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UlflVEKSrrY OF MICHIGAK^
HENRY VIGNAFD
UBRART
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HISTOIRE
BAS-EMPIRE.
TOME XIII.
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:'iin.()iv.[i:
DE L'IMPRIMERIE DE ITRMIN DIDOT FRÈRES,
IMPRIMIUUS DU &OI BT DX I.*IK8TmTT y RUB JÂGOB, H® a 4.
ni/ /il.* î l
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HISTOIRE
DU
BAS-EMPIRE,
PAR LEBEAU.
NOUVELLE ÉDITION,
&BVUE ENTIÀ&EMENT, CO&EIG^E,
et augmentée d'après les historiens orientaux,
Par m. de SAINT-MARTIN ,
xjiitBas M l'utstitot (koàjiiuiz DBS urscurriOHt xt isun-UTrau.)
TOME XIII.
PARIS,
CHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, UBR AIRES,
RUE JACOB, N° 24*
M. DCCC. XXXII.
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NOTICE HISTORIQUE
^ÙR
M: A.-J. SAINT-MARTIN,
MEMBRE DE l' INSTITUT (ACADEMIE DES INSCRIPTIONS ) CHÉVAHER
DK LA légion-d'honneur , &ÉDACTEUR DU JOURNAL ASIATIQUE;
1^1 J#yie des sages et des honinies illustrés appartient à l'hi^-*
toire contemporaine, la postérité réclame à son tour leurà
leçons et leurs vertus , pour en faire ses mbdèlefs et son admi-
ration.
D'ailleurs, quand ils jouèrent uii rôle important dans l'uni-
vers , les orages politiques qu'ils bnt tr?iversés grondent encore
après eux , et les passions de haine ou d'amour, soulevées %uc
leur passage, ne cessent pas de s'agiter siir la poussière de leur
tombe.
Pour nous, destinés à leur survivre,, c'est donc un devoir,
à la fois doux tst péniBlé, d'anticiper envers eux lé juste tribut
de la reconnaissance de ^avenir, en nous hâtant de buriner en
traîis fidèks léui* brillante et ineffaçable image.
J*ilmai,je chériâ,jé vénérai, je regrette amèrement chaque
jour rhomme célèbre dont je veux écrire la vie; mais je ne se-
rai ni loiiangeiir ni partial: sa modestie m'en fait un devoir^ ei •
je ne saurais mentit devant sa haute supériorité.
Antoine- Jean Saint-Martin naquit le 17 janvier 1791, dans
une famille d'honnêtes é^ honorables négociants. Placé au voiv
ftinage de l'HôteUde-Ville, il lui fut donné, jeune encore ^ d'as-
sister comme témoin aux orgies de la terreur,« d'entendre les
♦ , 427792
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IJ NOTICE
cris ignobles de l'émeute , et de contempler l'agonie des vic-
times sur plus d'un char funèbre.
Destiné d'abord au commerce, il en suivit de bonne heur e
les opérations avec cette ténacité que nous lui avons connue-
Son activité, son amour du travail , son dévouement suffisaient
à tous les détails des trois établissements de son père, dont il
était le messager, l'âme , \e factotum. Frappé d'un si bel assem-
blage de rares qualités^ un banquier, ami de la maison , engagea
le père du Jeune homme à ne pas 1^ laisser dégénérer dans une
carrière inférieure à ses moyens. Quelle que fût la prospérité
de ses affaires, c'était beaucoup exiger qu'un négociant se pri-
vât d'un appui sur lequel il devait naturellement compter; mais
les encouragements du banquier ne furent pas perdus pour ce
jeune homme. Il se chargea, lui , d'allier le commerce à l'étude,
les détails du moment avec ses hautes destinées.
Il commença dès-lors à donner $es journées au travail de la
maison , et une partie des nuits à des recherches littésaires.
Doué d'une excessive sobriété , qui l'accompagna jusqu*au der-
nier jour de sa vie, et penseur par caractère, les repas et les
jeux, ces grandes occupations de l'enfance , ne lui enlevaient;
qu'une faible portion de son temps. Il put donc suivre des cours
d'étude au collège des Quatre-Nations , que venait de rouvrir
le gouvernement consulaire. Quelle dut être l'application d'un
élève, faisant dans ses loisirs de tels progrès, qu'il forçait son
maître, M. Menlelle, à s'écrier: « J'apprends mille choses de
cet enfant. »
M. Saint-Martin , en effet, avait reçu 4e la nature , et déve-
loppé par la méditation , une perspicacité rare pour découvrir
les rapports des choses. Il était déjà , à ce qu'il paraît , si bieu
habitué à s'approprier par la réflexion les idées d 'autrui,. <[ue
bientôt ,. comme s'il en eût été le maître , il vous y faisait voir
ou des faibles inaperçus , ou des faces nouvelles.
A vingt ans , M. Saint-Martin avait acquis une solide théorie
et une pratique sûre de deux des phis riches idiomes de l'Asie ,
aussi différents Tun de l'autre que les mœurs des peuples qui
les parlent ont peu de ressemblance, l'arabe et l'arménien. Que
dis-je ?sa mémoire docile s'était exercée sur une demi-douzaine
ç t
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SDR M. SAlUT^MARTm. IIJ
d'autres, dont^ sms eo posséder la plénitude pevt>^trey il aVàit
cependant des noti<»ns justes let étendues : mais, pour apprécier
ses effQrts, il faut se reporter à une époque où n'avaient en-
core paru, ni la grammaire, ni la chrestomathie arabes, ni 2e
dictionnaire arménien d'Aucher. U fallait donc, pour travailler,
que M. Saint- Martin se fkd abord des instruments de travail.
Ce jeune homme, fdrb de sa volonté et de sa tenace obser^
vatîon, apprit dcuic presque, seul, et de génie, <€inq laugue^^
l'arabe 9 l'arménien, le persan, lesjriaqne, le turk, dont une
seule suffît au traviûl de Tàge viril 4 sans compter celles qu'il ne
Et qu'elHeurer, comme le zend et le géorgien , car tout cela se
retrouve dans les Mémoires sur l'Arménie. Or, l'auteur de ce
merveilleux livce nous assure qu'il était conçu et presque ré-
digé en 1812. Il fut achevé d'imprimer en 1^19, dansisa vitigt^
septième anné^
Quand je considère ce livre, étonnant qui fut son début, «oii
chef'-d'œtivre , toute «« gloire , toute Sa puissance , je ne m'é^
Èçmne point de Tadmiratiôn que lui accordèrent les conivài»-
seurs. Dans nos études, le pthilologue n'est que le min^rqtr)
extrait le minerai brut, et tout au plii&ie dégage de sa gangue}
au lieu que l'^rudit est rkabiki' metteur en œuvre -^ qui sait en
tirer des merveilles. Tel était le but de M. Saint^Martin. Il
marcha dès l'abord, sans ; hésiter, vers ce but' qu'il paraît n'a-^
voir jamais ignoré, celui de faire servir les langues à l'histoire
et à la géographie de l'Asie occidentale, et d'après un plani
conçu en gros , dès sa première jeunesse, dont il ne s'éearta ja^
mais. Il coffl|iutsa donc, et- dépouilla tout ce qu'il y a d'écrit
sur cette partie, en arménien , arabe et turk.
M. Saint-Mar^n avait degrandes vnes'sur l'étude des'pays où
se concentraient ses recherches. L'a^^ménien tient au persan
modetne, et plus encore à l'ancien. M. Saint-Martin s'était pro-
posé, comme objet d'examen, tous les dialectes de cette an-
cienne langue, si glorieuse, si Téiïérée dans la bouche dé
Xerxès,.et sous la plume de Zoroastre. Il avait donc cherché^
dans la langue du zend et dans ses ramifications , les raisons
qu'il ne pouvait trouver dans son arménien , relativement trop
modeiue pour lui. Il avait aussi voulu rattacher ses études aux
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lY irOÎICK
idioinès caucasiqaes, et dépouillé ce q«ie Ton en savait alors
pour la. laii^ei géorgienne; Avec Maggi, il s'était fait un vocabu-
laire de quelques centaines de mots, vocabulaire bien mauvais
sans. doute. De cette sorte, en prencmt rArménie pour position
çenti-ale, il s'étendait sur la Parlfiie, la Médie, les montagnes
des Gourdes, l'Assyrie et laCbaldée; et le grec de TÂnatolie le
menait, par 4a Lazique , à laColcbide , Tlbérie et l'Albanie. Là, il
expliquait l'un par l'autre, les langues et l'histoire, la chrono-
logie et les sciences, et tous les rapports des peuples de son do-
maitie. Je dis son domaine, car il était souverain de cette vaste
portion de l'Asie. littéraire.
S'il n'eut fallu que traduire, rien de pltis facile: comparer
et çonclurie l'est biea moins. Or, tel est le principal mérite du
premier volume de, ses Mémoires.
Vous y trouvez d'abord un discours contenant, pour ainsi
dire, l'état de situation de la. Langue arménienne , et des consi-
dérations profondés et tout à fcvit neuves de philologie histo-
rique ; puis un travail également neuf de géographie également
iomàée sur l'histoire, fruit d'immenses lectures .^ Viennent en-
suite.des tables de l'histoire civile et religieuse i d'Arménie, dont
Les résultats ne. sont pas toajorurs. d'accord avec d'autres tra-
vaux plus connus; mais l'auteur n'a pas cité ses autorités.
. Quant au second volume , à part la dtssértatkin si curieuse
sur i'état)lissement des Mamigoniens et des^Orpélians en Armé-
nie « la traduction, d'un texte, déjà .assez bien:épisré par les Ar-
ménistesde Madras, n'offrait; pasde^très-^grandes difBcu)tés.
Majs;.que l'on prenne la peiné. d'examiner ces nombreuses notes
destinées à compléter un texte trop court, et cette richesse
d'extraits de toutes langues dont elles sont pleines , on n'a pas '
assez d'éloges pour un pareil travail.
M. Sâint-Martjn a laissé en manuscrit une quantité considé-
rable de traductions/de l'arméaiçu: i*^ unAbrqgé d'Histoire unL
verselle ; 2^ l'Histoire de Lazare de Parbe ; 3^ Moyse de Rhoren ;
4^plusieurs portions considérables d'unouvrage intituléi Histoire
d'Arménie , que je n'ai pu assez examiner pour en nommer l'au-
teur; 5*» l'Histoire des VardaniesDS, par Élise; 6" l'Histoire da
pays de Taron , celle de Nersès-le-Grand , l'ouvrage jdeNersès
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SUR M. SAINT-MARTIN. V
Claïetsi; le tout plus ou moins complet; 7*' la vie de Thamour,
par Thomas de Mezsob^ et enfin THistoire d'Arménie du pa-
triarche Jean , qui paraissent terminées. Ces divers ouvrages ,
très-voluminetx, m'ont semblé se rapporter à im temps asse9
ancien , à cause de la différente notable des écritures.
Le Journal des Savants rendit un oofnpte très-favorable des
mém<Hres sur rArméniey et l'Italie savante lui paya *un juste
tribut d'éloges deuàsisL-Bibliotheca italùtna , des mois d'avril et
de mai 1821.
J'ai pourtant entendu*' nier les connaissances de M. Saint-^
Martin en arménien et en arabe, et vraiment on ne peut se
rendre compte .d'une pareille agression. Il fait imprimer un
livre considérable, plein d'extraits et de traductions: te livre
circule, et pas une critique ne s'élève. Ou il n'y avait pas de
îûges , el c'cs*t alors la preuve d'un mérite original ; ou il y en
avait, et, en déclinant leur compétence, ils ont entendu ap^
proo?er ce qu'ils n'attaquaient pas. Pour ne rien dire de cetpaà
n'est point dans mes attributions , je puis assurer, quant à l'ar-
ménien, que j'ai attentivement confronté avec les textes les
traductions d^a'rménien faites par mon maître , et que j^y ai
trouvé mieux qu'une philologie minutieuse, le sentiment* de Xà
valeur des phrases, la précision rigoiireuse des expressioufr
techniques ayant une portée plus qtie gramraatici|le^ en*un nàgtf.
la parfaite appréciation des choses. ^
Jai omis, dan$ la rapidité du récit, iine-ch*constatiee qui
influa beaucoup, à mon- sens, sur la carrière de M. Saini^Mar-« '
tÎD, ce sont $es haisons avec M. Abel-Rérousat. Dans sa pve^
mière jeunesse, cet homme, depuis si- célèbre-, eut occasion de
hréquentér les belles galeries^de Fabbé de Tersàn. Tandis qu'il yi
puisait le. goût de la langue ahiaoisey et y trouvait les moyens
de l'étudier, un jeune honimej'desriiié à>drautres étades, venail
y chercher' tout ce qui se fattacbaitâil'Anhéciieet auxArsa-
cides. Après >ramôùr du beau mdrâb^nde la même vertuyiiîn^y
a sans i|oute que celui du beau teliectiiél cpii puisse» éftablir
, de vives sympathies. DotfX lâlhies qu'emporte' vers, ce nobler but
leur excellente nature,- se ^rencontrant dans- les ^routes de la
scie^iW, àe comprennent v B^*%ûpefit>; semblent- se. recevhaitré
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VJ WOTICK
comme d'aDcieos citoyens d*une patrie commune. Voilà l'ami-
tié philosophique. Mais comment l'expliquer entre deux êtres
de propensions si diverses? C'est que la véritable amitié re^
suite d'une conformité de goûts, alliée à quelques difTérences
dans les opinions et les manières. (Pour rhonneur du siècle.
Tua ^*!d\si pas moins Ipin , et s'éleva aussi haut que l'autre.)
Quand M^ Eémusat fit paraître son premier ouvrage , l'Essai
sur la langue^ la littérature chinoise, en i8i i , M. Saint-Mar-
tin prit aussi la plume pour la première fois que je sache,
pour annoncer le livre de son ami , dans le Mmgasin encyciopé-
fiique du mois de septembre. Sans rien connaître lui-même à
la marche de cette langue , alors mystérieuse , son instinct du
bon lui faisait deviner tout ce qu'il y avait de mérite à n'avoir
pas désespéré de soi , et k soulever le voile tant épaissi par la
demi-science de Fourmont. M. Saint -Martin rendit compte du
livre, et, plus tard, de la grammaire chinoise, dans les pre-
nûers numéros du Journal asiatique, non pas avec la verve de
l'amitié indulgente, mais par une analyse méthodique discutée
avec sa conscience.
A son tour, en i^iB , quand ,M< Rémusat soutint sa thèse de
dQcteur eu médecine , sur les signes des maladies par la langue,
il en dédia le premier exemplaire à M. Saint-Martin , avec cette
épigraphe prophétique : /. SainttMaHia^ ttlteri Httetarum orien-
falium spei. Jeune talent , qui ne voyait dans le monde que lui
etTamitiél Ceux qui pensent que l'étude dessèche le ccetir, igno-
' rent dono jusqu'à quel point se -développe dans le véritable
homme de lettres la sensibilité morale. Sans dout^, le désir de
la gloire est un puissant motif; mais rimfii«)rtalité littéraire est
une promesse lointaine, et notre ami ^t là, à qui il faut justi-*
fier son estime pour nous^ et prduver la nôtre. Molière et Buf-
lon voulaient plaire à leurs valets.
J'oubliais aussi de. mentionner deux petits écrits de M. Saint-
Martin, oa sepeint vivemeikt ki «caractère sérieux de «a philo--
Sophie et Vèen^v.^ de soé àme^.Es Ii8>i4> mourut le jeune et
estimable .rédacteur du Sfléroure^M Etfonce, Bourgeat de Gre-
noble. M.«Siiint<Martin, covome^son ami, l'accompagna v^rs sa
dernière .demeure^ et^ eonameréoirifiemm^nt digne de Tappré-
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SUR M. SAINT-llIARTlir. vi]
cier,il voulut, sjir sa tombe, lui rendre un dernier honmia^re.
Sa position à cette époque, Tincertitude de son sort, depuis si
glorieux^ tout concourut à lui inspirer de touchantes paroks.
La philosophie dont elles sont empreintes, révèle sans doute
une âme triste et affligée , mais j'ai toujours vu M. Saint-9(ar-
tin, au faîte même des honneurs, porté à s'attendrir vivement
sur l'homme de lettres malheureux.
Plus tard , Içrsqu'en 1 81 5, le gra^d empereur, assis pour la
deuxième fois sur son trône usurpé , proposa lacté additionnel
aux constitutions impériales » chacun se souvient que l'adhésion
des Français fut demandée aux uns sur le Champ-de-Mai , aux
autres par serment isolé. M. Saint-Martin , qu'aucun lien n'at-
tachait alors au gouvernement, osa émettre une opinion néga-
tive, il osa la faire imprimer, et la rendre publique. Dans la
rédaction des Motifs de son vote, on reconnaît cette décision
ftèche, nerveuse, tranchante, qui était dans le caractère de son
àme et de ses écrits. Cette audacieuse publication ayant été
mise sovis les yeux de l'empereur, l'homme qui avait le plus de
sentiment du beau dans les mœurs, il exprima sa stupeur, di-
rai-je sa satisfaction , d'un dévouement si courageux. Il de-
manda H madame Duchàtel , l'une des dames de l'impératrice*
mère , de lui en présenter l'auteur. Il eût été beau de voir fa
puissance lutter contre la raison : car M. Saint- l^rtin na se
fût pas démenti. La mort devant ses yeux, il aurait tiré ses con-
clusions «omme 'dans son cabiuet. Parmi le tumulte des cent
jours , la présentation fut ajournée.
Au retour des Bourbons , les deux chaires de chinois et de
sanskrit ayant été créées pour les deux savan,ts qui les avaient
si hardiment conquises, il paraît que M. Saint-Martin, dédira
obtenir pour lui-même un pareil encouragement. J'ai pu voir
dsms ses papiers la minute du mémoire composé par M. Rému-
sat dans un cas semblable , prêtée sans doute à son ami po.ur
lui servir de modèle. Moins heureux , M. Saint -Martin n'obtint
|i9i$ c^ qu'il demandait, soit que sa pétition, que j'ai vue égale-
ment, n'ait pas été remise, soit plutôt qu'il n'ait pas été placé
dans des circonstances favorables.
Ce doit être vers i3i6 ou 1817, que M, Saint-Majctin pm-
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TUJ NOTICE
nonça, à titre de secrétaire, le discours d'instsillatlon de la so-
ciété des antiquaires de France.
Veils 1B18 , pour se conformer aux réglesients intérieurs de
l'Institut, qui ne permettent pas aux personnes étrangères au
corps d*y lire en personne leurs ouvrages, il fit lire , dans plu-
sieurs séances consécutives, des fragments d'un mémpire, ou
plutôt d'un ouvrage complet sur le royaume grec de la Messène
et de la Characène , dont j*avouc franchement que j'ignorais le
nom avant lui, et dont plusieurs personnes ignorent peut-être
éomme moi le gisement. Cet ouvrage , qu'il n'a pas publié, que
je sache, s'est retrouvé manuscrit dans ses papiers. Soit qu'il
fait jugé indigne de lui, ou que d'autres travaux lui aient fait
oublier celui-là, il s'était contenté d'en retranscrire les premiers
cahiers. Sans vouloir caractériser ce travail d'après mes idées ,
je puis dire que des juges expérimentés en ces matières ont vi-
vement regretté qu'il restât inédit.
Au reste, M. Saint Martin était trop sérieux pour se livrer aux
riantes illusions de la poésie et de l'imagination oratoire. Il
n'approuvait et ne voulait dans les ouvrages scientifiques que la
science. Tout ce qui n'était pas pensée, il l'appelait phrase, et
le passage ainsi qualifié perdait pour lui tout son mérite. Bien
différent en cela de son ami, écrivain non moins élégant que
phâlosophe* exact, M. Saint-Martin voulait , et le disait haute-
ment, que la science fat aride, ennuyeuse, c'était son mot. Il
y revenait sans cesse, et voulait le rendre d'observance géné-
rale dans toute sa sphère d'influence. S'il s'en exceptait ^ lui,
c'était, il est vrai, non pour les formes de ses compositions lit-
téraires, mais pour le fond, qu'il savait toujours rendre inté-
resstant aux hommes de l'art.
Il engagea , au commencement de 1 8^10 , une polémique lit-
téraire avec un savant que venait de signaler la publication
des Annales des Lagides , ouvrage de difficile composition , et
d une érudition remarquable. M. Saint-Martin crut devoir en
attaquer la chronologie, ou plutôt la base chronologique. Il en
résulta un opuscule tout de chiffres et de calculs, iutitulé:
Nouvelles recherches sur la mort d*^ Alexandre^ que l'auteur an-
nonce comme l'extrait d*un plus grand travail, et que je m'abs-
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SUR M. SAIWT-MARXIN. It
tieidrâi de juger, parce que , pour être seulement en état de le
sojvre , il faut une science peu ccAmnune.
Ce fut le a septenibre iStào, à l'âge de 29 ans, que M. Saint-
Martin fut élu membre de rAcadémie des inscriptions, en rem-
placement de Tôchon d'Anneci. A Tépoque de iSaa se rapporte
la publication de sa brochure relative au Zodiaquede Dendérah,
Aujourd'hui si rebattu, ce sujet avait alors le mérite de la
nouveauté: il eut de plus, sous la plume de M. Saint- Martin ,
celui de la plus grande lucidité dans Texposition des faits, et
surtout oflui de fixer avec certitude les bornes, déjà trop vastes,
au-delà desquelles la science ne pouvait dater ce planisphère.
C'était beaucoup de rabattre plus de quinze mille ans sur lel
calculs des Bailli et des Fourrier. Au reste, ne lui, donnons pas
plus d'importance que l'auteur lui-même n^ en attachait,
comme Vatteste sa lettre du 19 septembre i83q, aux rédac*
teurs du Tempe, Les hésitations même de la science sont utiles
à cenx qui, plus tard, ont le bonheur de résoudre les pro-^
b/èmes, parce qu'elles isolent le point du doute.
Quand le mérite de M. Saint-Martin eut reçu la sanction so-^
lennelle de l'Instiiut, son nom, déjà connu de l'Europe savante,
ne fit que grandir ainsi que sa fortune. Il fut successivement
appelé au ministère des Affaires-Étrangères , à titre de savant,
pouvant être utile par ses connaissances ; nommé v ^n i8a4) ad-
ministrateur de la bibliothèque de l'Arsenad, pais chargé de la
direction des types orientaux à l'inaprimérie royale. Les ser-
vices qu'il rendit dans ces divers emplois ont résolu , à Thon-.-
neur de l'érudition, la question de son utilité positive.
Es^-il utile à l'homme de savoir? doit-il , peut-il apprendre
de» antres peuples? L'étude des langues et des antiquités est-
elle l'instrument indispensable de la science de leurs usages?
Et, pour l'Orient, est-il possible, y a-^t-îl besoin de rien ap-
prendre Ae^ peuples de l'Asie? Voilà tout le problème.
S'il s'agit seulement, comme disent les rieurs, d'apprendre
comme se dit chapeau à mille lieues de nous, et à cent lieues à
l'entour, nul profit sans doute pour nous casaniers, bien que
le v«if ageur pense différemment. D'ailleurs , il en est de ceei
comme du luxe. Si l'homme allait tou£nu, il aurait moins de
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X NOTICE
besoins: ignorant, il saurait moins, et voilà tout. Ainsi, les
sciences réunissent l'utile à Tagréable.
Sans géographie ni chronologie , point d'histoire , et par-
tant, rien de fixe dans le passé f sans astronomie, point de
chronologie ni de navigation, partant, point de commerce, ni
d'échange, ni de voyages. Les peuples s'isolent; i>oint d'esprit
d'association ni de gouvernement possible; et cependant le
temps marche, l'esprit s'éclaire de l'expérience du passé. Il
force à refaire le commerce, la navigation, l'astronomie, la
chronologie, l'histoire, la géographie, l'histoire naturelle gé-
nérale , les sciences positives , l'industrie: c'est un cercle à n'en
|Mis sortir. La science du philologue, si futile en apparence, a
donc elle-même son utilité, en perfectionnant l'instrument né-
cessaire de toute communication entre les peuples, en épar-
gnant le temps et la peine de ceux qui veulent l'employer.
Fières de s'être associées à la renommée de «os armes eu
Egypte, et à tous les rapports de la diplomatie avec le Levant »
les langues orientales avaient toujours été grandissant d'impor-
tance depuis l'ordonnance de création de TÉcole-Spéciale ; les
langues arménienne, chinoise et sanskrite, avaient tour à tour
reçu les encouragements d'une administration éclairée. De la-
borieux élèves se lançaient chaque année dans cette route, ou-
verte à l'ambition comme au génie de la gloire. Pour leur ser-^
vir de centre de ralliement, tout ce qu'il y avait d'illustres
professeurs au Collège de France et à l'École-Spéciale , et d'a-
mateurs distingués, convergèrent autour d*un homme dont le
nom ne peut être ici prononcé qu'avec le respect dû à Ja supé*
riorité incontestable du talent et de la vertu. La Société Asiatique
surfit, en iS%%y comme une aurore Ji^riliante , et prit pour sa
devise un soleil levant. Il n'est pas besoin de dire que M. Saint-
Martin fut l'un des premiers coopératenrs de cette noble pensée.
Radieuse dès son début, et progressive comme son modèle,
la Société Asiatique dispersa d'abord les faisceaux de sa lumière
dans un journal plein de recherc)ies neuves et intéressantes,
et employa ses ressources suivant la direction que lui imposait
son régljement. Toutes les langues orientales cukivées dans son
sein, le chinois, l'arménien, j'arabe, le p^li, le sanskrit, le
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SUR M. SAîNT-MàRTIir. XJ
mandchou, une autre littérature née au milieu d'elle et par son
inspiration , celle de la Géorgie , développèrent successivement
Jeurs laborieuses rechenehes à l'ombre de son noble patronage.
Disons4e avec orgueM ; aucui^'aggrégation, avec des ressources
aussi modestes qtie celles de la Société Asiatique ^ n'aura fait
autant qu'elle en dix ans d'existence.
Grâce à d'illustres protections et à l'excellente impulsion don-
née à ses travaux, ainsi qu'à l'emploi de ses facultés , la Société
Asiatique mérita et obtint bientôt de nouvelles faveurs. L'impri^
merie royale lui fut ouverte par la munificence de nos rois ; son
journal augmenta de volume, dés tnémcnres plus considérables
purent y être insérés, et je puis le dire , si la mort ne nous eût
ravi M. Saint-Martin, il se proposait d'accroître encore l'impor**
tance et l'étendue du recueil dont la rédaction lui était confiée
principalemen t
Dans /'heureuse position où se trouvait à cette époque
M. 5aint-Martin, il n'usa jamais de son crédit et de son pouvoir
gife pour rendre service; et je ne secai pas démenti, quand je
dirai qu'il ne nuisit Jamais à personne en connaissance de
cause. Éclairé comme il Tétait sur toutes les grandes questions
qui se rattachent à la littérature et ^ l'histoire de l'Orient , per-
sonne n'était plus propre que lui à diriger des recherches en ce
sens. A la faveur de l'emploi qui l'attachait au ministère des
Affaires-Étrangères, i4 put seconder activ^nent, dans son attrac-
tion vers l'Asie, un savant d'AUeiDagne, le docteur Schulz. H
rédigea pour lui d'une manière très-détaillée le plan du voyage
qu'il devait exécuter , lui traça , du fond de son cabinet , la route
qu'il aurait à suivre , comme s'il l'eût déjà parcQurue lui-même
avec les caravanes , et lui indiqua jusqvi a de petites localités dà^
iJ devait faire des recherches. Ces in&^ri^ctiojQs-, que j'ai euea^
long-temps en mpn pouvoir 9 sont un. ouvrage complet sur l-ar«-
chéoJe^ie historique derançiciimie>fîerSiD; Ce voyage n'eut maVi
heureusement d'autre résultat pou]t;> 1^^ s(}iençe que l'envoi ei^
France dé plusieurs manuscrits , les uns déjà connus^ les autrea
tout-à- fait nouveaux, et de beaucoup d'inscriptions , dont une
géorgienuç trouvée sur une cloche à Tçhoullqu^bévi,lieu doq|
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Xlj NOTICE
j'ignore la position. Mais ces faits se rapportent aux années 1628
et suivantes.
Ce fut en 1^4 que j'eus moi-même l'honneur d'être pré-
senté i cet hbmme célèbre par celui qu'il aimait le plus. Je le
connaissais de réputation , et l'un des amis de sa famtHe, avec
qui ma profession me procurait des relations suivies > m'avait
mis au fait. .C'est même de la bouche de ce dernier que je tiens
la plupart des détails concernant la jeunesse de M. Saint-Martin.
Je me rappelle, non sans sourire, que j'essayai de faire à
M. Saint-Martin une sorte de harangue pour ma réception , et
que, intimidé par la haute idée de son mérite, je me troublai,
au point de rester court : je fus cependant bien accueilli. Ainsi
commença pour moi ce bienveillant patronage, dont je mé sôu-^
viendrai toute ma vie avec la mémoire du cœur.
Depuis lors, M. Saint-Martin se présente à moi sous un jour
nouveau, et avec les saintes fonctions de guide intellectuël'.Nbn^
le don de la vie et les bienfaits de l'existence n'établissent point,
entre le père et son fils, des liens plus forts ni plus sacrés que
ceux qui unissent réciproquement le maître et son élève. Heu-
reux l'homme qui rencontre dans la vie un maître éclairé I Un
regard , un ton de voix, un geste, un mot, une phrase, tombant
delà bouche du maître guident, encour^ent,récomp<*nsent l'é-
lève. Ceci est bien ! faites cela! vous êtes dans Terreur? On aime
autant le blâme que la louange, parce que l'un et l'autre sont
des conseils. Qu'il y a loin des avis du maître à cette critique
toujours hurliwte, aux désespérants conseils, aux sarcasmes
envenimés qui entament ou exaspèrent le génie! Non, quand
je rappellerais l'étai robuste donné au timide essor de la jeune
vigne, la mère qui forme, les premiers pas de son nouveau-né,
le pilote qui, sur uâe mér dangereuse, dirige la marche du
vaisseau ; toutes ces images de la force , de la sagesse , de Fa-
mour, servant d'appui à Ift faiblesse^ à l'inexpérience, ne ré-
pondraient qu^imparfàitèment à ces deux idées relatives de
maître et d'élève.
Sans calculer jamais les obstacles, la tête logique de M. Saint-
Martin concevait tout par ensemble, et ne savait borner la por-
tée d'un principe. C'était lui qui m'avait inspiré les moyens
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SUR M, SAmT-MARTm. xiij
d*«tude> en me communiqaant tout ce qull possédait de livres
et de matériaux, relatifs à la langue géorgienne; il voulut m'y
perjfëctionner inévitablement. Il conçut donc , et digéra le plan
d'un voyage littéraire en Géorgie; ce fut. lui qui se chargea de
ie recommander aux puissances ^ car il. n'employa jamais son
crédit que pour l'honneur des principes. Tout était prêt ; un
miniistre, d'un esprit non moins élevé que son caractère était
ferme, trop ferme peut-être pour une époque de dbsoludon
déjà mûre, M., de Peyronnet, avait accueilli les bases de l'en-
treprise. Elle avait reçu l'approbadon savante de l'Institut,
tout allait se décider; tout croula avec le trône quiportaiti'édifice.
Dois-je renouveler nos douleurs, en- rappelant quel chagrin
nous saisit tous, nous, les amis à divers degrés de m. Saint**
Martin, quand iious le vîmes, infidèle an coite des muses au-
teurs de sa gloire , se lancer dans la carrière du journalisme^
Beux, factions, rivales en audace, s'acharnaient sur le plus beau
vaàmimeni du premier règne de la dynastie restaurée. C'étaient^
d'une part, les rétrogrades constants dans leurs dédains pour
la pensée devenue bourgeoise; de l'autre $ la haine de plus en
plus acérée du privilège: au milieu, un pilote faible, obstiné
comme l'un de ses frères, mais non clairvoyant comme l'autre.
M. Saint-^Martin^ monarchique par principe, et conséquent,
c'est-à-dire pour lui, extrême, entrevit le péril. Il crut qu'il
serait beau de soutenir l'arche chancelante^ et dévoua sa pltime^
son existence , sa fortune , à cette noble entreprise. N'en déu--*
tons pas : c'était pour lui une affaire de raison , puis d'amour^
puis de reconnaissance. Il ne fallait pas moins de tant de mo^
tifs pour le tirer de sa retraite silencieuse, lui si doux, si pai-»
sib\e,si ennemi de toute autre, chose que du loisir des lettres
et des études. Triomphant dans sa noble entreprise, tous, ex-
cepté lui, s'en fussent attribué le succès : vaincu, il devint le
bouc émissaire* ' •
Yraimenty je frémis de courroux quand j'entends y à mes
oreilles , le& Dons Quichotes de l'ancienne aristocratie accuser
M. Saint-rMartin de la. chute du trône, comme si, dans uni
temps oik iouV fermente^ un seul homme était responsable de
cette fermentation. Quand l'attaque est frénétique, désespé«
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XIV NOTICE
rée, faut-^il que la résistancie soit molle? D'aHlesTsM. Saint-
Martin n'aurait que répété logiquement ce que disaient à tort
et à travers, et sur tous les tons, les initiés des salons d*ukra,
et les abonnés du club des bonnes leKres, présidé souvent par
le chef du ministère. Dans cette guerre à mort, où Ton ne rêvait
que ciseaux et potences, les plus mal avisés, mais non les moins
déterminés, furent vaincus: un croc-en-jambe en fit raffaire.
• Je ne pense pas que l'homme de lettres soit propre aux dis-
cussions de la politique. Au fond d'un cA)inet oii pénètre à
peine un demi-jour mystérieux , environné des précieuses re-
liques diçs morts , Platon peut noéditer sur les gratids principes
qui régissent les peuples, en peser les rapports, lés envisager
sous toutes leurs faces, et eu déduire de rigides conséquences.
Mais la société est |^iis qu'une abstraction. Sous la main de
rkomhae de lettres, sa pensée revêt une forme fixe et impéris>
sable; au lien qu'il n'y a rien d'immuable pour la politique^mi
en religion , ni en morale ,ni en administration ; son grand prin-
cipe, c'est qu'il faut avant tout consulter les opinions et les be-
scMHS sentis ou actuels^des peuples, et tâcher de les gouverner
eni ies prenant telsi quels :.en se mettant en rapport de sym-
pathie, le reste vient seul et au-delà. Sans doute ^Universel
défendit bravement et logiquement sa cause. Gagnable, il Teàt
gagnée. Oh ! si le pouvoir d'alors, au lieu de proclamations et
de circulaires menaçantes^ eût percé des routes du nord au
sud, ouvert des canaux partout^ laissé le droit d'aînesse à no«
aïeux, la pénitence du sacrilège aux prêtres, et des fusils à
ceux qui ont des marchandises à défendre, la logique de l'Uni"
i^ersfleAt été plus concluante, sinon inutile.
Mais passons sur ces tragiques catastrophes.
Depuis que M^ Saint^Martin eut adopté sa nouvelle car-
rière, plus d'études , plus de recherches, plus de compositions
savantes, les ouvrages commencés marchèrent avec peine; plus
de:mémoires, plus de travaux. La seule chose à laquelle if ne
renonça point, ce fut la direction du Journal asiatique^ et de
la gravure des caractères orientaux. L'arabe, l'arménien , . le
chinois, l'avaient précédemment occupé ; à cette époque 9 il se
livra à la gravure d'uu corps zend. .
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SUR M. SAIWT-MARTIN. XV
Ici encore , et j« ne serai point démenti par vous , jeune par-
yeou de la science dont j'ai vu les succès littéraires et la rapide
éiévatien avec le loyal plaisir de l'estime satisfaite , ici encore
M. Saint-Martin se montra ce qu'il avait toujours été, désinté-
ressé dans ses nobles travaux. On voit , par beaucoup de pas-*
sages da%MéfiK>ires sur TArménie» que M. Saint-Martin s'était
occupé du zend, ei l'avait étudié avec soin. Ce que je sais, et
ce que seul j'ai |^u savoir, c'est qu'il amrait ramassé pour cette
étude de nombreux, etx^ertesnon méprisables matériaux. Mais
le désintéressement littéraire dont il faisait profession nel'em-
pécka pas de prodiguer ses conseils, et de communiquer toutea
ses recherches au nouvel investigateur^ et, malgré les difficul-
tés, un corps de carjictères zends fut gravé pour luL Un jà«*
loux, un petit homme eut gravement. décidé la chose impos-
sible^ aurait enpérché qu'elle ne se fît, ou l'aurait faite seul
sur \es dessins du postulant *.
Quand arriva la révolution de j83o, des sommités qu'il at>
té^it d'abord » l'orage descendit bientôt vers la plaiiie. Là ,
plus d'un lâche se cacha, dans les brouillards, plus d'un habile
du jour s'effaça dans des faux^fuyants de lui connus, à la fa**
veur de l'anonyme ou d'un déguisement. M. Saint-Martin ayant
fait tête, fut rencontré et enlevé par ce tourbillon : cela parais-
sait rationnel. Il eut occasion d'écrire « à ce sujet, aux rédac-
teurs du Temps, le 19 septembre i83o, une lettre digne de sa
franchise, mais inférieure peut-être à sa logique; car, après y
avoir ^^lé de sa vie littéraire^ qui méritait bien d'être expo-
sée au grand jour, noble et pure comme elle l'était, il parle de
sa chute comme d'une chose étonnante, comme s'il y avait rien
d'étonnant eB révolution dans les excès enfantés par la bas-
sesse , la délation et la peur. Peu au fait des machinations d'in-
trigue qui assiègent les nûniatres, je sais seulement, à ce Siujet«
que l'intention première du gouvernement avait été de dioBkH
nuer ses traitements, sans lui ravir toutes ses ressources, mais»
que des menées étrangères au ministre lui forcèrent, pour ai»$f
dirCi la main. ^ .
* M. E. Barnouf.
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XVJ MOTIGE
Au reste y comme il y a toute raison de croire que M. Saint-
Martin n'était pas capable de déguiser une vérité nuisible à ses
intérêts, un pareil dénoûment n était pas logique. Puisque
Mi Saint-Martin affirme>dans la lettre citée plus haut, qu'il de-
meura complètement étranger à la rédaction politique de VU-
nîpersel, et qu'une personne, mieux placée que qui qae ce fàt
pour en juger^ affirme n'avoir jamais vu dans ces diatribes une
seul« ligne de sa main ,4a responsabilité lui emfut donc impu-
tée à tort : il est bon d'en décharger sa mémoire.
Rentré dès-lors dans le néant politique, dont, pour son re^
pos, il eût dû ne pas sortir, M. Saint- Martin, après s'être un peu
remis de l'étourdisseroent de sa chute, reprit ses travaux litté^
raires qu'il chérissait. Entre ses mains, le Journal asiatique oM'-
tinua de prospérer, et sa belle édition augmentée de l' Histoire du
Bas^Empire, commencée en 1814^ parvint au dousièm* vo~
lume.
La manière de composer de M. Saint- Martin n'était pas uni-
forme. Doué, comme il l'était, d'une logique serrée, et difficile
par conséquent sur le choix des idées et des expressions qui
les rendent, mais en même- temps dépourvu de l'imagination
qui crée les unes et. les autres, et les met à souhait au service
de l'écrivain, il commençait, par concevoir son plan, ses di-
visions , ses idées fondamentales , la charpente de l'édifice , s'il
s'agissait d'une dissertation ; puis il se pénétrait de la matière
par des lectures variées, arrêtant dans son es|rrit tout ce qui
devait concourir au sujet; ensuite ni rédigeait, sai^autre
livre que sa tête^ sauf à ajouter les citations en relisant, après
avoir transcrit.
il avait traité de la sorte plusieurs points de l'histoire an*
cienne et moderne, et j'ai vu dans ses papiers de nombreux
mémoires relatifs i^ aux aniiq^iités de l'Egypte^ à Sanchonia-
t<m et Manéthon ; ft" à l'époque de l'édipse de Thaïes, un
mémoire et son supplément; 3^ des fragments d'une histoire-
des Sassanides, et d'autres moitis importants; 4^ un travail
très-volumineux sur la dynastie des Arsacides; 5-^ un Mémoire
sur l'année de la naissance de J.-C. Il annonçait souvent
comme achevé un ouvrage dont la conception était seulement
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StJR M. SAUfT^MARTIN. JlVÎj
organisée dans sa tôte. Quand it en tétait k la premièihe di'j^e^i^m
do plan , chose déjà difficile par elle^méiM , «omme si toirt
étBit terminiéi, il prenait en par y«u)iep quelque «eîudiièifp com^
plaisant , sa femme , sa fiile , lé pfemiec ^enn * ^ois ; ^eôïhinè un'
homme qui pensejrait tout haut; il. vous détuîllaitira^plisin itn-'
mense «tses divisions; et, s'exaltant d^ ses inspirations hiénies',
il vous en vantait l'importancre , l'utilité, la prééminence sut'
tontes le^ autres: et souvent il disait vrai. Ah! cbml^èli'de
beaux livres morts ainsi dans son cerveau! "' ' ' . - ;
Aucune des ^andes questions de* la ]^hi)oIogiè f <ke ll^toiré
et^e 1a^«tographie ancieniies,n'étàif étrangère à M. Saitat-^nTàlKiW.'
Il avait étudié avec un soin spécial jief' les' migrblibtis del'Eii-
rope vers l'Asie , et celles de TAsle vers l'Eiittôpè^tet l'i4fricfUè:
Les établissetAentst orientaux dé la côté théridiOi^âle^'dè''}a#é^
diterr^ée , et, par smte> ceii^des Boihains dàtts les rtièmeè'Yê^
g^ons y le mirent à même d'éclàircir beàtrcoup dé passagles des
aneîensy un, entre autres,' de J'histôri)^ «âtflkiste; des re-
cherches scientifiques acquirent bfeniàt une tn)portaneéSupé^
rie«fe à ié^lle qu'il prétendait en tirer d'abbi^dV 'lôfsqé« là
guerre d'Aiger, en i83o, vint les ifUèltre en lumière. Il eosiposà
à 1 époque, de l'expédition dlVierS liiémoitei^ dont là lecture
excita un étonnement général phfrnti^és vieux* guertiei^ que,
du foml ^e son cabitrct/il'ÀÂak (guider sur ces plages loînCaines.
Si la France possède Alg€$, tW à lui qu^elle le doit eb partie ;
si la colonie prospère', ce sera encdrie par ses ditebtioiis^ Ainsi
ré^Amd là science à ses 'détraéteursJ' ' '^ ' •' ' '!
Maiidà*il excellait, et cet qui sbu^iVlfe pHyi'ft soii^lgéWie ,•
éTétaient lesnotias et travaux de détail: Ileh aV^iV ÀnriMèé potir le
zéné de très-groé paquets , et d'autres par ordte !itj^l>étiqé^,
qiie j'càferté à^fus de dix mîtlièrsi relatives aùk idiome^', à
l*fetof rè, Il ia géographie , à l'àntiq*i<é / à la ci'hi^dëde» ^JèU-
pies et dWlitféraîfures de rArftlénie- de làf Pér4/^4'ATabie,
d^fà^'î%rkië^, 'tliirtes ceiritës îirt prbpisement , ettiî'uTïe' écriture
fine et serrée. Dans ce cenre de travail, on distinguera le
voyage (teHéVêqii'e aîrménjeh Martyr,' inséré a UJôWrnal AsJa-
tT<jtie;iK*fés'ânriotâtiôiik cônisidéràbles du Lebèlàu. C'étaitià son
répertoire pertnaû'ént dii' faits curieux,' dé rj^^proèhcments;.
Tome XIII. b
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XVllj NOTICE
d'explication de passages. di(ficiAeS| de restitutions de textes,
de comparaisons qui nourrissaient ses improvisatinos savantes.
MM. les membres de ilnstitut» dont. j*ai entendu plusieurs ad-
mirer la variété de ses à-propos, et rimmensité de son érudition,
et les lumières soudaines qu'il jetait dans une question épi-
neuse, auront, dans ce que je viens de dire, la solution du pro-
blème qu'ils ne savaient résoudre.
Autant il avait de difficulté à comppser des ouvri^ges de lon-
gue haleine, autant il était rapide dans le discours. Sans doute
il n'aurait pas £sillu écrire ce qu'il disait ; mais , dans chacuoe
de ses phrases, il y avait une portée que mesurait de suite sifi
interlocuteur , et dont on pouvait très-souvent profiter. Pei^t-
être se fiaitril trop à sa facile et riche inémoire ; et il serait dif-
ficile de dire ce que serait devenu so^is sa plume un ouvrage
important, composé, de souvenirs et sur épreuve^Il avait entrer
pris en 1828 l'histoire dePalmyre : iSo pages étaient composées,
96 en feuilles , et le reste en placards .isolés* Commç nous n'A*
vons,rien trouvé de compacte sur ce sujet dan^ ses icartons^ il y.
a lieu de eroive que le reste était seulement conçu ^ organisé
dans.^a tète. Des notes assez considérables relatives 1^ cet objet
pourront peut-être mettre sur la voie vu^ acquéreur intelligent ;
mais qui se chargera d'un tel trav^l ? .
Jusqu'ici j'ai parlé du savant, j'ai pe^nt ce que j^'avais vu des
mcDurs littéraires de M. Saint-Martin Hl me reste àpai;l^rde^ qua.
lités de son cœur, M. SaintjMEartin avait l'ame^ns^Ue.çt aifnante.
Il avait épousé en 1818, avant que sa réputation fût encore
fixée parvl'in^^ession de ses mémoires, la veuve du^général
Gasteix, qui,eB^s'unissantà son sort, ne fit qu'échanger une
hf^e capacjté mifitaire contre le mérite non moins relevé d'^
Uoratne de lettres. M. Saint-Martin, homme sérieux et d'inté-
rieur, avait voué à la compagne de sa vie un véritable culjte*
dont ceux .qui la connaissent savenjt combien elle enéta^t digne,
et se délassait, dans les plaisirs de la famille, de ses sai^ànies
fatigues.
. L'affection qu'il avait conçue <dè^ .le jeune âge pour jl]^. Abel*
Rémusat, ne fit.^ue s'accroître aivec le teinps., et se consolider
par u^ne estime profonde et réciproque. Il fut fidèle jusqiui la
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SUR M. SAINT'MARTlir. xix
tombe à cette amitié dont ii 7 a lieu de croire qu'il faisait une
bonne partie iles frais. Lorsqu'une douloureuse mallidie vint lui
inspirer pour son ami des craintes sérieuses , M. Saint -Martin
s'attacha à son chevet » et lui prodigua les soins les plus ten-
dres. Le jour et la nuit, tien ne put Tarvacher à cette douce
et pénible occupation. Quand la mort eut frappé son dernier
coup, ce fut encore M. Saint-Martin qui conduisit son ami à la
demeure qu'il avait choisie et marquée lui-même près de sa
mère, à Saint-Fargeau. Il sembla dès-lors dégoûté delà vie.
Abreuvé de dégoûts et de disgrâces, il tomba dans un état de
démoralisation vraiment affligeant. Ni les scènes tumultueuses
du mois de juin, ni les soins de la vie , rien ne put le distraire
de ses regrets. «Il m^emmènera» , disait-il souvent.
Tout concourait d'ailleurs à hâter le terme d'une vie si pré-
cieuse i la science. Présenté par le collège de France, et appuyé
par l'unanimité de l'Institut pour une chaire d'histoire , il y eut
une persévérance calculée à lui refuser une nomination solen-
nelle. M. Saint-Martin lui-même en aurait senti la justesse s'il
n'en eût été la vioUme. Qu'aurait-il en effet enseigné ? lui pour
qui le principe monarchique était sans doute divin , il aurait
appelé révolte tonte révolution venantd'en-bas. Et maintenant
on ne veut des rois que pour plastrons , et des places que
comme moyen de fortune ou d'influence. On lui refusa plus
tard de remplacer M. Abel*Rémusat , au dépôt des manuscrits
de la Bibliothèque royale. Qu'avait donc alors de si redouta-
ble un homme disgracié , sans crédit , qui avait rompu avec la
politique? Des craintes, fondées peut-être en i83o, ne l'é-
talent cc^ainement plus en iB32. Regrettons qu'il se soit trouvé
desxârconstances telles qu'un homme de talent, appelé parl'opi-
J^n générale au premier poste littéraire de la capitale, n'ait
Mfm ^ cause de ses opinioBS politiques , être admis à le
remplir.
Arrivé à la dernière page de cette tie si pure, si glorieuse,
par ses succès et par ses revers, j'avoue que la reconnaissance
devient pour moi un triste devoir. Lui que j'avais vu trois jours
avant , abattu par le chagrin , il est vrai, mais plein de santé et
vie, et luttant contre les doi^urs de l'amitié, et les incertitu-
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des de son ^rt, je ne devais plus le revoir. Le samedi 14 juillet
iifqt saisi d'une violent^ migraine; sujet depuis sa jeunesse aux
retours périodiques de ce mal, il n'en conçut aucune inquié-
tude. Alteiqt de vomissements le dimanche, à peine s'il daigna
s'en inquiéter encore ^ parce que c'était chez lui la ^ite opdi-
nair48 tfu premier mal. Cependant, ^ fut bientôt impossible de
méconnaître les plus violents symptôme» du choléra asiatique.
Au milieu des convulsions de la mort^ M, Saint-Martin con-
serva la sérénité de son ame , et ne poussa d'autres plaintes que
celles arrachées par la force de ses douleurs* La crise passée ,
il reposait avec calme, témoignant à ses amis sa reconnais-
sance de leurs scwns. Ce fut dans un de ces intervalles qu'il se
souvint de l'un denses élèves qu'il avait le plus affectionnés.
Mandé par ses çrdres, M. Eugène Burnouf vint retirer d'entre
ses mains, pour le présenter à 1^ commission tirientale, un
manuscrit que je lui avais confié peu de jours avant. C'était la
traduction, avec le texte critiqué, du code Géorgien, entc^pri^e
sous son inspiration. Désirant autant que moi la publication
de cet ouvrage , il voulut qu'à son dernier jour s'attachât en-
core pour moi le souvenir d'un service rendu.
J'appris par les .Débals du ^nardi 17 qu'il ^vait cessé de
vivre.
Tout fut touchant , j'en atteste les souvenirs de chacun, dans
la pompe lugubre de ses funérailles-, et le concours d!amis sin-
cères, à peine prévenus à domicile, et les larmes, et l'affliction
profonde de ceux que lui attachaient , la veille encore » d'aima-
bles relations , et les chagrins paternels du Nestor de la littéra-
ture orientale, versant des regrets pour la troisième fois sur la
tombe d'un élève. Il n'y eut pas jusqu'à la pompe militaire
accompagnant ce brave de la loyauté, qui n'ajoutât au solen||^
de ce spectacle. Pour nïoi , j'avoue que , voyant tant de g^|P
et l'espérance d'une longue vie ensevelie dans la poussière , ma
raison s'égara, et je n'entrevis plus dans l'avenir que douleurs.
Les journaux du jour et du lendemain retentirent de ses éloges.
Ses amis en insérèrent un, entre autres, dans la Gazette de
France du 19 juillet, où, sans doute par de louables motifs, on
avançait que la mort levait surpris au sein de la misère, qu'il
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sua M. flîik^IK'I^^MjilITm. uj
aTÛt maiMiuéjde Km^ peur $e^ paiÉsenoMU». £o U^ifemeoMm^
et leav iftte&tÎQti M nom de b lîiiQtUe> joi^m aùtonsé à dé*
mentir le 4iikSla fidèle épûiueevit la oonsdlalioa de pouvoir ne
lui refusex» àuihiBç dès pi^scripCkms des %rm& doeteurS; qui lui
prodiguèrentlenvs sovM.
M. SaiBt^Martin avait la taille haute et svelte , le maintien
grave et assuré. Ceux qui ne le connaissaient pas eussent pu
]*accnser de pédantisme : mais quand on savait ses habitudes ,
il était impossible de s*y méprendre. Sa physionomie était pâle
et plutôt maigre que pleine ; ses yeux délicats mais flamboyants.
A le regarder de près, on ne pouvait s'empêcher de dire : Cest un
excellent homme; tant ii y avait d'abandon et de douceur dans
ses traits. Sa tête était chauve avant le temps. En un mot, toute
sa personne annonçait l'homme sérieux , mais bon et aimable ,
une ame fortlr^yn tempérament nerveux. Bien différent de ces
hommes qui cbetchent à c^xagérer leur certaine importance so-
ciale^ en se rendant invisibles et de difficile accès y M. Saint-
JUartin laissait à toute heure sa porte ouverte. Son livre était
sous^es yeux y il suivait la trace d'une idée, n'importe: vous
étiez le bien venu. Il avait ses jours ; mais, pour rendre service,
il ne trouvait pas mauvais qu'on les oubliât : car tous les jours
le trouvaient prêt.
Maître vénéré , si votre mémoire avait besoin d'un monu-
ment plus précieux que vos ouvrages, ce monument est dans les
cœurs de vos amis, dans le cœur de celui qui s'honorera toujours
d'avoir été votre élève. Oui, je serai fidèle à la religion du tom-
beau , et je jure de déposer sur le vôtre, puissent mes faibles
écrits quelque chose pour votre gloire! l'ouvrage même auquel
vous avez tant coopéré par vos conseils. Il portera pour dé-
dicace : «Aux mânes de celui qui fut mon maître et mon ami.»
AnniTioH POUR la page yij.
Il paraît cependant que, dans sa première jeunesse, M. Saint-
Martin cultiva la poésie. Nous tenons de sa sœur qu'il composa
une tragédie sur le sujet de Don Carlos , et qu'il en montra les
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t%\] NOTICE Sim M. SAINT-MAUTIN.
premicfrs ftcte&.aù célèbre D«lille^ avec qui il était em rapport»
fcéquenU. Ce grand poëte, toat en appréâant les 'èHatU d'un
jeune homme plein de verve et d'enibouMaAme, l'engagea à^ne
point suivre cetteroute. M. Saint-Martin iUt si docile , qu'il ne
fi*est retrouvé aucune trace de ses essais poétiques.
BROSSET J*, son élève.
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i%^<%<^i^%'%;^-»'^'%/%^^^'m^/%^/^^^)%/4%.v^^fc.*
AVIS.
Il n'y avait il Paris qu'une «ealejpersoime i^i pik enU'ej^i^fl-
dre sans présompliotf 4e comiDtterv4ig|i«iiusiil.ré<iitîon 4« Le-
betft, eonrâDeDdéé piir M. SAÎDl^MurtiQ, Mais .b Sift.vai^tiéflil^fW
de taiit d'«iiv»geft relatif» à l^iafolre .grecque et à la laogt^
grecque moderne, M. Hase, tro^ dccufté d'aiUeura de HvipOkir-
taate publicatioivdu lyétor^BêniijLtmime, pe pQuvaat se)i-
Trer attx soins que ëemâtadiik oelle^i ^ j'ai accepté, par reStpe^ *
pour la méafoire ëe mon naître*) Ji9U0 péiôUe t4c4w.' Sfil qe
dépend que dénies efforts:, j'^spei» jiia^er .la 4ieriftaaçe! de
MM, ^rmin Didot, et le noble dévouement qui les a poussés,
dans rintérét de la science , à ne pas laisser entièrement impar-
fait le mottiMoent restauré par M. SainUMartin. Notre but
sera de compléter Lebeau par les ouvrages dont il n'a pu avoir
coDDaiâsanc?e '. Admettant en principe l'exuôtitude de la pre-
mière compilation , du moins en ce qui coBceme les historiens
byzantins» et en effet nous ne voyons pas que M. Saint-
Martin y ait ajouté rien de trèsr^important.par une nouvelle
lecture de ces auteurs, nous ne recourrons pas aux sources où
a puîaé l'auteur primitif. Mais Léon-le- Diacre , imparfaitement
connu avant les deux éditions publiées par M. Hase; les
Histoires des croisades, par M. Michaud, et de Veni^, par
M. Daru; les extraits relatifs aux croisades, par MM. ^ilken
et Eeinaud ; le savant travail de M. Fatlmerayer, en alle-
mand > sur Tréftsonde, et la chronique du mém« empire, pu-
bliée par H- Tafel; la chronique de Thessalôi^ique, publiée
par le même savant , en un mot , tout ce qu'il y a de neuf sur la
matière, sera compulsé et dépouillé. Mais la partie à laquelle
I Nous n*ajootoii8 ({u*iine note au tome XTII , dont ïtm trois premiers lÎTrea
araient été préparét''par M. SaÎBt-Mftrtki. — B. ..
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nos études nous mettront à même de donner le j^lus de soin et
d'extension , ce seront le» renseignements contenus da'nsjes au-
teurs arméniens, mannsprits ou imprimés , et, parmi ces der-
niers/ dans Fhistorien alf saitrant et ^i consciencieux , Tcham^
tchian.En effet, depuis la fin du v* siècle, rArraénic, ou du
moins de vastes portions de ce royaume étaient incorporées ,
comme provinces, à Tempire grec; et la dynastie des Roubé-
nient se foi^a , mft i/ sièclf ^ êtvm Remembrement de Ja Citicie.
Quant "aux cartes promises par M. ftaint^MavCin , il faudsaU
éH^ lui ■'pour les KéfaiK, celle surtout qu'îl^ lamMNiçait piMil*
l^(KXpédition'deJiiUeiienPerse/On pownra anjarains enidonner
une» généifale comprenatit reQipir^ gp^c, dans sa ploagrande
extension j avec un rtiémoire explicatif -dès oirceIiscriptioIl&SMe^
cessives d^s teriitoires. Dans ce eâsy M, Jouy nous prtoraii ht
secours de son burin, Nif]Édis queles- iumiérés des savants nous
mdeniiéfttnons-méiiies<à suif re une màtehe^urè. ' ,.
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HISTOIRE
DU
BAS-EMPIRE.
LIVRE LXVIII.
L.éon récompense ses partisans, ii. Crum devant Conslaiiti-
nop\e. m. Ravages des Bulgares, iv. Léon couronne son fils.
V. Renouvellement; du traité avec les Français, vi. Arcadio-*
polis prise par les Bulgares, vu. Mort de Crum. vni. Victoire
de Lil'on sur les Bulgares, ix. Nouvelle défaite des Bulgares.
X. Les iconoclastes sollicitent Léon à se déclarer pour eux.
XI. Nouvelle imposture, xii. Antoine, évcque de Syllèe, se
joint aux ennemis des images, xiii. Léon tente de séduire le
patriarche, xiv. Assemblée des évoques orthodoxes, xv. Pre*
roier attentat des iconoclastes, xvi. Déguisement de Léon.
XVII. Exil de Nicéphorc. xviii. Théodote patriarche, xix.
Concile des iconoclastes, xx. Persécution, xxi. Gouverne-
ment de Léon. xxit. Michel-le-Bègue accusé et condamné,
xxiii. Il échappe an supplice, xxiv. Conspiration contre
L.éou. XXV. Assassinat de Léon. xxvi. Michel-le-Bègue em-
pereur, xxvii. Caractère de Michel, xxvm. Conduite de Mi-
chel à Végard des catholiques, xxix. Impiété de Michel.
XXX. Révolte de Thomas, xxxi. Alliance de Thomas avec les
Sarrasins, xxxii. Divers succès de Thomas, nxxiii. Il marche,
à Constantinople. xxxiv. Son arrivée, xxxv. Attaque de la
ville. XXXVI. Seconde attaque, xxxvii. Défaite de Grégoire,
xxxviii. Thomas vaincu par les Bulgares, xxxix. Il lève le
siège. XL. Mort de Thomas, xli. Punition des complices, xlii^
Michel écrit à Louis-le-Débonnaire et au pape, xliii, Entre*
Tome Xlir, I
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a HtSTOmB DU BAS-nSMPIRB.
prise des Sarrasins sur Tîle de Crète, xliv. Ils s'y établissent.
XLV. Ils défont Tarmée impériale et achèvent la conquête
de rîle. xLvi. Fondation de Ondie. xlvii. Efforts inutiles
pour le recouvrement de Tîle de Crète, xlvui. Expédition
d'Oryphas. xlix. Second mariage de Michel, l. Les Sarra-
sins $'emf>arent de la Sicile, li. Suite de la conquête, lu.
Mort de Michel.
Ajr 8i3.
X.
Léon récom-
LÉON \, dit l'Arménien, MICHEL II , dit le
Bègue.
J_j*AMBiTlON, source féconde de forfaits, avait rendu
Léon séditieux, ingrat et perfide; dès qu'elle fut sa-
pcnse ses tisfaltc , elle s'cmpressa de récompenser ceux qui Ta-
Tbeoph.p. vaient servie. Michel-le-Bègue * fut élevé au rang de
Aut^'inccrt P^^rice, ct rcvêtu de la charge de capitaine de la
^^A3i**'A3a S*"*^'^* Thomas, qui , dès son enfance, avait vécu avec
433. Léon, fut fait commandant des troupes confédérées*.
Léo gramm. 1 . r / /
p. 445, 446, Manuel avait été attache à Michel Rhangabé , dont il
Cont. Théo, était premier écuyer^; cependant comme la valeur de
Symeon.p. cet officicr égalait sa probité, Léon lui conféra le
Georg.*m^. Commandement des troupes arméniennes, en lui di-
^ ^53ô/°^* sant : Foyez comme je me venge de vous : déifiez-
X MixAYiX 6 TpauXo;. — S. -M. C'est sans doute pour cela que Léon
> Tûv ^ot^epocTCùv T&up{Jt.àpxa;. lai donna le commandement des
Cent. Theoph. p. XD. — S.-M. tronpes arméniennes. Le nom de
3 Protostrator. Cet officier était Mannel était comman parmi les
Arménien , comipe on Tapprend du princes de U race des Mamigoniens,
continuateur de Théophane , p. si célèbre dans Thistoire d'Arménie,
68. ÉÇ Âp(XÊviwv ^àp T7;v 'ysveoiv ^v. et à laquelle il appartenait peut-être*
Géttëftins dit attBsi, I. 3» p. 14 : Ma- •— S.-M.
fê9^ t^v «ftwci^di tttv k^fkiftimt
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^ÂjiStl^ ùVrife LxViiî. tÉon y. ^
vous me préférer Probopia? Prince, lui léporidlè ce„„i„. ,
Manuel avec utie noble fratibhise, i,ous êtes mainre- „Î'P «• *
nant ce que, Michel était alors : He depions-noûi '""S-
pas lesérvtf? . "t'i-part.
Sit jours après que Léori eut été coufohné, Crunif "ti^'
ayant Mt reposer ses troupes, tet ne voyant pbinl Cn,»^,»»
d ennemi qui lui disputât le passage, laissa son frëié •^""T"
devant Andrinopie, pour l'assiéger ayfec une partie "^''
de son armée, et s'avança jusqu'aux portes de Con-
stantmople. Là, ce prince idolâtre, pour se rendre ses
dieux favorables, fit les cérémonies usitées dans sa
religion batbare. On le vit, du haut des murailles, îm-
inoler des hoiilmes et des animaux % se laver les bleds
au hord de là nier dont il versait de l'eaû sdr sa tété
fet en faire l'aspersion sur son armée qui poussait dès
cris d'àlléglesseS. H retourna ensuite à sa tente entre
deux rangs de Ses concubines, qjji se prosternaient
sur son passage, et chaHtaient defe hymnes en son hoh-
rteUf*. Pour assurer son camp Contre les sorties i!
et tirer un fossé depuis le gdlfe' jusqu'à là Phjpôn-
tide, et le borda d'une palissade. Pendaiit qu'il tèiiaiè
ainsi la Ville assiégée, il fit le dégSt dans les enviions
et etivoya faire à I^on des propositions dé paix, àved
toute la fierté d'Un vainqueur, et l'itisolence d'tiil bar-
bàre. îl demaridait un tribut annuel et Une grafade
™..eur.„o„y„ed.Th^oph.p. 43x, inc. poil Tbeoph. p. 43T_S -M
J^u po«Uv.. n..w«« i tp.Bn.,« ,„t. post Theopb. p. 4 jS !m,
t.
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4 HISTOIM: du BA.S-EMPmK. (An 8i3.)
quantité d'étoffes; car les Bulgares «e savaient pas
encore mettre en œuvre la laine ni la soie. Il exigeait
de plus qu'on lui. livrât pour ses plaisirs un certain
nombre de filles, à son choix, et qu'on lui permît de
venir à cheval enfoncer sa lance dans la porte dorée.
Léon, après avoir tenu conseil, lui fit réponse, que
pour enfoncer sa lance dans une porte de la ville, il
fallait qu'il en fût maître; que les autres propositions
avaient besoin d'une conférence; qu'elle pourrait se
tenir au bord du golfe, où l'on enverrait de part et
d'autre cinq ou six personnes sans armes, avec pou*
voir de conclure le traité. La conférence acceptée,
Léon qui se doutait bien que Crum, peu délicat sur
le point d'honneur, y viendrait en personne, fit ca-
cher la nuit suivante , dans une masure ' près de la
porte de Blaquernes , trois soldats armés d'arcs et de
flèches , avec ordre de tirer sur le roi bulgare au si-
gnal qui leur serait donné. Le lendemain Crum, ac-
compagné de six officiers, se rendit au lieu convenu.
Il se présenta sur le golfe autant de Grecs, qui, sur
la parole du roi, sortirent de leur nacelle et s'avan*
cèrent sur le rivage. Crum descendit de cheval et
s'assit à terre. On commençait à conférer, lorsque
Crum aperçut un signal qu'on donnait de la ville»
Frappé de dél^ance, il saute sur son cheval et prend
la fuite. En ce moment, le peuple s'écrie du haut de
la muraille : Victoire à la croix \ et les soldats de
l'embuscade poursuivant le roi, le blessent de plu-
sieurs coups, dont aucun ne se trouva morlel. De
X Dans les maisons du domaine ^epvêbv. lacert. poat Theoph. p.
de Galla. Év ^cof^a-rtot^ Turlv Tâv 43a. — S.-M.
ratXXtjç £Ç«6ev ttç «opTïiç twv BXa-
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(JLnSiS.) LIVRE LXVIIX. L^OW V. 5
ceux qui raccompagnaient un fut tué % deux autres
pris et emmenés à Constantinople. C'était un Grec
nommé Constantin ^, avec son fils : ce Grec avait passé
quelques années auparavant chez les Bulgares, et, s*é-
tant avancé à la cour, il avait épousé la sœur de
Crum, de laquelle était né ce fils. Théophane , qui finit
ici son histoire, raconte cette perfidie de Léon comme
une louable entreprise; il en attribue le mauvais. suc-
cès aux péchés des Grecs, qui furent cause, dit-il, que
la Providence ne seconda pas le dessein de Léon. Cet
auteur moins judicieux que dévot est mis au nombre
des saints; mais il écrivait sous le règne de Léon,
dont il dëguise les forfaits. Tant îl est difficile, même
à lïn saint, de se défendre de tout ménagement timide
en écrivant l'histoire de ses maîtres.
Crum, justement irrité de ce manque de foi, dé- m.
truisit par le feu tous les édifices d'alentour. Les églises , Builares.*'
les monastères, les palais lurent la proie des flammes;
les Bulgares brisèrent les ' colonnes , enlevèrent le
plomb et les statues du cirque ^ , qui était hors de la
ville près de Saint-Mamas ^, Ils massacrèrent les pri-
sonniers , égorgèrent les troupeaux , désolèrent lès bords
du Bosphore jusqu'au Pont-Euxin, brûlèrent les arse-
naux et remportèrent un butin immense. Ils tournè-
rent ensuite vers la Chersonèse de Thrace. L'incendie
dévora tout ce qiji se trouvait entre Constantinople et
Rhège; le pont qui traversait l'embouchure du fleuve
« Cétaît le logotbèle ou ministre p.àpot; mXéxTOt?, x. t. X. Theoph.
des finances du roi bulgare. — S.-M. p. 427.— S.-M.
» Constantin Patzicès. — S.-M. ^ èv tô à'^itù Màpkarri. Theoph.
3 Tov x*^^5v Xiovra toû iinrocoO p. 427. — ^S.-M;
oùv T» ^pfltxovTi Toiî ir^ptou, xxt [Aap-
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^ HISTOJl^E DU BA^ÇMPIIIE. (An Sîî.)
^t%ras ' , ouvrage renQfpiBe pour sa beaqté égale ^
sa solidité, fpt entièrement détruit, Selymbrie ^ et
Daone ^ furent rasée3. Héraclée ^ sç sauva de cette
fqreur par la force de ses murailles , mai$ ils s^çça-^
gèrept les environs. Us ruinèrent Rhédes|:e ^ et pas-
sèrent lies habitants au fîl de i'épée. Us trouvèrent
Panivup en état de défense, et, après l'avoir inutijement
attaqué, ils remontèrent juçqji'à la ville d'Apres, qu'ils
détruisirent ainsi que les autres de cette contrée. Entre
Apres et Ganos, siti|ée au bord de la Propontide, s'é-
levait une chaîne de montagnes ^ , oîi s'étaient retirés
iQWSi les peuples voisins avec leurs troupeaux : les BmI'*
gares y pénétrèrent, tuèrent |es hommes , enlevèreat
les femmes, les* enfants et le bétail. Us entrèrent en^^
suite dans la Chersonèse 7, qu'ils ravagèrent jusque vis-
à-vis d'Abyde. Rassasiés de carnage et de butin, ils
regagnèrent l'embouchure de l'Hèbre, qu'ils remon-*
tèrp^t jusqu'à Andrinople , 8éso|ant tout sur leur pas-
§fige# Crw^ se joignant à son frère, qui tenait cette place
^^siégée, ne cessa pendant plusieurs jours de faire agir
tQUtes sets machines. Enfin les habitants manquant de
vivres et n'espérant aucun secours , furent obligés de
se jendre. La ville fut pillée, et le peuple rpduit e\\
X Petile rivière appelée à présent ^ Acmellemieiit Hoéosto , sar H
Knri^sou, qui ?e jette claus la Pro- mer de Marmara. — S.-M.
ponticle, entre Constantinople et ^ C'est ce qu'on appelait les mon-
Seiyœbrie. — S.-M. tagnes de Ganos, rà 6^n To5 Fàvou.
^ Actuellement Selivria, sur la Incert.post Theoph. p. 433. — S.-M.
mer de Marmara. — S.-M. 7 Elle était séparée du reste de la
3 To'Aaovtv xàçpov. Incert. post Thrace par unis^bme de six; milles,
Theoph. p. 433. Ce fort était entre fermé par une muraille qu'on s^p&-
SelymMe et Héraclée ou Pévin^he. lait, pour cette raison dans le grec ,
— S.-M. 4e cette époque, xo 8jàjAiX^v,-3-§,-M.-
4Ancieunei|)entPérintlfe. — S.-M, . , ^." -^.
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(ÀaBil) LIVRE LXVIJÏ. JJ&QN V, 7
esclavage. C'était, après Constantinople, h yil)^ la plus >
grande et ia plus peuplée de Tempire. Lies prispnnii3r§ 9 •
au nombre de douze mille, sans compter les feninifes,
furent transportés au-delà du Danube.
Léon, affligé de tous ces ravages, que sa perfidie , »»•
avait attirés , n'était pas en état de s'y opposer. Il leva&t ronne son
des troupes en Asie et les assemblait à Constantinople.
En attendant qu'il eût formé une nouxi?lle armée ^ il
s'occupait du soin. d'affermir sa puissance et de la per-
pétuer dans sa postérité. Il avait un fils déjà grand,
nommé Symbate * , il lui conféra le litre d'Aiigu3te, et
le couronna aux fêtes de Noël, changeant son nqm en
celui de Constantin, pour imiter Léon Tlsaurien, qui
avait donné le même nom à son fils. C'était, ce prii}ce
qu'il se proposait pour modèle; il n'attendait que la fin
de la guerre des Bulgares, pour commencer celle qu'il
méditait contre l'Église, et qui devait, selon la prédic-
tion de ses devins, lui procurer ung loQgue pî-o&p/éritp. .
Depuis le règne d'Irène, les empereurs grecs n'^- * v.
vaient cessé d^entretenir correspondance avec Charle- mentdu "
magne, par des an^bassacies mutuelles, Lorsque Léon ^^pranç^L**
monta sur le trône, il trouva à la co»r Amalharius, Th^r^de
archevêque de Trêves ^ , et Pierre, abbé de Nonanlule , g®"^ ^"^•
' 2u|i.6âTiriç. Il est appelé Saix- natos , et qnalifié du titre de cardi-
Gcivnç par ]e chroniquear Syméon , nal^ daos une histoire maDuscrîte des
p. 409- C'est le nom de Sembat évéqnes de Trêves, citée dans les
ou Sempadj très - commun chez actes des saints de l'ordre de Saint-
les Arméniens, et qui était porté Benoît, par Mabillon, Scec, 3, p.
particulièrement par les princes de &i^. On j \\X.i jémularius Fortuna'
la race des Bagratides , ce qui sem- tus , cardinalis romanus , missus est
. ble indiquer que la famille de Léon a Carolo magno Constantinopolim
avait contracté des alliances avec propter pacem cum imperatore USt*
eux. — S.-M. chaele firmandam. — S,-M,
> l\ est pommé Amularias Fort^-
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8 HISTOIRE DU BAS-EMPIRB. (An 8i3.)
chroii.de S. quc rémpcrcuf français avait députés à Michel Rhan-
Eginb'araai. g^W *. En les Congédiant, Lëon fit partir avec eux
^^b!ar? Christophe, son premier écuyer, et le diacre Grégoire»,
foœ*Byl* P^"^ demander à Charlemagne du secours contre /es
p.i3o. Bulgares^. Mais ce prince était mort le a8 janvier.
Louis -le -Débonnaire les reçut avec honneur; il leur
donna libre accès auprès de sa personne, tant qu'ils
furent à la «our, et leur fit à leur départ des présents
considérables, tant pour eux que pour leur maître. Ils
furent conduits et défrayés honorablement jusqu'à la
frontière. Ils étaient accompagnés de Norbert, éveque
de Rhège *, et de Ricoin, comte de Poitiers, chargés
de demander à Léon la continuation de l'ancienne ami-
tié , et la confirmation des traités précédents ^.
yi- Comme l'hiver de cette année était doux et serein ,
lis prise par et quc Ics rivièrcs n étaient pas grossies par les pluies ,
Cedr. t. 2, les Bulgares ne demeurèrent point oisifs. Un corps de
Zon.Li5,ta, trente mille cavaliers^ traversa la Thrace, et ayant
Aotôrkcnt. P^ssé le fleuve Rhigias 7^ nommé aussi Bithyas , ils at-
« Jmalharutm Treverensem epî- ad Leonem imperatorem, ob reno-
tcopnm , et Petrum abbatcm mona- vanâam seenm amicitieun, et prœdi^
steriiNonantu1as,propterpacem cum ctum pactum confirmandum , tnisit,
3Iichaele imperatore confirmant Éginbard. /i/i/?. ann. 814. Le même
danHy ConstantinopoUm misit, jénn, antenr parle sons Tannée soÎTante
Franc, ann. 8ï3. — S.-M. de leur retour; il le fait en ces ter-
* Les noms de ces denx ambas- mes : Nordbertus episcopus et Rich^
sadeurs se trouvent dans les anna- winus cornes de Constantmopoli re~
les d'Éginhard, ann. 8i4' — S.-M. gressi^ descriptionem pacti, quant,
3 Legad Gra-contm auxiîium pe» Léo imperator eis .dederab^ detuîe^
tebant contra Bitlgaros et cœteras rtint, — S.-M.
barbaras gentes, Chron, — S.-M. 6 Tout couverts de fer, ôXcat^ïj-
4 Reggîo auprès de Modène. — psi. Inccrt. post Theopb. p. 484, Il
S,-M. paraît par cette indication que !e«
5 Domînus Ludovicus legatos stios. Bulgares portaient â la guerre des
Nordbertum Rhegiensem episcopum, armures complètes. — S.-M.
et Richwinum Picturensem comitem 7 Le continuateur anonyme de
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(An 8i3.) LiVrE LXVIII. LléoN V. . 9
faquèrent Arcadîopolis ', ville riche et peuplée, située postTheopb.
sur la rive gauche du fleuve, environ à trente lieues de CQ»t.^Theo!
Constantinople. Ils la prirent et mirent aux fers tous ^symeon. pV
leà habitants. Ils se préparaient h partir, lorsqu'une pluie ^^^ *'®'
abondante, qui dura huit jours, fit déborder le fleuve, Gcncnna, i,
.^ j 7 f i,p. 5,7,1a.
et leur ferma entièrement le passage. Ils demeurèrent
quinze jours dans leur camp, assiégés par les eaux.
C'était pour Léon une occasion de profiter de leur em-
barras, et de délivrer les prisonniers qui l'appelaient à
leur secours. Mais ses troupes n'étant pas encore ras-
semblées, il ne put sortir de Constantinople. Enfin, le
fleuve étant rentré d^ns son lit , les prisonniers furent
employés à couper le bois nécessaire pour y jeter un
pont. Ils étaient au nombre de cinquante mille, et furent
transportés en Bulgarie, avec leurs effets et leurs trou-
peaux.
Cette course n'était que le prélude d'une expédition '^'
plus importante. Crum ^, résolu de périr ou de prendre Mort de
Constantinople, et de se venger sur l'empereur même
de sa perfidie, avait mis sous les armes tout ce qu'il
avait de sujets en état de combattre, Bulgares, Abares,
Esclavons ^. Il avait* fait construire un nombre infini
de toutes les espèces de machines destinées à la ruine
des villes ^, et, pour les transporter, on avait préparé
Théophme, p. 434, Tappelle Rhe- Syméon le logotb. Chron. p. 400.
ginas. On lit Rigias dans la Chro- — S .-M.
nîqne de Syméon le logothète, p. ^ Xcù; Aoapelçxal'Tpaa«çT0tç2}cXa-
4og. Cette rWière se jeflit dans la ^tviaç. Incert. post Theoph. p. 434.
Propontide, à roccîdent de Selym- — S.- M.
brie. — S.-M. 4 Le continnateur anonyme de
' Dans Tantiquité on la nommait Théopliane donne à cette occasion
Bergala ou Bfrgalium. Elle était sur une nomenclature curieuse de toutes
la route de Périnthe ou Héraclée à les machines de^ guerre employées
Andrinople — S.-M. pour attaquer les villes. — S.-M.
^ Ô iT^<»fo6oyX'Y*ptflt«, ô Kpomoç.
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lO HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 814.)
cinq mille chariots et rassemblé dix mille bœufs. A
la nouvelle d'un si formidable appareil , Léon envoya
des espions sur les lieux ; il apprit que les efforts du
roi bulgare étaient encore au-dessus de ce que publiait
la renommée, et qu'il avait dessein d'attaquer la ville
du côté de Blaquernes , parce que c'était le lieu où il
avait couru risque de la vie. Comme cet endroit était
le plus faible de la ville, n'étant défendu que d'une
simple muraille, Léon y fît élever un second mur et
creuser un large fossé revêtu d'une palissade. Cet ou-
vrage n'était pas encore achevé, lorsqu'un accident im-
prévu le rendit inutile, et délivra de crainte l'empereur
et sa capitale. Crnm, au milieu des grands mouvements
qu'il se donnait pour cette entreprise éclatante, mou-
rut le j3 avril, rendant le sang par la bouche, par
les narines, et par les oreilles. Un événement si inté-
ressant pour l'empire méritait bien d'être relevé par
quelque miracle. Le bruit se répandit qu'au moment
même que Crum expirait, vers les quatre heures du
matin, plusieurs navigateurs, qui rangeaient alors la
côte de Bulgarie sur ie Pont-Euxin , avaient entendu
une voix du ciel qui leur annonçait la mort de ce
prince,
vm- L'empereur, persuadé que cet accident aurait décon-
Victoire de '^ . 1 . 1
Léon sur certc Ics projcts des ennemis , leur envoya faire des
* propositions d'accommodement. Mais le nouveau roi,
nommé Deucom ^ , les rejeta avec hauteur et déclara
qu'il n'était pas moins déterminé t venger son prédé-
" Ou Doucoin. Ce prince et son en haine de la religion chrétienne ,
snccessenr Ditztngns, TzocuSf ou Manuel archevêque d'Andrinople
TroîaSf ne sont connus que par les qu'il avait enlevé dans une de ses
légendaires grecs. On préfend que courses. — S.-M.
ce dernier mit craellement à mort,
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(ÀnSiV) U^f^^ 1.XVUI. LÉOir Y. U
cesseur, que Crum ne l'avait été à se venger lui-même.
Il fallut donc en venir à une guerre qui devait être
sanglante. Les deux princes marchèrent avec toutes
leurs forces, et se rencontrèrent près de Mésembrie. Les
Bulgares impatients de combattre, animés de la même
indignation que leur roi, livrent aussitôt la bataille.
Rien ne résiste à leur fougue impétueuse. Les Grecs,
attaqués par autant de bêtes féroces, prennent l'épou-
vante et fuient; les Bulgares les pressent l'épée dans
les reins, et en font un grand carnage. Léon s'était posté
avec une réserve sur une éminence voisine, doîi il
envoyait ses ordres. Dès qu'il vit que la poursuite avait
mis l'ennemi en désordre, Camarades^ dit-il à ses
gens, voici le moment de la victoire ; arrachons^la
aux ennemis ; elle est à vous , si vous ai^ez le cou--
rage de me suivre. En même temps il descend de
l'émînence, avec la rapidité de la foudre; il charge eu
flanc, et perce l'armée ennemie. Les fuyards tournent
visage, et reviennent sur ceux qui les poursuivaient;
les Bulgares ne peuvent se remettre en ordre; ils tom-
bent, ils se renversent les uns sur les autres. Le roi,
abattu de cheval, allait perdre la vie, s'il n'eût été
remonté assez promptement pour prendre la fuite. Il
y eu eut un grand nombre de tués, plus encore de faits
prisonniers* L'empereur rentra en triomphe dans Con-
stantinopla , rapportant les dépouilles des vaincus.
L'année suivante, les Bulgares reprirent courage, et aw 8i5.
se mirent de nouveau en campagne. Léon ne tarda pas «.
à marcher à leur rencontre. Lorsqu'il fut en présence défaite des
• . /Y» 1 • Bulgares.
dçs ennemis, atïectant une apparence de crainte pour
augmenter leur confiance , il environne son camp d'une
forte palissade^ et reste plusieurs jours comme enseveli
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12 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An StS.)
dans de profonds retranchements. Il recevait des vivres
en liberté par ses derrières, et l'abondance régnait
dans son camp. Les Bulgares , au contraire, campés sur
le terrain de Tempire, ne trouvaient de subsistances
qu'avec peine. Voyant que les Grecs ne sortaient pas
de leur camp, ils prennent le parti de les attaquer.
Léon, bien servi par ses espions, ayant appris leur ré-
solution, prend avec lui un corps de ses meilleures
troupes, et, sans communiquer son dessein à personne
qu'à un officier de confiance, qu'il laissait pour com-
mander en son absence, il part de nuit, et va se poster
derrière une hauteur voisine. Le lendemain, le bruit se
répand dans le camp que lempereura pris la fuite, et
le commandant a bien de la peine à obtenir des soldats
qu'ils attendent seulement un jour. Les transfuges por-
tent cette nouvelle dans le camp ennemi. Les Bulgares
font leurs préparatifs pour attaquer le lendemain, et
se promettent une victoire assurée. La nuit suivante,
persuadés que l'empereur était déjà bien loin, ils dor-
maient tranquillement, lorsque Léon , descendant sans
bruit dfe Id^hauteur, pénètre dans leur camp, les sur-
prend dans leurs lits, fait venir le reste de son ar-
mée, qui n'a que la peine de massacrer les fuyards. Pas
un seul n'échappa du carnage. Le nouveau roi ' ne
fut pas lui-même épargné. Léon se jeta ensuite dans
la Bulgarie, et les Grecs rendirent aux Bulgares les
cruautés qu'ils en avaient éprouvées. On passa au fil
de répée ceux qui étaient en âge de porter les armes j
les femmes furent traînées en esclavage; et, par un
excès de rage, on vit des soldats arracher de leur sein
" Ô TÔv oXttV àpxYipç. Ceclr. t. 2, p. 487. — S.-M.
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(An 8i5.) WVBE LX\iU. LiÉON V. 1 3
les enfants qu'elles allaitaient, et les écraser contre les
pierres. Cette cruelle expédition faisait encore trem-
hier les Bulgares cinquante ans après; ils donnèrent le
nom de colline de Léon * à cette hauteur derrière la-
quelle l'empereur s'était, tenu caché, et c'était pour
eux un monument funeste, à la vue duquel ils ne pou-
vaiei|| p^ser sans frémir^. Mortagon, qui fut peu après
roi. des Bulgares^, convint avec Léon d'une trêve de
trente ans; et, dans le serment par lequel les deux
princes confirmèrent le traité , un historien ^ remarque
de la part de Léon une bizarrerie qui n'était pas exempte
d'impiété; il jura par les dieux des Bulgares, et il
exigea de Mortagon qu'il prit à témoin de sa bonne
foi le dieu des chrétiens. Mais le souvenir d'un si fu-
neste désastre fit sur les Bulgares un effet plus durable
que tous les serments : ils demeurèrent en paix soixante
et quatorze ans.
De si brillants succès enflèrent le cœur de Léon< Il x.
envoya dans toutes les provinces de l'empire une lettre ciaVtes^^MUi-
pleine de vanité , dans laquelle , sans rendre aucun à^^aécUr»
hommage au souverain arbitre des victoires, il attrî- p®'» «««•
buait la sienne à la sagesse de sa conduite et à la force 487 Wseq.i
de son bras. Vainqueur de ces formidables ennemis, zoii.Li5,t.
* ô PouvbçA^ovTc;. Cont. Theopb. Cruraas, Mourpa-^wv i tou Kpcù|Ji.cO
p. 16. — s. -M. ^ia<^oxcç.n est nommé Omortas dans
* Oc àel ixâas ^ta€i6a^0f/.îvci Ta)V Éginhard , «/./i. Fianc, ann. 824.
BcuX^apcuv, TTiv xe^aX-nv è^TiaeicvTs; — S.-M.
^axTuX&^EMTCuat, yak XtîÔV.v Xaa.êa- 4 Cet historien est Génésias,!. i,
vcu9t TÔ>v Tcre x.ouccov cù^aixû;. Cont. p* 12, qui sVxpiime cependant d*une
Theopb. p. 16. — S.-M. manière assez vague ponr que Ton
^ Mcprà'YCdv ô T<]î>v BcuX-rasov ^a- pnisuc regarder cette allégation sans
oiXeuç. Cedr. t. a, p. 5o5. Il est ap- preuve comme une de ces imputa,
pelé AJoutragon par Constantin lions calomnieuses dont les auteurs
Porpbyrogénète , i;//. liasiL, p. x36, grecs de cette époque accablent la
qui le donne pour le successeur de mémoire de cet empereur. — S.-M.
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l4 HISTOIRE BU ÉAS-EMPIttE. ( Aii 8t5.j
a, p. 129 et auxquels ses deux prédécesseurs avaient succombé, il
Aati^.po8t se crut assez puissant pour attaquer l'Eglise, et J)our
435e?*ieq! anéantir un culte consacré par un usage immémorial,
^*u6^*u° ^' confirmé depuis vingt-huit ans par un concile œcu-
Cont. Théo, ménîque. Il se souvint de la prétendue pythotiisse, et
96. de cet anachorète imposteur qui lui avait promis un
4o2ct8'eq., règne long et glorieux, s'il détruisait les iAa^s. Il
Georg.pisox était cnvirontié de courtisans ignorants et sans reli-
ManaS'p. S^^^f fl^î flattaient son penchant à l'hérésie. Les chefs
Giyc^p 287. ^^ ^^*^^ troupe corrompue étaient Jean le gtammai-
Joël, p. 178. rien, et Théodote Cassitéras. Le premier', nommé
Gènes, p. o, ^' ^ r ^
7, 8, 12. aussi Hylilas * , était de la famille des Morochar-
Vit. TheO"
dor.Grapti zèmcs^, uuc des plus illustrcs de la ville de Gonstan-
*^'déJ.^ tinople. Ayant pris l'habit de moine dans sa première
^iTsi.^' jeunesse, il devint abbé du monastère de Saint-Serge et
Jp*'J^°JJ{- de Saint-Bacque, attaché au palais , et dont les moines^
Vit^Ni* \ ^^^^^^^"^ partie du clergé impérial. Il affectait un ex-
I II est coDstamnient appelé taf- grecque du nom annénien PagraC
vYÎç , lannès, par Cédrénus. . — .-M. ou Bagrat. C*est le même auteur qai
> Hyizilas, TX^tXàç, selon la chro- lui donne le surnom de tijriiiasf qui,
nique de Syméon logotbète, p. 4o3. selon lui, signifiait en hébreu, pré-
— S.-M. curseur ou compagnon du diable,
^ Dans Cédrénus , t. 2 , p. 536 , ffpo<$*pC(AO$ xal cv^i^^ç rcù ^taécXcu .
elle est appelée Morocbarzanes, tûv La continuation de Théopbane, faite
MopoxapJ^aviwv. Je pense que cette par r ordre de Constantin Porphy-
famille était d'origine arménienne, rogénète, rapporte qu'il s*appelaîc
car ce Jean ou lannès avait un frère .réellement Jean, mais qu'à cause de
nommé Arsavir, Âpaa^Yipt qui est le son impiété onTavait nommé Tapnès,
nom arménien Arschovir , commun nom qui rappelle un des magiciens
dans la branche des Arsacides de de Pharaon, célèbres dans l'Écriture*
Perse, connus sous le nom de famille Cet ouvrage ajoute qu'il était de la
de Kansar. Selon le continuateur famille des Morochar-Zamiens , une
anonyme de Théophane, p. 435, ce des plus illustres de Constanttuople.
personnage, qu'il appelle Jean , était Cont. Theoph. p. 96. Dans la chro-
iils d'un certain Pancratius Sciastès, nique de Syméon le logothète , p.
uiôv na-^paricu Ttvo; Sxtaçou, ce 4 3o, on trouve le nom de M orocar**
qui est encore un indice de son ori- danientf pour cette famille. — ^S.*M*
§m«; car ira^xpecTioc est la forme
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(An 8i5.)
LivÉÈ Lxv. riow V. 1$
térieur dëvot et contemplatif. Un jour qu'il assistait c. 5-i3, ap.
à Toffice à côté de Fempereui*, comme on lisait ces ^**""^* '^
Mart.
paroles du quarantième chapitre d'isaïe , sous quelle ^%tod***^*
image figurereZ'Vous le Tout-Puissant? Iji main ^%^^''^'
de V ouvrier pourta-t-elle le représenter avec l'or ^-^y^v-^^^-
et Fargent? s'approchant de l'oreille du prince, il lui DuCangc,
,. • Y-r 7 . « fam. Byz. p.
dit en soupirant : Entendez '^ vous ^ seigneur^ les 173.
pcCtoles du prophète? C'est un avis qu'il vous t.Tp*.24i/
donne. Cet hypocrite , pour se faire un nom parmi le Fietî^?idst.
peuple imbécile, se donnait pour un devin du pre- **]JîJj;**,\'tt'
mier ordre, et prétendait découvrir les secrets du passé *"*^*
et de l'avenir par le moyen d'un bassin d'airain ; es-
pèce de divination encore plus extravagante que les
autres ; ce qui lui fît donner le surnom de Lécano-
mante. Michel-le- Bègue, le plus ignorant de tous les
hommes, charmé de son grand savoir, l'engagea à se
charger de l'éducation de son fils Théophile, qui fut
depuis empek'eur, et ce charlatan corrompu se trouva
bien plus capable de communiquer à son élève le ve-
nin de l'hérésie que la connaissance des lettres. Théo-
dote Cassitéras était de la famille des Mélissènes, déjà
distinguée sous Constantin Copronyme, qui la rendit
illustre en épousant en troisièmes noces Eudocie, sœur
du patrice Michel Mélissène. Cette famille a survécu
à la ruine de Constantinople, et subsistait encore avec
éclat dans le dernier sièclç'. Théodote, fils de Michel
et neveu d'Eudocie, était prêt à tout sacrifier à la
fortune : il se lia d'amitié avec Jean Lécanomante ;
tous deux s'étaient déjà vendus à Léon avant même
t On pent Voir ce que Bueange dit à ce sujet y/am. Byz, p. t73.<«^
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l6 HISTOIllE DU BA.S-EMPIRÏ:. (An 8i5.)
qu'il fût empereur. Dans les conversations que ce
prince avait avec eux , ils lui répétaient sans cesse
que les infidèles n'avaient si souvent l'avantage sur les
chrétiens que par un effet de la colère de Dieu, qui
punissait les Grecs tombés dans l'idolâtrie; qu'il fal-
lait proscrire ce culte sacrilège que la superstition ren-
dait aux images. Il faisait un parallèle de Léon l'Isau-
rien et de Copronyme avec leurs successeurs : Imikiz
les premiers^ lui disaient- ils, et Dieu vous fera
régner long-temps ai^ec gloire; votre fils sera corn-
blé de bénédictions ^ qui s'étendivnt sur vos des-
cendants jusqu'à la cinquième génération.
, **• Animé par ces discours séducteurs, Léon reçut en-
Impostore '^ ^ ^ ' , . . •
de'rbéodote. corc un coup d'aiguillon qui acheva de le précipiter.
Voulant récompenser ce faux anachorète qui lui avait
prédit l'empine, il lui envoya des présents. L'ana-
chorète était mort, et un autre imposteur de même
caractère, nommé Sabbatius', s'était établi dans sa
cellule pour jouer le même rôle. Sabbatius rebute avec
dédain les présents de Léon : Fa lui déclarer de ma
part^ dit-il au messager, que je ne reçois rien d'un
idolâtre; il mourra bientôt^ puisqu'il souffre qu'on
adore les objets d'un culte superstitieux ^ et qu'il
suit les traces de la panthère et du fléau de tÈ-
glise. C'étaient l'impératrice Irène et le patriarche Ta-
raise que ce méchant homme désignait par ces noms
injurieux. Léon, surpris d'une si brusque réprimande,
s'en plaint à un homme de néant nommé Basile, qui
s'était insinué dans sa faveur et qui s'entendait avec
I SutxêaTtc;, ce qaî est le nom tîdcs. Cette circonstance semble in-
arménien Sembatf si commun parmi dlqaer qae cet imposteur était Ar-
les princes de la famille des Bagra- mcnien.*— S.*M*
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(An »I5.) LIVRE LXVIII. LlÉOirV. 'fj
la cabale iconoclaste. Basile , pour le calmet, lai pro<»
pose de s'adresser à im moine dont il lui fait IVIoge
le plus emphatique; c'était, disait-il, un ange sous la
forme humaine, le confident du Très-Haut; ses lu*
mières étaient surnaturelle», et ses prédictions infail*
libles. Il conseille à l'empereur de consulter cet oracle,
et de se conforijer à ses décisions. lorsqu'il voit Tem*
pereur détermine à l'aller trouver secrètemeut, la nuit
suivante, sous un habillement qui le rendrait mécon*
naissable, il prend les devants, court à la 'cellule du
moine, l'avertit de la visite et du dégnisemont de Fem-
pereur, et lui fait la leçon sur ce qu'il doit dire. Dès
que la nuit est venue, Tempereur se dérobe à sa cour,
et se transporte à la demeure du moine. Il n'était ac*
compagne que de Basile, chargé de consulter en sa
présence le prétendu saint sur le culte des images. Ijè
moine, au lieu de répondre au courtisati , >nvisageant
fixement l'empereur : « Prince, lui dit-il, vous faites
« un pcrsonnaige bien indigne de *votre majesté , de
a la cacher Sous cet habit, pour en imposer à un pauvre
« pécheur. Mais celui qui voit tout m'a ouvert les •
« yeux pour vous reconnaître. Ecoulez ce qu'if vous
« déclare par ma bouche. Si vous marchez sur les
t( traces de Léon l'Isaurien , vous régnerez soixante»
c douze ans , avec la paix au-dedans et la victoire ath
« dehors. Vous serez le treizième apôtre, et votts ver-
c rez les enfaiits de vos enfants assis h côté de ,votis
« sur le trône. Si vous vous écartez de l'exemple de
«ce gi'and prince, attendez-vous aux phis grands
« malheurs et à une mort prématurée. » Léon , frappé
de ces paroles, et persuadé que cet homme divin n'a-
vait pu le reconnaître que par révélation^ promet d'o*
Tome XIIl »
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i9 qisT^as vv bas-empia£. (a^Sis.)
t)éir 4UX (M dres du ciel , et s'en retourne embrasé de
fauâtifme. .
^^ , ; Pès <iu'il f«t reutré dans le palais, il manda Jean
^^l^d^s^u l^'2VûQniantQ,.et ^tii promit de le foire patriarche de
iée,sc joint QoQstaatinopte s'il le secondait avec zèle. Jean , muni
aux enDemis • , . i . . i -l'r
des iaiages. d uu c^d^^ uu pnpce qui lui ouvrait toutes les bibho*
thèqu^^, va fouiller avec une troupe d'ignorants dans
celles des églises et des monastères, pour y chercher
d^s au^^orités contre les inc^ges. Après avoir feuilleté
^n^sucç^ toute l'antiquité ecclésiastique , ils tombent
çjiQn suF le3 actes du ooncile tenu sous Constantin
Copronjme; ils y trouveojt les endroits des Pères dont
les. prélats dé ce conciliabule avaient abusé pour au-
toriser l'erreur» Armés de ces passages , ils se croient
fi§sçî&^ forts pour combattre les orthodoxes. Ils brûlent
l;o|itxe qwi lejir tombe sous les mains de livres con-
traires à leur dessein. Mais il leur fallait un chef qui
^qtpjar sa digq^é, ,a.utant que par sa hardiesse, en état
dp résister ^u ..patriarche* Ils jettent les yeux sur l'é-
\çq)i|e 4^,%^^^' C'était Constantin Cazamate % fils
d'çapfêtre gw, ayant été interdit pour ses mauvaises
poe^rs, s'était trouvé réduit à faire le jnétier de cor-
dçpiniej. Cqnstawtijgi, ué avec beaucoup d'esprit et de
ççAt. pour. 4^Sy. lettres, devint d'abord professeur de
gf anif^i^e; et^ s'étaiprt; ensuite adonné à Tétude du droit,
U cA 4(;fl^JeÇ9l3^ publiques. Mais, aussi dissolu que
|q^.pjèFe,il, f/at obligé de^ se retirer dans un cloître,
pour éyi^^^l^ xîbàtiment qf^e méritaient ses débauchas.
Il prit le nom d'Antoine , et, à. force d'intrigues, il se
fit uo^n^i^. a^hé d'uu célèbre monastère. U avait de
t'Ôu CasjmatVf selon Te oontiniratcor ' anonyme Ide ThcophaneSi
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(ÀB«iS.) ttVHl! LKVIiï. LÉOlf V. I9
merveilleux talents pour réussir à la cour, et il sut «n
faire usage. Souple, enjoué, conteur agréable, grand
joueur, complaisant, et tr "jours prêt à servir les
autres dans leurs galanteries., il avait tout le frivole
du courtisan; mais il en avait aussi lés qualités solides t
il savait mentir à propos , promettre sans dessein de
tenir, supplanter ses rivaux; aiguiser le trait d'ufitf
calomnie, changer de foi et de croyance en un instant,
selon les conjonctures ; orthodoxe sous Irène ^ Nicé-
phore et Michel , il devint iconoclaste dès le premier
jour que Léon monta sur le trône. Comme ses vices
étaient à la mode, au lieu d'être enfermé comme il
Vaurait été en un autre siècle, il parvint à l'évêché de
Syllée. Jean Lécanomante ne pouvait mettre à la tête
de la cabale hérétique un chef plus capable de la
Aire triompher, et ce fut par son conseil que Léon
fit venir Antoine à la cour. Antoine, qui s'ennuyait de
voir ses talents ensevelis dans un diocèse obscur et
éloigné, accoifrt avec empressement au centre de la
fortune ; il promet à Léon plus que le prince ne lui
demande, et Léon à son tour lui fait espérer les plus
flatteuses récompenses.
Quoique Léon connût assez la fermeté du pa-
triarche, il tenta cependant de le séduire. L'ayant Léon tents
fait venir au palais, « Le peuple, lui dit-il, est scsm- patmrcfae.
et dalisé du culte des images ; il le taxe d'idolâtrie, et ,
« se persuade que tant d'avantages remportés sur nous
«par les Barbares, sous les règnes précédents^ sont
«autant de châtimehts du ciel. Prêtez-vous à cescru-'
« pule^ abandonnez une pratique qui ne peut être es-
a sentielle à la religion , n'étant recommandée en au-
« con lieu de la sainte Écriture , où elle parait même
a.
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aO HISTOIBE DU BAS-EMPIRE. (An 8i5.)
«proscrite. Je ne suis pas théologien; mais je suis
« empereur , et je dois travailler à réunir les esprits ,
« dont la division peut jeter le trouble dans TÉtat »Le
patriarche lui répondit , que le culte des images était
appuyé sur la tradition , et que la tradition était
aussi bien que r Écriture-sainte le fondement de là
doctrine catholique; que la vénération de la croix
et du livre des éi^angiles n'était nulle part recomman-
dée dans l'Écriture^ et qu'elle était cependant adop-
tée par les ennemis mêmes du culte des images; quà
l'égard des dogmes^ ce qui en caractérisait la vé-
rite n'était pas qu'ils fussent écrits; que les livres
saints ne disaient pas tout y et que la doctrine rc'
eue généralement par l'Église dans tous les temps
et dans tous les lieux ^ était inspirée par le Saint"
Esprit autant que la sainte Écriture elle-mém^- Nous
avons encore' cettç conversation du patriarche et dé
l'empereur, dans laquelle Nicépfiore fait voir combien
• la doctrine de l'Eglise sur les images c^t éloignée de
Fidblâtrie. L'empereur le congédia en lui proposant de
conférer avec Jean et ses adhérents , qui avaient trou-
vé, disait- il, dans les écrits des anciens des preuves
de leur opinion tout-à-fait incontestables, et capables
de le désabuser. Nicéphore, qui ne savait pas encore
à quel point l'empereur était prévenu , crut vaincre
son opiniâtreté en lui envoyant les plus éclairés des
évêques et des abbés, pour lui exposer la doctrine de
l'Église. Léon les ayant écoutés quelque temps avec
impatience, les interrompit pour leur faire la même
proposition qu'à Nicéphore : c'était d'entrer en confé-
rence avec les iconoclastes.^ Ils répondirent que la
question ayant déjà été décidée par un concile œcuraé-
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{AiiSi5.) LIVRE LXVIIÏ. LÉOirV. 21
DÎque, il n'était plus permis de la mettre en dispute.
Sur quoi Léon, plein de dblère, Sortez d'ici, leur
dil-il, troupe indocile et aveugle y qui refusez la
lumière qu'on vous présente ; je saurai bien me faire
obéir. Il prononça ces paroles menaçantes d'un ton et
d'un air propres à jeter l'effroi dans les cœurs. Car
Léon, quoique de petite taille, avait une voix de ton-
nerre, et les traits de son visage, d'ailleurs assez bien
proportionnés , portaient je ne sais quoi de féroce et de
terrible. Ces prélats tremWants , sans être abattus , al-
lèrent répandre leurs craintes et leur douleur dans le sein
du patriarche. Nicéphore ayant appris qu Antoipe de
Syllée était à la tête du parti iconoclaste, le fît venir
pour s'en assurer. Antoine, auissi fourbe qu'impie, nia
Je fait en présence de plusieurs métropolitains, donna
par écrit sa profession dé foi en faveur des images,
et prononça anatbème aux iconoclastes. Comme l'em-
pereur ensuite lui en faisait des reproches : Prince,
lui dit-il en riant , je n'ai de parole que pour mon
empereur; le reste n'est qu'un jeu. J'ai dit à ces
gens-là ce qu'ils ont voulu, pour vous donner plus
de facilité de faire ce que vous voudrez.
L'empereur, irrité de la résistance de Nicéphore, xvr,
résolut de le faire condamner dans un concile. Comme àeT^h^m
l'Église paraissait être dans im état de crise, presque <**'*^^<"»-
tous les évêqiJfes d'Oriei^t et de Thrace s'étaient rendus
à Constantinople, les uns pour faire Ifeur cour à l'em-
pereur en attaquant le culte des -images, les autres
pour le défendre, au risque d'encourir la disgrâce de
l'empereur. Jean Lécanomante, soit par lui-mênw,
soit par ses émissaires , sondait leurs dispositions., et
plusieurs, qui donnaient sujet de défiance, furent en-
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»a HI8TOIRB DU BAS-EMPIRE. (An 8i5«>
fermés dans des cachots, où on leur fournissait à peine
' de quoi vivre. 11 eu restait cependant encore un assea:
grand nombre résolus de tout souffrir plutôt que de
trahir leur conscience. Ificéphore les assembla dans
son palais avec les abbés orthodoxes; ils s'y trouvèrent
ail nombre dé deux cent soixante-dix. Après les avoir
exhortés à soutenir avec constance l'orage dont ils
étaient menacés, le soir étant venu, il les conduisit à
Sainte-Sophie, où ils passèrent la nuit en prière. On
croit que ce fut en cette occasion que Nicéphore pro-
nonça la sentence d'excommunication contre Antoine
de Syllée, dont il avait reconnu la mauvaise foi. A
cette nouvelle, l'empereitr envoie ordre au patriarclie
de venir au palais pour rendre compte de sa conduite.
Il y vint au point du jour, suivi de toute l'assemblée.
Léon fait d'abord entrer le patriarche seul ; il lui re-
proche de faire le rôle d'un chef de sédition ; il in-
siste sur le scandale des images, et l'exhorte encore à
une conférence avec ceux de l'autre parti. Nicéphore
lui répond aVec une modeste fermeté, il justifie Les
intentions des orthodoxes ; il lui développe encore la
doctrine de l'Église; enfin il refuse d'entrer en dispute
avec des hérétiques convaincus, et authentiquement
condamnés. Alors l'empereur fit entrer le reste de l'as-
semblée, et en même temps tous les iconoclastes de la
cour, les grands, les sénateurs, les officiers l'épée nue.
G'étaîentdeuxarmées rangées en bataille, entre lesquelles
paraissait l'empereur environné de ses gardes. D'un
côté brillaient les épées et toute la terreur de l'autorité
aetiVeraine ; de l'autre, nulle défense que dans des
armes invisibles, mais plus fartes que toute la puis-
sance temporelle. Cependant les orthodoxes refusèrent
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le combat; non pas qu'ils se déïlas^M de lettr.j^t^eê,
«omme le leur reprochait l'empereur, mais parce tpJte
Tarbitre de la victoire étant ouvertement déclaré con-
tre eux, c'était exposer l'honneur de la vérité que
d'en entreprendre la défense^ Plusieurs évêqUes se si-
gnalèrent alors par la liberté avec laquelle ils repro-
chèrent à l'empereur son injuste partialité. Mais per-
sonne ne parla avec autant de hardiesse que Théodore
Studite. Seigneur^ dit-il, ne troublez pas V ordre
établi de Dieu même; il vous a confié le soin €h
F État et des armées; il a donné' aux pasteurs te
goui^ernement de V Église. V apôtre saint Paul dans
la description de la hiérarchie ecclésiastique ne
nomme pas les empjpreurs. Léon les chassa de sa |)r4-
sence, avec défense de paraître jamais devant lui; et
lorsqu'ils se furent retirés*, tl leur fit dire par le pré-
fet de Gonstantinople qu'ils eussent à se tetoir rçnfer- -^
niés' chez eux, sans avoir ensemble aucun edlnmercift,
«t sans ouvrir la bouche sur la dlspirte présenta. Mais
Théodore Studite, d'un caractère vtf et artlent, loin
d'obéir à cet ordi-e, se crut obligé diÉ 'i^dïfubrer ses
instances pour affermir (e patriai^he ^t its «titrés
prélats.
Les iconoclastes ne se donnaient }^ n&oins de Premier at-
naouvements' pour animer l'empereur et le porter aux i^nôcutte»,
extrémités. Sur la porte du palais , nommée k pcwrte
d^airain, s'élevait une figure de Jésus<>Ciirist, «vtc
cette insoription : Léon dei^na empereur a J/i$it
abattre cette image; Irène Va rétahUe. Uppc^ troupe
de soldats, excités secrètement par Autome et par l'eau
Lécanomante, va la couvrir de boise «t Iln«|^tot*à
coups de pierres^ vonùssaqt d!hoi1riUÂs Myphéay.
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a4 niSToiius du ^as-empire. (Ab sis.)
L'empereur, qui avait lui-même consenti à cet atten- *
fat, se transporte sur le lieu comme s'il en eût été
irrité, et s'adressantau peuple qui frémissait d'hor-
reur, Citoyens^ dit-il, sauvons cette image respecta^
ble de ceS outrages scandaleux. Antoine et Jean se
ch,argent de la commission , et l'image est enlevée. A
ce premier signal de la persécution, les évêques et les
abbés s'assemblent de nouveau chez le patriarche; ils
consultent tous les monuments de la tradition, ^icé-
phore leiir explique dans Ije sens catholique les pas-
sages dont les hérétiques abusaient. Fortifiés par les
discours du patriarche, ils déclarent tous qu'ils com-
battront jusqu'à la mort pour soutenir la doctrine et
la pratique de l'Église, et ils en signent une protes-
tation,
xrr. La fête de Noël approchait, Nicéphore va trouver
épient d« l'empereur; il tâche encore de l'instruire; il le conjure
avec larmes de ne pas faire de vains efforts pour ébran-
ler l'édifice de l'Église fondé sur Jésus-Christ mêrne^
cimenté par le sang de tant de martyrs, affermi par
une tradîtioiï non interrompue. Si ma personne, jd]oU'
ia-Uil, est ^f^e occasion de trouble^ je quitterai le
patriarchat avec joie. Puisse ma retraite rétablir la
paix! L'Église ria^ pas besoin de ISicéphore^ mais
elle ne peut subsister sans la foi. L'empereur, que
tous les écrivains de ce temps-là nomment le Camé-
léon, change de couleur à ces paroles, il feint d'être
attendri. Et qui oserait, dit-il, déposer lepatriarcJie^
notre pçre? Qui oserait changer l'état de l'Église?
C'est le scrupule de quelques orthodoxes qui m'a
obligé ttcMtminer la question des images; ils crai-
gnént qi^ les - hommages que nous leur rendons
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(An 8x5.) LIVRE LXVÏIf. LISON V. a S
rC approchent de V idolâtrie. Cest par condescen-'
dance que f ai voulu les satisfaire. Pour moi^ cPuil-
leurs ^' je m'accorde ai^éc^vôus dans la croyance
comme dans la pratique. En même temps îK tira
de son sein un reliquaire qu'il baisa. Ce déguisement
.de l'empereur était l'effet de la crainte d'être exclus
de l'église par le patriarche à la fête de Noël; ce qui
aurait causé un scandale dangereux. C'était la fête de
l'année où le prince étalait le plus de magnificence.
Au sortir de l'office, il donnait un splendide festin à
tous les seigneurs de la cour, et jamais la majesté im-
périale ne brillait avec plus d'éclat. Le patriarche et
•les évêques, dupes de sa dissimulation, ressentirent
une extrême joie de ce changement. La fête fut célé-
brée avec la pompe la plus solennelle, Léon, revêtu
des habits les plus précieux^ accompagné d'un superbe
cortège, vint à l'église, entra dans le sanctuaire selon
la coutume des empereurs, baisa la nappe de l'autel
sur laquelle était brodée l'image de la naissance de
Jésùs-Giirist , et combla de joie tous les catholiques
qui assistaient à cette auguste cérémonie.
Cette hypocrisie ne fut pas de longue durée. A la A» 816.
fête de l'Epiphanie, Léon étant venu à l'église, on s'a- Ya^^ll\u
perçât par sa contenance et par ses regards qu'il n'avait céphore.
que du mépris pour les images qui représentaient le
mystère, i)^ ce moment il leva le masque, et le len-
demain ilfit publier un édit qui défendait, sous peiné
d'exil et de châtiments rigoureux, de rendre aucun
honneur à des représentations que la loi de Dieu avait
proscrites. Il n'en fallut pas davantage pour intimider
la plupart des prélats qui avaient juré à Nicéphore une
coùstance inébranlable. Léon se servit de plusieurs
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a6 HISTCMRE DU BAS^EMPIRE. (An 8t6.)
d'entre eux pour faire dire à Nicéphore que, s'il n'usait
de«^ondescendance aux volontés de l'empereur, il ne
pouvait rester sur le siégé patriarcal. Nicéphore les
regardant avec indignation, Allez ^ leur répondit-il,
dire à celui dont vous craignez là colère plus que
celle de Dieu même^ que je ne renoncerai jamais
aux décisions de f Église pour me soumettre à celles
de Jean Lécanomante, Léon se disposait à lui. faire
éprouver sa colère; mais une grande maladie surve-
nue au patriarche en suspendit les effets. En peu de
jours, Nicéphore fut désespéré des médecins, et Léon
se flattait de lui donner biatitot un successeur à son
gré. Il fut trompé dans son espérance; Nicéphon»
commençait à se rétablir, et l'empereur n'en fut pas
plutôt averti, qu'il chargea des officiers de confianoe
d'aller de nuit enlever secrètement le patriarche, sans
donner d'alarme au peuple. L'ordre fut mal exécuté.
Les soldats commandés enfoncent à grand bruit les
portes du palais patriarchal, en jurant et chargeant de
malédictions Nicéphore et ses prédécesseurs. Le peuple
catholique, réveillé p:;r ce fracas, accourt de toute
part pour défendre son pasteur; et Ton allait voir un
combat sanglant, si le patrice Thomas, qui avait la
charge de protecteur de Sa in te- Sophie, ne fût venu en
diligence; Il fait sortir les soldats déjà dans la cour
du palais , ferme les portes, et apaise le {^uple en l'as-
surant que l'empereur n'a point ordonné cette vio-
lence. Il va aussitôt trouver l'empereur et l'instruit
de ce tumulte. Léon, à qui le mensonge ne coûtait
rien, paraît lui-même étonné; il répond qiî'il n'a donné
aucun ordre; que ce sont apparemment les ennemis
de la superstition qui, rebutés de l'obstination dû pa-
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(À» 8ia) LIVRE Lxviii. LÉON V. ay
triarche, se sont portés d'eux-mêmes à cette entreprise.
Thomas, qui le connaissait assez pour ne rien croire
de ce qu'il disait, lui représente que , s'il veut se dé-
faire du patriarche, il ne faut envoyer que deux hom-
mes pour lui signifier l'ordre de Tempereur et pour
le soutenir dans le chemin, parce qu'il n'a pas encore
]a force de marcher. La chose fut ainsi exécutée la nuit
suivante. Ceux qui l'enlevèrent avaient ordre de s'ar-
rêter quelque temps dans la grande place, où des sol-
dats, à la faveur des ténèbres, devaient fondre sur
lui et le tuer. Ils y demeurèrent une heure; Tobscu-
rité était profonde , et le siFetice régnait dans toute
la ville. Voyant qu'il ne se faisait aucun mouvement
et que le jour allait paraître, ils le conduisent au bord
de la mer et le font passer à Chrysopolis. On l'enferma
dans un monastère qu'il avait lui->même fait bâtir au
bord du Bosphore, d'où il fut peu après transféré
dans un monastère plus éloigné, dont il était aussi
fondateur. Il vécut treize ans dans cet exil; il avait
gouverné son église près de neuf ans, Pendant vingt-
sept ans , le siège de Constantinople fut successivement
occupé par trois patriarches hérétiques.
L^ lendemain de l'enlèvement de Nicéphore, second xvxn.
jour de février, le bruit s'étant répandu dans la ville patriarche.
que le patriarche ne paraissait plus, l'empereur as-
sembla le peuple dans Sainte-Sophie; et étant monté
dans la tribune: « Vous voyez, mes frères , dit-il à
a haute voix, que le patriarche vous abandonne. Nous.
« lui avons représenté l'abus des images, que c'était
a en punition de cette idolâtrie que Dieu, qui veut
a être seul adoré, nous avait si souvent fait succom-
« ber sous le glaive des infidèles ^ comme autrefois
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aO HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An Sr6.)
«k peuple juif. Ce prélat opiniâtre, n'ayant rien à
« nous répondre, a pris le parti de s'enfuir et de re-
<x noncer à sa dignité. Choisissons donc un autre pa-
« triarche. » Son dessein était de faire élire Jean Lé-
canomante, auquel il avait promis cette place émî-
nente, et qui avait fait tout ce que Léon désirait pour
la mériter. Mais les pàtrices lui représentèrent qu'ils
ne pourraient se résoudre à révérer un homme que
ni son âge ni ses mœurs ne rendaient respectable.
Léon n'osa rejeter ces raisons; il fit élire Théodote
Cassitéras, commandant d'une des compagnies de la
garde, iconoclaste aussi décidé, mais moins emporté
et moins violent que Jean Lécanomante. Il reçut
aussitôt la tonsure cléricale, et le jour de Pâques,
qui tombait cette année au vingtième d'avril, il fut
sacre patriarche. C'était un homme du monde, ac-
coutumé à la vie militaire, fort ignorant, sans goût
pour les choses spirituelles, qui n'avait jamais lu l'Écri-
ture, n'aimant que le plaisir, le jeu et la table. Aussi,
dès qu'il se vit à la tête du clergé de Constaiitino^
pie, il crut n'avoir autre chose à faire qu'à le di-
vertir et à lui faire bonne chère. C'était, selon lui,
le moyen le plus efficace de maintenir les uns, et
d'engager les autres dans ses sentiments. Il donnait
deux fois par jour des repas somptueux, où les piè-
tres, les moines, les évêques, nourris dès leur jeu-
nesse dan* l'abstinence, iselon la coutume de ce temps-
là, se reinplissaient de vin et de viandes, et se
dédommageaient de la vie austère qu'ils avaient me-
née jusqu'alors. La table de ses prédécesseurs n'avait
connu qu'une honnête frugalité; la cordialité frater-
pellci les conversations édifiantes en avaient fait le
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(Aa %it.) LIVKE LXVllI. ^ LÉOW V. 29
principal assaisonnement. A la sienne régnaient l'a-
bondance, le luxe, les propos licencieux, la gaieté
iffloiodérée. Les amusements qui la suivaient étaient
encore plus tumultueux; des moines échauffés par
le vin, une fois sortis des bornes d'une profession ré-
gulière et modeste, i\p connaissaient point cette rete-^
nue et cette décence que 1 éducation apprend aux
gens*du monde à conserver jusque dans leurs, plaisirs.
Après Pâques, l'empereur assembla un concile dans conSedw
l'église de Sainte-Sophie. Le nouveau patriarche y **
présidait avec Constantin , fils de Léon , qui n'y vou-
lut pas assister luirmême, de peur d'anathématiser
par sa souscription la foi qu'il avait jurée à son avè-
nement à J'empire, quoiqu'il ne craignît pas de se
parjurer par ses édits; scrupule bizarre que démen-
tait sa conduite. On fit la lecture des actes du concile
teau sous Constantin Copronyme, qu'on honora du
nom de septième concile générai. Nicéphore et tous
les évêqiles orthodoxes furent frappés d'anathème.
On y traîna par force plusieurs prélats catholiques;
on déchira leurs habits; on les jeta par terre; on les
foula aux pieds, et^ après' toutes les insultes et les fu«
reurs d'une troupe fanatique et effrénée, meurtris et
sanglants, ils furent jetés dans des cachots. On les en
retira quelques jours après, pour voir si tant d'indi-
gnes traitements auraient amolli leur- courage. Aussi
fermes qu'auparavant, ils furent abandonnés à la sé-
vérité de l'empereur, qui les exila. Mais peu satisfait
d'une peine à son gré trop légère, il envoyait de
temps en temps des bourreaux et des juges non
moins crueU, pour leur faire souffrir de rigoureuses
tortures. La troisième session termina le concile par
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3o HISTOIHE DU BAS-EMPIRE. (An «i6.)
la souscription des évêques iconoclastes et du fils de
Fempereur.
XX. Armée de ce décret, la persécution devint plus
Penécntioii. yîolente. On abattit, on brûla les imagés dans toutes
les églises. On brisa les vases sacrés qui portaient
quelque figure; on coupait la «langue à ceux qui
osaient murmurer contre l'impiété; on déchirait à
coups de fouet les hommes et les femmes qui n'ad-
héraient point à l'erreur. La confiscation des biens
accompagnait toujours le supplice. C'était une grâce
que l'exil; on s'étudiait à le ren^i-e le plus incommode
et le plus douloureux qu'il était possible. On choisis-
sait de préférence des pays barbares, où le nom chré-
tien était en horreur. Mais nul orthodoxe n'était traité
plus rigoureusement que les évêques et les moines.
Les uns expiraient sous les coups de fouet, les au-
tres, cousus dans des sacs, étaient jetés ^à la mer.
Aucun asile ne les mettait à l'abri de la cruauté de
l'empereur, qui les ^ursuivait jusque dans le creux
des montagnes et des rochers. Constantinople elle-
même était devenue un lieu sauvage. Une inquisition
barbare rendait la capitale de l'empire un repaire de
bêtes féroces. Tout était rempli d'espions: Les récom-
penses promises aux délateurs avaient brisé tous les
liens de la société civile, et même de la nature. Les
esclaves accusaient leurs maîtres; on vit des enfants
trahir ceux qui leur avaient donné le jour. Avoir une
image, un livre qui en approuvât le culte, recevoir
un exilé, servir un prisonnier, c'était un crime digne
de la flagellation et du bannissement. En vain la
mère de l'empereur s'efforçait d'adoucir la barbarie
de son fils; ses remontrances, ses prières étaient re-
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(An 8id.) LIYàK LXYIU. LiON V. 3l
jetées avec mépris; il Croyait faire beaucoup de les
pardonner à l'imbécillité de la vieillesse. Jean Léea-
nonasyite était seul écouté du prince; le patriarche
netaît que son ministre. Ce prélat ignorant était
étonné du bruit que causait la chute des images.
Nourri dans les maxithes du ^ despotisme militaire, il
peofiait que la religion devait obéir au signal de la
volonté du souverain. Il envoya ses lettres synddales
au pape Pascal, qui refusa de les recevoir, et députa
des légats pour soutenir la cause des images. Leur
missipn ne servit qu'à les rendre eux-mêmes témoins
des horreurs qu'ils voulaient arrêter. Le pape, ne pon*
vant faire pesser la tempête élevée contre les ortho*-
doxes, fut réduit à leur procurer un asile; il fit bâtir
h Borne le monastère de Sainte*Praxède, pour y reti*
rer les Grecs fugitifs, qui trouvaient dans cette re-
traite la subsistance et le repos qu'on leur refusait dans
leur patrie. Je laisse à l'histoire ecclésiastique le détail
des maux que souffrirent jusqu'à la fin du règne de ce
prince un grand nombre de prélats, de saints moines et
de laïcs religieux, dont le courage invincible est gravé
en caractères ineffaçables dans les registres du ciel, et
dans les annales de l'Église qui en doivent être la co-
pie. Mais je ne pourrais, sans une sorte d'ingratitude,
passer sous silence l'éloge que mérite Théophane, dont
l'ouvrage, quoique assez grossièrement écrit «et peu
exact, Surtout pour les affaires d'Occident, m'a ce-
pendant été fort utile. J'en ai déjà parlé au sujet du
concile de Nicée, auquel il assista. Il était abbé du
monastère de Sigriane en Bithynie, lorsque Léon
ttionta sur le trône. Le prince, persuadé que l'exemple
d'un homme de ce mérite produirait^n grand ef&t
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3il HfSTOlkE DU BAS-EMPtâ«. (An 8i6.)
en faveur de l'hérésie, fit tons ses efforts pour l'enga-
ger à condamner le culte des images. Comme Théo-
phane était sourd à toutes ses sollicitations, il«ful:
chargé de chaînes et conduit à Constantinople,^woi-
que malade au lit depuis un an. Constant dans ses
refus, il fut mis en prison, ei^ouffrit pendant deux:
ans les traitements les plus durs. Enfin, affaibli
par f^nt de maux et respirant à peine ^ on- le trans-
porta dans l'île de Samothrace, où il ne vécut que
vingt-trois jours. Il est honoré du titre de confesseur.
Son ouvrage., intitulé Chronographie, commence à la
première année de Dioclctien, et se termine à la pre-,
mière année du règne de Léon l'Arménien»
^ g Des tremblements de terre, des chaleurs excessives
8x8, 819. ç^ jgg sécheresses, suivies de la peste et de la famine.
Gouverne- dcs émcutcs populaircs et des séditions, tous ces. maux
Léon, que l'on crut annoncés par une grande comète, phé-
^4^0* *iV ^O'^è"® toujours effrayant aux yeux du vulgaire, fu-
^^'l'W*^, rent regardés par les peuples comme autant de fléaux
0,49'
i.l.i5»t.
p. l32. .../•.
Cont.Theop. pour punir l'impiété de l'empereur. Léon méritait en
P.l6, 19,31. . «. , 1 A • 1*1 •. -A / X
Symeon, p. eitet le châtiment du ciel par son opiniâtreté a soutenir
Georg. p. l'hérésie. Mais les auteurs catholiques, qui le nom-
Gen^r^î. I ^^^^ l'Amalécite à cause de la guerre qu'il faisait aux
£o''^âmm <>rthodoxës, avoucut eux-mêmes que, sans ce funeste
p. 446. caprice, c'eût été un prince digne d'estime. Sa valeur
n'était pas équivoque;, il en avait donné des preuves
éclatantes avant même que d'être parvenu à l'em-
pire. Jamais prince ne fut plus attentif à maintenir ou
à rétabhr la discipline. Sa vigilance s'étendait à toutes
les parties de l'ordre public. Avant lui, tout se vendait
à la cour; la faveur trafiquait de toutes les places;
l'argent faisait les magistrats, les gouverneurs de pro-
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(In iig.) LtVHÊ LXVIÎI. LÉON V. 33
vinces, les officiers civils et militaires, les généraux
d'armée : il abolit ce commerce honteux. Désintéressé
lui-même et incorruptible, il n'avançait que le mérité.
Actif et infatigable, il ignorait les plaisirs et ne se
donnait point de repos, pour en procurer à ses peu-
ples. Toujours à cheval, il passait les hivers à exercer
ses troupes, les étés* à parcourir les provinces j réfor-
mant les abus, punissant les vexations et les injustices,
rétablissant les villes et les forteresses ruinées par la
guerre, relevant les barrières de l'empire forcées tant
de fois par les Bulgares, en ïhrace et en Macédoine.
Instruit des lois A de l'ordre judiciaire, on le vit
souvent présider aux tribunaux, juge redoutable au
crime et surtout .à l'abus du pouvoir. Un jour qu'il
sortait du palais, un pauvre citoyen lui présenta une
requête dans laquelle il exposait que sa femipe lui avait
été enlevée par un sénateur, et que, s'en étant plaint
au préfet de la ville, il n'avait pu en obtenir justice.
Léon commande dé lui amener à son retour l'offensé,
l'offenseur et le préfet. Dès qu'il est rentré dans le
palais, il écoute le détail de la plainte; et Taccusé
étant convaincu par son propre aveu, il le livre à la
justice pour être puni selon la rigueur des lois. Se
tournant ensuite vers le préfet: Et vous , dit-W ^pour*
quoi navez'vous pas puni cette violence? Le magis-
trat s'excusant sur la qualité du coupable : Fojus aU
lez vous-même servir de preuve, répliqua Tempe-
reur, que nulle dignité ne peut couvrir le crime.
Je vous déclare déchu de la préfecture^ et incapa»
ble de posséder jamais aucune charge. Cependant,
comme les vertus même s'altèrent dans les âmes im-
parfaites, par le voisinage des vices, son caractère dur
TowiÉ XUL 3
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3^ HISTOIRE DU BAS'EMl^iaE. (An 819.)
et cruel perçait au travers de ses actions de justice.
II était excessif dans les châtiments; nulle proportion
entre la qualité du délit et la rigueur de la punition.
Pour des fautes légères, il faisait abattre des membre»,
oui demeuraient plusieurs jours suspeqdus dans les
places de la ville; spectacle affreux, qui imprimait plus
d'horreur dé la justice que du crime. Néanmoins on
peiit dire que , Sans l'excès de corruption et de dés-
ordre qui régnait alors, la cruauté même était moins
pernicieuse que n'eût été l'indolence.
An 820. li'auteur de sa mort fut celui qui l'avait servi avec
MM^îi ?^ P'"^ ^^ ^^'® P^"*^ rélever à l'empiré. Michel-le-
Bèsne accu- Bègue était un homme audacieux, insolent ', qui ne
56 et COD* , - , ■
damoé. pouvait retenir sa langue, déchirant sans cesse l'em-
!i*f'êt se'^' pereur et l'impératrice , quoiqu'il fût comblé de
Lco gramm. bienfaits et revêtu des premières dignités de la cour.
Zoii.i.i5,t.a, Accusé de crime de lèse-majesté, s'en étant justi-
134. ' fié avec beaucoup de peine, il n'en devint pas plus
I Cont. The- . . . t » *• 1» • *. * 1
oph. p.aiet circonspect. L empereur, qui i aimait encore, voulaat
SymSn, p. paraître ignorer ses discours , le fit avertir par des
*°4îf.**^' gens de confiance, qui lui conseillèrent comme d'eux-
&J**'^fJ* "^^"^®^> ^^ ménager l'honneur d'un prince auquel il
Nicetvita devait sa fortune, et qui savait punir. Comme il pos-
conciLLabii. sédait je détail de la discipline militaire, ayant fait la
Giycfp^S:! guerre toute sa vie , Léon, pour l'éloigner de la cour,
Manasi.p. P^^^*^ ^^ prétexte de l'envoyer en Orient, visiter lès di-
Joâ^p^is. vers quartiers des troupes qui campaient dans cette
partie de l'empire. Mais apprenant que Michel se
donnait encore plus de licence, et qu'il était même à
^ ^IPH P«»f »op orfeiw, €^dtY. t. la, p. 40$, QQt. ny Ur,. m^w^ S 9.
•-ySt*M.
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^Ân «ao.) LIVM LXYIII. LÉON X- '3S
cr9i'n4re qu'il n'excitât quelcjqe révolte, il le fit revi-
Bir, et lui reprocha aveô douleur sa noire ingratitude.
Comme Michel rïi^it hardinipnt tout ce qu'on lui im-
putait/Léon, résolu dç Ile plus ménager cet hdtnme
intr$iitàb!e, le ât épier dans toutes ses conversation^ ,
qui lui étaient fidèlement rapportées. Il eut hientQt
recUeilU up grand nombre de faits déposés par des
témoins dignes de foi, entre lesquels était cet Hexa-
bule, aussi fidèle à I^on qu'il lui av£(it été contraire
lorsque son devoir l'attachait à Michel Khangabë.
Iléon, armé de ces preuves, fait le procès en forme à
Michel-le-Bègue. Ce téméraire, accusé juridiquement
devant l'empereur, est Convaincu, et forcé d'avouer
lui-même qu'il a eu dessein de se faire un parti çt
d'usurper l'empire. Il est condamné à être brûlé vif
dans la fournaise des bains du palais.
Cétait Ja veille de Noël. On conduisait déjà Michel «xm.
au supplice , et l'empereur, naturellement crue] , suU aa tuppiwe
vait ce malheureux pour repaître ses yeux de cette
horrible vengeance. L'impératrice, avertie de ce qui
se passait, accourt tout éperdue; elle se jette a\|x
genQUx de Léon, u^rrétez, prince^ s ecrie-t-elle; vous
recevrez den\ain te corps et le sang du Sauveu^;
vous y prépare:^'Vb^s par un spectacle si inhumain?
Hespectez ce saint jour; ne le profanez pas par iih
41 effroyable supplice. Si Michel est coupable^ je
he demqnde point de grâce; différez sa punition ^
et que tes cris d*un misérable ne soient pas T affreux
préludé de nos cantiques de joie. C'était en effet la
coutume des empereurs de communier aux féte^ so-
lennelles, et c^eût été un grand scandale de s'en ab»-
tenir. 'Touché de cette réflexion et des larm^ dé sa
3.
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36 àlStoiRE DtJ BAS-£Mλ1RË. (An éao.)
femme, il remet à quelques 'jours l'exécution de WTî-
chel; il lui fait mettre les fers aux pieds, et le donn^
en garde au concierge du palais. Se tournant ensuite
vers l'impératrice, Je Jais^ lui* dit-il, ce que vous
voulez. Fous ne songez quau salut de mon âme ;
mais vous exposez ma vie. Peut-être ce scrupule
vous sera-t'il Jiineste à vous et à vos enfants.
zzzr. Léon, tourmenté de noirs pressentiments, ne put
iion°TOntte rcposcr la nuit suivante. Des prédictions anciennes,
"* des visions de sa mère, de prétendus oracles, des pro-
nostics bizarres, viennent en foule lui troubler l'esprit
et semblent lui annoncer sa perte prochaine. Agité de
mortelles inquiétudes, il se lève au milieu de la nuit,
et va seul à la chambre du concierge pour s'assurer de
l'état de Michel. Il les trouve tous deux endormis, le
concierge couché par terre, ayant cédé son lit à son
prisonnier. Ce qui l'étonné encore davantage, c'est
que s'étant approché du lit, il voit Michel plongé dans
un sommeil profond et tranquille. Il ne doute pas que
le concierge ne soit gagne, et que le coupable n'ait
des motifs d'assurance. Il sort avec un geste menaçant
qui marquait sa colère. Depuis l'abSication de Michel
Rhangabé, Théoctiste, tombé dan3 la disgrâce, s'était *
attaché à Michel-le-Bègue; il ne l'avait pas abandonné
dans son malheur, et il s'était enfermé avjeclui. Couché
dans un coin de la chambre, et feignant de dormir, il
avait tout observé. Il éveille le concierge et le prison-
nier, leur raconte ce qu'il vient de voir. Effrayés éga-
lement du danger qui leur devenait commun, ils déli-
bèrent sur les moyens de l'éviter. Le jçur commençait
à paraître; Michel envoie Théoctiste à Léon pour le
prier de lui permettre de faire venir un confesseur.
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xxr.
Assaaiiaat
(An Sac) UVRE UVIÎf. . ^içN V, ; 3^
Cette permission accordée ^ Michel ordonne à Théocr
tifite d'aller trouver ses amis, et de leur dire de sa part
quil allait les déqoncer eux-mêmes comme ses com-
plices, s'ils ne le tiraient au plus tôt du danger. Frap-«
pés de cette terrible menace, ils passent le jour de
Noël à conférer ensemble. Voici le moyen qu'ils
prirent pour délivrer Michel.
Les clercs de la chapelle du prince ne logeaient pas
alors dans le palais, comme ils firent depuis; ils se ^«l^s!
rendaient tous les jours, vers les quatre heures du
matin, à une des portes qu'on nommait la porte dH-"
poire ^ et s'y étant assemblés, ils entraient dans la
chapelle et chantaient matines. Les empereurs, même
les moins dévots, se dispensaient rarement d'assister
à cet office, lorsqu'ils se trouvaient à Constantinople;
et Léon, qui se piquait d'avoir une belle voix parce
qu'il l'avait forte, y manquait moins que tout autre*
Il prenait surtopt plaisir à entonner les pssiumeset
les hymnes, et k régler le chant du chœu% C'était
unjc petitesse digne de la grossièreté de ces temps-là,
niais excusable dans ufi prince qui n'en avait .pas
beaucoup d'autres. Les conjurés déguises en clercs
viennent, le matin du lendemain de Noël, se mêler
parmi eux à la faveur de l'obscurité, et se glissent
dans la foule ayant chacun un poignard sous leur
robe. Us se tiennent cachés dans des coins obscurs de
la chapelle en attendant le signal; c'était le prince
qui devait le donner lui-même, en entonnant , une
hymne. Dès que sa voix se fait entendre, ils sortent
de leur embuscade et fondent dans le. chœur. Comme
il faisait grand froid, et que tous les clercs , ainsi que
l'empereur, avaient la tête couverte d'un bonnet fort
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Se nïsrbiài du fiis^ÊiiriÀi. (i£ kâofj^
éjiàié, qài àé i*àbâttsiit âut* lé visage, le dByén dû clergé'
éèt pris p5Ur L^bri et reçoit plUsieiirâ cobpS. le v/èîi-
ràfd, qui sêhtàit Id méprisé, se fait èiôtinàftré énniôtl^
frkht sa tête éhàuvè. dri le fài^sfe pôiir^e jetef Sâtit^
Petapëi-éuK il 5*éteit Sauvé Sdiiâ Fàutèir, èkisl de lâi
tMXj dotit il se sefvstlt pour i^ater tés toups. Oomine
il était fort 'et robuste, quoique blëâsé eh plusieurs én^^
drdits, il se défendait avec ta higé d'ùUé bête fêrbce
attaquée par deà èhassèut*^. Dé tbtis Ses bfBciei-â, de
ttiiis §ës doiirtissihs, ^as un de pHt ia déf^nke. ErtRA
Vb^aiit titi dés tnètirtrièrs, d*ilné tâfllë gîgâtitësqurf *j lë^
♦èr feur lui èoti bilttetetrë , il lé cdtijiïre^ au îionl dtl
Dieu adoté ÈMt cet atitel, dé Itii feirë gràfee de là vîéj
îtli» qiioi ràâsàssiri répondant, O? h*^st pài fe nid'-
niièht de^ grâces,. t'est celui deS ijéri^ancesi lul dé-
Ëhdrge tin coup terrible, et abat en niênte temp$ l'é^
pàuie du prinde et tin bras dé la crbii. Ud autre lUl
t^ahbhë la tête. Telle fut la fin de Léon , àpth iepk
diis eè^emi de règne; priiice tiiéttiotable et digilè de
régfiër plus loHg-tèmps, fe*il fa'eût été përséeùtéur et
tjfùel lbrsqg*il ne devait être <|ué sévère. Ce fiit lé jti*
gethent qUe porta le patriarche Ificéjihoré; âpprëtiâlit
flaui son exil la mdrt de Léon; Zà rêtighn est dék-
vré^ d'un gtarid ènfïerhl, dit-Il en soupirant, fhàis
fÉtai pefd tin pHncè utUe.
3jj^,. Lëà âèsaSsins ie pârtagèrëlit î les uns traînent àh
^Bègae*^ fcîrque le fcorpè de Léon dépouillé et sariglaiit, lès
•mptreor. ^jjtreà Vont tHercheb Michel; et: hàni le dékhst^tet de
Cedr.t.a.p. ' ' ^
' Cet individa était, selon Cédré- ne fait, an reste, qhe copier lès pâ-
tàMy t. i, p. 49^» àé la fiirtiille des rôles d« la ëotititlttitlGii de Thé»-
CriiBbonites. T^ rcst K^ajA^covtTÛv phanei, faitç p«r/or4re de Gonptaa-
oStoc i ifcwa^a< âpfAviTO ^tveo;. 11 tîn Porphyrogéncte , p. 55.-*-iS.-BL
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{kà iao:^ tïtÀÉ Lxviîi. mcttit ii. Sjf
ses fers, ils le prèniient entre leurs liras, le portehf 4^5,496,
dans U grande salle du palais, et le procladetit enîpe- Leo^jpLnm.
reur. Tous les officiers du palais, étonnés et tremblants, zoS'f^iS^t.
vieûnent lui rendre leurs hommages. On admire en *'^jl^^
silence ce jeu dé la fortune , qui voulait montrer une ^°*- t^»-
fois des chaînes sur le troue, comme un symbole pàl- etseq^
pable de la condition des souverains. Le briiit d'une si 96. '
étrange révolution se répand en un instant .par toute G«nw!*i*a,'
la ville; on accourt de toute part. C'était une puis- D„wi^ct'
sj^nte recommandation, aux yeux du peuple toujours ^•™-*y»'P-
zélé pour les malheureux, que \eé fers de Michel. II
était déjà midi, lorsqu'assis sur le trône il les fit
rompre à coups de marteau. Aussitôt envirônhé de^
assassins, qui lui tenaient lieu de gardes, montrant
une contenaiice fière, comriiè Vainqueur de Léon, et
triomphant de sa condamnation et de son supplice, il
marcha vers Sainte-Sophie, bîi il fut couronné par le
patriarche, 11 donna ordre de faire sortir du palaiâ
Timpératrice avec ses quatre fils, Constantin*, déjà
honoré du titre d'Auguste, Basile, Grégoire et Théo-
dose. On les jeta tous dans une barque , avec le ca-
davre coupé par morceaux et enfermé dans un sac, et
on les trfinsporla dans Tile de Proté. Les fils furent
faits eunuques; Théodose, le plus jeune, mourut dans
cette cruelle opération. Les autres, ainsi que leur
mère, furent enfermés dans un moiiastère*, où leur
infortune leur donna le désir et le temps de s'in-
struire, et de se détromper de l'erreur dans laquelle
•
* Ce prince, qui, avant d^avoir * On l'appelait le monas&rie des
porté le nom impérial de Gonhtkn- seigneurs, ivrf Xe^ojiivw toi» 9k9Kt*^
tin, avait en celni de Semhat on t&v \tAyrfn, Cedr. t. si, p. 4^7 «i-^.
SembatèSjCat, quand il ftit moine, S.-M.
celai de Basile. — S.-M.
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4o HISTOIRC DU BiLS-£BiPIRE. (An 820.>
\Is avaient été nourris^ Michel , en saisissant les biens
de Léon, en réserva ce qui était nécessaire ppur lejir
entretien, et leur laissa quelques domestiques pour
les servir.
XnUz. Le nouvel empereur, sorti de la plus basse nais-
Carac^fede sance ' , n'avait jamais dû s'attendre à cette élévation,
Michel jj^ parmi les Athingans *, qui peuplaient Amorium sa
patrie ^ , il avait reçu son éducation d'une femme
juive*, et passé son enfance dans les étables et dans
les haras. Il ne s'était occupé dans ses premières afl*
nées qu'à connaître les chevaux, et c'était l'unique
science dont il se piquait , lors même qu'il fut. empe^
reur. Ignorant dans tout le reste, il n'avait aucun
sentiment de religion, et refusa toujours de s'instruire.
Lorsqu'il fut devenu grande il prit le parti des armes.
Simple soldat , le défaut de sa langue , qui lui fit donner
le surnom de Bègue, ne l'empêcha pas de se faire ai-
mer de son tribun, aussi grossier que lui, mais fort
riche. Ce. tribun lui fit épouser sa fille, nommée Thé-
cla, et ce fut le premier degré de sa fortune. Il s'avança
auprès de Bardane, et finit par le trahir. Il fut encore
■ nm^alathirt faistonen arabe, lui position de cette viHe,qoléuit dans
donne ponr père un certain Dj'our-' la grande Phrygie , n*est pas connue
iijiSp t. ly f ii6, v^, et i43, r*^. — avec exactitude. CVst là probable-
8.-M. ment ce qui fait dh*e que Michel
a Voyez sur ces sectaires , t. la, était d*origîne juive. Selon Abou*-
p. 44a,not. a et 3y liv. Lxviiy j a6, Ifaradj, Chron. syr,, p. i5o, son
— S.-M. père était un Juif converti et bap*
3 Cette villey selon Cédrénns, t. tisé. — S.-M.
3) p. 496, n'était habitée depuis 4SelonNicétas,danssâyi^ie de saint
trcs-Iong-temps que par des Jnifs, Ignace, <i/». Conc, Labb,^ t. 8, p.
des Athingans et d*antRs sectaires ;i83, il était d'une secte qu'il ap-
méprises. Év ^ Icu^aïuv xxt Àdt'yyà- pelle des Sabbatien.s. MixaxX Â^&-
v«>y xx( irspcov àaeSàv TrXTJOcç Ix^a* ptavb;, xftl rnv aipeoty XaêêxTiavo^
Xfl» TÔv fj^ww4 i')(XXTOUiil^irxi. La m. — S,-M.
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(Aaati.) UVKE LXVI, WCHELn. 4»
plus infidèle à Léon , qui , non content de le combler
d'honneurs, avait voulu tenir sur les fonts du baptême
un de ses enfants; ce qui formait alors une sorte d'al-
liance beaucoup plus étroite qu'elle n'est aujourd'hui.
Quoique l'Église ne dût pas beaucoup espérer de conduîte'de
Michel, les catholiques exilés, attentifs à profiter des Mwhcur*.
f / jx T • . 1 N gard d«8
événements, sondèrent ses dispositions des quils le Cathoiiq»ei.
virent parvenu à l'empîre. Michel, très-indifférent sur ^^'/i^f'
la religion parce qu'il n'en était nullement instruit, se ^^^"iVVàS!
piquait de philosophie; il faisait aussi peu de cas des ^°^*^*?"
orthodoxes que dçs images; il répondit aux lettres de ^'
Nicéphore et de Théodore Studite, qu'il n'était pas 4ia.*
venu pour rien ianos^er sur cet article; qu'il s'en Tio.^*
tenait à la croyance de son prédécesseur; et qu'a-, ^^°^'* ^
pr^s tout y chacun n'aidait qu'à sui\>re tel parti qi£il Sr«imii
voudrait; qu'il défendait , seulement ^ pour ^^l^^t^ ^^^\\
les troubles y de placer aucune imase dans la ville p»'-
j ^ . ' r u. 11-1/ Joël. p. 17».
de Constantinopie, On rappela les exiles, on ouvrit vitaNiceph.
les prisons aux catholiques. Mais, comme l'indifférence Boà.i3*iii«rt.
est beaucoup, plus voisine de l'erreur que de la vérité, Tîr*pii-«p.'
Michel ne demeura pas long-temps en cet état, Théo- ^yf^^Ni^*
dore, revenud'exil, l'alla trouver avec plusieurs évêques, ^^^' ^:^^^
et , après l'avoir remercié de la grâce qu'il leur avait 4 f«b.
accordée, il voulut lui parler de la doctrine de l'Église, Theodora^a
Sur quoi Michel l'interrompant : C'est donc vous^ •
lui dit-il, qui vous faites un dei^oir de résister aux
princes ? Cette parole, accompagnée d'un air de mé-
pris, fit évs^nouir foute espérance. La persécution suivit
bientôt après. Il se proposa pour modèle Constantin
Copronyme, le héros des iconoclastes, qui regardaient
la longueur de son règUe comme uiîe récompense de
son zèle. On ne parla plus que d'exils, de prisons, de
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42 HISTOIRE DU BÀà-ÉBtPIRÉ. (An Sar.^
supplice^. Jean Lécanottiante reprit rkutorîté tyran-
nique dont il avait joui sous Léon; les moines sur-
tout et les évêqiies furent l'objet de sa haine. Entre le
grand nombre dé ceux qui souffrirent alors , je n'en
citerai que deux. Théophile, fils de l'èmpéreur, et qui
reçut cette ahnée le titre' d'Auguste, fit tnourir sous
. les coups de fouet Euthymîus ,^ évêquè dç Sardes. Le
ihoîilè Métiiodius soiifFrit plus qu'il ne fallait pour
mourir, si la Providence ne l'eut conservé pour répà-
i^er ùti jour les maux de l'Église. Il était né à Syra-
cuse dfe parents distingués par leur noblesse. Apfëà
avoir reçu une éducation convenable à sa fortdiie , îl
tint à Constantinopîe pour s'avancer à la codr. tJri
moine lui fit changer de dessein; il doniiâ tous ses
biens aux pauvres et prit l'habit monastique. Les fu-
reurs de Léon l*Arménien [e déterminèrent à se retirer
à Rome. Âpres la mort de ce prince ,' il revint à son
monastère, apportant avec llii une lettré dogmatique
du pape, qui, sur les premières nouvelles du rappel
dés exilés, s'était flatté de l'espérante d'un heureiix
charigement. Mais , loin d'avoir aucun égard à cette
lettre , l'empereur, traitatit Mélhodlus de séditieux , Iiiî
fit donner sept cent§ coups de fouet, et l'envoya dans
une île voisiné dii promontoire Acritas , dans la Pro-
pôtitide, au midi de Chalcédoîne. Il y fut etifermé dans
un sépulcre étroit et obscur avec deux malfaiteurs. L'Un
étàtît mort peu de temps après , bn le laissa pourrir
auprès de Méthodîùs, qui essuya toutes les horreur*
qu'éprouvé ith cadavre jusqu'à ce qu'il soit féduit en
poùsàièfe. Un |)âuvre pêcheur du voisinage lui appor-
tait toutes les sémaitiës la quantité d'huile iiëces$air«
pour Venttetien A*nne lampe. Il deiheùra dans cet a&
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(an bai.) Litii LxViu. kiGHÉL II. 4^
fi^ui cdfclioi pendant plusieurs années, s'occiipaht de
]à prière, et de la conversion cïe son caniaràde, qui,
touché de ses îttstructîons et de ses exemples , devint
iiti aussi grand saint que Méthodius.
Aussi présomptueux qu*ignorant, Michel était ce j^SJJ'jL
qu'oli appelle un esprit fort. Il censurait l'Évangile et Jmd,
les prophètes; il niait la résurrection, la vie future,
ietistétibë dés délnôns. Il regardait la fornication comme
iiiiè oétivre naturelle , que nulle loi ne peut défendre.
Cëjpèndâfat, élevé par une femme juive, il mêlait à son
déisme qtlelqiles pratiques de là religion judaïque. Il
voulait 'qtl'on Sanctifiât le samedi ; il prétendait que la
pâque devait être célébrée selon l'usage de la Syna-
^bgae; il iiiéttàit Judas au nombre des saitits. Plei4
de mépris pour Pétude de l'antiquité, tant pro&ne qu eo
tiésiflstiifue, loin de l'encourager, il ne cherchait qu*à
m éteindre 1^ connaissance , déjà devenue assex rare
eâ ce temps-là. Comme il ne savait pas même l'alpha^
ibet , et qu^il pouvait à peine épeler son nom , il né
Youiait pas c[u'on apprit à lire aux enfants , et il se
perdait en raisonnements politiques pour appuyer cette
opinion bizarre. Le patriarche Théodore mourut cette
année ; 11 flit remplacé par un digne successeur : ce
fut Antoine de Syllée.
Michel persédutait impunément les orthbdoxëS. Di^* su.
posés à tout souffrir plutôt que de se défendre, ils ne Tho^t.*
lui donnaient aucun sujet de craitite. Mais bientôt il J^V '^Ç;
tit s'élever un orage qui fit long-temps flotter sur s^ ^^ Î^T"'
tête là couronne qu'il avait usurpée. Thomas, dont Zou.u 5,1.2,
i^ai delà parlé plusieurs fois, commandait en Orieiit ««qq*
* •' * * , ' Cont. The-
les troupes confédérées. Après la mort de Bardane ^ il opii.p.32-46.
i^élàit atiàëfaé & Léon; et, jaloux de Michel, qUi cbtf^ ^^Tix^
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Gforg.p.
5x1, 5x2,
5i3.
Manias.
Clyc.p.288.
Oeaes. p.
x4-»i^
]Uii>uhr«, ^
t* x4, p. 0î
44 HISTOIRE DU B4S-¥:|lfPIRl^< (An 8ai.)
rait la même carrière, il le haïssait d autant plus , que^
se croyant supérieur en mérite, il le voyait avancer
par des progrès plus rapides. L'assassinat de Léon son
bienfaiteur, et plus encore l'élévatioa de son rival, le
mirent en fureur. Il leva l'étendard de la révolte ' ; et ,
dès qu'il se fut déclaré, toute la jeunesse de l'Orient
accourut au premier signal. L'impiété de Michel , sa
cruauté, la corruption de ses mœurs, le rendaient
odieux à toutes les provinces. Sa grossièreté, son igno-
rance, son bégaiement même le faisaient înépriser;
Thomas, au contraire, quoique d'une naissance obs^
cure et demi-barbare^, se faisait aimer par sa douceur
> n est dit dans la lettre adressée
plos tard par Michel-le-Bègue k
Louis-le-Débonnaire ,' qae Thomas
s*était révolté sons le règne de Léon.
Je dois remarquer qae ce témoi-:
gnage, tont suspect qu'il est, comme
on ponrra le voir ci^près $ 4a,
a^accorde mieux avec les récits des
historiens orientaux qu'avec ceux
des écrivains grecs. Voyez aussi ci-
après , not. a et S 3 X , p. 46. —
S,-M.
* Tû icsvoç BapSàpcùv, dît Cédré-
nns, t. a, p. 499. Voyez ce qui a été
dit de la patrie de ce personnage,
t. za , p. 404, not. 3, iiv. lxvii,
S a. Selon Cédrénus, qui rappoite t.
^1 P* 499, un grand nombre d'im-
putations odieuses qui paraissent
avoir été répandaes contre Thomas
par ses ennemis, et ses vainqueurs,
Thomas aurait été contraint de cher-
cher un asile chez les Arabes pour
éviter le châtiment de ses crimes. Il
aurait habité vingt-cinq ans parmi
les Arabes, chez lesquels il aurait
abjuré la religion chrétienne pour
embrasser lé musalmtniimej et il
aurait obtenu ensnfte nn comnan-
dement, et il leur aurait promis de
faire son potisible pour les rendre
maitres de Tenipire. Il est fmÀlt
de voir que ce sont 14 des allé^
gâtions ennemies, impossibles â éta-
blir et à prouvet. On les retrouve
toutes dans une lettre de Afiobel
adressée à Louis-le-Débonnaire » à
qui il rend compte de la révolte
et de la mort de Thomas. Voyez
ci-après, § 4a, p. 61. Ces menson-
ges ofBciels ont été leprodoits parles
historiens. Léon le grammairien pré-
tend, p. 443, ad cale. Tbeoph.^
qu'il se faisait appeler Constantin et
prétendait erre le fils de Timpéra»
• trîce Irène. KùvçavTTvcv éaurôv ^vo-
Il ajoute que beaucoup de Barbares
crurent à cette fable. Elle est indi-
quée aussi dans Cédrénus, t. a, p.
499 f et dans Zonare, 1. i5, t. a,
p. 1 36. Elle est rappelée également
dans la chronique syriaque d*Abon-
Ifaradj ou Bar Hébrvns , p. î5o.
Toyez t. xa , p. 419, not. 7f 1»^'
Lxvti » $ 9i On y dît ^u'il était fil»
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(An^ai.) LIVRÉ txVilî. WtfiHEt 11. 4^
et son affabilité. Une grande réputation de valeur, une
éloquence naturelle, un extérieur plein de noblesse,
tout, jusqu'à ses cheveux blancs, car il était déjà
sivancé en âge, lui conciliait le respect et la confiance.
Quoiqu'une blessure reçue dons une bataille Teût rendu
boiteux , il avait conservé tmite la vigueur de sa jeu-
nesse, et rien ne lui manquait de ce qui peut rendre
un ennemi redoutable. Mais nous verrons bientôt que *
celait un de ces génies subalternes, qui ne brillent
qu'au second rang, et que l'on croit capables de com-
mander tant qu'ils ne font qu'obéir. Il commença
par se saisir de toutes les recettes.de l'Asie, et en em-
ploya les deniers à payer ses troupes, à faire les pré-
paratifs d'une guerre qui devait décider de l'empire,
et à gagner les peuples par ses largesses. Il mit dans
son parti toutes les villes , soit par persuasion et par
douceur, soit par menaces et par force. Deux pro-
vinces seules en Asie demeurèrent constamment atta-
tachées à l'empereur. C'étaient, selon le langage du
temps , ce qu'on appelait le thème Obsequium ' et
.4*nn ccrtun MoasmaryBiaîs qa*il se les empereurf. TcuTCV i^^Ba/hX fY)«i
donnait poor an fiU de Teniperenr i\ àoiifbcov rt '^ovittv xai irtvi^f ûv, dÛl-
CoBstantin, fils d*Irèoe, et que les Xfifèi xat SxXolSe'YtvûVy ràv icoXXa-
Aiabes le reconnarent en cette qua- xtç s-jpuoasudATttv x«Tà ttiV À'yaroXwr.
Uté, Ils placent son passage ches Cet auteur rapporte anssi toutes les
les Arabes en Tan 8o3. Les Armé- allégationscalomnienses réunies dans
siens placent aussi sa révolte en Cédrénns et dont j*ai parlé; mais la
Tan So4> Us disent qn*en cette an- manière dont ils en parlent Tun et
née il vint à Garin, qui est le nom Tautre indique qu'ils y attachaient
qu'ils donnent à Arxroum. Voyez peu de confiance. Selon Génésius,
la chronique de Samuel d'Ani, tra- 1. a, p. i4> il était Scythe dVrigine,
dnite en latin, Milan, i8i8,p.6a.Le ti xai oxuOt^uv tû ^tvfi, ce qui ne
continuateur de Thépphane, p. 3a, nous instruit pas dairantage sur ce*
dit qu*on le croyait d* origine slave , £)it. — S -M.
et descendant de ces Slaves qui ' OaOpsicium* To 6if&« to5 i^i-'
avaient été transportés en Asie par xtou.— S.-M.
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415
HISTOIRE DU BAS-EMPIRE.
(An 891.)
celui d'Arménie'. Le premier renfermait Tliellespont
et la ^ysie, depuis la Propontide jusqu^au goîfe d'A-
dramytte; le second cpptenait l'ancien i*oyaume dé
Pont, et s'étendait en Paphiagonie iuscju*au-delà dé
Sinope^. C^tacyl^s' et Olbianus, gouverneurs de cqs
deux prpvinces , les mauitinrent dans Tobéissance * :
elles furent récompensées de leur. fidélité par l'exemp-
tion d'un impôt fort onéreux établi par Nicéphore. On
payait tous les ans pour chaque cheminée environ
quarante-cinq sols de notre monnaie; et cet impôt se
nommait la taxe de lafumée^.
La nouvelle de ces troubles' mit en mouvement les
Alliance de -, • -»i i» • /• 11 / «
Thomasayec Sarrasius. Ils crureut 1 occasion favorable pour etenqre
*"***"' leurs conquêtes et entrèrent dans l'Asie-Mineure. Ce
contre-temps embarrassait Thomas : d'un coté, lés
Sarrasins, par cette fâcheuse diversion, pouvaient don-
ner à Michel le temps de se mettre. en défense; de
l'autre, Thomas ne pouvait leur abandonner l'Asie
•sans aliéner l'esprit des peuples, et perdrç toutes ses
X Oa plutôt des Arméniaqaesi tûv
Â.f|[i.tviax(Âv, qo*il faut bien distin-
yof r de Ti^nnéDÎe. Voyes ci-dev. p.
dSo, nàt. ^, liv. uviyS ss.-— S.-M.
* On ▼oit par la lettre de Mlc^el-
k-ftègne , déjà citée , ^ne les con-
quêtes de Thomas commencèrent
par la partie de Tempire voisine de
l'Arménie et des régions canca-
liennes. 11 y est dit : Direptione sièi
êubéiéHt toUtm Armenidt àucatum,
êmul et dneatum Chaltkea, qnm
gens monttm Caueasum imeoHt, née»
têon et dueem Armenietntm cum
manu inûida Jevieit, Epist. Mich.
ap. Raynald, Jnn, t. 14, p. 63ô.
3 Selon Génésiosy 1. a, p. 16, ce
Catacylas on Catacolas, comme il
rappelle, était «eoiiD, i^éhkfot^ èe
Michel.-~S.-M.
4 Génésins, 1. a, «. «5, oomose
nn antre chef qui «omhattH a^so a*-
denr pour le sernoe de ^ohtl. C^
tait nn certain GhristoplM 00 Ckti-
stophorns, revéto dn titre d# me^git'
ter ou magistros, dont ks fib V»^
sacius, Ba^d&cte<, et Nasor âiMHt
patriciens. — S.-M.
^ KaTrvisce'v. Il n*était e<q>etKlMit ai
pins onéreux ni pins bizarre qiM
notre impôt sur les portes et teê^
très, proTenant Aet Aaglait. -^
8.-M.
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(A»8ax.) LIVRE îiXyit|.. MICHEL II. ^7
ressources. Il résolut de faire un grand effort pouf
terminer prcMnptemeot cette guerre, et forcer les Sar-
rasins à la paix. Au lieu de marcher à leur rencontre,
il se jeta en Syrie avec une nombreuse armée. A cette
nouvelle , les Sarrasins reviennent sur leurs pas pour
défendre leurs foyers, et trouvant Thomas en état de
leur résister avec avantage, ils écoutent des propo-
sitions de paix : ils conviennent de l'aider de leurs
troupes; et de son côté il promet de leur abandoqner
les villes de la frontière et de leur payer tribut^. Ce
traité conclu, il eut la liberté d'entrer dans Antioche,
où il se fit couronner empereur par le patriarche Job*.
Les Sarrasins , qu'il avait intéressés à ses succès , lui
donnèrent des troupes, et en rassemblèrent en sa fa-
veur de toutes les provinces^, Son armée se trouva
bientôt grossie d'une multitude de Barbares^. L'Ér
gypte, la Perse, les Indes, l'Assyrie, l'Arménie, la
Chaldee ^, ribérie ^, et tous les pays mahométam, si^
1 iomiaaro ftmx'^iLvtoç irpo^ouvat
TOÔTOtç rk ^tofxatwv 8pia, >cai rh
aÙTuv aÙToTcWcx6Îptov6^er4ai àçx'W*
Cedr. t. a, 5oi.— S.-M.
a A&ToxpâT<i>p l* Àvnox«t« «va^o-
pturroit ic«pà tcû nfjvixoÛTa rh ^xet-
«t itoni.ftivcvTo; ixx).yi<TÎav î«€. Cedr.
t. a, p. 5oi.-^S.-M.
3 Cert là ce qni a fait dire à Mi-
chel dans Aa lettre à Lonîs-le-Débon-
^ire : Thomas exiens de Perside
tum Sarracenis et P^rsis, Hiberis\
Armenns et Aveugis, et reliquis gen-
Hbus alienigenarum^ tempore pree-
iicH Leonis subito cum prœdtcta
manu ^valida perprœHaretur. Epist.
MichaelU, ap. llaynald. Annal, t.
I4,p. 65.— S.-M.
vei, oùptovov ^i tôv wpocrotxwv iQp.îv,
àXXà xat Tâv ix tyiv wcpaïav, Ât'vu-
irrtwv, tv^wv, nepcr&v, Â^oupîttv, Ap«
(xsvîcâv, XoX^aicùv, fênipttv, Zixx&v
xal Xaêiipov. Cedr. t. 2. p. 5oi.-—
S.-M.
^ La Chaldée dont il est (|ne8tîoll
ici nVst pas le pars célèbre dont
Babylone était la capitale , maïs une
contrée montnense, située entre la
Tille de Trébizonde et TArménie. Oh
rappelle actnellement Tcheldir, J'en
ai déjà parlé, t. 5, p. 366, not. 3, lir.
XVII, S 9, et t. 6, p. 397, «o*- »»
lîv. XXXVIII, S 54. — S.-M.
6 C*est lé pays qu'on appelle à
présent la Géorgie. — S.-M.
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48 HiSl^OIRE DU BAS-£MPIÀË4 (An gai.)
tues sur les bords du Pont-Euxin et de la mer Cas-
pienne, lui envoyèrent leurs soldats '. Les disciples
de Manès, qui formaient un état sur les frontières de
TArménie, se joignirent à.lui^. Tant de forces furent
l'origine de sa faiblesse; suivi de cette nuée de Bar-
bares', il devint comme eux fier, cruel, insolent. U
se livra sans réserve aux plaisirs, et cessa de mériter
Tempire dès qu'il eut pris le titre d'empereur. Il n'a-
vait point de fils; songeant à perpétuer sa puissance ,
avant même que de l'avoir affermie, il adopta un in-
connu, aussi mal fait d'esprit que de corps, dépourvu
' On a pu remarquer ci-dev. not.
3, 4, p. 47) dans la liste des Barbares
qui fournirent des troupes à Thomas,
les noms de deux nations qui ne re-
paraissent pas ici. Les uns sont les
Zieches et les antres les Cabires. Les
premiers sont un peuple qui occu-
pait It partie la plus occidentale
du Caucase, an nord-ouest de la
Colchide^ dans le voisinage des Abas-
ges ou Abkhat* U en est question
plusieurs fois dans Procop. de BelL
Pen, L a, c. a 9, et de Bell. Gotlu 1.
4, c. 4. Hs existent encore dans le
mémt pays. Quant aux Cabires, j'i-
gnore quel peuple ce pouvait être ;
je pense qu'il s'agit des hordes
répandues alors dans l'Asie; mais
je n'en ai pas la certitude. Les
autres passages de la Byzantine , on
il est question de cette nation , ne
peuvent nous servir à la faire mieux
connaître. La plupart des peuples
dont il est question ici , ceux de la
Chaldëe persique, de Tlbérie, de
r Arménie, les Zieches ,^ n'étaient pas
musulmans , comme on pourrait le
croire par la manière dont Lebeau
reproduit rénnmération de Cédré-
nus. A cette époque, il n'y avait
pas encore de rausulmaus sar les
bords de la Mer Noire. — S.-M.
* Le continuateur de Théophane ,
p. 35, ajoute à la phrase de Cédré-
nus rapportée dans la not. 4,p.47» les
mots, xai TcavTtùv tûv 8t, Ma^vTO;
o*jçoixcûvT(dv <^Cf p.a<it xac deoiciop.eL9i.
C'est là ce qui a donné lien a Leb«an
de distinguer les sectateurs de Mâ-
nes des autres auxiliaires de Thomas,
tandis qne^ par la manière dont
s'exprime le continuateur de Théo-
phane, on voit qu'il s'est servi d'une
phrase vague, dans laquelle il a l'air
d'attribuer la doctrine de Manès aux
Persans, aux Indiens, aux Armé-
niens et aux autres nations de l'O-
rient qu'il énumère.— S,-M .
3 Génésinsy 1. a, p. i5, ajoute les
•Sabires, peuple qui n'existait plus
à cette époque, les Al vires, les La-
zes, les Vandales, les Slaves, les
Huns et les Goths, k la liste des
peuples qui marchèrent sons les dra-
peaux de Thomas. L'énnmération
qu'il donne n'est qu'une liste tirée des
auteurs que j'ai cités, amplifiée et
sans autorité.— S.-M.
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(An gai.) LIVRE LXVIII. MUCHEL 11. 49
de tout genre de mérite, mais souple, conjplaisant et
flatteur; il lui donna le noni de Co*îStance^ •
A son retour de Syrie,' les peuples de l'empire' ne Aw 82^.
trouvèrent plus en lui ce caractère de bonté et de clé- Di^""^^.
mence qui avait gagné leurs eœurs. Toutes les villes JS^**^®
qui tardaient à lui ouvrir leurs portes , et à le recon-
naître pour empereur, 'étaient impitoyablement sacca-
gées. Cependant , Michel ^ se persuadant que tout ce
que publiait la renommée était exagéré, se contenta
de faire p^teser. quelques troupes en Asie; c'en était, à
son avis, plus qu'il ne fallait pour ' terrasser un re-
belle qu'il affectait de mépriser. A la première ren-
contre, elles furent taillées eh pièces. Thomas fait eu
même temp3 construire des barques légères pour le
passage de ses troupes, et d'autres plus fortes pour le
transport des chevaux et des provisions. Il se saisit
des vaisseaux de l'empire qui* se trouvent sur les cotes
d'Asie, et ordonne de le^ rassembler tous à l'île dû
Lesbos. Il marche lui-même ver? Abyde à la tête de
qugitre-vingt mille hommes, à dessein de passer dans
la Cbersonèse de Thrace. Pour mieux ressembler à
Xerxès^, auquel il prenait plaisir d'être comparé , il dé- .
sole tout le pays qu'il traverse, et réduit en cendres
le» villages et les villes. Une Seule place, plus forte
que les autres, se défendait du pillage; il la fait atta-
quer par sou fils adoptif à la tête d'un détachement.
Ce jeune téméraire, sur la foi de quelques imposteurs
I Cett<J circonstance est donnée «tance. — S.-M.
par le contlnuatenr de«Théophane , ^ C'est tout simplement nne ré-
p. 33. Génésias en parleaussi, 1. a, miniscence classique de Thistorien
p. 16, et îL appelle ce personnage Génésius^p. 14. HétùBi^ç^ toIç é{i.o-
Pscudo-Constanûus ou le faux Cpn- . wiçoiç àiro^avmi. — S.-M.
Tome XIIL
4
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5o HISTOIRE DU BAS-EMPiaK. (^i^^ g^^
qui se disaient prophètes-, s«talt vanté la veille que ,
tel jour^ il entrerait triomphant dans Constahtinople ;
il marche à cette forteresse sans précaution , sans gar-
der aucun ordre, et tombe dans une embuscade où
Olbien l'attendait. Il y périt avec sa troupe. On porte
sa tête à l'empereur , qui la renvoie à son père. Tho-
mas , qui pouvait aisément remplacer un fils de
cette espèce, s'aperçoit à peine de sa perte; il profite
d'une nuit obscure et passe l'Hellespont à Horcosie^.
xxxrii. La défaite des troupes envoyées en Asie, et*la marche
'c^nstonti-* de Thomas qui approchait de l'Hellespont , avaient
nopie. gjjgjj donné de l'inquiétude à l'empereur. Il était sorti
de Constantinople, et avait parcouru toute la Thrace
sur la route que Thomas devait tenir, exhortant les
habitants des villes et des forteresses à lui être fidèles,
et à défendre leur vie et l'honneur de leurs femmes
et de leurs filles contre des barbares. Mais le tnépris
qu'on faisait de Michel rendait ses paroles inutiles; et
dès que Thomas parut, tous ces peuples se joignirent
à lui pour aller assiéger Constantinople. Cependant
Michel , aux approches du danger , travaillait à se
mettre en défense. Il fit venir Olbien Qt Catacylas
avec leurs troupes; il rassembla tput ce qu'il put de
vaisseaux, et fit tendre la chaîne qui fermait l'entrée
du golfe.
xxxiT. Dans Wle de Scyros, une des Cyclades, vivait alors
Sonarriyée. ^^ ^^^^ ^ nommé Grégoire Ptéro te ^. C'était un offi-
cier de marque, cousin de l'empereur Leon^, qui l'a-
» npoç Tw ©paxYiv œnb toû x(>>piou Theoph. p. 37. — S. -M.
0 xaXoûatv Ôpxwaiov «epatoorai. 3 A^tXçi<^cOç tyi^flcwiov A^ovtoç
Cedr. t. a, p. 5ox.La posîtiori exacte to5 PooiXscoç. Cedr. t. a, p. 5o«.
de ce lieu est inconnue.' — S^M. • $.»M.
» rpyj-YOpwc ô irrtpwTOç. Cont.
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(An 8aa.) LITRE ZXVIU. MICHEL II. 5l
vait souvent employé dans le commandement^ Après
le massacre de Léon, ne pouvant retenir sa colère, il
avait osé faire ^n face au nouveau prince les reproches
les plus vifs. A quoi Michel avait répondu par une
ironie insultante^ lexhortant à prendre patience et à
se soumettre sans -murmurer aux décrets de la Pro-
vidence. 11 Favait ensuite chassé de la cour et relégué
à Scyros. Thomas le fit venir, et lui donna un corps
de douze mille hommes à commander; il mit un autre
officier, à là tête de la flotte , et leur fit prendre les
devants peur bloquer la ville du côté de la* terre et
de la Hier. La flotte n'eut pas de peine à rompre la
dMitne, et traversa le golfe dans sa longueur jusqu'à
)a pointe de Blaquernes, où se rendirent aussi les
douze mille hommes commandés par Grégoire. Mais
ni les uns ni les autres ne firent aucune entreprise
contre |a wlle. Cependant Thomas feiàait construire
des machines de toute espèce pour battre les murailles.
A la place de ce fils adoptif qu'il avait perdu, il en
choisit un autre, auqqel il donna le nom d'Anastase.
C'était un moine apostat et libertin , qui ne s'était fait
valoir auprès de lui que par l'audace et l'impudence.
Secondé de ce collègue, et comptant beaucoup sur le
nombre de ses troupes, il se présenta devant la ville,
se flattant qu'à la première vue on allait lui ouvrir les
portes. Étonné de voir qu'il ne se faisait' aucun mou-
vement, et qu'au lieu des acclamations qu'il attendait
on l'accablait de malédictions et d'outrages, if alla
camper vers la pointe du golfe près de l'église de Saint-
Corne et de Saint-Damien ^ De là il détacha une
I En un liea qai portait le nom de Paulin , tv roTç HauXtvcu. Cedr.
1. 1, p. So^. — S.-M.
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Sa HISTOIRE J>U BASrEMPmK^ (in «aa.)
partie ^e son armée, pour brûler et détraire toutes
les habitations le long dû Bosphore, jusqu'au Pont-
Euxin.
xxxT. Pendant qu'il travaillait à se mettre hors d'iasultç
^tuqiie de *
la ville, par de bous retranchements, il aperçut du haut d'une
ëminence l'empereur qui plantait un étendard sur le
toit de Sainte-Marie-de-Blaquernes, pour mettre la
ville sous sa protection , et Théophile, fils de l'empe-
reur, qui, marchant à la tête du clergé, faisait sur les
murailles le tour de la ville, portant le *bois de la
vraie croix, et la robe- qu'on croyait être ctlle de la
sainte Vierge. Le danger inspirait à ces princes cette
piété passagère. Thomas, qui n'était, pas plus dévot, en
conçut néanmoins de l'inquiétude; il craignit que le
ciel ne se déclarât pour ses ennemis. Toutefois il ré-
solut de donner l'assaut. Dès le matin du jour suivant,
il partage en deux son armée; il en donne l£^ moitié
à son fils pour attaquer le rempart depuis la porte
Dorée jusqu'à la Propontide , et se met à la têtq de
l'autre pour forcer la ville du côté de Blaauernes. Deux
armées s'avancent donc en ordre de bataille, précédées
d'un terrible appareil de machines. On plante au pied
des murs des échelles qui les égalent en hauteur;
elles sont bientôt couvertes d'autant de files de soldats,
qui vont .porter ou cl>ercher la mort au haut des mu-
railles. Les béliers, les catapultes, les balistes, tout
est en mouvement; tout s'anime à la ruine des murs,
ou à* la perle de leurs défeifseurs. Le péril et la ter-
reur ne sont pas moindres du. côté de la mer. La flotte
ennemie, qui borde d'un côté le golfe, de J'aubre la
Propontide, fait pleuvoir dans la ville les feux, les
pierres, les javelots. Les habitants, non moins ardents
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(Aa 82a.) LIVRE LXVIH. MICHEL II. 53
3i se défendre, mettient tout en œuvre pour repousser
ces efforts. On fait tomber du haut des tours d'énormes
masses de pierres. Des flots de plomb fondu, d'eau
bouillante, de sable brûlant, coulent le long des
échelles , embrasent et précipitent les assaillants.
L'inexpérience des barbares qui faisaient jouer les ma-
chines favorisait encore les assiégés. Les catapultes et
les baîistes, employées de trop loin, ou ne portaient
pas jusqu'aux murs, ou'n'avaieùt qu'une faible pgrtée;
tandis que celles des assiégés, placées avantageusement,
avaient un effet assuré. Un contre-temps encore plus
fâcheux rompit toutes les mesures de Thomas. Pen-
dant le fort de Tattaque, il s'élève une violente tem-
pête qui rompt les câbles des aircres, disperse les
vaisseaux, et délivre la ville de danger du coté de la
mer. Tant de mauvais succès obligèrent Thomas de se
retirer; et comme l'hiver approchait, et que les fri-
mas de la Thrace auraient -été insupportables à ses
trètipes, accoutumées à des climats plus tempérés, il
alla prendre ses quartiers au fond' de la Chersonèse.
Aux premiers jours du printemps, il revint devant AwSaS.
Constantinople, mais il trouva Michel encore mieux ^"J^;
préparé à le recevoir. Ce prince avait rassemblé pen- attaq»*c.
dant l'hiver un plus grand nombre de troupes et de
vaisseaux. Thomas s'étant approché pour donner un
nouvel assaut, Michel se montra sur le haut de la
muraille, et adressant la parole aux Grecs de l'armée
ennemie : Braises compatriotes^ s'écria-t-il , de quoi
me suis'je rendu coupable à votre égard? Quel
mal vous ont fait vos frères dont vous venez ré-
pandre le sang? Quittez ces armes parricides^ que
la fureur aveugle d*un rebelle vous a mises entre
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54 HISTOIRi: ttU BAS-lMtfPlIlE. (Xn a».)
ies mains. Je vous promets cT oublier votre révolte
et de vous combler de biens , si vous voulez vous
souvenir que je suis votre empereur^ et que cette
ville est votre patrie. Ces paroles, loin de faire im-
pression sur les cœurs, n'inspirèrent que du mépris.
Persuadés qu'elles étaient l'effet de la crainte et de la
faiblesse, ils s'avancent en désordre, comme étant
assurés de ne point trouver de résistance. Michel pro-
fite du moment , et fait sur eux une furieuse sortie avec
toutes ses troupes. Us ne s'attendaient à rien moins,
et du premier choc ils sont renversée. Michel ne rentre
dans la ville qu'après un grand carnage. Pendant ce
même temps , la flotte de l'empereur avait encore iin
succès plus étonnant : tous ses vaisseaux élant sortis
du port et s'ctant rangés en ordre de bataille, la flotte
ennemie qui semblait n'attendre que le signal, et d'où
partait déjà une nuée de pierres et de javelots, frappée
d'une terreur panique , tourne tout-à-coup vers le ri-
vage : les soldats et les matelots vont, les uns se jeter
dans l'armée de l'empereur qui combattait encore, et
se rendent à lui; les autres, fuyant sans être poursui-
vis, gagnent le camp de Thomas.
^^^jj Ce double échec détacha Grégoire du parti des re-
Défaitede bclles. Il vovait quc Thomas, touiours malheureux et
Grégoire. j k / j
incapable de se relever de ses pertes , commençait à
tomber dans le mépris,, et qu'il ne pouvait éviter
d'être bientôt accablé. Il crut qu'il était temps de
songer à sa propre sûreté, s'il ne voulait pas être en-
veloppé dans la même ruine. Il craignait encore pour
sa femme et pour ses enfants, que Michel retenait pri-
sonniers. Pour faire savoir son dessein à l'empereur,
il se servit d'un moine du monastère de Stude qu'il
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(Ab «a3.) LIVKE LXVIII. MICHEL II. 55
avait avec lui. £n même temps il se sépare du gros
de l'armée avec une partie de sa troupe, qui voulut
bien le suivre , et alla camper sur les derrières. Il ne
doutait pas que, sur son avis, l'empereur ne fît une vi-
goureuse sortie; alors il devait charger en queue les
troupes de Thomas, qui, se trouvant ainsi enfermées,
ne pouvaie&t imanquep d'être taillées en pièces. Mais,
pour se détacher de Thomas, il aurait dû attendre que
son avis fût parvenu à l'empereur; sa précipitation le
perdit : le moine ne put pénétrer dans Coristanti-
nople, dont les assiégeants fermaient toutes les ave-
nues; et Thomas ne doutant point de la perfidie de
Grégoire, tomba sur lui avec un gros détachement, le
battit, le prit lorsqu'il fuyait, et le fit mourir comme
traître. Il rejoignit ensuite sou armée, et, fier de cet
exploit^ qu'il vantait comme une grande victoire, il
envoya ordre à la flotte qu'il avait à Lesbos de se
rendre à l'entrée du Bosphore. Elle était composée de
trois cent cinquante grosses barques, partie armées en
guerre , pajptie chargées de provisions. Poussée par un
vent Êivorable, elle aborda en peu de temps au port
de Byride ', Ueu inconnu aujourd'hui, mais qui paraît
avoir éta sur la Proponlide. La flotte de l'empereur
vint l'y attaquer ; la plupart des barques furent prises ,
ou consumées par le feu grégeois; celles qui échap-
pèrent, eurent le bonheur d'entrer dans le golfe, et de
gagner le port de Blaquernes , où l'équipage les aban-
donna pour se jeter entre les troupes de terre. Tous
les jours il se livrait de petits combats entre les assié-
' Tô x<*pi<? irpcoop[i.KiTai tûv B«- nar. 1. x5, t. a, p. x38, <m lit Bopt-
çi^«v. Ccdr. t. a , p. Soi. Dan* Zo- Saç. — S.-M.
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xxxviir.
Thomas
yamcu
56 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An Saî.)
géants et les assiégés. Michel , son fils Théophile , Ôl-
bien, Catacylas, commandaient tour-à-tour les sorties,
et l'avantage ainsi que la perte se partageaient à peu
près également. L'empereur n'osait livrer de bataille
générale à une armée beaucoup plus nombreuse que
la sienne, et plus forte en cavalerie.
Dans cet état d'incertitude, il survint à l'empereur
par un secours imprévu qui lui inspira d'abord plus de
^es u gares, ^p^^jj^jç, q^g jg confiauce. Mortagon, roi des Bulgares ','
instruit du danger où se trouvait Constantinople , en-
voya secrètement dire à Michel qu'il allait ^marcher
contre Thomas, et rendre à l'empereur le service d'ua
alHé brave et fidèle. Ces offres de bienveillance firent
trembler l'empereur; il craignait que Mortagon ne
voulût rarracher des mains de Thomas, pour profiter
lui-même de ses dépouilles. D'ailleurs il senttiit bien
qu'il faudrait payer un tel secours : et il était très-avare.
Il remercia donc le roi bulgare, et lui fit répondre
qu'il espérait se défaire bientôt de son ennemi, sans
avoir besoin d'aucun secours. Mais Mortagon, qui se
promettait un riclie butin dans la défaite de Thomas ,
se fit honneur de secourir Michel malgré lui; il vou-
lait, disait-il, s'acquitter d'un devoir indispensable, que
lui imposait le traité d'alliance fait avec Léon l'Armé-
nien. Il marcha vers Constantinople à la tête d'une
grande armée , et vint camper à quelque distance des
rebelles *. Thomas se trouvait dans un grand embar-
ras : s'il divisait son armée, il ne pouvait ni laisser
* Voyez cî-dev. § 9, p. i3, not. vov, selon Cédrénus, t. a, p. 5o5.
3. — S.-M. On lit dans Zonar. 1. i5, t. a, p.
» En un lieu appelé Cedocttis , i38,xaTàTb Kïj^jwov. — S.-M.
xotTût Tov Ktî^ouxtov Xwf ov xaXo6{i.e-
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I Elle se DommaU Diabasis. Cedr. t. a, p. 5o6»— -S.-M.
xxxrz.
n lève le
(X*8îi3.) LIVRE LXVIII. MIGHBL II. 67
assez de troupes pour continuer le siège et résister
aux sorties^ ni en détacher assez pour être en état de
combattre les Bulgares. Il prit le parti d'abandonner
le siège et de marcher à Mortagon avec toutes ses
forces. Dès que les deux armées durent en présence ,
la bataille se livra et fut très-funeste à Thomas. Il y
perdit ^rand nombre de soldats; ceux qui échappèrent
au fer des Bulgares se sauvèrent sur les montagnes , et
ne se rallièient auprès de leur chef qu'après que Mor-
tagon , fier de sa victoire et chargé de butin , eut re<«
pris la route de son pays^, traînant à sa suite une nïtil^
titude de prisonniers.
Cette défaite ruina entièrement les affaires de Tho*
mas. Ce qui lui restait de vaisseauk se rendit à Fem- "«îége.
pereur. Ayant lui-même recueilli les débris lie son ';
armée, il n'osa retourner devant Constantinople, et se
tint campé à dixlieues de' cette vidle , dans une plaine
fertile et commode % d'où ses paitis ravageaient toutes
les campagnes d'alentour. Michel se mit à la tête de
tout ce qu'il avait de troupes , et, soutenu des conseils
et de la valeur d'Olbien et de Catacylas, il alla cher^
cher Thomas qui , dans l'état oii il était réduit , n'avait
plus sur lui aucun avantage. Thomas accote la ba-«
taille, et pensant s'aider d'un stratagème, il ordonne
à ses soldats de p/*endre d'abord la fuite, pour attirer
après eux l'armée de l'empereur, et de retourner sur
elle avec vigueur lorsque la poursuite y aurait jeté le
désordre. Il ignorait la disposition de ses troupes :
harassées, épuisées de fatigues, rebutées d'une guerre
de trois ans, qu'elles avaient cru terminer en peu de mois,
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58 HISTOmX DU BAS*KMPIR£. (An 8a3.
elles ne désiraient que de revoir leurs foyers; et ayant
perdu toute espérance^ elles s'ennuyaient de se voir les
victimes d'une ambition téméraire'et si mal conduite.
\ Elles furent donc très*promptes à obéir au premier
ordre, et prirent la fuite dès le commencement du
combat. Mais, au signal qui leur fut donné pour tour-
ner visage, elles continuèrent de fuir encore plus fort,
et, s'étant dispersées de toute part, elles ne revinrent
que pour se donner à l'empereur. On les voyait arriver
par bandes au camp de l'armée impériale. Thomas,
peu accompagné, se sauva dans Andrinople, et son
fils Anastase dans Bizye, à huit ou neuf lieues vers le
nord ^, afin que crelui qui serait assiégé pût recevoir
du secours de l'autre.
xt.. L'emperetir marcha aussitôt vers Andrinople, et
Mort de , ^ , i, . . , 1 . •
Thomas, sdchaut que la ville était mal pourvue de vivres ^ il
résolut de la prendre par famine. Thomas com-
meniça par mettre dehors ceux qui étaient hors d'état
de servir à la défense; et cet ordre, raisonnable en
lùii-même, devint odieux par la dureté barbare des sub*
alternes qui l'exécutèrent Comme la disette croissait
tous les jours, et que Thomas ne retranchait rien de
sa dépense , rendant la famine même tributaire de son
luxe et de ses débauches, les habitants, réduits au
désespoir, ne songèrent plus qu'à s'affranchir du joug
d'un maître qui faisait si peu de cas de leur vie. Les
uns s'évadaient de la ville par des poternes qui com*
> Bii^a on Bîzye^ BiÇuv), étaic zye n'était pas éloignée de cette mer.
à ane pins grande diatance d*Aii* Elle porte à présent le nom de^ûa.
drinople, dans la partie de la Thrace II en est question dans Pline, dans
connue sous le nom d*Aspre, qui Ovide et dans d*aatres auteurs au-
s*étendaitleIong deIamerNoire.Bi- dens. — S.*Iif.
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(Aa«a5.) MVEE LXVIll. MICHEL If. 5g
muniquaient au dehors; les autres se coulaient de nuit
le long des murailles, par des cordes attachées aux
créneaux. Ces fugitifs allaient se jeter entre les bras
de Tempereur, ou se raidaient à Bizye auprès d'Ana-*
stase, qui n'avait ni assez de forces ni assez de courage
pour courir au secours de son père* Enfin , après cinq
mois de siège, tout ce que la rage de la faim peut
changer en aliments étant consommé, jusqu'aux cuirs de
leur chaussure , quelques habitants trouvèrent moyen
de faire savoir à Michel qu'ils étaieiH* préls à se
rendre s'il leur accordait le pardon ; et , l'ayant obtenu,
ils se saisirent de Thomas, et le livrèrent pieds "et mains
liés à l'empereur. Michel lui ût subir le traitement bar-
bare dont le cruel Justinien II avait donné le premier
exemple : après lui avoir tenu quelque temps' le pied
sur la gorge , il lui fit couper les pieds et les mains.
En cet état, on |e promena $ur un âné par toutes les
rues qu'il arrosait de son sang, en criant. d'une voix
lamentable : Si vous êies vraiment emjperem'f ayez
piiié d*unjuj€t malheureux. Comm# . Michel , qui
accompagnait en personne cette hotrft^b/isxéculton,
lui demandait $-'il n'avait pas de K^oml^Aim» dntne/ses
courtisans, Jean Hexabule arrêta cette curiosité fu-
neste en disant : Eh / quoi^ prince ^ vods en rappor-
terez-vous à un ennemi sur la fidélité de vos amis?
Cette sage remontrance sauva ceux que Michel livrait
a la merci de Thomas. Cet infortuné rebelle, aban-
donné comme une bête féroce à ses cruelles douleurs,
sans qu'on apportât aucun remède à ses plaies, vécut
encore quelques jours , et expira vers le milieu d'oc-
tobre. Son cadavre fut attaché à un gibet. Telle fut la
fin de Thomas; heureux et estimé tant qu'il crut avoir
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6o HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 8îi3.)
à cramdt^, ses premiers succès furent ïe germe de
ses malheurs. Après un léger avantage, il se crut in-
vincible, et. perdit par- sa victoire toutes les qualités
qui peuvent la procurer. Il oublia jusqu'à son âge -
livré sous ses cheveux blancs à tous les excès d'une
jeunesse voluptueuse , il fit voir ce qu'il aurait été sur
le trône, dont la vue, quoique éloignée, avait suffi pour
le corrompre.
^^ Les habitants de Bizye suivirent l'exemple' de ceux
Punition des d'Ail dritiopte. Us livrèrent Anastase, qui fut traité
coupables. r ' t
comme son père. Pâiiium et Héraclée refusaient encore
de se soumettre à Michel; il alla les attaquer. Un
tremblement de terre lui ouvrit l'es murs de Panîum;
Héraclée fut prise du côté de la mer, et Michel fit
grâce aux habitiants, Il rentra ensuite en triomphe
dans Constantinople. A féga^d deà^ complit^es de Tho-
mas qui tottibèrent entre ses mains, il se piqua de
clémence. Il se Cïontenta de les' faire promener dans le
cirque hs migkins liées derrière le dos, et d'exiler les
plus coûpiaSileS*^. Il restait en Asie deux places voisines
J'ufnè de i'stii^V Cabala et Sanian.e ^, où se mainte-
naient tleilirôfticieps'de Thomas, Ghéreas et Gazarène h
I Michel sein^ avoir ét« vf»l«s .frontière orientale de TempliM dm
çrnel ; car il dit; lai-méme dans la côté de la Cappadoce et de la petit.e
lettre qu'il adressât bientôt après à Arménie. On voit dans Constantin
£^,i^t9--le-DéhbQiûiire I Sarracer^^ . I^orpfayrogênète , de Adm. imp.^
quoque omnes et yirmenicQS^at re- • ç. 5o, qu'on donnait le nom de San^
Uquos^qui de prœlio evaserant^oiri' niaha à une des subdivisions du
net viuos cepîhuis^ et sèctênduth Dei thème de Charsiane pài-tbgée en f rois
dispositionem nos in eis uki sumus. lientenances , % TOWOTYipflOffîa , celle»
Hist. Mîch. ap. Rayn. Ann, t. 14, de Myrîocéphale, de Sainte-Croix
p. 64, — S.-M. et de Variuonpolis. Voyez sur la
* K.aoo(Xa et ^aviava. J'ignore la Charsiane ci-après, p. 107, not. a,
position de ces deux places, je crois lîv. t.xix, § i5. — S. -M.
cependant qu'elles étaient sur la ^ Ô Xoias'aç et raÇapyjvoç. Ce der-
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(An4a3.) LIVRS LXYin. MICHEL 11. 6l
Ils faisaient delà des, courses dans les environs. Michel
leur envoya un de ses gardes pour les instruire de la
mort de Thomas, et leur offrir l'impunité avec un
grade honorable ' dans ses arniées. Comme ils reje-
taient ces offres avec insolence ^ l'envoyé prit le temps
qu'ils étaient sortis de leurs places pour aller au pil"
lage , et persuada aux habitants de fermer leurs portes
et de leur refuser l'entrée à lelir retour : ce qui fut
exécute. Ces deux rebelles prirent le parti de se sau-
ver en Syrie; mais ils furent arrêtés en chemin et
pendus sur-le-champ. Un fait remarquable, et qui
mootre quelle idée cet empereur avait des dignités
ecclésiastiques, c'est qu'il fit promettre l'archevêché
de Néocésarée à un domestique de Gazarène, s'il tca-*
hissait son maître; ce qu'il fit: mais l'histoire ne dit
pas si on lui tint parole. - ht
Michel, affermi sur le trône par la défaite et la mort Ah 824
de Thomas, songea à renouveler l'alliance avec l'em- y^^Ji
pereur d'Occâdent, selon l'usage de ses prédécesseurs. *Débon*âî^ç
11 envoya cinq ambassadeurs ^ à*Louis-le-Débounaire «' •« p«p««
pour lui demander son amitié. Sa lettre , que nous î^afFiJc!
avons encore, est d'un stylé dévot, chargée de pas- gg^^^fjg ^
sages de l'Écriture; mais elle est aussi remplie de M, p. 6a et
déguisement et de mensonges. Il attribue la mort de Ficury,hist.
Léon à une conjuration de quelques soldats. Il rend art. a, 4.*
nier nom se Ut Zx-yopinvoç dan» Zo- Theoph. p. 45. — S*-M.
nare, liv. t5, t. a, p. iSgo. L« ^ Le général Théodore, proto*
continuatear de Théophane, p. 45, spathaire on graqd-écuyer, Nicétas,
donne à Gazarénas le nom de Colo- métropolitain de Myra en Lyeie , 1«
matis , oe qai indique qu'il était né diacre Théodore , Téconome de la
à Colonia, ville de la petite Armé- grande église de Constantinople, et
nie, non loin de TEuphrate. — S.-M. Léon , décoré du ti»re de Candidat.
. ' Lm titre de magisUr. Cont. — S.-M.
xui.
écrit
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6a HISTOIRE DU BAS-EMPIRC. (Ab 834.)
compté de la révolte de Thomas et de sa victoire sur
ce rebelle, et c'est sur cette guerre qu'il s'excuse
d'avoir taot différé à faire part à Louis de son avéne*
ment à lempire. Il fait de Thomas un portrait affreux,
et je pense que cette lettre est loriginal de"" ces aven-
tures romanesques recueillies par quelques écrivains
grecs sur le compte de Thomas, et qui ne peuvent
s'accorder avec la suite de sa vie ', telle qu'elle est
racontée par les auteurs les plus dignes de foi ^. Je
n'ai daigné en faire aucun usage. Michel, bien informé
du zèle de Louis pour la religion, lui fait une profes-
sion de foi trèsK>rthodoxe. Mais, sur le culte des
images, il taxe calomnieusément les catholiques de
superstitions ridicules et absurdes. Il donne de grands
éloges au concile des Iconoclastes, et ne compte pas
le secdbd de*Nicée au nombre des conciles œcuméni-
qqes ^. La suscription de sa lettre est remarquable :
jaloux du titre d'empereur, mais n'osant le refuser à
Louis, après l'avoir qualifié de cher et honorable
frère j roi glorieux des Français et des Lombards y
il prend un tour, ^igne.de la subtilité grecque, par
ces termes: « et qui est appelé leur empeneur; » et
vocato eorum imperaiori. Louis reçut ces ambassa-
deurs à Rouen ^ [liotomagus]^ où il se trouvait alors;
> Voyez ce qne j*en ai dit châev. présents les envoyés grecs donnèrent
S 3o, p. 44, not. a. — S. -M. â iVinperenr nn exemplaire du livre
> JVi déjà remarqué oi-dev. S 3 o, attribné â Denys 1* Aréopagite , ' de
p. 44, not. I, qn*en beaaconp de la Hiérarchie céleste, qui jouissait
circonstances elle s*accordait miens alors d'une haute estime.^ Lonis le.
avec les récits des historiens orien- fit traduire en latin, et Tenvoya à
tanx qn'avec ceux des écrlYaina Paris le jour delà fête du saint , et
grecs. — S.-M. il y fut reçu avec grande joie. —
3 L*auteur de la chronique saxon- S^-M.
ne, ann. 8a4, dit qu'entre autres ^ Ils étaient accompagnés de For-
I
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il renoul^la le traité ' ; et, comme ils étatent chargée
d'une autre lettre pour le pape , et de présents pour
réglise de Saint-Pierre, le roi,- à leur prière, les fit
conduire à Rome et les appuya de sa recommanda-»
tion. Mtdiel, en apparence, coifôultait le pape sur le
culte des images, et cherchait en même temps à le
tromper par un faux e|posé. Il lui mandait <que, depuis
sa victoire, il n'y avait plus en Om0ffL de partage dans
l'Église , non plus que dans l'Étjit; que tous ses sujets
étaient réunis avec lui en Êiit de croyance et de pra-
tiques religieuses. Cette députation au pape n'ét^
qu'un jeu de'cet empereur; son dessein était plutôt de
sonder les dispositions de l'église romaine , que de se
conformer à sa doctrine. Il continua d'être. persécu-
teur ^.
Tandis que l'Asie et l'Europe éprouvaient- les hor- xun.
reurs d'une guerre civile, une autre guerre infestait deswî^D»
les îles situées entre ces deux contrées. Les Sarrai^ils *"c^ètc/*
d'Espagne ^, profitant des troubles de l'empire, armèrent cedr. t. a, p.
ttmatnflf patrîavdie de Grodo. Egîn- roi Louis à Compiègne {Compen'
hardy Ann, Franc, ann. 8a4. — dium)', — .-M.
S.-M. ^ Oi Tov itnrgptov xoXwov tt; têy]-
» Leffati imperatoris liiteras et pictç otxoSvre; À-^aptivoî, ^poç^t^pot .
nutnera déférentes, paeis confirmant' tô Oxiav^ ovtsç, ioiravoix toùtouç*
dae causa se misses esse dicentes. xaTOVGp.à^ouatv. Cedr. t. a, p. 5o8.
Eginhard, i^nn. Franc, ^ «nn. 8 a 4. Goos,tantinPorphyrogéoète,</tf>^«rm.
— S,-M. « imp.^ c. aa, donne anx Arabes d'Es-
« On apprend de Thègan, c. 4^9 pagn^ le nom de Maviates, parce
qne Lonis-Ie-Débonnaire envoya en qn*ils obéissaient aux Omniades is-
ambassade & Constantinople anprès sus de MoaTÎab. H dit qné c'est d'enx
de Miche], Halitcon , évéqae de que Tenaient les Arabes qni , de son
Cambrai , et Ansfrie , abbé de No- temps , étaient encore maîtres de la
nantnle, qui revinrent en Tan 8a8. Crète. Ot ttiv i9:tavtav xarotxoSvreç
lis avaient été bien traités par Mi- À'fapvivet Maêiârat xaTovc^tàÇovrat.
chel. En l'an 837, des ambassadeurs TcuTCdv airo^evot Tu^avcumv ot rny
de Michel étaient venus trouver le Kpii-rriV oixoûvTCc À'Yapvivot. — l^.-M.
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'5o8 et seqq.
Zon. 1. 15, t.
a, p. iSg,
x4o.
Léo gramm.
p. 448.
Coat.
Theoph. p.
46 et seqq.
Symeon. p.
4i3, 4i4.
Georg. p.
5i3.
Const.
Porph. de
adm. imp.
c. la
Gènes. 1. a,
p.ai,aa,a3.
Beguigues,
hist. des
Huns, t. z,
3a8.
64 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An Ss4.)
vingt vaisseaux, et, sous la conduite d'Abouhafs ^^
guerrier ardent et hasardeux, iU pénétrèrent dans
TArchipel et ravagèrent les Cyclades *. Toutes les forces
de l'empereur étant alors réunies à Constantinople ^
ils ne trouvèrent point de résistance, saccagèrent im-
punément toutes ces îles , et portèrent le même ravage
dans nie de Crète. La beauté ^ climat et la fertilité
du terroir charni{|||||||i.barbares. A la vue de ces riantes
campagnes, enrichies de moissons et de vignobles ,
Abouhafs, sautant le premier sur le rivage, s'écria
d^ns .une sorte d'enthousiasme : La voilà celte terre
délicieuse j dont parle le Prophète^ ce pays où coule
h lait et le miel; elle né doit appartenir qu'aux Mu'-
suhnan^. Il aurait désiré s'y établir dès ce moment;
mais„ la colonie n'étant pas assez nombreuse, il se
contenta d'en piller les rivages; et, ayant chargé ses
vaisseaux de butin ^ il reprit la route de l'Espagne^
1 Â^oj^atl** Cédi-énn«, t. a, p. 5o8,
lai donne le titre à' Amormoumnin
on Amir-al'inouminih f c'est-à-dîre
chef des fidèles. Zonare,!. xS, t. 9,
p. i3g, rappelle Axa*)' et lai donne
le même titre. La même chose est
dans le continpatenr de Théopbane,
p. 46. Il est appelé Àpochat, Airo-
^xT, dans la Chroniqae de Syuiéon
le Logotbète, p. 41 3. Le chroni-
queur Génésins, 1. a , p. aa, donne
qiielqnes détails snr les descendants
dn conquérant de la Crète, qu'il ap-
pelle jépochapsis, kizéyia.^iji. II eut,
Aclon lui, un fils nommé Saipèi^ père
de Bamdel (peut-être Jbou-abd'aU
fah), qui, jeté par une tempête snr
la côte du Péloponèse sons le règne /
de Basile-le-Macédonien , y fut pris
par lé gouverneur Constantin Tes-
«araartopochîs. Ce Bamdel était
frère de Zarcenès, qni fut aussi chef
de la Crète, àpy/rifo; ttî; KpiQ-nriç , et
qui était père de celai qui comman-
dait dans celte île à Tépoque où
Génésius écrivait. Deguignea, Hist.
des Huns, t. t, p^ 3a8, nous ap-
prend, d'après lés auteurs arabes»
que le conquérant de la Crète s^ap-
pelait Abon-Hafs Omar, fils de
Schoaïb, mais il ne donne ancnn
antre 'détail sur sa personne. — S. -M.
s Cédrénns et les anteurs byzan-
tins donnent pour cause de cette
émigration des Arabes d*£spagne,
que la population s'était considéra-
blement augmentée parmi eux , et le
peu de ressources de lenr pays. —
S.M.
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^A»»*4.) LIVRE LXYllI. MICHEL II. 65
à dessein de revenir bientôt pour cette important*^
cooqaéte.
U partit en effet l'année suivante avec une flotte de ils >> éta-
quarante vaisseaux qui portait les plus braves de la ^*"**"*'
nation; et, sans s'arrêter dans sa route , il aborda au
rivage de Crète '. X^ facilité de la descente, sans au-
cune opposition des habitants , qui fuyaient de toutes
parts, anima ses espérances. Il envoya aussitôt ses
soldats au pillage, n'en réservant que vingt par chaque
vaisseau ; et lorsqu'ils furent éloignés de trois on
quatre lieues % il fit mettre le feu à la flotte. Un vent
violent l'eut bientôt réduite en cendres. A la vue de
ces Aammes les Sarrasins dispersés dans les campagnes
accourent avec effroi : irrités de la perte de leurs vais-
seaux, ils demandent à leur général la raison d'un ordre
si étrange. De quoi açez^vous à vous plaindre? leur
répondit-il avec assurance : fe n ai fait que remplir
vos intentions. Ne m'ai^ez-i^ous pas demandé aç^ec
ardeur de vous conduire en cette Ue pour vous y
établir? Comme ils s'écriaient qu'ils avaient des fem-
mes et des enfants, et comment irâient-ils les cher-
cher? Eh bien! dit-il, ye vous donne une patrie;
elle vous fournira des femmes; c'est à vous à vous
donner des enfants. Ces paroles les apaisèrent; ilà
campèrent au bord de la mer et fortifièrent leur
camp. Il fut bientôt rempli de toutes sortes de pro-
visions qu'ils enlevaient dans les campagnes.
Cette nouvelle affligea l'empereur. C'était un dés- »v
honneur pour son règne que la perte d'une île célèbre, rarmée im-
X Auprès d'un cap nommé Cha" — S. -M.
JCtur.Tcâ àxp(<>mpî(ù to» Xe']fop.éva> Xà- > A xo ou ii stades, dit Cédré-
fcUi îrpoçopjuÇeTat. Cedr. t. a, p.ôoQ. nus , t. a, p* Sog. — S.-M .
Tome JCIII 5
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66 HISTOÏHE DU BAS-KftIPiRE. (^ a^^.)
ptriaie et peuplée dfe vîUes reoommées de toute antiquité, et qui
*-onq»*ê°e de sculc avait fait autrefois un royaume florissant. U
^'^- chargea àéûekte expédition Photth, commandant des
armées d'Orient ^ Photin y transporta quelques- trou-
pes ; mais , après s'être instruit par lut-méme des feree»
d€>s Sarrasms, il ma»da qu'il était hor» d'état de rien
entreprendre, si on ne, lui envoyait de puissants se*
ex>urs^ Michel fit partir aussitôt son connétable ? Dan.
mien avec un gran4 corps d'arnyée. Les. deux généraux
réunis^ allèrent attaquer les barbares et furent battus;
Damien fut tué dès le commencement du cocnbat: s^
mort jeta- la terreur et- le désordre dans ses^ troupes^
qui forent taillées en pièces. Photin se saûva^ vers W
rivage^et s'étant jeté dans une chaloupe, il gagna 4'!)^
de Dia ^, d'où il retourna à Constantinople, portant
Iui*même la nouvelle de sa défaite* L'empereur, dout
il était' aimé, prit soin de le- consoler de soA infet^tuoe,^
eo lui donnant le gpuvernement de' la Sicile, plus ho-
norable encore et plus important quecelui de l'île de
Crète. Ge Phoha fu<; bisaïeul de l'impératrice Zoé-^,
qui. se rendk dans^ la suite- fameuse pav^^es- crimes et
par ses débauches.
xLvi. 'Les Sarrasins s'étaient d'abord campés^sur le rivage
de Candie, occidcntal de l'île et songeaient à s'y établir. Un soli-
taire, habitant de ces montagnes, vint les^ avertir que,
s^ils voulaient bâtir une- ville, il leur indiquerait une
situation pins sâre et plus^ commode, qui réunis^ailT
X U était grand-éouyer, à npu- Theoph. p. 48^ Dia est nue petits
TO(«raôàpio;, tûv àvaroXoccùv çpa-nj- île appelée à présent Studia^ à nne
«^oc. Cedr. t. a, p. 509. petite distance an nord de la Crète.
* Kop.Y}( ToG poatXixoû tincoç'aaîou. — S.-M.
Cedr. t. a-, p. 5 10. — S.-M. " ^ C'est ce que dit le continuatenr
3 AtAa(o2^«Tat «poç rtn Atav. Cont. de Thcophane^ p. 48. — -S.-M.
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{Ttà-m.) riVïtE LXVni. MICHEL II. 67
totis WHVàiiïafgës'dé là terre et de là mer. Us accep-
tèrent ëés- offres kvec jbiè^; et l'ayant pris pour gùîde,
iis arrivèrent* à Un Uîêu nommé Candace', vis-à-vis de
fîté:<feDiaf, où avait été aititrefois la ville de Matium^
alors T^ifHréfe: Hs^y jfet^reiit les fondemetits d'une ville
^Mls nfohinièreïrt'Caûdië^; Ce futïetnr place d*armes*,
êtoh ife^é re^andtférit'dàfts toute retendue' de l'île et
jwsqtre liaiis cfellies d'alentour. Ils se rendirent maî-
tres dfe ^in^-neuf vilfes 4; une seule, que l'histoiVe ne
nôtntné'pas, se defeMït du pillage, et ne se soumît à
cux.cjtfa"c<yn\îitîot*' qu'elle conserverait ses usages et
Fenercice de la reîîgiôn chrétienne. Le Mahométisme
ftrt établi dans le reste du pays; toutes lies églises fii-
i^eiït changées en mosquées; là plupart des habitants,
peuple ignorant et grossier, embrassèrent la religion
dés vtnûquetirs, dèvitiretït musulmans comme ils avaient
été dhrétiéns. Getrx qui avaient plus de lumières et de
courage, persiilfèi'ent dans leur foi et souffrirent le
martyre. Dé ce noriibre fdt C3^ille, éveque de Gorlyne,
dtfnt \& métiioiré est •denaeurée ent singulière vénéra tioû
pàïnii les chrétietis tïè cekte île.
I Cefbrent bien platôt ks Arabes vh irpocnj-yopiav Xocy^a^ évofiatopi-
qoî' loi donnèrent ce nom', comme vcç. Le nom de Chandax est le mot
on le verra ci-drprè^ not. 3-n^S.i-M* arabe Kh€Lndak^<\m. signifie rempart
' Ville peu connue dans F^nti- ' a^ec fassé\ construction militaire ,
quftë et mentionnée par Pline , IV, nom qui fut en effet donné à la ville
iJi.^-'S.-M.."- fondée par les Arabes i cette cpo-
/^ Us y creusèrent, dît Cédréqtts, que. Le nom de Candie, que Ton
t. 2, p. 5o9, un profond fos^é qi^i'ils donne à présent à l'île de Crète, en
défendîrentpar un rempart. Tacppov est nue corruption. — S.-M.
|»fV Tryeipav *pwTOV ^6&tçcv, xofsx*- ^ ^**' 'f^''* icaoïnç àxpoiroXiv vVi-
pflucaç év Taurri xara'nnnÇavTSç. C'est <rcu. Cedr. t. a, p. 5io S.-M.
de là , ajonte-t-il , que ce lien tire le ^ Indication donnée par le conti-
aom qu'il a gardé jusqu'à présent, nuateur de Théophane-, p. 48.-^
et qai est Chandax \ Êv6oc xaX vSv S.-M.
XxCùv TT.V ewwvufxtav o to'woç*, acd'Cst
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68 HISTOIRK DU BAS-EMPIRJj:. (An Sa5.)
A» 8a5. ^ défaite de Pholin ne fit pas perdre toute espé-
?LLvii. rance à l'empereur.. Il fit partir l'année suivante, une
tiiespourie nouvelle flotte sous le commandement de Cratère/,
m"nt dc'râe duc de Cybire, homme fier et présomptueux , qui pro-
dc Crète. ^^^ ^^ princc uu succès assuré. Il n'eut pas plus tôt dé-
barqué près de Candie, que les Sarrasins marchèr^ent
à lui et livrèrent bataille. Le combat fut sanglaiM: et
opiniâtre. Depuis le point du jour jusqu'à midi l'avan-
tage fut égal, et l'on fit de part et d'autre de. prodi-
gieuse efforts. Enfin les Sarrasins plièrent; un assez
grand nombre furent massacrés dans la fuite;, un plus
grand encore jetèrent leurs armes, et se rendirent pri-
sonniers. Candie eût été prise le même jour,- si les
Grec$ eussent su profiter de leur victoire; mais la nujt
qui approchait, et le désir du repos sauvèrent la ville.
Les Grecs, enivrés de leur succès, s'assurant qu'ils §^
rendraient le lendemain sans peine maîtres de Candie^
* se livrent à la joie, et passent la nuit à boirç^ sains^
prendre aucune des pi^cautions nécessaires dans \e
voisinage de l'ennemi. Les Sarrasins, avertis.de ce d^*
ordre, fondent sur eux au milieu de la, nuit ,^. )es
^ trouvant ensevelis dans le vin et dans le sommeil, ils
en font un affreux carnage. Il n'en échappa, qu'un
seul , et c'était celui qui méritait Je plu^s de > périr.
Cratère gagna le bord de la mer, et se jeta dàiis une
barque de marchand qui se rencontra par hasard. Le
général sarrasin l'ayant fiait chercher parmi lés morts
et apprenant qu'il s'était, sauvé, le fit poursuivre: par
deux vaisseaux qui l'atteignirent à l'île de Cos; il fut
^ Elle était composée de soixante- des iles de la mer Egée. Ce4r . t,%^
dix vaisseaux de guerre, taut de p. Su, — S.-M.
son gouvernement de Cibyre que
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\JLnSrà5.) LIVRE tXVIII. MICHEL II. 69
aussitôt mis en croix sûr le rivage. Tel fut Insuccès des
efforts de Michel pour recouvrer l'île de Crète. Lies" Sar-
rasins en demeurèrent possesseurs pendant cent trentê-
crnq ans, jusqu'au règne de Romain Porphyrogénète.
Dé là ils faisaient des courses continuelles dans les B^f^^i";,^
autres îles, où ils établissaient des colonies, et ils se d'Oryphas.
reridaient redoutables dans tout l'Archipel. Pour ar-
rêter leurs pirateries, Oryphas équipa une flotte par
ordre de l'empereur. Sa prudence, son expérience, sa
valeur lui avaient acquis la réputation du meilleur ca-
pitaine d# l'empire en ce temps-là. Cependant les deux
défaites précédentes avaient jeté t£(nt de terreur dans
lés esprits, qu'il ne put faire des soldats qu'à force
cTargent; il en coûta pour chacun quarante pièces d'ôr,
qui font plus de cinq cents francs de notre monnaie.
Une armée achetée si cher fut, pour cette raison,
nommée V armée quadragénaire '. Ces troupes le ser-
virent en effet avec zèle et avec courage. Il fît dés
descentes dans les îles, en chassa les Sarrasins, et vint
à bout de nettoyer la mer et de rendre la navigation
libre. Mais il n'osa mettre le pied dans l'île de Crète ,
où les barbares lui parurent ne pouvoir être forcés, j^ g^^g
Michel, quoique sans religion, voulait sauver les xtix.
apiparences. Éperdûment amoureux d'Euphrosyne, fille Hage de "
dé Constantin Porphyrogénète, il brûlait d'envie de ^^f^
l'épôusçr. Mais deux empêchements, qui semblaient p.5io,5ii.
être invincibles, s'opposaient à sa passion. Sa femme t. a, p. 140.
Thécla, dont il avait Théophile, vivait encore, et Eu- opCp.490
plirosyne était religieuse depuis son enfance dans un ^™|^â/ ^
monastère d'une des îles du Prince, où elle avait été ^*°^'a3! '
' Ttoaapaxovraptcv. Cedr. t. a, p. 5ii. — S.-M.
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70 HISTOIRE DU BAJS-EBfPIRE. (An 8a6.)
consacrée è Dieu dans le texnp? de* la disgra^^e de sou
p^re. La mort de Iliécla leva jenfin le premier obsta-
cle j pour s'affranchir du secppd^ il u^a.fju mêipp: tufi-
nége qu'avait autrefois empjoyé rempereur Cliaude^
lorsqu'il avait voulu épouser sa nièce Agrippii^. Il
engagea secrètement les principaux du sénat à lui de- "
mander publiquement qji'il voulût: bien prendre une
seconde femme, et à combattre de toutes leurs' forces
la répugnance qu'il affecterait de montrer. Tout étapt
préparé pour jouer cette comédie, ceux qui devaient
en être les acteurs, un jour d'assemblée ^u sénat,
se jettent à ses pieds et le conjurent avec instance
de consentir à un second mariage : Qu'il nattait
qu'un fils^ auquel ils Souhaitaient une longue vie;
mais que, pour ôter toute inquiétude à ses sujets^
il était nécessaire que son trône fut appuyé de plu'
sieurs soutiens. Ce motif, tiré de l'intérêt politique,
me paraît avoir été alors employé, plutôt que la rai-
son frivole et ridicule qui xîst cependant la seule que
les historiens grecs mettent dans la ho^çhe de ces sé-
nateurs: ils leur font dire Qu'ayant eux-mêmes un
empereur^ il n'est pas juste q\ie leurs femmes soient
sans impérçitrice», Michel feignit, long-temps de résis-
ter à ces sollicitations ; il attendit même qu'on en vînt
à des murmures et à des menacjss simulées. Enfin il
se laissa vaincre, mais, ce ne fpt qu^à condition qu'il
épouserait Euphro^yne: c'était, disait-il^ la seule per-
sonne qui pût lui faire changer la résolution qu'il avait
prise de demeurer veuf. De plus^iLex^gea des sénateurs
une promesse signée de leur main^ que, s'il mourait
le premier, Euphrosyne conserverait le titre et les
honneurs d'impératrice, et que les fils qui naîtraient
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(^iia 8îi6.) LIVRE LXVIII. HIGHEL II. ^J
d'elle partageraient le trône avec Théophile ^ Le ma-
riage se fit à ces conditions. On ne dit pas si Ei^phro-
syne s'adressa au patriarche pour être relevée de ses
vœux; mais cet article ne pouvait faire de difliculté.
Antoine était trop bon courtisan pour mettre les lois
de l'Église au-dessus de la volontç de l'empereur. Il
parait qu'Ëuphrosyne n'eut point d'enfants ; du moins
on ne voit pas que les dispositions faites en leur fa-
veur aient eii aucune suite.
Ce mariage incestueux fut puni de la perle de la Aw 827.
Sicile. Euphémius% qui commandait dans une ville de Lessârra-
cette île ^, se croyant autorisé de l'exemple du prince, ^^q* ^e k
enleva une religieuse qu'il aimait. Les frères de cette siciic.
fille portèrent leur plainte à l'empereur, qui, regar- Siâ.**^*
dant Fimpunité des crimes comme un privilège de la ^a?p. uo*
majesté impériale, manda au gouverneur de la Sicile* cootf'The-
de faire couper le nez à Euphémius, si le fait était «p*»- p- 5i,
véritable ^. Le coupable, instruit de cet ordre, prévînt Symcon. ^.
z Aboa^Ifandj , Chron. Sjrr,, p. -
iS3 , rapporte que Michel abdiqua
la ooliron&e lorsqn'U contracta ce
secwid mariage, et qa*il fit alors
cooronner son fils Théophile» car,
dit-il , chfiz let Âoniains, il H*eit pus
permip^ de t^ner à ceun qui ont
conirmcté de secondes noces. L*asage
ne permettait pa»» il e^t vrai , de
contracter de seconds mariages,
nais on a déjà vu qa*il s*y Élisait .
de fréquentes infrac4ons. — S.-M.
^Cc persoonage est nommé Flma
par les auCevrs arabes, qui disent
qa^en Tan noi de Thé^., 817 de
J.-C., il avait été envoyé faire la
guerre en Afrique,, par Tordre de
Constantin , qui commandait alors
dans nie. On vouUtt ensaite le des^
titaer ; il se révolta alprs. et se ren-
dit inaitre de Syracuse, çn il se
déclarn oonverain. H fat alors trahi
par un personnage qne les Arabes
appellent Plotha. C'est alors qn*il
passa en Afrique , pour demander
des secours à Ziadet- Allah , prince
des Agiabites.— S.-M.
■ 3 Ou plutôt chef d*nn corps de
troupes cantonné dans ce'tte ile,
jcàTà StxeXtav Xaou Ttvoc s(«^ou{i.cvoç.
Cedr. t. a, p. 5ii.— S.-M.
* 4 n résulte d^un passage de PHis-
itoire dès évéqnes de Na*ples, par
le diacre Jean, ap. Mura t. , t. i,
part, a , p. 3x3, que ce gouverneur
était le patrice Grégoras. — S.-M.
. ^ L*anonyme de Salcme, auteur
latin qui vivait au X" siècle, Chron.
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0,0^. p.
Sigeb.chron.
Yita Niceph.
e. 14, ap.
Boll i3
mart.
De Guignes^
hist. des
Uuns,t. i,p.
363,364.
7a HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An g^r-)
le châtiment et s'enfuit en Afrique '. Ziadet-Âliah ^
le trdfisième des [princes ^] Aglabites régnait dans
Caïroan ^. Euphémius ^ lui promit de le mettre en
possession de la Sicile, s'il voulait lui donner le titre
d'empereur avec quelques troupes. Le [prince arabe ^
équipa cent vaisseaux et y fit embarquer sept cents
cavaliers et dix mille homipes d'infanterie 7, Arrivés
c. 45, ap. Mnrat. t. 2, part. 3, p.
308 , raconte tout aatrement la cause
' de la perte de la Sicile. Il Tattribae
aussi à une femme, mais d*une au-
tre jfàçon. Selon lui, Euphémius
était fiancé à nne femme d'une rare
beauté , nommée Homoniza ^ qui
lui fut enlevée par le gouverneur de
la SicilC) Grœculus qui Sicilias prœ-
eratf qui, gagné par le rival d*£u-
phémius , la lui livra. Ce fut pour
venger son injure qu*£uphéraius
passa en Afrique et en revint avec
les Arabes qui conquirent la Sicile.
Le diacre Jean , dans son Histoire
des évéques ae Naples , publiée par
Mnratori, t. x, part, a , p. 3x3,
donne à ce^ersonnage le nom d*£a-
thymius. Toyez ci>apr. not. x. —
S.-M.
' n paraît cependant que ce fut
après avoir tué le gouverneur Grégo-
ras. Syracusani Eutkjrmia facUone
rebellantes, Gregoram patricîum in-,
terfecerunt, Johan. Diac, Chron, ap»
Murât, t. I, part, a, p. 3i3. — S.-M.
> Abou Mohammed - Zaïadet -Al-
lah , fils d'Ibrahim , fondateur de
cette dynastie, succéda en Tan 30 1
de rhégire, '816 de J.-G.,à son
frère Abd-Allah. Il mourut en Tan
333 de rhégii^, 838 de J.-C. H eut
pour successeur son frère Aglab.
Ibn-al-athir, t. i, f* i3o r*-i33,
donne de grands détails sur Thistoire
de ce prince. — S.-M.
3 Au lieu de califes^ que donnait
Lebeau. Les Aglabites^ qui posié'
daient la plus grande partie de l'A-
frique, d'abord comme lieutenants
des khalifes abassîdes, et ensnite
comme princes indépendants, ne
prirent jamais le titre de khalifes ;
au moins je ne connais aucun au-
teur arabe qui le leur attribue —
S.-M.
.. 4 Cédrénus l'appelle simplement
îémir, 0 AfAYipSç. Zonar. 1. i5, t. a,
p. 141, l'émir d'Afrique. C'est le
continuateur de Théophan^, P» 5i,
qui lui donne le nom d'w^m/r-o/-
moumenitif qui correspond à celui
de khalife.— S..M.
S Ibn-al-athîr donne plusieurs fo^
le nom de ce traître, mais il est tel-
lement filtéré et mal reproduit dans
le seul manuscrit de cet auteur qne
nous possédions, qu'il est impossible
de l'y reconnaître. Cet auteur dir
qu'il était le commandant de la flotte
chargée de défendre l'ile, et qu'il
avait fait plusieurs descentes en
Afrique.— S.-M. '
^ Je supprime encore le titre de
calife donné mal à propos par Le-
beau au souverain dont il s'agit. •—
S.-M.
7 Les Arabes disent que cette
armée était commandée par un cer-
tain Asad, fils de Farath. Selon Ibn-
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{kti^^,) LIVRE LXVriI. MICHEL II. 73
en Sicile, ik battent les troupes de l'île près de Ma-
zara, et s'emparent de plusieurs villes '. Euphémius,
décoré du nom d'empereur, courait de toute part à
la tête d'un gros détachement, pour soulever le pays.
Étant à la vue de Syracuse, il fait faire halte à ses
troupes et s'avance seul vers la ville jusqu'à uhe por-
tée d'arc. De là, faisant entendre sa voix, il exhorte
les habitants à préférer une douce liberté qu'il leur ,
apporte au joug tyrannique qui les accable.' A ces'pa-
rôles, deux frères sortent de la ville, et viennent à lui
dans une contenance respectueuse. En l'abordàiit , ils
le saluent du nom d'empereur. Euph^mius, charmé
de leur soumission, leur répond par des caresses; et,
tandis cp'il tient l'un des deux embrassé , celui-ci le
saisit fortement par les cheveux, l'autre lui abat la
tête d'un coup de sabre; et tous deux se sauvent dans
Syracuse , avant que l'escorte ait eu le temps de les
atteindre.
Les Sarrasins, après avoir passé l'hiver en Sicile*, aw. 828.
al-athir, f^ laa, t% il étiiit jnge su- U donne, mss. arab. t. i, P laa
préme à Kaïrowan, capitale des t° -i%$ y^ , de fort longs d^taib
Aglabites. Le même antear place la qu'il est difficile de concilier avec
descente des Arabes au mois de re- les historiens de Temptre. Il y parle
by 1" 112, de Thég. (Juin 8» 7). Le fort an long des divisions survennes
. diacre Jean, dans son Histoire des entre les officiers de Temperear qnî
éyéqaes de Naples, ap. Murât, t. i, favorisèrent l'entrée et les succès des
part. 2 ,p. 3 1 3 . donne au chef des Ara- Arabes. — S.-M .
bea le nom A^Jrearius : Euthymius > On apprend de Tanonyme de
j4fricam eum uxore etfilio petens, Saleme, Chron. c. 4^» ^^p- Murât.
ArcariwnducemSarracenorumcum t. a, part. 3, p. 208, que Catane fut
magno navium apparatu super eos- une des premières villes qu*ils pri-
dem Gracos adduadu — S.-M. rent en Sicile. Selon une chronique
X Uin-al-athir j^ce de même arabe,pnbliée en latin dans Muratori,
que les Grecs Tinvasion de la Sicile la ville de Messine , défendue par le
par les Arabes d* Afrique en Tan axa patrice Théodore, fut prise en Tan
de lliég. (a arril 837-19 mars 8a8). 83 x .^S.-M.
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LI.
Suite de la
conquête.
74 HISTOIRE DU BAS-EMPmE. (A* 848.)
vont assiéger Syracu&e. Quoique l'empereur Regardât
toutes ces pertes avec assez d^indifféreace, cependant
réveillé par les murmures de «es sujets, qui voyaient
av^ douleur le dépérissement de Tempire, il fit par-
tir une gi'ande flotte changée de troupes. [Le duc de
Venise,. Jpstinieu Particiacus ', reçut l'ordre de join-
dre sets vaisseaux à )a <âQt<ie îiepélriale '. Il obéit et
«lit en mer quelqvhes Mtiments de guerre, qui ne pu-
rf^nt rencQ^itrer le» vaisseaux des Grecs, et revinrent à
Venise sans avoir rien fait ^.] Les Sarrasins , fort in-
férieurs en forces, levèrent le siège 4, et^ s'étant sépa-
rés en plusieurs corps, se fortifièrent en différents
eindroits de Tile ^. Toujours battus, assiégés dans leurs
retraites, réduits à l'extrémité, et obligés k manger
leurs chevaux, ils éutient sur le point de périr, lors-
qu'ils reçurent d'Espagne un puissant secours^. A
^ Ce prince, associé d*abord à son
père> Ange Particiacus, devint seul
dnc de Venise en Fan 827. H gou-
verna cette ville pendant deux ans
4jep1evient. ^on irère Jean lui sdc-
4:^dB(.enranS99.— S.-M. '
» 4éh imperéUore re^uisitNs quas'
dam ^eUicom* nav^ co/fira SaracC'
noi, qui SiciUam ittvas^rant, dttd'
j|MC|V), Andc. Dànd. Chroii» \, 8,
c, a,Si,— S.-M.
^ Grœcorum stolo ofmuht suos
non invenientes^Venetiam redierunt.
Andr. Dand- Chroju 1. 8,c, a,S i.
X^'anoce sai?a9te « » Ja . prière .de
Veniperenr Michel, le doge envoya
une noDvelk flotte dans la Siol«,
<oo elle n'ojbti.«t aacun 4ucc^ , aii-
çuem trittmpkum minime oonsefui
valu^rat. Andr. Dand. ehrom i. ^,
c.a,S9.— S.-M.
4 Le chef des Arabes fiit tué pen-
dant ce siège. U fot remplacé' par
Mohammed , fils d*Aldjoaary. Ibn-
Al-athir^ f* ia3 v**. Celui-ci fut tué
bientôt après en nne autre expédi-
tion dans rintéritfvc de file, et rem-
|>laoé par Zohaïr, fils de Oluath.
B.-M.
5 IbtiHilTatbîr, t. I, f ii3 V*,
dionne les noms de plasienra des
lieux qai forent alors eonqaU^on
attaqués par. Us Arabes; inah ils sont
al mat écrits , qa^ii est presque im-
possible de les reooDiuiitr«, à r ex-
ception de Bjaijent oa Agrigente.
— S..M.
^ DeguigneTf qni fournit cette
circonstance,* i7ûf. das Huns^X. i,
p. 364 , dit que ce secours était
.oofnnandé p(ir Asbug, Sïb de Wa-
kil. Uin-al*âthir, Mst arabes, t. i.
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ClnM.) LIVRE LXyiU. ..MICHEL IF. ^5
l'aide de cerçnfort^Us chass^èareat les Grecs, prii'^tit 'Syra-
cuse.', et 3e readir^nt ç[ïaître3 de l'île entiène^. Xiî^det-
Allah eo donnai le gouv|efïiiÇffl^^tà [sm neveu '^] Mtoham-
med, qui prit d^ns la-^ui,te,|e.jt*i'? 4p W de Sicik^^
[et fixa sa résidence à Palerpïe^,^ui deyint alors |a.€«ipif
f «4 1*, parle aussi de ce secours.
* Il nVst pas bien constant q*ie
les Arabes se soient, à cette époque,
wenàoa maîtpes de Syracuse. Je n'en
▼ois la preuve wHe part. Il est bien
certain qu*à une époque plus mo-
derne,- cette vîHe était encore an
ponvoir de» Grecs; elle ne fat même
conqnise par. les. Musulmans qu'eu
Tan 880, sous le règne de Basile-le-
llSaoédoiiien. Yoy«» ci -après , Uv.
1.XXI , § 48. On voit du reste en l'an
«28, à répoqne dont il s'agit, les
Grecs de Syracuse ^ cacheter ^
pay^t un tribut de cin^ani
pièces d'or; c'est ce que
posîti veinant le diacre Jean
Histoire des év^eques de Napléf^T*/'.
Dlor^au, t. I, p*n^ a,'p. Si3 ; Grœd
resUfere aon w^léfUfi^, €tintr^ clafif
sera ejusdem. civifOtis (SyracusaJ
miilia soHdomm persplverunt pi in
trOfutum, Ceci mt conforme 9a récit
d1bn-al-atkir> «qui. parle du siège,
mais qdn de la prise de Syracuse.
^ Toutm 4tf9.astabant Sfoiiiam,
Jfii»^, D^., jGJ/3W. <»/»- MiiTM.»
t. j, part, n.'p, 5t3t. — S.-M.
3 Mohammed était fils d'Abd-AÎ^
lah* prédécesseur de 7iiad«tr Allah ,
et pedt-fils d'Aglab, foo4«t^ur dp
la dynastie. Il mourut, «çIqu Abou Ir
faradj , uémn. Mml H. X9 « » «» ^'^
a37 de lliégire, 85i, aprèft atoit
gouverné l'île pendant dix-neuf ans.
-Cependant le même historien ne place
J^.go^vcipnemeot et miânie la cdnr
. quête de l'ile par M obarame4 qu'en
l'an aa8 de l'hégire, 842- de J.C,
cerqni lif fait que neuf ans. La même
chose se Ht exactement d^ns la Chro-
nique manuscrite d'Ibn-al athir. On
voit qu'il y & dans tout^cecî erreur
et confusion. Je pe^se quie Moham-
med l'Aglabite a effectivement gou-
verné la Sicile pendant dix-neuf ans,
et qu'AbouFféda, ou plutôt Ibn-
al-athir, qu'il paraît avoir copié, s'est
trompé d'année en plaçant son ar-
iQieDaent eu l'an a ^8 de l'hëigire,
taodis qu'il fallait az8^ date qui
1^^ .que de quatre années envûroB
j^ïitérieare à Fentrée des Arabes en
Keiae.— S.-M.
^ L^B Arabes ac prennent pas de
t^lj» titras; les pins pi^jt^a^ts tkç^^^rti^
r«l^s musulmans n'eqf ei^t pa^ d'an-
tres titres qijie celui -d'émir. Mphamr
9ied jest «eulemexM: qualifié par les
• Crabes seigneur djç k Sicile. U eut
poiur «acoesseur, en 85i, Abbas,
fils de Fadhl, fils d'Iakpub, fils.c|«
Ifaxaiah , euFoyé. par AboH'J-iAbba»
AI objinimed 1 q¥Î ^MiC ^ra j^mffp
d«ft . Agl§b|ne»,r^S. rMt
5 L^^ntiqpie Panormus, Lea Arabes
rappelèrent Piflfitrnf» dVù «'«** ^'
«lé soft nom moderne. Jean le di^crç
puriie de la .conquête de cet^e vilk 4
cette époque, <!/?. M«rat. t. ^, I»rt>
a, p. 3i3 : Àdpostrtmvm vero w
pifuf^s Pan0rmicarittmi^<nnfifiiiim'r
cuuctQf ^^ kabi^atiorts in capiivi-
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76 HISTOIRE JDU BAS-EMPIRE. (An 8a8.)
taie de l'île ']. Les iSarrasins en demeurèrent possesseurs
pendant plus de deux centà ans *. De là ils étendirent
leurs ravages dans la Calabre et dans les autres pro-
vinces de l'Italie ^. Leurs partis couraient jusqu'aux
environs de Rome; ce qui engagea le pape Grégoire IV
à rebâtir à l'embouchure du Tibre la ville d'Ostie en-
tièrement ruinée; il la nomma Grégoriopolis ^. Aucun
de ses prédécesseurs n'avait fait un si grand ouvrage
pour l'utilité publique. Ce fut encore par les soins de
ce généreux pontife que Borne fut agrandie au-delà
du Tibre, autour de la basilique de Saint-Pierre. Ce
nouveau quartier, fortifié de murailles et= de tours ,
fut comme une nouvelle ville ajoutée à l'ancienne.
Mais Grégoire n'eut le temps que d'en jeter ïes fon-
tatem dederunt. Ils y firent pmon*
nien révéqae Lncas, le spathar Sy-
méon. Lucas ejusdem op^pidi eU/Mm
et Sjrmeon spatharius cum ptm^
suntaxis deliberati. Selon nne chro-
ïiiqae arabe, dooAée en latin tlans
le grand recueil de Mnratori «Païenne
fat conquise par les Arabes en Tan
83 1 ; Selon Ibn-al-4ithir,t. 1 , f* i a 4 r^,
Palerme fut conquise en Fan 216 de
rhég. (18 fcvr. 83i— 7 févr. 83a), '
et peuplée de colons arabes, tirés
d'Espagne et d*Afriqiie. — S.-M.
' U semble résulter du récit bien
imparfait des. auteurs grecs ^ que la
Sicile fut très-rapidement conquise
par les Arabes, tandis qn*il est très-
évident au contraire , par les récits
de ces derniers, que la conquête fdt
longuement disputée. Après la con-*
quête de Syracuse, les Grecs restè-
rent encore maîtres de beaucoup de
places fortes; et ce ne fut que long-
temps après que les Arabes en res-
tèrent les maîtres. — S.-M.
* Aes historiens grecs ne donnent
pgdBIt— iciin détail sur la (conquête
dellpicile parles Arabes. On doit
bien regretter la perte de rfaistorien
Théognoste, qui vivait à eètte épo-
que, et qui, selon le contitinatenr de
Théophane, p. 5a , avait traité clai-
rement et fort au long de cet événe-
ment important : Av)>eot ^s taCra aa-
ç^ç-arà xai «XaTWwttpcv t^ toti
^pa;ç6Î<ra ©eoptâcw, x. t. X. — S.-M.
3 oî «J'è À'yiipyivôi où vfi% SocsXioç
{1.0VOV IxTore, âXXà xal KaXauptaç xxt
xm «jrXiiovwv rîjç iTaXiaç é-yevovTO
i-pcpatelç, troévra xararpex®^*^ **^
^laTTopOoûvrèç. Cedr< t.^,p. 5if.
—S.-M.
4 Cette ville fut fondée en Tan
833. Anastase le Bibliothécaire, De
vit. Pont, Rom,, jT. 167 et 168,
donne d'amples détails à ce sujet.
— S.-M.
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(An 8a8.> LIVRE LXVIII. AriGH£L If. 'J'J
déments: elle fut achevée par Léon: IV, qui lui donna
le nom de ville Léonine. Les Sarrasins ne durent pas
seulement à la force de leurs armes les -conquêtes
qu'ils firent en Italie; ils surent profiter des divisions
survenues entre les princes. Vers Tan 85o , Pandone ,
gouverneur de Bari ^ dans la Fouille, les appela au
secours de Radelchis, prince de Bénévent, et fut la
victime. de son imprudence ^. Ces barbares, qu'il avait '
fait venir en qualité d'alliés, le traitèrent en ennemi.
Campés près de Bari au bord de la mer, ils y pénétrèrent
pendant la nuit, massacrèrent les habitants, jetèrent
dans la mer Pandone lui-même, et demeurèrent maî-
tres de Bari, qu'Us tinrent pendant trente ans^. Le
patriarche Nicéphore mourut .jçette année, 8îf8, le
2 juin, dans l'exil où il vivait depuis treize ans» Ce saint
prélat joignait, aux ; v^^tiAs ks plus éminentesr toutes
les côtittaissances qu'on pouvait acquérir en ce temps-
là. Nous avons de î^i une histoire abrégée de cent
soixanle-'sept ans^ depuis la mort de Maurice jusqu'au
mariage de Léon ÏV et d'Irène, une Chronologie et
quelques ouvrages contre les Iconoclastes.
li'année suivante l'empereur Michel mourut d'une Ah Sag.
colique néphrétique , le i^' d'octobre, après avoir ré- Mortdc
gné huit ans. et neuf mois. Il fut enterré daps le mau- ceJ^'.*^î|a,*p.
solée de Justinien. L'Empire perdit sous son règne ^^^•
z On plntât Gastald de Bari. courses et des établissements ûdts
> Radelchis princeps per Bamen' par les Avares en Italie , détail fort
sem Pandontm gastaldeum in auxir obscur et fort difficile à établir, ap-
lUtm sibi transmarinos invUahat Sa* partient platàt k l'histoire de l'Italie
ractfwj. Hist. ign. mon. Cassin. ap, qn*à celle du Bas-Empire. Je n'en
llnrat;, t. 2, part, i, p. a66. — S.-M. parlerai qu'anunt qu'il se rattachera
3 Le détail des expéditions, des directement k mon sojet. — S.-M.
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7.8. HISTOIRE Dli BAS- EMPIRE. (An Ba^.)
Leogramm. la CrètèV M Sfcife et la DattTiàtîe entière' ^ Mai^ ce
Zon.i.i*5,t.2 mauvais prirtcé, uniquement sensible à ses plaisirs,
Cont/Thc- 'oij^ d'en témoigner aucun' regret, en plaisafntàîtmêbie
Tymeon.p*.' *^^^ ^es courlfisans. A là nouvelle de la^ferte Aè là
^^^' Sicile, cotome il disait à Irétiéié, im de ses ihinistf^es :
5io, 5i3. Je vous fais camplimeniy iDous i)oilà débarrassé
97- dun Grand fardeau. Prince^ lui répliqua Irenéë, //
Giyc.p.288. ^^, -^ « j ' ^'
Joël, p. 178. nt faudrait que deux ou trois soutagements pareils
a, p. 23. ' pour être débarrassé de tout rehipire. Outre Théo-
f^.^^Byffp. phile, tjui lui succéda, iï'aVaft^è'ù de Thécla une éfle
^^^* . nommée Hélène, que Théophile fit épouser au patricè
Théophôbe, issu dii sang royal de' Perse*. La suite de
l'histoire fera connaître 'les sei'viceis et les itaalheùrô
de ceVaiHiàht g^uérrier. ^' .'T
< On peftt nifi&»r dd»- tendes '<\&àkS ^Akà^ ¥ Ti'ji^o.aé/ - éfm%t>ii^ \^^'^•
se sert Cédréniis, t.. 9k , p. 5i 3 , ^ue,. Q^î t&,SQKl aùvoxs^oXouJ/B cgxi^ ce-*
cette province se rendit indépciji- pendant qi^e les empereurs y cou-
dante-: ÀireçaTYiae Je êtt' aùtou xàr'''sêrv4rfeht o\i 'y 1*ëcouvrèrent une
T^giadc :q AaX|jLaTià^ C'esf ce que dit^j ( iia><^i:lt^ ii9uûiiA.b.;^o|ff2 t. ix>f pi
an reste, lecontianateur de Théor ^ Ja ,^Uv, .ij^i,§ 19. — S.-M.
nid»
.t: ;":
Fir^ DÛ UVRE ^ôl'XAPlTE-HtlltiKME. '
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UV«£ tJU\. THéO}>RfEE.
79
LIVRE LXIX.
Punition deâ asisassihs de Léon, ii.' Fablé 3ur le mariage de
Tbéopîiîlfe^ m. ÏTiéodôta impératrice, iv.. Zèle de Théophile
pour la justioe. v^ Aiatres exemples» de jiisliee. vi. Vive ré-
primande ^ V^P^^Atiiqei. yii. Succès de$ Sacra$kis« viuu^
Histoire de lliéDphpbe.. ix. Malheureuse e^pédij^pn en>
AlDasgie. x. Mort du calife Al-Mamoun. xi. Histoire du •phi-
losophe Léon. XII. Théophile refuse Léon aux sollicitations
d'AI'Mumouii. xui. Léon fait*évêquër et chaise de sori siège.'
1(1 V. Théophile vaincu par l^Sarrààitxs. ibv. Les Sarrasins
vaincus par Théophile, xvi.. Théophile isAuyé par. ManueL
XVII. Disgrâce de Manuel, qui, se retire chez les $Arr£Êin^.
XVIII. Exploits de Manuel' chez les Sarrasins, xix. Manuel de.
retour à Constantinople, xxVSÙperstition de Théophile, xxi.'
Expédition en Sicile.' xxif. 'Histùïre'd'Àlexis MusèléJ xxnil'
Yiotence de.: Tbiophilet i^iv. Alexis* së'reiii'e dan^ âti md^
uastève. xx¥. Ambassade é» ,hssak ^cémmAnte à ^BlagdàdU
XXVI. Luxe de Théophile, xxvii.' Théophile ennemi d?..la>
débauche, xxviii. Nouvelle persécution, xxix. Traitement
fait aux moines, xxx. Souffrances de Théodore et de Théo-
phafne. xxxt. Bappel de Méthodius. xxxîi. 'Commencement
des Pa^lrinaees^. x^îiiijr. Hardiesse dMn cduVteui'. xxliiv.
Thiéophile prend plusieuu9rvâlle6.^ xxxv. Sédition des soldàtsi'
perses. XXXVI. Les Sarra&ins vont assiéger Amorium^ xxxtii.
Bataille de Dazymène. xxxvni. Danger que court l'empereur,
xxxix. Prise d'Amorium. xl. Le calife refuse le rachat des
prisonniers) xli. Traitement des prisonniers chrétiens, xlu.
Martyre dé quarante-deux officiers. [xlAi. Nouvelles hostili-
tés des Arabes J xiiiv. Nouvelle calomnie contre Théophobe.
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8o HISTOIRE DU BAS-EMPIRE.
xLv. Mort de Théophobe et de Théophile, xivi. Réflexions
sur le caractère de Théophile, xlvii. Caprices de Théophile.
XLYiii. Ses enfants.
•I
THEOPHILE.
Ah «19. J^ HJÉOPHiLE avaît atteint Fâge viril lorsqu'il monta
Punition des sur Ic trônc. Né avec beaucoup d'esprit, il était animé
*'*Léon. ^^ d'un grand zèle pour lajustice, persuadé qu'elle s'accorde
Léo gramm. toujours avcc Ic véritable intérêt des princes. Quoi-
Ccdr.t.2,p. qu'il fût redevable du trône aux assassins de Léon, il
Zon.i.i5,t.a, résolut dc les punir, et ce fut la première opération de
Cont'^The. son règne. Comme il ne connaissait pas tous les cou-
**^*''54.^^** pables, et qu'il n'^n voulait laisser échapper aucun,
^^TiT* ^ ^ ordonna par édit au sénat et à tous ceux qui avaient
Georg. p. r^fldii quelque service à son père de se trouver au
[Gencs. 1. 3, palais. Les meurtriers de Léon y accoururent tous
avec empressement. Lorsquils furent assemblés, l'em-
pereur, naturellement artificieux , prenant un ton de
douceur et de bienveillance : « Fidèles serviteurs de
a mon père, leur, dit-il, ne croyez pas qu'en perdant
V celui que vous avez fait empereur, vous ayez perdu
« votre récompensé. Mon père avait dessein de cqm-
« bler de biens et d'honneurs ceux qui ont signalé leur
« zèle et leur courage en^ôlant la vie à son persécu-
cc tcur» Une mort prématurée a prévenu les effets de
« sa reconnaissance; mais son successeur est chargé
(c de sa dette , et pour ne pas courir le hasard de l'in-
« gratitude, il veut commencer son règne par s'en
« acquitter. Que tous ceux qui ont eu part à la n^ort
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\kA 8a^) tiVAÉ LXIX. THÉOPHILE. 8j
a de Léon se séparent des autres, et se présentent. »
Ils De tardèrent pas à obéir, et chacun d'eux se pré-
parait au remercîmeqt. Alors Théophile, pour rap-
peler au sénat les circQnstances les plus atroces du
meurtre, fit apporter la croix dont un bras avait
été abattu du même coup qui avait tranché la tête à
Léon, et la montrant aux sénateurs \ Que méritent ,
leur dit-il ^ les coupables d'un si horrible attentat?
Tous s'étant écriés : Ils méritent la mort ! Tempereur
se tournant vers le préfet : Faites votre charge, lui
dit-il , et punissez selon les lois ceux qui se /ont un .
sacrilège honneur cTa^oir porté leurs mains meur-
trières sur l'oint du Seigneur, et sur le Seigneur lui-
même. En vain imploraient- ils sa miséricorde, en vain
s'écriaient-ils que,^ans le secours quils a\f aient prêté
à son père pour le délivrer d'une, mort certaine , il
ne serait pas lui-même empereur ; ils fureiît conduits
au icirque, où ils eurent la tête tranchée. Il semblait
que Théophile eût entrepris de réparer tous les crimes
de son père. Euphrosyne comptait sur la promesse que
le sénat entier avait signée, de lui conserver le rang
d'impératrice après la mort de son mari ; Théophile la
fit sortir du palais, et rentrer dans son monastère' ; et
le sénat , qui avait été forcé d'approuver ce mariage
scandaleux , ne fit aucune démarche pour maintenir la
garantie qu'une complaisance servile lui avait arra-
chée.
Je me suis abstenu, depuis le commencement de ^" **3o..
cette histoire , de recueillir les fables que les auteurs Fabie"sur le
' Selon la chronique de Léon-le- ponr demeare le monastère de Oas-
Grammairien , p. 449 , on loi donna Uia. — S.-M.
Tome XllL 6
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Sa HISTOÎRB DU BAS-EMPia£. (^^ g^^
mariage de grecs ont seiiiées daos leurs ouvrages : j'aurais cru man-
T eop le. ^^^^ ^^ respect qu-e je dois^.à mes lecteurs, si je les
5i5, 545. eusse amusés de contes frivoles. Cependant, lorsque c;es
p. i4t, 142. contes ont acquis une certaine celebi^te, comme laveur
Léo gramm. glcmcut ct la mendicité de Bélisaire , il est, à mon avîr^
cint^riie. du devoir d'un historien de les rapporter pour les d^en^
Symeon'/p. ^^^'> ^^ P^^** désajjuscr ccux qui n'ont pas letempsoules
^^^^^' moyens de s'aider du flambeau de la critique. Telleesl la
5i4. fable du mariage de Théophile, adoptée par quelques mo*-
97* dernes , qui ont été bien aises de rencontrer daxis ces* siè**
Giyc.p.288. , ' . , , . 1 ,
Georg. Ha- clcs dcmi-barbares un trait de galanterie romanesque^
Mss! Voici le fait raconté par<)inq historiens, qui, s'étantcopiés
£am?ByV. 1'"^^ l'autre, uc Valent CH Semble qu'uQ seul ténaoignage*
p. i35. Euphrosyne ' , mère de Théophile , diseM^its^ voulant
marier son fils , envoya diefns toutes les provinces de
l'Empire ordre d'amener à Coristantinople toutes les
filles distinguées par leur beauté.^ i)ii conçoit assez
quelle en dut être la multitude, si Ton s'en rapporta
au jugement des pères et des mères. Lorsqu'elles fu-
rent arrivées, on les assembla tôute$ dans Une salle
du palais , et l'impératrice mit entre les maini^.de son
ffls une pomme d'or , pour là dénher à CelU qu'il» dioi'
sirait pour épouse. Arfnétis de tous leurs appas, elles
étaient rangées sur deux aies vi^à-vis l'unie de l'autre;
et chacune d'elles, animët^ d'un inférât si cher et si
sensible, detâit sans doute porter dauB son cœur et
dans ses regards toute la jalousie et la haine de dèiix
X II serait possible cependant que ' ligence, et qa*elle entra librement
la veave de Michel ait continué, dans un monastère; an moins pla-
après la mort de son mari , de por- sieurs aateurs byzantins le disent. H
ter on de prendre le titre de mère serait donc bien possible qne Théo-
de Tempereur, son bean-fils. Il pa- phile se fiât laissé diriger par elle
rait qu*ils vécurent en bonne intel> dans le choix d'une époase.-»-S.*M»
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{kA 83o.) IIVHE LXIX. THÉOPHILE. 83
armées ennewiies. Le nouveau Paris, la pomme dW à
la main, passait entre les deux rangs, et, faisant la
revue de tous ces attraits, il s'arrêta devant Icasie,
qui lui semblait ^facer toutes les autres par l'éclat de
sa beauté; alors lui présentant la pomin^., soit &ute
d^esprit, soit que l'étonHemept lui en eût ôté l'usage,
il ne trouva rien de plus galant à lui dire que ces mots :
£n vérilé^ les femmes ont causé bien des malheufsl
A ce compliment Icasie répondit : Elles ont aussi
pmduit dè^ grande biens; réponse qui valait un peiï
moins que le silence. Cependant Théophile craignit
d'épouser une fille qui montrait tant d'esprit , et donna
la pommé à Théodora. Ce conte, plat et ridicule en
toutes ses parties, se réfute assez de lui-même. J'oberve-
irai seulement qu'il suppose, contre la vérité, qu'Euphro-
syne était mère de Théophile : elle n'était qu'une odieuse
belle-mère; et si on ne l'avait pas encore fait sortir d»
palais^ du moins est-il certain qu'elle était fort éloignée
de prendre un intérêt si vif aux plaisirs du jeune em«
pereur.
Il paraît cependant qu'Icasie , soit par sa naissance , m.
soit par sa beauté , eut quelque prétention au titre impéMitrice.
d'impératrice. On convient qu'étant déchue de c^te
espérance par la préférence qui fut donnée à Théodora,
elle bâtit un monastère, où elle passa le reste de ses
jours dans les exercices de la pénitence : elle y composa
plusieurs ouvrages de prose et de vers, qui respiraient
la piété et le détachement du siècle'. Théodora, sa
rivale , se distingua encore davantage par les exemples
de vertu qu'elle donna sur le trône, et dont ni son mariai
* Voyexà ce sujet Zouare, 1. i5, t. i, p. 141 et i4a. — S.-M.
6.
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84 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 83o.)
son fils ne profitèrent. Son entrée à la cour y procura
des établissements à sa nombreuse famille. Théodora
était née en Paphlagonie , dans un lieu nommé Ebissa '.
Nièce de Manuel * , estimé pour sa valeur , et qui
possédait déjà les premières charges de l'empire , il y
a apparence que ce fut par son moyen qu'elle se fit
connaître à la cour. Marin, son père, sorti de la
première noblesse du pays^, avait eu des, emplois ho-
norables^. Sa mère Théoctiste, surnommée Florine,
n'était pas moins recommandable par sa piété et par
le soin qu'elle prit d'élever ses enfants dans les dogmes
et dans les pratiques de l'Église catholique. Outre
Théodora , elle avait deux fils et trois filles^ ; les deux
X La ^taation de ce lieu, qui n*eat
nommé que par le seul contiiraatear
de Théopbane , p. 56 , est incon-
nue.— S.-M.
2 Cette circonstance semble indi-
quer que la famille de Théodora ti-
rait son origine de l'Arménie, comme
la plupart des familles distinguées
de Tempire. Manuel était arménien
de naissance , et Bardas , frère de
Théodora, qui fut depuis César, por-
tait un nom arménien. On voit, par
le témoignage du continuateur de
Théopbane, p« 9^9 que Manuel était
Toncle paternel de Timpératrice. Ôç
xaiOeîoç àiro 7raTpoçTÎîç<^e(nroivYiç utc-
^PX^^' ^tte circonstance n*a pas été
connue ou remarquée de Ducange ,
qui n'eu fait aucune mention dans
sa généalogie des familles byzanti-
nes. Manuel était donc frère de Ma-
rin , père de Théodora. Vartan, his-
torien arménien (ap. Mich. Tcham-
thiam, Hist. d^Arm, t. a, p. 437,
en arm.) , qui vivait au xiii® siècle,
assure qu'il appartenait à la célèbre
maison des Mamigonieus , dont j*ai
eu si souvent occasion de parler. Il
est certain , au moins , que le nom
de Manuel était commun daùs cette
famille. C'est d'elle , je crois , que le
tenaient les autres familles nobles
de l'Arménie ; et c'est , je crois , par
les Mamigoniens qu'il est passé dans
l'Occident. — S.-M.
3 TewiiÎTOpa <^8 MapTvov oùx &rm\L6>»
Tiva % i^mvfi'^ rh* tûx»JV. Cont.
Theoph. , p. 56. Cette famille de-
vait être arménienne d'origine, puis-
que le célèbre patrice Manuel , qai
était bien certainement annénien
originaire , était l'onde maternel de
l'impératrice Théodora, par consé-
quent frère de Marin. Voyez la note
précédente. — S. -M.
4 II avait rempli les fonctions de
Drungaire , ou celle de tourmarque^
ce qui équivalait au titre de tri-
bun , à une époque plus ancienne :
Apou']^']^apiov <^è, ^ ToupfAapxYiv xara
Tivaç, dit le continuateur de Thco-
pliane, p. 55. — S.-M.
^ Sophie, femme de Constantin
Baboutzic , décoré du titre de iiui-
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{kn 83o0 LIVRE LXIX. THÉOPHILE. 85
fils étaient Bardas , quî s'éleva dans la suite au rang
de César, et Pétronas , qui fut patrice, et commandant
de la garde impériale. Théoctiste fut honorée dû titre
de patrice, car cette dignité se communiquait aux
femmes. Ce qu'il y a de singulier* et de bizarre, c'est
que, pour lui donner une fonction à la cour, on la
nomma dame d'atour de sa fille ^ Mais elle employa
plus utilement ses soins à l'éducation de ses petites-
filles^, qu'elle s'efforça de prévenir contre l'hérésie dont
leur père faisait profession. Nicétas,qui souffrit le mar-
tyre dans la persécution dont nous parlerons bientôt,
était de la même famille. Théodora reçut du patriarhe
Antoine la bénédiction nuptiale le jour de la Pentecôte^
dans la chapelle du palais, et la couronne des mains
de l'empereur. Il allèrent ensuite en grand cortège à
Sainte-Sophie, où ils distribuèrent de magnifiques
présents au patriarche , au clergé et à tout le sénat.
Léon l'Arménien avait été sévère jusqu'à la cruauté; iv.
Théophile en se rendant redoutable au crime , se fit Théophile
aimer de la vertu et de l'innocence. Cependant son ^^'^tice/T
zèle pour la justice excéda quelquefois les bornes d'une Cedr. ta, p.
louable sévérité. Les historiens catholiques , très-éloi- 5'i5.
gisur; Marie, femme du mttgister née du mariage de Théophile avec
Arsabir on Jlrschavir, homme très- Théodora. U serait bien possible
distingné , probablement arménien, qa*il se fut marié da vivant de son
si on en jage par son nom} et Irène, père, ce qni rendrait pins vraîsem-
femme dn patrice Sergins, frère da blable ce qne j*ai dit ci-dev. § 2,
patriarche Photins.' — S. -M. p. 8a , et ce qo'on dit de la part
« à TBtuTyjç puiimp, ÔsoxTiÇTQ ÇwçtÎ quc rimpératrîce Euphrosyne a prise
TE xai iraTpixia TeriptifiTai. Cedr t. 2, au mariage de Théophile. Voyez
p. i»i5.— S.-M. aussi ce que je dis plus bas, J aa ,
^ Elles étaient ta nombre de cinq. p. 117, not. 3, sur Tépoque da ma^
Tbécla, Anne, Ana'stasie, Pnichérie riage de Marie, cinquième fille de
et Marie. — S.-M. Théophile, avec le patrice Alexîa.
^Xesaotecrsn'indiopentpasran- Mousèle. — S.-M. ,
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86 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 83o.)
Zon.i.i5,t.a, gnés de le flatter, ne peuvent s'empêcher de faire
^MaMM.'p. l'éloge de sou attention à réprimer les violences des
Lco*gr?âm. hoinmcs puissants, à veiller à la police de l'État , et à
cSnt^The- procurer à ses sujets la sûreté, le repos, et labon-
oph. p 53 dance. Il allait toutes les semaines du palais à l'église
et ^8. . . 7
Symeou, p, dc saintc- Marie de Blaquernes : car, quoiqu'il rejetât
Ceorg. p. le culte des images, il faisait profession d'une dévotion
ciyc/p.aSg. particulière envers la sainte Vierge. Traversant ainsi
p.'^ss, 36.* toute la ville à cheval, il donnait un libre accès à tous
T^heodoVr ceux qui avaient quelque sujet de plainte: il recevait
TEim ' hilt '^^^'^ requêtes, et leur rendait justice sur-le-charap.
sarac. p. En passaut par le marché, il se faisait instruire de
l'état des provisions, et descendait aux derniers détails
de ce qui concernait la subsistance et l'habillement
même de ses sujets , pour s'assurer que les officiers de
police s'acquittaient de.leur devoir. Si le prix des denrées
lui paraissait trop haut , il mandait le préfet sur la
place même , et, s'il y avait de sa faute , il le destituait
de sa charge; sinon, il lui donnait ses ordres pour le
soulagement du peuple. L'histoire nous a conservé
quelques traits de sa justice inflexible. Un jour une
pauvre veuve se présenta sur son passage : Seigneur^
lui dit-elfe, y^f le malheur d'avoir pour voisin le
commandant de vos gardes ; il élèç^e sa maison à
une telle hauteur quil aie le jour à la mienne^ et la
rend inhabitable. Cet homme injuste était Pétronas,
beau-frèredel'empereur. Théophile le fait venir, et l'in-
terroge sur le fait dont se plaignait cette femme. Pétronas
ayant répondu avec mépris qu'elle ne savait ce qu'elle
disait: Prenez garde ^ dit l'empereur, qu'elle ne me
porte une seconde plainte; vous vous en troubleriez
mal. Il ordonne à cette femme de revenir si elle n'ob-
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(An 83o.) LIVRE LXÏX. THÈOPHILK. 87
tient pas un dédommagement. !^ebutée de Pétronas,
elJe revient en effet à l'empereur , qui donne sur-le-
cbamp commission,^ plusieurs sëoataurs ' de faire une
descente su^le^ lieux, et de voir si le dommage est réel.
Sur leur rapport, il se transporte à la place publique,
fait .amener Pétronas ; et l'ayant fait dépouiller et
Jbattre de verges, il commande d'abattre sa maison , et
en donne les matériaux et le .sol même à la veuvç. Ce
qu'il y a de plus remarquable, et qui fait connaître à
quel point l'honneur était pour lors avili et les mœurs
dégradées, c'est que ce châtiment public n'empêcha
pas Pétrqoas de vivre à la cour , ni de parvenir à de
nouv^les dignités sous le règne suivant, et même au
icon^andement des armées.
IjCs gardes qui escortaient le prince avaient ordre ^•
dcj^'écarler auc^n de ceux qui demandaient audience, exemple» dt
justice.
Un homme vint un jour se jeter au-devant de lui , et
saisissant la bride de, son cheval : Seigneur, lui dit-il,
le çheml que monte Votre Majesté est à moL Peu
s'^n ia^ut que l'animal , effarouché de cette brusque
resiCQOtre, .ne renversât l'emperciur, qui, s'étant ras-
foxkt .^p^laJe maître de ses écuries, qu'on nonpmait
le connétable, et lui demanda de qui il teçait ce
cheval. Cet officier répondit que le .gouverneur de
J^'Htellespont en avait faitprésent à $a Majesté. Gegou-
yeroeui:se .trouvant alors, à, Constantinople, l'empereur
4e r^our^u .palais; le fit venir avec celui qui réclamait
le <^ftvajj./et„3près les avoir tpjus^eux interrogés,. la
y4oi^PQ 4tapï-ftyé}rée : Qùlai-je^ b^^om de tes jpféfçjits
^"Le questenr Eastathins, surnom- Démétrîus Emalianas. Georg. Chron,
iii«|le)nK?»ie^ill^(Sl^tMtius et j>. 5i6.— S.->M.
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88 HISTOIRE DU BAS-EMPIBÎÎ. (An 83o.)
criminels ? dit-il au ravisseur ; veux-tu donc me rendre
complice de tes brigandages ? Il fait sur-le-champ
battre de verges te magistrat et rendre le cheval au lé-
gitime possesseur , qui, ne voulant pas 'le reprendre,
fut forcé d'accepter pour le prix deux livres pesant
d*or. Nulle dignité ne mettait l'injustice à l'abri du
châtiment. Le préfet de Constantinople était un homme
de naissance et des premiers du sénat ; il était aimé de
l'empereur. .Fier de sa faveur, il se saisit d'une bar-
que chargée de marchandises pour le compte d'une
veuve. Cette femme, ne pouvant obtenir de lui
aucune justice, porta ses plaintes à l'empereur, qui, s*é-
tant informé de la vérité, exhorta le préfet avec dou-
ceur à faire restitution. Le préfet le promit, et ne
tint compte de sa promesse. Sur la plainte réitérée de la
veuve , l'empereur le fit brûler vif dans l'Hippodrome.
Il traita presque aussi cruellement son questeur, con-
vaincu de plusieurs injustices. Après l'avoir fait fouetter
ignominieusement, il lui fit brûler la tête et le visage
avec de la poix ardente, et le condamna à un exil per-
pétuel. Deux officiers généraux s'étaient emparés d'un
champ appartenant à de pauvres religieuses; elles
adressèrent une requête à l'empereur , qui chargea un
capitaine de ses gardes de les amener le lendemain
devant lui avec leurs adversaires; il jura en même
temps qu'après avoir entendu les deux parties , si les
officiers se trouvaient coupables, ils seraient punis de
mort, et tous leurs biens consfisqués au profit des re-
ligieuses. Cette menace, dont l'effet était infaillible,
effraya les officiers : ils traitèrent aussitôt avec leurs
parties, et les engagèrent à se désister de l'accusation,
en payant le double de la valeur du champ. Le capi-»
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(An 83o.) I.ÎVRE LXÎX. THEOPHILE. 89
taine se crut dispense d exécuter l'ordre de reniperenr,
et se contenta de lui rendre compte de cet accçmmo-
Jeinent. Mais le prince , qui voulait être obéi à la lettre,
et qui craignait d'être trompé, fit battre dé verges le
capitaine, lui ordonna d'amener les religieuses, et ne
s'apaisa qu'après s'être assuré par leur propre bouche
qu'elles étaient satisfaites. Tant d'exemples de sévérité
firent enfin trembler l'audace ; le simple projet d'une
injustice était puni , et la police de l'état fut tellement .
rétablie que, pendant dix-sept jours, l'empereur ayant
fait chercher dans Constantinople s'il y avait quel-
qu'un qui eût des plaintes à porter devant lui , il ne
s'y trouva personne.
Théophile n'épargna pas même l'impératrice ^ quoi- vi.
qu'il l'aimât avec tendresse; mais il lui préférait la ^mandeT'
justice, son honneur, et le bien de ses* sujets. Ayant fait ^'^^f^J^^'
détruire une grande citerne au pied des murs du pa-
lais, du côté du Bosphore, dans laquelle un de ses fils,
encore enfant , s'était noyé , il fit construire en ce lieu
un belvédère accompagné de jardins délicieux , oîi il
se plaisait à passer les soirées de l'été. La situation en
était charmante ; la vue se promenait d'un côté sur le
Bosphore, de l'autre sur la Propontide, et s'étendait
sur la côte de l'Asie, bordée de palais et d'objets agréa-
bles. Un soir que le prince y soupait, il vit entrer dans
le port, à pleines voiles, un grand vaisseau marchand
tellement chargé, qu'il plongeait dans l'eau jusqu'à peu
de distance du bord. Curieux de savoir qui en était le
maître, il apprit que le navire et la charge du navire
appartenaient à Fimpératrice , et que ces marchandises
venaient de Syrie. Il ne dit rien sur l'heure ; maiis le
lendemain , comme il allait a Blaquernes, selon sa cou^
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9^ HlSTOIB£ DU BAS-jyW PIEE. (An 83o.)
tume, il se fit conduire a.u pott; et, monté sur la
poupe de ce vaisseau, s'adressant aux seigneurs, de
son cortège : Qui de vous y dit-il à haute voix, a be^
soin de marchandise étrangère? Comine on np savait
où il en voulait venir, on. demeurait dans le silence.
Après qu'il eut par deux fois répété cette question, les
courtisans étonnés, ne devinant pas ce qu'il voulait
dire: Eh ! quçi! dit-il, ne voyez- vous pas que ^d'em*
pereur que fêtais par la grâce de^ Di^u^ je
suis y grince à ma femme ^ devenu marchand f^re-
nant alors un ton plus sérieux, il ordonna aux gens
de l'équipage d'emporter ce qui leur appartenait dans
le vaisseau, sans toucher à rien de. ce qui. était à l'im-
pécatrice, .Dès qu'il furent sortis^ il fit mettre le^feu au
bâtiment, qui fut réduit en cendres avec toutes les
in^rcbandises. Il fit ensuite à Théodora une vive répri-
mande, la menaçant de toute sa. colère, si elle s'avisait
jamais .de déshonorer son mari, par un indigpe trafic.
tje commerce y ajouta-t-il, est pour nos sujets un
fnoyen de subsistance; c'est leur tirer, le sarfg des
veines^ que de leur âter cette ressource. Que de^^ien-
dront'iLs si, /en les chargeant d'impôts, mous leur
iito^s le, moyen de les payer?
Aw 83r. .. Ce caractère ne pouvait manquer de courage. Il
Suclès'des ^^"^ ^^^^ ^^ prince une arae plus ferme pour terrasser
.Sarrasins. J'injustice , armée de toutes les forces que lui donnent
les dignités, la naissance, la proximité du sang, les
services même, que pour combattre et vaincre les plus
puissants ennemis. Cependant, soit faute d'habileté
dans la, guerre , soit que sa fougueuse valeur n'écoutât
pas les conseils de la. pru4<çnce, quoiqu'il fût suivi, de
nombreuses armées et servi^par de bons généraux, il
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(^Kn 9^ù.) LIVRE LXiX. TH^OPHILK 9I
fut plus souvent vaincu que vainqueur; ce qui \\n fit
donner le surnom (TlnJoHuné '. Dans les premières
années de son règne, il eujr en «tête un redoutable en^
nemi dans la personne du khalife Al-Mamoun % fils
d'Haroun Rascliid, digne héritier des grandes qualités
de son père. I^es Sarrasins s'étaient rendus maîtres de
Tarse ^; les Grecs firent des courses de oe oôté-là^ et
taillèrent en pièces un corps, de seite cents bammes ^.
Pour se venger de cet affrdpt, le khalife ^é initia la
tête d'une armée ^, et assiégea le château d*Antaûp ^>
dont les hahitauts se rencjliii-eiit. 11 alla en^aite mettre
le siège ' devant Lule ^^ fort^esse importante près.d*
de Tarse 9. Après l'avoii:*^ tenue assiégée pendant plus
* To ^uçux^«- Cont. Theoph. p.
'*■ Ce priace était khalife depuis
Pan 81 3. Son frère Mohammed, sor-
nomraé Al-Amin, avec lequel il avait
presque toujours été en guerre, avait
été tué le 35 de raoharrem de ran
198 deThégire, le dimanche a 5 sep-
tembre de Tan 81 3. — S. -M.
3 On ignore à quelle époque cette
ville était tora)*ée au pouvoir des
Musulmans. Elle fut, dans ce siècle
et le soivant , là principale place de
guerre des Ara^ contre le* Greos.
— S.-M.
4 Selon Elmaoî*, Hist, sarac. p.
i37, tovs habitants de Taroe et d«
lAskmwiSà.^ Tâiptique iMopsueste. —
S.>JV|. , .
5 Abon'lfeda , qui fait mentioD de
cette ex{>édition, Ann, imisl. , II ,
1 55, sans en &ire connaître le dé-
tail, la plate en Tan ai 6 de Thég.
(27 février 83i — ^ février SSa de
J.-C. ). Msunoma, Selon le même
Abou^lfeda y Ann. musl, , II , f 53 »
ats^t d^ fait rannée* précédente
une invasion sur le territoire de
rerbf/ire. — S .-M.
€ Ijû nom de cette- plac« «st/écHt
Anthaon dans le texte d'Clmacin,
Sis t. sartte,,^, 137, mais Je lé croî«
mal écrit. Cet aotenr dit.jque «qetc^
ville se rendit au khalife le i^ de
djoumadi, i*' de Tan aiS de l'hé-
gire, 4 juillet 83 1. — S.-M.
7 Gbtte expédition ept lien A^ntiée
sniviintA, »i7 de l.'Wgirq» EIibaç.
Hist, sAmc.; p* i38^ Alwdf. Awt„
amsL n, i55. En l'an 83* de. ^.-G^
--S.^M-. • ■ •
^ Ce cbàteflu catnaainé^l^i/Uu^h
par lea Arabes et Us .j^yrien?. Jlfl«l
appelé Loufoujf dans Cédréaus.,.t. %f
p. 552.— S.-M.
9 C'est Cédrénus qni doane^ t.. 3^
p. 55 1, cette indication sur sa posi*
tion : <ï>pcûpiov w tJ Tftç*<T» à^iôuf»»
^v^fAA. Ce châteauj, placé. dans pnr
sitnalion qui doroiqait tont W^ays^^
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I^a HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 83r.)
de trois mois *, comme elle ne pouvait être prise que
par famine, le calife se retira, laissant Adjif ^ pour
commander le blocus. Les habitants surprennent Adjif^
et, après l'avoir gardé prisonnier pendant huit jours,
ils le renvoient avec mépris. Pour sauver une place
qui se défendait avec tant de courage, Théophile se
mit lui-même en campagne , et vint envelopper Adjif.
A cette nouvelle, le khalife se retourne sur ses pas,
et Théophile , craignant de se voir enfermé entre deux
armées plus fortes que la sienne , prend le parti de la re-
traite. La forteresse se rend aussitôt. Pendant celemps-là,
Mutasem , frère d'Al-Mamoun ^, et Jahia *, son général,
désolaient une grande partie de l'Asie ; ils s'emparèrent
de trente forteresses •^. La nouvelle colonie de Sarrasins,
établie dans l'île de Crète, ne faisait pas moins de
ravages sur la mer. Ils firent une descente en Thrace ,
sàccagèrerit toute la côte , et enlevèrent quantité de
prisonniers. - Un de leurs partis osa s'engager bien
avant dans les terres , traverser toute la Thràce et pé-
nétrer jusqu'au mont Latrus ^, dans la basse Mésie,
étttif en oommùBÎcàtîon , par des 81- lencides, au mois de mai 83a. —
gnatix, aveèime ctiaine deiiaiiteur» S. -M.
qai «ondnisàieht jusqu*à Constanti- ' ' oq Odjaif^ et non Azif, comme
nople, poor avertir tous les pays dansLebeaa. — S. -M.
intermédiaires da moment précis où 3 n avait été créé , par son {rére,
les Arabes faisaient irrnption sur le en Pan 2i3 de Thégire, 8a 8 de J.-C,
territoire' romain. Cet nsage fut éla- gouverneur-général de l^Bgypte et
bli sous le règne de Michel , fils de de la Syrie, Elmac. Hist. sarae., p.
Théophile.— S.-M. i36, Abu'lféda, ^/i«. otwj/., Il, c5i.
'• ''Pendant cent jonrs, selon El- — S.-M.
flifiC, Hîst. sàrac, p. 1 38, et Abon*- 4 Yahia , fils d'Actam. — ^S.-M.
Uedày ann.rnusi., II, i55, Abnl- 5 Ces détails sont donnés par £1-
fi^,Ckroh. arah.i p. iSg. AbouMfa- macin, Hist. sarac, p. 137. — S.-M.
râdj , dans sa chronique syriaque , ' ^ Év tô opei , 5irep cÔTw xaXetrat ,
p.' 154, place l'époque de ce siège Aàrpoç. Cont. Tbeoph., p. 85. ^-
an mois de iar de l'an 1142 dès Se- S.-M.
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{Ku 83i.) Ï'IV^? I-ÎLIX. THÉOPHILE. ' qS
OÙ Us pillèrent un riche monastère, et Hiassacrèrept
tous les moines. Mais Constantin. Contoniyte^ gp^*
vemeur de la province, étant tombé sur eux ayec de§
forces supérieures, les enveloppa et les tailla en pièces.
Ils eurent leur revanche sur la flotte impériale, qiuU
vainquirent au mois . d'octobre près de l'île de Thase ,
et dont presque tous les vaisseau^ furent pris pu covàéi^
à fond. Cette victoire les rendit maîtres de ,1a mer, et
laissa toutes les Cyclades exposées à leurs pillages.'.
Tant que Théophile régna , il ne . cessa d'être e^ vni.
guerre avec le Sarrasins, et sUl y ren^porta quelque Tbéop^bc.
avantage, il en fut principalement redevable à la con- Léo gramm.
duîte et à la valeur de ses deux meilleurs généraux, Ccdr.t.2,p.
Manuel et ThfQphQbe..M!anqçl^né en Arménie*, s'étsiit Zon.i.i5,t.a,
d'abord fait connaître par sa fidélité constante envers coôt/The-
Michel Rhanga^^ s^.i jl ,^è .dîstirigu^^ sôus le règne de ^^Jl ^' ^'
Léon par des aqtions de coi^çage ,, qui lui firent une ®^°f°J' P-
haute réputation dhéz les eûhéniis mêmes ^. Midhei- ûeorg. p.
^ . . ^ ■ . 5i5, 5i6.
le-Bègue lui rendit la charge de premier écuyer qu'il Oenes. t. 3,
avait d'aboi*d possédée; et Théophile ne voyait entre ^' ^
ses officiers que Tlieophobe.qui4)ût lui être compjsiré.
' Ce détail cfirieux ne se trouve qu! avaient ahandoimé leurs poiae^
que dans le seul continuateur de léidns héréditaires pour passer dans
Xhéopfaane, p. 85.-^S.-M. TOccident, et s'attacher an a^rvioe
a On plotôt né de parens armé-^ de Tempire. — S.-M.
mens , èc twv Àpfitvib>v xara'yoptevQç, ' 3 Voyci ci-dev. p. a, Kv. lxvui,
dit le continaatear de Théophane, aj i. — S.-M.
p. 9a. Voyez ei>dev. 5 3, p. 84» 'i Sa^valenr et sa piété étaient ég»-
not. a. On a pu d^ voir qo*il était lemeiit. célèbres dans i;a. Syrie et
ronde paternel de l'impératrice, chez les Romains, dit Génésins, 1,
femme de Théoplûle, et qn'il pas- 3 , p. i4> OS xXtoç t^ àv^pcîaçoui-
lait chez les Arméniens pour appar- xk irào«v 2upîav xat'I^cdifAatxiQv hn-
tenir à Tillustre famille des Mamigo- xpaT»tav,«oXXÛ» ^s (Att^ov xal (6ot-
niens. Je pense qu'il était issn de Ctîotç.^- S.-M.
ces familles de princes arméniens,
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9^ fiflSTOIftE DU BAS-ÏÏAIPIRE. (An dSi.)
CeThéôphobeftit un de ces hommes exlraorcïîtiaîresj qiïe
<tescorijonclunes imprévues tirent de l'obscurité, pourles
faire briller pendant quelque temps, et les précipiter en-
suite: Sou père était issu des roisâ-e Perse ^. Cette origine
le rendant suspect aux califes, qui, depuis la conquâle de
ce pays , avaient éprouvé de fréquentes révoltes, il prit la
fufte * et vint chercbériin asile à Constanrtinople sous
lé règne de Gonstanlm et d'Irène. Pauvl-e et' inconnu,
il s'attacha au service d*ttiïe femme qui tenait hétel-
lerie^ il l'épousa, et mourut après' en avoir eu un fils.
Les Perses, opprimés par les Sarrasins-, conservaient
Cêdr. , t. a, p. 5a3. Il était *toi ou
.^oefic^ntiif r<Ma> dit le ç Oi^iûçpaf .
tear de Théophanes , p. 69. Toy xou-t
Tou «arepa èire patTiXeûcvraV **"^*
vtfav » U aérait possible que le père de^
Hiéôpliobe, issu du sang des rois dé
9ei«é, éâï été- en mèrae tétn^s ub de.
ces petits princes perses (|ui s'étaient
maintenus et- conservés, jusque sous
I^iMpfrades Arabes, àaM di^étiès
parties de la Perse , et particulière-
ment dans les provinces qui avoisi*
•■ettt' U axer Caapiennè.-r-S.-J!ii. •
<i:* Selon Cédrénos^t; »,p.'533^ii
vint à Constantinople comme ambas^
sadcur, sans qu'on indique de qnelle
'part. Il eut dans cette ville un fils
d^nne naissance illégitime ,' qui ff^
Tl)edpbobe. Oùx.^èKV6(i.î(it«u «uvv^tia;,
■Ik 'ktJ^ aioiç èi xal }cp\><p{aç' reOtov
(8t^^céoy) SiroTê)c«v. Il ajoute queU
i9ce T&yale venant k a'étdAdre en
Bû-stf, d'OQ elle fut c|ia«sié»^par les
Arabes, les Perses envoyèrent à CoB-
' stantinople, pour y demander Théo-
pbobe; que Teropereur, qui était,
a^loh le même historien, Théophile,
lènr.refosa lIEréopbobe , le créa pa-
^çe -9% If^' diQiu^a sa seeor. I^ est
impossible d'admettreun récit aussi
fhvrAis^bla1blè."La' racé des Sassa-
nides im dép^sédm dt la Perae çp.
la^ 65 1 I cqmmç on a pu le voie,
I. il", p. 3 17, liv. Lix, S a5, deux
aiécles «environ avant Théophile. On
• ne YQ^t pas q^el souvï^rain persan
aurait pu envoyer nue ambassade à
Gonstantinopléj ^r comment les Per-
ses , alora soumis aux Arabes , au-
raient pu envoyer chercher un prince
de leur race royale à Constantino-
ple.Ort ne pent imaginer quels sont
les faits qui ont pu s'altérer au point
de donner naissance ati récit évidem-
ment.fabuleux de Cédrénns.Le même
récit abrégé de Cédrénas^ se Ut
«bns Zonare, 1. i5,t. a, p. 147.
Ge récit j'aa reste, a ét^ tivé da con*
tinnateaf de Théopfaane, p. 6& et
69 , qui le rejette lui-même, et- en
rapporte un atitre plus vraisenibla<*
blc , xxXov ^àp à^(pcT£pcuç eîprieOfti,
celai même qui a été adopté ave«
raiscm par Lebeau.— -S.-M.
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(^Aji83i.) livre LXrX. THEOPHILE. g5
toujours Fëspérance dé se àéKvrer d'esclavajge * ; îb
cbénssaient les resteèî de la famille de leurs rois. De-
puis la fuite dû père de ïhéppliobe, ils n'avaient cessé
de faire dés recherchés pour découvrir sa retraité.
Enfin, ils soupçonnèrent qu*il pouvait être à Cônstan-
tinople. Quelques-uns d'entré eux en firent le voyage *;
et, après une longue perquisition , ils apprirent enfiii
qu'il y avait dans l'île d'Oxiâ, presse Chalcedofne',
une femme veiive qiiï se vantait d'i^tre lar mèrè'd'ûh
descendant cfes rois d'é Pë^sè. Us Fintén^dgèrfetit; ell;
satîs&its dé sér >épfohses , ik ne dôutèi^^nt pas qiîfc fcet
enfant né ^'16 ïégiUiilè' héritier du trôiie^tîe^
Sa phy^diioiitJè,^elî'^iir(oul! sBri iiBi^è[trtfii?"*5;a^^éiofti
firmèren^àâh'^'làlpWiiiéé'qù'il était du iiairg ffAttAXer^e.
Il êiih'iloHàigJi^^A^ië'ûiik^: lU irisèrtil^feiit r«m^
pétear de •c^éttè••â^eh^e r fc'ëlaiit Lëôn Milnilïnîgdy
qui «e ehdrgèa dèf'iàtf ftlit'e ypHher 'iiîite'*édÙ6àtiou cou^
^énàblè 4'ssi rtâissâfarie. Le' jfeutte Théôphobe, ce ftit
lé ilbttit}ii6 lui donna Fempfétèur/él^îï'riéaVec'tmis
les tàlè'rrt&"flê 4'e$prit:W toutes les-gi^ë^ 'tle ffexté-
rieur \ Il répondit avec le plus grand succès aux soins
:..• .. . jc-;t.'> ..;." ••■.' '" .■^■..^ . .. hx .•»... ;i "» r-^n ,' : < • ■"• «• ••'»-iT
.î ' • .ti" ,tj . ,.>, j- I.' • .".: .» - »•- 'Cv ifvCi' .^. •*'-. . ..1
T«ittîii -i^ftÉ^ Gèiâfl Thiè6^h. ^ :- Y<3« t^W* <*^ Tb(îdpïiatie£-i-S*4dt. ■■'■^-H
— S.-M. -•'.••• '-^-ÀXXà oiatî'fcàf&V' 1^ -^^jjj^'wd
SyméoD le iogothète , [1.-4 16 v «^<b i^^l1>c»to t6ri i H*i' ^^fvta'f (ÇiTO^ Ccnit;
étè^etke»''attfittfM"^è^'€¥i'i^ét k lfc«€»pb. pj €9.— Si.-'Mi'. ' » ■
OOiUtâilfiÂbp)i;'iiitâ trrt dëi^âitt fi<^^ - ^ ' Oetie i)ii><:okltitatio«< M tttotfw
bde, qid s'-était i<éVOUé • cott^e^ té daés-U ctivîyntiqae de^ Sytnéôn !& Iq^
%èâlilb,- et qlÈH «hler^ttâità oetVê épo^ gothète , au miliea d'âa grand notiÊ»
qtté k • aeffpiMchît^ les Pd#Ms dâ jOtt^ bve de déf atis -fabèkos et oontrbn-
*es Arabe». It en sera)>l«ut6c cjaei^ vés. — S.-M - • . ■ . •
tioD. n réAnHe la même t-bose- doi ré- . ^ Selon liéoti 4e grammairien ,
àt obscur et «qnftis de Oénésrar, 1. Tbéopbobe serait venu en fugitif
3, p. a5-a7, qoi semble, an reste, aVec son père auprès de Théophile.
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96 HISTOIRE I>U BAS-EMPIRÉ. ^An 83i.)
qu'on prit àe l'instruire. 5a vertu et la noblesse de ses
sentiments le .firent aimer :du prince et de. toute la
cour. Théophile, élevé avec lui, le chérissait comixie
son frère; et, lorsqu'il fut empereur , il le fit patrice,
et lui.dpnna 9a. sœur Hélène en mariage. Un Perse,
nommé BaJ)^c % a'étant révolté contre le calife, avait
soutenu I4 guerre; pendant cinq ans ^.Vaincu enfin,
et oblige, d^ fuir du pays, il .se réfugia^ sur les terres
de l'empirie , . et vint à Siuope. ^. avec sept mille hommes
qui lui restaient du débrisdeiso^nannée.Delà il écrivit
à l'ençipemir .qu'il . se. donnait Vïyi^.ft, flu il le priait
^ajGcçpter. çjes services et ceux de .ses soldats- 4^ dont
1^ iraypure. s'içtait souvent éprouyéf . .cotntre .leurs, com-
muns eon^ipis.. *J'béophi.le;rf^ut, 3Y;€C. joie^jçqtte, impor-
tante coloriie;; il en coingos^ii jwf^ corp;s ^ qui^ crois-
sî^nt de jour enjqur par.)'arriYj4e d'aujres Perses, que
re:|^mple dp Ba^c.attijrajif .d^ij$j^'empire^ V^^^^ ^P'
«uile.^aii.napabre.jde quatorze milJR^^ et enfin jusqu'à
Irente. jU^ille, hommes. Bahec étan^ "^^f.îf Théophobe
ftjjt. nais à leur tête. Il s'^ttac;Jî^re;it f Ifii comme à
Ils étaient accompagnés de quatorze xarà ttoXiv Sivcoin^ êçyijtrai. Cont.
mille Perses, npoori^u-yev ©to^oêoç Theoph. p. 70. — S. -M,
Ilepaûv .fjX\<i^tùy:i^y.* Ç^. xéeXt f^fi» ç!ÇycçMinij«^9v t^ôsomv} ÇoutTIheoph.
.Vc«Î86^)>labjl^ es(-4 aillears en con- p* 70. — S.-M.
tnuUction' ibanifestci av^c la narca<^ : ^ Td^^kO, niçarucoV. Cedr. t. a , p.
tioD de9 autreit fttvtears 4e «ette épor .Sa^.-^S.-M.
que. La même bjlftoire et.les mén60 9- Léon le gramjnaûrien, p. ^.So,
eoreurs se tcoavoni d^ns la chroni- dit; que. ces troupes furent envoyées
qae de Sjméon .le logoibète, p. ^i6 par d^ftachements dans tous les tbé-
et 416. — S^-M. mes on divisions militaires, et ^e
. VÔ TÛv UifOfùi àpX^T^C Bà^nc, l^arscantoonemems portaient encore
Cont. Theoph. p. 70. — S,-M. de ;8on iemps le nçm de. tniTnœ oa
2 Ô^ti TTiVTaeTÎav «xwv è? â|Atp- i)a taillons perses, .01 fAftxP' "^^ wv
p.voufjLvYj àffcçâ;. — S.-M. .Xf-yovTat ToOpp.ai nspaûv. — S. -M.
3 npô; TTjv i*(«>|i.alV.yjv iwwcpaTiiav
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(ka«3iO LIVRE LXIX. THEOPHILE. 9-7
rhéritier de leurs anciens monarques. Pleins d'ardeurs
et de confiance en ce capitaine^chéri , ils devinrent '
Ja terreur des Sarrasins, et se signalèrent par des courses
et de fréquents combats conti*e les usurpateurs et les
tyrans de leur patrie. L'empereur , en donnant sa sœur
à Théophobe '^ fit une loi par laquelle il accordait aux
Perdes le droit de mariage * ; il éleva aux premiers em-
plois les plus distingués d'entre eux ^, et les traita en
toute manière comme ses sujets naturels.
Bardas, frère de l'impératrice, commençait à se A» «Sa.
faire connaître. Dévoré d'ambition , il avait tous les « ,**•
vices qu'elle entraîne, mais non tous les talents qu'elle ««expédi-
tton en
exige. Fourbe et artificieux, il était fait au manège de Abasgîe.
la cour, et entendait assez la conduite des affaires ci- ^^^ Jj»«®-
viles; mais dur et. cruel, avec peu de valeur, il n'était v»»- ig»»*.
pas propre au commandement des armées. Sa sévérité Labb. t. 8.
barbare effarouchait les soldats : ils aimaient mieux ^' "^"'
être battus sous ses ordres que de lui laisser la gloire
de vaincre. L'empereur en fît une triste épreuve dans
une expédition contre les Sarrasins. Les Abasges *, ré-
voltés contre eux , demandèrent du secours à l'empire :
Théophile fît partir Bardas et Théophobe avec une
armée. La haine des soldats contre Bardas fut plus
' Selon Léon le gtammairien,p.45o» f&aîoic> Cedr. t. a, p. 5a 4* — S.-M.
qui parait encore fort mal informé, 3 HoXXcù^ ^8 ùc toutcov èpLTCpé^ctv
Théopbobe aurait épousé une sœur toTç ^aatXixoIç âSutt(Aaoi miçovnxtùç,
de rimpératrice Théodora. AÔTOv ^à kiù^i^i çpaTt<i>iixob; àva^paçsTai.
Tov 8eo9o6ov ik à^sX^ç Bso^ûpaç Cedr. t. a , p. 5a6. — S.-M.
Âù-youçTrjç 'y3t|A6pàv 8W0iin<TaT0. On 4 Les Àbasges ou Abkhaz habi-
trouve la même erreur dans la chro- talent la partie du Caucase qui s*é-
niqne de S3rméon le logotbète, p. tend au nord-ouest de l'ancienne
4i5. — S.-M. Colchide. J'en ai parlé en détail, t.
> Êxaço'v Te twv nspawv vojxo6sT8t 9, p. ao5 , not. a, liv. xi.vii, § 69 ,
xar* iizv^ctitMVt ouvairrsoôai toi; i»cû- sqq. — S.-M .
Tome XTir. 7
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An 833,
X.
Mort dn
khalife
Al-Mamonn.
Abulfarage ,
chr. arab.
p. i8x ot
seq.
Elmacin.
M^t. sarac.
p. t3r.
D'ITerbelot,
Bibl. Orient.
98 HISTOIRE UU BAS*£HP1&£. (Ab 83i.)
forte que l'amour qu'ils portaient à Théophobe : ils se
laissèrent battre en toutes les rencontres. Le fer en*-
nemi) la 4^sette , la désertion, firent périr cette armée;
et les généraux, couverts de honte, n'en ramenèrent
que de malheureux débris '.
Les Sarrasins firent Tannée suivante une perte plus
grande et plus irréparable que celle d'une armée. Le
calife Al-Mamoun, [qui avait entrepris une nouvelle
expédition contre l'empire, mourut à Podandus ^, place
voisine de Tarse en Cilicie ^, sur les confins de la Gap-
padoce, dont il se préparait à franchir les frontières ^.J
Il avait régné vingt ans et demi et était âgé de qua-
rante-neuf ans ^. Il joignait à ses qualités royafes
l'amour des sciences, et se rendit lui-même très-sa-
vant en astronomie. Ce fut lui qui acheva de tirer les
Arabes de la profonde ignorance oii ils avaient été
plongés de tout temps, Almansor, le second des AJsh
X Le continuateur de Théophane,
p. 85 , est le seul auteur qui parle
de cette expédition: il ne parle que
de son mauvais succès, sans rien
dire de ses causes et de son objet.
Je doute fort qu'elle se soit ratta-
chée en rien aux guerres contre les
Arabes, qui , je crojs , n*ont jamais
étendu leur domination jusque dans
cette partie du CaucasCé U est bien
plus probable qu'il s'agit ici d'iine
guerre contre les Abasges ou Abkhae
révoltés. On n'est pas mieux Infor-
mé^de la date et des détails de eette
guerre. — S.-M.
' Cette place, dont il est question
dans Gédrénus, t. », p. 575, ot dans
d'antres auteurs byzantins, est nom-
mé par tons les écrivains orientaux
Itodundoun, Badendoun, On voit,
par oe qn'Ns en disent, qu'elle éttît
voisine de ^Tarse.— S.'M.
3 Mamouu fut enterré, dit Abon -
Ifeda, II, »Ô5, à Tarse, da«« la
maison d*un certain Djalân, qoi
avait été eunuque d'Haroun-âl-Ra«-
chîd.— S.-M
4 Lebeau s'était trompé en disant
que Mamoun mourut en retournant
de Tarse à Bagdad, Là ville de
Podbndns , on il motmit , «elon U
témoignage de tous le» éofiwiw*
orientacrx, était an contraire ao-dett
de Tarse, sur les frontières de Te»»-
pire, près du paesage des monta-
gne* de Cappadocè»— 8.-M.
5 Le khalife Mamonu moni* *»
jeudi 19 redjeb de l'an a 18 del*h«-
gîre , le 7 aoàt 833.—- S. -M.
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{kn 833.) LÎVRB LXIX* THÉOPHILE. gg
bassidcs «t bisaïeul d*AI*Mamoun , avait donné à ses
sujets les premières idées des hautes sciences. Avant
lui les Musulmans n'étudiaient que leur langue, leur
loi , et«ne«orte de médecine grossière et imparfaite ; Al-
Mamoun petrlfeètionna l'ouvrage que son bîsafeul avait
héurewsetnent coiwmetîcé.iltirade laGrèce des copies de
tous les livres qui tl-aitaient dé quelque science ', et les fit
traduire ^n arabe p»r les plus haèilefe interprètes *. Il
excita ses suj«;ts à les étudier; il faisait tenir en sa pré-
sence des «ion^rences publiques sur les divers objct«
ées connaissances humaines, il regardait les savants,
dit Abul4rage, comme des créatures choisies de Dieu
Tflêtoe pour perfectionner la raiscm : c'était, disait-il, la
lumière du monde , jes maîtres du genre humain , sans
iesquels la terre deviendrait sauvage. Il comparait aux
animaux les hommes qui ne travaillent que pour le
corps. Il y eut sous son règne d'habiles astronomes ,
entre autres Al-Fragan ^, dont les écrits subsistent
« Ô ^à TÔv t<rffca7)XtT&v xkTôcpxwv
Mapuoùv, «XXiiiç Te pi.aÔYÎp.xaiv éXXtivt-
xûç (y}(^oXa2[û)v, xal c^ti xal -yewjASTpiaç
^ta(pepovTû>ç eÇftx^P"^^^ ^* Cedr. t.
Vp. 548. La ώaie chose se lit dans
le continuateur de Théophane, p.
116 et seq.-^S.-M.
> Il s'agit iei des traductions des
livres d'astronomie, de géométrie,
de mathématiques, de médecine et de
philosophie, particulièrement ceux
d*Â.ristote, qui furent exécutées par
des Syriens attachés an service des
khalife». La plupart de ces tnidiïc-
tions furent d'ahord faites en syria-
que, et c*c8t sur ces versions qu'on
fit passer en arabe les ouvrages dont
il s'agit. On distinguait parmi ces
traducteurs un certain Hossaïn^raii-
t^ur de presque toutes les versions
arabes que nous possédons encore.
Cette époque est une des pins inté-
ressantes , mais aussi des plus mal
connues , de l'histoire littéraire des
Arabe9>i Ce n'est pas dans une note
qu'il serait possible , même sommai-
rement, d'en donner une juste idée.
— S.-M.
3 Ce personnage , appelé Ahmed,
fils de Kotsaïr, était surnommé ^l-
fragany, d'où, par corruptioù, du
a JSiit Aliragan. Xi est un des phis
illustres astronomes arabes. U était
né à Farganah dans la Trausoxiane.
Nouspossédons une liaductiou arabe
d'un traité célèbre de su coiuposi-
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lOO HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 833.)
encore. JJais les folies de l'astrologie judiciaire ve-
naient se joindre à l'astronomie.
XI. Ce prince tâchait de rassembler à sa cour tous les
^huoloph^c" savants, de quelque religion qu'ils fussent; et, leur lais-
^^^' sant toute liberté en fait de croyance et de culte, il les
547''ct acqq! combloit dc bicus et d'honneurs. Ses efforts pour at-
^^^^J^Ts, tirer Léon ne purent réussir, mais firent la fortune de
g^^^" ce philosophe. Léon, né à Constantinople , après y
4a4.' avoir étudié les belles-lettres, s'était transporté dans
5a3, 5a4. l'île d'Andros , pour y prendre des leçons de philoso-
phie et de mathématiques sous un maître très-renom-
mé. Il eut bientôt épuisé toute la science de ce doc-
teur ', qui, malgré sa grande réputation, n'allait guère
au-delà des éléments. Enflammé du désir d'apprendre,
il parcourut toutes les bibliothèques des monastères ,
où les sciences étaient alors ensevelies, passant lés
jours et les nuits à transcrire les livres qui traitaient
des matières dont il voulait s'instruire. Muni de ce
trésor, il se retira dans des montagnes désertes, où
une solitude profonde, la passion de l'étude, une pé-
nétration naturelle, en firent bientôt le plus habile
géomètre et astronome de l'empire. Il revint à Con-
stantinople plus pauvre encore qu'il n'en était parti, et
s'établit dans une espèce de cabane , qui devint en peu
de temps une école célèbre, et qu'il fallut agrandir
pour contenir la foule des jeunes gens qui venaient y
prendre des leçons. Un d'entre eux fut pris en guerre
par les Sarrasins, et tomba entre les mains d'un des
courtisans du calife. Un jour que le maître faisait un
tion, intitulée Introduction à Tastro- Golias en 1 669, i vol. in-4°. — S.-M.
nomie. On en possède plusienit édi- ' Il se nommait Michel Psellns.
* tioBs. Xa dernière a été donnée par Gedr. t. a , p. 55o. — S.-M.
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(An 833. LIVRE LXIX. THEOPHILE lOf
grand éloge des géomètres de la cour, resclàve témoi-
gna qu'il avait quelques principes de cette science , el
qu'il serait fort curieux d'en entendre discourir par
des hommes si habiles. A la première occasion ce sei*
gneur ne manqua pas de vanter au prince les talents
de son esclave. Le calife voulut le voir; et après l'avoir
entretenu, il le jugea capable d'écouter les maîtres du
palais, qui à son avis n'avaient point de pareils dans
l'univers. L'esclave assista à leurs leçons, et leur fit des
questions qu'ils jugèrent insolubles et qu'il résolut lui-
même avec facilité. Étonnés de l'étendue de ses con-
naissances , ils lui demandèrent s'il se trouvait à
Gonstantinople d'autres géomètres aussi habiles que
Ini; Il s'en troui^e beaucoup déplus habiles^ répon-
dit-il; pour moi Je ne suis qu'un écolier. Le calife,
qui assistait à cette conférence , lui ayant demandé si
eelm dont il aVait pris les leçons vivait encore; Oui,
répondit-il , il vit; il est pauvre et inconnu au
prince ; malgré son grand savoir : il se nomme
Léon.' Aussitôt Al-Mamoun écrit à Léon en ces ter-
mes : à t)n juge d'un aAre par le fruit : votre disci-
a pie nous a fait connaître son maître. Puisque votre
ce mérite n'a pas dans votre patrie le crédit de vous
« tirer de l'obscurité, venez répandre vos lumières
«c parmi nous. Toute la nation sarrasine baissera la tête
« devant vous', et vous trouverez dans notre bienveil- .
« lance plus de richesses et d'honneurs que n'en ont
(c jamais possédé les favoris de. vos princes. » Il mit
cette lettre entre les* mains de l'esclave, lui promet-
Cedr. t. a , p. S49. — S.-M.
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lO% HiSTOIAB DU ÏÎ^.ÇtïMPIRB. (An 833.)
tant la liberté et de grands biens s'il lui aineDait sof>
maître. Il lui fit f^ire sentent de revenir à ^gdad.
X^e jeiine homme s'acquitta de $a commission avec joie.
Léon reçut la lettre; cetoît de qt»oî flatter sa vanité,
passion que la philosophie sait bien eaus^irer, mais
qu'elle ne sait pas éteindre-
Thfoiiiiie Cependant Léon se croyant en danger si l'o» dé«^
refuse Léon couvroît qu'it cût Tcç» <les léttrcs du calife^ et plus
aux soUici- * . .
tarions d' Al- encore su entreprenait de passer en pays ennemi, va
trouver Théoctiste, directeui* général des postes % lui
rend compte de tout et lui rem^t la lettre. Théoctiste
cm instruit l'empere^r^ qui, piquéj de Tinvit^tion du
calife comme d'un reproche de: ^om indifféreipkçe pour
les savants, fait venir Léon, lui défend de porter son
savoir à une nation infidèle , lui assigi^ une pension
honorable, et lui donne l'iglise des Quarante Ms^rtyrs
pour y faire des leçons pul>Iique4. AI'^Manioupa, iippre-
nant que Léon n'est pas disposé à quitter sa {patrie ,
lui adresse des problên>es difficiles à résoudre;, vl^éon
ne tarde pas d'en renvoyer la solulioni; et ^ /Course
faire admirer davantage, il'^y joint des prédications
fondées sur les principes de l'astrologie. Le calife, qui
avoit laissé entrer ces chimères danssa tête avec les
vérités solides de l'astronomie, fut plus empressé que
jamais de voir cet hjamme extraordinaire» II: ^'adresse
à reinpf*reur même :. « J'ai été tenté , lui manda^-t-il ,
ff d'ajler moi-même vous trouver comme un ami ou
<? plutôt comme un disciple se rend (luprès de son mai-
« tre. Mais faisant réflexion quâ je ne dois pas na'éloi-
« gner du poste où la providence m'a placé , je vous
I On logotbète du drome, comme on disait alors. — ^S.-M.
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(A*S3Î.) LlVflB LXIX. THUéOPHILE. lo3
« prie de m'eovoyer pour peu d^ temps ce miracle de
ce philosophie 9 qui fiiit uû des ornements de yos états,
a Permette^ à Ltéon de venir passer quelques jours
a avec moi pour me faire part de ces précieuses coii-
« naissances qu il possède , et dont je suis plus avide
« que de toutes les richesses de la terre. Je oe pense pas
« que la dilSérenoe de religion soit un obstacle à la
«c grâce que je vous demande. Je me flatte piùtât que
<c le rang que je tiens dans le monde me rendra digne
« de l'obtenir. STous en retirerez: de l'honneur en m'en
ce procurant à moi-même, La science est un bien de
« comàmnication ; on peut , comme la lumière^ la part-
it tager sans en rien perdre. Je veux même vous payer
« votre présent : je vous promets deux mille livres pe^
tf saut d.or, et» ce qui est encore d'un grand prix!, une
ic paix et umalUancè éternelle. » Théophile, jalour du
trésor dont il était possesseur, refusa constamment de
communiquer aux Sarrasins un avantage qui alufâit f oUf^
jcHurs distingue les Grecs entre tous les peuples de la
terre. U ouvrit à Léon une écpl^ publique dansile pà*
lais de Magnaure , le chargea de l'instruction de la
jeune-noblesse, et le combla d'honnéèirs et de privitéjges.
l4éon savait tout, hors ce q^ il importe le plus ge
savoir, Très*ignol>ant en fait de religion, il s'en-rap- évéque^êt
portait pour cet article à Jeaii Lécanomante, dont il ^n^ége!
était cousin germain '. 1\ devint donc iconoclaste ; il
eût été fort à craindre qu'il ne fût devenu mahométan
< J^yi'^ù^ ^^ |av\r^ toù i^arpigcp- était réellemem fiU du frère de c«
^pu. Codr. t, 9-1 P; 547 4 Voyez co patriarche. Cet auteur Veiiprime
qi4 a été dit du nom de lannh doa-> aioAÎ à ce spjet : Ôç xfttà w^'^imevt
né à ce patriarche hérétique , ci^dev, ff iy jçû sÇ^x^çX^ou t^ i^r^K^^xf t^vv^i
p. 1 4 , not. 3. On voit» par le contl- (Àxtuaro. — S,-Bf .
nuatenf de Thépphane,p. ii5,q<i'il
XIII.
Léon fait
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lo4 HISTOIRE DU BAS-KMPIBE. (An 83Î.)
avec Al-Mamoun. Jean s'étâat ëievé dains la suite au
patriarcat de Constantinopie , récompensa. Tindiffé-
reoce docile du géomètre de l'archevêché de Thessalo*
nique. Dans cette place, faute de pouvoir se faire es-
timer par les qualités propres de Tépiscopat, il se fit
admirer comme astrologue. Une année stérile avait
réduit ses diocésains à une ei^trême misère : au lieu
d'implorer le secours du maître du ciel , il s'adressa
aux planètes; et, soit illusion , soit charlatanerie, il
conseilla de semer sous certains aspects. Il arriva que,
l'année d'après , la moisson fut très-abondantC;; ce qui,
dans l'esprit du peuple , fit un grand honneur à Léon
et à l'astrologie. Ce prélat n'eut pas le temps de faire
une seconde épreuve de son. infaillibilité en ce genre:
dès la troisième année, Théophile étant mort et la
secte des iconoclastes abattue, il fut chassé de son
siège, et réduit à reprendre sa première pi^ofession de
maître de géométrie.
^^ [Vers le même temps ' ] , une armée de quatre-vingt-
Théophiie ^Î2j luJHe Sarraisins entra sur les terres de l'empire ' sous
▼aincu par * ^
. ',lieiis^pt paragraphes ^isni veut toute nécessité, cela étant, de re-
(xrr, xv^ xvï, xvii, xviii, xix et porter aax années 833, 834 «t 835,
xx) foHnaient les paragraphes 1 5-39 .^^^ trois guerres contre les Arabes
de Tanoienne édition ; je les ai tran»* racontées dans ces paragraphes que
portés ici parce qa*il est évident qae j*ài transposés. J*ai , en conséquence»
Lebeaù a boaleversé les dates de la supprimé les premiers mots de ce
plus grande partie des événements da paragraphe a5, devenu paragraphe
règne de Théophile. Il a placé sous <4»on il est dit: Pendant que Théo-
les années 840 et 841 la prise de phiie 'versait le sang de ses meilleurs
Sozopétra,qui amena Tannée suivante sujets,,.. Ces mots se rapportaient à
le siège et la prise d*Amorium parles la persécution de Théophile contre
Arabes, tandis qu'il est certain, par les orthodoxes, racontée dans les
le témoignage unanime et développé paragraphes :ix, aa, a3 et 24f ^^
des anteurs arabes, que ces deux venus, par ce changement, 28, 29»
événements arrivèrent dans les an- 3o et 3i: — S.-M.
nées 837 et g3 S àe J.-C. Il est de > Abou'lfaradj parle , dans sa
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t.
(An S33.) LIVRE LXIX. THÉOPHILE. Io5
la conduite d'Ibrahim '. Théophile se mit à la léte de leiSamsins.
ses troupes, accompagné de Manuel et de Théophobe. Cedr.t.a,p.
Lorsqu'il fut en présence de l'eniiemi, il tint conseil: Zon.i. i5,t
l'avis de Manuel était que l'empereur n'exposât pas sa ' 148. "
personne, mais qu'il laissât à un de ses généraux le Theopb"p.
coiiimandement de l'armée. Théophobe au contraire P-7®»?»-
voulait que l'empereur animât ses troupes par sa pré-
sence; mats il pensait qu'on devait attaquer les Sar-
rasins pendant lannit, pour leur ôtek^ l'avantage que
leur donnait la supériorité du nombre ; il offrait de
commencer l'attaque avec l'infanterie perse qu'il com-
mandait, persuadé qu'après ce premier effort, la ca-
valerie grecque, fondant sur l'ennemi avec furie,
achèverait aisément la défaite, L'empereur fut de son
avis pour commander lui-même ; mais il rejeta la
proposition d'un combat nocturiie, toujours dangereux,
et oit le. sentiment de la gloirç, le plus vif aiguillon
de la valeur, s'endort faute de témoins. Ibrahitn , sôit
par lâcheté, soit pour quelque raison inconnue y s'é-
loigna avec dix mille hommes, et laissa le commande-
ment à son lieutenant Abuchazar ^. Le' combat fut
sanglant et opiniâtre. Enfin, les Grecs cédèrent aux
efforts des Sarrasins et prirent la fuite. Il ne resta au-
près de l'empereur que sa garde ^ et deux mille Perses
Chronique «yriaqne , p. x56,d*ane ' fêpaiiipt,. Cont. Théoph., p. 90.
invasion faite à cette époque dana Je pense qae «e perspnotage est le
rAsîe-Minem-e , par Omar, émir même qa'Ibrabim, fila du khalife
de Mélttènè , mais il ne donne ancnn Mahady, qni mourut , selon Ahon*-
détail snr cette invasion , qui parait Iféda , j4nn, M ml, II , 1 7 3, an moia
être la même que celle dont il 8*agit de ramadan de Tan aa4 , — juillet
ici. Dans le commencement, dit-il, SBg de J.-C. — S. -M.
les chrétien» eurent FavanUge , mais > ÀScuxa^ap • Ce personnage m*est
à la fin les Arabe* eurent le dessus, inconnu d*aillenrs. — : S.-M.
ils se rendirent même les maîtres des ^ Merà rnc ^aatXtx^ (paXa'^^oc.
bagages de Fempereor. — S.-M. Cent. Théoph. p. 71.— S.-M.
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Io6 HISTOIRE DU BàS-BMPiR^- (Ao 853.)
commandés par Thëopbobe. Accompagné de ces braves
soMats^ U*sç retira sur une colline qui fut aussitôt
environnée de Sarrasins. On y combattit jusqu'àla nuit
avec un acharnement é^at , :d'un coté pour faire Je
pripc^ pri^onnijçr, de J autre pour le défendre. La nuit
étant vemi^t ThéophobQ ordonne à se^s soldats de.pous*
se? des cris de joie r de battre des mains , «t dé faire
un grand bruit de t;:ompettes et de loua les însiiiruments
de guerre, pour donner à croire à l'ennemi qu'il leur
arrivait dii ^ecours^ Les Sar^rasins, trompés par cet
artiftce:, se retirèrent, de peur d'être enveloppées, et
allèrent camper à deux lieues. L'empereur profite du
m^Riçnt pgtur se SsaMVer, et gagne le gros de son ar^
mée, qui s'était ralliée k quelque distance Jl réprimande
tes fiiya^d^^ comble d'éloges et de récompenses Théo^
phpbe et lies Perses, qui,, animés par le sentiment de la
gloire eit par la libéralisé du prince , demandent comme
une gmoe d^tre seuls chargés de faire la guerre aux
Sarrasins, Théophile^ a|9irès las avoir remerdéâ de leur
zèle, ne.jugiia pas k propos d'exposé. ces vaillauts
giierri^s. U reprit 1^ chemin de Coostàntinople et les
Sarraains celui de: la Syrie. î.
. [Théophile avait envoyé en cette annésexme ambas-
sade avec de riches présents i l'empereur LouisfleJ^é*
bonnaire. Ces députés, qui étaient Marc, archevêque
d'Épbèse, et des graods-écuyers de. l'empereur , arrivè-
rent en France lorsque Finfortuixé Ix>uis, détjrdné et
retenu prisonnier par ses (ils reheUes , 4tait renfermé à
Tâbbaye' de Saînt-Médard de Sbissons. Les envoyés
grecs ne purejat parvenir jusqu'à lui. L'usurpateur
Lothaîrê ne leur permît pas de voir son père, et il
reçut àCompiègne {Ckmq^endiwn)^ au mois d'octobre.
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ÀA S3a.) LIVHB LXIX. THÉOJPHILE. IO7
(eurs lettres et leur présciits , puis il les cougédia, sans
que leur mi$$ioB ait eu 4'autrè$ suitos '].-r-S.-M.
U^nnée suivante il y #«t uoe seconde bataille près ^"^ ^^^•
de Charsiane ^ en Ç^ppat^e^ où Théophile fut plus LeaWi.
heureux. II fit U0 grand jC^roage de Sarrasins et revint ""* J*^"^"*
i Constautinople avec vingt-cinq mille prisonniers, ^iiéophae.
AfHrè» une si éclatante victoire, il rentra dans U ville p. 453.
en triomphe» et fit céléhrer l(Bft jeux du cirque, dans * saS.**^
lesquels i) voulut disputer le prix. Monté sur yn char ^^p.^j'/g!'*'
attelé de çhey^ux hlancs, m yéi^ de la livrée de la ^^]jj^^'
&ction bleue, il courut au milieu des acdatoations, symeon.p.
et ne manq^n pas de remporter la victoire, toujours /^®*J8 p-
assurée au princi^ en ciea isoÉ'teà de coinbats». Il n'eut
p^s cependant h principal hottoeur de cc<îte fête. Entre
j|es'prÎ9pat|ieni &^ trouxiiil un* cavalier sarrasin d'une
taiJJe avantageuse, ég^noftni-fidrQit des deiix mains,
et qui nEk^niitit d^u^ UliO^s à. la fois avec une souplesse
et une agilité extraordinaires. Sur le rapport du capi^r
taine des g^^rdes, qgi }a aonmlsaait , l'eoiperelur voulut
llir^ l'épreuve d^ son adréflséij ii le fit. paraître au ron
lieu d^.cingue^où le SarrlaiSo. «'attira les applaudisse*-
n^entft dtt ptinc^ et deç.$peclfttçuirt ^excepté de Théodore
Çrat^rj?«. ^^tgit un éuiwiqw^ ^jui , méprisant le «^rrice
4u palais auquel son éldtle 4e4tinait;^ avait ^nbrassé
» C0t ;iK}|»8aad« |)ops est comme. *|^re. Ce j»y« e^t iio9iv4«^^r5|i*
par raalenr anonyme qui a composé na A dans leS antenrs arabes. Le pays
ta YÎe ^é Iioûls^lè*I>ébonniiire,'^/r. de Cbarsiàne était antrerofs une di- >
iHdof^^^ 49. Son récita été pepri^- ) paifan âa tbéme des AnnéniaqiM& *'
dait dans lès chroniques française» To5p(iia ^v to iraXaiov ttctûv App.e-
de Saint-Denis. — S.-M. vtaxA>v ar^v.Tr.'^i^oç. Mais an temps
.? Th X«pffULv^. On donnait aloM «^ rcmpereoc Constantin Porpby rô-
le nooi d« ChaniaiM à nne geande génèto^ I>e ordin, imp^, o« 5o, il Som*
povtioB de la Cappadoce , qiii for* mait un gonvenMmt nt particulier,
mait une division militaire pailicu- "n-^JA,
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108 HISTOIRE DU BÀS-EMPlRE. (j^n 83t
la pr(^ession des armes , où il s'était avancé par ^
valeur. Il était alors dans le cirque à côté de Théo»
phile; et comme il regardait avec un air de mépri
cette parade, que i'empereur admirait : En ferais-ti
bien autant que ce Sarrasin ? lui dit Théophile. PrmcJ
répondit Cratère, ye ne me suis jamais exercé à cA
feux y qui ne sont d'aucun usage dans la gnerrA
mais je répondrais bien qt£ avec une seule lance ji
ferais perdre les arçons à ce barbare y en eût-n
quatre. Fais donc ^ lui dit l'empereur. Si tu ne tieni
parole y je te ferai couper la tête. Aussitôt Cratère,
empoignant une lance sans fer, prend carrière, et, dtt,
premier coup, abat le Sarrasin. L'empereur, quoi- 1
qu'un peu honteux d'avoir paru tant admirer un ma- !
nége frivole, ne put s'e«ïpécfcer de louer Cratère. Il;
le récompensa d'une riche veste, sorte de présent |
qu'on voit dès lors en usage>«hez les princes orien-!
AK835. «»"'^'- •■■ .'■■•■"■■■ '■'■'■' . ■ : I
xTx. Aprèsia défaite sànj^laïf te ^ue les Sarrasins avaient
aauTé'pir cssuyéc, îls se hâtèrent d'effaoef un affront auquel ils
Maunei. ji^^taient pas accoutumés;- ©es lé -printembs ;itiivant, ils
Léo gramm. * . *^ • • i
p. 453. marchèrent en Cappadétt^c'AVeo une année formidable.
5*26. * * L'empereur, fier du brillaWit sûcbès dei41r^Wi»pagne
Zoo. 1. i5, t. . / / 1 ^ , • . / " ' '
a, p. 148, précédente, courut, a leur tencônUre , et éprouva que
Cont.^Thco. la fortune n'a rien d'assuré '. Son armée fut battue,
s*ymeôiZp. ^*» comuie il s'exposait lui-même a^ec uhe valeur iu-
Geor^ considérée, il se trouva enveloppé. Manuel ,. qui se
5^»! retirait avec le reste deà troupes, s'étant aperçu de
p.29.
■ Ce Tétement d^honnear est ap- très-souTent et dans leqael il avait
^léÂhilaatonkhaiaah. — S.-M. une très«-grande confianee. Synéon
> n a-vait avec lai le corps des ré- Logotfa., Chron.f p. 4ïâ. -— S.-M.
làgiés persans dont il a déjà été parlé
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(JLnftSS.) LIVHE LXIX. TnioPHILE. 109
l'absence de l'empereur, rassemble en un instaot les
plus braves cavaliers, et se mettant à leur tête : Allons y
dit-iJ, dégager V empereur ou mourir avec lui. Aussi-i
tôt, s'élançant avec la rapidité de la foudre, il perce
jusqu'à Théophile, qui, environné d'un gros d'enne-*
mis, portant et recevant des coups terribles, commen-
tait à manquer de forces^ mais non pas de courage.
Suivez^moi^ prince j lui dit-il, /eiw^w vous ouvrir un
large passage; ne laissons pas à ces infidèles l'hon-
neur de faire prisonnier un empereur. Ne leur lais-
sons pas non plus celui de voir fuir un empereur
devant eux^ répliqua Théophile en continuant de
combattre. Manuel , qui sans l'entendre avait aussitôt
tourné bride, abattant à droite et à gauche les Sarra-
sins qui se trouvaient devant lui , s'aperçut qu'il n'était
pas suivi de l'empereur. Il retourne sur ses pas et , par
un second effort , il rejoint Théophile , qui refuse en-
core de le suivre. Enfin , une troisième fois , Manuel ,
fondant en désespéré sur les ennemis , court à l'empe-
reur, saisit la bride de son cheval, et lui présentant
la pointe.de son épée devant la poitrine : Suivez-moi y
lui cria-t-il, ou si vous cherchez la mort y recevez-
la de cette épée y faite pour vous défendre, et rien
laissez pas la gloire à un Sarrasin. £n même temps
il entraîne l'empereur couvert de sang et de poussière;
et, tandis que ses cavaliers arrêtent, par derrière la
fougue des ennemis , il le conduit en sûreté au milieu
de son armée. £llé s'était ralliée dans un poste avan-
tageux , et elle reçut avec des cris de joie son prince
qu'elle croyait mort ou prisonnier. Les Grecs, animés
par le courage de Manuel et par le retour de Théophile,
firent si bonne contenance, que les Sarrasins se re-
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IIO HISTOIRE DU BAS-EMFIRB. (An 8$S.)
tirèreul sans os«r hasarda^ une seconde bgtBiUB
XVII, Manuel, couvert de blessures, dont aucune ne sê|
Mafuer^t trouva dangereuse, fut d'abord chéri de Théophile.
chezies ^ princc lïc le nommait nfue son bienfaiteur , soû
Sarrasin», sauvcur; oiaîs une faveur si bien méritée alluma bieïi<-
^526,*527r ^^^ 1^ fureur de l'envie. Celui qui avait terrassé des
Zon.i. 1 5,1.2, jjjjjlj^g de Sarrasins se put t«nir contre les assaut»
p. 149, IDO. *
Cont.Tiie- d'une Cabale de courtisans. L'empereur lui-même, ac-
74» 75- câblé du poids de la reconnaissance, crut se soulasner
SymeoD , P. . . ,
419» 420- par l'ingratitude, et Manuel éprouva qu'un service de
5r7T^5i8. de trop grand prix pour être payé, pix>dait souvei^t
3,^p.2get3o! l'effet d'une offense. L'empereur se laissa persuader
que celui qui l'avait sauvé, cherdiait à le perdre et
aspirait à l'empire ^» Manuel fut averti par un écban«- \
son du prince, qui avait servi dans sa maison, que la
résolution était prise de lui crever les yeux. Sur cet
avis, il sort secrètement de G^nstantinople avec trois
ou quatre domestiques, prend les clïevaux de toutes
les postes, auxquels il coupe les jarrets en les quittant,
pour n'être pas poursuivi ; et, faisant une extrême di-
ligence, il arrive en Syrie ^. Bien reçu par les Sarrasins,
qui comiaissaient sa valeur , il se transporte à Bagdad
à la cour du calife, auquel il offre ses services, s'il lui
X On apprend dé Syméon le Lo- tiairé Léon cherclia en yain à le dé-
f;othète, Chron,, p. 493 , et de la fendre dans resprît de Temperear.
chronique de George, p. 5a i, que Syméon logoth. Ckron., p. 419. Le
Théophile revint après cet échec à délateur, appelé Basile, avait ^Ik
Ooi^ée ,.dafis la Pbrygie. — S.-M. excité par Myrott. Georg» Okren,
a On se fondait sur une conversa- p. 517. — S.-M.
tion qu*il avait eue avec Myron le ^Ms^pt TÛvxXsKTOup&vlSupiaç.^y-
iogotkète du drome^on intendant «iéonlogoth.,p. ^xg.Onlitknéme
général des postes, et beau-père de chose dans la chronique de Léon le
Patronas, conversation qui fut rap- grammairien, p. 452. — S.-M.
portée a rempereur. Le protoves-
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(iLnS35.). LIVRE LXIX. tHÉOPHlLfi. III
permet de Odiiserver sa religîcm. Mutasetn le «comble
d'honneur»: Tacquisitioii d'un guerrier si célèbre lui
paraît d'un plus grand prix que le gain de plusieurs
batailles. Il lui donne bientôt sa confiance, et sem-
presse d^employer sa valeur dans les expéditions les
plus importantes.
Le Chorasan s*était révolté. Manuel né demanda pour e^^,^["' j^
le réduire que les prisonniers srecs qu'on retenait dans Manuel chez
* , ^ ^ . ^ les Sarrasins.
les fers , et il répondit sur sa tête qu'aucun d'eux ne
prendrait la fuite. Il tint parole: jamais soldatà ne fu-
rent plus fidèles à leur général. Devenus libres , mais
attachés à leur libérateur par des liens plus forts que
les chaînes dont il les avait tirés , Us le servirent avec
zèle, et n'épargnèrent pas leur vie pour lui procurer
de la gloire. L'étonnement des rebelles ' contribua
encore à leur défaite : ils s'attendaient à combattre des
Sarrasins, et voyaient avec surprise des ennemis dont
riiabrilement, l'armure, le langage, l'arrangement des
troupes, et la manière de combattre leur étaient in-
connus. Ces peuples, voisins de l'Oxus, avaient à peine
entendu parler des Grecs. Ils furent subjugués et ré-
duits à l'obéissance en peu de * jours . Le vainqueur
empkrya le reste de la campagne à une autre espèce
de guerre. Une prodigieuse multitude de bêtes sau-
vages^ sorties des déserts du Maûerennahar, désolait
les contrées voisines. Manuel fit usage de ses troupes
•
X Le oomiAiiateiir de Théopfaanes» TigFe et de TEnphnite, el d«ni le»
p. 73, dotinc k «et rebelieft le nom régions de T Arabie qui 8*étendent
âe CormuUdf^ Kcf fMTOi. Il e«t évi- sor les riyes du golfis petsiqne. -^
dent que oe nom désigne les béré- Si-AA.
tîqnee aonimés Kanaates, qni s'é» a Tb X«p«aàv Xi'^trax KfttsuiXMVy
uient révoltés .contre les khalifes xok TûJLfikepafAyouvYi&froTGi^. Cont.
dans les pays Toisîna des bouches dn Theoph. p. 74* — S.-M.
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lia HISTOIRE DU BASrEMPiRE. (An 835.)
pour leur donner la chasse , et il en délivra le pays.
XIX. Tant de services rendaient Manuel cher au calife et
retour à à toutc sa cour, plus équitable que celle de Constan-
^Topîe.*" tinople. En même temps, la réputation qu'il acquérait
en Perse le faisait regretter de l'empereur. Théophile
ressentait vivement la perte d'un guerrier auquel il
était redevable de la vie. Il résolut de le regagner et
d'enlever à ses ennemis un si puissant secours. Il
chargea de cette commission délicate [son ambassadeur,
Jean Lécanomante, qu'il envoyait à la cour de Bagdad %
à qui il donna une lettre de créance pour cet objet
particulier ^, Celui-ci, pour ne pas éveiller les soupçons
du calife , employa pour cette négociation secrète ^] un
moine adroit et rusé, qui [le suivit sous prétexte de se
joindre] à une caravane de pèlerins pour le voyage de
la Palestiuj^; [il passa ensuite] de Jérusalem à Bagdad
déguisé en mendiant. S'étant introduit dans le palais,
il remit à Manuel une lettre de l'empereur , avec une
croix que le prince lui envoyait pour sûreté de sa pa-
role. Toutes les faveurs du calife et les caresses d'une
, cour étrangère ne pouvaient effacer du cœur de Ma-
nuel l'amour de sa patrie : la vue d'un compatriote,
et plus encore celle de ce gage précieux qu'il recevait
de son maître, lui tira des larmes. Embrasé du désir
»Voy.cî-apr.Sa5,p.iat), — S.-M. 74 :il« prouvent qae c'estbien ayant
> XpuaoêouXXiov. On apprend de Tan 8 3 6, et non après, comme Tavait
Léon le grammairien , p. 45a, que faitLebean , qu'il fànt placer la fuite
Tobjet apparent de cette négociation de Manuel ches les Masulmans. C*est^
était le rachat des captifs. — S -M. après cette ambassade, en Tan 836,
^•Gesdétails^négligésonmalcom- que Jean Lécanomante devint pa-
pris par Lebean , sont fort impor- triarche de Constantinople : c*est un
tants pour établir la chronologie et la point essentiel pour fixer et com-
succession des événements du règne prendre la chronologie de tous ces
de Théophile. Ils sont rapportés par événements. Yoyez aussi ct-devant,
le continuateur de Xhéophane, p. §14, p. 104, not. 1. — S,-M,
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(An 855.) LIVRE LXIX. THEOPHILE. Il3
de retourner à Constantinople, il profita de I^ con^
fiance du calife pour se tirer de ses mains, «f Prince,
a lui dit-il, vous savez que j'ai des ennemis dans Tein-
cf pire; leur malice m'a servi malgré eux : ils ont voulu
a me perdre, et ils m'ont élevé au comble de la gloire
a en me procurant l'honneurd'approcher du plus gr^d
a prince delà terre ; mais ils ne méritent pas moins toute
«ma haine. Us habitent en Cappadoce; donnez-moi
ff quelques troupes; je vous vengerai des insultes de la
« nation en me vengeant moi-même de mes calomnia-
« teurs. » Pour mieux couvrir son projet, il supplie le
calife ' de mettre son fils * Ouatheq ^ à la tête de cette
armée; il se réserve l'honneur d'être lieutenant du
jeune prince, avec lequel il s'était lié d'une tendre
amitié. Mutasem , que les services signalés et le ca-
ractère généreux de Manuel éloignaient de tout soup-
çon , saisit avec joie cette occasion de porter le fer et
le ' feu dans le cœur de l'empire. Il met Manuel à la
tête d'une armée. Lorsqu'il fut sur la frontière. Ma-
nuel envoie secrètement au gouverneur de Cappadoce
l'avertir de son dessein ; il le prie de poster quelques
troupes dans un lieu où il doit se rendre seul pour
lui servir d'escorte jusqu'à ce qu'il soit en sûreté.- Ar-
' Le contintiatear deThéophane, ment le fils dit khalife on de Yémir
p. 75, donne en cette occasion le Almoumimn^'ày* utov AfAEpou^Av^. —
nom d'Ismaël, é ia{i.aTiX, an khalife. S.-M. *
Ce nom n'eat employé sans doate 3 Ce prince, qaî fut khalife "^réa
que ponr indiquer la nation à la- la mort de son père, ne s*appelaik
qneHe appartenait ce prince. C'est pas encore à cette époque Wathek;
comme si on avait dit Tlsmaélite on son nom était Haronn , et son prè-
le souverain. — S.-M. nom Abon-djaafiir. Quand il devint
> Tèv Too îajAtt'JiX utbv , le fils d'Is- khalife, il prit le nom honorifique
maël. Cont. Theoph., p. 75. Léon de Wathek-Billah ; c'est là c«' <ïui IV
le grammairien , p. 45a , dit simple- feit appeler Wathek. — S.^M,
Tome Xm.
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rivé à deux ou trois lieujds de cet endroit ', il &it cam-
per rarmée, et, prenant avec lui le fils du calife, il
s'éloigne du camp comme pour une partie de chasse*
Loinqu il fut près du lieu où il était attendu , il em'-
brasse Ouateq y et versant des larmes de tendresse :
Partezj mon fils ^ lui dit-il; J3/^a me garde de vous
trahir l retournez à votre père. Je ne vous quitte
que pour obéir à la voùç de ma patrie, qui me
rappelle auprès de mon souverain naturel En en-
trant dai^s Constantinople , il se retira dans 1 église de
Blaquernes, comme dans un asile, pour y attendre
des preuves de. la bonne foi de l'empereur. II en fut
bientôt assuré : il fut fait maître des oflÇces et capitaine
des gardes du prince ^. Théophile, qui n'avait encore
que des 611es, ayant eu un fils [plus tard ^] , voulut
que Manuel en fut le parrain. Cet enfant, nommé
Micbet, comme son aïeul, fut solennellement cou**
ronné, l'année [qui suivit sa naissance ^], da;is l'église
de Sainte-Sophie.
^ ". La naissance du jeune prince fit désirer à Théophile
Superstition ,, . ' • j i -i
de Théo- d avoir une longue suite de descendants assis sur le
phile.
^ Sar la frontière da thème anato- le rapport qae Lebeau a établi entze
liqae , .di^ ^éon le gr^inoiairien , p^ ce fait et le retour de Mannel qui
459. nXY)oîov Tcv 6^(i.aTOC rnc Âvaro- Ta porté , ce me semble , à boulever-
Xiiç. — S.-M. «er toute la chronologieJ|de cf tte par-
> Ma^Y^^fOC xal ^oP'^^txo^ tûv tie dé rbistoire byzantine. Voyes ci-
QXoXûv.Cont.Tbeopb.p.75. — S.-M. dev, § i3, p, io4ynot. i. D'aprèa
• 3 Lebean disait cette année , ce Tâge que Michel II avait loraqn*il fut
qni^B rapportait à Tannée dans la- déclaré empereur » on doit en con-
quelle Jl plaçait à tort le retour de dure qu*Jl était né en Pan 839. Voy.
MannelàCon8tantipople;cequin*c?t p. xSg, not. i^ Ut. lxx, § x.
fondé sur aucune autorité ancienne, S.-M.
les écrivains qui ont parlé de ce fait 4 Dans l'ancienne édition. Vannée
«'étant contentés de dire que Ma- suivante ^ ce qui ne pouvait rester,
miel avait été parrain du fils de Théo* comme on peut le voir par ce que je
phile,san8 en indiquer répoque.C*est viens de dire. •— S.-M.
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(JLaSSS.) LIVKS EXIX. THéOPEIM. Il5
trône de Tempire. Ces siècles d'ignorance étaient fé- cedr. t. a,
couds en devins, en astrologues, en magiciens; et ^con*t Tbc?'
Tempereur, fort peu religieux., n'était pas moins sa- °^^* g* 7^'
perstitieux que le dernier de ses sujets. Il y avait alops Symeon, p.
à Constantinople une Sarrasine, prise en guerre, fa- Genea. i. 3,
meuse par ses prédictions. L'empereur la fit venir, et
lui demanda quelle était la famille qui fournirait une
plus longue génération d'empereurs. Il lui vint dans
Tesprit de nommer les Martinaces : c'était une race des
plus illustres. Sur cette parole, Théophile, regardait
cette famille comme rivale de la sienne, obligea le *
père ' et les fils à se faire moines, et changea leur
maison en monastère. Dans l'opinion du peuple , il &ut
toujours que ces prédictions s'accomplissent de quel-
que manière que ce soit. On crut dans la suite que
celle-ci s'était vérifiée dans la personne d'Eudocie,
seconde femme de l'empereur Basile. Cette princesse
était de la famille des Martinaces, et d'elle sortit une
succession de quatre empereurs, qui occupèrent le
trône pendant soixante-dix-sept ans. Mais une autre
prophétie donna encore plus d'inquiétude à Théophile.
Cette femme lui prédit qu'après sa mort le culte des
images serait rétabli , et Jean Lécanomante . déposé.
Jean lui-même , toujours charlatan , quoique patriar-
che, alarmait aussi l'empereur. Ces événements étaient
faciles à deviner, en supposant seulement que l*impé-
ratrice survivrait à son mari; on savait qu'elle détes<-
tait les iconoclastes. Théophile, pour détourner l'effet
de ces tnstes prédictions, fit jurer à l'impératrice et à
« Martinaces. U était parent de Théophane , p. ^, IIpo9«»xit(iD{Aivov
Vempereor selon le continnatear de aÔTÛ xarà ou'y'ysveiav. — • S.-M.
8.
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Expédition
en Sicile.
Cedr. t.a,p.
Zon. I. i5,t.
a,p.i47-
Cont. The-
oph. p. 67.
Bolland in
TUeodora,
II feb.
116 HÏStOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 835.)
Téoctiste, son chancelier, que, s'ils lui survivaient, ils
conserveraient Jean dans sa dignité, et qVils ne re-
lèveraient pas ce culte idolâtre qu'il avait pris soin de
de détruire.
Les historiens de ce temps-là parlent d'une des-
cente des Grecs en I-K)mbardie et en Sicile. Mais ces
auteurs confus et peu judicieux, qui négligent souvent
les événements les plus importants pour s'arrêter à des
fables populaires, ne donnent ici aucun détail ^ On
peut conjecturer que Théophile envoya une flotte dans
le golfe Adriatique, et qu'elle fit quelque ravage sur
les bords du Pô; qu'elle aborda ensuite en Sicile, où
elle eut quelque avantage sur les Sarrasins, maîtres
de l'île, et qu'elle reprit même plusieurs villes *. Il
faut que cette expédition ait été importante , puisqu'elle
fit une grande réputation à Alexis Musèle, qui en était
le chef ^, et qu'elle lui attira des envieux ^. Mais l'em-
I Ils n'indiquent pas même la date
de cette expédition. Cependant , on
doit croire qu'elle est probal>lement
vers répoqne qui lui est assignée ici.
— S.-M,
a n me paraît constant qne les
Arabes ii*aT«ient pas fiiit la conquête
de toute la Sicile. Voyez ci-devant,
p. 76, not. 1 , liv. uLviii, S 5o.
Cette expédition, dont malheureuse'
ment nous ne connaissons pas les
détails, avait sans doute pour objet
de défendre lés villes que les Ro^
mains possédaient eiicore dans cette
île et d*en chasser même les Arabes.
Ibn-al-athir parle assers an long,
t. I , f* ia4 , ▼*» des guerres opi-
niâtres que les Arabes firent en Si-
cile sous le commandement de l'a-
glabite Mohammed , fils d'Abd-
AUah, et de Fadhl, fils d'Iakoob, en
Tan lao de l'hégire, qui correspond
exactement à Tan S 3 5. Les détails
qn'il donne sont trop briefs et trop
confus pour qu*îl soit possible dY
pniser les moyens de rectifier et d'en-
tendre le récit des autears grecs. —
S.-M.
3 Le continuateur de Théopbane.
p. 67, dit seulement qn*il avait été en-
voyé vers la Lombardie on l'Italie ,
irpoc TTiv AoY^oêap^îav s(i^7rtfx<|»8v. —
S.-M.
4 Ibn-al-athir parle, t. z, T xa5y
r^, des batailles navales des Grecs
contre les Arabes, et des guerres
opiniâtres qu'ils se firent dans l'in-
térieur de rile, en Tan 8ax de l'hé-
gire (5 janvier. — 3 6 décembre 835),
c'eat-â-dire précisément â l'époque
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(An 835.) LiyR£ LXIX. THEOPHILE. II7
pereur, pour confondre Tenvie, le fit patrice, pro-
consul et maître des offices '.
Dans un esprit vif et ardent , tel que celui de Théo-
phile, l'amitié n'a pas de bornes non plus que la haine.
Il n'avait point encore de fils ^ ; mais il venait de lui
liaitre une cinquième fille, qu'il nomma Marie. Il con-
çut le projet le plus bizarre et l'exécuta; c'était de
la marier au berceau^ avec Alexis et de le nommer Cé-
sar. Dans un' procédé si peu raisonnable, on ne sait
pour quelle raison il préfera sa fille Marie à ses quatre
aînées. Alexis était jeune et bien fait. Arménien de nais-
sance^, il tirait son origine des anciens rois du pays ^.
XXII.
Histoire
d*AlexM
Masèle.
Cedr. t. a, p.
5a9 , 5a3.
I160 grftmin.
p. 45o, 45 1,
454.
Zoii.Li5,ti,
p. 147.
Cont.Theop.
p. 6:, 68.
Symeon, p.
418, 419-
Georg. p.
5i6, 517.
BoUaDd. in
Theodora ,
zz feb.
dont il s*agît. Les Arabes reTÎnrait
à Païenne sans avoir obtenu de
grands aaccès. Ils prirent cependant
le Ibrt d*Iantiah , Tantique Enna,
Fane des plus fortes places de Tin-
térienr de Tile qaHIs tehaient bloquée
depoîs long-temps. — S. -M.
' Ôv ICpttTOV fkkf VJi TWV ICttTpUUMV»
Mit Tâv âvOutraTttv Ttp.iQ<ra< àÇia,
Imtra 9k xai (Aoqfiorpov. Cont.
llieop. p. 67. -^ S.-M.
* les auteurs originaux ne le di-
sent pas; toutefois il est naturel de
le croire, car, Michel II , fils et suc-
oesseur de Théophile, n*était encoro
qu'un très-jeune enfant quand il
remplaça son père, en fan 84^. II
n*était sans doute pas encore né à
Tépoqne dont il s'agît. La date de sa
naissance ne peut certainement se
placer avant Tan 836, puisque Ma*
noel , qui le tint sur les fonts bap-
tismaux, ne revint de Bagdad que
vers la fin de Fan 835. Yoyes ci-
dcv. $ 19 , p. 1 13. — S.-M.
^ Les auteurs cités ne . le disent
pas , mais on doit le croire, si Théo-
phile s*«tait marié comme on Va vu
ci-devant, § a et 3 , en 83o; cepen-
dant je pense qu*il 7 a réellement
lien de douter que cet empereur se
soit nurié à cette époque. Si on place
en un autre temps la date de son
mariage , que rien ici ne nous fait
oonoaitre , 1* fille de ce prince pour
vait être fort jeune , et non plus aa
berceau, quand elle épousa Alexis.
ToycB ci-devant , $ 3 , p. 89, not. 3.
— S.-M.
4 On avait donné à sa famille le
nom de Crenite. ô è^ dvvip rnc tûv
Kpiivirrûv xaTii^tTc 'jfsvtâc, X^P^
Tvic TtÂv A^i^evîoiv , ÂXé^io; ToOvop.a ,
MoufftXt Tvlv JiroivufAtav .Cont.Theoph.
p.,67. lie nom qpe Ton avait donné
à la famille d* Alexis , venait de ce
qu*il habitait k Constantinople près
de la citadelle , en un lieu appelé la
mabon de Crenitissa. Otxûv xarà to
rnc ducp07;oXfl(i»ç(jL^poc, xarà rîiç cûtm
xxXoufA^vnC Tïic K^TiviTiaoK]; oixioç.
Cont. Theoph. p. 67. — S.-M.
^ Les auteurs ne le disent pas non
plus. Je pense que ce général pouvait
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1S8 HISTOIRE DU B AS-EMPIRE. (An S3S.)
L'histoire ne dit pas s'il était le fils ou le proche
parent de cet autre Alexis Muselé, aussi Aroné*'
nien, qui, sous le règne de Constantin Porphyrogénète,
avait tour-à-tour éprouvé les plus brillantes faveurs et
les plus cruelles rigueurs de la fortune *. L'élévation
d'Alexis enflamma la rage des envieux : ils lui sup-
posèrent un dessein formé d'usurper l'empire. Quoique
leurs calomnies n'eussent pas le crédit de persuader
l'empereur, elles en eurent assez pour lui inspirer des
soupçons. Il éloigna Musèle sous prétexte .de l'envoyer
en Sicile ^ pour achever d'en chasser les Sarrasins, '
ou du moins pour conserver ce qu'il en avait recoD*
quis. La malignité de la cabale jalouse le suivit daas ce
pays^ et ne cessa pendant cinq ans d'inventer de nou-»
velles calomnies. On suborna des Siciliens, qui vinrent
à Constantinople donner avis à l'empereur qu'Alexis^
tramait des intrigues avec les Sarrasins pour usurper
la souveraineté. Par malHeur pour l'accusé, la jeune
Marie mourut dans ces conjonctures, et il naquit à l'em-
pereui* un fils qu'il nomma Michel. Inconsolable de la
perte de sa fille, Théophile lui rendit des honneurs
extraordinaires : il fit couvrir son tombeau de lames
d'argent, que l'empereur Léon VI enleva dans Isi
suite; et il déclara que son mausolée serait un lieu
d'asile pour les criminels. Les liens- qui l'attachaient à
Musèle étant rompus par cet événement, il résolut de
s'assurer de sa personne. Il lui envoya l'archevêque
étreîiin de la célèbre famiUe des >Toyes t. i9, p. 358, etp.36«»
Mamîgoniens, dont j'ai ea bien «ou- lît. lxti , § ag et 5o. — S.-M.
Tent roccasion de parler et dans la* > H fat fait stratège et duo de Si-
qoelle le nom de Mosèle on Mou* cile. SrpaTVjfôv xal AoÇxtt SoctXuK
sèle, en Arménien Mousehegk , était ir^piirti. Syméon logoih. Chron, p.
fort commun. — S.-M. 4 1 S • — S. -M.
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(an «35.) LIVRl! LXIX. THléOPHILK. II9
Théodore * pour Tengager à venir à là cour; et, pour
gage de la parole qu'il donnait à Musèle de • le bien
traiter, il lui fit mettre entre les mains une croix qu'il
avait coutume de porter au cou. Mais dès qne Mu-
selé fut arrivé , H fut battu de verges comme rebelle
et jeté dans un cachet. Tous ses biens fuirent cofi'*
fisqués.
L'archevêque ayant oie lui reprodhier feh face, et eil ?^"'* ,
présente du sénat, qu'il avait violé la religion de sa. ThéopMi«.
promesse, il le fit arracher de l'autel où il s'était ré-
fugié, et, après l'avoir fait déchirer à coups de fouets,
il le chassa de Constàntinople et l'exila. Ce traitement
indigne fait à un archevêque exeita l'indignation pu-
blique. Jeàn Lécanomante, alors patriarche, quoique
flatteur corrompu, craignit de la pàrtagter avec l'em-
peneur : il l'arrêta, comme il entrait danâ Sainte^So-
phie, et, devenu comme par mtracle uh nouvel Am-
broise, il lui fi! fté vifs tfeprochesi Théophile se repen-
tit de sa vlolehcé; il rappela Théodore et lui permit^
de retourner à son diocèse. Mais ce prélat se regardant
con^me indigUôdfe reprendre les fonctions du saint
mini^t'ère, après l^afïront qu'il avait reçti, ée démit de
ïepîscopat. L'empereur le fit économe de Sainte-So-
phie, dignité éminente^ et pour lors ëgale e«i honneur
aux plus hautes prélaturés.
Ce repentir de l'empereur s'étendit sur le traitement xxiv.
qu^i! avait fait à Musèle. Théophile^ bouiHaht et impe* retir^dan»
tueux dans les accès de sa colère, ne rougissait pas de ^^^^e^'
reconnaître ses fautes et de les réparer lorsqu'elle était
refroidie. Il tira MusMé de prison et lui rendit tous
1 Surnommé CStritmoè. é-pbéon iogodi. Chron. p. iiê.-^St'M.
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I aO HISTOIRE DV BAS-JBMPXRE. (An 83$.)
ses biens. Muselé ne les reçut que pour s'en défaire.
Dégoûté du inonde 9 élevé de ^obscurité à la dignité
de César et de gendre de l'empereur, précipité ensuite
dans les ténèbres d'un cachot , il résolut de fixer l'in-
constanqie de ia fortune en se dépouillant de toutes
ses faveurs. Après avoir passé par toutes les condi-
tions, il revint à celle où il avait trouvé plus de repos
et de douceur. Malgré les instances de l'empereur,
qui, pénétré de regret, le pressait de demeurer à la
cour et lui ouvrait le trésor des grâces , il se retira à
Chrysopolis ' , et ne conserva de ses biens- que ce qu'il
en fallut pour bâtir un monastère , où il passa le reste
de ses jours dans les exercices de la pénitence. Son
frère Théodore ^, honoré du titre de patrice, le suivit
dans sa retraite, ayant appris par son exemple à fuir
les grandeurs, qui, après l'expérieuce, i;ie leur parurent
mériter que du mépris. . .
Jean Lécanomaote, ancien précepteur de Théophile,
Ambassade fut plus heurcux auorès de ce prince qu'Alexis qu'il
de Jean Lé- .,.. , r^/j'i ^
canomante avâit choisi pour geudrc. Ce mecnaol homme, ^apres
Zon.i.r5*t.îi 2IVOÎ** gâté l'esprit de son élève par son fanatisme hé-
^Cont^Tht^* ''^^'*®9 continuait de le tenir enchaîné par ses impos-
oph. p. 60, tures. Livré à toutes Jes abominations de la plus noire
01. . . ' . .
Georg. p. magie, il gouvernait absolument Tempereur, qui, dans
le dessein de le placer sur le siège de Constantinople,
le donna pour Syncelle au . patriarche Antoine. Théo-
phile était plein.de caprices: il saisissait avec ch^lcHir les
I Dans un monastère impérial, et ri tcS xarà tov ÉXaCav. -^S.-M.
^amXucôv (ikovaoTTiptov, Cont.Theoph. .. * It^esr fioœiné Théodose p^r le
p. 68, qni se trouvait en ce lieu. On continuateur de Théophane , p. 68.
loi donna pour sa subsistance deux II en est de même dans Cédrénos,
domaines appelé» to tcu Bup98(i»(, t. 2, p. 5 a 3, ; — S.-M.
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(An 835.) LIVBiB LXIX^ THEOPHILE. 121
idées les plus bizarres, et rien ne l'arrêtait dans l'exé-
cution. Il lui vint en télé de donner aux Sarrasins
une grande opinion de ses richesses et de sa puissance;
il choisit Jean Lécanomante pour l'envoyer en ambas-
sade au khalife ' Mutasem y frère et successeur d'Aï-
Manioun. [L'ot^jet de cette mission était aussi de traiter
du rachat et de l'échange des prisonniers faits par les
deux partis d^s les guerres précédentes ^, et de ra->
mener le patrice Manuel, dont l'empereur regrettait
vivement la petite ^.] Outre de riches présents pour Mu-
tas^ S [Théophile] mit entre les mains de l'ambassa-
deur quatre cents livres d'or pour les répandre en li-
béralités dans la cour du khalife, avec deux grands
bassins d'or enrichis de pierreries ^. Jean arrivé à
Bagdad fit l'entrée la plus nlagi)ifique, prodiguant l'or
à pleines mains à tous les seigneurs sarrasins qui l'ap-
prochaient. Invité à souper ave^c le khalife, il fait ap-^
porter un des deux bassins pour se laver les mains, et
donne secrètement ordre à sibs domestiques 4e le laisser
dans la salle comme par oubli. Le bassin disparut
bientôt sans rqu^ sût ce qu il était devenu. Comme
j le khalife et toute sa cour vêtaient en mouvement pour
découvrir l'auteur d'un larpin de cçtte conséquence,
Jean pria Mutasem d'arrêter ces perquisitions, traitant
» Le contûraateor de Théopbane, Almotasem Billah jibou-Ishac Mo*
p. 60, rappelle le prince de Syrie :' hammed. Il devait le trône à la gé-
n^ T^ -rite SBfiaC âfX^vm •(airs- néronté desQO WYea Abbas , fiU de
çcOlsv. S.-M, Mamonn. Ce khalife fut, dn reste,-
'KaTàT»;<po)fcocàc^*i*>Xa7Îôu)cat un prince pen digne de régner.—
xpôç Ta X^Ul fAiTôtTo^tïv. Cont. S.-M.
Theoph. p. 74. — S.-M. 5 Qq les appelait en langne vul-
^ Voyez ci-devant, § 1 9> P- ^ * ^» 6***"®» ^ *°'^ ^Xôrra, chemiboxesta,
not. 3. — S.-M. X*P^i^^'5*<'T*- — S^M.
^ Son nom et ses titres étaient
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loa HISTOIRfi DU BAft-lUTPÏAI?. (Aa M5.)
ce vol de bagatelle ^ et disant q«ie soii maitue saurait
bien le dédommager quand il aurait perdu une vais*
selle entière de cette espèce. Le lendemain , invité en-
core à souper, il fit' apporter l'autre bassin encore
plus riche que le premier. Cette opulence causa le
plus grand étonnement. Le khalife, piqâé d'honneur,
lui offrit des bijoux d'un prix inestinab)e^ qu'il s'e^-»-
cusa d'accepter sur la défense qu'il en avait reçue de
son maître. Du moins ne refuserez-Vùûs pas ce que
je vois vous présenter^ lui dit le khalife. En même
temps parurent cent prisonniers grecs superbement
vêtus; Je vous les rfonwe, dit MutaséJUf conduisez^
les a votre maître^ et qi^ il juge si les Musulmans
méritent son amitié. Prince^ répondit l'ambassadetir,
ce présent est vraiment digne 4e vous, eiswptks^se^
en valeur tout ce que vos trésors renferment de plus
précieux. Mais permettez-moi de ne le pas accepter
que fe ne vous aie remis un nombre égatAe pri^
spnniers. -Èà gretce ^jue je vous demande , c*est de
• tes laisser ^ liberté jusqu'au Monïent de rechange.
Aussitôt il fit partir un courrier' pour l'etoiflèréur, <nïi
lui envoya cent Sarrasins. Il furent remis au MaKfe
aussi richement vêtus que les prisonniers 'grecs. Muta*
sem et toute sa cour ne dessaieht d'admtfer Topodeoce
de l'empereur. Jean fut de tous les repas et de tous
les divertissements du khalife, qui prit plâîsïr à lui mon-
trer ses trésors et à le promener dans tqius àfM^ palais. Il
le combla d^honneurs et le fit conduire jusau'aux fron-
tières de ses états par un brillant cortège. Ce fut à ce
prix que Théophile acheta le frivole plaisir d'étonner
les Sarrasins.
LuxJ de Ces richesses auraient été plus utilement employées
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(An «35.) LIVRE liXIX. THÉOPHlLEé ia3
au soulagement de ses sujets. Jean Lécanomante à son Théophile.
retour accrut sans doute leur misère , en faisant naître ^^ gramm.
p. 45o.
au prince de nouveaux projets de dépenses. Il appor- Cedr.t.2,p.
tait le plan d'un superbe palais que les khalifes avaient Manass.p.
fait construire à Bagdad. Sur-le-champ Théophile en GW^p'aSg.
fit bâtir un sur le même modèle ' ; il l'accompagna op^^p^^Sg,
de jardins et de cinq églises , dont l'une fut une des ^^^ ^^ ®*
plus magnifiques de Gonstantinople. Elle était sur- Symeon^^p.
montée de trois coupoles ; fa voûte, entièrement dorée^ 4^> 4^7-
, . Gcorg. p.
portait sur plusieurs colonnes de marbre d'Italie; les 5i6,5ig,
murs étaient incrostés de marbres de diverses- cou^ Genesius, i.
leurs. Vis-à*vis s'élevait un portique nommé le Sigma cod.^rig.*p.
à cause de sa forme; il était soutenu de quinze coloti^»- ^^'
nés de marbre de Phrygie. Ces 'deux édifices avaient
des souterrains de même forme que la partie supé-
rieure. La place devant le Sigma étoit ornée d'une foïi-
taiiie, dont le vaste bassin était revêtu de lames d^ar*
gedt sur les bords. Dans la nouveauté de chaque espèce
de fruits, le bassin, au lieu d'eau, se remplissait dô
firuits de la saison, qu'on abandonnait au pillage du'
peuple, pour le divertissement du prince. Il prenait le
plÀisir de ce spetttade sur un trône brillant d'or et de
pierreries, élevé sur une terrasse où l'on montait par un
grand nombre de degrés de marbre. Au-dessous de son
trône étaient assis les offîckers de sa garde, les magis*»
trats, les chefs des factions du cirque. Le reste des de*
grés servait de siège au peuple, La place au-*déssou$
était couverte de danseurs, de pantomimes, de.bala*-
dins de. toute espèce. Cette place était environnée de
* npo< titt tôv lapfltXYivôt xaT«* édifice s'appelait Patrice , et était
«MiwoOilvtti â^^(tt<nv. Cont. Theoph. décoré de la dignité du. tnétne nom.
p. 64. L*ardiLtecte Ange de cet •-•-S.-M.
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ï a4 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 835.)
plusieurs salons. Dans l'un on rendait la justice , et
l'empereur y présidait pour l'ordinaire; un autre était
l'arsenal. Il y en avait un qu'on appelait le salon de
la pourpre, parce qu'au commencement de l'hiver
l'impératrice y assemblait les dames de sa cour, aux-
quelles elle distribuait des robes de pourpre et d'écar-
late. Il serait trop long de décrire tous les palais que
fit élever Théophile : il y en avait pour toutes les
saisons, où les plus beaux Marbres, le porphyre, les
peintures, les ouvrages de marqueterie, l'or, l'argent,
les. pieiTeries étaient prodigués. Passionné pour les
bijoux, il faisait faire quantité d'ouvrages de ce genre,
aussi pré<;ieux par le travail que par la matière. Les
écrivains de ce temps-là ', aussi frivoles que leur
prince, vantent beaucoup un arbre d'or, sur lequel
des oiseaux dé même métal faisaient entendre un ra-
mage, artificiel , et deux lions d'or de grandeur natu-
relle, dont les rugissements imitaient celui des vérita-
bles lions.
xxTii. Je passe sous silence la plus grande partie de ces
ennemi de u rèchcrches somptucuscs que la postérité adinire lors-
débauche, qu'elle n'cntcud plus les gémissements des sujets qu'elles
ont appauvris. Mais une dépense qu'on né peut repro;
cher à Théophile, c'est celle qu'il fit pour exhausser
les murs de la ville, trop faciles à escalader, «t pour
réparer du côté de la mer les dommages causés par
les glaces, qui, s'étant rompues après un hiver rigou-
reux, avaient ébranlé et emporté en plusieurs endroits
< C*est le continoateur de Théo- les ordres de Théophile : ces dé-
phane, p. 86-91, qui donoe le plus tails sont curieux pour rbictoire de
de détails sur les édifices élevés par Fart. — S.-M.
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(An 835.) LIVRE LXIX. THEOPHILE. laS
une partie des murs et des tours. Il fit aussi construire
un grand hôpital en faveur des étrangers. L emplace-
ment de cet hôpital était auparavant un lieu de pro-
stitution; la débauche y habitait des loges séparées.
Théophile détruisit ce scandale public, qui n était
nullement conforme à ses mœurs : il ne mérita qu'un
seul reproche en ce genre. Il se laissa surprendre par
les attraits d'une des filles du palais ; mais, touché de
la douleur qu'en conçut l'impératrice, il rompit aussi-
tôt ce commerce, fit excuse à Théodora, et fut dans la
suite hors d'atteinte à la séduction.
Le patriarche Antoine mourut après quinze ans a» ^^
d'épîscopat. Pour parvenir à cette dignité, il s'était N^Veïe
mis à la tête du parti iconoclaste ; mais, après l'avoir P«"*cution.
obtenue, l'ardeur de son zèle s'était refroidie. Livré à p^îsS^îS?!
ses plaisirs, indifférent sur tout le reste, il ne maltrai- cedr.tf^i
tait les orthodoxes que par ses mépris. Son succès- '**^'*-
seur, Jean Lécanomante, ayant enfin reçu la récom- Zon.i.il,t.a,
pense de ses fureurs , voulut montrer qu il en était Manaas. p.
digne, et la persécution se ralluma avec plus de vio- loi.
lence que jamais. Il ne lui fut pas difficile d'embraser ^a^.
Théophile, naturellement ardent, et auquel il avait, Snt^iil-*
dès l'enfance, soufflé le poison de l'hérésie. On vit^'^^'^^y^
bientôt paraître un édit qui ordonnait de briser, d'ef- ?J°*^°' P*
lacer, de brûler, de détruire en toute manière les j^®"*- p-
images qu'on avait rétablies en quelques églises, et qui Sao. 5a4,
défendait sous les peines les plus sévères de leur rendre Said.
aucun culte, soit en pubHc soit en particulier. A ce c^ulsk^/i
signal, les prisons s'ouvrirent pour se peupler d'ortho- ^J^jj,^^' ^'
doxes: les fcuets, les chevalets, les feux, tous les in- La»«>. a3
struments de supplice se préparèrent dans tout, l'em- vîta Thcod.
pire. Constàntinople surtout était remplie d'espions, Sar. aôdéc.
ViU Joanni-
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126 HI6TOIRK I>U BAft-EXPlUK. (An s^,y
cu,ap. Sar. de délateuTs, qui, pénétrant dans rintérieor des fa*
Fiet^Tiist. milles, ne cherchaient qu'à surprendre la piété des
^art^Si'tl' ^^^^^^' Théoctiste, belle -mère de l'empereur, osait
44, 45. seule lui reprocher sa fureur impie et l'avertir de la
haine qu'il s'attirait. Il méprisait ses remontrances;
mais la vénération publique, qu'elle avait méritée par
sa vertu, la mettait à couvert des emportements de son
.gendre. Il se contenta de lui enlever d'entre les mains
ses filles, qu'elle élevait dans les pratiques de l'église,
et de défendre qu'on les menât chez elle. Il ménagea
moins l'impératrice: ayant appris qu'elle honorait les
imagés en secret, il entra furieux dans son a^parte-
tement, la traita d'idolâtre, l'accabla d'injures, et se
serait porté contre elle aux derniers excès si elle, n'eût
eu recours au mensonge pour l'apaiser. Tant qu'il
vécut , cette princesse prit le plus grand soin de cacher
son respect pour les images.
Tr^tement ^^^ prisons furcnt bientôt remplies de fidèles de
fait aux toutc Condition : elles devinrent le séjour ordinaire des
évêques, des prêtres et surtout des moines. Comme
c'étaient les plus zélés défenseurs de la foi de l'église,
c'étaient aussi ceux que Théophile poursuivait avec le
plus d'acharnement. Us furent chassés des villes avec
défense d'y rentrer, et les monastères, réduits en so^
litudes,. furent abandonnés aux séculiers. Ils n'étaient
pas même en sûreté dans les campagnes. Poursuivis
partout, ils ne trouvaient de retraite que dans les lieux
inaccessibles, entre les rochers, dans les cavernes, au
fond des précipices, où ils mouraient de faim et de
misère. Qaelquei-uns quittèrent leur habit pour être
méconnus ; mais , privés de pieuses instructions et de
bons exemples, ils passèrent des austérités du cloître
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moines.
(An 836.) JJ^M l»X.. TSBéOP«IUI. I27
au relâchement et wûn à la débauche. U y en eut
d'assez hardis pour s'adresser à l'empereur même pour
lui Élire l'apologie de la vie.moiiastique, en lui repré-
sentant la sainteté de cette institution^ née dans la
ferveur des premiers siècles, féconde en vertus et en
doctrine , illustrée par tant de saints , et d'autant plus
parfaite qu'elle s'impose pour loi les conseils mêmes
de l'évangile.- Théophile s'ëtant plusieurs fois repenti
d'avoir eu l'imprudence d'entrer en dispute avec eux »
sur la question des images, prit ensuite le parti de les
renvoyer à Jean Lécanomante. Mais celui-ci , confondu
lui-même, malgré les subtilités de sa dialectique, don-
nait toujours en dernière réponse l'ordre de conduire
au cachot. Le monastère entier des abrahamites étant
venu faire au prince de sages remontrances, il les
chassa de la vdle, et les fit conduire au bord du Pont-
Euxin, où il furent assommés à coups de bâton. Dans
ce siècle d'ignorance, ainsi que dans les suivants, les
doitres conservaient quelques étincelles des arts, des
lettres et des sciences, presque entièrement éteintes
partout ailleurs. Un moine, nommé Lazare, peintre
estimé en ce temps-là , fui accusé de ne s'occuper qul^
peindre des images. Théophile le fit déchirer à coups
de fouet; et, pour le mettre hors d'état d'exercer son
talent, il lui fit brûler le dedans des mains avec des
lames de fer rouge : ce qui n'empêcha pas que Lazare,
étant guéri, ne continuât de peindre, autant qu'il en
^vait la liberté. Après la mort de Théophile, il entra
en faveur auprès de Théodora, et ce fut par ses mains
que Michel IIJ fit porter à Rome les présents qu'il
faisait à saint Pierre.
Entre les moines défenseurs des images, les plus ce- soi^fraoce»
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1(26 HISTOTRB OU BA.S-3EMPIAE. (An 836.)
deThéodorfr lèbrcs étaient deux frères,' Théodore et Théophane.
Tkéopkine. Hs étaient venus de Jérusalem exprès pour soutenir
le dogme orthodoxe. L'empereur les fit amener devant
lui, et voulut d'abord les intimider par un ton me-
naçant; mais les voyant intrépides, il feignit de s'a-
paiser, et leur commanda avec douceur de lui citer
les preuves sur lesquelles ils fondaient le culte des
images. Comme ils s'appuyaient sur des passages de
l'écriture qui ne se trouvaient pas dans le texte que
leur présentait l'empereur, ils envoyèrent chercher le
manuscrit de la bibliothèque patriarcale, et firent voir
sensiblement à Théophile que le sien avait été falsifié
par les iconoclastes. L'évidence de la conviction , au
lieu d'ouvrir les yeux au prince obstiné, le mit en fu-
reur ; il les fit en sa présence accabler de coups de
bâton; on leur imprima sur le front, en caractères
ineffaçables, de méchants vers, dont le sens était que
ces scélérats, chassés de Jérusalem pour leurs crimes,
s'étant réfugiés à Constantinople , en avaient été ban-
nis pour de nouveaux forfaits. A cet ordre cruel,
Théophane se tournant vers l'empereur : Prince^ lui
dit-il, vous avez raison de vouloir que V impression
% en soit durable ; vous serez un jour obligé de les
lire deifunt le tribunal du soui^erain juge. On les
relégua dans la ville d'Apamée en Bithynie , où ils fu-
rent renfermés dans une prison. Théodore y mourujt
des traitements barbares qu»'on ne cessa de leur faire
éprouver: mais Théophane survécut à Théophile; et,
la paix étant rendue à l'église, ce titre calomnieux
qu'il portait sur son front devint un éloge respectable:
il fut fait archevêqne de Nicée.
XXXI. , '■
, Rappel de Méthodius, enfermé pendant sept i^ns dans un sé-
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(An 836.) LlVltf LXIX. THEOPHILE. lag
pulcre, en avait déjà été délivré par un caprice singu-
lier de Théophile. Ce prince, plein de feu et de viva-
cité, était curieux , de cette sorte de curiosité vagge
qui dévore tout sans rien digérer. Il lisait des livres de
toute espèce. Il lui en tomba un entre les mains rem-
pli de questions difficiles, on ne dit pas sur quelle
matière. Jean Lécanomante et le philfsophe Léx)n,
qu'il consulta, ne purent lui fournir d'éclaircissement.
Un de ses chambellans, qui aimait Méthodius, prit
cette occasion de le faire connaître au prince. Il lui fit
réloge de sa sagesse et de Fétendue de ses connais-
sances. Théophile fit porter à Méthodius les questions
qui l'embarrassaient , et il en reçut une solution sa-
tisfaisante. Charmé d'avoir découvert un si. habile
homme, il donne orjre de le tirer de son sépulcre et
d(e l'amener au palais ; il lui assigne un logement avec^
une pension honorable. On rapporte que le criminel
enfermé avec lui depuis tant d'années refusa de sortir
en même temps de cet horrible séjour, où il avait été
converti par les discours et par les exemples de Mé-
thodius, et que, par esprit de pénitence, il se condamna
lui-même à y passer le reste de ses jours. Méthodius
ne fut pas long-temps sans tomber dans une nouvelle
disgrâce. On avertit l'empereur qu'il dogmatisait en
faveur des images, et qu'il avait déjà inspiré ses sen-
timents à plusieurs officiers de la cour. Outre.de colère,
après l'avoir accablé de reproches, il le fit fouetter
avec violence et descendre dans une cave du palais^
pour y être enfermé comme dans le tombeau qui lui
I avait si long-temps servi de demeure. Quelques amis
I l'ayant retiré pendant là nuit, et transporté chez eux,
l'empereur confisqua la maison; Cependant quelque
Tome Xm. 9
I
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l3d HfSTOIRH.DU BA'S-EMLPIBC:. (An 836.)
tempe après, le besoin qu'il croyait avoir des lumières
de Méthodius, l'adoucit à son égard. Il le fit revenir.
Uvprenait même plaisir à l'entendre expliquer les pas-
sages de l'écriture que les iconoclastes citaient en
leur faveur. Il se faisait accompagner de Méthodius
dans ses expéditions; en sorte que, sans abjurer l'hé-
résie , il deviill: beaucoup moins ardent à la soutenir
et à persécuter les orthodoxes.
Aii853. Après la retraite de Manuel , l'armée sarrasine , dont
xxxn. il avait eu le commandement, demeura campée en
Commence-
ment des Cappadocc, cu attendant denouveaùx ordres du khalife.
Patz^aces. ^ . ••/« .,,. , -, «
Cedr,t.2,p. ^® pnnce, irrïte d avoir été joué par Manuel, envoya
Cont^ The- ^^ uouvcau général pour achever la campagne. L*em-
opb. p. 76, pereur,- de son côté, opposa aux Sarrasins les troupes
Const. qu'il avait en Asie. Mais les deux^armées , après divers
Porph.de ^ . . , , « . .
adm. imp. mouvemcnts , craignant également d en venir aux mains,
De oJiliies, ^e retirèrent sans combattre '. Dans ce même temps,
H^ns,t*â, '^ ^^"^ ^®* Khazars [et un autre chef de cette nation,
ni riJe'in ^^^^^ ^^ ti^^® ^^ P^<^h *], alliés de l'empire , en voyè-
Y tes détails donti^ ci-dey. § 14, peck, qne pteiiait an anlre piiiiee
p* lo^y not. a, fit ceux qa*on lira Uiazar, ce doit être sans auem
^ ci*9près, S 34, p. i35, not. i, font doute le titre de ieà on hegk , en
voir qu'il faut réformer la date don- usage encore à présent chez les Tares,
née jusqn'à i^ieot aux .évéliemènfs oh il signifie seigneur , prinee , «i
racpiités dans ce présent paragraphe, qui s'est changé en ifey dans la pro*»
n £iut donc mettre en l'an 836 la nonciation vulgaire. lies auteurs
fondation de la tille de Sarcel , pla* arabes nous apprennent aussi qo» les
cée jusqu'à présent en Tan 83$. — ' Khazar^obéisaaientégalementàdeox
— S.-M. princes, le khakan, -dont raatorltë
"' > Xa'Yflévoç Xa|[apiac xai 6 Héx- n'était que nominale , et an régent
Cent. Theopb. p. 76. J*ai expliqué ou lieutenant du k];ialcan, qualifié
ailleurs, t. 9, p. 3 5 9, not. 3, liv. par les Khazars du titre de àhoAan-
X1.1X, S 36, l'origine du titre de 5tf A; c'est là, je n'en doute pas, le '
^fiaàan , porté par les princes des peeh des écrÎTaiiis byzantins» Yoyés
Khazars et de toutes les nations Mouradja d'Ohsson, Voyage d'A<^
d'origine turqne. Pour le titre de bourkassim, p. 34 et 35. C'était lui
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(An ^6.) LnM: IiXÏXi TWiOPniLE. ïâï
neaat une ambassade à GonslaiitïAoplêf. tls Vddki^ôi adnotin
«ngager l'erapereur à se joindre à eux pour écattet les Geo^* ad
FataÂnaceSc Cette nation barbare , inconnue jusqu'alors^ ^**''***
habitait entre le Volga et le Jaïck '. S'étant multipliécî ^
elle cemmènçait à se moîttrer sur lès bords du Tai^is,
et fitisait craindre utfe invasion sélttbïabïe à celte dés
Khaears eux-inénies et de tant de peuples septeiitrio'-
ttaust* qui, des bords de la mer Caspienne, s'étaient
a^tanôés?^ en diffétients temps, josqtite sur le Danube^:
Le âosphéré Cimmérien, exposé à cette incursiotï,
était alors posséda par les Kbatars 4; mais Fenipfrfe
y cotfset^it la vîHeide Gherson, placfe impeniante
vers Téntréé de la presqu'île; et^ par cette raison, il
vivait un in'té^èl commun avec lies Kbassars. L'empe*
r^Cttr y [envoya son premier écuyer [ou spatharocandH
datte ^], Mmme [Pétronas} Camatère ^^ qui can-
liiMiWfigt le pays -j i* lui donna tin [détachement de là]
flotte [îinpérialé 7] avec quelques troupes [conduites par
kl eàto^^iànàsitit de la Paphlagouie ^], pour aider les
qnî avait tout le pouvoir. îl a déjà pois le Danube jusqu'au Tanaïs. Us
étéijnttrtioà ûeté aétoéà piiftiée dM étaient alors une nafion redoutable
KhaiiM^, iUrâéti t. ii,p. ïij , not. .©t utile àdx empereurâ dé Coiistan-
6i m.'t^tt , S 1 8i ^ SF.-SI. * tmople. — l^M.
'• » Oî 1ia^i^oix{rxi tcij^ Apx^ç 4 Le* KMiârs placèrent des gdu-
tfe «rWttOTfliiAè^» kt^ ^ ftÔTÔV ixoi vemeurs dans Cheràon et les autre»
itàttàiXtW aptovcftç 9kr%àk êCç tfev ^- viflès grecque* du ^ont-Euidn et des
»rtk(tô¥ tefii.CùùÉt: Pofph. Z)» ôrdin. Paltfs i^édtides. Voyeàs cî-dev. 1. 1 i
i»iJ^/6. Sfif. -^ 8..M. p. -14, ilôt, i, Kv. Lxîi , ^ 46. '^
'^ Onie^pfùs eii détaril ce qài S.-M.
éèitcenië r^rigine et leà étatlîssc- ^ ^g^j^Ç^j^p^^^^^j^^^ç»^ g j^^ •
■écrits dé Oette nation, ci -«près, <> nstpwvâv toû 8irovofi!,fltÇou.Évou
fit. lùtadtt,S lî.*— S.-M. Ka|ioîTepôS. Cont. Theoph. p. 76.
' A« tetop» de Constantin Po* — S.-M.
pfif^togéiiète, c'est-ik^are un éîècle ^^ Merà xeXav<^îwv PaatXutorXwf-
aprèè Pépoipie dont il a'ftgit Ici, leA ^n. Ck>nt. Theopb. p. 76. — S.-M.
Paceintfces étendirent ledr pnissarirê * KotirsTavw tïjç na^Xavovio;.
sur les denx rives du Borystène, de- Coùt. Theopb. p. 76. — S.-M.
9-
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l3a HISTOIRE DU BA:S*mPfRfi. (Ab 836.)
Khaïars à fermer lé passage aux Patzinaces. Gama-
tère , arrive à Cherson , y laissa les vaisseaux de
guerre ' et fit passer ses troupes dans des bateaux
plats ^, qui seuls pouvaient naviguer sur les Palus
Méotides et entrer dans le Tanaîs. Ayant remonté le
fleuve jusqu'à quelque distance de son embouchure ^^
il travailla , de coiicert avec les Khazars , à constraire
un fort capable de tenir en respect les barbares de ces
contrées et de défendre le passage. Comme les environs
ne fournissaient aucuns matériaux, on fit de la chaux
a^ec le gravier 'du fleuve et des briques avec la terre
du lieu même, ce qui rendit le travail plus long; mais
l'ouvrage n'en fut pas moins solide. Ce fort se nomma
Sarcel, ce qui en langue khazare, signifiait Maison-
Blanche *. M. de Tlsle, célèbre géographe, prétend
que Sarcel fut bâtie, non pas sur le grand Tanaîs,
qu'on nomme aujourd'hui le Doii , mais sur le Donez,
que les anciens nommaient aussi Tanais, et que c'est
la ville de Russie nommée maintenant Biélogorod , ce
' Tàç (Aoucpàç rfiti^tles -vaisseaux De adm, întp, c. 4^. On verra dans
Ib/t^^.Cont. Tfaeoph. p. 76. — S.-M. la note suivante que les anciens
> Êv ar^offiXaLiç vauat, dans des Russes ont rendu ce mot par Biela
vaisseaux ronds. Cont. Theoph. peja , qui a le même sens en leur
p. 76. — S.-M. langue. M. Klaproth a lait voir
3 Selon Constantin Porpfayrogé- qu^ll en pouvait être de n^éme dans
nète, De adm, imp, c. 4a, il y avait la langue khazare, et que ce nom
soixante journées de chemin depuis s*expliquait fort bien par les idiomes
le Danube jusqu'à Sarcel. — S.>M. finnois auxquels devait] se ratta-
4 To xacrrpov ^ep out» SapxeX xx- cher la langue des kjbazars. Sar en
TOvo{xoSIeTai , ^€p lp|4.iiveu6Tai |4.àv vogoul et chouro en tchnvach ai-
Aeux^vcixviuLX. Cont. Theoph. p. 76, gnifient bianc^ et ieli, Jkol en vo-
Ce nom est écrit par erreur Mar- goul , et âU en tchuvach signifient
eei dans le texte et dans la tradnc- maison. Anci^ Journal asiatiqne ,
tion latine de Cédrénus , t. a , p. t. 3, p. 139, et Ifout^eau Journal
5«8. ÉpaDveûtTat ^è irapà aùroîç rà asiatique ^ t. i, p. 418. — S.-M.
SttpxsX AoTrpovôtnTirtov.Cont. Porph.
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(Au 8S6.) LiVRB LXI^L. THÉOPHILE. l33
qui signifie stuslsi Maison Blanche ; mais cette opinion
me paraît moins vraisemblable^' que celle que j*ai
suivie ^. 11 y avait toujours une garnison de trois cents-
Khazars ^. Camatère, de retour à Chersou, fit sa-
voir à l'empereur que , pour s'assurer de la conserva-
tion de cette place importante 4^ il fallait y envoyer
un gouverneur, et qu'il était dangereux de la laisser
à la disposition des habitants, comme on avait fait
jusqu'alors ^. L'empereur approuva cet avis, et nomma.
^ La ville de Biélogorod est située
près des sources du DoDez, à une
très-grande distance de Feinhouchare
du Don , dans une position qni ne
peut s^accorder en rien avec ce qui
est dit dans le texte dn oontinnateur
de lliéophane, qui Indique Lien
clairement que Sarcel n*étaît pas
âofgnée de Tembonchure duTanaïs,
dans les Pains Méotides. — S.-M.
3 L'opinion adoptée par Lebeau
est maintenant établie d'une manière
incontestable. M. Lebrbèrga prouvé,
dans un mémoire spécial sur la si-
tuation de cette forteresse, inséré
dans un recueil intitulé en allemand :
-Untermchungcn zur Erîœuterung
der œlteren Geschichte Russlands,
PéteraboUrg, in- 4°, 1816, que cette
TÎlle était réellement située sur les
bords dn Don. Il fait voir que celte
forteresse fut nommée en russe Bie-
lavejay ce qui signifie Habitation
èlanehe. Cette ville , selon les an-
nales rnsses,fnt conquise en Tan 90 5,
par le grand duc Svietoslaw, fils d'I-
gor, qni battit le kbakan de» K.ha-
asars. Un voyageur russe, qni se ren-
dait de Moscou à Constantinople en
descendant le Don , passa devant ses
ruines en Tan 1389. ^^^ ^'^^^ ^^^
la rive droite dn Don^en un lien nom-
mé Bielaveja ou Trakh-Ostrovions-
kaga,'à une petite distance de Tan-
cienne ville de Tcberkask, cbef-Ueu
des Cosaques du Don. Voyez , an
sujet de cette ville, un mémoire de
M. Klaproth, inséré dans VAncien
Journal asiatique , t. 3 , p. 1 59 , et
l|n autre mémoire dans le Nouveau
Journal asiatique , t. I, p. 4*3-—
418.— -S.-M.
3 Êvôa xxl Xaîjapwv TaÇtôrav xa-^
ÔElJovTat rpiaxccioi xarà xpo'vov IvaX-
Xaqacfi.evQt. ' Cont. Theoph. p. 76.
— S.-M.
4 Le continuateur de Xhéopbane ,
p. 76, dit qu'elle était sur la fron-
tière qui séparait les Khazars des
Patzinaces : Êori Bï xai xaràTOvTà-
vaïv -ïTCTapt.ov, oç tow; ts narÇivoucC-
Ta; ftvTsOôev , xai oùtoùç ^1619*)^^ toÙç
Xaîîàpou; exetôev. — S.-M.
^ Jusqu'à cette époque, la ville de
Cherson, plus ou moins dépendante
des anciens rois dn Bosphore , des
Gothsy des Huns, des Khazars et de
tons les barbares qui s'étaient sue-
cédé dans la possession des plaines
de la Tanride , avait conservé Itk
formes antiques de son gouverne-
ment répubUcain,qu'elle tenait de ses
fondateurs grecs. KUe avait un pre-
mier magi8trat,appclépiimaton|irû-
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l34 mSTOmiK I^U B^r£jtfPItt«t (Aa8a&)
CafîïAtère lui-même % avec ardre a«x Cbersc^ites de
Iqi obéir. Ce fut la première fois qu'ils reçurent u»
gouverneur ', et Ton co&ttima dans la 3uîte de leur ^i^
envoyer de Constantinople. «
xxxiii. Jj^ auteurs de ee temps-là rapportent un fait pei>
Hardiesse . xi/./« • i
d'uQ important, a la vente, mais qui peut trouver quelque»
^arreur. pj^^^ j^^^ l'h)§toipe de3 ftrts. Dans la place nojaxoé^
p. 456. l'Augustéon était une statue équestre de Jus|:inien ^
427* * pi^çee sur une colonne fort haute. Le cimier du casque,
52.5. qui était de bronze doré ainsi que la statue , fut abattu
par le vent. Comme on préparait un grand échafau-
dage pour atteindre à cette hauteur, un couvreur pro-
posa d'épargner cette peine et cette dépense, et dit
qu'il n'avait besoin que d'une corde et d'un javelot.
Étant monté sur le toit de Sainte-Sophie, qui ri^eu
était pas éloignée, .il attacha la corde au javelo,t, et,
le faisant partir d'une machine avec roideur, il l'en-
fonça dans la statue. S'étant ensuite coulé le long de
la corde, il replaça le cimier du casque. L'empereur
récompensa de cent pièces d'or son industrie et sa har-
diesse.
An 837. Les Sarrasins, en perdant Manuel , semblaient avoii*
'rLéophiie perdu leur courage : il se tenaient renfermés dans leurs
^tu7i*vai«" l™**^- Théophile, profitant de leur inaction, se met
Cedr.t.2,p. à la tête de cent mille hommes et va fondre dans la
5a8, 529.
M0teiir,engrcG6>j'YO(AevoçnfiaTeu«»y, de cette république; t. i , p. 3a€i»
igni administrait les aflfaireft de coii<- aot. i , Uv, y, § 17, et t. zi,
oert avec les principaux de k- ville , p. 74 , not. i , liv. i*n, S 40. —
(scrà Tttv irars^uv rvic nokitùç t« S.-M.
^étvoL iJrv ^lOUGÛv* Cont. Theoph. p. ' L^eppereur 7 ajouta le titre 4c
^. Il est souvent question , dans protospalbaire , on grand-écuyer. .
Constantin Porphyrogénète ^ Dp — S. -M»
iMtfjjR. inip, c. 53, de ces pcemiers ^ STpariK^o;..*-*- S.-M.
wagistrau de« Chersonites. J*ai parlé
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(An 837.) LIYBE LXIX. THEOPQILE. l35
Syrie^. Il porte partout le ravage, pénètre jusqu'à
TEuphrate, prend et pille Samosate, assiège Sozo-
petra ^j autre ville de la Coraagène , où était né le
khalife ^. Mutasem, alaqmé du péril de sa patrie, se
voyant pris au dépourvu , sans avoir eu le temps de
rassembler ses troupes , écrit à Théophile , le priant
avec instance d'épargner cette ville qui lui était chère :
Cest mon berceau , lui disait-il ; je vous abfxndon-
neraU plutôt une pronnce entière; songez qîie^ si
je suis surpris aujourd'hui ^ je serai demain en étcU
de me venger. L'intérêt que le khalife prenait à cette
ville ne fit qu'animer davantage l'emperepr à la dé-
truire : il la prend de force, la saccage et la ruine.
Les hommes sont passés au fil de l'épée ^ ; les femmes
Zoii.l.i5,t.9,
p. i5o, i5i .
Léo ^Hmin .
p. 453.
Cont.
Theoph.
p. 77. 7«-
Sjmeon , p.
431, 4a2.
Georg. p.
519, 5a2.
Genesios ,
1. 3, p. «7,
3o.
Abulfarage ,
chron. arab.
p. i65.
Elmacin,
bist. Sar. p.
14a.
' JElmacm , Hist, tarae, p. x4a 1 et
Aboa'lfaradj dans «a Chronique arabe
p. 16S, s'accordent à placer en^%%
de rb^re (f 4 d^embre 836 , — 3
décembre 837 ^^ J.-G.) cette expé-
dition de Temperear Théophile. Lenr
témoignage est cenÔnDé par Aboa'-
Ueda i Jnn» musL II , 1 7 1 , qui pbice
en Van aa3 (3 décembre 837, -^
novembre 838) la prise d'Amoriam,
qui fat conquise par les Arabes Tan-
née suivante. U est appnyé encore
parle récit d*AboaUfaradj , qui , dans
sa Chronique syriaque^ p. i58 ,
place également la prise de Zobath-
rab en l'an 1x48 de Tère des Sélen-
ddes, 836 et 837 de J.-C., et la con-
quête d'Amorinm , en Tan 11 49 ^^
Sélencides, 837 et 838 de J.-C. —
— S. -M.
> 2<i>^oir^Tpoiç,dans le continuateur
de Théophane, p. 77; Cédrénus,
t. a, p. 528, et Zonare, 1. i5,t. 2,
p. x5o. Elle est nommée Za^er^cv
par Syméon logotbète , Chron. p.
4 ai, et dans Léon le Grammairien,
p. 443 ; elle est appelée par erreur
• ôj[oircTpa dans Génésius, jl. 3,p. 3o.
Les Arabes rappellent Zobathrah»
Oi^e connaît pas la situation exacte
de cette ville qni n^existe pins. —
3 Ttjv StûîJowiTpav ixiroXio^îciiaoïç
iraTpi^a -ru^^avouaav to3 Afxspa-
potmic. Cont. Tbeopb. p. 77. Les
auteurs orientaux ne disAt lien de
pareil. H se peut que le khalife Mu*
tasem soit né effectivement dans
cette ville I on dans la partie de la
Syrie on elle se trouvait. Selon eux,
la ruine d'Amorinm , Tannée sui-
vante, ne fut causée que par I0I
cruautés inouies commises par les
Grecs dans toutes les villes qa*i]s
avaient conc[uîse8. — S.-M.
4 Selon Abou Ifaradj , Chron, sjrr.
p. i58, les musulmans , les chré-
tiens et les juifs y furent traités avee
• nne égale cruauté. — S.-M.
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SéititioQ des
l36 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 83^.) |
et les eufaQts traînés en esclavage. De là Tannée marche ^
à Malatia , qui ëtait l'ancienne Melitine. On y fait un
grand carnage ' : mille musulmanes sont emmenées
captives. Théophile retourne à Constantinople , fier
d'avoir causé au monarque sarrasin un chagrin si sen-
sible ^.
Sa joie fut bientôt troublée par un événement qui
soldats pouvait avoir dies suites fiihestes. Il avait laissé Théo-
phpbe à la tête des Perses, pour les conduire à Sinope
en Paphlagonie, où ils devaient passer le quartier
d'hiver. Ce corps s'étant accru successivement par les
fugitifs de Perse, montait alors à trente mille hommes ^.
Arrivés à Sinope, mécontents de ce qu'on différait leur
paie, ils se mutinent et proclament Théophobe em-
pereur ^. Ce fidèle officier rejette cet honneur crimi-
nel , il refuse constamment de se rendre complice de
leur révolte; il les menace des châtiments sévères que
. méritent des rebelles; rienrne peut les calmer; ik len-
vironnent , ils s'écrient^: Cest à vous à nous mettre
à couvert; nous n'aidons point de grâce à espérer de
V empereur. Une révolte^ dès qu'elle est déclarée y
ne peut échapper à la punition que par le succès.
ThéopRobe instruit secrètement l'empereur de ce qui
se passait à Sinope; il lui jure qu'il souffrira plutôt
mille morts que de lui manquer de foi. Théophile lui
^ » Selon Abon'lfaradj, Chron.syr. ^ Etç Tpeîç {wpia^ac iXtiXcoUv*»-
p. i58, les Arabes perdirent quatre Cent, Xheophi p. 77. Voy. ci-dev.
mille bomines dans ce combat. -S.-M. S ^ » P* 93. — S.-M.
> La plus grande partie de ces 4 Selon Génésîus , 1. 3 , p. 97' '^
détails militaires sont tirés de Tliis- le procbmêrent roi ponr lenoafe-
torien arabe Elmacin, Ufsi, sarac. 1er la monarchie persane. BfltOiXtft
p. 14a. Voyes aossi la Chronique xvipûrrcuatv* Âc jx toutou xai TaUip-
sfriafU0 d*Ab«a*liara4j » p. x58. -^ owv xa(vi^o6ou fOipia. •— S.-M.
S.-M. ^ ' .
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(An 837.) LIVRE LXÎlX. THÉOPHILE. I Sy
répond qu'il est content de sa fidélité, mais qu'ildoit
au plus tôt se tirer *des mains des rebelles et revenir à
Ja cour/Théophobe s'échappe et se rrtid auprès du
prince , qui le reçoit avec toutes les marques de bien-
veillance '. II veut même en sa considération pardon-
ner aux Perses , et les fait assurer d'une pleine et en-
tière amnistie ; mais il leur ordonne de sortir de Sinope
[et d'Amastrie ^, qu'ils ocOTpaient], Déconcertés par
la fuite de Théophobe , ils obéissent ; on les disperse
en différentes provinces, deux mille dans chacune,
sous des officiers grecs , qui éclairaient leurs démarches
et rompaient leur concert. On les incorpora même à
d'autres troupes, ensorte qu'en peu de temps ils se
naturalisèrent et oublièrent jusqu'à leur origine. Malgré
le bon accueil que l'empereur avait fait à Théophobe,
il lui resta au fond du cœur un aiguillon de jalousie
qui se manifesta au moment de sa mort , ainsi que nous
le verrons dans la suite.
La destruction de Sozopétra mit le khalife en fureur : ah 838.
il résolut de s'en venger sur la pairie de Théophile. 1^,8™;^^,
C'était Amorium, où était né Michêl-le-Bègue , ville '^^'^^^i^J**
alors la plus grande , la plus peuplée et la plus riche l«h> gramm.
de l'Asie-Mineure^. Il fit venir des troupes dé toutes cedr.t^a,'p.
les provinces de son empire et du fond rilême de l'A- ^l^l **^^-
fipîque *. Les khalifes n'avaient assemblé depuis long- '''^^^^^'^'
» Selon la chroBÎqiie de Syinéoo 1. 3 , p. 27. — S.-M.
le logothète, p. 4aa, ThéoplMle ^ Selon Ahon*l£indj , Chron , syr.
ferait yena laî-méme en Paphlago- p. iSg, elle avait remplacé la ville
nie , ponr arrêter les progrès de cette d*Ancyre dans la qualité de métro-
r&elïîon et pour empêcher les Perses pôle de la Galatie. — S.-M.
de se f oindre aux Arabes. On voit 4 Êx re BaêuXwvia^ xal 4>civîxv)ç ,
la même chose dans la chronique xai KciXriÇ Supiaç, naXaiortvTiç re,
de George , p. 5aa. — S.-M. xal vnç xare» At€6v);. Cont. Theoph.
> On apprend ceci de Génésins , p. 78. La force de cette armée, selon
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l38 HISTOIKB DU BAS'lMPlWB. (An 83g.)
Theoph.p. temps une si nombreuse armée '. Pour annoncer sa
78 et seq.
Symeon, p. résolution , il fit écrire au milieu du bouclier de chaque
Georg. p. soldat le nom d'Amorium^ L'année, divisée en plu-
Gene^ 1. 3, ^îcurs corps ^ pénétra dans le pays par différents défilés
^'seqq. ^^ ^Htre Ics moutagnes , et prit en chemin plusieurs villes.
cb-on^'afaV ^ rcndcz-vous général était à Tarse. Pour arrêter ce
p- ï^- torrent, Théophile s'avança jusqu'à Dorylée, à trois
hUt. sar.'p. journées d'Amorium *. On lui conseillait d'éviter une
Oratio' in action avcc Ics Sarrasins , beaucoup plus forts en nom-
«itotioni» bre , d'évacuer Amorium, et d'en transporter ailleurs
A™af c"^- ï®s habitants. Il rejeta ce conseil comme une lâcheté
BoUanïlicta honteusc. La ville était bien fortifiée ; il dotma ordre
4a martyr, 6 Jg préparer tout ce qui était nécessaire pour une vi-
goureuse [défense. Il y envoya de bonnes troupes sous
le commandement du patrice Aétius ^, auquel il joignit
les plus braves officiers de son armée ^. Le khalife, ar-
rivé à Tarse, résolut de combattre Théophile avant
que de commencer le siège. Il détacha cinquante mille
hommes, entre lesquels étaient dix mille Turcs ^, et
mit à leur tête son fils Ouatlieq^ avec [l'émir de Méli-
tène, à cette époque le plus brave et le plus célèbre
AbouUfaradj , dans sa (^ironique sy» 4 Théodore Cratère dont il a été
riaque, p. iSg, était de deox cent question cî-dev., g i5, p. ^07, un
vingt mille hommes. — S.-M. nommé Théophile et Baboatak.-—
ï Selon Abon'lféda II, 171, il se S.-M.
mit en marche pour cette expédition ^ Ces Turcs, dit Génésius, 1. 3,
le a8 de djonmady i^**, de l'anaaS p* 32, étaient venns des contrées
deThégire, le 27 $ivril 838. — S.-M. les plus éloignées vers Torîent. 2ùv
» Tpiûv iQ{Ai^pO{Aiûy i70^^(i> ITOU ToTç àvaToXixoTaTOtc Twv àv^pcxôv
Toû Afi^opiou ^(xxEtp.tvov. Cont. Toupxcâv. — S.-M.
Theoph, p. 78. — S.-M. 6 Ou plutôt Haronn, qui fut
3 II était commandant du thème nommé plus tard Wathek. Voyex
anatolique. Çont. Theoph. p. 78. ci-devant, § 19, p. ix3, liot. 3. —
—S.-M. S.-M.
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(An B3«.) WVM hXlX, T0ÉOPHIZ.E. iSq
des guerrier^ arabes S suivi de toute Farinée d'Ar-r
méaie'', conduite par Je prince des prince»^, qui était
alors Seiiîtbal*, le chef de la race des Bagratides^ et
lesjtroupes du chef arménieivdu Yaspourakan ^. Cette
puissance r^onnaissait pour chef réel le Turc Aph^
sehia, le plus illustre et le plus habile des généraux
HUisulmans 7, qui avait rendu le plus signalé des ser«>-
ifices a^u khalife, par l'entière destruction de Valsek et
des Perses rebelles qui avaient si long-temps menacé
1 Ap.cp Tnvixxûra McXiTivriv ^tt-
wovxoç. Gen«8. 1. 3, p. 3a. L*ëiDir de
MâUène , dont il « déja^é question
ci-devant, § x4» ?• 104, not. a^ se
nommait Omar. On apprend d*El-
maoin, Hist, sar, p. 1 5i, qu*il s'ap-
pelait Omar, ^Is d'Obaïd. Je crois
qu'il se trompe. Aboalïéda , yénn.
musl. U, aog, di^ qu'il était fils
d'Abd-AU^h, il lui donne le sur**
nom d^Jktaa , que Ton troare aussi
dans Slmacin. — S.-M.
» M«T« WOÎonÇ TJiç il JLpfMVlttV
CTpaTtoç. Cont. Theoph. p. 78. —
S..M.
3 Tov àpxovra tûv àp^ov^**^* C'est
ainsi que les Grecs appelaient à
cette époque le c^ef suprême de
r Arménie, qui reconnaissait la su-
prématie du kl^lif^. On rappelait ,
en arménien, Ischkhanats-Uchkhan,
ce qni .sî|mfie prince des princes,
titre qni fut chapgé ensnite en celui
è^ Ârkhaïts-arl^hiiîï ^ qui signifie roi
des rois y et que les Grecs conti-
nuèrent d'ezprifi^er par celqi d*â[p-
Xwv T$>v dpxoVr(i>v. — S.-M,
4 Sembath, surnommé Kkosdo-
vançgh 011 leCor^esseur, était, depuis
Van 890, chef de la race des Pagra-
tides et de^ pfwces de TArménie.
On lui donnait, selon Tosage des
Arabes dont il était allié , le surnom
à*j4bou*labas, c'est-à-dire /?ère d'Â-
bas, surnom d'nn de ses fils.
5 Toû BioitrapaxaviTou. C'est ainsi
que le désigne Génésius, 1. 3, p. 3a.
— S.-M.
^ Le prince arménien qui com-
mandait à cette époque dans le Vait-
pourakan , était Aschot, chef de cette
> race des Ardaronniens» issue de Tan-
cien roi d'Assyrie Sennachérîb , fa-
mille dont j*ai en bien souvent l'oc-
casion de parler dans ces notea. —
S.-M.
7 Syméon le logothète, Chron.
p: 4a3, dit que le khalife donna le
commandement de cette armée à
Goundeï, général illustre chea les
Arabes. Ae(^oxtûç aùrctç xat tov Tow-
^vn ôipxow* ôvojAacTWTftTov 5vt« iv
ToT( À'^apiivclc. Ce général est appelé
Soudai X Sou^ocn , dans la chronique
de George, p. 5a3. On lit Soudem,
Zou^à(i., dans la chronique de Léon
le grammairien, p. 454* C'est ce gé-
néral que les historiens arabes ap-
pellent Afrchin. Son nom , comme
ou le Toit , nous a été tranawif bien
diversement par les Grecs qui Font
tous altéré. J'ai fait disparaître ce
nom corrompu du texte de Lehean
qpi le nomme » je ne aaia pourquoi ,
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l4o HISTOIRE DO BAS-iraiPIftE. (An S38.)
Fexistence de l'empire arabe '. Cette armée fermait la
droite de l'armée musulmane. Aschnas, autre général
habile, aussi de race turque ^ , commandait la gauche.
Le khalife s'était réservé le tentre, qui marchait à quel-
que distance ^ ]. Ouatheq [et Aphschin] allèrent cam-
per à Dazymène ^, à l'entrée de la Phrygie,[ après
avoir conquis Nyssa dans la Cappadoce et Ancyre en
Galatie, ville qui était alors en état de décadence ^].
B^r"d L'empereur se mit aussi en marche avec son armée,
Dâzymène. composéc en grande partie dès soldats perses ^ qu'il
avait raissemblés 7. A la vue du camp ennemi, il monte
sur une éminence avec ses principaux officiers ; il voit
que les Sarrasins sont supérieurs en nombre ; il tient
conseil sur le parti qu'il doit prendre. Manuel et Théo*
phobe sont d'avis d'attaquer pendant la nuf t ; ils sont
contredits par les autres officiers et par l'empereur
même, qui n'approuvait ^as les combats nocturnes.
Le lendemain, dès le point du jour, les deux armées se
rangent en bataille. On combattit d'abord avec une
ardeur égale. Enfin , les troupes de la maison de l'em-
Soudès\ et le qualifie émir de la pe- par Aboa'lféda | II , 171. — S.-M.
tite Arménie, ce qai èst.sans fonde- 4 KaTa tôv Aa(^v)(i.ova irpooiêoXev.
ment. — S.-M. . Cont. Theoph. p. 78. On lit AaÇ6|iii-
' A&chin on Aphschin, fils de vov dans Gédrénus , t. a , p. 53o.
Kavas, samonimé Haïder, c'est-à- — S.-M.
dire /eiS/o/i.Il était issn de la race des & Ceci est tiré de la chronique
princes tnrcs de la Trans-Oziane. syriaque d*Abou*Ifanidj , p. iSg.
Voyez cî-dev. p; iSg, not. 7, — — S. -M
S.-M. ^ Ëm ts ntpo&v )cal rtbv auroedy,
• Ce général était un afifranchî xal tûv irpôc t6v wnWfjsira. ^Xiov ouv-
du khalife qui le créa en Tan aa6 de iffrajxsvcdv. Theoph. p. 79. — S.-M.
l'hégire, 84o de J.-C, gonvemenr 7 Théophile éuit campé en un
de rÉgypte. Il mourut en 280(844 lien nommé y^/i<en. Rarà tov Iv-
de J,-C.) — S.-M.- Çtiv out© x**po^ xaXo6|4,8vov. Cont.
^ €e 4étail intéressant est donné Theoph. p. 79. — S.-M.
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(A»83S.) LIVRE LXIX. THEOPHILE. l4l
pereur ehargèreot avec tant de vigueui; que les Sarra-
sins plièrent et tournèrent le dos '. Les dix mille Turcs
postés sur les ailes laisseàt les vainqueurs s'acharner
à la poursuite du centre , et lorsqu'ils les voient en-
engagés au milieu d'eux , ils font tomber sur eux une
grêle de flèches qui abattent hommes et chevaux. Cette
nation robuste, et très-adroite à tirer de l'arc, faisait
usage de flèches presque aussi fortes que des javelots ;
et , tirant alors sur des escadrons serrés qui sa pressaient
à la poursuite, aucun coup ne portait à faux. Les Grecs,
accablés deces décharges meurtrières, prennent la fuite
à leur tour, et abandonnent l'empereur, qui, emporté
par sa valeur naturelle, s était lui-même engagé au
nùUeu des onnemis. Il ne resta autour de sa personne
que les officiers de ses gardes, et les Perses qui combat-
taient avec courage pour le défendre. Us auraient
enfin succombé ^ si la nuit ne fût survenue, avec une
pluie qui mit les arcs des Turcs hors d'état de servir.
A la &veur de la nuit, ils sauvèrent l'empereur et se
i«ljirèrei|it/dans le camp, qu!ils trouvèrent abandonné.
Tjbépphilej courut un nouveau danger. Ces Pertes^
qui. venaient de défendre si vaillamment l'empereur, ,, ^"^t
\ lempercnr.
£>nn^r|Hit le complot de le livrer aux Sarrasins, et
d'acheter à ce prix la liberté de retourner dans leur
patrie. Manuel , fai^nt la ronde des sentinelles au mir
liepidi? la nuit, les entendit conférer, avec l'ennemi : il
court avertir l'empereur , et l'exhorte à fuir sans dif-
férer. Théophile faisait moins de tas de sa propre vie
que de celle de ses oflSciers et derses soldats : Et que
I Les mosnltniais perdirent en cette Aboalféda , Chronique syr, p. 1 59 .
ocoition trois mille hommes , selon — S. -M.
zxxrnz.
Danger que
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14^ HlSTOmB DU BAS*SMI<IAfe^ (An 839.) '
deviendront^ dit-îl, ces braves gens qui m'ont dé*
fendu avec tant de courage ? Pensez à vous ^ pHiîc^^
répartit JVf anuel ; Dieu et leur valeur les tnettronl
en sûretés En même temps il eattaîne Tétop^frciur et
le sauTe pour ia seconde fois. Théophile arrive à toute
bride à Chiltococotiie % où s'étaient rendus ceux qui
avaient fax de la bataille. A la vue de l'empereur, ils
vont au-devant de lui , et , s'écriant qu'ils ne méritent
pas de vivre après avoir eu la lâehété d'abandonner
leur princey ils tirent leurs épées, et en appuyant la
pointe contre kur poitrine ils attendent d'un coup-
d'oeil de l'empereur l'ordre de se percer eot-nïêtaes.
Théophile^ touché jusqu'aux larmes : ^/r^fejs ,' leur dit-
il ) Dieu m'a sauvé t^ il *mut aussi que Jë^^ôus sûtU^.
Cette trahison des Perses doitif^a'^»U7t ennemis de-Thé^^
phobe une nouvelle occasioii de le calomnier, il^iai
imputèrent faussement d'être t^aiiteùr ^èf et de !éur
perfidie* ' i; ..
XXXIX. Le khal^, apràsr là victoire de. son fits, liÀarcha
d'j^rium. ^w Amoriute', et tous deqx ébsémbfe ierrivèéëiitMlë'^
vaat la -place au comméttcemiéDt dû niéiis '^^il^fii^ ^
Apre» s^être l^etrafichés/ils efûvironnèrent te Vlîte d^ttw
fossé profond et formèrent les attaque^; Les ^Miëà^txi.
raient* sans* oirsfife pour abattre deux qui se mèMraiént
èm la muraille, et les Sâfrilasins élisaient 'jdûer toutes
leurs m«ohines; La -garnison dé son coté se 'déÂhtfilU
grec acdeWy foudroyait ou brûlait les baftcfi^ies 'dès
assiégeants^ Cependant Théophile, qui avait ^egagfté
X Ilpbç T^ XL\tox(»c(ù[x.cv. Cont. 273, que le siège commença le 6 de
Theoph. p. 80. — S.-M. ramadan 223, 00 le i** aooi 83S.
* On apprend d'AbouIféda, II, — S.-M.
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(A» 838.) LI^&S tXi^^ «TââdPliltÈ. 143:
Dorylée ', €6saya de ftanyer la ville par nûe négodiH
tîoa. Il envoi^a au khalife des députés chargés de pré*
sents et de promesses pour l'engager à lever le siégé.
Le khalife, que la ruine de sa patrie rendait impla-
cable , reçoit ces députés avec un mépris insultant; il
traite l'empereur de poltron et de perfide; il les .fait
mettre dans les fers pour y attendre la destruction de
leur Yflle, et pres^ le siége.avec plus de chaleur qu'au-
paravant. Il partage so^ armée en plusieurs corps, qui,
se relevant les utts les autres, devaient épuiser les
forces des assiégés par la continuité des attaques. Les
assiégea soutenaient avec courage toutes ces fatigues ;
et les âuTàsins^ qui perdaient grand nombre d^ sol-
dats, se seraient lassés les prenii^s^ si une trahison né
fut venue à leur secours. Un habitait , nommé Badicès ';
ayaBt eu querelle avec le commandant, avertit les
San^^iiift, par une lettre attachée à une flèche, qu'ils
pfendraieitt aiiémeut la ville s'ils plantaient fesôaiade
à l'endrmt ^u'il leur indiquait : ce qui fut exécuté là
uuk suivante. Ainsi Amorium, bien fortifiée^ dé£èiï'>
âtiepar utiegamiaôn nombreuse et pleine de courage,
ne tint que treize jours ^. Les Sarrasins dans tetft
première fureur, firent un horrible carnage; la plus
j^ude partie des habitants étaient éé^k massacrés,
t Selon SéiMa» , 1. 3 , p. 33 , Il était aa hottioXIla lio dii TpèUfie ,
s*é^it retiré es^re Dorylée et Ny- ce qui n'est guère TraMèmbUble. Se^
cee. — S.-M. Ion Aboa*Uaradj, Chronl syr. p.
« BoîdàMèê âàtw le oontiniiatevr i6a, qui l'appelle Boudin , c'était
de Thé«phane, p. 8i« Syméon le atf contniire un des prinoîpaiiz de
logdtbète, Chron,^ p. 493, nomme la ville. — S.-M.
aussi on «ertain Mamcophanès 3 Selon AbWl£éda , H, 173^, le
comme ayant contribné à livrer siège dura cinquante-cinq jours. < —
Amocium aux Arabes. Selon le con- S.-M.
tinuatenr de Tbéophane, Boïditzès,
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l44 HISTOIRE DU BAS-KMPIRE. (An gSft.)
lorsque Mutasem ordonna d'épargner les autres et de
les mettre aux fers. Pour consommer sa vengeajace, il
fit mettre le feu aux édifices et ne laissa qu'un mon-
ceau de cendres et de ruines à la place de la ville alors
la plus florissante de l'Orient. Les ambassadeurs de
Théophile avaient été jusqu'alors retenus dans les fers;
il les fit conduire par toute la ville pour les rendre
spectateurs du carnage et jde l'incendie ; et les ayant
ensuite fait venir devant lui : Jlllez dire à votre
maître f leur dit-il, que je le tiens quitte de ce quil
me deifait pour Sozopétra.
Aw 839. Il reprit ensuite la route de Bagdad, traînant, à sa
LeSiiife suite trente mille prisonniers , entre lesquels étaient
rachaTdes quarante officiers de la garnison, avec le commandant
pmonniers. j^^tius ct SOU licuteuant Théodorc Cratère. Us çs-
fuyaient déjà les traitements les plus durs, et s'atten-
daient à des cruautés encore plus barbares. Mais , avant
même que d'arriver à Bagdad, il firent seatir ^ leurs
vainqueurs que la captivité n'avait pas éteint leur cou-
lage, L'armée musulmane mourant de spif au passage
d'une. vallée, les prisonniers,, qui ne sentaient. que. la
perte de leur liberté , profitant du découragement d^
ennemis, rompent leurs fers, arrachent les armés des
mains des Sarrasins, qui les soutenaiontà peine, en
tuent un g^d nombre, et se seraient échappés , si
Mutasem ne^s eût Êiit promptement envelopper. Ils
furent désarmés et remis dans les fers; on en choisit
six mille auxquels on trancha la tête. Mutasem reçut
bientôt une nouvelle ambassade de Théophile. [Le pa-
trice Basile, gouverneur du thème de Qharsiane % qui en
* Voyez ci-dev. § i5,p. 107, not. ». — S.-M.
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(hn 839.) Ul^RE LXIX; THIOPBCLE. 1^5
était le chef, était diargé de lui demander la ^ivrance
du pa trice Âétius ^ et de lui offrir deux mille quatre cents
livres d'or pour le rachat des prisonniers, entre lesquels
se trouvaient plusieurs parentsde l'empereur. [: Il offiât
aqssi de rendre les prisonniers arabes]. Le khalife traita
ces députés avec le mépris le plus outrageant : ils sei-
vir^it de risée à toute sa cour. [Mutasem demandait,
outre la' liberté de tous les captifs, qu'on lui remît ^e
cœur de Nazar, partisan de Babek, qui s'était réfugié
auprès de l'empereur *. Pour comble d'insulte, il vou-
lait qu'on lui livrât* le général Manuel, /à qui.il
n'avait pu pardonner sa fuite ^.] Enfin, chargés . d'in-
sultes et d'opprobres, il les congédia en leur disant :
« Votre maître m'offre beaucoup moins qu'il ne m'en
ce a coûté pour rabattre son orgueil. J'admire sa folie:
. «f il a prodigué cent, mille livres d'or par unte vanité
a puérile, dans cette ridicule ambassade qui semait l'or
« comme la poussière ; et il n'estime que deux mille li-
<c vres un si grand nombre de ses plus braves sujets,
<K et même de ses proches. » Il parlait de l'ambassade
fastueuse de Jean Lécanomante. « Qu'il sache, ajouta-
a.t-il, qu'ils ne sortiront pas de mes mains, quand, il
a me donnerait pour chacun d'eux ce qu'il m'offre pour
ce tous. » Le rapport de ces députés pénétra Théophile
de la plus vive douleur :.il passa plusieurs jours dans
la sohtude et presque sans nourriture ; sentant ses en-
trailles embrasées d'une excessive chaleur, il ne voulait
^ \ojez ci-dey. §36, p. i38, ses compagnons, et qa'«Qs*aitacliMit
ooi. 3. — S.-M. aa service de Tempire il avait en»-
* On apprend d*Aboa*lfatadj , brassé la.religion clirétienne. — S.-M^
Chron. syr, p. i58, qne ce chef s'c- 3 Voyes ci-devant, S ao, p. i|!2.
tait réfogié auprès de Théophile , — S.-M. . i - l
en 836 , avec un grand nombre de
Tome XIII. lO
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l46 mSTOIRB DU BAS-^MVmZ. (As gag.)
pour boiss^m que de l'eau de neige, qui loi causa une
dyssenterie dont il mouFut quelques mois après. Mais
les douleurs qu'il souffrait le tourmentaient moins en-
core que le regret de la perte d'Amorium. Plus occupé
de sa vengeance que de sa santé^ il env^a au roi de
France [ Louis4e<Débonnaire ' ] le patrîee Théodose ^
[et le grand-éeuyer Théophaniusf],rpour lui demander
yn secours de troupes. Il ne comptait plus sur la fidé-
lité de ses sujets, persuadé que tous les malheurs qu'il
avait essuyés dans la. guevre étaient plutôt ll'efiet de la
trahison que 'de la ^faiblesse. 'M priait > aussi le roi de
favoriser ses efïbrts en Asie par une ^puissante .diirer-
sion en Afrique. : Les ambassadeurs furent bien reças
à ta coût de France. [Ik présentèrent leurs lettres.à
Lûuis^le-Débonnaite'le iQ^maide l'an 639*^,«daiis son
palais d'Ingelheim près déMayence.^] Le^roi paraissait
disposé à secourir Théophile ; mais la mort de Théodosej
et peu* de temps '9près> celle de'l'empereur ^/firent avx>r-
Iltcopfa. p. S3. Oa doit' reman]oer
que les auteors grecs afFectent de
donner à reinperear'Loaîs-le-SinipIe,
le titre de roi , en employant , même
eo grec, le terme latin rex, o ^liÇ.
— S.-M.
> Théodose Bhboat^c^ o-Baêou-
tÇuco^. Cont. Theoph.^p. 83. Les
Annales de Saint - Bertin ^ j4nn,
83l9, qui parlent de' cet ambassa'-
deur, lui donnent mal à propos le
titre d'évéque de Cba^cédoine, Ckiil-
<edonen$is metropoikanusfpisnopus.
— S.-M.
? Spathtrias Tbeophtnicw. urinai.
Bertin, ann. 839. — S.-M.
4 Cette date , donnée par les An-
nales de Saint-Bèrtfn , ^tifn.'SSg,
•iait bien voir lat jtutessa des ndsoBs
qni ni*ont fait réformer-tonte la chro-
nologie de cette partie de l'histoire
de-Théophfle. Lebeau^ oontrèi toute
raison, place en Tan 84l> cette am-
bassade qu'il est impossible de mettre
à une antre époque qu*en Tan SS9.
Comme, de Taveu. des auteors grcos,
elle fut envoyée après la priaé d*A*
'morinm, il fiiùt 'donc ,* comme ^
Arabes, mettre en Tan 838 la con-
qaéte de cette ville. -^S<(M.
^' Ingelheim était un palais swr le
fleuve, «ntre Bingen et Mayence. —
S..M.
^ L'equpertur Loaii nowrat 1«JK>
juin 840. -^-rS^'M.
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ter tooâices.prpjeljs^ [Théophile, voulut rj^fî^aerjCesnér
jgoQÎ^iqns^ayec spn <6Is I^pth^ire , à %v(\ jl qflfrit une
de ^^es ,fille;s jppur ^le roi jLou^s ,sqji .^Is ' . L?t ,Biçin.^e
]fh4ophile,rpinpit.çes.p9pYç}|fi55.f)i^ve^ fl^i forç/jt
ç^prÂ5^ pl^s^tard ^saps.pjup^xje.^pcçès ?.]
^qt^sjçpji ^yajt,fpit,^aû^ a» 840.
Siyt%i^*^?^^l^ifr°^^9^^♦n^F^.1 ç^ ^:f^tti? qu:ii.^t ^^^^^e..^^^
J^;ii|gpor|^r li* |J.^a^APtÇ-dçu^x. qfïîqiçgcs *. II ,)jç^ ançajt chrétiens.
.|^i)s, .-çt^ppur Jjçs.eipplpyer en^suite dans , ses jEirinié^. ^'*53;*'P
Les deux p][jjs çonsidérafWçs étaiçpt le. pa triée ^étius Contin.
Çt ^^je^T^ji^dpre Cratère ^gjUis^v^j Cir- 8i,sv«.
que le Sarrasin fanfaron dont nous avons parlé. On 421,424!*'
les. enferma tous ensemrbie , les fers aux pieds, dans un ^5^3. ^'
<^cJiot^né^eul. Là /privés, <^e^^^ conso^tipn , sans ^^J^^^,'
lumière , sans lit f $AAS.iuitne nourriture .que du pain et ^"^^^Jj """^
dei'eau, ils ne voyaient que leurs, geôliers etjeqrs Fieury.hist.
' .•'* . ^ 1 ' o • \ ' cccle». 1. 48,
rjg^"?^?- QP PWfi?e|:t;4#t . sei^ljenxént queJquiîfojis .a .un wt. aS, a6
d'^entre ^ux li'aller mendier du pain dansla ville, en-
^çhaîné,jet^efcpr]té die,?p)jdats.',Qn Içs tçn^^ par.tQAïte
«sorte de.v<»i6s:âl résistèrent aux menaces, aux pro-
messes, aâfc séducûoiis^es.dpçteijrs jnuçulnîiaqs. Bgj-
f 5?^3?%jP-»Wi?9- — SfL^v. i,ftTOà^«Je.pÇRt''e.4M,goîiygrii«»fiat
I flçi,. ï.^-7-j ^iiJil.- . •.. . i^flQrff^l^iMitffpcAfttip^.et.'Çj^ço-
10.
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l48 HISTOIRE DIT BAS-EMPIRE. (An 840.)
dîzès, qui s'était fait maliométan, fut employé pour les
gagner et rejeté avec horreur. On espéra que la lon-
gueur de leurs souffrances abattrait enfin leur courage ;
on les tint sept anâ enfermés dans cet horrible cachot ,
où la main de Dieu les conserva tous au milieu dès
incommodités les plus capables non-seulement d'af-
faibHr, mais même de détruire la nature. Mutàsetn
mourût dès le mois de janvier [de l'an 84^ ' ]; son fils
Ouatheq * ne régna pas six ans entiers ^; ainsi ces gé-
néreux athlètes ne furent tirés de leur prisoà, pour subir
le dernier supplice, qu'au commencement du règne de
Motaouâkkel *, frère et successeur d'Ouatheq.
îï'Sffidws! Eûfin, l'an 848 , le 5 [mars ^] , veille du jour mar-
X Lebeaa dÎMit suivant^ parce
qd*n plaçait la date de la prise d*A-
moriâm en Tan S41 , en quoi il m
trcttnpait de tcpis années , comme je
Tai fait yoir ci-dev. § 14, p. 104,
net. i« Les autears ^àbes nons ap-
prennent, qne le Uialife Mntastom
mourut un jeudi 18 de réby i^**, de
ï*an «ag del%égire, qui répond an
5 janvier 84a. — S.-M.
* Abon-Djaafar Haroun surnom-
mé Watbek-billah. Voyez ci-dev. '
S 19, p. II 3, noi. 3. — S.-M.
3 Son règne fut de cinq ans neut
mois et un jour , selon le calcul des
Arabes. II mourut le 14 de disonr*-
Ibidjah , de l'an ^4a 'àe l'hégire , et
non 241, comme on lit par erreur
àxDs'&mdtcin^Bisè, sarac, p. 146 et
147. Ce jour correspond au'ti août
847, de J.-C. Il n*étaîlli^àgé que de
trente-deux ans. — S.-M. - '
4 Aboulfadhl Djaafar, surnom-
mé Mùtawûkkel-^lu-aUah xm Jfe-
'•tawakkiUBîUah, c'esb«-dfi« qui' se
confie en Dieu. Il était âgé de vingt-
six ans lorsqu*on le proclama khalife.
— S.-M. ».
^ Et non jMAi'y éomne on liMÛt
dans Lebeau. Cest bien le cinq mars
' qu'on lit dans le texte original ; rh
iré(i.imiv Tovi Ma^T^ou fi.v)voc. Cent.
Theoph. p. 8a. D'ailleurs , c*est bien
le 6 mars que l'Église célèbre U' mé-
moire de ces .maxtyrs. Je n&' Ixois
pas qu'il faille placw ce martyre ot
Tan 848 , sous le règne de Motawak-
kel ; an moins rien ne lUndiqne dans
les sources originales. Je croîs que
c'est plutôt en l'an 845, ^ons MTa-
thek, comme le marque Fleory dans
son Histoire eeclésiasdqite , c' 489
S a6 , ouvrage qui a été consulté et
^uivi par Lebéau , qui parait pour
cet objet privé l'avoir lu très-rapi-
dement. Les martyrs ; interrogés le
jour de leur exécution sur ia dorée
de leur captivité , répondirent qu'elle
durait depuis sept années, tef Tt
"fTOç'âicoxptO'cVt;, &c l6^o(iLov, Cônt.
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(AnS4o.) UVRB LXIX* THÉOPHILE. l49
que pour réexécution, Badizès viat les avertir, qu'ils
mourraient le lendemain s'ils ne. se rendaient au désir
du khalife; il s'avisa même de les exhorter à suivre son
exemple : Quil n était question que de se laisser
circoncire, cérémonie par eUe-inême indifférente ,
et dflUerà la mosquée, où ils pourraient sans scru-
p^le jinir leurs prières h celles des Musulmans , qui
adoraient comme eux le vrai Dieu\ en sorte que
soufi un extérieur mahométan ils consers^eraient une
dme„chrétienne. Ils renvoyèrent avec indignation ce
misérable suborneur; et, rendant grâces à Dieu de
leur prochaine délivrance, ils passèrent la nuit à chan-*
ter des hymnes. Le matin , un, magistrat musulman
vint à la prison et les fit sortir pour les conduire au
bopd du fleuve. Il tenta encore de pervertir Cratère ,
pemiadé que son exemple entraînerait les autres; mais
il sentit qu'il n'avait rien à espérer de cette ame in-*
yincibie. Les Musulmans, accourus en gn^nd nombre
à. ce spectacle, coi^templaient avec étonnement la con-
ten^pce tranquille et assurée de ces guerriers , qui al-
lq|i^t .à la mort comme à un triomphe» Sur leur
^^\ brillait déjà un rayon de la gloire céleste; la
j^çi^ ^t l'effroi avaient passé sur le visage des s.pec-
tat)^ui;s^,Pçqdant que les bourreaux éthiopiens prépa-
r^eat leurs épées. Cratère, queja Providence semblait
avoir donné pour chef à ses compagnons dans cette
gj|<](riwse journée , craignant que le patrice Aétius ne
^'«tt^drit en voyant couler le sang de ses amis, &'ap-
Ibeopb. p. 8s, ce qui, en partant aéqnence de la fausse date qn'il •
de W prise d^Amorium, ,en 838, adoptée pour Tcpoqae de la prisé
DéiM eôiiddit k Vàn 8^51 La date d'Amortnin. Voyez ci-devant, § 1 4,
%kPt ^OJOfk^P ÇW Lebeag,est une con- p. 1 04, not. i . — ^S.-M .
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phïélie âè h&i :^eigh'ei£r ; ttkî ditH', vôUs a^é£ tâû-
fours rhdifthé àiiotfétëié^ votre tcthg eiiMïh i)èHït
vous appellent le prèniier à ùu'eWf Ut palmé au
màrtyté: Non^ hiî ^épondKt Aétïù^, ai foi d^t dé
vous càtnthànder ènù6/e , marèfiêi et dorifièz^fiâÛ^
rêxerriplè: Ctatèfé, s'éfeirit fecotnitfàn<ïë' ^ DléÙ,V6*
f^edik an coup môttef, et fe ré^ut'^ â^'ec joie. If Aiir^
strîVi (FAiétiû^ e^ de totfté; là trôtipe y ^î , s'âVàtt^ti^
^r miré file atr-déVa'tit Irfâiôrt, cHacoil seloà T&rSS^
c(vlS ôccupaSt daiis le servteé tàîIïtaWe , Ôt tfènAfèr'jJkV
sa coriskdcé rtfà-ëpide ÎW niàgi^râï ^ pWsîcfa{# f
rèiéciitiônv Lërfrs' coi^pfe ftiréii^ fétéaf da*A^ ïé tfèu^^
Gèst événement à jaîtiais métrlàtàhtè^ et ôohsa^ci'ë' daii'^
rég fôstés'dè rÈgïîsé, fdi! smVî dTuiii dutre atï^iferàrf
ne ^attendatt pWs eli qtrf né Mrite' pas lïfôîjii d^èirt'
féèii'âriq'ué. Au réfcît d'dïié ttiori sï ^ériéi^ô'ùsë , lé kMïfi^*,;
fdi'cé d'admirer ces' fcrâves gùferi^îèrâ, ^èWît vA vtf
fe^ël de n'èîvoir piaf épargné Ifettr Vie; et ^oyâ'ùt de-
va4ft ïdi fe reiïégât Sadizè^ : Ce trHttf'é, dît4t,' sAhi
àdûik aussi fhamais nitiSùMàh i^ûil à été mdÛ0âié
chrétien ; n'est pài digne dé hUr sith'Qivrè: Au^èîtôt
i! lé fait saisir , conduire et décap'itëf^ au itifihfe llëtf.
Le corps est jeté àtnxsÈ lé Tigré entrè ceux des mârtyrifw
Cbmriiént la tràhîstih orsé-t-6He ë'Wco'ré se prbtltihfe
après làTit d'eieirlpfeè dé fraîtrès ptliris f/àr cém: tàèUttè
qu'ils brit serais ? '
AK 841. j^ eëpéndant la gtiferi-e aVâtt cbntitiué ëhtrt Mtrttsétai
[No"vdLic« et ThéopMlé. Le kdfife âvSit drdbfcftjfé à detii fié iérf
^Arabes.] gcuéraux , Abbu-Saïd et Baschir, et aux habitants de
[Abu'ifaradj. Mopsùëslé, vîlfë de M Gîliciè , àjfiiiëléé par tès^WibëS
p. i6a et Masisah , de faire une irruption sur le territoire de l'em-^
pire dansIaCappadoce. BaSchirrevenaitvainqueiti* qtfand
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\L fut attaqué à rîinprovi3te' par le transAige Hazar '
et ses €]i0de&, qui Ièbattiren%lui revivent ses. captifs,
et le £reDt bsL-mémts prisonDteir. Abou^Saïd ne tairda
pas à lis venger : il se. jeta à som tour sur les. Cucd^,
tua leur chef, ne qai remplit de jpie h khalife quand
il fut iostruit de celte victoice décisiiie. Basdiir reviat
trîomphm* a Mopsucsttt. Les Qrecs emeot leur revan*
dfee l'amnee suivante^ ^ : kur flotte débacqua sur là eote.
de Syrie ^ ils piltènen-t ]« port d'Antioche ^ Cantique Sà^\
Icttcie de rOconle ; ils emmenèreiit ks raarchasds pri-
scnmîenL Vers le même temps: ils prireot AbounSaïd,
q«i avait &it une iiouvelte inruptioii dans rAsîe-A|L*-
ueuce^ et. ils dàvastèrent les terintaires de Marasch,
Tantique Germaittcès,et.de Mélitène. Ces ho^itéi fan
rent suivies d'une trêve et d'^un échange deprisûanieDa.
-^ M. ]
Coostantinopley aifligée dé la perte d'Amorium e4r dé xuy.
ses plus braves oéficiers [ et fatiguée 4^ tpus les elforts ca^omuie
qu'il fallait faire pour soutenir tant de guerres, mal*^ Tb^phobe.
beurauses], se voyait à la veille de perdre l'ewpersttr cedr. t. 2, p.
flamme ; ea prince,, consumé de chagrin et de maladie, Zon.ilisVa,
dépérissait de jour en jow. lia profonde mélancolie où Lo ^^amm.
le plongeait l'aspect d'une mort prochaine, le rendait ^i^^^'
plus susceptible que jamais des plus noirs soupçoas^ eôTe^^sL'
Lsf ennemis de Théopbobe profitèrent de sa faiblesse s^* ^6.
.... . ».. ,. Symcon , p.
pour Im msmuer que oe guerrier ambitieux attendait 4^8.
, j ,, . Ceorg. p.
sa. mort avec impatience pour s emparer de 1 empire 5i5, 5a6.
au préjudice de l'héritier légitime. Théopbobe, averti ag^^g/!*
du danger qui la menaçait de la part d'un prince trop ^'*^\^^^'^^'
* VoyM cî«âevant, J 40, p. i45, > Eu l'aii 841. — S.-M.
not. a» — S.^M.
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l5l HISTOJJRE DU BAS-EltfPIRE. (^n 84 r.
Oratio in facile à écouter la calomnie, prit le parti de s'enfuir
tutio^s^ma- de la cour avec sa f<en>q|e, ses enfants et quelques
^Combefis".^ auiis , et de se retirer à Amastris en Paphlagonié. Ses
Ducange, enuèmis surent donner à cette retraite injiocente l'air
tara. byz. p.
i33, 134. d'une révolte. On équipe une flotte, on la chareé de
mismata in troupcs , on va chercfaer Tneophobe avec un appareil
formidable , comme s'il eût été tin ennemi déclaré. Ory-
phas ^ y commandant de cette expédition , porte au
prétendu rebelle un ordi^e de revenir à la cour , avec
promesse de la part du prince qu'il y sera en sûreté «t
en honneur. Il n'était besoin que d'une lettre pour
rappeler Théophobe. Étonné de cet armement , il re-
vient sur la parole de l'empereur ; à son arrivée , au
lieii du bon traitement qu'on lui a promis, il est en-
I fenmé dans la prison du palais.
Aw 84?. Cependant Théophile, se sentant près de sa fin, se
MorTde ^ portcr en litière au palais de Magnaure. Le sénat
^'^Ke^^ et 'lés principaux habitants s'y étaient assemblés par
TUéophiie. g^n ordre. Lorsqu'il fut au milieu d'eux il se fit sou-
IcTêfT sur son lit , et , reciieillant ce qui lui restait de
forces, il parla en ces termes : a Tourmenté par de
« cruelles douleqrs qui m'arrachent la couronne et la
a vie, ce n'est pas cette perte qui cause mes regrets J
« La couronne n'a eu pour moi que des épines , et j'ai
cclroiivé dans la vie plus de maux que de biens ; mais
a je plains une épouse chérie et un fils encore enfant,
a que. je laisse sans défense, s'ils ne trouvent en vous
(c la fidélité avec laquelle vous m'avez servi. C'est un
a dépôt sacré que je vous confie, j'igaôré le sort que
» ToC (TToXoo àpx^o« 0 TÎ?? Pît^Xyiç ^pou-y^apioç àpuçaç Xepfi,6vcç. Cont.
Theoph. p. 84.— S.-M.
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(An 84a.) UVAE LXIX. THBOPHIUS. 1 53
« DieU' me prépare pour l'autre vie ; je le prie ée me
(( faire miséricorde : mais je ne le conjure pas avec
or moins d'instance de vous inspirer, pour ma femme
ce et pour mon fils, ces sentiments de tendresse que
a vous avez éprouvés de ma part ; c'est un retour de
ce justice que vous demande cette voix, mourante ». Ce
discours, plusieurs fois interrompu parla faiblesse,
excita les larmes et les sanglots de tous les assistants*
Dès que le prince fut retombé sur son lit, leur douleur
éclata par d^s cris, par des vœux potir la guérison.dei
r«mpereur, par des protestations de servir fidèlement
l'impératrice et, son fils, de leui* conserver Tempire, et
de sacrifier pour eux, s'il en était besoin, leur propl*e
vie. Théophile se fit. ra|)porter au palais qu'il habitait ;
et toujours persuadé des inauvais desseins d6 Théophobe,
il l'envoya égorgei: pendant la nuit, se fit apporter sa.
tête; et, comme sa vue était déjà presque éteinte, por-
tant sur 'cette tête ses mains tremblantes et lui tâtant
le visage j Tu n'es donc plus Théophobe , dîl- il ; m
moi Théophile y ajouta-l-il en soupirant. Quelques au-
teurs disent que Théophobe ne fut pas ramené à Con-
stantinople, et qu'Oryphas le fil: mourir secrètement,
pendant la nuit , .sur le- vaisseau même. : Quoi: qu'il en
soit, sa mort fut si secrète que les Perses , toujours at-
tachés à sa personne et pleins de vénérgt.tion ^ov^v sa
vertu , crurent long*temps qu'il n'était pas awoW; , mfiis
qu'il avait ;été enlevé au ciel comme le prophète ÉJie.
Après ce dernier acte de cruapté,, Théophile entra dans
un d^re- causé par la persécution qu'il avait exercée.
Il criait jle toutes ses forces '.Malheureux que je suis!
on me 'déchire à coups de fouets. 11 passa toute la
nuit à répéter. ces cris affreux, tandis que l'iuipératricc,
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^Slf msTCfom m bas-bhpirb. (AnH-^).
fbiidaiÉt en^ lahrraesy. unphHiait bb misépicorde divine.
ThéoctîMiB; son chancelier, vrai catholique , perlait à^
so» cou une-t^ image dn Sauveur qu'il caiehait ai^eesoîa.
ThÀ)phile ayant aperçu cette 'mrn^y l'inivitatt pan signes^
à- s'approchttr à» hic;: inaisi Tfattoetisie,. qui ecaîguoit
<pie cette? vue n'iriritafc. IfempiBnnMr, s-éloignail de phisi
eH^phisi^ Èn&i ^ arré^ par lesi officiers du prince, il fwÊ
conduit tout Cremhlsuit à sois ht^ Léâ signes, équivoques
qœ fkigiaift l'empearenr fireM croire à ses ofiisiers qu iti
demaffirdait à lui arracbor lie» cheveux ; îb afilpnidbèrelift.
sa tête ieè mains 4m prinoe, et Théoctîste jne douteit.
pas qtr'ilne fi&l au mohient de perdre .hi iii&, lorsque
Théophile se^ saisit d& L'im»ge et l'appliquai smr ses 1^
Vrësi II parut aoissitôt que ses douleurs se calnièrenl.^
ses ei^is cessèrent ^ et y kirsqu'il était prêt à rendbr.les
dernier» |»;mpirs ^ Tkëodoita lui fit baisçi" une image de
Jésu$-Chti^t et de^ In^ainte-Viergc. lï mourut le taô'
JKtlvier 84^ S ^pt^èé d<iuzeians et troi^>mqis de règiae;.
Avec Itlj expîra Fhérés^ie des^ reouockstesv qui , depuis
ceut vingt^dtiq ans ^ tmublait TEglise et TEtat. IT avait
déelaré l^împératrice régente de l'emparé pendant l'ea*
fàticèdé son fils.
^^^^ Ain^t moui'u t Théophile , que Thistoire aurait nsoms;
Réflcùons maltraité s'il n'eût été iconoclaste, ou si des icono-
sur le carac- ^
tère de elaste& avaient écrit sa vie^ Son zèle poirr la iustice fe-
Théophile. . . r . / . 1
ran seul tm grand prince,» et sa valeur mtrépide un
hérds. Il est vrai que sa justice allait jusqu'à la cruauté, '
êt4{txé àà valeur n'était pas guidée par la prudence;
mais, dam des siècles infortunés, où l'joa peut dire
' On a TU cî-dev. § 4a, p, 14S, adversaire, était mort seulemeat
HOt. X, qae le khalife Matasem, son quinze jours avant loi.
I
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(5iû'il y à dînette de vertu, éri ctel t'fop heUt*eux de' trou-
ver danisf Féâ princes lés grandes quàlilés de leui* état,
^uô*cpiié altérées par qûefque alliage d'ittiperfecfiôn. Lés»
àfetorîens dfece temps-lâ!, tous catholiqueis , tous zeléà'.
pour le cuké? âéé î'mages qu'îF proscrivait dveô fûréui*V
Bièluîéhf'i^as'i^endu justice; ils ne voient jam'aîs eh lui
q!ie YéitiiëM de l'Église , et son notii dans leurs &ï*itJ^
est toujours flëtrt piat quelque iStre înjurieuîi. C^eit
êàni iôiite tiri^ j^i^ànd riiialfteur ]f)ouV ce' prîiitfe d'âVbiV
ékè hét'éSqfùe',- ttït ^ri^ ^^aitid eticbi*è d'avoir ëtëpets^-
eùteur; «ttîs tee Vifcè, qiii dfevatnt Dieu a effacé tôullè's
ées Verttis^,^edcrif ^slësnoircrf axxt yeui des feôiii-
Mes. Cèrn-éSé jî)as slu^ lé jugement dé ses historîeti^
<îû*»:fitt« régîW fé hotrèf; c'est suï" fe i^éJt qtl'ils (oiit
Àix-!hêWës'^f sé^ a'ëïîôlns qù^tl faut rédréssef letii' jtT-
gèîiiéilP^'Bi*; eu Aéttrè-ieïhps qu'ils' Facékbïôitit dé ré-
^rtcBes, ij^ èWÏ là' hoUiië foi dé rycontet des fâhà qui
pi^duvénfe qdf*lf était régtrHèfi^ dafns ses inoeurà, juste',
vigîlairt ; laborieux , iWtrépidè èsirii lés plus grands pé-
nis. Sa 'fiIdîHté* à se lars^er séduire a causé tous lés
ifftàiêfc de^ Joii règine. Jeaii iécaflbmafrite U flt^ôrkédù-
téiii-, iet îâ^caflÀiiluiefe riehdït ift^vst énVet-s tous CéUJt
qui avaient mérité ses faveurs ; niais ce (Jui matqtië Sôii
équité ïHtttrëlle, <?est qtfî( reconnaissait seis fautes, les .,
âvodâit , tâiîhàît éèlèi ré^rér.^ll aurait satiè douté
pleuré la tttirl de ïheoplhobe ; é'ïl liii àvah sufvéàtf;
c'est là ié tolùS'grarid dé sëfe ctiméfe : maisiés èoûrtlsàrià*,
\àlàûx et èàidriiuîàteurs , ti^ett futent-ils pa^ encôi'e'pîtià
coiipàMe^ itfue le prittee mbtitatit et âïFaitili pât* éés
maux? Le luxe des bâtiments, les curiosités recher-^
chées, l'ambassade de Jean Léoanom^ante , ausai frivole
que magnifique, ont été Sans doute fdrt à chïirge à^es
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1-56 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (^^q 84^.)
sujets; cepen.dant, on voit. par. plusieurs ^traits de sa
vie qu'il aimait son peuple, et qu'il s'exposait même
pour ses soldats. Son fils fut très-catholique ; je doute
néanmoins si les sujets de Michel III n'aura.ient pas
préféré de vivre sous l'hérétique Théophile.
Caprices* de ^^^^ lettré quc la plupart des prélats de son empire ,
ThéophUe. ^ aimait la poésie et la mi|sique. Il fît des hymnes pour
l'office de l'église, et en composa lui^^nfêiim le chant-
Il fonda. des maîtres de nati.sique pour le clergé de
Sainte-Sophie, et dans ïes grandes solennités il se plaiî-
sait, à, battre lui-mêm^^ la mesure dans le chœur. Une;
autre petitesse,, moins pardonnable :$ans.,dputç, c'est
qu'étant; chauve , il ordqnpa.par édit.à to^s ses sujets
de se faire couper les cheveux,. dé^i^a^t^sçgsfipjeine
du fouet de les laisser pendre. plus. bas qt^e;Jp.cpi|.:.il
voulait, di^a^it-il, r^ppel^r la vertueuses sinipliqité des
anciens Romains. II. y eiit sous son; pçgn^ej un grand
dérangement dans kssaisofns ; des hivers figpureux ,
de$ chaleurs. (»xtreme^,; d^s pluies continmçlle^, cau-
sèrent plusieurs fois.la disette : les trembl^ents ; de
terre furent fréquents ; et les auteurs, mettant tous ces
accidents, sur Je compte du prince , dont le c^el ^ disent-
i)^, punissait l'impiété, . ; , :i .
xi^Yxii. , 'Il laissa un ^Is, nommé Michel , xiui. lui succéda , et
Ses enfants. ' - - ' ■ 7 ... ..v . . .. . * .7 ^ , . . > ^? ^
quatre fijle^ , Thècle , Anfie , Anastas^e et Pulcherie.
I|iècle,,l!aînée:de tous ses enfants ^; fut jda^ns la suite
prQmise à l'empereur Louis II ,' fils^ de Lolhaire ' ;
mai^.ççtte promesse fut sans effet, etThècie passa sa
y iç i^yçc ; > ^es sœurs dans . un i^o^astèrie.. Une médaille
I . ' . . . ' , • •
l'Les Annales die Saint-Bertin , le refus de Taccomplir eâosa ^une
tfiM. as 3 ,' plâéekit cette promesse de ' guerre entre lés Francs et les' Grecs,
mariage en Tan 8 53 , et ^ selon elles, •<— S.-M.
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(Am 84â.) LrVRB LXIX. THÉOPHILE. l57
donne à Théophile un second fils, qu'elle nomme Con-
stantin; mais ce prince est tout-a-fait inconnu à l'his-
toire , et cette médaille a déjà fourni aux antiquaires
la matière d'une discussion qui serait, déplacée dans
cet ouvrage. Serait-ce ce fils qui , étant encore enfant ,
se noya dans une citerne, ainsi que je l'ai rapporté?
Fm DU LIVRE SOIXAWTE-IfEUVlèME.
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\^è .HISTOtl»? OV BAS-JE*«?I|IB. ,C4*;^)
«u-v^yw%. ■>/»■» m^%/^%/%f^^f^\f^^^/t^*>9}^*'*^*^^ 9^^mm/'^i*^^*^^^m^^^^^*^^^i^%^m^i^ ^*%/^yfy^
LIYRE LXX.
Générosité de Manuel, ii. Théodora entreprend de rétablir
le culte des images, m. Jean Lécanomante chassé, iv. Fin de
l'hérésie des iconoclastes, v. Théophile absous après sa
mort. VI. Solennité pour le rétablissement du culte des ima-
ges. VII. Méthodius calomnié et justifié, viii. Vaine entre-
prise des Sarrasins, ix. Malheureuse expédition en Abasgie.
X. En Crète, xï. En Asie. xii. Échange des prisonniers, xiii.
Les Ësclavons subjugués en Grèce, xiv. Ignace succède à
Méthodius. xv. Conversion des Khazars. xvi. Ravages des
Pauliciens. xyii^Cpmm^cem^iats ^e^SdsiJbe^xvtM. Les Macé-
doniens retournent dans leur pav6. xix. Basile à Constanti-
nople. XX. Il devient riche, xxi. Premier écuyer de l'empe-
reur, xxiï. Expédition «n Egypte, xxiii. Conversion du roi
des Bulgares, xxiv. Et de la nation, xxv. Mariage de Michel.
XXVI. Troubles dans le palais, xxvii. Assassinat de Théocliste.
xxviii. Théodora quitte le gouvernement, xxix. Basile grand
chambellan, xxx. Débauches de Michel, xxxi. Courses de
cirque, xxxu. Dissipation des finances, xxxiii. Ordres
cruels donnés dans la débauche, xxxiv. Bardas César, xxxv.
Théodora renfermée a4k ses filles, xxxvi. Gouvernement de
Bardas, xxxvii. Bardas irrité contre Ignace, xxxviii. Phôtins
patriarche, xxxix. Ignace persécuté, xl. Phq|ius veut trom- *
per le pape. xli. Prudente conduite du pape. xlii. Concile
où Ignace est déposé, xuii. Traitements cruels faits à Ignace
pour le faire renoncer à son siège, xliv. Zèle du pape pour
Ignace, xlv. Fourberie de Photius. xlvi. Concile et lettres du
pape contre Photius. XLVii.Guerre contre les Sarrasins, xbviii.
Autre défait^ de Michel, xlix. Bavages d'Omar, l. Défaite
d'Omar, li. Bâtimens de Michel, lu. Irruption des Russes.
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rBxu. lies 0$ de Copronynae '.et de J^aU'l^caQQmaQaiç Jbriilés.
xjv, Michel fait épouser à Easile sa^ çQôcubine. l,y. Cpipplpt
formé contre Bardas, lti. Assassinat de Bardas, i^vii. Suites
de ce meurtre, lviii. Conduite de Photias. lix. Les légats du
Tape ne sont pas reçib à Constantinople. liX.'Photius pro-
Bonee contre le pape une sentence de déposition. Lxi.:BaAi|e
;ass0cié.à y«inpii:e..iâ^ii.tCooipli(%t et punition de S]ÇQib£K»ç.
hx.ni. Michel veut faire périr Basile, lxiy* Jl fait un.uQuv^l
empereur, lxv. Mort de Michel, lxvi. .Fin trajgique des
meurtriers de. Michd.
• MIGHEL III, dit lIvrogne.
Jamais Théophile, n'avait mieux servi Tempire qu'en ^^^ ^.^
.choisissant Théodora , pour le gouverner pendant, la i.
• minorité de son fils, âgé de trois ans *. Il lui avait de îSmueL
donné, pour conseil le patrice Théoctiste *, avec Ma- ^^t\V^^'
nuel et Bardas; l'un oncle ?, l'autre frère de l'impe- Zon.i.i6,t.a,
ratrice ^, et lés avait nommes tuteurs au J^une princç. Manass. p.
Manuel était sans contredit le premier homme de contin.
l'empire, tant par sa vertu que p«ir sa v^éur; et il '^®^p^- P-
parut bien en cette occasion qu'il n'aurait tenu qu'à ^®p**'3^'/'
lui de se 'mettre à la place de son pupille. Dès que [Sym-Chron.
I TptTOv Itoç^ «îittvuwv. Cont. ii4, oQt. a>lîv.T.^3tx,S 19. — S,<4^.
^Tfaeoph. p. 9a . On lit la même chose * U éniit logothète ' du ' drome on
ildBB& Aboii*lfipa(44i , < Chwon, syr, '<p. Jntepd^pt.. gfiiéral d«S;p09|f9» f t{f u«
» 164. Ce «ont le» seuls textes qui Buque. — S.-M.
paissent indiquer d'une manière ap- ^ Siio^'àith tou 'Kon^hç tHç ^eOTtdt-
' ptôxinifttîye Tâge d» Tempereor Mi- • WQÇi. Cent. ThiH>ph .p. 9a > Yoj9Z «î-
chel II. Ce prince naquit, à ce, qu'il deyant, p. $8 , UQt.. a, liv. uux ,
paraît, en Tan 889, il fut couronné § 3 et 4. — S.-M.
Tannée suivante dans Téglise de 4 Voyez ci-deyant, p. fi, lir.
Saiatc>-Spplûie; Voyez €Î-deF«p^ ,;,p. i<3(ix^,S 3.^ S.-M.
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l6o HISTOIRB DU BAS-BMPIRE. (i^^ 84,.)
Théophile eut expiré, il fit assembler dans le cirque
les soldats et le peuple; et leur demanda, selon la
coutume, le sermeht de fidélité. On crut* qu'il
le demandait pour lui-même, ^ l'on s'écria de toute
part: Fwe Manuel! longues années à Manuel] Mais
ce grand homme, plus offensé qu'honoré de ces ac-
clamations, Arrêtez j dit-il, vous a^ez un empereur;
mon devoir et mon plus grand honneur est de dé-
^ Jendre son enfance^ et de lui conserver^ au prix de
mon sang, l%éritage de son père. En même temps il
cria le livemier, f^iveJl^ichel et Théodora! Après quel-
ques moments de silence, il s'éleva quelques ^voix qui
répétèrent les mêmes paroles. Enfin toute l'assemblée,
plutôt pour obéir à Manuel que par aucun autre mo-
tif, prêta le serment ordinaire, et se sépara remplie
d'admiration pour cette ame généreuse , qui refusait
un honneur tant de fois arraché par la violeqce et'
acheté par les crimes ïes plus noirs. [Des ambassadeurs
furent envoyés vers la même époque auprès des princes
français, fils de Louis -le-Débonnaîre, pour les in-
struire (ïe la mort de Théophile ' et de l'élévation de
son fils. L'empereur Lothaire les reçut à Turin [Au-
gusta Taxirinoruni)^ au mois de septembre de cette
année '.]
I,. Quoique Théophile, au lit de la mort , eût fait jurer
elterarend Théodora et Théoctlste qu'ils ne permettraient jamais
derétaWir^ Ic cultc dcs imagcs, ils ne se croyaient pas obligés à
images, garder un serraient téméraire. Mais la difficulté était
^.^™"' d'obtenir le ccmsentement de Manuel , qui , d*ailleurs
c^dr.t.2,p. assez indifférent sur ces questions théologiques, pen-
I Voyez les annales da monastère de Saint-Bertîn , ann, 842. — S.-BC.
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(Âii%4î.) LIVRE LXX. ^ MICHBL lii. jféî
sait qvte\ ponr éviter de nouveaux troubles, il fallait Zoii.i.iJ6,t.a
laisser les choses dans l'état où les avait mises le dé- ^* \55/
funt empereur. Une maladie, qui le conduisit en peu «^"ôî*,
de jours aux portes de la mort, fit plus sur son .esprit. joèi,'p!**i7Q.
que n'auraient pu faire les plus fortes remontrances;- Yh^^'b
Les moines dé Stude, en qui il avait une confiance 9» «* ^^%
.^ . , \ ... Sym. p. 4a8
particulière, lui insinuèrent qu'un moyen infaillible de et seqq.
I ^ / • 1 \ -«-v 1 / Geoipg. p.
recouvrer la santé était de promettre a Dieu la repa- 5^6, Sa:,
ration dfe l'injure feite aux saintes images. Il suivit cenes. p.
leur conseil, et, dès qu'il eut pris ses forces, il se mon- orat^nlSÏ
tra disposé à l'exécution de sa promesse. Rien n'ar- [^ '®*^p°*^
irêtait plus l'impératrice que la crainte d'exciter dans j^^^j^J^^'^
Fétat une commotion dangereuse au commencement TheodOTt.
d'une minorité. Elle voyait la plus grande partie du Fieary,hi»t.
^nat, presque tous les seigneurs de la cour, la pm« trt.6.
part des métropolitains attachés à l'hérésie. Elle ire-
douiait sUt^out l'esprit hardi et turbulent du patriar-
ïrhe Jean Léeanon)ante , dont la fureur avait allumé le
feu de la persécution. Résolue d'éeartfer ce violent
iconoclaste , elle convoqua chez Théoctiste les prélats,
ies abbés , les sénateurs orthodoxes ; elle y fit appeler
aussi ceux du parti hérétique, qu'elle savait êtl^e de
bonne foi dans l'erreur et ne pécher que par igno-
rance. Dans cette nombreuse assemblée , qui se tenait
sans la participation du patriarche, la question des
images fut débattue avec une pleine liberté; on pro-
duisit les témoignages de l'Écriture et des Pères ; les
objections des iconoclastes furent réfutées. L'hérésie
étant confondue et réduite au silence, s(ès partisans se
rendirent à la lumière de la vérité, et tous unanime-
ment souscrivirent tin décret pour le rétablissement
de l'ancien culte;
Tome XITl i *
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J^m Lcoa.
nonsnte
l6ï^ HJSTOimB oc BAS-EMPIRE. (An «4).}
AfiB d'achever ce grand ouvrage, on convint quil
fallait éloigner le patriarche, principal auteur de tout
le désordre. L'impératrice lui fit dire que les princi-
paux personnages de TÉglise et du sénat s'accordaient
à demander le rétablissement des images; que, s'il
y consentait, l'Église jouirait d'une paix solide et re-
prendrait son ancienne splendeur; que , s'il persistait
dans son sentiment, il eût à sortir sur-le-champ de
Constantinople et à se retirer dans sa maison de
campagne, où les prélats orthodoxes iraient conférer
avec lui pour l'instruire ou le convaincre. Théodora,
qui connaissait l'opiniâtreté de Jean, était persuadée
qu'il renoncerait plutôt à l'épiscopat qu'à l'hérésie; et
c'était à cette extrémité qu'elle voulait le réduire,
Mais pouvait-elle prévoir l'artifice qu'il mit en œuvre
à dessein de soulever le peuple? Il demanda du temps
pour délibérer, et', dès que l'envoyé de l'impératrice
fut parti, il s'ouvrit les veines du ventre, mais avec
précaution, et laissa couler le sang; en même temps
il appelle du secours e( s'écrie qu'on est vexiu Tassas?
siner par ordre de l'impératrice. Bientôt toute la ville
est alarmée; l'envoyé n'était pas encore de retour,
que l'impératrice apprend cette nouvelle par les cris
séditieux qui se font entendre de toute part* Sur-le-
çham|> elle envoie Bardas pour s'instruire de la cause
de ce tumulte: il arrive au palais patriarcal au mi"
lieu d'une foule de peuple , et fait visiter les blessures
du patriarche en présence de tout le monde. On dé-
couvre l'imposture; ses domestiques mêmes le décè-
lent, et montrent l'instrument dont sa malice avait
fait usage. L'indignation publique se tourne contre
lui-même; on l'abandonne; l'impératrice lui ^àv(m
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(A» 84») LivM juxx. MicHîijL m. |63
ordre de sortir de la ville; il est contraint d'obéir«
Délivrée de cet indigne prélat, qui déshonorait de- ir.
puis six ans la chaire patriarcale, Théodora rappelle nX7sit*des
îes exilés, ouvre les priions aux confesseurs, et fait **^**'*®*'^"**''
assembler un .concile. La liberté étant rétabhe, le parti
orthodoxe se trouva le plus nombreux. On prononça
la déposition d$ Jean Lécanomante; Méthodius fut
élu à sa placer c'était la juste récompense de tant de
maux qu il avait soufferts. On déclara par un décret
solennel que les images de Jésus-Christ et des saints
seraient remises en honneur ; que les prélats chassés
de leur siége^ pour avoir soutenu la saine doctrine ,
rentreraient en possession de leur dignité; que ceux»
au contraire, qui demeureraient obstinés dans l'erreur y
seraient dépouillés de l'épiscopat. Ainsi cette hérésie
meurtrière, qui, depuis près de six-vingts ans, n'avait
cessé que dans de courts intervalles de désoler l'Église
et l'état, rassassiée de supplice et abreuvée de sangi
ftit enfin ensevelie. *
Théodora prenait une part sensible au triomphe de y.
l'Église, que ses soins avaient préparé. Mais la joie se ^^tTapr*.
mêlait dans son cœur au sentiment d'une douleur ^ ™^^'
amère^ Elle avait tendrement aîmé Théophile. Voyant
détruire ce qu'il avait établi, chaque décret du concile
lui semblait être pour son mari un arrêt de condam-*
nation. Pour effacer ces taches imprimées à sa mé^
moire ^ elle s'avisa d'un expédient tout-à^fait nouveau,
et qui montrait en elle moins de lumières que d'amour
conjugal £Ile supplia les Pères du concile d'accorder
à son mari une indulgence générale de tout le mal
qu'il avait commis dans la cause des images, et d'ar-
rêter par leurs prières les effets de la justice divine.
II.
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1 64 HISTOIRE DU BA^S-EMPIRH. (Ab «4»)
Elle leur demandait cette grâce au nom des saintes
images, comme une récompense de son îzèle à les réta-
blir. Une demande si peu attendue étonna les évêques;
ils demeuraient dans le silence. Enfin Méthodius pre-
nant la parole : « Princesse , dit-il , le désir que vous
« témoignez du salut de votre époux est légititiie. Une
« tendre piété vous l'inspire, et la religion ne le dés-
ce approuve pas. Mais cette même religion nous ap-
« prend qu'il n'est pas en notre pouvoir de le satis-
(c faire. Les clefs du ciel ne nous ont été confiées que
a pour l'ouvrir à ceux qui, pendant leur vie, font effort
« pour y entrer. Nous pouvons, il est vrai, par nos
a prières soulager les âmes <Je ceux qui sont sortis de
ce ce monde avec des fautes légères , et dans des senti-
ce ments de pénitence ; mais pour ceux qui meurent hors
<c du sein de l'Église , ou chargés de crimes qu'ils n ont
« pas même commencé d'expier par une vraie dou-»
<c leur, ils reçoivent dans l'autre monde l'arrêt irrévo*
ce cable d'une ^condamnation éternelle. Nos prières ne
et peuvent diminuer leurs peines. » <r Eh bien ! répliqua
ce l'impératrice, puisqu'un regret sincère est un comi-
ce mencement de pénitence, je ne suis pas sarts espoir
«c pour le salut de Théophile. J'étais à côté de son lit^
ce prête à recevoir ses derniers soupirs.; quoique abîmée
«r dans la douleur , je trouvais encore assez de force
ce pour l'exhorter à reconnaître son erreur; je luire»
a présentais les suites funestes de son trépas , les sup-
ce plices de l'autre vie, l'exclusion des grâces et des
ce prières de l'Église , les malédictions , l'horreur publi"
et que dont sa mémoire serait flétrie. Dieu toucha son
ce cœur en même temps que ma voix tremblante frap^
(c pait ses oreilles; il soupira , il implora la miséricorde
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i
(An 642.) LÎVAE LXX. MICUCL lil. l65
«divine; il me demanda quelques images, baisa avec
« ferveur celles que je lui présentai, et expira dans
« les transports de la plus vive componction. » Après
avoir ainsi parlé elle se retira pour laisser aux évêques
la liberté de délibérer. Quoique plusieurs d'entre eux
doutassent de la fidélité de ce récit, cependant tous
s'accordèrent à dire que , supposé le repentir de Théo-
phile au moment de la mort , ils le déclaraient absous
de l'excommunication qu'il avait encourue. Tout le
clergé de Constantinople, à la suite de l'impératrice, fit
pour lui une neuvaine dans l'église de^Sainte-Sophie;
et ce fut alors une opinion commune que l'empereur,
ayapt mérité l'enfer, avait été délivré des peines éter-
nelles après sa mort, par l'absolution des évêques et
par les prières des fidèles. . ,
La paix de l'Eglise étant solidement affermie, l'im- n.
pératrice voulut célébrer cet heureux événement par pour le ré-
une fête qu'elle indiqua pour le premier dimanche de du cuîtTdei
carême. Les habitants des provinces voisines accouru- *"■«*••
rent à cette solennité. Les moines descendirent en
foule du mont Olympe, du mont Ida, du mont Athos,
la plupart portant sur leurs corps les preuves hono-
rables de leur constance dans les tourments de la per-
sécution. On passa la nuit en prière dans l'église de
Sainte-Marie de Blaquernes, et le lendemain toute
l'assemblée se rendit en procession à Sainte-Sophie.
L'éghse était magnifiquement ornée ; et , pour solen-
niser le triomphe des images, l'impératrice y avait
rassemblé toutes celles qui avaient échappé aux icono-
clastes. . Après la célébration de l'office divin, elle
donna un grand festin aux évêques et aux grands de
état. Pendant r le repas, comme elle fixait spuvent les
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l66 HISTOIRE DU BAS-EMPÎHE. (An 84s.)
yeux sur le célèbre confesseur Théophane, qui venait
d'être fait archevêque de Nicée , il lui en demanda la
cause, r admire^ dit-elle, votre patience et je dé»
teste la cruauté de ceux qui ont chargé votre froni
des caractères quejy vois imprimés. Détestez donc
V empereur Théophile, détestez votre mari, répliqua
Thëophanerye lui ai promis de lui faire lire ces
caractères, et je lui tiendrai parole ^ devant ce juge
aussi incorruptible que sévère , aux yeux duquel la
pourpre des empereurs n'a pas plus d'éclat que le
sac qui couvre le pauvre. A ces mots Théodora,
pénétrée d'une vive douleur : Est-ce donc là , s'écria-
t-elle , l'effet de vos paroles? Ne niavez-vous pas
tous promis de vous intéresser pour le salut du
malheureux Théophile? Et vous vous préparez à
V accuser devant le tribunal de Dieu! Comme elle
fondait en larmes, Méthodius, élevant sa voix, répri*^
manda l'impitoyable Thëophane et consola l'impéra-
trice, en lui protestant qu'ils tiendraient leur promesse;
et que Théophane lui-même, à l'exemple du divin
médiateur, serait le premier à demander grâce pour
ses persécuteurs. Ce jour est encore célébré dans
l'église grecque; on le nomme la fête de l'ortho-
doxie.
Txi. Jean Lécanomante, enfermé dans un monastère, se
caîomnié"êt consumait de rage et de dépit. L'impératrice ayant ap-
justifié. ppjg qy'jj s'emportait à la vue des saintes images jusqu'à
leur crever les yeux, voulut d'abord lui faire le même
traitement; mais s'étant laissé fléchir, elle se contenta
de lui faire donner deux cents coups de fouet. Ce mé*
chant homme, loin de se corriger par le châtiment,,
résolut de perdre Méthodius. De concert avec ses pai^
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(Ad «43.) LIVRE LIELX. MlCHISt III. 167
tisans, il suborna contré lui une reure : c'était h mère
de Mëtrophatie, dont la i^ainteté fit oublier dans la
suite l'infamie de celle qui lui avait donné le jour. Il
fut évêque de Smyrne , et signala son zèle en faveur
dlgnace contre Photius. Cette femme s'étant laissé
corrompre par l'argent des iconoclastes, accusa le saint
prélat de lui avoir fait violence. Une accusation si grave
mit en mouvement toute la ville de Constantinople :
les orthodoxe^ d'un côté, les iconoclastes de l'autre,
s'intéressaient avec une égale ardeur dans une cause
où l'hérésie devait tirer un extrême avantage de la
condamnation de son plus grand ennemi. Le tribunal
fut composé de prélats et de magistrats séculiers. On
fit comparaître la femme , qui exposa effrontément le
prétendu crime de Méthodius : celui-ci demeurait dans
le silence , et ses adversaires triomphaient déjà , lors-
que Manuel , persuadé de son innocence , fit étaler aux
yeux de l'accusatrice les instruments de la question la
plus rigoureuse, et lui déclara qu'on ne pouvait la croire,
sur sa parole, dans une accusation de cette importance,
et que, pour preuve de la vérité, il lui fallait endurer la
torture. Effrayée de cette menace , qu'on se préparait
à exécuter , elle avoua qu'elle avait été séduite ; elle
nomma les suborneurs, et spécifia la somme d'argent
qu'elle avait reçue , ainsi que le lieu de sa maison dans
lequel on la trouverait. On la trouva en effet, et la
conviction d'une si noire calomnie porta le dernier
coup au parti des iconoclastes. Les calomniateurs al-
laient subir la peine qu'ils avaient méritée, si Métho-
dius n'eût pas encore donné une preuve de sa douceur,
en demandant grâce pour ces scélérats : la seule ven-
geance qu'il exigea d'eux fut que, toi|S les ans, dans
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l68 HISTOIRE BU B^S-ElfPIRE. (An 842.)
'la procession solenuelle qui se ferait; à Sàinte-Sopbie
en mémoire du rétabtissèmeat des images, ils marc^e^
raient à là tète, une torche à lu main, et qu'ils se-
raient témoins de raoathême qu'on prononcerait contre
l'hérésie : c'était une sorte d'amende honorable à la-
iquelle ils furent assùjétis tant qu'ils vécurent.
Tiii. La mort de Théophile parut aux Sarrasins une oc«-
pri^^^deg®" casion favorable pour attaquer Constantinople. Us
Sarrasins, j^ircut cn met une flotte de quatre cents voiles , coni-
5a8. mandée par Apodinar ' ; mais une violente tempête fit
échouer ce projet. Les vaisseaux furent brisés et sub-
mergés sur la cote de Lycie, près du cap Chélidor
nien ^ ; il n'en retourna que sept en Syrie.
A» 843. ' ïhéoctiste était le plus puissant des tuteurs du jeuqç
IX. empereur. Prudent, et expérimenté dans les affaires du
expéditioa gouvernement, admis à tous les conseils, il tenait le
*** Cont^*^ premier rang après l'impératrice; mais, non content
heoph, p. des talents qu'il possédait , il voulait briller par ceux
qu'il n'avait pas. Il crut qu'il manquerait quelque chose
à sa gloire s'il n'y ajoutait pas cçlle que donnent les
armes. Il fit la guerre et fut toujours battu. Dès le
commencement du nouveau règne il s^ chargea d'une
expédition en Abasgiç ^:, et se mit en mer avec une
X Sans donte Ahou-dinar. Alto- peut-être pour bot de rétablir li^av-
^etvap 6 2xpaxv}y&v çuXapxoç* Oeorg. torité impériale dans, les ' régions
p. 5 a8. Ce chef arabe m'est inconnu. caucasiennes, où elle s'était, à ce
— S.-M. qu'il parait, singulièrement affaiblie.
« Ce cap était dans le thème des C'était peut-être aussi là le motif
Cibyrrhéotes. Év t« obcpor/ipico tôv d'une autre expédition entreprise ,
Kiêuf pEWTwvjTO Xi-^ô'^tid^i XeXt^ovîa. dans la même année, par lliéophobe,
— S.-M. 8OUS le règne de Théophile , et qui
. 5 Les auteurs ne nous font pas n'eqt pas un meilleur succès. Voyes
connaître les motifs et les oircon- p. 97 , liv. lxix , § 9. — S.-M.
stances de cette guerre, qui avait
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(An 843.) LIVKE X.XK. MICHEL JIU .169
flotte nombreuse. Une partie de ses vaisseaux fut abî**-
mée par une tempête ; ceux qui gagnèrent le rivage
ne furent pas plus heureux , ils devinrent la proie des
[Barbares '], qui égorgèrent tous les soldats. Théoc*^
tîste, échappé du massacre, revint à Constantinople.
Ce mauvais succès lui attira lès railleries publiques ,
mais ne le corrigea pas; il n'en. fut que plus ardent à
chercher de nouvelles occasions de réparer un échec
qu'il n'imputait qu'à la fortune. «
Une seconde défaite causée par son imprudence, un As 844.
an après, lui fournit encore des raisons d'apologie. «. *•,
Théodora entreprit d'illustrer sa régence par le recou- Léo. p. 457.
vrement de l'île de.Crète : elle équipa une grande flotte Theoph. p.
qui fut chargée de troupes ; ce formidable appareil sur- Sym*p%33.
prit les Çarrasins , qui , n'étant pas préparés à soutenir ^«°'6- p-
un si puissant effort, eurent recours à la ruse : ils firent
courir Je bruit que, depuis le départ de la flotte, l'im-
pératrice avait ôté la couronne à son fils^ pour faire un
nouvel empereur qu'elle avait choisi pour éponx. Ils
avaient gagné par argent quelques officiers, pour don-
ner crédit à cette nouvelle. Théoctiste , assez^ fier et
assez puissant pour disputer la couronne à tout autre
qu'à son maître légitime , part aussitôt pour Constan-
tinople, abandonnant son armée à la merci des Sarra-
sins, qui en firent un grand carnage. ^
De si fâcheux revers n'itaient pas encore d'assez an 845.
fortes leçons pour cet homme vain et présomptueux, e^^j^'^j
lies Sarrasins lui en donnèrent, l'année suivante, une
^ "Dapa Lehesaf des Sarrasins, "Le n'avaient aucun établissement sus
text« dacontinnateardeXhéophane, les côtes du Pont-Euxia. II est biei\
p. 126, ne dit rien de pareil. D'ail- probable qu'il s'agit ici des Abasgç^
leurs, à celle époque, les Musulmans oaAbkas. — S,-M.
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I7Ô MiSTOItlE DV BAS-lMPfht;. (Ab 845.)
troisième plus terrible que les autres, et qui acheva de
convaincre tout l'empire , excepté lui seul, qu'il n'était
pas né pour la guerre. Omar-Emir de Mélitine ' étant
entré dans l'Asie, Théodora , toujours prévenue en fa^
veur de Théoctiste parce qu'il lui était fidèlement at«
taché y le chargea de cette expédition. Il partit avec
une armée plus nombreuse que celles qu'il avait per*-
dues y mais ce ne fut que pour essuyer une plus san«^
glante défaite. Il fut battu près du mont Taurus, [en
un lieu nommé Mauropotame^] y et prit la fuite , lais-
sant sur la place quarante mille hommes de ses troupes.
La plus grande partie de ceux qui restaient , redoutant
son caractère dur et implacable , se donnèrent auxSar*
rasins, embrassèrent le mahométisme, et s'enrôlèrent
dans leur armée : de ce nombre étorit Théophane le
Pharganite ^, renommé pour sa force et pour sa va-
leur , qui dans la suite ayant obtenu secrètement son
pardon de l'empereiH* , s'échappa des mains des Samii*
sîns, rentra au service de l'empire, et fut fait grand-
maître de la garde - robe. lie vaincu trouva encore
moyen de se disculper auprès de l'impératrice ; elle lui
sacrifia même son propre frère, qu'elle n'aimait paa«
X Le cliroiiiqtteor George, p. ^39, ^ Oto^mnc h Ix ^a^ocvov. Georg.
rappelle simplement VÉmir^b i.(A8p. Chron. p. Sag. Ce personnage éuit
Il en est fie même dans la chronique sans dente Turc de naissance » et n^
de Syméon le logothète, p. 4^3. Ha k Farganah^ qui ét«it,i celte époque,
déjà été question de ce personnage, une grande et puissante ville du Tor-
ci-dev. p. xSg, not. x, lîv. 1.XIX9 kestan. On apprend de rempemi^
$ 56. — S.-M. ConsUntin Porphyrogénète, DeCof»
* Eî( rèv Xc^oftcvov Moupoiroraf&ov. rim, auL B/t, que les empereurs ea-*
Georg. Chron, p. 5 a 9. La position tretenaient un corps de troupes ap—
de ce Keu esc inconnue. l\ est ap« pelées Farganiotcs , à prree qa*ilsti*
pelé Maurotûpus dans la chronique raient leur origine du aséne Jj^J^^
de SynéoB le logothète , p. 433 , /« — S.-M.
LitunoirpojsrhFteuv^noir* — S.iM.
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(AaS45.) LIVRB ZXX, MICHEL III. ^ I7.I
Théoctiste, on ne sait par quelle raison, rejeta sur lui
h cause de ^sa défaite, et Bardas eut ordre de s'éloir
giier de la cour. Au contraire, le favori, malgré ses
infortunes , demeura en possession de tout le crédit 0t
de tout l'éclat qui pourrait suivre les plus brillantes
victoires. Il fit bâtir un superbe palais , des bains ma-
gnifiques, et planter des jardins délicieux. Comme il se
sentait d'autant plus chargé de la haine publique , qu'il
était dans une plus haute faveur à la cour, il se fit
donner un appartement dans le palais de l'empereur, le
ferma d'une porte de fer , et obtint une garde pour la
sûreté de sa personne, précautions sinistres, qui furent
toujours des pronostics plutôt que des préservatifs d'une
fin funeste.
Ces défaites i^éitérées avaient fait perdre à l'empire xxi,
beaucoup de soldats , dont un assez grand nombre ^,riwnni«ê*
étaient prisonniers chez les Sarrasins. L'impératrice Aimifarage.
proposa donc un échange, et le calife l'accepta. Il res- p/167, 168.'
tait à Constantinople des Sarrasins pris dans les guerres p.'^x'64r'
deThéophile. Les commissaires des deuxnations se rendi-
rent avec leurs prisonniers au bord du fleuve Lamèse',
à une journée de Tarse. Ils étaient séparés par un pont.
[L'eunuque Rhakan fut chargé de cette opération de
la part du khalife ^. ] On y faisait passer en même
temps un Grec et un Sarrasin. Le khalife [ Wathek ^ ],
• •
* On troarsit dans l'aDtiqnit^ , change commença le lo de mohar-
dans la partie occidentale de la Ce- rem, par conséquent, le i5 aeptem-
linie, une rivière et' une ville Lames, bre S45. *-^ S.-M.
dans un canton nommé Lamotès, 3 Dans Lebean il/n/ai^m. C'est une
CTest Celui dont il 8*agit. — S.-M. erreur. On a vu qu*à cette époqae
> Cet échange se fit , selon Abou'- ce khalife était mort. Son fila W««
Ifiinidj, Chron, arab, p. 167, en thek régnait en Tan 8 4S. Yoyee ci«
ran aSi de l*hégire (6 septembre devant, p. 148 , not. 4, Ht. ijhx»
S45,-- 37 aoàt 846 d« J.-C.)* Vé- $ 4i* — ^..M,
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*7^ #• HISTOIRE DU BÀS^EBIPIRE. (An 845.)
zélé pour une secte de mahométans qui traitait d'hé-
rétiques les musulmans de différente doctrine, avait
ordonné de ne délivrer que ceux qui déclareraient qu'ils
croyaient l'Alcoran créé, et que, dans l'autre vie, on ne
Verrait pas Dieu face à face. A chaque prisonnier que
les Sarrasins recevaient, ils s'écriaiçnt Dieu est grand.;
c'était le cri ordinaire de leur nation. Les Grecs , à
l'arrivée d'un des leurs , chantaient Kyrie eleison. On
n'en déUvra de chaque côté que cinq mille trois cent
soixante. Après cet échange , les Sarrasins entrèrent
en armes sur les terres de l'empire pendant l'hiver;
mais cette incursion leur devint funeste : plusieurs
moururent de froid, d'autres furent pris; le plus grand
nombre se noya au passage d'une rivière '.
Aw 846 ■"' y avait plus de soixante ans que Stauraee , sôus
qcni. le règne de Constantin , fils d'Irène, avait chassé de la
Tons subjû- Grèce les Esclavons ^; mais, pendant que les princes
^rècc" iconoclastes s'occupaient à faire. la guerre aux images,
deadm!imp; ^®^*® natîon remuante était rentrée dans le pays, qu'elle
c.5o. ravageait impunément : beaucoup d'entre eux s'étaient
étabhs dans le Péloponnèse ^. Théodora ne crut pas
devoir abandonner aux Barbares cette belle contrée :
elle fiit lever des troupes dans la Thrace,la Macédoine,
et la partie de l'illyrie qui appartenait encore à l'em-
pire, et mit à leur tête Théoctiste [Bryenne^], son
•
^ La rivière de Bodandun ' oa 2xXa€oi. Coost.Porph.i)ér adm, bnp,
Podatidus, Voy, ci-dev. p. 98, not. c. 5o. — S.-M.
4 , liv. T,xix , § 10. — S.-M. 4- Ô 08OXTiaT«;, cô to èirtxXiiv ô
* Voyez ci-devant, t. lap. 339, "^^"^ Bpoieviwv, ffrpaTD'yb; èv tû d«-
tiot. 5 , liv. Lxvi , S 7. Voyez aussi [xotTi neXoircwiiocu. Const. Porph.Oc
lee qae j*ai dit des peuples slaves , adm. imp, c. 5o. Ce personnage n*est
t. 5 ,p. a63 , not. x , liv. xxxvii, pas mentionné dans la généalogie des
£■47. — S.-M. Bryennes, donnée par Da Gange,
? Pt Toû OsfAXTOç n«XG9;cvyi(ioGU i^<jm.-^x^, p. Î76-177, . — S.-M,
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(An 8A6.) LIVRE LXX. MICHEL ÏIÏ. ifi
premier écuyer, moins élevé en honneur, mais plus
habile dans la guerre que Théoctiste le tuteur. Ce
général, entré en Thessalie ', battit les Esclavons au-
tant de fois qu'ils osèrent en venir aux mains , et les
chassa devant lui jusqu'au fond du Péloponnèse^. Deux
peuplades d'Esclavons, nommés Ézéri tes et Milinges^,
cantonnés dans les défilés du mont Taygète, qu'on
nommait alors Pentadactyle ^^ depuis Sparte jusqu'à ta
mer [ auprès de l'antique Hélos ^ ] , ne purent y Être
forcés , et Théoctiste se contenta de leur imposer un
tribut. Les Ézérites établis à l'orient de la montagne
consentirenfà payer tous les ans trois cents pièces d'or,
qui ne font guère que quatre mille livres de notre mon-
naie ; les Milinges , à l'oCcident , n'en payaient que
soixante : c'était tout ce qu'on pouvait tirer d'un peu-
ple pauvre, dépourvu des ressources du commerce ^.
Théoctiste demeura dans le pays en qualité de pré-
teur; et ces peuples restèrent en paix sous des gou-
verneurs grecs, jusqu'au règne de Constantin Porphy-
rogénète.
L'impératrice avait rappelé les confesseurs exilés.
X GetW circonstance ne se trouve 3 Qi ÈÇgptTOt et oi MiXti-y^oC. —
pas dans Constantin Porphyrogé- S.-M.
nète , le senl autenr qui ait jamais ^ 6po; s(rriv Ixelos p.s'^fa xai 6(|nf)-
parlé de cette guerre^ — S.-M. Xorarov , xotXoûfASvov HsvTai^axTuXoi». -
3 Le texte de Constantin Porphy- Const. Porph. l)e adm, imp. c. 5i.
rogénète, De adm, imp. c. 5o, où — S.-M.
il est question de dette gaerre , rie 5 two vit» Aoxe^aipioviav xal rb
parle que des Slaves du Péloponnèse^ ËXo;. Const. Porph. De adm. imp,
et il semble indiquer qu'il y avait c. 5o. — S.-M.
dans ce pays d'antres peuples révol- ^ C'est dans le même pays qae
tés conti'e l'autorité impériale. Uav- les Maïnotes , dont on verra Po-
T«ç jAfiv Tobç 2xXà€ou?,, xai Xoiwoùç rigine ci-après, t. i3, liv. uxiii,
dwuiroTaxTOu; toO 6g(i.aTo; neXowown- § 44 > ont conservé jusqu'à no*
«o« uiTBTaÇt x*l ijtiùfùQO.'ïtt, — S.-M. jours leur indépendance* — S.-M.
Ignace
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174 niSTOIRX DU BàS'^EMPtRË. (An 84a)
socoède à Pour efiacer toutes les traces de la peFsécution , elle
* ^ °'* fit rapporter à Constantinople les corps de peux qui
Cout. étaient morts en exil : c'était Métbodius qui lui avait
Theoph. p. . , / . , T 1*1 -^T* /
lao. inspire cette pieuse pensée. La translation de Nice--
^4?5. ' phore fut célébrée avec la pompe la plus solennelle ;
^3!. ^ ce saint patriarche, mort depuis di'^-huit ans, avait
oricw.ch?. ^^^ iohumé dans un monastère au-delà du Bosphore.
* \^5^^^' Méthodius se transporta lui-même à son tombeau^
Mich. Mo- L'eihpereur, le «énat, une foule d'habitants, un cierge
ap. Sarium. à la maîu , allèrent au-devant jusque sur la Bosphore;
Theodora. Le corps fut porte d abord à Samte-Sçphie , et ensuite
riJury*hi»t. à l'église aies apôtres, où il lut enterré le i3 mars
**^art' aâf *' ^4^. Àprès avoir rendu cet honneur à If icéphore ^
Méthodius alla rejoindre dans le ciel ce généreux
athlète, dont il avait partagé les combats. Il mourut le
a 4 juin, et eut pour successeur Ignace, auparavant
connu sous le nom de Nicétas. C'était le tinbisièmc fils
de Michel Rhangabé. Léon l'Arménien l'avait fait
eunuque pour lui ôter l'espérance de monter sur le
trône de son père.* Il s'était attaché aux célèbres con**
fesseurs Joannice et Théophane , qui l'avaient instruit
et formé à la vertu.' Ayant embrassé la vie* monastique,
il prit le nom d'Ignace, et fo;fida lui-même plusieurs
monastères '. Il était dans sa quarante-huitième année,
lorsque son éminente sainteté , plus encore que son
illustre naissance, Téleva sur le siège de Constantinople.
Ah 847. P^" de temps après l'élection d'Ignace, les Khazars
XV. firent savoir à Theodora qu'ils désiraient embrasser le
Conversion -, , . . ^ , .^ ,• ,,
des christianisme , et la prièrent d envoyer quelqu un pour
« LorsqaMI fut iUrè «n patriaf* ^«Tu^att. ConU Tk^Opk. p. i>On -*^
cat, il était aupéfficiir du monaatèr^ S«>M.
de Satynis. «)pû(av6c -r% fuvvic mô
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(Aa $47) LIVRE WtX. HICHBL UI. 1^5
les instruire. Leur religion u'avait été jusqu'alors chi»»^.
qu'uu mélange du judaïsme et de mahométisme '. Ils Boiundin
promettaient en reconnaissance d'être désormais con- Methodi^
stamncient attachés à l'empire , et commencèrent par ****"■ °**'^'
renvoyer tout ce qu'ils avaient de prisonniers. Constan-
tin, surnommé h philosophe, [né à Thessalonique et}
qui prit alors le nom de Cyrille, fut choisi pour cette
mission. Arrivé [à Cherson, dans la Tauride *,] il
s'occupa de l'étude de la langue ^ que parlaient les ]U)a^
1 Adjîcientes inter cetera , quo^
mam nnne Judtri ad fidem. suam ,
m9dm Saraceni*ad j«<ifii n0s corner^
tere « contrario moUuntur, Vîta
S. Cyril, ap. Bolland. Mart. t. d,
|s 19. l^ea antcfirs arabes noa» doo*
nent de cnrieux renseignements sar
les ef/oris que les masnlmans avaient
fûts ponr répandre leor religion cb^as
les Kbazjirs, et sar la cooversîoq d«
G^tte nation et de son sonverain^à la
rçllgiop joive. Ç*est on fait éton«
nant et important dont il n'es^ pi^s
pensais de douter. Il confinnent tout
ce qne les rabbins juifs ont dit de la
eontersipo 4*on grand peaple nom-
mé Çjf^vu et de son roi à la religion
jaive^n existe nn livre, célèbre au-
trefois che« les hébraïsants , connu
sous le nom de lâber eotri , qui con-
tient une longue et intéressante dis?
coasioB tbéologique, qu'on croit
«Toîr ei^ lieu entre le docteur juif
Xsaac Samgor et le roi de Cosar. Ce
livre a été publié avec une version
latine 9 par Buxtorf le fils , à Baie ,
1640 , 1 vol. in- 4**. Ce n^est que bien
loxig-temps après cette époqne, et
depuis assez peu d*années»qoe Ton a
troi^vé lea indications des auteurs
arabes qui confirment les traditions
rabbiniqnes 9 regardées autrefois
comme toutes fabuleuses. Les écri-
vains que je viens de citer rapportent
qn*au dixième siècle , les cbefs des
KhazarSjÇt la plus grande partie' de la
nation professaient la religion juive ,
qu^ils avaient embrassée du tempfdn
kbalife Haroun-al-rascbid (78-80).
yoyez les deuils recueillis à ce su-
jet par M. Mouradja-d*Obsson, date
son livre intitulé f^oya^e d^Jbovl'
Kassin, p. 34 et 35.
> Ou plutôt à Cherson , ville puis-
sante à cette époque, doQt j*ai parlé,
t. I , p. 325 , not. 3 , liy. v,- S 16 ,
et t. i3 , p. x33 , not. v, lîv. i.xix ,
S 3a .L*bistorîen de saint Cyrille dit :
lier arripiens venu Chersonam ,
quat nimirum terra: vîcina Gazaro-
rum et contigua esty il, S. Cyril, ap,
BoUand. Mart. t. a, p> ao» -- S.-M«
3 Lebeau ajoute siavonne. C'est
une erreur, comme on a pu le voir
par ce que j*ai dit de leur origîoe ,
t. II, p. 37, not. 7, liv. Lxvi:
j ao : ils n'appartenaient pas à la
race des Slaves, ils étaient de la
famille des nations finnoises et
bnnniqoes, qui formaient la pins
grande partie des nations qui habi-
taient primitivement les provinces
de Fempite de Russie. < — S.-M.
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1^6 HISTOIRE Dt BUS-ÉAfPlRE. ' (An 047.)
zars. [Pendant son séjour dans celte ville, il y fit la
découverte des reliques du pape Saint-Clément*; il se ren-
dit ensuite chez les Khazars.] Ses travaux furent cou-
ronnés du succès : [il confondit les sectateurs de la re-"
ligion juive ainsi que les musulmans % et] toute la
nation devint chrétienne : il y laissa des prêtres ^.
[Constantin revint ensuite à Constantinople. Bientôt
après il] passa [dans le pays des Slaves,] chez les Mo-
raves^,[dont le prince Rastilas^] désirait suivre l'exem-
ple des Khazars. [En passant par la Bulgarie, Con-
stantin y jeta quelques semences de la foi chrétienne,
qui ne tardèrent pas à fructifier;] il demeura [dans la
Moravie durant ^] quatre ans et demi avec son frère
Méthodius 7^ et ces deux ministres de l'Évangile en
« t^*datear de la vie de Saînt-Cy-
rîlle , publiée par les BolIandlAtes ,
donne les détails de cette décoa-
verte et des cérémonies auxquelles
elle donna lien. — S.-M.
» Convertit omnes illos ah errori-
bus f quos tant de Saracehontm quin
de Judceorum perfidîa retinebat.YiU
S. Cyril, ap. Boll. Mart. t. a, p. ao.
n paraît cependant que la reli-
gion chrétienne n'y jeta pas de bien
profondés racîneà, car les auteurs
arabes font voir qu'environ un siècle
après cette époque , il y avait beau-
coup de juifs encot-e àsunà ce pays.
Voyez ci-devant, not. . — S.-M.
3 n est probable que Constantin
donna un alphabet aux Khazars
comme il en donna un bientôt après
aux Moraves et aux Slaves. Voyez i
te sujet, M. Klaproth , ancien Jour-
nal asiatique, t. a, p. la. — -S.-M.
4 Les Grecs rappelaient la'Grande-
Moravie, ^ ^è'^dkm Mcpaêia, ou
le pays de Sphendoplok, i^ x^^P^ '^^V
2çEv(^6TCXo}cbî>. Dominique vivait
vers Tépoque dont il s'agit ici.
Voyez ci-après. La Moravie for-
mait alors nn royaume slave, très-
puissant, qui comprenait le pays
qui a conservé ce nom , une grande^
partie de Tarchi-dnché d'Autriche^
avec la partie septentrionale de U
Hongrie. Us eurent souvent â soute-
nir des guerres contre les etopereuri
de la race de Charlemagnè. — fi.-M,
5 Audiens JUastile^s princeps Mo^
raviœ , quodfactum fuerat a philo»
sopho in provincia Cazarorum , ad
impcraiores nuntio* misit. Vit. S.
Cyril, ap, Boll. Mart. t. a^ , p. ao.
— S.-M.
^ La conversion de la Moravie doit
se placer en Fan 86 1 on 86a. ->
S.-M.
7 In terrant SclaUorum simul
cum^Methodio germano suo trani-
misit. Vit. S. Cyril, dp, Boll. Mart
t. a, p. ûo. — S.-M;
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(Am 847.) LIVRE LXX. MIGHKL 111. J'Jf
établirent la croyance dans cette contrée. [Constantin]
inventa [alors '] i'alphabet slavon, ces peuples n'ayant
point encore d'écriture alphabétique^, et traduisit
l'Évangile ^ et les parties de l'Écriture-Saînte qu'il crut
les plus utiles à leur instruction ^. Ils viilrent à Rome,
[où ils furent appelés par le pape Nicolas II ^, et y
arrivèrent ] sous Ib pontifical d'Adrien II, et furent
£iits évéques. Méthodius > après la mort de . son
frère ^, fut employé avec le méine succès à la Conver-
sion de la Bohême 7.
Ces peuples s'étaient portés d'eux-mêmes à embrasa Ak ^4».
ser le christianisme: Théodora voulût contraindre les ^^^- ,
... - ^ - Ravages aes
Pauliciens de renoncer 4 leurs erreurs. Cette secte im* Paaiidens.
I Tons les détails relatifs àTinven-
t!on de Talphabet slavqn et à ]k thi-
dilctioii dël'Écritnré, avaient été pla-
cés par Lebe^n k la 'suite des détails
sar la conversion des KHaisars , c^la
«ontre le témeignage formel de l'an*
cien biogrjil)[>be de saint Cyrille et de
sain^ Métbôdias. J'ai rétabli le texte
k sa vraie place. — S.-M.
a Parvulos eoru'm Utteras cdo-
eere. Vît. S. Cyril, ap, BdU. Mart.
t. a, p. 90. Le ^pe Jean VIII, dans
Qtie lettre à Sratoplok, roi de Mo-*
ravie, s'exprime ainsi à ce si^et :
Utteras sclàvtmieOs a Constantino
quodam philosophé repertàs, qaibus
Deo lavdes débita résonant , jure
laudamus. Cette lettre est de Tan
S 7 9. Les lettres données anx Slaves
par saint Cyrille et son frère , sont
leâ anciennes lettres slaves qui por-
tent encore actaéllenicnt le nom de
lettre cyrilliques , desquelles dérive
Talphabet russe. Ces lettres sont en-
core 'en usage cheE les Dalmates,
Tom^ XII!.
les illyriensy et presque tons lés
Slaves voisins de F Adriatique. Voyek
Tintrodoction que DobtoWsky a
placée en tête de son savant ouvrage
intitulé Insïitàtiohes Knguas stayicœ
dialecti veteris. Vienne , iS%% , i
vol. in-8°. — S.M.
3 Evangeliùm in eofàm îinguam
a phUosopho prœdicto translatum.
Vit. S. Cf ril. ap, Bolland. Mart. t. 2,
p. ao. — S.>M.
4 Scripta ibi reliquerunt omnia ,
quœ ad ecclesiœ ministerium vide-
b€Mtur esse necessariaiTit, S. Cyril.
ap, BolL Mart. t; a, p. ai. — S.-M.
5 Ce pape mourut. le i3 novem-
bre 867 i ce qui indique à-peu-près
la date du voysge de Cyrillft et de
Méthodius. — S.-M.
6 II mourut le 14 février 868.
— S.-M.
7 Le duc de Borziwoy et sa femme
LudmiUa furent baptisés par saint
Méthodius. — S;-M.
Ta
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178 niSTOIRS DU BA^S-EMPiRlt. (An «^S.)
l>etrus Si- pie^ animée par les rigueurs qu'on eœplojrftît pour la
ced^.t! a, dëiniine, se multipliait de jour en jour et se vengeait
Lfi'îeft^ai par des assassinats ^ Jls avaient massacré Thoîmas^
^Coff' évéque de lïéoeésarée ^ et Paraoondace^ gouverneur de
Theoph. p. iji province *• Tbéodora résolut de les convertir ou de
coDst.Porp. leg exterminer* Elle envoya dans ce dessein Léùn fils
c. 10. * d'Argyre, Andronic fils de Duoas ^,«t Sgdalis, qui por-
tiot. L\lb. tèrent chez ce malheureux peuple les supplices et la
CoM^ifpo'^. ittort. Ils en firent, dit-^on, périr cent mille ^ dont lea
wciéZ'Msi biens furent confisqués. Le reste , fugitif et caché dans
"*'* ^^* les bois, menait une vie sauvage. Le Pont^ la Cappa-
doce^ la petite Arménie étaient infestéis de leurs brî^
gandages. Ils étaient sans chef ^ Sergius qui 1^ avait
commandés ayant été tué à coups de hache dans une
forêt ^. Un aventurier , d'une audace déterminée, vint
se mettre à leur tête. Cétait le manichéen Carbéas,
attaché au service * de Théodote Mélis^ne^ préfet
d^Orieut 7. Ayant appris que son père avait été exécuté
à mort, il s'enfuit de chez son mâittre, rassembla cinq
mille Pauliciens^et se réfugia auprès de Ternir de Mé-
litine, qui l'envoya au khalife ^. Ce prince , charmé
1 Voyes ci-devant » ton. la , Th^pkftl« , il fat taé par wi certaîa
p, 45s , Kt. iJCTit , S^ 39.*- S.-M. XaâniMi de Tbéopolî». Sergios avak
* Ce fait BOtis est connu par été chef de» manichéens pendant tout
l^îerre* le «Sicilien dans aon petit ce tenpa. — S.-M.
ttaité aur iea Panlidena, pi^ié à ^ U reapUssait auprès de loi in
Ingolstadt, en 1604. Cet atiitear cbai^e de pratomtui^iator : vkt "rc^
▼ivait jpen après cette époqaé , sons orf «>T0(i4iv^àT«>p^ itXDpcM À^y^»
le rè^ dfe ]laaik4e>Macédioaieik. Cont. Theopk p. Jo3. — S.nM.
— S.-M. fi BMqtqç & XAtk rvt iiiX{(ngycv^
3 Le cctttiniiatear de Tbéopbane, €ont. Theoph. p» loS. --^ S.-M.
p. io3, dit, le fils d*Argyre et celai ^ Oaplatétcomniatidantdiithéase
de Dmeas, é roS Àç^oû nal 6 tou des Anatûliqnea. Cont^ Theoph. p»
àcuRoK. C*ett GédtféDos» t. a, fp^ Si i , k»3% •- S.-M.
fjai donne leurs nottisw — ^ S.-M* ^ Ufhç Tf v t^ MiXiTtvvic ni^tiB(3T«
4 En l'an 835, sons le régne de N«T«^)c«VTa JLfJM^ '^«vtCAi, n^tMw
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{lta«4$-) tiyafe LXX. MICHKL lit. • \^
de susciter à rEmpire un implacable ennemi «^ l'asmita
de M protection et lui doooa pour habitation le mont
Argée en Cappadoce '. Bientôt les Pauliciens dispersés
se rendirent «luprès de lui , ensorte que Ib terraio du
mont Aligée se trouvant trop étroit pour les oootenir,
Ga^rb^ leur fil bâtir 4ine nouvelle ville sur les cou*
fins du thème de Colonée^, dans rArméaie-Mineure.
Cette viUe, ^u'tl BOttima Téphrique ou Tibrique^, de-
vis! un re|»ire de brigands et de scélérats. Cétait
l'asile de tous les Pauliciens^ auxquels on donnait la
chaise dans le reste de l'Empire. Les libertins^ t«s
banqueroutiers, les meurtriers ,, les f^ens poursuiv»
pour crime s'y réfugiaient pour j jouir, de l'impunité
ei de la liberté.. Ik se joignirent avec Omar ^, émir
de Mélitiiie ^, et Alim, émir de Tarse \ pour rava^r
Cont. Theoph. p. io3. — S.-M.
« 1)1 on ««nten -que ie cimthKNi-
tenr de Thëophane, p. io3 , appelle
Jmttrm (peM-^e Aèara (M .<tf««-
f«}w Ob «âhiit romar^tièr que oet mi-
taor |Nirie de «es deux «ndreitt
conne M dmx TÎUes fondées |»«r
Wft PMilfoîMtt. no)jiK n xvfi^tv ifrtf
À^aoSv, MCI T^-ifbttfft». 21 seMÎt
doMG possiUe de distinguer la ¥iUt
d^^/yioûMa^nDeationiiée pcr.le eas-
tÎBiiateor de ThéophaBe,, da atout
Ai^ 98Î>était ea Cap^doce. Dans
le doute, }'«i laôsé le texte de Le-
lieaa dttns Tétat où il se, trouvait» On
lit de KiéBie dans GédcéoBSi, t. a»
p.541. — SwOi. •
s ILoXuysio. C*emt le nom latin de
Colaaia. On 'croit qae cette ville
avait été &ndée jpar Pbmj^ après
la défiftte de AlitfarîHate. JVn ai parié
dans:mes Mémoire hùt^rifnes «r
igèographiques sur V Arménie y t. t ,
p. i*8"9 et 190. On voit parConstan"
tin Porphyrogénète, De themaC. , 1. i ,
c. 14» , qnVUe étast voisine de Néo^
césasée dans la Gappadoee.-^S.<M.
3 f e^puc^ Celte ville ^ nemniée
tfdaeBeinent Di¥nghx^ est le chef-
lien dV» Smdjakat dépendant de
Sébastc %-U.
4 Le ODOtinnateur d« Théofdianc^
p. io3, l'appelle ÂmbnuevL Amron,
Affcgfsv ixaXtoiey oi «eXXot. Cet émir
est appelé Moneehtrnrès , Jiervsg^o*-
pdpiQ(, |yar Pierre*le*Sioilien, dans
son petit traité histoiiqae anr les
Paolieiess^ p. 90. On a vn oî-dev.
p. 104 , n«kt. % , liv«v.xiK, S x4f
qu*il s'appelait réellement OMac; ~-
S.-M.
^T^MiXtTivvicIiMip.GcinU'nieflfià.
p. io3« — Sw-M.
6 Ou plntAt Ail. Ô TViç TKpaov iX-
la.
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Air 85i.
XTXX.
Commence-
ments de
Basile.
Léo p. 458,
459, 4O0.
Cedr. t. a, p.
557 et seq.
Zon. 1. x6, t.
a, p. i63,
1^, x65,
X73.
18. p.
xo5> xoo,
107.
Glyc. p.a94,
a97-
180 HISTOIRE DU BAS-IMPIBE. (An 84^.)
les terres^dé l'Empire. Alim setant séparé dés deux
autres, périt en Arménie avec toute son armée '. Omar
demeura uni avec Carbéas, et saccagea les provinces
d'alentour. Pétronas , frère de Timpératricte *^ fut en-
voyé pour réprimer leurs incursions. Il parait. (|u'aa
lieu de les attaquer il se tint sur la défensive, et qu'il
se conteata de ne se pas laisser battre.
Les conseils secrets de la providence élevaient albrs
par degrés, dans la cour de Constantinople, un ma-
cédonien ^ nommé Basile, qu'elle avait tiré de la poas^
sière , pour le placer un jour sur le trône. Il était né
sous le règne de Michel Rhangiabé j de parents pau-
vres^ qui gagnaient leur vie du travail de leurs mains
dans utie bourgade voisine d'Andrinoplë# Cette con-
trée de la Thface faisait alors partie du gouverne-
ment de Macédoine. Lorsque Basile fut empereur, on
lui forgea une généalogie qui faisait descendre son
père des Arsacides ^, et sa mère dé Constantin-le-
X^ (leg. ÂXîk)» Goat. Theopfa. p. io3.
C'est dans Cédrénns , t. 3 , p. 54a ,
qu'on lit ÂXiip.. — S. -M.
X n panit qu'il avait été envoyé
en Arméirie poar y commander. O
{Aiv ÂX^C Iv TlVl TÔV Àp{AtVt«>V /«SpOe
â^X^v* àirorraXeiç. Cont. Theoph.
p.io3.-*-S.-M.
* Il était revéta de la dignité de
grand domestiqne : rnv toS ^o|Aia7t-
xou à^yi^ ^loufiâv. Gont. Theoph.
p. 104. — S.-M.
^ ^{&«T0 fxèv U rnc Msxe^oWv
pk* Con8t.Porph. Fît. Bas.^. x33.
— S..M.
4 On disait qn*il était arménien ,
de la race des Arsacides: t6 ^c fsvoç
tiXxiv i\ Àpfx£vi«>v sOvouç Àpaoxtttv.
Contt. Porph. Vii, Bas, p^ x33.
Génésias, 1. 4> p. 5i» le fait des-
cendre de Tiridate, roi d'Arménie:
KiK6e$v)c iï xal Tn^^éroi} to5 fkun-
XiiùÇf -niç aûrviç attpôc é|if)pfLlvoo.
Constantin Pocphyrogénèta ajoute
qn'Artaban et Cliénus, privés de
leurs possessions en Arménie, et cra»>
gnant pour leur vie , s'enfuirent a
Gonstantinople , sous le règne de
Léon-le-Grand, beau-père de Zédon
(46-48),qui les reçut avec distinction.
Le roi qui gouvernait la Perae à cette
époque, ^ t« t^ Ut^otxvtç ^tricwv
àpX'W > -Const. Porph. Fie, Bas, p.
i34, essaya de les faire revenir en
Arménie ; il n'y «put parvenir. On
conçut cependant des soupçons
contre tax. L'empereur leur donna
alors des biens à Nice en Macédoine.
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{AnBSi,) LIVRE t%X. MICHEL IIL l8l
Grand '. On voulut même lui faire accroire que sa
famille^ tant. du côté paterpel que du côté maternel,
remontait au grand Alexandre ^. Ces fables, adoptées
par plusieurs historiens , accréditées surtout par son
petit-fils Constantin Porphyrogenète, était de l'inven-
tion de Photius ^, qui regagna par ses mensonges
flatteurs les bonnes grâces du prince , qu'il avait mé-
JùëL p.'i7t.
Contt, Porp.
Vit BatiL
p. i33 et
«eqq. .
Syiii.p.433.
434.
G«org. p.
5^9 et seqq.
Geneft. 1. 4,
p. Si, 5a,
53.
Du Cangf ,
Ils passèrent plus tard à Philippes,
d*oà enfin ils allèrent À Andrinople.
Pendant tput ce temps ils conser-
Tèrent la pureté de leur race en ne
• se mêlant avec aacane antre famille :
Tvtv iraTç^tov i^miav ^locaedCovrc^ ,
ttç. Const. Porph. Fita Bas, p. i34.
Sons le règne de Constantin et d*I-
rêne, nn homme de cette famille ap*
pelé lUaïctes (pent-étre le nom ar-
^Qoénien Umaîéa) , vint à Constant!-
nople; il y reiiço.ntra nn bomme de
sa nation nommé Léon , issu de. noble
race. Il contracta alliance avec lai
^t épousa sa fille. C^est de cette
£uDille que naquit le père de Basile-
le-Macédonien. Celui-ci épousa la
fille d*ane Teuve noble et vertueuse
^Andrinople , qui passait pour des-
cendre de Constantin. Cest de cette
union que naquît Basile. Tels sont,
en abrégé, les détails que Tempereur
Constantin Porphyrogénète donne
sur Vorigine de sa famille. — S.-M.
* :s.aTpoôev ptèv iXxwv tw -IÇ Àp-
aocxou ou'Y'yévsiav "h <^è /xiÎTYip- riî t«
Tou fite-YOcXQU KwvffravTÎvou ou-y^eveia
ixoXXcdirO^STO. Const. Porph. Vit,
Bas. p. i35. — S.-M.
> Airb ôaT^pcu fispouç , tt;v ÂXsÇav-
Vit, Bas. p. ^5. — S.-M.
3 Cette imputation, qui se trouve
dans tous les livres modernes^ qù
il est question de Torigine de Basile,
ne me parait nullement fbndée. On
a déjà pu remarquer que presque
toutes les familles qui tenaient la
premier rang à cette époque à Con-
stantinople étaient arméniennes , et
qu'elles- étaient des branches des fa-
milles les plus illustres de T Arménie.
Je ne comprends pas comment il
n'eif aurait pas pu être de même de la
race de Basile , dont plusieurs des-
cendants portèrent des noms armé-
niens, en mémoire, sans doute, de
leur origine. On a pu remarquer que
plus d'un des rejetons de la race
des Arsacides s*étaient attachés au
service particulièrement sous le règne
de Justinien. Il serait possible , en
effet , que Basile fût un descendant
d*Artaban oU de ses parents , qui se
distinguèrent du temps de Justinien,
dans les guerres d'Afrique et d'Ita-
lie, et dont il a été très-souvent
question. Tous les auteurs s'accor-
dent à dire que la famille de Basile
tenait un rang très-distingué. Je ne
vois donc aucune raison de rejeter
ce que l'empereur Constantin Por-
phyrogénète dit lui-même de l'ori-
gine de ses aïeux. George-le-Moine,
Chron, p. 64a , nous fait connaître
qu'il avait un frère nommé Symba-
tius ou Sambat, ce qui est encore
un indice de son origine arménienne*
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l8a HISTOIRB BU BÂS*£MP1HK. ^An Wr.)
fca. 8ys. i^. rite de perdœ. Je vais rap^porter ks principaux évé-
Oogi^^ ncffl^i^ts de la vie de Basite,jus(|u'au temps où II pttr--
H^M^rp. "^'"^ ^ '^ charge de premier écuyer. Il était encore au
Sio» Si», borceau lorsque Crum prit Andrinopte ^, où se trot»-^
vaut alors sa famille, et il fut transporté en Bulgarie
avec les autres liabitants. Ces malheureux exilés con-
servèrent leur religion ; ils la firent même connaître
aux Bulgares, dont plusieurs l'embrassèrent dès-lor&.
Zocus^ successeur de Crum après Deueom *, ^^^ n'a-
vait régné que peu de temps, prince féroce et inhu*
main, irrité des progrès du christianisme, fît mourir
Manuel ^, archevêque d'Andrinople, avec un grand
nombre d'autres, parmi lesquels plusieurs parents de
Basile reçurent la* couronne du martyre.
^^^jj Cruellement traités par Mortagon ^, successeur de
^do^en» Zocus, et dcpuis par Baldimer, petit-fils de Crum ^,
reiourDCDt les chrétteus résolurent de se tirer des mains de ces
daii3 leur -. » • —
pays. Barbares. Entre ceux quon avait conduits en Bulgarie
se trouvait un guerrier nommé Cordyle * Il se déroba
• Voyez ci-dev. p. 6, liv. lxviii , hc. cit. 11 est appelé par erreur,
53. — S.-M . Crj-ta^ofi, Xpura-y wv, dans CédréDos ,
a Voyez et qne' j*al dît de ces t. a, p. 538, qui copie d*ailleur&
princes, ci-dev. p. to , aot. i, îîv. Constantin Porphyrogéncte. — S.-M.
Livrii, S 8. — S.-M. * ^ kçx^'t BoiikioL^ioLi 6 TiaX^iiLipy
' Selon Constantin Porphyrogé- ly^ivoç Kpo6[it.ou. Georg. Chron. p.
nète, Fit, Bas. p. i36, ce ne fut 53o. Ce nom de Baldimer on Val-
pas Deueom , mais Mortagon qni fit dimer^ est le même qne ceini de
monrir Mannel. Toyez ci-devant, Wolodimer on Vladimir, porté
p. x3, not. 3 , ]!▼. UEviii, § 9. par beaucoup de pninces rosses,
— S.-M. c*est le Valdemar des Danois. —
4 Moutragon dans Constantin S.-M.
Porphyrogénète , Fit^ Bas. p. i36. ^ Il était, selon le moine George,
Toyez ci-devant , loc. cit. Selon Chron. p. 53o, stratélate on coro-
cet antenr, le successeur de Cm- mandant militaire délia Macédoine,
mus : M!>vTp«Y«>v, ô too Kpoupiou crTpaTDXanoç iv Maîft^ovia ; il avait
^^à^oxoç. Voyez encore ci- devant, un fils nommé Bardas. Ce dernier»
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(As aSi.) LIVftK-LXX. MICHBL lll« l82
du psjn et alla demander à Teiopereur des vaisseaux
pour transporter ses compatriotes à Goostantinople.
Théophile, alors empereur, envoya un nombre suffi»
sant de barques, qui se tinrent à l'aucre au bord du
Pont-EuitiK Corâyle Tajant fait saroir aux Macedo^
niens, ils commencèrent à marcher vers la mer avec
leurs familles et leurs effets. I^s Bulgares les poursuis
virmt, et il y eut un grand combat oii les MaoMoniens,
animés par Cordyle ^ et par leur désespoir, iléfirent
entièrement les Bulgares. Ils approchaient du rivage
où les barques les attendaient, lorsqu'ils virent accourir
derrière eut uH nombre innombrable de Hongrois \
Ce nouveau peuple ^ était un mélange de Turcs, de
Kbazars et d'Igours,qui, d'abord établis au nord des
Palus^Méotides, chassés ensuite par les Patzinaces \
vinrent se jeter dans la grande Moravie , où ils furent
selon le même aateor, était chef
d*Diie colonie de MacédoDÎens , éta-
bUe aa^elà dq I>an«W. T«^v Mwfftr
Âflivou€iou. — S.-M.
1 George -le- Moine , Chron. p.
53 1, dit qails avaient poar che&
Cordylis «t Tiantsiê, dont il lera
question cl»aprè«. — S.->Af .
* Georgeo-Ie-Môincy Chrou. p.
S2i , préieote ee iaitaxitTenieot : m-
loaltti, les fngitifs n*a^nt pa tra»
verser la Balgarie, [tài ^iiw)dmt«
«rtp«<wi BeuX<Y«piav, forent obligés
de se tourner vers les HoDgroi8,irpo<*
I^p6vi9av TOiç OUff^otç. U est fort
éifficile de compr^dre ce récit, à
moins qu*on ne suppose qnc les
Hongrois , qui n*étaient pas encore
établis dans le pays qni port» lenr
DOW, se tronvaient alors sur les
bords de la Mer-Noire, près des
bouches du Danube, ce qui parait
fort vraisemblable , puisque le même
chroniqueur dit qn*on v>it arriver
presque aussitôt la flotte impériale
qni devait transporter les fugitifs à
Gonstantinople. — S.-M.
3 Le moine George, Chron. p,
5 Si, le seul aoteorqn» nous ait fait
oonnaitre oe point de rhistoire des
Hongrois, les appelle , dans lemAne
récit , Hongrois, Huns et Tnrcs. H
a été copié par Léon-le-Gmmmniricn,
CkroH, p. 469. On a déjà p« voir
ailleors que les noms de Huns, d*Ou-
goors et de Turcs , pouvaient con-
venir à b mène nation, et qa*ils ont
été donnés au peuple mahrc de la
Hongrie. — S.-M. * .
4 Voyez ci-devant, p. i3o, not. i ,
I. txix, S 3a, et ci-après, 1. i.xxiu,
811.— S..M.
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l84 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 85i.)
connus sou8 le nom àfi Hongrois ^ Ce nom venait de
celui d'Onogours, donné par corruption aux hordes
dlgours^, qui, ayant passé le Volga, se joignirent
aux Turcs originaires du même pays. Ils se nom-
maient aussi Madgiares, du nom d'une horde de Kha-
zars qui se mêla avec eux ^. A leur vue , les Macédo-
niens se crurent perdus : ils se préparèrent cependant
à combattre. Ijcs Hongrois leur firent dire qu'ils ne
s'opposeraient pas à leur embarquement pouryû qu'ils
leur abandonnassent tout leur bagage. Sur le refus
de se laisser dépouiller, il fallut en venir aux mains,
et deux jours de suite les Macédoniens mirent en
fuite les' Hongrois K Délivrés enfin de ces ennemis ,
ils s'embarquèrent , et arrivèrent à Cojpstantinople , où
l'empereur les reçut avec joie, et lés renvoya dans leur
patrie.
XIX. Basile avait alors vingt-cinq ans. Son père étant
çonstonti. ^^^^ ^ 'J ^® ™^^ ^^ service de JSanzès % gouverneur
"?P^- de Macédoine. Mais ne trouvant pas dans cet état
de qUoi fabe subsister sa mère eï ses frères encore en
X n sera qiiestioii pins en détail mais non la pins nombreuse , dans
de cette nation, <ii-après,liv. ucxix. la Hongrie actuelle. — S.-M.
— S.-M. 4 Selon le uioioe Georges, CÀToii.
> J*ai parlé fort au long de ce qaî p. 53 x , le pins jeune des Macédo-
concerne les Igours , Ooigours ou niens , Léon , de ia famille des Go-
Ougonrs, de leaa identité avec les n^ostes, ixt'yévouç rûv Fcof^oeTây, fit
Turcs et de leur confusion avec les des prodiges de valeur et contribua
Huns et lesMadjars, ci-devant, t. 4, Ipplns à. la défaite des ennemis. H
p. 76, npL a, liv. XIX, § 434 t. 6 y devint, dans la suite, hétériarqne on
p. 4^5; t. 4, liv. XXXIV, $. ^S; commandant des troupes étrangères.
*• 9j P- 39a , not. 4,liv. xLix , S 3^» — S»-M.
— S.-M. ^Ilse nommait Bodas. Dncange,
^ Ces peuples sont, les ancêtres Mam, Bxz.p. i38. — S.-M. .
des Madjars, peuple de race finnoise^ ^ On plutôt Tzantzes. Syméon
c|ui sont encore la race dominante , lelogothète, Chron*}*, 434. — S. -M.
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(An S5i.) LIVRE LXX. 3fIGH£L III. l85
bas âge , il résolut d'aller à Coustantinople. Jamais
les' fortunes ne sont plus rapides que dans un état qui
se forme ou qui se détruit. Basile était bien fait, et
d'une taille' avantageuse ; les grâces de son extérieur
étaient accompagnées d'une force de corps, extraordi^
nâire. Il quitta sa mère et sa famillp qui fondait en
Jarraes, leur promettant avec conliance uK^ état plu3
heureux. Son dessein était de s'attacher à quelque
gfanc^de l'Empire et de s'avancer à son service. Ar*
rivé sur le soir à Coustantinople, où il ne portait que
les livrées de la misère, comme il n'y connaissait per-
sonne, fatigué du chemin, il se reposa sur les degrés
de l'église de Saint-Diomède, voisine de la porte de la
ville, et s'y endormit. Tout est miracle aux yeux du
vulgaire dans les commencements de la fortune d'un
homme qui, du dernier rang, s'élève aux |)remières
dignités de la terre. Les historiens de ces temps là,
soit par crédulité^ soit par flatterie, sèment les'^pro-
digés &ur tous les pas de Basile; on me permettra de
n''en pas rapporter un seul ^ L« gardien de rÉgliâe y
rentrant, la nuit déjà fermée, aperçoit ce jeune
homme, il en a compassion, lui donne l'hospitalité;
et satisfait de ses réponses il le met. en état d'entrer
au service de quelque personne considérable. Un cou-
sin de l'empereur ^, nommé le petit Théophile ^ à
cause de sa taille , fréquentait ce monastère : il se pi-
quait d'avoir à sa suite les 'domestiques les plus, grands.
I L'empereur Constantin Porphy- Porphyr. Fit, Bas, p. 140. — S.-Af.^
togénète, Fit. Bas,p, i36-i46,ra- ^ On Theophilitzès , sarnommé.
conte avec complaÎMnce toutes ces Pœdenomenus , 6 nai^8vop.evcc , 01:^
bistoriettes. — S.-M. Théopkilisus , selon Génésins,!. 4,^
' Ô Toû BaotXtttc MixÀiiX xat Bap' p. 5,a. r— . S*'M.^
^ATOÛ KaCaftfiic ouyyeviiç. Const«
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l86 HI8TOI1LE OU BÀS-EMPI&S. (An 85i.)
et les raîéux faits; il pread Basile à sou service , el
après avoir éprouvé son iateUigenee» sa vigueur et soii
zèle, il le fait son écuyer %el lui donne le nom de
Cépkalas ^, parce qu'il avait la tète fort grosse,
^^ Céphalas suivit Théophile dans le Pélopomièse^eîi
'^fche*"* l'impératrice l'epvoyait. Il s'acquit dans cette proviite^
plus dé considération que son midire; et lorsque Théo*
phile partit pour Gonstantinople, après s'être acquitté
de la commission dont il avait été chargé » Basile ^qu^il
laissa malade à Patras,trouva lès plus grands secours
dans la générosité d'une veuve extrêmement riche,
nommée Daniâis. Non contente de lui avoir procuré
la santé, elle le combla de richesses, lui donoa trente
esclaves, lui forma un équipage et un train honnête,
persuadée qu'iin homme de ce mérite ne pouvait mau*
quer de parvenir. Elle ne lui demanda pour toute re*
connaissance que d'adopter pour son frère un fHs uni<<
que qu'elle avait, et de contrihuer à son avancement,
Basile, devenu presque aussi opulent que son maître^
continua de le servir avec le même zèle qu'auparavant.
Il acheta de grandes terres en Macédoine, et boras
toute sa vanité à enrichir sa mère et sa Êimillet
XXI. Quelque temps après son r^our, Atitigone, fils à»
sruy^^de Bardas ^ et neveu de l'impératrice, fit un grand fcstia
Veropcrçur, ^^^ priucipaux seigucurs de la cour. Il invita les dé-
putés-des Bulgares qui se trouvaient pour lors à Coib
stantin6pIe,ou le roi des Bulgares avait toujours des
résidents en temps de paix. Ces barbares vantaient la
force d'un de leurs domestiques, qui, disaient -ikj
» npwTOffrpaTop. — S.-M. 3 pgtrice et graird donw*^»*!'^ '
* Voyez Syméon le logothète» ^«rpixic; ^o^asotmoc t&v «X*^***'
Ckron. p. 434. — S. M. —S.-M,
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(Att &5i.) UVRK LXX. MtCHBL IH. 187
n'avail pas encore trouvé scni puretl à 1« lutte, Tkëo-
phihy qui citait du ftstrn^ crut 8e laire honneur eu
gageant contre eux que œ lutteur invinciUe ne tien-
drait'pas contre un de ses gens. On fiiit venir dan$ la
salle Basile et le Bulgare. Basife l'eut à pcÂne saisi, quHl
le terrassa aji;' grand étonnement de»jco«Tives. Cet eiç-
ploît valut à Basile une grande victoire dai>& Tesprît
du peuple. On ne parlait à Constantinople que de sa
force extraordinaire. L'empereur en voulut faire usage
pour lui-même. Il avait acheté un cheval parfaitement
beau, maia iQdomptable;aueun de ses éeuyers n'osait
le monter, et l'empereur, dans son impatience , com-
manda de lui couper les jarrets. Basile, qui se trouvait
présent à la suite de son maître, s'dffirit à le monter
et à lô réduire.* On la prit au mot, et il tint parole.
L'empereur, charmé de sa vigueur et de son adresse, le
demajoda surJe-champ à Théophile; il lui donna place
entre ses éouyera» et bientôt, ayant tait l'épreuve delà
supériorité de ses talents, il le mit à leur tête.
Les Sarrasins continuaient de fournir des secours ^* *^-
aux Paulidens , qui ravageaient le Pont et la Cappa- ExpédiOon
doce» Tbéodora, dout les troupes avaient si mal réussi ^if^î|^\
en Asie aoqs la conduite de Théocliste, espéra plus de Çi»rQii.w»i).
succès dans une province plus éloignée, où les Sarra-
sins ne s'attendaient pas à être attaqués» Une flotte de
trois cents vaisseaux alla sous trois commandants ahor-
der à la cote d'Egypte \ Un des généraux, suivi de
cent voiles, força l'entrée du port de Damiette. Entre
le port rt la ville était une passe ou barre , où l'on
X iJboDlfftndî y Ckron. arab., p. (aa jaio 85a— 1 1 juin 853). J« iTai
1 70 , plaoe cette descente des Grecs ancaa détail sur eette gacf re« — r.
«9 Egypte en Tas a3S de l*bcgire S.-M.
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i88 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE, (An 9$^.)
n'avait de Teau que jusqu'à la ceinture. Lef Grecs s^
jetèrent et trouvèrent la ville déserte. Ils la pillèrent et
y mirent le feu. Les habitants se sauvaient à Mesra ,
capitale du pays K Ils l'abandonnèrent encore à l'ap*
proche des Grecs, qui, les ayant poursuivis jusque-là,
pillèrent aussi c#tte grande ville. Ils en;unenèrent siiL
cents femmes. Une infinité d'autres avaient péri daos
la fuite avec leucs en&nts.
jLs S53. La conversion des Bulgares est l'événement le plua
xxin. mémorable de ce règne ; voici quelle en fut l'œcasion.
du roi des Lcur roî Bogoris ^, persuadé que le temps était venu
CedF.t. a,p. de venger les Bulgares, tandis que l'Empire était gou-
^^^if^' verné par une femme, envoya lui déclarer la guerre^.
^'462*^' Théodora répondit avec courage que, s'il entrait sur
^°*^'*«** les terres de l'Empire , elle irait au-devant de lui, et
i56. qu'elle espérait le vaincre ; mais que , si elle était vain-
ificoiao. eue, il aurait encore à rougir de n'avoir combattu
Theoph. p. qu'une femme. Le roi barbare, étonné d'une réponse si
'^VoS.^** fière, conçut de l'estime pour cette princesse et re-
*^9,^44of' ïiouvela le traité de paix. Dans le* cours de la négo-?
^"^^534* ciation , l'impératrice offrit à Bogoris telle somme
Gène». 1. 4, d'argent qu'il voudrait , pour la rançon d'un moine
Amiai.'Mi- nommé Théodore Cupharas*, depuis long-temps pri-
Annai. Ber- sonuier cu Bulgarie, dont elle respectait la sainteté.
Sigeb" chr. Bogoris couvint d'en faire un échange avec sa sœur;
Boiu^d. ^ in ®W® ^vait été prise trente-huit ans auparavant, sous le
'^'^'^fcb!^^'" règne de Léon l'Arménien, et était retenue dans la
X J*aî parlé de cette ▼Die, t. il, gothète, Chron. p. 435. — S.-M.
p. 377 , no t. I , liv. Lviii ) S 66. ^ Il paraît même, par ce qae dit
. — S.9M . Syméon-le-Logothète, Chron. p. 43 5,
? Àpx<^^ BouXf aptoç Btt^optc. Il est qa'ii commit quelques hostilités dans
popimé Bogarù , par Syméoq le lo- la Tbnc« et la Mucédoine, — S.-M.
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(An S53.) WVRK IXX. MIGHKI. III. l8gi
cour deG>nstantinople, sans que Mortagon ni son suc- Dncinge,
cesseur*se fussent mis en peine de la délivrer. Cette p*"*!©"!"'.
princesse, au berceau lorsqu'elle fut prise, avait été ?"^°in^[
baptisée et élevée dans la religion chrétienne, dont elle •<»*e»-^^^«-
était très-instruite. De retour auprès de son frère,, elle rienfy.Hwt
'^ ' ecclés. l.dOy
ne cessait de. lui en faire l'éloge et de l'exhorter à «rt. 49 •»
l'etnbrasser, et à renoncer aux illusions de l'idolâ-
trie. Le moine Théodore avait déjà jeté dans l'esprit
de Bogoris quelques, semences du t^hristianisme; sa
sœur acheva de l'ébranler, et le Ael semblait agir de
concert avec la princesse. Une maladie contagieuse
s'étant répandue dans la Bulgarie, Bogoris eut re-
cours au dieu de sa sœur, et ce fléau cessa presque
aussitôt. Il était convaincu; mais la crainte de sou-
lever ses sujets, «ntêtés de leurs superstitions, le re^*
tenait : il fallut l'effrayer pour le faire plier sous le
joug de l'Evangile. Il faisait peindre une galerie dans
son palais^ par le moine Méthodius ', qui passait
pour le meilleur peintre de ce temps-là. Ce prince,
naturellement dur et féroce , lui recommanda de
faire choix d'un sujet terrible. Méthodius représenta
le jugement dernier^ et les supplices des réprouvés,
avec les circonstances* les plus capables d'inspirer la
frayeur. L'explication de ce tableau glaça d'effroi Bo-
goris lui-même; il commença à craindre Dieu plus
qeu ses sujets. Il fît savoir à Théodora qu'il n'atten-
dait qu'un ministre de la religion chrétienne pour re-
cevoir le baptême; elle lui envoya un archevêque, qui
• z Beaaconp d'aateurs modernes Cyrille, dont il a été question ci-det^
ont oiii que ce personnage était le § i5. — ^S.-M. *
que Méthodius ,frère de saint
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XXIV.
BtdeU
nation.
190 fitôTOl&e INJ BAS'EMPiat. (An «5).)
\e bapttôk pendant k aiiit, et lui donm le tMm de
Michel'.
Malgré les précatitiotisdeBogaris poar tenir kchose
secrète , le bruit s en .répaadit bientôt dafts tout le
pays. Les Bulgares se révoltât; pour conserva leuxs
'dieux, ils veukait se défaire de leur roi. Un nombre
innombrable, de 'séditieux vient attaquer son palais :
plein de courage ^ et fortifié par le secours du ciel,^
portant une croix- sur sa poitrine « il aort à lu tête de
quarante-huit de ses €omestiques , fond sur les rebelies,
et ^oite Feflroi sur cette multitude tumultueuse; îb
prennent la fuite, et., revenus de leur épouvante, ils
se rendent à la reiî^(Hi victorieuse» LHmpératriee iour
envoie Cyrille, qui devient l'apôtre des Bulgares comne
il l'avait été des Khasars et [comnie il le fut plus
t{|rd ^ ] des Moraves. ( La conversion des Bulgares iut
suivie d'un nouveau traité d'allianœ avec cette nation»
Tbéodora , pour le rendre plus durable^ y joignit la
cession d'im territoiire de peu d'étendue, mais désert^
qui était voisin de là Bulgarie; ce «anton ^'étendait de«
puis un lieu nommé Sidéras jusqu'à Develtus 1 c'est
le territoire qui s'étend au noAl du golfe de Bovrrgaz
jusqu'à Yama, et qui ccmserve le nom de Zogom^ que
les Bulgares lui ont donné ^.] Lés Annales françaises
X j4 émise du nom de Tempefeur, des mùsidkmfeîres clies les Bnlgaics»
dit le continuateur de Théophane, — S.>M.
p» toa. Kjcrà rè Uvfut. «0 BaoïX^Mt^ . ^ Trjv àito xtr St#up«ç , taïuTTic H
— S.-M. ^ ton éptov TU7x<KYou««c i»«»pwtt*v x%
« La conversion des Kbazars est xal aùràv o^pi rô; AsSeXtcù, TÎnç
placée ordinairement en Tan 847 et outw xa>.eTTat iir^tù^a. wap' aùroîç.
celle des Moraves en Tan 861 . Voyez Cont. Theoph. p. i oi.Yoy.ao^si la
ci-devaat, $ x5, p. 176, not. 4. chroiBiiae de ^«néon^e-Logothèt^
Cest vers la même ép«qae qw les p. 44o« et Gédrcmis, t. »^ p. S^i. !•
rois francs envoyèrent de lenrcèté eto\AqBM\%mom4mZ<ikgùraÙAèaam
Digitizêd by VjOOÇIC
(An «53.) UVRE LXX. MiCHKL III. igi
rapportant que Louisi^ roi dû Germanie , Youlut aiussl
contribuer à la conversion des Bulgafbs* Il était Ué
d amitié a?ec Bogoris % et, sur sa demande, il lui
envoya des éveques * et des prélats; mais ces ministres
trouvant dans le pays d'autres missionnaires déjà en-
voyés, par le pape, ne voulurent pas entrer en concur-
rence a^ec eux,* et retouriiàrent en Germanie* Dans
la 6uile» cette conquête Spirituelle causa beaucoup de
jalousie, et de vives contestations entre Rome et Con*
stantii*ple^
Michel n'avait eacore que quinze ans, mais il Aait A» «54.
prématuré pour la débauche. Emporté par un tempé<- Maril^* de
raïamit fougueux , il n'était re||enu ai par la religion , j^*^^^
ni par l'autorité de sa inère et de ses tuteurs, bt par ^^u/
la ciainte de h honte publique attachée aux désordres Georg. p.'
des princes. Il devint éperdûment amoureux d'Ëudocie^ ^
fille d'Inger, grand trésorier, qui était de l'illustre fa*
mille des I^artinaces ^. La beauté de cette fille embrasa
le jeune prince , et ses artifices séducteurs le tinrent
enchaîné» Ge fut.en viûn que, pour 4e retirer de cette
habitude criminelle^ sa mère lui fit épouser une autn
£udocie^ fille de Déçapolite^ auqu^el les historiens ne
donnent aucub titre, mais, qui doit cependant avoir
à cette contrée à cause des montagne» bonne (Radespona), pour lai de«>
^»'ytronTent.C»ftelflrt.le»Bn8xl* ntoiàet des prédicateurs chrétiens.
ce nom en laogue shivé. • — S.-M. ^ |^^
1 Les historiens de France don- , g^j^^ ,^^ ^^^^1^^ ^^ p^j^^ ^^.
V^ J^ , *^ .1 1 .1 ooo , 1 evéque Ermannc avec des
des Baléares ; il placent U conver- ' /
*ion dcM^alloti en 86t. Le toi. pt^s^t des diwres.^S.-UÎ.
|k>g«cis envoya à Rome, au «iÂs ^ Voyez ci-après, Uv. lxxi, $ 14.^
d août 866 , son fils et plusieurs des — S.-M. ^
principaux seigneurs de sa mniûii. 4 Toyiïs , ati sujcft de «ette l&mifhv
l^roi des Bulgares avait envoyé une d-devanl, p»-i li ^ not. i, Itr, fcxtx»
amliassade au roi Louis^ à B.atis« g ^o. S.-M.
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XXTI.
Troubles
19a HISTOIRE DU BAS-EMPÏRK. (An $54.)
été d'un rang supérieur à Ingep Michel accepta cette
Ëudocie pbui' femme, et garda poilr maîtresse Tâiitre
Ëudocie , qu'dn distingue par le surnom d'Ingéi-irtè.
Le libertinage du prinice troubla la trancJuiUité de
dan» ic la Gour; elle devint orageuse , pleine d'intrigues et de
Léo. p. 460^ noirs forfaits. liCS gens de bien les plus afféctiohtiés
c^!tfa,jp. *^ souverain furent les victimes des îiiiibitieux et des
^^44 fourbes, les vrais ennemis* de leur maître qu'ifs tra-
2ton.i. i6,t. hissaient' en àervant ses passions. Damien , premier
i57, i58. chambellan du prince , et bien avant dans sa coffiance,
Uànkss. p. se laissa gagner par Bardas , depuis huit ans éloigné
^ Cont. de la cour , et qui 'devait bientôt le détruire lui-même.
iS*S*sêqi II obtint son retour d'abord à Consfantinoplé , ènsttite
^^org.^P ^" palais, où^Bardas se fit, par ses libéralités^ autant
G«ies ^i^^4 ^® créatures qu'il y avait d'of&diers. Il rt'aâpirait à rien
p.4i,4a,43. moins qu'à l'empire,. et, pour y parvenii', il ne fallait
qu'écaçter d'auprès de l'empereur ceûx4]ui avaient as-
sez de génie pour pénétrer ses mauvais desgeins, et
assez de zèle pour s'y opposer. Michel , demeuré seul ,
devait être aisément renversé. Bardas profita d'abord
d'une brouillerie survemie entre Théoctîste et IVIanuel ;
il se joignit à Tliéootiste pour rendre suspect au prince
le plus fidèle de ses tuteurs. Manuel , faussement ac-
cusé, prévint avec sagesse les suites funestes de la ca-
lomnie; il se retira de la cour, pour vivre en simple
particulier dans sa maison , séquestré de toUte afiFaire ,
et n'allant au palais quejors qu'il y était mandé pour
quelque délibération imposante. Il changea dans Ja
suite cette maison en monastère, et y mourut dans la
pratiqile.des vertus chrétiennes,
xxvn. Après s'être servi de Théoctistè pour éloignef Ma-
Th^ctbte.^ nuel, Bardas entreprit de se défaire de Théoctistè même.
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(lin 854) LIVRE LXX. MICHKL ïlt. IC)3
Il engagea Damien dans ce complot , en lui représen-
tant que, l'empereur était en âge de régner par lui-
même;, qu'il était temps de le tirer de resclavage où
le retenait sa mère, gouvernée par ce tuteur impérieux;
Damieu , homme de peu d'esprit , <jui n'avait d'autre
sentiment que celui d'une aveugle tendresse pour son*
prince, se. laissa. facilement persuader. Un coup d'au-
torité que Théodora venait de faire indisposa le jeûne
prince contre elle. Son gouverneur était un homme
sans mérite, placé par l'intrigue dans ce pos)e impor-
tant : il n'avait réussi qu'à corrompre son élève par
l'exemple de sa vie déréglée, et par. la bassesse de ses
inclinations. . L'impératrice , long -temps dupe de son
hypocrisie, et prévenue par des témoignages infidèles^'
jusqu'à, lui confier l'éducation de son fils, n'avait pu
s'en défaire lorsqu'elle eut reconnu son mauvais choix.
Il s'était attaché les plus puissants de l^ cour , et sur-
tout son élève par les plus criminelles complaisances.
Michel qui sortait de ses mains, trop content de ses
services, voulait l'élever aux premières dignités; mais
l'impératrice s'arma cette fois de fermeté pour s*y op-
poser. C'était, disait-elle, avilir le prince et V empire
que (T abandonner à des mains indignes les grands
emplois, qui ne se soutiennent dans leur éclat que
par le mérite de ceux quiles exercent. Bardas profita
decetterésistance pour animer l'empereur contre Théo-
ctiste; détait lui, disait^il, qui faisait agir et parler
V impératrice* A leurs y^ux, Michel était et serait,
toujours un enfant; Une manquait à Théoctiste que
le nom d'empereur, qu'il était sur le point de pren-
dre ; le complot était formé , Théoctiste allait épou-
ser Théodora, ou l'une de ses filles; on devait cre-
Tome XI II, l3
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194 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 854.)
ver les yeux à Michel , eile tenir renfermé dans un
monastère^ si Von jugeait à propos de le laisser
vivre. Il n'en fallait pas tant pour allumer la colère
du jeune empereur. La mort de Théoctiste est arrêtée ;
Bardas presse l'exécution. On convient de le tuer lors-
qu'il viendrait à l'appartement de l'impératrice : l'em-
pereur voulut être lui-même témoin du meurtre et
donner le signal. Lorsqu'il sut que Théoctiste appro-
chait, il s'avança au milieu de ses gardes, suivi de Da-
mien et de Théophane le Pharganite ^ ^ et se mettant
au-devant de Théoctiste, qui tenait en ses mains des
papiers qu'il allait, selon sa coutume, communiquera
Théodora : ji qui vas-tu, lui dit-il , rendre compte de
mes affaires? C'est à moi qu'il appartient de les
entendre. Lis-moi ces papiers, Théoctiste tout trem-
blant, en ayant fait la lecture , reçoit ordre de retour-
ner chez lui. A peine a-t-il fait quelques pas, qu'il en-
tend le signal de sa mort ; tuez , tuez , criait Michel :
parole horrible et inouie dans la bouche d'un prince.
Théoctiste, qui n'était pas accompagné, double le pas,
et fuît vers le cirque. Bardas le devance, et le pre-
nant par les cheveux, lui frappe le visage à coups de
poing. Maniacès, commandant des gardes de nuit *,
étonné de voir traiter si outrageusement le grand lo-
gothète, veut le défendre. Bardas écarte cet officier,
en lui disant que c'est un ordre de l'empereur; et, comme
le peuple accourait en tumulte, il tire son épée, me-
nace de tuer le premier qui osera prendre le parti an
coupable, ordonne à ses satellites de le mettre eu pièces.
« Il a été déjà question de cette > Ô ^pou'y^apioc t^ pt'yX'^ * ^'
ville, ci-devant, p. 99, not. 3,liv. viaxijç. Georg. Ckron, p. 533. —
i.itix, § To. — S.-M. S.-M.
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(Aa 854.) LITRE LTLX. MICHCL 111. IqS
L'empereur arrive à l'instant et réitère le même ordre •
mais aucun n'osant mettre la main sur un personnage
si respectable, on le conduisit en prison, sous prétexte
de prendre du temps pour le juger selon les formes.
Dès que l'empereur §at de retour au palais, comme on
craignait que Fimpératrice ne fît élargir le prisonnier
au moment qu'elle apprendrait sa détention , on envoya
un assassin qui le massacra dans la prison. Manuel
apprenant ce meurtre, et s'attendant à ui^ pareil traite-
ment, loin de prendre de l'efiproi, alla lui-même au-
devant de la mort qu'il avait tant de fois affrontée dans
les batailles; et ayant rencontré Bardas : Courage, lui
dît -il, ne remets Vépée dans le fourreau qu après
avoir sacrifié toutes tes victimes. Cette hardiesse im-
posa au lâche Bardas: il n'osa pas attaquer un homme
qui méprisait ses attaques.
Théodora détestait son frère, dont elle connaissait ,"^i"-
' ^ Theodorft
la noirceur. Manuel et Théoctiste avaient toute sa con- q«»"« *«
11 1 1 •! 1 1 gouverne-
fiancé. A la nouvelle de cet horrible assassinat, elle ment-
accourt tout éplorée à l'appartement de son (ils, elle
l'accable des plus sanglants reproches, et voyant Bar- .
das paraître à ses yeux : Monstre dUngratitude et de
perfidie^ s'écrie-t-elle , tu méritais la mort ; je ne fai
donc épargné que pour la perte de celui dont les
conseils m'ont engagée à te laisser la vie? Mon
gouvernement était sans tache; c'est toi qui fas
souillé de sang^ ëest toi qui mets le poignard aux
mains de mon fils. Tremble, malheureux; V exem-
ple que tu viens de donner tournera contre toi-
même. Puisse le ciel te punir seul y et ne pas confon*
dre ta tête avec celle de mon fils que tu instruis
aux assassincOs! Elle sort en le chargeant des plus
i3.
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Ï96 HISTOIRE DU BIS-EMPIRE/ (j^^ 554)
terribles imprécations; ensuite, revenue à elle-même-,
elle fait réflexion qu'après une si violente invective ,
il ne lui reste d'autre parti que la retraite. En effet ,
dans ce moment- là même on prenait dans le conseil
du prince des mesures pour la dépouiller du gouver-
nement. Mais cette fière princesse prévint Bardas; elle
fait assembler les sénateurs, et leur dit : « Avant que
a de me décharger du soin des affaires, j'ai voulu vous
« instruire, de l'état où elles se trouvent aujourd'hui^
<c Je laisse dans le trésor cent quatre-vingt-dix mille
« livres pesant d'or, et trois cent mille livres d'ar-
ec gent : ce sont les épargnes de mon mari et les mien-
« nés. Je ne compte pas le mobilier , qui est immense.
« J'ai voulu vous en instruire pour prévenir les dis-
<c cours de ceux qui pourraient, après ma retraite,
« m'iniputer d'avoir laissé l'Etat épuisé ». Elle fait
alors entrer les receveurs du trésor, qui attestent la
vérité de ses paroles, et les confirment par leurs re**
gîstres. Après cette vérification, elle remercie les sé-
nateurs des conseils dont ils l'ont aidée pendant son
administration, envoie à l'empereur tout ce qui con-
cerne le gouvernement , et sort du palais. Aussitôt
Michel, qui ne cherchait plus qu'à la mortifier, lui
renvoie les princesses ses filles, ïhècle, Anne et Ana*
stasie; et, pour la priver de celle. qu'elle chérissait avec
prédilection , il fait enfermer Pulchérie dans un mo-
nastère.
x3Lir. Bardas, revêtu de la dignité de logothète à la place
chimbdhm! ^^ Théoctistc^, ne voyait plus auprès de l'empereur
que Damien qui pût lui faire ombrage. Dès qu'il n'eut
plus besoin de lui pour ruiner les autres, il ne le re-
garda plus que comme un rival incommode, et sut
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(An 854.) LIVRB LXX. MIGUEL IJI. tgj
apprêter la calomnie avec: tant d'habileté qu'il parvint
à le rendre odieux au prince. Damien perdit sa charge,
qui demeura quelque temps vacante. Un poste si im-
portant fut l'objet de toutes les intrigues; Bardas s'ef-
forçait d'y placer une de ses créatures ; chaque cour-
tisan sollicitait pour* celui dont il espérait davantage.
L'empereur les trompa tous, il préféra Basile, déjà
grand-écuyer ; et Bardas, mécontent de ce choix, ne
put s'empêcher de dire à ses partisans : JVous auons
écarté le renard pour/aire place au lion qui nous
dévorera tous.
On ne fut pas long -temps à s'apercevoir que l'im- AwSSS.
pératrice ne se trompait pas sur le compte de son fils. D^^f^^,
Tant de trésors furent bientôt dissipés. Jamais la puis- ^« Miciiei.
sance souveraine n'avait été plus horriblement avilie. 544 , 545!*'
Un empereur de seize ans, né avec les inclinations les 55^ ^'
plus basses, élevé par un homme qui ne lui avait ap- p°"5''^,6**
pris que le mal , devenu son maître au moment où ses ^3^^^^
passions se déchaînaient avec violence , se livra- sans ^ '«a, io3.
reserve aux excès de la dissolution la plus outrée. Aux ^9^.
premiers signes qu u donna de son caractère , tous les Cout. The-
libertins de l'Empire accoururent autour de lui et ?o8,^iiaet*
firent du palais un lieu de débauche. Les repas pro- synî^oD,
longés jusqu'à l'ivresse, les intrigues scandaleuses, les c^^^p^?^*
entretient licencieux , les courses de cirque , telles p- »5i et
étaient les occupations les plus sérieuses de l'empe- G«nes. 1. 4>.
reur. Ses jeux étaient des farces impies, dans lesquelles
une bouffonnerie sacrilège Contrefaisait nos saintes
cérémonies et même nos plus augustes mystères. Cha-
cun de ses courtisans portait le titre d'un métroDo-
litain; il prenait lui-même le nom d'archevêque de
Colonée. Le patriarche était un certain Théophile,
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198 HISTOIRE DV BAS'EMPIHE. (lu 855.}
effronté blasphémateur, que l'empereur avait nommé
Minière^ c'est-à-dire aimable et charmant j, et que
toute la ville nommait le Parc y à cause de sa physiono-
mie et de ses mœurs. Cette troupe exécrahie se faisait
un divertissement d'outrager Dieu même dans la per-
sonne du saint patriarche Ignace. Lorsque ce prélat,
à ta tête de son clergé, fais£^t des processions dans la
ville, ces misérables, ayant l'empereur au milieu
d'eux, allaient à sa rencontre montés sur des ânes,
comme un chœur de satyres, jouant des instruments,
chantant des chansons infâmes sur le ton des psau-
mes , et insultant à. la piété' des fidèles par des gestes
obscènes. Michel n'épargnait pas même sa. mère.
I^ décence de l'histoire ne me permet pas de raconter
en détail l'insolence pleine de bassesse avec laquelle
il la traita un jour, l'ayant mandée au palais pour
recevoir, disait-il, la bénédiction du patriarche. Il
suffit de dire que ce patriarche était l'impudent Théo*
phile, revêtu des habits pontificaux et assis à côté de
l'empereur. L'impératrice, qui, le prenant pour Ignace,
s'était prosternée à ses pieds, l'ayant reconnu à la
grossièreté brutale avec laquelle il l'insulta, s'enfuit
en frémissant d'horreur, au milieu des éclats de rire de
son fils et de ses courtisans; alors, se retournant vers
Michel : Tremble , dit-elle ,yî& impie et dénaturé!
Dieu ia livré à ton sens réprouvé; il étendra un
jour son bras pour te punir.
^s^*' j|„ L'occupation la moins criminelle du jeune empe-
eirque. rcur était les courses du cirque. Ck>nfondu avec les
cochers, et portant la livrée de la faction bleue, il dis-
putait d'égal à égal une indécente victoire. Il était si
passionné pour ce divertissement qu'il en faisait l'af-
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(An 855.) LIYRB LXX. • MICHEL lif. I99
faire la plus importante de son empire. Un jour qu'il
se préparait à courir, il aperçut des flambeaux, allu-
mes sur la colline de Saint-Auxence', au-delà du Bos-
phore. C'était un signal qui annonçait une incursion
de Sarrasins. L'empereur alarmé, non pas de l'appro-
che das ennemis, mais de la crainte que les spectateurs,
distraits par ce signal menaçant, ne donnassent pas au
spectacle toute l'attention dont il était jaloux , se mit
en course; et, sitôt quelles jeux furent achevés, il or*
donna de supprimer à l'avenir tous ces signaux im«
portuns. C'était un établissement salutaire. Dès que les
Sarrasins paraissaient en Asie, la nouvelle en était
répandue en peu de temps au moyen des flambeaux
placés sur des lieux élevés , dont la lumière se commu-
niquait de proche en proche depuis le châtetiu de
Luie ', près de Tarse , jusqu'à Constantinople ^. Sur
cet avis les habitants des campagnes se retiraient dans
les places de sûreté. Michel aima mieux exposer l'Asie
entière à un pillage imprévu, qiie de manquer d'ap-
plaudissements lorsqu'il se donnait en spectacle. Une
autre fois, comme il était déjà sur un char, attendant
le. signal pour partir de la barrière, un courrier, enr
voyé par le gouverneur cfe Bithynie, vint annoncer au
premier secrétaire-d'état que l'émir de Mélitine^, à la
* Ô Too à'Yiou AùÇtvTiou poovo'ç. ces signaux : de tonle près de Torle,
Cont. theo^fa. p4 143. -^ S.-M. au mont Argseiu, xarà tw Àp^ixlov
* Épup.à Tft xai ©poupiov Tj xarà Pouvov , près de Césarée en Cappa-
KcXixtav Tapa» wXnoMtiov )tat -yeiTO- doce; de là à Isamar, puis à iEgi-
vcuv , oijTtù xoiXcufxsvov AouXov îortv. lût 9 ptûa à la colline de Saint-Ma-
Cont. Theoph. p. laa. Voye» ce mas , xarà tov Maf^avra pouvov , puis
que j*aî dit de ce château, ci-dev. àCyrîzus, ensuite à Mocilas, puis k
p. 91, net. d, lîv. uux, S 7. — Saint-Anxcncè , au-delA du Bosphore
S.-M. en Asie. — S.-M.
3 Le continuateur de Théophane, 4 On rappelait TÉmir par exccl-
p. laa et ia3, trace ainsi la ligne de leoce, ô A{&«p. — S.-M".
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aOO HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 855.)
tête d'une armée, avait traversé l'Asie ', et qu'il était
à Malagiiies. Le ministre ayant aussitôt conduit le
courrier à l'empereur, fut terrasse par un coup-d*œil
terrible : De quoi £avises^tu , misérables, lui dit Mi-
chel, de venir rrCinterrompre dans un moment si
critique? Ne vois-tu pas qU'il s'agit actuellement
jfHHir moi de prendre la droite sur ce cocher, et
que c'est de là que dépend le succès de ma course?
Son impiété bizarre et peu Raccord avec elle-même
mêlait la religion à ses jeux ; il allait recevoir le prix^
dans l'église de Blaquemes, où la statue de la Sainte-
Vierge, magnifiquement parée, lui mettait une cou-
ronne sur la tête. Non content de se déshonorer lui-
même , il forçait les premiers officiers de l'Empire de
prendre les livrées du cirque, et de courir avec lui.
Un jour, tombé de son char, il pensa périr au milieu
du cirque. Quelquefois, traversant les rues de Con-
•stantinople à cheval, avec son infâme cortège de liber-
tins, il descendait dans la cabane d'une pauvre femme
ou d'un artisan , prenait tout ce qui s'y trouvait de vin
et de viande, apprêtait lui-même le repas, dressait
la table, et prenant place avec la famille, buvait -et
mangeait avec excès; puis il s'en retournait ivre, blâ-
mant et plaignant beaucoup ses prédécesseurs qu'un
faste orgueilleux avait privés, disait- il, des plaisirs
simples et populaires. Ces parties de débauché lui fi-
rent donner le surnom S Ivrogne^ qui le distingue entre
les empereurs de son nom.
^^^„ Rien n'était capable de le réveiller de cette honteuse
Tlt^^"""^ léthargie. Les fléaux dont son règne fut affligé ne pu-
4 Le thème des Thracésiens, ro Opoxmiov. >— S.*M.
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(An 855.) LIVRE hXX. MICHEL III. SOI
rent suspendre un moment le cours de ses indignes
plaisirs. Outre les dépenses énormes qu'il faisait en
clievaux, l'argent du trésor se versait à grands flots
sur les cochers du cirque, sur des femmes perdues, sur
des hommes encore plus infâmes, ministres ou com-
pagnons de ses désordres. Il voulait être parrain de tous
les enfants de ses cochers, et le moindre présent qu'il
leur faisait à cette occasion était de cinquante livres
d'or; souvent il en donnait quatre fois autant. Une bru-
talité de Théophile fut récompensée dA^ent livres d'or.
Pour fournir à ces folles largesses, il fouilla dans le
trésor des églises. Il pilla les autels, fondit les statues
tl'or et d'argent, et même les vases sacrés. Toutes ces
richesses étant bientôt épuisées, il ne lui restait de
ressources que dans ces ouvrages d'or si renommés,
précieux monuments de la magnificence de son père.
Il s'en trouva le poids de vingt mille livres. Peu de
temps avant sa mort , il ordonna de les convertir en
espèces, et de fondre tout l'or et tout l'argent de la
garde-robe impériale. Lorsqu'il mourut, il en avait
dissipé la plus grande partie, et quelque^ jours de plus
auraient consumé le reste.
Pour comble de malheur, sans être naturellement Jln 856.
cruel , il le devenait dans l'ivresse. Ses repas finissaient ^^^"^'
, . . Ordres
le plus souvent par quelque sanfiflante tragédie. Plein cruHs don-
de vin, mais altéré de sang, passant tout-a-coup d une débauche.
joie tumultueuse aux accès d'une sombre fureur, sans
aucune raison, même sans aucun prétexte, il ordon-
nait de trancher la tête, de crever les yeux , de cou-
per les pieds et les mains, de brûler vif. Le plus sou-
vent, on se dispensait d'obéir; autrement mil de ses
officiers n'aurait échappé à la mort. Mais malheur à
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HOa HISTOIRE IKJ BAS-KMPIRE. (Ab 856.)
ceux qui avaient des ennemis à la cour; l'ordre était
sur-le-champ exécuté. L'empereur^ revenant de son
ivresse, apprenant le lendemain ce qu'il avait coin-
mandé la veille, savait bon gré à ses officiers de n'a-
voir pas obéi, ou s'affligeait lorsqu'on avait suivi ses
ordres. Mais ce regret ne l'empêchait pas de se mettre
dès le même jour dans le même état, et de s'abandon-
ner encore à une ivresse furieuse et sanguinaire.
Bardas était le plus odieux des courtisans. Il décou-
I Barda», yrit uuc coujuAtion tramée contre sa personne par le
i.eo 461 grand-écuyer. On devait massacrer Bardas à son re-
46a, 468, tour d'une maison de campagne qu'il avait près de
545. Constantinople. Les conjurés eurent la tête tranchée
p.i58. dans le cirque. Ce fut a cette occasion que Basile rut
Cont '^e^ revêtu de la charge de grand<-écuyer, et Bardas fait
^^ 109/** ' curopalate ; le crédit de celui-ci croissant toujours
^4357436.^' avec son zèle perfide à servir les débauches de Tem-
^3^63? P^''®"'*r ^^ ^® ^^^ bientôt après élevé au rang de César.
Nicet.vita H signala sa nouvelle dignité par de grandes largesses,
«onciixabb. à l'exemple des anciens consuls. Il se fit promener par
Boiiand!m la villc sur un char brillant, jetant quantité d'argent
Theodora, 1
II fcb. au peuple.
xxxT. Theodora fut soupçonnée d'avoir foi^mé le complot
renfermée coutre Bardas ^ et ce frère inhumain lui eût volontiers
* ^ÊUes?* ôté la vie; elle n'aurait pas trouvé de défense dans la
tendresse -de son fils, en qui l'abrutissement de la dé-
bauche étouffait tous les Sentiments de la nature. Mais
la cirainte de l'indignation publique retint Bardas : il
se contenta d'enfermer sa sœur et ses nièces. Comme
elle revenait avec ses filles de l'église de Sainte-Marie
de Blaquemes, où la piété là conduisait tous les
jours, son autre frère Pétronas les enleva et les trans-
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(An 856.) LITRS LXX. MICBBL III. ao3
porta au palais de Carien. L'empereur voulut en vain
engager le patriarche à leur donner le voile; il ré*
pondit quen entrant dans le patriarcat, il avait fait
serment de ne rien entreprendre contre le service ou
la gloire du prince, et que cette violence déshonore-
tait l'empereur. On les dépouilla de tout 1 éclat qui
convenait à leur naissance; on les réduisît à l'état de
simples particulières. Théodora vécut ainsi jusqu'à la
preniière année du règne de Basile; elle est révérée
comme sainte dans l'église grecque. Son fils et ses deux
frères causèrent tous ses malheurs. £lle fut plus heu*
reuse de la part de ses filles, qui suivirent fidèlement
ses exemples. De ses trois sœurs, Calomarie, Sophie
et Irène, dont la vertu égalait la beauté, Calomarie'
épousa le patrice Ârsaber ", maître de la milice ; So-
phie, Constantin Babuzique ^, qui fut revêtu de la
même dignité; Irène, la plus jeune et la plus ver-
tueuse, fiit mariée à Serge ^j frère de Photius, dont
elle eut deux fils , Etienne et Bardas ^, qui furent tous
deux maîtres de la milice. Irène resta veuve de bonne
heure, et passa le reste de ses jours dans les exercices
I OnltBeUe Marie. — S«-Bft. r«ne, mère dn patriarche PhotttK.
> Â^çoa^Tip. Ce nom est arménien; Tu» El^rfrnç, t9k {adt^^^ tou <l>«»rtouy
on le prononce en cette langue Ar- oiÀiXtfîù, Ce qni fait bien voir qu'il
chavir, Voyex ci -devant, p. z4» en est réellement ainsi , c'est qne leâ
not. 3, lir. zjtviii, $10. On ap- denx fils d'Irène et de Hiotins étaient
prend d*Anastase>le*Bibliothécaire , aussi é^a^eX^ot. C'est dans Cédrénua,
dans la vie dn pape Nicolas It , De t. a, "p. S^5 , qn*i] est dit que le mari
vit. pont, Boin. p. a 10, 214, qu'il d'|rène était frère de Photioê. -^
fut envoyé en ambassade à Kome, S.-M.
par Michel. — S.-M. ^ Le continuateur de Théophane ,
3 Voyea ci-devant, p. 8, oot. 3, p. 109, dit que Bardas était parent
liv. uLJXy 5 5. — S.-M. du patrice Constantin Contomytès^
4 Le continuateur de Théophane , gouverneur de Sicile^ et aussi parent
p. 109 y dit que ce fut le frère dl- de Photius. — S.-M;
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XXXYI.
Gouveme-
204 HISTOIRE DU BÂfr-EMPlKB. (An 856.)
d'une piété exemplaire^ au milieu d'une cour corrom-
pue. Son occupation fut de visiter les prisons, d'aller
y secourir les malheureux et de sollicita leur prompte
délivrance lorsqu'elle les croyait innocents.
Bardas César n'avait plus qu'un pas à faire pour
meonr nionter au trône, où son ambition aspirait. Aussi*
Bardas, yoyait-il avcc plaisir l'empereur se plonger de plus en'
547, 55o. plus dans la débauche: et, tandis que le jeune prince
p. x6o, 161. passait les jours dans le cirque et les nuits a tanle,.
oph!^p. iS, Bardas disposait des charges et des emplois, rendait
Sy^éoÛrp. Injustice, réformait les tribunaux, ranimait l'étude des
Gco^ lois presque oubliées et les faisait exécuter. L'igno-
534. rance et la barbarie des empereurs précédents avaient
p. 46, 47- flétri et desséché jusque dans la racine le germe des
• sciences et. des lettres. Bardas, fort instruit lui-même,
persuadé qu'elles font l'ornement d'un empire, prit
soin de les faire revivre. Il employa pour cet effet le
philosophe Léon , qui, depuis le règne de Théophile,
était retombé dans sa première obscurité '. Il le mit
à la tête de cette noble entreprise, et tira de son école
des maîtres habiles en philosophie, en géométrie, en
astronomie, en grammaire^. Il leur assigna des pen-
sions pour les mettre en état d'enseigner gratuitement,
et les logea dans le palais de Magnaure, qui devint une
acadéii)ié. Pour animer les études renaissantes , il as-
sistait souvent lui-même aux leçons, il excitait l'ému-
lation de la jeunesse par des louanges et des récom-
penses. Il vint à bout en peu de temps de réveiller
' Voyez ce qui a été dit de ce poor la géométrie , Théodosim poor
personnage , ci-devant , p. xoo , Tastronomie , Cométas pour la gmn-
liv. 1.XIX ,511.— S.-M. maire. — S.-M.
» On cite parmi eux Théodore
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(Aa ^56,) LIVRE LXX. MIGHIÇL 111; ao5
dans le co&ur des hommes cette curiosité naturelle qui
s'éteint faute d'aliment , mais que le souffle bienfaisant
d un prince peut aisément rallumer. Ces soins généreux
de Bardas ne mériteraient que des éloges si le motif
ea eût été pur et <)ésintéressé. Mais il ne travaillait à
rhonneur de l'Empire que pour s'en rendre maître :
c'était un palais qu'il faisait rétablir et décorer pour s'y
loger ensuite; et, tandis qu'il corrigeait les abus de
l'État, il s'abandonnait lui-même aux plus grands dés-
ordres. Il avait deux fils, l'un^ nommé Antigone,^
c(»mmandait les troupes de la garde, l'autre, dont ou
ignore le nom , était général 4es troupes d'Occident ';
il mourut jeune ; mais avant que de mourir il «ut la
honte et la douleur de se voir déshonoré par son pro-
pre père. Bardas, au mépris des lois divines et hu-
maines , s'étant séparé de sa femme sans cause légitime,
entretenait avec sa bru, publiquement , un commerce
scandaleux.
Les remontrances réitérées du patriarche Ignace ne j^^ g^
servirent qu'à l'irriter. Enfin, comme il eut l'audace de xxxvu.
sepréstenter dans l'église, à la fête de l'Epiphanie, ^^^^^^f"
pour participer aux saints m ystèresj Ignace lui refusa 's"**'*'-
1 • Ti y r\\\ T> j .'j Léo p. 403.
la communion. Peu s en taliut que Bardas, outre de cedr.t.a,p.
cet affront, ne le tuât sur-le-champ: rien ne l'arrêta zouA^ie^t.
que l'intrépidité du patriarche, qui, présentant sa *' ^êJ^''
poitrine, le menaçait de la colère de Dieu. Il sortit de ^?^l'J^'
l'église plein de fureur, et, de ce moment, il résolut de oiy<»». p-
perdre Ignace. Il n'eut pas de peine à faire entrer Joéi^. 17g.
l'empereur dans ses sentiments de vengeance. Lé refus Theoph. p.
de donner le voile à Théodora et à ses deux filles avait "^^^aa"'"
» McvoarpàTiryoç twv ^tum»v. Syméon logoth. Chron. p. 439» — S.-M.
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ao6 HÏSTOrtlE BU BAS-EMPIRE. (An 857.)
Sym. p. 438 irrité le prince; Bardas sut empoisonner ce refus: il
G*eorg^^p. fit encore usage d'un événement qui faisait alor's g^rand
Gencîf.^i. 4, ^ruit à Constaotinople. Un inconnu nommé Gébon ,
^knàsf'ïn ^^^^^^ depuis peu de Dyrrachium, en habit ecclésias-
Beoedicto tique , publiait qu'il était fils de Théodora , né de cette
lao I. princesse avant son maria£[e avec Théophile. Quoique
Epist. Nie. ^ n , 1 /»A 1/ / 1 11
papae. cctte table lut dénuée de vraisemblance, et que cet
ign. ap. imposteur donnât des marques de foKes, il trouvait
TS^. 1194- néanmoins dans un grand peuple des esprits toujours
Boikud. in disposés à croire sans examen tout ce qui se débite au
iTieodora et Jésavantaffc des princes. Michel l'avait fait enfermer
inLazaro, or
a3febr. et ffardcr étroitement dans l'île d*Oxra: mais aussi cré-
Vlta Nicol. ^
stud. c. 8 et dule que le peuple , il se persuada, sur le rapport de
^ 4^feb° Bardas , qu'Ignace était l'auteur de cette imposture. II
ap^Sur"** résolut donc de le chasser de son siège, et de lui sub-
OricriB stituer un autre patriarche. Bardas jeta les yeux sur
'^"/^ *•][;. Photius.
p. 245, 240,
*47- Personne n'était plus propre à seconder ses vues.
ecciés. 1. 5o, Il ne manquait à Photius que la probité pour être le
plus grand personnage de soà siècle. Né dans une fa-
XXXTIII,
patriarche.
pSotias mille illustre % beau-frère d'Irène, sœur de l'impératrice
Théodora, il avait reçu l'éducation la plus brillante.
Riche, en état de se procurer un grand nombre de li-
vres, avide de connaissances et de gloire, son génie
fecile, pénétrant, laborieux, avait embrassé toutes les
sciences divines et humaines. Les deux ouvrages qui
nous restent de lui donnent la plus haute idée de Té-
tendue de son savoir. Celui qui porte le nom de Bi-
bliothèque suppose une lecture immense^ et montre un
t Photius était fils de Spatharè un autre fils nommé Léon. Syméon
SergiiM, fils de Zacbarie, ^î avait logoth. Ckron. p. 44a. — S. -M.
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(Ao 8S7.) LIVRE LXX. MICHEL ÎIL fXO'J
jugement exquis. Le Nomocanon^ qui est une concor-
dance du droit canonique et du droit civil, prouve
qu'il était parfaitement instruit des lois de l'Église et
de celles de l'État. Successeur de Basile dans la charge
de grand-écuyer, il remplissait en même temps celle
de premier secrétaire de l'empereur. Mais la dignité de
patriarche , plus flatteuse encore pour son ambition ,
le fit se prêter av0c empressement aux desseins (k Mi*
chel et de Bardas. Ignace était aimé de son peuple;
on se servit de Grégoire A sbestas, évêque de Syracuse,
pour le rendre odieux. Ce prélat, intrigant et vendu à
l'iniquité, excommunié par Méthodius , et déposé par
Ignace, était animé par la vengeance. Il s'insinuait
dans* les familles , semant la calomnie contre Ignace et
relevant Photius par des éloges pompeux. On s'efforça
d'engager Ignace à quitter volontairement son église;
sur son refus. Bardas le fit chasser du palais patriar-
cal, le a 3 Bovembre, et reléguer dans l'île de Téré-
binthe. Le même jour qu'il fut exilé, Gébon fut mis
à mort ; on lui coupa les bras et les jambes , on lui
arracha les yeux : Bardas voulait persuader au peuple
qu'ils étaient coupables du même crime; mais cette
imposture trouva peu de crédit. En vain empIoya*t-on
des évêques et des patrices pour engager Ignace à
donner sa démission ; il demeura inébranlable. Celte
violence révoltait tous les esprits : plusieurs prélats
murmuraient hautement contre l'injustice, et décla-
raient qu'ils ne reconnaîtraient point pour patriarche
celui qu'on prétendait lui substituer. Bardas, pour éviter
un schisme, usa d'un stratagème digne d'une ame cor'-
rompue qui eîitreprend de corrompre les autres. Il s'a-
dressa en particulier à chacun des évêques, et leur pro-
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ÏXXIX.
ao8 HISTOIRE DU BÀS*-£MPIR£. (An 857.)
posa d'abandonner Ignace, à condition de lui succéder.
Pas un seul ne refusa son consentement à ce prix.
V empereur^ ajoutait-il, vous tiendra parole; mais^
pour mériter son . estime et pour éviter en même
temps tout soupçon y il faut, lorsqu'il vous offrira
le patriarcat , faire d'abord semblant de le refuser
par modestie. Ils approuvèrent et suivirent ce con-
seil; mais ils en furent la dupe, comme ils le méri-
taient. On les prit au mot, et Pbotius, laïc choisi
par l'empereur, passa dans l'espace de six jours à
l'épiscopat; il fut sacré le jour de Noël, par Grégoire
de Syracuse.
Pbotius, patriarcbe, crut n'avoir d'autre devoir à
peMécuté. l'CWïplîr q'ie celui de la reconnaissance; il la témoignait
à l'empereur par ses complaisances. Ignace n'était à
son avis qu'un censeur intraitable, qui faisait gloire
d'une austérité faroucbe. Pour lui, souple courtisan,
il se pliait de bonne grâce à toutes les in^inations du
prince. Il ne faisait que rire de ses farces sacrilèges;
il était de tous ses festins ,^ et l'on rapporte que, dans
un défi d'ivrognerie, Micbel ayant bu cinquante verres
de vin, Pbotius le surpassa de dix sans s'enivrer. Ce
talent et d'autres pareils lui donnaient une graiide
considération auprès de l'empereur. Cependant Ignace
manquait du nécessaire dans l'île de Térébinthe. Les
ecclésiastiques qui lui demeuraient attachés étaient
déplacés, enfermés, déchirés de coups. Bardas fit en-
tendre à l'empereur qu'Ignace, criminel de lèse-ma-
jesté , était traité avec trop d'indulgence. On envoya
donc informer contre lui , et, quoiqu'on ne trouvât au-
cune apparence de preuve, on le transporta au pro-
montoire d'Hérée, où il fut enfermé dans une étable
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(An 857.) LIVHE LXX. MICHEL III. 2O9
de chèvres. On l'en tira pour le tramer dans un bourg
voisin de Gonstantinople, où le barbare Lalacon,
capitaine de la garde , après l'avoir cruellement fouet-
té, l'enferma nu, chargé de chaînes et déjà malade,
dans un cachot glacé. Il y demeura <juinze jours pres-
que sans nourriture. Ces cruautés exercées sur ce saint
prélat, pour le forcer à donner sa démission, soule-
vèrent tous les évèques suffragants de Constantinople ;
ils s'assemblèrent, ils prononcèrent anathême contre
Photius, et contre eux-mêmes, s'ils avaient jamais la
lâcheté de le reconnaître pour patriarche. Photius, de
son côté, oppose à ces évêques un autre synode qu'il
assemble dans l'église de Blaquernes, composé de pré-
lats vendus à la cour. Non content de déposer Ignace,
il prononce la même sentence contre leâ évêques fidèles
à leur patriarche. Ils furent enfermés plusieurs jours
dans une prison infecte. Ignace y fut transféré lui-
même ; et comme sa présence les fortifiait , on l'envoya
en exil à Mitylène. Les autres, après d'indignes trai-
tements, furent bannis de la capitale. On coupa la
langue au garde des archives, parce qu'il s'en servait
pour confondre Bardas et Photius. Nicolas, abbé du
monastère de Stude, pour n'être pas témoin de tant
d'injustices, s'était retiré à Prénète, port de Bithynie,
vis-à-vis de Nicomédie. Bardas sachant combien cette
retraite pouvait lui nuire dans l'esprit du peuple,
rempli de la plus grande vénération pour Nicolas, en-
gagea l'empereur à passer avec lui en Bithynie. Ils
allèrent à Prénète, et employèrent d'abord les plus
vives sollicitations pour obtenir de Nicolas qu'il revînt
à Constantinople. L'abbé ne leur répondit que par des
reproches et des menaces de la vengeance divine.
Tome XIIL ^4
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XL.
Photins vent
tromper le
21 0 HISTOIRE DU BÀSrEMPIRE. (An 857.)
L'empereur irrité fit nommer un àutrà abbé de Stude,
et ne ceasa^. tant qu'il vécut, de persécuter Nicolas.
Pour ne point interrompre ce récit , je vais rendre un
com[)te succinct des artifices et de la tyrannie dePbolius
jusqu'à la mort de Bardas. *
C'eût été pour Photius un grand avantage d'être
appuyé de l'approbation du pape; aussi fit-il tous ses
p^p^- efforts pour l'attirer dans son parti. Il lui députa deux
évéques, et lui manda qu'Ignace, accablé de vieillesse
et d'infirmités, avait . renoncé à l'épiscopat et s'était
retiré dans un monastère, o^ il était traité' avec toute
sorte de respects.. Cet usurpatenr hypocrite prenait le
ton de l'humilité apostolique : il gémissait du fardeau
terrible qu'on lui avait imposé; le clergé^ les métro-
politains, l'empereur, ce prince si doux et si humain
envers tous lès autres, mais cruel envers lui seul, di-
sait-il , lui avaient fait violence pour le charger dé
l'épiscopat, malgré ses larmes et son désespoir. 11 se
prosternait devant Sa Sainteté pour lui demander ses
prières; il lui envoyait une profession :de foi entière-
ment catholique. L'empereur appuyait ces mensonges
d'une lettre très-respectueuse; il faisait valoir son zèle
à réparer l'injure faite aux saintes images sous les rè-
gnes précédents; il priait le pape d'envoyer des légats
pour confirmer dans un concile la condamnation» des
iconoclastes. Cette ambassade était la plus honorable;
le patrice Arsaber ', oncle de l'empereur, était accom-
pagné de quatre évêques, dont deux avaient été dé-
posés par Ignace; et, pour donner plus de force à
leurs discours, ils portaient de riches présents.
1 Voyec ei-dcTant , $ 35, p. ae3, not. s. — S.-M.
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(Xa 857) LIVRE LXX. MICHEL Jl£. 211
11 était difficile d'en imposer à Nicolas, assSs alors xli.
sur la chaire de saint Pierre. Ce pape, dont la fermeté Jn'du^rdu
fit le caractère, ne voulut rien décider sur lafFaire de p*p*'
Photius sans un mûr examen. Il .envoya ^deux légats,
auxquels il ne dontia. d'autre pouvoir que d'îirforiner.
Ils avaient ordre de se teiiir séparés de la communion
de Photius jusqu'à leur retour. Il écrivait à l'empereur,
pour se plaindre qu'on eûli déposé Ignace sans con-
sulter le saint siège , et qu'on eût ordonné un laïc potir -
remplir sa place. Il requérait qu'Ignace fût interrogé,
et l'affaire discutée dans un; concile, en présence de ses.
légats, sur le rapport desquels il formerait s^ déci-
sion. Il n'oubliait pas non plus les intérêts dé l'Église
de Rome : il demandait la restitution des patrimoines
de saint Pierre en Calabre et en Sicile, et le rétablis*
sèment de la jurisdiction sur l'illyrie et les provinces
voisines, transférée par les empereurs grecs aux pa-'
triarches de Constantinoplé. Il approuvait la confession
de foi de Photius ; mais il lui déclarait qu'il ne pou-
vait consentir à son élection qu'après avoir reconnu
qu elle était conforme aux canons de l'Eglise.
Les légats chargés de ces lettres reçurent eh che- xliu.
min des présenta de l'empereur, et de Photius, qui cher-- Ignace elt
chaient d'avance à les séduire. Arrivés à Constanti- ^®p***®-
nople, ils furent gardés à vue et séparés de toute com-
munication , afin qu'ils ne pussent être instruits de la
violence faite à Ignace. On les menaçait <les dernières'
rigueurs s'ils ne se prêtaient aux volontés du prince.
Us se rendirent enfin, après avoir tenu huit mois
contre les sollicitations, les promesses et les menaces.
Cependant Photius préparait le succès du concile qui
devait lui assurer son usurpation. On fit revenir Ignace
i4.
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a I % HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 857.)
de Mitylène : on le transféra dans l'île de Térébinthe,
oîi le commandant de la flotte impériale, nommé Ni-
cétas, le traitait inhumainement pour faire sa cour au
prince et au nouveau patriarche. Le concile s'assem-
bla dans l'église des Apôtres , et fut composé de trois
cent dix-huit évêques , comme le premier concile de
Nicée ; mais ce fut la seule ressemblance qui se trouva
entre ces deux conciles. Celui-ci ne fut qu'un brigan-
dage. L'empereur y assistait, à la tête de tous les
magistrats, dans l'appareil le plus formidable. Ignace
y fut amené plutôt comme un criminel que comme
un évêque, et, dès qu'il parut, il fut chargé d!injures
par l'empereur. Les légats mêmes se déclarèrent contre
lui. Plusieurs métropolitains osèrent élever la voix
pour le défendre; mais on n'eut égard ni à leurs justes
demandes, ni à l'appel qu'Ignace interjetait au saint
siège. Bardas s'emporta jusqu'à frapper à coups d'épée
l'archevêque d'Ancyre , qui faisait des remontrances à
Tempereur. On prétendit qu'Ignace était un intrus,
ordonné sans décret d'élection. Soixante -douze té-
moins subornés confirmoient par serment ce mem-
songe manifeste, qu'une possession paisible de onze
ans réfutait assez. Enfin, tous les efforts des partisans
de Photius pour arracher à Ignace un acte de renon-
ciation étant inutiles; le concile prononça la sentence
de déposition, et les légats y souscrivirent. On ne
traita l'affaire des iconoclastes que pour la forme;
cette hérésie, presque entièrement éteinte, n'était
qu'im prétexte dont s'était, servi l'empereur pour en-
gager le pape à envoyer des légats, comme s'il eût
été question de la foi. On fit lecture de la lettre du
pape à l'empereur , mais falsifiée par Photius : il avait
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(Att 857.) LlVRJfi LXX. MICHEL 111. ai 3
eu soin d'en retrancher tout ce qui lui était contraire
et favorable au saint patriarche*
Le concile s'était terminé à la satisfaction de Pho- xliu.
tius; mais, pour lui assurer une possesssion tranquille, cr^èhMtal
il fallait obtenir la démission d'Ignace. Afin de l'y îfforcen
contraindre , on tenta de lasser sa patience par les trai- '^°**°J^?''/
tements les plus inhumains. Tourmenté d'une cruelle
dyssenterie , il fut pendant quinze jours enfermé dans
le sépulcre de Constantin Gopronyme, livré à trois
hommes barbares qui, après l'avoir meurtri de coups,
tantôt rétendaient en croix sur le marbre, nu en
chemise^ par un froid rigoureux; tantôt le tenaient
des nuits entières assis sur le tombeau, dont le haut
était en arête, comme sur un chevalet, avec des poids
énormes attachés à ses pieds. Il demeura sept jours
entiers sans autre nourriture qu'autant qu'il en fallait
pour l'empêcher de mourir, tandis que les bourreaux
se faisaient un divertissement cruel d'inventer de nou-
veaux tourments. Enfin , lorsque la douleur et la fai-
blesse lui eurent ôté l'usage de ses membres, uu de
ces scélérats ayant saisi une de ses maios lui fit tra-
cer une croix sur un papier , que Photius remplit en-
suite d'une acte par lequel Ignace se reconnaissait in-
digne du siège de Constantinople, qu'il avait usurpé
contre les canons, et déshonoré par une conduite ty-
rannique. Après cette abdication prétendue, Ignace
fut élargi. Le saint prélat fit usagé de sa liberté pour
envoyer au pape une requête, dans laquelle il lui
rendait compte de la persécution qu'il avait soufferte ,
et le priait de prendre en main sa défense. Elle était
signée de dix métropolitains, de quinze évêques, et
d'un grand nombre de prêtres et de moines. I/abbé
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ai4 HISTOIRE DU BAS-£MPIE£. (£n %$>].)
Théogposte, qui Tavait C(»nposëe,la porta lui-même
à Rome en habit déguisé, et instruisit le pape de tout
le détail de cette criminelle eatreprise. Cependant Pho-
tius , pour achever son triomphe , engagea Fempereur
à un dernier acte de violence contre Ignace : on de-
vait, le jour de la Pentecôte, le transporter k Féglise
des Apôtres, où, monté sur le juhé, on le forcerait de
lire l'acte de sa déposition, et de prononcer anathéme
contré lui-même, après quoi on lui crèverait les yeux:
et. on lui couperait la main droite. Tout était prêt
pour l'exécution de cet horrible projet^ lorsque la nuit
précédente, Ignace, averti que sa maison était envi-
ronnée de soldats, se charge d'un fardeau et passe
en habit d'esclave au milieu des gardes, sans être re-
connu. Il gagne le bord de la mer et se sauve dans
les îles de la Propontide. Là, passant souvent d'une
il^ à l'autre, caché dans les cavernes, dans les forêts,
sur les montagnes , ne vivant que d'aumônes, patriar-
che et fils d'empereur, il lui fallait éviter sans cesse
les émissaires de Photius, qui le cherchaient pour lui
ôter la vie. Enfin un tremblement de terre, qui se
fit sentir par diverses secousses pendant quarante
jours, parut être un effet terrible de la colère da
ciel. Oh criait de toute part que Dieu soulevait la
nature contre les persécuteurs d'Ignace. Michel et
Bardas, effrayés eux-mêmes, jurèrent publiquement
qu'il ne lui serait fait aucun mal. Sur cette assurance,
il revint dans son monastère.
Les deux légats du pape, de retour à Rome, se coo-
tentèrent de lui rendre compte du résultat du concile;
Ignace, sjjg eurent soin de lui cacher toutes les violences et les
intrigues auxquelles ils avaient eux-mêmes participé ;
XHT.
Zèle du
pape pour
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(An »57.) LIVJIE LXX. HICHEL IH. Îll5
mais le pape en apprrt bien davantage par les actes
que Léon, secrétaire de l-emperetir, lui apporta deux
jours après, avec une lettre de Michel et une autre de
PhoCius. Michel demandait au pape la cônfiriûation des
décrets du concile. La lettre de Photius était un dis-
cours artificieux dicté par Thypocrisie; il déplorait son
sort d'avoir été foit^ë d'acoeptec le patriarcat; il re-
grettait la vie douce et tranquille d'où on l'avait arra-
ché pour le jeter au mili^i des orages d'un ilninistère
laborieux, où. il avait sans cesse à combattre les désor-
dres, lé schisme, l'hérésie. On lui reprochait d'avoir
passé de l'état de laïc à l'épiscopat; il s'en justifiait par
l'exemple de Nectaire , de saint Ambroise, de saint Gré-
goire Thaumaturge, et de plusieurs autres saints pré-
lats, et il faisait en même temps l'apologie de Nice-
phore et de Taraise , ées prédécesseurs. Quant à la ju-
risdiction d'Ulyrie , que le pape revendiquait , il protes-
tait que, loin de s'obstiner à la retenir, il regarderait
comme une grâce d'être déchargé d'une partie de son
fardeau ; naÀs , comme il s'agissait de territoire et de
limites de provinces, c'était, disait-il, nne affaire d'é-
tat qui dépendait du conseil de l'empereur. Il faisait
un grand éloge des légats , et tâchait de prévenir le
pape au désavantage de ceux qui allaient à Rome im-
plorer sa protection en faveur d'Ignace. Ces lettres , et
plus encore les actes du concile , firent connaîtra au
pape la prévarication de ses légats. Il assembla son
clergé, et, en présence de Léon, il déclara que ses
légats avaient contrevenu à ses ordres ; qu'il n'avait
point consenti à la déposition d'Ignace , ni à l'ordina-
tion de Photius, et qu'il n'y consentirait jamais , à moins
que les crimes imputés à Ignace ne fussent prouvés
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2l6 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 857.)
juridiquement. Il renvoya Léon avec cette déclaration ,
et lui mit entre les mains deux lettres pour Pho ti us
et pour l'empereur, dans lesquelles iL réfutait celles
qu'il en avait reçues. Il écrivit en même temps, maïs
par une autre voie, une lettre circulaire à toute VÉ-
glise d'orient : il y déclarait qu« ses légats avaient agi
contre ses ordres, en souscrivant ù la déposition dl-
gnace et à l'élection de Photius. Il traitait Ignace de
saint , et Photius de scélérat ; il voulait que tous les
évêques rendissent cette lettre publique.
LY. Photius supprima la lettre qui lui était adressée, et
botius. contrefit deux autres lettres, l'une d'Ignace au pape,
l'autre du pape à lui-même. Dans la première , Ignace
invectivait vivement contre l'empereur ; dans l'autre ,
le pape s'excusait à Photius de lui avoir d'abord été
contraire ; il lui mandait qu'il avait enfin découvert la
vérité , qu'il lui renvoyait la lettre d'Ignace sans avoir
même voulu l'ouvrir; il lui promettait une amitié con-
stante à l'avenir. Il se fit présenter ces lettres en pleine
audience, dans le palais patriarcal, par un fourbe dé-
guisé en moine. Il les porte aussitôt à l'empereur et
à Bardas; il leur représente Ignace comme un sujet
perfide, qui, par ses calomnies, s'efforce de rendre le
prince odieux aux étrangers , crime qui seul méritait
la mort. On donne des gardes à Ignace , on met ses
domestiques à la question ; on interroge le porteur des
lettres, qui est enfin convaincu d'avoir joué cette co-
médie de concert avec Photius. Bardas le fait fouetter;
mais Photius le dédommage en lui procurant un em-
ploi assorti à sa condition. Cette imposture découverte
fît grand éclat, sans diminuer cependant le crédit de
Photius auprès de Michel et de Bardas, qui croyaient
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(An 857.) LIVRE LXX. MICHEL III. aiy
tout permis pour perdre Ignace. Ils donnèrent peu après
une nouvelle preuve de 4eur haine* : les Russes , dont
je parlerai dans la suite , ayant fait une irruption dans
Tîle où était le monastère d'Ignace , y renversèrent un
autel que le saint prélat consacra de nouveau après
leur retraite. Photius fit grand bruit de ce qu'Ignace
déposé usurpait encore les fonctions de l'épiscopat; et,
pour réparer cette prétendue profanation , l'empereur
envoya deux archevêques et un sénateur, qui firent
porter l'autel au bord de la mer, l'y plongèrent qua-
rante fois pour le purifier, et le replacèrent ensuite.
Toutes les grâces étaient pour Photius; les partisans
d'Ignace, au contraire, n'éprouvaient que des rigueurs.
Eli 864, le jour de l'Ascension, un tremblement de
terre alarma toute la ville: pendant vingt-quatre heures,
la terre fit entendre dans ses entrailles d'horribles mu-
gissements; quantité d'édifices furent renversés; toutes
les sources tarirent. Les habitants étaient en prières.
Basile, archevêque de Thessalonique , crut l'occasion
favorable pour faire rentrer Michel en lui-même; il
lui représenta qtf il attirait la colère de Dieu en con-
trefaisant, par des jeux sacrilèges, les plus saintes cé-
rémonies de la religion. Cette remontrance fut payée
d'un châtiment cruel ; l'empereur lui fit rompre les
dents et déchirer le corps à coups de fouet. Il plaisan-
tait lui-même sur le patriarcat de Photius : Himere ,
disait-il, est mon patriarche; Photius est celui de
Bardas; Ignace^ celui des chrétiens; et Photius était
content de ce partage , aussi honteux pour lui que pour
ce prince 'insensé.
Le pape recevait tous les jours de nouvelles plaintes xlvx.
de la conduite que ses légats avaient tenue à Constan- lettre du
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ai8 HISTOIRE DU BAS-KMMRE. (Xn S5j,)
pape contre tînoplc. Pour puilir UDC prévarication qui déshonorait
Piotius. j>£g[;gg romaine, il convoqua un concile de plusieurs
provinces. L'évêque Zacharie , un des légats , convaincu
par plusieurs témoins et par sa propre confession, fut
déposé et excommunié. L'autre légat , nommé Rodoalde,
pour lors absent, fut dans la suite puni avec la même
sévérité dans un autre concile. Le pape prononça la
Sentence d'interdiction contre Photius , sous peine d'a-
nathéme jusqu'à la mort, s'il s'ingérait à faire aucune
fonction épiscopale. Grégoire de Syracuse, et tous ceux
que Photius avait ordonnés, furent frappés de la même
censure. Ignace fut reconnu seul patriarche légitime,
les anathêmes lancés contre lui , déclarés nuls. On ex-
communia quiconque oserait s'opposer k son rétablis-
sement, ou le troubler daiis ses fonctions, lui et les
autres évêqûes chassés par Photius. Comme l'empereur
avait mandé au pape que les évêques d'occident ap-
prouvaient sa conduite , le pape leur écrivit pour les
instruire de cette calomnie, à laquelle il protestait
qu'il n'ajoutait aucune foi. La lettre de Michel était
remplie d'injures contre le pape etTÉglise romaine.
Nicolas lui répondit avec douceur , mais avec supério-
rité ; il le comparait à Goliath , et se comparait lui-même
à David. Il répétait ce qu'il avait dit dans les lettres
précédentes sur Photius ; il demandait dé l'empereur
qu'il fît brûler publiquement un exemplaire de la lettre
injurieuse qu'il lui avait envoyée , sinon il le menaçait
d'excommunier et les auteurs de la lettre et les secré-
taires, et de la faire brûler au milieu de Borne, à la
face de toutes les nations qui venaient sans cesse visi-
ter le tombeau de saint Pierre. Il exigeait qu'Ignace et
^ Photius se rendissent tous deux à Rome pour plaider
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(Att 857) LIVRE LXX. MICHEL III. 219
leur cause devant lui. Les trois légats chargés de cette
lettre en reçurent aussi plusieurs autres adressées aux
évequfis ^ au clergé de Constantinople , à Photius , à
Bardas, à Igiraçe, à la femme et à la mère de Tempe-
reur, à plusieurs membres du sénat. Le pape instruisait
les cyêcpes et le clergé de Constantinople de ce qui
s'était passé à Rome; il se plaignait de la lettre outra-
geante de l'empereur; il reprochait à Photiùs tous ses
crimes ; il exhortait Bardas à réparer le mal qu'il avait
fiait, à prendre 1^ défende d'Ignace auprès de l'empe-
reur, et à £3ivoriser ses légats. Il informait Ignace du
zèle avec lequel il avait pris et prenait encore sa dé-
fense; il en donnait avis à Théodora, qu'il exhortait à
la patience. Il priait l'impératrice Eudocie de faire usage
de son crédit en faveur d'Ignace* Enfin , il adressait
une lettre commune à plusieurs sénateurs de Constan-
tinople, pour les engager à s'employer pour Ignace, et
à se séparer de la communion de Photius. Nous ver-
rons dans la suite le peu d'effet que produisirent ces
lettres sur l'esprit de Photius , de Bardas et de l'em-
p^eur.
Pendant les troubles de l'Église et de la cour de a» 858.
Constantinople , la guerre contre lès Sarrasins durait q^I^
toujours ; il se donna plusieurs combats dont les succès g^°J.^®jJ^®'
furent difïerents. Léon, général des troupes impériales, Eimacin,
plus habile ou plus heureux que Thëoctiste , remporta *^; J"*^'
de grands avantages : il prit de force une place qu'El- cedr.^; l*p.
macin nomme Aïncarja ^ , la détruisit et emmena tous ^^45.^ 546.^
les habitants en esclavage. Il passa l'Euphrate, porta 2, p. iSS.
» Cet aatear place cette conquête «n Tan 141 dt l'hégire (a a mai 855
— 10 mai 850 de J.-C.) -— S.-M.
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aaO HISTOIAE DU BAS*£MPIR£. (An »58)
GoDt. le ravage jusqu'aux portes d'Amide ' , prit et pilla plu-
io9?^iio. sieurs châteaux au-delà du Tigre *. D'un autre coté,
sym«>n.p. p^^j^. j^ Mélitinc \ Omar, à la tête d'un camp vo-
^*534. ^ '^°^' désola tout le pays jusqu'à Sinope, et fit retraite
Gcnes. I. 4, avaut qu'ou eût pu l'atteindre. Le jeune empereur ,
enivré des flatteries de ses compagnons de débauche,
crut qu'il ne manquait que sa présence pour terrasser
ces opiniâtres ennemis : accompagné de Bardas , il va
mettre le siège devant Samosate , que les Sarrasins
avaient reprise et réparée depuis l'expédition de Théo-
phile *. L'armée arriva le jeudi-saint , et campa devant
la ville. Les Sarrasins enfermés dans la place , affec-
tant une extrême terreur, laissèrent faire sans opposi-
tion tous les préparatifs du siège; mais le jour de
Pâques, tandis que l'armée grecque, dans une pleine
sécurité, ne s'occupait que de la solennité de la fêle,
et que, sans avoir pris aucune précaution, elle assis-
tait au saint sacrifice , les assiégés ouvrent les portes,
sortent en poussant de grands cris , courent avec furie
au camp des Grecs. Tout fuit, ou tqpibe sans résis-
tance sous le fer des Sarrasins. Michel fuyant le pre-
mier , ne dut son salut qu'à la vitesse de son cheval.
Les bagages, les tenrtes, les riches équipages de 1 em-
pereur sont la proie des ennemis. Les pauliciens, joints
aux musulmans, étaient les plus acharnés au carnage.
Carbéas, leur chef, signala son courage et sa fureur,
« En 34a de Thégire (lo mai le Tigre et VEn^hnlej Aroiàe et Si-
856 — 3o ayril 857), selon Elma- mosate. — S .-M.
cin, Hise.sarac, p. i5o. — S.-M. 3 Jp^jp , l'Émîr. Vojet ^
> Dans le pays nommé par les S 3i, p. 199, not. 4» — S--^'
Arabes Tsoghr-Djezenak , cV8t4- ^Citait, dit le co'»*^"f!^'
dire la frontière militaire de Méso- Théophane,p. 109, une^i^
potamie. Cétait le pays montaeux, etpeoplée. — S.-M.
difficile et fortifié qai s'étend entre
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(An 858.) LIVRE LXX. MICHEL IIÏ. 22tl
il tua de sa main grand nombre de Grecs , et n'épargna
que ceux dont il espérait une grosse rançon. Cent of-
ficiers des plus distingués, entre lesquels était le gé-
néral Léon ' , furent ses prisonniers * , et se rachetèrent
ensuite; mais il ne voulut jamais relâcher Léon , quel-
que somme qu'on lui offrît , et il le laissa mourir dans
les fers.
Deux ans après , Omar rentra dans la Cappadoce a» sso.
avec trente mille hommes^; l'empereur en assembla .^^^"i;
quarante-cinq mille ^ , la plupart Thraces et Macédo- faite de
. 5/1 .11 11,. . Micïiei-
mens ; c étaient les meilleures troupes de 1 empire , mais cedr. t. a, p.
sa plus grande ressource fut dans la personner de Ma- zoJi^ie, t.
nuel. Ce guerrier, qui avait conservé le titre de com- *» p- ^^^•
mandant des troupes de la garde , vivait depuis plu- Theoph. p.
/ 1 . , .11 "*o et m.]
sieurs années dans une retraite douce et tranquille^ Gènes, i. 4,
spectateur éloigné des orages d'une cour toujours agitée ^*
pai' les plus noires intrigues : Michel l'obligea de le
suivre dans cette expédition, quoiqu'il fût fort avancé
en âge. Les deux armées se rencontrèrent près d'Ama-
sie, sur les bords de llris, et en vinrent aussitôt aux
mains ^. Le jeune empereur, qui voulait commander
' n est nommé Séon dans Gédré- ^ix,eL^wnç ^^iXia^oç. On voit la même
nns, t. a, p. 546. Voyez la note chose dans le continoatenr de Théo-
suivante. — S.-M. phane, p. xio.
a Le contimiatear de Théophane, ^ Selon Génésins , 1. 4, p. 44 , rar-
p. ixo, nomme parmi enxAhsalon, mée impériale était dans le canton
décoré dn titre de tzangotnbe , dont de Doxyme , x^P°^ Ao^up.oy , dans
j^ignore les fonctions, tov TÎJa'yyo- une prairie appelée, Cellarium, Xi-
TGuêov TOV kêgaaXàiL, et le palatin êà^tov xaTâ>vcp.a(rfi.évcv KeXXaptov.Les
Scon, Sriùv tov itoXativov. — S.-M. Arabes, qui, selon le même anteur,
^ XfAsp auv {lupiaai Tpioi. Gènes, s'avançaient par la route de Zelisa,
1. 4 9 p. 44. — S.-M. qui est peut-être Tantique Zélée,
4 Génésius, 1. 4, p. 44, ne fait vinrent camper en nn lien appelé
monter son armée que jusqu'à qua- Chonarium, — S.-M.
rante mille hommes, piixpi xtr^d^oç
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îîaa HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (^ gg^,.)
sans avoir aucune connaissance de la guerre , se vit
bientôt enfoncé de toute part. Aussi prompt à fuir
qu'à livrer bataille, il fut suivi d'une grande partie de
ses troupes. La chaleur était excessive , et les chevaux:
ainsi que les hommes se trouvant excédés de fatigue
au bout de deux lieues, on gagna le haut d'une mon-
tagne escarpée " , et de difficile accès,, comme poste de
sûreté. Un moment après ils se virent enveloppés de
l'armée ennemie, qui, montant à eux avec cette vivacité
que donne la victoire, les aurait bientôt atteints, si
Manuel, à la tête des troupes de la garde, n'eût re-
poussé leurs assauts continuels. Il fallait songer à la
retraite, ou périr. Manuel , dont c'était la destinée de
sauver ses maîtres ( il avait deux fois sauvé Théophile ),
fait changer d'habits à l'empereur pour empêcher qu'il
ne soit reconnu, et , s'étant mis à la tête de cinq cents
hommes d'élite, il fait porter devant lui l'éten^dard de
la croix, perce les bataillons des Sarrasins, et se trouve
en un moment à la queue de leur armée. S'apercevant
alors qu'il n'est pas suivi de l'empereur, que la crainte
avait arrêté, il retourne avec la même vitesse, et re*
gagne le poste où se tenait l'empereur. Comme il ne
peut déterminer à un effort si hasardeux ce prince,
qui n'était brave que loin du danger, Manuel, tou-
jours à la tête de ce corps invincible qu'il avait choisi ,
tombe sans cesse en tant d'endroits sur les assaillants ,
les écrase et les foudroie avec tant de vigueur, qu'O-
mar, épouvanté de cette tempête, manquant d'ailleurs
d'eau et de fourrage, prit le parti de se retirer à quel-
que distance ^ ; et, tandis que les Sarrasins, harassés et
I Nommée jénzès , selon Gêné* ' En un Hea nommé Dom , sdoii
sias , 1. 4, p. 44. — S.-M. Génésios, 1. 4, p. 45. — S.-M.
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(A» «6o.) LIVRE LXX. KIGHEZi IIL aa3
couverts de biessuces, se reposent des !travaut d'une
si rude journée , les Grecs non moins fatigués, mais
animés par la nécessité de fuir ou de périr ^ gagnent là
plaine , et se trouvent au point du jour hors d'atteinte
à la poursuite des vainqueurs.
Omar était pour l'Empire un voisin très-incommodé. Aw 86a.
Vaillant, infatigable, secondé des pauliciens implaca- ^J^^^-
blés ennemis, il Élisait un désert de la Gappadoce, du d'Omar.
Pont , de la Cilicie. Tandis que les Grecs travaillaient p^546, 547.
à réparer leurs pertes , il continuait de désoler l'Asie- ^^'** *• '?i *•
Mineure, d'où il emmena soixante- dix mille prison- ^^9-
niers. Deux autres générauxj[Fadhl, fils de Kâren *, Cont.
et Aly, fils de Yahia^], Sarrasins , attaquèrent en même m etsêqq.
temps cette malheureuse contrée : l'un, avec une flotte oTô^g. p^'
de vingt vaisseaux, vint emporter Antioche de Cilicie^; Geuès.^l\,
l'autre, ayant franchi les défilés du mont Amanus, prit EWi^f"
une place qu'Elmacin nomme Arsia *, d'oîi il enleva ^»*-Sarac.
cinq mille hommes et dix mille têtes de bétail. L'année
suivante, 862, Omar se remit en campagne, suivi de
quarante tnille hommes; il pénétra dans le Pont ^ jus-
qu'au port d'Amise , qu'il prit et pilla. Trouvant cette
contrée sans défense, il y fit un riche butin , enlevant
hommes et troupeaux. On dit que cet émir, aussi fou*
gueux, aussi extravagant que Xerxès, arrivé au bord
de la mer, qui s'opposait à ses pillages, la fit battre de
z Ce pertoiinftgey persan d^ori- nue par Elmacin y Hist, sarac, ^,
^me, issu des rois du Masandérao , z5i. — ^S.-M
était goovemear d'Émesse, en Syrie ^ Elmacin dit seulement , p. i5i,
Il fat tué en l'an a5o de l'hégire (i» Antiocfae. — S.-M.
février 864,-1" février 8 6 5) par les 4 Ou plulAt ^rx^.— S.-M.
babîtants d'Émesse révoltés. A bon'- ^ Nommé alors 1« thème armé-
Iféda , ///!«. musl. H, ai 3. — S.-M. niaque. — S.-M.
2 Cette expédition nons est con- •
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224 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (^ ge^.)
verges '. Ces nouvelles excitaient les murmures de la
ville de Constantinople ; on gémissait de voir qu'un
Barbare insultât impunément l'Empire , sans que ni
l'empereur ni le césar , endormis dans la crapule , s'é-
veillassent au bruit de tant de ravages. Mais Michel ,
abruti par ses excès , ne cherchait de gloire que dans
les exploits de la débauche ; et Bardas n'osait s'éloigner
de la personne du prince , qui ne pouvait vivre long-
temps, et dont il méditait dès -lors d'abréger la vie
pour prendre sa place» £n attendant, il ne voulait con-
fier qu'à sa famille le commandement des armées. II
jeta les yeux sur son frère Pétronas, qui résidait pour
lors à Éphèse en qualité de gouverneur d'Ionie et de
Lydie*; il lui envoya ordre de rassembler au plus tôt
toutes les troupes des provinces voisines, et de mar-
cher contre les Sarrasins. Il fit partir les compagnies
de la garde , avec les troupes de Thrace et de Macé-
doine, pour aller le joindre à Éphèse.
!.. Pétronas n'était pas guerrier, mais il ne manquait
d^omr. P*^ ^^ prudence. Il prit pour conseil Nazar^, gouver-
neur de Galatie^, plus habile que lui dans les opéra-
tions de la guerre, et lui fit part du commandement.
Ce fut sans doute par son avis qu'il préféra une bonne
armée à une armée nombreuse , et qu'il ne se fil suivre
que de soldats . choisis et bien disciplinés. Encouragé
' Cette extravagance n'a pas d'au- san Babèk , et qui était venn cher-
tre garantie que le continoateor de cher nn asile auprès de Temperear
Théophane , p. z 1 1, et ses copistes. Théophile après la dé£ûte et la mort
— S.-M. de Babek. Voy, ce, que j'en ai dit
2 Nommée à cette époque le ci-dev. , p. z45, not. a^lir. ucis,
thème des Tbracésiens. — S.-M. § 40. — S.M.
3 Je pense que ce personnage était 4 Nommée alors le théoïe des Bac*
fils de ce rjTazar, persan de naissan- cellarîens. — »S.-M.
ce , attaché au parti du rebelle Per-
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{Ku «6a.) LIVRB LXX. MlèHEL III. aaS
par les discours d'un saint personnage que le peuplé
regardait comme un prophète, il partit, et trouva Omar
campé près d'Amasie ', dans un vallon environné dé
roches escarpées*. [Les Arabes lui doiinent lej|om cje
Mardj-Aloskoufy c'est-à^ire plaine de VK^ê^e ^] . Le
choix de ce campement prouve que ce fameux Sarrasin
était. plus redoutable par sa bravoure impétueuse que
par sa science militaire. On ne pouvait sortir de ce
vallon-que par trois gorges que ferma Pétronas, ayant
divisé son armée, en trois corps 4. Omar ne s'aperçut
de sa faute que lorsqu'il ne fut plus temps d'y remé-
dier : toutefois il ne perdit pas courage , et, relevant
celui 4^ ses soldats par le souvenir de leurs exploits et
par le mépris qu'ils devaient faire d'un ennemi tant
de fois vaincu , il leur ordonna de se préparer à com-
battre le lendemain, et de rendre luisantes leurs lances
z Selon Génésîas, 1. 4, p. 46,
cet endroit était à 5oo qiilles, fAinXia
9* d'Amilhas, sur les confins du.
thème de Paphlagonie et de celai
des Arméniaques. — S.-M. .
3 Ce lien est appelé Poson par le
continuateur de Théopfaane, p. i la,
xaTc£ Tiva Wffov oÔtw Xe^o(i.evov Ho-
«orra. Ce lien, selon le même au-
teuFy était traversé du, nord an sud,
par une rivière appelée Lalacaon^
AaXoxacav. IJj^ns les environs se
troavait nue vallée qn*on nommait
Tnlgairement Gjrris, Xtêît^icv irapoé-
xcifat rûpiv à^pcucocf ^vv) xfliXo6{j.e-
vov.^-'S.'M.
^ C'est ce que nods apprend Abon*-
Iféda, Ann, musL,ïlf 309, qui place
cette bauille en Tan 3 49 de Thégire
(a 3 février 863 — 13 février 864 de
Tome XIIL
J.'C.);ce qui semble indiquer que
cette bataille SFiit IlVree en TÎn 863,
une année après Tépoqne donnée
par Lebeau. AbouMfaradj place aussi
cette guen'e , dans sa Chronique sy-
riaque, p. .171, en Fan 349 derhé»
gîre. Selon lui, le lieu où Omar fut
vaincu était dans le territoire de
Mélitène.— S.-M.
4 Les çomnutndants des thèmes
arménîaque, des Boncella riens , de
Colonia et de Paphlagonie, occu-
paient le côté du nord, les comman-
dants àes thèmes anatolique , opsi-
cien et de Cappadpce, et les cli-
sonrarques de Sélencie et de la
Charsiane, étaient postés au midi.
Le général tenait le côté occidental ,
avec les troupes du thème des Thra-
•césîens, les soldats de Thrace et de
la Macédoine. — S.-M.
i5
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aa6 HISTOIRE ou BAS-JëMPIRE. (An S6a.)
et leurs épées pour les teindre du sang des Grecs. Dès
le point du jour, il leur fait prendre les.armes, et mar-
che à leur tête pour forcer un des passages. La difH-
culte du lieu , la vive résistance qu'il y rencontra, ren-
dirent^s efforts inutiles. Il retourne en arrière pour
attaquer le passage opposé ; il le trouve encore impé-
nétrable. Enfia, réunissant toutes ses forces, il les porte
sur le poste oiil^tronas, qu'il méprisait, commandait
en personne; mais c'était aussi l'e^ndroit le mieux dé-
fendu» par l'élite de l'armée. Après plusieurs charges
réitérées, toujours animées par la fureur^ et repoussées
avec la même violence, Omar écumant de ragç s'élance
sur le fer des ennemis, et tombe percé de couns. £n
même temps les Grecs se jettent dans l'enceinte , et les
Sarrasins enveloppés sont taillés en pièces sans qu'il
en échappe un seul. Le fils d!Omar avait déjà passé
l'Halys pour ravager le pays, lorsqu'il apprit la défaite
et la mort de son père ; il fut pris avec tout son déta-
chement ^ comme il fuyait vers Mélitine. [Les Grecs
vainqueurs, étendirent leurs courses jusqu'aux frontières
de Mésopotamie *. Ali, fils d'Yahia ^, voulut venger la
mort d'Omar; il rassemble une forte armée composée
des troupes de l'Arménie et des pays de Miaparikin 4.
Il fut vaincu , et périt comme celui qu'il avait prétendu
venger^]. Pétronas porta la tête d'Omar à CTonstanti-
< Par le clisourarque de la .Char- ci-dev. p. aaS. — S.-]\^«
siane. Cont. Tbeoph. p. 114. Celui ^ Cette yille, nommée MaifarkeU
qmleprity selon Génésina, 1. 4, p« par les Syriens, elJVapboÂad par
46, se nommait Monarchès Mâché* les Arméniens, est la ville dont il
ras, ô Maxai^o^. — S.-M. a été si sonvent question dans cette
2 Le Tsogkr'Pfezeriah, Yoj€n histoire sons le riom de Martjropo-
ci-dev. § 47, p. aao, lïot. a. — S.-M. Us. — S.-M.
^ II a été question de ce général, ^ Ces détails sont donnés par
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{A4i«63.) LIVRE LXX. MICHEL' III. 337
nople, et triompha dans le cirque. Il mourut peu de
temps après.
Théophile avait foulé ses peuples par le luxe des a» 863.
bâtiments ; Michel les éppisa par ses folles libéralités et i^i-
1/1 I ?'• 1 1 1* -1 BAtiment de
par ses débauches : c étaient les seuls objets de ses Michel.
énormes dépenses. Passionné pour les courses dû cir- sym.^p.440
que, il fit construire pour ses chevaux, qu'il estimait q^J^^'
plus qu'aucun de ses sujets, une écurie aussi magnifique ^ J^^- .
qu'un palais. Les murs étaient incrustés de marbre et p* 33a.
de porphyre; des sources, pures y promenaient leurs
eaux, et se rjsposaient de distance en distance dans des
bassins qui servaient d abreuvoirs. Rien ne le flattait
plus agréablement que la beauté de cette superbe écurie.
Un jour qu'il la faisait voir à un citoyen de Constan-
tinople, bomnie simple et peu courtisan, comme il se
vantait que cet édifice rendrait son nom immortel :
Seigneur, lui dit le citoyen , Justinien a bâti Sainte-
Sophie y il Va enrichie de tous les ornements d'aune
pieuse magnificence , cependant on ne parle plus de
lui; et vous espérez gu'un dépôt de fumier fera
wi^re à jamais voire mémoire? Blessé au vif de cette
répartie , il fit chasser le philosophe a coups de fouet
par les valets de l'écùrie. Deux inscriptions, qui se li-
sent encore sur les murs d'Andrinople et de Sélymbrie,
nous apprennent cependant' qu'il en répara l'enceinte
détruite par les Bulgares. Quoiqu'impie jusqu'au sacri-
lège , il fit bâtir quelques églises ; il enrichit celle de
Sainte-Sophie d'ornements très -précieux, entr'autres,
d'un chandelier d'or du poids de soixante livres.
Michel-, jal#ux de la victoire de Pétronas qu'il n'ai- j^^ g^^
Aboa'lfaradi, dan» sa Chronique syriaque, p. 171. — S.-M.
i5.
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228 HISTOIRE VV BAS-EM^IRJK. (An 864.)
^„. m^it points voulût marcher lui-même contre les Sar-
^II'"rus°cs. rasins. Il laissa Oryphas ' pour gouverner Constanti-
Ccdr.t.2,p. Dople; il était encoife en marche, lorsqu'il re<jut la
zon.i.i6,t.2, nouvelle de l'irruption d'un peuple féroce , inconnu
Cont/ The- jusqu'alors. Oryphas lui mandait* que les Russes^,
**^**'ia2"^' sortis des glaces de* la Scythie^ , traversaient le Pont-,
Syni.p.445. Euxin sur deux, cents barques ^. Ils étaient déia vers
Georg. p.- .
535, 536. les embouchures du. Danube; et bientôt entrés dans le
ap. conc. Bosphore , ils parurent a la vue de Constantinople. La
Labb.t;j,p. ' '^ , , , , . . 1 -Il 1 1
iao3. ejru.aùte de ces barbares jetait, toute la ville dans de
mortelles alarmes : sans cesse ils faisaient des descentes,
et iQs^sacraient impitoyablement ce qu'ils rencontraient.
Aucune des îles voisines ne fut: à l'abid de leurs rava-
ges.; ils égorgeaient les habitants, enlevaient Toi: et
l'argeQjtîdes églises, pillaient les monastères. Us sac-
cagèrent eelui dans lequel était retiré le patriarche
Ignace ,. et .coupèrent la tête à vingt-deux moines. Sur
l'avis d'Qiyphas^ l'empereur revint aussitôt, et passa
' I II est probable qjde ce person- sage qni n*a pas encore fixé Fattea-
nage était dejla même JàmîUeqae . tîon des. savants , et qui semblew'
les deux officiers du même nom dont - faire remonter de plus d'an siècle
il a été question cî-dev.'p. i5a^ not. Tantiquitë du nom des! Rosses. A
i,liv. XXIX, S 45.— S.rM. . . - répoqae dont il s'agit îcijl'eiDpîw
» L'empereur se trouvait alors an de Russie ne faisait que de naître,
camp de Mauropotamos, to Mttupo- Un Raurik commençait de régner
woTajxov. Syméon logoth. Chron. p. à Novogorod. — S.-M.
445. Voyez ci-dev. p. 170, not. a, 4 Tôv 2)cu$ôv lOvo«, 01 X8ifp|Uvot
liv. LXix,S II.— S.-M. f»caç. Nîcet. Fita Iffnat. ap, Conc.
3 j^fi>C Idvoç SxuOueov. Cont. Labb. t. ^,.p. iao3. — S.-M.
Theopb. p. 1 ai. Cest à proprement ^ Les historiens de Venise qoi
parler la première fois qu'il est qnes- parlent dp cette attaque des Rum<*
tion des Russes dans les annales de leur donnent le nom de Nonntou**
r£mpire.Jerapellerai cependant que Normannorum §pntes aggressîs"^
j'ai fait remarquer, ci-dev. p. i33, Const4UitinopoUm. Andr. Dsnd.»
not. i , liv. Lxix, S 3a , un pas- Giron, L 8, c. 4t S 4'* — ^•"^*
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(An 864.) LIVllB LXX. MICHEL III. Hlig
le canal avec beaucoup de danger : il se livra aux mou-
vements de cette pieté passagère qui commeneç et finit
avec le péril. Accompagné de Photius et de tout le
peuple, il se rendit ei# procession à l'église de Bla-
quemes, pour implorer le secours de la mère de Dieu,
protectrice de la ville: On porta la robe de la sainte
Vierge au bord de la mer; on l'y plongea, comme pour
rendre cet élément favorable. Si l'on en croit les au-
teurs contemporains, <îette dévotion fut suivie d'un
prompt effet : la mer, auparavant calme et tranquille,
s'agita tout -à -coup; les flots soulevés -avec violence
brisèrent et fracassèrent les barques des Russes ; il n'en
échappa qu'un très-petit nombre, qui, s'étant sauvés à
terre, effrayés de ce désastre imprévu, dont ils appri*
rentla cause avec étonnement, vinrent se faire baptiser
à.Constantinople, et s'en retournèrent dans leur pays
avec un évêque pour instruire leurs compatriotes. Dans
le même temps une flotte ' de vingt- sept ^ vaisseaux
Cretois ravageait les Cyclades, et pénétra jusqu'à l'île
de Pi*oconnèse, dans la Propontide ^, faisant le dégât
sui- toutes les côtes.
Depuis l'extinction de l'hérésie des iconoclastes, la a» 865.
nié moire de Constantin Copronyme était devenue aussi ""• ,
odieuse qu'elle avait été révérée; mais on ne put voir Copronym«y
sans horreur la barbarie qu'exerça Michel sur le cada- Lécano-
vrede ce malheureux prince, et sur celui de Jean Lé- Ses.
canomante , le patriarche de Théophile. Les ayant fait i^» p- 464,.
tirer de leurs tombeaux, où l'on dit que le corps de Zon. 1.16, u
.' ô TÂc XpVmK ÇoXoc. Cont. siears autres bâtimeiits nommés sa-
Theopb. p. laa. tourat, aaTCUpat. — S.-M.
* Vingt yaUseanx appelés eoum- 3 Auprès de Cyziqne. — S.-M.
banuf sept galères, 'ydtXsat, et plu-
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23o UISTOIRK DU BAS-EMPIRE. (Ad 865.)
a. p. i65, Copronyme fut trouvé sain et entier, il les fit apporter
Sjm' p. 446, dans le cirque : là, exposé aux yeux de tout le peuple
Geotg. p. assemblé. pour les jeux, ils furent battus de verges, et
^]^^J**- ensuite jetés au feu. Après «et affreux spectacle, on
^97- scia le tombeau de Constantin , qui était du plus beau
marbre vert, et^Tonen forma le balustre d'une église
que l'empereur faisait bâtir.
1^1^ Rien ne prouve mieux la dépravation d'un siècle que
*él^ulcr*^à' le renversement général des idées sur le vice et sur la
Basile sa ycrtu. Ouc peuscr d'uuc nation, lorsqu'on voit les his-
concttbiue. . ; .
toriens, qui «ont d'ordinaire l'écho du public, s'accor-
der à combler d'éloges des hommes «ans honneur^ qui
ne s'élèvent à une haute fortune que par le succès
de leurs crimes? Tel fut ce Basile, que les écrivains de
ce temps -là nous représentent comme un héros de
sagesse, dont ils louent la piété, qu'ils feraient même
passer pour un saint, s'ils n'avaient la bonne foi de ra-
conter les bassesses et les forfaits qui lui ouvrirent le
chemin du trone/Nous verrons que pour y parvenir il
n'épargna ni les parjures ni les meurtres. Son crédit crois-
sait dé jour en jour. Â la vérité, s'il eût eu le cœur du
prince entre ses mains, il aurait, ce semble, mieux aimé
le porter au bien que de le plonger dans le crime ; mais son
ambitionlui fit trahir le parti de la vertu, el, decrainte
de hasarder sa fortune, il eut la coupable complaisance
de se prêter aux désordres de son maître. Michel s'en-
nuyait du commercé qu'il entretenait depuis long-temps
avec Ingérine. Basile^ peu délicat sur l'article de l'hon-
neur, consentit à l'épouser, et livra en échange sa sœur
Thècle, aussi ambitieuse et plus dissolue que son frère.
Pour consommer ce trafic scandaleux, il lui fallut ré-
pudier sa femme Marie ^ dont il avait un fils nommé
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(An 866.) LIVRE LXX. MICHEL Ifl. ^3 ff
Constantin. Elle fut renvoyée en Macédoine chez ses
parents, avec de grandes* richesses, pour k consoler
de ce divorce. ïje mariage de Basile et d'Ingérine s'é-
tant^fait à la fin de décembre 865, elle accoucha le
1*^^ septembre suivant d'un fils, qui fut nommé Léon,
et que bien des gens crurent être le fils de Michel.
A force d'infamie , Basile vint enfin à Bout de fran- Ak 866.
chîr l'intervalle qui le séparait de Bardas. Égaux en formécontre
crédit , ils ne s'occupèrent plus l'un et l'autre que des Ba«"d««.
moyens de se supplanter. Bardas était soutenu par sa Léo, p. 464,
qualité d'oncle de l'empereur , par l'attachement des ctdr! ui%.
officiers et desxlomestiques de la cour qu'il avait pla- zff.^i.f6,ta,
ces pour la plupart, et par sa hardiesse à eomnfettre p- ^^^^'
des crimes. Basile avait en sa faveur les liens de la de- ^o5.
Glyc. p. 493.
bauclie, plus Forts que ceux delà nature ^ans un prince Com. Tbe-
corrompu , le crédit de sa sœur auprès de son nouvel ^ laS.
amaut, et celui qu'une ancienne habitude conservait à Porph?'vit.
Ingérine. On ne cessait de représenter à l'empereur que ^^'ijg.^*' '
son oncle abusait de son nom pour commettre des in- ^J™- p* f|f'
justices; et Bardas ne donnait que trop d'occasion» de Çj^^^'g- P-
l'en accuser. Ces remontrances furent si souvent repe- 539.
tées, que Michel se réveillant enfin, i*éforma plusieurs 50, 5x. ^'
ordonnances de Bardas, qui reçut avec un déplaisir
sensible ce coup mortel porté à son autorité. Basile
eut encore l'adresse de détacher de Bardas le patrice
Symbace son gepdre ', homme ambitieux et violent,
intendant des postes de l'Empire. Comptez, lui disait
Basile , sur tout ce que fai de crédit; je ne cesse de
« SutiSoÎTio;, Itzk ôu-yaTpi aùroû était probablement issu de la race
^apX*^y '^vj^i^i^. Cont. Tlieopb. <ks Bagratides , oti d*ane fanille al«
p. 137. Ce nom fait croire que Sym- liée à cette race. Georç.-le-Moine ,
b^ius, ou plutôt Sembat^ éuit ar- Chron, p. 640, dit qu'il était Ar-
ménien de naissance ou dr*origînc. l\ ménîen, — S.-M.
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a32 HISTOIRE DU B^S-EMPIRE. (A„ gge.)
VOUS recommander à Vempereur; il vous aime, il
voudrait vous approcher le plus près de sa personne^
et vous créer césar, flotte beau-père est, le seul ob-^
stade. Ces paroles, appuyées de serments, allumèrent
dans le cœur de Symbace'iun violent désir d'écarter
Bardas; et, comme isa. charge lui donnait un libre ac-
cè3 auprès de l'empçreur, il lui. insinua que Bardas
attentait à sa vie, et que le. zèle pour son, prince l'o-
bligeait à révéler les pernicieux desseins de son beau-
père. Il lui fit ensuite le détail d'une conjuration sup-
posée. Cette calomnie , confirmée par le témoignage
de Basile, fut aussitôt crue que débitée. L'empereur
nte songea plus qu'à prévenir Bardas. ' Basile faisant
réflexion qu^on risquerait trop si l'on. osait l'attaquer
à Constantinople , oii il avait grand nombre de parti-
sans , engagea le prince à passer en Asie avec son ar-
mée, sous prétexte d'aller reconquérir l'île de Crète;
Bardas ne pouvant se dispenser de l'accompagner, il
serait facile de s'en défaire dans le voyage. Cependant
ïe philosophe Léon % créature de Bardas, ayant eu
quelque soupçon de ce complot, l'exhortait à ne pas
quitter le palais ; que c'était sÈ mettre à la merci de
ses ennemis y et que ^ s'il sortait de Constantinople^ il
n'y reviendrait jamais. Bardas , touché de ces avis ,
semblait résolu de les suivre ; ce ne fut que par un
parjure exécrable qu'on parvint à calmer ses alarmes.
Le jour de l'Annonciation^ Bardas assistant àlamesse^
Photius le prit par la main après la lecture de Tévan-
gile, et le conduisit à la galerie des Catéchumènes, où
se rendirent en même temps Michel et Basile. Là , le
' Voyez ci-dev. p. loo, § 1 1 , llv. lxix. — S.-M.
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(An 866.) LIVRE LXX. MICHEL Ilf. a33
patriarche, en présence de la Croix, tenant en main
les redoutables mystères, trempa unie plume dans le
sang de Jésus - Christ , et fît signer à l'empereur et à
Basile qu'ils n'avaient aucun mauvais dessein contre
Bardas , et qu'il, pouvait en sûreté partir avec eux :
toutefois une protestation si sjicrée ne rassura pas en-
tièrement Bardas. La veille du départ, après avoir été
à Péglise dj^Notre-Dame de$ Vbyageilrs * implorer la
protectiqn^fe la sainte Vierge ( car ces malheureux
siècles alliaient la noirceur des crimes avec lès pratiques
de dévotion ), il invita ses amis à souper; et, comme
s'il eût prévu qu'il ne les . revérrait pluis, il leur dis-
tribua des présents en les priant de se souvenir de lui.
L'armée partit le jour de Pâques , qui tombait cette lvi.
année au 7 avril. Tandis que la flotte faisait route vers de Bardas.
l'île de Crète en côtoyant le rivage, l'armée de terre,
après quatorze jours démarche^, vint camper au bord
de- la mer ^. Depuis qu'on s'était élpigné de Constan-
tinople, Basile ne cessait de presser secrètement l'em-
pereur d'exécuter sa résolution ; mais ce prince timide,,
considérant le grand pouvoir du césar, dont le fils
Ântigone commandait les troupes de la garde, n'osait
risquer un coup si hardi. Enfin , les conjurés ^ trou-
I IIpoç rèv TÎiç ôirepà-^fliç ^««TTOÎvTfjç phyrogéncte, Fit. Bas., p. 147»
T^v OeoTo'xou vaov, 3ç o3tw ^ri è^Ti-^oç ajoute qu'il était près du Méandre ,
xaTOvcp-àî^eTai. Cont. Theoph. p. xaTa rh* irpbç Maiàv^pcp ©paxYXFMûv
ia7.— S.-'M. wapctXiov.-:— S.-M.
^ A travers le thème des Thracé- * 4 Ces coiijtu>é8 sont nominés dans
siens, la Mysie et la Lydie des an- la Chronique de Syméon-le-Logo-
ciens. — S.-M. thète. Ckron., p. 448. Ce sont Ba-
^ En un lieu nommé Ce/>i, c*e8t-à- sile, bientôt empereur, Marianus,
dire /^ Jardins^ xarà Xwrovç towov son frère, Symbatins, gendre de Bar-
Tivà oîÎTw )caTOvop.a^O[i.8vov. Cont. das, Bardas, frère de Symbatins,
Theoph. p. 127. Constantin Por- Pierre-le-Bulgare, et Léon-l'Assy-
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a34 HISTOIRE 1>U BAS-EMPIRE. (An 866.)
vèrent une occasion de persuader à l'empereur qu'il
était perdu lui-même, s'il ne se hâtait de prévenir une
rébellion près d'éclater. La tente de l'empereur était
dans la plaine; Bardas, soit par vanité, soit par dé^
fiance, soit sans dessein, avait placé la sienne sur une
hauteur voisine. On fit entendre à l'empereur que le
césar avait choisi ce poste supérieur, pour tomber sur
lui avec les troupes qiii Jui étaient dé voi^p,- et Mi-
chel effrayé commanda de lui ôter la vie i^qu'il viea*
drait le lendemain matin lut demander l'ordre, selon la
coutume. Ce secret, communiqué à toute la faction de
Basile, transpira dans le moment. Bardas fut averti à
l'entrée de la nuit que la résolution était prise de le
massacrer le lendemain ; mais, par un effetde cet aveu-
glement qui précipite les hommes à leur perte, lorsqu'elle
est arrêtée dans les çonsjeils du maître souverain, il
méprisa cet avis; cependant il passa la nuit dans des
transes continuelles, et dès avant le jour il consulta
ses amis sur le parti qu'il devait prendre. Philothée,
son premier écuyer et le plus zélé de ses partisans,. lui
conseilla de faire bonne contenance, et d'aller dès le
matin avec sa garde se présenter au prince dans l'é-
quipage le plus magnifique. Soyez sûr^ lui dit-il, que
votre intrépidité, jointe à V éclat de votre rang au-
gust€y glacera de crainte vos lâches ennemis. Bardas
survit ce mauvais conseil. A l'entrée de la tente de
l'empereur il fut reçu avec respect par Basile, qui, en
qualité de premieb chambellan , le prit par la main et
rien, d Àoupioç, son cousin, Jead-le- rien, p. 405. La Chroniqae du
Ghaldéen, d XoéX^v)c, et Constantin moine George, p. 53 S, y*^joate
Toxaras. Ils sont nommés anssî dans Asylaeon , consin de Symbatins ,
la Chronique de Léon-le-Grammai' ÀauXai(i)v 5 eÇa^cXçoç oûrcû. — S.-M.
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(An 866.) LIVRE LXX. MICHEL III. 235
le conduisit au prince. Tout était prêt pour l'exécution.
Les conjurés, à la porte de la tente, attendaient le signal
que vint leur donner Symbace; c'était le signe de la
croix. Us entrèrent sur-le-champ,' mais la vue des gar-
des du césar, qui était venu bien accompagné, les te-
nait en alarmes, et leurs bras semblaient engourdis de
crainte. Bardas allait échapper, lorsque 'Michel ayant
fait approcher Basile, lui dit à l'oreille : Veux-tu dont
que je périsse ? Choisis de la. mort de Bardas ou de
la mienne. Basile tire aussitôt son épée, en criant : ^i
moi, braises gens, sautiez l'empereur! A ce cri. Bar-
das se jette aux pieds du prince pour demander grâce.
Basile lui porte le premier coup, tous les conjurés fon-
dent sur lui, et le mettent en pièces '.
Les gardes de Bardas, entendant les cris de leuf maître, i.vir.
se jetaient en foule dans la tente pour le défendre, et ^meurfre.*'*
l'empereur courait le plus grand péril , si Constantin ,
grand-prévôt de l'armée*, ne les eût enveloppés sur-le-
champ avec sa troupe qu'il tenait toute prête; il les
harangua avec véhémence, les menaçant de la puni-
tion la plus sévère's'ils faisaient aucun mouvement, et
leur promettant récompense s'ils se tenaient dans le
devoir. Il les renvoya donc à leur quartier, les escor-
tant au travers de l'armée, qui apprit avec effroi cette
terrible catastrophe. La vue des membres du ihalheu-
reureux prince, que les conjurés portaient au bout de
leurs piques , redoubla la terreur. Michel , qui ne s'é-
tait pas proposé d'autre exploit, s'eihbarqua dès le
1 Géaéàxu , 1. 4 , p. 5 x , parle d^nn défendant Bardas. — S. -M.
Ghaldéen (de la Chaldée persiqae, > ô ri^ Pv^Xv^ ^pou'Y7«piO(. GonU
je pense près de Trébizonde), nom- Tbeoph. p. laS. — 'S.-M.
mé Tziphlnaritès , qoi se fit taer en
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a36 HISTOIRE DU BAS*EMPIRE. (An 866.)
même joiir, et partit pour Constantinople. C'était le 2 1
avril; Tannée le suivit à petites journées. Comme il
abordait au port d'Acritas, près de Chalcédoine, tout
le Bosphore- et tout le rivage étant couvert d'une mul-
titude infinie de peuple qui était venu à* sa rencontre,
il aperçut sur le haut d'un rocher un moine qui lui
criait de toutes ses forces : Triomphez^ prince y vous
ai^ez versé le sang de votre oncle y de, votre second
père. Malheur à vous^ malheur à vous! ce sang
retombera sur votre tête. Michel et Basile donnèrent
ordre à un soldat d'aller couper la tête à ce moine
insolent ; mais le peuple étant accouru , larracha des
mains de l'exécuteur, en criant ^£^6 c^ était un. insensé
possédé dudémony qui le faisait parler malgré Ud.
Lym. Bardas n'avait cessé de persécuter Ignace. Avant. son
Phorius. départ de Constantinople, troublé sans doute par ses
Anast. in rcmords , il avait vu en song:e ce saint prélat l'accuser
Nicolao. ' . . ^ ^ , \
Nicet. in devant le tribunal de Dieu, et demander justice. Irrité
Conc. Labb. de ccttc visiou , il avait donné ordre de le resserrer plus
Fiewy,"ut! étroitement, et de le traiter avec plus de rigueur. Après
*arMa! 40* ^^ mort de Bardas, Photius, assez pénétrant pour voir
et SUIT, qyg Basile n'avait fait périr le césar que pour prendre
s^ place, et qu'il n'épargnerait pas l'empereur même,
prit conseil des conjonctures jpour régler sa conduite.
11 avait fait sa cour à Bardas, auquel il devait sa for-
tune; dès qu'il fut mort, il se déclara contre lui, et,
comme il ignorait encore quel serait le succès du com-
bat que l'ainbition de Basile allait livrer à l'empereur,
il s'efforça de les ménager tous deux. Mais pendant
que la cour , occupée d'intrigues et de cabales , perdait
entièrement de vue lés affaires de la religion , il exer-
çait impunément sa tyrannie sur ceux qui , demeurant
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^An S66.) LIVRE LicX. MICHEL llf. a3j
fidèles à leur légitime patriarche, s'étaient sçparé^de
sa communion* Les magistrats, qu'il gagnait par ses
libéralités et par son adresse, servaient sa vengeance.
Pour grossir son parti, il se fit établir par l'empereur
dépositaire et distributeur de tous les legs pieux, moyen
sûr d'acheter par ses largesses gv^nd nombre de par-
tisans , sans q.u'il lui ep coûtât rien. De plus , comme il
était très-savant, et qu'il rassemblait dans son palais
une foule de disciples et de gens d'esprit des premières
familles , qui venaient prendre ses leçons , il n'en ad-
Toettait aucun qui n'eût protesté par écrit que, sur les
affaires de l'ÉgUse, il lui demeurerait inviolablement
attaché.
Le pape, de sbn coté, n'oubliait rien pour décrédi- lu.
ter Pholius. Bogoris % roi des Bulgares, ayant envoyé du^pap^ne
à Rome des ambassadeurs ^ pour consulter le pape sur çufTco'^- ^^
plusieurs articles concernant la religion , et pour lui . «'«'^tioopie. .;j^
demander de» évêques et des prêtres , le pape répondit *
à ces questions par une grande lettre qui fait un des ^
plus beaux monuments de l'histoire ecclésiastique. Cette
occasion lui parut favorable pour faire passer à Con- y
stantinople les lettres qu'il adressait à l'empereur , à / *
Photius, aux évêques, et à tous les autres dont nous
avons déjà parlé. La route de Bulgarie était plus sûre
que celle de la mer, dont les Grecs étaient les maîtres*
Il ût donc accompagner les deux évêques ^ qu'il en-
1 Anastase-le-Bibliothécafre j De le x 4 août 866. Anast. De tfit. pont,
viV. pont.9om.i p. aao, et plusienn rom., p. a 19. Selon les annales de j
historiens grecs, Ini donnent le nom Saint-Bertin , ann. 866, le fîls même *i:
de Hiichel, %ii est celui qu'il avait du roi des Bulgares était dans cette > ^ -.^
pris aa baptême. Voyez ci-dev. p. ambassade. — S.*M. -^
190. — S.-M. 3 Pan] ^ ^véqae de Popnlonie , et [^
a Ces ambassadeurs y arrivèrent Formoso, évéque de Porto. — S.-M. ;,f>-
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a38 HISTOIRE DU BAS-KMPIRE. (Au 8GC.)
voytiit aux Bulgares, de trois légats ' qui, étant arrivés
en Bulgarie, prirent le chemin de Constantinople ; mais
ils furent arrêtés sur la frontière par le commandant ^
qui, les traitant avec insulte, les obligea de retourner
sur leurs pas : Fempereur lui-même dit aux résideats
des Bulgares que , saas la considération qu'il avait pour
leur roi, qui protégeait ces émi^aires du pape, il les
aurait mis hors d'état de reyoir jamais l'Italie ^.
I.X. Photius, plus ardent encore que l'empereur, ayant
^^noncr^ ^PP"* 4"® ^ légats, en Bulgarie, le faisaient passer
»°*"un*' pour un usurpateur, résolut de pousser à bout le pape
sentence de Nîcolas , ct dc sc vengcr de l'excommunication, en le
déposition. ^ ^ ^ rr i •
déposant lui-même ; pour cet effet, il mit en œuvre
une impudente fourberie, dont on n'a jamais vu d'autre
exemple. Comme il était parfaitem^t instruit des
canons et de la discipline de TÉglise , il supposa un
'Concile œcuménique, dont il fabriqua les actes avec tant
de soin, que jamais une pareille assemblée ne paraissait
avoir été plus régulière. On y voyait des accusateurs
qui demandaient justice, des témoins qui déposaient
contre le pape Nicolas. Photius prenait d'abord le parti
du pape : il ne voulait pas qu'on le condamnât en son
absence. Les Pères du concile décidaient au contraire,
et Photius, se rendant enfin à leur autorité, prononçait,
selon l'avis unanime, la déposition de Nicolas: il décla-
rait exconmmnié quiconque communiquerait avec lui. H
trouva vingt-et-unévêques assez corrompus pour sou-
X Donat, évéqae d'Ostîe, avec ^ Imper ator legatis régis Bulgét-
Léon et Marin, prêtre de TÉgUse ro- ïvrum ita Jertur dixisse, niti ptr
maine. Anast. De vie, pont, rom», Bulgariammissisedis apbstoiicag've»
p. a 20. — S. -M. nissentf nec/aciem meam, née Ro-
' n se nommait Théodore. — mamdieSusvitœ suât vidèrent. Auva,
S.-M. . De vif. pont, rom., p. aao. — S.-M.
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(An 866.) LIVRE LXX. MICHEL ^III. 239
scrire ces actes, et il y ajouta lui-même plus de mille
souscriptions. On y voyait les noms de Tempereur, de
Basile, des légats, des trois patriarches d'orient, des
abbës, du clerjgé, de tous les sénateurs. Photius avait
fait signer l'empereur pendant qu il était ivre; les au*
très seings étaient supposés. Pour engaget* Louis, em-
pereur d'occident, à chasser Nicolas du saint siège,
et pour mettre dans ses intérêts Ingelberge, femme
de ce prince, il portait l'audace jusqu'à supposer des
acclamations dans lesquelles le concile donnait à Louis
le titre d'empereur, que les Grecs lui refusaient, et à $a
sa femme celui d'Auguste et de nouvelle Pulchérie. Il
envoya ce roman si bien contrefais à Louis et à. Ingel-
berge par deux évêques, avec des présents et des let-
tres rempUes de flatteries. Il composa ensuite une lettre
circulaire qu'il répandit dans tout l'orient; il y repré-
sentait comme autant d'erreurs capitales les usages de
i'JÉglise latine, qui ne s'accordaient* pas avec les prati-
ques de l'Églisfî grecque; il accusait surtout les Latins
d'une impiété horrible, poiîr avoir inséré dans le sym-
bole le mot Filioqiie; dire que le Saint-Esprit pro-
cède du Fils. ainsi que du Père, c'était, selon lui^ ad-^
mettre deux principes dans la Trinité, c'était se rendre
indigne du nom de chrétien ; et ce reproche^ inventé
par Photius, fait encore aujourd'hui un des prétextes
cLu schisme des Grecs. Cependant cette addition, assez
ancienne clans, l'Église latine, n'était devenue une hé-
résie aux yeux de Photius que depuis qu'il avait été
condamné par le pape; la profession de foi qu'il avait
envoyée à Rome, avec sa lettre synodique , huit ans
auparavant, était conforme dans tous les points à la
croyance de l'Église romaine. Il envoya au roi des
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a4o HtSTOligE DU BAS-EMPIRE. (^u 866.)
Bulgares une lettre pareille, avec la souscription, sans
doute supposée, de Michel et de Basile. Les deux em-
pereurs (car Basile était alors associé à l'empire) de-
mandaient à ce prince d'obliger les légats du pape
à abjurer ces erreurs, et à reconnaître Photius pour
patriarche œcuménique.
I.XI. Toutes ces faussetés de Photius n'étaient aperçues
**"cié à**^' ni àe Michel, toujours enseveli dans la débauche, ni
rempire^ de Basilc, uniquement occupé des projets de son am-
Cedr.t.a,p. bitiou. Bardas avait été chargé du poids de toutes les
Zon. 1. 16, t. affaires, qui, depuis sa mort, retombait sur l'empereur,
Mlmâs8.p. incapable de le soutenir : ii le reconnaissait lui-même
oiyc-P^agS. sans en avoir de hotite. Jamais ce prince n'avait connu
^**h*p ^as" d'autre usage de la puissance souveraine qu'une oisi-
lag. y^té licencieuse , ni d'autt'e privilège que l'impunité.
Porph. Vit. D'ailleurs, il se voyait sans enfants, et, quoiqu'il n'eût
Bas. p. 148, ' ' . ^ ^ . au- JX
149- encore que vmgt-sept ans, sa jeunesse, netne dans sa
449. ' fleur, ne lui laissait aupune espérance de postérité. Il
^539. ^ jeta donc les yeux sur Basile pour l'associer à l'empire.
L'histoire nous a conservé le détail de cette inaugura- i
tion. Le soir de la veille de la Pentecôte ' , l'empereur
envoya secrètement ordre à Photius de faire les dispo-
sitions nécessaires pour couronner Basile le lendemain.
Dès le matin, le peuple assemblé dans la chapelle du
palais, vit avec surprise placer deux sièges sur l'estrade *
destinée à l'empereur. Bientôt après, l'empereur sortit
de son appartement dans le plus pompeux appareil.
Basile marchait derrière lui, revêtu de son manteau de
cérémonie, et portant l'épée du prince, en qualité de
premier chambellan. Arrivé à la porte de la chapelle ,
' Le 96 mai 866.— S.-M.
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(kt see.) LIVRE Lxx. }»ricHFX III. 241
l'emperetir, sans déposer sa couronne comme c'était la
coutume, s'avança jusqu'à l'entrée du sanctuaire, et
monta sur son trône. Basile s'assit sur le plus haut de-
gré de l'estrade; au-dessous de lui, le grand logothète
Léon tenant en main un cahier ; sur le plus bas degré ,
les officiers de la chambre de l'empereur. Lorsqu'ils
eurent pris leurs places, le logothète se levant lut à
haute voix ces paroles : Le césar Bardas avait attenté
à ma vie^ et son dessein criminel aurait réussi sans
la vigilance de Basile et de Symbace. H a porté la
peine que méritait sa perfidie. Connaissant la fidé»
Uté de Basile^ le zèle dont il a été animé pour la
consertfation de mes jours, et la tendre affection qu'il
me porte y fe lui- confie le soin de mon empire; je
partage avec lui mon autorité^ et je veux que tous
mes sujets le reconnaissent pour empereur. Basile
fondait en larmes. L'empereur prit sa couronne, et la
mit entre les mains dePhotius, qui la porta sur l'autel
et prononça sur Basile une formule de prières. Ensuite
les- officiers de la chambre ôtèrent à Basile le manteau
de chambellan, et le revêtirent des ornements impériaux.
Basile se prosterna aux pieds de l'empereur, et Photius,
ayant repris la couronne sur l'autel , la posa sur la tête
de Basile. En ce moment toute rassemblée s'écria : Lon-
gues années à Michel et à Basile! et l'on célébra le
saint sacrifice.
L'ambition fit tous les crimes de Basile^ Dans une txii.
cour où la vertu est en honneur, on s'effi^rce de pa- punition de
raître vertueux pour avancer sa fortune; le malheur ^J^p^^'^.
des conjonctures avait exigé de Basile un effort tout %l\^^^'
contraire : pour s'élever, il lui avait fallu se prêter à des y^^^^;^ ^
désordres dont il était éloigné par caractère. Dès qu'il a, p. 167-
16
Tome XIIL
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a4a HISTOIRE DU BA.S*£MP/AE. (Ao 866.)
const. n'eut plus rien à désirer, ii i^ntrs^ dans son naturel:
Bas?*p. 149! sage, bien&isant, sobre, modéré dans .toute sa con-
'^%4.^^' duite, il gagna bientôt tous les cœurs, et l'Empire re-
^G™ôr ' ^^^ connut que le seul bon. usage que Michel eût fait de
539,540. sa puissance était de la partager. Mais Symbace, qui
n'avait contribué à la chute de Bardas qua dans Tes-
pérance démontera sa place, vit avec- dépit qu'il avait
été joué par Basile. Dévoré de jalousie, il se ligue avec
George Pégane, gouverneur d'Hellespont ' , qui lui
fournit des troupes. Us se mettent en campagne, et pu-
blient un manifeste rempli de protestations d'un atta-
chement inviolable à Michel, leur légitime empereur,
et d'invectives contre Basile, fourbe, artificieux, qui,
né dans la poussière, nourri dans la mendicité, après
avoir traîné sa Jeunesse dans les plus vils emplois,
avait, par ses basses flatteries , réussi à séduire le prince,
et s'était enfln assis à côté de lui pour le précipiter lui-
même. A les entendre, loin d'être rebelles, ils étaient
les sujets les plus zélés et les plus fidèles ; c'était pour
l'honneur et le salut du prince qu'ils prenaient les
armes; et, sous ce* prétexte ordinaire aux révoltés, ik
ravagent le pays, pillent les villes et les campagnes,
brûlent les maisons , et couvrent les bords de la PrO"
pontide et du Bosphore de sang et de carnage ; i"
courent toute la côte, et mettent le feu aux vaisseaux
destinés pour Constantinople. Basile fait maroher des
troupes, dont il donne le commandement à Nicéphore
[Maleïnus*], homme sage et prudent, qui, pour ne pas
X Commandant du thème à^Ops> je croîs, nn des seigneurs anD«w«n>
cium, xarà to Ô^J/otiov •tqv.xo çpa- de la frontière orientale de 1'^'
Ttr{i^(*(i, Const. Porph. Fit. Bas, p. pire, de la famille qui a produit lc«
149.— S. -M.^ empereurs Nicéphore, Phocas, et
^ÔMo^'cvoç. Ce personnage «tait, Jean Tsimiscès, qni vécnr»* •**
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(An 866.) LIVRE LXX. MICHEL III. ^43
opiniâtrer les esprits et faire de cette rébellion nais-
sante une guerre civile , ne se pressa point de com-
battre. Il fit courir dans l'armée rebelle des billets
d'amnistie pour ceux qui se détacheraieht des chefs de
la révolte , avec promesse de récompense à quiconque
les livrerait. Cet expédient lui réussit. L'hiver étant
venu, les séditieux se séparèrent, et les deux chefs, ré-
duits à se cacher ' , furent bientôt trahis par leurs pro-
près partisans. Pégane fut p^is le premier, et conduit
à Constantinople. Après qu'on lui eut crevé les yeux
et coupé le nez, On le fit demeurer pendant trois jours
assis sur une pierre près de la colonne milliaire, dans la
grande place, tenant à la main une tasse oîi les pas-
sants jetaient quelque aumône. Trente jours après,
Symbace fut surpris dans une hôtellerie. On le con-
duisit à l'empereur, qui, pour se divertir aux dépens
de ces malheureux , voulut que Pégane allât au-devant
de lui, marchant à reculons, et lui portant sous les
narines la fumée de l'encens qu'il tenait dans un tesson
de terre. On traita Symbace* comme on avait traité
Pégane, et, de plus, on lui coupa la main droite. En-
suite on les renvoya dans leurs maisons, avec défense
d'en jamais sortir sous peine de la vie. Si l'on en croit
mlliea dn siècle suivant.— S.-M. Turai ^h xaX 6 Suft^oértoc, irapà rou
z Selon Constantin Porphyrogé- MaXftivou ilç XeXT^tviiv. Le pays
nète, Fie. Bas,, p. iSo, Symbatius qu'on appelait à cette époque la
on Sembat se retira dans nn fort Celtzène , était celui qui , dans i*an-
qu'il appelle le large rocher ^ tl^ t6 tiquité , avait été nommé Acilisène.
TYÎç nXaTêiaç XE-ifc^i-evin; DsTpa; ^pou- — S. -M.
ûtov, et Pégane à Cotyîenm. Selon * Syméon-le-Logothète , Ckron.f
George-le-LogotbèteyCAro/i.,p. 449# p. 449»«t George-le-Moîne, Chron.,
Symbatios fat pris dans la Geluène, p. 530» disent qa*on leur creva seu-
pays de T Arménie romaine, par an ment an œil.-*S.-M.
personnage nommé Maléïnns, Kpx-
ï6.
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a44 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 867.)
Constantin Porphyrogënète, petit- fils de Basile, ce
prince 9 après la mort de Michel, non-seulement leur
pardonna , mais s'efforça même de les consoler, en les
Xv 867. comblant de bienfaits, et les faisant souvent manger à
"'"• sa table.
Michel veut
^*Basiie"'^ Depuis quc Basile partageait avec Michel la dignité
Léo. p. 457, impériale, les désordres de ce prince lui étaient deve-
ctdr!t*a?p. nus plus insupportables : il en croyait aussi partager
^^567.^^* la honte, et ne cessait de l'exhorter à changer de vie.
p**^66'^'67! ^^^ fréquentes remontrances le rendirent odieux. Mi-
Mana»8. p. ç,]jq\ écouta plus volontiers ses compagnons de débau-
Giyc.p. agt chc, qui lui Conseillaient de se défaire de ce censeur
et seqq
Joéi. p. 179. incommode : l'un d'entr'eux s'offrit à l'exécution , et
oph. p. 129, ayant accompagné Basile à la chasse , il lui lança un
*Con?t! trait comme pour frapper la bête; mais il manqua son
Bal^p. Jst, coup. A l'instant le cheval de l'assassin s'étant eflfarou-
s^m^^^Hs ^'^^ emporta sou maître au travers de la forêt, dans
45o et seqq. les rochers , dans les précipices. Ce malheureux , près
Georg.p, . ' .1 ,
5a6, 542, de mourir, avoua son crime, exhortant ses camarades
543. . .
Nicef.inign. à rcspcctcr Ics jours de Basile, dont Dieu se déclarait
ap. coocil. 1 . .
Labb.t. 8, le protecteur.
Oeàel^^i\, Michel persista dans le dessein de le faire périr.
DuMu e ^P^^^ "^^ course de chars, où, selon la coutume, ii
fam. Byz. p. avait remporté la victoire, il donna un grand souper
• aux seigneurs qui avaient couru avec lui ; l'impératrice
n fait un et Basile y assistaient. Au milieu de là joie du, festin,
empereur, uu ramour de la trirème impériale, nommé Basilicin %
favori du prince à cause de sa bonne mine et de ses ta-
«Constantin Porphyrogënète, ^if. fois préfet de Constantinople. Sy-
Bas,, p. i56, dit que ce personnage méon-ie Logotlicte, Chron,, p. 4^0,
était de Nicomédie, et frère de Con^ le nomne BasUisciahqs. — S.-M.
•tantîn Cabalinos , qui fat deux
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(An 867.) LIVRE LXX. MICHEL in. a^S
lents en fait de débauche, prit ia liberté de se mêler dans
la conversation , et de faire un pompeux éloge de Tad-
inirable dextérité de l'empereur.»' Michel , dont he vin
avait déjà troublé la raison, ctiivré encore par des
flatteries dont il était idolâtre, fit apporter de sa garde-
robe les.habits impériaux, et en revêtit Basilicin en lui
donnant le titre d'emper^^ur. Le matelot interdit, ayant
honte d^accepter ces ornements, jetait les yeux sur Ba-
sile; mais Tempereur se mit en colère, et Basile lui fit
signe d'obéir. Michel alors se tournant vers Basile:
Vois-tu y dit-il, que la pourpre lui sied mieux qu'à
toi? Je f ai /ait empereur; ne suis^je pas le maître
d* en faire un autre? Il impose silence à l'impératrice,
qui , ne pouvant retenir ses larmes, tâchait de lui faire
«otendre qu'une pareille extravagance anéantissait la
majesté impériale. Pour lui, il s'applaudissait tellement
de ce caprice insensé, que, dès le lendemain matin, il
conduisit au sénat Basilicin revêtu^ de toutes les mar-
ques de sa nouvelle dignité; il le présenta aux séna-
teurs , leur déclarant qu'il l'avait associé* à sa puis.-
sance, et Ves prenant eux-mêmes à témoin qu'il avait
' fait un meilleur choix que .dans k personne de Basile.
Tous les sénateurs , étonnés de cette incroyable folie,
demeurèrent dans le silence, se regardant les uns les
autres sans oser lever les yeux sur l'empereur, qu'ils
jugeaient entièrement dépourvjn de raison.
Cependant Basile, recevant de toute part avis que
sa perte était résolue, se détermina enfin à prévenir
Teropereur. Théodora , mère de Michel, enfermée dans
un monastère, avait conservé un appartement voisin
de celui de son fils, dans le palais de Saint-Manias,
hors de la ville, où elle avait la liberté d'aller quelque-
txv.
Mort d«
Micbel.
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a46 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (Ab 86j.)
fois prendre Tair avec ses filles. Elle voulut y donner
à souper à son fils et à toute sa cour. Elle invita fia*
sile et Ingériiie; Basîlicin même ne fut pas oublié. Ce
fut cette occasion que choisit Basile pour se défaire de
ses ennemis ; et il est remarquable que des conjurations
rapportées dans Thistoire un grand nombre s'est exé-
cuté dans la sécurité de la table, soit parle poison , soit
par le fer. fiasile communiqua son dessein à plusieurs
seigneurs , disposés à tout entreprendre pour se déli-
vrer d'un prince extravagant qui déshonorait Fempire.
C'était le ^4 septembre. On se mit à table à l'entrée de
la nuit, et avant neuf heures du soir Michel était ivre.
Basile s'en étant aperçu se leva de table, et , laissant sa
femme Ingérine amuser de ses plaisanteries son ancien
amant, il eut soin d'embarrasser la serrure de l'appar-
tement de l'empereui: afin qu'on ne pût le fermer. Il
revint aussitôt, et, un moment après, l'empereur, plongé
dans le sommeil, se fit conduire à son lit par Basile ,
qui le quitta après lui avoir baisé la main. Basilicin ,
dans le même état que Michel , se jeta sur un autre lit;
tous deux s'endormirent aussitôt. Un moment après ,
le chambellan Ignace, se tenant debout à l'entrée de la
chambre, qu'il ne put fermer, vit arriver Basile avec
une troupe armée. Tandis qu^il s*opposait à leur pas^
sage, etqu'onle poussait avec violence jusqu'au lit du
prince, l'empereur s'éveilla au bruit du tumulte; et^
comme il levait les deux mains en jetant de grands cris,
un des conjurés, nommé Jean Chaldée % les lui trancha
de deux coups de sabfe, et l'acheva de plusieurs coups.
* îttàvvTi; ô XaX<^yj;. Céfalt nu ci-dev. § 56 y p. 233, not. 4* —
des assassins du César Bardas. Yoy. S.-M.
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(An 867.) LIVRE LXX. MICHEL III. !l47
D'autres ' massacraient Basilicin. Pendant ce temps-là,
Marien, frère de Basile, bien accompagné, défendait
l'entrée contre les' domestiques de Tempereur. Après
€ette exécution, Basile avec sa troupe ' courut au grand
palais, dont il força les portes. Il y fit venir Ingérine
en magnifique équipage, et renvoya l'impératrice Eu-
dociechez ses parents. II donna ordre à Paul, son cham-
bellan, de pourvoir à la sépulture de Michel. Paul s'é-
lant transporté au lieu de l'assassinat , trouva ce mal-
heureux prince couché par terre, les entrailles hors du
corps; autour de lui^ sa mère et ses sœurs fondaient
en larmes, et jetaient des cris lamentables. L'ayant en-
i^loppé dans la housse de son cheval , il le fit jeter
dans une barque et porter à Chrysopolis, oîi il fut
enterré sans pompe dans un monastère. Michel avait
régné vingt-cinq ans et huit mois ; il mourut dans sa
vingt-neuvième année.
Les historiens observent que les assassins de Michel ^. ^^v';
>■ ^ Fin tragique
firent une fin tragique; ce qu'ils ne manquent pas dcsasMssini
d'attribuer à la vengeance divine. Mais la prospérité
du règne de Basile, auteur du meurtre, prouve que
la justice de Dieu ne punit pas toujours en cette vie
les plus grands ' criminels. Jacobize , qui avait tué
Basilicin, étant à la chasse avec l'empereur, laissa
tomber son épée, et tandis qu'il descendait de cheval
pour la ramasser , son pied s'étant embarrassé dans
Tëtrier , le cheval prit l'épouvante, emporta son maître
» Apclatès et lacobîtzè». — S.-M. p. 54^, fait connaître encore Pîerre-
* Son coDsin Asylaeon , AcwXaîwv, le-Bulgare , dont il a été question ,
le Perse Enlogius, et Ardabasde, Ap- § ^6 , p. a33 , not. 4, Bardas, père
^o$aa^oç , commandant de» tronpes de Basile Kector, Symbatins on Semr
étrangères , irt^paixcç, et d'antres, bat , frero de Basile.— -S.-M.
La Chronique de George>le*Moine,.
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q48 UISTOIBE DU BA.S-EMI4&E. (An ^7.)
au travers des vallons et des précipices , et le mit eu
pièces. Jean Chaldée était à la tête d'une armée '; ac-
cusé d avoir tramé un complot contre Tempereur, il
fut mis en croix ^. Asyléon, cousin de Basile ^, avait
étc relégué dans une de ses maisons de campagne, au
voisinage de Constantinople, en punition des cruautés
barbares qu'il exerçait sur ses domestiques. Une nuit
ils l'assassinèrent, et furent brûlés vifs, après qu'oa leur
eut coupé les mains et les pieds. Le Perse Apélatès et
Constantin Toxaras, qui avaient eu part au meurtre
de Michel, périrent aussi d'une mort funeste : l'un fut
rongé des vers, l'autre fut massacré dans le pays de
Cibyre où il commandait. Enfin Marien , frère de Ba<*
silé, s'étant rompu le pied en tombant de clieval, mou->
rut de sa blessure. La nièce de Basile , qui fut mariée
à Participace^, doge de Venise, devait être fille de cq
Marien , ou de quelqu'une de ses soeurs.
« Oa platât commandant de la Sasile. — S.M.
Cbaldée pontîqae, ?pAryr]fOc XoX- 4 Jean Pardcipacîo. Cette alliance
^aiotç. Ce pays était sa patrie.Voyez de la race de Basile avec les primres
ci-dey. §^ 65, p.a47, not. a. de Venise, B*est fondée qae sur an«
* Par ordre d'André , maître de indication tirée par Dncange de San-
la milice ou stratâate , selon Sy- sorino, dans son histoire de Venise,
méon-le-Lo^othète, CAroo., p.454* l. 11, p. 179. Je ne la croîs pas
— S.-M. exacte ; il est an moins certain qne la
3 Selon Syméon-le-Logothète, chroniqne d'André Dandolo, antenr
Chron,, p. 454 » Aaylaeon était frère plos ancien et bien informé, et quî
de Basile , 0 ^k à^eX^o; toO ^aoiXéu; parle assez en détail de ce doge , ne
AouXaicAv. Dans la chronique de dit rien de cette alliance, et cepeo-
George-le-Moine , il est api>elé ild- dant il pade assea en détail de la £1-
<ftk(fùç , c'est-à-dire fils dn frère de mille de ce souverain.— S.-M.
FIN DU UVRE SOIXANTE-DIXIÈME.
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LIVRS UXI. «àSILE. ^49
LIVRE LXXI.
Basile seul empereur, ii. Il rétablît les finances, m. Ré-
forme de la judicature. iv. Tranquillité publique rétablie.
\. Photius chassé fait place à Ignace, vi. Reconnaissance de
Basile, vu. Règlements de Basile sur la milice, viii. Les Sar-
rasins* lèvent le siège de Raguse. ix. Les barbares de la
Dalmatie rentrent dans Tobéissance. x. Continuation de
Taffaire de Photius. xi. Préparatifs du huitième concile gé-
néral. XII. Concile, xiii- Suite du concile, xiv. Les Bulgares
se soumettent à l'Eglise de Constantinople. xv. Événements
divers, xvi. Guerres des Sarrasins en Italie, xvii. Prise de
Bari sur les Sarrasins, xviii. La religion chrétienne s'étend
en Russie. XIX, Incursions des pauliciens. xx. L'empereur
marche contre eux en personne, xxi. Basile prend plusieurs
villes aux Sarrasins, xxii. Il passe l'Euphrate. xxui. £xpé^
dition de Malatia. xxiv. ïïouvelle expédition contre Chry-
sochir. xxv. Défaite des pauliciens. xxvi. Destruction de
Téphrique et des pauliciens. xxvii. Débauches de la sœur
et de la femme de Basile, xxviii. Conversion des Juifs.
XXIX. Basile piqué par un serpent, xxx. Guerre contre les
Sarrasins, xxxi. Caractère des Sarrasins de ce temps-là.
xxxii. Succès de Basile eu Cilicie. xxxiii. Sou retour, xxxi v.
Victoire d'Andrérle-Scythe. xxxv. Stypiote battu par lés Sar-
rasins, xxxvi. État de r£mpire en Italie, x^xvii. Contestation
entre Rome et Constantinople au sujet des Bulgares, xxxviii.
Sainteté de Bogoris. xxxix. Photius succède à Ignace, xl.
Conduite de Photius rétabli, xli. Le pape reconnaît Photius
pour patriarche, xlii. Concile de Constantinople en fa-
veur de Photius, xliii. Suite des événements qui concernent
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25o HISVOJRE DU BAS-EMP1R£. rAn 867.)
Photius. XLiy. Mort de Constantin, xlv. Ménagement de
Basile à Tégard de ses sujets, xlvi. Conjuration découverte.
XLvii. Mouvements des Sarrasins en orient, xlviii. Syracuse
prise par les Sarrasins, xlix. Punition d'Adrien, l. A.ttaque
de Chalcis. li. Les Sarrasins de Crète battus sur mer. lu.
Autre défaite des Cretois, liu: Artifice de Basile pour sauver
hi vie à des •'déserteurs. Liv. X.es Sarrasins battus sur mer.
liV. Expédition en Sicile et en Italie, lvi. Trahison de Léon.
Lvii. Il est puni, lviii. Nouvelle expédition en Italie. i.ix.
Santabaren veut faire périr Léon, fils aîné de Tempereur.
Lx. Délivrance de Léon. lxi. Mort de Basile, lxii. Conclu-
sion du règne de Basile.
BASILE surnommé le MACÉDOiriEir.
^' Dès que Basile se fat jnis en possession du palais^
Basile seul il se fit cooduire en pompe à Sainte-Sophie, pour y re-
cedr. p. cevoiria couronne des mains du patriarche. Il était
^^56q accompagné de sa femme Eudocie Ingérîne, et de ses
Zoii.i.i6,t.a, (Jeux fils Constantin et Léon. Arrivé au pied de l'autel,
Lco, p.470 se prosternant devant l'imaffe de Jésus-Christ, il élève
Manass.p. "^ . 1/ . r> . 7 i
107, 108. sa VOIX et s ecrie : Seigneur, vous me donnez la cou-
Glyc.p. ao4, . _ , , ,
295. ronne; je la mets a vos pieds y et je me consacre tout
Theoph°p. entier à votre service. Ces paroles excitent dans Fas-
CoMt. semblée une sorte d'enthousiasme; le clergé, les séna-
^isti^n ^c"^s, les officiers du palais applaudissent par des ac*
^ et ^^vi^^ clamations réitérées ; le peuple surtout et les soldats
453, 454. versent de3 larmes de joie, ils se félicitent d'avoir un
Georg. p. ,
543, 544. empereur qui, ayant passé par tous les degrés de l'in-
6x. % fortune, avait appris à compatir aux malheurs des
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(An 867.) tITRÏ LXXI. BASILE. IDI
hommes. Ils ne furent pas trompés dans leur espérance.
Pour parvenir à la couronne , Basile avait joint au mé-
rite personnel les ressources de Vintrigue et Faudace
des forfaits : dès qu'il ne lui en coûta plus rien pour
être vertueux, il ne conserva que ses bonnes qualités.
Son règne ferma poui^ quelque temps les plaies que tant
de mauvais princes avaient faites à TEmpire; ce iîit un
de ces remèdes puissants qui raniment la vieillesse, et
la soutiennent sur le penchant de la caducité.
Il donna ses premiers soins au rétablissement des ».
finances. Les largesses qu'il avait faites, selon l'usage, les finaoces.
dans la cérémonie de son couronnement, avaient été
tirées de ses propres fonds. Dès qu'il fut couronné, il
se fit ouvrir le trésor impérial, en présence des princi-
paux du sénat et des officiers du premier ordre. Il
ne s'y trouva que trois cents Kvres pesant d'or, et
quelques sacs d'argent. Il se fit apporter les registres
de l'emploi^ et, après avoir examiné les divers articles
des énormes profusions de son prédécesseur, il déli-
béra sur le parti qu'il devait prendre pour réparer tant
de pertes. Le conseil était unanimement d'avis de faire
rapporter toutes ces sommes par ceux qui les avaient
reçues: l'empereur, usant d'indulgence, même pour des
gens qui n'en méritaient pas, n'exigea que la moitié
de là restitution ; et cette moitié, diminuée encore par
les fraudes et les subterfuges, ne produisit au trésor
que trente mille livres pesant d'or, somme' bien mo-
dique, pour fournir aux besoins d'un grand empire,
mais qui , jointe au retranchement de toute dépense
supeiihie, se trouva suffisante pour soutenir les frais
de plusieurs guerres, non-seulement sans surcharger
les sujets , mais même en diminuant les impôts. Il sem- -
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^Sa HIST01R1 BU BAS-EMPfRE-. (Ao 867.)
bla^ disent les bistoriens9<{ue Dieu voulût récompen-
ser Basile de ses libéralités et de ses aumônes , par la
découverte de plusieurs trésors enfouis daos la terre^
que ToD vit sans murmure adjugés au fisc, devenu le
trésor de TÉiat.
in. Tout était corrompu; les cbarges étaient purement
de^uT* vénales :. on n'avait besoin ni de probité, ni de science,
jadicatare. ^^ j^ mœurs , pour décider du sort des autres hommes.
Basile employa toute son attention à choisir des juges
éclairés et vertueux, supérieurs à l'argent, à la faveur ,
9 la crainte , uniquement favorables au bon droit ^t à
l'innocence. Pour bannir absolument l'intérêt de tous
les tribunaux, il fit publier dans tout l'Empire des ëdits
qui défendaient aux juges de rien recevoir des parties,
sous quelque prétexte que ce fût; et, se chargeant lui-
même de récompenser leurs travaux, il leur assigna
des honoraires suffisants pour vivre sans luxe, et pro*
portionnés à leur dignité,, mais à condition qu'ils rem*
pliraient exactement leurs fonctions. 11 fit plus, et c'est
ce qu'il n'imita d'aucun prince, et ce qu'aucun prince
n'a jamais imité de lui : il avait observé qu'un homme
riche, mais injuste^ prend souvent avantage de son
opulence pour susciter des chicanes à un homme sans
fortune, qui, ruiné par les délais et par les frais des
procédures, avant que d'avoir obtenu justice, est forcé
d'abandonner son droit. Pour tenir la balance égale
entre le pauvre et le riche, il se mit du côté du pauvre,
et assigna des fonds pour faire subsister les plaideurs
indigents jusqu'à la décision de leur procès. C'est sur-
tout dans les campagnes, dans les provinces, et loin des
yeux du prince, que la tyrannie des hommes puissants
écrase leurs inférieurs : Basile, ennemi de l'oppression,
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(An 867.) LIVRE LXXf. BASILE. a53
voulait être informé de toutes les vexations; et, si la
magistrature étaittrop faible pour les arrêter, il l'ap-
puyait de toute la force de lautorité souveraine, La
grande salle nommée Chalcé , qui servait de vestibule
au palais, et dans laquelle se rendaiJt la justice, mena-
çait ruine; il la répara et l'embellit ; il établit encore
deux autres tribunaux, l'un dans le palais de Ma-
gnaure, l'autre <îans le cirque. Il assistait lui-même aux
jugements, lorsque les autres affaires lui en laissaient le
loisir ; sa présence procurait un double avantage , elle
contenait les juges dans les bornes d'une exacte justice,
et leur conciliait le respect des peuples. Mais il n'y avait
aucun tribunal qu'il fréquentât pli^s assidûment que la
Chambre du trésor; c'était-là qtie se décidaient les af-
faires qui concernaient le recouvrement des impôts,
source féconde d'injustices. Plus sévère à l'égard des
financiers qui exigeaient ce qui n'était pas dû , qu'à l'é-
gard des sujets qui ne payaient pas ce qu'ils devaient,
i\ aimait mieux souffrir la perte de ses droits, que de
prêter son nom à des injustices criantes. Les rôles
' des receveurs étaient écrits en notes inintelligibles au
peuple ) ce qui donnait lieu à def exactions arbitraires;
il ordonna qu'ils seraient écrits en lettres communes
et sans abréviations, afin que chacun pût vérifier à
quelle somme il était taxé. Les dépenses des bureaux
avaient été jusqu'alors sur le compte des peuples; c'é-
tait un accroissement à la contribution : fiasiJe le re-
trancha , et prit sur son compte les frais des Registres
et des commis. Il tentreprit encore un plus grand ou-
vrage^ ce fut la réforme des lois. Le corps du droit
civil était un amas confus de lois surannées et abolies
par Tusage, mêlées avec celles qui étaient en vigueur;
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a54 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 8J&7.)
il s'agissait de suppriiner les premièpes , d'ëclaircir et
d'abréger les antres y et de les réduire dans un ordre
méthodique et facile à retenir. Basile commença par
faire traduire en grec celles qui n'étaient qu en latin.
Mais son projet ne fut exécuté en entier que par son
fils Léon ; c'est ce qu'on appelle le recueil des Basili-
ques. J'en parlerai plus en détail sous le règne del^éon.
IV. La vigilance de l'empereur, qui, non content de
p^Uqoê ^ couper toutes les branches de l'injustice, en arrachait
*' jusqu'à la racine, fit circuler dans toutes les veines de
l'État la paix, la sûreté, l'abondance. L'Empire semblait
renaître sous un ciel pur et serein ; la violence et la
fraude enchaînées laissaient respirer la faibl^se et Fin-
nocence. Chacun labourait sa terre et taillait sa vigne,
sans craindre que des mains avides vinssent lui enlever
le fruit de ses travaux. La fortune des pères était assu-
rée aux enfants, dont le nombre n'était plus uniléau
.pour les familles. Au bout de quelque temps, les mur-
mures et les plaintes, devenus depuis long- temps le
langage commun de l'Empire, cessèrent si absolument,
qu'un jour l'empereur s'étant transporté , selon sa cou-
tume, à la chambre (fci trésor, il ne s'y trouva point
de requête contre les exacteurs. Etonné de ce silence,
il se persuada qu'on écartait les personne^ lésées, et
que la finance, toujours aussi entreprenante et aussi
adroite qu'avide, empêchait les plaintes de parvenir
jusqu'à lui. Danrs cette pensée, il envoya de toute part
des hommes de confiance pour s'informer pareux-m^fl^es
de l'état de ses sujets. Après d'exactes p^quisitions,
on Ivii rapporta qu'en effet personne n'a(vait à sepla*"**
dre. Cette nouvelle, presque incroyable, lui tira des
larmes de joie; il remercia Dieu d'un changement q«*
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(An 367. UVRE LXXI. BASILE. 255
n'avait pu être opéré que par sa main toute^pi|is$ante.
Quel prince serait comparable à Basile, Vil était jamais
permis d'acheter par un parricide le pouvoir de sau-
ver les Etats?
Le soin des affaires civiles ne lui faisait pas perdre ▼*.
de vue celles Ae l'Église. Dès les premiers jours de son chassé fait
règoe, il assembla dans son palais les évéques qui se igiTace.
trouvaient à Constantin ople, et qui n'étaient pas créa- îïw«^nign.
tures de Pbotius. Après avoir pris leur avis sur la S6^
conduite qu il devait tenir avec cet usurpateur, u le Const.
chassa du siège, et l'enferma dans un monastère. Ce ^lei.^'
fut en cette occasion que l'on surprit les faux actes ^o^rg.^p^
du prétendu concile supposé par Pbotius, dont j'ai xnfst'in
patlé sous le règne précédent. L'exemplaire en fut j^il*'^*^**^^
porté au sénat et exposé aux yeux du peuple , qui fut Theodora.
frappé d'bprreur à la vue d'une si étrange imposture, ecclés/i. 5i,
Ces actes furent représentés à Pbotius dans le hui* ' s. '
tième concile, et condamnés au feu. ^ussitôt après la chHst!
déposition du faux patriarche ,^Élie, commandant de ** '^48.**''
la flotte, fut envoyé, avec le vaisseau impérial, pour
ramener le patriarche légitime. Jgnace rentra soleiv
nellement dans son église le dimancbe^a3 novembre,
le même jo»r auquel il avait été dhassé de la ville , dix
ans auparavant. Tous les prélats, tous les abbés et
les moines, qui avaient^ partagé sa disgrâce, furent
rappelés. Dès qu'il fut rétabli, il frappa d'interdictiop
Pbotius et tpus ceux qu'il avait ordonnés, ou qui
avaient communiqué avec lui. Pour réparer tant de
scandales, i\ obtint du prince la convocation d'un
concile général. Basile députa au pape Nicolas son
écuyer Euthymius, pour le prier d'y envoyer ses lé-
gats; il écrivit en même temps aux trois pati;iarcbes
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^^6 HISTOIBB DU BAS-iSMPmE. (Ah 067.)
d'orient, et à tous fes évéqùes de rEmpîre, pour les
appeler au concile. Mais le pape Nicolas était mort
le 1 3 novembre, et le député de l'empereur trouva
sur le saint-siége Adrien IL Si l'on en croyait quel-»
ques auteurs, la disgrâce de Photius n'aurait été
qu'un effet de vengeance delà part de l'empereuf.
Ce prince, disent-^ils, s'étant présenté un jour de fête
à la sainte table , Photius lui refusa la communion, le
traitant d'homicide et de meurtrier de son prince.
Mais, outre qu'un trait si remarquable n'aurait pas
échappé aux plus graves historiens, il ne s'accorde
nullement avec le caractère souple et flatteur de Pho-
tius, qui ne sacrifiait qu'à sa fortune. De plus, sa dé'^
position fut une des premières actions de Basile, plu-
sieurs même la placent au lendemain de son couron-^
nement; ce qui me paraît trop précipité. Basile avait
des sûretés à prendre pour s'affermir lui-même, avant
que de s'occupei^ du rétablissement d'Ignace.
Àx 868. Après avoir mis ordre aux affaires de l'État , il jeta
les yeux sur ceux qui l'avaient servi dans son indi-
gence. Le gardien de l'église de Saint-Diomède fut élevé
à la dignité d'économe de Sainte-Sophie, et de syncelle
586,587*. du patriarche. Il avait trois frères, gens^de mérite:
P^*l73^ l'un fut fait commandant de la garde de nuit; un autre,
^***47a.*^'' préfet de la chapelle du grince; le troisième, grand-
p^^'** trésorier de l'Empire. Le fils de Daniélis, que Basile
J94etseqq. gy^ît adopté pour frèrc , fiit revêtu de la charge de
Georg p. grand-écuyer. Daniélis elle-même vint à Constantino-
ple, pour rendre ses hommages au prince dont elle
avait commencé la fortune. Jamais princesse étrangère
n'avait paru dans un si brillant équipage; jamais le
plus puissant prince n'avait fait à l'empereur de si ri-
EeconnaU-
MDce dé
Basile.
545.
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(>n 86».) tlVm Liritf. BASrtÊ. fkS'l
ches ]>résenls. Basile k reçut dvec téus les hontieurs
qu'il Â^ait rendus à sa propre tAere^l Fhonora mêm^
de ce titre attgûste. Elle possiédait dans te Pélopon-
nèse une vaste étendue de terres; elle en fit unef do-
nation h l'ertipcreup. Après avoir séjourné à Constan-
tîjtfopte autant qu'elle voulut, eomblée d'honneurs, elle
retourna dans sa patrie, et laissa encore à son départ
«me itiarqu^ de sa magnificence : l'empereur faisait
bâtir une église dédiée au Sauveur, dont le pavé était
de la plus belle mosaïque ; elle donna de ^perbes tapis
pour le couvrir tout entier. Tous les ans elle envoyait
à l'etopereur des présents de grand prix* Quoique fort
avtancée en âge, elle lui survécut, et vin* une seconde
fois à CônstantinopJe t^nd^Mî' visite à l'empereur Léonf,
fifo ef sudoesisetfr de Basile^ Sa libéralité inépnisabte se
signala encore en faveur èe ce pi^ince: elle' PmsUitua
même son héritier, à la place* de son fils qii-ellè venait
de perdre; et pria l'empereur d'envoyer un de ses of-
ficiers pour faire l'inventaire de ses biens. L'6fBcîer
qtïi la suivit de' près^ la trouva morte : il eitécuta fidè-
lement toulles-' les dispositions marqttées dans te testai
iMnil. Outre k grande étendue des* domaines, darty
lesquels on- comptait quatre-vingts métairies, le mo^
bilier était immense', tant en dr et en argent monnoyé,
qu*en meubles et en vases précieux, en bestiaux, en
chevaux:, en esckves. L'empereur en affranchit trois
mille, qu^il- envoya en Italie sur les terres dévastées
par \éh courses des Sarrasins. Quoique l'empereur fiit
légataire utiiVersel, elte avait laissé à un petitvfils qui
Inï restait, une fortunie égale à celle des plus richeS'
parlteulierô'. L'histoire rte dk pas par quels moyens
Dantélis était parvenue à cette opulence ; elle n'en aun
T4»ne XUL ^7
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nSS HISTÔIRK DV BAS-EMPIRE. (i,( g^.^
rait pas même parlé, sans sa générosité à la répandre.
On né sait pas )|||nom de son mari^ et en effet, s'il
n'était distingué que par sa fortune, il ne mérite pa^
d'être connu.
^11. Michel avait laiissé les frontières exposée» aux Sar-
^eilliiesul ^^^^^^ ^" Ç^^^ d® l'occident i aux pauliciens du côté-
la milice, jg lorlent, et fiasiie se préparait à les défendre. Mais
569, 5^0. il fallait mettre sur pied de nouvelles armées. Faute
POTph!* p. ^^ P^^^ ^" ^^ subsistance , presque tout avait déserté ;
164, i65. ji ne restait que de nouvelles milices sans habits, sans
armes, sans courage. Basile rappela au drapeau les an-
ciens soldats, qu'il attira par ses largesses; il incorpora
dans les vieilles cohortes les nouvelles levées, qu'il fit
dresser aux exercices. L'exemple des vieux soldats, les
travaux assidus, l'exactitude de la. discipline, les ré*
compenses et les châtiments distribués avec justice,
eurent bientôt formé de bonnes troupes, et lui rendi-
rent des forces suffisantes pour rétablir l'honneur de
l'Empire.
VIII. Les Croates , les Serves , et toutes ces nations escla-
sins lèvent vouucs qui habitaient la côte de la Dalmatie, avaient
Vi^te.* secoué le joug de l'Empire, et ne reconnaissaient pour
Cedr. p. maîtres que leurs propres seigneurs. I^a plupart même
677 avaient abjuré le christianisme. Les Sarrasins de Car-
•Zon.t. a, p. n \ ^ «i •
167, 169, thage proiiterent de ces mouvements; ils vinrent avec
Co'nrt. une flotte de trente- six voiles débarquer en Dalmatie,
16^ 178^ ^^"^ '^ conduite de trois chefs hardis et expérimentés.
îd?m De Apï^è* s'être rendus maîtres de> plusieurs villes, ils al-
'^* ^"o *^* 'èrent mettre le siège devant Raguse , capitale du pays,
Léo. Tact, et la tinrent long-temps assiégée. I^s habitants se dé-
fendirent avec grand courage; mais, se voyant enfia
réduits à Textrémité, ils envoyèrjent demander du se-
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(An 866.) riVRE LXXI. BASILE. ^Sg
cours à Michel qui viyait encore. Que devaient-ils at-
tendre d'un prince toujours plongé dans l'ivresse, et
qui aurait abandonné une province plutôt qu'une par-
tie de débauche ? Par bonheur pour eux , Michel était
mort avant que leurs députés arrivassent à Constan-
tÎDople, et Basile, qui ressentait vivement tous. les.
maux de l'Empire, se hâta de les secourir. Il équipa
une flotte de cent vaisseaux, la chargea de- troupes,
et mit à la tête de cette expédition le patrice Oryphas,
grand-amiral, dont l'expérience égalait la valeur. Les
Sarrasins ne l'attendirent pas: dès qu'ils apprirent qu'il
était en mçr, ils levèrent le siège, qui durait depuis
quinze mois, et gagnèrent les cotes de l'Italie.
Cette activité de Basile 6t sentir aux Esclavons que „,
TEmpire avait un maître capable de les contraindre à je'f Daiml*
l'obéissance. Comme ils entendaient en même temps **® reutrcot
louer sa douceur et sa justice, ils lui députèrent pqur i'obéis»aiic«,
lui offrir leurs hommages, et pour le prier de les rece-
voir au nombre de ses sujets. Basile leur pardonna leur
révolte, fit partir avec leurs députés des officiers pour
rétablir le bon ordre, avec des prêtres pour les in-
struire et les ramener au sein de l'Église. Dès qu'on sut
à la cour que ces peuples rentraient dans la soumission,
toutes les cabales se mirent en mouvement, toutes les
intrigues s'animèrent pour faire nommer tel ou tel
gouverneur. C'était l'usage du règne précédent. Michel
avait vendu toutes les places importantes, ou les avait
laissé vendre par ses favoris. Basile repoussa toutes
ces mains avides, qui offraient de grandes sommes
pour les regagner, avec usure par le pillage de la pro-
vince ; et , de peur que ces nations n'eussent à se re-
pentir de leur retour à l'obéissance, il leur permit de
17-
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a6o HISTOIRS DU BAS-EMVIRK. (Aai 86S.)
choisir elles^métnes leurs préfets et leurs magistrats*
Il taxa seulement les redevances que chaque ville paie-
rait à TEmpire. Cette forme d'administration, o^uii ap-
prochait du gouvernement paternel, rendit ces peuples
plus heureux et plus tranquilles qu'ils ne l'avaient été
dans une tumultueuse liberté ; et la nation. escIavoDne^
la plus étendue de toutes les nations de l'Europe*, et
qui, s étant établie dans ce qu'on nomme aujourd'hui
l'Esclavonie , s'était répandue dans la Bohème, la Mo-
ravie, la Silésie, la E^Dlogne, et dans une partie de la
Russie , devint auxiliaire de l'Empire dont elle avait
ravagé les frontières. Basile, pour assurer sji puissance
et prévenir les projets qu'on pourrait former sur sa
succession, nomma empereur Constantin, son fils aine,
qu'il avait eu de Marie sa première femme.
La plus importante affaire dont Basile fut alors oc^
Comiona- cupé, était de donner une forme régulière à la dépo-
Taffaire de sition de Photius. Ce prélat, armé de toutes les forces
PUotius. ^^ p^^^ fournir le génie, animé par l'ambition, par
la jalousie, et par le dépit, remuait tout l'Empire du
fond de sa retraite. Pendant les dix années qu'il avait
gouverné l'Eglise de ConstantinopLe, il avait rempli
le plus grand nombre des sièges de l'orient. Trois cent»
évêques, la plupart ses créatures, soutenaient avec cha-
leur ses intérêts, et refusaient de reconnaître Ignace.
Aussitôt après l'expulsion -de Photius, Basile en avait
écrit au pape-, il le consultait sur la conduite qu'il de-
vait tenir à l'égard de ceux qui avaient été ordonnés
par le fhux patriarche, ou qui communiquaient avec
lui. Hadrien, dans sa réponse, félicitait Basile de Injus-
tice qu'il avait rendue à Ignace, et déclarait qu'il sou-
tiendrait ce prélat avec le même zèle que Nicolas son
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(Àa 8€a.) UVRV LXXI. BlSICiS. »6l
prédécesseur. Il écrivait aussi a Ignace , et lui témoi-
gnait sa surprise de te qu'il ne l'avait pas informé de
son rétablissement; il lui promettait l'appui du saint-
siége. Ignace remercia le pape et le consulta, comme
avait fait l'empereup^ stxr la manière, dont devaient êtr«
traités les partisans de Photius. Il le priait d'envoyer
ses légats à ce sujet pour assister au concile général.
Hadrien, instruit de tout ce qui s'était passé, tint un
synode dans lequel Photius fut frappé d'anathême:
les actes du conciliabule qu'il avait tenu à Gon^tan-
tinople furent foulés aux pieds, et brûlés; on ajouta
cependant que , s'il se soumettait à les condamner lui-
mêroe, on ne lui refuserait pas la communion laïque;
et que ses adhérents, s'ils reconnaissaient leur faute,
seraient traités avec indulgence. On prononça la sen-
tence d'excotbmiinication et de déposition contre tous
ceux qui^ après avoir eu connaissance de ce décret,
retiendraient des exemplaires du conciliabule. Quant
àfiasile, quoique sou nom parut dans la souscription de
ces actes, ainsi que celui dlgnace même, on déclara
iju'il y avait été faussement inséré , et qu'on le recon-
naissait pour entpereur très^oatholique.
Les actes de ce synode furent portés à Constânti- ^ 869.
nople pal» trois légats, qui devaient assister au concile préparatifs
général convoqué par Basile. Us étaient chargés de ^%*^;|Jî^*
deux lettres du pape ^ l'une à l'empereur , l'autre au générai.
patriarche. Il mandait qu'il fallait examiner dans le cpi»toi».
concile la cause des clercs qui avaient communiqué ^^iudmus*
avec Photius, déposer de tout ordre ceux que ce feux *° ««^na^o
patriarche avait ordonnés, recevoir les autres qui sou- S"^^*î* ^'^
soriraient à la formule que leur présenteraient les lé- Fienry,Hi8t.
gats, brûler les exemplaires du conciliabule, et faire art.3, a6,
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xn.
Concile.
26a HISTOIRE DU BÂS-EMPIRE. (An 869.)
et «uiT. souscrire à tous les évêques les décrets du synode de
ciuCrV ^ome. L'empereur, averti que les légats étaient ea
^^^' chemin, envoya au-devant d'eux uii de ses écuyers jus-
qu'à Thessalonique ; ils furent traités avec de grands
honneurs dans tout le voyage ; leur entrée à Constau*
tinôple le 2 5 septembre fut accompagnée de la pompe
la plus solennelle; et ces légats dans toute leur con-
duite soutinrent avec dignité la primauté du saint-
siège.
L'ouverture du concile se fit le 5*^ d'octobre S69,
dans l'église de Sainte-Sophie. Les légats du pape y
tenaient la première place. A près eux, siégeaient le pa-
triarche Ignace et les légats des trois- autres patriar-
ches d'orient. Les Sarrasins, gagnés par les présents
plutôt que par les prières de l'empereur, leur avaient
accordé la liberté d'aller à Constantinople, sous pré-
texte de travailler au rachat des prisonniers qui se
trouvaient entre les mains des, Grecs. Onze des prin-
cipaux officiers de la cour assistèrent à toutes les ses-
sions, pour y maintenir le bon ordre. Il y eut dix ses-
sions, et la dernière ne fut tenue que le 28* et dernier
jour de février de l'année suivante. L'empereur n'as-
sista pas aux premières ; mais on lut d'abord une lettre
par laquelle il exhortait les évéques à la douceur et à
la concorde. Oh obligea les légats du pape à faire
exhibition de leurs pouvoirs; ce qu'ils firent avec quel-
que répugnance, prétendant que jamais , dans aucun
concile, on n'avait usé de cette formalité à l'égard des
légats de TÉglise romaine. Ils apportaient de Rome un
formulaire de réunion, qui fut accepté de tout le con-
cile. Cette pièce contenait d'abord une reconnaissance
implicite de la primauté de l'Église de Home; ensuite
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(An Mg.) LIVRE LXXI. BASILE. aGS
ranathême contre toutes les hérésies, contre Photius
en particulier , et contre tous ceux qui demeureraient
Attachés à sa communion ; une acceptation des con-
ciles tenus à Rome par les deux papes Nicolas et
Hadrien , en faveur d'Ignace, et la condamnation des
conciles tenus par Photius pendant son usurpation.
On reçut à la pénitence, on admit même au coocile
ïes évêqués consacrés par Méthodius et par Ignace,
mais que la violence ou la crainte avait jetés dans te
parti de Photius, et qui demandaient humblement par-
don de leur faiblesse. On fit la même grâce aux prê-
tres et aux autres clercs. PhotJus fut cité à compa-
raître; mais il fallut l'amener malgré lui. Cet homme,
aussi artificieux qu'intrépide, affectant tous les dehors
de l'innocence, s'efforça de rendre odieuse cette sainte
assembléç , en se comportant devant elle comme le
Sauveur avait fait devant les tribunaux au temps de
sa passion. A la plupart des questions qu'on lui fit,
il garda un profond silence ; lorsqu*il fut forcé de par-
ler, il emprunta dans ses réponses les paroles mêmes
de Jésus-Christ. On le renvoya avec indignation. L'em-
pereur assista en- personne aux sixième, septième, et
huitième sessions. Sa présence ramena plusieurs pré-
lats schismatiques ; mais les autres résistèrent en face
à l'empereur, qui, fort instruit lui-même de l'histoire
et des lois de l'Église, entreprit de les confondre. Eu*
thymius, évêque de Césarée en Cappadoce, Zacharie
de Chalcédoin(j, Eulampius d'Apamée, se signalèrent
entre les autres par leur audace. Ce fut en vain que le
prince fit prononcer par son secrétaire Constantin un
discours qu'il avait lui-même composé, et qui ne res-
pirait que douceur et charité : ils demeurèrent sourds
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a64 HI$TOmE DU BAS-EMMIiE. (in SO».)
|i aes remontrance» paternelle»* Pholîuft €t m adhéf
rents comparurent devant lui ; mais toujours opiniâ*
tre^, ils furent anathématisés. L'imposture du hux
concise supposé par Photius , fut mîfie aju grand ioui*
par des dépositions authentiques. Il restait encore l
Constantittople quelques iconoclastes, dont le ch^
était un certain Théodore Crithin ; Tempereur les fil
amener au concile; ils abjurèrent leur erreur, à Tev
çeptioo de Théodore, qui fut aussi frappé d'aoaihême.
Ah 8;o. Après unc interruption de trois mois, la neuvième
SuUe'du session se tipt le i a février 870. On y fit comparaître
eonciu. jgg tén^oins qui avaient déposé contre Ignace dans k
conciliabule de Pli^tius» lU avouèrent qu'on leur avait
arraché un faux témoignage par violence et par me»»
naces; ils demandèrent pardon de leur cr»«ie , et an*-»
thématisèrent Photius. On leur imposa une péniteuce.
Il en f^t de même des faux légats qup Photius ava»
envoyés à Rome pour y porter les actçs de ^^ conc^-»
liabule. J^a dernière sessioi> fut la plus nombreuse?
l'empereur y assista avec ses fils Constantin .et Léon,
vingt patrices, et trois ambassadeurs de ji'emp^reur
Louis, il les avait envoyés pour ilemander du secours
à Basile contre les Sarrasins qui ravageaient nta'i^>
et popr traiter d'un mariage entre le fils de Basile et
la fille de Louis. On y voyait aussi des députés de Bo-
gpris, roi des Bulgares. Il s'y trouva cent-deux évêques,
pu confirma les décrets des p^pes Nicolas et HadrieP
pour Ignace et contre Photius; on déclara que Pl^^^
tius n'avait jamais été éyêque; que ses ordinations^
ses consécrations étaient nulles. On le chargea d'ana^
thèmes ainsi que ses adhérents. Entre les canons (fXi
furent prononcés en présence de l'empereur, il y en »
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(Aa S90.) UYMM Lsxi, . bash^b. a65
deux qui font connaître que cette présenoe ne .gênait
nullement la libertédu ooncile: on déCendit, sous peine
de déi^osition, d avoir égard à l'autorité et au comman-
dem^nJ: du prince pour lordination des évêques ; on
taxa d'ignoranice le sentiment de ceux qui préten*
daient que la présence du prince était nécessaire pour
la validité d'un concile* On condamna avec horreur
cette impiété sacrilège qqi s'était fait un jeu de eon»
trefaire les cér^onies de la religion ; on soumît à la
pénitence publique ceux qui avaient concouru à ces
profanations, et les éveques ifténies qui les avjiient to-
lérées; ce qui. tombait sur Pbotius. La définition du
concile contenait la profession de foi, Tanatliéme contre
les hérétiques 9 nommément contre les monothélites et
les iconoclastes, et la condamnation de Photius. On
lut ensuite un discours de 1 empereur, qui, après avoir
remercié les évêques, déclarait quç, si quelqu'un avait
à se plaindre de quelque décision du concile, il eût à
produire actuellement ses raisons, parce qu'après la
séparation de l'assemblée pw*sonne ne serait dispensé
d'obéir, sous peine d'encourir sou indignation. Il ex-
horta les évêques à instruire par eux-mêmes leur trou-
peau, du moias dans les jours particulièrement consa-
crés au Seigneur, et à maintenir Tunion dans l'Église;
les laies, à respecter leurs pasteurs, quand même ils
n'auraient d'autre mérite que celui de leur enseigner, la
vérité , et » s'en rapporter à eux pour la décision ûes
questions théologiques, sans s'embarrasser des dis-
putes qui ne sont pas de leur ressort. Pour la sou-
scription des actes, l'empereur aurait voulu souscrire
le dernier, comme se reconnaissant inférieur à tous
les évêques en matière de foi ; du moins il ne souscrivît
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^66 HTSTOIRS DU BAS-EMPIBS. (An 870.)
qa'à la suite des légats ; après lui ses deux fils , ensuite
tous les évêques. Us n'étaient qu'au nombre de cent
deux, parce que Pbotius avait déposé la plupart de
ceux qui avaient été ordonnés par ses prédécesseurs,
et qu'aucun de ceux qu'il avait ordonnés n'était re-
connu par le concile. Un auteur contemporain rap-
porte que les souscriptions furent écrites avec une
plume trempée dans le sang de Jésus-Christ, usage
terrible du plus redoutable mystère, dont nous avons
déjà vu dans ces deux siècles des exemples, sans doute
abusifs, ^s légats du pape s'iTperçurent que dans une
lettre d'Hadrien, insérée aux actes, on avait retranche
les éloges que le pape donnait à l'empereur Louis; ils
s'en plaignirent, et les Grecs répondirent que dans un
concile on ne devait louer que Dieu seul. Cependant
les actes étaient remplis de louanges de Basile; ce qui
fait sentir que dans ce scrupule il entrait beaucoup de
jalousie . nationale. Un autre sujet de contestation,
dans lequel les Grecs semblaient être mieux fondés,
c'est que les légats insérèrent dans leur souscription
cette clause insolite, jusqu'à la révision du pape;
ce qui signifiait qu'ils n'approuvaient le concile qu'au-
tant que le pape voudrait lui-même l'approuver. Mal-
gré la réclamation des Grecs , ils persistèrent , et il
fallut y consentir. On composa deux lettres circulaires,
l'une adressée à tous les fidèles , l'autre au pape Ha-
drien et aux trois patriarches d'orient : on exhortait
le pape à confirmer le concile, et à le faire recevoir
par toutes les Églises d^occident. Basile envoya aussi
une lettre circulaire^ en son nom et en celui de ses deux
fils, à tous les évêques, pour leur faire part de la con-
clusion du concile. La condamnation de Photîus ne
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(An 87«.) LIYRS LXXI. lUASILB. 267
rhumilia pas : il fit le personnape d'un juste opprimé ;
mais au travers do s^ feinte patience échappaient sans
cesse des traits satiriques contre Ignace et contre les
autres prélats ; il épargnait toutefois la personne du
prince, qu'il âe promettait bien de séduire. On voit
par l'histoire de ce concile que la jalousie et la défiance
de l'Église de Constantinople croissait à proportion des
démarches que faisait l'Église de Rome pour faire va-
loir ses prétentions.
Cette semence de discordes prit de nouvelles forces m^-
dans l'affaire des Bulgares. Les députés de Bogoris, après se soumet-
avoir assisté au concile , demandèrent une conférence se de Coas-
particulière pour régler l'état de leur Église. C'était *^**"°P*-
Cyrille,' envoyé par l'impératrice Théodora, qui avait
converti le roi des Bulgares. Ce prince, après sa conver-
sion, avait envoyé, comme je l'ai déjà dit, son fils et
plusieurs seigneurs avec des présents au pape Nicolas,
pour. le consulter sur plusieurs questions, et pour lui
demander des éyêques et des prêtres. Paul, évêque de
Populonie, et Formose, évêque de Porto ^ s'étant ren-
dus en Bulgarie par ordre du pape, avaient prêché
l'évangile avec tant de succès , que Bogoris fit sortir
de ses états tous les autres missionnaires, et ne voulut
conserver que les Romains. Il pria de nouveau le pape
d^ lui envoyer un archevêque. Nicîolas étant mort dans
ce temps-là., et son successeur Hadrien ne se pressant
pas de satisfaire le roi bulgare, ce prince^ ennuyé de
ces délais, eut recours à Constantinople pour savoir
à quel siège patriarcal FÉglise des Bulgares devait
être soumise. Ce fut le sujet de la conférence qui sui-
vit le concile. L'empereur y assista avec les légats du
pape, ceux des trois patriarches, et Ignace qui, mal-
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b68 . HIft101A£ DU Bâfi-«EXPnul. (Aa 97*,)
gré l'obligation récente qu'il avait à l'Église romaine ^
ue crut pas devoir abandonner les droîtsde son siège
Jjts ambassadeurs des Bulgares proposèrent la ques-
tion qu'ils étaient chargés d'éclaircir : ce (fui faisait la
difficulté 9 c'est qu'avant l'invasion des Bulgares le
pays avait fait partie de l'empire grec , et que cepen"
dant ce pays, alors chrétien, avait été soumis à la
juridiction de l'Église de Rome, qui le gouvernait par
son vicaire, l'archevêque deThessalonique. Les Grecs
prétendaient que l'Église devait suivre le sort de l'Em-
pire,, et que les Romains, en se détachant des empe-
reurs pour se donner aux rois français, n'avaient pu
entraîner avec cuk la Bulgarie; que ce pays rentrant
dans le sein de l'Église, et n'étant qu'un démembrement
de l'empire de Constantinople, devait aussi s'attacher au
fiége de Constantinople. Les légats niaient le principe
avancé par les Grecs, <jue le gouvernement de TÉglise
dût suivre le partage du gouvernement temporel ; ils
soutenaient qu'il suffisait que la Bulgarie, avant que
de devenir païenne , eût dépendu immédiatement du
pape, pour en dépendre encore lorsqu'elle redevenait
chrétienne; quel-Église romaine avait même acquis un
nouveau droit sur ce pays par la soumission volontaire
du roi des Bulgares, et par la possession que le pape
lïicolas.en avait prise, en y envoyant des évêques et
des prêtres, que la nation avait reçus, et qu'elle gardait
encore avec respect; qu'ainsi la question était décidée,
et qu'il ne s'agisssait plus d'examiner à quelle Église
devait appartenir la Bulgarie, mais si on l'arracherait
à l'Église romaine, à laquelle elle appartenait de droit
et de fait. Malgré la force de ces raisons, les Grecs
décidèrent en leur propre faveur. La sentence qui fut
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(Aa S70.) UyRB ULXU BASILK. 269
mise entre les mains des ambassad^irs portait <fae les
légats (forient, comme arbitres eotre tes légats du
pape et le patriarche Igtiace, avaient jugé que la Bul-
garie devait être soumise h la juridiction du siège de
Constantifiople. La hauteur avec laquelle les légats du
pape avaient soutenu dans le concile la prééminence^
du siège de Rome, avait déjà indisposé Basile; leur
réclamation contre ce jugement, et le mépris qu'ils
témoignèrent de la décision des Grecs , prétendant que
le pape seul avait droit déjuger toute l'Église^ le cho-
qua encore davantage. Il dissimula cependant , les
traita avec honneur, et les fit accompagner par un de
ses écuyers jusqu'à Dyrrachium; mais il pourvut si
niai à leur sûreté pour le reste du vroyage, que, s'étant
embarqués sur te golfe Adriatique, ils furent pris, dé-
pouillés et retenus par des pirates esclavons. Basile •
! s'intéressa ensuite, ainsi que le pape, pour leur li-
berté, et ils retournèrent à Rome vers la fin de cette
année. Le pape, mécontent de ce qui avait été décidé
au sujet des Bulgares , fit des reproches à l'empereur
du peu de soin qu'il avait pris^de ses légats ; il menaça
Ignace de le punir canoniquement s'il osait disposer
de la Buljgarie ^ et prononça d'avance excommunica^
tioo contre ceux qui, sur la mission du patriarche d#
Constantinople , s'ingéreraient à faire dans ce paya
aucune fonction sacerdotale; mais ces menaces n'em-
péclièrent pas les Bulgares de se conformer à hi: déci-
sion des Grecs , et de renvoyer l'évâque qui leur avait
été donné par le pape.
Je vais rappeler quelques événements dont) j'ai dif- xr.
féré de parler pour ne pas interrompre ce que j'avais à V/c^r***
dire sur le huitième concile généraK Le 9 jamrîier 869, Cedr. p.
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270 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (Ab 870.}
Zon. t. a, p. jour auquel les Grecs célébraient la fête de Saiot-Po-
WiceViaign. lyeucte , uii tremblement déterre renversa plusieurs
^^P^f^*** églises à Constantinople ; celle de la sainte- Vierg-e ,
^^I^^À ^ ^*"* '^ place du Sigma, s'écroula tout-à-coup pendant
5ym. p.454, l'office et écrasa tous les assistants, à lexceptiou de
Georg. p. douze, entre lesquels était le philosophe Léon. Lies
<;enes.p 54. sccousscs dout la terre fut violemment agitée se firent
Tam!hjz. sentir, à diverses reprises, l'espace de quarante jours.
B«nd!împ. Au Commencement d'octobre 870, une horrible tem-
*5i*et i£ P^*® détruisit encore plusieurs palais ; le vent roula
^^' comme un parchemin le plomb qui couvrait la maisoD
patriarcale, et le jeta par terre. Basile avait déjà, deux
fils, Constantin, qu'il avait associé à l'empire, et Léon,
auquel il fit le même honneur le jour de l'Epiphanie ,
en 870. Il lui naquit, le 23 novembre 869, un troi-
sième fils , auquel il donna le nom d'Alexandre, et qu'il
honora encore de la couronne impériale l'année sui-
vante. En 870 il eut un quatrième fils, qui fut baptisé
sous le nom d'Etienne le jour de Noël. Il le consacra
dès la naissance au service de l'Église , et il lui destinait
le siège de Constantinople, qu'Etienne occupa en effet
dès l'âge de seize ans, sous le règne de- son frère Léon,
après la seconde déposition de Photius. Basile eut
aussi quatre filles, qui toutes vécurent dans la retraite
d'un monastère.
^ g ^ Depuis que les Sarrasins étaient dans Bari ils ne
cessaient de ravager toute la partie méridionale de
xn.
S^^mVa l'Italie. A la faveur des divisions qui causaient des
Italie, guerres continuelles entre les divers princes de cette
577 et seqq. coutréc, les Sarrasius de Sicile passèrent en Calabre, et
17^ 171. s'emparèrent de plusieurs places. Appelés au secours,
^^9^^^' tantôt par les princes de Bënévent, tantôt par ceux
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(An fi7«0 LIVRF LXXI. BA-SILE. !àjl
de Saleme ou par les comtes de Capoue, ils les rui-* Const '
naient les uns par les autres, et profitaient de leurs isrèt^q.
dépouilles. Maîtres de Tarente, ils mettaient à contri- '*^™^5**^ '
butioti toute l'Apulie. Il leur arrivait de fréquents pJ^^'J^r*
renforts, soit de la Sicile, soit de T Afrique, pour ré- ^. ^*®- .
' ... 1 ' r Giann. Hist
parer le3 pertes qu'ils faisaient dans leurs courses; ils Wap. i. 8.
osèrent même pénétrer jusqu'à Rome, pillèrent les l'hist. d'iui.
basiliques de Saint-Pierre et de Saint-Paul, ravagèrent et sûiv.
tous les environs , détruisirent Fondi , assiégèrent Gaete, nitnt.TrBne\
et ruinèrent l'armée de Louis, roi d'Italie, qui venait ^"504, ses,
pour, les combattre. Quoique vaincus en bataille par ^'®» ^7'*
Césaire, duc de Naples, ils continuèrent le siège de
Gaète jusqu'à ce qu'une violente tempête eût fait périr
presquetous leurs vaisseaux. Louis revient à Bénévent
avec une armée, il chasse les Sarrasins de ce territoire.
Mais leur flotte désole les cotes de la Méditerranée;
ils font des courses en Toscane, ruinent de fond en
comble la ville de Luni , et se présentent à l'embou-
chure du Tibre, d'où une nouvelle tempête les écarte
et brise leurs vaisseaux. I^uis, devenu empereur^
forme le siège de Bari pour en déloger les Sarrasins;
mais au bout de quelques mois il est obligé , par leur
courageuse résistance, de regagner la Lombardie. Les
princes de Salerne et de Bénévent n'ont pas un meil-
leur succès ; ils sont battus , et leur défaite ouvre le
passage aux Sarrasins, pour aller ravager le territoire
de Naples, qui appartenait encore à l'Empire grec
Bari était la place d'armes des Sarrasins; c'était -là
qu'ils réunissaient leurs forces, et d'où ils se répan-
daient danç tout le continent de l'Italie. Adalgise II,
duc de Bénévent, fut réduit à leur payer un subside
annuel pour se mettre à couvert de leurs ravage$.
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a7î» HISTOIHB' du BÀA-EM^fRS. (x^ g^T.)
Toute» ces conventions étaieut en pure perte ; ces
Barbares recevaient l'argent, et côntinnaiet»! * leurs
courses. Une bataille gagnée sur les troupes italiennes
les mit en possession d'une grande partie du duché de
fiénétent , dont ils minèrent les églises^ et les monas-
tères, et détruisirent plusieurs villes considérables.
L'empereur Louis, mal servi par les princes italiens,
échoue encore dans une seconde entreprise formée
pour reprendre Bari ; il est battu , et le secours de son
frère Lothaire, roi de Lorraine, ne lui procure que
des succès peu importants/Enfin, en 868, après avoir
pris scir les Sarrasins Matera , Venuse et Canuse , il
recommence avec toutes ses forces le siège de Biari,
Ponr l'.ittaquer du côté de la mer, il a recours à Ba-
sile : il fait avec lui un traité d'alliance, par lequel il
promet sa fille Hermengarde en mariage au jeune
Constantin. Les historiens grecs font honneur à Basile
de la prisede Bari; ils disent que ce prince, ne jugeant
pas la flotte d'Oryphas assez forte pour réussir dans
cette expédition, obtint des troupes de Louis pour
faire le siège par terre , tandis qu'Oryphas attaquerait
la place du côté de la mer; que l'amiral grec joignit
à ses vaisseaux ceux de Raguse et de toute la côte de
Dalmatie, et qu^avec ces secours les Grecs reprirent
k ville, se rendirent maîtres de tout le pays d'alen-
tour, chassèrent les Sarrasins, et rapportèrent leun
dépouilles à Constantinople; qu'ils laissèrent à Louis
les prisonniers sarrasins avec leur Soudan, dont ces
historiens racontent beaucoup de fables.
Les écrivains occidentaux, que je crois mieux instruits
Prise de Bari de CCS événements, attribuent à l'empereur Louis la
Samsbs. gloire de cette cbnquétt. La flotte grecque, disent-ils,
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i
(An 871.) tïVRÈ LXXf. BASÏtÊ. H-jS
composée de deux oents toiles, iaprès avoir tenu là
ville assiégée |>endant quelque temps, se retira dans
le port de Corinthe, et laissa Louis devant Bari. Le
prince français remporta plusieurs avantages sur dif-
férents partis de Sarrasins, qui venaient au secours
de la vHle. Enfin, après un siège de quatre ans, il
entra dans Bari par assaut, le i3 février 871, et passa
tout au fil de l'épée. Comme toutes ces places avaient
appartenu aux empereurs grecs, il n'était pas possible
que Bassile ne conçût quelque jalousie contre le prince
français, qui n'en faisait pas la conquête pour les
rendre à'ieurs anciens maîtres. D'ailleurs Louis pa-
raissait avoir des desseitis sur Naples et sur Amalfi,
villes encore sujettes à l'empire grec; il entrait dans
leurs querelles, il protégeait tantôt les uns, tantôt
les autres, selon leurs besoins, et plus enclore selon ses
vues ambitieuses. Ainsi , au lieu de féliciter Louis de
ses succès^ Basile lui fit des plaintes de ce qu'il pre-
nait le titre d'empereur des Romains, prétendant
qu'il devait se contenter d^ celui d'empereur des
Français; il ajoutait qu'il était redevable aux Grecs
de la prise de Bari; que c'étaient leurs efforts qui
avaient réduit cette ville à l'extrémité, tandis que les
Français, renfermés dans leur camp, ne s'occupaient
que de leurs plaisirs; et qu'ainsi le véritable empe-
reur romain avait sur cette ville un double titre, ce-
lui de l'ancienne possession et celui de la nouvelle
conquête. Louis répondit fièrement que le titre d'em-
pereur des Romains lui appartenait légitimement; que
ses pères le tenaient de Dieu et des Romains mêmes ;
il se plaignait à son tour de la mauvaise foi des Grecs,
les IN^apolitains leurs sujets donnant asile et fournis-
Tome Xni, I 8
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2174 HISTOIRE DU BAS-EMPIUE. (An 871)
sant naêine secrètement des secours aux infidèles*
Quelle party disait-û^ les Grecs peuvent-ils préle/uire
à la prise de Bari? Après as^oirfait une vaine pa-
rade de courage dans un ou deux assauts y n ont-
ils pas abandonné le siège y dont ils ont laissé tous
les traifaux ei les dangers aux Francais'i Leur
commandant Orypkas^ au lieu d'écarter les vais^
seaux sarrasins qui venaient secourir la ville as-
siégée^ na employé sa flotte qu'à ravager les côtes
de V Esclavonie française. Il menaçait l'empereur grec
d'user de représailles, s'il ne dédommageait ses sujets
des torts qu'ils avaient reçus. 11 l'invitait à envoyer
une flotte capable de fermer aux Sarrasins l'entrée
du golfe Adriatique, tandis qu'il travaillerait lui-
même à les chasser de la Calabre, pour all^ ensuite
délivrer la Sicile du joug de ces barbares. Si l'on e»
croit les écrivains d'Occident , Basile craignait le ca-
ractère entreprenant de ce prince et de la nation fran-
çaise; il aimait mieux avoir pour voisins les Sarrasin»
que les Français. Aussi- entra-t-il dans les complots
qu'Adalgise, duc de Bénévent, formait contre Louis,
dont la hauteiir et la dureté lui étaient devenues in-
supportables. Plusieurs villes de la Campanie, du
Samnium, de la Lucanie, se révoltèrent et reçareat
, des troupes grecques. Louis fut lui-même arrêté dans
Bénéveut. Mais, étant sorti de prison au bout de qua-
rante jours, il reprit toutes ces places, dissipa tes
complots secrets des Grecs, et ne. leur laissa qae la
honte d'avoir traversé par de sourdes manœuvres k
délivrance de l'Italie,
xviir. Les progrès du christianisme en Russie, et la
cbr7tiSl»e destruction totale des Pauliciens consolèrent Ba-
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(An 871.) LIVRl LXXI. BASILE. 275
sile du peu de succès de ses intrigues en Occident, s'étend en
liCs courses des Russes, sous Je règne précédent, leur ^^*"®*
avaient déia fait connaître la religion chrétienne. Ba- 589, 590.
.,_•'- ^ _ Zou. t. 2, p.
sue profita de cette ouverture pour conclure avec eux 173, 174.
un traité de paix ; et , après avoir adouci par des pré- ^const.^
sents leur fé^pté naturelle, il leur fît accepter un a^if âia!
archevêque ordonné par Ignace. Les instructions d^
ce prélat, que Dieu voulut bien rendre fécondes par
sa grâce, firent dans ce pays beaucoup de chrétiens,
qui reconnurent pout* leur mère l'église grecque. Mais
le prince et le gros de la nation demeurèrent encore
long-temps attachés à Tidolâtrie.
Les Paulieîens, établis dans Téphrique et ligués i«.
- . 1 »ir 1 • • 1 * Incursions
avec les Sarrasins de Malatia, ne cessaient de rava- des
ger l'Asie-Mineure. Us poussèrent leurs courses d'un petras*sicu-
côté jusqu'à Nicée et à Nicomédie, de l'autre jusqu'à ^"»-
Éphèse, où ils pillèrent et profanèrent l'édise de57oetscqq.
. 1»' /!• 1 / M . Zon. t. a, p.
Samt-Jean-I Evangehste. Carbeas étant mort, ils avaient 167, 168.
à Jèur tête son fils Chrysochir, aussi prudent que ^\^i ^^'
brave, mais fier et mortel '^ennemi de l'empire. Ba- Por^h!*V-
sile, naturellement pacifique, lui envoya Pierre de sym.^p.*455|
Sicile pour traiter du rachat des prisonniers, et pour ^^l^'
l'engager, s'il était possible, à vivre en paix et à épar- ^44, 546.
gner le sang des chrétiens. 11 lui offrait beaucoup 57etseqq.
d'or, d'argent et d'étoffes, dont les Pauliciens avaient
besoin pour s'habiller, ignorant tout art de manufac-^
tures. Pierre demeura neuf mois à Téphrique ; il réus-
sit à racheter les prisonniers; mais il trouva un ob-
stacle invincible à la paix dans la haine opiniâtre et
dans la fierté indomptable de Chrysochir, qui répon-
dit insolemment à l'empereur que, s'il voulait la paix,
il eût à renoncer à l'empire d'Orient, et à se contenter
i8.
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a^Ô HISTOIRE DU BilS-EMPIRE. (An 871.)
de ce qu'il possédait au-delà du Bosphore; qu'autre-
ment il saurait bien ly forcer par les armes. En même
temps, pour appuyer ces bravades par des effets, il
marcha vers Ancyre, dont il ravagea le territoire
ainsi que celui de Comane dans le Pont , et s'en re-
tourna avec un butin immense et g^^pi nombre de
prisonniers.
2x. Piqué vivement d'une insulte si marquée, Tempe-
^m'arohc'*'^ rcur Icva une armée, et voulut la- commander eu per-
contre eux jonne. Il disait souvent qu'un prince se doit à ses
«n personne. *■ *^
peuples, et que, pour assurer leur tranquillité, il doit
renoncer à la sienne. Des sentiments si généreux le ren-
daient digne des plus grands succès. Néanmoins ies
commencements de cette campagne ne furent pas
heureux. Soit défaut d'expérience, soit qu'il se laissât
emporter par une trop bouillante valeur, il fut battu
plusieurs fois, et même il aurait été pris dans uu
combat, sans le secours d'un soldat arménien qui le
sauva des mains des ennemis. Ces échecs réitérés
n'abattirent pas son courage; il s'instruisît par ses
propres défaites; et, devenu supérieur à lui-même, il
lutta constamment contre la fortune, et vint à bout
de la surmonter. Chrysochir, vaincu à son tour, se
retira dans Téphrique, et laissa les Grecs maîtres de
la campagne, sur laquelle Basile se vengea du pillage
de l'Asie. Après avoir désolé tous, les environs, il
tenta de prendre la ville d'assaut; mais, la trouvant
aussi forte par ses remparts que par le nombre de
ses défenseurs, et bien pourvue de vivres, d'ailleurs
ne pouvant faire subsister son armée dans un pays
qu'il avait ruiné, il l'abandonna, et se contenta de
détruire les châteaux d'alentour. Ayant ainsi rétabli
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(An 871.) LIVRE LXXf. BASILE. Q77
son honneur et réparé ses pertes, il revint à Conslan-
finople, chargé de dépouilles et traînant après lui un
nombre infini de prisonniers. Son premier soin, à
son retour, fut de récompenser le soldat auquel il de-
vait Thonneur et la vie. Ce bt'ave homme était de-
meuré inconnu, sans se vanter de son service, et sans
se présenter à l'empereur. Basile le fit chercher; on
eut de la peine à le démêler entre une foule d'autres
qui tous accouraient avec avidité à la récompense,
comme libérateurs du prince. Enfin, reconnu par l'em-
pereur, il avoua modestement que c'était lui qui avait
eu le bonheur de tirer son prince du péril oîi l'avait
précipité un excès de Courage. Il se nommait Théo-
phylacle. Comme Basile voulait le combler de biens
et d'honneurs: « Seigneur, lui dit le soldat, je suis né
« pauvre, et je remercie la Providence; elle m'a pro-
« curé un honneur plus précieux que toutes les ri-
te chesses. Les dignités ne me flattent pas; je ne suis
«pas né pour elles. Ma vie est à Votre Majesté : en
« l'exposant pour vous, je ne faisais que vous rendre
« un bien qui vous appartient. Mais si vous êtes as-
« sez généreux pour vouloir payer un sacrifice que je
« vous devais, je ne vous demande qu'un peu de terre
«c pour faire subsister ma famille. » Basile, étonné d'un
désintéressement si rare, lui donna une des terres du
domaine impérial; et ce Théophylacte fut père de
Romain Lécapène, qui parvint dans la suite à l'em-
pire.
Dans le voisinage de Téphrique étaient plusieurs A» 872.
placés peuplées de Sarrasins, dépendantes du g^u- J^"-^^^^
vernement de Malatia, mais alliées des Pauliciens. plusieurs
. 1 « . villes aux
Intimidés par les ravages que Basile venait de faire , sarrasms.
\
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a']8 UISTOIRfi DU BAS-EMPIRE. (An 87a.)
ces peuples envoyèrent demander la paix et 1 alliance
de l'empereur. La ville de Taras fut la première à se
détacher des états du khalife. Un prince arménien,
nommé Curticius , maître du château de Locane , et
d'un assez grand territoire, d'où il faisait fréquem-
ment des courses sur les terres de l'empire, se soumit
avec tout son peuple. La réputation de justice et de
clémence que Basile s'était acquise depuis le com-
mencement de son règne, venait de recevoir un nou-
veau lustre de son éclatante valeur. L'année suivante,
il se chargea encore des fonctions de général, et, pour
ôter aux Pauliciens le secours des Sarrasins, qui
faisaient leur principale force ^ il marcha vers Malatia.
Cette ville avait été ruinée par Théophile, aussi bien
que Samosate et Sozopetra. Mais comme l'empire
n'avait plus assez de forces pour conserver les con-
quêtes trop éloignées du centre, les Sarrasins avaient
relevé toutes ces places. Basile détacha une partie de
ses troupes pour aller attaquer Sozopetra, sous la
conduite d'un de ses parents nommé Christophe,' guer-
rier expérimenté. Cette ville était située dans une
gorge entre le mont Amanus et une branche du mont
Taurus. Christophe la surprit par sa diUgence : il y
entra d'assaut, passa les habitants au fil de l'épée^ fit
un riche butin, et délivra grand nombre de prison-
niers grecs, qu'on y gardait comme dans une prison
assurée. De là, pillant et brûlant tout le pays, il cou-
rut à Samosate, qui ne lui fit pas plus de résistance;
et, chargé de dépouilles , suivi d'une foule de Grecs
délivrés et de Sarrasins captifs , il alla rejoindre Tcm-
pereur.
Ce prince, arrivé au bord de l'Euphrate, crut qu'il
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(An 87a) LIVRB LXXI. BASfLE. tï'jg
lui serait glorieux: de passer ce fleuve, et de montrer ^^^u.
les aimes romaines dans un pays où elles Avaient tant rÊu^^e.
de fois triomphé, mais où elles étaient depuis long-
temps inconnues. Quoiqu'on fut au milieu de Tété,
VEuphrate était alors grossi par une crue d'eau con-
sid^able, et l'inondation en rendait le passage très-
difficile. Basile se fit un point d'honneur de forcer cet
obstacle; et, sans attendre que le Seuye fut rentré
dans son lit, il y jeta un pont de bateaux. Il avait un
moyeti sûr de rendre ses soldats infatigables : c'était
de partager leurs fetigues. On voyait l'empereur, la
hache à la main, couper des arbres ; on le voyait scier
des planches, porter sur ses épaules des fardeaux que
les plus robustes auraient refusés. Cet exemple du
prince lendit facile un ouvrage qui semblait d'abord
impossible. Il passa l'Ëuphrate , emporta d'assaut le
château de Rhapsaque, prit et pilla plusieurs places
le long du fleuve , dépeupla tout le pays entre l'Ëu-
phrate et TArsanias, et, après avoir renouvelé dans la ,
Sopfaène, et dans les contrées septentrionales de la
Mésopotamie, la terreur du nom romain, il repassa
du eoté de Malatia.
Les Sarrasins avaient rassemblé toutes leurs forces xxin.
dans cette ville. A l'approche de l'empereur , ils sor- de^'^MaUtia.
tirent en ordre de bataillife en poussant de grands cris.
Basile, à la tété dia ses escadrons, fond sur eux le sa-
bre à te main, et , payant de sa personne avec une
hardiesse intrépide, il se jette au plus fort de la mê-
lée, et fait des pr6diges de valeur. A la vue des périls
auxquels il s^expoSe , ses soldats n'en connaissent plus
pour eux-mêmes : ils enfoncent, ils renversent, ils fou-
lent AUX pieds tout ce qui se présente devant eux.
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a8o HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An êy^4
Les Sarrasins fuyent et se précipitent dans la viJJe :
on les poursuit Tépée dans les reins; ceuK qui ne
rendent pas les armes, spnt massacrés; tout Tespace^
depuis le champ de bataille jusqu'aux portes de Mala-
tia, est jonché de morts. L'empeteur fait aussitôt
avancer |^s machines, et se prépare à donner Tassaut.
Mais lorsque l'ardeur du combat fut un peu refroi-
die, apprenant des transfuges que la ville, entourée
d'épaisses murailles, défendue par une garnison très-
nombreuse, abondamment pourvue de toutes* les muni-
tions de guerre et de bouche, était en état de résister
long-temps , il prit le parti de se retirer , et marcha
du côté de Téphrique. Comme la saison était trop
avancée pour entreprendre un siège difficile , il se
contenta de faire le dégât, et, après avoir libéralement
récompensé tous ceux qui s'étaient signalés dans cette
campagne, il revint à Constantinople, où il rentra en
triomphe. Tout le peuple le re^ut avec des acclama-
tions de joie, et le conduisit à Sainte-^Sophie. Après
avoir rendu grâces à Dieu de ses succès, il reçut du
patriarche Ignace, au pied de l'autel, une couronne
de victoire, et rentra dans son palais, où il ne se dé-
lassa des fatigues de la guerre , qu'en, travaillant aux
affaires du gouvernement.
Ak S73. 11 était facile à Chrysochir de réparer ses pertes :
Nouvelle tous les Paulicicns étaient soldats; il eut bientôt formé
expédition , , - 11 j / /
contre unc armcc plus nombreuse que celles des années pre-
rysoc . g^jeuj^egj (j|.^ s'étant mis le premier en campagne, il
marcha en Cappadoce, portant partout le ravage. L'em-
pereur se préparait à partir encore à la tête de ses
troupes : on lui représenta que Chrysochir n'était pas
un ennemi digne de lui ; qu'il ne convenait pas à la
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{AdBv^') livre LXXI. . BASILE. 28 1
majesté impériale de courir sans cesse à la poursuite
d'ua brigand, qui n'avait de force que dans son au-
dace. Il se contenta donc d'implorer le secours de Dieu
par des prières, et donna le commandement de son
armée à Christophe, qu'il avait fait capitaine de sa
garde. Basile était un grand homme pouv son siècle;
mais c'était un siècle d'abâtardissement et d'ignorance;
et il est difficile que les âmes les plus élevées ne se
ressentent pas de la faiblesse qui les environne. Il de»
manda publiquement à Dieu , par l'intercession de saint
Michel et du prophète Élie , de ne pas le retirer du
monde, qu'il n'eût vu périr Chrysochir, et qu'il ne
lui eût enfoncé trois flèches dans la tête; prière bar-
bare, et plus di'gne des Troyennes de l'Iliade que d'un
prince chrétien. Christophe trouva Chrysochir campé
près d'Agranes en Cappadoce ; il campa lui-même près
de la ville de Sibore; et comme son armée était de
beaucpup la moins forte, il évita d'en venir aux mains,
content de resserrer l'ennemi et de l'empêcher de faire
des courses. L'été se passa en. chicanes et en escar-
mouches, où l'avantage se parjtageait, sans aucune ac-
tion décisive. A l'approche de l'hiver, Chrysochir, voyant
qu'il ne pouvait engager une bataille, et que ses forces
se consumaient inutilement, reprit le chemin de Té-^
phrique avec un grand butin. Le général grec le fit
suivre de loin par deux cohortes, l'une de Gappado-
ciens , l'autre d'Arméniens, avec ordre d'éclairer sa mar-
che ; s'ils voyaient l'ennemi se détourner de sa route
pour rentrer sur les terres de l'empire, ils devaient
aussitôt en donner avis; mais, s'il continuait de faire
retraite, ils avaient ordre de revenir au camp, lors*
qu'il aurait passé la frontière.
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XXV.
Défaite des
a8a HISTOIRE du BAS^JBMPIRE. (An 873.)
Dans cette marche, larmée paulicienne étant arrivée
ireiaiie aes 1. 11-19 i«i'* -i
Pauiiciens. J^ soir au bord d une profonde ravine, campa au pied
d'une montagne couverte de bois. Les deux cohortes
qui les suivaient, sans être aperçues^ gagnèrent par
l'autre côté le sommet de la montagne; et voyant au-
dessous d'elles l'ennemi qui reposait sans défiance,
elles brûlaient d'impatience de l'attaquer, se promet-
tant malgré leur petit nombre une victoire assurée. Il
y avait depuis long-temps une jalousie de valeur entre
les Gappadociens et les Arméniens. La proximité des
ennemis l'ayant encore allumée plus vivement en cette
occasion : Qu^esl-il besoin de paroles , s^écria un sol-
dat arménien , lorsqu'il nous est si aisé de décider
par des effets cette querelle d'honrieurP Tombons
sur l'ennemi qui s'offre à Vépreui^e de notre cou-
rage. Il jugera lui-même de quel côté doit être le
prix. Les officiers voyant ce qu'ils pouvaient attendre
de cette ardeur secondée de l'avantage du poste, cra-
rent devoir hasarder l'attaque. Ils choisissent dans les
deux cohortes six cents hommes, qu^ils font couler à
la faveur de la nuit dans le bois le long de la monta-
gne, juÀqu^à deux ou trois portées de trait du camp
ennemi ; ils laissent sur le sommet le rèstë des deux
cohortes, et leur ordonnent de pousser de grands cris
dès qu'ils en recevront le signal , et dé sonner de tous
les instruments de guerre. Un peu avant le lever du
soleil, dans le temps que le sommeil est plus profond
et plus tranquille, les soldats de l'eiiibuscàde , criant
de toutes leurs forcer , victoire à la ci^ix\ fondent sur
le camp ; en même tempà leurs camarades font enten-
dre du haut de Isl ihontagne un brait terrible , que
redoublent les échos d'alentour. Lés Paulicitos se ré-
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(An 873.) LIVBE LXXl. BASILE. î83
veillant avec effroi ne savent ni se mettre en ordre ni
se défendre : accablés de traits ^ percés de lances avant
que d'avoir reconnu à qui ils ont affaire, jugeant au
bruit qu'ils entendent que toute l'armée vient fondre
sur leurs têtes, ils ne songent qu'à fuir sans regarder * •
derrière eux. On les poursuit l'espace de dix lieues, et
tout ce chemin est couvert de leurs morts et de leurs
blessés.
Chrysochir, après avoir fait d'inutiles efforts pour xxti.
les retenir, obligé de fuir lui-même, se vit poursuivi dciîéphri"
par un cavalier nommé Pulade, qu'il avait autrefois iSJ^dem.
tenu prisonnier. C'était, de tous les ennemis, celui dont
il devait espérer plus de grâce : il l'avait traité avec hu-
manité, et l'avait renvoyé sans rançon. Étonné de l'a*
percevoir derrière lui, la javeline à la main et la fureur
dans les yeux : Ingrat Pulade^ lui dit-il , que €ai*je
fait pour te voir ainsi acharné à m' arracher la vie?
u4s'tu donc oublié avec quelle bonté f ai ménagé la
tienne? iVo/z, répond le barbare, et je t'apporte le
prix de tes bons traitements. Comme ces paroles étaient
prononcées d'un ton qui annonçait la mort, Chryso-
chir, saisi de frayeur et continuant de fuir, fut emporté
au bord de la ravine , que son cheval n'osait franchir.
Dans ce moment Pulade l'atteint de sa javeline et le
renverse. Diaconize, son écuyer, le seul qui ne l'eût pas
abandonné, saute à terre, et le voyant près d'expirer,
il lui soulève la tête, et la tient appuyée sur ses genoux
en pleurant. Il respirait encore, lorsque d'autres cava-
liers arrivent, lui coupent la tête, et enchaînent Dia-
conize avec les autres prisonniers. On envoie cette t^e
à l'empereur , qui , se persuadant que Dieu avait agréé
sa prière , la foit suspendre à un arbi^ et la perce de
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284 HISTOIAB DO BA.S-EMPIRE. (Aa 875.)
trois coups de flèches. Cependant Christophe, averti du
succès inattendu de son détachement , va le joindre en
diligence. On marche à Téphrique, dont les habitants
glacés d'effroi ne firent aucune résistance. Un trem-
blement de terre qui se fit sentir au même moment ,
semblait leur annoncer que le ciel agissait de concert
avec l'ennemi. Sans attendre le siège, ils abandonnent
la ville : les uns viennent se jeter entre les bras de
Christophe, les autres vont chercher un asile chez les
Sarrasins. On trouva la place déserte; elle fut détruite.
Ce repaire de brigands et de scélérats ne fut plus
qu'un monceau de ruines; et la puissance des Pauli-
ciens, qui, depuis vingt-cinq ans, faisait trembler FAsie
jusqu'au Bosphore, s'éteignit comme la foudre après
un embrasement de courte durée. Leur secte ne périt
pas avec eux. Zélés pour la propagation de Terreur,
ils avaient envoyé leurs missionnaires jusqu'en Bulga-
rie, d'où le manichéisme avec toutes ses horreurs se
répandit dans l'Europe. Quoique Chrysochir eût été
détesté de tout l'empire, l'ingrat Pulade, meurtrier de
son bienfaiteur, le fut encore davantage. Au contraire,
la fidélité de Diaconize fut récompensée de l'estime
publique : l'empereur lui rendit la liberté, et Léon, suc-
cesseur de Basile , lui donna des emplois honorables
dans ses armées.
La joie que ces succès donnaient à l'empereur, était
delà sœur et contrebalancée par les chagrins amers que lui cau-
de la femme .'ii//i -, -i/» «1
de Basile, saicnt Ics dérèglements de sa, sœur et de sa femme. Il
^*5g* P* ne devait pas attendre de leur part une conduite plus
Zon.^t^2, p. régulière : il avait. lui-même favorisé le commerce scan-
Leo,p. 47Ï- daleux de.Thécla, sa sœur« avec son prédécesseur Mi-
CoDSt. ^ *
Pori,h. p. cheU et sa femme Ëudoéie avait été lo^-temps con-
XXTII.
Débauches
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(An 873.)
LIVRE LXXÎ. BASILE. a85
cubine de ce prioce. Cependant il s'était flatté que ie syœ.
■m. p.
changement d'état opérerait dans ces princesses la même Gwrg^^p!
réforme qu'il avait opérée en lui^ II se trompa, et s'a- ^^^* ^^^
perçut bientôt que sa sœur en perdant Michel , n'avait
pas perdu l'habitude de la débauche. Un de ses offi*-
cier, homme corrompu et sans autres principes que
ceux de la cour, s'entreteuant un jour avec lui , parla
comme d'une chose indifférente du commerce de Thé-
cla avec un seigneur nommé Néatocomite. Basile, hon^
teux de voir que la dépravation des mœurs fût deve-
nue tellement à la mode, qu'elle ne causât plus de
scandale, se fît amener Néatocomite, et après l'avoir
fait fustiger, il lui fit prendre l'habit de moine. Il con-
fisqua les biens de sa sœur, et l'enferma dans un mo-
nastère. Ayant découvert une semblable intrigue entre
l'impératrice et Nicétas, son maître-d'hâtel , il ne s'en
prit qu'à lui-même du déshonneur qu'il recevait de sa
femme; et, quoique cette injure lui fût personnelle, il
ne punit pas Nicétas plus sévèrement que Néatoco-
mite. Cet officier s'étant sincèrement converti, fut,
sous le règne de Léon, honoré de la dignité d'économe
de Sainte-Sophie, et bâtit un monastère, où il passa
le reste de sa vie dans les austérités de la pénitence.
Zélé pour le salut de ses sujets , Basile s'attacha sur- ^^^^^
tout à la conversion des Juifs. Il établit des contro- ^"^jj^f^"
verses, et leur présenta l'appât des récompenses. 11 leur
promit des pensions, des honneurs, l'exemption de
tout impôt. Un grand nombre d'entre eux reçut le
baptême; mais ce fut plutôt par intérêt que par con-
viction. Après sa mort, la plupart retournèrent à leur
premier égarement.
Pour orner une nouvelle église qu'il faisait bâtir, il xxix.
Basile piqne
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a86 nisïojRjî du BàS-EMPins. ^J^ g^j.^
par an fit foudre quantité de vases d'airaia de son palais. Ou
serpent ^ transporta par son ordre beaucoup de marbres^ de
colonnes ,. de mojsaïques , de statues. Entre celles - ci
était une statue de bronze, représentant un évêque, dont
le bâton pastoral était entouré d'un serpent Un jour que
l'empereur venait visiter les ouvrages, s'étant avisé de
mettre le doigt dans la gueule du serpent de bronze,
il, fut mordu par un véritable serpent qui s'y était ni-
ché. On eut. bi^aucoup de peine à le guérir de cette
bljBSSure, C'était dès lors la coutume d'enfouir dans les
fondements des grands édifices quelque mémorial du
prince qui les faisait bâtir. On posa dans ceuiL de cette
église upe statue de Salomon, sur laquelle était gravé
le nom de Basile.
Azr 875. Les Sarrasins de Tarse possédaient le château de
Gucwes L"l®» place très-forte, d'où ils ne cessaient de faire
contre les jgg courscs dans les provinces d'alentour. Basile le
Cedr.p. fit attaquer, et le reprit moitié de force, moitié par in-
^'575.^^' telligences. Une autre forteresse, nommée Mélus, se ren-
^ô8*i6q ^*^» ^* ^^ même corps de troupes prit et détruisit la
oiyc.p.295, vide de Castabale, dont les Pauliciens étaient demeu*
agis. / A . /
Léo, p. 47^* rés les maîtres après la ruine de Téphrique. Ces suc-
Purph. p. ces donnaient de la joie à Basile, mais il se reprochait
Symrp.'4l2. de ne les avoir pas achetés de ses propres travaux. Il
^"sîl.^ marcha donc en Cappadoce avec son fils Constantin,
^r'T^c?' ?"'*' ^<^**l2iit accoutumer aux fatigues , et instruire
^9* iS- dans les opérations de la guerre. Arrivé à Césarëe,
après avoir passé quelques jours à exercer ses soldats,
il fit prendre les devants à des troupes légères, et les
suivit de près avec le reste de l'armée. Tout fuyait de-
vaut lui, les Sarrasins étaient forcés dans toutes les
places, ou les abandonnaient à son approche. L'émir
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(^Aii 875.) tIVRE LXXI. BASILE. sS^
d'Anazarbe, Apabdèle, la terreur de tous Içs paya voi-
sinSf n'attendit pas l'empereur, et s'enfuit à Malatia*
Semas ,, autre Sarrasin , cantonné dans les gorges du
mont Taurus, désolait par des courses continuelles les
frontières de rempire; il vint 15e rendre à Basile.
Le lecteur a pu s'apercevoir que les Sarrasins , ea *^*'-
1 , . . , / 1 ; Caractère
étendant leur puissance, avaient change de caractère. desSarra-
On ne retrouve. plus chez eux cette fougueuse valeur^ temps-ià.
enflaniniée.par le fanatisme, qui ne connaissait point
d'obstacle, et qui courait à la mort, comme à la vie*-
toire. Depuis un siècle on les voit aussi souvent vain-
cus que vainqueurs. Maîtres du plus grand empire qui
fût alors sur la terre , soutenus de toutes les forces de
l'Orient, ils font moins de progrès avec des armées
nombreuses et opulentes , qu'ils n'en faisaient avec une
poignée de soldats pauvres et presque nus, sous les
prenvers successeurs de Mahomet. Les richesses avaient
porté chez eux leur poison destructeur; de cette trempe
forte et vigoureuse , qui rendait leur ame aussi ferme
que l'acier de leurs épées , il ne leur restait que la fierté.
Tandis que les délices de Bagdad amollissaient leurs
khalifes , ils s'affaiblissaient eux-mêmes par l'usage des
plaisirs, et, toujours turbulents, ils conservaient l'avi-
, dite des conquêtes, en perdant les moyens de conquérir.
(Léon;, fik de Basile, a dépeint dans son ouvrage de
Tactique^ la manière dont les Sarrasins faisaient la
guerre de son temps. Cette nation méprisant les tra-.
vaux de l'agriculture, n'avait de ressource que dan»
les armes ; elle ne vivait que de pillage; c'était la né-
cessité qui les conduisait à la guerre ; aussi leurs ar*«
mées étaient-elles grossies d'une foule de misérables ^
qui n'étaient attirés que par l'intérêt de la subsistance.
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a88 HISTOIRE DU BAS-£MI»ltl|f:. (An g^S.)
Lorsqu'il s'agissait d'une course ou d'une guerre, on
ne levait point de soldats; porter les armes, n'était- pas
une profession particulière; on publiait le jour du dé-
part ; les riches accouraient par amour pour la patrie ,
les pauvres par l'espérance du butin. Ainsi l'armée n'é-
tait composée que de volontaires. Les fexùmeSj et ceux
que leur faiblesse retenait chez eux, fournissaient les
armes et participaient ainsi à l'expédition. La plus
grande partie de leurs troupes consistait en cavalerie;
leurs fantassins mêmes étaient à cheval dans les mar-
ches; ou, s'ils n'allaient pas loin, ils montaient en
croupe derrière les cavaliers. L'armée était précédée
d'une troupe d'Éthiopiens à pied et presque nus, qui
n'avaient pour armes que l'arc et les flèches. Les cava-
liers étaient armés de toutes pièces ; leurs baudriers,
leurs épées , la bride de leurs chevaux , garnis d'argent.
Us faisaient grand cas de leurs chevaux, qu'ils épar-
gnaient aux dépens de leur propre vie ; aussi ne s'en
servaient-ils pas pour porter les bagages ; leurs bêtes
de charge étaient les chameaux, les ânes, les mulets.
Us craignaient surtout les combats nocturnes; et, s'ils
n'arrivaient pas le soir à quelque place forte oîi ils
pussent passer la nuit, ils se retranchaient avec soin
pour se mettre hors d'insulte. Leur ordre de bataille
et de marche était toujours un carré long; d'ailleurs
ils avaient emprunté des Romains les évolutions ainsi
que les armes. Ils plaçaient souvent leurs chameaux au
centre de l'armée. Les drapeaux qu'ils élevaient sur les
bêtes de somme faisaient paraître les escadrons 'plus
* nombreux. Dans les combats, le bruit des tambours et
des cymbales auquel leurs chevaux étaient accoutumés,
achevait de mettre en désordre ceux de l'ennemi, déjà
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(An 875.) LIVRK LXXI. BASILE. 289
. effarouchés par la vue des chameaux. Ils attendaient
l'ennemi de pied ferme, sans précipitation , sans impa*
iience : hardis lorsqu'ils espéraient la victoire , timides
dans le désespoir, plus fermes dans la résistance qu'ar-
dents à l'attaque, ils ne s'animaient que lorsqu'ils
voyaient l'ennemi se ralentir. Les rangs serrés , bou-
cliers contre boucliers, ils essuyaient les premières dé-
charges, et ne s'ébranlaient que quand l'ennemi avait
épuisé ses armes de jet. Ils ne rompaient leur ordon-
nance ni lorsqu'ils poursuivaient , ni lorsqu'ils étaient
poursuivis; mais, si elle venait une fois à se rompre, ils
étaient incapables de se rallier, ni de se remettre en
ordre. Persuadés que tout malheur vient de Dieu , ils
ne s'opiniâ traient pas à combattre l'adversité, et s'a-
bandonnaient aveuglément à la mauvaise fortune. Ac-
coutumés à des climats brûlants, ils résistaient aux
plus grandes chaleurs , mais ils ne supportaient pas le
froid, et les pluies faisaient sur leurs corps le même
effet que sur les arcs , dont elles relâchent les cordes.
Aussi choisissaient-ils l'été pour faire la guerre ; dans
les autres saisons ils ne faisaient que des courses; et
c'est surtout en hiver que les Grecs les ont vaincus^
en les surprenant dans des embuscades , dans des dé-
filés dont on leur fermait l'issue par des abatis d'ar-
bres, dans les gorges du mont Taurus , du haut duquel
on les accablait de flèches ou de grosses pierres , qu'on
roulait sur eux , lorsque j chargés de butin ils traver-
saient ces montagnes pour repasser en Syrie. Quoiqu'ils
eussent alors dégénéré de leur première valeur , Léon
leur rend ce témoignage que , de tous les ennemis de
l'Empire, c'étaient ceux qui entendaient le mieux la
guerre.
Tome Xm. I9
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ago HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 875.)
L'activité de Basile leur enleva cette année une par-
Succès de tie de leurs conquêtes de Cilicie. Ayant passé leSanis,
ciiicie. îl niarcha vers Gueuse , près de laquelle les Sarrasins
étaient cantonnés dans d'épaisses forêts. L'empereur
les chassa de ce poste ^ en détruisant ce bois par le fer
et par le feu. Arrivé à Calti polis et à Padasieau pied
du mont Taurus , et voyant ses soldats rebutés de la
difficulté des chemins, il descendit de cheval, et, mar-
chaut à leur tête au travers des rochers, des ravines^
et des terrains les plus impraticables, il leur rendit le
courage. Son exemple semblait leur donner des ailes.
Il poussa jusqu'à Gerraânicie les différents corps de
Sarrasins qu'il trouva sur son passage, et les obligea
de se renfermer dans la ville. Pour y arriver, il fallait
passer une rivière assez large nommée Paradisus;dle
était guéable; mais le fond en était glissant et plein de
vase. Basile la fit passer pendant la nuit , et y étant en-
tré le premier, il s'arrêta au milieu, faisant éclairer le
gué par un grand nombre de flambeaux. Il courait lui-
même à ceuK qu'il voyait chanceler, leur donnait la
main, relevait ceux qui tombaient, et il en sauva plu-
sieurs qui se seraient noyés sans son secours. Après
avoix* ruiné tous les environs de Germanicie , trouvant
' la place trop forte et trop bien pourvue , il repassa
l'Amanus et vint assiéger Adanes sur le Sarus. Les ha*
bttants, résolus dé soutenir te siège , laissèrent l'enipe*
reur brûler et détruire tout le pays d'alentour, d'où
ils avaient retiré les hommes , les grains et les trou-
peaux, Basile prit Géron, petite ville du voisinage, et
il en abandonna le pillage à ses soldats. Les ayant ani-
més par cette récompense, il espérait s'emparer bien-
tôt d'Adanes, et fit avancer ses machines. Mais w
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(An 875.) LIVRE LXXI. BASJLK. 2C)l
gloire en était réservée à son petit-fils Constantin Por-
phyrogénète. La vigoureuse résistance des assiégés, et
plus encore les froids de Tarrière-saison, qui incom-
modaient ses soldats, campés sur un terrain humide et
exposé aux vents glacés de l'Arménie, le firent songer
à la retraite.
Comme son armée chargée de butin traînait après xxxin.
11 1 > 1 • 1 1 • • «1 S^Q retour.
elle une grande multitude de prisonniers, qui embar-
rassaient la marche dans des chemins rudes et roon-
tueux , il prit un parti si cruel , que , si l'on veut ex-
cuser ce prince sur la nécessité de la guerre, il faut
convenir que la guerre est un état de barbarie, qui
peut changer en bêtes féroces les naturels les plus hu-
mains. Il fit égorger tous les prisonniers. Prévoyant
que les ennemis se posteraient aux détours et aux dé-
filés des montagnes, il les fit prévenir par des troupes
légères, qui, se plaçant en embuscade, se saisirent de
ceux qui venaient pour les surprendre. Le Sarrasin
Abdélomel , émir de ce pays , qui s'attendait à le har-
celer dans ces passages, voyant que les sages précau-
tions de l'empereur le mettaient hors d'insulte, lui dé-
puta pour demander la paix, et pour lui offrir le
domaine de la contrée dont il était maître. L'empe^
reur accepta ses offres, et tira de lui de bons services
CCHitre les autres Sarrasins. Après avoir traversé le
mont Argée, il reçut à Césarée d'heureuses nouvelles
de son autre armée, qui lui envoyait quantité de dé-
pouilles, et grand aombre de prisonniers curdes. Cette
nation barbare , qui liabite aujourd'hui au-delà du Ti-
gre, se répandait alors en-deçà de l'Euphrate, jusque
dans les. montagnes de Cilicie* La plupart étaient ma-
nichéens et alli^ des pauli^iem. Bmle les fit encore
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agîi HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 875.)
massacrer. Il s'arrêta quelques jours à Midée en Phry-
gie, où, après avoir distribué des récompenses à ceux
qui s'étaient distingués dans le cours de cette campa-
gne , il sépara ses troupes et les envoya en quartier
d'hiver. Il revint etisuite à Constantinople , où il fat
reçu avec la même pompe et les mêmes honneurs que
, trois ans auparavant.
Ah 876. Depuis que les Sarrasins étaient maîtres de Tarse,
l'Asie-Mineure ne pouvait jouir de repos. La perte du
XXXIT.
Victoire
d'André-ie- châtcau de Lule et de tant d'autres places, la déser^-
^^ ** lion de deux émirs , le ravage de toute la contrée les
mirent en fureur. Dès les premiers jours du printemps,
joints à ceux de Malatia , dont ils n'étaient sépares que
par le mont Taurus, ils se mettent en campagne, et
portent le fer et le feu jusqu'en Bithynie. André, g^ou-
verneur de l'Hellespont , ayant rassemblé les troupes
de sa province, tombe sur eux en divers endroits, les
taille en pièces partout où il les rencontre, et les pour-
suit jusqu'à Tarse. Ce guerrier long-temps inconnu ,
parce qu'il n'avait d'autre recommandation que son
mérite, était Scythe de naissance^ Basile l'avait enfin
distingué; et, pour récompense de se^ services, H lui
avait conféré le titre de patrice, avec le commande-
ment des troupes de sa garde et le gouvernement de
l'Hellespont. André n'était pas loin de Tarse , lorsqu'il
reçut de l'émir de cette ville une lettre conçue en ces
termes : Je pars pour vous aller joindre , et pour
voir quel secours vous pourrez tirer de Marie et de
son fils y contre une armée protégée par le bras de
son prophète. Cette bravade impie fit frémir d'hor-
reur le général grec, aussi pieux que vaillant; tenant
la lettre à la main et levant les yeux au ciel, il s'écrie:
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(An &76.) LIVRE LXXI. BASILE* SIQ^
Fils éternel de Dieu, et vous mère d*un Dieu fait
hommey vous entendez les blasphèmes de ce nou-
veau Sennachérih ; défendez votre peuple^ et faites
connaître aux nations ce que peuvent contre vous
les plus nombreuses armées. Il encourage ses trou-
pes, et y plein de confiance en la protection du ciel, il
approche de Tarse ^ et rencontre les Sarrasins réunis
près du fleuve Podande. Le nombre supérieur des en-
nemis n'efiraie point ses soldats: ils tombent sur eu^
avec tant d'ardeur, qu'en un moment cette grande ar-
mée est dissipée; l'émir est tué; le reste est taillé ea
pièces; l'arrière-garde seule, plus proche de la ville »
eut le temps de s'y sauver. André perdit peu de sol-
dats. Après leur avoir donné la sépulture, il fit met-
tre en un monceau les cadavres des ennemis , dont les
osseixients accumulés furent long^temps pour les Sar-
rasins de Tarse un triste monument de leur défaite.
IjC vainqueur qui n'attribuait ce succès qu'à Dieu seul ,
aussi modeste après la victoire qu'avant la bataille ,
ne se crut pas assez fort pour attaquer la ville de Tarse ;
et, dans la crainte de déshonorer les armes de l'em-
pereur par une entreprise téméraire, il reprît le che*
min de sa province avec un grand butin.
Un homme élevé par son mérite ne pouvait raan- ^ '"7*
XXXV.
quer d'envieux. On fit entendre à l'empereur qu'André stypiôte
1 • • i»T-i • VI » • >\ 1 • V battu parle*
trahissait I Empire ; qu il n avait tenu qu a luLde pren- sarrasins.
dre Tarse, s'il eût voulu profiter de l'ardeur de ses Cedr. p.
troupes et de l'effroi des ennemis. Quelque éclairé que Zon. 1. 1,
fût Basile, il n'était pas à l'abrî des surprises : il se Leoip.474.
laissa tromper par les fanfaronnades d'un courtisan Porph! p.
nommé Stypiôte, qui, soutenu par une puissante ca- Georg.'pl
baie, se vantait de le rendre en peu de jours maître ^**"
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294 UISTOinji 1)0 BAS-EMPIRE. (An 877.)
de Tarse, et de chasser les Sarfasins de rAsîe-Mîueure.
Ébloui de ces brillantes promesses, Tempereur le mît
à la tête de ses troupes. Mais Stypîote justifia bientôt
la sage circonspection d'André. Enflé de toute la pré-
somption que donne l'ignorance, il s'approche de
Tarse, et campe dans une plaii^ ouverte, sans prendre
aucune des précautions qui sont d'usage dans la
guerre. Les Barbares, profitant de son imprudence,
tombent pendant la nuit sur son camp par plusieurs
endroits, en faisant un grand bruit de cymbales et de
trompettes. Les Grecs se réveillant avec effroi , sans
armes, à demi-nus, ne songent qu'à se sauver; ils se
pressent, ils s'écrasent les uns les autres. Les Sarra-
sins n'ont que la peine de les massacrer. Stypiote est
le premier à fuir; et, abandonnant son année a la
merci des ennemis, il ne rapporte à ses partisans que
la honte de l'avoir vanté, et à Fempereur celle de les
avoir écoutés.
XXX 1. Les intrigues des Grecs avec Adalgise, duc de Béné-
TEmpire. en vcnt, avaient empêché l'empereur Louis de chasser les
E istlt-B Sarrasins d'Italie. Dès que ce prince eut quitté le pays,
joaiinisvm. les Sarrasins sortirent de Tarente, et ravag^èrent le ter-
Erchempert, , ^ , .
art. 38. ritoirc de Bari. Une autre troupe venue d'Afrique et
Giaon. hiat. *-..,/ ^ . 9\ t» 1
Nap.i.7,c.i. de Sicile étendit ses courses jusqua Rome; et le pape
tiq. Ben"" Jean VIII fut obligé de traiter avec ces infidèles , et
^^'"aia!''^ de leur payer par an vingt-cinq mille marcs d'argent.
Comme il ne recevait aucun secours des princes fran-
çais, il eut recours aux Grecs. Grégoire, envoyé par
Basile avec une flotte, pour conserver ce qui restait
à l'Empire en Italie , faisait sa résidence à Otrante. Le
pape le pria d'envoyer dix vaisseaux pour défendre les
terres de Saint-Pierre. On voit , par une lettre du pape
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(An 877.) LIVRE LXXl. BASILE. ^qS
à Basile, que l'empereur avait satisfait à cette de-^
mande. Cependant , Grégoire employait ses forces au
recouvrement de la Calabfe, Les habitants de Bari »
se voyant abandonnés des Français et des Bénéventins,
se donnèrent à lui, et cette ville, alors considérable,
revint ainsi à r£mpiffe grée. Il y avait, daps Bari, uoç
&ction attachée aux Français ; Grégoire avait promis
par serment de ne faire aucun mal à ceu^ qui en
étaient les chefs; il ne tint pas sa parole; il fit empri-^
sonner les premiers de la ville, dont il envoya quelques^
uns à Constantinople. JLe trouble régnait dan$ cette
malheureuse contrée ; amis, ennemis, tout était con*
fondu; on était forcé d'attaquer ceux, qu'on aurait
voulu défendre. Les habitants de Naples , d'Amalfi,
de Saleme, qui dépendaient de l'Empire grec, n'étant
pas en état de résister aux Sarrasins , furent contraints
de joindra leurs armes à oes Barbares, pour ravager
le territoire de Rome. Jean marcha contre Naples
avec des troupes , ^ ce fut la première fois qu'on \}t
un pape à la tête d'une armée. Il (Jétacha de la ligue le
prince de Salerne , qui attaqua les troupes de Naples,
et fît prisonniers vingt-deux Napolitains , auxquels Je
pape fit trancher la tête. Athanase, évêque de Naples,
frère du duc Sergius, voulant gagner les bonnes grâ-
ces du pape, se saisit de son frère; après lui avoir
crevé les yeux, il le mit entre les mains du pape, et
se fit duc, sans cesser d'être évêque. Mais bientôt ce
prélat, sans foi comme sans religion, se ligua lui-
même avec les Sarrasins , et devint le fléau de toutes
ces provinces ainsi que de la ville de B.ome, dont il
pilla le territoire de concert avec les infidèles. Le pape,
trop faible pour le combattre , eut recours aux armes
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1196 HISTOIRE DU BilS-£MPIRH. (An 877.)
naturelles du saint-slëge ; il excommunia Athanase et
les Napolitains ; et ce fut encore la première fois que
les papes lancèrent lanathéme contre les peuples, pour
punir les crimes de leurs princes. On voit , par ces
événements 9 que les ducs de cette contrée, quoique
sujets de l'Empire grec, se comportaient en souve-
rains; qu'ils n'attendaient ni la domination ni même
l'agrément de l'empereur pour prendre le titre de
ducs; qu'ils ne consultaient que leur volonté pour
faire la paix et la guerre ; et que , selon leur caprice ou
leurs intérêts, ils ne faisaient pas difficulté de contrac-
ter des alliances avec les ennemis de l'Empire. Leur
éloignement et la faiblesse des empereurs grecs les
mettaient k couvert du châtiment. La principauté de
Bénévent était, dans ce même temps, le théâtre de
plusieurs révolutions funestes. Gaïder usa du secours
des Sarrasins pour s'en rendre maître. Il tua son on-
cle Adalgise, chassa les premiers de la ville, et fut
chassé lui-même trois ans après. On le livra aux Fran-
çais, qui le mirent en prison. Il s'échappa, et s'enfuit à
Bari, occupée alors par les Grecs, qui l'envoyèrent à
Constantinople. Basile le traita honorablement , le
combla de biens, et lui donna la ville d'Oria en Cala-
bre, d'où il ne cessa d'inquiéter les Bénëventins. Ra-
delchis, fils d' Adalgise, qui avait chassé Gsuder, ne
conserva la principauté que quatre ans. Les Bénéven-
tins l'en dépouillèrent pour en revêtir spn frère Aïon,
dont nous parlerons sous le règne suivant.
Jamais pape n'avait fait un aussi fréquent usage de
eXe^Rome l'excommunication que Jean YIII. Toujours armé dece
etConstanti- /» 1 «i 1 /• • •.. j 'm. 1
nopieau foudre, il Ic taisait gronder sans cesse, soit pour les
Bulgare*, aff^î^es spirituclles, soit même pour les intérêts tem-
XXXVXI.
Con lesta tion
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(An 877.) LIVRE LXXf. BASILE. 297
porels de TÉglise romaine, et , à force de la lancer, il EpîstJoann.
en emoussa la pointe. La sainteté d'Ignace n'empêcha ccdr "'isg.
pas qu'il n'en fût souvent menacé. Ce pape n'avait p^**^**
point d'égard à la décision de la conférence qui avait *'<>» '
suivi le huitième concile, par laquelle la juridiction «d an. 868.
sur 1 église de Bulgarie avait ete attribuée au patnar-^ 865.
cfae de Constantinople. Comme le parti de Photius , fam! B^g^p.
toujours très-puissant , excitait de grands troubles, Fieur"*hMt.
l'empereur pria le pape d'envoyer des légats pour ré- J^t-^^ï-lJa',
tablir la paix. Paul, évêque d'Ancône, et Eugène, évè- ■'^'•^•
que d'Ostie , partirent de Rome avec des lettres dans
lesquelles le pape se plaignait beaucoup d'Ignace, et
le menaçait d'excommunication, s'il ne retirait les évê-
ques et les clercs qu'il avait envoyés en Bulgarie, et
que le pape déclarait excommuniés. Il demandait du
secours à Basile contre Lambert, duc de Spolète,
qui s'était emparé de Rome. Mais Basile, occupé
d'autres affaires , n'entra point dans cette querelle; ce
qui obligea le pape d'aller en France, implore^ la
protection de Louis-le-Bègqe et des autres princes
française Je vais rassembler ici les suites de cette con-
testation entre le siège de Rome et celui de Constan-
tinople, au sujet des Bulgares. Le pape, ne recevant
aucune satisfaction ni de Basile ni de Photius, qui ve-
nait de succéder à Ignace, comme je le dirai bientôt ,
écrivit à Bogoris , roi des Bulgares , pour l'engager à
se soumettre immédiatement au siège de Rome. Afin
de le détourner de l'obédience des Grecs, il les repré-
sentait comme sujets à se livrer tous les jours à de
nouvelles erreurs; il le rappelait au sein de TÉglise
romaine, la mère de tous les fidèles; et, dans l'ardeur
de son zèle, il protestait qu'il chérissait les Bulgares,
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^9^ fllSTOIBE DU BAS-EMPIRE. (As S77.]
jusqu'à se sacrifier lui-même pour leur saluL II semble
que ses légats avaient choqué les Bulgares en quelque
chose , puisqu'il promettait de corriger leur bute. Il
sollicitait les seigneurs bulgares de s'employer auprès
de leur roi, et leur voulait persuader que leur Uauoa
avec les Grecs était pernicieuse à leur âme. Les
Dalmates ayant aussi pris le parti de s'attacher à \%
glise de Constantinople, il les exhorta, par une lettre,
à revenir à l'Église de Rome^ et à lui envoyer Farche-
vêque qu'ils auraient élu canoniquement, pour rece-
voir de lui le pallùim ; il leur promettait toute sorte
de biens en cette vie comme e8 l'autre, s'ils lui obéis-
saient; autrement, il les déclarait excommuniés. Après
le rétablissement de Photius sur le siège de CoDstanti-
nople, on voit, par les lettres du pape, qu'une des
conditions qu'il exige avec le plus d'ardeur pour y
donner son cons^itement^ c'est que Photius renonce
à toute juridiction sur la Bulgarie ; il veut que les
évêques et les autres ecclésiastiques ordonnés par le
patriarche de ConstanttnopFe, sortent du pays; il me-
nace Photius de l'excommunication s'il leur donne le
pallium , s'il y fart quelque ordination , s'il commufli-
que avec eux avant qu'ils obéissent. Il parait qu'en
cette occasion , l'empereur, étonné du grand bruit que
faisait le saint-père, usa de quelque condescendance.
Dans une lettre datée du i3 août 880, le pape remer-
cie Basile d'avoir rendu justice à l'Église romaine, au
sujet de la Bulgarie. Cependant, il parait aussi que les
Bulgares demeurèrent attachés à l'Église de Constanli-
nople : car, dans une lettre postérieure , Jean rep
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(Aa 877.) tIVRE LXXr. BASILE. ^99
encore à Bogoris d'avoir abanddtiné Rome , il l'exhorte
à revenir au bercail, et le menace encore d'excom-
munication.
Ce prince, que le pape ti*aitait avec si peu de me- s][?^^^"^
nagement, était cependant un modèle de sainteté. Il Bogoris.
menait , depuis son baptême , la vie la plus austère.
Revêtu pendant le jour de ses ornements royaux, il
se couvrait d'un sac pendant la nuit; et, se rendant
secrètement à Téglise, il passait des heures en prières,
prosterné sur un cilice. Long-temps avant sa mort, il
remit sa couronne à son fils aine, et se retira dans un ,
monastère, ne s'occupant que d'aumônes et de prières.
Mais apprenant que son fils se livrait à la débauche,
qu'il accablait d'impôts ses sujets, et qu'il voulait
même les rappeler à l'idolâtrie, il quitta Fhabit reli-
gieux , reprit le casque et la cuirasse avec les marques
de la royauté, rassembla ceux de ses sujets qui crai-
gnaient Dieu, et se mit à la poursuite de son fils qui
avait pris la fuite. Il le prit, lui fit crever les yeux , et
le condamna à une prison perpétuelle. Ensuite , dans
une assemblée générale de la nation , il déclara roi
son second fils, le menaçant de le traiter comme son
frère, s'il tenait la même conduite. Alors, ce héros
chrétien, comblé des vœux, honoré des regrets de tous
ses sujets , se renferma dans le monastère, où il acheva
saintement ses jours en 896. ,
Constantinople vit alors une révolution, qui fait xxxrx.
A X 1 • 1 • i> -11 11 Photins
connaître a quel pomt les pnnces, d ailleurs les plus succède à
sages, sont capables de se laisser séduire par des cour- s^*^**
tisans attentifs à étudier leurs faiblesses. Icniace mou- viii.
s -r^t o • I Nicet. in
rut, et, trois jours après, Photius fut mis en sa place ign.
par le même empereur qui, convaincu de ses fourbe- zon.'r«vV
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]
300 HISTOIRJ2 OU BAS-EMPIR£. (An 877.)
168. ries, l'avait honteusement fait descendre du siège pa-
Manaastp? trîarcal dix ans auparavant. Tja retraite du monastère
ciyc!^i97, n'avait pas éteint lambition de Photius. Celte passiou ,
ïo€i*^**i V^^ ^*^ ^^°® '® cloître , et qui se nourrit même de
p^^A *' j^ncs et d'abstinences, lui tenait les yeux ouverts sur
271- la conduite d'Ignace. Comme ce saint prélat ne don-
457. ' naît point de prise à sa malignité, il prit le parti d'une
^46. ^ soumission apparente , et tâcha d'engager Ignace à le
Scré7i.*53i reconnaître pour évoque. Mais il ne put l'obtenir. Il
■"^Qrieng*^* se tourna donc du côté de la cour, et gagna par ses
^^248 aA*' souplesses les ministres et les seigneurs. Le cham*
bellan Nicétas vantait sa vertu , et le bibliothécaire
Théophane son grand savoir. Il connaissait le faible du
prince. Basile, qui avait Tâme assez vigoureuse pour
avoir pris un grand essor, ne l'avait pas asse; ferme
ni assez philosophe pour regarder sans honte et sans
trouble la bassesse d'où il s'était élevé. Il ne rougissait
pas de sa première pauvreté, il s'en faisait même
honneur; mais il aurait bien souhaité trouver à sa fa-
mille une origine illustre. Photius le sentit, et ce fut
alors qu'il composa cette généalogie, qui faisait de la
famille de Basile un rejeton des Arsacides. L'empereur,
sans doute le seul de l'Empire qui fût la dupe de cette
grossière imposture, lui sut gré d'une si flatteuse dé-
couverte; il oublia tous les crimes de. Photius, lui
donna un asile dans le palais de Magnaure, l'admit
dans ses 'conseils, lui confia l'éducation de ses fils, et
lui laissa reprendre les fonctions épiscopales en dépit
des canons et d'Ignace , qu'on n'écoutait plus. .
Ah 878. Ce prélat , qui est honoré comme saint dans toute
Con îuite l'Église, mourut le a3 octobre 877, et le 26 du même
^*ré:rbîi"* "*^*^ Photius remonta sur le siège de Constantinople.
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(An 878.) LIVRE LXXI, BASILE. 3oi
Il mit en oeuvre et la séduction et la terreur pour sur-
monter tous les obstacles. CalonAies , dépositions,
tourments, la mort même, rien ne fut épargné pour
ramener à lui les évéques opposants. Léon Catocèle^
son beau-frère, qu'il avait fait par son crédit capi-
taine de la garde impériale, homme cruel, le servait
dans ses fureurs. Au contraire, les présents^ les pro-
motions, les translations avantageuses d'un évéché à
un autre, attiraient à lui les âmes intéressées. Son
dessein était de casser tout ce qu'avait fait Ignace, de
rétablir ceux qu'il avait déposés, de déposer ceux qu'il
avait ordonnés; et, si Tempereur n'eût mis uii frein à
son audace, il allait changer la face de toute l'Église
d'Orient. Il était secondé dans ses intrigues par un
moine aussi fourbe que hardi et déterminé, nommé
Théodore Santabaren. C'était un scélérat qui avait
mérité la mort dès sa première jeunesse, et que le cé-
sar Bardas avait sauvé du supplice, et renfermé dans le
monastère de Stude. Hypocrite accompli, il en était
devenu abbé par la faveur de Photius , dont il était
si zélé partisan, qu'il avait obligé les moines de dé-
serter le monastère. Après la déposition de son patriar-
che, il fut chassé lui-même. Mais Photius rentré en
grâce le remit en place, et le vanta à l'empereur comme
un saint, un prodige de savoir, un thaumaturge et
même un prophète. Basile, trompé par ces éloges, le fit
venir à la cour, et l'honora de sa confiance. Dès le vivant
d'Ignace, Photius l'avait ordonné métropolitain de Pa-
-tras; mais comme cette ville avait un évêque légitime,
cette prétendue ordination n'était qu'un sujet de.raille-
rie; on appelait Santabaren l'évêque H^ Aphantopolis y
cest-k-àiredelavilleinmible. Photius, de nouveau pa-
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3oa IIISTOIRK DIT BAS-EMPIRE. (An 878.)
triarche, l'envoya au pape Jean en qualité de son apo-
crisiaire, lui demAder sa communion. Il prenait dans
sa lettre le ton de la plus profonde humilité, gémissant
de la violence qu'on lui avait faite pour le rétablir sur
le siège de Constant inople. Cette lettre était signée de
plusieurs métropolitains ^ dont il avait surpris les û-
gnatures. Basile appuya cette démarche par une am-
bassade. Les deux légats que le pape avait envoyés
pour l'af&ire de Bulgarie, et qui n'étaient arrivés à
Constantinople qu'après la mort d'Ignace , d'abord op-
posés à Photius , mais gagnés ensuite par ses présents
et intimidés par les menaces de l'empereur, se livrèrent
sans réserve au patriarche. Ils contribuèrent même à
séduire plusieurs évêques, en leur faisant entendre que
le pape les avait envoyés pour déposer Ignace^ et ré*
tablir Photius.
Av 879. Le pape, pressé alors par les Sarrasins, n'avait rien
Le^pipe P^"^ ^ cœur que d'obtenir quelque secours de Basile.
reconnaît jj Qg ^ rendit douc pas difiScile aux instances ùui
Photiaspoar •^ ^ *
patriarche, lui étaient fai^ en faveur de Photius ; et , malgré les
exemples de Nicolas et d'Hadrien ses prédécesseurs, il
le reconnut pour patriarche légitime, leva les censures
fulminées contre lui et contre ses adhérents, et dé-
clara excommuniés tous ceux qui, après trois mouitions,
refuseraient de communiquer avec lui. Mais il accor-
dait cette faveur comme une grâce et une indulgence,
et il exigeait qu'à l'avenir on n'élût plus de laïc pour
remplir la place de patriarche, que Photius ne dispu-
tât point au siège de Rome la juridiction sur la Bul-
garie, et qu'il demandât pardon dans un concik^
A ces conditions, il déclarait nulle la sentence portée
contre Photius dans les deux conciles tenus à Rome
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(An 879.) LîVftE LXXI. BASILE. 3o3
et à Constantinople^ SOUS le pape Hadrien. Pierre,
prêtre cardinal , fut chargé des lettre^ pour Basile et
pour Photius; il eut ordre d'assister avec les deux au-
tres légats au concile qui serait tenu pour la réunion.
L'arrivée du nouveau légat combla les vœux du pa* ^cui.
1 . • 1 • i»/i 1 Concile de
triarciie, qui se promettait bien d éluder par son Constanti-
adresse les conditions exigées par le pontife romain, farear ^de
En effet le concile, composé de trois cent quatre- ^^^^^*
Yingt<*trois évéques, se gouverna entièrement au gré de
Photius. Les légats ne lui donnèrent que des éloges.
Ils firent lire une lettre du pape que Photius avait
traduite en grec , et dont il avait eu soin de retrancher
l'ordre de demander pardon devant le concile, et l'ab-
solution que le pape lui donnait, et qui supposait qu'il
avait été excommunié. A la place de ces articles, trop
humiliants pour son orgueil, il avait inséré des louan-
ges de sa personne ; et les légats , apparemment corrom-
pus, entendirent cette lecture sans réclamation. Tout
fut approuvé , excepté la défense de nommer des laïcs
au patriarcat , et la demande du pape sur la Bulga-
rie. Pour le premier point, on le combattit par des
raisons et des exemples ; pour le second , on en renvoya
la décision à l'empereur, dont les droits étaient indé-
pendants du pape et du concile. Photius fit à son gré
l'histoire de sa première élection, de sa déposition
injuste, de la persécution qu'il avait essuyée, de sa
modération à refuser son rétablissement tant qîi'IgM(!^
avait vécu, de sa prétendue réconciliation avec lui,
enfin de la répugnance qu'il avait témoignée à remon-
ter sur le siège de Constantinople, vacant par la mort
de ce prélat, et toute rassemblée applaudit à cette
^té de mensonges. Métrophane, évéquede Smyrne,
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3o4 HISTOIRE DU BAS-EMWRE. (An 879.)
qui refusait de se trouver au concile, fut séparé de
la communion ecclésiastique. On déclara aussi excom-
muniés tous ceux qui ne se réunissaient pas à Photius.
L'empereur assista à la sixième session , dans laquelle
on ^adopta la profession de foi de Nicée, avec ana-
théme contre ceux qui oseraient y rien ajouter ou en
rien soustraire; ce qui tombait sur les Églises d'Occi-
dent, où Ion admettait l'addition Filioque. L'empe-
reur souscrivit les actes avec ses trois fils Léon,
Alexandre et Etienne ; car Constantin, l'aîné, était déjà
mort. Le concile, commencé au mois de novembre 879,
tint sa septième et dernière session le i3 mars 880; et,
dans les acclamations qui le terminèrent , Photius (iit
nommé avant le pape. Les actes sont suivis d'uue let-
tre du pape à Photius ; il y rejette l'addition Filioque;
proteste qu'elle n'a pas été reçue par l'Église de Rome,
et condamne en termes très-durs les premiers qui l'ont
introduite; mais il veut cependant qu'on use de ména-
gement avec les Églises qui l'ont admise, et qu'on tâ-
che de les ramener par la douceur. C'est ce concile
que les Grecs schismatiques honorent du nom dç hui-
tième concile général, ne reconnaissant point pour ca-
nonique celui qui avait condamné Photius en 869. 11
y a eu lieu de soupçonner que les actes, qui sont de-
meurés dans l'obscurité jusqu'au commencement de ce
siècle , ont été altérés par Photius , le plus hardi comme
Ife^fij^^jaabile faussaire qui fût jamais.
xi.ni. Je vai^bindre ici ce qui reste à dire de Photius
évë"nemen*ts jusqu'à la f^j du règuc de Basile. Le pa^pe écrivit à
qui concer- gg^^jj^ p^^^j, j^ louer dc SOU zèlc , ct à Photius pour le
féliciter. Mai^ en même temps il se plaignit avec dou-
ceur que le patriarche se fut dispensé de la condition
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nent
Photius.
(An »79.) LIVRE LXXI. BASILE^ 3o5
qui lui était iùiposee de. demander pardon en présence
du concile. Se défiant apparemment de ses légats , il
ajoutait que, s'ils avaient en quelque point contrevenu
à ses ordt^, il n'y donnait point son consentement.
L'évêque Marin, porteur de ces lettres, et qui succéda
bientôt après au pape Jflan, n'ayant pas voulu consen-
tir à l'abrogation du huitième concile œcuménique, en-
courut l'indignation de Basile anime par Photius, et
fut un mois en prison. Selon quelques auteurs, les lé-*
gats furent désavoués à leur retour, et soumis à la cen-
sure. C'est un point que je laisse à discuter aux histo-
riens de l'Église. Jean étant mort en 88t2 , Marin et
Hadrien III, qui lui succédèrent, ne tinrent le saint-
siége l'un que quatorze, l'autre que seize mois. L'un
et l'autre, ne regardant pas leur prédécesseur comme
infaillible, condamnèrent Photius. Basile irrité écrivit
au pape Hadrien une lettre injurieuse , qui ne fut ren^
due qu'à son successeur Etienne Y. Le nouveau pape
y répondit avec vigueur, mais sans perdre le respect
dû à la puissance temporelle, dont il traçait les borg-
nes, si étroites et si faciles à confondre, qui la sépa*-
rent de la juridiction spirituelle. Il condamnait de
nouveau Photius, et le menaçait d'anathème. Toujours
ex.posé aux courses des Sarrasins , il demandait du se-
cours. Mais cette lettre d'Etienne ne parvint à Con-
stantinople qu'après la mort de Basile. Photius, sâtis-
j&it des services de Santabaren dans sa négociation
auprès du pape Jean, qu'il avait trompé, chassa Tévê*
que d'Euchaïtes en Cappadoce , pour y placer cet im-
posteur. Il le déclara protothrone , c'est-à-dire premier
évêque entre les suftragants de Constantinople , et le
Tome XilL 20
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3o6 HISTOIRE DU BAS-£imAE. (ju $^)
mit en possession de plusieurs sièges épiscopaux, d'où
il chassa lés titulaires.
U.IT. Quelque temps avant le concile^ Basile rmi perdu
c^MtoatiL. «ott fik aîné Constantin. Ce jeune princ^nnait de
Nicet. in graockes espérances. C'était celui qui ressemblait le
Ced^'p. plus à son père par ses belles qualités, et qui en était
zon-^r», p. ^® P'"* chéri. Il l'avait accompagné dans ses expedi-
Giclî tiens. Hermengarde, fille de l'empereur Louis, loi
396- avait été promise ; mais ce projet de mariage n'eut
Porph. p. point d'exécution : cette princesse épousa le comte Bo-
Sym.p.457. son, qui devint roi de Provence. La mort d'un fils si
54^'. ^' cher affligea sensiblement l'empereur. Photius, toujours
iTmoi^iTs; flatteur, mit le jeune prince au nombre des saints,
D^camie, 'Comme si le ciel lui eût donné parole de se prêtera
fam. byz. p. ^^ complaisauccs. Son ami Santaharen , homme à mi-
. radies, en fit un pour sa part, qui fut joué avec beau-
coup d'adresse. Il promit à l'empereur de lui faire voir
son fils. Pendant que Basile était à la chasse, il vit
.sortir de l'épaisseur du bois un cavalier, vêtu d^uae
étoffe d'or, qui vint à toute bride l'embrasser, et dis-
parut. Il avait tous les traits du prince défunt Latefr
dresse est crédule ; l'empereur ne douta pas que ce se
fut son fils; il en eut une CKtrême joie; et, plein d'aJ*
miration pour Santaharen , qui avait tant de crédit dans
l'autre monde 9 il en fit son confident le plus intima
C'était son oracle dans toutes ses entreprises. Peisuade
de la sainteté de son fils , il fit bâtir au lieu même de
l'apparition un monastère sous le nom de Saint-CoQ-
stantin.
xLv. Mais la passion dominante de Basile , celle qui cou-
^ntf de vre toutes ses fautes, et qui mérite qu'on lui pardonne
i'égârd de toutes ses faiblesses, c'est l'amour qu'il avait. pour ses
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(An 879.) LIVRE LXXÏ. BASILE. 3o7
sujets. Jamais il n'écouta les avis qui pouvaient trou- m» sojet».
hier le repos de ses peuples; jamais il ne consentit à 59^/591.
prendre sur les besoins des familles de quoi remplir p^pu*'p
ceux de son trésor. Un jour qu'il paraissait embar* ^^VaiT
rassé à trouver de quoi fournir à des dépenses néces-
saires, le trésorier général lui conseilla de faire une
nouvelle imposition de tailles: Il y avait, disait-il,
quantité de gens qui ne payaient pas à proportion de
leurs biens : en augmentant la contribution des riches,
sans diminuer celle des autres, qui n'étaient pas foulés
au-delà de leurs forces , il verrait Croître ses revenus
sans iujustice. Il feignit d'approuver cet avis, et or-
donna au trésorier de choisir des personnes capables
d'une opération aussi difficile que celle d'évaluer au
juste les fortunes de ses sujets, et de fixer avec une
équité irréprochable la quotité de leur contribution.
li demandait en eux la probité la plus désintéressée,
la connaissance la plus étendue, l'activité la plus in-
fatigable. Quand vous aurez trouvé, lui dit-il, des
hommes de ce caractère , vous me les ferez cou"
naître. Le trésorier, accoutumé à manier la matière
délicate des finances un peu plus brusquement que le
prince, lui eut bientôt fourni une liste de commis-
saires. Basile ayant lu leurs noms, lui fit des reproches
d'un choix si peu judicieux; et comme le trésorier lui
répondait qu'il n'en connaissait pas de plus capables:
« Cette affaire est si importante, lui repartit Tempe-
« reur, que s'il était possible, je voudrais m'en charger
« moi-même. C'est au père de familJe de régler la for-
te tune de ses enfants : mais, comme ce travail ne peut
«se concilier avec tant de devoirs indispensables, je.
a suis contraint de le confier à d'autres mains. Je ne
20.
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3o8 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 879.)
a connais dans tout l'Empire que deux hommes qui
« puissent me remplacer pour cet objet. C'est J'assu-^
« rance que^ me donnent leur âge, leur expérieiu:;e ^
a lenr exacte intégrité, qui ne s'est jamais démentie
« dans le cours d'une longue vie et d'un grand nombre
« d'emplois. Ailez les trouver de ma part, et instrui-
te sez-les de mes intentions. ^ L'histoire ne nomme pas
ces deux hommes, qui mériteraient mieux d'être con-
nus que la plupart des souverains. Flattés du choix de
l'empereur, mais trop judicieux pour se charger d'an
emploi au-dessus de leurs forces, ils remercièrent le
prince de la confiance dont il les honorait ; et^, en même
temps, ils le supplièrent de ne pas accabler leur vieil-
lesse d'un fardeau qu'elle n'était plus en état de sou^
tenir. Basile reçut leur excuse, et ne voulut plus en-
tendre parler de cette reforme. Aimant mieux, disait-il,
perdre une partie de ce qui lui était dû, que de s'en
rapporter à des âmes intéressées, qui, sous prétexte de
remédier à des injustices, en commettraient de plus
grandes. Pendant tout le temps de son règne il n'a*^
jouta rien aux impôts, et la douceur de la perception
valait presque une exemption entière. Au lieu de faire
mourir de faim ses sujets, il diminua la dépense de sa
table. Les frais s'en devaient prendre sur le produit des
terres annexées à deux palais qu'il fit bâtir; il ne per-
mit pas d'y appliquer aucune autre somme, et il en fit
une loi perpétuelle pour ses successeurs.
xLvi. Sa vigilance à réprimer l'avidité de ses officiers le
dëciaverte? rendait clicr à ses peuples. Mais ces hommes injustes»,
Cedr.p.573. qu'il contenait, regardaient comme un vol fait à leur
^\és^^' avarice tout ce qu'il les empêchait de ravir. Ils con-
^^const^^' jurèrent contre sa vie. A leur tête était le capitaine
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(An S79.) LIVRE LXXI. ' BASILE.* SoQ
des IcanateSy nommé Curcuas, homme très-riche , mais Porph. p.
très mécontent de n'avoir pas la liherté de le devenir sym!p*46o,
davantage. Un misérable reclus, qui se donnait pour Getrg'p.
prophète, lui promettait Fempire. Il engagea dans ce ^^**
complot jusqu'à soixante-six tant sénateurs qu'offi-
ciers de l'armée et du palais. L'empereur, averti de
cette trame criminelle par un des conjurés qui n'a-
vait pu vaincre ses remords , les fil arrêter-et les ju-
gea lui-même au milieu du cirque, en présence du
peuple assemblé. Sa clémence naturelle leur épargna
le supplice, auquel l'indignation publique les condam-
nait. Il se contenta de faire crever les yeux à Cur-
cuas, et fouetter les autres. Le jour de l'Annoncia-
tion , qu'ils avaient marqué pour l'exécution de leur
forfait, il assista lui-même à une procession solen-
nelle, où ils marchaient nus et chargés de chaînes.
Lorsqu'ils furent arrivés à la grande place, avant que
d'entrer dans l'église de Sainte-Sophie, il fit lire leur
sentence, par laquelle ils étaient bannis à perpétuité,
avec confiscation de leurs biens.
Cependant les Sarrasins de Syrie voyant Basile oc- Ah 880.
cupé de conciles et d'affaires civiles, crurent l'occasion jjJJ^^^^'^^^
favorable pour étendre leurs conquêtes dans l'Asie, de»Sarra-
mineure. Ils rassemblèrent tout ce qu'ils avaient de orient,
vaisseaux en Egypte et en Phénicie.; mais avant que ^^""^^^^^
de se mettre en mer, ils envoyèrent un espion à Con- z<>n- »• «. p-
stantinople, pour s'instruire de l'état des forces de^eo, p. 47a.
lEmpire. Basile, que les soms deimterieur nempe- Porph. p.
chaient pas d'avoir l'œil sur ce qui se passait au-de- sîm.'p!456.
hors, informé de leurs premiers mouvements, avait de ^^^i^'
son coté équipé une grande flotte, et, pour prévenir ^«i^a^g^
les désordres que les soldats et les matelots pouvaient
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3lO lilSTOIRE DU BAS-EMPIRE. (Àa 880)
causer, s'ils demeuraient dans l'inaction, il les occu-
pait aux ouvrages qui restaient à faire pour achever
cette magnifique église dont j'ai parlé, et dont Pho-
tius fit la dédicace le i^'' de mai de cette année 880.
Tout était prêt pour le départ. A cette nouvelle, le»
Sarrasins se tinrent dans leurs ports. Le calife MoU-
med se contenta de faire partir Abdalla avec quatre
mille cavaliers, pour pilier la Cilicie et la Cappadoce.
Pendant que ce général faisait le ravage , les garnisons
des deux provinces s'étant réunies, marchent contre
lui et l'enveloppent. Les Musulmans , surpris dans un
terrain creux, entre des rochers inaccessibles, voyant
toutes les issues fermées, se déterminent à périr, plu-
tôt que de se rendre. Us mettent pied à terre et cou-
pent les jarrets de leurs chevaux , pour en ôter Tusage
aux ennemis. Cependant cinq cents d'entre eux, plus
hardis que les autres , forment un peloton^ et le sabre
à la main s'ouvrent un passage au travers de TariDée
grecque. Le reste fut taillé en pièces. Le général fat
pris et conduit à l'empereur,
s^^^ii ^^ Sarrasins étaient depuis cinquante ans maîtres
piveparies <Je la Slcilc. Mais Syracuse avait été renrise par b
Cedr. p. 585, Gérées, pcut-êtrc dans l'expédition d'Alexandre Muselé.
Zoii.^tfi,p. ^^ ^^'^' y a de certain, c'est qu'elle appartenait aux
^ ï7»- Grecs sous le rèffne de Basile. Les mouvements des
Léo, p. 47a. ^ ." . ^ , 1 r«
CoMt. Sarrasins de Syrie piquèrent d'émulation ceux de Car-
190, X9X, thage. Ils vinrent avec un grand nombre de vaisseaux
S3rm^p.456. assiéger Syracuse. Dès que l'empereur en eut recula
Xi. ^' nouvelle, il fit partir Hadrien , grand-amiral de !'&»•
^55^56^ P*^ > *^^^ 1^ flotte qui avait été préparée contre te
not°ln°f^n Sarrasins de Syrie. Les vents étant contraires, Hadrien
p,87ct5eqq. eut bcaucoup de peine à gagner les côtes du Pélo(K>*
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(Au SSo.) LIVRE LXXI. B4S1LE. 3ri
nèse; et son indolence naturelle, que le mauvais temps
semblait excuser, le tint pendiant près de deux mois
dans le port de Monexnbasie; c'était l'anGi^nne Ëpt^
daure, surnommée limera, en Laconie. Cependant les
Sarrasins pressaient vivement le siège de Syraou«e,
ponr s^en emparer avant l'arrivée du secours. Cette
ville était mal pourvue de vivres, et^ sans le courage de
Jean Patrice, qui en était gouverneur, elle n'eût pu
faire une longue résistance. Ce guerrier intrépide fit
plusieurs sorties trèsMfneurtrières; il attaqua même plu*
sieurs fois la flotte des Sairasins, et leur brûla queU
ques vaisseaux. Les Sarrasins, de leur côté, firent usage
de toutes les machines k^ventées pour la destruction
de& villes^ La famine se fit bientôt sentir aux assiégés
avec toutes ses horreurs. Deux onees de pain valaient
une pièce d'or (treize à quatorze francs de notre mon-r
naie y Les Sarrasins étant maîtres des deux ports, la
pèche ne pouvait plus suppléer à la disette. Après avoir
consommé tout ce que la i*9ge de la faim peut changer
en nourriture, après avoir broyé les os des animaux, dont
ils pétrissaient une sorte de pain qui donuait la mort, on
vit des mères déyorer leurs propres enfants. La peste,^
les pjbs affreuses maladies, et enfin une mort cruelle em^
porflRent tous les jours une partie de ces malheureux
habitants. Les catapultes abattirent une tour et un large
pan de muraille. Mais le« assiégés, presque sans force,^
en trouvèrent assez dans leur courage pour défendre
la brèche, pendant vingt jours et autant de nuits, contre
des assauts continuels. Il n'y avait point d'habitant
qui n'eût perdu quelqu'un de ses membres; et c'était
un spectacle déplorable , de voir ces cadavres presque
san& vie tramer sur la brèche les x^^\^ de leurs corps^
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3l2 HISTOIRE DU BAS'EMPIRE. (in S8o.)
pour servir.de muraille à leur patrie. Enfin, le ai mai,
la ville fut forcée, et ceux qui avaient survécu à tant
de maux éprouvèrent toute la rage des Sarrasins. Jean
Patrice eut la tête tranchée, et, aussi intrépide au mi^
lima du supplice qu'il l'avait été dans les combats, il
sei fit ' admirer des ennemis mêmes. Soixante**dix des
principaux dé Syracuse furent attroupés ensemble, et
tués à coups de pierjes et de bâtons. Nicolas de Tarse ,
vaillant guerrier qui, pendant le siège, avait insulté
Mahomet, fut écorché vif; les Sarrasins furieux lui
mangèrent le cœur. Ils détruisirent les fortifications^
et brûlèrent la ville.
PaSiôn Hadrien se préparait enfin à sortir du port de Mo-
d^Hadrien. ncmbasic, lorsqu'il apprit que les Sarrasins étaient dan»
Syracuse^ Il a presque toujous fallu du miracle pour
illustrer les grands événements. Cette nouvelle n'eut
besoin que d'une nuit pour traverser cent cinquante
lieues de mer. Hadrien, disent les auteurs de ce temps-
là, esa fut informé dès le lendemain par un berger, et
ce berger l'avait appris dans une assemblée de démons ,
qui «'en réjouissaient dans la forêt d'Hélos, à quelques
lieues de Monembasie. Le général voulut s'en assurer
par lui-même, et, s'étant transporté sur le lieu ^ en
entendit le rapport de ses propres oreilles. Mal^^ un
si grave témoignage, il n'en demeura persuadé que dix
jours après , sur le récit de quelques soldats échappés
du carnage. Cette fable, débitée partons les historiens
contemporains , ne prouve que la sotte crédulité de ce
siècle d'ignorance. Hadrien, aussi prompt à retournera
Constantinople qu'il avait été lent à s'en éloigner, ap-
prit en arrivant'que l'empereur était dans une grande
colère, et qu'il attribuait à sa négligence un événen>ent
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(An 88a) LIVRE tXXI. BASILE. 3l3
si funeste. Saisi de crainte , il se réfugia dans Téglise
de Sainte-Sophie. Basile, sans égard au privilège du
lien ni aux instances du patriarche , le fit tirer de cet
asile. Mais, écoutant enfin sa clémence naturelle, il se
contenta de dépouiller Hadrien de toutes ses charges, et
de le condamner au bannissement.
La prise d'une ville si renommée excita Témulatîon An sSi.
de toutes les dynasties de Sarrasins. C'était à qui pren- j^^^^\^^
drait la cognée pour abattre quelqu'une des principales chaici».
branches de l'Empire. Esman, émir de Tarse, partit ^^%i't^^
avec trente gros navires, et alla mettre le siège devant ^®°* *',]*' ^
Chalcis sur l'Ëuripe. Les plus gros vaisseaux de ce p^^^**
temps-là ne contenaient que deux cent soixante hom- 1B4.
Yiies. OËniate, gouverneur de Grèce ^ rassembla par
ordre de l'empereur toutes les troupes de la province ,
et mit la place en état de défense. La résistance fut
aussi vive que l'attaque. Les Barbares faisaient pleuvoir
sur les murailles une grêle perpétuelle de flèches et
de pierres. Les habitants mêlés avec les soldats , dont
ils ne se distinguaient que par une audace plus déter-
minée, accablaient les assiégeants, et repoussaient tous
leurs assauts. Ils osaient même sortir du port , et , à la
faveur du vent, ils brûlèrent une grande partie de la
flotte sarrasine par le moyen du feu grégeois. Les en-
nemis perdaient courage , lorsque l'émir, persuadé que
l'argent et la volupté sont les deux plus puissants res"
sorts pour remuer les âmes communes , fit placer à la
tête du camp un bouclier rempli d'or, et crier par un
héraut : Ceci est la récompense de celui qui montera
le premier sur le mur; il aura de plus cent jeunes
captives à son choix. Les assiégés qui, du haut de leurs
murailles, voyaient briller cet or, en devinèrent IHisage^
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1
3l4 HISTOIBB DU BA.S-EMPIRS. (An «»i.)
et s'encourageant mutuellement^ ils ouvrent leurs por*
tes', et fondent comme un torrent sur les Barbares. Ils
enfoncent, renversent , massacrent tout ce qui résiste;
lemir est tué, les autres fuient vers leurs navires, quik
ne regagnent qu'après un grand carnage. Us lèvent
l'ancre aussitôt, et ne reportent à Tarse que de k honte
et des blessures*
Aw. 8Sa. Les Sarrasins de Crète firent d'abord pkis de mal;
Les&lrra- mais l'issue dc leur expédition ne fut pas plus heu*
*b^ttu» s'i^'** reuse, Saël, leur émir, fit partir un capitaine vaillant
ced^ 58i ^^ expérimenté, nommé Phot, avec vingt -sept vais-
58a. * seaux , et un plus grand nombre de brisantins et de ga-
Zo». t. a, p. IX X . '^ ^ r, 1
X7I, leres a emquante rames. Cette flotte ravagea toutes les
Poi^h! p. îles de l'Archipel , traversa lUellespont et pénétra jus-
i85, i86. q^».^ j»j|^ ^^ Proconèse dans la Propontide. Elle me-
naçait Constantinople, Nicétas, amiral de l'Empire^
alla au-devant avec toute la flotte impériale, et les attei-
gnit sur la cote de ta Propontide vis*à-vis de Cardie.
Il leur livra aussitôt bataille; la défaite des Sarrasins,
fut complète; le feu grégeois leur brûla vingt vaisseaux,
dont tout l'équipage périt par le feu , par le fer, ou dans
les eaux. Le reste prit la fuite et regagna l'île de Crète.
^^^ * Ce mauvais succès ne découragea pas les vaincos.
Autre Phot se remît en mer avec une nouvelle flotte; mais
défaite des
Cretois, au lieu de ^'approcher de Constautinople , il se tint sur
les cotes du Péloponèse, pillant et ravageant le con-
tinent et les îles. Nicétas alla de nouveau le cher-
cher, et aborda en peu de jours au port de Cenchree.
Il apprit que la flotte Cretoise était de l'autre côté
du Péloponèse, et qu'elle désolait la cote àeJdéthone^
de Patras et de Corinthe. Il lui aurait fellu plusieurs
jours pour doubler le cap de Malée et atteindre la flotte
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(An 883) LIVA£ LXXI* BÀ$ILC. 3j5
ennemie, qui aurait eu le temps de le prévenir et de
se retirer dans ses ports. Il prit sur-le-c})amp un parti
plus faardi, mais plus court; ce fut de faire transporta
ses vaisseaux d'^ne mer à l'autre, au travers de l'isthme^
large de près de deux lieues; ce qui n'était pas sans
exemple'. Cette entreprise, poussée avec autant d'ar*
deur que d'industrie , fut achevée dans l'espace d'une
nuit, et, le lendemain matiti , les vaisseaux crétois ré-«
pandu$ sur le golfe de Corinthe virent avec étonne-
meot la flotte grecque courir sur eux à pleines voiles.
Saisis d'effroi et vaincus d'avance , ils n'ont pas même
assez de force pour prendre la fuite. Dispersés çà et là,
sans faire de résistance, ils sont les uns brûlés, les au*
très coulés à fond. Quelques soldats et matelots gagnent
les rivages, mais ils sont bientôt enveloppés; et, plus
malheureux que leurs camarades qui avaient péri dans
les feux ou 'dans les eaux , ils ne sont épargnés que
pour subir une mort plus cruelle. L'impitoyable Nice-
tas , plus féroce que les Sarrasins , se faisait un jeu des
plus affreux supplices. Il exerçait principalement sa
barbarie sur les chrétiens renégats : aux uns, il faisait
détacher des lanières de leur peau depuis la tête jus-
qu'aux talons ; il en faisait entièrement écorcher d'autres,
•disant par une horrible plaisanterie, qu'il ne leur en-
levait que leur baptême, auquel ils avaient renoncé; et
ce tigre, indigne lui-même du nom de chrétien, en fai«
sait élever d'autres fort haut avec des poulies, pour les
précipiter ensuite dans des chaudières de poix bouil-
lante, sorte de baptême, disait-il en riant, seul con-
venable à ces apostats. C'était le moyen de rendre sa
victoire détestable à ceux mêmes qui l'avaient aidé k
vaincre.
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3l6 HfSTOfR DD BAS-EMPIRE. (An 88^.)
Ah 884. Il parait que Basile n'approuva pas ces cruautés.
Artifice de ^^^^ "^ succès de Nicétas, il ne l'employa plus, et
Basile pour ^ Taqnée suivante on voit Nasar commander la flotte
sauver la
rie à des dc l'Empire. Les Sarrasins d'Afrique avaient mis en
déserteurs. . . /t 1» .
Cedrp58a ™®'' soixautc grands vaisseaux, et cette flotte formi-
583, 584. dable, après avoir ravagé les îles qui se^ trouvaient sur
17a- son passafi[e, vint attaouer celles de Zante et de Gépha-
papae. lonic. JNasar, avec un bon nombre de vaisseaux de toute
CiînsJ * grandeur, fit diligence pour les aller combattre, et, se-
ise'Tt^ieqq. coudé d'uD vent favorable, il se rendit en peu de jours
5i^'^54^* au port de Méthone , aujourd'hui Modoiv, en Morée. Un
^v*'i P- contre-temps fâcheux l'empêcha de les attaquer sur-
le-champ. Un grand nombre de ses rameurs avaient dé>
serté dans ^e voyage , et , s'étant cachés dans les îles où
l'on abordait, ils étaient retournés à Constantinople,
en sorte que la flotte restait dégarnie. Il en informa
l'empereur. Basile les fit chercher et enfermer dans les
prisons, oîi ils n'attendaient que le châtiment de leur
lâcheté criminelle. Mais ce bon prince, avare du sang
de ses sujets, voulut épargner leur vie, sans perdre
le fruit d'un exemple nécessaire. Le préfet de Constan-
tinople, seul confident du secret de sa cléii\ence, choi-
sit dans les prisons trente malfaiteurs condamnés a
mort , qu'il fit tellement défigurer , qu'ils étaient mé-
connaissables : on les conduisit à l'hippodrome, comme
déserteurs de la flotte, avec défense d'approcher d'eux
ni de leur parler sous peine de la vie; et, après les
avoir flagellés, on les embarqua pour les conduire a
Méthone, où ils furent pendus à la vue de toute Tar-
mée, sans être reconnus de personne. Cette
punition contint le reste de la flotte. Tous, so
et matelots, apprirent à craindre leurs commandants
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LIV.
Les Sarra**
<AjiM4.) LIVKE IrXXI. BASILE. Sl^
plus que les ennemis, et ils demandèrent à combattre.
Cependant les Sarrasins, voyant l'inaction de la flotte
impériale, se persuadaient que c'était par lâcheté ^nsblttus
qu elle n'osait sortir du port. Ils n'étaient donc nulle- ^" ^^^'
ment sur leurs gardes, et ne songeaient qu'à piller les
îles voisines. Jean, gouverneur du Péloponèse, avait
déjà remplacé les déserteurs, surtout par des Mardajites,
issus de ceux qu'on avait transportés hors de leur*pays
cent ans auparavant. Nasar profite de la sécurité des
Sarrasins ; il va de nuit attaquer leurs vaisseaux dis-
persés, les coule à fond, ou les brûle les uns après If s
autres. Il en enlève une partie, qu'il amène à Méthone,
et dont il fait offrande à l'église de cette ville. Il aban-
donne à ses soldats et les prisonniers et la charge des
vaisseaux. Il informe l'empereur de ce qu'il a fait, et
lui demande en même temps ce qu'il doit foire. L'em-
pereur le loue de sa conduite , et lui ordonne d'aller
attaquer le.s Sarrasins en Sicile et en Italie.
Un si glorieux succès redoublait le courage de ses tv.
troupes. Il débarque à Panorme, ravage les campagnes, en siciu et
force et pille les villes soumises aux Sarrasins , enlève
grand nombre de navires chargés de riches marchan-
dises. Il passe de là en Italie, où l'empereur avait une
armée de terre commandée par Procope , grand-maître
de la garde-robe impériale. Ce général, accompagné
de Léon surnommé Apostype, qui commandait un
corps de Thraces et de Macédoniens , avait déjà rem-
porté sur les Sarrasins plusieurs avantages. Nasar s'é-
tant approché de la Calabre pour le seconder dans ses
opérations, rencontra au cap des Colonnes, près de
Crotone, une nouvelle flofle de Sarrasins qui arrivait
d'Afrique. Il l'attaqua et la détruisit. Ayant ensuite fait
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3l8 HlStOIRB DU BâS-EMPinjB. (An 884^
une descente sur la côte , il joignit ses troupes à celles
deProcope, chassa les Sarrasins de presque toutes les
places de la Calabre et de TApulie, où il mit garnison.
Il se retnbarqua ensuite couver! de gloire , et sa flotte,
chargée de dépouilles et de prisonniers , fut reçue à
Coustantinople avec les acclamations que méritait une
campagne si brillante. ,
LTi. Procope qui était resté en Italie avec les troupes de
'^^n. * terre, eut d'abord d'heureux succès. Les Sarrasins
fuyaient de toutes parts, et lltalie, depuis long-temps
la proie de ces infidèles, se flattait d'en être bientôt
délivrée. Ija perfidie de Léoù, jaloux de la gloire de
Procope, ruina ces espérances. Les Sarrasins ayant
fait un dernier effort, présentèrent la bataille, et Pro-
cope ne la refusa pas. Il partagea son armée en deux
corps ; il se mit à la tête de laile gauche , composée
des Esclavons auxiliaires et des autres troupes levées
en Occident ; JLéon commandait les Thraces et les Ma-
cédoniens , qui formaient l'aile droite. Lorsqu'on en
fut venu aux mains , Léon chargea les escadrons en*
nemis avec tant de furie , que la victoire ne balança
pas de son côté. Procope avait avec lui la plus faible
partie de l'armée, qu'il espérait encourager par sa pré-
sence et par son exemple : mais, malgré sa valeur, il
fallut céder aux Sarrasins. Léon, déjà vainqueur de
ceux qu'il avait en têt€, le laissa battre sans lui don-
ner aucun secours ; en sorte que ce brave capitaine,
entraîné par les fuyards , tomba de cheval , et fut tue
dans la déroute. Les deux armées s'étant ainsi sépa-
rées, Léon, pour couvrir sa trahison par quelque ope-
ration brillante, recueille ce qui restait des troupes de
Procope, et, les ayant jointes aux siennes, il attaqua
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(inSSi.) LIVRÉ IXXU BASILE. SlQ
Tairente, la prend d'assaut, l'abandonne au pillage, et
met tous les habitants dans les fers. Glorieux d'une si
importante conquête, il retourne à Gonstantinople,
rapportant à l'empereur de riches dépouilles. Basile ne
se laissa pas éblouir; sur le soupçon qu'il conçut de la
conduite de Léon , il lui ôta le commandement , et lui
donna ordre de se retirer à Cotyée , sa patrie.
Ce traître fut trahi lui-même par deux de ses con- lvu.
fidents^ qui révélèrent à l'empereur tout le secret de ** '^"°*'
sa perfidie, et l'instruisirent encore de plusieurs autres
crimes de ce méchant homme. Il avait deux fils aussi
méchants que lui : ayant appris le mauvais service
rendu à leur père, ils assassinèrent un des deux dé-
nonciateurs^ et le coupèrent en morceaux. Ils s'en-
fuirent ensuite à Cotyée, où s'étant joints à leur père,
ils prirent ensemble le chemin de la Syrie , à dessein
de se jeter entre les bras des Sarrasins. Ils étaient déjà
en Cappadoce, lorsqu'ils furent atteints par ceux que
l'empereur avait dépêchés à leur poursuite. Ils se dé-
fendirent en désespérés; les deux fils furent tués; le
père pris et chargé de chaînes fut conduit à l'empe-
reur, qui lui fit faire son procès. Basile ne lui fit grâce
que de la vie : on lui creva un œil , on lui coupa la
main droite, et il fut relégué à Mésembrie , où il passa
une assez longue vieillesse dans l'opprobre, et dans la
misère qu'il n'avait que trop méritée.
Les succès de Léon en Italie n'avaient pas réparé iw 885.
le dommage que la défaite de Procope avait causée à Nouvelle
Fera pire. Les Sarrasins reprenaient l'avantage, et ren- ''^^^^^^^
traient dans les places qu'ils avaient perdues. L'em- cedr.p.586,
pereur y envoya Etienne Màxence, Cappadocien, avec z;on.^.\p,
les troupes de Thrace, de Macédoine, et de Cappa- ^^^'
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3aO HISTOIllS DU BAS-EMPIRE. (a,i »85.)
t^nst. doce. C'étaient les meilleurs soldats de lempire ; mais
193^ 19?. ils étaient conduits par le plus mauvais général. Étîea ne,
sans activité, sans aucun sentiment d'honneur, en-
dormi dans la débauche, ne connaissait d'affaires sé-
rieuses que celles de ses plaisirs. Il ne fit d'autre ex-
ploit que d'assiéger Amantia en Calabre, et d'en lever
le siège presque aussitôt. Dès que Basile en fut ins-
struit, il se hâta de corriger ce mauvais choix, et lui
donna pour successeur un guerrier d'un caractère tout
contraire, laborieux, habile, vigilant, et qui n'avait
de passion que la gloire de son maître et la sienne.
C'était Nicéphore Phocas, aïeul de celui qui fut de-
puis empereur. Nicéphore conduisit en Italie de nou-
velles troupes tirées des provinces d'Orient , entre au-
tres un corps de Pauliciens, qui, après la ruine de [eut
état, s'étaient attachés au service de l'Empire, et qui,
en abjurant leurs erreurs, n'avaient rien perdu de leur
ancienne bravoure. Ils étaient commandés par ce Dia*
conize , recommandable par sa fidélité à l'égard d'un
maître malheureux. Avec ses forces jointes à l'armée
que laissait Etienne, Nicéphore défit partout les Sar-
rasins; il prit Amantia, Tropea, et Sainte-Séverine,
enrichit ses soldats , et rendit à l'Empire toute la Ca-
labre, que les Sarrasins abandonnèrent pour se retirer
en Sicile. La conduite de Nicéphore dans cette expé-
dition est proposée pour modèle par l'empereur Léon,
dans son Traité de Tactique; car je pense que c'est
ce pays qu'il désigne par le nom de Lombardie. Ni-
céphore ne sut pas seulement vaincre ces peuples; il
sut , et c'est encore une victoire plus utile et même
plus glorieuse, les attacher à l'Empire, en les traitant
avec équité , avec douceur, en les exemptant d'impôts,
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(An 885.) tIVRK LXXI. ' BASILE. 3^1
OU ne leur laissant aucune marque de servitude, et en
leur faisant regretter de n'avoir pas toujours appar-
tenu à leurs nouveaux maîtres. En quittant l'Italie,
il y laissa une marque sensible de sa bonté pour les
vaincus. Ses soldats avaient fait prisonniers un grand
nombre d'I talons , et ils les traînaient avec eux pour
en faire des esclaves. Nicéphore, sans faire semblant
de s'en apercevoir, conduisit l'armée à Brindes, où
elle devait se rembarquer; et, dès que la flotte fut ap-
pareillée et prête à faire voile, il y fît monter les sol-
dats Tua après l'autre. Les prisonniers, chargés de
fers, demeuraient rangés sur le rivage; ils s'atten-
daient à remplir les derniers vaisseaux. Dès que tous
les soldats furent embarqués, Nicëphoi*e fit lever les
aoct*es, laissant à l'Italie ses enfants, qui ne versaient
plus que des larmes de joie et de tendresse pour leur
généreux libérateur. L'enthousiasme de leur recon-
naissance se porta jusqu'à une sorte d'idolâtrie. Ils
firent bâtir une église à laquelle ils donnèrent le nom
de Nicéphore. Telle fut la dernière expédition du règne
de Basile.
Léon , devenu héritier présomptif de l'empire , et déjà '•ï?^-
revêtu du titré d'empereur, avait épousé, en 880^ veut faire
Théophano, fille de Constantin Martinace. Pa^rveiiu à fiis aine de
sa dix-neuvième année, il était chéri de tout l'empiré; ®°*p*'^^'^-
. / Cedr.p.591,
et n'avait d'ennemis que Santabaren , dont il avait dé- ^a-
mêle les impostures. Il ne pouvait souitrir que son 174, 175.
père fût la dupe d'un fourbe, et ne cachait pas assez 4^4. ^ '
la haine et le mépris qu'il lui gardait dans le cœur. Ce ^o^îi^;
scélérat le pénétra, et sentit bien quel risque il cou- ^'^^^;^*
rait, s'il attendait la mort de Basile. Il résolut donc p^"^^
de perdre Léon du vivant de son père. Dans ce des- î»»4» ai5.
Tome XIU. 21
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3a2 HISTOIRB DU 3AS-EMPI1I1S. (An 881]
SjaKp.459, seioy il s'attacha pendant quelque teni[>s à kii faire la
Georg. p. cour ; et, plus adroit que le jeune prînee, à force cï'as*
547. 548. gjjyjté^^ ^g complaisances, et de démonstrations de
zèie, il vint à bout de dissiper les soupçons, et de ga-
gner la con/iance de Léon, qui joignait à un esprit
assez faible toute l'imprudence de la jeunesse. Lors*
qu'il se vit écouté, il donna au prince un conseil qui
devait le conduire à saperte« C'était la coutume que,
dans les chasses de Tempareur, ïm\ de ceux qui Vbo
compagnaient ne portât aucune arme, excepté les of-
ficiers de la vénerie: ses courtisans^ ses enfant» mêmes
n'étaient que de simples spectateui^. Santabaren se
voyant un jour seul avec Léon, a Ne tremblez- vous^ pas,
« lui dit-il, toutes les fois que l'empereur part pour la
c chasse ? Les forêts ont été complices de grand nom-
ci bre d'assassinats : combien de scélérats sont plus à
ce craindre que les bêtes les plus féroces? Souvenez
<c vous de Curcuas. Et si votre père était attaqué , à qui
a%ppartiendrait-il de le défendre? Mettez-vous en état
a de combattre les attentats; ne le suivez jamais dans
« ce divertissement dangereux, sans avoir ifpe aroM
<c cachée, toute prête à le secourir, d Léom, charmé du
vif intérêt que Santabaren prenait à k conservatimi
de spn père, promit de suivre son avis. En effet, à là
première partie de chasse , il se munit d'un poignard
qu'il cacha dans une de ses bottes. Dès qu'on fut dans
la forêt , Santabaren court à l'empereur avec un air
d'alarme: Prince j lui dit-il à l'oreille, sauvez voire
vie; voire ^Is est armé ; il s* ennuie de ne pas ri*
gner. Basile fait aussitôt arrêter Léon : on le dépouille;
on trouve le poignard, et sm*-le«K:hamp on retourne au
palais. Basile, outré de colère, sans vouloir entendre
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(Aa 885.) LITRE LKXl. HASILE. 3si3
son fils, lui faitoter les ornémeots impériaiuiy et Pett*
ferme daàs one étroite prison. Il voulait à i'beu/re mém^
lui faire crever les yeux, et Santabaren l'y excitait^
Mais plusieurs sénateurs s'étaut jetés à ses pieds^ ob"
tînrent qu'il différât le idiàtimentv jusqu'à ce qu'il fût
assuré du crime. On^ mit à la qîiestioa tous )e&<)fH«'
ciers, tous \çs courtisaàs du 4}rLtee ; Nvcétàs^ son ?cûb*>
fidait ie plçis (ntÎBie, fut déchire' à coups de vetrgesf
an ne tira de leur boUehe que des lériioignages de son
attachement à'son père. Ândré^ e^pitaine id^s gardés^
fameux par les succès qu'il avait eus à la guerre, mais
odieux à Santabaren à cair»Q de sa probité inoorrup
tibie, fut enveloppé dans la disgrâce, et privé de sef
charges, comme complice du prince, auq»el il était tén*-
dr^nent attaché.
Léon , désespéré de voir son amour pour son père
devenu un crim« atroce , s'abandonnait à la plus vit4 ]>éHYrance
douleur. Il ne cessait d'écrire à son père des lettres
justificatives , que Basile refusait de lire. Tout le pii#
lais était arrosé de larmes. La mère , les sœurs , les
deux frèrejs, tous les officiers du prince, persuadés de
son innocence, ne fabaient entendre que des gémîs^
semeats. Basile seul, toujours obsédé par Santabaren ,
était insensible. Un jour qu'il donnait un |[raf)d sùw-
per à tous les seigneurs de sa cour, dans le temps que
la bonne chère et la donce familiarité de l'empereur
Êûsaieut oublier i'iufortuoe de Léon, un perroquiet^
enfermé dans une cage attachée au jimr de la saliii^^
se mit à crier : Hélas ! halos} seigneur Léon. C'étaient
des paroles qu'il entendait depuis tuois mois retentir
sans cesse à ses oreilles. Ce cri glaça les eoljivivie»;
devenus iuimobtlés^ la téta baissiée, ils n'ouvraient lu
Z.Z.
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3a4 HISTOIRE DU BA.S-E1CPIRE. (Ak gftS.)
bouche que pour faire place à leurs soupirs: l'em-
pereur lui-même les regardait en silence, lorsqu'un
d'entre eux élevant sa voix entrecoupée de sanglots :
« Seigneur, dit-il, cet animal nous condamne. Nous
a est-il permis de lious Uvrer à la joie, tandis que voire
«'fils, que l'héritier de votre couronne gémit dans les
«( horreurs d'un cachot ? S'il est coupable , il n'est au-
« cun de nous qui ne soit armé pour le punir : mais
« s'il est innocent, nous sommes tous coupables. Écou-
te tez^le, jugez-le; qu'il cesse enfin de vivre criminel,
« ou de mourir tous les jours victime d'une noire ca-
«c lomnie. » Ces paroles pénétrèrent le cœur de l'em-
pereur, et réveillèrent en lui la tendresse paternelle.
Il fit venir son fils, il écouta ses défenses; et, ayant
enfin reconnu la perfidie de Santabaren, il embrassa
Léon et lui rendit tous ses honneurs. André fut ré-
tabli dans ses dignités. Lé. juste courroux de Basile
aumit éclaté sur le traître, s'il ne se fût dérobé au
châtiment. Photius eut l'adresse d'en imposer encore
à l'empereur en feveur de ce scélérat. Santabaren se
retira dans son diocèse d'Ëucfaaïtes. On dit que, le len-
demain de la délivrance de Léon , jour de la fête .du
patriarche Élie, pour leqi^l l'empereur avait. une dé-
votion, particulière,, comme Basile marchait en pro-
cession , tout le peuple qui le suivait s'écriaut , Gloire
à Dieu qui nous a rendu notre jeune prince! il se
retourna et dit à haute voix : Enfants^ vous poussez
desïoris. de joie pour remercier Dieu de vous avoir
rendu Léon; demandez-lui plutôt que son règne ne
vous fasse pas un jour pousser des cris de dou'-
leur. Quoique Basile aimât son fils, il croyait voir en
lui des inclinations qui ne promettaient pas un règne
heureux.
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(An 88d.) LIVRE l^XXI. BASILE. 3^5
L'empereur ne survécut pas long^temps à la ré- aw sss.
conciliation avec son fils. Au mois de février suivant , i^xi. .
comme il était à la chasse, un cerf très-grand et très- BaaU«.
forts'élançant sur lui, l'enleva par laceinture de des- So!'^;J^?;
sus son cheval. Il allait périr, si un de ses veneurs ^^y*^^v^^9'J^
n'eût coupé la ceinture d'un coup de sabre. Cet ac- Jo*J; p- 179-
cid^nt. lui avait tellement troublé l'esprit, qu'il fit Porp.p.
sur*le-champ trancher la tête à celui qui venait de Sjm.^.\6t.
lui sauver la vie, pour avoir, disait-il , tiré l'épée sur 548,'^549^'
son prince. Une secousse si violente lui dérangea les ^°|J; ^'
entrailles; il fut saisi d'une fièvre ardiente qui le oon- ^Çi"°-^Jj*
duisit au tombeau en peu de jours. On dit qu'étant p- ^^4*
près de mourir, agité par les remords du crime par
lequel il s'était élevé à l'empire, il s'imagina voir
l'empereur Michel couvert de sang, qui . lui disait
d'une voix terrible , en lui montrant ses blessures :
Que t'ai'je/aii, Basile, pour me massacrer.si cruel-
lement? Il mourut le i*'' mars 886, après avoid
régné quatorze mois avec Michel, et seul, dix-huit
ans cinq mois et sept jours. II fit approcher de son
lit son fils Léon, etStylien, gouverneur de ses enfants,
et il expira, en leur disant : Défiez^vous de Photius,
et de sa créature Santdbaren; ils m* ont entraîné
dans le précipice par leurs impostures.
Ce fut un malheur pour ce prince d'être né dans -, '•^'•.
r r Conclusion
ces temps d'atrocité et de barbarie. Ses grandes qua- ^u règne de
Htés, propres à faire un héros, furent altérées par la cedr.p.587,
rouille de son siècle. On peut cependant conjecturer ^*^f*^'
que, s'il eût eu des successeurs semblables à lui, Zon. t. a.p.
l'empire eût réparé ses pertes. 11 n'eut que la gloire »o6.
d'en avoir retardé la chute. Aussi laborieux que vigi- cônst.
lant, il fut toujours à la tête du gouvernement ou de i^Tt ^*q.
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3a6 HISTOIRE DU BAS«*EHPIK£. (An 886.)
Genêt. p. 61. ses armées. Il aimait la vërité, et, n'espérant guère
homtio' âd la trouver dans la bouche de ses courtisans, il la
^^^ cherchait dans Thistoire» Il prenait conseil des exem*
ple& qu'elle lui présentait. A ses yeux, la plus haute
Tertu tenait lieu de la plus éminente dignité; il Vaàr
mettait dans sa Êimilîarité , il oubliait même la ma^
jette impériale pour aller visiter ceux qui portaient
06 noble caractère. Plein de tendresse pour ses sujets,
il apportait la plus grande précaution à ne leur don-
ner que des gouverneurs et des magistrats qui fussent
les défenseurs de ceux dont il était le père. Un jour
de Pâque , comme il st^sistait à Toffice dans l'église
des Sain tsi- Apôtres, il remarqua que les principauxha-
bitants, au lieu de porter des habits de fête, portaient
dans leur extérieur et dans leur con tenance les mar-
ques d'une profonde tristesse. Il en fut étonné, et
comme il leur en demandait la cause : Hélasl seigneur^
lui répondit un d'entre eux; la joie et les riches vé'
tements conviennent à votre majesté et à votre cour;
il n'est point pour vous de calamité : mais ces or*
nements ne sont pas faits pour des misérables^
qui sont à la veille dépérir. Fous ignorez apparem-
ment que le prix du blé est augmenté du double^
et que votre peuple meurt de faim. Ces paroles per-
cèrent le cœur du prince; il les consola en versant des
larmes et leur promit un prompt secours. Dès qu'il fut
de retour au palais , il manda ses ministres , et leur
fit les plus vifs reproches de ne l'avoir pas averti de
la cherté des vivres. Aussitôt 11 fit ouvrir tousses
greniers, et vendre son blé douze fois au-dessous ^
prix ordinaire. La moisson suivante fut plus abon-
dante que jamais, comme si la Providence eût voulu
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(Att 8M.) LIVRS LXXl. BASILE. Ssy
récomp^isar sa générosité paternelle. Libérai sans
prodigalité, il était persuadé que le prinoe, dans ses
profusions, verse le sang de ses peuples. C'était une
de ses maximes, et il la recommandait à son fils, que
les trésors acquis par des exactions se dissipent promp*-
tement, et qu'ils entraînent même avec eux les riches*
ses légitimes : C'est ^ disait-il , une paille que le feu
consume en un moment ^ei cToù il se communique à
t édifice. Ennemi du luxe, il ne donnait à la splendeur
du trône que ce qu'il n'en pouvait retrancher sans
l'avilir; il croyait que la majesté souveraine tire bien
bien plus d'éclat du caractère du prince , que du faste
qui l'environne, comme un excellent tableau est bien
plus admirable par la perfection de l'art que par la
richesse de la bordure. Son économie lui ménagea
des fonds pour exécuter de grands ouvrages. Il bâtit
ou répara plus de cent églises, hôpitaux, monastères,
citernes publiques, tant dans Constantinople qu'aux
environs. On peut dire que cette ville, dont les plus
beaux édifices commençaient à dépérir, prit, pendant
les dix -huit années de son règne, une face nouvelle.
Il mettait le grand Constantin au nombre des saints,
et fit consacrer, sous son nom , un oratoire dans son
palais. Pour expier le meurtre de son prédécesseur,
qu'il se reprocha touC^ sa vie , et qu'il pleurait «icore
à l'article de la mort , il fit dédier un grand nombre
d'églises sous l'invocation de Saint- Michel. Il en fit
aussi construire plusieurs sous le nom du prophète
Élie, et Zonaras donne une raison ridicule de cette
dévotion ; U espérait , dit-il , que ce prophète l'enlè-
verait un jour au ciel, comme il y avait été enlevé
lui^-même. Il ne serait pas incroyable qi^'un prince,
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3a8 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. {An m.)
irès-sagé d'ailleurs , eût été frappé d'une imagination
même extravagante. Il voulut perpétuer la mémoire
de son premier état dans un salon magnifique qu'il
fit ajouter à son palais; il y avait fait peindre sur la
voûte ses combats et ses victoires; mais en même
temps, comme pour remède à la vanité , ou peut-être
par un effet de vanité plus raffinée , il s'était fait re-
présenter avec sa femme et ses enfants, qui, levant
les mains au ciel, remerciaient Dieu d'avoir retiré leur
père de la pauvreté, comme David, pour le placer sur
le trône. Cette action de grâces était écrite en lettres
d'or d'un très - gros caractère. Basile , élevé dans la
misère et la servitude , n'avait d'abord aucune con-
naissance des lettres, et, ce qui est l'effet de l'igno-
rance, il les méprisait. Plus éclairé dans la suite , ii
en reconnut l'utilité, et il y fît instruire non seule-
ment ses fils , mais même ses filles. Il s'exerçait lui-
même à écrire, et nous avons de lui un petit ouvrage
intitulé : u^m de Fempereur Basile à Léon son
cher fils et son collègue. Il consiste en soixante -six
articles fort courts, mais fort substantiels, dont cha-
cun commence par une des lettres du titre. Il feut
attribuer à son siècle le mauvais goût de ces acrosti-
ches. D'ailleurs cet ouvrage , égal à celui d'Épictete
par la pureté du style, mais autant supérieur par la
solidité et par l'élévation des pensées, que la mome
chrétienne est au - dessus de celle de Platon , mérite-
rait d'être le manuel des princes. Je n'ai pu p'^^^**
dans les annales de ce règne le recouvrement de u'^
de Cypre, dont aucun historien ne fait mention.
Constantin Porphyrogenète est le seul auteur qui
rapporte que sous l'empire de Basile , cette île W'
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'(An 886.) LIVRE LXXI. BASILE. SlQ
meuse fut reprise sur les Sarrasins par le général
Alexis , arménien célèbre , dit-il , par sa valeur j et que
ce guerrier la gouverna pendant sept ans , après les-
quels elle retomba sous la domination des Sarrasins ,
qui en étaient maîtres de sou temps.
Flir DU LIVRE SOIXAlfTE-ONZlÈME.
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33o HISTOIRE DU BAS^KBfPIRK. (laStt)
%<^^%»^/^^^/^%/^^^^^^%<^^/m/l^%/%<^»%/^%»^»<^^^^^»»<%^K%«^/m»»<i%/%i»^K%»%i^^^<%^»*^^^%lV%^'»%l%'%%<*^
LIVRE LXXII.
I. Commencements de Léon. ii. Seconde déposition de Photios.
m. Punition de Santabaren. iv. Etienne succède àPhodns.
V. Translation du corps de Michel à Constantinople. vi. In-
cursions des Sarrasins, vn. Affaires d'Italie, viii. Bari perdu
et repris par les Grecs, ix. Flotte des Grecs battue par 1©
Sarrasins, x. Zoé conc ubine de Léon. xi. Guerre des Bulga-
res, xii. Commencements des Hongrois, xiii. Mœurs des Hon-
grois, xiv. Leur manière de faire la guerre, xv. Léon se sert
des Hongrois contre les Bulgares, xvi. Générosité de Nice-
phore Phocas. xvii. État des Grecs en Italie, xviii. Les Grecs
défaits par les Bulgares, xix. Conjuration découverte par
Zoé. XX. Mort de Théophano. xxi. Léon épouse Zoé.»tti.
Mort du patriarche Etienne, xxiii. Collection des Basilique.
XXIV. Disgrâce et mort de Stylien. xxv. Nouvelle conjoia-
tion. XXVI. Fortune de Samonas. xxvii. Nicolas-le-Mystiqo«
patriarche, xxviu. Troisième mariage de Léon, xxix- No»»-
velle passion de Léon. xxx. Léon blessé par un assassin.
XXXI. Courses des Sarrasins, xxxii. Expédition des Sarrasins.
xxxiii. Préparatifs des Thessaloniciens. xxxiv. État déplo-
rable des Thessaloniciens. xxxv. Arrivée de là flotte sarit-
sine. XXXVI. Suite de l'attaque, xxxvii. Prise de la vi
xxxviii. Les bâtiments de la ville rachetés à prix d'arge»
XXXIX. Départ des Sarrasins, xl. Histoire d'Eustethe Argyi**
XLi. Fuite et retour de Samonas. xlii. Naissance de Cons
tin. xLiii. Troubles au sujet des quatrièmes noces de i^ '
XLiv. Opposition du patriarche, xlv. Euthymius ^^
place de Nicolas, xlvi. Violent orage, xlvii. Fuite °^ .
nie chez les Sarrasins, xlviii. Retour de Constantin,
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(lusse.) LivHK Lxxn. vàoK vî. 33 1
d'Andronic^XLix. Les Sarrasins chassés du Garillan. l. État
des frontières du côté de Torient. li. Le père de Samonas
à Constantinople. lu. Disgrâce de Samonas. lui. Occasion
de la fondation du monastère des Nosies. liv. Flotte grec-
que battue par les Sarrasins, ly. Mort de Léon.
LEON VI , dit LE SiGE ou le Philosophe.
jLjiov et son frère Alexandre âTâitnt été , dès leur aw 886.
en&nce , associés au titre d'empereur. La mort de leur ^ <•
^ . *^ Commence-
pere les mit en possession de l'empire. Mais Alexan- ments a©
dre ne prit de la puissance souveraine que la liberté j^^^^ ^^
de se livrer impunément à tous les plaisirs, et Thon- JJ^aies!
neur muet et stérile de voir son nom à côté de celui pu<»ng«»
lam. Byz.
de son frère à la tête des lois, sur les inscriptions p. i4o> ui.
publiques , et sur les monnaies. Léon régna seul , et la
flatterie, toujours prête à prodiguer des éloges aux
princes sur les plus légères apparences de vertu, l'ho*
nora des titres de sage et de philosophe y qu'il ne mé-
rita guère que par un goût médiocre pour l'étude
des lettres et d'une philosophie grossière, mais admi-
rée de ce siècle ignorant.
Dès qu'il se vit sur le trône , il n'eut rien de plus seconde
pressé qi» de se venger de la perfidie de Santabarcn. de^^PhotT^s.
Mais^pour y réussir plus facilement , il fallait lui en- Cedr.p.5q3^
lever l'appui de Photius, son protecteur déclaré. Le©, p. 475-
capable de le mettre k couvert, s'il se soutenait lui- 175, 1*76?'
même. L'empereur était d'autant plus irrité contre le ^to^noat.*^p°*
patriarche, qu'il entendait dire que ces deux fourbes *'^a "**^
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33a HISTOIRE DU BAS-EMPIRC. (Aa SU)
Srm.p.i6x, avaient de concert travaillé à le perdre , pour mettre
Ge^rg.' p. sur le trône un parent de Photius. Le général André
Giyc!p^a98. ^^^^^ partagé la disgrâce du prince; il s'offrit à ser-
îSiriîdKS! ^'^^ ^^ ressentiment. Jean Hagiopolite, intendant des
^^i^\^3 postes de l'empire, se joignit à lui , et ils allèrent en-
art. 5x, 5a, semble à la grande église. Là , en présence du peuple
i4, lé. ' qui était accouru en foule, ils montèrent dans la tri-
Chris.t.1, bune, firent la lecture d'un écrit contenant tous les
P- **9- crimes de Photius , le déclarèrent déchu d'une dignité
qu'il n'avait jamais légitimement possédée, et le firent
conduire dans un monastère de Constantinoplc. En
même temps, il assemblèrent les évêques et le clergé,
et firent nommer à sa place Etienne , frère de l'empe-
reur.
lit. Photius étant écarté , on alla chercher Santabarm,
Panition do -i* «ii «i
SantdMiren. qui, ocpuis sa retraite de la cour , se tenait dans so&
diocèse d'Euchaïtes. Il fut amené à Constantinople et
renfermé dans une prison , sans aucune communica-
tion avec Photius. Cinq patrtces, dont André était le
président, nommés pour juger l'un et l'autre, firent
amener devant eux Photius ; ils le placèrent par hon-
neur au milieu d'eux. Alors, André lui adressant b
parole : Connaissez^vous , lui dit-il , le moine Théo-
dore ? Ten connais plusieurs de ce /2£7/i2, répondit
Photius; duquel voulez-vous parler? C'esU dit An-
dré, de celui qui a le surnom de Santabaren. Oui,
dit Photius, y<g connais rarchevêque d'£!uchaiees. En
ce moment , on amène Santabaren : oii sont, lui dit
André, les trésors du défunt empereur? Ils sont, ré-
pondit-il, entre les mains de ceux auxquels il les a
confiés : cestà son successeur à les chercher; il en
est le maître. Il parait qu'on soupçonnait Santabaren
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(An 886.) LIVRE LXXII. LÉON VI: 333
d'avoir détourné une partie des trésors du prince, ou
quou voulait l'en rendre suspect. Meus , continua
André , quel est celui que vous vouliez faire empe^
reur, lorsque vous conseillâtes à Basile de faire cre-
ver les jreux à son fils qui règne aujourd'hui?
Était-ce un de vos parents, ou un parent du pa-
triarche ? Sdintshdiven prostestant avec sernkent, qu'il
n'avait nulle connaissance du crime qu'on lui impu-»
tait, Pourquoi donc^ fourbe insigne , lui dit un des
juges, as'tu toi-même révélé ce complot. çlP empe-
reur, lui promettant den conuaincre le patriarche?
A ces mots, Santabaren se jetant aux genoux, de Pho-
tius, et les serrant entre ses \xt2i%\ Seigneur, lui dit«*il,
je 9)ous conjure au nom de Dieu de me dépouiller
du^ sacré caractère dont vous m*évez honoré^ afin
qv!on me punisse si l'on veut me tromper coupable.
Je ne le suis point; il est faux que j'aie rien dé-
claré à l'empereur. Le patriarche le relevant : Par
le salut de mon ame, lui dit-il , seigneur Théodore ^
je ne vous ôterai point votre dignité. Fous vi^^rez et
^nourrez archevêque. André protestait que Santaba-
ren lui avait fait la même confidence , et comme l'ac*
cusé se tenait ferme sur la négative, les juges, déses-
pérant de le convaincre , allèrent faire leur rapport à
l'empereur. Ce prince , plein de dépit de ne pouvoir
rendre Photius aussi coupable qu'il le désirait, fit
fauetter Santabaren, et le relégua d'abord à Athènes.
On lui creva les yeux dans cette ville, et, peu de temps
après , il fut transporté en. Orient aux extrémités de
l'empire. Quelque punition qu'eussent méritée ces
deux méchants prélats, une procédure si informe ne
fit .pas honneur à Léon. L'irrégularité du jugmpeqt
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334 HiSTQlRB DU BA»-EMP1AS. (Ao 886.)
tourne toujoars à la décharge de ceux cjai sont con-
damna. Ija. passion du prince justifia Santabaren aux
yeux du peuple; on le plaignit, et il paraît même que
Léon se repentit de sa rigueur. Quelques anniées
apràs, il le rappela, et lui assigna sa subsistance sur
les reTenus d'une église de Con^tantinopte. Santaba-
ren ne «nourut que sous te. règne de Constantin.
Photiiis vécut encore cinq ans dans le monastère où
il était enfermé. li a^ait été aaathématisé par neuf
papes depuis Lécm lY jusqu'à Formose. Telle fat la
fin de ce schisme qui durait depuis trente ans.
IV. Etienne, successeur de Photius, avait reçu ses ins-
svcc^^k tructions, qui valaient mieux que ses exemples, et il
Photius. ^jj g^giî^ profité. Ce jeune prince, consacré à Dieu
dès son enfance, était un modèle de vertu. Il fut sjn-
celle de Photius, et, dans son élection , il n'y eut de
répréhensible que son âge. Il n'avait que seize ans,
et Ton remarque que l'église grecque avait toujours
été mcMus exacte à l'observation des canons sur cet
article. Comme il avait été fait diacre par Photius,
et que le huitième concile déclarait nulles toutes les
ordinations de ce prétendu patriarche, l'empereur
engagea les évêques et les abbés qui étaient à Con-
stantinople, à se joindre à lui pour demander au
pape Ëtienne^spense et absolution en faveur de
ceux que Photius avait ordonnés. Ils ne reçurent i^
pause que du pape Formose , successeur d^ienne,
qui n'accorda aux ecclésiastiques ordonnés par Pho-
tius que la communion laïque. Cependant Etienne
demeura patriarche; comme le siège d'Hé/aclée était
alors vacant, il fttt sacré par l'ai^chevêque de Césarée,
l{ui avait, le titre de prototrone de Constantinople. Il
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(An 8t6.) IiIVRÏ EXXII. X.1ÊON VI. 3!!J5
ne vëcot que six ans et demi dans le patriarcat, dont
il remplit les fonctions avec autant de sagesse que de
dignité. Il moumt en réputation de sainteté Tan 893.
Basile, au lit de la mort, avait téntoigné un regret ^•
amer de Tâssa^sinat de son prédécesseur. Léon fit ce d» corps de
qui était en lui pour réparer l'horreur de ce forfait par Cobstanti-
les honneurs de la sépulture. Il envoya chercher à çei^LsoS.
Gfarysôpolis le^ot-ps de Michel. On le mit dans un ^^'P- ^^s.
cercueil de cyprès, que l'on couvrit de tous les orne^ ^76-
ments impériaux ; il fut transporte avec la pompe la t«»»at. p.
plus solennelle à Téglise des Saints-*Apôtres, où il fut Sym.p^ei.
déposé dans un tombeau de marbre. Alexandre et ^54^'.^'
Etienne, frères de l'empereur, mentaient le deuil. Tout
le sénat et le clergé suivaient «n chantant les prières
de l'église.
Depuis la défeite d'AbdalIa en iR8a, l'histoire ne yt. .
parle d'aucune incursion des Sarrasins dans l'Asie- ■*^"®"'
Mineure. Mais cette année , on les voit sous la con^ s«rra»nf.
duit« d'Apolpher, un de leurs émirs, recommencer Léo]' p. i'jS.
leurs ravages. Ils s'emparèrent, par trahison, de la tin*îîi*t.*'p?"
ville d'Hypsèle dans la Charsiane, qui faisait partie de sym^p^Vsi.
la Ga'ppadoce, et réduisirent tous les habita nts en escla- ^^f^' ^'
vage. Nicéphore Phocas, qui s'était déjà distingué par ^*^° ***'*•
sa conduite et par sa valeur contre les Sarrasins d'Italie, 8», 83.
marcha contre ceux d'Asie. Plus faible que les enne-
mis, mais prudent, et instruit de la situation dès
lieux, il évitait leur rencontre; et, tandis qu'ils dést>-
]aient la Cappadoce, il leur rendait la pareille en CS-
Jicie, ravageant tout jusqu'aux portes de Tarse. It y
eut, cette année, un grand incendie à Constantinople;
régiise de Saint-Thomas fut brûlée, l'empereur la 'fit
ensuite rebâtir avec magnificence.
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336 HISTOIRE DU BASrEMPIRE. {knî^)
Air 887. La retraite de Nicéphore avait rendu le cœur aux
Affabes Sarrasins en Italie. Le détroit de Messine était cou-
d'itaUe. vert de leurs vaisseaux, et la Calabre était redevenuc
Lefj^P^ 476^ '^ théâtre de leurs ravages. Les princes du pays, qui
Gi «u* Auraient dû se réunir pour exterminer ces Barbares ,
398. étaient divisés par leurs jalousies mutuelles: et, plus
Incert. con- .11 1 • •!
tmuat. p. ennemis 1^ uns des autres que des Sarrasins , ils se
Syii^p. 46a. servaient d'eux pour s'entre- détruire. Les Grecs,
55^*. ^' maîtres alors de Bari et de presque toute TApulie,
mst^Lâi^. entraient dans toutes ces querelles : emportés par l'in-
1^'i^A^' térêt du moment, ils secouraient tantôt les uns, tau-
67,77,80, ^ » ' ^
, *'• tôt les autres. On les voit unis avec Athanase, evêque
Incert. aat ^
uut. Lang. et duc de Naples, contre Guy duc de Spolète, coatre
apudMurat. . . ^ , ^/ / , . . .. f
t. a, p. 379. Aion duc de Benevent; on les voit aussi ligues avec
De^vfu an^ Guaimar, prince de Salerne, contre Athanase; quel-
t^a, p^alTs, ^"^f''^** même, joints dans les mêmes armées avec
927, a*8. jgg Sarrasins auxiliaires. Le prince de Salerne, trop
iiiist ditai. faible pour résister au turbulent Athanase et aux
eîô, 'Sarrasins, fit le voyage de Constantinople, pour y
solliciter du secours. Il prêta foi et hommage à Tem-
pereur qui , l'ayant décoré du titre de patrice, ne
tarda pas à le renvoyer avec quelque argent et beau*
coup de promesses. Mais, pendant qu'il recevait à
Constantinople des honneurs distingués, les Grecs
d'Italie, joints aux habitants de Naples et de Capoue,
que conduisait Athanase, ravageaient son pays et
prenaient ses places; tant était grande la confusion
qui régnait dans ces contrées. Théophylacte avait suc-
cédé à Grégoire dans le gouvernement de TApulie.
Étant sorti de Bari pendant l'hiver pour aller atta-
qujer les Sarrasins , maîtres de Téano, il échoua da^^
son entreprise. Mais , pour se dédommager de ce
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{kn 887.) LIVRE LXXIf. LÉON VI. 33 7
mauvais succès, il s'empara sur sa route de plusieurs
places qui appartenaient au duc de Bénévent, alors
ami des Grecs. Ces invasions causèrent une rupture
ouverte.
Aïon, duc de Bénévent, résolut de se venger. Il fit ^"••^•
révolter les habitants de Bari qui, ayant égorgé Théo- Ban perdu
pbylacte et la garnison , lui envoyèrent les clefs de "leTowa!'
leur ville. A cette nouvelle , Léon , craignant de per-
dre dès le commencement de son règne tout ce qui
lui restait en Italie^ fit partir le patrice Constantin
avec une flotte chargée de soldats et de munitions.
Arrivé en peu de jours sur les côtes d'Apulie , Con-
stantin assiège Bari. Aïon, à la tête de toutes ses
troupes et d'un grand corps de Sarrasins , vole au
secours de la place; on livre bataille: Constantin, en-
tièrement défait, se sauve à peine, et tout paraît déses-
péré. Toutefois , ayant rallié les fuyards , et reçu un
renfort de trois mille cavaliers, il retourne sur les Bé-
néventins qui ne songeaient qu'à jouir de leur victoire,
et les taille en pièces à son tour. Aïon, qui venait de
faire lever le siège de Bari, est assiégé lui-même dans
cette ville. Il s'y défendit pendant plus d'un an. En-
fin, abandonné par Atenulf, comte de Capoue, son allié,
qui traita séparément avec Constantin, après avoir
vainement imploré le secours des Français, du duc
de Spolète , des Sarrasins même , il fut réduit à ca-
pituler; et tout ce qu'il put obtenir, fut la liberté de
retourner à Bénévent, avec ce qui lui restait de ses
troupes.
La joie de ce succès fut bientôt troublée. La flotte ^^
grecque, après avoir repris Bari, avait formé une en- ^^X!!^9
treprise sur la Sicile. Au mois d'octobre , elle s'était g^'?*
Tome JIIL ^^
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338 HIST(»1IX DU BAS^EMPIRS. (An gg|.]
rendue dans le port de Rhège, lorsqu'une flotte de
Sarrasins vint lui fermer le passage entre Rhège et
Messine. Les Grecs s'avancèrent, mais leurs vaiâseaax
furent tous oupris ou coulés à fond. Ce malheur causa
tant d'alarme, que tous les Grecs, habitants des Villes
voisines de la côte, les abandonnèrent et s'enfuirent
dans l'intérieur du pays, avec leurs femmes et leurs en-
fants. Un auteur contemporain attribue ce désastre a
la vengeance divine, armée contre les Grecs. Plus bar-
bares, dit-il, que les Sarrasins, n'ayant de chrétien que
le nom, d'humain même que la figure, ils se rendaient
odieux par leurs brigandages. Ils achetaient des Sar-
rasins les prisonniers chrétiens pour en faire leun
propres esclaves, ou pour les aller vendre en Afrique.
Les Sarrasins d'Asie descendirent dans l'île de Samos,
et firent prisonnier Constantin Paspalas, qui en était
gouverneur. On rapporte qu'il y eut cette année de
violents orages, et, que sept personnes furent tuces
d'un même coup de tohnerre à Constantinople, (hos
la place de Constantin,
z- Ce qui affligea sans doute davantag^e les gens
Zoé conçu- * .111 , . ,1 H
bine de d honncur , jaloux de la réputation de leur maure,
Ccdr.p 5û3, P^'^c^ qu'ils lui sont plus véritablement attachés q«
595. la plupart de ses courtisans , c'est que Léon ne tarda
477- pas à découvrir aux yeux de tout l'empire son pen-
176. ' chant à la débauche. Aussitôt après la mort de son pèi^
^ p°63r^ il manifesta sa passion pour Zoé, la plus belle, mais h
Î^Mt/pT plus méchante femme de la cour. Mariée d'abord au
Sym^V^ei. patrice Théodore Guniazize, elle s'en était défaite p»
54**'^^55i ^ poison, afin de ne laisser aucun obstacle à rinclifla'
tion que l'empereur témoignait pour elle. Dèsqo"
fut empereur, il la prit publiquement pour ccxicubio^l
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(An 880.) UVRE LXXir. LjJoiT VI. SSg
et Thëophano, sa légitime épouse, princesse sage et
vertueuse, supporta ce honteux commerce avec pa-
tience, sans donner jamais le plus léger soupçon de
jalousie. Stylien , père de Zoé, qui s'était prêté en
homme de cour à la passion du prince, fat ample-
ment récompensé de sa complaisance. Il n'était d'abord
qu'huissier du palais , ce que les Grecs d'alors nom-
maient zaoutzas. C'était un oflice qui avait, depuis
peu, passé de la cour des Turcs dans celle de Constan-
tinople, et c'est le même qui est encore désigné chez
cette nation par le nom de chiaous. Car il est à re-
marquer que, dans la décadence de l'empire, ofi
voyait souvent naître des titres inusités, comme si les
faibles princes qui restaient alors , avaient prétendu
réparer leurs pertes réelles par des noms frivoles d^of-
fices nouveaux. Stylien fut élevé à la dignité de maî-
tre du palais, qui le mettait déjà au-dessus des patri-
ces. Ensuite il fut nommé grand-trésorier; et cette
place ne paraissant pas encore assez éminente , Léoti
inventa pour Stylien un titre monstrueusement pom-
peux, celui de basiléopator ^ c'est-à-dire, père de
l'empereur. Ce qui était plus ridicule encore, et qui
caractérise une stupide bizarret'ie, c'est que ce Stylien
qui savait si bien metti'e à profit les crimes de sa fille,
croyait être dévot: il s'occupait de fondations pieuses,
il fit bâtir à Constantinople un monastère auquel il
donna son nom.
Stylien, favori de l'empereur, avait lui-même des fa- ^ gg^^
voris, qui avaient eux-mêmes leurs créatures. Dans coeJ^'êdcs
cette longue suites de protégés qui tiennent les uns ®"'g«res.
aux autres, le dernier anneau entraîne souvent toute Léo,/. 4^.'
la chaîne, ébranle le trône, et met en péril tout un ^V?^'^'
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34o HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An gg^ ,)
iBcwt. oen- empire. Un esclave nommé Mousic gouvernait Sly-
.*^Mo/' l*«n, comme Stylien gouvernait Léon; cet esclave
^^%sl' protégeait deux marchands grecs, qui avaient soin de
Docange, l'intéresser dans leurs monopoles. Ils obtinrent, par
p.3ii. ' le moyen de Mousic, un privilège exclusif pour le
commerce avec les Bulgares; et ce commerce, établi
depuis long-temps à Constantinople , fut, pour leur
plus grande commodité, transféré à Thessalonique.
Loin des yeux du prince , appuyés de toute l'autorité
du ministre , ils firent ce qu'ils voulurent, et traitè-
rent si mal les marchands bulgares, que le roi Syméon
s'en plaignit à l'empereur. Le crédit de Stylien , ren-
dant ses plaintes inutiles, il résolut de se faire raison
par les armes. C'était un prince vaillant, qui avait
reçu les leçons de l'adversité. Son père Baldimir,
l'ayant laissé en bas âge, et Bogoris s'étant empare
de la couronne, le jeune Syméon, réfugié à.Constan-
tinople, s'était instruit dans les lettres grecques, et
s'y était rendu très-habile, trouvant dans l'étude la
plus douce consolation de ses infortunes. Pour y va-
quer plus libi;ement, il se retira dans jun monastère.
Après la mort de Bogoris et de ses deux successeurs,
dont le règne fut court , il profita des conjonctures
qui se trouvèrent favorables. Les vœux de la nation
l'appelaient au trône : il quitta l'habit de moine, pour
prendre la pourpre, et rentra en possession du do-
maine de ses pères. Indigné du mépris que l'empe-
reur semblait faire des Bulgares, qui, depuis soixante-
quatorze ans, n'avaient rien entrepris contre l'empiï*»
il se mit en campagne à la tête d'une belle an»*-
Léon, de son côté, fait marcher ses troupes sous la
conduite de Procope, surnommé Crinitès ; il lui donne ,
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(An 889) LIVRE LXXII. LEOW VI. 34 ^
pour lieutenant-général l'arménien Curtice, renommé
pour sa valeur. Grand nombre de seigneursr et d'offi-
ciers de la cour veulent être de cette expédition. La
bataille se livre en Macédoine, les Grecs sont taillés en
pièces; Procope etCurtice y perdent la vie , Syméon
fait couper le nez aux prisonniers, et les renvoie à
Constantinople.
A la vue de ces misérables, Léon , vivement piqué zii.
d'un si cruel affront, fait partir le patrice Nicétas mra^^des"
Sclerus. avec ordre d'aller au-delà du Danube sollici- ^^^"^^"1
. . , ^ Cedr.p.596.
ter les Hons[rois, nouvellement arrivés en ce pays, à Léo. Tact.
1/1 X . 1 1 « 1 . J,/ ' c.i8,art.46
passer le neuve et a se jeter dans la Bulgarie. C était etseqq.
sans doute une conduite imprudente; et l'exemple de Porph. de
tant d'autres Barbares , qui avaient chèrement fait ^^V^^'s?*
payer à l'empire lessecours qu'ils lui avaient prêtés ^"'p^' ^î|*
quelquefois , devait avertir Léon de ce qu'il avait à j^/î^^' ^^
craindre d'une alliance si formidable. Cette nation est Annal. Met.
encore aujourdhui assez célèbre pour mériter quon DeOnignea,
en recherche l'origine. Mais il est difficile d'en suî- Huns,t.a,
vre la trace; et les auteurs qui en ont parlé ne s'ac- ^'sniv.**
cordent pas. Je suivrai l'opinion qui me parait la plus Mém.*°I^^d!
vraisemblable. Le nom de Hongrois , que nous leur *• ^J^'^Jj^**^
donnerons pour nous conformer à. l'usage, ^^^^^^^ y^^^'Jf i
qu'une dénomination générale, qui marquait leur des- t. a, p. 656*
cendance des Huns. Ce sont les mêmes que l'on
trouve désignés dans l'histoire des siècles précédents
par le nom d'Hunnogures. Ils sont souvent appelés
Turcs par les #iteurs grecs, nom que les Orientaux
donnaient à tous les peuples nomades. Leur nom pro-
pre était celui de Magiars; c'est ainsi qu'ils se nom-
maient eux-mêmes. Vénus autrefois avecles autres Hùns
des extrémités de l'Orient, il s'établirent vers les souf-
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34a HIS'^OIRE DU BAS-EMPIRE. (An «89.)
ces du Jaïck, soit qu'ils fussent demeurés en ce pays-
là, lorsque leurs compatriotes passèrent le Yolga; sok
qu'ils y fussent retournes après la mort d'Attila^ dans
cette horrible confusion qui détacha et détruisît tou-
tes les parties de son vaste empire. Chassés ensuite
par les Patzinaces, leurs voisins, les uns reculèrent
vers rOrient, ou pénétrèrent dans les contrées méri-
dionales vers Derbend et la Circassie ; les autres s'a-
vançant vers l'Occident , s'arrêtèrent quelque temps
vers les sources du Tanaïs; mais, toujours poursuivis
par les Patzinaces , ils passèrent le Borysthène^ t^ave^
sèrent la Moldavie, où ils s'établirent ensuite, et en-
trèrent dans le pays d'Erdel; c'était, selon une conjec-
ture très-vraisemblable,ceque nous nommons la Traa-
sylvanie. Elle faisait partie de la grande Moravie, qui
comprenait alors toute la Hongrie d'aujourd'hui, a
laquelle les Hougrois donnèrent leur nom, après l'avoir
conquise. Selon Liutprand, ce fut Arnoul, roi de Ge^
manie, qui appela les Hongrois à son secours contre
Zuentiboid, vassal révolté. Ces diverses émigrations ont
fait donner à ces hordes de Huns le nom deTurcs, d'Aba*
res, de Pannoniens, parce qu'ils ont occupé sur le Da-
nube le même pays qu'avaient possédé les Abares.
Lorsqu'ils arrivèrent en ce pays, ils étaient au noœ-
MoBurs des brc de dcux cent seize mille hommes, divisés en cent
Hongrois. -,-
huit tribus, chacune de deux mille hommes, sans
compter les femmes et les ^fants. Au rapport a«8
historiens, nulle nation ne fut jamais fftus féroce. Sans
foi, sans religion, parfaitement semblables aux Huns 9
leurs ancêtres, ils n'avaient d'autres demeures que
leurs chariots , errant sans cesse et ne vivant 4^^ «
de leur chasse, de leur pêche, ou de miel, de cw^
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(ÀMêS^) LIVRE LXXII. LÉON VI. 343
crue, et du lait de leurs troupeaux. Ils n'étaient vêtus
que de peaux de bétes, à demi-^nus, quoique sous un
climat rigoureux. Robustes, infatigables, inhumains,
ils égorgeaient les prisonniers, buvaient leur sang, et
leur mangeaient le cœur, qu'ils regardaient comme un
remède à plusieurs maladies. La tête toujours rasée ,
pour ne point donner prise à leurs ennemis, ils passaient
leur vie à cheval. Ils étaient fiers, séditieux, remuants,
impétueux, mais sombres et taciturnes , plus prompts
à frapper qu'à parler. Les femmes, aussi féroces que
leurs maris, tailladaient elles-mêmes le visage de leurs
enfants dès qu'ils naissaient, avant que de les allaiter,
pour les accoutumer à supporter les blessures. On
ne leur apprenait qu'à manier les chevaux et à tirer
de l'arc ; ils y devenaient fort adroits , et se servaient
rarement de l'épée.
Ils «ne campaient point dans des retranchements ; xit.
mais, jusqu'au jour du combat, ils étaient séparés par nière de
tribus et par familles. Ils distribuaient autour d'eux ^^^ ^
des postes avancés, fort près les uns des autres, de
crainte de surprise. Dans les batailles, ils ne se divi-
saient pas en trois corps comme les Grecs ; ils ne for-
maient qu'une seule masse, séparée par de petits in*
tervalles, avec une réserve. Ils donnaient beaucoup de
profondeur à leurs files, et plaçaient derrière eux les
chevaux qu'ils avaient de reste ; car ils en nourris-
saient un très-grand nombre. Ils les attachaient les
uns aux autres, pour leur servir de barrière. Us ai-
maient à combattre de loin, et savaient employer
toutes les ruses de la guerre, embuscades, fuites si-
mulées, retours imprévus. Opiniâtres dans la pour-
suite, ib ne se contentaient pas du butin; ils s'acfaar^
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344 HISTOIRC DU BÂS-EMPl&E. (Aa 8S9.)
naient à détruire jusqu'au dernier de leurs ennemis.
Ils craignaient rinfanterie,et ne savaient pas combattre
à pied. Pleins d'estime pour leur nation et de mépris
pour toutes les autres, ils ne pardonnaient jamais aux
déserteurs, et leur cruauté naturelle les rendait même
impitoyables pour les Êiutes les plus légères. Cest
ainsi qu'on nous dépeint cette nation , qui fit alors trem-
bler l'Empire , qui s'empara de la grande Moravie et
d'une partie de la Pannonie, et qui fut, pendant un
siècle, le plus terrible fléau de l'Italie septentrionale.
ÂM 890. ^^ peuple, qui ne connaissait encore ni For ni l'ar-
XV. gent, ébloui des présents que lui apportait Nicétas,
Uou M sert • •■ 1 1 • j> •. j
desHoDgrois ct uou moius avide de sang et de carnage, promit daU l
Bulgares! taqucr Ics Bulgares, et donna des otages de sa parole.
Cedr.p. 596, L'empereur, assuré de cette diversion, prépare un
Léo, p. 477. grand armement de terre et de mer ; il donne au pa-
17^/177» ^i*ice Eustathe le commandement de la flotte, et celui
CoJis't. des troupes de terre à Nicéphore Phocas , qu'il avait
adi?i^p/c. fai^ général de ses armées après la mort d'André. Ce-
incert-^con- Pendant, voulant amuser le roi bulgare par une fausse
^r©' M?' négociation, tâmdis que ses troupes marchaient vers la
ô7«n.p.4Sx Bulgarie, il fait prendre les devants à son questeur
ssn, s A. Constantinace , pour proposer un accommodement à
Syméon. Ce prince, étonné qu'on vînt lui parler de
paix , dans le temps même qu'on portait la guerre dans
ses états, et soupçonnant quelque artifice, fait arrêter
et mettre en prison le questeur. Il se met lui-même
en campagne. A peine est-il en marche , qu'il apprend
que les Hongrois ont passé le Danube, et qu'ils rava-
gent son pays. Il retourne sur eux aussitôt. Ils avaient j
déjà repassé le fleuve avec leur butin. Mais, dès quik ,
apprennent l'approche de Syméon, brûlant d'ardeur
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(An 890.) LIVRE LXXtI. LléOIT VI. 345
de le combattre, ils reviennent vers le Danube pour
le traverser de nouveau. Syméon, rangé en bataille ,
les attendait sur l'autre rive.Eustathe, ayant remonté
le fleuve, les prit sur ses vaisseaux. Mais l'abordage de-
venait presque impraticable, par la précaution qu'avait
prise Syméon de fermer, avec de fortes chaînes de fer,
l'unique endroit où ils pouvaient descendre. La har-
diesse d'un seul homme les tira de cet embarras : Mi-
chel Barcalas, premier pilote de la flotte , se jette dans
une barque, suivi seulement de deux matelots; et,
malgré une grêle de traits qui pleuvaient sur lui de
dessus la rive , il va couper la chaîne à grands coups
de hache , et ouvre le passage. Les Hongrois sautent
aussitôt sur le bord , tombent sur les Bulgares avec
fureur, et les taillent en pièces. Syméon, échappé du
carnage, s'enfuit à Dristra ; c'est ainsi qu'on nommait
dès-lors l'ancienne Dorostole. Les Hongrois vainqueurs
envoient demander à l'empereur de l'argent, au lieu
des prisonniers bulgares qu'ils offrent de lui remettre.
Léon y consent et les achète. Syméon, quoique abattu
par cette défaite, ne perd pas courage; mais, afin d'a-
voir le temps de réparer sa perte , il fait à son tour
des propositions de paix, et travaille en diligence à ré-
parer ses forces. X'empereur donne dans le piège: il
envoie pour traiter avec lui Léon Cbérosphacte, et rap-
pelle imprudemment son armée et sa flotte. I>orsque
le député grec arriva , Syméon était déjà en état de
prendre sa revanche. Il fait mettre aux fers le député,
sans vouloir même l'entendre, passe le Danube, et va
chercher les Hongrois dans leur pays. Ceux-ci ne s'at-
tendaient à rien mQins qu'à une pareille irruption : ils
sont battus; leur pays est mis à feu et à sang ; et le roi
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346 HISTOIRE DU hàS-lEMVfBLE. (àm^)
bulgare, glorieux de sa victoire, maode fièremeat à
l'empereur qu'il n'a de paix à espérer quaprès lui
avoir rendu ses sujets prisonniers. L'empereur quiavait
désarmé, intimidé par la défaite des Hongrois, ac-
cepte cette honteuse condition. Il remet les prisonaiers
entre les mains d'un seigneur bulgare , qui ramenait
Chérosphacte à Constautinople. Léon ne gagna dans
cette expédition que l'affront d'avoir payé aux Hon-
grois la rançon des Bulgares, et de les avoir r«idus
à Syméon sans rançon.
Ah 891. Nicéphore Phocas jouissait de toute la faveur dfl
»▼!• prince. Stylien, qui avait augmenté la fortune de ce
Générosité *^ . -^ . 1. 1 i_ Vr.«
de Nice- courtisan, crut pouvoir disposer de son honneur, vou-
PhôTal lant jeter un voile sur le concubinage de sa fille, ^
J^Tar^aS donner aux enfants qui en pourraient naître un père
'a6. ' apparent, il fît à Nicéphore la proposition d'épouser
incert. con- Zoé. Léou saus doutc entrait sourdement dans cette
"aîi* ^' sombre intrigue, et Nicépbore ne devait être mari de
famTuig. Zoé que de nom. Mais, incapable de se prêter à ces
p. 149 jnfames complaisances, il s'y refusa sans balancer; cl
Stylien irrité s'en vengea par la calomnie. Il lui fitoter
tous ses emplois. Cependant les incursions des Sar-
rasins obligèrent bientôt le. prince d'avoir recours a ce
guerrier expérimenté. Nicéphore fut fait gouverneur
de Lydie , et eut ordre de marcher vers la Syrie. 1»
ravagea tout le pays des Sarrasins, et, se voyant enyï-
ronné d'une armée plus forte que la sienne, il &^^^'
lumer dans son camp grand nombre de feux» ^^
campa pendant la nuit, emportant tout son butin,»**
en donner aucun soupçon aux ennemis. Ce g^^^^^
servit encore de barrière à l'Empire du côté de laSyr* ?
pendant quelques années. Il battit plusieurs fois ici
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(An «91.) LIVRE LXXII. LÉOIT TI. 847
Sarrasins. C'est à lui que Léon , dans son ouvrage ée
Tactique, attribue l'invention d'une sorte de chausse*
trappe, propre à mettre un camp en sûreté contre une
troupe de cavalerie, lorsqu'on n'a pas le temps de se
retrancher, ou qu'un terrain trop pierreux ne permet
pas de creuser un fossé. Il mourut avant Léon , em-
portant avec lui l'estime des honnêtes gens de la cour,
et les regrets des peuples. Il laissa trois fils, Bardas et
Léon, dont il sera parlé dans la suite , et Michel, qui
avait embrassé l'état monastique.
L'Italie n'était pas encore perdue pour l'Empire. ,<▼"•
Aîon, prince de Bénévent, étant mort, et ne laissant Grecs en
pour successeur qu'un enfant de sept ans, Symbatice, ^^^^ ^^^
général des troupes grecques en Apulie, vint, le 1 3 juil- ^«niit.
let, mettre le siège devant cette ville; et, malgré la tosp.etibî
résistance des assiégés, qui ne furent pas secourus, il incert aût.
les força de se rendre, et y entra le 18 octobre. La bL*rd. tpSd
prise de la capitale le rendit maître de toute la prin- ^^^^ a'g^.
cipauté. H la gouverna pendant deux ans. La plus ^|^°"^- ^*-
grande partie de l'Italie méridionale étant ainsi re- 7» «• 34- 1.8,
venue sous la domination des Grecs, Léon soumit Mnrat. ann.
les églises de l'Âpulie et de la Calabre au patriarche p. 198 et '
de Constantinople. Les états voisins, tels que les du- De viu an-
ches de Gaête, de Salerne, et celui d'Amalfi, nouvel- ^'^' ^^^^'
lement démembré du duché de Naples, reconnais*
saient encore la souveraineté de l'empereur grec. Mais
ces succès ne furent pas de longue durée: George,
successeur de Symbatice, plus entreprenant encore,
mais moins habile ou moins heureux, échoua devant
Capoue et devant Salerne, dont il voulait s'emparer;
et, au lieu d'acquérir à l'Empire le domaine absolu sur
ces villes, il fit perdre même le domaine honoraire
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348 HISTOIRE DU BAS-EMPIKE. (Aa 891.)
qu'elles avaient jusqu'alors conservé à l'empereur. Son
mauvais gouvernement, qui fut de près de deux ans^
produisit encore un plus grand mal ; il aliéna le cœur
des peuples. Les Grecs traitaient les Bénéventins en
esclaves, pillaient leurs biens, abusaient de leurs fem-
mes et de leurs filles. Demander justice, c'était s ex-
poser à de nouveaux outrages. Le bruit se répandit
même qu'ils avaient dessein de mettre à la chaîne tous
les habitants de la ville, et de les transporter ailleurs.
Des traitements si atroces soulevèrent tout le pays.
Les Bénéventins communiquèrent secrètement à Guai-
mar, prince de Salerne, le désir qu'ils avaient de se-
couer le joug des Grecs; et Guaimar invita Gui, duc
de Spolèt^, à se joindre à lui pour délivrer Bénévent
Théodore, qui venait de succéder à George, sans être
moins cruel, était encore plus dissolu. Se voyant as-
siégé, il exhorta les habitants à se bien défendre. £0
effet ils prirent les armes , et sortirent de la ville avec
les Grecs pour attaquer les assiégeants. Mais, suivant
un accord secret qu'ils avaient fait avec les deux prin-
ces, à peine en furent-ils venus aux mains, qu'ils pri-
rent la fuite, et entraînèrent après eux dans la ville les
soldats de Gui et de Guaimar. Théodore fut pris, et
racheta sa liberté par une rançon de cinq mille sols
d'or, qui font près de quatre-vingt mille livres de notre
monnaie. Gui resta maître de Bénévent, et les habitants
l'élurent pour leur prince. Ainsi les Grecs, que leur
orgueil joint à la corruption de leurs mœurs rendait
insupportables à toute la terre, ne purent conserver
que quatt*e ans une si importante conquête.
Ah 89% Le roi bulgare ne cherchait qu'un prétexte pour re-
commencer la guerre. Il prétendit que l'empereur aval
XTin.
Les Grecs
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J
(AnSga.) LIVRE LXXII. L^ON VI. 349
retenu une partie des prisonniers ^ et, rompant toute défaits par
négociation, il mit sur pied une nombreuse armée. J*^""**]
Léon, déterminé à faire un grand effort pour réduire ^ l'^'^^'
ce prince intraitable, joignit ses troupes d'Asie à celles i77*
d'Europe; il mit à leur tête Léon Catacale, qui avait Porph. de
succédé à Nicéphore , et Théodose, grand-maître de la incert. con-
garde*robe , dont il estimait la prudence et le courage. ^Ma.^*
Les deux armées se rencontrent sur la frontière, et se ceorg'.V
choquent avec fureur. Le combat fut opiniâtre et le Abnifedk,
carnage horrible. Presque toute l'armée grecque y pë- ***•
p-
»p-
Abalfang.
rit avec Théodose, qui fut pleuré de l'empereur. An- Chron.tr.p.
gurinès. Arménien d'une taille gigantesque^ et re-
nommé pour sa force et sa valeur, fut tué à la tête
des gardes qu'il commandait. Son valet nommé Mélias,
homme intrépide et d'un génie au-dessus de sa condi-
tion, s'étant retiré dans l'Arménie-Mineure, releva la
ville de Lycande, alors déserte et ruinée; il en fit une
forteresse , d'où il courait sans cesse sur les Sarrasins.
Elle fut bientôt peuplée d'Arméniens. Le territoire, au-
paravant inculte et sauvage, fut cultivé et devint riche
en troupeaux.L'empereur en iBt une province, qui fut
nommée le Thème de Lycande : elle s'étendait en lon-
gueur entre le mont Amanus et l'Euphrate dans l'an-
cienne Comagène. Léon, pour fortifier son armée, avait
donné des armes aux Musulmans qu'il tenait prison-
niers; ils montrèrent tant de bravoure au milieu même
de cette sanglante défaite , qu'à leur retour ce prince
ingrat et timide, au lieu de les récompenser, les dé-
sarma par crainte, et les dispersa dans les provinces.
Cette triste nouvelle fut suivie de deux autres. Les
Chersonites avaient assassiné Syméon, leur gouver- '
neur , et le Sarrasin Thagagi, étant sorti de Tarse, ra-
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350 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (la 89».)
vageait la Cappadoce, et s'était emparé de plusieurs
places , entre lesquelles était une importante forteresse,
nommée le château de Coron. Léon , hors d'état de
combattre ces ennemis, demanda et obtint, sans doute
à force d'argent , une suspension d'armes et un échange
de prisonniers. Il rendit deux mille cinquante^quatre
Sarrasins , et reçut un pareil nombre de ses sujets.
^ ™- . Léon pouvait bien éviter les dang^ers de la ffuerre;
dëcourerte mais Ic déré£[lement de sa vie et les intrigues de sa
ptr Zoé. r . 1 1 . 1 11. H
Cedr.p. 597, cour faisaient de son palais un champ de bataille.
Leofpf478, Stylien,abusant de son pouvoir, lui donnait de la ja-
ZonV^â, lousie; la défiance mutuelle commençait à diviser le
incerL^con- P''i"ce ct le ministre, et il y a grande apparence qt»
tinuat, p. Stylien eut quelque part à une conjuration qui setra-
Sym. p. 46a. mait alors contre Léon. L'empereur était allé passer
553, 554. quelques jours dans un lieu enchanté à la pointe du
golfe. Stylien était du voyage, et sa fille en faisait 1«
principal amusement. Mais on laissait à G)nstantiuo-
ple l'impératrice passer une partie des jours et des
nuits en prière dans l'église de Blaquernes. Plusieurs
officiers du palais , dont la plupart étaient parents ofl
alliés de Stylien, et avec eux son fils même, formè-
rent le complot d'assassiner l'empereur pendant la nuit
Zoé,cwichée avec le prince, entendant du bruit dans
une cour voisine, se lève aussitôt, et, regardant ptf
une fenêtre , elle aperçoit des mouvements qui '"^
donnent des alarmes. Elle éveille l'empereur, qui > ^^
tant à demi-nu dans une barque, regagne promp»^
ment Constantinople, et rentre au point du jourdao»
son palais. Soit que Zoé n'eût reconnu personne ans
l'obscurité , soit qu'elle ne voulût pas déceler son frère»
on s'en tint au simple soupçon, sans faire aucune
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(An 8g».) LIVRE IXXll. LÉON Vï. 35 1
cherche. L'empereur se contenta de casser le com-
mandant de sa garde de nuit, et de donner son of-
fice à Parde, fils de Nicolas, capitaine des gardes
étrangères. Nicolas était gendre de Stylien , ayant
épousé la sœur de Zoé ; mais , jaloux du crédit de son
beau-père 9 il épiait toutes ses démarches, et en ren-
dait compte à l'empereur, dont il était devenu le con-
fident intime. Stylien, pour le moins aussi fier que le
prince, rompit tout commerce avec lui, et cette brouil-
lerie dura quelques jours : mais Léon Théodotace,
maître du palais, entreprit, en vue de ses propres
intérêts, de les réconcilier, et y réussit.
Sur la fin de cette année mourut l'impératrice Théo- j^"'^^
phano. Elle n'avait ^eu de Léon qu'une fille, qui était Théopbano.
morte en naissant. Cette princesse pieuse, au milieu ^^^5^^^'
d'une cour dissolue, humble au faîte de la grandeur, Léo, p.^479r
ne s'occupa que de prières et d'aumônes. Les Grecs la Zon.t. a,p.
mirent au nombre ^ des saintes, et ils font encore sa Giycas,p.
fête le 16 décembre. Ils lui attribuèrent des miracles Joël, p. 179.
après sa mort. Elle en avait fait un perpétuel pen- tmaat. p.
dant les douze années de son mariage : ce fut de souf- sjm!^^.\es.
frir sans jalousie et sans impatience les infidélités de ^^^^%5l[
son mari et les mépris de Zoé. Aussi Léon, qui l'avait ^!^^^^^l
ai peu ménagée pendant sa vie, respecta-t-il sa mé- p- »*ï-
moire; et, quoique toujours esclave de nouvelles pas-
sions, il fit bâtir sous son nom unp magnifique église,
où son corps fut déposé. Ces pieux hommages étaient
plus faciles à rendre, et sans doute moins agréables à
cette sainte princesse, que de se corriger lui-même.
Peu de jours après la mort de Théopbano, Léon a» 893.
épousa Zoé. Ce mariage avec une femme qui avait , ^^•
* ^ . . -, Léon epoiue
empoisonne son premier mari, fut un nouveau scan- zoé.
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35a HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (A.n 89I)
dale. Il paraît que l'empereur n'osa même s^adresser
au patriarche son frère pour en recevoir la bénédic-
tion nuptiale. Il employa un clerc du palais, nommé
Sicape , que le synode patriarcal eut le courage d'in-
terdire, pour s'être prêté à ce ministère. Zoé, devenue
Auguste, ne jouit pas long-temps du rang qu'elle avait
acheté par tant de crimes : elle mourut au bout de
vingt mois; et , tandis qu'on faisait les préparatifs de
ses funérailles , il y eut quelqu'un assez hardi pour
graver ces mots au-dedans du cercueil, malheureuse
fille de Babylone. Un auteur qui écrivait cinquante
ans après , rapporte un fait qui ne serait pas exempt
d'impiété ni de folie : Ijéon, dit-il, fit construire une
église sous le nom de Sainte-Zoé, qu'on croit avoir
répandu son sang pour la foi dans la persécution de
Dioclétien , et il y transféra la corps de la nouvelle^
Zoé. Était-ce pour abuser de l'équivoque, et Ëiire par-
tager à sa concubine les hommages que l'église rendait
à une sainte martyre?
xxn. L^ patriarche Etienne finit aussi ses jours cette an-
iî!tîurch« ^é® j ™2i^s avec moins de remords. Un auteur contem-
Cedr^pIsoS. P^^^'"^ rapporte que ce prélat vertueux , voulant
Léo, p. 477- calmer les ardeurs importunes de la jeunesse, se ré-
176- froidit tellement Testomac par des remèdes, qu'il en
Joèl. p. 179. *^ ' /
Greg. vita mourut. Il cut pour successeur Antoine Cauléas, de ,
incert! con- famille noble, et abbé d'un monastère. Antoine ne sié-
^"'mo/' gca qu<î deux ans. Il fut, ainsi que son prédécesseur,
^Sôrg.^P^ ™** ^" nombre des saints. Le schisme de Photius était
Pi ^fdW entièrement éteint : cependant l'empereur voulut d-
ï^Y'^iH"' menter la réconciliation de l'Église grecque avec l'É-
art 16. glise romaine par un concile , auquel Antoine présida,
Oriens i 1 i
Christ. 1 1, et dont les actes sont perdus.
p. a5o.
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XA««93») LivRn hxmu Lie» vi. 353
Quoique Etienne n6 témoi^âjk nulle complaisance xxui.
pour le».dé$ardres de l'eraperciur son frère, Léon lui ^*'^Jj®^*'^**''°
adressa sw nouvçlks lois concernant les matières ec-^ Basiliques,
clésiastiques. Ce prince) acheva le grand recueil des de jure dv!
Basiliques , entrîepris et commencé par son père. De- '°"' 5. '' ''*
puis Justiniçn jusqujà Phoça^, le droit de Justinien ^cié7'i!"54i
avait été en vigueur à Cou^tj^ntinopleyet la justice se ç,.^^^- '^-.
rendait ,en langue latine* Depuis Phocas, elle se rendit ^'p- ^- 7> «•
en langMe grecque; mais les lois de Justinien élaient
encore en usage» Elles avaient été traduites en grec du
temps même de >ce|; empereur, ou peu de temps après
lui. On y joignit les constitutions des princes posté-
rieurs. La jurisprudence romaine s'affaiblit dé plus en
plus jusqu'à Basile. Ce prince, jaloux peutrétre de la
gloire de Justinien, voulut être l'auteur d'un nouveau
corps de droit. Il fit compiler un abrégé des sources
principales de la jurisprudence : cet ouvrage, nommé
par les Grecs Procheiron, c'est-à-dire Manuel fêlait
divisé en quai^nte. titres. Léon le retoucha et le ré-
digea en une meilleure forme. Il publia de plus cent
treize, nouvelles,, et des épitpmes ou abrégés d*un â$-»
se2 bon style. Mais l'œuvre à laquelle il donna le plus
de soin^ fut la compilation des Basiliques, divisées
en soixante livres* Il s'aida dans ce t||vàil des eon-»
seils de ce même Symbaticé qui prit Bénévent. Les
livres de Justinien /lui fourniront le 'fond et lamé-'
ihode; il y ajouta lés constitutions des empereurs sui-
vants, retranchant ce qui était superflu, oDQtradic-
toîi'e , où abrogé par Viisage. Ces Basiliques furent
j^ommées. Premières y parce qu'il en parut d'autres en-
suite.' Gonstantiti Pôrphyi^ogénète , fils de'Léon , les re* ,
Vit.et les corrigea ; cette seconde édition prit le noni de
Tome XIIl, ^^
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354 HISTOÎRB DU BAS-KBIPIRB. (Aa 893.)
BasHiques pesiérieures. Ces sofi^nté livres furent ap-
pelés Basiiiqzies , soit parce que Basile en fut le pre-
mier auteur, soit plutôt encore parce qu'ils renfer-
maient les lois des empereurs, nommés en grec BasUeis.
On oublia le recueil de Justinien. Basile, Léon, Con-
stantin, traitèrent l'ouvrage de ce prince, comme il
avait traité les écrits des anciens jurisconsaltes, dont
il avait composé les Pandectes. Le nouveau corps de
droit fut la loi des tribunaux jusqu'à la fia de l'em-
pire; et, tandis que dans ^Occident la jurisprudence
était ensevelie dans les ténèbres de la barbarie , die
se conservait en Orient avec les débris de l'ancienne
littérature; en sorte que personne ne pouvait acqué-
rir le titre de.Mvant, qu'il n'eût étudié à Constan-
tinople *. •
^ ÏA$ BcBiUqaes Mfot asats coiauu»
par la bdle édition do Fabrotte, où
le texte grec est accompagné d'une
traduction kitiné. Qtiant anx é^to-
mes de Léon-lc-Sage » Lenuclaiien en
a publié un en entier dans son Jus
graeco^romantun , t. H, p« 78 sqq.,
et des extraits d*an autre yibid., p«'
x3x-£34. Plusieurs manuscrits de
la Bibliothèque dn Roi , entre au-
iras ks ,tt<^ z34plry94» 1730, con-
tiennent des X copies du même ou-
vrage. Mais , quelque diligence que
ploftipnvf. jofisoQnadltes' céièbces» .
M. Pardessus^ membre de 1* Acadé-
mie des Inscriptions , et M. Biener,
de Bét\3Èii*iÊAeiikt pa fifÎM, nous n*<a^
▼ons encotç. pu rptr«u?er TongioM
d'un épitome du même empereur,'
dont il existe une tltidnction en
géorgien, faite à la fin du xvn* aiècle
ou au commencement du xviii*, par
leroi Vakhtang V. Cet ouvrage en
41 S pangraptiea, on l'on ae remar'
que aucune division en titres, ^mme
dans les épi tomes ci-dessns roention-
né», foriuë Ib secoifde-ptfrtie àa code
géorgief), ^pus If nom de SamarthaU
Herdzoulit lois grecques. Il est ex-
jt^ît en Rentier des Instltntés, du
Cçde» des P^pdectes, des Baailiqnes
et des Conciles. On peut, d*après
l*brdre des matièreffi y établir les
43 lité^s wivanu : I, i*a,*4e la
justice et des juges. II, 3 , des béré-
tîquei. &I, 4*6, des ventes et acbats*
£t, 74i5, lob nAêÉnê^ aux prmpéà^
tés. V, x6-a8, de la prescription.
Vï, 29-41, des transfuges et eap-
tî^w VII, 4i«5s, du vot , dn rapt,
de la 4o4omle, VXJI, 53-63, des rois
et de leurs privilèges. IX, 64-69,
d«8 |)leflsnreé faîtes- par l%omnie on
par, lea a^imanx. X» 7 0^7 a , des tron-
vailles. XI, 73-77, dn mariage ; id.
avec de« iiérétiqaes. XII, 7S-83,
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(An 894.) lîVre lxx:ii. hiov VI. 35S
Stylien ne survécut pas long-teaips à sa fille. Son an 894.
crédit, n^ayant pas d'autre appui, tomba par la mott ^cxiv.
, r:. ' , / ' rr 7 r ^ Disgrâce et
de Zœ. L empereur écouta les murmures qu excitait mort de
la corruption de son riiiniritre; On l'accusait de ven- Leo'^^T
dre là justice, les emplois, la faveur du prince , et ï«»>'«'"'- co°-
de ne donner aecès auprès de lui qu'à ceux qui l'ai- aaS.
chetaient de Mousic et d un certain Stauraee, ses vm^i 554.
lets, plqs avides encore que leur maître. Léon voulut
s'assure]^ par Im-nmême de la vérité de ces plaintes!
il se transporte cliez Stylien^ et rencontre dans le ves-*
tibule Staurace chargé de quantité de mémoires et de
requêtes qu'il allait présenter. Il s'en saisit, et y voit
des preuves de l'indigne trafic qu'on faisait d& «es
époax captifii. XIIJ, t4-97f iB<i«ps-'
cités des femmes. XIV, 98-99, do
Boicide. XV, 100-106, dettes et
gagea. XVI, xo7-x»7, te»tanentf.
XV [1, 118-139, du roi et des juge8>
XVIII, 1 ^OM 56,pri vîléges dû clergé,
ténoios. XIX, i57, de la sapréma^
tie de Rome. XX, iSS-i^ô, règle-
ments poa^ les esclaves affranchis.
XXI, 1 77-1 85, des <loiiatiomk XXII'^ •
1 86-199, àeBJngn et des jogements.
XXIII, aoo-aoï, des gens d*égltse.
XXTV, ao3-ao8, eautîons.XXV,
^09-2x6, rcigUmeot^ jadiciaires.
XXVI, 317-228, des biens d'église»
XXVII , 3^9, habits des clercs.
XXyiII, ft3o-a4i, égUaes, aaylqi«
XXIX, a4i-25o, biileu, serments.
XXX, a5i-255, tuteurs. XXXI,
«56^78» .4p 'foJ. loiswr U pro-
priété. XXXII, 379-290, succes-
sions. XXXIII, 391-306, exbéré-
dHk>n. XXXIV, 3o7-3a3, dépôts,
XXXV, 3a4-3a7, des sociétés de
commerce. XXXVI, 3 a 8-3 3o, meur-
trca. XXXVII, )3i-34o, dénoneia*
Aîon^téiiioinl.XXXVnX, 341-345^
loyers , salaires. XXXIX , 346-36 1,
sorciers , ero{ioisonnements. XL ,
36sit376., principes de droit. XLI^
377-389, fausse monnaie, prisons^
XLII, 390-397 , des fiançailles^
XLÎIJ , 398-4 i S , règlements divem
sur Vég1ise,ie serment et la propriété,
Feà M. le baron de Rosenkatopf ^
consèSlIef'<d*étataoi|idirStiînt-P«terft^
bonr^, qm s^intéressaitii ce^ rech^r
ches , a publié à Moscou , 1829 , \e§
tîtMs'd*tm Mamiel &n mémeLéon<«
le^Sage , qui n*ont également ascoa
rapport k celtii-ci. Si Porigioal dç
cette pièce ne se retrouve paSj'Ù
cepie/ pdurra en teqiilicq. La sejj'*
tième partie da même code géor-
gien , contenant la législation nâtiô"
; nsàc dû la Géorgie en 2^7 urtiëleAV
•sera imprimée cette atméc',. par 9u«
torisation ^ à Timprimerie royale ^ •
la traduction iraoçaitle par Taotear
de cette note , eo' regai-d du ua.tfi^
B&OSSKT.
a'3.
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356 HISTaiREDU BASrSMPl&S. (An 894.)
grâces. 11 fait aussit^k traîner Staurace hors de la
maison 9 et ordonne de l'enfermer dans unmonastère.
Il entre plus avant, et trouve Mousie dans le même
état que Staurace : il lui fait le même traitement^ et
retourne au palais, sans daigner voir Stylien, qui sen-
tît vivement cette disgrâce, et mourut de chagrin quel-
ques jours après.
XXV. Tant que Stylien avait vécu, Nicolas, qui ser-
conJTwtio*!!. vait auprès de lui despion à l'empereur, avait été en
Cedr. p. crédit. Mais, après la mort du beau^père, la perfidie
Léo, p. 479, du gendre étant devenue inutile à Tempereur, il avait
Zon.^.*a, p. beaucoup perdu de sa faveur. Basile, un de ses fils,
incert!^con- ^ussi ambitieux qu'imprudent et étourdi , sft mit en
^™^P- tête de se faire empereur. Il était lié d'intrigue avec
Sym.p. 463. y^ hommc hardi et capiable de tout entreprendre,
554, 555, nommé Samonas. C'était un Sarrasin qui, ayant aban-
donné son pays et sa loi, s'était avancé par' sa sou-
plesse à la couf de Constantinople. Basile , après lui
avoir fait promettre le secret, lui canfia son dessein.
Le prince^ lui dit-il, ne pouvant $e passer de femmes
ne tardera pas à remplacer Zoé. Toujours esclaffa
dé ses amours^ il nous ôtéra nos emplois pour en
gratifier les créatures de la noui^elle maîtresse^ qu'il
fera sans doute impératrice^ et nous serons anéan-
tis. k^ThscM^oMV^vtut^^'iX Ipi développe tout le plan
de la conjuration, l'exhortant à y prendre part,' s'il
veut s'élever aux plus hautes dignités. Samonas prt>-
met tout, et, pour avancer sa fortuné par une voie
plus sure et plus courte, il va aussitôt trouver rempe-
reur : Prince^ lui dit-il, y^ suis dépositaire d'unse*
cret qu il m'importe autant de cacher, quà vous
de le connaître. Je périrai y si je parle; mais vous
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(An.894.) UVllE LSatfï. LÉOTT VI. 357
mourrez^ si je me tais. Le choix n^ est pas diffidie
à un siget fidèle. ^Tk même temps il lui découvre tout
le complot; Gomme Tempeireur semblait se défier de
kl vérité de son rapport , Votre Majesté peut s'en
assurer y lui dit Ssimonaê, Dormez-moi deux hommes
de confiance; je lés placerai dans un lieu d'oii,
jam être aperçus^ ils > entendront tout de la bouche
mémede Basile. Léon lui doima Christophe, grande
maître de la garde-robe, et Calocyr, chambellan. 8a^
monas les cache dans un coin de la chambre. Basile
i^yvenA bientôt ;€t Samonas, par ses questions, lui
fait déduire le détail de l'entreprise. Les espions , de
retour au palais , communiquent à l'empereur toute
la conversation , qu'ils avaient mise par écrit. Léon .
fait aussitôt arrêter les conjurés; mais, naturellement,
porté à la douceur, il se contenta de confisquer leur»
biens et de renfernier dans des monastères ou d'exiler
Nicolas, seÀ enfants et toute la famille de Stylien. Sa
clémemce épargna même la vie à l'auteur du complot
Basile fut fouetté, on lui brûla pudiquement r la. barbe
et les cheveux; et, après avoir été promené ignortiî-
meudement par toute la ville, il fut relevé en Grèce;
oii il mourut misérablement.
Samdnas fut magnifiqueitaent récompensé. L'empe- a» 895.
reur le prit pour chambellan , le nomma patricc et le ^^^' ^^
combla de richesses. La Vie déréglée dfe^ <» nouvea» ««»onw.
lavoritet son aiçetfémîtié jetètent Uti -soupçon fâ-^ bmI^uu.
dtïèut sur i'èmpereuK Toûje la cour pliait devantlui ;
il ne se trouva qu'un homme que son arrogance ne
put intimider. C^etait un pauvre anachorète , nommé
Basile. Des officiers qui traversaient les défilés d^
niont Tanrus, l'ayant irenc6n»ré couvert de hafMlons, ,.
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358 HISTOIRE DO BAS*ZMPIRE» (Aa 89$.)
et daxi^un extérieur sauvage, le prirent pour unes-
pion des Sarrasins; il ramenèrent à Gonstantinople ,
attaché à la queue de leurs chevaux ^ et le présentè-
rent à l'empereur, qui le mit entre tes maiiifi de Sa-
lAQUi^s pour l'interroger^ Sa^nonas , assis sûr un trib»
i}9\y environoé de gardes, et de t6ut le fiaistede sa di-
gnité, le fit venir en sa présence. On ne put engager
Basile à fléchir le genou devant son juge, oomme
c'était la coutume; et Sainonaa lui demandant d'un
ton impérieux qui il était v quel était son pays et son
nom, Basile, sans perdre contenance: Eu ioi, lui dit-il,
fUies^u ? Dans quel pays es^tu né ? Il savait que
Samonas était Sarrasjn de naissance. Tu parles à un
pcUrke^ reprit Samonas ^ et à un chambellan de Vemr
pereur. Eh bien 1 dit Basile, ce&zj: ^i^/ te répond est
ainsi que Ud un des habitants ik la /tfr/«* Gomme Sa-
mohaé le traitait de scélérat, et que Basile répliquait que
ce nom ne pouvait convenir qu'à ceux qui font des ac-
tions criminelles, Satnonas, craignant qu'il n'en dit da-
vantage, le fit prdmptement chasser de sa présence,
et alla rapporter à l'empereur, que c'était un malheu-
reux vagabond qui ne méritait que la misère » à la-
quelle il s'était condamné lui-même.
Ak 896. Aptoine Cafuléas étant mort après deux ans d'épis-
Ki"il"ie- ^^P^*'' ^"^ P^^^ succetoeur Nicplas-le-Mystique, ces*'
My»u<|Be àrrdire assess0ur 'S0cfet du conseil de l'empereur.
Cedr, p. C'était unhommer déî .ifnoeii^s irréprochables, mais
Lco^^*48o ^^^^ sévérité inflexible*., qui lui attira des persécu-
hit' * tions et des. disgrâces, pour ^Voir voulu assujettir les
177-178. passÂoii)^ da prince, auxi^règlea établies dans J'égl^e
Joèl, p. 179. XI*»
incert. con- gafccque v comme nous le verrons dans la suite,
sjiii.'^p. 463. C'éSait la coutume que T^Apereur, en certains J»*"^
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(Aa 8q6.) LIVAR LXXII. IJÉOVf VI. 35^
de l'année, fît un festin solennel, auquel étaient ad- Georg. p.
rois les seigneurs et les principaux officiers de la cour; PagiadBar.
et, tandis qu'il traitait les hommes, sa femme, sa fille cJu^T i,
ou sa sœur, mais toujours une personne revêtue du p* *^*^-
titre d'Auguste , faisait les honneurs de la table des ".™-
, Troisièiiîc
femmes : le faible prince, esclave de l'étiquette, n^eut mariage de
point d'autre raison pour couronner Anne^ fille de
Zoé, qui ne pouvait avoir au plus que trois ans. Mais,
incapable de supporter un long veuvage , accoutumé
à être gouverné par des femme», il se donna bientôt
à lui-même et à l'empire ujie souveraine. Il épousa
une jeune phrygienne parfaitement belle, et la fit
aussitôt couronner , en lui donnant le nom d'Eudo*
cie. U la perdit encore avant Tannée révolue. Elle
mourut en accouchant de son premier enfant, qui ne
survécut pas à sa mère.
Les cinq années suivantes ne fournissent aucun ^ ^^'
. événement : il paraît que Léon , enchaîné par une Nouvelle
s 11 . * 1 passion de
j nouvelle passion, ne s occupa que de ses amours, Léou.
js'abandonnant à cette molle indolence qu'inspire la ^it^/^^'^^]
volupté. U se laissa prendre aux charmes d'une se- ^^n. *. a, p.
... 177-178.
cqnde Zoé, surnommée Carbonopsine, petite-nièce du G^iyc p.a99*
isaint abbé Théophane-le-Chronologue,qui était mort porph. d«
4Ïans la persécution de Léon-l'Arménien. Si Ton en " c. a™^
veut croire les auteurs grecs, trop prévenus en faveur ffiïÏÏ.T,^i.
de ce prince , ce nouvel engagement ne fut qu'un j^^^^- ^^^^
«ffet du désir d'avoir un fils, ce que ses trois femmes ^*î° p *f ^;
, . , Sym. p. 474*
ne lui. avaient pas donné. U était, disent-ils, trèfr* Oeorg. p.
557.
savant dans tous les mystères de la divination. L'as- Dacange,
trologie, qu'il regardait comme un art infaillible, lui *™*,4Z**
promettait un héritier de sfi couronne. Ce fut donc ecdS^'i. sji
pour remplir sa destinée qu'il jeta les yeux sur Zoé. ■'*• ****
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36o HISTOIRK DU BAS-EMPIRE. (An gw.)
Il entretint commerce avec elle : mais il attendit
pour 1 épouser qu'elle eût donné des preuves de sa
fécondité. Le succès ne répondit pas si tôt à sonimpa*
tience, et le scandale précéda de plusieurs anné»
l'unioii légitime.
xxT. Avant de s'être donné un suo^essenr, il courut
*p^rua*** grand risque de périr. L'an 903 j entre Pâque et la
assassin, pentg^ôte, commc il entrait dans Téglise de Saint-
Ccdr. p. ^
599, 600. Moce à la suite d'une procession, un homme sautant
48a. en bas du jubé, lui déchargea sur la tête un coup de
anass. p. jr^^^^^ ^j violcnt, quc , saus un chandelier à branche
^°*i78*'^* qui reçut le fort du coup, c'en était fait de sa vie.
lolen.'^l' ^ **"g qui sortait abondamment de sa blessure cf-
s*°' ^* ^64 ^''^y^ tellement ceuxqui l'accompagnaient, qu'ils s'enfiii-
?/« '^^Z' ï'enten s'écrasant les uns les autres, Alexandre, frère de
l'empereur, n'assistait point à cette cérémonie, sou»
prétexte d'une indisposition , ce qui donna oceaisian
de le soupçonner. On cherchait Samanas , favori dfl
prince, et on s'étonnait qu'il ne s'empressât pas à le
secourir. Mais, tandis que Léon était en dévotion, sa
maîtresse, par son ordre, avait pris ce moment pour
s'établir dans le, palais , et Samonas , confident des
plaisirs de son maître, donnait ses soins à loger cette
nouvelle hôtesse. L'assassin fut pris , et , après avoir
souffert pendant plusieurs jours les plus rigoureuses
tortures, sans déclarer aucun complice, il fut conduit
au cirque et brûlé vif, après qu'on lui eut coupé les
pieds et les mains. L'horreur d'un pareil attentat nt
abolir cette procession annuelle.
XXXI. L'^inaction de Léon mettait en mouvement tous l^
Swarios. Barbares voisins de l'empire. Les Bulgares recom-
mençaient leurs courses ; les Sarrasins attaquaiefl
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(An 9<«.) LIVBB UXXiU LitÔTT Vf. 36 1
toutes les places où les attirait le désir du pillage. Cedr.p
Peodant que T^on occupait ses soldats à bâtir des *%8r.*
églises, les Sarrasins d'Afrique fireèt une descente éh ^^ ^J*"**
Sicile, et prirent Taormine • où ils firent un grand Jo«»°- Ca^
^ * ^ O jnen. de cx-
csLvnsLse, On attribua la perte d'une vilfe si forte à la ^^^<^ The»-
• 1 . 1 / 1 **'• *^*- H-
trahison du gouverneur, nomme Caramale, et, de re^^ Zon. t. a, p.
tour à Constantinople, il fut 'condamné à mort. A la incert. êon-
sollicitation du patriarche Nicolas, on lui fit grâce sym.^p.463!
de la vie; il fut fouetté, dépouillé de ses biens, et en- ssel^fs^.'
fermé dans un monastère. Les Barbares étant ensuite ^^**^>"*
passés en Italie , ils se rendirent maîtres de Bhège et
assiégèrent Cosence. La mort de leur roi Ibrahim, qui
fat tué d'un coup de foudre , leur fit lever le siège.
Les Sa'rrasins de Gilicie firent encore de plus grands
ravages. Comme ils n'étaient pas cultivateurs, ils
n'avaient de ressources pour^ vivre que dans leurs
épées. Ils portaient également la guerre sur terre et
sur mer. Lorsqu'ils ne faisaient pas de courses sur
terre , ils montaient leurs navires, et venaient infester
toutes les côtes, jusqu'en Grèce et en Macédoine.
Conduits par un renégat nommé Bamien , célèbre par
sa valeur, ils prirent Séleucie sur la mer de Cilicie ,
s'emparèrent de l'île de Lemilos , et vinrent attaquer
Démétriade en ïhessalie. C'^t^it une ville ancienne,
bâtie par Démétrius-Poliorcète y riche, peuplée, et
dont le port était très-fréquènté; lis la prirent , pas-i;
sèrent tout au fil de répée;«et, comme si le ciel eut
agi de concert avec les Sarrasins pour affliger ce pays^
vers ce même temps Bérée, eh Macédoine, fut renî^
versée par un tremblement de terre qui fit périr
presque tous lés habitants.
Les SaYraiins 'méditaient une efrtreprise beaucoup A^goi.
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Gôogre
36a UiSTOiHl DU B48«EMP1RB. (ABgo4.]
zxxa. plus importante sur Thessalonique. Cette ville était
desSarrasîns alofs. la première de Tempire après Constantinople.
l'A^^ei. Située au fond du golfe qui partait son nom, la
joann. Ca- beauté et la commodité de son port y attiraient les
cidiô Thés- richesses de l'Asie , de la Grèce et dés îles de rArclû-
Cedr!^!«oo, pcl. Le flcuve Axius, le plus grand t de la Macédoioe,
Léo, p.' 48a. et dont rembonchurc était voisine , j apportait
'5d!p^ aX *^^^^ '^s marchandises de ce vaste pays. Elle jouis-
s^^' ^U'a ^^^^ ^^ *®"^ ^^ avantages d'un territoire fertile et
465, 4fi6. d*un commerce florissant» Cette opulence fut un al-
557, 558. trait pour les Sarrasins. Ils équipèrent une flotte de
' cinquante-quatre gros navires , ddnt ils donnèrent le
commandement au plus fameux de leurs pirates.
C'était un renégat nommé Léonine dans la ville d'At-
talée en Pamphylie, qui, s'étant fait mahométan, était
venu s'établir à Tripoli de Syrie, d'où il fut sur*
nommé le Tripolite, et, sous ce nom , il s'était rendu la
terreur de toutes les cotes de la Méditerranée et de
l'Ardiipel. Il haïssait mortellement les chrétiens, qQu
avait trahis, et leur faisait tous les niau& dont il ^
capable. Pour cacher son dessein sur Thcssaloniqo^j
il fit mine d'«o vouloir à la capitale de l'empire, ^
vogua vers l'Heltespont; Sui* k nouvelle qu'en reçut
l'empereur, il fit partir sa ffotte;^comtî)andée par £««"
tathe Argyre, qui, étant allé au-dennant des SarrafflW
jusque dans l'Archipel^ et se voyant très-inférieur en
forces, prit le partie de se retirer, et de reprendre w
route de Constantii^ple. Le Tripolite le poursuiw^
jusqu'à Parium à l'entrée de. la Propontide. Lewp^
rieur se persuadant qu'Eustathe «'avait manqua 1**'
de courage, envoya, pour eommander à sa p»^'
Himère , son premier secnkairû^ qui avait
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(Aa 9«4.) lAVWR LXXII. LÉOIT VI. 363
expérie&ce dans la marine. Le Sarrasin, faisant sem*
blant de fuir devant lui, repassa l'Hellespontv tourna
ensuite iur la droite entre Imbros et Samothrace , et
gagna File de Thase , où il se mit en bataille. A la
vue d'un front redoutable de plus de cinquante vais-
seaux de haut bord , garnis de toutes 1^ machines en
usage dand les combats de mer, et montés d'une jeu^
nesse nombreuse et pleine d'ardeur, Himère n'osa
risquer une action: il regagna l'Hellespont, et fit con*
naître à l'empereur qu'il n'était pas eh état de tenir
la mer contre des forces si supérieures. Le Tripolite ,
qui ne cherclmit qu'à donner le change, au lieu de
le poursuivre , rabattit sur la droite, et, côtoyant le
mont Athos, prit la route de Thessalonique«
Avant même le retour d'Himère , l'empereur avait xxxin.
• * . . Préparatifs
appris de quelques déserteurs sarrasins qui avaient des ThesM*
gagné le rivage, le dessein des Musulmans. Il avait
aussitôt dépêché à Thessalonique un de ses écuyers,
nommé Pétronas, pour avertir les habitants de^se pré-
parer à la défense. Cet avis jeta l'alarme dans la ville.
Tranquille au fond de son golfe, endormie dans le luxe^
et dans les plaisirs que nourrit l'abondance , elle n'é«
tait point réveillée par le bruit des orages qui gron**
daient au loin sur les frontières de l'Empire. A la non*
velle d'une attaque prochaine, les habitants sans ar«
mçs,san(fr aucun usage de la guerre, trouvaient à
peine assez de courage pour songer à leur sûreté. Du
côté du continent, une situation avantageuse, une
épaisse muraille qu'on disait lavoir été bâtie du temps
de Xerxès, lie fortes tours peu éloignées les unes des
autres, mettaient la ville en état de soutenir un siège;
mais elle était .ouverte du côté de la mer. Son port,
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364 HISTOIRE DU . BAS-EMPIllC. (Ai 9o4-)
vaste et commode pour le commerce , était aussi acces-
sible aux flottes ennemies qu'aux vaisseaux marchands;
et la muraille qui bordarit la mer, étant à demi ruinée,
s'élevait à peine au-dessus de -la poupe des grands
vaisseaux. Pétronas avait ordre de rester dans la ville
jusqu'à l'arrivée d'un commandant que l'empereur de-
vait incessamment envoyer, et d'aider les habitants à
faire les préparatifs nécessaires. C'était un homme in-
telligent et de beaucoup d'expérience. Il commença
par fermer le port d'une chaîne , et il en rendit ren-
trée impraticable par des navires coulés à fond. Les
habitants voulaient exhausser leur muraille du côté
de la mer , il vit que le temps était trop court poor
achever assez tôt cet ouvrage, dans une si ^ande éten-
due. Il imagina un moyen d'en défendre lapproche.
Il y avait aux environs de la ville un nombre infini de
tombeaux d'une seule pierre ; il les fit jeter dans la
mer, et en forma une digue qui devait s'élever jus-
qu'à flçjLir d'eau, tout le long de la muraille, à la dis-
tance d'une portée de trait. Cette entreprise utile «t
bien entendue fut interrompue à l'arrivée du com-
mandant Léon, qui, se croyant beaucoup plus sage que
Pétronas , fit abandonner la digue, et élever la mu-
raille. Ce nouveau travail, qui fatiguait toute la ville,
était à peine commencé,' qu'on vint ^iré que rennerm
approchait avec une flotte chargée de Syrieiis, d'Ara-
bes, d'Éthiopiens, d'Africains, plus féroces que te
lions et les tigres de leurs déserts. I^s habitants des
îles de l'Archipel , que les Sârpteins^ ravageaient sur
leur passage , échappés au for de ces Barbares, arri-
vaient à tous moments dans dès bar^wes, pour cher-
cher asile à Thessalonique,)itandis ^e les Thessal*'
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(An 904.) LIVRB LXXII. LÉON VK 365
nîciens^ saisis. d'effroi, abandonnaient leurs maisons, et
se disper^ient dans les campagnes, tramant leurs
femmes et leurs enfants, et cherchant une retraite au
fond des forêts, sur les montagnes , dans le creux des
rochers.
On vit alors arriver un second commandant nommé . «"»▼•
. . Etatdéplo-
Nicétas. Il venait par ordre de Tempereur pour se^ rabie des
conder liëon son ami, mais il fut obligé de prendre ciens.
sa place. Léon, courant à sa rencontre pour le rece-
voir, tomba de cheval et se rompît la cuisse* Nicétasy
chargé seul de tout le détail de la défense, fit avancer
des tours de bois le long du mur, qu'on n'avait pas eu
le temps de relever. C'était une faible réssoui»ce. Il en-
voya demander du secours aux gouverneurs des pro-
vinces voisines ; mais, en cette occasion, l'empereur fut
puni du mauvais choix qu'il faisait de ses officiers. Ces
âmes vénales, qui ne briguaient les gouvernements
que pour s'enrichir, occupés à piiler leurs provinces,
où ils faisaiei^t eux-mêmes ce qu'auraient fait les Sar-
rasins, s^embarrassèrent peu du përil de leurs voisins,
et da déshonneur de l'empire: ils n'envoyèrent aucuti
secours, ou ce ne fut qu'une poignée de misérables
sans «œur et «ans armes, à charge aux assiégés. Abaur
donnés de toutes parts, les 7:hessaloniciens,devenâs re-
ligieux par la crainte, «couraient en foule à l'église du
saint martyr Démétrius , patron de leur ville ^ et la fai*
saient jour et nuit retentir de leurs gémissements et
de Ipurs prières.
Enfin le dimanche !;»9 juillet, au point du jour, Ik xxxv.
flotte cinglant à pleines voiles se montra da«s la rade, iTflotte*
et, poussée par un vent favorable, elle vint jeter l'an-^ «rrasmc.
cre à peu de distance des murailles, alvec des cris
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366 HISTOIBI DU BAS«BMPiR£4 (Ab 904.)
d'allëgrèsse. Tandî» que les habitants regarwent avec
effroi ce nombreiu e^saîtn de Barbares ^ qui leur pa-
raissaient autant de betes féroces, et cette forêt de
mâts et de cordages^ qui semblaient être une \iUe&>t*
tante, les Sarrasins n'étaient pas moins étonnés, con-
sidérant la vaste étendue de cette ville, à laquelle ne
ressemblait aucune de celles qu'ils avaient vues,, et le
peuple immense qui bordait le h^ut des murs. Car^
malgré la fuite d'une partie des habitants, il en res-
tait encore un très grand nombre , et la présaice do
péril qu'ils avaient tant redouté leur avait rendu le
courage. Résolus de périr avec leur patrie, ils s'ani-
maient mutuellement, et, marchant à la mort d'un air
intrépide, armés de ce qu'ils avaient pu trouver, ils
suivaient Nicétas,qui les distribuait dans les différents
postes. Pendant que les Sarrasins se préparaient li
l'attaque, le Tripoli te, dans un de ses vaisseaux, visi-
tait la muraille, pour en observer les endroits 1^ plu*
faibles et les plus accessibles. Il dioisit le lieu oiiel)e
n'était pas encore ejdiaussée ni bordée de la dig^e, ^
donna le signal. Les Sarrasins s'avancent à force de
rames, poussant des hurlements affreux, et faisant uo
grand bruit de timbales et de tous leurs instrumenU
de guerre. Les habitants y répondent avec tant de force^
invoquant à leur secours la croix du Sauveur, que le»
Barbares, prêts à décocha:. leurs flèchei , frappés des
eris d'une si prodigieuse multitude,, frissonnent d*rf-
froi, et demeurent quelques moments les bras suspen-
dus sur leurs arcs. Enfin oii voit partir en même teœp*i
des vaisseaux et des mur», une grile do trait», p'»"*
meurtrière de la part des assiégés: grand nowbrtià'^
çlavons, mêlés avec eux, ti^s-adroits à mani^^'*'*
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(Aa^.) Liy»K LXXH. LÉCOT VI. 36^
et la ffnode, maoquaîeiit rarement leur coup. Alors
une* troupe de Sarrasins, brûlant d'impatteace, et vour
lant stgifaler leur audace, sauvent dans la mer, et^ se
couvrapt la tète de leurs boucliers, poussant devant
euK des échelles, ils gagnent à la nage le pied des murs^
au travers des traits qui pleuvaient sur eux. Ils plan-
tent Tesodiade, et montjent avec intrépidité.Un torrent
de pierres les précipite dans la mer, où ils demeurent
ensevelis. Ce mauvais succès arrête la fougue diesau**
très qui se dispo$aient à les suivre. Ils font reculei^
leurs vaisseau», pour être moins à portée des arcs et
des frondes; mais les catapultes et les balistes dont le
mur est armé leur envoient, à cette liistanoe, les bles^
sures et la mort. Nîcëtas se trouvait partout, encou-*
rageant les habitants. Léon lui'^même se Bsiisait poiter
en litière^ pour visiter les postes et animer par sa
constance celle du peuple. Les Barbares, repousses par
mer, abordent au rivage oriental et attaquent la ville
du côté de la t^rre. La muraille étant plus haute et
plus forte tn cet endroit, ils trouvent encore plus de
résistance. Après de vblents combats renouvelés à
plusieurs reprises, et qui ne finirent qu'avec le jour,
ils s6 rembarquent, pour se délasser des fatigues d'une
si rude journée. Mais les assiégés n'osent prendre au»
3Un repos; ils passent la nuit chacun dans leur posie
Je crainte des surprises.
Au point du jour,les Sarrasins redescendent à terre,
Is se répandent: par pelotods autour de l'enœinte, et l'auaqoe.
lirigent leurs plus grands efforts vers les portes. Ils
bnt pléUvoirsur le mur les flèches et les pierres, doiil
es plus grosses partaient des balistes qui bordaient
e front de l'&ittaque. A la faveur de cette nuée meur-^
XXXTI.
Suite de
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368 HfSTOlllF. DU BAS-EMPXRF. (Jb 904.)
trière, ils montent aux échelles; ils étaieat pcès d'at-
teiadre }e haut du fnur, lorsque/les plus vigoureux et
les plus déteroiinés des habitants^ hra^atit la mort qui
volait autour d'eux, se peiicheut de tout le iCocps, sai-
sissent le haut des échelles, et, redoublaot leui^ ef-
forts, les renversent avec tous lesSarrasins dont elles
étaient chargées, qui tombent les uns. sur les autres,
percés de letirs propres traits, brisés et fracassés par
la chute, par les échelles, par le» pierries énormes
dont on les accablait en même temps. Ce désastre ef-
fraya le reste des . Sarrasins : écUmaats .de rage, ils re-
culent à la portée de leurs machines^ s'élançant par
pelotons, pour fiiire usage de leurs arcs et de leurs
frondes. Leur fureur. était si opiniatre,que, malgré les
ardeurs d'ua soleil brûlant, ils passèrent tout le jour
sous les arm^S'^ sans songer même apprendre de nour-
riture. Tous Içurs efforts n'ayant eu jusqu'alors au-
cun, succès, ils s'avisèrent d'un nouveau, moyen pour
s'ouvrir l'entrée de la ville ; ce fut d'en brûler les po^
tes. Elles étaient revêtues de fer, et à l'épreuve des plus
fortes machines par leur épaisseur. Ils chargent de boû
çec^ enduit, de poix et de soufre, deux chariots q^'"^
traînent aux deux plus grandes portes,. et, après y
avoir mis le feu, ils s'éloiguent à quelque distance ti-
cant sans. cesse sur les murs. La flamme des chariots
fit enfin tomber les portes réduites en charbons: i»a»*
les habitants avaient eu le temps de former l'ou-
yerture par dedans, avec de, grosses pierrps quifo'''
iQaieut un nouveau mUr. Instruits '{xar cette exp^
mnce, ils placèrent gur;. les; muraiitleft^aUrdessusd^
autres portes, de gratids; vases r^iplis- d'eau, f^
éteindre l'incendie., e» qats d'une, pareille. tentoUv«'
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(Aa^) tlVR^ laXXlï. UÉON VI. SÔC)
Le resie du jour se passa en décharges continuelles*
Pendant la nuit, les Barbares mirent eh œuvre une uxtu.
invention nouvelle, qui les élevait au-dessus du mur ^lu.
du côté de la mer, et leur donnait le moyen de sauter
dans la ville. Ils joignirent leurs vaisseaux deux à
deux,' les attachant ensen^ble avec des diaines et de
gros câbles ; et établissant au-dessus un plancher de
mâts et de poutres, ils y élevèrent des tours de bois,
qu'ils remplirent des soldats les plus robustes et les
plus hardis , avec ordre de lancer dans la ville des ja-
vdots, des pierres, des feux préparés, et de sauter
ensuite sur la muraille. Conrané ils travaillaient à la
lueur des flambeaux, la plup^a-t des habitants, témoins
de ce formidable appareil, désespérant d'y résister,
abandonnèrent la muraille; et se disant le dernier
adieu , embrassant pour la dernière fois leurs en&nts
et leurs femmes, ils erraient çà et là dans un morne
sileûce, attendant Tennemi et la mort. Quelque8-*uns
phis courageux amassaient &ur le mur deïa poix, de la
résine et d'autres matières inflammables ^ pour mettre
le feu aux tours et aux vaisseaux. Dèsque le jour pa-»
rut, on vit avancer ces énormes bâtiments, qui, joi-
gnant bientôt la muraille dans l'endroit où la mer
était le plus profonde, mirent les assiégeants au ni-
veeiu des assiégés, en sorte, qu'on se battit quelque
temps comme de plain-pied, avec le plus grand achar-
nement. Les feux, les pierres, les coups de main , les
eris affreux, et la rage des deux partis, rassemblaient
toutes les horreurs d'une bataille furieuse* Mais le
nombre des ennemis qui abordaient successivement,
grossissant toujours , et celui des habitants diminuant
par le carnage, il fallut céder: les Sarrasins se répaq-,
Totne XllL a4 - ! '
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370 HiSTOimc DU BAa^£MPnie. (Ai 904.)
dirent comme un torrent sur la muraille, ettuant, pré-
cipitant les défenseurs, sautèrent dans la ville. Qu'oq
se représente tous les désastres d'une place prise d'as-
saut par un ennemi barbare ^ que la résistance a rendu
plus féroce: Tliessalonique les éprouva. Le Sarrasin,
aussi dissolu que cruel, n'épargna ni Tâge ni le seie.
Les vierges consacrées à Dieu furent la victime de la
brutalité, avant que de Têtre de la rage. La plupart
des habitants, enchaînés par la terreur, se laissèrent
égorger sans faire aucun mouvemcmt; d'autres oa-
vrant les portes, et ne pouvant sortir, tant ils se presr
sàient les uns les autres, trouvaient devant eux des
Sarrasins qui tranchaient à grands coups de cimeterre
cette foule serrée, comme si elle n'eût fait qu'un seul
corps. Quelques-uns, en petit nombre, se sauvèrent eo
sautant du haut des murs. Trois cents habitants sé-
taieiftt retirés dans l'église d'un monastère: un officier
Sarrasin étant arrivé en ce lieu avec sa troupe, et
ayant forcé les portes, saute sur l'autel, où il s'assit
les jambes croisées à la manière des Orientaux, et de
là, comme de dessus un tribunal, il prononce la sea-
tence de mort contre tous ces misérables , et les fai^
égorger à ses yeux. Cependant on laissa la vie à eeai
qui furent en état de la racheter, en livrant les trésors
qu'ils avaient cachés durant le siège. De ce nombre
furent le gouverneur Léon et son collègue Nicétas.
Mais les Barbares ne faisaient cas que de l'or, de ^a^
gent, des pierreries et de la soie, toute autre matière
n'était pas acceptée; ils la jetaient dans la mer, et mas-
sacraient ceux qui n'avaient rien autre chose à door
ner, à moins que ce né fussent de jeunes garçons ou
dfB jeunes filles, qu'ils destinaient à des horreurs fîtes
que la mort.
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(Angol) tIVRE LXXIT. LléoïT VI, 3^1
Entre les prisonniers était un chambellan de f etn- xxxvm.
pcreur, nommé Rhodophyle. Il avait été envoyé pour meuts'^deia
porter cent livres d'or aux troupes d'Italie. Étant ""f® T"*^!'^"
tombé malade dans la navigation , il s'était arrêté à ^ "6«ot-
The86alonique,et s'y trouvait lorsque les Sarrasins vin-
rent l'attaquer. A la première nouvelle de leur approj
cbe, il avait pris la précaution d'envoyer secrètement
cette sommeà Syméon^ qui commandait dans une pro-
vince voisine, qu'on nommait alors le Thème de Stry-
mon, à cause du fleuve qui la traversait. Le Tripolite,
ayant appris que Rhodophyle avait apporté un trésor,
le fit venir devant lui et lui demanda ce que cet or
était devenu. Rhodophyle avoua qu'it lavait fait trans-
porter ailleurs , en sorte qu'il n'en était plus le maître;
mais il promettait d© donner en dédommagement beau-
coup de richesses, si l'on voulait lui hisser la vie. Sur
ces paroles , Léon étincelant de colère y Scélérat j lui
dit-il, cet or m^ appartenait. Tu mourras , pour ap-
prendre à tes pareils à ne pas voler leurs maîtres.
En même temps il le fait assommer devant lui à coups
de bâton. Il ordonne ensuite à ses gens de se prépa-
rer au départ; il fait distribuer les prisonniers dans
les vaisseaux , avec ordre de séparer ceux qui étaient
parents. Ce n'étaient que gémissements et que larmes :
enchaînés par les pieds, on les entassait pêle-mêle dans
les navires , et à peine leu^ làissait-on la place de leurs
corps. Oa ne peut peindre avec d'assez vives couleurs
ce que, dans le transport, ils souffrirent de la faim, de
la soif, de l'infection, et de la cruauté des Barbares. Il
suffît de dire que tous. ces maux rassemblés en firent
périr un grand iiombre. Les navires sarrasins ne suf-
fisant pas pour contenir le butin de cette ville opu-
24.
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^ja HISTOIRE UU BAâ*£MPIRE. (Aa^)
lente, le Tripolite y employa encore tous les vaisseaux
qui se trouvaient dans le port , et fit retirer à force
de machines ceux qu'on y avait enfoncés pour en bou-
cher l'entrée. Il déclara ensuite qu'il allait eonduire
les prisonniers à Tarse, et que, si l'empereur consen-
tait à renvoyer un même nombre de Sarrasins, il ac-
cepterait l'échange ; sinon , qu'il userait à leur égard
du droit que lui donnait la victoire , et qu'il les ferait
tous égorger. Alors Syméon , le dépositaire de l'argent
de Rhodophyle , qui était venu à Thessaloniqué pour
racheter ceux qu'il pourrait, s'étant hardiment pré-
senté à lui : Seigneur j lui dit-il, yîe me charge de cette
négociation auprès de Venjtpereur. Je sais qu'il aime
ses sujets, et quil ne balancera pas de vous rendre
autant de Sarrasins y tels que vous les voudrez M-
sir. Je les amènerai moi-même à Tarse ^et je vous
en donne ina parole. Permettez^nous seulement
d*enterrer les morts , dont les cadavres couvrent
toutes les rues de la ville , et de leur rendre les der-
niers devoirs à la manière des chrétiens, lue pirate
l'accorda , et exigea de Syméon qu'il s'obligeât par
écrit et par serment. Tout étant prêt pour le départ,
il donna ordre de mettre le feu à la ville; mais Syméon
la sauva. Il alla trouver le Tripolite : Je sais, lui dit-il»
entre les mains de qui sont les cent livres dor çue
Rhodophyle devait porter çn Italie. Je promets de
vous les faire tenir ici y si vous voulez éparff^
les bâtiments de Thessalonique. N'espérez pas ine
les arracher par des supplices. Il n'est pas en votre
pouvoir de vous en saisir. Si vous me faites mour^f
vous ne les trouverez pas dans les cendres de cett^
cité malheureuse. Léon jura qu'il laisserait ia v"*^
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<Aii 904.) LIVHE LXXlf. LÉON VI. 37*3
sur pied à cette condition , et Syméon tînt parole ainsi
que le Barbare. L'empereur sut si bon gré à Syméon
du double service qu'il avait rendu , qu'à son retour
à Constantinople il lui conféra la charge de premier
secrétaire.
Enfin le dixième jour après la prise de la ville, les jj""^*
Sarrasins levèrent l'ancre au son de leurs cymbales, Sarr«ttn«.
mêlé aux cris et aux lamentations des prisonniers , dé-
solés de se voir arrachés du sein de leur patrie. Après
une assez longue navigation, ils arrivèrent en Crète;
où, ayant fait le dénombrement des prisonniers, ils. en
trouvèrent vingt -deux mille. Pendant douze jours
qu'ils restèrent en ce li^u , ils en vendirent une partie
aux Cretois, qui devaient y faire un grand profit; la
coutume de ce peuple dans les échanges avec les Grecs,
«tant d'exiger homme pour homme, et par-dessus en-
core la rançon du prisonnier qu'ils rendaient. Les Sar-
rasins, battus de la tempête entre l'île de Crète et celle
de Cypre, furent sur le point de jeter grand nombre
de chrétiens dans la mer, pour faire place à l'équi-
page d'un de leurs vaisseaux prêt à périr ; et ils l'au-
raient fait, si le bâtiment qui portait les chrétiens
n'eût été emporté loin d'eux par les vents et par les
vagues. Ils arrivèrent en cinq jours à Paphos en Cy-
pre, et de là, en deux fois vingt-quatre heures, à Tri-
poli de Syrie. On y débarqua tout le butin , que les
magasins de la ville pouvaient à peine contenir, et
peu de jours après on fit rembarquer les chrétiens,
pour les conduire à Tarse , où ils devaient être rache-
tés par l'empereur, ou massacrés. Bientôt Syméon vint,
selon sa promesse, les délivrer, par un échange, des
maux incroyables que leur avait fait souffrir le cruel
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XI..
374 HISTOIRE DU BASHEafPHUî. (Aagoi.)
Tripoitte. L'empereur, mortellement affligé du désas-
tre d'une ville si florissante , ne tarda pas à la réparer.
Sa situation, son commerce, les exemptions qu'il ac-
corda, lui rendirent bientôt son ancien lustre; elVes-
pace de peu d'années fit disparaître les traces tfuQ à
horrible saccagement.
Pour ne pas interrompre le récit de l'expédition des
d'Euîuîhc Sarrasins, je ne me suis pas arrêté à faire connaître
^*^^** les deux généraux que l'empereur envoya- d'abord pour
de ad. imp. les Combattre. Il sera parlé d'Himère dans la suite.
Cedr. p. Mais comme les écrivains de ce temps-là ne mettent
incerl^on- aucuu ordrc daus ce qu'ils racontent d'Eustathe , je
**"iori3Îr vais le rassembler en ce lieu, p était petit-fils de ce
tfZi^î'l. Léon Argyre, que Michel III avait inutilement em-
'^*- ployé pour réduire les Pauliciens de Téphrique,etil
fut J'aïeul de l'empereur Romain Argyre, ce qui le rend
plus digne d'attention. Il paraît que cette famille était
originaire de la Charsiane, contrée de la Cappadoce,
oïl Léon, le premier dont l'histoire fasse mention,
fonda un célèbre monastère. Quant au surnom d>
gyre, les écrivains débitent de si frivoles conjectures,
qu'il est plus sûr de dire qu'on en ignore la raison.
Eustathe s'était avancé à la cour de l'empereur par ses
talents et par le crédit d'Himère, patrice et surinten-
dant des postes de l'empire, d'abord son ami intime,
et qui devint dans la suite son ennemi. H fut «nvoye
à Gibyre en Pamphylie, pour arrêter les courses acs
Sarrasins de Tarse , et il se fit beaucoup de repu
tion par les avantages qu'il remporta sur terre et s
mer. Il est remarquable qu'on lui donna pour n^
nant Andronic Ducas, dont le père avait été joiD
Léon, son aïeul, dans l'expédition contre les Paulin*
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(Aado^O UVRB LXXII« LÉOST Vf* 37$
Mais il avait un ennemi plus incommode que les Sai>
rasîns : c-était Staurace Platys, chef des Mardaites
d'Attalée, et receveur des impots de ces provinces,
homme injuste et avide, d'autant plus hardi dans ses
exactions, qu'il se sentait appuyé à la cour par Hi«
mère^ son protecteur. Cependant Himère l'abandonna
en faveur de son ami, et Staurace fut rappelé. L'his*
toire &it entendre qu'Ëustathe n'avait pas autant de
probité que de valeur, et que, pour détruire ce concus-
sionnaire, il mit en œuvre jusqu'à la calomnie. Peut-
être que^ dans une cour corrompue, la vérité n'aurait
pas suffi seule pour mettre en disgrâce un méchant
homme.Les succès d'£ustathe contre les Sarrasins, sur
la mer de Pamphylie, déterminèrent l'empereur à le
faire venir à Constantinople, pour lui donner le com-
mandement de la flotte impériale. Mais après qu'il se
fut r^iré de devant )e Tripolite, Léon lui ayant sub-
stitué Himère, les deux amis devinrent rivaux et en-
nemis mortels. Leur jalousie, nourrie de médisances
et de £icheux rapports, s'accrut à un tel point qu'ils
résolurent l'un et l'autre de se détruire. Le crédit d'Hi-
mère l'emporta, et Ëustatl;^ fut banni de la cour, dé-
pouillé de toutes ses charges, et relégué sur ses terres
en Charsiane. Sa disgrâce causa les regrets et les mur^
mures des armées de terre et de mer, dont il avait
l'estime. Mais ce courtisan, gâté par l'air de la tour, et
incapable de sentir l'avantagée d'en être éloigné^ se
porta à un tel désespoir, qu'il s'empoisonna en che^
xnin. Il fut enterré dans le monastère qu'avait fondé
son, aïeul.
. Samonas était le moteur secret de toutes les i&tr|- xlx.
11 ^ • II FuiUtt
gués de Jà .cour. Esprit remuant et cUf^prfeux, u«^ rttour 4»
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376 HISTOIRE DU BâS-BBfPIRE. (A> 904.)
Samoiuft. prétait avec complaisance à tous les caprices du prince^
Lro'^'^îga ^^ abusait de sa faveur, pour détruire ces âmes roides
483. et généreases, qui ne savent pas ramper aux pieds
inccrt. con- d'uu favori. Hvpocrite achevé, quoique toujours Sar-
aaS. ' rasin dans le cœur, il affectait un grand zèle pour la
religion ; il faisait des crimes , et bâtissait des monas-
tères : c'était alors la dévotion à la mode. Comblé de
bienfaits, enrichi des dépouilles de ceux qu'il avait rui-
nés, il fut tenté de retourner dans sa patrie, et d'y
transporter le fruit de ses impostures. Peut-être y fut-
il déterminé par quelque dégoût dont on ignore la
cause. Il feignit d'aller visiter un monastère qu'il fai-
sait bâtir à Damatrys sur le chemin de Nicomédie; et
emportant toutes ses richesses, il prit la route de Me-
litine, coupant les jarrets à tous les chevaux des postes
par où il passait. Léon , averti de sa fuite, envoie cou-
rir après lui. On l'atteint, on l'arrête au passage de
lllalys, et malgré ses prières, malgré l'argent qu'il of-
fre, quoiqu'il proteste que la dévotion seule le conduit
en Cappadoce à une station célèbre, on le garde en
prison jusqu'à l'arrivée de Constantin Ducas,qui le ra-
mène à Constantinople. Il méritait la peine des déser-
teurs. L'empereur le fait enfermer dans un palais. Mais
comme il l'aimait et qu'il voulait le sauver, en conser-
vant une apparence de justice , il ordonne à Constantin
de le décharger par son témoignage, lorsqu'il serait
juridiquement interrogé, et de dire qu'en effet Sanio-
nas n'avait dessein que d'aller accomplir un voeu ^
Cappadoce. Constantin le promit. Le lendemain,!^
fait comparaître Samonas devant le sénat, et, sp^
avoir fait jurer Constantin par le nom de Dieu et P*^
le salut du pfrince, qu'il allait dife la vérité; il^"' ^^
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(AII9O40 LIVRE LXXII. LÉOBT VI. 877
mande quel était le dessein de Sanronas. Constantin,
préparé à un mensonge, ne Tétait pas à un parjure :
effrayé du serment qu'il venait de faire, il répond
selon la vérité , que Samonas s'enfuyait à Mélitine. Le
prince déconcerté chasse Constantin de sa présence,
et fait à regret renfermer Samonas, bien résolu de
rapprocher au plus tôt de sa personne un courtisan
qui le flattait dans ses désordres.
Au bout de quatre mois, la naissance^ d'un fils lui AK905.
en fournit le prétexte. C'était l'occasion d'accorder Naissance de
des grâces. Zoé qui, depuis quatre ans, vivait avec lui ^ ^^^
comme sa femme , accoucha d'un enfant qui fut nommé 602.
^ Léo, p. 483,
Constantin , et auquel on donna dans la suite le sur- 484.
nom de Porphyrogénète. Il fut baptisé daps Sainte- 1^, *iio.
Sophie, le jour des Rois, par le patriarche Nicolas, as- ^°°'i^/^ '
sisté de tous les prélats qui se trouvaient à Constan- ^^^^^\^'
tinople , et eut pour parrains son oncle Alexandre avec ^^^^^ «cil-
les premiers du sénat et le patrice Samonas, à qui 2^9.
« ri. . j ' ^ Sym. p. 466,
1 empereur tut bien aise de procurer cet tionneur, 467.
pour l'assurer qu'il n'avait rien perdu de son crédit, '^ssg.
Tous les historiens rapportent que, dans le temps de epist.^asiîli,
la naissance de Constantin, parut une comète très-lu- "^^mur
mineuse dont les rayons se dirigeaient vers l'Orient, pf^/^ JjJÎ'
et qui se fit voir pendant quarante nuits. Ce n'était «cci*«- 1- ^4,
pas assurément un pronostic de la gloire que cet en- Onens
*, j . . ^ , . ^ ^ Christ, t. u
tant devait un jour acquérir. .p. a5o, a5i.
Trois jours après le baptême du jeune prince , Léon ^jet des**
épousa Zoé et la nomma Auguste , ce qui causa de *^^^g ^r
grands troubles dans l'église de .Constantinople. Qiioi- ^°'*'
que l'ÉgKse grecque fut si indulgente à l'égard des
mariages , qu'elle permettait aux prêtres de vivre avec
le» femmes qu'ils avaient épousées avant leur ordina-
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378 HISTOIRE DU BAS-EUPIRE. (Am 90&.)
tion , comme il avait été décidé par le concile in TruUoy
cependant elle fut toujours très*sévère par rapport aui
mariages réitérés. On voit par la lettre canonique de
saint Basile à Amphilochius , que les secondes noces
excluaient de l'Église pendant un an, les troisièmes
pendant trois et quatre ans. La trigamie même ne
s'appelait plus un mariage, mais une polygamie, une
fornication mitigée. A la vérité on ne rompait pas ces
mariages, mais on les punissait. Léon lui-même avait
publié une constitution par laquelle il condamnait les
troisièmes noces, et déclarait ceux qui les contractaiort
exempts de peine quant à la loi civile, mais soumis
aux censures et à la pénitence canonique. Pour les
quatrièmes , elles étaient absolument défendues. Nico-
las, dans sa lettre au pape, avance que jusqu'alors au-
cun particulier, ni même aucune personne élevée en
dignité n'avait osé contracter un pareil mariage. Les
prélats d'Orient n'avaient consenti à célébrer le bap-
tême du fils de Zoé avec la pompe impériale, qu^^i
faisant promettre avec serment à l'empereur qu'il se
séparerait de Zoé. Cependant, trois jours après , il ^^
clara au patriarche qu'il voulait consacrer son union
avec elle par l'autorité de l'Église. Nicolas, prosterne
à ses pieds, le suppliait de se respecter lui-n^"'^»
lui représentant que la majesté impériale^ élevée a^
yeux de tous les peuples^ ne peut cacfier tes tacties
de ses vices ; que les princes ont au-dessus d'eux ^
maître plus puissant qui les châtie ; qu'ils ne sot»
pas exempts des lois pour n'en point àcoirf f^
pour être eux-mêmes leur loi; qu'ils sontsounàs^
tribunal de leur conscience. Il le conjurait de se sé-
parer de cette femme, du moins jusqu'à l'arrivée
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(An 905.) LIYRB LXXII. LEOIT VI. 379
légats de Rome et des autres sièges patriarcaux , avec
lesquels on délibérerait sur le parti qu'on devait pren-
dre. Mais un coup d'œil de Zoé avait plus de force
sur le cœur du prince, que les remontrances de tous
les patriarches ensemble. Ce prince impétueux dans
ses désirs, voulut absolument être marié, et au refus
de Nicolas, il se fit donner solennellement la bénédic-
tion nuptiale par un clerc du palais nommé Thomas,
et mit sur la tête de Zoé la couronne d'impératrice.
Nicolas était d'un caractère dur et opiniâtre, inca- opposition
pable d'aucun ménagement. Ni le respect de la per- ?" .
sonne de l'empereur, ni l'intérêt de l'empire, qui de-
mandait qu'on ne laissât aucune tache sur la naissance
du successeur, ne purent rien gagner sur son esprit.
Aussi inflexible après la cérémonie, qu'il l'avait été
auparavant, il excommunia le clerc qui avait prêté
son ministère, et interdit à l'empereur l'entrée de l'é-
glise. Le prince y venait cependant, mais par une
porte dérobée. D'abord tous les évêques se joignirent
au patriarche; bientôt l'empereur, à force de présents^
en détacha une grande partie, qui prétendirent que
cette exclusion ne devait durer que peu de temps, et
qu'il fallait se rendre aux vives instances de l'empe-
reur. Le prélat, presque abandonné, ne perdit rien de
sa fermeté. Léon eut recours au pape Sergius, ainsi
qu'aux trois patriarches de l'Orient; ils envoyèrent des
légats à Constantinople. Nicolas, persuadé qu'ils ne ve-
naient que pour confirmer la validité de ce mariage,
s'abstint de les voir en public, et proposa d'avoir
avec eux une conférence particulière dans le pa-
lais; ce que l'empereur refusa. L'année entière se
passa en sollicitations pressantes de la part de
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An 906.
XLV.
38o HISTOIRE DU BAS-EMPIRE, ^ (An 906.)
l'empereur et des légats. Ils ne purent rien obtenir.
Enfin Samonas, dévoué sans réserve au service de
Zoé, par le crédit de laquelle il gouvernait Tempe-
roi/àTa'" reur même , ayant en vain employé toute son adresse
n\*coU.! pour fléchir le prélat, conseilla au prince de se dé-
faire de ce censeut intraitable. L'empereur faisait tous
les ans, au premier de février, un festin à toute sa cour.
Il y invita Nicolas; et tous les courtisans , de concert
avec le prince, s'étant réunis pour le presser de lever
l'interdiction et d'approuver le mariage, comme il per-
sistait à refuser, on l'enleva de la table même, et on
le transporta au - delà du Bosphore , où il fut laisse
seul sur le rivage , sans domestique , sans aucun se-
cours, au milieu d'une nuit obscure, dans un froid
très-rigoureux. Il lui fallut gagner à pied au travers
des neiges le bourg de Galacrènes , où il avait bâli
un monastère. Cette retraite devint pour lui une pn-
son; il y fut gardé étroitement. On ne traita pas avec
plus de douceur les évêques qui lui étaient demeures
attachés. Les prélats courtisans s'étant ensuite assem-
blés , les légats à leur tête , autorisèrent par dispense
le mariage de l'empereur, prononcèrent la déposition
de Nicolas, et mirent à sa place Euthymius. C'eta^^
un moine du mont Olympe, syncelle du patriarche,
et fort estimé pour sa vertu. Il n'accepta celte place
que pour prévenir les tristes effets de la colère du
prince, qui menaçait de faire une loi pour permettre
d'avoir à la fois trois ou quatre femmes; et les histo-
riens ajoutent qu'il trouvait des gens habiles, tout pre^
à justifier cette loi anti-chrétienne : ce qui n'est jao'*'*
impossible à un monarque.
Au mois de juin suivant, il s'éleva un si fu***®
XLTI.
Violent
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(An 906.) LIVRE LXXIf. LÉON VI. 38 1
orage, qu'on n'en avait jamais vu de semblable. Pen- orage.
dant trois iours.un vent de sud-ouest souffla $ans ?®^'••P•?^*•
. , . , . I^eo, p. 484.
cesse avec tant de violence , qu'il déracina presque tous incert. con-
les arbres, enleva les moissons et les fruits, détruisit Sym.p. 467.
les maisons et les églises. Constantinople fut remplie ^559.^'
de ruines et resta plusieurs jours déserte, les habitants
s'étant enfuis dans les campagnes. Une pluie abon-
dante abattit enfin ce vent impétueux.
Samonas, malfaisant par nature, aigri encore par ^^^"'
ie poison de la vengeance, usait de tous ses artifices Tronic chez
1 >•! 1 - • 1 • 5 / • lesSarrasins.
pour perdre ceux quil haïssait, et le prmce n était, cedr.p.6011,
sans le savoir, que le ministre de ses ressentiments. Il Leo^^^'484
en voulait surtout à Androuic Ducas , dont le fîls , 48^«
, ^ ♦ . , Incert. con-
Constantin rayait; ramené à Constantinople. Andronic ^n. p. 229,
était estimé du prince pour sa valeur et ses talents Sym. p.^ô;.
militaires. Les Sarrasins ayant mis une flotte en mer, seoTl'eii
Léon choisit Himère pour commander celle de l'Em^
pire, et lui donna pour adjoint ce brave guerrier. Ce
fut pour Samonas une occasion de le conduire à sa
perte. Il sul^orna un de ces faux amis, qiie l'intérêt
•change en dangereux ennemis, pour avertir Andronic
qu'il se donnât bien de garde de partir avec Himère;
que l'honneur qu'on semblait lui faire était un piège
de Samonas, et que le général avait ordre de lui cre*
ver les yeux dès qu'il serait éloigné de Constantinople.
Andronic était disposé à tout croire de la méchanceté
de Samonas : il refusa d'accompagner Himère , qui,
étant parti seul, remporta une grande victoire sur les
Sarrasins. Andronic, désespéré de n'en avoir pas par-
tagé la gloire, troublé d'ailleurs par les craintes que
lui inspirait un si. puissant ennemi, s'enfuit de la cour,
et, suivi de son fils et de quelques amis, il se retira dans
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38a HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (As 906.)
un château nommé Cabala près d'Icône en Lycaonie.
Samonas, toujours ardent à suivre sa proie, persuade à
l'empereur que cette retraite est une révolte; que, par
trop de patience, il a laissé échapper un traître qu'il
devait prévenir; il l'excite à ne pas perdre de temps
pour écraser ce rebelle , avant qu'il ait pu se rendre
redoutable. Léon, alarmé par ce discours, fait partir un
grand corps de troupes , et met à leur tête Grégoras
Ibérize , commandant de la garde , allié d'Andronic,
dont le fils avait épousé la fille de Grégoras. Mais les
intérêts politiques divisent les familles^ et sont capa-
bles de rompre les liens les plus étroits. Andronic^hors
d'état de tenir contre de si grandes forces, sortit de
Cabala et s'enfuit chez les Sarrasins , où il trouva au-
près du khalife un asile honorable. L'empereur était
aussi bon que Samonas était méchant; il savait d'ail-
leurs qu'un prince se fait honneur de revenir sur ses
pas, quand la passion ou la malice d'autrui Ta coO'
duit trop loin, et que cette sorte d'inconstance, qui k
ramène à la raison et à la justice , est un conseil de »
vertu. Il ne fut pas long-temps sans se repentir d'avoir
perdu un si habile capitaine, et de l'avoir donné à ses
ennemis. Il résolut de le rappeler. Pour cet effet il ta
écrivit de sa propre main, l'assurant qu'il lui pardon-
nait le passé , qu'il lui rendait ses bonnes grâces, rf
qu'à son retour il le comblerait encore de nouveaux
bienfaits. Cette lettre fut enfermée dans une chanaellc
de cire, et confiée à un prisonnier sarrasin, qui, ^
la promesse d'une grande récompense, se chargea u^
la porter à Andronic. Samonas, qui n'avait pu einp^'
cher l'empereur de faire cette lettre, s'en servit po^^
perdre celui que Léon voulait sauver. Il alla trou^c^
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<Aii90«.) LIVHB LXXtl, UkOV TI. 383
le messager au moment du départ. Savezrvoûsj tui
dit-il^ ce que contient la lettre dont vous êtes le
porteur? C'est la perte des Musulmans. Si vous ai-
mez encore votre patrie et votre religion , dont mon
cœur ne se détachera jamais , mettez la lettre entre
les mains du visir. Fotre fidélité sera mieux payée^
que votre perfidie ne le serait de Vempereur. Le
Sarrasia suivit ce conseil, et le visîr ayant mis la let-
tre soas les yeux du khalife, Andronic fut arrêté avec
son fils et tous ceux qui Tavaieilt suivi. Plusieurs d'en-
tre eux succombèrent aux traitements cruels qu'on
leur fit souffrir, et rachetèrent, leur liberté en se fai-
sant mahométans. Selon quelques auteurs, Andronic eut
la même faiblesse; selon d'autres, il mourut de misère
dans la prison.
Sou fils Constantin fut plus heureux. De l'avis de xlviu.
son père qui vivait encore, mais qui était plus étroite- COT^traS,
ment gardé, il concerta avec les autres prisonniers ^ a^^^, j
les moyens de s'enfuir; et s'étant coulés le long d'une
corde, après avoir rompu leurs fers, ils trouvèrent des
chevaux sur lesquels ils prirent la fuite. Poursuivis
par une troupe de cavaliers, tantôt se retournant pour
les combattre, tantôt leur jetant l'argent qu'ils avaient .
sur eux, pour retarder ta poursuite, ils gagnèrent
enfin la frontière avec perte de quelques-uns des leurs.
L'empereur fot ravi de joie de les revoir; il les combla
de présents^ les fit manger avec lui dans la plus belle
salle du palais, et, après le repas, prenant par la main
Constantin, dont il connaissait le caractère hardi et
entreprenant, il le conduisit devant une image de Jé-
sus-Christ : ^/ni^ lui dit~il, comptez sur ma bien-
veillance ; personne ne pourra plus vous nuire au^
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384 HISTOIRE DU BAS-£MPIR£. (An goA.)
près *de moi : mais jurez^moi devant cette sainte
image que vous me demeurerez fidèle , et à mon
fils après moi. Fous portez le même nom que lui;
mais songez que ^ si jamais t ambition vous égarait
jusqu*à le troubler dans la possession de son héri-
tage , votre perte est infaillible , et qiion rappor-
terait votre tête sanglante dans ce palais où je vous
reçois aujourd'hui auec tant d'honneur. L'événe-
ment donna dans la suite à ces paroles de Léon la force
^ d'une prophétie. Il mit Constantin à la tête d une des
compagnies de ses gardes, et l'envoya commander ea
Asie, oïl il se. signala par les avantages qu'il remporta
sur les Sarrasins.
An 909. Il y avait déjà plusieurs années que vingt Sarrasins
xMx. d'Espagne, emportés par la tempête dans une petite
sios cLassés barque, avaient échoué sur la côte de Provence entre
Uo^ostA. Nice et Fréjus,près d'un village nommé Frainet. Ils
Uutrlnà. ^° avaient égorgé les habitants, et s'étaient fait un rem-
Hi«t. 1. a, c. part d'une haie d'épines sur une montagne voisine.
Murât, ann. Us. furçut assez hardis pour commencer dès-lors a
p. a58/268, piJIpr Içs enyiro>is, firent venir d'Espagne etd'Afriqi»
un plus grand nombre de leurs camarades, etpe^a
peu se rendirent formidables à tous les habitants d*'
ïentour. Ce qui augmenta leur insolence, c'est que les
peuples de la Provence se faisant alors la guerre te
uns aux autres, les appelaient à leur secours; et ces
infidèles les détruisirent tous également. Ils infestaient
les passages des Alpes , osaient même ravager la France
et l'Italie, et pqussaient leurs courses, d'un coté jusque
daps 1^ Dauphiné, de l'autre jusqu'aux portes de Tui^"'
Tout ce pays fut pendant un siècle exposé aux ravage»
de ces brigands. Mais une autre colonie de Sarras/ns;
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(Ah go^.) LIVRE tXXll. tÉÔlfî VI. 385
établie depuis vingt ans sur les bords et à l'embou-
chure du Garillan^ itiquiétaît bien davantage Tltalie.
Ces barbares voisins, de Gaëte,de Capoue, de Naples,
de Benévent^ de Salerne, désolaient par leurs courses
tout ce beau pays^ et poussaient leurs ravages jus-
qu'aux environs de Rome. Ils recevaient sans cesse
par la mer de nouveaux renforts. Athenuif, prince
de Bénévent et de Capoue, eut recours à Léon. H lui
députa Landulf , son (ils aîné et son collègue. Léon
reçut bien le jeune primée, se flattant d'avoir trouvé
l'occasion de relever l'ancienne souveraineté de l'Em-
pire sur Bénévent. 11 lui promit toute assistance, et
fit équiper une flotte. Ijandulf , apprenant la mort de
son père, /etouma en Italie avec le titre de patrice;
et peu de temps après, Léon fit partir le patrice Nico-*-
las, surnommé Picigli, avec une bonne armée, lui or-
donnant de faire tous ses efforts pour déloger les Sar^
rasins. Ce patrice, brave et prudent, commença par
détacher d'eux Grégoire, duc de Naples, et Jean, duc
deGaëte, leur conférant le patriciat de la part de l'em-
pereur. Ensuite, se joignant aux princes de Capoue et
de Salerne, il se fortifia encore de toutes les troupes
d'Apulie et de Calabre, et alla camper au-dessus des
Sarrasins, sur la gauche du Garillan. Le pape Jean X,
qui croyait faire un sacrifice agréable à Dieu en mas-
sacrant des infidèles, vint lui-même à la tête d'une
armée, avec le marquis Albéric, duc de Spolète, se
poster de l'autre côté, en sorte que les Sarrasins en-
veloppés furent, au bout de trois mois, réduits à l'ex-
trémité. Mourant de faim, et ne pouvant échapper^
ils suivent le conseil que leur donnaient secrètement
le duc Grégoire et le duc Jean, qui entretenaient tou-
Tomê XIIL a5
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586 I^ISTOUIB DU BAS-E3VIPUIE. (An 909.)
jours iutelligeuca a^ec eux.; Us mettent le feu à leurs
. baraques, et,^e faisant jour le safcre à la main au tra-
vers de Tarmée chrétienne, ils se dispcarseat sur les
jpont^gw^ et dans les forêts voisines. On les poursuit
sans ,relâche; on. les détruit les uns après les autres,
et bien peu échappèrent au fer, ennemi. C'est ainsi que
les Sarrasins furent disses du Garillan ; c'était leur
place d'armes, le dépôt de leur butin et de leurs pri-
sonniers. Tous les étrangers, que leur dévotion con-
duisait à Rome, tombaient cxttre leurs mains et leur
paj^rient une grosse rançonv Quoique l'Italie eût beau-
çpup à souffrir des Hongrois et des Sarrasins du Frai-
net,, elle, souffrait encore davantage de ces vautours j
qui iui, déchiraient lea enti^illes. Cette îg^erre, com- |
mencée. vers la fin du règme dcLécm, nefut termince j
que. cinq ans après sa mort, ;en '916. Une expédition
si bien sputenue pendant sept ans; fit honnleur aux
armçs.des Grççs , et montra qu'il ûe fallait qu'un brave ,
et habile général pour réveiller daî» le cœur do la na-
tion son ancien courage.
^ L'honneur de l'Empire ne se ;souteuait pas du cote
Etat des de l'orient. La frontière se dépeuplait., et quelques
du côté de accroissenvents arrivés sous le. règne de Léon, ««i^"*
Const. de l'Euphrate, furent depeu' de conséquence, i^oi
tZT'lV frères qui possédaient des terres au-delà de ce fleuve,
Idem de au-dcssous de Mélitine, se donnèrent à l'empereur, qu»t
aam. imp. c. ' * . . -
43,45. pour illustrer cette acquisition, 'fit de ce petat caflt
une province , sous 4e nom imposant de 'Hiêoîe w
Mésopotamie. La grande At'niéûiè était partagée *û
plusieurs petits , princes, îquititâdialent de se mainte'' |
entre la puissance des Gréés et celle des Sarrasins,
servant sourdemept cey^.donls ils paraissaient ou
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(Angog.) LiVRfi LXXII. LÉON Vl. ÎS^
tement ennemis. Tels étaient Cricorice, prince de Taro,
pays situé entre l'Euphrate et le mont Taurus à l'oc-
cident du lac de Van; Adranasar en Ibérie, qui por-
tait le titre de curopalate, et Symbatice, qui paraît
avoir été le plus puissaiit de ces petits souverains»
Aussi prenait-il le titre pompeux de Prince des prin-
ces. Ses états s'étendaient du midi au septentrion, de-
puis la ville de Kars jusqu'au lac de Van, qui y était
renfermé ; et cette contrée était dès lors appelée Baas-
paracan. Les empereurs recevaient quelques présents
de ces princes , et leur payaient des pensions ; ils fai-
saient avec eux des échanges de territoire, s'intéres-
saient dans leurs démêlés et dans leurs jalousies mu-
tuelles, les attiraient de temps en temps auprès d'eux,
leur procuraient des mariages avec des filles d'un rang
distingué dans l'Empire, leur donnaient même à Con-
stantinople des établissements utiles; et, avec toutes
ces complaisances, ils n'en tiraient pas grand secours.
Ce fut pour l'intérêt de ces seigneurs que Léon entre-
prit une expédition dans la Phasiane, contrée située
vers la source de l'Araxe, qui porte quelquefois dans
Tantiquité le nom de Phase , ainsi que le fleuve de la
Colchide. Les Sarrasins s'étaient emparés de ce pays.
Léon y envoya lés troupes des provinces voisines, com-
mandées par Lalacon , qui y fit de grands ravages.
Catacale, qui lui succéda, prit Théodosiopolis, place
très-forte, aujourd'hui Hassan-Cala près d'Arz-Roum,
saccagea la Phasiane, et affaiblit en ces contrées la
puissance des Sarrasins.
Ceux de Tarse et de Mélitine envoyèrent dans ce lc père de
même temps à Constaiîtinople, pour traiter de l'échange co^^tonti-
des prisonniers. Entre ces envoyés était le père de Sa- *•****•
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388 HISTOIRE DU BAS*£MPIRE. (A9909,]
monas. L'empereur, en considération de son Ëivori, les
traita splendidement dans le palais de Magnaure; il
s'empressa d'étaler à leurs yeux toutes les richesses de
l'Empire, et les fit entrer dans l'église de Sainte-Sophie,
qu'il avait fait parer de ses plus beaux ornemenls. Od
trouva fort mauvais, on regarda même comme une
profanation, qu'il eût mis les vases sacrés sous les yeux
de ces musulmans. Le père de Samonas, ébloui de tant
de magnificence, charmé du grand pouvoir, deshoo-
neurs et de l'opulence de son fils, voulait se faire chré
tien, et demeurer à Constantinople, pour partager cette
brillante prospérité. Samonas, aussi mauvais chréties
que doit l'être un adorateur de la fortune, Ten dé-
tourna, lui conseillant de rester dans sa religion et daos
son pays, où il lui promettait d'aller le rejoindre, dès
qu'il pourrait commodément y transporter tous ses
biens.
Ah 910. U n'eut pas le temps d'exécuter ce mauvais desseJD.
. "I- , Sa méchanceté lui fit perdre ce qu'elle lui avait f^
Disgrâce de ^ , 1 a t ' fi»
Samonas. curc. Le jour de la Pentecôte de l'an 910, LeonW
Cedr.p.6o5, courouner solennellement son fils Constantin parles
606. . . . . ■
Léo, p. 475, mains du patriarche Ëuthymius. Dans le festm qui
Zon. p. xsô, suivit cette auguste cérémonie, Zoé fut si charméede
Giycasi p. l'intelligencc et de la bonne mine du maître-d'hôtel de
Joli%.^i8Ô. Samonas, qu'elle le demanda pour l'employer à son
incert «>n- servicc, ct Ic courtisau se fit un mérite de le céder
tin. p. a3i. ' .1
c *^** ^« aussitôt. Ce domestique se nommait Constantin, i»
Sym. p. 468, .... '■ r Hf
469» 470. s'insinua si bien, en peu de temps, dans la confianccac
56i, 562! l'empereur et de l'impératrice, que Samonas en devifll
jaloux; il résolut de le perdre. La calomnie ne lui^"'
tait rien, il avertit l'empereur que l'impératrice s«f*|^
prise d'amour pour Constantin , et qu'elle entretenait
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(A« 910.) LIVRE LXXIf. LÉO» VI. SSg
avec lui un secret commerce. Léon, qui avait de bonnes
raisons de douter de la vertu de sa femme, voulant
cependant éviter Téclat, se contenta de faire tondre
Constantin , et de l'enfermer dans un monastère éloi-
gné. Peu de jours après, sa colère étant calmée, Tiu-
clination qu'il avait pour ce serviteur agréable reprit
le dessus, il le fit rapprocher de Constantinople, et
transférer dans le monastère que Samonas avait lui*-
même fondé près de Damatrys. C'était un séjour dé-
licieux, où l'empereur allait souvent se reposer. Il y vit
Constantin , et sur-le-champ Samonas eut ordre de lui
rendre l'habit séculier, et de l'amener aussitôt pour
servir à table. Après le repas, l'empereur lui ordonna
de le suivre à Constantinople, et le reprit à son ser-
vice. Samonas, désespéré du retour de son rival , tourna
toute sa colère contre Léon; de. concert avec d'autres
mécontents, il compose un libelle satirique oii le
prince était horriblement déchiré, et le je^te sur le
passage de l'empereur. Ce fut la première chose. que
Léon rencontra, en entrant dans la sacristie de Sainte-
Sophie. Il en fut vivement piqué, et fit les informa-^
tions les plus exactes pour en découvrir l'auteur. Lès
devins ne furent pas oubliés ; mais toutes ces recher-
ches auraient été inutiles, si un des complices n'eût
révélé le secret à l'empereur. Léon, qui ne fut jamais
sanguinaire, ne punit Samonas que par la confisca-
tion de ses biens et par une prison perpétuelle , dfgne
réeotii pense de ses criminelles complaisances, et deses
intrigues pernicieuses. Il revêtit Constantin de tout^^
ses charges, et, pour l'égaler en tout à S^wortasiMi
voiilut qu'il eût aus^i l'honneur de fonder un mMasi-
tare, ^doi>t Ic^ |)atrïàrche Ëuthymiu^ fit.ia dédifacé^
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390 HISTOIRE DJJ BAS'EMPIRE. (An 910.)
pour honorer la cérémonie, l'empereur y assista avec
toute la cour,
LUX. Ce mouastère fut bâti ds^ns un lieu nommé les No-
la fondation sics, Voicî €6 qui détermina Coastantin à choisir cet
tè™*de8*" emplacement. Il avait un père plein de probité et de
Nosies. j^ijgiQii ^ qui cultivait en cet «ndroit un petit jardin
sans autre ornement qu'une belle source d'eau pure,
recueillie dans un bassin, où les passants s'arrêtaient
volontiers pour se rafraîchir. Un soldat vint s'y repo-
ser, et, tandis que son cheval s'abreuvait, il s'amusa à
jQompter l'argent qu'il rapportait à Constantinople;
•c'étaient' trois livres d'or. En remontant à cheval, il
oublia sa bourse, qu'il laissa au bord de la fontaine.
Le vieillard la trouva; et, non moinà affligé de cette
perte que le cavalier mênïé, il la mit à part, priant
Dieu de lui en ramener Je maître.Troîsans après, lesol-
dat repassa par les Nôsies; Après s'être désaltéré, et
«Voir abreuvé son .èheVal, il s'assit près de la fontaine^
et la pe^rdant en soupirant;: Hélas! dit-il, cest sur
tes isards que fui perdu toute mcufortumi tout le
fruit déjnes travaux, le maître du jardin l'entendit,
et Jui dt^andà le; sujiet de sa douleun Le soldat lui
raconta son Mav(enture^ sans «oublier la forme de h
bours«^ le.nombrç et:ia:y£(leUr:des pièces qu'elle con-
46iiait. Sar des in^î/cés si bien circpustanciés, le vieil-
lavd cottrtsà sa cabane, et lui remettant sa bourse, 7^'
W^\ lui'ditMl,ye neVaipasouvfHe. LesoWat, après
Avoir eopipté l'argent, diarmé d« sa ibonne foi? '^
pressait de prendre ce qu'il jugei?art à propos , «t pe
pHt lieagager à rien acioept^r. Il i s'en, alla Mo^
JQ^^el comblant de bénédinitSQiisircet boïDme digû^
^ssivpi-ëmicrs âges du monder Ce: fut cette cabafl^
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(Angio.) LIVRE LXXII. LÉON Vf. Sgi
que Constantin changea en un superbe monastère.
Les Sarrasins avaient sur le cœur l'affront qu'ils Awijir.
avaient reçu d'Himère par la défaite de leur flotte. Ré- Fiotte^OTec
soluMle prendre leur revanche^ ils mirent en mer trois ^"*r^",""®
cents vaisseaux, dont ils. donnèrent le commandement Sarrasins.
à ces deux renégats dont nous avons déjà parlé, Da-
mien^ émir de Tyr, et Léon, de Tripoli. Hi mère alla
ao-devant d'eux, et les rencontra près, de Samos^ où
commandait alors Romain Lécapène, qui fut depuis
empereur. Il se livra un sanglant combat, dans lequel
Himère fut vaincu, sa fiotte coulée à fond ou dispersée,
li courut lui-même les plus grands risques, et vive-
ment poursuivi , il gagna enfin le port de Mytilène.
Léon était depuis assez long-temps tourmenté d'une x^v.
dyssenterie , mal funeste à un grand nombre d'empe- Léon.
reurs,et qui fut sans doute, dans la plupart, reffôtdé fl^^v-
. 006, 607.
l'intempérance. C'était l'usage , qu'au commencement Léo, p. /,86,
du catéme, les empereurs fissent une exhortation chré- zon. p.' 181,
tietltte au sénat et à leur cour assemblée; ces princes-, oiyc^^/ags,
quoique déréglés dans leur conduite, étaient grands ^***^'igo/^^
prédicateurs. Cette année 911 , Léon, atténué par sa Manass.p.
maladie, n*eut de force que pour dire pes paroles: i^o»**^'. «•
ic Vous voyez Tél^at d'anéantissement auquel je ine Const.
« trouve réduit. Je ne puis, me flatter de vivre encore adm. imp.
, . . . c. a6.
(t^fong^temps avec vous, et peut-être ne v^rrairje .pas Cod.orig.p.
ii le jdiir de la- i^surrèetîoa du Seigneur.. Yoici. Je dciv. incert. con-
« ni€rii9erviC6'qtte''je tous demande; sûuvenea-'Vous ^°', ^2**'*
«d'Un» pritice' qui vou« a gouvernés avec doticeuc, et^^^-P^^^'*
<c témoigriez-èn votre'riecotmaissancetà mouL fils et kma ^^^^^'
ce femme.)» Ce triste >dis<5ours< fiit suivi des- sentisse- Liutpr. Hîat.
' , ^ . 1. 3, c. 6, 7.
metits de toutes i'ass^blée; ile;praitiestèi^eni>d,'uae:ivoix. Dncange,
unarlime qu'ils serviraienti^fidèlements au péril mâme. ui, i4k^*
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■ 1
39^ HISTOIRE DU B/iS«£]IIPlRE. (An 911.)
Baroniui. de IcuF propre vie, l'impératrice et son fils; et, après
Fieury, Hast, avoir salué le prince, ils se retirèrent fondant en lar-
*^«rL 47. ' ™^s. Avant que de mourir, il eut encore le chagrin
d'être témoin d'un grand incendie, qui consuma les
archives de la grande église. Sa vie languissante se
prolongea plus qu'il n'avait espéré ; et le 1 1 de mai,
se voyant près de mourir, il fit venir son frère Alexan-
dre, et le désigna pour son successeur avec son fils ea-
core enfant, lui recommandant avec instance ce jeune
prince, et le conjurant de le faire son héritier. On dit
même qu'en expirant il prédit à son frère qu'il n'avait
plus que treize mois à vivre. Les Grecs de ce temps-
là paraissent fort prévenus en faveur du talent pro-
phétique de Léon ; à les entendre, il avait prédit pres-
que tous les événements de son règne, et même ceux
des temps postérieurs ; et c'est peut-être principale-
ment pour cette raison qu'ils lui ont donné le nom de
Sage et dePhilosophe^qu'on peut d'ailleurs lui refuser
avec justice. On nous a conservé, je ne sais pourquoi,
seize oracles de sa façon, qui ne sont qu'un babil
inintelligible, et qu'on a prétendu expliquer après les
événements ; mais l'explication n'est pas moins ridi-
cule que le texte. Il a cependant laissé un ouvrage es-
timable, c'est sa Tactique, dans laquelle il donne de
bons préceptes sur l'art militaire, tel qu'il était de
son temps. M. de Maizeroy, officier distingué par son
mérite, vient d'en donner une traduction française,
qu'il a enrichie de remarques savantes et judicieuses»
Ce traité nous apprend plusieurs usages qu'on ne trou-
verait pas ailleurs. On y voit que tous les jours, &^
et matin, on faisait dans le camp une prière coior*
mune, où toute Tannée diaiitait le Trisagion; etqu^t
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(An 911.) LIY&£ LXXII. LÉON VI. SgS
la veille d'une bataille, un prêtre faisait sur toutes les
troupes une aspersion d'eau bénite. On y voit aussi
que l'usage des flèches empoisonnées était ordinaire en
ce temps-^à, et Léon ne le blâme pas; c'est une preuve
de la bassesse de cœur devenue alors générale. On cite
encore de ce prince plusieurs autres ouvrages mili-
taires, qui se conservent en manuscrit dans la biblio-
thèque du Vatican et dans celle de Florence , avec un
grand nombre de discours sur les dogmes de la reli-
gion et sur la morale, entre lesquels est une lettre
d'un style épiscopal, adressée à tous ses sujet& pour
les exhorter à vivre chrétiennement. On y reconnaît
partout un prince très-orthodoxe, au zèle duquel il ne
manquait que son propre exemple. Entre plusieurs
monastères, il en fît bâtir un sous le nom de Saint-La-
zare, dans lequel on ne recevait pour moines que des
eunuques. Il avait eu de Zoé Carbonopsine une fille
qui fut nommée Eudocie, et dont on ne connaît que
la naissance. Il avait régné â5 ans, 2 mois et 1 1 jours,
et mourut dans sa 4^* année.
FIN DU LFVR^ SOIXAITTE- DOUZIEME,
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394 HISTOIRE DU BAS-EMPIKE. (An 911.)
LIVRE LXXIII.
I. Gouvernement d'Alexandre. 11. Rétablissement du palriarclie
Nicolas. III. Mort d'Alexandre, iv. Entreprise de Constan-
tin Ducas. V. Proclamé empereur, il assiège le palais, vi.
Mauvais succès de l'entreprise, vii. Syméqn vient assiéger
Coustantinople, et se retire, vui. Le fils du doge de VeDise à
Constantinople. ix. Zoé rentre dans le palais, x. Andrinopic
perdue et recouvrée, xi. Alliance avec les Patzinaces. m
Courses des Grecs et des Sarrasins, xiii. Pait avec les Sar-
rasins. XIV. Les Grecs iiiarchent contre les Bulgares, xv. Ba-
taille d'Achélotts. XVI. Romain Lécapèàe. accusé de trahi-
son, xvii. Syméon repoussé devant Constantinople. xvni.
Léon Phocas et Romain Lécapène aspirent tous deoi a
l'Empire, xix. Romain se saisit du chambellan ConstanliD.
XX. Trouble dans le palais, xxi. Romain vient au palaK.
XXII. Léon prend les armes, xxiii. Romain dissipe la rébel-
lion de Léon. xxiv. Diverses conjurations contre Romaui.
H XXV. Romain couronné, xxvi. Romain élève sa famille aux
honneurs du trône, xxvii. Fin du schisme de l'Église «
Constantinople. xxviii. Conjurations, xxix. Méchanceté (l«
Rhentace. xxx. Guerre des Bulgares, xxxi. Mort de Théo-
dora, femme de Romain, xxxii. Le roi d'Ibérie à ConsiaB-
tinople. xxxiii. Nouvelle irruption des Bulgares, xx»^'
Urne des cendres de Maurice, xxxv. Révolte de Boïlas.xxxvi.
Nouvelle guerre à Andrinople. xxxvii. Mort du patriarche
Nicolas. XXXVIII. Léon-le-Tripolite battu à Lemnos. i^'
Enlrevue de Romain et de Syméon. xl. Élévation desfils°^
Romain, xli. Entreprise sur l'Egypte, xlii. Rivalité deRo"
main et de Syméon par rapport à la Servie, xliii. Troubles
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(An gii.) LIVRK LXXIII. ALEXANDRE. SgO
dans le Péloponnèse, xliv. Origine des Maïnotes. xlv. Con-
juration de Jean-le>Mystique. xlvi. Mort de Syniéon. xlvu.
Mariage du roi des Bulgares avec la petite-fille de Romain.
xLViii. Malatia prise par les Grecs, xlix. Affaires d'Italie. «
li. Mort du patriarche Etienne, li. Guerre en Arménie, lu.
Conjuration contre Pierre, roi des Bulgare, lut. Mort de
Christophe, liv. Théophylacte patriarche, lv. Charité de
Romain, lvi. Incursion des Hongrois. lVii. Mariage des fils
de Romain, lviii. Événements divers, lix. Incursion des
Russes. LX. Exploits et disgrâce de Jean Curcuas et de son
frère Théophile, lxi. Le voile d'Édesse transporté à Con-
stantinople. lxii. Romain envoie des secours à Hugues, roi
d'Italie, contre les Sarrasins, lxiii. Trêve avec les Hongrois.
rxiv. Mariage de Romain, fils de Constantin Porphyrogé-
nète. Lxv. Changement de vie de Romain, lxvi. Intrigue de
Constantin Porphyrogénète pour détrôner Romain, lxvii,
Romain détrôné, lxviii. Enfants de Romain.
ALEXANDRE. CONSTANTIN VU, dit Porphyro-
G^irÈTE, second de ce surnom. ROMAIN LÉCA-
PÈNE.
Bi^DANT le règne, de Léon , son frère Alexandre aw
9".
d*Alexandre^
Cedr. p. 607,^
n'avait ^u que le nom d'empereur. Après sa mort ^ i.
., , ' , . ^ . Gouverne-
il j3n eut. seul tout le pouvoir, son neveu Constantin^ ment
qui partageait ce titre avec lui , n étant âge que de
aix^^ns*. Il était dans sa quarante-deuxième année: 6o8,'6ii
, Léo, 'p\ 487,
mais sa vie y passée tout entière dans la débauche:, . A^-..
ne lui avait: laissé acquérir nulle expérience, liibérttn^ ' iVo.
ivrogne^ignorant^ ne connaissant d'occupation sérieuse iSa, tts?^
que.la.iciiàssQ^ il avait autant que son neveu besoin 'crej! vit^
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396 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. ^An 911.)
Basiiiijan. de gouvemeur. Il en prit de conformes à son carac-
tiD^p*33,' tère; c*étaîent les compagnons et les ministres de ses
Sym?pt*47i, plaîsirs. Il mit à la tête du clergé du palais ua clerc
Geirep. ^® mœurs dépravées , nommé Jean Lazare, qui mou-
^^56^^^' ''"^ P^^ ^^ tempa après lui, en jouant à la paume dans
Baroniu». l'Hebdome. Il prodigua les trésors de l'État à deux
Dttcange, scélérats , Gahriélopule et Basilize, et les fit patrices.
*" 14Î! ^ Il fut même tenté de nommer Basilize son successeur,
chrilt.*" I, ^^ ^^ rendre son neveu incapable de régner, en le fai-
p. aSx, a5a. ^^^^^ eunuquc. Lcs serviteurs fidèles du jeune prince
ne le détournèrent de cet infâme dessein qu'en lui
faisant espérer que cet enfant ne vivrait pas. Son con-
seil n'était composé que de charlatans et d'astrolo-
gues. Ils lui persuadèrent qu'une vieille figure de
sanglier , qui se voyait dans un coin du cirque, était
son talisman ; que sa fortune y était attachée , et que
la vertu secrète de cet animal mystérieux l'avait
défendu contre les mauvais desseins de son frère
Léon. Capable de tout croire, il adopta cette idée
extravagante , fit réparer la figure à demi-mutilée, et
voulut l'honorer d'une dédicace solennelle. Il la fit
placer au milieu du cirque, qu'il orna des plus riches
tapisseries, des lampes et des chandeliers de Sainte-
Sophie; et, au milieu de ce magnifique appareil, il fit
célébrer des jeux équestres. Cette profanation des
ornements d'une église ajouta le scandale au ridicule
^ de cette cérémonie.
^ . Dès les premiers jours de son règne , il chassa Zoé
*ment*dr ^^^ P^'^'^' Himèrc ne fut pas plus tôt de retour avec
patriarche lej déhris de la flotte , qu'il le relégua dans un moDas-
tère, le menaçant de le : traiter eniennen^i^ pour le
punir, dissut-il, des mauvais sérviceb qu'il itii isivait
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(An 911.) LIVRE LXXlIt. ALKXAITDRE. 897
rendus auprès de son frère Léon. Himère, effrayé de
ces menaces^ tomba dans une langueur qui le condui-
sit au tombeau. Le seul événement mémorable de ce
méprisable règne*, serait le rétablissement du patriar-
che Nicolas, si Euthymius n'eût pas été traité en même
temps de la manière la plus indigne. Léon, dans sa
dernière maladie, avait rappelé Nicolas ; c'était même
entre ses mains qu'il avait reconnu ses désordres; il
s'était, en mourant, recommandé à ses prières; il lui
avait rendu le gouvernement de son église. Euthy-
mius, qui n'avait accepté qu'à regret le patriarcat,
était disposé à le quitter avec joie. Mais Alexandre ne
savait rien faire avec modération et avec douceur. Il
assembla le clergé et le sénat dans le palais de Ma-
gnaure, et ayant fait asseoir Nicolas auprès de lui , il
fît amener Euthymius* Dès qu'il parut, des clercs in-
solents , excités sans doute par le prince , l'accablèrent
d'outrages, et lui sautant au visage, le frappant indi-
gnement, lui arrachant la barbe, ils le chassèrent de
l'assemblée, le traitant d'usurpateur, d'adultère in-
fâme, qui avait enlevé une épouse à son époux légi-
time. Euthymius, supportant patiemment ces insultes,
fut relégué dans un monastère, où il mourut peu
après. C'est un grand crime à Nicolas que de ne s'être
pas opposé à ces indignités.
Syméon, roi des Bulgares, vivait en paix depuis dix jljx 91a.
ans. Dès qu'il sut qu'Alexandre succédait à son frère, ^^^^
il lui envoya demander si c'était son intention d'entre- d'Alexandre,
tenir la bonne intelligence , lui offrant son amitié.
Alexandre , aussi fier qu'incapable de soutenir par des
effets ce ton de hauteur , reçut les ambassadeurs avec
arrogance et mépris, ne répondant que par des me-
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398 HISTOIRB DU BAS*CMPIR£. (An 91».)
naces. Le roi bulgare irrité se préparait à la guerre,
lorsqu'il apprit ila mort d'Alexandre. Le 6 juin, ce
prince s^étant levé de table, ivre à son ordinaire,'
après avoir pris quelque sommeil , s'en alla jouer à la
paume 9 et, saisi tout-rà*coup d'une extrême douleur
d'entrailles, il se. fit rapporter au palais, où il expira
le lendemain, rendant le sang par le nez et par l'urètre. '
Il avait régné un an et vingt-sept jours. Les auteurs
ne disent pas qu'il ait jamais été marié. Il nomma ,
en mourant, sept tuteurs à son neveu, la plupart in-
dignes de cet important ministère v c'étaient le patriar-
dae Nicolas , Etienne et Jean Éladas, l'un maître du *
palais , l'autre des offiisés, Jean Lassare, dont j'ai parlé, *
un certain Eutbymiiis, différent du patriarche déposé,
Basilize et Gabriélopule. On rapporte que, sous le rè-
gne de ce prince, parut à l*occident, pendant quinze
jours^une de ces comètes qu'on nomme Xiphias, parce
qu'elles ont la fbpme d'une épée.
i^. La nouvelle des préparatifs extraordinaires que Éai-
de^ConiuS- sait le roi des Bulgares jetait Talarniedans Constan- "
tinDucas. tiooble , ct le mauvais choix des tuteurs du ieune
Cedr.p.609, . ^ j 1., . , . . , , ^
610, 611. pnnce redoublait les oramtes, et excitait les murmures.
Léo, p. 488, ^x ,, . . , , .
489, 490. Quelle ressource contre un ennemi puissant et déjà
BM^-jun. tant de fois vainqueur ^ dans des hommes sans
***^"; P*3 expérience^ peu d'accord ensemble^ et qui , dès les
^iS3*i84^ P^^^i'^^^ j^^^^ àe leur gous^rnement y donnaient a
incert. con- chaque instunt des prem^ss de leur incapacité?
W8«qq. Qu'on devait chercher ailleurs le salut de l'État^
Sym. p.472, -, !..
473, 474. et en remettre lesforces entre des mains qui sussent
5657^66.' en faire usage; que^ depuis trois ans, Constantin
îam*!*ByV. I^^ti<^ y employé en Asie contre les Sarrasins^ et
p- '4«. exercé aux combats, soutenait par son courage
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(A.n 912.) LIVRE LXXIII. CONSTANTIN VU. 899
Vhonneur de V Empire; qu^ étant seul en état de
conserver au jeune prince les droits de sa naissance^
il méritait de les partager; qu il fallait l^ faire
"venir^ V associer à la souveraineté^ et V opposer aux
Bulgares. Le 'patriarche Nicolas tenait par sa dignité
le p^çmieiv rang entre les tutei^rs ; in&^ruit des di^ppr
sitions du pçuple , il avertit ses; collègues du danjgetr
où ils étaient;; il leur conseilla de prévenir Forage ,
et d'offrir eux-mêmes à Ducas Içs rênes du gouver-
nement^ avant qu'il eût assez de forces pour s'en sai-
sir et les retehir, malgré eux; qu' ils trouveraient plus
facilement les moyens de lui éter ce qu'ils auraient
donné ^usa^mémt^.* Cet a vi^ fut approuvé. Ou ecrità
Ducas, QU l'invité à venir sQUtepir la couronne en la
parta^ant avec le jeune empereur. Quelque ambitieux
que fût Ducas ), il respectait les lois^ il aimait son
prince et ses compatriotes, et avait horreur d'une
guerre civile» D'aille^irs , plus cette invitation était
extraordinaire, plusr il s'en défiait comme d'un piëge.
Il répondit qu'il ne se sentait pas capable de porter
un si grand fardeau, et que de plus il n'était pas d'hu-
meur d'abuser de la jeunesse de son maître, pour le
dépouiller d'uue portion de ses droits. Les tuteurs
sentirent que le soupçon avait plus de part à ce refiis,
que le devoir et la modestie. Ils le pressèrent de nou*
veau^et, pour lui prouver leur sincérité, ils envoyèrent
leur serment, et, selon la coutume d'alors , la croix que
chacun d'eux portait au cou. C'était le gage le plus
inviolable de la foi donnée. Sur cette assurance, Ducas
prend la route de Constantinople avec un détachement
de cavalerie.
Il arrive pendant la nuit et entre par une porte Prodam^
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400 HIStOIRS DU BiLS-EMPlUlî. (aa ^tt)
emperear, il d^robëc , qu'on lui tenait ouverte au pied du rempart.
"*JJ2^ '* Il passe le reste de la nuit dans la maison de Grégo-
ras, son beau-père. Plusieurs seigneurs viennent lui of-
firir leurs services. Il s'étonne de ne voir paraître au-
cun des tuteurs, et commence à se douter de leur
perfidie. Mais ne perdant pas courage, il se détermine
à les forcer de tenir leur parole. Avant le jour, le
bruit de son arrivée s'étant répandu dans la ville , une
foule de peuple et grand nombre de sénateurs accou-
rent à la maison de Grégoras. On salue Ducas empe-
reur, on le conduit au cirque à la lueur des flambeaux.
Les portes du cirque étaient fermées, et l'écuyer de
Ducas étant descendu de cheval pour les enfoncer^ est
renversé par terre d'un coup de lance par un de$
gardes de l'intérieur. Affligé de cette mort comme
d'un mauvais augure de son entreprise, Ducas aban-
donne le cirque , et marche au palais, où les tuteurs
s'étaient renfermés. Il devait bloquer le palais^ et tenir
le passage des vivres assez long-temps fermé pour for-
cer les tuteurs à lut ouvrir les portes. Son impatience
le perdit. Mais sa bonté naturelle, et Thorreur qu'il
avait du carnage , lui fit ménager le sang de ses con-
citoyens; il fit jurer à ceux qui le suivaient, qu'ils ne
feraient usage de leurs armes que pour se défendre.
Aussitôt il fait abattre à coups de hache la porte de
Chalcé,et pénètre dans la première cour. Une seconde
muraille environnait ce vaste édifice. Cependant Jean
Eladas, un des tuteurs, avait rassemblé tout ce qu'il
pouvait de soldats et de matelots ; car le palais don-
nait sur le port; et les ayant armés de tout ce qui pou-
vait servir d'armes offensives, il fit avec eux une vigou-
reuse sortie.
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(An 9**) MVM t'^XIII» COMTAWTiir VII. 4^1
Le combat fut sanglant; plusieurs seigneurs y pë- ti.
rireât du côté de Duea»'^ et entre autres, son fils s^'èJ^de
Grégtwpas. Le mur était bordé de soldats qui ne ces- ^'«'**"P"*«-
saient de tirer des flèches* Dans les mouvements que
Ducas se donnait pour encourager les combattants,
son cheval s'abattit, ^et dans ce moment une flèche vint
lui percer les flancs. A peine eut«il le temps de s'é-
crier; Malheureus , que sms-je venu chercher ici?
qu'aussitôt, tous ses gens ayant pris la fuite, un sol-
dat ennemi lui coupa la tête et l'emporta dans le pa-
lais. C^était ce que Léon lui avait prédit. En même
temps toutes les troupes sortent du ps^lais, tombent
sur les fuyards et les taillent en pièces. On fait fermer
toutes les portes de la ville, afin qu'aucun d'eux n'é-
chappe. On poursuit , on massacre par toutes les rues.
On eût dit que la ville ëtait prise d'assaut. Il y périt
plus de trois mille hommes. Grégoras, beau-père de
Ducas , et le pâtrice Léon Chérosphàcte , se réfugiè-
rent dans Sainte-Sophie ; on les en tira par force ; mais
les tuteurs se contentèrent de les raser et de les ren-
fermer dans le monastère de Stude. On fit le même
traitement au patrice Éladique, après l'avoir promené
par toute la ville en le frappant de nerfs de bœuf. On
creva les yeux à d'autres patrices. Quelques-uns eu-
rent la tête tranchée au milieu du cirque. Celle de
Ducas fut portée au bout d'une pique dans toutes les
rues» On chercha en vain Nicétas et Constantin sur- '
nommé l'Africain ; ils eurent le bonheur de se sau-
ver. On borda de potences le rivage de la mer, dans
une grande étendue, près de Chrysopolis ; on y pendit
le patrice Égidas , renommé pour sa valeur , et avec
lui un grand nombre de sénateur» et d'officiers dis-
Tome XIIL ^6
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4oa HISTOIRE DU BAS-rS»f)PIRE. (Aa 9».)
tingués. On fit jeter les cadavres dans la mer y sans
avoir égard aux lamias et aux. prières des familles, qui
demandaient la permission de rendre les derniers de-
voirs à leurs parents. Les tuteurs n'étaient pas encore
rassasiés de sang et de supplices, et ils auraient poussé
* plus loin la cruauté, si un d'entre eux ne leur eût re-
présenté qu'il n'était pas trop sûr pour eux d'abuser,
aux dépens de tant de familles , d'un pouvoir passa-
ger, qui ne devait durer qu'autant que l'enfance dii
prince, et qu'ils pourraient bien un jour se repentir
de tant d'exécutions. Cette remontrance ne partait
. pas du patriarche. C'était à lui plutôt qu'à tout autre
d'arrêter tant de bras meurtriers , et d'inspirer à ses
collègues des sentiments de douceur et de clémence.
Mais sa dureté naturelle alla dans cette occasion jus-
qu'à la férocité, et il ne se distingua que par une ri-
gueur plus impitoyable. Qn fit raser la femme de Du-
cas, ce qui était alors une punition honteuse ; on la
relégua sur ses terres en PaphUagonie, et on rendit
eunuque Etienne son fils»
y„. Le sang coulait encore dans Constantinople, lors-
Tieîrt^ié- ^"^ Syméon se montra aux portes , à la tête d'une
gerCoDstan- grande armée. A la faveur de tant de troubles , il e»>
tinople et se *^ , . * 1 1 mi 1 1
retire, peroit sc rendre maître de la ville sans beaucoup de
J^â^'v'too. P®'ï^' Mais à la vue dé ses fortes, murailles, de k
^\bl^' P' multitude de soldats dont elles étaient bordées , et da
incert. con- nombre prodigieux de machines de toute espèce dis-
Sym. p.474, posées en batteri», il perdit toute espérance, et se*
Georg.'p. tant retiré à l'Het^dome, il envoya un de ses ofBcien
Pagi a<f ]bL. demander un accommodement. Cette proposition fut
favorablement écoutée ; et les tuteurs s'étant rendus
au palais de Blaquernes ^ y reçurent les deux fils de
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(Am9<!».) l'I^RK LXXin. . OONSTAKTIJT VII. 4^3
Syméofi, qui seupèrent. avec ie jeune empereitr. Le
lendemaiiï [Nicolas alla trouver Syméon dans son
camp ; et ce prince pieux ^quoique guerrier, &'ëtanl
incliné devant lui^ reçut sur sa tête l'étole du pa>*
triarcfaei^ qui pvonoDça des prières^ Cependant on ne
put convenir des conditions de paix, et Syméon , sans
avoir rieti condu, reprit le chemin de Bulgarie avec des
présents considérables pour lui et pour ses deux fils.
Quoique Venise fût entièrement libre, elle entre-* vm.
. . ^ . i> • ^ Le fils du
tenait toujours avec 1 empire grec une respectueuse doge deVe-
correspondance. Le. nouveau doge faisait part à Tcni- ""antinopic!
pereur de son élection, et l'empereur ne manquait pas Murât, an-
de décorer le doge même ou son fils du titre de quel- t.5/p. 270,
que charge de la cour^ qui flattait ces princes, mais ^^''
qui retraçait néanmoins Fancienne dépendance. Pierre«
fils'dePartioipace VII, élu d«ige cettfg année, revenait
de Coastantinople, fort content des présents qu'il avait
reçus et du titre de Protospathaire , lorsqu'il fut arrêté
sur la frontière de Croatie par Michel, duc d'Escla-
vonie , qui le dépouilla et le mit entre les mains du
roi des Bulgares. L'empereur grec ne pouvait lui être
d'aucun secours auprès de Syméon, et ce ne fut qu'à
force d'argeftt que Participace put retirer son fils.
Le jeune empereur ne pouvait se consoler de l'éloir Aw 914.
gnement de sa mère, qu'Alexandre avait fait sortir du ^oérentre
palais. Il la redemandait sans cesse; on ne put l'a- dans itr
. ^ Il palais.
paiser. qu'eu la fai^nt revenir. Mais à son retour elle se cedr.p.ôn.
rendit ipaîtresse des affaires , et fit bientôt repentir les ^ ^"•
favoris d'Alexandre de la disgrâce qu'ils lui avaient '^^^- *• «» p-
attirée* Elle changea entièrement la face de la cour, incert. cou-
Le patriarche eut ordre de ne se mêler que du gou- aSg.
vemement de son église. Des autres tuteurs , elle ne oTô^. p.
a6. *'•
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4o4 HISTOIRK DU HAS-ElfPlRE* {j^ g^^^
conserva que Jean Éladas, qui lui conseillait d'écarter
ses collègues: mais il ne jouit pas long-temps de sa
faveur, il mourut de maladie peu de jours après. Zoé
donna la charge de gr^nd-chambellan à un de ses fi-
dèles serviteurs nommé Constantin ; elle honora des
premières charges du palais un autre Constantin et
son frère Anastase, tous deux surnommés Gongyle.
Dominique fut commandant de la garde étrangère;
c'était lui qui avait fait éloigner le patriarche ; il eut
bientôt le même sort. Il avait été nommé patrîce, et
était déjà en chemin pour aller à l'église recevoir la
bénédiction du patriarche, selon la coutume de ceux
qu'on élevait à cette dignité; il eut ordre de retourner
chez lui : le grand -chambellan l'accusait auprès de
l'impératrice de prendre des mesures pour faire cou-
ronner son frère. Sa place fut donnée à Jean Garidas.
L'eunuque Damien eut le commandement des gardes
de nuit.
X. Depuis que Syméon s'était éloigné de Constan-
Ândrinople . i .1 < • \ 1 11
perdue et tmoplc , il se préparait a de nouvelles entreprises.
cX'^fi* Voyant l'empire gouverné par une femme, il se crut
Léo, p. 491, plus assuré du succès. Après avoir ravagé une grande
ZoQ. t. a, p. partie de la Thrace, il se présenta devant Andrinople
incert. oon- au mois de septembre. La ville, située au confluent de
Syai.^p.*^5. troîs rivièrcs, et bien fortifiée , l'aurait long-temps ar-
^S'.^* rêté, s'il n'eût employé un moyen plus fort et plus
prompt que fEHites les machines de guerre. Il corrom-
pit par argent l'Arménien Pancratucas qui comman-
dait la garnison. Zoé fit usage du même expédient
pour retirer cette place des mains de Syméon même ;
il la rendit pour une plus grande somme d'argent.
Léon s'était servi des Hongrois contre les Bulgares ;
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(An ^14.) LivRj Lxxin. coNSTAiirTm vji. 4o5
Zoé eut recours à un peuple barbare plus puissant et xu
vainqueur des Hongrois mêmes. C'étaient les Patzi- aveclea
naces, dont j'ai parlé dans les livres précédents, et que ^■^*°"*^•••
j'ai conduits des bords du Jaïk à ceux du Tanaïs. La Porph de
forteresse de Sarcel, bâtie pour défendre le passage du *i et wqâ!^
fleuve, ne les arrêta pas long-temps. Poussant tou- iJegmgoes',
jours les Hongrois devant eux, ils s'emparèrent d'une Hiîî!î*'^t!*a,
vaste contrée tant au-*delà qu'en deçà du Borysthène. ^^^^'^
Ils étaient divisés en treize tribus qui occupaient huit Mcm. «cad.
*■ * t. 3o, p. 249.
provinces, quatre à l'orient, quatre à l'occident de ce
grand fleuve. Du côté de l'orient, ils confinaient aux
Khazars, aux Russes, aux Chersonites, et à tous les
peuples qui bordaient le Pont-Euxin sur la côte sep-
tentrionale. Du côté de l'occident, ils s'étendaient de-
puis les Porouïs ou Sauts du Borysthène jusqu'au voi-
sinage des Hongrois : ce qui comprend aujourd'hui la
Drik-Polie, la nouvelle Servie, la Podolie, et la Bessa-
rabie jusqu'aux embouchures du Danube. Cette nation,
aussi féroce que nombreuse, quoiqu'elle eût été obli-
gée de céder aux Uzes joints aux Khazars, qui lui
avaient fait abandonner ses premières demeures, fai-
sait trembler tous les Barbares de son voisinage, et
nulle autre «peuplade scythique n'était en état de lui ré-
sister. Les Hongrois, qu'ils avaient souvent défaits, se ,
reconnaissaient tellement inférieurs, qu'ils refusèrent
du secours aux Grecs toutes les fois qu'ils leur en de-
mandèrent contre les Patzinaces. Les BiM gares ne pou-
vaient nuire à l'Empire, qu'ils ne fussent en paix avec
eux. Les Russes ménageaient leur amitié , parée que
la Russie n'ayant alors ni chevaux m moutons , ils en
tiraient des Patzinaces , et qu'ils ne pouvaient se met-
tre en campagne pour aller attaquer l'Empire, sans
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4o6 HISTOIRE DU BA.S-XMPIRE. (An 914.)
kiisBO* leur pays exposé aux iacursions de ces redou-
tables voisins. De plus, obligés de suivre le cours du
Borysthène, il fallait porter leui-s bateaux sur leurs
épaules lorsqu'ils arrivaient aux Porouls; ce qui les
mettait alors à la merci des Patzinaces. L'Empire n'a-
vait donc rien à craindre ni des Hongrois, ni des Rus-
ses, ni des Bulgares, lorsqu'il était assuré de cette na-
tion. Mais elle vendait chèrement son secours. Avides
et insatiables de présents , il fallait en faire pour leurs
femmes, pour leurs parents, pour leurs chevaux. Aussi
hardis à demander, que les Grecs étaient timides à
refuser, on éludait leurs demandes par de faux, pré-
textes. Dans les avis que Constantin Porphyrogénète
donne à son fils Romain , une des dioses qu'il lui re-
commande le plus, c'est que, si les Hongrois ou les Pat-
zinaces envoient demander quelques-uns des habits
impériaux ou quelque couronne, ^i récompense de
leurs services, Romain leur réponde, qu'il n'est pas
permis à l'empereur, sous peine de malédiction , de
leur abandonner aucun de ces ornements, qui ont été
apportés du ciel par un ange au grand Constantin; il
en dit autant du feu grégeois. Si quelqu'un de leurs
princes demande en mariage k fille de l'empereur, oa
lui offre la sienne, Constantin veut aussi qu'on lui ré-
poode , que ces alliances ont été prohibées par le grand
Constantin sous peine d'anathême : mensonges pué-
rils, qui monirent autant la faiblesse du prince qui les
emploie, que la stupidité des Barbares capables d'en
être la dupe. Rien ne prouve mieux la bizarrerie des
coutumes des diverses nations, que la loi établie chez
les Patzinaces pour la succession à la couronne. Elle
était héréditaire; mais au lieiu de passer aux fils ou aux
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(An ei4.) LIVRJB LX^ÎII. GONSTANTm VII. 4^7
frères, elle passait aux cousins, afin, disaient-ils, qne
l'autorité , sans sortir de la même famille, pût se com-
muniquer à toutes les branches. Tels étaient les Pat^i-
naces, dent l'impératrice voirlttt se faire un rempart
contre les «Bulgares. Ce fut un conseil de Jean Bogas,
qui promit d'engager cette nation à défendre l'empire ;
il ne demandait, pour récompense d'un service si im-
portant, que l'honneur de patrice. Zoé reçut cette pro-
position avec joie ; elle lui mit entre les mains des
sommes coasidérables pour acheter l'alliance de ce
peuple avide. Il réussit dans sa négociation, fit un traité
avec eux, et en reçut des otages qu'il conduisit à Con*
stantîiiople. Les Patzinaces s'engageaient à passer le
Danube, et à tomber sur les Bulgares au premier mou-
vement qu'ils feraient contre l'Empire. L'Arménien
Âspt, fils du prince de Vaspouracan, vint de lapart de
son père faire les mêmes offres contre les Sarrasins.
Zoé lui fit un accueil honorable, et le renvoya chargé
de présents.
Il paraît que ce prince n'attendit pas long-temps à ah 915.
donner des preuves de son attachement à l'Ënmire. »i.
. • 1 • •! Course» des
Je crois du. moins pouvoir lui attribuer qe que rap- Grecs et des
porte Abulfeda, que l'année suivante les Grecs firent ^^ ^^^
des courses sur les frontières de la Mésopotamie. L'au* p»» p- 4&ï.
* Incert. con-
teur arabe aura confondu les Grecs avec leurs alliés, tin. p. 240.
1/. /» . Syin. p.475.
Mais Damien, émir ^ de Tyr, qui avait déjà fait tant Gcorg p.
d« mal à l'Empire^ se préparait à lui enlever les Jles Abôifeda.
de rAi-éhipel. Dès que la mer fut navigable, on le vit
à la t^te dVine grande flotte sur les côtes de l'ancienne
Carie. Il attaqua Strobèie sur le bord du golfe *Gçra«
miqué; et cette ville aurait bientôt succombé à se9
«fFortsr, s'il ne fat mort de maladie. Ce icontrq-ti^p^
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4oS HISTOIRE DU BAS-BMFIRB* (la 915.)
déconcerta tous les projets des Sarrasins , qui se reti-
rèrent en Syrie. Le reste de cette année ne présente
qu'un événement, qui peut apprendre aux officiers des
princes à ne pas trop compter sur la patience des
peuples qu'ils ne craignent pas d'irriter par leurs vexa-
tions. Chasès, gouverneur de l'Achaïe, plongé dans la
débauche, soutenait un luxe énorme aux dépens delà
province, qu'il traitait en pays de conquête. Un jour
qu'il assistait à l'ofEce- dans une église d'Athènes, le
peuple de cette ville, quoique naturellement doux et
patient, ayant formé contre lui un complot secret,
l'assomma de pierres au pied même de l'autel : yen-
geance atroce et criminelle par elle-même, et dans ses
circonstances., mais bien méritée par celui qui en 6it
la victime.
XIII. Les Sarrasins établis en Sicile ne donnaient pas
's^M^lr moins d'inquiétude que ceux de Syrie. Tandis queceux-
Ccdr.p.6ia, Ci attaquaient le cœur de l'Empire, les autres travail-
Leo, p. '491. laient à en détacher les extrémités, et à s'emparer de
p. i85. ce qui restait aux Grecs en Italie. Ben-Kliorab , révolte
STÎÎ: X «>»*f® 1« «alife d'Afrique, s'était rendu maître de Rlc
*^rg.^pf* Résolu d'illustrer son usurpation par la conquête de la
Ahiu^M. Calabre, il se mit à la tête d'une flotte; mais ellefot
Abuifarage. battuc de la tempête et entièrement détruite dans le
Murât, an- . . 1
Haï. d'iui.t. détroit de Messme. Peu de temps après, Ben-KJioraD
Abr. de' fiit pris par les troupes que le calife envoya contre
t. a?p. 666. ' lui ; on le transporta en Afrique , où il eut la tête traB-
cbée. Mais l'ennemi le plus. incommode et le plus dan*
gereux, parce qu'il était le plus vmsin de la capiw^j
était le roi bulgare. Pour pouvoir réunir contre .iJ"
toutes les forces de l'Empire, Zoé résolut de se dâ^^'
rasser des autres guerres en faisant la paix arec 1^
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(AngiW MVHg^LXXIII. COHSTAirTm Vil. 4o9
Sarrasins* Ëustathe, gouverneur de Caiabre, fit avec
les Sarrasins de Sicile un traité^ par lequel l'Empire
s'engageait à payer tous les ans au calife d'Afrique un
tribut de vingt"deux mille pièces d'or, c'est-à-<lire, près
de cent mille écus de notre monnoie. Il fallait s'assurer
du calife de Bagdad. Zoé envoya deux ambassadeurs,
Bodia et Toxaras, pour traiter avec lui. La relation
que les auteurs arabes nous ont laissée de leur récep-
tion, donne une grande idée de la magnificence de
cette cour. Toute l'armée, composée de cent soixante
mille hommes, tant cavaliers que fantassins, était sous
les armes. On rencontrait ensuite la maison du ca«
life rangée en haie, et superbement vêtue : on y voyait
sept mille eunuques, quatre mille blancs, trois mille
noirs, sept cents portiers. Sur le Tigre flottait un
nombre infini de barques richement équipées. Le pa-
lais était orné de trente-huit mille pièces de tapisserie,
où brillaient l'or et la soie, et de quarante mille tapis.
De distance en distance de grands lions, jusqu'au
nombre dç cent, symboles du prince et de ses mi-
nistres^ donnaient à toute cette pompe , par leurs ru-
gissements, un air effrayant et sauvage. Au milieu d'une
salle immense, un grand arbre, partie d't>r, partie d'ar-
gent, se divisait en dix-huit grosses branches, sans
compter les petites, couvertes de feuilles et chargées
d'oiseaux de l'un et de l'autre métal ; les branches s'a-
gitaient par des ressorts ; les oiseaux rendaient un ra-
mage. Les deux ambassadeurs furent introduits par le
visir, qui leur servit d'interprète. On convint de la paix
et de l'échange des prisonniers. Il s'en trouva entre les
mains des Grecs un nombre si supérieur , qu'après avoir
rendu homme pour homme, il en coûta encore au ca-*
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4lO HISTOIRB BU BAS*EMPIR6^ (An 917.)
. life cent vingt raille pièces d'or, qui valaient environ
quinze cent mille livres de notre monnoie.
ÀH 917. L'impératrice n'ayant plus rien à craindre du coté
Les^crêcs de l'Orient, fit passer en Europe toutes les troupes
marchent d'Asic. On n'avait vu depuis longr-temps une si belle
contre les , . * / r*
Bulgares, armec, et Ion ne doutait pas que cette année ne lut
^ôU'i^éf "* '* dernière pour le royaume de Bulgarie. Pour encou-
Lao,p. 991, rager tant de soldats, Zoé leur fit d'avance distribuer
^85*" li% '^ P^'® ^® toute la campagne, et y ajouta de nouvelles
incert.'oon- libéralités. Elle mit à leur tête Léon Phocas, fils de ce
341. vaillant Nicéphore, qui s'était signalé sous les deux
^477. ' * règnes précédents. Comme le nouveau général, déjà
seC^s^l connu par sa valeur, n'avait pas encore l'expérience
^'*^* du commandement, on lui donna pour conseil Con-
stantin l'Africain , qui , ayant édiappé cinq ans aupa-
ravant à la punition des autres complices de Ducas,
avait reparu après la disgrâce des tuteurs, et s'étak
concilié la faveur de Zoé. Tous les officiers distingue*
par leur rang et par leur mérite voulurent avoif ptft
à la gloire de cette campagne. Entre les autres moios
connus dans l'histoire, on remarque Bardas Pkocas,
frère du général , Romain et Léon , fils d'Ëustatfae Ar-
çyre, et Nicolas, fils de Ducas, qui n'avait pas été en-
veloppé dans le malheur de son père. «Ce brave Mélias,
atitrefois esclave d'Angurinès, devenu gouverneur d'une
province qu'il avait formée, vint avec une troupe d A^
méniens de sa dépendance. Avant le départ on assem-
bla l'armée dans une plaine aux portes de Constâflti-
nople^ et l'archiprêtredo palais, portant en ses va^^
le bois de k vraie croix, fit «nettre à gaioiÉs toii« k*
soldats, et leur fit jurer qu'ils vnîiBicraieiit ' oh q»*
mourraient ensemble, sans se séparer par la Jii^-
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(AA9I7- l'IVBIl LXXIII. OOirSTANTIK VII. ^i ï
Après ce serment téméraire, on marcha en Bulgarie. xy. ,
Le sixième jour d'août on rencontra les Bulgares près d'Achâoûs.
d'un château nommé Achéloûs, sur les bords du Da*
aube; on les chargea sur-le-champ, et l'armée grec-
que, très-supérieure en forces, les mit en déroute dès
le premier choc. Dans l'ardeur de la poursuite, le gé-
néral , mourant de soif, descendit de cheval près d'une
fontaine; et tandis qu'il se désaltérait^ son cheval , ayant
rompu son licou , s'enfuit au travers des troupes grec-
ques. On le reconnut, on crut Léon mort; la conster-
nation se répand par toute l'armée ; on cesse la pour-
suite; quelques escadrons tournent bride pour faire
retraite. Syipéon qui se retirait en bon ordre, aper-
cevant du haut d'une éminence ce qui se passait dans
l'armée ennemie, profite du moment; il retourne sur
les Grecs, et les trouvant abattus de tristesse et à demi
^aiacus^ il les met aisément en fuite. Les Grecs, au-
paravant vainqueurs, ne songent pas même à se dé-
fendre. Saisis d'une épouvante soudaine , ils se préci-
pitent, ils se renversent hommes et chevaux; on en
fait un horrible carnage. Le général Léon gagna Mé-
sembrie. Constantin l'Africain périt dans cette fu-
neste journée avec grand nombre des meilleurs offi-
ciers. Quelques auteurs donnent une autre cause à ce
triste événement : ils disent que Léon Phocas , pour-
suivant les ennemis, apprit que Romain Lécapène,
commandant de la flotte qui était entrée dans le Da-
nube , au lieu de le seconder , comme il en avait or-
Jre , se retirait , et Élisait voile vers Constantinople , à
dessein de se faire empereur ; qu'étant lui-même pos-
sédé de la même ambition., il quitta aussitôt son ar^
mée, et courut à toute bride vers le Danube, pour
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a
4l2 HISTOIRE DU BAS-EBIPIRE. (An 917.]
s'assurer de la vérité de ce rapport ; et que ses soldats
s'imaginant qu'il fuyait, se débandèrent et prirent la
fuite ; ce qui donna la victoire à Syméon. Tous con-
viennent que, depuis long-temps, l'Empire n'avait es-
suyé une si sanglante défaite.
R^m'ia ^^ devait d'autant moins s'y attendre, qu'outre la
Lécapène supériorité dcs forces, les Patzinaces étaient prêts à
accusé de \ , ^ , , . ^ / • ♦
trahison, sc joindre à 1 armée grecque, amsi quils en étaient
convenus. Jean Bogas les avait amenés au bord du Da-
nube, et Romain Lécapène, grand-amiral, était entre
dans le fleuve avec sa flotte, pour leur procurer le pas-
sage. Mais une contestation survenue entre Bogas et
Romain rompit ces mesures. Les Patzinaces, lasses
d'attendre la fin de cette querelle , abandonnèrent avec
mépris des gens qui s'entendaient si mal , et reprirent
le chemin de leur pays. Bogas , de retour à Constan-
tinople, accusa Romain devant le sénat d'avoir été la
principale cause de la défaite, en refusant de passer
les Patzinaces , et en laissant l'armée exposée à la fu-
reur des ennemis, sans donner retraite aux fuyards.
Romain fut jugé coupable de trahison et condamne à
l'aveuglement ; ce qui aurait été exécuté, sans la pro-
tection pubsante de l'impératrice , qui ne voulait pas
perdre un courtisan de très-bonne mine , qu'elle ho-
norait de ses faveurs,
xvn. Symëon, fier de sa victoire, marcha droit à Con-
Jrstrde stantinople. Léon Phocas s'y était rendu avec les dé-
rti
devant Con<
.S^tinopu" ^"S ^® s^» a™««- Résolu de périr, ou d'effacer par»
valeur la honte de sa défaite , il sort de la ville a »
tête de ce qu'il peut rassembler de soldats , accompa-
gné de Nicolas, fils de Duças, qui s'était signalé da^^
la malheureuse bataille contre les Bulgares. Aqu^^
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(Ab 917.) LIVKB LXXIII. GONSTAITTIN VII. 4^3
distance de Constantinople^ils rencontrent un grand
corps d'ennemis qui s'étaient avances pour piller les
campagnes ; ils le chargent et le mettent en fuite. L'a-
vant* garde, qui accourait pour le soutenir, fut repous-
sëe avec vigueur ; enfin toute l'armée réunie ne put
résister à leur fougue impétueuse, et les Grecs, combat-
tant en désespérés , allaient rendre la pareille aux Bul-
gares , lorsque Syméon , pour ne pas perdre entière*
ment l'honneur de sa victoire, fit sonner la retraite; et
marchant en bon ordre, toujours sur la défensive, s'é-
loigna de Constantinople. Nicolas fut tué dans cette
rencontre, en donnant des marques d'une héroïque va-
leur;
Une couronne mal assurée sur b tête d'un jeune an 919.
prince qui n'avait rien de grand dans le caractère , Lëon™ic«8
mal appuyée par une mère plus occupée de ses plai- ?/®T^
sirs secrets que des affaires publiques, semblait devoir ««pJrenttoM
être le prix du plus hardi usurpateur. Un Macédo- l'empire.
nien , nommé Basile , essaya de l'enlever par Timpos* ^^^' p- ^'^
ture; il prétendit être Constantin Ducas, auquel, di- Léo .'•p. 49a
sait-il , on s'imaginait faussement avoir ôté la vie. 11 Manass. p.
fit même un parti, mais il fut bientôt pris et brûlé vif. 'iïs"^'
Entre les principaux seigneurs , qui tous se croyaient p. ^i^^/iV;,
dignes de l'empire, les deux plus puissants étaient Giyc.*p.'3oo»
Léon Phocas et Romain Lécapène : l'empereur Léon , l'^^' ^***'
en mourant, avait nommé l'un général de ses ar* tii^-p-Hi
mées, l'autre grand -amiral. Leur ambition fit taire Sym. p. 477
celle des autres , qui , n osant entrer efi concurrence Georg. p.
avec eux , demeurèrent spectateurs 4u combat. Léon Liutjr. hS!
Phocas est déjà connu. Romain Lécapène était fils de sÙh.'Jh^oL
ce soldat arménien nommé Théophylacte, qui, dans ^^*^*°8®»
une bataille, avait sauvé la vie à l'empereur Basile. }^^'
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4' 4 BI8TO1RB DC BAS-EVmiRE. (An 919.)
Giann. hist. D'obord Simple soldat de marine , il s'étaît «f ancé par
Mm-ft7.'ant* ^^ scrviccs, ct daos une guerre contre les Sarrasins, il
^'pt^ass/' s'était fait une grande réputation de force et de cou-
rage, en tuant un lion prêt à dévorer un de ses gens.
La valeur et la hardiesse étaient égales dans ces deux ri-
vaux ; mais Romain savait y joindœ la ruse et la sou^
plesse. Léon, au contraire, comme sil eût été sur da
succès, ne se donnait pas même la peine de cacher ses
desseins ambitieux. Il comptait sur sa noblesse, sur
son crédit, sur le grand pouvoir du chambeUaQ Coa-
stan tin, dont il avait épousé la sœur. Constantin était
le chef des eunuques , ministres assidus des voluptés
de l'impératrice , et par ce mérite arbitres de la cour.
Mais Lécapène avait encore en ce point un grand avan-
tage ; il disposait de Timpératrice mâme, dont il s'était
fait aimer. Habile dans l'art de dissimuler, il affectait
pour le prince un attachement sans réserve, en sorte
que Théodore, gouverneur du jeune empereur, crai-
gnant pour son élève les effets de l'audace de Léon,
* lui conseilla de se jeter entre les bras de Romain,
comme du plu» zélé de ses serviteurs. Théodore écrivit
donc à Romain , que sa fidélité exigeait de lui qu'il
protégeât la jeunesse du prince contre les traîtres qui
en voulaient à sa couronne, et peut-être à sa vie. Mais
Rjomain , appréhendant que ce ne fût un piège , ré-
pondit avec une fausse modestie , qu'il était prêt à verser
jusqu'à la dernière goutte de son sang pour le service
de son msdtre , mais qu'il se reconnaissait infiniment
au-dessous de la qualité de son protecteur; qu'il se
tenait assez honoré d'obéir à ses ordres et à ceux de sa
mère. Plusieurs lettres de Théodore ne purent tirer de
lui d'autre réponse. Enfin l'empereur lui-même lui
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(An 919») *'I'VRE LXXIII. CO^rSTAlTTIir VII. 4*5
ayant éerit de sa main , il promit de s'opposer de toutes
ses forces au chambellan Constantin, et à ceux dont il
Ëivôrisait les pratiques criminelles.
Cetite iiitrk'ue ne put demeurer secrète. Bientôt on ^^x?*
* Romain se
ne parlait à Comtantinople que de la rivalité de Lëon «aisit du
et de Romain, et, comme s'il se fut agi du combat de Constantin.
deux fameux athlètes, chacun se déclarait pour l'un ou
pour l'autre. Le cliambellan présomptueux se persua?^
dait que soii parti ne pouvait succomber. Il résolut
d'éloigner Romaini; et comme celui*ci refusait de mettre
à la voile , qn^. ses troupes et àés équipages ne iuss^t
payés, Constantin se transporta au bord de la mer
pour distribuer la paye.» Romain vint au-devant de
lui daàd une chaloupe , et l'abordant avec les démons*^
tralions du plus profond respect, il lentretint long-
temps de son. dévouement, du désir ardent qu'il avait
de mérita ^s bonnes gra(0s , de 1 état de la flotte , et
des projets qu'il formait? pour l'honneur de r£mpire.
Il avait eu soin, de fournir sa chaloupe des plus vigou*
reux matelots ; et dans le moment que Constantin, sa«-
tisÊiit de ses humbles protestations de respect et d'o-
béissance, lui donnait ordre de lever l'ancré sur-k"^
champ, Romain ayant dit à ses ^eas^ Saisissez'-vous
de cet homme ^ la. chose fut. aussitôt exécutée, sans
que personne de la suite du chambellan osât le dé*
fendre. Le superbe ministre se trouva en un instant
transporté sur la flotte, et prisonnier de l'amiral. La
nouvelle de cet enlèvement fit grand bruit à Con^
stantinople ; on le regardait comme le signal d'unf
guerre civile. Zoé, qui n'avait pas été prévenue, en*
voya le patriarche et les principaux sénateurs demander
à Romain la raison d'une action si hardie ; ils fureat
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xz.
4l6 HISTOIRB DU BAS*EKPIRE* » (Atf^ioO
reçus à coaps de pierres ; on ne les laissa pas même
approcher.
Le lendemain , au point du jour, Zoé ayant fiiit venir
! dwfîe 8on fils et toute sa maison, leur demande la cause de
P*^- ces mouvements. Tous les autres gardant le silence,
Théodore prend la parole : Princesse^ dit-il, iiccusez-
en Léon Phocaset Constantin même; Vun a mis le
désordre dans les troupes , l'autre dans le palais.
En même temps l'empereur déclare qu'il veut gou-
verner par lui-même, et il fait revenir auprès de lui le
patriarche Nicolas et lé tuteur Etienne. L'impératrice
les avait bannis de la cour ; ils s'en vengent dès le jour
suivant , en lui faisant signifier qu'elle ait à sortir du
palais. Désespérée d'un affront si outrageant, Zoé court
à l'appartement de son fils ; elle se jette à son cou et
ranime sa tendresse ; il verse lui-même des larmes , et
commande qu'on lui laiss^a'mère. Craignant tout de
Léon Phocas, il lui dte sa charge de capitaine de la
garde , et la donne à Jean Garidas. Léon obtient ce-
pendant que celle de commandant de la garde étran-
gère soit donnée à son fils Syméon et à Théodore , son
beau-frère^ et, après avoir juré à l'empereur une fidé-
lité inviolable, il se retire dans sa maison. A-peine est-
il sorti du palais, qu'on en bannit et son fils et son
beau-frère. Effrayé de ce nouveau coup de* foudre, il
croit n'avoir d'autre ressource que de se liguer avec
Romain même pour se défendre contre ses autres en-
nemis. Il monte à cheval et se rend à la flotte. Il ex-
pose à Romain les affronts qu'il vient de recevoir, et
lui veut persuader qu'il doit s'attendre aux mêmes trai-
tements de la part des ministres d'un jeûne prince,
âmes basses et jalouses de tout mérite qui les effisice.
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TXt.
Komain
palaù.
(An ffig.) UVRE LXXIII. CORSTAirTm VU. 417
Il lui propose de s'unir ensemble pour résister à leurs
attaques. Romain, plus rusé que lui, feint d'embrasser
ce parti avec joie; ils cimentent leur nouvelle alliance
par des serments réciproques, qui ne coûtent rien à
des âmes corrompues. Ils conviennent même de marier
ensemble leurs enfants, et se promettent le secret. Léon
se retire sur ses terres en Cappadoce.
Romain, qui ne tenait compte des serments qu'il ve-
nait de faire à I^on, envoie au palais pour se justifier; "°"«!»»
toujours prêt à jurer pour appuyer un mensonge, il
proteste par ce qu'il y a de plus sacré, qu'il n'a rien
fait pour sa propre élévation ; que son unique vue a
été de mettre l'empereur à couvert des attentats de
Léon. Comme le patriarche, qui gouvernait alors le
prince, plein d'une juste défiance, n'admettait point
ses excuses, son ami Théodore lui mande qu'il est temps
de lever le masque; il lui conseille de se présentera la
tête de la flotte dans le port voisin du palais. Romain,
étonné lui-même de la hardiesse de l'entreprise, après
avoir long-temps balancé, pressé enfin par lel vives
sollicitations de ses amis , entre dans le port de Buco-
léon, le a5 mars, avec toute sa flotte armée en guerre.
A la vue d'un appareil si formidable, Etienne quitte le
palais, et le patrice Nicétas, ami de Romain, en fait
sortir le patriarche. On permet à Romain d'y entrer;
mais on ne le reçoit qu'après lui avoir fait jurpr sur
la vraie croix que jamais il ne formera aucun dessein
9U désavantage du prince. Le jeune empereur le con-
duit à la chapelle du palais, et, après qu'ils se sont
engagés l'un à l'autre par des serments mutuels, Ro-
main est revêtu de la charge de commandant de la
garde étrangère; De peur que la jalousie ne fasse pren-
Tome XIII. 2»
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4l8 HISTOIRE JDU BAS-EMPIRE. (An g 19.)
dre les armes à Léon Phocas, on force le chambellan
Constantin, son ami, de lui écrire qu'il ait patience;
qu'on lui prépare un sort encore plus honorable; que,
s'il demeure fidèle au prince , il ne sera pas long-temps
sans se voir au-dessus de tous ses rivaux. Léon, trompé
par ces belles promesses , en attend tranquillement les
effets.
XXII. Cependant Romain, profitant habilement de ses
le^^aiSeî! avantages, fait tous les jours quelques pas vers le trône.
11 rend le jeune prince amoureux de sa fille Hélène,
qui joignait beaucoup d'esprit anx grâces de la beauté,
et le mariage se fait la seconde fête de Pâques. Ro-
main reçoit en même temps le titre de Père de Fem-
pereur, dignité supérieure à toutes les autres, ima-
ginée sous le règne précédent en faveur de Stylien. Sa
charge de commandant de la garde étrangère passe
à son fils Christophe. I^a nouvelle de tant d'honneurs
prodigués à Romain et à sa famille , alla bientôt ré-
veiller la jalousie de Léon Phocas. Le chambellan Cod- ^
stantin va le trouver en Cappadoce , avec trois autres
des principaux seigneurs de la cour ; ils aigrissent en-
core son ressentiment. Par leur conseil, Léon assemble
une armée nombreuse; toutes les troupes d'Asie, dont
il était général , se rendent sous ses enseignes et mar-
chent à sa suite vers Constantinople. Il ne prenait
les armes, disait-il, que pour tirer l'empereur des mains
de ceux qui le tenaient en esclavage,
xxni. Pour dissiper cet orage, Romain n'eut besoin que
d?g^ê"îa du nom de l'empereur. Il composa des lettres par les-
'^'^Léon* ^* quelles le prince ordonnait à tous ceux qui suivaient
Phocas, de l'abandonner , promettant des récompenses
à ceux qui feraient le devoir de fidèles sujets, comntf
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(An qïQ) I'IVRE LX3UII. CONSTAHTI» Vil . 4'9
il menaçait de châtiment les complice^ de la révolte.
Il scella ces lettres du sceau de Tempereur, et les mit
entre les mains d'un clerc nommé Michel^ et d'une
femme nommée Ânne,y que la cour employait volon-
tiers dans toutes les intrigues; , parce que , pour la ser-
vir, elle n'épargnait pas même son honneur. Plus adroite
que Michel, et plus exercée à ce manège, elle s'acquitta
de sa commission avec succès. Mais Michel fut décou-*
vert, et Phocas lui fît couper le nez et les oreilles^ Ces
lettres ne furent pas sans effet ; elles détachèrent de
Phocas plusieurs des principaux officiers, ce qui pib
l'empêcha pas de continuer sa marche. Il arriva vis-
à-vis de ^Constantinople , et borda de soldats tout le
rivage du Bosphore, depuis ChrysopoHs jusqu'à Chai'
cédoine. Il espérait réduire ses ennemis, par la seuli»
terreur de ses armes ^ à lui proposer des conditions
avantageuses. Mais, malgré l'épouvante qui s'était ré-
pandue dans la ville, le secirétaire Syméon fut assez
hardi pour traverser le détroit dans une chaloupe,
portant à l'armée de Phocas une déclaration écrite de
la iftain de l'empereur, et conçue en ces termes : « Ayant
« reconnu par expérience la vigilance et la fidélité de
a Romain, je l'ai choisi pour le gardien et le défenseur
a de ma personne, après Dieu, et^ convaincu de son
« affection paternelle , je déclare qu'il me tient lieu de
a père. Quant à Léon, qui n'a cessé de troubler notre
« règne par de sourdes intrigues, et qui nous fait au-
« jourd'hui une guerre ouverte , je le déclare déchu de
a toutes ses dignités, aoupable de haute trahison, et
tf digne, par^ses attentats, de toute ma colère. Vous
^ donc qu'il a séduits par ses mensonges, reconnaissez
<c la vérité , séparez-vous d'un rebelle odieux , ^t ren-
27.
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4aO HtSTOIKB JDU BAS-EirPIftl» (in 919.)
tf trez sous Tobéissance de votre légitime empereur.»
A l'arrivée de Syméon , toute rarmée, que Léon ne put
retenir, s'assemble autour de lui. La lecture des let*
très-patentes fait une forte impression sur les troupes.
Trompées par les discours de leur général, elles avaient
cru jusqu'alors, qu'elles servaient l'empereur, et que
Phocas agissait d'intelligence avec lui pour le délivrer
de la tyrannie de Romain. Dès qu'elles furent désa-
busées, elles se débandèrent; et Léon abandonné,
suivi seulement de ses plus fidèles serviteurs, après
s'être en vain présenté devant plusieurs forteresses qui
lui fermèrent leurs portes, fut pris par un détachement
envoyé pour le poursuivre. Ceux qm le ramenaient à
Constantinople lui crevèrent les yeux en chemin, sans
doute par un ordre secret de Romain , qui les désa-
voua, affectant même d'en paraître affligé. Tel fut le
succès des projets ambitieux de Léon Phocas.
XXIV. Tant que la victoire avait paru incertaine entre les
conjwations dcux rivaux, ils avaient également partagé la haine pu-
blique. Dès que la querelle fut décidée au désavantage
de Léon, la compassion lui fit un mérite d'avoir «ic-
combé, et le succès de Romain le fit paraître criminel
même à plusieurs de ses partisans. Trois des premiers
officiers du palais gagnèrent des assassins pour le tuer
à la chasse. Le complot fut découvert ; on creva les
yeux aux coupables, leurs biens furent confisqués; et,
après les avoir battus de verges, on les promena sur
des mules, dans la grande place, pour les donner ea
spectacle au peuple. Romain , par une basse vengeance,
fit conduire au milieu d'eux l'infortuné Léon Phocas.
Le commerce secret établi depuis long-temps entre Zoe
et Romain n'était pas l'effet de l'amour: la débauche
contre
Romain.
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(An 9»^) LIVRE LXXIII. CONSTiLWTlN VII. 4^*
(l'uQ côté, lambition de l'autre étaient les seuls Ikns
qui les unissaient. Dès que Romain sentit qu'il pouvait
voler de ses propres ailes , il négligea Zoé. La prin-
cesse, piquée au vif de se voir méprisée par un homme
qui lui devait sa fortune, résolut de s'en, venger par
le poison. Elle fut trahie, et Romain la fit raser et ren-
fermer daBs un cloître. Il n'était personne à qui Ro-
main eût de plus grandes obligations qu'à Théodore,
gouverneur du prince ; c'était Théodore qui avait mis en
mouvement son ambition, qui lui avait ouvert l'entrée
du port et les portes du palais ^ qui l'avait, pour ain^
dire, pris entre ses bras pour le placer à coté du prince.
Mais Théodore commençait à s'apercevoir que Ro-
main ne se contentait pas d'un rôle subalterne, et il
était trop attaché à son élève pour consentir à l'usur-
pation. IjCS mesures qu'il prit pour l'empêcher le ren-
dirent suspect ; on oublia tous «es services ; et un jour
qu'il était à table avec son fils Syméon, chez le con-
nétable Théophylacte , Jean Curcuas, alors comman-
dant du guet, suivi d'une troupe d'archers, les enleva
tous les trois, et les transporta sur leurs terres au-delà
de l'Hellespont avec défense d'en sortir.
Romain agissait déjà en souverain ; il ne lui en man-
quait que le titre. Constantin, âgé seulement de quinze couronné
ans , prince sans expérience , qu'une longue vie ne lui
dotina même jamais, tendit la main à cet ambitieux
pour l'aider à monter sur le trône. Il le nomma César
le a 4 septembre, et le 17 décembre de cette même
année, .0(<9, il lui permit de prendre le. diadème, dont
le patriarche Nicolas le couronna solennellement. Ro-
main, devenu empereur, prit sur lui tous les soins
comme toute l'autorité du gouvernement , et laissa son
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Romain
4ua HISTOIRE OU BAS-EltfPlRE. (An 919.}
collègue, d'un caractère doux et paisible, passer obs-
curémeat ses jours dans des études qui honorent un
particulier y mais qui ne doivent occuper que le loisir
d*un prince , auquel il n'en reste guère quand il est
digne de régner. Pendant ces grands mouvements,
dont la cour de Constantinople était agitée , tout était
tranquille au dehors. Du moins l'histoire de cette an-
née ne fait mention d'aucune guerre, sinon de quel-
ques combats de peu d'importance entre les Grecs, tou-
jours maîtres de l'ApuIie, et les princes de Bénévent
«t de Capoue, tantôt amis, tantôt ennemis, qui rem-
portèrent alors quelque avantage.
An 940. Le nouvel empereur, pour assurer sa puissance, se
«VI- hâta d'en répandre l'éclat sur sa famille. Le 6 janvier
Romain ,
éièresa de Tannée suivante, il donna le titre d'Auguste à sa
honneurs du femme Théodora ; et, le jour de la Pentecôte, il fit
CtA °*6 couronner son fils aîné Christophe. Constantin lui-
Leo, p. 496- même présidait à cette cérémonie, qui lui causait un
Zou. t. 2, p. 11/1.. .1 . 1» 1 1- -Il 1.
188. mortel déplaisir; mais la crainte 1 obligeait de le dis-
incert. con- simulcr. Agathe, fille àe Romain, épousa Léon Argyre.
Sym.^p.48ï! C'était, au rapport des historiens, le plus accompli de
^*574. ^ ^^^^ ^^ seigneurs de la cour. La valeur, la prudence,
sife)».€hr. j^ simplicité antique, une libéralité inépuisable envers
les malheureux, se trouvaient réunies dans sa personne
à l'extérieur le plus avantageux.
xxYiK Depuis la déposition du patriarche Ëuthymius , l'É-
hi" ^"d ^'*^ ^ Coostantinople était divisée, une partie des
régiise de ecclésiastiques s'ëtant séparés de ceux qui avaient ap-
Constanti- ^ ^ .^ ^ ^ ^ ^
nopie. prouve les quatrièmes noces de Léon. Nicolas, vou-
iltl'xl'llt' '®^*' ^^^^^' ^^ esprits, s'adressa au pape, et Jean X
^"^ no"î ^^ ®^voya des légats qui rétablirent la concorde. La dis-
incert. con- ctpline au sujct des mariages fut i^églée par un édit
tin. p. a46. *' o ir
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(An 920.) LIVAE LXXllI. ROMAIK. 4^3
de l'empereur Constantin , dont on faisait tous les ans sym. p. 481.
une lecture publique dans le jubé de Sainte-Sophie. ^^^If]^'
Cet édit portait, qu'à commencer de la présente an- p3*[°ad'jj*.^
née 920, les quatrièmes noces ne seraient plus permi- ^?**™"°"î*
ses, sous peine d'exclusion de l'entrée de l'église, tant adAmpiû-
qu'elles subsisteraient. Les troisièmes noces ne se per- Fieiipy,Hi«t.
. • A 5 • • • Tk I ecclés. 1. 54,
mettaient même qu avec certaines restrictions. Balsa- art. ss.
mon, qui vivait à la fin du douzième siècle et au com-
mencement du treizième, observe que, malgré cette
constitution, l'Église grecque, jusqu'à son temps, ne
permettait pas les troisièmes noces. Dans un synode
composé des prélats qui se trouvaient à Constanti-
nople, et dans lequel les autres ecclésiastiques furent
admis, on décida que le quatrième mariage de Léon,
qui avait excité tant de dissensions et de scandale,
n'avait été toléré que par ménagement pour la per-
sonne du prince, afin de ne pas aigrir un esprit qui se
serait porté à des excès encore plus condamnables.
C'était justifier la conduite d'Euthymius. Aussi sa mé-
moire fut-elle rétablie en honneur. Son corps fut trans-
féré en grande pompe à Constantinople. Mais son nom,
que Nicolas avait rayé des diptyques, n'y fut remis que
long-temps après, par le patriarche Polyeucte. On parle
sur cette année d'une incursion de Sarrasins, qui obli-
gea de transporter à Naples le corps de saint Se vérin,
déposé auparavant dans un lieu nommé le château de
Lucullus, entre Naples et Pouzzoles.
L'ascendant que Romain prenait sur le jeune prince, ^'^ 9^**
révoltait les anciens serviteurs de la famille impériale. Conjura-
Ils gémissaient de voir leur maître naturel réduit à ccdr.p.êio
une sorte d'esclavage. Ce mécontentement fit éçlore j^^^^*^*
grand mombre de complots contre Romain, et dès la ^oëi. p. iko.
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4^4 HISTOIRE DU BAS-EMHRB. (111911.)
viu Basil, seconde année de son règne, il se vit environné de
juu. . . f
Tncert. con- conjurations, qu'il eut le bonheur d'étoufFer dans leur
*°47%48.' naissance. Etienne, maître du palais , Théophane, ré-
^GrTorg.^pl* parateur des murs, Paul, intendant de l'hôpital des
^'5-6'^' orphelins, ligués ensemble pour le détrôner, furent
^zSnVlT"'" ^^^^"v^rts ; ils en furent quittes pour être revêtus de
18S. Thabit de moine , et relégués dans Tîle d'Antigonie
(c'était une île du Bosphore). A peine Romain était-il
sorti de ce danger qu'il tomba dans un autre. Comme
il faisait la revue de la maison impériale avec Con-
stantin , un domestique du patrice Arsène vint l'avertir
que son maître, de concert avec Paul, capitaine des
manglabites (c'était un corps de la garde, armé de mas-
sues), était prêt à se saisir de sa personne. Sur cet
avis, il retourna au palais à toute bride avec Constan-
tin. Les deux coupables furent fouettés, aveuglés, et
exilés avec confiscation de leurs biens. Le mauvais
succès de ce complot n'intimida pas le trésorier Anas-
tase. Il engagea dans son dessein les secrétaires Théo-
clète et Démétrius, le chambellan Théodoret, Nicolas
Cubaze, et Théodote, pilote de la galère du prince.
Surpris et convaincus, ils furent fustigés dans les car-
refours de la ville, rasés, et envoyés en exil. On épar-
gna au chambellan l'ignominie publique ; il fut fouette
dans le palais. Tant de conjurations en faveur de Con-
stantin auraient pu engager l'usurpateur à en couper
la racine, en faisant périr ce prince ; ce qui lui eût ete
facile. Mais Romain, plus ambitieux que méchant, se
contenta de le rendre méprisable, en prenant le pas
au-dessus de lui dans toutes les cérémonies, et dans les
* «1
inscriptions des actes publics. Quelque temps après,»
donna la même prérogative à son fils Christophe, q^u
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(An 941.) LIVRB LXXIII. ROMAm. 4^^
avait nommé Auguste, en sorte que Constantin , seul
empereur légitime, n'était plus que le troisième dans
la maison impériale , et rien dans l'Empire. C'était une
contravention formelle au serment que Romain avait
fait de ne rien attenter contre l'honneur de ce prince:
mais quel ambitieux tint jamais compte de ses serments?
A ne considérer que le genre de peines dont on châ- xxix.
.., , , ^ ,. ^ ,1 Méchanceté
tiait alors les plus grands crimes, on serait tente de deRhentace.
croire que les Grecs de ce temps-là étaient plus hu-
mains que n'avaient été les Romains mêmes. Rarement
on condamnait au dernier supplice ; les forfaits les plus
criminels n'étaient ordinairement punis que de l'exil,
de la confiscation des biens, de la perte des yeux. On
faisait moines des gens qui méritaient la mort. Mais
ce n'était pas un effet de l'adoucissement des mœurs.
Dans les états qui dégénèrent, toutes les idées s'affai-
blissent; les vertus perdent leur énergie, et les crimes
leur atrocité : il reste toujours assez de vigueur pour
en commettre, mais trop peu pour les punir. Un Athé-
nien, nommé Rhentace, parent du patrice Nicétas,
perdu de débauche et accablé de dettes, s'ennuya de
voir son père vivre trop long-temps ; il résolut de s'en
défaire. Le vieillard averti prend la fuite , et fait voile
vers Constantinople, pour se mettre à l'abri du trône.
Il est pris par des pirates et emmené en Crète. Le fils,
devenu maître des biens paternels, les vend et passe
à Constantinople, où, s'étant réfugié dans l'enceinte de
Sainte-Sophie, parce que son dessein parricide avait
éclaté, il continue de se livrer au plaisir. Bomain, in-
formé de l'abus que ce scélérat faisait de cet asile, or-
donne de l'en tirer et de lui faire son procès. Rhen-
tace, instruit de cet ordre, prend le parti de se sauver
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4a6 HiSTorRE du bas-empicie:. (ab 9^1.)
chez les Bulgares, et, pour y être mieux reçu, il con-
trefait des lettres de Romain à Syméon, On l'arrête,
on le trouve saisi de ces lettres , et , pour ce double
crime, on se contente de lui crever les yeux et de le
dépouiller de ses biens.
Syméon s'ennuyait du repos. Il prit le chemin de
Bulgares. Constantinopic avec quelques troupes légères. Potbus
Cedr. p. Argyre eut ordre de marcher à sa rencontre; il s'a-
Leo, p. 497. vança jusqu'à Thermopolis ; d'où il envoya Michel, un
Zon. t. i, p. de ses officiers, avec un détachement pour reconnaître ,
luccrt. con- l'ennemi. Michel , surpris dans une embuscade , et
**24g^24g7* enveloppé de toutes parts, se défendit courageusement.
^^"isîi.^^'' Abattant sous ses coups tout ce qu'il trouvait devant
^^^% 6 ^^* ' ^' s'ouvrit un passage et regagna le gros de l'ar-
Liutpr. in jnée ; mais il mourut bientôt après d'une blessure dont
Lup. Pro- sa valeur n'avait pu le garantir. Syméon , qui ne son-
Perêgrin. gcait d'abord qu'à faire une course dans le pays en-
nemi, retourna sur ses pas pour assembler son armée,
dont il donna le commandement à deux habiles capi-
taines. Après sa retraite, les Grecs, croyant la cam-
pagne terminée, s'étaient aussi retirés à Constanti-
nople. Mais Romain , apprenant que les Bulgares rete-
naient avec de plus grandes forces, joignit aux troupes
qu'il avait d'abord employées, toutes celles de la mai*
son impériale , et les fit partir sous le commandement
de trois généraux, Jean, surnommé le Recteur, Léon
et Pothus. Léon était son gendre, dont j'ai déjà parlé;
Pothus était frère de Léon. Pour soutenir cette ar-
mée, Alexis Mosèle, grand-amiral, borda de vaisseaux
le golfe de Géras. Les Grecs, ayant ordre de ne pas s'é-
loigner de Gonstantinople , campèrent dans une plaine
basse au bord du golfe ; et lorsqu'ils croyaient les fiul-
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(An 9»i.) LrVRE LXXIII. ROMAITT. 4^7
gares encore fort éloignés, ils les virent paraître sur
les éminences, et fondre tout-à-coup sur eux avec de
grands cris. Le général Jean est le premier à prendre
la fuite; le patrice Photin le voyant poursuivi, s'ef-
force avec sa troupe d'arrêter les ennemis; il lui donne
le temps de gagner une chaloupe; mais il lui en coûte
la vie , ainsi qu'à sa troupe , qui est taillée en pièces.
L'amiral, qui était descendu à terre pour combattre,
voulant remonter dans un vaisseau, tombe chargé du
poids de ses armes, et est englouti dans les eaux. Léon
et Pothus se sauvent dans un château voisin. Le reste
de l'armée fuyant vers le rivage pour gagner la flotte,
est massacré, pris, ou noyé. Les Bulgares vainqueurs
mettent le feu au palais des Fontaines ; c'était une su-
perbe maison de plaisance, où les empereurs allaient
souvent prendre le frais. Ils pillent, brûlent, détruisent
tout sur les bords du golfe, jusqu'aux portes de la
ville, et se retirent chargés de butin. Dans le même
temps, l'Empire recevait un autre échec en Italie. Lan-
dulf, prince de Bénévent et de Capoue^ ayant pris les
armes , attaqua les Grecs près d'Ascoli et les défit. Ur-
sileûs, qui les commandait, fut tué dans le combat,
et presque toute l'Apulie se rendit au vainqueur. Un
autre événement fit perdre la Calabre. Jean Muzalon,
gouverneur de cette province , s'était rendu odieux aux
peuples par sa dureté insupportable. Ils se soulevè-
rent, le tuèrent, et se donnèrent à Landulf. Pour re-
couvrer cette partie de l'Italie, Romain résolut de
mettre une flotte en mer. Mais auparavant il tenta la
voie de la négociation. Il en chargea le patrice Côme,
ami de Landulf. Côme , moitié par adresse et par in-
sinuation , moitié par menaces en faisant entendre au
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4li8 HISTOinR J>V BiS-EMPlBE. (An gax.)
prince qu'il allait s'attirer sur les bras toutes les forces
de l'Empire, l'engagea enfin à conclure un traité. Non
seulement Landulf abandonna la Calabre , il travailla
même de concert avec Corne à ramener les Apuliens
et les Calabrois à l'obéissance, et la paix fut rétabUe
en Italie.
Aw gaa. Le 20 février de l'année suivante 922 , mourut Théo-
Mort'de dora, femme de/ Romain. Ce prince, voulant honorer
^me^de ^a mémoire par un monument singulier , changea en
Romain, monastère le palais où elle avait fini ses jours. Pour
Ccdr.p 6ai. i- i i ,,. , . -i r» ^ i •
Léo, p. 494, remplir la place d impératrice, il fit couronner Sophie,
Zon. t. a, p. femme de son fils Christophe, déjà empereur. Elle était
Tacert. con- ^''^ du patricc Nicétas, maître du palais, qui avait
Sym.^p.48a. ^*^^ Romain à parvenir à l'Empire.
5^6^% P- Les rois d'Ibérie étaient alliés de l'Empire , et ces
^h°T princes, moins fiers que leurs ancêtres, s'en étaient ren-
them.6. ' dus Ics vassaux en acceptant le titre d^ curopalates,
devenu chez eux héréditaire. Celui qui régnait alors
Leroid'ibé- vint à Coustautinoplc , et Romain s'empressa de le re-
né à Con- . , i9f 1 \ 1
atantinopie. ccvoir avcc honncur, et détaler a ses yeux toute la
pompe impériale. On avait superbement décoré la
grande place par où on le fit passer à son arrivée. De
là on le conduisit à Sainte-Sophie, dont l'intérieur
était orné de riches tapisseries, des plus belles pein-
tures, et de tout ce que le trésor de cette église opu-
lente pouvait fournir d'or et de pierreries. Le prince
barbare, ébloui de cette magnificence, qui relevait en-
core la beauté et la majestueuse grandeur de cet ad-
mirable édifice, s'écria que c'était là véritablement la
maison de l'Etre-Suprême ; et comparant ce luxe bril-
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(Aa 939.) LIYRB LlXni. ROMAm. 4^9
lant avec la pauvreté de son pays il remporta une
merveilleuse idée de la puissance de l'Empire , dont il
ne <XKnnut pas la faiblesse.
Après un an d'inaction , les Bulgares revinrent au ^^ 9^3.
voisinage de Constantinople. L'opulence de cette grande N™ene
ville avait bientôt répare les dommages causés par les '"^BTigaws.**
incursions des ennemis ; et c'était pour eux un nouvel Cedr. p.
attrait. Ils avancèrent jusqu'au palais de l'impératrice Leo/p. 498,
Théodora, femme de Théophile, situé hors de la ville; incett.^con-
et, n'y trouvant aucune défense, ils le pillèrent et y ^^' ^^^^^^^
mirent le feu. Les habitants étaient consternés. Ro- Sy^-p-48a.
Georg. p.
main, voulant ranimer les courages, invita les officiers 577,578.
... Ducange.
de guerre à un splendide festin. L'insolence des Bul- Con8t.ebri8t..
gares fit le sujet de l'entretien des convives, et l'em-
pereur n'oubliait rien de ce qui pouvait échauffer les
cœurs. Ses discours pathétiques, aidés de l'ardeur que
le vin inspire, ayant exalté les esprits , tous devinrent
autant de héros, tous promettaient à l'envi de se sa-
crifier pour l'honneur de l'Empire. Sactice, comman-
dant de la garde de nuit, se signala entre tous par ses
bravades; et dès le lendemain, au*point du jour, en-
core embrasé de cette chaleur téméraire, suivi seule-
ment de la compagnie qu'il commandait , il vole au
camp ennemi, il le trouve presque abandonné. Les
Bulgares étaient déjà dispersés dans les campagnes pour
butiner. Il massacre ceux qui étaient restés à la garde
du camp : mais quelques-uns, échappés du carnage,
ayant averti leurs camarades, Sactice se voit bientôt
enveloppé d'une armée nombreuse, qui fond sur lui de
toutes parts. Il combat long-temps avec une valeur
désespérée; obligé de «éder au nombre, il bat en
retraite. Son cheval s'étant embourbé au passage d'un
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43o HISTOIRE DU BAS-BMPIRS. (An goS.)
ruisseau, ii reçoit une blessure mortelle. Dégagé enfin
par ses efforts et par le secours de ses gens, qui, tou-
jours poursuivis , s'arrêtaient de temps en temps pour
faire face aux ennemis, il arrive aux faubourgs de
Blaquernes ; et ayant perdu ses forces avec son sang ,
il se fait porter dans l'église du Saint-Sépulcre, où il
expire la nuit suivante, au grand regret de l'empe-
reur et des soldats, qui donnaient à une fougue in-
sensée l'admiration due à une sage valeur. Les Bul-
gares, après leur ravage, reprirent le chemin de leur
pays. Syméon , mécontent de tirer si peu de fruit de
tant d'expéditions , résolut de faire un dernier effort
pour se rendre maître de l'Empire. Il conclut un
traité de ligue avec le calife d'Afrique. Les conditions
étaient que le roi bulgare viendrait par la Thrace, avec
toutes ses forces, attaquer Constantinople ; que les Sar-
rasins l'assiégeraient par mer; qu'après la prise , les
deux nations partageraient le pillage , et que Syméon
demeurerait en possession de la ville. Les députés du
calife accompagnèrent ceux du roi , pour obtenir de
lui la ratification dji traité. Ils furent arrêtés en Ca-
labre et envoyés à Constantinople. Romain, qui sen-
tait combien cette ligue était dangereuse pour l'Em-
pire , profita de cette occasion pour la rompre et
pour détacher le calife des intérêts de Syméon. Il fit
mettre en prison les députés bulgares , traita au con*
traire les Sarrasins avec honneur, les chargea de
présents pour eux-mêmes et pour leur prince, leur
recommandant de lui dire ^ue c était ainsi que les
Romains se vengeaient des ennemis quils esii^
maient. Il s'excusait en mén(|p temps sur les troubles
d'Italie, de n'avoir pas encore payé le tribut annud
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(An9a3) LIVRE LXXIII. ROMA.IN. 43 î
des vingt-deux mille pièces d*or, et promettait une
prompte satisfaction. Les députés, de retour en Afri-
que, inspirèrent au calife tant d'amitié pour Romain,
et par les éloges qu'ils firent de sa générosité, et par
les présents qu'ils lui mirent entre les mains, que ce
prince non seulement renonça à l'alliance des Bulga-
res, mais remit même à l'empereur la moitié du tribut
qu'il était en droit d'en exiger.
On déterra vers ce temps-là dans le monastère de «**^r
*-^ ^ Urne des
Saint-Mamas, hors de la ville, trois urnes de bronze, cendres de
remplies de cendres; l'une plus grande et ornée de
bas-reliefs; les deux autres plus petites et tout unies.
On se persuada que ces cendres étaient celles de Mau-
rice et de ses enfants , quoique cette opinion ne s'ac-
cordât guère avec ce que les historiens rapportent des
suites de la mort de ce prince. Romain les fît apporter
dans la ville par le patrice Pétronace , et déposer dans
le monastère de Myrelée , qu'il avait fait bâtir.
Curcuas, chargé de la défense de l'Empire du côté a» qh
de l'Euplirate et de la Syrie, réprimait depuis quatre RéîoitJde
ans toutes les entreprises des Sarrasins. Mais, en 924, ^***^**
il s'éleva des troubles sur la frontière de l'Arménie et Lco/p.'499!
du Pont. Le patrice Bardas Boïlas commandait en tin^p.aSor
cette contrée. Voulant apparemment se fairfe une prin- ^^^^fe,^'*'
cipauté, sans courir, lui-même aucun risque, il excita ^^°^?^ ^'
deux seigneurs puissants, Adrien et Tazate , à prendre ^"p- p"^***
les armes. Ils levèrent l'étendard de la révolte, en s'em- chron. Ba-
parant d'une place forte nommée Païpert. Curcuas, qui Mnrat. ann.
ii^/zj^ j d'Ital. t. 5,
se trouvait alors à Cesaree de Cappadoce, accourut au p. Soi.
bruit de ces mouvements ; il livra bataille aux rebelles,
les défit, prit Adrien avec les principaux officiers,
auxquels il fit crever les yeux. Il renvoya les simple»
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/i3a HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An 924.)
soldats sans leur faire aucun mal. Quant à Tàzate^
s'étant réfugié d'abord dans une forteresse , il se rendit
ensuite à Constantinople sur la parole qu'on lui donna
de l'impunité^ et fut reçu entre les gardes de l'empe-
reur, nommés les Manglabites. Peu de temps après ,
comme on eut découvert qu'il songeait à s'enfuir pour
exciter de nouveaux troubles, on le punit d'aveugle-
ment. Boïlas, auteur de cette rébellion, aurait mérité
un châtiment encore plus rigoureux. IMbis Romain ,
dont il était l'ami, quoique informé de sa perfidie, se
contenta de le faire moine. Dans ce même temps, les
Sarrasins d'Italie prirent Oria entre Brindes et Tarenle,
tuèrent toutes les femmes , et allèrent vendre les hom-
mes en Afrique. Ils s'emparèrent aussi dans ce même
pays de la rocque de sainte Agathe.
Ak 925. Le palrice Léon commandait dans Andrinople. C'é-
XXXVI. tait un guerrier aussi remuant que Syméon même. Il
guerre à ne ccssait dc lairc des courses dans le pays des Bul-
Cedr'" 6a« g^rcs, et ne leur donnait point de repos. Syméon ré-
Leo, p. 499. solut de se délivrer d'un voisin si incommode. Il vint
Zon. t. a, p.
i«8. assiéger Andrinople, et mit tout ten œuvre pour la
tin. p. a5o, prendre de force. L'infatigable Léon repoussait tous
Sym. p.483. ses assauts, réparait les brèches, et par de fréquentes
^578.^' sorties, animant sa garnison par son exemple, il dé-
montait les machines des assiégeants, les taillait en
pièces, et ne rentrait jamais dans la place sans être
couvert du sang des Bulgares. La trahison seule put
faire succomber cet indomptable guerrier. Les habi-
tants, pressés par la famine, livrèrent à Syméon la ville
et le gouverneur. Le roi se vengea lâchement sur lui
des maux que le droit de la guerre lui avait permis
de faire aux Bulgares. Il ne le mit à mort qu'après lui
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{Aii9a5.) - LIVRE LXXIII. ROMAIN. 4^3
avoir fait endurer les supplices les plus cruels. Con-
tent d'avoir satisfait sa colère, il se retira, laissant une
garnison dans la ville. Mais l'armée grecque, qui n'avait
pu être assez tôt préparée pour faire le siège, étant
arrivée quelques jours après la retraite de Syméon, la
garnison prit la fuite, et laissa la place au pouvoir de
ses anciens maîtres.-
Nicolas qui remplissait le siège de Constantinople xxxvti.
depuis quatorze ans, qu'il avait été rétabli, mourut ^^^^^
le i5 mai de cette année 9215. Quoiqu'il ait paru trop Nicoiu.
occupé des affaires séculières,, pour être irréprochable ^ f'^^^'
dans un siècle plein de noires intrigues , et qu'il soit j^^^'f *"
difficile de justifier un assez, grand nombre de ses ac- t>°- p- «54.
tiona, cependant les Grecs , jaloux apparemment de 486.
l'honneur de leur capitale, l'ont inséré dans leur ca- 58^'.^'
lendrier au nombre des saints. Au mois d'août suivant^ ChJsTt,
on lui donna pour successeur Etienne, déjà archevêque p^^: a*/5âp.
d'Amasée, qui était eunuque. ecde7*i*5Î
L'année suivante, les Grecs se vengèrent des cruau- ■'*• *^
tés queLéon-le-Tripolite avait exercées vingt^deux ans ^^ 9«6.
auparavant sur Thessalonique. Ce pirate , à la tête LeWiI-Tri-
d'une nombreuse flotte, après avoir désolé sur^ son ^à^Lemno""
passage les îles de l'Archipel, était à l'ancre dans le Cedr.p.6aa,
port de Lemûos. Le patrice Jean Radin alla l'attaquer, zon.' t.'a,^.'
le défit y prît , brûla ou coula à fond tous ses vaisseaux. incert.*con-
II n'en échappa qu'un seul; c'était celui de Léon, qui s^^'.^p.'fg.".
se sauva plein de désespoir et couvert de honte. ^^^^g ^*
Au mois de septembre, Syméon mit toutes ses tpou- xxxix.
pcs en campagne, et marcha vers Constantinople, ra- ^omlînet"
vageant la Macédoine et la Thrace, sans laisser même ^® Syméon.
sur pied aucun arbre. S'étant avancé jusqu'à la porte 6a3*,^6a4*
de Blaquemes, il demanda une conférence, Ipourt rai- ^5^,^*50??'
Tome JClJi. a8
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434 HlSTOIRi: DU BAS-EMPIUE. (An ga6.)
ZoB. t. 3, p. ter d'accommoilrmeilt. Romain lui envoya le patriar-
*aîyc.V*3«>, che Etienne, le patrice Michel Stypîote, et Jean, de-
tin^î^p! X' ^^°** ministre d'état , à la place d'un autre du m(^me
s*m ' *A83 "ïo™?^* •iirnoimné le Recteur, qui ,.se voyant calomnié
484. 485, auprès du prince, avait renoncé aux «ffaires pour se
578 et seqq. renfermer dans un monastère qu^il avait fondé. Sy-
méon, après s'être entretenu avec eux, les renvoya,
demandant à conférer avec l'empereur même , dont il
connaissait, disait*il, l'équité et la prudence. Romain
fut flatté de cette marqua d'estime. Il -désirait ardem-
ment la paix, et était viv^nent affligé ide voir répan-
dre tant de sang. Il fit aplanir le rivage à la pointe du
golfe, pour y donner à s% galère un accèsr facile et com-
mode. On forma ensuite une enceinte eniaorée d'une
forte palissade , où dévaieat se rendre les deux prin-
ces. Pendant qu'on . travaillait à cet ouvrage, Syméon
donnait une nouvelle preuve de' son éloignement de la
paix, en brûlant une célèbre église de la sainte Vierge,
«t ravageant tout le territoire voisin. L'empereur, au
eootraire y sJoccupait die dévotion ; prosterné dans l'é-
glise de Notr^rDamé deBlaiquernes, il arrosait la terre
de '. se» larmes , priant Dieu d-àknbllir le cœur de Sy-
nlécm .et de lui inspirer des :pensées de paix. On gar-
dait daijts cette église un. manteau qu'oii disait avœr
appartenu à la. sainte Yterge; il s'en revêtit par-dessus
^SvbabiiLë impmaux, comme d'une cuirasse impéné-
trable,, ety suivi d'une par-tie de sa garde bien armée, il
maAta.daas son navire pour se rendre au lieu de la
Qonféreiicé. C'était le 9 novembre. Syméon y vint de
ft^.o oèté au milieu, d'une troupe nombreuse de Bulga-
. ces, dôut les armes brillaient d'or et d'argent Ils cé-
lébraienL.les louanges de leur tw par des chaqsons et
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(An 916.) lilVHB LXXin. ROMAlIf. 435
des acclamations, affectant de lui donner en langue
grecque tous les titres dont on avait coutume de dé-
corer les empereurs. Les murs de Constantinople étaient
bordés d'une foule de peuple , qui considérait avide-
ment ce brillant spectacle. L'empereur, s'avançant d'un
air intrépide à la vue de tant d'ennemis , entra le pre-
mier dans l'enceinte , où il attendit Syméon. Après les
otages donnés de part et d'autre, Syméon ayant fait
visiter le li«u, de crainte de quelque surprise, descen-
dit de cheval et s'approcha de l'empereur. Les deux
princes s'étant salués et embrassés , l'empereur parla
ea ces termes : « Prince, j'entends dire que vous êtes
« vraiment chrétien , attaché d'esprit et de cœur à no-
ce tre sainte religion : je vois cependant que vos actions
«ne s'accordent guère avec votre croyance. Un vrai
ce chrétien cherche la paix ; il chérit les autres hom-
« mes comme ses frères. Notre Dieu est un Dieu de
(c paix ; il n'appartient qu'aux infidèles , comme aux
« animaux féroces, de se repaître de carnage. Si donc
4c vous voulez mériter le titre qui nous est commun ,
(K et dont vous vous faites honneur , mettez 6n à tant
<c de funestes guerres; purifiez vos mains sanglantes,
a pour ne les plus tremper dans le sang de mes sujets;
«c épargnez celui des vôtres, et faisons une paix dura-
« ble. Vous êtes homme, et vous attendez comme nous
« une autre vie ; peut-être notre corps ne sera-t-il de-
«t main qu'une vile poussière, mais qui se ranimera un
ce jour pour subir le sort qu'aura mérité notre ame îm-
« mortelle. Une fièvre peut nous faire tomber le scep-
« tre des mains. Placez-vous devant le tribunal du sou-
« veraisr juge : couvert du sang de tatit de peuples , de
« quel œil l'envisagerez-vous ? Comment vous justiBerex-'
a8.
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436 UlSTOmE DU BAS-EMPUIE. (Aa gafi.)
«r VOUS d'avoir ôlbè la vie k tant de ses créatures? Si
« c'est l'amour des trésors qui vous rend inhumain,
« retenez votre bras , je satisferai vos désirs. Je ne croi-
« rai jamais payer trop cher une paix qui sauvera les
« peuples, qui conservera les enfants aux pères, aux
(c femmes leurs époux, à vous-même vos sujets, la
Cl tranquillité de la vie et le calme de la conscience.»
Syméon, touché de ces paroles, consentit à la paix. Il
n'était plus question que d'en dresser les articles. Cette
négopiation fut, remise à la prudence d€» . plénipoten-
tiaires qui seraient nommés par les deux princes. Ils
s'embrassèrent avec tendresse, et dans leurs adieux mu-
tuels, Tempereur combla Syméon de magnifiques pré-
sents. Le roi bulgare, de retour dans son camp, assem-
bla son conseil , et fit l'éloge de La sagesse et de la
modération de l'empereur. Peu de jours après, il re»
prit la route de ses états.
Constantin Porphyrogénète, seul empereur légitime^
desfiude voyait déjà au-dessus de lui Romaiu et son fils aîné
c^r"*6a4 Christophe. Son caractère doux et timide souffrait avec
^^*£ ^®'» patience cet indigne abaissefment. Quelques auteurs di-
Zon. t. a, p. sent même que le mépris de Romain allait jusqu'à lut
Manaâ.p. refuscc Ic traitement nécessaire , et que ce prince, ba-
vitoBMii. bile dans les arts et surtout dans la peinture, était
ïiicert°*con. quclqucfois réduit à vendre les amusements de son loi-
**"• ^^5 *^^* sir pour subvenir à ses besoins. L'ambition de Romain
Sym. p. 485. ne Se trouva pas encore satisfaite. Il donna dans la
Georg. p« .
58i. suite la qualité d'Augustes à ses deux autres fils, Etienne
Sigeb-Chr. ^ . ., , -file
Ducange, ct Constautin, .et il leur associa encore Romam, «'*
^"'ûr' ^' aîné de Christophe, Tous ces nouveaux Augustes pri-
rent le pas sur Porphyrogénète, Romain. avait un <{^'
trième fils, nommé Théophylacte : comme il le à&ti-
XL.
Elévation
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(An gtô.) LIVRE LXXIIf. ROMAIN. 4^7
nait à remplir le $iége de Constantinople , il Tavait fait
tonsurer dès rênfence par le patriarche Nicolas, qui;
peu aprèsylui donna le sous-diaconat et le fît son syn-
celle.
Les auteurs arabes parlent d'une entreprise que „ w^-.
* , *■ * Entreprise
Romain fit vers ce temps-là sur l'Egypte, et dont la »urrÉgypto.
certitude n'est appuyée que sur leur témoignage : les ^^•<^»"-
historiens grecs n'en font aucune mention. Elmacin
raconte que les gardes des embouchures du Nil prirent
une frégate légère, où se trouva un homme magnifi-
quement vêtu. On l'interrogea, il avoua qu'il était es-
pion , et que l'empereur devait envoyer en Egypte miHe
barques armées en guerre. Sur ce rapport, l'émir d'E-
gypte se hâta de se mettre en défense. Il garnit' de
vaisseaux toute la cote- entre. Alexandrie et Damîette:
il fit dresser dés tours mobiles sur des roues de fer.
Pendant qu'on travaillait à cet ouvrage, la tempête
jeta sur les côtes un vaisseau grec, d'où sortirent deux
hommes, qui déclarèrent qu'un an auparavant l'empe-
reur avait envoyé en Egypte un de ses parents , pour
reconnaître l'état du pays. On ne douta pas que ce rie
fût celui qu'on avait trouvé dans la ftégate. Le bruit
courut que la flotte grecque, étant en mer, avait été at-
taquée d'une violente tempête; que trois cents barques
avaient péri avec tout leur équipage, et que les autres
étaient retournées à Gonstantinople. Les Musulmans
continuaient -leurs préparatifs ;• mais un vent impé-
tueux ayant tout détruit , ils reçurent de k Syrie d'as-
sez puissants secours pour ôter aux Grecs toute espé-
rance de faire aucun progrès eif. Egypte. ' ■
Ce fut aussi dans ce temps-»là ^ue Zacharie", prince xlu.
des Serves, protégé par Tempereur, fit la guerre aux Romain et
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438 HISTOUIB DU BAS-EMPIEK. {U9Â)
éê Synéon Bulgarcs. Voicî quelle en fiit roocasîon. Sous le règne
Tu'sSîî! de Léon , Pierre, roi de Servie, allié de Syméon, fui
Cmut soupçonné d'entretenir des intelligences secrètes avec
adm^mp. c. les Grecs. Le roi bulgare envoya une armée dans ses
D«f»^6, états. Pierre fut pris et conduit eu Bulgarie , où il mou-
^,J^*; rut en prison. Paul lui ayant succédé par la faveur de
Syméon, Romain lui suscita un rival. C'était Zacharie,
qui avait sur la couronne des droîu légitimes^ étant
issu de la brauche aînée des rois de Servie. Ce prince,
chassé de son pays , avait trouvé asile auprès de Ro-
main, qui lui fournit des troupes pour se rétablir. Mais
Paul le défit, et l'envoya prisonnier en Bulgarie. Trois
ans après les intérêts changèrent. La guerre s'étant
élevée eatre Paul et Syméon, Zacharie, soutenu par
^ les Bulgares aussi bien que par les Grecs , monta sur
le trône , et dans la guerre qui survint ensuite entre
Romain et Syméon, il se déclara pour Tempereur, at-
taqua les Bulgares y les défit, et fit porter à Romain b
tête de leurs généraux. Syméon irrité lève une grani
armée, et marche coutre Zacharie, qui, effrayé d«fl
si puissant armement, ahacdonne ses états et s'enfot
en Croatie. Les Bulgares font élire à sa place Zees-
thlavc;, réfugié chez eux, jeuue prince de la race royale.
Mais ce n'était qu'une feinte de leur part; leur dessein
était de s'emparer du pays. En effet, ayant conduit
Zeesîhlave sur la £rontÂère, où se retidi^nt en mêin«
temps les seigneurs serves pour recevqiçileur roi, ils se
saisirent et du roi et des seigneurs ; les chargèrent*
chaînes, et les eznmenèrent en Bulgarie. Ils entrèrent
ensuite dans le pays,qfi'ils saccagèrent, et dépeuplèf*''^
entièrement, transportant che? eux toUs.les habilû^*^»
de quelque condition qu'ils fussent. Ils passèrent de w
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(Au 9^60 LIVR^: 1.3^X111. ROMAIIT. 439
en Croatie , pour y porter la même désolation. Mais ils
y furent eux-mêmes taillés en pièces. Sept ans après,
Zeesthlave s'étant échappé des mains des Bulgares, re-
vint en Servie, où il ne trouva dans tout le pays que
cinquante misérables , devenus presque sauvages et ne .
vivant que de leur chasse. Il eut recours à l'empereur
grec, dont il promit de se rendre vassal, comme la-
vaient été lés premiers cois de Servie. Romain lui ac-
corda du secours} il lui renvoya tous les Serve3 qui
s'étaient réfugiés en grand nombre dans l'Empire. Ceux
qui s'étaient dispersés dans les contrées voisines, re-
vinrent aussi de toutes parts ; bientôt la Servie recou-
vra son ancienne population. Elle se maintint à l'om-
bre de l'Empire, auquel elle demeura soumise tant que
Romain régna. Afais e^^uite les Serves, ennuyés de cette
dépendance, se mirent en, pleine liberté.
Les Esclavons cantonnés dans le Péloponnèse xlhi.
X i,T^ . 1 . . 1 «i Trouble»
payaient a 1 Empire, depuis quatre-vingts ims, le triput dans le Pé-
léger qui leur avait été imposé sous le règne de Mi- °p**°°^®«-
chel III. Ils tentèrent de secouer le joug, et |*efusèrent Porph. et
de reconnaître le gouverneur, de fournir^des troupe^, * "'so!^ *"*
et de payer aucune redevance, Crinitès Ârotras, en-
voyé depuis peu dans ce pays, eut ordre d'employer la
force .pour les dompter, ou de les exterminer. Il les at-
taqua, brûla leurs campagnes, et les poursuivit sans
relâche dans leurs retraites, où ils se défendirent pen-
dant huit mois. Enfin, réduits à l'extrémité, ilt^. se Sou-
mirent et demandèrent grâce. On leur pardonna, leur
révolte ; mais on augmenta les impots dont ils étaient
chargé^. Ce peuple misérable , hors d'état de payer ce
qu'on exigeait, implora la clémence de l'empereur,
qui voulut bien remettre ce qui avait été imposé dé
nouveau.
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44o HISTOIRE DU BAS-EMHRE. (Aa 916.)
xuT. Ceux qu'on nomme aujourd'hui Malnotes, et qui
i^^tet. habitent ce même pays, ne descendent point de ces £5*
clayons, qui étaient distingués en Milinges et Ézérites,
comme je Tai dit ailleurs. Selon Constantin Porphy-
•rogénète, les MaînQtes sont un reste des anciens Grecs,
qui ne se sont jamais mêlés avec les nouvelles peu-
plades. Opiniâtrement attachés à l'idolâtrie, ils s'étaient
cantonnés avec leurs idoles dans les défilés du mont
Taygète, et n'ont reçu le baptême que sous le règne
de Basile-le-Macédonien. Leur pays est sans eau, inac-
cessible, fertile seulement en oliviers. Ils tirenjt leur
nom de la ville de Maîoa, et c'est la plus ancienne
mention que je trouve de cette ville sous ce nom. Elle
se nommait auparavant Messa, entre le mont Taygète
et le golfe de Coron , vers la "pointe du cap de Té-
nare. Soumis à l'Empire, ils recevaient du coniman-
dant de la province un gouverneur particulier, el
payaient un tribut anûuel de quatre cents pièces d'or.
Ce peuple, autrefois séparé de ses voisins, l'est encore
aujourd'hui. Environné de la puissance ottomane, mak
défendu par Tâpreté de ses montagnes, et par la féro-
cité de son caractère, il forme une république indé-
pendante.
3t^^. Romain se croyait affermi sur le trône , depuis qu'il
^TJeIS*ir y ^^^^^ placé sa famille. Environné de trois empereurs,
ministre. \\ semblait être hors d'atteinte. Cependant peu de jours
* 625. ' après, dans le même mois d'octobre, il courut risque
î^cCTt.' f^; d'être renversé par une conjuration. Jean, ministre
Syin.^ 486! ^'^^^* > avait épousé la fille du patrice Come , inten-
58**^^8^ dant des postes de l'Empire. Corne, désirant ardem-
ment de voir sa fille impératrice , aiguillonna l'ambi-
tion de son g'endre. Constantin, grand maître-d'hôtel.
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(Angae.) LIVRE LXXlIf. ROMÀm. 44 ^
entra dans ce complot. Mais leurs démarches, quelque
secrètes qu'elles fussent, donnèrent du soupçon à des
courtisans , jaloux peut-être de n'avoir pas été admis
dans cette intrigue. Ils accusèrent le ministre, qui eut
ordre de sortir du palais, mais avec permission d'y
entrer, et d'approchei* du prince, pour lui faire part de
ses conseils dans les affaires du gouvernement. Rdmain
étak attaché à ce ministre complaisant et flatteur ; il
ne pduvait se persuader qu'il fût coupaSle. Mais enfin,
pressé par les accusateurs, qui n'oublièrent rien pour
constater le crime, il fit de sérieuses recherches, et
reconnut que le fait n'était que trop véritable. Il or-
donna d'arrêter Jean et de lui faire son procès. Jean
prévint l'exécution de cet ordre en se sauvant dans un
monastère, où il prit l'habit de moine. C'était, suivant
l'usage de ce temps -'là, une sauvegarde inviolable.
Constantin se mit à couvert par le même moyen. Le
ehâtiment ne tomba que sur Côme, qui fut traité avec
plus de douceur qu'il ne méritait. Il fut dépouillé de
sa charge et battu de verges. Il arriva dans le même
temps, en Lydie, un furieux tremblement de terre qui
fit ouvrir un large abîme, où furent engloutis des églises
et des villages entiers avec leurs habitants.
La défaite de Syméon en Croatie lui causa un môrtei Ah 937.
chagrin, qui le conduisit au tombeau le 1*7 mai de l'an- ^^^^^
née suivante 027. Il eut pour successeur Pierre, un de Syméon.
iîl T *> • J c ' •. ' Cedr.p.6a5.
ses fais. Le caractère guerrier de Symeon avait procure Léo, p. 5oa.
beaucoup de gloire aux Bulgares; mais leurs succès ^^^^ig^*' ^*
leur avaient coûté des fleuves de sang; et l'on peut dire ^^^*3^i*.^*****
que la Bulgarie était ruinée à force de victoires. La J^"*^'** ^^^
'mort de Syméon mit en mouvement les Croates, les Sym.p.486»
Hongrois, et tous les Barbares du voisinage; Tous se Oçorg. p.
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44^ UISTOIHB DV BÀ3-BftIPXR£. (Aa pi)
litttpr. hitt. préparaient à écraser un jeune prince qui, outre la&i-
idL'^V blesse de son âge et répui^ement de ses forces, voyait
Pagi^âdBar. cncorc SCS Élats désolés par la famine , et ravagés par
des nuées de sauterelles qui dévoraient l'espérance des
moissons. De tant d'ennemis prêts à fondre sur la Bul-
garie, les Grecs ^ient les plus redoutés, La mort du
défunt roi avait rompu la négociation entamée pour
la paix , et Ion savait que Romain se disposait à se
venger sur le fils des maux que le père avait £iits à
l'Empire.
xLvn. Le conseil des Bulgares fut d'avis de se montrer
*^ro?*^des^" prêt à faire la guerre, pour*trouver les Grecs plus dis-
«TO u"^ P®*^^ ^ '^^^^ '* P^*'^* Piterre fit marcher une armée eo
tiie-fiUede Macédoiue, et envoya en même temps à Constanti-
nople deux seigneurs, avec un pioine arménien noiDfflfi
Calocyr, adroit négociateur ; le roi bulgare déclarait
à l'empereur ^'il était en état de soutenir laguerrCj
mais qu'il ne tiendrait qu'à Bomain que les deux
nations véciment en paix; que pour la rendre mêi»
plus assurée, il était disposé à s'unir à F Empire fOf
un mariage y si Von ne dédaignait pas son alUanct'
L'empereur, qui avait alors besoin de toutes ses force»
contre les Sarrasin^ ^'écouta c/atte, proposition. U ^^
voya sur-le-champ à Mésembrie le moine Tbéodose
Abucès, et Constantin, clerc du palais. i pour entrer
en négociation. Comme de part et d'autre on désirai
sincèrement la paix, elle ne fut pas longrtemps a ^'
dure. Les envoyés grecs furçnt accompagnés a 1^
retour de neuf seigi>eurs bulgares. Les articks »^'
tés dans la conférence furent acceptés de remp^***""'
et les députés, cherchant dans la femille impéria'^ "/**
alliance pour, leur roi , fixèrent leur choix sur Mari ,
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(An 1^7.) LIVRE LXXIII. ROMAIIT. * 44^
fille de Christophe et petite-fille de Romain. La beauté
de cette princesse leur répondait du consentement de
laur prince ; ils le prièrent de se rendre en personne
à Constantinople. L'empereur envoya au-devant de lui
Nicét^s son parent, maître du palais, pour Tamener
avec honneur à la cour. Il alla lui-même le recevoir
à la porte de Blaquernes, et lembrassa tendrement à
soa an-ivée. Après un moment d'entretien, on pré-
senta la princesse à son futur époux; Théophane,
grand-maître de la garde-robe , dressa les articles , et
le traité de paix fut signé en même temps que le con-
trat do mariage , le 8 octobre. Le patriarche Etienne
donna aux deux époux la bénédiction nuptiale dans
l'église de Sainte-Marie de la Fontaine. On les con-
duisit ensuite dans la ville, où les noces furent célé-
brées avec magnificence. Trois jours après la prin-^
cesse, partant avec son mari , fut conduite par son
père, sa mère, et toute la cour, jusqu'à lllebdome;
les adieux furent, de part et d'autre, touchants et pleins
de tendresse. Marie prit le nom d'Irène. Plusieurs au-
teurs rapportent que ce fut à l'occasion de ce mariage
que Christophe et ses fils prirent le pas sur Constan-
tin. Le& Bulgares, disent-ils, le demandèrent ainsi
pour faire honneur à leur reine, et Romain, peàt-être
auteur secret dé cette demandé^ ne se fit pas long-temps
prier pour l'accorder.
La révolte de Boïlas avait été un signal de guerre xlvui.
pour les Sarrasins de Malatia. Ils recommencèretit prise* pa/iea
leurs ravages sur les frontières de l'Empire. Mais ils ^'^*®**
trouvèrent dans Curcuas , qui commandait en Orienft j eaVêa?.
un ennemi invincible. Ce général vaillant, habile, in- incert. con-
fàtigable, les battit en toute occasion. Toujours les ^' ^is, ^'
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444 * HISTOIRE DU BA.S-EBCPIRE. (An 997.;
Sym.p.487. annes à la main, U portait le fer et le feu jusqn'aui
m7ssï^ bords de l'Euphrate, ruinait les campagnes, détruisail
Sttifedli. '®* villages et les villes , massacrait ou faisait «sclaveî
Pagi ad Bar. hommes , fnnmes , enfants. Après avoir &it un déserl
de toute la contrée, il mit le siège devant Malatia, la
capitale du pays et la plus forte place des Sarrasins.
Ses attaques, poussées avec vigueur, réduisirent bien-
tôt les assiégés à l'extrémité. Ils demandèrent à capitu-
ler. L'émir Abou-hafs, et Abou-salath, le plus distingué
des habitants, vinrent se jeter à ses pieds. Ils allèrent
par son ordre à Constantinople, implorer la clémence
de l'empereur; ils en obtinrent un traité de paie, par
lequel ils s'obligeaient à se. détacher du calife, et a
servir l'Empire contre les Sarrasins mêmes. Ils tinrent
fidèlement parole; ils secondèrent Curcuas dans toutes
ses entreprises; et c'était pour les Grecs un spectacle
aussi étonnant que flatteur, de voir deux Sarrasins
entrer dans Constantinople , à la tête d'une troupe de
leurs compatriotes qu'il amenaient ppisonniers, comme
on se sert de certains animaux apprivoisés pour pren-
dre et dompter ceux de leur espèce. Mais les deox
Sarrasins étant morts en 984 9 Malatia secoua le joug
des Grecs et se rendit à ses anciens maîtres. Curcu^
aidé de Mélias , ce préfet de Lycande dont j'ai par'^»
assiégea de nouveau la ville, la prit de force, et la rasa.
Il ne traita pas avec moins de rigueur les autres places
de cette contrée. Toute la petite Arménie fut réduite
en province. Ce pays fertile et abondant, joint a »
préfecture de Lycande, fut pour le trésor de l'emp^
reur une nouvelle source de ricliesses; et ÏEnphr»^^^
qui depuis long-temps ne voyait que des Musuto*"*^
sur ses bords, recommença de couler sous les lois
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(An 937) BIYRE LXXIÎX. ROMAIN. 44 ^
r£mpire ^ dans une partie considérable de son cours.
Ce n'était pas sans peine que les Grecs conservaient .^î-?-
ce qu'ils possédaient encore en Italie. Attaqués par les d'itaUc.
princes lombards, ils avaient, sans cesse les armes à la Lup!"chroi!
main pour se maintenir en Apulie, où ils étaient maî- ^\°y*^' 5"**
1res de Bari, capitale du pays. Hugues, qui de marquis P«gi«d Bar.
de Provence était devenu roi d'Italie, cherchait à s'ap- nai. d'iui.
puyer de l'alliance des puissances voisines. Il députa
vers l'empereur grec le père de Liutprand , ce célèbre
évéque de Crémone, qui fut lui-même envoyé dans la
suite. Entre d'autres présents plus considérables, l'am-
bassadeur amenait deux beaux chiens de chasse, qui,
effarouchés de l'habillement bizarre du prince grec, le
prirent pour un animal sauvage; et aboyant, grinçant
Jes dents, ils allaient sauter sur lui et le mettre en piè-
ces , s'ils n'eussent été retenus par un grand nombre
}e personnes. Malgré cet incident ridicule, Romain fit
un accueil honorable à l'envoyé; il lui sut gré surtout
le lui avoir mis entre les mains plusieurs prisonniers;
^'étaient des chefs d'Esclavons qui pillaient le terri-
oire de Thessalonique. Ils avaient attaqué l'ambassa-
leur sur son passage , et avaient été vaincus et pris
ïux-mêmes par son escorte.
Le patriarche Etienne, après trois ans de pontificat, a» gaS.
nourut le j 8 juillet 928. Théophy lacté, destiné depuis ^J^^ ^^
;on enfance à cette dignité, n'étan t encore âgé que d'onze patriarche
i douze ans, Romain son père, fort peu instruit des cedr.p.6a7,
ois ecclésiastiques, et aussi peu scrupuleux sur leur j^^^» ^|9-
)bservation , n'osa cependant user de sa puissance en fa- ^«»« «• », p.
/eur d'un enfant si éloigné de l'âge canonique. Il sem- Giyca8,p.
Die néanmoins qu'il fut tenté de le faire, et qu'il ba- incert. cou-
ança long-temps. Ce fut apparemment la raison qui ' ^éi^ *
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446 HISTOIRE DU BÀS*eBIPIRE. (An ^]
sym.p 487, retarda l'élection du successeur. Enfin le moine Tr;-»
George p. phon, persoDuage d'une vertu recoimue, fut ordonné
^^Onens' patriarchc le i4 décembre. Tous les historiens grecs
^a5a a53' s'accordeot à dire que Tryphon ne fut nommé que par
Pagiad Bar. intérim , jusqu'à ce que le jeune prince fut plus avancé
«celés. 1.55, en âge; ce qui supposerait, dans ce prélat confiden-
tiaire et dans les Grecs qui l'ont mis au nombre des
saints, un grand mépris ou une grande ignorance des
lois de l'Église. Je croirais plutôt que Tryphon entra
de bonne foi dans le patriarcat; mais que le dessein de
l'empereur et des prélats vendus à la cour qui le nom-
mèrent ^ était, sans qu'il le sût, de le destituer, dès
qu'ils pourraient mettre en place Théophylacte ; et cette
conjecture s'accorde avec l'événement. Tryphon goo-i
vernait depuis trois ans l'église de Constantinople/
lorsque l'empereur, craignant apparemment de ne poa-
voir aisément le faire sortir de place ,*s'il l'y laissait
plus long-temps, eut recours à une ruse également in-
digne du prince qui l'employa et des prélats qui s'y
prêtèrent. Théophane, métropolitain de Césarée, sur-
nommé le Porc à eause de ses mœurs, afTectant de
prendre un vif intérêt à l'honneur de Tryphon , l'aver-
tit qu^on cherchait tous les moyens de le destituer;
mais que, la sainteté de sa vie le mettant hors ^at-
teinte y V empereur^ faute d'autre prétexte ^ préten--
dait qu'il était ignorant jusqu'à ne savoir pas écrire;
qu*il lui était facile de confondre une pareille im^
putatiôn^ en signant seulement son nom : ce que
Tryphon fit sans difficulté, au bas d'un papier que
Théophane lui présenta. Cette signature^ ayant été por-
tée à l'empereur, il fit écrire au-dessus un acte de dé- |
mission volontaire, par lequel Tryphon renonçait à
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(An 918.) LIVRE LXXni. ROMAm. 44?
répiscc^at, dont il se reconnaissait indigne. Cet acte si
facile à démentir, servit de fondement à un synode
composé d'évêques de cour, pour prononcer la dépo-
sition de.Tpyphon, qui retourna dans son monastère,
où il mourut peu après. Cependant on n'osa encore
nommer Théophylacte, et le siège de Constantinople
demeura vacant jusqu'au mois de février gSS.
Quoique les rois d'Ibérie fussent alliés et comme li.
vassaux de l'Empire, ils disputaient néanmoins aux Arménie.
Grecs la possession des pays limitrophes. Sous le rè- p^°h*'ke
gne de Léon,Catacalè s'était rendu maître de Théodo- •^- »">?•«.
siopolis et de la Phasiane, d'où il avait presque entiè- Abuifid*.
rement chassé les Sarrasins. Après le départ de ce
général, le roi d'Ibérie s'était emparé de toutes ces
places, et prétendafit s'y maintenir. Pour éviter une
guerre avec ce prince, on convint que l'Araxe ferait
la borne des deux états , et on abandonna aux Ibérîens
tout le pays situé au septentrion de ce fleuve. Les Sar-
rasins possédaient encore une partie du Vaspouracan,
aux environs du lac de Van dans l'ancienne Arménie.
Curcuas y conduisit une grande armée, mit le siège
devant Aklath , situé à la pointe occidentale du lac, et
força les habitants à demander la paix. Il ne l'accorda
qu'à condition qu'ils planteraient la croix au milieu de
leur mosquée ; à quoi ils consentirent. Il alla ensuite
attaquer Bidlis, qui n'en était pas éloignée; il y eut le
même succès et en exigea la même condition.
L'alliance contractée entre la famille impériale et ^^ ^^
Pierre, roi des Bulgares, n'avait pas étouffe les défian- conj'mtion
ces mutuelles; et trois ans après le mariage de Marie, pie^'**^!
Romain fit assez connaître ses mauvaises intentions, desBuigare».
par la protection qu'il s'empressa d'accorder à un re- ^%\S5*'*
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448 HISTOIRE DU BAS-EMPIRE. (An ^,)
Léo, p. 5o5. belle. Jean, frère de Pierre, conspira contre ce prince
tkTp* a6o" avec plusieurs seigneurs. Le complot ne put demeurer
^^48* ^**' caché. Jean fut fouetté, renfermé dans un cloître et
Georg. p. revêtu de l'habit de moine. Les autres conjurés mou-
rurent dans les supplices. Romain, pour s appuyer con-
tre Pierre du crédit d'un prince remuant , qui avait
encore beaucoup de partisans, envoya un moine à la
cour de Bulgarie, sous prétexte de racheter quelques
prisonniers, mais avec des ordres secrets d'enlever
Jean , et de l'amener à Constantinople. Le moine eut
l'adresse de réussir, Jean fut reçil avec honneur; on lui
fit quitter l'habit monastique, qu'il portait à regret;
on lui assigna de grands revenus en terres; l'empereur
le maria avantageusement; et Christophe ne refusa pas
de faire les honneurs de la noce , quoique l'époux fût
l'ennemi de son gendre , les intérêts politiques ayant
de tout temps fait taire la voix de la nature. Il n'en
aurait pas tant fallu pour faire venir Syméon aux por-
tes de Constantinople. Mais son fils, d'un caractère
doux et pacifique, ne témoigna aucun ressentiment
Peu de temps après , Michel , autre frère de Pierre, pré-
férant la pourpre à l'habit de moine que son père Sy-
méon lui avait fait prendre, se révolta contre son frère,
s'empara d'une forteresse , et attira sous ses étendards
un parti nombreux. Mais il n'eut pas le temps d'en
faire usage, étant mort au milieu de ses premiers mou-
vements. Les Bulgares qui s'étaient attachés à lui for-
mèrent une assez grande armée; et, n'osant demeurer
dans le pays , ils se jetèrent sur les terres de l'Empire.
Ils traversèrent la Macédoine , et pénétrèrent en Épire,
où ils s'empfirèrent de Nicopolis, aujourd'hui PreVèsc-
la-Yieille. Ils s^y maintinrent long-temps contre les for-
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'Z,
(Aii93(h) L1VA£ tXKUf. ROMAIIT. 449
ces àa gouverneur^ de la Grèce; mais enfin iU furent
réduits à se soumettre.
Nidétas^ m^tre du palais, avait rendu leis plus im- aw 9)1.
portants services à Romain pour l'élever à l'Empire, et Mort de
il en était récompensé. Sa fille Sophie avait épousé Gcdr!p.6a7
Christophe^ fils aîné de Romain , et déjà revêtu de la i^^^'f^^
qualité d'empereur; elle avait elle-même le titre d' Au- ^\^^^'
guste. Mais cet ambitieux s'eanuya de ne voir son gen-*^ ^d»-
dre et sa fille qu'au second rang, et^ pour les faire ré-* vitaBasU.
gner, il résolut dé détrôner le père. Le secret fut trahi locert/ co».
par uo des complices, comme il arrive presque tou« ^tMqq.^
jours; Kicétas fut rasé, banni et enfermé dans un mo- ^^"^j^'**^
nastàre* On ne dit pas que Christophe eût aucune ^'%^'
part à ^ complot, ni même qu'il en eût connaissance; ^^^^'
et la douleur extrême que témoigna Romain peu de fâm. sy:
temps a{Hrè^ lorsque la mort lui enleva ce fils, sem-*
ble justifier pleinement Christophe , à moins que ces
larmes ne fussent, comme il n'est par rare à la cpur,
des larmes de théâtre. Sophie perdit , avec son mari,
toirte la considération qu'eltè avait eue, et fut même
obligée dé sortir du palais. Christophe avait eu. deux
fik et une fille : Rornais , qui avait aussi reçu le titre
d'Auguste, et qui mourut avant lui ; et Michel qui,
sans être honoré du même titre, avait le privilège de
porter la robe impériale et la chaussure de pourpre. Il
fui HM» au nombre des clercs après la disgrâce de se^
ondesw La fille, Marie, nommée aussi Itène, avait
èpsknm Pierre , roi des Bulgases, et, pour empêcher la
rupture entre les deux princes, elle faisait de fréquents
Yoyages à Constahtinople. Après la mort de son père
Christophe , elle vint rendre visite à Bomain son grand-
père , et lui amena ses trois enfants. Elle fut reçue
Tonu! XIIL ^9
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Flei
cc<:l
45Ô HISTOIRE DU BAS^KMMKE. (An gS^)
avec tendresse, et s'en retourtia chargée de présents.
Ah 933. Romain se consola de la mort de son fils par Téclat
ThéopW- ^*^^^ brillante céréitionie. Il éts^it ^ contraire à la dis-
teiiJcE^ cipline de l'Église dé charger du n^inîslère épiscopal
Cedr.p.d36i un jeune homme de seize ans, que l'empereur, pour
Léo, p.^5o6. autoriser une nouTcauté si rëvoUante, voulut, nàalgré
*"'i94** ^ ïà jalousie ordinaire de l'église de Coustantînople, s'ap-
'<ay^»,'p?**P^y^'* ^^ suffrage dii pape. Albéric> alors maître de
inci^'con- ^^™^ y obligea le pape Jedn XI sôri frère , qu'il tenait
tm. p. 961, en prison ^ de satisfaire l'empereur. Jean envc^à donc
S7tt.p.4S9, à Gôiistantinpple des légats, qui ngn^seulement ap*-
Geo^.' p. poHèreut Tapprobatiot]^ du pape, mais qui placèreal
Lin^r.iegat. eux-mêmes le jeune prélat 4ans )a dbaipe patriarcale^
"^ntSige? I« ^ février 933. Son père, qui lui confî^iit le gouver-
**>'"',4'^ nemént d'un grand diocèse» ne jugeft pas cep^idant
•"T'**j»'- à propos de l'abandonner lui-mémç à sa propre con-
art. 5i. duite; et c'était une chose bien étrange, dp voir tm pa-
chmt. 1. 1, triaréhe de Gônstantîneple sous la diret^ion d^ua gou<*
P- * ' ^ *• verneur. On eut à se cepentir de ne Favbir-pas laissé
en cet état toute sa vie. Tant qu'il fut guidé par une
main étrangère, il ne s'écarta piMS de là modestie con*
vénable à sa dignité. Mais. dès qu'il fut niaîtne de ses
démarches, il ne justifia que *tmp la sagesse des Lois
canoniques, qui <»nt fité Fâge auquel il est.pennis de
monter aut divers degr^és de la hiérarchie;! Il ne. con»
nut plus de règle, et sf» liviu'sand> piideisr à > toutes ses
passions. It^méprisait les fonctions de sdh minietère.
Maître des dispet)ses^ il <sf^'^bufvoir -se dispenser kn*
même des Ibis de l'Évangile et de toiite4éoénce« L'his-
toire avertit qu'elle reugî^it'i^ raoMÉter ee qu'il ne
rougissait pas de faire. Il fournissait aux dépeoses de
ses débauches par )è trafic des évéchés- et des autres
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(Aa^0330 LIVRE LXXIU« ROMAm. 45 J
places ecclésiastiques^ qu'il veadàit au plus offmnt. Il
porta jusque dans le sanctuaire le goût de la dissipa^^
tion et du plaisir; et .pour égayer la serieme dignité
des cérémonies de TÉgiise, il introduisit dans les of«-
fices publics les. plus solennels, des danses, des diVer*
tissements, des clameurs iû sensées, des chansons pro-
&nes et même déshonnetes ^ qui., thêlées au châtit des
hymnes^ altiaient le cùke'dti diable airee ceiiri dé fo
ilnajesté divine. Un aaite^r qui vivait cent; eityquatite
ahs après observe que cet usage ntotistrubux m'était pat
encore aboli' dé sdn temps% On peut croire que c'est dd
là qu'41 ^est répandu jusquW Oocident^ eèi une igno»*
rance lilcencieùâe;a in£^rntemi dans quelques diocèses^
pendant des siècles entiers , un abus aussi soandaieuk
qkie ridicule, nal^fé toutes le» censures eodlésiaitiqtiei.
Les chèvdux étaient k parision dominamted^'ïtUéopiiy'^
laotcr On lui en èotnpt^it plus de deux mille i «es éeu«>
ries einportaitat tous-jnes feoins; c'était poùn l^i la^pçr^
tîonia plus chérie de son diocèse.. Insensible auX'mi^
sères des pauvres^ il nourrissait ses chëvaux.à grands
frais des fruits les piu« exquis^ et n'épnrgnaît pour
MK ni les liqueura les pkis recherchées, ni les parfums
les plus précieux. On rapporta qu'un jour de Jeudis-
Saint, tandis qu'il célébrait la messe, on vint lui an^
aoncei* que sa phis belle jument ^ qu'on lui norpma>
venait de mettre bas. L'impatience que lui causa une
Uouvelle si intéi^esaante lui fit achever Je saint sacri*
fice avec une: indécente précipitation ; il jette aussitôt
ses habits pontificaux ^. court à son édurie.pbur voir le
poulain; et iqb ne fut opi'afïràs rajYoip'eoiiteit}plé àison
eHè^ qu'il revint à Saint^Sophie ad^ever Tèffiee. Noufc
vercons^dans la suiteque c^e fcénésaelui causa la mort.
^9-
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45a HISTOIIIK DU BAS*EMPIR£. (An g33.)
L'empereur son père , taut vicieux qu'il était , eût
^RomAin. ^é un meilleur évéque. Dévoré d'ambition et passionné
Cedr.p.6a7, pour les femmes ^ du moins rougissait-il de ses vices.
Léo, p. 5o4, Il aimait Fargent , mais la compassion pour les misé-
Zon.V a, p. râbles était plus fprte en lui que l'avarice. A.u jour de
Giyc! i^3oi. Noël gSa commença un hiver si rigoureux , que la
^ti^t'l'. aS' *®^^* ^"^ couverte de neige et de glace pendant quatre
s m **??8«. ™^** entiei^s. La peste, la famine, deux fléaux qui se
489* succédait presque toujours quand ils ne vont pas en-
585 et ^q. semble » firent encore un ravage affreux; et afin de
compléter le nombre des maux que le ciel envoie dans
sa colère, un incendie consuma une partie de Constan-
tinople , et une pierre énorme , détachée de la voûte
d'un des marchés de la ville , écrasa soixante personnes.
Tant de calamités accumulées remplirent la ville àe
j| misérables, et firent connaître la charité de Tempe*
reur. Les hôpitaux étant remplis, il fit fermer les por-
tiques de cloisons, pour y loger les malades. De dis*
tance en dislance, en dehors, on posa des boîtes fermées,
mais percées d'une ouverture pour recevoir les aumô-
nes, et c'est le premier ex^nplë que je trouve des
troncs, qui ne furent connus en France et placés daift
nos églises que trois cents ans après, sous le pontificat
d'Innocent III. Il tirait de son trésor les charités les
plus abondantes : il lui en coûtait tous les mois cin-
quante mille écus de notre monnaie, pour secourir tant
les malades que les autres pauvres de sa capitale. Il
faisait tous les jours manger à sa table trois pauvres,
auxquels il distribuait encore une aumône ; le mercredi
et le vendredi c'étaient trois moines. On faisait une
lecture édifiante pendant le repas. Après ce temps d'in-
fortune, dont ses libéralités adoucirent la rigueur, il
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(An 933.) LiVHE LXXIII. liOMAllf. 4^3
ne cessa le reste de sa vie d'einpl#yer une partie de
ses trésors aU soulagement des malheureux, à la dé-
coration des églises , et à l'entretien des monastères. Il
respectait les moines dont il connaissait la vertu, et
loin de s'offenser de leur liberté à le reprendre de ses
desordres, il écoutait leurs remontrances avec douceur,
avouait ses fautes et versait des larmes, mais sans se
corriger. Le moine Basile lui ayant un jour reproché
en face qu'il se déshonorait lui-^même, et qu'il attirait
sur lui et sur ses états la colère de Dieu , en corrom-
pant les filles de ses sujets .^ il reçut cette correction
avec une humble confusion, et voulut même la payei*
d'une somme d'or que le saint refusa. La misère des
temps avait ruiné quantité de familles, et la somme
de l'argent emprunté par des débiteurs insolvables
dans la ville de Constantinople , montait à trois mil-
lions de nos livres. Il s'en chargea, et après avoir sa-
tisfait les créanciers , il fit brûler au miUeu d'une place
toutes les obligations. Il paya de plus le loyer dû pour
les habitations. Il fit rebâtir ou réparer plusieurs villes
de Thrace et de^Macédoine ruinées par les Barbares.
Constantinople vit par ses ordres élever plusieurs pa-*
lais, planter des jardins déKcieux : mais elle lui sut
encore plus de gré d'ouvrir des asiles à la misère, à
la vieillesse et aux. maladies. Compatissant aux mal-
heurs des exilés , il ne les perdait pas de vue ; il était
attentif à s'informer de leur état, à les secourir dans
Ifeur indigence, aussi empressé à les rappeler, qu'eux*
mêmes à revoir leur patrie; et lorsqu'il' fut détrôné, il
n'y avait personne en exil. Quoique ce prmce eût
usurpé l'Empire, et qu'il fut libéral d'un bien qui ne
lui appartenait pas légitimement, ii a cependant 1q
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4^4 Hl$TOIRK DV JBAS^EMPIBX. {in^
mérite de n'avoir pas déyorë jsmû tmit le fimit de cet
illustre brigandage; et l'on doit tm inoins lui savoir
siutant de gré qu'à ces voleurs publics , qui restitueot
en aumônes une partie de œ qu'ils ont enlevé par dea
rapines et des injustices.
An 934. Depuis , que les Hongrois s'étaient établis sur les
in^wioii ^^^^ ^** Danube, ils avaient tourné- leurs armes cour
des trc la Germanie et l'Italie. Us avliient même porté le
cedr.p.ôao. ravag^ jusque dans les provinces méridionales»»
wrt^'^i France. I^'année 9^4, au mois d'avril, ils se jetèrent
s*** ^'.488' ^^ ThracQ pour la première fols , et saccageaat tout
490. sur leur passage , ils s'avancèrent jusqu'aux eavirons
588. de Coastaptiqople. Pour se délivrer de ces nouveaux
ennemis, l'cimpereui! ne crut fm devoir employer la
force des armes^ il jugeait bien que, vainqueur ou
vaincii , il les attirerait de nouveau , : soit pour .veuger
leur. hont^,. soit pour premier <î^ leur succès. Il crut
4onç qu'il é^<;,plus sage de traiter avec eux, et leur
epvoy4 Tbéophane, gnand- maître de la garde^fobe.
Théppbane se fi^t beauiDoup:d'hoQDwr par sadextéri»
4ans cette négociaMv^H* ïl sUt leur inspirer des senti-
ip^uts :dç paix, 4^'epipareur de son coté n'épargns P^^
l'argent pour adoucir ces cœur^ féroci^, etponr ureî
de leurs n\a|ii\s ^es sujets prispntliers.
Lvu. . ^op^j^ioic^^nait perpétuer sa race sur le trône? ?^
^Tâ^de^** \}ù avjait.pQÛtéi tant de travau^t ^ d'artifices, Depuis 1>
,,'';°"ï* mort,de Cjiristapte, Etienne 4lait l'aîné de sei fils-B
Léo, p. 5o6. Ji^.^t /époqs/çr Ajinf\,fii\e ,du ps^trici^ Gamalâs, a»
°n.%" X. |(iue))^^;U.:dçffpj| en ^même leaj^ps. le: titre d'Àug»^
^G^or*'g.^p!**<5qn#l;^fin,^9n.^ec^^ le i/ij^^^^^^;^
Dacange, «Hélène 3, fiUc dq patricc Adrien; mais^ dès le a te^
'*Mïffftntftelje fitiplace par sa^nort à une nouvelle éfo^'
Fam. By/..
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lyénements
ce fut Théopluuao sortie d'iine d« c^s familles dpiit l'o-
rigine se p«r4 dans l'antîqwté.
Le^ isÎK iiiBn.éea suivantes ne fournissent que des ^^}
guerres' peu importap^s contre les princes d'Italie, ^i^f^g-^^
Les-ducs de Naples reconnaissaient encore la souve^ 1.4,0.4.
rainete des empereurs; mais 4es autres pruices a Italie, et ibi
plus remuants et plus ambitieux que puissants, se dé* GianofHist.
chiraient mutueltemait par d^s jalousiies , .des querelles, ^j^' ^ ^'
des invasions et des chicanes saiiglantes. Tiintot amis, vh^^'^i^^i
ils s'unissaient ensemble pour dépo^éder les Qr^cs dç ^'^'^'^^^
ce qiû leur restait dans l'Aptilie «t la Galahre; taiitoit Abaifeda.
ennemis, ils employaient le secours des Gre4S;Conit;re
leurs Yoisinis. Lsiudi^if, priupe.de Bénévent, attaqué
par les Grecs, eut recours à Thibaut, duc de $polète,
qui, étant venu le jmndre avc^ de grandes forces, battit
les troupes de l'Empire. Hors d'état de ^nir la cam-
pagne, elles se cantonnèrent dans des châteaux , où
Thibaut alla^ les forcer. Il fit grand nombre de pviaon-
iiiers, qu^il renvoyait après les avoir faits eunuqi^;
c était, leur disait -il par une raillerie cruelle, poar
avancer leur fortune, les homines de cette espèce étanjt
en grand honpeur à la cour de Constantinople. Après
uqe paix de peu de durée, la gi^rr^ recommença entre
les. Italiens et les Grecs. On combattit avec différents
succès. Il y eut une rude rencontre près de Maté^ii
dans la Basilicate, où le^ Grecs fMrent vaincue, et pour-
wivis jusqu'au bord de la m^er. Leur général Jmoga-
lapte se noya en voulant gagner une barque près du
rivage. Les Sarrasins d'Orient né doupaient nulle in-
quiétude : le brave Gurcuas servait .d& barrière à l'Em-
pire. Ce fut en ce temps-là que les califes de fii^gdad
perdirent toute autorité , et furent réduits à n'être plus
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456 HISTOIRE DU BAS-EMIHLRX. (Aa 934.)
que des fantômes de souteraîns, auxquels on ne lai^a
que l'honneur stérile d'être regardés comme chefs de
la religion. Al-Rhadi, fils de Moctader, qui mourut en
g4o, fut le dernier calife qui régna avec splendeur.
Ses successeurs, dépouillés de tout pouvoir sur leurs
provinces, où un grand nombre d'usurpateurs se ren-
dirent souverains, tombèrent dans le mépris; et peu*
dant trois cents ans que leur nom subsista encore, ces
puissants maîtres de l'Orient ne furent plus que de vils
esclaves. Mais la dynastie des califes Fatimiles qui s'é-
tait établie eu Afrique depuis trente ans, étendait de
plus en plus sa puissance. Quoique les Sarrasins fussent
depuis long-temps maîtres de la Sicile, les habitants
ne leur obéissaient que par contrainte; ils se regar-
daient toujours comme sujets de l'Empire. Ceux d'A-
grigente se révoltèrent contre Salem, leur gouverneur,
dont la cruauté leur était insupportable. Le calife
Aboul-Casem fit partir une flotte pour faire le siège
d'Agrigente, et les habitants implorèrent l'assistance
de Romain , qui , malgré le traité fait avec le calife,
leur envoya des troupes. Avec ce secours ils tinrent
pendant quatre ans, et battirent plusieurs fois les Sar-
rasins , qui furent même obligés de lever le siège. Mais
les infidèles étant revenus avec des forces supérieures,
il fallut céder. Une partie des Agrigentins s'enfuit de
la ville; le reste se rendit, sous la condition d'avoir la
vie sauve. Le commandant de la flotte fit embarquer
les chefs de la révolte , comme pour les transporter en
Afrique. Mais il avait donné un ordre secret de percer
le vaisseau en pleine mer; ce qui fut eftécuté, et tous
les dirétiens furent submergés. Depuis vingt ans de
mariage, Constantin Porphyrogénète , qui n'était cm-
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(Au 934.) LITRE LXXIII. HOMAIIT. 4^7
pereur que de- nom , n'avait point encore iPënAints.
£n 939, sa femme Hélène mil au monde un fils qui fut
nommé Romain comme son aïeul maternel , et qui ré-
gna dans la stiite.
Depuis la première irruption des Busses, quatre- ^^ 9*'-
vingts ans auparavant , sous le règne de Michel III ^ incursion
'il s'était établi un commerce entre la Russie et Con- J^, "!***'
stantinople. Le prince des Russes résidait à Novoffo- ^^o, 636,
Ji j. 1 ^®Leo, p.5o6,
rod. Au commencement du printemps, leurs barques 507.
se rendaient par diverses rivières dans le Borysthène, i^, 191, '
et descendaient à Kiovie. C'étaient des canots d'une c<^t.
seule pièce. Rassemblés au mois de juin, ils partaient .am?*^^*.
ensemble et suivaient le cours du fleuve jusqu'aux Po- j^^^^ ^^^
rouis. Ils traînaient alors leurs canots le long du bord, *"»-,?• ;^*»
ou les portaient sur leurs épaules. Se rembarquant Sym. p. 490»
ensuite, et entrant avec le fleuVe dans le Pont-Euxin, Georg.' p.
il descendaient aux embouchures du Danube. Là, ven* Lint^r. Hut
dant eii Bulgarie une partie de leurs marchandises, sigéb^chnm.
ils portaient le reste à Constantin^le. Au mois de p^^,*^,.
tiovembre, ils retournaient à Kiovie, d'où ils se dis-
persaient dans leur pays, pour revenir au mois d'avril.
Ils ne craignaient dans leur voyage que les Patzina-
ces , leurs éternels ennemis, qui les côtoyaient, et avec
lesquels il fallait souvent combattre. Ennuyés enfin
d'un profit médiocre qui leur coûtait tant de peines,
ils résolurent d'emporter en une fois le gain de plu-
sieurs années , et d'épuiser la source de tant de riches-
ses. Au printemps de l'an 94 1 9 le Pont-Euxin se cou-
vrit de dix mille canots, et cette flotte, sous les or-
dres d'Inger, prince des Russes , se montra le 11 juin
à l'entrée du Bosphore.^N 'osant encore s'engager dans
le détroit, ils débarquèrent d'un côté en Thrace, de
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458 BI&XO^E DU B46»£MP^£. (Auà 941)
TaulTO tn Bi%nî«, ^ port^r^t 4|e toutes parUllior-
ribl6 férocké 4'une natiaa J^arbare, altérée de sang et
avide de pillage* I^oia contents de mettre le feu aux
métairies, aux villages, aux églises, ils se Élisaient un
jeu des suppliées les plus inhumains* Ils oiettaieDi les
habitants en croix, perçaient liss autres de javelots
et les lai$sftieiit cloués à la terre; d'autres lies, à des
pçteaux ^iervaient de but à leurs flèches. Leur cruauté
distinguait les prêtres et les clercs; après leur avoir
attaché les mains derrière le dos, ils se divertissaient
à leur enfoncer des clous dans le crâne. L'absence de
la flotte de l'Empire leur donnait le temps d'exercer
ces fureurs^ Tous les vaisseaux étant employés à garder
les côtes d'Asie ou les île» de l'Archipel, contre les
entreprises des Sarmsins, il ne restait dans les ports
de Constantinople que quinze brigantins, qu'on y
avait lais^ à cause du mauvais état où ils se trouvaient.
Romain les fit radouber en diligence, et après un
jeûne de plusiem^ jpiirs, il y fît montfsr ses meilleurs
officiers, de marine, avec ce qu'ils pouvaient contenir
de soldats. Il en donqa le commandement au patrice
Théophane, avec ordre d'aller attaquer les Russes. Ils
étaient remontés dans leurs canots et s'étaient rassem-
blés près du Phare ^ à l'entrée du Poiit-Ëuxin. Inger,
voyant les Grecs venir en si petit nombre, l^ méprise ,
et ordonne à $es gens de les envelopper et de les pren-
dre $an9 les tuer* La mer devient calme en ce moment,
ce qui était très^fovorable pour Ifncer )e feu grégepis.
Théopbane se jette au milieu de la flotte russe; il
rompt en cent endroits l'ordonnance de ces faibles ca-
nots, les disperse, les coule à fond : les vaisseaux
vomissent des feux de toutes parts. Les Russes efitayés
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(An 941*) LVfSLM LXXIU. AQMUH. 4^9
sautent dan^ la mer poyir éviter tes ûàsman^i iU péris-
sent par les'feun ou dam les eauiu D'autres soat pris^
ou assommés à coups de rames. Comme leurs canots .
tiraient peu d'eaia^ quelques-uns ^ à )a suite d'Inger,
abordèrent, ^u rivage , où les Vaisseaux grecs ne
pouvaient les poursuivre. On conduisit à Constam-
tinople grand nombre de prisonniers , aiuuiueU
Romain 6t suiT-^le-champ trancher la tête. Ceut qui
s'étaient échappés ^ étaqt descendus suv la cote de Bi-
thynie pour se pourvoir des choses nécessaires dont
i ils manquaient, fur^t rencontrés par un grand corps
I de cavalerie et d'infanterie, que comaiandait Bardas
I Phoças; il tomba sur &x^ et les taiflla en pièces. Jean
( Curcuas^ qui était accouru avec toutes le$ troupes
I d'Asie, au premier bruit de l'arrivée des B.U8ses, sur-
; vint en ce moment et acheva la défaite. Ceux qui pu-
1 ren( se sauver regagnèrent leuiv canots , et voguèrent
^ vers les côtes de la Thrace, où ils espéraient trouver
une retraite. Mais Xhëophane, qui n!avait cessé de les
faire observer, leur coupe le chemin; il fallut com*
battre une seconde fois, et le reste de leur flotte fut
presque entièrement détruit. Il n'y en eut qu'un très-
petit no^re qiii gagnèrent» à force de rames, lés cô-
tes voisiiies du mont .Hémus, et qui profilèrent de la
puit pour remonter vers l'emboitçhure du Borystbène,
d'où ils retournèrent dans leur pays, trois mois après
leur départ. Iqger étant mort, EJga, sa femme, vint en
94s à Coqstantinople, demander le baptême; elle
prit le nom d'Hélène^ et reçut de grands honneurs.
,Ëlle fut la première de la famille des princes de Bus^
3ie, qui embrassa la religion chrétienne. Mais elle ne
put y engager son fils Vinceslas, que les historiens
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46o UISTOIAE nu BAS-EMPIRE. (An 941.)
grecs nomment Sphendosiklabus. Celui-ci , plus guer-
rier encore que son père, fut ennemi de rËmpire,
• comme je le dirai dan« la suite.
Ex lohs et '^"^ Curcuas, qui s'était signalé dans cette occasion,
disgrâce de fiit le héros dc l'empire. Romain, qui connaissait son
et de son mente, en avait foit usage aussitôt quu était monte
Th^phiie. sur le trône; il l'avait mis à la tête des armées d*0-
^<''«p-63i. rient; et ce brave guerrier, non content de conserver
Zoii' t. a. p! les provinces qui restaient à l'Empire, recouvrait cel-
ineert. con- ics qu'il avait pcf ducs. Un homiiie de ce caractère mé-
^6sT^^. ' <^^e mieux que les empereurs mêmes d'être connu de
^*^"/' '» postérité. Aussi un historien nommé Manuel avait-
il écrit sa vie en huit livres» I^a perte de cet ouvrage
ne noirs laisse que le peu de lumières qu'on peut tirer
des histoires générales, qui renvoyent le lecteur à cet
écrit de Manuel pour le détail d€^s exploits de Cur-
cuas. Voici ce qu'on sait de ce grand homme. Il était
né dans la petite Arménie , fils de ce Curcuas, capitaine
des Icanates, qui conspira contre Basile en 879. Il
fut élevé par son parent Christophe , archevêque de
Gangres, qui prit soin de l'instruire dans la religion,
et de cultiver par l'étude dés lettres son heureux na-
turel. Toujours fidèle à Romain , nous l'avons vu ré-
primer la rébellion de Boïlas, prendre deux fois et
ruiner Malatia. Les Sarrasins empiétant toujours sur
-F£mpire,en avaient reculé les bornes jusqu'au fleuve
Halys;il l'étendit jusqu'au-delà de l'Ëuphrate^ rendît
tributaire une grande partie de la Mésopotamie,
pe«issa ses conquêtes jusqu'aux bords du Tigre, prit
aux Sarrasin^ plus de mille places , et envoya plusieurs
fois à Constantinople des peuplades entières de Mu-
sulmans prisonniers. Hardi à s'exposer au danger des
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(AII9M) LIVRE LXXIII. ROMAIJf. 4^1
batailles, prudent au milieu tlu danger, il joignait à
' Texemple d'une valeur héroïque eette éloquence miii*
faire, étincelante de courage v si capable d'embra^r le
' cœur des soldats. Les Grecs le nommaient le nouveau
1 Belisaire; ils le mettaient même au-dessus; et depuis
^ que ces contrées avaient commencé à connaître les
t aigles romaines, elles ne trouvaient que Trajan qui
\ pût lui être comparé» Son fils Romain apprit sous Jui
{ Fart de la guwre, et s'y distingua sous le règne de
I Nicéphore Phocas. Mais le guerrier le plus semblable
(^ à Curcttas, futson frère Théophile, qui partagea ses
I dangers et sa renommée. Patrice et duc de Ghaldie ,
t loin de s'abandonner à la mollesse et à la débauche,
II comme tous les gouverneurs de provinces de ce temps-
i là , toujours à cheval , toujours la cuirasse sur le
: corps , il ne s'occupa qu'à seconder son frère dans ses
i glorieux travaux : sans cesse aux prises avec les Sar-
; raeins, il ravageait leurs campagnes, ruinait leurs
villes,, ne leur donnait point de repos. Il réduisit la
forte place de Théedosiopolis et tous les châteaux d'a-
lentour. Il se signala par ses exptoits en Mésopotamie.
On le nommait le Salomon de l'Orient i» par aliusioa
à ce brave lieutenant de Bel isaire. Il fut l'aïeul de ieam
Zimiscès , qui régna dans la suite. L'envie ajouta le
dernier trait au «tableau de Curonas. Tandis qu'à
exposait sa vie sur la frontière pour rétablir l!hoi9ir
neur et k pnissance de l'Empire, des courtisans oi^ife
travaillaient sourdement à le perdre. On l'accusa on
son absence d'aspirer à la couronne, de n'entretenir
une armée qu'à dessein de l'employer contre ses naaî*-
tres, et de s'être mis en possession de plusîeors gran-
des terres, les unes enlevées aux sujets du prince, les
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469 mâïOI&S DU SASi^BMPIRE. (Ab ^i.
autres conquises sur les ennemis. Romain écouta ces
calomnies ; mais pour «clairoir la vérité , il envoya snr
les lieux des commissaires. Ces magistrats s étant
trouvés, par bonbeur^ tncomiptibles, certifièrent Tin-
nocence de Curcuas. L'empereur, pour le dédomma-
ger de cette injuste persécution, conçut le dessein de
l'honorer de son alliance. Il voulut marier Euphro-
sjpe, fille de Cunnias^i Romain, fils de- Constantin, son
second fils. La bienveillance du prince réveilla la
liireur de l'eùvié. On souleva contre Curcuas toute ta
fiimille impériale. Il fallut céder à l'orage, . renoncer à
tous ses emplois, et abandonner le service de la patrie
Tdle fut la récon^)ensé de tant de sang répaadu poor
eHe,etde vingt^déur ans de conlinuelles' fatigues. On
«bit à sa place Panthérius, dont le s«ul mérile était
d'-eljre parent de Tempereur. "• *
Ah 64a. Avant que Curcuas fut rappelé, iV oontonaa ses
!•». exploits par une eoropagae très^funesle «ux Sanrasii»
I/O TOllC
dÉdesse II mit à feu et à san^ tout le Diarbek, prit Arsao,
^runti-*^ Dara, Rusalsân, dèkit- tous lés habitants fiirent pas-
nopie. ^ ^^ ^1 ^ ,,^ ^^^^ ^^ portes d'Bdesse, il 1*
Joël. p. 180. . ^ , - I •
Zon. t. a, p. ^aça de la trailer> avec la même rigueur, si on ne w
Léo, p. 5o8. mettait' entre léb inains ce voile famevx que Ton p^
tin?p.' aaa! dah dains'oette "^1116,61 sur lequel o|t croyait voir h
&g.*p' *»<* de «sus4airist^ imprimée, disait-on, par Jw-
^2t!' i**tlie, et envoyée; au rcA Abgare. Curcuas off»>t de
^"^Jdf' ï^^^re à oe priic tous IfS' prisMmiers. Le -eafife AJ-
Mottakicousulta les gens de loi 9 qui se trouvèrei^
partagés de sentiment) les %ind disanff-qu il )i^ ^^^
îiOiiteux d'accorder par crainte aux ehrétpens ce (p^'^
-M leur demandaient «paie pour insulter à leur faiblesse;
ies autres., que ceserak racheter à -bmi marché tant rf^
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' f An 94«.) LtVH* LXXIIE. ROMAlir. 46!î
Musulmans. Ce dernier avis prévalut Le voile fut
porté à Conitantia<^le. Le patrtàrc^, suivi tiu clergé
et d'une foule de peuple, alla ^u-devant jusqu'au bord
du Sagaris ea Bithyhie& Cette relique célèbre entra
dans la ville le i5 août, et fut d'abord portée à l'é*
glise de Blaquemea^ où l'empereur la reçut avec
grande vénération. Le lendemain, toute la famille
impériale fett joignit au clergé et mi sénat y pbur Tac-
coKipagnertà Stetiote^'Sophie ,: où «lie. reçut les hon^*:
muges de toutéla ville.£llq fiit^^delà, transportée dans .
le- palais. . .'.,;.■, , . .
Les Sfirrannsdu Fi'aînet iflbultaîeni la Prolv|Biicë stt >*"'•
lltalie par des ravages continuels. Hugues, roi d'Ito« e^^^'^„
lie, voulant, déloger ces brigands^ et manquant de ^^^^^J"'^ .
marine, s^adresaa aux.cmpereilrs de Ckinstantinapk V '<i^aUe,
. , * * contre les
il les pria de lui'envo^ u^e £btte avec le feu gré-»' Sarrasins.
geois, -pour brûler les yaia^eaui sarrasins^ et.leur i^'J'p^';^^
couper les secours d'Ëspagve, tandis. qu'i| irait, par p^*^®^^^^I°°*
terre les forcer dans leur retraite^ de projet- fut exe- ^^^rau «na!
cuté ; et c'en était fait ^cette ooilonié insupportable p. 349, 3&»!
à tous les pay^ v0Îsin6,'Bi Hu^ies,. par ùne<na«vaîse rhist.'d'Uai.
politique, ne leseât sanvés lui-même. Craignant que *' %Si7**''
Bérenger, tnàrquis d'Yvrée , son ennemi , qui s'était re-
tiré en Allemagne, ne i^^viiit l'attaquer en Italie, il
résoltfl de se servir de' ees fiMrb^res pour lui femlêr
left pasfeges. Il f raica dqnc avMéui^, eè leu? ppradh de
s'établir fiorlfes tii^otâ^Mes qoii «épatofit L'^Ailleiéa^ni^
dé rkalie. iHvt reî^tnFeisfeprafàipeu àdquv piasnfiàre éetf
meure, et continuèrent leur brîgatitfage juâqu'én ^7!^'
qûlts» AiilÉ!tit> >elx|iè#Mièdt ^Mtêit^mii par iQùiUauitie,
comte de Provence/ >• «• • j i :<
11^ y avait heiif ans ^que Théopliane avait! pvéservé .
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464 UISTOIRC DV B4S-FjrPtRE. (Aa 943.)
Ah 943. la Thrace de la fureur des Hongrois. Il en avait été
Tr^^Tec ^^^^^P^'^ P<^r 1^ chaire de grand^chambelbn. Il
letHongrois. fut eiicore emplojé en g^'i à une même négociation,
Lco^p. 507! ^^ il eut le même succès. Les Hongrois étant venus
tTn.*^* S7' *" ™^** d'avril se jeter sur les^ terres de l'Empire»
*c^*.*^'* f"^"*t arrêtés dans leur 'course, donnèrent des otages,
^' et firent une trêve de cinq ans.
A« 944. Dans le temps que Hugu^ avait emprunté de Ro-
iiariage' de main le secouTs d'une flotte contre les Sarrasins, Vem-
de l^sun- peoeur avait demandé ii ce* prince une de ses filles, Il
tm Poi
TogénétJ' ^^^^^ dessein de la marier à Romain , fils de Constan-
Cedr.p.d3i, tin Porphjrôgénète et de sa fille Hélène^ quoiqu'il
Léo, p. 507. n'eût encore que cinq ans. Hugues, à qui la débauche
Porph!*de 2i^*ît donné beaucoup d'enfants , n'ayant pas de fille
.diiLm.p.c. j^gi|:inje, lui offrit une de ses bâtardes nommée Ber-
tiuT'. X" ^**®' parfaitement belle, qu'il amit eue de Besola, sa
Sgnp-49ï- concubine. Gxistantin, quoiqu'empereur, ne disposait
590. pas de:ses propres enfants; Romain, aussi peu délicat
"Te. 5! * que Hugues sur cet article ^ accepta la pitopositioa
£•«"'8^1%. sans balancer. Pascal, écuyer de l'empereur et duc de
'^^' Lombardie, fut député pour recevoir Berihe des
mains.de son père, et Sigefroî, évêque de P4rine,la
conduisit à Constantinople avec un train magnifiqtt^
et de ricbes présents. 1^ cérémonie du mariage tut
faite au mois 4e septiembre §44* Le nom d0 Bç^"*
fiit duing^ en éeUxl d^yEftrfooie^qu'ajvaient porté h W^
etla bnidetile paternelles de «on mtKri. £Ue ne vécut
que cinq- ans. depuis :sop mariaige, èt.iiKHiK'tt^ ^^
qu'il pût être condlbmmé.* •. / i
ciui"Iment I^^main Lécapèae ^ pai!venu à «a âge ,a«e» à^^'
de yie de commençait, quoiqu'un peu tard, .à se Fccoan*' •
Romain. i n t . T i % .1 j li'h^rtl'
Cedr.p.ssa, Livressedc I ambition, les aeoes violents du au^
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(An 944.) LlYRE tXXIII. ROMAIN. 4^5
nage, n'avaient point ëtoufFé dans son cœur les senti» 633, 634.
ments de religion. Il avait eu autant de remords que ^^-^p- ^®**
de faiblesses. Ce qui contribua le plus à le ramener Mana»8. p.
des égarements de sa vie , ce fut le respect qu'il avait Zon. t. a, p.
toujours conservé pour les personnes consacrées à Giycas, p.
Dieu. Entre les moines vertueux auxquels il donnait incert oon-
un libre accès , il chérissait Sergius, neveu du patriar- *"' ^jo^
che Photius, mais qui joignait au savoir dé son on- ^J^* J*^^^'
cle des. vertus que son oncle n'avait pas. Romain. fit 5|^'*^*
bâtir pour lui un monastère ^ où Sercius rassembla ^^* p- '?<>•
, . '^ . 1. . 1. 1» liutpr.Hbt.
huit cents moines sous sa discipline , et 1 empereur 1. s, c 9.
fournissait à leurs' besoins. Ce saint abbé travailla ef«
ficacement à la conversion du prince ; mais il ne put
corriger la faible complaisance qui Taveuglait à l'égard
de ses fils. Il lui représentait sans cesse , mais in-
utilement, qu'il devait craindre d'être puni lui-
même, comme autrefois le patriarche Héli, des dés-
ordres qu'il n'avait pas le courage d'arrêter dans sa
famille.
Cette menace n'eut que trop d'effet. Constantin Por- lxvi.
phyrogénète, s'ennuyant enfin de n'être assis qu'au 'c^nîuntb*
dernier rang sur un trdne qui lui appartenait tout en- ''^^j'^J^
tier par le droit de la naissance, forma le desseiù d'en ^^"^^
faire descendre l'usurpateur, et crut n'y pouvoir réussir
qu'en excitant contre le père l'ambition de ses fils.
Etienne et Constantin , fils de Romain , étaient égale-
ment déréglés dans leurs mœurs ; mais le second avait
plus de retenue et de respect pour son père; l'autre,
plus vain , plus emporté , parut plus facile à séduire.
Porphyrogénète mit en œuvre pour ce manège un cer-
tain Basile, qu'on surnommait l'Oiseau , attaché de-
puis l'enfance à son service. C'était un homme souple.
Tome XHI' 3o
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466 HISTOtKE DU BAS-EMPiRE. (In 944)
adroit 9 ifêcond enriisès et ;propré à prendre toutes
sortes de formes, en un mot, un de. ces fourbes subal-
ternes que les princes savent employer aux bassesses
' et aux mensonges dont ils croient avoir besoin, quand
ils ne jugent pas à propos de les faire eux*m$ines.
Basile ^sùt bientôt s'insinuer dans la plus intime fami-
liarité ;d- Etienne ; et quand il se vit maître desoQ es-
prit , aprèsi lui avoir démandé pardon de sa Vtbert^^^
qui n'iétait qu7un effet de son zèle y il lui . repwsenta
. qu'ét&ntdéju empereur, dans toute là force de son
âge, twec Une prudence supérieure ^ et touéeVexpé-
rience que donne aux ùMres la "véeillesse^ on était
étonné qu'il laissét le destindeV Empire si long-temps
suspendu à un fil usé et prêt à se rompra ; qu'on
disait de toute part qu'il depait se produire^ se mettre
aw-dèi^ant d'un vieillard qui laissait tout languir
ai^ec lùi^ et prendre en main les rênes de Fétat;
qu'on lui connaissait d'assez grandes qualités pùur
régir la terre entière ; qu'il était redevable à. la pa-
trie de cette wguèur de corps et d'esprit que le cid
iui aidait donnée pour la goêwerner^ que dès qu'il
•se montrerait à la tête des aj^res, on verrait ra-
jeunir l'Empire , les Btdgares et les, Sarrasin^ trem-
bler dans leurs limites , et . toutes les prm^n€$es re-
fieurir sous son heureuse influence,; qu'il^pouyait
être assuré détre secondé dans ce noble projet par
Constantin, son beau^frere y qui ne souhaitait rien
tant que de se voir t^franchi de la dureté bizarre
d'un beau-père iritrctitable. .
LXTn. Il n'était pas difficile d'étoufifer dans un cœur cor-
d^frônr ^^^P" '^^ sentiments de la nature. Etienne, animé par
Basile, va tenter la fidélité dé son frère Constantin; il
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(An 9U.) UVliB LXXM|. aOMAIlSr* 4^7
le trouve si contraire à son dessein qu'il n'ose m^me
lui en £aiîre€onfî<knce; il se charge seul de l'exécutiony
d'autant plus facile que Romain ^ alors malade, était
incapable d'aucune résistance* L<e palais de Const^n-
tinople était par lui*même une place forte ^ toujours
défendue par une garde npmbreu^e. Jl était ouvert à
tout le mwde ^ depuis l'aurore jusqu'à- la troisième
heure du jour. Alors on faisait sortir tous :ceux qui
n'étaient pas nécessaires au service , et la porte de~
meurait fermée jusqu'à la neuvièqie heure. Basile avait
fait entrer dans le complot plusieurs officiers cqn^idé*
râbles; les pliis distingués étaiéat Manuel Cuttice, et
Marîen Argyre, fiU de ce X-éon Argyre qui avait épouse
Agathe , fille die Romain Lécapène ; il était par con*
séquent petit-fils de l'empereur même qu'on allait dé*
trôner. Mais comme il portait à r;egret l'habit. de moine,
il embrassa volontiers cette occ^sipa <jle s'ep dépouiller.
L'histoire nomme encore Cladon, Philippe, et le gé-
néral Diogène, qui furent ^econdé^ de leurs amis. Le
jour qu'Etienne avait pris pour e|céeuter son dessein,
il choisit l'heure où tout le monde était sorti à l'or-
dinaire. Il entre avec ses conjurés dans l'appartement
de son père, le saisit dans son lit , le menace d'un plus
mauvais traitement s'il jette le moindre cri, l'enve^r
loppe d'un. voile, et le transporte saps t)puit hors.du
palais, et de là dans l'île de Proté, ,à l'entrée de la
Propontide. On l'enferma dans Un uionastère, ;OÙ s^ur-
le-champ on Itii coupe \e^ cheveux, et on lui;f^ït pren7
dre l'habit de moine. Constantin^ frère 4'Étienne, qui
n'avait pas voulu prendre de part à l'attentat, voyant
le succès , voulut en profiter. Jl se joint à son frère.
Jje bruit de cet enlèvement se répand bientôt dans la
3o.
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468 HISTOIRX DU B/LS-EMPIHIS. (Ai 944.)
ville ; on disait même que Porphyrogéoète avait été
' assassiné. Le peuple accourt au palais; on demande
à grands cris à voir Porphyrogénète ; il se montre aux
fenêtres, et la sédition cesse. Les deux fils de Romam,
désespérés de voir que le peuple n'a des yeux que pour
ce rival, se tiennent renfermés. Cette révolution arriva
le ao décembre 944- Romain avait régné i5 ans et
4 jours. Sergius l'accompagna dans cet exil, et se joi-
gnit à Polyeucte, abbé du monastère, pour consoler
ce père infoituné. Il profita de leurs avis salutaires,
et, délivré de la séduction du pouvoir souverain, il
trouva dans la retraite le repos et le vrai bonheur, qu'il
avait en vain cherché sur le trône. Porphyrogénète eut
trop tard connaissance du testament de Romain, par
lequel ce prince rétablissait l'ordre qu'il avait troublé
lui-même : il donnait le premier rang dans l'Empire a
Ck>nstantin Porphyrogénète; il ne nommait ses deui
fils qu'au second rang, et les déclarait déchus de tous
leurs droits, s'ils formaient aucun attentat contre le
premier empereur. Liutprand prétend que Porphyro-
génète n'eut aucune part à la déposition de Romain,
et que tout se passa à son insçu. J'ai mieux aimé suivre
les historiens grecs, qui doivent avoir été mieux in-
struits.
Lxvm. Outre les enfants de Romain Lécapène , que nous
^RornSn ' avons déjà fait connaître , il eut une fille qui épousa
c«dr.p.644, Romain Saronite^ maître du palais. Celui-ci, devenu
jun"' * veuf, voulant se soustraire aux orages de la cour, dis-
fain.Byzfp. tribua ses biens à ses enfants, et embrassa la vie mo-
^*** nastique sous le règne de Romain-le-Jeune. C est ce
que rapportent les historiens de l'Empire. Cependant
un auteur contemporain dit qu'il mourût de ma
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(A» 944.) LIVRE LXXIIl. ROM/LIN. 4^9
lorsqu'il songeait à se faire empereur. Romain avait
encore eu d'une esclave bulgare un bâtard nommé
Basile, qui joua dans la suite un grand rôle, et dont
nous aurons plusieurs fois occasion de parler.
i
fi
i
i
fIN DU LIVRE SOIXANTE-TRBrZli:ME ET DU TOME
TREIZIÈME.
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I
TABLE DES MATIÈRES
COHTSIIUES
DANS LE TOME TREIZIÈME
DE L'HISTOIRE DU BAS-EMPIRE.
LIVRE SOIXANTE-HUITIÈME.
Léon récompeiue ses partisans.
XX. Cmm devant Gonstantinople.
XII. Ravages des Bulgares, xv.
Léon couronne son fils. v. Renou-
vellement du traité avec les Fran-
çais. VI. Arcadiopolis prise par
les Bulgares, vu. Mort de Cmm.
VIII. Victoire de Léon snr les Bul-
gares. IX. Nouvelle défaite des
Bulgares, x. Les iconoclastes sol*
licitent Léon à se déclarer ponr
enx. XX. Nouvelle imposture, xii.
Antoine, évéc|ne de SyDée, se
joint aux ennemis des images.
XIII. Léon tente de séduire le pa-
triarche. XXV. Assemblée des évé-
ques orthodoxes, xv. Premier at-
tentat des iconoclastes, xvx. Dé-
guisement de Léon. xvii. Exil de
Nicéphore. xvxii. Théodote pa-
triarche. Kii. Ckmcile des ioono-
clastesb zx. Persécntion. xxi.
Gonvemement de Léon. xxii.
Michel -le -Bègue acensé et con-
damné, xxixi. |1 échappe au sup-
plice. XXIV. Conspiration contre
Léon. XXV. Assassinat de Léon.
XXVI. Mîchel-le-Bègue empereur.
xxvii.Caractère de Miohel.xxviii.
Conduite de Michel k Tégard des
catholiques, xxix. Impiété de Mi-
chel. XXX. Révolté de lliomas.
xxxx. Alliance de Thomas avec
les Sarrasins, xxxii. Divers succès
de Thomas, xxxixi. Il marche à
Gonstantinople. xxxiv. Son arri-
vée, xzxv. Attaque de la ville,
xxxvi. Seconde attaque, xxxvii.
Défaite de Grégoire.xxxviii .Tho-
mas vaincu par les Bulgares.xxxix.
Il lève le siège, xx.. Mort de Tho-
mas. XLi. Punition des complices.
XLii. Michel écrit k Louis-le-Dé-
honnaire et au pape. xx.iix. Entre-
prise des Sarrasins sur Tilc de
Crète, xx.iv. Ils s'y établissent.
XLV. Ils défont l'année impériale,
et achèvent la conquête de File.
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472
TABLE DES MATIERES.
XLvi. Fondation de Candie, xlvix.
EfîbrU inotiles poar le recoavre-
ment de Tile de Crète, x^rui.
Expédition d'Orypluis. xux. Se-
cond mariage de Michel, l. Les
Sarrasins s'emparent de U Sicile.
u. Suite de la eoDqnéte. ^I.
Mort de Michel. Fige i
LIVRE SOIXANTE-NEUVIEME.
I. Punition des Minsains de Léon.
II. Fable sur le mariage de Théo-
phile. III. Théodora impératrice,
ly. Zèle de Théophile pom* la jns-
tice. V. Antres exemples de justice.
VI» Yive réprimande à Timpéra-
trice. VII. Succès des Sarrasins,
viix. Histoire de Théophobe. ix.
Malheureuse expédition en Abas-
gie. X. Mort du calife Al-Mamonn.
XI. Histoire du philosophe Léon,
xii. Théophile refuse Léon aux
sollicitations d*Al-Mamoun. xxii.
Léon fait évéqne et chassé de son
siège. XIV. Théophile vaincu par
les Sarrasins, xv. Les Sarrasins
vaincus par Théophile.xvi.Théo*
pbile sauvé par Manuel, xvii.
Disgrâce de Manuel» qui se retire
chez les Sarrasins, xviii. Exploits
de Manuel chez les Sarrasins .xix.
Manuel de retour à Constantino-
pie. XX. Superstition de Théo-
phile. XXI. Expédition en Sicile.
XXII. Histoire d'Alexis Musèle.
XXII i. Violence de Théophile.
XXIV. Alexis se retire dans un
monastère, xxv. Ambassade de
Jean Lécanomante à fiagdsd. xxn.
Luxe de Théophile, xxni. Théo-
phile ennemi de la débauche.
xxvizr. Nouvelle pereécutioB.
XXIX. Traitement fait aux moines.
XXX. Souffrances de Théodoft et
de Théophane. xxxi. Rappel de
Méthodius. xxxn. Comlneoc^
ment des Patzinaces. xxxin. Hm-
diesae d'un couvreur. »«▼•
Théophile prend plmicow ville».
XXXV. Sédition des soldat* pew»-
XXXVI. Les Sarrasins vont assiéger
Amorium. xxxvii. BataiUe deDi-
zymène. xxxviii. Danger qœ
court l'empereur, xxxa. Pr»«
d'Amorium. xl. Le calife refo*
le rachat des prisonniers. xi.|.
Traitement des prisonniers chre-
tiens. xLii. Martyre de qnarante-
deux officiers, [tluu NouveUe»
hostUités des Arabes]. XLiv. Nou-
velle calomnie contre Théophobe.
XLV. Mort de Théophobe et et
ThéophUe. XLVi. Réflexions sor
le caractère de ThéophUe. xt»"
Caprices de Théophile. xlviU. Se»
enfants. ^«6^79
LIVRE SOIXANTE-DIXIÈME.
I. Générosité de Manuel, ii. Théo-
dora entreprend de rétablir le
culte des images, m. Jean Léca-
nomante chassé. IV. Fin de l'hé-
réne des iconoclastes,
phile absous après
Solennité pour le réi
du culte des image»-
Théo-
mort '
,tablis»o«**
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TABLE DES MATIÈRES.
473
dins calomnié et jostîfié. viix.
Taine entreprise des Sarrasins.
IX. Malheureuse expédition en
Abasgie. x. En Crète, xi. En Asie.
XII. Échange des prisonniers, xni.
Les Esclavons snbjagnés en Grèce.
XIV. Ignace succède à Méthodius.
XV. Conversion des Khazars. xvi.
Ravages desPauliciens.xvii.Coni«
mencements de Basile, xviii. Les
Macédoniens retournent dans leur
pays. XIX. Basile à Constantino*
pie. XX. Il devient riche, xxi.
Premier écuyer de l'empereur.
XXII. Expédition en Egypte, xxiii.
Converaton du roi des Bulgares,
xxrv. Et de la nation, xxv. Ma-
riage de Michel, xxvi. Troubles
dans le palais, xxv 11. Assassinat
de Théoctiste. xxviii. Théodora
quitte le gonvemement. xxix. Ba-
sile grand-chambellan, xxx. Dé-
bauches de Michel, xxxi. Courses
de cirque, xxxxi. Dissipation des
finances, xxxiii. Ordres cruels
donnés dans la débauche, xxxiv.
Bardas césar, xxxv. Théodora
renfermée avec ses filles, xxxvi.
Gouvernement de Bardas, xxxvii.
Bardas irrité contre Ignace.
XXXVIII. Photîus patriarche,
xzxix. Ignace persécuté, xl. Pho-
tius vent tromper le, pape. xlt.
Prudente conduite du pape. xlii.
Concile où Ignace est déposé.XLiii.
Traitements cruels £siits à Ignace
pour le faire renoncer à son siège.
XLiv. Zèle du pape pour Ignace.
XLV. Fourberie de Photius. xlvi.
Concile et lettres du pape contre
Photius. XLvii. Guerre contre les
Sarrasins, xlviii. Autre défaite
de MicheL xlix. Ravages d*Omar.
L. Défaite d*Omar. li. Bâtiments
de Michel, lu. Irruption des
Russes. 1.111. Les os de Copro-
nyme et de Jean Lécanomante
brûlés. Liv. Michel fait épouser à
Basile sa concubine, lv. Complot
formé contre Bardas, lvi. Assassi-
nat de Bardas, lvii. Suites de ce
meurtre, lviii. Conduite de Pho-
tius. i.ix. Les légats. du pape ne
sont pas reçus à Constantinople.
I.X. Photius prononce contre le
pape one sentence de déposition.
Lxx. Basile associé à l'empire. iJi:ii.
Complot et punition de Symbace.
Lxiii. Michel veut faire périr Ba-
sile, lxiv. Il fait un nouvel empe-
reur. I.XV. Mort de Michel. i.xvi.
Fin tragique des meurtriers de
Michd. Page 1 58
LIVRE SOIXANTE-ONZIEME.
Basile seul empereur. 11. Il réta-
blit les finances, m. Réforme de
la judicatnre. iv. Tranquillité pu-
blique rétablie, v. Photius chassé
fait place à Ignace, vi. Reconnais-
sance de Basile, vu. Règlements
de Basile sur la milice, viii. Les
Sarrasins lèvent le siège de Ra-
guse. IX. Les Barbares de la Dal-
matie rentrent dans robéissance.
X. Continuation de l'affaire de
Photius. XI. Préparatifs du hui-
tième concile général, xii. Con-
cile. XIII. Suites du concile, xiv.
Les Bulgares se soumettent à TÉ-
glise de Constantinople. xv. Kvé-
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474
TABLK 0£S MATIBRES.
nenicBtft divers, xn. Gnerre des
Ssrrasins en Italie, xvii. Prise de
Bari sar les Sarrasins, xviii. La
religion chrétienne s*étend en
Kossie. XIX. Incursions des pan-
liciens. xx. L'empereur marche
contre eux en personne, xxi. Ba-
sile prend plusieurs villes aux
Sarrasins, xzix. Il passe TEu-
phrate. xxiii. Expédition de Ma-
latia. xxiY. Nouvelle expédition
contre Cbrysochir. xxv. Défaite
des panliciens. xxvi. Destruction
de Téphrique et des pauHciens.
XXVI c. Débauches de la sœor et de
la femme de Basile, xxvxii. Con-
version des Juifs. XXIX. Basile
piqué par tin serpent, zxx.
Gnerre contre les Sarrasins, xxxi.
Caractère des Sarrasins de ce
temps-U. zxxii. Succès de Basile
en Cilicie. xxxiii. Son retonr.
XXXIV. Yictoire d'André4e-Scy-
the. xzxv. Stypiote battu par les
Sarrasins, xxxvx. État de Tempire
en Italie, xxxvii. Contestation
entre Rome et Constantinople' au
sujet des Bulgares, xxxvxii. Sain-
teté de Bogoris. xxtit. Pfaotrns
succède k Ignace, xl. Condalte de
Pfaottus rétabli, xu. Le pape re-
connaît Photins poar patriarche.
xi.li. Concile de Constantinople
en fkvenr de Photins. xuiL Suites
des événements qui concemeot
Photins. xi.iv. Mort èe Coniton-
tin. xxv. Ménagement deSasileà
regard de ses snjetfcXtw.Conja-
ration découTcrte. xltii. MouFfr
ments des Sarrasins en Went.
xi.viix. Syracuse prise par le» Sar-
rasins. xLix. Punitien «Tidrifl»-
î.. Atuquc de ChaleU. u. ^
Sarrasins de Crète batte» «or mer.
Ml. Autre défaite de* Crétoii.
MM. Artifice de Baiile ponr m-
ver la vie à des dé8ertenn.Lrr.I/*
Samsins battus sor mer. tv. Ex-
pédition en Sicile et en Italie, itl
Trahison de Léon. iw. H «t
pani. Lvnî. NonveUe eipédition
en Italie. i.ix. Sanubsren wat
laîre périr Léon, fil» «î»«*'^'*'
perènr. ix. Déli^noce del^
1.XI. Mortde Basile. ixiiXoD*
aioiidarègBedeB«ile.P«P«*9
LIVRE SOIXANTE-DOUZIÈME.
I. Commencements de Léon. xi. Se-
coude déposition de Photins. m.
Punition de Sàotabarèn.i v.Étienne
succède k Photins. v. Translation
dn corps de Michel à Constanti-
nople. VI. Incursions des Sarra-
sins. VII. AITaires d'Italie, viii.
Bari perdu et repris par les Grecs.
IX. Flotte des Grecs battue par les
Sarrasins, x. Zoé concubine de
Léon. XI. Guerre des Bulgares.
XII. Commencements des Hon-
grois, xiti. Mœurs des Hongrois.
XIV. Leur manière de feu»
guerre.xv.Léon8e8ertde»Ho»-
grois contre les Bn\g»rt».^^'
Générosité de NicéphorePhoo»-
XVII. État des Grecs en Ita^
XVIII. Les Grecs défiiît» ptf '
Bulgares, xix. Conjunirionjl^
«„i •x Mort*
converte par Zoe. xx- '»
Théophano. xxi. I^« ?^
Zoé. xxir. Mort do patJ^'J
Etienne, xxiii. Collection j^J^
sîliqnes. XXIV. ^«grace ft
deStylien.xxv.NonveïI.eoni«
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TABLE DES MA.T1ERKS.
475
>
.fi?
ration, xxvi, Fortaue de Samonas.
xxvu. Nicolas -le -Mystique pa-
triarche. XXVIII. Troisième ma-
riage de Léoo. xxix. Noovelle
passion de Léon. xxx. Léon blessé
par nn assassin, xxxi. Coniaes
des Sarrasins, xxxii. Expédition
des Sarrasins, xxxiii. Préparatifs
des Thessalouieiéns. xxxiv. État
déplorable des Tbessalonicîcns.
XXXV, Arrivée delà flotte sarrasine.
XXXVI. Suite de Tattaque. xxxvii.
Prise de la ville, xzxviu. Les bâ-
tîmeots de la: ville racbetés àprix
d^argent. xxxii. Départ des Sar-
rasins. XI.. Histoire d*£nstathc Ar*
gyre. xli. Fnîte et retour de*
Samonas. xlii. Naissance de Gon-
atantin. xuu. Troubles au sujet
des quatrièmes noces de Léon.
xXiiv. Opposition du patriarche.
XI.V. Eathymius mis à la place de
Nicolas. XLvx. Yiolent orage.
XI.VXX. Fuite d'Andronic chez les
Sarrasins, xlviii. Retour de Con-
stantin, fils d*Andronic. xjcix. Les
Sarrasins chassés du Garîllan. l.
État des frontières du côté de
rOrient. 1.1. Le père de Samonas
À Constantinoplexii. Disgrâce de
Samonas.Lxxx. Occasion de la fon-
dation du monastère des Nosies.
uv. Flotte grecque battue par les
Sarrasins, lv. Mort de Léon.
Page 33o.
LIVRE SOIXANTE-TREIZIEME.
, Gouvernement d'Alexandre. 11.
Rétablissement du patriarche Ni-
colas, ixx. Mort d'Alexandre, iv.
Entreprise de Constantin Dncas.
▼. Proclamé empereur, il assiège
le palais, vi. Mauvais succès de
Tentreprise. vu. Syn^éon vient as-
siéger Constanlinople, et se retire.
Tiii. Le fils du doge de Yenise â
Constantinople. ix. Zoé rentre
dans le palais, x. Andrinople per-
due et recouvrée.xi. Alliance avec
les Patzinapès. xxi. Courses des
Grecs et des Sarrasins, xiu. Paix
avec les Sarrasins, xxv. Les Grecs
marchent contre les Bulgares, xv.
Bataille d'Achéloiis. xvx. Romain
Lécapène accusé de trabison.xvii.
Syméon repoussé devant Con-
stantinople. XVIII. I/on Phocas
et Romain Lécapène aspirent tous
deux à TEmpîre. xix. Romain se
saisit du chambellan Constantin.
XX. Trouble dans le palais, xxi.
Romain vient au palais. xxii.Léon
prend les armes, xxiii. Romain
dissipe la rébellion de Léon. xxiv.
Diverses conjurations contre Ro-
main, xxv. Romain couronné.
XXVI. Romain élève sa famille aux
honneura du tràne. xxvii. Fin du
schisme de FÉglise de Constanti-
nople. XXVI u. Conjurations, xxiv.
Méchanceté de Rhentace. xxx.
Guerre des Bulgares, xxxi. Mort
de Théodora , femme de Romain,
xxxii. Le roi d'Ibérie à Constan-
tinople.xxxui.Nouvelle irruption
des Bulgares, xxxiv. Urne des
cendres de Manrice. zxxv. Ré-
volte de Boïlas. xxxvi. Nouvelle
guerre à Andrinople. xxxvu Mort
du patriarche Nicolas, xxxviu.
Léon-le-TripoIite battu à Lemnos.
xxxix. Entrevue de Romain et de
Syméon. xl. Élévation des fils de
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476
T/LBLB DES MATIERES.
Romain, xu. ÉntreprÎM snr TÉ-
gypM. ZLU. Rivalité de Romain
et de Syméon par rapport & la
Servie, xliii. Troubles datiâ le
Pëloponnèse. xliv. Origine des
Maïnotes. tlw. Conjuration de
Jean le Ministre, xlvi. Mort de
Syméon. xi.tu. Mariage du roi
des Bulgares avec la petite-fille de
Romain, xlvui. Malatia prise par
les Grecs. xi.ix. Affaires d*ItaUe.
X.. Mort du patriarche Etienne. x.i.
Cnerre en Arménie, lu. Conjura,
tion contre Pierre, roi des Bul-
gares, un. Mort de Christophe,
uv. Théopbylacte patriarche, lt.
Charité de Romain. i.ti. Incursion
des Hongrois, lvii. Mariages des
fils de RÔmtio. vrit. Ét<
divers, lix. Incanion des Rafi^
liX. Exploits et disgrttt de km
Curcuas et de son rrèn IbéspUk
txi. Le Toile d*ÉdeMe ti
i Constantinople. lui.
envoie des secoors i Iiii|Qei|ra
d'Italie, contre lesSamsiau»
Trêve avec les H oqgrotf. uir.
Mariage de Romain, lik de Gdo-
atantin Porphyrogéncie. w.
Changement de vie de RiHJn*
X.XVI. Intrigne de Coll8ttDtisÎ0^
phyrogénète ponr détrôner I»
main, lxvii. RooiaiD déttw
Lxviii. Enfants de Ronain.
tïHf DE LA TABtE DU TOME TREIZ^ME.
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^^9^^(^9iài^^Q^&<^iàQf»^^^9^Q 00900«»99^90a90 ià9^Q9999i^9<»
HISTOIRE
DU
BAS-EMPIRE,
Par LEBEAU.
NOUVELLE ÉDITION,
aBy»b Bntièrement, corrigée et augmentée d'après
LES HISTORIENS «IIENTATIX,
Par m. de SAINT- MARTIN,
HCM0RS DB u'mtniTVJ (académie des nfHCRIPTIOITJ ET BELLES- I.ETTRSS);
continuée
Par m. BROSSET jeune,
MEMBRE OtJ COirSBIL DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
PARIS,
MÇRIMERIE DE FIRMIN DIDOT FRERES,
'\\i'' IWKIMBUBS DE l'iNSTITUT, »UE JACOB, V" llf.
M DCCC XXXVI.
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