- 
lieu  des  guerriers.  Tudor  s'enrôla  par  un  serment  se- 
cret dans  l'armée  Tuture  de  l'Hétairie.  Mais,  quand 
l'heure  de  l'action  fut  venue,  il  se  rendit  compte.  a\ec 
son  instinct  populaire,  qu'il  s'agissait  d'une  cause  qui 
n'«  '  nne.  Au  dernier  moment,  avant  la 

IcN'  ^         ..  averti  par  le  consul  russe,  le  Grec 

Finis,  un  des  chefs  de  la  conspiration^il  avait  quitté 
Bu'  '      I  bleu  à  l'aigle  valaque 

HOU        ^  ,  avec  une  étonnante  ra- 

pidité, son  armée  de  pa^ours.  Il  occupa  les  monastè- 
res  furtifirs.  cotnim-  r;i\;ii(    r:iil    !;tiîis.   ■        '        " 
gri'f     L«M»n.     M.il!i:.U     l;;i>;U;ili,    il     iil     I.  ^     .  1 

paysanne,  la  tradition.  Le  vieux  prince  Alexandre 
Sutr    '■'      '  (il  de  mourir  à  Bui-arcsl.  et  Tudor 

n':i  .|ue  les  ri'])ré.sent;iiiLs  sans  autorité 

de  l'interrègne.  Bientôt  on  le  vit  arriver  à  Bucarest,  où 
il  fit  sor     -'        ^    I        .    ;',nt  le  bonnet  au  r      '   " 
drap  I»  ..•  là  réservé  les  i 

les  siens  acclamaient  le  '•  Domnul  Tudor  »,  le  »  prince 
Tudor  «:  jt •  '--s  quelques  boiars  qui  étaient  res- 
tés dans  l;i  •-  et  qu'il  faisait  surveiller  de  prés, 
il  y  en  avait  qui  auraient  été  disposés  à  reconnaître 
momentanément  cette  dictature  d'un  caractère  si  inat- 
tendu et  plein  de  menaces.  Il  leur  parla  ainsi  qu'.iux 


242  iiisToinB  DRS  roumains 

rtrrc^,  sans  pouvoir  les  rattacher  solidement  à  cette 

c   nouvelle  qu'il   appelait,  d'après  l'exemple  des 

:vv.ijc5,  la  «  cause  du  peuple  ».  A  la  fin  d'une  de  ses 

entrevues  avec  cette  noblesse  dont  la  partie  roumaine 

s    que    l'autre    ne    faisni'  'r. 

li  .,j  tcria.  dit-on,  de  son  air  t  ' 

ne  plains  pas  ma  propre  personne,  car  je  n'ai  jam;«i>« 
rêvé  de  régner  dans  ce  pays,  i  "  ^  le  pays  lui- 
même  et  les  boïnr<;.  nui  no  pr  i>as  ce  qui  les 
attend. 

Le  i;rcc  cluil  Ueja  a  '       "        '        i 

enli<  0  celui  qu'il  qualili..  -t 

Des  explications  ne  firent  qu'envenimer  la  querelle. 
Lorsqu'on  In      *  '  i  de  quel  droit  il  se  réclamait 

jxair  agir  ><  >pre  volonté,  Tudor  répondit: 

«  Du  droit  que  me  donne,  dans  mon  pays,  mon  ' 

Mais  déjh  les  Turcs  pv  '  '     «^    -:•' 

de  répondre  même  à  si 

tiré  aux  pieds  des  collines,  vers  l'Olténie  protectrice, 
le  chef  du  mouvement  roumain  -■■'  -a  de  nouveau, 
par  ses  mesures  d'implacable  d  le  méconten- 

tement des  capitaines  pillards,  parmi  lesquels  les 
Bulgares,  Makédonski  et  Prodan,  anciens  auxiliaires 
de  Carageorges.  Ils  eurent  la  hardiesse  de  lui  faire  des 
remontrances  et  même,  ainsi  que  Basta  l'avait  fait  à 
l'égard  de  Michel-le-Brave,  de  l'arrêter.  Les  pandours, 
agités  contre  un  chef  trop  dur,  acclamèrent  les  deux 
.'  gospodars  •>  bulcaniques,  qui  mettaient,  h  la  merci 
de  leurs  appétits,  le  pays  entier,  ce  pays  que  Tudor 
avait  si  strictement  épargné,  parce  qu'il  l'aimait  pro- 
nt.  Ces  bandes,  désormais  sans  drapeau,  allè- 
.....  ,..iir  pour  le  phénix  byzantin  à  Dragasani,  pen- 
dant que  Tudor  lui-même,  après  on  emprisonnement 
|ues  jours,  était  ass;i  ^  -  ,no 

jj. :ade,  par  deux  offici'  .,  li- 

belle répandit  la  consternation  parmi  les  multitudes. 


HENAISSANCE  ROVMAIlirB  AU  XIX*  StÊCLS  243 

l'n  prêtre  de  Tillage  l'exprima  dans  ces  termes  tou- 
chants: «  Et  nous  apprîmes  avec  un  serrement  de 
I  T    ■  ■  MX  de  ses  capt- 

t  1  et  nous  pleu- 

râmes. Et  nous  nous  rendîmes  avec  le  père  Hilarion 
*  ■  e,  dans  '     '    '    Vy  célébrer  un  service  di- 
1  âme.  I  -  monde  pleurait  aussi,  et 

le  père  Hilarion  se  frappait  la  poitrine,  et  il  offrait  au 
p  '  'i  croix.  Et  nous  ressentîmes  tous  une  tristesse 
1-  ■•  ». 

Les  Turcs  rétablirent  l'ancien  ordre  de  choses,  mais 

-     '  •         '       •    et  à   Bucarest  ces  Grecs  qui 

.;ereux.  De  ^ieux  boïars  indi- 

s,  les  remplacèrent:  Jean  Sturdza 

,1    M. y>v. ..>.>.  -^..^-..rc  Ghira  en  Valachie. 

Ce%  prinres,  d'uuf  ijitilli^pnce  modeste  et  d'une  mé- 

;ie,    ne    nuiinjuaicnt    pas   cependant    d'un 

..  vlcvé  de  leur  propre  dignité  et  de  celle  de 

s;  on  le  vit  bien  à  l'entrée  des  troupes  russes 

•>y  en  !'*■  jue  Sturdza  refusa  la  garde  d'hon- 

...    qu'on    y^.    — ait,   en   déclarant    "    Dieu    est    là 

•our  me  garder  »  :  mais  fis  étaient  emp<k;hés  dans  leur 

'■c  le  bien  par  l'insécurité  continuelle  de 

_.     ....  n.  La  Hussie.  qui  avait  rompu  dès  1821 

tvec  la  Porte,  parce  que  celle-ci  avait  destitué  et  fait 

rrcuméniqit  rnéme 

des  traités,  .         -s,  ne 

voulut  pas  les  reconnaître,  et  11  faHut  que  le  Sultan 

''  k  \a  c>'  Me  convention. 

\kkerni2i:i  mément  à  la> 

{uelie  les  princes  roumains  devaient  régner  pendant 

'    sept  années.  Vn  peu  plus  tard,  cependant, 

>qu'on  pouvait  croire  que  la  tranquillité 

tait  enfin  solidement  garantie,  les  complications  de 

I  qti'vti    ■■    qui  pa»!-'   * '*   ''*■' -"Ve, 

..    îiiiv.i; ..  ;!le  nav;i  nt 


244  HISTOIRS    DBS    ROUMAINS 

roccupntion  des  Principautés  |Hir  les  années  du  nou- 
veau Tzar,  le  "  général  de  brigade  "  Nicolas  I".  ! 
souiTrunccs  de  la  guerre  ravivèrent  les  profondes  L.^;. 
sures  qu'avaient   faites  au   pays  la  révolte  grecque: 
lorsque  l'avance  rapide  des  armées  russes  sur  (',' 
tantinople  amena,  par  une   médiation   prussienne,    a 
conclusion  du  traité  d'AndrinopIe,  qui  fixait  le  régne 
vi:i  "  Hospodars  »>  et  restituait  aux  î' 

le  t  re  des  anciennes   forteresses  tui  ^ 

eurent  encore  à  subir  une  occupation  de  cinq  ans  jus- 
qu'à l'établissement  d'un  nouvel  ordre  légal. 

Agitations  constitutionnelles:  le  Règlement 
Organioik.  —  Régner  dans  de  pareilles  conditions 
ne  pouvait  pas  signifier  grand  chose.  Ces  pauvres  prin- 
ces qui  végétaient,  toujours  en  butte  aux  intri^u  ^. 
sur  des  trônes  que  ne  défendait  encore  aucune  f"  ■ 
militaire,  ne  se  signalèrent  donc  ni  par  des  bâtis 
ni  par  des  établissements.  Ils  n'étaient  qu'une  forjiie 
passagère,  recouvrant  un  développement  national, 
basé  sur  la  nouvelle  civilisation  moderne,  qui  est  \v 
seul  ])hénomène  intéressant  désormais. 

L'activité  même,  l'agitation  nerveuse  des  boîars  ne 
peut  pas  tromper  un  observateur  attentif.  Ces  chefs 
aristocratiques  d'un  pays  de  villages  se  soumettaient 
seulement  à  l'influence  des  idées  occidentales,  qui.  en 
les  galvanisant,  leur  faisaient  affirmer  des  volontés, 
des  espérances  qui  n'étaient  pas  cependant,  dans  .-.■ 
qu'elles  avaient  de  plus  vivant  et  de  plus  efficace,  K- 
produit  même  de  leur  intelligence.  Le  lendemain  do 
l'invasion  d'Hypsilanti,  ils  se  mirent,  dans  leurs  refu 
ges  de  Transylvanie,  de  Bucovine,  où  cependant  ils 
n'eurent  qu'un  contact  tout  à  fait  accidentel  avec  leurs 
frères  en  pleine  tr        "  "  «n.  en  B-  ■ 

h  rédiger  des  inéni  ne  ceux    i  ; 

le  contenu  dans  les  journaux  français  et  allemands. 


i 


Rh.NAl'*:^  \  >i   I.    H'Ji.  JiAi.^c    A»,      ai.n      SltCLE  2-1  Tl 

Les  grands  boïars  voulaient  une  oligarchie  organi»ée. 
l'ancien  Conseil  de  douze  ou  de  dix  membres,  le  «<  dé- 
cem virât  ».  Les  Moldaves  demandèrent  même  à  la 
Porte  que  le  pays  ne  fût  pas  gêné  dans  ses  difficultés 
actuelles  par  la  nomination  d'un  prince  dont  l'entre- 
tien serait  fort  coûteux.  Sturdza  et  Ghica  réussirent  ù 
obtenir  le  trône  par  le  <  s  des  petits  boïars.  qui. 

de  leur  côté,  s'étaient   j ..es  pour  un  régime  de 

plus  large  oligarchie,  composé  de  tous  les  détenteurs 
(le  tous  los  porteurs  dr  '                          "     les. 
!                      HH,  le  Vornir   lordachi   1>     .,                  .,    >   en 
18*22  une  Constitution  moldave,  dont  l'adoption  par  le 
son  pK''  i|Ȏ- 
par  lev  de 
Hussie.  Il   demandait   une    ••    Assemblée   générale    », 
'      '  '     liés  de  la  magistrature  et  des  no- 
1                                   ^s  et  dont  les  décisions  seraient  sou- 
mises seulement  au  prince,  élu  par  l'aristocratie  en- 
tière: l'administration  était  réservée  à  ce  dernier,  mais 
l'Assemblée  aurait    aussi    le    contrôle    des    finances. 
Mrme  après  que  ce  projet  eût  été  enseveli  dans  les  ar- 
chives du  consulat,  relTervescence  continua:  on  vou- 
lait à  tout  prix  une  Constitution,  une  vraie  Constitu- 
tion, comme  celles  pour  lesquelles  en  Occident  conspi- 
raient les  carhonari,  s'élevaient   les  b:»'-'-*  ■••'? •    *••• 

renversaient  les  trônes  de  la  légitimitr 

Lorsque  les  Russes  pensèrent  donc,  en  ltH2U,  u  don- 
ner une  nouvelle  forme  moderne  aux  Principautés, 
dont  ils  étalent  depuis  un  demi-siècle  les  protecteurs 

irels.  ils  demandèrent  aux 

1 , ...:.     i-r  cette   loi   fondamentale, 

qui.  pour  éviter  un  terme  désagréable  aux  oreilles  des 
lies  d<'  l:i   Sainte  Alliance,  fut    "  •  d'une 

I  •  plus  simple:  «  Règlement  ()rg;t!     ,         .  Cona- 

chi,  le  poète,  le  fin  Grec  de  Bucarest  Vellaras,  et  d'au- 
tres \  travaillèrent  longuement,  avec  un  vrai  zèle  pa- 


2lfl  iiiSToinr  nrs  norMAiNx 


exéculifs   ».  ce  voitairien  égalitaire  et  passionné  de 

'  '      '■  (|uc  fut  le  pî'    '"  '  '     ^':»ul  Kisselev;  le»  »e- 

s  de  lu  C(>!  it   Asachi.   le   lettré 

moldave,  et   un  jeune   boiar   valaque,   d'une   activité 

f  '    •  '  '       '    ' '■' rrinde  distinction  d'ir*  "■ , 

.  On  eut  enfin  la  sé\> 
pouvoirs,  le  Conseil  dos  ministres,  une  tiuriM 
à  la  française,  des  finances  organisées,  une  I.-».....c 
toute  nouvelle,  des  communes  et  cette  armée  nationale, 
cette  «  milice  »  qu'on  avait  si  lo-  Il 
n'y  eut  désormais  plus  d'autres  Lu....,  ^^v^v  ...  luac- 
tionnaires.  Comme  dans  le  projet  de  1822,  le  prince 
était  élu,  mais  par  une  <■  Assembl-  aie  »,  com- 
posée de   150  membres,  et  pris  slj ..^at  parmi  les 

grands  boïars.  L'  •«  Assemblée  Nationale  »  ordinaire 
contenait  des  <1  rs  élus  ;  as.  Elle 

avait  le  droit  ii  ...  r  des    dt--...  iitre    le 

prince  à  Pétersl    n:.:^  aussi  bien  qu'à  Stamboul,  et  ce 
prince   lui-ménic,   qui  '    être    • 

cause  de  délits  »,  si  le  i  ur  et  le  ^ 

d'accord  là-^lessus,  avait  le  droit  d'accuser  l'Assemblée 
ce  tribunal  suprême  étranger,  et  même  de  la 
i<  lire. 

L'oligarchie  était  satisfaite:  une  belle  forme  mo- 
derne harmonieuse  m  *  "  •  •••  ^j^j 
moyen  âge,  qu'on  s'él  ;  .  La 
bourgeoisie  qui,  en  Valachie,  avait  déjà  un  caractère 
national,  par  la  fusion  rapide  des  <"''  '  .  -.i 
n'exerçait  aucune  inllurnce;  en  >i 
invasion  des  Juifs  de  Gulicie  au  xviii*  siècle  et  dans  les 
premières  années  du  xix*  l'avait  étoufTée  dans  <:on 
germe.  Quant  au  paysan,  il  n'avait  pas  même  le  di>  it 
d'administrer  .sa  commune,  il  n'était  pas  admis  à  voter 
pour  l'Assemblée  qu'on  appelait,  comme  en  dérision. 


RENAISSANCE  ROUMAINE  AU  XIX*  SlâCLB  211 

<    nationale     .   S'il   n'était   plus   lé|;alement   l'ancien 
Hcrf,  il   l't'-tail   r.  vtr  (\>-   f:>'  "  «il 

pour  le  niaitrr,  <1  uric   jm    ,  !>- 

parenoe,  contenaient  en  réalité  presque  autant  de  se- 
iji   ■         "'  ■    ■  •     ■      fissail  ù  oppo- 

s.  :  ^  irs,   dont    les 

chefs  rêvaient  du  trône,  même  lorsqu'ils  avaient  les 
<h:  *        •  s  d'un  ("  il.  et  il  t     " 

t;  1  de  Rus  t  le  plu^ 

\ent  un  simple  aventurier  allemand  ou  polonais,  : 

;r   '   "     -      '  acariâtT' '  '     '  -  ■    -••     -     suur. 

I  .  on  ne   1  c\   \e 

if  •*,  ancien  boiar.  devait  rentrt>; 

juiM  • -' '      rangs  de  sa  cla>^« . 

Ire  |)i  |iie  du  Règlrmenl  O. 

pas  un  ne  linit  ses  jours  sur  le  tr  \andrc  * 

fut  destitué:  son  successeur  en  \.....v ...«.,  George,  i.. 
besru,  renversp  par  une  révolution;  le  troisième  prince 
\.  i,  fut  renversé  pendant  la  <,'» 

di   : V (|ue  son  voisin  moldave,  Grc^ 

(jhica  IV.  dont  le  prédécesseur  Michel  Sturdza.  avait 
••!  tint  de  d  s 

ruu .icnt  ou\ -.-     -  - -  s, 

des  écoles  construites,  telle  «  l'Académie  »  fondée 
par  Si  ssy,  en  opp*-  i  l'école  hu< 

loise  u  abbas.   Mais  tme  classe   u 

nante  avait  fourni  la  preuve  de  son  impuissance  à 
lien  faire  en  '^  "  "  .....       -"  ,,'• 

a\ail  passé  d.  is 

les  Capitales  danubiennes. 

LlTTÉHATlUi:    nuUMAlNK   DANS    LES   PfUNCIPAlTi  s. 

La  vie  de  la  nation  se  trouvait  de  fait  ailleurs.  Lauur, 
complètement  brisé,  agonisant,  in"»  ''"itté,  après  les 
truulilcs  de   1821,  liucarest.  en  1  t   l'avenir  du 

pays  dont  U  venait  de  relever,  par  »u  loi  sincère,  l'es- 


til:^  I  <  •■  iM       m  t 


prit  abattu  et  humilié.  Mais,  en  iiilaitt  mourir  chez 
lui,  entre  le»  siens  près  de  l'église  de  ses  ancêtres 
paysans,  il  laissait  des  disciples,  dont  certains  furent 
envoyés  en  Occident.  U  Pise,  à  Paris,  |>our  >  i-s 

études  avant  d'être  employés  dans  un  ensi.^ iit 

(|ui  devait  progresser  rapidement.  L'élève  favori  de 
l.azar  avait  été  Jean  Kliad  (Héliade).  Né  dans  les 
rangs  du  peuple  des  villes,  il  ne  devait  pas  quitter  sa 
patrie  avant  1848,  c'est-à-dire  avant  un  âge  de  matu- 
rité avancée:  il  resta  donc  pendant  toute  sa  jeunesM* 
av  milieu  des  seules  réalités  de  sa  race.  Eliad.  plus 
tard,  lorsqu'il  crut  pouvoir  faire  croire  au  public  qu'il 
()  '  til   du   prince   Radu,   fondai-  italif   de   la 

\    \   se   lit   nommer   aussi    Hau  ).   Jusqu'au 

bout,  dans  son  enseignement,  dans  ses  ouvrages  de 
I'  ic,  comme  sa  célèbre  grammaire  de  1829,  dans 

^  ^  iiial,  paru  celte  même  année,  le  Curierul  Ho- 
mànesc,  dans  ses  traductions,  en  prose  et  en  ^'ers, 
du  français,  et  dans  sa  littérature  originale,  il  con- 
serva lespril  du  terroir,  cet  esprit  fait  d'humour  po- 
pulaire, de  touchante  poésie,  de  forte  logique  impla- 
cable, et  aussi  de  passion  et  de  rancune.  De  jeunes 
officiers,  nés  dans  les  rangs  de  la  très  petite  noblesse 
de  province,  comme  Basile  Càrlova,  ou  parmi  les 
commensaux  de  l'aristocratie,  comme  Grégoire 
Alexandrescu,  furent  ses  collaborateurs  littéraires: 
ils  ont  été  les  premiers  poètes  modernes  de  la  nation. 
Si  Càrlova  n'eut  pas  le  temps  de  développer  le  talent 
rli  Iliaque  qu'il  avait  fait  valoir  en  chantant  les  "  Rui- 
nes de  Tûrgoviste  »,  Alexandrescu.  lyrique  assez  mé- 
diocre dans  ses  chants  d'amour,  trouva,  dans  les  qua- 
lités fondamentales  de  l'Ame  roumaine  qui  avait  pro- 
duit toute  une  littérature  satirique,  pleine  d'à-propos 
et  (le  malice,  la  saveur  particulière  de  ses  fables,  di- 
gnes d'être  placées  à  côté  de  celle  de  La  Fontaine,  qu'il 
dépassa  quant  ik  leur  portée  politique  actuelle,  à  Pin- 


RENAISSAN-CE  ROUMAINB  AU  XIX*  SièCLB  249 

fluence  qu'elles  exercèrent  sur  le  développement 
même  (!<•  "  :<iule  la  n  '. 

toute  la  111  .lisante  «i  ,     /  .    '- 

venus  venaient  doubler  de  leur  nombre  et  de  leur 
élan  ambitieux  Tancienne  noblesse  '  '  "  *\  vit 
dans  ses  apologues,  d'une  forme  si  <  .       ■'  dé- 

pit des  incertitudes  du  style  elle  est  déjà  classique. 
La  Transylv  -■  'empressa  d'envoyer  des  collabo- 
rateurs qui,  <  ••.'  paysanne  comme  I^zar,  n'a- 
vaient pas  trouvé  plus  que  lui  une  occupation  corres- 
pondant à  leur  tendance  dans  ce  milieu  restreint  où 
«haque  progrès  des  Roumains  devait  être  regardé 
avec  une  extrême  défiance  par  le  régime  ai  i. 
mesquin  et  soupçonneux,  en  attendant,  après  .  ■  .,  ia 
brutale  tyrannie  du  régime  maj«yar-  La  nouvelle  école 
du    Héglement    Organique   fut   donc    ' 

chie,   un   peu   contre   l'exclusivisme   i.  : , 

Transylvains,  parmi  lesquels  Auguste  Trébonius  Lau- 
rian  fut  un  |  :ie  et  historien  de  mérite,  et  son 

prédécesseur,  ......  .  laiorescu,  un  des  principaux  fac- 
teurs de  l'éducation  morale  du  pays.  Grand  adversaire 
des  i;  'rangércs  insuffisamment  assimilées, 

des  fu ...s  —  les   «   masques  sans  cerveau   » 

dont  il  parle  dans  un  écrit  polémique  — ,  Maiorescu 
condamne  sov  tte  classe  aristocrai 

capable  de  st  ,  et  ses  piètres  remi 

(|ui  arrivaient  au  pouvoir  et  à  Tinnuence.  non  par  le 
l;,i  :         I  la  faveur 

♦•t  ',1  .u  et  sans 

concurrence.  Le  bon  esprit  paysan  de  sa  pro\*ince  osa 
s',"  i>>  de  briser  une  carrière -i    '" — "   I.^- 

\.  M-es  Incessant^,  contre  1.  s 

maîtres. 

rest  leurs  études  sous  la  direction  de  précepteurs  tels. 


par  cxoniplf,  que  Cf  ai 

cul  un«  pari  si  large  .: ,  ,    ..: n- 

M'ignemont  public  roumain.  Les  frères  et  couxinn  Go- 
lescu  furent  p  ;  is- 

tanlin,  le   pi ,  i    •  1^ 

voyages  à  l'étranger,  avec  de  douloureuses  considéra- 
tion» sur  '  le 
Radu,  gi.                           .....  •' 

Paris,  où  ils  furent  aussitôt  gagnes  par  cet  esprit  de 
1  .   '^^  '  le  ré- 

^;  ••    sous 

celui  de  la  royauté  bourgeoise  de  Louis-Philippe.  Cet 
esprit  était  d'autant  plus  syn  *  iiic  à  leurs  jeunes 
âmes,  qu'il   représentait  en  >'   et  en   Moldavie 

une  opposition  naturelle  contre  ces  tendances  de  la 
Russie  Tzariste  d'arriver  par  l'annexion  des  Princi- 
pautci»  à  dominer  dans  le  Bosphore  et  à  résoudre  dé- 
finitivement la  question  d'Orient.  Un  nouveau  facteur 
occidental  s'ajoutait  ainsi,  vers  1848,  à  ceux  dont  on 
était  arrivé  à  s'assimiler  tout  ce  qui.  étant  réalisable 
dans  les  conditions  données  par  la  réalité,  pouvait 
hâter  le  développement  de  cette  civilisation  roumaine 
dont  la  source  devait  rester  en  elle-même,  dans  la  so- 
ciété  qu'elle    reflétait. 

A  ce  moment,  l'initiative  avait  passé  a  la  Moldavie. 
Là,  c'est  Asachi  qui  avait  dirigé  le  mouvement.  Fon- 
dateur d'un  théâtre  roumain  ({ui.  avant  l'année  1821. 
précéda  les  représentations  données  il  Bucarest  par 
la  «  Société  Philarmonique  »  des  jeunes  boïars.  )onr- 
naliste  qui,  sous  la  même  impulsion   russe  !. 

publia,  la  même  année  que  ce  rival,  son  A  lu /.- 

inainr,  organisateur  des  écoles  nationales  qui  de- 
\:ii'  ni  aboutir  à  leur  point  culminant  avec  1'  «  Acadé- 
mie de  Michel  Sturdza.  il  avait  un  talent  subtil  de 
la  forme,  un  sens  raffiné  de  l'art  qui  manquèrent  tou- 
jours à   Eliad.   Mais  l'&me  roumaine   ne   transparaît 


^!^^^^cl•.    r.iii  4é\i>k   At    XIX*   SlàCLK 

pas  dans  ses  écrits,  iniluencés  surtout  par  la  littéra- 
ture italirr  -  -'rssiqae  et  romantique,  qu'il  connais- 
sait à  la  I  ii;  ses  vers,  beaux,  mais  froids,  ne 
font  vibrer  les  rirurs  que  lorsqu'ils  touchent  ;•  la 
grande  ori^^ine  romaine  ou  v^'^  -  -■'crances  patrioti- 
qi-v  ,i.  '  I  :  lion.  Quand  à  d  \  Nejjrurzi,  plus 
jeune  ' 

P<T     ^I    ••  '-      -1 r-      •    • .-^ 

du  Russe  ne.  un  des  maîtres  de  la  prose  rou- 

nv  •> 

la  littérature  nouvelle  en  un  :ion  dlmitations 

V 

,  ^     //i  était  déjà  arrivé  à  la 

maturité,  une  nouvelle  génération  apparut.  Son  prin- 

f ît    ■  ■  ■  ;■■■•" 

néité  créatrice  jusqu'alors  sans  exemple  dans  le  pays. 

s\.  "i^anlea  de  ton  st  ' 

ct  >n  récente  pouva> 

rtr  des  notations  originales  de  la  poésie  populaire. 
ballâdf  s   <■  lies,  ou  du    passé   r.     -    '      a 

avait  lon.j  /i  aussi  dans  ses  n< 

toriques:  il  pouvait  émailler  de  noms  paysans  et  de 

cor* -   "    -    .ises  son   vers  fluide,  brillant,   maris 

f;i.  ne  descendit  cependant  janisitn  dnn* 

ces  profondeurs  où  se  révèlent  les  qualités  < 

les  d'ti"  -■•■■'•    '  ••    ••.••• -•■-  '•     '-  ' 

que.  1 

nairc  du  Hmde.  lut.  u  s»on  lu-uri'.  cmorc  p. 
par  une*  société  légère,  qui  cherchait  trop  sou. —  ..^.^ 
distractions  dans  ce  qui  forme  la  raison  même  de  vi- 
vre d'unr  nation;  mais  son  vers  finit  pn;  plus 
qu'un  verbiage  sonor'-  un  f.i/niulli*  ,!  i  <!*• 
sens. 

Le  contemporain  et  l'ami  d'Alcc^andri. 


•>»;•» 


IIISTOIHH    MS     HôrMAINS 


^.ildioranu.  rcxint  presqu'à  la  même  époque  de  l'Oc- 
<.-i(l(>nt.  où  il  avait  étudié  à  Lunévilk,  puis  en  Allema- 
gne; tout  en  gardant  une  fraîcheur  d'enthousiasme, 
une  curiosité  toujours  alerte,  une  jmi  vibrer 

ù   toute  idée  supérieure,  à   tout   sen  ic,  qui 

sont  bien  des  qualités  latines,  il  dut  ù  la  nature  de  ses 
occupations  spéciales  de  ne  pas  tomber  dans  l'imi- 
tation superficielle,  scintillante  et  stérile.  Il  fit  une 
profonde  étude  des  anciennes  chroniques,  qu'il  pu- 
blia, après  les  avoir  utilisées  pour  son  Histoire  des 
Roumains,  parue  en  français,  à  Berlin,  dans  sa 
grande  collection  de  sources;  il  se  familiarisa  avec  les 
anciens  diplômes,  qu'il  édita  dans  son  Archiva  Ro- 
màneasca;  il  acquit  laborieusement  cette  connais- 
sance de  la  vie  roumaine  dans  toutes  les  classes  et 
dans  toutes  les  provinces  qui  se  manifeste  dans  la 
direction  même  de  sa  revue  Dacia  Literara;  il  entre- 
tint un  contact  ininterrompu  avec  la  réalité  sociale 
de  son  époque,  comme  officier,  comme  avocat,  puis 
comme  agriculteur  et  industriel;  enfin  il  fut  parmi  les 
hommes  politiques  de  l'époque  celui  qui  eut  une  vue 
plus  large  et  découvrit  mieux  le  chemin  qui  devait 
conduire  au  seul  avenir  possible  pour  sa  nation. 

Les  deux  courants  dans  la  vie  nouvelle  de  cette  jeu- 
nesse: celui  qui  copiait  servilement  l'Occident  et  ce- 
lui qui  cherchait  une  orientation  dans  les  traditions 
du  pays  et  dans  les  qualités  de  la  race,  se  rencontrè- 
rent   |)cnilMn!   ]t's.  r'\»'iiciniiifs  /Ii-   1S4H, 

ThMAllVI.S        HtVOlX  riO.NNAlULS        KT        PROPAGANDE 

ROI  MAINE  A  l'Étranger.  —  La  révolution  de  fé\Tier 
précipita  le  retour  en  Valachie  des  étudiants  rou- 
mains, les  frères  Démètre  et  Jean  Bratianu,  Constan- 
tin A.  Rosetti,  etc.;  puis  survinrent  des  agitations  se- 
crètes, un  attentat  contre  le  prince  Bibescu,  romanti- 
que  distingué,  mais  sans  énergie.   En   même  temps 


RENAISSANCE  ftOtTMAINE  AU  XIX*  SIÈCLE  253 

Eliad,  qui  poursuivait  un  idéal  mystique  de  liberté 
humaine   s  t   des  avantages  per 

pour  son  m  il  'ion,  se  réunit  à  un  '     - 

lescu,  il  quelques  jeunes  officiers  et  à  un  prêtre  de 
\nllagp,  poil  ■    '  ■  '     '  '  1  ()I- 

ténie,  la  li-  iiiple 

de  Tudor.  sur  Bucarest,  lorsqu'il  apprit  que  le  prince 
a\:i  '        '  (jué  au   II  t  où  on  lisait  à  la  foule  la 

pi<  on  rév(.  i  lire.  L'n  gouvernement  pro- 

visoire, composé  des  chefs  de  ces  deux  mouvements, 
parfaitement  distincts  dans  leur  origine  et  dans  leur 
caraitère,  conserva  le  pouvoir  du  mois  de  juin  au 
mois  de  septembre,  non  sans  être  entré  en  conflit  avec 
les  commandants  de  la  milice  ni  sans  avoir  cédé,  à 
une  heure  de  panique,  le  terrain  aux  boîars.  L'inter- 
vention ottomane,  exigée  par  la  Puissance  protectrice, 
qui  avait  déjà  fait  entrer  ses  troupes  en  Moldavie, 
amena  l'établissement  d'une  Lieutenance  Frincière 
et,  après  une  échaufl'ourée  entre  les  troupes  du  Sul- 
tan et  les  pompiers  de  Bucarest,  venus  ù  leur  ren- 
contre pour  leur  rendre  les  honneurs,  les  lieutenants 
furent  chassés  et  les  chefs  du  mouvement  escortés 
au-delà  des  frontières.  L'influence  russe,  qu'on  avait 
voulu  écarter,  revint  plus  menaçante;  et  la  conven- 
tion russo-turque  de  Balta-Lin  :int  une  période 
d'occupation  par  les  forces  m  i  .  s  des  deux  Em- 
pires, bornait  à  sept  ans  la  durée  du  règne  des  nou- 
veaux princes,  Cirégoire  Ghica  en  Moldavie  et  Stirbei 
en  Valachie. 

En  même  temps,  les  Roumains  de  Transylvanie  s'é- 
tait "'i>'-%  en  nation,  d'après  les  traditi< 
tel  1  puis  cinquante  ans,  du  Supplti 
lus.  Alors  que  les  Mag>'ars,  connaissant  la  nature  pas- 
sive des  Saxons  loyaux  à  leur  T  :  iir,  faisaient 
tous  leurs  efl^orts  pour  faire  voter  |  .K-te  du  pays 
»la  réunion  de  cette  province  transylvaine  au  royaume 


2.'!  (  ifiSTniKF.   nvA   noi  mains 

dr  1 1   ■:  n(i  ,  I  ,.iii .      :  1  11,       I.  !     I       .1 1!  ..  •—  la 

jeunc^sj  louiiKuiiL-  des  cciir,  ._■:  ■,.:  u^uvcaux  profes- 
seurs. Siniéon  Bamut  et  Timothée  Cipariu,  le  futur 
I  '       '  ainsi  que  les  foiicli 

I  il,  se  réunirent  san^  . 

clergé  qui,   sous   l'évèque   Lemény,  avait   laissé   son 
Eglise.  ! 
nelle.  l.i 

la  plaine  des  Tàrnave,  près  de  la  ville  épiscopale  de» 
«   unis    »,   une  assemblée   préparai  us: 

puis,  le  3  mai.  eut  lieu  une  autre  .<  >.i- 

ractère  tout  à  fait  extraordinaire:  des  milliers  de  la- 
î    ,        rs  et  de  bergers  vinrent  pour  î  les  dis- 

i'  ses  chefs,  les  prêtres  et  les  \>.  irs.  L'é- 

glise de  Blaj  dut  capituler  devant  le  caractère  gran- 
diose du  mouvement,  et  l'évèque  sortit  à  la  rencontre 
de  celui  qui,  après  la  mort  de  Mof^a.  avait  été  élu 
comme  évèque  des  orthodoxes.  André  Saguna.  fils 
d'un  m;  -■• 1  de  Macédoine  établi  dans  la  Monar- 
chie au:  lie.  Il  y  avait  aussi,  parmi  les  organi- 
sateurs, le  rédacteur  du  premier  journal  roumain  qui 
parut  pour  les  Roumains  de  Transylvanie,  la  «  Feuille 
pour  rintelligence,  le  cœur  et  la  littérature  »  (depuis 
1838):  c'était  Georges  Baril,  lui  aussi  fils  de  paysan, 
de  même  que  Bamut.  Cipariu  et  les  autres  ordonna- 
teurs de  In  grande  manifestation  nationale.  Dans  ces 
paysans  qui  acclamèrent  la  nouvelle  nation  roumaine 
«  autonome  et  partie  intégrante  de  la  Transylvanie 
sur  les  bases  d'une  liberté  égale  »  tous  les  facteurs 
de  la  vie  religieuse,  scolaire  et  littéraire,  saluèrent 
la  plus  puissante  garantie  d'un  avenir  national.  Kn 
même  temps,  des  mouvements  dans  la  même  direction 
se  produisaient  dans  le  Banat  serbe  où  lev  ins 
demandaient  maintenant  la  séparation  n^. ..:.....  et 
une  organisation  particulière,  aussi  bien  religieuse 
que  politique. 


RBNAISSANCK   HOIMAINK  \V  XIX'    MI  -M 

Les  Magyars  répondirent  par  le  vote  du  2U  mai, 

(     •     '  ut  la  TransV     ^^     •    'i" --    '^'-«ord 

/  envers  la  j»  -  <li- 

nand,  ils  devaient  en  arriver  à  se  détacher  des  Habs- 

'      r  -  le  jeune  François-Joseph,    qui    succéda 

cation   de  son   oncle  et   proclamèrent   la 

lue.   I^es  Roumains,  où   l'on   ne  voulait  voir 

■"-'•*  -flus  à  droits  égaux    •,  faisant  partie  de 

jue  magyare,  répondirent  par  des  re- 

prfM'ni:ii'<,iis  à  la  Cour,  par  les  démonstrations  vio- 

It-ntcs  (Us    '   Cirenzer   »•.  par  des  réunions  à  IJIaj  et, 

(-nlin,  (fuand  les  Impériaux  eurent  pris  des  mesures 

•  les  Hongrois  révoltés,  ils  organisé- 

„..cclion:  le  général  même  qui  comman- 

au  nom  de  l'Empereur  en  TransyU'ante  le  leur 
l.    du    reste,    conse-illé. 
.1  Sa^una.  honnno  d'une  puissante  intelligence  or- 
ganisatrice et  d'un  prestige  unique,  h  la  Coor  aussi 
hini   qu'au   uiilioii    «1  '■'   '      •  !».»- 

Ml.  tït  pour  la  cause  i     .  .de 

cr  les  Carpathes,  avec  un  délégué  saxon,  pour  de- 
'!'  •  •      "     ML*s  du 

r  son 
lUtorité  d'évèque  aux  efTorts  héroïques  des  bandes 
'es,  là  où  ON    '  bnttu  jadis  So- 

ica,  sous  la  un  jeune  avo- 

cat, natif  de  ces  montagnes,  Avram  lancn. 
r         •  '     '  -fcsseurs  venus 

es,  i  tous  ces 
It  de  paysans  qu'avait  soutenu  si  difiicilement  pen- 
'  innées  d'étude  le  travail  des  mains 

lit  rien  risquer.  Lf  •  roi  des  mou- 
les •»  n'en  fut  pas  découragé:  avec  les  •    '  ». 

"•  •  - .....i..,,!e,  où  figuraient  «les 

sant  de  simples  canons  en 
de  cerisier.  jus<iumu  Iwut.  c'csl-à-dire  aussi  loin 


25t  IIISTOIAK    nR.H    IlOLMAINs 

<{ue  le  drapeau  des  Habsbourg  iloila  ^ui  la  i  runsylva- 
nie  enlière. 

Ces  lourds  sacrifices  ne  furent  pas  récompensés  à 
leur  juste  valeur.  Avram  lancu,  qui  ne  voulut  jamais 
recevoir  une  grâce  personnelle,  en  perdit  la  raison:  il 
mourut  fou  de  désespoir.  Saguna  lui-même,  qui  avait 
cru  pouvoir  créer  l'unité  roumaine  en  Autriche,  nv 
un  Voévode,  un  Congrès  national  et  l'Enip* .  . 
comme  Grand-Duc,  ne  fut  pas  toujours  respecté  par 
les  autorités  militaires  et  civiles  de  la  i  -  •  --re.  11  fal- 
lut de  longs  efforts  pour  obtenir  le  ri  ment  dr 
l'ancienne  Métropole;  celui  qui  fut  reconnu  comme 
successeur  des  archevêques  de  Fehérvâr,  fut  1'  «  uni  . 
Alexandre  Sterca  Sulut  (entre  1853  et  1855).  Saguna. 
dont  on  avait  poussé  à  bout  la  patience,  ne  devait  pas 
même  être  écouté  lorsqu'il  demanda  au  moins  la  créa- 
tion d'une  seule  Eglise  orthodoxe  roumaine  dans  les 
Etats  de  l'Empereur,  réunissant  dans  la  même  forme 
hiérarchique  la  Transylvanie  elle-même,  avec  le  Ba- 
nal et  les  comtés  extérieurs,  et  la  Bucovine.  Vienne 
devait  satisfaire  plutôt  l'ambition  exagéré»  d'Eu 
Hacman,  évèque  de  cette  Bucovine,  dont  on  lit  ;  ... 
tard,  en  lui  donnant  un  sufTragant  à  Zara.  un  autre 
Métropolite   roumain. 

En  décembre  1863,  le  siège  de  Sibiiu  fut  élevé  enfin 
à  la  dignité  archiépiscopale.  La  «  Métropole  des  Rou- 
mains  gréco-orientaux    de   Transylvanie   et   de    Hon- 
grie »  devint  (1868),  grâce  à  son  chef,  une  fondation 
purement  populaire;  le  «  Statut  Organique  »  décida 
que  le  principe  de  l'élection  par  l 
à  tous  les  degrés  de  la  hiérarchie  i 
ganisation  scolaire  qui  se  confondait  avec  elle,  l^ne 
autonomie  plénière   pour  chacun  de  ces  de^ 
mettait    la   décentralisation    absolue    qui    coii 
aussi  au  caractère  démocratique  de  cette  Eglise,  vraie 
citadelle  nationale.  Un  congrès  formé  de  90  membres 


ItEN.\JSSANCE  ROUMAINB  AU  XIX*  SIÈCLE  257 

<  !us  par  la  nation  devait  se  réunir  annuellement  pour 
prendre  toute»  les  décisions  relatives  à  l'administra- 
lion  ecclésiastique  rt  scolaire.  L'Etat  hongrois  créé 
par  le  pacte  du:lll^te  de  1867,  se  réserva  cependant 
'<■  début  le  contrôle  des  débats  et  certains  moyens 
w  ...tinixtion  dans  l'activité  des  synodes.  Quant  à 
rKii^lise  unie,  dès  1873.  le  peuple  fut  admis  aux  dis- 
ions  concernant    Vv  nent    et    les   fin 

le  reste,  on  était  as:.    jux  règles  cathoii^jv:.  .. 

iria.  qui  était  déjà  regarde  avec  défiance  et  même 
■r  une  nouvelle  génération  animée  de 

,   -     l  laïcs,  pouvait  mourir  en  paix:  son 

"Uvre  avait  été  accomplie,  et  c'était  une  grande  œtl* 
vre. 

Union  des  principautés.  —  Ces  progrès  avalent  pu 

en   Transylvanie,    parce    qu'ils    avaient 

Ment  la  masse  même  du  peuple  rural.  Ce 

peuple,  on  l'avait  ignoré  en  Valachte,  lorsqu'il  s'était 

7  irer  la  grande  révolution  transformatrice 

IIS  des   circonstances  si   mesquines,    l'ne 

mission  de  la  propriété  s'était  réunie  en  effet  ù 

'       lis   la   présiir  "        '     " -      -    '  '  ne 

u.  dont  la  i'  ut 

mue.  Four  la  première  fois  après  les  grandes  as- 

!  liées  populaires  qui  acclamaient  les  prir-^"-    -nu- 

V    et    prenaient    des    mesures   pour   le    ;  >e- 

t  des  txmnes  coutumes,  des  paysans  siégèrent,  et 

..  iiumbre  égal,  auprès  de  leurs  anciens  camarades 

(ius  le  drapeau,  les  boïars.  De  très  beaux  discours, 

■Bdi'une  simplicité   romaine,   furent   prononcés   par  les 

^^Kprésentants    de  ces  campagnards,  qui   ne    deman- 

^^■aient  que  le  droit  d'acheter  les  terres  dont  on  les 

^^B\'ait  dép  quant  au  paiement,  ils  savaient  bien 

I^R-  et   le   .:,:... il  d'une  manière  magnifique   —  que 

tout  l'or  du  pays  venait  du  seul  travail  de  leurs  mains 


2do  iit^mi  niti  Mai.>S 

au  cours  «l  s.  comme  les  di- 

racnaçaicul ...  .liscorde  entre  Us  .......  ^ 

associées  pour  Tœuvre  révolutionnuire,  on  ferma  les 
portes  de  la  salle  sans  avoir  pris  aucune  '' 

En  Moldavie,  il  n'y  avait  pas  eu  de  Té\ K«>- 

galniceanu.  le  chef  de  la  jeunesse,  ne  voulait  que  la 
stricte  éxecution  du  Règlement.  En  mars  1848.  on 
faisait  des  discours  sur  ce  sujet,  lorsque  Michti 
Sturdr^  mit  fin  aux  débats  par  l'intervention  de  son 
fils,  à  la  tcle  de  1  .  Les  pi 

troubles  furent  exi.       .as  les  mo..-    -. 
tagne.  et  ils  quittèrent  bientôt  le  pays. 

On  les  V  "      '         :      . 

ceux  qui  v  c.  ' 

son  hospitalière  du  vieux  boîar  Eudoxe  Hurmuzaki. 
Le-  i^assage  en  Transylvanit- 

ai».  icuts   à    ceux    des   pays; 

maient  la  nation  roumaine  autonome,  pendant  qu' 
leurs  camarades  de  r^ 
de  ces  fils  du  vieux  li>. 

principal  historien  des  Houmains  d'Autriche)  qui 
étaient    devenus  les    chefs  du    n:  i  -nt    nati 

clans  cette  province,  où  ils  firent  [•  avec  un  i 

gramme  pan-roumain,  le  journal   tiucovina,  avec  la 

collaboration  de  leurs  hôtes.  Peu  de  ten- - 

côté  des  exilés  valaques:  Eliad,  le  noble  i 
Nicolas    Balcescu,    historien    de    Michel-le-lirave,    les 
Bratianu,  Rosetti,  il    y   eut    aussi    des  Moldaves  qui. 
avec  la  même  énergie,  professaient,  dans  les  assem- 
blées, dans  les  revues  et  les  journaux,  ainsi  que  dans 
les  cabinets  des  diplomates,  ce  credo  de  la  jeurv— 
roumaine  et  révolutionnaire  dont  le  premier  articK- 
l'Union  des  Principautés. 

Mais  la  ditTérence  initiale  demeura  entre  les  Vala- 
ques de  Bucarest  et  les  Moldaves  de  .lassy.  I-cs 
premiers  ne  rêvaient   que  de   révolutions  politiques. 


ItRNAlS&A.NCE  ROt'MAIKB  AU  XIX*  SI^LE  259 

sauf   Balcescu,    qui    exposa    dans    une    brochure    en 

français    la    question    :»(,'raire    d;i;  -.s    rou- 

raaifîv:     !<^    autres     t  talent     pass.  oui     de 

na!  :    ils    voulaient    résoudre    la    question    so- 

ti;i;.    jMu.   établir  ensuite,  par  rUnion  -'  -      *    - 

rindtpcndanrc  qui  devait  en  être  la  i 
tiirill  .   non   pas   une   plate-forme   pour  des  rivalités 

plu.s  ou  moins  factices  de  per«* '  -    ••■      Iles 

de  partis,   mais  bien  une  vie  et 

•■«'Il  -laborer  «I  ■  :;■.  'U  >  >  ,.  ■ .  !  m  ,■),.•%  de 

'■i^'       - ....;ijant   des    /■:.  p.i.mn    iliiUlucnce 

'  re.  L'esprit  de  KogalniciMnu  u mi;:  lit  tous, 
'  l  ici  os{>rit.  ('.nlorm'  ;i  une  tradition  millénaire» 
t_tait  le  -(Ml!  (!'((, I  I)  ii.iif  iI('ri\«T  n'w  iw^iiiiijna 
réelle. 

T  t.    Di.s    ic    pittiiid    a»o- 

iiiri.  tirent  l'importance  que 

pouvait  avoir  pour  leur  nation  ce  conflit,  longuement 


tous  les  patriotes  qui  rêvaient  d'un  avenir  meilleur,  et 
t   la  Puissance  prctt 
UT  ses  droits  garant, 
tains  voulurent  combattre  dans  les  rangs  des  alliés, 
et  ils  se  |)r.'        '         '       "        dans  \v  '  i  '    deft 

intriguts.  s.  ^ucs  aul.  m- 

péclièrent  de  participer  à  la  lutte. 

Ces  alliés  auraient  voulu  chasser  des  IV  i.t-s 

les  Russes,  qui,  à  la  suite  du  conflit   avK  te, 

étaient  rentrés  en  Moldavie  dès  le  mois  de  juin  1853. 
Mais  l'Autriche,  dans  l'espoir  que  ces  provinces 
avidement  convoitées  depuis  presc|ue  deux  siè> 
clés  pourraient  enfin  lui  revenir,  s'empressa  de  le« 
occuper  jusqu'à  la  conclusion  de  la  paix;  un  traité 
formel  avec  le  Sultan  l'y  autorisa.  Il  n'y  eut  donc  pas 
de  contact  plus  intime  entre  les  Anglo-Français  qui 


260 


iii>  I  m  I 


combattirent  devant  S  >I  et  \c%  Roumains,  qui 

en  attendaient  leur  dt  i. >......  c  et  leur  Union. 

D^s  1855  on  nt^goMait  lu  paix  avec  la  RusMc  vain- 
cue: l'Angleterre  et  lu  France  soulevèrent,  dan*»  les 
conférence  de  Vienne,  lu  question  de  l'Union;  si,  plu^ 
tard,  la  diplomatie  anglaise,  retenue  par  la  considéra- 
tion de  ses  propres  traditions,  qui  tenaient  au  niaui 
lien  de  l'intégrité  ottomane,  et  par  celle  d'inlcrd^ 
de  commerce  permanents,  plus  ou  moins  bien  inter- 
prétés, alla  jusqu'à  se  rallier  à  V( 
et  surtout  des  Autrichiens,  Napoléo  .  i     .1  u  . 

ter  ses  diplomates,  fatigués  de  s'user  dans  une  lutte 
qui  paraissait  vaine:  il  voulait  o-  1    sur  le  Da- 

nube une  nationalité  forte,  néces^  1  "mme  fornu- 

politique  de  la  latinité  orientale  et  aussi  comme  bar- 
rière 01         ■         ■'  -,  r'        ■ 
C'est  ji 

les  districts  de  Cahul.  Bolgrad  et  Ismaël,  et  même  les 
bouches  du  Danube,  qui  passèrent  ensuite  à  la  Tur- 
quie, avaient  été  réunies  à  la  Principauté  moldave. 

C'est  aussi  à  l'influence  de  l'Empereur  plébiscitaire 
qu'il   faut  attribuer  la  décision  finale  du  (Ingres  di- 
recourir   à   une   consultation   des    Huumains   eux-mê- 
mes pour  connaître  leur  vœux.  Les  princes  nommés 
en   1849  étaient  déjà  partis:  des   «•   caïmacans   »,  ou 
lieutenants  princiers,  devaient  réunir  des  assemblées, 
auxquelles,  pour  complaire  à  la  Porte,  on  avait  donnt- 
le  nom  turc  de  Divans,  Divans  ad  hoc.  Le  gouverivir 
de    Valachie    fut    l'ancien    prince    Alexandre    Gii 
presque    favorable   h    l'Union,   alors   qu'en    Moldavir. 
Théodore  Bals,  vieux  boïar  incapable,  avait  eu  pour 
successeur  un  Grec,  l'intrigant  Nicolas  Vogoridès.  flK 
du  bey  de  Samos  qui  avait  été  lui-même  c:\ 
moldave  en  18'J1    i-f  immi-î  A»  i  »  nii.-  iiiii<fiii«  «i.'  < 
le  Poète. 

Vogoridès  qui  espérait  devenir  prince,  el  qui  ia\o- 


] 


RrwiS.SANCF    nni'MAINE   Al-   XIX'  261 

quait  à  toute  occasion  le  grand  nom  indigène  de  son 

beau-père,  employa  le^  livres  de  la  falsit"  -  i'-    i 

la  plus  t'iiontfc  pour  >  >r  le  triomphe  < 
du  parti  de  IT'nion.  Pas  un  dixième  de»  électeurs  les 
plus  indépendants  ne  furent  admis  à  voter.  L'assem- 
blée issue  de  cette  opération,  digne  des  pires  tradi- 
tions du  Levant,  aurait  demandé  sans  doute  le  main- 
tien  de  la  séparation  politique.  On  s':»'---*^  <  alors  à 
Napoléon  IIL  La  femme  même  de  ^  s  avait 
fourni  aux  adversaires  de  son  mari  la  preuve  patente 
des  intrigues  du  oaimacam  avec  les  ministres  turcs  et 
avec  l'Autriche,  dont  le  consul,  continuellement  com- 
battu par  Place,  consul  de  France,  remuait  ciel  cl 
terre  pour  arriver  à  ses  fins.  Le  représentant  de  l'Em- 
pereur U  Constantinople  reçut  donc  l'ordre  de  baisser 
■■  II,  si  le  Grand-Vizir  s'obstinait  à  reconnaître  la 
des  élections  moldaves.  Ce  moyen  suprême 
réussit:  les  listes  électorales  elles-mêmes  furent  an- 
nulées. En  échange.  Napoléon,  qui  alla  s'entendre  per- 
sonnellement à  Osborne  avec  la  I^eine  Victoria,  avait 
consenti  à  ne  voir,  dans  cette  Roumanie  qu'il  dési- 
rait qu'une  simple:   «   union  des  rapj      ires, 

financiers  et  Judiciaires   »  des  deux    I  ^  s.   || 

espérait  établir  en  Moldavie  un  de  ses  meilleurs  lieu- 
tenants, le  général  Pélissier. 

Les  nouvelles  Assemblées  étaient  animées  du  même 
esprit,  nettement  unioni.ste.  Mais  la  différence  entre 
les  vues  des  Valaques  et  celles  des  Moldaves  persis- 
tait. Tandis  qu'à  liucarest  les  discours  retlétaient 
avant  tout  des  préoccupations  libérales,  les  représen- 
tants moldaves,  après  avoir  voté,  le  19  octobre  1867. 
les  points  du  programme  commun:  l'nion  des  Princi- 
P '"''^  'II'  I.  neutralité  garan- 
ti* p;u  Ils  I  .  ..,  1 .ame  celle  de  la  Bel- 
gique, et  gouvernement  parlementaire,  s'occupèrent 
de  la  question  des  paysans,  qui  étaient   repréftenlés 


2A2  iMvroiiii      Ml  V     MOI  MAIKtt 

par  certaine  des  leurs.  (urs  et  de  bon  seiiB» 

ne  voulunt  que  l'ordre  ..  ..^  ......le. 

Sur  la  base  de  ces  vœux,  solennellement  expriméi, 
la   '  tire  de   Paris   rédigea,  en  :i' 

n  (.<  :  \.     lun  "  qui,  remplaçant  le  «  H'„.. -.->- 

nique  ».  devait  être  la  nouvelle  Constitution  octroyée 
par     les     P  -'s    Ciaranles    aux     a  Prinr 

Unies   ><.  1.  létail  qu'il  y  aurait  deux  ^ 

deux   capitales,   deux   ministères,   deux   assemblées: 
Ite  «<  Union  •>  r<    ' 
i(iu,  on  formait 
législative  de  composition  mixte,  siégeant  à  Focsani. 
sur  la  limit         '  c  les  deux  li       "  i         ^* 

(^ssation  i  u*,  et  la  pos-  ; 

nir  les  deux  armées  pour  une  œuvre  de  défense  na- 
tionale. 

Or,  il  faut  l'affirmer  encore  une  fois,  ce  qui  déter- 
mine la  ne  d'un  peuple  ce  ne  sont  pas  les  conditions 
que  peuvent  lui  créer  les  circonstanr  -       '     "  tt- 
niais  bien  tout  ce  qu'il  est  capable  de  : 
même,  par  sa  conscience,  son  labeur  et  son  coura^'-. 
dans  ces  fonnes,  toujours  capables  d'une  plu     ■   - 
interprétation.  On  le  vit  bien  encore  en  cette  v 
En    18.58.   des   assemblées   furent   élues   qui   devaient 
donner  à  chacune  des  Principautés  Unies  un  chef  sé- 
paré. Déjà  les  candidatures  particularistes  se  présen- 
taient:  d'abord  les  anciens  princes,   Michel   Sturdza, 
plus  son  fils  Grégoire,  d'un  côté,  Bibescu,  Stirbei.  si- 
non  aussi   Alexandre   Ghica,  de   l'autre;   ensuite   les 
chefs  de  la  Révolution,  de  l'émlgralion.  du  nouveau 
mouvement  de  la  jeunesse;  Alecsandri  fut  même  parmi 
les  concurrents,  si  Kogalniceanu  refusa  d'y  être. 

.Mais  la  I'  rue  du  dévr!.  ]•- 

pement  nal .......iK;.:   ...;... ment.   Il  y  av.iit 

parmi  les  unionistes  roumains  un  personnage  parti- 
culièrement    sympathique,     malgré    ses    défauts,   et 


i 


nFVAISSANCK  nOUMAINK  AO  XIX*  SIÉCLC  263 

j,  'la  manière  franche  dont  il  les  pré- 

sri  ...       I  agnon  de  plaisir  et  de  lutte,  ce  fil» 

de  boïar.  d'une  famille  qui  avait  deux  rebel- 

les, dont  l'un  avait  ùlé  exécuté  |>*.-.  i..  n  aspirations 
au  trône.  avHÏt  «ail  ses  études  en  France,  pour  être  en- 
suite lée    de    Vof:  .   le 

croynn. iié  à  sa  cau.SL.  ._.  ..  ..   a  un 

axaiiri-mcnt  rapide,  jusqu'au  grade  de  colonel.  Mais, 
(Il  'rer   le   départes 

du;.. ia   résidence,   le 

Cuza  refusa  de  tremper  dans  les  élections  falsifiées. 

eî  '  i 

Ch_:    

auquel  ne  pouvait  être  égalé  aucun  autre.  Cepend 
t«,'  •    ,'•   ■  ables  de   reconnaîtra 

tu  lit  parfois  pour   dii 

les  actions  des  hommes  bien  au-dessus  de  leurs  pro- 
I»!  •      *  "lit  être  fort  étonnés  lor    -•      '- 

Ifi  >on  inscription  comme  » 

il  fut  élu  prince  à  l'unanimité,  le  17  janvier  IHÔ9.  lis 
auraient  étr  encore  plti^  tîrpris  si  on  leur  avait  dit 
<iue  ee  iu)ii\raii  jrKh  .  i).  ,.i  ave,  inconnu  ^  Bucarest, 
}>ourrait  \aincre  toutes  les  puissant,  s 
qui  s'y  disputaient  la  victoire.  Opcndaii»  .v  -.  j.... 
vier  (nncini  stijlr)  il  était  proclamé  avec  la  même  una- 
nimité dans  celte  autre  .\ssemi)lée  électorale. 

Sans  hésiter  plus  longtemps.  Cuza  accepta.  Un  con- 
flit était  imminent  entre  la  France,  qui  soutenait  le 
chef  unique  des  1'  et  VAv 

rait  volontiers  chu c  part,  ce i.. 

che   pouvait   craindre  une   alliance   des  pays  danu- 

hirns    avec   l'I' 

soutenus  par   . 

donc  au    •   fait  accompli    ".  qne  la  t 

bientôt  in«H<'r.  Ou mt  à  la  Tu 

tervenir:   plu^  lanl.  lorscjue  !»• 


264  IIItTOIRB    DR8    nOUMAINS 

rendit  k  Constuntinople  pour  rendre  hommage  k  un  tu- 
zerain  qu'il  n'avait  pas  encore  honoré  de  sa  visite,  on 
consentit  h  reconnaître  l'Union,  mais  seulement  dans 
la  personne  de  celui  qui  l'avait  réalisée.  Kn  janvier 
1862.  il  n'y  avait  plus  qu'une  seule  Roumanie:  les 
Ministères,  les  Capitales,  les  Assemblées  s'étaient  con- 
fondus. 


CHAPITRE  XII 

Renaissance  roumaine  au  xix*^  siècle 

par  l'idée  nationale  militante  après  l'Union 

des  Principautés 


Hhi  ORMis  sor.iM.is  SOI  s  m;  imunç»  Liza.  —  i.e  rè- 
gne de  Cuza  dura  peu;  il  succomba  en  février  18G6 
sous  les  coups  d'une  conspiration  militaire  ourdie  par 
les  libéraux  et  par  certains  conservateurs,  également 
mécontents  d'un  «  tyran  >•  qui  osait  mépriser  les  for- 
mes constitutionnelles  ou  plutôt  <«  conventionnelles  » 
pour  atteindre  le  fond  même  de  sa  mission.  Pour  bien 
comprendre  son  rôle,  il  faut  se  rappeler  que,  dans  les 
intentions  des  électeurs,  aussi  bien  que  dans  la  con- 
science de  l'élu,  il  n'était  que  provisoire:  on  avait  con- 
fié le  pouvoir  à  un  noble  indigène,  d'une  énergie  et 
d'une  franchise  qu'on  savait  sans  égales,  uniquement 
pour  accomplir  le  programme  dérivant  des  Divans 
de  1858. 

Il  y  avait  des  milliers  de  paysans  non  propriétaires, 
obligés  de  fournir  aux  boïars,  pour  l'usage  de  la  terre, 
un    service    personnel   qu'ils   abhorraient,    surtout    à 


RENAISSANCE  HOUMAIXE  AU  XtX*  SIECLE  305 

cause  de  son  caractère  ari  ^rne  du 

territoire,  donné  jadis  par  1<     .  a  leurs 

couvents,  avait  été  soumis  ensuite.  «  dédiés  »,  ponr 
empêcher  les  usurpations,  aux  Lieux  Saints,  aux  gran- 
des maisons  religieuses  de  l'Athos,  de  Jérusalem, 
d'Alexandrie,  etc.;  les  moines  grecs  qui,  pour  prix  de 
Içur  protection,  n'auraient  dû  se  faire  attribuer  qu'une 
faible  partie  des  revenus,  s'en  emparèrent  abusive- 
ment. De  même  que  celle  de  paysans,  cette  question 
des  «  couvents  dédiés  »  traînait  dès  le  commence- 
ment de  l'ère  du  Règlement  Organique,  et  Cuza  devait 
la  résoudre,  de  même  qu'il  s'était  engagé  à  en  finir 
avec  l'opposition  manifestée  par  la  Porte  à  l'égard  de 
l'acte  même  de  l'Union. 

Contre  la  Russie,  qui  soutenait  les  Grecs,  et  contre 
l'Angleterre,  qui  ne  voulait  pas  abandonner  les  Turcs. 
Cuza  expropria,  «  sécularisa  »  les  biens  des  couvents, 
sommant  les  moines  de  présenter  leurs  prétentions  à 
des  dédommagements:  comme  ils  tardaient,  la  Cham- 
bre leur  ofTrit,  en  décembre  1863,  une  somme  très  im- 
porf  T  es  saints  Pères  espéraient  gagner  en  tral- 

nair  ire  en  longueur  et  en  invoquant  toutes  les 

autorités  auxquelles  ils  croyaient  pouvoir  recourir. 
En  1807,  une  autre  Chambre  allait  déclarer  la  qoes* 
tion  '<  close  ». 

Aussitôt  avait  commencé  la  discussion  de  la  qoe»- 
*  irale,  dans  une  Assemblée  composée  de  bolars 

ibles,  non  seulement  à  cause  de  leurs  intérêts 
matériels,  mais  aussi  parce  qu'ils  croyaient  voir  dans 
!•'  p-  '         •      mi  ne  ménageait  pas  leurs  sus- 

rc\>  des  formules  creuses  du  libé- 

ralisme, tel  que  l'avait  formulé  et  pratiqué  l'époque  du 
Sf^ronrl  F — ■-•.  On  ne  put  pas  s'entendre  au  moins 

i{Hjui   [<  le  au  paysan  le  droit  de  propriété  sur 

ce   tiers   du    bien-fonds   ancestral   que   le   Règlement 


260  histoihb  des  roumains 

désormais  la  propriété  absolue  d'un  maître  qui  était 
plutôt  un  usurpateur.  Kogalniceanu,  auquel  Cuza  avait 
ronflé  l'ex  de  ces  mesures,  co  - 

d'Etat  en(-<   !  aussi  par  Tezemplc  «i  i 

nouvel  Empire  français  enraciné  par  le  plébiscite. 
La  loi  rurale  fut  prou     "  me  l'avait  propo- 

sée le  prince;  la  graim  tit  créée  ainsi,  à 

c6té  du  lopin  accordé  au  paysan,  et  elle  l'était  sur 
des  bases  solides,  alors  qu'il  aurait  fallu  des  soins 
incessants  pour  faire  valoir  le  champ  de  l'ancien  serf. 
Ce  ce  fut  pas  la  faute  de  Cuza  si  ces  soins  manquè- 
rent sous  un  nouveau  régime. 

Les  décrets  princiers  de  1864  avaient  créé  aussi  un 
Sénat  dont   la  moitié  des  membres   fut  nommée,  le 
chef  de  l'Etat  ayant  aussi  le  droit  de  désigner  le  pr '" 
dent  de  la  Chambre  et  de  prolonger  le  terme  d'un  ; 
get. 

Ce  régime  du  Statut,  dont  le  titre  avait  été  em- 
prunté au  royaume  d'Italie,  fut  confirmé  par  un  pé- 
bliscite  écrasant  et  par  l'approbation  ultérieure  des 
Puissances;  il  exaspéra  l'opposition,  dans  laquelle  se 
réunissaient,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit.  les  grands 
propriétaires,  incapables  d'apprécier  le  bien  qu'on 
leur  avait  fait,  et  les  libéraux  armés  contre  1'  «  usur- 
pateur ».  Elle  provoqua  d'abord  une  échauflTourée  de 
paysans  pendant  l'absence  du  prince  ù  l'é! 

elle  recourut  à  un  complot  militaire  qui  ri-  ^-- 

ques  mois  auparavant.  Cuza.  qui  venait  de  provoquer 
de  nouveaux  '  ts  en  adoptant  ses  bâ- 
tards, avait  de  ..:  iient  qu'il  était  prêt  à  re- 
mettre, aussitôt  son  œuvre  accomplie,  le  pouvoir  qu'on 
lui  avait  confié  et  don (  "  ne  forte  <'  "  ,  nt 
jamais  tiré  vanité.  On  ^  >i  qu'il  a\>  ^ 
son  successeur  le  duc  de  Leutchenberg,  descendant 
des  Beauharnais  par  ^ 
Grande-Dachesse  Mari 


nENAlS&AN<  t     "  1267 

raux   anti-russes   avaient   ajouté   cri   article   u   la 

,,,    'Hr>    lisfi-    il»-»    Icllrc    r-i'.' r  1  iii'i  n -1 1  i.  in  V 
l.>  i    .      l   .    — 

A^^r.  .  r.  dont  U 

randidature    avait    été    déjà    posée,    de     Bruxelles, 

nt    1809.  mais  qui   refusa  r- "      '  ■       •.-  .     -..   i^ 

l  et   ses  uQiis  de   la   «<    Lit..  s 

s  avoir  pris  l'avis  de  Napoléon   111.  qu'on  avait 

^si  à  tourner  contre  Cuza.  s': ' *   —  '  -  "rr- 

iiie  du   prince  Charles   de   11  tn- 

'^i-i\.  ^iiy  (1.    %in;^t-scpt  ans:  il  était  i  ilor- 

U'iisc  *ic  licauharnais,  fi''-    "!"ptiv«.   ..^   .««,..,.con  I**; 
par  son  père  nit-ine  il  lit  d'une  sœur  du  roi 

Murât.  11  avait  \  comme  un  parent  par 

'n   souverain  qu. ir  des  vassaux   sur  le 

i.  et  il  avait  espéré  obtenir  la  main  d'Anne  Murât, 

ne. 

-.._ .    .     -  ._ .nie 

chef  de  la  famille  pur  les  représentants  de  cette  bran- 
be,  et  r  -té 

.       ce  par  1<-  lit 

les  succès  de  Bismarck. 

A.  •  ;.s. 

W-  j'  ,  .  .  '>>it 

rendu  aussitôt  en  Roumanie,  au  risque  de  se  faire 

lier  par  les  .^    "      '  '  de 

la  Prusse,  a  .l(*s 

difilcultés.  Il  satisfit  Napoléon  111  en  évitant  pendant 

I  *  avec  la  Russie,  car  ce  fut 

visite  au  Txar  Alexandre  II 
à  Livadia;  puis  un  mariage  projeté  avec  la  Grande- 
"  :  '  M   -       Tjjj    aJMindonné,  Charles  1"    ayant 

al>eth  de  Wied.  apparentée  ik  la 
M.iison  d'Orange,  mais  qui  avait  passé  des  années  à 
la  Cour  de  Pétersbourg.  où  -"  -  "onservalt  des  rela- 


268  ifisToinr  de»  itorwAiNS 

[t<  -  H's  liai( MHS.    Ml  le  graïKi  kiu'/c  serbe  Mi 

i».i  de   rVitiiU'sl.ivir   de   ses   rêve»,   lui    pi  • 

satt  une  confédération  balcanique  capable  de  résister 
à  tous  ceux  qui  convoitaient  la  possession  de  ('       *   - 
tinople,  en  même  temps  que  le  prince  du  Mo:. 
courtisait  le  chef  des  Principautés  et  que  le  roi  d<- 

Grèce  cherchait  à  s'appuyer  sur  lui.  il  n'o^ 

dre  une  résolution.  Cependant  jamais  la  )> 
que,  séduite  par  l'idéal  impossible  d'un  vrai  Kmpirr 
unitaire,  pareil  à  celui  de  Napoléon,  n'avait  été  si  invi- 
lente:  on  avait  imposé  au  fier  Hohen/ollern,  non  seu- 
lement le  voyage  à  Constantinople.  où  l'on  aurait  voulu 
le  traiter  en  haut  fonctionnaire  du  Sultan,  comme  les 
Hospodars   antérieurs  à   la  guerre   de   Crimée,   mais 
encore  une  convention  formelle  nui  serrait  plus  rt 
tement  les  liens  de  la  Principauté  avec  la  Porte;  cl. 
reconnaissait  en  efTet  que  la  Roumanie  était  une  «  par- 
tie intégrante  •    de  l'Empire,  ce  qu'elle  n'avait  jai 
été:  elle  lui  interdisait  le  droit,  réclamé  hautement  pa 
Cuza.  de  créer  un  Ordre  et  de  battre  monnaie,  de  re- 
cevoir des  ministres  étrangers  et  de  conc'  "    "itres 
actes  internationaux  que  de  simples  con  )s   de 
voisinage:  les  ministres  du  Sultan,  dont  les  remon- 
trances avaient  élé  déjà  rejetées  avec  in'i 
1865  par  le  prince  indigène,  malgré  sa  sr  ;. 
caire,  ne  craignirent   pas,  à   l'occasion  de  nouveaux 
troubles,   de   lui   signifier   qu'il   devait    prendre   garde 
ft  à  ce  que  pareille  scène  ne  se  renouvelât  plus  ". 

En  outre,  le  nouveau  prince  était  à  la  merci  des 
partis  auxquels  il  devait  le  pouvoir,  partis  qui.  après 
s'être  coalisés  pour  mettre  fin  au  règne  de  Cu/^.  st- 
divisèrent  de  nouveau:  des  discordes  acharnées  écla- 
tèrent en  effet:  entre  les  conservateurs  de  Dém  •- 
Ghica  et  de  Lascar  Catargi.  les  conservateurs  pro, 
sistes  de  Nfanolachi  Costachi  et  les  libéraux,  les  «  Hou- 
ges   »   révolutionnaires  et  républicains  de  Jean  Bra- 


fl£NAISSA.\CC  ROl'MAINE  AV  XIX*  SIÈCLE  269 

tianu.  personnalité  partlcalièrement  active  et  très  sym- 
pathique,  et  ceux  du  sévère,  du  «  pur  •>  tnazinien  Ro- 

"•es  de  <  politi- 

.    ogramm*  Lai  avec 

les  besoins  actuels,  si  nombreux  et  si  profonds,  du 
'  '^  «  Rouges  D  étaient  les  plus  puis- 
nt  de  fait  —  par  leur  propagande 
ncessante,  par  leur  organisation  solide  et  par  la  popu> 
•  •  du  journal  de  Ro     "  ''  •     Rou- 

1  ").  (Iharles  1"  aurai  ,•  leurs 

is  son  sort  et  celui  de  la  dynastie.  Or  les  radicaux 
•    -'ries,  non   seulement   à    Pétersbourg.   mais 
.  où  tel  d'entre  eux  avait  été  dénoncé  jadis 
lie  ayant  trempé  dans  des  complots  contre  l'Em- 
I    ..ur.  Il  fallut  sacrifier  Bratianu,  qui  ne  pardonna 
l>as  cette  abandon  au  prince  qu'il  avait  lui-même  in- 
troduit  (lins  If  pays,  et  donner  le  pouvoir  à  Ghica, 
fil:,  lie  Huspodar,  homme  très  riche  et  très  influent. 
Quand  les  conservateurs  furent  les  maîtres,  Napo- 
'  111  leur  I  Vienne  comme  appui.  Ils  n'hési- 

nt  pas  a  a icr  la  protection  autrichienne  con- 
tre des  adversaires  intérieurs  si  forts  et  si  remuants. 
D.'s  1869,  cette  protection  fut  formellement  le, 

tt   le  voyage  de  Charles   I"  à  Pestb  et  à   \-  lut 

présenté  comme  un  acte  glorieux  pour  ces  deux  pays 

spéciales  le  cop  nt.  La 

imposée  au  prin  ».»n  en- 

II.  de  <•   s'abstenir  de  toute  immixtion  dans  les 

de  la  Transylvanie   »,  de  «    '  '    nie 

>  que  Saguna  eut  rempli  sa  i.  )U. 

s  n'avaient  plus  de  chef  respecté,  ni  d'orientation 

•  litanente. 

On  alhi  si  loin  dans  cette  sujétion,  déterminée  par 
t'   vie   politique   que   dominaient    les 

|..i.,  .......,.,  personnels,  qu'on  accepta,  en   1870, 


270  HifiToins  on  roumaims 

une  collaboration,  admise  volontiers   par  l'Autriche, 
avec  les  T  \é  un  I*arhu 

pour  coni:  ..s,   t'ne   autre 

fois  surgit  un  projet,  de  source  germanique,  qui  vou- 
lail    '  <lans  u  '  "  , 

à  I  i"  de  Gui  ,    .  ,     ;  I 

une  Prusse  et  une  simple  Havière  de  la  Roumanie. 

Les    ag''  des    libéraux    pendant    !:< 

franco-ail*  .la  proclamation  ridicule  <i 

publique  à  Ploicsti,  avec  un  ancien  offlcier  démission- 
naire à  sa  tèle,  les  insultes  f  '  rince  «  ]>■  : 
sien  >>,  surtout  lorsque  ses  >  >  furent 
péchés  par  une  émeute  de  célébrer  avec  exultation 
leur  victoire  sur  la  France  généralement  aimée,  m- 
firent  que  rendre  plus  étroite  celle  dépendance  lU- 
l'Autriche.  Charles  I"  aurait  préféré  une  alliam-r 
avec  l'Allemagne  même;  mais  Bismarck,  qui,  dans  i<- 
conflit  avec  l'entrepreneur  de  chemins  de  fer  Strous- 
sberg.  n'hésita  pas  à  imposer  brutalement  le  resi>ect 
des  inlérèts  des  actionnaires  allemands,  ne  cessa  ja- 
mais, tout  en  prodiguant  au  prince  personnel kment 
ses  civilités  insolemment  obséquieuses,  de 
cette  Roumanie  qui  représentait  pour  lui  s<...v...v  ..i 
l'aventure  orientale  d'un  parent  du  roi  de  Prusse.  En 
1874,  malgré  les  protestations  violentes  <i  - 

tion  qui  comptait  parmi  ses  membres  K^  ;^ ...u, 

constamment  disgracié,  les  lignes  de  chemins  de  fer 
furent  raccordées  avec  celles  de  !  ••  'en  M 

vie,  la  compagnie  Lembcrg-Czerno    .ssy  dut  ai..  . 

dre  longtemps  encore  son  privilège),  et  en  1875.  une 

COI'  lie  que  1 

COI  ,  ,       les  dre 

connus  en  ce  qui  concernait  la  conclusion  des  traités, 

mit  en  fait  le  - 

de  vassalité  ei 

question   d'entreprendre  des   travaux   aux   Portes-de- 


RCNAISSANCS  nOLltATXK  AU  XIX*  SlAcLE  271 

1  ,  r,    iM       -Tii«»Son  de  la  Turquie  et  sans  avoir 

nit-me  fie:  avis  de  cette  Principauté  riveraine, 

•  parti  •  iiili^ranle  di  m  ». 

IK»,  1«7;J.  des  agilalv-. s  venus  de  Dal- 

matii-,  travaillaient  la  Bosnie  et   rHerrégovine.  qu'il 
sai:;issait  d'anncxor.  un  projet  présct'  "« 

en  liiô3;  le  voya?îe  de  -  .        jis-Joseph  à  Catt  - 

monstration   ronlrc  la  Serbie  irrédentiste  du  prince 
y  ■  Mfi  voyaj(e  solennel  <    '     i    :*♦ 

uj..   , ^  ;.'  d'Orient  pour  se  1  r 

à  ses  futurs  sujets.  Bientôt  la  révolution  éclata  dans 
les  deux  }  s  slaves,  et  on  se  garda  bien  de  la 

laisser   s't  .  Quant  à   la   responsabilité,  on   la 

rejetait,  bien  entendu,  sur  le  «  pansla\israe  ",  donc 
^„:         ■  En  1876.  î     "   -'"     -iten,inl.  o. ;...»/.- 

\,  n\  la  Roum.  lit  natu; 

«ettc  guerre  comme  totalement  •  '     '^   i"^- 

r,-;      ■        '   -Trs  du  parti  (....... r,.  <t  J"  iiciicral 

]  Ncur,  et  même  le  nouveau  gou- 

vernement libéral  de  Jean  Bratianu.  formé  en  1876, 
restaient  fermement  attachés  à  la  politique  du  Traité 
de  Paris  et  de  la  i^arantie  des  Puissances.  Charles  I" 
était  d'avis  que  li  >n  de  Bosnie  et   I  ne 

ne  pouvait  être  r^ -juc  par  leur  ann  n- 

Irirlt.-llonuMie.  En  même  temps  qu'on  affirmait  offl- 
ri  de  persévér        "  ^î- 

»  ,. „ 1  de  respect  c  ^ 

ait   des  émissaires  à    Londres   pour   < 

»•    ,  ■  '  f  '  '     fie     1;|     IM|>>|C, 

^^  iimunie  latine 

,^à  ces  populations  slaves  d'au-delà  du  Danube  dont  on 
„.  ]  .rer  les  malheurs.  I^rsqti    '•   r-^-i- 

^^.  à  ses  plus  grandes  di. 

lervention  de  la  Russie  devenant  de  plus  en  plus  pro- 
bable, Kogalniceanu,  qui  eut  le  courage  de  protester 
contre  les  horreurs  turques  en  Bulgarie,  se  borna  à 


272  HISTOIRE    DES    ROUMAINS 

demander  aux  suzerains  la  reconnaissance  du  nom 
de  «  Roti'  et  du  droit  de  conclure  des  conven- 

tions, le  11  ^  du  Danube  pour  frontière  et  la  pos- 

session des  ties  du  fleuve,  donc  du  Delta  aussi,  qui 
avait  lis  incorporé  par  les  diplomates  de  Paris 

à  la  Ni 

Un  revirement  se  produisit  cependant  dans  l'esprit 
du  prince.  Abreuvé  d'humiliations,  il  venait  d'ôtre 
traité  dans  la  Constitution  ottomane  du  mois  de  dé- 
cembre, de  simple  «  chef  de  province  privilégiée  », 
ayant  à  recevoir  des  instructions  pour  sa  participa- 
tion h  la  guerre.  Déjà  un  émissaire  d'Ignatiev.  le  tout- 
puissant  ministre  de  Russie  à  Constantinople.  était 
venu  à  Bucarest  pour  négocier  une  convention  secrète 
au  cas  où  les  troupes  russes  voudraient  passer  à  tra- 
vers la  Principauté;  mais,  comme  il  ne  présentait  pas 
de  pouvoirs  au  nom  du  gouvernement  lui-même  et 
comme  il  donnait  une  forme  louche  à  la  garantie, 
réclamée  par  Bratianu,  qu'on  ne  toucherait  pas,  en 
détruisant  les  clauses  de  1856,  aux  districts  bessara- 
biens  réincorporés  à  la  Moldavie,  on  n'avait  rien  con- 
clu avec  M.  de  Nélidov.  Cette  fois-ci,  grftce  à  l'inter- 
vention personnelle  du  grand-duc  Nicolas,  ami  de  la 
Roumanie,  l'afTaire  prit  un  cours  plus  rapide.  Au  mo- 
ment où  l'opiniâtreté  du  Mi  "  '  lurc  rendait  iné- 
vitable un  conflit  armé,  la  ce  n\  était  signée  par 
Kogalniceanu,  revenu  aux  Affaires  Etrangères  (avril 
1877).  Peu  de  jours  plus  tard,  et  sans  avoir  attendu 
que  la  convention  fût  ratifiée  par  le  Parlement  rou- 
main, les  troupes  du  Tzar  entraient  dans  le  pays;  une 
proclamation,  de  tous  points  pareille  à  celle  de  1853. 
s'adressait,  oubliant  la  présence  d'un  gouvernement, 
à  la  population  des  Principautés. 

Il  n'y  avait  pas  cependant  une  entente  nette  et  fran- 
che entre  la  puissante  Russie,  dont  l'intention  était  de 
regagner  son  influence  sur  les  bouches  du  Danube  et 


nEVMSS\Nf;E   nOlMAINE  AU   XIX*   SILCI.K  273 

qui  n'était  guère  disposée  à  s'arrêter  devant  les  droits 
d  un  plus  fri*  '  t  la  Roumanie;  celle-ci  n'avait  ob- 
tenu qu'uni  tite  garantie,  car  on  lui  promettait 
seulement  de  défendre  son  intégrité  territoriale,  si 
elle  venait  à  être  mise  en  danger  —  évidemment,  il 
<>st  question  d'un  tiers  —  par  le  fait  du  passage  des 
iirmtM's  riis^.  s.  Le  10/22  mai  déjà,  les  Chambres 
roumaines  s'empressèrent  de  proclamer  l'Indépendance 
du  pays  atin  qu'il  put  participer,  en  tant  qu'Etat  de 
plein  droit  aux  utions  qui  devaient  amener  la 
guerre.  La  dip:^i.— ...  russe  vit  cependant  de  très 
mauvais  œil  cette  décision,  dont  elle  avait  aussitôt 
saisi  la  sif^"  n.  Lorsque  la  Roumanie  indépen- 
dante, mais  l'indépendance  n'avait  pas  encore 
été  reconnue  par  l'Europe,  offrit  le  concours  de  ses 

■  '«•  à  son 
iilre.  la 
réponse  de  (iortschacov  fut  particulièrement  dure:  on 
n'a  pas  besoin  d'un  pareil  concours;  mais,  si  l'on  tient 
;i  rofTrir,  il  ne  peut  pas  être  question  d'une  action 
militaire  séparée  que  le  gouvernement  roumain,  ou- 
bliant la  Dobrogea.  bientôt  occupée  par  les  Russes, 
aurait  voulu  entreprendre  du  côté  de  Vidin.  Les  entr^ 
vues,  si  amicales,  du  prince  avec  le  Grand-Duc,  avec 
le  Tzar  Alexandre  II.  venu  lui-même  sur  le  Danube. 
ne  changèrent  rien  à  cette  situation  de  plus  en  plus 

t«MUlUi'. 

L'Autriche  était  la  première  à  s'en  réjouir.  En  dé- 
cembre 1876.  Andrassy  s'était  fait  fort  de  conserver  à 
la  Roumanie  son  intégrité  ten  «ie  bor- 

nait à  retirer  ses  troupes  en  *  nant  le 

contact  avec  les  forces  de  la  Monarchie.  Il  recoroman- 
■  '      <lans  une  av.  ralt 

_ai«nces.  Dém-  ,  <»«a, 

[en   avril   suivant,  dans   le  Conseil   de   la   Couronne, 
d'exiger  que  l'Autriche  occupât,  avec  la  permission 


274  itisToinr:  ni»  iioumaiss 

di-  IKiur  en  :«gc 

de  !  :)   ».,  el.         ^  .;al- 

nieennu  allait  il  Vienne  remplir  une  mission  secrète. 
Andra.ss  à  ofTrir  aux  Roumains 

«  une  I'  .»  ' . 

Mais  les  Kusses  furent  battus  à  Ple>'na,  qu'Osman 
Pacha  avait  transformée  en  une  citadelle  f  '  hle: 
ils  étaient  en  dan^^er  d'être  rejetés  au-delà  c.  .ht-, 
où  avaient  paru  déjà,  répandant  la  panique  au  milieu 
de  la  population,  les  premiers  fi:-  -  '•  '  -<  Roumains 
avaient  dû  répondre,  dis  le  c«>:  1.  au  b«ini- 
bardcment  turc  de  la  rive  gauche;  ils  avaient  colla- 
boré ensuite  à  la  destruction  des  monitors  turcs  sur 
le  Danube:  après  le  passii^^e  des  Russes  à  Zimnicea. 
ils  avaient  pris  la  garde  du  Danube  et  avaient  même 
envoyé  une  garnison  à  Nicopolis.  Maintenant,  lors- 
que le  Grand-Duc,  désespéré,  demandait  au  prince 
Charles  -  fusion,  d  ation  et,  si  possible,  pas- 
sage du  Danube  s  a.. is  comme  une  «  démonstra- 
tion »,  on  ne  pouvait  plus  tarder,  car  une  victoire  des 
Turcs  aurait  signifié  renv:i!  nt  de  la  Roumanie 
rebelle,  avec  toutes  ses  consLiiu. ..,  es. 

Du  reste,  les  Russes  venaient  d'admettre  «'  l'indivi- 
dualité -  de  l'armée  r  U*e  par  sun 
prince  lui-même.  Pour  i.  _  .  .ion,  le  Tzar 
oflTrit  le  commandement  général  des  forces  opérant 
r  T  ■  s  I",  dont  l'orgueil  en  fut  natu- 
I  ..liant  à  des  garanties  nouvelles. 
Bratianu  s'était  rendu  au  quartier-général  russe,  mais 
sans  en  rapporter  autre  <"  "  ' 
melle  d'Alexandre  II  que 
lieu  de  regretter  ce  qu'elle  faisait. 

Les  R  irticipèrt  î  '     '  '       risf 

de  la  pi  lUte  de  (  >  li  a 

concourir  à  l'investissement  de  Plona;  Osman,  con- 
traint à  capituler  en  octobre,  s'adressa  d'abord  k  un 


lil.N  M  N>  \  >i.r.    l\i*uMAl.>t.    \\.     Xi.v      -ïir-f.i-i 


275 


colonel  routnu*n.  Mais,  aussitôt  que  ce  chapitre  de  la 
puerre  fut  f  ••••  ■  '  •••-  situation  militaire  était  en  l'air; 
ils  ne  conlii  leur  concours  à  l'action  prin- 

<ij>ale,  se  b(*i  i'  irsuivre  l'attaque  contre  Vidin. 

dont  la  poss.  >s...,,  ,^...  était  absolument  refusée  par 
l'Autriclio.  Lis  troupes  roumaines  s'y  étaient  immobi* 
Usées.  I  "usse  se  dirigeait  sur  Andrino- 

ple    cl    ï:.., '"     ''f'    fn;irs    1 S7S.    I;i    i>:ii\    do 

San-Slefaui). 

C.  ni 

clToi--    _-     -.    li       a  ,   .    '  ■    '* 

guerre  et  de  la  victoire,  créait  la  Grande  Bulgarie, 

■     ■■ un 

..'  «n- 
dissements  à  cette  Serbie  même,  et  surtout  au  Monté- 

"  "  ■  .  on  se 

iin  ter- 
ritoire ne  lui  était  cédé:  seulement,  suivant  l'exemple 
'.1   France  à   l'égard   de   l'Italie,   la 
i>  tonner  par  les  Turcs  la  Dobrogea 
pour  qu'elle  put  être  échangée  contre  les  trois  dis- 
•      '     ',     '     "  '        —  '     »'•■:-  voulait  avoir  à 

.ige  des  troupes 
russes  par  la  Houmanic  pendant  des  années.         / 

Les  protestations  les  plus  indignées  ne  servirent  à 
rien.  La  résolution  de  rKmpcreur.  que  la  diplomatie 
l>(»iiN>;iit  en  avant,  était  inébranlable.  On  offrait  à  Pé- 
terst>ourg.  tout  au  plus,  des  avantages  plus  grands 
sur  la  rive  droite,  même  l'élection  de  Charles  I" 
comme  prince  de  la  Bulgarie  nou-  ^t  créée;   il 

fut  question,  à  un  moment  donné,  :. -jncer  à  une 

partie    du    territoire    bessarabicn.    Mais    l'opposition 
emparée  de  cette  question,  et,  malgré  l'in- 

lu  prince  et  de  Kogalniceanu  à  s'entendre. 

on  ne  put  guère  abandonner  le  point  de  vue  de  la  pins 
stricte  intransigeance.  La    brutalité    de  Gortschacov 


276  HISTOIRE    DRS    ROUMAINS 

menaça  inôint*  de  dém  s  troupes  i<  > 

s'attira  cette  réponse  «I  ^-s  1"  que  • 

se  feraient  écraser,  mais  désarmer,  non  •>. 

Invoquant  la  protection  des  Pi: 
et  Kogalniceanu  s'adressèrent  aux 
en  juillet  1878  à  Berlin  pour  procéder  à  la  revision  du 
traité.  11  n'y  trouvèrent  aucun  appui  réel.  ••  Nous 
croyions  que  vous  vous  étiez  entendus  avec  vos 
alliés  w,  fut  la  réponse  de  l'Autriche,  qui  attisait  ce- 
pendant le  mérontentenicnt  des  Roumains  pour  s'as- 
surer une  situation  plus  solide  dans  la  Bosnie  et  l'Her- 
zégovine, qu'elle  «  occupa  «  ;  dès  la  convention  de 
Reichstadt  en  1876,  François-Joseph  avait  consenti, 
du  reste,  pour  avoir  ces  provinces  serbes,  au  retour 
des  Russes  sur  le  Danube  inférieur.  La  Roumanie 
n'eut  pas  même  une  bonne  frontière  dans  cette  Do- 
brogea  qui  était  alors  un  vrai  désert,  habité  surtout 
par  les  restes  misérables  d'une  population  turco-tatare 
réfraclaire  à  tout  progrès:  elle  la  fit  occuper  par  ses 
soldats,  au  moment  où,  sans  avoir  rien  signé,  les  orga- 
nes administratifs  roumains  évacuaient  la  Bessarabie. 
On  eut  un  conflit  avec  les  Russes  lorsqu'il  s'agit  de 
fixer  la  démarcation  à  l'Ouest  de  Silistrie,  et  la  ques- 
tion d'Arab-Tabia,  une  des  anciennes  redoutes  qui 
entouraient  la  \illc.  fut  sur  le  point  d'amener  une 
échaufTourée. 

Le  résultat  de  ces  froissements  fut  brillant  pour  la 
politique  autrichienne.  Pendant  des  années,  tout  rap- 
pr«'  ■  !il  avec  la  Russie  devint  impossible.  Le  gou- 

vei  I  il    libérai    de    Jean    Bratianu.    qui    garda    le 

pouvoir  pendant  dix  ans,  n'était  guère  disposé  à  ou- 
blier l'hun  '  *  D  infligée  personnellement  à  son 
chef.    En    i  ;,    en    allemand,    ses    Mémoires,   <(iii 

forment  un  vrai  ré(|uisitoire  contre  la  politique  russe 
en    Orient,    Charles  V    avait    rompu    définitivement 


RK.S  M-»-»  > 


277 


avec  le  Tzar.  On  murmura  à  Pélersbourg  lorsque  les 
Chambres  ofTrirent  an  prince  souverain  la  couronne 
royale  en  mars  1881,  quand  Alexandre  II  succomba  à 
un  attentat  <les  ■  d'une  union  person- 
nelle   avec    la    ii^..^ jue    le    premier   prince, 

Alexandre  de  Battenberg.  détr<\né  par  les  agents  rus- 

'la    Principauté,    fut 
•/;.,  , -:-     -     -.„ ...is;  ils  avaient  travaillé 

patiemment  à  nourrir  la  jalousie  et  la  haine  des  Bul- 

■■'■■■       .   ■  .       ,•       .j^. 

(•  ,  u'U 

I^Mvarab.  protecteur  des  insurgés  de  1640.  à  Bratianu, 
M        •  '     '  •••-      ,j,p  PU  fermant  les 

^  de  la  liberté.  On 

ivait  espéré  même,  en  IHHH,  provoquer,  sur  la  question 
ie  la  Dobrogca  un  conflit  entre  les  deux  pays. 

Chacun    travaillait   ainsi,    selon    ses   moyens,    pour 

l'Empereur  de  Vienne,  étant  donnée  l'étroite  alliance 

'*nlre  les  Hah'  ••'-%•  et  les  Hohenzollern  que  venaient 

ie  conclure  i  k  et  Andrassy.  C'était  simplement 

travailler  pour  le  roi  de  Prusse  >».  La  question  du 
Danube,  que  le  traité  de  Paris  avait  soumise  à  une 
Commission    riveraine    et    à    une    Commission    euro- 
I       Hie,  fut  rouverte  par  la  diplomatie  au?  le. 

I.L   traité  de  Berlin  avait  attribué  à  cette  de. .......   la 

nission  de  faciliter  la  navigation  de  Galatz  aux  em- 

hures.  D^s   '  [>endant,  l'A'  se  fil  ad- 

re.  sur  la  p.   ,  .    iian  du  délé^^i.-    :  .iiiçais  B«r- 

rôre,  dans  la  Commission  riveraine,  dont  les  droits 

'  sova.  bien  que  sur  toute 
n'eût  pas  un  seul  pouce 
ie  terrain.  Une  conférence  des  Grandes  Puissances, 
n'unie  h  Londres,  accepta  cette  nouvelle  situation, 
tout  en  exemptant  du  contrôle  européen  le  bras  russe 
le  Kilia  et  en  étendant,  d'autre  côté,  ce  contrôle  jus- 
|u'à  Braila.  La  Roumanie  déclara  ne  pas  pouvoir  se 

1» 


IIISTOIRR     l>F<«     MOI    MAIN« 

Se  'à     CCH     VX\  ;  ll.it-.  "^ 

plu.    :...;.  le  roi  Chu:.       a   ^i^taii.   a.    , ..       ->i\ 

voisin  sert>e.  à  l'inaugaration  de»  traviiux  aux  Porte?»- 
de-Fer  qn     "     '"  iile  arait  en*  se  réser- 

vanl  abu^  it  de  pi!ot8.  les  canx 

roumaines. 

Des   18S  .   l()rs<iue  l'Italie   se   lu: 

ligue  de  ]'  ,M    devait  être  la  Triple  A  .     i 

tianu  apporta,  au  nom  du  roi  Ctiarles,  qui  avait  déjà 
fait  parler  dans  r  un  des  r'    '     's  jeunes 

servateurs,  des  «•   ,  tes  >>  (m  de  la  s( 

«I  Juniniea  »),  Titus  Maiorescu,  pour  préparer  le  ter- 
rain, l'adhésion  secrète  de  la  Roumanie.  C'était  plutôt 
un  moyen  de  se  défendre  contre  la  Russie  et,  d'après 
une  expérience  récente,  contre  rAntriche-Hongrie  cll< - 
même. 

La  question  de  la  Transylvanie  n'exista  done  plus 
pendant     trente    ans    pour    le    gouvernement     rou- 
main; elle  servait  tout  au  plus  à  agiter  l'opinion  pu- 
blique au  profit  des  partis  d'opposition  lorsqu'ils  c: 
étaient  arrivés  à  leurs  dernières  ressources.  I^ 
tion  d'un  parti  national  roumain  dans  cette  pro^ 
et  son  action  énergique  n'eurent  aucune  influence  sur 
l'attitude  du  T:  m,>,  et  il  regarda  ave< 

toute  une  séii<  sures  destinées  ù  d< 

confessionnelle  des  Roumains  et  même  l'autonomie  d^- 
l'F  "  ■■     '  M'    qui  '■        '     "    ! 

du  l'un  Apj» 

en  1891,  aux  diefs  roumains,  dont  le  grand  crime 
été  seulement  d'avoir  voulu  présenter  à   l'Kr 
djuis  sa  Capitale  «le  Vienne,  sous  la  forme  d'u 
randam,  les  doléances  de  quatre  millions  de   ^ 
fldèlea,  acte  qui  fut  retourné,  du  reste,  par  la  (^ii.in- 
cellerie  hongroise,  sans  (|ue  le  pli  eût  été  même  ou- 
vert;  ce  procès  monstrueux   entrepris   pour  jeter  en 
prison  des  personnes  tont-à-fait  innocentes,  n'amena 


I 


RENAISSAMCK  ROUMAINS  AC  SIX*  SiftCLB  279 

aucune  représeatation  de  )a  part  de  la  Roamanie  al- 
liée; elle  M  soamit  nu^me  plus  tard  à  l'humiliation  de 
rlécorer  le  procureur  qui  avait   «contenu  l'ai-'-  ••^on. 
Le»   Maj?\arH   en   profitèrent   pour   mener   t  le- 

n  1   dénationatitatrice:   bientôt   le  |»arti 

....  .4..  ....>ous,  et  un  régime  de  terreur  rendit 

lue  impossible  toute  manifestation  sincère  de  la 
i  :  même  lonqa*IN  eurent  abandoané 

Il  .    pmamMU  âcdorale.  qui  avait  été  an 

moyen  de  protester  contre  le  nouveau  régime  du  dua- 
î'  *  -T  -  .entés 

;m  ;.»  par 

des  organes  de  leurs  oppresseur-- 

R;is^uréH  par  cett*-      "       on  à  la  .  1  Ku- 

i.  p»    .-.1  traie,  les  p;i  .rent  cou  ->   lut- 

tes stériles;  après  la  chute  de  Bratianu,  le  vtbî  orga- 
nisateur du  Hoyaume,  le  gouvernement  tomba  aux 
Ml  'i lis  des  «  junimi^^s  »,  élevés  en  Allemagne  et 
j  n  à  la  Triplicc,  puis  des  an- 

>*-^rgi  et  d'Alexandre  Laho- 

f  des  libéraux.   Démètre 

A.  Slurd^a,   un  de   la   génération   de 

ri'nion   et   le   crc. — :-f,.isc   roumaine   autocé- 

pliale.  mats  le  pins  chaleureux  défenseur,  par  crainte 
<!  *ri  politique  allemand*  en  Roumanie. 

p  ,  ;.>oar  quelques  années.  Entre  sa  poli- 

tique et  celle  de  son  soceesseor,  M.  J.-J.  Bratianu.  d'un 
côté.  et.  de  r.iutre.  <•■•""      ^      vieux  conso;  i  «».  des 

ianimintes  ay;int  p<>  i  ^  l'intranHigt  *•  des 

.\llemands,  P.-P.  Carp,  junker  transporté  par  le  hasard 
su  ■  1   Danube,  et  enfin  celle  de  M.  Tafce 

I  I  eur  d'une  brochure  célèbre,  deivtinée 

I  défendre  ta  Triple  Alliance,  devait  former  plus  tard 
tn  I  :?rtT  nservnteur-démocralr.  destiné  à  se  con- 
!   1!  ,     .  (iernièrement,  sont  sa  cUrection.  avec  le 

parti  conservateur  des  Cantacnaène  et  de  Nicolas  Fili- 


28U  IIISTOIRB    DBS    nOUMAIMI 

pesi'U.  U  n'y  eut  jusqu'aux  fjuerres  balcaniques  de 
1912,  an.  "  fTi^rence.  Fl«l.  î'  u- 

trales    à  '  ur,  et  ù   Pin  ^  ^  lU 

profit  de  la  classe  dominante,  tel  fut  le  programme 
commun.  Quant  aux  paysans,  des  Ir  '  '  ''<ns  draco- 
niennes, assuraient  le  fruit  de  leur  aux  pro- 
priétaires, et.  de  temps  en  temps,  sous  la  pression  de 
leur  mécontentement  (révoltes  en  1907,  suivies  d'une 
a  réforme  »  des  contrats  agricoles)  ils  obtenaient 
des  distributions  de  terres. 

Renouveau  national  du  peuple  roumain.  —  Peu 
à  peu  cependant  se  produisit  un  changement  profond, 
dont  les  dernières  années  virent  les  manifestations 
publiques  et  officielles,  en  même  temps  que  s'alTaiblis- 
saient  la  classe  dominante  et  que  l'esprit  d'initiative 
abandonnait  le  pouvoir  suprême;  de  même  qu'au 
xvm*  siècle,  où  contre  la  Roumanie  phanariote  se 
dressa  le  drapeau  national  des  moines  de  Transyl- 
vanie, fils  de  paysans,  et  de  Tudor  Vladlmirescu,  le 
paysan  d'Olténie,  on  put  assister  au  développement 
en  Roumanie  d'une  civi^'  'finale  et  aux  pro- 

Srt-s  naturels  de  la  clasM  e. 

^  l'époque  de  Cuza,  le  mouvement  littéraire  était 
en  pleine  décadence:  les  journaux  commenr  *  '  ur 
activité  bruyante  sur  les  ruines  de  la  pros<  ;  o, 

sans  qu'un  seul  de  ces  périodiques  eût  un  caractère 
vraiment  éducateur.  Bien  qu'il  eût  donné  à  la  grande 
année  de  l'Union  quelques-unes  de  ses  poésies  patrio- 
tiques, bien  inférieures  cependant  à  l'hymne  fervent 
par  lequel  le  Transylvain  André  Muraseanu  salua  l'an- 
née libératrice  de  1848,  hymne  qui  est  resté  comme  la 
"  Marseillaise  roumaine  »,  Basile  Alecsandri  n'était 
plus  le  représentant  d'une  jeunesse  poussée  au  combat 
par  la  foi  et  l'enthousiasme;  il  dépensait  son  talent 
dans  des  pièces  de   théâtre,  &   l'intrigue   d'emprunt. 


1 


• 


RENAISSANCB  ROUMAINE  AU  XIX*  SlàCLB  281 

par  lesquelles  il  servait  souvent  ses  propres  passions 
et  celles  de  son  groupe  politique.  Grégoire  Alexan- 
drescu  s'était  tu,  terrassé  par  la  paralysie,  cl  Bolin- 
tineatui.  ministre  de  Cuza,  répandait,  à  la  veille  de  la 
maladie  de  nerfs  à  laquelle  il  devait  succomber,  les 
derniers  restes  d'un  talent  qu'il  n'avait  su  ni  dévelop- 
per, ni  conduire. 

La  littérature  historique  florissait,  mais  surtout  en 
ce  qui  concerne  la  publication  des  sources,  chroni""-'^ 
et  documents.  L'exemple  de  Kogalniceanu  lui-ru 
<!'  >  perdu  pour  les  lettres,  de  Lauraian  cl  tW 

lu...  .  „.  éditeurs,  avant  1848,  du  "  Magazin  histori- 
que pour  la  Dacie  ".  fut  suivi  par  un  émigré  de  Tran- 
•»v!\:uùf,    ■  in  oculaire,  l'histoire  dos 

journées    i. :c    Plaj,    .\lexandre   Papiu 

Ilarian.  et  surtout  par  cet  infatigable  travailleur,  qui 
fn'  '    un   pcP'^  '  nd   et   original,   bien   que 

]>;i  =  une  insj  !  .    /;irrc.  B.  P.  Hasdeu,  ori- 

ginaire de  Bessarabie  et  même  ancien  offlcier  russe. 
Mais  '  mirent  à  la  dis;  '  ' 

très  (J  le  ne  fut  que  ti       . 

Alors   que  les  chroniques  éditées   par   Kogalniceanu 
av;nent  créé  le  genre  même  de  la  nouvelle  hi  '     '    ^ 
il  fallut  que  Hasdeu  lui-même,  doué  d'un  r> 
ble  talent  littéraire,  employât  pour  des  récits  et  des 
drames    les    r.'-    '  '■   ns   d'un    monde    archaïque.    En 
fait  (le  nouvel:  romans,  on  n'aura  que  des  scè- 

nes, d'un  délicat  travail  littéraire  dessinées  par  l'ar- 

ch  -  '  Alexandre  Odobescu  et    les    tableaux    de 

ri)  (ïvcment  présentés  par  un  humble  chantre 

•  l'ei^lise,   Niidl.is    l'i'iinon. 

La  nouvelle  liltéi.tlure  s'annonçait  sous  des  auspi- 
ces enrorc  plus  mauvais:  elle  consistait  dans  un  sim- 
I>It'  jtu  «le  mots,  <  rirt  aux 

l<>M|smes  français,  , : Une  réaci.... 

•  I.  stit  se  produire:  les  Junimistes  commencèrent  leur 


283  H19TOIBB    DM    HOVMAIKt 

eârrièf«  par  la  publication  d'une  revue,  les  •  Entr<v 

liens  Liltérmlrea  •»  (<'■' 

exposant  au  ridicule  < 

et  on  redressant  les  exagérations  de  I 

poraine,  n'    i  '  re  donné  en  écl 

tique  imi>  sans   horizons 

rescu.  ou  des  imitations  du  romantisme  allemand.  51, 

»•  une  fois,  le    fonds    national,  plein    d'en —^ 

.  ne  se  fût  imposé  aux  compilateurs  et  aux   , 
ticheurs. 

Alecsandri  cl  son  contemporain  Alexandre  Russo. 
élève  des  écoles  de  Genève,  avaient  recueilli  déjà  ces 
poésies  populaires  que  le  premier  remania  artiste- 
ment  avant  de  les  livrer  au  public;  le  succès  de  sa 
collaboration  l'encouragea  à  composer  de  toutes  pic- 
ces  des  ballades  dont  la  succession  devait  donner  une 
vraie  histoire  épique  des  Roumains.  Si  la  Transiloa- 
nîa,  revue  de  «<  l'Association  pour  la  culture  de  la 
langue  et  de  la  littérature  roumaines  »  au-delà  des 
Carpathes,  fondée  en  1861  par  Saguna  lui-même,  par 
son  collègue  de  Blaj  et  par  les  chefs  intellectuels  de 
la  nation,  ne  remplit  pas  sa  promesse  de  répandre  le 
trésor  de  ces  chants  transylvains,  dont  la  partie  lyri- 
que est  absolument  supérieure.  Hasdeu,  qui  avait  fait 
de  son  journal  Traian,  de  sa  r  -      -        ,^ 

(Colonne  de  Trajan)   un  riri  '^ 

historiques  et  en  même  temps  de  folklore,  attira  con 
1i'  'unl    l'ai'  sur   cette    i  '  •      '      î 

iii.  des    coi  leurs   de   ton  ,  > 

mains  s'empressèrent  d'envoyer  leur  récolte.  Les  ri 
vu  ir  les  élèves  de   Hasdeu.  aoqnel  on 

a\  chaire  à  la  nouvdle  Université  de 

Bucarest  (celle  de  Jassy.  fondée  aussi  par  Cuza.  est  ui 
peu  plus  ancienne),  comme  Grégoire  G.  Tocilesco.  sui- 
virent la  direction  imposée  par  le  maître.  Une  grande* 
collection  de  chants  populaires  fut  donné  par  G.  Dein 


IIENAIMANCE  ROCMAIKB  AU  XIX*  81ÈCLF.  2S3 

Teodorescti,  à  Bucarest  m^me,  et  bientôt  un  professeur 
roumain  de  Rrasov.  André  B4rseanu.  associe  au  phi> 
lolo^ue  tchèque  Jarnk.  pi'*'' ••♦  le  premier  ^  •■•n..?? 
transylvain  de  morceaux  i  «  choisis. 

Les  '  (>i    des    ju  [     engugée* 

aussi  da..    c  voie,  et  bit:.. ^s  résultats. 

Les  paie  s  imitations  germaniques  disparurent,  de 
même  uru   les  fades  pasticbes  de   la 

poésie   -.    ancien   diacre  de  iassy,   mde 

esprit    jovial,    fils   du    payaan   Jean    Crcanga,    com- 

vanta  •  aux 
é  populaire 
si  frappante:   un    ouvrier    ty;  de  Bucarest, 

Pier T  ■  Ispirescu,  abond  ;;eiire,  saas 

;i\«*ii   t  r^n  ndant  la  m<  ute  humour 

rustique.  Toute  une  littérature  semblable  suivit,  atti- 
rant  aux   revues,  aux  calendriers.  : 
piiliiu    L  .ujours  plus  étendu  qui  r< 
pre  manière  de  penser  et  de  sentir. 

Alors  apparurent  les  tabteau^ 
[>an-iix  il  ceux  qui  ont  créé  ai 

it.  une  si  f^rande  réputation,  il  n'y  avait  aucune 
v,..^...a.ité  dans  la  vie  des  cJassm  supérieures;  elles 
ne  faisaient  que  ré(u  1er  ses  modèles  parisiens;  on  se 
ic  dans  l'iude  des  mœurs,  simples  et  for- 
..    ...  ,  „  .  .un.  Par  Jean  Slavici.  originaire  de  Hongrie, 
on  eât  pour  la  première  fois  le  spectacle  de  la  vie  ru- 
rale au-delà  des  mootagnea,  et  celle  du  poymn  vala- 
que   trouva   un   interprète   d'une   finesse   de  touche 
extrême  et  d'un  rare  sens  de  la  couleur  dans  Barbu 
scu  Delavrancea,  né  daos  un  fauboni^  de  Bn- 
Ilans    Georges    Coabuc,  venu    de  Nasaud.  en 
Transylvanie,  l'àme  pleine  de  rytiimes  populaires,  la 
poésic  roumain.  '    p— daut  de  «es  aoOTeilet. 

Quant  à  la  vte  l'i  •  truilM  des  centres  urbuiiia, 

c'est'^-djre  de  ce»  couches  sociales  où  se  conservaient 


284  iiiSTOinB  DES  roumains 

même  sous  un  aspect  caricatural,  tlù  au  mélange  avec 
■  lies,  les  cuutunii  "    fUt  un 

l  il  dans  .1.  L.  Ci  _  ut  Usu 

d'une  famille  d'artistes  dramatiques,  et  qui  sut  ma- 
nier le  fouet  d'une  impitoyable  satire. 

Outre  cette  inspiration  populaire,  une  connaissance 
approfondie  de  la  littérature  allemande,  l'initiation  k 
la  culture  classique,  la  piété  religieuse  pour  le  passé, 
un  sens  supérieur  de  la  musique,  du  langage,  contri- 
buèrent à  former  la  poésie  complexe  de  Michel  Emi- 
nesur,  d'une  forme  parfois  si  rustiquement  claire,  par- 
fois capiteuse  par  tous  les  parfums  rares  qu'elle  dé- 
gage. Le  grand  poète  du  pessimisme,  si  habile  à  expo- 
ser ses  idées  abstraites,  ses  aspirations  à  la  paix  su- 
prême dans  le  renoncement  au  principe  même  de 
l'existence,  n'en  fut  pas  moins  un  des  restaurateurs 
du  fonds  original  de  la  nation,  par  le  rythme  qu'il 
adopta,  par  la  propriété  des  termes  et  leur  énergie 
concrète,  par  sa  profonde  familiarité  avec  tout  ce  qui 
vient  du  peuple,  par  le  timbre  populaire  de  son  àme 
elle-même.  Fils  d'un  petit  propriétaire  moldave  et 
ayant  passé  ses  premières  années  à  la  campagne,  les 
vicissitudes  de  la  jeunesse  l'amenèrent  à  Cernauti,  où 
il  fut  l'élève  du  rénovateur  même  de  la  vie  roumaine 
dans  cette  province,  le  Transylvain  Aaron  Pumnul, 
soutenu  par  les  Hurmuzaki,  puis  à  Blaj,  où  il  connut 
le  milieu  renfermé,  tout  plein  de  traditions,  des  cha- 
noines de  l'Eglise  unie,  mais  "  ^  d'un  peu- 
ple robuste  vers  la  liberté  n;i  sait  passer 
de  longues  années  comme  rédacteur  d'une  feuille  de 
parti  à  Bucarest.  L'unité  roumaine,  dans  l'espace  aussi 
bien  que  dans  le  temps,  paraissait  vouloir  se  mtDi- 
fester  dans  cette  personnalité  exceptionnelle,  dont  l'ac- 
tivité fut  interrompue  trop  tôt  par  la  folie  et  une  nort 
tragique.  Ses  qualités  se  retrouvent  dans  celui  qui  fut 
le  plus  digne  d'être  son  successeur,  Alexandre  Vlakuta. 


RSNAISSANCB  ROUMAINB  AU  XIX*  SiftCLS  2S5 

Cette  littérature,  venant  des  profondeurs  de  la  vie 
nationale  elle-même,  accéléra  le  développement  de  la 
nation.  Elle  trouva  '     '       adversaires.  Vers 

1890,  le  culte  de  l'iiii  euse  réapparut,  et 

il  eut  encore  ses  adepte  cvue  Sanwnatorul 

V  Le  Semeur   ".  qui  pami    i   i  '    avec  des  col- 

laborateurs appartenant  à   toul^  ,'rovinces   rou- 

maines, le  culte  du  passé,  le  sentiment  de  la  beaaté 
qui  se  dégage  du  chant  populaire,  l'étude  attentive 
des  réalités  nationales  s'exprimèrent  de  nouveau  et 
gagnèrent  la  victoire.  Les  nouvelles  de  M.  Sadoveano, 
de  Sandu-Aldea  '  les  flnes  esquisses  psychologiques  de 
J.  bratescu-Voinesti  n'ont  pas  la  même  origine),  la 
pot-sie  si  «louce  de  tons  et  si  riche  en  nuances  de 
St.  U.  lusif.  les  grands  éclats  de  voix  qui  se  mêlent 
aux  scènes  rurales  attendries  d'Octavien  Goga«  in- 
n  dans  la  partie  combattive  de  son  œuvre  par 

,  le  magyare  de  PetôfTy,  appartiennent  à  ce  mou- 
vement de  réaction,  dont  l'inHuence  dure  encot 

Les  autres  arts  fo  '  '   '    ir  part  à  ceiie 

grande  œuvre  de  véi  >  analogue  do- 

mine dans  la  ■  s>'mphonie  roumaine  »  de  Georges 
Kncsco.  11  en  est  de  même  de  la  peinture  nouvelle: 
Rniinescu  et  Cosbuc,  mieux  qu'Alecsandri,  surfait  et 
oreux  dans  ses  scènes  populaires,  se  retrouvent 
^  les  riches  poèmes  campagnards  de  Nicolas  Gri- 
^' i<  scu  Tmort  plus  récemment),  dont  les  prés  fleuris, 
les  r;  ins,  les  lents  chariots  traînés  par 

des  Lu ^.  les  frêles  pastourelles  et  les  ber- 
gers aux  clairs  yeux  noirs,  donnent,  sous  un  ciel  bleu 
<  !>erle.  dans  les  nuages  de  poussière  des  gran- 
de .^^ics  ou  dans  la  transparence  d'atmosphère  des 
lisières  de  forêt,  toute  l'idylle  rurale  de  ce  peuple. 
C'est   lui,  ce  peui)le.  qui  est   "'  *     ".      *   ili- 

sation   motlerne;   il   donna   ;ii  ,  ^,,e- 

miers  de  tes  écrivains  et  de  ses  artistes:  Enesco  est 


2S6  IIMTOIIIB    DES    noUMAINS 

le  fll«  d'un  fermier:  Grigorescu  avait  commencé  par 
fabriquer  des  icône»  pour  les  églises  de  village.  Non 
seulement  par  son  labeur  incessant,  qui  donne  à  la 
Hounianie  agraire  toutes  ses  richesses,  mais  aussi  par 
d'autres  manifestation,  il  a  montré  que  l'avenir  doit  re- 
poser sur  ses  robustes  épaules;  négligé,  maltraité,  pres- 
sure |)ar  l'étranger  et  par  les  siens  mêmes,  ce  peuple  de 
paysans  réussit,  par  son  énergie  invincible,  à  vaincre 
toutes  les  résistances,  à  maintenir  la  vitalité  de  la  race. 
La  vie  des   Roumains  de  Transylvanie   ne   repose 

iir  le  cl'  '  ne  s'est  pas  t"  ' 

,      iication   ii         „nia  et  n*a  pas 
fidèlement  son  héritage:  maint  évèque  fut  un  fidèle 

iir  du  g(Hi  ■  i        ■ 

■  ugra,  aclt-^ 
et  de  trahisons  au  service  du  comte  Tisza.  de  TËglise 
des  Roumains  orthodoxes.  Elle  ne            '  ;i   le 

talent  et  L*s  connaissances  de  la  <  lec- 

tuels.  qui,  après  avoir  arraché  aux  prélats  la  conduite 
de  la  lutte  pour  le  droit,  se  prêta  trop  souvent  aux 
concessions  et  qui  ne  comprit  pas  toujours  le  seul 
rôle  de  protestation  implacable  que  peuvent  avoir  ses 
représentants  au  Parlement  des  usurpateurs  à  Buda- 
pest: il  y  a  eu  parmi  eux  des  opportunistes  et  de  sim- 
ples démagogues.  Le  vrai  héroïsme  ne  se  rencontre 
que  dans  les  masses  paysannes,  qui.  dans  des  élections 
faites  à  prix  d'argent,  sous  le  gourdin  des  agents  et 
le  fusil  des  gen  icr  leur 

vote  oral  aux  c.i.i .-  , ics  sup- 
portent une  charge  plus  lourde  que  les  300.000  frères 
qu'elles  ont  en  Bucovine,  pays  d'Etat  autrichien,  car 
à  la  contribution  que  leur  impose  le  Trésor,  elles  en 
ajoutent  volontairement  une  autre  destinée  à  entrete- 
T  'c  l'organisation  '  "T'  lise  et  toute  la  vie  sco- 
i  l  elles  ne  s'en  ]  it  pas,  toutes  ûéres  de 
vivre  par  elles-mêmes. 


REXAJSSANCB  ROUMAINS  AU  US*  SlftCLC  287 

Lù  fMiysan  roumain  du  royaume  n'a  pas  été  admis 
jusqu'à  prendre  part  à  la  vraie  rie  politique:  les  quei- 
"  '  <|uelquefois  dans  la  Cham- 

icnt  au  décor,  et  les  élec- 
teurs du  troisième  Collège  n'étaient  guère  laissés  11- 
.  _  1  ... ,  .r  >çj.  |çjj„  gympaihies  réelles.  L'état  éco- 
lal  de  la  claaae  qui  forme  plus  des 
trois  quarts  de  lu  nation  n'a  pas  inspiré  de  trop  lourds 
son.'H  Hepuis  !*•  commencement  de  cette  vie  des  partis 
<;iii  •!.  trait  l'attention  des  administrateurs  de  leur 
;our  la  reporter  sur  des  Intrigues 

, »iit,  les  paysans  ont  fait  des  efforts 

louables  pour  profiter  de  l'école  rurale  organisée  enfin 
(lof>tiis  p  mnées,  par  les  soins  d'un  ml- 

nistrt-  a«       . .  nt  démocratique,  le  professeur 

Spiru  ilaret.  Alors  qu'on  ne  pensait  pas  même  à  leurs 
mi V.  r.s    ;ts  s  petites  économies  pour 

ooMiiiitiK*  I .  ite  des  maîtres  d'écoles  et 

des  prêtes,  ce  grand  mouvement  de  coopération  rurale, 
qui  est  en  tr.  '      '    *       >former  le  pays. 

Hn  1877.  gagna  l'indépendance  était  en 

grande  partie  une  armée  de  paysans.  Mais,  bien  qu'il 
'     it  de  combattre    l'ancien    ennemi    liéréditaire,  le 
ien  profane  »,  il  n'y  eut  pas  un  m<Nrp«Bent  po- 
ire qui  prépara,  qui  imposa  la  guerre.  En  1912. 
../.  ^que  la  Confédération  balcanique  attaqua  la  Tur- 
quie, la  Roumanie  était  incertaine  de  la  vc^  à  suivre: 
le  chef  i  iiel  des  junimistes.  qui  se  troovalt  au 

pouvoir.  ........  .t  ses  cxMés  le  chef  du  parti  conserva- 
teur-démocrate qui  existait  encore,  le  critique  et  le  phi- 
ritus   Maioreseu,   se  contenta  de   répéter   la 

<1     ion   vainc   de  désintéressement   faite  en   1877 

par  la  Roumanie.  La  politique  de  parti  s'en  mêla  ce- 
pend  :  à  C4^té  des  abstentionnistes,  il  y  avait 

les  i>  me  guerre  immédiate  avec  la  eoiilition 

entière.  Le  roi  Charles,  qui  s*»  rappelait  son  anden  rôle 


2S8  iiiSToins  DIS  novMAiNS 

au  proflt  de  la  chrétienté  de  l'Orient,  refusa  d'obtem- 
pérer aux  sommations  de  cette  opi-  Au- 
triche, qui  comptait  sur  un  conll  :  •-  et 
Bulgares  pour  arracher  aux  premiers  le  fruit  de  leur 
victoire,  envoya  à  Bucarest,  en  ;•!  '  .le 
général  Conrad  de  Hoctzendorf,  <i  ijor 
impérial.  Lorsque  l'armée  bulgare  attaqua  traîtreuse- 
ment ses  camarades,  il  y  uvait  à  Bucarest  des  politi- 
ciens qui,  ne  pensant  qu'aux  avantages  possibles, 
n'étaient  pas  décidés  sur  la  direction  que  devaient 
prendre  l'intervention  roumaine. 

Or,  si  la  Roumanie,  soutenue  par  la  France  et  la 
Russie,  put  résister  aux  suggestions  de  l'Autriche, 
aux  conseils  mômes  de  l'Allemagne,  elle  le  dut  à  l'es- 
prit public  formé  par  cette  civilisation  nationale  dont 
les  tendances  étaient  dirigées,  non  vers  une  expansion 
d'Etat  vers  les  Balcans,  mais  vers  la  reconstitution  de 
l'Unité  roumaine  primordiale  au-delà  des  Carpathes. 
La  campagne  contre  la  Bulgarie,  qui  sauva  < 
ment  la  Serbie  et  la  Grèce  d'un  désastre,  fut  fai-.  .... 
haine  aucune,  et  l'annexion  de  la  Dobrogea  méridio- 
nale avec  Dobritsch-Bazargic  et  Balcic,  ne  fut  qu'uiv» 
mesure  de  précaution  contre  les  appétits  <le  voisins 
qui  voulaient  arracher  au  Royaume  son  droit  à  la 
mer.  Enfin  l'enthousiasme  populaire  pour  cette  c.Tin- 
pagne  était  une  preuve  t'vi<hnte  de  la  vitalité  \>a\- 
sanne  en  plein  essor. 

Lorsque  la  guerre  gcncrale  éclata,  vu  août  lui  i.  i 
la  suite  de  la  violence  que  l'Autriche  voulait  faire  à 
la  Serbie  par  son  «  expédition  de  châtiment  ».  les 
hommes  politiques  roumains,  retenus  par  tout  leur 
passé  et  intluencés  par  la  grande  autorité  d'un  roi 
fidèle  aux  «  bonnes  traditions  ».  hésitèrent  encore  une 
fois.  I!^  "ut  peut-ôtre  bien  qu'il  fallait  faire  une 

autre  ]•  ^  •  .  mais  ce  n'était  pas  la  leur.  Ce  fut  un 
grand  succès  inattendu  que  la  déclaration  de  neutra- 


RENAISSANCE  BOIMAINB  AU   XIX*   SIKCL.E  2t9 

lité  votée  dans  un  Conseil  de  Couronne.  Le  roi  Char- 
les en  mourut  lentement  (3  septembre  1915). 

Les  agitation >  ({ui  commencèrent  un  peu  plus  tard 
pour  amener  l'inter^'ention  de  la  Roumanie  du  cdté 
de  l'Entente,  agitations  qui  n'étaient  pas  exemptes  de 
ce  même  esprit  de  parti,  n'auraient  pas  réussi  contre 
tant  d'intérrts  roalisi-s  tii  faveur  de  l'Allemagne,  si 
cette  niOnic  conscionci-.  à  laquelle  demanda  conseil  la 
loyauté  de  Ferdinand  I",  neveu  et  taccesseur  de 
'  I",  n'avait  imposé  sa  volonté  à  tous  les  partis, 

..  %  débris  des  junkers  junimistes  et  quelques  en- 
nemis personnels  du  tzarisme  russe.  La  manière  dont, 
dans  une  lutte  absolument  inégale,  les  paysans  rou- 
mains, auxquels  on  vient  à  peine  d'accorder,  par  une 
réforme  constitutionnelle,  un  droit  plus  large  à  la 
terre  et  celn  ~  irent  et  combattent 

encore,   l'en;  ,      i     leurs    frères    de 

Transylvanie  et  de  Bucovine  sont  venus,  quittant  lea 
camps  de  |>  '<>rs  en  Russie,  se  sacrifier  à  leurs 

côtés,  non  ii  ^ue  la  révélation  d'une  ftme  «  mol- 

dave »  dans  la  Bessarabie  russe,  montrent,  plus  que 
'     '     '  ■    '  1  .  qu'il  y  a  dans  cet  Orient 

pie  de  presque  14.000.000. 
millions  d'àmes,  d'une  ancienne  civilisation  originale, 
qui  ne  demanda  "  ^^fiange  de  ses  souffrances  millé- 
naires, dont  la  •  on  du  monde  chrétien  a  profité, 
que  le  respect  dû  à  ses  droits  incont 


I 


TABLEAU     CHRONOLOGIQUE 
des  princes  ayant  régné 


TÂLACHIE 
SÉVF^r^v.   1247-12 


MOLDAVIE 


I 


ib   novembre    1364. 

Vi  \i)isi.\\     Vl.'icu  ou  Laico, 
i:iC4-ca.   lZ6i). 

I;vDf   f.   1?,8.- 

I>NN    I-  ,  .-1386. 

.MiiuKv       r\ii(icn,      1386-31 

jan\  i'T    1  11  ■<. 
Vuu>  I".  1394-1396. 


MiciiKL-f-.  H1R  H20. 

I>\N    II  51. 

iiM.i      i!  v(.,    1422- 

1427. 
Baaamab  n.  LaioU.  juin  1431 

AifXAVDiiB  I*  (Aldea).  1431 

1  \:\:> 

\  ;  >     Il    f^ 1  ^„  Draculea. 

1446. 
1>%N    III,    ')u    naociu],    H46- 

1447. 


•it\(,ob.  ca.  13S2>1353. 
Sas  IL.  ca.   1360. 
HouDv.x.  ca.  1360-ca.  1364. 
Utci.  ca.  1364-ca  1372. 
Yofiui  (luga),  Koriato- ;•"  »• 
ca.   1372^écembre    l 

Etikxnb  I",  1377-ca.  1378. 
PiBRRB  I".  c.   1378-ca.   1393. 
R011A.V  I".  ca.  1393-ca.  1394. 
ETiDfNB    r*    (ou    II*).    1394. 
1400. 

IlWA.  '•>0. 

AhTXK  .  le  Bon.  1400- 

1  '  janvier  (7)   1432. 


Eme  ou  Ilus  1**.  laiivlcr  (Ti 


27 

li    1443. 
III.  >>i    II.  -  '  t  l3-juil- 

Irt  1447. 


n 


HISTOinE  DBS  nOL'MAINS 


VALACHIE 


MOLDAVIE 


Vi,M)isi-\v  II,  1447-printem|j<i 
de  1456. 


Vlad    III,   Tepcs   («    l'Etnpa- 

leur    »),    printemps    1456- 

novembrc   1462. 
Radu  III,  le  Beau,  1462-com- 

mencemcnt    de    1474. 
Basarab   II.   Laiota.   1473-no- 

vembre  1477  (  +  1480). 
BASAnAD  III,  le  Jeune,  1477- 

1482. 
MincE.\  II,   1481. 
Vi-\n     IV,     le     Moine,     1482- 

1495. 
Badu    IV,    le    Grand,    1495- 

inars  1508. 
Mihnea  I*',  le  Mauvais.  1508- 

1510  (  +  1510). 
Vlad   V,   ou   Vladut,   1510-23 

Janvier  1512. 
Basarar     IV.    Neagoe,    1512- 

septembre  1521. 

TiiéoDOSE.   1521. 

Vlad  VI.  Dragomir,  1521. 

Badu     V.    Badica.     1521-jan- 

vler   1524. 
Radu    VI,    d'Afumati.    1521-1 

Janvier   1529. 


i^MMAN   11.  Juillet   1447-.^  juil- 
let  1448. 
Alexandre   II.   2   Juillet-août 

1448. 
PiEHHE   II,    1444   prétendant; 

août    1448-  1449. 

Alexandhk   I!  1449-oc- 

tobre  144'i 
Boodan    II.    octobre    144916 

octobre   1451. 
PiEHRE  III.  Aaron.  16  octobre 

1451-avril   1457. 
Alexandre     II,     16     octobre 

1451-printemps   de   1455. 
Etienne   III,  le  Grand,  avril 

1457-2  Juillet  1504. 


BooDAN     ili     (\c    Borgne;.    2 
Juillet    1504-18    avril    1517. 


Etienne  IV,  le  Jeune  (Stcf; 
nita),  18  avril  1517-14  j:ii 
vier  1527. 


TABLEAU   CHRONOLOOIQCB 


III 


VALACHIE 


MOLDAVIE 


F.     lY,     Rares,    janvier 
7-18   septembre   1538. 


Yladisi  "^-     •" 

brc  1 
Moïse,  IjSJ-h    a   i...;û 
Vlau  VII,  le  .\u>i.   l.'i.iii  N« 

tembrc    1532. 
VLAt>      VIII,      Vintila.      1532- 

1  :).'<:.. 

I^Aix    VII,  Paisie,   1535-mars      Etienvc  V,  LacusU  (c  Saute- 
15-15.  relie    »),   septembre    153S- 

(lécembre  1540. 
Alkxandrb   III.   Cornea,   dé- 
cembre   1540-févricr    1541. 
PiKRRB  IV,  Rares,  19  février 
1541-octobre    1546. 
MmcEA    III,    le    Pâtre,    mars      Eue    ou    Iuas    II.    odol.ri 


1545-février   1554. 


PimnF:     I",    ou     Pt  ' 
M'",     février     15... 


1546.mai  1551. 
Etienne  VI,  Rares,  nun  i.>..i- 

septembre  1552. 
Jean    I*',   Joldea,    septembre 

1552. 

Alexandre  IV,  Lapusoeanu, 
septembre  1552-1  s  nnvi'm. 
bre  1561. 


Ml  lo   Pâtre,  Janvier 

l....rt-sf{»t.-:    lire    1559. 
l'UMHh     11,       •  îitcnilin.      1 '.'0.        Je\S   II     R'^':':V- 

juin   1568 


18   no\ 


1 


.1   >IM     1 

i.'ir.4». 


le  Despote, 
'>61-5  ou   6 

s  ou  10 
!   '  I  (+raai 


A 


n.-  mu, 
.\ii\\\DRF.    II.   juin    1568*25      BmiuAN    iV.   â    mai    lâM-fè» 


juillet    1577. 
ViKTiLA.  mai  1574. 


vrier  1572. 

Jean  III.  le  Terrible  (l'Armé- 
nien), février  1572-Jttin 
1574. 

PlKMMB    V,    l<  tin 

1574.23    no. 


IV 


iiisToins  on  kovmains 


YALACHIE 

lliHNBA  II.   «   le  Turc   ».  25 
juillet    1577-Juillet    15«S. 


PiERHB  Cehc£L  (boude  d'o- 
reilles), juillet  1583-a\Ti1 
i:>85. 

MiHNEA  II.  avril  ISSS-févrivr 
1591. 

Eue,  mars  1591. 

RAPf  VIII.  mars  1591. 

El  I -Sourd,  mai  1591- 

Alexandbe-le-Mauvais,  juin 
1592-septembre   1593. 


Michel-le-Brave.    septembre 
1593-19  août   1601. 


Niroi.\s  ÎI,  Petrascii,  novem- 

S  ^  c  1600- 

juin  16U1;  juillet  1601-août 
1602. 

Radc  Serban,  août  1602- 
décembre  1610;  juin-sep- 
tembre 1611. 

Radi-  Mihnea,  septembre 
1601 -mars  1602;  mars-juin 
1611;  septembre  1611-août 
1616. 


MOLDAVIE 

JiAM  IV.  Potcoava  (fer  à  che- 
val). 23  novembre-fln  dé- 
cembre 1.^77. 

Pierre  \  teux,  1"  jan- 

vier 1      novembre 

1579. 

lA.Ncr  .Sasi'l  (le  Saxon).  21 
novembre  1579-août  1582 
(-K  septembre). 

Pierre  Y  (le  Boiteux),  1582- 
29  août  1591. 


Aai' 
1. 


•ptembre 


Alexandre-le-Mauvais,    juin 

1592. 
Pierre  VI.  le  Cosaque,  août- 

24  octobre  1592. 
Aaron  -  LE  -  Tyran,      octobre 

1592-3  mai  l.'>95. 
Etiennk  VIII,  Razvan,  3  mai 

i:)t)5-août    1595. 
JÉRFvii      M»>vn.A     (Mf>fîhila». 

n  ■■    ■    ■  ■"*<. 

Mit.  ■..■:,■ 

tembre  1600. 


SiMÉns     MoviLA,     10 
1606-24   septembre 


juillet 


novembre- 1 G  ou  19  décem- 
bre 1607. 
Constantin    Movil.\,   oct'l»  < 

•  .     1607-20      novembre      '" 

»    (-f-  juillet  1612). 


T\ll  .-f    M        M  1  i'.llN  ■ 


.<,;  ji  F 


TALACHIE 


( 

i« 

•     IHK.. 

■■'•    "^''P- 

( 

.r.18- 

:    1 

A     1620- 

'lit 

l'Enfaot  > 

t<  loût     1623-no- 

VCil    .1  I  I'J7. 


Albxa.vdrb  (Elie)  (Uias).  no- 

!,       -rog. 

llet 


Radu.  juillet-Dovembre  1632. 

^UTHlBr       Rasahab.       juillet 
1M2-I9avril  1654. 


riN   RoiAHA»,   on  le 

avril       inâ-l-iiiar« 
IthH. 
MlHNKA    !!' 
mar:s    l 


IGtiO. 


MOLOAFIZ 

EniNirs  IX,  Toiasa.  20  nf>- 
venfere  1611-22  aoTembre 
1615. 

Alsxandbb  V,  Movi ». 

vembr«    1615-2    a  G. 

P<  '     'NEA.    août     1C1&-4 

QIO. 

Gaspard  Gratiani.  4  terrier 
1619-seplenibre   1620. 

ÀLEXANDiiK  VI,  liias,  septero» 
bre    IffiM  nptembre    1621. 

BnsKKB  IX,  Tonaa,  sepiom. 
br«  1621 -août  1623. 

Raou    MIH.VBA.   aoAt    1623-23 

Jan%'ier  1626. 
MiRON     Barnowski     Movila. 

janvier  1626-jnHlrt  1629. 
Alexasuhf       VII.       Coconul 

(VEv  itilllet     1629-28 

28   ;i.  II. 

MoïsR  M'iviLA.  2K  avril  1630- 

novembre  1631. 
Alkxakdre    VIII.    noTpmbre 

1631-avri!  ""*'' 
MiRo.s-       I' 

1633-2  juiiirt   M).).). 
MoISB  Movila.  2  juillet  1633- 

avril  1634. 
Basilb  Lvfo.   avril   1634-13- 

avril  1653:  8  mai- 16  Juillet 

1653. 
GEORaBS  r 

8  mai  IC  . 

13  mars  lOâH. 

nur.r.s    M.   fîhica,    i.»   iuhi» 

!  '..'.  ^   ll-\  "    :  !>rc     1659. 

lUsARAB.  fin  no- 
1  "  décembre  1659; 
ôl    jMuvier-février    1661. 


VI 


HI8TOIIIB  DES  ROUMAIK8 


VALACHIE 


MOLDAVIE 


GniooiRB  < 
câ,  sept» 
bre  1664. 


Raou  Léon,  décembre  1664- 
mars  1669. 


Antoine  dk  Popksti,  ou  Po- 
pescu,  mars  lGG9-inars  1672. 

GR^GoinR  GtiiCA,  mars  1672- 
nuvembre-décembre  1674. 


Georges  Duca,  novembre-dé- 
cembre 1674-novembre  1678. 


Serban  Cantacuzène,  novem- 
bre 1678-9  novembre  1688. 


Constantin   Brancovbanu,  9 
novembre   1688-avril    1714. 


Etienne  X  (S(ef«nita).  1"  dé- 
cembre 1659-31  janvier 
1661;  révrler-29  septembre 
1661. 

EUSTRATIUS     DaBUA.     SeplMD- 

bre     1661  - 12     septembre 

1665. 
Georges  III,  Dues,  septembre 

1665-mai  1666. 
Eue  (Ilias)   Alexandre,   mti 

1666-novembre  1668. 
Georges  III.  Duca.  novembre 

1668-16  août  1672. 
Etienne    XI,    Petriceicu,     16 

août      1672-octobre      1673; 

décembre    1673-commence- 

inent  de  1674. 
DÉMi^.TMK    (Dimitrascu)    Can- 

TACizÉNE,   novembre   1673; 

1674-septembre  1675. 
Antoine      Rosbtti      (Ru&et), 

septembre     1675-novembre 

1678. 
Georges    III.    Duca.    novem- 
bre 1678-4  janvier  1684. 
Etienne  XI,  Petriceicu,  4  jan- 
vier 1684-mars  1684. 
DÉMàTRB  CANTAcuzàNE,  mars 

1684-25  juin  1685. 
Constantin      Cantemir.      25 

juin  1685  :"  -   1693. 

DÉMÊTiiE  Ca  29  mars 

1693-18  avril  16U3. 
Constantin  Dita.  mars  1693- 

18  di 
A.NTIOCII  H.  18  dé- 

cembre  1696-14  septembre 

1700. 
Constan 

bre  1.       -     , i.j-.. 

Michel   Racovita.   4   octobre 

1703-13  février  1705. 


TABLEAU   CHRONOLOCIQUB 


vn 


YÂLACBIE 


MOLDAVIE 


Etibmnb  Cantacuzèxb,  arri; 
1714-dérrmbre    1715. 

Nu  H|.\S     M  M  f'.oCOBDATO,    dè- 

'        171^14    novembre 

j\  \\  M  \t  i.oconDATO,  2  dé- 
ce  ru  br.-  1716-23  février 
1719. 

Ni(  (ti.\s  Maubocordato.  2 
mars  1719-3  septembre 
I7:ift 


Mi 


\TO, 

.0. 
TA,      octobre 
.•  1731. 

OROATO> 

...116    «Tri! 


CONSTA- 

24    uci..l, 
1733. 
Gm^(,oirr  II.  Ghica.  S6  aTril 
1733-27  novembre  1735. 

Constantin  Mai'Rocoroato, 
27  novembre  1735-Mpteni- 
bre  1741. 


Antiochus   Cantkmir.   13   fé- 
vrier   1705-31    juillet   1707. 
Michel   P  31    Juillet 

1707-2X  1709. 

Nu  <.i.\s  Mmhoiohdato,  6 
:  vcmbre  1 709-novembre 
1710. 

Cantiî%iir,    novem- 
II. 

'  rimât)    du 
11.  août  1711. 
ie  Jean  Mauro- 
7   octobre-19   oo- 


brr  ' 
Caïm 

C 


1711. 


•  HOATO. 

r-    îTlfi 


Michel   Racovita*  5  Janvier 
1716^>ctobre  1726. 

Grécoirb  II.  Mathieu  Ghica. 
oolobre  1726-16  avHl  1733. 


Constantin  Mavrocoroato, 
16  avril  1733-26  novembre 
1735. 

GRÉOOlRB-MATHIRt'    GniCA.    27 

novembre  1735-14  aeplMD- 
brt  1739. 
OceoiMttirx  14  sepU 


GiiAaotiiB  II.  Mathieu  Ghica, 
1739*Mptembre   1741. 


VIII 


lltSTOINB  DBS  ROUMAlaMS 


YALACHIE 

Micnu.  Racoti-ta.   iirpteinbrc 
1741-Juillet   1744. 


\NT1N      M 

,\    1711-, 


OATO, 


Oréooihe     II»     Ghic«.     avril 
1748-6  seplemkrr   '""' 


MATHtEu     GiiicA.     septembre 

C<  vTTA,    juil- 

let i753-ca.  29  février  1756. 

Constantin'  MAtHocoiiDATdi, 
ca.  29  février  1756-7  sep- 
tembre  1758. 

ScARLATE  GnicA.  7  Septembre 
1758-11   juin   1761. 

Constantin  .Mai  uoconnATO, 
11  juin  1761-niars  1763. 

Constantin  Racovita.  mars 
1763-8  février  1764. 

Etienne  Racovita,  février 
1764-septembre  1765. 

ScAHLATE  Ghica.  7  Septembre 
1765-13    décembre    1766. 

.\lkxandre  Ghi<:a.  13  décem- 
bre  1766-28   octobre   1768. 

GnKttoiHK  lU.  Alexandre  Ghi- 
ca, 28  OCtoiM'''    t  "nX-nMV<Mii- 

bre  1769. 
^vwiiEI.       (iiAM  -  HosrpTi, 
1770-octobre   1771. 


MOLDAVIE 

Constantin    MAi'nocoiiOATo. 

sep'embre     1741-29     Juin 

1743. 
Jean  MArKocoRDATo,  29  Juin 

1743-mal   1747. 
GnéooinE  II.  Mathieu  Ghica. 

mai   1747-avril  1748. 
Constantin     MAunoconi>ATo, 

avril  1748-31  août  1749. 
Constantin      Racovita.      31 

août   1749-3  juillet   1753. 
Mathieu  Ghica,  3  juillet  1753- 

ca.  29  février  1756. 


Constantin  Racovita,  ca.  29 
février  175ft-14  mars  1757, 

Scarlate  Ghica.  14  mars 
1757-7  août  1758. 

JeAN-Th  INODORE 

ou  Calmasul.  7 
juin  1761. 

GRtnofRR         (.M.i.i.nM  Hi.  11 

juin    1761-29   mars   1764. 


GRÈnoiHErAi 


29  tu- 


GntooiRF  C^u.TWArm. 
vrier 

CON 


fé- 

7r,'i 


1  I      juillet     1774   : 

paix      *ic      Keutschuk-Kai- 
nardschi. 


IX 


TALACHIE 

^><  roïse.    novrmbrr 

-1      juillet      1774  : 

de      Keutscbuk-Kai- 

Al  fÏYI'SlLAXTl.     »€p- 

t-     ,  ""'février    1782. 


frvi  u-i    iT.sij  ,,  ,.,;    1  ;.■..,. 

Michel  Sutv  (Soutzo).  août 
1783-avril  1786. 

Ni.     !  vs    M  (Mavro- 

l^h'  Ml  I       •  .  -I'"'      iiiin 

î  T'.IO 

Or(  iji.ition  autrichienne.  15 
ni.vembre  1789-4  août  1791  : 
paix  de  Sishtov. 


MirHFt. 

(Soutro), 

n*>m- 

^  1    • 

*o. 

\t 

■  Tî. 

août 

Cm- 

rv   \.'i 

JiRLi.   dé- 

r   ••„t,l 

II"  mars 

1799. 

Ai  1  \  \v  •  ■        '  :      iii.i  vi     mars 

17'f'i 
Mi(.;u.i.    ,.  ■  "•'> 

brc  1801 -juin 

AuoAMDnK     Sirru     (Soutzo). 
jiiHî.t  1-     .  k>lrmbre    1802. 

<""^^  I     ■.     !  •        II-.  i-nilJlN'n.      1" 


MOLDAVIE 


GRA0OIIIB»ALEXANDIUt      GuiGA. 

septembre  1774-10  octobre 

1777, 
^  .  octo- 

VTO 

12 

^  ^1  M  JIOCORDATO 

II.     t'hiraris.     12     Janvier 

1785-14    dér.MMÎ.r..    1788. 

Alexandre    II  i.    dé- 

--ornhr-   1T>  ....il   1788. 

I-ROSETTI, 

-i/it    17a8. 
^>  n     rusae,     octobre 

i/no-.'  janvier   1792:   paix 

de  Jauy. 
Occupation  autrichienne, 

1787-4  août  1791:  paix  de 

Sishtov. 
Af.irx^vf>HP    MnrnoiTsi.    mars 

utio),   Jan- 
«3-6  mai  1795. 
Al  iK  CALUitAcni.  6  mai 

17i»6-mars  1799. 


Constantin     |ivi.«tf  »vti      s 
mars  1799-ji 

ii>t    1801-c«.    4    octobre 


Alsxandhk  Moumovsf,  4  oe- 
tobre  IMa-MÉI  18M. 


III9TOIRR  DES  ROL'MAIXS 


VALACBIE 


MOLDAVIE 


ALKXANimE  Si'Ti'  (Soutzo;. 
août-13  octobre  ISOH. 

Constantin  Hyi'sii.\nti.  oc- 
tobre-novembre tSOfi. 

Occupation  russe.  25  décem- 
bre 1806-28  mai  1812:  paix 
de  Hucarcst.  Administra- 
tion d'Hypsilanti  sous  le 
contrôle  russe,  27  décem- 
bre 1806-31  mai  1807;  8-28 
août  1807.  Administration 
du  général  ProzorowskI, 
août  1807-1"  mars  1808. 
Administration  des  «  C.iï- 
niacums  u  (Intérimaires), 
1"  mars  1808-18  sL-ptcmbre 
1808.  Administration  d'un 
Comité  de  cinq  membres, 
18  septembre  1808  (depuis 
mars  1809.  le  général  russe 
Engolhardt,  vice-président 
du  Divan)-28  mai   1812. 

jEAN-CiEonoEs  Cahaoka  (Ka- 
ratzas)  8  septembre  1812- 
12  octobre  1818. 

ALEx.\Ni)nK  SuTu  (Soutzo),  16 
novembre  1818-18/19  jan- 
vier 1821. 

ScAiiijKTK  Calumachi.  févrîer- 
juin  1821. 

Révolution  de  Tudor  N'Iadi- 
mirescu,  28  mars-27  mai 
1821. 


ition    turque.    28    mai 
1-21  juin   1822. 
GnéooiRE  IV  (Ghica).  21  juin 
1822-12  juillet  1828. 


S(:ai{|.\tf.    Calxjmaciii,    aoùt- 

13  octobre  1806. 
AU:XANt>HK     H  I  RU.    19 

mars-1  aou! 

ScARij^TK  Calumachi.  4  août- 
1807-13  juin  1810. 

Occupation  russe,  29  novem- 
bre  1806-28  mai   1812. 


ScARLATF.  Callimachi,  17  Sep- 
tembre 1812-juin  1819. 

Michel   Sutu    (Soutso),   juin 
1819mars  1821. 

Domination     grecque,     mars 

1821. 
Caïmacamic   présidée   par   le 

Métropolite,       mars -avril 

1821. 
Caïinacamie  d'Etienne  Vojff»- 

ridés.    nommé    en    févn.  r. 

installé   en   automne   1821- 

22  juillet  1822. 
Occupation  turque,  mai  1821- 

juillet  1822. 
Jean  .Sa.nuu  Sturdza,  21  juin 

1822-5  mai   1828. 


TABLKAi;    CHRONOLOOtQl'E 


XI 


YALACHI£ 


MOLDAVIE 


O. 


russe,    12    j 
18:^-1.    :i    VI 


mé  le  Tl  février  IM2ii-no- 
vernhrr  IS'J'i;  li-  L'énÎTal 
Paul  Ki> 

Divan.       ;....,....,..        l.-J 
avril  1834. 
Am*'    ■  ■  ■   r.incA.  avril  1834- 

1842. 
il  ..n(,i  .   i.iiirsri-,  1"  Janvier 

ISJ.',  :':.  jiii;'  1848. 
,<  I  l'rovisoire,  26 

1848. 
;.  t  1848 

..  12 


it-25   sep- 

(le    Constantin 
26  septembre 

1'». 
Stihhi;il      (Stii  ' 


1 .-:  ;  - 
Barrc 
juin   1849-21)  octobre   l    .- 

Orrupnlinn  rii^se,  29  octobre 
is:.;i-;;i  jmii.-t  1854. 

BAimii  SiiuMKiu  (Stirbey 
avec  les  Aulrichiens,  5  o« 
t   '  '.1-25  Juin   1856. 

(':.  d'.\l.KXA.NDHl 

..    I   Juillet    1856-octc>- 
1  .S58. 

rnîmnramic    dr    trof<<    mem- 


.•\i 


fe- 


MiCHCL  Sti'rdza,  stHI  1834- 
Juin   1849. 


"iRE-AuauMDnB    Ghica. 
.in      1849-26     Mplembre 


1853. 


^:>4. 

\\-«i>iw.        iiiiiCAi 

1854-26    Juin 

lie     de    Théodore 

Nicolas  Vooo- 

un  1856-octobre 


<  li^   de   trois    meni' 

TNNE    Cataroiv, 

IIDZA.    AnASTASK 

Vksv.  uclubre  1858-17  Jan- 
vier  1859. 
Ail  \vm'iik-Jkan  Cvxa.  t7(5 
j.iii\  KT I    1859. 


m  HISTOIMB   on    nOUMAIMI 

PRINCIPAUTES    UNIES,   pals   ROUMANIE 
PRINCIPAUTE 

AuoANDRe  Jean  I"  Cvza.  5  février  (24  janvier)  lëâ»-  11/23 

février  1866. 
I.icutenance  Princière:  N.  Golescu,  Lascar  Cataroi,  N.  Hara- 

uiMBiB.  11/23  février  1866-20  avril  1866. 

ChARLKS    I"    de    HOHBNZOUJ^nN-SlOMARINQBN,    20    ivril    1866. 

ROYAUME 
Charles  I",  26  mars  1881-10  octobre  1914. 

FeHI)I\»Mi    Î"     m   (irtolirr    1911-  . 


NOTES     BIBUOGRAPHIQUES 


A-D.  XÉNOPou  —  Hiêtoire  de*  Roamaiiu  de  la  Dacie  Tra- 
fanr.  2  vol.,  Paris  1896. 
Les  BnnmainM,  hiêtoire,  ittU  matériel  et  intellectuel, 
V 
N.  JoBOA.  lehte  des  Rumàmiwhen  Yolkeg  im  Hah- 

men  setner  Slaatsbilduagen,  2  vol..  Gotha  1905. 
Brerr  .S.'.  ,../  ,/,•/  Humeni,  Bucarest  1911. 
Emmamkl  i)i  K.  —  La  ValacMe.  Paris  1902. 

O,  Densissian;  .         .. .i/o/rr  de  '■•  /«"»""'  roumaine.  1,  Pa- 
ris 1901;   II.  premier   f  1914. 

V    • ■         1/.-*.  .,- W--  !.. .,,   Transgloanie  ^' f^* 

16. 
,/f<  i(t>i:  niicovine,  Jassy  1917. 
ancf  de                .  entre  le  Pruth  et  le  Dnies- 
tr                ■    '   "  ' 

Boinrs  f  dans 

Ir 

Qutl^  il'iJ. 

1914.» 
Droite  nafioiuitiT  tf  nolitiquet  des  Roumaiiu  dans  ta 
[)  17. 

G.  Wbioani*.  "•"   î '•'»»•''  t*9.î 

Die  Spraehe  d^r  ^  18M. 

Emiib  Picot.        '       ^^. «/,..«».  •"   '«"» 

Chants  /  *  dei  !<• 

«    Re<Mi'i!    ■!•     !       *  ■    «H-    trauiwli"n>    j' 

les  prufcifsi'ur  oie  des  langues 

vivantes  »  >.  l'ai  is   l^.*.'. 
J.   NtSTon.  fiie   aimriirliijrn   Handehbeziebungen   der 

U  ^     und  XV t  Jahrhiuuiert.  Gotha 

1..  î>iri{r   a   paru  «o«»   ^   titre 

lifUtdrl   und    VVi<i<.;  r   Molda-                          '' 

19t?;     «f     /);<     n-r  Zollw, 

«  'ing«  Verwaltuog    und 

V  I.) 


XIV  IIISTOinB  DES   ROl'MAINS 

(Nom   avon^  traita,   dam   Hm    oMvrafj^s    sp*rla»i\. 

volume  sent  a  paru,  l'histoire  du  Comtmrrce  rou- 
main, I,  Valcnii-dc-MunIc,  1915.) 

N.  JoROA.  —  Histoire  des  relations  entre  la  France  et  tes 
Roiinwins.  Jasny  1917. 

Histoire  des  relations  russo-roumaine»,  Jauy  1917. 

Histoire  des  relations  entre  l'Angleterre  et  le»  Rou- 
mains (en  préparation;  la  première  partie  a  paru 
dans  les  «  Mélanges  Réniont  »,  Paris  1913.) 

Relations  des  Houmains  avec  les  Allié»  (trad.  franc, 
par  F.  Lebrun),  Jassy   1917. 

Histoire  des  Etats  balcanique»  à  Vipoque  moderne. 
Bucarest  1914. 

Relations  entre  les  Serbes  et  le»  Roumains,  Bucarest 
1913  (cf.  Correspondance  roumaine  des  Voévodes 
de  Cladovo,  dans  le  «  Bulletin  »  cité;  La  cloche 
de  Carageorges  pour  la  chapelle  de  Topola,  Buca- 
rest 1914,  dans  le  même  «  Bulletin  •  et  séparé- 
ment.) 

Vn  acte  roumain  concernant  le  docteur  Veron,  ini- 
tiateur de  la  culture  bulgare  contemporaine  (dans 
le  même  «  Bulletin  »,  1914.) 

Quelques  mots  sur  les  relations  entre  les  Roumain» 
et  le  peuple  turc,  Bucarest  1914. 

Deux  traditions  historiques  dans  les  Balcans:  celle 
de  l'Italie  et  celle  des  Roumains  (dans  le  même 
«  Bulletin  »,  1913). 

La  survivance  byzantine  dans  les  pays  roumains, 
Bucarest  1913. 

\'t,fr\  (l'un  historien  relatives  aux  événements  des 
ins,  Bucarest,  1913  (aussi  dans  le  c  Bulletin  » 
>  ..1 .) 

Basile  Lupu,  prince  de  Moldavie,  comme  successeur 
des  Empereurs  d'Orient  sous  la  tutelle  du  Patriar- 
cat de  donslantinople  et  de  l'Eglise  orthodoxe 
(1640-1653)  (dans  le  «  Bulletin  >  cité,  1914.) 

L'  Mont  Athos  et  les  pays  roumnln*  imôrne  €  Bulle- 
Un  ».  1914). 


NOTES    BIBLIor.RAFHIQtES  XV 

FonJii!in:iK  i    de»    princes    roumains    en 

Orient:    M  ■■    iln    Météores    en    Thrimlir 

Ubid.:  sur  l'Epire,  Coi 

pie  ri  ''"'  '^■"'^     '«ne  clv...v    .,,.,. 

ciale  <l  lin  ».) 

Deux  coiiii  iiiii  fii.^   n   iiii.MDiii    II  t  ifsiastiQue  dct 

Roumaim  (iiiéme  «  Bulletin  ■,  1916.) 
Quelques   d<<:  ••  •     f       -    '   *'    tï 

entre  les  /' 

luti  muiHe  du  xvii* 

'il 
Belatuiiti  Ji  i'cc  U*  I<^ 

et  nver  ^•  '  de  V  •  i 

<■    '  t 

/'r/  ouvriers  employés  aux  salines) 

't  is  le  même  «  Bulletin  >   1 

Im   ;  fine  dans   les  eaux  de   la 

Soire  (même  «  Bulletin  •.  19H.) 
Histoire  des  Juifs  en  Houmanie  Ubid.) 
Arméniens  et  Houmains  (même  <  Bulletin  >.  1913.) 
Les   éléments   originaux  de  Vancienne  eivillsatton 

roumaine,  Jassy   1911. 

Scènes  et  histoire^  ■' -^é  roumain.  Bucarest  1902. 

A.-I).  \i  Noi'OL.  —  L'ne  '  istorique:  les  Roumains  au 

nu 
N.  JoBOA.  '  Roumain»  datu  la  Pénin- 

tu  ■i    moyen  âge  (dans   le   même 

«  I 
Cou  II 

r. 

r/  i-  tiietue  «  bulletin  >.  1913.) 

Les  <  1  doMU  les  combats  entre  Roumain*  et 

Hongrois  (ibid.). 
Phases    psiirltoUunours    et    Unm    rrnrésentattfi   dtê 

Rouni'  I 

i:.  Picot. —  C/  ,..     ..cgoire  Ourékl, 

Paris  n  par  J.-N.  Popovici, 

avec  uiiix'i.iii'  .,   Bucarr*    ""  • 

M.  KOOALNKKAN-U.  —  Fr  «  des  cil 

daves  et    oalaqurs  j>nnr    servir    à    i  msioir 

Pierre-le^rand.  Charles   XII.  etc..   2   vol., 

183«.  1845. 
N.  JoHOA.  —  Développement  de  la  question  rurale  en  Rou- 
manie. Jassy  1917. 


XVI  HlSTOtltR   URS   ROUMAINS 

J.  Livî.1.  —  iHt  Auttnârtigf  PoUtik  de»  Peter  liarei,  Fùnt 

von  Moldau.  Vienne   1908. 
J.  SiRBV.  —  Mateiu-Voda  Hasaraba»  autwàrtige  Beziehun 

gen,  I>eipzig  1899. 
N.  JonoA.  —  L'activité   culturelle   du   prince  Constantin 
Brancooeanu  («   Bullvlin    •    cité.   1915.) 
Lettres  inédites  de  Tudor  Vladimirescu  (même  «  Bul- 
letin ».  UH.'>.) 
lor<  et  Tudor   Vladimire»eu  (mèrn' 

Aus  dcm  Lrben  hanigs  Karl  ifon  Hnmànien  (4  vol.;  il  y  u 
aussi  une  traduction  française  publiée  par  le  Jour- 
nal r  «  Indépendance  Rouniaine  »,  à  Bucarest 

Les  documents  concernant  les  v< 
Houniains  .se  trouvent  dan.s  les  trent  I 

collection  Hurmuzaki.  («  Documents  C'  t  l'histoin 

des  Roumains  •),  publiée  par  l'AcadémiL  Jine. 

Pour  les  docuincnt.s  intérieurs,  on  a  les  recueils  de  Théo- 
dore Codrescu,  Uricariul  (25  vol.),  l'Archiva  Istorica  de 
Hasdeu  (Bucarest  1865),  nos  Studii  si  Documente 
(plus  de  .30  volumes),  nos  Actes  et  Fragments  concernant 
l'histoire  des  lioumains.  3  volumes,  Bucarest  1895  et  suiv.. 


pi,  li-ux  volumes;  uni 

térature  i  au  xviii*  siècle,  en  -,  une 

Histoire  (/<         '     urature  roumaine  au  \  i  trois 

volumes,  et  une  Histoire  de  la  Littérature  religieuse  des 
Roumains,  en  un  volume,  ont  été  publiés,  en  roumain,  par 
l'auteur  du  présent  ouvrage. 

Des  matériaux  concernant  le  Despote  se  trouvent  dans 

N.  JoBCA.  —  Nouveaux  matériaux  pour  servir  à  rhistoir< 
de  Jacques  liasilikos  l'Héraclide,  dit  le  Despote 

prinri'  df  Mnliltii'ii'    niirrinst   1900. 


TABLE     DES     MATIÈRES 


^»'^""  •     !  —  Base  territoriale  de  la 

.\iiii<>it  ,' I 

CiUPiTRE  II.  —  Formation  du  peuple  roumain       12 
Chapitré  III.  —  lyomination  des  peuples  de  ta 

'■■■rr-  34 

(.M^  li.fc  IV.  —  Vie  r  des  Roumains 
(ICI II  i  la  fondation  dc-     ipautés 46 

Chapitre  V.  —  Vie  politique  des  Roumains 
avant  la  formation  d'une  civilisation  nationale       63 

(m  m  '  r  MF,  VI.  -  Formation  de  la  civilisation  rou- 
niauie  au  milieu  des  Principautés  indépen- 
ilanles  aux   xv  et   xvf   siècles 89 

Chapitre  VII.  —  Eléments  de  la  civilisation  rou- 
maine à   r  époque   moderne.  122 

Chapitre  VIII.  —  Caractère  de  iu  cwuisatiun 
roumaine  au  XV  siècle 147 

CiupiTRE  IX.  -  Développement  de  la  civilisation 
''  '•  et  xvir  siècles;  ses  consé- 

'/  < 164 

Chapitre  X.  —  Décadence  phanariote  sur  le  Da- 
f'       l>      '  '   de  la  civilisation  rou- 

iiuutu     ,  n     l  '  i:    j      -.nie 199 


XVI il  TABLS    OIS    UATtÉRSS 

Chapitre  XI.  —  lienaissancr  r  an   \ix 

siècle  avant  rUnion  des  Prir  x 237 

Chapitre  XII.  —  Renaissance  roumaine  au  xtx' 
siècle  par  l'idée  nationale  militante  après 
rCnion   des   PrincifXËUtés 264 

TABLEAr    Chhonoi.ooioie    dfs    Princks    ayant 

RÉGNl'  I 

Notes  BiBUuuHAHHiguhs  mii 


Inp.  Lamo.  Blamcbomo  «t  C'*.  7,  ni«  RodMchoaart.  Farta. 


DR  lor^,  KicoXae 

2^7  Histoir*  (!•■  Rouaalns 

175  «t  d«  l«up  civilisation 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SUPS  FROM  THIS  POOCET 

UNIVERSITY  OF  TORONTO  UBRARY